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Full text of "Vies des saints"

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SAINT    ANN'S     _  ' 

COLLKGE  /  ^^^ 
(*)  I.  thc  undersigned  Prefeîff^îfïfdîés 

^      inthe  Kn-lish  Course  of  Saint   .\nn\ 
C  ollciie.  cIo  ccrtifv  thaï 

l^'a  student  in  thc   3"^   ^^ 

ciass  ofthis  course,  meritsthis  ^^\. 

prizi'  in  iMl   iKnlr  of 

and  that  il  has  bt-cn  urantcd  hiin  at  thc 
soicnin  dJMriUition  of  Kcwards  made 


on  the 


/fj^t 


day 


VEC 


"^■Qoe-A^^" 


SAINT  FUIGEKCE,  ÉVÊQUE  DE  RUSP 


DE  L'ORDRE  DES  ERMITES  DE  SAINa^-ATOUSTIN 


Fête  le  i"  et  le  1 9  janviek 


LIBRARY 


Saint  Fulgenco,  revenant  de  l'exil,  est  reçu  triomphalement  à  Carthage. 


•ON  OBICl:(g  —  gA  PliT«  FILIALE 

Saint  Ful^ence  était  de  la  première  noblesse 
de  Carihage.  Le  sénateur  Gordien,  son  aïeul, 
chasse  avec  les  autres  par  Genséric,  roi  4e^  Van- 
dale», passa  en  Italie  et  y  mourut.  Deux  de  ses 
flis  reviurent  en  Afrique  dans  l'espérance  de 
recouTrer  leur  patrimoine.  Mais  ils  ne  purent 
demeurer  à  Carthage,  où  leur  maison  avait  élé 
abandonnée  aux  praires  ariens,  et  ils  allèrent 
s'établir  i  TélepU,  dans  la  Bytacène.  L'un  d'eux, 


nommé  Claude,  épousa  Marianne,  femme  trèf 
sape  et  très  vertueuse,  dont,  en  468,  il  eut  ce  fils 
ou'il  nomma  Fulgence,  et  qui  devait  ^Ire  une 
des  gloires  de  l'Afrique  en  m^me  temps  qu'une 
des  plus  •'datantes  lumière»  de  l'Eglise. 

Marianne,  sa  mère,  devint  veuve  de  bonne  heure, 
et,  dès  lor»,  elle  consacra  sa  vie  à  l'éducation 
chrétienne  de  son  enfant.  Elle-mJ^me  se  chargea 
de  lui  former  le  cœur,  et  pour  la  culture  de  son 
esprit,  elle  le  confia  &  des  maîtres  habiles,  qui 
lui  enseignèrent  le  grec,  le  latin  et  |p«  ditTérentes 


'J'ù 


parties  Je  la  liU>V,i!iire.  I.a  rapiJil>'  ilp  ses  pro- 
grè»  fui  -''  Miin-'"  -  il  T-T'"'  -iirtout  une  connais- 
s  ;up,  qui  lui  devint 

fiv  -Sjteriielle. 

/  Ui  Aoe  à  ces  heureuses  tlispoSilions  de  son 
eipt'lt  ft  «artiut  aux  senliraenls  d'affeclion 
filiale  'S  son  cœur,  Fulgence  com- 

bieni,.»  .  Ipfà  Jeronder  sa  mère  dans 

la  coni%n/;,  Je  ij  4ituillCJ»  dans  l'adininistration 
de»  affaires  domestiqU'^s.  Devenu  grand,  il  fut 
y  n  iveur  (général  des  impôts  à  Hyzacène; 

^j!  .-fut-il  révéla  Je  cette  liaule  fonction 

qu  u  5.-  uvts>ûla  du  monde  et  des  honneurs  ter- 
restre». ^_,^' 

SA  TOCATIOW 

I.Vsprit  du  Saint  se  tourna  bieutAt  vers  les 
rli  —  s  «jiirituelles.  Justement  alarme  des  dan- 
CT'»  qu'il  courait  au  milieu  du  monde,  Fulfjence 
forliliait  son  âme  par  de  pieuses  lectures,  par 
une  prière  continuelle,  par  des  jpùni-s  ritioureux 
et  par  la  visite  fréquente  des  monastères.  Un  jour, 
il  lut  l'exposition  de  saint  Augustin  sur  le 
p«aume  xxïvi,  et  cette  lecture  acheva  de  briser 
les  liens  qui  rattachaient  au  siècle,  et  lui  inspira 
le  drsir  d  embrasser  la  vie  monastique. 

LU  <5\'^]ue  eiib'  pour  la  foi,  nommé  Fauste, 
trait  fiiriJ'-  un  mona-^lère  dans  les  enviions. 
Fui.' •Il -e  alla  lui  ouvrir  son  cœur;  mais  le  saint 
ëvèquc,  voyant  en  lui  un  jeune  homme  riche, 
noble  et  l'icvfÇ  dans  le  faste  et  la  délicatesse, 
voulut  d'abord  mettre  k  l'épreuve  sa  r>'solu- 
lion.  <•  Allei,  lui  dit-il,  allei  premièrement  ap- 
prendre à  mener  dans  le  monde  une  vie  déta- 
chée des  plaisirs.  Est-il  croyable  qu'ayant  été 
élevé  dans  la  mollesse  et  dans  les  délices,  vous 
puissiez  icul  à  coup  rompre  avec  vos  habitudes 
et  embrasser  notre  ynre  de  vie,  vous  revêtir  de 
nos  habits  firossiers  et  participer  à  nos  veilles  et 
i  nos  jeûnes?  »  Fulgence,  les  yeux  baissés, 
répliqua  inoJestement  :  a  Celui  qui  m'a  inspiré 
la  volonté  de  le  servir  peut  bi>'ii  aussi  medooner 
le  courage  ni'cessaire  pour  tii^mpher  de  ma  fai- 
blesse. »  Fauste,  vaincu  par  d<>  tels  sentiments 
d<-  cnnliaiice  en  Dieu,  consentit  A  le  recevoir. 

Slai>  .Marianne,  sa  mère,  mnk'ré  sa  foi  et  sa 
i  -lé,  fut  fort  troublée  de  la  retraite  de  «on  (Ils. 
Ile  vint  au  monastère,  pleurant  et  se  lamentant 
comm*-  si  la  mort  eût  été  sur  le  point  de  lui  ravir 
ton  enfant.  Dans  l'ardeur  de  son  angoisse,  elle 
•"Ha  même  jusqu'à  injurier  r<'v(^<iue  l'ausle  et  le 
somiiiT  lie  lui  rendre  son  liU  Fulgence,  qui 
aiiini'  '•  Il  Ircment  «a  mère,  fut  sensiblement 
l(  -    mais  il  demeura  ferme,  il 

rr:  .  .r  et  de  lui  pailer.  L'ascen- 

dant qu     1  ainnur  JiMU  avait  pr  i  «r 

le  rendit  supérieur  aux  mouvei  ire 

.1  lO- 

I;aii''ii,    <''    *-.iiitk    r«'  >|u<'    1  au~^'     ii'~    4ib    ^>iu'<  ■lu     Lillfi 

difÛcult'  pour  radmelLrc  daiM  ^a  coiuuiunauU. 


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vT —  «r.^  vthTi,'<  inîi.ii.iiriis 
ne  fiit-il  •■iili'  .m  noviciat 


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lu  •  lel.  I.e« 

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il  t'io- 

i.<  et  ilo 


«. 


On  pensait  que  la  violence  du  mal  l'obligerait  Je 
relAcher  quelque  chose  de  sa  sévérité  contre  lui- 
inèine,  mais  il  persista  malizré  tout  dans  sa  pre- 
mière ferveur,  disant  à  ceux  qui  s'en  plaignaient: 
"  Mes  infirmités  ne  viennent  pasde  mes  austérités, 
mais  de  la  volonté  de  Dieu  ipii  ra'afllige  pour  me 
consoler  et  me  mortifie  pour  me  vivifier.  D'ail- 
leurs, ajoutait-il,  la  vie  voluptueuse  n'est-elle  pas 
plu'i  sujette  aux  maladies  que  la  vie  I*  plus  péni- 
tente'/ >■  Aussi  notre  Saint  ne  diminua  en  rien 
la  rigueur  de  ses  pénitences. 

LA  PBRSIÎCUTIOI» 

La  persécution  se  ralluma  plus  violente  que 
jamais  sous  le  roi  Gondamond.  L'évéque  Fauste 
fut  contraint,  à  i  lusieurs  reprises,  de  fuir  J  iiii  la 
solitude;  saint  Fulgence  lui-même  dut  se  retirer 
dans  un  monastère  voisin,  dont  l'abbé,  nommé 
Félix,  était  son  ami  depuis  de  longues  années. 
Celui-ci  voulut  céder  à  F^jlgence  le  gouvernement 
du  monastère  et,  malgré  ses  résistances,  le  Saint 
se  vit  obligé  d'accepter  la  charge  qu'on  lui  impo- 
sait Toutefois,  il  ne  se  considi'rait  que  cmme  le 
coadjuteur  de  son  ami,  et  tandis  que  Félix  avait 
soin  du  temporel,  lui-même  veillait  avec  sollici- 
tude sur  le  spirituel. 

«Que  ceux-là  se  pouvaient  dire  heureux,  s'écrie 
un  vieux  chroniqueur  (1),  qui  avaient  Ful?eii  e 
pour  maître,  et  que  ce  monastère  devait  Ib  uiir 
duquel  Félix  e'<taitle  dispensateur.  »  Puis,  lai-ant 
allusion  aux  noms  des  deux  amis,  il  nj>Mii<.'  : 
a  Le  bonh^Mir  et  la  clarté  se  meslaiont  dans  leur 
entretien  et  dans  leur  vie,  nu-isi  bien  que  parmi 
leurs   noms;  l'un   apprenait  l'Escriture,  1  autre 

s'occupait  aux  aff,iir''s  de  la  maison c'e-tu\  • 

ci  travaillait  pour  iiourr.r  l'&me,  celui-l.i  l<  <'<'r|>'-, 
et  tous  deux  n'agissaient  que  pour  uiiero"»nie  lin. 
Fulgence  n'entreprenait  rien  sans  Filix,  ni 
Félix  au  desceu  là  l'insujde  Fulgence:  tous  deux 
étaient  maîtres,  tous  deux  disciples  et  sembinieiil 
vivre  avec  une  seule  Ame  en  deux  corps.  ■> 

Sur  ces  entrefaites,  la  province  fut  envahie  par 
les  barbares,  et  les  religieux,  nour  évitir  I'Mu 
fureur  et  se  mettre  à  couvert  de  l'orage,  se  v;;riii 
contraints  de  fuir  dan*  le»  solitudes  de  l'A fi  que 
du  Nord.  Ils  arrivèrent  ainsi  en  un  linu  noininé 
Sicca-Véni'ria,  où  la  fertilité  du  sol  et  lâchante 
des  habitants  les  invitèrent  à  fixer  Inur  co  irse 
fugitive.  M.'iis  où  la  vertu  ne  trouve  lejl.'  i  <  'n 
ennemis'?  lin  prêtre  de  la  secte  arier 
liait  dans  b-  vi.isinat'e  la  naroisse  de  i.  i 

Il   était  riche,   barbare  de  nation,  cruel  et   Ir-'s 
anim)*  contre   les  ratholii|ues.  Il  prit  saint  Ful- 
gence pour  lin  évê.[ue  dt'fiiisé  en  moine,  il 
gnit  qu'il  II'-  i.iin'iiU  bienlAt  à  la  vraie  f  > 
les  hi'r'-tiques  des  environs,  et,  en  effet,  I' 
travaillait  de  tontes  ses  foret  à  le»  rnnveii 
l'aille   de  ton  compa;:noD.    I.e    i'  .    :.i 

arrêter  les  deux  apdttes,  et  on  I  •  n  '  i 

présence. 

Après  les  avoir  accablés  à»  mauvais  trai- 
tements   et    déchiré    leurs    rorpt   i     ' 

bc'itoiis  et   de   fuuets,  il  b-ur  lit  ras<M 

d<'risioii    •■'    "■' ■   '-■••-    »*|- -•■  \ 

hors  de 

de  tout,  ni. ...>...  ...: 

confesser  la  foi  de  Jésut-Cbrtit 

■  ^  ►    —   m^  > 

Le  bru  uial<'squ'on  n 

deux  sartitears  de  Dien  parvint  à  C  :  s 


(1)  U  P.  Salal-IUrti*  (IftU). 


ariens  eux-m^mes  en  furent  indicri'îs,  et  leur 
ëTêque,  qui  honorait  et  estimait  Kulçeiice,  était 
prêt  àchâtierson  subalterne.  Mais  saint  Fulpence 
ne  voulut  jamais  lui  porter  ses  plaintes,  ni 
réclamer  le  châtiment  du  coupable  hérétique,  et 
il  dit  à  ceux  qui  l'y  excitaient  :  «  11  ntst  pas 
permis  à  un  chri5tien  de  chercher  vengeance  eu 
ce  monde.  Dieu  sait  comment  il  doit  défendre 
ses  serviteurs,  et  plusieurs  seraient  scandalisés 
de  voir  un  catholique  et  un  moine  demander 
jo-stice  à  un  évoque  arien.» 

Les  deux  amis,  pour  se  soustraire  désormais 
à  la  fureur  des  hérétiques,  se  retirèrent  à  Ididi, 
sur  les  frontières  de  la  Mauritanie.  Ils  y  conti- 
nuèrent leur  ministère  apostolique,  et  bieutât 
une  nouvelle  commouauté  s'y  réunit  sous  leur 
direction. 

A  la  même  époque,  un  antre  coin  de  la  terre 
africaine,  l'Egypte,  attirait  tous  les  regards  :  on 
y  avait  vu  des  "hommes,  épris  de  solitude  et  avides 
de  prière,  y  disputer  aux  bètes  du  désert  les 
anfracluosités  des  rochers  et  les  cavernes  des 
montagnes.  Le  parfum  de  leur  sainteté,  qu'ils 
avaient  voulu  ensevelir  dans  ces  retraites  silen- 
cieuses, s'était  répandu  malgré  eux  à  travers  le 
monde.  Leurs  maximes,  recueillies  par  Cassien, 
faisaient  les  délices  des  âmes  reli::ieuses.  Saint 
Fiil^eoce  les  méditait  arec  entliousiasme  et  sou- 
tiiilaitvivreen  la  compagniedecessaints.il résolut 
d'aller  les  rejoindre.  Il  voyait  dans  ce  projet  un 
.louble  profil  pour  son  âme  :  la  possibilité  de 
fuir  les  dignités  humaines  et  de  se  livrer  à  une 
abstinence  plus  rigoureuse.  11  partit  donc  pour 
('arthage  avec  un  seul  religieux, nommé  Rédemp- 
tns,  et  s'embarqua  dans  celle  ville  sur  un  vaisseau 
qui  se  rendait  à  Alexandrie.  Le  navire  aborda  en 
Sicile. 

A  SjTacuse,  les  voyageurs  reçurent  l'hospi- 
talité de  l'évoque  Eulalins,  qui  passait  avec  les 
moines  tout  le  temps  qu'il  pouvait  dérober  aux 
fonctions  de  l'épiscopat.  Le  prélat  n'eut  pas  de 
peine  à  découvrir  le  mérite  de  l'hôte  que  la  Pro- 
vidence lui  envoyait  :  «  Vous  avez  raison  de  cher- 
cher la  perfection,  leur  dit-il,  mais  il  est  impos- 
sible de  plaire  &  Dieu  sans  la  foi  :  le  pays  où 
vous  allez  est  séparé  de  la  communion  de  saint 
Pierre,  et  tons  ce?  moines  dont  on  admire  l'ab- 
stinence ne  communiqueront  point  avec  vous. 
nptoumei,mon  fll»,  de  peur  de  mettre  votr«  foi 
en  danger.  Moi-mAme,  dans  ma  jeunesse,  avant 
qu*"  'l'f'-tre  évoque,  j'ai  eu  le  m'orne  dessein  : 
iii-'i-  ^pU-^  rai«ou  m'en  a  détourné.  » 

I  11  sniiTil  évAijne  africain,  nommé  Rufinien,  qui 
s'élTit  aa«si  relire  en  Sicile  devant  la  perséculion, 
ilorimàFuI"Pncelem^me  conseil  qu'Eulalius;  et, 
d>-vaiit  ces  avis,  le  Saint  renonça  à  son  voyage 
d'Ki'vple  et  se  délormina  h  rejoindre  ses  premiers 
rnm'nc'.on»,  après  avoir  visité  la  ville  de  Rome 
et  T''ii''r'  les  tombeaux  d'-s  saints  apôtres. 

C'était  vers  l'an  500.  Le  roi  des  O^trogoths, 
Théodoric,  qui  s'était  emparé  de  l'Italie,  venait 
d'entrer  pour  la  première  fois  dans  Rome. 

Fulg'nce  fut  témoin  des  magnifîrenrts  de  sa 
r.->ijr.  Comm<'  il  passait  un  jour  par  la  place 
i.'ïrnm'e  Patina  cpirt'i,  il  aperçut  le  prince  sur  un 
itôri'- superbemfnl  paré  ;Théodoric  était  entoaré 
du  Sénat  et  du  rorlège  leplus  brillant. 

I'  Alil  s'é I   :'■.  iice  ala  vued"  ■-"  ■■-"'"'ncle, 

coniliini    ;  ■    *tre    la   Jéru  st?, 

j.iiît.iii»  I.  .1  .!.    1  ■   lioiii-  ..  •  !  Bt 

tant  d'honneur  i 
'           ,  !  )ioi>!ieur  et  <{uclle 

g    .i  '  :<'S  saint*  qui 

di .  . 


RSTOCR   KV  AFBIQUB  —    FULGEI^CE    DSVIgNT    ^VÉQri    DB 
ROSPS   SES  VERTUS    ÉP1SC0PALES 

Le  lendemain,  Fulgence  s'embarquait  pourl'.^- 
frique,  où  son  retour  iuespéré  causa  laplusdouie 
joie  à  ses  relittieux  qui  se  croyaient  orphelins. 

Pourtaut  l'amour  de  l'humilité  le  détermina  à 
quitter  le  gouvernement  des  âmes,  et  il  se  retira 
dans  un  petit  monastère  situé  sur  le  rivage  de  la 
Méditerranée  :  là  il  partageait  son  temps  entre 
la  lecture,  la  prière  et  l'exercice  de  la  mortili- 
cation;  il  s'occupait  encore  à  faire  des  nattes  et 
des  parasols  de  feuilles  de  palmier.  Il  y  vivait, 
dit  le  vieux  chroniqueur  déjà  cité,  u  aussi  reclus 
qu'une  perle  dedans  sanaque  ». 

Mais  il  ne  goûta  pas  longtemps  les  douceuis 
de  la  solitude. On  le  découvrit,  et  lévi'^que  FausLe, 
qui  était  son  supérieur,  l'obligea  de  quitter  sa 
retraite  pour  venir  reprendre  la  direction  de  son 
monastère,  et,  dans  l'espoir  de  l'attacher  plus 
forleraentàson  diocèse,  il  lui  conféra  le  sacerdoce. 

Or.  c'était  le  temps  où  l'arien  Thrasirannd 
empêchait  d'ordonner  des  évêquescalholiques. Les 
fidèles,  résolusde  pourvoir  aux  besoins  des  églises 
vacantes,  n'eurent  point  égard  à  l'édit  du  prince. 
Ilschoisirentdenombreux  pasteurs  parmilcsquels 
saintFuleence  futchoisi  pour  l'évèché  de  Ruspe.  un 
des  principaux  de  l'Afrique  chrétienne.  Ce  ne 
fut  pas  sans  peine  qu'on  le  décida  à  quitter  sa 
cellule  pour  assumer  sur  ses  épaules  le  fardeau 
de  l'épiscopat. 

Le  nouveau  pontife  avait  quarante  ans.  li  con- 
serva dans  l'épiscopat  les  pratiques  de  la  vie 
monastique,  la  même  simplicité  dans  le  vêtement, 
les  mêmes  austérités  dans  la  pénitence.  Il  ne 
mangeait  point  de  viande,  mais  se  nourrissait  <!e 
légumes,  de  racines  et  d'œufs,  sans  admettre  le 
moindre  assaisonnement,  si  ce  n'est  un  peu 
d'huile  quand  la  vieillesse  l'exigea.  Son  alfrc- 
tion  pour  les  religieux  le  porta  à  faire  bâtir  un 
monastère  auprès  de  sa  cathédrale,  sur  un  *"iii- 
placement  qui  lui  fut  concédé  par  Postbuuii>-n, 
un  des  plus  riches  et  des  plas  pieux  chrétiens 
de  la  ville. 

SON    KKIL  —    IL    CONrortD  SON   FBRsicUTBDK 

L'impie  Thrasimond  venait  de  porter  on  décret 
d'exil  contre  tous  les  évêques  catholiques  de  la 
province  d'Afrique.  Plus  de  soixante  prélats  furent 
arrachés  de  leurs  éelises  nar  la  barbarie  de  ce 
prince  et  déportés  dan»  l'ile  de  Sardaigne.  Saint 
Fulgence  était  au  premier  rang  des  confesseurs 
de  la  foi.  Il  prit  avec  lai  les  reliques  de  saiiit 
Augustin  et  s'embarqua  sans  autres  riehe.'-'-es 
que  la  miséricorde  de  Dieu. 

Durant  le  voyage  et  sur  la  terre  d'exil,  l'évêque 
de  Ruspe  fut  la  consolation  et  le  soutien  de  «es 
frères  dans  l'épiscopat.  Il  était  le  moins  ancien 
par  l'ordination,  et  cependant  ton^  le  coasidé- 
raient  comme  leur  chef  et  d'féi aient  à  ^es 
moindres  avis.  C'est  qu'en  eiTct  il  portait  au  front 
l'auréole  de  la  sainteté,  el  la  renommée  de  ses 
vertus  était  universelle.  «  l'est  parti-''  —  ni 
à  vous,  écrivait  le  pap"    saint  Sy:  .  m 

confesseur»  de  la  foi. 
de  Nolre-S"igneur  ; 
peau,  car  il  a  plu  à   - 

»on  royaume Le  <■ 

soldais  >lii  l'.lii  isi  cl  11     .  . 

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Ne  1"  !  ■  I"Oir  a-. 

p,r  it»  de  m; 

Si  I  sur  un  i 


'resseiii 


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rien,  petit  trou- 

les 
ile 


considërei  ce  saint  prêtre  qui  est  parmi  vous, 
cette  hostie  viTante,  digne  d'autant  daurëoles 
du  martrre  qu'il  soutient  de  combats  :  il  se  ré- 
jouit moins  a'acquérir  des  dignités  que  de  pos- 
séder les  cœurs > 

Fulgence  ne  pouvait  se  passer  de  vie  religieuse. 
N'ayant  pu  asseï  de  moines  arec  lai  pour  former 
une  communauté,  il  leur  adjoignit  les  ecclésias- 
tiquei  Gui  partagaient  son  bannissement,  et  tous 
ensemble  ils  pratiquaient  la  rie  commune  à 
l'exemple  des  apAtres  et  selon  l'esprit  de  saint 
Augustin. 

Cependant  le  roi  Thrasimond  se  félicitait  de  la 
mesure  arbitraire  qu'il  avait  prise  contre  les 
évêques:  il  espérait  que  le»  fidèles,  privés  de 
leurs  pasteurs,  seraient  bientôt  k  la  merci  des 
ariens.  Pour  ruiner  leur  foi,  il  lanra  dans  le 
public  des  objections  contre  la  vraie  doctrine  de 
l'Eglise  et  mit  les  catholique*  au  défi  de  les 
rilfuter.  Kn  face  de  ce  danger,  tous  les  regards 
se  tournèrent  vers  saint  Fulgence,  le  Docteur  de 
l'Eglise  d'Afrique. 

On  1»  désigna  au  roi  comme  un  adversaire 
digne  de  lui.  et  le  prince,  se  flattant  d'une  vic- 
toire plus  éclatante  parce  qu'elle  serait  remportée 
sur  un  ennemi  plus  redoutable,  fit  venir  le  Saint 
k  Carthafe.  L'évoque  de  Ruspe  n'eut  pas  de 
peine  k  réduire  k  néant  les  arguments  de  Thrasi- 
mond: il  composa  sur  ce  sujet  un  livre  que  l'on 
croit  être  l'ouvrage  intitulé  :  Riponse  aux  dix 
ohjtetions.  Le  roi  lui-mf me  ne  put  s'empêcher 
d  ^idmirer  la  force  et  la  solidité  de  ses  raisonne- 
monts,  et  lei  catholiques  se  réjouirent  de  leur 
victoire. 

Mais  le  prince  n'était  pas  converti.  Il  revint  k 
la  charge  et  envoya  au  saint  Docteur  d'autres 
objections.  Et,  pour  s'épargner  la  honte  d'une 
nouvelle  défaite,  il  avait  donné  l'ordre  au  porteur 
de  lei  lire  seulement  à  Fulgence  sans  lui  don- 
ner le  temps  ni  le  moyen  d'en  prendre  copie. 
I.e  rasé  monarque  en  fut  pour  son  expédient. 
I.'évêque,  aidé  des  lumières  de  l'Ksprit-Saiot, 
répondit  sans  retard  par  son  magnifique  ouvrage 
sur  l'Incarnation,  que  nous  avons  encore  sous 
le  titre  de  :  Trois  livres  au  roi  Thrasimond.  C'est 
une  réfutation  ample  et  modeste  de  l'arianisme. 
Si  elle  ne  convertit  point  le  prince  arien,  la  toi 
étant  ane  gr&ce  qui  vient  du  ciel,  elle  lui  ferma 
la  bouche,  et  il  n'osa  plus  se  mesurer  sur  le 
terrain  de  la  doctrine  avec  un  tel  adversaire. 

NOCVtL    IXIL   »    SAUDIISKI 

Thrasimond  eût  désiré  retenir  le  Saint  i  Car- 
thage.  Mais  les  ariens  vinrent  lui  dire  :  «  ('rince, 
cet  nomme  rend  votre  lèle  inutile,  il  a  déjà  per- 
verti quelques-uns  de  nos  évéques,  et  li  vou» 
u't  mettez  ordre  prompterocnt,  notre  religion 
(.•'rira.  »  Le  faible  monarque  céda  devant  ces 
remoiiliMicos,  et  un  nouveau  décret  d'exil  ren- 
voya rn  Sardaigne  (!j20).  Pour  empêcher 
les  iij  ons  du  peuple,  Thrasimond  fit  em- 
barquer le  ^uiit  au  milieu  de  la  nuit.  Mail  une 
tompéte  l'éleii  qui  retint  plusieurs  jours  le 
vaisseau  dans  le  i  ort,  et  presque  toute  la  ville 
l'Ut  venir  contempler  le  saint  exiM  et  romma- 
iiier  de  ta  main.  KuL'<-nre  voyant  un  religieux 
appelé  Juliat,  très  .iflli.'^  de  son  départ,  lui  dit 
■nt  :  .  I  '  >.iu»,  car  cette 
'  sera  ps  i»  durée,  et  la 
I.  ri  ui-  inrj^imona  reijui  I  l'ii-utAt  la  paix  k 
I  ^  tlise.  • 

S^nt  Fulgence  avait  reçu  de  Dieu  le  don  des 
minutes,  mais    son  humilité  s'en  effrayait,  et, 


quand  ou  recommandait  à  ses  prières  des  ma- 
lades ou  d'autres  affligés,  il  avait  coutume  de 
dire  :  «  Vous  saver.  Seigneur,  ce  qui  convient  au 
salut  de  nos  âmes;  que  votre  volonté  soit  première- 
ment accomplie!  Les  miracles,  ajoutait-il,  ne 
donnent  pas  la  justice,  mais  la  renommée,  qui, 
sans  la  justice,  ne  sert  qu'à  notre  condamnation.  » 
Son  retour  en  Sardaigne  causa  une  grande 
joie  A  ceux  qu'il  avait  laissés  dans  cette  tie.  Il 
avait  amené  avec  lui  quelques  religieux.  Avec  la 

fiermission  de  Primasius,  évéque  de  Cagliari,  il 
es  établit  dans  un  site  pittoresque  hors  des 
murs  de  cette  ville,  près  d'une  éfjlise  dédiée  k 
saint  Saturnin,  et  cette  communauté  devint  bien- 
tAt  très  florissante. 

Pendant  ce  second  exil,  saint  Fulgence  écrivit 
plusieurs  lettres  pleines  de  doctrine.  Des  moines 
de  Scythie  le  consultèrent  sur  divers  points  de 
dogme,  et,  pour  leur  répondre,  le  Saint  publia  un 
ouvrage  remarquable  sur  la  grâce  et  l'Incarnation. 
Il  terminait  k  peine  ce  travail  quand  arriva  la 
fin  delà  persécution.  Le  roi  Thrasimond  était  mort 
le  S7  mai  523,  après  un  règne  de  près  de  vingt- 
huit  ans.  Son  successeur,  Hildéric,  se  hâta  de 
rendre  aux  catholiques  leurs  églises  etde  rappe- 
ler leurs  évSques  de  l'exil. 

arroua  TaioMPHÀL  —  DtaNikats  knnita  —  hoit 

Fulgence  quitta  donc  nie  de  Sardaigne.  Quand 
le  saint  évêaue  aborda  sur  le  rivage  de  Carthage, 
il  fut  accueilli  par  les  acclamations  et  les  cris  de 
joie  de  tout  un  peuple  qui  se  pressait  pour  le 
voir,  baiser  ses  vêtements  et  recevoir  de  lui  une 
parole  de  miséricorde  et  de  bénédiction.  On  le 
conduisit  en  triom|ihe  i  l'église  Saint-Agilée. 
L'afflufnce  était  si  grande  qu'on  dut  faire  la  haie 
pour  l'empêcher  d'être  étouffé.  Malgré  la  plaie 
qui  tombait  avec  violence,  tous  voulurent  l'ac- 
compagner :  quclqut's  personnes  de  qualité  se 
dépouillèrent  de  leurs  riches  manteaux  et  en 
firent  une  sorte  de  pavillon  pour  le  couvrir. 

Saint  Fulgence  consacra  ses  dernières  années 
k  l'instruction  de  son  troupeau  et  k  la  composi- 
tion de  plusieurs  ouvrages  contre  tes  hérétiques 
et  spécialement  les  Péla(;i>'ns. 

Un  an  avant  sa  mort,  il  i|iiilta  de  nouveau  «od 
monastère  et  son  diocèse  pour  aller  vivre  sur  un 
rocher  de  l'Ile  de  Circina;  dans  cette  solitude,  il 
•e  prépara,  par  un  redoublement  d'austérité  et 
de  prière,  k  sa  dernière  heure  qu'il  sentait  ap- 
procher. Cependant,  son  peuple  ne  cessait  de 
rérlaraer  sa  présence.  C-'dant  k  ses  sollicitations, 
Fulgence  revint  k  Huspe,  où  il  tomba  malade. 
'  Seigneur,  s'écriaitil  sur  son  lit  de  douleur, 
donnei-moi  maintenant  dans  ce  monde  la  pa- 
tience et  le  pardon  dans  l'autre.  ••  Sa  maladie 
dura  deux  mois.  Dieu  lui  en  révéla  le  terme. 
Alors  le  saint  fit  rassembler  autour  de  loi  ses 
^•'ll^'l<■ux,  leur  demanda  pardon  de  sa  sévérité, 
distiibua  ses  biens  aux  pauvres  et  aux  monas- 
tères et  donna  A  tous  une  suprême  bénédiction. 

Il  expira  le  I"  janvier  533,4  l'Age  de  soixante- 
quinze  ans,  après  vingt-cinq  années  d'épiscopat. 
L'Ordre  de  Saint-Augustin  célèbre  m  fét«  le 
19  janvier  sons  le  rite  double-majeur. 

tOUaCU  CONSDLTiU 

Sc«it-t  et  RoLLAHoi-s,  au  !•'  janvier. 

P.  SiixT-MàRTiN,  de  l'Ordre  des  Ermilei  de 
Saint-Aui'ii«tia.  —  llisloirr  de  la  vit  du  glorieux 
saint  Au'ju%t\n  •(  dt  plusieurs  SS.,  UB.  et  mstrts 
hommes  xllustrts  de  son  Ordrt  d«s  llermitts.  Tou- 
louie,  1641. 


II,  f 


V.  r>;iiBuiiiT,  8,  tu»  Krtnf'Jit  l",   Parli. 


SAINT  MACAIRE  D'EGYPTE 


FiHe   le  2  janvier. 


oaint  Macaire  et  le  voleur. 


INNOCENCE   DE   SAINT   MACAIRE 

Saint  Mai-aire  naquit  dan«  la  Hante-Egypte,  au 
commencement  du  iv«  siècle.  Le  trait  suivant 
nous  prouve  qu'il  passa  son  enfance  dans  une 
grande  purfté  de  cœur. 

Menant  paître  des  bœuf»  avec  d'autres  enfants 
de  son  âee,  ceux-ci  volèrent  des  ligues,  et  il  en 
mant'ea  une  qu'ils  avaient  lai'»!»';  tomber  en 
fuyant.  Il  pleurait  depuis  avec  une  vive  com- 
j"  n  ii'.n  toutes  les  fois  que  cette  pensée  se 
•  l'i-  -'-nLail  à  sa  mémoire,  re  qui  nous  montre 
li'ii  I  innfircn'e  (h:  *on  Airn.',  't  i|u'il  n'av.iit  )ioinl 


lie  faute  plus  considérable  à  se  reprocher.  Quand 
Macaire  lut  un  peu  plus  1-'',  il  abandonna  tout 
à  fait  le  monde,  pour  '^  ■  !■  i'>ber  à  sa  contagion, 
et  servir  Jésus-Christ  r  ■  c  plus  de  sûreté.  Il 
voulut  imiter  le-  ci-rnmencements  de  saint 
Antoine,  dont  l'éminonte  vertu  faisait  l'admira- 
tion de  toute  l'Kc^  pte,  et  se  relira  dans  une  cel- 
lul*',  auprès  d'un  village,  pour  s'y  exercer  dans 
la  pratique  de  la  vie  ascétique.  Sa  ferveur 
ardente  le  fil  avancer  en  peu  de  temps  dans  '  i 
perfection  monastique,  on  le  considéra  dè«-  1 
non  pas  seulement  comme  un  jeune  homin  .i 
ilonnait    de  L'randi's    p'pi'ianrrs    pdur  l'/i  ■  inr, 


204 


mais  comme  un  reli:.'ieux  très  ox|itrimenté,  et 
dont  les  essais  ilan?  le  coml>at  spirituel  étaient 
presque  les  efforts  dus  solitaires  parfaits. 

liKTAr.ll£Ut.NT  ADMIRAIILE  DE    SAINT  UACAIRK 

Deux  faits  que  nous  allons  rapporter  pourront 
nous  perniettre  de  juyer  quel  l'tail  son  détache- 
ment, et  (•oiiiliien  sa  vertu  rtait  ayri-able  à  l>ieu, 
pui-.jn'il  l'hunora  dés  lors  d>' ses  faveurs  les  plus 
~.:.ri   Ues.  Urntrant  un  jour  dans  sa  cellule,  notre 

■^111.'    troin't    iifi   1  .  iiiini'    .nii   .11    ■  ii!i*\  (it    f..i(S  1^5 

..i.  ■  ■-  .  :  loin 

.:  .  M  I-  m  -  ••  se 

pi  — iit.i  .  lula 

III.  Mil-  .1  >l  '",  il 

voulut   pailir,  "r; 

c'est    nlor>;  'jn'                                                      -    sa 

.  •  Uni-  .   ''  !<'Ur 

!,  ,1  ..u;  I  lit  : 

•■    \  uila.  Il  ii'H- 

dail:  »  pu.  'lui 
1      '  '       ■ 

1 1 1 1 1  n  1  '.  '     .  !  I .  ; . 

et  non-  ii  mo 

r.-iviit    ,!.  ..     .,int 

11 .111  -.  :i  .  IIP  innr- 

.1  .•!  .1  '"mI 


Un  de  se  ijères,  du  nom  d'Evacre,  nous  raconte 
que,  se  trouvant  en  sa  compatjnie,  à  l'heure  de 
midi,  il  se  sentit  hrùlé  de  la  soif,  et  lui  JiMnanda 
la  permission  de  hoire  de  l'eau. 

'•  Contentez-vous,  mon  (ils,  lui  répondil-il, 
d'être  à  l'ombre,  car  à  l'heure  où  nous  sommes, 
il  Y  a  beaucoup  de  personnes  qui  voyagent,  pri- 
vi'es  de  ce  soulaj;ement.  » 

Ils  s'entretinrent  alors  de  la  mortilicalion,  çt 
le  Saint,  pour  encourager  son  disciple,  lui  rap- 
porta qu'il  avait  passé  vin:;!  ans  sans  manf;or,  ui 
noire,  ni  dormir  autant  qu'il  aurait  voulu. 

Notre  Saint  chi-rissait  tellement  In  ("'-nitence 
■  [ue  deux  solitaires,  venus  pour  le  \isiler,  ne 
irouv.Tent  dans  sa  cellule  <iue  de  l'e.iu  imanle. 
Ils  .'Il  furent  si  touchés,  qu'ils  s'offrirent  à  le 
mener  à  un  villace  pourivlahlir  ses  forces  usées. 
.<  Je  vous  remercie, leur  dit-il,  de  vos  offres  obli- 
i:eanles,  je  vais  pourvoir  à  mes  besoins.  » 


-\  llOI»TITir..VTION 


I.  saint 
Vitrie, 


qii 


tille  lin  •■•illncr  vi^i<!in   le 


ce  qu'il  lii 
l'ne  auii 

-  1  c.-|lii|..  ' 
lui  pi-  .1- 
de  relie  ii 
pendir-'Ti' 


1„     |l,i       :■ 
(-.i|l-.  Iilll    I 
llllp'i-ill. 
I.IMI'..!      I, 

iinii  ..II.''-. .  .  ..-.1-  .-- ;-  v. 

I    "  .ml  pour  liii  demander  pardon. 


A  l'ftce  .1.  . 
au  di-' ri  de 
soixniii'     .liiti" 


yiRcairp  -ie  retirn 
.    il    en 
't    d»   In 

lus 
I  is- 


i!:t 


aemntit,   li 

•  Hiel.ine    ai.! 


.lu  Nil. 

i  Ml,,  soula- 

r   par 

I  s(|u'il 

.ut  du 

in.Tis 

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SAiirr  MAAfliB  ur  liuvi  ait  !«Aamnocc 


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•|ii  11     iiO 

tif  1  V    iM^* 

t.TI. 

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t!     iiir  1       .11      -mil     ,*ii".iif      if'Mii      iiii     .1 

lit-  s,i;.e>.  <  i  'ftlulaire»  conseil». 


lut 
111  liider 


rt  vtsiTK  ^\i!rr  attoi;*»! 
Apr's    qninre    journées    de     mnrrhe,     »nint 


ivasur  la  montaL'ne  où 
llictl     r-liii-'-i.  l'-riti 


■  M  r*  «1  i"i. 


Si  r'uli'  "'rdn 


iid 

per 

lit. 

.>nl 

ma 

lit, 

sa 

1  .er 
Il  ^  de 


mnn.'er  .-junn'' 


lllipo.-.lllt      |.  \ 

rép'Ti.Iff   i 

dm  a 

i    .:  .  ;  - 

que  Difu  lui  donna  1  r~pril  Je  prupUitu.,  I.i 
grAce  di'  uucrir  les  noilade",  et  le  pouvoir  de 
commander  aux  démons. 

S\   1  oM.I  ITK  C?<vmS  se*    «lUCItl  X 

Il    recommandait    le    filenc«   ao'x 

i-r.tr:"-"    ■; ''-     •    '-      ■■' i 

le,. 

l'r  ■ ,  il 

len 

•r'.'  lui  lirinaod-i 
l'ii'  \    a-t-il  qurlqnv   lieu    plu* 

re.  rf* 

i^tDS     !Mi     villule,     liilllal     U     IHIlV,     <l 


Pour  les  prémanir  •ontre  lo*  entiais  de  la  soli- 
tude, et  les  porter  à  Taiiuer  tnus  les  jours 
davantîice,  il  leur  citait  un  exemple  qui  tendait 
à  leur  mpntrer  que  le  démon  la  rudoutait  extrê- 
mement. 

Une  mère,  disait-il,  amena  à  ma  cellule  son 
enfant,  possédé  du  démon.  Quand  cet  enfant  fut 
arrivé,  il  ne  voulut  pas  rester,  h  Levez-vous,  dit- 
il  ù  sa  mère,  et  partons  d"ii'i. 

—  Mais  je  ne  puis  pas  marcher,  lui  dit-elle. 

—  lih  bien,  je  vous  porterai  moi-mt'me.  » 
C'est    alors,    ajouta    le    Saint,    que    j"adrairai 

l'adresse  malii-ieuse  du  démon,  cherchant  à  chas- 
ser l'enfaut  d'un  lieu  qu'il  abhorrait  souveraine- 
mon' 

COJtTERSION   d'cM   PRèTRK  IDOLATRE 

Quand  les  solitaires  allaient  deux  ou  trois 
ensemble,  ils  avaient  coutume  de  s'écarter  un  peu 
les  uns  des  autres,  pour  s'empt^cher  de  discourir 
vainement,  ou  pour  mieux  conserver  la  présence 
de  Dieu.  L'n  jour  qu'il  se  rendait  du  désert  de 
.Scélé  à  la  montagne  de  Nitrie,  son  disciple  qui 
l'accompasiiait  le  devança  d'un  a^sez  Ions  espace 
de  chemin,  et  rencontra  un  prêtre  idolâtre.  Son 
ïéle,  peu  discret,  le  porta  à  lui  crier  :  «  Où  cours- 
tu  ainsi,  démon?»  Le  païen,  irrité  de  cette  apos- 
trophe, se  jeta  sur  le  solitaire  et  le  battit  si 
rudement  qu'il  le  laissa  à  demi-mort.  Bieut('jt 
après,  il  rencontra  saint  Macaire,  qui  lui  dit  avec 
douceur  :  <<  Bonjour,  bonjour,  je  vois  que  vous 
prenei  beaucoup  de  peine,  et  que  vous  devez  être 
tien  faliyué.  .>  L'idolâtre,  étonné  de  sa  saluta- 
tion, lui  dit  : 

'<  Qu'avez-Tous  trouvé  de  bon  en  moi  pour  me 
saluer  ainsi? 

—  Je  l'ai  fait,  répondit  le  Saint,  parce  que  j'ai 
vu  que  TOUS  vous  épuisiez  de  falipue,  sans 
prendre  ;iarde  que  cela  ne  vous  servait  de  rien. 

—  Je  comprends  maintenant  que  vous  ''tes  un 
homme  de  Mieu,  ajouta  lidolAlre  :  quant  à  ce 
méch.Tut  solitaire  que  je  viens  de  rencontrer,  il 
est  loin  d'i'ire  aussi  vertueux  que  vous.  Il  s'est 
avisé  de  me  lancer  une  injure,  mais  ce  bAton  lui 
a  fait  payer  cHérem<^nt  son  insolence,  i.  Kn  ce 
moment,  le co-ur de  l'idolâtre  fut  vivement  touché 
de  la  l'ràce,  il  se  jeta  aux  pieds  du  Saint  qu'il 
embrassa  en  di>anl  :  «  Je  ne  vous  quitterai  |)as 
que  vous  ne  in'aye;,  fait  moine.  »  Ils  allèrent  alors 
au  lieu  où  gisait  le  disciple  tout  meurtri  de  coups 
et  le  portèrent  à  l'étlisc  delà  mr.ntacne  de  Nitrie 
parce  qu'il  lui  était  imiiossiblo  de  marcher. 

Le  [>rèire  idolâtre  y  [irit  bienti'd  l'habit  monas- 
tique, et,  à  son  exemple,  plusieurs  païens  embras- 
sèrent la  foi  chrétienne. 

SA    SIMPLICITK 

Ml  .ire  agissait  envers  les  Frères  avec  tant  de 
I  .iiid'  i;r  et  de  ?im|>licilé  que  quelques  personnes 
lui  en  firent  des  reproches  dans  une  rencontre; 
mai»  il  leur  répondit  :  «  J'ai  demandé  in<-tamment 
■  •  "■  "ce  a  Iljeu  peiidatit  rlouze  ans;  pourquoi 
/-voiii  m'v  faire  renoncer?  ■ 
ur,  il  obligea  un  jeune  solitaire  appelé 
/  ■  de  lui  dire  le  devoir  d'un  moine.  Zacha- 

>'  <\né.  s'écria  :  "  Hélas!  mon  père  vous  me 

'il       I'  7  cela  .i  moi? 

■  I.  mon  (Ils,  répondit-il,  Dieu  veut  que  je 
i   ij  ;  [    Il  ne  de  vnus.  •> 

^1         '■     "•■  «olilaire  lui  dit   ;  i.   Il  parait. 

Iiii-là  est  véritablement  moine 
,1  'en  tout. 


SON"  rouvoiR  snti  les  DKao.vs 

Se  trouvant  un  soir  sur  le  chemin  qui  condui- 
sait du  lieu  de  sa  retraite  à  la  solitude  fu 
demeuraient  les  autres  Frères,  Macaire  vit  le 
démon  sous  la  figure  d'un  homme,  couvert  d'un 
habit  de  lin,  mais  percé  de  trous,  et  dans  chaque 
trou  il  aperçut  une  liole.  <.  (m'i  vas-ln?  lui  demanda 
le  Saint.  —  Réveiller  les  Frères,  répondit  le  fati- 
l<ime,  et  je  leur  porte  ces  potions  dilférentes, 
alin  que  si  quelqu'un  ne  veut  pa*  de  l'une,  je 
puisse  lui  en  présenter  une  autre  qui  lui  plaise,  i 

Quand  l'esprit  malin  fut  de  retour,  Miicaire  le 
força  à  lui  dire  s'il  avait  séduit  qneiqu.-  solitaire. 

t<  Tous  vos  moines  sont  intraitables,  rèpondit- 
il,  ils  ne  me  témoignent  que  du  mépris,  il  n'y  en 
a  pas  un  qui  veuille  m'écouter. 

—  Quoi  !  dit  le  Saint,  tu  n''as  donc  pas  un  seul 
ami  parmi  mes  Frères? 

—  Il  y  en  a  pourtant  un,  ajouta  le  démon,  qui 
me  croit,  c'est  Théopempte;  quand  il  me  voit,  il 
tourne  comme  le  vent.  » 

Saint  .Macaire  se  rendit  aussitôt  chez  les  soli- 
taires, demanda  Théopempte  et  alla  loser  dans 
sa  cellule.  Il  en  fut  reçu  avec  de  jn-andes  démons- 
trations de  respect  et  de  joie,  comme  étant  le 
Père  commun  des  solitaires,  et  quand  ils  furent 
seuls,  le  Saint  lui  dit  :  «  Eh  bien,  inon  Frère, 
comment  ètes-vons? 

—  Fort  bien,  mou  Père,  cràce  à  vos  prières, 
dit  Théopempte. 

—  .Mais  vos  pensées,  ajouta  le  Saint,  ne  vous 
font-elles  pas  de  peine?  » 

Théopempte,  n'osant  avouer  la  vérité,  dit  que 
non. 

X  Pour  moi,  répliqua  Macaire.  qui  ai  déjà  passé 
tant  d'années  dans  cette  vie  austère.  |c  ne  vous 
dissimulerai  pas  que  je  suis  tourmenté  par  mes 
pensées.  » 

Encouragé  par  l'humble  aveu  du  Saint,  le  reli- 
gieux dit  : 

"  Hélas!  mon  Père,  il  faut  que  je  vous  confesse 
que  j'en  ai  aussi  qui  me  causent  bien  de  la 
peine.  « 

Quand  enlin  Théopem[>te  eut  manifesté  l'état 
de  son  âme,  Macaire  l'instruisit  de  ce  qu'il  devait 
faire  et  retourna  dans  sa  solitude. 

A  quelque  temps  de  là,  il  vit  de  nouveau  le 
démon,  et  lui  demanda  s'il  comptait  beaucoup 
d'amis  parmi  les  Frères. 

<'  Ils  sont,  répondit  le  malin  esprit,  tous  plus 
durs  et  plus  intraitables,  mais  ce  qui  est  pis. 
c'est  que  celui  qui  m'obéissait  auparavant  est  ;i 
présent  tout  cban.'è.  Je  ne  sais  pourquoi,  m.ni^ 
loin  de  m'écouter,  il  me  déteste  aujourd'hui  plus 
que  les  autres.  » 

AUTRE  PREUVE  DE  SON  POUVOIR  SUR  LES  D^MO?» 

L'intrépidité  de  saint  Macaire  contre  les  esprits 
malins  était  admirable.  File  prouve  la  ttrandeur 
de  sa  foi  et  de  sa  contiance  en  Jésus-Christ,  qui 
a  triomjibé  de  l'enfer  et  a  lié  par  sa  Passion  le 
prince  îles  ténèbres.  Il  vint  une  fois  à  Tèn'niit, 
et  se  trouvant  surpris  par  la  nuit,  il  entra  dans 
un  sépulcre  où  reposaif  nt  [dusieurs  cadavres  de 
païens.  Le  Saint  en  prit  un  pour  lui  servir  de 
chevet  pendant  son  sommeil,  mais  les  iléinon». 
nir|ués  de  son  aiiil.ice,  voulurent  lui  faire  peur. 
I.'un  d'eux  fei:-nit  d'appeler  le  mort  qui  servait 
doreiller  .'i  Macaire,  et  un  autre  répondit  d. 
faion  à  faire  croire  que  le  c.idavrc  parlait  Im- 
méine.  C'est  .ilors  que  Ma'.ure.  bien  loin  'le 
■i'efTrayer,  donna  de  t'ran  U  r.iui's  île  point'  •\  '  e 


corps  en  lui  disant  :  «  Lève-toi,  si  tu  peux.  >>  Les 
démons  s'enfuirent  aussitôt  pleins  de  confusion 
et  en  jetant  ce  cri  :  «  Tu  as  vaincu.  » 

HUMILITÉ  OB  SAINT  MaCAIHE 

Ce  grand  Saint  qui  brillait  au  milieu  des  soli- 
taires par  ses  dons  surnaturels  et  son  t'minentc 
vertu,  t'tait  loin  de  rechercher  les  louanges  des 
hommes.  Il  avait  une  idée  si  basse  de  lui-mi^me 

3u'il  se  dérobait  autant  qu'il  le  pouvait  aux  rcfjards 
e  ses  frores.  C'est  quand  la  compassion  et  la 
charité  l'exigeaient  ou  que  la  i:loire  de  Dieu  y 
était  intéressée  qu'il  employait  le  don  des 
miracles.  Il  se  regardait  d'ailleurs  comme  le  plus 
prand  pécheur  et  vivait  dans  une  sainte  frayeur 
des  jugements  de  Dieu. 

E.VEMPLE  DE  SON  DON  DE   PROPSéTIE 

Saint  Macaire  vivait  avec  deux  disciples  :  l'un 
demeurait  dans  une  cellule  séparée,  l'autre, 
ni>mmé  Jean,  restait  auprès  de  lui  pour  le  servir 
dans  «-o.i  erniid  Age,  ou  pour  rendre  les  devoirs 
de  l'hospilalit-''  à  i-i'ux  qui  le  venaient  voir.  Le 
Seigneur  éclaira  noire  Saint  sur  les  sentiments 
intérieurs  de  son  compagnon  et  lui  découvrit 
l'él.it  de  son  Ame.  Inspiré  par  celui  qui  scrute  le 
fond  des  ciriirs.  Macaire  parla  à  son  Irère  en  ces 
termes  :  "  Kcoiitc/.-inoi.  Jean,  mon  frère,  et  rece- 
vei  avec  docilité  l'avi-;  i|ue  je  veux  vous  donner, 
et  qui  vous  sera  d'une  grande  utilité,  si  vous  en 
profllei.  Vous  êtes  tenté,  et  c'est  par  le  démon 
de  l'avarice.  Si  vous  recevez  l'avertissement  que 
je  vous  fais,  vous  accomplirez  avec  perfection 
l'œuvri-  de  Dieu.  Vous  deviendrez  célèbre  et  les 
jugements  du  Seigneur  n'approcheront  pas  de 
vous;  au  contraire,  si  vous  ne  vous  rendez  pas  à 
ma  reiniMilrance.  vous  finirez  par  tomber  dans 
la  maladie  de  Tiiezi,  dont  vous  avez  déjà  con- 
tracté le  péché.  .. 

Le  disciple  Jean,  au  lieu  de  mettre  2t  profit  cet 
avertissement  salutaire,  s'enfonça  de  plus  en  plus 


dans  son  p'^-ché,  et  la  prédiction  du  Saint  s'accom- 
plit à  la  lettre.  Quinze  ou  vingt  ans  après  la 
mort  de  Macaire,  son  disciple  se  trouvait  si  cou- 
vert de  lèpre,  que  tout  son  corps  tombait  en 
pourriture. 

COmiBNT  IL  JUSTIFIE  UN  INNOCENT 

In  homme,  accusé  injustement  d'un  meurtre, 
s'enfuit  dans  la  cellule  de  .Macaire,  mais  ceux  qui 
le  poursuivaient  y  arrivèrent  bientôt  après,  pro- 
testant au  Saint  que  leur  i>ropre  vie  était  en 
danger  s'ils  n'emmenaient  point  le  coupable. 
L'accusé  protestait  de  son  innocence,  et  la  pro- 
testation, fort  vive  de  part  et  d'autre,  ne  flnissait 
pas.  .Mors,  le  Saint  leur  demanda  ou  le  mort 
était  enterré,  et  s'y  rendit  avec  eux;  là,  il  mit 
les  t-'enoux  en  terre,  invo(]ua  le  nom  de  Jé*us- 
Christ,  et  dit  ensuite  aux  assistants  :  .1  Le  Sei- 
gneur fera  connaître  si  cet  homme  que  vous 
accusez  est  coupable  ou  innocent.  >■  Puis,  s'adres- 
sant  au  mort  :  •■  Je  te  conjure  par  Jésus-Christ 
de  déclarer  si  cet  accusé  est  ton  meurtrier.  <■  La 
réponse  ne  se  fit  pas  attendre:  le  mort  dit 
aussitôt  que  cet  homme  ne  lui  avait  pas  ôtè  la 
vie. 

Qu'on  ju:.'e  à  ce  récit  quelle  fut  alors  l'épou- 
vante de  tous  ceux  qui  étaient  présents  à  un  si 
grand  miracle  ! 

PERSECUTION   ET  MORT  DE  SAINT    MACAini. 

Tels  étaient  les  effet'*  de  sa  foi  vive.  Comme  il 
la  confirma  par  des  proili:;es,  il  cul  nii':«t  le  Imn- 
heur  de  la  défi-ndre  i-n  souffrant  ■  ii 

la  persécution   II  partageaavec  M  . 
drie  la  gloire  d'être  relégué  dans  une  lir  li^  -   i!.' 
sur  l'ordre  de  Lucc,  que  le<  ariens  avaient  j'ii^  é 
sur  la  chaire  de  saint  Marc. 

Kniiii.  cet  homme  -«i  célèbre  par  ses  miracles 
et  qui  ne  l'était  pas  moins  par  se?  héroïques 
vertus,  rendit  doucement  son  Ame  à  Dieu  pour 
aller  jouir  des  récompenses  étemelles. 


Impt.-li/iaHl     t.   t'ITlTUUKT    tt,  ru*  FrtliruU  l",  l'âTIl. 


SAINTE    GENEVIÈVE 

VIER.OE     ET     I>A.TROrN'NE     OE     PAXIIS 


Fite  le  i  janvier 


S&uit«  CJeneviève  gardant  ses  brebis  sur  le  penchant  du  mont  Valérien.  —  A  gauche,  l-ari» 
et  ses  forteresses;  au  milieu,  le  mont  Valérien;  à  droite,  sainte  Geneviève  allant  priez 
au  tombeau  de  saint  Denis;  plus  haut,  le  village  de  Nanterre  et  à  droite,  est  figuré, 
surmonté  d'une  pyramide,  le  puits  où  la  jeune  Sainte  puisa  l'eau  qui  guérit  les  yeux  d* 
ta  mère,  devenue  aveugle  pour  s'être  opposée  à  la  vocation  de  son  enfsint. 

(Peinture  lur  bois  d'ua  peintre  iaconnu,  du  xvi>  siècle,  d&ns  l'église  de  Saiot-Merry,  à  Paris.) 


■ÂJSSAJ1CI  IT  Pik>K.in  DE  SAINTK    aCNBVIKVI 

Sainte  Geneviève  naquit  i  Nanterre,  petit  bourg 
situé  à  trois  lieues  de  Paris,  vers  l'an  452,  :ous 
le  règne  de  Clodion,  second  roi  des  Francs.  La 
future  capitale  de  la  France  faisait  encore  partie 
de  l'empire  romain,  mais  cet  empire  s'écroulait. 
Son  père.  Sévère,  et  sa  mère,  (iéronlia,  étaient 
pauvres  des  richesses  d'ici-bas,  mais  ils  étaient, 
ce  qui  est  bien  préférable,  pleins  d'une  graude 
piété  et  d'un  grand  amour  pour  la  religion  chré- 
tienne qu'ils  avaient  embrassée,  tandis  que  le 
fia^vinisme  infectait  encore  une  grande  partie  de 
a  <,aule.  Au  bapl^-nie,  l'enfant  reçut  le  nom  «ra- 
eieux  de  (icnnvefa  (lieneviève),  qui,  en  langue 
gauloise,  signilie  fiUe  du  ciel. 

COin<I.-<T  DJKi;  ll«MFt^TA  DC  nO.VNK  HEUBS  LÀ  SÀINTITK 
Dl  SA  StnVAMTI 

A   ctip  ppoqu»-,  ane  hérésie  orsueilleu^p,  qui 
prétendait  qu'on  pouvait  se  sauvr-r  sans  In  grâce 


de  Dieu,  le  pélagianisme,  tant  de  fois  terrassé  par 
les  docteurs  de  l'Kglise  et  par  leur  prince,  saint 
Augustin,  s'était  réfugiée  dansla  Grande-Bretagne, 
d'où  elle  était  sortie. 

Le  Souverain  Pontife,  toujours  en  éveil  sur  les 
maux  qui  peuvent  ravager  l'Kglise,  prit  aussitôt 
des  moyens  pour  arrêter  le  fléau.  Par  son  ordre, 
et  à  la  prière  des  évéques  des  Gaules,  saint 
Germain,  évf-que  d'Auxerre,  et  saint  Loup,  évèque 
de  Troyes,  s'acheminèrent,  le  bAton  de  pèlerin  k 
la  main,  vers  la  Grande-Brelamie. 

Dieu,  qui  arrive  toujours  à  ses  fins,  par  les 
moyens  qu'il  lui  plaît  de  rhoisir.  allait  se  servir  de 
rinterraédiaire  de  ces  deux  apôtres  pour  faire 
éclater  la  sainteté  de  l'humble  Geneviève. 

tlant  arrivés  vers  le  soir  au  village  de  Nanterre, 
ils  résolurent  li'y  passer  la  nuit.  A  leur  arrivée, 
ils  furent  entouras  d'une  foule  nombreuse  qui 
di-maiidait  leur  bénédiction.  Le  bienheureu.T 
Gfirn.iin.  tou.hé  de  celemiiressemenl  qui  faisait 
ressembler  leurvoyace  à  uni*  marche  lrinmiili.il' 


i:.l-6.'7 


niuiiUi  sur  un  tertre  dans  le  bal  d'adresser 
quelijues  paroles  à  cette  foule  pieuse. 

tu  ce  moment,  ses  regards,  diri,:;és  parTEsprit- 
Saint.  se  portèrent  sur  une  jeune  fille  d  une 
dizaine  d'années,  et,  voyant  sur  son  front  l'éclat 
de  la  «.iiiileté  : 

•  Quelle  est  cette  enfant?  dit-il  en  s'tdressant 
i  la  foule  ;  quels  sont  ses  parents? 

—  C'est  (ieuovefa,  répondirent  aussitôt  mille 
Toix.  »  Et  fendant  la  multitude.  Sévère  et  Gérontia 
se  présentèrent  devant  le  Saint. 

••  Béni  soit  le  jour  où  cette  enfant  vous  fut 
donnée,  dit  Germain;  sa  naissance  fut  saluée  par 
les  ai)j.es;  le  Seigneur  la  réserve  i  de  grandes 
cboMS.  m 

SAIim     GKNE>'lkvi     SB      CONSACRB     A     DIBU 

roua  TOLjoi'Rs  kntri  lis  mains  oe  saint  germain 

Puis  s'adressant  à  la  jeune  enfant  : 
«  Dites-moi,  ma  fiUe,   n'avez-vous   pas  la  vo- 
lonté de  vous  consacrer  au  Seif.'neur  et  de  devenir 
son  épouse? 

—  Père  Saint,  soyez  béni,  vous  qni  liseï  dans 
«ion  cœur  ;  t«i  eiit,  en  elTet,  mon  désir,  et  j'ai 
•cuvent  prié  Diende  l'exaucer. 

—  Ayez  confiance,  ma  lille,  demeurez  ferme 
flans  votre  vocation,  le  Seigneur  tous  donnera 
force  et  cmira^e.  " 

On  chanta  unne  Ht  vêpres  à  l'épi ise,  et  pendant 
Umt  le  temps,  le  bienli>^ureux  Gennain  tint  la 
Tnnin  droite  étendue  sur  la  tête  de  Genovefa.  Le 
Ifndeniain,  api-ès  l'office,  le  saint  prélat  appela 
l'enfant  et  lui  dit  : 

«  Vous  sonvenex-vons,  ma  QUe,  de  la  proaeme 
<|ne  vous  m'avei  faite? 

—  Père  saint,  répondit-elle,  je  l'ai  f aite  i  Dien 
et  i  von»,  je  ne  l'oublierai  jamais.  » 

Or.  il  te  trouva  à  terre  un  nmiimui  d''airmin  qui 
partait  sur  l'airt  de  set  faces  le  signa  «aoré  4e  la 
«nix.  GermaiA  le  nuna^-a  et  la  prMaaMtairt  à 
Utifaut: 

^  «  Sa^iendei  à  Totrs  cou  ce  si^e  sacré,  ma 
OTe,  4i%-il,  ^  gardet-la  en  ménotre  de  moi, 
qu'il  vous  tienne  lien  de  tous  les  ornements  du 
siècle.  » 

Puis,  s'étint  recommandé  à  ses  prières,  ii  la 
bénit  et  re|>rit  sa  roale. 

OOnXB   FUT  Là    T»   Dt   SAIim   eiMItlilVI 

iusou'A  l'aas  di  ouatohzi  A.NS 

Dès  ce  moment,  cil.-  n'solul  de  s'arracher  plus 
que  jamais  aux  jeux  et  aux  divertissements  de 
son  Age,  et  de  deveuirle  modèle  et  l'édification  de 
•as  compagnes. 

Geneviève  était  ber^re,  occupée  chaoae  jonr 
à  (tarder  le  troupeau  de  son  père,  et  c  était  sa 
lu»  Kronde  consolation;  car,  en  présence  de 
••su?  qu'elle  avait  choisi  pour  époux  et  df  Marie, 
sa  irii-re,  en  compagnie  de  »ou  aune  gardien,  elle 
avait  tout  le  loisir  de  pen^rr  aux  choses  ilu  ciel, 
•l  «11(1  cii'ur  était  inondé  d'une  grand<-  joie. 

I.e  loup  r|ui  rAdait  autour  lu  troupeau,  dit  nn 
auti-ur  de  '•a  vie,  lui  repréx-nLait  ce  loup  infernal, 
qui  ne  chenbe  qu'à  nous  d>*vorer;  le  chien  qui 
aboyait  lui  mettait  en  aspnt  la  vigilance  qu'il 
faut  avoir  sur  soi-même  ;  «l  les  brebis  lui  prê- 
chaient la  modestie,  la  douceur  et  la  simplicité, 
si  bien  que  ^anterr•  lui  était  on  enfer,  at  laa 
cbaiaps  un  paradis. 

PSniBa    MlkACLI  DI    «UNTS   CCMMhvB 

Trllr  <'t>il  la  vie  ordinaire  de  la  jeune  flile,  et 
U  t<  inp^  que  lui  lal^sall'llt  «es  occupations,  elle 


r; 


allait  le  passer  en  compagnie  du  Uieu  qui  vit 
prisonnier  dans  nos  tabernacles. 

Un  jour  de  fête  ,  elle  allait  se  rendre  i  l'église, 
lorsque  sa  mère  survint  et  le  hii  défendit  ahso- 
lumeiil,  lui  ordonnant  de  se  reposer  et  de  garder 
la  maison.  Comme  (îeneviève  rappelait  la  pro- 
messe qu'elle  avait  faite  à  saint  (iermain,  de  ne 
jamais  manquer  aux  oflices,  sa  mère,  irritée,  lui 
donna  un  soufllet:  mais  ce  ne  fut  pas  impuné- 
ment, car  au  même  instant  elle  devint  avi'uiile. 

Après  avoir  passé  deux  ans  dans  un  si  triste 
état,  elle  se  ressouvint  des  étonnantes  prédictions 
de  saint  Germain,  et  eut  un  moment  de  repentir 
mêlé  d'une  grande  conHance  en  la  vertu  de  sa 
lille;  l'appelant  alors  : 

«  Mon  enfant,  lui  dit-elle,  h8te-toi,  je  t'en 
supplie,  d'aller  puiser  de  l'eou  au  puits  voisin.  » 

Geneviève  obéit  et  porta  l'eau  à  sa  mère. 

«  Et  maintenant,  ait  celle-ci,  fais  le  signe  de 
la  croix  sur  cette  eau.  •> 

L'enfant  Mt  ce  qu'où  lui  demandait.  L'areogle 
éleva  les  mains  au  ciel  et  pria.  Puis,  trois  fois  de 
suite,  elle  mouilla  ses  yeux  avec  l'eau,  et  elle 
recouvra  U  vue.  Dès  ce  moment,  tonte  liberté 
fut  laissée  à  Geneviève  de  vaquer  comaa  ella 
l'enteudndl  à  ses  «xercices  de  pieté. 

■Xa  PROI»  LB  VOILB  DKS  Vflar.BS  CT   T»»t 

Dounam  a  pabu 

Afin  d'éloigner  toute  poursuite  de  mariage  elle 
résolut,  éUmt  Agée  de  qualurxe  ans,  de  prendre 
le  voile  des  «Tierces.  Elle  le  re^'ut  des  maïas  de 
l'évêque  de  Pans,  a«iac  dawi  oomy^paas  pius 
âgées  qu'elle. 

Les  tri>ia  postclantaa  hiiMit  rangeas  pi<a« leur 
ktie  :  mais  le  pontife,  in^if^  é»  Ma*,  fil  inter- 
vertir l'ordre,  et  plaçant  t^anavMvaia  araaière  : 

»  11  est  juiite,  dit-îl,  qn'aÉe  nréoide  laa  autres 
car  sa  consécrattoa  a  d^  été  «u-egiaU-ée  au 
ciat.  « 

Ainsi  s«  rdahsireat  les  paroles  d«  tnenkeu- 
reux  Orroain.  Generière  revint  à  RaataiTa  et 
continua  d'assister  aea  parents  daaa  %a«B  hmn 
besoins.  A  leur  mort,  elle  quitta  ISanterre,  et 
vint  habiter  Paris,  bien  résolue  de  mener  désor- 
mais une  vie  euttèrsment  consacrée  à  Dieu  at  i 
son  survice. 


■LLB  «ST  RAVfB  BN   «ITASB  —  H»XJ^ 
APPABAIT  SDS  LB  OALVAIM 


lar  uji 


Elle  arrivait  k  peine  chax  sa  marraine,  lorsaue 
Dieu,  voulant  lui  montrer  combK'ii  ce  sncrmca 
d'elle-niême  lui  était  agréable,  lui  envoya  une 
paralysie  douloureuse  qui  lui  Ata  l'usaite  de  tous 
ses  membres.  Car  Dieu,  dit  sainte  Thérèse,  est 
de  ceux  qui  payent  les  craiids  services  qu'on  leur 
rend  par  des  morliUcalions  ;  et  ce  payeaHMil  aat 
bien  le  meilleur,  puis  qu'il  lait  acquérir  l'amour 
de  Dieu. 

Elle  fut  tenue  pour  morte  durant  les  trois  jours 
que  dura  la  crise.  Pendant  ce  t'-in)»,  *i>n  Ame 
C4intcinplail  an  ciel  U  jaie  deii  hirnli»ureui,«t 
en  enfer  les  tourments  des  damnés.  è.Ue  fnt 
aussi  Iran^port^a  «a  esprit  sur  le  Calvaire,  ou 
Ji'Hns-Cliriol  lui  apparut  attaché  1  U  Grnix  qu'il 
grava  dans  le  fona  de  son  cirur,  en  de*  traits 
qui  ne  «'elTacèreiil  •■^•••'•'  Il  lui  |>er'<'>  i'  >.Mi«er 
il.ms  le  t^é^ur  it'  <  et  lui    i  ti 

culièremcnt  le    1  nent    des    •    ,  i'  n» 

d'une  fois,  en  effit,  il  lui  arriva  de  prou«^  aux 
pécheurs  que  rien  n'<'tnit  caché  pour  rllr  dans 
les  replis  de  leur  iine  ;  comme  nlle  le  lil  à  une 
lille  de  llources,  qui,  aprèi  son  vu;u  de  virL'iiiiltf, 
s'était  laissé  violer. 


Geneviève  la  prit  à  part  et  Ini  ayant  marqué  le 
lien, le  jour  et  l'heure  de  son  offense,  la  fit  pleurer 
sur  son  crime  et  revenir  à  Dieu. 

eSANDES  AUSTÉRITÉS  DE  GENEMÈVI 

La  sainte  soupirait  après  l'heureux  moment, 
où,  délivrée  des  liens  du  corps,  son  Ime  s'envo- 
lerait vers  Dieu;  si  bien  qu'elle  ne  pouvait 
regarder  le  ciel  sans  verser  des  torrents  de 
larmes.  Ne  pouvant  pas  se  séparer  ici-bas  de  ion 
corps,  elle  l'opprimait  du  moins  par  les  veilles, 
les  disciplines,  les  oraisons  et  les  pèlerinages. 
Ainsi  son  àme  montait  plus  libre  vers  son  Créateur. 

A  partir  de  cette  époque  et  jusqu'à  l'â^e  de 
cinquante  ans,  elle  ne  mangea  que  le  dimanche 
et  le  jeudi.  Sa  nourriture  se  composait  d'un  peu 
de  pain  d'orge  et  de  quelques  légumes  coïts 
depuis  quinze  jours. 

Jamais,  même  dans  ses  maladies,  elle  ne  voulut 
nian(,'er  de  la  viande.  Elle  prenait  un  singulier 
plaisir  aux  actions  humbles,  viles  et  mortiliautes, 
comme  à  balayer  la  maison,  à  filer,  et  à  servir 
ses  compagnes. 

Vers  cette  même  époque,  Dieu,  voulant  purifier 
davantage  son  âme  par  la  souffrance,  lui  envoya 
une  lèpre  qui  couvrit  tout  son  corps.  Tout  le 
monde  l'abandonna,  mais  elle  resta  inébranlable 
dans  sa  contianc*  et  dans  son  amour  envers  le 
divin  Médecin  des  &me8.  Il  ne  tarda  pas,  en  effet, 
i  la  guérir  de  toutes  ses  infirmités,  et  l'évêque 
la  nomma  supérieure  des  vierges  et  des  veuves 
de  Paris  qui  étaient  en  grand  nombre.  Elle 
s'acquitta  si  dignement  de  sa  charge,  que  plu- 
sieurs de  ses  compagnes  parvinrent,  par  ses  bons 
avis,  i  an  détachement  parfait  de  toutes  choses 
et  à  une  très  grande  sainteté. 

CONSTRUCTION  d'ONI  É6LISB 

en  L'BONifKDm  08   SAirrr  dents  —  divers  Mre*CLEs 

La  vierge  parisienne  avait  une  grande  dévotion 
pour  l'illustre  apôtre  de  Paris,  saint  Denys  ;  elle 
allait  souvent  en  pèlerinage  i  son  tombeau  et 
voulut  y  faire  bdtir  une  église.  Les  prêtres  aux- 
quels elle  s'adressa  lui  représentèrent  l'impos- 
sibilité d'une  telle  entreprise,  faute  de  matériaux. 
Geneviève  ne  se  rebuta  pas,  elle  persévéra  dans 
la  prière. 

Une  fois,  te  vin  manqua  aux  ouvriers  ;  Gene- 
viève s'étant  mise  en  prière,  Jésus-Christ  renou- 
vela en  sa  faveur  le  m  rracle  de  Cana  ;  elle  changea 
l'eau  en  vin,  et  le  tonneau  qui  le  contenait  fut 
saflisant  pour  toute  l'année. 

Ce  fut  dans  cette  église  qu'elle  délivra  douze 
possédés. 

Le?  prières  de  la  Sainte  et  de  ses  compagnes 
étaient  un  supplice  pour  les  démons,  au«si  s'ef- 
forçaient-ils de  les  tourmenter  de  toutes  les 
manières.  Un  soir  qu'elles  se  rendaient  à  l'é^-li^e 
pour  y  réciter  matines,  le  diaiile  étpiffnil  leur 
harabean  et  elles  furent  plongées  dans  l'obscurité. 
Mais  tainte  Geneviève  le  ralluma,  et  le  diable 
s'''puisa  en  vain»  efforts  pour  r''leiniire.  Ce  cierge 
fut  gardé  comme  une  prérjeuse  relique  et  larvit 
&  rendre  la  santé  aux  infirmes. 

La  Sainte  passait  des  journées  et  des  semaines 
entières  dans  une  étroite  solituile.  pour  s'y  livrer 
uiiiriuemenl  à  loraison  et  à  la  p'Mulenre.  Depuis 
la  f''lp  des  Mois  jusqu'au  Jeudi-Saint. elle  demeu- 
rait enfermée  d.ins  sa  chanibro,  s'adonnant  à 
toutes  sortes  d'austérités,  sans  nul  antre  entretien 
que  celui  de  Jésus-Christ  et  des  esprits  bienheu- 
reux. 

Dieu  lui  accordait  alors  de  nfUTçlle»  lumières 
et  de  iinijvelles  (irices  pour   «■llf'-rnême  et  pniir 


les  autres.  On  lui  apporta  nn  jour  un  enfant 
mort  d'une  chute.  La  Sainte  l'enveloppa  dans  sa 
robe,  se  mit  en  prières  auprès  de  lui,  et  l'enfant 
revint  à  la  vie.  Une  autre  fois,  une  femme  ayant 
eu  la  curiosité  de  regarder  par  une  fente  ce  que 
Geneviève  faisait  dans  sa  chambre,  fut  frappée 
d'aveuglement.  La  Sainte  prit  pitié  dé  la  pauvre 
malheureuse,  et  lui  ouvrit  les  yeux  par  la  vertu 
du  signe  de  la  croix. 

GENEVIÈVE    CALOStNiél 

Le  diable,  furieux  du  bien  qu'elle  accomplis- 
sait, cherchait  tous  les  moyens  de  lui  nuire. 
Poussées  par  ses  instigations  secrètes,  des  per- 
sonnes, plus  remplies  d'orgueil  que  de  jugement, 
se  mirent  à  répéter  à  qui  voulait  l'entendre  que 
Geneviève  n'était  qu'une  hypocrite,  et  que,  sous 
des  dehors  austères,  elle  cachait  les  crimes  Ips 
plus  affreux.  Ces  bruits,  semés  avec  tout  l'arlilice 
de  l'esprit  malin,  trouvèrent  de  nombreux  échos  ; 
les  gens  de  bien  finirent  par  avoir  la  vierge  de 
Nanterre  en  mauvaise  estime. 

Tel  était  l'étal  des  esprits  lorsque  saint  Germain 
passa  une  seconde  fois  par  la  cité  des  Parisiens. 
Quand  U  demanda  ce  qu'était  devenue  la  ji-une 
bergère  de  Nanterre,  le  peuple  lui  répondit  : 
«  C'est  une  démoniaque!  »  Le  Bienheureux  se  fit 
indiquer  la  demeure  de  la  vierge  et,  après  avoir 
salué  Geneviève,  comme  s'il  eut  salué  un  ange, 
il  dit  au  peuple:  «  Voyez  cette  humble  cellule, 
son  sol  est  détrempé  par  les  larmes  d'une  vierge 
chère  à  Dieu,  et  qui  sera  on  jour  l'instrumeDl  de 
votre  salut  à  tous.  » 

SAINTE   GENEVIÈVE    SAUVE   LA    VIU.E   DE   PARIS 

Attila,  surnommé  le  fléau  de  Dieu,  après  avoir 
écrasé  la  moitié  de  l'Europe,  franchit  le  Rhin,  à 
la  tête  d'une  armée  formidable  de  six  ou  sept 
cent  mille  barbares.  L'Occident  crut  que  le  monde 
touchait  à  sa  fin.  Le  torrent  dévastateur  ne  lais- 
sait rien  debout  sur  son  passaae  :  les  campasnes 
étaient  ravagées,  les  villes  pillées,  saccagées  et 
brûlées,  les  églises  renversées,  le  clergé  et  le 
peuple  massacrés.  Déjà  Reims  avait  été  la  proie 
des  barbares,  quand  on  apprit  qu'ils  marchaient 
sur  Paris. 

La  terreur  fut  à  son  comble  dans  la  ville.  Les 
plus  riches  bourgeois  se  hâtaient  d'entasser  sur 
des  charrettes  ce  qu'ils  avaient  de  plus  précieux, 
tous  voulaient  s'enfuir  etaller  chercher  un  refuRe 
dans  d'autres  villes.  Hais  sainte  Geneviève, animée 
de  l'esprit  de  Dieu,  s'efforça  de  les  rassurer  et 
de  les  retenir  :  «  Si  vous  voulez  faire  pénitence 
de  vos  péchés  et  apaiser  la  justice  du  ciel,  leur 
disait-elle,  vous  serez  plas  en  sûreté  ici  que  d/iiis 
les  villes  où  vous  voulez  courir.  Les  ennemis  ne 
viendront  même  pas  vwis  &ssié!.'er.  » 

Quelques  personnes,  persuadées  par  ses  dis- 
cours, commencèrent  à  se  réunir  à  elle,  afin  de 
passer  lesjours  et  les  nuits  en  pnère  dans  l'église. 
Mais  la  plupart  la  traitèrent  de  sorcière  :  par  ses 
rêveries  stupides,  elle  empêchait,  disail-on,  ses 
concitoyens  de  sanverleur  vie,  et  allait  toutlivrer 
aux  barbiïres  et  A  la  ruine.  La  populace  ameutée 
parlait  d''jà  de  massacrer  la  Sainte,  quand  arriva 
l'archidiacre  de  saint  Germain  d'AuierTe,porl.int 
à  (;eneviève  du  pain  l>fnit  que  l'évoque  mourant 
lui  avait  envoyé  en  g-ige  de  bénédiction.  An  nom 
de  saint  flerm.iin,  l'archidiacre  ap.iisa  le  peuple, 
Geneviève  fui  acclamée, et  les  Parisiens  restèrent 
dans   leur  ville. 

KientAt  ils   apprirent  qu'Attila,  cbsneeant  a» 
route,  avait  été  battu  A  Orléans  «t  4  Ch'ii 
sur-Marne. 


Paris  n'avait  rni"iiii^  pas  vu  l'ennemi  :  mais 
sans  (ù'neviève.  qui  sait  si  celle  ville.  désL-rtée. 
ruini'O  et  peul-<^lre  abanilonnée  pour  loujours, 
ne  serait  pas  aujounl'hui  une  ile  maii'ra^jt'usi'. 
au  lieu  d'être  une  des  plus  belles  capitales  do 
l'univers. 

FAMI.NB  —  l'ATBlOTISME  ET  CHABITK  DE  GENKVIÈVE 

Cinq  ou  six  mois  après  la  défaite  d'Attila 
M(-rovi-e,  roi  des  Francs,  vint  assiéger  Paris, 
encnr>>  au  pouvoir  des  Koniains.  Le  siège  durait 
di-.jà  ili'puis  quatre  ans  quand  Mérovée  s'en  ren- 
dit iiiailii'.  Cette  ^.oierre  causa  dans  Paris  nne 
f-rande  famine.  Sainte  (leni-viève  se  dévoua  une 
fois  de  plus  pour  ces  liommes  qui  l'appelaient 
jadis  sorcii'-re  et  démoniaque.  Klle  équipa  onze 
paiids  vaisseaux,  et,  se  diiipeant  vi'rs  la  Ohain- 
paf-'ne.  elle  recueillait  de  Mlle  en  ville  le  grain 
qu-'  lui  proi-urait  la  charité  des  habilanls.  Elle 
payait  par  des  miracles  et  des  guérisons  pro- 
digieuses. 

A  son  retour,  deux  démons,  qui  infestaient  un 
point  de  la  rivière  et  y  renversaient  beaucoup 
de  batiaux,  voulurent  l'airi'  j.érir  ceux  de  (ien<- 
viève.  Mais  ce  fut  i>n  vain.i-l  la  Sainte  leur  com- 
manda, au  nom  de  Dieu,  de  quitter  ce  lieu  pour 
jamais. 

Hivenuc  à  Paris,  elle  se  mit  à  cuire  elle-même 
le  pain,  et  à  le  distribuer  aux  pauvres.  Dieu, 
touché  de  tant  de  charité,  le  multiplia  plusieurs 
fois  rnlre  ses  mains. 

Saint  Siméoii,  stylite  d'Asie,  voyant  des  mar- 
chands de  Paris  aupied  de  sa  colonne,  les  pria 
de  saluer  la  vierge  (Jeneviévo  de  sa  part,  et  de  le- 
recommander  à  ses  prières. 

SAINTE   GENEVIÈVE    ET   LES    ROIS    DE    FRANC! 
SAINTE    CLOTILDE   —    GLORIEUSE   MORT 

Les  rois  de  France,  .Méiovée  et  Cliilpéric,  tout 
païens  qu'ils  éUiienl,  ne   pouvaient  >'empécher 

•  r.Kiiiiirer  se^  vertus.  Ils  l'appelaient  une  deini- 
(I  ■  --.-.et  iii>  lui  refusaient  jamais  rien.  Un  .jour, 
■  I  ij;:iiuiit  qu'elle  ne  vint  lui  demander  la  gr;lce 
de  certains  prisonniers,  le  roi  fit  fermer  les 
portes  de  la  ville.  Mais  elles  js'ouvriient  d'elles- 
mêmes  quand  la  Sainte,  avertie  par  Dieu,  s'y 
présenta.  Klle  vint  se  jeter  aux  pieds  du  monarque 
et  obtint  la  f^ràce  des  prisonniers, qui  promirent 
de  mieux  vivre  à  l'avenir. 

Le  grand  Clovis,  notre  premier  roi  chrétien, 
eut  encore  plus  d'alleclion  et  de  vénc^ration  pour 

•  It  A  sa  re<(uèle,  il  délivrait  les  pri-.oniiiei  ^, 
f -.     it  des  lai»'e>ses  aux  pauvres  et  bdlissail  de 

i:,  ,.  niii.pi '•     -.   Saint»'   Clolilde,    sa    noble 

.  j    .  1  .  .mine  un   ui  iii.l  b'aiheur  de 

I,.,  wui  1:  ....  de  (iencvieve.  Llle  eut  avec 
elle  de  loiit's  entretiens,  où  les  di'ux  saintes. 
-.'.■iivr.iiil  l'intime  de  leur  cu-ur,  s'entrelenaienl 

iiieiil  des  moyens  de   plaire  à  Dieu  et 

leur  ■-alul  ••leiiiel.  i;eni-\ii:ve  avait  été 

iilien  de   Cbilililt-  durant  les 

I  .  .|e  ><>ii  maiiak'e,  alors  i|ue  la 

1,1111'  I  >  lui  cl  à  convertir' 

le  f"!  Il- 

An  .  ■    ■■    - 

roni' 


pluie  qui  rrapêi  h.ui  lit   rticolter  la 


Elle  alla  à  Tours  visiter  le  tombeau  du  glorje'*'' 
saint  Martin.  Elle  sema  les  miracles  sur  sa  roui''- 
rendit  la  vue  aux  aveu:;les,  délivra  les  possédé* 
et  lesiiiua  la  santé  aux  inlirmes. 

Ce  fut  son  dernier  v«iya;;e  :  de  retour  i  Paris, 
elle  tomba  ilaiis  une  maladie  qui  devait  la  con- 
duire au  tonibi'au.  Elle  avait  quatre-vingts  ans; 
cassée  de  vieillesse,  exti'nuee  de  t<int  d'ausl«'rités, 
soupirant  incessamii'Ciit  apiés  Celui  qui  l'avait 
(iréveHUe  dès  son  eiilance  de  tant  de  i:ràces 
si;;iialées,  elle  lui  rendit  doucement  son  Ame  et 
alla  cueillir  dans  la  gloire  de  l'i-teriiité  les  fruits 
tli'  ses  bonnes  œuvres  et  de  ses  nombreux  travaux. 
Son  corps  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Pierre 
et  de  Saiul-Paul,  que  Clovis  avait  bAtie  par  sou 
conseil  et  qui,  dès  lors,  porta  son  nom.  —  Cette 
église,  détruite  à  la  lin  du  siècle  dernier,  était  à 
droite  de  Saint-Etienne-du-Mout  (dans  la  rue 
Clovis.)  Elle  avait  loujours  été  desservie  par  des 
(Chanoines-Réguliers  de  Saint-.\ugustin,  appelés 
Génoii^fains  du  nom  de  la  sainte  patronne. 

SIERVEII.LKS  DE  SAINTE  GENEVIÈVE  APRÈS  SA  MOUT 

Le  tombeau  de  la  Sainte  devint  célèbre  par 
une  iiilinilé  de  miracles.  L'huile  de  la  lampe  qui 
brûlait  devant  ses  reliques  guérissait  de  nom- 
breux malades.  —  Dans  une  grand"'  inondation  de 
la  Seine,  les  maisons  de  la  cité'  furent  remplie» 
d'eau  jusqu'au  premier  l'-t.ige,  l'eau  eii\ahit  toute 
la  chambre  où  la  Sainte  était  morte,  mais  le  lit 
sur  lequel  elle  avait  rendu  le  dernier  soupir  ne 
fut  pas  même  mouillé,  les  eaux  l'eiiloui-èrent 
comme  un  mur  sans  le  toucher.  On  construisit 
en  ce  lieu  une  égkse,  appelée  par  le  peuple 
Sahile-Ciftirt  ifie-ta-l't'tiU. 

Dans  les  Iléaux  qui  menaçaient  Paris  ou  la 
monarchie  française,  toute  la  capitale  allait 
implorer  sa  céleste  patronne  ;  les  reliques  de  la 
Sainte  étaient  portées  avec  irinrnmp.ii.ibles  hon- 
neurs dans  une  procession  solennelle,  préparée 
par  une  neuvaine,  et  à  laquelle  prenaient  part 
tout  le  clergé  de  Paris,  la  cour,  toutes  les  auto- 
rités et  tout  le  peu|ile. 

.Vu  XII'  siècle,  sous  le  règne  do  Louis  VI.  une 
i-pidémie  teiiible,  appelée  le  tiiol  de$  nrilenls,  feu 
intérieur  qui  dévor.iit  ses  \i(  limes  sans  que  la 
médecine  pùl  y  apporter  aucun  remède,  de.solait 
Paris.  On  reenuiul  ù  l'innocente  vierge  pour 
apaiser  la  justice  divine.  Au  iiiument  de  Li  pro- 
cession, quand  les  I  cliques  de  la  ^aintc  entrèrent 
dans  réélise  de  Notre-Dame,  encombrée  de  mou- 
rants, cent  de  ces  malheureux  furent  soudaine- 
nieiil  iruéris  aux  yeux   de    tout   le  peuple  et  le 

lli-au  s'arièla.  La  recoiinai--.iiii f  \ ul.in  '  <I"iiiia 

dès  lors  à  l'église  de  Saix:  !> 

nom  nouveau  <le  iiaiiilc-li'  •  > 

L'ancienne  église  de  Siiinle-dein-Mete,  située 
sur  la  Colline,  et  gardienne  des  reliques  de  la 
Sainte,  menaçait  ruine  au  siècle  deinior.  Le  roi 
Louis  XV  en  lit  construire  une  nouvelle  près  de 
l'ancienne  ;  mais  survint  la  Ili'\oluli<'n  qui  i  li,-in- 
gea  l'i'ulise  de  la  patioiiiie  de  Pans  en  piitilhiiiH, 
de>liii>'  ,iux  </if//ii/«  hiimiiin  que  l'on  «nil.  I.<i 
ch.isso  de  la  .''aiiile  lut  brisée  et  le»  relique» 
'  '  -  sur  la  plui  e  de  (irève,  lieu  de  l'exécution 
'If.iiteurs. —  ('.!•  i-rime  n'a  point  porté  bou- 

-dii-Monl,  gardienne 

>!•■    Il    '".lilil'     .1    1 4'|i"- 


la  K'iaiidc   viUo,  .viutc*-la,  cl  avec  elli;  miUVi 

Kl.Uli  e. 


Ugfrn-l      I      V 


1  î  1 1   ir  ss  t 


—   luii'rlmrn--  1'    Kkus  Vmr.  1  A  '•.  rur  I>>)ir>t.  Par!» 


LA  BIENHEUREUSE  AAGÈLE  DE  FOLIGNO 


Fête  le  4  janvier. 


iai(fi|[iinïnTr 


La  bienheureuse  Angèle  de  Foligno  panse  les  lépreux. 


UM  MOT  d'avbhtisskiient  sur  cette  vie 

iJe  loin,  dit  un  pieux  auteur  it  pour  l'ignorant, 
toutes  les  étoiles  se  ressemblent;  de  ni''nie,  ;i 
distance,  pour  l'honirae  superficiel  ou  indifférent, 
tous  les  saints  paraissent  avoir  la  même  physio- 
nomie. Or,  rien  n'est  plus  erroné.  1^*  étoiles  du 
ciel  différent  par  leur  nature,  leur  çiandeur  ou 
leur  éclat,  elles  élus  de  Dieu,  loin  d'être  coulés 
dans  un  moule  uniforme,  se  diversilient  par  leurs 
vertus,  leur  vie,  leurs  miracles  et  le  genre  de 
leur  sainteté. 

Cette  réHexion  s'impose  à  notre  esprit  en 
abordant  la  hienheurruse  Ançéle  de  foligno, 
dont  la  vie  fut  si  extraordinaire,  que  nous  devons 
touk  d'abord  avertir  le  lecteur.  Qu'il  ne  s'attende 
point  à  trouver  ici  une  de  ces  vies  mesurées, 
régulières,  dont  il  puisse'  étudier  ou  connaître  les 
détails.  Sur  l.i  bienheureuse  Anfiélo,  les  détails 
bmcrapliiques  font  défaut.  Ses  historiens  ne 
nous  ont  point  dit  son  â^'e  ni  l'époque  de  sa  con- 
tersion;  à  peine  cousignent-ils  celle  de  sa  mort; 


((lEnnsTlIcLLo,  traducteur  du  récit  du  Fr.  Arnau'l, 

n'icrvi;  par  les  Collandisle». 


mais  ils  nous  apprennent  à  quels  éblouissants 
sommets  l'amour  divin  sut  élever  cette  Ame, 
d'abord  pécheresse,  mais  qui  finit  par  pénétrer 
si  avant  le  mystère  de  la  Passion  et  qui  eut  de  si 
redoutables  familiarités  av«c  Jésus  au  Calvaire. 

Voilà  ce  que  nous  allons  essayer  de  dire  ;  voil:'i 
ce  que  fut  celte  Ame,  à  laquelle  il  fut  dit  par  la 
Vérité  éternelle  elle-même  :  «  Ma  fille,  le  point 
où  lu  es  montée  est  inaccessible  à  la  cré.ilure; 
il  faut  quelque  «race  de  Dieu  très  spécial'.-  pour 
qu'un  être  vivant  soit  transporté  là.  «  Cliap.  xii.) 

La  bienheureuse  An^-èle  peut  être  ■  nnsidérée 
comme  le  modèle  des  veuves;  cl  si  vie,  qui  a 
connu  les  profondeurs  du  pérhi',  semble  nous 
avoir  été  donnée,  comme  celL-  de  Madeleine, 
pour  entretenir  l'espérance  chez  les  plus  grands 
pécheurs. 

CNK  ÉTOILS  DE  LA  COURONNE  M  SAINT  FRANC0I.4 
D  ASSISE  —  NAISSANCE  D'aNCÉU  —  SON  HARIAGË  — 
SA   VIE  HONOAINB 

l.a  sainteté   liu   patriarche  d'Assise  produisit 
sur   son  siècle  et  les  suivant»  une  attraction  '■i 
iiulssantc,  qu'elle  entraînait  à  la  perfection  ni'  i" 
le-  .Imes  les  plus  mondaines.  De  ce  nombre  lu' 
l'ieiiheurcuse  Angèb'. 


:;07 


Elle  naquit  à  FntiL-no,  petite  ville  à  trois  lieues 
d'Assise,  lU  se  bifuriiue  aujourd'hui  le  clieinin 
de  fer  da  Rome  à  Aii'iine  et  à  Fl')rcii.  e.  La  date 
précise  de  sa  naissance  ne  nous  est  pus  connue, 
mai^  nous  croyons  pouvoir  la  placer  vers  1245.  Ses 
parents  avaient  uiiecrnnde  fortune  et  la  marièrent 
très  jeune  Vrai-iPinblableinent  peu  instruite  des 
devoirs   !  .vel  état,  elle  ne  prit  point  au 

sérieux  -  ons  d'épouse  et  de  mère.  Klle 

aimait  e'  r-ri,ei. liait  les  plaisirs  du  monde, 
dont,  héla-i'.  bienl«it,  elle  connut  les  excès  et  les 
dékorJri'S. 

El!'  •ut  de  nombreux  enfants,  auxquels  elle 
adressera  plus  tard  les  pof'es  les  plus  touchautes 
remplies  de  salutaires  conseils. 

CONVXRSION 

Au  milieu  du  tourbillon  qui  l'emporUiit, 
Autfèle  sentit  soudain  ljii::iiillon  de  la  sràce.  Elle 
vil  l'inutilité  de  sa  vie  mondaine  et  dissipée  et 
les  daiii-'ers  que  courait  sou  salut. 

I.a  responsabilité  qu'elle  portait,  en  face  de  se-. 

nombreux    enfants,  Teinaya    plus    que   tout   le 

H'-ie.  Elit-  coiniirit  combien  ses  exemples  pou- 

>.ii''nt  leur  devenir  pernicieux,  et  elle  soD^'ea 

sérieusement  à  se  convertir. 

liais  l'ennemi  qui  l'av.iit  st'dnite,  et  qui  sans 

I  irevoyait   la   p-rfection  au'elle   derail 

lit  tous  ses  ellniu  r>nur  la  détourner. 

■    ■     a:r     \n,  :  ,•-  .!■■  ,   ■     ir 


mai    •'!    1 

sur  l"s  I 

I-    ■<•■■   |.  ;  - i 

.  elle  di'-siiiuila  :  et  ainsi,  mal 
'.  ,  ..         .   ilMinl'T  It  -^  .iiii.-  T.^Me, 

Itien.qni  voulait  sauver  .ii  inmemal- 

cr-^rll.  ,  lui  .nvoyadesalutain  i      i^reinorils; 

ciel  de  lui  faire  trouver  un  con- 

.  dans  lequel  elle  piil  mettre  toute 

lieu  lui  lit  encore  <■  ine>- 

MDl    trouver  uo  Fi      '  <ir  du 

et  lui  m,  à  Iravi^rs  >f  K  larmes, 

liés.  C'est  le  début  obli^'é  de 

•ijiU  ilI,  .!  iir  ut  et  de  toote  résnirerlion  dans 

l'ordre  spirituel. 

auM<)  nE.Tr  nt  mx 

Lb  confesseur  auquel  Aneéle  avait  remis  In  soin 

(if  «on  Ame  n,  - —     '(utArunn^  -iix  de 

1  1  11  lire    dti    ."".  ■!>.     Il     ■  |>uiv- 

'    p«i    -■  •   111 r'-s  à  U  iii'  ■    M 

diiin    II'    rtieiniii    <i»    la 

I      ,     II,.        n.ill.    ..      II,..     I   .      ,r,    I.    „   ... 


4l<Ml 

Au 

'  ,  ifiii  1rs  a  lai 
Undistei    li.C 
«  qui  va  Murre. 
- 1  «-oiiveriion,  An'. 

'•*  KV  hoi 

tine  plus  "riinde  liberté  de  s'adonner  à  son  amour 
de  Ja  pénitence. 

Obligée  de  garder  pour  ses  enfants  le»  biens 
dont  .lie  aii-ait  le  dépiU,  elle  ne  s'en  réserva  rien 
pour  l'Ile;  et  dans  sa  propre  maison,  elle  vécut 
Dientt\t  comme  une  étran:;ère.  D'une  de  ses  ser- 
Tantt"i,  dans  laquelle  elle  avait  reinaïqué  une 
éiniiienle  piété,  elle  lit  sa  conipa;:ne  a>-i.lue. 
Ensi-nilde  elles  se  livraient  avec  ardeur  .i  leur 
soif  de  sacrifices,  mais  An^'éle  dépassait  de  beau- 
coup sa  compajoie.  Le  souvenir  de»  péché»  de  sa 
jeunesse,  la  pensée  qu'elle  avait  mérité  l'enfer 
la  poussait  à  d'épouvantables  austérité*. 

hii  retour.  Dieu  lui  lit  bienll^t  des  LTices  mer- 
veilleuses et  l'admit  insensiblement  à  une  fanii- 
liarif-  dont  la  vie  des  autres  saints  nous  oiTrc 
peu  d'exemples  aussi  frappants. 

ELLE  E-Mtt   DANS   LE   TIERS-ORURK    DE   .-AI.NT-rHA.tÇOI» 

SES  piucaiiais  intiiiitès  avec  ihko 

Libre  par  la  mort  de  son  mari,  Angèle  entra 
dans  le  Tiers-Ordre  de  Saint-François,  qui  ral- 
liait .ilors  tant  d';\mes  généreuses  et  peuplait  le 
ciel  de  nouveaux  >-aintj>. 

Elle  lit  en  même  temps  le  vœu  de  chasteté.  Sa 
déviition  la  porta  bienl<H  à  entreprendre  le  pèle- 
rinage au  toml>eau  du  Saint  dont  elle  venait 
d'einbra>->er  la  i.'-Ie 

Comme  dait  à  Assise,  elle  eut,  un 

soir,  une  >  iiise. 

Dan*  son  oraison,  elle  dit  A  Dieu  :  «  Je  tous  ai 
déjà  tout  donné,  et  toutes  me»  «rurre»  n'ont 
qu'un  but,  relui  de  vous  trouver  !  ('  nmii  Kieu, 
TOUS  Intuveiai-je  bientôt?  —  tjuo  veux-lu?  dit 
une  VOIX  près  d'elle,  —  Ni  or,  ni  nu-.nt,  ni  le 
monde  entier,  vi>u»  seul!  —  Va.  repni  l.v  im^me 
Toix,  bientiSt  la  Trunté  tout  •  <  i  .-m 

toi.  «  Le  lendemain,  arrivée  {  ll<' 

Sii  ■  if    la    VOIX   de   la    veiiif    ijin    (ui   dit    : 

'u  as  prié  mon  serviteur  François, 
e-|.'  I  Mil  "bteuir  aveo  lui  et  par  lui  :  Franeon 
m'a   beaucoup  nim'sj'ai  fait   beaucoup  en  lui, 

oui',  --i  quclqu'autre  in'aimait  plu^  que  1 - 

je  ferais  encore  plus  .'ului! Porte 

ï':.!.!,.,..!)  .1.'    II., Il,    ..ll;.,i,.-,.,  car  ilésoriii...    ... 

I  II  ilu  l'ère,  du  Fils  et 

il  ,  I  l't  sur  la  comii.i-Mi'! 

Celle  vision  eut  lieu  devant  la  porte  il 
d'.\>:«ise,  en    présence    d'une   foiib'   iu'im 
qui  voyait  .A  la  vérité  les  effets  de  l'exta^r,  •»mn 
entendre  les  paroles  que  nous  venons  de  rap- 
porter. 

l'eu  de  tpmp»  «pr*«  «v»  p^leriniife  k  Assine, 
'•lie  en  fil  lin  .mire    ■  '         ni  l'ierre 

,^  lt,>me,  <iui  l'nt  un  .  ii  avan- 

cement dati»  In  Tie  --ai  iiaïuielle. 

«.-  oniBàn  n  *u  ilraii'VES 

l»!eu  |,>  permet laiil  tiinsi  pour  le  plu»  (.Tand 


'■I'  fut  ni 


ilu 
..  .1. 


.1.    Juli,    . 
toute»   III 


(I)  T.  I",  p.  IM  tl  tuiT. 


I"    ■■ I- 

eut  de  mérite. 


l'n  joar  que  son  désespoir  était  plus  profond, 
elle  dit  à  Dieu  :  «  Quand  il  serait  vrai,  Seiffneur, 
que  vous  m'auriez  condamnée  à  1  enfer  que  je 
mérite,. je  ne  laisserais  pas  que  de  faire  pénitence 
et  de  demeurer,  s'il  vous  plait,  à  votre  service! 

Ces  épreuves  ne  la  détournèrent  pas,  en  effet, 
de  ses  exercices  de  piété,  nnn  plus  que  de  sa 
charité  envers  les  pauvres  et  les  malades.  Elle 
aimait  à  se  rendre  à  un  hôpital  voisin  de  la  ville, 
où  Ion  recevait  les  lépreux.  Elle  épargnait  sur  sa 
chétive  nourriture  pour  soulaiier  leurs  misères. 

Un  jour,  après  avoir  lavé  le^  mains  d'un  de  ces 
lépreux,  elle  proposa  à  sa  com|)af;ne  de  boire 
l'eau  qui  leur  avait  servi.  Surmontant  toute  déli- 
catesse naturelle,  elle  avala  toute  cette  eau  fétide  : 
I  Je  n'ai  jamais,  disait-elle,  trouvé  meilleur  sont 
à  aucune  liqueur  ;  et  cependant,  ajoutait-elle, 
j'avais  bien  senti  dans  ma  bouche  les  écailles 
qui  étaient  tombées  des  mains  de  ce  pauvre  de 
Jésus-Christ.  » 

SES  RÉCOMPENSES 

Un  tel  héroïsme,  de  si  hautes  vertus  ne  pou- 
vaient manquer  de  toucher  le  Cœur  de  celui  dont 
la  sagesse  mesure  les  épreuves  d'une  Ame  aux 
dei;rés  de  sainteté  où  il  a  dessein  de  l'élever.  Il 
ordonna  au  démon  de  laisser  en  paix  sa  servante 
fidèle.  Il  la  f.ivori-^a  du  don  d'oraison  et  de  paix 
si  considérable,  qu'elle  disait  :  «  Si  l'on  me  propo- 
sait tous  les  biens  temporels  et  spirituels,  toutes 
les  délectations  bonnes  ou  mauvaises  qu'ont 
ressenties  tous  les  hommes,  toutes  les  délices  des 
saints,  en  échani'e  d'un  seul  instant  du  bonheur 
que  je  soMe  et  des  éblouisscmeiits  de  gloire  qui 
me  sont  donnés,  je  dirais  :  Non,  je  n'en  veux  pas.  » 

(jCS  joies  intimes  et  si  merveilleuses  avaient 
souvent  au  dehors  leur  rejaillissement.  Quelque- 
fois, on  la  voyait  éclatante  et  resplendissante  de 
clartés  célestes;  ses  yeux  dilatés  et  immobiles 
brillaient  comme  des  t'iambeaux,  et  parfois  cette 
joie  durait  plusieurs  jours  sans  s'épuiser. 

Dieu  lui  donna  cette  assurance  qu'entre  elle  et 
lui,  il  n'y  avait  aucun  intermédiaire.  Souvent, 
pi'nd.ml  la  Messe,  Notre-Seisneur  se  montrait  à 
ses  yeux,  sous  la  forme  d'un  entant  de  douze  ans. 
Chacune  de  ces  visions  excitait  en  elle  de  tris 
transports  que,  mal;,'ré  la  sainteté  du  lieu  ou  du 
moment,  elle  les  manifestait  par  des  cri»,  des 
larmes  et  des  extases  prolongées. 

SA  COX.NAIsSANCB  DE  LA  PASSIOM  DU  SAUVEUR 

1.1  contemplation  des  souffrances  du  Sauveur 
lui  devint  tout  à  fait  familière.  Klle  aimait  à  dire, 
que  les  richesses  et  les  biens  leinporels  étaient 
les  miettes  qui  tombaient,  à  la  vérité,  <le  l.\  table 
de  Dieu,  maiscjue  le»  morceaux  délicats  de  cette 
même  table  étaient  les  croix  et  les  maladies;  que 
ceux  qui  étaient  afili-és  et  souffrants  étaient  assis 
à  la  table  m'^nie  de  Jésus-Christ, 

La  vue  d'un  crucifix  la  plnnj;eait  dans  une  si 
tTande  tristesse,  provoquait  tant  de  larmes,  que 
^a  compatme  avait  soin  de  voiler  celle  sainte 
ima^ie.  "  Si  quelqu'un,  disait-elle,  mo  racontait 
la  Passion,  telle  qu'elle  fut,  je  lui  dirais:  C'est  donc 
loi  f/ui  l'as  soufferte  !  n 

"  Quand  je  mcililais  sur  la  Passion,  disait-elle 
encore,  je  sentons  le  supplice  de  la  compassion: 
j'éprouvais,  dans  les  os  et  lesjointures,  une  dou- 
leur épouvantable  et  une  sensation,  comme  si 
)'aTai«  éi^  transpercée  tout  entière,  corps  et  Ame. 
Je  Toyaii  le  Sauveur,  dont  la  chair  fut  emportée 
par  les  clous,  jusque  dans  le  bois  de  la  croix  ;  et 


au  pied  de  cette  croix,  à  la  place  de  serviteurs 
dévoués,  le  diable  s'infjéniant  ;\  rendre  le  supplice 
plus  cruel,  et  inspirant  aux  bourreaux  de  refu'er 
la  *.'outte  d'eau  que  Jésus  demandait  en  criant.  » 

Ex[diquant  une  autre  fois  la  prière  siipn'mo  du 
Sauveur  sur  la  Croix,  elle  disait:  "  A  cause  du 
crime  sans  nom,  à  cause  du  déicide,  peut-être 
Dieu  le  Père  allait  damner  le  fienre  humain, 
comme  il  rejetait  le  peuple  juif,  si  Jésus,  oubliant 
toute  autre  douleur,  n'eût  crié  et  prié  dans  la 
mort,  pour  nous  et  vers  Dieu  :  Mon  Père,  par- 
donnez-leur, car  ils  ne   savent  ce  qu'ils  font  !  » 

<'  Et  cependant,  concluait-elle  avec  amertume, 
quel  est  l'homme  qui  répond  à  cet  amour  sans 
mesure?  La  vie,  la  mort  de  Jésus  sont  comme 
non  avenues,  nous  les  jetons  derrière  notre  dos, 
pour  ne  plus  les  voir.  Venez  donc,  lils  de  la  béné- 
diction :  regardez  cette  Ooix,  regardez  celui 
qu'elle  port*  et  pleurez  avec  moi,  car  c'est  nous 
qui  l'avons  tué.  Plus  vous  avez»  reçu  et  plus  vous 
devez  rendre.  >> 

ADMlRAlil.l.  DoinKlNK    ui;  L\   SM.NTE 
PUlSÉlE  DANS   LA   PASSION 

\(in  de  mieux  faire  comprendre  les  vues 
sublimes  de  la  bienheureuse  Angele  sur  la  Pas- 
sion, qui  fut  le  principal  moyen  de  sa  sainteté, 
nous  allons,  dans  ce  chapitre,  la  laisser  pailer 
elle-même.  Nos  lecteurs  n  y  auivntque  du  profil. 
Nous  lraii<c»-ir,.iis,  en  l'abrégeant,  le  chapitre 
treni'- -cinquième  : 

«  L'n  jour,  j'étais  en  prière.  Je  méditais  ax-ec 
une  douleur  profonde,  mais  intérieure,  sur  la 
Passion  ;  j'eus  l'apparition  du  Christ  crucifié.  11 
me  montra  comment  il  avait  été  suspendu  h  la 
Croix,  et  comment  l'Iiomine  qui  se  perd  ^sl  sans 
excuse  à  jamais,  car  le  saint  exit,'e  de  l'homme 
ce  que  le  médecin  exi^n  du  malade. Il  faut  avouer 
son  mal  et  exécuter  I  ordomi  ance.  Il  n'y  a  pis 
de  dépense  à  faire  pour  le  ti-aitenienL  Mon  Ame 
eut  alors  l'inlellifience  de  l'antidote,  qui  réside 
dans  le  sans  du  Christ. 

>'  Conformément  à  ce  que  je  venais  d'apprendre, 
je  m'efforçai  d'étaler  devant  Dieu  toutes  les 
misères  de  mon  Ame.  .Mors,  je  comptai  chaque 
misère  et  \v  dis:  Seijjneur,  ref;ardez  ma  tcle,  .je 
lai  couverte  mille  fois  des  insignes  de  l'orfjueil, 
j'ai  donné  à  mes  cheveux  des  formes  contre 
nature,  ayant  dans  mon   cirur   des    intentions 

coupables Seii'iieur,  rei:ardez  mes  yeux  pleins 

d'im(iudicité.  inj'-ctés  d'envie,  etc. 

Il  Je  continuais  à  accuser  chacun  de  mes 
membres  et  à  raconter  leur  lamentable  histoire. 

I)  Jésus  écoula  avec  une  (.'rande  patience  et  me 
répondit  avec  une  f;rande  joie  ;  il  me  disait  :  "  Ma 
fille,  ne  crains,  ni  ne  désespère.  Je  suis  puissant 
pour  le  f-'uérir,  *!i  tu  veux  appliquer  sur  ton  Ame 
et  sur  ton  corps  ce  que  .je  te  donnerai  ;  tous  les 
attenlats  que  tu  as  commis  sous  tes  |iariires,  la 
fierté,  ton  orf.'ueil,  lout  cela  je  lai  expié;  pour 
ces  onguents  (jui  nnt  déshonoré  ta  tète, la  mienne 
a  éti'  tirée  par  la  barbe,  dépouillée  de  cheveux, 
percée  d'épines,  ensan^'lanlce,  méprisée  jusqu'au 
couronnement.  Ma  face  a  l'tè  .ouverte  de  crachats, 
et  mes  yeux,  pour  expier  les  péchés  des  tiens, 
ont  été  voilés,  noyés  ,1e  larmes  et  de  sang. 

.1  Pour  les  crimes  de  tes  oreilles,  j'ai  entendu 
lei^  fausses  accusations,  les  insultes,  les  moque- 
ries, les  rire»  et  les  blasphèmes,  la  sentence  de 
mort  et  le»  pleurs  de  ma  mère;  j'ai  entendu  sa 
compassion. 

Il  Pour  les  plaisirs  de  la  gourmandise,  j'ai  eu 
la  bouche  desséchée  par  la  soif  et  le  jeûne.   Cn 


m'a  présenté  le  fiel  el  le  viiiai^.'re.  Ton  cou  s'est 
aiîité  par  les  mouvements  de  la  colère,  de  la 
concupiicence  et  de  l'oriiueil.  le  mien  a  été 
meurtri  par  les  soufllets  ;  pour  les  péchés  Je  tus 
mains  et  de  les  bras,  qui  ont  f.iil  ce  que  tu  sais 
bien,  mes  mains  ont  été  percées  de  (,'ros  clous, 
liées  au  bois  et  j'étais  suspendu  par  elles.  Pour 
les  péchés  de  ton  cœur,  ou  se  sont  déchaînées  lu 
haine,  l'envie,  la  concupiscence,  le  mien  a  été 

fiercé  du  fer  de  la  lance. «'t  c'est  Je  là  qu'a  coulé 
e  remède.  Les  péchés  de  tes  pieds,  tes  danses 
lasciv,  s.  tes  courtes  mauvaises,  je  les  ai  expiés 
par  li's  blessures  de  mes  pieds,  qui  furent  cloués 
et  mouillés  de  tout  mon  san;:. 

"  Pour  les  pécht-s  de  tout  ton  corps,  le  mien, 
frappé  horriblenieiil.  tiraillé  à  la  façon  d'une 
peau,  fut  étendu  --ur  la  croix.  J'ai  été  mouillé, 
des  [>ieds  à  la  léte,  parla  sueur  de  san:;,  souffrant 
d'utrncestortures.  criant,  pleurant  et  priant,  jesuis 
mort  dans  mon  ^'ômissement,  tué  par  ces  tigres. 

'  Pour  tes  richesses  mal  acrjuises,  j'ai  port^  la 
pauvreté,  *ans  abri,  ni  pour  naître,  ni  pour  vivre, 
ni  pour  mourir,  et  j'aurais  été  livré  aux  cbicn^ 
et  aux  oiseaux  de  proie,  si,  par  pitié  pour  ma 
grande  misère,  on  ne  m'eût  donné  un  sépulcre 
d'emprunt.  >• 

■  Le  Christ  parla  ainsi  et  je  vis  son  àme  torturée 
par  la  Passion  de  son  corps,  par  la  douleur  de  sa 
mère,  par  notre  refus  d'.idorcr  et  de  compatir.  Il 
ajouta:  i-  Tu  ne  trouveras  ni  péché  ni  maladie 
dont  je  n'aie  porté  la  peine  et  oITcrt  le  remède. 
Pour  les  immenses  douleurs  que  vos  Ames  misé- 
rables devaient  subir  en  enfer,  j'ai  voulu  être 
torturé  totalement.  Ne  t'afllipe  donc  pas;  mais 
tiens-moi  comna^'nie. 

"  Marie-Madeleine  était  malade,  elle  désira 
sa  délivrance  et  elle  fut  délivrée.  Celui  qui 
désirerait  serait  délivré  comme  elle.  •■ 

•   1^  Crucifié  ajouta  : 

»  Quand  mes  (ils,  abandonnant  mon  royaume, 
se  sont  faits  enfants  du  diable,  s'ils  reviennent 
au  Père,  le  Père  en  a  une  telle  joie  qu'il  leur 
donne  des  consolations  «ju'il  n'accorde  point  aux 
ueru'es  fidèles,  car  plus  grand  l'humiiie  aura  fie 
i/oris  /«■  pcche.  plus  grand  il  pourra  Hre  aussi  itaiis 
l'autre  abime!  » 

C'est  ce  qu'on  a  tu,  en  effet,  dans  certaines  con- 


versions admirables,  comme  celles  de  sainte 
Madeleine  et  de  saint  .\uf:ustin.  .Mais,  hélas! 
pourquoi  sont-elles  si  rares,  ces  conversions  si 
purlotites.  •'  L'homme  qui  veut  trouver  la  prAce, 
ajoutait  Xotre-Seifjneur,  doit  toujours  tenir  ma 
croix  de  bois  immobile  devant  ses  yeux!  ■ 

SIOHT    DE    LA   UIF-.NBELREl'SE   ANGÈLE 
Il  CEMENT  DBS  DOCTEI'RS  SUR  SA  VIE  ET  SES  tCRIT- 

ijuelque  temps  avant  sa  mort,  sa  coin|>af;ue 
vit  un  jour,  auprès  d'Angèle  endormie,  uni'  bril- 
lante étoile  dont  les  rayons  se  portaient  vers  le 
(•i>rps  de  la  .Sainte,  puis,  se  repliant  sur  eux- 
iiièmes.  ils  se  redressaient  \ers  le  ciel.  Cette 
apparition  fut  comme  l'indice  de  la  mort  qui 
allait  l'unir  bientôt  et  pour  jamais  à  son  Epoux 
céleste. 

Cotte  mort  fut  ce  que  faisait  présaper  une  si 
sainte  vie.  Entourée  de  ses  enfants,  des  Frères 
.Mineurs;  fortifiée  des  sacrements  de  l'Eylise  que 
lui  donna  son  confesseur  et  son  historien,  Arnaud, 
elle  s'endormit  dans  le  Seigneur,  le  samedi  soir, 
4  janvier  de  l'an  t;tO".l. 

Elle  fut  enterrée  dans  une  chapelle  de  l'éplise 
des  Kranciscains  de  Folipno,  ou  ses  restes  sont 
encore  aujourd'hui  l'objet  d'une  prande  véné- 
ration. 

Le  pape  Innocent  XII  autorisa  son  culte  en 
10y;i.  La  fétc  qui  se  célèbre  cliei  les  Franciscains 
le  .11  mars  est  fixée  par  les  Uollandistes  au 
4  janvier,  jour  de  sa  bienheureuse  mort. 

Tous  les  auteurs  mystiques  ont  puisé  il.ins  les 
révélations  de  la  bienheureuse  An;;fle  :  saint 
François  de  Sales  les  cite  avec  respect  dans  son 
Traite  itr  l'amour  'le  lUeu.  Voici  le  jupemeni  qu'en 
porte  un  écrivain  qui  les  avait  étudiées  avec  soin: 
<•  Personne,  dit  Maximilien  Sandée,  de  In  Coinpa- 
puie  de  Jésus,  ne  lira  ces  révélation»  saii»  admirer 
comment  Dieu  ne  fait  acception  de  personne.  Sa 
grAce  se  répand  indislinctrineiit  sur  b-s  Ames 
pures  et  sur  les  cœurs  repentants,  tjiiel  exemple 
dans  la  bienheureuse  An:.'èle,  cette  sublime 
maîtresse  (les  théolopiens,  dmit  la  doctrine  ne  fut 
extraite  (jue  de  ce  livre,  écrit  nu  dehors  comme 
au  dedans,  et  <jui  n'est  autre  cjue  Jésus,  vmi  Dieu 
et  vrai  homme,  qui  seul  donne  aux  Ames  la 
science  infuse.  • 


Im,|.    .;' 


l      \'t  TtriM  > 


I  r  .11. 


K.VISSAM^f    ET    VOCAIUJ.N    UB  SAINT    .-IMt^N  ^TVLIIR 

Vers  la  fm  du  iv  siècle,  tandis  que  l'hérésie 
péla;;icmie  at(a<|uait  la  doi-lriiie  de  la  «race,  Dieu 
consolait  si>n  Efilise  en  faisant  érlaler,  dans  la  per- 
sonne de  ses  saints,  les  merveilles  que  celle  mt^me 
grâce  sait  opérer.  Saint  Siinéon  Slylili-  fut  un  de  ces 
liomines  envoyés  de  Dit'U  pour  iirotester  contre 
le  pi-layianistne  par  l'aolion,  tandis  que  d'aulres 
prolestaient  [lar  la  doctrine. 

SiniL-on  naiiuit  à  Sisan,  humble  bourgade  de 
Cilicie,  dans  1  Asie  Mineure.  Ses  parents  n'étaient 

ftas  riches;  aussi  fut-il  destiné,  daus  sa  jeunesse,  ;\ 
a  ;.  irde  des  troupeaux. 

Il  ivait  treize  ans  Jorsque,  par  un  jour  d'hiver,  ne 
pouvant  vaquer  à  ses  occupations  ordinaires  à  cause 
de  la  neige,  il  se  rendit  à  l'église  pour  occuper  ses 
loisirs.  On  lut,  ce  jour-l:\,  l'Evangile  des  Itéatitudes  : 
•■  Itieriheureu.x  ceux  qui  pleurent,  parce  qu'ils  seront 
consolés!  Bienheureux  ceux  qui  onl  le  cu-ur  pur, 
parce  qu'ils  verront  Dieu.  "  Ces  paroles  frappèrent 
le  jeune  berger,  n  Comment  peut-on  réaliser  sur  la 
terre  la  perfection  des  bienheureux  dont  parle  le 
Sauveur?  n  demanda-t-il  à  un  vénérable  prêtre.  Celui- 
ci  ri'pi>ndil  que  la  vie  monastique  avait  été  instituée 
pour  atteindre  ce  but  suprême  de  la  spiritualité. 

Siméon  n'en  demanda  pas  d'avantage.  Désireux 
d'embrasser  une  telle  vi"-,  il  court  se  prosterner 
dans  une  église  voisine,  dédiée  à  de  saints  martyrs, 
et  li,  faisant  un  entier  sacrifice  de  lui-même,  il 
-upplii-  Dieu  de  lui  manifester  sa  volonté,  (domine 
il  jir.dongeait  sa  prière,  le  sommeil  finit  par  le  >ut- 
l'i'.-ndre.  Le  Seigneur  répondit  alors  à  ses  supplica- 
tions eu  lui  envoyant  un  songe. 

SONGR  DR  SlMtolt 

"  Il  me  semblait,  disait-il  lui-même,  qae  je  creu- 
sais les  fondements  d'un  édifice,  (^luand  je  crus  le 
fo'.sé  assez,  profond,  je  m'arrêtai."  Creuse  encore!  ■■ 
me  dit  alors  unt-  voix.  Je  repris  mon  travail,  et 
quelque  temps  après,  je  m'arrêtai  de  nouveau.  La 
\<nx  reprit  un'-  -ieconde  fois:  •<  Creuse  eiici>re!  ■> 
i,>iialre  fois  je  tentai  de  me  reposer,  quatre  fois  la 
iii>  iio'  \oIi  stimula  uioii  ardeur.  Kniin,  elle  nie  dit: 
Maintenant  lu  peux  élerer  un  édifice 
.11  jii'il  te  plaira.  » 


I  ]>M>  COMME.'HCe  A  CBKL'SKH  LES    KO!<OIUIK.'(TS 
DK  LA   rr.HKECTION  IIELICIKUSK 

I''  lairé    par  cette  vision,  dont  Dieu   lui   lit   com- 

ji'uilre  le   sens,  le    pieux  bei:j' i    n'Iiêsii.i   plus.  Il 

■  irut,  des   le  siiir  iii^'ine,  s'en  ns  un   iiio- 

ii  1  '.  re.  !   Il' l'i  '  -  le  *^is.'iii   .\n  I  iix  années, 

tioii,  il   >e 
!•  ■  ni  qil.Ttre 


11.   ) !.  . 

■million   mniilrn   tant  irard*ur    qu'il   eut   hienlAt 


lieu  de  tclraite  où  il  pût,  sans  préjudice  pour  per- 
sonne, donner  libre  cours  aux  élans  de  sa  ferveur. 

LA    CABANE    DE   TIÎLA.MSSE 
JEl'NE     UK     QUARANTE     JOURS 

Siméon  sortit  donc  du  nionaslère  de  Téléda.  Tl  y 
avait  passé  dix  ans.  Lriaiit  de  montagne  en  luon- 
tagiie,  il  trouva,  aux  environs  de  Télanisse,  une 
petite  cabane  abandonnée.  C'est  là  qu'il  se  fixa,  la 
trouvant  asseï  misérable  pour  lui. 

Ci-pendant,  le  carême  approchait.  Poussé  par 
une  inspiration  vraiment  siiinaliuelle,  Siméon  se 
]proposa  d'imiter  le  jeune  de  .Notie-Seigneur.  Il 
connaissait  dans  les  environs  un  pieux  prêtre, 
nommé  Itassus:  il  le  pria  de  faire  muier  la  poile  de 
son  réduit  et  de  l'y  laisser,  ainsi  enfermé,  pendant 
qiiaraiitejoiirs,  sans  aucune  provision.  Iliiiiiainement 
parlant,  c'était  tenter  Du  u  ou  se  condamner  à  une 
mort  volontaire.  IIu.->.mis  le  lui  lit  entendre.  «  Kli 
bien!  mon  Père,  dit  alors  Siméon,  laissez-moi  une 
cruche  d'eau  et  dix  pains.  »  Ha-siis  lit  luurcr  la  porte 
de  l'eriuile,  et  l.iissa  les  quarante  jours  s'écouler. 
Au  bout  de  ce  temps,  il  lit  d<  iiiolir  la  niaionnerie 
et  pénétra  dans  la  cabane;  les  dix  pain<  cl  la  cruche 
d'eau  étaient  intacts,  mais  le  saint,  p.Ue  et  décharné, 
était  étendu  à  terre,  privé  de  -tnlimeiil.  Hassus  prit 
une  éponge,  lui  humecta  les  lèvres  et  lu!  donna  la 
Sair.t,.  Communion.  Le  corps  vivifiant  du  Christ 
ranima  le  corps  du  pénitent.  On  lui  lit  prendre 
ensuite  un  peu  de  laitue  et  de  chicorée,  et  bientôt 
il  fut  complètement  c  l.ildi.  .Mais  c'était  un  miracle. 

Celte  terri bl<-  expér,. n.e  ne  découra;;eapas.'siniéon 
et,  chaque  ann'-e,  il  r.  rommenc.i  su  dure  pénitence, 
jusque  vers  la  lin  de  sa  vie,  où  les  inlirmilés  et  l'.Atie 
le  contraignireiil  a  plus  de  mén.'igemeiils.  ••  Il  y  a 
vin;:t-liuil  .ins  qu'il  p.i-se  ainsi  tous  le»  carêmes, 
é<  riv.iit  Théodoret,  éveque  de  Cyr,  du  vivant  mêoïc 
du  Saint.  Le»  premières  années,  s,.s  force»  s'alTaiblis- 
sjiietit  par  def:ré;  la  preini>  n'  semaine,  il  pouvait  se 
tenir  ilelioul;  mais  ensuite,  il  lui  fallait  s'asseoir, 
piiiss'étcnilre  à  terre;  enlin,  (|u.iiid  la  fêlede  l'Aques 
arrivail,  il  était  à  demi  mort.  L'habitude  semble 
avoir  doublé  ses  force».  A  mesure  qu'il  a  a^îg'''»^»' 
ses  mortifications,  li-  secours  de  la  ;;rÂce  s'e«t  au:;- 
menté  aussi,  et  tout  lui  devient  facile.  » 

VlSin  bR   SAI.Vr-HlLlJkCR    —  HKNHIIMI^.R  DR  SIMltuN 

Après  avoir  passé  trois  ans  dans  son   ermitage, 

S •■'"  '•    .ii.iii  I  "oiir  s'enfiuicer  plus  a^  "•!  .Im-  li 

1  ;  roeher  du  ciel,  vei 

,    .   .  ;  :    .  le  son  Ame.  Il  *c  >  ■ 

I  te  los  de  ;  au  milieu,  il  fit  river  au 

i,.,|ier  l'e'  cb.iiiii'  de  fer,  longue  de 

Mhgt    coudées,    dont  l'autre    extrémité    serrait    sa 

j.imbe  droite. 

Vert  ce  temps,  sainl   ^' 
«lliiê  par  le  |iarfuui  que  I 
I  lîour  df  lui,  w^ 

[II. Il    ..  M. .11  fréi 
la    11. lin 
besoin  de 


lil.lis       II 


moyen  in.'éuieux   pour  v?   remettre 


l: 
I.. 


I  ,  1  ..Jii  lit  .Me     r  1  :,'i  .■>   reîi_'ieii  i    ne  vnu- 

.   «ani 

.         Il  pria 

.rdent  piinilenl  de  ie  ciiolwr,  daas  la  xoliiude,  un 


H  •     -. 

la|}Urnaon.ilc  I  Aip- 


>(».  \jr  >ain(  Icarublr- 


nuit  tout  :  et  plus  les  f;rd.c«s  et  les  guérisons  ::^e 
iiiiiltipliuient,  plus  Taffluence  devenait  grande. 

-lUÉON  CONSTIIIUT    l'bDIKICK    —    ODBISSANC.E  Di;  SOLITAIliK 

Ctillf  iiriluence  imporluiiait  le  solitaire;  ccnV'Iait 
|i,is  (■(;  qu'il  ('•lait  venu  cluTcher  au  d^^seit.  Perp^- 
luilleiiiciil  i-nl(iurt';  d'une  foule  avide  de  loucher  ses 
\iHernents  et  do  rercvoir  sa  h^'tiiédiclion,  sdii  humi- 
lité en  était  lroubl«''e.  Uiou  vinl  à  son  aide,  et  lui 
inspira  un  sini-'ulier  moyen  de  s'isoler,  du  moins, 
autant  qu'il  étail  nécessaire.  Siuiéon  lit  construire, 
au  milieu  de  son  enceinte,  une  colonne  de  six 
coudées  de  haut,  sur  trois  pieds  de  lar^e.  Le  sommet 
éail  cnloui'é  d'une  balustrade,  dans  laquelle  il 
s'enlerin.i,  résolu  de  n'en  [dus  jamais  sortir. 

Ue  celle  colonne,  en  grec  stylf,  lui  vint  le  surnoia 
de  Stutite. 

Au  coninienceraent,  les  prêtres  et  les  relif,'ieux  des 
environs  parurent  alarmés  d'un  t,'enre  de  vie  si 
o.itraordiuaiie.  L'un  d'eux  vint  en  leur  nom  si;;riifier 
au  solitaire  d'avoirà  descendie  immédiatement.  Sans 
hésiter,  Siméon  diMuanda  une  ifclielle  et  avançait 
déjà  le  pied  pour  obéir.  <•  Gouraj^e  !  fils  de  l'obéis- 
sance, reprit  alors  l'envoyé,  conrorinémcnt  aux 
instructions  qu'il  avait  reçues;  coura^'e  !  les  l'éres 
du  désert  NOUS  perinetteul  de  continuer  vnlre  ;;emi', 
de  vie;  votre  soumission  est  la  [ireuve  que  l'Ivpiil 
de  Uieu  vous  dirif,'e.  » 

BF.GLKMK.NT  IIK  LA  JOUR.NKE  DU  3TVLITE 

Le  Stylite  demeura  donc  sur  sa  cidonne.  Les 
heures  de  sa  journée  étaient  partaf;ées  entre  la 
[prière,  la  prédication  et  les  œuvre»  de  charité. 

Chaque  soir,  après  le  couch(;r  du  soleil,  il  se 
recueillait  et  commençait  ses  cidloques  avec  Dieu. 
Son  oraison,  à  peine  interrompue  par  queb|ues 
heures  de  sommeil,  se  prolon^;eait  jusqu'au  lendc- 
iiiain,  bien  avant  dans  la  matinée,  l)  priait  ordinai- 
rement debout.  Son  Ame  se  pénétrait  tellement  de 
la  pré>;eiic.-  do  Dicii,  qu'il  l'honorait  parde  fiéquenles 
••i  profondes  inclinations,  au  point  de  toiichei'  du 
front  la  pointe  île  ses  pieds.  Le  peu  de  nourrilure 
qu'il  s'accordait  donnait  à  son  corps  celle  souplesse 
extraordinaire.  Quelqu'un  voulut  un  jour  cninplcr 
ces  irnlinations.  Arrivé  au  nombre  de  mille  di-uv 
cent  quarante-quatre,  il  s'arrêta,  n'ayant  pas  la 
palien<;e  de  suivre  le  Saint  plus  lont;tecnps. 

A  la  veille  des  grandes  fêtes,  quand  le  soleil  avait 
disparu  derrière  les  niMiitai^'nes  environnantes,  on 
.(lyail  le  Stviite  se  dri"-si;r  sur  se»  pieds,  et  lever  les 
mains  vers  le  ciid.  Il  demeuiait  dans  cette  attitude 
pénible  jusqu'.iii  lever  de  l'aurore,  immobile,  infati- 
gable, vainqueur  des  imporlunités  du  sommeil. 

»llléON  tT.»lT-II.  n'OSB  NATURB  A    PAIIT'/ 

Celte  persévérance  que  mett.iil  le  Suint  à  demeurer 
debout  avait  déterminé  une  plaie  k  son  pied  diMit. 
Klle  lui  caitsait  de  vives  douleurs  ;  et  cependant, 
{amaii  il  n'en  avait  dit  un  mot.  Il  fallut  la  cirroiis- 
tance  suivaiile  pour  la  lui  faire  dévoiler. 

In  riche  Arabe,  ayant  entendu  p.arlir  de»  mfr- 
willci  que  le  Slylile  accomplissait,  s'en  vint,  lui 
aussi,  pour  les  lontemnler  de  ses  yeux.  Arrivé  au 
pied  de  la  colonne,  il  s  adressa  au  Saint  :  «H  loi  qui 
ne  dors  ni  ne  niaii^'es,  dit-il,  qui  place»  t.i  demeure 
il.wi^  le^  lies,  sans  défi-iife  contre  le  veul,  sans  abri 
f''  irdeur»  du  soleil,  dis-le  moi,  ,iu  imni  de 

ni  rpii  ,1  rachelé  le  monde,  es-lu  un  boniiiie 

<iu  un  e^|lrlt '.'  »  ïj\  Saint,  pour  tmile  r'''pnnse, 
l'invild  à  moriior  juiqu'à  lui,  el  découvinul  la  pl.ile 
de  Hon  pied  :  "  Cmyei-voiis  maiiilenaiit  que  |e 
soi*  un  bornine  comme  vous?  m  dit  il  en  souriant. 
I  '  Irangcr  descendit,  ravi  d'admiralion. 


LK    STTLITE   PHâniOATEUH 

Après  la  prière  venait  la  prédication.  L'ancien 
ber;^er  de  Sisan  n'avait  jamais  étudié  les  leilr.'H 
humaines.  Aussi  s'occupait-il  peu  do  l'a^enceaiont 
des  phrases.  Mais  son  hmc,  sortant  de  la  contem- 
plation où  elle  avait  pénétré  dans  les  liiMix  et  puisé 
abondamment  à  la  source  de  toute  vérité,  n  avait 
nu'i  s'épancher  sur  ses  lèvres  pour  se  répandre  en 
Ilots  d'une  admirable  éloquence. 

C'est  ainsi  que  Siméon  ranimait  la  ferveur  chei  les 
chrétiens.  Sa  parole  n'était  pas  moins  iflicace  sur  le 
cunir  des  infidèles.  Le  solitaire  les  voyait  accourir 
sur  sa  montagne  en  aussi  prand  nonibre  que  les 
autres,  (iémissant  devoir  ces  pauvresAmes  captive.; 
dans  les  (ilets  du  démon,  il  s'a|ipliquait  à  leur  mon- 
trer la  faus'ieté  de  leurs  dieux.  On  les  voyait  se 
convertir  par  milliers,  briser  <le\aiil  le,  S.iint  leurs 
idoles,  et  demander  à  grands  cris  le  baptême. 

L'auditoire  était  composé  de  chrétiens  et  d'infi- 
dèles. Aux  premiers,  le  saint  prédicateur  rappelait 
les  devoirs  de  l(!ur  sainte  relif;ion  el  les  [ireceples 
de  riivan^ile.  Cn  n'était  pas  asseï;  il  voulait  élever 
les  cii'urs  plus  haut.  Quand  il  venait  à  parler  de  la 
vanité  des  rhoses  de  la  terre,  comparées  aux  trésors 
de  la  vie  future,  sa  parole,  comme  un  aima:it  d'une 
merveilleuse  puissance,  enlevait  les  esprits  les  plus 
charnels  aux  soucis  d'ici-bas,  les  emportait  à  sa 
suite  jusque  dans  les  cicux,  pour  leur  faire  coûter 
un  moment  combien  le  Seigneur  est  doux. 

l'ÉRILLF.IJSE    AnlIKDII    DES    NOl'VKAUX   CONVERTIS 

L'évéque  de  Cyr,  Théodoret,  venait  souvent  visiter 
le  Slylile.  Un  jour, il  faillit  être  étoulTéjiai-  une  bande 
d'Arabes  nouvellement  convertis.-  Le  Stylile,'  ci  it-il 
lui-même,  leur  avait  dit  que  j'étais  prêtn;,  el  leur 
avait  conseillé  de  me  demander  Uia  bénédiction,  lin 
un  instant,  toute  cette  inulliludose  précipita  autour 
de  moi,  montant  les  uns  sur  les  autres,  lendant  les 
mains  pour  loucher  mon  vêlement,  ma  barbe  ou 
mes  cheveux.  Ils  allaient  in'éciHM'r.ipiand  le  Slylile, 
poussant  un  cri,  arrêta  soudain  leur  l'ouf;ue  indi.s- 
créte.  •> 

Iles  natures  si  nrdenles  devaient  être  bien  plus 
impressionnée  par  les  faits  que  pai  le*  jiaroles. 
.\ussi  Dieu  multipliait  devaiil  eux  les  niiiacli's  par 
le  moyen  du  son  serviteur. 

UIRACLES 

Un  jour,  le  chef  d'une  tribu  vinl  implorer  le  Saint 
en  faveur  d'un  jeune  homme  de  y;ï  suite  qu'une 
paralysie  soudaine  avait  atteint  en  route.  Le  soli- 
taire se  le  lit  amener  : 

<•  Oois-tu  au  Turc,  au  Fils  et  au  Saiul-lîspril  '?  •>  loi 
demanda-t-il. 

«  J'y  crois,»  répondit  le  paralytique 

"  Kh  bien,  reprit  Siméon,  au  nom  du  !•'  le,  du 
Fils  el  du  Saint  lvs|irit,  lève-loi,  preiid>  le  chef  de 
ta  tribu  sur  les  épaules,  el  por|e-|e>oiis  sa  lente.  » 

Le  jeune  homme  exécuta  facilement  cet  ordre, 
qiioi(iue  '^on  fardeau  ne  fiM  pn-  des  plus  légers,  et 
liius  les  nssislanls  bénirent  le  Ihiii  des  chrétiens. 

Un  nulle  habitant  du  ib  -  ri,  entraîné  par  celte 
ardeur  que  donne  la  i/i'ice  du  liaptênie  nouvellement 
reçue,  avait  promi-  ">  l  liledene  plii"  nlan^^e^ 
de  viande.  Un  jour.  I,  «ucconibanl  à  la  leii- 

lation,  il  aiiprèla  m  j'our  son  repas,  Il  allait 

coiiijdéter  la  violnlioM  de  son  vœu,  lorsque,  par  une 
ericordirn  '    di  position   de   la  Providence,  1 1  .A 


mis 

sa  (^nind 

lut  jinrill 


d<   .sa  faute. 


la  chair  délicate  du  petit  anirM.il 

pie  lie  la  pierri'.  Com|U'enai>(  ce 

I       .il    I  oiiriil    porter   m   -.mil 

lUpable,  el  obliiit  le  '    i  Ion 


Le  Saint  avait  aussi  la  science  infuse  des  divines 
Ecritures.  Il  s'en  servait  pour  confondre  les  Juifs.  Il 
en  tirait  aussi  contre  le-  hérétiques  des  arguments 
<]ui  leur  fermaient  la  bouche, et  déjouaient  leurs  plus 
subtils  supbismes. 

AUDIENCES 

Quand  Siini-nn  avait  terminé  son  instruction,  les 
portes  de  l'enceinte  s'ouvraient,  .\lors  commençaient 
ce  que  l'on  pourrait  appeler  les  audiences. 

Les  malades  venaient  réclamer  une  bénédiction 
qui  leur  rendait  la  santé.  Les  pauNces  et  les  oppri- 
més acc'uraieiit  au  Saint,  comme  à  un  protecteur 
assuré  el  tout-puissant 

l'ne  corporation  d'artisans  d'Antioche  se  présenta 
un  jour,  au  nombre  de  trois  cents,  au  pied  de  sa 
r.il.inne.  Le  préfet  de  la  lille  venait  de  leur  imposer 
une  taxe  injuste  el  ruimuse.  Siméon,  toucbé  de  leurs 
plaintes,  adressa  de  charitables  représentations  à 
l'oppresseur.  Celui-ci  s'en  moi|ua:  mais  aussitôt, 
saisi  d'une  hydropisie  soudaine,  il  tomba  à  la  ren- 
verse et  se  débattait  convulsivement  au  milieu  d'indi- 
cibles douleui-s.  Des  envoyés  allèrent  de  sa  part 
implorer  l'aide  de  celui  qu'il  venait  de  mépriser. 
Siméon  bénit  un  vase  d'eau,  el  leur  dit  :  •<  ilàtez- 
vous  de  porter  cette  eau  à  votre  maitre;  si  Dieu 
prévoit  qu'il  profitera  bien  de  sa  puéris'in,  queliiues 
Ro\ittes  jetées  sur  si>n  corps  chasseront  le  mal  qui 
le  torture;  sinon  vous  ne  le  reverrei  pas  vivant.  •• 
L'u  exprés  fut  dépéché  pour  porter  l'eau.  Mais  il  eut 
beau  fairi-  dili:.'ence;  au  moment  où  il  mettait  le 
pied  sur  le  seuil  du  palais,  le  malheureux  expirait 
au  milieu  de  ses  horriblo  soulTraiices. 

Voici  un  eïemple  moins  terrible  :  le  Saint  n'avait 
pas  à  combattre  seulement  l'injustice  des  hommes, 
on  avait  aussi  recours  à  lui  dans  toute  espèce  de 
calamité.  Une  invasion  de  rats  désolait  le  territoire 
d'Aphsi^n;  les  habitants  vinrent  le  supplier  de  les 
en  délnrer  :  "  Sachet,  leur  dit-il.  que  cette  calamité 
est  une  punition  de  vos  péchés.  Faites  donc  péni- 
tence, priez,  célébrez  les  vigiles,  el  offrez  le  Saint 
Sacrifice  pendant  trois  jours;  puis,  avec  de  la  pous- 
sière recueillie  sur  cette  moiita;^'ie,  faites  trois  croix 
h  l'intérieur  de  chaque  maison,  et  aux  quatre  coins 
des  »illes.  ..  On  exécuta  ces  ordres  et  le  Iléau  dis- 
parut. Souvent,  au  pied  de  la  coluiine  vénérée,  les 
créanciers  faisaient  uén'-reusement  à  leurs  débiteurs 
une  remise  cuiupli-te  ou  pluti>l  chart:eaieiit  le  soli- 
taire de  les  payer  avec  les  dons  du  ciel.  Les  esclaves 
-•'  •. "Vti-nt  affratichis,  les  ennemis  se  donnaient  le 
I         '     '   paix  et  de  récomiliation. 

^.::i  11  se  liNrail  ares  leuvres  de  charité  jusqu'au 
'  <>uo4i>'r  ilu  soleil.  Il  f.ti-ait  alors  une  seconde  ins- 
truction .1  II  f' tib-  et  retournait  h  la  prière.  Tel 
fiait  le  I  journée.  (.In  le  connaissait; 

I  t   .r.iiil  Ips  en  surveillaient  l'exécu- 

I  1    ■  -I  ,,  Il it  trouver,  au  milieu  du 

.■.-iii>..  ■■  i  I.  ,-  iiit  de  la  foule,  le  recueil- 
If  iii'iil  uéc«»»aire  pour  vaquer  à  l'oraison. 

INFLL'KNCK    IlL-  STVLITK 

Du  haut  fU  ««  colonne,  le  Stvlit«  correspondait 
avec  le»  ;  i-. 

Il   pai  i-me 


Pendant  que  l'ancien  berger  de  Sisan  faisait  res- 
plendir en  Asie  l'éclat  de  tant  de  vertus,  en  France, 
une  jeune  benjére  recevait,  dans  la  boui"f.'ade  de 
Nanterre,  la  bénédiction  prophétique  de  saint  (1er- 
maiu.  et,  devenait,  sous  le  nom  immortel  de  sainte 
Geneviève,  la  sauvegarde  de  Paris  et  la  patronne 
de  notre  nation.  Par  un  merveilleux  effet  de  la 
jirAce,  le  serviteur  etl'épouse  du  Christ  se  connurent, 
sans  avoir  jamais  pu  se  voir  «les  yeux  du  corps. 
Les  pèlerins  qui  venaient  des  rives  de  la  Seine  aux 
pieds  de  la  colonne  apportaient  au  solitaire  les 
salutations  de  Ceueviéve,  el  le  solitaire  se  recom- 
mandait, par  eux,  aux  prières  de  la  jeune  vierge. 

MORT   DD  SilNT 

Le  Slylite  avait  successivement  élevé  sa  colonne 
à  six  coudées,  puis  à  douze,  à  vini;t-deux,  et  enlin 
à  quaraute  coudées.  Le  Saint  demeura  quatre  ans 
sur  la  première,  treize  sur  la  seconde,  autant  sur  la 
troisième,  et  les  vin:;t-deu\  dernières  années  de  sa 
vie  sur  la  quatrième.  Il  resta  donc  plus  d'un  demi- 
siècle  ain^i  .-«uspendu  entre  le  ciel  et  la  terre,  ne 
voulant  emprunter  à  celle-ci  que  l'espace  suftisaut 
pour  poser  le  pied.  Si  la  théorie  de  ceux  qui  nient 
la  possibilité  du  miracle  était  vraie,  la  .science 
humaine  serait  ici  bien  en  peine  de  faire  accorder 
une  telle  longévité  avec  une  vie  si  dure  et  si  peu 
projire  à  ménager  les  forces  corporelles. 

I.'.^me  de  Siméon,  piiriliée  par  tant  d'austérités, 
n'avait  |dus  qu'à  se  détacher  de  sa  prison  poui 
s'envoler  au  séjour  du  bonheur,  l'p  jour  d'orage, 
un    éclair   cntlamina    soud.iin    la    colonne,    el    le 

tonnerre    gronda 1^    séparation    était  faite.   L,i 

déjionille  mortelle  du  Stylile  foudroyé  demeura 
debout,  sur  le  théAtre  du  combat,  dans  l'altitude  di' 
la  prière;  comme  si.  dit  le  c-hroniqueur,  ce  vaillant 
athlète  du  Christ,  qui  n'avait  aspiré  que  vers  le- 
cieuz,  eilt  redouté,  même  après  sa  mort,  le  contact 
de  la  terre. 

Iji  mort  subite  n'est  pas  un  cliAliment  pour  le 
juste,  parce  qu'il  est  toujours  prêt.  .Mais  pour  le 
méchant  qui  ne  sait  pas  prévoir  l'heure  où  finiront 
ses  plaisirs,  elle  est  un  arrêt  de  damnation.  Aussi 
l'Eglise,  dans  ses  litanies,  demande  à  Dieu  d'i'carler 
de  ses  enfants,  non  pas  la  mort  subite,  mais  la  mort 
subite  el  imprévue. 


nONNlUBS    nCMIl'S    AVX     BEMOf  W   01'    STTLITI 


I  dépouille  sainle  demeura  plusieurs  jours  s 
une,  exposée  i  la  vénération  de  la  foule. 


La 
colon 

les  Ilots  pressés  semblaient  augmenter  depuis 
le  S.iint  avait  émigré  d'iri-bas.  lue  garde  surve 
le  précieux  trésor. 

Knfin  la  ville  d'Antioche  fiil'dr«ini'e  pnnrrn 
enrichie.  Sur  le  passage  du  cor 
li-s  reliques.  |ps  (niérisons  »e  m 
frappe  '  comme  !■ 

ellen'.i,  iislapui- 

Au  «■iiiiiii'  1  liu  Tél.o. 
basiliipie.  au  milieu  c 
s'élaii<  ait  d.ii 
à  la  Noùte.  • 
la  mort  du  .-imm.-,  m 
lien,    au    jour    de   sri 


ur  lu 
lonl 
que 

illait 


être 

■  •    il 


ceux  qui  «vDuenI  I  invoquer  auprv»  de 


'N^/«url«»  l'er- 


î.tr.' 

une        ].-'■ 

I     lieUC«K'<>. 


\ui\jci.iiil,  rtiiiutM«>.  >i,  rue  liiii.oi     I'.  IjH» 


L'EPIPHANIE    DE   NOTRE-SEIGNEUR 


FHt  le  6  janvier 


«  La  Wl«  de  l'Epinbanie,  écrit  le  pieux  et  sarant 
afcb*  de  Solesnifs.  dom  Guéranger,  est  la  suite  du 
rnv^t^re  de  lb>tliUf  m  ;  mais  elle  se  présente  sur  Iiî 
eTcle  cbr<>tien  arec  une  grandeur  qui  lui  est 
fr«pre.  Son  nom,  qui  signiQe  mantfetlation,  indique 


a!>sez  qu'elle  est  destinée  k  honorer  rtpparilloi  d'oa 
Dieu  au  milieu  des  hommes. 

Ct  jour,  en  elTet,  fut  coniacré  durant  plu(i«un 
iiècles  k  fétcr  la  naissance  du  Sauveur;  et  Inniqat, 
vers  l'an  376,  l«t  décrets  du  SaiDt-Sié(«  obligér«al 


t(  lies  les  Kiilisfs  a  célébrer  d''-f'jrui:Li«,   ivcc  Rome, 
le  mvilere  de  la  Natirilé  au  25  tiécemln'»,  le  6. jan- 
vier ne  fui  pas  entièrement  dé!.lu-rilé  de  >on  antiouft 
ploire.^Le   nom  d' Epijjhanie  lui  resta   a.ec  la  glo- 
rieuse mémoire  du  baplèoie   de  Jé5us-(^hrist,^dont 
une  Ir.iiiilion  fixe  l'anniversaire  à  ce  jour. 

L'.-_  .,.-.,      -/(n^rable 

et  Ri  «  dan* 

l'aiil  ne.  On 

Iriij  -oire  d« 

>  .->.....   ......o,.    ^.        .....  .   .1    est  le 

la  fdta  dan»  les  livres  liturgiques  de 


L. 

Us  > 

conférait  .i 
lénie  d'-'   J 

le  h:. 
et  cj 

Enhii,  Il 
cette  f»ie  '. 
donl  ' 


III."-^ 

;UI. 

Pà.j 

d'élre  . 

Jlj*llll*-e    'if 

me««e, 

et  on   la  r^i 

C'e^l- 

-Il  r*     F.  1  r-ii.  1 

p,.-r 

s:i 

^1  ,1 

.■.I  1   ■..(   •;..le.  «d 

l'ie 


ir    -iiilp 
Vil  .il  I 
procéda    .■ 
lidêles  en 
des  sf>Un 

I.  i 

l  ■.. 
I.'  ■ 
'uni,    i'-3   y 


lit  encore    celto   solennité 

ius«  du  baptême  aue  l'on 

Mur  en  piémoire  au  bap- 

-  le  Jourdain.  On  sait  que 

ins  les  Përus  illumination, 

.inin^^. 

,.ous  faniil  .en  France, 

Rois  en  -  •  'les  Ma<;ps, 

iieililéein  eslpariicuiiurement  Boien- 


les   fêles  de   PToêl,  de 
.1  Pentecôte,  l'honneur 

■•■■'    '■■    la 

re- 

le 

.!iie 
'ua 


le   la  ronTPTition  fuite,  en  tfiOl,  entra 

'  l'.aprara 

.      .     i.'lé  des 

imer  un  ^r.LSii  iiuiiibre.  U  y  eut 

!ie  furent   pas   supprimées,  mait 


au  diiiia 
subireii 


'■  j.iii'iei 
«Lardar, 
jui 


iiit- 
et 

lie, 
11  i- 
iid 


jour  dans  lout  l'univer  |ue 

de?  jours  p!-':i-"'-  i""  '.et 

3u'iin  a»>  "es 

nul  Iii   '.  ;....^....-   _^  .: :-,,■:    .jUS  a 

Se':  ',1*. 

(  .     ^  piphanie   du  Seiun>^ur   est   donc 

Tin  ta  blâment  un  grand  jour  ;   et  -te  dans 

laquel'p  nous  a  plnnp^s  la  ^Jativi'  ■;  Ktifanl 

iloi'  '.on- 

i.ité  de 

>u(                                          .ii>;  ilu  ^  •  :."ins 

L 1  .                                          et,   i«n-  lire 

,:■    '                                  '              .  Juin  i.uiaiii,  il 

iiTinilé  le  Sauveur 


.1  VOIX  de 
LB  TKoa  nttrnmm  càiJmàt  w  a  ioua 

1    .      .  nl«  r^ltM  ne   fï'le  na»  s«uleiiuiil  •ii    Ce  iour 

«'■  ■ 
,1  .t 

CAUI 


gnage  h.  son  Fils  bien-aiuié,  et  eaUa  le  miracle  des 
noces  de  Cana,  où  Jésus  chantrea  l'eau  en  vin  à  la 
prière  d«  Marie  ;  premier  miracle  par  lequel  il 
manifesta  sa  divinité  à  ses  disciples. 


HISTOIRB  DES  MACES 

u  Qnand  Jésus  fut  né  à  BelhU'em,  aux  joun  tlu.  ri 

Héma  .  raconte    ^éTangéli^le   saint  M   •'■■ -un 

ati<  Uet  Mayej  l'inrerU  ii'i.)rient  a  J-'n.  ml 
Ou  (>(  '-f  lut  qui  est  né  roi  'ic  '■■''  '  ii.- 
rij  Jton  t'K'ile  en  Drirnt  H  nou  r.  . 
Oui  étaient  ces  Uai/es?  (.;uui:  ii  !)  nu 
venaient-ils  T  Qu'eiait  cette  étoile  u 
Comment  les  Maces  connurent-ils  qu  '  un: 
la  naissance  d'un  Itui  divin  donné  aus  J  .tiil 
lequel  les  autres  peuples  devaient  st  .■•t  ' 
Voilà  bien  des  questions  que  notre  pinlti  eliiutie 
curiosité  se  posent,  en  lisant  ce  texte  de  l'autttiir 
inspiré.  ÎNous  allons  tacher  d'y  répondre  à  l'aida  île 
lafradition  et  dus  interprètes  des  Saintes  BuHUins. 
I.  —  Les  .Mages  n'étaient  point  de  vi  '  .n/i- 
eteiu  voués  au  service  du  démon;  cbet  '  >ui, 
luéoialement  chez  les  Perses,  on  appel, m  jin /,  mit 
Classe  d'hommes  »i0c-s  :(  mvants.  Ils  jouisstuent  a 
ce  titre  d'une  grande  réputation  pariii^  i....—  ..m  i- 
tovens  et  exerçaient  une  puissante  r  unif- 
ies affaires  de  leur  pays.  Les  mases  lI:     o  ^e 

distinguaient  en   paiticulier  par  leur  cnnnoisMtn'e 

de  r.L.^UoiDiiiie  et  des    traditions    antiques,   llelle 

étai:  :te  aussi  la  scie«ce  de  cas  Mag«»'qui 

vini  '  I   I  Enfant-Dieu. 

Uue  trri  ancienne  tradition,  ni  "    dèa   le 

second  siècle  par  Tartullien,  et  ,  ;  nr  saiiil 

Cyprien,  saint  Jean  Chrysost<^me, 

Augustin    et   d'autres    P't»«,    nn 

étaient  pr>nce>  (>\i 

dt  Ttuinis  et  lic  l  i 

roii  dci 
Cette 

Gentils   au    m.h    im.u. 

Rédempteur  des  humiii 

jusqu'à   Jésus-Cbrist,   l  ...... 

deux   fractions:    d'une   part 

descendants    d'Abr  iIimh 

conserve  la  coniia! 

naître   le    Cliii^t, 

des  autres  peuples,  prt- 

trie,  et  que   les   Juifs  '. 

fentxU     c'est-A-dire    les     >■  <':^l 

venu  renverser  ee  mur  de  >  '■•"• 

|e>  lier   une 

spii  '■  calholi 

la    telle.    Le»   b' rgen»  de    li 

appelèrent  autour    de  ta   i  : 


dt 

aii: 


•     lu  Sauveur  Ujus   les    i    «vu»    >•>    li^^uie    U  ui,    •• 
à   la   SDite   duqu^il   l«  ]    l'or   k   l'I- nfanl-Koi  :   M 


Père  crU.ir  ,'',1  «.i.lxi.dia  •«  voii  |HNir  madré  téiaoi- 

1)  Dân  r,  â%Bê  tom  b*l  o  ivr*^*  d*  l''4niUI*   .   'a 

Utaryifw  iio,  *■.  raa  Baaa^sil*.  P&nt>.  I    sai 


»  •   111    p".n    ouin 
mort. 


II.  —  d'où  venaient  LBâ  MAGES? 

De  l'Orient,  dit  IXvangéliste.  —  Mais  à  l'Orient 
de  Jérusalem  il  y  a  place  pour  bien  des  royaumes 
depuis  le  Joiirrfain  jusqu'er.  Chine.  On  pcn?e  géné- 
ralement que  les  Mages  venaient  du  nord  de  l'AraJjie 
et  des  pays  que  baigne  l'Euphrate;  il  y  avait  en 
effet  dans  ces.  parapes  plusieurs  rois,  princes  ou 
chefs  de  tribus,  exerçant  une  autorité  plus  ou  moins 
indépendante  dans  leurs  contrées  respectives. 

m.  — UNECTOILB  MERVIILLBUS8  APPàRDTADX  ROIS  MAGBS 

C«  a'était  point  une  étoile  comme  les  autres, 
puisqu'on  La  voyait  en  plein  Jour,  et  que,  de  iéru- 


salem  à  Bethléem,  elle  avançait  du  nord  au  sad. 
Plusieurs  commentateurs  ont'pen>é  que  c'était  uô 
météore  lumineux,  miraculeusement,  formé  par 
Dieu  pour  la  circonstance;  d'autres  se  ^onl  deman- 
dé si  ce  n'était  point  un  ange  se  mjrtiifestant  sous 
cette  forme  aux  mages  astronomes,  pour  les  coii- 
duire  à  Jésus-Christ. 

Ce  qui  est  certain,  c'est  que  les  Mages  en  com- 
prirent parfaitement  la  signification;  et  sans  relard, 
comme  sans  hésitation,  ils  vinrent  offrir  leurs  hom- 
mages au  Roi  divin  qui  venait  de  naître  en  Judée  : 
«  Oà  est  celui  qui  est  né  Roi  des  Juifs,  disent-ils? 
Nous  avons  vu  son  étoile  en  Orient,  et  nous  venons 
avec  des  présents  pour  l'adorer.  » 


'%, 


K'- 


Riche  et  magnifique  cbâase  contenant  les  relique»  aes  Roia  Mages,  dans  la  cathédral»  de  Cologne 


de  l  ..  .  .„. 
pripp!  de  1 
nébreui  quf 
lii-u  de  ma 
non^er  luir 
il    • 


Pcut-i^'re  Dieu  avait-il  éclairé  miraculens''raenf 
leur  m',  ilijonce  ;  peut-être  aussi  connaissaient-ils 
par   !r  r,    ou    p^i-   ig,   Livres-Saints,   portés  à 

U;i'  r  les  Juifs  captils,  la  fameuse  prophétie 

Cf  prophète  venu  de  leur  pays,  à  la 
iI.K-,  roi  de  Moab,  pour  maudire  les 
V  ■-«  conduisait  en  Palestine..  Mais  au 
Dieu  obligea  Balaani  à  pro- 
n  magnifique,  dans  laquelle 
que  le  Messie,  liai  du  monde,  naîtrait 
ael  :  t  Ainsi  parle  BaJaam,  (ils  de  Béor, 
ainsi  parle  l'homme  dont  les  veux 
ftermés;  ainsi  parle  celui  qui  entend  les 
de  Dieu,  qui  connaît  les  secrets  du  IVès 
.  jui  voit  les  visions  du  Tout-Puissant,  qui 
tombe  et  let  y«u» 's'ouvrent.  Je  le  voif,  mais  pas 
•ncore;je  le  contemple,  mais  non  de  pri:9.  Une  étoile 
sortira  de  Jacob,  un  teeplre  s'éUvera  d'Israël.  • 
Bombrci  xiiv.)  Cette  étoile  resplendissante,  ce 
(eeptre  dominateur,  c'est  Jéius-Chriit,  notre  lumière 
•et  notre  Roi. 


un 
%'or- 
éta  •  1 
ptrij  I 
naut 


t-il. 


LSI  UAGM6  rt  Ll  ROI  HKBOM 

Mais  au  moment  de  la  naissance  du  Sauveur, 
Hérode  l'iduméen,  usurpateur  du  trône  de  David, 
régnait  en  Judée.  A  la  nouvelle  de  l'arrivée  des 
Mages,  il  se  iroutUi,  dit  l'Evangéliste,  cl  ioul  Jéru- 
salem avec  lui.  Hérode,  le  plus  soupçonneux  et  1* 
plus  cruel  des  rois,  qui  avait  fait  mettie  a  mort  son 
fils  aîné  de  peur  qu'il  ne  lui  ravit  la  couronne,  .-.i^n- 
gnit  un  compétiteur  dans  la  personne  de  cet  Eiilanl. 
U  n'ignorait  pas  d'ailleurs  que  les  temps  du  .Mi^s&ie 
prorais  étaient  arrivés.  Au  reste,  observe  un  l'ère 
de  l'Eglise,  Hérode  ne  se  troublait  pas  Uni  lui- 
même  que  Satan  ne  se  troublait  dans  l|.;rodc,  dani 
la  crainte  de  voir  le  Messie  veuir  renverser  son 
tyrannique  empire  sur  les  imes. 

«  Assemblant  tous  les  princes  des  prêtre»  et  !• 
scrilies  du  ppiiple,  Hérode  leur  demanda  où  de\ 
naltie    le    Cliri-t.    Or,    ceux-ci    lui    répondirent     A 
Bethléem,  de  Juda;  car  il  a  >  té  ainsi  écrit  par  le 
prophète  :  Et  toi,  Bethléem,  terre  de  Juda.  tu  n'ei    • 


pas  I&  moindre  entre  les  principales  villes  de  Juda, 
car  c'est  de  toi  que  sortira  le  Chef  qui  doit  régir 
li*Taël  mon  peHple.  •       j 

Ainsi  la  Synagogue,  officiellement  consultée,  rend 
témoignage  aui  prophéties  en  présence  des  gentils; 
les  Juif:i  seront  donc  inexcusables  de  n'aroir  pat 
reconnu  le  Messie  et  de  n«  l'âToir  point  adoré. 

Alors  Hérode  appelle  secrètement  les  Mages,  il 
s'informe  d'eux  avec  soin  du  temps  où  l'étoile  leur 
est  apparue,  et  les  envoyant  à  Bethléem,  il  leur  dit  : 
KlXez.,  infonnei-voui  exactement  dtCEnfant,  tt  lortque 
vous  l'aurrt  trouvé,  venez  me  l'annoncer,  afin  que  moi 
aussi  j  aille  l'adorer.  —  On  sait  dans  quel  but  homi- 
cide le  perfide  ennemi  du  Christ  demandait  ce 
service. 

LES  Mà6IS  ÂDX  riCM  DE  jisUS 

Cependant  les  Mages  prirent  la  route  de  Bethléem, 
«  et  voilà  que  l'étoile  qu  Ht  avaient  vue  en  Orient  les 
précédait,  jusqu'à  ce  qu'elle  vint  et  s'arrétitt  au-deiius 
du  lieu  où  était  l'Enfant.  En  voyant  l'étoile,  ils  furent 
remplis  d'une  immense  joie,  Entrant  dans  la  mai- 
son, ils  trouvèrent  CEnfant  avec  Marie,  sa  mère,  et, 
se  prosternant,  ils  l'adorèrent  ;  puis,  leurs  trésors 
ouverts,  ils  lui  offrirent  det  présents,  de  l'or,  de  l'en- 
cens et  de  la  myrrh'. 

Quelle  foi!  quelle  humilité I  Ni  la  faiblesse  de 
l'Enfant,  ni  la  pauvreté  de  sa  Mère,  ni  le  dénument 
de  sa  demeure,  ni  l'absence  des  populations  ne  les 
ébranlent  et  ne  les  font  douter  ;  les  Juifs,  orgueil- 
leux et  cupides,  attendant  un  Messie  rayonnant  de 
gloire  mondaine  et  de  richesses  terrestres,  mécon- 
naissent Jésus;  les  Mages,  au  contraire,  illuminés 
par  la  grice,  reconnaissent  dans  son  abaissement 
inout  les  merveilles  de  sa  bonté  qui  s'incline  vers 
nous,  ils  se  prosternent  et  adorent,  pénétrés  d'ad- 
miration et  d'amour.  Jésus  reçoit  leurs  hommages, 
doucement  assis  sur  ton  trdne,  et  quel  trdnel  mille 
fois  plus  beau  que  le  trône  d'ivoir*  et  d'or  de  Salo- 
mon  :  ce  trdne  est  Marie,  sa  Mère  vierge  «t  imma- 
culée 1 

Hérode  les  attend,  mais  •  avertis  par  an  ange  de 
ne  point  retourner  cbet  Rérode,  dit  saint  Mathieu, 
ils  retournèrent  dans  leur  pays  par  un  autre  che- 
min. » 

Les  anciennes  traditions  nous  apprennent  qu'après 
la  mort  et  la  résurrection  du  Sauveur,  l'apdtre  saint 
Thomas,  dans  ses  courses  apostoliques  vers  l'Orient, 
retrouva  les  rois  mages,  leur  conféra  le  baptême,  «t 
qu'ils  consacrèrent  &  la  conversion  des  Ames  les  der- 
niers jours  de  leur  vieillesse.  Ils  eurent  même,  disent 
l«s  Grecs,  la  gloire  de  verser  leur  sang  pour  Jésus- 
Cbrist,  lui  offrant  ainsi  un  présent  plus  beau  que 
l'or,  l'encens  et  la  myrrhe. 

Après  avoir  été  portées  en  diverses  villes,  leur» 
reliijues  reposaient  K  Milan,  au  m*  siècle,  quand 
I  empereur  d'Allemagne,  le  dur  Frédéric  Barbe- 
rousse,  ennemi  du  Pape  et  de  l'Italie,  prit  et  rava- 
gea cette  ville  avec  tant  de  cruauté.  Les  relies  des 
rois  Mages  furent  envovés  en  Allemagne;  l'arche- 
vêque de  Cologne  présitfa  4  la  translation  ;  il  accom- 
pagna les  r>'|iques  à  travers  la  Suisse,  l'Alsace  et  la 
Lorraine,  en  une  procession  qui  attirail  les  peuple*. 
Après  un  si'jnur  ,i-iei  lonRà  >illerseiel  et  au  château 
d--  (iraramont.  le  jT.'rieux  trésor  fut  solennellement 
déposé  kC  I  1164.  Cette  ville  derint  ainsi  U 

rentre  il'iir  ci^lébre,  et,  au  siècle  suivant, 

on  cunslruiiit  <  riic  '  .uliéilrale  incomparable, l'un  des 
plus    iplrndides  monuments  dt   l'art    gothique,  la 


gloire  de  Cologne.  Là.  dans  une  chapelle  de  marbre, 
on  vénère  encore  les  reliques  des  saints  rois;  elles 
sont  enfermées  dans  une  antique  chlsse,  jadis  d'une 
incroyable  richesse,  mais  dépouillée  d'une  partie  de 
ses  trésors  k  l'époque  de  la  résolution. 

DSACCS  ET  ailODISSANOS   DE  l'&PIPBAMI 

Les  rois  et  empereurs  chrétiens,  Théodose,  Char- 
lemagne,  Alfred  le  Grand,  Etienne  de  Hongrie, 
Edouard  le  Confesseur,  Henri  11  d'Allemagne,  Fer- 
dinand de  Castille,  Louis  W  de  France,  t<nrent  le 
jour  de  l'Epiphanie  en  grande  dévotion,  dit  dom 
Guéranger;  et  leur  ambition  fut  de  se  présenter  avec 
les  rois  Mages  aux  pieds  du  divin  Enfant  et  de 
lui  offrir  comme  eux  leurs  trésors.  Jadis,  à  la  cour 
de  France,  le  roi  très  chrétien,  à  U  messa  de 
l'Epiphanie,  venait  i  l'offrande,  présentant  de  l'or, 
de  l'encens  et  de  la  myrrhe,  comme  un  tribut  a 
rEmm.anuel. 

Un  autre  usage  a  subsisté  plus  longtemps,  inspiré 
aussi  par  la  piété  naive  des  âges  de  foi.  Pour  honorer 
la  royauté  des  Mages  venus  de  l'Orient  vers  l'Enfant 
de  Bethléem ,  on  élisait  au  sort,  dans  chaque  famille. 
un  roi  pour  '-elle  fête  de  l'Epiphanie.  Dans  un  fes- 
tin animé  d'une  joie  pure,  et  qui  rappelait  celui  des 
noces  de  Galilée,  on  rompait  un  g&leau,  et  l'une  dr> 
parts  servait  à  daigner  le  convive  auquel  était  échu' 
cette  royauté  d'uh  moment.  Deux  partions  du  gâ- 
teau étaient  détachées  pour  être  orfertes  à  Jésus  et 
Marie,  en  la  personne  aes  pauvres,  qui  se  réjouis- 
saient aussi,  en  ce  jour,  du  triomphe  du  Roi  humbli' 
et  pauvre.  Les  joies  de  la  famille  se  confondaient 
encore  une  fois  avec  celles  de  la  religion  ;  les  lieii< 
de  la  nature,  de  l'amitié,  du  voisinage,  se  resser- 
raient autour  de  cette  table  des  Rois;  et  ai  la  fui- 
blïsie  humaine  pouvait  apparaître  quelquefois  dan> 
l'abandon  d'un  festin,  l'iaée  chrétienne  n'était  pa'- 
loin  et  veillait  au  fond  des  cœurs.  (Dnm  Guéranger.] 

'  Heureuses  encore  aujourd'hui  les  familles  au 
sein  desquelles  la  fête  des  Rois  se  célèbre  avec  une 
pensée  cnrétienne  1  •  La  vraie  piété  donne  à  la  joie 
une  saveur  surnaturelle  et  préserve  des  écarts  par 
la  vertu  de  tempérance  et  cet  esprit  de  mortiOca- 
tion,  toujours  maître  d«  soi,  qu'un  disciple  de  Jésus 
crucifié  ne  doit  jamais  oublier. 

QUE  TOTKi  «iwift  AaarrB 

L'humanité  cherche  des  chefs  qui  la  conduisent  k 
la  prospérité  et  K  la  paix  :  Le  Chef  des  chefs,  le  Roi 
des  rois,  le  Souverain  légitime  nécessaire,  sans 
lequel  il  n'y  aura  jamais  qu«  désordre,  vice  et 
tyrannie,  sans  lequel  aucune  politique  ne  peut  sau- 
ver les  boulines  et  les  conduire  (i  leur  bonheur 
suprême,  c'est  Jésus-Christ,  notre  Dieu,  noire  Sau- 
veur et  notre  Itoi.  Sa  loi  ouvre  le  chemin  de  tous  les 
vrais  progrés,  donne  la  clef  de  toutes  les  réformes 
talulairas,  nous  délivre  de  la  servitude  du  mal  al 
nous  met  dans  la  liberté  du  bien.  Lui  seul  peut  con- 
duire 1rs  hommes  parle  chemin  de  la  vérité,  de  la 
justice  et  de  la  vertu,  à  travers  les  sacrifices  et  les 
travaux  nécessaires  de  cette  vie,  à  l'immortalité  et 
au  bonheur  parfait.  Avec  quel  amour  nous  devons, 
en  cette  fête,  lui  offrir  notre  ccpur,  par  les  doucea 
et  pures  mains  de  Marie,  sa  Merel  Avec  quelle  foi 
nous  devons  le  supplier  de  réuner  sur  nous,  sur 
tous  les  individus,  sur  toutes  les  sociétés,  sur  la 
France,  sur  tous  les  peuples,  aujourd'hui  et  demain 
et  dans  les  siècles  des  siècles  I 


Imp  •ftrvnl,  k.  CaT.raaiiat.  M,  rue  Kran^ui*  I",  Carit. 


SAINT   LUCIEN,    PRÊTRE    ET    MARTYR 


Fét»  le  7  janvier. 


Saint  Lucien,    prisonnier,  offre  sa  poitrine  comme  table,  pour  qu'on  y  célèbre  les  Saints 
Mystères,  et  puis   distribue  l'Eucharistie  à  ses  compagnous 


1.  ENFANCS 

Samosate,  ville  de  Syrie,  fut  la  patrie  de  Lucien. 
Ses  parents,  de  noble  condition  et  sartout  chrétiens 
i''lés,  prirent  un  soin  allenlif  de  son  enfance,  et  le 
formèrent  à  la  religion  et  aux  vertus  quelle  en- 
seigne. 

A  douie  ans,  resté  seul  après  la  mort  des  siens, 
il  court  à  une  église,  se  jette  aux  pieds  des  autels, 
choisit  Dieu  pour  père,  pour  raère  et  pour  héritage 
Docile  à  la  vocation  qui  l'appelle,  il  vend  tous  ses 
l'iens  et  en  distribue  le  prii  aux  pauvres.  Se  rendant 
ensuite  à  Edessf,  il  s'y  attache  au  pieux  et  savant 
Maoaire,  qui  lui  interprète  les  Ecritures  et  lui  en 
fait  recueillir  le  miel  le  plus  suave  et  le  plus  par. 

II.    IL  SK  FAIT  MOIM 

Il  n'était  encore  que  catéchumène;  bientôt  l'eau 
régénératrice  a  coulé  sur  son  front,  et  l'esprit  de 
Dieu  le  conduit  au  désert  de  la  vie  monastique.  Son 


jeûne  était  presque  une  privation  de  toute  nourri- 
ture :  il  ne  mangeait  qu  une  fois  le  jour;  parfois  il 
ne  faisait  qu'un  repas  dans  tout  le  cours  d'une  se- 
maine. 

Tout  entier  à  la  contemplation,  il  disputait  h.  U 
nature  un  repos  qu'il  ne  prenait  qu'à  genoux. 

Ami  du  silence,  il  ne  laissait  tomber  de  ses  lèvrM 
que  les  paroles  de  la  Sainte  Ecriture. 

Nous  n'avons  devant  les  yeux  qu'un  enfant,  et  déjà 
nous  constatons  la  mûre  gravité  d'un  saint.  Aussi 
son  adolescence  est-elle  virile  et  pure  :  les  rares 
combats  d'une  chair  déjà  domptée  assurent  à  l'esprit 
les  plus  nobles  triomphes. 

III.     PBftTKK 

Le  jeune  homme  accompli  avait  fait  place  fi 
l'homme  parfait:  l'œuvre  attendait  un  couronnement 
néce'<saire  au  bien  public,  surtout  en  ces  temps  île 
pro'-élytisme  et  d'mcessantes  attaques  contre  la 
vérité.  11   s'attache  à  l'église   d'Antioche,  reçoit   U 


«r(< 


sacerdoce  et  groope  autour  de  lui  bcra  nombre  de 
jeunes  tiens  que  sa  haute  réputation  attire  à  ses 
savantes  leçons.  Sa  belle  écriture  lui  fournil  de  quoi 
Tivre  et  inrhie  de  quoi  subveriir  aux  besoins  de  ceux 
qui  l'entourent  :  il  se  serait  reproché  comme  une 
injustice  de  piendre  la  moindre  nourriture  avant  de 
avoir  assurée  à  ceux  qu'il  en  voyait  privés. 

IV.   SKS  TBATACX   SDH  L'ÉCHrrOIlt 

Rei-i  ■  nt    les    nombreuses    altérations    des 

livrt  -  IIS  les  transcriptions  qui  s'en  faisaient, 

et  loiJt  ;i  1.1  mis  dans  la  perversit/'  de  bon  nombre 
de  païens  qui  cherchaient  &  en  dénaturer  le  vrai 
seiis,  il  en  reprend  la  traduction  sur  le  texte  hébreu, 
et  p  Ace  à  sa  parfaite  connaissance  de  cette  langue, 
il  ["■rleà  son  plus  haut  point  de  pureté  le  précieux 
li.jiiM  de?  révélations  divines.  Son  orthodoxie  a  été 
msf  en  doute  par  quelques  auieurs.  Selon  eux,  la 
réfutation  Téhémeiiti'  qii  il  fit  des  erreurs  de  Sabel- 
liuà,  confondant  les  trois  personnes  de  la  sainte 
Trinité,  l'aurait  entraîné  dans  la  doctrini;  opposée  : 
il  aurait  séparé  la  substance  même  de  la  divinité; 
mais  saint  Jéiâme,  tout  en  mentionnant  les  écarts 
de  quelques-uns  de  ses  discipb-s.  ne  parle  de  notre 
Saint  que  comme  d'un  défenseur  de  la  vraie  foi.  La 
«liiie  de  sa  vie  ne  laisse  aucun  doute  sur  son  amour 
de  la  vérité. 

V.    PEItSKCCmOK 

Sur  ces  entrefaites,  l'empereur  Maximin  Daia 
nii'tlait  sa  fureur  à  poursuivre  l'Eglise  de  Dieu  et 
voulait  effacer  de  la  terre  jusqu'au  souvenir  du  nom 
clinHien.  Toujours  fidèle  k  la  tactique  de  l'homme 
eniii^mi,  il  s'atlaqu>'  à  tous  les  noms  céU'bres.  Celui 
de  Lucien  avait  attiré  son  attention,  et  il  brâle  du 
>1>  MT  d«  s'emparer  de  m  personne.  Ordre  est  donné 
d<-  le  saisir,  mais  soit  défiance  de  sa  propre  vertu, 
~oit  ménagement  pour  les  fidèles,  il  a  déjà  fui  la 
nlt'  pour  se  retirer  a  la  campagne,  quand  la  basse 
jalousie  le  livre  ealr«  les  mains  de  ceux  qui  U 
poursuivent. 

VL  mcoaioiB 

On  le  conduit  k  Nicomédie  où  l'empereur  faisait 

un  ind  tnr  massacre  df  Ions  ci-ux  qui  m-  renonçaient 
f  1-  a  Jesus-tllinst.  Déjà  Antliime,  évéque  de  cette 
'-.  avait  été  mis  a  mort  et  sou  corps  livré  aux 
:  aiiiK'S.  Pierre  d'Aloxandrie  et  bon  nombre 
d  'loinnifs  distin;:ués  avan-nt  fjlorieusi-ment  livré 
W'iir  vie  pour  >outi!nir  I  honneur  de  leur  foi.  Des 
•  iifinl»  iii\-niénies  avairnt  miK  à  bout  de  res.-ources 
\,-  k-i'iiie  iiiiel  du  tiran,  préléraiit  la  mort  li  toutes 
»«s  plut  flatteuses  promesses. 


VU,  LA  UABrri 


[i 


•  nn    voyaiie  Lucien 
\  ,-r»»*    stations 


-e, 
iite 

'la- 


dcs 

des 

eux 

il) 


.le», 

j.U- 


bliqut>  de  leur  foi,  et  rachètent,  les  uns  par  la  mort, 
les  autres  parla  torture,  la  gloire  du  nom  chrétien. 

VIII.  COURAGS   D'UN    KIIPEHEUR 

A  son  arrivée  à  Nicomédie,  Lucien  trouve  plusieurs 
de  ses  amis  et  de  ses  disciples  que  l'amour  du  maître 
y  avait  amenés.  L'un  veut  lui  servir  de  secrétaire, 
tous  prétendent  le  consoler,  sinon  partager  ses 
soulTrances.  Cependant  l'empereur  attendait  sa  vic- 
time et  s'apprêtait  ^  la  faire  comparaître.  On  lui 
avait  dit  que  le  visage  du  prêtre  imposait  à  tous  un 
tel  respect  que  sa  seule  vue  pourrait  le  gagner  au 
christianisme.  C'est  pourquoi,  voulant  se  mettre  à 
l'abri  de  telles  influences,  il  fait  mi-ttre  un  voile 
entre  le  juge  et  l'accusé,  l'interroge  de  loin  i  l  seu- 
lement par  interprète.  Il  lui  promet  les  biens  les 
plus  considérables  :  il  fera  de  lui  son  conseiller,  son 
associé  dans  ladignité  impériale, un  autre  lui-même, 
À  la  seule  condition  d'olTrir  un  sacrifice  aux  dieux 
de  l'empire. 

IX.  Cl  qd'cst  un  cbk^icii 

Le  Saint  lui  répond  que  la  grandeur  de  ses  dons, 
que  le  monde  entier  avec  ses  richesses  doivent  être 
comptés  pour  rien,  si  on  les  met  en  regard  de  la 
piété  que  nous  devons  avoir  pour  le  Dieu  vivant  et 
véritable.  Alors  l'impie  le  menace  des  supplices 
les  plus  longs  et  les  plus  innuls  qu'il  lui  sera 
possible  d'imaginer.  Mais  comme  l'athlète  n'op- 
pose à  ce  déploiement  de  ridicules  colères  qu'un 
imperturbable  sang-froid,  lecourrouxde  l'empereur 
se  promet  bien  d'en  avoir  raison  par  des  délais  pro- 
longés, et  il  le  soumet  dans  sa  pnson  à  divers  genres 
de  tortures. 

Les  bourreaux  varient  les  tcurments  avec  la 
double  intention  de  lui  causer  les  plus  vives  dou- 
leurs et  tout  A  la  fois  de  traîner  en  langueur  un 
affreux  supplice.  Quatre  ouvertures  distantes  l'une 
de  l'autre  sont  pratiquées  dans  le  milieu  d'une 
planche;  après  lui  avoir  eng.igé  les  pieds  et  les 
jambes  dans  les  deux  premières,  on  les  lui  fait  pa^^ei 
de  force  dans  les  deux  autres  de  manière  à  lui  dis- 
loquer les  membres  ;en  même  temps  le  dos  du  martyr 
s'étend  et  se  déchire  sur  des  bris  de  tesson»  qui  lui 
font  le  lit  le  plus  cruel  et  le  plus  snnglant,  sur 
lequel  il  ne  peut  se  mouvoir,  ses  main-  étant  atta- 
chées k  une  poutre  au-dessus  de  ta  tête.  A  cette 
rude  épreuve  vient  s'aioutrr  le  supplice  de  la  faim; 
des  viandes  sont  placées  prés  de  lui,  mais  ce  ^ont 
des  viandes  oITertes  aux  nloles.  Kléaiar,  aulref . 
préféra  la  mort  tu  repas  des  Ontds.  le  héros  chré- 
tien ne  pensait  pas  autrement;  quatorze  jnurt  en- 
tiers, il  supporte  et  ces  privation*  et  ces  liorreijrs, 
trouvant  encore  le  courag'  d  eilinrter  à  la  persévé- 
rance tout  ceux  qui  partageaient  ses  chaînes,  et 
oITrantpour  leurs  imes  les  plut  ferventes  prient. 


X.    L'iririANIB   I»    PRItOM 


Cepend.int  la 

...........  ,  II.., 


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la  ti. 


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'   U  liillUcmjiiii.  •    i 
lion.     I»     jour     ati 


table  dans  la  prison,  à  l'insu  des  impies,  dont  les 
unsétaientconstamment  présenta,  les  autres  allaient 
et  venaient  sans  cesse.  «  Ma  poitrine  servira  de 
table,  s'écria-t-il,  elle  vaudra  bien,  un-î  matière 
inerte,  et  vous  tous  qui  m'entourez,  formerez  le 
temple.  » 

Par  une  permission  divine  les  gardiens  se  rôti- 
rent. A  la  veille  de  sa  mort,  le  martyr,  dégagé  de 
ses  entraves,  commence  le  sacrilice  par  les  prières 
d"usa(;e,  adresse  à  ses  compagnons  ses  derniers 
ensei(.'nemenls.  Les  saints  Mystères  se  poursuivont 
et  se  consomment.  Tous  y  participent,  même  les 
absents  a  qui  on  porte  la  sainte  Victime  ati  nom  du 
Sûcrificateur.  C'étaient  les  joies  de  la  Cène  qui 
préludaient  au  deuil  du  Calvaire. 

XI.  LE   PRÉTOIHK 

Reconnaissant  l'inutilité  de  ses  efforts,  le  tyran 
fait  comparaître  de  nouveau  sa  victime  expirante, 
et  sans  interrompre  son  supplice  :  «  Quelle  est  ta 
patrie  ?  —  Je  suis  ctrétien,  répond  le  patient.  — 
Quelles  sont  tes  occupations?  —  Je  suis  chrétien. 
—  Qui  t'a  donné  le  jour  ?  —  Et  toujours  de  répondre  : 
<  Je  suis  chrétien.  » 

Son  esprit  fécond  pouvait  imaginer  autre  chose, 
mais  sa  foi  ne  veut  que  ce  seul  mot  :  Je  suis  chré- 
tien. El  il  disait  vrai  :  le  chrétien  trouve  en  ce  seul 
mot  et  sa  patrie,  et  ses  proches,  et  toute  l'occupation 
de  sa  vie. 

Etonné  de  cette  constance  dans  ce  mourant,  qui 


n'avait  plus  que  l'apparence  de  l'homme,  l'eTre- 
reur  le  fait  jeter  à  la  mer,  après  avoir  attaci.'  --An 
bras  droit  à  une  énorme  pierre  qui  devait  d'/i  :(;r 
son  corps  à.  toute  recherche. 

SU.   DTKD    VEILLK  SClt  SES    BARTTHS 

U  resta  en  effet  quatorze  jours  au  fond  de  la  mer, 
le  même  temps  qu'avait  duré  son  supplice.  L» 
quinzième,  ud  dauphin  le  met  à  découvert  sur  le 
riva^'e,  et  les  chrétiens  qui  interrogeaient  la  pla« 
sont  heurt'ux  de  retrouver  des  restes  précieux  qu'ils 
croyaient  a  jamais  perdus. 

Cependant  la  main  droite  était  détachée  du  corps, 
retenue  sans  doute  par  ses  entraves  au  fond  im 
abimes.  Peu  de  temps  après  elle  revient  a  tlot  et 
peut  être  réunie  à.  son  corps,  [{elle  et  digne  récom- 
pense du  saint  et  noble  travail  qu'elle  avait  accom- 
pli dans  la  transcription  et  la  traduction  des 
saintes  lettres. 

Les  disciples  rendent  au  martyr  les  honneurs  de 
la  sépulture,  autant  du  moins  que  peuvent  le  per- 
mettre les  malheurs  du  temps. 

Ils  le  déposent  à  Drépane  que  Constantin  devait 
bientôt  appeler  Ilélénopolis. 

Dans  la  suite  des  âges  Charlemagne  fait  trans- 
porter ces  saintes  reliques  dans  la  ville  d'Arles,  où 
la  mémoire  du  Saint  est  toujours  en  honneur,  justi- 
fiant ainsi  ce  nom  de  Lucien  qui  sifimlie  Lumière. 
Sa  vie  a  été  une  lumière  de  vertu  et  de  doclnne,  rele- 
vée encore  par  la  splendeur  d'un  éclatant  martyre. 


SAINT    LUCIEN,    PREMIER   ÉVÊQUE    DE    BEAUVAIS 


Fêle  le  S  janvier  et  le  troisième  dimanche  de  Carême 


Parmi  les  Romains  que  le  glorieux  apdtre  saint 
Pierre  eut  la  joie  de  convertir  à  Jésus-Christ,  durant 
son  premier  séjour  à  Rome,  se  trouvait  un  jeune  et 
noble  patricien,  nommé  Lucius.  Le  prince  des 
apôlrps,  en  lui  conférant  le  baptême,  changea  la 
désinence  de  son  nom  et  l'appela  Lucinnus  (Lucien), 
nom  dérivé  de  lux,  qui  veut  dire  (umtVre. 

Lucianus,  vraiment  illuminé  par  la  grâce,  se 
donna  tout  entier  à  Jésus-Christ  et  à  la  vérité; 
laissant  toutes  les  espérances  mondaines,  il  s'attai-ha 
à  saint  Pierre,  dont  il  devint  l'un  des  plus  vertueux 
et  des  plus  fidèles  disciples. 

Aussi,  lors  lu'une  vinataine  d'années  plu»  tard,  le 
pape  saint  Clément,  disci[>le  et  second  successeur  de 
saint  Pirrre,  continuant  l'œuvre  du  prince  des 
Apfltres,  voulut  envoyer  une  nouvelle  ptialange  di> 
missionnaires  à  la  Gaule,  notre  antique  patrie,  il 
jeta  Ihs  yeux  sur  Lucien  et  l'ordonna  évêqup.  Celui- 
ci,  dans  son  dévouement  tout  apostolique,  s'empressa 
de  partir  avec  plusieur-'  compagnons,  sous  la  direc- 
tion de  laint  Denys,  chef  de  celte  sainte  entreprise. 

En  route,  ils  évangélisent  l'Italie,  spécialement  la 
ville  de  Pavie,  arrivent  à  Arles,  alors  capitale  des 
Gaules,  et  y  augmentent,  par  de  nombreuses  con- 
versions, la  1  hrétienlé  fondée  par  siint  Trophime. 
rte  li»,  ils  se  dispersent  dans  diverses  provinces. 
Marchant  vers  le  nord,  saint  Denys,  saint  Lucien, 
saint  Rieul  arrivent  jusqu'à  Paris.  Pendant  que 
l'illustre  saint  Denys  établit  la  foi  clirélienne  dans 
retle  ville  que  la  Providence  ri'servail  à  de  si 
grandes  destinées,  saint  Rieul  te  dirige  sur  Senlis 
ni    saint  Lucien   va    porter    la    douce   lumière    de 


l'Evangile  aux  habitants  de  Bellovaeum  (Beauvais), 
populations  énergi<)ues,  mais  barbares  et  encore 
frémissantes  sous  le  joug  que  leur  avaient  imposé 
les  Romains  victorieux. 

Là  le  vieux  culte  gaulois,  vague  et  sanguinaire, 
avec  ses  sombres  forêts,  ses  druides,  son  gui  sacré, 
ses  terribles  sacrifices  humains  sur  de  vastes  pierres 
qu'on  peut  voir  encore  en  divers  lieux,  ce  oulte 
cruel  était  encore  vivant  avec  ses  violences  et  ses 
superstitions  enracinées;  et  près  de  lui  s'était  l'Iabli 
le  paganisme  romain,  plus  poli,  mais  peut-iHre 
encore  plus  fertile  en  dépravations  morales.  .M.iU'ré 
tant  d'oD«tacles,saint  Lucien  annoncele  Dieu  unique, 
Jésus-Chnst,  P*re  et  Sauveur  de  tous  les  p>-uples.  Il 
prêche  la  paix,  la  concorde,  la  chasteté,  le  sacrifice 
immaculé  du  Christ;  il  présente  à  Dieu  des  prières 
ferventes  et  s'olTre  lui-même  en  vicliiue  pour  ce 
malheureux  peuple  ;  il  accable  son  corps  d'austé- 
rités; de  l'eau,  des  racines,  un  peu  de  pain,  voilà 
toute  sa  nourriture. 

La  arice  du  Ciel  féconde  sa  parole,  les  miracles 
confirment  ses  discours,  des  Ames  ouvrent  li-s  yeux 
a  la  lumière,  une  cliif'ienté  se  forme.  Parmi  les 
nouveaux  (ideles,  l'^v'^jue  remarque  deux  leunes 
hommes,  qui  se  dislmiiuenl  par  leur  inlelliaenre  et 
leurs  vertus,  Mixi'Mi  nu  Maximien)  et  Julien  ;  il 
leur  confère  l'ordination  sacenlotale  et  les  a'sofie  i 
ses  travaux.  Par  leurs  soins,  non  seulement  la  ville, 
mais  les  bniitcides,  les  hameaux,  !e»  r-ir..!..  ..« 
plus  isolées  entendent  tour  à  tour  la  p:i 
Montmille,  Breteuil,  Ourcel-Maison   se   ■■•  ni 

encore  de  les  avoir  eus  pour  apiMres.  Parfois  saint 


f'enys  ou  saint  Lucien  Tenaient  encourager, par  leur 
visite,  le  premier  évêque  de  Beauvais  ;  le  chemin 
qui  les  amenait  était  si  cher  à  saint  Lucien,  (]ue  ses 
néophytes  en  gardèrent  longtemps  le  souvenir. 

Les  enfants  spirituels  de  l'évéque  missionnaire 
s'élevaient  au  nombre  d'environ  trente  mille,  quand 
il  fut  donné  au  saint  vieillard  d'arroser  de  son  sang 
le  champ  de  ses  labeurs.  Déjà  le  bienheureux  Denys 
avait  eu  la  fêle  tranchée  à  Paris,  quand  Lucien 
apprit  que  le  préfet  de  Beauvais  venait  d'envoyer 
une  escouade  de  soldats  pour  l'égorger  à  son  tour 
s'il  ne  rcnnncailau  christianisme.  A  cette  nouvelle, 
élevant  les  mains  au  ciel,  il  s'écria  :  «  Je  vous 
rends  «races,  ô  Jésus-Christ,  mon  Maître,  Fils  du 
Dieu  vivant,  qui,  après  m'avoir  associé  à  l'apostolat 
du  bienheureux  Denys,  m'associez  maintenant  à  son 
martyre.  »  Se  tournant  vers  les  chrétiens  qui  l'en- 
touraient :  Il  Frères  et  (lis  bien-aimés,  leur  dit-il, 
Dieu  veut  que  bientôt  je  me  sépare  de  vous.  Demeu- 
rez fermes  dans  voire  foi.  Que  ni  les  menaces  des 
puissants,  ni  leurs  flatteries,  ni  leurs  promesses  ne 
vous  fassent  oublier  la  religion  sainte  que  vous  avez 
embrassée.  • 

Les  émissaires  du  préfet  reioignirent  le  saitit 
évéque  sur  la  colline  de  Montmille,  à  une  heure  de 
lleauvais,  au  moment  où  il  prêchait  à  une  fnule 
nombreuse.  Ils  massacrèrent  tous  ses  yeux  les  deux 
prêtre?  saint  Maxicn  et  saint  Julien,  et  le  menacèrent 
du  même  sort,  s'il  n'apostasiait:  «  Tu  violes  les  dé- 
crets des  empereurs,  lui  dir«nt-tls,  et  tu  séduis  le 
peuple  partes  maléfices.» — «Je  n'use  pointde  malé- 
fices, répond  le  missionnaire...  je  montre  au  peuple 
la  voie  de  la  vérité  ;  je  lui  fais  connaître  Jésus- 
Christ,  mon  Maître,  venu  en  ce  monde  pour  racheter 
sa  créature  et  la  détourner  du  culte  des  démons... 
Jésus-Christ  a  daigné  mourir  sur  la  croix  pour  le 
salut  de  tous,  &  lui  seul  nous  devons  obéissance, 
fidélité  et  amour. 

l'n  Dieu  mort  sur  une  croix!  Cette  parole  étonne 
|fs  paiens  ;  l'évéque  s'efforce  de  leur  expliquer  les 
sublimes    beautés  du   mystère    de    la  rédemption, 


mais  cos  esprits  grossiers  n'y  comprennent  rien  el, 
malgré  son  titre  de  citoyen  romain,  le  saint  vieil- 
lard est  battu  de  verges.  En  vain  on  veut  lui  arra- 
cher une  parole  d'apostasie  ;  Lucien  ne  cesse  de 
répitter:  «  Je  crois  de  coeur  et  je  confesse  de  bouche 
que  Jésus-Christ  est  Fils  de  Dieu.  »  Enfin  on  lui 
tranche  la  tête.  Une  voix  céleste  se  fait  entendre  : 
•  Courage,  bon  et  fidèle  serviteur,  viens  recevoir  la 
récompense  qui  t'est  promise.  »  Le  corps  du  martyr 
se  relève  aux  yeux  de  la  foule  muette  d'admiration, 
prend  sa  tête  entre  ses  mains,  franchit  la  rivière 
du  Tliérain,  6  Miauroy,  et  s'arrête  à  un  quart  de 
lieue  de  Beauvais.  Cinq  cents  personnes  se  conver- 
tissent. Les  fidèles,  ayant  &  leur  tête  sainte  llomaine 
qui  donnera  bientôt  son  sang  pour  Jésus-Christ, 
ensevelissent  les  martyrs. 

Plus  tard  une  basiliaue,  desservie  par  une  commu- 
nauté de  prêtres,  s'éleva  sur  le  tombeau  de  saint 
Lucien.  Renversés  par  les  barbares,  l'église  et  le 
monastère  furent  rebâtis  par  les  rois  mérovingiens 
Childebertet  Chilpéric.  Saint  Eloi  fit  une  belle  châsse 
pour  renfermer  les  reliques  miraculeusement  re- 
trouvées et  source  de  nombreux  prodiccs.  «  Là,  les 
aveugles  voient,  les  boiteux  niarcnent,  les  démonia- 
ques sont  guéris,  écrivait  saint  Odon  au  ii*  siècle  et, 
ce  qui  est  plus  merveilleux  encore,  les  liens  des 
pécheurs  sont  brisés.  >•  Les  évéque»  de  Beauvais 
venaient  passer  en  prières  auprès  du  saint  tombeau 
la  nuit  qui  précédait  leur  sacre.  Au  xiii*  siècle, 
trois  nouvelles  chAsses  splendides  reçoivent  les 
ossements  de  saint  Lucien,  de  saint  Maxien  et  de 
saint  Julien.  La  tran>lation  s'opère  au  milieu  d'une 
fête  solennelle,  en  présence  de  nombreux  évêc^ues 
el  du  roi  saint  Louis,  accompagné  de  la  première 
noblesse  de  France. 

Hélas!  le  vandalisme  sauvage  de  la  Révolution  a 
détruit  les  chAsses,  la  basilique,  le  monastère  et 
une  grande  partie  des  reliques  des  saints  patrons  de 
Beauvais.  Mais  les  fidèles  vont  encore  les  invoquer 
au  sanctuaire  de  .Monimille,  enrichi  d'indulgences 
parle  Pape  Pie  iX  et  Mgr  (iignoux. 


Iino -f*r<m(.  Piriniimv.  S,  rut  Francuit  1".  l'»rii. 


SAINT    SÉVERIN   DU  NORIQUE 

APOTRE  DE  LA  BAVIÈRE  ET  DE  L  AUTRICHE 


FêU  le  S  janvier. 


Va,  mon  fils,  dit  Séverin  à  Odoacre,  va  vers  l'Italie;  tu  portes  maiciteuant  de  chétivet 
fourrures,  mais  bientôt  tu  auras  d'immenses  trésors  à  distribuer  aux  autres    » 


Au  cinquième  siècle,  le  \aste  empire  romain, 
après  avoir  Inncl'^mp'»  persécuta!  l'Kplise  catholique 
au  nom  du  p.if  iiiisme  ou  de  l'ai  laiiisme,  voyait 
Uuil''»  sfs   fioiÉliiic»  forcées   par    lig  barbares,   et 


tombait  en  ruines  sous  les  coups  des  eiivahis-ieurs. 
l.'Kfjlise,  toujours  vivante,  restait  seule  debout  p'>ur 
c "risfilfr  les  malheureux  vaincus,  adoucir  I.ur» 
fiuouches  conquérants  et  sauver  la  ti^ili-  '''■ 


.if>:i 


Le  féroce  Attila,  surnommé  e  fljau  de  Dieu,  qui 
ravageait  l'Europe  à  la  tête  de  ses  hoi-de?  innombra- 
bles, avait  été  arrêté  par  le  Pape  saint  Léon  le  Grand. 

Le  Noiique  (partie  de  l'Autriche  et  de  la  Bavière), 
situé  au  Tiord  de  l'Italie,  était  alors  le  principal 
chemin  de  bandes  barbares  qui,  désertant  les  climats 
du  Nord,  franchissaient  le  Danube  pour  aller,  l'épée 
i  la  main,  chercher  le  pillage  et  la  fortune  darts  les 
plaines  italiennes  :  Thuringiens,  Alamans.  Ituges, 
demies  et  autres  barbares  se  rencontraient  dans 
cette  prorriDce  avec  les  malheureux  restes  des  popu- 
lations romaines.  Colles-ci  cherchaient  un  dernier 
refuge  dans  les  villes  et  les  ch&teaux  forts,  mal 
défendus  par  les  débris  des  garnisons  imnéiiales  : 
les  envahisseur?,  inondant  et  ravageant  les  cam- 
pagnes, traînaient  souvent  en  captivité  au-delà  du 
fleuve  las  habitants  qui  étaient  (tombés  entre  leurs 
mains. 

Au  milieu  de  ces  désastres, un  saint  moine, nomm>- 
Séverin,  vint  s'étiiblir  dans  la  contrée  ;  les  plu? 
belles  veMus.en  particulier  une  grande  force  d'âme 
et  une  tendre  charité,  brillaient  en  lui.  A  sa  prière. 
Dieu  opérait  des  miracles  et  il  lui  révélait  les  secrets 
de  1  avenir.  C'était  bien  l'ange  de  oaix  et  de  conso 
lation  dont  avaient  besoin  les  populations  romaines, 
c'était  bien  l'homme  divin,  seul  capable  de  se  faire 
respecter  des  barbares.  11  était  prêtre  et  sa  vie  éUiit 
très  austère,  raconte  son  disciple  Eugipue.qui  a  écrit 
son  histoire.Excepté  les  jour*,  de  f.Heg.il  ne  mangeait 
qu'une  fois  le  jour,  après  le  coucher  du  soleil  ;  et 
pendant  le  carême,  il  passait  souvent  deux  ou  trois 
JOUIS  sans  manger.  Il  couchait  tout  habillé  sut  un 
ciliée  étendu  sur  le  pavé  Je  son  oratoire  ;  il  allait 
toujours  pieds  nus,  même  pendant  les  temps  d'hiver 
où  le  Uanube  se  gèle  sous  la  rigueur  du  froid.  Il 
consacrait  de  longues  heures  à  s'entretenir  seul  à 
seul  avec  Dieu,  d  uis  I;i  m.'ditation  et  la  prière. 

Quel   était  son                    ile   éUit  si  patrie?  Nul 
n>-*li'  s.ivait  dans                 'lo.  Ouilqu  ■^•un»  de  ses 
^.entreaii  i  ménius,  essayèrent 

[Il         de  l'intcrr.  ,  î  ;  il  éludait  laques- 

tu'net  répondait  uu'un  |.i .  dicuteur  de  lEv.ingile  n'a 
d'autre  pairie  que  lo  ci'  1  •  t  d'autre  à^;.  que  l'éternité. 
Toui  ce  qu'on  put  deM;)i,  dans  S'S  i  onversations, 
fut  qu'il  était  venu  d'iieiil,  jious>e  [mt  une  inspi- 
ration de  Dieu,  et  qu'il  ivail  eu  a  surmonter  en 
»(>yage  bien  des  pi-ril-  >i  des  obsUn  les.  Cependant, 
ajoute  y               '      '                 .    '  r  5  il  la 

pureté  .  '■  "" 

taient  en  lui,  non  un  ■  m  .  [éhu,  mn^  tm  iioMiaiii  Je 
noble  origine.  Il  «-tait  snn  doute  allé  en  Oi  ient,  se 
former  4  U  v'  ■  '  •'•"  -  "■'  ''">  conduite  de  tant 
d^.  sainU    m  .ni    en     ic    temps 

IKglise  grpc>ii.   , c  au  Pape  de  Rome 

u  MoiMi  IT  LU  popuianoira  aoiumu 

Séverin  l'tfUit  d'aboi  d  dxi  aux  environt  4'une 
Till.    iw.inmée    A«lurei     r'nliAtilriiii-iit    '■'■11"  q«'"ii 

111. II.'. 

..     .  ma  M 

I»  Joiirt*  a 
ir  ruine  i  i 

!••   Dieu  pai   'I  j-  "!'■•'  '•' 

M.in     ce    11     .  !     tt»ido    de 

'•  rendit  k  Cuman« 


d'être  prise  et  incendiée  par  les  barbares,  et  qu'il 
avait  échappé  i  grand  peine  au  massacre  des  habi- 
tauts.  Il  ajouta  :  «  L'u  homme  iuconuu  était  venu 
nous  prédire  ces  malheurs,  et  nous  conjurer  de  les 
préveuir  par  la  pénitence  et  la  prière,  mais  on  n'a 
pas  voulu  le  croire,  et  voilà  pourquoi  ce  désastre 
est  tombé  sur  nous.  »  Les  regards  de  la  foule  se 
portèrent  aussitôt  sur  Séverin  qui  était  présent, 
et  le  vieillard,  le  remarquant  à  son  tour,  s'écria  : 
Il  Voici  cet  homme  de  Dieu,  c'est  lui-même,  écoute?.- 
lo  ',  •>  Alors  lûs  Cuinauieus  lui  demandent  pardon 
do  n'avoir  pas  voulu  l'écouter,  et  commencent  avic 
lui  un  triduum  de  prières,  de  jeûnes  et  d'aunu'mes 
pour  tléchir  le  ciel.  Bientôt  voici  les  barbares  qui 
ont  ravagé  Astures  et  courent  sur  Cumane  comme 
sur  une  nouvelle  proie.  Ils  entourent  la  ville  et 
l'assiègent  ;  mais,  vers  le  soir  du  troisième  jour,  la 
terre  tremble  sous  leur  camp,  ils  sont  saisis  itune 
terreur  panique,  leurs  bat<tillons  s'enfuienl  dans 
diverses  directions,  et,  se  rencontrant  au  milieu  de 
la  nuit,  ils  se  prennent  pour  des  ennemis  et  s'eu- 
trelucnt  dans  une  lutte  épouvantable. 

L'ue  autre  ville,  que  lo  chroniqueur  nomme  Fa- 
vienna  (probablement  Vienne)  était  désolée  par  la 
famine,  au  milieu  de  l'hiver.  On  attendait  des  vivres 
qui  devaient  arriver  des  pays  que  traverse  la  rivière 
de  riun  ;  mais  celte  rivière  était  gelée,  et  les  bateaux 
ne  pouvaient  avancer.  Les  habitants,  ayant  entendu 
pailer  des  miracles  du  saint  moine,  lui  envoyèrent 
une  députation  pour  le  prier  de  venir  les  secourir 
dans  leurs  angoisses.  Séverin  arriva  et  coinnieiu  .t 
à  relever  les  courages,  en  les  exhortant  à  la  pi  nie 
et  à  la  pénitence,  qui  touchent  le  cœur  de  Dnu. 
Bientôt  arrivèrent  des  bateaux  chai\;éi  de  viri<'~  : 
1.1  rivière,  miraculeusement  dégelée,  leur  aveit  Iivm- 
passage. 

A  Vienne,  une  veuve  riche  et  aTare,  nommée 
Piocule,  avait  caché  une  grande  auanlité  de  M'-  ; 
cependant  une  disette  survint  et  la  veuve  g.irdaii 
son  secret,  espérant  vendre  plus  cher  quand  la 
misère  ■ciait  à  son  comble.  Séverin  lui  reprocha 
l'iilili(|aeiii<'nl  son  avarice  sans  entrailles  :  •■  \ Utre 
cupidité,  lui  dit-il,  est  cause  de  la  nii>rl  d'un  ^i.init 
nombre  do  pauvres.  Ce  que  vous  aimer.  Iv  plus  au 
monde,  c'est  rar;;ent  :  puisque  l'argent  csl  votre 
ilieu,  vous  n'êtes  pa»  clireiionne,  mais  une  Id'^l  \iie  " 
l'rocule  comprit  la  gr  ui.leur  de  sa  faute.  'Ile  'ii 
demanda  paidon  et,  pour  la  réparer,  ouvrit  f;ialui- 
Icinenl  ses  greniers. 

Il.ilis    1».    ni.'nif    Ipninn    tlt'K   b.inil'  ■•    de  Imi  liai  i">, 

nointi: 

pill.ili'.   '  '.    , 

Uiiii^  ou  les 

diiilàunpi 

car   il  n'y  que   pa»  i»   i""'     i' 

défendre.  S  n  dit  à  I'  n  rniimiiii 


ili'vaill    .S'AellIl. 

(    ,     i..,.iiii>    fi.i.ilinn     lie    lei    délai  liel  .  tl    dc    I'    ■' 


(il 


iiigiie».  UraconU  que  ta   vilic  d  Aslure»  vcn«»i   I  «^e»  «i  qu»  p»ot*;jjï 


,1.»    l,'    »'  ul    :.'.    l'iri' 
.  !  Dieu  qui  it^ne  au 
tkviuivur».  > 


Après  aroir  assuré  les  habitants  qu'ils  n'auraient 
plus  rien  à  craindre  de  l'ennemi,  tant  qu'ils  demeu- 
reraient très  fidèles  à  Dieu  en  toutes  circonstances, 
le  moine  se  relira  dans  une  solitude,  où  il  se  cons- 
truisit un  petit  ermitage,  pour  ne  s'occuper  que  de 
Dieu. 

Mais  le  Seigneur,  qui  l'avait  envoyé'  en  ce  pays 
pour  le  salut  de  plusieurs,  voulait  qu'il  unît  la  vie 
active  à  la  vie  contemplative.  11  l'avertit  bientôt 
d'aller  fonder  un  couvent  près  de  la  ville  de  Fa- 
vienne.  Le  Saint  reparut  donc  dans  cette  cité,  dont 
il  était  le  libérateur  ;  il  se  fixa  dans  les  environs  ; 
de  nombreux  disciples  vinrent  se  mettre  sous  sa 
direction  et  :l  se  trouva  à  la  tête  d'une  commu- 
nauté religieuse.  La  renommée  de  sa  sainteté  lui 
attirait  de  nombreux  visiteurs  qui  venaient  lui 
demander  un  conseil  dans  leurs  difficultés, des  con- 
solations dans  leurs  peines,  ou  la  santé  dans  leurs 
maladies. 

Malgré  les  faveurs  dont  Dieu  l'honorait  et  la  véné- 
ration dont  il  était  entouré  par  le  peuple,  Séverin 
«ardait  une  humilité  profonde  :  n  Ne  pensez  pas, 
disait-il,  que  Dieu  fasse  ces  choses  à  cause  de  mes 
mérites,  mais  c'est  sa  miséricorde  qui  les  accomplit 
pour  le  salut  de  vos  âmes.  Priez  pour  moi,  atin  que 
ces  dons  de  Dieu  n«  servent  pas  à  ma  condamnation, 
mais  à  mon  avancement  dans  la  vertu.  » 

Souvent  il  se  retirait  à  deux  lieues  du  monastère, 
pour  vaquera  la  prière,  dans  une  complète  solitude  ; 
et,  après  avoir  ainsi  fortifié  son  âme,  il  revenait  au 
milieu  de  ses  moines  et  allait  où  l'appelaient  la 
charité  et  le  zèle  des  âmes. 

"  A  l'époque  où  les  villes  fortifiées  du  Noriqne 
Ripuaire  tenaient  encore,  dit  son  disciple  Eugippe, 
et  qu'il  n'y  avait  plus  aucun  château  fort  isolé  qui 
fût  &  l'abri  d'un  coup  de  main  des  barbares,  on 
avait  une  telle  idée  du  serviteur  de  Dieu,  que  les 
habitants  de  chaque  castellum  l'appelaient  à  l'envi  à 
leur  défense,  et  se  croyaient  en  sûreté  quand  il 
était  dans  leurs  murs.  » 

Sa  présence,  en  effet,  valait  une  armée,  car  il 
relevait  les  courages  des  citoyens,  attirait  la  pro- 
tection du  ciel  et  donnait  les  plus  utiles  conseils. 
S'il  ordonnait  de  r'Sisler  ;'i  l'ennemi,  on  était  sûr 
de  la  victoire;  s'il  disait  d'abandonner  une  bourgade 
pour  aller  chercher  un  refuge  ailleurs,  c'est  que 
Dieu  l'avait  averti  d'un  désastre  inévitable. 

Les  habitants  de  Jopia  (Salsbourg)  l'apprirent  à 
leurs  dépens.  Séverin  leur  envoya  un  messager, 
c'était  Moderatus,  chantre  de  l'église  de  Passau,  les 
supplier  de  quitter  tous  la  ville  au  plus  tôt,  s'ils 
voulaient  échapper  à  la  mort.  Les  uns  hésitèrent, 
les  autres  refusèrent  de  croire.  Séverin  envoie 
aussitôt  un  second  messager,  nommé  Quintasius  : 
"  Hâte-toi,  lui  dit-il,  et  dis-leur  que  s'ils  ne  sont 
pas  partis  cette  nuit,  ils  périront  certainement. 
Avertis  surtout  le  saint  prêtre  Maxii.ne  de  se  sous- 
traire à  la  mort  qui  l'attend.  »  Le  nouveau  messager 
courut  à  Jopia,  mais  n'eut  pas  plus  de  succès  que 
le  précèdent.  Le  pr'Ur"  Maxime  ne  voulut  pa.s  aban- 
donner ses  paroissiens  ;  il  ne  croyait  pas,  aailleurs, 
le  danger  si  pressant,  et  offrit  à  Quintasius  l'hospi- 
talité pour  la  nuit.  Mais  celui-ci  se  garda  bien 
d'accepter  et  repartit  aussit<M.  La  nuit  m4me,  les 
H''rules  fondirent  à  l'improviste  sur  la  /ille,  la 
dévastèrent,  emmenèrent  captifs  ceux  que  le  glaive 
«v.iit  épargii<*8  et  pendirent  le  pri^tre  Maxime. 
Plus  heureux,  r<'v(*que  Muxirnin,  averti  par  saint 
Séverin  d'une  invasion  qui  nienaçaitses  diocésains, 
ordonna  un  triduum  de  prières  et  de  pt'nitences  et 
fut  écouté.  Bientôt,  des  milliers  d'Allemands  enva- 
I  -•  '  pays,  pillant  les  campagnes  et  assiégeant 
I  it.mais  ils  n'eu  purent  pieudre  aucun  et 

»i,    1  tkti  r:i  dit. 


On  conçoit  que  dans  des  temps  si  troublés,  les 
pauvres  devaient  être  nombreux  et  les  misères  sou- 
vent très  grandes.  C'était  un  vaste  champ  ouvert  à 
la  charité  de  notre  Saint,  car  sa  compassion  é'aitsi 
vive  qu'il  ne  pouvait  voir  souffrir  quelqu'un  du 
froid  ou  de  la  faim,  sans  ressentir  tous  ces  maux  en 
son  propre  cteur.  Sa  parole  fut  assez  puissante  pour 
organiser  dans  tout  le  Norique  le  tribut  de  la  cha- 
rité. Les  habitants  versaient  chaque  année  entre 
ses  mains  la  dîme  de  leurs  reATenus  pour  le  soula- 
gement des  pauvres.  Ainsi,  cet  homme  qui  ne  pos- 
sédait rien,  qui  jeûnait  et  supportait  le  froid,  dis- 
tribuait des  vivres  et  des  vêtements  à  des  populations 
entières.  Les  prêtres  du  pays,  dont  il  excitait  le 
zèle  par  ses  lettres  et  ses  discours,  lui  servaient  d'in- 
termédiaires pour  faire  recueillir  ou  disliibuer  les 
aumônes  suivant  les  produits  ou  les  nécessités  de 
leurs  régions. 

Les  gens  de  Lorch,  qui  avaient  négligé  d'apporter 
leur  aumône,  virent  l'année  suivante  leurs  récoltes 
presque  perdues;  ils  se  plaignaient  au  Saint  :  «  Si 
vous  aviez  donné  fidèlement  la  dîme  des  pauvres, 
leur  répondit-il.  Dieu  vous  aurait  réservé  une 
récompense  au  ciel  et  aurait,  en  outre,  béni  vos 
moissons  sur  la  terre.  »  Il  les  exhorta  à  demander 
pardon  à  Dieu  et  à  prier.  Ils  s'imposèrent  un  jeûne 
et  firent  des  prières  publiques.  Dès  lors,  un  temps 
excessivement  favorable  féconda  le  sol,  et  la  récolte, 
qui  s'était  annoncée  si  mal,  devint  abondante.  Désor- 
mais, ils  n'eurent  plus  peur  de  se  montrer  généreux. 
L'évêque  Maximin,  dont  nous  avons  parlé,  était 
l'un  des  plus  empressés  dans  cette  œuvre  de  cha- 
rité. Il  partit  une  fois,  au  milieu  de  l'hiver,  à  la 
tête  d'un  groupe  d'hommes  dévoués  qui  portaient 
sur  leur  dos  des  ballots  de  vêtements.  U  fallut  tra- 
verser une  montagne  couverte  de  neige.  La  caïa- 
vane  glissa  dans  un  ravin  et  désespérait  d'en 
sortir.  Deux  des  voyageurs  s'endormirent  de  fatigue; 
l'un  et  l'autre  virent  en  songe  le  saint  moine  qui 
leur  disait  :  «  Courage,  continuez  votre  route  siuis. 
ci-aindre.  »  Ds  se  réveillèrent,  et  comme  ils  racon- 
taien  ce  songe,  on  vit  passer  un  ours  de  grande 
taille*  habitué  aux  sentiers  de  ces  montagnes,  qui 
9 enfuit  dans  la  direction  de  leur  chemin.  Us  maï-' 
chèrent  intrépidement  sur  ses  traces  pendant  près 
de  deux  milles,  éditant  ainsi  les  précipices  et  tra- 
versèrent sans  autre  accident  ces  dangri  eux  défilés 
Parmi  les  malheureux  les  plus  à  plaindre  ii 
fallait  compter  les  habitants  que  les  barbares 
emmenaient  captifs  pour  en  faire  leurs  esclaves  ou 
les  vendre  i  d'autres  peuplades.  Saint  Séve.in 
s  efforçait  d  en  délivrer  le  plus  possible,  soit  en  les 
racheUnt,  soit  en  obtenant  leur  liberté  à  force 
d'instances  auprès  des  vainqueurs.  ' 

Le  Saint  dit  un  jour  à  Maurus,  portier  du  couvent  • 
.'  Ne  sortez  pas  aujourd'hui,  sinon  il  vous  arrivera 
malheur.    ..   Mais    un    habitant    de    l'endroit    pria 
Maurus   de    venir   l'aider  à  recu-illir   de<   fruits- 
Maurus  sortit  avec  lui  et  s'avança  dan^  li  .ampapne' 
à  une  demi-heure  de  la  ville  f  un  r"  np.;  de  bar- 
bares tomba  soudain  sur  eux  et  1-  s  amena  pri-^nn- 
niers    au-d'-là  du    Danube.    En    ce   moment,  .^aint 
t»everin  lisait  dans  sa  cellule  ;  l«ul  à  coup  il  fernre 
le  livre  et  s'écrie  :  «  Cherrhei  Maurus  1  »  On  m-  le 
trouve     nulle    part.    Séverin   part    immédialempiil 
traverse  le  Danube  à  la  poursuite  de«  brigands    ci 
jinil  par  les  rejoindre.  A  la  vue  de    Ihomme'de     i 
Dieu,  les    bngauds    laissent    leurs   prisonoiers   ei 
s'entuieot. 

LB  MOINB  rr  LIS  ROIS  BARBARES 

Les  barbares,  en  effet,  tout  païens  ou  ariens  quili 
•Paient,    ne    pouvaient    se   défendre    d'un    respecl 


caé\é  de  crainte,  en  présence  de  ce  saint  homme, 
qu'ils  savaient  en  communication  avec  Dieu,  rt 
Qont  la  vertu  les  étonnait  non  moin*  que  ses 
miracles.  Qui^lques  rois  d'au-delà  du  Danube  solli- 
citaient parfois  ses  conseils.  Les  Rupes,  peuple  venu 
des  bords  de  la  Baltique,  avaient  rencontré  de 
redoutables  ennemis  dans  les  Golhs  de  la  Pannonie 
inférieure  (Hongrie).  Flaccité,  leur  roi,  effrayé  des 
dangers  qu'il  courait,  envoya  consulter  saint  Séverin. 
"  Si  notre  foi  était  commune,  répondit  le  Saint, 
vous  m'interrogeriez  sur  la  vie  éternelle  et  le  salut 
de  votre  <Ame  ;  mais  vous  ne  songez  qu'à  la  vie 
présente.  Je  vous  répondrai  cependant  :  Ne  vous 
effrayez  ni  de  la  multitude,  ni  de  la  haine  des 
Gollis,  ils  s'éloigneront  et  vous  régnerez  tranquille. 
"  jN'éanmoins,  tenez-vous  sur  vos  gardes,  surveillez 
vo>  autres  ennemis,  confiez-vous  en  Dieu  plus  qu'en 
vous-même.  »  En  même  temps,  il  l'avertissait  d'un 
piège  qu'on  lui  tendait.  L'événement  justifia  toutes 
les  paroles  du  saint  religieux. 

Peu  après,  un  Ruge,  atteint  depuis  longtemps 
d'une  carie  des  os,  souffrait  horriblement  et  n'atten- 
dait que  la  mort.  Sa  mère  le  lit  placer  sur  un 
chariot  et  le  conduisit  à  la  porte  du  monastère  ; 
elle  appela  le  ser\iti'ur  de  Dieu,  le  suppliant  avec 
larmes  de  guérir  son  fils.  «  Pourcjuoi, s'écria  Séverin, 
me  fait-on  une  réputation  que  je  ne  mérite  pas  ? 
Ce  n'est  pas  à  un  pécheur  comme  moi  d'accomplir 
de  si  grandes  merveilles.  Faites  l'aumône  et  priez 
Dieu.  »  Alors  cette  mère  affligée  commença  à  ôter 
une  partie  de  ses  habits  pour  les  partager  avec  les 
pauvres.  <<  dardez  vos  habits,  dit  le  Saint,  votre  lils 
guérira  et  vous  ferez  l'aumAne  quand  vous  serez 
chez  vous.  »  Il  se  mit  à  prier  avec  ferveur  et  le 
malade  fut  guéri.  Ce  miracle  produisit  une  grande 
impression  cnez  les  barbares,  surtout  chez  les  Ruge*. 
Un  jour,  un  groupe  de  jeunes  gens  de  cette  nation , 
parlant  pour  l'Italie  où  ils  allaient  s'enrôler  dans 
l'armée  romaine,  s'arrêta  devant  la  cellule  du  tliau- 
malurge  pour  lui  demander  sa  bénédiction.  Parmi 
eux  se  trouvait  un  jeune  homme  pauvrement  velu, 
mais  de  si  haute  Uille  qu'il  dut  se  baisser  pour 
entrer  dans  la  c-ellule  du  moine  :  •<  Va,  mon  fil«,  va 
vurs  l'Italie,  lui  dit  Séverin,  tu  portes  maintenant  de 
rhélives  fourrures,  niais  bientôt  tu  auras  d'immenses 
tr       r-  \  distribuer  aux  autres.  .• 

'  I'  une  barbare  s'appelait  Odoacre,  nom  alors 
11,,  "iiiiii,  mais  qui  devait  bientôt  faire  trembler  la 
vi.'ille  Rome.  Enrôlé  parmi  les  doryphores  iporte- 
lin.i*'.  sa  Uille  avantageuse,  son  intelligence  et  sa 
Il  i:  lui  valurent  le  grade  d'oflicier  et  la  con- 
I  II  ■  i"  se»  compagnons  d'armes.  Trois  ans  après, 
•  ■n-ri,  dans  une  émeute  militaire,  le  nrorlament 
L  ii''ral.  A  leur  t'te,  Odoacre  renverse  du  trône  le 
.|i-riiier  empereur  romain,  Romulus  Augustule,  el 
d'vienl  maître  de  toute  l'Italie. 

D.ins  le»  spbndiurs  de  sa  nouvelle  fortune,  il 
n  oublia  pa«  le  moine  romain  qu'il  avait  laissé  sur 
b  s  bords  du  Danube  :  il  lui  -nvoya  un  messager 
.-iviT  une  lettre  où  il  le  priait  de  lui  demander  tout 
'.  voudrait.  Séverin,  ne  songeant  qu'au  bien 
'  ,  'temanda  la  gr:V  ••  d'un  'Vil''. 

•■:   l'iue  h''r'-li'iU'  ei  barbare,  respecta 

s  lois,  l>-s  ''roles  de  l'Italie,  c'ett 

ri  .]ii'i>n  le  il'iit. 

I  dit  à  i|u>'l'iu>'s  .inii  -  <iiii  lui 

iw'i  .lin  de  l'Italie  :     Odoacre 

Il  fut  ainsi. 

1  .\  de  fréquent»»  incur- 

•loiis  de*  AiicuiiUida,  fiia  i«  saint  religieux  de  Tenir 


liabit.>r  dans  son  voisinage.  Séverin  vint  à  Passau  et 
y  fonda  un  couvent.  Ouand  les  Allemands  repa- 
rurent. Séverin  alla  intrépidement  au-devant  de 
leur  roi  (libold,  comme  saint  Loup  et  .saint  Léon 
étalent  allésau-devant  d'Attila.  Il  parla  au  roi  barbare 
avee  tant  de  fermeté  et  de  majesté  que  ci-lui-ci  se 
mit  à  trembler  de  frayeur,  et  déclara  qu'il  lui  accor- 
dait tout  ce  «ju'il  voulait.  Séverin  lui  lit  promettre 
d-  ne  plus  ravager  le  territoire  romain  el  de  mettre 
en  liberté  les  nombreux  captifs  que  ses  soldats 
av.iient  réduits  en  esclavage,  (jibold  liiit  parole,  el 
une  foule  de  malheureux,  remis  au  diacre  Amantius 
et  au  prèlro  Lucillus,  représenlanls  de  Séverin, 
revinrent  lihri;s  dans  leur  patrie,  en  bénissant  Dieu 
et  son  serviteur. 

La  renommée  de  Séverin  allait  toujours  croissaut; 
on  racontait  comme  il  avait  au'Ti  par  ses  prières 
une  pauvre  femme  inouraiite,  puis  un  l<-preux  venu 
de  Milan,  tout  exprès  pour  se  recommander  à  lui. 
Le  prêtre  Silvin,  un  de  ses  disciples,  vint  à  mourir, 
et  l'on  porta  son  corps  à  l'église.  Plusieurs  personnes, 
entre  autres  une  pieuse  vierge  consacrée  à  Dit^u, 
lui  demandèrent  de  le  ressusciter.  S.'veriu,  ayant 
invoqué  le  Seigneur,  dit  au  mort  :  Veux-tu  que  nous 
demandions  à  Dieu  de  prolonger  la  vie  ?  —  Et  le 
mort,  se  ri.-vcillaiit  comme  d'un  lourd  sommeil, 
r.-pondit  d'une  voix  distincte:  <i  Pour  l'amour  de 
Dieu,  ne  me  retenez  pas  sur  cette  terre  ;  déjà  j'entrais 
dans  la  bienheureuse  paix  qui  m'attend.  »  Kt  il 
exjiira  de  nouveau. 

I.e  Saint  fonda  plusieurs  monastères,  convertit  de 
nombreux  païens,  et  soutint  beaucoup  d'àmes  dans 
la  foi. 

Fléthé,  appelé  aussi  Fava,  roi  des  linges,  lUs  el 
successeur  de  Flaccité,  conserva  pour  notre  Saint 
l'e-lime  dont  l'avait  honoré  son  père  ;  mais  ^',\sa  ^a 
femme,  qui  était  arienne  et  plus  féroce  que  lui,  le 
poussait  sans  cesse  à  la  cruauté.  Un  jour,  Sévei  lu 
était  venu  réclamer  la  liberté  de  quelques  prison- 
niers romains,  qu'on  accablait  de  travaux,  et  qu'un 
voulait  forcer  à  abandonner  la  foi  calliotiquo  ;  (•i'-a 
lui  dit  avec  mépris  :  n  llommo  de  Dieu,  tiens-loi 
tranquille  à  prier  dans  ta  cellule,  et  laisse-nous  faire 
ce  que  bon  nous  semble  de  nos  esclaves.  »  —  Aium 
la  Révolution  moderne,  qui  trompe  le  peuple  et 
l'opprime,  dit  aux  prêtres  :  Restez  dans  vos  sacris- 
ties, laissez-moi  faire  ce  que  ie  veux,  el  |ne  vou> 
mêlez  point  des  questions  sociales. 

Mais  le  prêtre  et  moine  saint  S  vérin  ne  se  décou- 
rageait pas.  Malade  et  sentant  approcher  la  inorl,  il 
envoya  chercher  le  roi  et  la  reine.  Il  leur  narla  de 
Dieu  qui  les  jugerait  un  jour,  puis  posant  la  maiu 
sur  la  poitrine  du  roi,  il  dit  à  disa  :  •<  Ainie>-tu 
cette  dme  plus  que  l'or  el  l'iugent î  »  El  commr 
(iisa  protestait  c|u  elle  nréfé-iail  son  époux  à  U.>u»  I' - 
trésor»  :  «  Eh  bien  donc,  reprit  le  moine,  ce^^.  z 
d'opprimer  le-^  justes,  de  peur  ,  '  "'  '  ur  ne 
TOUS  eli.'ilie.   Sur  le  point  de  |m  Un  u, 

mon    M.iilre,  je  vous   supplie    J.     .  :i    ilii 

mal.  ''l  de  vous  honorer  par  de  boni 

•1  i.'liisloire  di's  invasion",  écrit  M.  '  l.i. n 

des   seehi'S   pallnti(|ues  ;   mai'  je  u  ■  ;   . 

de  plus  instrui  live  qU'    l'i:.-.'!!;'   .!.■  .■■  i.  r 

expirant  entre  deux  i  .         •'■■ 

la  ruine  do  l'empire  <\<i 

Apri?s   sa  mort,  aili-<i  >|U  il  1  avait  piedil,  de   ii'u 
veaux  barbares  envahirent  le  pays,  cl  ses  di»i  ipl' 
furent  ronlrainls  de  se  réfugii-r  en  Italie,  en  empoi 
tant  l>'s   restes   de  leur  niallie.   Cet  rcU({UM  «oui 
T^oérécs  ai^ourd'hui  à  .Napic». 


SAINT    HONORÉ    DE    BUZANÇAÎS 


Fête   le  9   janvier. 


Le  vertueux  marchand  Honore  aimait  à  offrir  une  dot  aux  jeunes  ftlles  vertueuses, 
mais  pauvres  de  sa  paroisse.  Joie  de  sa  vieille  mère.  —  Honoré  dit  adieu  A  >a  mare 
pour  la  dernière  fois.  —  Il  est  assassiné. 


DOUBLE   FëTB 

La  place  et  l'église  de  Bu/.anrais  reporgenl  de 
peuple.  Les  cloches  sonnent  à  triple  carillon 
pour  un  double  mari.iRe. 

Pourquoi  ces  brillantes  sonneries  et  cet 
empressement  inusil<^  ?  Sans  doute,  quelques 
(?randes  maison'»  de  la  province  unissent  leurs 
hIasoDs  et  l<"urs  «Inmaines.  Sans  doute,  la  fnul'' 


épie  les  riches  toilettes  des  épousées  elles  largesses 
des  époux. 

Mais  non  ;  le  cortège  s'aTance,  salué  par  les 
sons  criards  de  la  cornemuse  et  de  la  Tielle. 
Voici  les  mariées  :  deux  pauvres  ouvrières,  dont 
la  toilette  semble  aussi  modeste  que  les  visages. 
D'ailleurs,  ce  ne  sont  pas  elles  que  la  mullitud" 
atlpndet  regarde. 

Vni.i  lesinariés:  deux  robustes  Ulsdes  champâ. 


674 


tout  pnvoisf^s  de  rubans,  qui  distribuent  d"un 
air  radieux  de  rudes  poignées  de  main;  mais  la 
curiiisilé  publique  cherche  un  autre  aliment. 

Tout  à  coup,  les  vivats  redoublent;  les  rej;ards 
et  les  bras  se  tendent  vers  un  nouveau  person- 
nage qui  parait  sur  le  seuil  de  l'dglise,  et  dont 
l'exiérieur, cependant, ne  diffère  en  rien  de  celui 
des  autres  invités. 

Cet  Immine,  jeune  encore,  au  visage  doux  et 
presque  mélancolique,  donne  le  bras  à  une  res- 
pectable vieille,  sa  mère,  sans  doute,  qui,  les 
yeux  pleins  de  larmes,  sourit  à  ces  acclamations. 

La  l'oule  salisrait«  se  joint  alors  au  cortège  et 
le  suit  avec  un  redoublement  d'enthousiasme 
jus(|u°à  une  petite  maison  de  la  grande  me  où 
le  cou|ile  que  l'on  TÎeol  de  décrire  s'arWîte, 
malgré  (es  instances  des  époux  et  des  invités. 

I'  Excusez-moi,  mes  amis,  dit  l'homme,  objet 
de  l'attention  générale,  je  pars  demain  pour  ma 
touillée  nrdinaire  et  je  dois  me  préparer  par  le 
repos  aux  fatigues  du.Toyage.  Allei,  mon  cœur 
est  avec  vous.  Amusex-Toas  décemment,  comme 
il  convient  à  de  braves  gens  et  à  d'bonui^tes 
chrétien^.  Surtout,  n'oubliex  pas  que  tous  sorte» 
de  l'église,  et  que,  m'^me  dans  vos  plaisirs,  tous 
êtes  sous  l'œil  de  Dieu.  ■ 

Un  dernier  cri  de  sympathie  accneille  cette 
petite  allocution,  et  le  cortège  reprend  sa  marche. 

UN  makcbàhd  cuainm 

Pendant  que  la  foule  court  à  ses  plaisirs,  péné- 
trons dans  la  petite  maison,  et  disons  mainte- 
nant quel  est  celui  qu'entourent  de  si  uuanimes 
et  de  si  fervents  hommages. 

C'est  lluiioré,  le  marchand  de  bisafs  ;  Honoré, 
riiumiiie  lie  bien,  le  serriteorde  Dieu,  l'ami  des 
pauvres,  dont  la  légende, peu  connue,  otTre,  avec 
de  toui-lianti:s  particularités,  le  plus  pur  modèle 
de  l'amour  lilial,  de  la  charité  et  de  la  probité 
commerci^iltî. 

Né  à  Ituuinçais,  sur  la  On  du  xiii*  siècle. 
Honoré  avait  été  élevé  par  ses  parents  dans  la 
crainte  du  .Seigneur  et  l'amour  du  prochain. 

Son  père, marchand  de  bestiaux,  allait  acheter 
en  Poitou  des  birufs  qu'il  revendait  en  Berri,  et 
avait  acquis  ainsi  une  asseï  belle  aisance. 

L'enraut  s'initia  de  bonne  heure  h  celte  vie 
laborieuse  en  suivant  son  père  dans  ses  courses, 
et,  quand  celui-ci  mourut,  il  continua  le  com- 
mère -.  nii  il  uogna,  à  son  tour,  des  sommes  con- 
,  dont  une  partie  était  employée  à 
I  l'ais.ince  ue  sa  vieille  mère,  sur 
.  '.U  se  concentraient  toutes  ses  affections,  et 
1     .  !  •■  uu  soulagement  des  malheureux. 

Une  clés  plus  grandes  jouissances  que  se  don- 
nait le  diBiie  jeune  homme,  dons  ses  abondantes 
■  t  de  doter  des  mariages  jiauvres 
lit  en  Vertus,  et  ce  doux  acte  de 
<  Mil  li'  iiii  ■  Mtit  SI  familier  qu'il  avait  rendu  son 
nom  populaire  en  fait  d'unions  conjugales. 

Il    .   I   -Ndil  une  ii'iivre  sr-mbl.il)le,  i{uand  nous 

.'  «orlaiit  de  l'éghse  avec  deux  nonvenuz 

;ui  lui  devaient  leur  bonhear  et   donl 

il   m. ni    1.1   reconnaissance,   pour  méditer  de 

nouveaux  bienfaits. 

LBS  ALARIUM   d'oui   HiWS 

Cependant,   sa    luère   se    lameatoit    sur    ses 

«l,.,'i.  .  «  .  ..i.iii.ii.  11.    .(  "or'Qadéc  qu'il- avaient 

irgement  et  taire  le 
I        .  ,         •  -  -<-r  près  d'elle  d'une 

mani'T'-  delinitive. 
Ur,   d>-\  (leas^es   pliu  triAtes  qae    d'habitude 


obsédant  son  esprit  au  retour  de  la  cérémonie 
à  laquelle  nous  avons  assisté,  la  pauvre  vieille 
entraîna  son  fils  dans  un  petit  jardin  coiitigu  au 
logis.  Là,  assise  avic  lui  sous  un  laurier,  la  main 
dans  sa  main,  les  regards  tournés  vers  le  ciel, 
comme  la  sainte  Monique  de  uolre  peintre 
SclielTer,  elle  lui  dit: 

.■  Mon  cher  enfant,  je  me  fais  vieille  et  l'âge 
me  rend  peut-^tre  plus  timide  que  de  raison. 
Tes  absences  me  causent  des  transes  conlinuelles. 
Dos  que  tu  n'es  plus  là,  je  ne  maime  plus,  je  ne 
dors  plus,  je  ne  vis  plus.  Pourquoi  tant  travailler? 
Nous  sommes  assez  riches  pour  nos  besoins  et 
nos  goiils.  Il  est  bien  temps  de  te  reposer  et  de 
me  rendre  la  tranquillité.  Je  t'en  supplie,  renonce 
à  ce  voyage. 

—  Bonne  mère,  répondit  doucement  Honoré, 
il  me  colite  de  vous  peiner  et  de  ue  pas  vous 
obéir  &  l'instant.  Hais,  vous  le  savez,  j'ai  des 
engagements  k  remplir,  des  comptes  à  régler, 
des  rendei-vous  que  je  ne  puis  manquer.  Nous 
sommes asseï  riches,  dites-vous,  pour  nos  besoins 
et  pour  nos  goûts?  Pour  nos  besoins,  c'est  vrai; 
mais  vous  oubliez  nos  pauvres.  Les  pauvres  6onl 
un  goiît  dispendieux,  et  l'on  n'a  jamais  assez 
d'argent  pour  eux.  Laissez-moi  donc  fairi-  encore 

ce   voyage   qui,  je    le  jure,   sera  le   dernier 

D'ailleurs,  qu'avez-von»  à  craindre? 

—  Je  crains  tout,  les  fatigues  et  les  dangers  de 
la  route;  car  la  route  est  si  longue  de  Buzaiirais 
à  Thénezay.  Il  ne  faut  qu'un  instant  pour  loniher 
malade  ou  faire  une  mauvaise  rencontre. 

—  Grilce  à  Dieu,  je  suis  jeune  et  nibuste,  et, 
loin  de  nuire  à  ma  santé,  l'exercice  me  réussit. 
Quant  aux  dan;:ers  et  aux  mauvaises  rencontres, 
je  ne  les  redoute  pas  davantage.  Je  ne  me  con- 
nais pas  d'ennemis;  d'ailleurs,  en  cas  de  besMin, 
j'ai  bon  bras  et  bon  cœur,  et  puis  je  ne  serai 
pas  seul,  les  (iabidier  m'accompagnent. 

—  Crois-tu  qu'ils  te  seraient  d  un  grand  secours 
dans  une  cirronslance  pressante? Je  n'aime  guère 
leurs  airs  et  leurs  manières. 

—  Ils  sont  un  peu  rudes,  en  effet;  mais  çà  n'est 
pas  un  mal,  pour  leur  état 

—  Enlin.je  ne  sais  pourquoi  je  sais  si  triste 
aujourd'hui  ;  je  vois  tout  en  noir  et  ne  puis  me 
faire  à  la  |>ensée  de  rester  encore  près  d'un  mois 
sons  nouvelles 

—  Chère  mère,  reprit  Honoré  eu  montrant 
l'arbre  «ous  lequel  ils  étaient  placés,  si  vous 
voulez  avoir  k  cnauue  instant  de  mes  nouvelles, 
regardez  ce  beau  laurier,  planté  par  mon  père 

le   jour  de  ma  naissance.    Jr  in,>   siii>   i ,.iirs 

figuré  qae  son  existence  d' 

Vous  m'avez  Tou.s-méme  i  •■' 

durant  itne  grosse  maladie  de  mon  enfance,  il  se 
mit  k  jaunir  et  i  languir,  et  qu'il  reprit  sa 
vigueur,  dès  que  je  revins  i  la  santé.  Ainsi  donc, 
tant  qu'il  restera  vert  et  bien  portant,  n'ayez 
aucune  inauiétude  sar  m  "  '■•;  mais,  s'il 

jaunissait  ae  nouveau,  s'il    .  .t,  s'il  venait 

k  mourir obi  alorsl 

—  Tois-toi,  laik-toil 

—  Oui,  oui,  je  déraisonne  à  mou  tour;  allons, 
bonne  inére,  embrassex-moi  et  chassons  les 
sombres  idées.  » 

Le  lendemain,  la  digne  femme  se  leva  avant  te 

jour,  vérilia  les  barde»  et  I — '  -  •    nie 

et  se  rendit  en  toute  h&tc  i  ■ 

un  rjer^-e  et  faire  sa  prièic  .........  .„...i.  »c  U 

Vlel.-e 

Ku  revL-nant,  «lie  trouva  son  UU  piJt  k  usiUi 
pour  le  Poitou,  avec  SCS  deux  valets,  les  Ir^res 
(iabidier.  A  cotl«  vue,  elU  éprouva  un  aiTriux 


serrement  de  cœur  qui  se  traduisit  bientôt  par 
des  «anfïlols. 

«  Bonne  mère,  dit  Honoré,  vous  n'êtes  pas 
raisonnable;  je  me  fâcherai 

—  C'est  vrai,  reprit  la  vieille,  mais  que  veux- 
tu?  je  ne  peux  m"y  faire;  chaque  fois  que  tu  t'en 
vas,  il  me  semble  que  je  ne  te  reverrai  plus. 

—  Et  pourtant,  je  reviens  chaque  fois,  bien 
portant  et  le  gousset  plein.  Ce  sera  de  m^me 
encore  ;  et  d'ailleurs,  vous  le  savez,  c'est  le  der- 
nier voyage. 

—  Ainsi  soit-il,»  soupira  la  malheureuse. 
Alors,  elle  s'approcha  des  deux  domestiques, 

glissa  une  pièce  d'argent  dans  la  main  de  chacun, 
et  dit  au  plus  âgé,  dont  la  physionomie  et  les 
formes  n'étaient  guère  moins  sauva^res  que  celles 
des  robustes  animaux  confiés  à  sa  garde  : 

a  Ah  çà!  Gabidier  mon  ami,  lâchez  qu'il  ne 
lui  arrive'aucun  mal.  Je  vous  le  recommande 

—  On  y  veillera,  on  yveillera  », répondit  brus- 
quement le  rustre  avec  un  sourire  grimaçant  qui, 
loin  de  la  rassurer,  acheva  de  décourager  la 
pauvre  femme. 

L'heure  de  la  séparation  était  arrivée. La  bonne 
vieille  embrassa  son  (ils  une  dernière  fois,  et, 
quand  il  eut  disparu  au  détour  de  la  rue,  elle 
rentra  dans  sa  maison  devenue  triste,  et  là, 
donna  un  libre  cours  à  ses  larmes. 

CN  ULUKIEB    COmg    IL   T  EN    A  PID 

Cependant,  la  mère  d'Honoré  reprit  courage 
en  se  rappelant  la  conversation  de  la  veille. 
Elle  se  leva  plus  calme,  descendit  au  jardin, 
s'installa  devant  le  laurier  mystérieux,  dont  la 
destinée  semblait  liée  à  celle  de  son  (ils,  et  resta 
jusqu'au  soir  les  yeux  fixés  sur  lui,  heureu'^e  de 
le  voir  si  frais  et  si  vigoureux.  Lesjours  suivants 
se  passèrent  dans  une  semblable  contemplation, 
dont  elle  ne  sortait  que  pour  arroser  l'arbuste, 
en  écarter  les  insectes,  arracher  l'herbe  de  son 
pied.  Parfois,  elle  lui  parlait  d'une  voix  cares- 
sante, lui  demandait  des  nouvelles  du  voyageur. 
Il  était  d'avenu  son  confident  et  son  ami.  I.a 
nuit,  elle  le  voyait  en  songe;  an  réveil,  sa  pre- 
mière pensée  et  s&  première  visite  étaient  pour 
lui. 

Aussi,  quelles  ne  furent  pas  sa  surprise  et  sa  ter- 
reur quand,  un  matin,  elle  retrouvajaune  et  fané 
son  cher  laurier,  dont,  peu  d'heures  avant,  elle 
admirait  la  belle  verdure.  Elle  ne  peut  en  croire 
ses  yeux.  Elle  touche  une  à  une  ces  feuilles,  hier 
si  luisantes,  aujourd'hui  raidesetcrispées  comme 
si  elles  avaient  été  brûlées  par  toutes  les  gelées 
de  l'hiver.  Elle  veut  courber  une  branche,  qui 
éclate  avec  bruit  et  montre  une  moelle  desséchée. 

Enfin,  ne  pouvant  plus  douter  de  son  malheur, 
elle  s'élance  dans  la  rue,  folle  de  douleur,  eu 
s'écriant  : 

»  Au  secours  I  gens  de  Bnzançais,  au  secours  1 
Je  n'ai  plus  d'enfant  et  vous  avez  perdu  votre 
ami  !  » 

A  cet  appel,  les  voisins  accourent  et  pressent 
de  questions  la  pauvre  mère,  qui  leur  raconte 
l'entretien  dan'^  lequel  Honoré  l'a  avertie  que  la 
vie  du  lanrier  dépendait  de  la  sienne. 

Puis  elle  les  conduit  au  jardin,  où  elle  leur 
montre  l'arlipp  mort  Jusque  dans  ses  racines.  Un 
instant,  les  voisins  essayent  de  lui  persuader  que 
«es  alarmes  sont  chimériques,  qu'elle  <;st  victime 
des  an|>arenres  et  de  tristes  pressentiments; 
mais,  DienlAt,  c^nvamcus  eux-m''nifs  que  cet 
arbre  subilenieut  llétri  est  un  avertissement  du 
ciel,  ils  se  port<>nt  «a  clocher  comme  si  U  feu 
•'tait dans  la  vilU  nu  l'ennemi  aui  portes. 


La  ci  té  s'émeut,  les  habitants  armés  se  réunissent 
sur  la  place  de  l'église,  et,  en  apprenant  la 
sinistre  nouvelle,  décident  qu'ils  partiront  au^si- 
lôtpour  secourir  Honoré,  s'il  en  est  temps  encore, 
ou  pour  rapporter  son  corps  s'il  a  succombé.  En 
effet,  sans  plus  tarder,  tous  ceux  qui  peuvent  se 
procurer  des  moulures  se  mettent  en  marche 
vers  le  Poitou,  en  ayant  soin  de  prendre  des 
informations  dans  les  endroits  où  le  inarcliand 
de  bestiaux  avait  coutume  de  s'arrêter.  Celui-ci, 
n'étant  pas  un  hôte  ordinaire,  sa  trace  était  facile 
à  retrouver.  Chacun  se  rappelait  parfaitement 
l'avoir  vu  passer  tel  jour,  à  telle  heure,  avec  se= 
deux  domestiques,  mais  personne  ne  l'avait  vu 
revenir. 

Les  cavaliers  arrivèrent  ainsi  en  vue  du  village 
de  Buiay,  à  un  quart  de  lieue  environ  de  la 
paroisse  de  Théaezay.  En  cet  endroit,  à  leur 
grand  étonnement,  les  chevaux  se  cabrèrent,  et, 
malgré  tous  les  efforts,  refusèrent  d'aller  plus 
loin. 

Ll    CRIVK   S?r   D^COirVSRT 

Alors,  quelques  hommes  mirent  pied  &  Icm, 
et  gagnèrent  une  cabane  située  dans  les  lc^le^, 
où  se  trouvait  une  vieille  femme  qu'ils  interro- 
gèrent. La  paysanne,  récemment  fixée  dan';  cette 
maison,  qui  n'était  pas  une  des  étapes  d'Honoré, 
s'excusa  de  ne  connaître  le  digne  marchand  que 
de  nom,  et  de  n'avoir  à  donner  que  des  rensei- 
gnements peu  précis. 

Elle  raconta  pourtant  que,  trois  jours  aupara- 
vant, un  conducteur  de  bœufs  avait  quitté  sa 
bande  et  ses  compagnons,  pour  venir  lui  deman- 
der à  boire,  au  moment  où  elle  achevait  de 
pétrir  son  pain.  Ne  pouvant  le  satisfaire,  car 
elle  avait  épuisé  son  eau  pour  la  confection  de 
sa  pâte,  elle  lui  avait  indiqué  une  source  cachée 
dans  un  taillis  voisin,  de  l'autre  ciMé  de  la  route, 
et  vers  laquelle  il  s'était  dirigé.  Elle  n'avait  plus 
revu  cet  homme;  mais,  peu  d'instants  après  son 
départ,  elle  avait  été  grandement  surprise  et 
effrayée  en  remarquant  que  sa  pâle  devenait 
toute  rouge,  comme  si  du  sang  y  était  mêlé. 
Alors,  jetant  un  coup  d'œil  en  dehors,  pour  voir 
s'il  ne  passait  personne  à  qui  elle  pût  faire  part 
de  son  aventure,  elle  avait  aperçu  la  bande  de 
bœufs  qui  rebrous.sait  chemin  ducôlé  de  Poitiers, 
sous  la  conduite  de  deux  individus  seulement, 
dans  lesquels  elle  ne  reconnaissait  pas  celui  qui 
lui  avait  demandé  à  boire. 

Agités  des  plus  sinistres  pressentiments  i  ces 
indications  et  persuadés  qu'elles  se  rapportent 
directement  à  l'objet  de  leurs  recherches,  les 
voyageurs  rejoignent  leurs  compagnons  et  le? 
trouvent  en  conf<-rence  avec  une  autre  troupe 
de  c^ivaliers  marchant  en  sens  inverse. 

C'étaient  les  gens  et  les  officiers  de  justice  de 
Th'-nezay,  également  enquête  d'Honoré.  .Innl  la 
disp.irilion  subite  et  inexpliquée  causait  dan«  le 
pays  les  plus  vives  alarmes  ;  car  le  vertueux 
marchand  de  bestiaux  élail  non  moins  connu, 
non  moins  aimé,  non  moins  vénéré  en  Poitou 
qu'en  Berri. 

Ils  apprennent  à  ceux  de  Butançais  que  la 
veille,  les  valets  d'Honor'',  les  frères  Gabidier, 
avairnt  été  vus  dnw  une  foire,  nantis  d'une 
grosse  somme  d'ar^^'nt  qu'ils  étaient  en  train  de 
dt'priiserfollemeiiletdontils n'avaient  pasjuslilié 
l'orit'ine;  qu'interrogés  sur  l'ab'-enre  de  leur 
raaitre,  ils  «valent  fourni  des  explications  erobar 
rass^e*,  qui  avaient  ao^tmenU-  les  soupçons  et 
déterminé  leur  arrestation.  Ce  récit,  rapprorh»-  .1' 
celui  do  la  veille,  laissait  peu  d'espoir  sur  I'         i 


d'Honoré,  qui,  sans  doute,  avait  élé  victime,  dans 
ces  parages,  d'un  lâche  puet-apens.  On  prend 
donc  la  résolution  de  faire  sur  place  de  minu- 
tieuses recherches,  et  de  se  livrer  à  l'instinct  des 
chevaux  qui,  se  sentant  libres,  quittent  la  grande 
route,  entrent  résolument  dans  le  taillis,  et 
s'arrêtent  bientôt  au  bord  d'une  petite  fontaine. 

Alors,  chacun  descend  de  cheval,  consalte  le 
terrain  et  fouille  le  bois.  On  ne  tarde  pas  à 
remarquer  sur  le  gazon  une  longue  traînée  de 
sang,  partant  de  la  source  et  se  perdant  soas  les 
arbres. 

L'angoisse  redouble.  Le  dénouement  approche. 

EiiUn,  des  cris  se  font  entendre  ;  un  des  voya- 
geurs a  découvert  parmi  les  broussailles  un 
cadavre  décapité.  La  tète  se  trouve  un  peu  plus 
loin  et,  dans  cette  triste  dépouille,  couverte  d  une 
boue  sanglante,  les  deux  troupes  reconnaissent 
les  traits  d'Honoré  1 

Après  avoir  lavé  ces  souillures,  et  donné  un 
libre  cours  aux  premiers  élans  de  la  douleur,  on 
place  le  corps  sur  une  litière  improvisée  et,  d'un 
commun  accord,  on  se  dirige  vers  Thénezay,  ou 
l'on  doit  se  procurer  un  cercueil  déceut,  rendre 
les  derniers  honneurs  au  martyr  et  confronter 
les  assassins  avec  leur  victime. 

L'entrée  du  cortège  dans  la  ville  fut  saluée  par 
une  de  ces  rares  explosions  de  douleur  popu- 
laire, qui  sont  le  plus  bel  éloge  de  l'homme  de 
bien,  et  changent  une  marche  funèbre  eu  une 
marche  triomphale. 

Le  clergé,  averti  à  temps,  reçut  aux  portes  de 
l'église  les  restes  d'Honoré  et  les  déposa  dans 
une  chapelle  ardente,  où  toute  la  population 
vint  les  voir,  les  toucher,  les  vénérer;  cai  elle 
regardait  le  défunt  comme  un  saint  et  un  martyr 
dont  l'dme,  vivante  dans  les  cieux,  pouvait  déjà 
protéger  ceux  qui  l'invoqueraient. 

Les  leçons  des  anciens  oflices  de  lluiançais 
et  de  Théneiay  rapportent  que  beaucoup  de 
malades  atteints  de  lièvres  et  de  langueurs  furent 
guéris  eu  cette  occasion  par  l'attouchement  du 
corps,  et  que  le  premier  effet  se  manifesta  sur 
trois  porteurs  qui  s'étaient  relevés  depuis  la  fon- 
taine jusqu'à  l'église. 

Extraits  de  la  prison  et  subitement  amenés 
devant  le  cadavre,  les  frères  Gabidier  perdirent 
contenance  et  tirent  des  aveux  complets.  Ils 
racontèrent  alors  comment,  ayant  introduit 
parmi  les  bœufs  dont  ils  avaient  la  garde,  l.i 
vat'hed'un  paysan,  avec  l'intention  de  se  l'appru- 
pricr,  ils  avaient  élé  sévèrement  réprimalidés 
.  par  li'ur  maître,  et  forcés  de  restituer  l'animal, 
-  ce  dont  ils  avaient  conçu  un  profond  ressenti- 
ment. Certains  d'être  renvoyés  a  la  fin  du  voyage, 
ils  avaient  médité  de  couvrir  leur  faute  par  un 
' unie;  eiiliii, ils  avaient  exécuté  leur  abominable 
i|.  -si.in  en  suivant  ilouon^  à  la  fontaine  ut  eu  le 
ii.i|i|iaiil  par  derrière  de  leurs  coutelas,  au 
moment  ou  il  se  penihait  pour  boire. 

'  tint,  les  cérémonies  terminées,  un  grand 

l>-va  entre  les  gens  de  Kuiunçais  et  ceux 

..  Jiay.  Les  premier*  voulaient  emporter 

en   llirii  le  corp»  de  leur  compatriote,  que  les 

seconde  avaient  la  prétention  de  garder  comme 

leur  a|i|iai't''iin!it  par  sa  mort  et  le   "aiig   >er«é 

sur  Ifur  t<Tti'.  ;r.'.  Knlin,  il  fut  décid''  que  Thé- 

'   que   le   chef  du   martyr,  et 

l>-u  plus  tard  aux  gens  de 

lUii.iiii  dit. 

fa  députatiou  berrir'ionne  ne  rapporta  donc 
à   flui.tn<'ai9    que  des   ■  >ii        ,   ■   .  ■  ment 

trop    |ii>'cis    sur   la    lu.  i         '•■,   et 

l'asMjianre  de  posséder  uii  ,'  ui   ■<•-'■  i>'liqu-s. 


Quant  à  la  mère  d'Honoré,  je  n'essayerai  pas 
de  peindre  l'état  de  son  cœur,  que  pourront 
seules  comprendre  celles  qui  ont  gravi  le  calvaire 
de  la  vie  pour  voir  mourir  un  enfant,  leur  unique 
espoir,  leur  unique  amour. 

Du  reste,  sa  souffrance  ne  fut  pas  longue,  car 
le  ciel  lui  envoya  bientdt  la  suprême  consolation 
des  grands  affligés.  Un  matin,  ses  voisins,  qui 
l'entouraient  des  soins  les  plus  tendres,  la  trou- 
vèrent endormie  dans  les  bras  de  la  mort,  et 
devinèrent,  au  doux  sourire  errant  sur  ses  lèvres 
glacées,  qu'elle  venait  de  rejoindre  son  fils. 

Pour  terminer,  h&tons-nous  d'ajouter  que, 
malgré  leurs  aveux  et  leurs  protestations  de 
repentir  ,  les  assassins  subirent  les  dernières 
rigueurs  de  la  loi,  sans  que  le  ch&timent  suffit  k 
expier  leur  crime.  La  réprobation  qui  les  accom- 
pagna au  supplice  s'est  attachée  à  leur  mémoire, 
et  vers  la  fin  du  siècle  passé,  on  désignait  encore 
leurs  derniers  descendants  par  ces  paroles  insul- 
tantes :  «  Race  Je  Gabidier.  » 

U   SAIKT  ET    LA    DEVOTION  POPCLAIM 

Devançant  la  sentence  du  temps  et  de  l'Eglise, 
les  habitants  du  Derri,  comme  ceux  du  Poitou, 
rendirent  à  Honoré  un  culte  spontané,  et  l'invo- 
quèrent immédiatement  comme  un  saint. 

Un  siècle  plus  lard,  les  prodiges  nouveaux  qui 
s'opéraient  journellement  sur  sa  tombe,  et  l'em- 
pressement des  fidèles,  déterminèrent  le  seigneur 
de  rhéneiay  et  l'évêque  de  Poitiers  à  demander 
sa  canonisation.  Une  en<|uète  solennelle  eut 
lieu,  les  pièces  furent  traiiMnisos  à  home,  gui, 
en  )i4^,  sous  le  pontificat  d'Eugène  IV,  inscrivit 
sur  la  liste  des  bienheureux  l'humble  marchand 
de  bestiaux,  et  régularisa  les  hommages  volon- 
taires dont  il  était  l'objet.... 

En  lbC2,  les  bandes  calvinistes  du  comte  de 
Montgommery,  qui  avaient  brùU  à  llourges  les 
corps  de  saint  (iuillaunie  et  de  la  bonne  duchesse 
Jeanne  de  Valois,  se  ruèrent  sur  le  Uas-Kerri  pour 
se  rendre  en  Touraine  et  passèrent  par  Buzan- 
çois,  où  elles  livrèrent  aux  flammes  les  restes 
de  saint  Honoré.  Un  doigt  et  un  petit  os,  tombés 
pendant  qu'on  portait  le  corps  au  bûcher,  échap- 
pèrent seuls  à  ce  désastre. 

On  plaça  dans  un  reliquaire  ces  précieux 
débris   recueillis   par  une   main  pieuse,  et  une 

firocession  expiatoire  fut  ordonne  &  perpétuité 
e  lundi  de  la  Pentecôte.  Ce  même  jour,  on 
acquitte  un  vœu  de  la  ville  fait,  il  y  a  plusieurs 
sièi'les,  à  rocca>ion  d'une  grosse  épidiinle  qui 
ravageait  le  pays,  et  qui  cessa  miraculeusement 
par  l'intercession  de  saint  Honoré,  comme  le 
racontent  les  \ieilles  rlirnniqucs. 

L'église  de  1  hénezay  possède  encore  la  léte 
et  une  partie  du  vêtement  du  saint  martyr. 
Ces  reliques,  déjà  reconnues  authentiques  an 
XVII*  siècle,  Tout  été  plus  réceminentcnrore,  par 
l'evèquc  du   Poitiers,  J.-U.  de    Kuuillé,  qui   les 

d'-' 'uile  dans  une   nouvelle  châsse.  Des 

I'  .  >aiiit  sont  conservée»  aux  Carmélites 

d.i. ■'!>  il  misses  d'Amiens,  et  au  cou- 
vent de  Uai  l. 

Kn  IhJii,  t  .  a  obtenu  une  partie  de  la 

relique  insigne,  que  le  diocèse  de  Poilier*  a  eu 
le  bonb<-ur  de  conserver. 

l^  f,;énisse  dérobée  par  d'infidèles  serviteur*, 
et  qu  il  lit  rendre  à  son  mallie,  est  l'AUribul 
iconographique  de  naïut  Honoré. 

Cr  ic'i(  r$t  emprunté,  tau(  quelque*  Ugtret 
retour  hr$  de  Mgr  Huenn  et  de  nou<,  d  iinléreMont 
OUI /'!/>■  de  il.  Vedlal,  wtUuU  :  Pittsu  LiUit.101» 
DU   lliimi. 


liuf).- gérant,  t    PiriTaft^RT,  S,  rui  Kr&i>(ola  I*',  PtrU. 


SAINT  GUILLAUME,  ARCHEVÊQUE  DE  BOURGES 


Fête  le  1 0  janvier. 


Saint  Guillaume,  abbé  de  Chablis  et  plus  tard  archevêque  de  Bourges. 


COMIiEMT  DIEU  SE  PRERARE  DES  SAINTS  DE  BuNNE  UEL'RK 

Saint  Guillaume,  issu  des  anciens  comtes  de 
Nevers,  vint  au  monde  vers  le  milieu  du 
Tii'  siècle.  Il  fut  élevé  avec  soin  dans  la  crainte 
de  Dieu;  son  bon  naturel,  il  est  vrai,  et  sou  pen- 
chant pour  la  vertu  rendirent  son  éducation 
facile.  1^  Seit'neur  lui  avait  donné  toutes  les  dis- 
position-" de  la  nature  et  de  la  tTâce  nécessaires 
a  l'accomnlissement  des  (.'rands  desseins  qu'il 
avait  «ur  lui.  l'n  esprit  vif,  solide,  émiiieiit  et 
capable  de  toutes  les  sciences;  un  jugement  (ipné- 
trant  et  droit,  un  cœur  noble,  pZ-néreux  et  docile, 
de«  manières  (.Tacieuses  et  [lolies,  une  horreur 
extrême  du  vice,  une  haute  idée  du  service  de 
Dieu  et  un  attrait  particulier  pour  la  retraite  et 
la  vie  intérieure. 

De  si  belles  qualités  portèrent  son  oncle 
maternel  à  «e  char(.'er  de  ses  études;  c'était 
Pierre,  archidiacre  de  Soissons,  surnommé  l'Kr- 
mite,  à  ciuse  de  ses  grandes  austérités.  Le  jeune 
t  '  mini-  fil  des  progrès  rapides  sous  un  tel  maître; 
i'    !■  nul,  en  peu  de  temps,  des  connaissances 

.  1  'US  de  son  âce,  et  un  trésor  de  sainteté 
•  r  en  jour  croissant. 


GllLLALME,  JEUNE  ÉTUDIANT, 
FAIT  UN  PREMIER  PAS  VERS  LA  SAINTETK 

Il  apprit  dès  lors  à  mépriser  tous  les  avan- 
ta).'es  que  sa  naissance,  ses  brillantes  qualité^  et 
le  monde  lui  promeltaieni,  et,  nestimaiil  que 
les  biens  éternels,  il  se  destina  à  l'état  ecclésias- 
tique. 

Il  n'eut  pas  plutôt  renoncé  au  siècle  qu'il  fut 
fait  chanoine  de  l'Kiilise  de  Soissons,  et,  peu  après, 
de  TK^Iise  de  Paris.  11  devint,  dans  l'une  et  dans 
l'autre,  par  sa  modestie,  par  sa  sagesse  et  par 
son  édifiante  piété,  l'admiration  du  peuple  el  le 
modèle  du  clergé. 

LA  SOLITl'DE  DE  GHANDMONT 

Mais,  quelque  saint  que  fût  l'état  qu'il  venait 
lieinbrasser.  Dieu  le  roulait  plus  parfait,  el  lui 
inspirait  un  ardent  désir  d'une  vie  plus  retirée, 
lui-même  ne  pouvait  se  voir  dans  le  monde,  au 
milieu  de  tous  ses  périls,  sans  Iretnbler.  I,' s 
dicnités  ecclésiastiques  lui  paraissaient  de>  tilrcs 
bien  onéreux,  et  les  bénéfices  opulents,  de  \r.iis 
picfies.  Depuis  longtemps,  il  ne  soupirait  qu'.iprès 
le  désert  de  Crandmniit.  qui  l'avail  cliarni''. 


3ue 


Ce  nouvel  Ordre  de  relii^ieux,  fonde  par  saint 
Etienne,  l'aa  1U~6,  •.lait  encore  dani^  toute  sa 
première  ferveur,  et  la  vie  austère  des  moines 
rendait  cet  institut  encore  plus  estimable.  Saint 
Guillaume  renoni-a^'énéreusement  aux  canonioals 
de  l'aiis  etdeSoi-sons,  que  ses  parents  lui  avaient 
procurés  pour  lui  donner  la  facilité  de  tiTre  à 
l'aise  et  de  tenir  son  ran^,  et  se  retira  dans  ce 
monastère  sans  écouter  la  voix  de  la  chair  et 
du  san^. 

Il  y  fut  reçu  comme  un  présent  du  ciel,  et  y 
vécut  dans  une  si  grande  n'^'ularité,  avec  tant 
d"édincation,  que  le  supérieur,  étonné  d'un  tel 
prodige  de  vertu,  fit  son  élo^e  en  plein  Concile 
devant  le  pape  innocent  III  cl  les  prélats  de 
cette  auguste  assemblée. 

TBOt-BLE  DE  CHANDHONT 

Notre  Saint  se  disposait  à  faire  sa  profession 
dan«  le  monastère  de  l>raadmont,  lorsque  le 
démon,  jalou\  des  proj^îrès  spiritaels  de  cette 
maison  de  Dieu,  y  souleva  entre  les  reli^^ieux  de 
clin'ur  et  les  Frères  couver*  une  furieuse  lemp'te 
qui  faillit  perdre  l'Ordre  tout  entier. 

L'esprit  de  discorde  en  eut  bientiM  terni 
l'éclat,  (iuillaume  eut  beau  employer  tous  ses 
soins  i-t  tout  le  crédit  de  sa  haute  vertu;  il  eut 
beau  mettre  en  u-uvre  le»  moyens  qne  sa  sagesse, 
son  zèle  et  son  industrie  purent  lui  sucg^Tcr, 
rien  ne  put  rappeler  la  paix  et  l'unioa  bannies 
du  couvent. 

LE    UOINE  FERVENT   QL'ITTS   GIANDHONT 

Les  esprits  et  les  cœur»  s'ai^issaient  tous  les 
jours  davantaiie.  Le  Saint  savait  bien  aue  l'esprit 
de  Dieu  ne  saurait  Jainai>  être  là  où  la  paix  ne 
se  trouve  pcunt;  aussi  ré«i'lul-il  de  pas^-r  dan» 
l'ordre  de  Citeaux.si  célcbre  par  le  nombre  de 
«e^  '-aints,  et  dont  l'esprit  de  retraite  et  de 
r.uliiité  était  alors  dans  toute  sa  vigueur. 
Il  l'nl  l'habit  à  Pontifjny  et  (It  sa  profc-sion 
avec  une  ferveur  qui,  tous  les  ji.urs  de  son  novi- 
ciat, avait  pris  un  nouvel  accroissement.  liieutiM 
il  devint  un  modfle  de  la  perfection  reliRieuse.  I.es 
moines  le  considéraient  comme  un  aii;;e  descendu 
du  ciel  sous  une  enveloppe  mortelle. 

ARDENTE    DLVOTION  DU    SAI.NT 

Nnii  rnntent  d'avoir  quitté  le  monde,  il  en  perdit 

il.  .uvenir;  la  solitude  perfectionna  son 

I  nt   intérieur  et  son  attrait  sin;.'ulier 

j  II  ne  perdit  plus  la  pp'sence  de 

:ie,  "a  dévotion,  son  assiduité  h 

1  ■  '    !       :-..    ;:>.s  fervent*;   il 

r  ou  i  l'autel 

;  '  l  embrasé  du 

•  •s.  Il  resseli- 


léiuota  du  cruciliement 

lie. 

M«R?iT  LC^  *kt!m  T«iOHrHC?rr  n'ct'i-MibiE^ 


avec  une  sévérité  inûe\ible  ses  moindres  imper- 
fections et  se  re^'ardait  comme  coupable  la  on 
d'aulres  croiraient  n'avoir  rien  à  se  reprocher. 
Que  de  fois  on  le  vit  pleurer  à  la  vue  des  péchés 
d'aulrui,  et  parce  qu'ils  oITensaient  Itieu,  et 
parce  qu'il  craiiriiait  en  avoir  été  la  cause. 

Toujours  humble,  doux  envers  les  plus  petits 
comme  envers  ses  supérieurs,  il  prenait  les 
mortitications  qu'on  lui  imposait,  non  comme 
une  épreuve  de  sa  vertu,  mais  comme  de  justes 
cliàlimeiits  de  ses  iniquités.  Il  vivait  dan<  un 
combat  perpétuel  contre  ses  sens  et  ses  inclina- 
tions :  aussi  mérita-l-il  d'obtenir  une  admirable 
pureté  de  cœur  et  le  don  d'oraison  au  degré  le 
plus  éminent. 

Tant  de  vertus  alarmèrent  l'enfer.  Pour  le 
tenter,  le  démon  mit  on  œuvre  ses  arlilices  et 
ses  ruses;  mais  ("■uillaiime  trouva  dans  les  exer- 
cices de  la  prière,  de  la  pénitence  et  de  l'humi- 
lité de  quoi  rendre  inuiiles  le»  elforts  de  l'esprit 
malin.  Sa  tendresse  particulière  pour  la  Sainte 
Vierge  lui  servit  de  bouclier  :  ■■  .Xprès  Jésus- 
Christ,  toute  ma  confiance,  disait-il,  je  l'ai  mise 
en  la  Mère  des  Miséricordes.  »  .Marie  fut  jus- 
qu'à sa  mort  l'arsenal  où  il  trouvait  ses  armes 
pour  le  combat. 

GUiLLAimt  iLVri  a  la  Dia.tiTé  abb.vtiale 

La  solitude  fai<ait  ses  délice»;  mais  on  consulta 
moins  son  inclination  que  l'estime  que  l'on 
avait  conçue  de  sa  sagesse  et  de  sa  piété.  Il  fut 
élu  Ahhé  lie  Fontaine-Jean  et  nlus  tanl  de  Ch:\blis, 
où  il  semblait  se  consoler  de  la  violence  dont 
son  humilité,  son  amour  pour  la  retraite  étaient 
les  victimes,  par  l'espérance  de  finir  ses  jours 
dans  cette  affreuse  solitude.  Mais  Dieu,  pour  sa 
propre  gloire,  en  avait  di-posé  autrement.  Après 
avoir  et'-  pendant  quinzi'  ans  le  modèle  des 
plus  saints  Abbés,  le  Seitmeur  avait  voulu  qu'il 
devint  le  modèle  des  plus  saints  évéqucs. 

Saint  Cuillaume  «.'ouvernait  ses  reli;;ipux  avec 
tine  douceur  aiu-élique.  Avec  ses  inférieurs,  il 
était  comme  le  dernier  de  tjius.  Il  joignait  A  une 
merveilleuse  simidicité  de  u-randes  lumière»  qu'il 
(luisait  dans  la  plus  sublime  oraison  On  iK-mn- 
vrait  à  la  sérénité  de  son  visage  le  r,-ili 
de  son  Ame;  et,  malgré  toutes  ses  I 

ne  perdit  jamais  cette  sainte  et  dou'  '  i.. 

paitant   du  cirur,    prête  tant  de  cl.  li 

vertu. 

SAINT   ÙL'ILLAUMK   EST  ADR.VCilK   A    SA    Ollî.HK    Sol.lTIDI 
«0.1  itLWmOM 


vo- 


Il  ne    -•■  ■  -  '  qu'à  se  sanctiller,  n . 
cieux,  ':  nie  l't  l'obscurité  d' 

lèr<-    '  ...  ..i..is  d-  -  ■  '    ■■■'•-    ' 

ei.!  .   •\r  Sut! 

I.C  . .   ._    ..;  cotte  \ilk , 

lat   (|ui   mérilàl  de  l'ètra  par  sa  vertu  cl 
lalenLs. 

L'Ordre  de  CIteaux  brillait  al 
de  t'ranl-  li''inn)i-  d.'iit  !  i  -  , 
ni 
"■Il 

Va. 


Il 

lè- 
ses 

il.. 


hl« 

.  .1, 

11    ton 

I    riuidl- 

le,  m>^m<-  l'U  t.i»  de  maladie 


.;,.r  d 

■Ol 

I  ii>a^'~    vit-     la 

II  *>•  reprochait 


dit  Sainl-E>pnt  dans 

uiii'     .11  •    'II-  U   -.1111  ■    \  irrk'r,  *t  mit  si'us  la 
nappe   d'autel  troi»   billet*  cachette,  où  <.Uicol 


écrits  les  noms  des  trois  Ab)ics.  Deux  hommes 
distingués  par  leur  science  et  surtout  par  leur 
vertu  l'assistaient  à  l'autel  :  l'un  tut  depuis 
archevêque  de  Tours  et  l'autre  évéque  de  Meaux. 
Après  la  célébration  des  Saints  Mystères,  Eudes 
se  prosterna  avec  eux,  priant  le  Seifjneur  avec 
larmes  de  manifester  sa  volonté;  tous  trois  réci- 
tèrent la  prière  qu'avaient  faite  les  apôtn.'s  quand 
ils  voulurent  remplir  la  place  vacante  du  Collège 
apostolique  :  •<  Seiftneur,  dirent-ils,  vous  qui 
connaissez  le  cœur  de  tous  les  hommes,  montrer- 
nous  celui  que  vous  avez  clioisi.  »  Puis  l'évèque 
de  Paris  prit  au  hasard  sur  l'autel  l'un  des  trois 
billets  et,  l'ayant  ouvert,  il  y  trouva  le  nom  de 
l'Abbé  (iuillaume.  Les  deux  assistants  furent 
les  seuls  confidents  du  fait;  mais,  au  même 
moment,  les  chanoines  de  la  cathédrale,  assemblés 
en  Chapitre,  l'envoyaient  supplier  instamment 
de  préférer  (iuillaume  à  tous  les  autres.  L'évêque, 
frappé  de  cette  coïncidence,  y  crut  trouver  une 
preuve  de  la  volonté  de  Dieu.  Il  remercia  le  Sei- 

?;neur  et,  suivi  de  tout  le  clergé  et  d'une  grande 
ouïe,  il  se  rendit  à  l'église  métropolitaine  de 
Saint-Etienne,  où  il  proclama  l'Abbé  Guillaume 
archevêque  élu  de  Bourges,  au  milieu  des  trans- 
ports de  joie  de  tout  le  peuple. 

RÉSISTANCE  DU  SAINT 

A  la  nouvelle  de  son  élection,  l'humble  moine 
fut  si  aflligé  qu'il  résolut  de  prendre  le  fuite;  on 
l'en  empêcha.  Mais  on  ne  pouvait  triompher  de 
ses  refus.  Il  alléi'uait  que  le  vœu  d'obéissance 
fait  entre  les  mains  de  son  supérieur  ne  lui  per- 
mettait plus  de  disposer  de  sa  personne.  Sur  ce, 
les  députés  de  l'Eylise  de  Bour;,'es  eurent  recours 
au  Supérieur  général  de  l'Ordre  et  au  cardinal, 
Pierre  de  Capoue,  prélat  apostolique  en  France. 
Tous  deux  ordonnèrent  au  Saint  d'accepter.  Il 
fallait  obéir.  Cuillaume  quitta  donc  sa  chère  soli- 
tude en  versant  des  torrents  de  larmes;  il  prit  la 
roule  de  Bourges,  où  il  fui  reçu  comme  un  ange 
envoyé  du  ciel,  et  sacp-  par  Elie,  archevêque  de 
bordeaux,  en  présence  de  tous  les  évêques  de  la 
province. 

SAINT  GUILLAUUE,  ARCIIF.\'ftyi;B  DE  noUnOES 
SA  VIE  PBIVIÎE 

Il  était  persuadé  que  tout  homme  et  surtout 

le  les  autres  doit  commencer 

par  fiahlir  en  lui-même  le  rèu'ne  de  Jésus-Christ  ; 


jamais  abréger  le  temps  qu'il  consacrait  h  la 
prière.  Chaque  jour,  il  passait  plusieurs  heures 
dans  un  recueillement  profond  ;  la  pensée  de  la 
mort  ne  le  quittait  jamais  :  il  la  regardait  comme 
un  remède  souverain  à  toutes  les  maladies  de  l'àme . 


celui 


;eiui   iiui  K< 
par  établir  e 

aussi,  une  fois  revêtu  de  la  plénitude  du  sacer- 
doce, son  premier  soin  fut  de  régler  sur  les 
maximes  de  l'Eraufile  les  moindres  détails  de  sa 
vie,  soit  publique,  soit  privée.  Il  voulait  donner  le 
premier  l'exemple  d'une  vertu  irréprochable  : 
•<  Tel  roi,  tel»  sujets;  tels  pasteurs,  telles  brebis,  » 
répétnit-il.  Ni  sadi:.'nité,ni  ses  travaux  immenses 
ne  purent  l'obliger  à  se  relùcher  de  ses  excessives 
austérités  :  il  ne  quitta  jamais  In  haire  et  conserva 
son  habit  monastique,  observa  les  jeûnes  de  la 
réale.  comme  s'il  eut  dté  dans  son  monastère,  et 
s'interdit  l'usage  de  la  viande,  bien  au'il  en  fit 
servira  ceux  qui  mant;eaienl  <\  sa  table  :  «'J'ai  à 
expier,  disait-il,  et  mes  pronre»  péchés  et  ceux 
de  mon  peuple,  ■  et  comme  rap''itre  saint  Paul  : 
i<  Je  rliAtie  mon  corps  et  le  réduis  en  servitude, 
de  peur  qu'après  avoir  prêché  aux  autre»  lo  salât, 
je  ne  sois  moi-même  un  rénrnuvé.  ••  Son  palais 
épisfopal  était  ouvert  à  (ont  le  monde:  les  femmes 
»<*ule-  n'y  eniraii'nt  pas;  rn  eas  de  n''-ces»it«'',  il 
leur  pirlail  dans  l'éalisr.  Plusieurs  Irouvéront 
,  .IIP  ■•.•;»érité  trop  grande;  mais  il  refusa  de  s'en 
d''-pailir. 
1.1  multiplicité  de  ses  occupations  neini  firent 


ZELE  APOSTOLIQUE  DU  SAINT   PRELAT 


MIRACLES 


Son  tendre  amour  pour  la  solitude  fit  place  à 
un  zèle  ardent  pour  le  salut  de  son  peuple.  On 
le  vit  parcourir  son  diocèse  avec  une  charité  qui 
portait  partout  le  feu  divin  :  il  prêchait,  instrui- 
sait les  petits  et  les  humbles;  administrait  les 
sacrements,  visitait,  consolait  les  pauvres  des 
hôpitaux;  et,  se  faisant  tout  h  tous,  il  les  gagnait 
tous  à  Jésus-Christ.  Il  apprit  un  jour  que  plu- 
sieurs de  ses  diocésains  avaient  été  arrêtés  pour 
avoir  soutenu  avec  trop  de  zèle  les  droits  de  son 
Eglise;  il  fit  sur-le-champ  d'instantes  démarches 
auprès  des  jusc»  pour  obtenir  la  mise  en  liberté. 
Ses  réclamations  demeurèrent  sans  résultat.  Il 
vint  alors  se  placer  à  la  porte  des  prisons  :  «  Je 
n'en  bougerai  pas,  dit-il,  tant  que  les  captifs  ne 
seront  pas  élargis.  »  Les  magistrats,  émus  d'une 
telle  charité,  ouvrirent  les  cachots. 

Dans  ses  courses  apostoliques,  il  rencontra  nn 
prêtre  que  la  paralysie  d'un  bras  empêchait  de 
célébrer  la  messe;  jusque-là,  tous  les  secours  de 
l'art  étaient  restés  impuissants.  Saint  Guillaume 
exhorta  ce  prêtre  à  s'amender  devant  le  Sei- 
?.'neur;  puis,  ayant  fait  sur  le  bras  malade  le 
signe  de  la  croix,  il  le  guérit  sur-le-champ. 

Des  malades, atteints  de  fièvres  mortelles,  mais 
pleins  de  foi  en  la  sainteté  de  l'illustre  archevêque 
et  persuadés  de  la  toute-puissance  de  ses  pm^res, 
le  conjurèrent  de  les  guérir  en  leur  imposant  les 
mains.  Saint  (iuillaume.  blessé  dans  son  humilité, 
s'efforçait  de  les  dissuader  :  «  Je  ne  suis,  disait-il, 
qu'un  pauvre  pécheur.  »  Les  malades  insistaient 
en  pleurant;  alors,  son  cœur  de  père  ne  pouvant 
plus  résister,  il  les  guérissait  tous  en  leur 
imposant  les  mains. 

DÉSINTÉRESSEMENT    ET    DÉLICATESSE  DU    SAINT    PrAlaT 

Ses  abondantes  aumênes  prouvaient  son  entier 
désintéressement  des  biens  de  ce  monde;  il 
estimait  indigne  d'un  évêque  de  thésauriser.  Il 
appelait  les  pauvres  ses  créanciers;  en  leur  dis- 
tribuant presque  tous  ses  revenus,  il  disait 
agréablement  :  "  Je  paye  mes  dettes.  » 

Cette  sainte  inditférence  pour  toute  richesse 
ou  question  d'argent  brilla  d'un  plus  vif  éclat 
dans  les  circonstances  suivantes.  Saint  «iuillauiiie 
trouva  dans  l'Eglise  gallicane  la  cnulume  d'im- 

fioser  aux  excommuniés,  en  leur  donnant  l'ahso- 
ution  de  leurs  censures,  outre  la  salisfactinn 
canonique,  des  amendes  pécuniaires  au  profit 
de  l'évêché,  pour  prévenir  toute  rechute,  »u 
moins  par  motif  il'intérêt.  Cette  conliime  déplai- 
sait souverainement  h  sa  délicatesse;  toutefois, 
des  hommes  de  grand  renom  lui  conseillaient 
de  la  suivre  ni  de  '  iner  aux  pauvres  l'arcent 
do  ces  amendes,  s'il  avait  scrunulo  d'en  profiler 
lui-même.  Il  trouva  moyen  de  no  pas  suivre 
l'usase  conseillé,  sans  en  scan<lalispr  les  parti- 
sans, ni  blâmer  ouvertement  leur  conduite  :  il 
ne  manquait  pas  de  ilonner  l'absolution  aiw 
excommunié»  renenlinls;  mai»  Il  re!u»;iit  d'ac- 
cepter les  amendos  péruniaires.  Tmitefoio,  pniir 
maintenir  les  pênilents  dans  une  crainte  «,ilii- 
inlre,  il  les  menaçait  souvent  d'exiger  les  rétri- 
butions ordinaires. 

douceur  ET  HANSuiTUBE 

Quelque»  gehtilshomraes  avaient   ijrnvement 


ouliagé  les  receveurs  de  l'archevêque,  ravi  ses 
biens,  et  injurié  un  prand  nombre  de  prêtres. 
Il  Livrez  les  coupables  au  bras  séculier,  »■  lui 
disaient  ses  conseillers,  mais  (iuillaume  préféra 
prier  et  jeûner  pour  eux;  et  il  les  vit  bientôt 
a  ses  pied<,  im|>lorant  un  pardon  qu'il  leur 
accorda  de  f,'raiid  cœur. 

Il  était  cependant  des  pécheurs  plus  endurcis 
et  plus  opiniâtres  :  des  hérétiques  rava^ieaient 
le  lierry,  le  .Nivernais  et  IWuxerrois.  On  conseil- 
lait au  Saint  de  se  mettre  à  la  tête  d'une  armée 
pour  aller  forcer  les  rebelles  à  se  soumettre, 
selon  l'usafie  admis  à  cette  époque.  L'archevêque, 
pour  ne  point  désapprouver  ouvertement  une 
coutume  établie  par  ses  pères,  dem.inda  à  réllé- 
chir.  Il  pria  Dieu  avec  ferveur,  et  promit  bientOit 
de  réduire  les  coupables.  Toutefois,  il  lui  répu- 
}.'nait  de  revêtir  l'armure  des  auerriers  du  siècle, 
et  ses  moyens  de  combat  ne  lurent  pa<  le  fer  et 
le  feu,  mais  le  $;laive  à  deux  tranchants  de  la 
parole  de  Dieu.  Il  prenait  en  particulier  les  plus 
opiniâtres,  et,  avec  une  liberté  tout  apostolique, 
leur  adressait  les  plus  vils  ri-proches,  les  mena- 
çait des  flammes  éternelles  de  l'enfer,  leur 
représentait  le  royaume  de  l'éternité  bienheu- 
reuse qu'ils  perilaient,  et  l'ahime  profond  où  ils 
allaient  se  précipiter,  de  fjaieté  de  ca-ur,  par  la 
folie  de  leur  conduite.  Douceur  et  menaces,  il 
employait  tout  ce  que  son  xèle  apostolique  lui 
su;.'k'érait. 

l'ui*,  dans  le  secret  de  sa  vie  cachée,  adn  d'at- 
tirer la  clémence  divine  sur  ces  pauvres  ànies 
perdues,  il  jeûnait  et  passait  des  nuits  en  prières. 

Son  espérance  ne  fut  pas  trompée.  Au  t'rand 
étonnement  de  tout  le  peuple,  les  loups  deve- 
naient des  a>.'neaux,  les  persécuteurs  des  amis,  les 
ravisseur»  du  bien  d'autrui  de  grands  aumôniers. 

•;aINT  OCILLAUMB  au    IlILhEU  DES  ÉPREL'VgS 
SA    FKRIIGT^.   —    SO.N   ZÈLE 

I  lie  sainteté  si  éclatante  ne  le  mit  cependant 
pas  ù  l'ahri  des  épreuves  dont  Dieu  se  sert  pour 
épurer  la  vie  de  ses  serviteurs. 

De  ()uissants  seif;neurs  du  Derry,  offusqués  de 
son  «rand  mérite,  et  forts  de  I  amitié  du  roi, 
prirent  occasion  de  la  douceur  de  (iuillaume 
pour  attenter  aux  droits  de  l'Kylise  de  Itourues  : 
>■  I^  Saint  n'aura  pas  le  courage  de  nous  résister,  " 

iiensaiint-ils.  Mais  ils  ne  furent  pax  lon;.'leinps 
i  s'apercevoir  de  leur  méprise.  L'illustre  prélat 
leur  lit  voir  que  douceur  et  bienveillance 
II''  veinaient  pas  coura^'e  et  fermeté.  Sur  le  point 
1  '•  >oir  arracher  les  revenus  de  son  K^'lise.  il 
ii>-i'iMidit  vigoureusement  ses  droits  contre  le  roi 
l'liilippe-Au::ii»le    lui-méuie,    prévenu    par    les 

■  "■ r-courti  «ans.  D'après  leurs  faux  rapports, 

I  le  df  ll'-urijes  troublait  le  repos  public 

.     :...,.   :ait  sur  les  di>in.iincs  de  la  couronne. 

I.e  prince,  irrité,  se  disposait  à  tirer  vengencc  ; 

b'  S  liiil.  un  III   111'  Ml  '  Il  1  ii'l"   iiix  exactions,  aux 

lis,  eut  encore 

I  de  son  propre 

.",  iiiai!!,  liiiini  de  ses   aimes   linbituelles,  la 

:     1  eur  e!  l'Iininililé,  il  (rioinphn  de  tout  et  sor- 

<Dnantde  gloire  et 


même  ne  devait  pas  longtemps  leur  survivre. 
L'se  par  ses  travaux  apostoliques  et  ses  austérités 
excessives,  il  succombait  aux  inlinnités:  d'un 
moment  à  l'autre,  ses  familiers  s'attendaient 
à  un  dénouement  fatal.  Lui  s'en  souciait  fort  peu 
et  continuait  tranquillement  ses  mortifications, 
sans  se  relâcher  d'aucune. 

Lan  1208,  le  pape  Innocent  III,  lassé  des 
mesures  de  douceur  prises  sans  succès  à  l'éRard 
des  manichéens  du  l.«inauedoc,  ennemis  de  la 
religion,  de  l'Ktat  et  de  la  civilisation,  lit  i>rêcher 
une  croisade  contre  eux. 

Après  avoir  lu  les  lettres  apostoliques  à  son 
peuple,  saint  (Guillaume,  toujours  brûlant  de 
lèle  pour  la  «loire  de  Dieu,  prit  lui-même  le 
premier  la  croix  et  exhorta  les  assistants  à  suivre 
son  exemple.  Tous  s'eniratierent  de  i;rand  cu'ur 
à  combattre  les  Albi::eois.  Mais  le  ciel  réservait 
la  conversion  des  uns  aux  mérites  et  aux  prières, 
à  la  prédication  de  saint  Dominique,  s(>écialement 
à  la  récitation  du  Uosaire,  et  l'exlermination 
des  autres  aux  armes  victorieuses  de  Simon  de 
Montfort. 

Le  saint  archevêque  sut  depuis,  par  révélation, 
qu'une  «rave  maladie  s'opposerait  à  l'accomplis- 
sement de  son  va-u  et  que  Dieu  allait  l'appeler  il 
lui.  Il  se  contenta  donc  de  publier  la  bulle  du  pape 
et  de  se  faire  le  {.'rand  écho  des  intentions  du  Saint- 
Siège.  On  sait  l'heureuse  issue  de  In  croisade,  la 
défaite  délinitive  des  hérétiques  et  la  délivrance 
de  la  France  chrétienne. 

LE  SAINT  PREND  CUNG^  DE   SO.N   ÉOLISI 
SES    DERNIERS   1I0UE.NTS 

Le  5  janvier,  la  veille  de  l'Epiphanie,  la  fièvre 
I'obli;;ea  à  se  mettre  au  lit.  Le  lendemain,  il  se 
leva  piiur  prêcher  une  dernière  fois  a  son  peuple 
dans  ré;.'lise  métropolitaine.  Dieu  lui  avait 
annoncé  l'heureux  jour  de  sa  délivrance.  II  prit 
pour  texte  ces  paroles  de  l'ApAlre  :  ■■  Voici  au'il 
est  temps  de  sortir  du  sommeil.  "Ainsi  appelait- 
il  la  vie  de  cette  terre.  Il  exhorta  ses  auditeurs  à 
vivre  dans  la  pensée  de  la  mort,  à  ne  pas  cesser 
de  veiller  sur  eux-mêmes,  et  de  se  tenir  prêts, 
car  nul  ne  sait  le  jour  ni  l'heure  où  le  Seigneur 
viendra  le  chercher.  Sur  la  lin  du  sermon,  il 
dit  lin  dernier  adieu  a  tout  son  peuple.  In  granu 
cri  de  douleur  se  lit  entendre,  et  la  triste  nou- 
velle passa  bientôt  de  l'auditoire  à  la  ville  entière. 
Le  deuil  devint  universel. 

(lUillaume  rentra  chez  lui,  en  proie  à  une  fièvre 
croissante  :  il  avait  prêché  télc  nue,  malgré  le 
friùd  rigoureux  de  la  saison.  Le  mal  prit  en  peu 
de  temps  un  tel  empire  que  le  malade  demanda 
rUxtrême-ilnclion  et  le  Saint  \ialic|ue.  Pour  le 
rccevoiravec  plus  de  respect,  il  se  l-i  ■  ■!•■  ^  ■"  lit, 
allaau-devanl.se  mit  à  :;eiioux,fonil  i   -. 

pri.i  liii-liiiips  prosterné  sur  le  j.  ,  i  i- 

éi  '  roix,  puis  il  reçut  le  corpt  <lu  >au- 

\i   ,;  un'   ffTvfur  ritraorJinair'--.  r'i'tnit  le 

3uinii  lie.llso|.'  11". 

ans  III  ''  lie  et  une    .  'iii' 

avec  Dieu. 

Dans  la  nuit  qu'il   «avait  être  la  demi*re,  il 
voulut  nnliciper  les  Matines,  qu'il  atait  ' 
de  réciter  à  minuit.  Apres  le  si.'ne  dr  1 
sur  le»  lèvres  et  sur  la  poilri;  '   > 

prononcé  :  iMmine  lahia,  qu'il  '  i 


I  '     '  MU    iii'  iir    uu 

ii'l  la  mort  vint 
l'ii  il"  —  '■' m  iiiiii-.  i  j'ieinier  au  mois 
d'avril  1208,  le  second,  deux  mois  après.  I.ui- 


«iii     iri    1  it 
rilire  ijuil 

rendit  di>u - .  . ■•  ••    '-      -i  1' 

lu  janvier,  jour  où  l'Cglise  cilébre  m  méjnoira. 


jii|     jriitnl,  h.    l'nlllit>Kl.   1     lue  trUK"l<  I' 


SAINT   THÉODOSE    LE    CÉNOBIARQUE 


Fête  le   1  i  janvier. 


La  pensée  de  la  mort  est  riche  d'enseignements.  Saint  Théodose  ordonna  de  creuse/  an* 
tombe,  et  appelant  ses  religieux,  il  dit  :  Voici  le  lieu  du  repos  tout  préparé,  qui  de 
nous  y  entrera  le  premier  ?  Frère  Basile  se  mit  à  genoux  et  dit  :  ■•  Bénissez-moi,  mon 
Père,  car  ce  sera  moi  I  En  effet,  ce  fut  lui.  » 


LE  BECARD  D  VU  SAINT 

Ttaéodose  était  né  dans  une  petite  bourgade  de 
Cappadoce, appelée  Marisse,  en  1  an  4(4.  Sts  parents 
l'avaient  nommé  Th^odose,  sans  doute  en  souvenir  du 
Krand  empereur  chrétien  qui  avait  illustré  ce  nom 
peu  d'annt'es  auparavant  ;  mais  ce  nom,  qui  signifle 
tion  de  Dieu,  convenait  admirablement  à  cet  enfant 
béni  du  Seigneur. 

Le  jeune  homme  exerçait  dans  sa  patrie  les  fonc- 
tions de  lecteur,  quand  il  crut  entendre  la  voix  de 
Dieu  qui  l'invitait,  comme  Abraham,  à  quitter  <>a 
famille  et  la  terre  de  set  pères.  Il  partit  pour  la 
Palestine  afin  d'y  vénérer  les  Lieux  Saints.  En  route, 
il  voulut  voir  saint  Siméon  Stylite  et  le   consulter 


sur  le  genre  de  vie  qu'il  devait  choisir.  Siméon  le 
distingua  dans  la  foule  des  pèlerins,  et  l'appelant 
par  son  nom  :  «  Théodose,  homme  de  Dieu,  dit-il, 
soyez  le  bienvenu.  »  Il  le  fil  monter  sur  la  haute 
colonne  qui  lui  servait  de  demeure,  le  bénit  et  lui 
annonça  qu'il  serait,  lui  aussi,  le  père  d'un  grand 
peuple. 

Thi'odose  se  dirigea  lentement  vers  Jérusalem 
Apns  avoir  satisfait  sa  dévotion  dans  tous  les  lieiii 
sanctifiés  par  le  Sauveur,  il  résolut  de  se  èier 
auprès  de  la  ville  sainte  et  se  mit  sous  la  cor.  luit» 
du  reclus  Longin,  qui  habitait  un  obscur  Uliiil 
dans  la  tour  de  David.  Sons  la  direction  dt  ce 
maître  habile,  il  se  forma  à  la  science  pratique  d« 
l'oraison  et  de  la  sainteté. 


489 


VIKdX-SKJÛUt    —   I^    QA0TT8   OiiS   VAGKS 

Après  plusieurs  années  de  cette  vie  liumble  et 
cacher,  une  noble  dame  du  nom  de  Scilia,  qui  pos- 
sédait sur  la  cauche  de  la  route  de  Bethléem  une 
villa  appelée  \ieui-Séjour,  résolut  d'v  élever  une 
chapelle  à  la  Mère  de  Dieu,  et  demanda  à  Longin 
son  disciple  Tbéodose  pour  en  faire  le  gardien  du 
nouveau  sanctuaire. 

Par  ordre  de  son  maître,  Tb»^odose  accepta  la 
garde  de  Vieux-Séjour.  Mais  quel  gardien!  La  plus 
grande  partie  du  jour  et  de  la  nuit,  ?a  prière,  sou- 
vent mêlée  de  ses  larmes,  s'élevait  vers  Dieu  comme 
un  pur  incens;  en  travaillant  il  continuait  à  prier, 
et  il  en  avait  contracté  une  telle  habitude  que  plus 
tard  ses  lèvres  remuaient  encore,  même  dans  son 
sommeil,  son  rêve  était  une  prière.  Il  mangeait 
fort  peu  ;  quelques  dattes,  des  légumes  ou  des 
herbes  sauvages,  ou  seulement  des  noyaux  de 
dattes  détrempés  et  amollis  suffisaient  à  sa  nourri- 
ture. —  Il  vécut  trente  ans  sans  user  de  pain. 

Mais  bientdt,  la  renommée  de  ses  vertus  lui  atti- 
rant lie  nombreux  visiteurs,  il  se  cacha  dans  une 
grotte  voisine,  qui  portait  ie  nom  de  C.atbisma,  et 
qui,  d'après  la  tradition,  avait  servi  d'asile  pour  la 
nuit  aux  rois  liages,  lorsqu'ils  retournèrent  secrète- 
ment de  [ii'thléem  dans  leur  patrie.  La  l>'gende  était 
vraisemblable,   car  pour  éviter   Jérusalem    il  n'est 

foint  d'autre  voie  qui  conduise   de   Uelbléem  vers 
Orient. 

Cathisma  est  le  Subiaco  du  Cénobilisme  oriental. 
La  solitude  où  s'était  réfugié  Théodose  no  put  le 
dérober  longtemps  à  l'admiration  des  lideles  d'alen- 
tour, bientcM  un  peuple  de  disciples  se  pressa  au- 
tour de  lui.  Tbéodose  les  exerçait  U  la  vertu  par  la 
garole  et  par  l'exemide.  Pour  leur  donner  toujours 
présente  la  pensée  de  la  mort,  il  leur  lit  creuser  une 
tombe;  puis  se  tenant  au  milieu  d'eux,  il  dit  en 
souriant:  •  Voici  tout  prêt  le  lieu  du  repos,  qui  de 
nous  en  fera  la  dédicace  ?  » 

Un  prêtre,  nommé  Basile,  fléchit  le  genoux  : 
«  Veuillez  me  bénir,  mon  père,  ce  r^era  moi!  • 

Théodose  lui  permit  de  mourir  t'n  lut  pendant 
quarante  jours  l'offlce  des  funéraille:*,  et  au  ijuatan- 
tiènie  jour,  sans  tie^ru,  sans  douleur,  sans  agonie, 
Basile  sendcrit  ■'    !        ment  du  dernier  sommeil. 

Ilasile     ii'.L  pourtant    pas    ses    Frères; 

chaque  9<>ir  il  .^,.^,i  ..aaister  au  chant  des  vêpres.  L'n 
moine  fer. '.'i>t,  du  nom  d'Aétius,  dit  un  jour  à  Théo- 
dose: ■'  l-iilendcz-vo'js,  mon  l'i.n-     îiin   I.  <   riuli 
ques  du  soir  la  voix  de  notre 
tépoti.tit    :  l'il   enlen>lait  la 

Il  ilion  merveilleuse;  il  lui  promit  de  la 

1  \  la  nuit  tombante,  les  moines  ?c  réuni- 

'aitU,  debout  et  chantant  les  louanges 

oilose  le  montra  du  doi:.'*  à  A<Hius,  en 

diioiil  :  .>  Uuvrci-lui  les  yeux,  à  >  ilin  qu'il 

v.,1..  vos  prodiges.  "  Aétiu»,  opère  île,  gcpré- 

■■•M  lu.    |.  .i;i   1     ji.  hdre  entre  .-i  ^  bras,  mais 

M  •     ■  II.  il  le  monde  entendit  ses 

^   .         ■. '  ,'   '    1 .  ■  ■  '  I      . .  s  vous  ne 

;  l  <:hrist  a 

.1    croit    i.n    III'  '■  :  .1    la   vie 

'>rt.  •  Il  y  a  t  laieillcs 

ft.^iiiL'v.^  j'* V ^  <«u  u^iceau  des  graiiw^.;.  .koio. 

"      ■.    —    Ul  TIT»«  01  ci.>'>ril  vKvlUB 

.:.    Ml  .ii.isïi n*.   Tli«'     1'   ■•'    Miiilut 


Morte.  La  tlaiurae  ne  brillait  pas  dans  l'encensoir, 
auoon  parfum  pe  s'en  échappait  ;  mais  lorsque,  reve- 
nant sur  ses  pas,  il  fut  de  retour  dans  le  voisinage 
de  sa  grotte,  une  étincelle  miraculeuse  jaillit  tout 
à  coup,  et  la  fumée  de  l'encens  monta  dans  les  airs. 
Le  ciel  avait  marqué  son  choix. 

C'est  donc  près  de  Cathisma  que  s'éleva  le  nouveau 
monastère  :  des  bâtiments  immenses  lui  donnèrent 
l'aspect  d'une  grande  cité;  les  solitaires,  les  céno- 
bites avaient  leurs  édifices  réservés,  les  pauvres  des 
alentours  et  les  voyageurs  en  pèlerinage  v  trou- 
vaient un  asile  spécial;  des  religieux  y  servaient 
les  indigents,  et  souvent  en  un  seul  jour  plus  de 
cent  tables  étaient  dressées  pour  les  bêles  envoyés 
par  la  Providence.  Tous  les  arts  et  tous  les  métiers 
étaient  représentés  dans  La  cité  monastique.  Ces 
hommes,  sortis  du  monde  pour  s'attacher  aux  biens 
éternels,  venaient  exercer  au  proUt  de  leurs  frères 
leurs  anciennes  professions  ennoblies  par  l'obéis- 
sance. Il  y  avait  aussi  plusieurs  hiipitaux,  l'un  pour 
les  religieux  malades,  deux  autrespour  les  étrangers 

fiauvres  ou  riches  qui  venaient  se  faire  soigner  par 
a  main  des  s.iints,  un  hospice  de  vieillards  pour  les 
vétérans  du  facerdoce  et  de  la  prière. 

Les  disriples  de  saint  Théoaose.  par  une  obser- 
vation rigide  du  silence  et  la  flJélité  à  leur  règle, 
ne  se  dissipaient  poiut  dans  les  rapports  nécessaires 
avec  les  étrangers  que  la  charité  les  obligeait  à 
recevoir;  ils  évitaient  avec  soin  toute  relation  inu- 
tile avec  le  dehors.  Unis  par  les  liens  de  la  paix  et 
de  la  charité,  ils  paraissaient  des  anges  terrestres 
aux  pèlerins  qui  avaient  le  bonheur  de  les  voir. 

Il  y  avait  <|uatre  églises  dans  l'enceinte  du  monas- 
tère :  la  première  était  pour  les  religieux  et  les 
fidèles  de  langue  grecque  :  c'étaient  les  plus  nom- 
breux; la  seconde  était  pour  les  Arméniens,  avec' 
eux  se  réunissaient  les  .\rabes  et  les  Perses;  la  troi- 
sième servait  aux  liesses,  c'est-à-dire  A  tous  ceux 
qui  venaient  dos  pays  septentrionaux  et  parlaient 
les  langues  slaves  ou  sc.>tliiques.  Chaque  nation 
chantait  dans  son  église  parlii'uliére  In  [■ailin  de  la 
messe,  appelée  messe  des  citèchuniè  '    i  clin' 

depuis  le  coinniencemuat  jus<|u'a  1  '  Vpics 

l'Evangile    tous   se    réunisiiaient    duii^    i 
(îrecs,  le  saint  sacrifice  y  était  offert  et   I 

participaieii' '  ' '  

Christ.  La    | 

de  ceux  iiui  ....  U...I,  ....  .,...,.1- 

lialinns  du:  .  le. 

I  1  'Ile-  !•  , t  lo  thé&tre  de»  plus 

.'S.  Lue  tttiiiiiic    oail  vu  ju>>iui'-la 
:  ir  «^.iiit    ih''  ::.'•     ;••    n.-il'rc  ;  illc   >i- 
reconn 
fois,  el 

nomma  llircici'ui-.  (  n*   aiuuie  du   >  i 

du  blé  se  multiplia  jus<|u'Â  remplir 
Oieiise.   A    Alexandiie,   un   aiif 
puits  profond  vil  un  muiiio  le  >  > 

chute  et  le  rep'^ser  doucement  4  lu  '  m. 

et  plus  tard,  conduit  par  sa  mère  '  nr.  il 

r.  '"e  pour  son  sauve 

su  lit    de    cuirasse    n 


Ti 

C" 
Si' 

.  I 

Cl 

1' 


.lu  »u<l-e*i  Ue  J'iusitleiu    u*<|b  «u  itid({«  de  U  luof    i   Tlwudujc.  Les  (»uu|>ic*  de  rurivnl  «VAit'lil  i^ttu  lu* 


deux  serviteurs  de  Dieu  une  même  estime  et  une 
même  vénération.  Les  ignorants  et  les  pauvresappre- 
naient  d'eux  à  connaître  le  chemin  de  la  science 
sainte  et  des  richesses  véritables;  de»  riches,  des 
savants,  des  puissants  selon  le  monde,  comprenaient 
a  leur  école  la  vanité  des  espérances  du  siècle,  et 
venaient  sous  leur  direction  chercher  la  paix  et  la 
1,'loire  durable  dans  l'humilité,  la  pauvreté  volon- 
taire et  l'abnésation  de  soi-même,  pour  l'amour  de 
Jésus-Christ  et  l'espérance  du  ciel.  Salluste,  pa- 
triarche de  Jérusalem,  nomma  saint  Théodose  Céno- 
biarque,  c'est-à-dire  supérieur  de  tous  les  ctn'jbites 
de  Palestine  'moines  vivant  en  communauté)  et 
saint  Sabas  supérieur  de  tous  les  ermites. 


SAIM  TilBODOSE  DEPENSKia  DE   LA   POl  CATHOLIQCB 

L'empereur  Anastase  s'était  fait  le  protecteur  des 
Eutychiens  hérétiques  qui  confondaient  la  nature 
humaine  de  Jésus-Christ  avec  sa  nature  divine),  et 
avait  chassé  de  Jérusalem  le  patriarche  catholique 
pour  le  remplacer  par  un  Eutychien.  Pour  attirer 
Théodose  dans  son  parti,  il  lui  envoya  une  somme 
considérable  pour  les  pauvres,  environ  trois  mille 
écus.  Théodose  accepta  les  aumônes  impériales, 
mais  par  une  lettre  courageuse,  il  protesta  de  son 
attachement  inviolable  à  la  foi  du  concile  Je  Chal- 
cédoine.  Il  réunit  tous  les  religieux  de  son  monas- 
tère, les  avertit  que  le  temps  de  l'épreuve  et  du 
combat  était  venu,  et  dans  un  discours  plein  de  feu 
les  exhorta  à  rester  fidèles  à  la  vraie  foi,  même 
jusqu'au  mart)Te  s'il  était  nécessaire.  Grande  fut  la 
colère  de  l'empereur,  il  n'osa  cependant  sévir  encore. 
Théodose,  profitant  de  sa  liberté  pour  voler  au 
secours  des  âmes  en  péril,  se  mit,  malgré  son  f;rand 
à({e  à  parcourir  en  missionnaire  les  villes  et  les 
campagnes  de  Palestine,  afin  de  confirmer  les 
fidèles  dans  la  foi. 

L'n  jour,  il  entra  dans  une  des  grandes  églises  de 
Jérusalem,  accompagné  de  saint  Sabas  et  du 
patriarche  Jean  III,  il  monta  en  chaire  et  en  pré- 


sence de  la  multitude,  il  prononça  avec  la  majesté 
d'un  ange  de  Dieu  l'anathème  contre  ceux  qoi 
n'estimeraient  pas  les  quatre  conciles  œcuménique» 
au  même  prix  que  les  quatre  évangiles.  Ensuite, 
comme  il  traversait  la  foule  étonnée,  une  femme 
atteinte  d'un  horrible  cancer  fut  guérie  en  touchant 
l'habit  du  saint  prédicateur. 

A  la  nouvelle  de  cesévénements,  Anastase  envoya 
Théodose  en  exil  ;  mais  le  châtiment  de  Dieu  ne  se 
fit  pas  attendre  :  Anastase  mourut  en  318,  frappé 
par  la  foudre;  Justin  monta  sur  le  trône  et  saint 
Théodose  revint  paisiblement  à  son  monastère. 

Ephrem,  le  patriarche  d'Antioche,  et  le  Pape  de 
l'ancienne  Home,  Agapit,  comblèrent  plus  'ard  Je 
leurs  louanges  ce  moine  qui  défendait  si  vaillam- 
ment la  doctrine  du  Christ  et  qui  s'humiliait  alors 
aux  pieds  des  religieux  ses  enfants. 

PATIE.NCE  ET  RÉCOMPKNSB 

Enfin  saint  Théodose  fut  atteint  d'une  cruelle 
maladie  qui  n'altéra  point  sa  patience.  Un  vieillard 
l'engageait  à  demander  au  Seigneur  sa  guérison. 
«J'ai  eu  cette  même  pensée,  répondit  le  cénobiarque, 
mais  je  l'ai  chassée  comme  un  piège  de  l'enfer. 
J'ai  rencontré  dans  ma  vie  assez  de  gloire  et  d  hon- 
neur, il  est  temps  de  souffrir  pour  mériter  les  conso- 
lations éternelles.  Il  comprit  que  son  heure  était 
venue,  annonça  à  ses  frères  les  futures  destinées  du 
monastère  et  du  monde,  appela  près  de  sa  couche 
trois  évêques,  leur  fit  part  de  la  joie  qu'il  éprouvait 
de  sa  future  délivrance  et  expira  les  mains  jointes 
sur  la  poitrine,  âgé  de  105  ans  environ.  Le  biographe 
remarque  qu'il  avait  déjà  envoyé  au  ciel  six  cent 
quatre-vingt-treize  de  ses  enfants.  Ses  funérailles 
furent  longtemps  différées,  à  cause  du  concours  de 
peuple  qui  se  pressait  autour  de  ses  reliques.  Enfin 
le  patriarche  Pierre  ensevelit  le  bienheureux  Théo- 
dose, non  pas,  dit  le  biographe,  que  ses  restes 
mortels  fussent  un  objet  à  cacher  aux  regards  des 
hommes,  mais  parce  que  ce  trésor  ne  pouvait  être 
mis  en  sûreté  que  sous  la  pierre  d'un  tombeau. 


SAINT     MACÉDONIUS,     ERMITE 


l'été  le   24  janvier. 


Nous  n'avons  aucun  détail  sur  les  commence- 
ments de  la  vie  de  saint  Macédonius.  Il  était  déjà 
assez  âgé  quand  il  résolut  de  quitter  le  monde  et 
de  vivre  dans  la  solitude.  Mais  voyant  l'affiuence 
des  visiteurs  augmenter  sans  cesse  auprès  des  soli- 
taires d'Antioche,  il  voulut  à  tout  prix  éviter  cet 
inconvénient  dangereux  pour  son  humilité. 

Dans  ce  but,  il  choisit  de  préférence  le  sommet 
Jus  montagnes,  n'ayant  ni  lieu  fixe,  ni  couvert. 
f  '  -  '  '.  témoin  oculaire,  raconte  qu'il  vécut  pen- 
iite-cinq  ans  dans  une  fosse  profonde,  ce 
'i>^i  .'  .  i  rurnommer  parles  Syriens:  Guba,  nom 
■  |ui  sii-'iiili"  fosse. 

t>n  d'vine  facilement  combien  saint  Macédonius 
dut  souffrir  du  froid  et  des  intempéries  des  saisons. 
Mais  Diou  qui  fournit  aux  oiseaux  leur  pâture,  et 
aux  fiours  leur  vêtement,  veilla  toujours  sur  son 
«•■rvileur.  Il  daigna  même  manifester  visiblement 
••elle  pi'iteclion. 

Iri   h  ,  •  :    1,,rii  Ion  lir^bi»  s'étaient  é«arée»  vint 

int;  la  nuit  était  noire  et 

.1  le  sol.  I.i;  pauvre  berger, 

Mjt  grelottant  de  froid  malgré  d'épaisses  fourrures. 


réfléchissait  sur  les  souffrances  que  saint  Macédonias 
devait  endurer  sur  cette  montagne  oil  rien  no  l'abri- 
tait, quand  il  l'aperçut  brillant  de  lumière  et 
entouré  d'un  urand  feu  que  deux  hommes  velus  de 
blanc  ne  cessaient  d'entretenir.  C'était  la  rt-alisalion- 
des  paroles  de  Notre-Seigneur  :  •  Ne  vous  mettez 
en  peine  ni  de  votre  nourriture  ni  de  votre  vête- 
ment, car  votre  Père  qui  est  aux  cieuz  sait  bien  ce 
qui  vous  est  nécessaire.  » 

Devenu  vieux,  saint  Macédonius  se  bltit  une 
cabane  pour  obéir  à  ses  amis.  Il  y  vécut  Tin){t-rinq 
ans  ;  mais  là  encore,  malgré  son  due,  il  continua 
ses  mortifications  comme  auparavant. 

Durant  toute  sa  vie,  il  n'ii^^a  jamais  de  pain  ni  de 
l'''i.'unies.  Un  peu  d'orfje  détrempée  dms  de  l'eau. 
t)'lle  était  sa  nourriture  quotidienne.  Celte  manière 
de  vivre  lui  tit  donner  le  surnom  de  Cryttiophage, 
c'est-à-dire  mangeur  d'orge. 

SAi.M  iiAcéuoNius  BST  OBooNufi  pitAmi  —  SA  smrLiriri: 

Notre  Saint  avait  beau  se  cacher;  sa  renommée 
commençait  déjà  k  se  répandre  partout.  Uavien, 


patriarche  d'Antioche,  ple.n  d'admiration  pour  lui, 
le  jugea  digne  de  gravir  les  degrés  de  1  autel  et 
Toulat  lui  conférer  le  sacerdoce.  Mais  connaissant 
la  grande  humilité  de  saint  Macédonius  et  la  résis- 
tance qu'il  opposerait  à  ces  propositions,  il  résolut 
d'employer  la  ruse.  Le  patriarche  ordonna  donc  à 
notre  Saint  de  se  rendre  à  Antioche  pour  assister  à 
une  cérémonie.  Le  solitaire  obéit,  sans  se  douter  du 
piège  qu'on  lui  tendait.  Au  milieu  du  Saint  Sacri- 
fice, il  fut  saisi  et  ordonné  prêtre.  Saint  Macédonius 
revint  dans  sa  solitude,  en  proie  à  une  vive  afflic- 
tion. Le  dimanche  suivant,  le  patriarche  lui  fit  dire 
de  se  rendre  de  nouveau  à  Antioche  pour  une  nou- 
velle solennité  ;  le  Saint  refusa.  «  Eh  quoi  !  dit-il, 
n'êtes-vous  pas  satisfait  de  ce  qui  s'est  passé  la 
semaine  dernii-re?  Voulez-vous  m'ordonner  prêtre 
une  seconde  fois?  »  C'est  en  vain  qu'on  essaya  de 
lui  faire  comprendre  que  les  ordres  sacrés  ne  se 
réitéraient  pas. 

0  simplicité  vraiment  merveilleuse  1  0  candeur 
admirable  I  C'est  aux  dmes  simples  que  Notre- 
Seigneur  a  promis  le  royaume  des  cieui.  •  Si  vous 
ne  devenez  semblables  à  ces  petits  enfants,  disait- 
il  à  ses  apôtres,  je  vous  le  dis  en  vérité,  vous  n'en- 
trerez point  dans  le  royaume  des  cieux.  » 

Cette  simplicité  devenait  parfois  très  spirituelle 
chez  saint  Macédonius,  ainsi  que  le  montre  l'exemple 
suivant  : 

Un  colonel  chassait  dans  les  environs  d'Antioche  ; 
il  rencontra  par  hasard  saint  Macédonius,  et  l'ayant 
reconnu,  il  descendit  de  cheval  pour  le  saluer.  «  Que 
venez-vous  faire  ici?  lui  demanda  le  Saint  en  sou- 
riant. —  Je  chasse,  répondit  le  colonel.  Et  vous, 
mon  Père,  que  faites-vous?  —  Mon  fils,  lui  répondit 
le  Saint,  je  fais  comme  vous.  Je  suis  chasseur 
depuis  plus  de  trente  ans.  »  Et  comme  le  colonel  le 
regardait  avec  étonnement,  il  poursuivit  :  «  Je  vais 
à  la  chasse  de  mon  Dieu  et  jamais  je  ne  me  lasserai 
de  le  poursuivre  jusqu'à  ce  que  je  l'aie  atteint.  » 

DUO  ACCORDE  A  SAI.-«T  MACftDONICS  ^ 
Ll     D0.<(     DE     MIRACLK     ET     DE    PROPHÉTIE 

n  Si  vous  aviez  la  foi,  disait  Notre-Seigneur  à  ses 
disciples,  vous  diriez  à  cette  montagne:  Jette-toi 
dans  la  mer  !  et  elle  s'y  jetterait.  »  Nous  pouvons 
donc  juger  de  la  grande  foi  que  notre  Saint  avait  en 
Dieu  par  les  prodiges  qu'il  opéra.  Nous  empruntons 
à  Théodon-t  les  faits  suivants: 

Le  colonel  Lupicien  attendait  en  vain  depuis 
cinquante  jours  l'arrivée  de  deux  vaisseaux  chargés 
de  provisions.  Inquiet,  il  se  dirigea  vers  saint  Macé- 
donius et  lui  confia  set  craintes.  Mon  fils,  lui 
ré|iondit  le  Saint,  l'un  de  vos  vaisseaux  a  fait  nau- 
frage, mais  le  second  entrera  demain  au  port  de 
Séleucie.  Le  colonel  s'en  alla  et  l'év/^nement  con- 
firma bientôt  la  prédiction  du  solitaire. 

l'ne  femme  de  noble  extraction  était  affligée  de  la 
faim  canine;  sa  voracité  était  telle  que  trente 
poules  ne  suffisaient  pas  à  sa  nourriture  quoti- 
dienne ;  saint  Macédonius,  appelé  pour  la  guérir, 
prit  un  verre  d'eau  sur  lequ'l  il  fit  le  signe  de  la 
croix  el  If  'loiina  h  boire  A  ctlc  femme  qui,  désor- 
mais, »r  .Miit.  iila  d'une  aile  de  poulet  par  jour. 
Notre  Sailli  ,.'U'  rit  de  la  même  fai;on  une  noble 
dame  du  nom  d  A*lri>-,  atteinte  d'aliénation  men- 
tale. Un  peu  d'en»  hz-nite  suffit  pour  lui  rendre  la 
raison. 

Saint  Macédonius  exerçait  le  même  empire  sur 
les  démons  que  sur  Im  ni  ilndies. 

Un*  fille  était  posséd'*-  du  démon.  Malgré  les 
ordres  réitérés  du  Saint,  celui-ci  refusait  de  sortir 


du  corps  de  la  malheureuse  ;  car,  disait-il,  j'ai  été 
contraint  d'y  entrer  par  les  maléfices  d'un  jeune 
homme.  Le  père  de  la  possédée  ne  sut  pas  plus  tôt  le 
nom  de  ce  jeune  homme,  qu'il  alla  le  dénoncer  aux 
tribunaux,  mais  les  magistrats  refusèrent  de  croire 
à  ses  paroles.  Notre  Saint  se  rendit  alors  auprès 
du  juge,  fit  comparaître  la  possédée  et  ordonna  au 
démon  de  dire  ta  vérité.  Celui-ci,  poussé  à  bout, 
déclara  qu'il  s'était  servi  d'une  servante  pour  entrer 
en  possession  de  la  jeune  fille,  et  après  cet  aveu, 
sortit  du  corps  de  la  possédée.  Les  magistrats  vou- 
laient punir  la  misérable  servante  qui  avait  prêté 
son  concours  au  démon  ;  mais  le  Saint  le  leur 
défendit  afin  de  laisser  à  la  coupable  le  temps  de 
se  repentir  et  de  faire  pénitence. 

RÉVOLTE  d'aNTIOCBB  —  DÉVOnEMENT  DU  SAlKt 

Saint  Macédonius  se  plaisait  dans  sa  chère  soli- 
tude ;  il  savait  néanmoins  l'abandonner  quand  la 
charité  le  commandait.  C'est  ce  qu'il  fit  à  la 
révolte  du  peuple  d'Antioche  contre  l'empereur 
Théodose.  Tout  le  monde  connaît  ce  fait  historique; 
mais  ce  que  tout  le  monde  ne  connaît  pas,  c'est 
le  dévouement  de  saint  Macédonius  et  en  général 
des  solitaires  d'Antioche. 

Le  premier  moment  d'effervescence  passé,  l'effroi 
succéda  à  la  colère;  cette  ville  naguère  révoltée  qui, 
dans  sa  fureur,  brisait  les  statues  de  l'empereur  et 
les  traînait  dans  les  rues,  était  maintenant  accablée 
sous  le  poids  de  la  crainte  et  de  la  terreur,  à  la 
pensée  des  chlliments  terribles  qu'elle  avait  mérités. 
Ses  rues  étaient  désertes  et  la  ville  semblait  aban- 
donnée. Flavien  était  déjà  parti  pour  aller  demander 
grdce,  mais  oti  n'espérait  rien  de  l'empereur;  celui- 
ci  avait  déclaré  la  ville  déchue  de  ses  privilèges  et 
envoyé  plusieurs  de  ses  officiers  pour  commencer  les 
informations.  Saint  Macédonius  s'offrit  pour  aller,  lui 
aussi, demandcrle  pardon  descoupables, maison  crut 

3ue  ce  serait  inutile.  Le  solitaire  s'employa  du  moins 
e  tout  son  pouvoir  à  porter  partout  des  paroles 
de  consolation,  de  concert  avec  saint  Jean  Chrysos- 
tome,  alors  prêtre  d'Antioche,  et  dont  la  merveil- 
leuse éloquence  relevait  les  courages  en  convertis- 
sant les  Ames. 

Pendant  que  saint  Macédonius  et  les  solitaires 
se  dévouaient,  les  philosophes  dont  Antioche  regor- 
geait s'étaient  enfuis.  "  Quel  contraste  entre  les 
disciples  de  Paul  et  les  disciples  de  ces  anciens 
sages  si  vantés,  s'écriait  saint  Jean  Cbrysostome,les 
disciples  font  connaître  les  maîtres:  auel  courage 
et  quel  dévouement  d'un  côté!  quelle  nypoorisie  el 
quelle  faiblesse  de  l'autre  !  « 

MORT  DE  ■Aiirr  HACioONIOt 

Saint  Macédonius  vivait  depuis  soixante-dii  ans 
dans  1.1  solitude,  lorsqu'il  passa  à  un  monde  meil- 
leur. Quel  âge  avait-il  1   Quelles    furent  les  circons- 
tances de  sa  mort?  L'histoire  ne  nous  l'a  pas  con- 
servé. Ses   ob5équ<'5  se  firent  avec   gr*:ide  j)i>iii|i' 
Tout    le   peuple   d'Antioche    et    un    grand    n'injli. 
d'étrangers  étaient  accourus  pour  voir  une  den   •    ■■ 
fo.s  le  viH.ice  (lu  Saint.  Les  magistrats  et  les  plus  i.  ■ 
digniiaires  regardèrent  comme  un  honneur  de  ).<>i 
ter  ce  corps   affaibli  par  les  austérités  de  la  péni- 
tence. 

Saint  Macédonius  fut  enseveli  auprès  de  saint 
Aplirante  et  de  saint  Tbéodose  d'Antioche,  dans 
une  •  dise  consacrée  aux  saints  martyrs.  Ceci  m 
p.issnit  vers  l'an  430 

L'Eglise  célèbre  m  fête  le  Si  janvier. 


luip    ftranl,   l'itiTaisn»,  ti,  rue  Kr»ni;iit  I",  l'arn 


SAINT    BENOIT    BISCOP 

ABBÉ  BÉNÉDICTIN,  PROPAGATEUR  DE  LA  CIVILISATION  EN  ANGLETERRS 


Fête  le    12  janvier 


Quand,  devenu  aveugle  et  paralytique,  il  ne  put  plus  dire  l'office 
l«s   religieux    venaient    auprès    de    lui    le    chanter    en    deux   chœurs. 


U    VII*  3IKCLK  et  ANGLKTKIRS 

L«  'II*  siècle,  si  décrié  par  certains  critiques 
modernes  intéressés  à  déguiser  la  Térité  h  leurs 
lecteurs,  est,  en  réalité,  une  nia).'niflquc  période  de 
paix  tranquille  entre  les  invasions  barbares  de  l'Age 
prii-^dent  et  les  guerres  carlovingiennes  ;  un  temps 
de* reconstitution  sociale  pour  le^  divers  pays  de 
l'Europe  occidentale;  une  époque  fertile,  sinon  en 
génies  littéraires.  .111  moins  en  profonds  politiques, 
et.  ce  'lui  »aut  mieux,  d  une  exceptionnelle  fécon- 


dité en  grands  saints.  I.e  savant  Mabilton  n'hésite 
pas  à  le  nommer  un  âge  d'or,  et  d'autres  ont  pu,  à 
juste  titre,  lui  appliquer  le  mot  d'un  historien  : 
Sef'tenus  numerut  pacaiissimus  |i). 

Récemment  convertie  au  catholicisme, sans  passer 
comme  d'autres  par  l'intermédiaire  de  l'hérésie 
arienne,  la  Grande-Krelagne  ne  restait  pas  en  arrière 


(t)  On  trouvera  une  étnde  iotéret^aole  lorle  vu*  •lèci* 
dnns  la  préface  d«  la  tIc  da  laiot  Ltger,  par  1«  ear- 
dioal  binèdielio,  dom  Pitra. 


de  ce  mouvement  d'ensemble.  L'heptarchie  anglo- 
saxonne,  gouvernée  presque  sans  exception  parties 
princes  sages  et  religieux,  les  saint  Elhelbert,  les 
saint  Edwln,  les  saint  Oswald,  les  saint  Oswin, 
perdait  dans  ce  siècle  ses  premiers  apôtres, 
recevait  des  lois  chrétiennes,  et  voyait  surgir,  sur 
tons  les  points  du  vieux  sol  breton,  d'innombrables 
monastères,  foyers  précieux  de  civilisation  et  de 
vertu,  destinés  à  parfaire  l'œuvre  de  fuiul  Augustin 
de  Cantorbérj-,  et  qui  lui  vaudront  l'honneur  de 
disputer  plus  tard  à  l'Irlande  le  beau  nom  d'tU  des 
saints. 

Aillant,  sinon  plus  que  la  France,  t'Ancleterre  a 
él.-  ;  trie  par  les  moines.  A  l'époque  dont  nous 
pnri"ns,  le  noble  pays  des  Angles  envoie  en  foule 
sur  le  continent  les  anges  que  désirait  voir  saint 
lïrégoira  :  une  douzaine  de  princesses  saxonnes  figu- 
rent aux  catalogues  des  saintes  premières  abbesses 
de  Chelles,  de  Jouarre,  de  Faremoutier.  Dans  l'Ile 
même,  vivent  saint  Félix,  l'apôtre  de  l'Est-Anglie; 
saint  Erconwald,  évoque  de  Londres;  saint  Laurent, 
saint  Mellit,  saint  Adhelm,  saint  Adamnan,  saint 
Théodore,  saint  Wilfrid,  saint  Cuthbert,  listes  glo- 
rieuses d'illustrations  nationales  dont  nous  ne  pou- 
vons citer  que  les  noms  les  plus  saillants;  magnifique 
floraison  qui  donne  à  l'Eglise,  aux  df^buls  du  siècle 
suivant,  saint  Bède  le  vénérable  Père,  saint  Willi- 
brord,  l'apôtre  de  la  Hollande,  et  saint  Boniface, 
l'apôtra  de  l'Allemagne. 

ioncATioN  rrpasMiBR  piLxai.NACi  dk  saint  BKHorr  sucer 

A  MOMK 

Saint  Denolt  Biscop  mérite,  dans  ce  catalogue, 
une  place  choisie,  par  les  vertus  dont  il  l,.i  un 
modèle  éminent  et  par  les  bienfaits  que  son  pays 
reçut  de  lui. 

Biscop  Badacing,  conna  aous  le  nom  de  saint  Benoit 
Biscop,  vulgairement  en  Aiig1<'ti'rre  saint  Bennet, 
naquit  en  6z8  dans  le  reyaunio  ik-  Nortbumberland, 
un  lies  sept  royaumes  de  l'Heptarchie.  Ses  parents, 
noble»  et  riches  seigneurs  saxons,  le  destinèrent  de 
bonne  heure  au  métier  des  armes,  carrière  ordi- 
naire des  gens  de  sa  condition.  Naturellement 
ourngcui,  Benoit  se  fit  vite  une  brillante  réputation 
(i  la  OUI  •ri»s»y,  roi  de  .N'orlhuiiibi^rland. 

Nous  Ignorons  à  la  suite  de  i|Uf|les  circonstances 
l'dppi  I  d  (iifu  se  Qt  entendre  au  coeur  du  jeune 
iiflii  ;■  1  .\  l'.lge  de  vingt-cinq  ans,  k  rii.iirc  mi 
1  a\<  iiL[  I'   plu."  souriant  s  offrait  a  ses  ré^  « 

vovoiifl   .fUripiendre  le   long  et  pénible 
de  h"iii<',  .ifin  de  s'instruire  plus  compb'' 
priricipi  s  de  la  foi  et  de  la   perfection  <  i. 

Benoit  savait  c)ue  le  prince  des  apôtres  triait  jadis 
venu  lui-même  apporter  1<>  preniicr  lUi  Bretons  la 
I'"  liait  qu'on 

Ji-sij-  i.lir  iM  .iiiii'urs  lu  l'ape.  ■        '•• 

ul  k'  irdien   de   la   tr.i  '  l'Eglise, 

11.'  '         '        '  '      7  '         ' 

11'  !•■ 

II.  '     '  I    1-     I  .    1 1  i.  t  I    Ul-    i  '  ■  i 

>'|^  If  ou  de   d>s<iplio<' 

11.  I .,    A  r  n  ,  I  f  I .,    ,  ■  p     . .  '  I , . . 


M 

lit 

.!> 

1',.  i-i  des   II 

Il  i  '  it  .-r,i; 

ir 

■vil»     .. 

pn4u-M   et   .  . 
naieol  c«  p 


faisait  souvent  recommencer  une  seconde  fois, 
maU'fé  les  difficultés  et  les  daiii-'crs  d'un  si  long 
voyage  {les  .Voiiies  d'Occident,  /ru  U).  »  Parmi  les 
principaux  pèlerins  anglais,  nvi>.-  saint  Benoit,  nous 
d'^vons  signaler  saint  Wilfrid,  l'illustre  archevêque 
d '^ork;  et  deux  rois  dont  l'un  est  Ina,  le  grand 
législateur  saxon. 

U  semble  que  saint  Benoit  fit  son  premier  pèleri- 
nnse  à  Rome  sans  être  déciiU^  a  embrasser  la  vie 
nionaslique.  La  reine  de  Northuuibcrland  et  le  roi 
de  Kent  le  donnèrent  pour  compagnon  de  voyage  à 
saint  Wilfrid  qui,  ne  trouvant  pas  dans  les  moines 
écossais  de  Linsdisfame  des  maîtres  assez  sûrs  dans 
les  voies  de  la  sainteté,  voulait  les  étudier  dans  les 
monastères  d'Italie.  L'archevêque  de  Lyon,  saint 
Chamond,  voulut  les  retenir  auprès  de  lui;  mais  ils 
poursuivirent  leur  roule,  arrivèrent  à  Rome  où  le 
pape  Martin  I"  les  reçut  favorablement,  vénérèrent 
le  sépulcre  glorieux  des  saints  apôtres  et  s'instrui- 
sirent de  ce  qu'ils  s'étaient  proposé. 

En  repassant  par  la  Gaule,  saint  Wilfrid  accepta 
l'hospitalité  de  saint  Chamond  et  resta  à  Lyon  jus- 
qu'à la  mort  de  ce  prélat.  Benoit  retourna  en 
Angleterre  et  passa  les  cinq  ou  six  années  suivantes 
à  étudier  &  fond  les  livres  théologiques  qu'il  avait 
rapportés. 

NOUVK.\L-X    PÉLKRINAC.KS.    —     SAIM    BF-NOIT    EUnRASSI    LA 
VIB    UOMASTIQt'B 

Le  prince  Alfred,  un  des  fils  du  roi  Oswy,  charmé 
sans  doute  par  les  descriptions  i)ue  le  Saint  lui 
faisait  des  beautés  de  la  Ville  éternelle,  résolut  d'ac- 
complir à  son  tour  ce  pieux  voyage,  et  !••  pria  de 
lui  servir  de  cuido  et  de  cniupa;!non.  Mais  Oswy  crut 
devoir  s'oppiiser  au  dessein  de  son  llls. 

Benoit  partit  seul.  Après  avoir  visité  encore  les 
sanctuaires  et  les  inoiiastcres  de  Itoiue  et  plusieurs 
autres  en  Italie,  en  retournant  dans  .-.i  n.iti  ip  par  lo 
midi  de  la  Krance,  il  s'arrêta  dans  '  ibluyt- 

de  Lérins,  fondée  depuis   deux  st>  : -mi  par 

saint  Honorât,  sous  la  règle  tl  icaire.et  qui 

suivait   alors  celles  'de  saint  i  i   et  de  saint 

Augustin. 

Le  imble  pAlerin  liouva  I&  sa  vocation  déHnitive. 
UdeuianJa  et  obtint  l'habit  rfliiiifiix,  vécut  deux 
ans  dans  l'ohiervance  la  plus  parfail«  d«  U  vie  c»^- 
nohilique,  toute  de  pi  icres,  de  Ira»  morli- 

Qcations.   Entin,  attristé   par  le   r  :  ou   il 

voyait  ses  Frères  t<iniber  peu  h  prii    l;,  il  repartit 
pour  Borne  où  le  poussait  un  attrait  particulier,  avec 
otion  d'y  demeurer  If  reste  de  sa  vie. 
1  en  avait  décidé   auirt-mi'nt.    Le  pape   saint 

Viiiiirn  venait  de  sacrer     ■  ' ■■  '  -'..^ry    un 

moine  gri'c  pieux   cl   sa  .'ii'.  •  l 

voulait  l'cnvoyi-r  dan»  la  i...  '    '    \ 

réformer  certains  abus  et  v  i 

lions  de  dis'ioli"''    Il   lui  ooii  » 

un  aiitri-  n 

et   -  uni   I' 

,  I 
■i  ,     ,  ,  ,1 

a    Ifeiioll,    le    Pape,    cuuiiaissanl    -  •.,    snii 

■(iToir  rt  ses  vertus,  le  jugea  plus  .if  tout 

de  servir  de  gnide  et  d'interpietu  a  ses  deux 

<i. 


■ETOua  m  lAïKT  anoiT  «isoir 


'1  (  ."ir- 
.    M  ir 


Itie   l<^   Anpjli»- 
■!•    et    pTUTr<»i, 


.A    quelipes ^.j«   ur  i 

|iil  y  latrodaintt  ta-r*fl«  <\r 


seille,  et  de  là  par  terre  à  Arles,  où  ils  demeurèrent 
chez  l'archevêque  jusqu'à  ce  qu'Eliroin  leur  eût 
envoyé  l'autorisation  de  poursuivre  leur  voyage.  Us 
passèrent  l'hrver  à  Sens,  à  Meaux  et  à  Paris,  auprès 
(les  saints  prélats  qui  gouvernaient  alors  ces 
l-;glises.  Le  roi  de  Kent  envoya  un  de  ses  principaux 
seigneurs  au  devant  de  Thf'odore  qu'il  attendait 
avec  impatience.  Théodore  et  Benoit  s'embarquèrent 
donc  à  St-Josse-sur-Mer  et  arrivèrent  heureusement  à 
(^antorbéry.  Quant  à  Adrien,  Ebroin,  le  soupçonnant 
;i  tort  d'être  secrètement  chargé  de  quelque  mission 
iliplomatique  contraire  aux  int^^rêts  de  sa  politique 
onihrageuse,  la  retint  encore  deux  ans  en  France. 
Théodore  donna  à  Benoit  le  gouvernement  de 
l'abbaye  de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul,  près  de  sa 
ville  épiscopale.  Le  Saint  y  introduisit  promptement 
une  parfaite  régularité;  mais  à  l'arrivée  d'Adrien,  il 
se  démit  de  sa  charge  entre  ses  mains,  et  repartit 
une  quatrième  fois  pour  Rome. 

NOUVRAOT  PÈLERINAGES  —  FONDATIO:»  Dï  DEUX  BONAS- 
TÊBES  —  SAINT  BENOIT  BISCOP  APPREND  AUX  ANGLAIS 
A  CONSTRUIRE  DES  BATIVINTS  EN  PIERRE  ET  A  FABRI- 
QL'KRLE  VKHRE 

Il  rapporta  de  ce  voyage  bon  nombre  de  livres 
ecclésiastiques  qu'on  lui  vendit  ou  dont  on  lui  fit 
présent.  Kn  passant  à  Vienne,  dans  les  Gaules,  il 
en  retira  encore  plusieurs  qu'il  avait  jadis  achetés 
et  laissés  en  dépôt  dans  cette  ville. 

A  son  retour,  le  roi  Egfrid,  autre  fils  et  successeur 
(l'Oswy,  le  même  qui  persécuta  plus  tard  saint 
Wilfrid  et  saint  Willibrord,  lui  donna,  près  de 
l'endroi  où  la  Wear  se  jette  dans  la  mer  du  Nord 
Wearmouth),  une  terre  «  de  soixante-dix  charrues,  » 
c'est-à-dire  suffisante  pour  nourrir  soixante-dix 
fjmilles.  Benoit  y  bAtit,  sous  le  vocable  de  saint 
Pierre  (vers  674|,  le  monastère  de  Monkwearmouth 
(l'embouchure  de  la  Wear  où  habitent  les  moines). 

Trois  ans  après,  le  même  prince  lui  fit  don  d'une 
s.^conde  terre,  d'une  étendue  un  peu  moins  consi- 
lérable,  an  lieu  nommé    iarrow,   sur  la  Tyne,  à 

■  leux  lieues  environ  de  Monkwearmouth.  Le  Saint 
V  construisit  un  second  monastère  en  l'honneur  de 
-.Tint  Paul  ;  ce  vocable,  comme  le  premier,  est  évi- 
demment un  souvenir  de  ses  fréquents  pèlerinaces 
nu  tombeau  des  bienheureux  apôtres. 

Jusque-là,  les  Anglais  ignoraient  l'art  de  bâtir  en 
jiiorre?,  ou  du  moins  s'y  adonnaient  tellement  peu 
[ijo  IVilise  même  du  fameux  monastère  de  Limlis- 
:  irne  était  en  bois  et  couverte  en  chaume  et  en 
jilinche?.  Benoit  passa  en  France  et  en  ramena  des 
niarons  habiles  pourconstruireson  église  en  pierres 
et  là  voûter  à  la  romaine. 

L""  Anglais  ne  connaissant  pas  davantage  la 
!'•  fabriquer  le  verre,  Benoit  lit  aussi  venir 
;  s  et  mit  des  vitres  aux  fenêtres  des  deux 
liioriiit'Tes  et  de  leurs  éi^lises. 

11  fit  •■;.'aleraent  apporter  des  Gaules  ou  alla  lui- 
nu' rup  y  afhi'tpr  les  inslrunienUi,  les  vases  précieux, 
|r',  r>rnpiii"i'  j  sacrés,  qu'il  ne  pouvait  trouver  ilans  le 
i'<\-.  Iiijpiirlinls  service»   rendus  à  la  cause  de  la 

■  r. ilisation  et  du  progrès  par  un  moine  catholique, 

qu'aurait   dû,  ce  semble,  oublier   moins 
■   un  peuple  connu  pour    son   amour  du 
].,  l'i  '■r'mmerce  et  de  l'industrie. 

1-    !         ;.         ■  res  de  Saint-Pierre  et  de  Saint- 

1'    .1  ;ii  unis,  grâce  à  leur  voisinage 

ie  saint  fondateur  les  avait 

■  pp   former   qu'une   seule 

rner,  [""ii'lant  les  fré- 

lit  f  n!;r  leur  procurer 

is  dit,  il  mit 

:    son  parent 


Estrevin  (Easterwinel,  et  à  la  fête  de  celni  de-  /arrow, 
le  pieux  GeoTroi  (CeoU'rid).  A  la  mort  .l'Esl.  'vin, 
qui  arriva  peu  après,  il  le  remplaça  par  !<■  di.xre 
Sigefroi  iSigfrid),  et,  à  la  mort  dé  ce  dernier,  il 
confia  à  Geoffroi  la  direction  des  deux  abbayes.  Ces 
trois  abbés  sont  honorés  d'un  culte  public  par 
l'Eglise.  Quel  ne  devait  pas  être  le  mérite  d  un 
homme  dont  les  disciples  brillaient  ainsi  de  tout 
l'éclat  de  la  sainteté? 

CINOUli'.JIF.    PÈLERINAGE     A     ROME    —     LK     PROTt  STAM  ISME 

cospoNon  d'atance 

Le  saint  abbé  entreprit  un  cinquiènio  pèlerinage 
à  Rome,  à  la  fois  par  dévotion  et  pour  le  rèi;lemenl 
de  quelques  affaires  ecclésiastiques.  11  en  revint 
avec  de  nombreuses  retiques;  des  tableaux  repré- 
sentant les  traits  principiux  de  la  vie  de  .Notre- 
Seigneur,  de  la  Bienheureuse  Vierge  et  des  saints, 
et  de  nouveaux  livres  contenant  les  ouvrages  des 
Pères. 

De  chacun  de  ses  pèlerinages,  nous  apprend  le 
vénérable  Bède,  son  disciple  et  son  historien,  il 
rapportait  des  trésors  pareils.  Encore  une  fois,  que 
disent  les  anglicans  d'Henri  VIII  de  ce  zèle  d'un 
des  plus  fameux  apôtres  de  leur  pays  à  propager  le 
culte  des  reliques  et  des  images  des  saints'.' 

Sans  doute  nous  ne  rendons  pas  aux  âmes  bien- 
heureuses le  calte  suprême  dû  à  Dieu  seul.  Il  faut 
toute  la  mauvaise  foi  du  protestantisme  pour  oser 
reprocher  ce  crime  à  l'Eglise.  Mais  si  nous  n'ado- 
rons pas  les  saints,  nous  les  vénérons  et  nous  les 
invoquons  comme  les  amis  de  Dieu,  nos  avocats  et 
nos  intercesseurs  auprès  de  Lui.  La  doctrine  de 
l'Eglise  n'a  pas  varié  depuis  les  temps  apostoliques 
où  de  généreux  chrétiens  s'exposaient  au  supplice 
pour  dérober  les  corps  des  martyrs  aux  insultes 
des  bourreaux. 

Saint  Benoit  Biscop  pensait  sur  cette  question 
comme  les  apôtres,  comme  le  Pape,  comme  l'Eglise 
catholique.  Il  orna  ses  deux  monastères  des  images, 
des  tableaux,  qu'il  avait  rapportés  d'Italie.  Au 
fond  de  l'église  de  Saint-Pierre,  il  mit  ceux  qui 
figuraient  la  Sainte  Vierge  et  les  douze  apôtres;  à 
la  muraille  méridionale,  les  histoires  tirées  de 
l'Evangile;  au  côté  du  Nord,  les  visions  de  VApnca- 
ly)iie  ;  de  sorte,  qu'en  entrant  dans  cette  église,  dit 
le  vénérable  Bèd'-,  moine  lui-même  à  Jarrow,  ceux 
qui  ne  savaient  pas  lire  trouvaient  de  tous  côtés  des 
objets  utiles  et  agréables,  voyant  Jésus-Ghrist  «"t  ses 
saints,  et  rappelant  en  leur  mémoire  la  grâce  de 
son  Incarnation,  ou  la  terreur  de  son  dernier 
jui-'ement. 

Dans  l'église  de  Saint-Paul,  il  mit  des  tableaux 
qui  marquaient  la  concorde  de  l'.^ifieri  et  du 
Nouveau  Testament  :  par  exemple,  I-  ut  l** 

bois  du  sacrifice  et  Jésus-Ghrist  por'  i  .i.x; 

le  serpent  d'airain  et  Jésus-i'.liriM 

De  tel»  ornements  sont-ils  rlnn 
éplisc,  pour  que  le  I  '    ' 
tal>niienl  supprini' 
aux  moines  de  se  Minru-i  u  •  <  i 
récréation  des  pauvres;   mieux 
les  murailles  nues  et  lioides  i  la  place  des  portraits 
des  saints,  et  les  monuments   funèbres  dej  graniii 
hommes    modernes    à    la   place    des   statues    1 
bienheureux. 

Benoit  avait  obtenu  du  Ptpe,  qui  était  alors  saint 
Airiihon,  un  privilège  qui  consacrait  la  liberté  Je 
SCS  luonasteres. 

Mais  il  avait  eu  un  autre  soin  pnmre.  Il  ()pnii;  li 
au     Pap".    q'îi  I"    lui    r\r-nT^-i.  d'-m'ui-T'cr  lui 

J<'ai-  ti 

dp    1  f'-9 


lan»  une 

-  ait  hni- 

'  lit  alTnirp 

I  ii'Uiiii  et  dp   la 

valent  sans   dnuip 


.i«ux  abbayes  le  chant  grégorien  et  les  cérémonies 
romaines. 

Saint  Wilfiid  et  saint  Adrien  avaient,  au  reste, 
formé  déjà  de  nombreux  et  savants  élèves,  aussi 
bien  dans  la  musique  et  la  littérature  que  dans  les 
sciences;  mais  leur  école  avait  cvideranienl  influencé 
surtout  le  pavJ  qui  les  entourait,  c'est-à-dire  le 
royaume  de  Kent. 

L'abbé  Jean,  que  le  Pape  avait  chargé  aussi  d'une 
mission  auprès  des  évéques  de  la  (îrande-lfretagne, 
arrivé  à  \\  earnioulh  avec  plusieurs  moines,  que  lui 
«Tait  donnés  |iour  l'aider  l'abbé  de  Saint-Martin  de 
Tours  à  Sun  passage  en  France,  laissa  par  écrit 
l'ordre  de  lu  célébration  des  fêtes  pour  toute  l'année  : 
on  en  fit  plusieurs  copies,  et  le  savant  maitrc 
enseigna  de  vive  voix  léchant  grégorien,  .\vant  son 
départ,  b's  plus  habiles  chantres  accoururent  île 
tous  les  monastères  du  pays  pour  l'entendre,  et  plu- 
sieurs l'invitèrent  à  venir  dans  leurs  maisons. 

Benoit,  jaloux  de  voir  fleurir  dans  sa  patrie  la 
discipline  qu'il  avait  admirée  dans  les  monastères 
de  France  et  d'Italie,  enseigna  à  ses  moines 
toutes  les  pratiques  de  la  vie  de  perfection.  Il  établit 
l'ncore  une  école  où  il  professait  publiquement  et 
vit  autour  de  sa  chaire  jusqu'à  six  cents  nudi- 
t'-urs.  C'est  a  celte  école  qu  on  lui  amena  le  vénéra- 
ble llède,  ilgé  de  sept  ans,  et  dont  il  fit  à  la  fois  un 
savant,  un  littérateur  et  un  saint. 

11  voulait  que  ses  Heligieux  fussent  les  mieux  ins- 
truits de  tout  ce  qui  concerne  la  célébration  de 
l'oflice  divin  et  des  cerenioniesliturgiques.il  composa 
lui-même  un  livre  intitulé  :  Dr  la  ci'li'hration  des  fi'tes, 
pour  les  empêcher  d'oublier  les  habiles  leçons  qu'ils 
avaient  reçues  de  l'abbé  Jean.  D'autres  auteurs  pen- 
sent, il  est  vrai,  que  ce  livre  fut  écrit  par  Jean  lui- 
même.  On  a  aussi  attribué  à  saint  Itenoil  Ftiscop  une 
coneordnnce  des  r"fgles  monastiques,  qui  est  l'œuvre 
de  son  homonyme,  saint  llenolt  d'Aniane,  un  livre 
>ur  lf$  jiriviUgts  de  ses  monastères  et  un  autre 
d't'zAor(a(ionj  à  ses  moines. 


MOar    Dl   SAI.M  BKNOIT  DISCoP  —    SON  CULTK 

Devenu  vieux  et  accablé  d'infirmités,  Renolt  fut 
un  rare  exemple  de  patience  au  milieu  de  maladies 
douloureuses.  11  ne  cessait  de  remercier  Dieu  de  lui 
avoir  permis  d'établir  chez  se»  enfants  de  si  saintes 
constitutions.  I.c  plus  grand  plaisir  qu'on  pouvait 
lui  faire  était  de  l'entretenir  des  institutions  ecclé- 
liastiqucs  qu'il  avait  étudiées  en  divers  endroits  et 
surtout  a  Home,  et  des  nombreux  pèlerinages  qu'il 
avait  arrnmplis. 

Le»  trois  dernières  années  de  sa  vie,  la  paralysie 
le  priva  de  l'usage  de  ses  membres  et  (Init  par 
l'obliger  à  ne  plus  (juitter  sa  couche.  Comme  il  ne 
li,i  était  plus  possible  d'assister  à  l'office,  plusieurs 
I'  1  ni,  partagés  en  deux  cher  urs,  venaient  chanter 
!  '  lui  les  psaumes  de  chaque  heure  cano- 
nial' ,  .1  les  suivait  avec  attention  et  jni:.'nait  sa  voix 
aux  lellI^    (uand  se»  forces  le  lui  permettaient. 

Avant  de  mourir,  il  exhorta  te*  disciples  à  garder 


fidèlement  leur  règle,  leur  vantant  l'exacte  obser- 
vance qu'il  avait  admirée  dans  d'autres  monastères 
et  le  bonheur  de  ceux  qui  aiment  leur  vocation. 
«  Mes  enfants,  leur  disait-il,  ne  croyez  pas  que  les 
constitutions  que  je  vous  ai  données  soient  une 
invention  de  mon  esprit.  Après  avoir  visité  dix-sept 
monastères  bien  disciplinés,  dont  j'ai  lâché  de  con- 
naître parfaitement  les  lois  et  les  usages,  j'ai  formé 
un  recueil  de  toutes  les  règles  qui  m'ont  paru  les 
meilleures  :  c'est  ce  recueil  que  je  vous  ai  donné.  « 

Enfin  le  bienheureux  Père  rendit  son  àme  à  Dieu 
le  12  janvier  690  (ou  703,  suivant  (juelques  hasio- 
graphesi,  après  avoir  reçu  le  saint  Viatique.  Il  fut 
aussitôt  vénéré  comme  un  saint,  au  témoignage  de 
son  disciple  le  plus  fameu.\,  le  vénérable  Itède.  abbé 
de  Jarrow,  qui  a  écrit  sa  vie  dans  son  histoire  des 
premiers  abbés  de  Wearmoulh.  Il  en  parle  aussi  avec 
de  magnifiques  éloges  dans  une  de  ses  éloquentes 
homélies.  C'est  à  ces  deux  sources  que  les  auteurs 
plus  modernes  ont  surtout  puisé  les  détails  histo- 
riques dont  nous  venons  de  donner  un  résumé. 

Saint  Benoit  devint,  d'un  côté  avec  saint  Pierre, 
de  l'autre  avec  saint  Paul  et  saint  Bédé,  le  patron 
des  deux  églises  qu'il  avait  fait  construire.  C'est 
au  pied  de  l'autel  dédié  sous  son  nom  dans  la 
cathédrale  de  Cantorbéry,  que  fut  immolé  l'illustre 
défenseur  des  droits  de  l'Eglise, saint  Thomas  Beckel. 

La  congrégation  actuelle  des  Bénédictins  anglais 
regarde  aussi  saint  Benoit  Biscop  comme  un  de  ses 
protecteurs  spéciaux. 

En  970,  ses  reli>|ues,  d'après  un  chroniqueur  du 
XII'  siècle,  furent  transférées  à  l'abbaye  de  Thorney  ; 
cependant  les  moines  de  Glastonburv  prétendaient 
en  posséder  une  partie. 

Les  deux  monastères  fondés  par  lui  furent,  comme 
tant  d'autres  couvents  bénédictins,  l'origine  de  trois 
villes  groupées  à  leur  ombre  bienfaisante  :  Wear- 
mouth,  MonUwearmouth  el  Jarrow.  Ce  sont  aujour- 
d'hui de  petits  ports  de  commerce,  enrichis  par  le 
transport  de  la  houille  et  l'expluitalion  de  nombreuses 
industries. 

Monkwearmouth  fut  détruit  par  les  Danois  au 
X*  siècle  ;  Jarrow  à  la  même  époque,  ou  à  l'invasion 
normande,  vers  la  fin  du  xi*.  Kel>,llis,  au  moins  en 
partie,  les  deux  monastères  ne  furent  plus  bientôt  ijue 
de  simples  prieurés  soumis  à  l'abbaye  de  Durliam  : 
ils  disparurent  complètement  lors  de  la  prétendue 
réforme  d'Henri  VIII  (1546).  L'ne  partie  do  l'ancienne 
église  conventuelle  de  Jarrow  est  conservée  dan* 
l'église  paroissiale  protestante  ;  on  montre  même 
dans  la  sacristie  le  siège  du  vénérable  Bède,  con- 
servé à  titre  d'antiquité  curieuse. 

Plaise  A  Dieu  qu'un  jour  In  vieille  Anglrterre, 
revenue  tout  entière  à  la  relii:ion  de  ceux  qui  lui 
apportèrent  avec  la  foi  chrétienne  les  avantages  de 
la  vie  matérielle,  à  la  religion  des  saint  Augustin, 
des  saint  Thomas,  des  saint  Edouard,  des  saint 
Anselme,  et  de  tant  d'autres,  plaise  à  Dieu,  que 
l'Ile  brumeuse,  l'Ile  des  laints  et  des  moines, 
retrouve  avec  le  chemin  de  la  Home  des  Papes,  le 
soleil  lie  la  vérité  catholique  pour  éclairer  l'apogée 
de  sa  puissance  terrestre. 


:  ♦  : 


fmp  -çtrant  :  rmraijnv,  I,  m*  Krtnçoli  l—,  firta. 


SAINTE  JUETTE,  VEUVE  ET   RECLUSE 


Féle  le  15    ianvier. 


Kn  nne  vision.  Marie  vient  se  prosterner  devant  ion  Fils  et  implorer  pardon  pour  la  Sainte  i 
et  le  Sauveur  touché  confie  cette  âme  à  sa  mère 


8KS  PaniIKRES  ANNÉES  —  SA  VIE  DANS  LE  HO.NDE 

luette  naquit  dans  un  petit  vilUcc  du  diocèse 
de  lAf-pe,  de  parents  nobles  et  riches  des  biens 
de  la  terre.  Fille  unique,  d'une  rare  beaut/',  elle 
était  l'idole  de  ses  parents.  Malheureusement  leur 
afTection  était  peu  surnaturelle  et  ils  ne  rêvaient 
pour  leur  enfant  d'autre  avenir  que  le  faux  bonheur 
de  ce  monde.  A  peine  atteignait-elle  sa  treizième 
année  que  déjà  ils  sonçeaient  à  la  donner  en 
inariape.  Comme  on  le  pense,  les  partis  affluèrent. 
)aette  les  refusa  tous,  alléguant  justement  son  jeune 
àpe  :  elle  supplia  même  «ei  parents  de  l.i  délivrer  de 
leur'  obsessions,  mais  en  vain  ;  sa  famille,  les  amis 
de  «.1  famille  firent  de  telles  instances  que,  déses- 
pér.ir  I  ^  U  fin  d»  s'y  soustraire, elle  consentit, quoique 


bien  à  regret,  à  donnersa  main  à  un  jeune  homme 
de  son  village  natal.  .Malheureux  parents  qui  s'attri- 
buent le  droit  de  forcer  ainsi  la  vocation  de  leurs 
enfants  ;  pauvres  enfants  qui  sont  les  victimes  de 
CCS  calculs  trop  humains  I  Mais  Dieu  se  char^<;ra 
lui-même,  h.  son  tour,  de  juger  et  de  redresser  ces 
f^ux  jugements  du  monde. 

L'extrême  répugnance  de  l'enfant  (elle  n'avait  que 
treize  ans)  à  remplir  les  devoirs  de  son  nouvel  état, 
le  souvenir  de  son  bonheur  d'autrefois  la  jeta  dans 
un  tel  découragement  qu'elle  envint  jusqu'àsouhaitT 
!a  mort  de  son  mari  :  faute  qu'elle  pleurera  plus 
tard,  mais  qui  marque  bien  l'accablernsnt  d  uns 
âme  jetée  en  dehors  de  sa  voie:  toutefois  Jnelie 
recourut  &  Dieu;  le  calne  et  la  résignation  liii  vin- 
rent   avec  la   privrc  ;   elle   put  même  «n   soiivenir 


de  ton  arMien  élat,  cmirisïer  plusieurs  prïltinipi 
quotidienne?  fle  charité  OU  de  mortincxtiôh  compa- 
tiblfs  avec  ses  devoirs  d'épouse. 

Au  Sout  de  cini]  ans  de  mariasv,  elle  perdait 
son  Hiari  comrue  elle  l'avait  d>;fir'-  dan?  un  accès 
de  douleur  :  ells  en  ttalt  eu  trois  enfants  :  l'on  était 
mort  au  berceau,  elle  fil  l'éducation  des  deux  aulree. 

Cependant,  teuTe  &  dii-huil  an»,  sa  piété,  sa  sa- 
ppssp  dans  le  gouTerneroenl  de  sa  petite  famille  lui 
attira  de  nouveaui  parti»  ;  mais  instruite  par  l'expé- 
rience et  surtout  soutenue  de  la  prince,  elle  fut 
inflexible  celtfl  fois  et  sut  déiouer  toutes  le»  ruses 
le«  mieux  concertées.  El  quelles  ru»es  !  Son  p^re  osa 
faire  appel  é  la  médiation  de  l'Evêque  du  diocèse 
dnnl  il  administrait  les  biens.  Le  prélat  qui  crut 
l'^trilimes  le«  raisons  de  la  famille  manda  Juetle  pour 

I  inviter  paternellement  &  s'y  rendre.  Pendarl  qu'ij 
pîirl.iil,  elle  priait.  Dieu  lui  suggéra  la  réponse  qui 
fii(  brève  et  concluante  :  •  J'ai,  répondit-elle  modes- 
tement, consacré  k  Dieu  ma  riduité;  et  c'est  Dieu 
qui  l'a  voulu  ;  je  ne  puis  revenir  sur  un  rreu.  »  Ces 
pîtroles  produisent  un  effet  magique  sr.r  l'esprit  du 
prélat  :  au  lieu  d'insister  dans  le  sens  de  la  famille, 
il  approuve  la  jeune  veuve  et  veut  mi'rae  l'aider  à 
vaincre  les  dernière»  oppositions.  L'^bïtacle  était 
chenpé  en  moyen  ;  c'est  la  façon  ordinaire  de  la 
Providence  ilivine.  Heureux  ceux  qui  mettent  en 
Dieu  toute  leur  confiance  1 

Juetle  était  définitivement  libre  dei  liens  du  ma- 
riage ;  et.  «ans  oublier  «es  devoir»  de  mère,  elle 
sonfc'e  ^surtout  k  satisfaire  les  aspirations  de  sa  piété. 
Pour  épargner  toute  méprise  aux  intéressés,  elle 
coniiiience.  suivant  le  mot  de  saint  François  de 
Sale»,  par  quitter  ien'tignr  el  dit  adieu  aux  brace- 
lets, au»  anii.'.iux,  aux  vêtements  luxueux.  Du  linge 
gros«ier,  le  cilice  ou  la  ceinture  de  fer,  de  lourdes 
>laqiies  de  plomb  portée»  en  forme  de  scnnulaire, 
e"  ieiiiplac*'iii.  Ititr  <a  table  ne  figurent  plus  que 
des  mets  Kro>sier»  dont  elle  »e  refuse  même  le  néces- 
saire. K,st-e|lt>  leule  à  table,  elle  se  coiilente  de 
pain  de  fronienlou  de  son  et  d'une  e«pece  de  gAteau 
de  farine  ni«'lé«  de  cendre  pour  lui  enlever  toute 
saveur  ;  si  elle  donne  ou  reçoit  l'hospitalité  elle 
deu'uisa  sous  un  viiage  épanoui  les  privations  impo- 
«ées  a  '«on  pflomac. 

Kn  dehorrt  du  temps  réservé  par  ses  devoirs 
niaterne|<i.  c'est  ft  Dieu  Qu'elle  consacre  en  effet 
tout  son  temps  et  Ses  preocriipilions  ;  tout  imur 
Dieu,  rien  que  pniir  Dieu.  Klle  estime  k  bon  oroit 
que  la  pnri  de  monde  ou  du  démon,  c'est  de  n'en 
p.iint  a»iiir  ;  rtiai»  il»  s'en  vengeront.  La  Sainte  s'y 
ii'r.Ti  I.   i;  .••■t    "*.itan   qui   commence  :    il    es'aie   de 

II  oiibler  »e«  pi  ,»'••  "•>.'. >rr,..  pur  (j,>)  visions  élran- 
i:.-«  ou  des  br'  'les.  Si,  pressée  par 
l'iiiinur,  Joëlle  ,  I  aurore  la  cbeniin  de 
I  ««lllt«.  elle  i>lkil  »i)re  de  trouver  sur  son  chemin 
un  lion,  1111  oiir^,  un  «erp^nt  Ou  tonte  antre  t>éle 
I.T...  e.  piirfof  un  «iiige  ou  un  n'-gr«,  employant 
■  V.  1  ui.  4ii|i  t'''lir>-  prirf'CtiîjiT  do  (»rr>;ur  ou  de  »é4uc- 
i  .  '.'t  H  Un-ci  rugissant, 
,•>••,  .  .  inl,  jouant  oU 
p'  .«njccs.  l.i:.»  lu.ic»  u'eun  iii  qu'un 
1  ••  Juetle  re^^nnul  vile  Sitin.  Klla 
« -Il  11  .  t  :  !»  eroix  et  n.issail  mlr/pide.  Le 
(1   io.,i    II                      -  pour  battu  ;  il  alliiina  dans  le 

'    '•  «  llainmes 

i>,  iil   i|'i'una 

1   M.      ..- 


.•Oie,    pnur    U    défendre  ;   le    erlniinel   prend   U 

fuite. 

Apr»  '      ■ 

.1-    «n 


r. 


l'on  pouTtit  exot/âor  (^ans  «et  antour,  aimait  à  en 
verfi>r  le  trop  plein  dans  lè  sein  de»  malheureux. 
Sa  passion  était  de  donner  ;  elle  allait  jusqu'à  se 
dessaisir,  elle  et  ses  enfants,  du  nécessaire  en  linge 
O'i  en  nourriture.  C'est  un  excès,  si  l'on  veut,  devant 
la  raison  humaine,  à  courte  vue,  mais  la  foi  l'ap- 
prouve, Dieu  le  récompense  et  les  saints  en  sont 
coutumiers.  Juetle  était  donc  dans  l'ordre.  Mais  la 
prudence  de  sa  famille  s'en  alarme  ;  on  lui  enlève 
la  tutelle  de  ses  enfants,  comme  étant  incapable 
d'en  remplir  les  devoirs.  L'amour  maternel  cepen- 
dant réclama  ses  droits  :  son  père  dut  céder  et  la 
réintégrer. 

TLLE  Qt'ITTX  Ll  MORDS 

Notre  Sainte  toutefois  désespère  de  mener  au 
milieu  du  monde  cette  vie  entièrement  k  Dieu  qui 
est  son  rêve,  cinq  années  d'expérience  le  lui  ont 
app<is  ;  une  solitude  voila  ce  qu'il  lui  faut.  Elle  avise 
dans  le  voisinage  une  léproserie  où  son  amour  des 
malheureux  pourra  se  donner  carrière.  Ceux  qui 
sont,  pour  le  monde,  un  objet  d'horreur  et  comme  le 
rebut  de  la  société,  seront  (>our  elle  autant  d'images 
de  Jé»us  chargé  des  péchés  de  ce  même  monde  et 
rejeté  par  lui   comme  un  lépreux  :  "  l'iifirnus   eum 

?uasi  tffirotum.  »  Son  plus  jeune  fils  était  mort, 
aîné  faisait  son  éducation  littéraire;  elle  crut  sa 
responsabilité  maternelle  suffisamment  amoindrie 
pour  se  permettre  de  réaliser  son  projet  et  de  se 
vouer  au  service  des  lépreux. 

Avec  quel  saint  enipre->seinenl  elle  les  sert  à  table, 
leur  lave  les  pieds  et  les  mains,  purifle  leur»  vêle- 
ments, les  soulève  de  leur  grabat  pour  en  amollir 
la  paille,  leur  rend,  en  un  mot,  ce»  milles  petits 
services  de  détails  auxquels  ils  étaient  loin  de 
s'attendre,  dans  l'état  di>gradé  et  repoussant  où  la 
maladie  les  avait  réduits,  et  qu'elle  leur  fait 
accepter  moins  comme  un  service  pour  eux  que 
comme  un  honneur  et  un  bonheur  pour  elle. 
II  ne  suffit  point  d'un  grand  cipur  suivant  le  sons 
vulgaire  du  mol,  pour  atteindre  uD  tel  degré  d'hé- 
roïsme dans  l'abnégation  el  l«.' dévouement.  Le  cœur 
le  plus  noble  reste   ramp'int  par  nalure;  seule,  la 

frace   divine  p»iit  lui   donner  son   essor.    Disons  à 
honneur  de  ri''  que  de  tel»  b'^rolsme»  n'y 

sont  point  Inci  i  vu  tout  n^.  ■•iiiiin-nt  dans 

un  pèlerinage  de  lerr.'  >«inle  de»  dnni'«  françaises 
de  la  plus  haute  distinction  servir  S  lubje,  de  leurs 
main»,  les  malheureux  de  la  léproserie  voisine  de 
Jérusalem. 

Juetle,  du  reste,  eut  elle-même  des  admirateur», 
mieux  encore,  des  imitateurs.  Ileaucnup  aussi  se  con- 
vertirent, terrassés  par  cet  exeniple.  Voila  l'amour, 
voila  les  effets  de  l'amour;  el  nous  n'avons  pas  tout 
dit  L'amour  identiflanl  avec  l'objet  aimé,  Juetle 
smih  lit»  d'avoir  la  l.pre  :  à  cet  xff"l.  elle  mangeait 
nve«  les  b'preux.  Se  lavait  dans  leur»  eaux  ;  elle 
essaya  niéiue  de  s'inoculer  la  terrible  nialnilic  Ce 
dernier  trait  est  k  admirer  pluiAt  qu  a  imiler  ; 
mais  le»  saints  ont  I  ■  ,  eciales. 

Toiyour»  esl-il  iju<  .<*^|!alion 

el  de  »oii  hunnlit'',  i  .  •  >..  r.iir  u.t,  dix  an» 
entiers,  au  service  d.  -  !  j  .  ux  sans  coatracler  U 
lèpre. 

■LU  MMàMt  U   nt   M  aaCLflH 

Le  nombre  de»  imitateurs  de  iueltc  s'Atant  accru 

r...    I.  ,,...,. t      ,|    «,'    r.iii.1    Kiii.xir  d,    U    l''pto>eri« 

lll*    df 
1    !  "Ui 


l'église  voisine;  une  petite  fenêtre  liaiis  le  mur  de 
l'église  lui  permet  de  voir  le  tabernacle  et  le  prêtre 
à  "autel;  une  autre  sur  le  cbeaiin  lui  laisse  les 
coiumunications  indispensables  avec  le  monde.  Ainsi 
placée  sous  le  regard  de  Jésus,  ea  vie  devint  comme 
une  contemplation  perpétuelle  entremêlée  d'amou- 
reux colloques  avec  son  Pien-Aimé. 

Juette  cependant  n'écliappa  psti  aux  rudes  assauts 
inséparables  d'un  si  haut  état:  elle  eut  des  tenta- 
tions affreuses  contre  la  sainte  vertu;  elle  en  triom- 
pha par  les  armes  ordinaires:  la  prière,  le  jeCkoe 
et  les  mortifications  de  toute  espèce. 

Jt'sus,  son  Bien-Aimé,  l'éprouva  à  son  tour  par  la 
vision  extraordinaire  que  nous  allons  rapporter.  Elle 
venait  de  s'étendre  sur  son  grabat  pour  prendre  son 
repos  de  la  nuit;  tout  îi  coup  apparaît  le  Fils  de 
l'homme  dans  sa  majesté.  11  prend  place  surson  siège 
de  Souverain  Juge.  Marie  est  à  sa  droite  toute  resplen- 
dissante. Alors  commence  la  discussion  des  con- 
sciences: Juette  tremble;  son  tour  approche  et  elle 
se  sent  coupable  d'une  grosse  faute.  Elle  se  prend  à 
sancloter  et  dans  sa  suprême  détresse  tourne  vers 
M«rie  dfs  bras  suppliants  et  des  yeux  baignés  de 
larme».  Elle  roit  alors  Marie  descendre  de  son  trône, 
se  prosterner  devant  son  Fils  et  implorer  en  sa 
farcur  la  clémence  divine.  Jésus,  irrité,  veut  détour- 
ner sa  face:  «Elle  a  pédié  gravement,  dit-il,  il  faut 
que  justice  se  fasse.»  —  '.C'est  Trai,  mon  Fils,  mais 
Toyei  le»  larmes  versées,  les  jeûnes,  les  mortillca- 
tions  endurées  pour  ce  péché;  et  s'il  manque  encore 
quelque  ohose  k  c«tle  expiation,  considère»,  mon 
Kils,  que  son  péché  n'a  été  qu'un  péché  d'icnorance, 
dont  aujourd'hui  même  encore,  elle  ne  connaît  pas 
lout«  la  gravité.  Du  moins,  remettez-lui  la  faute  «t 
la  peine  à  la  prière  de  votre  Mère.  Pourrez-voiis 
bien  me  refuser  cette  gr.ice  ?  4e  ne  vous  quitterai 
point  que  vous  ne  me  1  ayez  accordée.  »  —  Qu'il  soit 
fait,  ma  Mère,  ainsi  que  vous  le  désire? ,  mais  je 
vous  confie  cette  àme  et  la  voue  à  votre  amour.  » 
Marie  vient  alors  ver»  «la  protégée,  la  console  et  la 
conduit  ft  Jésus.  Jésus  lui  donne  le  baiser  de  la 
réconciliation  et  la  remets  Marie  en  disant:  «Voilà 
votre  nile,  gardez-la,  protégez-la,  dirigez-la.  »  St 
la  vision  disparut. 

Quel  est  maintenant  le  péché  qui  faillit  lui  attirer 
la  colore  divine?  Sans  doute,  le  désir  qu'elle  avait 
PU  de  la  mort  do  «on  mari.  Pourtant  elle  avait 
pas»é  dix  années  au  service  des  lépreux,  multiplié 
le»  macéretion»,  les  jeûnes;  elle  venait  de  se  vouer 
pour  la  vie  aux  rigueurs  de  la  reolu'^ion  ;  tout  cela 
ne  s«mble-t-il  pas  une  expiation  surabondante  du 
passé. 

Oui.  m.-iis  Dieu  juge  mieux  que  les  hommes.  Il 
préfère  pour  le»  âmes  de  prédilection  les  expiations 
tonjoiir-i  adftucies  de  la  terre,  aux  leurnietitj  moins 
rp(l<-,iii.'«  |.<Mil-élrn,  mais  lnflnini>Mil  plusreiloutables 
du  pi! rt'ii l'aire  ;  c'est  l>xplic,alion  de  la  vision  de 
nilre  S«int«.  Au  recte ,  il  faut  ajouter  .pje  l>ieu 
voulait  ainsi  aagitienter  9e<  mérites,  et  la  maintenir 
ilans  cette  profonde  humilité  nécenairo  aux  âme» 
(V)nteraplative». 

Il  lui  renouvela  une  autre  fois  encore  le  désir 
qu'elle  ajoutât  de  noutelles  mortifications  aux 
.Tn'-icnne».  Dan»  Son  ardeur  d'expiations,  Juette 
f|«ipT««.-i  le  ilésir  du  Divin  Maître  ;  Hl'-  mesura  si 
parcimonieusement  à  son  corps  la  nourriiure  de 
•hanii»  jour  qu'il  finit  par  «Koombcr.  I,<m  Itcligieux, 
■•«^  directeurs,  l'obligent  A  j.'rand'peinc  h  '«'  relftoher 
lin  peu  »n  lui  rapfx'lant  qo»;  saint  Paul  (.rc-crivil  fc 
Timolhée  un  p^u  de  vin  pour  ses  rnain  fl>sloinao, 
\\if  saint  Augiistin  n'impose  d'anircs  al>*tineiic«» 
(tic  rHIes  qt>e  la  «anté  t>ennet«  /jn/tnium  valriwUy 
;.cin  '(./-, qu'en  fin,  saint  J<*rdmen'ofilonne  dejefln»» 
.iiir.  1  .,.•  iloir^?  qii"   c<-in  qu'on    peut    siippurler.    Au 


mérite  de  la  mortification,  Juelto  ajouta  donc  ceMi 
de  la  discrétion  et  de  l'obéissance. 

ELLE  CONVBRm  SON  PÉRB  ST  SO;«   KILS 

Tant  d'ardeur  pour  sa  sanctification  per*ionnelle 
ne  lui  fît  point  négliger  les  intérêts  spirituels  de  sa 
famille.  Ses  prières  ardentes  obtinrent  la  conver?:on 
de  son  père  qui  acheva,  en  un  couvent  de  moi:i"' 
cisterciens,  dans  les  douceurs  de  la  paix  intérieur'^ 
et  de  la  pénitence,  une  vie  commencée  dans  les 
agitations  et  les  faux  plaisirs  du  monde.  Elle  obtint 
surtout  la  conversion  de  son  fils  un  instant  dévoyc 
et  dont  nous  allons  rapidement  raconter  l'histoire. 

Après  avoir  achevé  son  éducation  littéraire,  il 
resta  dans  le  monde  au  milieu  de  ses  compagnons 
d'études;  il  y  dissipa  tout  son  bien  dans  la  ditiauch'^. 
et  l'orgie  ;  le  voilà  réduit  au  dése.spoir;  niais  bi> 
pauvre  mère  priait.  Echappé,  grâce  à  elle,  aux  con- 
séquences naturelles  de  son  inounduite,  il  échappera 
à  cette  conséquence  extrême  du  desespoir,  qui  ouvre 
la  porte  à  la  damnation  éternelle.  Sa  mère  en  effet 
a  tout  appris.  Alors  ce  ne  sont  plus  seulement  ses 
prières,  mais  ses  larmes  qui  ne  se  tarissent  plus;  elle 
se  voile  la  tète,  se  frappe  la  poitrine  et  torture,  pour 
ce  ûU  coupable,  son  corps  innocent  :  «  Seigneur  I 
s'écrie-t-elle,  la  vie.  pour  mon  tils,  ou  pour  moi  la 
mort  ;  recouvrez  son  àme  ou  prenex  la  mienne  1  » 

Aprjs  avoir  beaucoup  prié  et  fait  prier,  elle 
mande  son  fils  ;  le  voilà  sous  les  murs  de  sa  cellule  : 
pour  tout  reproche  sa  mère  lui  montre  sa  face 
baignée  de  larmes.  Il  a  compris,  son  cœur  est 
touché,  il  pleure  lui  aussi  et  prend  pour  l'avenir  les 
plus  sérieuses  résolutions.  Ll  rompt  à  tout  jamais 
avec  ses  compagnons  de  plaisirs  et  ne  tout  plus 
être  que  la  joie  de  sa  mère. 

Résolutions  d'un  jour,  hélasl  II  revoit  ses  compa- 
gnons de  déhanche  et  retourne  à  ses  hontes.  Tant 
il  est  vrai  que  celui  qui  veut  éviter  le  mal  doit  en 
fuir  les  occasions. 

Pauvre  mère!  Les  prières  ni  les  larmes  ne  suffi- 
sent plus,  il  faut  des  sanglots  et  des  supplications; 
plus  de  simples  pénitences,  mais  des  macérations 
incessantes  ;  quoi  encore'?  Un  oosur  de  mère  est 
à  la  hauteur  de  tous  les  Bacriflces  ;  il  n'y  faillira 
point,  quand  c'est  de  plus  un  c«Bur  de  Sainte.  On 
veut  la  consoler,  elle  refuse  toute  consolation:  pour 
elle  son  fils  n'est  plus. 

Dieu  ne  pouvait  laisser  perdre  le  fil»  de  tant  de 
larme*.  Juette  mande  do  nouveau  son  fils  et  lui 
enjoint  cette  fois,  avt'c  toute  lautorité  d'une  grande 
douleur,  de  renoncer  à  son  libertmaxe  ou  de  quitter 
le  pays  pour  lui  épargner  la  honte  de  ses  scand.iles. 
<<  Je  m'en  irai»,  répon<i  le  prodigue,  et  il  part. 
Cependant  l'heurv  de  Dieu  allait  sonner.  Pris  de 
sommeil  au  sortir  d'une  orK<«.  il  >•  voit  en  fjnxo 
cité  au  tribunal  de  Dieu,  condamné, et  livré  a  Satan 
pour  l'éternité  ;  auJsitdt  les  dénions  arriveiit,  armés 
de  fntirchesetde  tenaille^enfininm-'es  (>ours'em|>arer 
de  !<on  ftme;  le  nulheareux  qu'il!  entrnlnent  jette 
autour  de  lui  de»  regards  de  deire^se  :  «  Arrêtez  I 
o<'>m mande  tout  à  coup,  aux  di^ninnfi,  an  niessaiter 
divin.  Dieu  lui  iic«orde,  (ur  les  pnèros  de  sa  mère, 
un  délai  de  tmis  ans.  •  II  dit,  et  la  vision  disparaît. 
I!  se  révrille  sur  rot  hfT-«ux  cauchemar,  dont 
l'image  ne  le  quitte  plm  au  milieu  même  de  «f 
effort.»  poor  le  oh  i<«et  .  k  travers  le»  rue»  et  le»  places 
piihlhiiies.  Il-  n  nioide  par  hasard  dans  sa  courte 
éi^arée  ans  belle  dôme  qu'il  n'a  jamais  vue;  ellet.n 
dit  :  »  Voire  mère  von»  ttlue  et  vous  attand  ■  ft 
di()>AraU. 

L"  pr«dtMue  part  aosiilAt;  il  arrive  i^t  appell  >  ;  i 
raèr''  :  «  Qui  e«t  lat  —  Votre  Ois.  —  Qar  v  1 1.  <i- 
voo«T  -^  Faire  ce  que  r«i»  iB'iiidiq«'!r(!i  •  II 
raconte  sa  vision.  Jncltc  a  rf'oiHni  le  il"  -'•  dn  (lipu 


et  remercie  son  immense  miséricorcie.  Son  flh 
passe  quelques  jours  près  d'elle,  attendant  une 
nouvelle  indication  de  la  Proridence  divine.  Sa 
conversion  cette  fois  était  définitive  ;  il  ne  sonce 
plus  qu'à  expier  ses  crimes.  Juette  lui  parle  au 
monastère  de  Trois-Fonts  (Catalogne).  Il  s'y  rend, 
devient,  de  crand  pécheur,  moine  et  prêtre  ferrent 
et  meurt  enOn  en  odeur  de  sainteté. 

TelleF  sont  les  voies  impénétrables  mais  toujoun 
miséricordieuses  de  Dieu. 


Ravissement;  et  tisioms 

Juette,  on  s'en  souvient,  avait:  reçu  plusieurs  fois 
l'assistance  de  Marie  en  de  pressants  dangers  et 
Jésus  l'avait  donnée  en  garde  à  sa  mère  comme  sa 
fille  de  prédilection.  La  Sainte  les  paya  de  retour: 
son  amour  pour  Jésus  et  Marie  furent  tels  qu'à  leur 
seul  nom,  à  leur  seule  pensée  elle  entrait  en  ex- 
tase et  son  âme  était  comme  bercée  d'un  ravisse- 
ment à  un  autre.  Tantôt  c'était  Jrsus,  tantôt  c'était 
Marie  qu'elle  voyait,  qu'elle  entretenait,  dont  elle 
baisait  les  pieds  et  les  mains,  dans  les  bras  et  sur 
le  sein  desquels  elle  reposait  doucement,  dont  elle 
contemplait  la  gloire.  Klle  se  vil  un  jour  vêtir  par 
les  anges  de  vêtements  somptueux  reluisant  de 
pierres  précieuses,  et  couvrir  de  bracelets.  Ils  la 
conduisent  ainsi  ornée  devant  le  trône  de  l'Agneau 

3ui  l'a  choisie  pour  son  épouse.  Comme  on  lui 
emandait  au  sortir  d'une  extase,  si  dans  ces 
moments  d'union  intime  avec  Dieu  elle  pouvait 
prier  pour  les  autres,  elle  répondit  qu'alors  son 
àme  était  tellement  absorbée  en  Dieu  qu'il  lui  était 
impossible  de  penser  à  autre  chose  qu'à  Dieu,  de 
vouloir  autre  chose  que  Dieu,  qu'au  moment  de 
revenir  à  elle-même  elle  éprouvait  un  supplice  inex- 
primable que  trailuisaient  mal  ses  cris  désespérés,  ses 
oras  suppliants;  la  vie  alors  lui  semblait  à  charge, 
et  en  effet  elle  privait  son  corps  de  nourriture 
comme  pour  le  punir  de  l'avoir  arrachée  aux  amou- 
reuses étreintes  de  son  époux. 

Elle  vit,  dans  un  autre  ravissement,  le  châtiment 
réservé  à  une  femme  pour  ses  péchés  secrets  ; 
c'était  comme  un  feu  qui  sortait  de  son  corps  et 
peu  à  peu  l'enveloppait  tout  entier.  La  Sainte  fait 
venir  cette  femme,  la  reprend  de  ses  fautes  et  lui  en 
annonce  le  châtiment.  L'effet  suivit  de  prés  la  pré- 
diction :  lacoupnble  fut  envahie  d'une  lèpre  hideuse 
qu'elle  souffrit  (latiemment  en  expiation  de  ses  pé- 
chés, |iassn  saintement  le  reste  de  sa  vie  et  mourut 
dms  la  paix  du  Seigneur. 

Ln  reli^'ieiix  demandait  un  jour  à  Juette  ce  qu'elle 
disait  à  Dieu  pendant  la  sainte  messe  :  ■  Que  lui 
dire,  répond-elle,  quand  il  est  là  par  amour  sous 
les  saintes  espèces  aussi  réellement  qu'il  fut  par 
amour  étendu  sur  la  Croix  ?  que  lui  dire  ?  sinon  que 
je  l'aime,  que  je  voudrais  l'aimer  infiniment  plus. 
«'.Miiment  ne  ooint  penser  à  Lui  quand  il  est  là  qui 
l'i,  .i  nous?  Comment  s'ennuyer  en  sa  présence 
i|uaii  .  .1  <r4t  consumé  d'amour  pour  nous  ?  Uh  I  celui 
qui  ^(-  (>T.iit  les  suavités  du  saint  sacrifice  ne 
pourrait  v  '  n  i>nvrr  un  seul  jour  !  La  messe  !  mai*. 
[••       -  ■  it  dire  !  La  messe"  '•    t 

r    ■  '  iboront  lesdivinsnr  '< 

'1  "le  de  nos  miseic-    éI.iu»  : 

r  rit.  p  t 

..t  un  tel  désir  de  s'unir  4 

Ji^  t    dans    1.1    '«ainte    Eucharistie    qu'elle 

III  fiiveur  do;!         .  i«  des  saints  offre  peu 

d'exeni)>i<-<.  celle   d'<"  mniée  deux  fois  des 

mains  ni**riies  de  .Nolf'  r. 

Bile  eut  aussi  de  noiiitif  ,       eiUs<>s  qui  latrans- 


fiort.iient  tout  à  coup  pendant  le  saint  sacrifice  dans 
es  bras  de  son  divin  Jésus. 

(In  lui  avait  adjoint  sur  la  fin  de  sa  vte  une  jeune 
personne  pour  assister  sa  vieillesse.  Au  retour'de  la 
messe  de  Noél,  ayant  trouvé  la  Sainte  souffrante  et 
.iliiée,  elle  lui  en  demande  l.i  cause  :  «  J'ai  eu, 
répond-elle,  une  douloureuse  vision;  parmi  les  per- 
sonnes qui  se  sont  approchées  de  la  samte  table,  j'en 
ai  vu  une  que  les  démons  y  conduisaient  en  grande 
pompe  :  les  uns  la  précédaient,  d'autres  l'accompa- 
gnaient ou  la  suivaient,  s'empressant  tous  autour 
d'elle;  mais  au  moment  où  elle  reçut  la  sainte 
hostie,  j'ai  vu  Notre-Seigneur  en  sortir  miraculeu- 
sement et  se  diriger  au  ciel  par  horreur  pour  cette 
conscience  souillée.  »  La  jeune  personne  se  reconnaît 
dans  cette  peinture.  Saisie  d'effroi  et  de  repentir, 
elle  demande  pardon  à  Dieu  de  son  sacrilège, 
l'avoue  à  la  Sainte  et  l'autorise  à  le  citer  comme 
exemple  aux  âmes  que  le  démon  pourrait  porter  à 
le  commettre. 

SA    MORT 

Cependant  après  trente-six  ans  de  réclusion,  Dieu 
lui  révèle  qu'elle  mourra  dans  un  an.  Malgré  ses 
longues  et  rigoureuses  austérités,  elle  tremble 
encore  devant  la  mort  et  supplie  sainte  Madeleine, 
le  modèle  des  pénitentes,  de  lui  venir  en  aide. 
.Madeleine  lui  apparaît  et  la  conduit  aux  pieds  de 
Jésus.  Juette  les  arrose  de  larmes,  les  couvre  de 
baisers;  et  Jésus  lui  donne,  comme  à  Madeleine, 
l'assurance  de  son  pardon  :  «  Ha  fille,  vx>s  péchés 
vous  sont  remis  parce  que  vous  avez  beaucoup 
aimé  •  et  la  vision  disparaît.  Ses  pleurs  et  ses  san- 
glots redoublent,  mais  c'est  d'amour  cette  fois,  et 
non  de  crainte. 

Rassurée  ^ur  elle-même,  elle  donne  ses  dernières 
exhortations  aux  âmes  qu'elle  a  gagnées  à  Dieu  et 
qui  peuplent  la  léproserie  ou  d'autres  cellules  de 
réclusion  attenantes  à  la  sienne.  Au  commencement 
de  l'octave  de  l'Epiphanie,  Noire-Seigneur  lui  appa- 
raît de  nouveau  au  milieu  de  la  nuit;  elle  veut,  sui- 
vantsa coutume,  se  lever  pour  l'adorer;  mais  ses  forces 
l'abandonnent.  Elle  mande  son  confesseur,  on  rompt 
le  mur  de  sa  clôture  et  elle  reçoit  les  sacrements  de 
Pénitence  et  d'Eucharistie, 

Le  mal  s'aggravant  rapidement  faisait  pressentir 
le  moment  prochain  de  sa  délivrance  :  elle  n'avait 
point  encore  reçu  l'onction  des  mourants  :  peut- 
être  l'accablement  de  la  maladie  l'empêchait-il  d'y 
songer.  On  lui  en  suggère  l'idée:  elle  refuse  au 
grand  étonnement  dos  assistants  ;  on  insiste,  igno- 
rant le  motif  de  son  refus,  elle  cède  et  reçoit 
l'Extréme-Onction.  Puis  on  lui  demande  :  pour>)iiiii 
avei-Tous  refusé  tout  d'abord'.'  — C'est,  dit-ellr.  ijur 
le  jour  fixé  n'était  point  arrivé  ;  mon  fils,  infuriné 
de  ma  maladie  en  son  monastère,  a  recommandé 
mon  âme  à  Marie  qui  devait  m'atsister  en  personne 
durant  la  réception  de  ce  sacrement  et  m'inlroduire 
ensuite  au  séjour  des  bienheureux.  Je  vous  ai  obéi 
craignant  de  vous  déplaire. 

Juette    vécut   en   effet  jusqu'au  jour  et  à  l'heure 

3ue  Dieu  lui  avait  révélés  :  ce  fut  le  jour  de  l'octave 
e  l'Epiphanie  de  l'année  I2'.!8,  vers  trou  heures  du 
soir.  La  bienheureuse  expira  en  disant,:  •  SeiKiieiir, 
{e  remets  mon  âme  entre  vos  mains.  ■•  Son  Ms.tcn 
k'orda  une  légère  teinte  rose  et  paraissait  en  rita»e. 
fiani  l'intervalle  de  sa  mort  à  sa  st'pulture,  qu'i'jue 
«li  mili.ii  de  l'huer,  une  innliiiii.li-  .1'..  ..  im, 
»,  •    poser  au  bord  de  mt 

!■  irlj  avec  relui  ■!•  ■  •  r 

veilles  s«  produisirent  p>  re 

que   M   Bienheurtvx   i"M  i  ■■>   U 

Seignrur.  m 


jBf. -gérant,  l'sriTasatT,  t,  r. 


.1  1",  l'»rn. 


SAINT  HILAIRE,  É^EQUE  ET  DOCTEUR 


Fêle  le   14  janvier. 


^î^^^^^^^^^3 


CONVERSION  D  HILAIRE 

La  villp  de  Poitiers  sVnorKUPillit  avec  raison 
d'avoir  donné  le  jour  à  saint  Hilaire,  cl  d'avoir, 
selon  l'expression  de  saint  Au^'uslin,  tu  fe  li'rer 
en  non  sein  l'cuitri'  érlalanl  qui  devait  plus  tard  illu- 
miner l'KsIise  de  Uieu.  Sa  Tamillc  brillait  parmi 
toutes  les  autres,  non  seulement  par  la  sjilen- 
deur  de  son  ranj,',  mais  encore  par  la  renommée 
de  sa  vaillance.  Malheureusement ,  elle  était 
païenne  :  Hilaire  fut  donc  élevt''  au  milieu  de 
l'erreur;  mais,  parmi  la  corruption  des  mceurs 
contemporames,  il  conserva  toujours  un  coeur 
droit,  et  mena  toujours  une  vie  honnête  el  pure, 
consacrant  son  temps  à  l'étude  de  la  philosophie, 
de  l'éloquence  et  de  la  poésie. 

Il  était  déjà  arrivé  h  Vkge  milr,  lorsque  la 
^.TAce  divine,  qui  l'avait  éloiuné  peu  à  peu  de  la 
reliL'ion  de  son  enfance,  lui  fit  voir  clairement 
l'inariil''-  des  doctrines  du   pacinisme.  Alors,  -a 


conversion  fut  complète,  et  son  exemple  fut  snivi 
par  sa  femme  et  Abra,  sa  lille.  A  partir  de  ce 
lour,  il  éprouva  une  horreur  si  pinfraule  pour 
les  ennemis  de  la  religion  calholiiiiie,  qu'il  refu- 
sait de  s'asseoir  à  la  même  talile  qu'eux  ;  et  même 
il  ne  leur  rendait  pas  leur  salut  (juaiid  il  les  ren- 
contrait sur  le  chemin.  D'autre  part,  il  exhor- 
tait les  fidèles  à  la  pratique  persévérante  de  la 
vertu,  et  ne  cessait  pas,  nous  dit  son  historien 
Kortunat,  de  semer  dans  le  peuple  des  paroles 
de  vérité  qui  faisaient  fructifier  la  foi. 

HILAIRE   I^.VÉQCE 

Sur  ces  entrefaites,  l'évéque  de  Poitiers  mou- 
rut. Hilaire,  quoique  laïque,  fut  élu  pour  le  rem- 
placer, par  le  sulir.u'e  unanime  du  rler«é  et  du 
peuple,  et  sacré  du  consentement  de  sa  femni' 
dès  lors,  tous  deux  se  séparèrent  pour  vivre  eu 
continence. 

("élail  sous  le  réjne  de  l'empereur  l>nsl«nce. 


20Ç 


J'hérésie  arienne,  qui  niait  la  divinité  de  Jésu?- 
Cliri»i,  Ibrle  àv  la  j.rotoction  impiTiale,  éteodait 
[uirtout  ses  rava;.'es,  eniiiliUrantmalieicuicnieTil 
son  vi-nin  dans  \e  ou'ur  des  lid^los.  Constaii^i' 
lui-in^^ine  était  arien,  cl  persécutait  ceux  qui 
demeuraient  inébranlables  dan*  la  pureté  de  leur 
foi.  l'Iu^ieurs  évéques  £  Dbiticux  soutenaient 
Terreur  de  leur  crédit  ;  à  leur  tète  on  remarquait 
principalement  l'rsace  et  V.ilens. 

Hilairc  saTanra  dans  la  raèlée,  comme  un  vail- 
lant i"Ti''-étpnJnrd.  et  ne  quitta  plus  le  diamp 
.do  biuillr  jusqu'à  son  dernier  soupir. 

Dans  un  concile, tenu  à  .Milan,  l'empereur  avait 
mis  tout  on  oeuvre  pour  détruire  la  toi  de  Nicéc, 
qui  était  celle  de  l'E^ilise  catholique,  et  extor- 
quer aux  évéques  la  condamnation  de  saint 
Athanasp,  l'.idversaire  le  plus  terrible  de  l'aria- 
nisme.  Li-*  légats  du  Sainl-Sié:.'e  lui  représenli'- 
ri-nt  i]u'il  était  absolument  contraire  aux  lois  de 
l'Eylise  de  condamner  un  absent  sans  l'entendre. 

Il  Les  lois,  répliqua  Constance,  ce  sont  mes 
volontés.  M  Mai»  les  léi.'rits  et  plusieurs  évéques 
se  laissèrent  condamner  eux-mêmes  k  l'exil, 
pluli\t  que  d'accepter  une  maxime  aussi-  tyran- 
nique,  et  de  trahir  d'une  manière  aussi  odieuse 
la  cause  de  la  justii-e. 

Hilaire  aurait  jiu  vivre  en  repos  dans  son 
éi'lise  de  l'oitiers  :  pour  cela,  il  n'avait  qu'à 
lui--t'r  à  d'antre»  le  soin  de  défendre  la  vérité 
et  à  parder  le  silence;  par  ce  moyen,  il  aurait 
eapné  la  faveur  impériale.  Mai'^  il  n'Iicsita  pa^^ 
un  instant  sur  lo  parti  qu'il  a\.iil  à  prendre  : 
"  J'adhère,  dit-il,  au  nom  de  I»ieu  et  de  mon 
Seigneur  JéMis,  dflt  une  telle  confession  m'alti- 
rer  tous  les  maux;  je  repou'i^e  |.i  société  d«-s 
méchant'-  et  le  parti  des  inlideles,  loi-  ni'm» 
qu'ils  m'olTriraienl  lou-  l<îs  biens.  ■■  H  ad' 
à  l'empereur  on  plaidoyer  hardi  et  c^-^i  . 
au  nijni  de  tous  les  évéques  des  Gaules,  contre 
la  violence  des  ariens. 

I,a  fermeté  de  son  lant'ai;e  lui  mérita  toute  la 
haine  des  liérélique'^.  .^atuinin,  én'que  d'Arie», 
leur  partisan,  de  concert  avec  L'rsace  it  Valens 
(jui  avaient  Mé  éneriiiqnenient  flétris  dan^  la 
requ'-te  .1  l'empereur,  nuvritun  concile  A  Béricr», 
pour  V  jui'c  r  ri  condamner  le-^  évéque-;  domeur»'-> 
fldéjis,  lliliiiie  .i-'y  rendit.  Au  milieu  de  celle 
asseinl.li-i-  iffiinemis,  il  se  leva  avec  son  iiitré- 
(  i  II''    l'riliiiaire,   .1  :   .le  rétuter.  séance 

'.I,  iiiie.    leur   jieii.  rrenr     l^e»   anen*. 

'  (l'une  p.ii'iiii-    ii.icdies^e,  crai;niiivnl 

Kudns  publiquement,  et  rcfus<;renl  de 


i  ■ 


HILAÏKK   rx>.>Fl:SSEt;B  DE  LÀ  FM 

IK  ne  t'.iii.'i'i.  lit  1.1,  .1.11^  1,1  »i.ie  deTin!U>.- 

,■     il-  ■     ..    ' 


iii>- 

ireiil 

Lu  .il  .sur  le  M'-ge  iJo  l'i-iilier» 


11 
de  I 


î 


t  ' 


r 


il  s'appliqua  d'abord  à  se  maintenir  inébranlable 
dans  la  confession  de  Jésus-Christ,  et  ensoiteà 
ne  re|et«r  aucun  moyen  honnête  et  raisonnable 
de  pacilier  les  cho'^e».  Dés  lors,  il  usa  de  niéna- 
t:einenls  dans  les  écrits  qu'il  composa,  et  poussa 
iiii'nie  la  condescendance  jusqu'à  parler  avec  les 
hérétiques  et  leur  donner  le  salut  et  le  baiser 
de  paix.  Ainsi  la  conduite  austère  qu'il  avait 
tenue  à  leur  éizard,  alors  (lu'il  était  simple 
laïque,  ne  provenait  on*  de  la  dureté  de  scn 
caractère,  puisqu'il  reaevint  in.luL'ent  et  misé- 
ricordieux, quand  cela  fut  plus  uiile  à  Tliglise  et 
à  son  prochain. 

I.'kPOIX     MYSTIÎBIEni 

A  cette  époque,  lo  Saint-Esprit  révéla  miracu- 
leusement k  Hilaire  que  la  main  de  sa  lille  .\bra 
était  recherchée  par  un  jeune  homme  de  haute 
liiniée  et  d'une  rare  beauté.  I,;i  lendrc-se  pater- 
nelle, s'unissant  dans  son  cu'ur  à  l'amour  surna- 
turel du  prêtre  et  de  l'évèqu.-,  s'alarma  à  cette 
nouvelle.  Il  lui  écrivit  aii^vili'^t,  du  lieu  de  son 
exil,  une  lettre  qui  rcspiir  le  charme  le  plus 
suave  et  la  piété  la  plus  tendre  :  <i  Diffère,  je  l'en 
prie,  lui  mand.iit-il,  l'eiiViiiinn  de  tes  projets 
jusqu'à  mon  retour.  Je  t'ai  clini^i,  ma  liien-aimée 
Abra,  un  époux  dent  la  noble— e  est  aussi  élevée 
que  le  ciel,  dont  la  beauté  surpasse  l'éclat  du 
lis  et  de  la  rose,  dont  les  n-.iid»  sont  brillants 
comme  des  pierres  précieuse^,  d mil  les  orneinents 
sont  d'une  splendeur  inouïe,  il.nt  les  vêtements 
triomphent  de  la  blancheur  de  Ir  neipe,  dunt  les 
richesses  ne  j>ourraienl  être  rei!fe.rmée.- dans  des 
royaumes  entiers.  Sa  sa:.'o^»e  est  iiicmiipréhen- 
Kible,  sa  «liiuceur  laisse  bien  loin  derrière  elle 
les  rayons  de  miel,  sa  pudeur  est  invulnérable, 
ses  lrésiir>-  sont  inamis'-iMes. 

»  Le  prince  offre  k  sa  liancée  une  robe  dont 
le  tissu  est  d'une  simnlicilé  incomparable,  une 
perle  auprès  de  laquelle  les  diauiantsde  la  terre, 
les  maimificenc**  de  la  nature,  l'astre  raynnnant 
de»  cieux  perdent  lout  leur  éclat.  Mai'  la  rob« 
n'aurait  plus  sa  vertu  le  jour  où  on  l'ichanue- 
raitcontr»- une  .  ti.ile  |du-'Sonipliien<ke;et  la  perle 
ne  saiir.iit  •  ti.>  .i^^o.ii^e  aux  bijoux  de  la  terre 
sans  s'évanouir  et  di»i)araitre. 

(ille  chérie,  li-e;.  et  relise»  «elle  lettre; 


»  Donc 
preniz   piliè  de  me- 
nn»qnem»^1   pour   r 
K<'i>onde/-rn   ■  •  •    - 
je  saurai  t  ' 
naître  la   v    ,   


■    -       :  vei-vou» 

perle. 

lii    .',;..   .  il  M, .  (Juand 

t'>n.  je  vou»  ferai  con- 

ui  de  col   il"  •• 


S.l 

1.- 


arrivait  que  votre  jeune..se   ne  pu' 

sens   de  cett.-    l.tlri-.  J.  in  iiele;-fr 

qui,  je  le   -  ir 

eiii.eliUrét    ,             i             ■  ;ii'- 

itid    Dieu    qui    vous    a  donne  Ib  viv  dsiitiie 

.11-  ...irder  iri-bas  ut  d«n«  reienii'.c  • 

l.ii  Jeune  Abra  riM  ul  avpc   >.  .■    iii'-:- 

f.'lble  la  lettre  de  «"n   p>'Pi-     KM-  ■•!  IIX 

el  dl-^  » 

l'Il      M'I 


I  .rd  qui  I  I  I  lit  ■ 
HiUiiL-  voulait  I  '. 


ii>-il  ncuv  u  ^ui  Minl 


iiiLJiiaK  «r  ijk  nmint  n.(mt!ft!t 

L'illustre    évoque   de  foilier*   était    tm   f^il 

'■  '  '   '"  '  'il'  '''inxlance 

Il  voqiinr 

vîlr 


qu'il  était  dans  la  disirràce  de  l'empereur,  l'obli- 
i>eaà  sy  troaver  et  lui  l'ournit  même  un  ohar  pour 
le  voyaije.  , 

Pas^iiit  un  jonr  de  dimanche  par  une  petite 
ville  d"nt  Ihistnire  ne  nous  a  pas  cnnsexré  le 
nom,  il  entra  dans  l'éçlise  des  catholiques  à 
rtieure  oii  le  peuple  était  rasseoablé  pour  ia 
prière.  Tout  à  coup,  du  milieu  de  laloule  s'élance 
une  jeune  fille,  elle  pénètre  les  ranss  pressés, 
elle  s'écrie  qu'un  srand  serviteur  de  l>ieu  est  là 
et,  prosternée  aui  pieds  d'Uilaire,  elle  le  con- 
jure de  l'associer  au  troupeau  de  Jésus-Christ 
par  un  sinie  de  Croix. 

C'était  la  jeune  pajeniie  Florence  qu'on  moure- 
ntent  de  l'Eprit-Saint  poussait  ï«rs  le  prand 
doctenr.  Hilaire  lui  donna  sa  bénédiction,  lui 
{>roiBettant  de  l'instruire  des  mérités  de  la  foi  et 
de  la  iMiptiserau  nom  du  Christ.  Lapiease  enfant 
ne  jouit  pas  seule  de  ce  bonheur  :  tout>^  sa  famille, 
éclairée  par  les  paroles  d'Hilaire,  fut  régéoérée 
arec  elle  dans  l'eau  sainte  du  ba|itf-iBe. 

A  partir  de  cet  instant,  Florence  ne  quitta  plus 
celui  qu'eJle  appelait  son  père  et  qui,  disait-elle, 
lai  arait  donné  une  vie  mille  fois  plus  précieuse 
qne  la  vie  du  corps.  BUe  s'attaciia  à  tous  ses  pas 
et.  soQs  sa  direction,  parvint  à  une  telle  sainlelé 
qu'elle  Baérita  d'être  élevée  sur  les  autels. 

BILAIRE  ES  FACE  DES  ÉVÊQtlES  AS1E.\S  ET  DE  l'emPERECK 

Hitaire  put  siéser  a«  concile  de  Séleucie  avec 
le^  autres  évAqaes.  Il  eut  la  douleur  d'y  entendre 
des  bl.i=phèmes  horribles  sortir  de  la  bouche  des 
ariens,  hommes  lAchec  devant  les  princes  de  la 
terre,  hardi-;  contre  Pieu  seul,  refusant  au  Fils 
de  D\f»  Faltribut  d'étemel  qu'ib  donnaient  a 
l'empereur. 

Les  semi-ariens  pux-mAmes,  animés  par 
l'e^einyil'-  du  dri.teur  intrépide  des  (iaules,  con- 
iii;i:ir  ■'  !''  i 'tie  arienne  et  déposèrent  les 
■  v<-';i ;■  ■  it'iil  i'-<  qui  la  7>r*chaient.  Mais  ces 
impies  en  appelèrent  à  Constance;  les  uns  et  les 
autres  allèrent  ;'i  Con^-lantinople,  comme  si 
Notre-Seiiaieur  avait  dit  à  ses  apAtres  :  «  Lorsque 
vous  serez  embarrassés  sur  qnebfue  point  de  la 
clo.-trine  que  je  voue  ai  cbarsés  d'enseigner,  allez 
demander  la  solution  à  César.  » 

Saint  Hilaire  aTompairna  ce  triste  concile  à  la 
cour,  afin  de  pr.-rl.-imer  les  droits  inaliénaldes 
de  la  vérité  en  face  du  scrvilisme  arien,  l/'s 
hérpliqiiPs,  ie  voyant  en  nombre  dan*  la  capitale 
m  'nr-  r;iri  •m  :re  qui  metlaît  '^rm  irlaive  à  leur 
!,-;  ■  '  t,  •  •lit  l'oi-casion  favorablo  ponr 
t>-hir  un  ■  '.il.  Il  -  .1"  leur  façon.  On  y  disputa  de 
I.T  foi  :  le»  ariens  l'êbranlërent  jn^que  dans  v« 
fondements.  Mai*- 1"  :.nnd  athl-le  était  là.  Hilaire 
adrema  unereqn"l<-  à  l'Mmp'-reur  II  s'y  jnstitiait 
desacriitsii.!,-  I  •'.  -  i-.irilrc  lui  par  se»  ennemi' 
et  dem.i  '■  une  audifnce  où  il  (ni 

fut  r>'-rrr  '  'i  i-atholiqne  devant  !<•« 

'  [  .•     r  lu  peupli-  entier. 

I'    '  i       !'.•■  raillait  finement  la 

ir.    '  ilfil»?'-  rrintradicloire»  ffue  le' 

,1,  tou»   le«    |finr«  :    «    L'aini*e 

deriii'it:,  .li-ai!-il,  ils  en  ont  produit  qwatre;  la 
fnî  n'est  fkw  la  fni  de«  Evanirile*,  mat»  la  foi  d«-« 
temp».  ou  plut''>t  autant  de  To1nnt<'>:,  antant  4« 
*r»rt*«  de  foi  l.e«  arien*  fr'iit  par.iitre  ton«  les 
an-  -  1"«  ninjs  de  n^'ti.'-nnx  «ymbole» 

I^-'-.  mciens  et  anaihémalit-er  croï 

i'i 
I  ie«  n'os'-rent  pas  a«v»^er  le  AfnH 

ur.  l'our  se  délivrer  d'uti  -  «-— -r- 
•   qui   les  poursuivait   i 
1    ..      .   ....   TA  rctran'-liemenl».  i|«  y-  :     .  . 


à  l'emperear  de  le  renvoyer  dau.s  les  Cauiks 
comme  un  homme  qui  troublait  la  paix  de 
l'Orient.  Constant*,  satisfait  i';;aJ'inenk  de  te 
débarrasser  d'un  accusateur  iiii|'<iriiui,  refusa 
raadieiice«)ueleiioblePonlii'e  hiiavaildeimaQdée 
avec  autant  d'iastance  que  de  respect,  et  lui 
douna  l'ordre  de  quitter  sur-le-t-hainp  la  capitale 
pour  reprendre  le  ctiemin  de  l'Octident,  L'injus- 
tice était  criante,  la  lowrberie  du  princ*  était 
visible,  Hilaire  crut  qu'il  n'était  plus  obli;;é  à 
i-'arder  des  ménaeemeutis  avec  lui,  il  composa  un 
écrit  plein  de  ri;.'uear  poiir  dé-noncer  à  tous  les 
évèques  des  Gaules  les  iurpiétés  du  tyrau. 

«  Loup  ravisseur,  s'écriait-il  dans  une  véhé- 
mente apostrophe  à  l'empereur,  nous  voyons  ta 
peau  de  brebis;  tu  reçois  les  évèques  parle  baiser 
avec  lerpjel  ie'sus-Christ  a  été  trahi  ;  tu  baisses 
la  t<'te  pour  recevoir  leur  bénédiction,  mais  c'est 
pour  fouîeF  aux  pieds  leur  foi;  tu  les  fais  maiwer 
avec  toi  pour  les  rendre  semblables  à  Judas  qui 
se  leva  de  table  pour  aller  vendre  son  Maître. 
Voilà  la  peau  de  brebis  qui  te  couvre  :  voyon.s 
maintenant  les  actions  du  loup.  ■■  .\lors,  le  docteur 
trarail  un  tableau  fidèle  des  cruautés  de  Cons- 
tance envers  les  catholiques. 

LFs  stRPfwn;  ïT  l'u-e  «alunaire 

Cependant,  le  bruit  du  retour  d'Hilaire  se 
répandit  dans  tout  TOccidenl  avec  rapidité.  Saint 
Martin,  qui  avait  appris  ses  vertus  et  sescoiubals, 
voulut  se  faire  son  disciple  et  courut  à  H'une 
jiour  se  mettre  à  .sa  suite  et  retnuruer  avec  lui  à 
Poitiers,  Mais  Hilaire  n'y  était  dijà  pIu"-  :  Mai  lin, 
sans  .*e  dé<:ourager,  prit  le  chemin  des  (jaulcs, 
tant  l'attrait  que  noire  Saint  exerçait  sur  les 
âmes  était  puissant  ! 

Pendant  la  traversée,  le  vaisseau  qui  portait 
Hilaire  lonyea  les  côtes  de  l'île  (lallinaire  qui 
faisait  l'épouvante  de  tous  les  navi,:;ateiirs.  Llle 
servait,  en  effet,  de  repaire  à  une  multitude  incal- 
culable de  serpents  venimeux.  Hilaire  résolut  de 
la  délivrer  de  ses  terribles  babit.iuts. 

Il  s'amse  de  la  Cjoii  et,  plein  de  confiance  en 
la  proteolion  de  Jésus-Christ,  il  met  oiiriusm- 
seracnt  pied  à  terre.  Les  serpents  ne  peuvnt 
soutenir  son  resard  ;  à  son  approche,  ils  prennent 
la  fuite  et  vont  se  cacher  au  fon<l  d,  l'ilc  dans 
le  creux  des  pierres.  Hilaire.  prenant  alors  un 
bâton,  le  plante  en  terre  et  d'-fend  aux  serpmits 
de  jamais  dépasser  cette  limite  fixe-e  à  leurs 
funestes  excursions.  Et.  depuis  ce  jour,  ces  ani- 
maux, dociles  à  la  viiix  du  Saint,  ne  franchirent 
jamais  les  homes  qu'il  avait  pnséeb. 

BETOrR   D'iUtAIKE 

Enfin,  Hilaire  aborda  aux  c(Ntes  de  la  p.  '• 
l.aiiaule  tout  entière,  dit  saint  JénVmc,  emlu.. --1 
un  héros  qui   revenait  victorieux  du  ixiiahat,  la 
I>alme  à  la  main. 

♦    Mais  ce  fut  snrtoot  dans  I.t  v 
|uo  raUétrressc  éclata  en  tran-i' 
l'rvrlunatrarontequecha'un  ■  f 
-"Il  pi  re  et  même  -^n  patrie.  • 

ilu  p«sl/»ur  aimé,  la  [■'(m    i  •  !•    au.\ 

viu  H»"  U>uf  un  li"ii  '   imI    i  !'•  Martin, 

dont  Hilaire  rounn-'.T'  la  ■•âiiiuM'.  \if  fut  pas 
Il  moindre  de  s'-  .-  tiS'Ialiou»  daii.s  ce  rraud 
Il  ii^niphe. 

^ mit  Martin  avait  simialé  |p«prrmieri,  inetanls 

lie     SWI    «^piur     ■    "    ■'■  - '■    ■      ■;. I,,, 

d'un    enfant.    ■  ■ 

,..>i.i    tn..rt«ai,.  „ ,.,...-.11.,,..   -. 

lii  condamné  d'un  'enl  rou|i  ;i  1 1  in   il 
;■  I  t  à  l.i  mort  •' If'riii'lle.  Si   m   i  ■    uni 


se  jeter  aux  ^:enoux  (l"Hilaire.  baii-naiit  de  ses 
pleurs  le  cadavre  de  son  pauvre  enfant  :  "  Martin, 
qui  est  clerc,  lui  dit-elle,  a  ressuscité  un  mort, 
et  vous,  qui  été»  évéque,  oh!  je  vous  en  supplie, 
rendez  mou  (ils  à  mon  amour  ou  du  moins  ren- 
dez-le au  baptême  !  »  L'homme  de  l»ieu  est  ému 
de  la  douleur  de  cette  mère.  Recourant  à  ses 
armes  ordinaires,  il  se  prosterne  humblement  et 
se  met  en  prières.  Bienl(>l,  la  rou:.'eur  revient  sur 
le  visaL'ede  l'enfant,  la  chaleur  ranime  ses  petits 
nienilires,  ses  paupières  s'ouvrent  à  la  lumière 
du  j.iur.  El,  ensemble,  le  vieillard  et  l'enfant  se 
relèvent,  l'un  du  trépas,  l'autre  de  sa  prière. 

SAI.NTE  ABRA 

A  son  retour,  Hilaire  s'empressa  d'appeler  sa 
fille  Abra  et  lui  demanda  si  elle  avait  résolu  de 
se  donner  à  l'Epou-T  immortel  et  divin  qu'il  lui 
avait  promis  et  qui  n'était  autre  que  Jésus- 
Christ.  La  jeune  vier;:e  avait  tout  compris  :  son 
dessein  était  conforme  aux  vu-ux  de  son  père. 
Alor>  Hilaire,  tombant  à  t;enoux,  supplia  le  Sei- 
gneur de  cueillir  cette  fleur  encore  lirillante  et 
pure.  plutiSt  nue  de  la  laisser  ici-bas  exposée  nu 
souflle  mortel  du  monde.  Quelque  leimis  après, 
sainte  .\bra  expirait  doucement,  sans  effort,  san« 
SDUlTrance,  entre  les  bras  Je  son  père,  et  son 
Ame  immaculée  allait  au  Paradis  contracter  une 
nouvelle  union  avec  le  Hoi  des  anfies  et  des 
vier:;es.  Hilaire  ensevelit  de  ses  propres  mains 
le  chaste  corps  de  sa  fille. 

Li  mère  d'Abra,  jalouse  du  bonheur  de  son 
enfant,  pria  son  saint  époux  de  lui  obtenir  la 
même  faveur.  Hilaire  y  consentit,  et  bientôt,  la 
mère  suivait  sa  tille  au  royaume  du  ciel.  C'est 
ainsi  que  le  pieux  évéïjue  aimait  sa  famille  d'une 
charité  toute  surnaturelle. 

DERMERS  TBAVAl-.X  Ii'hILAIKE 

A  peine  rétabli  sur  le  siéfe  de  Poitiers,  Hilaire, 
sachant  que  le  repos  n'est  pas  de  celle  terre, 
mil  aussitc'it  la  main  h  l'u-uvre.  H  s'at'issait  de 
relever  les  ruines  partout  amoncelées  par  les 
fureurs  des  ariens.  La  douceur  et  l'induL'ence 
furent  ses  moyens  principaux  pour  ramener  les 
égarés  au  piroii  de  l'Eulise  catholique. 

C'est  lui  qui  ilélivra  les  (iaule>  des  ténèbres 
de  l'erreur.  Même  après  sa  mort,  il  continua 
nupr-s  de  notre  patrie  ce  ministi-re  libérateur. 
En  elTet,  lnr>-c|ue  Clovis  niarchail  contre  l'arien 
Alaric.  roi  des  liolhs,  il  vil.  nu  milieu  de  l'obs- 
curité de  la  nuit,  une  grande  lumière  sortir  de 
la  basilique  ron-airée  ù  .-ainl  Hilaire  et  •> 'avancer 
\ers  lui  l'ii  iii'tiie  l.riips,  une  voix  l'avertit  Je 
;:  '1  'in  i  Me  et  d'aller  ensuite  au 

lui  >i.    I  l'invitation    du    ciel,  et, 

tit   la  Iroineine  lieure  du  jour,  il   remportait 
.irtojre  rompb-le  sur  les  troupes  ennemies. 
\  I     I    -'   -il    .      I  i!ii   ne  cessait  pas  même 

;  i  .  ,  1  1.       luhattre  le-i  héreliiiues. 

A.  'Il  la  foi  I  Mili'diquo  dnn«  lei 

(;«iil.  i  en  Italie  p. .iir  délivrer  ceti* 

Il  .   le  l'erreur.  Là,  il  rencontra  uo 

la    personne   d  Auxence,  éréque 

1       ,1  '     ''•  iiificreur 

■  le   trou- 

.  trompé, 


lr«    ilill'-l-'    cb 

repnt  ■•■  ''  ■"" 


.'•r.    ,. 


.  ..■        ;.  i  eiiple  par 
fut  cnlin    ren.lu.   Il 

I      .  ..Iilirill.i    .Il  IJill- 


quer  à  son  cher  troupeau  les  Saintes  Ecritures, 
(it  un  recueil  d'hymnes  pour  être  chantées  dans 
les  cérémonies,  et  introduisit  dans  son  Ettlise 
auelques  pieux  usa;;es  qu'il  avait  rapportés 
d'Orient, 

11  fonda  aussi  des  monastères,  institua  sainte 
Florence  abbesse  d'un  couvent  tle  vieryes,  et  sur 
le  tombeau;  de  son  épouse  et  de  sa  fille,  il  éleva 
une  éplise  où  il  aimait  à  célébrer  le  Sacrifice  de 
la  .Messe.  Saint  Martin,  d'abord  comme  acolyte, 
plus  tard  comme  diacre,  l'assistait  à  l'autel. 

MORT  r.t    MIRACLES  d'hILAIRE 

Enfin,  épuisé  par  ses  travaux  et  ses  fatigues, 
Hilaire  tomba  malade.  A  cette  nouvelle,  les  chré- 
tiens aci-oururent  auprès  de  sa  maison  qu'ils 
entourèrent,  s'informant  avec  anxiété  des  pro- 
^■rés  du  mal  et  pleurant  la  perte  dont  ils  étaient 
menacés. 

Au  milieu  de  la  nuit,  Hilaire  demanda  si  les 
fidèles  étaient  encore  proupés  autour  de  sa 
demeure  ;  on  lui  répondit  qu'ils  étaient  tous 
retirés.  Alors,  une  luniièreéblouissanle  éclaira  la 
chambre,  ses  deux  disciples  qui  veillaient  auprès 
de  son  lit  en  furent  d'abord  aveiii-'lés.  Puis  son 
éclat  diminua  peu  à  peu  et  disparut  tout  à  fait 
à  l'instant  même  où  l'àme  d'Hilaire.  brisant  les 
chaînes  de  ses  membres,  s'envolait  vers  Dieu. 
C'était  le  l-l  janvier  :tOH. 

In  ^'rand  nombre  de  miracles  s'opéra  sur  la 
tombe  et  |>ar  l'intercession  du  saint  docteur.  Il 
convient  d'en  mentiojiner  deux  ou  trois  pour 
montrer  le  crédit  immense  dont  il  jouit  auprès 
du  Seigneur. 

Il  y  avait  à  Poitiers  une  jeune  fille  dont  le  corps 
entier  était  en  proie  à  la  paralysie  la  plus  com- 
plète. Tous  ses  membres  étaient  raidis  et  immo- 
biles, sa  lan;:iie  était  liée,  le  son  de  sa  voix 
était  imperceptible,  ses  pieds,  nous  dit  Fortunat, 
ne  soutenaient  plus  <|ue  des  membres  en  ruine, 
et  dans  ce  cadavre  apparent,  les  yeux  seuls  indi- 
cjuaient  que  la  vie  n'était  pas  tout  h  fait  absente, 
.\u  jour  où  l'Eglise  céb-brela  fêle  de  saint  Hilaire, 
on  la  portail  l'église.  Si-s  p.ireiilo  comimncèrent 
à  demander  sa  uuérisnn  nu  pui-saiit  évéque  qui 
avait  accompli  d-i.-i  tant  de  prodiges.  Tout  a  coup, 
l'enfant  se  levé  pleine  de  mouvenieiit  et  de 
viuueur,  ses  pieds  se  consolident,  sa  langue  se 
délie.  Sn  première  parole  fut  pour  demander  du 
lait,  ajoute  riii->torien.  absolument  comme  si  elle 
était  \enue  au  nioinle  un  instant  auparavant. 

Deux  lépreux,  remplis  de  contiance  en  la  pro- 
tection .1.  s.iiiii  Milaire,  s'oit'iiireni  le  corp«  avec 
la  poil-  daii"  son  loinbinu.  1^  première 

fois,  il- I  I  iilirent  aucun  soulagement  !  Mai» 
ils  furent  persévérants  et  renouvelèrent  souvent 
cet  ri.-|i'  de  ferveur  et  de  foi.  Le  Saint  les  en 
r'  I  :  Il  la  fin,  les  ilaics  dont  ils  étnieni 

r.   .  .  iiarureiit  compl-t'-menl '•I  leur  piMu. 

hurnlleiiiciit  maculée,  rept 
\jefi   deux    lépreux,    n'Coi,  ;  i 

l'un  dia.  re,  l'autre  sou»-dia  n  ,  il  ~  .ii'pli.pn  reiit 
liisqu'ii  la  fin  de  leur-- jours  à  exalter  leur  réleste 
bioiifaiteur. 

L'Ktilise  de  Poitiers  a,  de  lemp»  immémorial, 
II.  I  T,  .'lorieux  peie  sou«  le  titre  de  Docteur. 

I'  .is,   à    la   demande   ilr    Mk'r  Donnet, 

ai  de   Hordeniix,   de   .Mi:r  Pie,  illustre 

•.  .  >le  saint  Hil.iue,  et  de»  niilre>  )'vê.|urs 

il'  iice  d'Aquitaine,  Pie  1\  a  dér.lnre  le 

V  iiampion  de  la  foi  Docteur  de  1  t-^liM 


loipr.-Oeront,  t.  PrnTVBmr,  «,  rue  Krau^oU  I",  Parii. 


SAINT    MAUR,  ABBÉ 


l'ite   le    15  janvier. 


S^int  Benoit,  averti  par  révélation  du  danger  (^ue  court  saint  Placide,  un  de  aes 
disciples,  tombé  dans  un  étang,  ordonne  à  saint  Maur  d'aller  le  retirer  de  1  eau. 
L'obéissance  de  saint  Maur  opère  ce  prodige. 


SK3  PBEMIEHIS  ANN^KS   AVEC  SAINT  BB.NOIT 

Né  de  parent!)  nobles,  Maur  fut  appelé  de  bonne 
heure  à  quitter  le  monde  et  à  mettre  à  couvert 
son  innocence  derrière  le  rempart  de  la  vie  reli- 
gieuse. Il  fui  présenté  à  saint  Benoît,  dont  les 
»ertus  héroïque'»  attiraient  alor»  de  toutes  parts 
les  hommes  à  la  solitude,  et  bientôt  on  le  vit 
marcher  à  pas  de  ^éant  à  la  suite  de  son  maître 
dans  le  chemin   de   la  perfection.   Fort  jeune 


l 


encore,  il  était  l'émule  de  tou',  et  saint  BenofI 
renait  plaisir,  tout  en  évitant  de  le  nommer,  à 
e  donner  comme  modelé  aux  autres  religieux. 

Ingénieux  dans  lart  de  se  mortifier,  plusieurs 
fois  il  essaya  de  dorrair  debout,  appuyé  contre 
le  mur  de  sa  cellule;  mais, après  plusieurs  heurp' 
de  lutte,  vaincu  par  le  sommeil  et  la  fatigue,  il 
dut  céder.  Alors  il  s'asseyait  ou  bien  encor<-  «p 
couchait,  dit  son  historien,  sur  un  amas  de  «.ihl'' 
ou  de  chaux. 


1^*2 


IL  MARCHE  Sl'R  L  EAU  SANS  LE  SAVOIR 

Un  jour,  pendant  que  le  vénérable  Benoît  était 
en  prière  dans  sa  cellule.  Placide,  ami  elconcpa- 
gnon  de  Maur  sortit  pour  aller  au  lac  puiser  de 
l'eau.  En  voulant  retirer  la  cruche  pleine,  il  glissa 
et  tomba  la  tête  la  première.  Le  courant  Teut 
bient<^t  entraîné  loin  du  bord. 

Cependant, Thomme  de  Dieu  connut  àce  moment 
même  la  chute  et  le  danger  de  Placide,  et  appe- 
lant aussitôt  Maur  :  «  Frère,  lui  dit-il,  couns  au 
lac.  Placide  Tient  d'y  tomber  et  l'eau  l'entraîne.  » 
En  parlant  ainsi,  il  avait  béni  le  messager  qui  prit 
sa  course,  arriva  au  bord  du  lac,  et  sans  s'aper- 
cevoir qu'il  n'était  plus  sur  la  terre  ferme,  con- 
tinua d'aTancer  sur  l'onde.  11  alleisnit  l'enTant, 
le  prit  par  les  cheveux  et  le  ramena  au  rivage. 
Alors  seulement,  tant  son  obéissance  avait  été 
prompte, Maur,  se  retournant,  compritqu'il  venait, 
comme  autrefois  saint  Pierre,  de  marcher  sur 
les  eaux. 


IL   FÀrr  ON  MIBACLB  A  LA    PLACI  Dl  SJLlKT  BBNOIT 

Uientdt  saint  Benoit,  émerveillé  de  la  grande 
sainteté  et  des  rares  qualités  de  son  disciple, 
l'associa  à  ses  travaux  et  le  ût  prieur  claustral. 

Un  Jour  que,  pendant  l'absence  du  saint  abbé, 
il  revenait  du  bois  avec  plusieurs  de  ses  frères, 
il  rencontra  à  la  porte  du  monastère  une  femme 
toute  en  larmes,  portant  dans  ses  bras  un  enfant 
muet  et  boiteux.  Dès  qu'elle  toit  notre  Saint,  elle 
se  jette  k  ses  pieds,  et  le  prie  en  sanglotant  de 
guérir  son  enfant.  Uaur,  pour  la  première  fois  de 
sa  vie,  eut  k  combattre  on  mouvement  de  colère; 
il  faillit  s'emporter  en  invectives  contre  cette 
femme  qui  lui  demandait  de  faire  un  miracle,  à 
lui  le  plus  pécheur  des  hommes.  11  lui  Jeta  un 
repard  sévère  et  s'éloigna. 

Mais,  comme  cette  pauvre  femme  continuait  de 
le  supplier  au  nom  de  liLiiolt.  un  des  Frèris  lit 
remarquer  à  Maur  que  leur  bienheureux  Pt^re  lui 
avait  ordonné  de  le  r^inplactr  en  tout  pendant 
son  absence,  et  qu'il  ne  pouvait  en  conscience 
renvoyer  ainsi  cet  enfant  malade  pour  qui  on 
invoquait  le  secours  de  Benoit.  L'obèi^'iani'e  parle, 
Maur  n'bésite  pas  un  instant,  il  retourne  vers 
l'enfant,  prie  quelques  minutes  et  se  levant  :  ■«  Au 
••  nom  de  la  Très  Sainte  Trinité,  dit-il,  et  parles 

■  m>rilasde  mon  maître  Benoit,  je  t'ordonne  de 

■  te   lever  en    parfaite   »ant4.  •   Et  l'enfant  fut 
entièrement  guéri  I 

Lt:s  MOmU  lÉNiDICTINS  VIENME.HT    EN   riA.ICI 
ADIEUX  AO  MONT  CA9SIN 

Mais  il  convenait  qne  re  disciple,  (orme  aTee 

tant  de  soins  par  1>  -  de  la  vie  religieuse, 

devint    lui-nièmc  .1    et    commençAt    & 

'  '-:  indre  cet  esprit  •jui  'luwtit  pénétrer  par  toute 

■  rre  pour  y  porter  le  (.erme  delà  vie  monas- 

int  Innocent,  évéque  du  Mans,  envoya  rers 

1  "  ■  .lu  Mont  <",  ■      ,    :  prin- 

'  -,  afin  d>  |ues- 

1  iu»  paKait-    iii-' ij'i-— ,  |iii*  qu'il 

'  :ii  (!'■  fonder  un  niona«tère  dans  son 

Brnolt,  apr*«  (i''"lrpriéleSei||rnettrde  l'éclairer, 

ir*l.lli-«     V«*llt     •.11-    ^<  ir     1-1    \tt    .li.tl..it     (i..lirr..t.  Vn  TMT 

ut  •« 
e  MB 


àme  *,  et  les  religieux  »e  plaisaient  *  le  ooari- 


dèrer  comme  le  successeur  naturel  de  leur  saint 
fondateur. 

11  lui  remit  un  exemplaire  de  la  Règle,  écrit 
de  sa  main,  et  portant  pour  signature  ces  paroles 
pleines  d'humilité:  Coiit'xpeccaforiiUenedi'cti.-Code 
du  pécheur  Benoit.  Quatre  religieux  furent  dési- 
(înès  pour  le  suivre  dans  sa  mission  lointaine. 

l.e  malin  du  samedi,  cinquième  jour  des  fêtes 
de  l'Epiphanie,  Maur  et  ses  compagnons,  le  b&ton 
de  voyage  à  la  main,  s'agenouillèrent  devant 
le  vénérable  alibé.  La  communauté  fondait  en 
larmes  :  «  Mes  chers  frères,  dit  Benoit,  si  quel- 
»  qu'un  a  le  droit  de  s'attrister  en  cette  circons- 
»  tance,  c'est  moi,  pauvre  pécheur,  qui  vais  être 
»  privé  de  consolations  précieuses  et  de  secours 

•  bien  chers.  Mais  l'Apdtre  nous  dit  que  la  cha- 
u  rite  est  bienfaisante.  Nous  devons  donc  cher- 
■>  cher  moins  notre  consolation  que  celle  d'autrui. 
M  Ecoutez  la  voix  de  mon  amour  paternel,  re-^sex 
»  vos  gémissements  et  vos  pleurs!  Dieu  est  assez 
s  puissant  pour  rendre  à  cette  sainte  congrèga- 
»  tion  des  ouvriers  qui  remplaceront  ceux  qui 
»  vont  partir.  La  distance  ne  brise  pas  les  liens 
n  de  la  sainte  charité.  » 

Puis,  s'adressant  à  Maur  et  i  ses  compa;,'nons: 

Il  Pour  TOUS,  Frères  très  chéris,  dit-il,  vous  que 
»  nous  envoyons  dans  ces  contrées  lointaines  tra- 
>  vaillcr  à  l'œuvre  du  Seigneur,  agissez  virilement. 
»  Ne  vous  attristez  pas  quand  vous  apprendrez  la 
>■  dissolution  de  ce  corps  fragile  qui  va  me  quitter. 
I.  Lorsque  j'aurai  déposé  le  fardeau  de  celte  chair 
»  mortelle,  je  serai  plus  présent  au  milieu  de 
••  TOUS,  et  par  la  grâce  de  Dieu,  je  ne  cesserai 
»  d'être  votre  coopérateur  assidu.  » 

Après  ces  paroles  si  tendres,  dit  Fauste,il  nous 
donna  à  tous  un  baiser,  et  nous  conduisit  avec 
bonté  jusqu'à  la  porte  du  monastère,  et  nous 
ayant  tous  embrassés  de  nouveau,  il  nous  donna 
sa  bénédiction.  Puis  il  nous  laissa  aller. 

A  leur  première  halle, dans  uue  dèpeinlanre  du 
monastère,  nos  saints  voyageurs  furent  rerus  par 
deux  de  leurs  frères  que  saïut  Benoit  avait  envoyés 
d'avance  pour  leur  préparer  un  gîte.  Cette  même 
nuit  ils  reçurent  un  nouveau  gage  de  l'amour  de 
leur  vénérable  Père.  Deux  Frères  Tinrent  les  re- 
joindre. Ils  apportaient  une  petite  châsse  d'ivoire 
pleine  de  reliques,  et  une  lettre  adressée  par 
saint  Benoit  à  son  cher  (ils  Maur. 

«  Reçois,  mon  bien-aimè,  disait  cette  lettre, 

•  reçois  ces  derniers  présents  de  la  main  qui 
»  dirigea  ta  jeunesse.  Ils  seront  le  gage  de  notre 
<•  longue  amitié.  Aujourd'hui  même,  après  ton 
»  départ,  le  Soi;.'n<'iir  a  dauuè  mo  révéler  l'avrnir 
»  qui  vous  attend.  Quand  viendra  la  soiiantièine 
»  année    de  ta  profession  monastique,  tu  seras 

•  introduit  dans  la  joie  de  ton  Sauveur.  Le  but  de 
■•  votre  voyage   ne  sera  pas  atteint  sans  peine; 

■  TOUS  IrouTcrex  difUcileincnt  un  asile  ou  vous 

•  fixer.  Mais  la  miséricorde  de  Dieu  ne  tous  fera 
»  défaut  nulle  part;  après  de  Irii;:»  retards,  elle 

■  TOUS  fera  trouver  dans  un  lie  :  ■  ltu 

•  que  nous  espérions,  un  si  ui 
m  convenable.  Adieu!  sois  heunux  dan>  la  pro- 
»  fcs»ii>n  sainte,    plus   hfiir.Mix   encore    dans   la 

•  terme  qui  doit  la  e  . .  » 

Otte   lettre  de   B  >r  ne  s'en  sépara 

jamais.  Toute  sa  ne,  il  m  p  iia  sur  sa  poitrine; 
mort,  elle  fut  déposée  dans  son  tombeau. 

aiEACUS  DD  TOTA6I  —  ONI  TIStM 

L*  voyage,  comme  l'avait  prédit  saint  lienotl, 
éprriuva  de  longs  retard»,  Halderalde,  envoyé  de 
iévêque  du  Mans,  toml>a  d'une  galerie  où  il 


se  promenait,  et  se  blessa  si  dangereusement 
qu'après  quatorze  jours  de  soins  inutiles,  les 
médecins  résolurent  de  lui  couper  le  bras.  Mais 
Maur,  touché  de  compassion,  se  mit  en  prière, 
et,  prenant  une  relique  de  la  vraie  Croix,  lit,  sur 
le  malade,  des  signes  de  croix  depuis  l'épaule 
jusqu'au  bout  des  doigts;  et  le  malade  fut  entiè- 
rement guéri  et  put  continuer  sa  route  le  lende- 
main. 

En  passant  les  Alpes,  notre  Saint  s'arrêta  dans 
l'église  des  Martyrs  de  la  Légion  thébaine.  Il 
trouva  à  la  porte  im  aveugle-né  qui  demandait 
l'aumône. 

"  Combien  y-a-t-il  de  temps,  [lui  dit-il,  que 
tu  es  ainsi  à  cette  porte? 

—  Il  y  a  bientôt  onze  ans. 

—  Est-ce  que  ces  saints,  qui  ont  versé  leur 
sang  pour  Jésus-Christ,  n'auraient  pas  pu  lui 
demander  de  te  guérir?  Assurément,  c'est  que 
tu  ne  les  pries  pas  bien.  Prions  ensemble,  et  tu 
Terras  qu'ils  t'exauceront.  » 

Pendant  au'ils  priaient,  un  flux  de  sang  sortit 
des  yeux  de  l'aveugle,  et  il  fut  guéri.  Mais, 
sachant  que  la  reconnaissance  est  la  première 
des  vertus,  il  se  consacra  dès  lors  au  service  de 
Dieu,  dans  une  vie  humble  et  pénitente. 

Maur  et  ses  compagnons  passèrent  les  fêtes  de 
Pâques  à  Font-Rouge,  où  s  était  retiré  le  prêtre 
Romain  qui  avait  assisté  saint  Benoît  dans  les 
commencements  de  sa  solitude.  Le  soir  du  Ven- 
dredi-Saint, notre  religieux  avertit  le  vénérable 
vieillard  et  tous  ses  confrères  que  le  lendemain 
le  bienheureux  patriarche,  saint  Benoît,  devait 

Quitter  la  terre  pour  aller  recevoir  la  récompense 
e  ses  travaux.  Us  en  furent  extrêmement  tou- 
chés et  ne  purent  retenir  leurs  larmes;  ils  pas- 
sèrent toute  la  nuit  en  prières  pour  rendre,  en 
leur  absence,  à  leur  saint  Père,  les  mêmes 
devoirs  qu'ils  lui  eussent  rendus  s'ils  eussent 
été  présents  à  sa  mort.  Sur  les  neuf  heures  du 
matin,  saint  Maur  fut  transporté  en  esprit  au 
Mont  Cassin  et  vit  comme  une  grande  rue  cou- 
verte de  tapis  précieux,  et  bordée  d'une  infinité 
de  flambeaux,  qui  s'étendaient  depuis  la  cellule 
de  saint  Benoit  jusque  dans  le  ciel  ;  et  un  homme 
vénérable  et  resplendissant  de  lumière  lui  dit  : 
«  C'est  ici  la  voie  par  laquelle  Benoit,  le  bien- 
aimé  de  Dieu,  est  monté  au  ciel.  » 

Le  Saint  fit  part  de  sa  vision  à  saint  Romain 
et  à  ses  confrères,  et  changea  ainsi  leurs  plaintes 
en  des  hymnes  et  des  cantiques  d'allégresse. 

DIEC  RBND  TOUJOUBS  AD  CENTUPLE 

Arrivés  à  Orléans,  nos  saints  voyageurs  appri- 
rent que  l'évêque  du  Mans,  qui  les  faisait  venir, 
était  décédé.  Les  compa^'nons  de  Maur  en  furent 
consternés,  mais  il  releva  leur  courage,  leur 
rappelant  la  prophétie  et  les  promeses  de  leur 
vénérable  l'ère  Uennit. 

En  etTet,  Halderalde,  voyant  que  le  nouvel 
évêque  ne  voulait  pas  les  recevoir,  et  saisissant 
l'occasion  de  prouver  sa  reconnaissance  à  celui 
qui  l'avait  miraculeusement  guéri,  alla  les  pré- 
senter à  un  de  ses  parents  nommé  Florus, 
vicomte  fort  riche,  qui  n'avait  consenti  à  rester 
dans  le  monde  que  par  amour  du  roi  ThéoJebert, 
qui  l'aimait  comme  un  fils.  Ce  seigneur  les  reçut 
avec  une  joie  inexprimable,  et  s'empressa  de 
leur  offrir  un  établissement  dans  ses  terres.  Le 
lieu  choisi  pour  cela  fut  Glanfeuil,  au  diocèse 
d'Anpers.  Mais,  non  content  de  leur  donner 
l'emplaccmcrit,  Florus  voulut  encore  avoir  l'hon- 
neur de  bâtir  le  monastère.  Et  la  première  pierre 


qu'il  y  mit  fut    une   pierre   vivante,  ce  fui  son 
fils  unique,  Bertulphe,  qu'il  confia  à  saint  Maur. 

RESURRECTION  D'UR  ARCHITECTE 

Pendant  qu'on  travaillait  à  la  construction  cj 
monastère,  un  architecte,  envoyépar  Floru;- pour 
présider  aux  travaux,  tomba  d'un  échafaudage 
sur  un  tas  de  pierres  et  se  tua.  Maur  le  Tti  aussi- 
tôt porter  dans  une  chapelle  dédiée  à  saint  Mar- 
tin qui  était  déjà  bàlie,  et  après  une  ardente 
prière,  lui  ordonna,  au  nom  de  saint  Benoît,  de 
se  lever  et  de  retourner  à  l'atelier,  exciter  au 
travail  les  ouvriers  encore  effrayés.  Floru?. 
témoin  de  ce  miracle,  porta  dès  lors  au  saint  abbé 
tant  de  respect  qu'il  n'osait  plus  s'approcher  de 
lui. 


SON  BIENFAITEUR  DEVIENT    SO.N  FILS 

Florus  avait  donné  ses  biens  et  son  fils  unique 
à  Dieu,  mais  il  n'était  pas  encore  satisfait;  car 
il  lui  restait  quelque  chose  à  donner,  c'était 
lui-môme.  Le  roi  Théodebert  eut  peine  à  y 
consentir,  mais  il  céda  enfin  à  ses  sollicitations 
et  lui  permit  de  quitter  l'èpée  pour  le  froc.  Il 
désira  même  assister  à  sa  vôture  et  vint  pour 
cela  au  monastère. 

Il  s'y  rendit,  dit  Montalembert,  avec  toute 
cette  pompe  que  la  race  de  Clovis  avait  si 
lonfjtemps  empruntée  aux  traditions  de  l'empire 
abattu;  mais,  tout  revêtu  de  sa  pompe,  dès 
qu'il  aperçut  Maur,  le  roi  franc  se  prosterna 
devant  le  moine,  en  lui  demandant  de  prier  pour 
lui  et  d'inscrire  son  nom  parmi  ceux  do  ses 
frères.  Il  présenta  son  jeune  fils  à  la  communaiiié, 
se  fit  désigner  spécialement  ceux  des  moines 
qui  étaient  venus  du  Mont  Cassin  avec  l'abbé, 
demanda  leurs  noms,  et  les  embrassa  ainsi  que 
leurs  frères.  Puis  il  parcourut  les  lieux  réguliers, 
et  mangea  avec  les  moines  au  réfectoire. 

Florus  obtint  ensuite  que  le  roi  servît  de  témoin 
à  sa  prise  d'habit.  Après  de  nouvelles  donatious 
au  monastère,  Florus  déposa  sur  l'autel  son 
baudrier  militaire,  et  s'asjenouilla  devant  le  roi 
qui,  à  la  prière  de  l'abbé,  lui  coupa  une  pre- 
mière mèche  de  cheveux:  les  autres  seigneurs 
achevèrent  de  le  tonsurer  complètement. 

Au  moment  de  quitter  le  monastère,  le  roi 
voulut  revoir  son  ami  revêtu  du  froc,  il  l'exhorta 
à  honorer  ce  nouvel  habit  comme  il  avait  honoré 
la  vie  séculière,  puis  se  jeta  dans  ses  bras,  et  y 
resta  longtemps  en  pleurant,  avant  de  s'éloigner, 
muni  de  ta  bénédiction  de  l'abbé. 

l'arbre    qu'il   a     PLANli    6RAND1T 

Florus  vécut  douze  ans  sous  la  conduite  du 
saint  abbé,  et  y  fit  de  tels  progrès  dans  la  vie 
spirituelle,  qu'il  devint  un  homme  consommé 
en  vertu.  Au  bout  de  ce  temps,  il  mourut  en 
odeur  de  sainteté. 

Un  tel  exemple  ne  pouvait  manquer  d'être 
imité.  Aussi  beaucoup  de  seii-'iieurs  francs  aban- 
diinnèrent-ils  le  monde  pour  venir  chercher  la 
paix  dans  le  silence  et  l'austérité  du  cloître, 
et  Maur  vil  jusqu'à  cent  quarante  religieux 
réunis  sous  sa  direction.  Mais,  comme  de  nou- 
velles demandes  pressaient  chaque  jour  le  saint 
ablié,  il  bâtit  dp  tous  côtés  de  nouveaux  moiia-- 
t'  res  et  on  vit  la  Règle  de  saint  Benoît  fleurir 
dans  toute  la  France,  pour  la  transformer  et  en 
faire  la  magnifique  France  du  moyen  âge. 


XETRAITE   DE  SAINT  HADK 

n  y  avait  trente-huit  ans  qu'il  dirigeait  sa 
sainte  communauté.  11  la  voyait  féconde  en  ver- 
tus non  moins  qu'en  sujets,  et  il  rendait  gr&ces 
i  Dieu  des  proiTu?  de  ses  chers  disciples. 

Se  souvenant  alors  de  la  prophétie  du  bien- 
heureux Benoît,  il  comprit  que  sa  mort  était 
proche  et  voulut  s'v  préparer  par  une  retraite 
absolue  dans  la  cellule  qu'il  s  était  construite 
près  de  l'oratoire  de  Saint-Martin.  Il  convoqua  les 
Frères,  leur  communioua  son  dessein  et  les  pria 
de  choisir  un  abbé  qniies  gouvernerait  à  sa  place. 

M  Non,  répondirent-ils  en  pleurant,  nous  ne  le 
choisirons  pas.  Puisque  nous  avons  la  douleur 
de  vous  perdre,  désignez  vous-même  celui  qui 
doit  vous  remplacer.  » 

Le  Bienheureux  se  laissa  toucher  par  leurs 
prières;  il  choisit  un  noble  et  parfait  relisieux. 
Bertulphe,  son  disciple  bien-aime,etfils  de  Floru'-. 

Ce  choix  fut  ratitié  par  les  acclamations  de  la 
communauté  tout  entière. 

L'homme  de  Dieu  lit  asseoir  Bertulphe  sur  la 
chaire  abbatiale  et  lui  rappela  avec  une  effusion 
paternelle  la  tendresse  et  la  sollicitude  qu'il 
devait  apporter  à  sa  nouvelle  charge.  Puis  il  se 
retira  dans  sa  cellule,  retenant  seulement  auprès 
de  lui  deux  Frères. 

Libre  enûn  de  jouir  de  la  solitude  qu'il  s'était 
préparée,  saint  .Maur  y  passa  deux  ans  et  demi 
dans  la  contemplation  des  choses  du  ciel. 

LA    PrSTE   A  GLANFEUIL   —  MORT   DU   SAINT 

Durant  cet  intervalle,  la  peste,  qui  ravageait 
alors  le  monde  entier,  sévissait  cruellement, 
en  Gaule,  et  le  terrible  lléau  ne  devait  pas 
épargner  le  monastère  de  Glanfeuil.  Saint  Maur 
fut  iniraruleuscinent  prévenu  de  son  approcbi'. 

Une  nuit,  comme  il  voulait,  selon  sa  coutume, 
entrer  dans  l'oratoire  de  Saint-Martin,  pour  y 
répandre  devant  Dieu  ses  supplications  et  s<'s 
larmes,  il  se  vit  arrêter  par  une  légion  d'e>prils 
infernaux. 

Leur  chef  lui  dit  :  «  Tu  es  venu  d'une  région 
étrangère,  tu  as  entrepris  de  longs  voyages  pour 
nous  chasser  de  ces  lieux  où  notre  empire  était 
llorissant.  Bient<it  tu  verras  jusqu'où  s'étend 
notre  puissance  de  destruction.  Je  vais  sévir 
contre  tes  religieux  et  les  décimer  par  la  mort. 
Je  triompherai  de  loi,  et  la  communauté  sera 
anéantie. 


—  Dieu  te  confonde,  Satan,  répondit  le  Saint; 
tu  es  menteur  dans  l'origine  ;  tu  es  le  père  du 
mensonge.  » 

A  ces  mots,  la  vision  disparut.  Le  solitaire 
pénétra  dans  l'oratoire  et  demanda  à  Dieu,  dans 
une  fervente  prière,  de  lui  révéler  ce  que  signi- 
fiait la  menace  du  démon.  Alors  un  ange 
éclatant  de  blancheur  lui  apparut  : 

«  Pourquoi  te  troubler,  âme  bénie,  à  propos 
d'événements  que  le  Seigneur  a  permis  dans  sa 
sasesse?  Le  diable  est  le  père  du  mensonge, 
néanmoins,  par  ses  conjectures,  il  peut  annon- 
cer quelquefois  la  vérité.  Ce  qu'il  t'a  prédit  ne 
vient  pas  de  lui-même;  c'est  l'ordre  de  Dieu. 
Les  paroles  qu'il  a  prononcées  sont  vraies  dans 
une  certaine  limite.  Il  est  certain  que  la  plus 
grande  partie  de  cette  congrégation  sainte  sera 
bientdt  appelée  à  paraître  devant  le  Seigneur. 
Tel  est  le  décret  de  la  Providence.  Mais  il  est  faux 
que  l'ennemi  des  Ames  doive  y  trouver  aucun 
sujet  de  triomphe.  Car  tous  les  moines,  fidèles 
à  tes  enseignements,  attendront  avec  joie  le 
moment  de  l'appel  divin.  Tu  auras  la  consolation 
de  les  voir  te  précéder  au  ciel,  où  tu  ne  tarderas 
pas  à  les  rejoindre.  >•  • 

A  près  a  voir  parlé  ainsi, l'ange  disparut.  L'homme 
de  Dieu  se  rendit  au  monastère,  convoqua  tous 
les  religieux,  et  leur  apprit  ce  qui  venait  de  se 
passer.  Il  les  exhorta  à  se  préparer  à  la  visite 
du  Seigneur.  Tous  se  préparèrent  joyeusement 
au  dernier  combat. 

La  mort  frappa  bientdt,  et  dans  l'espace  de 
cinq  mois,  cent  seize  religieux  moururent.  D'une 
congrégation  naguère  si  nombreuse,  il  ne  restait 
plus  aue  vingt-quatre  religieux. 

Le  bienheureux  Maur  à  son  tour,  fut  atteint 
d'une  pleurésie.  Voyant  sa  lin  approcher,  il  se 
fit  porter  devant  I  autel  de  Saint-Martin.  Là, 
étendu  sur  un  cilice,  entouré  des  vingt-quatre 
disciples  qui  lui  restaient,  il  reçut  les  derniers 
sacrements,  bénit  encore  une  fois  ses  religieux  et 
émigra  heureusement  vers  le  Seigneur. 

Il  avait  soixanle-douie  an»,  dont  il  en  avait 
passé  vin;;t  tant  à  Subbiaro  qu'au  .Munt  Cassin 
et  quarante  à  (ïlanfouil.  Saint  Hcnotl  lui  avait 
[>rédit  qu'il  mourrait  dans  la  soixantième  année 
de  sa  profession  monastique.  Cette  prophétie  se 
trouva  donc  exactement  accomplie. 

Maur  fut  enseveli  dans  l'oratoire  da  saint 
Martin,  et  de  nombreux  miracles  ne  tardèrent 
pas  à  (iloriller  Sun  tombeau. 


iiuLf  -tféramt.y    PiTirmoiraf.  I.  ru«    Franv^oifl  !•'   f'âr 


SALM  HONORAT,  ÉVÈOUE  D'ARLES 

FONDATEUR  DE  L ABBAYE  DE  LÉRINS 


Féle  le  i  6  janvier. 


Saint  Honorât  traverse  la  mer  pour  aller  visiter  sa  sœur.  —  A  sa  prière,  de  grandes 
vagues  chassent  de  l'Ile  les  serpents  qui  l'infestaient.  —  Il  fait  jaillir  une  source 
miraculeuse.  —  Il  meurt  entouré  de  ses  disciples. 


Les  deux  ile»  de  Le'rin«,  jetres  au  sein  des 
eaux,  sur  les  cAlc*  de  Provence,  comme  deux 
iiacelle<>  rem|)li<>s  de  verdure  el  d'-  Heurs,  ont 
••t<-  ap(ii-l<-e*  par  les  poi';tes  •■  la  mervi-ille  de  la 
ij.iture,  la  perle  des  eaux,  l'aigrette  de  la  mer,  le 
l'ir.idii'  des  lies  ». 

I  iU's  de  l,'i  tirtre  pourraii-nt  r('vpndii|uer 
-,  mais  Lilrins  a  une  uloire  plus  bell«-  fl 


quf  nulle  autre  ne  part.ipe,  c'est  d'avoir  demi'' 
à  1  Kiîlise  soix.iiile  «niiits  inscrits  au  marlyroloj-T 
et  plus  de  rini]  cents  martyrs. 

Or,  il  est  un  nom  uui  plane  au-dessus  de  ces 
soiivi^nirs  pleins  de  tiloire  :  c'est  le  nom  de  sain'. 
il'Miorat. 

Son  histoire  vraie  nous  a  ''té  racontcc  p.ir 
s.iinl  Hilaire,  son  proclii-  par«*nl.  son  di«ri|'l'-  et 


C»l 


6011   successeur  sur  1p   sièi.'e  i-piscopal   d'Arles. 
C'est  eu  le  suivant  que  nous  allons  esquisser  à 
prauJs  traiu  la  Vie  do  "  grand  saint  Honorât  ». 

LE   JEUNE    l'ATHIClEN    DE    TOCL 

l.a  famille  de  saint  Honorât  habitait  Tnul,  dans 
celle  piirtie  des  (iaules  ijui  s'appela  plus  lard  la 
Lorraine.  Elle  avait  coniplé  parmi  ses  membres 
des  ronsuls  et  des  ma;.'istrals  de  l'empire.  Au 
niilien  du  iv  siècle,  h  l'époque  de  la  naissance 
de  notre  Saint,  elle  était  dans  tout  l'éclat  de  sa 
jîlnire. 

Honorât  était  le  sri'ond  de  la  famille,  il  avait 
nii  frère.  Vouance,  plus  ùf!é  que  lui,  et  une  su'ur, 
|dus  jeune,  du  nom  de  Mnr;.'uerile. 

I.e  père,  paJeii  convaincu,  r<>vait  pour  ses 
enfants  dos  positions  brillantes  qui  apporteraient 
une  illustration  nouvelle  à  sa  race. 

l.a  mère,  dont  l'histoire  ne  parle  pas,  serabl" 
avoir  été  chrétienne.  Mar;;uerite  fut  la  i>reniiére 
à  se  convertir  à  la  foi.  l.'iauocence  et  lu  pureté 
de  la  relicion  chrétienne  avaient  chaimé  son 
cœur  encore  Ti>'ri.'i>. 

Veiiance  et  Honorai  l'imitèrent  bienliM,  maU-ré 
l'opposition  de  leurs  parents  et  de  leurs  amis, 
et  Unirent  par  gagner  lear  père  à  la  foi  du 
Chrisl. 

Les  deux  jenne»  patriciens  marchèrent  bienlM 
à  grands  pi»  diiiis  la  voie  des  saints.  Kn  vain, 
leur  père  i-hercha  à  les  enpaifer  dans  le  monde; 
"  Cette  vie  plait.  mais  elle  trompe.  •■  lui  répondait 
respecluens»>menl  Hoiioiat. 

Le  père  multipliait  I.  s  rirhetaes  entre  leurs 
mains  ;  les  deUT  frères  distribuaient  tout  aux 
pauvres. 

(Combien  tenr  rbarili-  fat  liiréahle  à  Dieu!  Le 
trait  sui\aiil  l'indique  :  on  ri'Onio  qu'un  soir, 
après  .imir  «ervi  un  ^rnnd  nombre  de  pauNres  \ 
la  poiie  ilii  palais.  Honorai  voii  venir  un  lépreux, 
il  l'eiiibra—e  .ilTeclueusement  et  lui  sert  à  niaii- 
(.•er.  An-sili\l,  le  vi-^au-e  du  hqireux  s'illumine 
comme  un  a«tre,  et  il  disp.ir.tlt  :  Honorât  avait 
reçu  un  ant."f  ou  le  Hoi  de»  ancres. 

Cependant,   un  projet  plus  héroïque  enthou- 
siasme j'AiiH'  de  Venance  .1  .l'Ilonoral  :  le»  n'rits 
de  saint  Atlianase,  exilé  d.ui~  !•>«  (îaules,  avaient 
ap(ln^  à  nos  nieux   les  nwM'  ille»  de  la  »ie  de 
saint  .\iitfvine  et  de  ses  disciple»  dans  les  dé*4>rls 
de  l'Kiîvpte.  Le»  deux  '' 
lat-'er  leurs  prpNri'».  biu 
,el  apprendn?  d'eux  la  nui.    ni  ciei. 
» 

LC9  AniBl-X 

r.e  fut  une  explosion  de  d"uleur  dsns  I.t  mti- 
son  pal'  • 
.   O  bon 


III      père,     potir 

.  .  .  I.     I ... 


it  11 

dell 

pni       '        -  1     >      1  Ml.    ■.  ■m  ■ ■■       H>il<i«- 

Celui  ■!  ï'iii    li'ii  v  consentir,  ei  louH  les  Iroia  [  mai»   les 

se  .!•■■  ■  ■  ■   M. M.'. •■ 

A 


sans  doute  le  pèlerina;,'e  d'Honorat.  car  il  ne 
tartla  pas  à  reprendre  la  route  de  sa  patrie  ; 
(nais  Uieu  lui  i  eudil  un  frère  dans  la  personne 
de  Jacques,  ancien  ol'licierdu  roi  de  PerSe,Sa|ior, 
qui  élait  venu  cbeiclior  sur  le  sol  de  l'empire 
romain  la  liberté  de  servir  Dieu.  Les  pèlerins 
s'arrêtèrent  ((uelque  temps  sur  les  ccMes  de  Tos- 
c.ine  ;  car,  près  de  là,  dans  ces  îles  de  la  mer 
Tyrrhénienne,  rangées  comme  les  perles  d'un 
collier,  selon  saint  Ainbroise,  s'étaient  établis 
plusieurs  monastères  sur  le  modèle  de  ceux 
d'K^'ypte  et  de  l'alestine. 

Honorât  ir«-dilla  pas  moins  ses  hôtes  qu'il  n'en 
fut  édifié  lui-nièiiu'.  Puis,  no-  viiya«êuis  lepreii- 
ueiit  la  uier  et  viennent  débarquer  à  Kp'jus  où 
l'évi^ciue  saint  Léonce,  orit'inaire  de  .Nimes,  les 
reçoit  comme  un  pèi-e.  Désireux  de  retenir  dans 
Sun  diocèse  de  si  saillis  personnages,  il  les  con- 
duit dans  une  solitude  du  cap  Roux,  en  face 
de  In  mer. 

Honoratcroyait  avoirtrouvé  enfin  son  ermitage 
Innt  souhaité,  mais  de»  visiteurs  trop  nombreux 
viiiieiil  bieiilAl  en  tioubh'r  le  silence.  .Mors,  ses 
yeux  se  portèrent  sur  les  Iles  Lérins,  tian<(uille- 
meiit  assises  là-bas,  au  milieu  des  eaux  bleues 
de  la  .Méditerranée,  et  il  exprima  au  saint  évéque 
le  désir  de  s'y  retirer. 

Jadis,  repaire  redouté  d'un  fameux  pirate 
iiôMimé  l.éro,  les  Iles  l.éiin»  étaient  désertes  au 
temps  de  Pline.  Kientât  après,  elles  s'i-laieiit  neu- 

Slées  di'  villas  romaines  et  de  temples  aux  dieux 
c  la  iiiei .  Mais  ces  monuments,  t4<iiibi-s  sans 
dont'-  sous  le  fer  des  barbares,  nN-t;iienl  (dus 
en  ce  moment  qu'un  amas  de  mines  solitaires 
infestées  par  les  serpents. 

C.onduiLs  par  siiiil  Léonce,  saint  Honorai  et 
ses  pri'iniersdi'^ciplesabo  filent  dans  ce  lie  nouvelle 
Thébaide  ver»  la  lin  de  l'an  ;iT.'i.  Honorai  prie  le 
Sei>;neur  et  les  serpent*  disp.iraisseiit.  La  mer, 
dit  une  léoeiide.  élevant  ses  lb>U,  balaya  pour 
lOU|oitrs  I.  -  luLs  ri  pilles,  pendant  (pii   le 

saint  moiii  sur  un  palmier,  uloriliail  la 

pnissance  iiu  lies-Haut. 

ynelques  cabanes  de  br,inchaKes  ni  un  oratoire, 
telle  tut,  »an»  doute.  l'abliT-  '■  '  rins.àses  pre- 
mier» jour«.  Honorât,     i  ire   pur  s.iinl 

Léonce.  oITril  le  preiiiiii    : icnlice  dans 

cet  Utiiiue  lepaire  de  la  rapine  et  de  l'idolAlrie. 

M  lis     1,1.  ril'.l     b-   S.iL'iK  IIP  Ini    iiivoie   de»  dis- 

'  •  iilles.  il    l.iul  1  oiis- 

I  iii;.'es  le  b.'ilissint  eu 

une  nuit,  »  dit  la  poétique  leucnde  du  vruni/  .«>iin( 

Uoni>i-ai,  mar<|uant  par  1.^   la   rapidili'   de  celte 

fondation. 

Ton»  ,-.•»  iioMve!<nx  .Trrivant»  trouvent  dans  le 

I    un    modèle. 
il  une    ubbuye 
lit. 

IX  sont  moins  purl<(s  i 
mplation  «pie  les  liomme» 
iiiacliiin  tes   v  furent  Uiu- 


.<ieni<-iii  ei  n  n  eoni' 
I  l'i  eut;  aussi,  les  , 


exercices  reli);ieux  et   les   travauf   se 


Vn, 


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Mil  A 

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Il    .  . ttii  III  11  n 

1 

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ml  de  dr\enir 


Jacques,  l'apôtre  de  la  Tarentaisc-,  saint  Loup 
fjui  sauvera  Troyes  do  la  fureur  d'Attila,  saint 
LuchfT  et  ses  deux  lils  Salonius  et  Véran  qui 
deviennent  tous  trois  '-véques,  s;iiiit  Fauste  de 
Riez,  Salvieii,  surnonimé  le  Jérémie  de  sou  siècle, 
et  Vincent  de  L»'rins,  célèbres  par  leurs  écrits 
littéraires  et  apoloçoliques,  enfin,  saint  Hilaire, 
le  parent, l'ami  et  le  disciple  bien-aimé  d'Honorat. 

LES    TBAVAirX    DE    I.ÉRINS 

La  première  occupation  d'Honorat  et  de  ses 
disciples  l'ut  la  prière.  Dans  cette  éfilise,  élevée 
par  leurs  mains,  au  milieu  du  silence  de  la  mer, 
.es  religieux  se  réunissaient  aux  différentes 
heures  de  la  journée  pour  y  cliauter  l'oflice. 

C'était  un  beau  spectacle  que  de  voir  ces 
hommes,  autrefois  célèbres  dans  le  monde, 
cachés  sous  leuis  vêtements  ^'rossiers  réunis  au 
pied  des  autels  pour  y  apprendre  la  prière  et  le 
travail  ! 

La  liturgie  de  Lérins  devint  bientiM  célèbre 
et  plusieurs  églises  des  Ciaules  demandèrent  à  la 
suivre  dans  leurs  offices. 

Après  la  prière,  le  travail  était  la  principale 
fonction  des  moines.  Les  historiens  parlent  de 
la  Kègle  qu'Honorât  donna  à  ses  disciples,  mais 
aucun  document  écrit  ne  nous  en  a  triuismis 
les  détails.  Il  est  à  présumer  toutefois  qu'elle 
devait  se  rapprocherd''  celle  des  moines  d'K^ypte, 
puisque  c'était  leur  vie  qu'Honorât  voulait  intro- 
duire en  (iaule.  Le  travail  manuel  y  devait  donc 
tenir  une  large  place. 

Dès  lors,  l'île  chan^'ea  de  face.  Les  arbres  sau- 
vages tirent  place  aux  plantations  destinées  au 
servii-e  des  moines  qui  devaient,  aut.uit  que 
possible,  se  suffire  à  eux-mêmes. 

A  la  prière  du  saint  fondateur,  une  fontaine 
jaillit  du  sein  d'un  rocher,  et  cette  eau  limpide 
est  aujourd'hui  encore  la  seule  qu'on  trouve 
dans  l'Ile. 

Mais  ce  qui  rendit  surtout  célèbre  le  mona.s- 
tére  de  Lérins,  ce  furent  ses  saints  et  ses  siivants. 
\  cette  époque  Iroublé-e  de  la  lin  du  iv  siècle, 
au  moment  où  les  Karbares.  déchaînés  sur  l'Ku- 
rope,  incendiaient  lus  t-yliseset  renversaient  les 
écoles,  la  Providence  semblait  avoir  préparé, 
dons  cet  Ilot  de  la  Méditerranée,  un  asile  à  la 
science  et  à  la  sainteté,  pour  en  rendre  ensuite 
le  trésor  aux  contrées  \oisiiics. 

Des  barques  léiièr.'s,  longeant  les  côtes  de  la 
Provence,  d' im-iiinl  Mi-s  hommeset  des  enfants: 
ils  venai<'Ut  cheecher  auprès  d'Honorat  un  asile 
pourleui  vieillesse,  uu  champ  [lOiir  leurs  travaux, 
une  écolo  pour  leui s, jeunes  années.  Le  bruit  du 
monde  n'y  arrivait  que  de  loin,  semblable  aux 
v.ii.'ii^.,.|..  la  mer  qui,  pur  uDJour  calme,  viennent 
1,1    II       ■'ans  fiacas  sur  ces  grèves  tranquilles. 

I. le   m'>nastiqii<-  de   Lérins,  placi-e  sous  la 

direction  de  Sahii-n  et  de  saint  Vincent  an  temps 
d'Honorat.  devint  IilmiImI  célèbre  dans  le  monde 
••utier.  On  y  ensiML'ii.nl,  avec  la  théologie  <t 
f'K.irilnre  Sainte,  la  lillératurc  et  les  sciencf^. 
'la  division  déjà  reçue  du  tritium  i-t  du 

'     "Ih. 

'     ■   il  nue  véiiiahle  Académie  de  savants,  en 

!-mps  iju'um   école  de  sainteté. 

Il    I.   I  at  était   liii-raérae    très  versé  dans    la 

'.,\'j      '  ir«,  et  saint  Lucher,  faisant  allusion  aux 

-  lie  rire  dont  il  '^e  servait  pour 

7.,  disait-il,  rendu  .1  la  cire  cas 

:'  Il  tornps.  le  Mint  ahhé  prenait  avi 

iii>  <i>i' i>|<i' -  religieux,  et  allait  annoncer  l.> 
parnl"  de  Dieu  dans  les  vallées  des  Alpes. 


Mais  il  iious  reste  à  parler  d'une  iiloire  du 
patriarche  de  Lérins,  plus  humble,  mais  non 
moins  heureuse  pour  le  ciel. 

l'île  des  vierges  —  SALNTE  UARGUEItITB 

A  peine  installé  dans  son  île.  Honorât,  dit  la 
tradition,  avait  vu  accourir  sa  sieur  Margutrite, 
désireuse  comme  lui  de  se  donner  à  Dieu. 

Honorât  l'avait  reçue  et  lui  avait  assigné  pour 
demeure,  l'île  voisine  de  la  sienne  où  s'étaient 
retirées  déjà  sainte  tialla,  la  femme  de  saint 
Ëucher  et  ses  deux  filles,  sainte  Consorce  ei 
sainte  Tullie.  Des  jeunes  vierges  fuyant  devant 
les  Barbares,  des  matrones  échappées  au  meurtri- 
et  au  pillage  ne  tardèrent  pas  à  venirles  rejoindre, 
il  s'élalilit  bientôt  dans  l'ile  de  sainte  Marguerite 
un  monastère  de  r>^ligieuses,  destiné,  lui  aussi,  à 
voir  Uturir  les  belles  vertus  de  sacrifice  et  d'ab- 
négation, plus  touchantes  et  plus  suaves  encore 
dans  le  cœurtimide  de  la  femme  que  daus  l'esprit 
assuré  de  l'homme. 

Honorât  était  l'âme  de  cette  fondation.  Une 
fois  établis  dans  leurs  petits  royaumes,  séparés 

§ar    un    bras  de  mer.   Honorai  et    sa  sueur  ne 
evaient  plus  se  voir   qu'une   fois   par  an,    à 
l'époque  des  cerisiers  en  Heurs. 

Marguerite  trouvait  ce  temps  bien  long;  et 
plusieurs  fois,  elle  avait  demandé  à  son  frère  de 
venir  la  visiter  plus  souvent,  mais  Honorât 
demeurait  inilexible.  Marguerite,  de  son  cAté,  ne 
pouvait  aborder  à  l'île  des  religieux  ;  la  loi  de  la 
clôture  lui  en  défendait  l'entrée. 

Dans  »a  conli.inte  piété,  dit  une  gracieuse 
légende,  elle  s'adressa  a  Dieu  :  et  Dieu,  plus  sen- 
sible qu'Honorât,  entendit  la  prière  de  la  Sainte, 
l'nefois  par  mois,  un  cerisier,  planté  sur  le  rivage 
de  l'île,  lleurissait  à  la  demande  de  Marguerite. 
Honorât,  alors,  étendait  son  manteau  sur  la  mer 
et  venait  parler  à  sa  vénérable  sœur,  trop  heu- 
reuse de  l'entendre,  des  beautés  du  ciel  et  des 
voies  qui  y  mènent. 

HONORAT,  ARCnSVèùL'C  D  ARLES 

Hélas!  il  fallut  un  jour  dire  adieu  A  ces  soli- 
tudes embaumées  des  brises  de  la  m>T. 

Parmi  les  barques  nombreuses  qui  abonlaient 
tous  les  jours  au  petit  port  de  Lérins,  pour  y 
déposer  des  jeunes  gens  pleins  d'ardeur  ou  des 
vieillards  déjà  mûris  dans  les  combats  de  la  vie, 
ou  vit  arriver  un  jour  une  n.icelle  qui  portail  les 
magistrats  et  les  notables  de  la  ville  d'Arles,  la 
vieille  capitale  desdaules. 

Des  divisions  déplorables  avaient  éclaté  nu 
sein  de  cette  Ktilise.  L'évéque  Krog  avait  été 
chassé  de  s<in  siège  à  la  suit*  de  troubles  poli- 
tiques et  envoyé  mi  exil  ;  il  avait  é|i'  i  im  !  , -é 
par  Patrocle.  Mais  les  partisans  d' 
dépossédé  étaient  nombreux  ;  il»  son!' 
émeute  dans  laquelle  l'atrocle  fni 

Pour  calmer  les  esprits  irrités,  il  1  mi 

un  hoiniiie  assea  n^speclé  de  tous  les  pailis  pour 
I  amener  la  paix,  «in  jeta  les  yeux  sur  l'abbi-  de 
Léiins. 

Le  nom  d'Honorat  était  pnpiil.iire  sur  les  rivatreo 
de  la  Provence  et  dans  ;  '      nlière.  l>  ch<ii  v 

ne  pouvait  manqui-r    1  de  tous.  Dans 

cl  espoir,  les  ,'  "  1    I  •  i.iisp  d'Arles  se  ren- 

lir.-Ml  à  l.eriii  l'-rrnt  le  saint  moine  de 

li-ver        ' 

L'  •  ours  redouté  les  honneurs  et 

'■    '  " -'inrat  hésii.T*    i'  •■■■^ ■ 

Mais  la 

,  .   ...<      les    iiispii..:.   .. 

tendreMf  ?  Il  <^naulla  Di^u  au  pied  des  t 


et  il  lui  sembla  qu'il  lallait  se  sacrilier  pour  b? 
bien  de  lout  un  diocèse,  pour  le  bien  de  cette 
vénérable  i-glis.»  d'Arles,  fondée  par  saint  Tro- 
phime,  di-^ciple  do  saint  Paul,  t-t  l'un  des  berceaux 
delà  foi  dans  b-s  daules.  11  accepta  donc  la  difli- 
cile  mission  (|ue  Dieu  lui  confiait,  et  se  déclara 
pr('t  à  partir. 

11  voulut  as*i-iter  lui-même  à  l'élection  de  son 
successeur,  et  remettre  aux  mains  de  saint 
Maxime,  choisi  par  les  religieux,  la  boulette 
abbatiale. 

l'uis,  il  adressa,  au  milieu  de  ses  larmes,  une 
dernière  exhortation  à  ses  lUs  spirituels. 

Itieutôl.  une  barque  légère  s'éloigna  du  rivage, 
emportant  dans  ses  lianes  étroits  Honorât  et 
llilaire,  son  lidéle  dl^^ciple. 

(In  était  à  l'automne  de  427.  Honorât  avait  passé 
plus  d'uu  demi-siècle  à  Lérins. 

LES  MERVEIIXES   v'VK  SAINT 

Saint  Honorât  fut  à  Arles  ce  qu'il  avait  été  à 
Lérins  :  la  personnillcation  parfaite  de  la  charité, 
à  tel  pcùnt  que  saint  llilaire  disait  :  •'  Si  la  cha- 
rité voulait  se  faire  représenter,  elle  devrait 
emprunter  les  traits  d'Honorat.  i> 

lléjas  !  l'église  d'.Vrles  ne  devait  pas  le  garder 
Ion;.'tenips.  bieu  ne  le  lui  avait  donné  que  pour 
deux  ans.  Mais,  en  deux  ans,  un  saint  a  le  temps 
d'opérer  de  grandes  choses. 

•  Son  premier  soin,  dit  saint  llilaire,  fut 
d'apaiser  la  disiorde  qui  avait  précédé  son  élec- 
tion et  de  r-'-unir  tous  les  neurs  dans  une  sainte 
fraternité.  Il  cherchait  à  faire  naître  dans  ses 
enfants  l'afTertion  |>lut'^t  que  l.i  terreur;  il  gagnait 
au  devoir  plutôt  qu'il  n'y  obligeait.  Itii'nt6t,l'é;;lise 
d'.\rles  fut  aus>i  lloris>ante  que  le  monastère  de 
Lérins.  •• 

LE  DEDMIER  DISCOURS  DE  SAI.NT  HO.NORAT  A  SON  PEUPLE 

L'usurpateur  l'atrocle  avait  amassé  de  grands 
biens.  Honorât  en  proliLi  pour  secourir  les  mal- 
heureux avec  sa  charité  admirable,  et  ne  réserva 
aue  ce  <jui  était  nécessaire  pour  la  subsisUmce 
fies  ministres  des  autels.  A  la  nouvelle  de  son 
'     alion   à    l'épiscopat,    quelques-uns     de    ses 
■    lits  accoururent  pour  le  voir;  il   les    reçut 
bonté  comme  il  accueillait  tout  le    monde, 
:i.   .-  ne  leur  accorda  rien  de  plus  qu'aux  autres, 
I  et  ne  voulut  en  rien,  dit  saint  llilaire,  relAcher 
les  règles  ecclésiastiques  en  leur  faveur  ••. 

Le  saint  iirihevêque  se  montra  plein  de  lèle 
pour  réprimer  b's  abus  (|ui  s'étaient  t'Iissés  dans 
le»  diocts.s  Voisins. 

Cependant,  il  n'oubliait  pas  sarhùre  Lérins.  On 

r '.cnute  qu'il  y  n-viiit  une  dernière  fois  peu  avant 

1   ni'irt.  Il  put  rontemiiler  de  ses  yeux   la  ll<i- 

...:.-.un  merveilleuse  de  I  arbre  monastique  planté 

par  ses  soins. 

II.  .lu.iiuj'    d'éL'li-.~     i  i!.,iiv,  V    ,!,.    Li    fortune 

'  -,  dcman- 

■       III       r  formés  & 

'■  d'Hnnnrat  pour  remplacer  leurs  évéqaM 

!■        lits. 

I»e  r'i  .ur  a  .\rle»,  Honorât  pr^V-ha  tme   der- 
nière <■■!'   !••   ".Mr  de  l'Kpiphanie.  L'effort  qu'il 
>ux  nombreux  qu  il  avait 
-er  SCS  fori'e>.  Il  lie  pat 

'  elle  de  la   maladie   dtt 

■     '  ,     I 


demeurait  souriant,  parlant  à  tous  des  beautés 
du  ciel  et  des  vanités  de  la  terre. 

Dominant  sa  faiblesse  et  déjà  à  moitié  elacé 
par  la  mort,  il  leur  disait  :  >•  Vous  voyer  combien 
celte  demeure  corporelle  est  fragile  !  .V  quelque 
raii:;  que  nous  soyons  montés,  la  mort  nous  en 
fait  bientôt  descendre.  Rien  ne  nous  arrache  à 
cette  nécessité,  ni  les  honneurs,  ni  les  richesses; 
elle  est  commune  aux  riches  et  aux  puissants, 
aux  grands  et  aux  petits. 

»  .\h  !  quelles  actions  de  grâces  nous  devons  à 
Jésus-Christ  qui,  par  sa  propre  mort  et  sa  résur- 
rection, a  animé  notre  mort  de  l'espérance  de  la 
résurrection.  Il  nous  offre  une  vie  immortelle  et 
nous  délivre  des  craintes  de  la  mort  éternelle. 

"  Vivet  donc  de  manière  à  ne  pas  craindre  la 
ftn  de  la  vie,  que  nous  appelons  la  mort  ;  atten- 
dez-la comme  un  passaae  à  une  autre  vie.  La 
mort  n'est  pas  une  peine  quand  elle  ne  mène 
pas  au  supplice.  Sans  doute,  c'est  une  chose 
dure  que  la  séparation  de  l'âme  et  du  corps;  mais 
une  chose  bien  plus  dure,  ce  sera  la  séparation 
éternelle  des  damnés 

»  Si  l'esprit,  n'oubliant  pas  sa  noblesse,  sait 
déclarer  au  corps  une  uuerre  salutaire,  au  lieu 
de  se  laisser  souiller  par  le  corps,  il  le  purillera, 
et  ces  deux  substances  s'uniront  dans  le  ciel 
dans  une  bienheureuse  société.  Les  saints,  .<it 
l'Ecriture,  seront  exaltés  dans  la  gloire  et  se 
réjouiront  dans  leurs  demeures,  c'est-à-dire  dans 
leur  corps,  demeure  des  âmes.  Suivez  ces  con- 
seils, mes  chers  enfants,  c'est  l'hérilace  que  vous 
laisse  votre  père  et  votre  évéque  Honorât;  de 
son  dernier  souflle,  il  vous  invite  au  royaume 
céleste. 

»  .Ne  vous  laissez  point  séduire  par  l'amour  du 
monde,  il  est  bon  de  mépriser  volontairement 
ce  que  la  nécessité  nous  obligera  un  jour  de 
quitter.  Oue  nul  d'entre  vous  ne  soit  esclave  de 
I  orgent  ;  que  le  vain  écl.it  des  richesses  ne  cor- 
rompe personne.  Tout  ce  que  Dieu  nous  offre 
sur  la  terre  doit  servira  notre  salut,  ce  serait  un 
crime  de  le  faire  servir  à  notre  perte.  » 

Se  tournant  vers  son  disci|>le  Hilaire,  le  bin 
vieillard  dit  avec  tendres>e  :  •■  Kxcu-et-moi,  je 
ne  puis  pas  dire  Uiut  ce  que  je  voudrais.  .• 

llilaire  fondait  en  larmes  :  ■•  l'ère  bien-aimé, 
dit-il  au  saint  évé(|ue,  jesais  que  vous  ne  m'aban- 
donnerez pas  et  que  vous  serez  mon  protect<>ur 
au  ciel  ;  mais,  ce  sont  vos  cruelles  souffrances 
présentes  qui  m'aflligent.  —  Oh  !  répondit  le 
malade,  que  sont  les  souffrances  du  moindre 
de  tous  les  serviteurs  de  Dieu,  en  comparaison 
des  douleurs  que  tant  de  saints  ont  endurées 
pour  son  amour  !  •• 

'■  .\vantde  partir,  nous  (!■■    •:    ■  I!  '  ■  r.  , 

pour   ne    rien    laisser    iii 

comme  il  se  l'éLiit  propos   , ,   , . i,,,- 

cun  de  nous,  nous  priant,  s'il  oubliait  quelque 
chose.de  le  lui  rappeler.  •• 

Enllii,  il  s'cndoimit  dans  la  paix  du  Soigneur, 
le  neuvième  |our  après  rKpiphaiiie  de  l'an  429. 
Tous  b'o  habiUinls  accoururent  baiser  une  der- 
nière fois  son  visage,  sa  main  ou  -••'^  pieds.  On 
l'ensevelit   ave.-   poinpr  nu   en  ■..•»  Ali»- 

caiiips,  et   relie    nécropole    d'  'rr,   car 

l'MUiMUp   voulaient    nq^iser,  ,■    rooit, 

.iu|i'  s  des  reliques  iniracub-u  .A  Hono- 

rât. L'an  1392,  ce  trésor  fut  tip-  Je  1  e(|lise  de 
.Nolre-llainr  île  (fr.lie.  et  rendu  aut  moinr*  de 
t    ■  .,,!.■ 


I.  ll.llll'Mll.'.       'UMT.      l>>l|S|)'S.tSS|S' 

ii'^    :   I   !:    !,t    en    larme >  ;   seul,    le  vieillard 


Mi-i.i .  s  -  ■  •  .  .1    I  elrou*  • 

saintes. 


Il"*    juin  ' 


L.I'M.r.i»--' 


1 1. 


I-'.  I' 


SAINT  ANTOINE 


Féifi    le  i  7  janvier.  • 


La  tentation  de  saint  Antoine  au  désert. 

(Composition  ne   Ciapp<iri.) 


SON   ENFANCE 


Saint  Antnlnf  naquit  vprs  l'an  2:iO,  en  Eayple, 
dan»  une  famille  rirhf  des  l)i<'ns  >\i'  ce  monde, 
mais  ()ui  firéférail  le  don  de  la  foi  ri  l'or  et  à 
I  argent.  Son  père  et  sa  ni<TP  ne  con«entirenlà  se 
d('cbari.'er  snr  per'.oniie  du  «oin  d'él<'ver  leur  fils 


e(  di>  former  son  caractère,  mais  lui  donnèrent 
oux-mèmes  une  éducation  forte  et  sévire  !'an> 
lui  permettre  do  fréquenter  les  écoles  corrompue-- 
du  paganisme  :  Antoine  ne  quittait  pas  la  maison 
pali'rnelle  sinon  pour  aller  à  l'assenililée  di^ 
fidèles,  et,  pendant  lonplcnips,  il  ne  connut  qui' 
>a  demeure  cl  réalise. 


47 


Les  parents  d'Antoine  furent  donc  les  artisans 
de  sa  sainlelé,  car  ils  le  préparèrent,  dès  ses  pre- 
mières années,  aux  luttes  contre  le  démon  en 
J"exerçant  au  sacrifice;  ils  s*  plaisaient  à  lui 
apprendre  à  n'sister  aux  tentations  de  souriuau- 
dise  ijui  assaillent  dès  l'onfance  les  fils  d'Eve,  et 
tout  jeune  encore,  rajjporto  un  auteur,  il  serait 
demeuré  a  jeun  pIut<^t  que  de  toucher  aux  mets 
de  la  table,  ou  seulement  du  les  demander;  il 
attendait  qu'on  les  lui  oITiit. 

A  dix-huit   aus,  Antoine  perdit  ses  parents  et 

se  trouva  possesseur  de  deux  fortunes  :  l'or  et 

4a  hoiine   et  forte  éducation  du  chrétien.  Nous 

::!l"t><  voir  eommeul  il  méprisa  la  première  et 

iv.i-ul    il  sut  faire  -valuir  la  seconde,  pour 

hil     lin    LTUIliI    S.lilll. 

Il  .  consacrer  tout  entier  au 

serM  :.  i  I     •  cupé  de  celte  pensée,  U 

Si-  rendait  un  j'^ur  a  réalise,  et  chemin  faisant, 
méditait  li*  pa--sa^e  où  l'Evangéliste  raconte  la 
vo.alioii  des  api')li-es,  et  nous  montre  ces  derniers, 
quittant  et  méprisant  tout  pour  suivre  Jésus- 
Christ.  La  raanii-re  de  Tivrc  de>  premiers  chré- 
tiens, leur  renoncement  à  loulr  propriété,  la 
communauté  des  biens  étailie  entre  eui.  lui 
revenaient  écaleraeut  à  la 
Antoine  ■  '  '  '  '■  ' 
les  paroi 

dans  TLiau-n'   .    ■    .-i  ■      '. 

allf?,,  veiulei  tout  ce  qU' 

en  le  prix  aux  pauvres,    .^..._ 

vous   aurei  un   trésor  dans  le   ciel. 
ii'iiil  |i.i-  le  .iiiii.iii-  d'-Ti-^omplir  1'   ^. 

1  iij:na  de  ^ 
M     -    A;  ,  ,      .  ia    le    coi 

Maître  conàme  s  il  lui  eut  été  adresse  persoiutei- 
lenient,  et,  au  sortir  de  l'é^'lise,  il  parta;:ea  une 
partie  de  ise»  terres  entre  ses  voisins,  Mudit  le 
reste  cl  '^e?  meul-Ie-,  en  distribua  !•■  proiliiit  aux 
pauvres,  ••rvanl   qu'uni-    faib'' 

pour  l'ei  ■  .         K.i  lurnr  et  1>-  ••ii'ii    ' 

devait   p'iul   s  aiT- '  ul  et 

Difu  l'api'^ldit  à  ui 

l'eu  ai'iei,  comni''  ii  i.i.iiint  la  .  i;i'  de 
rKvan:.'ile,  relie   autre  pande    vint   fi  i.  ;  '  :    ^"  - 

rr-illrs  :    .   N.     ■■    •   -      :•    •• 

I        •main.  >•   > 
l,.i,    '■  •   -•  — ■ 

Ull' 


inéniiiire.   A   pfine 

'     utend  lire 

.r  au  riche 


pas  encore  dans  les  déserts.  Ils  se  contentaient 
do  se  retirer  dans  des  ermitages  asseï  rappro- 
chés des  villes  ou  des  villa;;es.  Saint  .\nloine 
lit  la  rencontre  de  l'un  d'entre  eux,  vieillard  qui 
vivait  là  depuis  son  jeune  àue,  et  se  mil  dés 
lors  en  devoir  d'imiter  son  ^eure  de  vie.  Il  s'éta- 
blit à  une  petite  distance  de  sa  demeure  et  com- 
mença rappientissai:e  de  la  vie  solitaire  dont  il 
de \ ait  être  un  des  plus  illustres  rejirésenlants. 
Il  parla^'cait  son  temps  enlrr  le  travail  des  mains, 
loiaison  et  l'étude  de  l'Eiriture  Sainte,  dévelop- 
pant ainsi  son  Ame,  sgn  intelli;:eni-e  en  même 
t>  uips  qu'il  morliliait  son  corps.  Il  visitait  aussi 
les  ermites  des  enviroas,  aun  de  s'édilier  de 
leurs  bons  exemyles  et  s'altachait  à  reuro- 
duirc  eu  lui  la  rerta qai  éclatait  davanla^'e  (laus 
cliacun  d'eux.  En  peu  de  temps,  les  pro^'rès  du 
nouveau  solitaire  furent  si  rapides  <|u'il  devint 
le  modèle  de  ceux  qu'il  était  venu  iniitiT  et  fui 
surnommé  le  Detatle,  c'est-à-dire  l'adoiuleur  de 
Dieu,  à  cMMe  de  soa  émineule  piété. 

Trn-ATIONS    DV    DÉMO.N 

Mais  le  démon  n'avait  pas  tu  d'un  œil  indidé- 
rent  ce  jeune  homme  quitter  le  monde  et  enrayer 
sa  su'ur  dans  la  vie  rcli^;ieuse;  il  prévoyait  aussi 
qu'une  fuule  d'àmes,  attirées  par  ces  LXriiiples, 
(luiltrraient  le  iikoode  pour  se  livrer  à  la  pratique 
des  conseils  évaii;:éliques.  Les  saints,  en  elTet, 
ont  de  tout  temps  exercé  et  exerceront  toujours 
iiiiL  attraction  puissante  et  souvent  irrésistible 
'•■  s  âmes  qui  les  entourent.  Kt  si  notre 
I''  avait  au  milieu  d'elle  quelques  ;.Tands 
saints,  nous  ue  la  verrions  pas  languir  dans  les 
CiHiviilsions  d"»  l'ajonie.  Saint  Anl"tne.  à  lui  seul, 
c!  !>^sert*  de  ■      '  III'  et  de 

I.  .  l'éUMmaiii  .  .icharne 
à  le  Uiili.  et  a  le  persécuter  mius  toutes  les 
fnrnirs,  pt^ndant  plus  de  quatre-vingts  ans.  ('elle 

II.  =  ■•  :  '  '  ,  ■  '  •  .  -i 
r  IM' 

.1  lO  — »tls 

l'il  nous 
liia    il'  < .  -~...ie    pour 


iii'l  j.iin.ii^  qu'- 
il'is  forcrs,  ou  11 
.  1-.     1 

'1. 

1, 

,1  .r,i,. 


,1    •.ii'ii.t     Viil. 


me 


U,   Ul-'int   LE    liONUX 


Or,  h  cette  *poqi 

ri'+'VptP    TM?    [M*»»é.-. 


■r»m 


mo- 
.'t  1 


■  '  '■■ 
I  >nl  il  annut  pu  j"uir  ilau->   (•■  tiioiide, 

Il  .'n  .   ['■•■  »oufTran'--^.   I.i   ii-jm-iir   df  l.i 

p.ia>r<-lé    -.  -  'i' 

II. luit,  el  ;  I 

reli;:i>'ii-^     ;  i,  '.i 


pour 

I.    .Il 


1   pb-ur» 

-,•:        J'.i 


de  rvlrail»:  ilatix  In  umuoMMM»  «.-t  iw-  p<FiiririU«ml   I    Autuin*-,  |k.'U  ia.->»uré  --ui  la  '.4I1  w  dr  >>  11'  rAiio- 


nisation  anticipée,  deicande  au  nam  de  décliner 
son  nom,  «t,  apprenant  que  c'était  Tesprit  de 
fornication,  il  le  fait  disparaître  subitement  en 
prononçant  uii  texte  deb  psaumes. 

SES  aûKTU'lCATlOilb  —  COMBATS  OOE   LU     LIVRE   SATAN 

Loin  de  se  reposer  ou  de  se  relâcher  dans  la 
ferveur,  après  cette  première  victoire,  notre  Saint 
ne  songea  qu'à  se  préparer  à  de  nouveaux  com- 
bats et  s'adonna  à  la  mortilicatiou  avec  une 
aiduur  plus  prande;  une  natte  et  un  cilice,  quel- 
quefois la  terre  nue  lui  servait  de  couche,  souvent 
il  passait  toute  la  nuit  en  prière;  il  ne  mani-'eait 
qu'unt  fois  par  jour,  après  le  coucher  du  soleil; 
du  pain,  du  sel  et  un  peu  d'eau  composaient  son 
repas.  11  passait  fréquemment  deux  ou  trois 
jours  consécutifs  sans  prendre  aucum;  nourriture 
el  ne  rompait  le  jeune  que  le  quatrième  jour. 

Ju{<eani  que  .-«a  solitude  n'était  pas  assez  pro- 
fonde, il  résolut  de  se  cacher  dans  un  tombeau 
et  u'tudiqua  sa  nouvelle  retraite  qu'à  un  frère, 
char;:e  de  lui  apporter  un  peu  de  nourriture  à 
des  jours  déteriuinés.  Lorsque  Antoine  fut  des- 
cendu dans  ce  sépulcre,le  Frère  en  ferma  l'entrée; 
mais,  bientôt,  Satan  accabla  le  solitaire  de  tant 
de  coups  que  celui-ci  ne  put  de  quelque  temps 
faire  un  eeste  ni  articuler  une  parole. 

Lu  autre  jour,  l'ami  du  Saint,  venant  le  visiter, 
trouve  la  porte  du  tombeau  brisée,  et  dans  l'in- 
tériiîur,  Antoine  étendu  sans  mouvement  sur  le 
soi  :  il  le  char;;e  sur  ses  épaules  et  le  transporte 
au  villai:e.  Li:s  habitants  s'assemblent  pour 
rendre  les  devoirs  funèbres  à  leur  compatriote 
et  passent  la  nuit  auprès  du  corps,  selon  la 
coutume  des  premiers  siècles.  Mais,  lorsqu'une 
paitiii-  de  la  nuit  s'est  écoulée,  tous  se  laissent 
gugnei  par  le  sommeil.  Antoine,  à  ce  moment, 
revient  doucement  à  lui,  s'aperçoit  que  les  assis- 
tants sont  endormis,  à  l'exception  du  Frère  qui 
l'avait  apporté;  il  failsif;ne  à  ce  dernier  d'ajipro- 
cber  et  le  prie  de  le  reporter  sans  bruit  et  sans 
éveiller  personne  dans  son  tombeau. 

Là,  prosterné  à  terre,  car  il  ne  pouvait  se  tenir 
debout,  le  serviteur  de  Uieu  priait  et  se  raillait 
des  elTorls  du  démon. 

■'  Me  voici,  disait-il,  je  suis  Antoine;  je  ne  me 
carli.'  pas,  ji;  ne  fuis  pas;  Satan,  je  te  défie,  et  ta 
vioK-nre  ne  me  séparerajamais  de  Jésus-Christ.  » 

Celui-ci,  irrité  de  la  constance  d'Antoine, 
l'attaque  avec  une  violence  nouvelle  ;  en  un  ins- 
tant, le  tombeau  est  rempli  d'une  multitude 
d'aiiiiiiaux  féroces,  ours,  lions,  loups,  pautliOres, 
serpents,  scorpions,  taureaux,  qui,  tous,  font  un 
bruit  épouvanlalde.  Le  corps  d'Âutuiue  est  cou- 
vert de  blessures  et  gémit  sous  les  morsures  de 
■  ;iiaux,  mais  sou  âme  reste  dans  le  calme 
I  x;  Il  fb'ij  lii-ne  si-s  ennemis  et  leur  dit: 

\  ...  .ntient 

...  vous 

voulc;:  iiielli.i.wi,  •'  puis  il  fait  le  s^^uie  de  la 
Croix,  et  aussit'H,  toute  cette  bande  infernale 
s'évanouit.  L<;vaiil  alors  ses  re(j;ards  vers  le  ciel, 
il  voit  une  giande  clarté;  le  tombeau,  démoli 
p.  Il  '  1,1  celte  lutte  terrible,  est  en  même  temps 
!■  1  les  douleurs  de  son  cor(is  disparaissent 

MilMti-iiieiit.  ■'  Oii  éliez-vous,  bon  Jésus,  s'écrie 
amoureusement  Antoine,  pourquoi  ne  m'avez- 
v"v  -  •■1  !..  ..im  j^.j  )(.  roinmencement.  — 
1  1   une   voix,  mais   j'ai   attendu, 

.'    I  11  de  ta  lutte,  et  inainlenanl, 

:llariim<' lit  coin  bal  lu,  je  t'aiderai 
''  ii^    I       ■  .       ■  oiiiiailie   ton  iimii  à  la  terre 

entière. 


n.  SE  a£IlBE  OA^S  LE  DESERT 

Saint  Antoine  avait  alors  trente-cinq  ans. 
Désireux  d'une  solitude  plus  parfaite,  il  s'enf'Tiii-a 
plus  avant  dans  le  désert.  Sur  son  chemin,  il 
trouve  un  plat  d'argent;  ne  s'expliquant  pas  la 
rencontre  d'un  pareil  objet  dans  le  désert,  il 
comprend  qne  c'est  encore  un  piège  de  Satan, 
et  lui  dit:  "  Que  ton  arpenf  périsse  avec  toi  .,, 
aussitôt,  le  plat  d'argent  disparaît;  à  quelques  pas 
de  là,  il  se  voit  en  présence  d'un  inoni;eau  d'or, 
et,  sans  examiner  d'où  le  précieux  métal  pouvait 
provenir,  il  s'en  éloigne  rapidement,  comme  d'une 
îlamme  dévorante ,  traverse  le  Nil,  gravit  une 
montagne  au  sommet  de  laquelle  est  un  château 
en  ruines.  11  pénètre  à  l'intérieur  et  le  trouve 
habité  par  une  foule  d'animaux  sauvages  :  <-eux- 
ci  s'enfuient  à  son  arrivée.  Le  solitaire  prend 
avec  lui  de  l'eau  et  du  pain  pour  six  mois  et 
ferme  l'entrée  de  cette  masure. 

Retranché  comme  dans  une  forteresse,  il 
repoussa  pendant  vingt  ans  les  assauts  du  démon, 
ne  sortant  jamais  et  ne  voyant  aucun  être 
humain,  si  ce  n'est  les  personnes  qui  venaient 
deux  fois  chaque  année  renouveler  la  provision 
de  pain  et  d'eau  et  encore  ne  leur  adressait-il 
aucime  parole,  lorsqu'elles  faisaient  descendre  sa 
nourriture  par  une  ouverture  pratiquée  dans  le 
toit. 

L'n  jour,  il  aperçut  dans  une  vision  toute  la 
terre  couverte  de  lacets  et  de  pièges  par  la  malice 
des  démons.  Et  comme  il  se  demandait  en  lui- 
même  qui  pourrait  les  éviter,  une  voix  lui 
répondit:  "  Antoine,  ce  sera  la  seule  humilité.  » 

Le  soir,  il  se  mettait  à  genoux  pour  méditer 
les  souffrances  et  la  mort  de  notre  divin  Sauveur. 
Toute  la  nuit  se  passait  souvent  dans  la  contem- 
plation et  les  entretiens  avec  Dieu;  et  quand,  le 
lendemain,  le  soleil  venait  le  distraire  par  ses 
rayons  et  sa  brûlante  chaleur,  le  solitaire  s'en 
plaignait  parfois  :  «  0  soleil,  disait-il,  pourquoi 
viens-tu,  par  ta  lumière,  m'rHer  la  clarté  de  la 
véritable  et  éternelle  lumière  ?  )> 

IL  QUITTE  SA  SOLITUDE  ET    FONDE  DBS  U0NASTÈBE3 

De  nombreux  visiteurs  venaient  pour  s'entre- 
tenir de  leur  àrae  avec  saint  Antoine,  mais  celui- 
ci  refusait  de  communiquer  avec  eux.  L'ne  fois, 
cependant,  il  rompit  le  silence  pour  rassurer 
plusieurs  personnes  que  le  s|iectacle  de  ses  luttes 
avec  le  démon  avait  effrayées.  La  charité ,  en 
elïet,  est  le  plus  grand  et  le  premier  de  tous 
le&  commandements.  Une  autre  fois,  un  tTind 
nombre  de  personnes  gravirent  la  mont  i^ 
pensant  trouver  Antoine  m^rt;  mais,  en  s",i|  j  i  .- 
chant,  elles  l'entendirent  chanter  les  louaii;:es 
de  Dieu.  Dans  l'anleur  qu'elles  avaient  de  le  voir, 
et  sans  tenir  compte  des  protestations  d',\ntoine, 
elles  se  mirent  a  déniolir  le  mur.  Le  solitaire, 
voyant  que  toute  r'''-l-tance  était  inutile,  sortit 
avec  un  visage  radiaux  et  plein  de  fraîcheur, 
malgré  son  à^;e,  ses  mortifications  extraordi- 
naires, et  ses  luttes  avec  le  démon. 

A  partir  de  ce  tiioment,  saint  Antoine  dut 
renoncer  à  vivre  dans  la  solitude.  Des  foules 
énormes  accoururent  désoniiais  vers  lui,  ei 
Ix'aucoup  dem.Tnderent  de  l'avoir  pour  maître 
(lins  la  vie  rp|i;.'ieii*e  et  cénobitique.  Le  Saint 
l'i'innut  la  volonté  de  Dieu,  qiiilla  son  eriiiiii-'- 
pour  aller  foud'^r  des  monasl'-res  qu'il  vi^ii  i  : 
siiiivent,  forlifiaiit  les  âmt-s  p.ir -f^  exhorUili  . 
et  leur  dévoilant  les  artili' es  de  Satan,  ;  i  il 
connaissait  si  bien,  n  Lesarmcs  pour  le  chasser, 


disait-il,  sont  surtout  l'oraison,  le  jeune,  le  signe 
de  la  Croix  et  le  mépris.  » 

ON  VIENT  DE  TOUTES  PARTS  POUR  LB  VISITKR 

A  plusieurs  reprises,  saint  Antoine  tenta  de  se 
cacher  dans  le  désert,  mais  toujours  il  fut  décou- 
vert et  contraint  de  renoncer  à  ses  projets.  Ce 
n'étaient  pas  seulement  les  chrétiens  qui  venaient 
le  voir,  mais  les  païens  eux-mêmes.  Ainsi  deux 
philosophes,  comptant  se  jouer  de  sa  simplicité, 
vinrent  le  trouver,  en^'agerent  une  discussion 
avec  lui,  et  furent  tout  honteux  de  se  voir  con- 
fondus par  relui  qu'ils  avaient  estimé  un  i>.'norant. 
L'empereur  Constantin  lui  envoya  des  mes!.a?ers 
avec  une  lettre  pour  se  recommander,  ainsi  que 
ses  enfant<,  à  ses  prières.  Saint  Antoine  ne 
s"enor;.'ueiilit  pas  de  recevoir  une  pareille  amhas- 
sade,  et  écrivit  à  l'empereur  une  lettre  pleine  de 
sau'es  conseils  pour  le  gouvernement  de  l'empire. 
L'autorité  de  ce  patriarche  de  la  solitude  était  si 
|L.'rande  que  saint  Athanase  le  manda  à  .Alexandrie 
pour  comhaltie  les  hérétiques,  en  particulier  les 
Ariens,  et  cnniirmer  les  catholiques  dans  la  foi. 
Toutefois,  on  ne  put  le  retenir  lonj-'temps  dans  la 
(jrande  ville,  parce  que,  disait-il,  un  moine  loin 
de  sou  monastère  est  comme  un  poisson  hors  de 
l'eau. 

SES  MIRACLES 

Dieu,  d'ailleurs,  avait  depuis  lonfitemps  récom- 
pensé sa  sainteté,  en  lui  accordant  des  faveurs 
merveilleuse-i  et  le  don  des  miraclos.  A  partir 
«lu  moment  où  le  Saint  quitta  sa  solitude,  sa  vie 
fut  une  suite  de  prodiges  :  11  ilé|i\ra  une  quantité 


de  démoniaques,  guérit  un  nombre  incalculalile 
de  malades,  dont  quelques-uns  étaient  éloignés 
de  iui,ntjaillir  des  sources  miraculeuses,  dompta 
des  animaux  féroces.  Il  avait  aussi  le  don  de 
discerner  l'état  des  consciences,  et  conuaissait 
l'état  des  âmes  dans  l'autre  vie. 

SA  MORT 


Arrivé  à   l'àpe    de    10.1 


ans,  il  sentit  sa  fin 
approcher,  rassembla  ses  relipeux,  leur  donna 
ses  dernières  instructions,  leur  détendant  de 
rendre  de  grands  honneurs  à  son  corps,  et  de 
l'ensevelir  à  la  manière  des  Efiypticns  i  ceux-ci 
gardaient  dans  leur  maison,  le  visa^'i-  découvert, 
le  cadavre  de  leurs  défunts).  Il  légua,  par  tes- 
tament, une  partie  de  ses  vêtements  à  saint  Atha- 
nase, une  autre  à  l'évéque  Sérapion.  et  la  troi- 
sième aux  moines  qui  rcnti<urai>'nt,  et  s'endormit 
du  sommeil  des  justes,  au  milieu  du  concert  des 
auges. 

l'iie  partie  de  ses  reliques  repose  à  Saint- 
Antoine,  prés  de  Vienne,  en  France,  depuis  le 
X'  siècle.  Au  siècle  suivant,  elles  ont  guéri  un 
grand  nombre  de  personnes  attaipiées  du  feu 
sacre.  Cn  l'invoque  pour  les  animaux  domes- 
tiques, sans  doute  en  considération  du  pouvoir 
qu'il  exerça  sur  eux  durant  sa  tie.Dans  certains 
pays,  le  jour  de  sa  fêle,  on  bénit  les  chevaux  et 
les  bétes  de  somme,  de  même  que,  dans  d'autres 
contrées,  on  bénit  les  chiens  le  jour  de  Saint- 
Hubert.  Le  culte  de  ce  grand  Saint  a  toujours  été 
célèiiie  dans  l'E^ilise,  et  l'histoire  de  sa  vie,  écrite 
par  saint  Aliianase,  a  décidé  beaucoup  d'Ames  à 
se  donner  au  .service  île  Dieu. 


liJip.-:/cru»i(,  b.  i'([iiuik.M>i ,  h,  lui  I  i.iii.  .1-  I"  l'.ui- 


LA    CHAIRE    DE    SAINT   PIERRE 


Fête  le   1 S  Janvier  et  le  22  février. 


Monnincnt  Bli;aot«s<iue  AlevA  en  l'honneur  de  la  chaire  de  saint  Pierre,  dans  l'abside  de  la  baaillqaa 
de  Saint-Plerre  k  Rome.  Deux  docteurs  de  l'EglISf  Utlne  (saint  Ambrolso  et  saint  Augustin)  deux 
de  l'ÉKlise  irrecque  saint  Athanase  «t  saint  Jean-Chrv<:ostonae)  soutiennent  une  chaire  en  forme  de 
fauteoll.  Cette  chaire,  avec  tou»  se»  ornements,  est  en  hronze  doré,  elle  p»so  plus  de  10  900  kilos  et  a 
coûté  107|S51  écns.  Dans  ce  reliquaire  colossal  est  renfermée  la  Traie  chaire  do  Prince  des  Apôtres, 
repréientés  dans  la  graTure  salvante 

LA  ORA.NDF.  AiMoiig  OR  DiRU  A  LA  RAISON   HUMAINE  lenseignement  cl  de  laulorité  de  révêque  dans  ,n>n 

ICplise. 

Deux  fêles  onl  été  instituées  en  l'honneur  dp  la 
chaire  de  saint  Pierre  :  la  première,  le  J8  janvier, 


Pourquoi  fêter  une  chaire?  C'est  qup  la   chaire 
«^(«iscopale  (ou  trône  de  l'évêquei  est  le  symholc  de 


469 


(■. 

Dieu, 
<t<inni 

Il   \   . 
l'i-' 
t'  • 
1. 
dam 


rélèbre  le  prince  def  ap6tres  fixant  à  Itome  le 
siège  délinilif  de  son  on-*if;nenient  divin;  la  seconde, 
le  22  lévrier,  honore  son  apostolat  en  Orient  et  son 
séjour  à  Antioche. 

Par  celte  double  fête.  l'Eçlise  catholique  invite 
tous  les  chrétiens  h  remercier  Dieu  d'un  des  plus 
grands  bienTaits  dont  sa  Providence  a  honoré  et 
enrichi  riiumanité. 

Ce  bienfait  admirable,  qui  mérite  les  plus  vives 
actions  de  grâce  de  la  part  de  tout  homme  aimant 
la  vérité,  c'est  l'institution  immortelle  au  milieu  des 
hommes  d'un  docteur  infaillible,  assisté  de  Dieu 
pour  enseigner  aux  hommes,  ses  frères,  les  vérités 
néceseairrs  À  leur  vertu,  à  leur  bonheur  et  à  leur 
salut  éternel. 

Hé  quoi?  Notre  raison  n'est-elle  pas  aussi  un  don 
de  Dieu  ?  —  Assurément,  et  un  don  très  noble;  mais 
son  domaine  est  étroit,  mais  l'orgueil  le  veut  fran- 
chir et  tombe  dans  les  ténèbres;  mais  les  passions, 
mais  l'ipnorance,  mais  le  mensonge,  mais  les  pré- 
jugés, dévastent  ce  domaine.  Depuis  Adam  pécheur, 
jusqu'à  Jésus-Christ,  quatre  mille  ans  se  sont  passés, 
et  au  bout  de  ce  temps,  l'humanité  se  trouvait  dans 
un  abîme  d'incertitudes  et  d'erreurs,  dont  nulle 
puissance  humaine  ne  pouvait  la  tirer. 

11  y  a  plus.  I.e  Dieu  tout-puissant,  notre  Créateur, 
dans  sa  bonté  infinie,  a  voulu  traiter  les  hommes 
non  comme  ses  esclaves  et  ses  mercenaires,  mais 
comme  ses  flis  adoptifs,  et  les  appeler  à  jouir  à 
jamais  de  son  propre  bonheur  dan»  les  splendeurs 
éternelles  du  ciel.  Or  voi!.1  une  destinée  mrnntutetk 
(l 'est-.i-dire  au-dessus  de  la  naturel,  une  deslinre 
à  laquelle  la  raison  nnlurtlle  ne  peut  atteindre  par 
ses  seules  forces,  il  laut  donc  que  Difu  ajoute  à 
notre  raison  et  à  notre  nature  les  lumières  surna- 
turelles do  la  foi  et  lu  perfection  surhumaine  de  sa 
gràcp. 

Adam  prévaricateur  avait  perdu,  pour  lui-même 
et  pour  sa  race,  cette  grAce  del'adoplion  divine;  la 
lumière  de  la  révélation  primitive   s'était  obscurcie 
chez   presque   toutes   les   nations,  à   l'exception  des 
Juifs,  que  Dieu  enseignait  par  «es  prophètes.  Alors 
Dieu  a  envoyé  aux  titinimes,  non  plus  des  prophètes,   l 
mais  son  propre  l'ils  J.-us-Christ.  .'^auesse  éternelle   | 
du  l'ère  et  Fils  de  la  \  !■  i  -^i-  Marie  Immaculée,  Jésus-    | 
Christ  auteur   de   notre   raison,    et    cunsoiiiiuateur   . 
de    notrf   foi,  Jésus-Christ  qui  nous  a  instruits  par   ! 
sa  parole  et    nous    a   rachetés  par  sa  mort  sur   la 
croix. 

jK.ns-cHiiisT  rr  »»int  riKuag 

Saint  Pierre  a  puisé  la  vérité  à  cette  source  divine. 

t>  ii:il  Pierre  a  entendu  les  enseignements  du  Fils 
lie  |ii.  Il  f;ijt  homme,  il  a  été  témoin  de  ses  miracles, 
de  sa  niorl  et  de  sa  résurrection. 

C'est  l'ierre  qui  a  dit  à  Jésus  :  «  Saigneur,  à  qui 
<ri<)n.«-n  .iM.'  i-u»  avez  U»  paroles  de  la  Vie  flemciU .  » 
Et  une  nuire  foi»  :  ..  Vous  élet  U  Chriat,  PiU  du 
l>  MIS  dit  &   Pierre  :  •    Tu  r.< 

'  Jean,  car  et  n'ett  pa»  la 

I  '■  '  I,  I   jui  :  ",-  '  ij  mon 

!'•  '  ■    ,'■'■-!    1,11, s  U'  Tuet 

y  '•■  r-  .•  et  Ut 

I 


suffit  plus,  ils  ont  besoin  d'un  chef  qu'ils  puissent 
vilir  et  entendre.  Jésus,  Sagesse  divine,  l'ignorail-il 
donc  "?  Assurément  il  ne  l'ignorait  pas.  Aussi  (n'en 
déplaise  aux  hérétiques  de  tous  les  siècles)  tout 
catholique  sait,  qu'avant  de  remonter  au  ciel,  Jésus- 
Christ  a  constitué  saint  Pierre  son  vicaire,  son 
représentant,  son  plénip6tentiaire,  en  un  mot  le 
dépositaire  visible  ae  son  autorité. 

C'est  sur  Pierre  qu'il  a  bdti  i'E'ilise,  suivant  sa 
propre  parole.  Tout  l'édiflce  repose  donc  sur  Pierre 
et,  parce  fondement  visible,  repose  sur  le  fondement 
invisible  et  divin  qui  est  Jésus-Christ  lui- même. 
Ainsi,  en  tant  que  Vicaire  de  Jésus-C.hrist,  Pierre  est 
vérilalil"ment  le  Père,  la  Tète,  le  Moi,  le  Législateur, 
le  Pontife  suprême,  le  Pasteur  et  l'Kpouxde  l'I^glise 
universelle. 

Voilà  pourquoi  Jésus-Christ  lui  a  promis  l'infail- 
libilité, prérogative  indispensable  à  ses  fonctions  : 
<i  J'ai  prti^  pour  loi  afin  que  ta  foi  ne  défaille  pas...  Con- 
firme les  frére^.  » 

Toute  Juridiction  dans  l'Eglise  vient  de  Pierre, 
Jésus-Christ  ne  la  donne  pas  par  un  antre,  car  il 
ne  s'est  pas  choisi  deux  vicaires,  mais  un  seul. 
Toute  la  hiérarchie  de  l'K;;lise  repose  sur  Pierre. 
F.t  tout  pasteur  qui  ne  reçoit  pas  sa  mission  de 
Pierre  est  un  faux  pasteur  :  il  ne  vient  pas  du 
Christ,  il  vient  de  lui-même,  il  vient  do  Satan 
l'ennemi  du  Christ. 

S.MNT    PIERHE    A  ANHOOII 

Après  la  Pentecôte,  les  apAtres,  sous  la  présidence 
de  saint  Pierre,  se  partaa^-rent  le  monde  4  évan«é- 
liser,  suivant  l'ordre  de  Jésus-Christ. 

Le  prince  des  aprttres,  après  avoir  le  premier 
rendu  témoignage  a  Jésus-Christ  dans  Jérusalem 
d'abord,  puis  dans  toute  la  Judée  et  la  Samari>', 
après  avoir  laissé  saint  Jacques  le  Mineur,  évéqiie 
titulaire  de  Jérusalem  et  apAtre  plus  spécial  des 
Juifs,  baptisa  le  centurion  romain  Corneille,  le  pre- 
mier gentil  entré  directement  dans  l'E^tlise,  sans 
passer  par  la  loi  mosnlquo. 

Saint  Pierre  .  ,  ensuite  la  Syrie  et  l'Asie- 

Mineure.  .Vnti'i  ilon  la  ville  la  plus  iiiipoi- 

tante  de  toute  n  de  l'Orient;  les  ili>ciples 

lie  Jésus-Christ  '   multipliés  si  rapidement 

que,   dans  Petl'     mi.-,  on   conim>'  I^'r 

r/ir<'(i>ii«  du  nom  du  Christ  notre  h  re 

prit  la  haute  direction  de  cette  riiifiwi.H'  .His- 
sante, et  Aiiliortie  devint  pendant  sept  ans  le  rentre 
de  son  apostolat  et,  par  suite,  le  centre  de  l'K^lise 
catholique. 

C'est  en  souvenir  de  ce  fait  qoe  l'Eglise  rélrbre, 
le  22  février,  la  fi't'  de  la  Chaire  de  tainl  l'irri-  n 
Anii'trhe,  alln  d'honorer  le  premier  Pape  romme 
docteur  légitime  et  suprême  de  l'Urienl  aussi  bien 
que  de  l'ticei.lonl. 

Mais  la  Providence  n'avait  pas  choisi  la  c.ipitale 
de  la  Syrie  piiur  être  le  siège  délliiilifde  In  P.i{Miiie  ; 
le  séjour  de  saint  Pierre  ii  Antioche  n'4tait  qu'une 
halte  ilans  sa  marche  vers  l'Occident. 

Antioi'h<-,  jadis  capitale  d'un  puissant  royaume, 
n'était  plus  i|u'un  cbef  lieu  do  prnvinie.  dans  l'im- 

ti  !■•■■:  ,11 


!.■ 


],, 


le   Hoi,    j.- 
■iix   imtr, 


iir,  le 

<  Jésus 

'      '   '  Il    :    or  l«» 

Il  ir   4mc  tU 

uu  corpj,  uM  chef  dc-cdu  iiivi»iblc  ne  laar 


^t. 
I  ,  -         ,  lac 

romain,    et   il   ny    avait   plus    de  hairierrs    entre 

t,(l)  Saimlt  Oùk  tt  la  SotitU  r^moinr. 


lesdtff  j  rents  peuples  qui  vivaient  sur  ses  rivages. 
Tous  obéissaient  au  sceptre  de  Rome.  C'est  donc  à 
Home  que  le  cti>!f  de  l'Eglise  devait  fixer  le  centre 
de  son  activité  apostolique. 

u  Quelle  nation,  en  elîot.ne  comptait  pas  de  nom- 
breux représentants  dans  cette  ville  ?  dit  saint  Léon- 
le-Grand.  Quels  peuples  eussent  jamais  pu  ignorer 
ce  que  Rome  avait  appris?  C'était  la  qui;  .levaient 
être  écrasées  les  opinion.s  de  la  philosopliie;  là  que 
devaient  être  dissipées  les  vanités  d<3  ta  sagesse  ter- 
restre; la  que  le  culte  des  démons  devait  être  con- 
fondu; là  enfin  devait  être  d'-truiterimpiéli'  de  tous 
les  sacrifices,  dans  ce  lieu  même  où  une  superstition 
hahile  avait  rassemblé  Inut  ce  que  les  diverses 
erreurs  avaient  jamiis  proiiuit.  « 

Après  avoir  porté  la  foi  et  fondé  des  chrétientés 
dans  te  Pont,  la  Galatie,  le  Cappadoce,  la  Bithvnie, 
saint  Pierre  revint 
à  la  ville  sainte  de 
Jérusalem,  llérode 
Asrippa  y  régnait 
et,  pour  plaire  aux 
Juifs,  venait  de  faire 
mourir  par  le  staive 
l'apôtre  saint  Jac- 
ques le  Majeur.  11 
arrêta  de  même 
saint  Pierre,  se 
proposant  de  lui 
laire  subir  le  même 
sort,  après  \eZ  fêles 
-le  Pàqufs  Toute 
ri:gli«e,  dans  la 
plus  vive  an  poisse, 
priait  sans  inter- 
ruption pour  la  dé- 
li\Tance  de  son  chef. 
On  sait  comment 
im  ance  lira  mira- 
culeusement de  sa 
[iri'ïnn  l'aususle 
.:nptif,  malgré  les 
portes,  les  serrures 
•■t  les  ^fardes  d'Hé- 
rode.  Saint  Pierre 
quitta  Jérusalem  et 
prit  sa  route  vers 
l'Occident. 


I>REMir.ReCHAIRR  HF. 

Bour. 


Chaire  sur  laquelle  «'assit  et  prActiA  saint  Pferre  à  Rome.  Ell« 
a  été  orn^e  «u  moyen-Age  d'incrustations  d'ivoire  et  d'or  em- 
pruntées pour  la  plupart  a  d'anciens  monuments  païens. 


-  MM  piEFinr.  A 

La  seconde  année 
du   récne  de   l'em 

perenr  Claude,  au  printemps  de  l'année  42,  saint 
l'ierre  arrivait  pour  la  première  fois  aux  portes  de 
Rome.  Il  était  accompagné  de  plusieurs  disoi|ilps, 
parmi  lesquels  l'évangéliste  saint  Marc,  «.tint  Apol- 
linaire, futur  éréque  de  Ravenne,  et  saint  Martial, 
futur  missionnaire  d^^  la  (inule  niériilionale. 

Voilà  donc  le  prince  de»  apôtres,  cet  bomme 
«ans  puissance  humaine,  qui  na^niére  encore  ne 
snnceail  qu'à  gagner  ohscurément  sa  vie  en  prenant 
rios  poissons  dans  on  lac  de  lîalilée,  le  voilà  en  pré- 
ionr.-  de  la  forteresse  du  paganisme,  forteresse  qu'il 
doit  conquérir  à  Jésus-Christ  au  prix  de  ses  falitjues 
et  de  son  «an^s,  [lour  en  faire  la  c.ipilale  du  monde 
rhrélien.  Or,  il  est  un  point  de  lliisloire  romaine 
qu'il  ne  faut  pas  oublier  :  «i  le  visie  empire  de 
llomf  Apportait  rrrtaitip»  facilités  et  des  cadres 
m.itérD'Is  à  rétaliliss>'m»iii  du  i  liri^^lianisine,  il  lui 
r.r  I  fi«ail  rlu  m^me  r/mp  ilcs  obst.n  lef  fi  nombreux 
'  t'Uhleit  qiin  91    1  Kulise  cilliolique  n'avait 

;  ivine  elle  n'en  aurait  jamais  triomphé. 

Rome  païenne,  arrivée  au  faite  de  sa  puisMoce, 


f 

était  devenue  le   centre    de   toutes  leq  erreurs,  de  ' 
toutes  les  superstitions,  de  tout^f  les  passions  et  de 
tous   les  vices.  La  constitution  même  de  r»!!!,::^ 
reposait  sur  l'idoUtrie,  c'est-à-dire  le  culte  !    ^ 
L'empereur  était  souverain  ponlife  delousl- 
et  il   était   lui-même  le  premier  dieu  dé   l'eiûi.  :i,. 
maître  arbitraire  des   consciences,   des  biens,   de- 
âmes  et  des  corps  de  ses  sujets,  disposant  en  un  mr  ' 
de  ta  puissance  la  plus  complète  et  la  plus  ab^l.Il..> 
qu'un  homme  ait  jamais  exercée  sur  ses  sëmblaliî.^r. 
Pendant  trois  siècles,  l'enfer  va  déchaîner  con'r.. 
l'Efflisij  de  Jésus-Christ  toutes  les  ressources,  Ia;i;.- 
la  puissance  de  ce  colossal   empire,  qui  s'enivrci  i 
du  sang  des  martyrs,   mais    la  victoire   restera    a 
Jésus-Christ  et  à  son  Eglise. 

L'arrivée  de  saint  Pierre  à  Rome  est  l'un  des  événe- 
ments les  plus  importants  de  l'histoire  humaine  (1).- 

Nous  ne  pouvons 
'aconter  ici  lou)  l'S 
détails   de  l'aposto- 
lat de  saint  Pierre 
dans     la  ,  capitale 
du    monde    ancien. 
l)ifons     seulement, 
pour  en  signaler  les 
principaux      traits,, 
que  l'ap'Mre  se  ren- 
dit d'abord  chez  les 
Juifs     fes    compa-' 
triotes.     Quelques- 
uns  ,     sans     doute,  - 
étaient   déjà    chré- 
tiens.    Le    nombre; 
dos  fidèles  augmen- 
ta peu  à  peu  parmi 
les  Juifs  et  surtout 
parmi  les  Romains. 
Le    centurion    Cor-' 
neille,    baplisé     en 
Palestine,  était   de' 
la  famille  Cornélia,' 
l'une  des  plus  illus- 
tres de  Rome  ;  saint 
Pierre  baptise  bien- 
ti'il  un  autre  membre 
de  cette  famill".  !•> 
sénateur  Pudciis  •  l 
son  épouse  PrifciUe, 
puis  Pomponia  (irœ- 
cina  (LucinP),  l>iii- 
me     de      Plauim-, 
conquérant     de     I  i 
Grande-Rrelagiie..  t 
protecteur  de  la  famille  Flavia.  La  brandi"  ojd.ii-> 
de  la  famille  Flavia,  victorieuse  de  Jérusalem  .r.  f 
Titus,    montera   bientôt    sur    le   IrAne  ;    mais     It 
branche  aînée,  plus  beiirciise  encore,  enib' 
religion  chrétienne  et  donnera  au  Christ  .1 
et  des  martyrs:  le  con<ul  saint  Klavius  CI.  iii.:ii«,  l.i  , 
vierge  sainte   Plavia   PetroniJla,  fille    spiriluolle  de  ' 
saint  Pierre,  la  vierge    sainte   Flavia   nooMtilla  ell 
SOS  serviteurs  Nérée  et  .Vcbillén.  i 

En  effet,  l'Eglise  raM../i."<.,>  s'adresse  à  l»   ' 
classes  de  la  société  couiine  .i  l/ius  le»  peu; 
t.-rre,  ft  dès  le  temp<  de   «aniit  Pierre,  elle  r.ui-, 
d'S  fidèles  dans  tous  les  ra nus  de  la  hiérarchie  so.  i 


I" 


L-. 


■  ■'  M»  des  empereurs  et  le  sénat  jusqiji 
lare». 
naine  est  fondée.  Saint  Pierre,  érri'  '■ 


(i>  Voir 

/■L'Itnn.    I. 
.1  it't  l'T'' 
nrriTaut  * 


Hiin»    Mur  G*rh<>t.     Pnr-r    rhr'",^n 


de  oe  pouvoir  le  reproduire  iei,  Inule  d'effne». 


aui  fidèles  d'Orient, les  salue  au  nom  de  cette  Eglise. 
I,es  chrétiens  de  Rome  ensevelissent  leurs  défunts 
dans  une  catacombe  située  près  de  la  voie  .No- 
mentane,  et  connue  sous  les  noms  de  CcnnHerium 
OttrUuttuH,  ubi  Pelms  baptizabat.  Les  fidèles  s"y 
rendant  aussi  pour  leors  réunions.  Saint  Pierre  y 
baptise  et  y  place  sa  chaire:  C'est  la  pritriiere  chaire 
df  Saint-Pierre  a  Hnine.  —  (Cette  caUicombe  oubliée 
plus  lard  a  été  retrouvée  de  nos  jours  par  Mgr  Cros- 
tarosa.) 

Cependant  les  Juifs  incrédules  s'irritent  contre  les 
fidèles,  le  repos  public  en  est  troublé  ;  Tan  47,  un 
édit  de  l'empereur  (Claude  chasse  tous  les  Juifs  de 
Ronip.  Saint  Pierre,  Juif  d'oriyine,  est  obligé  de 
partir  et  retourne  en  Orient  où  il  préside  le  concile 
de  Jérusalem. 

DF.L'XIEIIK    CHAIRE    DE   SAINT   PIERHE    A     ROME 

I.  an  56,  Claude  meurt  et  Néron  lui  succède.  Saint 
P.-iul  arrive  captif  à  Morne.  Saint  Pierre  y  revient 
à  son  tour.  Il  établit  sa  chaire  dans  la  maison  même 
du  sénateur Pudens, au  Viminal  'ti.  I.e  christianisme 
prend  un  développement  immense,  malgré  tous  les 
obstacles. 

Saint  Pierre  évansélise  tout  l'Occident,  tant  par 
lui-ménie  que  par  les  missionnaires  qu'il  envoie 
dans  les  diverses  provinces.  Saint  Lin,  Saint  Ciel, 
saint  Clément,  doricine  patricienne,  sont  ordonnés 
évèquespar  lui  et  deviennent  ses  vicaires. 

Mais  voici  la  preaMère  persécytion  générale.  Néron, 
le  plut  cruel  des  empereurs,  incendie  pour  son 
plaisir  la  plus  grande  partie  de  Home.  Le  peuple  est 
furieux.  Néron,  pour  se  disculper,  accuse  les  chré- 
li'-ns,il  en  fait  périr  des  milliers  dans  des  supplices 
atroces  et  inouïs.  ' 

Pour  varier  les  scènes  de  carnage  et  divertir  le 
peuplo,  le  tvran  choisit,  pour  principal  théâtre  de 
i'exècuiion  des  chrétiens,  ses  jardins  de  la  plaine 
vaticane  qu'il  ouvrit  au  peuple.  •<  Là,  on  peut  voir 
h  son  aise  déchirer  à  belles  dénis  par  des  meules  de 
chiens  furieux  les  disciples  du  Christ  cousus  dans 
des  peaux  de  bétes.  Mais  ce  n'était  pas  assez  pour 
assouvir  la  férocité  de  Tigellin  et  de  son  maître;  il 
leur  fallut  des  tlarabeaux  vivants  pour  éclairer  les 
jeux  que  l'empereur  donnait  dans  son  hippodrome. 
De  loneiies  file»  de  martyrs  dessinaient  l'encrinte 
et  le  contour  du  cirque,  éclairaient  les  avenues  des 
jardin".  Chacun  était  vêtu  d'une  tunique  de  papyrus 
enduite  de  cire  et  de  poix.  Un  pal  llché  en  terre,  et 
se  terminant  par  une  pointe  aiKue,  pénétrait  la 
gorte  (lu  iiiartvr,  et  l'obligeait  A  garder  la  tenu»' 
dri^it''  .lun  llaiiibeau.  Au  signal  donné,  les  bourreaux 
ii.cli'nciil  le  ffii  a  la  tunique  incendiaire,  et  l'holo- 
raiisl''  commpnçait.  A  l.i  lueur  de  ces  torches 
humaines,  Néron  lançait  son  char  et  men<liail  par 
son  adresse  les  applaudissements  du  peuple.  >■  ^Dom 
tiiti'rnn'jer.) 

Apres  avoir  fait  un  nombre  immense  de  martyrs, 
o'tte  première  persécution  se  ralentit,  mais  saint 
Pierre  f t  saitil  Paul  en  furent  h-s  dernières  victimes  : 
saint  Pierre  sur  une  croix  et  saint  Paul  sous  le  glaive 
donnèrent  leur  vie  pour  J>'jiis-Christ,  l'an  6T.  Le 
tr  Ilf^■■.  1  îii  i-'uTé  ou  ilispers**,  le  pa»teur  tué,  le 
liTi.nl  1'.  I  'i'Ml  ne  devait-il  p.T  rester  a  jamais 
désert  '  Il  II 'Ml   tut  rien,  car  le  Christ  est  Dieu,  et 


A 

U  i^  : 

liidr.  I> 
vler.  '  : 


'  de  »«inl   Pl<Tr.'   à   RdOie. 

<■  \r  IHjtlnnT  ri  I.T  ••Tori'le 

..  •  'AHi  t.imb^r   1-0  'l*Moè« 

'    '  ^  qur.  !•   Il  jaa- 

irrre  à  Heine,  et 

,    \  ■  .      I  . 


après  que  les  empereurs  païens  de  Rome,  pendant 
denx  siècles  et  demi  encore,  auront  rassemblé  tout 
ce  qu'ils  ont  de  puissance,  à  neuf  reprises  diffé- 
rentes, contre  la  religion  chrétienne,  leur  successeur, 
Constantin  le  Crand,  demandera  le  baptême. 

Aujourd'hui  la  croix  s'élève  triomphante  sur  un 
obélisque  antique,  au  milieu  des  anciens  jardins  de 
NiTon,  devenus  la  p/<ic«;  Saint-Pierre.  Sur  le  tombeau 
du  prince  des  apôtres,  vénéré  du  monde  entier, 
s'élève  la  plus  incomparable  et  la  plus  vaste  église 
qui  soit  au  monde,  de  telle  sorte  qu'aucun  homme 
depuis  Adam  n'a  eu  un  tombeau  aussi  splendide 
que  ce  batelier  galiléen  dont  il  a  plu  à  Jésus-Christ 
défaire  son  Vicaire  sur  la  terre.  .\  côté  de  la  basi- 
lique se  trouve  le  palais  du  Vatican,  la  demeure 
des  Papes,  car  l'autorité  de  Pierre  n'est  pas  morte 
avec  lui;  elle  est  passée  toute  entière  à  ses  succes- 
seurs, et  subsistera  jusqu'à  la  un  du  monde. 
I 

PIERRE  limORTEL  DANS  LA    CBAIBE   DR  VÉRITÉ 

«'  Qu'on  ne  dise  point,  s'écrie  Bossuet,  qu'on  ne  pense 

fioint  que  ce  ministère  de  saint  Pierre  (Init  avec 
ui.  Ce  qui  doit  servir  de  soutien  n  une  Eglise 
éternelle,  ne  peut  jamais  avoir  de  lin.  Pierre  vivra 
dans  ses  successeurs,  Pierre  parlera  toujours  dans 
sa  chaire  :  c'est  ce  que  disent  les  Pères;  c'est  ce 
que  confirment  six  cent  trente  évéques  au  concile 
de  Chalcédoine...  Ainsi  l'Eglise  romaine  est  toujours 
vierge,  la  foi  romaine  est  toujours  la  foi  de  l'Eglise; 
on  croit  toujours  ce  qu'on  a  cru,  la  même  voix 
retentit  partout;  et  Pierre  demeure,  dans  ses  suc- 
cesseurs, le  fondement  des  fidèles.  C'est  J<'>us-(^hrist 
qui  l'a  (lit  ;  et  le  ciel  et  la  terre  passeront  plutiM 
que  sa  parole.  » 

«  Pierre  a  parlé  par  Léon  >  disait  le  concile  de 
Chalcédoine.  -  Pierre  a  parlé  par  Ai;>tlhon,  ►  répétait 
le  troisième  concile  de  Constnntinople.  Et  plus  de 
mille  ans  après,  de  nos  jours  le  concile  du  Vatican 
proclame  que  •  Pierre  a  parlé  et  parlera  toujours  par 
te  Pnntife  Homain.  » 

Comme  on  le  voit,  le  Pape  n'est  pas  chargé  d'in- 
venter de  nouvelles  croyances  ;  les  vérités  révélées, 
objet  de  notre  foi,  viennent  de  Dieu,  et  c'est  parce 
qu'elles  viennent  de  Dieu  que  tous  les  hommes  sont 
obligés  de  les  croire  ;  mais  le  P.ipe  a  reçu  de  Jésus- 
Christ  le  dépôt  sacré  de  ces  vérités  divines,  avec  la 
mission  de  les  garder  entières  et  pures  et  de  les 
expliquer  au  monde  sans  erreurs.  Dieu  l'assiste 
dans  celte  fonction  admirable,  selon  la  promesse 
formelle  de  Jéius-Christ. 

.\insi,  ti'iii  homme  est  obligé  de  croire  h  l'ensei- 
cnement  inlaillible  du  Pape,  en  tout  ce  qui  conrerne 
la  foi  et  la  mor.ile,  sous  peine  de  d'^tobéir  a  Dieu  et 
de  s'égarer  loin  du  chemin  du  salut. 

Quel  est  l'homme  dont  la  conscience  n'ait  le 
devoir  d'être  soumise  k  Dieu?  Or  le  i'ape  est,  dans 
le  monde,  l'interpri-te  officiel  et  infaillible  de  la  loi 
de  Dieu,  la  conscience  de  tout  homme  vivant  rele\e 
donc  de  l'autorité  el  de  rens<-i^'nenienl  du  Pap-'.  li 
conscience  de  tout  homme,  disons-nou*.  quel  .|u  il 
soit  :  fidèle,  prêtre,  évêque,  cardinal,  maire,  préfet, 
député,  ministre,  général  d'armée,  président  de 
f'-publique,  roi  ou  empereur. 

Ain'«i  la  voulu  le  Créateur  el  le  Mallra  de  t*us 
le»  hommes. 

l.k  irst  le  chemin  de  la  vérité  et  du  salât. 

Prions  Jésus-CtirKt  de  daigner,  p<^>ur  le  bien  du 
monde  entier,  re-  •  ■  •  •  vrir  sa  puissance  i-.  i  ..r.,'.. 
itilion»     dont     I  lis    de     la   vén'  mI 

.11]    i.iiiil   ttilt    le     ^  l'onllfe       et     M  II 


!'•■'  Kl" •     i 

ri  Me  «oD  raliqiitir'-  aïooumeaUl. 


■   Mcre. 


■r  y 


/>■!>■/  .   l'aiiiMt.vm, 


rutt  1  i  .ti »  1  '    i , 


SAINT  KANUT  IV,  ROI  DE  DANEMARCK  ET  MARTYR 


Fête  le    i  9  jani-ier. 


Saint  Kaaut  assiège  dans  uns  église  par  les  ennemis  do  Olea,  attend  tranquUlement  la  mort 

•n  priant  devant  l'autel. 


Depuis  longtemps  d(<jà,  l'Eglise  faisait  goûter  aux 
peuples  les  fruits  de  la  liberté  chrétienne  et  de  la 
civilisation,  etianation  des  Danois, féroceetsupersti- 
tieuse,  gémissait  encore  dani  les  ténèbres  du  paga- 
nisme. Au  ix*  siècle,  l'apôtre  du. Nord,  sain  tAnschaire, 
évangélisa  ces  peuples,  mais  les  succès  de  son  apos- 
tolat, entravés  par  les  guerres,  ne  furent  pas  assez 
complets  ni  asse!  durables.  La  semence  évangélique 
sembUitrestcren  germe  jusqu'en  1040.  Alors  apparut 
le  premier  fruit  d«  sainteté  du  pays,  le  premier  mar- 
tyr du  Danemarck,  Kanut  IV  le  Saint. 

L(  cbcn'alikh 

Kanut  était  (lia  de  Suénon  II.  Le  roi  prit  un 
grand  soin  du  jeune  prince  5on  Ûls,  et  le  conna  à  des 
miilres  habiles.  Kanut  avait  reçu  du  ciel  des  dons 


excellents.  Elevé  dans  la  religion  chrétienne,  il  l'em- 
brassa loyalement  et  pleinement  et  y  conforma  cou- 
rageusement sa  vie,  chose  rare  parmi  les  jeunes 
seigneurs  de  son  entourage.  Ses  maîtres  étaient  ravi? 
de  ce  brillant  élève  qui  oe  leur  apportait  qu«  des 
consolations.  Aux  vertus  du  citoyen,  il  joignait  les 
qualités  qui  font  les  grands  rois.  Dès  que  l'àpe  l« 
lui  permit,  il  montra  quelle  ét«it  sa  bravoure.  Com- 
prenant qu'il  est  du  devoir  d'un  prince  de  défendre 
te»  sujets, il  s'exerçaitsansctsse  au  mélierdes  armes, 
il  se  montra  toujours  supérieur  aux  jeunes  seigneurs 
delà  courdeson  père  ;  et  bientôt  il  devint  un  niailre 
consommé  dans  l'art  militaire.  A  la  bataille  il  était 
le  premier  et  il  ne  rpculait  jamais,  il  faisait  envie 
aux  plus  valeureux.  Dans  la  paix,  il  s'étudiait  à  habi- 
tuer son  corps  4  la  fatigue,  tellement  que  sa  foro* 


46  <( 


dps  eiivifux 
C'(:taitiil.l.  * 
qui  cail 
nom.   il 


tloiinail  1««  plus  rudes  3*14ats.  A  ^Oi^  les  j.rami«i» 
exploita  iii  jeune  prince,  les  iiei>pli-ss<'cnaip»l  d«ja: 
M  II  a  liérilé  de  la  valeur  de  K.iiiiit  lo  (IramI  en 
in^me  temps  que  de  son  nom.  >>  On  en  eut  plus  d'une 
orîuve. 

De  noinbnnix  l'irales  infp-tjiicnl  alors  les  nier? 
du  Nord.  Us  inena<^ lient  *  chaque  instant  de  ruiner 
le  nant-inarck  et  lés  oars  environnants.  Insouciant 
des  daiifîer?  qu'il  poarâil  courir  et  ne  prenant  pas 
parde  â  ^oii  àf;e  p^u  avanc*  encore,  Eanut  résolut 
de  les  exteraiiner.  Apres  de  glorieux  combats  où  il 
donna  de  s;i  personne,  sa  bravoure  lui  fit  remporter 
sur  les  barbares  une  bnllante  victoire.  Le  peuple 
danois  lut  dar"  '    .ti".r;,Mr,n    mnis  déjà  on  voyait 

••   du  jeune  prince. 
..i  leurs,  des  assassins, 
~   les   crimes    derrière   un  crand 
Ht  écarter  Eanut  du  trône   parce 
qu  ils  redoutaient  ses  Tertui  et  l'austérité  de  se* 
mœurs. 

1.1  KonkLi  DCS  panccs  DtTKonKs 

A  la  mort  de  Soénon  II,  méprisant  la  Tolooté  du 
roi  qui  avait  ckoisi  Kanutpour  successeur,  les  sei- 
gni-urs,  eniiflaia  du  jeune  prince,  ameutèrent  le 
peuple,  répaB^innit  l'or  à  pleines  mains  pour  f'a5su- 
rerdes  partisans,  et  llaraid,  surnommé  le  Fainéant, 
boninie  doux  et  bon.  mais  sans  énergie  et  sans 
aclivilé,  fut  placé  sur  le  trône.  Ce  prince  était  plus 
capable  dolȎir  que  de  commander.  A  ces  bommes 
criniliicls.  UB  fantôme  de  roi  parut  préférable  a  un 
chef  (  ournpeox  et  ferme,  mais  qui  censurerait  leur 
conduite  delestible  Se  Toyaiil  al>andonné  de  ton 
peuple,  Kannt  équipa  trois  Taisseaui  et  se  retira 
dans  les  derniers  confins  du  Danemarck.  I.à,  il 
reçut  une  ambassade  de  son  frère  qui  l'inriLait  k 
Tenir  partaper  la  royauté  avec  lui  ;  mail  Kanut.  crai- 
gnant un  piè|re  de  la  part  de  ses  ennemis,  préféra 
»'éloi(.'ner  do  pays.  Il  reçut  un  asile  en  Suéde.  Eanut 
cependant  ne  gardait  aucun  ressentiment  contre  sa 
patrie,  bien  loin  de  la.  il  ne  cessait  de  prier  pour 
sa  prospérité.  Toute  la  noble  Tenpeance  qu'il  tira 
fut  il'iigrandir  les  possessions  du  royaume  et  de 
porter  au  loin  la  renommée  du  peuple  danois  dans 
sa  guerre  contre  les  barbares  orientaux.  Il  risqua  sa 
Tie  dans  cette  lutte,  mais  il  en  sortit  victorieux.  En 
ce  moment,  Barald  mourut. 

il.SmOI(    DI  IAKDT 

Depuis  denx  ans  le  peuple  gémissait  d«  l'inertie 
de  llarald,  il  appelait  de  tous  ses  «crux  le  vaillant 
Knnut.  Ilarald  étant  mort  en  1080,  notre  héros  revint 
dans  sa  patrie  où  il  ceignit  la  courunne  de  ses 
pères  que  lewiffrupe  des  peuples  lui  rendait.  L'uni- 
que but  du  nouvuÂU  roi  était  la  gloire  de  Dieu.  La 
11  .  |.iité  matérielle  augmentait  avec  la  justice  du 
"iiii-nient.  Il  ii«iire  d'abnrd  la  paix  extéiieure 
I,.  'l;int   1.      I  ■    l.embes  et  les  Estons 

'  '.-s  Hi(  :>(iur  sa  patrie  un  fléau 


.11   - 

ri     U    r 
Afll,     .i 

\    * 

I'» 
d'fl. 


dii:  o:s  ciMt)^uie  dev;inl  un  oiistade  insurmontable. 
;int.  t-n  in«-iii'' temps  qu'il  exhortait  par  la 
;1  ne  cess  ;  '  de  donner  lui-niéiiie  I»"?  plus 
be  :ux  exemples.  Il  linit  avec  la  grâce  de  I):-u  par 
soumettre  à  la  foi  et  à  la  vertu  un  grand  noii:*ire 
ib-  Il  s  natures  ;;i  ii>?i>Tf  s  el  bai  bai  es.  M  lis  comme 
nous  le  YecTftns,  il  resta  encore  asseï  à»  rebelles 
pour  susciter  plus  tard  une  réTolutio». 

Ami  de  la  justice  el  du  bien  de  ses  sujets,  le  roi 
rèflait  les  imi'ôls  et  les  diminuait;  il  f«il!ait  sur 
le>  trésors  riM aux,  supprimait  les  dépMtses  super- 
flues et  réprimait  tous  les  abus. 

VCBTtS  OK  lANCT 

Au  milien  de  l'éclat  et  des  splendeurs  d'une  cour 
royale,  quel  admirable  S[  ectacle  de  toit  ce  nionar- 

2ue    honoré    d'être    l'humble   servi'eur    de    Jf-sus- 
hrist.    11     comprenait    que   l>  •     au    Roi 

étemel   était  la  seule  el  verilsi  eiir,  et  il 

estimait  pea  sa  couronne  terrestie  en  comparaison 
de  cslle  que  la  pratique  de  la  vertu  lui  Hériterait 
au  ciel!  La  frugalité  de  sa  table,  la  simplicilé  austère 
de  ses  halits  contrastaient  avec  le  f.iste  et  l'abon- 
dance du  moindre  seigneur  de  sa  cour. 

Cependant  il  savait,  quand  il- le  fallait,  faire  res- 
pecter sa  dignité  et  en  imposer  k  tous  par  sa 
majesté  et  par  la  crainte  de  sa  juste  autorité.  En 
voici  un  exemple: 

Ln  chef  danois,  nommé  Eikill,  avait  rendu  de 
grands  st'rrices  a  Suénon  et  A  Kanut  liii-inéme  ; 
celui-ci  pour  le  récomp-'nser  Jui  avait  dru  tié  la 
jouvemupent  de  l'Ile  de  Bornbolm.  Mais  lorgueil- 
feui  Eik^  trônait  dans  son  Ile  coiLiHe  un  roi  et 
s'entoura  d'un  luxe  el  d'une  pompt-  sans  frein.  De 
là  des  dépenses  excessives, et  pi 
de  ses  finances  il  ne  rougit  pas  c  I 

métier  de  pirite  cl  de  oriitand.  Lu  juui,le  lui  Ue 
Danemarck  apprend  que  ton  Tai*al,  comme  un 
vulgaire  larron,  avait  <  .     u 

poasaé  sur  le*  côtes 
marchandises  et  r 
Sans  relard,  kai.. 
s'emparer  du  coi 
Il  lut  convaincu  . 

a  mort  malgré  Li  .  .^ 

de  sa  famille.  Plusieurs  ^• 

rents  ou  amis  dl  .LT.'  .jT: 

dérables  au  roi  r  ii>  >  . 

•  Il  n'en  sera  [«a-     •  . 

pas  participer  t  un  pareil  crime,  il  ■■ 

un  cnmc  capital  que  de  tuer  un  art 

supplice  lie  mérite  pas  celui  qui  en  a  laii  )iiir  un 

SI  gr«f>d  nombi*  pour  t'coiprtrtr  dt  leurs  h  r  n^    •• 

L'esprtt  (l'Ut  '  oniniander  «u  ciiifis;  mais  cului-ci 
se  révolte  scL.«eul  et  ses  convuiliM:t  eulrolneut  au 
mal;  il  faut  donc  l'babituer  a  obéir.  NuUe  sa  nt 
monarque  l'assujettissait  sans  ce!>se  par  de  ti  rnblei 

mortifications.  Il  jeûnailfréqueniiner-    '  -     ''■« 

festins  royaux  les  pin*  somptueux.  r 

'ils  a  ses  seigneurs,  et  lui  *♦  î,,...<  ..>....  v.  >.ii 
■;iu  et  de  pain. 

]  lefois,  après  de  longuet  "'  l«i...i  i»i:v»«  mur- 
II  lieu  de  prendre   un    i  '      t 

la     r  tîit    i)-.Tï«    i'nrmidn  t 


'   vnyail  s<' 

'1   inili'u   ' 

inoinea.  .Notrr  saiiil  Lnui»  aura  la  liién 

toi  qui  p.is^e  tiTT  p.irlie  «le  sa  imil  à 


■.  e  ;  I 
c  e«l 
Hiipl 


-liitri    contre  U    inauvaitr   vob.nlir  des  seigneurs       icmps  aux  pUi'irs  cl  aux  tal*. 


L  EGLISE    KT  L  ETAT  SOCS  SAINT   t\NlT 

Kanut  n'épargna  rien  potrr  relever  aux  yeox  de* 
peuples  la  iligiiilé  du  clpp«ré  caiholiqite.  C'était 
accomplir  un  acte  de  foi,  et  en  même  temps  raelliter 
l'influence  civilisatrice  de  l'Fplise.  Il  ordonna  <jue 
les  évêques  eussent  toutes  les  préropalives  et  tous  les 
honneurs  rendus  auiducs  du  royaume.  Lui-même  «e 
plaisait  a  les  honorer.  Il  considérait  le  pr*tre  comme 
l'ambassadeur  de  Dieu,  et  respectait  prandement  les 
ministres  des  autels.  Il  était  plus  susceptible  poor 
leur  honneur  que  pour  le  sien  propre.  Il  châtiait 
spTér«ment  quiconque  osait  transgresser  ses  lois  il 
ce  SBJ«t. 

En  même  temps  que  notre  glorieux  roi  travaillait 
à  la  conversion  des  âmes,  sa  sollicitude  s'étendait 
aussi  aux  églises  matéiielles.  Il  dépensait  ses  trésors 
a  la  construction  et  à  l'omenjentalion  des  temples 
saints.  Il  fil  don  de  la  couronne  royale  qui  ornait  sa 
t4le,  â  l'église  de  Roskild  en  Zélande;  Roskild  était 
alors  la  capitale  du  royaume  et  son  église  sert  encore 
au-oiird'hiiide  sépulture  auxroisde  Danemarck.  Pour 
tout  dire  en  un  mot,  il  apparaissait  comme  un  saint 
au  milieu  du  peuple  de  Dieu. 
• 

MARIAGE  DO  ROI  —  SA  GRAXDE  CBASmi 

Cependant  Kanut  devait'  penser  k  choisir  une 
«épouse  digne  de  la  haute  position  de  reine  par  son 
intelligence  et  ses  vertus:  il  crut  trouver  ce  qu'il 
chercliait  dans  Adélaïde,  fille  de  Robert,  comte  de 
Flandre  et  il  s'unit  h  elle  par  on  mariage  chrétien. 
La  maison  royale  parut  alors  un  monastère  plutôt 
qu'un  palais  mondain.  Les  deux  époux  se  soute- 
naient mutuellement  dans  la  pratique  du  bien.  De 
ce  mariape  naquit  saint  Charles,  surnommé  le  Bon, 
qui  succéda  à  son  grand-père  mat«rnel  dan»  le 
i-omté  de  Flandre.  Le  parfum  de  la  vertu  charmait 
tous  ceui  qui  approchaient  du  roi.  Pour  préserver 
ses  oreilles  de  tout  discours  frivole  et  malhonnête, 
Kanut  chassa  loin  de  lui  les  seigneurs  de  moeurs 
dangereuses.  Jamais  une  parole  suspecte  ne  souil- 
lait ses  lèvres  teintes  si  souvent  du  sang  de  l'Apneau 
divin.  Oieii,  touché  des  efforts  du  saint  roi,  et  rie  sa 
lid^-lil'^  a  la  crdce,  le  conduisait  dans  le  chemin  de* 
vertus  parfaites. 

LE  CONSEIL  aoYAX 

Peu  confiant  dans  ses  propres  lumières,  le 
liienheureui  Kanut  résolut  ne  se  former  un  con- 
seil sur  lequel  il  put  cnmpter  dans  toutes  les  occa- 
sions. A  cette  époque,  les  laies  ne  sont:eaient  guère 
a  s'instruire  solidement.  Le  roi  assembla  donc  les 
ecclésiastiques  le»  plus  saints,  les  plus  éclairés; 
leur  exposa  la  mission  qu'il  voulait  leur  confier  et 
'lés  lors  il  «oiimit  à  leur  discussion  tout  ce  qu'il  ne 
croyait  pas  pouvoir  résoudre  par  lui-même.  Il  écou- 
tait  leurs  avis  avec  attention  et  déférence. 

COMPLOTS   ET    TBAHISO.'HS 

Cependant,  l'enferne  dormait  pas  et  si  Jésus-Christ, 
le  Hoi  des  saints,  a  «oullert,  ses  serviteurs  doivent 
s'attendre  à  passer  au»«i  par  de  nombreuse*  Iribu- 
latmn»  ou  ils  ►■prouveront  leur  vertu  et  ajouteront  à 
I  éclat  de  leur  couronne.  Kanut  était  as^ei  vaillant 
poor  les  supporter.  Cnaltendant,  la  renom  m<^e  portait 
dU  loin  à  l'admiration  des  peuples  la  nom  du  roi  de 
lianemnrck.  On  vantait  ses  vertus  cl  l'on  félicitait 
-<■•  «iijet'  qui  |f>iiit'.,iicnl  de  la  justice  et  de  la  pros- 
;■■  :  Jv  «ous  un  tel  prince.  Sur  ces  entrefaites,  le 
<l  .iiois  llarold,  devenu  roi  d'Angleterre  et  parent  de 

"tre  pieux  roi,  voit  ses  étals  envahis  par  duillaume 


le  Conquérant,  duc  de  Normandie.  Ra&.<emb!ant 
toutes  ses  forces.  Harold  livre  à  son  adversaire  la 
grande  bataille  d'Hastings  et  combat  en  d''.-  '^j  r'', 
mais  il  est  vaincu  et  reste  sur  le  champ  de  b.Tai'le. 
A  ces  nouvelles,  tristes  pour  le  Danemarck,  Kanvl 
croit  de  l'intérêt  de  son  pays  de  réclamer  son  Hro'» 
d'hérédité  à  la  couronne  tombée  du  front  d'Harolri. 

Conquérir  l'.Ancteterre,  où  son  grand  oncle  avait 
été  roi,  lui  semble  une  entreprise  aussi  juste  que 
glorieuse.  Mais  tjuillaume  le  Conquérant  prétendait 
de  son  côté  avoir  un  droit  légitime  au  royaume  d'Aï - 
gleterre;  et  il  faut  bien  le  reconnaître,  ses  raison» 
n'étaient  pas  vaines.  Dans  ce  conflit.  Kanut  aurair 
donc  mieux  fait  d'en  appeler  au  jugement  du  Pape, 
le  père  commun  des  chrétiens.  Cette  démarche  aurait 
sans  doute  prévenu  fa  guerre  et  préservé  sa  patrie 
du  grand  malheur  que  nous  allons  raconter. 

Mais  ne  doutant  point  de  la  justice  de  sa  ca'i«e, 
Kanut  ne  songea  qu'à  préparer  les  moyens  de  la 
soutenir:  l'armée  avait  perdu  sa  discipline  sous 
;  SnénonII,il  fallait  d'autres  hommesque  ceux-là  pour 
conquérir  l'Angleterre. Le  rois*  mit  au.ssitdt  à  l'œuvre, 
il  reconstitua  une  Ootte  puissante  au  prix  de  nulle 
fatigues  et  de  mille  sacrifices,  il  lui  donna  des  chefs 
dignes  d'elle. 

Pendant  ce  temps,  Olaus,  le  frère  même  du  roi, 
le  trahissait  dans  I  ombre.  II  cachait  son  venin  sous 
des  apparences  de  respect  eld'amour.  Cette  trahi'on 
lui  était  d'autant  plus  facile  que  Kanut,  dont  le 
cœnr  débordait  de  charité,  ne  pouvait  soupçonner 
une  si  noire  malice.  Le  plan  du  fraticide  était  de 
favoriser  tous  les  projets  du  roi  et  puis  de  le  rendre. 
par  ces  mesures  qu'on  dénaturerait,  odieux  à.  ses 
peuples.  Ainsi,  Olaus  se  verrait  porté  sur  le  trône, 
ou  bien,  pendant  que  le  roi  serait  parti  pour  son 
expédition,  il  prendrait  en  main  le  sceptre  de  ses 
pères. 

Le  traître  ne  garda  pas  ses  desseins  pour  lui,  il 
réunit  tous  les  mécontents,  les  gens  perdus  de  vices 
et  de  dettes,  tous  ceux  que  la  justice  vigoureuse  de 
son  frère  gênait,  il  en  fit  des  conspirateurs.  Il  leur 
soufflait  sa  malice  par  les  paroles  enflammées  et 
passionnées  qu'il  leur  adressait  dans  de  fréquentes 
réunions.  On  aurait  pu  croire  que  le  démon  prési- 
dait en  personne  ces  assemblées,  tellement  il  y 
avait  de  Tureur,  de  colère,  de  haine,  dans  tous  les 
projets  que  l'on  tramait  dans  l'ombre.  De  grands 
seigneurs,  désireux  d'être  plus  libres  dans  leyri 
tvrannies  et  leurs  vices,  s'y  donnaient  rendez-vous. 

paÉPAHATirs 

Cependant  Kanut  réunit  tous  ses  vaisseaux  dam 
la  rad*  de  Lymliord.  Le  vent  était  défjivorable,  ce 
qui  retarda  le  jour  du  départ;  de  plus,  il  fallait 
attendre  Olaus  qui  s'était  chargé  d'amener  la  plus 
grande  partie  des  troupes.  Hais  Olaus  ne  venait  pAS 
et  tous  ces  retards  n'étaient  pas  de  nature  k  relever 
l'enthousiasme  des  guerriers  inoccupés.  Cuitlaume, 
l'adversaire  de  Kanut,  préparait  la  lutte  avec 
ardeur;  profitant  de  tous  ces  contre-lemps,  il  en- 
voyait des  émissaires  qui   fomentaient  la  division. 

béjà  le»  troupe»  commençaient  a  se  mutiner;  elles 
ne  voulaient  plus  obéir  aux  chefs.  Sur  ces  entre- 
faites, Kanut  apprend   qil'   -  '■'    'l.  rp  ni;.n«  I»   lrihl«- 

sait.  A  la  tête  de  quel<]i  1 

la  forteresse  où  ton   fru'        ,-   '         '    '  ,    '  '. 

le  surprend  au  milieu  de  ses  complice»,  le  tait 
arrêter  et  juper,  et  l'envoie  prisonnier  en  l'Iandre 
où  il  le  confie  a  la  garde  de  son  beaii-frêre. 

Mais  pendant  ce  temps,  une  grmde  partie  des 
irDiipes  avait  déserté,  et  rex|.  dition  en  A:  .l'- 
Icire  était  nianquée.  Le  roi  jiu'e  i  de  son  d«Tn  r  de 
chdtier  les  déserteurs  par  des  impôts  ou  aiii-ades 


considérables.  On  commença  à  les  payer  dans  quel- 
ques provinces,  mais  ailleurs  les  rebelles  se  soule- 
vèrent entraînant  dans  leur  révolte  une  partie 
des  populations.  Devant  cet  orage,  Kanut  se  retire 
à  Slcswig,  d'oiï  il  envoie  en  toute  hâte  un  message 
à  la  reine  pour  la  supplier  de  se  réfugier  avec  ses 
•nfantsen  Flandre  auprès  de  son  beau-frère. 

PERSBCL'TIO.NS 

Son  cœur  de  père  et  dVpouz  tranquillisé  sur  ce 
point,  Eanut  n'oublia  pas  son  devoir  de  roi.  Il  ne 
tarda  pas  à  reparaître  à  Odeusée  à  la  tête  d'une 
petite  armée,  brave  et  fidèle.  Les  chefs  des  rebelles 
avaient  des  forces  bien  supérieures,  mais  craignant 
les  talents  militaires  de  leur  maître  ils  n'osèrent 
l'attaquer.  Un  d'entre  eux  nommé  Asbiorn  s'en 
vint  trouver  le  roi  et  lui  déclara,  avec  force  serments, 
que  le  peuple  était  rentré  dans  le  devoir  et  récla- 
mait son  pardon.  «  Ne  le  croyez  point,  répliquait 
Benoit,  frère  du  monarque,  cet  homme  est  un  traître 
qui  veut  vous  perdre  »  .Mais  Kanut  dont  l'àme  était 
si  droite,  ne  put  croire  à  tant  de  perfidie,  et  malgré 
l'expérience  des  années  précédentes, il  ajouta  foi  au 
messager  des  rebelles  et  attendit  en  paix. 

Bientôt  il  apprit  que  les  chefs  révoltes,  au  lieu  de 
Tenir  faire  leur  soumission,  marchaient  sur  Odensée 
pour  l'y  surprendre. 

Pour  comole  de  malh>Mir,  le  traître  Asbiorn,  que 
le  roi  avait  reçu  à  sa  table  et  comblé  de  présents, 
avait  profité  de  son  séjour  ii  Odensée  pour  nouer  des 
intrigues  en  faveur  de  l'émeute.  La  résistance  était 
donc  impossible. 

DEll.MtK?  UOUB.MS 

Le  glorieux  prince  se  rendit  selon  sa  coutume 
à  r>^glise  de  Saint-Alban  où  il  entendit  la  luesse.  il 
était  accompagné  de  quelques  guerriers  restés 
fidèles  et  de  ses  deux  frères,  Eric  et  Benoit.  Bien- 
tôt bii  entend  venir  des  gens  armés  qui  vocifèrent  : 
•I  Mort  à  Kanut!  »Eric  conseille  i  son  frère  de  s'en- 
fuir «eorètement  pendant  que  lui  et  ses  amis  défen- 
dront léglise  comme  s'il  y  était  encore.  ■<  .Non,  non. 
répondit  vivement  le  priniie,  je  ne  fuirai  pas.  J'aime 
mieux  tomber  entre  les  mains  de  mes  ennemis  que 
d'abandonner  ceux  qui  me  sont  attachés,  d'ailleurs 
on  n'en  veut  qu'à  ma  vie.  •.  Le  roi  reste  en  prière 
au  pied  de  l'autel,  offrant  à  Dieu  le  sacrifice  de  s;i 
ne  ;  il  confesse  humblement  ses  péchis,  déclare  qu'il 
pardonne  à  ses  ennemis,  reçoit  la  sainte  coL.mu- 
nion  •■'.  récite  des  psaumes.  Pendant  ce  temps,  Eric 
et  D-'ii"lt.  entourés  de  leurs  hommes  d'armes,  soute- 
naient vaillamment  aux  portes  le  choc  dci  envahis- 
seurs et  s'elTorraient  de  repousser  la  force  par  la 
force,  en  faisant  des  [>rodiges  de  valeur. 

Une  pierre  lancée  d'une  main  furieuse,  du  haut 
d'une  fenêtre,  vol*  à  tiavers  l'église  et  vient  frapper 
le  rui  a  la  tête.  Kanut  »•■  coiitrnte  d'appuyer  la  main 
sur  l:i  blessure  d'où  le  >.iii^'  A'i^chappail  avec  abon- 
.1   I:      .  t  lontinue  sa  piieie. 

I  '  I. bat  ne  cessait  pa<.leschefides  rebelless'im- 
(  ail'  .  eut  de  la  réiistance  des  a^'<iéL'és  et  aussi  de 
Id  II  *  de  l'-urs  propre;  soldats  gui  hésitaient  a 
M'il>  '  lieu  ^aint.  Ils  ont  de  iiou>eau  recours  à  la 
u.ili  ■  :.  BifTi.i,  .ippelé  aussi  Bleipon,  se  priisenle 
en  [  Il  i-inf  nl.nr  •  r'  irinande  à  p.iilrt  an  roi.  Le 
pruu>  i:<-:<"i:  ic:..';!  Je  le  laisser  passer,  mais 
Kanut,  a':li|;e  de  >u.i  le  sang  couler  a/ause  de  lui, 
el  touhaitant  k  loat  p:ix   la  paix,  donne  ordre  de 


l'introduire.  Le  traître  s'avance  à  travers  l'église 
jusqu'auprès  du  roi,  s'incline  profondément  comme 
pour  le  saluer.  En  même  temps,  il  tire  un  poignard 
ae  dessous  son  manteau  et  le  plonge  dans  la  poitrine 
de  son  maître  qui  s'affaisse  sur  les  marches  de 
l'autel. 

11  cherche  aussitôt  à  grimper  à  la  fenêtre  pour 
s'enfuir,  mais  Palmas,  l'un  des  officiers,  rejoint 
l'assassin  et  lui  porte  un  vigoureux  coup  d'épée,  la 
tête  de  Biffra  tombe  dans  la  rue  el  son  corps  ensan- 
glante le  pavé  de  l'église.  A  cette  vue  la  foule  des 
rebelles  pousse  des  hurlements  de  fureur,  on  esca- 
lade les  murs,  on  s'acharne  aux  portes,  une  grêle 
de  briques  et  de  pierres  descend  des  fenêtres  dans 
le  sanctuaire,  brisant  et  renversant  les  objets  du 
culte  et  les  reliques  des  saints.  Kanut,  les  bras 
étendus  devant  l'autel,  attendait  la  mort  avec  rési- 
gnation, un  javelot  lancé  du  haut  d'une  fenêtre 
acheva  son  martyre.  Son  frère  Benoit,  après  avoir 
combattu  en  héros,  tomba  à  son  tour  percé  de  coups, 
avecdix-septdeses  compagnons.  C'étaiten  juin  1086. 
Saint  Kanut  avait  régné  six  ans. 

CULTE  DD  SAINT   MARTTB  , 

Ainsi  mourut  Kanut  IV,  victime  de  son  zèle  pour 
la  justice  et  l'observation  de  la  loi  de  Dieu.  .Non 
content  d'avoir  tué  leur  roi,  les  parricides  voulurent 
encore  ternir  sa  mémoire  qui  était  restée  chère  à 
tous  les  gens  de  bien.  Mais  Dieu  se  chargea  de  ma- 
nifester, par  de  nombreux  prodigci,  la  sainteté  de 
son  serviteur.  Après  la  mort  de  Kanut,  le  Danemarck 
tomba  sous  l'empire  d'Olaus,  le  traître.  D'autres 
malheurs,  la  peste,  la  famine,  toutes  les  contagions 
désoléreiit  le  pays.  Les  pauvres  Dat.ois  mouraient  en 
foule  sous  les  fléaux  vengeurs;  le  roi  lui-même  n'avait 
plus  rien  à  donner  aux  courtisans  qui  se  pressaient 
ï  sa  table.  Tous  se  rappelèrent  avec  douleur  l'abon- 
dance et  la  joie  qui  réi^naienldu  temps  du  saint  roi 
Kanut  et  on  rendit  justice  a  sa  mémoire. 

Quelque  temps  après  le  trépas  de  son  bienheu- 
reuxépoux.la  reine  Adélaïde, revenue  en  Danemarck, 
aurait  voulu  emporter  en  Flandre  lesprécieux  restes  d* 
Kanut;  elle  se  rendit  donc  pendant  la  nuit  au  sanctuaire 
où  il  reposait  ;  mais  lorsqu'elle  approcha  du  tombeau, 
une  lumière  toute  céleste  se  répandit  dans  le  lieu 
saint,  la  reine  en  conçut  une  grande  frayeur  et 
résolut  de  laisser  les  reliques  dans  le  tombeau.  Le 
successeur  d'Olaus  II,  le  pieux  Kric  III,  imitateur  de 
Kanut,  envoya  des  ambassadeurs  à  h..-..  ...^.ir  pré- 
senter au  Pape  les  proces-verbaux  o;:  luira- 
clesopérés  au  tombeau  de  son  hcrolqui  ,.  cur 
Le  Souverain  Pontife,  apn's  avoir  mùn 
miné  ces  pièces  et  pris  les  informations  ii' 
autorisa  le  culte  du  bienheureux  Kanut  sous  le  titre 
de  martyr.  Ses  reliques  furent  enfermées  dans  une 
cbisse  magnifique  et  exposées,  dans  l'églisede  Saint- 
Alban,  à  la  vénération  des  fidèles. 

Ce  reliquaire,  œuvre  d'art  reiiianjuable,  fut   re- 
trouvé le  ■.'^janvier  1S82,  A  l'occnsinn  d'une  répara- 
tion de  l'église  de  Saint-Alban.  (in  v  Usait  rin'ii  ip- 
tion  >uivante.'  •■   l^  ijhrtfux  roi   Kunu<,   trahi    [  oir 
Jésus-t^hrist  &  cause  de   son   zcle   pour  la   relu'ioii 
et  de  son  amour  pour  la  justice,  par   Blancnn,  l'un 
di"  ceux  qui  mangeaii'nl  a  sa  table,  eut  le  r" —  ■' 
't  tomba  contre  terre  devant  l'aiilid,  |r«  bi 
•  Il  croix.  Il  mourut  pour  la  Rloire  d>-  '••" 
reposa  en  lui,  le  vendredi,  7  de  juin 
lique  de  Saint  Alban,  uiarttr,  dont  i' 
les  reliques  d'Angleteire  en  Danemarck.  - 


Imy    frratit ,  ]   .  r«titua«Mt.  .^,  rur  ^r., 


SAINT     SÉBASTIEN 


Fête  le  20  janvier. 


Saint    Sébastien   attaché   au  but  des    arrhers, 
accepte   cette   mort    ignominieuse    dans   une   prière  ardente. 

(Tableau  do  Sodoma.) 

Sous  le  régne  de  DiocliHien.  il  parvint  au  prade 
do    ra[<>taine    au    premier   bataillon    de   la   garde 

iini'cri'ilt. 


Narbonne  cl  Milan  se  disputent  la  plnire  d'aToir 
vu  naître  re  h'-m?  chrétien.  On  peut  dire  qu'il 
appartient  à  la  fois  à  ces  deux  illustres  villes,  car 
-ou  pi;re  était  un  noble  gaulois,  originaire  de  Nar- 
liônn'-.  et  »a  ii)iTf,  une  Milanaise. 

Il  roçul  à  Milan  une  <'-(lucation  d'autant  meilleure 
(Il  'lie  fut  plu-  chrétienne. 

Il  irmbrassa  la  carrière  militaire  sous  le  rôçne  de 
I  empereur  i^arinus,  et  ne  tarda  pas  à  se  distinguer 
par  sa  loyauté,  son  intelli^'ence  et  sa  bravoure. 


Ll  DFFr.N>EL'R  DKS  CUBETIKMS 

Les  brillantes  qualités  de  Sébastien  l'avaipiit 
rendu  cher  il  l'empereur, et  il  habilaitgénéralcm'nl 
le  palais  du  prince.  Gelui-fti  ignorait  que  le  capi- 
taine était  chrétien.  Sébastien  gardait  ce  secret,  non 


par  manque  de  coura:;e,  mais  pour  être  en  mesure 
de  secourir  plus  facilement  ses  frères  les  chrétiens, 
emprisonnés  pour  la  foi.  Eu  effet,  l'an  303,  une 
çraade  tempête  s'éleva  contre  les  discipl«t  d« 
Jésus-Christ.  Sébastien,  profitant  des  prérogatives 
attachées  à  son  sçrade,  s'introduisait  sous  divers  pré- 
textes dans  les  prisons  et  il  ne  se  passait  pas  de  jour 
qu'il  ne  vînt  consoler  les  captifs  et  raffermir  leur  foi. 

Au  plus  fort  de  la  persécution,  deux  frères  d'une 
famille  sénatoriale,  Marc  et  Marcellien,  refusèrent 
de  sacriQer  aux  idoles  et  furent  condamnés  i  mort. 
Les  parents  des  deux  confesseurs,  qui  étaient  encore 
païens,  obtinrent  du  préfet  de  Rome,  Chroma'e, 
Un  sursis  de  trente  jours  pour  les  faire  revenir  sur 
leur  décision.  Les  condamnés  furent  donc  confiés 
à  la  !,'arde  du  premier  grefûer  de  la  préfecture, 
Nicostrate,  et  ils  eurent  k  soutenir  des  assauts  inces- 
sants contre  toute  leur  famille  conjurée.  La  latte 
fut  terrible. 

Déjà  les  deux  combattants,  ébranlés  par  Irs 
larmes  de  leur  père,  de  leurs  femmes  et  de  leurs 
enfants,  commençaient  à  faiblir,  lorsaue  Sébastien 
parut  dans  la  prison.  Sa  parole  pleine  de  feu 
ranima  le  courage  des  deux  captifs,  et  elle  produisit 
une  profonde  émotion  sur  toute  l'assistance,  étonnée 
d'entendre  louer  le  Christ  par  un  officier  impérial. 

Sébastien  n'avait  pas  achevé  son  discours  que  la 
femme  du  greffier  Nicostrate,  Zoé,  se  jetait  à  ses 
pieds,  et  par  ses  cesles  lui  faisait  comprendre  qu'elle 
implorait  «on  secours.  Elle  était  muette  di-puis  six 
ans.  Sébastien  fit  le  si^ne  de  la  croix  sur  sa  bouche 
et  elle  employa  aussitôt  la  parole  recouvrée  à 
publier  qu'elle  professait  la  foi  de  Sébastien. 

A  la  vue  de  ce  miracle,  Nicostrate,  lai  auui,  se 
jette  aux  pi)>ds  du  Saint.  Demandant  pardon  aux 
deux  chrctims  dont  il  a  reçu  la  garde,  il  les  débar- 
rasse de  leurs  chaînes  et  déclare  bien  haut  <;u'il 
veut  partager  leur  martyre.  La  famille  elle-infrine 
qui,  quelques  instants  auparavant,  s'efforçait  d'ar- 
racher aux  confesseurs  un  acte  d'apostasie,  renonre 
au  culte  d'-  '  '  -t  toute  l'assemblée,  fondant  iMi 
larmes,   v  ■   au   Sei-'neur   et   déplore   s.in 

infidélité.  Le  i-  lu'.u  était  vaincu  au  moment  ou  il 
croyait  remporter  la  victoire,  et  son  œuvre  de 
perdition  se  transformait  en  ueuvre  de  salut. 

Nicostrate  pmlestait  qu'il  n'accepterait  aucune 
nourritur.!  a\anl  d'avoir  reçu  le  ba[>ténie,  mais 
Séba-lu'ii.  iiioiliTaut  son  ardeur,  l'engagea  à  emme- 
ner li'S  l'iisoiinivrs  dans  .sa  propre  maison  et  lui- 
même  partit  eu  toute  h&te  pour  aller  chercher  le 
prêtre  l'oly.irpe  racliê  im  »nvirons. 

-Nicostr.ii-  r  les  prisonniers 

p&r  Ia  viii«  ire,  les  fit  venir 

dans  -  .h-  s'étnunait  fort 

de  cet'  '    r  le  prit  à  part  et 


.!.■ 


U   .1 


'FI" 


•  C9      UCtJ 


f» 


guérir. 

«  l.e  baptême  seul  peut  accomplir  ce  miracle,  • 
rr;  iiilent  les  convertis;  et  ri.iiid>',  touché  par  la 
^■[''  <■   lurl  .iveo  ses  deux  enfants  dans  les  rangs 


.1 

pr<  Il 
S.l  .   . 

Le»  -1.   -■■ 
dans  le. II  I 


du    bauUme  fut  célébrée   par  le 
1  iiis  la  maison  de  Nicostrate   et 
irrain  aux  nouvaui  >  iin-Uens. 
.  i'ie  furent  plongé»  I..  premiers 
>  .■..rv;  ils  en  sorlirrnt  pleins  de 
force,  KU'  ris  en  méiue  temps  dans  leur  Ame  et  d*ns 
lear  r^rps. 

Le  père  desdeiîT        '         .i  •  Je  lafoi.Ti         .Vu, 
était   depui.'<    <"■  :    i   de    vioI  •  « 

da  goiiUc,  et  ou  I  iuii  '  i>i,^    iir  le  porter  n  rL>i Muf* 
de   grande»  douleur*  i|uand   on   le  déshabilla,   et 


comme  le  prêtre,  pour  soutenir  son  courase,  lui 
demandait  s'il  croyait  que  Jésus-Christ  pouvait  le 
guérir  en  lui  remettant  ses  péchés: 

"  Je  crois,  répondit-il,  que  mon  Sauveur  peut 
m'accorderle  salut  du  corps  et  le  salut  de  l'Âme; 
mais  je  n'implore  que  la  remission  de  mes  péchés. 
Je  suis  heureux  d'offrir  mes  douleurs  au  Christ.  » 

Les  assistants  fondfiient  en  larmes  et  ils  deman- 
daient à  Dieu  de  récompenser  la  foi  de  son  serviteur. 

Polycarpe,  s'adressant  une  seconde  fois  à  Tran- 
quillin: 

«  Croyei-Tous  an  Père,  au  Kils  et  au  Saint- 
EspritT 

—  Oui  »,  répondit  le  vieillard, et  il  descendit  d'un 
pas  ferme  dans  la  fontaine. 

U  était  guéri. 

CONFIANCX  KT  COl'BACt 
CONVERSIO.N  DU  PRKFKT  Dl  lOHI 

Lesnouveaux  baptisés  demeurèrent  dix  jours  dans 
la  maison  de  Nicostrate;  sous  la  direction  de  Poly- 
carpe et  de  Sébastien,  ils  chantaient  les  louanges 
du  Christ  et  se  préparaient  au  combat.  Embrasés 
de  l'amour  de  Jésus-Christ,  ils  demandaient  à  Dieu 
la  grâce  du  martyre.  Les  femmes  et  les  enfants 
rivalisaient  avec  les  hommes  de  conllauce  et  de 
courage. 

Cependant,  le  sursis  de  trente  jours  s'était  écoulé 
et  Chromace  fit  comparaître  Tranquillin  devant  son 
tribunal.  Le  sénateur  le  remercia: 

•<  Le  di'lai  que  tous  m'avei  accordé,  dit-il,  a 
conservé  les  enfants  au  père  et  rendu  le  père  aux 
enfants.  » 

Chromace  ne  comprenait  point  le  sens  de  ces 
paroles,  et,  croyant  que  Tranquillin  avait  triomphé 
de  la  constance  de  ses  llls,  ordonna  d'annot-i^^  (jg 
l'encens  afin  que  Marc  et  Marcellien  pussent  sacrifier 
aux  iilnles. 

Mais  Tranquillin,  se  redressant,  dissipa  les  illu- 
sions .lu  préfet,  déclara  qu'il  était  chrétien  et 
raconta  le  miracle  dont  il  avait  été  l'objet. 

Chromace  était,  lui  aussi,  atteint  de  la  goutte  ; 
mais  comme  une  nombreuse  assistance  remplissait 
le  prétoire,  il  n'osa  |>oiisser  ii'""  '"'"  '•'■s  "  '''r.i- 
gations,  et,  fiisanl  aiii'ter  I  r  .  a 

cju'il  examinerait  sa  ■  iu^<-  K  l.i  ;  i  \  .■. 

Le  soir,  il  einoya  •  liercher  serrelcinent  le  vieil- 
lard, et.  lnr<'iiie  ■fran  ;::llin  fut  intr  iliiil  dans  ses 
appai  '  i  de  lui  rév.lcrle  remède 

qui  a  ri«on.  Il   e«'Tya  même  de 

le  tenter  par  1.  l'ar^^i-nt. 

u  Cftt  la  t(ii  -lit  ifiii  m"a 

.r,  .  t  i.j  .1  a  le 

le  mêmi-  ■  lit.    .1 

■  '  t  i  voir  ic   j'i  l'tre  qui 

uir,  comme  les  caté- 

■' "i"  ■">. 

.111  vint  II  >>ute  hite  saint  Poly- 

III.  1.  I  .1  .    I  .•  i.r.'.fjii  r'*nou- 

I  r  la  moitié 
•J.  ■    ,  Mr. 

"  Ce  serait  un  tratic  rrimim-l  pour  n'Hui  deui, 
répondit  le  Saint;  mais  Jé*us-i;iirikt  peut  éclairer 
vos  ténèbres  et  guérir  tous  vos  maux,  st  tou*  cr«yes 
en  lui  de  tout  votre  cuiur.  > 

Après  un  jeune  de  trois  jours,  Polycarpe  al 
.s.  haslien  retouriicrml  nuprc*  d«  ritromace  ai, 
prenant  sujet    !.  '    .i  il>   Im 

p\rl'rent  des  •  Jfreyé 

driii.i:  iir    ij    iiti»    des 

cali-.  ue). 

< .4*1  (  ii.i.iiik  sa  ù'  uir-uir  '  tai,  leiiiplie  d'idoles 
d'>iiir«tique*    Sébastien  représenta  qu'il  ne  pou>ail 


servir  à  la  fois  Dieu  et  les  démons,  et  il  Tengauea 
à  faire  disparaître  tous  les  vestiges  du  culte  de? 
faux  dieux.  Le  préfet  y  consentit  et  voulut  envoyer 
ses  gens  pour  accomplir  cette  œuvre.  Mais  Sébastien 
l'arrêta. 

K  Vos  serviteurs  sont  encore  païens;  ils  sont  sous 
la  puissance  du  démon  ;  vos  dieux  peuvent  encore 
leur  nuire  ;  c'est  à  nous,  disciples  du  Christ,  qu'il 
appartient  de  bri-ser  vos  idoles.  « 

Il  se  mit  en  prière,  et.  plein  d'une  force  surna- 
turelle, il  alla  dans  le  palais  et  renversa  toutes  les 
idoles  qu'on  y  adorait.  Elles  étaient  au  nombre  d« 
deux  cents. 

Quand  il  revint,  le  préfet  ne  ressentait  aucun 
soulagement. 

«  Il  vous  reste  quelque  chose  à  briser,  s'écria 
Sébastien,  votre  foi  n'est  pas  encore  entière.  » 

Chromace  avoua  qu'il  avait  un  cabinet  plein  d'ins- 
truments d'astrolo"ie.  Fis  avaient  été  légués  par  ses 
ancêtres  à  sa  famille  et  on  les  conservait  avec  un 
respect  religieux.  Sébastien  s'éleva  contre  cette 
nouvelle  superstition.et  son  langage  plein  d'énergie 
et  de  vigueur  décida  le  préfet  à  renoncer  à  tous  ces 
objet.s  qui  empêchaient  sans  doute  sa  guérison. 

Chromacf  avait  à  peine  donné  son  consentement, 
que  Tiburce  son  fils  se  précipitait  comme  un  furieux 
dans  la  salle. 

"  J'ai  fait  allumer  deux  fours,  s'écria-t-il  d'une 
Toix  vibrante  de  colère,  et  je  jure  d'y  jeter  Sébastien 
et  Poiycarpe  si  mon  père  n'est  pas  guéri.  » 

Avec  cette  foi  sublime  à  laquelle  Dieu  ne  refuse 
rien,  les  deux  chrétiens  acroptèrent  l'épreuve  qu'on 
leur  proposait,  et  sur  l'heure,  ils  se  mirent  à 
d'truire  ces  derniers  signes  de  la  superstition.  A 
ce  moment,  un  jeune  homme  éclatant  de  lumière 
apparut  à  Chromace. 

"  Le  Christ  m'envoie,  dit-il,  pour  vous  guérir.  » 

.\  peine  avait-il  prononcé  ces  paroles  que  la  goutte 
di-paiaissait  complèleraent.  Le  préfet  se  leva  et, 
■1  iiis  l'élan  de  sa  reconnaissance,  il  voulut  baiser 
les  pieds  du  mystérieux  médecin.  L'inconnu  l'arrêta: 

•I  Vous  n'êtes  pas  digne  de  toucher  l'ange  du 
Seisneur,  vous  qui  n'avez  pas  été  régénéré  par  l'eau 
du  baptême.  » 

A  ces  mots,  Chromace  se  jeta  aux  pieds  de  Poiy- 
carpe et  de  Sébastien  et  il  les  supplia  de  ne  pas 
différer  plus  longtemps  son  baptême. 

Sébastien  répondit  qu'il  devait  se  préparer  à 
recevoir  un  sacrement  si  auguste  par  le  jeûne  et  la 
prière.  Il  lui  fit  également  comprendre  qu'il  allait 
être  obligé  de  sacrifier  sa  char.;e  de  préfet,  l'une 
des  premières  dignités  de  Home.  En  ces  tristes 
tfmps,  un  préfet  devait  présider  des  cérémonies 
faiennes  et  persécuter  les  chrétiens,  pour  obéir  k 
le  jpereur:  un  chrétien  ne  pouvait  accepter  de 
tnlle-i  conditions.  Chromace  se  montra  prêt  &  tous 
lc<  sacrifices. 

Apit  s  plusieurs  jours  passés  dans  la  prière  et  l.i 
p'-nitcnce,  le  i>réfet  fut  enfin  juffé  disne  d'être  reçu 
.TU  nombre  des  enfanta  de  l'Eglise.  Toute  sa  maison 
et  la  plupart  de  ses  nombreux  esclave»  suivirent 
son  exemple,  et  Sébastien  servit  de  parrain  à  ces 
'/uatorze  cents  convertis.  Chromace  donna  la  liberté 
aux  esclaves,  mais  la  plupart  voulurent  rester  4  toa 
service. 

LA  eaiNDi  nmtéamom 

Cependant  la  persécution  augmentait  en  fureur 
d'-  jour  eu  jour;    par  ordre  île  l'empereur,  on  ne 

ir.  a  plus  vendre  ou  acheter  sans  être  obligé 
d  '  iliir  de  l'encens  aux  idoles. 

•  ;hrnmace  avait  donné  sa  démission  de  préfet; 
son  vaste  palais  servait  de  lieu  de   réunion  aux 


chrétiens.  Il  possédait  en  outre  de  grandes  pro- 
priétés en  Campanie;  il  offrit  d'y  donner  asiK-  k 
ceux  des  chrétiens  de  Rome  qui  voudraient  s'y 
réfugier  en  ces  jours  de  tourrants  et  d'angoisse. 
Le  Pape  saint  Calus  désigna  le  prêtre  Poiycarpe 
pour  les  y  accompagner. 

Tiburce,  (Ils  de  Chromace,  devenu  un  chrétien 
admirable,  et  Sébastien  demeurèrent  à  Home. 
L'officier,  toujours  sur  la  brèche,  ne  s'occupait  que 
de  visiter  et  d'encourager  les  combattants,  et  il 
parcourait  les  prisons,  portant  partout  des  paroles 
d'encouragement  et  de  salut. 

Après  le  départ  de  Chromace,  les  chrétiens,  tra- 

2ués  de  toutes  parts,  trouvaient  un  refuge  chei 
astule,  au  palais  même  de  l'empereur.  Castule 
était  l'intendant  des  bains  et  des  éluves. 

Depuis  quelque  temps  déjà,  les  fidèles  tenaient 
leurs  réunions  dans  le  plus  grand  secret,  à  l'abri  de 
la  police,  lorsqu'un  faux  frère  surgit  au  milieu 
d'eux.  Il  portait  le  nom  dé  Torquat.  "Tout  en  affec- 
tant les  dehors  de  la  piété,  il  menait  cependant 
une  vie  bien  différente  de  celle  des  autres  chrétiens  : 
son  élégance,  sa  mollesse,  sa  gourmandise  contras- 
taient avec  les  jeûnes  et  les  austérités  de  ses  frères. 
On  le  reprit  sévèrement  de  ses  défauts.  L'hypocrite 
promit  de  se  corriger,  mais  il  jura  de  se  venger  de 
cet  affront,  et,  nouveau  Judas,  il  n'eut  pas  honte  de 
recourir  à  la  trahison. 

Grâce  à  ses  artifices,  les  chrétiens  ftirent  surpris 
dans  une  réunion.  Castule,  Tiburce,  Marc  et  Marcel- 
lien  furent  arrêtés,  et  le  traître,  pour  se  dérober 
aux  soupçons,  se  laissa  conduire  en  prison  avec  les 
martyrs. 

Au  milieu  de  ces  tristes  conjonctures,  Sébastien 
redoubla  de  lèle  pour  visiter  ses  frères  captifs. 
Fortifiés  par  ses  exhortations,  les  confesseurs 
supportèrent  sans  faiblir  les  tourments  les  plus 
atroces.  Tiburce,  conduit  hors  de  la  ville,  eut  la  tête 
tranchée,  Castule  fut  enterré  vivcint  sous  un  mon- 
ceau de  sable;  Marc  et  Marcellieu,  attachés  à  un 
poteau,  demeurèrent  un  jour  et  une  nuit  exposés 
aux  outrages  de  la  populace  ameutée.  On  les  acheva 
à  coups  de  lance. 

Trauquillin, leur  père, ainsi  queNicostrate,  Claude 
et  trois  autres  chrétiens.  Castor,  Victorin  et  Sympho- 
rien,  furent  noyés  à  l'embouchure  du  Tibre.  Sainte 
Zoé,  femme  de  Nicostrate,  fut  pendue  à  un  arbre 
par  les  cheveux;  on  alluma  sous  ses  pied»  un  feu 
de  fumier,  jusqu'à  ce  qu'elle  fût  étouffée. 

UAHTTRK  DB  SAINT  séBASTIW 

Sébastien,  qui  avait  soutenu  les  athlètes  du  Christ 
au  milieu  de  ces  rudes  assauts,  avait  été  épar;.'né. 
Uai.4  son  heure  était  proche,  et  Dieu  qui  avait  béni 
ses  travaux  allait  lui  donner  la  couronne. 

Les  délateurs  poursuivirent  leur  œuvre  et  Sébas- 
tien fut  dénoncé  à  son  tour.  L'empereur  Dioclétien, 
qui  avait  une  grande  affection  pour  le  brillant 
officier,  refusa  d'abord  de  croire  aux  accusations 
dont  on  le  chargeait;  mais  sur  les  instances  des 
courtisans,  il  fit  comparaître  le  chef  de  ses  gardes 
en  s.i  présence. 

Sé'hastien  comprit  que  l'heure  du  grand  combat 
tonnait  pour  lui. 

«  On  TOUS  accas*  d'être  chrétien,  dit  le  prince  ; 
est- ce- vrai  ? 

—  Oui,  répondit  le  Saint,  j'ai  toujours  cru  qu'il 
y  avait  de  la  folie  à  implorer  l'appui  d'une  pierre 
inerte  que  l'homme  peut  briser  iiiijMinpmcnt.  •• 

A  ces  mots,  l'empereiir  bondissant  sur  son  siév'-, 
s'écria  : 

■•  Je  vuus  ai  toujours  chéri  et  distingué  pnniii  les 
priucipaux  personnages  de  ma  cour,  et  toici  que 


vous  désobéisseï  à  mes  ordres  et  insultex  les 
dieux! 

—  J'ai'  toujours  invoqué  Jésus-Christ  pour  votre 
salut  et  lajconservation  de  l'empire,  et  j'ai  toujours 
adoré  le  Dieu  qui  est  au  ciel.  » 

Le  tyran,  écuniaut  de  râpe,  jura  de  punir  sur-le- 
champ  le  courai-eux  athlète  du  Christ.  Mais  Sébas- 
tien était  ponulairf  dans  l'armée,  et  Dinclotien  eut 
peur  (le  soulever  les  soldais  en  les  chargeant  de 
Icxérution  du  chef  qu'ils  chérissaient. 

Or,  il  y  avait  on  ce  m^iment  à  Home,  une  troupe 
d'archers  Numides  (Kabyles)  à  la  solde  de  l'empe- 
reur, étran;:ers  aux  sentiments  qui  remplissaient 
l'armée,  et  capables  des  coups  de  mains  pénibles 
aux  autres.  Dioclélien  eut  recours  à  ces  barbares. 

Ils  obéirent  sans  scrupules  aux  ordres  du  souve- 
rain, et  ils  enchaînèrent  comme  un  malfaiteur,  le 
brillant  ollicier  de  la  «arde,  sans  avoir  égard  à  son 
^.'rade  ;  puis  ils  le  conduisirent  hors  du  palais,  le 
dépouillèrent  de  ses  vêtements,  et  l'altachérentpour 
s'en  servir  comme  d'une  cible. 

Sébastien,  calme  et  intrépide,  levait  le»  yeux  vers 
le  ciel  et  rendait  grâces  à  Dieu  en  priant  pour  ses 
bourreaux. 

Au  sif;nal  de  leur  chef,  les  Numides  le  criblèrent 
de  lléches  et  il?  ne  s'arrêtèrent  que  lorsqu'il  leur 
parut  mort. 

Pendant  la  nuit,  la  veuve  de  Castule,  Irène,  vint 
enlever  le  corps  transpercé.  Sébastien  respirait 
encore.  La  courageuse  chrétienne  l'emporta  secrè- 
tement chei  elle.  Or,  elle  demeurait  dans  le  palais 
de  l'empereur.  (îrûce  à  des  soins  assidus  Sébastien 
recouvra  la  santé. 

Tout  le  monde  le  croyait  mort,  et  il  pouvait  san' 

fieine  se  dérober  à  la  râpe  des  persécuteurs.  Mais 
e  noble  officier  avait  assez  lon:;temi>s  combattu  et 
il  ne  voulait  pas  laisser  échapper  la  palme  de  la 
victoire.  Dans  l'ardeur  de  son  lèle,  il  conçut  le 
généreux  dt<^fiii  de  'C  dévouer  une  dernière  fois 
pour  ses  frérrs  et  de  reprocher  à  l'empereur  l'injuste 
i-iuaulé  qu'il  ilèploy.iit  h  l'égard  des  chrétiens. 
Aussi  malfré  les  inslance»  des  fldéics,  il  alla  se 


placer  sur  l'escalier  du  palais,  à  l'heure  où  Dioclé- 
tien  avait  coutume  d'y  monter. 

Effrayé  par  cette  apparition  inattendue,  l'empe- 
reur croyant  voir  se  dresser  devant  lui  l'ombre 
vengeresse  de  Sébastien  recula  épouvanté. 

Il  se  remit  cependant  de  son  émotion,  et,  inter- 
pellant celui  qu'il  prenait  encore  pour  un  fantôme  : 

Il  N'éles-vous  pas  Sébastien,  que  .je  condamnai, 
il  y  a  peu  de  temps,  àétie  percé  de  llèches  ? 

—  Noire-Seigneur  Jésus-Christ  m'a  rendu  àla  vie; 
je  viens  en  son  nom  vous  reprocher  tous  les  maux 
dont  vous  accaiblez  les  chrétiens.  » 

Transporté  defureur,  Dioclélien  ordonne  d'arrêter 
l'insolent  qui  vient  réveiller  ses  remords  et  de  le 
conduire  immédiatement  à  l'hippodrome  où  il  est 
assommé  à  coups  de  bâton. 

Pour  einp'Vher  les  chrétiens  de  vénérer  les 
reliques  du  martyr,  on  jeta  avec  mépris  son  corps 
san;.'laiil  dans  un  cloaque,  où  il  resta  suspendu  à 
un  clou. 

Mais  Jésus-Christ  voulut  glorifier  son  héros  deux 
fois  martyr.  Il  permit  que  Sébastien  apparut  lui- 
même  en  songe  à  une  sainte  dame  ae  Uome, 
nommée  Lucinc;  il  lui  révéla  l'endroit  où  était  son 
corps  et  lui  ordonna  de  le  faire  ensevelir  prés  de 
la  calacombe  où  reposaient  les  restes  des  Souverains 
Pontifes.  Cette  noble  chrétienne  exécuta  fldiMeiiient 
cet  ordre,  et  la  calacombe  où  fut  inhumé  l'oflicier 
martyr  est  connue  sous  le  nom  de  Saint-Sébaslieu. 

Sur  son  tombeau  s'élùve  l'une  des  sept  grandes 
basiliques  de  la  ville  éternelle.  Près  du  cloaque  où 
son  corps  avait  été  jeté,  se  trouve  la  belle  église  de 
Saint-André-della-Valle,  où  une  chapelle  lui  e^t 
dédiée.  Saint  Sébastien  est  invoqué  avec  saint  lloch 
contre  les  épidémies. 

Au  palatin,  au  milieu  des  ruines  du  fameux  palais 
des   empereurs   romains,   doui   la    puissance   ae>i 

lus  qu'un  lointain  souvenir,  une  chapelle  attire 
a  vénération  des  fidèles,  elle  est  dédiée  à  Saint 
Sébastien,  et  occupe  la  place  où  il  fut  criblé  de 
!léches.  —  Ainsi  disparaissent  les  ennemis  de  Dieu 
ot  ses  amis  sont  dans  la  gloire  sans  fin. 


r. 


3 


liUfi. -litrail,  E.  P<rir4(iaf.  1.  rjf   Kri:i,iii  I",  i'àrit. 


SAINTE  AGNÈS,  VIERGE  ET  MARTYRE 


Fêle  le  il    janvier. 
(Traduction  libre  d'une  Vie  alîribuée  à  siint  Ambroise.) 


Sainte  Agnès  sur  le  bûcher. 


Agnès,  l'une  de«  quatre  grandes  vier(;es  de 
l'Eglise  romaine,  triompha  par  le  martyre  & 
l'àce  de  treize  ans. 

Elle  revenait  un  jour  d'une  de«  ëcoles  où  les 
jeunes  Olles  étaient  élevées  (il  y  avait  déjà  à 
Home  des  écoles  pour  les  chrétiens);  rencontrée 
par  le  (Ils  du  préfet  de  la  ville,  relui-ci  en  fut 
épris,  etpour  la  séduire,  il  lui  envoya  des  bijoux; 
celle-ci  le»  repoussa  comme  chose  très  vile.  Le 
j»uiie  homme  revint  i  la  rharc,  lui  faisant  pré- 


senter les  pierreries  les  plus  précieuses,  et  lui 
proposa,  par  ses  amis,  des  palais,  des  villas,  une 
fortune  immense. 

On  dit  qu'Agnès  lui  Ot  répondre  :  «  Retire-loi 
de  moi,  source  de  péché,  entretien  de  crime, 
aliment  de  mort,  je  suis  déji  aimée  par  quel- 
qu'un dont  les  joyaux  snnt  autrement  beaux  que 
les  tiens;  il  m'n  engagi^e  à  lui  par  l'anneau  de 
sa  foi,  et  sa  noblesse,  sa  race,  sa  dignité  rem- 
portent d"  hoaucoup  sur  toi.  Il  a  posé  son  ■.i-Té'- 


8J".);j'J 


sur  mon  front,  je  n'accepterai  jamais  d'autre 
amant  que  lui.  Déjà,  la  chambre  nuptiale  est 
pr^le;  les  concerts  déjà  se  font  entendre,  et  les 
chants  en  sortent  d'une  société  de  vierges.  Sa 
Mère  est  Tierge,  sou  Père  ne  connaît  aucune 
épouse;  les  anges  le  servent,  les  astres  l'admirent; 
ses  parfums  ressuscitent  les  morts:  à  son  toucher 
les  malades  guérissent.  Je  lui  garde  ma  foi;  je 
me  suis  donnée  à  lui  avec  un  immense  amour. 
En  l'aimant,  je  reste  chaste;  en  l'embrassant,  je 
suis  li)Ujours  pure;  eu  le  prenant  pour  époux,  je 
serai  toujours  vierge.  Après,  j'aurai  des  (ils 
enfantés  sans  douleur,  et  ma  famille  s'accroîtra 
chaque  jour.  » 

A  cette  réponse,  le  jeune  homme  se  sent  saisi 
d'une  aveugle  passion  ;  il  en  est  dévoré,  il  en 
tombe  malade.  Les  médecins  viennent  dire  i  «on 
père  la  cause  de  son  mal.  De  nouvelles  proposi- 
tions sont  faites  à  la  vierge  du  Seigneur.  Agnès 
les  repousse  et  déclare  que  rien  ne  lui  fera 
rompre  ses  engagements  avec  son  premier  liancé. 
Le  père,  convaincu  que  rien  ne  pourrait  résister 
k  sa  dignité,  s'enquit  par  ses  espions,  appelés 
parasites,  qui  pouvait  être  le  Uaucë  d'Agnès.  On 
lui  apprit  qu'elle  était  chrétienne  et,  dès  son 
enfance,  sous  le  charme  de  procédés  magiques 
qui  la  forcent  i  dire  que  Jésus-Christ  est  son 
époux. 

Havi  de  cette  Douvelle,  le  préfet  lui  envoie  de 
nombreux  appariteurs  pour  la  sommer  de  compa- 
raître devant  sou  tribunal.  Il  fait  en  secret  les 
plus  belles  promesses,  à  quoi  succèdent  d'hor- 
ribles menaces.  La  vierge  du  Christ  ne  se  laisse 
séduire  ni  par  les  douces  paroles,  ni  par  les 
discours  effrayants;  son  visage  reste  impertur- 
bable. Que  le  préfet  cherchât  à  l'attendrir  ou  à 
la  terrifier,  elle  le  regardait  avec  une  sorte 
d'ironie. 

Symphronius,  se  voyant  ainsi  méprisé,  mande 
les  parents  d'Agnès  ;  mais  comme  ils  étaient 
nobles  et  qu'il  ne  pouvait  leur  faire  aucune  vio- 
lence, il  leur  parle  de  leur  profession  de  chrétiens 
•t  les  renvoie. 

Le  jour  suivant,  il  mande  Agnès,  la  fait  com- 
paraître devant  ton  tribunal,  et  voyant  m 
persévérance  : 

.  Tu  veux,  lui  dit-il,  conserver  la  virginiléTEh 
bien  I  tu  vas  ftre  obligée  d'aller  dans  le  temple 
de  Vesta,  et  là  lu  offriras  les  vénérables  sacrifices 
le  jour  et  la  nuit.  »  Agnès  répondit:  ■  Si  j'ai 
refusé  ton  Ois,  homme  vivant  et  doué  d'intelli- 
gence, comment  peux-tu  croire  que  je  m'incli- 
nerai devant  des  dieux  privés  de  vie  ?  —  J'ai 
pillé  de  ton  âge,  répliqua  le  préfet  Symphronius; 
réilérhis,  et  ne  t'expose  pas  ainsi  k  la  colère  des 
dirox.  • 

Et  Agnè»:  ■  Dieu  ne  r«farde  pas  les  années, 
maM  les  s-ntimentade  l'iroe.  Mais  je  vui<  que  ta 
cherches  à  m'arracher  ce  que  tu  n'obtiendras 
jamai*  de  moi.  Essaye  donc  tout  ce  que  tu  peni 
faire  envers  moi.  • 

Symphronius,  le  préfet,  dit:  «  Choisis:  on 
tacrifle  avec  les  vi.  r^.««  d*  Vesta,  ou  bien  Ja 
t'eavoie  avec  les  ^  dans  une   maison 

publique   Tu  n'y  li    ...■  .       ,as  le^  rhr'<ti»n*  qui 


t'ont  ensorcelée  avec  leur  magie.  Ou  bien  donne- 
toi  au  culte  de  Vesta,  ou  bien  accepte  l'ii;uomiuie 
de  ton  supplice  qui  va  rejaillir  sur  tes  parents.  » 

Agnès,  avec  une  grande  énergie:  «Si  tu  connais- 
sais mon  Dieu,  lu  ne  t'exprimerais  pa;-  ainsi.  Je 
connais  la  puissance  de  Jésus-Christ,  mon  Sou- 
verain, et  je  me  ris  de  tes  menaces.  J'ai  foi  que 
je  ne  sacrifierai  pas  k  tes  dieux,  et  je  ne  serai 
profanée  par  aucune  souillure  étrangère.  J'ai 
pour  gardien  de  mon  corps  l'ange  même  du 
Seigneur.  Le  fils  unique  du  Dieu  que  tu  ignores 
est  mon  inexpugnable  rempart;  il  m'est  une 
sentinelle  toujours  vigilante,  un  défenseur  sans 
défaillance.  Tes  dieux  d'airain  sont  de  vrais  vases, 
comme  des  marmites,  et  quant  à  tes  dieux  de 
pierre,  il  faudrait  les  étendre  dans  les  mes  pour 
éviter  la  boue.  La  divinité  n'habite  pas  dans  des 
pierres  inutiles,  mais  dans  les  cieux.  Quant  k 
toi  et  à  les  semblables,  si  vous  ne  changez  de 
chemin,  vous  serei  tous  condamnés  au  même 
ch&timenl,  et,  de  même  qu'on  jette  le  métal  au 
feu  pour  foudre  les  statues,  de  même  vous  seret 
condamnés  au  feu  étemel,  où  vous  subirex  une 
étemelle  confusion.  » 

A  ces  mots,  le  préfet  ordonna  de  la  dépouiller 
de  ses  vêlements  et  de  la  conduire  dans  une 
maison  publique,  précédée  d'un  oricur  annon- 
çant que  la  vierge  Agnès,  sacrilt'ge  envers  les 
dieux,  était  condamnée  i  la  proslilutlon.  A  peine 
dépouillée,  elle  avait  défait  sa  chevelure,  et  voili 
que,  tout  i  coup,  ses  cheveux,  poussant  avec 
abondance,  la  couvrirent  tout  entière,  et  leurs 
frani.'oi  la  protégeaient  plus  que  ces  vêtements 
mêmes. 

Kntrée  dans  ce  lien  de  bouta,  elle  y  trouva 
l'ange  du  Seigneur  prêt  i  la  recevoir  et  k  la 
protéger  en  l'enveloppant  d'une  lumière  si  écla- 
tante que  les  yeux  en  étaient  éblouis  et  que 
l'apercevoir  était  impossible  :  c'était  comme  le 
soleil  dans  sa  splendeur. 

S'étant  prosternée  pour  invoquer  le  nom  de 
Dieu,  elle  aperçut  une  robe  très  blanche;  elle 
s'en  revêtit  aussitôt  en  disant  :  «  Je  vous  remercie, 
mon  Seigneur  Jésus,  vous  qui,  me  comptant  au 
nombre  de  vos  servantes,  m'avei  envoyé  ce  vête- 
ment. »  En  effet,  il  était  si  bien  adapté  an  petit 
corps  de  la  jeune  vierge  qu'on  croyait  qu'il  avait 
été  pr<-paré  par  la  main  des  anges. 

La  maison  de  crime  était  tran.'-fnrmée  en  une 
maison  df  prière.  Quiconque  y  pén><lrait  était 
forcé  d'adorer  cette  manifestation  luiinneu^r  de 
la  puissance  divine.  Le  fils  du  préfet,  auteur  de 
cas  abominations,  voulut  venir  à  son  tour  avec  un 
certain  nombre  de  ses  compagnons  de  plaisir, 
espérant  pouvoir  insulter  la  vierge  et  «nlisfaire  sa 
criminelle  passion.  Mai»  il  trouve  le*  jinne»  gens, 
eiilr»"»  avaiil  lui ,  changés,  de  furieux  qu'ils  étaient, 
en  admirateur».  Il  leur  adressa  de*  reproche», 
les  arruse  de  lâcheté;  il  entr»  en  »<•  moquant  au 
lieu  ou  la  vierge  priait,  il  voit  l«  luiBiére  qui 
l'entoure;  il  n'en  rend  pat  bommnite  i  Kiru.  il 
«'•  ;;iii'  e  dans  la  lurniêro  m'nie  ;  mai*  »»anl 
d  iv'ir  pu  t'iucher  Afiiè»,  il  lomt"-  '<tniiff<<  parle 
déni.n  et  il  expirr.  In  de  »•»  intime»  fniiiilien. 
tr..uvi>nl  qu'il   re«le  In-n  l^nïtcmp».  vut  entrer 


pour  le  féliciter  de  son  succès  et  irouïe  ce  mal- 
heureux sans  vie.  Aussitôt,  il  se  met  à  crier  : 
«  Très  pieux  Romains  (oh!  la  belle  piété  I),  cette 
fille  publique,  par  ces  eucbantements,  a  fait  périr 
le  fils  de  notre  préfet.  » 

Cette  nouTelle  attira  an  théâtre  près  duquel 
était  la  maison  de  débauche  une  foule  immense 
de  peuple.  Les  uns  disaient:  «  Cette  fille  est  une 
sorcière.  >>  Les  autres  :  «.Non,  elle  est  innocente.  » 

Le  préfet,  apprenant  la  mort  de  son  fils,  accou- 
rut, lui  aussi,  au  théâtre,  et,  étant  entré  dans 
l'endroit  où  gisait  le  corps  inanimé  de  son  fils, 
il  se  mit  à  Tociférer  contre  Agnès  ;  «  0  la  plus 
cruelle  des  femmes  1  est-ce  ainsi  que  tu  as  voulu 
faire  sur  mon  fils  la  preuve  de  ton  art  sacrilège?  » 
Agnès  répondit:  «  Celui  dont  il  voulait  accom- 
plir la  volonté,  Satan,  s'en  est  pour  toujours 
emparé.  Pourquoi  les  autres  qui  ont  voulu  s'ap- 
procher de  moi  sont-ils  en  parfaite  santé?  Parce 
qu'ils  ont  tous  honoré  le  puissant  Dieu  qui 
m'avait  envoyé  son  ange  prolecteur,  m'avait  cou- 
verte du  vêtement  de  sa  miséricorde  et  gardé 
mon  corps  offert  et  consacré  au  Christ  presque 
dès  mon  berceau.  Ils  voyaient  la  gloire  du  Christ, 
ils  adoraient  et  se  retiraient  sains  et  saufs.  Ce 
jeune  impudent,  à  peine  arrivé,  est  entré  en 
fureur;  mais,  au  moment  où  il  étendait  vers  moi 
une  main  criminelle,  l'ange  du  Seigneur  lui  a 
infligé  la  mort  des  damnés,  comme  tu  le  vois. 

—  On  verra  bien  que  tu  ne  t'es  pas  servie  de 
maléfices,  si,  par  tes  prières,  tu  rends  mon  fil» 
à  la  vie.  »  Et  la  bienheureuse  Agnès  :  «  Bien 
que  votre  absence  de  foi  ne  mérite  pas  une 
telle  faveur,  il  est  bon  que  la  puissance  du 
Christ  se  manifeste.  Sortez  tous,  afin  que  je  paisse 
faire  mes  prières  accoutumées.  » 

On  sortit,  en  effet,  et  la  vierge  priant  avec  une 
grande  ferveur,  l'ange  du  Seigneur  apparut  de 
nouveau,  lui  donna  un  très  grand  courage  et  res- 
suscita le  jeune  homme.  Celui-ci,  à  peine  rendu 
à  la  vie,  se  mit  à  crier  :  «  Il  n'y  a  qu'un  seul 
Dieu,  Maître  du  ciel,  de  la  terre  et  des  mers;  les 
temples  ne  sont  rien;  les  dieux  qu'on  y  adore 
sont  vains  et  ne  peuvent  absolument  donner  à 
personne  aucun  secours.  -> 

Entendant  de  pareils  discours,  les  prêtres  païens 
et  les  aruspices  s'émeuvent  et  soulèvent  parmi  le 
peuple  une  nouvelle  sédition.  On  criait  de  tous 
côtés  :  «  A  mort  la  magicienne  1  A  mort  la  sor- 
cière qui  bouleverse  les  idées  et  rend  fous  les 
espritsl  » 

Le  préfet,  voyant  toute  cette  agitation,  était 
dans  la  stupeur;  mais,  craignant  d'être  compro- 
mis s'il  faisait  quelque  acte  contre  les  prêtres 
et  s'il  prenait  la  défense  d'Agnès,  il  remit  l'affaire 
i  son  vicaire  Aspasius  et  se  retira. 

Aspasius  fit  aussitôt  préparer  un  grand  bûcher 
et  ordonna  qu'on  y  jetât  la  Jeune  vierge  au  miliea 
des  flammes.  A  peine  l'ordre  accompli,  les 
flammes  se  séparèrent  en  deux  parts.  Elles  brû- 
laient le  peuple  révolté;  quant  à  Agnès,  aucune 
ne  l'atteignit.  On  attribuait  encore  le  prodige 
non  i  la  protection  du  riel,  mais  aux  enchante- 
ments de  la  vierge,  et  l'on  poussait  d'incessantes 
vociférations. 


Au  milieu  des  llain mes,  A^nès s'écriait:  «0  Dieu 
tout-puissant,  adorable,  digne  de  tout  culte  ter- 
rible, je  vous  bénis  de  ce  que,  par  votre  Fils 
Jésus,  j'ai  échappé  au  danger;  par  lui,  j'ai 
foulé  aux  pieds  les  souillures  des  hommes  et 
les  attaques  du  démon.  Voilà  que,  par  votre 
Saint-Esprit,  une  rosée  rafraîchissante  est  tom- 
bée sur  moi;  le  feu  ne  m'a  pas  consumée,  et 
l'ardeur  de  l'incendie  se  retourne  contre  ceux 
qui  l'ont  allumé.  Le  feu  s'éteint  à  côté  de  moi, 
les  flammes  se  séparent.  Je  vous  bénis,  6  Père 
digne  d'être  annoncé  partout,  de  ce  que  vous  me 
permette!  d'arriver  avec  intrépidité  vers  vous  à 
travers  ces  flammes.  Voilà,  que, déjà,  je  vois  ce 
que  j'avais  cru,  je  possède  ce  que  j'avais  espéré; 
ce  que  j'ai  désiré,  je  l'embrasse.  Je  vous  confesse 
avec  mes  lèvres,  je  vous  désire  de  tout  mon  cœur 
et  du  fond  de  mes  entrailles.  Ahl  je  viens  vers 
vous,  ô  Dieu  unique  qui,  avec  votre  Fils  Jésus 
et  leSaint-Esprit,  vivei  et  régnez  au  siècle  des 
siècles.  Amen.  » 

Cette  prière  finie,  le  feu  était  si  bien  éteint, 
qu'on  ne  ressentait  pas  la  moindre  chaleur. 
Alors  Aspasius,  ne  pouvant  vaincre  la  sédition 
populaire,  ordonna  qu'on  lui  perçât  la  gorge 
avec  un  glaive,  et  c'est  ainsi  que  le  Christ  se 
consacra  Agnès,  comme  épouse  et  comme  mar- 
tyre, avec  le  sang  virginal  qu'elle  répandit. 

Ses  parents,  sans  aucun  regret,  avec  joie  au 
contraire,  transportèrent  son  corps  à  leur  villa, 
près  de  la  ville,  sur  la  voie  Nomenlana,  et 
comme  la  multitude  de  chrétiens  y  accourait,  on 
eut  à  subir  les  attaques  des  païens. 

Presque  tous,  voyant  le  peuple  infidèle  arriver 
avec  des  armes,  prirent  la  fuite  :  quelques-uns, 
pourtant,  ne  s'échappèrent  point  sans  avoir  reçu 
des  coups  de  pierre.  Cependant,  Eraérentienne, 
sœur  de  lait  d'Agnès,  voulut  rester  immobile 
au  milieu  des  coups.  Cette  vierge  très  sainte, 
quoique  seulement  catéchumène,  disait  aux 
païens  :  «  Misérables,  cruels,  vous  tuez  ceux  qui 
adorent  le  vrai  Dieu  et  vous  massacrez  des 
hommes  innocents  pour  la  défense  de  vos  dieux 
de  pierre.  »  Tandis  qu'elle  prononçait  ces  paroles 
et  d'autres  semblables,  elle  fut  lapidée  et  rendit 
l'âme  près  du  tombeau  de  la  bienheureuse  Agnès. 
Et  l'on  peut  croire  que,  étant  seulement  catéchu- 
mène, elle  fut  baptisée  dans  son  sang,  répandu 
pour  la  gloire  de  Dieu  et  la  foi  de  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ. 

Au  même  moment  éclata  un  orage  si  violent 
que  la  foudre  tua  un  certain  nomb'e  de  ces 
hommes  impies  qui  avaient  donné  la  mort  à 
Emérentienne.  La  nuit  suivante,  les  parents 
d'Agnès  vinrent  avec  des  prêtres  et  donnèrent 
la  sépulture  à  cette  nouvelle  martyre  près  du 
tombeau  de  leur  fille. 

Or,  ces  mêmes  parents  venaient  souvent  passer 
des  nuits  entières  auprès  du  tombeau  sacré. 
Pendant  une  de  ces  nuits,  ils  aperçurent  une 
légion  de  vierges,  v^ues  de  robes  tissues  d'or, 
s'avancer,  entourées  d'une  éclatante  lumièri'. 
Au  miliea  d'elles  se  trouvait  Agnès ,  avec  un 
vêtement  d'un  éclat  merveilleux,  et  à  côté  d'elle 
un  agneau  plus  blanc  que  la  neige.  Ses  parenU 


euiect  dans  une  stupeur  profonde,  lorsque 
Agnès,  ayant  prié  ses  compagnes  de  s'arrêter 
un  peu,  dit  à  ceux-ci  :  "  Gardei-vous  de  me 
pleurer  comme  si  j'e'tais  morte.  Héjouissei-vous 
plutôt  et  félicitei-moi  de  ce  que,  avec  toutes  ces 
Tierges,  j'ai  reçu  un  trône  de  lumière.  Au  ciel, 
je  sui»  unie  à  celui  que,  sur  la  terre,  j'ai  aimé  de 
toute  la  puissance  de  mon  cœur.  *  Ayant  ainsi 
parlé,  elle  s'en  alla. 

Cette  Tisiou  était  publiée  tous  les  jours  par 
ceux  qui  en  avaient  été  les  témoins.  Après  un 
certain  nombre  d'années,  elle  fut  rapportée  à  la 
princesse  Constance,  vierge  très  sage,  mais  dont 
le  corps  était  couvert  de  plaies  de  la  tète  aux 
pieds.  On  loi  conseilla,  pour  rétablir  sa  santé, 
de  venir  au  tombeau  de  la  Sainte,  ce  qu'elle  fit 
pendant  la  nuit.  Et  bien  qu'encore  païenne,  mais 
déjà  la  foi  dans  l'âme,  elle  répandait  d'ardentes 
prières  devant  le  tombeau  béni.  Cependant,  elle 
est  saisie  par  un  sommeil  très  doux,  et  elle  voit 
en  songe  la  vierge  Agnès  qui  lui  dit  :  «  Agis 
constamment.  Constance,  et  crois  que  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  (ils  de  Dieu,  est  notre 
Sauveur;  par  lui,  tu  recevras  la  guérison  de 
toutes  tes  plaies.  «  A  ces  paroles,  Constance  se 


réveilla  entièrement  guérie  et  il  ne  restait  plus  ia 
moindre  trac?  de  son  mal. 

Rentrée  au  palais,  elle  raconta  le  prodige  à 
Constantin  Auguste,  son  père,  et  aux  Césars,  ses 
frères.  La  joie  fut  universelle;  l'impiété  des 
païens  était  confondue,  la  foi  des  chrétiens  était 
d.ins  l'allégresse.  Cependant,  Constance  prie  son 
père  de  faire  construire  une  basilique  à  l'endroit 
de  la  sépulture  d'Agnès,  alin  qu'elle-même  y 
fasse  préparer  son  tombeau  tout  auprès. 

La  foi  des  chrétiens  assurait  que  ceux  qui, 
malades,  venaient  au  sépulcre  d'Agnès,  étaient 
guiTi<.  Qui  peut  douter,  en  effet,  que  le  Christ 
ne  rende  la  santé  à  ceux  à  qui  il  lui  plail? 

Constance  resta  vierge,  ot  elle  eulraina  par 
son  exemple  une  foule  déjeunes  Romaines  à  se 
consacrer  au  Seigneur. 

Les  religieuses  de  Sainte-Agnès  sont  encore 
aujourd'hui  chargées  de  soi;:ner  les  agneaux 
dont  la  laine  sert  à  préparer  les  palliums  «[ue 
les  Souverains  Pontifes  fout  remettre  aux  ari  lip- 
vêques  comme  siL'ne  de  leur  juridiction  sur 
les  évêques  de  leur  province  ecclésiastique.  Ces 
agneaux  sont  bénis  le  21  janvier  dans  la  basiliqu- 
de  la  vierge  martyre.  K.  d'Alton. 


U  itrtnt  .  E.  l'CfitiiWKT.  —   Ijuitiiikiic  I'.  Fi-no.»  Vmi,  3  A  J,  rue  llivsr.l.  l'jn». 


SAINT  VINCENT,  DIACRE  ET  MARTYR 

PATRON    DES    VIGNERONS 


Fête   le  22  janvier, 


Les  anges  soignent  les  blessures  de  saint  Vincent  dam  sa  prison, 
et  lui   présentent  la   palme.   Le   ge6lier   est   saisi   d'étonnement  à  la  vue  de  ce  prodige. 


rooaouoi  saisit  vincimt  fit  dr  rapides  raosais  dans 
LIS   sciiricu 

La  Tjlle  de  Haesca,  eo  Espaene,  se  clorifle 
■l'aToir  TU  naître  Vincent,  que  toute  l'Eglise 
vénère  depuis  tant  de  siècles  à  cause  de  son 
».'lorieux  martyre.  Il  est  certain  toutefois  qu'il 
fut  élcTé  dans  la  ville  de  Saragosse. 


Ses  parent?,  Trais  chrétien?,  sonpiVent  avant 
tout  à  conservera  Dieu  l'enfant  qu'ils  lui  devaient. 
Pour  se  faciliter  la  tâche,  ils  le  remirent  de 
bonne  heure  entre  les  mains  de  leur  évéqne. 
Ainsi  préparé  et  sauvegardé  par  une  vie  inno- 
cente, l'enfant  Qt  de  rapides  pm^ès,  son  intelli- 
gence virginale  s'ouvrit  sans  peine  à  la  vente, 
et  il  n'avait  pas  encore  vingt-deux  ans  que,  d>'-ji, 


i ,  67Ô 


il  fié-ieait  parmi  lesmailres.  Il  luoiilra,  du  reste, 
qu'il  en  éUiil  vraiment  dijjne  en  renonçant  aux 
frivolités  de  ce  monde  pour  s'attacher  au  seul 
bien  solide  :  le  service  de  Dieu. 

Le  pasteur  qui  l'avait  nouni  en  fit  son  diacre, 
et  se  diVliaraea  sur  lui  du  soin  de  rompre  au 
peuple  le  pain  de  la  parole  de  Uieu. 

A  l'exemple  des  Apôtres,  notre  Saint  fit  ger- 
mer par  ses  sueurs,  et  plus  lard  par  son  sang  la 
foi  de  J'''sus-Chrisl  qu'il  avait  semée  dans  lesàsaes 
par  ses  discour». 

C'était  au  commencement  du  iv«  siècle;  les 
deux  empereurs  qui  résinaient  alors,  Dioclétien 
et  Maximien,  jurèrent  d'exterminer  du  monde 
entier  la  religion  chrétienne. 

LA     FOURBBRIt    ET    LA    CRUADTi     •(     LIOUIIIT     CONTM 
VINCKHT 

Le  prec  Dacianus  avait  mérité,  par  son  aver- 
sion et  sa  haine  du  christianisme,  le  procousulat 
d'EspaKne. 

Cl  C'était  un  suppôt  de  l'enfer,  dit  Siméon 
Métaphraste,  que  Satan  avait  pétri  d'&stuce  et  de 
sauvai:e  impiété.  » 

Loup  cruel,  il  était  venu  dans  sa  province 
altéré  du  sanc  des  brebis  innocentes  du  Christ. 
Il  s'attaqua  d'abnrd  aux  bersers.  afin  de  pouToir 
ensuite  anéantir  le  troupeau  tout  entier. 

Saint  Vincent  et  son  évéque  furent  arrêtés  des 
premiers. 

Inexpérimenté  déji  dans  l'art  des  persécuteurs, 
Dacianus  ne  *oalat  pas  les  livrer  sur  l'heure  au 
supplice. 

<'  Si  je  ne  commence  pas,  se  dit-il,  par  u.ser 
leur  force  et  leur  volonté  dans  des  travaux 
accablants,  je  suis  sûr  de  ma  défaite.  » 

Il  lit  donc  charger  ses  captifs  de  lourdes 
chaînes,  et  voulut  qu'on  les  menât  k  pied  jusqu'4 
Valence.  Les  soldats  qui  les  conduisaient  devai<>nt 
encore  ajouter  à  leurs  souffrantes  celle  de  l<i 
faim,  de  la  soif  et  des  mauvais  traitements. 

Au  terme  de  ce  laborieux  pèlerinage,  le  tyran 
n'était  pas  encore  satisfait.  L'évéque,  épuisé,  ne 
semblait  vivre  que  pour  avoir  le  temps  de  poser 
sur  ses  cheveux  blancs  la  couronne  du  martyre. 

Vincent,  dans  la  force  de  l'à^e,  arait  résisté 
davantage,  et  Dacianus  n'osait  pas  encore  se 
mesurer  avec  lui.  Aussi  ordonna-t-il  d'enfermer 
les  vaillants  confesseurs  dans  une  obscure  prison, 
de  les  resserrer  dans  des  liens  étroits  et  de 
redoubler  leurs  privations. 


CM    LONG    HIKACU 


■OUrraiK    ir    ne   rAs   ■ouait 


Le  proconsul  ne  voulut  pas  laisser  périr  ses 
victime*  sans  leur  infliger  de  nouveaux  tour- 
ments. Il  se  fit  donc  ramener  les  cjiptifs  qu-ind 
ils  les  crut  asseï  accablés.  Cruelle  déception  t 
1rs  deux  saints  sont  pleins  de  force  et  de  santé  I 
Comme  pour  Daniel,  le  jeune  a  é4é  pour  eux 
plu*  -.ilutaire  que  Ic.t  fi'-tiii>  ! 

••  Pourquoi  donc,  demande  le  juge  en  fureur, 
t-t-on  nourri  ces  cnminch  «lu-.»  l'.ibf  ridance?  ■• 

C'est  en  vain  que  les  g-    '  ti-nt  de 

leur  entier»    ol.éiiiçance,   1    .  •■  pour 

Ds'  <ii  lui  dcK  Lr  l.i  Mplendeur 

du  1  tait  plu.»  li>rop*  •!<•  nruler 


sur  l'hcuie  et  que  les  chrétiens  appr>Minent  par 
ton  e.xeinple  à  respecter  nos  souverains? 

»  Pour  toi,  Vincent,  que  ta  naiss.inoe  et  ta  bril- 
lante jeunesse  me  rendent  si  cher,  crois  à  mes 
sa::es  avis.  Allons,  quel  parti  prenei-vous,  répon- 
dei"?  Les  plus  grands  honneurs  récompenseront 
une  prompte  soumission,  sinon  les  tourments 
vaincraient  toute  folle  résistance.  » 

L'évèque  se  tut,  car,  malgré  sa  profonde 
sa;;esse,  il  avait  toujours  été  il'une  grande  can- 
deur et  simplicité,  et,  de  plus,  la  vieillesse  avait 
presque  glacé  sa  langue. 

<■  Si  vous  le  permette!,  mon  Père,  loi  «lit 
alors  Vincent,  je  repousserai  en  votre  nom  ces 
suggestions  impies? 

—  Autrefois,  bien-aimé  fils,  reprit  le  Pontife, 
je  t'avais  confié  le  soin  de  répandre  la  foi,  je 
t'arme  aujourd'hui  pour  la  défendre.  » 

Plein  de  la  pensée  de  l'iinniortalilé  qui  l'atten- 
dait, le  bienheureux  diacre  répondit  &  Dacianus: 

■•  Tu  as  pris  trop  de  peine  pour  nous  faire 
apostasier.  Kenoncer  à  sa  foi,  blasphémer  son 
Dieu  pour  sauver  sa  vie,  c'est  une  prudence  qui 
nous  est  inconnue.  Sans  aller  plus  loin,  je  te 
déclare  que  nous  resterons  chrétiens,  serviteurs 
et  témoins  du  vrai  Uieu,  qui  vit  dans  tous  les 
siècles,  et  qui  nous  aide  par  sa  grâce  à  mépriser 
tes  promesses,  tes  menaces  et  tes  supplices.  Nous 
mourrons  joyeusement  pour  la  vérité,  car  de 
telles  souffrances  nous  vaudront  le  diadème  des 
élus;  le  trépas  nous  ouvrira  la  véritable  vie.  Que 
cette  chair  mortelle  serve  donc  de  pùlure  à  ta 
rage  infernale?  Notre  &me  restera  toujours  Adèle 
à  son  Créateur. 

»  C'est  Satan  l'homicide  insatiable  qui  tous 
pousse  k  nous  persécuter.  Non  content  d'avoir 
ravi  aux  hommes  la  paix  de  l'immortalité,  Il 
voudrait  encore  leur  enlever  la  béatitude  que  le 
Christ  est  venu  leur  offrir.  Hélas  1  il  ne  réussit 
que  trop  près  de  vous!  il  s'c-t  fait  votre  idole, 
car  il  ne  voulait  pas  qu'une  humble  o)..'l-m..  •• 
vous  ramen&t  au  Dieu  dont  son  orgueil  1 
Uais,  tandis  que  vous  l'adorei,  nous  Ic 
hoiiteusement  du  corps  des  possédés  et  il  ne  tous 
soulève  contre  nous  que  pour  venger  ses  humi- 
liantes défaites,  a 

Dacianusa  peine  à  se  contenir  tant  il  est  ftarieu  x . 

•  Qu'on  emmène  l'évèque  en  exil,  s'écrie  t  il, 
mais,  quant  à  ce  rebelle  qui  nous  \ient  outragir 
jusqu'en  public,  appliquei-le  à  la  torture  1  Pour 
iirtlude  de  ce  que  je  lui  réserve,  étendei-le  sur 
le  chevalet  et  briseï  tous  ses  membres.  » 

Tandis  que,  sous  l'action  des  cordes  et  des 
roue»,  tous  les  nerfs  du  martyr  se  rompaient, 
tous  ses  os  se  disjoignaient,  le  gouverneur  répé- 
tait ironiquement  : 

<'  Lh  bien!  Vincent,  dia-moi  quelle  est  tA  foi, 
maintenant? 

—  Tu  réalises  aujourd'hui,  répond  le  généreux 
athlète,  le   plus   ardent  de  ni'-'-  v.im    iii   n,  , 
le  plus  cher  des  amis.  Toi  ^ 

d'-   II-.   l'I    tu  ni'élcves   au-d'- 

pour  lesquels  tu  me  doi  i   n 

-ter  mon  mépris.  Je  t'i  i  ■     im- 

diiiiiiiuc  pas  mon  triomphe;  je  sui*  préi  à  tout 
|w)ur  lainour  d'  fii'»ti  Di'-ii    I  n--!'  (oi   donc  rm 
porter  par  ton 
iw  ,   |-.,„|,.  ,lu 


ta 

qui     lliri 

mort,   w 
ordonn 
niték  au. 


la 
'•» 
•I- 


dent  à  c«  tiibunal,  obéis  1 


C  •■si 

L"  '-,  saisit  daa  vcrite*  et  lla^ielle 

ses   li<  ii'iii^  .  Il   l 'lUs  4tri  trop   lirhc*  et  trop 

tiuiidrs  dans  votre  besogne  •>,  leur  disait-il. 


Alors  Vincent  regardant  doucement  son  juge  : 

<>  Je  vous  remercie  du  service  d'ami  que  vous 
me  rendez,  de  frapper  ceux  qui  me  frappent  et  de 
maltraiter  ceux  qui  me  maltraitent.  » 

C'était  jeter  de  l'huile  sur  le  feu. 

Des  cris  de  bête  fauve  s'échappent  de  la  bouche 
dn  magistrat.  Il  grince  des  dents  et  déchire  le 
martyr  «le  ses  coups,  tandis  que  ses  satellites, 
furieuï  du  châtiment  qu'ils  ont  reçu,  redotiblent 
eux-mêmes  d'acharnement. 

Enfin,  ceux-ci  s'arrêtent  tout  essoufûê»,  à  bout 
de  forces ,  ruisselants  de  sueur  et  tellement 
oppressés  qu'on  les  eût  plutôt  pris  pour  des 
patients  que  pour  des  bourreaux. 

Pâle,  tremblant  lui-même, les  yeux  étincelants, 
Dacianus  s'écrie  : 

u  Non,  je  ne  vous  reconnais  plus  I  Vous  avei 
triomphé  des  homicides,  vous  avez  forcé  les  par- 
ricides et  les  magiciens  à  dévoiler  leurs  complots, 
les  adultères  n'ont  pu  vous  cacher  leurs  secrets 
honteux,  et  vous  qui  contraignez  ainsi  les  autres 
criminels  à  confesser  ce  qui  doit  les  conduire  à 
la  mort,  vous  ne  pouvez  faire  taire  un  chrétien! 
,  Reprenez  donc  votre  baleine  un  instant,  mais 
recommencez  bientôt  à  déchirer  avec  des  ongles  de 
fer  cet  ennemi  des  dieux,  et  faites  enfin  changer 
ses  bravades  en  plaintes  et  en  gémissements.  i> 

Souriant  encore,  Vincent  répondit  : 

«  Oui,  certes!  les  impies  ont  des  yeux,  mais 
ils  ne  voient  pas  ;  ils  entendent,  mais  ils  ne  com- 
prennent pas.  Quoi  !  l'on  me  persécute  parce  que 
je  confesse  Jésus-Christ,  fils  unique  du  Père  tout- 
puissant,  qui  ne  forme  avec  Lui  et  le  Saint-Esprit 
qu'un  seul  et  même  Dieu"?  Voudriez-vous  qu*  je 
cache  la  vérité"?  Je  comprendrais  vos  supplices  si 
je  mentais,  si  j"adorais  vos  empereurs.  Mais  non, 
continuez,  je  vous  prie;  ma  constance  tous  prou- 
vera, malgré  vous,  la  sublimité  de  ma  foi  et  le 
néant  de  vos  divinités.  Vos  idoles  ne  sont  que 
bois  et  que  pierre.  Esclaves  de  la  mort,  servez,  si 
vous  voulez,  ces  simulacres  inanimés;  pour  moi, 
qui  vis  par  le  Christ,  je  ne  sacrifie  qu'au  Dieu 
ïivant,qui  est  béni  dans  tous  les  siècles.  — Amen.» 

C'en  est  trop  I  Dacianus  ressemble  à  un  ti;jre. 
De  son  regard  enllaramé,il  cherche  sur  le  corps 
du  martyrun  endroit  où  il  puisse  frapper  encore  ! 
C'est  en  vain  :  comme  ton  divin  Maître,  le  servi- 
teur n'est  plus  qu'une  plaie  «  et  de  la  plante  des 
pieds  au  sommet  de  la  tête,  il  n'y  a  plus  en  lui 
un  endroit  qui  soit  sain  »,  ses  entrailles  sont  à 
découvert:  on  aperçoit  tous  ses  os  rompus  et 
disjoints,  et  son  sang  coule  à  flots. 

Un  tel  spectacle  parait  toucher  le  tyran  lui- 
même  :  •■  We  pilié  de  toi,  Vincent,  ne  méprise 
pas  ainsi  la  jeunesse  dans  sa  fleur  I  Tu  n'es  encore 
qu'à  l'entrée  de  la  vie,  n'abrèiie  pas  ta  route  ! 
cède  enfin  !  épargne-toi  de  plus  durschâtiments  >. 

Le  Sauveur  avait  dit  :  «  Quand  vous  paraîtrez 
devant  les  tribunaux  pour  la  gloire  de  mon  nom, 
l'Esprit-Saint  lui-même  parlera  par  votre  bouche.» 
La  réponse  du  bienheureux  diacre  fil  comprendre 
aux  chrétiens  présents,  que  cette  promesse  s'était 
réalisée  pour  lui. 

•'  langue  de  vipère,  »'écria-t-il,  pourquoi  ten- 
ter davanta;;e  mon  Seigneur  et  mon  Dieu?  Je 
crains  plus  ton  poison  que  toutes  les  tortures  I 
Punis-moi  donc!  épuise  sur  moi  les  dernières 
ressources  de  ta  cruauté,  je  le  montrerai  que  la 
foi  du  chrétien  lui  communique  une  force  invin- 
cible, et  chance  pour  lui  les  amertumes  en  con- 
lolatmn.  N'avons-nous  pas  pour  nous  soutenir 
ces  paroles  du  Kédenipteur  :  «  Ne  crai^'nez  point 
ceux  aui  tuent  le  corps,  mais  ne  peuvent  rien 
sur  rime?  ■  N'épargne  donc  rien,  afin  que  tu 


puisses  avoir  la  honte    d'avoir   été   vaincu  j-i?.- 
qu'au  bout. 

—  Oui,  reprend  Dacianus,  donnons-lui  tout 
ce  qu'il  mérite,  et  si  sa  vie  résiste  à  ces  der- 
nières épreuves,  brisons-lui  au  moins  jusqu'au 
dernier  des  membres. 

—  Quelle  allégresse  I  répond  Vincent.  Ces 
menaces  m'annoncent  un  triomphe  d'autant  p\\i' 
grand!  Oui,Dacianus,plus  tu  veux  être  cruel  en.  ers 
moi,  plus  tu  deviens  doux  et  miséricordieux.  » 

Le  gouverneur  se  retira  pour  éviter  ces  invec- 
tives qui  le  couvraient  de  confusion. 

Cependant,  on  a  préparé  un  immense  gril  de 
fer,  dont  les  barres  sont  autant  de  scies  aux 
pointes  acérées.  On  le  place  sur  un  brasier 
ardent,  et  bientôt  il  lance  des  étincelles  comme 
un  charbon  enflammé.  Les  bourreaux  détaclient 
leur  héroïque  victime  du  chevalet.  Avant  qu'ils 
aient  pu  la  <aisir,  elle  se  précipite  d'elle-même 
sur  ce  lit  de  tourments  inexprimables.  Ce  n'est 
pas  tout  encore  :  on  promène  des  lames  rout:ies 
au  feu,  sur  le  côté  de  son  corps  qui  ne  touche 
pas  à  l'instrumeni  du  supplice,  et  les  verges  des 
licteurs  font  voler  les  chairs  brûlées. 

Tandis  que  le  sang  et  la  graisse  du  martyr 
excitent  la  flamme,  on  jette  encore  du  sel  dans 
ses  plaies,  et  le  sel,  sous  l'action  du  feu,  va 
porter  la  souffrance  jusqu'au  plus  intime  de 
«on  être.  Les  blessures  s'ajoutent  aux  blessures, 
mais  l'homme  de  Dieu  reste  toujours  souriant, 
immobile  et  les  yeux  fixés  au  ciel.  Il  se  réjouit 
sans  doute  d'éviter  par  là  les  purifications  mille  ' 
fois  plus  aiguës  de  l'autre  vie. 

Dacianus  suivait  toutes  les  péripéties  de  ce 
drame  et,  à  chaque  instant,  il  se  faisait  rapporter 
les  paroles  ou  les  actes  de  Vincent. 

<i  Nous  avons  essayé  tons  les  tourments  en 
usage,  lui  dirent  à  la  fin  ses  soldats  consternés, 
le  chrétien  cependant,  toujours  ferme  et  joyeux, 
continue  à  confesser  Jésus-Christ. 

—  Qu'importe,  nous  ne  sommes  pas  encore 
vaincus,  répondit  le  tyran.  Cherchez  le  réduit  le 
plus  étroit,  le  plus  bas,  le  plus  obscur,  le  plus 
fétide,  la  prison  des  prisons  en  un  mot.  Semez- 
la  de  débris -de  pots  et  de  verre  et  jetez-y  ce 
rebelle.  Qu'il  ne  puisse  pas  faire  un  mouvement 
sans  se  déchirer,  qu'il  n'évite  une  douleur  que 
pour  retomber  dans  mille  autres.  » 

On  obéit  sur  l'heure,  et  bientôt  l'inviucible 
athlète  est  étendu  dans  le  plus  horrible  des 
cachots.  Sans  crainte  de  le  voir  échapper,  ses 
;'ardes  se  laissent  aller  dés  la  première  nuit  aux 
douceurs  du  sommeil. 

Mais,  déjà,  les  tribulations  de  Vincent  tournent 
à  sa  gloire.  Une  brillante  clarté  dissipe  les 
ténèbres  qui  l'enveloppent,  ses  liens  se  rompent, 
sa  couche  devient  douce  et  moelleuse,  et  il  se 
met  à  chanter  des  psaumes  et  des  hymnes  d'allé- 
;;resse.  Les  voix  des  anges  s'unissent  à  la  sienne, 
et,  au  milieu  de  ce  concerldivin,  le  bienheureux 
diacre  entend  ces  mots:  «  Réjouis-toi!  celui  qui 
t'a  soutenu  dans  la  lutte  a  préparé  la  couronne. 
Bientôt,  ton  âme,  libre  du  joug  de  la  chair,  va 
prendre  place  parmi  nous.  » 

Au  bruit  de  celte  harmonie  céleste,  les  geôliers 
se    réveillent   effrayés,    la   lumière  déborde    à 
travers  les  fentes  dé  la  porte  qu'ils  ont  refermne 
Mir  le  captif,  et  ils  le  voient,  quoique  couvcil   1.' 
M.--sures,  chanter   et   marcher    sans   entrav- 
^on  antre  obscur  e«t  devenu  un  foyer  luniinniT 
et.  sous  ses  pieds,  Ir»  fers  brisés  sont  rhan   • 
en  un  tapis  verdoyant.  Atterré.»  par  ce  pn  .! 
ils  se  jettent  aux  pieds  du  Saint,  lui  demaii     i.' 
pardon  d'avoir  contribué  k  ses  souffrances,  abju- 


rent  le  pa.i-'anisme  et  confessent  que  le  Dieu  des 
chrétiens  est  le  seul  et  vrai  Dieu.  Merveilleuse 
fécondité!  le  grain  de  froment  n"était  pas  encore 
jeté  en  terre,  et  déjà  il  avait  porté  ses  fruits. 

Ces  heureuses  nouvelles  attirèrent  les  fldèles 
et,  après  les  premières  effusions  de  la  joie,  ils 
entonnèrent  un  cantique  d'actions  deerâces... 

"  Oui,  réjouissei-Tous!  répétait  Vincent  pour 
les  animer.  Louez  le  Christ,  toujours  vainqueur 
dans  ses  Saints  I  > 

00  SOUFFRIR  on  HOniUR 

Au  bruit  de  tant  de  miracles,  Dacianus  tomba 
presque  étouffé  de  rage.  Torturer  son  captif, 
c'était  travailler  à  sa  f.'loire.  Il  le  comprit,  aus'-i 
voulut-il  recourir  aux  bienfaits.  «  La  douceur, 
pensait-il,  domptera  peut-être  l'orgueil  de  ce 
misérable.  » 

Changeant  de  méthode,  il  fît  placer  le  martyr 
dans  un  lit  moelleux,  l'entoura  de  médecins  et 
de  remèdes.  Mais,  à  peine  Vincent  eut-il  senti  cet 
adoucissement  que  son  âme  victorieuse  s'envola 
dans  les  cieux.  Elle  refusait  d'animer  plus  loni;- 
tempsun  corps  que  l'on  ne  voulait  plus  par  la 
souffrance  faire  servir  à  la  filoire  de  Jésus-Christ. 

Ce  trépas  inattendu,  qui  décevait  une  fois  de 
plus  les  espérances  du  tyran,  redoubla  sa  fureur 
et  sa  folie. 

«  Si  pendant  sa  vie,  s'écria-t-il,  cet  homme 
m'a  toujours  humilié,  je  veux  au  moins  me 
ven:;er  sur  son  cadavre.  Qu'on  le  jette  hors  des 
murs  de  la  ville,  qu'il  devienne  la  pâture  des 
bétes  fauves  et  des  oiseaux  de  proie.  » 

Ofl    ARGUIIE.M    DIVIN    CO.NTRB    MOI    QOI    NIWT 
LA    SAI.-<Tiré    DF.S    HBLIQnSS 

Les  précieuses  reliques  furent  donc  aban- 
données dans  la  campapne  .'et  quel^juc^  soldats 
«eillérenl  à  ce  qu'on  n'allât  point  les  enlever. 

Mais  la  sasesse  de  Dieu  se  rit  des  complots  des 
méchants.  Un  corbeau  vint  s'abattre  sur  le  corps 
dt  l'illustre  victime  et  s'en  fit  le  défenseur.  Il 
s'attaquait  vaillamment  aux  vautours,  aux  ai;.'les, 
et  les  chassait  à  force  d'audace  et  de  coups.  Rien 
plu«,  il  se  précipita  même  un  jour  sur  un  loup 
et  lui  déchira  tellement  la  tète  que  la  béte  cruelle 
s'enfuit  ensaiik'lniitée.  Mais  elle  cédait  moins  à 
la  force  miraculeuse  de  son  faible  ennemi  qu'au 
regard  menaçant  d'un  ange  qui  se  tenait  tout 
près  de  là  armé  d'un  glaive  étincelaiit. 

..  Quoi  donc!  s'écria  le  gouverneur,  ce  chrétien 
me  poursuivra  même  après  sa  mort?  Ensevelit- 


sei-lc  au  ,'ond  des  eaux  !  Qu'il  soit  enfermé  dans 
un  sac  comme  un  parricide  et  jeté  à  la  mer  I  » 

Le  courtisan  Eumorphius,  aussi  cruel  et  impie 
que  son  mattre,  se  chargea  de  trouver  des  mate- 
lots que  la  vue  de  l'or  ferait  consentir  à  cet 
infâme  sacrilège. 

Les  restes  de  Vincent  furent  placés  dans  une 
barque  et  précipités  dans  les  Qots  après  ane 
journée  de  navigation  au  large. 

_  Les  marinsrevenaienttoutjoyeaxdansl'attentA 
d'une  haute  récompense,  et  ils  célébraient  leur 
victoire  dans  des  propos  ironiques  et  impies. 
Mais  quelle  ne  fut  pas  leur  surprise  lorsqu'ils 
retrouvèrent,  en  mettant  pied  à  terre,  le  corps 
de  celui  qu'ils  croyaient  avoir  submergé  pour 
toujours. 

La  main  du  Christ  l'avait  ramené  afin  de 
réclamer  pour  lui  les  honneurs  de  la  sépulture. 

Déjà,  en  effet,  le  bienheureux  Vincent  avait 
révélé  à  un  chrétien  l'endroit  où  l'on  trouverait 
sadépouille  mortelle.  Celui-ci, craignant  la  colèra 
de  Dacianus,  n'osait  pas  recueillir  ce  dépôt  sacré. 

Une  veuve,  d'un  grand  âge  et  d'une  grande 
vertu,  se  montra  plus  courageuse.  Elle  courut  à 
la  pla(^e  et  trouva  les  restes  du  martyr  au  lieu 
qui  lui  avait  été  indiqué  dans  une  extase.  Elle 
les  enveloppa  dans  son  manteau  et,  grâce  sans 
doute  à  un  secours  divin  qui  la  dérobait  aux  yeux 
des  hommes,  elle  put  aller  les  ensevelir  dans  une 
église  chrétienne  et  les  offrira  la  vénération  des 
fidèles. 

Au  vi«  siècle,  les  rois  de  France  Childebert  et 
Clolaire,  allant  en  Espagne  délivrer  leur  sœur 
Clotilde  la  jeune,  persécutée  par  les  Wisigoths 
hérétiques,  s'emparèrent  de  Saragosse  et  rappor- 
tèrent à  Paris  une  bonne  partie  des  reliques  du 
saint  martyr.  Childebert  construisit  une  église 
et  un  monastère,  où  il  déposa  la  tunique  et  un 
bras  de  saint  Vincent  (cette  église  s'appela  plus 
tard  Saint-Germain-des-i'rés);  la  léte  du  martyr 
fut  donnée  à  saint  Domnole,  évèque  du  Mans. 
Meti,  Castres,  Besançon,  Vitry-le-r  rançais  reçu- 
rent aussi  plus  tard  des  reliques  de  saint  Vincent. 

Ce  glorieux  martyr  a  toujours  été  très  vénéré 
dans  l'Eglise  ;  saint  Augustin  et  saint  Grégoire 
ont  célébré  ses  louanges.  —  Les  vignerons  l'ont 
choisi  pour  patron  ;  Vincent  y  avait  quelque 
droit,  puisqu'en  sa  qualité  de  diacre,  il  présen- 
tait à  l'autel  le  vin  du  sacrifice;  et  lui-même, 
sous  le  poids  écrasant  des  supplices,  comme  une 
grappe  sous  le  pressoir,  il  a  versé  tout  son  sang 
pour  l'amour  de  Jésus-Christ,  notre  Dieu,  &  aux 
soit  louange,  honneur  et  gloire  dans  let  «iècle* 
dei  siècles.  .\men. 


L.  I'irirHi.<iiiT,Imp   y^ronf, b,  rue  Kran^oi*  ■".l'arii. 


SAINT  RAYMOM)  DE  PEGNAFORT 

DE  LORDRE  DE  SAINT  DOMINIQUE 


Fête  le  23  janvier. 


Il  étend  son  manteau  sur  l'eau,  et  son  bourdon  à  la  main  il  pose  résolument  le  pied  sur  son 
radeau  ;  il  relève  un  pan  du  manteau  et  l'attache  à  son  bâton  pour  en  faire  une  voile.  Les 
matelots  le  regardent  avec  étonnement  voguer  en  pleine  mer  vers  Barcelone. 


BRILLANT'?    «ICCKS    DR    l-F.'    PREMIEHiS    ANNEES 
LE   PROFESSEUR 

Saint  naymond  de  Pegnafort,  disciple  du  glo- 
rieux n.ilriarclic  saint  bnminique  et  Iroisiùme 
t'énéral  de  son  Ordre,  naquit  c\\  Calaloune,  au 
rbùteau  de  l'ei;nafnrt,  pnts  de  Barcelone,  de 
parents  riches  et  nobles,  issus  des  anciens  comtes 
de  Itarr<'lniie.  et  dignes  reielons  de  la  famille 
royale  d'Arat'on.  Dés  sa  plus  tendre  enfance,  le 
petit  Kayinoud  laissa  parailrelesineillpurs  indices 
d'une  l'minentc  sainteté.  Il  parcourut  avec  un 
si  grand  éclat  le  cours  île  ses  premières  éludes 
que  tout  jr-iine  homme,  à  vingt  ans,  il  fut  cliar(!é 
d'enseigner  dans  sa  ville  natale  la  philosophie  el 
les  arts  hliéraux.  Il  sacquilla  de  ses  fonctions, 
dont  il  avait  compris  la  haute  importance,  avec 
un  dévouement  admirable.  Il  sut  joindre  à  son 
eii«("ignpm<'nt  l'exemple  d'une  vie  irréprochable; 
l.i  formation  du  c.rur  le  préoccupait  bien  plus 
jue  celle  de  l'esprit  :  de  là  ce  zèle  a  inspirer  une 


solide  piété  à  tous  ses  disciples.  Le  temps  qu'il 

Fouvait  dérober  à  ses  occupations  ordinaires,  il 
employait  à  secourir  les  malheureux  el  à  ter- 
miner les  différends  dans  la  ville.  Ainsi,  l'on  ciiii- 
serve  aux  archives  de  Harcelone  un  traité  d'ac- 
commodement fait,  en  1201,  eutie  deux  cha- 
noines, par  la  médiation  de  maître  liaymond  de 
l'egnaforl. 

Hésolu  de  s'adonner  à  des  études  plus  élevées 
et  de  faire  un  cours  de  droit  civil  el  canonique, 
à  trente  ans.  il  (juilta  sa  pairie  el  viiil  s'établir 
à  Hologne  pour  enlentlre  les  leions  des  célèbres 
professeurs  qui  cnseignaieiil  dans  celte  ville.  Il 
prit  en  très  peu  de  temps  le  grade  de  docteur  en 
l'un  etraulredroil.ct  la|>reinière  chaire, ,1e  droil- 
caiion  lui  fui  dévolue  avec-  acclamation  de  toute 
l'école.  D'une  générosité,  d'im  dévouement  égal 
à  sa  science,  il  distribuait  chaque  jour  le  pain 
de  la  vérité  sans  jamais  vouloir  recevoir  la 
moindre  rémunération.  Le  sénat  de  Hologni  , 
.idiniraiil  Cf  vertueux  désinléressemeiit.  el  aii--i 


avcf  Id  <ei'r.te  intention  Je  le  retenir  ilans  li  iii- 
versité,  ilr-ira  lui  assigner  des  appointements 
sur  les  deniers  publies.  Haymond  innsentit  à  ne 
pas  qnitter  11  niversité,  mais  ne  rt.'iiit  les  secours 
pécuniaiies  <|ue  pour  eu  faire  béuélicler  le  curé 
de  sa  i>aroisse  cl  les  pauvres  de  Jésus-Christ. 

Les  talents,  les  vertus  du  pieux  docteur  le  fai- 
saient considérer  comme  un  des  plu*  beaux 
ornements  de  celte  fameuse  école,  et  sa  réputa- 
tion s'était  déjà  répandue  dauN  le-  pays  éloignés 
lorsque  l'évéquede  Barcelone,  liéraiiL'erde  Palon, 
revenant  de  Itonie,  passa  par  Hologne  1 12191.  Le 
dessein  du  prél.it  était  d'olitenir  de  saint  Domi- 
nique qu<-li|Uf<  iiM-  lie  -Ci  ■li-iciples  et  de  solli- 
citer Hayniomi  .!•   l'.-.naioi  t  .ilin  qu'il  relournAl 


avec  lui 
la  Pro\i 

SUjr'- 

le   1 

Ira 
à  ., 
pou; 


.ne.  Le  saint  palriarrlie,  à  qui 
\  ait  tous  l'-s  jours  de  nouveaux 
■  Il  état  de  le  satisfaire.  .Mais 
Il  accoutumé  à  ^aU'Iilier  sou 
>  lié,  ue  paruissait^xuere  disposé 
où  il  travaillait  si  utilemoat 
l>ieu. 
Pour  I  attaquer  par  le  i>Mé  le  plu»  faihie. 
révéque  lui  ri'i  r''-rnta  le-  bt^oins  de  rt;:lisi>  de 
Rarcelone,  I  particulière  où  il  ''tait  à 

«•  pas  se  relh  .  l'alrie,  et  le  dan;;er  qu'il 

devait  craiodri'  de  -écarter  de  la  voie  de  Dieu 
i<n  ur- suivant  ipie  sa  volonté  propre.  Enfm,  il  lui 
lit  apprébender  l'éclat  iu'''iiie  de  cette  réputation 
qui  lui  attirait  de  si  ::rauds  applaudis<''iiieDts  .\ 
la  lin,  l;  '        '  t>rsuader.  li'après  le 

rapport  us,  aux   iustaiicM  d>' 

ltéran;;ei.  o-  i  i'-  ii'.iioiin-  III  ajouta  ■^o»  coiii- 
luandeiui'ut,  ol.lii;i'.int  le  serviteur  d--  Dieu  h  "^e 

leu  '■-   '■■  1' '   '-n  K-payne   pour   veiller 

-ui  '' roi  d'.XraL'on,  Jacquesl", 

ooiu~..  .. -U-  par  l'assemblée iiuiionale 

(le  Lérida. 

HATHO.'tD,    CUAMOINB    KT    ARCHIDIACRE    OC 


Ce  ne  fut  cependant  pas  à  la  formation  <le  ce 
prince,  mais  au  service  de-;  autels  que  Uayiuood 
voulut  d'abord  s'appliquer.  Pourvu  d'un  canoui- 
cat  et  bientôt  après  de  la  dignité  d'arcliidiarre 
dans  l'Hirlise  de  liarcelone,  il  se  rendit  le  modèle 
des  ministres  du  Seigneur  par  l'iuiioceuce  de  -a 
vie.  sa  régularité  et  sou  exactitude  à  tous  les 
ofHcas. 

Ue  nm: 
meiiter 
app.'   •■ 
de    i 

le- 

pln 


•venus  le  mirent  en  état  d'au:;- 
liti's  i-nver-  les  pauvres  qu'il 
iiH'iers.    '  Le  nie  de  la  inai-on 

I  lit  et   lui  faisait    saisir  toutes 

ii.r...i i..r  .1   n- 1-  -•■rvice  divin 
le  de   r.\n- 
.1.11*    1'- 
f'ir  ses  , 

:,1  rllflll  .' 


pitre  de   ii'ii 
i-i'lti'  grande 
d"-  «e*  re\«iiu<< 
et  .111  proMI   ile-i 
IV. 


lu 


RWUOM)    .MTIHK 
PAR    L.K    SAINTKIK  DE   SAINT    DOSII.MQUB 

.Mais  le  secret  désir  de  mener  une  vie  plus 
parfaite,  plus  pénitente  et  moins  exposée  aux 
yeux  des  honmies  dont  il  crai-'uailles  louanges, 
ie  portait  à  clian:.'er  d'état.  Professeur  à  Bologne, 
il  avait  été  témoin  des  urande-  vertus  de  saint 
Dominique  et  des  miracles  (pie  Dii-u  opérait  par 
ses  mains.  Il  voyait  alors  avei'  le  même  plai-^ir 
la  vie  tout  angélique  de  ses  premiers  disciples 
établis  depuis  peu  à  Barcelone.  Comme  s'il  eût 
entendu  la  voix  de  Dieu  qui  l'appelait  à  la 
retraite  pour  le  préparer  à  l'apostolat,  il  résolut 
de  devenirl'iuiitaleur  et  le  frère  de  ceux  qu'il  ne 
nouvail  seiiipèelier  d'admirer.  Il  demanda  lium- 
Idementrhabitetlereeutle  vendredi  f'avril  I222, 
huit  mois  après  la  mort  du  saint  fondateur  Son 
exeuipb-  atlita  dans  le  même  Hrdre  plu-ieurs 
$crandis  personTiage>  encore  moins  di-tingués  iiar 
leur  nai-sance  i)ue  par  leur  doctrine.  Bien  u'edi- 
tîait  davauta:.'e  que  Li  profonde  humilité  et  la 
simplicité  vraiment  aiige|i'|ue  du  nouveau  reli- 
gieux. Il  était  dans  sa  ijuaiairte-sepli-'ine  année, 
et  jamais  ou  ne  le  vit  ni  moins  soiiinis  <|ue  le 
iilus  jeune  des  novii-e«.  ni  ni'.ins  .irilent  à  era- 
lira<ser  tous  les  ino'  ■  '        in-i 

lion  de»  vertus  rel;  .  m 

bl.ible  au  Kraii'l 
iiniterl'huiuil  i 

il  V".,'    ■  • 
d'un  il 

de  II. 
teté 


lair' 

mi  II  .    .      , 

'fs  qu'il  avait  <•' 
.  ,    .  I  ifi  lui  orl'Min.i 
dan»  <  «t  «»piit   une  s.  : 
ii.-o  jMMir  11 '•"iiim'<'lit" 'I'  ' 

de  1'" 
cuta 

tant    plu-    '.juil    a    lidvi.ll' 
ouvroire,    "    éKaleuienl    utile 
iiée>'-sair'    au\ 
de  Clément  Ml' 

L'ai- 

le?»  e 

ture  .- 

Pères  et  I 
lumière- 

ne   lll> 

Il  ]' 


it.i    l'ieut"t    b'-    .111' 

li.|ue.  et  les  reini 
qui  promettaient  ses  saiulL.-  Ji^pusilion 

IL  prCchi  la  croisadi  covtrii  t»  haï  rk- 


n- 

de  ■ 
leiii 
te  II 

Ml 

rt  I 

4  U   -    

dont  l'avait  revêtu  son 


'tèqUf 


t'-moin  «le  «e»  entretien»  iaimliwr'  ^i'<-.    l»ieu.  le 


Bienheureux  accepta  ce  lourd  fardeau  avec  la 
joie  et  le  désintéressement  d'un  véritable  apôtre. 
Il  voulut  constamment  marcher  ù  pit-d  avec  sou 
corapafîuon,  .et,  malpré  les  plus  rudes  fatigues, 
ne  cousentit  jamais  à  s'écarter  du  régime  de  sa 
communauté.  A  chaque  station,  il  devançait  le 
prélat  dune  ou  de  deu.x  journées,  annonçait  son 
approche,  prêchait  Tindulyence  de  la  croisade, 
écoutait  les  confesssions  et  disposait  habilement 
les  cœurs  à  l'arrivée  du  cardinal,  qui  trouvait 
des  esprits  préparés  et  résolus,  des  instruments 
dociles  aux  moindres  diisirs  du  Souverain  Pontife. 
Aussi  conçut-il  pour  le  Saiut  la  plus  vive  recon- 
aiissance.  Il  aurait  voulu  le  ramener  avec  lui 
à  Kome,  mais  il  ue  put,  cette  fois,  vaincre  sa 
résistance.         i 

BWIIOSD,  CONFESSEUB    DC  P.tPB 

Une  telle  lumière  ne  devait  plus  lonjrtemps 
demeurer  sous  le  boisseau.  A  son  retour,  le  lé;,'at 
ne  manqua  pas  de  conférer  avec  Sa  .Sainteté  des 
mérites  du  Saint,  des  importants  services  rendus 
par  lui  à  riLu'li>e  et  du  zélé  apostolique  qu'il  avait 
déployé  pour  le  prompt  succès  de  la  mission. 
l.e  Pape,  touché  d'un  aussi  entier  dévouement 
au  Saint-Siéi-'e  et  adéctionné  à  l'Ordre  de  saint 
Dominique,  lit  venir  Kaymond  à  Home  et  le  prit 
pour  son  chapelain,  pénitencier  et  confesseur. 
Kn  qualité  de  confesseur,  l'homme  de  Dieu  impo- 
sait comme  pénitence  au  l'ape  d'expédier  chari- 
lahleinent  et  sur-le-champ  les  causes  des  pauvres 
jens  sans  protecteur.  Sa  Sainteté,  émue,  se  sou- 
mettait volontiers  à  la  pénitence  et  eujoii.'nait 
a  l'homme  de  Dieu  de  les  expédier  lui-même.  A 
i-etlf  oicasion,  il  l'appelait^  le  père  des  pauvres.  •> 

Pendant  le  séjour  du  Hienheureax  à  Rome, 
l'archevêché  de  tarra^'one  vint  à  vaquer  par  la 
mort  il'Espara^'ue,  métropolitain  de  la  couronne 
d'Arjuion.  Le  Souverain  Pontife  le  lui  conféra 
:ivec  ordre  de  l'accepter  à  bief  délai.  Saint  Hay- 
iiii>nd,  profoiiiiéinenl  attristé,  le  supplia  de  ne 
pas  h'  cliariier  d'un  fardeau  trop  lourd  pour  lui. 
i>evant  l'insuccès  de  ses  supplications,  il  tomba 
dani-'-reusement  mal.ide.  (iréf;oire  I.\,  dins  la 
crainte  de  perdre  un  ministre  si  utile  à  l'Efjlise, 
céda:  mais  le  Saint  dut  lui-même  nommer  le 
futur  archevêque. 

Peu  après,  exténué  par  ses  oraisons,  ses  veilles, 
travaux  et  m.icérations.  Ilaymond  retomba  dans 
un  état  qui  inspira  de  sérieuses  inquiétudes.  Les 
médecins  lui  conseillèrent  de  retourner  en 
Kspau'ne.  Il  prit  donc  concé  de  tiré^oire  IX, 
aftliL'é  de  le  voir  3'éloii.'ner;  il  sortit  de  Rome 
comme  il  y  était  entré,  sans  bénéfices  ni  pen- 
••lous,  MUS  rien  de  ce  qui  aurait  pu  ternir  la 
pauvreté  d'-  sa  vie  religieuse  el  démentir  sa  cons- 
tante hiiiiiilité.  AccompaL-né  de  quatre  religieux, 
il  choisit  la  voie  de  m<-r  et  débarqua  À  Tossa,  à 
douze  lieues  de  Barcelone. 

.:.,.,.  ..  \ÏJ|ONri   liE  HBTOLB   V   BAHCBI.ONF. 
l.7(E  OE  SKS  JOI  B.NKES 

Rentré  dans  son  couvent  de  Ran^elone,  il 
reprit  l'observance  en  tous  les  points  de  la  r-ple. 
avec  une  ri:.'iifur  dii;iie  de  «.i  vertu,  et  crut  dés 
lors  le  moment  venu  pour  lui  de  se  recueillir  et 
de  se  repoiinr  en  l)ieu.  Mais  s.i  '  '  '  'ii  de 
doctrine    ■  l     !'•    sninletc   était   si  que 

t :■     ■       ■     <      •     ■■• 


réserva  les  pouvoirs  qu'en  faveur  des  relif-'ieux 
de  son  Ordre  et  de  celui  de  saint  François.  Sur  la 
demande  de  plusieurs  évèques,  il  ne  put  refuser 
de  composer  le  cérémonial  à  observer  dans  la 
visite  des  églises  et  de  tracer  aux  •■ominercantf 
la  liioie  de  conduite  à  tenir  pour  ne  pas  oifénser 
Dieu  dans  les  affaires  du  négoce,  en  leur  indi- 
quant les  cas  où  ils  sont  tenus  à  restitution. 
C'est  en  cent  endroits  de  s.i  vie  qu'il  si;  inoiilrt 
ainsi  l'admirable  docteur  du  sacrement  de  Péni- 
tence. L'Eglise,  en  l'oraison  de  sa  fête,  lui  fait 
décerner  ce  titre  par  la  bouche  de  ses  enfants  et 
attire  leur  attention  sur  cette  mission  spéciale 
du  Bienheureux  dans  l'Ei-'lise. 

Mais  lagrande  préoccupation  do  saint  Raymond 
était  toujours  de  se  sanctifier  alin  de  pouvoir 
sanctifier  les  âmes.  Induisent  pour  les  autres,  il 
était,  comme  tous  les  serviteurs  de  Dieu,  d'une 
rigueur  extrême  pour  sa  personne.  Tous  les 
jours,  sauf  le  dim.inche,  il  ne  prenait  qu'une 
légère  collation,  et  la  nuit  de  san:.'lantes  disci- 

filines.  .Après  Coinplies  et  Matines,  il  visitait  tous 
esaulels  de  l'église  el  faisait  à  chacun  une  pro- 
fonde prostration  et  révérence.  Sa  prière  était  con- 
tinuelle et  presque  toujours  acconipayuée  d'abon- 
dantes larmes.  Il  assistait  aux  heures  canoniales 
avec  la  ferveur  d'un  séraphin.  Nolre-Sei::neur  lui 
avait  même  donné  pour  familier  un  de  ses  aiiijes. 
In  peu  avant  que  la  cloche  du  couvent  sonnAl 
Matines,  ce  céleste  comp.isiion  lui  servait  d'exci- 
tateur et  le  conviait  ;'i  venir  faire  oraison.  Après 
roflice  de  Matines,  il  avait  peine  à  s'arracher 
aux  charmes  que  son  âme  prenait  A  s'entretenir 
avec  Dieu  dans  le  profond  silence  de  la  nuit  et 
proloni:eait  sa  prière  jusqu'à  ce  que  son  corps 
épuisé  vint  lui  imposer  impérieusement  un  peu 
de  repos,  lîientol  commençait  sa  dévote  prépa- 
tation  au  saint  sacrifice  de  la  messe.  11  ne  mon- 
tait jamais  à  l'autel  sans  avoir  conl'essé  ses  plus 
légères  fragilités.  Il  disait  souvent  liii-raêtne  : 
<'  Les  jours  ou  de  :;raves  empéclienicnts  m'ont 
privé  de  la  sainte  messe  ont  été  pour  moi  des 
jours  de  deuil  et  d'aifliction.  '•  Sa  conversation 
était  douce,  affable,  et  chacun  dfl  ses  i-ntretiens 
une  école  de  vertu  pour  son  entour.i(.»e:  il  ne 
laissa  jamais  para'tro  l'ombre  d'une  impatiem'c 
et  n'eût  pas  toléré  le  moindre  murmure  devant 
lui  ;  les  esprits  détracteurs  et  ini''chanl5  trou- 
vaient en  lui  un  censeur,  et  les  absents  un  élo- 
quent avocat. 

.S.»INT  R.\VMO,ND  ET    l'oBDBE  DR  LA    IIEBCI 

L'un  des  plus  beaux  lémoii-naees  de  son  j.i-]c 
ardent,  l'un  des  plus  éclatants  rayons  de  sa^'loire 
immortelle  est  sans  contredit  la  jr.inde  part  qu'il 
prit  à  l'instilulion  de  V'  irdre  d^  Notre-Dame  delà 
Merci,  pour  la  rédemption  des  captifs,  foiidêsous 
le  roi  Jacques  I«'  le  Conqii'  raiit,  urArf  à  une 
révélation  d'en  haut,  faite  siniullan'''m''nt  dans 
le  cours  d'une  même  nuit  au  monarque.  ;i  notre 
Bienheureux  et  à  Pierre  Nolasque.  son  fils  spi- 
rituel, saint  sentilhomnie  fr.inçais,  précepteur 
du  roi  Jacques.  Nolre-Dini''  leur  n|q>anit  à  Ion» 
trois  et  teiir  révéla  qii»  bi  foiidalion  d'un  Ordre 
dont  '  "  ■  u  parli- 

1  uli'M  ns  rele. 

nils     c,ij>ii:w    .  [■■■/     ].  «     ^irri^m^     s.'i:,it     en     re 

moment  spécialement   aar^able  à  «on  adorable 
l'icrre  Nolasque,   virement  touché  du  sort  de 


idement  la  majeure  partie  de  s,'i  charge  cl  ne  se   |  ne  faisait  rien  ^ans  consulter  son  p'Tc  «pin 


sailli  Uaymoiul.  il  vint  lui  r<^initiuuiquer  sa 
visiou.  Sa  siirpri>c  au-menla  en  .ipprpiianl  que 
son  direrleiir  avail  vu  la  iiii'inc  i-ln>sf  et  reçu  de 
la  Vier;.'e  Marie  (•oniinaïuioiiifUl  «le  le  forlilier 
dans  son  Jesscin.  liés  \ot<,  sûrs  delà  volonté  de 
TMeu, les  deux  sainlsson^-èienl  aux  inoyensd'exé- 
cutinii.  Il  fallait  I."  consentenieut  du  roi  et  de 
révi'ilue.  Ils  allèrent  d'abord  trouver  le  prince. 
Celui-ci  les  ccoula  avec  une  joie  d'autant  plus 
sensible  i|ue  la  même  nuit  il  avait  été  favorisé 
d'une  vision  semldaMe  à  celle  de  ses  interlocu- 
teur*; il  offrit  de  grand  ca-ur  à  la  sainte  entre- 
prise le  concours  de  son  autiu-ité  et  de  ses  tré- 
sors, et  se  rhnriiea  même  de  taire  agréer  la  pro- 
position par  réïét|ue.  Ils  conférèrent  ensemble 
sur  la  triple  apparition  de  la  Sainte  Vier;.'e  et 
l'érection  du  nouvel  Ordre  fut  résolue  en  vertu 
d'un  induit  sp'cia'.  i|ue  les  rois  d'Arafion  avaient 
rei'udu  Saint-Siéfie. 

I.e  jour  de  saint  {.aurent,  10  août  ii-i'.i,  fut 
"■lloisi  pour  l'institution  solennelle.  !,»•  roi, accom- 
pagné de  toute  sa  cour  et  des  ma:;istrals  de  Itar- 
celone,  se  rendit  dans  l'église  cathédrale  dite 
Sainte-Croix  de  Jérusalem.  I.'év.''(]ue  Itéranjer 
oflicia  pontilicalement.  Saint  Kaymond  monta 
en  chaire  et  protesta  devant  tout  le  peuple  que 
llieu  avait  miraculeusement  révélé  au  roi,  à 
l'ierre  Nojasque  et  à  lui-même  >a  volonté  tou- 
cbant  l'institution  de  l'firdre  de  Notre-Hanie  de 
la  Merci,  pour  la  rédemption  des  captifs.  A  l'issue 
de  l'olTrande,  le  roi  et  saint  Uaymond  présen- 
tèrent le  nouveau  fondateur  a  l'évéque  qui  le 
revêtit  de  l'habit  de  l'Ordre,  l'ierre  .Noiasque  le 
donna  à  son  tour  à  treiie  (.-entilshommes  dont 
les  deux  premiers  étaient  liuillaume  de  lta<>, 
seigneur  de  .Montpellier,  et  son  cousin  .\rnaiid 
de  Carcassonne.  l-a  messe  achevée,  le  prince 
conduisit  saint  l'ierre  .Nolasi)ue,  avec  ses  reli- 
gieux, à  "on  propre  |>alais,  dans  le  quartier  qu'il 
leur  avait  fait  préparer  pour  leur  servir  de 
monastère. 

l'Ius  tard,  le  pape  (Irét'oire.  sur  les  instances 
de  notre  .Saint,  conlirma  solennellement  l'Ordre 
naissant,  à  l'érouse.  le  16  janvier  I23ô.  Koué 
d'une  merveilleuse  intuition  sur  les  vues  du 
SeiKneur  et  désireux  de  voir  la  volonté  de  Dieu 
s'accomplir  sur  la  terre  comme  elle  s'accomplit 
dans  le  ciel,  saint  Uaymond  employa  des  lors 
le  re^tedesa  vie  à  répandre,  à  favoriser  la  famille 
de  saint  l'ii-rre  N'olasque,  car  il  savait  combien 
elle  serait  prolliable  aux  intérêts  de  la  chré- 
tienté. Ses  espérances  ne  furent  pas  trompées  ; 
1'  i-loire   eiclésia'-ti(iue   l'U  fait  foi.  L'Ordre,  en 

•  l.  n'a  pas  seulement  envoyé  à  une  foule  in- 
ii<-mbral  '  'tiens  captifs  des  sauteur-, aux 

Maure»  ^  île   zélés  apôtre-,  mais    il  a 

fourni  iilii-i'iM-  -aints,  de  grands  serviteur»  de 
Iheu,  lie  glorieux  martyr-,  d'inlripides  confes- 
seurs de  la  foi  et   d'illustres   prélats. 

ir.  sr.RMTKO    01    DIEU  <'Elintllul-|!    Sl'H    CM  MANTKAl' 

Ij's  princes  les   plut   i  hrèlien-    sont  toujours 

Il    !    I  I.  >  et  d'autant  i'iu>  e\  l>os■'^  à  de  fréquente* 

le    leur  I  '   plu*  absolu,  leur* 

moin-  •-  et    l.'iir-    ilaisiro 

('  ut»  un  vovBK'e  à  ■■' 

,  li.que»  I"  se  i. 

'    oubliant  un   iio'ineiil  le 
i.iil  .l'ordinnir-,  <lt  ■  l-in- 


t' 


refusa  ei  défendit  secrètement,  sous  peine  de 
laort,  à  tous  les  mariniers  de  la  côte,  de  le 
laisser  embarquer. 

i,e  ilienheureux.  i:;norant  la  défense,  une  nuit, 
après  Matines,  demanda  la  bénédiction  du  prieur 
du  couvent,  et  prit  le  chemin  du  port  pour  mon- 
ter avec  son  conipa;.'non  à  bord  d'un  navire  qui 
remettait  à  la  vmle  pour  l{aiceb>ne.  Hcpoussé 
|i.ir  tous,  il  gagna  le  port  de  Sedelier,  à  trois 
lieues  de  là,  où  il  trouva  des  barques  chargées 
prèles  à  partir.  Nul  ne  voulut  le  recevoir.  Alors, 
il  s'empara  du  manteau  de  son  coiiipa;;non,  vint 
sur  la  pointe  d'un  i>etit  promontoire,  di-ant:  ■•  Un 
roi  de  la  terre  nous  ferme  le  passage;  le  roi  du 
ciel  y  suppléera.  »  A  ces  mots,  avec  la  foi  d'Elie 
eld'Klisée.il  étenditson  raanteausur  les  Ilots,  prit 
son  bourdon  à  la  main,  lit  le  si^'ne  de  la  croix 
et  piisa  résolument  le  pied  sur  son  radeau.  Il 
pria  son  compagnon  de  le  venir  rejoindre  après 
avoir  fait  un  nouveau  signe  de  croix,  mais  celui- 
ci  sentit  sa  loi  défaillir  et  préféra  la  sécurité  du 
port  aux  hasards  d'une  telle  embarcation.  Le 
Saint  releva  en  haut  la  moitié  du  manteau  pour 
en  faire  une  voile  et  l'attacha  au  no-ud  du  bour- 
don planté  au  milieu  eu  guise  de  niAt.  I  u  vent 
favorable  ne  larda  pas  à  se  lever  et  le  poussa  en 
pleine  mer  pendant  que  les  matelots  du  rivage 
se  regardaient,  muets  d'étonnement.  Six  heures 
après,  saint  Itayinond,  en  vue  de  llarcelone, 
avait  parcouru  2:i  lieues  marines.  Il  débarqua 
dans  le  port,  se  revêtit  de  son  manteau,  aussi 
sec  que  s'il  lent  tiré  de  1  armoire,  et  reprenant 
son  bourdon,  se  dirigea  drcil  vers  le  couvent. 
Los  portes  en  étaient  fermées;  né-inmoinsil  entra, 
apparut  soudain  au  milieu  de  «f-.  frire- et  aux 
pieds  du  prieur  pour  lui  demandrrsa  bénédic- 
tion. Ce  |>rodi«e  inoui  se  répandit  bicnti'^t  dans 
toute  la  ville.  Plusieurs  personnes  avaient  assisté 
à  son  débarquement.  Le  roi, informe  de  ce  qui 
s'était  pas-é,  rentra  en  lui-inéiiie.  et  suiMtdepuis 
plus  tidèlement  les  avis  du  Saint. 

/KLE  rulR   I.K  .-ALUT  DES  .^MKS  —    SA  MOKT 

Saint  haymond  sut.  par  révélation,  que  llieu 
désirait  employer  ses  frères  à  la  conversion  de» 
inlideles,  des  Maures  et  des  Juifs  dont  l'Lspagne 
et  l'Afrique  étaient  alors  infectées.  Il  établit 
immédiatement  de>  cours  d'hébreu  et  d'arabe  à 
Tunis  et  à  .Murcie  pour  donner  aux  religieux  de 
son  Ordre  versés  dans  ces  laniiues,  la  faculté 
d'adresser  a\ec  fruit  la  parole  de  Dieu  h  ce» 
Ame-  égarée-.  Lncouragetnents,  exemples,  au- 
mônes, il  n'oublia  rien  pour  a—iirer  le  -nr.  ■  - 
de  lu  (jèuéreus"  entreprise  Le  ciel  féconda  ■ 
efforts,  et,  en  i'iM,  il  pouTail  écrire  lui-même  a 
son  général  que  10  (KK)  >arrasin-  avaient  reçu 
le  baptême,  (domine  l'orgueilleuse  classe  des 
savants  ne  voulait  pas  se  rendre,  il  pria  saint 
Thomas  d'Aqiiin  de  réfuter  leurs  erreurs.  !>• 
docteur  angélique  obéit,  composa  sa  "  .'^nmme 
contre  les  ('lentiN  •■. 

I.e-  trente-riiiq   dernière-  année*   de  sa  vie, 
■ta  wiiond  les  consacra  à  >  e-  iruvres  aponlolique-, 
car,  malgré  tant  de  travaux  et  d'austênté,  il  par- 
vint à  une  extrême  vieille-<e,  tant  il  evt  vrni  .inc 
'leu  rend  toujoiu"*  au  centuple   le    peu 
■  pen-é  A  son  service    <iii^  riiilr»'  in.il 


II. 


iir.  Il  11  jainii  r,  jnui  il 
^  Il   lieiire!>  ilu  iiinlin.    I 


Imp  -{/rronl.  K.  I'rtitiirmiit.  x,  me  Franco)*  1",  Psri*» 


SAINT    TIMOTHÉE 

DISCIPLE  DE   SAINT    PAUL,    PREMIER    ÉVÈQUE    D'ÉPHÉSE    ET    MARTYR 

Fête  le  24  janvier. 


Saint  Timothée   vient  à  Rome  visiter   saint  Paul,  prisonnier  pour  Jésus-Chrirt 
et,  se  jetant  à  ses  pieds,  il  baise  ses   chaînes. 


Timothée  était  né  en  Asie-Mineure,  probablement 
k  I,vslre!<,  en  Lycaonie;  son  p'ïre  était  idolâtre,  mais 
sa  m»re  était  iiiive.  L'enfant  fut  élevé  dans  la  con- 
naissance et  la  crainte  du  vrai  Dieu  par  sa  mère 
Eunice  et  sa  grand'ra'-re  l.olde,  femmes  pieuses  et 
fidèles,  dont  saint  Paul  a  plus  tard  loué  Tinstruc- 
lion  religieuse  et  les  vertus.  Mais  il  ne  connaissait 
pas  encore  la  venue  du  Mi-s'ie,  quand  deux  envoyés 
du  divin  Sauveur  J*?us-r.hn«t,  ,-ippnrlant  à  l'Asie- 
Min<>ure  la  bonne  nouvelle  du  salut,  arrivèrent  à 
I.ystre». 

Os  d'-ux  messagers  étaient  saint  P.iul  et  saint  Bar- 
nab"*.  Il»  commencèrent  aussitôt  à  annoncer  l'Evan- 
gile a\ix  juifs   et   aux  païens  de    celle  ville.  On  sait 


comment  Dieu  confirma  leurs  paroles  par  un  éclatant 
miracle.  Paul,  par  la  puissance  du  nom  de  Jésus- 
Christ,  guérit  un  homme  perclus  de  ses  pieds  dèssa 
naissance  et  qui  n'avait  jamais  pu  marcher;  la 
foule,  témoin  de  celle  merveille,  prit  les  deaz 
ap<^t^es  pour  des  dieux,  et  voulait  absolument  lesr 
oITrir  des  sacrifices.  Us  eurent  beaucoup  de  peine  à 
l'en  empêcher.  «  Que  faites-vous?  disaient-ils,  noo» 
,i,i<si  nous  sommes  des  mortels,  des  hommes  sem- 
bl.ihles  à  vous,  qui  vous  exhortons  à  quitter  tonlM 
C',"S  choses  vaines  pour  le  Dieu  vivant  qui  a  («il  le 
••wl.  la  terre,  la  mer  et  tout  ce  qu'ils  renfTni.Tt.  . 
Ce  DiPU,  aioutaienl-il»,  tout  on  laissant  |p»  '  irae» 
marcher    dans    leurs    voies,    pcmlanl  i  <•?    nfriiter» 


1-1?" 


siècles,  n'a  pas  laissé  de  nous  donner  des  témoi- 
gnages de  sotieii>lence  et  de  sa  bonté,  en  répandant 
du  ciel  ses  biens,  un  dispens;int  les  pluies  et  les 
saisons  fécondes,  en  nous  donnant  la  nourriture  en 
abondance  et  en  remplissant  nos  cœurs  de  joie.  » 

Que  le  peuple  des  villes  est  changeant  et  facile  à 
tromper  !  Uurlque  temps  après,  celle  m^ me  foule 
qui  voulait  «durer  les  apôtres  corunie  des  divinité», 
trompée  cl  ftmeiiiée  par  des  juifs  perlides  survenus 
d'Antiodie  et  .1  l>oiiium,  cba-^sa  a  coups  de  pierres 
les  saillis  ni>ssat;rrs  du  Uédempteur,  et  saint 
Paul,  tombé  tous  leur  fureur,  fui  laissé  pour  mort 
aux  environs  de  la  ville.  Dieu  le  sauva. 

Mais  ce  sang  ne  fut  pas  répandu  en  Tain,  et  la 
semence  que  les  apôlres  avaient  eu  le  temps  de 
jeter  en  ce  pays  ne  devait  pas  être  stérile  :  un  asseï 
grand  nombre  de  personnes  s'éUienl  converties  à  la 
foi deJé8us-Chrisl,eutre  autresTimolhée elsa famille. 

SAINT    imOTHÉE    ASSOCli   *    l'aPOSTOLAT    DE    SAIHT    PADL 

Plus  lard  quand  saint  Paul,  accompagné  de  Silas, 
reviiil  a  L)slre»,  il  remarqua  Tiuiotliée,  k  la  foi  et 
aux  vertus  duquel  tous  les  chrrliciis  de  Lvslres  et 
d'Icoiiiuiu  rendaient  témoi^-nane.  Il  résolut  de  se 
l'associer  dan»  l'aposlolal  malfiré  sa  jeunesse.  L'ad- 
mirable jeune  bonime  saciilia  avec  joie  toutes  le» 
eepérniiies  terrestres,  et  consentit  k  quitter  sa 
famil  e  pour  se  donner  tout  entier  &  Dieu  et  au  salut 
des  àiins. 

L'un  des  premiers  sacriflces  que  le  grand  Apôtre 
demanda  a  la  fj-nérosilé  de  son  nouv.au  disciple, 
fut  de  ffi  soumettre  a  l'initiation  judaïque  de  la 
circoncfsion  :  celte  cérémonie  n'était  plus  obliga- 
toire, depuis  l'iiistiiution  du  baptême  de  Jésus-Chhist, 
mais  elle  n'étail  pas  encore  prohibée;  or  en  s'y  iou- 
metlanl,  Timotbée  écarUil  l'obstacle  que  sa  qua- 
lité de  (ils  de  païen  aurait  mis  a  son  libre  acce» 
auprès  des  juifs.  luiitanl  donc  son  niallre  qui  savait 
se   ^iirc  tout  à  toui,  pour  Ub  ;.  ■'   à  J^sut' 

Chri>t,  il  accepta  celte  doulour'  non. 

Tiiiiothée,  ordonné  diacre,  siumi  tuuiI  Paul  à  «on 
départ  de  Lystres  et  parcourut  avec  lui  le  reste  de 
l'Asie.  Quels  propres  ne  dut-i!  ■•  '■"•  H""  la 
science   sacrée   et  les  vertus  a|  "" 

d'un    si   (.Tand  maître,  dans  le  t .-^   ^-<- " 

d'une    iiiiilie   si  intime  avec  i'iiMomparabU  Apôtre 
des  (ienlils! 

chrélienn»-,   il  s'embarque  ave, 
rope,  prèch'"  rKva'a'il'  .ivcr  lui 
|.pc,  ATI. 
,  1rs  Irn.  I 

^  de  l'ApoUe  il 
vaut  la  furiui 
ville   Silas  et  TimuUicc 


L'an 

<nim  I' 


,.l 


de   l'ère 

.ur  t  Ti 


.nul  r 

['f>ur  h 


ir.> 
no 


•noth^f.  Il  (  / 


iiveaux  rnnvertl^.  Arrivi 


■  lut  '-iMOïi'l    Bon    lii:"  ipifc 

M, o  taint  P"oi   i/.....;<....it 

il    n'avait    par 

••I  se»  vertus  et  i.  ;  .      :,.,:, 

I  (iv«nt''ti'  r'ndii  .imï  Thosa- 


.',  .Mkuin  cl  Ji- 


SAINT  TmOTIIBR  ACCOMPLIT  LE    PELERINAGE   M 
JERUSALEM  —  ASSOUPTION   UK  MARIE 

Saint  Timothée  accompagna  ensuite  l'Apôtre  dans 
son  long  voyage  jusqu'à  Jérusalem.  C'était  sans 
doute  la  première  fois  que  le  saint  jeune  homme 
avait  la  joie  de  voir  celle  ville  fameuse,  oii  se  sont 
accomplis  les  mystères  de  notre  rédemption.  Avec 
quelle  émotion  il  dui  se  faire  conduire  par  les  chré- 
tiens de  Jérusalem,  témoins  oculaires  de  la  passion, 
de  la  mort,  de  la  résurrection  de  Jésus-l^tirist,  sur 
tous  les  lieux  sanctifiés  par  le  Kils  -le  Dieu. 

Mais  quel  souvenir  de  notre  divin  Sauveur  pou- 
vait-il trouver  à  Jérusalem  plus  merveilleux  et  plus 
touchant  que  l'incomparable  Vierge  qui  avait  donné 
le  jour  au  Fils  de  Dieu  fait  lioiuiiie!  Voir  Marie  sur 
la  terre,  encore  vivante  parmi  les  hommes,  mais 
sur  le  point  d'aller  njoindre  son  divin  Fil»  dans  les 
splendeurs  du  royaume  éternel!  Entendre  de  sa 
bouche  le  réril  des  premières  années  et  de  la  mort 
de  Jf'sus!  Conliiiipler  ce  chef -d'œuvre  de  l'Esprit- 
Saint  que  le  ciel  enviait  à  la  tt-rre,  témoigner  à  cette 
Mère  si  douce  et  si  puissante  son  respect  et  sa  ten- 
dresse, saluer  au  nom  de  ses  enfants  lointains  la 
Mère  de  toute  la  grande  fannilc  chrétienne,  peut- 
on  imaginer  rien  de  pluscon-olanl  et  de  plus  doux? 
Combien  grande  dut  donc  être  la  |oie  du  disciple  de 
saint  Paul  durant  le  séjour  k  Jérusalem!  Un  place 
gi'nér.Tlemenl  la  mort  de  la  Tiès  Sainte  Vierge 
l'aji  Si  de  l'ère  chrétienne;  or  P.nil  et  Timothée 
arrivèrent  à  la  Ville  Sainte  avant  la  lin  de  l'an  S3. 

Mais  le  boiih''urdu  jeune  nr  iln  aieur  de  l'Evangile 
et!    •  ■•         .    f     ■         jlenulevaitélresuivid'une 

Il  i-lle-iiiénie   d'une  grande 


■V- 


le  son  divin 

/lie   di-   voir 

diii»    cette 

|.'      mit   Ti- 

autre 

■  s,  les 


ses  plii<  ardent*  désn 

Fil»   dans   U    plolr^ 

toas    les    ,1 

eirconstan  -, 

ID'illiée  au  milifa  de  tous  «s  rvep. 

disciple  de  »aint  Paul,  le  célèbre 

lui   rnipelait   plus  tard  dans   son    livre   dus   Nom> 

dnin>,  adr's»<   a  Timn'h^f: 

.    lliéretln'e,    noir.  (11.    dit-il, 

brillait    entre    le»    (  inme    vous 

l'ave/  TU,  qn  mil  TOUS  •  l  i:i  1,  a  .  ..lu  d'un  grand 
noinhrf  de  tr^ii'S,  nous  vînmes  <  nnt'inpler  le  corps 
,  •       ft<  Dieu    Là 

«.  r,  et  Pierre, 

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apre»   I 


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Ml  rk  le  Tnvnii'iil, 

:i.'     un    homme 

•>  du  ciel  et  comme  li'  «1  . 

vriste  de  la 

'é.    Mais   a  qtim  bon   • 

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Oh    ue 

wuiuji,   àUitul    Apijilu,  li'.Lj'      l    !  .>ylr«» 


doit  pas  divulguer  aux  profanes,  et  que  d'ailleurs 
vous  connaissez  parfaitement  (t).  » 

TBAVa  UZ  D'IVIRS  KM    MACBOOIJIB  ET  SN  GRÈCE 

Mais  il  fallait  reprendre  à  travers  le  monde  la 
f^rande  œuvre  de  la  conversion  des  imes.  S'arra- 
chant  dune  au  bonheur  d'habiter  près  des  chers 
souvenirs  de  Jérusalem,  l'àme  remplie  de  lumières 
nouvelles  et  d'une  ardeur  plus  grande  après  tout 
ce  qu'il  avait  vu,  après  avoir  connu  les  apôtres 
témoins  du  Christ,  et  avoir  constaté  lui-même 
l'Assomption  de  la  Très  Sainte  Vierge,  saint Timolhée 
repa~til  en  compagnie  de  saint  Paul. 

L'Api^tre  ilits  Gentils  vint  prêcher  à  Ephèse,  capi- 
tale de  l'Asie-Mineure,  et  y  resta  deux  ans.  Son 
cher  disciple  ne  demeura  pas  tout  ce  temps  auprès 
de  lui,  car  le  maître  le  chargea  de  diverses  missions 
de  confiance.  Il  l'envoya  avec  Eraste  visiter  les 
Eglises  de  Macédoine  et  recueillir,  de  la  chanté  des 
ndèles,  des  aumônes  pour  les  chréliens  pauvres  de 
Jérusal-m. 

Ecrivant  vers  cette  époque  aux  Corinthiens,  Paul 
leur  disait  :  «  Si  Tiraothée  va  vous  voir,  ayez  soin 
qu'il  n'ait  rien  à  craindre  chez  vous,  puisqu'il  tra- 
vaille comme  moi  a  l'œuvre  du  Seigneur.  Que  per- 
sonne donc  ne  le  méprise,  maùs  conduisez-le  en 
paijt,  afin  qu'il  vieane  me  trouver,  car  je  l'attends, 
lui  et  nos  frères.  » 

Dans  un  autre  passage,  il  appelle  Timothée  «  mon 
fils  bien-aimé  et  lidèle  dans  le  Seigneur.  » 

Pendant  ce  temps  l'Apôtre  eut  de  grandes  tribu- 
lations et  de  grandes  tristesses  à  Ephèse.  Echappé 
aui  fureurs  des  paiens,  il  repassa  en  Macédoine,  où 
Dieu  le  consola  par  l'arrivée  de  Tite,  un  autre  de 
ses  disciples,  vrai  frère  de  Timothée  par  la  foi  et  le 
Zfîle.  Tiie  lui  apportait  d'excellentes  nouvelles  des 
Corinthiens,  surtout  du  repentir  où  ils  étaient  de 
divers  abus  qui  avaient  affligé  le  cœur  de  leur  Père 
dans  la  foi.  Tiiiinlhée  avait-il  accompagné  son  cmI- 
lègueTiie  dans  celte  circonstance  T  .Nous  ne  savons. 
Ce  qui  rst  certain,  c'est  qu  il  se  trouvait  de  nouveau 
en  ce  moment  auprès  de  saint  Paul;  celui-ci  en 
effet  commence  en  ces  termes  sa  seconde  lettre  aux 
Corinthiens  :  «  iaul,  apôire  de  Jésus-Christ  par  la 
volonli'  de  Dieu,  el  Timothée  son  frère,  à  i'Eylise  île 
Dieu  qui  est  a  Corinthe,  el  à  tous  l>s  saints  (fidèles) 
qui  sont  '/uns  (<ru/e  l'Achale.  Grdce  à  vous  et  paix  par 
bien  notre  l'ère  et  par  Noire-Seigneur  Jésus-Christ.  >• 

ÉPISCOPAT    DE    "AIXT  TIMOTHÉE  —  PBEVliRI  ÉPrTRE 
OOE   LUI    ADRESSE    SAI^T  PAUL 

Sur  une  révélation  de  l'Esprit-Saint,  ainii  qu  il 
nous  l'apprend  lui-même.  (1  Tim.  i.  18,  et  rv  J4) 
saint  Paul  avait  conféré  à  Timothée  la  consécration 
■''piscopdle,  mais  nous  ignorons  en  quelle  aonée. 
Sans  doute  il  était  d^-ja  évêque  au  moment  de  celte 
seconde  épUre  d)>  saint  Paul  aui  Corinthiens.  Au 
reste  il  était  digne  k  tous  'rgards  de  celte  charge 
par  «a  science,  ton  éloquence,  sen  zèle  et  sa 
«ainl>té. 

LA  ("'lire  de«cendit  de  Macédoine  en  Grèce.  De 
la,  il  coiiiplaii  rembarquer  pour  la  Syrie;  mais  un 
complot  de»  Juif»,  qui  lui  dressaient  des  emhAchcs 
'1.  loliiit^ea  à  r'^t'a^ner  la  Macédoine, 
''poque  qu'il  confia  a  Timolhée  limpor- 
■  11, If  r.^  Il  ,1  I  pb^;»e?  C'e«f  '  '  '  .  Quoi  qu'il  en 
i-nil,  le  j-i)iif  ■    i-.|iie  accf):  icore   l'Apôtre 

desN.itions  a  lii.adi»  el  en  A -■■ -inm'îure.  Peut-éire 
le  quilla-t-il  Sfulrmrnt  a  Milel,  quand  saiot  Paol 
reprit  la  roii(<>  <1»  J^ni'alem. 

Pour  le  diiiL'.r  din»  s-»  importantes  fonctions 
archiépiscopal^;!,  le  Ji^ciple  de  saint  Paul  reçut  de 

(1)  Oiatiyi.  Areop.  cap.  III.  —  Trxluclion  'leMjçrD.-irbnv. 


son  incomparable  maître  une  lettre  pleine  de  ten- 
dresse paternelle,  riche  de  nombreux  el  admiraîiies 
enseignements  : 

«  Paul,  apôtre  de  Jésus-Christ,  selon  le  commar^de- 
ment  de  Dieu  notre  Sauveur,  et  du  Christ  Jésus  notr^ 
espérance,  à  Timothée,  S'^n  fils  ihéri  diins  U  ',•. 
Grâce,  miséricorde  et  paix  par  Dieu  U  Père,  el  par 
Jtsus-Christ  Notre-Siigutur.  Comme  je  l'fn  ai  prié,  en. 
partant  pour  la  Macédoine,  demeur'-  a  Ephese,  c/în 
d'avertir  certaines  personnes  de  ne  p-iint  enseigner 
une  autre  doctrine...  Voici  la  recommnndation  que  j'. 
te  fais,  mon  fils  Timothée,  c'est  que,  :,uivaiit  les  pr^,- 
phélies  faites  de  toi  autrefois,  lu  combattes,  en  les  ac- 
complissant, le  bon  combat,  etc.  " 

Tel  était  le  début  de  celle  épilre.  L'Apôtre  aver- 
tissait l'évêque  d'Epbèse  des  erreurs  qu'il  devail 
combattre,  l'invitait  à  la  prière,  source  des  béné- 
dictions de  Dieu,  insistait  sur  les  vertus  à.  faire 
régner  parmi  les  fidèles  confiés  a.  ses  soins,  traçait 
le  tableau  des  qualités  nécessaires  a  ceux  qu'il  éle- 
vait au  sacerdoce,  en  particulier  a  ceux  qu'il  aurait 
à  sacrer  évêques  des  villes  voi.-iiies.  Enlin,  il  lui 
rappelait  tous  les  points  sur  lesquels  doit  se  porter 
la  sollicitude  d'un  saint  évêque.  —  Le  monde  avait 
vu  jusque-là,  bien  de  prétendus  sages  confiant  à 
des  hommes  le  gouvernement  d'aulies  hommes, 
mais  quand  ces  sages  avaienl-ils  j.tmuis  donné  a 
leurs  mandataires  des  conseils  aussi  sublimes  et 
aussi  parfaits  que  les  apôtres  à  leurs  disciples,  sous 
l'inspiration  de  Dieu  '? 

Les  austérités  du  jeune  évêque  d'Ephese,  unies  à 
ses  travaux,  avaient  altéré  sa  santé;  saint  Paul  s'en 
préoccupe  :  «  Use  d'un  peu  de  vin,  lui  écrit-il^  à 
cause  de  la  faiblesse  de  ton  estomac.  « 

«  Que  personne  ne  méprise  ta  jeunesse,  dit-il 
encore;  muis  sois  l'e-iemple  des  fiieles,  Uuns  les  dis- 
cours, dans  la  manière  d'agir,  Uuns  la  c/mrité,  lians 
la  foi,  dans  la  chasteté.  Jusqu'à  ce  que  Je  vienne, 
applique-toi  a  la  lecture,  à  l'eihoiiation,  a  l'enseigne- 
ment. iVd  néglige  pas  la  grdce  qUi  e.^(  en  toi,  qui  t'a 
été  donnée  en  vertu  d'une  prophétie  avec  iimposition 
aes  mains  des  prétres.'M édite  ces  choses,  sois-y  touX 
entier,  afin  que  ton  avancement  soit  cimnu  de  tous. 
Veille  sur  toi-même  et  sur  la  doctrine  ;  veilles-y  satis 
rel'iche.  Car  en  agissant  ainsi,  <"  te  sauveras  toi- 
même  et  ci'ux  qui  t'écoutent.  » 

DEUlrÈME  ÊPriRE  —  TIMOTHÉE  PERD  SON  MAITRE  BiKN-AlMÉ 

Deux  ans  après,  le  grand  Apôlre  était  captif  à 
Rome,  OÙ  il  resta  deux  ans  prisonmor.  Saint  Timo- 
thée alla  l'y  rejoindre,  soit  de  son  propre  mouve- 
ment, soit  sur  i'inviUlion  de  saint  Paul  liii-méiiie  il  '. 
11  est  certain  qu'il  se  trouva  à  Itoiite  auprès  de  s<>n 
maître,  car  Paul  associe  de  nouveau  le  nom  de 
Timothée  à  son  propre  nom  d<iii!  sos  lettres  aux 
Philippiens.  aux  Colossiens,  à  Pliiiemon.  écrites  à 
cette  époque.  Oigne  imitateur  de  I  A|'>''tre,  Timolhée 
eut,  lui  aussi,  à  souffrir  les  clialnei  i> mr  la  fui,  ainsi 
qu'Epaphras,  "véque  de»  Coli>?>ii  ri«  ;  nmis  il  fut 
délivré  el  saint  Paul  lannonrait  iivec  joie  dans  son 
épltre  aux  Hébreux  ;  •  SacAci,  leur  di-tail-il,  qui' 
noire  frère  Timothée  est  tn  liberté.  Sxtamvr  bientôt, 
j'irai  vous  voir  avec  lui.  » 

Saint  Paul  vil  en  effet  briser  aussi  ses  rhalnes,  et. 
api e.s  divers  voyages  apostoliques,  visiia  les  L,glises 
d  Urienl. 

L'an  66,  l'Apôlre  des  Gentils  était  de  nouveau  a 

I)  Plurieiirs  p«r»rut  ro  cOet  quir  lu  M-ronde  épllrc 
<ie  •;(int   Paiil  À  Tiniiiili*»  fiilé>Til»  p.  iii)-i.  i  la  première 


iionit  mea  iiutat.  Honum  erriomtn  ttrliiti,  euttum  mt- 

tummovi. 


Home  oii  Néron  venait  de  déchaîner  la  plu»  ef- 
froyable persécution  contre  les  chrétiens.  Paul,  ar- 
rêté à  cause  des  conversions  qu'il  avait  opérées 
jusque  dans  le  palais  impérial,  comparut  devant  le 
tyran  ;  il  échappa  encore  pour  le  moment  à  la  mort, 
mais  son  heure  ne  devait  pas  tarder. 

C'est  alors  qu'il  écrivit  la  seconde  épltre  à  Timo- 
thée,  qui  est  comme  le  testament  de  1  .\pAtre  et  où 
son  grand  cœur  se  dévoile  tout  entier.  Elle  com- 
mence en  ces  termes  : 

«  Paul,  apôtre  de  Jésus-Christ  par  la  volonté  de 
Dieu,  félon  la  promesse  de  tie  7111  est  dans  le  Christ 
Jésu<,  A  Timothée,  son  fils  Hen-aimé,  grâce,  miséri- 
corde et  paix,  par  Dieu  le  Père  et  par  le  Christ  Jésus 
Soire-Seigneur.  ■■ 

Il  lui  déclare  qu'il  prie  sans  cesse  pour  lui,  re- 
prend et  développe  sous  une  autre  forme  les  admi- 
rables conseils  d(*jà  donnés  dans  «a  lettre  précédente; 
lui  apprend  comment  il  a  comparu  au  tribunal  de 
Néron,  lui  parle  des  difficultés  de  sa  situation  pré- 
sente, de  sa  confiance  inébranlable  en  Dieu.  Enfin 
il  lui  annonce  sa  mort  prochaine,  et  le  prie  de  venir 
à  Rome  proniptement  afin  de  lui  donner  la  joie  de 
le  voir  une  dernière  fois.  «  lldle-loi  de  venir  at-anj 
l'hiver...  Apporte  avec  toi,  en  venant,  le  manteau 
que  j'ai  laissé  à  Tioade,  chez  Carpus,  et  les  livres, 
et  surtout  les  parchemins.  »  Telle  était  la  pauvreté 
et  la  simplicité  du  grand  Apôtre.  Et  il  ajoute  : 
•  Eubulus,  Pu'/ens.  Linus,  Claudia  et  tous  no»  frères 
te  saluent.  »  Linus  fut  le  successeur  immédiat  de 
saint  PiiTie  et  le  second  pape,  Claudia  était  de  la 
famille  impériale. 

Tychicus,  messager  de  cette  lettre,  en  porta  une 
autre  adressée  aux  Ephésiens,  sans  doute  la  même 
année. 

Si  saint  Timolhée  put  s'embarquer  sans  retard 
et  accomplir  heureusement  son  voyage,  nous  avons 
lieu  de  penser  qu'il  put  embrasser  encore  sur  la 
terre  son  maître  vénéré,  qui  couronna  sa  vie  labo- 
rieuse par  un  t'Iorieux  martvre,  en  même  temps  que 
saint  Pierre,  le  29  juin  de  Pan  67. 

Quelle  perte  immense  pourJ'Ek'lise,  en  particulier 
pour  Timothée,  que  la  mort  de  saint  Paul  ! 

SAINT   TIMOTHKE  KT    SAINT    JBAN  -      OBBNIERS  COMBATS  — 
LE   MARTYRE 

Mais  l'Apôtre  pouvait-il  oublier,  dans  le  repos  glo- 
rieux du  ciel,  son  (Ils  spirituel  et  le  compagnon  de 
ses  travaux  sur  la  terre? 

Une  do'jce  consolation  restait  d'ailleurs  au  disciple 
bien-aimé  de  saint  Paul  :  c'était  l'amitié  et  la  présence 
fréquente  du  disciple  bien-aimé  de  Jésus,  l'apôtre 
s.-'tnt  Jean.  Cet  évanuéliste  était  alors  le  Père  et 
la  lumière  des  Egli«es  d'Asie  et  avait  choisi  Ephèse 
pour  lieu  de  ?on  «l'ioiir  habituel. 

Mais  quelques  années  après,  nouvelles  épreuves  ; 
la  persécution  de  Komitien  prive  l'évéque  d'Ephése 
de  son  second  maître.  Saint  Jean  conduit  prisonnier 
.1  Home,  est  condamné  K  boire  du  poison  et  se  voit 
jeté  dans  une  chaudière  d'huile  bouillante.  Il  sort 
de  o-  double  supplice  plus  sain  et  plus  vigoureux 
et  (>n  l'exile  k  Palhmos,  petite  Ile  de  l'archipel 
grec. 

L'Ame  de  Tiranthée  faiblit-elle  un  instant  devant 
ces  éprein.  ^  et  !«>  relAcha-t-elle  un  peu  de  sa  pre- 
mière fiTiur'  ('/est  ce  qu'on  se  demande,  à  la 
lecture  d'un  [■  i--  icc  de  V Apocal\fpte  que  saint  Jean 
•'■-rivait  alor«  .1  l' itmios,  sous  le  souftle  de  l'Esprit- 
Ssinl.  Voici  CCS  (.an  lr<  : 

•  Ecrii  à  l'angt  iVvéque)  (i«  CEglif  d'F.phise  : 
Voici  •■(  que  dit  celui  7.1  ItenI  let  sept  étoilei  dant  ta 
'naindr  il'-,  qui  murr/i'  :■,  milieu  dfi  Kjit  rhantflieri 
i'or  (let  sept  Eglises  o  .  ,.•«  »fpt  évèquet  d'Asio- 
Mineure).  Je  tai*  tes  «rucrn,  et  ton  travail  H   In  pa- 


tience, et  que  tu  ne  pe.ux  supporter  les  méchants  ;  lu 
as  éprouvé  ceux  qui  se  disent  apôtres  et  ne  le  sont  pMnt 
et  lu  les  as  trouvés  menteurs. 

«  Tu  es  patient,  et  tu  as  souffert  pour  m'm  nom,  et 
lu  n'es  point  découragé.  Mais  j'ai  contre  toi  que  tu  es 
déchu  de  ta  charité  première.  Souviens-toi  donc  d'où 
tu  es  tombé  ;  fais  pénitence  et  reprends  tes  premières 
œuvres,  sinon  je  viendrai  bientôt  à  toi  ;  et  si  tu  nr 
fais  pénitence ,  j'ôterai  r^n  chandelier  de  sa  place. 

"  Mais  tu  as  cela,  que  tu  hais  les  actions  des  Nie»- 
laïtes  (hérétiques),  que  moi  aussi  je  hais.  (.4/)oc.  /I, 
I  etc.)  » 

Peut-être  ces  paroles  s'adressent-elles  moins  à 
l'évéque  personnellement  qu'à  l'Eglise  d'Ephèse 
qu'il  représentait;  peut-être  encore  s'appliquent- 
elles  à  Onésime,  successeur  de  Timothée.  Plusieurs 
cependant  pensent  qu'elles  concernent  aussi  Timo- 
thée lui-même  ;  d'ailleurs,  si  elles  contiennent  un 
blâme,  les  éloges  n'y  manquent  point;' 

Mais  s'il  est  vrai  que  le  disciple  de  suint  Paul, 
que  nous  avons  vu  si  héroïque  et  si  sairrt,  se  soit 
relâché  un  moment,  avec  l'âge,  de  sa  ferveur  pre- 
mière, il  la  reprit  bientôt.  Soutenu  par  la  grâce  de 
Dieu,  sans  laquelle  les  âmes  les  plus  fortes  ne  sont 
que  faiblesse  et  qu'impuissance,  il  termina  sa  car- 
rière par  un  courageux  martyre. 

La  ville  d'Ephèse  était  célèbre  dans  tout  l'Orient 
par  son  superlie  temple  de  Diane  et  le  culte  qu'on 
y  rendait  à  cette  prétendue  déesse.  Un  jour,  les 
païens  célébraient  l'une  de  leurs  cérémonies  les 
plus  solennelles  à  la  gloire  de  Diane,  la  fêle  de  la 
Catagogie,  ainsi  appelée  parce  qu'on  y  portait  les 
idoles  en  procession,  procession  digne  des  démons, 
qui  en  recevaient  les  honneurs.  Une  multitude 
confuse  de  gens  de  toute  classe,  exaltée  par  le  vm 
et  la  débauche,  accompagnait  les  idoles  à  travers 
les  rues  en  poussant  des  cris  sauvages  et  remplis- 
sant les  airs  de  chansons  idolâlriques.  Keaucoup 
allaient,  le  visage  couvert  d'un  masque,  et  tenant 
des    casse-têtes    dont   ils    frappaient    les    passants 

3u'ils  tuaient  ou  blessaient.  Ces  cruautés  étaient 
ans  le  programme  de  la  fête. 

A  la  vue  d'une  superstition  si  stupide  et  si  barbare, 
le  saint  évéque  d'Ephèse  ne  put  retenir  son  indi- 
gnation. 

Il  se  jette  au  milieu  de  ces  païens,  et  s'elTorce  de 
leur  faire  comprendre  tout  ce  que  leur  conduite  avait 
d'insensé.  Mais  ses  paroles  pleines  de  ilouceur  et  de 
sagesse  ne  servent  qu'à  les  exaspérer  davantage;  ils 
se  précipitent  sur  le  courageux  prédicateur,  l'acca- 
blent de  coups  de  pierres  et  de  massues  et  le  traî- 
nent dans  les  rues. 

Les  chrétiens  le  relevèrent  à  demi-mort  et  le  por- 
tèrent sur  une  moptagne  voisine  où  il  ne  tarda  pas 
à  expirer  entre  leur»  bras.  Son  âme  héroïque  i^lait 
allée  rejoindre  au  ciel  l'âme  victorieuse  de  saint  Paul. 
C'était  le  22  janvier  de  l'an  97. 

On  construisit  plus  tard  une  église  sur  son  tom- 
beau. Mais  au  iv*  siècle,  ses  reliques  furent  portées 
à  Constanlinople,  par  ordre  de  l'empereur  Cons- 
tance, et  déposées,  près  dos  restes  de  saint  André  et 
de  fiaint  Luc,  dans  la  srande  basilique  des  Apôtres. 
Otte  (ranslatiiin  fut  illustrée  par  divers  mira>'les,  et 
saint  Jean  Chrysostômo  affirme  que  les  démons 
quittaient  en  rugissant  le  corps  des  possédés  iiue 
I  on  conduisait  au  tombeau  iln  !iaint  Timothée. 

Do  nos  jours,  le  Pape  Pie  IX  a  élevé  la  fête  de 
saint  Timothée  au  rite  double,  pour  l'église  univer- 
selle :  •  C'est,  disait  le  Souverain  Pontif"-.  pour 
ri-ri.lre  plus  d'homi'iir  à  ces  saints  qui,  éUililis  sur 
I''  f'iiidement  m'iii--  de»  apôtres,  ont  orgam»*,  for- 
tilK'  l't  éclaire  l'Eglise  naissante  par  leurs  saintas 
leçons,  les  règlements  qu'ils  lui  ont  laissés  et  le 
sa>  rillre  même  de  leur  vie.  • 


l.ijit.-^eriij%i  .  <'suiui»M,  s,  (ul  i  id 


*•    i",   i'^'.M. 


LA    CONVERSION  DE   SAINT  PAUL 


Fête  le  25  janvier. 


Saul,  le  persécuteur,  environné  soudain  de  lumière  et  renversé  de  cheval, 
entend  la  voix  de  Jésus  qui  lui  dit  :  «  Saul,  Saul,  pourquoi  me  persécutes-tu 


Saint  (iréynirp  lelïrandet  saintThnmasd'Aquin 
s'accordent  à  dire  que  le  plus:,'rand  miracle  que 
Dieu  puisse  faire,  c  est  de  rendre  la  vie  surnatu- 
relle de  latrrAce  à  une  àme  mnrte  par  le  pioché; 
la  conversion  d'un  pérheur,  i-ette  lnn*forniation 
merveilleuse,  qui  fait  d'un  loup  une  brebis,  d'un 
esclave  de  Satan  un  enfant  de  l)ieu,  d'un  homme 
destiné  aux  flammes  «'■temelles  un  ht^ritier  du 
paradio.est  une  opération  divine  où  brille  davan- 
tace  l.-t  toute-puissance  miséricordieuse  de  Dieu 

l'i"  '!  iti^  la  rr-'Mtion  de  l'univers. 
'.'1  iii'l  le  Créateur  fille  mond<',  il  n'eut  qu'à  le 

..■iil"ir.  Il  dit  :  Qw  In  lumii-rr  ^oil    Kt  la  Iwnii-ic 
fut.  Mais  il  a  donné  à  l'homme  le  libre  arbitre,  il 


ne  l'en  prive  point  pour  le  convertir  et  le  sauver, 
d'où  il  résulte  que  le  bon  plaisir  de  sa  sainte 
volonté  trouve  souvent  de  la  r-'sislance  de  la  part 
(le  In  volonté  parfois  perverse  del'horame. 

I,.-  salut  d'une  Ame  p.mr  l'éteniilé  est  un^- 
.r'ii\re  idus  belle  et  plus  durable  que  la  terre 
eiilii-re  et  que  le  firriiain-nl  étoile.  Aussi,  Notre- 
S<'i-'neur  nous  en^<-i.iie  que  la  conversion  «ruii 
-o\\\  péc-heur  cause  une  immense  joie  dans 
rK;.'li-e  du  ciel. 

ijuelle  fiHe  durent  donc  célébrer  les  anpcs  ?.\\ 
jour  de  la  conversion  si  extraordinaire  cl  m 
miraculeuse  de  saint  Paul  I 

Et  l'Kglise  de  la  terre,  à  qui  Jésus-Chrisl  !ii  en 


atJl 


ce  jour  un  si  inai:aili>iuc  prvsPnt.  tn  la  Jélivranl 
d'un  pt'rséôutpur  acharné  pour  lui  donner 
rin.omparalile  Ap''tre  des  nations,  s'associe  &•'<•'• 
beaui-.iu|'  de  rai-'u  à  l'Ki'lisi  du  «'iel  pour  offrir 
au  Seif^in'u.  d'-  s.'l.iuulles  actions  de  L'ràces, 
pour  fi^ter  le  lirand  Ap<)lre  el  inviter  quiconi]UP 
a  lips'iii  de  I  onvorsiou  à  ne  point  douter  de  la 
I  puissance  de  Dieu,  mais  à  clian- 

_   ;  meulet  sincèrement  de  vie  comme 

celui   jui  dc\int  saint  Paul. 

Il   V  a  un  mois,  jour  pour  jour.  l'Eslise  célé- 

'  I        la  naissance  de  >  .neur.  Qu'il  est 

lantde  voir  la  pui~  't  Lnfant  divin 

;ii'  .i>serdevanl  sa  crèche  i'  -  '  u  ui>les  plus  impû- 

lueusement  relielles! 

SALL  LE  PBRSKCITEl'R   >    tlK    JKSIN  UTUS  RAPAX  » 
LA   riUHRB  Df   PRKMIER  MARTTK 

Saul  était  lié  à  Tarse,  en  Cilicie  (Asie-Mineurei, 
d'un-  ri'i'.  f  .nnllp  juive  de  la  triliu  de  Benja- 
niiii.  I.i'-  -  de  celle  ville,  par  concession 

M...  I  l,  .!  du  titre  de  citoyens  romains. 

■    alors  et  qui  doimnit  droit  à 
-    Mais  Saul  regardait  comme 
un  tilrc  lit-  nidili-sse  l>icn   plus  firand  d'être  de 
la  race  d'Abraham  et  lidéle  k  la  loi  île  Moise. 

Il  Mnl  à  Jérusalem  et  étudia  les  Ecritures  sous 
la  direction  du  céli-hre  docteur  juifiiamaliel. 

l'amii  ses   condisciples   se  trouvait  Rarnahé. 
son  luliir  cumpasnon  dans  l'aposUdal  chrétien; 
il  y  \oy;iit  .iu>-si  Eti>iiiie,qui  devait  éli'  ;■ 

le  (iieniier  di's  diacr>'>  et  des  inartyr- 
:;,r-    liiul  plu'  '    "  '      -.r  tirer  la  > 
,|c  vc<  |ii  !is  .-n  rec< 

1.1  Ml. uni'-  de  Jésu->.iii  i:-i.  Mais,  en  a,.- i. ........ 

son  maître  était  Moïse,  et  Saul,  son  brillant  et 
impétueux  di>riple,  aurait  icjardé  comme  le 
plus  t-raiiil  di-  .limes  d'en  siii\re  un  autre. 

Saul  était  ••iiti'-  avec  ardeur  .I.m-  ]>■  n.-irti  ciui. 
extérieureiii>'nt  ilo  moins,  p 
pour  la  bii  <t  le  plus  rit'ide  • 
ditii'ii<  nation. il''^;  il  était,  coinuir  il  l'a  dit  lui- 
même,  I   pliari-ifo  et  fils  de  pharisien.  "  Il  avait 
à  peu   prés  !..   même  i;;e  que   V  :ienr. 

sauf  peut-lire  une  année  de  plu--,  ;  il  ne 

seiiilile  pas    avoir    connu    persniiiKlIcuieiit    le 
di'iii  Mîïitre  durant  sa  vie  mortelle,  et  ne  parait 
.    trouvé  i  Jérusalem  au  moment  de  la 
•  dr  la  mort  du  Sauveur. 


ni'Tiiis  nùuiirablo  :  Etieuuc  avait  prié,  dit 
saint  Auij'ostin,  et  l'Eglise  devait  avoir  saint 
Paul.  .. 

Lorsque  Jacob,  sur  son  lit  de  mort,  avait  béni 
ses  lils  el  prononcé  diverses  prophéties  sur  leurs 
destinées,  il  avait  dit  de  Benjamin  :  <'  Uenjumin 
hipiii  l'dpox,  Hiiiie  comeJ'l  inudnm  et  vapcir 
tlnUicI  spolia  :  Itenjarain  est  un  loup  ravisseur, 
le  matin  il  enlève  la  proie,  mais  le  soir  il  dis- 
tribue la  nourriture.  "  Ce  loup  ravisseur,  c'était 
Saul,  le  descendant  de  Henjamin;  au  matin  de  sa 
vie,  il  ravage  l'Eulise.  mais,  le  soir,  il  distribue 
aux  4mes  le  pain  de  la  vérité  et  leur  ouvre 
les  trésors  de  la  firàce. 

Toutefois,  ce  matin  terrible  de  la  vie  de  Saul 
durait  enc>''  I  •  «upplice  d'Etienne,  loin  d'as- 
souvir la  r  -.  n'avait  fait  que  l'auiimen- 
ter.  "  l'ne  1.1  — ;  ,  .  ^écullons'éle^a  dan-.  l'Efilise 
de  Jérusalem,  écrit  saint  Luc,  et  tous  les  tidéles 
de  cette  villi  riiiiiii  .li^i.rsés  dans  les  rêvions  de 
la  Judée  el  < 

Saul,  en  '  à  main  armée  dans  les 

maisons,  et  quiconque  était  reconnu  pourdisciple 
de  Jésus-Christ  était  chargé  de  diaiiies  et  trainé 
CD  prison.  >.  Hélas!  dira  plus  taril  l'.Xpntre,  dans 
les  accents  d'uue  touchante  humilité,  m  il'-'fé  tant 
de  travaux,  de  soulTranc»-.;  el  d  i  !■ 

salut  desiiue»  :  ■  Je  ne  sui.-  pas  ., 
un  apôtre,  car  j'ai  persécuté  ri..ii~..  Je  Ui'.ul 

"    SAUL,   SAIT,    l'OraOl'Ol    ME    PrilSIXl  TES-TV  ?  •• 

Non  content  d'avoir  porté  la  dévastation  dans 

''-  ' '    '    '-  Ville  Sainte,  le  loup  furieux  de 

it  À  poursuivre  au  loin  les  brebis 

A  une  cinquantaine  de   lieaes  de  Jérusab-m, 

sur  I.--  li.'.l-  .l'i  l'i"  »^.>ri  li.'.Ts  »'él<'iait  rancieniic 
c.c  i  cèl  hreau  temps 

il  -    i.:ii    .\ntioche, 

!il  nom- 
;  cmier 
éïciju.-  .\naiiie.  il  ^  y  rlail  furin.   .1  ' 

rapiletr; 'nf  au^nit  ulée  par  le»  di- 
.!  m. 

lut  d'atteindre  josqne-là  •"»«  victime». 
I.  culi'i'pnst;    n'était    pas    sons    .i 
même  -^aiis  dan;:er  :  Damas  était  ,. 
nu    sceptn     d  .Vritas.    prin 
Romain>.  aili'-  uu  roi  d'K  1 


.M 
teci. 

1  ■ 


1  "Ull- 

pour 


n    (ir    II     r.irrr    tu-     i  i-...j  i 

iiion  de  ri-jslise  primitive. 


•  n:  il  dépl.M. 
•  l   tonte  1.1  M-  .1 

Une  fil 

.il  ,  Il 


Kureni  . 

Il       el      ,1 


(lu  av.iil 

ni     polir 


ne   s  il    vouUil 


de*  lettre»  du  LTind  f»r*tr»» 

'TOI* 


.M 
p«iir 
VOI.V 

J.- 


!•  ,1.  il  approcbail  de  itâmt».  lorv|ii'il 
1.1*111  eavimnné  d  une  luinivr^  du  cirl. 
ut    j   b;rre,    il   enten  lit  uur   v»ix    <|Ui  lui 


.111  l'i .  1 11  . 1    .111  t .    j        .1     w  '•il    .  ' 
iniMionDon»   en   «a  retrotiver  un 


Et  la  Toîx  Hponlit  :  «  i«  nut  icnim  qih  la  par- 


s<kutes.  Il  est  dur  pour  toi  de  re;^imber  contre 
l'aii-'uillon.  .1 

Tremblant,  saisi  d'effroi,  Saul  dit  :  «  Seigneur, 
que  voulez-vous  que  Je  fasse?  » 

Le  Seigneur  reprit  :  <■  Lève-toi,  entre  dans  la 
ville,  là,  on  te  dira  ce  qu'il  te  faut  faire.  » 

Or,  les  compaf-'nons  de  Paul  restaient  debout, 
plongés  dan»  la  stupeur;  ils  entendaient  la  voix, 
sans  apercevoir  personne. 

Sauf  se  releva  et  ouvrit  les  yeux,  mais  il  ne 
voyait  plus.  Ses  coin|>aanons  le  prirent  par  la 
main  et  le  tirent  entrer  à  Damas  (i  .  Il  y  demeura 
trois  jours  dans  une  cécité  complète,  et  ne  prit 
aucune  nourriture,  ni  aucune  boisson. 

II  se  préiiarait  ainsi,  par  la  pénitence  et  la 
prière,  aux  ordres  de  Dieu,  et  il  est  probable 
que, pendantce  temps, Notre-Seianeur commença 
à  l'instruiri-  par  révélation  de  beaucoup  de 
choses.  —  0  modèle  de  c.onversiou  franche  et 
parfaite,  avec  quelle  droiture  il  s'attache  à  la 
vérité  dés  qu'il  la  connaît  ! 

BArrèUF,    ET    CO.NFIBUATIO.N 
LE  LOUP  CHA.fOK    TM  AQNEAC    ET  Pl'IS  E.N  P.^STECR 

Or,  continue  l'historien  sacré,  il  y  avait  à 
Damas  un  disciple  nommé  .\nanias.  Le  Seianeur 
lui  parla  dans  une  vision  :  "  Ananias!  lui  dit-il. 

—  Me  voii'i  Seicneur,  répondit  celui-ci . 

—  Léve-toi,  dit  le  Seiunenr,  va  dans  la  rue 
droite,  à  la  maison  de  Juda,  et  demande  un 
étranjrer,  né  à  Tarse,  et  nommé  Saul.  Il  est  en 
prières.  »  Or,  en  ce  moment  même.  Saul  avait  une 
vision  où  lui  apparaissait  un  homme  nommé 
Ananias.  qui  entrait  dans  la  maison  et  lui  impo- 
sait les  mains  pour  lui  rendre  la  vue.) 

Cependant,  .\nanias  répondit  au  Seit;neùr  :  «  J'ai 
appris,  par  de  nombreuses  personnes,  tout  le 
mal  que  cet  homme  a  fait  à  vos  saints  dans  Jéru- 
salem. Et  il  vient  avec  un  mandat  des  princes 
des  prêtres  pour  arrêter  et  charger  de  chaînes 
tous  ceux  qui  invoiiuent  votre  nom. 

—  Va  san-i  crainte,  reprit  le  Seiyneur,  car  cet 
homme  est  pour  moi  un  vase  d'élection  qui  por- 
tera mon  nom  devant  les  ^jentils,  les  rois  de  la 
terre  et  les  enfants  d'Israël.  El  je  lui  montrerai 
tout  ce  qu'il  faut  «ourfrir  pour  mon  nom.  » 

Ananias  alla  donc  et  vint  à  la  maison  indi- 
quée. "  Saul,  mon  frère,  dit-il  en  lui  imposant 
les  mains,  le  Seii-neur  Jésus,  qui  vous  est  apparu 
sur  la  route  à  votre  arrivée,  m'a  envoyé  pour 
que  vous  retrouviez  la  vue  et  soyei  rempli  de 
l  Esi)ril-Saint.  -« 

Aussit >^t,  on  vit  comme  des  écailles  tomber 


(I)  Le  lipu   où  saint  Paul  fut  renvers»*  pur  la  voix 
f»*!»"!».  «lit  Ms?r  Mi«lin.  e»l  .1  dix  uiiniilrs  •!»  Ii  porte 
.   '■   ■  licnant  le  cimpii^rc  '•  u^ 

l'ii  y  .iTsil  runslrii; 

1.     I ,■■      i)il  Ullf    cliMl7ailP'    lie    ;,...,.;,,  .il 

rolonnej,  qui  «ont  toii-t  coiidii':»  (l.ins  le  iiurnc  'en<. 

r,"   li"!!,  qui   '«t   l'iut  à  nMi-  rlii  chemin,  est  un  pou 

un  nionliciiln  de  diTorahr»"!.  Les 

it  ch.nqiic  .innce  processionnelle- 

'  onvcriiii'n  'le  ».ilnl  l'anl. 

I  entra  «l.irn  !.i  ville,  et  all.i  ilnni 

I     I        ;  liroile.  dani  la  iii.ii'on  de  Jiide. 

La   porte  de    aaiiil    Paul    (l<ah-l)oum,'i)    est    appelée 

porte  ririenltle  pi<r  le»  h.ihitin)"    l'sneienne  porte 

.......  '  '     '       I  l'ï 


t.. 


I. 


fh-nilr  nh  demeura  Mini  Paul,  *'fait  dai. 
'.  F.lle  porte  encore  le  m'^me  nom 

p.  m.) 


des  yeux  de  Saul  ;  il  recouvra  I.1  vue,  et,  se  levant, 
il  reçut  le  baptême.  Ensuite,  il  prit  de  la  nnurri- 
ture  et  recouvra  ses  forces.  Il  demeura  quelques 
jours  avec  les  disciple;-  qui  étaient  à  Damas. 

Et,  immédiatement,  il  se  mit  à  prêcher  dans 
les  synagogues,  proclamant  que  Jésus  est  le  Fils 
de  Dieu.  Or,  tous  lesjaifs,  stupéfaits  en  l'écoulant, 
disaient:  «  N'est-ce  pas  cet  homme  qui  persécutait 
à  Jérusalem  ceux  qui  invoquent  ce  nom?  N'esl-il 
pas  venu  ici  dans  l'intention  de  les  arrêter  et  de 
les  conduire,  chargés  de  chaînes,  aux  princes  des 
prêtres?  ■> 

Mais  Saul,  redoublant  d'énergie  et  de  courace, 
confondait  les  juifs  qui  étaient  à  Damas,  procla- 
clamanl  que  Jésus  est  le  Messie. 

TBOtS  AXS    DB.VIE  CONTEMPLATTVK 
SAINT  PAUL  VA  VOIR  PIERRE 

Si  nécessaire  que  parût  l'entrée  immédiate 
d'un  tel  ouvrier  dans  le  champ  du  Seigneur,  cou- 
vert d'une  moisson  si  aJiondante,  malgré  tant 
d'àmes  qui  attendaient  leur  apôtre.  Dieu  veut 
que  cet  apêtre  prenne  le  temps  de  se  bien  pré- 
parer à  son  incomparable  mission,  et,  dans  une 
sorte  de  noviciat  ou  de  retraite  de  trois  ans,  il  se 
sanctilie  beaucoup  lui-même  avant  de  travailler 
à  la  sanctilicalion  des  autres  et  devienne  un 
docile  et  digne  instrument  entre  les  mains  de 
riisprit-Saint.  Car  c'est  l'Espril-Saint  qui  con- 
vertit les  imes,  et  non  l'ardeur  humaine  toute 
seule.  Saint  Paul  nous  apprend  lui-même  qu'il 
se  retira  durant  trois  ans  en  .Arabie. 

Dans  ces  déserts,  où  il  retrouvait  les  souvenirs 
de  .Moïse  et  d'Elie,  Paul,  avant  de  parler  aux 
hommes,  «'entretient  seul  avec  Dieu.il  y  est  ins- 
truit directement  par  Jésus-t.'.hrist  de  la  science 
de  l'Evangile,  des  mystères  du  Nouveau  Testa- 
ment et  do  leurs  relations  avec  la  loi  ancienne, 
et  de  toute  cette  doctrine  enlin  qu'il  exposera 
plus  tard  dans  un  langage  d'une  sublimité  qu'on 
n'a  jamais  dépassée.  C'est  évidemment  pendant 
ces  extases  et  ces  révélations  qu'il  fut  ravi  Jus- 
qu'au troisième  ciel  et  y  apprit  des  choses  qu'une 
langue  humaine  ne  saurait  raconter,  ('"est  ainsi 
que  saint  Paul,  comme  les  autres  apôtres,  reçut 
sa  mission  et  sa  doctrine  directement  du  divin 
.Maître  lui-même. 

Ihiis  il  rennt  à  Damas,  où  il  reprit  ses  prédi- 
cations. <i  Mais,  écrit  saint  Luc.  les  juifs  de 
Damas  se  concertèrent  dans  une  assemblée  pour 
faire  mourir  S.iul.  Les  embûches  qu'ils  lui  ten- 
daient vinrent  à  sa  connaissance.  Ils  avaient 
«posté,  aux  portes  de  la  ville,  des  ;.'ardes  qui 
\  "  -•  jour  et  nuit  avec  ordre  de  le  tuer. 
I  t,  les  disciples  le  descendirent  la  nuit, 

li  ui-  iior  corbeille,  du  haut  des  remparts.  >< 

.^yant  si  heureusement  échappé  .a  ses  enne- 
mie au  nom  du  Seigneur,  Saul  vint  à  Jéru- 
salem pour  voir  Pienr.  ainsi  qu'il  s'exprime  lui- 
ni-'ine.  ■'  I.'^  voir  néanmoin',  non  pour  être 
instruit,  lui  que  Jésus-Christ  in>-lrui'.nt  lui-même 
par  une  révélation  si  expre<si',  dit  Hossuel, 
mais  afin  do  donner  la  fornie  aux  siècles  futurs, 
et  qu'il  demeurât  établi  à  jamais  que,  qucl<|ue 
dorte,  quelque  saint  qu'on  soit,  fût-on  un  autre 
saint  Paul,  il  faut  voir  Pierre,  >>  c'est-à-dire  le 
Pape. 

Il  entra  donc  diins  la  Ville  Sainte,  où  il  n'avait 
pas  reparu  depuis  le   jour  qu'il  l'avait  ipiii'' 
r.'tniesi  pleine  de  menaces,  emportant  le«  1.  ils 
'■  p«   du    t'rand   prêtre.  Les    li  '   ' 
,  qui  ne  l'avaient  pln-i  revu  et 
i'U  v'Tiiier  encore  ce  qu'il»  av.iienl  eni 
'l'une    conversion    «i    inallcndii'  .    dei 


sur  leurs  gardes.  Toutes  leurs  maisons,  [toute» 
leurs  assemblées  lui  restaient  interdites,  jusqu'à 
ce  que  saint  Harnahé,  son  nnrien  condisciple, 
qui  connaissait  mieux  la  droiture  de  cette  àme, 
le  re'ùt  dans  sa  ilemeure.  HientAl,  il  put  le 
présenter  à  saint  Pierre,  le  chef  de  l'Eclise, 
et  à  saint  Jacques,  févéque  de  Jérusalem,  à  qui 
l'illustre  converti  exposa  les  merveilles  de  la 
miséricorde  divine  à  son  éyard. 

Avec  quelle  émotion  et  quelle  tendresse 
Pierre,  à  1  ime  si  paternelle,  dut  presser  sur  son 
cœur,  en  lui  donnant  le  baiser  de  paix,  cet  adver- 
saire nrliarné  d'hier  que  Hieu  lui  donnait  main- 
tenant pour  frère  d'armes! 

<•  Cette  entrevue  de  Pierre  et  de  Paul  ■<  la  forme 
des  siècles  futurs.  »  est  un  des  moments  les  plus 
solennels  de  l'histoire  de  l'Ei-'lise,  écrit  M.  l'abl"' 
Darras.  Entre  le  premier  baiser  îles  deux  apiMn-s 
et  leur  dernier  adieu  sur  la  voie  d'Ostie,  quand 
ils  se  séparèrent  pour  aller  au  martyre,  les  deux 
frères  auront  fondé  Rome  chrétienne  et  lait 
adorer  le  nom  de  Jésus-Christ  par  tout  l'uni- 
vers. » 

Le  nouvel  apAtre,  désormais  reçu  en  toute  con- 
fiance par  les  fidèles  de  Jérusalem,  commença 
aussitôt  sa  mission.  "  Il  parlait  avec  les  pentils 
et  disputait  avec  les  juils  de  langue  ».'recque,  » 
dit  saint  Luc.  c'est-à-dire  avec  ceux  dont  il  faisait 
na:.'uère  partie,  avec  ceux  dont  il  avait  partagé 
et  «xcité  les  passions  haineuses. 

Mais  ceux-ci,  tournant  contre  lui  la  fureur  dont 


saint  Etienne  avait  été  la  ]iroiiiieri>  victime, 
cherchaient  roccasi<in  de  le  mettie  à  mort.  i.  L'n 
jour  que  je  priais  dans  le  temple. dit-il  lui-même, 
mon  esprit  fut  ravi  en  extase.  Je  vis  le  Seigneur 
et  il  me  dit  :  «  H;Ue-toi,  et  sors  promptement  de 
Jérusalem,  car  ils  ne  recevront  point  le  lémoi- 
{.'naçe  que  tu  portes  de  moi.  — Seii:neur.  répon- 
dis-je,  ilS'Savent  bien  que  j'emprisonnais  autre- 
fois et  que  je  traînais  dans  leurs  svnago^'ues 
ceux  qui  croyaient  en  vous.  El  lu-ndant  qu'on 
versait  le  sany  d'Etienne,  voire  martyr,  j'étais 
là,  je  m'associais  de  cu-ur  à  son  supplice  et  gar- 
dais les  manteaux  de  ses  meurtriers.  ><  Jésus  me 
dit  alors  :  <■  Va,  parce  que  je  veuxt'envoyer  aux 
nations  lointaines.  » 

Les  lidéles,  instruits  des  complots  des  juifs, 
escortèrent  Saul  jusqu'à  Césarée,  d'où  il  s'em- 
barqua pour  la  Syrie;  de  là, il  passa  en  Cilicie  et 
vint  à  Tarse,  sa  patrie. 

Tarse  avait  envoyé  un  disciple  à  l'école  phari- 
sienne  de  lîamaliel,  Jésus  et  saint  Pierre  lui  ren- 
vovaient  un  apolre. 

Saint  Harnabé  ne  devait  jias  tarder  à  aller  le 
chercher  de  nouveau,  et  alors  commencèrent  ses 
immenses  travaux  apostoliques  dans  r.\sie- 
Mineure  et  l'Europe  juscju'au  jour  de  son  martyre 
à  Home. 

0  (.'lorieux  apôtre  Paul  !  Docteur  des  nations, 
convertissez  les  ennemis  de  rE;;lise  et  ohtenei- 
nous  à  tous  d'entrer  franchement  et  résolument 
dans  la  vraie  pratique  de  la  vie  chrétienne. 


t^^ 


\  .  l<.-'j(':::tl,    L.    l'ITITUl-llil,  ■      r.i'    I  r.ill'^'l»    I      .    l'il 


SAINT    ALBÉRIC 

DEUXIÈME     ABBÉ     DE      CITEAUX 


Fête   le  26  janvier 


Saint  Albéric,  abbé  de  Clteaux,  reçoite  un  manteau  blanc  des  mains  de  la  T.  S.  Vierge. 


NAISSANCE    KT    KOCCATION 

Albéric  naquit  vers  laii  1030.  Sa  famille  et  ses 
premières  années  ne  nou?  sont  pas  connues.  Il 
semMe  que  la  Providence  ait  jeté  à  dessein  le 
manteau  de  l'obscurili'  sur  l'enfance  de  ce  grand 
Saint,  pour  nous  apprendre  qu'une  naissance 
illustre,  une  f^rande  fortune,  ne  sont  pas  des 
motifs  suKisarits  pour  déterminer  son  appel. 
Cependant  Dieu,  ijui  le  destinait  à  de  grandes 
choses,  le  comMa  de  tous  ses  dons  et  de  toutes 
ses  faveurs.  Tout  lui  assurait  un  brillant  avenir 
dans  le  monde.  Mais,  prévenu  par  la  L'ràce,  Albéric, 
jeune  encore,  aspirait  à  des  biens  plus  solides  et 
[dus  dur.Th|p3 


PRKMIF.R   APPKr. 


ALBEBIC  AU  MONASTERE  DK   «0LK>MK3 


Docile  à  l'appel  d'en  haut,  Albéric  entra  dans 
la  vie  religieuse  sous  la  conduite  de  saint  Hnbert 
de  Molesmes.  I,e  saint  abbé  lo  reçut  avec  tous  les 
témoigiia^;es  de  la  plus  palertielle  affection. 
Bientôt  il  reconnut  dans  son  jeune  disciple  uno 
Ame  marquée  du  sceau  de  la  plus  haute  sainteté. 
.Animé  de  l'esprit  de-t  saints  anachorètes  et  des 
Pères  du  désert,  Albéric  s'appliqua  à  retracer 
leur  vie  sainte  et  pi'nitente.  Les  Antoine,  les  PanI, 
les  Pacrtme  semblaient  revivre  dans  les  disciples 
de  Hobert,  et  la  solitude  de  Molesmes  ne  le  cédait 
••n  rien  aux  déserts  de  la  Tliébaide.  Pour  tculo 
Il  iliilatiiin.dcsci'llulesfHitesde  liraticbes  d'arlrr  <, 


m-z 


pour  lit,  la  terre  nue,  pour  nourriture,  l'herbe  de 
la  forêt  et  l'eau  claire  d'un  ruisseau.  Heureux  et 
contents,  les  solitaires  passaient  l-->ur  vie  à  louer, 
à  contempler,  à  servir  Dieu,  i-l  quand  le  sommeil, 
fermant  leurs  paupières,  venait  e.\i^'er  d"eux  le 
repos  que  réclame  la  nriltire,  ils  quittaient  avec 
peine  les  exercices  de  la  prii-re,  qui  sont  sur  la 
terre  un  faible  écbo  du  "lianl  de  louan^'e,  de 
rilosanna  des  séraphins  dans  le  ciel.  Tel  fut  le 
noviciat  de  saint  Albéric. 

I<ELACIIF.VIE.\T    .\    UOLESMES 

Tant  de  vertus  et  lant  de  sainteté  ne  peuvent 
rester  longtemps  dans  l'ombre,  la  lumière  ne  dnit 
pas  rester  sous  le  boisseau.  De  riches  seisneur». 
frappés  des  merveilles  de  pénitence  et  des  souf- 
frances des  serviteurs  de  Di-ni,  veulent  leur  venir 
en  aide.  Les  riches  aumônes  airivent  de  toutes 
parts.  Bientôt,  à  la  place  des  huttes  de  feuilla^'e, 
lin  voit  s'élever  an  nia;:nilli|ue  monastère;  uii'î 
nourriture  plus  forlp  et  plu-i  délicate  remplace 
les  herbes  et  les  racines.  .Mais,  bêlas!  à  la  faveur 
de  l'abondance,  le  piTlidi-  t-Mitaleur  se  glisse  dan» 
le  monastère.  Il  leur  fait  adroitement  savnurcr 
les  charmes  d'une  vie  ro''>ins  dure,  leur  iiis|iire 
une  plus  (.'rande  pré<>ccu|Mliou  des  choses  de  la 
terre.  l'Iusieur»  ^'y  laissent  [irendre.  Itref,  la  pre- 
mière ferveur  se  refroidit  peu  à  peu. 

^F.UXIF.Ml:    APPRL    l>K    LA    CBACC 
.-Alirr   ALBtBlO   OflTTE    II'JLESIIES    iVB<:    SAI.NT   BOItKHT 

Itoberl,  le  saJnt  abbë  du  monastère.  Ut  tous 
ses  efforts  jiour  réa<;ir  rentre  la  décadence  de  la 
sainteté,  résultat  trop  fréi|ufiil  de  l'inconflan'e 
humaine.  Tout  fut  inutile,  l'ourse  par  ^e^prit  de 
Dieu,  il  résolut  de  quitter  le  iiionaslire  et  d'aller 
chercher  une  aatre  retraite  ou  le  Si-i«ueur  ^.-rait 
mieux  servi.  Ses  plus  fervrnl»  disciples,  Albéric, 
i'itienne  llardings,et  plusieurs  autres  le  suivirent. 
i>n  trouver  un  refu-»',  ou  trouv.-r  de»  ressoiircM 
pour  vivre  dan»  on  auire  séj"ur?  Ils  g'eu  remei- 
laient  pour  ce  »oiu  a  la  Pnoideiice  divine.  Leur 
•■spoir  me  fat  p**  lroiB|>é.  Ije  lé::at  apostolique, 
'  "  ■  ■  i'Oiitilic.ul'' 
lixer  par- 


sjUUl  iicilull. 


tO.XOATION   DC  CITKAUX 


•  •r,  le    lieu   qn<-  la 
f>nnr  <^re  le  rcitr»'  dV. 
!  un  foyer 
11-,  »'npii'  I 


C'est  ainsi  que  les  riches  sei^'neurs  des  ;\ges 
de  foi  aimaient  à  honorer  le  Christ  dans  ses  plus 
parfaits  imitateurs. 

rmsE  DE  possEssroH  de  crrEAfx 

l.e  dimanche  des  fiameaux  tO'.tS,  les  religieu.x 
s'acheminèrent  vers  leur  nouveau  séjour,  l^  ciel 
•■lait  serein,  le  soleil  ét^lairait  la  terre  de  ses  plus 
beaux  feux,  la  nature  entière  semhait  prendre 
pari  au  bonheur  des  moines.  Ils  s'avancent  deux 
à  deux,  la  croix  à  leur  tète  et  font  retentir  l'air 
de  leurs  chants  mélodieux.  A  l'exemple  du  Sau- 
v.'ur,  ils  prenaient  possession  de  cette  Jérui-ateni 
où  ils  allaient  coi, sommer  le  sacrillce  d'une  vie 
offerte  pour  le  salut  de  leurs  frèrps.  tjuel  inaAl'i- 
flque  spectacle  etde  combien  de  ^tAcch  cette  prise 
de  possession  ne  fut-elle  pas  la  source  t 

(AINr  ROSnT  QUITTI  CITC\UX  —  ALtIiÏRICKgT  ÈU>   ABUF. 

Mais,  après  le  jour,  la  nuit  et  ites  «ombres 
ténèbres  ne  tardent  pat  à  venir;  après  le»  joies 
et  les  douceurs  de  la  fête,  viennent  l«»  peine*  et 
le»  larmes.  Il  y  avait  peu  de  lemp*  que  «aint 
ltot>ert  était  à  Cileaux  iguaud,  sur  l'ordre  du  l'ap'', 
il  dut  quitter  sa  «olitude  et  lelourner  h  son 
monastère  de  Molesmes  dont  les  uinine*  récla- 
maient leur  père,  proiueltunl  d'-tie  plus  dociles 
à  l'avenir.  (Ils  tinrent  parole  el  ivprireul  <"*ti»  la 
direction  de  leur  saint  .ibbé  leur  i'ri<-nr  primi- 
tive. Mais  Hobert  u«  Imanu  pi»  "'  ~ 
eafantb  de  prédilection.  Il  cboiMt  p  ■  .1  ,i 
ea  qui  revivait  le  plus  non  e»piii.  Il  ■  n\ 
sur  Albéric,  •  t  comme  auirefon  i  t  .<>  ni 
fait  pour  Juk«pb,  il  l't'Lablil  pniLi'e  de  m  UMiffii. 
tn  apprenant  cette  nouiiuation,  doijl  lui  «eui  se 
croyait  indique,  Albéric  m  jrlle  a«(  p««da  de 
liobert  :  •  Ob!  l'ère,  lui  dit-il,  nfi  fùU*  é»  iiia 
faiblecM,  Bc  chu-ift  pa»  me*  epaulM  d'vn  far- 
deau M  Umrd.  '  Mai»  la  vnix  de  !>!•-«  a'^UÙ!  f.iit 
eulMidre.  Les  sutlra^fc*  réuui>  de  ti>u»  Ua  fr«res 
coBflrmèrcnt  le  cb-i  ut  Kobrrl.  AlMric 
fut  élu  et  sacré  par  I  •  OhkioMa,  4aM  le 
diocèae  duquel  «e  Iroutoit  (..t^itua. 

I-RMIIEIIS    TUAVâtà    —   l«M*4n0il   M 

M     Ml  I",  ts  i  I  11  1    \l      1   '\  '   \; 


liestuit  a  li.ilii    un 

tection  du  ciel,  .ill 


1    ili     In   l'iu- 
le-i  travaux. 

-  ■.     •   1.  I.-' 


n   r»'li.ll      .ill' 


ivi  fM  M  pro- 

iiM^iiM- 

■■•••-firr^ 

:  i  iHi 

Htl,       Fl'rl    U/li.      1.41 


Reine  du  ciol  voulut  récoinpciiàei  elle-même  ceux   ' 
qui  se  mettaient  sous  sa  protection.  i 

LA   SAINTE  V1BBGB  DO.NNE  l'hABIT  BLANC  AVX  RELIGIEUX     | 
DE  niTEAUX 

En  quittant  Moiesme<i  pour  Citeau^,  disent  les 
actes,  les  r>?li^:ieui  portaient  le  costume  noir  des 
Bénédictins.  Or,  une  uuit,  le  bienlieureos  Albéric   ■ 
et  ses  reli;.'ieuï  chantaient  au  chœur  roflice  de 
Matiues.   Tout  à  coup   ]"éj.'lise   s'illumine  et  se 
remplit  d"un  parfum  d'uiie  a;;réable  odeur.  Les  ! 
reli^ùeux  lèvent  la  téli?.  u  merveille!  la  Vierge   i 
Mère  de  Dieu  leur  apparait  entourée  d'une  pba-   ' 
lan^e  d'esprits  célestes.  Marie  portait  dans  ses 
mains  un  manteau  Llauo  resplendissant  comme 
la  neise.  Elle  s'avance   vers  le  vénérable  aJ)be', 
lui  présente  le  manteau,  accompaiinant  ce  don 
du  plus  aimable  sourire.  La  vision  disparait;  et 
les  religieux,  à  leur  grande  joie,  se  virent  tous  vêtus 
d'habits  blancs.  La  Vierge  plus  pure  que  le  Us 
des  vallées  venait,  en  leur  donnant  ses  livrées, 
de  Uis  mettre  au  nombre  de  ses  serviteurs  les  plus 
chers. 

SAINf    ALBÉRi::    DONNE    DES    RÊGLE.S    A    CITEAUX  . 

Appuyé  sur  la  protection  de  la  Reine  du  ciel, 
Albéric  voulut  donner  des  régies  à  son  Ordre.  Il 
s'appliqua   d'abord   à  faire  revivre  la   rèïle  de 
saint  Itenoit  dans  toute  sarigueur.  lien  retrancha 
les  abus  qui,  par  suite  de  cir^-onstances  particu- 
lières, s'y  étaient    introduits.   Pauvreté  absolue, 
travail  san?  relâche,  mortification   continuelle, 
renoncement  complet  à  tout  ce  qui  est  du  monde, 
<^and  esprit  de  prière,  telles  furent  les  bases  sur   i 
lesquelles  le    Saint    voulut   élever  l'édifice   qui   i 
devait  traverser  les  siècles.  Tel  fut  l'esprit  dans   | 
lequel  il  rédifjea  les  constitutions  de  Citeaux.        i 

MORTIFICATIONS    ET    PF:MTE.NCE.S    d'aLBÉRIU  I 

I 

Les  nouveaux  réj^l^ments  furent  bien  accueillis,   i 
D'ailleurs,    le    saint    abbé    n'imposait    pas    aux    < 
épaules  de  se'!  frères  de   fardeaux  dont  il  n'eut 
lui-même  senti  lepoid".  Ses  mortifications  étaient 
incroyables  :   les   veilles,  les  jeûnes,  les   souf- 
frances  du  corps  étaient  comme  le  besoin  de  sa 
vie.  Il  s'associait  de  toute  l'éiiert'ie  de  ses  forces   ] 
et  de  son  L'rand  cœur  aux  souffrances  de  notre 
divin  Sauveur  pour  le  salut  des  âmes.  i 

Son  amour  pour  les  pauvres  était  immense. 
Il  avait  voulu  que  la  troisième  partie  des  biens 
du  monastère  leur  fnt  di-tribuée.  Un  de  ses  plus 
grands  bonheurs  cl  3'>ii  unique  délossemenléUit 
de  les  servir  .i  table.  Il  les  Imnorait  comme  les 
amis  particuliers  de  J''«us-i;i)rist  et  leur  rendait 
les  services  que  Marllio  •  t  Marie  avaient  rendus 
au  divin  Maître.  Il  l.ivait  leurs  pieds,  pansait 
leurs  ulcères,  et  bien  souvent,  appliquant  ses 
lèvres  sur  les  plaies  de  ces  malheureux,  Il  les 
rendait  à  la  santé. 

LCTTHB   OB   9AI.NT   ROOKRT    A    l'aDIIB   OK  CITIAUX 

'  i.llt    .1U 

'  -land'' 


choses  que  Dieu  opérait  à  Dteaux,  écrivit  à  ses 
fils  bieu-almés  :  ■  Si  la  plume  pouvait  se  fair» 
Icingue,  si  l'encre  pouvait  suppléer  aux  larm,  s 
elle  papier  retléter  lecteur,  vos  oreilles,  v  s 
yeux,  tous  vos  sens,  votre  cœur  tout  entier  se- 
raient émus  pour  moi  d'une  immense  comini.  ê- 
ralion.  » 

MARIE   PROTECTRICE   DE   l'oRDRE    DE    CITEACX 
l'.N   SEL"L   NOVICE   AU  NOVICIAT 

Cependant,  l'Ordre  de  Citeaux,  malgré  l'appro- 
bation du  Pape  et  de  sympathiques  encourage- 
ment? venus  des  plus  :.'raiids  pr-^Iats,  se  n-cru- 
tait  difficilement.  Ine  vie  si  austère  efTrayriit  la 
pauvre  nature  humaine.  Le  manque  de  novices 
elles  persécutions  qu'il  subissait  ah  irs  semblaient 
vouloir  l'éteindre  dès  son  berceau.  Un  jour 
Albéric  en  prière  demandait  au  Seismeur  d'en- 
voyer des  ouvriers  à  s.i  vigne.  Il  invoquait  surtout 
Marie,  la  reine  des  aprttres  et  la  protectrice  de 
l'Ealise  naissante.  La  Vierge-Mère  lui  apparut  : 
'  .Ne  crains  pas,  lui  dit-elle  ;  cet  Ordre  est  appelé 
à  une  l'écondilé  merveilleuse.  Je  le  protégerai  et 
ledéfendrai  mni-mêine  jusqu'à  la  lindes  siècles.  . 
.•Vlbérlc  se  relève  le  cœur  rempli  d'une  sainte 
espérance.  La  prédiction  de  Marie  allait  s'ac- 
complir. 

A  quelque  temps  delà,  un  jeune  clerc  achevait 
le  cours  de  ses  études.  L'ne  nuit,  dans  une  vision 
admirable,  il  vit  une  cité  merveilleuse,  telle  que 
l'on  décrit  avec  ses  inénarrables  splendeurs  la 
Jérusalem  céleste.  Le  jeune  homme  aurait  voulu 
l'atteindre,  mais  un  lleuve  larye  en  «gardait  les 
abords  Tout  à  coup,  il  iperçoit  douze  pauvres 
lavant  leurs  tuniques  dans  les  eaux  du  lleuve. 
Au  milieu  d'eux  se  trouvait  un  jeune  homme 
aux  vêtements  dune  éclatante  blancheur.  Cet 
inconnu  s'approchait  tour  à  tour  des  pauvres  et 
les  aidait  dans  leur  humble  travail.  Le  clerc 
l'aborde.  «  Quels  soiit,deiuande-t-il,  ces  hommes 
que  je  vois  là?  —  Ce  sont  de  pauvres  pénitents, 
reprend  l'inconnu,  ils  lavent  leurs  péchés  dans 
les  eaux  du  repentir  et  de  la  pénitence;  et  moi 
.te  suis  le  Christ;  sans  mon  secours,  ni  ceux-ci 
ni  personne  ne  peuvent  faire  le  bien.  Celle  belle 
cité  que  tu  contemples  fst  le  paradis  où  je  rèyne. 
Ceux-là  seuls  qui  ont  lavé  leurs  fautes  par  la  pé- 
nitence y  sont  admis.  Tu  connais  la  voie  qui 
conduit  au  ciel.  Il  n'y  en  a  point  d'autre.  >• 

Frappé    de   celte    vivion ,  le   clerc  résolut  de    . 
quitter  le  monde  et  d'embrasser  la  vie  religieuse.    ■ 
Il  vint  frapper  a  la  porte  de  Citeaux.  .V  ce  si;.'nal,    , 
le  portier  ouvre  et  s'incline  profondément  devant 
lui.   Quel    ne    fui    pas   rétoiiii«-inent    du  jeune 
homme;  il  reconnaît  «lans  i''  l'iereuii  des  douie 
pauvres   de   la    violon.    Il   demande   à  parler  à 

I  al>bé,  Albéric  l^rerfi!  iii  présence  delà  cominu- 

II  iiité.  L"étrani.'''r  r.'  iiiinnit  dans  chacun  des  re- 
1  i"U\  le^  il 'U'  I  11.  il  qu'il  avait  vus  sur  le« 
'    •  l>  ilii  i:.  li.       \ii-  i.'.i  il  tombe  aux  pied*  ilu 

lit,  lui  ruioiile  <  oiiiinent  la  main  de   IH'ii 
iiduit,  et  le  ciiiijure  de  le  recevoir  au  nen 
«es   fils.    Ce   fut  le   seul    novice   qu'Ai' 
'  :iiiit  au  noviciat. 


J0I8S    ET   CONSOLATIONS 

Si  de  nombreux  disciples  ne  venaient  pas  con- 
soler son  cu'ur  de  fondateur  et  de  père,  Albéric 
cependant  ajoutait  les  consolations  du  ciel.  Marie, 
pour  laquelle  le  Saint  avait  un  amour  tendre  et 
ûlial,  se  plaisait  à  venir  le  visiter,  le  consoler, 
et  se  montrer  envers  lui  la  plus  tendre  des 
mères. 

MORT    DR    SAI>T    ALBKRIC 

Déjà  la  dernière  heure  avait  sonné,  la  cou- 
ronne était  prête  au  ciel.  Le  Christ  allait  donner 
à  son  serviteur  la  palme  de  la  victoire.  Ktendu 
sur  la  terre  nue  <iui  lui  servait  de  couche.  .Albé- 
ric reçut  les  derniers  sacrements.  Autour  de  lui, 
ses  fils  éclataient  en  sanglots.  Seul,  au  milieu 
des  larmes  et  de  la  tristesse,  le  Saint  gardait  un 
visa;;e  calme  et  souriant.  «  Oh!  mes  Frères,  leur 
dit-Il,  qu'il  est  bon  le  Dieu  de  miséricorde! 
comme  il  sait  miicniri<|ueinent  récompenser  ses 
serviteurs.  S'il  vous  était  donné  de  contempler  le 
spectacle  du  ciel,  la  vie  présente  vous  serait  en 
horreur.  " 

Le  Saint  mourant  entonne  le  symbole  des 
apôtres  qu'il  récite  d'une  voix  forte  et  vibrante; 
il  commence  ensuite  les  litanies  de  la  Sainte 
Vierue.  Dès  qu'il  a  prononcé  l'invocation  <•  Sainte 
Marie,  priez  pour  nous  »,  son  visa(.'e  s'illumine 
comme  le  soleil,  ses  yeux  se  fernifut  doucement 
et  sa  belle  ime  s'envole  au  ciel,  portée  dans  les 
bras  de  sa  Mère,  il»  janvi.r  1  lO'.i. 


ELOGK    IIE    SAINT    ALBERIC 
APPARITIO.NS      APRES      SA       MORT 

Le  bienheureux  retienne,  disciple  et  successeur 
dWlbéric,  fit  ainsi  son  élojje  en  présence  des 
Frères:  "  Pourquoi  pleurons-nous"?  Heureux  est 
son  sort!  plus  heureux  est  celui  qui  l'a  mérité. 
Mille  fois  heureux  nous-mêmes  d'avoir  été 
élevés  par  lui  à  une  telle  gloire.  .Notre  Père  a 
reçu  la  récompense,  le  prix  de  ses  travaux,  la 
couronne  de  ses  combats.  Ne  pleurons  pas  sur 
ce  généreux  vainqueur,  pleurons  sur  nous  qui 
luttons  encore  dans  la  mêlée.  » 

.\près  sa  mort,  saint  .\lbéric  apparut  bien  des 
fois  à  ses  frères;  il  les  consolait  et  les  encoura- 
geait à  marcher  dans  la  voie  de  la  [lerfection 
qu'il  leur  avait  tracée. 

Les  sueurs,  les  souffrances  et  les  peines  de 
saint  Albéric  portèrent  leurs  fruits  après  sa  mort. 
Ses  successeurs  recueillirent  dans  la  joie  ce  qu'il 
avait  semé  dans  la  douleur.  Saint  Ktienne  Har- 
dings,  qui  fut  chargé  après  lui  de  gouverner  la 
communauté,  dut  continuer  quelques  années 
eiicore  les  ardentes  prières  de  son  prédécesseur  ; 
mais  un  jour  Dieu  lui  envoya  un  jeune  uentil- 
hoinmede  ltourgo;.'ne,  suivi  de  trente  compai:nons 
qu'il  avait  lui-même  arrachés  au  monde  :  ce  jeune 
homme  était  saint  Kernard.  A  parlir  de  ce  mo- 
ment, l'Ordre  prit  une  extension  inouïe  et  Unit 
par  compter  jusqu'à  dix-huit  cents  monastères; 
il  fut  à  la  tête  du  mouvement  religieux  eu  Eu- 
!  rope  au  xti°  siècle. 


-^.; 


lmp.-t*ttnl,  K.  PinranuT,  fl.ru*  Krtn(;«ii  1",  Ptrli. 


SAINT  JEAN  CHRYSOSTOME 


DOCTEUR     DE     L'EGLISE 


Fête  le  27  janvier. 


Jean,  que  son  incom- 
parable éloquence  fit  sur- 
nommer Chrysostôme  , 
c'est-à-dire  bouche  d'or, 
était  né  à  Antioche,  l'an 
344,  de  parents  chrétiens 
et  de  noble  condition. 
Son  père,  appelé  Second, 
officier  distingué  de  l'ar- 
mée de  Syrie,  mourut 
prématurément,  laissant 
dans  les  larmes  sa  jeune 
femme  Anthusa  et  son 
fils  Jean,  à  peine  sorti  du 
berceau. 

Veuve  à  l'âge  de  vingt 
ans,  riche  des  dons  de  la 
nature  et  des  grâces  de 
la  vertu,  Anthusa  refusa 
de  convoler  à  de  nou- 
velles noces ,  pour  se 
consacrer  au  service  de 
Dieu,  à  l'éducation  de 
son  fils  et  à  la  mémoire 
de  son  époux.  Le  fameux 
rhéteur  paien  Libanius 
ne  put  s'empêcher  de 
dire  un  jour,  en  parlant 
d'elle  :  «  Quelles  femmes 
il  y  a  parmi  les  chré- 
tiens 1  D 

Libanius  était  le  plus 
célèbre  professeur  des 
belles  lettres  de  son 
siècle  ;  Jean  fut  son  élève 
et  il  dépassa  tous  ses 
condisciples .  Il  reçut 
aussi  des  leçons  de  pni- 
losophie  d'ÀdrManlius; 
et,  à  vingt  ans,  il  débuta 
dans  la  carrière  du  bar- 
reau. Les  discours  du 
jeune  avocat  firent  l'ad- 
miration de  Libanius  et 
de  tous  les  amateurs 
d'éloquence. 

DEUX    Awa 

Cependant,  par  un  re- 
grettable abus,  trop  fré- 
quent alors,  Jean  n'était 
pas  encore  baptisé.  Flatté 
parles  applaudissements 
du  monde, séduitpar  des 
rêves  de  gloire  butnainf, 
il  aimait  les  théâlri's,  et 
<a  vio,  que  Dieu  voulait 


Saint  Jean  ChrysoBtôme 

(D'«pri'«  une  fresque  ■'<:  I  r»  Au^ji-liro.  ilan» 
UrhapeUrde  Paint-N.    ■  'i«    'm  \  nt.f'rin 


rendre  si  utile  à  son 
EL'Iise,  semblait  devoir 
s'écouler  dans  la  vanité. 

Heureusement,  parmi 
les  nombreux  condisci- 
ples, amis  du  jeune  ora- 
teur, il  s'en  trouvait  un, 
plus  cher  et  plus  intime 
que  tous  les  autres,  qui 
se  nommait  Basile  :  c'é- 
tait un  chrétien  non 
moins  vertueux  qu'ai- 
mable et  instruit.  «  Vint 
un  jour,  dit  Chrysos- 
tôme, où  Basile,  ce  bien- 
heureux serviteur  de 
Jésus-Christ,  résolut 
d'embrasser  la  vraie  phi- 
losophie de  l'Evangile, 
la  vie  monastique...  mais 
comme  il  était  bon  par 
excellence,  il  s'obstina 
à  rester  mon  ami.  » 
L'exemple  et  les  exhor- 
tations de  Basile  déter- 
minèrent peu  à  peu  son 
anciencondisciple  à 
s'instruire  sérieusement 
de  la  religion  chrétienne, 
plus  belle  que  toutes  les 
philosophies  païennes  ; 
et,  à  l'âge  de  vinjjt-cinq 
ans,  Jean  reçut  le  bap- 
tême des  mains  de  saint 
Mélèce ,  évêque  d'An- 
tioche. 

«  Depuis  ce  jour,  dit 
son  historien  Paladins, 
je  défie  qui  que  ce  soit 
de  prouver  que  Jean 
Chrysostôme  ait  pro- 
noncéuneparolede  blas- 
phème, de  médisance  ou 
de  mensonge,  se  soit 
livré  à  un  seul  moment 
de  colère,  ou  ait  souf- 
fert qu'on  tint  devant 
lui,  même  sous  forme 
dn  plaisanterie,  des  pro- 
pos injurieux  contre  le 
prochain.  »  C'est  sans 
<loute  aussi  à  cette  épo- 
que que  le  nouveau  chré- 
tien fit  le  pèlerinage  de 
JfTusalem. 

Malgré  de  si  rapides 
pr";.'i'-s   dit}»    la    vi-rl'i. 


lb-677 


Basile  n'ôtait  pas  encore  satisfait  :  il  aurait  voulu 
entraîner  son  ami  à  sa  suite  dans  la  Toie  parfaite 
des  conseils  ëvantréliques.  Après  bien  des  ri5sis- 
lances,  Jean,  mesurant  la  vanité  des  choses  de  ce 
monde  par  la  prande  pensée  de  l'éternité,  réso- 
lut de  quitter  Atitioche  pour  aller  se  faire  raoine 
au  désert.  <■  Mais  les  touchantes  instances  de  ma 
mère,  dit-il,  me  privèrent  du  bonheur  que  Basile 
voulait  me  procurer...  Elle  me  prit  la  main,  me 
conduisit  dans  son  appartement,  et  m'ayant  fait 
asseoir  près  du  lit  où  elle  m'avait  donné  le  jour, 
elle  se  mit  à  pleurer.  Puis,  en  sanglotant,  elle  me 
dit  des  choses  plus  attendrissantes  encore  que  se« 
larmes.  »  Elle  lui  rappela  la  mort  prématurée 
de  son  père,  tout  ce  qu  elle  avait  sacrifié  et  souf- 
fert pour  son  éducation;  eHe  le  supplia  enlin 
avec  tant  d'instances  de  ne  point  la  rendre  veuve 
une  seconde  fois,  en  l'abandonnant,  lui,  son 
unique  consolation  en  ce  monde,  que  Jean  se 
rtsigua  à  se  faire,  pour  le  moment,  une  solilud'' 
dans  la  maison  paternelle,  et  h  ne  s'engager 
d'abnrd  que  dans  les  rangs  du  clergé  séculier. 

Il  fut  ordonné  lecteur  par  saint  Mélèce  :  c'était 
le  plus  important  des  Ordres  mineurs.  Pendant 
trois  an»,  il  vécut  dans  l'intime  société  de  ce  saint 
prélat,  modelé  de  douceur  et  de  patience.  Mélèce 
s'i'prit  d'une  prande  amitié  pour  un  si  beaup'-nie; 
et,  prévojvint  ses  futures  destinées,  il  se  plaisait 
à  l'iiisliuire  dans  les  sciences  sacrées.  Jean  l'ai- 
dait dans  ses  irav.iux  et  lui  servait  de  secrétaire. 
Mais,  l'an  372,  l'empereur  Valens,  protecteur  des 
hérétiques  ariens,  et  persécuteur  de  l'Eplise 
catholique,  envoya  saint  Mélèce  ea  exil.  Mélècp 
partit,  lui-i-iant  le  troupeau  lidèle  à  la  carde  du 
prêtre  Flavii-n,  que  Jean  aida  avec  un  grand  lèle 
dans  ci-s  trist<^  épreuves.  Celui-ci  gagnait  même 
à  Jévus-Chrisl  plusieurs  de  ses  anciens  con- 
di'iciples,  entre  autres  Maxime  qui  fut  plus  taid 
ëvéque  de  Séleucie. 

Jean  et  Rnsjle,  ces  deux  tiarfait»  amis,  s'encon- 
rape;iienl  l'un  et  l'autre  dans  le  chemin  de  la 
sainteté;  le  pr'Muier  avait  trente  ans.  quand  le 
bruit  'e  r'^paiiclit  tout  à  coup  dans  Anlioche  que 
deux  villes  voisines  les  avaient  Choisis  pour 
évi^Mues.  Jean,  comprenant  tout  le  bien  que 
Ba«ile  pourrait  faire  à  la  IHe  d'un  diocèse, 
l'envoie     an-silAt    chercher  ;    mais,    lui-ni*mn 

s'enfuit  et  se  cache,  pendant  que  l'on     '-- 

de  v)n  ami,  pour  le  «airer  évèque  de 

Baoile  «e  pl.iitMiit  vivi;inent   à  ('.'■•■' 

ce  qu'il  api'i-l.iit  sa  trahison.  A 

Jo  iii    rompn«a    son    beau    traité 

1    ■'••ur  y  développe,  d'une  niani-re 

b  (;r.iudeur  et  le--  d«'Voirs  d'une  fi  au^;      ■ 

lion  dont  il  se  croyait  indigae. 

«oi!»  KT  pniru 


Jean  v.  r  ^ 

lai««.iit    j 

]'  ...-lit   à   1.1    iliaifi- .    il  11  1. 
1       ri.  Sa  mère,  d'aillear«.  ■ 


ii«.  <■  Je  nie  d' 


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'     Tl) 

|.       ,    .    • 

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■  •» 

irir  au 

:  ir.  Ce 

bois,  porter  de  l'eau  et  toutes  les  viles  fonctions 
d'un  mercenaire.  » 

Mais,  en  dépit  des  effrois  de  la  nature,  Jean 
ChrysostAme  venait  embrasser  la  règle  reli- 
gieuse avec  une  volonté  si  sincère,  si  énergique, 
si  loyale,  que,  dès  le  premier  soir  de  son  séjour 
au  monastère,  Dieu  remplit  son  âme  de  célestes 
consolations.  11  ne  souhaita  plus  qu'une  chose: 
achever  sa  vie  dans  cette  sainte  retraite. 

Nul  n'a  aimé  la  vie  religieuse  avec  autant 
d'enthousia'ime  que  Chrysostôine.  Avec  quel 
amour  il  en  chante  les  beautés  dans  son  livre 
intitulé  :  Comparaisntid'un  roi  et  d'un  moine.  L'em- 
pereur Valens  ,  ayant  ajouté  h.  UHii  ses  crimes 
un  décret  qui  ordonnait  d'enrôlerdans  ses  armées 

les  moines  catholiques,  Jean  prot"-^'  ■    " vie 

éloquente  indignation  dans  ses  Trv-  '  ■■ 

Us  ennemis  de  la  rie  monastiijue.  11  il  :  ..  mi 
parents  que  nulle  école  ne  valait  le  monastère 
pour  former  les  jeunes  gens  à  la  vie  chrétienne 
et  surtout  à  la  vie  sacerdotale. 

Depuis  quatre  ans,  Jean  était  le  modèle  des 
moines  du  mont  Casius  par  sou  assiduité  &  la 
prière. àlamédiiation  des  Ecritures,  à  1j  pénitence 
et  au  travail.;qnand  ses  Frères  voulurent  le  choi- 
sir pour  abbé.  Il  refusa  et  se  relira  dans  une 
grotte  voisine,  d'où  il  ne  sortait  que  le  dimanche. 
C'est  li  qu'il  acheva  d'apprcn  Ire  toute  la  Bible 
par  cu'ftr.  Mais  en  même  temps,  il  s'y  livra  k 
lies  austérités  au-dessus  de  ses  forces.  Au  bout 
d''  deux  ans.  «ne  grave  maladie  d'esloninc,  com- 
pliquée de  rhumatismes  dus  à  rhumidité  de  sa 
ca\  erne,|oblipèrent  le  saint  ermite  à  venir  se  faire 
soigner  à  Antioche. 

Ile»  qu'il  fut  un  petl  rétilTi  snint  Mélèce, 
revenu  de  l'exil,  «'enipr'  -v  h  son 

F.glise  en  lui  conférant  l' '  .il  •.  cinq 

ans  apK's,  son  successeur,  saint  Flavieu,  ëlevait 
Jean  ChrysostAme  au  sacerdoce. 

Le  nouveau   prêtre  avait   quarante-deux  ans. 
Penilaatdonxe  années  consécuiiv<>«.il  fii'  TapAtie 
de  la  Tille  d'.\ntioche.    Une   ,-■       ' 
admirables  discours  qu'il  nou 
autres  ses  lloni''lies  sur  l'Evanj,'!!'' 
lliieu  et  sur  les  Ejiitres  de  saint  P 


site 
Av. 


>Dd«  de  sa  vie 
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la  o'n»^'  d»«  eh.lt 

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pin- 1-  in   ;viii^nt  été  jeté'  iTi  J  r    ''tl.  Tous  lr>Tn- 
Dliieiii.    beaucoup   fuyai-nt.    I.'évéqup    Fl.ivteo 


qU'-li|iir  dut    linuii,    l.-'rlief   ht    U  rre,    '.Iclir    .!iJ    I    l« 


<-I.  Iiliiliip..*. 


JSA^'  PAIEUARCnE  DE  CO.N'STANTKNOPLE 

Dans  tout  l'empire ,  on  parlait  de  la  rertu  et  de 
l'éloquence  du  saint  prêtre  d'Antioche.  L'an  397, 
mourut  Nectaire,  évoque  de  Conslautinople,  et 
l'on  se  réunit  pour  lui  choisir  un  successeur. 
A  peine  Eutrope, ministre  de  l'empereur  Arcadius 
eut-il  prononcé  le  nom  de  Jean  Chrysostôme, 
que  le  clergé  et  le  peuple  racclamèrent  d'une 
seule  voix. 

Restait  à  arracher  à  la  population  d'Antioche 
son  prédicateur  bien-aimé  :  une  émeute  terrible 
était  i  craindre;  d'autre  part,  comment  vaincre 
les  humbles  résistances  de  l'élu?  On  recourut 
à  la  ruse.  Astérius,  comte  d'Orient,  vint,  sans 
esrorle,  trouver  ChrysostOrae  dans  sa  demeure, 
et  l'invita  à  l'accompagner  dans  une  promenade 
aux  environs  de  la  ville  :  il  avait  à  l'entretenir  de 
divpr?  sujets.  Jean  le  suivit  sans  défiance;  un 
pèlerinai-'p  à  quelque  oratoire  de  martyr  sem- 
blait devoir  être  le  but  de  la  promenade.  Une 
fois  hors  de  la  ville,  Astérius  fit  monter  son 
compagnon  dans  son  char.  Alors,  fouettant  vigou- 
reusement ses  chevaux,  le  comte  conduisit  son 
prisonnier  jusqu'à  la  ville  de  Parga,  où  il  le 
remit  aux  officiers  de  l'empereur. 

Jean  fut  amené  à  Constantinople  ;  le  ministre 
Entrope  y  avait  convoqué  un  grand  nombre 
d'évi'ques,  entre  autres  le  patriarche  d'Alexandrie, 
Théophile,  qui,  malgré  ses  propres  répugnances, 
sacra  l'élu  de  Dieu,  au  milieu  de  l'allégresse 
universelle.  C'était  le  26  février  398. 

Les  difficultés  étaient  immenses  pour  un 
évéque,  dans  la  capitale  de  l'Orient.  Le  nouveau 
pontife  s'appliqua  tout  d'abord  à  ramener  le 
clergé  aux  pures  et  austères  vertus  de  sa  sainte 
vocation  ;  il  s'informait  de  la  conduite  de  chacun 
de  «es  pr'Ures;  il  avertissait,  corrigeait  et,  au 
besoin,  chassait  de  l'église. 

Lni-m<^fne  donnait  l'exemple  d'une  vie  tout 
apostolique.  Sa  pauvreté  était  celle  d'un  moine. 
Tout  mets  un  peu  recherché  était  banni  de  sa 
table;  il  ne  mangeait  qu'une  fois  le  jour  et  ne 
prenait  jamais  de  vin,  sauf  an  temps  des  grandes 
chaleurs.  11  ne  donnait  au  sommeil  que  trois  ou 
quatre  heures  par  nuit.  Le  Saint  avait  une  foi 
très  vive  au  sacrement  de  l'Eucharistie,  et  saint 
Nil  nous  apprend  qu'il  vit  p.irfois  des  anges 
entourfr  l'autel  pendant  le  Saint  Sacrifice. 

Il  réorganisa  la  pieuse  Société  de  ces  veuves 
consacrées  an  Seigneur  oui,  sous  le  nom  de 
diaconesses,  s'occupaient  d'œuvres  de  r.èle  et  de 
charité.  Il  mit  k  leur  tAte  sainte  Olympie,  dont 
on  disait  à  Constantinople  :  "  L'impératrice  Eu- 
doxie  reçoit  les  adulations  de  l'univers,  mais  la 
veuve  Olympie  entend  les  soupirs  et  les  bénédic- 
tions de  l'nnivers.  »  D'une  haute  noblesse,  et 
veuve  &  vingt-trois  ans,  Olympie  avait  refusé  de 
se  remarier  ponr  consacrer  na  vie  et  sa  fortune 
au  service  de  Dieu  et  des  pauvres.  Ses  aumônes 
étaient  prodigieuses.  C'est  elle  qui  fournissait 
les  sfcours  nécessaires  aux  missionnaires  que 
le  saint  ëv/^que  envoyait  en  Phénicie,  en  Syrie, 
chei  les  (ioths  et  chei  les  Scythes. 

Grice  à  elle  et  A  d'autres  Ames  généreuses, 
grâce  à  ses  propres  largi  ssfs,  Jean  Chrysostôme 
multiplia  dans  Constantinople  les  asiles  de  cha- 
rité et  secourut  des  milliers  d'indi^'ents. 

Le  7.élé  pontife  pr/;chait  plu'^ieurs  fois  par 
.temainc  et  qijejijuefois  sept  jours  de  suite, 
malgré  sa  santé  presque  toujours  débile.  Le 
peuple  quittait  les  cirque»  et  les  théâtres  pour 
se  presser  autour  de  sa  chaire.  On  ne  se  lassait 
pas  de    l'entendre;    souvent  on  l'interrorapait, 


malgré  lui,  par  des  acclamations  et  des  batte- 
ments de  mains.  La  piété  refleurit  daus  C-i--- 
tantinople,  et  l'on  ^it  des  âmes  géiiéreu.-;s 
s'élever,  sous  la  direction  du  saint  évrquc,  a 
une  haute  perfection.  11  y  eut  des  conversioiii 
nombreuses,  même  parmi  les  hérétiqu-^s  et  les 
païens.  Afin  de  combattre  les  ariens,  Chrysos- 
tôme composa,  pour  les  fidèles,  des  cantiques 
populaires,  qui  eurent  un  grand  succès. 

Le  ministre  Eutrope,  tombé  du  faîte  des  hon- 
neurs et  sur  le  point  d'i^tre  massacré  par  la  foule 
furieuse,  se  réfugia  dans  l'église, où  Chrysostôme 
lui  sauva  la  vie  en  apaisant  le  peuple  ce  jour-là. 

Un  général  goth,  nommé  Gainas,  à  qui  l'empe- 
reur avait  confié  sou  armée ,  parut  sur  les 
hauteurs  de  Chalcédoine,  à  la  tète  de  milliers  de 
barbares  Goths  et  Grentongues,  menaçant  de 
livrer  Constantinople  au  pillage,  si  on  ne  lui 
envoyait  trois  des  principaux  patriciens  de  la 
capitale,  qu'il  voulait  faire  périr.  La  cour  aux 
abois  ne  pouvait  opposer  aucune  résistance.  Saint 
Chrysostôme  s'offrit  pour  accompagner  les  trois 
prisonniers;  il  toacna  le  cœur  du  barbare,  qui 
lit  agenouiller  devant  lui  ses  enfants  et  pardonna 
aux  patriciens. 

Dans  une  antre  circonstance,  ce  même  Gainas 
réclamait  impérieusement  de  l'empereur  une 
des  églises  de  Constantinople  pour  les  hérétiques 
ariens  ses  coreligionnaires.  L'empereur,  n'osant 
refuser,  priait  Chrysostôme  de  la  désigner;  mais 
le  saint  évi'que  résista  seul  au  gém'ral  barbare 
et  ne  consentit  jamais  à  livrer  une  église  catho- 
lique aux  sectateurs  de  l'hérésie. 

PERSÉCOTIOH  —   SX  IL  ET  MORT 

Cependant, la  liberté  apostolique  avec  laquelle 
Chrysostôme  reprenait  les  vices  des  grands 
commença  à  lui  attirer  des  ennemis.  L'impéra- 
trice Eudoxie,  avide  de  richesses,  dépouilla  injus- 
tement plusieurs  de  ses  sujets,  entre  autres  la 
veuve  Théognoste,  dont  elle  vola  la  vigne.  Les 
victimes  supplièrent  le  saint  évoque  d'intercéder 
en  leur  faveur;  Jean  Chrysostôme  osa  adresser 
des  remontrances  paternelles  à  l'impératrice,  qui 
s'en  montra  profondément  irritée. 

En  même  temps,  le  courageux  pontife  accueil- 
lait avec  bonté  les  quatre  prinripâux  supérieurs 
des  monastères  de  Nitrie  en  Egypte,  injustement 
persécutés  et  chnssét  par  l'indigne  patriarche 
d'Alexandrie,  Théophile.  Or,  peu  après  la  fonda- 
tion de  Constantinople  qu'on  aimait  à  nommer  la 
Notwellc  Home,  le  concile  général  de  Nicée  avait 
formellement  déclaré  i^ue  Tévéque  de  rancienne 
Uonie,  successeur  de  saint  Pierre,  restait  toujours 
le  premier  des  patriarches  et  le  chef  de  l'Eglise. 
Innocent  1",  qui  occupait  alors  la  chaire  d« 
saint  Pierre,  ordonna  qu'un  concile  se  réunirait 
à  Constantinople,  sous  la  présidence  de  sesl^'^-ats, 
assistés  de  Jean  Chrysostôme,  et  que  Théophile 
irait  y  répondre  de  sa  conduite  envers  les  moines 
de  Nitrie. 

Théophile,  de  concert  avec  Eudoxie,  en  profita 
pour  perdre  Chrysostôme.  A  leur  descente  du 
navire,  les  légats  du  pape  furent  arrêtés  secrète- 
ment et  envoyés  en  exil.  Un  conciliabule  réuni 
dans  IVglise  du  rhfnc.  près  de  Cbalcédoiuc,  sous 
laprésidi-nce  de  Théophile, cita  Jean  Chrysostôme 
lui-même  pour  répondre  aune  série  d'accusations 
calomnieuses.  Le  Saint,  avec  raison,  refusa  de 
s'y  rendre.  On  le  déclara  coupable  et  indigne  de 
l'ép'scopat. 

A  la  nouvelle  que  son  évêque  bien-aimé  allait 
être  envoyé  en  exil,  toute  la  population  de  Cens- 


Saint  Jean  ChrysostOme  meurt  8ur  la  routa  de  1  exii 


t&ntinople  se  souleva.  Pecdaut  trois  jours,  elle 
défendit  hL-roiquemenl  son  pasieur.  Le  saint 
évoque,  pourcvUer  l'elTusion  du  saiip,  se  livra  lui- 
même  aux  soldais  qui  remmenèrent  au  riva^-e 
durant  la  nuit,  le  vibuge  caché  sous  un  manleau, 
et  renibaruuùreat  pour  l'Asie. 

Mais  le  iendoniain,  apprenant  son  dc'part,  le 
peuple  se  précipita  en  masse  vers  le  palais  impé- 
rial en  poussant  des  cris  d'inJi^'nation.  Déià 
les  portes  du  palais  cédaient  sous  les  cfTorts  de 
mille  bras.  L'impératrice,  éperdue,  s'écria  toute 
en  pleurs  :  «  C'en  est  fait  de  nous!  Qu'on  ranii-ne 
Jean,  ou  l'empire  nous  échappe!  » 

Eu  ce  moment,  comme  si  le  ciel  lui-même 
eût  pris  parti  pour  l'innocence  persécutée,  un 
ora^e  épouvantable,  accompa;;ne  de  secousses 
de  tremblements  de  terre,  éclata  sur  (a  cité. 

Aux  lueurs  sinistres  de  l'oratre,  Eudozie  écrivit 
de  sa  propre  main  au  Saint  exilé  pour  le  supplier 
de  revenir. 

Au  retour  du  vénéré  pontiTe,  tout  Constanti- 
nople  se  porta  au-devant  de  lui  ;  on  baisait  les 
rraMi.'e8  de  sou  habit  et  la  trace  de  ses  pas;  tous 
voulaient  le  voir  et  l'acclamer.  Arrivé  a  ré,;lise, 
Jean  fut  porté  à  la  chaire  sur  les  bras  de  la  foule, 
et.  au  milieu  de  «es  larme»  d'attendrissement, 
il  dut  adresser  à  son  peuple  lidéle  un  de  ces 
discours  qui  ravissaient  les  imc». 

Chrysoslùine  écrivit  au  l'ape  Innocent  I"  pour 
le  prier  do  dé'  larer  nulle  la  sentence  portée 
contre  lui  par  lhéophile;le  clcrpé  de  Constanli- 
nople  écrivit  aus»i,  pendant  que  Théophile  en- 
voyait, de  son  câté,  les  a^^ei  de  son  faux  concile. 


Le  Pape,  après  avoir  examiné  le  procès  et  inter- 
rogé quatre  évêques  venus  exprés  d'Orient, 
répondit  à  Chrysostômc  et  auclerj;cde  Constaii- 
tinople  pour  coiiJainiier  tout  ce  qu'avait  fait 
le  conciliabule  du  Chêne. 

Mais  i  l'arrivée  de  ces  lettres,  ChrysoslAme 
n'était  plus  à  Constantiiiople.  Exilé  de  nouveau 
par  la  haine  de  l'impératrice  et  de  ses  outres 
ennemis,  on  l'avait  Irainé  à  Cucusc,  sur  les  fion- 
tièrcs  de  I  empire,  où  il  eut  mille  privations  à 
souffrir.  On  espérait  qu'il  serait  massacré  parles 
barbares  du  voisinage.  Mais  l'héioique  pontife 
écrivait  à  sainte  Olympie  :  «  Mon  ca'ur  goule  une 
joie  inexprimable  dans  les  souffrances  ;  il  y  trouve 
un  trésor  caché.  Vousdevei  vous  en  réjouir  avec 
moi  et  bénir  le  Seigneur  qui  m'accorde  k  un  tel 
degré  la  gr^ce  de  souiïrir  pour  lui.  » 

L'an  407,  des  soldats  conduisaient  i  Comane  le 
saint  vieillard  épuisé  de  fatigues;  logé  pour  une 
nuit,  dans  un  oratoire  dédié  i  saint  itasilisque, 
Jean  vit  apparaître  ce  saint  martyr  qui  lui  dit: 
«  Courage,  mon  frère,  demain  nous  serons 
ensemble.  »  Le  lendemain,  Chrysostdnie  tomba 
épuisé  sur  la  route,  et  expira  le  même  jour, 
après  avoir  reçu  la  Sainte  Communion. 

Atticus  lui  avait  succédé  à  Constantinople, 
mais  le  Pape  refusa  de  le  reccnnailre  juvqu'ace 
qu'il  eût  inscrit  le  nom  de  Jean  Clirys>>>li'iine  sur 
les  diptyques  de  son  Eglise,  parmi  ceux  des  légi- 
times évêques.  Los  reliques  du  saint  docteur 
reposent  aujourd'hui  à  Itome,  dans  la  basilique 
de  Saint-l'ierre.  Las  catholiques  de  Constan- 
tinople en  possèdent  aussi  quelques  fragnienli. 


■'É*        ï        l'ilITHK^M       — 


•niurnr    I'.  l^»i<..>  \  rai,  5  A     i,  ri'  IUjr«r.t.  l'jrl». 


SAINT  THYRSE  ET  SES    COr.lPAGNONS.  MARTYRS 


FéU  U  MS  tanvier. 


Cn  ange,  après   avoir  brisé  les  chaînes  de  Thyrse,  le  conduit  à  l'évéque  Pbilean. 
Thyrse  reçoit  le  baptâme  et  s'empresse  de  revenir  à  sa  prison. 


C'était  en  253,  au  diocèse  du  Pont,  sous  Tempe- 
reur  Dèce  et  le  gouverneur  Cotnbrutius.  Ce  dernier, 
homme  brutal  et  sans  mœurs,  était  surtout  grand 
adorateur  des  faux  dieux  :  son  zèle  outré  le  poussa 
même  a  s'en  faire  l'apAtre. 

Etant  un  jour  de  passage  à  Césaréede  Cappadoce, 
il  sacriflail,  à  son  ordinaire,  aux  divinités  de  l'en- 
droit, quand  un  couragpux  chrétien,  nommé  Lucius, 
osa  troubler  sa  prière  :  •<  Penses-tu  donc  être  »u  ou 
•ntendu  de  ces  idoles,  lui  dit-il,  c'ect  le  démon  que 
(u  adores  et  c'est  le  vrai  Dieu  que  lu  outrages.  • 

Cette  parole  md  le  U'\i  aux  poudres  :  sans  plus 
larder,  le  goiiTprnfur  courhp  l.puciu»  sur  le  cheralot 


et  lui  fait  arracher  Ic-songles.  Le  supplice  acheTé.«  Je 
veux  davantage,  dit  placidement  le  martyr,  achèTe, 
il  nie  Taut  la  couronne.  "  11  est  exaucé,  à  quelques 
pas  Je  là,  le  gouverneur  lui  fait  trancher  la  tête. 

I,p  tyran  croit  triompher;  on  va  voir  qu'il  se 
trompe.  Comme  il  sort  par  la  porte  de  la  ville  dite 
de  VHcUesponI,  il  s'entend  saluer  avec  respect  : 
•  —  Salut  !  illustre  gouverneur  !  »  C'était  un  athlète 
de  cirque  de  haute  stature. 

•  —  Salut  !  ndèle  ami  des  dieux  I  •  répend  ie  gou- 
»emeur  avec  bienveillance. 

—  M°  permets-lu  de  le  donner  un  conseil? 

—  Volontiers. 


—  Eh  bien,  si  lu  crois  à  mon  amitié,  je  te  le  dis, 
assez  de  sans;  comme  cela.  Lucius  arait  raison;  tout 
à  l'heure  eneon',  je  croyais  comme  loi;  je  vois 
bien  maintenant  ce  que  sont  nos  prétendus  dieui! 
un  chrétien  peut  s'en  moquer  impunétnent,  tandis 
qu'il  aime  son  Dieu  jusqu'à  mourir  pour  I,ui.  » 

Combrutius  bouillonne:  •<  — Quelle  audace I  crie-t- 
il.  —  Si  je  mens,  montre-le  moi. 

—  C'est  toi.Thyrse,  toi,  un  païen,  qui  parle  ainsi? 

—  Oui,  mais  un  pafen  sage  et  dont  la  sagesse 
Tient  de  faire  un  chrétien. 

—  Sacrifle  oa  meurs. 

—  Eh  bien,  je  mourrai  et  ce  sera  pour  la  vérité.» 
Aussitôt  les   fouets    garn'S    de   plomb   sifflent   et 

retentissent  sur  les  robustes  épaules  de  l'athlète  : 
<i  —  C'est  ju-tice,  dit-il,  et  ces  quelques  coups  ne 
payeront  j^uiais  tous  ceux  que  j'ai  donnés  en  ma  vie. 

—  Tu  n'i  s  [las  au  bout  de  tes  peines. 

—  Je  ne  crains  que  les  peines  étemelles  et  ta  t'j 
condamnes  en  m'y  faisant  échapper. 

—  Qu'on  lui  brise  les  jambes!  » 

Les  bourreaux  s'épuisent;  vains  efforts.  Le  dépit 
du  gouverneur  radoucit  son  lancage  :  «  —  Si  tu 
souffres,  c'est  bien  toi  qui  l'as  voulu. 

—  Sans  doute,  tu  le  sens  pour  moi,  car  moi  je  ne 
sens  rien  :  il  m'a  sufQ  pour  cela  d'invoquer  le  nom 
de  Jésus. 

—  Vil  sorcier,  il  ne  se  taira  que  quand  j'aurai 
donné  sa  chair  en  p&tée  aux  chiens  de  la  rue  !  Qu'on 
!•<  par  les  pouces!  premz  des  cordes  fines 
pl  :                  ■<  qui  lui  ("oupent  les  chairs  !  • 

C'est  fait;  mais  Thyrse  n'est  pas  prés  de  se  readre  : 
1  —  A  d'autres  supplices  maintenant  ;  le  temps 
presse  et  j'en  ai  tant  encore  à  subir! 

—  Esperes-lu  le  martyre  ?  n'y  compte  pas;  il  faut 
du  sang  chrétien  et  tu  n'es  qu'un  païen  comme  moi. 

—  Erreur,  tyran,  je  suis  martyr  a  cette  heure, 
sinon  &  tes  yeiu,  du  moioa  devant  Dieu,  et  cela 
suffit.  » 

On  lui  arrache  les  paupières  :  o  —  Tu  n'empêcheras 
pas  mon  Ame  d'y  voir  clair  des  jenx  de  la  foi  et 
de   l'espérance. 

—  J'en  il"  ■  "  divinités  que  tn  renies,  ta 
resteras  soii  >  ! 

—  Tu  (•(]  r  :.:rAi^i  plus  de  confusion  que  moi  de 
soQfTr.'inc',  icoyn  cooiine  un  autre  de  prtcber  la 
vérité  I  te   voila  firéilicateor  malgré  toi. 

—  Soldats!  où  sont  vos  bltons  de  fer  T  brisex- 
lui  les  bras.  •  Ils  obéissent  :  Thyrse  pente  4  Dieu  et 
r>'u'arile  le  Ciel;  les  coups  retentissent;  il  paraît 
insensible. 

I.»s  bourreaax  sont  las  :  <•  Voyez,  dit-il,  ce  que 
vo  ,4  lm  z  fait  :  »  et  de  ces  bras  que  les  bourreaux 
ri  "inpus,  le  martyr  déroule  devant  eux  un 

!>'i;  'e    dont  ils    ailmirent    l'aisance    et  la 

-T'  ;  riteur  du  Christ  semble  rendre  grAcet 

a  T'  '■'  iv'c  ses  bras  iniraculeusenient  prèser- 

■•'■-■  •  ■         ■     ••  pouvoir,  dit-il 

l'ii   p  1  de  vous  pour 

■■-    '  >.'-,  tu  vii:us  de  voir   la  puJs- 

'OS  ridicules,  que  ta  doctrine, 

—  Nou,  dit  le   martyr,   c'est    un    «nMignement 

.liïin. 


—  Alors  te  voilà,  depuis  un  instant,  dépositaire 
des  secrets  de   la  divinité? 

—  D'autreslefurenl,  de  qui  je  tiens  cette  croyance 

—  Ils   l'oiit   inventée. 

—  Comme  toi,  sans  doute,  les  ordre?  que  ta 
transmets  au  nom  de  ton  empereur? 

—  Quoi,  tu  oses  comparer  de  vil<i  imposteort  à 
mon  auguste  empereur,  souverain  matlre  de  l'uni- 
vi  rs  ! 

—  S'il  est  maître  souverain  de  l'univers,  qu'il 
commande  donc  aux  vents  et  aux  tempêtes,  au 
soleil,  à  la  lune  ou  aux  étoiles! 

—  Oui,  il  commande  à  tout  ce  qui  est  sou»  le 
soleil! 

—  Espérons  qu'alors,  h  son  commandement,  les 
ronces  et  les  épines  vont  rentrer  sous  terre,  les 
roses  et  les  moissons  en  sortir! 

—  Ironie  de  sonier  I 

—  De  Uieu,  plutiit,  car  c'est  Lui  qui  m'inspire; 
avoue  que  ton  empereur  ne  peut  uiéme  commandei 
à  une  mouche. 

—  Il  lui  suffit  de  gouverner  les  hommes. 

—  Mais  il  ne  gouverne  pas  la  conscience  d'un 
chrétien! 

—  Quiconque  résiste  &  l'empereur,  mérite  la  mort. 

—  Grâce  à  Dieo,  je  suis  prêt!  ■ 
Combrutius  l'est  aussi. 

Il  couche  ThvTse  'ur  la  face  et  lui  verse  sur  le  dos 
une  abondante  quantité  de  plomb  fondu;  le  liquide 
coule  inorfensif  sur  le  martyr  et  rejaillit  sur  les  bour- 
reaux en  bouillons  impétueux  et  brrthr.'s;  plusieurs 
ne  tardent  pas  à  en  mourir.  C-  ■  Thyrse  loue 

Dieu  et  Combrutius  mêle  ses  :  nts  aux  cris 

des  bourreaux  expirants  :  «  —  Que  faire  d'un  pareil 
sorcier?  hurle-t-il  aux  valets  survivants. 

—  Il  faut  le  couper  en  mnrceaux  !  <>  L'un  d'eux  U-ve 
le  glaive,  le  coup  frappe  la  muraille  et  le  fer  vole 
en  éclats  I 

—  Arrétei,  dit  une  voix  tremblante;  encore  un 
coup  et  c'en  est  fait  de  nous!  les  dieux  aveuglent 
ceux  qui,  sans  droit,  manient   le  glaive. 

—  Eh  bien,  mandex  des  -oMats. 

—  En  voici  »:  ils  lient  1'  '>ii 
du  martyr,    et  tirent  l'éi 

ment  de  terre  les  renver.M:  et  Jclivre  lli\rse   de  ses 
liens. 

Itevenus  de  leur  frayeur,  lU  le  jettent  en  pri«on  : 
des  anges  viennent  le  consoler;  il  a  peur  :  e  —  Ne 
crains  point,  disent-ils,  roiira^eus  serviteur  ;  lève- 
toi  et  va  ileinandcr  le  bapli'nie. 

—  Je  SUIS  enchaîné  et  sous  1rs  verrous;  même 
si  j'étais  libre,  oi\  trouver  ici  un  ministre  de  Dieu'.' 

—  Secoue  tes  chaînes  et  suit-moi.  • 

Tbyrse  obéit;  l'ange  le  conduit  k  la  porte  de 
l'évèque  Philéaa:  •  Ouvrez,  dit-il,  c'est  un  ange  <iu- 
vous  amène  un  chrétien  »  f.'évéqiic  était  à  demi- 
informé  ;  Thyrae  achève  ton  histoire  et  solliriip 
!••  baptême:  il  était  prêt,  DiV»  l'avait  instruit, 
l.'-'-vêque  le  baptise,  le  romniunie,  en  vue  de  tes 
■    ,;    •  -      I  M  ■■".■  -  t  'le  en    lai  le 

!  t.  I"  carac- 

trr.-  de  suldat  ae  Ji-  ii»ii«nt 

lui  ilil-il,  voui  avez  •  '»  pou- 

tir;    être   vaincu,   ctniiiiKiii   ;,  'm  pn« 

ni.iiiit'-nant   ijue  vous  i*let  m-  -     i  .   Itxjrtt 


ainsi  muni  retouime  à  ses  chaînes  et  à  sa  prison, 
c  tpable  de  dt'ii  r  tous  les  Combrutius  du  monde. 

i.e  nôtre  cepî^ndant  trouvait  Jiflicile  dv.  aouvorner 
etde  persécuter  à  la  fois. Pour  suflireàlout,  ils'adjoint 
un  persan  du  non:  de  Sylvain,  àme  basse  et  cruelle 
au  niveau  de  .la  sienne  et  qui  ne  s'ungage.  qu'à  la 
condition  exclusive  de  lui  servii  de  dénicheur  de 
chrétiens  et  de  pourvoyeur  des  supplices. 

Tliyrse  comparait  devant  lui.  Gombrutius  préside. 
« — Pourquoi,  dilSylvain.n'adores-tupoinl  les  dieux? 
'    —   Lesquels? 

—  Jupiter,  Junon,  Minerve,  Apollon,  etc.,  c'est-à- 
dire  les  dieux  qui  gouvernr  nt  le  monde. 

—  Celui  qui  gouverne  la  monde,  lu  ne  le  connais 
pas;  ceux  que  tu  viens  de  noninaer  sont  d'insignes 
Liiuiinels,  morts  depuis  longtemps,  et  qui,  à  l'heure 
[Tf^sente,  expient  aux  p!'''t3  la  peine  de  leurs 
'limes;  à  moins  qu'il  no  .-anisse  de  leurs  statues, 
'lui,  elles,  ne  gouvernent  pas  non  plus  le  monde,  il 
fiiit  bien  en  convenir,  puisq'ie  tu  ne  parviens  à  les 
pr.'-server  des  voleurs  qu'en  les  entourant  de  bons 
chiens  de  garde. 

—  Tes  parents  n'élaient-ils  point  païens? 

—  S'ils  étaient  aveugles  an  podagres  serais-je 
obligé  de  l'être  ? 

—  .\35eï  raisonné;  menez-le  devant  Apollon... 
.\'Jare.  maintenant. 

—  Qui  ?  ces  dieux  de  terre,  de  pierre  ou  de  bois  ? 

—  Ador>,  te  dis-je  ! 

—  Eh  bien,  j'^aore...  un  seul  OJen  Tout-fuissant. 

—  Ta  ado'-j.ras  Apollon,  »  réplique  Sylvain,  la 
ri;;';  aux  l-"^  ^.-^s.  Tliyrse  se  recueille  et  prie.  Apollon 
?'('croii'j  tn  r.iill  •  ^i'^^ces;  il  en  ramasse  négligem- 
tof..  les  a-*bris:  »  Voyez,  dit-il,  ce  que  mon  Dieu 
vient  de  faiie  du  vrttre.  • 

Sylvain  va  premlrc  sa  revanche  :  il  enchaîne 
Thyrse  avec  de  gros  câbles  du  fer;  les  câbles  se 
t'risent  d'eux-méiues.  On  le  suspend  la  tête  en  bas 
'.'ins  une  cuve  qu'on  va  remplir  d'eau,  pour  être  lla- 
^' 'lié  dans  cette  posture;  on  verse  l'eau,  la  cuve 
t-clale  et  le  martyr  e.=t  sur  pied  :  «  Jetez-le  du  haut 
(le  cette  muraille,  commande  Sylvain  !  »  Une  main 
invisible  paralyse  tous  les  efforts;  un  valet  complai- 
rant  espère  mieux  faire,  il  monte  et  pousse  bruta- 
lement Thyrse;    .<on   pied    glisse    et  c'est   lui    i\m 

■  le.scend  et  va  se  bris.;-r  le  criiie  sur  le  pavé.  Sylvain, 
(  .mprendra-t-il  enfin?  non,  la  haine  l'aveugle.  Pour- 
lint  il  faut  en  finir,  de  pressantes  affaires  l'appelh-nt 
a. Heurs:  •  Cooilirutiu-,  dit-il,  que  faire  de  cet 
liorameT  «  Garrollons-le,  il  nous  suivra  partout  et 
sprvirdd'épouvantail  aux  fanatiques  de  son  espèce.  > 
A<lopt4.  On  part  pour  Apamée. 

Mail  «n  route,  Sylvain  éprouve  tout  à  coup  de 
wûlentes  douleurs  et  se  sent  paralysé  de  la  moitié 

lu  corps  :  impossible  d'aller  plus  loin.  Combrutius  U 
luiosole  «  Uue  les  dieux  te  soient  propices,  Esculape 
le  guérira!  •  Comme  il  parlait,  il  éprouve,  lui  aussi, 
<lc  violentes  et  subites  douleurs  qui  le  couchent  à 

'<té  de  Sylvain;  «es  dieux   avaient  san«  doute  mal 

■  ntendii.  Vnnement  on  appelle  dfs  rai'-deoins,  les 
.Iniix  ».  .  ].  rit*  expirent,  après  quatre  jours  d'atroces 

il:-    .  un'!  iiii  leurs  cri»  ilé?e*(irrês. 
I'  >r-     i.li.r'>i  aussitôt  empestant  le  voiiini(|e; 
(ombriilius  semble  rarbonisé  et  Sylviin   fourmille 

■  le  vers  :  on  veut  se  hAter  de  les  jeter  en  terre  ;   la 


terre  refuse  de  les  recevoir  et  les  rejette  à  sa  sur- 
face :  les  oiseaux  de  proie  ne  veulent  même  pas  s'en 
nourrir,  et  ces  cadavres  puants  et  nauséabonds  in- 
fectent la  contrée  de  germes  pestilonliels  :  il  faut, 
pourarrêter l'épidémie, qu'on  obtienne  parles  prières 
lie  Thyrse  que  la  terre  veuille  bien  se  refermer  sur 
eux. 

Baudus  recueille  intégralement  leur  héritage  de 
gouverneur  romain  at  de  persécuteur  des  chrétiens. 
S'inspirant  de  leurs  derniers  actes,  dont  il  vient  de 
lire  le  procès-verbal  ;  il  mande  Thyrse  à  son  tribunal  ; 
il  est  frappé  du  contraste  de  son  état  llorissant  avec 
le  récit  des  tourments  qu'il  vient  d'endurer  : 

«  — Le  rapport  est  faux,  s'écrie-l-il,  j'ai  là  devant 
moi  non  la  victime  d'un  excès  de  supplices,  mais 
d'un  excès  d'embonpoint. 

—  Depuis  tant  de  jours,  lui  fut-il  répondu,  il  n'a 
eu  d'autre  aliment  que  les  tortures,  les  chaînes  et 
la  prison  ;  niais  il  a  prié  son  Dieu. 

—  .Alors,  Thyrse,  ce  sont  nos  dieux  qui  veulent 
s'offrir  la  joie  de  voir  prolonger  ton  martyre;  ils 
seront  satisfaits,  si  tu  les  adores. 

—  Pauvre  gouverneur  I  où  sont  Combrutius  et 
Sylvain?  veux- tu  finir  comme  eux? 

—  J(»  te  jetterai  au  fond  da  la  mer. 

—  Et  toi  tu  descendras  au  fond  des  enfers. 

—  Chien  de  chrétien  I  réplique  Baudus  prenant, 
à  la  Pilate,  un  air  de  potentat  indigné,  oses-tu 
parler  ainsi  à  moi  qui  puis,  si  je  le  veux,  te  faire 
couper  en  morceaux  ? 

—  Chien!  c'est  en  effet  ce  que  signifie  en  grec,  le 
nom  Baudus,  tu  peux  continuer  d'aboyer,  je  ne  ferai 
qu'en  rire.  » 

Le  gouverneur  le  fait  sceller  dans  un  sac  et  jeter 
à  la  mer:  soudain  I  des  anges  apparaissent;  les 
scellés  sont  rompus  et  le  martyr  revient  au  rivage, 
en  marchant  sur  les  eaux  et  mêlant  sa  voix  aux 
voix  des  anges  !  Baudus  n'en  peut  croire  ses  yeux  : 
«  —  Indigne  sorcellerie!  s'écrie-t-il  avec  rage. 

—  Non,  reprend  Thyrse,  c'est  la  puissance  de 
mon  Dieu,  ce  Dieu  qui  submergea  Pharaon  et  qui 
t'attend  où  vont  tous  les  persécuteurs,  tes  dieux 
ne  t'en  préserveront  pas. 

—  Impudent!  ils  te  préservent  toi-même  de  la 
mort!  Mieux  vaudrait  te  couper  ta  langue  que  du 
proférer  de  pareils  blasphèmes! 

—  Nous  verrons  bientôt  qui  des  deux  a  raison, 
je  t'attends  aux  arènes!  » 

Le  cruel  gouverneur,  en  effet,  fai^^ait,  bientôt  après, 
jeter  sa  victime  en  pâture  â  plusii'urs  ours  et  léo- 
pards de  l'amphithéâtre,  léchés  tous  a  la  f  jis  après 
trois  jours  de  jeune;  mais,  à  sa  vue,  les  fauves  sont 
comme  apprivoisées  et  viennent  en  signe  d'affection 
lui  prodiguer  leurs  caresses  :  •  Fatalité  ou  super- 
cheiiel  s'écrie  Baudus  qui  refuse  encore  de  cora- 
prandre,  conduisez-le  au  temple  de  Baccbus,  broyez- 
li-  sous  les  coups,  si  vons  ne  pouvez  autrement  ar- 
river à  le  fléchir.  •  L'ordre  s'exi'cute  :  Thyrse  tait  un 
-i:;ne  aux  bourreaux,  comme  pour  leur  dire  ;  •<  Ariê- 
Iczl...  un  motl...  je  veux  parler.  ■  Les  bourreaux 
6'i,rr*t''nt  :  le  patient  serait-il  enfin  vnmc.u?...  Le 
'■  les  mains  et  les  yeux  au  ciel  et  pru'.  Sa 

,  vée  :  •  Broute,  (tuudus,  j'ai  brisé  la  sUiliie 

<i  A|PMllon;  elle  n'était,  il  est  vrai,  que  de  vnrie  et 
c-'lle-ci  est    de    bronzp;   n'imuortc,   Apollon   serait 


jaloux  de  Bacchus  et  mon  Dieu  a  tout  autant  de 
puissance.  Il  a  réduit  Apollon  en  éclats,  il  va 
réduire  Bacchus  en  poussière.  »  Il  dit  et  le  dieu 
s'écroule  avec  fracas,  projetant  ses  débris  sur  la 
foule  qui  fuit  en  désordre  à  la  suite  de  son  vailUmt 
gouverneur  :  «  —  Cet  homme  fait  mon  désespoir, 
crie-t-il  avec  rage,  mais  qui  es-tu  donc? 

—  Est-ce  au  nom  de  tes  dieux  que  tu  m'interroges? 

—  Non,  tu   les  a  vaincus;  mais  dis-moi  comment? 

—  Penses-tu  qu'ils  m'aient  fourni  des  armes  contre 
eux? 

-  Que  veux-tu  dire? 

—  Le  diable  est  l'àme  de  vos  dieux,  peux-tu 
supposer  que  je  tienne  de  lui  le  pouvoir  de  les 
détruire? 

—  Peu  m'importe,  d'où  sors-tu  toi-même? 

—  J'ai  une  double  origine,  l'une  de  la  terre  et 
que  tu  connais,  l'autre  du  ciel  que  tu  ne  connais 
pas,  ni  ne  peux  connaître.  » 

Nouvelle  défaite,  nouvelle  honte  du  tyran;  mais  il 
s'en  vengera.  Il  reconduit  le  martyr  en  prison,  pour 
méditer  sa  revanche  à  loisir.  Il  décide  de  quitter 
Apamée  el  part  pour  Apollonie  escorté  de  sa  victime, 
qu'il  conduit,  aussitôt  arrivé,  nu  temple  d'Apollon. 

Là,  il  s'acharne  Enr  elle  avec  de  nouvelles 
rigueurs,  le  sang  coule  abondamment  sous  les 
verges.  Thyrse  en  recueille  quelques  gouttes  mêlées 
de  lambeaux  de  chairs  et  les  présente  au  tyran  : 
ti  —  Ce  sang,  lui  dit-il,  c'est  ma  gloire,  en  même 
temps  que  pour  toi  une  flétrissure  irrémédiable. 

—  Eh  bien!  comblons  la  mesure.  » 

Et  il  le  fait  suspendre  par  les  pieds  et  les  mains, 
afec  des  cdbles  retenus  violemment  aux  quatre 
angles  de  l'édifice.  C'est  le  supplice  en  permanence 
de  l'écartellement  :  «  Enfin,  crie-t-il,  mes  dieux 
sont  vengés,  que  le  tien  le  délivre!  »  Thyrse  mur- 
mure une  prière  et  soudain  le  temple  est  ébranlé 
de  fond  en  comble,  les  débris  des  dieux  jonchent 
le  pavé.  Thyrse  est  sur  pied  et  Uaudus  se  roule 
dans  d'affreuses  convulsions. 

•  —  A  ton  tour,  Baudus,que  tes  dieux  te  délivrent. 

—  Ile  me  punissent  de  tes  sorcelleries. 

—  Pauvre  aveugle  !  <•  Puis  se  tournant  vers  la 
foule  :  «  Voyez  vos  dieux  I  II  n'y  a  qu'un  seul 
Dieu  qu'on  doive  adorer  et  c'est  le  mien.  » 

ueaucoup  le  reconnaissent  et  se  convertissent, 
parmi  lesquels  le  prêtre  idoUtre  Callinique  qui 
avait  résisté  jusque-là  à  tant  de  merveilles  opérées 
sous  ses  yeux. 

Cl'  nouveau  chrétien  essaye  de  convertir  à  son 
tour  Kaudus  :  «  —  Thyrse  a  raison,  dit-il,  puisqu'il 
a  vaincu  nos  dieux  prétendus  invinciblos. 

—  Te  voilà  donc  ensorcelé,  toi  aussi  I 

—  Ne  vois-tu  pas  leur»  débris  êparsT  On  ne  peut 
nier  l'évidence. 

—  Cest  moi  leur  vengeur. 

—  Alors  c'est  toi  qu'il  faut  adorer,  puisqu'ils  ne 
peuvent  ni  sr  venger,  ni  se  relever  eux-mêmes. 

—  VII  chrétien  I 

—  Que  ne  l'ai-je  été  plus  tâti 


—  Tu  finiras,  comme  tu  le  mérites  ! 

—  L'n  chrétien  ne  craint  point  la  mort,  mail 
avant,  Thyrse,  apprends-moi  une  prière.  » 

Et  les  deux  martyrs  épellent  ensemble  les  articles 
du  Credo. 

Quatorze  prêtres  idolâtres  en  sont  témoins.  Le 
gouverneur  craint  de  nouvelles  défections:  «  Prêtres, 
leur  dit-il,  je  vous  confie  Callinique,  votre  ancien 
collègue,  vouf  m'en  répondrez  sur  vos  têtes!  • 

Ils  le  conduisent  au  temple  d'Esculape  et  s'épuisent 
vainement  en  insinuations  ;  ■.  Comment!  vous 
quittez  ces  dieux  dont  vous  êtes  le  souverain  pon- 
tife !  vous,  dont  le  nom  est  sur  toutes  les  lèvres  et 
l'image  en  honneur  parmi  les  dieux  domestiques  I 
Vous,  devant  qui,  prêtres  et  soldats  fiéchissent  le  ge- 
nou !  De  plus  pourrez-vous  souffrir  de  voir  profaner 
cette  barbe  et  cette  chevelure  vierges,  sur  lesquelles 
Raudus  est  résolu  de  passer  le  rasoir  et  qui,  mainte- 
nant encore,  rayonnent  avec  tant  de  grâce  et  de 
dignité  autour  de  votre  chef  auguste  et  vénérable  !  • 
Callinique  répond  en  deux  mots  :  «  Que  pourriez-vous 
apprendre  à  celui  qui  vous  a  tout  appris?  Je  ne  sers 
plus  que  le  Dieu  qui  a  vaincu  nos  dieux.  » 

Le  gouverneur  lui  fait  raser  la  tête.  Callinique 
recueille  les  touffes  qui  tombent  et  les  jetant  dédai- 
gneusement à  la  face  d'Esculape  :  ■•  Imposteur,  dit- 
il,  reçois  les  emblèmes  de  ton  imposture  !  oui,  je  te 
renie  et  ne  suis  plus  que  le  serviteur  de  Jésus-Christ 
dont  la  Toute-Puissance  va  bientôt  mettre  à  jour 
aussi  ton  imposture.  »  Et  il  invoque  le  nom  de  Jésus. 

L'efficacité  de  sa  prière  ne  se  fil  pas  longtemps 
attendre;  on  put  bientôt  voir  Esculape  tomber 
avec  fracas.  Pour  les  quatorze  prêtres,  ce  fut  le 
coup  de  grâce  ;  ils  se  convertirent  comme  Callinique. 

Baudus  et  ses  dieux  sont  vaincus  sur  toute  la 
ligne,  mais  il  l'avoue  moins  quejaniais.  Pour  en  finir 
avec  ces  prêtres  dont  il  redoute  de  nouveaux  mal- 
heurs, il  leur  fait  trancher  la  tête.  Quant  à  Thyrse 
il  lui  réserve  une  mort  plus  tragique. 

Il  le  conduit  à  Milct  pour  s'épargner  une  dernière 
honte  en  cas  d'insuccès,  et  là  l'enferme  en  une  caisse 
qu'il  fait  scier  en  deux  comme  on  scie  un  bloc  vul- 
gaire de  chêne  ou  de  hêtre  :  mais  la  chair  du  mar- 
tyr émoussc  l'instrument  :  •  Tire  fort,  Sabinut.  — 
Rude  travail  !  répond  Vitalius.  •  Et  trois  heures  du- 
rant ils  usent  les  dents  de  leur  scie,  jusqu'à  en  tom- 
ber de  fatigue,  mais  inutilement  Tout  à  coup  la 
caisse  s'enlr'ouvre,  Thyrse  apparaît  rayonnant  : 
•  Seigneur,  dit-il,  j'achève  enfin  ma  course,  recevei 
mon  Ame  !  m  Une  voix  céleste  répond  :  •  Aprét  la 
lutte,  U  repos,  afiri't  U  comliat,  la  vifloire,  aprt'i  la 
vietuire,  Ju  couronne/  »  Et  Thyrse  expire  en  louant 
Dieu  !  Ilaudus,  pris  d'un  nouvel  acres,  ne  tarda  pas 
à  expirer  aussi,  mais  bien  différemment,  c'est-à-dire 
en  iiinudissant  ses  victimes  et  blasphémant  ses 
dieux  Miurds  et  impuissants.  C'était  Dieu  qui  ren- 
dait fk  chacun  selon  ses  mérites.  Son  amour  payait 
les  victimes  et  sa  justice  le  bourreau. 

Louange,  honneur  et  gloire,  éternellement,  à  Ml 
amour  el  à  celte  justice,  Amen  I 


lii.p  -y/rijnf.   Pimiiii^rT,  s,  rue  IrninjiMi  1",  I'. 


SAINT  FRANÇOIS  DE  SALES 

ÉVÊQUE    ET    PRINCE    DE    GENÈVE,    DOCTEUR    DE    L'ÉGLISE 


Fitf  le  i9  janvier. 


c 


S^  F^AMÇFOÎSZilîE     SALES 
. £VE QUE  ^z- ^rm^iarga:  T) y.    G e v s\^ e 


3 


(Portrait  authentique  du  >aint,  d'apréi  le  ItLIeau  de  Philippe  île  Clia:n|>aigae.) 


Ce  grand  et  aimable  Saint  naquit  le  21  août  1567, 
ta  ch&teau  de  Sales,  en  Savoie.  Sa  pieuse  mère 
ra«ail  con«arré  à  Dieu  avant  qu'il  rit  le  jour,  et 
il  devait  ^trc  la  iilus  grande  gloire  de  sa  noble 
famille.  Flaptisf-  le  lendemain  de  »a  naiîisance, 
<lans  rt^^lise  paroissiale  de  Thorens,  il  reçut  le* 
nom*  de  Fraoçois-Bonavenlure. 

(,«•  premiers  mots  qu'il  balbutia  furent  ceui- 
ci  :  •  Le  boD  Dieu  et  maman  m'aiment  bien.  " 


"  Souvisape  était  (gracieux,  dit  le  P.  L*  Rivière. 
ses  yeux  doux,  son  regard  aimant  et  son  petit 
maintien  si  modeste,  que  rien  de  plu»  :  il  sem- 
blait un  petit  aiiKe.  • 

A  sept  ans,  François  commença  les  études  au 
collège  de  la  Hoche,  «t  fut  ensuite  envoyé  au 
collège  d'Annecy.  Sa  piété  etsa  modestie  imp'  '•'■- 
sioniiaient  vivement  ses  camarades.  Dès  qu'il--  le 
voyaient  arriver:   «   S«yoDS  s&Kes,   disaient  il», 


i&-624 


Toici  le  Saint.  »  Si  l'un  d'oui  se  permettait  un 
mensonçe  ou  qnelque  mauvaise  parole,  le  saint 
enfant  le  priait  si  alTectueusement  de  resset  que 
le  coupable  n'osait  plus  recommencer.  On  crai- 

fuait  d'ailleurs  de  lui  faire  de  la  peine,  car  on 
aimait:  sa  b«até  ('tait  si  prande,  qa'im  joar  il 
s'offrit  à  recevoir  le  fouet  à  la  place  de  son 
cousin. 

A  dix  ans,  il  fit  sa  première  Communion  et 
reçut  le  sacrement  de  Confirmation, dans  ré(;lise 
des  Dominicains  d'Annecy.  Dès  ce  moment,  il 
re'sulut  de  se  consacrer  k  Dieu  dans  l'état  «cclë- 
liastique. 

irCDBS  A   TA*.»  —  TCtTAnOM 

L«  jeune  seigneur  savoisieu  fat  enroyë  à 
Paris,  pour  y  étadier  la  rbt'torique  et  la  pliilo- 
siiptiie.  I'd  sai;e  précepteur  l'accompagnait.   La 

frande  ville  ne  put  dissiper  son  âme  :  «  Piotre- 
eigtipur,  disait-il,  est  mou  maître  dans  la  science 
de»  Saints  ;  je  Tais  souvent  i  lui  afin  qu'il  me 
l'apprenne,  car  je  me  soucierais  fort  peu  d'être 
savant  si  je  ne  devenais  saint.  » 

Il  s'afliria  avec  bonbeurà  \».  CongrégalUm  de  la 
Saiule  VierKe,  établie  au  collège  des  Jésnites, 
duut  il  'suivait  les  cours.  La  dévotion  k  la  Reine 
du  cirl  était  la  grande  force  de  son  â.me.  liarie 
était  la  ronlidciitc  de  ses  joies  et  de  ses  peines: 
«  Ali!  qui  pourrait  ne  pas  vous  aimer,  ma  très 
chèrp  M>reïs'écriail-il  souvent;  que  je  sois  éler- 
nelleineiit  à  vous,  et  qu'avec  moi,  toutes  les 
créature-  vivent  et  meurent  pour  votre  amour.  » 

Le^  tentations  ne  lui  manquérenl  pa«,  mais, 
avec  l'aide  de  Marie,  Franrois  érli.ippa  i  tous  les 
pièces  de  l'ennemi  infernal.  Le  démon  e-saya 
alors  de  le  jeter  dans  le  découragement  et  le 
d'-scspoir.  La  tentation  fut  si  violente  que  le  saint 
jeune  homme  se  croyait  déjà  au  nombre  des 
damnés:  ce  fut  une  douloureuse  agonie  inté- 
rieure ;  son  corps  même  allait  d>'p<Tissaut.  Dans 
ces  mortelles  an:.'oisses,  François  recourut  à  sa 
don  '   ■  ■■ 

de  \ 

il  (iii    i    I M  '-Il  .   «   ' 
malheureux  pour  i 

honorer   pendant   i—  .....   .  j      ■•>...:. , 

vnu»  >eivir  en  ce  iiion.li-  et  eni|iliivf 
gloire  tout  V-  t'mn«  nuf    vnns   irie 
vivre.  ..  ' 
Marii'.il 
•  A  l'iii-idiil,  l;i  paii  rriilr»  iiati'<  - 

Apr.-«  *ix  ans  d'études  à  l'ai, 
ftneur  r<-riDt  en  Savoie  et  fut  envoyé 
père    *   n'niv<>r<it*  d»   I*.id  ■ii''    »n   lUl 
élu.' 
il  r 
et. 
i  I- 
dr 
lei. 
cri'  ,.>...    „„*- 

DU 

I  it.  rn^    ^t 

de  l,..r.  Il        A  .     MIS 

e*  <l<T:,..r  - 
d'«tl|..ll/  .|r  I' 
fourll.ll^>■     Il  , 

son  v.ru  Je  rli.i,u«lé. 


pi.iir  %>ilre 

l'.nnerex  4 

i 

le. 

..le  sei- 
par  son 

».    nil    11 


SACHIFICK    DC    MO.NDt   ET    OROI.NATIO.N 

fyfinjois  de  Sales  rentrait  en  Savoie  à  l'âpe  de 
Tingf-ciuqans:  c'était  lephis  accompli  des  jeunes 
seigneurs  de  son  temps.  Justement  lier  d'un  tel 
lilS)  son  père  fondait  sur  lui  les  plu.s  brtlUntes 
espérances.  Le  duc  de  Savoife  lui  otTrait  la  dignité 
de  sénateur  au  Sénat  de  Chambéry  ;  d'autre  part, 
le  marquis  de  Sales,  son  père,  voulait  le  marier 
à  la  nile  du  seigneur  de  \égy,qui,  Â  une  gmnde 
fortune,  joignait  les  plus  belles  qualiU'--  de  l'es- 
prit et  du  ciBur.  Mais  Prauçoi»  refusa  tuus  ces 
avantages:  il  était  résolu  de  se  coii^.-Yrirr  à  Dieu. 

En  vain,  son  père  s'opposa  de  tout»"-  -^es  forces 
i  son  dessein;  en  vain,  il  multiplia  ses  proposi- 
tions et  ses  instances,  François  resta  in>'liranlable 
dans   son  Mcritice.  Il  se  jeta  aux  pi>'d>  de  son 

§ère  pour  le  conjurer  de  ne  plu«  contrarier  les 
esseins  de  Dieu,  et  lai  (il  connaître  sou  vo-u  de 
chasteté. 

François  entra  donc  dans  l'état  ecclésiastique, 
fut  nommé  prévôt  du  chapitre  de  lit-iievf,  et 
ordonné  prêtre  à  Annecy,  le  18  déceiiibrr  \^9'i. 
En  lai  imposant  les  mains,  le  vénéra)>le  .'V'^que 
de  (ienève  ne  put  retenir  ses  l.iriiics,  il  lui  sem- 
blait Toir  i  ses  pieds  uu  s-'r.iplnn  plui/^t  qu'un 
homme.  L'émolion  gagna  toute  I  ixi-^lanrt-,  et  la 
cérémonie  s'acheva  au  milieu  des  s.iii;:l.>ls. 

Peu  de  jours  après,  le  nouveau  pr-'iip  inau- 
Cura  son  minislèro  avec  un  tel)-  di^ne  de-  apiMies. 
D  prêchait  souvent,  avec  une  siinplinu',  uiir 
onction,  une  doctrine  qui  ga^iiai<-ut  les  ••spnls 
et  les  eoturs.  Il  passait  une  partii-  de  ses  iiiuiii'-'^i 
au  confessionnal,  ne  se  lassant  jaiu^ d'accueillir 
les  pécheurs  et  les  pauvres. 

MISSIONS     M    CBABLAtS 

Une  notable  partie  de  la  Savoie,  le  ChaMais, 

situé  sur  les  bords  du  beau  lai'  df  ''  .    i' 

été   envahi,  des   l'an    1536,  par    1< 

'    ~:.. lis,  qui  y  avaient  implanté   U   i.'ii.i..ii   iiv 

I    X  coups   de   sabre,  (ifii-ve   y   at.kil   fait 

!"  "alvinisrae.el  lesnouvidlos  Kéu-'i.iiiuus, 

iiis  ces  erreurs,  étaient  tri*  attachées 


Le  : 
voulu' 
des  II 
une  . 

jour 
Fn 


l'ï  à  l'evèque  de  «leiievp.  C-  i 

-ile  s'il  en  fut;  il  fallait  cli.i  ; 

T   '  irs  des  liai»  ini  ■' 

pu»  à   -'"(trii 

lariii'-^,   m 

.1    tlll-ll    .o 

o*   nr  du    I 
•ririll  .If» 


Kl. 

.t  1, 
pi.i 

l--  leml-iur  du  «'•t.ihiais 


|l/  l.« 


>inl  ona  eo 
n     :  I  n •     la 


les  arrpnts  de  J<'réniie  pleurant  sur  Jérusalem. 
«  OH>^  i.'iTr  autrefois  si  belle,  s"écria-t-il.  a  été 
désol^^p  fi.ifp.  que  ses  babitanU  ont  violé  la  loi 
d«  Itieu  Ht  roiiipii  son  alliance.  Les  voies  de  Sion 
pfeMr-fiil.  (i«rre  qu'H  n'y  a  personne  qui  vienne 
à  -fs  <olniiiilé>;  rennemi  a  mis  la  main  sur  ce 
qnVli,-  ^iviiii  .If-  prf'cieui,  les  pierres  du  sanctuaire 
«Hit  •*ti'  li-^»»T-"'es...  0  Jérusalem  I  6  Chablais  I  6 
tfrieïe.  coriv-rtis-toi  an  Seigneur  ton  Dieu  et 
qnr  ta  cnutrition  devienne  grande  comme  la 
mer.  • 

François  allait  chaque  jour  i  Tbonon,  c'était 
là  le  <ip;.'e  de  rh''résie,  la  place  foite  qu'il  fallait 
eoiiqu-rir  II  allait  aussi  dans  les  lillaees  et  les 
caiiip<t^iie>  Ni  la  pluie,  ai  la  plare,  ni  la  uei'^e, 
ni  le~  'ira^ies  les  plus  terribles  ne  ponvaifiil 
l'aireii-r.  l'iiitm-  le  verglas  reiniait  les  cbeniiiis 
si  imiiralii-alilH»  qu'il  devait  s'aider  des  mains  et 
ées  geimux,  et  liîs  crevasses  de  ses  talons  et  de 
ses  vlnifit-  riiu^-issaient  la  neige  de  taches  de 
sauf.'  Il  .ill.iil.  louant,  jeûnant  et  souffrant.  Une 
nuit,  il  fui  surpris  dans  un  bois  par  des  loups 
«wniraiit  à  Iriivei»  la  neige.  Pour  leur  échapper, 
il  dut  se  r<*tii^iHr  sur  un  arbre,  et  pour  ne  pas 
tomber  duraut  sou  sommeil,  il  s'y  attacha  avec 
sa  ceintupp.  I.a  nuit  fut  si  froide  que  le  lende- 
main les  paysans  l.e  trouvèrent  à  dRini-mnrt. 

Une  autre  fois,  le  saint  missionnaire  fut  pour- 
suivi uuti  par  un  loup  de  la  montagne,  mais  par 
un  pruli'^l.iiit  armé  qui  avait  jur<'  de  le  tuer. 
Os  tiMiUitives  d'assassinat  se  renouvelèrent  sou- 
vent; If  «ouverneur  des  Allingcs  supplia  François 
d'acepter  une  escorte  de  soldats,  mais  celui-ci 
n'y  voulut  jamais  consentir,  et  se  ronlia  eu  la 
prol-'ciion  dt-  Dieu  qui  le  préserva  toujours. 

Lnlin.  après  Je  longs  efforts,  les  âmes  com- 
nii^ii  ■  i-nt  à  s'ébranler,  la  grâce  de  Dieu  fut 
viiii'.K-use  et,  peu  à  peu,  le  pays  tout  entier 
revint  à  la  foi  de  ses  pères.  Le  lele  intelligent 
du  duc  de  Savoie  aida  puissamment  le  saint 
ni^^-i  iiiiaire.  L'Ei.;lise  tressaillit  d'allégresse  en 
rci>'.aiit  dans  ses  bras  ces  milliers  d'enfants 
im^uere  «'^arés. 

i'our  assurer  le  triomphe  de  la  vérité,  saint 
Fraui  iiis  de  Sales  fonda  a  Tbonon,  sous  le  titre 
lie  .s  (mte-.Mai.son,  une  sorte  d'université  où 
ù'  >  lu  ut  être  enseignés  tous  les  métiers  et  toutes 
1<  -  -.  ,'  ri'-es. 

1^  lut  prédicateur  eut  plusieurs  conférences 
paii.'  u'ure»  avec  le  fameux  calviniste  Théodore 
de  ti.jz  ;  celui-ci  fut  très  «^branlé,  mais  le  respect 
buinain  et  des  Lieus  impurs  l'empêchèrent  de 
romfire  avec  le  protestantisme. 


C' 


11 


encore  on  fait  qui  eut  un  grand  reten- 


iil. 


ivait  i  Tbonon  une  femme  calviniste  qui, 
;■  ■  ■nient  convaincue  par  les  discours  de 
11.  I-,  remettait  ii.-pendant  toujours  le  moment 
J'  'iiivertii.  Kllc  eut  lui  fils  et  négligea  de  le 

faire  baptiif-r  :  renfant  mourut.  Inconsolable, 
elle  If  portait  ^Ki'. inouïe  au  cimetière  ;  mais, 
sur  «on  clicniiii.  elle  rencontre  François,  et  se 
jeLant  à  ses  genoux  : 

^,    i:.  ,.  I.  ,.„.^,    ,r,nr,   enfant,  mon  cher  Père, 
.-•  '-.  au  moins  asseï  de  temps 

p  •  .  (Voir  la  (.'r.ivurc.'' 

I     1        ;     •  '-mes  à  r.  '  mère, 

il  i  II        >ii  :x,  et  sa  p'  .ut  pas 

fini''    {  I''  I  •  I.     Ml  ouvrit  les  yeux.  On  le  baptisa 

Ti    ■■''  .   il    V. ,  .it   encore   deux  jours,  pendant 

ton»  ceux  qni  le  voulurent  voir  purent 

;  du  miracle.  I.a  mère  et  toute  la  tamîTle 

I  r  i!i  ni  jiies  et  beaucoup  (Taulres  sni- 

^  ir.  ],'  !■  ur  •■»•  mple. 


L  EVEQUE  ET  LE  DOCTETTR 

Frappé  de  tant  de  vertu,  l'évAque  de  Genève 
voulut  s'adjoindre  François  comme  coadjutt-ur, 
et,  après  avoir  vaincu  non  sans  ppiiir  les  n-sis- 
tftnçes  de  son  humilité,  il  le  laissa  partir  pour 
Rome,  et  y  rf^uler  tout  ce  qui  concernait  la  mis- 
sion du  Chablais.  Avant  sa  précoiiisaliou,  Ki  m- 
çois  subit,  en  présence  du  papi>,  un  examen 
{biologique  qui  lui  valut  ces  paroles  du  souverain 
pontife  ; 

•  Aucun  de  ceux  que  nous  avons  examinés 
jusqu'à  ce  jour  ne  nous  a  satisfait  d'une  façon 
aussi  complète,  .>  et  il  ajouta  cette  sentence  des 
Proverbes  :  -  Burei,  mon  fils,  des  eau.t  de  r«/re 
ciUme  el   de   ta   source  de  votre  ;/»it.  ;  failei-  yi/e 

i~i'—-i d(f  1)0.1  eaux  se  r^aude  sur  touhv   tes 

1  'lyues,  afin  que  tous  puissent  en  buire  et 

6    ..  « cr«rr.  « 

Le  v(i-u  du  pontife  fut  exaucé.  François  répan- 
dit largement  les  lleuves  de  science  ecnlZ-ias- 
lique  qu'il  avait  recueillis;  et,  de  uns  jour-,  le 
grand  pa|ie  Pie  IX,  coutirmant  le  jugement  .ie 
son  prédéi-es^eur,  l'a  inscrit  au  nombre  des 
Docteurs  de  l'Kt'I'se. 

Nommé  coadjutenr  en  159» et  devenu,  en  Ifi02, 
par  suite  de  la  mort  de  Claude  f, panier,  evéï^ne 
tilulaire  de  lienève,  François  redoubla  de  ii-le 
dans  ses  travaux  apostoliques. 

Impossible  de  raconter  ici,  m<^iiie  en  .ilir-i.-é, 
ses  a-uvres  innombrables,  soit  cnmnre  iln  ••.•i»ur, 

soit  comme  pasteur  des  àxues.  (Jui  ne  '-i-ii \  --s 

écrits,  remplis  d'une  piété  si  su«ve  et  dm,,  dii,-- 
trine  si  siire,  en  particulier  son  Uitvidui-.nvti  •/  la 
tii«  dévote  et  son  Traité  de  Vavtitui  il>  th,-u  .' 

Son  dévouement  s'exerçail  t';:iileiiieiil  aupr.>s 
de  tous,  el  dans  les  voyages  qu'il  lit  à  l'an--  p^'iir 
les  affaires  reliuieuses  de  la  Savoie,  la  cour  ni-si 
bien  que  la  noblesse, la  bourgeoisie  et  le  [H>ni<le 
eurent  part    à   ses   largesses   spirituelles. 

il  conduisait  chacun  selon  son  eut,  estimant 
que  la  vraie  piété  consiste,  avant  tout,  à  i.imt  la 
volonté  de  Dieu,  en  étant  lidele  àton^  le-  ,i  v..ms 
de  son  état;  el  qu'ainsi  il  n'y  a  pa»  de  ciui.iiiion 
ni  de  vocation  où  l'on  ne  pui'^sp  et  ou  I  no  ue 
doive  s'employer  au  service  de  Dien. 

l.,a  comte^^e  de  Ville-Sa\iii  disait  du  !i«int 
éïf'que  :  <•  C'est  de  lui  que  j'ai  appris  à  servir  Dieu 
à  la /'ranc/ic  ^a'.- '•  •  ■  -'"st-à-dire  avec  simplicité, 
rondeur  et  san 

Ainsi  Dieu  pi  ,...»..  ^  l'avance  le  remède  an 
Jansénisme. 

SAUm  JEANNE  01  CBARTAL    BT  LA  .VISITATION 

François  pri'cha  le  carême  de  l'iinn-'.'  ifiOi  k 
Dijon.  1^  Providence  l'y  avait  ccinlint  |i>ur  la 
sanctification  d'une  pieuse  veuve,  la  baronne  de 
CbanUl. 

Quand  celle  âme  forte  el  .n  '  '  mit  «ou» 
la   conduite   de   notre   Saint.  'i   <lç   ses 

quatre  petits  enfaii!.s  la  rct' :  '■•■    '<• 

monde;  mais,  lorsqu'elle  cui 


cet   Uiilre   •-'  libre  qui  a  donné  tant  d«  saintes 
inics  à  rKfjli-p. 

Saint  Fraiirni?  d' 
temps  à  établir   un 
d'int  la  vie  moins  au&tùrc  q 
couvents,    permetlriMt  d'y   r. 
les  filles  âgées,  el  in  ' 
que  les  austérités  • 


re'i)plcici^;s  par  une  obéissance  ».■  luiDUlieuse ,  uue  U  D&t«re  y 
aK  tout  à  suulTrir  et  la  grâce  tout  &  gifner.  D«  plus,  m  preonère 
p«asëe  avait  été  de  ne  pas  établir  de  clôture,  et  <\\ie  l«s  tilles 
ée  Sainte-Marie  allassent  visiter  les  malades.  De  là,  le  n«m  de 
Visitandines,  et  letir  dévotion  spéciale  au  inyslère  de  la  Vtsitation. 
Mais,  plus  lard,  les  obstacles  apportés  à  ce  dessein  parareat  i 
saint  François  des  indices  suflisaiits  de  la  volonté  de  Dieu;  ses 
dlles  échançèrent  donc  l'œuvre  de  .Marthe  contre  celle  de  Marie,  et 
c'est  ce  quilui  faisait  dire  apréableinmt  :  ■'  Ou  m'appelle  fondateur 
d'Ordre,  et  cependant  j'ai  fait  ce  que  je  n'ai  pas  voulu,  et  je  n'ai 
pas  fait  ce  que  je  voulais,  a 

FORCI   rr   DOIJCEDR 

Dieu  avait  donné  à  François  un  pouvoir  absolu  sur  les  esprits 
immondes,  qu'il  chassait  souvent  par  la  seule  imposition  des  mains; 
de  même,  il  guérissait  les  malades,  et  souvent,  par  «les  faveurs 
extraordinaires.  Dieu  fit  éclater  aux  yeux  des  hommes  la  sainteté 
de  son  serviteur.  Un  jour,  il  parut  en  chaire  tout  environné  de 
lumière;  une  autre  fois,  un  «lobe  de  feu  céleste  totnba  sur  son 
oratoire  pendant  qu'il  priait,  et  l'environna  d'étincelles  brillantes  qui 
l'éolairaient  sans  le  brûler.  Pendant  qu'il  préparait  un  sermon,  il 
sentit  son  cœur  s'enllammer  d'amour  de  Dieu,  et  il  vit  deux  colonnes 
de  feu  se  mettre  à  ses  côtés  et  le  suivre  à  travers  sa  chambre.  Son 
entendement  ne  fut  pas  moins  éclairé  que  ses  yeux,  car  cette  appa- 
rition fut  accompagnée  d'une  admirable  connaissance  dt  la  beauU 
et  de  la  clarté  des  mystères  de  notre  sainte  foi. 

.Nous  aurions  tracé  un  portrait  bien  incnniiilel  de  saint  François 
de  Sales,  si  nous  ne  disions  pas  un  mot  de  sa  douceur  et  de  sa  bontf 
si  connues;  pourtant,  il  tenait  de  la  nature  un  caractère  vif  el 
emporté;  mais  il  sut  si  bien  le  souraellre  au  joug  de  l'humilité,  qu'il 
devint  le  plus  doux  des  hommes,  ce  qui  faisait  dire  à  saint  Viaceot 
de  Paul  :  «  Que  Dieu  doit  être  bon  puisque  M.  de  (ienèTe,  som 
ministre,  est  si  bon.  » 

Dans  les  affronts,  au  milieu  des  impies,  François  était  d'unepabenc* 
sans  bornes.  Un  jeune  homme  l'injuriait  un  jour  grossièrement: 

..  Monsieur,  dit  le  Saint,  vous  m  obliperiei  beaucoup  de  me  dire 
tout  bas  les  injures  qu'il  vous  plair.i,  je  vous  proteste  (jue  je  les 
porterai  au  pied  du  cruciflx,  et  que  per-^.iniie  d  en  saura  rien.  » 

De  même,  dans  les  croix,  dans  les  afllictious,  sa  soumission  était 
inaltérable  : 

•  Obi  disait-il,  que  nous  soyons  i  jamais  attachés  k  la  cr«ii,  et 
que  cent  mille  coups  de  flèches  transpercent  notre  chair,  poorru  que 
le  dard  enflammé  de  l'amour  de  Dieu  ait  auparavant  oi'n^tri  noire 
cœur!  Que  cette  divine  blessure  nous  fasse  mourir  de  la  sainte  raoïi 
qui  v-iut  mienx  que  mille  vies!  » 

|.  ,  fête  de  saint  Jean  rF>         '    '  '   r-    imis 

de"  lie  à  l.yon.  Il  mourut  le  » 

Il  a>.iu    iiiiiu  iiii'     11  ans.  Suivant  les  deiin'  i-^  > in^  ■.    •■{,    ■■lyt 

fut  transporté  À  .\iin''ijr  dans  l'épine  de  la  Visitation  ;  on  l'y  »<  nèp» 
encore  aujourd'hui  Son  cujur  fut  donné  au  premier  monastère  d* 
ta  Vi>iilatioD  de  Lyuu. 


L»  fértit  .  B.  PenraiHBT.  —  InprtOMrte  P.  Kai^a-ViiAf,  1  A  i,  rus  HaytH.  l'tru,  >  Ul*. 


SAINTE    HYACIMHE  DE   MARTSCOTTI,    VIERGE 

RELIGIEUSE   DU   TIERS-ORDRE   RÉGULIER  DE    SAINT-FRANÇOIS 


Fête   le  50   lanvi.  r  et  le  6  février. 


SaiBt«  Hyacinthe,  au   milieu   de    ses   pénitences,    ravie    en   extaa*, 
entend   le*  anges  chanter  nne  snare   mélodie. 


La  Tie  de  la  Sainte,  dont  nous  allons  résumer 
l'histoire,  te  diriie  en  deux  parties  bien  distinctes. 
Nous  7  Terrons  comment  une  âme  désireuse  de  le 
ïauTer,  peut  être  transformée  sous  l'inQuence  de  la 
Kràce  divine  :  que  ce  soit  pour  noift  un  encourage- 
ment dans  l'œuTre  de  notre  conTeriion  et  de  notre 
sanctiBcalion. 

TAJIITIOtB    ET    MONDÂinS 

Hvacintbe.ou  plulAt  Claricp  <qui  fol  ion  premier 
nom  .  Tint  au  monde  l'an  |j>t5,  a  V|ffnan<>lln.  ft 
quelques  lieuei  de  Rome.  Son  grand-père,  le  comte 


Sforza  Mariscotti,  arait  été  enTojé  i  Rome  par 
Cbarles-Quint  pour  j  traiter  d'aiïaires  importantes  ; 
il  s'acquitta  si  bien  de  cette  mission,  que  le  pape, 
Paul  III,  Toulut  se  l'attacher  et  lui  fit  épouser  sa 
nièce  Ilortense  Farnèse.  Leur  Ois,  Marc-Antoine 
Mariscotti,  épousa  Octavie  Orsini.  De  ce  marias* 
noquirent  trois  tilles  :  Ginèrre,  l'aînée,  $e   flt  reli- 

f;ieuse  franciscaine  à  Viterbe  sous  le  nom  de  siTiir 
nnocence;  Clarice,  la  cadette,  fut  notre  Sainte  ;  la 
troisième. Hortense, épousa  le  marquis  de  Capiiurbi. 
Ces  trois  enfants  reçurent  une  excellente  éduca- 
tion,car  les  parents  étaient  aussi  piaux  que  riches, 


j-.'O 


mais  en  proOtèrenl  diversement. Celle  qui  se  montra 
la  pin?  rebelle  fut  Clarice.  Infatuée  du  haut  rant: 
où  la  Providence  l'avait  fait  naître,  elle  laissa  pa- 
raître dès  l'enfance  une  Tanilé  et  un  orgueil  insup- 
portables ;  elle  était  dure  pour  les  domestiques, 
intraitable  dans  ses  caprices;  ses  jours  se  passaient 
dans  di?  dangereuses  rêveries,  et  la  meilleure  partie 
de  son  temps  était  donnée  à  la  toilette. 

Jouant  un  jour  au  bord  d'une  citerne,  elle  y  tomba 
et  se  fut  infailliblement  noyée  si  une  force  surna- 
turelle ne  l'eût  soutenue  au-dessus  de  l'eau.  Une 
protection  si  merveilleuse  de  Dieu  ne  fit  aucune  im- 
pression sur  cette  enfant  volage;  l'entrée  de  sa  sœur 
aînée  dans  un  couvent  ne  la  toucha  pas  davantage; 
au  contraire,  elle  songeait  avec  plaisir  qu'il  lui  res- 
terait ainsi  une  plus  grande  part  dans  l'héritage 
paternel. 

Ses  p.irents,  justement  inquiets  de  l'avenir  de 
celle  enfant, pensèrent  modiûerses  tendances  mon- 
daines en  l'éloignant  quelque  temps  de  leur  palais, 
pour  la  mettre  en  pension  dans  le  couvent  de 
-i  sœur  alr.ée.  Les  exhortation»  d'Innocence,  ses 
•  leniples,  sa  bonté,  eurent  ppu  d'iiitluence  sur  la 
jeune  pensionnaire;  son  corps  était  au  couvent,  mais 
son  esprit  était  tout  ailleurs.  Elle  n'aspirait  qu'à 
rentrer  dans  le  monde,  et  multiplia  ses  instances 
jusqu'À  ce  que   Son  père  vint  la  retirer. 

Une  ani^re  déception  salua  son  retour  an  palais 
paternel.  Tout  y  était  prêt  pour  le  marinee  de  sa  plus 
jeune  sœiir.  llortense,  avec  le  marquis  l'uul  Capizuc- 
chi.  !,-•  choix  était  parfait,  et  le»  fêtes  furent  bril- 
lantes. C.l.irice  séchait  de  jalousie  et  de  dépit  :  qu'on 
eût  son  ce  à  établir  sa  jeune  sœur  avant  elle  lui  parai- 
sait  une  injustice  inqualifiable.  Cependant  elle  dis- 
simulait et  se  taisait,  autant  par  fierté  que  par  obéis- 
sance à  ses  parents.  Mais  bientôt  sa  mauvaise  humeur 
ne  perdit  aucune  occasion  de  s'afficher  ;  rien  ne  lai 
plais.iit,  elle  devenait  à  charge  a  elle-même  et  à 
toute  la  maison.  Son  père  n'avait  pas  tardé  à  percer 
le  motif  de  son  mêronlenteraent  ;  mais,  sans  doute 
par   un  île  de  la  Providence  qui 

iv.iits-  '.aucun  prétendant  digne 

de  sa  C'in  ilunn  ne  se  pri'sentail.  Le  noble  comte 
finit  par  s'arn^ter  à  un  projet  qui  surprendra  le  lec- 
teur :  il  proposa  tout  simplement  t  sa  fille  d'entrer 
dans  un  couvent  comme  »,>  sœur  aînée,  <|ui  s'y  trou- 
vait si  ■"'■•'■•  ■"  f-ri'-'-  i"  |i'-'i  A  cette  propo- 
sition il    avec   énergie 

len   »'■".  •  l  d*ru    II"  li.'tlMll 

;  len,  soit! 

-    '  il-e,  et  ilr~     , 
Ma;Hii  !é  d  Innocence  ; 

m"i,j'  avec  la  dii:iiité 

qui  ('onvittnt  4  une  pemuune  de  ma  naissance  et  de 
mon  rang.  •  Le  comte  ne  répondit  p?i" 

Au  reste,  «pr'-s  avu  ■•  Cla- 

rice, nou«  («irion»   in;  -  pas 

de  SCS  ■;       ■  ■  "  :i  cri'  t  Je  l:i  ».-i  i  ■•_■    li-  nieii  et 

de  la  I'  I   qu'elle  avait  leçue,  maU'ré 

son  amour  .le  j  i  [.arure,  elle  ne  manquait  jamais 
lie  retenue  et  de  modestie,  et  se?  mœurs  furent  ft 

i-,i.      I  .  ■„.  .    —  ;  un  ordre  .le   je?   parents  la 

«sanir;  enlin.  «llr  «vait   ut»r 

.1 .;4     ....aillé  et  un  prand   fond  àt  foi, 

do«t  Uiea  deTmit  te  serrir  plus  tard  pour  son  Mlut. 

«■.leiaifl    PAK    oâPIT    AUTAM    Ql-I    PAl   VMITC 
Cl-irir.-     n '.  .1  '  1     aL.r^     <1    f.rt^1)f    aflS*     "IL-     .'Ijtil    .)nn€ 

''  t  d'une  he.. 

j  < i    *  pur 


même  se  dépouiller  de  ses  brillantes  parures,  un 
frisson  courut  dans  la  foule,  chacun  admirait  son 
courage  et  son  sacrifice  ;  son  père,  le  comte  Marc- 
Antoine,  tomba  en  défaillance,  et  il  fallut  l'em- 
porter loin  de  ce  spectacle  attendrissant.  Seule, 
llyacinthe  n'était  pas  émue;  en  changeant  d'habit 
elle  ne  changeait  point  les  dispositions  de  son 
cœur.  Elle  le  fit  bien  voir  quand  son  père,  remis 
de  son  émotion  du  matin,  vint  dans  la  soirée  la 
visiter  au  parloir  ;  elle  lui  répéta  avec  hauteur  ce 
qu'elle  lui  avait  déjà  dit  :  ■  Me  voiU  religieuse, 
mon  père,  mais  j'y  veux  vivre  selon  ma  condition  >•! 

On  devine  bien  que  son  noviciat  ne  fut  pas  fer- 
vent, elle  s'acquittait  des  devoirs  extérieurs  de  la 
règle,  mais  hélas!  elle  n'y  trouvait  aucune  conso- 
lation. Elle  aurait  cru  déroger  à  son  rang  en  se  con- 
tentant d'une  simple  cellule  comme  les  autres  reli- 
gieuses :  elle  exigea  que  son  père  lui  en  fit  làlir 
une  exprès  pour  elle.  Dédaignant  la  nourriture 
commune,  elle  se  faisait  préparer  au  dehors  des 
repas  choisis. 

Au  bout  d'un  an,  elle  prononça  ses  vœux,  mais 
sa  profession  ne  changea  rien  à  sa  vie.  Dégoûtée  de 
la  chambre  que  son  père  lui  avait  bâtie,  elle_  exigea 
qu'il  lui  fit  construire  une  habitation  coDiplè'tc  dans 
le  jardin  do  couvent.  Elle  la  meubla  avec  un  luxe 
princier  :  des  tentures  splendides,  des  tableaux  de 
prix,  des  bijoux  étalés  sur  une  table  de  marbre,  sa 
robe  précieuse,  son  voile  de  soie,  montraient  que 
Saur  Ili/acintlie  était  toujours  C'uricc.  Sa  vie  éUit 
celle  d'une  grande  dame  dans  une  honnête  et  pai- 
sible retraite,  le  monde  n'aurait  rien  eu  k  lui 
reprocher  ;  mais,  est-ce  là  le  chemin  de  la  perfec- 
tion monaetiqueT  Dix  ans  se  pas>crent  ainsi. 

L'iDEunc  Di  nnn;  —  co.n  version  suRpas^AMi 

Cependant,  Dieu  attendait  toujours  cette  dme. 
Saur  Hyacinthe  tomba  dangereusement  malade. 
PMira-'suréesar  l'état  de  sa  conscience,  elle  demanila 
le  confesseur  du  couvent.  Le  Père  Antoine  ilian- 
chetti,  homme  d'une  vertu  austère,  rompii-:>ait 
dupuis  peu  de  temps  ces  fonctions,  il  s'ein{>i'^^e 
de  venir.  (.>n  le  conduit  a  la  cellule  de  la  uial.ide. 
Quand  il  se  voit  dans  ce  salon  de  princesse,  il  ^e^te 


un  m' 
sur  In 

ciel    II  e-i  , 

El  il  se  r*i 

•  Mon  p<  ,    .    a  ,^, ,  .t 
suis-je    donc    dnmnAe! 
pillé  de  mui  !  >  El  ui>  1 
visage.  La  gr.lce  ava. 
•>  Oui,  reprit  le  moine. 


puis,  jetant  un  regard  i>!;\èie 
:  •'  Je  n'ai  rien  à  faire  ici,  le 
-j.ioilleux  et  les  superbes  ••. 

ur. 
•  ■>   relip-""-"   'lisie  d'effroi. 
Dieu  1  I   plus  avoir 

iirfi.t    <  :t.iir.<le   ^m|i 


l 


tir 


l'autel,  itrvant 
"0   la   «<l  «Ilia- 


de la  gràte  de  Sieu,  et  mènent  la  vie  du  monde 
jusque  dans  le  clullre.  Cependant  il  est  temps 
encow  pour  vous  d'obtenir  ni  '.  rrpeiitci- 

Tons,  rhnnceide  vie,  soyei  bui.  .*re  et  mor- 

ti'  •■!  le  monde  pour  ne  plus  songer  qu'au 

C.  dit,  il  s'en  va. 

Il  K'v.ni  le  lendemain,  sœur  llyacinlhe  lit  sa  con- 
fo^smn  cénérale  avec  tant  de  repentir  que  les 
s.ii-.lulf  eiilreroupaient  sa  voii    '  '  :  .  ^luu, 

n<liiiire    la   bonté    de   llieu  sur  i  i  con- 

»■    I  ■    '  --  ,,(    |j,    (Jotin,.,,,,-    r,,    nirinc    lellips 

il  lucnt    ses   maurus  exeiiii'lr* 

i  ; 

''  *'«rt  retiré,  la   religiroae  Hirtnon- 

1  de  son  corps  nif^L^'le    «e  t^vi'l   ,i   uni* 

bure  et   va    .<  i 

,"  de»    Siriirs.  V 

toieiil    itiii  •  1 

. I  nu  milieu    le 

I  1  >dllr,  et,  al  Hier  d  u:>«  '  a    iM 

fl.'\:;rllrr  ruilrmenl,  et   h  ,    -  i;i>iul. 


4 


pardon  des  scandales  qu'elle  avait  donnés.  Les 
Sœurs,  profondément  touchées  d'une  conversion  si 
soudaine,  la  consolent  et  lui  promettent  de  l'aider 
de  leurs  prières.  On  conçoit  tout  ce  qu'un  acte  d'hu- 
mililé  aussi  héroïque  avait  dû  coûter  à  l'âme, 
kier  encore  si  hautaine,  de  la  fille  des  comtes 
Mariscotti. 

Ce  ne  fut  pas  non  plus  sans  de  douloureux  efforts 
qu'elle  arriva  à  se  défaire  des  objets  de  luxe,  des 
meubles  prk'cieux,  des  mille  futilités  auxquelles 
son  cœur  avait  été  jusque-là  si  attaché  par  une 
longue  habitude.  Ce  n'est  que  plusieurs  mois  après, 
à  la  suite  d'une  nouvelle  maladie,  en  face  de  l'éter- 
nité où  elle  s'attendait  à  entrer  peut-être  bientôt, 
qu'elle  prit  absolument  son  parti  de  se  vouer  à  la 
pauvreté  parfaite  d'une  fille  de  Saint-François: 
"  Seigneur,  c'en  est  fait,  dit-elle  enfin,  je  renonce 
à  tout  ce  que  je  possède.  Vous  êtes,  et  vous  serez  mon 
unique  bien  !  »  Et  se  tournant  vers  une  imaee  de 
sainte  Catherine  de  Sienne,  qui  était  fixée  au 
mur:  "  0  vierjie  glorieuse,  dit-elle,  soyez  ma  protec- 
trice, et  eblenez-moi  la  grâce  d'accomplir  ma  pro- 
messe. »  L'ne  voix  répondit  clairement:  «  Entre 
franchement  dans  cette  voie  de  sacrifice  et  je  te 
proté(.'prai  toujours.  » 

En  effet,  le  sacrifice  fut  désormais  complet,  irré- 
vocable. Elle  remit  entre  les  mains  de  la  Supérieure 
tout  ce  qu'elle  avait  contrairement  à  l'esprit  Je  la 
règle.  La  robe  la  plus  usée,  la  cellule  la  plus  pauvre 
et  la  moins  commode,  voilà  désormais  l'objet  de  son 
ambition.  Elle  balayait  les  corridors,  prenait  pour 
elle  les  fonctions  les  plus  répugnantes  du  couvent, 
et  s'en  aquittait  à  genoux  quand  cela  était  possible. 
Elle  se  couchait  parfois  sur  le  seuil  d'une  porte, 
suppliant  les  Sœurs  de  passer  sur  elle  comme  sur 
un  objet  diyne  de  tout  mépris;  d'autres  fois,  une 
corde  au  cou  comme  une  criminelle,  elle  baisait 
les  pieds  des  Sœurs.  Pour  tout  dire,  en  un  mot,  elle 
devint  plus  patiente  qu'elle  n'avait  été  irritable,  et 
plus  humble  qu'elle  n'avait  été  orgueilleuse. 

Elle  avait  beaucoup  aimé  les  visites  et  fait  vanité 
de  la  noble-^se  lie  sa  famille  terrestre;  elle  consentit 
a.  ne  plus  voir  ses  parents  et  ses  amis  que  sur  un 
ordre  exprès  de  la  Supérieure.  Elle  se  choisit  dans 
le  ciel  une  nouvelle  famille  en  harmonie  avec  ses 
aspirations  spirituelles:  elle  prit  saint  Augustin 
pour  son  père,  et  la  célèbre  pénitente  sainte  Marie 
Egyptienne  pour  sa  mère;  son  frère  fut  saint  Guil- 
laume, autrefois  duc  d'Aquitaine,  pécheur  converti 
par  saint  Bernard,  et  fameux  par  ses  austérités  ; 
sa  sreur  fut  sainte  Marguerite  de  Cortone,  pénitente 
et  tertiaire  de  Sainl-François  ;  elle  prit  pour  oncle 
l'apâtre  saint  Pierre  et  pour  neveux  les  trois  enfants 
dans  la  fournaise  de  Balbjrlone. 

AOSliniTBS  TBRniBLKS 

Ce  qui  est  elTrayant,  oe  sont  les  mortifications 
dont  elle  fit  désormais  sa  vie.  Elle  semblait 
éprouver  le  besoin  de  réparer  les  anné^^s  perdues. 
Elle  planta  dans  sa  «edule  une  grande  crois  qui 
allait  ju!iqu'au  plafond,  et  chaque  soir  elle  s'y  faisait 
»u-penilre  avec  une  grosse  chaîne  de  fer  qu'elle 
tenait  d'un  forçai  de  Civitta-Vecchia.  Parfois,  la  nuit 
se  passait  '^nns  autre  lit  que  cet  instrument  de  sup- 
plice. Quanti  la  nature  réclamait  absolument  un  pen 
de  repns,  elle  dormait  sur  un  fagot  de  Mrment 
avec  une  pierre  pour  oreiller. 

Kll»  *f  ll.iL'>'liait  av4c  sa  discipline  jusqu'à  ensan- 
elaiiler  l>'  l'iimlier  de  tn  cellule.  Tous  lf>s  vendredis, 
<'n  mi^moirr  du  la  <oif  de  Ji'-siM  sur  la  croix,  elle  se 
ni'  liait  une  poitrnée  de  sel  ilana  la  bouclie  Elle  ne 
buvait  qii<>  lie  l'nau,  et  ne  nianKeait  que  du  pain 
tri-s  dur  qu'elle  laissait  sécher  tout  eipri*s  afin   d'y 


trouver  moins  de  goût.  Pendant  l'avent  et  le  carême 
elle  vivait  de  salade  et  de  racines  cuites  à  l'eau. 

En  un  mot  elle  fuyait  tout  ce  qui  pouvait  ca- 
resser les  sens  et  cherchait  tout  ce  qui,  en  la  fai.^ant 
souffrir,  lui  permettait  d'expier  ses  fautes  passées, 
et  de  témoii:ner  sa  reconnaissance  et  son  amour 
pour  Jésus  crucifié,  son  libérateur  et  son  unique 
bien.  Loin  de  s'enorgueillir  de  ses  pénitences,  elle 
comptait  tout  cela  pour  rien  et  lOontiiiuait  à  se 
regarder  comme  la  plus  indigne  des  religieuses  du 
couvent 

ÉPREUVES  pr  TENTA.T10NS 

Le  démon  n'avait  pu  voir  sans  rase  cette  âme 
d'élite  se  réveiller  si  énergiquement  du  sommeil 
perfide  et  coupable  où  il  la  retenait,  il  n'épargna 
rien  pour  abattre  son  courage.  Le  ct)té  faible  de 
Clarice  avait  été  l'orgueil,  Satan  s'en  souvenait;  or, 
rien  ne  coûte  tant  à  l'orgueilleux  que  de  se  voir 
véritablement  méprisé.  Le  tentateur  inspira  à 
quelques  Sœurs  des  doutes  sur  In  sincérit-"  de  la 
convertie,  dont  l'héroïsme  semblait  un  reproche  à 
leur  tiédeur.  Elle  n'avait  fait  que  changer  de  rdle 

fiensaient-elles  :  ne  pouvant  plus  s'attirer  les 
ouanges  par  son  luxe,  elle  jouait  maintenant  à  la 
sainte,  ce  n'était  qu'une  hypocrite  qu'il  fallait  cor- 
riger en  lui  montrant  qu'on  ne  se  laissait  pas 
prendre  &  ses  artifices.  Aussi,  elles  ne  se  gênaient 
pas  pour  le  lui  donner  souvent  à^ulendre,  tantôt 
par  des  paroles  railleuses,  tantôt  par  des  procédés 
blessants.  Quelques-unes  se  croyaient  plus  chari- 
tables en  pensant  qu'elle  était  devenue  plus  ou 
■moins  folle,  et  riaient  de  ce  qu'elles  appelaient  ses 
extravagances.  Sœur  Hyacinthe  supportait  avec 
joie  ces  humiliations;  il  lui  restait  d'ailleurs  des 
unies  fidèles  et  l'appui  de  la  Supérieure. 

Mais  voilà  que  l'ennemi  s'efforce  de  la  jeter  dans 
le  trouble,  la  tristesse  et  le  désespoir.  11  lui  souffle 
la  pensée  que  toutes  ses  pénitences  et  toutes  ses 
prières  ne  lui  serviront  de  rien  :  elle  a  trop 
abusé  de  la  patience  de  Dieu,  qui  l'abandonnera; 
elle  ne  persévérera  pas  ;  elle  sera  certainement 
damnée.  Quoi  !  être  à  jamais  condamnée  à  ne  plus 
aimer  Dieu,  à  ne  pas  le  voir,  à  brûler  en  com- 
pagnie des  démons  et  de  tous  les  malfaiteurs  impé- 
nitents que  la  terre  a  portés,  et  cela  pour  toujours! 
Quelle  perspective!  Malgré  les  efforts  de  sa  foi  en  la 
bonté  de  Dieu,  cette  pensée  désolante  la  poursuit, 
l'obsède  :  tentation  terrible  dont  le  jeune  saint 
François  de  Sales  a  éprouvé,  lui  aussi,  les  angoisses. 

Un  jour  que  la  pauvre  religieuse  était  plus  afIliKée 
et  qu'elle  cherchait  dans  une  prière  fervente  conso- 
lation et  force,  elle  entendit  une  voix  qui  disait  : 
«  Non,  ma  fille,  espère  :  tu  n'es  point  damnée,  au 
contraire,  tu  es  très  proche  de  Dieu.  » 

Des  tentations  intérieures,  Sutaii  passait  aux 
attaques  ouvertes.  Une  fois,  comme  elle  descendait 
l'escalier  du  couvent,  le  démon  la  précipita  violeai- 
ment  en  bns,  et  le  coup  fut  tel  qu'elle  ne  put  as 
relever  qu'avec  laide  des  Sœurs  venues  à  son  s»- 
cours. 

L'ennemi  lui  tendit  bien  d'autres  pièges,  mais  la 
fiancée  du  Christ  trouvoit  toujours  force  et  vic- 
toire dans  l'amour  de  Dieu,  lu  prière,  les  saintes 
lectures,  la  méditation  des  eoiiffranres  du  Sauveur, 
«t  aussi  dans  son  obéissance  à  labbesse  et  aui  di- 
recteurs de  sa  conscience.  Au  lieu  de  la  déooiiraKer, 
le  démon  ne  réussissait  qu'à  lui  faire  augmenter  ses 
aiisiérités. 

Elle  pria  une  sœur  oonvene,  douée  d'une  forer 
ciinsidérable,  de  lui  rendre  un  service  que  le 
monde  trouvera  sinculier.  C'éliiil  de  lui  donner  la 
discipline  pendant  ili<s  lieiiros  piilieres.  (<«  i  «nversa 
s'y  refusa  lon^temp^,  mais  la  servante  de  ilieu  I'«b 


conjurait  avec  tant  de  persévérance,  qu'elle  finit 
par  céder  à  son  désir.  A  l'exemple  de  saint  Louis,  roi 
de  France,  qui,  dit  Joinville,  se  faisait  donner  la 
discipline  par  son  confesseur  et  cela  assez  lonctenips 
et  sur  ses  épaules  nues,  notre  Sainte,  dans  le 
silence  et  l'oDscurité  de  la  nuit,  attachée  à  un 
poteau  et  les  épaules  découvertes,  tenant  dans  sa 
main  le  crucifli,  recevait  les  coups  que  lui  appli- 
quait vigoureusement  la  converse,  soit  avec  des 
verges,  soit  avec  une  discipline  armée  de  pointes 
de  fer.  Quand  le  sang  coulait,  auand  la  pauvre  con- 
verse, attendrie,  la  suppliait  ae  lui  permettre  de 
cesser,  la  Sainte,  de  son  côté,  la  priait  de  continuer, 
lui  promettant  de  l'associer  à  tous  les  mérites 
qu'elle  pouvait  acquérir. 

CHAHiri    ADMIRABLE    —    ZÈLE     POUR    LA    CONVEBSION    DES 
AMES    —    INFLl'RNCE    IMMENSE 

L'amour  de  Dieu  animait  toutes  ses  actions  et 
allait  sans  cesse  grandissant  dans  son  cœur.  Parfois 
cette  divine  flamme  l'empêchait  de  dormir.  Llle 
passait  alors  ses  nuits  dans  des  transports  qui  ne 
«ont  pas  de  la  terre. 

Sa  charité  la  porta  à  surmonter  toutes  les  répu- 
gnances de  la  nature.  Il  y  avait  dans  le  couvent 
une  pauvre  religieuse  qui  avait  au  sein  un  cancer 
horrihle  et  tellement  infect  que  les  infirmières 
avaient  successivement  perdu  courage  à  la  soigner. 
Hyacinthe  demanda  comme  une  faveur  de  prodi;.'uer 
ses  soins  à  cette  malheureuse  abandonnée.  Elle  le 
fit  av.c  une  tendresse  qu'une  mère  eût  à  peine 
trouvée  pour  son  enfant,  et  qu'une  sainte  pouvait 
seule  pousser  à  ce  degré  d'héroïsme.  Pour  se  vaincre 
elle-même  tout  d'abord  et  surmonter  toute  répu- 
gnance d'un  mal  si  horrible,  elle  commença  &  em- 
brasser la  malade  et  lui  demanda  à  baiser  cette 
plaio  hideuse  et  infecte.  Elle  le  fit  et  continua  de 
la  soiL'ner  Jusqu'au  bout. 

Coite  charité  de  Hyacinthe  la  portait  surtout  à 
di'sirer  le  salut  des  âmes;  sa  prière  était  inces- 
sante pour  les  pécheurs.  Il  y  avait  à  Viterbe  un 
homme  qui  scandalisait  le  pays  par  ses  vices. 
Notn-  Sainte  ayant  entendu  parler  de  lui,  en  fut 
touchée  dp  compassion  et  commença  pour  son  âme 
des  prières  et  des  mortifications  qui  durèrent  qua- 
rant>-  Jours;  puis  elle  le  fit  adroitement  venir  au 
parloir  du  couvent. 

A  peine  ce  libertin  eut-il  entendu  la  voix  de 
Hyacinthe  que  la  grâce  pénétra  dans  son  âme;  dès 
les  iiremiers  mots  qu'elle  lui  adressa,  il  se  mit  à 
fondre  en  larmes  et  résolut  immédiatement  de 
chanL-er  de  vie.  Le  jour  même,  il  alla  se  confesser 
à  un  Père  Carme  et  retourna  vers  la  Sainte  recevoir 
ses  conseils  et  un  plan  de  vie  nouvelle. 

File  le  fit  revêtir  d'un  simple  sac  de  toile,  et,  le 
dimanche  suivant,  ce  jeune  homme,  connu  par 
toute  la  ville  par  ses  déportements,  vint  A  l'église 
des  Carmei  communier  dan«  cet  humble  costume 
devant  presque  tous  les  hahiinnts  de  Viterbe.  Les  uns 
admirèrent  ce  courage,  la  plupart  s'en  moquèrent 
et  crurent  qu'il  était  fou  ;  mais  lui.  peu  soucieux  du 
ju^rf-ment  des  hommes,  heureux  de  suivre  les  con- 
seilt  de  notre  Sainte  et  de  réparer  ses  scandales, 
entra  dèi  ce  Jour  dans  le  chemin  dej  parfaits.  Son 
occupation  principale  fut  dès  lors  de  gotcner  les 
pAuvret  de  r)ii'>pital,  *«  contentant  des  ri'^ttes  de 
leur»  repas. 

Impossible  de  raconter  dans  cette  courte  notice  la 
multitude  de  conversions  analogues  qu'elle  opéra, 
surtout  auprM  de  ces  malheureuie*  qui  vendent  leur 
irae  avec  leur  corps  pour  leur  honte  en  ce  monde 
"t  leur  malheur  en  l'autre.  Son  c«uvent  n'étant  pas 
cloîtré,  elle  allait  visiter  l>  i  pauvres  dans  leurs 
réduits,  y  amenant  avec  elle  la  paix,  la  joie,  l'espiS- 


rance  et  le'soulageraent.  Elle  réorganisa  des  con- 
fréries, contribua  à  la  réforme  et  la  fondation  de 
plusieurs  couvents.  Mais  nul  ne  profita  autant  de 
ses  conseils  et  de  ses  exemples  que  son  propre 
monastère.  Toutes  ses  sœurs  avaient  fini  par  l'en- 
tourer d'estime  et  d'affection,  et  l'avaient  choisie, 
malgré  elle,  pour  vicaire  de  l'abbesse  et  maîtresse 
des  novices,  fonctions  qu'elle  exerça  longtemps  pour 
la  sanctification  de  beaucoup  d'àmes. 

SES  EXTASES  —  DO.N  DE  TROPIIKTIE  —  SA   MORT 

K  mesure  que  cet  astre  descendait  vers  son  déclin, 
sa  lumière  était  plus  vive  et  son  action  plus  étendue. 
Son  oraison  était  continuelle,  ni  les  offices  de  sa 
charge,  ni  ses  œuvres  de  charité,  ni  les  maladies 
cruelles  que  Dieu  lui  envoya  ne  furent  capables  de 
diminuer  l'ardeur  de  sa  prière,  rien  ne  pouvait  la 
séparer  de  l'amour  de  Jésus-Christ.  Elle  avait  lu  et 
relu  la  vie  de  sainte  Thérèse,  pour  laquelle  elle 
professait  autant  d'admiration  que  de  tendresse,  et 
souvent  les  religieuses  l'entendirent  converser  fami- 
lièrement avec  la  séraphique  réformatrice  du  Curmel. 

La  Sainte  Vierge  lui  apparut  un  jour  dans  le  Jardin 
du  couvent  et  cette  apparition  combla  la  Sainte  de 
délices.  Sa  vie  ne  semblait  plus  se  passer  sur  la 
terre.  Un  Jour  Lucie  Aggravi,  n'étant  encore  qu'élère 
au  couvent,  entra  dans  la  cellule  d'Hyacinthe 
pour  lui  ofTrir  quelques  fruits  ;  elle  la  trouva  les 
bras  en  croix,  immobile,  ne  paraissant  pas  respirer. 
L'enfant  surprise  de  ce  spectacle  se  mit  à  genoux 
derrière  la  Sainte  et  y  demeura  plus  d'une  li>Mire, 
sans  que  celle-ci  fit  un  seul  mouvement;  seulement, 
une  odeur  très  agréable  s'échappait  autour  d'elle 
Plusieurs  fois  elle  fut  ravie  en  extase  devant  toute  la 
Communauté,  et  on  la  vit  élevée  à  deux  et  trois 
pieds  de  terre,  les  yeux  fixés  vers  le  ciel,  perdant 
l'usage  des  sens  extérieurs  et  tout  absorbée  en  Dieu. 

En  plusieurs  occasions,  elle  prédit  l'avenir  avec 
des  circonstances  si  précisas  que  personne,  à  Viterbe, 
ne  doutait  de  ses  communications  avec  Dieu.  Une 
dame  ayant  eu  ta  douleur  de  voir  sa  petite  fille, 
âgée  de  deux  ans,  horriblement  brûlée,  vint  trouver 
Hyacinthe  qui  lui  dit  :  h  Consolez-vous,  votre  enfant 
guérira  et  recouvrera  même  sa  beauté,  mais  peu 
après  Dieu  tous  en  demandera  le  sacrifice  -,  La 
pauvre  mère  fut  remplie  de  tristesse  a  celte  nou- 
velle et  la  Sainte  ajouta  :  '<  N'en  ayet  pas  trop  de 
chagrin,  car  Dieu  vous  donnera  un  fils  qui  :<era 
prêtre  et  vous  assisterez  A  sa  messe.  ■•  Ce  qui  se 
vérifia  K  la  lettre. 

Terminons  par  un  trait  charmant.  Un  jour,  son 
frère,  le  comte  Sforza  Mariscotti,  vint  la  voir  avec 
ses  trois  fils,  Marc-Antoine,  François  et  Galéas  et  lui 
dit  en  riant  :  •  Ma  Soeur,  on  parle  de  votre  samlelé 
partout,  mais  je  vous  en  prie,  ne  vous  avi-iez  pas 
d'être  sainte,  car  le  procès  de  votre  canonisation 
nous  ruinerait.  »  Hyacinthe  répondit  à  cette  plaisan- 
terie avec  humilité,  disant  qu'elle  n'était  qu'une 
grande  pécheresse,  puis  elle  ajouta  simplement  : 
■  Ne  vous  en  tourmentez  pas,  monsieur  mon  frère, 
Galéasy  pensera.  «Ur, ce  fut  plus  tard  ce  petit  (I  lU  i'^, 
devenu  cardinal,  qui  poursuivit  le  procès  de  la  cauo- 
nisation  de  sa  tante. 

Ce  fut  de  la  bouche  d'un  crucifix  que  la  bdinte 
reçut  l'avis  de  sa  mort.  (>tte  mort  fut  simple  et 
tranquille  ;  elle  s'éteignit  doucement  le  30  jan- 
vier 1640,  âgée  de  cinquante-cinq  ans.  Il  yen  avait 
vingt-quatre  qu'elle  était  convertie.  Sitât  que  sa 
mort  fut  connue  dans  Viterbe,  chacun  voulait  avoir 
quelque  souvenir  d'elle.  De  nombreux  miracles 
eurent  lieu  près  de  son  corps,  nous  ne  (>■  '   ^ 

rapporter  ici.   L'histoire  île  cotte  Sainte  n 
en   Italien  par  le  p.  Annihnl  de  l.atera.  i-t  iraoïiU- 
en  français  par  M.  Alliberl,  vicaire  général  de  Lyon. 


iiup. -y<ran(  .  l'«Tirii»«T,  s,  ru»  Kr»ni..i»  1".  l'ani. 


SAINT  PIERRE  XOLASQUE 

FONDATEUR  DE  LORDRE  DE  LA  MERCI 


Fête  le  S  1  Jawifr. 


Apparition   de  la   Sainte  Vierge  à  saint  Pierre  Nolasque.   —  Le  Saint  s'offre   en  otage 
à  la  place  des  captifs.  —  11  aborde  miraculeusement  sur  les  côtes  d'Espagne. 


PREMIERES  ANNEES 

G>«1  la  France  qui  donna  à  TK^Iise  cet  illustre 
fondateur  de  l'flrdre  de  la  Merri  !  Il  naquit  au 
Vi~-Sainlfs-piiellei,  près  de  Caolf-lnaudary,  dio- 

de  (^-irrassoime,  d'une  famille  noble  et  chr«?- 

'  I  iK  I  n«  nnreiits  prirent  un  soin  atteiilif  de  sa 
'■'Il  II'  eduralion.  I)<- bonne  heure,  ils  jetèrent 
lu,-  -oïl  ri;Mjr  le  ferme  de  la  fiii'l''  et  de  toutes 
je»  vertus.  Ils  veillnient  pniir  ''rarler  de  lui  tout 
■  •■  'Mil  -lurnil  pM  !l''lrir  tiii-  (l'Mir  »i  d<-li'  iio  '■'    ■ 


fracile.  Du  reste,  l'enfant  ri'pondait  à  tant  de  sol- 
lii-ilude  par  une  dorilil'>  toute  rélesle. 

Il  ''tait  d'une  doiic-ur  any^lique  et  sa  bonti^ 
aimait  surtout  à  s'exiTcer  à  l'^t'ard  des  pauvres, 
dont  les  goullrancesel  TeUil  mis'freux  excitaient 
sa  pitië.  Il  leur  donnait  sans  compter  et,  dans 
son   empressement,    il   n'alteiulail  point   qu'ils 
vinssent  demander  l'aumône,  il  courait  à  lu 
rencontre.  La  beauli^  de  son   .Am''  "■■■■>i'i  - 
l"'iiidre   tout   entière    sur    «on   v;- 
I  liil'-l  ri'jiii  iliili   atii;e;  «a  ci"!'   '■' 


ttë2 


séraphin;  il  se  levait  parfois  la  nuit  p.mr  aller 
l'eL'lisi.'  prier  et  chanter  les  Iouai)-e.-  divines. 

rREMrÈBES    BPBEIVK?    ET  VICTOIRE 

Il  ('lait  parvenu  à  Tadolescence,  lorsqu'il  perdit 
son  pèie.  Ce  liouloureux  ''wMieinent  le  mil  à  la 
tète  «l'une  l'orlune  immense  et  de  biens  consid»?- 
raMes,  mais  son  esprit  n'en  fut  point  troublé:  il 
détailla  son  cu'ur  de  toutes  ses  richesses  et 
portii  ses  alTections  ver?  les  biens  eélesles,  qu'il 
jui:''ait  si-iils  difjnes  d'i'-lrc  aiiibitioiiin-s. 

Toutefois,  sa  mère,  qui  ne  savait  point  ses  sen- 
tiioenls  intimes,  avait  rOvé  pour  son  lils  un  bril- 
l.uit  avenir.  Llle  lui  avait  déjà  iTioisi  une  épouse 
bi'lleet  vertueuse.  I.e  jeune  homme  refusa,  disant 
ipi'il  avait  (lorté  j)lu>  haut  ses  vues  et  ses  pensées. 
I.a  mère  fut  afllisée  d'une  telle  réponse:  elle  le 
pressa  nver  plus  d'instanee*;  ses  parents  joi- 
sniieiit 'leurs  supplications  à  celles  de  sa  mère  : 
le  vertueux  jiuiie  homme  resta  iu>'branlul>le. 

Dieu  .'ipprouva  la  résolution  de  son  serrilenr. 
I  ne  nuit,  (jifil  était  agité  par  toutes  ces  pensées 
et  aeiablé  par  la  tristesse,  sentant  que  le  démon 
faisait  les  |)Un  fcrands  efforts  pour  le  persuader 
d'obéir  aux  conseils  de  ses  proches,  il  se  lève,  et 
se  prosternant  la  face  contre  terre,  il  s'écrie  : 

'■  O  llieu,  qui  m'avez  prolécé  et  i|ui  me  soutenez 
encore,  je  me  donne  à  vous  !  Eh  quoi  !  je  nerdrais 
la  vie  éternelle  pour  une  vie  périssable'.'  les 
riclii-sses  éternelles  pour  les  vils  plaisirs  de  la 
terr''?  Je  pri'férerais  une  épouse  terrestre  à 
votre  beauti^  inelTable,  A  mon  Dieu?  \  vous  seul 
i'appai liens!  ■•  Il  avait  à  peine  .k  lievé  que  sa 
chambre  fut  comiiie  éclairée  d'uin-  douce  lumière 
et  remplie  d'un  parlum  d'une  suaNité  toute  divine. 

(.iiielcjue  temps  après,  il  distribuait  aux  pauvres 
les  tiieiiii  qui  lui  appartenaient  et  s'eii;.'a;:eait 
comnif  soldat  à  la  suite  de  Simon  de  .Moiitrort, 
^'énéral  de  l'armée  catholique .coutre  les  Albif;eois. 

LK  PRicsPTSun 

l'ii-rre,  roi  d'Aragon,  fut  tué  h  la  fameuse 
bataille  ib'  .Muret.  Il  i-tait  l'ami  du  vainqueur, 
Siiin'li  .If  Moiilforl,  et  laissait  un  lils  A;.'é  de  six 
'aii>.  Siiiinii  eut  pitié  de  rentaiit;  il  en  prit  le  |>lus 
_  '  •.,  rorilia  sonédurationn  Pierre.NiiKisque 
\.i  tous  les  deux  en  Espa^:iie, 
i  Hait  i|ue  viiifit-ciuq  ans  quand  il 

il!  1 1  r  .l.\i  a;:on,  où  il  voulut  >  ivre  .avec 

i..iii  .    .1  II. lit.-  1.1  n'uiilanli' d'un   reli- 

.1    s.in  jeune 

-mil  de  lui  ins- 

'•  et  de  l'exer- 

■nnes.  Il  rher- 

!     .      I        .    I  II- péiiéiierdeliimourde  la  justice 


l.<.  loi  a\air  donné  à 


l  des  titres  de 

I  viviit    retiré, 
I      roli- 

'  aux 

.  li  n'em- 

Il  iiour- 


de  i-es  infortunés,  mais  saint  Itaymond  de  Ten- 
nal.irt  modéra  son  zèle  et  sn  ferveur. 

Dieu,  toutefois,  qui  avait  rais  une  pajeille  cha- 
rité au  cu'ur  de  Pierre  Noiasque,  voulait  faire, 
avec  lui  et  par  lui,  de  grandes  choses. 

l'ohdhe  de  la  merci 

En  effet,  le  zèle  de  l'apôtre  se  communiqua  à 
plusieurs  de  ses  amis  qui  voulurent  imiter  celui 
qu'ils  reiiardaient  déjà  romine  un  saint.  Pierre 
les  en;;avea  à  former  une  pieuse  alliance,  sous 
le  nom  de  Congrégation  de  la  Sainte  Vier;.'e,  alin 
de  travailler  de  concert  au  rachat  «les  l'sclaves. 
Ce  furent  les  premières  assises  de  I  Ordre  de  la 
Merci,  liés  le  conimencemenl,  le  saint  iDiidaleur 
eut  à  souIVrir  les  oppositions,  les  ni-'ilianls  pro- 
pos, toutes  les  médisances  du  monde  (|ui  a  cou- 
tume d'entraver  ainsi  les  plus  saintes  entreprises. 

.M.iis  Pierre  fut  soutenu  par  des  visions  rélestes. 
Puiidant  qu'il  était  en  oraison,  il  vit  un  niagni- 
liiiue  olivier  chargé  de  lleui  s  et  de  fruits,  planta 
au  milieu  même  de  la  cour  royale.  Piè*  de  là.  se 
tenaient  deux  vieillards  véni-ralles  qui  l'invi- 
tèrent à  .s'asseoir  au  pied  de  l'olivier,  à  lefjnrder 
et  à  en  prendre  soin.  Il  comprit  ijue  cela  dési- 
gnait la  uetite  association  qu'il  avait  fondée  dans 
la  cour  au  roi. 

.Mais  la  S.iinle  Vierge  elle-ménie,  le  jour  de  la 
fête  de  saint  Pierre  es  Liens,  lui  a|qiaiut  et  lui 
aullunca  que  c'était  le  bon  ]>laisir  d>'  Pieu  qu'il 
établit  une  Ongrt'galiou  qui.  sous  le  nom  de 
Notre-Dame  de  la  .Miséricorde,  ferait  profession 
de  délivrer  les  chrétiens  captils  aux  mains  des 
infidèles.  Pierre,  étonné  et  ravi,  ri'pli.|ua  avec 
une  saillie  audace  :  «  Mais,  qui  •'■Ii.s-m.us  pour 
connaître  ainsi  les  secrets  de  Dieu  .'  Kl  qui  suis.je, 
moi,  pour  accomplir  un  pareil  dessein?  »  l.a 
Vierge  répondit  :  ■•  Je  suis  .Marie,  la  Mère  du 
Rédempteur,  et  je  veux  avoir  une  nounlle  famille 
de  serviteurs  qui  fassent  à  l'égard  de  li-urs  frères 
captifs  ce  quel  ai  fait  inoi-mi*meeuver~  mon  Fils... 
Pierre,  rempli  d'allégresse,  courut  appieiidre 
an  roi  ce  qui  lui  était  arrivé;  mais  qm-lle  ne  fut 
pas  sa  joie,  quand  le  roi  lui  dit  qii  à  la  nn'-ine 
lieure,  il  avait  été  favimitë  d'>  la  iii.'iiie  \ision, 
ainsi  que  son  confesseur,  saint  Kavmond  de 
Pennalort. 

Le  roi  donna  aussitôt  des  ordres,  et  le  Jour  de 


l'tiiil.' 


Saint-Laurent 
en   présen 
tout  l 
de  se- 
nouvel  r 
solennels  <!. 
Irième,  pni  ! 
biens  et  b-ui  s 
sain-,  pour  " 
d- 


dans  la  cntli 
toute  1,1 

.Mil. lé    !• 


lirai-  d- 
iiii.   ilii 
1.    N  .1  , 


disposition 
royaux. 


ISlIll 

a  di'livrni 

'   nie  de  la  "> 

■  s  arme^ 

li.i?it  dans  sii|i  ; 

une     partit' 


de 


,.l.,., 


i|un- 

bnr» 


l»i  ht 
_  leux  l'I 

-,  eu   II    iiiil    à    leur 

ses    app'irlemenls 


Krnti  \  t.- 


Ilieu  répandit  MMilAt  ••>•  béné.li.tinn»  sur  le 

1  Mrdre  .-  le    -r  •••  '-  - ■  '   i..  ....". v 


•  nno)  Ilot 


ces  faveurs.  Ils  répandirent,  sur  le  saint  fondateur 
et  ses  religieux,  les  bruits  les  plus  culoinuieax  : 
ils  raccusèreiit  auprès  du  roi.  Mais  le  roi,  con- 
naissant la  sourie  de  tous  ces  propos,  n'y  prêta 
aucune  attention  et,  pour  prouver  davaula$;e 
son  auiitie'  et  la  haute  estime  qu'il  avait  pour 
Noiusque,  il  se  lit  construire  un  appartement  au- 
près du  cou\eut  de  la  Merci  pour  lui  servir  de 
résidence  ordinaire. 

Saint  Pierre  îs'olasque  attira  aussi  sur  lui  les 
colères  des  ^jentibliommes  et  de  toute  la  noblesse. 
Caries  fils  de  famille,  charmés  par  le  dévouement 
el  les  vertus  des  saints  relif^ieux,  venaient  en 
foule,  soit  pour  se  faire  eu.\-nièmes  rédemp- 
teurs des  captifs,  soit  pour  apporter  des  sommes 
considérables  nécessaires  au  rachat  des  esclaves. 
Leurs  parents,  iudigués,  menacèrent  pla'^ieurs 
fois  le  saint  homme  et  lui  adressèrent  les  injures 
les  plus  \iolenles.  Le  Saint  répondit  avec  dou- 
ceur :  «  (ii.lces  soient  rendues  à  Dieu,  qui  per- 
met que  les  eufanls  douueut  burs  biens  poui 
|ps  captifs  et  les  esclaves,  tandis  que  les  parents 
abandonnent  leurs  richesses  aux  démons.  •> 

Le  déinou  voulut  plusieurs  fois  entraver  lui- 
même  leur  sainte  entreprise.  11  apparut  un  jour 
a  Pierre  .Nola>que  peur  le  dissuadiT  de  faire  un 
voyaye  qui  devait  être  une  source  de  bénédic- 
lion--;  mais,  au  nom  de  Jésus  et  de  Marie,  le 
tentateur  s'enfuit  aussitôt. 

Toulelois.  une  tentation  plus  délicate  et  plus 
dan^:freuse  faillit  tout  compromettre.  Saint  Pierre 
>'olasque  crut,  pendant  quelque  temps,  qu'il  ne 
feiait  point  son  salut  en  employant  son  temps 
au  rachat  des  enclaves; sou  avaiiceinenl spirituel 
en  soutirait;  il  ne  pouvait  donner  à  l'oraison  et 
à  la  rf.ntemplalion  que  des  heures  bien  courtes. 
Il  fallait  ^urti'Ul  qu'il  pritexemple  sur  les  anciens 
Père>  du  d'-si-rl,  qui  laissaient  tout,  quittaient 
le  monde,  s'enfonçaient  dans  la  solitude,  et  là, 
d.iij-i  la  paix,  le  silence  et  le  recueillement,  pou- 
\ai'  ni  sans  crainlt-  travailler  à  leur  perfection  et 
?  itU'iiner  à  la  contemplation  de-;  vérités  divines. 
Il  s'ouvrit  de  tout  cela  a  saint  Haymond  de  Penna- 
fort,  qui  n'eut  point  de  peine  à  découvrir  les 
ruses  du  déinou  et  dissuada  absolument  son  ami 
de  son  dessein. 

LKS    RÉbEMPTIl'BS 

Selon  saint  Pierre,  ce  n'était  point  asset  pour 
la  perfection  de  sa  Conçré^ation  de  racheter 
quelques  captif»,  comme  il  le  faisait,  sans  sortir 
liii  royaume  de'*  princes  chrétiens;  il  voulut 
aller  jusqu'au  sein  «les  pays  inlidèle-i,  afin  d'ar- 
iacli<T  les  a;.'iieaux,  pour  ainsi  dire,  de  la  dent 
des  loups.  Il  assembla  ses  religieux,  et  leur  repré- 
senta son  dessein  ;  apn'"*  quoi,  on  procéda  à  l'élec- 
lioii  dp  ceux  qui  feraient  ce  voyape,  car  ils  ne 
pouvaient  p,i-  y  aller  tous  ensemble.  Ceux  qui 
iiiiinl  dési^fués  s'appelèrent,  pour  ce  sujet, 
/,    /  lupleur». 

-mil  Pierre  fut  lui-même  nommé;  il  rei^mrda 
ce  choix  l'omme  un  ordre  du  ciel,  et  voulant  don- 
ner l'exemple  à  ses  frères,  il  se  llispo^a  à  celle 
h.'iiv.tl.  mission  avec  toute  la  ferveur  et  toute 
1,1  I' .'ii.'ii  dont  il  était  capalile,  bien  résolu  de 
tout  consacrer  aux  captif»,  jusqu'à  sou  sang  et 
!>a  vie, 

l.en    /(.  d'abord  vers 

V.-»lPtiie,  ■.*:   m.-ii«  loin 

I    b  ■    (J!'t:!.CUUi'll  .'  "  ■ 

lit,  il»  ne   renconi' 


deste  triomphe, un  grand  nombre  de  raalheureu.": 
captifs  qui  bénissaient  leur  libérateur. 

A  peine  de  retour,  les  HéJemijleurs  recueillent 
de  nouvelles  aumônes,  et  repartent  pour  le 
royaume  de  Crenade.  Ils  obtiennent  encore  un 
succès  complet.  Les  barbares  eux-mêmes  sont 
étonnés  de  tant  de  dévouement.  Pierre  Nolasque 
en  profite  pour  leur  prêcher  les  vérités  et  les 
mystères  de  notre  sainte  religion. 

Il  aurait  souhaité  de  continuer  ses  charitables 
travaux;  mais  le  roi  d'Aragon,  ayant  porté  la 
guerre  dans  le  royaume  de  Valence.'le  contraignit 
d'interrompre  une  œuvre  si  bien  commencée. 

Dieu  favorisa  les  armées  catholiques  :  (a  mon- 
tagne d'L'neia  fut  prise  aux  Maures.  Le  roi  d'.Vra- 
gon  donna  ce  château  d'Uneza  à  Pierre  .\olasque, 
qui  y  lit  bitir  un  monastère  et  une  église  cmi- 
sacrée  à  la  Mère  de  Dieu,  appelée  depuis  Sainte- 
Marie  del  Pitche.  Valence  fut  prise  d'assaut;  les 
mosquées  furent  converties  en  églises,  et  saint 
Pierre  Xolasque  fonda  un  couvent  de  la  Merci 
dans  une  des  principales. 

Il  résolut  alors  de  porter  plus  loin  son  zèle,  de 
traverser  la  mer  et  d'aliorder  en  Afrique. 

11  vint  à  Alger  et  s'occupa  activement  de 
rechercher  les  esclaves  et  de  les  jacheter.  Il 
découvrit  un  grand  nombre  de  chrétiens  qui 
venaient  d'être  capturés  en  mer.  alors  qu'ils  reve- 
naient de  Kome.  Parmi  eux  se  trouvait  une  dame 
catalane  de  haute  qualité,  Thérèse  de  Vibaure, 
amie  de  notre  Saint. 

Pierre  Nolasque  traita  aussitôt  du  rachat  de 
ces  captifs  avec  le  pirate  qui  les  avait  capturés.- 
Le  marché  était  conclu  lorsque  le  baibarè  ap- 
prit qu'il  y  avait  parmi  eux  une  personne  de 
noble  naissance.  Il  s'écria  qu'on  l'avait  trompé; 
il  reprit  de  force  les  malheureux  esclaves  et  les 
jeta  dans  les  fers,  demandant  une  somme  énorme 
pour  leur  rançon.  Le  Saint  promit  tout;  mais 
comme  il  n'avait  point  assez  d'argent,  il  envoya 
un  de  ses  frères  près  du  roi  d'.lragon  pour  lui 
demander  les  sommes  nécessaires.  Pendant  ce 
temps,  les  captifs,  perdant  patience,  s'adressèrent 
à  un  juif,  qui, à  l'insude  samt  .Nolxsquè,  lesenleva 
secrètement  de  nuit  et  les  lit  passer  en  E-pai:ne. 

Le  lendemain,  les  pirates  ne  retrouvant  point 
leur  butin,  se  saisirent  du  bienheureux  Père,  le 
couvrirent  d'injures  et  de  coups,  le  jetèrent  dans 
un  souterrain  humide  et  obscur  et  le  tirent 
comparaître  devant  le  juge  comme  un  voleur, 
un  séducteur  et  un  faussaire,  le  seul  auteur  de 
la  fuite  des  esclaves.  Le  juge,  ne  trouvant  aucune 
preuve,  n'osa  le  coudainner.  Mais,  notre  Saint 
désirant  souffrir  et  s'humilier,  s'olfrit  en  olago 
à  la  place  des  captifs  évadés.  .Mais  on  ne  le  vou- 
lut point;  on  l'obligea  seulement  à  laisser  les 
autres  Frères  qui  étaient  avec  lui,  pendant  qu'il 
paitirait  pour  l'Espagne  chercher  le  prix  de  la 
rançon. 

Les  pirates  le  firent  inonter  dans  une  barque  qui 
faisait  eau,  en  commaudaii taux  matelots  de  l'aban- 
donner en  pleine  mer,  sans  voile  ni  gouvernail. 
Mais,  avec  le  secours  de  Dieu,  Pierre,  déployant 
son  manteau,  s'en  servit  roinnie  de  voile,  cl 
aborda  heureusenient  siii  les  ciMes  d'Espagne. 
Il  alla  aussitôt,  suivi  d'une  multitude  de  peuple, 
rendre  eràces  à  Iiieu  m  l'église  de  Nolre-Uauu: 
dcl  l'ucne:  et  feu  après,!  ayant  recueilli  des 
aumûncs  coiisinérables.  il  délivrait  le  reate  des 
chrétiens  captifs  à  A  ger. 

MN    HUHILITl! 

A  quelque  temps  de  làj  iJ  as>cii'I 
gieux  et  leur  annonça  qu  il  avait  lu  ■    i..     .,    . 


se  démettre  de  sa  charge  de  Supérieur  général 
de  rOrilre  de  la  Merci,  alin  de  Nivre  le  reste  de 
ses  .iour>  en  «impie  religieux.  Mais,  quelijues 
raisons  qu'il  all''guàl,  personne  ne  voulut  con- 
sentir à  son  dessein.  Tout  ce  qu'il  put  oltenir 
par  ses  prières  et  ses  larmes,  ce  fut  l'élection 
d'un  vicaire  général  qui  l'aiderait  dans  ses  nom- 
breux travau.\.  Le  sort  Intnlia  sur  le  P.  Pierre 
d'Amour,  .\lors  le  saint  fondateur,  se  voyant  plus 
libre,  s'appliqua  avec  beaucoup  de  zèle  aux  plus 
humbles  offices  de  la  ue  religieuse;  il  voulut 
reprendre  les  premiers  exercices  du  noviciat.  Ce 
qu'il  aimait  par-dessus  tout,  c'était  de  distribuer 
à  la  porte  du  monastère  les  aumi^nes  aux 
pauvres,  parce  que,  pendant  ce  temps,  il  pou- 
vait leur  parler,  les  exhorter  à  la  patience,  à  la 
charité  et  à  l'amour  de  Dieu. 

Il  avait  coutume  de  signer  au  bas  de  ses  lettres 
laiitnt  l'icrre  ?iolasi/ue,  serviteur  inutile  et  indiyue, 
tantôt  l'ierre  Solaftjue,  balayuie  du  monde,  irai 
n^aiit  Ul  comme  ou  lui  représentait  que  ces  titres 
paraissaient  ridicules  et  peu  eu  rapport  avec  sa 
dignité,  il  répondait  simplement  que  la  signa- 
ture était  inventée  pour  exprimer  ce  que  nous 
étions,  et  que,  pour  lui,  il  se  qualiliait  tel  qu'il 
était  à  ses  yeux,  et  aussi  tel  qu'il  voulait  qu'on 
l'estimftt. 

FAVEL'BS    CÉLESTES 

t,e  Saint  était  souvent  favorisé  de  visions  célestes 
par  lesqiu'Ues.Notre-Seigneur  le  consolait,  lui  don- 
nait de  nouvelles  forces  et  un  lèle  encore  plus 
ardent.  Un  samedi  qu'il  assistait  aux  offices  dd 
soir  avec  ses  religieux  et  qu'il  considérait  le  petit 
nombre  de  ceux  qui  travaillaient  avec  lui,  il  fut 
ravi  en  esprit  et  d'une  voix  pleine  de  soupirs  et 
de  larmes,  il  s'écria  :  "  0  Seiyneur,  serez-vous 
avare  envers  votre  Mère,  alors  que  vous  êtes  si 
libéral  envers  toutes  vos  créatures?  Si  c'est  h 
cause  de  mes  péchés  et  de  mon  insuffisance  que 
vnu»  raéna};pi  vos  grâces,  elTacei-nioi  du  livre 
de  vie,  mais  donnez  des  serviteurs  et  des  enfants 
à  .Notre-Oame  de  la  Merci  1 1.  .\ussitiSt,  on  entendit 
une  voix  i|ui  prononça  distinctement  ces  paroles  : 
i<  .Ne  crait:ni'i  pas,  petit  troupeau,  parce  rju'il  a 
plu  à  votre  l'ère  de  vous  donner  son  royaume.  <> 
Les  assistants  furent  dans  l'admiration  et  l'iUon- 
nenient  et  constatèrent  dans  la  suite  la  vérité  de 
ces  paroles. 

Saint  l'ierre  >olasi|ue  avait  toujours  rêvé  de 
faire  le  pèlerinage  de  Konie  et  d'aller  prier  sur 
;  le  tomlieau  du  Prince  de'  apôtres,  dont  il  por- 
tait le  nom,  et  auquel  il  avait  une  dévotion  sin- 
gulière. In  jour  qu'il  pensait  à  cette  entreprise, 
il  entendit  une  voix  qui  lui  disait:  «  Pierre, 
puisque  tu  n'es  pas  venu  me  voir,  je  viens  te 
visiter.  ■•  Ll  en  n;>'me  temps,  il  aperçut  l'ap'Mrc 
saint  Pierre  crucilié  la  tête  en  bas,  qui  lui  dit: 
<i  Tous  les  bons  désirs  des  juste*  ne  iieuv>-nt  point 
'U-  réalisés  ici-bas.  >'  Il  renonça  des  lors  h  ipu 
1,  mais  il  uarda  une  K><>nJe  dévotion  pour 
■  "  rre.  Il  avait  coutume,  cliaqu>-  jour,  de 
t  À  une  croix  qu'il  avait  d.iiis  s.i  rliambre 
•  l  ,  '   '■•-  heures  entière»  dans  la  niéim-  posi- 

tioi.  il  vu  le  Prince  des  Bpr"ptri's. 

Il  '  '!!-    le    couvent    de     ll.ircelone. 

le   t  ir,   surpris    par    le    -iinmeil. 

'■' I  M  iiines,  le  Siiint  SI- r'->tille  et 

'  lel  n'est  point  ^on  él4)n- 

'11.  à  la  place  dei  reli- 


>  lit  les  psaumes  el 

H  inn«  ' 


iiouk'iit,  il  .i(  ^. 

qni  faisait  le  l"ur 


garder  et  protéger  ses  serviteurs  pendant  leur 
sommeiL  Dieu  l'avait  aussi  favorisé  du  don  de 
prophétie  et  de  discernement  des  Imes. 


Saint  Louis,  roi  de  France,  l'avait  en  grande 
vénération.  11  recommandait  sans  cesse  à  ses 
prièressapersonneetlesintérèts  de  son  royaume. 
Il  voulut  l'emmener  avec  lui  à  la  conquête  des 
Lieux  Saints,  l'ierre  .N'olasque,  quoique  fatigué  et 
déjà  âgé,  coinmenca  à  se  disposer  à  partir;  il 
mit  ordre  aux  alTaires  de  ses  mona^^tères  et  se 
trouvait  tout  heureux  de  visiter  ces  lieux  où  se 
sont  accomplis  les  grands  mystères  de  la  reli- 
J;ion.  .Mais  son  corps  était  usé  par  l'âye  et  par  les 
austérités,  et  les  efforts  qu'il  fit  ne  servirent 
<)u'à  le  ré-duire  à  une  extrême  faiblesse.  Il  fut 
obligé  de  se  mettre  au  lit.  Les  médecins  lui  di-feii- 
direnl  de  sortir  de  sa  cellule.  Mais  la  nuit  de 
iNoél  il  se  trouva  au  milieu  de  ses  religieu.\  â 
chanter  l'office  sans  qu'on  sut  comment  il  y  avait 
été  porté.  Quelque  temps  après,  sentant  que  sa  lin 
était  proche,  il  demanda  le  saint  Viatique.  Quand 
il  l'aperçut,  i!  sauta  de  son  lit  et  se  traîna  à 
genoux  jusqu'aux  pieds  du  prêtre  <\M\  lui  appor- 
tait son  Sauveur,  en  répétant  ces  paroles  :  ■•  D'où 
me  vient  cet  honneur  que  mon  Seigneur  vienne 
à  moi'?  >>  .' 

Il  reçut  le  .ps  de  son  Dieu  avec  la  plus 
admirable  pitté,  puis  il  lit  appeler  tous  ses  reli- 
gieux, leur  demanda  pardon  de  ses  péchés  et  de 
ses  négligences  el  les  supplia  d'élire  à  sa  place 
un  (îénéral  alin  qu'il  mourût  avec  le  mérite  de 
l'obéissance.  Les  religieux  consentirent  à  son 
désir  et,  sur  son  avis,  désiKnèrenI  leFr.  (lUillaumu 
Bas  pour  prendre  la  conduite  de  l'UriIre. 

Dès  lors,  le  saint  moiibond  ne  pensa  .plus  aux 
choses  de  la  terre;  son  esprit  et  son  cu-ur  étaient 
sans  cesse  appliqués  â  la  contemplation  :  tantôt, 
il  s'entretenait  avec  Dieu  lui-inême  et  la  Sainte 
Vierge;  d'autres  fois,  il  parlait  à  son  anue  cardien 
et  au  Prince  des  apôtres.  Ses  •    '  '         '  li' 

queutes:  un  jour  qa'il  récitait  ' 
iiici,  Deii.t,  étant  arrivé  à  ces  panM'-  ■  i,pii~  m" 
laverez.  Seigneur,  et  je  serai  plus  blanc  ciue  la 
neife!  ■■  il  ilemeura  «^i  lontitenips  hors  Je  lui 
que  l'on  crut  à  sa  mort.  Kiilin,  la  nuit  de  Noël  I2.'i8, 
ayant  réuni  ses  religieux  autour  de  lui,  après 
leur  avoir  donné  une  béiiédiciion  suprême,  il 
exj'ira  doucement,  .'igé  dr  ^.ii\  mli-  sl\  .um. 

I.'firdre  de  la  M'Mc'i  *e  d  I 
Les  chevaliers,  portant  I  Ji  r    - 

vêtus  d'une  écbarpc  el  du  srapulaire.  Ils  devaient 
farder  les  côtes  el  défendre  le  pays  contre  les 
inlldèles.  lU  étaient  obligés  à  l'oftlce  divin  quand 
ils  n'étaient  pas  de  service.  Les  religieux  suivaient 
la  refile  de  saint  Augustin;  ils  rei-evaient  les 
Ordres  sacrés;  ils  chaulaient  l'oflice  et  s'occu- 
paient du  rachat  des  captifs. 

L'Ordre  île  la  Merci  s'étendit  dans  toutes  les 
provinces  d'Kspatiie  et  dan»  le»  principales  villes 
d'Italie.  Les  reli^i>-ux  de  cet  Ordre  furent  les 
premiers  à  travailler  à  la  conversion  de»  Indiens. 
Beaucoup  «t'entre  eux  subirent  d'alTr<'U\  tour- 
ments de  la  part  des  Turcs  et  des  barbares  et 
Turent  martyrisés  pour  le  nom  de  Jétus-Cbnst. 

SOCRCn  CO.^St'LTtfU 

IloixtMorsris.  Arta  Sanrtorum,  M  jnnMer,  L  II, 

I     ''«l-'.e.K).    _    IliiLTOt.    lU^loirf     ^^    K.Irtt   rtli- 
1.  III.  p.  2<.6.  —  liou   I'  fUmml 

:  j  lie  SitinI'.  I.  I"    p.  •-" 


!..  i  ki.iuk.*.,,,  0,  rue  tiiWtuit  i  ,  1  •!,». 


r  \ 


SAINT  IGXAŒ,  EAEOIE  D'AMIOCIIE 


Fêle  le  /"  février. 


Saint  Ignace  le  Théophore,  c'est-à-dire  porte  Dieu. 

Je  suis  le  rroœent  de  Dieu  :  je  veux  /'•Ire  moulu  sous  la  dent  des  Wles  féroce»,  pour  devenir 
le  pain  inimacul)'  du  Christ.  ■■  [lettre  aux  Romains.) 


Saint  Ipnace,  l'un  de»  plus  il1uslr<»s  parmi  ces 
linmnios  apostoliques  qui  surcédèrent  imm'^Hiale- 
innnt  aux  Apnlres.  aurait  m<^me.  suivant  quelques 
•luti'ur»,  l'onnu  nntre  divin  .Sauveur  «ur  rfllf  terre  : 
'•'•lait,  di«ent-il«.,  ret  enfant  «pii  |ir<''i''nl.i  les  cinq 
(laiti"  d'orce  et  |e«  <leu\  poi««nnoque  Noire-Seisneur 
rniilliplia  iiour  nourrir  rinq  mille  liommes.  Tou- 
Kiur~  e«t-il  qu'il  fut  plus  tard,  ave,-  ..lirit  l'rdvrarj»', 


l'un  des  disciples  les  plus  assidus  de  l'api'ilre  saint 
Jean,  et  apprit  ;i  cette  /^cole  cet  amour  brûlant  ei 
impétueux    pour    Notre-Seigneur    qui    renllaninia 

tiillle  sa  vie. 

Oiyind  saint  Pierre  avait  quitté  la  ville  d"Anlii"lie, 
il  lui  avait  donn<î  pour  évi'quc  saint  Kvode:  saint 
Ignace  fut  rlioi<.i  à  son  tour  pour  surcéder  .i  saint 
Kvode.  Sa  :.'iaiide   s.iiiileté  le  rendait  ili.ne  .le  :.ou- 


93 


\iTner  cette  Eelise  où  les  fidèles  reçurent,  pour  la 
première  foi«,  fe  nom  glorieux  de  chrétiens. 

In  jour,  il  eut  une  vision  merveilleuse  dans 
laquelle  il  vit  une  multitude  d'an:;es  chantant  à 
deux  chœurs.  <iui  se  répondaient  l'un  à  l'autre  les 
louaiiL'es  de  la  Très  Sainte  Trinité,  l'èiiètrè  d'admi- 
ration pour  ce  qu'il  avait  vu,  et  voulant  que  la  terre 
imitit  de  quelque  façon  le  ciel,  il  ètahlit  dans  son 
église  rctif  manière  de  chanter  l'Office  divin.  Toutes 
les  éi.'lises  aduptèreut  depuis  cet  usaj-'e  ^1  . 

SAI.NT  IGNACE  DIVA.NT  l'EKPEREL'R  TRAJAN 

Le  récit  du  martyre  à  jamais  plorieux  de  saint 
It:naco  a  été  écrit  par  trois  de  ses  disciples:  Hhéus, 
.Xyathopode  et  l'hilon,qui  raccompagnèrent  à  Iloiiie, 
et  furent  témoins  de  son  triomphe. 

\  rè|ioque  où  Trajan  monta  sur  le  Irc'ine,  disent- 
ils  2  ,l;;iiace,  disciple  de  Jean  l'èvanEèliste,  homme 
vraiment  apostolique,  gouvernait  l'Eglise  d'.\ntioclie. 
Il  venait  de  '.raveiser  hcureuseiiienl  !a  tourinente 
de  la  persécution  suscitée  par  Umnitien.  Par  --es 
prières  et  ses  jeûnes,  par  son  assiduiiè  à  prêcher 
la  vraie  doctrine,  par  raclivité  incessante  où  le 
lei'ait  constamment  la  crainte  de  voir  se  perdre 
ipielques  âmes  plus  faihles  et  plus  timides,  il  avait 
écarte  tous  les  dangers  de  naufrage;  liahile  et  saye 
pilote,  il  avait  sauvé  son  navire.  Maintenant  donc  il 
se  réjouissait  de  la  tranquillité  subitenu^nt  rendue 
à  l'Kglise;  et  cependant,  son  grand  cirur  s'indignait 
de  n'avoir  pas  trouvé  encore  l'occasion  de  faire  écla- 
ter, ci.iiime  il  le  voulait,  son  amour  pour  le  Christ.- 
11  aspirait  au  inartvTe,  qui  achèverait,  disait-il,  de  le 
faire  ressembler  à  son  Seigneur  et  à  son  .Maître. 

Ses  vu'u.x  ne  lardèrent  point  à  être  exaucés,  fji 
neuNième  année  de  son  règne  (106  ,  Trajan,  vain- 
queur des  Scythes  et  des  Daces,  et  attribuant  ses 
trioniphes  à  la  protection  des  dieux,  crut  qu'il  man- 
'îiuerait  quelque  ehose  à  sa  j)ropre  gloire  et  à  la 
reconiiai>i~  ince  qu'il  devait  aux  idoles,  tant  que  le» 
chr^  lit  11'  l 'fuseraient  de  les  adorer.  Il  renouvela 
donc  lc:-"idres  le-  plus  rigoureux  pour  que  tous  les 
fidèles  fussent  contraints  de  sacrifier  ou  de  mourir. 

L'empereur  était  alors  à  Antioche,  préparant  son 
expédition  contre  les  .Arméniens  et  les  l'arthes. 
Ignace,  c-  t:'-né!eux  soldat  du  Christ,  se  présenta 
spontanément  devant  le  prince,  qui  a\.iit  déjà  donné 
ordre  de  l'arrêter.  En  l'apercevant.  Ti.m m  ^'écria  : 

'   (Jui  cs-lu,  mauvais  démon    Kat.  '  ('.'e«t 

don.-  t.-'i  ijni  oses  lrans;.'resser  nos  •  l  qui 

ei;ii  I  mort  une  multitude  fanatique  ' 

■•  ii'.i  jamais  appelé  Theiqihorc  icelui 
qui  |'"i  II  dèiiioniaque.  Les  démons  fuient 

<!•  \.iiit  iir-de  Dieu.  Je  suis  redoutable  aux 

<|éiii"ii-,  •  :.  Il  lU-  .  e  sens,  j'accepte  le  nom  de  Ka/ro- 
ilitiiiii'n  iiKiii\.u'.  ,iu  démon  .  l'ar  la  puissamt'  du 
rhi  ist,  mon  roi.       '  '  'in,   u 

—  (Jlll  est  ce    I 


los  ennemis  *  • 

.,,,    I..  ,  ,,„i  ..,.•■ 


:     TtODS  DOS 

'  '  tion  notis 

■•I   -l-H  pro- 
■  mon 

..  ..lire  du 


>éiiai. 


—  Répandre  des  bieniaits,  dit  Ignace,  quoi  de  plus 
dijue  des  cœurs  généreux  et,  en  particulier,  des 
empereurs;  mais,  en  vérité,  quelle  étrange  promesse 
est  celle-ci  :  nie  faire  pontife  de  Jujùter,  moi  pontife 
de  Jésus-Christ,  qui  oITre  tous  les  jours  au  seul  et 
vrai  Dieu, créateur  du  ciel  et  de  la  terre,  un  sacrifice 
de  louanges,  et  qui  suis  prêt  àm'immoler  moi-inéme 
pour  sa  gloire  ! 

—  Ue  quel  dieu  parles-iu  donc,  reprit  l'empereur, 
de  ce  supplicié  que  Poncc-Pilate  lit  mourir  sur  une 
croix  1 

-■  Oui,  répondit  Ignace,  sur  sa  croix,  Jésus  a  rni- 
citié  le  péché  et  son  auteur  :  il  a  triomphé  de  toutes 
les  erreurs  et  de  toute  la  perversité  des  dénions.  Il  les 
a  ])our  jamais  asservis  au  pouvoir  de  ceux  qui  portent 
le  (Christ  dans  leur  cœur. 

—  Ainsi,  lu  portes  en  ton  cœur  un  crucifié  ! 

—  Dieu  lui-même  l'affirme  :  J'habiterai  en  eux, 
a-l-il  dit.  Je  marcherai  au  milieu  deux.  - 

Ceux  qui  étaient  présents  voulurent  alors  entrer  en 
discussion,  mais  les  arguments  de  l'évéque  martyr 
les  réduisirent  ausilence.  Enfin,  Trajan  riiiterrompit 

fiar  cette  sentence  :  Ignace,  i|<li  prétend  porter  en  soi 
e  Crucifié,  sera  mis  aux  fers  et  conduit  sous  escorte 
à  Rome,  pour  y  être  exposé  aux  bêtes  de  l'amplii- 
thèAtre.  «  (irices  vous  soient  rendues,  mon  Sei:;neilt 
el  mon  Dieu  !  s'écria  le  confesseur.  Vous  daii:ne/ 
enfin  couronner  mon  amouj-  et  me  faire  partager  les 
chaines  de  Pierre,  votre  ap<Mre  1  •  En  parlant  ainsi, 
son  visage  rayonnait  de  joie  ;  il  pria  ensuite  pour  son 
Eglise,  la  recommandant  à  Dieu,  avec  larmes,  el, 
conlme  une  noble  victime,  se  remit  aux  mains  des 
soldats. 

VOTAGP.    —  LETTRE  AUX   ROHAINS 

Ce  fut  dans  ces  sentiments  d'inelTable  allé^esse 
et  de  sainte  passion  pour  le  martyre,  qu'k'nace  fut 
conduit  d'Antioche  à  Sèleucie.  I.â,  il  fut  embarqué, 
el.aprèsune navigation  laborieuse,  le  val  '  ' 
.1  Smyrne.Polycar|.e,  évéque  de  celle  mI 
lui  i!i  ■:  \  ■  '  ■  s.iiiii  Jean,  recul  dans  ~  ,  iii,ii>iii  i' 
saint  ■  .1  Toutes  les  Eglises  (l'Asie  lui  envoyè- 
rent il> ,.!■  -    ■'■  -   Il  êtres  et  lies  diacres,   pnur 

recevoir  ses  di  i  iiédiclious.  Ignare  li«  sup- 

pliait tous,  et  IV.;  Il  i>  Il  li.  lilii  I    ili'  lui  iilifi'iiii 

de  Dieu,  par  leurs   | 
niai  tyn-.  Tel  était  1  ■     . 

tion-et  di-  -es  discoiii  -.  D.'inss.i  rliante  pour  lel.liris;, 
il  répélait  qu'il  --erait  rede\  ilih-  (lésa  couronne  aux 

firiéres  el  au  mérite  des    '  n  lui  envoy.iieiit 

eufs  dépulalioiis.  C'est  d..i  qu'il  leur  écrivit 

à  toutes  des  ji-ltresoù  pspiK  ni  l.i  yiAce  et  l'amour, 
et  dans  |<-si]iii-||).s  i|  les  fortifie  dans  la  fui  et  dans 
la  soin  leurs  pasteurs  léviliines. 

En  I  iiiiilliplier  pre-  de  lui  le<  soins   de 


Jlftlic       ,ll(      |||.|||\|>-      illl       l--.|li       <M|\t|l.  ,\l|       -1.      .l^.llli         III 

(jUiltcrSniyruc,  écriMt-il  une  leltre,  aussi  touchante 

qu'admirable,  aux  fidèles  de  l! 

Apres  avoir  salué  «a   tenu  -   celle 

Eglise  illustre  et  avoir  rendu  :    ..   ..:....     ..  .sa  pu- 
ni.mie  sur  toutes  les  autres  h^lises  de  la  lem-,  il 


luir««,  lltii.  ( 


t.i.' 


dtpui^   qii  il  t-l  itl.njrn'. 


■n  1' 


christianisme  n'est  pas  seulemeut  une  œu\Te  de 
silence,  il  est  aussi  une  œuvre  de  force  et  de  magna- 
nimité. J"r>rris  aux  Eulises:  je  leur  maude  à  toutes 
que  je  mourrai  de  frrand  cœur  pour  notre  Dieu, 
pourvu  que  vous  ne  vous  y  opposiez,  pas.  Je  vous  en 
conjure,  ne  me  témoii.'nez  plus  une  bienveillance 
inopportune. 

■'  Laissez-moi  devenir  la  pâture  des  bètes  féroces  ; 
par  elles  j'arriverai  à  Dieu.  Je  suis  le  froment  de 
Dieu:  il  me  faut  4tre  moulu  sous  la  dont  des  bêtes 
pour  devenir  le  pain  immaculi-  du  Christ.  Caressez 
plutc^'t  ces  lions:  qu'ils  deviennent  mon  sépulcre, 
qu'ils  ne  laissent  rien  de  mon  corps;  ainsi,  quand 
je  serai  endormi  dans  le  Seiu'neur,  je  ne  serai  plus 
à  chargea  personne.  Alors,  je  serai  vraiment  le  dis- 
ciple de  Jésus-Christ,  ijuand  mon  corps  lui-même 
aura  disparu  de  ce  monde.  Suppliez  pour  moi  |o 
Christ,  alin  que,  par  de  tels  instruments,  je  devienne 
une  ostie  diurne  de  lui.  Pierre  et  l'aul  vous  com- 
mandaient; moi,  je  TOUS  prie.  Ils  étaient  .\p<5tres,  je 
ne  sui-  qu'un  condamné;  ils  étaient  libres,  jusqu'ici 
je  ne  suis  qu'un  esclave.  Mais  quand  j'aurai  souifert. 
je  serai  l'affranchi  de  Jésus,  et  en  lui  je  ressusciterai 
libre. 

■i  En  ce  moment,  dans  les  fers,  j'apprends  à  ne 
rien  convoiter  de  terrestre  ni  de  vain.  Dp|iui'i  mon 
départ  de  Syrie  pour  Kome,  je  combats  vraiment 
contre  les  bétes,  sur  terre,  sur  mer,  la  nuit  et  le 
jour,  lié  que  je  suis  à  dix  léopards  ;  ce  sont  mes  iïar- 
diens  que  je  nomme  ainsi.  Les  bienfaits  mêmes  les 
rendent  (Jus  farouches.  Leurs  injures  me  servent 
de  leçon;  mais  "  je  ne  suis  pas  ju'^tilié  pour  cela 
I  Cor.,  IV,  4  ".  Pnissé-je  jouir  des  autres  bétes  qui 
me  sont  préparées!  Je  veux  les  trouver  affamées  et 
fnricuses;  je  les  tlatterai  pour  ipi'elles  me  dévorent 
>ans  s'éloi;;ncr  par  respect,  comme  elles  ont  fait 
jiuur  d'autres,  (jne  si  elles  s'y  refusent^  je  les  y 
contraindrai,  l'ardonnez-moi  cette  parole,  je  sais  ce 
qui  m'est  utile.  Je  rommencc  maintenant  à  être  un 
vrai  disciple.  Oue  le'=  créatures  visibles  et  mvisibles 
•■'■ssent  de  mi-  disputer  mon  bonheur. 

•  C'e«t  à  Jésus-Christ  que  je  vais.  Les  flammes,  la 
croix,  les  meutes  de  b'^tes  farouches,  les  lacérations, 
la  torture,  la  dislocation  des  os,  les  déchirements 
lies  membres  coupés  en  morceaux,  que  tous  ces 
tf>urments,  invent«?s  par  l'enfer,  tombent  sur  moi, 
|iourvu  que  j'alteifine  Jésus-Christ!  A  quoi  me  ser- 
viraient, et  les  plaisirs  de  ce  monde,  et  le>^  royaume^ 
du  siècle?  Mourir  pour  Jésus-Christ  vaut  mieux  ciuo, 
ré:.'ner  sur  l'univers.  Je  cherche  Celui  qui  est  mort 
pour  non-»,  je  veux  Celui  qui  est  ressuscité  pour  nous. 
l'f\  est  le  trésor  que  je  vais  conquérir. 

'  Pardonnez-moi  donc,  frères.  Ne  me  privez  pa'^ 
'II-  la  vie;  ne  me  rejrtez  point  dans  la  mort:  no  nie 
r.-ndez  pas  au  monde  quand  j'a-^pire  à  Dieu.  Laissez- 
moi  arriver  à  celle  pure  lumière,  aux  rayons  de 
liipielleje  devi>>ndi'ai  l'homme  de  Dieu.  Laissez-moi 
devenir  l'imitateur  de  la  passion  de  Jésu-s-Chri'^l. 
Ah!  si  quelqu'un  a  l'amour  de  Jésus-t^hrist  dans  son 
cii-nr,  il  com[irendra  mon  laiica;.'e,  et,  «achant  l'ar- 
deur qui  me  dévore,  il  aura  pitié  de  moj.  Le  prince 
dn  ce  siècle  voudrait  m'arracber  du  cœur  et  cor- 
rompre en  moi  cet  amour  pour  mon  Dieu.  Vous,  du 
moins,  spectateurs  tic  la  lutte,  ne  vous  constituez 
point  «es  auxiliaires.  Prenez  parti  pour  Dieu  et  pour 
moi.  Ouand  le  nom  de  Jésus-Christ  est  sur  vos  lèvres, 
vous  ne  pouvez  conspirer  avec  le  monde. 

■  S'il  m'arrivail  jamais  de  vous  tenir  un  autre  lan- 
-  i_'e,  ne  m'en  croyez  point;  croyez  à  celle  lettre  que 
ji'  vou«  écris,  vivant  encore,  mais  brûlant  du  deair 
■  !•■  ninurir. 

^^'n  amour  a  él''  crucifié,  ni  le  feu  qui  m'anime 
M      I  ■  ui   «oiidni   aiKun   aliment  lerri-str'".  L'espril 

ili.iiil  qui  habile  nn  mor,  et  qui  parb'  .'i  mon  cu'iir 


me  dit  intérieurement  :  Viens  à  ton  père!  .\ucune 
nourriture  corruptible,  rien  de  ce  qu'on  nomme  les 
délices  de  la  vie  n'a  de  saveur  pour  moi.  Il  me  faut 
le  pain  de  Dieu,  le  pain  céleste,  le  pain  de  vie.  c'est- 
à-dire  la  chair  de  Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu,  qui,  Jans 
ces  derniers  temps,  s'est  fait  Fils  de  l'homme  en 
naissant  de  la  race  de  David  et  d'.Vbraham.  Il  me 
faut  le  breuvaf.'e  de  Dieu,  le  sang  de  celui  qui  est 
charité  et  vie  éternelles. 

»  Je  ne  veux  donc  plu.s  de  la  vie  des  hommes,  et 
mon  vœu  sera  exaucé,  si  vous  le  voulez.  Veuillez-le 
donc,  je  vous  en  supplie  :  Dieu  vous  rendra  en  grâces 
la  bienveillance  que  vous  m'aurez  témoignée.  Cette 
lettre  trop  courte  vou*  le  demande,  croyez  à  ses 
accents.  Jésus-€hrist  vous  manifestera  la  sincérité 
de  mon  lan^'atie,  Jésus-Christ,  le  révélateur  de  la 
vérité,  en  qui  le  Père  nous  a  parlé.  Priez-le  de  se 
donner  bientôt  à  moi.  Si  je  suis  admis  au  martyre, 
vous  aurez  voulu  mon  bonheur;  si  je  suis  rejeté,  je 
l'attribuerai  à  votre  peu  d'affection. 

»  Souvenez-vous  dans  vos  prières  de  l'Eglise  de 
Syrie;  en  mon  absence,  Dieu  seul  est  son  pasteur. 
A  la  place  de  l'évêque,  Jésus-Christ  seul  et  votre  cha- 
rité la  dirigeront.  Je  rougis  de  me  voir,  malcré  mon 
indi;;nité,  compter  au  nombre  de  ces  chrétiens  d'.\n- 
l'oche,  moi  le  dernier  de  tous,  misérable  avorton! 
Mais,  si  je  puis  arrivera  Dieu,  je  deviendrai  quelque 
chose  par  sa  miséricorde. 

»  La  charité  des  Eglises  qui  m'ont  accueilli  au  nom 
de  Jésus-Christ,  moins  comme  un  étranger  qui  passe 
que  comme  un  père,  -s'unit  à  mon  esprit  pour  vous 
adresser  le  salut.  Celles  qui  ne  setmuvent  point  sur 
mon  passase  ont  voulu  visiter  et  secourir  mes  chaî- 
nes. Je  vous  écris  de  Smyrne.  Des  Ephésiens  dignes 
du  bonheur  d'appartenir  à  Jésus-Christ  vous  remet- 
tront ma  lettre.  Crocus,  ce  nom  si  cher,  est  encore 
ici  avec  moi,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  frères. 
Vous  devez  connaître  mainlonant  ceux  qui  m'ont 
précédé  de  Syrie  à  Rome,  pour  la  ;.'loire  de  Jésus- 
Christ.  Informez-les  de  mon  arrivée  prochaine.  Ils 
sont  tous  dignes  de  Dieu  et  de  vous.  —  Ecrit  le  IX  des 
calendes  de  septembre  (23  aoîit  107).  Courage  jus- 
qu'à la  fin  dans  la  patience  de  Jésus-Christ.  Amen.  » 

LES  FIDÈLES  DE   ROUE  —  l'aMPUITIIE'.\TRE 
LE  a.VRTVRE 

"  .\près  avoir  ainsi,  par  cette  lettre,  prédisposé 
en  sa  faveur  les  Frères  de  Home,  le  Théopliore  quitta 
Smyrne.  Les  soldats  qui  l'escortaient  avaient  hAle  de 
le  conduire  à  sa  destination  pour  l'époque  des  jeux 
solennels  de  l'amphithéâtre.  Il  aborda  en  Troade,puis 
à  Napoli  de  Thrace.  Là,  on  lui  lit  prendre  la  route 
de  terre;  passant  donc  i)ar  Philippi*,  il  traversa 
la  Macédoine  et  l'Epire,  juscpTau  port  d'Epidamno 
aujourd'hui  Durazzoi,oii  il  s'enrb.irqna  île  nouveau. 

»  Descendant  le  «olfe  Adriatique,  il  cnlia  dans  la 
mer  Thvrrhénienne,  lomieant  le  littoral  et  v.iyant 
passer  sous  ses  yeux  les  cités  et  les  îles  qui  bordont 
ces  rivages.  On  montra  à  l'homme  de  Dieu  la  ville 
de  Pniiz/oles.  Il  souhaitait  ardcniiuent  qu'on  pût  y 
débarquer.  Il  aurait,  de  la  sorte,  sui>i  les  traces  de 
-aint  l'aul,  et  fut  entré  à  Home  par  le  même  clii'min 
que  l'Apôtre.  Mais  nn  vent  violent  chassa  le  navire 
en  pleine  mer  et  déjnua  tous  les  efforts  des  mate- 
b>ls.  En  s"éloit;nant  de  Pouzzoles,  Imiace  salua  do 
loin  cette  chrétienté  célèbre:  Heureux,  disait-il.  nus 
Frères  de  celle  cité  illustrée  par  le  uraiid  .VpAtie! 

"  Le  terme  de  notre  navigation  approchait  ;  nuis 
en  ^.'émissions  à  la  pensée  de  notre  sép.Tratinn  |  i.>- 
chaine  d'avec  ce  juste:  mais  lui  ne  mim''  -i ut 
ipie  des  sentiments  d*allé^;ressc,  il  lrioni|'liail  de 
joie  en  m*  di'taelianl  du  monde  pour  se  ra|iprocher 
de  Jésus,  son  bien-aimé. 


»  Après  un  jour  et  une  nuil,  le  vaisseau  abordait 
lu  piirt  des  Koinains  ,  Porto,  près  d"Ostie).  Les  jeux 
solennels  de  i'aiiiphittiéàtre  nllnient  bientiM  finir: 
cette  circonstance  redoublait  renipressenieiit  des 
soldats;  l'éviVque  obéissait  avec  joie  à  leur  impa- 
tience. 11  la  partageait  lui-même.  On  se  mit  donc 
aussitôt  en  chemin. 

"  Cependant,  la  nouvelle  de  l'arrivée  du  saint 
martyr  s'çtait  déjà  répandue.  Les  Frères  de  Home 
vinrent  au-devant  de  lui.  La  joie  et  la  douleur  <<■ 
pei^'naient  sur  leur  visaite  ;  heureux  de  contempler 
!••  Tbèopliore.  la  pensée  de  sa  mort  prochaine  les 
consternait.  Quelques-uns,  dans  l'ardeur  de  leur 
zele,  formaient  le  dessein  de  s'adresser  au  peuple, 
yoxiT  lui  demander  ;:ràce  et  le  conjurer  d'éparcner 
i.i  vie  d'un  juste.  If^nace,  averti  par  l'Esprit-Saint 
de  leur  pensée  secrète,  après  avoir  donné  le  baiser 
à  tous  les  Frères,  parla  en  termes  si  vAiéments  de 
son  ardente  soif  du  martyre,  il  les  supplia  avec 
l.mt  de  larmes  de  ne  point  lui  ravir  son  bonheur 
p.ir  une  tendresse  humaine,  qu'il  les  persuada  enfin. 
Tous  se  mirent  à  penoux  sur  la  route.  Ignace  pria 
à  haute  voix,  invociuant  la  protection  du  Fils  de 
Dieu  sur  l'E^jUse,  lui  demandant  de  mettre  un 
terme  à  la  persécution,  et  de  maintenir  le  bien  de 
la  charité  parmi  les  Frères. 

■  Le  cortège  reprit  sa  marche  et  Ignace  fut  conduit 
directement  a  1  amphilliéàtre.  C'était  ce  Colisée 
dont  les  ruines  gigantesques  sont  encore  debout; 
selon  l'ordre  précédemment  donné  par  l'empereur, 
il  fut  de  suite  exposé  aux  bètes.  Or,  c'était  le  jour 
que  les  Romains  désignent  dans  leur  style  sous  le 
noradeXIII  des  calendesdejanvier 'îOdécembre  107  . 
Il  était  le  plus  solennel  parmi  les  fêtes  publiques  de 
cette  saison,  l'ne  foub'  immense  encombrait  les 
pradiii^.  Le  saint  martyr  It'nace  fut  exposé  dans  le 
■  irque.  près  de  l'autel  élevé  aux  faux  dieux.  ■> 

portant  alors  ses  regards  sur  la  multitude  des 
••pect.iteurs,  il  s'écria  :  •■  Momains,  et  \ous  tous  i|ui 
assiste!  à  ce  spectacle,  sachez  que  je  ne  suis  point 
ici  pour  expier  un  sortilège  ou  un  crime  quelconque, 
mais  pour  m'iinir  à  hifii;  cette  union,  je  la  désire 
.ivec  une  ardeur  in-^atiable  1  "  Ft.  entendant  rugir 
les  li'ins,  il  ajouta  :  "  Je  suis  |e  froment  du  Christ, 
je  dois  être  moulu  sous  la  dent  des  bêles  pour 
devenir  son  pain  très  pur.   ■ 

Il  Les  bêtes  exaucèrent  le  vu-u  qu'il  avait  exprimé 
dans  son  ep((re  aux  Itoinaitu,  de  n'être  à  cliar:;e  à 
personne  après  la  consominalion  de  son  sacrifice  et 
d'éviter  aux  Frères  le  soin  périlleux  de  rassembler 
ses  restes.  Il  fut  pre-que  enlifremeiil  dévoré;  les 
bvles  ne  laissèrent  que  les  plus  durs  ossements,  pré- 


I  rieuses  reliques  «jui  furent  soigneusement  recueil- 
lies et  envefoppées  de  linges,  pour  être  rapportées 
à  .\ntiorhe  comme  un  trésor  inestimable,  et  rendues 
à  celte  Eglise  veuve  d'un  martyr.  "  Saint  .\ntonin 
ajoute  que  son  cu-ur  fut  laissé  intact  par  les  bêles  et 
qu'on  y  trouva  le  nom  de  Jésus  écrit  en  lettres  d'or. 

•'  Comme  nous  l'avons  dit,  ceci  se  passait  le  XIII 
des  calendes  de  janvier  |20  décembres,  sous  le  con- 
sulat de  Sura  et  de  Cénécion.  Nous  assistions,  les 
yeux  baignés  de  larmes,  à  ce  spectacle.  La  nuit  sui- 
vante, retirés  dans  la  maison  d'un  chrétien,  nous 
laissions  couler  nos  pleurs  avec  nos  |>rières.  Fléchis- 
sant les  genoux,  prosternés,  nous  demandions  au 
Seigneur  de  prendre  en  pitié  notre  douleur  et  de 
nous  révéler  quelques  signes  de  la  gloire  de  son 
martyr. 

■■  Épuisés  de  fati^'ue.  le  sommeil  nous  gagna; 
Ignace  nous  apparut.  tjueb|ues-uns  d'onlre  nous  le 
virent  dans  la  gloire  et  leur  tendant  les  bras  pour 
les  serrer  sur  son  cu'ur.  A  d'autres,  il  apparut  dans 
l'attitude  de  la  prière,  intercédant  auprès  du  trrtne 
de  Dieu  pour  son  E;:lise.  Enfin,  quelques  autres  le 
virent  couvert  de  sueur  et  comme  sortant  d'un  labo- 
rieux combat,  se  présenter  en  vaini|ueur  devant 
Dieu.  Ces  visions  nous  remplirent  de  joie;  chacun 
de  nous  racontait  celle  dont  il  avait  été  fa\orisé,  et 
nous  unîmes  nos  voix  pour  rendre  yloire  à  l'auteur 
de  tous  les  bleus,  et  proclamer  la  béatitude  dusaiat 
évêque. 

■  C'est  dans  ces  sentiments  que  nous  vous  adres- 
sons la  relation  de  son  martyre,  pour  que  vous 
puissiez  en  célébrer  l'anniveisiaire.  et  qu'ainsi  nous 
soyions  tous  admis  à  la  participation  des  mérites 
de  ce  généreux  athlète  de  Jésus-Christ,  qui  a  terminé 
sa  course  selon  l'ardent  désir  <iu'il  en  avait  mani- 
festé. .. 

Hlièus,  Auathopode  et  l'hiloii  rapportèrent  respec- 
tueusement à  Aiiti"<'he  b-  pieux  fardeau  iju'ils 
avaient  dérobé  à  raiiipliithéAtre  ri>iiiai!i.  Ils  Iraver- 
sérent  les  cités  de  la  Macédoine  et  de  r.\sie-.Miiieure, 
nous  apprend  saint  Jean  Chrysostome,  a»  milieu 
d'un  peuple  de  fidèles  qui  accouraient  sur  leur 
passagi-  et  s'agenouillaient  pour  vénérer  les  «aintcs 
reliques. 

(Juelqiies  siècles  plus  tard,  quand  les  Miiiiulmans 
envahirent  la  Syrie,  les  restes  du  saint  évêque 
d'Antioche  fiirenî  rapportés  à  Itome. 

Il  saint  l;:nace,  ulorieiix  martyr  de  Jésus-Christ, 
ramenez  à  l'unité  cathidique  les  iliréliens  d'Ilrient 
dont  vous  fûtes  le  pasteur,  et  défendez  contre  la 
révolution  les  fidèles  d'i  accident,  au  milieu  de»<|Uels 
vous  avez  con(|uis  votre  immortelle  couronne. 


1        i-fTITU>.M<1 


jr.l.    Cjru.    V  111- 


LA  PURIFICATION  DE  LA  SALNTE  VIERGS 


File    le    i   février. 


\bh 


ObJEI  01  (CETTE  r^TE 

Benoit  XIV  pense  que  la  fête  de  la  Purifiratioii 
de  la  Sainte  Vierge  a  une  ori^'ine  apostolique.  Il 
est  certain,  du  moins,  qu'elle  «'lait  déjà  anciunne 
au  V»  siècle.  —  Elle  lut  longtemps  une  fête  de 
précept'». 

L'Kglise  grecque  et  l'Eglise  de  Milau  rangent 
la  solennité  du  2  février  parmi  les  f^tes  de  Notre- 
Sei^tiK'Ur.  Mais  l'Eglise  romaine  l'a  toujours 
eonipti-e  dan'  |.-«  'Ai,  ,  .(,  in  <  .n.i.  V'-.t._'f„<,i,t 
dnuU,  dit  D.  '  ! 

auiourd'liui  d^  _  i 

i  l'occasion   de   1^  ijon   de  il 

cette  offrande  et  et  .    M<ut  cumiut.  i.i 

qaeoce.  » 

Notre-Seifîneur,    eowme    le    remarque 
Paul,  en  se  fui^(Ult  homme,  a  voulu  ' 
la  loi;  c'est-à-diie  qii*,  «aii«  y  *tr*>  <  i 
qu'il  était  le  I 
soumettre  à  i 


saint 


imposait  aux  juii;i. 

U  jr  a  bLiuiuib  êgiU'.iiiKUt  sa 

Mer*. 

Or,  il  y  av  ,  *    ' 

'                    .     .     .at  les 

mères  à  qui  1 

Le  preniiei 

.1-.0 

Il  ordonne  an 

lemeut,    de   • 

mis  au  inonl 

nn»  (il!'    -  11 

fi|.i 

un  ' 

qui   devttJl   éli 

:é   en   iiolorausle.  Un  y 
ft  nue  t'oloml'C,  .insli- 

ajoutait  unp  ■ 

nées  &   ■' 

le   rit   du 

pour  le  1 

(.  niiuvrt- 
.1  te   renif'làLtf   ^i^ 

senter  un  ^■■. 

une  nutre  In' 

xulr»  «""lodiJ»».  (  • 

sarr; 

du  { 

cau.-t-   - 

U     ifUl.l,'.     & 

Dieu.  C . 

niait  eu  même 

tenir 

1.. 

iardait  que  les  pre- 

mi'i 

•<••-     ■■  ■ :t 

On.' 

né-^ 

son 

né. 

de 

iiu.ibdbel  ful  relevé  le  Temple  de  ses  ruines,  les 
Tieillards,  qui  avaient  tii  le  Temple  de  Salomon 
dans  sa  gloire,  s'attristaient  en  lui  comparant  la 
nouvelle  constructinn,  et  le  Temple  de  Zorobal>el 
^tait  à  leurs  yeux  cnmrae  s'il  u  était  pas,  dit  le 
prophète.  Apgée  le?  con.^ola,  en  leur  disant: 

"  Prends  crur;ige,  Zcrobahel  ;  prends  courage, 
Jésus  Mis  de  Josédec,  pontife  suprême  ;  prends 
i-ouragp.  pt'uple  de  celle  terre.  Car  voici  ce  que 
dit  le  Si'igneur,  Dieu  des  années:  Encore  un  peu 
de  temps,  j'ébranlerai  le  ciel  et  la  terre,  la  mer 
f^t'les  continents:  j'ébranlerai  les  peuples;  et  le 
n'-iri!  ili-  (,iuii<H  les  nations  viendia;  et  je  rem- 
ette inaisnD.  I.a  gloire  de  cette 
1.  sera  plus  grande  que  relie  de  ta 
premieie.  et,  dans  ce  lieu,  je  donnerai  ta  paix, 
dit  le  Seigneur,  Dieu  des  armées.  » 

Maldcliîs,  le  dernier  des  prophètes  d'Uraul, 
'•oiifirnnil  \n  parole  d'Aggée:  »  Le  Dominateur 
Met,  et  l'Ànue  du  testament  que 
.  ndra  anssiiiM  dans  son  temple.  Le 
viiia  qai  vient,  dit  le  Seignunr  des  années.  Et 
qui  puurra  connaître  le  jour  de  sa  venue,  et  qui 
•era  1  .    '    «  lir  .\  son  arrivée 'f  a 

Le  '  <'Ut  dire  qu'Israël,  cunime  nation, 

i.ii.iiiia  pas  et  ne  recevra  pas  son  iliessie 
l'Iosieurs,  cependant,  le  recevront  citeront 

heureux  fidèles,  enfants  de  la  paix  et  du 

'Ont  ruprégenlés  au  T,  ninU  imr  l«  vi.-iMard 

Il  et  Anne  la   proj  i.i  là 

,     .    'r  wiii .  .ti'iii.indait    -,  >       '    ("1-5 

deiii  !  iges  CD  éreii  pour  répondre 

au  di  .  e. 

Il  y  avait  i  J>  rii.ah'iii,  dit  saint  Luc,  un  vieil- 
lard nmiimé  Si-!v-on.  hrntin"  ju'le  et  crHii-'nHnt 
Dieu.    lI  ■  t 

l'F'-pnt-S'ii.  'iin-' 

ju  :!   ne  vciiail  piiiit  ia  uim  l  avant 
tt-mplé  le  Cliiist  du  Seigneur.  11  savait, 
1  aillcUf',  par  I'  .     '     :     .         1.-  s.i 

Teiiua   était   an  mit 

V  ■    ;'  au 

l-  mil" 

.,...>,   il 

.'  >  Et  le 

.  ..i ..  j ,..  ,.u  jour  OÙ 

I  lui  dit  :  n  C'e-t  aiiiour- 

1  ■    le 

^    •     .1,   ,       1     :  ..l'-in- 


1..  I 
San- 
tra  ■ 
tiri 


leva    donc    de    grand    m.ilin.      e 
1  et   f   !•  v-^tii   de  set  i  !  ii-, 

.«  il    .■•■iivf  î  '  f'our  rerti  ...s  il 

ph.    fCiprit- 


■  i,  1  ita  »-i  '  iiu'  l'a  »'i   mi-t  '•  *u  1*  10  j'iu^;  liuiuiiianl 

de  la  loi. 


vuiu  t^»t«rei  )>aj'tir 


Jotaph. 

ACOOHTUMMiKT    DU    raot-aiTiw    *v»  ta  iiooviao 
rsM-Lt    -  tiaéMi  ar  «aiia 

L'^ntr^  4»  l^a*   an   Temple   de  lératêUm 

A  .  {Utnd 


t  le  cri  de  t'Ancien  Xtt- 
devanl  le  Nonveau  et    f 


.1  1.U 

ilet 


méditant  ce  mystère,  avec  sa  uaive  truidrosse, 
s'écrie:  «  Mais,  ce  Siménn,  n'est-il  pns  bienheu- 
reux d'embrasser  cet  Enfant  divin?  Oui,  mais 
je  ne  puis  lui  savoir  gré  du  mauvais  tour  (ju'il 
voulait  faire;  car,  étant  hors  de  lui-même,  il  le 
voulait  emporter  avei;  lui  dans  l'autre  monde  ! 
Maintenant,  dit-il,  laissez  aller  votre  serviteur 
en  paix.  Hélas  I  uous  eu  avions  encore  besoin, 
nous  autres  I  a 

Marie  et  Joseph  étaient  dans  l'admiration  à 
cause  de  tout  ce  qu'on  disait  de  Jc'sus.  Sans 
doute,  ils  savaient  parfaitement  que  Jésus  était 
le  Fils  bien-aimë  de  Dieu  et  le  Sauveur  promis 
au  monde;  mais  ils  admiraient  la  manière  mer- 
veilleuse dont  Dieu  avait  révélé  des  secrets  que 
leur  humilité  n'avait  dévoilés  à  personne. 

Siméon  les  combla  de  bénédictions,  puis,  voyant 
prophétiquement  dans  cet  Enfant  la  victime  qui 
devait  être  immolée  pour  les  pécheurs,  il  dit  à 
Marie,  sa  Mère  :  <<  Cet  Enfant  est  établi  pour  la 
ruine  et  la  résurrection  de  beaucoup  en  Israël, 
et  pour  i^lre  un  signe  de  contradiction.  Et  votre 
âme  même. sera  percée  d'un  j^laive  de  douleur, 
aûu  que  les  pensées  de  plusieurs,  qui  étaient 
cachées  au  fond  de  leurs  cœurs,  soit  révélées.  » 

11  y  avait  aussi  à  Jérusalem  une  prophétesse, 
nommée  Anne,  lille  de  Phanuel,  de  la  tribu 
d'Aser.  Elle  était  fort  avancée  eu  âge,  et  n'avait 
vécu  que  sept  ans  avec  son  mari,  et  elle  était 
demeurée  veuve  jusqu'à  l'âj-e  de  quatre-viiiiît- 
quutre  aus,  ne  sortant  point  du  Temple,  servant 
Dieu  jour  et  nuit  dans  les  jeûnes  et  dans  les 
prières.  Etant  donc  survenue  à  la  même  heure 
que  Siméon,  elle  se  mit  a'ussi  à  louer  le  Seigneur, 
et,  depuis  lors,  elle  parlait  de  lui  à  tous  ceux  qui 
atteadaieut  la  rédemption  d'Israël. 

COmUHT    MARIB   s'HUKaU    DANS    LK   TtMPLI 

L'Evangile,  après  avoir  parlé  de  la  rencontre 
du  vieillard  Siméon  et  d'Anne  la  prophétesse, 
ajoute  seulement  que  Marie  accomplit  tout  ce 
qui  était  prescrit  par  la  loi,  c'esl-à-dire  la  céré- 
monie de  la  purilicntinn  et  le  rachat  de  son 
premier-né.  Nous  emprunterons  encore  à  saint 
Vincent  Ferrier  les  pieuses  considérations  qu'il 
fait  sur  ces  deux  sujets. 

«  Il  y  avait  dans  le  Temple,  dit-il,  et  cet  usa^e 
s'observe  encore  aujourd'hui  parmi  les  juifs,  un 
endroit  réservé  pour  les  femmes  nobles  et  riches, 
un  autre  pour  les  femmes  de  condition  médiocre, 
et  un  troisième  pour  les  vier^'es.  Marie,  eu  entrant, 
examina  pour  voir  à  quel  ^'roupe  elle  dfv.iil  se 
joindre.  Elle  appartenait  à  la  plus  haute  noblesse, 
pui<;qu'elle  était  ûlle  de  David;  mais  aile  était 
pauvre  et  simplement  velue,  car  elle  avait  donné, 
pour  l'amour  de  Dieu,  tout  l'or  que  lui  avaient 
apporté  les  rois  de  l'Orient,  el  ne  voulait  vivre 
que  du  travail  de  ses  mains.  Si  donc  elle  était 
allée  du  côté  des  riches,  ces  femmes  hautaines 
auraient  pu  lui  dire  :  •<  Allez  à  la  place  qui  vous 
convient.  Quoi  I  la  femme  d'un  artisan  prétend 
prendre  rang  parmi  nous!  n  Elle  avait  aroit  de 
s'associer  aux  vieraoo.  étant  elle-même  la  plu» 
excellente  de>  vier:.'-^  Miis  celles-ci  lui  auraient 
dit  :  Il  Comment  pouve?.-vous  venir  avec  nous, 
vous  qui  avei  un  époux  et  un  lils?  » 

»  Elle  alla  donc  se  mettre  aver  I.h  !>.iiivre8 
femmes  du  peuple.  Et  ainsi   fut  i  i  pro- 

phétie du  livre  des  Cantiques  :  umée 

est  entre  les  femmes  comme  le  lis  entre  les 
•'(lines.  »  Et  ce  fut  là  le  premier  exemple  d'humi- 
lit'-  que  Marie  donna  en  ce  jour. 

•  EH"  <"n  donna  un  'erond  nmi    moin»  éton- 


nant en  se  conformant  aux  proscriptions  de  la 
loi.  Car  la  loi  ordonnait  que  la  femme, quaiar.ie 
jours  après  son  enfantement,  se  présentât  iu 
Temple,  et  que  fléchissant  les  genoux  devant  lo 
prêtre,  elle  lui  dit  :  «  Voici  mon  oblatioa,  offres 
pour  moi  le  sacrilice,  afin  que  Dieu  me  remette 
mes  péchés.  »  Le  prêtre  offrait  le  sa^riUce,  bénis- 
sait ensuite  la  femme,  et  celle-ci  se  retirait. 

»  La  Vierge  Marie  voulut  passer  par  toutes  ces 
observances.  Elle  dit  au  prêtre  :  a  C'est  aujour- 
d'hui le  quarantième  jour  depuis  que  j'ai  enfanté 
ce  Fils;  il  a  été  circoncis  le  huitième  jour  et  a 
reçu  le  nom  de  Jésus.  »  Et  elle  lui  remit  son 
offrande  de  deux  tourterelles  et  de  deux  colombes, 
en  lui  demandant  de  prier  pour  elle.  0  comble 
d'humilité  I  La  Très  Sainte  Vierge  ditau  pécheur  : 
«  Priez  pour  moi.  u  Et  le  prêtre  ne  la  connais.^ait 
pas.  Mais  Isaïe  la  connaissait  mieux  lorsqu'il 
disait  :  «  Voici  que  la  Vierge  concevra  et  enfan- 
tera un  Fils,  et  son  nom  sera  ^mmawitl  »,  c'est- 
à-dire  bïeu  avec  nous. 

Jésus  ne  le  céda  pas  en  humilité  à  sa  Mère 
lorsqu'il  voulut  être  présenté  à  Dieu.  Il  n'en  avait 
certes  pas  besoin,  car  il  n'avait  pas  quitté  son 
Père  pour  venir  sur  la  terre,  mais  il  était  des- 
cendu comme  le  rayon  qui  ne  se  sépare  pas 
du  soleil  pour  venir  éclairer  la  terre.  11  voulut 
cependant  lui  être  présenté  comme  un  étranger. 

Il  était  né  si  pauvre,  que  sa  Mère  ne  put  oiTrir 
pour  lui  un  agneau  au  prêtre.  Il  ne  convenait 
pas.  du  reste,  qu'elle  présentât  cet  a^^neau  figu- 
ratif, quand  elle  portait  dans  ses  bras  le  véri- 
table A».'neau  de  Dieu,  et  qu'elle  venait  offrir  au 
Père  céleste  la  grande  Victime  qui  devait  être 
immolée  pour  le  salut  de  tous  les  hommes.  Marie 
se  contenta  donc  d'offrir,  comme  les  pauvres, 
deux  tourterelles  et  deux  colombes. 

LE  riLS    01  DlID  IST  RACHIT^  SBLON    LA    LOI 

Il  restait  à  accomplir  la  loi  du  rachat  des 
premiers-nés. 

Il  L'enfant  premier-né,  dit  saint  Vincent  Fer- 
rier, appartenait  à  Dieu  et  au  prêtre.  Mais  on  le 
rachetait  au  prix  de  cinq  sicles  d'argent.  Si  ses 
parents  ne  pouvaient  fournir  les  cinq  sicles, 
l'enfant  restait  au  prêtre,  et  il  était  élevé  pour 
servir  dans  le  temple. 

»  Marie  remit  son  tils  entre  les  mains  du  prêtre, 
qui  l'offrit  au  Seigneur.  Insensé!  S'il  l'eût  connu. 
il  se  fût  prosterne  devant  lui.  Voyant  la  pauvreté 
de  la  Mère,  le  prêtre  se  préparait  à  le  garder. 
Mais  la  Vierge  lui  dit:  •■  Ne  le  retenez  point;  voici 
cinq  sicles  que  j'ai  apportés.  » 

»  Elle  les  avait  gagnés  par  son  propre  travail, 
et  peut-être  avait-elle  retranché  sur  sa  nourri- 
ture, afln  de  pouvoir  racheter  f;on  Enfant.  Elle 
ouvrit  donc  sa  bourse,  qui  n'était  pas  de  soi<'.  ni 
tissée  d'or,  et  en  tira  l'argent  qu  elle  remit  «û 
prêtre  selon  la  prescription  de  la  loi.  » 

LA  B^IfÉDICTION    DES  CIBROKS 

Ainsi  furent  accomplis  les  mystères  de  ce 
jour,  ainsi  la  Lumière  du  monde,  destinée  à 
éclairer  toutes  les  nations  de  la  terre,  pénétra 
d'iiis  le  Temple  du  Seigneur  et  brilla  devant  lui. 

l'nur   figurer  cette  lumière  céleste,  l'Eglise  a 

'Uiiime  de  faire,  au  2  février,  une  spendule 
!■  n  Mielinn  des  cierge*.  Celte  cérémonie  a  été 
in^titiii-e  par  le  pape  saint  Célase,  ver»  la  (in  d.M 
■■•  M'cle,  et  elle  a  fait  donner  à  la  fêle  «on  nom 
populaire  de  la  Chandeleur. 

!,'•«   liptc"*  qn'nn  bénit  avant    In  me««e   il"  la 


Parilication  sipnilientdonr  Motre-Seigneur  Jésus- 
Christ.  Selon  Yves  de  Chartres,  la  cire  qui  les 
compose,  formëe  du  suc  des  fleurs  par  les 
abeilles,  que  l'antiquité  a  toujours  considérées 
comme  un  type  de  virçinité,  signifie  la  chair 
virpinale  du  divin  Enlant,  lequel  n'a  point 
altéré,  dans  sa  conception,  ni  dans  sa  naissance, 
l'int'^jtrité  de  Marie.  Dans  la  flamme  du  cierge, 
il  faut  voir  le  symbole  du  Christ  qui  est  venu 
illuminer  nos  ténèbres. 

Sailli  Anselme,  développant  le  m^me  mystère, 
nous  dit  qu'il  y  a  trois  choses  à  considérer  dans 
le  cierpe:  la  cire,  la  moche  et  la  flamme.  La 
cire,  ouvrage  de  l'abeille  virpinale,  est  la  chair  du 
Christ;  la  mèche,  qui  est  intérieure,  est  l'àme  ; 
la  flamme,  qui  brille  en  la  partie  supérieure, 
est  la  divinité. 

Les  cierpes  bénits  par  l'Eplise  sont  portés  par 
les  ministres  et  par  tout  le  clerpé  dans  une  pro- 
cession qui  a  été  instituée  par  le  pape  Serpius, 
au  vil*  siècle.  Cette  procession  symbolise  la 
sainte  Eglise  qui  se  met  en  marche  pour  aller 
à  la  rencontre  de  l'Emmanuel,  et  elle  est  l'imi- 
tation de  la  merveilleuse  procession  qui  eut 
lieu  en  ce  moment  même  dans  le  temple  de 
Jérusalem. 

•<  Aujourd'hui,  dit  saint  Bernard,  la  Vierge 
.Mère  introduit  le  Seigneur  du  Temple,  dans  le 
Temple  du  Seigneur;  Joseph  présente  au  Sei- 
gneur, non  un  fils  qui  soit  le  sien,  mais  le  Fils 
nien-aimé  du  Seipncur,  dans  lequel  il  a  mis  ses 
romplaisances.  Le  juste  reconnaît  celui  qu'il 
attendait;  la  veuve  Anne  l'exalte  par  ses  louanges. 
Ces  quatre  personnes  ont  célébré,  pour  la  pre- 
mière fois,  la  procession  d'aujourd'hui,  qui,  aans 
la  suite,  devait  être  solennisée  dans  l'allépresse 
de  la  terr<  ^^ntière,  en  tous  lieux  et  par  toutes 
les  natiopr  Ne  nous  étonnons  donc  pas  que  cette 
processi  .il  été  si  petite,  car  celui  qu'on  y 
recevait  »  éiait  fait  petit.  Aucun  pécheur  n'y 
parut:  tous  étaient  justes,  saints  et  parfaits.  » 

C'est  la  même  pensée  quel'Eglise  exprimedans 
l'antienne  qu'elle  fait  chanter  à  la  procession  : 

•'  Décore  ta  chambre  nuptiale,  Sion,  et  reçois 
le  Christ-Hoi  ;  accueille  avec  amour  .Marie,  "qui 
est  la  porte  du  ciel;  car  elle  tient  dans  ses  bras 
le  ftoi  de  gloire,  celui  qui  est  la  lumière 
nouvelle,  u 

Ia  procession  de  la  Chandeleur  nous  apparaît 
don^-  comme  la  marche  du  peuple  chrétien  &  la 
lumière  du  Christ,  lipurée  par  les  cierges  que 
iMM  t.-  le  rii-ii.'.:,  1,-i  portion  choisie  de  rE;.lise, 
I  oinmr  Jr^u-  mi^me  était  porté  entre  les  bras  de 
Marie,  entre  ceux  du  saint  vieillard  Simëou  et 
(in  Pontife  qui  l'offrit  au  Seigneur. 

Le»  cierges  de  la  Chandeleur  n'ont  pas  seu- 
hment  pour  but  de  représ.nter  un  jour  le  mys- 
tère du  Christ  Ils  snnt  encore  un  objet  bénit 
l'Our  l'usope  de»  lidélcs  et  l'un  des  plus  précieux 
a  conserver  dons  une  famille  chrétienne. 


Autrefois,  les  fidèles  ^portaient  eux-mêmes 
des  cierges  à  l'église  le  jour  de  la  Purification, 
afin  qu'ils  fussent  bénits  avec  ceux  que  les  prêtres 
et  les  ministres  portent  à  la  procession.  Cette 
coutume  existe  encore  en  beaucoup  d'endroits,  et 
il  serait  bien  à  désirer  qu'elle  «e  rétablit  partout. 

Les  chrétiens  d'aujourd'hui,  à  force  de  laisser 
de  ces  anciennes  pratiques  établies  par  l'Eglise, 
dans  sa  sollicitude  maternelle,  se  sont  trop  privés 
d'une  précieuse  sauvegarde  contre  la  malice  du 
démon  et  d'un  soutien  puissant  de  l'esprit  sur- 
naturel que  beaucoup  de  dévotions  particulières, 
inconnues  des  Saints,  ne  remplaceront  jamais. 

Les  cierges  ainsi  bénits  à  la  Chandeleur. gardés 
dans  les  maisons  des  chrétiens,  sont  un  gace  de 
la  protection  divine  et  un  symbole  de  l'illumi- 
nation spirituelle  des  âmes  par  l'Esprit-Saint. 
C'est  ce  qui  est  enseigné  par  la  formule  même 
de  la  bénédiction  que  l'Eglise  leur  consacre  : 

n  Seigneur  Jésus-Christ,  vraie  lumière  qui  illu- 
minei  tout  homme  venant  en  ce  monde,  répan- 
dei  votre  bf'nédiction  sur  ces  cierges  et  sancti- 
fiei-les  par  la  lumière  de  votre  grAce,etderoéiDe 
que  ces  flambeaux,  allumés  à  un  feu  visible, 
chassent  les  ténèbres,  daignez  faire  que  nos 
cœurs,  allumés  d'un  feu  invisible,  c'est-à-dire  de 
la  splendeur  du  Saint-Esprit,  soient  délivrés  de 
l'aveuplement  de  tous  les  vices,  afin  que,  l'œil 
de  notre  4me  étant  purifié,  nous  puissions  voir 
les  choses  qui  vous  sont  agréables  et  utiles  à 
notre  salut,  et  mériter,  après  les  ombres  et  les 
dangers  de  ce  siècle,  d'arriver  i  la  lumière  qui 
ne  s'éteint  jamais.  » 

Dans  une  autre  oraison,  l'Eglise  demande  à 
Dieu  de  bénir  et  de  sanctifier  les  cierges  «  pour 
l'usage  des  hommes  et  pour  la  santé  des  corps 
et  des  &mes,soit  sur  la  terre, soit  sur  les  eaux.  » 

Il  est  dans  l'esprit  de  l'Eglise  d'allumer  les 
cierges  de  la  Chandeleur  toutes  les  fois  qu'il 
s'agit  de  repousser  les  esprits  de  ténèbres  par- 
tout répancius  dans  l'air,  comme  nous  l'enseigne 
saint  Paul,  et  qui  cherchent  sans  cesse  à  nous 
nuire  dans  notre  ime,  dans  notre  corps,  dans 
nos  biens. 

On  tes  allume  en  particulier  dans  une  tempête, 
pour  l'apaiser;  lorsque  le  tonnerre  gronde;  pour 
obtenir  la  protection  du  ciel  dans  un  lieu  où  la 
présence  du  démon  se  fait  sentir  pour  l'en  chas- 
ser; mais  surtout  auprès  du  lit  d'un  mourant, 
pour  éloigner  de  lui  l'ennemi  des  hommes  qui 
fait  alors  son  suprême  effort,  et  souvent  un  effort 
terrible,  pour  arracher  à  Dieu  l'Ame  qui  se  débat 
dans  l'agonie.  C'est  alors,  en  effet,  que  non» 
devons  appeler  &  notre  secours  avec  plus  d'in- 
sistance le  Hédempteur,  dont  la  vue  illumimi  de 
joie  les  derniers  jour»  de  Siméon,  el  la  Vierge 
secouiable,  afin  qu'ils  nous  donnent,  avant  notre 
départ,  le  baiser  de  l'éternelle  paix.  Puissent  no» 
Ames  arriver  ainsi  i  la  bienheureuse  lumière  du 
ciel. 


L.  l'(iiT3i.<<ii,T,  Imp.  0«r«n/,  8,  rue  Kraacoi»  I".  P«f  it. 


SAINT    BLAISE 

BVIÎQUE  DE   SÉBASTE   ET  MARTYH 


Fête    le  3    février. 


Saint  BlaiM  gnérit  un  enfant  dam  le  gosier  duquel  était  restée  une  arête  de  poisson. 


§AIMT  BLAI3I    FAISIUR    Dl    MIDACLIS 

Le  culte  de  «aint  Biaise  mérite  de  redevenir  aussi 
I  'pulairc  que  par  le  pas'é.  L'n  ancien  martyrologe 
I  ippclle  ;  le  faiseur  de  mirarios.pafrafor  miracu/o- 
1  >im  ;  la  piété  du    peuple  a  cru  que  Dieu  lui  avait 


conservé  dans  le  ciel  la  m^me  puissance,  et,  par  le 
fait,  elle  n'a  pas  été  déçue.  Saint  Biaise  a  mérité,  par 
le  nombre  de  ses  bienfaits  et  des  favsurs  qu'il  a 
obtenues,  d"être  classé  au  moyen  Age  parmi  les 
s.iint»  appelés  iecourable.i.  On  désipnait  de  ce  nom 
(-eux  qui  étaient  particulièrement  célèbres  pour 
l'efficacité  de  leur  intercession. 


150 


SAI>'T    BLAISB,  MEDECIN  IT  tfriQL'S 

Voici,  d'après  les  Bollandistes,  un  résumé  de  l'his- 
toire merveilleuse  du  saint  évêque  de  Sébaste  : 

Saint  Biaise  avait  d'abord  exercé  la  médecine  et 
comme  il  portait  dans  la  pratique  de  son  art  un 
admirable  dérouemenl,  il  avait  ga^né  l'afTection  de 
tout  le  peuple,  qui  le  réclama  pour  pasteur.  Il  fut 
donc  élu  évéque  de  Sébaste  en  Arménie. 

Dieu,  qui  avait  choisi  des  pêcheurs  pour  en  faire 
des  apôlres,  avait  ddigné  tran^fnriner  le  méd.-rin 
des  lorjjs  en  médecin  des  âmes.  Mais,  comme  pour 
démontrer  qa«  le»  dons  sornatarels  ne  détruisent 
pas  les  qualités  naturelles  et  que,  au  contraire,  ils 
les  développent  et  les  perfectionnent.  Dieu  laissa  au 
médecin  devenu  évêque,  une  admirable  puissance 
de  guérir. 

A  qui  Ique  temps  de  là.  Biaise,  poussé  par  l'esprit 
de  Dieu,  se  retira  sur  une  montagne  nommée  Aryce. 
Il  y  eut  pour  compagnie  les  bêtes  fauves  qui  venaient 
chaque  joar  l'entourer  et  le  caresser. 


IL    (ST    ARH^i    POCB    ta    FOI 

Agricola,  gouverneur  de  la  Gappadoce  et  de  l'Ar- 
ménie sous  l'empereur  Licinius,  étant  venu  à  Sébaste, 
commença  à  persécuter  les  chrétiens.  11  résolut 
d'exposer  aux  bêtei  ton»  ceux  qu'il  avait  enfermés 
dans  ses  prisons. 

Il  envoya  donc  ses  gens  dans  les  forêt»,  traquer 
les  bétes  féroce».  Les  chasseurs,  en  courant  le  mont 
Argée,  arrivèrent  jusqu'à  la  caverne  où  se  réfugiait 
le  saint  évêque.  Us  la  trouvèrent  environnée  de  lions, 
de  tigres,  d'ours,  de  loups,  qu'ils  durent  écarter  pour 
pénétrer  dans  l'intérieur.  Biaise  était  assis  et  ravi 
dans  la  contemplation.  Ils  n'osèrent  porter  la  main 
sur  lui  et  revinrent  raconter  la  chose  au  gouverneur. 
Celui-ci  envoya  des  soldats  qui  escaladèrent  la  mon- 
tagne et  trouvèrent  le  Saint  toujour»  absorbé  dan» 
sa  prière.  Ds  lui  dirent  : 

—  Biaise  1  le  gouverneur  Af^cote  tous  demande. 

—  Mes  ealaittst  répondit  l'i^véque,  toyex  le»  bien- 
venus 1  II  y  a  longtemps  que  je  soupire  après  votre 
arrivée,  allons  au  nom  de  Jésus-Ohrist  ! 

Ayant  ainsi  parlé,  il  partit  avec  les  soldat», 
-niai'-e,  chemin  faisant,  les  exhortait  à  se  convertir 
aij  Ctiri-<t,  et  de  nombreux  miracle»  confirmaient 
sa  parole.  On  apportait  de  tous  cAtés  des  entanla 
pour  les  loi  lkir«  bénir.  Les  place»  ">  '  '  tr,.,r-,ii 
étaient  rempli—  à»  malade»  qui  < 
gii>''i  l'-i'ii  et  In  loi  demandaient  «Tau  i>'^ 

I,.   -aint  év*<jne,  ému  'le  pitié,  leur  ir 
iii  n<,    bénissant    les    enf.int>    et    guéi  i  -.lut     i>-s 
::;:   lit",   ce   qui   déteruiiuail  la   conversion   d'un 
grand  membre  de  païens. 

Vnj.  1  i  ni  des  miracles  opérés  par  saint  Blaiie, 
de'.  ."t  méinorabU  du  mont  Axgée  à  la  prison 

de 

I  ,  ^  irons  avait  un  nis  unique.  Cet 

Cl..  du   poisson,  avala  une  arrête 

qui  resta  dans  son  gosier  et  qu'un  n'en  put  arracher. 
Il  par.Muait  prés  de  mourir,  et  la  mère,  folle  de 
toiili'ur,  ne  savait  plus  que  devenir.  • 

Voilà  que  niaise  vint    i   passer  :  la  panvre  mère, 


instruite  des  prodiges  qui!  opérait,  prit  son  enfant 
dans  ses  bras,  courut  au  saint  évi^que  et,  pleine  ds 
foi,  déposa  le  pauvre  petit  à  ses  pieds,  en  le  suppliant 
de  le  guérir.  Saint  Biaise,  touché  de  compassion, 
imposa  les  mains  au  malade,  traça  sur  son  gosier 
le  signe  de  la  croix,  en  demandant  à  Notre-Seigneur 
de  délivrer  l'enfant,  et  de  secourir  tous  ceux  qui,  dans 
des  maux  de  ce  gen'e,  se  recommanderaient  d  lui. 
L'enfant  fut  aussitôt  guéri. 

La  marche  de  notre  Saint  était  devenue  un  vrai 
triomphe  et  le  bruit  de  ses  miracles  di^vançait  ses 
pas. 


L  IIITXliaOeÀTOIRI 

Biaise  entra  à  Sébaste  avec  son  escorte  de  soldats; 
il  fut  aussitôt  jeté  en  prison,  et  le  lendemain  A:;ri- 
cola  flt  amener  l'évêque  devant  son  tribunal.  U 
chercha  d'abord  à  le  gagner  par  la  douceur  et  les 
flatteries  : 

—  Réjouis-toi  !  lui  dit-il.  Biaise,  ami  des  dieux  I 
Saint  Biaise  répondit  : 

—  Béjouis-loi  aussi,  illustre  gouverneur!  pourvu 
cependant  que  tu  consentes  à  reconnaître  que  tes 
dieux  ne  sont  que  des  démons,  qui  brûleront  dans 
les  llarames  étemelles  avec  leurs  adorateurs.  Je  ne 
puis  donc,  6  gouverneur  1  être  leur  ami,  parce  que 
je  ne  veux  pas  brdler  éternellement  avec  eux. 

Le  gouverneur,  irrité  de  ce  langage,  fit  battre  de 
verges  le  saint  évêqne,  puis  ordonna  de  le  conduire 
dans  sa  prison. 

Quelques  jours  après,  Agricola,  pour  la  seconde 
fois,  flt  comparaître  Biaise  devant  lui  et  lui  dit  : 

—  niaise  !  choisis  entre  ces  Jeux  partis  :  ou  bi*n 
adore  nos  dieux  et  tu  seras  notre  ami;  ou  bien,  s*  lu 
refuses,  tu  «ems  livré  aux  plu»  affreux  supplices  st 
ta  périras  de  mort  violente. 

Saint  Biaise  répondit  : 

—  Je  t'ai  déjà  déclaré  que  ces  statues  q-,  tu 
adores  ne  sont  pas  des  dieux,  mais  les  organes  des 
démons,  je  ne  puis  donc  les  adorer. 


nr^LICI    DU    CBIVALR 

Agricola,  le  voyant  inflexible  dans  sa  résolution, 
ordonna  de  l'attacher  à  un  chevalet,  puis  il  flt 
apporter  des  pei(n>e*  de  fer  dont  se  sertrent  les  car- 
••'-•■'«  de  laine,  et  on  lui  en  déchira  le  dos  et  tout  le 
Déjà  le  sang  rouUit,  les  chairs  s«  détaclinient, 
tes  uourreaux  eux-mêmes  étaient  émus  et  pleu- 
rai'-nt.  Pendant  ce  temp«là,  le  bienheureux  inarlyr, 
se  tniii liant  vers  le  _  ii,  lui  dit  : 

•  Voilà  ce  q««  j'  depuia  longtemps:  à 

s.ivoir.  mon  àme  aiim!.-  e  a  la  terre  et  mon  corps 

■  li-vé  en  haut.    MainlennnI  l.i  chair  et   I  esprit  »niil 

■1  accord,  et  la  chair  ne  c'  •  t 

I)  ■•.!  voisin  du  ciel,  je  ni  'le 

•  me  ris  de  v.  >■<•    i>» 

ne  dureront  ■;  qus  U 

e  sera  élemelie.  >• 

.1.  wiv.ii,t  ,:u''  les  tortures  n«  faisaient  qns 

iLilter  If  ose,  le  flt  délacbar  da  che- 

?>'.•!   »l  c  II 


SAINT  BLAISIS  MABCHI  StlK  L  KAC 
US  païens  ne  PKUVKNT  Kt  FAIBI  APTATT 

Au  bout  de  quelques  jour».  Biaise  fut  de  DOUTeau 
tiré  de  sa  prison  et  traduit  derant  le  tribunal.  Le 
juge  lai  dit  : 

—  Je  t'ai  laissé  le  temps  de  délibérer,  viens  et 
lacrifie  aux  dieux  ;  si  tu  ne  le  fais  pas,  jen  finirai 
âvec  toi.  Ton  Christ,  que  tu  dis  Dieu,  ne  te  sauvera 
pas,  si  je  le  fais  précipiter  dans  les  profondeurs  de 
l'étant  voisin.  4 

—  Insensé  1  lui  répartit  Biaise,  toi  qui  aJor»s  les 
idoles,  tu  ne  connais  pas  la  puissance  de  mon  Dieu. 
Le  Christ  n'a-t-il  pas  marché  sur  la  mer  comme  sur 
la  terre  ferme,  et  n'a-t-il  pas  ordonné  au  prince  des 
apôtres,  Pierre,  d'y  marcher  à  sa  suite?  Ce  qu'il  a 
fait  pour  son  apdtre,  il  peut  le  renouveler  pour 
moi,  le  dernier  île  ses  serviteurs. 

Le  gouverneur,  piqué  au  vif,  fit  conduire  Biais» 
sur  le  bord  de  l'élani,' ;  une  prande  foule  suivait. 
Le  saint  évêque  traça  sur  l'eau  le  signe  de  la  croix 
et  elle  devint  solide  pour  porter  ses  pas.  Alors, 
courau<  vrrs  l'onde  comme  sur  le  soi,  il  Rapna  le 
milieu  de  l'étang'.  Là  il  s'assit  et  interpella  ainsi  le 
gouverneur  et  tous  les  assistants  : 

—  Si  vos  dieux  ont  quel<]ue  puissance,  ou  si  vous 
avez  en  eux  quelque  confiance,  entrez  aussi  dans 
les  eaux,  et  au  nom  de  vos  dieux,  marchez  sur  les 
Qots,  afin  de  faire  éclater  leur  puissance. 

A  ces  paroles  du  saint  martyr,  soixante-cinq 
hommes,  invoquant  le  secours  des  dieux,  entrèrent 
bravement  dans,  l'eau,  mais  ils  furent  bien  vite 
•n£;loutis.   . 

DIKMÂRI  PRIÈni  DI  SAINT  BLAISI  —  SA  MORT 

Un  ange  descendit  du  ciel ,  environné  d'une 
lumière  éclatante  qui  éblouit  tous  les  assistants,  et 
il  dit  :  «  Courageux  athlète  du  Christ,  sortez  de  l'eau, 
hâtez-vous  vers  la  glorieuse  couronne  que  Dieu 
vous  a  préparée.  » 

Biaise  se  leva  et,  marchant  sur  les  flots,  il  sortit 
de  l'étang  et  tout  le  peuple  qui  se  pressait  sur  le 
bord  le  vit  éclatant  de  lumière  ■*,  rayonnant  de 
gloire. 

Cependant  le  Rouvernenr  ne  se  convertit  pas  i  la 
vue  de  ces  prodiees  qu'il  attribuait  à  la  mayie.  — 
Je  vois  bien,  Biaise,  lui  dit-il,  que  tu  es  décidé  à 
persévérer  dans  ton  obstination  et  à  ne  pas  adorer 
les  dieux.  Eh  bien  !  puisque  tu  as  désobéi  aux  ordres 
it  l'empereur,  je  te  condamn*  i  avoir  la  tête 
tranchée. 

Le  saint  martyr,  entendant  la  sentence,  se  bftta  de 
gagner  avec  le  bourreau,  le  lieu  ûié  p'ur  l'exêru- 
lion.  Arrivé  là,  il  demanda  et  obtint  du  hourreaii  la 
permission  de  prier.  A  ceimux,  les  mains  et  les 
yeux  tournés  vers  le  ciel,  il  fit  cette  prière: 

—  Seigneur,  mon  Dieu,  venez  en  aide  à  votra 
serviteur,  écoulez  la  dernière  prière  que  je  vous 
adresse  avant  de  mourir  pour  votre  nom  :  Soyez 
propice  et  exaucez  les  vœux  de  tous  ceux  qui  feront 
quelque  chose  pour  votre  gloire  en  mémoire  du  moi. 
Si  unt  ari'tt  $e  fixe  au  gosier  de  quelqu'un,  ou  ti, 
ipufftanl  de  quelque  maladie  à  la  gnrje,  il  implore 
a\tc  foi  votre  ucojirf  et  rHlame  mirt  protection, 
*enet-lui   en    aide  et    dé  livret  le   de    i-i    dafoer.  Si 


qneiqu  un  attfmt  <rtme  infirmité,  ou  txpoti  d  q>ietqvM 
danger,  se  souvient  de  mon  nom  et  implore  votre 
secours  par  mon  intercession,  guérissez- 1*  .ie  ta 
maladie  ou  déUvrei-le  du  péril  qu'il  court,  et  daigne» 
venir  en  aide  d  tous  ceux  qui,  dans  leurs  trilulatioris, 
vous  invoqueront  avec  confiance  par  mon  nom. 

Le  martyr  était  encore  à  genoux,  lorsqu'une  naée 
lumineuse  brilla  sur  lui,  et  de  la  nuée  sortit  une 
voix  qui  disait:  «  Je  suis  le  Dieu  qui  t'ai  glorifié  et 
qui  te  glorifierai  ;  tout  ce  que  tu  as  demandé, 
je  l'accomplirai  lelon  la  foi  et  les  besoins  d« 
chacun.  Tous  ceux  qui,  dans  leurs  infirmités,  dans 
leurs  périls,  ou  dam  quelque  tribulation  qu'Os  m 
Irouvei^t,  me  prieront  par  ton  intercession,  jt  les 
délivrerai  dans  le  temps,  si  cela  est  avantageux  pour 
j  eux,  ou  je  leur  donnerai  ta  vie  étemelle  dans  l'autrt 
monde;  je  les  comblerai  de  biens  temporels  dans 
le  présent  et  je  leur  accorderai  une  récompensa 
éternelle  dans  l'avenir.  « 

La  voix  se  tut  et  la  nuée  disparut. 

Alors  le  saint  martyr  eut  la  tète  tranchée.  C'était 
le  3  février  316. 

CULTE    DE   SAINT    BLAISI 

Après  la  mort  du  saint  évéque,  beaucoup  de  per- 
sonnes atteintes  de  maux  de  gorce  nnt  été  guéries 
par  son  intercession.  C'était  un  fait  tellement  publie 
et  reconnu  de  tous,  qu'un  médecin  grec  de  la  Un  du 
v»  siècle,  Actéon,  parmi  les  remèdes  qu'il  enseigne 
pour  ce  mal,  indique  particulièrement  l'invocaiion 
de  saint  Biaise. 

Dans  les  siècles  de  foi,  où  les  prières  étaieiA  plus 
efficaces,  parce  qu'elles  étaient  plus  ferventes  et 
surtout  plus  confiantes,  ce  moyen  de  guérison  était 
connu  de  l'univers  entier.  Nous  en  trouvons  un* 
preuve  dans  rflistoire  du  Japon,  où  nous  lisons 
qu'en  1589,  une  femme  ayant  une  arAte  de  poisson 
au  gosier,  ne  pouvait  plus  ni  parler,  ni  respirer,  aa 
point  qu'un  Père  jésuite  qu'elle  fit  appeler,  put  à' 
peine  la  confesser.  Mais  avant  de  la  quitter,  il  lui 
ordonna  d'invoquer  saint  Biaise,  lui  promettant  da 
lui  envoyer  de  ses  reliques.  A  peine  les  eut-elle, 
qu'elle  les  baisa  trois  fois  avec  respect,  les  a|>pliqua 
sur  sa  gorge,  el,  sur  le  cbamp,  elle  respira  et  parla 
librement;  elle  put  même  manger;  elle  était  guérie. 

En  1692,  dans  le  royaume  de  Napics,  une  cruelle 
maladie,  qui  consistait  en  une  angine,  parcourut 
tout  le  pays,  et  sévit  particulièrement  dans  la  ville 
mémo  de  Naples  :  attaquant  d'abord  les  enfants 
dans  l'âge  le  plus  tendre,  et  ensuite  les  adultes,  elle 
déliait  toute  l'habileté  des  médecins  el  causait  una 
grande  mortalité.  On  implora  le  secours  de  saiat 
Biaise,  et  bientôt  le  mal  diminua  et  finit  par  dis- 
paraître tout  à  fait.  Alors  le  cardinal-arrhevéque  ds 
Naples,  Bonnompagni,  pour  reconnaître  cette  puis- 
sante protection,  fit  érif:rr  une  magnifique  église  •■ 
l'honneur  de  saint  Biaise. 

De  nos  jours  encore,  à  Home,  dans  l'église  Sainl- 
blaise,  où  l'on  voit,  au-dessus  du  maître  autel,  uo 
laMeau  représentant  la  scène  de  l'enfant  guéri  par 
le  «aiiit  évéque.  il  est  de  tradition,  quand  on  soulTra 
de  la  gorge,  de  se  oindre  la  cou  avec  de  l'huila 
bénite  le  jour  de  la  fête  de  ce  Saint. 

A  Rome  encore,  dan*  l'église  de  Saint-Charles  et 
Sainl-Blaise,  an  l'on  vénère  l'anoeau  épiscopal  do 


saint  évoque,  son  autel  est  richement  orné,  et  sa 
chapelle  est  tapissée  dex-voto  qui  attestent  les 
faveurs  obtenues  par  son  intercession.  Le  jour  de 
sa  f^te,  les  mères  apportent  ou  amènent  leurs 
enfants  et  font  toucher  leur  gorge  à  l'anneau  du 
saint  évéque. 

Dans  les  autres  églises  où  l'on  vénère  saint  Biaise, 
on  prend  de  l'huile  des  lampes  allumées  devant  son 
autel,  et  on  s'en  met  sur  la  gorge.  Dans  chaque 
famille,  ou  aime  à  conserver  de  cette  huile  merveil- 
leuse, appelée  huile  de  saint  Biaise. 

De  nombreux  miracles  ont  été  obtenus  par  l'inter- 
cession de  saint  Biaise,  en  18"5,  au  moment  mi 
férissailune  terrible  maladie  de  «orge,  qui  a  enlevé 
un  grand  nombre  d'entanls.  Depuis  cette  époque, 
la  dévotion  au  saint  martyr  s'est  accrue  et  répandue 
dans  Rome  et  les  environs,  particulièrement  à 
Frascati,  et  son  culte  est  devenu  bien  cher  surtout 
à  toutes  les  jeunes  mères  qui  implorent  sa  protec- 
tion contre  la  terrible  maladie  du  croup. 

Voici  un  fait  tout  récent,  communiqué,  l'année 
dernière,  à  la  rédaction    du   Pclerin  de  Paray-le- 

Monial  : 

Ma  jeune  parente,  depuis  quatre  ou  cinq  ans, 
souffrait  de  la  gorge  et  n'avait  plus  de  vois.  Elle 
était  allée  à  Paris,  plusieurs  fois,  consulter  un  spé- 
cialiste, mais  sans  résultat.  Cet  état  durait  encore 
au  mois  de  juillet  dernier.  Lors  de  la  translation 
des  reliques  de  saint  Biaise,  je  lui  donnai  un  petit 
reliquaire,  en  lui  disant  de  prier  le  saint  martyr 
pour  sa  gorge.  Pendant  les  neuf  jours  qui  précé- 
dèrent la  fêle  de  l'.Xssomption,  elle  pria  Marie  et 
saint  Biaise.  Au  jour  de  sa  fêle,  elle  s'aperçut  tout 
d'un  coup,  à  l'oflice,  que  sa  voix  était  revenue,  et 
elle  s'est  mise  à  chanter  sans  falii-ue.  Depuis  ce 


temps,  sa  soix  n'a  rien  perdu,  et  aujourd'hui  elle 
est  complètement  guérie  de  sa  grave  infirmité. 

Il  est  bon  de  dire  en  passant,  pour  ceux  qui  vont 
à  l'aray-le-Monial,  que  la  basilique  possède  une 
relique  insigne  de  saint  Biaise  :  c'est  tout  un  bras 
de  notre  bienheureux  martyr,  renfermé  dam  un 
magnifique  reliquaire  offert  tout  récemment  par  de 
généreux  bienfaiteurs. 

Les  cultivateurs  s'adressent  aussi  à  saint  Biaise 
pour  attirer  les  bénédictions  de  Dieu  sur  leurs 
récolt«s,  ou  éloigner  les  maladies  de  leurs  bestiaux. 

Plusieurs  corps  de  métiers  reconnaissent  saint 
Biaise  pour  leur  patron,  tels  que  les  cardeurs  et 
tisseurs  de  laine,  les  ouvriers  en  bâtiment,  les 
tailleurs  de  pierres  et  les  laboureurs. 

Dans  le  nord  de  la  France,  particulièrement  dans 
l'église  d'Estrées-Blanche,  au  diocèse  d'Arras,  saint 
Biaise  est  honoré  sous  le  nom  de  saint  Lancy.  On 
l'invoque  surtout  pour  une  maladie  des  bestiaux 
appelée  le  feu  de  Saint-Lancy. 

OBAISON   OK   l'office  PHOPKR  DI  SAIMT 
BLAISI  APPAOUVt    PAR    l'^GLISE 

0  Dieu  qui  avez  donné  à  saint  Biaise,  pontife  et 
martyr,  une  constance  admirable  au  milieu  de» 
supplices,  et  l'avez  rendu  célèbre  en  lui  accordant 
le  pouvoir  de  guérir  les  maladies  du  prochain, 
faites-nous  la  L,'ràce,dans  votre  miséricorde,  d'imiter 
sa  constance  dans  la  foi,  et  d'éprouver  les  effets  de 
sa  protection  dans  les  dangers.  Nous  vous  en  prii'iis, 
par  Notre-Seiyneur  Jésus-Christ  qui  vit  et  r.  t;ii.- 
avec  vous  dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soilil. 

(Voir  la  Vie  de  saint  Biaise,  par  l'abbé  liontbez,  chape- 
lain de  la  basilique  de  Paray-le-Monial.  —  t  fr.,  s'adresser 
a  l'auteur.) 


.'éiS^'^ 


Uftr.t.  P»ni»t>»t.  -  Imi»  p.  roMU-ViAS,  1  M  S  ras  biTinl.  f»m. 


LE  BIENHEUREUX  JEftN  DE  BRITTO.  JÉSUITE 

MISSIONNAIRE    ET     MARTYR 
Fête  le  4  février. 


Martyre  du   bienheureux    Père   Jean    de   Britto. 


A  LA  COUR  ou  ROI  ET  AU  COUVERT  UES  JOUITES 

Le  bienheureux  Jean  de  Brilto  naquit  à  Lis- 
bonne, le  {"  mars  16i".  A  l'âge  de  trois  ans,  il 
perdit  son  père ,  don  Salvador,  gouverneur  de 
Rio  Janeiro.  Néanmoins,  son  éducation  fut  di!s 
plus  brillantes  ;  ello  fut  surtout  de-*  plus  chn;- 
li«nn''s,  gr.1ce  aux  soins  de  sa  miro  doua  Hralrix 
Percyra.  Celle  femme,  forte  et  pieuso ,  voulut 
présider  elle-mf'me  h.  l'instruction  de  ses  quatre 
enfants,  cl  elle  n'eut  pas  lieu  de  s'en  repentir. 
L'aîné,  Cbristoval,  donna  «on  sany  à  sa  patrie 
sur  le  cbamp  de  bataille  d'Amcxi.il;  Jean,  le  plus 
jeuno,  Tersa  le  sien  pour  Diou  sur  les  plapcs  do 


rilindoustan.  Les  deux  autres  vécurent  de  plus 
loiiL'ues  années  :  Fernand  se  montra  digne  toute 
^a  vil!  de  porter  le  nom  rosporté  qu'il  avait  reçu 
(1>-  son  père;  vX  l,oui>f,  par  le  charme  de  sou 
rar.iolùre  et  le  parfum  do  sa  vertu,  mérita  d'em- 
liaumer  longtemps  la  solitude  où  sa  mère  ense- 
v.ht  li.'S  jours  do  son  vouvago.  Mais  Jean  sembla, 
dos  ses  jilus  jeunes  années,  le  mieux  dou»',  tant 
sous  le  rapport  de  la  nature  comme  sous  celui 
d.-  la  crAce. 

Allaché,  en  qiialil''  de  pa^e,  à  la  personne  de 
(Ion  l'odro,  tils  du  roi  Jean  IV,  il  devint  à  nouf 
in>  1  ami  du  prince  royal  et  conquit  raffcoli.ti 
ri''  tout'-  la  rour.  On  le  r<?rherf  hait  et  on  le  f'Mait; 


mai'!,  au  mili'^  Je  ces  lionn>?ur?  iH  en  face  de« 
vaiiil'-s  Tn.'iHainfs,  renfant  (i.'iiiMira  lonjnurs 
moiiesle  et  réservé.  Ses  c.^inpagU'Hi^.secrèlemcnt 
jal.iux  de  ses  vertus  et  de  la  faveur  dont  il 
jouissait,  le  poursuivirent  bientôt  de  leurs  taqui- 
neries avec  un  incroyable  acbarnement.  Les 
seigneurs  de  l.i  cour,  témoins  de  la  persécution 
qui"  subissait  le  jeune  page,  lui  donnèrent  le 
surnom   prophétique    de   martyr. 

A  lis  mauvais  procédés,  Jean  ne  répondit  que 
par  1.1  douceur,  la  patience  et  la  rbarilé.  Il  vou- 
lait iiiiil  T  en  cela  la  force  d":1me  de  saint 
Fraiiiois-Xavier,  dont  la  vie  merveilleuse  rein- 
plissa'it  d'enlliou-^iasme  son  noble  cieur. 

A  IMge  df  d'iuie  ans,  atteint  d'une  maladie 
mortelle,  abandonné  des  médecins,  il  invoque  son 
patron  bien-ainv'  et  il  revient  A  l.i  santé.  Kn 
témoigii,ii;e  de  sa  reconnaissance  et  pour  accom- 
plir un  vii'U  de  sa  mère,  il  porte  pendant  un  an,- 
au  milieu  de  la  cour,  l'habit  de  la  Compagnie  de 
léf-ii^.  —  Cette  dévotion  de  f.iire  porter  aux 
enliiils,  pendant  quelque  temps,  le  costume 
reli:;ienx  d'un  saint  patron,  n'était  pas  rare  à 
cette  épixjue. 

M.iis  Jean  de  Hritlo  Toalut  ressembler  com- 
plètement à  son  modèle.  A  peine  entré  dans  sa 
quinzième  anni'e,  il  manifeste  sa  vocation  à  sa 
famille  et  à  la  cour.  Sa  mère  l'encourase  à 
se  donner  &  Dieu.  Don  Pedro  déclare  qu'il  ne 
peut  se  séparer  de  son  ami:  la  reine,  Louise  de 
Gu*man ,  qui  l'aime  comme  son  propre  (Us, 
g"op|>ose  elle  aussi  à  son  d^'part  ;  mais  le  jeune 
homme  prie  s.iint  François- Xavier,  tous  le^ 
ob'^l.icles  s'apl. missent  et  il  entre  nu  noviciat, 
le  l";  d'rembre  |(;«2.  U  y  brilla  par  son  esprit  de 
charité  et  de  sacrillce. 

Un  jour.l'infanl  le  prince  royal)  vint  le  visiter 
avec  une  suite  nombreuse,  il  le  tmuva  h  l'inllr- 
m'-rie.  (dus  hi'ureux  de  servir  de  |niivri's  malades, 
clou'''s  sur  b-urs  grabats,  ({u'un  puissant  roi, assis 
sur  son  IriSne. 

J.Mii  <\'-  llnlto  prononça  ses  virux  de  rclision 
en  toi'i».  Lnvoy''  au  collège  d'Kvnra,  il  s'y  livra 
àdi-s  Ir.iviuK  qui  mirent  s»  vie  en  d.in^'er.  Après 
sa  fil 'ri-on,  il  poursuivit,  &  Colinbre,  son  cours 
de  II. -Mi'^  lettres  et  île  philosoplii.-  Les  succès  .les 
plus  bnll.iiits  couronnaient  ses  éludes. 

Ill>.P*l<T  POUR   LCS  INDES 

Mais  M  brùliil  d'aller,  rommi- François- .Xavier, 

porlrr   II   lumière  de   l'Kvanfil''  dans  les  Indes. 

r  .  niitrarié  dans  son    dessein,  il 

Miit  au  suje'rieur  g>-néral,  qui 

lui  .1   M  1  1  il  !■■  1  liiiision  désirer. 

Il  re.  iil  l'onction  sacerdotale 'quelques  jour» 
aranl  l.i  '  '•■•    '•    '^■■el  1072. 

Aux   1  s  par  son  ordination  sucré- 

<l.'r,i,'  1  ^      ir  !  -  siens  b's  douleurs  de  la 

II.  I)  >ii  I   I  II  nlenrail  encore  la 

iiialiir  •<•  (t  .  n-' Chrivtoval,ne  put 

dabonl  s  ■  r'-imilre  à  piTclie  oii»si  son  pliisjeune 
enf'int  LU"  «'a  l' -««i  nn  provinriil  d-s  Jésuites 
«I   111   nonci-  '        crches 

f^«i.. r..!,!    ^ty  A    la 

Toi  '   Il  l'idro,  r   .;   ni  >':  i 

dei  '  -a   4   «on   tour   de 

an' 
di>  I 


victimes.  Des  viiigt-si«  Msiiiles  destinés  aux 
missions  (îps  Indes,  douze  succombèrent  au  fléau. 
Dans  ces  tristes  circonstances,  le  P.  de  liiitto  fut 
ranî;econ«îolatenrctde  réquipaf.'cetdespassa;;er3. 
Jour  et  nuit,  il   ne  cessa  un  seul  instant  de   se 

f>rodi;;uer  aux  malades  :  les  témoins  de  son 
léroîque  charité  lui  décernèrent  le  titre  de  nou- 
veau .Varier.  Lorsque  les  prières  qu'il  lit  monter 
vers  le  ciel  eurent  arraché  le  vuisse.iu  à  ces 
sinistres  parapçs,  et  à  l'alTreuse  leiiipéle  qui 
faillit  l'eiif-'loulir  en  face  du  cap  de  Boiiii'>  ICspé- 
rance,  ré|iid  'mie  disparut  tout  à  coup  et  bs  pas- 
sagers survivants  purent,  en  septembre,  débarquer 
à  Ooa  pleins  de  sauté. 

PRKMIKItS  TtÀTADI   AU  IUDr«< 

La  première  visite  des  missionnaires  fui  poop 
le  tombeau  de  Saint-François  Xavier  :  il  leur 
tardait  à  tous  de  marcher  sans  relard  sur  le» 
traces  du  grand  apôtre  de  l'Orient.  Ciiui  mois 
suflirent  au  I*.  de  Uritto  pour  compb-ler,  à  (loa, 
ses  études  tliéologiques  :  deux  autres  mois  passés 
à  Ambalacate  le  mirent  à  iniMiie  de  parler  cou- 
ramment les  diverses  langues  du  vaste  pays  qu'il 
devait  évan^élis^■r.  C'était  lu  Maduré. 

La  mission  du  .Maduré  ne  comprenait  pas  seu- 
lement le  royaume  de  ce  noiii  ;  elle  s'''tendait 
encore  dans  ceux  de  Cobitnde,  de'(iin;;i,  de 
Velour,  de  Tanjaour,  de  .Marava  et  dans  nulle 
autres  petits  Ktats  renferni'-s  dans  runmense 
presqu'île  de  l'Ilindoustan  actuel.  Celte  contrée 
était  alors  tout  à  fait  étrangère  è  la  civilisation. 
Sa  population  se  |iarLa;;eait  en  quatre  co'-les  piin- 
cipiles.  Ces  ca--tes  existent  eijcoie:  les  llialimes 
forment  la  noblesse  ilu  pays,  le»  Kcliatiias 
suivent  le  métier  des  aimes  ;  les  Veissias  s'adiMi- 
nent  au  commerce  ;  !••<  Cboulres  se  livrent  aux 
professions  domestiques.  \  cAlé  d»  ces  classes, 
vivent  les  Parias,  (<lies  avili»  et  m'-pii>-»  par 
leurs  coin  patriotes  à  l'i-f;.!!  des  Européens,  désigné» 
sous  le  nom  de  Pran^'ui*. 

Tels    étaient   les   Hindous  auprès  desquels  le 
P.  de  Brilto  allait  exercer  son  minislèr-   I  'li-'iire 
qu'il    avait   app'dée   de    tous    se»    \  il 

enlin.  Il  -e  tnil  à  l'iriivre  avec  joir.  i 
que  de  difliculls  et  '[ue  de  périls  !     ■ 
sa  vie  ne  fut  pi  is  qu'une  lutte  ouv.  f 
homme»  et  le>    I  larnls.  M 'b- 
et   rois,  lleuves   et  forêt»,  m" 
tout   se    trouvait    coalis''  :    n^iavif    ilu 

vinct-six  ans,  frêle  et  ni  lu  au  milieu 

d'un  p<-upl-  '  ■■ '—• ■    "•■'  ■■■       '  '•■  IV» 

la  dent  ib- 
Harassé   |i...     .  ..u   .      ...  ' 

travaux,  exl''tiué  de  fati^'ue. 


>os.  ili'  nourri! 


ludes,  privi<  de 
emprisonné,  ou' 
à  fond  toutes  I 
qu'un  lioniiiif  , 
soulfril  pour  1' 

C'>'st  le  30  jiiilM  lii 
di«triri  de  CoMi,  ronflé  lom 

•     Il  y  arriva  i 
I  m  s.i'lnt  des  Al 

1  -s  chr  ' 
■il  alors  (!■ 


I. 


lié,  m.iriyrisé,  il  connut 
de  l.i   doiib-iir.   fout  ce 
rir,  il   le  sonifiit  ;  il  le 
<■!  Pi'ii  l'nitla. 


.lin 
qui 


b- 

- 1 
!.• 
I* 
II 
Ir 


SOr' 
sou 
«t 


d«»  pa*4ag-«rt  «t  ht  mort  frappa  de  nombreuses  I   17  .iu  («décembre  t416:  il  b  , 


entiora, 


m 


en  compagnie  d'affreux  serpents,  au  sommet  d'nn 
terlre  solitaire,  assii'gé  de  toutes  parts  par  lea 
eau.x  du  Coleton  débordfî. 

Echa|)["î  à  ce  daiiyer,  il  reprit  ses  Iraviox  arec 
une  iinm  elle  ardeur.  L'  .-mi racles acccm(iigiièreiit 
ses  |>a«  et  le>  païens  ouvrirent  les  yeux  ii  la  vérité. 
Pour  les  concquerir  au  Christ,  lardiiil  mission- 
naire re<.'our:iit  à  loulis  les  industries  qu'un  lèle 
sans  bornes  peu!  iDspirer. 

Pendant  le  carême  de  l'an  16"8,  il  entendit  les 
confessions  de  trots  mille  fidèles,  et  baptisa 
trois  cents  nouveaux  convertis. 

Empé  hé  par  les  susceptibilités  des  autres 
castes  de  s'occuper  en  plein  jour  des  Parias,  il 
leur  consacrait  les  heures  de  la  nuit. 

En  I6'Ï8,  il  bàlil  pour  eux  une  chapelle  dons  le 
bois  de  Siroucaranibour. 

CLVQ   A.N?IÉKS  d'aPOSTOLAT 

Les  ann'-es   qui   s'écoulèrent,  de  1679  à  1684, 

fiir-iit    pour    le    P.    de     Brilto    particuli«';reraeiit 

iides,  dans  les  trois  royaumes  de  Uaduré,  de 

-I  et  de  Tanjaour;  il  convertit  de  nombreux 

l'.-les;  les  Urabmes  tentèrent  souvent  de  l'as- 

---■iiier,  mais  Dieu  le  préserva.  Un  volume  ne 

-^ufiirail  pas  à  racoaler  les  courses  de  l'iafaligable 

missionnaire. 

Au  mois  de  décembre  1679,  surpris  par  la 
nuit,  dans  uns  vaste  forêt,  transi  de  froid, 
mourant  de  faim,  le  courageux  Jésuite  soûlait 
<léjà  la  vie  qui  lui  échappait,  lorsque  deux  auges 
vinrent  le  délivrer. 

La  semaine  suivante,  il  rencontra  sur  sa  route 
le  Maja-NVaikkal,  canal  large  et  profond  qu'il  ne 
pouvait  traverser  ni  à  gué,  ui  à  la  na;,'e.  Tandis 
[u'il  demandait  le  secours  du  ciel,  il  fut  saisi 
|iar  un  beau  jeune  homme  qui  le  transporta  sur 
[••M'r-  li.^rd  et  disparut:  c'était  encore  un  auge. 
-  I,  le  P.  de  Britto  parcourut  de  nouveau 
i.  M.!,/  et  le  Tanjaour.  Il  demeura  dix-huit 
jours  à  t'iioucaréiour,  saisi  d'une  lièvre  terrible, 
privé  de  la  vue  elen  proie  au  délire  ;  saint  François- 
.\auer  le  guérit  miraculeusement.  Aussitôt  il 
partit  pour  la  ville  de  Coullour  ou  le  bralinie 
Minalrhi  voulait,  sous  peine  de  mort,  for  er  les 
■liréliens  à  assister  aux  cérémonies  païennes. 
Lorsqu'il  y  arriva,  le  pers'-cuteur  mourut  suliile- 
rneiil  lie  retour  au  l.inai,  il  pria  la  clirélienlé  de 

I' Il  de  q^tler  une  bourgade  où  le  fanatisme 

I  es  entravait  coiistaiiiinent  les  pratiques 

le  l.i  I.  ii;;ion.  Les  uéopliytes  attachés au\  caban'-s 

qu'ils  Iciiaieiil  de  leurs  pères  refusèrent  obsti- 

■   'nr^nt.    Dieu    les    en    punit    en    envoyant    un 

iidie  :     es    païens    n  eurent    pas    une    seule 

■1  lindée,  mais  toutes  celles"  des  chrétiens 

la  proie  des  llanimes. 

^1,  le   Tanjaour   posséda  longtemps   le 

;  lire.  Ce  pays  persécuteur  des  chrétiens 

r     I   •-    accablé  sous  les   coups   de   In  justice 

divine.  Lue  inondation,  qui  le  couvrit  tout  entier, 

i-nglouiit  ilix  mille  païens  dans  la  seule  province 

de  lirouvadour. 

En  |t)H2,le  P.  de  Bnti/>  visita  le  Cingi.  Appelé' par 

I  leur  au  i  >■  lopo,  sur  lu  i:dte  de 

I  >  r,  il  lit  S.1  II   solennelle   et  fui, 

II,  nomm''  'l:i'    t-Lii  de  t.iiil<'  l.i  mission 

'•.  l'ourse  veii;.'er  il^'  li   nnleiKe  laite  à 

■  •   ,    '    '     '  'il,  un 

Les 

m  ■■•      jNi  I'    lill     lui 

i.t  Ir    fioiii  1 .    Il   leur 
.lyourslesj...,.    -,     ,    ..lieux, heu- 
reux de  se  jeter  lui-m^rae  au  plus  fort  du  daager. 


C'est  ainsi  yu'il  se  n  nc'it  sur  les  c^nl  rs  .iu 
Tanjaour  et  du  MarîiTa,  où  la  persécution  el.iil 
alors  plus  violente  que  jamais. 

En  1683,  il  célébra  les  fêles  de  Pà<|ue<}  à 
Conttour.  Le  çcuvernfur  de  celle  ville  donna 
l'ordre  de  l'arrêter  et  décréta  la  peint  de  mort 
contre  les  chrétiens;  mais  Dieu  ne  permit  pis 
l'exéculioD  de  cet  édit.  Le  perséiuteur  moaint 
et  ses  femmes  furent  jetées  sur  le  bûcher  qui 
consuma  son  cadavre.  Le  gouverneur  de  Sirou- 
carambour,  qui  tracassait  aussi  les  .  hr'-tiens,  lui 
en  m^^^le  temps  convaincu  de  bi  igaiid.if;e  et 
disgracié.  Celui  de  Tanrey  envoya  oiilre  le 
missionnaire  une  troupe  de  soIdaL-  qui  p.isserenl 
près  de  sa  hutte  sans  l'apercevoir.  Aidé  de  Dieu 
qui  le  protégeait  d'une  manière  si  manifeste,  le. 
Père  pénétra  dans  les  royaumes  de  liolcoiide  e» 
de  Velour.  Il  revit  aussi  ceux  de  Ciiigi  et  de 
Taiijaour  inondés  du  sang  des  chrétiens. 

-IVANT-GOtiTS  DU  «ARTYKE 

n  désirait  vivement  répandre  son  sans  pour  la 
foi,  mais  sa  vie  était  précieuse  au.x  chrélienlv-s 
de  l'Hindouslan  et  Dieu  veillait  sur  elle,  ^iir  la  lin 
de  l'automne  1684,  le  missionnaire  reposait  la 
nuit  dans  une  chapelle;  une  bande  d'assn<sins, 
envoyés  par  le  gouverneur  de  Siioucaramhour, 
approchait  secrètement  pour  le  massacrer.  Tout 
à  coup  la  foudre  éclate  au  milieu  du  ciel  serein, 
et  les  assassins  effrayés  se  hâtent  de  fuir. 

L'année  suivante,  dans  le  .Maduré,  Jean  de 
Britto  est  arrêté  par  un  seigneur  du  pays, 
accablé  de  coups  et  d'outrases,  jeté  dmis  une 
prison  infecte.  Deux  fois  il  voit  la  hache  suspi-iulue 
sur  sa  tête;  son  corps  n'est  pins  qu'une  pl.iie,  le 
bourreau  se  prépare  à  mettre  un  terme  à  ses 
souffrances:  il  n'ose  frapper. 

Hcndu  à  la  liberté,  le  Père  vole  de  nouveau  à 
la  conquête  des  àraes,  La  cAle  du  Coromandel, 
et  les  cinq  royaumes  qui  composaient  la  vaste 
mission  du  Maduré,  jouissent  tour  h  tour  de  sa 
présence.  Il  entre  dans  le  .Marava.  le  .H  mai  1086. 
Le  17  juillet,  il  est  pris  avec  deux  cnlérhl-ites  et 
trois  néophytes  par  un  d'^tachemenl  des  trmipes 
de  Coumar.i-Poullei.  Sur  son  relus  d  adorer 
l'idole  siven,  le  cénéral  barbare  le  livre  à  la 
oruautii  de  ses  soldats  :  on  lui  met  les  l'ers  aux 
pieds,  les  soufllets  ensanglantent  ses  joues,  les 
coups  de  fouet  et  de  rotin  déchirent  si-s  >''p,Tules 
en  lambeaux.  Le  soir,  on  le  plonge  à  plusieurs 
reprises  dans  un  étang.  Le  leiidenmin  on  l'élend 
sur  uu  rocher,  exposé  aux  suMoraiile»  ai\leui-:<du 
soleil  de  l'Inde.  Une  seconde  fois  les  soldats 
viennent  lui  déchirer  les  membres  à  coup»  de 
cordes  et  de  bitons,  et  dans  leur  rase  sataiiiipie, 
ils  foulent  son  corps  sous  leurs  pieds.  I  es 
chrétiens  arrêtés  avec  lui  pnri.ntreiii  une  pirtie  de 
ces  supplices.  L'un  d'eux  •  "    1 1  l*He  de» 

coups  SI  violents  qu'un  d  Im  pend  «iir 

la  joue.  Le  bienheureux  d''  nm  ■•  remet  cet  iril 
daiH  son  orbite  et  le  gU'-rit  par  li  vertu  du  sij/ii« 

de  la  croix.  A   la  vue  de   ce   j-    ' 'ouiniiiii- 

l'oullei  ne   se  contient  plus  ',  Il  iiaiiie 

.,..j     ,,.p.i<  .1..  vill,.  on  ville  ju-  ,  .  ■  ipilale  et 

1  mort. 

'Il      roi     de  Marava.  no    ratida 
I  ",  mais  il  exile  le» 
veux  de  prali.juer 
une  religion  trop  cliàsi«. 

VOTACB  K<  (CBOri 

Un  an  après  ce»  événements,  le  P.  de  nri'lo, 
norauiu  procureur  du  Malabar,  dut  •'embaïquor 


pour  l'Europe.  ArrivJ  à  Lisliounc,  en  1688,  il 
s'occupa  sans  retard  des  alTaires  qui  l'avaient 
forcé  ae  quillerses  chers  Hindous.  S'il  vitquelques 
moments  ses  parents,  ce  ue  fut  que  lorsqu'ils  vin- 
rent le  trouver  ou  qu'il  les  rencontra  sur  sa  roule. 
Sa  mère,  retirée  à  Porlalègre,  n'obtint  pas  elle- 
mt^nie  une  plus  longue  visite.  Durant  son  séjour 
au  l'ortufial,  il  ne  prit  par  jour  qu'un  seul  repas: 
du  ih.  lîos  légumes  et  de  l'eau  lui  sulTisaient, 
coinni.-  au  .Maduré.  Son  lit  était  ou  une  plaiiche 
ou  une  peau  d'ours  étendue  sur  le  sol.  Le  prince 
dont  il  avait  été  page,  devenu  roi  sous  le  nom  de 
Pierre  11,  et  la  reine  Isabelle-Marie  le  comblèrent 
des  témoignages  de  Kur  bienveillance  et  de  leur 
estime.  Ils  voulurent  lui  confier  l'éducation  de 
l'infant:  mais  il  refusa.  11  refusa  aussi  l'anlie- 
Téché  de  Cranganor  (Inde).  L'humble  mission- 
naire n'était  pas  venu  chercher  des  dignités:  ce 
qu'il  denianilaitavanttout,  c'étaient  de  nouveaux 
missionnaires.  11  en  trouva  vint-cinq  dans  les 
collèges  d'Evora,  de  Coimbre  et  de  Sanlarem  et 
il  partit  avec  eux  le  8  avril  1090. 

Lorsque  le  P.  de  Brilto  arriva  à  Goa,  l'archc- 
vt^que  et  le  vice-roi  s'efforrèrenl  de  l'y  retenir. 
Il  s'arracha  à  leurs  instances,  visita  les  résidences 
du  .Malabar  et  reparut  sur  le  théâtre  de  ses 
anciens  travaux.  La  persécution  sévissait  encore: 
il  ri'ussit  à  l'éteindre  sur  plusieurs  points,  mais 
non  dans  le  Marava.  Pour  éviter  de  plus  grands 
maux  aux  fidèles  de  ce  royaume,  il  vécut  durant 
deux  ans  au  milieu  des  bois;  les  chrétiens  et  les 
catéchumènes  connaissaient  seuls  le  lieu  de  sa 
retraite.  Le  bruit  des  miracles  et  des  conversions 
qu'il  opérait  finit  cependant  pai-  parvenir  aux 
oreilles  des  Itrahmes.  Il  trouva  un  refuge  contre 
leur  fureur  daus  la  principauté  indépendante  de 
Mouui. 

LK  MAHTTHB 

A  cette  époque,  Tériadéven,  fils  de  l'ancien 
roi  de  Marava,  mis  au  courant  des  prodiges  du 
missionnaire,  le  supplia  dr  venir  à  Ciroupalléi, 
où  il  .se  mourait.  Converti  par  un  catéchiste,  ce 
prince  reçut  le  bapti'nie  et  cuérit  subitement.  Il 
avait  cinq  femmes,  il  garda  celle  qu'il  avait 
épousée  la  première  et  renvoya  les  autres.  Parmi 
Ci'S  dernières  se  trouvait  la  princesse  Cadelei: 
elle  porta  plainte  au  roi  KangaiiAdadéven  son 
oncli'.  Tériadéven,  mandé  à  la  capitale,  afllrma 
Doliiemeiit  qu'il  était  chrétien,  mais  comme  il 
^tail  extrêmement  aimé  du  peuple,  le  roi  n'osa 
te  mettre  h  mort.  En  revanche,  il  résolut  de 
venper  ~ur  le  pn^tre  des  chrétiens  l'outrage  fait 
à  sa  ni'i  !■.  Le  P.  de  Uritto,  prévenu  de  l'airivée 
des  snlillite'.,  n'uvdva.sous  divers  prétextes,  les 
néophyte^  qui  aurairnt  pu  le  déffnurc,et  se  livra 
&  ses  ennemis,  h-  M  janvier  1G93. 

Ceux-ci  l'accablèrrni  de  coups  et,  durant  trois 
jours,  11'  traînèrent  en  laisse  derrière  leurs 
chevaux.    |}ans    toutes  les   \illes  situées  sur   la 

!  ■'  •    ■!■  I  '  ■  iMitale,  II' sailli <■  ~-.i|i  dil  abreuvé 

-lanU.  AI  ''  |nit.'iiit 

j  i'  'T   la  pii|.i  hiibare. 

Il  lut,  au  milieu  d<  <il>lii|U''5, 

''.■■>    idoles,    l'objet  les    plus 

i>.  La  Kueur  et  le  niuk  luissel.iienl  «ur 
r  tnme   le  Christ,  ou  lui  euuvril   le 
'         .  hats. 

la  prison  de  Roma- 

I  retiens  qu'il  exhorta 

L'heure     du    !>icn 

1  '  ^  "•  I  ■  'I  es  des  idoirs, 

omis  de  i  .i  la  si'ulc  vcrla 


brut  il 
en   f.ii  •    I 
inhuiu.uii 
koii   ii> m 
»i».i. 
Il  ' 


des  sortilèges:  ils  appelèrent  en  vain  tous  les 
m^igiciens  du  pays  à  leur  secours. 

Le  28  janvier,  R;mganâdadéven  parut  à  son 
tribunîd.  Il  coudaïuna  le  missionnaire  à  l'exil. 
Cette  sentence  était  lielive.  On  venait  de  donner 
au  roi  la  liste  de  ses  sujets  chrétiens.  Effrayé  de 
leur  nombre  et  de  la  puissance  dont  ils  dispo- 
saient, il  craignit  d'exi'.jter  une  révolte  s'il  faisait 
exécuter  leur  chef  dans  la  capitale.  Parmi  les 
convertis  du  P.  de  Bi  itlo,  se  trouvaient  en  effet, 
outre  Tériadéven,  des  gouverneurs  de  province 
et  des  officiers  chéris  de  leurs  soldats.  Rien 
n'aurait  pu  les  empêcher  de  délivrer  leur  maître; 
mais  celui-ci  leur  avait  défendu  de  faire  la 
moindre  démarche  en  sa  faveur. 

Les  émissaires  du  tyran  publièrent  partout  que 
l'ennemi  des  dieux  du  .MaravaétaitexiléàOréiour. 
Le  Père  y  arriva  le  31  janvier  1C'.'3.  11  était  ûgé 
de  quarante  six-ans,  moins  un  mois. 

L'exilé  fut  remis  aux  mains  du  prince  Ouréiar- 
déven,  frère  du  roi,  qui  avait  l'ordre  secret  de 
le  faire  mourir.  Le  prince  ne  s'empressa  pas 
d'obéir.  Il  voulait  à  tout  prix  acheter  un  miracle 
au  missionnaire  :  la  guérison  d'une  maladie  hon- 
teuse et  mortelle  dont  il  était  afiligé'  ;  ses  instances 
prolongées  auprès  du  missionnaire  restèrent  sans 
résultat,  car  il  n'avait  nulle  envie  de  se  convertir. 
Partiigé  entre  l'espérance  de  voir  enlin  son  désir 
satisfait,  et  la  crainte  de  mettre  à  mort  un  homme 
qu'il  vénérait  malgré  lui,  le  prince. passa  deux 
jours  et  deux  nuits  dans  le  trouble  etl  hésitation. 
La  première  de  ses  épouses  sollicitait  avec  larmes 
la  grâce  du  prisonnier  :  son  (ils  et  son  ministre 
demandaient  sa  mort  à  grands  cris.  Ouréiardéven 
pencha  vers  la  cruauté  :  le  4  février,  mercredi 
des  cendres,  il  ordonna  de  procéder  sans  retard 
au  sup(ilice. 

A  nulle  pas  de  la  ville,  sur  les  bords  du  Pain- 
baroù,  s'élevait  une  émineiice  qui  dominait  la 
rivière  et  la  plaine.  Ce  monticule  était  pour  le 
Bienheureux  l'autel  du  sacrifice.  En  y  arrivant, 
il  tomba  à  genoux  et,  la  face  tournée  vers  l'Orient, 
les  yeux  élevés  avec  amour  au  dessus  de  la  terre, 
il  resta  quelque  temps  imiin'bile,  souriant, 
radieux, l'jîme  dans  le  ciel.  La  multitude  présente 
à  ce  spectacle  entourait  d'un  majestueux  silence 
la  prière  muette  du  martyr;  et  le  bourreau  lui- 
même  tremblait  devant  sa  victime  en  extase. 

Tout  à  coup  retentit  une  voix  stridente  :  c'est 
le  fils  du  gouverneur  qui  vient  presserl'exérution. 
Une  clameur  immense  couvre  ses  paroles,  mai» 
le  Père  a  compris.  Il  se  lève,  fait  le  signe  de  la 
croix,  embrasse  le  bourreau  et  retombe  àgenoux. 
L'n  coup  de  cimeterre,  diriRé  contre  le»  relique» 
suspendues  à  son  cou,  arrache  à  sa  poitrine  un 
(lot  de  saiii.'.  Il  jette,  alors  un  dernier  regard  ver» 
le  ciel,  puis  il  s'incline  :  le  cimeterre  retombe 
une  seconde  fois  et  sa  tête  roule  sur  le  sol. 

A  la  nouvelle  de  i-e  martyre,  le  Portiiiial  tres- 
saillit :  la  vénérable  mère  du  missionnaire, 
ilona  Healrix,  appelée  à  Lisbonne,  leiiitdans  le 
ji.il  11,  1,  -  li'iiineuis  réserve..  /■  1  i  leim  M. ils  il.'ià 
I  '  il  un  lieu  de  i  •  '  >i 

I.  hé  par  les  clii  ,  i     ur 

leipiel  on I  avait  sU'-i'eiidii.pieiN  et  mnin«  roupes, 
leposait  dans  un  tumbeau  glorieux.  I-Ji  poussière 
arrosée  de  son  sang  rendait  la  santé  aux  inaladei 
«lui  la  mêlaient  à  leur  breiivn:.'e  :  pre.  di-  se» 
l'Iiques,    les    mirarl-  l'-rs.    !.« 

\.riié   »>n    a    éié    c<  ::  .    ei    le 

'  ^  •  1,  pir  IX  a  pla  ix  Jean 

il  M  les  aiiU-l».  -  il  n'y 

a  ,4  I  l.gjise  catholique  qui  pieouise  de  t«U 
hoiiiiiies  ! 


iiii|>. 


>i/<i(  .   !..  Il 


•  .  ^     rue  llitleuift  1    ,    l'Ail» 


SAINTE  AGATHE 


VIEROE     ET     AIARTYJFIE 


fête  le  5   février. 


Saint  Pierre  apparaît  à  la  bienheureuse  Agathe  pendant  la  nuit  qui  suivit  son  supplice. 
'I  C'est  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  qui  m'envoie  vers  toi,  lui  dit-il  ;  je  suis  son  apôtre 
Pierre.  Et,  pendant  qn'il  étend  les  mains  pour  la  bénir,  Agathe  se  trouve  miraculeu- 
sement guérie. 


'URACTERES  DE  LA  SEPTIKME  PER-ECVTION  UE.NKBALE 

1^  seplieiiif  pers'kulion  (.'iMif'rale.fifndanl  laquelle 
fui  marlyris<}c  la  .Saiiilf  ilont  nous  r.ironl<>iis  la  vie 
(ut,  au  dire  de  tous  les  histuriens,  la  plus  sançlante 
et  1.1  plus  cnii'llf  (]«•  inules.  Saint  Cyprirn  nous 
apprend  qu'elle  n'avait  plus  seulement  pour  fln  la 


Minil  des  clirt-ticus:  ou  ::raduail  la  cruauté  par  utir 
si'iie  de  rafliiieraents,  do  façon  que  la  victime  siir- 
vi-i  lit  aux  supplices,  (in  ne  voulait  pas  lui  acconl'  i 
Irnp  ii'it  1.1  couronne.  On  la  fatiguait  dans  rt'sp"ii 
ili'  lli'i-liir  son  courace.  et  s'il  lui  arrivait.  crAci»  à  li 
iiiioTicorde  de  Dieu,  de  mourir  avant  l'hcui'  pré- 
vue,  les   bourreaux   ne   croyaient   trompés.  Saint 


10,3 


Auyuslin  ii^us  ilnniu'  la  raison  de  ces  atrocitt's  : 
les  persécuteurs,  dil-il,  avaient  reconnu  que,  plus 
il?  nieUnient  de  chrétiens  à  mort,  plus  il  en  renais- 
sait df  leur  San:.'.  Ils  craignaient  de  dépeupler  l'em- 
pire, s'il  eût  fallu  faire  mourir  tant  de  milliers  de 
lidèles.  Les  édits  ne  portent  donc  plus  l'ancienne 
formule  :  (Juiconque  se  confessera  chrétien,  sera 
mis  à  mort;  mais  seulement  :  sera  tournienlé  jus- 
qu'à ce  qu'il  renonce  à  sa  foi.  Celte  tactiijue  réussit 
souvent  aux  persécuteurs.  Comhien,  en  elfet,  <|ui 
eussent  soulTert  couraj,'eusemenl  une  prompte  mort, 
se  lai>sérent  abattre  à  la  vue  lie  >;ni'|>li''>^  --i  loni;* 
el  si  variés  ! 

SAI.NTE  AGATDE  EST   AUdbrÉS  COaMB  CaHtfTIE.S](S 

<".e  fut  pendant  celte  cruelle  persécution  que  la 
bienheureuse  .\;.'atlie,  née  à  Palerrae,  de  parents 
nobles  et  riches,  mérita  de  receioir  la  couronue  du 
martyre.  Ouintianus,  ;;i>aTemeur  de  la  province  de 
Sicilr.  ayant  eu  l'occa-^ion  de  remarquer  la  beauté 
d'.\i,'athe  qui  surpassait,  disent  bs  actes  de  son 
martyre,  celle  de  toutos  les  filles  de  son  temps, 
conçut  pour  elle  une  yi.ission  violente.  U  cherchait 
par  tous  le;  moyens  passibles  à  as'-ouvir  ses  désirs 
criminels"  |iirs(|ue  païutTédilde  l'empereur  Pécc, 
ordonnant  cpie  tout  chrétien,  sans  ((iialité  de  rang  ni 
de  se.\e,  fût  obligé  de  sacrifier  dans  les  temples, 
(juinlinnus  si-  liAta  de  proOter  de  ce  décret  ponr 
s'emparer  de  In  bienheurease  Agathe,  et  donna 
l'rirdre  de  la  faire  arrêter. 

Les  soldats  se  rendiront  à  la  demeure  de  la  Bien- 
heureuse et  lui  dirent  :  «'Il  vient  d'.'-lre  publié,  par 
l'empereur  el  par  le  proconsul,  un  édil  de  mort 
contre  quiconque  refuserait  d'adorer  les  dieui  et 
de  leur  offrir  le  culte  qui  leur  est  dft.  Mais  nons 
espérons  que  tu  vas  leur  offrir  de  l'encens  daiis 
leur  temple,  afin  c|u'en  tout  honneur  et  gloire  nous 
puissions  te  conduire  en  pr^ence  dti  proconsul 
L'iiintianus.  m 

I domine  la  bienlieuriose  vier^'e  refusait  éneigi- 
quement  d'offrir  de  l'encens  aux  id^iles,  les  siddals 
sf  disposèrent  à  la  conduire  devant  le  gouverneur. 
Avant  ipi'ils  eussent  mis  la  main  <ur  elle,  Airuthe 
entra  <l.iii>  sa  chnmbr<'  et,  se  jetant  i  gennux,  les 
yeux  b'»év  \crs  le  ciel,  elle  (Il  celte  prière  :  .  Sei- 
gneur Jésus,  seul  vou<  ■mnnaisseï  les  afTi'i-lion»  de 
mon  cuMir,  seul  vous  savez  avec  quelle  joie  el  quel 
empressement  je  vous  ai  donné  ma  foi  et  mon 
amour.  Kl  mainlen.int,  Seisneur,  je  vons  en  supplie, 
ne  permettez  pas  qu'un  homme,  livr*'  à  tous  len 
viies,  puisse  faire  perdre  à  tatHk  corps  la  fleor  de  m 
vit.'inilé;  liAlez-vous  de  venir  \  mon  sei-ours:  ne 
me  livrez  pa-<  nu  dém<iu  et  a  sou  satellite,  le  pro- 
coiii-ul,  de  peur  <|u'il  ne  disi'  :  Où  nsl  donc  son  Dieu? 
M  ^  -  comme  une  rlrlime,  roccvez 

I  i  ine   tin   '.'ML'i'  d''  ni'>>i   amour, 

sfeul 


la  Semence  de  toutes  les  passions  honteuses  de  la 
v.duplé;  je  l'ai  vaincu  et  je  l'ai  foulé  aux  jiieds.  J'ai 
1  émis  ensuite  mou  ànie  enlre  les  mains  du  Christ, 
■l  j'espère  qu'il  me  fera  la  grAce  de  perdre  ce  corps 


dans  sa  virginale  beauté.  » 


ELLE  EST  LIVREE  .\    INE  FEUUE    DE  MAUVAISE  VIE 

Quintianus,  (îdèle  aux  ordres  sataniques  de  l'em- 
pereur, se  garda  bien  de  livrer  immédiatement  la 
vierge  aux  supplices.  Mais  il  commanda  de  conduire 
.\gathe  chez  une  femme  de  mauvaise  vie  iiominée 
.\pliiodiM.-,  i|ui  uvail  d<uis  »a  maison  sept  lilles  aussi 
corrompues  qu'elle,  alin  que.  |>ar  les  paroles  et  les 
exemples  de  ces  misérables.  ALathe  fût  amenée  à 
sacrifier  aux  dieux,  el  à  se  rendre  aux  dt^sirs  infâmes 
da  pro  <<u>ul. 

Pendant  trente  jour»,  la  bienheureuse  vierge  fut 
obligée  lie  vivre  en  cette  odieuse  compagnie.  Ces 
démon>  de  la  luxure,  tantiM  par  des  caresses  et  des 
marques  de  respect,  lautAt  par  des  promesses  de 
jouissances,  d'antres  fois  aus^i  par  les  menaces  les 
plus  cruelles,  s'efforçaient  nuit  el  jour,  avec  une 
infernale  persévérance,  de  eorinnipre  la  chaste 
épouse  de  Jésus-Christ.  Mais  .|uand,  par  leurs  falla- 
cieuses promesses,  elles  espéraient  amollir  l'Ame  de  la 
sainte  martyre,  celle-ci,  les  yeux  baiunés  de  larmes, 
b-iir  disait  :  «  Sachet  que  rien  au  monde  ne  pourra 
jamais  séparer  mon  .-^me  et  nus  pensées  de  la  cha- 
rité du  Christ.  Vos  paroles  sont  seinMablesau  vent, 
vos  ]iromesses  à  une  pluie  d'nr  ii;e,  vos  menaces  !{ 
un  lleuve,  mais  ce  fleuve  impétueux,  vous  pou>ez 
le  déchaîner  contre  ma  maixin,  elle  n'en  sera  point 
ébranlée,  parce  i]u"elle  est  fonilé^^  sur  la  pierre  ferme 
qui  est  le  Christ,  Fils  du  Dieu  vivant.  >> 

Elle  leur  parlait  ainsi,  pan-c  que  son  Ame,  sem- 
blable au  cerf  altéré  dont  piirle  le  psalmiste,  dési- 
rait se  df^sallérer  aux  eaux  vivi-«  de  la  souffrance,  si 
auiéres  pour  ceux  i)ui  n'aiment  poitil,  mais  si  douces 
et  si  suaves  pour  ceux  qui  portent  dans  leur  oeur 
le  vrai  amour  de  Jésus-Christ. 

.^phrodife,  la  voyant  donc  ferme  et  inébranlable 
dans  sa  résolution  de  mourir  pour  le  iioin  du  Christ 
plutôt  ipie  de  consentir  A  saiiilier  aux  idides,  alla 
trouver  le  j>roc<insul  :  "  Il  serait  plus  facile,  lui  dit- 
elle,  iramollir  les  rochers,  ou  de  donner  au  fer  la 
souplesse  du  plomb  que  d'enlever  île  l'Ame  de  celle 
jeune  fille  l'amourde  Jésus-Christ.  Mi's  filles  et  moi, 
jour  et  nuit,  ne  lui  avons  laissé  aucun  nxmienl  de 
repos,  et  niaL'ré  noire  constance,  nous  ne  sommes 
arrivées  i  d'autres  résultats  que  celui  de  la  rendre 

pi::  ^  ' '■  et  plus  inébraalable  dans  sa  résolution. 

I  liions,  les  promesses  les  plus  terribles. 


ru'ii   11  .1  pu  la  faire  hériter  m' 
Je  lui  ai  offert  moi-même  dec  , 

y.  ■       ■  I 

f.lll    plus    •U-    .  .!>    dt      tiUlis    ,  C! 

tern-  qu'elle  foule  oux  pi'-d«.  ■• 


ul  iiisianl. 
ii'usi's.  lies 

i;    -t  ,-1  la 

ii'a  pas 

olio»C!>   que  de  la 


mur   II  >1  un   fos«é.   l'ciidnnt  le 

•rMfl     :  iril.'-..  cé|et|e«  de  la  Terlu. 

I  inLafiii  deconservei 

•  .|.   :   .i.      ,  |...     .■  .  ,  .1  lullé  runlre  Satan, 

a  d«  mal,  qui  a  jeUdans  le  ca*ur  de  l'hemme 


KIAIIAIT  tH^\ 


iiiiir>\L  ni'  paocoNst'i, 


Moîiiti.-imi»  froniiii'  iHns  son  attente,  donna  l'ordre 
en  ierret,  et  s'élant  assi* 

,,  il,:. ..11..,.  ,; iii  : 

"  MiiHIe  eut  ta  condition f 


—  Sk  sui?  dune  famille  noble  el  illustre  et  me> 
parents  possèdent  diinmenses  richesses. 

—  Si  tu  es  d'une  condition  noble  et  illustre,  pour- 
quoi vouloir  l'abaisser  jus(|u"aa  rôle  de  servante  ? 

—  Je  suis  la  servante  du  Christ  et  c'est  pourquoi 
vous  me  voyez  aair  en  servante. 

—  Mais  tu  es  vrairaent\libre,  Agathe,  comment 
donc  peux-tu  te  dire  esclave  ? 

— ■  S'otre  noblesse  à  nous  et  notre  plus  ^'rande 
gloire,  c'est  de  nous  courber  sous  la  loi  du  Christ. 

—  Nous  n'avons  donc  point  pari  à  la  noblesse,  nous 
qui  tous  faisons  gloire  de  mépriser  le  service  de  ton 
Christ  ? 

—  En  vérité,  vous  êtes  arrivés  à  undegrc  de  servi- 
tude telle  que,  non  seulement  vous  êtes  devenus  les 
esclaves  de  vos  péchés,  mais  encore  les  adorateurs 
d'une  matière  insensible.  Les  honneurs  qui  ne  sont 
du«  qu'au  Dieu  vivant,  vous  les  rendez  au  bois  et  à 
la  pierre. 

—  Les  paroles  blasphématoires  que  tu  viens  de 
prononcer  recevront  chacune  le  châtiment  qu'elles 
méritent.  Mais,  dis-moi  pourquoi  tu  t'obstines  à 
refuser  à  nos  dieux  les  honneurs  qui  leur  sont  dus. 

—  .Ne  les  appelez  pas  dieux,  mais  démons,  ceux 
dont  vous  faites  l'efflpie  en  airain  et  dont  vous  recou- 
vrez d'or  les  tijnires  de  marbre  ou  de  plAtre. 

—  Cesse  de  blasphémer,  Agathe,  reviens  à  la  rai- 
son et  sacrifie  aux  dieux,  sinon  je  te  fais  subir,  avec 
les  criminels  vulgaires,  les  supplices  itmominieux.  el 
tu  seras  par  là  la  cause  de  la  honte  éternelle  qui 
retombera  sur  ta  parenté. 

—  Je  souhaite  à  votre  -épouse,  repartit  .\gathe. 
d'i'-tre  semblable  à  votre  déesse  Vénus,  et  à  vous, 
de  ressembler  en  tout  ik  votre  arand  dieu  Jupiter.  » 

A  ces  mots,  Quintianus,  irril'^,  donna  l'ordre  de 
souflleter  Agathe.  Apres  quoi,  il  lui  dit: 

"  Ne  l'avise  plus  par  tes  paroles  insolentes  d'in- 
jurier ton  juge. 

—  Comment  !  répondit  Agathe,  vous  ne  voulec 
donc  point  être  compté  au  nombre  de  ceux  que  vous 
venez  d'appeler  des  dieux  ? 

—  .\h!  lu  veux  me  forcer,  par  les  paroles  inju- 
rieuses, h  l'infliser  de  cruels  supplices  ! 

—  Je  m'étonne  qu'un  homme  aus«i  sase  en  soit 
venu  à  ce  point  de  folie  de  ne  pas  vouloir  être  sem- 
blable à  ses  dieux  et  de  ne  pas  vouloir  conformer  sa 
vie  n  la  leur  !  Si  ce  sont  \h  vos  dieux  el  que  von-;  l,r<i 
honoriez  comme  teU,  je  vous  ai  fait  un  bon  souhait. 
Pourquoi  donc  nvez-vou«  pris  pour  des  injures  les 
paroles  par  le-iquelles  je  vous  disais  de  conform'T 
votre  vie  à  la  leur?  Mai«,  si  leur  ressemblance  vous 
est  en  horreur,  nppele/.-les  donc  avec  moi  des  êtres 
exécrables  et  pervers. 

—  Chacune  de  tes  paroles  est  un  blasphème; 
sacrifie  aux  dieux,  ou  prépare-toi  à  subir  des  châti- 
ment» terribles. 

—  Les  bêles  T'-ro-es  iiiTqiiflles  vous  me  livrerei 
«'ilouciront  au  u'itri    .le  J.^iis-Chrisl.  Si   vous  me 

'.  dan-   !'■  (■  n.  I   -    ui-.s  viendront  rè|i.indre  sur 
1  une  lii>'nf.ii^.iti'e  i.»  ...  Si  vous  me  fra|iprz  de 
Verge»,  l'esprit  de  vérité  qui  réside  en  moi  saura  me 
déli>Ter  de  vos  mains.  » 

Le  proconsul,  secouant  la  tête,  donna  l'ordre  de 
concliiire  Agathe  dans  un  obscur  cach.il.  Comm.»  on 
emmenait     la     Bienheureuse,     Quintianus     voulu! 


'   essayer  encore  une  dernière  fois  de  la  lléchir  et  lui 
dit  : 

>'  Réfléchis,  Agathe,  et  vois  combien  il  est  avan- 
tageux pour  toi  d'éviter  les  tourments  que  je  te 
prépare. 

—  C'est  bien  plutôt  à  vous  de  vous  repentir,  si 
vous  voulez  éviter  des  supplices  éternels.  » 

-Mors,  Quintianus,  irrité,  laissa  conduire  la  bien- 
heureuse vierge  en  prison.  Elle  y  eulr-a  avec  l'allé- 
gresse de  celui  qui  aurait  été  invité  à  un  festin  de 
noces,  recommandant  à  Dieu  dans  ses  prières  l'issue 
de  son  combat. 

SA    CONSTANCE     INÉBRANLABLE    DA.NS    LES    TOUSMENTS 

Le  jour  suivant,  l'impie  Quintianus  donna  l'ordre 
de  la  faire  compaiailre  de  nouveau  devant  sou 
tribunal  el  lui  dil: 

■'  Eh  bien!  qu'as-lu  résolu  relativement  à  ton 
salut! 

—  Mon  salut  c'est  le  Christ. 

—  Jusques  à  quand,  insensée,  l'obstinera.s-tu  à 
prononcer  de  coupables  paroles?  lienie  le  Christ,  et 
commence  à  honorer  nos  dieux.  Ne  désire  donc  pas 
uue  mort  prématurée. 

—  Reniez  vous-même  vos  dieux  de  pierre  et  de 
bois,  et  servez  le  vrai  Dieu  votre  Créateur,  sinon 
vous  subirez  des  supplices  sans  lin.  « 

Le  président,  hors  de  lui,  donna  l'ordre  de  la 
frapper  de  verges,  el  pendant  celle  barbare  exécu- 
tion, il  disait  à  la  saiuto  martyre  :  .<  Change  donc 
de  résolution  et  je  ferai  aussitôt  cesser  le  supplice. 

—  Vos  tourments  me  sont  une  source  de  délices, 
et  je  me  réjouis  à  l'égal  de  celui  à  qui  ou  vient 
d'annoncer  une  bonne  nouvelle,  et  qui  découvre  un 
riche  trésor.  Ces  tourments  font  ma  joie,  car  tu  ne 
pourras  les  faire  durer  qu'un  temps.  On  n'enferme 
avec  soin  le  fniment  dans  les  greniers  qu'après 
l'avoir  débarrassé  de  la  paille.  U  en  est  de  mèjn'  de 
mon  âme,  elle  ne  peut  entrer  en  Paradis  que  vos 
soldais  n'aient,  auparavant,  fait  subir  à  mon  corps 
les  tourments  les  plus  variés.    » 

Quintianus,  au  comble  de  la  fureur,  ordonna 
qu'après  l'avoir  tourmentée  à  la  mamelle,  on  la  lui 
arr.ii-hdt. 

Cet  horrible  supplice  ne  pouvant  vaincre  la  cons- 
tance de  la  bienheureuse  martyre,  le  iiouverneur  la 
fil  reconduire  en  prison,  défendant,  sous  les  peines 
les  plus  sévères,  qu'aucun  médecin  ne  fut  introduit 
auprès  d'elle,  et  il  défendit  en  même  temps  qu'on 
ne  lui  donnât  ni  pain  ni  eau. 

SAIXT   PIERRB   LUI    APPARAIT    ET     L  ^    C.UÉRIT 

Vers  le  milieu  de  la  nuit,  un  vieill.ird  vénérai. h-. 
pi . ■.■.■lié  d'un  enfant  tenant  un  llambeau,  se  prè^irnU 
devant  Agathe  et  lui  dil  :  »  ('e  tyran  im|>io  a  fait  subir 
à  Ion  corps  de  cruelles  lertures,  mais  la  conslnin-e 
dan-  les  tourments  lui  en  a  fait  subir  h  lui  de  plu- 
cruelles  encore;  c'est  pour  cela  qu'il  l'a  fait  mulil.i 
et  arracher  le  sein.  .Mais  Dieu  lui  réserve  des  siip- 
plii-e»  intolérable»  pendant  toute  l'élernité.  J'.'i  lis 
présent  |iendant  que  tu  supportais  tous  ce-'  . m-  I- 
-iifipli."-, 't  j'ai  vu  qu'il  serait  possible  de  te  guérir, 
'  .  -I  p..Miquoi  je  viens. 


—  Je  n"ai  jamais,  lui  répondit  Ayallie,  lait  usa:;o  1 
pour  mon  corps  d"aucuiie  imJeciue,  et  il  serait  hon- 
teux  pour  moi  d'abandonner  en  ce   moment  cette 
résolution  prise  dus  mon  plus  jeune  âge. 

—  Je  suis  aussi  chrétien,  reprit  le  vieillard,  aie 
coutiance  en  moi,  je  puis  te  fiuérir  et  ma  présence 
ici  n'a  point  d'autre  motif.  Vierpe  du  Christ,  ne 
crains  rien  de  ma  part. 

—  Et  que  pourrais-je  craindre?  reprit  Agathe.  Vous 
êtes  d'un  àf.'e  très  avancé,  et  moi  je  suis  une  enfant 
dont  le  corps  entier  n'est  plus  qu'une  plaie.  Cepen- 
dant, je  préfère  que  ces  plaies  enlèvent  à  mon  àme 
jusqu'à  son  dernier  souflle  plutôt  que  de  vous  les 
montrer.  Je  vous  rends  firAces  pourtant,  vénérable 
père,  d'avoir  bien  voulu  venir  me  soulaser,  mais 
sachez  que  jamais  aucun  médicament  fabriqué  de 
main  d'homme  ne  touchera  mon  corps. 

—  l'ounjuoi  une  telle  résolution'?  dit  le  vieillard  à 
la  Bienheureuse. 

—  Parce  iiue  je  possède  Nolre-SeifineurJésus-Christ 
qui.  d'un  seul  siyne,  peut  fiuérir  tous  les  maux,  el 
dont  la  parole  seule  fait  lever  les  paralytiques  et 
marcher  les  boiteux.  C'est  lui,  s'il  le  veut,  qui  rendra 
la  santé  à  son  indi^-'iie  servante.  » 

Alors,  le  vieillard  lui  dit  en  souriant  :  t<  C'est  lui- 
même  qui  m'a  envoyé  vers  toi,  je  suis  son  apc^tre 
Pierre.  Hefarde  ton  corps,  il  est  guéri.  »  Après  avoir 
dit  ces  mots,  il  disparut. 

Puis,  la  «lorieuse  Ayathe  fit  cette  prière  :  i<  Je  vous 
rends  i-ràces,  6  Jésus  mon  Seifjncur,  de  vous  être 
souvenu  de  moi,  et  de  m'avoir  envoyé  votre  .\pAtre 
pour  soutenir  mon  ;\me  et  guérir  les  blessures  ili' 
mon  corps.  •>  Sa  prière  terminée,  elle  vit  que  ses 
blessures  étaient  guéries  et  que  sa  mamelle  lui  avait 
été  miraculeusement  ren<lue.  Toute  la  nuit,  une 
lumière  brillante  remplit  la  prison.  Les  j.'ardes 
effrayés  s'enfuirent,  laissant  les  portes  ouvertes.  Les 
compagnons  de  captivité  d'At'atlie  lui  conseillaient 
de  s'évader,  mais  la  .Sainte  leur  répondit  :  i.  Je  ne 
veux  point  me  priver  de  la  couronne  de  «loire 
réservée  aux  combats  que  je  dois  encore  soutenir. 
Je  ne  veux  pas  être  pour  mes  gardiens  un  sujet  de 
châtiment.  J'ai  pour  moi  le  secours  deNc>tre-Sei(,'neur 
Jésus-Christ,  llls  de  Itieu.  Jusi]u'à  la  fin,  je  persé- 
vérerai dans  la  confession  de  la  foi  de  Celui  qui  m'a 
consolée  el  guérie.  >• 

«A  r.LORIKUSE  «OBT 

Ouatre  jour*  après,  le  président  se  la  fit  conduire 
devant  son  tribunal  et  lui  dit:  h  Jusques  à  quand 
persévéreras-tu  à  mépri-er  les  édils  des  empereurs? 
Sacrillc  aux  dieux,  sinon  je  te  fais  endurer  des 
supplices  plus  cruels  encore  ijue  les  précédent». 

—  Vaines  font  vos  paroles,  répliqua  la  bienheu- 
reuse AL'athe,  iniques  les  édits  de  vos  empercun. 
Il,',      ui.ii  donc,  misérable,  dépourvu  de  raison,  quel 

puis-je  attendre  de  vos  dii'ux  de  pierre  et  de 
Im»,  .'  .Mon  Seigneur  Jésus  ne  m'a-l-il  pat  rendu  une 


autre  mamelle,  à  la  place  de  celle  que  vous  m'avez 
arrachée  ?  » 

tjuintianus,  au  comble  de  la  fureur,  s'écria  :  '<  Qui 
a  donc  osé  le  guérir  '.' 

—  C'est  Jésus-Christ,  Fils  du  Dieu  vivant. 

—  Ue  nouveau  tu  prononces  le  nom  de  ton  Christ 
dont  je  ne  veux  ente'idre  parler  en  aucune  façon  '. 

—  Il  ne  m'est  pas  permis  de  taire  le  nom  de  Celui 
que  j'invoque  au  fond  de  mon  cœur. 

—  Nous  allons  voir  bientôt  s'il  te  viendra  en  aide, 
Ion  Seigneur  Jésus;  et,  en  même  temps,  il  donna 
l'ordre  de  parsemer  la  salle  de  pots  cassés,  d'y 
répandre  des  charbons  ardents  et  d'y  étendre  Agathe, 
après  l'avoir  dépouillée  de  ses  vêtements.  Mais,  à 
peine  la  sainte  martyre  fut-elle  étendue  sur  ce  lit  de 
douleur,  qu'un  tremblement  de  terre  ébranla  les 
murailles  dont  une  partie  écrasa  un  conseiller  du 
président,  nommé  Sylvain,  et  un  autre  de  ses  amis, 
nommé  Théophile,  qui  exiitait  (.luinlianus  à  faire 
martyriser  Agathe.  Toute  la  ville  de  Catane  futé;ja- 
lement  agitée  par  le  tremblement  de  terre.  Les 
citoyens, épouvantés, se  rendirent  au  prétoire;  mais 
le  proconsul,  craignant  une  insurrection  du  peuple, 
doima  l'ordre  de  conduire  Agathe  en  prison  et  se 
retira  lui-même  dans  une  salle  écartée. 

Agathe,  entrée  dans  son  cachot,  leva  les  mains  au 
ciel  et  dit:  <■  Je  vous  rends  grâces,  ô  Seigneur  mon 
Dieu,  de  ce  que  vous  m'avei  juKée  digne  de  soutenir 
de  durs  combats  l\  cause  de  voire  nom.  C'est  vous,  ô 
Jésus  mon  Sauveur,  qui  avez  donné  à  mon  Ame  l'ar- 
dent désir  de  renoncer  aux  joies  du  monde*  et  i|ui 
avez  conservé  mon  corps  pur  de  toute  souillure. 
Kxaucez-moi  à  cette  heure,  je  vous  en  supplie,  per- 
mettez à  votre  servante  de  quitter  cette  terre  et  de 
venir  vers  vous.  »  Sa  prière  terminée,  elle  rendit 
son  Ame  à  cet  l%poux  céleste  pour  lequel  elle  avait 
supporté  tant  de  rudes  combats. 

Les  chri-tiens  de  l'.alane,  à  la  nouvelle  de  la  mort 
de  la  glorieuse  martyre,  accoururent  aussitôt,  el  sans 
crainte  du  proconsul,  prirent  ce  corps  ccmvert  de 
blessures  si  glorieuses,  el  se  préparèrent  à  l'ense- 
velir avec  de  grands  honneurs.  Or,  pendant  qu'on 
plaçait  ces  précieuses  reliques  dans  le  sarcophai;c 
qu'on  leur  avait  préparé,  vint  un  jeune  homme  d'une 
beauté  toute  céleste,  suivi  d'un  cortège  de  cent 
enfants,  revêtus  de  vêtements  magniliques.  l'i^rsonnc 
n'avait  vu  auparavant  ce  jeune  homme  dans  la  ville 
de  Cutané.  Il  entra  dans  le  lieu  ou  l'on  embaumait 
les  restes  vénérés  de  l'illustre  martyre,  el  déposa 
soussa  tête  une  plaque  de  marbre  sur  laquelle  élaieiil 
Kravés  ces  mots  :  ■  Vme  suinte,  dévouée,  honneur  ib- 
Dieu,  protection  de  la  patrie.  "  Il  attendit  cpi'on  eût 
fermé  le  cercueil,  puis  il  disparut.  Personne  depuis 
ne  le  revit,  et  beaucoup  pensèrent  que  c'était  un 
anuc  du  Seigneur. 

Le  bruit  de  cet  événement  se  répandit  bientôt  dans 
toute  la  Sicile,  si  bien  que  les  Gentils  et  le»  Juif» 
<-ux-mômes  eurent  une  uramle  vénération  pour  le 
tombeau  de  la  glorieuse'  martyre. 


l'an),  lui)' 


'<{    Vt  :i  no  s.  » 


SAIM  AMAND,  É^^QUE  MISSIONNAIRE 


Fête  le  6  février. 


><»Qsagag«ag*g*J»g»gsg>g*g»g9g»«aeagagag*gaeagas»g*g»g^g»gagag*ggg*s*g»s^gas9g»g»g»gag»g»eag»^^ 


Saint  Amand,  apôtre  de  la  Flandre,  quitta,  encore  adolescent,  le  château  de  ses  pères 
pour  se  donner  à  Dieu  dans  une  lie  solitaire  de  l'Océan.  Le  démon,  irrité  de  sa  précoce 
sainteté,  l'attaqua  un  jour  sous  la  forme  d'un  serpent,  mais  le  Saint  le  mit  en  fuite  par 
un  signe  de  Croix.  —  A  la  mort  de  saint  Amand,  un  de  ses  religieux  vit  son  âme,  écla- 
tante de  lumière,  admise  au  nombre  des  Bienheureux. 


PHEMIbllE?    AN.NEES    DE   SAIM    AVAND 

Ce  fut  le  7  mai  '69*  que  naquit,  à  Herbau^e,  sur 
la  Loire,  saint  Amand,  l'un  de  ces  évêques  mis- 
sionnaires qui,  suivant  le  mot  du  protestant  Gib- 
bon, lirenl  le  beau  royaume  de  France  comme 
les  abeilles  font  une  ruche. 

Ses  parents,  les  plus  puissants  du  pays,  unis- 
saient à  l'éclat  de  leur  naissance  celui  de  la 
vertu. 

Son  père,  Sérénus,  était  duc  de  la  troisième 
Aquitaine;  sa  mère  s'appelait  Amantia;  tous 
'Icux  descendaient  de  ces  vieilles  familles  séna- 
(■.n.-\l«'8  (le  la  (iaule,  qui,  en  dépit  des  invasions 
I  .rhir-^.  avaient  conservé  un  caractère  de 
i'ilisalion. 

Amand  fut  reçu   par  ses  parents  comme  un 


don  du  Seigneur.  Il  grandit  sous  leurs  regards 
vigilants. 

Ouels  furent  pour  lui  les  premiers  actes,  les 
premières  paroles  qui,  d'ordinaire,  font  présager 
l'avenir  dans  un  tout  jeune  enfant,  c'est  ce  que 
nou«  ne  saurions  dire. 

Lf-i  légendes  passent  sous  silence  le»  années 
(If  son  enfance,  et  ne  nous  le  font  retrouver  que 
quinzp  ans  plus  tard  dans  les  écoles  épiscopales 
de  son  temps. 

AMANn    FUIT   LE   TOU  PATERNEL 

l'ar  leur  viailanle  sollicitude,  Sérénus  el 
Amantia  réalisèrent,  comme  à  leur  insu,  les  des- 
seins de  Dieu  sur  leur  (Ils. 

En  effet,  parvenu  à  cet  kite  de  la  jeunesse  où 
ji;  monde  apparaît  sous  ses  plus  riantes  couleurs, 


U 


Aniainl  ne  rcpirail  déjà  plus  qm  r.iranur  de 
Dieu  et  m-  voulait  plus  que  lui  |iour  l<«ul  liérilatii'. 

Viat  donc  le  jour  tu,  loulTiut  ,iun  pirtls  lies 
linniieurs  et  |i-s  ricliesfes  qui  rallenduient.  il- 
s'éclia|i(ia  du  château  de  son  j'ère,  pour  >e  réfu- 
gier dans  une  ile  de  l'Océan. 

Auiand  lie  jouit  pas  loti;;temps  de  la  solitude 
de  i-e  iiionastL-re,  mais  si  court  que  fut  sou  MJour, 
il  suflit  pour  dévoilée  à  tous  la  saiuleté  de  sa 
vie. 

In  jour  qu'il  travaillait  dans  l'intf^rieur  de 
l'île,  il  vit  tout  à  coup  fomlre  sur  lui  un  affreux 
dra;;i'n;eii  ce  pre-'-ant  daimer,  le  Jeune  moine  lit 
nu  Sei;;neur  une  ardente  piière,  et,  se  tournant 
iiiliépideuieiil  vers  le  monstre,  il  lui  ordonna  de 
s'aller  Jeter  dans  la  mer,  ce  qui  fut  fait  a  l'instant. 

l'eu  de  leii  |'S  après.  Aiiiand  eut  à  soutenir 
une  lutte  autrement  terrible 

Le  duc  'on  peie,  ayant  découvert  sa  retraite, 
vo'nlul  le  ramener  ea  Aquitaine,  pour  le  faire 
liéiilier  de  ses  hien>.  Tout  ce  que  I  liumme  peut 
faire.  Sérénus  le  lit  pour  décider  son  liN,  mais 
Aiiiand  fut  iii'-cnsiliK  à  la  tendresse  et  aux 
prndi'-'n<'*"  tour  à  tour. 


m>  iiai'es  qui  lui  furent 
Toutefois,  crai:;nant  ■ 
part  de  ses  parents,  il 
du  lumlienii  du  ^{loiien 
qu'.\niand  reçut  la  ton- 
ne plus  ri'iilriT  dans  la  iii,ii> 
.Mai<,  mal;;ié  son  désir  île 
auprès  du  l'alron  de  la  Fran 
ses  |ia.«,  le  lit  partir  poin    h 
suliir  In  dernière  e|(reu\' 
l'attendaient. 


h-es  de  la 

irs  auprès 

itiii.  Ce  fut  là 

i'-rcs,  et  jura  de 

•  n  lie  «Ofi  p.Te. 

\iTie  et  de  innarir 

"■   "     iiii^-nâAMt 

1  il  devait 

.lavaux  qai 


Déjà  vieillard,  n' 
rite  et  la  sniii 


SAI.NT    AJtA.NU    USOX's 

Il  ri.ii  l'J:2e  mais  p«r  lai 

VoKàad  vn«liil, 
après  avoir  san  i.ia»  U  pvsliqne 

d)'  toutes   les   veitui,  fNiaser  1  Afe   vml  duM  la 

réclusion. 

Saint  Auslréirésile,  évoque  de  I'  1 

il  confia  son  dessrin,  arceptn  It- 
conduisit  so|eniiell>  ment  dahs  une  t'Uuilc  cellule 
sur  le»  rempnits  <li   la  cité. 

Vn-time  volonlan 
le  saint  reclus  n'ei. 

niuniialion  qu'avec    i'v  u    ij  j.i^-  i  .jm 
df  --a  vie  dan*  celte  Mililudv,  m-  \ii.inl  que  de 

p  ^ii  d'nr;.e  ti'  r: '    ■     '' rlilianl  sa  chair 

le»  plu»  •  -,  el  •*«  prép»- 

I  t    .  ..iiioie  u - ,  aux  pkta  rod«s 


inn^'es 


■l'ilil    '1*    »a   ictr.iiii'    ;i\c.     le»    ;tiiîri;i> 


des    preii 

t'i"lice   il! 

m  iT  .pi'     ; 

!  .•.     il         ,: 


Ile    ItuU»    lui    tclluu»   bl  (jlulleusoiurul 


siO-IT  «a.l.Mi    \    lOMC 


chasçé  pur  les  L'ardiens  qui  lerinrrenl  les  portes 
d«-t  liere  lui.  Auiaud  se  veiiyea  eu  passant  la 
mut  devant  l'entn-e  de  la  basilique.  Ce  lut  alors 
«pie  saint  l'ierre  lui  apparut  sous  l'aspect  d'un 
vénérable  vieillaid  :  ■  La  moisson  est  abondante 
»  en  daule,  lui  dit-il, .va  la  recueillir  au  nom  de 
!•  Dieu  c«mnie  un  bon  et  vifiilant  moissonneur; 
"  va  convertir  les  .inics  des  païens.  » 

Arnaud  partit,  mais  à  son  retour  il  se  vit  con- 
traint, lualjjré  ses  humbles  supplications,  de  rece- 
voir l'oui-tion  épiscopale;  néaiimoin-,  ces  hon- 
neurs ne  l'empêchèrent  pas  d'accomplir  de  point 
en  point  les  ordres  de  saint  l'ierre. 

Il  s'en  allaooiniiii>  un  simple  raii^sionnaire  vers 
les  peuplades  les  plus  farouches  du  nord  des 
(•ailles,  il  parcourut  tour  à  tour  le»  rives  de  la 
Lys  et  de  l'Kscaut.  prêchant  rKvani:ile  de  Jcsus- 
Ciirisl  jii\  hiJoinptables  habitants  des  Flandres 
et  d<  1,'.  Dieu  sait  ce  qu'il  eut   alors  à 

souif 1 1  I  lit  jias  peu  de  chose,  en  effet,  que 

de  coiabuilii'  le  fanali^me  Je  nos  pères  et  de 
renverser  Ifs  aniels  ifudin  et  de  Tentâtes. 

Cl-  '  -uiaait  ce  que  lil  avec  succès  noire 

iniréj  .  -finaireion  le  vil  même  plusieurs 

l'i-  :.   r  .1.-»  victimes,  humaines  au.\  iiiains 

il.  ^  -  i  .  ;i,  :,t.  ui  ».  cl  faire  plierces  bêles  farouches 
9o\t3  le  jou.'  -ua\>-  lia  ckristiaiiisme. 

Sa:.\T    .VJ14,M>   AL'    PX\:-  ut.   l.AND 

liai»  le  lieu  ou  le  «aint  api'dre  eut  le  plus  à 

aonffrir  p-tr-  ' t-  '•    '     ■:   -('.hrisl  fut  le  navs 

de  l>«iul  1,  iiiieles  ville»  de  ^a 

(>,-..,,■>,.  iiiaines  auxquelles 

il  'IX. 

,Mi^  i.f.iir  le  cou- 

ra_'  iirtrirenl 

b-  »  encore 

»,  le  jetèrent  j>iusieurs  fois  dans 


»ur  son  serviteur, 
l'iyen  de  llécbir  le 

■  niw  «yani   fait  périr  à  la 

I  litre,  un  criminel 

du  roi  du  ciel,  le 


il-^ri      il   II   fil 

Il    1  1  Ite  étin- 
l'i'     la  lumière  à 

.  Il  .-i.  lipu   saint 
<  il  de  la 

nui    ii'i    »•  •;   il    cil 

-  propres 
âf*    ces 
jeuiirs  Aimlai»,  de  ip.  ii 

le  même  liinps  :     < 
mais  des  .r 

Mil.     Oï     »>     >i       ilÉ.>»i.     —     n,ri..r     i..         (■t.llfhl 

Lit  rni  Uai(<>bert,  formé  k  la  vertu   par  saint 


CUUi 

In 
P 

1" 

rci  >i. 
l'K  ,. 

SI'IIM-Ili     ip, 

fallut  |ias  ' 
celle  ■;■■ 
lou»   ' 

Son    .  .. 
Anaand  se 


Il  liflll  '■  Il  1    |-  i<  I  I  1      I  III     V  J  II .     r  II 

I    ce   qu'il  attendait   de   lui 


I.B  «on     captUalaiil,  li     ui  4eruitlTlirt  1  udi 


potitt,  il  »«  rsodii  ■  i 


.  c«Riaie 


un  autre  Jean-Baptiste,  il  reprocha  librement  au 
roi  ses  prévarirationa.  le  meuai-ant  des  ven- 
geances du  ciel  s'il  ne  chanseait  de  conduite. 

Lesil  fut  la  réponse  de  ilagobert.  11  lut  toute- 
fois de  peu  de  durée. 

Contrit  et  repentant,  le  roi  rendit  pleine  jus- 
tice au  courasi'ux  pontife,  il  voulut  même,  comme 
gai'e  d-;  réconciliation,  qu'il  vînt  donner  le  bap- 
tême à  son  Kls. 

Armand  ne  put  résister  à  ses  instances,  ainsi 
qu  aux  solliritations  d"Eloi  et  d'Ouen.  jeunes 
seigneurs  de  la  cour,  et  il  baptisa  le  futur  roi 
des  Francs. 

Or,  rapporte  la  lépende,  comme  le  saint  pon- 
tife béni-^sait  son  fil*  spirituel  au  nom  du  Pi  re, 
du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  Sicebert,  bien  qu'il 
n'eût  encore  que  quarante  jours,  répondit  d'une 
voix  claire  et  distincte  :  «  Amen.  »  Ce  qui  lit  dire 
aai  a.isislaiit<,  ce  que  les  4uif'  disaient  jadis  à  la 
naissame  de  Jean:  »  (Jael  sera  donc  plus  tard  cet 
enfant?   ■ 

iAI.NT  AMA.no  E.N  .SLAVOSIE 

En  ce  temps-là,  un  Franc  du  nom  de  Samon, 
s'élant  rendu  dans  le  pars  qu'arrose  le  Danube, 
les  Slaves  en  lin-iit  leur  roi  à  cause  de  son  habi- 
leté et  de  sa  bravoure  à  la  guerre. 

Saint  AmaiiJ  r'solul  de,pro6ter  de  celte  cir- 
constance pour  aller  convertir  ce  peuple  idolâtre 
ou  du  moins  obtenir  de  lui  la  couronne  du 
martyre. 

II  vint  donc  en  Slavonie,  mais  sa  parole  tomba 
sur  unp  t»-rrH  encore  trop  inculte,  et  ne  recueillit 
pour  tout  fruit  que  les  perséciilious  qu'il  avait 
déjà  soulfertes  au  pays  de  Gand. 

Il  fut  impitoyablement  chassé  parce  peuple  qui 
ne  coniiai«saiL  et  ne  voulait  que  la  guerre,  et  il 
dut  'luilter  ce  pay*  sans  même  obtenir  la  mort 
glorieuse  qu'il  y  était  venu  chercher. 

.Nullement  d'-^-ourai-'é  par  ces  insuccès,  le  bien- 
heureux Ain.'iiid  partit  pour  Home,  ulin  de  puiser 
(j,  -     .,    r.i  n'>uvi>lles  au  tombeau  des  .Apôtres. 

Il  t  perilr"  la  vie  dans  ce  nouveau  voyaiie. 

Kn  etlei,  uuh  violente  lenin<'»te  s'éleva  tout  à  coup 
sur  la  mi-r.  et  menaça  depL'Ioutir  le  vai'seau. 
Tous  les  moyen»  humains  ayant  érhou'',  le  saint 
pontife  eut  recours  à  son  refui'e  habilui-l.  a  la 
pnèri-,  et  il  fut  exiiocé.  Saint  Pierre  lui  appanit 
au"ilfU  et  lui  dit  :  ■■  .Ne  crains  rien,  mou  lidile 
servfleur.  la  nier  n'a  pas  pouvoir  sur  toi  ..  ;  puis, 
ayant  commandé  aux  Ilots  irrités  comme  jadis 
le  Sauveur,  le  plus  crand  calme  socréda  à  la 
tempête 

SAi.NT  AHA.ND,   tVtUUE  DE    HAESTRICUT 

Longtemps  après  les  événements  que  non» 
venons  de  rapporter,  le  vénérable  évèque  <!<> 
Mae-lrichl  él.nit  mort,  le  pieux  roi  .'iju-eberl 
Toulul  voir  ■■'iii  [M-i.<  -piriluel  saint  Amand  sur 
ce'iéL'f  pl.ic-  m  iiiihi'u  des  populations  les  plus 
ifi  !     il'  -  de  I  AU'lrasie. 

Il  ■  •iti-  nouvelle  liit-nité,  Amand  litpourson 
"  èse  ce  qu'il  avait  fait  pour  les  autres 

1    lit    liriMaiil  du  •     ' 
Dieu  el    If  -^  pl    t   .' 

Mil'  '    ■ 


Iph  conversions   et    détraire   le 


une  l'iuvre  femme 

,. u^e  de  »on  inlirmilé. 

Ceit  Dieu,  lai  tépoiidil-elle,  qui  est  cau»e 


de  mon  mal;  .j"ai  rendn  un  cnlte  sacrilèffe  aux 
arbres  de  la  forêt,  et  j'ai  été  punie. 

—  Allez  donc  frapper  de  la  bâche  l'un  di-  ces 

arbres,  reprit  saint  Amand,  vous  serez  t.-uérie.  .. 

j       Effectivement,  cette  pauvre  femme,  ay mt  ob-i, 

recouvra  la  vue  aussi  prom|iteiueot  qu'elle  l'avait 

perdue. 

Passant  un  autre  jour  par  un  petit  villa^-e,  le 
saint  apôtre  rencouira  ur.  pos.sédé  du  d>-rann, 
criant  au  milieu  des  plus  effroyabies  convuNion»  : 

"  Jésus-Christ,  ayez  pitié  de  moi,  Jésus-Christ, 
ayez  pitié  de  moi  !  » 

Et  Satan  qui  le  tortui-ait  ainsi,  répétait  en 
ricanant  : 

«  Quel  Jésns-Chrisi  ?  Quel  Jésu-s-G'.rist?  » 

A  ces  paroles.  Amand  s'écria  : 

«  Mou  (ils,  dites  Jésus-Christ  crurilié.  » 

Dus  lors,  les  ricanements  firent  place  aux  plus 
affreux  hurlements,  et  des  que  le  pau\Te  pati'»iit. 
se  fut  écrié  :  «  Jésus-Christ  crucifié,  ave»  pitii- 
de  moi!  »  Satan  sortit  du  corps  de  sa" victime, 
pour  ne  plus  y  rentrer. 

Amand  souverna  quelque  temps  enc<ire  ce 
grand  diocèse,  puis  il  s'en  démit  pour  reprendre 
la  vie  de  missionnaire  qu'il  avait  quittée  ai  à 
regret,  et  dans  laquelle  nous  le  verrons  mourir. 

s.vl.NT   AUA.Nb    FOKDE   DES  MONASTEHES 

Saint  .Amand  ne  se  contentait  pas  de  porler 
partout  la  bonne  nouvelle,  mais  H  fondait  en 
même  temps  de  nombreux  monastères,  qui,  tout 
en  fécondant  le  grain  qu'il  avait  jeté,  rendaient 
les  plus  l'rands  services  à  l'Eglise  et  aux  diverses 
sociétés  de  cette  époque. 

Le»  missions  convertissaient  les  idolâtres  au 
christianisme,  mais  les  mona-stères,  par  leurs 
travaux,  réconciliaient  entre  eux  des  peuples 
guerriers  et  farouches.  Aussi  saint  .Amand,  qui 
n'i:.'norait  pas  ces  grands  avantages,  iniiltiplia- 
t-il  ces  saintes  fondations  dans  les  Pays-Bas  et 
dans  le  royaume  des  Francs.  Ce  ne  fut  pas  toute- 
fois sans  luttes  et  sans  obstacles. 

Satan,  dans  sa  hnine  éternelle  contre  les 
moines,  su.scita  contre  lui  tout  le  mal  que  son 
e'^prit  infernal  put  inventer;  il  voulut  même 
a' tenter  à  sa.  Tie,  mais  son  areiiale  raue  ne 
servit  qu'à  la  glorilicalion  de  iJieii  dans  son 
serviteur. 

In  certain  seigneur,  rapportent  les  légendes, 
fort  iiiéQontent  de  ce  que  saint  .\iiiand  voulait 
établir  se>  moines  dans  le  pays,  donna  secrète- 
ment l'ordre  de  le  Inc-r.  et  pour  cela  il  le  lit  con- 
duire dans  un  lieu  solitaire.  .Vtais  il  complaît 
saii»  le  secours  du  ciel  qui  |)ril  en  celte  circons- 
tance la  défense  du  saint  pontife. 

En  elTel,  bien  que  le  ciel  lïit  pur etsansnuases, 
un  violent  oraue  éclata  soudainement,  accom- 
paL'iié  de  tonnerre  et  d'éclairs  qui  aiciiglerenl  de 
telle  sorte  les  meurtriers,  qu'il»  se  jel>rpntj  • 
(flacés  d'vpou vante,  aux  pied»  de  leur  vkiiiuc, 
demandant  pardon  de  leur  crime. 

Ainsi.  maLT-  l'enfer,  saint  Amand  put  fonder 

un  ifi.'ind  nombre   de   res    centres   ninna«li']iips 

qui   devaient   se  per|><Wuer  à   travers   les   iuitt^; 

r     -   -   '  ntlii»  |iiir  Satan,  mai»  remiis-ant 

plus  de  force  et  de  vigueur  sou» 

MT-.  M.iiaïc-  ii'Mivelies. 

saim  a]Ia!<u  et  la  :<oble<sc 

Tandis  que  le  saint  missionnaire  annonçait 
KE^an-ile  .i«x  pauvres  et  aux  petits,  il  exeiuut 
vi  il  >U'  c  inilii-ncc  sur  les  plus  illusiîes  person- 
iri^"<  du  royaume. 

Il  éclairait  de  ses  conseils  les  leudes  d' 


il  dirigeait  les  vierf;e5  et  les  veuves  dans  leurs 
châteaux,  il  remplaçait  partout  réléiueut  barbare 
par  la  suavité  du  iliristiaiiisme. 

Parmi  les  nombreuses  familles  dont  saint 
Araand  fut  le  père  spirituel,  on  peut  citer  celle 
desaintMaugerel  de  t^ainte  Waudru,  son  épouse: 
celle  du  vi-nérable  Pépin  de  Landen,dont  il  était 
l'Ame  et  riiitiiue  conseiller;  celle  de  saint  Adal- 
baud  et  de  sainte  Riolrude  dont  IKirlise  fait 
niémnire  de  tous  les  membres  en  ses  antiennes. 

Sous  ce  sajîe  directeur,  on  vit  des  guerriers 
francs  cl  de  nobles  dames  donner  au  monde  le 
spectacle  de  toutes  les  vertus  et  de  la  plus 
hér(>ïc|ue  abnégation. 

Pour  ne  citer  qu'un  exemple,  sainte  Rictrude 
ayant  perdu  saint  Adalbaud.  son  époux,  voulut 
aussil(U  prendre  le  voile  et  passer  le  reste  de  ses 
jours  au  fond  d'un  monastère.  Mais  la  politicjue 
de  Clovis  II  s'y  opposa;  ce  prince  voulait  qu'elle 
prit  un  autre  époux  parmi  les  leudes  de  sa  cour. 

Soutenue  par  saint  .Vmand,  la  sainte  veuve 
persista  inébranlablement  dans  son  dessein. 

Or.  un  jour  qu'elle  avait  invité  le  roi  et  bon 
nombre  de  seif,'iieurs  de  sa  cour  à  un  banquet 
.somptueux,  au  milieu  du  festin  elle  lui  demanda 
s'il  lui  éuil  permis  de  faire  eu  sa  maison  ce 
qu'elle  voulait. 

Le  monarque,  croyant  qu'elle  voulait  offrir  en 
son  honneur  un  vin  plus  généreux,  répondit 
qu'elle  le  pouvait. 

Hiclruilc,  tirant  alors  un  voile  noir  de  son  sein, 
se  le  p"^  sur  la  tête,  jurant  devant  tous  de  ne 
plus  l'ôter  de  sa  vie. 

Le  roi  fut  si  fort  en  colère  de  cette  action' 
qu'il  sortit  hrusquement  du  chAteau  sans  vouloir 
rien  entendre.  Toutefois,  saint  .\mand,  qui  le 
suivit  à  la  cour,  sut  si  bien  calnirr  ses  ressenli- 
ments  que  Uictrude  put  se  retirer  librement  pour 
le  reste  de  ses  jours  dans  le  monastère  de 
Marcbiennes. 

C0N\'BRSI0M  DU  COMTE  BAVOX 

La  conversion  de  Bavon,  comte  d'Hasbanie,  fut 
l'une  des  conquêtes  les  plus  f^lorieuses  de  saint 
Amand. 

Bavon  était  la  véritable  ncrsonniflcation  du 
barbare,  du  Sicambre  farouche. 

Il  n'était  aucune  violence  à  laquelle  ne  se 
livrAl  le  terrible  comte;  le  moindre  délit  »'lait 
puni  de  moit,  son  nom  seul  inspirait  la  terreur 
a  ses  suji'ts  et  au  pays  d'alentour. 

Kavon  eut  cependant  le  bonheur  de  recevoir 
en  mariafie  une  épouse  chrétienne,  ce  fut  son 
salut.  Il  s'adoucit  peu  à  peu  sous  l'inlluence  de 
sa  femme,  (jui  lit  sur  lui  ce  que  sainte  Clotilde 
avait  fait  sur  le  roi  Clovis,  et  lorsque  Amand 
arriva,  il  n'eut  plus  qu'à  frapper  les  derniers 
coups. 

Ilavon,  pour  la  première  fois  de  sa  vie,  s'hu- 
milia devant  le  pontife  <lu  Seigneur,  il  demanda 
à  uenoiix  le  pardon  de  ses  crimes. 

Il  changea  <lès  lors  si  bien  de  vie,  qu'ayant  un 

"litre  un  de  ses  serviteurs  qu'il   avait 

il  lui  ordonna  de  lui  lier  les  mains  et 

M-    .'       iiiluire  en  prison,  ou  il  vécut  trois  jours 

au  l'Sin  et  ,\  l'eau. 

UavoD  distribua  dans  la  suite  ses  biens  aux 


pauvres  e*  se  fit  reclus  au  milieu  du  pays  qu'il 
avait  épouvanté  par  ses  violences. 

(.uidé  par  le  fjlorieux  saint  .Amand,  il  devint  le 
grand  saint  Bavon.  que  les  Flandres  bel^ies  recon- 
naissent encore  pour  l'un  de  leurs  glorieux 
patrons. 

S.tlST   .VMAND    A    L'aBBAYE    d'eLNON 

Le  plus  célèbre  des  monastères  fondés  par 
saint  Amand  fut  celui  d'EInon. 

Ce  fut  là  qu'il  se  choisit  une  petite  cellule  pour 
y  passer  dans  le  silence  les  dernières  années  de 
sa  vie. 

Son  prand  Age  et  l'épuisement  de  ses  forces  ne 
lui  permettant  plus  de  se  livrer  à  ses  travaux 
apostoliques,  saint  Amand  se  donna  tout  entier 
a  la  formation  des  disciples  qui  devaient  le  rem- 
placer; il  devint  abbé  du  monastère  d'EInon. 

Quelle  vie  laborieuse  et  austère  ne  dut-il  pas 
mener  au  fond  de  son  abbaye  ! 

Nous  aimons  à  nous  représenter  ce  vénérable 
vieillard,  le  corps  aiïaibli  par  l'à^je,  mais  l'Ame 
vivante  et  vigoureuse,  comme  le  type  accompli 
du  moine. 

In  trait,  échappé  ù  la  plume  si  avare  des  chro- 
niqueurs, justilie  ces  suppositions  et  nous  montre 
en  même  temps  comment  il  entendait  l'obéis- 
sance dans  ses  disciples. 

In  moine  du  nom  de  Chrodobalde  ayant  reçu 
l'ordre  de  préparer  des  clercs  pour  le  service  de 
la  communauté,  promit,  mais  ne  lit  rien  de  ce 
qui  lui  avait  été  ordonné. 

Or,  comme  il  venait  excuser  sa  comluite  auprès 
du  père  abbé,  il  tomba  soudainenicnt  frappé  d  une 
paralysie  complcle  de  tous  ses  membres.  Déjà 
il  était  sur  le  point  de  rendre  le  dernier  soupir, 
lorsque  saint  Amand,  qui  ne  voulait  pas  la  mort 
du  pécheur  mais  sa  conversion,  le  rendit  à  la 
vie,  non  toutefois  sans  l'avoir  sévèrement  repris 
de  son  opiniAtrelé  et  de  sa  désobéissance. 

Ce  très  saint  pontife  fut  jusqu'à  ses  derniers 
moments  un  maître  excellent,  et  ceux  qui  le 
connurent  trouvèrent  en  lui  un  guide  aussi  sage 
qu'expérimenté. 

MmHT    PE    SAI^T    AMAND 

Cependant,  le  temps  approchait  où  le  saint 
vieillard  allait  échanger  sa  solitude  d'EInon  pour 
le  royaume  du  ciel. 

Il  avait  combattu  le  bon  combat,  achevé  sa 
course,  et  maintenant  il  allait  recevoir  la  cou- 
ronne de  justice  qui  lui  était  réservée. 

Epuisé  par  l'&ue,  par  les  labeurs  de  l'aposto- 
lat et  les  .'lustérités  de  la  vie  monastique,  il 
acheva  dans  la  paix  son  pèlerinage  terrestre,  au 
milieu  de  ses  enfants. 

<■  4e  ne  crains  pas  cette  heure  suj)réme,  leur 
disait-il,  car  la  vie  de  l'homme  doit  être  une 
préparation  continuelle  à  ce  passa;.'?,  mais  c'est 
plulAt  pour  vous  que  je  crains,  mes  (Ils  bien- 
aim^'s,  dont  le  salut  m'<'sl  si  cher.  •• 

S'iiiant  venir  la  mort,  il  voulut  la  recevoir 
di'Mint  l'autel  de  la  Sainte  Vierue;  il  s'y  lit  donc 
irniivporter,  et  là,  sous  les  regards  de  sa  divine 
Mère,  soutenu  dans  les  bras  de  ses  disciples,  son 
Ame  se  dégagea  sans  effort  et  s'envola  vers  les 
•  ieux. 


'.;    \     l'i 


-     r  ur    KrAIioit  1",  V.u.l. 


SAINT    ROMUALD 

RÊFORMUTEUR  DE  LA  VIE  MONASTIQUE  AU  X'  SIÈCLE  —  FONDATEUR  DE  L'ORDRE  DES  CAMALOOLES 


Fête  le  7  février. 


BDCCATIOH 
FRIVOLB 


Romuald  na- 
quit au  com- 
mencement di: 
X'  siècle,  à  Rn- 
venne,  de  la  fa- 
mille ducale  de- 
Honesti.  Un'- 
existence  opu- 
lente et  les  dé- 
licatesses du  pa- 
lais paternel  fa- 
vorisèrent en  lui 
les  passions  de 
la  jeunesse  ;  ias- 
qu'à  '*ràge  de 
vingt  ans  il  ne 
connutguèreque 
les  amusements 
et  les  vains  plai- 
sirs du  monde. 
Ses  parents 
étaient  chrétiens 
il  est  vrai,  mais 
de  ces  chrétiens 
mondains,  plus 
animés  de  l'es- 
prit du  siècle 
que  de  l'esprit 
•Je  Jésus-Christ, 
dont  la  cons- 
cience déloyale 
et  relâchée  cher- 
che une  alliance 
chimérique  en- 
tre le  ciel  et 
l'enfer,  entre  le 
Christ  et  Bélial. 
Aussi,  loin  de 
la  réprimer,  ils 
favorisèrent  une 
vie  de  vanit»- 
et  de  dissipation 
dont  ils  don- 
naient euï-mo- 
mcs  l'exempl'-. 
Quelle  intluenc 
énervante  et  dé- 
sastreuse ce> 
demi  -  chrétiens 
n'ont -ils  pa- 
eïercëe  aussi  en 
notre  siècle  I 

Cependant  la 
^ràce  de  Oku 
poursuivait  d'- 
ses  invitation? 
l'âme  de  Ho- 
muald  .  Plus 
d'une  fois,  au 
milieu  des  plaisirs  de  la  chasse,  la  vue  d'une  soli- 
tude avait  attiré  son  cœur  et  provoqué  ses  aoupirs. 
■'  Heureux,  s'écriait-ll,  heureux  les  ermites  qui 
'••^curent  dans  c«s  retraites  où  nul  bruit  du  monde 


x><iiiB  la  !>(^.i.uuo   Ju  Cauialdoli,  saïut  lluiuualU  i  onteiuple, 
dans   luie  vision,  les  moines  do   son   Ordre   montant   au  ciel 

rTkbIeau  de  SacUi,  à  Rome.; 


ne  venait  trou- 
bler la  paix  de 
leur  âme.  » 

Parfois  aussi 
il  sentait  s'éle- 
ver dans  son 
cœur,  naturelle- 
ment généreux, 
je  ne  sais  quels 
désirs  vagues, 
mais  véhéments, 
d'accomplir  de 
grandes  choses 
pour  la  gloire 
de  Dieu.  Malgré 
les  passions  et 
les  violences 
d'une  civilisa- 
tion encore  trop 
peu  avancée,  il 
v  avait  dans  les 
populations  de 
cette  époque  un 
grand  fonds  de 
foi  qui  pouvait, 
à  un  moment 
donné,  produire 
des  merveilles. 
.Nous  en  verrons 
plus  d'un  exem- 
ple dans  la  suite 
du  récit.  C'est  ce 
levier  de  la  foi 
qui  manque  trop 
souvent  aujour- 
d'hui ;  aussi, 
après  être  tombé 
avec  moins  de 
résistance,  on  a 
rarement  de  ces 
magnifiques  ré- 
veils de  l'àme, 
comme  le  x'  siè- 
cle en  donnait 
souvent  le  spec- 
tacle. 

conversion' 

Lecroirait-on? 
un  duel  fut  l'oc- 
raaion  inatten- 
due de  la  con- 
version de  Ro- 
muald. 0  des- 
seins cachés  de 
ra  Providenre  ! 
Sergius,  père  du 
jeune  homme, 
s'était  pris  de 
querelle  avec  un 
parent  au  sujet 
du  partage  d'un 
pré.  Suivant  le 
code  barbare  de  l'époque,  il  en  appela  à  la  iip>  i^ion 
stupido  du  duel.  Il  voulut  que  son  fils  lui  servit 
de  second  dans  le  crimin»!  combat.  Romuald  refusa 
d'abord  ;  enfin,  vaincu    par  les   instances   de   son 


4  ^,*M4f.^. 


A.1Q 


père,  il  consentit  à  être  simple  spectateur  de  la 
lutte.  La  rencontre  eut  lieu,  vive  et  brutale.  Ser- 
gius  tua  son  adversaire.  A  la  vue  du  sang  répandu, 
le  jeune  homme  fut  saisi  de  douleur  et  de  remords. 
Se  considt'ranl  comme  complice  du  meurtre,  il 
résolut  de  faire  une  rigoureuse  pénitence  de  qua- 
rante jours. 

Il  se  relira  dans  un  monastère  voisin  de  Ravenne, 
appelé  Classe,  où  se  trouvaient  les  reliques  du  saint 
martyr  Apollinaire,  disciple  de  saint  Pierre  et  pre- 
mier i;véque  de  Ravenne.  Là  vivait  un  Frère  con- 
vers  d'une  rare  vertu;  fréquemment  il  rencontrait 
le  jeune  homme  et,  par  de  pieux  d'scours,  l'exhortait 
à  rester  dans  la  vie  religieuse.  Mais  Romuald  pré- 
tendait se  contenter  d'une  pénitence  de  quarante 
jours,  et  la  parole  du  bon  Frère  semblait  ne  pro- 
duire aucun  effet. 

Un  jour  enfin,  comme  inspire  du  ciel,  il  s'écria 
dans  son  aJmr.'sble  simplicité  ;  •  Que  me  donnerez- 
V0U9,  si  je  vous  fais  voir  saint  Apollinaire  T 

—  Je  vous  promets,  dit  Romuald,  de  ne  plus 
jamais  retourner  dans  le  monde. 

—  Eh  bien  !  reprit  le  Frère,  veillez  avec  moi, 
celte  nuit,  dans  1  église.  •  Ils  veillèrent  ensemble 
deux  nuit»  de  suite,  et  chaque  fois,  vers  le  chant 
du  coq,  le  bienheureux  martyr  leur  apparut  brillant 
de  lumière.  Transformé  par  cette  vision  céleste, 
Romuald  prit  la  résolution  de  s'attacher  à  Jésus- 
Christ  pour  toujours,  et,  les  yeux  remplis  de  larmes, 
denanda  la  faveur  d'être  reçu  parmi  les  Religieux. 
C.eux-ci,  craignant  la  colère  de  Sergius  son  père, 
n'osaient  le  recevoir;  mais  rassurés  par  l'arche- 
vêque de  Ravenne,  parent  du  jeune  homme,  ils 
l'admirent  avec  une  grande  joie  et  lui  donnèrent 
l'habit  de  saint  Rcnolt,  fondateur  de  leur  Ordre. 

Dès  les  premiers  jours,  Itomuald  pratiqua  la 
règle  avec  une  grande  ferveur.  Il  ne  craignait 
pas  de  reprendre  ceux  qui  l'observaient  mal.  Son 
zèle,  peut-être  un  peu  prématuré,  ne  teirda  pas  à 
déplaire.  Offusqués  de  ses  vertus,  jaloux  de  se  voir 
repris  par  un  jeune  homme,  quelques  moines,  qui 
ne  s'étaient  pas  encore  dépouillés  des  mœurs  vio- 
lentes de  leur  siècle,  résolurent  d'ôter  la  vie  à  ce 
censeur  auïlère.  La  Providence  déjoua  leurs  desseins, 
mais  Romuald  comprit  que  sa  place  n'était  pas  là. 
Il  obtint  du  supérieur  la  permission  d'aller  ailleurs 
servir  Dieu  avec  plus  de  ^liberté.  Il  quitta  donc  ce 
moQustc^re,  où  il  avait  déjà  passé  trois  ans  et  se 
rendit  auprès  de  l'ermite  Marin. 

hUllUALU   socs   LA    C0^Dl.'IT(    Ul  HAIUN 

Marin  habitait  un  désert  non  loin  de  Venise,  et 
là  se  sanctillait  dans  la  prière  et  la  pénitence. 
Romuald  se  mit  sous  sa  conduite  et  flt  de  rapides 
progrès  dans  la  uiortiQcation  et  l'humilité.  Il  accom- 
[lat'uait  Marin  a  travers  les  solitudes  et  chantait 
avi>c  lui  le^  psaumes;  comme  il  n'avait  pas  de  psau- 
tier, il  récitait  l'ofQce  par  ctciir  comme  son  maître. 
Mais  le  vieux  moine  vifrilant  ne  laissait  rien  passer 
)'t  •{  le  diw-iple  oubliait  un  iiioi,  un  coup  de  baguetta 
vil  ir  >  ^''^-'^arroreilli-caurhevenaitau  secours 
d>  ire.  Uoinu.'ilii  i  rcevait  la  correction 

«Il  Au  bout  de  quelque  temps, ComiBe 

il  perdait  l'oulr  du  cAté  gancbc,  il 

Mi|  it  SMn    maître  de  le    frappar  tur 

l'<"  ''' •bit  alors  qu'il  corrigMil 

ti"  d'id  mirât  ion     pour    la 

pli  •    il  le  tint  d'^miais 

•"n  >    .  ..-c  plus  de  douoenr. 

lOHUALD  Lt  >H*.Nci   —   IL  BiroKitK  et  ain.nrLa 

LU  Moisrtaas 
Kn  M  temps-lfc,  Pirrr<-  Lrséole,  dogt  do  Vaniae, 
c'esi-a-dire  pr<'ttd.>nt  di*  cette  ilUslra  république, 


3 


quitta  son  rang,  sa  splendeur,  ses  richesses,  et  pour 
être  plus  tranquille  dans  son  renoncement  et  son 
humilité,  il  quitta  encore  sa  patrie  et  s'en  vint  en 
France,  au  diocèse  de  Perpignan,  embrasser  la  vie 
monastiaue  au  couvent  de  Saint-Michel-de-Cusan. 
Un  président  de  république  se  faisant  Religieux,  cela 
ne  se  voit  pas  tous  les  jours;  en  notre  siècle,  au  lieu 
d'imiter  les  Religieux  plusieurs  préfèrent  les  expulser. 
Romuald  accompagna  en  France  Pierre  Ijrséole  et 
se  retira  dans  un  désert  voisin  de  l'alibaye  de  Saint- 
.Michel.  Durant  trois  ans,  il  s'y  prépara  Aam  une 
vie  de  contemplation,  d'austérités  et  d'-  prières  aux 
œuvres  auxquelles  Dieu  le  destinait.  Après  ce  temps. 
Dieu  lui  inspira  de  se  mettre  à  réformer  les  couvents 
Bénédictins,  car  beaucoup  avaient  perdu  leur  ferveur 
primitive. 

Malgré  les  difficultés,  les  contradictions  et  les 
périls  de  tout  genre,  il  en  ramena  un  grand  nombre 
à  la  parfaite  observance  de  leur  sainte  rècle;  il 
bâtit  même  jusqu'à  cent  nouveaux  monastères  tant 
en  France  qu'en  Italie. 

Réformateur  et  fondateur,  il  donnait,  le  premier, 
l'exemple  des  plus  grandes  vertus.  Il  cultivait  la 
terre  et  se  nourrissait  ilu  travail  de  ses  mains.  La 
vie  des  saints  était  sa  lecture  ordinaire;  il  imitait 
leurs  jeûnes,  leurs  veilles,  leur  prière  continuelle. 
Sa  dévotion  pendant  l'oflica  était  extraordinaire  ; 
I  ne  souHrait  pas  que  l'on  y  sonuneillnt,  et  si  quel- 
u'un  tombait  dans  cette  faute,  Romuald  lui  défen- 
ait  de  célébrer  la  Messe.  «  Il  vaut  mieux,  disait-il, 
ne  réciter  qu'un  psaume  avec  ferveur,  que  d'en  dire 
c«nt  avec  nonchalance.  > 

L'obéissance  était  la  vertu  qu'il  aimait  davan- 
tage, il  la  recommandait  sans  cesse,  et  l'un  de  ses 
moines  ayant  quitté  le  compagnon  qui  lui  avait  été 
donné,  Romuald  ordonna  qu'àsa  mort  on  l'ensevelit 
en  terre  profane. 

mrrATioNs  DO  aiitOH 

Une  perfection  si  constante,  et  la  sanctification  de 
tant  d'âmes  dans  de  saints  monastères,  ne  pouvaient 
qu'exciter  la  rage  de  l'ennemi  di'  tout  bien  ;  Satan 
essaya  de  tout  ruiner  en  perdant  Romuald.  Il  lui 
représenta  d'abord  les  joies  du  monde  i]u'il  avait 
c|uitté,  et  l'inutilité  apparmte  de  sa  vie.  A  quoi 
bon  tant  de  veilles.  Je  pénitences,  de  prières,  de 
fatigues,  quand  il  pouvait  nienrr  une  vie  douce  et 
brillante  au  sein  de  sa  riche  et  noble  famille? 
Etait-ce  à  un  gentilhomme  coinnie  lui,  qui  avaitreru 
de  l'éducation  et  ceint  l'épée,  de  passer  sa  vie  sous 
un  froc  d)'  moine,  dans  des  occupations  sans  t;l'>ire. 
travaillant  la  terre  comme  un  serf  de  son  père  ? 

Poursuivi  par  ces  pensées  perfides,  le  saint  Reli- 
gieux élevait  son  Ame  vers  Dieu  avec  plus  de  fer- 
veur et  d'humilité  ;  il  le  suppliait  de  venir  à  son 
secour>,  déclarait  qu'il  préferait  son  divin  amour  à 
tout  If  reste,  et  la  tentation  était  vaincue. 

Li  fureur  de  Satan  en  devint  pi;; <  -'r.-  «nn- 

tAt  il   lui  apparaissait  sous   d'tiori  il 

I*,.  fTr  .viit  ]r^   T^'r'!  P^r  H**   ■'«"■  .*..■.  ,  [ ., 

11.  ■     :        ;    I    '  1  .  '  I"* 

11. j..-.--.    1 -;il  .1  li  k'  tj.:Lij M.   !'.;::  M«, 

il  prenait  la  forme  d'un  honme  hideux,  se  i^iait 
sur  lui,  le  renversait  à  I«it«,  le  foul.iil  aui  p^ds, 
et  s'appesantissait  sor  lui  poar  i  'toufT^r. 

Pendant    riiiq   ans,   11   Itit   I;rr,-i    1,^      pi  i*    'nrienl 

rombats,  mais  Romuald  <  .'«. 

•    0"o*.  4i'nil-ll,  tu  as  é|.  n 

.1  lontrer  ta  honte.  V.i  !<•, 

nt  !  ■■  I  '•••prit  d'nt . 


I 


'I    r<i;ipli««au  «on  «inc  de  joiet 


intérieures  inexprimables.  C'était  comme  un  avant- 
goùt  du  ciel,  qui  le  déilommageait  amplement  de 
ses  sacrifices  et  lé  remplissait  d'ardeur  pour  dcnou- 
Yeaux  combats. 

CONVERSION    D'oUB.\N    et    DE  SERGIGS   —    PIÉTÉ  ÉTRANGE 

d'une  population  grossière 

Oliban  ou  Olivier,  puissant  seipneur  catalan,  était 
tristement  célèbre  dans  le  pays,  par  ses  violences 
et  ses  injustices.  Romuaiid  le  convertit  si  parfaite- 
tement  que  le  comte  renonça  au  monde,  se  retira 
dans  le  monastère  du  Mont-Cassin,  en  Italie,  et  y 
acheva  pieusement  sa  vie  dans  les  exercices  de  la 
pénitence. 

Le  duc  Ser'gius,  touché  à  sou  tour  par  les  magni- 
flques  exemples  de  son  fils,  se  rappela  lui  aussi 
qu'il  était  chrétien;  il  fut  saisi  de  repentira  la  vue 
des  désordres  de  sa  vie  passée  et  résolut  de  les 
expier  par  une  sincère  pénitence.  S'arrachant  donc 
à  ses  habitudes  mondaines  et  à  tout  ce  qui  pouvait 
gêner  son  entière  conversion,  il  se  renferma  au 
monastère  de  Saint-Sévère,  près  de  Ravenne.  D'abord 
tout  alla  bien  et  le  vieux  duc  était  heureux  de  ses 
sacrifices.  Mais  le  démon  pouvait-il  laisser  échapper 
ainsi  une  proie  dont  il  avait  été  si  longtemps  le 
maître?  Sergius  devait  donc  s'attendre  à  la  tenta- 
tion, mais  il  ne  connaissait  pas  assez  la  malice  de 
l'ftnnemi.  Mille  tentations  de  tristesse  et  de  décou- 
ragement vinrent  assaillir  son  âme  et  il  eut  le 
malheur  d'y  prêter  trop  complaisamment  l'oreille; 
de  1&  des  regrets  de  ses  festins,  de  sa  splendeur,  de 
ses  plaisirs  ;  de  là  le  dégoût  de  la  vie  religieuse. 

Romuald  apprit  avec  douleur  que  son  père  son- 
geait il  rentrer  dans  la  vie  mondaine,  et  annonça 
qu'il  allait  quitter  la  France  pour  aller  au  secours 
d'une  àme  si  chère. 

A  celte  nouvelle,  les  habitants  de  la  localité  où  il 
vivait  furent  dans  la  désolation.  Regardant  Romuald 
comme  un  (.-rand  saint  et  le  protecteur  du  pays,  ils 
ne  pouvaient  se  résoudre  à  le  laisser  partir.  Leurs 
instances  furent  inutiles  ;  alors,  par  un  trait  sin- 
gulier d'une  piité  aussi  peu  éclairée  que  naïve, 
cette  population  grossière  forma  le  projet  de  tuer 
le  Saint,  afin  de  consener  au  moins  ses  reliques. 
Romuild  eut  connaissance  de  leur  complot  barbare  ; 
comme  autrefois  Uavid  à  la  cour  d'un  roi  philistin, 
il  contrefit  l'insensé.  A  cette  vue,  les  habitants  le 
méprisèrent  et  le  laissèrent  aller  où  bon  lui 
semblerait. 

U  accourut  donc  auprès  de  son  père,  lui  repré- 
senta vivement  le  malheur  de  son  àme,  s'il  aban- 
donnait la  vie  religieuse  pour  se  jeter  de  nouveau 
au  milieu  des  dangers  du  monde,  lui  ouvrit  les  yeux 
sur  le  piège  que  lui  tendait  le  démon,  le  consola  et 
l'encouragea  si  bien,  que  le  bon  vieillard  reprit 
avec  joie  ses  pieux  exercices,  persévéra  dans  la 
pénitence  et  la  prière  et  plus  tard  mourut  en  odeur 
de  sainteté. 

Apre»  cette  victoire,  le  Saint  se  relira  dans  les 
marais  de  Classe  et  s'y  bâtit  une  petite  cellule. 

Le  démon  le  suivit  dans  celte  retraite.  Il  le  tenta 
d'abord  par  des  pensées  de  tristesse  et  de  découra- 
gement. Puis  il  recommença  h  le  battre.  Un  jour 
qu'il  l'avait  accablé  de  coups,  le  Saint  s'écria  :  '<  Mon 
bien-ainié  Jésus,  pourquoi  me  délaissez-vous  dans 
met  peines  ;  pourquoi  m'avez-vous  livré  au  pouvoir 
de  met  ennemis  :  »  Vaincu  au  nom  de  Jésus,  le 
démon  s'enfuit,  mais  il  excita  contre  le  Saint  de 
mauvais  moines.  Ceux-ci  lui  firent  une  guerre 
longue  et  cruelle  ;  Dieu  les  punit  et,  voulant  prépa- 
rer ^"H  jervileur  à  de  nouveaux  labeurs,  il  lui 
reii'lit  -.1  «anlé  ':brtnlée  par  l'austérité  et  l'air 
malftam  des  marécage?. 


INFLCKNCE  D  UB    S.\INT  SUR  LES    GR.IND3  BB   CE  UONSE 

A  cette  époque,  le  monastère  de  Classe  était,  s^rs 
abbé  ;  l'empereur  Olhon  III  devait  y  pourvoir,  mais 
il  laissa  aux  moines  la  Lberté  de  l'élection.  Leurs 
voix  se  portèrent  sur  Romuald.  L'empereur  avait 
entendu  parler  du  solitaire;  il  confirma  le  choix 
des  Reliiiieux  et  voulut  voir  lui-même  celui  dont  on 
louait  l'érainente  sainteté.  Romuald  reçut  son  au- 
guste visiteur  du  mieux  qu'il  put,  lui  céda  son 
pauvre  lit  de  paille,  lui  donna  de  sages  conseils, 
l'édifia  par  ses  vertus  et  exerça  dès  lors  sur  ce 
monarque  une  salutaire  influence.  U  apprit  avec 
une  vive  tristesse  que  le  prince  voulait  le  voir 
accepter  la  dignité  abbatiale  ;  il  y  consentit  cepen- 
dant pour  lui  être  agréable.  Mais  bientôt,  vciyunt 
l'indocilité  de  ses  nouveaux  disciples,  il  donna  sa 
démission  et  alla  en  prévenir  l'empereur  qui  assié- 
geait alors  Tivoli.  Le  saint  ermite  sauva  cette  ville 
que  le  prince  irrité  voulait  détruire  à  cause  de  sa 
révolte.  A  l'occasion  de  cette  guerre,  l'empereur 
Othon  et  son  favori  Tham  avaient  commis  deux 
grands  crimes,  aussi  cruels  qu'infâmes,  le  Saint 
leur  inspira  un  profond  repentir  et  ils  en  firent  une 
pénitence  longue  et  sévère. 

Touchés  de  ces  exemples,  plusieurs  .-eigneurs  de 
la  cour  se  convertirent,  entre  autre  Busclavin  ou 
Boleslas,  fils  d'un  prince  slave,  et  Boniface,  fils  du 
roi  de  Pologne  et  parent  de  l'empereur.  lisse  mirent 
sous  la  conduite  de  Romuald  et  devinrent  de  fer- 
vents Religieux. 

Boniface  alla  plus  tard  en  Russie  prêcher  l'Evan- 
gile, et  y  convertit  une  multitude  d'àraes,  entre 
autres  le  grand  prince  de  Russie,  mais  il  fut  mis  à 
mort,  l'an  1009,  par  l'ordre  des  frères  du  roi.  Plu- 
sieurs autres  disciples  de  Romuald  souffrirent  le 
martyre  chez  les  Slaves. 

Romuald  soupirait  après  le  même  bonheur,  conver- 
tir les  païens  et  verser  son  sang  pour  Jésus-Christ, 
quelle  joie  !  mais  Dieu  avait  sur  lui  d'autres  desseins. 
Aussi  à  peine  se  fut-il  mis  en  route  pour  la  Hon- 
grie, qu'il  fut  arrêté  par  la  maladie.  Il  revint  donc 
sur  ses  pas  et  continua  ses  réformes  et  ses  fonda- 
tions. Les  calomnies  et  les  persécutions  des  hommes 
lui  servirent  de  martyre;  en  môme  temps  il  se 
mortifiait  par  le  silence  et  une  abstinence  sans 
égale. 

Plus  tard  saint  Henri  U,  successeur  d'Othon,  vou- 
lut s'entretenir  aussi  avec  Romuald.  Il  l'appela  à  la 
cour,  lui  témoigna  les  plus  grands  égards,  le  con- 
sulta sur  des  points  importants  et  lui  donna  le 
couvent  du  mont  Araiate,  en  Toscane,  pour  y  éta- 
blir  des  Religieux  formés  à  son  école.  La  faveur  des 

finissants  ne  lui  donnait  point  d'orgueil;  son  hunii- 
ilé  était  si  grande  qu  il  ne  pouvait  souffrir  la 
louange.  Les  disciples  qui  l'accompagnaient  avaient 
soin  d  empêcher  qu'on  parlât  de  lui  en  sa  présence; 
car  le  louer  était  le  plus  sûr  moyen  de  le  chasser 
d'une  compagnie. 

DON    DES  LARlilS  tT  DE   PROPHÉTIE    —  MIRACLIS 

Nous  ne  saurions  raconter  tout  ce  que  lit  Romuald 
durant  les  longues  années  qu'il  passa  sur  la  terre  : 
ses  voyages,  ses  travaux,  ses  soutirances.  ses  vertus. 

Il  jouit  à  un  haut  degré  du  don  des  larmes.  Il  ne 
pouvait  célébrer  la  m«sse  sans  pleurer,  et  pi'iiilant 
son  oraison,  vaincu  par  l'émotion  et  ravi  en  exla^e, 
il  s'i'i-riait  :  ••  Jésus,  mon  cher  Jésus!  0  doux  miel, 
iiv^fTible  désir,  délices  des  saints,  suavité  des  ange?  !  u 
11.  '  :      ■    .s  avaientcomiue  lui  le  cidii  ■1>'5  lar- 

I  idez  pas  trop,  disait-il  a  -■--  moines, 

eii'  -   iii.iii'ii--'iil  la  vue  et  font  mal  à  la  t''''i^. 

Arrivé  à  une  extrême  vieillesse,  il  jeiltian  -.icore 
tous  les  jours,  et,  pendant  l*»  can'nie,  t    r    'entait 


d'une  écuelle  de  légumes  à  son  unique  repas.  Ingé- 
nieux à  se  mortifier,  il  se  faisait  quelquefois  apporter 
des  mets  plus  délicats  et,  quand  son  appétit  était 
bien  excité  par  leur  présence,  il  se  disait  a  lui- 
même:  "  Ptomuald.  voilà  un  morceau  bien  apprêté, 
tu  le  trouverais  fort  de  ton  goût...  eh  bien!  gour- 
mand, tu  n'y  toucheras  pas.  »  Et  il  n'y  touchait  pas. 

Et  cependant  cet  homme  austèrej  aux  épaules 
déchirées  par  de  rudes  cilices,  n'était  point  triste  et 
morose,  mais  plein  de  douceur  et  de  joie,  afTable 
envers  tous  ses  Frères. 

St>s  exemples  et  ses  paroles  exerçaient  une  admi- 
rable influence  dans  les  pays  qu'il  nabilait.  Pendant 
un  séjour  dans  la  province  de  Camérino,  il  convertit 
beaucoup  de  pécheurs  et  transforma  le  clergé  peu 
vertueux  de  I  endroit,  en  lui  apprenant  à  vivre  en 
communauté  comme  les  Religieux  ou  les  chanoines 
rétuliers. 

Il  eut  également  le  don  de  prophétie  et  jouit  de 
lumières  surnaturelles  pour  écrire  sur  les  psaumes 
et  comprendre  les  Saintes-Ecritures.  Ses  miracles 
furent  sans  nombre.  A  son  ordre  on  abat  un  arbre 
penché  .--ur  sa  cellule;  le  Saint  y  reste  enfermé  mal- 
gré les  prières  de  ses  Religieux  et  l'arbre  tombe  du 
côté  opposé.  Un  chêne  roule  du  haut  d'une  mon- 
tagne entraînant  avec  lui  un  paysan;  on  le  croit 
écrasé  par  ce  poids  immense  ;  mais  Romuald  était 
là  et  le  paysan  se  relève  sans  le  moindre  mal.  Un 
Iteligieui  est  tourmenté  d'un  violent  mal  de  tête; 
le  Saint  lui  souffle  au  visage  et  la  douleur  disparaît. 
Un  moine  incorri|;ible  veut  attenter  à  la  vie  du  Saint  ; 
le  démon  le  saisit  à  la  gorge  pendant  la  nuit  et  veUt 
l'étouffer;  le  moine  invoque  l'assistance  de  celui 
qu'il  voulait  tuer;  Romuald  apparaît,  chasse  l'esprit 
d'j  ténèbres  et  rend  à  son  ennemi  la  vie  de  l'ilme 
en  lui  sauvant  celle  du  corps.  Le  pain  qu'il  a  tou- 
ché, l'eau  dont  il  s'est  servi  opèrent  des  prodiges. 
Je  n'en  finirais  pas,  dit  saint  Pierre  Uamien,  son 
historien,  si  je  lapporlais  toutes  les  merveilles  qu'il 
accomplit.  Or  saint  Pierre  Uamien  fut  l'un  des  plus 
savants  personnages  de  cette  même  époque. 

PONOATION  DES  CAMALDOLIS 

L'année  1009,  Romuald,  âgé  de  >:enl  deux  ans, 
s'était  retiré  au  sommet  des  Apennins.  Après  s'y 
étri:  promené  dans  un  champ  fertile,  il  s'était  en- 
dormi auprès  d'une  fontaine.  Il  eut  alors  un  songe 
extraordinaire  :  ses  Relieicux,  vêtus  non  plus  de 
n^ir.mais  de  blanc,  montaient  au  ciel  par  une  échelle 
[ii\  s  rieuse  semblable  &  celle  de  Jacob.  A  son 
i>  w  il,  Romuald  alla  trouver  le  comte  Maldoli,  pos- 
*f--eur  de  celte  terre  cl  la  lui  demanda.  Le  comte 
av.iit  eu  la  même  vision;  il  ac(|uiesça  de  suite  au 
.l.'^ir  du  Saint  et  bientôt  une  église  et  un  cloître 
- .  Irvèrent  en  ce  lieu.  Le  monastère  fut  appelé  Ca- 
-.  :l  l'ii  par  abréviation  de  campn  M'if'iofi,  c'est-à-dire 
:  I;  Lui|i  dr  .Maldoli.  Romuald  prit  l'habit  blanc  et 
•    iiiiiii'nça,  avec  queliiucs  llt-ligieux,  une  vie  toute 

!.  -le.  Il  leur  donna  la  règle  de  saint  Uenoll  arec 
de  lâ'pu'.clles  observances. 

Tell'  ("it  l'oricine  de  l'Ordre  àti  CamalduU$,  rt- 
I  !    !  t      '-    '      Mictin. 

\  1.1  vie   cénobi- 

n'inuald    fonda   un 

\  q.ii  voulnii'nt,  à  son 


la  VII 
.  t  ,. 

avait    pour 

|.ouvait  diri' 

U  ineiw,  »  il  cl«it  piélje,  «-t  «Ldil  eitlouré  d'un  petit 


jardin  clos  de  murs.  Au  centre  de  ce  village  monas-  • 
tique  s'élevait  une  vaste  et  belle  église.  Plus  tard,  | 
l'établissementtout  entier  fut  entouré  d'une  muraille  ' 
et,  à  l'entrée,  près  d'une  chapelle  dédiée  à  saint  ] 
Antoine,  le  patriarche  des  Pères  du  désert,  étaient  i 
les  cellules  des  portiers  chargés  de  recevoir  les  postu-  i 
lantsetles  hôtes.  On  apportait  du  monastère  voisin 
les  choses  nécessaires  à  la  subsistance  des  solitaires.  < 
Un  silence  presque  perpétuel  toute  l'année,  absolu  J 
pendant  le  Carême,  favorisait  la  prière.  \\ii.  heures  ] 
fixées  par  la  règle,  la  grande  cloche  de  l'église  reten-  \ 
tissait  sur  la  montagne,  et  tous  les  ermites  se  ren-  ■. 
daient  à  l'église  pour  chanter  l'oflice,  sans  que  ni  le  i 
froid,  ni  la  pluie,  ni  même  la  neice,  fréquente  sur  , 
ces  hauteurs,  ne  pussent  les  en  empêcher.  Un  supé-  | 
rieur,  appelé  le  maieur.  avait  la  direction  de  tout  | 
Vermxtage.  Ce  genre  de  vie  ressemblait  assez  à  celui  \ 
des  Chartreux. 

Une  troisième  catégorie  de  Religieux  complétait  ' 
l'institut  monastiaue  de  saint  Romuald  :  c'était  celle 
des  reclus.  Le  reclus  s'enfermait  ou  même  se  faisait  < 
murer  dans  sa  cellule,  et   n'en   sortait   plus.  Il   ne 

fiarlait  qu'au  Père  supérieur  et  au  Frère   chargé  de  | 
ui  porter  les   choses  nécessaires  à  la  vie.   Entiè-  ' 
renient  séparé  du  monde  et  de  ses  préoccupations, 
renfermé    comme    dans    un    tombeau    anticipé,   il  j 
achevait  ses  jours  dans  une    grande    austérité    et 
une  prière  presque  perpétuelle.  Mais  pour  vivre  en  i 
reclus,  il  fallait  en  obtenir  la  permission  du  supé- 
rieur, et  celui-ci  ne  l'accordait  qu'à  des  Religieux 
éprouvés,  qui   étaient  restés  déjà  longtemps   dans 
l'ermitage  et  qui  paraissaient  appelés    de    Dieu    à  . 
une  perfection  plus  grande.  ' 

On  voit   encore  à  Camaldoli  la   cellule  de   saint 
Romuald.  11  y  vécut  plusieurs  années  en  solitaire  et  ' 
en  reclus. 

I 

MORT   0(  SAIMT  BONUALD  A  l'aCI  DE  CENr-VINOT  ANS 

Enfin,  sentant  approcher  le  terme  de  sa  longue  | 
carrière,    il    se    rendit    au    monastère    du  Val-de- 
Castro,  et  s'y  fit  bâtir  une  mod<*ste  cellule  avec  un  i 
oratoire.  Vingt  ans  auparavant,  il  avait  prédit  qu'il  , 
mourrait  en  ce  lieu.  j 

K  peine  eût-il  pris  possession  de  ce  dernier  gite,  | 
qu'il  sentit  ses  forces  décliner  rapidement.  Malgré  ' 
1  oppression  de  sa  poitrine,  le  vi-ni-rable  vieillard  ne  i 
voulut  pas  s'étendre  sur  son  lit,  ni  cesser  sesjeûnes.  ■ 

Un  soir,  après  avoir  renvoyé  les  deux  moines  qui  ] 
se  trouvaient  avec  lui,  il  s'endormit  dans  le  Seigneur.  : 
C'était   le   t9   juin   1027.  il  était  âgé  de  cent-vingt" 
ans,   en  avait   passé  vingt  dans  le  monde,  trois  au  | 
monastère,    et    quatre-vingt-dix-sept    dans    la    vie  < 
érémitique.  Les  miracles  se  multiplièrent  a  son  tom- 
beau   et  cinq    ans    après   sa    mort,  '  ses    Religieux 
reçurent  du  Saint-Siège  la  permission  de  lui  rendre 
un'  culte   public.    Son    corps    fut    retrouvé    intact, 
4411  ans  après,  en   1467.  —  En   1481   set  reliques^ 
furent  transportées  à  Fabriano,  dans  un  couvent  de  ' 
M)n  Ordre,  et  c'est  au  jour  de  cette  tran'>lation,  le  , 
7  février,  que  l'Kiilise  f.iit  sa  fête. 

L'Ordre  des  Camaldiiles, fondé  par  saint  Romuald,  , 

;an-  ; 
.  .land 


t  produit  beaucoup  d'illusiri'  ■•'  •■ 
il  sul>•>l^te  l'iicore,  bien  que  ■ 
1  lies,  et  en  ce   siècle  il  ••  ■•. 
Pape,  Grégoire  XVI.  pi  \. 

I>a    vie  i!>    -.Linl    li'ii:  t 

Oamien. 
'  '^t  l'un  ' 

dus   int 

|ue  l'on 

luu  de?  ''   • 

IKglise 

fleurs  que  iiuUc  ïivUu  utgucUlrui  pjuiiail  luicnvicr 


Pierre 

-li>e, 
1  les^ 
c«l  âge  ■ 
an  nii-  i 


[aif.-gtranl  :  PiTiiiiuaT,  i,  rue  ti4u^wi*  1*',  I'j:.' 


SAINT  JEAN  DE  MATHA 

FONDATEUR  DK  I/ORDRE  DES   TRINITAIRES 


Fi^le  le  8  février. 


Débarqués  sur  les  rivages  chrétiens,  ils  conduisent  avec  honneur  et  en  procession,  leurs 
captifs  ornés  du  signe  de  la  croix,  dans  la  maison  de  l'Ordre  qu'ils  avaient  fondé,  et  où 
ces  captifs  sont  accueillis  par  les  Frères  ayec  grande  joie  et  charité. 


Kuphnme  i\v  Matlia  el  sa  pieu?e  épouse,  Marthe 
■le  Mar'a.  j"aflhgeaient  praiiflement,  en  leur 
manoir  de  Faucon,  de  navnjrpas  d'Iii-iilicr  La 
Sainte  Vierge,  un  jour.  ".Vha  le-  lannes  d.'  Marthe 
'Il  lui  r(«iélaiil  quelle  <>erait  mère  d'un  enfant 
pur  cf.mmo  un  antre,  et  qui  rendrait  la  liherl.'-  à 
lin  i-'rand  nonihre  de  ses  fri'-re». 


l/enfanl  vint  au  monde  le  2.1  Juin  ll.">4  et 
reriii  If  lendemain,  au  liapt^tne,  le  nom  de  Jean- 
Itaplisle,  en  l'honneur  du  saint  Prérurseur,  dont 
l 'r'I.nit  la  fiMe. 

A  dix  ans,  le  petit  Jean,  instruit  par  les  ange-, 
tu.  dans  la  chapelle  du  Mateau,  le  vœu  Je 
virginité. 


■iG 


Ses  parents  s'étant  rendus  à  Marseille,  on 
rapporte  que  sa  mère  voulut,  par  une  inspiration 
du  ciel,  exercer  la  charitô  dt-  celui  qui  serait  le 
rédempteur  des  captifs,  en  lui  faisant  visiter  les 
pauvres  iialériens;  il  les  aimait  et  les  cousolait 
déjà  par  ses  paroles  encore  enfantines. 

A  ràiie  de  faire  ses  humanités,  il  fut  envoyé  à 
Aix.  ou  il  lirilla  par  ses  succès  dans  les  études 
comme  par  la  pureté  de  ses  mœurs.  C'est  là  que, 
fuyant  les  fau\  plaisirs  de  ses  compai:nons,  il 
soii;;ea  à  se  rftirijr  au  désert  de  la  Sainte-Baume, 
illustré  par  Marie -Madeleine;  il  y  lit  un  assez 
Ion;:  séjour,  adoptant  la  coutume  qu'il  s'efforça 
de  conserver  ensuite,  de  jei'iner  quatre  fois  la 
semaine  et  de  s'imposer  de  rudes  pénitences. 
C'est  au  milieu  de  ces  austérités  qu'il  reçut  du 
ciel  le  don  d'une  f)ureté  parfaite  et  la  faveur  de 
n'être  plus  jamais  tourmenté  par  l'esprit  mauvais. 

Cependant  son  père,  contiant  dans  la  promesse 
de  la  .'•ainte  Vieine,  que  son  lils  délivrerait  beau- 
coup de  ses  frères,  se  représi-ntiil  le  brillant 
héritier  de  son  nom,  ceignant  l'épée,  battant  les 
musulmans  et  revenant  couvert  de  (,'loire.  Jean 
é  outait  son  père  en  silence,  l'ne  voix  intérieure, 
d'autant  plus  certaine  qu'elle  se  faisait  entendre 
sans  bruit  de  parole,  lui  avait  dit  qu'il  raclièterait 
ses  frères,  mais  qu'il  ne  les  rachèterait  pas  à  la 
pointe  de  son  épOe,  comme  les  chevaliers  de  la 
milice  terrestre.  Comment  donc  les  rachéterail- 
il"?  Il  riiîiiorail  encore  lui-même.  Rarement  Dieu 
se  révèle  complètement,  car  si  les  saints  voyaient 
toujours,  s'ils  savaient  toujours  le  ]H>itrijuvi  de 
liieu,  où  serait  leur  foi  aveuule,  leur  obéissance 
liliale,  leur  mf'rile  surnaturel'.' 

Jean  ne  savait  qu'une  chose,  mais  ponr  le 
inr>iii(>iit  il  en  savait  assez  :  Dieu  voulait  qu'il 
renoiiçAl  a  la  jiloire  de  ce  monde  pour  se  consa- 
crer ail  service  de  l'KsIise.  Il  obéit  donc  et  sup- 
plia son  père  de  lui  faire  apprendre,  non  le  métier 
des  armes,  mai-  la  tbéolopie.  Son  père  et  sa  mère 
furent  atterrés;  mais,  en  parents  chrétiens,  ils 
adorèrent  les  desseins  de  Uieu  sur  leur  enfant  et 
l'envoyèrent,  malgré  la  douleur  et  les  périls  du 
voyage,  à  l'ari.s,  où  s'ensei^Miaient  alors  avec  le 
plus  d'écht  les  sciences  théolof;iques. 

Arrivé  k  Pari»,  Jean  s'arrêta  près  du  tombeau 
de  sainte  Ceneviève,  patronne  de  l'aris,  et  lui 
conlia  le  succès  de  ses  études.  C'était  l'an  de 
ffràce  118(1,  il  avait  \inpt-six  ans. 

I.es  progrès  de  Jean  furent  rapides,  car  il  tra- 
vaillait pour  l'amour,  et  par  conséquent  avec 
l'aille  de  Dieu.  Cependant,  troublé  un  jour, 
comme  le  sont  parfois  les  ftmes  les  plus  vail- 
l.inl»'»,  il  fut  encnurayé  par  une  voix  lui  disant  : 
«  Ktudiez  la  sagesse,  d  mon  (Ils,  et  réjouis.sez 
mon  cd'ur.  •■ 

Il        ■      ■ 


api 

les  ùiiii<  ijiii 
cité  et  une 
furent  r.i" 
vénéré  I 

'•ieî»      -t 
ha.: 

I 


1  d'elTorls,  et  un  jour  qu'il  était 
■  uir  seul  une  thèse,  il  résolut  toutes 
-  delà  thénlotMi'  avec  une  telle  \i\a- 
telle  préeision  que  ses  maîtres  en 
.!•  ,.l.>.,.  .1.,..,  Il  ,'.iaii,  d'ailleurs, 
|iii,  .'i  leur  insu  et  au 
-.«  premiers  auxi- 
1  'ciivre  de  la  redi-mplion  des  captifs. 
-  lie  Jean  de  .Matli.i  lui  conseilli;rent 
de  prendre  ses  grades  et  il'enseigiier.  Il  hésita, 
se  deni.iiiil.'i  oi  tell<>  était  vrninienl  la  volonté  dH 
llii'U.  Mais  <)uand  on  lui  eut  fait  entrevoir  le  bien 
A  ncc<iiii|ilir,  il  céda  et  •«  prépara,  par  la  prière 
encori-  pliM  que  par  l'étude,  h  l'éprcuvi-  des 
rinmens.  il  fut  r»eii  maître  es  art»,  baihelier, 
licencié,  et  <  ii  nr. 

Un  de   se*  *  dit  que,  du  haut  de  sa 

chaire  lie  di'i  I'  nr.    i     m  III   autant  de   lunltre"  <■! 


de  saints  qu'il  comptait  de  disciples.  Cependant 
il  n'était  [Jas  encore  prêtre.  Il  cherchait  sa  voie, 
quand  l'évéque  .Maurice  lui  dit  de  ne  point  tarder 
à  entrer  dans  les  Ordres,  car  il  voulait  employer 
son  zèle  à  l'apostolat  des  étudiants,  l'our  obéir, 
il  se  prépara  au  sacerdoce  par  un  redoublement 
de  piété,  et  quand  1  évéque  lui  imposa  les  mains, 
il  plut  à  Dieu  de  montrer  aux  hommes  la  sainteté 
de  son  serviteur.  L'ne  colonne  de  feu  reposa  sur 
la  tète  du  nouveau  prêtre  et  manifesta  l'onction 
du  Saint-Esprit  qui  opérait  dans  son  àme. 

DIEU    HÉVÈLB  .\  JE.W  S.V  MlàSIO.N 

Le  bruit  de  ce  prodige  s'étant  répandu,  une 
nombreuse  assemblée  se  réunit  dans  la  chapelle 
de  l'évéque,  pour  entendre  la  |ireniière  messe 
célébrée  par  Jean  de  .Matba.  Les  abbis  de  Sainte- 
Geneviève  et  de  Saint-Victor  étaient  présents. 
Tout  à  coup,  au  moment  de  la  consécration, 
lorsque  Jean  élevait  l'Hostie  et  que  tout  le  peuple 
était  en  prière,  on  vit  le  visaye  du  Saint  resplen- 
dir d'une  lumière  surnaturelle  et  ses  yeux  se  lixor 
au-dessus  de  l'autel  sur  un  spectacle  invisible 
aux  assistants. 

L'extase  se  prolongea  longtemps,  et  le  visaee  du 
Saint  ayant  enlin  recouvré  son  calme,  il  continua 
le  sacritire.  Dés  qu'il  eut  achevé,  on  l'interrogea. 
Il  dut  obéir  et  parler,  mais  il  le  lit  avec  d'autant 
plus  de  peine  que  ce  qu'il  avait  à  révéler  anéan- 
tissait les  espérance»  fondées  sur  lui  pour  la 
sanctification  des  étudiants  de  Paris. 

"  J'ai  vu,  dit-il,  quand  j'élevais  l'Hostie,  un 
ange  tout  blanc,  avec  un  vêtement  brillant,  por- 
tant sur  la  poitrine  une  croix  de  couleur  rou:.'e 
et  bleue;  ses  bras  se  croisaient  et  il  présentait 
les  mains  à  deux  captifs,  l'un  chrétien  et  l'autre 
maure.  Ils  étaient  à  ses  pieds  dans  la  posture  de 
suiqdiants.  » 

Jean  se  souvint  des  attraits  de  son  enfance,  et 
des  promesses  de  la  Vierge  avant  sa  naissance.  Il 
comprit  quelle  était  la  destinée  u'iorieiise  à  laquelle 
Jé-tus  le  préparait  depuis  tant  d'années,  mais  il 
ignorait  encore  coninieut  il  pourrait  corres- 
pondre à  celte  prAcr  et  accomplir  les  proili^'cs 
que  lui  annonçait  cette  vision.  Sur  le  conseil  de 
I  évéque  el  de  l'abbé,  il  partit  donc  pour  Home, 
dans  l'intention  de  chercher  auprès  du  Vi.aire 
de  Jésus-Christ  la  lumière  que  Dieu  ne  >l<>nne 
dans  toute  sa  plénitude  qu'A  son  représentant 
sur  la  terre. 

Pendant  que  ces  prodiges  s'accomplissaient  à 
Paris,  en  faveur  de  Jean  de  Matlia,  Dominique  de 
Cuzman,  à  Palentia,  en  Kspapne,  était  l'objet  de 
faveurs  semblables,  car  le  rej/ard  de  Dieu  se  repo- 
sait avec  une  égale  complaisance  sur  ces  deux 
Ames  pures  et  dociles. 

Dominique  ('tait  tout  proche  de  '■  '  ■  -  lin 
des  Maures,  quand  une  femme,  afili  m 

de  son  Irére,  tombé  entre  les  mains  ...  -  ■!• l.^, 

vint  un  j.iur  se  jeter  à  ses  pieds. 

'  obteiiet-moi  de  Dieu,  disait-elle,  la  liberté 
de  mon  frère,  ou  procurez-moi  l'argent  pour  le 
ra.|iet>.r.  » 

Dominique,  ému,  lui  répondit  : 

■  Je  ne  puis  rien  pour  >.lt.  fr.  re.  m  par  m<s 
prières,  ni  par  rae»  biens.  i   i 

•mais  ce  que  j'- rmi".  je  »■  in 

le  Maure  a  sa  place;  ditei-li>"i  ou  Ip  Imutei. 

—  A  Dieu  ne  pl.iisc!  repartit  la  femme  je  ne 
veux  que  ■    H.  n 

Dominij  terna  devant  «on  Tucinx  et 

p.irla  à  Dnu  du    II  I  dei  captif».  Je  '  -  iM,. 

rar  la   prière  ib-  'nint«  n'e«l   pa  '      i 

■■iiivent  la   lo'itre.  ïiiif  fri'ide  i.njen  laluie 


de  mots.  Les  saints  aiment  Dieu;  ils  lui  parlent 
comme  on  parle  à  ceux  que  l'on  aime,  et  Dieu, 
touché  de  leur  amf'Ur,  s'abaisse  vers  eux  et 
répond  à  leurs  prières  ardentes. 

Dominique  était  donc  agenouillé,  et  son  cœur 
de  saint  s'épanchait  dans  une  fenente  oraison, 
demandant  à  Dieu  la  faveur  d'être  employé  au 
rachat  de?  captifs.  Dieu  lui  répondit  : 

«  Mon  fils,  j'ai  d'autres  desseins  sur  toi  ;  je  ne 
veux  point  t'eniployer  à  racheter  les  esclaves,  mais 
à  convertir  les  hérétiques.  Pour  le  rachat  des 
captifs,  j'ai  choisi  un  Jeune  homme  selon  mon 
cœur  et  dont  le  zèle  s'^-tendra  au  loin;  c'est  un 
docteur  de  Paris  appelé  Jean,  et  tu  le  connaîtras.» 

Comme  tous  les  saints,  Dominique  était  un 
docile  instrument  entre  les  mains  de  Dieu.  Il 
renonça  aux  ambitions  de  son  dévouement,  et 
son  obéissance  le  prépara,  mieux  que  ne  l'auraient 
fait  ses  vœux  les  plus  ardents  et  les  plus  saints, 
à  Iri  grande  mission  que  Dieu  lui  destinait. 

Jean  de  Matha  était  parti  pour  Rome,  rempli 
du  désir  de  suivre  la  volonté  de  la  Providence. 
Cependant,  coopérer  aux  desseins  de  Dieu,  être 
employé  par  lui  aux  œuvres  de  sa  L'râce,  [rendre 
part  avec  lui  au  salut  de  ses  frères,  est  une  faveur 
si  (grande  que  les  saints  eux-mêmes  n'en  sont 
pas  toujours  et  tout  de  suite  di;;nes.  La  sainteté 
de  Jean  était  srande,  mais  sans  doute  elle  n'était 
pas  encore  parfaite,  car  il  dut  attendre  encore 
longtemps  la  récilisation  des  promesses  de  Dieu 
sur  lui. 

TKNTATIO.N  —  SOLITUDE  ET  PRIÈRE 
•  SAlîiT  FÉLIX  DE  VALOIS 

Le  château  de  Faucon  était  sur  la  route  de 
Rome.  Jean  aimait  tendrement  ses  parents,  il  eut 
la  tentation  de  les  revoir  une  fois  encore  sur  la 
terre  et  il  y  alla.  Sans  aucun  doute,  cette  action 
nous  paraît  bien  simple,  bien  naturelle.  Elle  le 
serait  pour  toute  personne  appelée  seulement  à 
la  pratique  des  commandements,  mais  il  est  des 
:\mes  plus  privilégiées,  que  Dieu  a  réservées  pour 
lui  seul:  celles-là  surtout  doivent  se  souvenir  de 
la  parole  du  divin  Maître  :  «  Celui  qui  aime  son 
père  et  sa  mère  plus  que  moi  n'est  pas  digne  de 
moi.  '• 

A  Faucon,  le  jeune  docteur  devint  hésitant. 
Son  père  et  sa  mère  contribuèrent  peut-être  à 
l'ébranler,  car  les  parents,  même  les  plus  pieux, 
ont  parfois  un  instant  de  faiblesse  quand  il  s'ai-'it 
de  la  perfection  de  leurs  enfants.  La  perfection 
ne  s'acquiert  pas  sans  l'épreuve.  Souvenons-nous 
de  la  Très  Sainte  Vierce  Marie,  le  modèle  des 
mères,  et  certainement  la  seule  qui  ait  accepté, 
dans  toute  la  ferveur  et  l'élan  de  son  cœur,  le 
sacrifice  et  les  douleurs  de  son  VWs.  Elle  n'a  pas 
hésité,  mais  un  glaive  de  douleur  a  tran^pené 

son  âme Les.  pauvres  mères  ont  souvent  le 

tort  de  ne  pas  accepter  toujours  et  compl^'lemcnl 
ce  ylaive  de  douleur.  Il  est  possible  que  Mailbe 
ait  eu  ce  tort  pt  que.  pour  la  première  fois  peiil- 
••trp.  elU-  n'ait  pas  asspi  compris  que  les  enfants 
sont  à  Dieu  avant  d'être  à  leurs  parents.  Sa  yénéro- 
sit^  n'alla  pas  probablement  jusqu'à  vouloir,  pour 
son  cher  enfant,  les  diflirultés,  les  travaux  et  les 
dancer'ins"'parable«d<- toutes  les  crande^o'uvres. 
Jean  reprit  donc  la  roule  de  Pari-  et  renonça 
au  voyaiie  de  Home.  Mai«  bi^nlAt.  poursuivi  par 
l'E'pril  de  UiPii,  il  s'enfuit  dan»  le  d'->-erl  et  alla 
1^1  ■  r  sa  vie  dans  une  caverne  située  dans  le 

1 ■   de  Menux  et  déjà  illustré  par  la  retraite 

I'  ■-  'il  Fiacre.  Il  y  resta  six  à  «epi  mois  Ayant 
.1"!-  ippn»  qu'un  solitaire,  rempli  de»  dons  de 
|ii<u,  vivait   dans   b-s   environ»,  il   sp   mit    à    «ri 


I  recherche,  brûlant  du  désir  de  vivre  dans  sa 
I  dépendance  et  d'appreudre  de  lui  la  volonté  du 
I   ciel. 

Ce  solitaire  était  Félix  de  Valois-,  descendant 
des  rois  de  France.  Il  avait  soixante-dix-sept  ans 
etavait  véiu  de  lon^-ues  années  sépiii-^  du  monde, 
quand  il  entendit  une  voix  lui  disant  :  «  Voici 
celui  que  tu  attends.  »  Félix  qui,  depuis  quarante 
ans,  attendait  dans  la  prière  et  les  austérités  la 
manifestation  de  Dieu  sur  lui,  se  h.Ua  d'aller 
au-devant  de  celui  que  le  divin  Maître  lui  annon- 
çait. Les  deux  Saints  se  rencontrèrent  providen- 
tiellement et  se  reconnurent  sans  s'être  jamais 
vus.  Ils  entrèrent  alors  tous  deux  dans  l'ermitage 
et  préludèrent  par  une  fervente  oraison  aux  com- 
munications que  chacun  attendait  l'un  de  l'autre. 
Chacun,  intérieurement,  se  croyait  disciple  et  était 
heureux  d'avoir  trouvé  un  maître. 

.\près  avoir  imploré  les  lumières  de  Dieu,  les 
deux  Saints  se  racontèrent  leur  vie.  Nous  coa- 
naissons  celle  de  Jean.  Quant  à  celle  de  Félix,  il 
la  résuma  dans  ce  court  récit,  qu'il  confia  à  Jean 
sous  le  sceau  du  secret  : 

«  Je  suis,  dit-il,  prince  du  sang  royal;  j'ai 
quitté  la  cour  il  y  a  quarante  ans;  j'ai  vécu  à 
Clairvaux,  avec  saint  Bernard,  dont  les  miracles 
et  les  œuvres  out  rempli  l'Efrlise;  j'ai  eu  de 
terribles  assauts  du  démon,  je  l'ai  vaincu,  et  j'ai 
trouvé  dans  la  solitude  d'ineffables  délices,  l'ne 
voix  m'a  annoncé  votre  venue  et  m'a  dit  tout  à 
l'heure  :  "  Le  voici.  » 

Ainsi  parla  Félix.  Les  deux  Saints  se  deman- 
dèrent ce  qu'ils  devaient  entreprendre,  et  tous 
deux  convinrent  qu'il  fallait  prier  et  attendre 
la  manifestation  de  la  volonté  de  Dieu.  Mais, 
comme  il  ne  faut  jamais  attendre  pour  pratiquer 
la  vertu,  ils  se  mirent  aussitôt  à  l'œuvre  de  leur 
perfection  et  établirent  une  règle  pour  l'oraisou, 
l'office,  le  repas  et  les  entretiens  spirituels. 

L'n  jour,  ils  s'étaient  réunis  à  l'écart  pour 
prendre  leur  repas  commun  et  arroser  les  racines 
dont  ils  se  nourrissaient  avec  l'eau  jaillissant 
d'unesource  voisine.  Loin  du  re.ard  des  hommes, 
ils  parlaient  de  Dieu,  quand  tout  à  coup  ils 
aperçurent  un  cerf  d'une  blancheur  éclatante. 
L'animal  buvait  l'eau  de  la  source,  quand  soudain, 
relevant  la  tête,  il  leur  montra,  encadré  dans  son 
bois,  une  croix  lumineuse  aux  couleurs  bleue  et 
rouse.  C'était  la  croix  inscrite  sur  la  poitrine  de 
l'antre  qui  avait  paru  lors  de  la  première  messe 
de  Jean  de  Matha. 

La  même  vision  se  présenta  plusieurs  fols.  Le? 
Saints  prièrent  encore  et  comprirent  qu'il  fallait 
aller  au  secours  des  captifs,  dont  l'an^'c  aux 
deux  couleurs  avait  présenté  les  chaînes.  El 
comme,  un  jour,  ils  s'en  retournaient,  demandant 
à  Dieu,  dans  une  fervente  prière,  s'il  ne  fallait  pas 
aller  ,i  Home,  un  anee  leur  enjoignit  do  ne  point 
tarder.  Ils  résolurent  donc  d'aller  soumettre  leurs 
lumières  et  leurs  visions  au  Souverain  Pontife  et 
de  lui  dire  :  "  Nous  sommes  vos  ouvriers,  envoyci- 
nous  où  il  faut  aller.  >> 

Avant  de  partir.  Ils  promirent  à  leur  petite 
famille  monastique  de  leur  rapporter  des  ordres 
positifs  pour  le  service  de  Pieu,  et  nommèrent  re 
loiivent,  formé  de  cavernes  et  de  cabanes,  Ccr- 
froid  (CtTViif  frigiiiuf  ',  nom  qu'il  porte  encore 
aujourd'hui  et  qui  rappelle  le  prodige  du  cerf 
mimruleux. 

Les  deux  pèlerins  accomplirent  leur  voy.-i_.  . 
Cependant  iU  étaient  .i  pied,  mais  quand  J'    :i 
«'•■tonnait  que  Félix  de  Valois,  nialyré  sesquaîi' 
viii:.'tsan«,  supportai  si  facilement  les  fati.ui  -  .iu 
'  lieniin,  ■  eliii-ri  répondait  :    •  Je    \ois  l'an-i   .lu 


J 


S'ii'iieur  qui  nnus  iiiiide  et  il  me  Jonue  la  main 
rlia<|ue  fois  (]ue  je  vais  tomber.  » 

Us  anivéïeut  à  Koine  le  i  sepleiuhre  1198.  Les 
deux  pèlerins  prii.Tent  saint  Pierre  avec  ardeur, 
et  le  prince  des  apôtres  ne  resta  pas  sourd  à 
It'urs  supplications,  car,  la  nuit  suivante,  le  Pape, 
<|ui  était  alors  Innocent  III,  vil  un  an^'e  lui  annon- 
lant  que  des  envoyés  de  Dieu  solliciteraient  ses 
laveurs. 

Kn  elTet,  le  surlendemain,  J''an  de  Mallia  et 
Félix  i-laient  à  ses  pieils,  lui  l.iis.iiit  le  r-'-cil  des 
nierviilleux  avertissements  qu'ils  avaient  reçus 
du  liel  et  lui  exposant  leurs  espérances. 

l.f  Pape,  loin  de  les  repousser  et  reconnaissant 
d'ailleurs  en  eux  les  envoyés  annoncés  par 
l'an^ie,  ne  voulut  ii'pcndant  rien  promettre  avant 
d'avoir  pris  l'avis  lirs  cardinaux.  Ceux-ci,  émus 
par  le  discours  du  Pape, qui  leur  montra  l'arlioii 
de  la  Provid.riice  envoyant  à  cliaque  ;;rand  mal 
un  iîcand  rciiiéde.  décidèrent  que  la  jiensée  des 
deux  Saints  ne  pouTait  venir  quo  de  Dieu,  et 
iju'il  fallait  demandera  celui  qui  l'avait  inspin'c 
les  moyens  de  la  réaliser.  Le  l'ape  ordonna 
aussitôt  des  prières  publiques  et  célébra  lui- 
même  solennellement  la  messe  en  présence  du 
Sacré-Collège.  La  foule  était  immense. 

Au  moment  où  le  Pontife,  après  avoir  consacré 
l'Hostie,  l'éleva  pour  la  faire  adorer  aux  fidèles, 
il  luisemblaélre  environné  d'une  irrandc  lumière, 
ei  bientôt,  au-dessus  de  l'autel,  il  distin^-ua  un 
anfie  et  deux  captifs  à  ses  côtés.  L'ange  portait 
la  croix  bleue  et  rouge,  et  ses  bras,  croisés  vers 
le  Maure  et  le  chrétien,  semblaient  signifier  qu'il 
voulait  les  échanger. 

Les  prières  publiques  étaient  exaucées,  la 
réponse  était  venue  du  ciel. 

L'oRDHB   DF.  la   Sai.vte  TRIMTK  POUa  LA  RÉDKHPTION 
IlES  CAI'TIKS 

Innocent  dit  aux  deux  pèlerins  : 

<<  .Maintenant  je  connais  les  desseins  de  Dieu 

sur  vous Il   vous  a  choisis  pour  fonder  un 

nouvel  Ordre.  Il  sera  consacré  à  l'adorable  Tri- 
nité et  aura  pour  but  d'en  procurer  la  gloire  chei 
les  nations  barbares.  Vous  arracherez,  de  leurs 
mains  les  chrétiens,  vos  frères,  qui  |irofesseutce 
divin  mystère.  Ce  n'est  que  parce  qu'ils  ont  été 
baptisés' au  nom  adorable  du  Dieu  trois  fois  saint 
qu'ils  endurent  tant  de  cruels  touiinenls,  et  leur 
ci.ii^l.ince  dans  la  foi  redouble  la  rage  des  per- 
stciiieurs.  » 

.  Dis  le  2  février,  jour  de  la  Purification  de  la 
^«inte  Vierge,  Innocent  donna  rii.ibil  aux  deux 
nouveaux  religieux.  D'après  l'ordre  du  Pape,  cet 
habit  était  de  la  forme  et  de  la  couleur  de  celui 
que  portait  l'an^je  des  apparitions. 

Chargés   ensuite  par  le  Souverain  Pontife  de 

r'diu'er  les   constitutions  du  nouvel  Ordre,  Jean 

'  !  I  '  lix  partirent  pour  Pans,  afin  de  s'aider  des 

;    lui   1  .^ll(•   ceux   i|ui   avaient   été   témoins  des 

lodiges.  Kt  comme  ils  racontaient  les 

qui  avaient  suivi,  deux  des  anciens 

-■lions  de  Jean  voulurent  s'enrôler  dans  le 

Ordre  de  la  Trinité.  Roger  l)é.«,  un  illus- 

.  iiii  sak'c  selon  le    m<'nde,  snuril  de 

;  ••    ("unia   en  dérision  les  nouveaux 

■     '  à  la  croix   lout'-'  «'l  bleue. 

I  ut  qu'un   singulier  habit  se 

Celait  la  l«-pre. 

nie.  alla  «e  leler  nux  pieds 

■  j.-  j.  in    1  '  '   ■    :   ;  -      :    rdre 

d"  Icmc".  •  '1  il 

sollicita  la  i.i  »  cm   'I        I       i''i',-i'    il"...-!  !•■  i."  l'i  «'UX, 


nom  qu'il  garda  Jusqu'à  sa  mort.  A  sa  suite,  un 
grand  nombre  de  docteurs  s'olïrirent  à  Jean  de 
Matlia,  qui  les  envoya  d  Cerfroid  apprendre, sous 
la  conduite  de  Félix  de  Valois,  l'iiumble  pra- 
tique des  vertus  religieuses.  Lui-même  acheva  de 
rédiger  les  constitutions  et  alla  ensuite  à  Home 
les  soumettre  au  Souverain  Pontife,  puis  il  revint 
à  Paris  demander  à  Philippe-Auguste,  roi  de 
France,  l'approbation  royale.  Cette  a|>priibation 
n'était  pas  ce  que  l'on  a  cherché  à  la  rendre 
depuis.  Klle  n'octroyait  pas  aux  Ordres  religieux 
le  droit  d'existence,  droit  dont  le  Pape  était  seul 
dépositaire,  mais  elle  conférait  des  privilèges  que 
PliiIippe-.Au:;uste  fut  heureux  d'accorder  à  celte 
nouvelle  famille  religieuse. 

Jean,  après  avoir  fondé  plusieurs  maisons  en 
France,  l'ut  apjielé  à  Home  |iar  le  pape  qui  lui 
donna  l'ciilise  et  la  maison  de  Saint-Thomas  de 
Foriiiis,  dite  la  Nacelle.  Cette  communauté  devint 
bientôt  llorissante.  Jean  aurait  voulu  alors  partir 
pour  l'.Xfriqiie  et  se  donner  lui-même  en  échange 
pour  quelque  esclave  chrétien,  mais  le  Souve- 
rain Ponlilè  lui  coniiiiaiiila  de  rester  auprès  de 
lui  pour  le  plus  yrand  bien  de  l'F:glise. 

Jean  envoya  deux  de  ses  religieux  au  Maroc. 
Ils  rachetèrent  cent  quatre-vingt-six  esclaves 
chrétiens.  Il  s'apprêtait  une  seconde  fois  à  partir 
pour  l'Afrique,  quand  le  pape  l'envoya  en  Dal- 
matie  en  qualité  de  légat.  Dans  cette  diiinité,  il 
s'employa  avec  zèle  à  la  conversion  de  la  cour, 
au  rétablissement  de  la  discipline  ecclésiastique, 
à  la  réformation  des  nm-urs.  Les  fruits  de  salut 
furent  immenses.  Le  pape  voulut  récompe'nser 
par  le  cardinalat  tant  de  services  rendus  à 
l'Eglise,  mais  l'humble  Jean  refusa  cette  di^-nité 
et  sollicita  seulement  la  laveur  d'aller  enfin  en 
.Vfrique.  Le  jiape  y  consentit,  et  Jean,  au  comble 
de  ses  vieux  et  dévoré  de  la  soif  du  martyre, 
faillit  se  faire  égor;ier  par  les  barbares.  On  le 
trouva  dans  la  ville  de  'Punis,  brisé  de  coups  et 
nageant  dans  son  sang.  Kt  lui  était  comme  saint 
Paul  surabondant  do  joie  dans  ses  tribulations, 
n'avant  qu'un  re:;ret,  celui  de  n'être  ni  mort  ni 
esclave,  pour  l'amourd*-  Jésus-Christ,  son  Maître. 
Après  bien  des  fatigues,  Jean  (larlit  de  Tunis, 
avec  tous  les  esclaves  «piil  avait  rachetés.  Mais 
à  peine  s'élait-il  embarqué  que  les  barbares, 
résolus  à  le  taire  périr,  entrent  dans  le  navire, 
enlèvent  le  gouvernail,  brisent  les  iiiàtsel  laissent 
le  vaisseau  aller  au  :;ré  des  vents.  Plein  de  con- 
fiance en  Dieu,  Jean  mit  son  manleau  et  ceux  des 
frères  à  la  place  des  voiles,  se  jeta  li  teiioux  le 
crui'ifix  à  la  main,  et  supplia  le  Sei-iieur  d'être 
lui-même  le  pilote.  En  elTet,  peu  de  jours  après, 
ils  arrivaii'iit  i\  Hslie. 

Jean  entreprit  encore  de  nombreux  v  .•,  :i_"  .<  ut 
accomplit  un  l'rand  nombre   iFci-uvi  '■  ^ 

plus  grande  :.'l<iirc  de  Dieu.  Il  lundu  i  ' 

tères,  établit  l'adoration  perpétuelle  l'.u  la  Sainte- 
Trinité,  délivra,  en  K«pai'!ie,iin  :.'rand  nombri' 
de  fidèles  qui  ;;émissaienl  sous  le  joug  des  Sar- 
rasiii»,  et  prêcha  la  [>énilenc<',  tant  par  la  parole 
qu''  pir  la  force  de  l  exemple;  pendant  plusieurs 
aiiii'es,  il  ne  vécut  que  de  pain  ''t  d'eau,  et  son 
oraison  était  continuelle.  Ses  travaux  él.Ticnl 
b'-nis  par  la  Très  Sainte  Vicrt'-  Maiie,  en  qui  il 
avait  toujours  ou  une  dévotion  liliale,  voulant 
qui-  son  Ordre  fût  placé  »ou«  «a  protection  spé- 
ile.  Comblé  de  mérites,  doué  du  •'. '••  •  •■> 


rin 

|.|ii''tie  el   de 

i- Jl   d- ' 

br.  1   l.i  : 
de  M.iti 


miracles, 


il  reuilii  son 

•  ,1  ,,,i  ,|. 


.llpri::)T.«' 


.vV.. 


V  1II-. 


SAINT  CYRILLE  D'ALEXANDRIE.  ÉVÊQUE  ET  DOCTEUR 


Fête  le  9  février. 


préjugés  de  saint  ctbille  —  cohmknt  dieu 
l'en  délivra 

Saint  Cyrille  naquit  à  Alexandrie,  vers  380.  Il 
"'•tait  neveu  de  Théophile,  patriarche  de  cette 
ville,  célèbre  par  ses  luttes  contre  les  erreurs 
des  origéniotes.  Malheureusement,  la  vie  de  cet 
athlète  de  l'orthodoxie  ne  correspondait  point 
à  la  beauté  de  ses  enseignements  ni  à  la  pureté 
de  sa  doctrine. 

Des  raoinps  injustement  poursuivis  par  lui 
trouveront  un  refuire  auprès  de  saint  Jean  Chry- 
"osiome  àCopstantinople.  Furieux,  Théophile  se 
lii'iia  avec  l'impératrice  Eudoxie,  ennemie  du 
-.iiiit  évéqiie,  pour  le  faire  chasser  de  son  siège 
t  l'envoyer  mourir  en  fxil. 

Cyrille,  ignorant  les  intrigues  de  son  oncle,  par- 
ta<îea  d'abord  son  aiitipathli^  pour  Chrysosiome. 

Théophile  moiinil  l'an  H2.  •  Au  moment  oii  il 
all.iit    par.illre    devint    Dion,    il     rfconniit,    dil 


saint  Jean  Damascène,  ses  torts  vis-à-vis  de  Chry- 
sosiome. En  proie  à  unecruelleaponie,  placé  dans 
un  état  horrible  de  souffrances  entre  la  vie  qui 
l'abandonnait  et  la  mort  qui  lardait  à  le  saisir, 
il  demanda  le  portrait  de  Jean  et  l'ayant  respec- 
tueusement baisé,  en  signe  de  réconciliation,  il 
rendit  le  dernier  soupir.  » 

Après  trois  jours  d'une  élection  orageuse 
Cyrille,  son  neveu,  fut  choisi  pour  le  remplacer 
sur  le  sièce  patriarcal.  Sa  science  et  sa  vertu 
l'avaient  élevé  à  ce  haut  degré  d'honneur;  mais 
les  préjugés  de  sa  première  éducation  parurent, 
un  moment,  triompher  de  ces  grandes  qualités. 
Il  refusa,  en  effet,  a'obèir  au  pape,  qui  voulait  lui 
faire  inscrire  le  nom  de  saint  Jean  Chrysostomc 
sur  les  diptyques  sacrés  de  son  église,  livre  d'^r 
nii  se  trouvaient  les  noms  de  toas  les  saints  è vèqu'^s. 
Kn  repoussant  la  mémoire  de  Jean,  C' rilie 
.  royait  prolèt'er  celle  de  «on  oncle.  H,ihil,i.'  .i's 
renf.incp  à  honocr  Théophil.-  .•onini'^  un  nn  'r'^. 


209 


à  Taimer  comme  un  père,  il  e?limait  une  infâme 
tralù»ou  d«  re^ieWr  s^sseiitHn^nU  après  sa  mor'.. 

Q  follat,  à  la  TÏriti',  bien  Jù  li)mp<  eu«ore  p<Hir 
traverser  cette  murhe  épaisse  Je  prêveulions. 
Mai>  Dieu  eut  pitié  d'une  àme  noble  et  pure 
dont  l;i  iitMiôrosilé  ne  désirait  que  ie  liieu  et  it 
dai:.'na  enfin  ouvrir  les  yeux  à  Cyrille  pour  le 
fortilier  et  l'atjuerrir,  car  il  le  réservait  à  de 
grande  combats. 

Pour  rendre  celle  préparation  plus  eOlcace, 
Dieu  se  servit  de  la  Vievi-'Ç  Marie,  dont  le  saint 
patriarclie  sera  bienlcM  appelé  à  défendre  la 
maternité  divine. 

Ln  jour  don*",  Cyrille  eut  une  vision,  dans 
laiiuelle  il  lui  j«mt>U  voir  Jean  lançant  contre 
lui  des  re:;ar>U  i»di-'nés  et  s"apprètaul  à  le  chas- 
ser de  p'>n  -iicse,  patriarcal. 

Notre  Saint  trarnhlait  déjà  devant  celle  ju^^te 

ven:ioaiice.   qiiand  il   aperçut   la    Mère  de   Dieu 

s"appri>i-liir  deson  divin  Fils  cl  intercéder  en  >a 

fn.  ut.  •Il  lais.iiit  valoir  le  zèle  que  le  palriari  he 

I    i   ;  i  pour  sa  :,'loire  et  qui  devait  encore 

i._ii.   iii'i  ivec  le-^  années. 

Jésus  ne  put  rési-^ter  aux  prières  de  sa  Mère,  et 
il  répondit  <iu'ii  parJuiuiaiL 

Saint  CyrtDe  proiiia  ii>;  raTerlisseraent.il  exa- 
mina sérieit«cnieiil  une  cause  que  se--  préjugés, 
antérieurs  ne  luiavaient  pas  permis  d'approfondir. 

Saint  Isidore  de  l'éluse  ue  contribua  pas  peu 
à  lui  Taire  voir  ln  vérité.  C'était  un  ascète  éminent 
et  retrardé  iromoie  la  règle  viTaute  de  la  perfec- 
tion mona--U'iue.  Il  pouTernait  sur  le*  bords  .lu. 
Nil  un  :.'rand  mona-^lere  où  sa  science  et  sa  »erlii 
attiraient  de  nombreux  risitcurs,  empressés  i  ie 
cnn-iuller  ■  omnie  le  plus  sur  oracle  de  sajçesse 
et  de  ■•liiilet.-  que  Inrinit  po«- •■*   i    ''-^r?. 

L"-  patriarche  d'.Vlexaiidrie  j  la  vénéra- 
tion unanime  de  «e*  loiihiiip..: ,    ..r  rilluslre 

cénoliili-;  il  aimait  à  le  •  nsuller  et  recueillait 
ses  [larole*  avec  le  respe.i  ,i"un  lils  et  l'humilité 
d'un  -aint.  Isidore,  de  >on  c.Mé.  écrivait  fréquem- 
ini-nl  au  patriarche  pour  l'exli-'rter  ou  le  reprt'n- 
dre.  et  toujours  avec  cette  force  qu'une  foi  pro- 
fonde et  le  zèle  de  la  ploire  de  Dieu  donnent 
souvent  aux  plus  liunildes.  Il  u'a  en  particulier 
de  toute  l'autorité  que  lui  donnaient  son  expé- 
rii-nce  i-i  sa  vertu  pour  retirer  Cyrille  de  l'abiuie 
de  préventions  où  tl  le  voyait  pli>npé  à  propos  d( 
:!  !■■  'onie.  Il  lui  écrivit  une  lettre 
"UD.i  le  dernier  coup  à  toutes 


rù 


iVpt  llll     ■  . 

pour  II' 

voir,  il  ra 

'  'im).     I  r..\  m 
111      •!•!    Ji'  II: 

I  ivroliiap^ 


lia  attvtitiMaux  yeuxda  patriarche 

■    int.  Il  po'-sa  nii'ine  proraple- 

"iil  h  l'admiration,  et   il   se 

f  .'il  f,.i^^.' 

it  en  son  pou- 

I   ij.int  .  l'ii   lin 

h.  I,:  I..  |.! 

aux 
■:  et 

il  liiin 


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itait    tli     b 'na-;     f 
ira  et  sa  s<«uniit  aa  ki) 


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ilxe   à  ir.ni-r'    l<- 

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IIH^IVUKS 

•M-         '■II.      lit       fut 

I    11)  1     l'-.irxnl» 


qui  voulaient  le  ravager.  Il  fit  éiierpiquement 
cbr.sser  les  Juifs.  )ui  avaient  fait,  uue  nuit,  un 
S'.jai  massacr>i  l'.es  clirelieBs.  .Mai*  co  qu'il 
redoutait  le  plus,  c'était  de  voir  ses  brebis  con- 
duites dans  les  pâturages  empoisonnés  de  l'héré- 
sie. Les  Juifs  frappaient  les  corps,  le  saint  évéquo 
réiiriina  leur  audace:  mais  la  secte  impie  des 
rtovalieus  voulait  tuer  les  àines,  et  il  s'arma 
contre  eux  de  toute  la  ri:,'ueur  de  la  loi,  qui 
orduunail  l'expul&ioa  immédiate  des  hérétiques, 
pour  sauveparder  Finté;^rité  de  la  loi. 

Cyrille  eut.  en  outre, a  combattre  an  Eiiyple  les 
derniers  restes  de  la  superstition  çaieiine.  Il  y 
avait,  non  b^in  d'.\lexaiidrie,  une  peUte  bour;.'ade 
noMiinéc  Manutha.  Les  paieuss'y  él.iienl  rélupiés 
comme  dans  un  dernier  asile.  La  diimonset  leur 
culte  impie  avaient  là  une  l"orlere»!-e  au  cour 
de  rE;;yple.  Les  elTorts  du  patriarche  Théopiiile 
avaient  échoué  contre  les  paieiisde  Maiiullia.  Saint 
Cy  ri  I  le  se  préoccupa  vivement  de  ceUesi  tuai  ion.  Lu 
jour  que,  dans  sa  prière,  il  demandait  à  Dieu  avec 
larmes  de  lui  inspirer  le  meilleur  moyen  de  triom- 
pher d'une  si  lon;;ue  résistance,  uu  an:;e  lui  appa- 
rut et  lui  dit:  "  Porte  dans  ce  village  une  partie 
des  reliques  du  martyr  Cyrii>  et  de  saint  .Marc 
révan;;éliste.  »  Le  bienheureux  ëvéqiK'  suivit  le 
conseil  céleste.  Le  28  juin  'iH,  la  translation 
■solennelle  eut  lieu  à  M  inutlia  et  tut  accompa- 
;;née  de  nombreux  mii.n'lis  qui  ronvcrtirent 
tous  les  habitants,  et  la  cl-  ineuoe  do  Jésus-(;hrisl 
continua  à  y  opérer  lon;.'li-iiips  dos  merveilles 
pour  alTermirla  foi  desnouM-au.x  cbrétiens.f 

OU'^-VIT   MBL<  IC^IDC^U 

Il  faut  placer  Ters  celle  épooue  de  la  vie  de 
saint  Cyrille  un  trait  qui  iioii>.  revi-le  à  la  fois  sa 
douceur,  sa  priidouce et  <^"n  liiiintiilé,  et  qui  nous 
a  été  con-iei  vé  par  Jean  .Moschus,  d-ins  les  vies 
de?  Pi  le»  l  n  vieil anacliori-le,  habitant  une  soli- 
In.l.-  \'ibine  d'.\lexandrie,  s'éiait,  ou  ne  sait  trop 
couinent,  persuadé  i|ue  le  patriarche  M>'lchi>é- 
dech,  dont  ou  ue  connail  ni  la  ;.'éiiéal<>gio.  ni  la 
descendance,  était  lils  de  Dieu.  L'erreur  du  soli- 
taire tenait  à  la  >implicité  de  sou  esprit,  mais 
n'allérail  en  rien  la  sainteté  de  sa  vie,  et  le  vé- 
nérable vieillard  continuait  à  Mr*  l°o|>|el  des 
faveurs    diMiies  :  des    grâces    -  étaient 

chaque  jiiur  obtenues  par  «on  n  n. 

Saint  Cyrille,  averti  de  son  eii.-iir,  i.-s.dul  de 
l'en  corri(j;er,  de  peur  qu'elle  ii'eiil  cours  sous  le 
couvert  de  la  vertu  du  saint  homme.  Pour  arri- 
ver à  ses  Uns,  -aus  hiiintlicr  le  cénobite,  il  lui 
députa  un  de  ses  prêtres,  charjjé  d'un  messa^'e 
ainsi  conçu  : 

"  Mon  Père,  je  sui»  dans  «ti-  ■•••!, ,.,.■^  ...t- 
plexil''-  it'espi  it  :  d'ilUCoté,  il  m-  >    I 


cliis.-,l.  cil  , 
n  n  in-iin- 

sei    I  .'il  ;i'- 

ll> 


!••  i;!-.i.  n, 


,1, 


suji-l  le 
prendr" 


I  .    tres-liaul.  J 
Ji-   vous   coni 
.^.^luneur  dans  >.' 
r-   |tii  Toti»  mira 


!<• 


•  *  deux 

ler  il  ce 

-  i-i  de  m'ap- 

..  Je  ferai  ce 
»l.  A»n>  trais 


1'    \  "  \  .1111 


>l*-irni^«  ■!'-"  :i    :i  r  ui 


It 


-ni  le  kKrei-voa«,  ni'>ii  P<>re,  demanda 

l'i   .    •(Ue. 

|ji  <i»i:7n»'iir,  ■lnii«-  nu»   ritlon.  r<'-|Kiiidil  I* 


vieillard,  a  fait  passer  sous  mes  yeux  tous  les 
patriarches,  depuis  Adam  jusqu'à  Melchisédech. 
L"aii^e  qui  me  montrait  ce  dernier  l'a  désigné  en 
disant  :  Celui-ci  est  Melchisédech.  U  ne  saurait 
donc  y  avoir  de  doute.  Melchisédech  no  fut  qu'un 
homme,  descendant  d'.Vdam  comme  tous  les 
autres  patriarches.  » 

Depuis  lors,  continue  l'historien,  pour  réparer 
l'erreur  qu'il  avait  autrefois  enseignée,  il  ne  man- 
quait jamais  de  la  rétracter  en  présence  de  la 
foule  qui  assiégeait  constamment  sa  cellule,  et 
le  bienheureux  patriarche  remerciait  Dieu  dans 
son  cuîur. 

LirrrK  de  saint  cii-RitLE  contre  nestorius 

Mais  le  moment  approchait  où  saint  Cyrille 
devait  remplir  dans  le  monde  la  mission  extraor- 
dinaire qui  lui  avait  été  confiée. 

Le  terrible  adversaire  qni  devait  lui  donner 
l'occasion  de  mériter  le  titrede  saint  et  de  docteur, 
au  milieu  dune  lutte  acharnée,  s'éleva  entouré 
de  la  pompe  trompeuse  et  de  la  plus  haute  puis- 
sance humaine  et  à  la  tête  d'une  des  premières 
E;;lises  du  monde  coraipc  pour  renilre  le  combat 
plus  pénible  et  le  triomphe  plusfjlorieui;  c'était 
Nestorius.  Cet  homme  superbe,  qui  cachait  sa 
malice  sous  des  dehors  hypocrites  de  vertu,  était 
évèque  de  l'E^'lise  de  Constantinoplc.  Il  trahit  à 
la  fois  son  Dieu  et  sa  reIi:.'ion  par  un  enseii'ne- 
ment  pervers  qui  s'attaquait  au  fondement  même 
du  christianisme. 

Selon  lui,  la  Vierge  Marie  ne  devait  pas  être 
appelée  Mère  de  Dieu,  et  le  lils  qu'elle  avait  mis 
au  monde,  le  Christ,  n'était  qu'uu  homme  qui. 
dans  la  suite,  avait  mérité  par  ses  vertus  que  la 
divinité  vint  habiter  en  lui.  Son  orgueil  ne  pou- 
vait imaginer  l'abaissement  auquel,  par  amour 
pour  nous,  Jésus  s'est  réduit.  I.e  Verbe  de  Dieu 
a  voulu  prendre,  en  elTet,  toutes  les  faiblesses  et 
les  iiàlirmités  de  notre  nature,  excepté  le  péché, 
afin  de  notts  apprendre  que  rien,  en  dehors  de 
ce  mal  effroyable,  n'est  vil  ni  méprisable. 

L'erreur  de  Nestorius,  grâce  à  l'inlluence  du 
novateur  encore  protégé  par  Théodose  le  Jeune, 
alors  empereur,  et  gr.\ce  au'^si  à  l'amour  de* 
Orientaux  pour  les  nouveautés,  fui  proinptemcnt 
portée  dans  toutes  les  parties  de  l'empire. 

.\ussit(it  qu'il  l'eut  roniiuo,  Cyrille  écrivit  aux 
moines  d'I:^'ypte  uue  lettre  pour  les  prémunir 
contre  la  nouvelle  hérésie  qu'il  stigmatisait  en 
terrae!<  éuer;:iques,  sans  toutefois  u^uimer  son 
auteur.  Il  d>uiuait  ensuite  un  précis  clair  et 
succinct  de  la  véritable  doctriae  catholique  sur 
le  point  controversé. 

C'e^t  cette  lettre  qui  servit  de  base  à  \a.  longue 
discussion  «pii  eut  lieu  eutre  les  deux  patriarches. 

I^  nouvelle  erreur  avait  jeté  le  trouble  dans 
I.  i!i  ^'1  '  chrétien  ;  cependant,  il  était  encore 
ijiri'— :ile  de  frapper  son  fauteur,  car  on  ne 
savait  encore  d'wn>'  manière  certaine  quel  était 
le  sentiment  de  Ne-tonu!'.  Saint  Cyrille  lui  écri- 
vit et  lui  dem.tnvla  de  prouver  son  orthodoxie  en 
rétractant  les  livres  qui  cu'culaient  90us  son 
nom. 

Nei^torins  répondit  d'une  maniéré  insolente  et 
hiii'inr     II  te  préparait  à  accabler  »on   adver- 
II  11-  le  poids  d'accusations  ineii-on;:éres. 

\  '      ,' lit   et  d'iniriaues.  il  r<''uuit   trois 

'I   ;  d'.Vlexandrie  pour  leurs  criiuf», 

•  '  jià..  .  --lÉ  Insli^Mlimi,  »i;;iiére(il  un  libellé 
■  Il  1  iinaloire  contre  leur  palriarciio.  Ils  l'adres- 

I  il  lu  prétoire  impéiiil,  d'inandarU  qa'un 
I  ''iiménique  fùl  r^'iini  pour  leur  rendre 
'  déposer  le  «aint  évi'qup. 


Cyrille,  informé  de  ces  menées,  écrivit  à  Nesto- 
rius :  '  J'apprends  que  d'insii/nes  calomniateurs 
trompent  votre  piété  en  articulant  contre  moi 
des  griefs  aussi  odieux  que  chimériques.  Ils 
assiègent  les  matiistrats  de  leurs  plaintes.  Peut- 
être  en  agissant  ai  usine  croient-ils  pas  absolum'nt 
vous  déplaire.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  n'ai  à  me 
reprocher  vis-à-vis  d'eux  aucune  espèce  de  tyran- 
nie ou  d'injustice.  Ils  ont  été  très  réi'uliéreinent 
Jugés;  leurculpabilitéaété manifestemeni établie. 
Ce  ^oiit  des  hommes  tellement  discrédités  que 
nul  n'aurait  le  courage  de  souhaiter  à  son  plu^ 
grand  ennemi  la  moitié  des  forfaits  dont  ils  se 
sont  rendus  coupables.  Vous  permettrez  donc  que 
je  ne  me  préoccupe  pas  le  moins  du  monde  d'ac- 
cusations parties  de  si  bas.  Abandonnons  aux 
remords  de  leur  conscience  et  surtout  au  jugement 
de  Dieu  ces  misérables  personnages,  et  revenons 
au  point  capital  de  notre  correspondance.  » 

11  l'exhortait  ensuite  avec  de  nouvelles  ins- 
tances à  se  rétracter. 

Cette  lettre  ne  fil  qu'exaspérer  Nestorius  et 
envenimer  sa  haine  contre  saint  Cyrille.  A  la  vue 
de  cette  lulto  qui  devenait  chaque  jour  plus  ar- 
dente, certains  prudents  selon  le  monde  en  reje- 
taient la  faute  sur  le  patriarche  d'Alexandrie, 
appelant  son  courage  une  opiniâtreté  coupable 
et  jalouse.  Cyrille  leur  répondit  aue  s'il  y  avait 
scandale  il  fallait  l'imputer  à  celui  qui,  allant 
contre  l'Evangile  et  toute  la  tradition,  refusait 
au  Christ  la  nature  divine  et  à  la  Vierj^e  Marie  le 
titre  de  .Mère  de  Dieu.  Cette  attitude  vi^^oureuse 
fit  comprendre  à  Nestorius  qu'il  avait  devant  lui 
uit  adversaire  invincible.  Il  vit  toute  la  cravilé 
de  sa  situation  et  se  repentit  de  l'avoir  si  témé- 
rairement engagée.  Il  propo-^a  au  Saint  une  tran- 
saction qui,  tout  en  ramenant  la  paix,  lui  per- 
mettrait de  rester  dans  l'erreur.  Cyrille  ne 
refusait  pas  la  paix  qui  était  l'unique  objet  de 
ses  d'sirs,  mais  une  obligation  plus  grande  s'im- 
posait à  lui,  il  devait,  avant  toui,  maintenir  l'in- 
tégrité de  la  foi.. Aussi  riiponilait-il  aux  ouvertures 
de  l'hérésiarque  qu'il  n'accorderait  ni  le  sommeil 
à  ses  yeux,  ni  le  repos  à  ses  membre»,  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  rétabli  dans  sa  totalité  la  foi  véritable. 

Cette  ré|)onse  catégorique  coupa  coiiit  aux 
pourparlers,  carNe*toriu<  n'entendait  nullement 
se  rétracter.  Il  prit  le  parti  de  prévenir  les  accu- 
«ations  d'hérésie  dont  il  était  l'objet  en  les  ren- 
voyant à  ses  adversaires.  Il  écrivit  au  pape  une 
lettre  coutre  saint  Cyrille,  qu'il  accusait  de  con- 
fondre en  Jésus-Christ  les  deux  natures  divine 
et  humaine;  il  envoya  en  même  temps  toutes  les 
homélies  qu'il  avait  prononcées  et  où  se  trouvait 
renfermée  toute  son  hérésie.  Crfîtle  mamcnvre  ne 
put  tromper  l'infaillible  succe&seor  de  Pierre. 
Saint  Célestin,  qui  occupait  alors  le  siè;ie  ponti- 
fical, réunit  un  Concile  qui,  à  l'unanimité,  con- 
damna Nestorius. 

A  la  mémo  époque,  Cyrille  envoya  à  Home  na 
diacre  nommé  Poïfidcnius  pour  présenter  au 
Souverain  Pontife  tout  ce  qu'il  avait  écrit  contre 
riiérésie  nouvelle. 

Le  Vicaire  du  Christ  lui  répondit  en  lui  mani- 
fe'-lant  la  tri'^te'-'e  qu'il  c-prouvait  à  la  vU''  des 
•■-•.irmnents  de  Nestorins.  et  la  joie  que  lui  f.ii>-ait 
r.-i.'iilir  l'ardeur  invincible  du  délenseiir  de  la 
ni.it. ■mité  divine  de  Marie.  Il  finissait  ain^i: 

Cn  présenc«  d'un  év(«que  qni  court  à  -a 
ruine,  nous  avons  le  devi»ir  d'épuiser  toutes  le- 
Miies  de  la  .(iniles.-.ndaiice.  Il  s'a;:it  de  la  ;.leiir 
du  iJhrist  incarné';  or,  1«  divin  pasteur  non-  ,i 
appris  par  son  exemple  à  quitter  tout  pour  v^d 
à  la  recherrbe  de  la  hrebi=  é^-arée  et  la  r.ipp  'rter 


U 


comme  lui  sur  nos  épaules.  S'il  agissait  ainsi 
pour  une  brebis,  que  ne  devons-nous  pas  essayer 
nous-même  pour  un  pasteur,  qui  a  oublié  les 
devoirs  île  sa  charge,  et  s'est  fait  un  loup  dévo- 
rant au  milieu  du  troupeau  ! 

»  En  l'ace  de  cette  situation,  un  double  devoir 
nous  incombe  :  d'un  cAté,  il  nous  faut  prévenir 
la  rontasion  en  coupant  le  membre  gangrené  et, 
de  l'autre,  nous  devons  chercher  à  guérir  notre 
frère.  C'est  pourquoi,  usant  de  l'autonlf!  de  notre 
Siège  apostolique,  nous  vous  déléguons  pour 
faire  exécuter  dans  sa  teneur  stricte  et  rigou- 
reuse la  sentence  suivante  :  Si,  dans  les  dix  jours 
qui  suivront  la  notification  de  notre  décision,  le 
coupable  ne  cm'^ent  point  <i  abjurer  ses  erreurs 
et  à  souscrire  une  profession  de  foi  conforme  à 
la  doctrine  de  l'Eglise  romaine  et  de  la  catho- 
licité tout  entière,  il  sera  frappé  dexcommuni- 
c.ition,  déchu  de  son  siège,  et  vous  aurez  la 
char:.'p  de  lui  faire  donner  un  successeur.  » 

Saint  Cyrille  fit  parvenir  cette  sentence  à 
Ncslorius.  Loin  de  se  soumettre,  l'hérésiarque 
entra  dans  un  transport  de  colère  :  il  courut 
trouver  l'empereur  et  lui  demander  justice  :  «  Un 
Concile  œcuménique  pourra  seul,  dit-il,  me 
faire  triompher  de  mon  ennemi.  »  L'empereur 
Tliéodose  le  Jeune,  qui  le  favorisait  encore  se- 
crètement, promit  de  réunir  ce  Concile  qui.  dans 
la  pensée  du  patriarche  de  Conslanlinople,  devait 
humilier  jusqu'il  terre  son  adversaire.  C'est  ainsi 
que.  nouvel  Aman,  il  se  préparait  à  lui-même 
l'instrument  de  «on  supjdice  ;  car  ce  synode  œcu- 
ménique, concédé  à  ses  instances,  sera  le  fameux 
Concile  d'Ephèse,  qui  condamnera  définitivement 
son  hérésie,  et  donnera  à  son  contradicteur  une 
gloire  éternelle. 

CO>'CILE  d'^pbèse 

Peu  après,  19  décembre  430,  Théodose  si:.'nait 
la  lettre  impéiiale  qui  convoquait  lou»  les  évéques 
du  monde  à  Ephè^e  pour  le  jour  de  la  Pentecôte 
de  l'année  suivante  7  juin  4HI.  L'excommunica- 
tion fut  suspendue  par  le  pape  jusqu'après  la  dé- 
cision des  Pi-res;  saint  (Cyrille  fut  nommé  délèyué 
apostolique  avec  ordre  de  recevoir  la  rétractation 
de  l'iiéré  iarque  et  de  le  réhabiliter  s'il  venait  à 
résipiscence. 

Seuls  les  évéques  d'Orient  purent  répondre  à 
l'appel  de  l'empereur.  Ils  se  trouvaient  au  Con- 
cile, au  nombre  de  cent  soixante,  le  jour  de  son 
ouverture.  Elle  n'avait  pu  avoir  lieu  le  jour  in- 
diqué (7  juin  à  cau'-e  des  relards  calculésde  Jean, 
i.alriarchf  d'Antiortie.  Cet  évéque,  ami  secret  de 
Ncslnriu»,  prévoyait  la  condamnation  immédiate 
de  l'hérésiarque.  Il  inventait  toutes  sortes  de  pré- 
texte» afin  d'arriver  à  Ephèse  après  son  excom- 
munication et  de  pouvoir  ensuite  se  vencer 
en  citant  saint  Cyrille  à  son  tribunal  pour  le 
ju^-i-r  sur  les  griefs  formulés  contre  lui  à  Cons- 
lanlinople. 

Après  plusieur*  jour»  d'attente,  les  Pères  ré- 

■til  d'ouvrir  sans  lui  la  première  session. 

li  i»  iiroti">I.T  contre  cette  décision.  Voyant 

sai'  ;!■•'!  1  de  comiiBraltre,  malgré 

trniH  .1.   iii.iuesquon  lui  lit  faire. 

\!    •  ir  lie  l'assemblée,  lecture  fui 

Nirée,  des  lettres  de  Cyrille, 

:  '    '  i;iiux  ptt«- 

!    n.  A   la 

tiM    i  lit  il  il"cirine 

de  S.  -  la  foi.   cl  dé- 

posèniiî  i  u'i  >'i.ii  (!■    •;••   1.1  •iif.iiÉlé  épiscopale. 


de  l'honneur  du  sacerdoce  et  de  la  communion 
catholique  :  deux  cents  signatures  furent  appo- 
sées au  bas  de  celte  sentence. 

La  lumière  trioinpliait  donc  enfin  des  ténèbres 
dont  un  suppôt  de  Satan  l'avait  enveloppée,  et 
cette  victoire  était  due  surtout  au  zèle  inébran- 
lable de  saint  Cyrille  qui  raconte  ainsi  dans  un 
de  ses  écrits  la  fin  de  cette  journée  fameuse: 
'  La  grande  séance  où  fut  condamnée  l'hérésie 
nouvelle  avait  duré  depuis  le  matin  jusqu'au 
coucher  du  soleil.  La  nuit  était  venue  lorsque  les 
membres  de  l'assemblée  purent  quitter  la  basi- 
lique de  Sainte-Marie.  Depuis  le  point  du  jour, 
tout  le  peuple  d'Ephèse  n'avait  cessé  d'entourer 
l'édifice  sacré,  attendant  le  jugement  du  Concile. 
Aussitôt  qu'on  eut  appris  la  condamnation  de 
Nestorius,  des  acclamations  unanimes  éclatèrent 
au  milieu  de  la  foule  :  (Jloire  à  Dieu  !  honneur  au 
saint  Concile  !  L'ennemi  du  Christ  est  renversé  ! 
criaient  toutes  les  voix.  Au  sortir  de  l'église,  on 
entoura  les  évéques  et  on  les  escorta  jusqu'à 
leur  demeure  avec  des  flambeaux  et  des  torches. 
L'allégresse  éclatait  partout:  les  rues  étaient 
illuminées  ;  les  dames  chrétiennes,  portant  à  la 
main  des  cassolettes,  nous  précédaient  et  bnV 
laient  des  parfums  sur  notre  passade.  Le  Sauveur, 
dont  on  avait  outragé  la  tlivinilé,  faisait  ainsi 
éclater  sa  gloire  en  cette  nuit  sainte.  >> 

NOi:VELLES    KPBEUVEf 

Mais  celte  joie  devait  bientôt  être  troublée  par 
de  grandes  alarmes.  Le  comte  Candidien,  repré- 
sentant de  l'empereur  à  Ephèse,  partisan  de 
Nestorius,  empêchait  toute  communication  du 
concile  avec  l'empereur.  Jean  il'Antioche,  arrivé 
sur  ces  entrefaites,  tenait  un  conciliabule  avec 
qu.irante  de  ses  partisans,  pour  excommunier 
saint  Cyrille. 

Le  vrai  Concile,  où  les  légats  du  pape  venaient 
de  prendre  place,  onnula  cette  injuste  sentence. 
Mais  comment  faire  connaître  celte  décision  à 
l'empereur,  qui  ne  recevait  que  les  décrets  du 
faux   Concile  '.'  Saint  Cyrille  envoya   un   moine 

fiorteur  d'une  lettre,  roulé  dans  le  creux  d'un 
lAlon.  l-a  vérité  brilla  aux  yeux  du  prince;  il 
expédia  aussitôt  à  Ephèse  un  envoyé  pour 
exprimer  en  son  nom,  aux  Pères  du  concile,  son 
adiièsion  il  la  sentence  portée  contre  l'hérésiarque. 
Mais  peu  après  il  fut  de  nouveau  circonvenu  par 
Jean  d'Antioclie,  et  il  ordonna  simultanément 
l'incarcération  de  Nestorius  et  de  saint  Cyrille. 
Il  avait  pris  cette  mesure  pour  contenti-r  les  deux 
partis,  mais,  cr)mme  il  arrive  toujours  en  pareil 
cis.il  ne  contenta  aucun.  Il  fut  obligé,  pour  con- 
n.iltre  la  vérité  sur  tout  ce  qui  s'était  passé,  de 
faire  venir,  à  Chalcèdoine,  deux  députntions  des 
deux  camp»  opposés.  Iji  fourberie  du  patriarche 
d'Antioche  se  découvrit  aus-itôl  h  ses  yeux,  et  il 
puiilia  1"  octobre  ♦rtliun  édit  impérial  (lui 
envnvail  Nestorius  en  exil  et  rendait  la  liberté  à 
saint  Cvrille.  Celui-ci  retourna  au"ilôt  à  Alexan- 
drie, où   le    peuple  le   recul   en  triomphe. 

Mais  l'heure  du  repos  n'avait  pas  encore  sonné 
pour  le  saint  patriarche.  Il  dut  continuera  lutter 
pour  ramener  à  l'unité  de  l'EuIisc  Jean  d'Antioche 
qui  s'obstinait  dans  le  schisme.  Il  y  arriva  à 
force  de  c<iura;;e.  de  patience  et  de  douceur,  et 
il  eut  la  roiisolntlon  de  ne  point  qiiiiti-r  Ix 
.  Iiamp  de  bataille  p>>ur  rerevoir  la  loiirmiiie  diie 
,1  ^1  H  labeurs  sans  avoir  vu  l'Ejlise  roinpb  leroenl 
I    ciflèe   II  mourut  dan»  le  Seigneur  le  a»  jan- 


loip.-y<'raii».  E.  PtnTBiiniT.  8.  rue  FrMroli    I"  Parti. 


SAINTE    SCHOLASTIQUE 


Fêle  le  10  février. 


Saint  Deno!t.  le  patriarche  des  moines  d'Occi- 
dent, obligé  df  fuir  les  solitudes  de  Subiaco  (voir 
sa  vie),  avait  établi  le  contre  de  sou  iiiiionibrable 
famille  religieuse  aux  contins  de  la  terre  de 
Labour,  sur  la  cime  prodestine'e  du  Mont  Cassin. 
C'est  là  que  s'éleva  alors  le  monastère  le  plus 
célèbre  de  l'univers,  celui  où  Benoit  écrivit  sa 
ré(;le.  laquelle  devait  bientôt  compb-ter  et  rem- 
placer la  règle  de  saint  Augustin  et  les  autres 
rè^'les  dans  presque  tous  les  monastères  de 
ro.i  ident. 

Mais  celle  règle,  comme  celle  de  l'évèque 
d'lli|ipone,  ne  fut  pas  écrite  seulement  pour  les 
hfmmes;  elle  fut  aussi  celle  des  religieuses,  car 
aurun  fondateur  d'Ordre  n'a  pu  empêcher  la 
d'volion  des  saintes  femmes  de  former  bien  vite, 
auprès  de  la  famille  des  moines,  la  famille  des 
religieuses;  c'est  toujours  ainsidenuis  que  .Notte- 
Siipneur  a  voulu  placer  la  Vier;e  Marie  et  les 
maintes  femmes  auprès  de  son  E.liie  naissante. 

I,e  mniiasièrr-  des  H'^nédictin'-  vit  donc,  du 
vivant  de  saint  Benoit,  s'élever  ui  monastère  de 
I-  '     I    'mes,  comme  saint  Ausust  n  avait  vu  un 

'   le  d'Augustines,  comme  sa  ni  François 

verra,  avec  saint''  Claire,  l.-s  Kranri»  aines;  et 
ainsi  dans  tous  les  siècles, jusqu'à  saint  Vincent 
de  Paul  et  à  nos  jours. 

.\ou«  insistons  sur  ce  fait  avant  de  parler  de 
«aint«  Scbolaslique,  car  sa  TÏ'e  est  pei-  '•onnue, 
cl  liiiK-  i)i>.  iii.ir'1'i-'  d"   <■  1  tri"!»"'.:  n«l  1,.   rhi.lx 


que  Dieu  fit  d'elle  pour  être  la  mère  de  lagrande 
famille  des  Bénédictines. 

Sainte  Scholastique,  de  la  noble  race  des  Ani- 
cius,  était  sœur  de  saint  Benoit.  Ces  enfants, 
nés  m<'-nie  jour,  les  s'aimaient  comme  s'aiment 
souvent  les  jumeaux,  avec  la  passion  de  l'amour 
fraternel,  et  leur  destinée  devaitf^tre  liée  comme 
il  arrive  souvent  aussi  à  ceux  auxquels  Pieu  a 
donné  une  même  naissance. 

Elle  se  consacra  à  Dieu  comme  Benoit,  et  plu- 
sieurs historiens  pensent  qu'elle  le  fit  la  première 
et  lui  donna  l'exemple,  avant  de  se  ranger  sous 
sa  rèele. 

Quand  son  frère  répandait  l'éclat  de  la  vie 
monastique  dans  le  monde,  et  que  tous  veiiair^n. 
lui  demander  les  leçons  de  la  perfection,  elle  se 
présenta,  à  la  suite  de  tant  de  disciples,  au  Mont 
Cassin,  et  sollicita  une  direction  pour  elle  et  ses 
filles. 

Mais  Benoit  ferma  la  porte  du  monastère  à  sa 
sd'ur,  une  loi  inviolable  interdisant  ce  seuil  à 
toute  femme;  il  lui  fixa  une  solitude  au  fond 
d'une  vallée  proche  de  la  sainte  montagne.  I.,i. 
il  la  dirigea  de  loin,  .linsi  que  les  religieuses 
d'autres  monasières  qui  se  groupèrent  autour  de 
celui  de  Scholastique.  Honolt  ne  consentait  à  voir 
•-a  'ifur  qu'une  fois  par  an,  avant  le  Carême  (1  . 

'1,  On  peut  le  suppo<er  d'apri^n  la  date  du  ilrr-  - 
^htrelien  qui  noim  .i  M^  rnns'»rv^<»  par  saint  i.i-'         '• 


b-CJô 


el  alors,  la  Sainte  sortait  de  son  cloilre,  et  le 
frère,  de  son  e6l<-,  allait  au-devanl  d'elle;  ils  se 
rejoignaient  sur  le  liane  de  la  montigne,  et  l'on 
voit  encore  le  petit  sanctuaire  érigrf,  croit-on, 
sur  les  ruines  de  la  chaumière  où  saint  Benoit 
et  sainte  Scholastique  eurent  le  suprême  entre- 
tien que  nous  allons  raconter. 

Au  9  février  5*3,  dès  le  matin,  Benoit  était 
donc  descendu  vers  Scholastique,  comme  les 
années  précédentes,  avec  les  moines  qui  accompa- 
gnaient toujours  leur  abbé;  c'était  la  quatorzième 
et  dernière  année  de  son  séjour  au  Mont  Cassiu, 
il  était  dans  tout  le  rayonnement  de  sa  gloire 
ici-bas. 

Le  frère  et  la  sœur  s'entretinrent  des  choses 
de  la  sainteté,  des  vertus  divines,  des  saintes 
aspirations  de  la  patrie  ;  leurs  contemplations 
réciproques  fournissaient  un  sujet  abondant  de 
communications  merveilleuses. 

Tout  le  jour  se  passa  de  la  sorte. 

Le  soir  venu,  les  compagnons  du  Saint  et  de 
la  .'^ainte  leur  proposèrent  de  rompre  le  jeûne, 
et  ils  servirent  au  frère  et  i  la  stfur  un  repas 
frugal,  qui  n'interrompit  pas  les  célestes  entre- 
tiens dont  Scholastique  était  surtout  aOamée. 

Jamais  ces  deux  Ames  n'avaient  éprouvé  plu» 
de  joie  à  parler  de  Dieu,  et  la  nuit  s'avançait;  or, 
pendant  qu'ils  étaient  encore  à  cette  table  qui 
avait  été  le  prétexte  de  la  prolongation  de  l'en- 
tretien, Scholastique  dit  à  son  frère  : 

•<  Je  l'en  prie,  ne  me  quitte  pas  cette  nnit, 
aûn  que  nous  puissions  parler  des  joies  de  la 
patrie  jusqu'à  demain  matin.  » 

Elle  sentait,  la  pieuse  vierge,  que  l'heure  d'y 
arriver  approchait,  et  elle  voulait  se  munir  pour 
le  voyage  d'une  provision  de  pensées  pleines  de 
foi  et  de  sentiments  pleins  d'ardeurs. 

•  Que  venet-vousme  dire!  s'écria  saint  Benoît 
avec  une  sorte  d'imlipnation.  Impossible  à  moi 
de  passer  la  nuit  hors  de  ma  cellule.  » 

En  ce  moment,  la  pureté  du  ciel  était  telle,  qu'il 
ne  s'y  pouvait  découvrir  le  moindre  nuage.  1.A 
sainte  religieuse,  entendant  les  paroles  de  son 
fri:re,  joignit  les  mains  sur  la  table,  les  doigts 
entrecroisé»,  et,  la  l'ie  entre  ses  mains,  pria 
Dieu  en  slnclinant.  Elle  versa  un  torrent  de 
larme». 

Or,  lorsqu'elle  releva  la  tète,  les  éclairs  bril- 
!ai'-nl  tellement,  le  tonnerre  retentissait  avec  un 
ttl  fracas,  la  |iluie  tombait  &  tels  torrents,  que  ni 
le  véniTable  Benoit,  ni  les  frères  qui  étaient  avec 
lui  ne  purent  songer  A  mettre  le  pied  hors  de 
r>-i!r  retraite. 

•  7-vou»  fait?  dit  Ucnolt  &  sa  «teur,  non 
|Ui'   reproche;  que  Dieu  vous  le  par- 
donne 1 

-    Je  voiu  ai  supplié,  vous  n'avet  pot  voulu 

ulcr  ;  j'ai  invoqué  ?(olre-Sei^'ueur  Jésui- 

'         :,i't  tuilà  qu'iim'exauce;  maiuleuajit,  sortei 

tis  le   puuve*.  Renvoyci-moi  cl  reulrcx  i 

voIk'  io<>n<.'-trre.  ■ 

C'était  bien  impossible;  il  n'avait  pas  voulu 
1'  '  I  de  hiiii  _i''',  il  resta  par  forc«.  Et  ce  fut 
1  il  qu'ils  paim  niil  toute  la  iiuilà  se  soutenir 
cl  a  9'eucourager  r>'cj|>ri>quemcnl 


Saint  ijr'goire,  qui  nous  a  conseno  ce  rccil, 
ajoute  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner  si  la  volonté  de 
Ja  somr  fut  plutôt  exaucée  que  celle  du  frère,  i 
paire  que,  des  deu.x,  c'est  la  »«»ur  qui  avail  prié 
avec  le  plus  d'amour,  et  qu'auprès  de  Dieu,  plus 
on  aime,  plus  on  est  puissant. 

Le  lendemain,  la  pieuse  vierge  retourna  à  son 
couvent,  et  Benoît  à  son  monastère;  mais,  le 
troisième  jour,  l'homme  de  Dieu,  élevant  dans  ; 
sa  cellule  les  yeux  en  haut,  vit  l'Ame  de  sa  sœur 
s'élever  dans  les  airs,  sous  la  forme  d'une  colombe, 
et  se  perdre  dans  la  profondeur  du  ciel. 

Ce  que  voyant,  le  bienheureux  Benoit  se 
prosterna  en  terre  et  supplia  le  Tout-Puissant  de 
protéger,  par  la  vertu  de  sa  droite,  l'âme  de  celte  . 
sœur  aimée  et  de  lui  faire  franchir  les  légions  ' 
de  démons  infernaux  qui  voudraient  s'opposer  à 
son  passage,  et  ses  supplications  furent  exaucées, 
et  Dieu  accorda  l'éternel  repos  à  cette  4me  pour 
qui  Benoît  avait  tant  prié. 

Consolé  par  ce  qu'il  avail  vu.  saint  Benoît  se 
leva  et,  pour  remercier  Dieu  de  la  gloire  accordée 
à  Scholastique,  il  clianla  plusieurs  hymnes  d'ac- 
tions de  gr&ces,  et  annonça  à  ses  frères  le  trépas 
de  cette  très  douce  sœur!.. 

Il  les  envoya  ensuite  au  couvent  où  la  vierge 
avail  rendu  le  dernier  soupir,  allii  qu'ils  rappor- 
tassent son  corps  dans  le  tombeau  qu'il  s'était 
préparé. 

Or, les  sorars  qui  avaient  assisté  à  ses  derniers 
moments,  voyant  comme  un  certain  éclat  de 
gloire  jaillirde  soncorps,lombèrenllaface  contre 
terre,  et,  avec  d'abondantes  larmes,  la  conjurèrent 
de  demander  à  Notre-Seigneur  qu'elles  pussent 
un  jour  la  suivre  l^  où  elle  les  avait  précédées. 

Leur  première  douleur  passée,  elles  envelop- 
pèrent dans  des  linges  très  blancs,  avec  des  aro- 
mates précieux,  le  corps  de  la  vierge,  qu'elles 
déposèrent  dans  le  cercueil.el. pendant  trois  nuit», 
elles  célébrèrent  ses  funérailles  avec  de.«  chants 
mêlés  à  leurs  sanglots. 

Les  Frères  du  monastère  de  sainl  Benoît 
vinrent  en  grand  nombre  et  pleurèrent  K  leur 
tour  le  passage  de  la  vierge  Scholastique,  et,  de 
coacert  avec  les  Sœurs,  ils  disaient  : 

«  Hélas!  hélas!  vénérable  Mère  et  m«!tre<«<» 
chérie,  comment  nous  avci-vous  ainsi  quitt 
tout  à  roupi  A  qui  nous  remettei-vous?  Prier, 
pour  nou»  Notie-Seiiïneur  Jésus,  vers  qui  vous 
allei,  d  4me  très  sainte.  Votre  vie  a  élé  douce, 
douce  votre  société,  doux  votre  trépas  ;  tout  a  été 
très  suave  en  vous.  ■ 

Les  crrémoni«'s  tenninéos,  le  corps  de  Scho- 
lastique fut  port"  au  M'-int  Cussin. 

Saint  Benoit  le  recul ei  le  Uld'-poMr  lul-niAm<' 
en  son  proprf  tombeau. 

Et  c'est  ninsi  que  S.hr,Jisti.iae  t'emporl.i 
encore  en  celle  rinm  ul 

dont  Benoit  lui  in.iil  ,       .i^ 

le  passaite. 

Or,  Undi<  .pi-  I-.  1  ;—;-t''   (-  bien- 

lirureux  Benoit  le*  c<  *  ■ 

^'      ■     •  ■  t  pas,  m<--  ■'  •  -t 

n  l'.ir  l'ordre   (!■  .i 

pi    •■•l'-,  ilin  de  pouvoir  t^'t-^  ti^imt  -ii  .' .•  i^ir 


contre  tous  les  elîorls  Ju  di'mon  et  nous  aidera 
demeurer  parfaits  en  toutes  choses.  » 

KÉLNIS   AO    CIEL    ET    DANS  LE   TOMBEAU 

Cette  mort  de  sa  sœur  fut  pour  saint  Benoît 
le  signal  du  départ,  car  ceux  qui  avaient  été  unis 
dans  la  naissance  devaient  l'être  dans  la  mort. 

Benoît  fut  saisi  aussitôt  dune  fièvre  aidcnle 
qui  ne  le  quitta  plus. 

Jl  avait,  cette  année  même,  annoncé  sa  mort 
à  plusieurs  de  ses  compagnons,  et  il  est  vrai- 
semblable qu'il  n'avait  point  caché  ce  secret  à 
Scholastique;  c'est  pourquoi  elle  le  retenait  les 
jours  précédents  avec  tant  d'ardeur. 

En  ouvrant  son  tombeau  pour  sa  sœur,  Benoit 
l'ouvrait  pour  lui-même  ;  il  vécut  encore  40  jours, 
et  quand  le  40«  jour  fut  arrivé,  il  se  fit  porter 
à  l'église,  reçut  le  Corps  et  le  Sang  de  Notre- 
Seigneur,  puis,  appuyant  ses  bras  défaillants  sur 
les  bras  de  ses  disciples,  il  se  tint  les  mains 
élevées  vers  le  ciel  et  mourut  debout,  au  milieu 
de  sa  prière  et  de  la  prière  des  siens. 

Il  avait  63  ans,  c'était  le  21  mars  343. 

I.e  même  jour,  deux  moines,  disciples  de 
saint  Benoit,  eurent  la  même  vision.  L'un  se 
trouvait  au  Mont  Cassin;  l'autre,  saint  Maur,  se 
dirigeait  vers  la  partie  occidentale  des  Gaules, 
pour  y  porter  la  règle  de  son  bienheureux  Père 
et  fonder  au  sein  de  notre  pays  de  nombreux 
monastères.  Saint  Benoit,  en  l'envoyant,  lui  avait 
prophétisé  que  le  Mont  Cassin  serait  ruiné  et 
l'avait  assuré  que  sa  dépouille  mortelle  viendrait 
alors  reposer  dans  les  contrées  lointaines  où  il 
se  rendait. 

Or,  à  l'instant  même  oii  l'âme  du  glorieux 
patriarche  se  détachait  de  son  corps,  le  moine 
du  Mont  Cassin  et  saint  Maur  virent  une  multi- 
tude déloiles  former  comme  un  chemin  lumineux 
qui  s'étendait  vers  l'Orient,  depuis  le  Mont  Cassin 
jusqu'au  ciel,  et  ils  entendirent  une  voix  qui 
leur  dit  :  »  Cette  route  lumineuse  est  celle  par 
nu  Benoît,  le  bien-aimé  du  Seigneur,  est  monté 
au  séjour  de  la  gloire.  »  (S.  Grég.  II,.  37.) 

On  le  plaça  dans  le  tombeau  où  Scholastique 
venait  de  le  précéder. 

Ce  tombeau  était  situé  dans  l'oratoire  de  Jean 
Baptiste,  sur  l'emplacement  de  l'autel  d'Apollon 
que  saint  Benoît  avait  renversé  en  prenant 
possession  de  la  montagne. 


LA    FRAMCB  KBÇOIT   LIS    COkPS    DB   SAINT   BENOIT 
rr   DI   SAINTB    SCBOLASTIOl'I 

Les  Lombards  détruisirent  bientôt  (S30)  le 
Mont  Cassin,  selon  la  prophétie  de  Benoit,  et  le 
double  tombeau  demeura  sans  honneur  au  milieu 
des  décombres. 

Saint  Mummol,  ahbë  de  l'abbaye  b«n<>dioUna 
de  Fli'ury,  sur  les  bords  de  la  Loire,  proposa  à 
.Mgulfe  d'aller  en  lUilie  chercher  lo  corpe  â» 
saint  Benoit.  Aiuulfe  était  un  jeuno  seigneur 
tr.inc  qui  venait  d"  r'-noncer  au  monde  et  de  se 


faire  moine,  en  attendant  qu'il  devienne  saint  çt 
martyr;  il  accueillit  la  proposition  avec  enthou- 
siasme et  se  disposait  à  partir,  lorsque  des  reli- 
gieux du  Mans  arrivèrent  demandant  l'hospitalité. 

«  Nous  allons,  dirent-ils,  au  y  ont  Cassin, 
poussés  par  une  vision  céleste,  atin  d'y  chercher 
le  corps  de  sainte  Scholastique.  » 

Us  partirent  ensemble,  mais,  arrivés  à  Rome, 
les  Manceaux  voulurent  visiter  la 'ville,  taudis 
qu".\igulfe,  plein  d'ardeur,  refusait  d'attendre  ot 
arrivait  seul  sur  les  ruines  de  la  sainte  montagne. 
Là,  rien  ne  put  lui  révéler  la  place  du  tom- 
beau de  Benoît  et  Scholastique;  alors  il  pleura 
amèrement. 

Un  vieillard  se  présenta  à  lui,  le  rassura  : 
«Aux  approches  de  la  nuit,  lui  dit-il,  restez 
attentif,  vous  apercevrez  dans  les  ténèbres  un  jet 
de  vive  et  blanche  lumière.  C'est  là  que  vous 
le  trouverez.  » 

Le  jeune  religieux  attendit  la  vision,  la  lumière 
brilla,  et  aussitôt  cette  nuit  même,  il  recueillit 
dans  une  même  corbeille  les  précieux  ossements 
de  saint  Benoît  et  de  sainte  Scholastique  ren- 
fermés au  même  tombeau. 

Le  matin,  il  s'enfuyait  avec  le  trésor,  lorsqu'il 
rencontra  les  -Manceaux  qui  arrivaient  :  «"11  est 
trop  tard,  dit-il,  les  ossements  sont  mêlés,  et 
puis  on  va  nous  poursuivre,  neus  séparerons 
les  os  des  deux  saints  à  Fleury.  u 

Ils  traversèrent  les  Alpes  au  milieu  de  mille 
périls,  poursuivis  par  des  soldats  armés,  car  le 
pieux  larcin  avait  été  vile  connu. 

On  arriva  à  Fleury  en  juin  6oo  ;  le  voyage  aval; 
été  un  triomphe  perpétuel,  pendant  lequel  les 
reliques  du  frère  et  de  la  sœur  n'avaient  cessé 
d'opérer  prodiges  et  miracles.  Cependant,  une 
députalion  de  la  ville  du  Mans  réclamait  le  corps 
de  sainte  Scholastique,  et  Aigulfe  essaya  vaine- 
ment d'éluder  la  requête;  il  fallut  céder  à  la 
vivacité  de  leurs  instances. 

Comment  discerner  les  os?  On  pria  toute  la 
nuit,  et  le  matin,  deux  pauvres  familles  du  voi- 
sinage arrivaient  à  l'église  présentant,  pour  y 
être  inhumés,  les  cercueils  d'un  petit  garçon  et 
d'une  petite  fille. 

Cette  circonstance  était  providentielle.  Le  corps 
inanimé  du  petit  garçon  fut  déposé  sur  les  grands 
ossements;  à  peine  les  eut-il  touchés  qu'il  res- 
suscita ;  le  corps  de  la  petite  fille,  approché 
des  moindres  ossements,  fut  également  rendu  ù 
la  vie. 

Des  acclamations  immenses  accueillirent  la 
nouvelle  de  cette  double  résurrection;  aucune 
preuve  plus  convaincante  ne  pouvait  être  recher- 
chée. Les  députés  du  Mans  séparèrent  donc  la 
sopur  du  frère,  et  leur  évoque,  saint  Bérar,  fit 
construire,  entre  les  remparts  de  la  ville  et  la 
rivière, une  église  et  une  communauté  de  vierges, 
pour  recevoir  la  relique. 

Uepuis  lors,  Bciinit  et  Schnlasli(]ue ,  l'un  à 
KlFury,  qui  s'appela  Sainl-RenoU-»ur-Loirc,  1 1 
l'autre  au  Mans,  npo.sciit  sur  le  territoire  de 
France  et  en  sont  devenus  les  protecteurs. 

Leurs  tombeaux  furent  le  lieu  d'innombrablis 
julprin.iees  et  d'incoinpnuablcs  miracli'S. 


Le  dernier  entretien  de  saint  Benoit  avec   sainte   Scholastique.  La  tempête  éclate 
à   la   prière   de  sainte  Scholastique. 

(O'aprés  la  cnllcclion  det  fretqiics  d'Ilalie  recii<"illi.'5  par  les  lill    l'P.   li,  rjmi.  iii.s  do  la 

Con^réij.ition  de  llouron.) 


Punérailles  de  sainte  Scbolattiqae. 
Saint  B«>nolt  reçoit  sa  sœur  au  Mont  Cassin  et  la  fait  placer  en  son  propre  tombeau. 

lUciB**  fresques.) 


SAINT  BENOIT  D'ANIANE,  ABBÉ 


Fête  le  i  i  février. 


Saint  Benoit  d'Aniane,  auteur  do  la  concordance  des  diverses  règles  monastiques  d'Orient 
et  d'Occident.  —  On  le  voit  au  fond  éteindre  un  incendie  et  guérir  un  voleur  blessé. 

(Gravure  du  Calendrier  bénédiclin,  xvii'  siècle.) 


PBEHIÈRK  a:«NP'R'<   Vit.  BENOIT 

Sur  les  rivages  do  la  Méditerranée,  non  loin  de 
l'embouchure  de  l'Hérault,  s'i' levait,  au  vni*  siècle, 
une  célèliro  ville  épiscopale  du  nom  de  Mayue- 
lone.  Celle  ville  est  aujourd'hui  détruite;  «es 
L'randeurs  sont  tombées  av<^c  elle,  mais  elle  con- 
scrTe  la  gloire  d'avoir  été  le  herceau  de  saint 
Henoil  d'Aniane,  de'itiné  i  devenir,  comme  celui 


ilnnt  il  portail  le  nom,  un  réformateur  de  la  vie 
monastique  en  Oi'cident. 

Son  père,  Ai;;ulfe,  G"  de  Maauelone,  cheva- 
lier pieux  et  brave,  voulait  faire  de  son  fils  uu 
homme  de  guerre,  habile  à  manier  la  pique  el  li 
lance;  il  voulait, en  même  temps,  en  faire  un  hou 
chrétien. 

Au"i<i.   après  avoir  pendant  les  plus  ton  ' 
années,  façonné  son  orur  i  la  vertu  ei  h  l,i  i 


2Q0 


il  le  conduisit  à  )a  cour  du  roi,  au  milieu  des 
jeunes  fils  des  leudes  qu'on  élevait  dans  le  palais 
pour  les  former  aux  exercices  des  armes. 

BeaoU  apprit  à  cette  école  tout  ce  qa'ua  che- 
valier de  son  rang  devait  savoir,  mais  il  n'ou- 
blia pas  les  enseignements  qu'il  avait  reçus  sur 
les  jjPMoux  de  sa  mère.  Les  qualités  de  l'esprit 
répnndai-nt  aux  grâces  de  son  corps,  aussi  devint- 
il  bientôt  l'ami  de  tout  le  monde.  Le  roi  Pépin 
le  prit  en  particulière  arfeclion;  il  le  lit  d'abord 
son  premier  écliansoii  :  nui-;,  ayant  reconnu 
depuis  qu'il  avait  de  ^rauJ-s  disposilious  pour 
les  artnes,  il  lui  douua  au  '<DUuauJeiueul  parmi 
ses  troupes. 

Le  jeune  comte  fit  paraître,  dans  toutes  les 
rencontres,  «ju'il  navait  pas  moins  de  coiira:;o 
que  son  père,  dont  il  imitait  la  s{^^as^e  et  la 
valeur. 

LA  CROIX   ET  L'ÉI'KE 

Quand,  en  771.  Cbarlemngne  monta  sur  le  In'ine 
de  son  père,  Benoit  n'avait  que  dix-neuf  ans.  Un 
air  d'innocence  et  de  sainteté  brillait  sur  son 
visage. 

Charles  ne  fut  pas  lom:temps  sans  le  remarquer 
parmi  les   ;•  '  i  entourage;  il 

courut  poi.  n,  et  ne  cessa 

de  (e  coiubi' r  ne  n.u.riie-.  ii\  -urs  :  il  voulait 
l'avoir  toujours  à  ses  '-ités. 

Mais  Uiea  lui  avait  touché  le  cœar;  il  lai  avait 
fait  Mijr  (jit'il  le  destinait  à  être  un  grand  saint 
pluli'jl  qu'un  grand  capitaine.  .Vussi,  reconnais- 
sant de  jour  en  jour  que  la  plus  haute  fortune 
à  lai|uelle  on  peut  aspirer  auprès  des  grands  du 
monde  e~t  toujours  fragile,  il  i«?solut  de  cher- 
cher une  ^oxre  moins  sujette  aux  caprices  du 
temps.  C'est  ce  qui  le  décida  à  quitter  l'épée 
pour  se  charger  d»^  la  croix. 

Et  voici  dÉns  quelle  occasion  Uiea  acheva  cette 
œuvre  : 

En   773,   (^h.iri  s'olliiité   par    le    pape 

saint  .\dri«i],  j  .  ir  l'Italia  «lin   d'arriter 

les   dévastations   J.;    Uuiier.   roi   d-  '  uds. 

Saint  Hencil  J'Ani.uie  suivit  lu  roi  -.et 

combattit  *f>n  dernier  combat  sous  le- 
la  défense  de.s  droits  du  Sar 
'-  ■         ■      'avait  suivi  dans  j,i 
nage  la  r 


-r  a 


'  .1111- 

vi>re 

■=  dangers. 

it     leiine 
ir    iiii.iiiil 


i'avie.  pour 

I  11  de  ,'■1 
paifne,  en! 

du  T 

Le    I 
liomiii  . 
Oenoit,    iji.. 
en  un  pai' 
violence  .:  , 
rominiin  i 
deux  frère»  soi  I 
vais  pas. 

Kenxll  reoinuiii  I'  io.uii  dt  liico  sut  lui,  il 
l}l  vu-o  de  ne  plu»  diD^r'-r  «n  retraite.  De  retour 
&  la  cour,  il  dccouvi  lU  mi  Charles, 

qui  ne  consentit  qu  éparer  do  lui. 

c  Si  vous  me  quittiez,  lui  lit-il,  pour  servir  ua 
••  autre  prince,  je  ne   vous   le  permettrais   pas, 

n  ,:-que  c'est  pour  servir  le  roi  Jésus,  je 

■  1  y  opposer,  •■ 

LE  deumik  aoiii; 

I  (      r.:t    .     ..i..!....!    .1..    ■/>«    t.ft.tj't^ 


dit  adieu  aux  siens,  et  annonça  qu'il  allait 
retourner  à  la  cour  pour  y  continuer  ses  emplois. 
11  partit  donc  avec  son  équipaae  ordinaire  atiu 
de  Kc  doQuer  aucun  soupçon  ;  mais,  arrivé  au 
monastère  de  Saint-Seine  en  Hourgogne,  il  alla 
frapper  à  la  porte  et  demanda  humblement  à 
être  reçu  dans  cette  maison.  11  découvrit  alors 
sa  résolution  à  ses  gens,  les  récompensa  et  les 
renvoya  dans  les  terres  de  son  père. 

Quelques  jours  après,  le  jeune  comte  quittait 
son  riche  costume,  revêtait  l'habit  de  moine,  et 
iucliuait  la  lèUi  sous  La,  maiu  de  L'abbé  qui  lui 
coupa  la  chevelure. 

SA  VIS  A  S.\I?rr-Sli.NB 

11  commença  dès  lops  à  pleurer  ses  pêches  et 
à  en  faire  pénitence.  Le  jeùiio,  la  prière  accom- 
pagnée de  larmes,  la  méditation  des  choses  du 
ciei  abiiorbnient  son  Ame.  Il  pralii[uait  sur  lui 
les  plus  rudes  flagellations  et  ne  voulait  d'autre 
lit  que  la  terre  nue.  Il  ne  portait  que  des  habits 
usés,  et,  quand  il  les  fallait  raccommoder,  il  y 
mettait  lui-nièine  des  pièces  sans  examiner  de 
quelle  Couleur  elles  ét;iient.  Durant  les  nuits  les 
plus  froides  de  l'hiver,  il  lui  arrivait  de  rester 
debout,  les  pieds  nus,  sur  les  pavés  de  l'église 
pcnd;mt  des  lieures  entières. 

lue  si  extraordinaire  mortitication  donna  lieu 
à  quelques  frères  qui  ne  goûtaient  pas  sa  C(?ii- 
duite,  parce  qu'elle  condamnait  leur  tiédeur,  de 
le  faire  passer  pour  fou;  on  le  niillall,  on  lo 
in.inli.iii  iji  .Iiii_l,  t.Tiiili-.  ,)ue  le  Saint  -e  réjouis- 
se iir  qui,  lui  aussi,  fut 
ti.<  ...  'il  mi  il  damnait  des 
preuves  de  son  plus  grand  amour  pour  les 
boinmes. 

Mais  le     i 
pas  aillai  :  I  ' 
les  voiles  d'un.;  ',<'• 
firp  de  ■■e||i-rier.  l; 


c<  •    Laiil  de   - 

qi,  '-  du  mon 

tous,  d  une  .oinmuiift  voix,  h 
leur  supérieur.  Lo  Saint  fUt 
élection  11  venant  on 

la  retr 
roi,  il  li   .     >.  . 


lu  monastère  n'en  ju;.'eait 

ni  iiiif  h. iule  «t-'esse  sous 

,.;    :    '!'•  ,  il  lui  d>>nna  l'of- 

it.       ;    !  (lit  six  ans,  exerça 

'  lie  douceur, 

ut  à  mourir, 

ihisirent   pour 

surpris    de   cette 

laèiai'  temps  de 


quand  on  voulait  le  faire 
)>rendro  la  txuliï. 


.K  riK-Knr  I  i.Ki'iii 


Il  partit  donc  de  Saiiit-.S«in<-,  et  se  i  étira  dans 


ide  une 
■1  |e  Inii 


poUl  <q>'  ni  t  <'  t  liali.eliit'lil ,  il  :i. 

3iie  l'histoire,  cnuMacrant  ses  ti  i  .1 

ésormais  :  saint  Iti-noit  d'Aiiiaue. 
En  effet,  de  fer\enls  ilisciples   vinrent  bientôt 
se  ,       i     '        '1  .II.  De  nouvelle»  cel- 

''    la  sienne,    mais  le 


h 


D'Miiiu  e    ti'"'    MH  'ilif 

bient'H  contraint  di 

Inde      pour     COU''"!"   ■ 
I  lu--    Kranil.    1-e 
p<>rt«r  le  h'"-  '-i 
vail    son    '■ 
r  1-11.  diiraii' 

'•■iminuii- 

11  !••■.  reii 

•  ■  'eliii  d  Aiii.iiie 
■  -•Il  il«-  irirtine». 


Ml. niant  tm: 

imiter  celle  pi 

..         ..Il..iir-        .... 


■Il 


alUrrreiit  d«  buuv«ll 


Le  duc  Willem,  ce  irraiid  liorame  Je  guerre, le 
vainqueur  de  Barcelone,  vint  en  800  se  mettre 
sous  la  direction  de  notre  Saint.  A  quatre  milles 
d'Aniane,  dans  une  vallée  sauvage,  Willem, 
devenu  le  moine  Guillaume,  alla  habiter  un  ermi- 
tage en  compagnie  de  quelques  frères  dont  il 
faisait  l'admiration.  "  J'ai  vu  maintes  fois,  dit  le 
»  chroniqueur,  ce  guerrier  qui'  avait  conduit  des 
»  armées  à  la  victoire,  dirif;er  l'âne  qui  portait 
»  les  vivres  aux  moissonneurs.  » 

POUVOIR  SlB.NAlUnEL 

Les  miracles  du  Mont-Cassin,  au  temps  du 
grand  patriarche  des  moines  d'Occident,  se 
renouvelaient  à  Aniane,  sous  la  main  de  son 
disciple  et  saint  homonyme.  Qu'il  nous  suffise 
d'en  raconter  deux  : 

Pendant  la  famine  qui  affligea  la  Gaule  en  703, 
il  fit  mettre  en  réscr\"e  ce  qui  était  absolument 
nécessaire  pour  la  subsistance  des  moines  jus- 
qu'à la  moisson,  ordonnant  qu'on  distribue  le 
reste  aux  pauvres.  Les  provisions  furent  bientôt 
épuisées.  Benoît  commanda  que  les  largesses 
fussent  continuées,  et  les  pauvres  trouvèrent, 
Jusqu'à  la  lin  de  la  famine,  leur  pain  de  chaque 
jour,  dans  les  mains  du  saint  abbé. 

Une  autre  lois,  les  habitants  des  environs  lui 
ayant  amené  un  homme  qu'ils  avaient  déjà  cou- 
vert de  plaies,  parce  qu'il  avait  volé  des  chevaux 
dans  le  monastère,  il  le  prit,  banda  ses  blessures 
et  le  renvoya  guéri. 

Cependant,  de  toutes  parts,  on  accourait  aux 
pieds  de  saint  Benoît;  le  nombre  de  ses  moines 
s'accrut  tellement,  qu'il  lui  fallut  songer  à  éta- 
blir de  nouvelles  colonies  monastiques.  L'une 
des  premières  fut  celle  de  Menât,  en  Auvergne. 
Les  Frères  étaient  si  pauvres  que  les  provisions 
manquèrent  bient'H.  Le  cellerier,  informé  de 
cette  détresse,  fit  déposer,  roninie.  à  l'ordinaire, 
les  vases  vides  sur  la  table,  en  disant  :  «  Dieu, 
qui  nous  a  envoyés  ici  pour  le  servir,  aime  trop 
notre  père  Benoît  pour  laisser  ses  enfants 
mourir  de  faim.  »  Et  ce  jour-là,  le  frugal  repas 
se  trouva  miraculeusement  servi  par  le  Père  de 
famille  qui  est  aux  cieux.  Des  prodiges  de  ce 
genre  se  renouvelèrent  partout  où  saint  Benoît 
envoya  ses  Frères.  Chacune  des  abbayes  qu'il 
restaurait  ou  fondait  le  reconnaissait  pour  père; 
on  a  donc  pu  dire  qu'il  avait  eu  simultanément 
jusqu'à  douze  monastères  sous  sa  direction;  mais 
il  ne  faut  point  l'entendre  au  sens  d'une  plura- 
lité de  bénéfices  contraire  aux  canons  de  l'Eglise. 
Des  établissements  dirigés  par  saint  Benoît 
d'.\niane.  comme  ceux  que  le  patriarche  du 
Mont-Cassin  avait  vu.s  se  nraltiplierde  son  vivant, 
étaient  administrés  sous  ses  ordres  par  un  abbé 
qui  s'inspirait  de  sa  conduite  et  prenait  exemple 
sur  ses  vertus. 

l'adoptiakisme 

Voyons  maintenant  l'ap'Ure  du  Languedoc 
travailler  sur  un  autre  terrain  à  l'exaltation  de 
la  saint/;  l,'.;l]«e. 

I  ne  n.^uielie  hérésie  venait  de  s'élever  en 
K-j.wne.  Deux  évéqiie'*,  Elipand  de  Tolède  et 
lélu  d'I'ri^el,  en«(iignaient  contre  toutes  les 
Lcriiures  et  la  tradition.  ••  que  Jésus-Christ,  en 
tant  qu'homme,  n'était  pas  le  vrai  fils,  ni.ii-  ■-.  ii- 
lui>-iitle  fils  adoplif  du  père.  ■•  Ch.i 
!   lit  l'œil  était  ouvert  sur   toute  la  fi  , 

'    niinda  des  lutteurs  pour  combattre.  Les  cham- 
! .^  de  l'orthodoxie  s'élevèrent  alors  de  par- 
'.  ;  saint  Paulin  d'Aquilée,  le  moine   Alcuin, 
H      I  riu«,  plu"<  tard ''véquc  d'0«ma.  répondirent 


aux  blasphèmes  de  Félix  et  d'Elipand  par  des 
traités  complets  où  l'erreur  des  nouveaux  nes- 
toriens  était  explicitement  réfutée. 

En  même  temps,  Lendrade  de  Lyon,  Nébridius 
de  Narboune  et  saint  Benoit  d'Aniane  entre- 
prirent une  véritable  campagne,  dans  les  pro- 
vinces méridionales  de  la  Gaule  et  les  cités  de 
la  .Marche  hispanique,  pour  combattre  l'erreur 
et  préserver  les  peuple»  de  la  contagion. 

Quelques  lettre?  d'.\lcuin,  adressées  à  «  son 
fidèle  ami  ••  saint  Benoît,  permettent  de  croire 
qu'il  avait  lui  aussi  réfuté,  la  plume  à  la  raam, 
l'hérésie  d'Elipand,  avant  de  l'attaquer  sur  sou 
propre  terrain  par  les  armes  de  l'éloquence; 
mais  les  ouvrages  qu'il  aurait  écrits  sont  aujour- 
d'hui perdus.  Nous  savons  qu'il  effectua  jusqu'à 
trois  fois  le  voyage  d'Espagne  pour  étouffer 
l'erreur.  Les  luttes  des  apôtres  de  la  vérité  ne 
furent  pas  stériles,  car  si  Félix  et  Elipand  mou- 
rurent dans  l'impénitence  fmale,  l'adoptianisme, 
subissant  le  sort  des  autres  hérésies,  finit  par 
mourir  des  blessures  qu'il  avait  rerues. 

APRÈS  LA  LUTTB 

Saint  Benoît  revint  après  le  combat  reprendre 
dans  la  prière  et  le  silence  du  monastère  des 
forces  nouvelles  pour  se  préparer  aux  combats 
qu'il  lui  restait  à  livrer. 

Cliarlemagne  voulut  alors  récompenser  son 
vieil  ami  du  zèle  qu'il  avait  déployé  contre  l'er- 
reur; il  lui  fit  bâtir  à  Aniane  "un  splendide 
nionastère,  un  des  plus  beaux  du  royaume,  au 
témoignage  des  historiens.  Le  saint  abbé  redoubla 
d'efforts  pour  faire  toujours  régner  l'esprit  de 
pauvreté  dans  ce  somptueux  édifice,  et  on 
raconte  qu'il  mettait  en  pénitence  les  religieux 
qui  laissaient  perdre  quelques  feuilles  de  choux, 
tant  il  aimait  la  pauvreté. 

II  y  établit  une  école  de  Saintes  Lettres,  d'où 
sortirent  des  théologiens  instruits  dans  la  science 
des  Ecritures,  qui  rendirent,  sur  les  sièges  épis- 
copaux  et  abbatiaux,  de  véritables  services  à 
l'Eglise.  Aniane  fut  ainsi  pour  le  Midi  de  la 
France  ce  que  Fulde  était  pour  FAIIemagne,  un 
asile  et  un  Séminaire  pour  la  littérature  chré- 
tienne. 

LE  GRAND    RÉFORIIATEUR 

Louis  le  Pieux  ayant  succédé,  en  81  »,  au  elo- 
rieux  Charles,  voulut  continuer  l'auvre  de  son 
père.  Il  restait  à  réformer  l'Ordre  monastique, 
dont  les  malheui's  des  temps  avaient  altéré  la 
pureté  primitive.  L'eoapereur,  qui  avait  remarqué 
en  Aquitaine,  les  merveilles  de  sainteté  opérées 
par  saint  Benoît,  le  chargea  de  cette  difficile 
entreprise,  en  lui  joignant  les  abbès  les  plus 
exempl.'ureB  de  France. 

Quoique  la  plupart  des  monastères  fissent  pro- 
fession de  suivre  la  règle  de  saint  Benoît,  il  y 
avait  néanmoins  des  variétés  sans  nombre,  intro- 
duites par  fe  rel.-^chemeut  et  les  changements 
successifs  d'observance*". 

Pour  parvenir  plus  facilement  à  son  but,  le 

Saint  assembla  à  Aix-la-'  ' "  ■   sous  les  yeux 

de  l'empereur,  tou":  les  ~  des  monas- 

tères de  l'empire.  Il  fit  d  .„:^.,  si  judicieux 
et  si  conformes  à  la  véritable  vie  religieuse  qu'ils 
furent  auanimcment  rpnis  ,1..  l'n«^f.i,ii,i,'r  [K 
eurent  dans  la  suite  prr-  .' 

que  les  prcscription.s  de  :-  i        '  ,  n. 

fallut  rien  moins  que  la  persévérance,  la  douceur 
et  la  prière  de  l'abbé  d'Aniane  pour  triompher 
Je  tous  les  obstacles. 

Or,  conlintie  riiai.'iographe,  le  très  pieux  empc- 


reur,  Louis,  avait  contracté  une  sainte  amitié 
avec  Benoit  d'Aniane;  il  l'appela  en  Alsace  pour 
étendre  à  cette  contrée  et  aux  provinces  de  la 
Germanie  les  bienfaits  de  la  réforme.  La  ferveur 
avait  diminué ,  et,  dans  les  monastères  où  le  sou- 
venir de  saint  Boniface  était  encore  récent,  le 
relâchement  s'était  introduit  comme  en  France. 

Benoit  vint  d'abord  se  fixer  à  Maur- .Munster: 
mais  l'empereur,  trouvant  ce  lieu  encore  trop 
éloigné  de  son  palais  d'Aix-la-Chapelle  pour 
jouir  souvent  des  colloques  du  .Saint,  choisit, 
dans  le  voisinage  de  cette  ville,  un  délicieux  val- 
lon arrosé  par  la  rivière  de  l'iiidi.  Il  y  (it  cons- 
truire une  abbaye  qu'il  dédia  sous  le  vocable  de 
Saint-Corneille  et  l'olTrit  au  pieux  réformateur. 

I,a  réputation  de  Saint-Corneille  d'Indi  ne 
tarda  pas  à  so  répandre  dans  toute  les  (iaules. 
Lne  jjenératioa  de  fervents  abbés,  formés  à  celle 
école,  brillèrent  à  la  fois  sur  tous  les  points  de 
l'empire.  Ainsi  Dieu  préparait  une  lésion  d'Ames 
fortes  et  vaillantes,  pour  conserver,  dans  le  sein 
des  cloîtres,  les  {jerraes  de  la  sainteté  et  de  la 
civilisation  chrétienne,  déjà  menacées  par  l'in- 
vasion des  Normands. 

L'u'uvre  de  saint  Henoîl  d'Aniane  survécut  à 
son  fondateur;  elle  s'immortalisa  dans  les  écrits 
qu'il  nous  a  laissés  et  qui  prouvent  une  érudi- 
tion et  des  recherches  peu  communes.  Sous  le 
litre  de  <■  Code  des  rè;^les  des  moines  et  des  cha- 
noines, >•  il  réunit  en  un  seul  corps  d'ouvrage 
l«sconstitutions  monastiques  desPères  deTEfilise 
d'Orient,  saint  Basile,  saint  .Xnalhase,  et  de  ceux 
de  l'Ej^lise  d'Occident,  saint  Augustin  saint 
Benoît.  Il  composa  ainsi  comme  une  gerbe  ma:.'ni- 
fique  avec  les  plus  beaux  épis  ;:lanés  dans  tout 
le  champ;  il  montra  ensuite  l'admirable  unité 
de  toutes  ces  règles  dans  un  second  ouvrat;e  : 
I'  Concorde  des  règles,  »  vrai  chef-d'u'uvre  de 
modestie  et  d'humilité  chrétienne.  "Je  n'ai  d'autre 
iiul.  dit-il,  en  composant  cet  ouvrage,  que  celui 
de  la  charité,  d'autre   désir  que  de  travailler  au 

salut  i'-ii   Ames Et  vous,  ajoute  le  Saint,  qui 

lirez  ou  entendrez  lire  ce  livre,  s'il  arrive  que 
vous  y  rencontriez  parfois  l'attrait  et  la  saveur 
du  miel  que  j'ai  emprunté  aux  écrits  des  Pères, 
je  vous  demande  en  retour,  d'invoquer  pour  moi, 
pauvre  pécheur,  lu  miséricorde  divine.  " 

l'avocat  dm  pauvres 

L'amitié  dont  il  jouissait  auprès  de  l'empe- 
reur lui  faisait  obtenir  tout  ce  qu'il  voulait:  saint 
U>-noli  ne  sut  pas  mieux  employer  cette  faveur 
qu'en  la  mettant  au  service  des  paurres.  Louis  le 
Pieux  trouvait  bon  qu'il  se  fit  leur  protecteur, 
et  lorsqu'il  venait  le  voir  en  son  palais,  le  prince 
allait  lui-m'''ni>'  au-devant  du  Saint,  et  portait, 
d'un  uir  ai:réable,  la  main  dans  sa  manche  pour 
•  Il  tirer  la  liasse  des  n^qu^tes  qu'il  lui  venait 
i  :  ciller  en  leur  faveur;  il  les  lisait  sur-le- 
champ  et  y  répondait  le  plus  t4t  qu'il  pouvait. 

SAi.tT  be:«oit  d'amiani  visrrK  tous  lES  jsituamKti 

SES  MIKACLtS 

Benoit  veillait  sur  tous  les  monastères  de  l'em- 
pir-,  d  lit  il  était  le  père  el  le  prrraier  abbé. 
^  il  entreprit  de  long»  et 

,  .lier  donner  de  nouvelles 

fur.  '  '^  dans  la  nouvelle  profession 

qu'il  ^ssée. 


Sa  chanté  n'exceptait  personne,  et,  en  peu  de 
temps,  il  parcourut  tous  les  monastères  qui  sui- 
vaient la  réforme:  c'était  la  dernière  visite  qu'il 
rendait  à  ses  enfants:  la  mort  viendra  bientôt 
trouver  cet  homme  qui,  selon  l'expression  d'un 

I   biographe,  «  n'aurait  jamais  dû  mourir.  » 

L'histoire    nous  a   conservé  les   souvenirs  de 

!  plusieurs  miracles  que  Dieu  opéra  en  sa  faveur 

I  dans  ces  occasions. 

I       II  arriva  un  jour  dans  un  monastère  où  les 

'  religieux  n'avaient  rien  à  lui  offrir:  Dieu  y  pour- 
vut en  faisant  trouver  du  poisson  dans  dès  eaux 

I   où  il  n'y  en  avait  jamais  eu. 

I  Lne  autre  fois,  Notre-Seigneur  renouvela  en 
sa  faveur  le  miracle  deCana,  chaiiseant,  pour  le 
rafraîchir,  de  l'eau  en  un  vin  excellent.  Mais  ce 
ne  sont  pas  les  seules  merveilles  qui  ont  illustré 
le  passage  sur  la  terre  du  serviteur  de  Dieu.  Il 
opéra  lui-rat'me  un  grand  nombre  de  miracles  ; 
on  le  vil  détruire  par  sa  prière  une  quantité  pro- 
digieuse de  sauterelles,  arrêter  des  inondations, 
éteindre  des  incendies;  ses  disciples,  animés 
de  son  esprit,  faisaient  aussi  des  actions  mira- 
culeuses. 

Ces  grandes  faveurs  que  Benoit  recevait  du 
ciel,  jointes  à  l'amitié  que  lui  témoignait  l'em- 
pereur, excitèrent  la  jalousie  de  (juelques 
envieux.  Ils  cherchèrent  à  indisposer  Louis 
contre  lui;  de  faux  amis  lui  conseillèrent  même 
de  fuir,  sans  attendre  un  exil  qu'ils  disaient  lui 
devoir  être  fort  honteux. 

.Mais  l'empereur  connaissait  trop  la  vertu  du 
vieillard,  et,  pour  vaincre  les  jaloux,  il  alla  se 
jeter  dans  ses  bras  la  première  fois  que  le  Saint 
vint  le  voir. 

S\  MORT 

11  ne  restait  plus  à  Benoit  qu'un  combat  à 
livrer  pour  arriver  à  la  victoire.  Dieu  sembla 
vouloir  l'y  préparer  lui-même  :  aux  travaux  de 
la  charité,  il  fit  succéder  le  travail  de  la  maladie. 
Le  Saint  fut  attaqué  d'une  fièvre  violente;  il  ne 
diminua  rien  cependant  de  ses  austérités.  On  le 
trouvait  souvent  prosterné  le  front  dans  la  pous- 
sière, ou  les  bras  levés  au  ciel,  ou  recevant  dans 
ses  mains  les  larmes  qui  coulaient  de  ses  yeux, 
de  peur  de  souiller  les  pages  de  la  S.iinte  Ecri- 
ture qu'il  avait  constamment  devant  lui. 

L'empereur  le  voulut  avoir  toujours  dans  son 
palais  :  ce  ne  fut  ijue  quelque  temps  avant  sa 
mort  qu'il  permit  aux  religieux  de  le  iran'^porter 
&  Saint-Corneille,  afin  quf  ce  digne  et  aimable 
Père  pût  linir  sa  vie  entre  les  bras  de  ses  enfants. 

l'ne  dernière  fois,  saint  Benoit  écrivit  à  son 
monastère  d'Aniane,  exhortant  ses  frère*  i 
demeurer  fermes  au  milieu  du  danger.  Son  esprit 
semblait  prévoir  les  invasions  de»  barbares, 
mais  il  n'>'Ut  pas  la  douleur  d'assister  &  celte 
tempête  qui  .illait  fondre  sur  l'Europe  catho- 
lique. Il  mourut  plein  de  jours  et  de  saintes 
œuvres,  le  7  février  H21. 

Autour  de  sa  couche  funèbre,  ses  disciples 
agenouillés  reçurent  la  dernière  bénédiction  du 
patriarche.  Il  leur  imposa  les  mains,  nuis  d'une 
voix  encore  vigoureuse,  il  entonna  le  verset  : 
'  Juilui  e<  homine,  rt  reflum  juilirium  luum. 
^  ous  êtes  juste  Seigneur,  et  votre  juuemcnt  est 
droit. -'Sa  voix  s'éteignit,  et  le  Bienlicureux  alla 
continuer  avec  le*  anges  le  chant  du  roi-pro- 
phèle. 


Itop   ytranl  .  t.  l'iiiiutv 


Knii 


!•■    I'.-»n- 


SAINT  lAIÉLÈCE.  ÉVÊQUE   D'AÎVTIÛCIIE 


Fétt  te  12  février. 


-M^. 


■1 


é/-2 


m. 


'  <'•--'' 


Saint  Mélèce,  envoyé  en  exil,  protège  sous  son  manteau  le  gouverneur  civil 
que  le  peuple  veut  massacrer. 


DOUCEUR  DE  IIKLECE  —  IL  EST   ELU    EVEyLE  DE  SKBASTE 

Mélèce  était  de  Méliléne.en  Arménie.  Il  descen- 
dait d  une  des  [dus  nobles  familles  de  ce  pays. 
Esprit  droit  et  peu  ordinaire,  il  appela  de  honne 
heure  sur  lui  I  attention  de  ses  concitoyens.  A 
ses  <]ualilés  intell. ■cIupIIps,  il  unissait  la  douceur, 
une  douceur  imperturlmble,  qui,  pareille  aux 
fleur*  odoriférantes, attire  comme  irrésistihjement 
ver>»  elle  tous  ceux  qui  s'en  approchent.  Il  était 
d'un  accès  facile  et  attrayant  et  srandemeiit  aimé 
de  t'iusceux  qui  le  connaissaient.  Quoique  d'une 
foi  fi'rme  et  invincible,  commp  on  aura  I  occasion 
de  le  voir  plus  loin,  il  semblait  naturellement 
ennemi  de»  disputes  et  conlroverse«  reli;:ieuses. 
Au'-i,  les  sectateurs  d'Ariu',  qui  ne  trouvaient 
en  lui  que  bonté  et  bienvcilLini-e,  crurent  favnra- 
W  à  leur  doririne  un  homme  qui  était  chari- 
'  il  ]■■  pour  leurs  personnes  :  ■■  Cet  homme  est  des 
nôtres,  disaient-ils,  il  ne  faut  pas  le  laisser  dans 
l'ombre.  » 

(■.,.1  <.oiirqtini  Ku-itarbe.  «emi-arien,  ayant  h\f- 
1  conciliabule  arien  de  Con^tantinople, 

;  ur  attention  se  porta  sans  hésiter  «ur 

<-elui  qu'il*  ne  craignaient  pas  de  proposer  comme 


leurdéfenseur.lir.iceàla  protection  de  Constance, 
ils  le  lirent  monter  sur  le  sié^'e  de  Sébaste. 

Dès  les  débuts,  notre  .'>aint  eut  l'orcasion  d'ex- 
périmenter le  caractère  incorri;;ible  et  léser  de 
son  peuple,  tant  arien  que  catholique.  Ce  peuple 
savait  aimer  et  louer  le  bien,  mais  il  ne  voulait 
se  résoudre  à  le  pratiquer.  Mélèce,  à  la  vue  du 
peu  de  fruit  qu'il  recueillait  dans  cette  l'L'lise,  se 
démit  de  sa  charge  et  se  retira  dans  la  solitude 
pour  consacrer  plus  librement  à  snii  Hieu  une  vie 
qu'il  pensait  devoir  être  san<  fruits  au  milieu  du 
I rouble  et  de  la  mauvaise  disposition  des  esprits. 

IL    SE    RETIIIK    EN    SYRIE 
IL  EST  DÉSIG.Ntf  PAR  COKSTA:<i:EI>0(;R  LE  SIBGBO'ANTIOnlIK 

Il  joui.°sait  paisiblement  de  sa  solitude.  Cepen- 
dant le  voisinar-'e  de  Sébaste  et  d^s  autres  villes, 
ou  il  était  connu,  lui  faisait  redouter  qu'on  in- 
vint  d'un  jour  à  l'autre  le  chercher  pour  remetfr>' 
«ur  xes  épaules  le  lourd  fardeau  de  l'épiscopai. 
\liii  d'éviter  le  daiiper,  il  quitta  son  dé«erl.  «'i. 
(iiyanl  loin  du  sol  qui  l'avait  vu  naître,  il  alli  -p 
cacher dan^lp"  monlacnesde Itérée  enSyrie.Cflle 
nouvelle  solitude  était  celle  qu'il  aurait  voulu  trou- 
ver dé»  le  commencement  de  sa  vie  érémilique. 


.Jh» 


A  son  ima;;inalion  vive  et  brillante,  sans  cesse 
occupée  Je  se  représenter  les  grandeurs  ol  les 
ma^'niûcences  de  Dieu,  il  fallait  une  nature  gran- 
diose et  majpslaease  <]ui  put  lui  en  oiTrir  une 
saisissante  inia:;e.  Cet  idéal  était  ici  réalisé  mieux 
pent-i'ln-  que  partout  ailleurs:  vallées  situées  au 
milieu  lie  niontaj^nes  élevées,  escarpées,  et  dont 
la  cinii  jiaraissait  toucher  les  nues,  terre  ver- 
doy.iiit.-,  ruisseau  dont  le  murmure  s'unissait  aux 
c.f  -iillements  d'oiseaux  purtii-uliers  à  ces  pa- 
r.i-  -,  tous  les  êtres  enfin  chantant  leur  Créateur 
pai  des  hymnes  propres  a  chacun,  invitaient  le 
serviteur  de  Dieu  à  ne  pas  rester  en  arriére,  en 
présence  de  ce  concert  universel. En  entrant  dans 
Ces  lieux,  il  se  dit  :  «  Vraiment,  c'est  ici  le  lieu 
de  mon  repos.  »  Dieu,  cependant,  n'aime  pas  la 
pai.i  de  ceux  qu'il  a  faits  pour  la  guerre.  Aussi 
ne  permit-il  pas  que  Méléce  en  jouit  Inn^'temps. 

L'K-'li^e  d'Antiochese  trouvait  dans  une  situa- 
ti'i.  I.iuienlahlu  depuis  l'exil  de  saint  Eustache 
{'XM  .  Les  unsetlesaulres  voulaient  remédiera  ce 
mal,  mais  ils  voulaient  chacun  un  év.'que  de  leur 
parti,  l^s  ariens,  se  souvenant  (|ue  notre  soli- 
taire avait  été  élu  évèque  de  Séhaste,  fjràce  à 
leurs  coreligionnaires  ,  le  croyaient  toujours  de 
leur  parti.  Tout-puissant  auprès  de  Constance, 
ils  sollicitèrent  de  lui  sa  promotion  il  l'évéché 
d'Aiitioche.  Ce  prince,  qui  appartenait  de  corps 
et  d'Ame  à  l'arianismcse  l'élicit^i  de  pouvoir  leur 
accorder  cette  demande.  l>es  émissaires,  envoyés 
à  la  recherche  de  Méléce,  l'amenèrent  à  la  capi- 
tale Je  la  Syrie.  Sa  .sainteté  était  connue  ;  son 
entr^'e  fut  un  véritable  triomphe, et  sa  promotion 
fut  universellement  approuvée  des  catholiques  et 
des  anens.  L'acte  de  son  élection  fut  remis  à 
saint  Kusèbe  de  Samosale,  qui  avait  assisté  à 
l'a-sscmblée  chargée  de  ratifier  cette  élection. 

SAGESSE   DE  9AINT  utlÀCB   —  SA    PROFESSION  OB  FOI 

Saint  Mélècc  n'i(;norait  pas  les  idées  que  chaque 

parti  se  faisait  sur  -mi  compte.  Il  profita  donc  île 

1        '  -  bienveillaiiles  piiur  s'attirer  tout 

iitn  de  tous  les  cœurs,  avant  d'y 

1'  1    la  b'iMiie  semence  de  la  doctrine 

.  En   conséquence,  il  commença    par 

it 1.  s  inii'ur^,  mai-  toujours  avec  l'arme  Je 

la  Jouceur,  qui  sait  amollir  les  caractères  les 
plu-  dur-  et  les  plus  nbelles. 

■liiul>l"is,  b's  lièrétii|ues  et  les  catholiques 
eux-mêmes  rominençoient  à  tenir  sa  foi  en  sus- 
r-  I.  Les  premiers  pressaient  (instance  Je  le 
Iir.  -r  à  se  déilarer  sur  ce  point.  L'empereur 
reiiiiit  plusieurs  èvéqucs  ariens  avec  Uélece,  et 
leur  iirdonna  ù  tous  do  ciuniuentor  ce  texte  de 
I  l.ciiturc,  dont  le^  sectaires  se  servaient  pour 
él  '    'T    l«-lir  Jo'-lrine    :  ..  /kiiuinuj  doviso/i/  xif    m 

'  ur  ma  p" 
'                                                   'les.  »  Il 
I             .                                 iii-  Dieu  avait   •  r^  e    i  • 
\            .1  i                               .1  de  SCS  voies,  et  qu'il 
1                  I     iiii>',  ■(11  iiii'-  cpalure.  I>es  '  >   '       -•- 
i                     ni  i>rdre   d>'   i>'i m  illir  ni>'l 
I  ,\-^     •(•■■•; lies.     Les     deux     ) .•  i - 

r  il.  ilnn«  !"•  sens  arien.  P«r- 

i,  i,.ia  lo  niunde    ■■■■  •  iT<'i 

1  :  I        lén  ol  (il 

I  '  ,ii    avec    u.- 


I'-  Ml 
.  I  iilllllie  l'a 
Il  iT  'iiiiin 


idairo  an  Jespolo 


e-t  le  Fil^  de  Dieu,  consubstantiel  au  l'ère,  seul 
d'un  seul,  Dieu  de  Dieu.  Il  termina  en  -'élevant 
avec  iudi^oatiou  contre  la  prétention  dos  héré- 
tiques qui  voulaient  scruter  les  profondeurs  de 
la  divinité  et  la  connaître  comme  elle  se  connaît 
elle-même.  Cette  prolession  évidente,  manifeste, 
d'une  foi  de  la  plus  pure  orthodoxie,  soulagea 
complètement  la  conscience  des  bons,  qui  avaient 
auparavant  des  doutes  sur  sa  doctrine. 

I.NC1BI:.M    «F.LATIF    AU   IMSCOCnS    DE  MKLiXE 
IL    SADVE  LE   COl'Vgn.NEUR   —   MK  EXIL 

Des  auteurs  racontent  nue,  furieux  de  le  voir 
exposer  d'une  manière  si  claire  la  doctrine  catho- 
lique, son  archidiacre  qui  était  arieu.  eut  l'inso- 
lence de  venir  lui  fermer  la  bouche  avec  la  main. 
Méléce,  dans  l'impossibilité  de  continuer  son  dis- 
cours, explique  par  des  signes  ce  que  sa  bouche 
ne  pouvait  plus  proférer.  11  montra  au  peuple 
trois  doigts  et  eu  ferma  eusuite  deux.  U  voulait 
montrer  par  là  qu'il  y  a  en  Dieu  trois  personnes, 
mais  qu'étant  égales  ces  trois  personnes  ne  font 
qu'un  seul  Dieu. 

L'empereur  se  retira  de  l'assemblée  la  haine 
et  la  fureur  dons  le  cœur.  Deux  jours  après,  saint 
Méléce  "'lait  jeté  dans  la  voiture  du  gouverneur, 
pour  être  mené  en  exil.  A  cette  vue,  le  peuple 
exaspéré  se  jeta  sur  cette  voiture  prêt  à  massacrer 
l'officier  public,  qui  ne  dulsun  salut  qu"à  la  pro- 
tection de  notre  Saint  qui  le  couvrit  de  son 
manteau.  Un  comprendra  facilement  celte  tenta 
tivc  si  l'on  sait  qu'en  moins  d'un  mois  le  saint 
évéque  avait  gagné  à  ce  point  l'affection  de  son 
troupeau  que  l'on  donnait  son  nom,  en  signe  de 
bonheur  futur,  à  tous  les  nouveau-nés. 

Méléce  fui  envoyé  en  exil  au  fond  de  la  petite 
Arménie. 

R^ONSE    COCBAGEOSE    DE   SAINT   ECSÈDE   DE   SAMOSATt 

Cependant,  une  chose  contrislait  l'empereur  et 
les  hérétique»  :  c'est  qu'ils  avaient  remis  l'acte 
Je  rplection  de  Méléce  enlre  les  main-  de  -.ainl 
1  jisèbe  de  Samosate.  Cet  acte,  s'ils  négli-eaieiil 
de  le  faire  disparaître,  pouvait  leur  porter  préju- 
dice plus  tard,  aussi  Constance  se  liAl^i-t-il  d'en- 
voyer des  ofliciers  chai;.ès  de  sa  part  Je  lui 
réclamer  cette  pièce  :  a  S'il  se  refuse  k  vous  la 
donner,  leur  dit-il,  menacez-le  Je  lui  couj)er  la 
main  Jroitc.  » 

Les  Jèiiutés  accomplirent  fidèlement  leur 
mission; ils  présentèrent  auSnintl'ordre  impérial 
par  leijucl  il  était  souiiné  du  reiiJre  les  pièces 
qui  lui  avaient  été  remises  apre>  l'élection  Je 
Méléce.  Comme  les  officier»  Jcvaient  s'y  attendre, 
Eusébc  déclara  "'nergiquemcnl  qu'il  iielescéibrait 
pas.  <  Si  vous  refusez,  nous  avons  ordre  de  tous 
C4>upi'r  la  main  droite,  <  Jircnt  les  impériaux, 
u  Et  bien  !  répondit  Eusébe,  coupez-les  iiiui  toutes 
les  deux,  car  je  ne  rendrai  jainai.s  ce  décret,  i|ui 
est  une  pièce  de  conviction  si  manifeste  de  la 
'  :    '     lié  des  ariens.  «> 

J  il  apprit  cette  rénonsc,  l'empereur  ne 

I  1...   J'ndmirer  l.'i  grande!!'   ■■•I"  lit) 

I  aie.  Il  fil  \eiiir  l'un 

I  ,i,..M.-     .!.  ■■  I.     ■ 


d  AnUocbe  ce  vil  usurpateur. 

RAPriL  M  iiAi?rr  miiMcM  —  divim<>^  hk  «0:1  m.!.!"!! 

SEitOKIi  KXIL 


.1 


di;  i  Li.riluii  ,•!  Ui  Uii'Iilla  i.l.i.ii.lu..lil  ijUi.  II.  N  >  I  L.    .    ^I^:.    Ji,     i.^1    L.Clt   LiLilu,   Jali      UUi     liit.  crabic 


cabane  de  paysans,  abandonné  de  Dieu  et  des 
hommes. 

Il  eut  pour  successeur  le  trop  fameux  Julien 
l'Apostcil.  Celui-ci  rêvait  depuis  son  enfance  le 
rétablisseméntdu  paganisme.  A  pein'^  sur  le  trône, 
il  s'occupa  de  rnaliser  au  plus  tôt  ses  plans  con- 
çus de  si  loiiiiue  date.  Pour  arriver  plus  facile- 
ineul  à  son  but,  il  crut  nécessaire  d'autoriser 
ifabord  dans  l'empire  l'exercice  de  toutes  les 
reli;.'ions.  On  voit  par  là  qu'il  ne  voulait  pas 
organiser  une  persécution  sanu'lante,  mais  uue 
pe''S'''cution  qui,  au  lieu  d'atteindre  le  corps, 
pém-trerait  jusqu'au  fond  jes  cueurs.  Aussi,  s'ein- 
pressa-til  de  rappeler  les  exilés.  Mélèce  revint  à 
son  Eiilise  d'Antiocbe. 

Hélas  !  dans  quel  état  la  trouva-t-il  ?  Divisée  et 
rongée  par  le  ver  de  la  discorde.  Deux  partis 
luttaient  ;  les  méléciens  et  les  eustathiens.  Ces 
derniers  étaient  composés  de  ceux  qui,  à  la  mort 
de  saint  Eu-lallie,  n'avaient  pas  voulu  se  rani:er 
sous  la  houlette  de  .Mélèce,  sous  prétexte  que  les 
ariens  avaient  pris  part  à  son  élection.  En  con- 
séquence, ils  avaient  nommé,  pour  succéder  à 
F.ustathe,  Paulin,  qui  reçut  la  consécration  épis- 

•  opale  de  Lucifer  de  Caiiliari.  Ce  fut  en  vain  que 
le  pieux  érfque  tenta  de  les  ramener  à  l'unité. 
Ses  efforts  ne  tirent  qu'envenimer  leur  colère 
contre  les  habitants  fidèles  à  Mélèce  et  appelés 
pour  cette  raison  méléciens. 

Ine  autre  péril  attirait  le  tèle  de  l'évéque. 
Julien  r.Apostats'elTorçaitde  transformer  Antioche 
en  cité  païenne.  Le  Saint  s'éleva  avec  force  contre 
ces  desseins  perfide>.  L'apostat  trouva  ce  prélat 
importun,  et  l'envoya  en  exil  en  .Arménie. 

RSTOUR  sous  JOTIEN 
VALENS    ESSAÏE    DK    LE   CORROMPRE   —  TROISIÈME  EXIL 

On  connait  la  mort  du  tyran  Julien,  on  connaît 
également  le  caractère  loyal  et  franchement 
catholique  de  Jovien,  son  successeur.  Ce  prince 
avait  pu  apprécier  le  mérite  du  patriarche  d'An- 
tiocbe. Il  ne  l'appelait  que  du  nom  de  confesseur. 
Mélèce  put  donc  revenir  en  son  Ef,'Ii-;e.  Mais  il  ne 
(levait  pas  tarder  à  reprendre  le  chemin  de  l'exil, 
lovieii  ne  ré;.'na  que  huit  mois.  Valens.  disent 
les  historiens,  était  l'un  des  princes  les  plus  inha- 
biles qui  se  soient  jamais  assis  sur  un  trône.  Le 
mot  de  barbare  le  faisait  tremlder  comme  la 
feuille  sous  le  soufllc  de  la  moindre  brise.  Contre 
If-s  hommes  sans  défense,  il  était  plus  vaillant; 
i-ontre  eux  il  obtenait  les  plus  beaux  triomphes. 
Parmi  ses  ennemis,  il  eut  vite  remarqué  saint 
Méle>e.  Il  aurait  voulu  le  faire  son  complice  dans 
son  </  Dvi"  de  deslruetion.  A  cet  effet,  il  eut  une 

•  îitp  ■■  iver  lui  a  .\ntioche.  AveuL'Ie  tyran,  qui 
rtny.iii  t'iiiies  les  ;\mes  faites  comme  la  sienne, 
doubles  et  capables  de  changer  à  tons  les  vents. 
Le  vénérable  prélat  lui  reprocha  sarruauté  et  «a 
perfidie.  La  répons<-  ne  se  fit  pas  attendre,  et  le 
patri.Trehe  fut  traîné  de  nouveau  vers  la  petite 
Arni'-nie. 

l'eMPKRLLR  ORACIE.N  MKLSCR   ESSAIE  DE  MCTTHE  FIX 

AUX    IIIVISIONS  OK    S0>    EGLISE 

Toule  ri:.li-e  d'f>rient  était  ib'solée  et  dévastée 
par  I.T  t'iaiihie  cruelle  et  impie  de  l'enipHri'ur 
ii'r'';  ;  :  La  persécution  dura  plusieurs  années. 
hi'ii  ii'    iidail.  Vint  enfin  le  jour  du  châtiment: 

\  |^ll  .  I"  'iMant,  dut  marrher  <^  la  tét<>  des 
I  ■!  :.  I  m  .  iii-s  contre  l'invasion  des  <>olhs. 
I  iiiainc  vaincue  fut  fire^cpie  entièrement 

I  .  ri>   fut    un    dé'.ii'-tre    inoui.    Valens, 

l'j';    •    ■  ;   -e  tordant  de  ib>iib  ur.  fut  relcié    par 


ses  compajjnons  d'armes  et  porté  dans  la  cabane 
d'un  paysan  Bientôt  arrivèrent  les  barbares  qui 
incendiaient  toute  la  campagne;  ignorant  la  riche 
proie  qu'abritait  la  cabane,  ils  y  mirent  le  feu.  et 
Valens  périt  misérablement  dans  les  ilammes 
avec  les  derniers  serviteurs  fidèles  qui  l'entou- 
raient. 

L'empereurd'Occident,(>ratien,excellent  catho- 
lique et  ami  de  saint  Ambroise,  restait  seul 
maître  de  tout  l'empire;  il  se  hùta  de  rappeler 
les  catholiques  exilés,  de  rendre  la  paix  à  l'Eglise, 
et  confia  le  gouvernement  de  l'Orienta  un  illustre 
général  qu'il  associa  à  l'empire,  Théodose  le 
Grand. 

Notre  doux  saint  Mélèce,  de  retour  dans  sa 
chère  Eglise  d'Antiocbe,  eut  la  douleur  d'y 
trouver  les  catholiques  en  proie  à  leurs  anciennes 
divisions.  Les  méléciens  rejetaient  les  pauliniens. 
et  les  pauliniens  rejetaient  les  méléciens.  .'>ur  le 
conseil  de  saint  Baisile,  Mélèce  apprit  à  Paulin  un 
moyen  facile  de  réconcilier  les  esprits  :  «  (iou- 
vernons  ensemble  cette  Eiilise  d'Antiocbe,  dit-il, 
et  à  la  mort  de  l'un  de  nous,  le  survivant  restera 
seul  évèque.  »  Paulin,  par  une  mauvaise  volonté 
qu'on  ne  saurait  excuser,  n'accepta  qu'une  partie 
de  la  proposition,  celle  de  ne  pas  recevoir  de 
successeur  à  sa  mort,  s'il  mourait  le  premier. 
Les  troubles  continuèrent  donc  comme  par  le 
passé. 

Néanmoins,  le  véritable  pontife  conserva  tou- 
jours avec  son  adversaire  les  liens  étroits  de  la 
charité.  Il  s'appliqua,  en  outre,  à  cultiver  avec 
zèle  le  petit  cbamp  qui  lui  était  confié.  Ses  fidèles, 
de  leur  côté,  lui  vouaient  une  affection  toute 
filiale.  Voici,  du  reste,  le  portraitque  nousen  trace 
saint  (îrésoire  de  Nazianze  :  <(  Mélèce,  dit-il,  était 
un  é>èque  simple,  sincère,  plein  de  Dieu,  affable, 
généreux,  modeste,  et  en  qui  l'on  voyait  briller 
le  caractère  du  Saint-Esprit.  » 

CONCILE  A    CONSTANTIXOI'LE 

En  381,  Théodose,  pour  répondre  aux  vœux  du 
pape  saint  Damase,  convoqua  tous  les  évéques 
d'Asic-.Mineure  et  de  Syrie  pour  un  Oncile  qui 
devait  être  le  deuxième  œcuménique.  L'objet 
principal  de  cette  assemblée  était  de  mettre  (in 
aux  divisions  des  Eglises  d'Antiocbe  et  de  Cons- 
tantinople.  Mais  la  première  question  avait  été 
en  partie  résolue  avant  même  le  Concile,  aràee 
au  zèle  de  saint  Mélèce.  Aussi  le  Saint,  en  arrivant 
à  la  cité  impériale,  annortça-t-il  aux  Pères 
qu'ils  auraient  une  querelle  de  moins  à  apaiser. 

1-1  première  séance  s'ouvrit  au  mois  de  mai  de 
la  même  année  381.  La  présidence  fut  décernée 
àsaint  Mélèce  par  ordre  de  l'empereur.  <<  l.'évéque 
d'.\ntioche  s'assit  au  siège  de  la  présidenre,  nous 
dit  saint  (jrégoire,  Mélèce  dont  le  visare  respirait 
le  calme  de  la  sainteté,  et  une  contuime  modeste. 
Sou  nom  le  peif-Tjail  tout  entier  :  •■  miel  par  le 
nom,  miel  par  le  cŒur.  » 

On  soumit  tout  d'abord  à  la  délibération  des 
Pères  l'élection  d'unévêque  pourConstantinople. 
S.iinl  Mélèce  fit  prévaloir  les  mérites  de  saint 
dr.  -oire  de  Naziante.  et.  malt;ré  son  refus  plii- 
sii'urs  fois  réitéré,  le  crand  docteur  qui  venait,  par 
une  admirable  éloquenre,  de  rétablir  h  Con*i.in- 
tiiiople  le  catholicisme,  fut  obligé  d'accepter  !■■ 
lardeauqu'on  leju^'eait  pluscapabieqii''  personii'' 
de  porter.  Diverses  autres  questions  fur<'Tii  trai- 
tées :  le»  hérétiques,  qui  niaient  la  divinité  ibi 
Saint-Esprit,  furent  solennellement  condamné-  , 
et  pour  fermer  la  bouche  aux  docteur»  de  m.  i,- 
sont'e,  on  fit  quelques  additions  .iii  symli'le  .le 
Nicée. 


THEODOSE  F.T    MKLECB 

L'empereur  Théodose,  pour  ne  paraître  point 
gêner  I.i  liberté  de  décision  du  Concile,  avait 
déclaré  qu'il  ne  paraîtrait  pas  aux  ses^^ions.  Mais 
il  avait  exprimé  le  désir  que  les  évéques  vinssent 
le  visiter  ensemble  au  palais  impérial.  Le  prince, 
rapporte  Tbéodoret,  voulait  surtout  connaître 
Mêlé' e,  qu'il  n'avait  jamais  rencontré  juM|ue-là. 
Touleiois,  par  une  sinj.'ularité  dont  on  ne  comprit 
que  plus  tard  le  motif,  il  défendit  à  ses  officiers 
de  lui  désigner  le  saint  év.'que  quand  il  se  trou- 
verait avec  ses  cent  cinquante  collègues,  à  l'au- 
dience qu'il  leur  donnerait. 

La  vénérable  assemblée  entra  dans  la  grande 
salle  et  se  rangea  autour  du  trône.  «Juelle  ne  fut 
pas  la  surprise  générale  quand  on  vit  Théodose 
quitter  son  siège,  et,  perçant  la  foule,  marcher 
droit  à  rillii^lre  .Mèlèce.  I!  le  saisit  dans  ses  bras 
comme  un  lils  qui  revoit  le  meilleur  des  pères 
après  une  longue  séparation.  Il  lui  baisait  les 
ycu.\,  les  lèvres,  la  poitrine,  la  tète  et  la  main 
droite.  .Mélèce  interdit,  confus,  partageait  l'élon- 
iiemenl  universel. 

Kniiii.  Théodose  leur  dit  :  <■  Quelques  jours 
avant  ma  proclamation  si  inattendue  au  lii>iie 
d'Orient,  j'eus  une  vision  durant  mon  sommeil. 
Il  me  semblait  être  à  .\ntioclie.  L'homme  de  Dieu, 
le  pontife  Mèlèce,  s'approchant  avec  majesté, 
pinçait  sur  mes  épaules  un  manteau  de  pourpre, 
puis,  de  sa  main  droite,  il  déposait  sur  mon 
font  l.i  couriiiiiie  impérial*'.  Ùr,je  viens  de  recoii- 
naitre  le  patriarche  tel  qu'il  m'apparutdans  cette 
vision.  Voilà  pourquoi  j'ai  baisé  avec  des  trans- 
ports de  reconnaissance  la  main  au(.'uste  qui  me 
couronna  la  première  au  nom  du  Dieu  vivant.  " 

MOST  DE   SAINT    UKLÈCE 
SON    ELOGE  l'An  SAINT    l.HÉCOmB  DE   NYSSE 

Constantinople  célébrait  avec  allégresse  l'élec- 
tion de  saint  Gréfjoire  lorsque,  soudain,  celte  joie 
fut    obscurcie    par   un    nuage    de    tristesse   qui 


assombrit  tous  les  fronts.  Le  divin  Mélèce,  car 
c'est  ainsi  qu'on  aimait  à  l'appeler,  veuait  de 
succombera  une  lièvre  de  quelques  heures. 

Les  lidèles  de  la  capitale  le  pleurèrent  comme 
s'il  eut  été  leur  propre  pasteur.  Les  Pères  du 
Concile,  tenant  un  cierge  à  la  raaiu,  conduisirent 
sa  dépouille  à  la  basilique  constantinienue.  Là 
saint  (iréiioire  de  Nysse,  frère  du  grand  saint 
Hasile,  avec  son  éloquence  tout  orientale,  célé- 
bra les  vertus  du  vénéré  défunt,  et  montra  le 
vide  où  celte  mort  laissait  l'Lglise  d'Orient  et  plus 
spécialement  celle  d".\ntioche  : 

"  OPère!  c'était  l'heure  où  nous  avions  le  plus 
besoin  de  vos  conseils,  et  voS  conseils  nous 
manquent.  C'était  l'heure  du  combat  contre  l'hé- 
résie, vous  nous  guidiez  dans  la  lutte,  et  soudain 
cette  direction  nous  fait  défaut.  L'I^glise  atten- 
dait un  remède  à  ses  maux,  et  le  médecin  nous 

est  enlevé Il   est  doue  éteint,  ce  rei^ard  qui 

retlétail  la  lumière  céleste;  elles  se  sont  fermées, 
ce.s  oreilles  on  vibrait  l'echo  des  enseignements 
divins,  celle  bouche  qui  ne  s'ouvrait  jamais  que 
l>our  la  vérité.  0  l!)i.'lise  de  Dieu!  quelle  perle 
pour  loi!  0  cité  d'Antiocbe  !  quel  deuil  et  quel 
désespoir  !  » 

Il  comparait  Mélèce  à  Salomoii,  à  David. à  Moïse, 
,'i  Llie,  à  saint  Jean,  et  enlin  à  saint  i'aiil,  dont 
il  imita  si  bien  l'ardeur  et  le  zèle  pour  les  âmes 
et  la  saine  doctrine.  Il  termina  en  se  consolant 
par  la  pensée  que  le  Saint  resterait  encore  au 
milieu  de  son  peuple  par  les  secours  et  la  pro- 
tection d">nt  il  renvironnerail  sans  cesse. 

Le  (Concile  donna  pour  successeur  à  saint 
Mélèce  le  prêtre  l'Iavien,  iiiakré  les  justes  récla- 
mations de  saint  (iréu'oire  de  Nazianze,  et  le  pacte 
conclu  entre  saint  Paulin  et  notre  Saint,  pacte 
d'après  lequel  le  survivant  devait  rester  seul 
évéque  d'.\litloche. 

Flavien  était  digne  de  l'épiscopat,  mais  la  lutte 
entre  les  partis  -.e  continua  malheureusement  jus- 

3uà  l'année  'UT,  où  saint  .\le.\andrc,  patriarche 
e  la  métropole  syrienne,  eut  la  joie  de  sceller 
la  réconciliation  délinitive. 


.^^«^ 


/' 


Imp.-fi/ran/.  PiiTiiiiiJim.  »,  rue  Kr*nri>i«  !•',  P«n« 


SAINT  GRÉGOIRE   II,  PAPE 


Fête  le   13  février. 


Saint  Grégoire  fait  restaurer  les  remparts  de 
Cbarles-Martel  et  les  Francs  s'engagent  à 

A  l'École  des  papes 

Gr<fcoire  naquit  à  Rom<?,  dans  la  seconde 
moitié  du  vu»  ^i.'rle.  Sa  faniill<î  comptait  parmi 
1"^  plus  di'-tinîui'f'i  df  cotte  villo  célt-hre.  Le 
nom  do  (;r''i;'>irp,  qu'on  lui  donna  an  bapt<?me, 
vcn.iii   i|''r..  illii<tri<  pnr  l'un   dos  plu»  t-rands 

•  r  la  chaire  dé  saint 
lovait  un  jour  faire 
r.'Tivrn  joi  voriui  f-t  i.i  gifir-  du  promior. 
Son  p*re,  Marcel,  chrfUien  ploin  do  piKt^,  ne  I 


Rome.  —  Il  sollicite  l'alliance  de  la  France, 
être  les  défenseurs  armés  du  Saint-Siège. 

tarda  pas  à  remarquer  l'intellif-'ence  supérieure 
de  l'enfant  que  le  ciel  lui  avait  donni^  et  son 
attrait  pour  les  ch.i-.-  .!■  ri::jli<e  et  de  Dieu.  Il 
le  présenta  au  |'  iir  «enir  à  l'autel 

et  l'Ire  form-'  à  I  nque. 

1.0  Souverain  l'ontile  s'apenut  biontAt  îles 
vertus  et  de^  ômironte»  analiles  de  l'enfant 
cnnlië  à  sa  Tous  les  dons  de  l'esprit 

et  du  ccTur  t  s'êtro  donni-  rendci-vou» 

dans  celle  ânio  J  ililc. 

1,'adolescence  du  jeune  Cr^amt^  s'écouli  prA» 


l.id 


des  successeurs  de  saint  Pierre,  ses  bienfaiteurs. 
II  e'tudiait  sous  leurs  yeux  les  Saintes  Lettres 
et  la  divine  théologie  ;  ses  progrès  deTinrent 
rapides.  Aussi,  plus  tard,  le  verrons-nous  joindre 
la  science  à  l'éloquence,  quand  il  s'agira  de 
défendre  les  intérêts  de  Dieu  et  de  son  Eglise. 

Mais  si  l'étude  lui  était  chère,  comme  un 
moyen  de  répandre  la  sainte  doctrine,  le  sanc- 
tuaire l'attirait  bien  davantage.  C'est  là,  au  pied 
des  saints  autels,  qu'il  aimait  à  répandre  son 
cœur  devant  noire  divin  M;ulre,  dans  Vadoration, 
la  contemplatioD  et  la  prière.  C"est  14  que  son 
âme  se  reposait  des  sollicitudes  terrestres  et 
prenait  de  nouvelles  forces  pour  avancer  dans  la 
vertu  ;  c'est  là  que  son  intelligence  s'éclairait  de 
lumières  supérieures  à  toutes  celles  des  livres. 

Chargé  de  veiller  à  l'exacte  observation  de» 
cérénuMiifs  dans  la  basilique  de  Lalran,  il  ne 
néj:li;;i',iil  rien  de  ce  qui  pouvait  relever  l'éclat  du 
culte  divin.  Le  Pape  le  nomma  successivement 
sou  serrétaire,  puis  archidiacre  de  l'Eglise 
Iloin.'iine  :  fonctions  dont  il  s'acquitta  avec  une 
sollicitude  admirable.  C'est  ainsi  que  Dieu  lo 
formait  i>eu  à  peu  à  sa  mission  future  et  lui 
donnait  l'occasion  d'acquérir  l'expérience  des 
airaires  ecclésiastiques.  Grégoire,  par  sa  fidélité 
à  ce'i  diverses  obligations,  se  préparait,  sans  le 
savoir,  au  souverain  ponliûcat. 


VOTACB  A  CONSTANTINOPU 
LE  DIACRE  CR<GOinE  BT   l'EUPBRBUB   JOSTIMBK   II 

Le  pape  Constantin,  qui  le  précéda  immédia- 
tement sur  la  chaire  de  saint  Pierre,  appréciait 
son  mérite;  il  l'admit  au  nombre  de  ses  conseil- 
lers intimes  et  lui  runlia  le  soin  de  gérer  les 
affairas  les  plus  im 

L''empire  de  Gon  !e   était  alors  gou- 

verin-  par  uu  prince  tru^:!  et  fantasiiue,  Justi- 
nien  II,  qui  avait  la  ridicule  ambition  de  vouloir 
gouverner  •  ■  '       ,  que  l'Etat.  Il  réu- 

nit un  cil  .taux,  sous  prétexte 

de  coinpli'lir  11-  1  iiujui'  iji'-  >t  le  siiii  nie  concile 
œcuménique.  Parmi  les  trislet  décret'- dece  faux 
■   ■     1  ■       ■•;••;    !  ..  -   I  II.  Ire   sous  le   nom   de 

1  avait  un  autorisant 

.     ..  t  qui  a  été   si  fatal 

à  II  'Pticle  urrordait  aux 

n.ili  ,le  des  pouvoirs   et 

.'les  à  celles  du  Pape  de 

nul  Pierre.  C'était,  on  le 

oitiscr  en  deux  1  Lglise  de  JésUS-Christ  et 

I    l'5   h.i5e<    >1u   «rhi^me   urec.   L'empereur 

1  ordre  de  venir  à 

'Ur  lui  fair'  «iener 

les     .  iicile.  Le   i 

avec  .  et  vint  >. 

.  ■  [U  a 

m    jii'-u  reçO 
■  ire,  avec  qui 


iicilia,  poarle  nomml,  a*ec  le  Poiiiife 


de  Dieu  s'il  versait  ainsi  le  sang  de  ses  sujets. 
Justinieu  U,  effrayé  de  leur»  paroles,  promit  le 
pardon.  A  cette  nouvelle,  la  joie  fut  grande  en 
Orient.  Mais,  dès  que  le  Pape  fut  parti,  l'empe- 
reur envoya  une  armée  de  100  000  hommes  avec 
ordre  de  massacrer,  en  Chersonèse,  hommes, 
femmes  et  enfants.  Heureusement,  le  général  com- 
mandant l'expédition  fut  plus  humain  que  son 
maître.  Celui-ci,  par  un  juste  chiliraenl  de  Dieu, 
perdit  peu  après  le  trône  et  la  vie. 

6RÉG0IRB  SOUVBaAIN   PONTIFB 

Le  pape  Constantin,  après  un  glorieux  ponti- 
Qcat,  mourut  au  commencement  de  l'année  715. 

Son  di^ne  archidiacre,  Grégoire,  réunit  sur  sa 
tête  tous  les  suffrages  ;  il  devait  gouverner 
l'Eglise  avec  celle  énergie  mêlée  de  douceur, 
qUi  caractérise  son  glorieux  homonyme,  saint 
Grégoire  le  Grand.  Il  fut  sacré  le  19  mai  713, 
dans  cette  même  église  de  Lalran  qui  l'avait  vu 
grandir  en  sagesse  et  en  grice. 

A  peine  monté  sur  le  trône  pontiQcal,  il  donna 
des  preuves  d'uu  zèle  et  d'un  dévouement  admi- 
rables. Nous  le  voyons  surtout  travailler  à  quatre 
œuvres  principales:  la  défense  de  Riuiie  et  de 
l'Italie  opprimées  par  les  lîarbares  et  les  Grecs, 
la  réforme  delà  vie  monastiaae  dans  cette  même 
contrée,  l'évangélisalion  de  l'Allemagne,  la  lutte 
contre  les  hérétiques  briseurs  d'images. 

La  troisième  année  du  pontificat  de  saint  Gré- 
goire 11,  le  Tibre,  grossi  par  des  pluies  abon- 
dantes, se  répandit  dans  la  cainpasne  romaine. 
L'inondation  n'éparyiia  point  la  Ville  éternelle 
et,  durant  une  semaine  entière,  les  eaux  station- 
nèrent dans  le»  rues.  Mais,  si  les  pleurs  et  le» 
cris  de  désespoir  de  toute  une  cité  ne  purent 
arrêter  le  fléau  dévastateur,  les  prières  ordon- 
nées par  le  Pape  furent  plus  puissantes.  Non 
content  de  piier  lui-même  jour  et  nuit  pour  son 

fieuple,  il  étendit  à  toutes  les  églises  de  Home 
a  récitation  du  prières  publiques.  Sa  confiance 
dans  la  miséricorde  du  Très-Uaut  ne  fut  point 
trompée;  le  huitième  jour,  les  eaux  se  retirèrent. 

LE  PAI-B  CKiCOlU  II  ET  l'ITALIB 

Let  élément^  .  leiit  pas 

Ut  seuls  eiineiii 

An   Noid,    les    tu>  ui -«luus   des   Lombards;   au 
Midi,  le.-i  Sarrasins   et   louviit    li^i   GrT^   rava- 
geaient, pilKtient  et  <! 
vinc»».  Au  milieu  de 
II'        ■         1 '"ni  souvent  dauUcs  SI 
y  :Torts  des   Souvriaios  1'  l 

■    ,       ■  .      ■     •.   .-t   ,.,i    I 

....  <  -■   ■:.    ..  1   .  i.t 

1' 

l.  ... 

di 

upa  de  faire  rcstaorer  les  nm- 

JlilMllell.lllt    .lU     du.-     de     N.lld<«J 


jusquç  sur  les  terres  des  agresseurs.  Il  n'est  pas 
rare,  dans  l'histoire,  d'^  voir  des  châtiments, 
même  temporels,  atteindre  les  excommuniés. 

LES  U0NASTBRK3 

La  fameuse  abbaye  du  mont  Cassin,  deuxième 
berceau  de  l'Ordre  de  saint  Benoît,  renversée  par 
les  Lombards,  n'était  plus  qu'un  monceau  de 
ruines,  depuis  cinquante  ans.  Saint  Grégoire  II 
y  envoya  le  pieux  moine  Pélronax,  avec  une 
colonie  de  religieux.  Ils  y  trouvèrent  quelques 
bons  anachorètes,  qui  s'étaient  construit  de 
pauvres  ermitages,  au  milieu  des  décombres,  et 
{es  invitèrent  à  se  joindre  à  eux.  Ceux-ci  accep- 
tèrent avec  joie;  et  la  nouvelle  communauté, 
sous  la  conduite  de  Pélronax,  ressuscita  l'ancien 
couvent  de  saint  Benoit. 

Grégoire  rétablit  éçalemeut  trois  antres  monas- 
tères supprimés  par  le  malheur  des  temps  :  celui 
de  Saiut-Paul-Lors-les-Murs,  un  autre  près  de 
Sainte-.Marie-Majeure,  et  celui  de  Saint-André.  A 
la  mort  de  sa  mère  Honesta,  le  pieux  ponlifc 
remplaça  sa  maison  paternelle  par  un  couvent, 
sous  le'patronage  de  sainte  Agathe;  il  y  établit 
une  communauté  fervente,  qui  put  chanter  les 
louanges  de  Dieu  le  jour  et  la  nuit,  comme  dans 
les  monastères  précédents. 

l'églisb  d'jllumagne  st  lb  fap 

L'antique  Germanie  (Allemagne),  si  longtemps 
barbare,  recevait,  à  cette  époque,  des  mission- 
naires envoyés  par  les  Papeaet,  avec  eux,  le  flam- 
beau de  la  foi  et  de  la  civilisation  commençait  à 
illuminer  ce  vaste  pays. 

Saint  WiUibrord  avait  évangélisé  la  Friso.  Son 
disciple,  Winfrid,  plus  connu  sous  le  nom  de 
saiiit  Boniface.  devait,  avec  ses  compagnons,  ache- 
ver la  grande  œuvre  que  son  maître  avait  com- 
mencée Comme  son  prédécesseur,  ce  moine 
ipi'ilre  vint  à  Home  demander  la  bénédiction  du 
Pape.  C'était  en  718.  Grégoire,  qui  connaissait  sa 
sainteté,  et  tout  le  bien  opéré  par  son  zèle  apos- 
tolique, le  bénit  de  grand  cœur.  De  plus,  il  le 
munit  de  pouvoirs  extraordinaires.  Il  ad^-essait 
en  même  temps  une  lettre  de  recommandation 
en  faveur  du  saint  missionnaire  au  duc  d'Aus- 
trasie,  Charles-Martel.  Protégé  par  ce  puis^aIll 
prince,  saint  Boniface  convertit,  dans  l'espace 
de  cinq  ans,  plus  de  cinq  mille  païens. 

Saint  Gréjîoire  II,  en  apprenant  ces  heureuses 

nouvelles,  1  amielle  auprès  de  lui,  en  "23,  et  veut 

«Tilf-ndre  de  la  louche   m''ine  de  Boniface,   les 

II'  1  vi'illes  opéri'i's  par  son  ministère  apostolique  ; 

'  '■•  sacre  évijque,  ft  lui  donne  une  entière 

1   en    Germanie   et   au  delà.  Le  Saint 

vers   I"-   ■'■:•■-   i(u'il  avait  gagnées   à 

Il     ■•  ;  sa  rie,  à  propaj^er  le  rtgne  de 

1  ;u--Clirist,  il'  iiiiiiiiT  par  un  glorieux 

martyre. 

ORA.SOg      BT      HIRACDLBUSK      VICTOIHK     DU     riANÇAIS 

À   TOULOUtI 

La  sollicitude  de  «aint  Grégoire  II  t'étendail 

i.ai  tout  où  la  chrétienté  se  trouvait  en  péril.  Les 

Ki.uirs  continuaient  leur  lutte  béinuni»»  contre 

-in',   mais  les  gu<Tres   !  '       qui 

'   alors    la    Gaule   compi  ,!    ce. 

.t  de  le  livrer  aux 

net.  Au  moia^tit  ' 

■    ■  ;.■....■.  ■..Il- ~,   vuima  paf  Charli-- .i.n  n-,, 

rentrait  à  Toulouse,  cinq  cent  mille  Sarrasins 


franchissaient  les  P,vr''nées.  Sans  une  protection 
spéciale  du  ciel,  qui  veillait  sur  la  lille  ainée  de 
l'Eglise,  elle  eiit  succombé  sous  le  cimeterre  des 
infidèles. 

Eudes,  voyant  l'imminence  du  danger,  députa 
un  message  à  Charles-.Marlel.  son  ennemi  person- 
nel, pour  l'engagera  s'unira  lui  pour  la  défense 
commune  de  la  chrétienté.  Le  duc  austrasien, 
occupé  à  combattre  les  barbares  du  Nord,  lui 
envoya  des  troupes,  bien  inférieures  en  nombre 
à  celles  des  Musulmans.  Il  ne  fallait  donc  pas 
compter  sur  la  multitude  des  bataillons,  mais  sur 
la  protection  d'en  haut  et  sur  la  valeur  des 
soldats. 

Avant  de  se  mesurer  avec  les  ennemis  du  nom 
chrétien,  Eudes  demanda,  pour  lui  et  son  armée, 
la  bénédiction  du  Pape,  comme  un  gage  de 
victoire.  Saint  Grégoire  11,  dont  l'activité  s'était 
déployée  en  cette  circt  nstance  critique,  pour 
rallier  les  défenseurs  de  la  Croix,  non  seulement 
s'empressa  de  satisfaire  le  duc,  mais  il  lui  envoya 
encore  des  reliques  qui  avaient  touché  le  tom- 
beau des  saints  Apôtres.  Elles  furent  distribuées 
aux  combattants. 

Les  soldats  de  Jésus-Christ  et  de  la  France, 
forts  de  l'encouragement  de  leur  Père,  et  de  la 
protection  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  qui 
planait  sur  eux,  attaquèrent  vaillamment  les 
infidèles  aux  portes  de  Toulouse.  Leur  triomphe 
fut  aussi  complet  que,  plus  tard,  à  la  bataille  de 
Poitiers.  Trois  cent  mille  Sarrasins  périrent  dans 
la  mêlée.  Le  duc  se  hàla  d'écrire  au  Pape,  pour 
lui  annoncer  celte  éclatante  victoire.  Sa  lettre 
porte  que  ceux-là  seuls  avaient  été  tués  dans 
l'armée  des  Francs,  qui  n'avaient  pas  reçu  res- 
pectueusement les  reliques  et  la  bénédiction 
pontificale.  Cette  victoire  remplit  de  joie  le  cœur 
de  saint  Grégoire  et  k-  consola  au  milieu  des 
épreuves  que  traversait  alors  l'Eglise. 

SAINT  GRÉGOIRB  II    DLFEND  LA    FOI  V^RITABLC 
CONTRE  UMB  NOL'VELLR  BKaÉSlIi 

Cependant,  une  nouvelle  hérésie  venait  Je  sur- 
gir dans  cet  Orient  qui  en  avait  déjà  produit 
tant  d'autres.  Mais,  cette  fois,  c'était  i'empereur 
lui-même  qui  en  était  l'inventeur  et,  par  suite, 
le  zélé  propagateur.  Léon  III  l'isaurien,  ancien 
marchand  de  moutons,  devenu  soldai,  officier, 
général  et  empereur,  imbu  d'idées  juives,  con- 
sidérait x^omme  une  idolâtrie  le  culte  des  saintes 
■  images. 

AiTermi  sur  le  IrAnc,  il  voulut  les  détruire 
dans  tout  l'empire.  En  conséquence,  Ters 
l'année  "'26,  parut  un  décret,  ordonnant  de  ne 
conserver  aucun  de  ces  saints  objets,  sous  peine 
de  mort.  Les  fidèles,  habitués  à  ne  pas  adorer 
les  images  comme  des  idoles,  ra;iisà  leur  rendre 
l'honneur  et  la  vcuér.ition  qu'on  leur  doit,  à 
cause  des  saints  personnages  qu'elles  repiésen- 
tent,  refusèrent  d'obéir  aux  ordres  absurdes  de 
l'empereur.  Le  sang  coula  à  Uots  dans  Couslan- 
liiiuple.  Les  iconoclastes  ou  briseurs  d'images 
ri  p.iiidirent  leur  doclf  il.  .'i  main  armée,  et  des 
centaines  decatholiqi  i  eut  martyrs  sous 

leurs  coup».  Le  pain  i  ..i.  Germain  refusa 

de  ■souscrire  h  l'impiété  des  nouveaux  hén?liques 
et  lui  exilé. 

I.i'iii|iereur  envoy.'»  au  Pape  l'ordre  de  se  con- 
l'ciiii  T  à  son   nouvel   édil  sous  les  peines  les 

de  Ravenne,  représentant  delapiii  - 

- 111  ■■  (.Ti    .jue  en  liai-  "  'irdre  de  sévir 

cas  de  refus.  Mais  le  de  saint  Pit! 


gardien  infaillible  de  la  vraie  foi  des  Apôtres, 
refu«a  l'nergiquement  de  souscrire  à  la  nouvelle 
hérésie.  11  écrivit  une  lettre  encyclique,  pour 
prémunir  les  fidèles  contre  l'erreur  byzantine,  et 

fiorta  une   sentence  d'excommunication  contre 
es  iconoclastes. 

En  Halle,  il  n'y  eut  qu'une  Toix  pour  con- 
damner, avec  le  Pape,  la  folie  des  briseurs 
d'imases.  Dans  sa  colère,  l'empereur  jura  la 
mort  (le  saint  Grégoire,  et  ses  soldats  tentèrent 
à  plusieurs  reprises  de  l'assassiner,  mais  ils  trou- 
vèrent un  obstacle  invincible  dans  la  fidélité  des 
rinmains. 

ALLUN'CE    DE    LflIPRAND   AVEC  EUTTCniDS 
SAINT    GRÉGOIRE   DÉLIVRE    ROUE 

La  Lombardie  était  alors  dans  l'époque  la  plus 
brillante  de  son  histoire.  Elle  avait  à  sa  tAte  un 
roi  conquérant,  qui  réunissait  en  lui  toutes  les 
qualités  d'un  sage  administrateur.  Il  ne  négli- 
geait rien  pour  civiliser  et  christianiser  une 
nation,  encore  à  demi  barbare.  Catholique  et 
pieux,  il  se  régla  dans  le  gouvernement  de  son 
royaume  d'après  les  conseils  du  Pape;  de  nom- 
breux monastères,  ainsi  que  des  églises,  étaient 
construits  par  ses  ordres.  H  racheta  les  reliques 
de  saint  Aucustin,  dont  les  Sarrasins  s'étaient 
emparés  à  Cagliari,  et  Pavie  reçut  dans  ses  murs 
ce  trésor  inestimable.  Toutes  ces  choses  ne  con- 
tribuaient pas  peu  à  la  formation  chrétienne 
d'un  peuple  naguère  encore  barbare,  et  saint 
(Irépoire  II  applaudissait  au  lèle  du  monarque 
lombard. 

Mais,  l'ambition  de  I.uitprand  vint  troubler 
cette  harmonie.  En  728,  Il  conclut  avec  l'exarque 
de  Mavenne  Eutychius,  iconoclaste  acharné,  un 
traité  dont  les  bases  consistaient  à  livrer  Rom'> 
aux  (Irecs,  et,  par  suite,  à  remettre  le  Papo  entre 
les  mains  de  ceux  qui  avaient  juré  sa  perte.  En 
récompense,  les  Lombards  devaient  entrer  en 
ossession  de  plusieurs  duchés  dans  le  midi  de 
'Italie. 

Avec  une  puissante  armée,  Luitprand  s'avance 
sur  Home,  oubliant  ainsi  tous  ses  engagements 
envers  le  Pape.  Saint  (irégoire  II,  nouveau  Léon, 
se  rev^t  de  ses  ornements  pontificaux,  et,  après 
avoir  imploré  l'assistance  île  Jésus-Christ,  il  va, 
suivi  du  clergé  et  du  peuple,  au  devant  de 
l'AttlIa  baptisé,  mais  trallro.  Il  lui  tient  un  laii- 
uAiyi-  •.!  iiiTstiasif,  qu'il  le  ramène  k  de  inpillcurs 
i>.  I.uitprand,  subju^'iié  par  la  majesté 
sur  le  visage  du  Pontife,  entre  dans 
l'ioin"",  (l.'fiiise  sur  le  tombeau  de  saint  Pierre, 
son  diadi'iiie  et  son  glaive,  puis,  se  mettant  h 
genoux,  il  prèle  de  nouveau  serment  de  fidélité 
au  Pape. 

Sur  la  demande  du  prince  lombard,  le  miséri- 
cordieux Pontife  p.v.doiiiie  à  lexart^^ue  Euty- 
chius et  lui  permet  reiitr«^e  de  Home.  Saint  (",ré- 
poire  venait  de  sauver  l.i  Ville  éternelle  et 
d'empêcher  l'effusion  du  san^'.  Celte  rircons- 
Liiire  augmenta  le  dévouement  et  l'attachement 
i'     liiiinâins  pour  leur  «aint  pasteur. 

Ll    r*rl    SAUTB    LA    PL'ISSAMCI    DBS    CkECs     £-<     .lALlK 
irtCRATITl'DI    DE    l'cMPEREUR 


f^i 


lin  g' 
rien,  et  li 
proclama  empereur. 


1  contre  Léon  l'Isan- 
l'-  l'armée  d'Italie  le 


Eutychius,  représentant  de  Léon,  était  perdu. 
Il  eut  recours  au  Pape.  Saint  Grégoire  II  accueil- 
lit avec  bonté  cet  homme,  hier  encore  son 
ennemi.  Oublieux  du  passé,  il  envoya  l'armée 
pontiticale  grossir  les  troupes  de  l'exarque. 
Grilce  à  ce  subside,  l'usurpateur  fut  vaincu  et  la 
révolte  étouffée. 

A  la  cour  de  Constantinople,  on  répondit  à 
tant  de  générosité  par  la  plus  noire  ingratitude. 
On  ne  cessa  pas  de  détester  le  Pape,  parce  qu'il 
défendait  la  vraie  foi.  Ses  lettres  si  doctrinales 
étaient  couvertes  de  mépris;  la  persécution  con- 
tinuait à  sévir  contre  les  catholiques.  Enfin, 
l'empereur  ne  cherchait  que  l'occasion  de  s'empa- 
rer du  Souverain  Pontife  pour  lui  faire  expier 
sa  fermeté. 

Grégoire  était  consolé  de  ces  intrigues  en 
apprenant  qu'au  fond  de  la  Syrie,  alors  soumise 
aux  musulmans, s'était  élevé  un  admirable  défen- 
seur de  la  vérité:  c'était  Mansour,  grand  visir 
(premier  ministre)  du  calife  de  Damas,  bien 
connu  depuis  dans  l'Eglise  sous  le  nom  de  saint 
Jean  Damascène. 

Pour  se  débarrasser  de  ce  redoutable  adver- 
saire, l'empereur  Constantin  Copronyme,  fils  et 
successeur  de  Léon,  envoya  au  calife  de  fausses 
lettres,  assurant  qu'elles  avaient  été  écrites  par 
Jean  Damascène  dans  le  but  de  trahir  son  maître. 
Le  calife  le  crut,  et,  dans  le  premier  mouvement 
de  sa  colère,  il  fit  couper  la  main  droite  à  son 
ministre.  La  nuit  suivante,  le  saint  martyr  priait 
devant  une  image  de  la  Sainte  Vierge.  Tout  à 
coup,  la  .Mère  de  Dieu  lui  apparut  et  lui  rendit 
le  membre  mutilé.  Cette  faveur  céleste  servit  de 
preuve  à  son  iimocence,  et  saint  Jean  continua 
sa  lutte  contre  les  iconoclastes,  tandis  qu'en 
Occident,  saint  Grégoire  II  la  soutenait  avec  to 
même  héroïsme. 

SAINT   GREGOIRE    II     FAIT    ALLIANCE    AVEC    LES     FRANCS 
SA    MORT 

Le  pontifical  si  glorieux  de  saint  Grégoire  II 
se  termina  par  un  acte  d'une  importance  capi- 
tale pour  la  nation  des  Francs.  Proclamée  l.i 
■  ant 
d'u 
la  mission  de  défendre  sa  Mère.  C'est  durant  les 
dernières  années  de  saint  Grégoire  II  qu'elle 
l'inaujura. 

L'empereur  de  Constantinople,  furieux  de  se 
voir  retranché  de  l'Eclise  par  son  Chef,  résolut 
d'.Tcir  h  son  égard  comme  bon  nombre  de  ses 
]  Mrs,  c'est-A-dire  de  l'emmener  caiilif 

iiiople,  où  il  se  promettait  de  le  plier 
pur  l.i  lorce  h  sa  volonté.  Ses  émissaires  tentcrent 
de  s'emparer  de  la  personne  sacrée  du  Pape, 
mais  n'y  réussirent  pas.  Voyant  que  l'Eglise 
n'avait  plus  de  secours  k  espérer  du  cAté  de 
l'Orient,  saint  Grégoire  II  tourna  ses  regards 
vers  la  France.  II  conclut  un  traité  d'alliance 
avec  le  futur  vainqueur  de  l'Islam,  Charles- 
Martel;   par  ce   traité,   les   Francs   et  leur  duc 

-    l-nt     k     être     les      défe>.-..-iir.       .rm,'.       ,||| 

.    La   France  s'est 

lldèle  k  C'  II.  Puisse-t-etic  la 

reprendre 

Celte  alliance  lut  le  dernier 
i''iire  II,  qui  alla  recevoir  au  . 
de  ses  travaux  et  de  ses  vertu», l«  Il  iétriur  7Ji. 


tille  aînée  de  l'Eglise  au  baptême  de  Clovis,  elle 
n'avait  pas  encore  exercé  d'une  manière  active 


I    l'iii 


liii|>  -jf-iint.  H,  m.'  I  t. II »  !••.  l'.iri» 


SAINT    AUXENCE,   MOINE 


Fêie  le  ■14  février. 


Saint    Auxence    au    désert- 


Ausence  naquit,  en  Syrie,  d'une  noble  famille 
persane.  Tout  ce  que  l'histoire  nous  dit  sur  les 
premières  années  de  sa  vie,  c'est  qu'il  fit  de 
rapides  progrès  dans  la  vertu  en  même  temps 
que  dans  les  sciences. 

At'XENCE   DANS   LA    GAIIDE   lUI'hRIALK 

A  peine  sorti  de  l'adolescence,  il  se  livra  à  la 
carrière  des  armes,  dans  la  milice  de  Tliéodose 
le  Jeune.  Son  inlrèpidil-'-  le  fil  remarquer  entre 
tous,  et  bient<'it,  il  obtint  un  grade  dans  les  gardes 
du  prince.  Cependant,  l'état  militaire  ne  possé- 
dait pas  complètement  le  cœurdu  jeune  soldat. 
Dieu  était  toujours  présent  à  son  esprit.  Auxence 
n'aspirait  qu'à  le  posséder,  et  son  seul  désir 
était  de  le  servir  dans  la  retraite.  Aussi,  an 
milieu  de  tous  les  tracas  que  comporte  la  vie  de 
l'armée,  et  tout  en  rendant  à  César  ce  qui  est  à 
César,  savait-il  rendre  à  Uieu  ce  qui  est  à  Dieu, 
et  tous  se»  moments  de  loisir  étaient  coAsa- 
'-rés  à  la  prière.  Il  se  lia  intimement  avec  un 
~aint  moine  qui  habitait  une  grotte  près  de  Cons- 
l'intinople.  Son  bonheur  était  d'aller  avec  le 
solitaire  chanter  le»  louantes  de  Dieu,  et  passer 
-'■»■  noils  dans  la  contemplation  des  choses  du 
■  iel. 


A  cette  prière  ardente,  il  joignait,  la  niortiii- 
ealion  des  sens,  jeûnant  tous  les  jours  et  portant 
continuellement  le  cilice. 

L'héroïsme  que  ce  vaillant  militaire  déployait 
dans  la  pénitence,  il  le  montra  également  dans 
le  soulagement  des  pauvres.  Il  considérait  en 
eux  la  personne  du  Christ,  et  leur  donnait  tout 
ce  qu'il  avait,  ne  se  réservant  absolument  rien 
pour  lui.  C'est  ainsi  qu'il  lui  arriva  un  jour  de 
donner  la  seule  tunique  qu'il  possédât  en  dehors 
de  l'habit  militaire. 

Pour  récompenser  tant  de  charité,  Dieu 
accorda  à  son  serviteur  le  (Ion  des  mir.icles.  Dès 
ce  moment,  la  vie  d'Auxence  ne  fut  plus  qu'une 
loniîue  suite  de  merveilles. 

Comme  il  se  rendait  un  jour  au  palais,  une 
possédée  accourut  à  sa  rencontre  : 

■  Auxence,  Auxence,  s'écriait-olle,  toi  qui 
mets  en  fuite  les  démons,  d'où  vient  ta  puissance 
contre  nous?  •> 

I.  humble  soldat  continuait  son  chemin  sans 
fane  attention  à  ces  paroles;  mais  l'esprit 
immonde  le  suivait  toujours  en  criant  : 

'   Pourquoi  donc  m'entraincs-lu?  je  sors. 

Li  multitude,  qui  s'était  déjà  réunie,  entoura 
le  Saint,  qui  se   vit  forcé  de  nionirrr  aux   vr-ux 


105 


de  toas  le  don  que  lui  avait  fait  le  ciel.  II  se  mit 
eu  prières  et  I<i  possédée  fut  guérie. 

AfXE.NCE   SE  RETIRB  AU  DliSEnT 

Dans  toute  la  capitale,  on  parlait  de  la  sainteté 
d'.\uxeiu-e .  Pour  échapper  aux  louaniies  du 
monJo.  Il'  jeune  soldat  quitta  précipitaniinent  la 
cour,  tl  se  retira  sur  le  inontO.xie,  en  Uiiliynie, 
|)onr  y  servir  Dieu  dans  le  silence  de  la  solitude. 
Il  prit  toutes  sortes  de  moyens  pour  rester 
inconnu  aux  hommes;  mais  Dieu,  qui  le  desti- 
nait à  devenir  K-  Uamheau  de  l'Orient,  fil  bientôt 
découvrir  sa  retraite.  Voici  comment  : 

Il  y  avait  à  peine  un  mois  qu'il  s'était  retir>' 
dans  les  cavernes  du  mont  Ojie,  quaud  vinrent 
à  sa  ^'rottc  de  jeunes  pàtre,s,  les  jeux  baisés 
de  larmes.  Ils  avaient  perdu  leur  troupeau.  A  la 
Mie  il'.Vuxcnce,  qu'ils  prirent  pour  une  bt^teféron? 
ù  cause  du  vêtement  de  peau  dont  il  s'rtait 
recouvert,  les  enfants  s'enfuient  épouTantés.  Mais 
le  Saint  les  appelle  doucement,  les  rassure,  et 
leur  demande  la  cause  de  leur  présence  et  de 
leurs  larmes. 

I'  Nous  cherchons  nos  brebis,  que  nous  avons 
perdues,  »  répondirent  les  enfants. 

.\uxence  a  recours  à  Dieu,  et,  après  avoirbéni 
ces  jeunes  pAtres  : 

«  Allez,  mes  enfants,  leur  dit-il,  allez,  vous 
trouverez  vos  brebis  sur  le  cAté  i^anche  de  la 
montagne. 

—  Mais  nous  avons  déjà  fait  trois  fois  le  tour 
de  la  monta^'ne,  et  nous  n'avons  rien  vu. 

—  Aile/.,  reprit  le  Saint  avec  assurance,  au  nom 
du  Christ,  vous  les  trouverez.  ..  Ils  y  allèrent 
et  retrouvèrent  leurs  mouton». 

De  retour  chez  eux,  ils  s'empressèrent  de 
rarunter  ce  qui  leur  était  arrivé.  De  nombreux 
vi*iteurs  vinrent,  dè«  lors,  trouver  le  solitaire,  le 
su[>i>linnl  avec  lannes  de  .«"établir  au  sommet  de 
la  monla:.'nc,  et,  \h,  de  prier  pour  eux.  Aiixenccse 
fendit  à  leur  désir.  Sur  sa  demande,  les  habi- 
lanl-i  lui  hàiiretit  une  cellule  et  l'ermite  s'y  Ht 
enfermer  afin  de  vaquer  plus  facilement  à  l'orai- 
son. Sa  retraite  fut  bient<)t  connue  de  toutes  les 
province»  cnvirnnnantes,  et,  dès  lors,  il  vit  aflhier 

;'  i;r  de  «un  humble  rabane  une  multitude  de 
,  •  r;"nnes  qui  venaient  lui  dt-mamliT  des  con- 
seils et  recevoir  ses  instructions.  Les  malades 
liraient  de  tontes  part»,  et  recouvraient  près 
la  tanlé.  Pieu  se  plai<ait  \  fairt-  éclater 
tou-  l-«  jours  la  «ainlelé  de  son  serviteur. 

I.e  d'-mon,  irrité  de  tant  de  bien,  s'efforçait 
de  nuip.  à  la  réputation  du  solitaire.  Il  •'nseila 
des  in--'-'  qui  le  critiquèrent  et  le  tournè- 
rent '  Mais  Dieu,  jaloax  de  la  f:loir« 
'  »   impunis  de  tel» 

Amener  avait  lae-  •'■  dan*  l'arma  de«  amis 

f  '   ''■«    f.'tin    de«t,  (|<-ir^nt    eji'ln    T-r<^:r.  ^pr"« 


dix  ans  de  séparation,  le  guerrier  d'autrefois 
devenu  solitaire,  crinmuniqua  son  dessiin  à  un 
autre  soldat,  et  le  ju  la  de  l'accompagner. 

'■  (Juoi  !  reprit  celui-ci,  aller  voir  un  impiis- 
teurqui,  pour  tromper  les  peuples,  doime  quelques 
obolesàde  mauvaises  créatures,  et  leur  demande 
à  ce  prix  de  faire  les  malades,  et  de  venir  se 
faire  guérir!   >■ 

Son  camarade  réussit  cependant  à  l'i  ntraîner 
avec  lui  à  la  grotte  d'.Vnxence.  Les  deux  amis 
se  revirent  avec  joie  et  bénirent  ensemble  le  Sei- 
gneur, tandis  que  l'autre  visiteur  n'eut  que  des 
injurrs  pour  le  Saint.  .Mais, de  retour  à  t'.onstan- 
linople.  le  lils  de  lincréilule  se  présente  à  son 
père,  la  tunique  déchirée  et  tout  en  larmes, 
s'écriaiit  : 

n  L'n  ^'rand  malheur  nous  est  arrivé! 

—  Qu'est-ce    donc  ?  demande  le  père  efTrayé. 

—  Votre  lllle  est  horriblement  tourmentée  par 
le  démon!  » 

L'infortuné  père,  pressé  par  le  remords,  fond 
en  larmes  et  se  frappe  la  poitrine. 
«  Malheur,  malheur  a  mon  incrédulité  '. 

—  Crois,  lui  dit  son  ami, et  ta  flile  seraf^tiéric.  •> 
AussiliM,  lou>  hé    par    la    grAce,  il    se  jette  à 

genoux  et  s'écri'-: 

«  Oui,  Seigneur,je  crois,  aidez  mon  incrédulité.» 

Il  crut,  coudaisit  sa  fille  à  Anxence,  et  sa  fille 
fut  guérie. 

Uuehiues  jours  après  vinrent  deux  lépreux 
pour  demander  leur  v'uérison.  Le  Saint, qui  lisait 
au  fond  des  cu'urs.  i-n  les  voyant  s'ajqirocher- 
leur  dit  : 

■<  Quel  est  doue  suin:  pi-i  lié  pour  que  Duu 
vous  ait  ainsi  frappés.  >• 

.\  ces  paroles, ce<  malheureux  se  jetèrent  à  se» 
pieds,  le  suppliant  d'avoir  pitié  d'eux.  Mais  le 
Saint  reprit  d'un  ton  sévère  : 

<i  0  frères,  vous  êtes  punis  pai..  .|.i.  k..u5 
jurez  fréquemment.  Si  vous  voulex  obtenir  lo 
pardon  et  la  ;.'U''i  ^ez  de  provoiiuer  ainsi 

la  colère  do  Noii  ,i.  .. 

Il  pria  ensuite  pour  eux, 

»  Allez  ,  leur  dit-il,  que  Jésus  vous  (nièrisse 
C4r,  pour  mol,  je  ne  suis  qu'un  pauvre  pécheur.  > 

Il  se  levèrent  aussitAl  parfaitement  guéris. 

l.'r.RMITK    AU   CO>rjL>   DE    CIIALC^DOINE 

A  la  demande  du  pape  saint  l>on  Ir  t,i,iiiil, 
l'empereur  Marrien.  ^uccewenr  de  Tbéo<loso  le 
Jeune, réunit  un  .  .      ., 

ilaniner  riiéréliMi.  .     '  :    '  '"'■ 

qiie'la  présence  dn  saint  solitaire  nemil  utile, In 
j'ria  de  venir  au  concile;  mais  le  Snliit  s'y 
refosa.  Alor<,  Marcien  lui  rnvojra  unedépulation 
•  I"   moii,'-«   el  de  f  ler^  h  '•oldat* 

ivwnl  ordre  de  le  cnnduii  i  iir  vou- 

lait pas  venir  llbrentent.  Aaxrncc  rrsD'ia  eacore 

\\l\      irblll'»     «Upl'lflli"!!-      ■I"     •■•  -     .nv.,\,'«    )|U| 


Saint  Auxence  s'enferme   dans    une   cellule    du  mont  Siope. 


essayèrent  alors  de  l'arracher  à  sa  cellule.  Mais 
il  fut  impossible  d"en  ouvrir  la  porte. Cependant, 
le  Saint  priait  pour  connaître  la  volonté  de  Dieu. 
.\yant  fait  ensuite  le  si^ne  de  la  Croix  sur  la  porte 
en  disant  ces  mots:  '■  Le  Seitjneur  soit  béni!  "la 
porte  s'ouvrit  alor~  d'elle-même.  I^  joie  fut  grande 
parmi  les  assistants  de  pouvoir  contempler  enfin 
les  traits  du  saint  vieillard.  Mais  ils  ne  virent  en 
cet  autre  Job  que  plaies  des  pieds  jusqu'à  la 
tète.  I,*-s  chairs, dévorées  par  les  vers,  tombaient 
en  lambeaui,ct  l'on  lut  obliiié  d'emmener  sur 
un  chariot  ce  martyr  de  la  pénitence,  tant  ses 
forces  étaient  affaiblies. 

Nombreux  furent  les  prodip;es  accomplis  sur 
son  pa^sice.  Il  jmérit  tous  les  malades  qui  lui 
furent  présentés  et  délivra  une  multitude  de 
possédés.  Ceux  qui  l'accompagnaient  pouvaient 
à  peine  croire  ce  qu'ils  voyaient. 

Les  pauvres  du  mont  Oxie  le  suivirent  à  pied 
pendant  de  longues  heures.  Leurs  larmes  témoi- 
t'naierit  quelle  était  b-ur  vénération  pour  le  saint 
vieillard  qu'on  leur  arrachait.  Auxenre,  touché 
de  leur  afiliction,  leur  dit  : 

<<  Allc7.,  mes  fils,  retournez  en  paix  sur  la 
monta;.'ne;  ils  peuvent  conduire  au  loin  mon 
pauvre  corps,  mais  mon  esprit  ne  vous  abandon- 
nera jamais.  ' 

Celte  promesse  les  consola,  et,  obéissants  à  la 
parole  du  |iérc,  ils  regaî-'nèrent  leur  montaisne. 

Cependant,  le  Saint  arrivait  au  monastère  de 
l'hib',  quand  il  vit  venir  un  possédé,  criant  de 
toutes  SCS  forces  : 

•'   Malheur,   malheur   .i   1"!,   Ainpiiii',  qui   ne 


m'as  pas  donné  le  pouvoir  de  tuer  les  impies  qui 
le  reçoivent  pour  ma  perte  et  la  perte  des  miens. 
Ton  passage  a  tout  sanctifié,  et  nous  avons  été 
obligés  de  fuir  en  ta  présence. 

—  Au  nom  du  Christ,  lais-loi.  ■  lui  répliqua 
le  serviteur  de  Dieu,  et  le  démon  se  lut. 

On  conduisit  le  Saint  à  l'église  de  Saint-Jean, 
où  il  pria  louglemps  en  versant  d'abondantes 
larmes,  et,  pendant  qu'il  priait  ainsi,  le  possédé 
'ut  :.'uéri. 

Au  monastère  de  Philé,  il  étonnait  les  moines 
par  ses  austérités  h  ce  point  qu'ils  voulurent 
mettre  l'homme  de  Dieu  à  l'épreuve.  Ils  mirent 
dans  sa  cellule  des  racines,  des  dattes  cl  autres 
fruits  (;U3  les  solitaires  ont  coutume  de  manger, 
allumèrent  une  chandelle,  el  y  enfermèrent  un 
jeune  enfant  avec  ordre  de  surveiller  tout  ce 
qu'il  ferait.  Ils  vinrent  huit  jours  après,  mais  quel 
ne  fut  pas  leur  ctonneraent  quand  ils  virent  que 
la  chandelle  brùlail  encore  sans  s'être  nullement 
consumée  et  que  tout  ce  qu'ils  avaient  mis  dans  sa 
cellule  était  intact!  Ils  interrogèrent  le  témoin 
caché  sur  ce  qu'il  avait  vu. 

"J'ai  vu,  répondit  l'enfant,  la  multitude  des 
biinhi'ureux  venir  converser  avec  lui,  el  une 
i-olombo  lui  apporter  la  n<iurrilure.  " 

11.'  ce  monastère,  on  conduisit  le  saint  ermite 
à  Clialcédoine,  oii  les  religieux  du  couvent  de 
Saint-Hypacc  le  reçurent  avec  un  extrême  bon- 
heur. Là,  les  miracles  se  multiplièrent  imi'Oi. 
-ous  sa  main;  el  les  religieux  se  virent  o|)Ii. 
.Il-  laisser  ouvertes  les  portes  du  couvent  àciuio 
i|i'  Il  mulliliidn  ilo  piTsnnn»"-  qui  venaient  1"    "ir. 


ENTREVUE  AVEC  L  EMPEREUR 

Le  concile  était  terminé  quand  le  serviteur  de 
Dieu  arriva  à  Chalcédoine.  L'empereur  se  le  lit 
présenter.  A  la  Mie  de  l'état  où  son  corps  était 
réduit  par  ses  veilles,  ses  jeûnes  et  ses  macéra- 
tions, il  fut  saisi  d'un  prand  respect.  Il  le  traita 
avec  la  plus  ^'rande  bienveillance,  et  le  pria  de 
vouloir  bien  souscrire  aux  actes  du  concile. 
•'  Seitîneur,  répon.lit  le  Saint,  étant  le  dernier  du 
troupeau  de  Jésus-Christ,  je  ne  mérite  pas  d'être 
mis  au  rang  des  princes  de  l'Eglise.  »  Cependant» 
pressé  par  l'empereur,  il  prit  connaissance  des 
actes  du  concile,  et  voyant  qu'on  n'avait  rien  décidé 
de  contraire  à  la  foi  de  Nicée  et  qu'on  avai^ 
défini  que  la  Sainte  Vierge  était  vraiment  la 
Mère  de  Dieu,  il  protesta  au  prince  qu'il  les 
approuvait  de  tout  son  cœur. 

NOUVELLE    SOLITUDE    SUR    LE  MONT   SlOl'E 

Le 'saint  vieillard  demanda  aussitiM  à  rentrer 
dans  la  solitude,  et  chercha  à  gagner  la  montagne 
de  Siope  parce  (ju'elle  était  plus  escarpée  et  plus 
solitaire  que  le  mont  Oxie.  Il  y  fut  accorapa;.'né 
par  quelques  clercs  et  par  les  religieux  de  Saint- 
llypace  au  chant  des  hymnes  sacrées.  Il  s'y 
enferma  dans  une  petite  cellule,  n'ayant  pour 
toute  ouverture  qu'une  fenêtre  très  étroite,  ])ar 
où  il  parlait  et  bénissait  ceux  qui  venaient  le 
voir.  Après  avoir  donné  le  baiser  de  paix  à  ceux 
qui  l'avaient  suivi,  il  les  renvoya,  et  il  resta  seul 
avec  son  Dieu.  Cette  montagne  est  encore  appelée 
aujourd'hui  mont  Saint-Auxence. 

Les  iléraons,  ne  pouvant  plus  supporter  son 
éminente  sainteté,  s'efforcèrent  d'ébranler  sa  cons- 
tance par  toutes  sortes  de  moyens,  mais  ce  fut 
en  vain,  l'ne  nuit,  pendant  qu'il  était  en  oraison, 
ils  se  précipitèrent  dans  sa  cellule,  et  se  pré- 
sentant à  lui  sous  diverses  formes,  ils  l'acca- 
blaient de  coups  ;  mais  le  Saint  les  mit  en  fuite 
par  le  signe  do  la  Croix. 

•  Comme  sur  le  mont  Oxie,  il  vit  bienti'it  .'iccou- 
rir  autour  de  son  humble  cabane  une  foule 
immense  qui  venait  i«cevoir  ses  instructions.  Il 
le»  exhortait  principalement  à  fuir  les  spectacles, 
parce  que,  dis.iil-il,  rien  n'est  plu»  capable  de 
soulever  les  mauvaises  passions  et  de  corrompre 
la  pureté  de  l'Ame.  Il  leur  enseignait  aussi  à  prier, 
\  chanter  le»  louantes  du  Christ. 

Ses  exhortations  sur  le  néant  des  choses  de  c« 
moiide  comparées  h  celle»  de  la  vie  future,  rem- 


plissaient tous  les  cœurs  de  componction,  et 
entraînèrent  un  bon  nombre  déjeunes  personnes 
à  renoncer  au  siècle  pour  servir  le  Christ  dans 
la  solitude  et  la  pénitence. 

Il  se  vit  obligé  de  donner  l'habit  religieux, 
consistant  en  une  robe  et  un  urand  manteau 
de  poil,  à  une  noble  femme,  dame  d'honneur 
de  rimi)ératrice  Pulclièrie.  Soixante-dix  autres 
personnes  suivirent  ce  saint  exemple,  et  deman- 
dèrent au  saint  vieillard  de  les  faire  toutes  reli- 
gieuses. Après  avoir  éprouvé  leur  vocation,  et 
voyant  qu'elles  persistaient  dans  leur  pieux  désir, 
il  accéda  à  leurs  suppliques.  Il  leur  prescrivit 
certaines  règles  pour  les  faire  avancer  dans  la 
voie  de  la  perfection,  et  il  leur  lit  bitir  à  un 
I  mille  de  sa  cellule  une  petite  église  autour  de 
laquelle  elles  se  logèrent.  Le  dimanche  et  le 
vendredi,  elles  venaient  le  visiter,  et  recevoir  de 
sa  bouche  quelques  salutaires  exhortations.  Le 
saint  vieillard  leur  parlait  tout  particulièrement 
de  lagrandeuret  de  la  beauté  de  lachasteté.Illeur 
indiquait  par  quels  moyens  il  fallait  vaincre  le 
démon;  et  il  aimait  à  leur  faire  sentir  combien 
il  était  beau  de  rester  fidèle  à  Jésus-Christ. 

MaL'ré  son  t:rand  Age,  ce  lidèle  serviteur  de 
Dieu  n'avait  rien  changé  à  ses  terribles  austérités 
ni  à  ses  longues  prières. 

Parmi  les  grandes  ^rAces  que  le  ciel  lui  avait 
prodiguées,  il  ne  faut  pas  oublier  le  don  de  pro- 
phétie. Il  lisait  au  plus  profond  des  cœurs;  il 
découvrait  les  choses  les  plus  cachées,  l'ne  nuit, 
pendant  qu'il  récitait  .Matines,  il  vit  l'àmc  bien- 
heureuse de  saintSiméonStylilei|uitlercctte  terre 
et  s'envoler  vers  la  patrie  céleste.  Il  s'empressa 
de  l'annoncer  aux  personnes  qui  restaient  auprès 
de  sa  cellule  pour  chanter  des  hymnes  au  Sei- 
gneur. Cette  nouvelle  fut  continuée  ijuelques 
jours  après. 

Enlln,  l'an  470,  à  la  suite  d'une  exliortatinn 
qu'il  lit  à  ses  religieuses  sur  la  néci-s>ilé  d'être 
lldéles  h  Dieu,  et  de  conserver  toujours  pure  et 
intacte  la  belle  Heur  de  la  virginité,  il  tomba 
malade.  Trois  jours  après,  il  s'endormit  douce- 
ment dans  le  sein  de  Dieu,  et  son  Ame  .illa  chanter 
au  ciel  pour  l'éternité  relui  qu'elle  n'avait  jamai» 
cess«'  de  buier  sur  la  terre.  Son  corps  fut  accordé 
oux  religieuses  qu'il  avait  fondées;  et  sur  son 
tombeau,  où  s'opérèrent  un  grand  nombre  du 
miracles,  s'éleva  peu  après  un  monastère  sous  le 
vocable  de  saint  Auxcnce. 


iv 


l'kTiTut.'iKi.Imp.-tfcianf,  li,ruc  Kraui.ui»  i",  l'aris 


SALM  FAUSTIN  ET  SAIXT  JOVITE,  MARTYRS 


Fête  le   1 5  février. 


A  la  parole  des  martyrs,  la  statue  du  soleil  devient  noire  comme  la  suie. 


LES  PBF.DICATKURS    ZELES  DE   JESUS-CHRIST 

La  ville  de  Brescia,  située  aux  confins  de  la 
Lnmbardie  et  de  la  province  de  Venise,  éclairée 
des  lumières  de  la  foi  dès  le  temps  des  api'itres, 
eut  l'honneur  de  donner  au  ciel  un  grand  nombre 
de  ses  enfants  martyrs. 

Les  bietiheureux  frères  Faustin  et  Jovite  ne 
furent  pas  les  moins  brillants  parmi  les  joyaux 
de  sa  couronne  t'iorieuse. 

Issus  d'une  des  plus  nobles  familles  de  la  cité, 
les  deux  frères  prêchaient  avec  un  zèle  sans 
relâche  la  fni  de  Jésus-Christ  qu'ils  avaient  reçue 
avec  une  pieuse  avidité,  car  ils  étaient  non  seu- 
lement unis  par  les  liens  de  la  chair,  mais 
encore,  la  vertu  de  l'Esprit-Saint  les  animait  tous 
deux  d'une  m^rae  ardeur,  en  sorte  qu'annonçant 
avec  le  m>-me  empressement  le  nom  de  Jésus, 
il»  amenèrent  au  culte  de  la  vraie  foi  une  grande 
multitude  des  habitants  de  cette  contrée. 

La  ville  de  Brescia  avait  à  celle  époque  pour 
.'■vZ-qui",  un  'aint  homme  du  nom  d  Apollonius, 
<|ue  la  crainte  de  la  persécution  avait  contraint 
à  se  cacher  dans  des  lieux  retirés.  Avant  appris 
le  lèle  que  les  serviteurs  de  Dieu  déployaient 


dans  la  prédication  du  saint  Evangile,  il  les  fit 
venir  auprès  de  lui,  et  les  éleva  aux  Ordres 
sacrés  de  l'Eglise.  Il  conféra  l'onction  sacerdotale 
à  Faustin,  parce  qu'il  était  l'aîné,  tandis  que 
Jovite,  le  plus  jeune,  reçut  seulement  l'Ordre  du 
diaconat. 

Les  hautes  fonctions  auxquelles  ils  avaient  été 
élevésnefurentqu'un  stimulant  pourleur  ferveur. 
Comme  chaque  jour  ils  conquéraient  à  la  (oi  du 
Christ  des  foules  innombrables  et  que  nul  ne 
pouvait  résister  à  leur  enseignement,  le  bruit  de 
leur  prédication  se  répandit  bientôt  dans  les 
provinces  voisines. 

18    GOUVEHNBCR    PATEX    ITALICrS    s'ÉMEfT 

Or,  à  celte  époque,  les  peuples  des  Hhétics 
avaient  pour  aouverneur  le  comte  Italicus,  païen 
jusqu'au  fond  de  l'dme,  et  dévoué  au  delà  de 
toute  expression  au  culte  des  démons. 

Enseveli  dans  les  ténèbres  de  son  aveuclemrnl, 
il  ne  se  contentait  pas  de  refuser  pour  lui-même 
la  lumière  de  la  toi,  mais  il  faisait  encore  tous 
ses  efforts  pour  en  éloigner   ceux  de  sa  rrovin  ^t. 

C'est  pourquoi,  lorsque  l'empereur  Aarien  vint 
visiter  la  Li^urie,  Italicus  alla  au-devant  de  lui 


JLi.' 


jusqu  à  l'Adila.  el  lui  adressa  sp'  plaintes  en  re^ 
lenae*  :  •  tlrauJ  empereur,  inviucitile  triompha- 
teur, sauvei  la  répiiblii]ue  romaine,  sauvez  nos 
dieux  sacrés.  Il  y  a,  dans  la  ville  de  Kresria.  deux 
hommes  qui  pr-^clit-nl  je  ne  sais  quel  Christ,  el 
qui  ont  delà  détourné  beaucoup  de  niond--  du 
culte  de  nos  urands  dieux.  Si  la  réprimande  de 
votre  divine  parole  ne  les  arrête,  il  est  hors  de 
doute  't"e  It'urs  doctrines  subversives  ue  Cassent 
bicDliM  'iiblier  le  culte  de  nos  dieiu.  » 

A  ce'i  paroles,  l'empereur  .\drien,  qui  connais- 
sait le  irle  idolâtriquo  du  L'ouverneur,  lui  donna, 
par  un  •■cril  si:;né  de  sa  propre  main,  tout  pou- 
toir  pour  ramener  au  culte  des  divinités  de 
l'Empire,  ou  pour  exterminer  dan»  les  supplices, 
tous  les  chrétiens  en  quelque  lieu  quil  les 
trouT&t. 

Le  comte  Italicus,  aussitôt  qu'il  eut  reçu  ce 
pouToir.  l'objet  de  ses  désirs,  partit  pour  Itrescia, 
selon  que  l'empereur  lui  avait  commandé  II  ne 
fut  pas  plu»  tôt  entré  dans  la  ville  qu'il  envoya 
tout  A  rin'lant  son  con-^eiller  Libère  notifier  k 
Kau'lin  et  à  Jovile  les  voj.iiités  impériale*. 

Mai»,  lorsqu'il  apprit  que  ceui-ci  dimcuraieiil 
immobiles  dans  leur  foi,  rempli  d'iiiili;;nation,  il 
donna  ordre  à  ses  soldats  de  les  arrêter  et  de  les 
amener  en  sa  présence. 

Dés  qu'ils  furent  arrivés,  il  leur  parla  ainsi: 
«  -Notre  très  invincible  empereur  a  dérrélé  par 
des  ordres  sacrés  que  tou«  les  chrétiens  devaient 
retourner  &  la  reliuion  de  nos  dieux,  el  que  tous 
ceux  qu'on  inuiverait  rebelles  à  ces  préceptes 
expieraient  par  toutes  sortes  de  supplices  leur 
réïolle  audacieuse.  Il  est  donc  juste,  Fauslin  el 
\ous,  Jovile,  que  vous  vous  soumettiez  à  d'aussi 
.salutaires  avis  et  que.  ri-jetant  les  err>Mirs  d'une 
suiierstilion  nouvelle,  vous  reveniez  au  mbux 
ruite  de  nos  ilieiix  que  la  république  a  r^'n^acré.  » 

Les  bienheureux  Kanstin  et  Jovile  réponilirent: 
"  Le  temps  est  vpnii  pour  nous  de  nous  réjouir 
pliUôl  que  de  trembler.  Aussi,  nous  voiilon»  que 
lu  saches  avec  certitude  que  nous  ne  pouvons 
d'aucune  manière  abandnnner  la  relii.'ion  de 
Jésus-(;hrisl.  h  laquelle  nous  avons  été  une  foi» 
initiés, etque  nou>ni'  [louvons  obéira  les  ordres.  >■ 

A  celte  réponse,  Italiens  ordonna  qu'on  les 
^'ardàl  en  prison,  jusqu'à  l'arriké-  il.  rciuiicriMir. 
qu'il  attendait  bientôt. 

AI'RirN  BF.  VOIT   VAI>iX    V.KU   H  (M\MA\i.K   1)1. ^   -A   ^r^ 

Kn  elTel,  le  cinquième  jour,  l'empereur  lit  son 
•entrée  à  Hre«ria.  Le  comte  Italiens  s'empres«a 
lie  lui  p&rliT  des  di-ux  frères,  el  d»  lui  dire  coiii- 
ment  ils  avai'>nl  en  l'audace  de  mépriser  ses 
commandemi'nts  le»  plus  sacrés^  cl  qu  en  consé- 
ni'  fic»>  il  |p<i  avait  fnil  sarcler  en  prison  pour  que 
'Il  Miéme  eût  la  iL'Ioire  <\v  les  amener  a  compo- 
sition. 

L'empereur  dit  alors  :  <'  Mais,  ouelle  est  leur 
'    ~  '"        -"iir  qu'on  leur  accorde  d«re  jucés  par 

r  lili-m>''mef  n 


leurs  supplices,  un  :.iaiid  nombre  de  chrétiens 
au  culte  des  dieu.v  qu'ils  ont  déserté.  » 

Il  ordonna  donc  de  les  tirer  de  leur  prison,  se 
les  lit  amener,  el  lorsqu'ils  furent  en  sa  présence, 
il  leur  dit  :  "  Est-il  un  dieu  plus  puissant  que  le 
soleil,  pour  que  vous  abanaonniez  son  culte,  et 
que  vous  deviez  rendre  vos  hommages  à  quelque 
autre  plus  ;»rand  '.'  i> 

Lu  bienheureux  iuvite  répondit  :  «  Nou&  ado« 
rons  et  honorons  le  seul  vrai  Hieu,  le  Dieu  du 
ciel,  de  la  terre  el  de  toute  créature,  qui  a  l'ail  le 
soleil  lui-roénie.  et  lui  a  donné  pour  oltlce  de 
briller  durant  le  jour,  comme  ilu  chargé  la  luue 
el  les  étoiles  de  luire  nu  milieu  de»  nuitii.  >■ 

Adrien  dit  alor*  :  Vous  aifinei  avec  plus  da 
prudence  en  obéissant  k  noire  volonté,  vom 
pourriez  ainsi  devenir  le»  preininrn  dan»  notre 
palais,  au  lieu  que,  si  vou«  pei  -  '  '  mu  volr« 

folie,  vous  serez  frappés  de  la  m   I  luellu.  m 

I>esbienlieurenxroarlyrsrt'peii m  .mu  i-ntemble: 
■I  Non,  jamais  nous  ne  eommeltron»  un  tel  crime, 
qui  MOUS  conduirait  &  la  ni<'it  éternelle.  "  Adiieu 
leur  dit  :  "  Votre  crime,  c'est  de  vou»  déclarer 
chrétiens  el  de  mépriser  la  Jouissunce  paitible  de 
no-,  bonnes  Kr&ces,  préférant  à  cet  honneurs  la 
note  de  l'infamie.  •> 

Jovile  répondit:  «  .Nous  avons  raille  fois  raison 
de  confesser  et  de  déclarer  que  nous  sommes 
chrétiens  car  nousdevons  fnirtes  bonnes  yràces, 
si  nous  voulons  obtenir  celles  du  Hoi  éternel.  » 

L'em|<ereur  reprit:  •  Vos  cieurs  sont  trop 
durs,  je  le  vois,  pour  que  mes  paroles  les  puissent 
fléchir;  mais  nous  avons  une  tendre  alTection 
pour  vou-^,  et  c'est  poucipioi  nous  désirons,  de 
tontes  manières,  vous  voir  devenir  meilleurs, 
afin  de  vous  accorder  un  rang  honorable  dans 
notre  milice. 

—  Le  Christ,  r<<pnndit  Fauslin,  nous  l't  déjà 
donné  dans  ses  armées,  car  votre  milice  flnirm 
avec  le  temps  de  cette  vie,  parce  que  vous-même 
vous  finirez  avec  le  temps;  mais  celle  du  Christ 
dure  éi^nipllement. 

—  (".'est  assez,  dit  Adrien,  je  vous  ai  sufflsam- 
menl  supportés  jus.ju'ici.  Ou  sacrifie»  nu  «iien 
invincible,  an  soleil,  ou  je  vous  ferai  souffiir  de 
nombreux  tourments.  >■ 

Kaustin  et  Jovitc  répoudirent:  «i  .Nous  sacrifions 
au  liieu  vivant,  qui  a  créé  le  soleil  pour  l'orne- 
ment de  l'univers,  et  ce  soleil  que  tu  veux  nous 
faire  adorer,  Dieu  nous  l'a  donné  pour  servir  à 
nos  besoins.  » 

Ui  STATUE  O'OK  OU  XOUUL  CIlANMtK  tK  POi  MIUK  XOIU 

Adrien,  ému  de  colère,  ordonna  de  les  conduire 
devant  le  temple  du  soleil,  nii  ce  dieu  avait  une 
statue  toute  dorée,  cl  ilonl  In  léte  éiall  environ- 
née de  rayons  d'or  très  pur;  et  reinppr''iir  leur 
dit:  «  Voyez-vous  maintenant  la  t'Ioiieilu  soleil 
invincible'.'    Approchez-vons    et    sacrifiez  lui ,    ki 


tré  pour  I 

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Imsl  que  jeu  Jmfs 

"   n,  me  sont  du       é  l.iier  Ip 
pnr  11  oie  d»»   I   im-i.'"  A"  >•■ 


i  tous  Ic'i  yeux  comme  de  la  poix  vile,  pour  la 
coolusinn  de  tous  reui  qui  t'adore  lit  i:'>mmedieu.  » 

Il  dit.  et  aiissildl  la  ^t.1tue  devint,  aux  yeux  de 
tout  le  peuple,  noirt-  comme  de  1 1  suie,  et  les 
rayon*  qui  iinliaieut  autour  de  sa  t  te  tombèrent 
sur  ,1e  *<*'•  •'omme  des  charbons  éteints. 

"  (Jue  vois-je!  »  s'écria  .\drien,  devant  un  tel 
prodi^'e.  I'  Cnmm  indez  aux  ministres  du  temple, 
liii  dit  le  comte  II ilicus,  de  lui  rendre  son  éclat.» 
L'empereur  ordonna  donc  à  ses  ministres  de 
monter  avec  des  l'ponpes  et  d'essuyer  la  sui«  qui 
recouvrait  U  statue.  Mais,  tandis  qu'ils  font  de 
vains  efforts  pour  exécuter  eel  ordre,  voilà  que  la 
stBvue  tout  entière  tombe  en  poussière,  en  sorte 
qu'il  en  reste  à  peine  quelques  traces. 

Le  bw-oUeureux  Faustin  dit  alors  à  l'empereur: 
"  Vois-tu  ce  qu'il  e~t  arrivé  au  dieu  que  tu  adores, 
et  coiameul  il  u  été  anéanti  ?  " 

L'empereur,  furieux,  I«<  eopdanHia  aux  bétes. 

LES    liF.fES    siiNT    ixiS    nOlXEs    filE    I.'eUPEBELR 

Lorsque  les  martyrs  furent  amenés  dans  l'am- 
iihithé^lre,  Adrien  dit  au  comte  Italicus  :  "  Qu'on 
iaui-e  contre  eux  les  animaux  les  plus  cruels, 
aliu  que  leur  seule  vue  les  fasse  défaillirde  peur.  ■ 
l'uis,  se  tournant  vers  les  martyrs,  pour  tenter  un 
ilernier  effort,  il  leur  dit;  «  Faustin  et  iovite. 
voyei  la  mort  qui  va  vous  saisir;  la  ûu  de  votre 
vie  est  bien  proche.  Kiiteiidez  donc  mes  conseils, 
et  sacxilie-z  au  dieu  Siturue  ou  à  Uiaiie,  alin  qu'il? 
vous  délivrent  de  la  dent  des  Wtes.  »  Saint 
Faustin  répondit  :  ■<  Griui  que  vous  ajipelez 
Saturne  é'.iit  un  borame  sonillé  des  plijs  mous- 
trui'U-i-  iir  imie-i.  qui  dévorait  la  cfiair  de  ses 
enfant',  et  celte  Diane  étïit  une  femme  de  ra<i>urs 
trop  libres,  dont  la  meilleure  occupation  était, 
ilit-on,  de  poursuitxe  les  Ln-les  sauvaj^es  à  la  façon 
<]•■.  .  hns^i-ufs.  Vous  nous  ordonnez  d'adorer 
-es  ilicux,  pour  nous  faire  outrager  Ip  Dieu  sou- 
verain, n 

L'empereur  reprit:  •>  Quoi  donc?  tous  /-les 
d''>i«  dans  les  lien»  de  la  mort,  et  vous  persévérez 
dans  vos  blasph-^mes?  u 

.\|ors,  il  st-  tourna  ver*  les  tardes  et  leur 
r/>mmanda  d'amener  quatre  lions  contre  les 
.Tthl'les  du  Christ.  On  lâche  donc  ces  béte«  fu- 
nfiisP5  dont  l'aspert  inspirait  la  terreur.  Files 
ir  ..urent  avec  une  grande  vitesse  et  viennent  se 
■  I-  r  aux  pieds  des  martyrs,  en  poussant  de» 
I  i.i-senients  si  effravaiits  que  la  multitude  des 

u'iiH  en  était  toutp  tremblante.  Files  abaissaient 
'~  superbes  et  léchaient  les  vestiites  des 
le  sable. 

>  ■  ■  11-,  V  irien  ordonna  à  ses  ministres 
II.  ids.  et  ceux-ci,  arrivés  anjin  s 

i  ■    -rr.il.Mii-  il-  loeu.  se  roulèrent  également  à 

■  1  -  pieil«.  !/•  pnupi",  voyant  ces  prodiite» . 
.1.1  :  ■.  Ua'"n  enlevé  du  milien  de  nous  re» 
:  1  1-  i.-iens.  qui  non"»  empêchent  d'adorer  libre- 
ment no»  dieux  !  * 

Adrien,  de  plus  en  plus  aitmillonn'*  par  la  co- 
i.r>>.  rniiimanda  d'envoyer  enfin  de»  oiir"<,  en 
!  de  leur  ntl.iclier  aux  Hnncsde»  torches 
pour  les  exoil#r  par  la  douleur  à  dé- 
vorer 1»»  s»inl>  martyrs. 

I.r;  offlriors  et''-ruli;ri'nl  l'ordre  de  l'pmpereur 
lit  les  ours.  Mal»,  lorsoup  |p»  animtux 

■  roui  .^v»  «»rvit«'nr«  H"  IhoM.  d»  conciirt 

•rent 

ires, 

■UUl   u  ■■.•|l.!i'i.:l. 

'IX  ^lu>  d"  liieii,  ils  se  lenninnt.  plpinn 

<•  -oriini'-.  au  milieu  des  bétes,  Adrien  leur  dit: 

Heniarquet,  Fniislin    et  Jntite,   combien    e«t 


fir.inde  encore  à  votre  éaard  la  miséricorde  I'' 
-Saturne  que  vous  avez  outragé,  c'est  grâce  à  !■ 
que  les  bétes  ne  vous  cnt  pas  touolHS. 
Kouais  de  honte,  répondit  Faustin,  rt  tyran  û-< 
chrétiens  !  ce  n'est  point  ton  dieu  Saturne  qu; 
nous  a  délivrés  comme  tu  le  penses,  mais  c'sst 
plutôt  ce  Dieu  véritable  que  nous  servons,  et  ijui 
re».'ne  dans  le  ciel.  Mais  où  sont  les  meuaees  que 
tu  nous  faisais"?  Les  bétes  que  tu  as  envoyées 
contre  nous  oublient  leur  férocité  et,  adorain 
notre  Dieu,  se  prosternent  à  nos  pieds.  Si  donc 
il  te  reste  d'autres  supplices  plus  puissants,  bftte- 
toi  pourreconnaitretadéfaite  sur  tous  les  points.  ■ 
Adrien  reprit  :  ■  Ne  soyez  pas  si  empresséti, 
car  j'ai  fait  préparer  des  tourmriits  plus  durs 
encore,  et  tout  à  l'heure  je  vous  les  ferai  subir.  " 

LE  DIEU  SATCB.NE  EST  FOULÉ  AU*  PIE06  OE.S  BKrK- 

A  ce  moment. un  prêtre  païen  appelé  Orphétus, 
qui  était  parent  de  l'empereur,  vint  lui  dire  :  ••  Si 
votre  clémence  le  permet,  prenant  avec  nous 
notre  dieu,  l'invin.'ible  Saturne,  nous  descen- 
drons vers  ces  chrétiens,  alin  de  les  délivrer  des 
bétes,  et  de  pouvoir  gainer  aussi  |f  urs  Ames.  — 
Faites  comme  bon  vous  semble, r^^pondit  Adrien.  . 
Alors,  Orphétus  ainsi  que  d'autres  prêtres  et  le 
comte  Italicus  prirent  la  statue  de  Saturne  et 
se  dirigèrent  vers  les  saints,  qui  se  tenaient  en 
paix  au  milieu  des  bétes  Mais  à  peine  s'en 
étaiejil-iU  approchés  .fu"à  l'instant  les  bétes 
furieuses,  bondissant  sur  eux,  les  mirent  tous 
en  pié<'es,  pendant  qu'*  les  païens  poussaient  des 
cris  et  disaient  :  "  Dieu  Saturne,  secours  tes 
ministres!  «  .Mais  le  dieu  resta  insensible  à  leurs 
prières,  et  même  la  statue  fut  foulée  aux  pieds 
des  héies^  et  resta  à  terre,  souillée  du  sang  de 
ses  prêtres. 

A  la  nouvelle  de  la  mort  d'italicus,  son  épouse 
nommée  .Afra,  accourut  avec  empressement  à 
l'ampliithéàlre,  et  se  mit  à  crier  à  haute  voix, 
devant  l'empereur  :  «  Quels  sont  donc.  Adrien, 
ces  dieux  que  tu  adores,  qui  n'ont  pu  ni  délivrer 
leurs  ministres,  ni  se  délivrer  eux-mêmes'.  FI 
moi,  malheureuse,  me  voilà  veuve  à  cause  de 
ta  perfidie  !  " 

Mais,  bien  plus,  le  peuple,  voyant  ce  qui  était 
arrivé,  sloritiait  tout  d'une  voix  If  Dieu  deFaiislin 
et  de  Jovile.  et  un  grand  nomlire  crurent  au 
Seii.-neur.  Parmi  eux  l'on  vit  un  ministre  de 
l'empereur  du  nom  de  Calocère,  ainsi  que  beau- 
cou|>  de  ses  officiers 

.\fra elle-même,  l'épouse  d'Italiens,  abandonna 
l'erreur  de  l'idolAtrie  et  s'adjoignit  au  nombre 
des  li.l.-le-. 

L'e*»fl^ereur  Adrien  dit  alors  aux  martyrs  : 
"  Si  le  Dieu  que  vous  ,'idorct  est  véritable,  déli- 
vrez-Tou"  des  b*te«. .,  El  les  bienheureux  martyrs 
répondirent  :  "  Oui.  sur  c  poir'  ■  ■  ii'his  te 
montrerons  la  puissance  de  N'o'  ir  Jésus- 

Chrtsl  «,  et,  se  retournant,  il-  >  bêtes  : 

"  Au  nom  du  Sei::neur.  n'^u-  nandous 

de  «ortir  de  la  ville    «-11.-  Il,             .    ^     :-onne.  .. 

All««il4t,  ces    '  ,  oinme   de   très 

douces  brehi»,  -  '  ni   le.;  porte*  de 

la  ville,  et  gagnent  iilncne*. 

Adrien,  insensible  i.  .  -,  di>niia 
ordre  de  ramener  en  piiton  les  vaillatils  soldats 
du  l'hrisl. 

OtVFXUS-'  TtKTATiVIW  D'aoUII» 

le  I  '  rt  de  dres«er 

son  fr  ■    f.iit    iiiioiii  r 

le^    »aml^     1'     iMeu,    Il    xouli.! 
offrir  de    l'encens   à    Jupiter 


demeurnieul  iininobile>  dans  la  foi  du  Christ, 
Adrien  lit  préparer  un  iiranil  feu  et  commanda 
ensuite  de  les  jeter  au  milieu. 

tl  lestruerriers  du  (Christ  se  tenaient  immobiles 
au  milieu  dos  ilauiines,  et  les  mains  étendues, 
ils  rliantaient  uneliymne  de  louau;:e  auSeieneur. 

Adrien,  .i  celle  vue,  ne  faisait  que  s'irriter 
davantatje  :  il  les  accusait  d'tUre  des  magiciens 
et  d'iiifiUnes  scélérats.  Enlin,  il  les  lit  reconduire 
en  prison,  avec  l'ordre  de  n''  perinellre  à  per- 
sonne de  les  y  visiter,  aliii  de  les  laisser  ainsi 
mourir  de  faim. 

.Mais,  au  milieu  de  la  nuit,  les  anges  du  Sei- 
gneur descendirent  vers  eux,  et  la  splendeur 
i]ui  les  enviroim.iit  dissipa  les  ténèbres  de  leur 
carhot.  ils  ne  quittèrent  les  saints  martyrs 
qu'après  les  avoir  fortiliés. 

Cependant,  Adrien  fait  de  nouveau  préparer 
son  tribunal  devant  le  temple  de  Mars,  et 
ordonne  de  lui  amener  Faustiii  et  Jovile. 

Calocère.  cliar^é  de  cette  mission,  vint  avec 
tous  ses  ;;ardes  au-devant  îles  serviteurs  de 
Jésns-Christ  et  ils  niarrlièrent  devant  eux  Jusqu'au 
temple  de  Mars,  en  les  comblant  de  marques  de 
respect. 

.Adrien  poussa  un  profond  soupir  en  voyant 
tous  ses  gardes  accorder  aux  cbiétiens  tant  de 
révérence,  et  pénétré  de  douleur,  il  se  retira  en 
son  palais,  on  il  se  fit  amener  les  bienheureux 
martyr*  !i  l'insu  du  public.  •■  Pensez-vous,  leur 
dit-il,  vous  jouer  de  moi  avec  vos  maléfices, 
comme  vous  avei  fait  avec  le  peuple'.'  Si  vous  ne 
sacrifiez  point,  je  vous  ferai  traîner  de  ville  en 
ville,  et  vous  périrez  dans  les  supplices  les  plus 
variés.  » 

Lu  bienheureux  Faustin  répondit  :  "  Quelipie 
part  (|ue  tu  nous  conduises,  sache  que  tu  seras 
toujours  confondu  au  nom  du  Sei;;neur;  car 
Notre  Sauveur  qui  nous  protège  est  toujours 
avec  nous.  >• 

Adrien  dit  :  «  Vous  nous  le  prouverez  lorsaue 
je  vous  ferai  appliquer  à  des  tourments  plus 
cruels.  » 

Le  bienheureux  Jovile  répondit  :  •••  Quels 
que  soient  les  cliAlirocnts  que  tu  nous  inlliges, 
nous  ne  les  craignons  pas ,  Dieu  nous  sou- 
tiendra. >< 

.\drien  les  fit  encore  remettre  en  prison  jus- 
qu'au jour  de  son  départ,  avec  la  défense  à 
personne  de  les  voir,  et  il  Ht  sceller  la  porte 
de  la  prison ,  avec  le  sccbu  de  son  anneau 
impérial. 

Lr.  lUITtliB  D'BAI'   KT  Lr  HAPT^JIE  DK  SA.NG 

Cependant,  la  foule  qui  avait  cru  et  avec  elle 
(^loi-ére  et  ses  officiers,  Sf  mirent  à  la  recherche 
du  bienheureux  Apollonius,  qui  s'était  caché 
par  crainte  des  infidi-les;  ils  le  trouvèrent  non 
loin  de  la  ville  de  Hrescia. 

Quand  il  sut  tout  ce  qui  s'était  passé,  le  saint 
évèque  en  bénit  le  Seii.'neur  et  conduisit  ces 
nouveaux  fidèles  dans  un  lieu  très  retiré  sur 
une  montagne,  l^,  après  leur  avoir  enseigné, 
«eliMi  l'usaue,  l'enserable  de  la  doctrine  chré- 
tienne, il  les  ba(>tisa  au  nom  du  l'ère  et  du  Fil» 
et  lin  '^^ifil-K^prii  ;  puis,  les  ayant  fortifiés  dan* 
le  •.'  I. 

Il'  leurque  Calocère  et  SM 

nlli  i  .  liritiens.  Cette  nouvelle  l'irrita 

au  ■    l'Oint.   Il   ordonna   d'arrêter   ce» 


liMii-   *  '-"î    <i"ii'    *  iii|'.ii '■•"  il»-    i"t,   'i    i  .1    ff-iiiiii    lU 

plus  Til  parmi  tous  ceux  de  mon  palais?  ■<  PoU 


se  tournant  \ers  les  f;ardes  :  "  Lt  »ous,  victimes 
destinées  à  la  mort,  '-tes-vous  assez  insensés 
piur  abandonner  nos  dieu\  et  croire  à  l'im- 
punité? >' 

Et  ceux-ci  lui  répondirent  :  «  Nous  ne  crai- 
gnons pas  la  mort  de  ce  siècle,  parce  que  Dieu 
qui  règne  dans  les  cieux  est  noire  soutien.  » 

Adrien  commanda  alors  de  les  entourer  et  de 
leur  trancher  la  tète  au  iiièine  lieu. 

Le  massacre  achevé,  Apollonius  vint  avec  des 
chrétiens  et  ils  enlevèrent  les  restes  précieux 
aux<)uels  ils  donnèient  une  di::ne  sépulture,  le 
treize  des  calendes  de  décembre. 

MIL.K.N  —  BOME  —  BRBSCIA 

L'empereur  continua  son  voyage  vers  Milan  et 
Rome. 

Pour  sedonnerle  temps  d'inventerdenouveaux 
supplices,  il  faisait  traîner  à  sa  suite  les  trois 
autres  martyrs  char;;ès  de  chaînes. 

tl  Ce  sera,  pensait-il,  un  exemple  salutaire 
pour  effrayer  les  autres  chrétiens;  et  puis,  les 
mille  faliiiues  du  voya;;e  finiront  bien  par  épuiser 
les  forces  des  deux  frères  rebelles.  " 

Cependant,  il  remit  Calocère  entre  les  mains 
de  Sapricius,  un  de  ses  officiers,  qui  fit  expirer 
le  martyr  dans  les  supplices  à  Milan. 

Les  bienheureux  martyrs  Faustin  et  Jovile 
étaient,  pendant  ce  temps,  conduits  à  Home,  et 
partout,  sur  la  roule,  ils  entraînaient  à  la  foi  du 
Christ  une  foule  de  peuple  par  leurs  pri'dications. 

Us  étaient  déjà  bien  pre.-<  de  la  ville  de  Home 
quand  ils  virent  accourir  au-devant  d'eux  un 
chrétien  appelé  (^alimère.  qui  leur  persuada  de 
monter  sur  son  char,  et  entra  aiu'-i  dans  la  ville 
avec  eux.  Touchés  de  voir  en  ce  chrétien  une  foi 
si  vive  et  si  coura;;euse,  les  bienheureux  martyrs 
obtinrent  de  leurs  f;ardes  de  voir  le  Pontife  de 
Home,  qui  était,  pour  lors,  le  pape  saint  Sixte  I", 
et  qui  se  tenait  caché  dans  les  catacombes  ;  ils 
lui  demandèrent  de  conférera Calimère  l'honneur 
de  l'épiscopat  et  de  l'envoyer  à  Milan,  pour  y 
fortifier  le  peuple  qui  avait  cru  au  Seigneur;  ce 
qui  leur  fut  accordé. 

La  place  nous  inanaue  pour  raconter  en  détail 
les  soulTiances  des  deux  Saints  à  Home  et  le» 
merveilles  qui  en  furent  la  suite,  .\drien,  voyant 
qu'il  ne  faisait  que  perdre  à  cette  lutte,  finit  par 
y  renoncer  et  renvoya  les  martyrs  à  Hrescia. 

.\  la  nouvelle  de  leur  retour,  les  cbrétiens  de 
la  ville,  avec  ré»éi|ue  saint  Apollonius  à  leur 
tête,  accoururent  .lU-de^ant  d'eux  ;  mais  leur 
joie,  lièlas  '  èl.iit  trop  prompte  ;  car  le  comte 
Aurélien  se  lit  amener  les  deux  frères  et  voulut 
les  forcer  à  sacrilier  aux  dieux. 

Ils  lui  ré|>oiii||riMit  :  •■  Nous  sommes  prêt»  h 
mourir  pour  b-  nom  de  .Notre-Seit'neur  Jésus- 
Christ,  plutiM  que  d'obéir  ù  te»  ordres.  •• 

A  ces  paroles,  .\uré|ien  ordonna  de  le»  con- 
duire hors  des  portes  de  la  ville  et  de  leur  tron- 
cher  la  tète.  Les  généreux  martyr»  furent  donc 
traîné»  lior»  de  la  ville,  tur  la  voie  qui  conduit 
à  Crémone.  Ils  se  mirent  à  (jenoux,  cl  le»  bour- 
reaux leur  tranchèrent  la  tète  :  c'est  ainsi  qu'il» 
reçurent  une  mort  d'un  iaitant,  pour  acquérir 
une  vie  éternelle. 

Quant  à  leur  penéculcur  Adrien,  empereur, 
philoso|ihe,  architecle.  bel  esprit,  il  '«ublia  son» 
.l.oile  bienl'it  9e»  victime-.  ;  -  •••■■r  a  boire 

I  l..!!»;-'  trait»  à  la  coupe  rs  de  ce 

te;  mai»  il  n'v   trou •  .juc  *ide 

rlume;  il  pnt  la  vie  en  deyoùt  et  «e  suicida 
....  -•ir  au  milieu  de  «e»  ami»  dan»  on  f^«lin.  — 
Kt  son  Amr,  où  e»t-elle  maintenair 


1      I  rtiriirN 


I  1 .1I1....M   I".  fin» 


SAIME    JULIENNE   DE   NICOMEDIE 

VIERGE  ET  MARTYRE 


Fite  le   1 6   février. 


7n  démon,  transformé  en  ange  de  lumière,  apparaît  à  sainte  Julienne,  dans  sa  prison,  poor 
l'engager  a  céder  aux  circonstances  et  à  sacrifier  aux  idoles  ;  mais  la  Sainte  le  reconnaît  et 
parla  puissance  de  Dieu  le  tient  enchaîné  sous  ses  pieds. 


011  LT»  (NTIIK    LES    EriMS  —    JL'LIKNMK  RtrUSI 

d'xpodskk  l'n  Païen 

Veri  la  fin  du  l'i*  siècle,  vivait  à  Nicomédie, 
trande  ville  d'Asi^-Mincurp,  une  jeune  6lle  nommée 
Julienne.  Niconi''die  "^lail  alors  Id  résidence  ordi- 
naire de»  empereurs  Diocktien  el  Galère,  qui  per- 
•écutaient  avec  acharneni-^nt  la  reli„'ion  chretienoe. 
Le  p"re  de  Julienne  nommé  Africain,  païen  exalté, 
était  lui-même  un  (rrand  ennemi  dot  chrétiens. 
Sa  mère,  femme  frivole  et  timide,  désapprouvait 
les  cruautéa  de»  paieni,  mais  n'osait  point  prendre 
larii    f>our  le*  disciples    de  J<^sus-Cbrist,  dont   la 


morale  sainte  paraissait  d'ailleurs  trop  sivdre  à  son 
amour  des  plaisirs. 

Elevée  dans  un  pareil  milieu,  la  jeune  fille 
semblait  destinée  à  n'être  toute  sa  vie  qu'une 
païenne  vulgaire,  mais  sa  fld<'lité  et  «on  courage  à 
ri[pondre  aux  miséricordieuseï  prévenances  de  la 
gidce  de  Dieu  la  firent  passer  des  ténèbres  du  pa- 
|k''inisme  aux  ?plendeurs  du  Ciel. 

Kncore  enfant,  elle  éprouvait  dij&du  d"*?  ■■*'  v  r 
l'iilolàlrie  ;  elle  se  mit  en  rapport  aver  les 

fut  instruite  de  nos  vérités  sain  tes,  et  reçut  1'   :    , c. 

i.  I  insu  de  son  père. 

Fidèle  à  la  foi  de  Jésus-Cbrist ,  elle    grandi!    en 


Age  et  en  vertu;  les  Rrice?  «le  son  »isage  reflétuient 
les  chsrmes  de  son  âme,  son  père,  lier  de  sa  flile, 
admirait  ses  qinlilé?,  sans  en  savoir  la  cause,  ot 
songeait  à  lui  préjarer  un  brillant  mariafe.  Grande 
fut  sa  joie,  quand  Eleusius,  jeune  homme  riche, 
arai  des  empereurs  et  déjà  membre  du  sénat  de 
Nicomédie.  vint  lui  demander  la  main  de  Julienne. 
L«  païen  s'empressa  de  donner  sa  parole  sans  même 
consulter  Fa  fille,  et  le  jeune  sénateur,  qui  était 
aussi  un  adorateur  de«  idoles,  prépara  ses  fian- 
çailles. 

Il  serait  difflcile  de  peindre  la  surprise  et  la  tris- 
toss'^  1»  Julienne  h  cette  nouvelle  ;  elle  ne  sonçeait 
point  '0  ce  moment  au  mariage,  mais  surtout  elle 
ne  voul-''  •*  -  —  "-ix  épouser  un  païen.  Avouer 
qi'ell  •  ^.  i-'était  exaspérer   «on  père 

et  '^«•'1'  ..    le  chemin  des  supplices.  Pour 

ri  étendant,    elle  lui  déclare  qu'elle 

n''  Te    proposition   de    sa    part    avant 

qn'il  ne  soit  préfet  de  Nicomédie. 

C'-tte  réponse  déconcerta  d'abord  Eleusias,  mais 
telles  étaient  son  estime  «t  sa  passion  pour  la  jeune 
Olle,  qu'il  mit  tout  en  cruvre  pour  arriver  aux 
fonctions  préfectorales.  A  force  de  démarches  et 
movennant  une  gros«e  somme  d'argent  donnée  à 
propos  t  l'empereur,  il  obtint  la  charça  tant  désirée. 
Aussitôt,  il  envoie  un  messaise  à  Julienne  :  ■  Vous 
ne  l'un  préfet,  je  suis  préfet!» 

t  -e  préparer  au  combat. 
Jui  '  i  r  ,..  r.  ii,;,r.ciJ.  Elle  supplie  le  Saicneur, 
ilan<  In  jeAne  et  la  prière,  de  venir  i  son  aide,  et 
entre  franchement  en  lice.  •  Je  mis  chrétienne, 
fait-elle  dire  à  Kleusius,  je  n'époaserai  jamais  an 
adorateur  des  idfles,  renoncei  à  ce  culte  impie  des 
démon'»,  adorei   mon  Dieu,  seul  véritable,  et  alors 


se" 
h- 


■  ni  ie  ,ciii«'ii'irsi  nu  mariage  aiie>  »iii:i  «ou- 


'S  corps  seraient  unia,    nos  caors 


A  la  lecture  de  ce  message,  le  préfet  appelle 
illiraé  lt«lement  le  r*re  •!»  Jiilienneet  le  lui  commu- 
uiqn^.  >-  re  païen:  -  J'en  jure 
par  ti  1  .  *'  cela  e»l  vrai,  je 
vous  la  livrerai  niiilpré  elle.  av««  U  droit  d'en  faire 
re  que  vous  voiidrei.  • 

tiei  lui,  en  pr»i»  à  I»  honte  et 
;..  '  de  revoir  sa  flil*  et  de  lui 
,«,  <■■  '-    •   •»  -■  -  ■''  -"n 

•> ,  'e 


n«  répend  arec 
fTPieie  :   «  Mon  ires  ooui  père,  je  l'épouserai  s'il 

*•■  ]t  idnrer  le  ^ei;(  Tr^i  f>  en,   Pie-i    iin-'-;t:''  en  trois 
f  'use,  ja 

1  ,  ,  .1.  » 

Afi'>ain  fiéiiiii  Jr  colère:  «  Tu  ae  veux  pas 
m'<'b/'ir  ?...  Par  Apollon  et  Diane,  si  ta  persistes 
daiM  ton  •niètsmenl,  j«  %»  fais  j«t«r  aui  bèU« 
féroces 

■  '  1  père.  Avacl'tide 

>!•  t,  jamais  je  d« 

Ter  tant  de   tr- 

III  -t    '•■  '■•■  ■■•■'  '■• 


-^  Mais  enfin,  d  mon  père,  reprend  la  jeune  Qlle, 
TOUS  ne  me  conipienex  donc  pas.  Je  vous  l'ai  dit 
et  je  vous  le  rt'pète  en  toute  vérité:  j'affronterai 
volontiers  tous  les  tribunaux  et  tous  les  supplir.^s 
plutôt  que  de  renoncer  à  l'obéissance  que  je  dois  a 
mon  Oieu  et  mon  Maître  Jésus-Christ.  Je  suis  chré- 
tienne. 

—  Tu  es  chrétienne  I. ..  »  dit  .\fricain  bondissant 
de  rage;  et  oubliant  qu'il  est  père,  il  appelle  d'>s 
esclaves,  en  fait  des  bourreaui,  leur  ordonne  Je 
dépouilller  sa  fille  et  de  la  llaKeller  en  sa  prii^iiue: 

•  Adore  les  dieux I  •  lui  dit-il,  pendant  qi.e  les 
fouets  roupissenl  de  sang  ses  innocentes  ép.iul'  s. 
Et  Julienne  de  répondre  d'une  voix  forte:  -  Des 
idoles  sourdes  et  muettes  n'auront  ni  ma  !'oi.  ni 
I  mes  adorations,  ni  mes  sarrifices,  mai»  j  ..)  Te 
Notre-Seipneiir  Jésus-Christ,  qui  vil  et  règne  dans 
les  siècles  des  siècles. 

On  la  détache  toute  sanglante  et  son  pèrt  l'envoie 
an  préfet,  son  prétendu  tiancé. 

JOLiLMii  Diviiirr  u  pairrr 

Dès  le  lendemain,  de  grand  matin,  le  préfet 
erdonne  de  l'amener  à  son  tribunal.  Julienne  arrive 
grave   et    modeste,  elle  ne  parait  ""     \.e,   le 

supplice  da  ta  veille  n'a  pas  aller'  !'•  o» 

traits.  A  sa  vue,  le  préfel  sent  en  Im  m-Mn"  un  rude 
combat  s'élever  entre   son  amour  et  sa   colère.  l.<- 

premier  l'emporte,  et  d'une  »'   •   ■  ■■' -"■■  ••   Ma 

chère  Julienne,  dit-il,  pourq'  "ué  s 

longtemps?  Qui  donc  vous  a  ,  ■. -■     ne 

divinité  inconnue?  Rendei-moi  votre   ■  -i 

nos  dioux  nationaux  et  épargnei-vous  I'  -  ,  ,  es 
qui  vous  attendent  si  vous  refuses  de  leur  offiir  des 
sacriflces. 

—  Consentes  vous-même  à  adorer  i  ■  t, 
dit  Julienne,  et  alors  je  donnerai  mon  <>  :.l 
à  vos  projets  de  mariage  ;  sinon,  jamais  vuu*  ne 
serez  mon  maître. 

—  Julienne,  ma  r  -  dame,  consente]  seu- 
lement fc  devenir   -  e  cl  je  vous  laisserai 


voloii 

lerai  V'im 
—  Mai 


er  tel  im>mi    jue  vous  voudrez. 
abord  le  baptême  et  eniuiU  j'tecep- 

e  dame,  je  ne  puis  pas.  Si  je  ne 

..^ereur   le  saura,  et  il  m'enverra 

i  un  successeur  avec  l'onlre  de   ae 


—  Quoi  ?  vous  cr 

«ern  lir-inAii:  itti   I"  ; 


de  vos  flatterie».  [>■ 

que  veut  vini.lr'Z  ; 

naient    les    proplièle»    et    les     ji 

n'on*.  r^iïit  ^l*  <-r.rifr.ndii«  Hin«  leuf 

*s,se7 

A 
f 

;      .r     I  »■■  ■  ill'-r   ■;••    ■o.-jiii    .le    > 
cruel  ordmine  de  cesser:  •  ' 


^rice. 


r.'.nnnd    doUCem**"*  ''» 

■  voir  m'a/ 


I»  ohr^- 
a  [iioiir 


lu*a»-lH  oMintesiMit  d'' 


I 


bourreau:!  se  succèdenl  autour  d'elle  pour  la  flageller 
avec  des  veri;es  flexibles  et  des  nerfs  di>  boeurs.  Cet 
affreux  supplice  dura  plusieurs  heures,  le  san^  ruis- 
selait à  terre,  le  visage  de  la  victime  était  dHiguré, 
ses  yeux  obscurcis,  ses  sourcils  relevés  jusqu'au 
sommet  du  front,  la  peau  de  la  tète  et  s^s  cheveux 
arrachés.  •  Jésiis-Cliritt,  Fils  de  Dieu,  venei  à  mon 
secou/sl  >  murmurait  la  vierge. 

Quand  les  bourreaux  fiirei.t  las  de  la  frapper,  ils 
allumèrent  au-dessous  d'elle  des  fagots  de  paiUe 
pour  brûler  ses  plaies,  et  lui  percèrent  les  mains 
avec  un  fer  rouge. 

Loc'qu'oo  la  détacha,  après  six  heures  de  suspen- 
sion, elie  vivait  encore  et  conservait  sa  connaissance. 
Eile  tourna  vers  le  Ju^'e  Sf»  veux  ensauçlaulés  et 
dit  :  «  llallieiireux.  tu  ne  pourras  pas  ait'  vaincre 
par  tes  tourraf-nts,  oiais  oioi,  par  la  puissance  de 
Jtrsus-Cbrist.  Je  triompherai  de  ta  cruauté  et  je  te 
ferai  rou^'ir  du  diable  Ion  père.  • 

Le  tyran  ordonne  de  verser  un  elle  de  l'eau  bouil- 
lante, mais  elle  ne  ressent  aucun  mal  de  ce  supplice. 

Alors  le  préfet  commande  de  l'entourer  de  chaînes 
et  de  la  jeter  dans  un  cachot. 

LB  PÈaC  DV   ■E.>l.sO^CE  —  JCLIUINC  KXni 
LX  DÉMO.V  E^CHAI^B. 

Quand  la  Sainte  se  vit  seule,  abandonnée,  toute 
san^ilante  rt  déchirée  de  plaies,  étendue  car  le  toi 
humilie  de  son  obscure  prison,  elle  se  tourna  vers 
Jésus-Christ,  le  céleste  E('Oux  de  son  âme  :  «  Seigneur 
Dieu  loul-piiissanl,  disait-elle,  venez  à  mon  secoure 
dans  ce  p<'rilleux  passade.  C'est  pour  l'amour  de 
vous  que  j'ai  été  réduite  en  cet  état,  ne  m'aban- 
donnez poirit.  Vous  qui  avei  délivré  Daniel  de  la 
gueule  de»  lions  et  les  trois  enfants  de  la  fournaise 
ardente,  soyez  mon  protecteur,  eoyez  mon  secours 
et  ma  fnrce  au   milieu  des  tourments  ;   donnez-moi 

la   •■• "    -•■•■■■>    le   préfet,  afin   que  sa    cruauté 

im  lue  et  que  gloire  vous  toit  rendue 

da  ^fiS  siècles.  » 

I  de  la   sorte,    quand  tout   h  coup  une 

viv  it  irriter  ses  yeux   malades  et  éclairer 

les  murs  du  cachot  ;  elle  aperçoit  devant  elle  un 
bomuie  d'où  semblait  jaillir  toute  cette  lueur  et  qui 
affectait  la  majestueuse  gravité  d'un  ange  du  ciel: 
u  J.ilienne,  bieii-aimée  de  Dieu,  dit-il,  voici  que  le 
préfet  te  pr-pare  de^  supplices  plus  airoces  encore; 
mais  d<'ji  tu  as  assez  souffert,  tu  as  suffisamment 
montré  l'in  courage.  Dieu  est  content  de  toi  et  ne 
veut  pal  que  tu  affrontes  de  nouveaux  supplices. 
Demain,  on  vit-ndra  te  chercher  pour  te  forcer  i 
sacrifier  aux  id'i|.'5;lu  Ob'* iras  cette  fois,  pour  éviter 
de  I    loiinuents.  • 

I  extrême  s'empara  de  l'ime  de  la  mar- 

idant  un  pareil  langage.  >  Qui  e*-tu7  • 
le  a  l'apiianiion. 

M  an^'e  de  Dieu,  envoyi  pour  te  sauver 
/on  te  prépare.  • 

-   (lieu    ^iii   r-in-cille  l'apostasie  et  la 

nne  ref-onnalt  bien 

res,   tratlreusempnt 

aiit'H  lie  lumière,  pour  la  lrotnp»r  et 

'•■  pniiste  un  gémissement  et  levant  ux 

eiii  pleins  lie  larmes  :  >  Seigneur,  Ro!  êa 

ciel  et  J«  I-1  terre,  dit-f-ll«,  oe  m'abandonnez  pas. 
Toute  nii  ronflance  est  en  vous,  ne  me  lalsseï  pas 
suci-niiitiiT  nux  tfntations  de  l'ennemi,  ne  laisseï 
p;i  >  M   im<-.  Kaites-moi  connaître  quel  est 

c-\  lie  cons'-ille  d'adorer  les  idoles.  ■ 

1  ■  '       ■       '  Jiilitnnf,  ■ 

'Il  rjui  le 

(  ■!■■'    If,    fil  ij^iiin  r   'ic    ir   n'iriiiifr  ft  fit  lui 


tvr 

de 

I 
là 
vil' 
tra 

ciel 


Ces  mots  pénétrent  jusqu'au  foiid  da  l'âoie  de 
la  raartiTP,  y  portant  avec  eux  la  joie  et  la  y. six.  ; 
en  même  temps,  elle  ne  sent  plus  la  cruelle  douieir 
de  ses  blessures;  elle  se  lève,  elle  se  voit  ^uéii.», 
elle  est  pleine  de  vigueur  et  de  saule,  et  elle  vvii 
son  ennemi,  le  monstre  infernal,  enchaîné  à  ses 
pieds. 

Us  perdu  maintenant  sa  feinte  beauté  et  la  laideur 
de  -son  corps  emprunté  est  digne  de  lui.  Julienne 
fait  le  signe  de  la  croix  et  saisissant  le  dablc  p.ir 
ses  chaînes  :  «  Qui  es-tu  *?  lui  deniande-t-elle,  .rmi 
riens- tu  7  Qui  t'a  envoyé  vers  moi  ?  » 

Le  démon,  forcé  de  parler  et  mainti^nu  enchainé 
comme  un  esclave  coopable  sotis  la  domination  ilc 
1a  Sainte,  par  la  puissance  invisible  de  Jesus-Christ, 
répond  :  a  Je  suis  B''lial,  on  m'appelle  aus^i  le  S»ir  ; 
je  suis  l'un  des  principaux  minisires  de  Satan.  •  El 
il  se  mit  à  se  vanter  de  tout  !e  mal  que  lui  ou 
d'aiitres  démons  ont  fait  commettre  aux  hommes  : 
«  Je  n'ai  de  plaisir,  disait-il,  que  dans  les  péché»  et 
les  malices  des  hommes;  c'est  moi  qui  pousse  à  la 
débauche  et  suscite  la  haine  et  la  guerre.  C'est  moi 

3ui  ai  trompé  E»e,  qui  ai  conseillé  a  Caîn  le  meurtre 
e  son  frère,  persécuté  Job,  soulevé  des  haines 
contre  les  prophètes,  encouragé  l'orgueil  de  .N'abu- 
chodonosor;  j'ai  fait  massacrer  les  innocents  ;  j'ai 
poussé  Judas  à  trahir  son  maître  «t  les  Juifs  à  cruci- 
fier le  Christ... 

—  Qui  t'a  envoyé  ici  T 

—  Satan,  mon  maître  ;  car  je  suis  aous  sa  domina- 
tion, et  noire  métier  est  de  séduire  les  justes  et 
d'encourager  les  pervers.  Mais  jamais  j^  n'avui»  été 
vaincu  comme  aujourd'hui.  Laisse-moi,  .lu  as  assez 
joui  de  ma  défaite...  »  En  disant  cela,  il  vomissait 
des  imprécations  contre  Satan  son  maître.  Mais 
Julienne,  loin  de  le  laisser,  se  mit  à  le  frap|.er  avec 
la  chalne^el  le  diable  montrait  par  ses  rugissements 
qu'il  ressentait  en  son  étie  les  coups  qui  lui  étaient 
portés  :  il  se  voyait  humilié  et  vaincu  par  la  pureté 
de  la  vieri;e  chrétienne,  et  la  puissance  de  son  sang 
versé  pour  Dieu. 

u  roua  litBausK  —  mcrveuxii  ci  coMviasions 

Le  lendemain,  le  préfet  envoie  des  soldats  à  la 
prison,  avec  ordre  de  l-ii  rimener  Julienne  si  elle 
vit  encore.  La  vie^^e  chrétienne  les  suit  avec  intré- 
pidité, traînant  à  sa  suite  son  ennemi  toujours 
•  ichalné,  au  grand  élonnement  des  soldats.  Le 
di.ibl'-.,  humilié  et  furieux  de  se  voir  montré  dan'  s.i 
laideur  et  sa  défaite  aux  palans  qu'il  tromp.iit,  -"; 
pliait  la  vierge  victorieuse  d»  le  laisser  partir  v  ,  ^ 
celle-ci  refusait.  Alors  il  se  mil  à  vomir  mille  inir  •  s 
contre  elle,  eX'itaiit  les  sold.its  et  les  autres  j  ..i  as 
à  mel'r*  A  mort  au  plus  vile  cette  miMr,ihle  .«  •^- 
cière.  Juli»nne  rabamlontia  dans  un  fn-sé  en.  ombré 
d'immondices,  et  aussitôt  le  démon  diipirut. 

La  surprise  du  préfet  fut  extrême  en  vnyant  sa 
'i  tiriie  pleine  de  force  et  de  saute.  Son  visaL-e.si 
li- lie  11  ré  la  veille,  rayonnait  .l'in.'  ne  et  l'une  lie.iutè 
€■  le«tes.  Le  paî'-n  n'en  fui  :  Quelle  iii  i,.'i 

Cl-  nue,  dil-il,  ellt)  a  des  •  ir   mettre  a  -ni 

service  les  génies  inferniui,  lriniii|ilior  des  suppli- 
ces et  jguérir  les  blessures.  •  llites-raoi.  Julienne, 
qui  vous  a  appris  cet  «ri  mvsIérieuxT 

—  Mon  m.iltre  est  Jésiis-(".lin»t  ;  c'esl  Lui  qui  m'a 
appris  à  adorer  en  vérité  le  Père  et  l'E-pi  it-S  lint. 
C  est  par  la  puiss.inre  du  Dieu  unique  ei  viipil  il.U 
que  I  ai  vaincu  le  diable  ton  maître.  M,ii-  '.■>. 
in.^lbeureui.  tu  ne  sais  pas   les  tourments  ei,-!      > 


il  1-     t"ii      I III ,  >'■  \i-      '  .  ii'-i  1 1- .     i   t;  1'».  Il  n  -1 1   I  ,    I 

encore  de  les  éviter  »i  tu  te   repens  tv> 


car  Jésus-Christ,  miséricordieux  et  bon,  pardonne 
au  repentir.  » 

Le  préfet  ne  Toit  dans  cet  aTerlissement  que  des 
injures,  et,  dans  sa  colère,  ordonne  de  jeter  la  jeune 
héroïne  dan»  un  four  embrasé.  Derant  cette  sen- 
tence, la  'ierge  ne  tremble  pas,  elle  invoque  avec 
conflance  le  secours  de  Jésus-Christ. 

A  peine  est-elle  au  milieu  des  flammes,  qu'un 
ange  parait  auprès  d'elle  pour  la  proléger,  le  feu  ne 
consume  que  se», liens  et.  comme  autrefois  les  trois 
enfants  de  Babjlone,  Julienne,  intacte  et  libre  au 
milieu  du  brasier,  élève  les  mains  au  ciel  pour  bénir 
son  Sauveur  Jésus. 

A  la  vue  de  cette  merveille  le»  bourreaux  et  la 
foule  s'écrient  ensemble  :  «  Il  est  vraiment  tout- 
puMsant  le  Dieu  de  Julienne,  il  n'7  a  pas  d'autre 
l)ieu  que  lui.  Préfet,  nous  aussi  nous  sommes  chré- 
tiens, nous  voulons  partager  le  sort  de  Julienne!  » 

Environ  cinq  cent»  personnes  étaient  converties. 

Comment  exprimer  la  fureur  du  magistrat  !  Il 
requiert  une  compagnie  de  soldats,  fait  arrêter  sur 
le  champ  plus  de  cent  trente  personnes,  hommes  et 
femme»,  et  envoie  demander  à  l'empereur  quel 
châtiment  il  convient  de  leur  infliger.  Le  prince 
répond  par  une  sentence  de  mort,  et  le  préfet 
ordonne  immédiatement  aux  soldats  de  leur  tran- 
cher la  télé.  Tous  moururent  courageusement  pour 
Jésus-Christ  et, par  un  inslantde  souffrances, allèrent 
jouir  du  bonheur  sans  un. 

Julienne  enviait  leur  sort  ;  ils  étaient  entrés 
après  elle  dans  le  combat,  ils  la  précédaient  dans 
la  victoire.  Mai»  le  tyran  ne  l'avait  épargnée  que 
parce  qu'il  n'avait  pas  encore  perdu  1  espoir  de  la 
vaincre  ou  du  moins  de  lui  arracher  la  vie  dans  un 
supplice  plus  cruel.  Les  flammes  l'avaient  respectée, 
Eleusius  lui  prépare  un  bain  :  un  bain  de  plomb 
fondu.  Des  que  le  métal  est  en  ébulliliou  dans  une 
chaudière  d'airain,  des  bourreaux  y  plongent  la 
vierge  chrétienne  avec  tant  d'empressement  qu'une 
partie  du  liquide  brûlant  rej.iillit  sur  eux,  les 
blessant  de  telle  sorte  qu'ils  ne  tardent  pas  k 
expirer  dans  d'atroce»  souffrances.  Julienne,  au 
contraire,  loin  d'éprouver  aucun  mal  dans  la  chau- 
dière, semblait  y  puiser  de  nouvelles  forces  comme 
autrefois  l'apôtre  kaint  Jean  dans  1  huile  bouillante. 
A  cette  vue,  le  préfet,  dans  sa  rage,  déchirait  ses 
vêtements,  maudissant  ses  dieux  qui  ne  savaient  pas 
le  venger, ni  se  défendre  eux-mêmes  contre  Julienne. 
Enfin,  il  ordonne  aux  bourreaux  de  le  débarrasser 
de  cette  magicienne  en  lui  tranchant  la  tête. 

DlldlKH    COMBAT   —    VICTOlKt   ET    milORTAUTK 

Julienne  accueillit  sa  sentence  avec  joie  :  ses 
combats  allaient  donc  unir,  et  au  lieu  de  noces 
terrestres  avec   un   p&icD,  elle  ftlltit  célébrer  too 


jnion  éternelle  avec  l'Agneau  divin,  et  s'asseoir  au 
bbnquet  céleste,  ornée  de  la  double  palme  de  la 
virginité  et  du  martyre.  Elle  marcha  au  supplice 
d'un  pas  assuré;  en  route,  elle  exhortait  la  foule  à 
quitter  le  culte  des  idoles  pour  adorer  le  seul  vrai 
Dieu,  créateur  du  ciel  et  de  la  terre.  Arrivée  au  lieu 
de  l'exécution,  elle  pria  Jésus-Christ  son  divin  Roi 
d'agréer  le  '  icrifice  de  sa  vie  qu'elle  faisait  volon- 
tiers par  amour  de  lui  :  puis,  agenouillée,  «Ile 
inclina  la  tête  et  présenta  son  cou  au  bourreau  qui 
lui  donna  le  coup  de  la  mort,  i  lie  avait  dix-huit 
ans. 

Les  chrétiens  recueillirent  son  corps  et  l'enseve- 
lirent. Quelques  temps  après,  une  vertueuse  dame, 
nommée  Sophie,  sur  le  point  de  partir  pour  Home, 
prit  les  précieuses  reliques  pour  les  emporter  avec 
tlle,  mais  son  navire  ayant  été  jeté  par  la  tempête 
sur  les  côtes  de  la  Campanie,  elle  laissa  son  trésor 
à  Pouzzoles. 

Quant  au  préfet  Eleusius,  la  justice  divine  ne  le 
laissa  pas  survivre  &  sa  victime  :  comme  il  s'était 
embarqué  pour  aller  à  une  maison  de  campagne, 
située  sur  la  côte  d'Asie,  son  vaisseau  fit  naufrage, 
il  périt  dans  les  flots  avec  tous  ceux  qui  l'accompa- 
gnaient, et  leurs  corps,  jetés  par  le»  vagues  sur 
une  plage  déserte,  furent  dévorés  par  les  bêtes  sau- 
vages. 

Le  corps  de  sainte  Julienne  ne  resta  pas  longtemps 
k  Pouzioles;  par  crainte  des  barbares,  il  fut  trans- 
féré a  Cumes,  et  enseveli  dans  la  basilique  de  saint 
Mai:me,  diacre  et  martyr.  La  ville  de  Cumes,  ayant 
été  détruite  dans  une  guerre,  l'an  1207,  l'archevêque 
de  >aple»  envoya  chercher  les  reliques  de  la  basi- 
lique. >i  Jamais,  dit  un  témoin  oculaire,  je  n'ai  senti 
un  parfum  si  suave  que  celui  qui  s'exhala  des 
ossements  de  saint  Maxime  et  de  sainte  Julienne  au 
moment  de  l'ouverture  de  leur»  deux  tombeaux,  ils 
remplissaient  tout  mon  être  d'une  douceur  céleste.  ■• 
La  transl.'^lion  iaccomplit  au  milieu  d'un  grand 
concours  de  peuple  et  fut  un  triomphe  pour  1rs 
saints.  Le  corps  de  sainte  Julienne  fut  déposé  dans 
l'église  du  couventde  Sainte-Marie  de  Donnaromata. 
à  la  grande  joie  des  religieuse»,  et  celui  de 
saint  Maxime,  dans  l'éplise  de  saint  Janvier. 

—  Le  culte  desainte  Julienne  a  été  célèbre  en  Orient 
et  en  Occident  ;  au  Val-Saint-l'iermain  1  près  Duurdan, 
diocèse  de  Versailles),  une  église  dédiée  en  l'honneur 
de  cette  Sainte  est  un  ancien  lieu  de  pèlerinage, 
source  de  beaucoup  de  grâce»;  Sens.  Heims,  Autun, 
Soisson»,  Limoges,  Bruxelles,  Ajaccio,  Pans  ont 
possédé  des  reliques  de  sainte  Julienne,  ou  d'une 
autre  sainte  du  même  nom;  car  en  dehors  de  la 
Vierge  dr  .Niaimedie,  il  y  a  plusieurs  saintes  vierges 
et  martyres  du  nom  de  Julienne,  entre  autres,  une  t 
Rome,  une  à  Plolémals,  deut  «Cologne. 


\mf  -téranl  :  PiTiT»i»»v.  I.  ru«  K>»nç«i»  I".  Paris 


SAINT  ALEXIS   DE  FALCOXIERI 

ET    LES     AUTRES     SAINTS    FONDATEURS,   DE     L'ORDRE    DES    SERVITES 

DONT    LA    FÊTE   COLLECTIVE   EST   CÉLÉBRÉE   LE    11    JANVIER 


La  pic   de   saint   Alexis   est   le    17   février. 


La  Très  Sainte  Vierge  apparaît  aux  sept  fondateurs,  elle  leur  donne  la  Règle  de 
de  Saint-Augustin,  qu'ils  devront  suivre,  et  l'habit  religieux  spécial  qu'ils  devront  porter. 


Dans  la  première  moitié  du  \n\'  siècle,  pen- 
dant (|ue  la  Franre  (lorissait  sous  le  sceptre  do 
sainl  Louis,  et  les  autres  nations  de  l'Kurope  occi- 
dentale sous  la  conduite  do  divers  princes  di^'nes 
de  leur  nom  île  dirélien,  l'Italie  était  sans  cesse 
troublée  par  l'ambition  des  empereurs  allemands 
(|ui  voulaient  se  l'assujettir,  et  déchirée  par  les 
faction»  rivales  des  Guelfes  et  des  fiibelins,  par- 
tisans les  uns  du  Pape  et  de  l'Italie,  les  autres 
de  l'Allemagne  et  de  son  empereur.  Mais  la  foi 
chrétienne  des  peuple»  et  le  mouvement  de  piété 
(jue  venait  de  susciter  saint  Fran^oi-i  d'Assise 
produisaient  des  merveilles.  A  Florence,  une 
association  ou  confrérie  pleine  de  ferveur,  dans 
laquelle  entrèrent  les  meilleurs  citoyens  de  la 
ville,  «e  constitua  pour  chanter  les  louances  de 
la  Tr's  ^ainlf   Vierce  et  [>rnmnuvnir  |f  culte  de 


cette  bonne  Mère  par  tous  les  moyens  possibles, 
du  l'appelait  la  Fraternité  des  Laudesi, 

VOCATION 

I.esassociésseréunissaienlsouvont  pour  réciter 
ensemble  l'office  do  la  .Sainte  Yierpe  et  célébrer 
leur  aufjusle  Heine  par  des  hymnes  et  des  can- 
tiques. Le  I.T  août  do  l'année  1233,  ils  étaient 
rassemblés  à  cette  lin  dans  la  chapelle  do  leur 
confrérie,  et  leur  ferveur  était  plus  grande  et 
plus  ardente  que  de  coutume  en  cette  belle  fête 
de  lAssontplion  de  Marie.  Au  milieu  d'une  mer- 
veilleuse clarté,  qui  ravissait  les  yeux  sans  les 
faticuer,  lafilorieuse  Vierye  apparut  à  plusieurs, 
les  lettard.'i  avec  une  bonté  inexprimable,  et,  de 
cette  voix  harmonieuse  qui  charme  les  Séraphins, 
les  invita  à  quitter  le  monde  et  ses  vaincs  jiré- 


Atà 


occupatious  pour  se  cousacrirr  fntiùremeut  à 
Dieu  sous  sa  protection  maternelle. 

Parmi  les  lieureiix  tf-moins  di'  cette  vision, 
était  Houlils  Moualdi.  l'un  des  principaux  de  la 
confrérie».  l.'Ame  enivrée  de  joie  et  de  surprise, 
il  lie  savait ']ue  penser  de  cette  grâce  else  deman- 
dait ce  qu'il  devait  faire. 

l.'ollice  achevé,  les  confrères  sortirent-;  sept 
seulement  restèrent,  c'étaient  Itontils  et  six  de 
ses  meilleurs  amis.  Depuis  loni.'ti'inps.  ils  étaient 
liés  ensemble  comme  des  frèrfrs  tt  se  soute- 
naient mutuellement  ilaiis  la  pratique  des  vertus 
ciirélienues  et  le  service  de  Marie.  Konllls,  qui 
estimait  leur  saïf^-^e,  leur  lit  part  en  toute  sim- 
plii'ilé  de  ce  lu  il  venait  de  voir  pour  leur 
demander  conseil,  ijuelle  ne  fut  pas  sa  joie  d'ap- 
prendre que  chacun  d'en\  avait  eu  la  même 
vi-n>n  f  I  r.i  u  de  la  Sainte  Vierçe  la  mi'ine  inci- 
tation ;  \-Miri-s  par  ce  miracle  de  n'avoir  |ias 
élf-  VI'  lime»  d'une  illusion  personnelle,  iU  réso- 
Inr-Tit  d  i.jiéir  tous  ensemble  et  prompteineni  à 
1  a|'|  ••!  rie  Dieu:  ils  choisirent  unaniment  llonnis 
pour  leur  chef  et  se  donnèrent  rendei-Tous  pour 
le  h  septembre.  '■  i-  i"  la  Nativité  de  la  Suinte 
Vierfje. 

LES  ^EI•T   -E:.'  UFIRS    de  MAIUE 

Voici  les  noms  de  ces  çf  pi  serviteurs  de  Marie  : 
C"étai»-nt  Itontils  Monaldi,  Jean  Mnuetti,  Hicover 
Lippi,  Ht-noit  lie  l'Antella,  t.èrard  Sosteeni,  l'ar- 
tbéleniy  Ainidèi  et  Alexis  Falconiéri.  Ils  appar- 
tenaienlaui  plus  nobles  et  plus  riches  familles  de 
Rorenoe. 

B<j>FiLs  MoNti-Di.  —   Les  ancêtres  de  Bonfil* 

Monaldi,   ou   Mnnaldeschi,  marchaient    de   pair 

avec  les   princes.   L'un  d'eux.  Itodriïue  Monal- 

''    -   '  ■    en  WJ2,  >*it-neur  et  l'ou- 

ne.  de  la  ville  d'Orvn-to; 


avait  entendu  au  fond  de  son  cour  l'appel  de 
Dieu;  ni  tendresses,  ni  menaces,  ni  suiiplications 
ne  purent  l'ébranler:  il  abandonna  ses  biens  et 
8a  maison  pour  aller  se  consacrer  à  Dieu  sous 
le  regard  de  Marie. 

lUiiTinxKMY  Amipéi.  —  Barthélémy  (qui  voulut 
plus  tard  s'appeler  .\midéi  ,  avait  eu  le  bonheur 
d'être  élevé  par  une  m  're  très  pieuse,  qui  l'avait 
bercé  au  chant  des  cantiques;  les  noms  de  Jésus 
et  de  Marie  avaient  les  premiers  retenti  à  son 
oreille.  Soi^ensemeut  tenu  à  l'ècarl  des  occa- 
sions de  pèche  par  la  vi.'iiaiice  Je  ses  parents, 
sa  jeunesse  s'était  écoulée  dans  une  angéliqat 
innocence. 

Alexis  Faix:onikbi.  —  L'illustre  famille  qui  a 
donné  ce  Saint  à  l'Efilise  subsiste  encore  ;  des 
princes  Falconiéri  ont  eu  l'insigne  bonnenr 
d'assister  aux  fêtes  de  la  canonisation  du  servi- 
teur de  Dieu  '  janiifr  ISSSy  Cette  famille  comp- 
tait déjà  si.x  siècles  de  noblesse  et  un  important 
commerce  assurait  sa  fortune,  quand  naquit 
Alexis,  l'an  li(H).  Ses  vertus  faisaient  l'iionneurde 
8a  maison,  quand  il  la  quitta  à  l'igc  de  trente 
ans  pour  se  faire  moine. 

Ia-  s  .septembre,  les  sept  ami*,  ayant  réplé 
leurs  alTaires  de  famille,  libres  désormai»  de  tant 
SOUCI  des  choses  terrestres,  se  réunirent  aux 
pieds  de  l'èvéque  de  Florence  et.  apns  a%oir  reçu 
sa  bénédiction,  quittèrent  la  ville.  I.a  pauvre 
denieure  choisie  pour  le  lieu  de  leur  retraite  -'tait 
à  quelque  distance  de  la  cité:  on  l'appelait  la 
Camnriia.  A  peine  arrir<-«.  |f«  «olit.iire»  s'y 
dépouillent  de  tout  ce  qui  •  '   r  leurs 

anciennes  riches.»**,  rouvi  !.re«  de 

mdes  cilices,  s«  cejenent  i  ■  ne 

de  fer,  se  revêtent  d'un  hnl  e; 

le   V.   Jacqii-  ■'  '     r..:.    le;  ■  •t. 

célèbre  le»  -  -  et  ils  r^  i 


•  Flort-nce,  Ariliii 

.Il 1  -.-  .  .1.  . 


Ml 


jRA.t  .WAMrrti 

V  ru    I.IIT'I.    I 

..  i;i  ,; 


■ur. 

nom 

'■••re. 

-e  et 

r«  Marie, 

iurant  sa 

[iil,  il  a  «.lit  trouvé 

lin  soutien  et  un 

"  ■«.  Choisi   par 

niiiiuiiunlè  uni 


I  11»    i<Mr  'cn:!  '  r  !■     '  ;    [■ 

•r  sa  c^nscieiiie  et  i  ellr 

~  '  'induisit  tous  à  l'év.'giif 

pour  solliciter  son  appro- 

V    ■'  -    iv.iir  tout  examiné 

I  leur  projet  et  les 

llCtlIIIIH. 

Ml  de  l<on,ii:iunta  , 

.     .l'.lll     I.-'     t.illlill.s 


t  immense  dans  ce  sacrifice  de 

;.  ..;  'iir   l'nniour   d»     —i-'    -Mii    vaut 

mieux  que  imII'    im    ndes   ens<  :  '>ra>ait, 

Dieu    sera    tonti     leur    riche*^'  ■i,-f<%e 

inliiii-,   qtie  nulle  créature  n-  ir. 

Jamui^  une  telle  paix   n'avait  i-  ir 

Leurs  Jour»  s'èconla'ent  d.in'  la 

contemplation  et  la  pnerr-    '  le 

•ourre  qu'ils  puisaient  \fi  '  la 

tioB*   du   d'-roon,   contre  -     ai- 

blesi>«s  de  la  ni«tur>-. 

Après  i|i)r-liin<'«   -em.iin^s  d»  rm  ffrare  de   TÎe, 

{«e  Ae 

i;i    ''iliiliii!'-    Il    ^"11;.  m  1    .!•■    lli'nveau  ses 

I.'.  iiid  ils  reparurfT'    ' 's  rue»  de  la  ville, 

nvrr   leurs   pauvres  .   leur  démarche 

Krave    cl    inmlestr,    I  l,.,i ['einle    sur    IfUrs 

viaa.'i'>.    ainai;:ris,    tout    Florenci'    lut   ému.    La 

iMif'iil.i'   iiii   ^*  iiri's..'Ml  «lir  il  HT    i>.i-<ii    r    .'i\iii'     dn 


'■•''•><•  famill»  tif  Hgnnn  nr  t'A^rrru  <   Ifrèr* 

••    de  l'er»'-  •       'i    df» 

il.tmt  la  I  'Ci'n- 


•4ii>-tadrii  .  i  l'irt  Un  .<- 
**rréieuni  4*  Varie'  < 
)ioKé«  aux  brt*  Ar  lr(ir>  iifre     et    ' 


plu*  ricli' 


I         *H      'I»-      I    llllll       II      I     IJI    !■      Il'-W 

t"t  de  1a   cité.    Mais   ilenoil 


i     'l'iiu*     |'-T«i''iii'''iiiin"iiii|"i',   .ii,l'--ii^itjf 

'ipi'nMivu  de  nouveau  l^iir  ««nre  d»  ne  et  leur 


avoir  dnaiié  les  avis  qu'il  jugeait  utiles,  il  les 
congédia. 

LE   HOT    5E5AR10 

Ils  revinrent  à  la  Camorzia  repreudre  Jenrs 
austérités  et  leurs  prières.  Mais,  cliaque  jour 
amenait  à  leur  ermita^'e  de  nombreux  visiteurs, 
poussés,  les  uijs  par  la  dévotion,  les  autres  par  la 
cu-riosilé.  Ces  allées  et  venues  trouLilaient  le 
recueillement  des  solitaires  et,  a.tt  bout  de  quelques 
mois,  ils  se  demandèrent  s'il  n'y  avait  pas  li«n 
d'aller  cherclier  une  retraite  plus  éloignée  des 
hommes.  Ils  adressèrent  doue  à  Marie  de  fer- 
ventes prières  pour  crmiiailre  sa  volonté.  Leurs 
su^piiiations  ae  furent  pas  vaines  :  une  Duit, 
pendant  qu'ils  priaient  cliucun  de  leur  C(3té,  la 
fieiue  du  liel  li-ur  apparut  le  visaçe  rayouuant 
de  joie,  empreint  d'une  admirable  et  maternelle 
majesté;  étendant  la  main,  elle  leur  indiqua  du 
jeste  le  mont  Senario,  monto^me  haute  et  soli- 
taire situé  à  '.'  milles  de  Florence. 

l.e  lendemain,  le^  Frères  se  communiquèrent 
leur  vision  et  exprimii-ent  le  désir  de  partir 
iminédialcment.  Mais  Itontils  ju;;ea  qu'il  ne  fal- 
lait rien  entreprendre  de  semblable  sans  l'avis 
de  révéqoe,  leur  supérieur.  Ils  revinrent  donc 
i  Florence  poar  soumettre  ce  projet  à  l'évêque. 
Celui-ci  af-'réa  leurs  raisons  -et  se  réjouit  des 
faveurs  d'iiit  la  Sainte  \  ier^jt-  les  combbtit.  Le 
sommet  du  ii}oBt  ?enajio  appartenait  précisé- 
ment à  l'E^ilis*  de  f  loreiice;  dès  le  lendemain, 
31  inai  1324.  l'évt^que  leur  en  céda  la  propriété 
par  un  acte  juridiquement  dress»;  et  sijsmé.  «C'est 
i'u-uvre  de  la  main  de  ftieo,  s'écria  Bonfils,  mes 
frères,  adorotis-la."  Il  voulait  donner  sa  démission 
de  supérieur,  se  jugeant  iucapalde  et  indiffne  de 
c^uiniunder  à  ses  frère*  dans  leur  nouvelle  soli- 
tU'lc:  mais  ceux-ci  refusèrent  et  l'obligèrent  à 
rester  à  b-nr  téJe. 

Les  e«n)it<s  parb-nt  joyeux  pour  le  mont 
S(>n.-irin.  (i.itt.ijil  leur  banniiTe,  l'imaj^e  de  la 
<H:-''r  \  rj-  .  et  les  objets  nécessaires  au  saint 
^ai  iih.-f.  li'-  marchent  à  pied  et  ^-ravissent  en 
cbaniint  des  pi^aumes  les  pente?  abruptes  de  la 
moiita;me;  arrivés  shr  le  plateau,  ils  se  pres- 
leriK-nt  et  bai«ent  le  sol  :  '■  O  Marie,  notre  Mère, 
dis^nl-il»  avec  transport,  voilà  que  nous  avons 
tout  quitt-'-  ynar  »o«s  suivre:  f.'rni>  nos  rc/rV/Mi/ni/s 
rnnnin  »■'  isfcuti  aimvr  te.  >  Ils  iœprovispiit  un  ora- 
rr<»aux  de  liois  bruts,  et  le 
-l'oiif/i.  leur  r.liapflain,  célèbre 
••  la  messe.  C'était  le  jour  de 

leur. 

•■'  enrope  rien  fait  jnsque- 

e  mettent  ii  l'u-UTre  de 

■  irdeur  inrroyable.   Il 

I     ii   'alioo  sur  c«tte  bau- 

ri, finie  ceilule  dans 

I    de    l'.^ntolla 

•'»Bde  à  l'ouest 

'!<■  donnait  .'ir<y>H  à  vn  autre 

•  ;  il  «v  ''n«''Vf  lit  rnremc  dans 

•au  el   ur;   roii'  d'IM«ure 

iti7<'  an'    I/-  '  ■  'itMjio- 


t  r.  i  '  . 

!•    - 

!  \ 

la.   ' 

1.111 

Il  y   1  -.1  '      1     •■' 

fl  1  •au  i; 
turf-.  Ilo 
r-lianl'  r  • 
^aiiit»-  \ 


urri- 

pour 

I--  Miiiiifs    !<•  meu  l't  de  la 


rr^T 


lUd 


pierre  et  4^  la  leur  en*oyer.  Mars  Ardine»  •eafcit 


iller  en  personne  visiter  ses  (ils  spiiiluels.  U  vint 
au  jnout  Senario  et  y  bénit  la  première  pitrrre 
du  sanctuaire,  sur  laquelle  il  fit  f»raver  ces  mots  : 
«  Ce  ne  stra  pas  ici  autre  chose  que  la  maison 
de  Dieu  et  la  portf  du  ciel,  et,  pour  vous,  Ser- 
vîtes, ce  lien  s'appellera  la  Cour  de  Marie.  » 

Après  les  avoir  eneaees  à  persévérer  avec  cou- 
raire  dans  le  service  de  Dieu  et  de  leur  céleste 
Mère,  l'évêque  se  retira  en  leur  renouvelant  l'as- 
sirraBce  de  sa  protection.  La  chapelle  terminée, 
les  solitaires  construisû-ent  autour  du  saurtuaii  o 
des  c«llu.leseji  bois,  séparées  les  unes  des  autres. 
Huis  ils  élevèrent  une  enceinte  d'art  lr•■^  et  dépiiies 
pour  tn  défendre  l'accès  aux  bêles  fauves.  Le 
couveint  du  mont  Senario  était  fondé. 

La  reQOTOmée  des  serviteurs  de  Mari.'  et  A". 
leur  ;nTnide  ausiérité  comniencait  à  se  r  pandie 
au  loin.  Le  cardinal  Gooflroy  de  Cliàtiilion,  ltu;it 
apostolique,  ayant  peine  à  y  croire,  Koolut  s'en 
rendre  compte  par  lui-mèroe.  .\  la  vue  d^s 
efl'rayaates  Hiortiûcatiwis  que  s'imposaient  ces 
hommes  héroïques,  il  fut  si  érau  de  compassion, 
qu'il  crut  de  son  devoir  de  prier  l'évêque  de  Flo- 
rence d'intervenir  et  de  modérer  leur  ardeur 
dans  reiercice  de  la  pénitence. 

Confils  loi-mème,  en  qualité  de  supérienr, 
jusea  qu'il  devait  imposer  quelque  modération 
aux  jeûnes  excessifs  de  ses  frères:  l'hirer.  d'ail- 
leurs, allait  les  priver  des  médiocj-es  ressources 
qu'ils  avaient  trouvées  jusque-lii.  Il  s<i  décida  à 
tendre  humblement  la  main  à  la  cliarité  des 
lidèles  et  délégua  à  cette  fin  le  FV.  Bonapunta 
Manetti  et  le  Fr.  Alexis  Fal(Xiniéri. 

Quelle  humiliation  pour  c«s  deux  personnaees, 
nafTière  dans  la  richesse  et  l'abondaiioe,  d'aller 
demander  du  pain,  comme  de«  mendiants,  de 
porte  en  porte  !  Comment  soutieiulrsipiil-ils  dan?  ' 
cet  état  les  re^rards  de  leurs  illu-lres  famiibs? 
N'était-ce  pas  déshonorer  leurs  pni^-  i.i-  '  r  ,  injt 
fouler  aux   pieds  l'ori'ueil   et  la  ili 

imiter  notre  divin  Sauveur, qui.  é la;  .    ,i  ni 

riche,  s'est  fait  pauvre  pour  l'amour  de  nous. 
Les  deos  nobles  Frères  quêteurs,  heareux  die 
s'humilier,  partirent  avec  joieetWHrenl  demander 
l'aumi'ine  à  Flcn-ence.  Ijes  petits  enfants  les 
snlucVrent  de  nouveau  par  leurs  joyeuses  accla- 
mations ;  Voifi  /e«  fcrritetn's  dr  Wtih  .'  Ilsr-^  une 
circonstance  semblable,  quan-!  '   la 

Caniarzia,  le  petit  P/ii/i;i;ic  Iteni  :  ui'v 

in»is,  avait  dit  à  sa  mère  :  !tl>'<  -t 

viWTf  lie  Marif,  faites-leur  l'i  ni 

prédestiné  entra  plus  tard  dan-  i  ■  ■  i 

vitfs.  dont  il    fut   le    principal    pi  I 

derini  un  trand  saint  el  fut  l'un*-  u'- 
de  l'tx'lise;   une   année,  il   d«t   se  ter 
plBsienrs  mois  pour  ne  pn-  ■♦•-»   •  '■>   - 
PoBtiiè. 

LE    HIBACXE    DE    LA     '  i 
FOKBAnON    J)E    l'oBDKF.    1iK~    -illMTKS 

Les  ermites  du  mont  Senario  venaient  ainsi 

réïuLcrement  demander  l'aunione   à   Florence 

pour   snT'venir  h   leurs    besoins,   lis    pensaient 

:ï'-h«»er  de  la  sorte  k-UT  vie  dan?  la  »nlit«Mle  «*  la 

■   nfc  et  n'avaient    p»*-   oiir»re  acc^fAê  <ie 

■  ttn^i.     bien     que     plusieurs     per»onnes 

.11  RranJ  désir  d'emltraMier 


•  uiun  se  . 
..wi      ..,  .,  uils.  et  k>  u).i:.u.  -. ..;....     ». 
iniration    4ic*    bons   a«htaim.    Il*    eni-rtv  >  '  it 


demander  à  lï-vèque  ce  que  pouvait  si,:.'nilier 
un  tel  prodipe.  L'évèque,  instruit  par  une  révé- 
lation, leur  répondit  que  la  vigne  était  une  ligure 
de  la  Sainte  Vierge,  et  aussi  une  image  de  l'Eglise 
et  de  ses  développements.  Il  leur  déclara  que  la 
volonté  de  la  Très  Sainte  Vieru-e  était  de  les  voir 
accepter  désormais  les  vocations  qu'elle  leur 
enverrait. 

L'HADIT  des  SERVITES  —  LA  RfcCLE  DE  SAINT  ACGUSTIN 

Les  solitaires  se  mirent  à  prier  avec  ferveur. 
Le  2;.  mars,  anniversaire  de  l'Annonciation  de  la 
Sainte  Vierge,  se  trouvait  être  occupé  celle  année 
par  le  Vendredi-Saint  et  les  douloureux  souve- 
nir? des  souffrances  de  Jésus-Clirisl.  Les  sept  Flo- 
rentins se  trouvaient  réunis  pour  réciter  ensemble 
des  prières  en  l'honneur  des  sept  douleurs  delà 
bienheureuse  Vierge,  lorsque  Marie  leur  apparut 
de  nouveau. 

Assise  -ur  un  trûne  resplendissant  de  lumière, 
environnée  de  nua:.'es,  elle  était  accompagnée 
d'uni'  multitude  d'anges  portant  les  divers  ins- 
triiiiients  de  la  Passion,  des  habits  de  couleur 
noire  semblables  à  celui  qu'elle  tenait  dans  sa 
main  virginale,  un  livre  ouvert  avec  ce  titre  : 
Senites  de  .WonV.  gravé  en  lettres  d'or,  et  une 
palme  d'une  grande  beauté 

Les  pieux  ermites,  surpris  par  celte  vision 
émouvante,  éblouis  par  sa  splendeur  inimagi- 
nable, étaient  doucement  ravis  en  extase. 

Marie  leur  dit  alors  :  ■•  Me  voici  parmi  vous, 
mes  liis  bien-aimés,  je  suis  la  Mère  de  Dieu  que 
par  la  voix  de  la  prière  vous  appelei  si  souvent  . 
à  voire  secours.  Je  vous  ai  choisis  dès  le  principe 
pour  mes  serviteurs,  alin  que,  sous  ce  nom  que 
je  vous  ai  attribué,  vous  cultiviez  la  vii;ne  de 
mon  Kils;  vovcr  quel  vêlement  je  vous  ordonne 
de  porter.  Cet  habit,  par  sa  couleur  noire,  sym- 
boli>ie  la  douleur  que  j'ai  endurée  à  pareil  jour 
en  a-sislanl  à  la  mort  de  mon  Kils  unique.  Vous 
avei  dédaicné  pour  moi  les  couleurs  multiples 
des  (ostuines  mondains;  il  ne  vous  sera  donc  pas 
difdcile  de  porter  à  l'avenir  ces  habits  ijui  vous 
rafip'ileront  les  tortures  que  mon  cn'ur  a  subies. 
Hecevi'/,-|es.  Ilerevei  aussi  cette  rè:;le  de_  saint 
Au;:ustin,  conlormei-y  votre  vie,  alln  qu'après 
avilir  été  ennoblis  du  litre  de  Serviteurs  de  Marie, 
imprimé  ici  en  caractères  d'or,  vous  gagniei  en 
outre  cette  palme  de  la  vie  éternelle.  .■  Après 
a»oir  dit  ces  njots,  la  Sainte  Vierge  disparut  11  1. 

L'évéque  de  Florence,  averti  iiur  une  révéla- 
tion, arriva  anssitiM  npre»  les  fètc-  de  Pâques 
au  mont  Senario,  qu'il  appeloit  sa  doui-c  retraite, 
le  port  où  il  vivait  en  paix,  libre  de  tout  souci. 
Il  revèlil  les  Fnres  au  nom  de  TKalise  de  l'habit 
rr|:.-ipux  que  Marie  leur  avait  laissé  et  leur 
i   1,11.1  la  règle  de  saint  Augustin.  Ils  roinmen- 

■  :■  ni   un   iifvi.-iat  rét'ulier,  et,  un  an  après,  il 
..Il  i.    .\    il  leur  profession  reli;.'ieu>e.  L'ordre 
d      .s.     i'l'.,  >  iiu,  par  aiiréTiation,  des  SerriUi  de 
ilarie,  était  fondé. 

DivELOrPMiNT»   Dl   l'oRDBf   Df»    Sf.HV|T»S 

H"  iinmbreuscs  vocations  vinrent  rapidement 

la  famille  des  Scrvitet  de  Marie,  dont 

I  'l'ii  intiTieure  se  constitua  peu  i  peu 

'mn  de  llonlll»,  Supérieur  t.-énéral. 

>  ,  .|c  l'évéque  de  Flnrence,  les  bien- 

;  ;      -.nreiil  nu  sacerdoce, 

•  «  par  lui,  à  l'excep- 

I.    .M.>i  ,   .|iji    ieiusa    loujour*   avec 


ti 'Il 


(I)  lluloirt  dl  l'Ordrt  dtt  S^rpittt  d»  4f«n«,  par 
•ml  des  ixrvitci.  —  Paris,  cboi  Bloud  et  BarraT,  l> 


un 

lue. 


une  invincible   humilité,  assurant  qu'il  n'était 
pa<  digne  d'un  si  grand  honneur. 

Divers  couvents  nouveaux  se  fondèrent.  Les 
premiers  furent  ceux  de  Sienne  et  de  l'ifernum. 

Les  Pères  qui  venaient  du  mont  Senario  pour 
quêter  à  Florence,  avaient  obtenu  de  la  charité 
d'un  Florentin|un  petit  picd-à-terre.  pour  s'y  abri- 
ter durant  la  nuit,  dans  la  plaine  de  Cafagfiia,  à 
5  kilomètres  de  Florence.  Cette  petite  demeure 
fut  transformée  en  monastère  et  une  belle  église  y 
fut  élevée  en  l'honneur  de  l'Annonciation  deMarie. 

.\  la  prière  des  moines,  un  peintre  habile  se 
chargea  de  faire  gratuitement  b'  tableau  repré- 
sentant le  mystère  de  l'.Xnnonciation.  que  l'on 
devait  placer  dans  le  sanctuaire.  L'artiste  se  mit 
au  travail  avec  ardeur,  la  fêle  de  r.Ximonciation 
approchait,  on  le  supplia  de  terminer  son  leuvre 
pour  ce  jour  béni;  Itartholoinéo  (c'était  le  nom 
du  peintre  redouble  d'activité,  il  prolonge  ses 
veilles,  enfin  tout  se  trouve  heureusement  achevé: 
il  ne  reste  plus  qu'une  seule  chose,  la  tête  et  le 
visage  de  la  Vier^'e.  L'artiste  se  recueille  pour 
chercher  son  idéal,  mais,  succombant  à  lafatigue, 
il  s'endort.  Durant  son  sommeil,  lésantes  achèvent 
le  tableau,  et,  à  son  réveil,  le  peintre  voit  avec 
admiration  la  ligure  de  la  Ueine  du  ciel  dessinée 
avec  une  perfection  que  le  pinceau  des  hommes 
ne  saurait  atteindre.  Ses  cris  de  joie  réunissent 
autour  du  chef-d'œuvre  tout  le  couvent.  La  nou- 
velle de  cet  événement  se  répand  bientiH  dans 
la  contrée,  et  les  pèlerins  arrivent  en  nombre 
immense  auprès  de  l'image  miraculeuse  qu'ils 
nomment. Vt)(re-/tarnc.s'aiH(«. Mûrie.  Mrre  de  ijnices. 

Les  Servîtes  furent  d'abord  approuvés  par 
le  Souverain  Pontile,  en  qualilé  de  reliijieux 
augustiniens  {Fralies  .<cni  S.  M.  l'rdinîs  S.  Aii'jiis- 
liitii,  et,  plus  tard,  comme  un  Ordre  spécial,  sous 
le  nom  d'Ordre  dn  Frfres  St-nilrs  dr  Marie  foiis 
la  règle  de  suint  Ainjuslin.  L'Ordre  fut  successi- 
vement gouverné  par  saint  llonllls  Monaldi,  par 
saint  llo(ia:;iunta  Manetti,  saint  Manctto  de  r.\n- 
telia,  saint  Ainédée,  saint  Philippe  Henni.  Les 
bienheureux  fondateurs  s'en  albrent  l'un  après 
l'autre  recevoir  leur  récompense  au  ciel. 

Saint  .\lexis  Falconiéri  termina  le  dernier  son 
pèlerinaae  terrestre;  pendant  soixante-dix-sept 
ans,  il  fut  témoin  des  progrès  de  son  Ordre  qu  il 
éclairait  de  ses  conseils  et  édillait  par  ses  vertus. 
On  admirait  surtout  son  humilité,  sa  pénitence 
et  sa  charité.  Le  couvent  de  <^afa;,'gia  fut  sa  rési- 
dence habituelle.  Il  lorma  à  la  piété  sa  nièc« 
Julienne  Falconiéii,  qui,  sous  sa  direction,  devint 
une  t'r.inde  sainte,  et  fonda  l'Ordre  de»  Tertiaires 
régulières  Servîtes.  Apé  île  plus  de  cent  ans,  il 
était  encore  lidèle  k  toutes  les  prescriptions  de 
la  rèiile.  Il  %è>'ut  jusqu'à  l'Av'e  de  cent  du  an», 
prédit  l'heure  de  sa  mort,  reçut  les  derniers 
sacrements  au  milieu  de  ses  Frères;  puis  il  se  mit 
h  réciter  la  S-ilutalion  nnijelique  qu  il  avait  cou- 
tume de  répéter  cent  fois  chaque  jour.  Tout  èl 
coup,  il  dit  avec  transport:  .<  \\i'.  mes  Frères, 
voici  les  anues,  rR;.'ardei,  ils  sont  lA  sous  la  forme 

de  colombes! Voici   rKiifanl  Jésus  qui    me 

posft  une  couronne  sur  le  frnnt! •'  Quelques 

il  .'riiireiit.  I  :  1  milieu  d'oiseaux 

Il  un   bel   <  I   rrrut  son   .\mc 

et   .li"|..il  lit.   n'était  Ir    1  '-1     ■     '  '"' 

L'Ordre   des  religieuse'-  ! 

M.irip,  fondé  par  saint" 'mI  i.i 

.Vlexi»  et  saint  l'hilii  ir 

I,.  ,i.,,.ii-   .  1,    I   r..l,,-..      I   ■      :.        .     .  .'  ,     lî 

J  le   ;  et  le»  Fill 

Ju.  il-menl  à  Livrv\  1     n  ■- 

cese  de  Versailles,  un  pensionnat  très  llorissant 


luip  -yrrai;/,  L.  l'niiuiiM.1,  S,  rue  Krsiiij.'H  1",  l'»rit. 


SAINT    THÉOTONE 

CHANOINE    RÉGULIER    DE    SAINT    AUGUSTIN 


/•V^'  Ip  /  s  février. 


Jérusalem!  Jérusalem!  —  Saint  Théotone,  pèlerin 
prosterne  et  adore  Jésus-Christ  qui  a  voulu  être 


ilAISSANCE  ET  PREMIÈBES  ANNÉES 

Cet  enfant  de  pr^dilectinn  naquit  vers  l'an  1080, 
à  Tude.en  (ialire,  de  parents  lionniUes  et  pieux.  Son 
père  s'appelait  Oveco,  et  sa  mère  Eugénie.  On  lui 
donna  au  l'apti^me  le  nom  de  Tht'otone  'ouThéodon  , 
qui  siuiiilic  divin  ou  don  de  Dieu;  c'i'lait  comme 
un  beureux  présa^'c  de  ce  que  cet  enfant  devait 
être  un  jour. 

*,Cj  parent»  prirent  un  soin  extrême  de  son  éduca- 
tion, et  le  coniiérenl,  dès  sa  plus  tendre  enfance,  à 
dps  maîtres  qui  devaient  avant  tout  le  former  à  la 
vertu  et  à  la  piété. 

Plu»  tard,  ils  l'envoyèrent  chez  son  oncle  Crescon, 

.'•■..". Mip    lie   Coimhre.  Ce  diune  maître  dirigea  son 

Il   et   le  rnnlla  au  dévouement  de  Tello, 

•  re  de  cette  èi;Ii»c,  homme  d'une  prudcnc* 

et  d  une  modi"-lii-  fxtraordinaire.pour  lui  apprendre 

la  lecture  et  le  chant  ecclésiastique. 

A  la  mort  de  »on  oncle,  Théodon  se  rendit  dan»  la 
ville    d«"   Vi«^fi.   on.   en    coii«iiIi'T,Ttion   d"-  l'i-vf^qni' 


de  Terre  Sainte,  arrivant  en  face  de  Jérusalem,  se 
crucifié  en  cette  vilie  pour  le  salut  des  hommes. 

défunt  et  de  son  mérite  personnel,  il  fut  attaché  i 
une  église  de  cette  ville  dédiée  à  la  Sainte  Vierce. 
Là,  le  jeune  clerc  fut  admis  aux  Ordres  sacrés  dont 
il  remplit  les  difTérentes  fonction-^  avec  une  exacti- 
tude et  une  piété  pleines  d'édiflcalion.  \  mesure 
qu'il  avançait  dans  la  hiérarchie  ccclè^i.Tiliqiie,  il 
croissait  aussi  en  science  et  en  sainteté,  mettant  un 
soin  extrême  à  se  préserver  de  tout  vice  et  à  fuir 
même  les  apparences  du  mal  ;  ;i  Ici  P'ini  que  ceux 
qui  étaient  témoins  de  sa  conduite  l'idniiraienl  et 
le  considéraient  déj.î  comme  un  sainl.  Cédant  aux 
v.iux  lie  tous  les  hahilants  et  surtout  aux  ordres  de 
l'évoque  de  Coîmbre,  fionsahi,  il  accepta  la  charce 
de  prieur  ou  doyen  de  cette  église,  dont  il  s'acquitta 
avec  une  prudence  et  une  sollicitude  vraiment 
dii-'nes  d'élotes. 

Aussi.  urAce  à  son  habileté  et  h  son  dévouent  nt, 
il  enrichit  cette  épli^e  de  bien*^  lemponis,  en  lui 
procurant  les  objets  sacrés  nécessaires  au  u'''' 
divin,  et  surtout  de  biens  spirituels,  en  v  alli  '  inl 
des  clercs  recommandables  par  leui'  rcgulariiu  et 
li-iir"  vertu». 


47'.* 


rREMlER  l't.LEBl.NAGE    A  JKIUSALtM 

Fort  peu  «cnsible  aux  honneurs  f-l  aux  aTanta;;t'« 
tempoii-ls  que  pouvait  lui  prorurer  sa  oliirye  île 
doyen,  le  sainl  pi'ôtre  usa  d'un  pious  ptratafiènie 
pour  se  «oustraire  à  une  rhari;?  "ju'il  croyait  au- 
dessus  dp  >;es  forces.  Prolitant  d'un  vu-u  qu'il  avait 
fait  d'allir  visiter  les  Lieux  Saints,  il  remit  les 
soios  d?  ■ette  é^ilise  ù  son  coUùtfue  llouorius  qui,  à 
son  retour,  ne  put,  inal^Ti'  les  plus  vr.es  instance», 
lui  en  faire  accepter  de  iumveau  l'adminirtration. 
Il  refusa  également  la  dii-'iiité  épis.opale  que  )p 
comte  Henri  et  la  reine  rin-rasie  voulaient  lui  offrir, 
de  concert  avec  tout  le  cleryé  et  le  [>euple. 

i^oiisidérant  les  biens  et  le»  ::randeurs  de  ce 
m  !   '  ■  I  '  viles,  éphémères  ■  '  .' 

.I:i;  ■  l'omtne  la  peste  i 

lUiK  ae  n. 11111''  ;  le  Ijire  apprécier  et  auiiin  r  i-i 
sincère  et  profonde  humilité,  dans  laquelle  il 
.lin;        '  relran.dier  comme  diuis  une  forteresse 

in.  .le  ineltait  à  l'abri  des  traits  de  tous 

les     ;,..   Je  son  Ame. 

Touiefoi-,  il  ne  faudrait  pas  croire  que  l'honinte 
de  Dieu  voulût  .*e  déihar^er  des  embiirras  et  des 
sollicitudes  pa>t(irales,  pour  mener  uue  vie  plus 
ilouie  et  plus  tran.|uille.  Ce  n'était  m-'-me  pas  pour 
suirre  plus  librement  le  lé;:ititue  attrait  qui  le  por- 
tail à  s'entretenir  lontiuuellemeut  avec  Dieu  J.iii'^ 
il  |.'  "re  et  la  contemplation:  mais  il  voulait,  plus 
.|.  -M-''  des  soucis  de  l'administration,  avoir  |iliis 
lie  loi-ir  pour  se  livrer  au  ministère  a|iostolique  cl 
Imviiller  :'i  1.1  L'Ioir*»  de  IHeii  et  au  salul  des  aiues. 

'  -le  ré;:ne  de  Jésus- 

'  i  .isit,  par  ses  prédii-a- 

iii;.  .  >  ]IUlt^  Je  ^rAces  et  de  sauctiti- 

.  it.    :i  auditeurs.    Heureux    aui    pouvait 

I  •■!:     1  -r  la  pure  doctrine  de  la  foi  d'une 

11'.    1  .  i'^ive.  tonner  contre  1m  vices  les 


|)|U*    riJM!!    Ml-     I 

par  la  cminl<» 
lions  p.T-  ' 
il  ne  I  . 
iiMlsid-  !..  ... 

lt*aUÇOU|i    de 

.e«     .11, .-..m  s     t.I 


|ue,  terrilierles 

ii-nts,    et     elici. 

l'cnses  éteriielles  '  j,tiii.ii> 
et  le  devoir  devant  des 


p.i  tieurs  -e  laissaient  toucher  par 
•lus  d'une   onction  et  d'une   force 
lu  s.  et  Muaient  se  jet^r  à  se»  pieds  pour 

1111.  ar  pardon  ile  la   mis.  i  i.orde  de  Dieu  eu 

confessant  leun»  <  i  componction. 

Si    M' 1  Mlê--iiii-  lit    de    la    i.T,\.-e 

et  l'-r  nue  coaduito  scandaleuse, 

il-  i.er  sa  rencontre  et  n''>«aient 

l'iii  '    .li^.iiil  lui. 

''  e  qu'un  jour  le  comlo  Ferdinand  et  Ij 

reine     lli.i.isie,   ijui    rivjieul    ensemble  ■  ■ 

eiii-iire    uni-i   par   l<»«   Ih'M»   d'un    lécilnn 
iisiisi  ml  à  l'une 
Ir.iinl»  /i  se  retii . 

M  rt.    de    honte.  i    nii    m 

lin-  I  irJ  aucun  II   irriva  .i 


rriiiiiiiant  llieu.  L'ayant  fiit  appeler  après  l'olihilion 
dii  Saint  Sacrifice,  elle  tomba  à  se.*  pieds,  confessa 
sa  faute,  en  demanda  avec  larmes  le  pardon  et 
la  péuilence,  sollicita  le  secours  de  ses  prières  et 
promit  d'être  désormais  plus  réservée  et  plus 
respectueuse  à  l'éjiard  des  choses  saintes. 

Saint  Théodon  était  plein  d'une  tendre  compas- 
sion [lour  les  pauvres  et  les  malheureux;  il  ne 
négligeait  ricu  pour  venir  en  aide  à  toutes  les 
misères  et  infortunes  dont  il  avait  connaissance. 
Chaque  vendredi,  il  avait  la  coutume  de  célébrer  le 
Saint  Sacrifice  k  l'éi^lise  Saint-Michel,  au  cimetière 
de  la  ville,  en  faveur  des  Ames  du  l*ur;;atoire.  Il  s'y 
faisait  un  ^rand  concours  de  peuple  et  de  n<^m- 
breuses  offrandes;  l'homme  île  Dieu  ne  se  rés.  r\aii 
rien  et  distribuait  toutes  les  aumone>  aux  indi;.-ents 
immédiatement  après  la  procession  qui  «aivait  sa 
messe. 

Uue  dire  de  sa  chasteté  ?  Il  savait  uue  cette  belle 
vertu  doit  être  conservée  d'autant  plus  précieuse- 
BBeut  qu'elle  est  plus  exi'ellente  et  renfermée  dan- 
un  vase  plus  frauile;  aus>i,  quel  *oiu  jaloux  et  iiuelle 
délicatesse  exquise   il   apportait    dan»  sa   vi(;ilance 


toute  atteinte   et   Ij 
L.i   beauté  et  le»  . 


11. .lit 


!.. 


il    I. 


.1  patrie 


pour  la  pr 

dan-i    son 

rieures  de 

avec  la  pureti-  et  l'e 

nemi   du   satiil  en   |.! 

de-»    1  et  chercher  a 

quel.)  .  .  mais  toujour» 

Kuivaiit  Id  icKoiniiiandatiou  du  Jr.iii  Mu 

prêtre    sut    chaque    fois    déjouer    le» 

démon,  les  tournera  son  avanta;:e  per^.lllIul  autant 

qu'à  la  confusion  du  père  du  men^onye  et  de  ses 

suppôts. 

Nous  n'en  citerons  qu'un  exemple  :  Tne  femme, 

remarquable  par  les  charmes  extraordinaires  de  sa 

(lersoiine.  cherchait  un  iour.  par  des  paroles  inni- 

•         ■    ■'   "  1  .-r  pour  elle  un'' 

il   il.'  Dieu  eut-il 

II.» s,.,    ,1,  I,      pouvant 

maîtriser  son  n.  i-<*<{e  et 

>'enfuil.  Il  est |.'     .  •  •■ -a...,^  lÉ.a.^  j>ertlde 

mondaine  ne  recommença  plus. 

Mais  notre  Saint  «onpirait  'i;." 
serait  donné  de  nouveau  de  \ 
siiuvenirs    de    l.i    i..is-i.  n    et 
Hédenipteur  II   ; 

et    sp  niit   en   I  ii\   lie 

pèlerins.  Ils  abordèrent  uu  p 
Ban     Italie',   où    lU    furent 

durant  six  semaines  à  cause  des  »i  ni-.  .  ..iiii.oies. 
Théodon,  qui  ne  perdait  jamais  son  temps,  prolita 
de  ce  retard  torvjî  pour  «e  livrer  à  toute»  les  u-inres 
de  misériiorde  en  sonpoiivoir'il  s'riroreail.en  outre, 
■l'attirer  à  ces  •  ~ 
de  \i>V(u;e  qu'il 

{•'\enu'<  favorable»,  iN 


lehl   bv. 

l(   «i  ee 


Puissant,  le  su[i[iliant  de  -auverdu  moin^  leurs  âme? 
et  de  les  recevoir  dans  la  bienheureuse  patrie.  » 

Théodou.  prosterné  la  !aie  cr>ntre  terre,  abimé 
dans  la  prière  et  dans  les  sentiments  d'une  tendre 
compassion,  conjurait  le  SeijL'neur  de  jeter  sur  tout 
réquipaîie  un  ref,'ard  faïoralde.  Après  avoir  récité 
les  [waumes  et  les  litanies,  il  adressa  au  Maître  des 
éléments  et  des  Ilots  cette  touchante  supplication  : 
«  Seiffnear  Jésus-Christ,  fils  du  Dieu  vivant  et  de 
laumiste  Vierge  Marie,  qui,  avec  le  l'ère  et  le  Saint- 
Esprit,  êtes  un  seul  Dieu  en  l'ineffable  Trinité  de 
personnes,  daignez,  nous  venir  en  aide  dans  ce  péril 
extrême,  afin  que, arrivant  heureusement  au  sépulcre 
de  ?otre  ^.-lorieBse  Résurrectiou  pour  lequel  nous 
venons  de  l'extrémité  du  monde,  nous  puissions  le 
vénérer  et  le  baiser,  en  vous  rendant  de  dignes 
actions  de  grâces  pour  le  grand  bieufait  de  notre 
re'demption.  » 

Le  saint  homme  console  et  encourage  les  passa- 
gers: il  les  e.xhorti»  à  se  rejicntir  de  leurs  fautes,  à 
se  pardonner  mutuellement  leurs  offenses,  à  prier 
Uieu  du  fond  du  cueur  et  à  placer  en  lui  toute  leur 
confiance.  Knfin,  il  leur  promet  qu'ils  ne  larderont 
pas  à  être  exaucés  par  la  clémence  divine. 

En  effet,  comme  II  l'avait  annoncé,  la  tempête 
s'apaise,  le  calme  se  rétablit  peu  à  peu,  la  nuit,  dont 
les  affreuses  ténèbres  avaient  aui-'menté  l'horreur 
du  péril,  fait  place  à  la  bienfaisante  lumière  du  jour. 
Tous,  à  l'envi,  pleins  de  joie  et  d'admiration  à  la 
vue  d'une  si  subite  délivrance,  éclatent  en  •  hants 
de  louanges  et  d'actions  de  grâces  au  Liieu  Très-Haut 
qui  les  a  arrachés  si  miraculeu-ement  à  une  mort 
iiiimiiienle. 

Enfin,  trois  semaines  après  son  départ  de  Bari. 
le  Taisseau  abordait  heureusement  àJatîa  (l'antique 
Joppé.  flonquise  par  la  valeur  de  nos  aïeux  les 
•Iroisés,  la  Palestine  était  heureusement,  à  cette 
époque,  au  fiouvoir  des  chrétiens. 

Après  avoir  vénéré  le  tombeau  de  saint  Georges, 
non  loin  de  Jop(ié,  le  pieux   pèlerin  prit  sa  route 
vers  la  (îalilée  et  son  cieur  tressaillit  d'allévresse 
en  arrivant  dans  celte  douce  et  ;.Tacieu^e  ville  de 
N.izareth,  où  vécurent  <i  loiiiitemps,  dans  le  travail, 
l'humilité   et   la    prière,  Jésus,    Marie.  Joseph.    De 
retli,  il  monta  au  Thabor,  célèbre  par  la  trans- 
ition du  Sauveur;  et.  du  haut  de  cette  montagne 
•  i.  v.-p,   il    put    saluer  en  même   temps   une   foule 
d  autres  lieux  de  (Jaliléc  «ancliliés  par  la  présence 
.1  I,,  „.  —  1.,    ,jy  Sauveur  des  hommes.  Il  traverse 
i.irie.  ni^n   sans  s",-iriêt,T  au  puits  de 

.  '    .'.... i..  ,  prè^  de  Naplouse    l'antique  Sichem;, 

ce  puit«  au  bord  duquel  Jésus  s'assit,   fatigué,   et 
convertit  une  pécheresse. 

l)n  plus  loin  ipi'il  peut  apercevoir  Jérusalem,  il 
Il  «lîii'-  'M  -•   I  ff.-f   rri  m'  Ii  fjicç  contre  terre  et  en 

II  entre  dans  la  Ville 
;  '^•tU  de  recounaipsance 
et  d 

^':  '•  sen  Trrux,  oubliant  le«  fatigues  d'un 

,  l'heureux  fi.  bTiii  n'a  rien  de  plus 
«c  rendre  m  r.ilvaire  m'i  notre  bon 


e  sacrilii 

e  de  notre  rédemption, 
«ant  ce  sol  «acre  avec 

il  rend  «c-  hommage» 

imenLs  aus>i  tendres  et 

'•■  sa  douloureuse 

'    Nse- 

r  le 

venu  V; 

\\  mort,  fut 

■      1'  ••:»  et 

du 

ilésaltéier  avec  une  douce  volupté  aux  eauv  vives 
sorties  du  côté  entr'ouvert  de  Jésus,  et  savourait  en 
même  temps  les  enseignements  précieux  renfermés 
dans  c^s  scènes  mémorables. 

Au  sortir  du  Saint-Sépulcre,  Théod«n  ;- 
lieu  ou  Joseph  d'Arimathie.et  Nicodenie 
le  saint  Corps  pour  le  couvrir  de  paifutii-  i.  .i.,  d.- 
le  déposer  dans  le  tombeau.  Enfin,  il  n'eut  gardi 
d'oublier  l'endroit  où  sainte  Hélène  découvrit  la  \  raie 
^^roix,  et  son  àme  se  répandit  en  actions  de  grài  e~ 
(iiiur  la  faveur  que  Dieu  avait  faite  aux  chrétiens  en 
leur  donnant  une  relique  aussi  précieuse.  Ce  lu 
alors  seulement  qu'il  consentit  à  aller  prendre  un 
peu  de  nourriture  et  de  repos,  mais  l'Ame  fout'- 
remplie  Mes  saintes  méditations  que  lui  sui;i.'éraii 
ce  qu'il  venait  de  voir. 

Le  lendemain,  il  continua  à  visileramoureusemeni 
les  lieux  ot  les  monuments  vénérables  de  la  \ille 
Sainte  :  l'emplacement  du  temple  de  Salomon.  l.-i 
Porte  dorée;  le  mont  Sion et  le  Cénarleoù  le  Seigneui 
lava  les  pieds  à  ses  apéitres,  institua  l'aui-'Uste 
Eucharistie,  apparut  plusieurs  fois  à  ses  disciples 
après  su  Késurrection,  où,  enfin,  le  Saiiit-Esprii 
descendit  le  jour  de  la  Pentecôte.  En  quittant  le 
Cénacle,  il  suivit  la  voie  sacrée  par  laquelle  le> 
apôtres  portèrent  le  corps  de  la  Mère  de  Dieu;  vénéra 
en  passant  l'église  de  Saint-Pierre  dite  ■>  de  (ialli 
Caiitu  •<  du  chant  du  coqr  et  le  tombeau  de  sain' 
Jacques,  parent  de  Jé-sus;  descendit  dans  la  vall--. 
de  Josaphat;  pria  au  lieu  où  fut  déposé  le  corps  d> 
la  Sainte  Viertre;  pas.'^a  de  là  à  l'oratoire  de  Ceth>v- 
mani  où  le  Sauveur,  tombant  enaconie,  adressa  an 
Père  sa  touchante  prière,  et  gravit  le  mont  de< 
Oliviers  d'où  .Voire-Seii-neur  Jésus-Christ  remoiit.i 
au  ciel.  Il  se  dirigea  de  là  vers  Béthanie  pai 
Bethpliagé,  et  visita  le  tombe,-iu  où  Lazare  fui  res- 
suscité et  la  maison  qu'il  habitait  avec  ses  su?ur< 
Marthe  et  .Marie. 

Théodon  tourna  ensuite  ses  pas  ver-:  Bethléem, 
entra  dans  l'étable  qui  vit  naître  le  Sauveur  du 
monde,  où  le  bœuf  reconnut  son  Maître,  et  l'Ane  la 
crèche  de  son  Seigneur,  bien  différents  en  cela  dr 
tant  il'liommes  ingrats  <fui  méconnaissant  les  don' 
et  les  bienfaits  sans  nombre  de  leur  Crt-att-iir.  N'ui 
loin  de  la  crèche,  il  conieiiipla  é;;alemenl  le  lieu  "« 
le  cruel  Hérode  fit  massacrer  ii's  petits  Innocents. 

.'Vprès  avoir  vénéré  les  autres  sanctuaires  et  les 
autres  lieux  célèbres  de  la  Pale-line.  il  revint  fair»- 
ses  adieux  au  Saint-Sépulcre.  l.i'sChaïK'inesHéiiUli»  r- 
qui  en  étaient  alors  les  gardiens,  charmés  de  s,i 
piété,  lui  offrirent  de  le  n'cevnjr  d.ins  leui  coniniu- 
nauté.  Nulle  proposition  ne  pouvait  ède  plu^ 
agréable  au  saint  prêtre;  il  s'empressa  de  lep  ■••■ 
j>our  b-  l'orlu;.'.!!  ;irin  cle  régler  ses  nlTair.--  ■ 
rintenlion  bien  arrêtée  de  revenir  Unir  se?  j.-u.  -  .. 
l'ombre  du  Sépubre  du  Sauveur,  mai"  la  Providence 
avait  sur  lui  d'autres  desseins. 

K  son  retour  dans  son  pays,  il  fut  re'Mi  ave.-  de 
:;rande«  démonstrations  de  joie  ,|  c.iinblé  .rbonni-in 
par  ses  compatriotes. 

FO,\DATI0N'  I>D  MONiSTi(«K  01  li  U.NTE^CJIOIX 

.\prés!« voir  mis  ordre  A  ses  affaires,  saint  ■n,,:,>d.iii 
sf"    '  1  relouriK-r  it   Jérusalrin.  r^..       i 

fn'  par  un  r.iricinrs  ili-  rjr<'iii- 

]•■'■  '    ■     ■ 

Il    \  mt 

■    qui  le- 

■',,    , n  commiHi  m,'  .  > 

lin  monastère  dans  un  îles  fanf 

I.''    b'Iidat'Mii     .|"    ,-..|l..   ,1.1|1  ,  .  ,,    ,         ,  ..       .r 


pieux  archidiacre  Tello,  dont  saint  Théodon  avait 
•  té  autrefois  le  disciple.  Déjà  il  avait  recruté  autour 
Je  lui  des  rompaL'iions  qu'il  avait  ;.'agnés  à  cette 
sainte  entreprise.  Celte  communauté  souhaitait  vive- 
ment voir  Tiiéodon  au  nombre  de  ces  membres. 
Celui-ci  hésitait,  tout  en  admirant  la  ferveur  de  Tello 
et  de  ses  amis.  Il  objectait  sa  promesse  d"aller  con- 
sacrer le  reste  de  sa  vie  au  service  du  tnnibeau  de 
Notre-Seliineurà  Jéru.salem.  On  lui  répondait  :  <■  Vous 
pouvez  iir^iuier  plus  de  L'ioire  à  Dieu  et  vous  rendre 
plus  utile  au  prochain  par  votre  paiole  et  par  vos 
exemples  dans  votre  pays,  qui  en  a  si  fjrand  besoin, 
qu'à  J'Tusalem  ou  le  souvenir  toujours  vivant  des 
vertus  et  des  mirailes  du  Sauveur  suffit  pour  entre- 
tenir la  foi  et  lu  piété  parmi  les  tidéles  ».  " 

.\prés  niùre  relle.xion,  Théodon  se  rendit  à  ces 
raisons.  Il  donna  une  partie  de  ses  biens  aux  pauvres, 
une  autre  à  IV^^lise  de  Viséo  et  réserva  le  reste  pour 
pouvoir  continuer  à  soulager  les  indii.'ents.  C'uant  à 
lui,  il  pieriait  pour  partage  la  pauvreté  du  (Christ, 
alîn  d>'tie  admis  uu  jour  avec  lui  à  rhérilaiie 
céleste. 

Ce  lut  le  28  juin  de  l'an  113i  que  fut  posée  la 
première  pierre  du  nouveau  monastère  sous  le  titre 
de  la  Sainle-Ooi\  et  de  la  Hienheureuse  Vierge 
.Marie,. Mère  de  Dieu,  et  au  commencement  du  Carême 
suivant  que  la  congrégation  fut  constituée  avec 
l'habit  et  In  rèyle  de  saint  .\ugustin.  .-Vussiti'il  que 
ses  membres  furent  réunis  en  communauté,  ils  con- 
vinrent nnanimeinent  d'en  contier  le  gouvernement 
à  Théodon.  .Mais  l'humble  prêtre  protestait  de 
toutes  ses  forces,  alléguant  son  indi^'nité  et  son 
incapacité,  il  ne  céda  qu'en  vertu  de  l'obéissance,  el 
l'autorité  ecclésiastique  le  confirma  dans  la  charge 
de  supérieur  à  la  iîrande  joie  de  ses  frères. 

Dieu  bénit  celte  nouvelle  famille  religieuse  toute 
dévouée  à  la  gloire  de  son  saint  nom,  et  t'ouveriiée 
par  un  hnmme  de  si  grand  mérite;  elle  ne  tarda 
|ias  à  s'enrichir  non  seulement  de  Imuis  et  fervents 
r>'ligicux,  mais  encore  de  biens  temporels  qui 
venaient  s',n|outer  aux  biens  spirituels. 

Saint  Théodon  se  distini!uait  entre  tous  par  ses 
éminentes  vertus,  en  particulier  par  une  haute 
priidi'iice.une  profonde  mnrtiliration  el  une  oraison 
''oiitinuelle.  Il  était  plein  d'une  vigilante  sollicitude 
l"iur  tous  les  besoins  du  monastérCjiplein  d'attentions 
il  de  bonté  pour  les  vieillards,  les'jcunes  i;ens,  les 
malades.  Au  contraire,  il  était  très  dur  el  impitoyable 
I r  liii-nième,  ju'-quc  dans  ses  maladies. 

-    ;i     rur  coni|iatissanl  le  portait  à  venir  en  aide 

!     i''  -  les  inforlunes.il  s'employa  en  faveurd'une 
Il  jupe  de  .Mozarabes  faits  prisonniers  de  tfuerre,  et 
"  blint  du  i(ii   Alphonse  leur  élargissement.  Il  per- 
mit à  ceux  <|ui  le  voulaii'Ut  de  s'établir  autour  ilii 
iiinnastére  et  les  nourrit  durant  plusieurs   années 
.'lUx  frais  de  la  communauté.  Il   guérit  l'infant  <!•■ 
l'orlut'al  des  ardeurs  île'  la  lièvre  en  l'oiL'naiit  avec 
de   l'huile   sainte,  el   obtint   l'heureuse    délivrance 
de  la  reine  par  un  signe  de  cr»ix.  Plu«  lard,  néan- 
nioins.il  fut  l'objet  de«  iier»éciilions  de  celle  même 
reiiM-.  pour  lui  avoir  reiusé  l'entrée  du  mona'-tèie. 
'     riiénienl    aux    statuts   de    son    couvent    qui 
fiit  d'y  ailmettrr  le»  femmes,  de  iiuelque 
■■'  ''      fiiss.nl. 

'  SI  éininente  (|ue  souvent  »a  seule 

'  ;■   iir  mettre  en  fuite  les  démons. 

!  liinmt   ses  rcli;,-ieui   à   rester 

.     ."i    c.r.î.-t    i>\  t.-ti  iii,.|,t  IVibl'i^ 

le» 
■  '•'  ,  -  ,  -  -'^n  cl 

de  dcTcnir  son  rsciare.  Lin  Krére  conrers  lit  &  se* 


ue  le  péché   ! 
le  malheur 


dépens  la  triste  expérience  de  l'empire  que 
donne  au  démon  sur  les  âmes.  .Ayant  eu  le  malheur 
de  commettre  une  faute  grave,  ce  Frère  tomba  tout  à 
coup  au  pouvoir  du  démon  qui  lui  lit  soull'rir  toutes 
sortes  de  tourments.  Il  en  fut  délivré  en  faisant 
l'aveu  de  son  crime  à  saint  Théodon. 

In  autre  Frère,  celui-là  très  fervent,  était  sujet, 
depuis  qu'il  avait  quille  le  monde,  à  des  tentations 
et  des  olisessionstrés  pénibles  de  la  part  de  l'ennemi 
des  âmes.  Notre  Saint,  s'élant  approché  du  Frère 
ainsi  tourmenté,  lui  prit  la  main  droite,  et  apos- 
tropha l'esprit  mauvais  en  ces  termes:  "Au  nom 
de  Jésus-Christ  el  par  la  vertu  du  Sainl-Ksprit.  je 
l'ordonne,  esprit  immonde,  de  quitter  la  place  el  de 
ne  plus  inquiéter  dé.sormais  ce  serviteur  de  Dieu.  " 
Satan  quitta  aussitôt  sa  victime  el  ne  reparut  plus. 

Cherchant  à  imiter  en  toutes  choses  le  divin 
Maître,  il  recevait  avec  une  grande  bienveillance 
tous  ceux  qui  venaient  le  voir,  les  pauvres  aussi 
bieri  (|ue  les  riches  et  les  puissants.  Il  s'appliquait 
à  faire  du  bien  à  tous  :  aux  heureux  du  siècle,  aux 
favoris  de  la  fortune,  il  recommandait  la  modéra- 
tion et  l'aumône  ;  aux  allligés  et  aux  indigents,  il 
prêchait  la  patience  et  la  soumission  à  la  volonté 
de  Dieu  en  même  temps  qu'il  s'eirorçait  de  subvenir 
à  leurs  besoins  temporels. 

l.e  roi  de  Portugal  remporta  plusieurs  succès  sur 
ses  ennemis  ei  vit  ses  arméfs  victorieuses,  prAce 
aux  prières  du  serviteur  d'-  Diou;  aussi  avait-il 
pour  lui  une  profonde  vénération  ainsi  que  tous  les 
princes  et  les  grands  de  sa  cour. 

l'ar  humilité,  il  ne  conseiilil  jamais  à  porter  le 
nom  d'abbé.  .Après  avoir  i:oiiverné  pendant  vingt 
ans  le  monastère,  à  la  grande  édilication  et  satis- 
faction de  tous,  sentant  ses  forces  diminuer,  il 
réunit  le  chapitre  de  la  coiiiinunaulé,  donna  sa 
ilémission  de  prieur  et  désigna  ]iour  lui  succéder  le 
1>.  Jean,  religieux  ilisliiiLUé  par  les  plus  belles 
ipialités  et  les  plus  éminentes  xertus. 

Théodon  de>ail  vivre  dix  ans  encore  sous  le  nou- 
veau prieur,  avec  lequel  il  garda  toujours  la  plus 
grande  paix  et  la  plu^  touchanle  harmonie.  Déchargé 
désormais  des  soucis  de  radmiiiistralinn,  il  ne  son- 
gea plus  qu'à  s'abnndimiiei  à  S'Ui  attrait  pour  la  ron- 
leiiiplatioii  cl  la  prière.  Il  n'était  pas  rare  de 
le  voir  ravi  en  exla.-'e  en  pensant  aux  joies  el  aux 
délices  dont  sont  remplis  les  élus  dans  le  Ciel  en 
la  compagnie  des  anges  et  des  saints. 

Il  reçut,  avant  de  mourir,  une  députalion  di' 
moines  qui  vinrent  lui  rendre  visite  de  la  part  de 
saint  Iternard.  iMi  connut  par  révélation  l.i  idir. 
éminenle  qui  lui  était  réser\ée  dans  le 
gloire.  On  le  \'\t  portant  secours  à  de»  n 
milieu  d'une  violente  tempête.  Saint  l'it-rie  lin 
apparut  pour  lui  annoncer  le  monieut  de  sa  mort 
et  la  couronne  de  gloire  oui  lui  était  préparée. 
Kiitin,  après  avoir  reçu,  ave<-  Ins  »<>ntimenf«  île  la  foi 
In  plus  vive  et  la  plus   leii  i  i«>iT.enl'- 

de  l'Kglise,  après  avoir  a  il  loii- 

cliantes  exhortations  à  l "i.-  -es  Irire^  reunis,  il 
remit  .loucemeiil  son  Ame  intre  le»  mains  de  son 
(^lê.iteur,  cl  s'en  alla  recevoir  la  r''  ' 

neriles    au    srin     de    la    rélesle 

laquelle    il    sou: ' i    loii.i,  iii|.s.  l,   .i,,; 

Age  de  plus  de    ;  n->. 

l.e  monasiir.    ■.  ■    ■'■     '  ■   '..t.r..    f,,i 

bii-nliM  à  la  tête  de  '  - 

II/,    iilo  r-     .  Il     l'oi'i.  iil 


de  tunt  ^ranroi" 


Paru.   luip. -garant  riTimuiiT  ,  8.  r\ic  Krwiçoi»  I". 


SAINT  CONRAD  DE  PLAISANCE 


JBFIIMITE:     ou     TIEftS-OFlORB     r>JB     SAl^JT-FRANÇOIS» 


FMe  le   i  9  février 


Conrad  et  son  épouse  renoncent  ensemble  au  monde  :  sa  femme  entre  dans  un  couvent  de  Carmélites  et 

Conrad  se  retire  dans  la  solitude. 


pécheur  converti,  et  pénitent  admirable,  le  bien- 
iieureuz  Conrad  nous  montre  la  grandeur  de  la 
miséricorde  de  Dieu,  et  la  puissance  de  sa  grâce, 
il  nous  enseigne  par  fon  exemple  à  entreprendre 
arec  confiance  et  courage  ToEUTre  de  notre  salut. 

Conrad  naquit  en  1200,  d'une  des  plus  nobles 
familles  de  la  ville  de  Plaisance,  en  Italie.  Héritier 
d'une  fortune  considérable,  il  fut  uni  par  le  m.iriaee 
à  une  chrétienne  noble  et  vertueuse.  A  la  raort  de 
ses  parents,  abandonnant  jusqu'aux  principes  reli- 
gieux qu'il  avait  reçus  de  sa  mère,  pour  s  adonner 
plus  librement  aux  plaisirs,  il  négligeait  ses  de- 
voirs de  chrétien,  et  ne  rêvait  que  chasses  et 
divertiisements. 


Cependant,  le  Père  céleste  eut  pitié  de  cette 
Âme  qui  gardait,  au  milieu  de  ses  égarements,  quel- 
ques restes  de  justice  et  de  générosité  pour  les 
malheureux.  Voici  en  quelle  circonstance. 

CONVKRSION  DE  CONRAD 

Il  se  livrait  un  jour  avec  ardeur  à  son  passe-temps 
favori,  la  chasse.  Le  gibier  qu'il  poursuit  se  retire 
dans  des  broussailles,  sur  la  lisière  des  bois.  A 
tout  prix,  l'impétueux  chasseur  veut  s'en  r(  ndre 
raallre  ;  sur  son  ordre,  les  valets  mettent  le  f^u  .inx 
ronces,  pour  forcer  l'animal  à  sortir  ;  mais  un  coup 
de  vent  pousse  la  flamme  sur  les  blés  voisins; 
l'inceodie  gagne  de  proche  en  proche  ;  les  compagnoni 


467 


de  Conrad  se  multiplient  peur  arrêter  ses  progrès 
d'^sa^treui  :  vain-i  efforts,  en  on  instant,  plusieurs 
cha:  i;!*  sont  embrasés  et  dévores;  le  Uéau  va 
grandissant.  Les  chasseurs  s'enfuient  et'  rentrent 
dans  la  ville,  sans  révéler  à  personne  leur  triste 
aventure. 

Cepenii.iiit,  les  paysans  avaient  aperçu  la  fumée, 
ils  étai'  nt  accourus  sur  le  lieu  ■'■•  "'■■«•r*;  chacun 
s'eni[>i.  --.lit   pour  sauver  sos  i  Tembra- 

seiiii^i:'   -■•■lierai.  Bientôt,  tout-   , -i_ne  et  une 

çraiiii"  ;  ai  ti."  de  la  fortl  ne  lorment  plus  qu'une 
fournaise  ardente. 

Lue  enquête  est  ouverte  au-^sitdt,  par  ordre  du 
pouvemeor,  pour  di'couvrir  l'auteur  du  délit.  Parmi 
toutes  les  p-T*. innés  qui  sont  emprisonnées,  un 
pauvre  homvi".  «lui  ramassait  du  bois,  près  du 
ihé.^tre  de  1  se  voit  charçé  des  plus  vives 

accu'ialion-.  levant  le  juse,  il  nie  d'abord 

aver  f-^nnet  ■  le  crime  qu'on  lui  impute;  mis  bientôt 
à  la  qU">lion,  la  violence  des  tourments  lui  arrache 
l'aveu  d'un  crime  qu'il  n'a  pas  commis,  et  sur-le- 
rhamp,  la  sentence  de  mort  est  prononcée  contre 
lui. 

On  le  conduisait  an  lieu  de  l'exëcation,  quand, 
pres-i-  par  le  ren-- •■*-  •  '  .i  •  ■--^•.i  '■•]■■  c.i.iw,,.  ■,<, 
de  justice  que  la 


s'élan 
des  m  : 
est  ini 
moi  au 
commf 


ili. 


Poui 
Conrad 
de  son 
éUit.   I 


.Uili.:    .   ' 

de  son 

à  --rii,   ■' 


Ls,  il  explique 
le  fait  de  son 
imprudi-uce,  et  il  s'offre  à  payer  tous  les  dommaces! 
l.'iniincent  était  sauvé,  et  !•-   coupable   trouvait 
dans  sa  faute  la  source  du  pardon  pour  ses  égare- 
ments pa«5<'«. 


'as  dommages  qu'il  avait  cau<"'- 
'I'  tous  ses  biens,  et  jusqu'à  la  dfl 
l.e  riche  gentilhomme  de  la  v.  If 
in,  l'homme  le  plus  pauvre  J.    :  i 

■.  le  fit  sérieusement  rélléchir  sur 

■'-' '■«   et   des  félicités    mon- 

-   s'ouvrirent  à  la  pure 


saces  conseils,  ne  laissa  pas,  durant  tout  le  trajet  de 
Coruara  à  la  Ville  étemelle,  d'assaillir  le  disciple  de 
François  des  tentations  les  plus  horribles  et  les  plus 
violentes.  TantAt,  prenant  la  voix  de  sou  épouse,  il 
l'eiigaireait  à  rentrer  dans  le  monde  ;  laniot.  sous 
l'aspect  d'un  vieillard  vénérsdjle.  il  lui  adressait  de 
sévères  reproches,  pour  avoir  relé(;u>-  dans  un  doitre 
une  jeune  femme,  faibled»  ■•■><•, ,-y^,-^  "leiiu-  d'affec- 
tion pour  lui,  et  qui  se  ;  iil6t  d'avoir 
parlaiîi'  un  instant  ses  d  -..               _:. 

Accablé  sous  le  poids  de  ces  insles  pens>'e?,  qui 
le  poursuivaient  sans  reliche,  le  novice  so  sentait 
dcfaiUir.  Alors  il  se  remit  plein  de  c<>nlian  e  entre 
les  mains  de  Dieu,  suppliant  sa  divine  Providence 
de  lui  venir  en  aiije.  La  lumière  de  la  ur;ice  éclaira 
son  esprit,  et  il  reconnut  dans  celte  tcmpiUe  l'astuce 
du  tentateur.  Satan,  honteux  de  se  voir  vaincu,  lui 
prépara  des  assauts  plus  terribles  ;  mais  l'humble 
moine  était  arrivé  à  Rome,  et  prostei-né  sur  les  tom- 
beaux des  martyrs,  il  puisait  la  force  qui  lui  était 
néi-essaire  pour  les  combats  à  venir. 

Sou    pèlerinage   terminé,   Conrad   s'embarqua   à 

("•aete  sur  un  va;     -•••■  '   ■•• -•■■  '-■  -lit  voile  pour 

Païenne.  Il  y  e^  l  b^s  vertus 

.1...  I    1, liants  d  .  !   I  .  .  ..Mv 

■  '  :  "  Leur 

_       discours  

retraite  dans  la  Vu  I  N  ,  recherche 

de  cotte  nouvelle  jsiu.'.    .  >i  !        ,  servir  Dieu 

dans  la  solitude  et  la  paix.  Le  voila  à  Noto  ;  sou 
cœur  est  joyeux,  mais  la  marche  a  l'ié  Ionique  ;  il 
tomb>-   haïassé    '  :    ;  il  a  faim   et   soif.    Au 

mib-'U  do  I  '.  cm  ap'»^c(^it  u!î"  I  ■  t  .■•^rie,  et 

•  i  ■  .'r  r.n 

a  '',i\,iil 

I 
I 

se  (■  1  .:   i  i^u  c: 
qui  le  suivait.  !.■ 

0  '  '  '  '     ■  . .    ..  ■•  ;  - .    1  / .  -    I  ;  .  ■    ».. 

il  ar  lui  avec  Kui.s  c|i 

Cviii-i  et    de   coups,    l.e   iiia.n.  iii  i  ni 

s'i-nfuit  Vr 

Il  i«  i    •  .l..i.i..i,l  ;,  r>iAt.il-.l   's.iMit.\!-<ri;., 


pour  1' 
Cour 
qu'à     • 
prirr-    ■ 


I  À  la  m<'i 

H 'un  hir 


-Ordre  de       d 


ul. 

it  donc  une  jni»  poor  lai,  lorsqu'au  bout  dt 

•i  Noto.  il  obtint  Ii  faveur 

if    liuillaum"    Itirliier, 


i'-    I  '■  ■  '  l'-iii    ae    i  imvi  à« 


'•';  la 
'  1,1. 


r    vcuérer  les 

-   ■  k      ■  I  », 


um    .1    l'i'.'u,    *'i    '  \'ii»-i     1^    I  liant' 

m». 

.,     l.l^       1'.      .,..      n...i:.,-.,     .1.,     ,:.^..      >,....,.    I 


1  ■ 

bien  (iue  cette  4me  *p<  r»ii  par  »tj  au>;-riit*  Il  se»  j   lanci-jn    f-dncur    O' »f nu    ni'>in<-,    vuiciit 


breuses,  et  le  recueillement  de  l'ermitage  ne  lais- 
sait pas  que  d'en  souffrir.  Le  fervent  novice  se 
retira  donc  dans  les  i^roltes  de  Piizoni,  à  une  lieue 
de  Nolo,  et  décida  d'y  achever  ses  jours.  11  tint 
parole  et  ce  lieu  s'appelle  aujourd'hui:  Grolta  di 
santo  Conrado.  grotte  de  saint  Conrad. 

AVSTÉBITÉS,  PRIÈRES,   IENTATI0S3 

Les  seules  occupations  du  solitaire  furent  la 
prière  et  la  pénitence.  Il  n'épcwi-'nail  à  son  corps 
aucun  genre  d'austérités,  aCn  d'expier  toutes  les 
débauches  et  toutes  les  mollesses  de  sa  vie  mondaine. 
—  La  terre  nue  lui  servait  de  Ut;  une  pierre,  de 
chevet;  un  pain,  avec  quelques  légumes  ou  herbes 
crues,  suffisaient  à  sa  nourriture.  —  11  allait  tous 
les  neuf  jours  mendier  à  Hybla,  aujourd'hui  Avola, 
le  peu  d'aliments  dont  il  avait  besoin.  Le  seul 
meuble  de  sa  caverne  était  on  crucifix  fixé  sur  le 
rocher. 

Cependant,  le  démon  le  suivit  justpie  dans  cette 
retraite,  tant  il  est  vrai  que  le  disciple  de  Jésus- 
Christ  doit  toujours  se  tenir  prêt  à  livrer  bataille.  — 
Parfois,  c'étaient  d'allreuses  tentations  de  la  chair; 
d'autres  fois,  le  démon  lui  remettait  dans  l'imagi- 
nation le  souvenir  des  viandes  délicates  et  des  fes- 
tins de  sa  vie  mondaine.  Quel  changement  avec  ses 
jeûnes,  ses  herbes  et  son  pain  grossier  d'aujourd'hui! 
Hé  quoi  !  avait-il  donc  renoncé  pour  toujours  à  ces 
douceurs?  N'y  reviendrait-il  jamais?  En  présence 
de  cet»  tentations,  l'ermite  redoublait  ses  pénitences, 
prolongeait  ses  veilles  et  ses  prières,  renouvelait  sa 
résolution  de  rester  fidèle  à  sa  vocation,  et  le  démon 
se  retirait  vaincu.  —  Le  Saint  arriva  à  une  telle 
mortification  de  gourmandise,  que,  si  ses  amis  lui 
apportaient  quelques  légumes,  il  attendait  pour  y 
loucher  oue  ces  mets  eussent  commencé  à  prendre 
un  :;oût  désagréable. 

';i;n  jour  d\'l ',  à  l'époque  où  les  figues  mûrissent, 
il  fut  pris  d'un  ardent  désir  d'en  goûter  quelques- 
unes;  elles  paraissaient  si  bouiies!  11  résista,  mais 
la  tentation  le  poursuivait  au  milieu  de  ses  prières. 
Que  faire?  Profilant  de  sa  solitude,  il  jeta  sa 
tunique  et  se  roula  dans  les  épines,  jusqu'à  ce  que 
la  vivacité  de  la  douleur  lui  eut  fait  oublier  figues 
et  figuier.  Le  corps  ainsi  meurLti.  il  se  remit  en 
prière,  l'^Un';  libre  et  victorieuse. 

On  vén  Tait  dans  une  église  de  Noto,  un  crucifix 
miraculeux,  très  ancien;  notre  saint  ermite  allait 
presque  tous  les  vendredis  prier  au  pied  de  cette 
image.  H  acc';(]lail  alors  l'IiûspiLalité  qu'un  ami 
charitable  lui  o. Trait,  et  après  avoir  pris  un  frugal 
repas,   i'   ^  lit   sa  solitude.  La  première   fois 

qu'il  fi'  'igf,  il  fut  reçu  par  Antoine  Sessa 

3ui  lui  oiii.  ,1  i.iiyr;  le  solitaire  y  consentit,  mais, 
c  tous  les  in"U  qui  lui  furent  offerts,  il  se  con- 
lanta  d'à-  ^  <'  -•  ■  >  '  .u.  ,  ...u-  n  n'en  récompensa 
pas    m'  Sessa,   pri-;    d'une 

pl'iir^  _._,.,  ,  ..      .^..  lison  aux  prières  du 

sa.; 

^  .1  lie  rencontrait  pas  toujours  de»  «unis 

au  l'Antoine   Se>-a.  Qu'lqu-^s  jeunes 

lijiv.  nt.  ur.   vendredi,  s'arau-er  à    ses 

di^peu-*.  \\->  I  moment  oii  il  sortait  de 

réjjlisc,  cl  '.  l'une  charité  sincère,  ils 

l'iuvitèreut  a  |  tild^jcr  l<'ur  frugal  repas.  Le  bon 
ennit*  «•  r-u.iit  A  l^ur  dé-ir.  Ln  I  honnpur  du 
vu   '      "  de  la  vi.ii   '      I:      h 

u-  '1  avoir  ■! 

aiu  iMli;  ■    u    I     i:     ho!. ,    jui    lu  . 

«nuKer  à  la  «aveur  ou  à  la  qu;  ' 

jrv  '     •    I       '■      -.      ■'         ,,„   <|,||,  ,,  ,1,11 

di:  '   à  qui  ni  .x  du 

rt^i .'V  .^s  de  simj'î.  ..'  .^ui  avait 


conduit  l'austère  ermite  i  violer  la  loi  de  l'Kglise. 
Granie  fut  la  surprise  de  ce  dernier:  «  Mais  je  n'ai 
mangé  que  du  poisson  »,  dit-il,  tout  étonné,  et  il 
montra  les  arêtes  et  les  écailles  qu'il  avait  mises 
soigneusement  à  côté  de  son  assiette.  Ce  fut  le  tour 
des  libertins  d'être  surpris.  Dieu  avait  fait  un  mi- 
racle en  faveur  de  son  serviteur,  et  montré  le 
respect  qu'on  doit  avoir  des  préceptes  de  l'Eclise. 

Peu  de  temps  après,  le  bienheureux  solitaire 
guérit  d'une  hernie  l'enfant  d'une  famille  do  .\Ial- 
ulonia,  petit  bour^  d'Hybla.  On  ne  vit  plus  repa- 
raître ensuite  le  saint  mendiant  pendant  plusieurs 
m.iis,  et  il  avoua  lui-même  que  le  ciel  s'était  chargé, 
de  pourvoir  à  son  entretien  durant  ce  temps,  et 
qu'il  avait  vécu  dans  un  commerce  plus  intime  avec 
Dieu. 

Le  Saint  avait  aussi  reçu  le  don  de  lire  au  fond 
des  cœurs  les  pensées  les  plus  secrètes. 

Il  serait  trop  long  d'éuumérer  tous  les  prodiges 
que  Dieu  opérait  continuellement  par  la  main  de 
son  serviteur;  les  maladies  disparaissaient  devant 
un  si^ne  de  croix  fait  de  sa  main.  Toutefois,  ce  qui 
le  rendait  terrible  au  démon,  c'étaient  les  nom- 
breuses conversions  qu'il  obtenait  par  ses  morti- 
fications, ses  conseils  et  ses  prières;  aussi,  confus 
et  irrité  de  tant  de  défaites,  Satan  lui  apparaissait 
souvent  sous  les  formes  les  plus  hideuses,  l'arcalddil 
d'injures,  le  frappait  cruellement,  employait  t<iiis 
les  moyens  pour  le  faire  tomber  dans  le  péché.  Mais 
le  Saint  se  livrait  alors  avec  tant  d'ardeur  à  l'oraison 
et  il  macérait  tellement  sou  corps,  qu'il  forçait 
l'esprit  de  ténèbres  à  prendre  la  fuite. 

VISITE  DE  L'ÉV£(}UE  OE  STRACUSE 

La  sainteté  et  les  lumières  surnaturelles  dont  il 
était  favorisé  lui  attiraient  les  visites  des  plus 
illustres  personnages.  L'évêque  de  Syracuse  lui- 
même  voulut  s'assurer  si  la  rumeur  publique 
n'avait  rien  d'exagéré.  Conrad  n'était  point  à  sa 
grotte  quand  le  prélat  y  arriva;  eu  vniu,  ce  der- 
nier chercha-t-il  un  meuble  ou  qnel.jue  provision 
dans  ce  pauvre  réduit,  il  ne  put  trouver  autre 
chose  que  le  crucifix  at'.aché  au  cjur.  Bienl6l,  le 
solitaire  rentra  dans  son  ermjLage,  et  surpris  d'une 
rencontre  si  inattendue,  ?td'uu  honneur  dont  il  se 
croyait  indiLiiie,  il  se  jeta  aux  pieds  de  son  évêque 
et  s'entretint  longuement  avec  lui  des  choses  du 
ciel.  Cependant,  l'heni  e  du  repas  approchait  ;  les 
serviteurs,  sur  l'ordre  d  •  leur  niiitre,  pr.'paraient 
les  provisions  qu'ils  avaient  apportées:  «  Frère  Con- 
rad, dit  alors  le  prélat  en  souriant,  vous  n'avei  rien 
à  offrir  à  vos  hôtes,  vous  n'avez  aucune  provision 
dans  votre  solitude,  est-ce  ainsi  qu'il  convient  de 
recevoir  ceux  qui  viennent  tous  visiter.  »  Le  Sijint 
se  lève  aussitôt  tout  joyeux:  •  Je  vais  voir,  |.  partit- 
il.  -'  '    'l'ii  rien  à  vous  oITrir.  ••  n  >;'•■!■    ■• -l  rentre 

I  ,  tenant  dans  ses  i,  ■  petits 

;is  et  délicienx.  !,'•  '    ,-  •■  c  rv%- 

':ie  venant  du  ciel,  les  niels  que  lui  offrait 

,  et,  de  retour  à  la  ville,  il  proclama  la 

-  liiiNté  du  pieux  ermite  et  le  bonheur  de  celui  qui 

ni'  :  toute  sa  confinnc"  .^n  Dieu. 

L.-S  visites  que  Croirai  rocev.iient  nVlai«nt  pa-; 

l"U| 'urs  aussi  neureuse-.  lin  vendredi  qu'il  revenait 

J     jifier  devant  le  crucifix  de  ^oto,  lroi<  •  r* 

aiT.iMi-3  l'as'^.iillirenl  et  h'  (lagollèrent  •:  it 

■s  do  vei_-  qu'il   n'avait   ricu  a  leur 

r    à    ma  pieux     ermite,     ^ui     ne 


•I 


Leur 
ville  . 


à   l.\ 
d.ijà 


même  la  sentence  était  prononcée  contre  eui,  et 
ce  ne  fut  qoe  grâce  à  l'intervention  charitable  de 
leur  victime  qu'ils  furent  soustraits  aux  supplices; 
mais  ils  n'échappèrent  pas  à  la  justice  du  Juge 
suprême  et  firent  une  triste  fin. 

Cependant  les  années  s'écoulaient  et  l'admirable 
pénitent  «entait  que  l'heure  du  repos  ne  larderait 
pas  à  sonner;  il  voulut,  par  une  confession 
générale,  affermir  la  paix  de  saconseience  ;  à  cet  effet, 
il  vint  trouver  l'évêque  de  Syracuse,  son  confesseur. 

Comme  il  entrait  dan?  les  jandins  du  palais  épis- 
copal,  une  multitude  d'oiseaux  vinrent  prendre  leurs 
ébats  autour  de  lui  ;  ces  innocentes  créatures  lui 
firent  de  même  cortope  a  son  retour  jusqu'à  l'ermi- 
tape,  à  la  grande  admiration  de  ceux  qui  virent  ce 
prodige. 

L'nange  avertit  le  Bienheureux  du  moment  précis 
de  sa  mort.  Dés  lors,  le  disciple  de  saint  François 
n'eut  plus  d'autre  préoccupation  que  celle  de  se  pré- 
parer i  paraître  devant  Dieu  ;  il  fit  tailler,  dans  le 
rocher  de  sa  cellule,  une  sorte  d'autel  pour  y  placer 
le  crucifix  et  mourir  à  ses  pieds.  Les  ouvriers,  qu'il 
avait  demandés  pour  ce  travail,  étaient  impuissants 
a  faire  tomber  un  gros  bloc  de  pierre  qui  les  gênait. 
Le  Saint  n'y  eut  pas  plutôt  porté  la  main,  que  le 
bloc  tombe  sans  aucune  difficulté  ;  et  le  petit  autel 
fut  achevé  en  un  instant. 

L'un  de  ces  ouvriers  voulut  partager  la  vie  du 
solitaire.  Conrad  lui  lit  observer  tout  ce  qu'un  pareil 
projet  avait  de  dur  et  de  difficile,  lui  demanda  s'il  se 
sentait  le  courage  d'embrasser  le  renoncement  d'une 
manière  aussi  complète  et  si  contraire  au  bien-être 
de  la  vie  du  monde,  pour  suivre  Jésus  crucifié  dans 
la  pénitence  et  la  pauvreté  volontaire.  L'ouvrier 
insista  pour  élre  reçu.  Conrad  le  revêtit  alors  d'un 
habil  semblable  au  sien,  et  l'accepta  pour  son 
disciple.  Le  nouvel  ermite  fut  d'abord  docile  aux 
enseignements  de  son  maWre;  pendant  deux  ans 
tout  alla  bien;  il  s'efforçait  de  marcher  sur  les  traces 
du  Uienheureiii,  mais  fallait-il  s'attendre  à  n'avoir 
point  de  tentations?  C'eût  clé  mal  connaître  le  démon. 
Les  assauts  de  l'ennemi  des  imes  furent  violents. 
Frère  Conrad  ne  négligea  rien  pour  fortifier  son 
disciple;  il  lui  prédit  les  grands  malheurs  qui 
l'attendaient  s'il  venait  à  quitter  sa  vocation;  mais 
celui-ci  ne  voulut  rien  entendre,  sinon  la  voix  per- 
fide du  tentateur.  Il  abandonna  la  solitude  et 
retourna  dans  le  monde  pour  se  marier.  Il  n'y  trouva 
as  le  bonheur  >iue  Satan  lui  avait  fait  espérer,  mais 
a  prédiction  du  serviteur  de  Dieu  s'accomplit,  et  i-a 
vie  fut  remplie  de  toutes  sortes  d'adversités. 

Dans  une  famine  qui  désula  la  contrée,  le  bien- 
heureux solitaire  pourvut  à  la  nourriture  d'un  grand 
nombre  de  pauvres.  —  A  su  prière,  les  anges  lui 
apportaient  le  pain  nécessaire  à  mesure  qu'un  venait 
lui  en  demander;  c'est  ain<i  qu'il  sauva  niiracult-u- 
jement  de  la  mort  des  milliers  d'alTamés. 

Il  opéra  encore  de  nombreux  miracles,  jusuu'a  la 
veille  de  sa  mort,  et  fit  d'étonnantes  prophéties  à 
plusieurs  de  ceux  qui  venaient  le  voir. 

MOkT  KT  siri'LTUki 

Le  ^and  jour  allait  enfla  paraître  pour  l'ime 
impatiente  de  notre  Saint.  La  veille,  il  se  rendit  h 
Noto,  y  communia  avec  une  ferveur  tout  anc>''liquc. 
fit  conii.illr-  4  «on  confesseur  «.i  ni'>rt  prorhaiue  et 
son  4isir  d'être  •  i.'->-vrli  dans  I  ^amt-.NIco- 

las,  4  Noto.  Il  lui  )<i'  lit  nii<^i   !  nds  qui  *'é- 

leveraient  enlr»  !■  »  ue  ville  et  ceux 

d'Iiybla,  au  lujet  de  ■  <  «.i  mort  ;  puis 


r. 


il  l'invita  k  venir  l'assister  le  lendemain  à  sa  der- 
nière heure,  et  il  rentra  dans  sa  cellule. 

Le  prêtre  aimait  sincèrement  le  frère  Conrad  ;  il 
ne  put  retenir  ses  larmes,  à  l'annonce  de  sa  fin  pro- 
chaine .  Le  lendemain  il  se  rend  à  l'ermitage,  et 
trouve  le  Bienheureux  en  prière,  à  genoux  aux  pieds 
du  crucifix.  —  Il  s'approche,  le  Saint  n'interrompt 
pas  son  oraison,  il  semble  que  son  àme  soit  déjà  en 
possession  de  son  Dieu.  —  Quelques  instants  avant 
l'heure  prédite,  la  lièvre  saisit  le  solitaire;  appuyant 
alors  sa  tête  sur  l'autel,  frère  Conrad  recommande 
à  Dieu  ses  bienfaiteurs,  ses  amis,  et  les  habitants  de 
Noto  et  d'Ilybla.  —  Soudain  la  grotte  s'illumine 
d'une  brillante  clarté,  et  l'àmedu  Bienheureux  s'en- 
vole vers  le  ciel,  portée  par  des  anges.  —  C'était  le 
19  février  de  l'an  1351.  —  Ebloui  parcelle  céleste 
lumière,  le  prêtre  croyait  l'ermite  encore  en  vie,  car 
il  ^tait  resté  à  genoux  devant  l'image  de  Jésus  cru- 
cifl'^,  comme  pendant  son  oraison.  Il  >'assure  cepen- 
dant, en  louchant  le  corps  glacé  du  serviteur  de 
Dieu,  que  son  àmc  est  allée  recevoir  la  récompense 
de  SCS  vertus,  et  il  se  met  à  pleurer  la  perte  d'un 
ami  si  cher. 

Dans  le  même  instant,  les  cloches  de  .Noto  et  d'Hybla 
sonnent  d'elles-mêmes.  Les  habitants  comprennent 
l'avertissement  du  ciel  et  se  rendent  en  foule  à  la 
grotte  du  saint  nénitent  pour  s'emparer  de  ses  pré- 
cieuses dépouilles.  Alors  éclatent  les  disputes  pré- 
dites. Les  gens  d'Hybla  réclament  le  corps,  les  gens 
de  Noto  déclarent  qu'il  leur  appartient;  la  querelle 
s'envenime  et  on  en  vient  aux  mains,  mais  ô  pro- 
dige! on  se  lance  des  flèches,  les  traits  ne  partent 
pas;  on  se  frappe,  nul  n'est  blessé.  Ces  mei veilles 
arrêtent  les  combattants.  Le  prêtre  affirme  alors  que 
la  dernière  volonté  du  frère  Conrad  était  de  reposer 
dans  l'église  de  Noto;  toutefois  il  propose  d'en  appe- 
ler au  défunt  lui-même.  —  Après  avoir  déposé  avec 
respect  ses  précieux  restes  dans  une  bière,  il  fait 
avancer  quatre  citoyens  d'Hybla  ;  ceux-ci,  en  dépit  de 
leurs  efforts,  ne  peuvent  souleverle  cercueil.  Quatre 
habitants  de  Noto  viennent  à  leur  tour  et  l'empor- 
tent avec  autant  de  facilité  que  s'il  eût  été  vide.  Ces 
vénérables  dépouilles  furent  placées  dans  une  cliAsse 
d'argent  d'une  grande  valeur,  et  déposées  dans 
l'église  de  Saint-.Nicolas,  à  Noto. 

De  nombreux  miracles,  opérés  sur  son  tombeau, 
ou  par  son  intercession  attestèrent  la  sainteté  du 
serviteur  de  Dieu;  aussi  ne  put-on  retenir  l'enthou- 
siasme de  la  population  ;  elle  lui  décerna,  sans  l'auto- 
risation préalable  du  Saint-Siège,  les  titres  et  le»  hon- 
neurs des  bienheureux,  par  I&  encourant  les  censures 
ecclésiastiques.  Le  pape  Léon  X,  en  ISIR,  crut  devoir 
remédier  a  ces  abus,  pour  la  cloire  même  du  saint 

fiénilent;  il  leva  les  censures  encourues,  et  autorisa 
e  culte  du  bienheureux  Conrad.  —  Sa  fête  fut  dès 
lors  célébrée  avec  solennité  le  19  février,  dans  la 
ville  de  Noto,  jusqu'à  ce  que  Paul  V  l'étendlt  à  toute 
la  Sicile,  et  Urbain  VIII  à  l'Ordre  de  Saint-Krançoi», 
en  décernant  au  llienlieureux  le  titre  de  Saint. 

Ses  reliques  se  conservèrent  inlaclrs  longtemps 
apm  sa  mort;  et  chaque  fois  que  l'on  ouvrit  son 
tombeau,  un  parfum  céleste  s'en  exhala.  Saint  Conrad 
est  spécialement  invoqué  pourlaguérisondeshernits 
parce  qu'il  en  a  guéri  beaucoup  durant  sa  vie  et 
après  sa  mort.  •  Ainsi,  conrliit  le  père  Léon  dan» 
r.4uri'nf<r  st'rohhique,  le  Seigneur  qui  s'intéresse 
.\  la  moindre  ue  nos  douleurs,  comme  la  plus  tendre 
de»  mèras,  départit  souvent,  dans  un  ordre  à  ses 
•ininls,  fleurs  merveilleuses  du  ciel,  le»  propriétés 
qu'il  a  mises  dans  les  plu»  humble  •    •  '  de  no» 

cimpagnes,  pour  talmer  et  guérir  :  '.■;inc«s.  • 


lnip.-(rffo"(,  t.  PctiTHiiiiKr,  M,  rue  Kr«n<.<ii«  I",  |>«n» 


SAINT  ELCHER,  ÉVÉOLE  D'ORLÉANS 


Péte  le  20  février. 


Un  envoyé  du  roi  vient  retrouver  saint  Eucher. 


PB1?VEN<m:ES  MEHVElU.BrSES  DE  LA   GRACE  DIVINE 

Saint  Eucher  naquit  près  d'Orléans  l'an  6S7, 
de  parents  plus  noi.les  encore  par  leuréminpnlp 
piété  que  par  le  ran«  élevé  qu'ils  occupaient  dans 
le  mond».  Leur  ^ie  sainte  attira  sur  eux  de 
(.Tandes  grâces,  et  Oieu  voulut  leur  donner  un  fils 
prévenu  de  ses  faveurs  dès  le  hcrceau,  qui  devait 
devenir  un  jour  un  urand  évéque  pour  le  salut 
de  |ir<aucoup  d'ànies.  Sa  bonté  voulut  ini''me  leur 
faire  connaître  d'avance  le  trésor  qu'il  leur  con- 
fiait. Il  se  servit  pour  cela  d'un  songe  ;  car  bien 
que  les  sonf;e«  ne  soient  habituellement  que  pures 
iniai!inalion«  inutiles  et  sans  portée,  Dieu,  qui 
peut  tout  pt  à  qui  tout  obéit,  a  voulu  quelquefois 
s'en  servir  pour  révéler  certaines  choses  et  cela 
dp  telle  façon  que  l'on  sAt  bien  que  ces  révéla- 
tions venaient  île  lui. 

Quelque   temp''   avant    la  naissance  de    saint 


Eucher,  sa  pieuse  mère,  après  l'heure  des  Matines, 
étant  revenue  de  léslise,  où  elle  passait  des  jour- 
nées pntières  en  oraison,  comme  elle  prenait 
quelque  repos,  vit  en  sonsp  apparaître  près  de 
son  lit  un  homme  vénérable.  Il  était  revêtu  d'une 
robe  plus  blanche  que  la  iieite.  ses  cheveux 
étaient  d'une  beauté  remarquable,  ses  yeux 
avaient  l'éclat  des  pierres  précieuses.  Enfin  tout 
en  lui  indiquait  qu'il  était  chareé  d'une  mission 
importante.  •<  Que  Pieu  soit  avec  vous,  dit-il.  <'> 
bieii-aimée  du  .Seipneur:  vous  serei  la  mère  d'un 
enfant  de  bénédictjnn,  d'un  enfant  dont  le  Sii- 
eneur  a  fait  l'objet  de  se«  complaisances.  Sache? 
qu'il  a  étf^  choisi  de  Itieu  de  toute  éternité  pour 
devenir  évèaue  de  cette  ville  qu'il  illustrera  . li- 
ses vertus.  Il  sera  le  bonheur  des  peuples  de  cps 
contrées,  la  confusion  des  méchants  et  un  crand 
nombre  d'Ames  devront  leur  salut  à  sa  TÏgilance 
palprnpllp.  » 


3U 


La  vertueuse  mère,  remplie  lout  ensemble  de 
foi  et  Jailmiration,  s'écria  :  «  0  an^je  de  Dieu, 
puiwiue  li;  Seiyneur  a  dai^'iié  vous  envoyer  vers 
moi,  sou  iiuli^nc  créature,  et  gratilier  d'une  telle 
laveur  sa  pauvre  servante,  je  vous  en  supplie, 
ne  vous  éloifiuez  pas  de  moi  sans  m'accoriler,  i 
mon  lils  et  à  moi,  votre  liénédiction.  —  Oui, 
reprit  le  messager  divin,  je  suis  envoyé  pour 
vous  bénir.  » 

Il  la  bénit  en  effet  et  disparut,  laissant  l'heu- 
reuse mère  dans  des  consolations  inexprimables. 
Celle-ci,  à  sou  réveii,  til  part  à  aou  luaci  de  ceUa 
vision  miraculeuse,  car  elle  savait  qu'elle  venait 
certainement  de  l>ieu.  Tous  deu.\.  pénétrés  de 
crainte  et  de  reconiiaisBance,  tombèrent  à  ::ennux, 
remerciant  Dieu  d'un  si  jirand  bienfait  et  altea- 
dirent  avec  conliancc  laréalisation  dus  promesses 
de  l'ange. 

l'eNF*'nT  est  BAPTIsi  tStl  SAINT  ACSB8HT. 

L'enfant  naquitet  reçut  le  nom  d'Kucher.  Pour 
le  faire  baptiser,  ses  parents  attendirent  qu'il  fût 
en  état  de  répondre  lui-même  :  c'était  un  usage 
assez,  fréquent  en  ce  temps-là,  mais  qui  n'est 
plus  conforme  à  la  discipline  actuelle  de  l'E^ilise. 
.Min  d'bonorer  la  sublime  vocation  à  laquelle 
Dieu  l'avait  appelé,  ils  le  préseutèreiit  à  l'évéqus 
d'.Auttm,  saint  Ausbert,  et  lui  racontèrent  ce 
i|u'ils  savaient  des  desseins  de  Dieu  suc  cet 
enfant. 

Ausbert  en  fut  dans  une  grande  joie  et  se  féli- 
cita d'avoir  le  bonbeur  d'introduire  dans  le  sein 
de  l'LL'Iise  mililanto  ce  futur  élu  de  l'Etjlise 
triompbante.  Il  le  prit  lui-même  dans  ses  bras, 
et,  l'élevant  vers  l<;  ciel,  rendit  ;.'r;\ces  à  Dieu  de 
cette  insi;;nc  faveur.  Puis  il  le  plongea  dan.s  les 
eaux  réiiénératrioes  du  hapU^me. 

Kn  même  temps,  il  lui  conféra  lu  sairrement 
de  Confirmation,  qui  rêiLiinlit  dans rfimi*  dupré- 
destiné,  avec  les  s'  iint^lCspnl,  ce 

trésor  de  grâces  qui  :  tous  les  jours 

de  sa  vie. 

Cette  touchante  (•  ée,  saint  Aus- 

bert bénit  les  parenlà  ei  leur  proiliuua 

de   ^iraiides   marque-,  du  l  leur    permit 

de  retourner  dans  b'iuT  dammuti. 


UN  JEINB  SAI.M  \u 


DK  SB»  rhX'DBP 


La  sainteté  d'EucbeirAdhtaitdéjà  dan»  un  dfu 
si  tendre  et  elle  auemcntait  avec  le«  année».  H 
avait  sept  ans  ipiainl  si-s  parents  son;;'r'-iit  à  lui 
donner  une  éducation  tout  h  fait  ecclésiastique. 
D  s'adonna  d'abord  à  l'étude  ile>  lullrus.  Son 
iiit>'lli:.'i-iii;>-  précoce,  son  amour  du  travail  lui 
valurent  bienti'<t  les  premières  places  parmi  ses 
rondi''<-iple», 

Itientiit  il  poiwédft  à  fioad  la  science  de»  Eopi- 

ture^  •'!  .If'h  s.tiut!»  CiiMin*. 

A  III  I   <Uns  In  cnnn.'iis««no» 

de  lu  i  II  àme  ibilmnliiit  dU  fBU> 

de  ton  amnur.  Iji  sctenne,  îoia  dr  l'i-nller  de 
\.inité.  iiélait  pour  lui  ipi'on  movi-n  .li'  -'unira- 
l>i'       I  ivant.iee  et  d'avanorr   II' pli.  ium 

1-    >   X  iiiiii   lie  1.1  vertu.  Il  ne  s.;  .    ,  -    pas 

d'ail):     Il  ll'>-  r.f  qui    e>it    biillu   il   II'   pl.iUipiHtC. 
Il  1  i|i;i  ■! '.'lit  lotm  •>»«  «iir'CMH  ix  In  lioiiti^  iri-' 


lUtirent  qu 


)      -Il      il       .-M     .  .      •-.      • ' 

1 :       1  '  •  •  ;    1  n . 

I    -!•    ■iiii-nliT  lit   .  oinini!   II! 

Iemii»r  do»  lioinin»^    Jé»u*- 

■1.     r.  .  ,.t  .1»^  vï 

ilul   pour 

p.il      la      ;.ili».-«"      L'InirO 

*on  espéranrenn  Diva. 


Le  Saint  lepou-^sait  les  assauts  du  prince  des 
ténèbres  et  résistait  à  ces  tentations  avec  une 
incroyable  énergie,  puisée  dans  la  prière  et  dans 
les  mortiQaations  qu'il  imposait  à  son.coDpai 

IL  SK  IMT  RBLlùlELX   A   JIMIÈGES 

Euciier  entra  d'abord  dans  le  clergé,  sous 
l'évéque  Léodebert,  et  si;.'nala  son  zèle  dans  plu- 
sieurs fonctions  importantes  qu'il  eut  à  remplir 
à  Orléans. 

-Mais  le  Sei;;neur,  qui  voulait  le  |voir  mener  une 
vie  plus  parfaite,  lui  fournil  l'occasion  de  corres- 
pondre à  ses  désirs.  Tandis  qu'il  cher.hait  à 
approfondir  le  sens  des  Lccilures,  il  tomba  sur 
ce  passage  île  l'ApiUre  où  ii' «si  dit  que  le^  biens 
de  ce  monde  ne  sont  qu'une  ligure  passa^'ére, 
qu'un  faiiti^me  qui  s'évanouit,  et  que  la  sa^jesse 
de  ce  siècle  e-^l  une  folie  dev,-iiil  Dieu. 

Cette  coiisidériUion  de  In  vanité  de  ce  qui  est 
emporté  par  le  temps  lui:  lit  aporécier  plus  qu'il 
ne  l'avait  encore  fait  iu.s<|Uû-là  les  biens  éternels 
réservés  au.x  élus.  Ce  ftit  comme  un  trait  qui 
vint  percer  son  àme  pour  loi  rendre  inaccessible 
au.\  choses  île  la  terre  et  renllammer  d'un 
amour  tout  divin.  Il  résolut  <lés  lors  de  se  don- 
ner à  Dieu  sans  réserve.  Ayant  donc  abandonné 
le  monde  et  lout  ce  qui  pouvait  le  lui  rappeler, 
il  alla  s'enfermer  dans  le  monastère  bénédictin 
de  Jumieges  71 +;.  C'était  alors  une  de<  princi- 
pales abbayes  de  France,  ^olre  Saint  avait  vingt- 
sept  ans.  et  beaucoup  d'honneurs  semblaient 
l'attendre  dans  sa  patrie;  il  préféra  Dieu  seul  à 
tout  le  reste. 

VBIirrs    IiONASTI(.>UES 

11  devint  le  modèle  de  ses  frères  par  sa  ferveur 
aux  offices  divins,  son  inépuisable  charité,  son 
7.èle  d.ins  levercice  de  ses  devoirs  religieux. 
Inexorable  d^ins  «on  austi-rit<'-,  il  ne  donnait  à  In 
chair,  qu'il  regardait  comme  une  source  de  péché, 
aucune  commodité,  et,  pour  la  dompter,  il  la 
soumettait  à  toutes  sorXi'S  de  mortifications  et  de 
pénitences. 

^oii  .iine  Irouv.Tit  dans  In  prière  et  la  contem- 
plation un  aliment  qui  l'entretenait  sans  cesse 
dons  la  ferveur,  la  lumière  et  la  force. 

Rempli  de  ^r'ices  extraordinaires  dans  la  Sainte 
Communion,  il  aimait  h  rester  au  pied  du  taber- 
niusle  et  ne  pouvait  su  n'-sniidre  a  interrompre 
se»nnmniunicatinn.i  intimes  avec  le  Dieu  de  l'Ku- 
cliarislie.  Il  f.ill.iit  que  Inbensaii-e  vint  mettre 
un  terme  h  se»  «nmt»  tmir>port». 

D'une  pureté  aiijelique,  il  avait  pour  la  Très 
Sainte  Viertie  une  dé\otiou  toute  particulière.  Il 
lui  demaiiil.iil  sans  ces--e  de  lui  con>ei\er  cette 
vertu  sublime,  par  laiiueUe  nous  appiochun»  le 
plus  près  ,1,.  Dieu,  et,  de  son  roté,  il  veillait  avec 
un  i/i.inil  ^oin  sur  ce  tvésor  ioestimulile. 

:.  DKNÉaicTM.  nivau  ivâiocK 

b'ne                             '   '  :;.!■:.  II.   iii  ■  r 

oaohtV  .                   I  .11-  !.  ' ,      I .. 

divin  .Miiilre  <li'v,nt  |>l»c«»r  ute 

sur  le  eli.iiicli'lin    -it^r.  '^U'-  !> 

.'imps  et'  l»~«  

Vers-  II'    m  i 

Iir  pnxteur    I'-MI'  le    lll.'lne    ^  !  :.  . 

1    mourut  if»r<'»  iinp   >•».•  «ein'  .-e, 

■il   n-imi   pour  cil. M'ir  un    uouvnl 

veut  -<iir  rrofri»  *niiif    ilmit  Iw» 


ll«  •«■JeUTell 


■ .  1     \ .  1  m  I 
'iH.^t,  ret- 


larmes,  ils  lui  dirent  :  "  Prince  très  illustre, 
écoutez  favorablement  notre  requête.  Vos  Qdéies 
sujets  d'Orléans  viennent  de  perdre  leur  pas- 
teur, le  vénérable  Suavaric.  C'est  pourquoi  ils 
conjurent  votre  bonté  de  permettre  que  son 
neveu  Euclier  devienne  leurévèque.  ■. 

Charles  accéda  généreusement  à  leur  demande, 
et  pour  montrer  combien  il  la  prenait  en  consi- 
dération, il  les  fit  accompagner  d'un  officier  de  sa 
iiarde.  Celui-ci  devait  s<'  rendre  à  Jumiè^es  pour 
tirer  Eucher,  bon  are,  mal  are,  de  son  couvent  et 
le  conduire  solennellement  à  Orléans  où  il  devait 
-tre  sacré  évèque. 

A  cette  nouvelle,  l'humble  moins  ne  put  con- 
tenir sa  surprise  et  l'extrême  afiliction  de  son 
âme.  Il  se  présenta  devant  ses  frères  et  leur  dit 
en  pleurant  :  "  Pourquoi,  mes  bien-aimés  frères. 
soulTrez-vous  que  je  m'expose  de  nouveau  aux 
piés«s  et  aux  séductions  trompeuses  du  siècle; 
j'ai  abandonné  le  monde  et  s;i  aloire,  afin  de 
marcher,  libre  de  toute  entrave,  sur  les  traces 
de  Jésus-Cbrist,  mon  .Seigneur:  faut-il; donc  que 
je  sois  encore  précipité  an  milieu  de'  se»  tour- 
billon.s?  -. 

La  joie  des  reiideux  était  grande  de  voir  que 
le  Seieneur  avait  daicné  choisir  parmi  eux  un 
pasteur  des  âmes.  .Mais,  d'un  autre  côté,  ils  ne 
pouvaient  se  consoler  à  la  pensée  que  ce  frère 
chéri  allait  s'éloianer.  En  effet,  Eucher  s'était 
attiré  l'alfection  de  tous  par  ses  vertus.  .Son 
exemple  ranimait  les  faibles,  les  stimulait  à 
l'observance  de  la  règle,  si  bien  que  la  charité 
avait  formé  entre  lui  et  ses  frères  comme  des 
liens  indissolubles. 

Toutefois,  ils  ne  voulurent  point  préférer  leur 
bien  particulier  à  l'intérêt  de  tout  un  diocèse,  ils 
n'insistèrent  point  pour  le  retenir  et  le  remirent 
aux  envoyés  d'Orle'ans.  Eucher  se  soumit  à  la 
volonté  de  Dieu  e   sacrifia  ses  répugnances. 

Après  avoir  reçu  la  bénédiction  de  l'abbé  et 
s'être  assuré  que  ses  frères  l'aideraient  par  leurs 
prières  à  porter  le  lourd  fardeau  de  l'épiscopat, 
il  quitta  son  cher  monastère  et  se  dirigea  vers 
Orléans. 

A  la  nouvelle  de  son  approche,  le  clergé  et 
le  peuple  se  portèrent  à  sa  rencontre  ;  en 
même  temps,  un  grand  nombre  d'évèques  étaient 
accourus  des  cités  voisines. 

Son  entrée  dans  la  ville  fut  un  véritable 
triomphe.  On  baisait  ses  habits,  la  trace  de  ses 
pifds;  on  ne  pouvait  se  rassasier  de  le  voir,  tant 
était  grand  le  renom  de  sa  sainteté. 

GOUVERNEMENT    P.4ST0RAL 

Ses  premiers  soins,  dès  qu'il  se  vit  ''levé  sur  le 
sièfie  dTirlêans,  furent  de  visiter  les  enlises  de 
son  diocèse,  de  veiller  sur  le  clerRé  et  de  donner 
à  son  peuple  d^s  instructions  pleines  de  saaesse 
pt  de  prudence.  Il  llagellaut  les  vices,  avertissait 
l'^s  criminels  publics  et  s'efforçait,  dans  ses  pré- 
dications, de  faire  aimer  partout  la  vertu  aonl 
il  était  rempli  lui-même. 

l.es  monastères  étaient  pour  lui  l'objet  d'une 
srdiicitude  toute  spéciale  ;  non  content  de  les 
visiter  souvent,  il  en  faisait  encore  construire  à 
s<>s  frais  et  rénandait  autour  di-  lui  l'amour  de  la 
vie  religieuse.  Le  clergé  elle  peuple  étaient  animés 
pour  leur  saint  pasteur  d  une  vénération  sans 
••.•aie  fil  mettaient  toute  leur  joie  à  observer  ses 
OIS  -aluUiires. 

CHARLKS   MtATEL  s'f.MPABF.  DKS  HIENS  DE»  EGLISES 

L'esprit  du  mal,  jaloux  de  sa  sainteté  et  de  sa 
gloire,  résolut  d'y  mettre  un  terme.  Il  en  trouva 


l'occasion  dans  l'ambition  du  duc  des  Francs. 
Celui-ci.  pour  subvenir  aux  frais  de  ses  guerres, 
ne  rougit  pas  de  dépouiller  les  églises  et  de  mettre 
la  main  sur  les  biens  du  clergé.  Parfois  même, 
on  le  vit  distribuer  des  évôchis  et  des  abbayes 
comme  récompenses  à  ses  compagnons  d'armes. 

É-NERCIQUES  PROTESTATIONS  DE  SAINT  EUCHER 

Saint  Eucher  et  plusieurs  autres-  évéffiies 
réprouvèrent  ouvertement  cet  acte  sacrilêL'c. 
"  CommenI,  s'écria  le  saint  prélat,  vous  que  llii^i 
a  choisi  pour  i>rotéger  l'Ealise  et  la  défendre 
con'.re  ses  ennemis,  osei-vous  abuser  de  votre 
puissance  pour  l'opprimer  vous-même!  Songez, 
Il  prince  I  que  .lésus-Chri=t,  au  jour  du  jugement, 
vous  demandera  compte  des  mauv  que  vous 
aurez  fait  souffrir  â  ses  membres.  Il  considère 
comme  sou  bien  propre  le  bien  de  ses  tidéles, 
et  malheur  à  celui  qui  leur  ote  ce  bien,  parce 
qu'il  s'attaque  à  Uieu  même  n 

CALO.«.MKS  GÛNTBa  LE  SAl.NT 

Les  ennemis  d'Eucher,  dont  la  vie  peu  édifiante 
était  réprouvée  par  ses  vertus,  profitèrent  de  cet 
incident  pour  achever  de  le  di.scréditer  auprès 
de  Charles  Martel.  Ils  inventèrent  contre  lui  les 
plus  odieuses  calomnies.  Ils  le  dépeignirent 
comme  l'ennemi  de  sa  famille  et  le  partisan  di-s 
Mérovingiens,  et  conseillèrent  au  prince  de  l'en- 
voyer en  exil.  Ce  seul  motif  suffit  pour  exaspérer 
le  duc,  déjà  irrité  de  l'opposition  de  l'évêque. 
Mais,  ne  voulant  pas  user  de  violence  contre  le 
Saint,  au  moment  de  se  mettre  en  campagne 
contre  les  Sarrasins,  il  remit  à  plus  tard  le  soin 
de  se  venger. 

SAINT  EUCHER  EST  EXILÉ 

A  son  retour  de  la  fameuse  bataille  de  Poitiers, 
Charles  Martel,  passant  par  Orléans,  ordonna  à 
l'évêque  de  le  suivre  à  Paris.  Le  Saint  n'ignorait 
pas  les  embûches  qu'on  lui  tendait;  toutefois,  il 
ne  fit  aucune  difficulté.  Dans  la  prévision  <(u'il 
ne  reverrait  pas  son  cher  troupeau,  il  lui  fit  de 
touchants  adieux,  dans  lesquels  il  l'exhortait  à 
demeurer  toujours  fidèle  à  ses  devoirs  et  à  se 
soumettre  à  la  volonté  du  Seigneur. 

Le  peuple  ne  put  contenir  sa  douleur;  on  n'en- 
tendait dans  l'église  que  des  pleurs  et  des  gémis- 
sements. Il  fallut  pourtant  se  séparer,  et  saint 
Eucher,  bénissant  la  main  de  la  divine  Providence 
qui  l'éprouvait,  se  remit  à  la  discrétion  du  prince. 
Rempli  du  désir  de  souffrir  pour  son  divin  Maître, 
il  accepta  avec  joie  tous  les  maux  qui  lui  venaient 
de  la  nart  des  créatures.  Il  avait  occupé  le  sièf,e 
d'Orléans  pendant  seize  ans. 

Lorsqu'il  fut  arrivé  à  Paris,  Charles  Martel 
donna  l'ordre  de  le  conduire  à  Cologne,  lieu 
désigné  pour  son  exil.  Il  fut  reçu  avec  autant 
d'honneur  et  de  bienveillance  par  le  clergé  et 
par  le  peuple  de  celte  ville  qpc  s'il  se  fut  trouvé 
au  milieu  de  son  troupeau.  On  le  considérait 
comme  victime  de  son  devoir  et  on  l'entourait 
de  grandes  marques  de  vénération. 

Le  bruit  de  cette  popularité  arriva  bienldt  aux 
oreilles  du  prince  franc.  .Ne  pouvant  souffrir 
i|u'il  jouit  d'une  si  grande  considération,  et  crai- 
gnant qu'elle  ne  causât  du  |>réjudice  à  son  auto- 
rité souveraine,  il  le  fit  déporter  secrètemeni 
dans  le  pays  de  Liège  et  le  remit  à  la  garde  du 
duc  Robert. 

Celui-ci  le  reçut  avec  de  grandes  démonstra- 
tions de  joie  et  de  respect.  Sa  confiance  dans  le 
saint  prélat  devint  telle  qu'il  déposa  entre  ses 
mains    d'abondantes    aumAnes.    dont    l'illusire 


. 


exilé  se  servit  pour  soulaser  les  pauvres  et  doter 
l.s  raonastéres.  Au  milieu  de  cette  t'-rre  d'Eiiypte. 
il  était  comme  un  autre  Joseph  chargé  de  distribuer 
à  ses  frères  malbeureux  les  richesses  de  Pharaon. 

IL  SE  RETIRE  AU  MONASTÈRE  DE  SAINT-TRUDON 

Mais  comme  il  préférait  par-dessus  tout  la 
solitude  du  cloître,  il  demanda  au  duc  la  i:ràce 
de  se  retirer  dans  le  monastère  de  Saint-Trudoii 
pour  y  vaquer  à  l'oraison  dans  le  silence  et  le 
recueillement,  ce  qui  lui  fut  accordé. 

Il  retrouva  dans  ce  sanctuaire  de  la  prière 
une  paix  profonde,  sans  .lucun  mélani-'e  de  préoc- 
cupations terrestres.  Il  demandait  incessamment 
au  Seicneur  de  le  délivrer  de  sa  prison  corporelle 
et  de  le  faire  jouir  de  sa  vue  bienheureuse.  Mais 
il  devait  encore  rester  ici-bas  six  années,  pen- 
dant lesquelles  il  se  prépara  avec  un  soin  extraor- 
dinaire a  paraître  devant  Dieu. 

-A   UIEXHEIRECSE  MORT  SES  MIR\CLE~ 

Le  jour  arriva  où  il  devait  s'unir  pour  toujours 
à  son  Dieu.  Sentant  approcher  sa  lin,  il  demanda 
pardon,  aux  relifiieux  qui  entouraient  son  lit  de 
mort,  des  mauvais  exemples  qu'il  croyait  leur 
avoir  donnés.  .\prés  avoir  reçu  le  Pain  céleste 
qui  fortifie  les  ànies  dans  le  passade  de  cette  vie 
à  réternité,  il  se  recommanda  à  la  Très  Sainte 
Trinité,  et.  en  proiionçantces  paroles  :  ■■  Seii;neur, 
je  remets  mon  Ame  entre  vos  mains,  >.  il  alla 
recevoir  la  récompense  des  élus  20  février  T43;. 
Il  fut  enterré  au  monastère  de  Sainl-Trudon. 

Le  Seigneur  ^{lorifla  la  sainteté  d'Iiuclier  par 
plusieurs  miracles  éclatants.  Ine  reliijieu-ie  que 


le  Saint  alTectIonnait  beaucoup  à  cause  de  la 
pureté  de  sa  vie.  avait  allumé,  sur  son  tombeau, 
un  cierge  de  la  grandeur  d'un  homme.  Pendant 
la  nuit,  ce  cierge  tomba  sur  le  drap  qui  recou- 
vrait le  tombeau,  et  tout  en  le  touchant  de  sa 
llamme,  il  ne  lui  porta  aucune  atteinte.  Le  len- 
demain, ceux  qui  étaient  chari-'és  de  la  irarde  de 
ré;,'lise  furent  saisis  de  crainte  et  d  admiration 
à  la  vue  de  ce  prodige  qu'ils  attribuèrent  à  la 
vertu  du  saint  évéque. 

Ln  homme  que  saint  Eucher  avait  converti  à 
la  foi  chrétienne  remplit  une  lampe  d'huile  et  la 
plaça  prés  de  son  tombeau.  Le  liquide  aui-menta 
peu  à  peu  jusqu'à  ce  que  le  vase  iiui  le  contenait 
commença  à  déborder,  de  sorte  (ju'avec  l'huile 
de  cette  lampe  on  en  remplit  sept  autres. 

.\  l'anniversaire  de  sa  mort,  coinme  une  grande 
foule,  attirée  par  l'éclat  de  ses  miracles,  afiluait 
à  son  tombeau,  les  vivres  vinrent  à  manquer. 
L'abbé  de  Sainl-Trudon  pria  Noire-Seianeur  de 
lui  venir  en  aide  par  l'intermédiaire  de  saint 
Eucher.  Sa  prière  lut  exaucée,  car,  ayant  ordonné 
de  jeter  les  filets,  il  y  eut  mie  telle  quantité  de 
poisson, que  toute  la  miiliitude  put  être  rassasiée. 

lin  t'rand  nombre  de  t'uérisoiis  eurent  lieu  par 
son  intercession.  De  tous  les  points  du  royaume, 
des  pèlerins  accoururent  à  Saiiit-Trudon  pour 
vénérer  les  reliques  de  saint  Eucher.  Les  aveu- 
gles recouvraient  la  vue,  les  boiteux  l'usage  de 
leurs  jambes;  des  miracles  multipliés  manifes- 
taient la  ;;loire  du  saint  évéque,  que  Dieu  exal- 
tait après  l'avoir  proposé  aux  hommes  comme 
un  modèle  de  patience  et  de  soumission  à  sa 
sainte  volonté. 


lui(>.-vf run/,  L.  l'iiiiiLMiT,  k,  ru<  ï'ruit'v/li  I",   Paru 


SAINT  GEORGES  D'AMASTRIS,  ÉVÊQUE 


Fête  le  21  février. 


Deux  inûocents,  injustement  accusés  d'un  grand  crime,  allaient  être  condamnéi  à  mort, 
quand   saint  Georges  arriva  et  leur  ât  rendre  la  liberté. 


COMMKXT  DIEU  SXAIÇA  LES  PRIEnES  DE  THEODOSI 
ET  DE  MKCtTHO 

Théodose  (don  de  Dieu),  et  son  épouse  Mépétho 
(grandeur),  noble*  et  pieux  i-hrélion?  du  bourc  de 
Cromna,  prisd'Amaslris,  ville  de  l'aplilafl;onie  (Asie- 
Mineure),  furent  les  heureux  parents  de  saint 
George»,  futur  évoque  d'Amasiris.  La  naissance  de 
ce  ûls  les  combla  d'une  grande  joie,  car  ils  avaient 
vécu  de  lonprues  années  depuis  leur  mariage  sans 
avoir  d'enfants,  Leur  vie  était  exemplaire,  mai» 
Méfiétho,  comme  autrefois  Sara,  semblait  vouée  à  la 
vi.irililé  ;  le*  deux  ^potix  mnllipliaicnlleurs  prières 


et  levirs  pi'nitences,  et  Dieu  paraissait  sourd  à  leurs 
suppliialions.  mais  il  ne  différait  de  les  exaucer 
qualiii  d'accorder  davantage  à  leur  persévérance 
pleine  de  confiance.  Enfin,  ils  promirent  au  Seicneur 
df  consacrer  à  son  service,  autant  que  cela  d<'-pen- 
drait  d'eux,  l'enfant  que  Dieu  leur  donnerait,  ce  fut 
alors  que  la  naissance  de  Georges  vint  réjouir  leur 
foyer  domestique  Ainsi,  remarque  l'historien,  Dieu 
a  jilus  d'une  fois  accordé  un  fils  illustre  aux  prières 
de  parent»  stériles,  témoins  Samson,  Samuel.  Jesn- 
liaptisle. 

Ceci  se  passait  versla  moitié  du  vin*  siècle.  George» 
sera  l'un  des  demiers  saints  de  l'Eflise  grecqu",  que 


o-.:^ 


l'ambition  dp  Pbotius  ne  devait  pas  tarder  à  vuuer 
à  la  stérilité  en  la  séjparanl,  par  un  schisme  lamen- 
table, du  centre  vivifiant  de  PEgKse  catholique. 


LE  PETW    GEORGES  DANS  LES    FLAUMES  —  LE    MODELE 
DES   ENFANTS  ET  DES  JEUNES    GENS    —  SACERDOCE 

Le  démon,  dit  le  vieux  chroniqueur  grec  dont 
nous  résumons  le  récit,  le  démon  soupçonnait  que 
cet  enfant  était  destiné  à  l'humilier  et  à  le  vaincre; 
il  n'ignorait  pas  de  combien  de  prières  et  de  bonnes 
œuvres  il  était  le  fruit,   et  l'on   racontait  certains 

prodiges  qui  avaient  -'■■  -t  naissance.  On  peut 

bien,  en  ciïet,  ajout'  auteur,  attribuer  à 

cet  ennemi  des  hou:...-  i  .lUreux  accident  qui 
faillit  coûter  la  vie  au  jeune  fils  de  Tbéodose.  Le 
petit  Georf^os  avait  trois  ans  et  commençait  à 
marcher  avec  assurance,  quand,  un  jour,  il  tomba 
dans  le  foyer.  On  accoarut  le  relever,  mais  l'enfïLiit 
.ivait  les  deux  mains  et  une  jambe  gravement 
brûlées. 

Un  pensa  ses  plaies  douloureuses,  on  y  appliqua 
1.?  ninédes  les  plus  utiles,  et  une  heureuse  guérison 
Mîit  consoler  le  cœur  de  sa  mère. 

Dès  qu'il  fut  en  &f;e  d'étudier,  ses  pareuts  le 
confièrent  à  des  maîtres  aussi  vertueux  qu'instruits, 
et  capables  de  former  son  cœur  aussi  bien  que  son 
intelligence.  Il  étudia  simultanément  les  sciences 
sacrées  et  les  sciences  profanes;  il  s'y  appliquait 
avec  ardeur,  docilité  et  persévérance  ;  mais  sa 
piété  l'inclinait  comme  naturellement  a  approfon- 
dir davantage  l'instruction  religieuse,  et  l'aidait  a 
ramener  toutes  les  connaissances  humaines  à  cette 
■■'Cience  divine. 

Lnnemi  des  passe-temps  frivoles,  des  plaisantent  < 
grossicres,  des  plaisirs  dangereux  et  dissipateurs  qui 
paralysent  chez  tant  de  jeunes  gens  l'essor  des 
études  ;  fuyant,  par  esprit  de  mortification,  la 
mollesse  et  le  luxe,  il  devint  l'huiincar  de  «es  maîtres 
par  ses  progrés  dans  les  sciences  aussi  bien  que 
dans  la  vertu.  Son  application,  sa  maturité  de 
jugement,  sa  gravité  étaient  bien  au-dessus  de  son 
àgc. 

Les  auiiées  de  sa  jeunesse  s'écoulérentainsi  calmei> 
et  fécondes  ;  et  l'auolescent,  parvenu  à  l'&ge  viril,  se 
voyait  entouré  de  l'estime  et  de  l'affection  de  ses 
concitoyens. 

Oiilrju.eadigii  ^dusaccrduce, 

et  \v  liJcIos  le  1 1  [ue  d'Aïuaslris, 

qui  ruidunna  prélte. 

.Ses  vieux  et  bons  parents  viraient  encore,  et 
l'Ujent  la  joie  de  voir  ce  (Ils  si  cher  monter  à  l'autel, 
pour    accomplir   la  pliio  «.ubliine   action  qu'il   soil 


'illIK'   u  un   I. 

<J.I  llil    ,1.1 
.L..;,il.    I  I.' 

I    II.K   1J<  'I 

•  i':  .-cil 
..    :■  ^.     J.    . 
.:.!-U;.c    et    1... 


ui-bos. 

i  exemplaire  que  ^a 
lin  sembla  qu'il  devait 
l'iutc  nouvelle,  piiui 
•  '  'IL  ;.,,i.sja,ut  ; 
la  teire, 
. .  ■  u .-,  devinrent 


I  oiuumenl  de  son  miniblc-re  sacré. 


6I0KCU  DANS    L*  SOLITUDI 


I  iant  ton  bun 
-,  -"in   désir   •: 


là  montagne  silencieuse,  errant  au  hasarda  travers 
la  forêt  qui  couvre  ses  ûancs,  et  priant  l,e  Seigneur 
de  le  conduire  au  lieu  le  plus  propice  à  ses  desseins. 
Il  arrive  ainsi  jusqu'au  faite  de  la  montagne,  solitude 
profonde,  où  ne  montaient  ni  le  bruit  des  cités,  ni 
les  pas  du  voyageur  ;  ilaperçoit  uue  grotte  naturelle, 
propre  à  lui  servir  de  retraite,  et  se  hâte  de  diriger 
ses  pas  de  ce  côté.  Il  est  agréablement  surpris  de 
trouver  en  cette  caverne  un  vénérable  et  saint 
ermite,  qni  l'accueille  comme  un  père  reçoit  son  fils. 

Le  saint  vieillard  vivait  depuis  longtemps  dans 
cette  solitude,  persévérant  dans  l'austérité  et  une 
oraison  continuelle.  Ses  communications  avec  Uieu 
étaient  arrivées  à  un  tel  deiiré  d'intimité,  que  le 
Seigneur  lui  révélait  souvent  les  secrets  de  l'avenir. 

(ieorges  se  mit  comme  un  humble  disciple  sous 
la  direction  de  ce  maître  expérimenté  dans  la  science 
des  Saints,  cl  l'èdiiice  de  sa  peiteclioD,  qu'il  avait 
assis  dans  son  enfance  sur  das  bases  si  solides,  prit 
de  rapides  développements. 

U  HONASTÈU  DB  BONYSSA 

Cependant  le  vénérable  vieillard  n'avait  plus 
longtemps  à  passer  sur  la  terre.  Un  jour,  il  dit  à  son 
disciple  :  «  J'ai  la  certitude  (|uo  je  mourrai  bientôt  ; 
j'ai  un  dernier  cun.seil  à  vous  donner.  Quand  j'aurai 
<|uitté  cette  terre,  retirez-vous  au  monastère  de 
bonyssa  ;  vous  y  serez  accueilli  comme  un  frère  et 
vous  y  servirez  le  Seigneur  avec  fruit  dans  les  exer- 
cices de  la  vie  de  communaulo.  " 

En  effet,  le  saint  ermite  ne  tarda  pas  à  s'envoler 
au  milieu  des  chœurs  des  ange-  qu  il  avait  iniilés 
par  la  pureté  de  sa  vie,  et  le  piètre  (ieoiges,  ayant 
donné  la  sépulture  à  la  dépouille  morielie  de  son 
maître,  quitta  cet  eriiiilage  et  vint  au  monastère  de 
Bonyssa. 

Il  y  fut  bien  reçu,  ainsi  que  le  vieillard  le  lui 
avait  annoncé;  il  s  appliqua  avec  ardeur  à  bien  pro- 
tltcr  pour  sa  sauctitlcutioii  dr  tous  les  avantages  de 
la  vie  céuobilique.  l'ar  sa  reculante,  sa  charité  Ira- 
ternelle,  son  esprit  de  prière  et  de  pénitence,  il 
devint  le  modèle  des  Frères.  Il  inéditail  a^MduIll^Ill 
les  Saintes  Ecriture-:,  imn  pour  la  vaine  sulisl.i.  !k>ii 
de  son  int.l 
ceptesct  di 
la  cbasletc  de  J 
^age^•^e  de  Salnh 
ue  reuian]::  ' 
chemeut   >: 


'    y  trouver  de»  prr- 

Lé.  La  foi  d'Abraham, 

■  idc  de   David,  la 

l'Ul  son  àine.  Un 

m  -M'u.i  utr  id  gloire,  m  atta- 

aux   biens   terrestres.    Il    ne 

V,.,..     ,    ■,,,,,,•.     .1.   ,     1,,,,......   ■.     .1 


lOSé- 

àla 
-lavir 


éternelle  du  Cicl. 

Mai>   Dieu   m-  l'avnit  p.i«  retiré  du  inonde   pour 
«on  »eu!  ai  ;i  i]u'il 

]iréparait  .i  ...  mont 

Agioserica  et  lu  cèuutjilc  de  l]uu)â:'-a. 

lAiM  liSoacBs  itAcai  ivtuui  u'a«*st*is 

La    bonne     i'  des     vertus    du    iihitii' 

i.rorfcs  sf  i"é|  ..  au  delà  du  uionableie  et 

ne  le  couvent  d«) 

avaient   peiiiu. 

,Me    Uc   la  ViKl:  eUlii.   ii.  liu  iimouiir,   il»   cUoi- 

unatiimenienl    le     pidro    livorue»    pour    lui 


I  11   .1    tiiiiit 

II  >lilier  uu 


Celui-ci  ne  fut  pas  médiacrement  surpris  de  leur 
arrivée  soudaine  :  «  Vénérable  prêtre,  lui  dirent-ils, 
la  cité  qui  vous  a  élevé,  l'Eglise  qui  a  éto  votre  mère 
dans  la  science  sacrée,  qui,  après  vous  avoir  rendu 
parfait  chrétien,  vous  a  élevé  aux  honneurs  du 
sacerdoce,  veut  maintenant  recevoir  de  vous  les 
biens  qu'elle  vous  a  donnss.  \  otre  cœur  est  trop 
grand  pour  ne  songer  qu'à  vous-même,  au  lieu  de 
TOUS  dévouer  au  salut  de  vos  frères.  Imitez  le  grand 
apdtre  Paul,  affrontant  à  travers  le  monde  tant  de 
travaux,  pour  conquérir  des  âmes  à  Jésus-Christ; 
imitez  saint  Pierre,  n'hésitant  pas  à  souffrir  les 
chaiues  et  la  captivité  pour  la  ménie  cause.  EnCn, 
imitez  Notre-Seigneur  lui-même,  s'exposant,  pour 
nous  sauver,  aux  travaux,  aux  humiliations  et  aux 
souffrances  de  sa  passion.  » 

—  Je  suis  mort  au  monde  et  le  monde  est  mort 
pour  moi,  répondit  le  moine  ;  conQez  donc  à  un 
autre,  qui  en  soit  plus  digne  et  les  ambitionne 
davaatci^'e,  le  gouvernement  du  peuple  et  le  minis- 
tère sacré.  » 

Rien  ne  put  vaincre  son  humilité. 

Mais  les  envoyés  étaient  bien  décidés  à  ne  pas 
s'en  retourner  seuls  ;  ils  s'emparèrent  de  force  de 
leur  élu,  le  placèrent  sur  une  mouture  et  partirent. 

Il  fallut  bien  que  Georges  se  soumit  à  la  volonté 
de  Dieu. 

On  le  conduisit  à  Constantinople  et  on  le  présenta 
au  patriarche  Taxaise.  Celui-ci,  n'étant  encore  que 
secrétaire  impérial,  avait  eu  autrefois  l'occasion  de 
remarquer  la  piété  de  Georges  enfant;  il  le  reconnut 
et  agréa  le  choix  que  la  ville  d'Âmastris  avait  fait  de 
lui. 

Mais  soudain  un  obstacle  inattendu  s'éleva  contre 
la  consécration  du  futur  évêque.  L'empereur  avait 
jeté  les  yeux  sur  un  autre  candidat  et,  comme  il 
arrivait  trop  souvent  aux  empereurs  bysautins,  il 
voulait  imposer  à  l'Eglise  sa  volonté.  Taraise  résista; 
il  réunit  un  synode,  et  mit  les  deux  candidats  en 
présence.  Les  membres  de  l'assemblée  se  pronon- 
cèrent unanimement  pour  Georges. 

n  fut  sacré  évéque  solennellement,  et  pendant  le 
peu  de  temps  qu'il  passa  dans  la  capitale  de  l'Orient 
il  se  conquit  si  bien  par  ses  vertus  l'estime  de  tous 
et  de  l'empereur  lui-même,  que  le  prince  se  réjouit 
de  voir  qu  on  ra>ait  préféré  a  son  propre  candidat. 

ÀDMIKISTBATIO.N   ÉPISCOPALI    —  LS     SXWT  ^viQUB  SADVI 
SO.N  PKUPLS  DES  BAVAGBS   DKS   SAKBASIN3 

Amastris  recul  son  bien-aimé  Pontife  comme  un 
ange  envoyé  du  ciel;  toute  la  population,  prêtres 
et  laïcs,  hommes  et  femmes,  eufauls  et  vieillards 
se  porta  au  devaut  du  lui.  Les  e^'pérances  de  la  ville 
ne  furent  pas  trompées.  Le  saint  évéque  fut  le  père 
et  le  modèle  >l>i  tou~  :  simple  et  austère,  doux  et 
ferme,  affable  et  Ji^^nc,  d  une  charité  qui  ne  se 
lassait  jamais,  rera.;e  des  pauvres,  protecteur  des 
orphelins  et  des  veaves,  5a;,'e  directeur  du  clergé, 
il  était  plus  admirable  encore  par  son  amour  envers 
Liieu,  source  de  toutes  ses  autres  vertus.  Les  fidèles 
aimaient  à  le  voir  présider  les  cérémonies  saintes 
avec  la  piété  d'un  .in::e  et  la  majesté  d'un  prophète. 

Fallait-il  p<  Ire  les  intérêts  de  son  peuple 

traiter  avec  I'  lu  Ose,  avec  les  gouverneurs 

ou  1  '  ,  ai.T  au  besoin  jusqu'au  palais  des 

eiii;  n'hésitait  pas.  Mais  de  tous  les  serrices 

qu  il  it;u  ~"  peuple, l'un  des  plus  remarquables 

lut  de   I  contre   les  barbares.  Depuis  un 

-'■    ''•    M  ....II-,..,-.'.  ..'.!'..  |..  monde  civilisé 

'^es  doctrines. 
rs  la  dévasta- 
i  le  massacre 
des  provinces 


d'Asie-Mineure  restées  encore  au  pouvoir  des  empe- 
reurs de  Constantinople. 

Une  année,  laPaphlagonie  eut  beaucoup  à  souffrir. 

A  la  nouvelle  que  les  hordes  sarrasines  appro- 
chent, l'évêque  d'Amastris  se  hâte  de  parcourir 
les  campagnes  voisines,  en  recueille  les  habitants 
et  les  conduit  à  l'abri  des  remparts  de  la  ville. 
Cependamt  l'ennemi  avançait,  il  fallait  s'appr^^ter  a 
soutenir  un  siège  dont  on  ignorait  le  terme  et  l'issue. 

Plein  de  confiance  eu  Dieu,  dont  la  puissance  est 
sans  limite,  le  saint  pontife  le  supplie  avec  une  im- 
mense ferveur  de  sauver  son  peuple.  Il  est  exaucé. 
Les  hordes  musulmanes,  saisies  de  terreur  panique, 
s'enfuient  d'eUe-mêmes  et  quittent  le  ipays. 

Amastris  était  délivrée. 


WNOCBNTS  SAUVis    DE  L\    «OBT 

Des  négociants  d'Amastris,  qui  s'étaient  rendus  à 
Trébizonde  pour  leurs  affaires,  y  furent  arrêtés  sous 
l'inculpation  de  crimes  très  graves  et  jetés  en  pris.in 
par  ordre  du  préfet.  L'accusation  était  fausse,  mais 
les  calomniateurs  poursuivaient  audacieuseiuent  la 
cause,  et  les  prisonniers  couraient  grand  damier 
d'être  condamnés  à  mort.  Qu'on  juge  de  leurs 
angoisses  :  dans  peu  de  jours  peut-être,  bien  qu'in- 
nocents, ils  auraient  la  tète  tranchée  comme  des 
crimiuels,  ils  ne  reverraieut  plus  leur  patrie  et  leurs 
parents;  leurs  familles,  qui  se  préparaient  sans 
doute  à  fêter  leur  retour,  apprendraient  qu'ils  sont 
morts,  morts  de  la  main  du  bourreau,  sans  avoir 
pu  recevoir  leurs  adieux!...  Pendant  qu'ils  arro- 
saient leur  cachot  de  leurs  larmes  et  le  remplis- 
saient de  leurs  gémissements,  ils  suppliaient  le  Sei- 
gneur, leur  unique  ressource ,  de  venir  à  leur 
secours. 

Dieu  révéla  à  son  serviteur  le  péril  où  se  trou- 
vent ces  brebis  de  son  troupeau.  L'évêque  part  immé- 
diatement, il  se  dirige  vers  le  Ponl-Euxiu  ^nler 
Noire), etaJGfrontanlune  navigation  périlleuse  en  cette 
saison,  il  s'embarque  sur  le  premier  navire  allant  à 
Trébizonde.  Un  vent  favoradde  enûe  les  voiles  du 
vaisseau,  qui  glisse  rapidement  sur  les  ondes;  Dieu 
protégeait  manifestement  le  voyage. 

Aussitôt  débarqué,  l'évêque  d  Amastris  se  rend 
auprès  du  préfet,  tremblant  d'arriver  trop  tard.  Les 
prisonniers  vivaient  encore,  le  procès  n'était  pas 
terminé  ;  l'évêque  s'efforce  de  prouver  l'innocence 
des  accusés  ;  mais  l'un  des  magistrats  du  prétoire, 
plein  d'animosité  contre  les  prisonniers,  soutunt 
avec  d'autant  plus  de  chaleur  les  accusations  pun./, 
contre  eux,  réclamant  au  nom  des  luis  un  cLidii- 
ment  prompt  et  exemplaire.  Le  juge  hésitait. 
C'était  trop  d'aveuglemeut  de  sa  part.  Le  Seigneur, 
que  le  pieux  prélat  avait  si  souveul  luvd.juj  dans 
son  vo^'age,  intervient  par  sa  puissance  :  la  femme 
du  préfet  devient  subitement  aveuLjle.  Devant  ce 
malheur,  le  préfet,  au  désespoir,  éclate  à  sou  tour 
en  gémissements,  il  demande  i>aiJ  u  à  l'évêque  de 
n'avoir  pas  voulu  croire  à  se.--  iir^lis,  il  le  conjure 
de  prier  pour  son  épouse  et  pour  lui.  Le  pontife, 
q  li  savait  toujours  pardonner  une  injure,  se  met 
e  I  prières  :  l'aveude  est  aussitôt  guérie,  et  le 
magistrat,  rompant  les  chaînes  des  prisonniers,  les 
remet  aux  mains  de  leur  libérateur. 

Le  chroniqueur  grec   ajoute  un   autre  prodise, 
arrivé,  dil-il,  fjenJ.iat  le  séjour  du  Saint  a  TréLi- 
toude.  La  dame  de  la  maison  où  l'évêque  avait  reru 
rbospilalité  s'était   réservé  l'honneur   de   pn-p-.r 
le   pain  et  le   vin  destinés  à  la  messe  du   pi' 

mais    tout     Plitit'-r.^   .'(    (*rnntpr   I,-c    ca.,,(«    .'>c.  ..1 

pontife,  f  -  ;  " 

S.iuïeui .  il;  i  ,;    ._,.     _     ,    .  ,_._ _ 


du  divin  sacrifice  fui  arrivée,  le  pain  et  le  vin  se 
trouvèrent  miraculeusement  préparés. 

->:nt  ceorcbs  devant  lbs  rois  de  l*  tbkre 
et  devant  le  roi  du  ciel 

De  semblables  événements  ne  pouvaient  qu'aug- 
menter la  reconnaissance  et  la  vénération  de  ses 
diocésain?  pour  leur  saint  évéque;  mais  sa  renommée 
avait  depuis  longtemps  dépas>é  les  limites  de  son 
diocèse.  A  peine  de  retour  de  Trébiionde.  il  dut 
partir  pour  Constantinople.  afin  de  répondre  aux 
instances  de  linipératrice  Irène  et  de  son  fils  Cons- 
tantin, qui  désiraient  vivement  le  voir. 

L'impératrice  et  le  jeune  prince  le  reçurent  avec 
beaucoup  de  bienveillance  et  de  respect  ;  mais  il 
ne  s'attarda  pas  à  la  cour  ;  ennemi  du  faste  et  de 
l'intrigue,  il  ne  se  sentait  pas  à  sa  place  parmi  les 
courtisans  byzantins. 

Le  lri.;f>lhéle  Nicéphore,  préposé  aux  finances 
impériales,  imitant  la  vénération  de  ses  maîtres, 
demandait  souvent  conseil  à  l'évêque  d'Amastris  : 
un  jour  il  sollicita  même  son  avis  sur  une  affaire 
temporelle  qui  le  préoccupait  pour  son  avenir  : 
'.  Ne  vous  pressai  pas,  lui  dit  le  prélat  ;  dans  un 
temps  qui  n'est  pas  bien  éloigné,  vous  hérilerei  de 
la  fortumc  d'une  très  ricbé  veuve.  »  Quelques 
années  après,  Nicéphore  montait  sur  le  trône  et 
recueillait  ainsi  l'héritage  impérial  d'Irène.  La  pro- 
phétie du  bienheureux  Georges  était  merveilleuse- 
ment réalisée.  Aussi  le  nouvel  empereur  garda-l-il 
la  plus  grande  vénération  pour  la  mémoire  du  saint, 
évêque  ;  il  voulut  avoir  de  ?^es  reliques,  et  mettant 
un  jour  sur  ses  épaules  un  manteau  grossier  et  usé, 
qui  avait  appartenu  au  bon  prélat,  il  dit  à  ses 
officiers  :  «  Voilà  qui  m'est  plus  précieux  et  pro- 
tège davantage  ma  puissance  que  mon  manteau 
impérial.  >• 

Mais  revenons  à  notre  Saint.  En  traversant  de 
nouveau  la  nier  Noire,  le  navire  qui  le  portait  fut 
assailli  par  une  violente  tempête;  à  la  prière  de 
son  serviteur.  Dieu  calma  la  fureur  des  (lots  et  le 
navire  fut  sauvé. 

Cependant,  ajoute  l'historien,  Georges  était  homme, 
ft  la  mort  devait  aussi  l'atteindre  ;  perte  immense 
pour  l'Orient,  mais  heureuse  fortune  pour  le  Saint 
qui  échangeait  les  sollicitudes  et  les  peines  de  cette 
vie  contre  les  joies  saps  trouble  de  l'éternité 
bienheureuse. 

Il  vit  venir  la  mort  sans  terreur,  remercia  le 
-;.-ij  -  qu'il  en  avait  reçus  et  s'endormit 

>  paix. 

t^r  mi  m  <i>  uil  gi'uéral,  chaque  famille  semblait 
avoir  perdu  son  père. 

On  l'ensevelit  avec  honneur  dans  l'église  et  un 
monument  fut  élevé  sur  son  tombeau. 

I.CS  miracles  s'y  mulli|'li<Tcnt,  cl  ronsolèrenl  U 
peuple  eo  lui  moulraul  que  »od  pasteur  bien-aïuié 


restait  son  père  du  haut  du  ciel.  Les  malades 
affluaient  à  ce  tombeau  et  un  grand  nombre  de  gué- 
risons  récompensaient  leur  foi. 


LES  RVSSBS  AU  TOMBEAU  OB    SAI.NT  GEORGES 

In  jour,  une  terrible  nouvelle  retentit  dans 
Amaslris  :  de  nouveaux  barbares,  accourus  des  régions 
du  nord  sur  des  barques  légères,  païens  féroces, 
dont  le  nom  était  encore  à  peine  connu,  les  Russes, 
venaient  de  faire  irruption  sur  les  côtes  de 
Papblagonie.  Leurs  bandes,  avides  de  sang  et  de 
butin,  parcouraient  les  riches  campagnes,  pillant, 
massacrant,  incendiant  les  églises,  réduisant  en 
servitude  de  nombreux  habitants. 

Amastris  ne  fut  pas  épargnée.  Un  groupe  de  ces 
pillards  pénétra  dans  l'église  où  reposaient  les  restes 
de  saint  Georges.  .K  la  vue  du  monument  qui  cou- 
ronnait le  sépulcre  vénéré,  les  barbares  pensent 
qu'il  doit  y  avoir  là-dedans  quelque  précieux  trésor. 
—  El,  en  effet,  remarque  le  ihroniqueur,'  il  y  avait 
là  un  trésor  incomparable,  mais  bien  différent  de 
celui  qu'ils  cherchaient.  —  Cependant  quelques 
barbares  s'approchent  pour  démolir  le  monument 
et  ouvrir  le  sépulcre  ;  mais  à  peine  ont-ils  touché  le 
tombeau  qu'ils  demeurent  perclus  des  pieds  et  des 
mains.  A  cette  vue,  leur  stupeur  et  leur  effroi  ne 
sont  égalés  que  par  leur  tristesse. 

Le  chef  de  la  bande  interroge  un  des  habitants 
qu'il  avait  fait  prisonnier  ;  «  D'où  vient  cela  dit-il? 
Ouelle  est  celte  force  invisible? 

—  C'est  la  puissance  de  Dieu,  à  qui  rien  ne  peut 
résister,  répond  le  captif,  ni  prince,  ni  roi.  ni 
armée,  ni  barbare. 

—  Nous  aussi  nous  avons  nos  dieux,  répond  le 
barbare,  mais  quel  sacrifice  faut-il  offrir  pour 
calmer  la  divinité  qui  préside  à  ce  lieu? 

—  Il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu  véritable,  dit  le  captif,  et 
c'est  à  celui-là  qu'est  élevé  ce  temple  :  il  ne 
demande  pas  des  animaux  en  sacrifice,  mais  une 
vie  innocente,  la  miséricorde  et  la  pitié  pour  le 
prochain,  même  pour  les  vaincus.  Dius  ce  tombeau 
reposent  les  restes  d'un  homme  qui  fut  grand  ser- 
viteur de  Dieu,  cl  le  Seigneur  a  puni  l'attentat  de 
ceux  qui  voulaient  les  profaner.  Offrei  de*  présents 
à  i-elle  église  en  réparation  de  votre  faute;  rciulrj 
la  liberlé  aux  chrétiens  que  vous  avei  faits  cniiiN 
dans  cette  viUe,  ils  prieront  pour  vous  et  vos  soldats 
seront  guéris.  » 

Le  chef  russe  se  lai'^se  persuader,  il  met  au««itôt 
en  libellé  les  captifs  d'Ama>lris  ;  ceux-ci  se  roiiiiiiit 
à  l'èglise,  allument  des  cierges  autour  du  ^aiul 
tombeau  et  |>a<^sent  la  nuit  à  chanter  des  p'-aumes. 

Le  lendemain,  les  soldats  paralysés  furent  guéri''. 
Les  Dusses  conclurent  un  traité  de  paix  avec  l.i 
ville  d'Amastris,  s'engageunl  à  ne  plus  l'allaquci 
désormais,  cl  Us  te  relirereuL 


►-•«• 


lui|i.>{r<raiil .'  PcTiiiiunT,  8,  rue  rrançult  !•',  Pan* 


SAINT    BARADAT,    SOLITAIRE 


Fête   le  i2  février. 


Saint  Baradat,  au  milieu'de  la  solitude,  rend  gloire  à  Dieu  au  nom  de  tous  les  hommes 

et  de  la  nature  entière. 


LES  FLECnS  DC   DESERT 

Dès  la  On  du  second  siècle  de  l'ère  chrétienne, 
des  âmes  vaillantes,  s'arrachanl  aux  corruptions  de 
l'empire  romain,  couraient  demander  à  la  solitude 
le  calrae  de  la  vie  et  la  liberté  de  servir  Dieu  avec 
tout  l'élan  de  leur  ferveur. 

Saint  Hilarion,  formé  à  l'école  du  grand  saint 
Antoine  et  des  moines  de  la  Théhniilp. avait  rapporté 
en  Palestine  la  preneuse  semenie  de  ces  Heurs  du 
désert  qui  eniliauninipnt  le  partcire  de  l'Kglise.  Ce 
germe  vivifié,  fécondé  par  les  eaux  de  la  grâce  et 
par  les  rayons  du  divin  Soleil,  s'épanouit  au  milieu 


des  solitudes  de  la  Syrie  et  sur  les  rochers  du  Liban 
en  mille  Meurs  d'héroïque  sainteté.  C'était  comme  un 
auréable  jardin  où  Jésus-Christ  pouvait  reposer  ses 
regards  et  se  dédommager  du  spectacle  des  iniqui- 
tés du  siècle. 

SAINT  SARADAT    AU   DÉSERT  —  SES  ADSTÊRITÉS 

On  ne  sait  rien  des  premières  années  de  la  vie 
di'  saint  Daradat,  moine  au  vi«  siècle.  Théodorot, 
évi".|ue  de  Cyr,  historien  digne  de  foi  pour  a\"ir 
ronlemplé  lui-mémc  les  admirables  vies  des  ana- 
chorètes d'Orient,   nous  le   montre  au   fond    d'une 


ISU 


solitude,  passant  sa  vie  dans  une  oraison  contiiruelle 
et  dans  ries  privnlions  de  tout  penre. 

Cet  histonofrapho.qui  avait  visité  un  grand  nom- 
bre de  solitaires  afin  de  leur  arracher  les  pieux 
secrets  de  leur  vie  pénitente. déclare  que  saint  Bara- 
dat  fut,  plus  que  tout  autre, ingénieux  à  trouver  des 
austérités  toujours  nouvelles.  Il  s'enferma  d'abord 
fort  lonj:ti'mps  dan?  une  misérable  huttr  où  toute 
sa  vie  s'écoulait  en  contempl.itinn  et  en  prières.  Puis 
ce  chétif  abri  lui  parut  encore  trop  commode.  Il 
sngna  le  sommet  d"  la  roche  qui  dominait  le  lieu 
de  sa  rclraile,  s'y  bâtit  à  peu  di'  Irais  une  loge,  ou, 
pour  mieux  dire,  une  sorte  de  cofTre,  avant  bien  pris 
soin  di'  la  construire  assez  étroite  pour  ne  pouvoir 
s'v  tenir  que  cour!''.  Les  parois  en  étaient  si  peu 
jointes  que  le  nouveau  domicile  de  notre  solitaire 
avide  de  soiiiïranres  présentait  l'aspect  «l'une  cape 
ouverte  à  toutes  les  ripueiirs  du  temps.  On  pense 
bien  que  toute  la  commodité  d'un  tel  plie  était  de 
n'en  avoir  nurune,  si  l'on  excepte  le  précieux  avan- 
tage d'-  satisfaire  l'ardeur  qu'avait  le  saint  ermite 
de  s'offrir  à  Dieu  en  holocauste  pour  les  péchés 
des  linnimes. 

Il  passa  de  longues  années  dans  un  réduit  si 
pénant.et  n'en  sortit  que  pour  présenter  au  Seigneur 
un  sacrifice  plus  méritoire  encore  que  les  plus 
effrayantes  austérités,  un  sacrifice  sans  lequel  tout 
le  reste  est  perdu  pour  le  ciel,  celui  de  l'obéissance  : 
Théodose,  patriarche  d'.^ntioche,  son  supérieur,  lui 
conseilla  de  descendre  de  son  rocher.  Il  obéit 
aussitiU. 

Sa  nouvelle  demeure  ne  fut  guère  plus  luxueuse. 
I.a  plupart  du  temps,  il  n'avait  d'aulre  (oit  qur  la 
voùtr  éloilée  des  cieux,  si  belle  dans  les  répions 
orientales,  ou  bien  les  sombre»  nuaires  delà  tempête 
ou  l'azur  brûlant  du  désert.  Gi:ind  pontife  de  la 
solitude,  pieux  interprèle  dos  vi'ix  de  la  nature,  il 
se  tenait  debout,  les  mains  éle vi  ■<  ver»  le  ciel,  la 
plus  prande  partie  di'  la  journée;  il  chantait  ainsi 
les  louan:.'es  du  (^réiiteur  de  l'univers,  «l  bénissait 
Kieu  au  nom  de  toutes  les  créatures. 

In  habit  de  cuir  le  couvrait  de  la  léle  aux  pieds 
••l  ne  lui  laissait  que  les  veux  pour  voir,  le  net  et  la 
boui  he  libres  pour  respirir.  Une  vie  si  austère 
ferait  supposer  une  forte  constitution  ••hii  notie 
Saint.  Raradnt,  au  contraire,  avait  une  fait  '  t 

était  sujet  à  diverses  maladies;  mais  la  ai 
soutient  la  faiblesse  humaine  et  les  vrait  «•Tvileurs 
de  Dieu  peuvent  tout  en  Celui  qui  les  fortifie. 

-MMT  nAB\l)AT    0£PR.1SErn    DB   LA     FOI    —    S.\    AÊFO.SSt   A 
l'cMPKREUR    LÉON 


,r.  I 


'<>nd  que  Raradat  avait  puisé 
les  aviT  llieu  de  vastes  et  de 

»  Tisiteursatsez 


h'ureux  débris  de  l'empire  rotnaic.  Dans  une  cir- 
constance où  il  consultait  tous  les  évéques  d'Orient 
sur  le  Concile  général  de  Chalcédoine  qui  avait 
condamné  Eutychés,  il  crut  devoir  envoyer  aussi  sa 
lettre  circulaire  à  trois  grands  serviteurs  de  Dieu 
qui  ne  faisaient  point  partie  de  l'épiscopat.  mais 
pouvaient  servir  puissamment,  de  leurs  lumières, 
les  intérêts  de  la  foi  contre  les  attaques  perfides  et 
multipliées  de  l'esprit  du  menso'npe.  Le  messager 
impérial  se  mit  a  la  recherche  de  ces  théologiens 
sublimes  cachés  dans  le  désert.  Il  trouva  saint 
Jacques  le  Syrien  dans  un  affreux  vallon  prés  de 
Tyr,  saint  Simf'on  Stylile  sur  sa  colonne  et  saint 
Baradat  dans  son  humble  réduit. 

Ce  dernier  donna,  dans  sa  réponse  à  l'empereur, 
une  preuve  éclatante  de  l'intégrité  de  sa  foi  et  de 
son  inébranlable  attachement  à  la  communion  de 
l'Eglise  romaine.  Le  mystère  de  l'Incarnation  défi- 
guré par  Eutychés  et  le  dopme  eucharistique  y  sont 
traités  avec  autant  de  profondeur  que  de  solidité. 
Il  témoigne  d'abord  à  I  aupuste  prince  la  joie  qu'il 
ressent  de  son  zèle  empressé  pour  assurer  la  paix 
des  éplises  et  conser\er  le  précieux  dépôt  de  la  foi  ; 
puis,  s'rmparant  du  nom  même  du  César,  il  joint  la 
plus  brûlante  exhortation  à  la  louange  la  plus  déli- 
cate et  fait  comprendre  comment  on  entendait 
alors  le  rôle  de  la  puissance  civile  dans  ses  rapports 
avec  l'Eplise.  Saint  Itaradat  se  réjouit  de  voir  en 
Léon,  comme  au  siècle  jiré.-i-dent  saint  Melchiade 
dans  Constantin,  l'évéque  du  dehors,  le  prince  qui 
sait  avoir  reçu  le  glaive  des  mains  de  Dieu  pour  le 
service  du  droit  et  de  la  justice,  et  ne  craint  pas  de 
prêter  à  la  diffusion  de  ta  vérité  le  prestige  de  son 
bras. 

"    Nous   n'ipnoron»   pas.  s'é<-rie   le   vaillant   ana- 
chorète, que  les  loups  s'attroupent  pour  attirer  les 
tendres  brebis  du   Seigneur  hors   des   berperies  fi 
les  égorger  sans  même  c-aindre  les  pasteurs  qu'il* 
séduisent  ou   dont  ils  trompent  la  vigilance;  mais 
vous,  dont  le   zèle  répond  au  nom  que  vous  pnrtr/, 
vous  vous  montrerez,  vous  pri-ndiez  la   garde  du 
troupeau  nécligé    et   vous   rugirez  comme  le  lion  ; 
vos  terribles    rugissements    répandront  la    tei.i'nr 
dans  les  ranirs  de  ces  ennemis  acharnés  du  1 
de  Jésus-Clirisl,  cl    'ous   saurez   bien  leur  ai. 
leurs    malheureuses   victimes.    Partout  l'on    < 
naîtra   que   votre  redoutable   ordonnance  ré| 
votre  nom   et  à   la  dignité    de  votre   empire  ;  i'<<u 
pourra   vous  app'^qtier  ce   mot   de  l'Ecriture:   0'" 
la  rnlfre  4u   jn  ■  ■■■  ,tu    lion    et    !•• 

Seiviifur  toul-|  rtout  le  nom  de 

Léon  qui  a  dnmpttj  le^  lIll:l■^  assez  osés  pour  «f 
révolter  contre  Dieu  et  eecouer  toute  crainte  de  si'- 
terribles  jupi-ments.  » 

On  ne  doit  point  i'élonner  de  nom  »oir  loui  i 
Raradat  de  son  orthodotie.  C'est  qu'4  cette  l'i     ■ 
de    rhi*loire    de    l'Eplise,    le   dénion    de    l'Ii 


•■      Ul'-llir 

-  prand*  j 


-■  rtti.illutnin^  desdivines  clartés,  ne 
lialer  au  loin  un  suave  parfum 

iv^^iiiiti  ....... .  n  CoDstanlinopIc  *ur  les  nal- 


»i''jiiiiiii'ù'i'     ii'-'i  i 11......     I 

restre    où  avaient  jusque-14  fleuri  toutes  le»  vertus 

MOIIT  DE   SAI.^T  BAKADAT 

Ile»,  exti'i 
iMiil    lin 
Sei^'neur,  laissant  ai 
.1.   <oI  tiulc.  II"  foin  .1 

'  '  liuntjeait  lo  Uikcrl  uunlte  le  ucl. 


SAINTE  WlILBURGE,  PRINCESSE  ANGLAISE.  VIERGE  ET  ABBESSt 


Fête  le   23    février. 


LE  BOI  MKRWAL  ET  LA  REINE  BOMNEVA 

Au  milieu  du  septième  siècle,  un  saint  prêtre  du 
Nortburaberland  fAnglelerre),  nomaié  Edfrid,  plein 
de  zèle  pour  la  gloire  de  Dieu  et  le  salut  des  âmes, 
entendit  une  voix  du  ciel  qui  l'envoyait  prêcher  l'é- 
vangile dans  le  royaume  de  Mercie  encore  paTeu.  Le 
souverain  de  cette  partie  de  l'Angleterre  était  alors 
le  vaillant  Merwal.  Il  accueillit  honorablement  le 
missionnaire  et,  convaincu  par  ses  discours  de  la 
vérité  de  la  foi  catholique,  il  se  convertit  et  reçut  le 
baptême,  l'an  •  60. 

Il  construisit  une  église  en  l'honneur  du  pre- 
mier Pape,  le  prince  des  apôtres,  et  la  dota  de 
nombreux  revenus.  L'Anj:leierre  en  effet,  aux  pre- 
miers temps  de  sa  conversion,  comme  pour  pro- 
lester à  l'avance  contre  le  schisme  d'Henri  VIII,  se 
distingua  par  un  amour  tout  particulifrement  filial 
envers  saint  Pierre  et  les  pontifes  romains  ses  suc- 
cesseurs. 

Merwal,  devenu  chrétien,  épousa  Domnèva, 
arrière-petite  fille  de  saint  Ethelbert,  prince  de  Kent 
et  premier  roi  chrétien  des  Anglais.  Les  deux  époux 
pratiquaient  arec  loyauté  la  religion  chrétienne  et 
favorisaient  de  tous  leurs  efforts  sa  propagation  au 
milieu  de  leurs  sujets.  Dieu  leur  donna  quatre 
enfants  :  le  prince  Merfin  et  les  trois  princesses, 
sainte  Milburpe,  sainte  Mildrède  et  sainte  Milgithe. 
.\près  la  naissance  de  la  dernière,  les  pieux  époux, 
d'un  commun  consentement,  résolurent  do  se  vouer 
désormais  à  la  continence,  afin  de  travailler  plus 
efficacement  à  leur  salut  et  à  l'éducation  de  leurs 
quatre  enfants.  Mais  quelle  éducation  :  leurs  trois 
filles  devinrent  trois'suintes  ! 

Bientôt,  Domnèva,  voulant  aller  jusqu'au  bout 
dans  son  sacrifice  et  dans  le  don  d'elle-même  an 
Seigneur,  fonda  un  monastère  de  religieuses  dans 
l'Ile  de  Thanet  et  obtint  de  son  mari  la  permission 
de  s'y  consacrer  à  Dieu  avec  sa  fille  .Milgithe. 

Depuis  plusieurs  années,  Mildrède,  sa  seconde 
fille,  était  venue  en  France  et  avait  reçu  le  voile 
des  religieuses  au  monastère  de  Chelles,  près  de 
Paris.  A  celte  époque,  les  couvents  élanl  encore 
rares  en  Angleterre,  on  voyait  des  princesses  fran- 
chir la  mer  et  venir  s'enfermer  aux  abbayes  de 
Chelles,  de  Jouarre  ou  de  Farmouliers.  .\près  la 
fondation  du  couvent  de  Thanet,  placé  sous  l'invo- 
cation de  Marie,  Domnèva  pria  sa  fille  de  venir 
enseigner  à  ses  religieuses  les  saintes  observances 
de  Chelles;  sainte  Mildrède,  revenue  en  Angleterre, 
reçut  la  bénédiction  abbatiale  des  mains  de  l'évêque 
saint  Théodore,  envoyé  par  le  Pape  en  Angleterre, 
et  succéda  à  sa  mcre  dans  le  gouvernement  de 
l'abbaye.  Elle  eut  la  joie  de  voir  réunies  sous  sa 
direction,  dans  la  ferveur  du  service  de  Dieu,  jus- 
qu'à soixante-dix  religieuses. 

riakurt  de  sainte  milburge  a  ses  vœux 

Pendant  ce  temps,  qu'était  devenue  Milburge? 
Celle  princesse,  l'aînée  de  ses  s<rurs  par  la  vertu 
aussi  bien  que  par  l'âge,  les  avait  précédées  dans 
In  r.,:i.»r  r.iiinn  monasti'jue.  Des  son  enfance,  son 
un  ;u[>alion   avait  été  de  plaire   à   Dieu. 

M>  ;^  :  ^  vanités  et  les  plaisirs  du  monde,  au 

lieu  d  orner  son  corps  de  futile.'»  parures,  elle  tra- 
vaillait a  décorer  son  ilnie   d^'s  plus   belles  vertus. 


pour  plaire  uniquement  à  l'Epoux  céleste.  De  riches 
alliances   terrestres   lui    furent    offertes,    elle    les 
refusa. 
Alors  son  père,  Merwal,  et  son    oncle  Wulfhor, 

fiour  satisfaire  a  ses  désirs  et  à  leur  propre  pit-ti-, 
ui  firent  construire  un  couvent  à  Wenloi-h.  Milburcè  > 
s'y  relira  avec  plusieurs  compagnes,  dont  le  nombre 
ne  tard  H  pas  à  s'accroître  ;  elles  choisirent  la  sainte 
princesse  pour  mère  et  maîtresse  dans  la  perfection 
monastique. 

Le  démon  cependant  chercha  à  troubler  la  paix 
dont  elle  jouissait  dans  le  cloitre,  et  essava  de  ruiner 
cette  œuvre  en  renversant  celle  qui  "en  était  le 
fondement.  Un  jour  Milburge  s'était  rendue  à  une 
maison  de  campagne,  nommée  Stokes,  qui  dé- 
pendait sans  doute  de  son  monastère.  Cn  jeune 
prince  anglais,  qui  savait  combien  la  fille  du  roi 
.Merwal  unissait  à  un  haut  degré  les  charmes  de 
l'esprit  et  du  corps,  se  trouvait  en  ce  moment  dans 
le  pays.  Il  souhaitait  vivement  l'avoir  pour  épouse, 
mais  sachant  bien  qu'il  n'aurait  pas  son  consente- 
ment, il  résolut  de  l'enlever  de  vive  force. 

Il  se  met  aussitôt  à  organiser  secrètement  le 
complot.  Mais  rien  n'est  caché  aux  yeux  de  Dieu  ; 
la  sainte  princesse,  avertie  par  une  révélation  cé- 
leste, se  hâte  de  s'enfuir  avec  les  personnes  qui 
l'accompagnaient.  Le  prince  arrive  à  la  maison,  à  la 
tête  d'une  escouade  de  sens  armés  et  ne  trouve  plus 
celle  qu'il  cherchait.  Il  se  précipite,  dit  le  vieux 
chroniqueur,  comme  un  loup  furieux  à  la  poursuite 
de  l'innocente  brebis  du  Seiirneur.  Déjà  il  appro- 
chait de  la  rivière  de  Corf  dont  les  eaux,  alors  peu 
abondantes,  avaient  laissi-  un  passage  facile  aux 
fugitives.  Quelle  n'est  pas  sa  surprise,  en  atteignant 
ce  cours  d'eau,  d'en  voir  les  oncles  grossies  se  rouler 
en  tourhillons  impétueux  et  rapide.s,  d'une  profon- 
deur et  d'une  violence  telles  que  se  hasarder  à  les 
traverser  était  s'exposer  à  une  mort  certaine.  Ren- 
trant en  lui-même,  à  la  vue  de  ce  miracle,  il  recon- 
nut sa  faute,  et  renonça   à  ses  desseins. 

SAIÎtTE  MILBURGE    COVUA.NDE    AUX    OIES   SAUVAGES 
ET   RESSUSCITE    U?i    ENFANT 

La  même  ferme  de  Stokes  fut  témoin  d'une  autre 
merveille.  A  réjioque  des  semailles,  des  volées 
d'oies  sauvages  s'abattaient  sur  les  champs  ense- 
mencés et  les  dévastaient.  Les  serviteurs  de  la 
maison  vinrent  se  plaindre  à  la  bonne  supérieure. 
Mais  quel  remède  a  an  pareil  mal  ".'  Milburge,  con- 
fiante dans  la  puissance  du  Créateur,  qui  est  resté 
le  mailre  de  toutes  ses  œuvres,  le  pria  iliiilervenir. 
Ensuite,  elle  commanda  hardiment  aux  oies;  ces 
volatiles,  dont  le  nom  est  parfois  synonyme  de 
bêtise,  obéirent  comme  des  êtres  intelligents,  et 
non  seulement  cette  année,  mais  les  années  sui- 
vantes, respectèrent  les  champs  interdits  à  leur 
rapacité. 

l  ne  pauvre  veuve  avait  eu  la  douleur  de  voir 
mourir  son  fils.  Elle  prend  entre  ses  bras  le  corps 
glacé  de  l'enfant  et,  tout  en  le  baignant  do  s.  < 
larmes  impuiî^sanles,  elle  va  droit  au  nionn-'lere  de 
Weidoch  ;  elle  entre  dans  l'oratoire, et  y  trouve  pi-- 
tement  la  sainte  abbesse  en  prière.  Elle  d'po-  l,> 
petit  cadavre  à  ses  pieds,  et  lui  dit  :  ■■  nend./.  li  -  lo 
à  mon  fils,  ayez  pitié  de  moi...  —  La  doiil.ni  vous 
rend  folle,  ma  pauvre  femme,  répond  Milluir^'  ,  que 


me  demandez-Tous  là  ?  Allez  ensevelir  ce  mort  et 
préparez-vous  à  le  suivre  peut-être  bientôt  dans 
la  tombe,  car  tout  homme  naît  pour  mourir.  — 
Non,  non,  reprit  la  veuve,  je  ne  m'en  irai  pas  avant 
que  TOUS  ne  m'avez  rendu  mon  enfant  vivant  !  » 

En  présence  d'une  telle  foi,  la  sainte  abbesse 
se  piosterna  devant  Dieu  prés  du  petit  cadavre  et 
commença  a  prier  avec  une  ferveur  immense.  Pen- 
dant qu'elle  prolongeait  ses  supplications,  une 
lumière  cMeste  descendit  sur  elle,  et  elle  parut  tout 
environnée  de  feu.  A  cette  vue,  une  sœur  qui  était 
là,  fut  saisie  d'elTroi:  •.  Ma  mère,  s'écria-l-elle,  levez- 
Tous  vile,  vous  êtes  au  milieu  des  llammes.  »  Sou- 
dain toute  celle  lueur  disparut;  la  servante  de  Dieu 
se  releva  confiante  et  calme,  prit  l'enfant  qui  était 
mort  et  le  remlil  vivant  à  sa  mère. 

DERNIERS   CONSEILS 

A  l'âge  de  60  ans  Milburge,  dont  les  forces  allaient 
s'affaiblissanl,  fut  prise  de  la  fièvre  et  sentit  que  la 
fin  de  son  exil  terrestre  approchait.  Elle  appela 
ses  filles  spirituelles  autour  de  son  lit  et  leur  dit: 
•  Mes  scpurs,  je  vous  ai  aimées  jusqu'ici  comme  les 
entrailles  de  mon  ;ime,  j'ai  eu  pour  vous  toutes  les 
sollicitudes  d'une  mère;  maintenant  la  divine  Provi- 
dence met  un  terme  à  mon  pèlerinage  et  m'appelle 
à  la  patrie  du  bonheur  et  du  repos,  voici  que 
j'entre  dans  la  voie  de  toute  chair  ;  je  vais  vous 
quitter,  je  vous  laisse  à  la  garde  de  Dieu  et  de  .Marie." 
Elle  leur  donna  ensuite  de  louchants  conseils  sur 
leur  sainte  vocation,  sur  la  vanité  du  monde  et  la 
bonté  lie  Dieu,  objet  suprême  de  notre  amour  que 
la  mort  ne  peut  nous  enlever;  puis  son  dme  s'envola 
vers  le  Christ.  C'était  vers  I  an  T22. 


TOyBEAD    RETROUVE 

Les  religieuses  ensevelirent  avec  respect,  dans  leur 
monastère,  le  corps  de  leur  sainte  mère  et  fondatrice. 
.Mais  deux  siècles  plus  tard,  à  l'époque  des  invasions 
danoises,  l'abbaye  fut  renversée  et  l'on  ne  sut  plus 
dans  le  pays  sous  quel  point  de  ses  ruines  désertes 
et  silencieuses  reposaient  les  restes  de  Milburge. 

.\u  xii"  siècle,  après  la  conquête  de  r.\ngleterre  par 
les  Normands,  le  territoire  de  l'ancienne  abbaye  de 
de  NVenloch  fut  donné  aux  bénédictins  de  Oluny,  qui 
s'empressèrent  de  relever  l'église  et  le  monastère. 
Pendant  qu'on  rebâtissait  l'église,  un  concours  de 
circonstances  providentielles  amena  la  découverte 
du  caveau  où  reposaient  oubliées  les  reliques  de 
sainte  Milburge.  A  peine  le  tombeau  fut-il  ouvert 
qu'un  délicieux  parfum  remplit  toute  l'église.  La 
nouvelle  de  la  précieuse  découverte  se  propagea 
rapidement  et  les  habitants  accoururent  en  foules 
nombreuses  pour  rendre  gloir»  à  Dieu  et  àsa  servante. 
De  nombreux  miracles,  en  confirmant  la  découverte, 
augmentèrent  la  joie  publique.  Deux  femmes, 
atteintes  de  la  lèpre,  furent  guéries  ;  une  autre  qui 
avait  perdu  la  vue  et  un  enfant  aveugle  de  naissance 
eurent  leurs  yeux  ouverts  à  la  lumière:  une  personne, 
gravement  malade  depuis  cimi  ans.  retrouva  la  santé 
aussitôt  après  avoir  bu  de  l'eau  qui  arait  servi  à 
laver  les  saintes  reliques. 

Le  corps  de  sainte  Milbiir^'e  fut  placé  dans  un 
lieu  honorable  de  la  nouvelle  église  et  y  resta  eu 
grande  vénération  pendant  cinq  siècles,  jusqu'à  la 
jirétendue  réforme  protestante  d'Henri  Vlll,  dont  les 
ravages  furent  plus  funestes  a  l'abbaye  de  Wenloch 
que  l'antique,  barbarie  des  Danois. 


\iitp.  jrranl.  K    {'(tithimt,  »,  nie  l'r*n<;oi<  I"  l'»rn. 


SAINT  PIERRE   DAMIEN 

DOCTEUR    DE    L  ÉGLISE 


Fêle   le  2i   février. 


NAISSANCB  ET  rRENIÉRE  RDUCATION  DE  SAINT 
PIEKHE    DAMIEN 

Saint  Pierre  Damiçii  naquit  ;i  Flavenne,  l'an  988. 
dp  p.irpiit?  pan  vres.qui  avaient  autrefois  joui  duno 
«-erLiine  opulence.  Vr.  de  ses  frères  aines,  en 
'■■"yant  pour  la  première  fois  re  septième  enfant, 
n'écria  :  ■•  Faut-il  ilom-  tant  d'h('rili<'rs  pour  un  si 
maiiire  liérila«e'?  ■.  Li  mère,  que  la  dureté  d'un 
[pareil  lan^açe  attri-laii  justement,  n'eut  pa«  la 
rnrre  de  résister  en  face  à  re  (ils  jncrat.  Elle 
ajiandonna  son  nouveaii-né.mais  pour  le  reprendre 
liionirtt,  rar  «-Ile  «entait  toute  Vindipnité  d'une 
p.ireillc  ronduile.  1,'enfant .  ain«i  repoussé  en 
("iitrant  dans  |p  monde,  eut  un  trait  de  ressem- 
M  inrc  rie  plus  aver  Jésus-Christ,  qui  avait  voulu 
Il  iitr»dan<-la pauvre téet. (Il milieudessoulTranres. 
l'i'  rre  était  à  peine  fl«é  de  rinq  ans.  lorsqu'il 
j  •  kIiI  «on  père  et  «a  mère.  Il  se  trouva  alors  à 
Il  merri  du  frère  dénaturé  qui  avait  «i  durement 
.11  rueilli  sa  naissanre,  et  il  en  eut  beaucoup  à 
oulTrir  II  était  trait<- comme  le  dernier  des  valets, 


sans  cesse  accablé  de  coups  ou  d'injures,  et 
charRédes  travaux  les  plus  vils  et  les  plus  pénibles. 
Quand  ,1e  soir,  il  ramenait  son  trou|ieau,  on  lui 
disputait  souvent  un  morceau  Ai'  pain.  Mais, son 
âme  était  avec  Dieu.  Klle  se  formait  sous  son 
regard  paternel,  et  le  Seieneur  se  plaisait  à  la 
façonner  comme  de  ses  mains,  pour  la  préparer 
à  la  f;,'randc  mission  qu'elle  devait  remplir  plus 
tard. 

Le  trait  suivant  nous  montre  quelle  était  déjà 
l'énersie  de  son  caract-'re  et  la  eénérosilé  de  son 
cinir.  L'n  jour,  Pierre  mourait  de  faim  ;  en  menant 
paitre  son  troupeau,  il  trouva  sur  le  chemin  une 
[lièce  de  monnaie.  Son  premier  mouvement  fut 
lie  se  livrer  à  la  joie  et  de  sonuer  qu'il  pourrait 
ainsi  se  procurer  du  pain;  mais,  tout  à  coup, 
renonçant  h  son  idée  :  a  \  quoi  me  servira,  sf 
■  ilil-il,  cette  satisfaction  d'un  instant'.'  Il  vaiU 
mieux  porter  cet  arpenta  un  prêtre,  alin  qu'il 
offre  IcSaint  Sacrifice  pour  l'Amede  mon  père,  i 
iJieu  ne  devait  pas  tarder  à  récompenser  la  pi''f" 
du  vertueux  jeune  homme. 


SAINT  Pl&rUlE  bAJIlKN  KTL'DIANT  ET  PROFEâSBL'n 

l'ierro  avait  im  frère,  arcbipn'^tre  de  Ravenno. 
iiu"il  aimait  d'une  tendresse  toute  pailiitiliére. 
Daiuien  [c'était  sou  nom  aimait  aus.'-i  son  plus 
jeune  frère,  et.  quand  il  connut  l'i'lal  affreux  où 
il  était  réduit,  il  s'offrit  à  le  j'ri'iidre  auprès  de 
lui,  et  se  charfçea  de  son  éducation.  L'enfant 
reconnaissant  ne  voulut  plus  poiler  que  le  nom 
de  Pierre  Daini>-n  ([ui  lui  a  été  conserv(\ 

(iràce  à  réleiiilui'  cl  .'i  la  pénétrante  vivacité 
de  son  esprit,  il  lit  de  rapide»  propres  dans  !«»•• 
lettres;  les  écoles  d»;  Ilmnie,  de  l''aen/.a  et  <li- 
Parme  eurent  l>ieiit"M  à  s'applaudir  d'un  >i  bril- 
lant disciple.  Elles  eurent  même  le  bonheur  de 
voirensei;;ner  d.ms  leurs  i-|iairesce  jeune  homme 
qui  avait  déjà  illu-Iré  leur  nom.  Il  possédait  à 
fond  la  jurisprudenoe  et  l'art  oratoire,  .\ussi  sa 
réputatiini  naissante  eut-elle  bientiM  assuré  une 
grande  aflluence  de  disciples  autour  de  sa  chaire. 

liiclif  et  honoré  comme  il  l'élail,  l'éloquenl 
[,int'f sscur  ne  succomba  p.is  à  des  tentations  de 
vaine  gloire  qui  auraient  pu  devenir  l'écucil  de 
sa  jeunesse.  .\u  milieu  de  ses  triomphes,  il  se 
disait  souvent  :  ■  n'attacher  à  des 

»  biens  (|ui  pass>  i  lois  un  jour  les 

»  quitter,  piMirijuni  u  ,'  '  "   e 

>•  dés  maintenant'.'   »    ;  s 

forces  de  son  àun'  ■  •"-  il! 

ne  trouvait  aucun'  i» 

du  monde.  Kn  at:' i...    ...  

il    quitterait    la   vaiiibi    da   -iL-cle.    il   u.-.. 
choses  terrestres  c^'Omm  u'eij  u-.int  i  ,i~.  i;  , 
tait  un  cilice  sous  de;?  boJtii^  di-  -   jiu 

dissimulaient  mieu.v  S4;s  au»téri:  ii      ! 

pressé  par  la  coni  iipis<;enie.  il 
intérieur  en  se  ploiii.'eanf  'hms  1 
cée  de  la  rivière. 


Mi»>  \^  i  r  Ml 


séparée  d 

(BHI.lsi 

■■  l  il,  il 
■  mil'     1 


I.,  t.i 


eii.\, 

Il   M. 


laarcUa  à 

■.I..I  i.-:;!.. 


.:t  I. 
-  t.'li 


Enlin,  le  moment  asriva  de-  i|uitt<*r  IfoTeniur. 

s'arma  de  courai;e  et  partit  -<•.  n-u-nient.  Daa» 
une  solitude  pi-rdne  duiliiice-eUlùiuiiiiin  s'élevait 
un  monastère  tré' 
C'est  là  que  noti. 
exiueait  que  le  pi' 
jours  dans  une  <■• 
forma  à  cet  u^a:;i 
rations  c  oipor<  ll< 

tir  d'un  cilice,  im    ; .,    ;.,....„, i, 

qu'alors  la  céréinouu:  de  la  véture  ue  fùl  yuiul 


sorte,  vouloir  se  dédommager  des  pénitences 
qu'oïl  lui  inlerdisait.  Il  livrait  à  ses  Frères  le 
fruit  do  ses  laborieu.x  cffiirld,  utda  sa  ooutempla- 
tion  assidue.  Sa  jiarole  savait  entlaminer  leurs 
cœurs  et  il  produisit  un  grand  bien,  non  seule- 
ment dans  son  monastère,  mais  encore  dans  les 
abbayes  einironnantes,  qu'il  forliliail  nar  un 
enseignement  plein  de  «loctrine  et  de  chaleur,  el 
qu'il  édiliait  surtout  par  sa  vie  moililiée. 

SMM  I'IEBUK  D.WIKN,  ABBF.  DR  KONTAVELLANB 

Pendant  qu'il  se  livniil  il  In  vie  apostolique  avec 
tant  de  ïèle,  la  communauté  de  l-'onlavellane 
perdait  son  .ililié  \  .■.•iIm  ii,.iivflle,  Pierre  revint 
prier  une  du  Père  qu'il  avait 

toujours   '  \prés  la  cérémi  nie 

des  fuiiéraiiliis  iptnnd  ili  liillut  élire  un  nouvel 
abbé,  les  Frères  no  prononcèrent  qu'un  nom  : 
celui  de  Pierre  Dnmien.  D'  accepta  cette  _charue, 
et  auL:int  il  avait  -u  hum  obéir,  autant  il  sut  bien 
gouverner  :  ses  Frères  de  Fontavellane  eurent 
les  prémices  de  son  .ictinn  réformatrice  et  direc- 
trice. Sft^is  le  zèle  dli  cet  apôtre  réclamait  un 
champ  plus  vo&te,  el  il  vnuJtil  ouvrir  de  nouvelles 
abbayes  à  toutes  les  Imes  que  le  monde  ne  pou- 
vait séiluire.  Il  Imir  promira  tous  les  moveiis  de 
perfection,  en  son  pouvoir,  el  les  maintînt  tou- 
jours dbnB-hur  premier»  ferveur. 

ktiKP  no  anrfOB  ciirhtir>.  piKnnR  damien  lutte 

acnnUK    IN    SIRCLK    lilIl'RAVK 

Ptomibiit:  quu  la  vertu  Iléui  isv.dt  ainsi  dans  le 

.lé-eil.Ii'  moiure  I  lirétiioi  -e  \ovail  entraîné  vers 

Il  .avait  pas  encore 

iidalion  de  l'K^ilise. 

lit!  cruellement  le  corps 

t  :  la  simonie  et  l'incon- 

•s  .leii  s.  La  priiicipak  cause  de  ce  mal 

•f  que  le-   pniice-   laïques  voulaient 

-1)  «t  eiichaiiicr  sa  liberté.  Par  un 

ir  iiicri'vribl»'.  iN  m'ii. (aient  et  dis- 

~  donnant 

e  et  sans 

'  I'   ili'il  des  Inifu- 

iiis    vocation  n'ap- 

••-  iiiines  (|ui  leur 

.  Il   entrant  dans  la 

;•  ni  m  renoncer  à  leurs 

.   M  préoccuper  de  leur 


Aussi, au  bout  de  peu  <le  temps,  la  barbarie  de 

1.1   I  II. lit.   <"iiilii<-    r.il<i<el1e    iiiitit-    S.iilif     I  ■' ^11  i    t  II 


•  aux   devoirs   de   leur 

dins  le  bercail  par  l.i 

.  uiu.si   atiii   par  b 

•~,  ne  jouis«,ti(   d' i 


t  .se  lui 

M  ■: 


leiiL 


^.l    i|u  il    iluvuit    \aiuciu    >i 


Val 
I 
<!■> 
hun 
poui   lu  dirccUuu  de 


élnl. 


"t  ainsi  ({U  U  «iiiniil  ou 
iitcinbUii,  dq  la    i       Ueuii  ul    II.   {ui    lucci-da   &   tM(Oifi-    Vl^^t 


apprécier  le  mérilc  dun  pareil  athlète,  et,  plus 
d"une  fois,  iL  l'appela  à  sa  cour  pour  l'aider  à 
porter  remède  aux  maux  qui  afllijjeai'^iitla  Sainte 
Eglise.  Sur  ses  conseils,  Pierre  se  mit  à  écrire  des 
livres,  du  fond  do  sa  retraite,  pour  ti>Hrir,  en 
termes  d'une  éloquence  indignée,  l'inconlinence 
des  clercs,  et  pour  réclamer  contre  les  usurpa- 
lions  du  pouvoir  temporel,  qui  s'ingérait  daiis 
les  choses  spirituelles,  sans  en  avoir  reçu  mission. 

Le  mal  était  signalé,  mais  non  encore  guéri; 
•''était  au  i)ape  saint  Léon  IX  qu'il  était  réservé  de 
donner  un  remède  eflicace. 

n  avait  à  sescf'ités  le  jeune  archidiacre  Hilde- 
hraud,  qui  devait  plus  tard  couronner  l'œuvre, 
sous  le  nom  de  saint  (îri-goire  VU.  Saint  Pierre 
Uamien  jouissait  aussi  de  la  confiance  du  pape. 
Sur  le  conseil  de  ces  deux  hommes  émin''uts  en 
science  et  en  vertu,  Léon  IX  convoqua  un  concile 
à  Home  pour  l'année  1049.  Pierre  Dumien,  eu  fa -e 
du  pape  et  des  évèques  fidèles  à  la  bonne  cause, 
montri  le  mal  avec  précision  et  mit  le  doigt  sur 
la  plaie,  sans  se  soucier  d'une  multitude  inso- 
lente de  prélats  et  de  prêtres  scandaleux.  C'était 
la  lutte  de  l'Esprit  de  Dieu  contre  la  chair  et  le 
••an;:,  et  il  n'était  pas  étonnant  qu'elle  exci(/i\t  une 
formidable  résistance  de  la  part  des  passions  bru- 
tales. Mais  les  Pères  du  Concile  s'en  souciaient 
fort  peu.  L'anathèmc  fut  prononcé  contre  tous 
les  prêtres  qui  vivaient  dans  le  uuiriage  ;  lo 
peuple  chrétien  accueillit  cette  nouvelle  avec  ua 
immense  cri  d'allévresse;  et  i!  se  tourna, dès  lors, 
vers  l'unique  refuge  des  imes,lt'  filet  du  pécheur 
Pierre. 

SAI.M  PIERRE  O.VJIIEN,  F.VÉQLE  ET  C.VRDINAI. 

Des  wrvices  si  éclatants  valurent  à  saint  Pierre 
l>amien  l'amitié  vive  et  sincère  qui  l'attacha  tou- 
iours  à  saint  Léon  IX  et  à  lîildebrand. 

Iiliennc  .\,  qui  succéda  à  saint  Léon  IX,  voulut 
le  récomp'-nser.  Il  lui  ordonna  donc  de  venir  le 
trouver  à  Home,  pour  recevoir  la  consé<'ration 
•  ■piscopale  et  les  insi^-nes  du  cardinalat.  Pierre, 
dont  rtiuniilité  s'elTrayail  facilement,  répondit 
par  un  r<-fus  péremptoire  :  "  J'ai  fait  vcpu,  ilit-il, 
•  de  vivre  au  désert:  les  affaires  du  siècle  me 
'  sont  interdites,  et  je  les  ai  en  horreur.  ■>  Mais 
le  Pape,  ayant  commandé  au  noni  de  la  sainte 
iibéissance,  il  n'insista  plus.  Il  vint  recevoir  de 
•■es  mains  l'anneau  et  le  bilon  pastoral,  gages 
'symboliques  de  l'alliance  qu'il  contractait  avec 
lE::lise  d'Oslie. 

«ORT  D'itTIEttNE  X 
liukTlON   DR  >AI?IT  PIERHE  OAjnr*    \    MILAN 

l'eu  de  jours  apri's,  le  pape  raournit  prémalu- 

rém<»nt  li  la  tleiir  de   l'iae.  Pierre,  .i  peiiio  assis 

,111    U   «i..  I-  .riutj.',  .iccourul  à  Home.  D<4jA  les 

d'un  grand  tumiille,  avaient 

,  t        11  1-   ,    ,  [ue  Jean  de   Velletri,  .sous  I» 

nom  de   11.  ti.pji  \.  Mai-»  saïul  Piem?   Dauien,  à 

la  ti'le  de»  Ijoniirns  de  bien,  prolesta  <tonlv«  celte 

'  I'    tiofi,  et  eacoamunia  tous  ceux  >^i  y  avaient 

i  I  I     |i;irl. 

Il   ■  •     I  ima   partout  que  l'antipape   êiait    un 

il    Li    i  i<\  Ht  '-nmaio  t'B  Uii  cun^eillail  d'agir 

II-  !•        il'     •■  '  Mioiiynie, il  répondit  ;  •  L'a  fil» 

)'■  !  (  s  I  I  '     I    '...*»  n**  «n  i'.'ïrh*'  prt<  pour  roia— 

outrageât 

et  raiMVt 

i   I"  i.i  1'  I    '11   II  ■■'  i,_  I        I  II  tf-l  rouram 

ifilin  ib''  difii'iili' <.  «I  liio'itol  un  pap«  lé^ 

iiiii'-,  Niiolas  II,  fut  ê|u  p.ii  les  cardinaux. 

Pendanlquc  l'Kgli^r  Itomainc  était  ainsi  troublée 


par  les  fa':tieux,  celle  de  Milan  était  en  i  roie  à 
de  non  moins  funestes  dissensions.  La  plus 
grande  partie  du  clergé  de  cotte  ville  était  com- 
posée d'iioinmes  indignes  ayant  acheté  leur 
dignité  à  prix  d'argent.  Beaucoup  les  soutenalejU. 
Les  chrétiens,  restés  fidèles  en  face  de  tant  de 
maux,  cherchèrent  un  remède  auprès  du  Souve- 
rain Pontife.  Nicolas  U  no  trouva  personne  qui 
fût  plus  propre  à  relever  cette  malheureuse  Eglue 
de  ses  ruines  que  Pierre  Oaniicu. 

Le  saint  légat  fut  reçu  à  Milun  comme  lui  ange 
envoyé  du  ciel.  Mais  à  peine  a-t-il  fait  connailrd 
ses  intentions  et  l'objet  de  sa  mission,  qu'une 
révolte  écluto.  Les  cloches  sonnent  à  toute  volée 
pour  appeler  lo  peuple  aux  armes.  L'émeute 
grandit  à  toute  minute,  et  les  cris  sauvages  par- 
viennent jusqu'à  saint  Pieri-e  Damien  qui  était 
renfermé  dansTégliseavec  toutledergé.  L'homme 
de  Dieu  fait  porter  l'ambon  sur  les  marches  exté- 
rieures du  temple,  et  de  là,  il  s'adresse  à  la  foule 
irritée.  Il  établit,  (l'a[>rés  lo  témoignage  même  de 
saint  Ambroise,  le  grand  évèque  de  Milan,  que 
l'Eglise  Romaine  avait  autorité  sur  toutes  les 
autres  Eglises, pour  réf.irmer,  quand  elle  voulait, 
les  afcus  qu'elle  y  apercevait.  Du  reste,  on  ne 
voulait  pas,  en  ce  moment,  enlever  à  l'Eglise 
ambroisienne  les  privilégies  dont  elle  jouissait, 
mais  seuibnrent  corriger  d'injustes  abus.  Ces 
raison»,  présentées  avec  une  habile  éloquence, 
calmèrent  peu  à  peu  l'effervescence  populaire, 
et  l'ierre  Uamien  put  reprendre  la  lâche  difficile 
qu'il  avait  laissée.  .\  force  de  pruilence,  de  dou- 
ceur et  de  fermeté,  il  mit  fin  à  bien  des  scandales 
et  prit  de  sages  mesup's  pour  les  prévenir. 
Enfin,  le  légat  quitta  Milan  au  milieu  des  béné- 
dictions et  des  acclamations  de  tout  le  peuple 
qui  l'appelait  son  sauveur. 

SCBISHE  DE  CADALOUS 

L'illustre  légat  rinl  rendre  compte  de  sa  mis- 
sion au  pape,  ot  se  retira  ensuite  dans  sa  ville 
épiscopale  pour  y  reprendre  les  soins  d'j  minis- 
tère, qu'il  remplissait  avec  tout  le  succès  dont  il 
était  capable. 

In  nouvid  incident  le  ramena  bientiM  à  Rome. 

Nicolas  II  venait  d'être  enlevé  à  l'amour  des 
fidèles  défenseurs  d«  l'E^'lise .  Les  troubles 
recommencèrent,  mais  saint  Pierre  Damien, 
mêlé  à  l'élection  du  Souverain  Pontife  en  sa  qua- 
lité de  cardinal,  ne  négligea  rien  pour  soutenir 
.\lexandre  II,  légitinieirienl  élu. 

Quelques  mois  s'étaient  à  peine  ëcouïés,  que 
l'audacieux  évêcpie  de  Parmi;  levait  l'étendard 
de  la  revoit»»,  ot  se  faisait  proclamer  Pupi;  dans 
un'  assemblée  sfliisiiiatii|ue.  H  "'appelait  Caila- 
hih,  et  «on  nom  est  resté  attaché  à  sa  révolte. 
Saint  Pierre  lui  écrivit  deux  lettres  extrêmement 
flirtes,  pour  lui  reprocher  son  ambition.  Il  fe 
,  menaçait  avec  une  fermeté  tout  apnstolique,  des 
foudres  prochaines  de  la  vengi'ani  e  divine  :  "  Je 
'•  ne  vous  trompe  point,  von:-  m'^iirrer,  auaat  un 
.1  .iii..   »  L'iutru»aeso  1...  nouvojr,  et  il 

osa  méau*  .se  diriger  à  lu  '  .  <    armée  sui  la 

vilb-  de  Uorae.  «  Des  lorreiiN  ,1'  Imiues,  éi rivait 
'1  s.dnt  Piei're  Diuujen,  s'échoppent  de  uic  vf  u\ . 
•I  Je  sèche  df  doul'ur  041  sp">itaclie  lies  ca.L'iiiiit's 
1  d«  la  Saiule  Eulis*.  Prions  pour  ces  furieux 
•■  afin  qii'ibi  s*  "ni  '   •' 

La.  prière  du  niai  fut  nuteudue.  Le 

I  '    ■liW'lui  'i  Culnloii    ["  ' 

II  lavani..   -■  >  .mt   de  ■ 

,1 1  II.  ni  i.iil,  et  le  dèp..-.  I  ■  III  il.tn^  une  a--  Il ^ 

solennelle.   Ain«i  se  réalisait  la  prophétie    de 


saint  Pierre  Damien,  car,  dit  le  saint  docteur, 
s'il  ne  mourut  pa?  véritablement,  son  pouvoir, 
du  moins,  était  ruiné  et  subissait  une  sorte  de 
trépas. 

Mais,  comprenant  que  tôt  ou  tard  i!  rplèverail 
la  tète,  le  courageux  défenseur  des  droits  du 
Saint-Sit'^'e  voulut  que  l'erreur  fût  solennelle- 
ment nnutli.'matisée.  11  s'occupa  de  réunir  un 
coucil'-  à  .Maiitoue,  et  là.  de  concert  avec 
Ale^.iridie  II,  Hildebrand,  ot  tous  les  cardinaux, 
il  lit  condamner  (^idaloiis,  il  le  pape  légitime 
tut  conlirmé  daus  la  possession  de  son  siège. 

SAINT  PIERRE  DAlllEN  RKfOCB.NB  DANS  SON   DÉSERT 

Mais,  au  milieu  de  ces  luttes  et  de  ces  triom- 
plies,  riiumMe  cardinal  soupirait  après  la  soli- 
tude et  le  ri'pos  dont  il  jouissait  jadis  à  Fonta- 
vellanc.  \  iiiijt  foisil  avait  demandé  à  sedèi-har;;er 
du  poids  de  l'épiscopat,  et  toujours  ses  propo- 
sitions avaient  été  repoussées.  Il  avait  beau  allé- 
guer son  f;rand  ûjlîc  et  ses  infirmités.  Hildebrand 
comprenait  trop  bien  que  sa  présence  était 
encore  utile  à  l'Hiilise.  Cependant,  pour  lui  per- 
mettre de  mieux  reprendre  la  lutte,  il  le  laissa 
libre,  enlin,  de  j^rendre  quelque  repos. 

Pendant  le  court  moment  de  répit  dont  l'Eglise 
jouit  alors,  Pierre  put  aller  retrouver  ses  reli- 
pieux  au  désert.  Il  leur  demanda  la  plus  pauvre 
des  cellules.  A  Home  et  à  (  istie,  sauf  les  jours  de 
fêtes,  où  il  se  permettait  un  peu  de  poisson,  sa 
nourriture  <)uotidienne  consistait  en  un  morceau 
de  pain  noir  :  jamais  il  ne  voulait  boire  que  de 
l'eau  tirée  de  la  veille  et  (|ui  avait  perdu  toute 
sa  fraîcheur.  Au  désert,  il  rencliéril  encore  sur 
ses  pénitences  passées  :  ses  jeûnes  devinrent 
plus  rij;oureii.\.  Jusqu'à  la  mort  il  porta  sur  sa 
chair  nue  une  ceinture  de  fer  armée  d'ai^'uil!on<. 
Le  bassin  dans  le(|ucl  il  lavait  les  pieds  aux 
pauvres  lui  servait  parfois  à  délremner  son 
p'iiri  :  son  lit  était  une  natte  de  jonc.  Il  inven- 
tait lies  raffinements  dans  sa  pénitence  :  "  Il  est 
>•  plus  difficile  et  plus  méritoire,  disait-il,  de 
"  renoncer  à  l'usa^je  du  sel  qu'à  celui  de  la 
>'  viande.  » 
''••tte  effrayante  austérité  était  cependant 
l'onnèc  dune  franche  f;aieté,  que  l'on  peut 
I  dan'<se«.  rapports  intimes  avec  Alexandre  II 
'  Hildebrand.  I  n  jour,  ce  dernier  ayant  reçu  en 
•  l'i'  lu  un  poisson,  en  envoya  une  moilii-  au 
'•aint  cardinal,  qui  lui  lèponilit  par  ce  distique  : 
•■  Je  ne  m'rtoiiDe  plus  que  Pierre  soit  réduit  à 
"  une  telle  |>auvreté  :  les  fleuves  ne  produisent 

rlus  (|ue  des  demi-poissons.  >• 
ne  autre  fni>,  dit  ••ainl  Pierre  Damien,  le  Pape 
ayant  en(.'ai.'è  «an»  moi  une  affaire  épineuse,  me 
■  !•  manda    d'inleivi-nir    pour    la    terminer.    On 
lit  ainsi  entonné  I'iI-udi  l'alii,  cl  l'on  in'appe- 
liit  pour  dire  Hirut  erai. 

SAtWT  PIEKkl    DAMIE>,  LKi.VT  K!l  FRANCE 

l.'h^mm»  de  Dipii  qui  «rsit  toujours  toute  la 

'•:  ''     ■       :t  r  ■'  ;    !■  à  Home,  et  charfié, 

;ii".  d'.iller  réprimer 

■lie»  lie  France 

i>artit  au^^itât 


l'illustre 
..>  (•M.i  ,  „littinenre 
l'Onice    divin  aux 


monastique;    il  p<ialm"diail 


heures  accoutumées,  comme  s'il  eût  été  à  Fon- 
tavellane. 

De  Cluny,  l'homme  de  Dieu  se  rendit  à  l.imoees 
au  milieu  de  mille  dangers,  puis  à  ChAlons— ui- 
Marne.  Il  y  présida  un  concile  dans  lequel  il  ter- 
mina heureusement  les  différends  dont  il  était 
jufje.  La  paix  rétablie,  il  revint  à  Home  auprès 
du  pape. 

SAINT     PIERRE    DAMIEN   RUP^-CIIE    LE    DIVORCE 
DE  BE.NBI    IV  d'aU-EM.VI.NE 

A  (pielque  temps  de  là,  un  fait  monstrueux  se 
passa  en  .\llemaene.  Apres  les  fêtes  de  la  Pente- 
côte de  l'an  ior.9.  dans  une  di^'te  tenue  à  \N  orras, 
le  jeune  roi  Henri  IV,  déjà  livré  aux  plus  hon- 
teux excès,  avait  ouvfrtemenl  déclaré  sa  réso- 
lution de  r>'q>uilier  la  jeune  reine  Hertlie,  qu'il 
avait  conduite  à  l'autel  peu  de  mois  auparavant. 
Il  n'avait  d'autre  raison  que  la  passion.  Cette 
déclaralion  fut  accueillie  par  un  sentiment  d'hor- 
reur et  de  mépris  général,  mais  nul  n'osa 
affronter  le  courroux  du  jeune  libertin  cou- 
ronné. 

Mais  les  lois  de  Dieu  ont  Tin  gardien  sur  la 
terre,  c'est  le  pape.  Celui-ci  envoya  en  Allema;.'ne 
saint  Pierre  Damien.  Dans  une  assemblée  -yno- 
dale  à  Francfort,  Pierre  prit  la  jiarole  au  nom 
du  Vicaire  de  Jésus-Christ;  il  flétrit  l'abominable 
projet  du  prince  allemand,  et  déclara  que,  si 
ilenri  ne  se  soumettait  aux  lois  de  la  morale 
chrétienne,  il  serait  exconiniiinié  et  le  Pape  refu- 
serait de  le  couronner.  D'un  ton  de  ra«e  con- 
centrée: "  J'essayerai,  dit  Henri,  de  me  faire  vio- 
»  lenre,  et  de  porter  romme  je  pourrai  un  jouy 
1'  dont  je  ne  puis  in'affranchir.  "  Il  ci<nsentil  à 
conserver  la  jeune  Herthe,  et  lui  rendit  bienItU 
son  amour.  En  1071,  Derthe  lui  donnait  un  fils. 

Saint  Pierre  Damien  avait  pu  entrevoir  les 
malheurs  dont  le  rè^ne  de  ce  roi  allait  être  le 
signal  pour  rE;;lise.  De  retour  à  Home,  il  commu- 
niqua au  pape  ses  tristes  pressentiments.  Pour 
lui,  sa  laborieuse  carrière  touchait  à  son  terme, 
car  il  était  déjà  plus  c|u'oclogénaire.  "  Plrin  de 
"  jours  et  de  saintes  ipuvres,  dit  l'hagiotiraphc, 
"  Vatiilète  du  Christ  se  préparait  à  la  suiirêine 
•■  récompense.  » 

.Sa  dernière  mission  fut  de  ramener  sa  chère 
ville  de  llavcnne  sons  l'autorité  du  Pape. 

Au  retour,  il  lut  arr-'té  à  Fanita  par  une  fièvre 
violente  qui  dura  huit  jours. 

Le  neuvième  j'Mir,  on  célébrait  la  fête  de  la 
Châtre  de  saint  l'iene.  Vers  le  milieu  de  la  nuit, 
sentant  qu'il  allait  quitter  ce  monde,  Pi<rre  fit 
ran;:er  ses  c  Minpagnons  autour  de  son  ht.  leur 
ordonna  tle  réciter,  comme  à  l'ordinaire,  l'Office 
du  matin,  •  voulant,  disait-il,  célébrer  l'fKfice  du 
!•  Priiic-  des  .\pAtres,  ci>mm<-  s'il  eiil  été  à  Kon- 
>.  tavell.ine.  .•  Le»  Nooliirnes  furent  suivies  de  la 
Mes-<-  le  llienheureux  communia  au  Corp»  et  au 
SaiiL-  ilu  Seiiineur.  ■•  Nous  le  vime«  alors,  dit  un 
.•  de  ses  compaKiions,  se  recueillir  dans  une 
■•  méditation    qui    ressemblait  à    l'extase  :    son 

\mf  se  liêtaclia  doucement  îles  liens  du  corps, 
.    et  il  Cf-tn  de  vivre  sur  la  terre.  ■ 

l)n  «e  disputa  l'honneur  de  d   ■       -  '^ 
iiix  re»tes  de  l'homme  de  Die' 
'"iilul  jamais  «e  d.-faire  de  «oi,  ,  , 
I  e«    funérailles    i.'-«enililérrnt    à 

,  I.  ,1..       I     ....      <      ,,1..      .In      (iii'l.   !•   ■ 


"■ir. 


prodife». 


Iiin.  -/;r.fi>ir     h.    Pitiiiit»M,  ^,  nit    hr.in'i»    !■ 


SAINT   MATHIAS,  APOTRE 


Fétf  le  24  février 


Saint  Mathias,  l'apôtre  qui  a  remplacé  Judas  prévaricateur. 


Sailli  Malhias  avait  été  l'un  des  plus  lijéles 
disciples  de  Notre-Seiyneur  depuis  le  r.ommen- 
cemeiil  de  la  vie  puldique  du  divin  Maître.  Il 
n'avait  pas  encore  l'nonneur  alors  d'i'lre  au 
nombre  des  douze  apAtres;  mais  que  de  foi» 
Notre- Seiuneur,  qui  savait  tout,  dut  arri^ler  des 
rfi;ards  de  tendresse  sur  ce  futur  messa*<er  de 
la  bonne  nouvelle,  destiné  à  remplacer  le  traître 
Judas. 

Après  la  «Inrieuse  ascension  du  Sauveur,  pen- 
'lanl  que  les  apAlres.  réunis  autour  de  la  Très 
^uiitr  \  if^r^f  ilan*  leur  rilriilo  du  Dénacle,  sr 


c. 


réparaient  dans  le  rerueilloment  et  la  prière  n 
1  venue  de  l'IOsprit-Saint,  Malhias  était  là  avec 
les  autres  disciples  du  Sei:.'neur.  Saint  l'ierm 
remplissant,  pour  la  première  fois,  ses  aucusics 
fondions  de  vicaire  de  Celui  qui  venait  de 
remonter  au  ciel,  sa  mission  de  chef  visible  de 
toute  TK^lise,  jupe  convenable  de  choisir  qu^l 
qu'un  pour  prendre  la  place  laissée  vacante  par 
la  trahison  et  le  fatal  désespoir  de  Judas.  Il  con- 
venait en  effet  que  les  aprttres  fussent  au  nombre 
de  douie,  chiffre  auquel  s'était  arrêté  Nnlre- 
Seicneur  en  le;  choisissant  et  qu'avaient  liL-iin-  •> 


.%6.. 


l'avance  les  douze  patriarches,  pères  du  peuple 
d'Israil.  les  douze  princes  qui  pnrtaient  rarch'; 
du  Te^Uinenl.  les  douze  lions  du  tnlne  de  Pal"- 
mon.  etc.  Et  plus  tard,  saint  Jean,  dans  ses 
sublimes  visions  de  Pathmos.  comptera  les  douze 
fondt-nients  et  les  douze  portes  de  la  cité  céleste. 

Mai-  laissons  la  parole  à  l'auteur  inspiré  des 
Aclef  iltS  Apîitres  : 

<•  Kn  ces  jours-là,  Pierre  se  levant  prit  la 
parole  au  milieu  des  disciples.  (Or  le  nombre 
des  assistants  était  d'environ  cent  vinpt.  Hommes 
frères,  dit-il,  il  faut  <}u'elle  reçoive  son  accom- 
plissement la  prophétie  inspirée  par  l'Esprit- 
Sainl  à  David  au  sujet  de  Judas  qui  s'est  fait  le 
puide  de  ceux  <|iii  saisirent  Jésus.  Judas  avait  vu 
son  rani'  in.iriiué  parmi  nous,  il  avait  été  élu 
pour  parla^'er  notre  ministère.  Et  maintenant  il 
est  en  pH<-,»-irin  \\  du  san;;  acheté  au  prix  d^- 
l'iiiiquil''  :  il  s'est  pendu;  son  corps  se  déchira 
par  le  iiiili>'U,  et  ses  entrailles  se  répandirent 
sur  le  <^i<\.  I.e  fait  est  connu  de  tous  les  habi- 
tant- di'  Jérusalem,  qui  ont  donné  le  nom 
d'ilaccldmia  ou  champ  delà  sépulture. 

»  Il  est  en  elTet  écrit  au  livre  des  Psaumes  : 
Que  sa  maison  lUincure  abandonnée,  'jui"  nul  ne 
vienne  l'habiter.  H  que  ^on  ipi^opat  ioil  confié  <i 
un  nuire.  .Mn^^i  il  faut  constituer  un  de  ces  homme!! 
qui  nous  ont  accompagnée  pendant  toute  la  durée 
de  la  vie  publique  de  J'^sus,  depuis  le  baptême 
de  Jean  jas(]u"au  jour  de  l'.Xscension,  afin  qu'il 
soit  avec  nous  témoin  de  la  Résurrection. 

>■  Ils  en  présentèrent  deux  ;  Joseph  Harsabas, 
surnommé  le  Juste,  et  Uathias.  Priant  ensuite, 
ils  dirent:  ■■  Seigneur,  vous  qui  connaissez  le  cn-ui 
de  tous,  montrez  celui  de»  deux  que  vous  aurez 
choisi  pour  lui  donm-r,  dans  ce  ministère  i-l  dans 
cet  apostolat,  la  place  qu'après  sa  prévarication 
Judas  a  laissée  pour  aller  en  •<on  lieu.  >■ 

»  Ils  jetèrent  le  lort  (i).  et  le  sort  tomba  sur 
Mathias,  qui  fut  associé  aux  onze  ap'Ures.  »  (Actes 
des  ApAtres.  fhap.  i",  v.  15  et  suiv.) 

Le  jour  de  la  Pentecôte,  saint  Mathias  reçut 
donc,  an  iii'"-iiie  titre  que  ses  frères  dans  l'apos'to- 
lal,  la  |>lènilud>>  de  l'hsprit-Saint,  et  comme  eux 
il'sc  mit  liardiniant  et  sans  crainte  &  prêcher 
rRvansile  et  i  attester  la  résurrection  de  Jésus- 
Christ  dont  il  avait  été  témoin.  (Juris  furent  ses 
TovaRes  apo-;toli,|ue»  et  les  multitudes  d'Ames 
qu^l  eut  le  bonheur  de  conquérir  h  Jésus-(!hri«t? 


(1>  Jiiila»    le    premier   fut  enseveli  dans  le  champ 
irilacrlilniiia.  acheté   par  les  Juifs  fvec   loi   trtnté 
'   •T».  pru  <le  son  rriiue. 

Apri'<  l.i    desrente   de    l'ICsprit-Sainl,    quiind 

.4  94    marche  doliiiltive  et  réxuli'-re, 

1    rtcourir  au    sort  pour  le  choix  de 


Le  récit  n'en  a  pas  été  fait  ou  du  moins  ue  nous 
a  pas  été  conservé.  .Nous  savons  seulement,  par 
les  auciennes  traditions  de  l'Eglise  grecque,  que 
la  Judée  fut  le  premier  théâtre  de  son  apostolat. 
Puis,  quand  les  apôtres  se  partagèrent  le  monde, 
il  prit  sa  route  vers  le  Nord,  porta  la  bonne  nou- 
velle à  travers  la  Syrie,  la  Cappadoce,  l'Arménie, 
le  lonf!  des  rives  lointaines  de  la  mer  Caspienne, 
et  jusqu'en  Colchide  au  pied  du  Caucase,  où  il 
scella  sa  prédication  par  un  courageux  martyre, 
di;:ne  couronnement  des  diflicultés  sans  nombre 
qu'il  avait  vaincues  et  des  victoires  qu'il  avait 
remportées  sur  l'enfer,  llaronius  raconte  ipi'ilfut 
d'abord  lapidé,  puis  relevé  tout  brisé  et  saiif-'lant 
pour  être  attaché  à  une  croix  et  onlin  décapité. 

La  plu-  considérable  |iarlie  de  ses  reliques  se 
trouve  .lujourd'hui  à  Home  dans  la  basilique  de 
Sainte-Marie-Majeure:  Trêves,  en  Allemagne,  en 
a  aussi  reçu  une  partie. 

Quelques  traits  de  la  doctrine  du  saint  apôtre 
nous  ont  été  conservés  dans  les  écrits  île  (Hément 
d'Alexandrie  :  «  Il  faut,  disaitsaint  Mathias,  com- 
battre la  chair,  et  se  servir  d'elle  sans  la  tlatter 
par  de  coupables  satisfactions:  quant  à  l'ftrae, 
nous  devons  la  développer  par  l.i  foi  et  par  l'in- 
telli::ence.  »  Doctrine  utile  en  tout  temps,  mais 
-urtoul  quand  on  se  prépare  au  carême.  Avant 
le  péché  originel,  de  même  que  l'.Ame  de  l'homme 

•  tait  parfaitement  soumise  à  Dieu,  le  corps  de 
son  côté  était  parfaitement  soumise  l'Ame,  mais 
depuis  le  péché,  l'onlro  a  été  brisé,  la  chair  est 
révoltée  contre  l'esprit,  et  la  concupiscence  nous 

•  iitraine  an  mal;  il  faut  vaincre  cl  dompter  la 
chair  par  la  péiiilen<-e  et  fortilier  l'Ame  par  la 
pnrolr  de  Dieu  et  les  sacrement*. 

Nous  emjiruntons  à  Doin  (inéranaer  ^ .Année 
(ittiniiiiiii'  la  traduction  cle  (piel(|ues  strophes 
d'un  chant  consacré  a  saint  Mathias  par  la  litur- 
gie ;.'recque  : 

•'  Apitlrc  .Mathias,  tu  as  complété  le  divin  col- 
lèi;e  après  la  chute  de  Judas;  la  splendeur 
célesli'de  tes  sa^es  discours  a  dissipé  les  ténèbres 
de  l'idolAtrio,  parla  vertu  de  l'Esprit-Saint:  prie 
maintenant  le  Seigneur  d'accorder  la  paix  à  nos 
.'imes,  par  sa  grande  miséricorde. 

Vénérable  Mathias!  lu  as  paru  comme  un 

ciel  spirituel  cpii  raconte  la  (.'loire  du  Fils  inef- 
fable de  IliMU.  <".élébron»  avec  joie  d'une  voix 
unanime  rei  npôtre,  éclair  de  l'Ksprit-Saint, 
pécheur  des  .\in"'s  étiar^es.  rcllet  de  la  divine 
clarté,  docteur  des  iiiy-liTe>i. 

Muni   de  la  cfMX    comme  d'une  voile,  ô 

Kienlieureux.  tu  as  iiaveisé  la  mer  agitée  de  la 
lie,  et  tu  e«  arrivé  au  port  tranquille;  mainte- 
nant, joyeux  et  iiièjé  au  clueiir  des  api'iires, 
dai;;ne  te  présenter  au  Jiii.'"'  -ublime,  et  implorer 
pour  nous  du  Seianeur  la  miséricorde.  ■• 


SAINT  NESTOR,  É^ÊOIE  ET  MARTYR 


Fête  U  26  février. 


SAUCT  NESTOR  VICTOHIECX  DES  HONNBL'BS 
ET  DES  PROMESSES 

C'était  au  milieu  du  iir  siècle,  sous  le  rè«ne  de 
l'empereur  Dece,  règne  court,  mais  ensauf-'luiité 
par  l'une  d^s  plus  terribles  et  des  plus  dauf.'e- 
reuses  persécutions  qui  aient  jamais  assailli 
rtfilise  de  Jésus-Clirist,  que  Pollion,  préfet  de 
la  Parapliylie  Asie-Mineure),  exécutait  avec  un 
lèle  aussi  ardent  qu'intéressé  les  ordres  de  son 
cruel  souverain.  Quatre  chrétiens  d'Attalia,  ville 
maritime  de  celte  province  :  Papias,  Diodore, 
Conon  et  Claudien  venaient  de  payer  par  le 
martyre  leur  lidélité  à  Jésus-Christ  et  à  leur 
conscience  ;  mais  leur  supplice  n'avait  point 
effrayé  leurs  frères. 

Les  fidèles  de  ce  pays  avaient  alors  pour  pas- 
teur un  vénérable  et  saint  évêque  nommé  Nestor, 
dont  la  sagesse,  la  bonté,  la  foi,  la  charité,  l'élo- 
quence douce  et  persuasive  avaient  conquis  le 
respect  et  l'alTection  de  tous  les  habitants  de  la 
province. 

L'irénau-que  l'on  appelait  ainsi  l'ofûcier  char^'ê 
de  maintenir  la  paix  publique  :  c'e'tait  une  sorte 
de  préfet  de  police)  redoutait  son  iniluence  et 
n'osait  se  mesurer  avec  lui  en  guerre  ouverte. 
Enfin,  un  jour  que  ses  conseillers  étaient  réunis 
pour  délibérer  sur  les  mesures  à  prendre  contre 
le.-  adorateurs  du  vrai  Uieu,  il  leur  dit:  "  Nous 
n'obtiendrons  jamais  rien  des  chrétiens  tant  que 
nous  n'aurons  pas  fait  arrêter  leur  évèque  :  tous 
lui  obéissent.  » 

.'Vestor  ne  tarda  pas  à  être  informé  des  violences 
que  méditaient  les  persécuteurs.  Crai;.'nant  pour 
."«s  brebis,  il  ordonna  à  ceux  qui  le  pouvaient  de 
se  dérober  par  la  fuite  aux  daijfjers  qui  le»  raena- 
caieQt  et  de  chercher  un  refu^se  ailleurs  ;  pour  lui, 
l'i  resta  tranquillement  à  son  poste  et  ne  quitta 
point  sa  demeure.  I.à,  il  passait  les  jours  et  les 
nuitfc  en  prières,  suppliant  Notre-.Seij^neur  de 
veiller  sur  sou  troupeau. 

ARRESTATION  VK  SAINT 

Bienti*it  sa  maison  fut  entourée  par  les  persé- 
cuteurs, accompa;ai>'s,  comme  il  arrive  dans  de 
pareilles  circonstances,  de  tout  ce  qu'il  y  avait 
de  plus  mérb^nt  et  de  plus  vicieux  dans  la  \illc. 
Opendaiit  on  (.'ardait  une  certaine  tenue  :  un 
mot   d'ordre  avait  évidemment  été  donné  dans 


ce  sens.  Un  homme  se  détache  de  la  foule,  s"a 
proche  de  la  porte,  frappe  violemment  et  appel 
I  évèque  de»   chrétiens.  >eslor.  Le  pontife  était 


t 


occupé  à  prier  dans  une  chambre  intérieure;  un 
de  sf'^  serviteurs  s'appmrlie  el  lui  dit  :  i'  Il  y  a 
des  hommes  a  la  porte  qui  vous  demandent.  .• 
L'évéque  achevé  sa  pri>'re,  puis,  se  levant  avec 
calme,  il  s'avance  à  la  porte  de  sa  maison  et  se 
firéscnte  à  la  foule  avec  une  majesté  simple  et 
di:.'ne.  Tou*  les  fronts  ^'inclinent  et  on  le  salue 
avec  an  profond  respect.  «  lies  enfants,  dit  Nes- 
tor, quel  motif  voiik  amène  ici .'  —  Tout  le  Sénat 
de  cette  ville  vous  appelle,  ■■  répondit  la  foule. 
Sans  en  demander  <lnvaiilat;e,  le  pontife  arme 
'on  front  ilii  si^-ne  de  la  Croix  et  se  met  en 
marche     II   .illail    à    la  mort,   et  ne  devait  plus 


remettre  les  pieds  dans  la  maison  qu'il  venait 
de  quitter;  il  le  savait  bien,  mais  son  àme  ne 
re(.'retlait  pas  les  choses  de  la  terre,  son  trésor 
était  au  ciel,  où  Jésus,  le  bien-aimo  de  son  àme, 
l'aitendait  dans  la  perfection  de  l'amour  et  de  la 
gloire. 

INTERB0G.\T01RE  ET  MEMACBS 

Le  cortège  arriva  ainsi  au  forum  (place  prin- 
cipaje;  ou  siégeaient  publiquement  tous  les 
magistrats  de  la  cité.  A  l'approche  du  pontife 
des  chrétiens,  tous  se  lèvent  et  le  saluent  : 
«  Dieu  vous  pardonne,  dit  l'humble  Nestor,  mais 
je  ne  comprends  rien  à  ces  hommages.  Nous  ne 
faisons  que  vous  rendre  les  honneurs  que  nous  vous 
devons,  et  que  méritent  votre  vie  et  vos  vertus, 
répondent  les  sénateurs.  —  Assez  de  louan;;es, 
repartit  l'évéque,  il  est  temps  de  me  dire  pour- 
quoi vous  m'avez  fait  appeler.  —  Connaissez- 
vous  l'édit  de  l'empereur'/  —  L'édit  de  l'empe- 
reur? non,  mais  je  connais  très  bien  les  comman- 
dements du  Dieu  Tout-Puissant.  —  Laissez-vous 
persuader  de  bonne  grâce,  dit  alors  l'iréiianjue, 
votre  résistance  nous  obligerait  à  vous  traduire 
devant  le  tribunal.  —  Je  suis  très  persuadé  que 
je  dois  toute  obéissance  à  la  volonté  et  aux 
ordres  de  mon  céleste  Roi.  »  L'irénarque  perdit 
patience  :  »  Vous  .'tes  un  possédé  du  diable! 
cria-t-il.  —  Plût  à  Uieu,  dit  l'évéque  en  pous- 
sant un  soupir,  que  vous  ne  soyez  pas  vous- 
mêmes  les  esclaves  des  démons  et  que  vous  ne 
les  adoriez  pas!  —  Scélérat,  dit  l'irénarque,  vous 
o.sez  appeler  nos  dieux  des  démons?  —  Non 
|Kis  moi  seulement,  mais  eux-m.'nies  l'avouent 
l'iir  la  bouche  des  possédés.  —  Lh  bien,  moi, 
reprit  le  magistrat  en  branlant  la  tète  avec 
ra^'e,  j'agirai  auprès  du  préfet  pour  que  les 
tourments  t'oblipent  à  proclamer  qu'ils  sont  de 
vrais  dieux  et  non  des  démons.  •< 

En  présence  de  ces  menaces,  le  soldat  de 
Jésus-Christ  fit  de  nouveau  le  siane  de  la  croix, 
't  d'uni-  voix  assurée  :  Que  m'importe  vos 
menaces,  je  ne  crains  ni  vos  tourments,  ni  ceux 
du  préfet,  mais  ceux  ijue  l.i  iii^ii.p  ,\c  \V\e\\ 
réserve  aux  méchants. 

TRRHRLRyBirr   DE  TERRE    —  "^AIM    NK-IOII     liKVVNT    lE 
TBIRrNAI,   DU  l'RKKKT 

Alors  l'irénarque  remit  le  conrt.<iM  ur  Je  la  foi 
à  deux  ennemis  do  la  relif;ion  chu-h'-iine.  >{  par- 
tit pour  l'ersa,  capitale  de  la  province.  L'agneau 
fut  traîné  à  la  suite  du  loup,  écrit  l'historien  de 
notre  Uienlieureux.  Or,  comme  l'on  (iressait  le 
voyage,  un  tremblement  de  terre  agita  .•'oudaiu  le 
sol,  et  une  voix  céleste  se  lit  entendre,  qui 
encourageait  le  saint  martyr  :  .■  Seigneur  evéque, 
crièrent  les  paient  effrayés,  qu'est-ce  que  ce 
bruit  et -que  sienifie  ce  tremblement  de  terre? 
—  «".'est  une  intervention  de  Jésus-Christ  mon 
Uieu,  "  dit  le  martyr.  Ce  miracle,  l'a^^surant  c]uc 
Jésii-i  était  avec  lui,  remplit  son  Ame  d'une  nou- 
velle confiance  et  d'une  nouvelle  force,  mais  le» 
|iaiens  ne  profitèrent  point  de  l'avertisseiiieni  .  l 
l'on  continua  la  marche.  Arrivés  dev.mt  !'■ 
nos  voyageurs  descendirent  dans  une  \\'i\>  \ 


en  dehors  de  la  ville.  En  nttendant,  liréiiarque 
alla  voir  le  préfet  et  lui  parla  de  son  prisonnier. 

Dés  le  lendemain,  le  préfet  pi  it  place  sur  >on 
tribunal,  révéque  fut  présenté,  Tirénarque  remit 
à  l'assesseur  L'rliaiu  le  rapport  suivant  dont  le 
préfet  lit  immédiatement  donner  lecture. 

<■  Eu|)ator.  Socrate,  et  tout  le  S.-nat  au  très 
excellent  seigneur  préfet,  salut  :  Des  que  sont 
arrivés  à  la  coanaissance  de  votre  celsitnde  les 
divin'*  décrets  de  1  emjiereur  notre  maître, 
ordonnant  de  ramener  les  rlirétiens  de  la  mau- 
vaise doctrine  où  ils  sont  eu:.'agés  aux  sacrifices 
de  nos  dieux,  votre  liuinanité,  au  lieu  de  recou- 
rir à  la  sévérité  et  ù  la  violence,  a  voulu  que 
tout  se  fit  dans  la  persuasion  et  le  calme.  Mais 
cette  modération  a  eu  peu  de  suctés,  les  chré- 
tiens sont  trop  obstinés  à  refuser  leur  obéis- 
sance aux  décrets  de  l'empereur.  Celui  que  nous 
vous  envoyons  a  été  sourd  à  nos  unanimes 
prières,  et  son  exemple  a  mainti'nu  dans  la 
rébellion  les  autres  chrétiens  qui  lui  obéissent 
comme  ù  leur  chef.  .\u  lieu  d'aller  sacrilier  au 
temple  de  Jupiter,  comme  l'ordonne  la  lettre  di' 
l'empereur,  il  a  insulté  nos  dieux.  .Nous  n'avons 

iias  cru  devoir  tolérer  un  pareil  outrai;e  fait  à 
'autorité  de  l'empereur  et  à  la  vrttre,  nous  l'avons 
envoyé  au  tribunal  de  votre  celsitude.  » 

Cette  lecture  achevée,  le  préfet  prit  la  parole 
et  dit  il  l'accusé  : 

"  Comment  vous  appelei-vous! 

L'eiftiiie.  —  .Serviteur  de  Jésus-Christ. 

Le  préfet.  —  Ce  n'est  pas  votre  profession  que 
je  vous  demande,  c'est  votre  nom. 

L'i^éi/iie.  —  Je  suis  chrétien,  voilà  mon  nom. 
.Si  toutefois  vous  voulez  cnnnaitre  mon  nnm 
terrestre,  on  m'apiielle  Nestor. 

Le  pri-fet .  —  (IITrei  de  l'encens  aux  dieux 
immortels,  et  j'écris  sur-le-champ  à  l'empereur 
pour  qu'il  vous  fasse  i-hef  de  nos  prêtres,  qu'il 
soumette  à  votre  juridiction  tout  ce  i|ui  regarde 
le  culte,  enlin  vous  comble  d'honneurs  et  de 
richesses  qui  vous  permettent  de  vivre  de  longues 
années  dans  la  splendeur  et  dans  l'alioiidaiire.   " 

L'évéque  détourna  la  tétc  avec  dégoût,  lit  le 
signe  de  la  Croix  et  dit  :  «  (Juand  même  vous 
soumetlriei  ce  pauvre  corps  à  toutes  espèces  de 
tourment»,  ipiand  même  vous  le  livreriez,  aux 
chaînes,  à  la  dent  des  bétes,  au  tranchant  du  fer, 
tant  qu'un  reste  de  souille  animera  mes  membres, 
rien  ne  me  fera  reni<T  le  nom  de  mon  Dieu  qui 
est  au-dessus  de  tout  nom. 

SAIM  NESTOR   VAmul'EUR  DU  TORTURF.-- 

A  cette  réponse,  le  préfet  ne  penlit  plus  son 
temps  en  vaines  promesses.  Il  lit  iiiimédialem<-nt 
étendre  le  martyr  sur  le  chevalet;  les  bourreaux 
l'entourèrent,  armés  de  crocs  de  fer  et  se  mil  eut 
à  lui  labourer  le  coip»,  le  saiic  ruisselait  île 
toutes  parti,  les  enlailles  étaient  si  profondes 
que  les  cAtes  étaient  mises  à  découvert,  .\e-lor 
priait,  calme  au  milieu  des  tortures  :  Jr  bénirai 
Ir  Seigneur  en  tout  temps,  répétait-il  avec  le  l'saJ- 
miste,  ia  touanije  iera  toujours  sur  mes  leires. 


A  la  vue  de  tant  de  patience,  le  préfet,  rempli 
d'étonnement,  lui  dit  :  <.  0  le  plus  malheureux 
des  hommes,  nas-lu  pas  honte  de  mettre  ton 
espérancedansuiiliommejadismisà  nioi  t  sur  une 
croix?  —  Cette  honte-là,  reprit  le  martyr,  oh! 
assurément,  je  la  désire  et  pour  moi  et  pour  ceux 
qui  invoquent  le  nom  de  Jésus-Christ.  » 

Cependant,  la  fouie  impatientée  criait  :  «  Enle- 
ve/.-le,  enlevez-le.  ■■  .Mors  le  préfet  lit  dire  au 
martyr,  par  la  voix  retenti>sante  d'un  crieur 
public  :  "  Veux-tu  sacrilier  aux  dieux"?  —  Impie 
et  scélérat  enfant  du  démon,  réplii|iia  l'évèque, 
non  seulement  tu  ne  rends  aucun  culte  à  ce  liieu 
dont  te  vient  la  puissance  (car  i-'est  par  lui  que 
régnen*  lesrois  et  que  les  princes  commandent  . 
mais  tu  voudrais  in'obliL'cr,  moi  aus-^i,  à  quitter 
le  vrai  Dieu,  créateur  et  Sauveur  des  hommes, 
pour  adoier  de  vaines  statues  de  pierre".'  — 
Choisis,  reprit  le  préfet,  (pie  préfères-tu.  être 
avec  nousouavec  ton  Cbrisf.'  ..  In  éclair  de  joie 
illumina  le  visage  pâli  du  martyr,  qui  dit  avec 
émotion  :  ■<  J'ai  toujours  été,  je  suis  et  je  serai 
avec  Jésus-Christ  mon  Dieu.  » 

DERNIERS  COMBATS  KT  VICTOIRE   t-rTER.NEIXE 

l.e  préfet,  voyant  qu'il  fallait  renoncer  à  vaincre 
un  pareil  héroïsme,  porta  la  sentence  en  ces 
termes  :  i'  Puiscpie  lu  refuses,  Nestor,  d'obéir  à 
l'invincible  empereur  (1  et  de  sacrilier  aux 
dieux,  pour  l'attacher  au  Christ  crucillé  sous 
l'oine-l'ilate,  moi,  pour  te  donner  le  moyen 
de  siitislaire  ta  dévotion  à  ton  Dieu,  je  te  con- 
damne à  périr  sur  une  croix,  »  et  un  sourire 
ironique  eflleura  ses  lèvres  cruelles. 

l.e  saint  homme  l'ut  donc  attaché  à  une  croix, 
et  de  cette  croix,  comme  du  haut  d'une  chaire 
épiscopale,  il  exhortait  les  chrétiens  présents  . 
«  Mes  chers  enfants,  disait-il.  que  notre  foi  en 
Dieu  soit  inébranlable,  ne  renions  pas  celui  qui 
est  mort  pour  nous,  et  que  le  démon  n'ait  pas  à 
se  réjouir  de  notre  perle.  SoulTrons  avec  Jésus- 
t^hrist.  pour  être  glorifiés  avec  lui.  .N'ayons  pas 
peur  de  le  reconnaître  pour  notre  Dieu,  alln 
qu'un  jour  il  nous  reconnaisse  piuir  ses  servi- 
teurs. Soiivenei-vous  que  Dieu  l'a  envoyé  pour 
sauver  no»  Anies,  elTacer  nos  l.iutes,  lui  ipii 
n'avait  point  fait  de  péché  et  qui  a  -oiilTert  |iour 
nous.    l.e  l'ère   nous  a  tous   donnés   à  lui,  alin 

uu'au  nom  tie  Jesux  tout   ■••■'■  "  •  ' w  <•;.•/   ...r 

lu  terri-  et  aux  enfers,  c 

i/iie  \'i)lrr-Sriiineur  Jésus  ' .;,.    ..,    i, 

/'ICI/  le  l'rie  -n\ui  l'aill  aux  l'Iulippiens,  ch.  II). 
Allons,  mes  enfants,  ujoiiia  le  -ainl  martyr, 
prions  et  adorons  Dieu  par  Jé>u--Chrisl  Notre- 
Seigneur.  >>  Tous  lléchireut  le  genou.  ■<  Amen  •> 
murmura  le  saint  évéque,  cl  il  s'ondormit 
dans  le  Seigneur. 


Il)  Avant  lu  fin  de  rett»"  niéine  année  (!'•'    ' 

rîhlr  piii|MTeiir   li<i*  penlil   le  Iroii'-  et   I 

m»'    sativlanir  di'faite  que  In  i,olli«  lui   i 

•  iir  len  rivet  du  Danube,  bon  lil*  péril  tu*M  liaui  c«- 

ilctaatrr. 


Imp-.Uerant,  t.  l'Eiiiui.fRT,  b,  rue  l-rausoi*  I",  l'an». 


SAIM  TAltAISE,  PATRIARCHE  HE  CONSTANTIXOl'LE 


Fête  le  S5  février. 


Saint  Taraise  apparaît  en  songe  à  Léon,  empereur  de  Constantinople,  qui  avait  embrassé 
l'erreur  des  iconoclastes,  et  ordonne  à  un  ange  de  le  frapper  de  son  épée.  Six  jours 
après,  l'empereur,  insensible  à  cet  avertissement  du  ciel,  perdait  l'empire  et  la  vie. 


-ES    PARENTS    —   S0.1   EDUCATION 

l/hôrésie  des  iconoclastes  ai:itail  TEslisf" 
d'Orient  lorsque  saint  Taraise  vit  le  jour.  Il 
naquit  à  Constantinople  de  parents  nobles.  Son 
père,  appeb'  (ieorces,  exerçait  les  fonctions  de 
juire.  mais  il  lut  d'-pouillé  de  cette  chartre  pour 
nvoir  pr-'-fén-  la  vérité  aux  croyauces  de  l'empe- 
reur et  du  peuple. 

I.a  mère  de  saint  Taraise  s'appelait  Euthymi'». 
Modèle  de  piété,  elle  prit  un  crand  soin  de  faire 
croître  cette  vertu  dans  le  cœur  de  son  fils. 

A  cité  des  exeraiiles  et  des  exhortations  de  ses 
parents,  le  jeune  Taraise  trouvait  pour  son  Ame 
un  second  aliment  dans  l'étude  de  fa  Sainte  Ecri- 
ture, qui  illuminaitsonintellicenceetai.'randissail 
son  rcpur,  en  le  portant  vers  les  choses  élevées 
et  divines.  Il  joignit  à  l'élude  des  choses  surna- 
turelles celle  des  sciences  humaines,  comme 
T'-loquence.  Aussi,  bien  jeune  encore,  il  se  fil 
r-rmrquer  de  tous  par  ses  talents  et  par  ses 
viriii»;  l'empereur  lui-m^me  le  prit  en  estime, 
rappela  à  sa  cour,  le  revêtit  de  la  dienilé  consu- 
laire et  le  nomma  son  secrétaire. 

SAIMT  TARAISE  A   LA  COUR 

Taraise,  placé  ainsi  au  milieu  de«  honneurs 
du  monde  par  le  teul  effet  de  son  mérite,  ne  leur 


donna  point  ses  affections:  il  conserva  au  con- 
traire l'amour  du  ciel,  le  seul  trésor  qui  ne  périra 
pas,  et  ii  n'eut  d'autre  ambition  que  de  commu- 
niquer à  ceux  qui  le  fréquentaient  l'esprit  surna- 
turel dont  il  était  rempli.  C'est  du  milieu  de  ces 
honneurs  que  Dieu  l'appela  pour  gouverner 
l'E^'lise  de  Constantinople. 

ÉTAT   DE  L'ÉliLISE  DB  CONSfANTINOPLE 
KLECTION  DE   SAINT  TARAISE 

Celle  Eglise  était  alors  affligée  par  l'hérésie  ico- 
noclaste, qui  s'acharnait  à  détruire  les  choses 
saintes,  comme  les  crucifix,  les  imaces  de  la 
Sainte  Vier).'e  et  des  saiiil-^,  sous  prétexte  qtie, 
vén'''rer  ces  objets,  c'était  renouveler  l'idolAlrie. 
A  la  tète  de  celle  impiété,  se  trouvaient  les 
empereurs.  Plusieurs  patriarches,  qui  se  succé- 
dèrent sur  le  sièce  de  Constantinople,  n'osèrent 
pas  «'opposer  aux  volontés  impériales  et  allèrent 
rn'''me  jusqu'à  le»  favoriser  en  prononçant  l'abo- 
lition du  culte  des  images  saintes,  te  peuple, 
d  abord  étonné  de  ces  nouveautés,  finit  par  les 
accepter. 

Paul,  patriarche  de  Constantinople,  venait  de 
souscrire  à  I  hérésie,  mais,  éclairé  par  la  ^T.-^e, 
louché  de  repentir,  il  quitta  le  tri>ne  poniiiic.il, 
t'-moin  de  «on  scandale,  pour  aller  sViifcrnur 
dans  un  monastère.  L'empereur  tenta,  niai^  vii- 


lOj 


nement,  de  le  rappeler  auprès  de  lui.  Paul  persista 
dan»  la  vie  |iénilinle  <ju"il  avait  erubraseée,  el  il 
ir'l'HiJit  uns.  M'l>iiLlaUons  de  la  cnur:  !•  Je  refus* 
dVtrc  \i.'  pasteur  d  un  troupeau  hérélique,  el  je 
préfc-re  vivre  dans  un  sépulcre,  plutôt  que  d'en-, 
courir  les  anatliémes  du  Saiut-Siit;e.  »  Il  fallut 
donc  nommer  uu  nouveau  patriarche. 

Constantin  Yl,  qui  avait  reçu  de  sa  raèr'e,  l'in»- 
jérali  ice  Irène,  une  éducation  catholique,  désirait 
^aire  leviïre  lâuciemic  loi,  et,  pour  cela,  il  voulut 
donner  au  patriarche  Paul  un  successeur  qui  eut 


l 


il  'Pabord 

cet  lii^n- 

tr.ivaux 

lit,  mais 

u-'ajser  à 


"fs|ti  il  catholique.  a(lii  qu'avec  lui  il  put  ramener 
.'Kylise  d'Orient  dans  !»•>  sentiers  de  la  vérité. 
Leininislre  laraise  lui  parut  l'homme  le  plus 
cajiable  ih-  mener  à  Imnne  (in  le  rétablissement 
do  l'an.!,  nne  foi;  il  le  désigna  donc  pour  Hre 
élevé  au  patriarcat. 

Noli'  Saint,  en  apprenant  le  choix  qui  venait 
d'être  f.iil  de  >a  personne,  ne  vri:':' 
y  consi'ntir;  son  humilité  s'et 
l'ienr.  et.  d'un  autre  culé,  il  pr^ 
el  lus  pi-ines  de  tout  i.'enre  qu 

la  iràce  de  Uieu   vint  le  foiti..   :    ,.  . ,.--  _ 

recevoir  ce  lourd  fardeau  pour  l'amour  de  Jésus- 
Christ.  Taraise  ac.->pta  donc,  mais  il  exhorta  en 
nit'-Hii-  lenii-s  la  piété  du  priiic*  à  poui-suivTe 
jusqu'au  bout  le  aessein  qu'elle  avait  conçu  de 
r<-4ablir  la  f.>i  catholique  :  ■  tjue  l'KsIise  d'Orient, 
»  disait  il.  .!■  piiuillée  par  l'impiété  lyrannique 
)•  de  son  antique  beauté,  et  comme  •  ••  de 

»  lan;;es  déchirés  qui  sont  les  do.  -ains 

»  el  pernicieux  de  l'hérésie,  que  I  lu-li^e  soit  de 
"  nouveau  revêtue  par  iJii-u  et  par  vous  de  ses 
»  ornenicnls  aux  couleurs  ma:.!  i 
L'élection    de    Taraise    fut   a 
transport^  de  ji        r  '  •ut  le  p.iiii'-.  ■  i.  u'nin' 
au  ."^ouMiain  I'  ut  .Vdrien  1",  elle  reçut 

sou  CntiiTi-  .'IpplKÙaiiuil. 


Le  miuiklre  devenu  patriarche  dépoka  les  habits 

(Im  t I.    .   .111  I .  ..'lii  I  i:ux  d<' la  ji.iuvrelé  évan- 

^  ■   sa  vie  la  plus  grande 

'  relie  d'un  homme  mor- 

'   1res  courl.  Ne  voulant 

1'  ,  il  ékitiil  autant  qu'il 

le  p.  'lus  d'aulrui,  disant,  à  l'exemple 

(lu  ,1  ;  '•  Je  ne  Mii»  point  mmiu  pour 

-  autres,  u  St«  liabitii 

I  !  h'»  ye.ux.  Kn  c«la 

1  <.  un  peu  trop 

I,...  I«.s  M'ieinenl.s. 

AU;  Il  lum  LUI' aïoiu,  à  la  piété, 

saint    Tni  lil    une    iiiande    ihant''.    II 

•  itu  d'abord  eiiver-  bs  pauvres. 

!■!    pour    cf*    membre»   souiTranls 

.1      !.. I   ,...     ,    f      l,ii_ii..'.(i..i     I..W 


le  malheureux,  il  employa  tout  son  crédit  à  le 
sauver.  Il  viiU  le  visiter  al,  le  prenant  siius  sa 
pmteiit|oji,/ir  le  lit  liorlir  Je  l'église,  nKiij  lés 
soldats  I  airaclu-rent  de  ses  mains  et  le  rame- 
nèrent eu  prison.  Saint  Taraise,  indigné,  excom- 
munia ces  audacieu.v,  et  n'eut  point  de  repos 
qu'il  n'eût  décidé  l'empereur  à  rendre  la  liberté 
au  prisonnier. 

ZÈLE     DE     S.VINT     T.VBAISE     roOR    LA    FOI    CATHOLIQDB 
IL   FONDÉ   VS   ÎI0SÂST8rE   —   COKCILE"  DE   WIC 


Saint  Taraise,  en  montant  sur  .le  siège 
patriarcal  de  Constantinople.  s'était  déclaré 
catholique  et  enlièrement  soumis  à  la  nure  doc- 
Iriiie  de  l.i  sainte  L:;lisi'  romaine.  Fidèle  à  son 

Slaii  qui  lui  avait  été  inspiré  pai  la  ;.'ràce,  il 
éptoya  pendant  tonl  h-  cours  de  sa  vie  aposto- 
lique un  /•  !••  ri  uni-  patience  exemplaiivs  pour 
cxlirp'i  rtnour  du  milieu  d«  sou  troui)eau. 
L'hérésie  iconoclaste  était  «nracinée  en  quelque 
6«rlc  dans  le  clerfié,  de  là  elle  se  propageait 
parmi  le  piiiple.  C'est  pourquoi  saint  Taraise 
travailla  ù  d.inner  aux  l'uKIes  des  ministres 
profondément  catholiques  et  lit  construire  un 
monasiére  pour  y  élever  de  jeunes  clercs  dans 
la  connaissanc-  et  l'amour  de  la  \iaie  doctrine. 
Celte  maison  lui  bénie  de  l'ieii;  ^P?  donna  un 
;.'rand   nombre    d'up<^tres  is    très 

attachés  à  la  vraie  t»>iella.;  ;  leinent 

contre   les   atlaqiu»    de    l  erreur;    parmi    eux, 
plusieur''  fureiil  élevé»  à  la  dii'nilé  épi.*copale. 

\  ctMé  de  l'inllueiice  du  ilert'é,  l'ii   i    -  >  .  ' 

eucorc  pour  se  soutenir  l'autorité  «1 
bute  qui  avait   été  tenu  à  '"  -••;■■•  i un 

déliuin-   1  et  antre  point   ■  l'ai  aise 

voulut   assembb  r    ••••    ■     •  •    ■     po 

lequel  l'erreur  i' 

la  vérité  de  l'ont  ;■   .  ,  • 

obtenu  l'approbation   du  ^ 

tance  (le  l'eniper'iir,  il  ■  "i. 

orientaux  pour  un   notir^mi  Conril 

tinoplc.  l'iu:-   lU'.  3';o  pi'diN   i.|..i;.  .  -   I, 

appel.  Le  ."souverain  l'oni 

ses  légats  pour  présider  1 

d'abord    ft    Con«fantinople,    ii 

transféré   à    N'icée   A   nii«"  d.- 

[■arle»héréli(jue 

le    présidèrent; 

Taraise  y  tml  la  |  retui-.ie  pi,i 

Itinu  de  raconter  ici  la  p.irt  ((u'il  prit  dans  le« 

S''..!.  '   '  !  ..,...-  -|  pnver» 

J.  .  H   nous 

b   •  .      > ■     'T- 


I  I  -  '  cu  t  U  y  .1 

jui  s'ouvrit 

ensuite 

e\.i|é» 


Il  -eriu  irop 


.son  KkIi 

•^  liiiinl 


l'héré-sie    ici'iioclaiile   et  à  ecaller  le  culte  d<Js 


I  tlli"    de   N.Ire-'sei^Il' ur.    ne 
ut-. 
I  II 
..-  les  bon: 
UU    a    11 


gl  IL  uPiiia  U,    - 
1>«'  n-tror   \  '■'■T!»'inMi. 


travailla  avec  zèle  à  faire  ré^;ner  au  milieu  de  son 
troupeau  la  doctrine  que  le  Concile  de  .Nicée  venait 
de  proclamer.  Parmi  les  hérétiques,  les  uns  fai- 
saient partie  du  clerpij,  les  autres  étaient  du 
peuple.  Luvers  ceux-là  il  usadune  grande  misé- 
ricorde; il  aurait  pu  les  punir  en  leur  enlevant 
leurs  bénéUces,  mais  il  ne  le  lit  point.  Ln  ^rand 
nninhre  d'entre  eux  revinrent  de  leurs  erreurs, 
saint  Taraise  les  reçut  comme  des  frères;  les 
aulres  hésitaient  encore,  il  les  ga^ma  à  force  de 
7.ele  et  de  charité.  Pour  le  peuple,  il  multiplia 
ses  instructions,  il  ne  négligea  rien  pour  l'éclai- 
rer et  le  ramener  dans  la  bonne  voie. 

Tout  en  travaillant  pour  le  rétablissement  du 
doiinie,  saint  Taraise  s'occupa  aussi  de  rétablir 
plu.sieurs  points  de  la  di.sripline  dont  l'oubli 
était  la  cause  de  désordres  très  graves.  La  simo- 
nie régnait  dans  le  clergé  grec;  l'argent  était  le 
grand  moyen  par  lequel  on  arrivait  auxdi:;nités 
ecclésiasiiques;  avec  quelques  deniers,  un  scélé- 
rat pouvait  acheter  une  dignité  qui  avjiit  coûté  le 
sang  du  Sauveur.  Saint  Taraise  remédia  à  cet 
abus  en  statuant  que,  désormais,  les  évèques  ne 
nourraifut  recevoir  aucune  rémunération  pour 
les  ordinations  qu'ils  auraient  à  conférer.  Vigi- 
lant en  toute  chose,  lélé  pour  la  perfection  de  ses 
clercs,  il  corrigea  plusieurs  points  de  leur  vie 
qui  n'étaient  pas  conformes  à  leur  vocation.  Ils 
avaient  la  coutume  d'assister  aux.  courses  de  che- 
vaux; il  leur  défendit  désormais  ce  i|iectacle.  11 
les  exhortait  aussi  à  ne  pas  prêter  l'oreille  aux 
discours  mondains.  En  un  mol,  il  travaillait  à  les 
rendre  conformes  en  tout  au  modèle  du  prêtre, 
.Nolre-Sei;:neur  Jésus-Christ. 

Dieu  bénit  le  zèle  de  son  serviteur  en  rendant 
à  l'Eglise  de  Constantinoplc  la  paix  et  la  pros- 
périté. 

SVOT    TAR.M^e    S"OP?OSE    AU    niVOR<:E    OE    L'eMPERBVB 
PER»|fCl'TIO."<of'lLENDLRE  —  OIEr  Lt  IF.^rT  JUSTICE 

Mais  une  nouvelle  épreuve  vint' traverser  cette 
paix.  L'empereur  Constantin  VI,  que  nous  avons 
vu  marrherjusqu'iciilans  le  droit  sentier,  se  laissa 
vaincre  par  un  vice  honteux.  Pris  de  passion  pour 
une  femme  étrangère,  il  voulut  am«-ner  b:  saint 
patriarche  à  bénir  un  mariage  illégitime.  Saint 
Taiaise  refu.sa  avec  éner^rie,  et  comme  l'empe- 
reur menaçait  de  rappeler  l'hérésie  et  la  persé- 
cution, il  lui  ré[>oiidit  :  «  Nous  ne  céderons  point 
.'  à  vos  menaces:  nous  subirons  les  plus  cruels 
I'  supplices,  la  mort  même,  plutnt  que  de  nous 
■>  prêter  à  vos  desseins  pervers.  >■  l,'em[iereur 
persi>.|a  dans  sa  voie  criminelle;  il  paya  un 
iii'li.'tio  pri^tre,  appelé  Joseph,  qui  consacra  son 
divnri-e. 

En  même  temps,  pour  se  venser  de  la  résis- 
tance du  Sailli,  Constantin  lui  ht  subir  de 
cTUi'lles  épreuves.  Il  envoya  en  exil  ses  nmis,lui 
enleva  ses  lid'les  serviteurs  et  les  remplaça  par 
di  ^,  i.'ens  de  mu'urs  rro'^siéres.  Taraise  soulVrit 
cctli'  persécution  avec,  la  pntimcr  de-iob;  H  ne 
d'>iiia  limais  de  la  Justice  de  Ldeii. 

I.'i'iiipercur,  en  effet,  perdit  bientêt  l'empire 
et  la  vie,  laissant  après  lui  un  exemple  ilrs  chA- 
lim^nts  que  Dieu  indige  à  ceux  qui  persécutent 
■<es  élus. 

Saint  Taraise  n'avait  pas  excommunié  le  prince 
adultère,  parce  qu'il  craignait  de  rallumer  la 
|.<  I  ..rulion.  ('p|(«-  |.rii(lence  fui  renardéo  par 
I  lii-i'iii  -  -  il  ni'  I  •  1  un  ii;es  comme  une  faiblesse 
''  iiii  111  111  \ir  ■!  ■  M'  i.i';;  mais  le  >.iiiit  sut  se 
jii  lii'i.  Il-  'pnl  l'Ut  ,i.ii,  il  excommunia  et 
cIm  r  .!■  I  inlaiilinuple  linilicno  (irêlre  qui 
naît  lu  III  ).■  iii.iriaiji'  illé.'itinie;  il  tiavailla  au'-ai 


avec  zèle  à  raffermir  la  foi  ébranlée  par  la  yio 
scandaleuse  de  Constantin. 

MORT  DC  S-ITST  PXTHI.VJRCHF, 

Après  avoir  gouverné  l'Eglise  de  Constaiili- 
nopie  pendant  vingt-deux  ans,  après  l'avoir 
ramenée  dans  les  sentiers  de  la  vérité  et  l'y  avoir 
maintenue  au  prix  d'un  lèlc,  d'une  persévéranciî 
à  toute  épreuve,  saint  Taraise  fut  appelé  au  Cid 
poury  recevoir  la  couronne  que  Uieului  ré.servail. 
yuelqties  heures  avant  de  quitter  ce  monde,  il 
eut  encore  une  lutte  terrible  à  soutenir  contre 
les  démons. 

Ceux-ci  lui  apparurent  et  l'accusèrent  de 
plusieurs  crimes.  Le  Saint,  qui  sentait  sa  con- 
science parfaitement  exempte  de  ce  crimes,  com- 
battait de  la  voix  ces  esprits  menteurs,  et,  la 
parole  étant  venue  à  lui  manquer,  il  les  pour- 
suivait du  geste.  La  teutatiou  cessa,  et  Taraise, 
ayant  recouvré  la  paix  et  la  parole,  s'endormit 
dans  le  Seii^ueur,  tandis  qu'à  l'église  on  chantait 
ce  verset  du  psaume  ;  «  Inclinez-vous,  Seigneur, 
et  écoutez-moi.  ^ 

APP.\RITiOM    DC    5Ai:»T  A  L'EJfPKREUR 

Ce  Saint,  qui  avait  combattu  l'hérésie  pendant 
sa  vie,  la  combattit  encore  après  sa  mort.  L'em- 
pereur Léon,  successeur  de  Constantin  Vl,  avait 
embrassé  les  erreurs  iconoclastes  et  avait  jeté  de 
nouveau  l'Eglise  d'Orient  dans  l'hérésie.  Saint 
Taraise  lui  apparut  en  songe  avec  un  visage 
sévère,  ayant  à  ses  colés  un  personnage  appelé 
Michel.  Celui-ci  portait  une  éjiée;  saint  Taraise 
lui  ordonne  de  la  tirer  du  fourreau  et  d'en  frap- 
per l'empereur,  ce  qui  fut  fait.  Léon  voulut 
se  venger  de  cette  terrible  prédiction  en  tor- 
turant les  enfanls  de  saint  Taraise,  c'est-à-dire 
les  clercs  qui  habitaient  le  monastère  fondé  par 
le  Saint,mais  il  fut  bientôt  arrêté  dans  sa  cruauté, 
car,  six  jours  après  l'apparition  de  saintTaraise, 
il  fut  tué  par  un  soldat  nommé  Michel, qui  devint 
ensuite  empereur. 

SAINT  TARAISE    ET  LA   SAINtK  VIFRCK 

Saint  Taraise  était  animé  d'une  tendre  dévo- 
tion envers  la  Vierge  Marie,  et  voici  avec  quel 
doux  enthousiasme  il  la  saluait  un  Jour  dans  un 
discours  à  son  peuple  pour  la  fête  de  la  Présen- 
tation. 

"  De  quelles  louanges  vous  comblerons-nous, 
à  Marie,  6  Vierye  Immaculée,  Vieriie  sans  tache, 
ornement  des  femmes  et  éclat  des  jeunes  Mlles; 
0  Mère  et  Vier:.'e  sainte,  vous  êtes  bénie  entre 
toutes  les  femmes,  vous  êtes  célébrée  à  cause  de 
votre  innocence,  vous  êtes  marquée  du  sceau  de 
la  viriiiniti". 

»  Par  vous  est  révoquée  la  malédiction  d'.Vdain; 
par  vous  est  payée  la  dette  d'Eve;  vous  êtes 
l'offranile  d'Abel,  la  victime  choisie  parmi  les 
nreiiii>  rs-nés,  le  sacrilicc  immaculé.  Vous  êtes 
l'eapératirp  en  Ihen  d'Enos,  espérance  qui  ne  fut 
pnint  confondue;  vous  êtes  la  grAce  que  reçut 
Enoch  transporté  dans  une  vie  plus  sûre;  vous 
êtes  l'arche  de  .Noé.  et,  ^'i  Ace  à  vous,  la  seconde 
famille  humaine  est  réconciliée  avec  Dieu. 

■'  Vous  êtes  la  magnifique  splendeur  du 
royaume  et  du  sacerdoce  de  .Melcbisêdech,  l.i 
ferme  espérance  d'.\braham  et  sa  foi  nbéissanl'' 
aux  destinées  de  sa  race.  Vous  êtes  le  nnineau 
sacrilice  représenté  par  Isaac,  l'holocauste  rai- 
sonnable et  spirituel;  sràcc  ;'i  vous  Ion  peut 
gravir  l'échelle  de  Jacob,  et  vous  êji's  |o  type 
tris  noble  de  celle  féiondité  ijui  dniiii.i  la  vie 
aux  diiu/.c  tribus  d'Israël. 


I 

i 


•■^HH'IT-    I      A 


1»  Vous  êtes  la  Fille  de  la  race  de  Juda,  la  chas- 
teté de  Joseph,  et  par  vous  est  renversée  la 
vieille  Egypte,  je  veux  dire  la  synagogue  des 
Juifs,  (S  huniarulëe. 

.>  Vous  >Hes  le  li\Te  de  Moïse  législateur,  livre 
divinement  in^^piré,  où  est  consigné  le  sacrement 
de  la  ré*;énération  ;  vous  été?  la  (uble  de  la  loi 
écrite  par  le  doiat  de  Dieu,  comme  sur  un  autre 
Sinai  ou  li'  nouvel  Israël  a  été  vengé  des  E;.'yptiens 
iuvi*il)les,  les  démons.  L'ancien  peuple  choisi  fut 
nourri  au  désert  par  la  manne  .  et  l'eau  jaillit  de 
la  pierre  pour  élancher  sa  soif;  or,  la  pierre 
était  le  Christ,  et  il  est  sorti  de  votre  sein,  comme 
un  époux  de  sa  charalire  nuptiale.  C'est  vous 
la  verge  fleurie  d'Aaron,  c'est  vous  la  Fille  de 
liavid,  brillante  sous  son  manteau  aux  franges 
d'or  et  aux  ornements  variés. 

..  Vou'  ''les  le  miroir  des  prophètes  et  l'accom- 
plissement de  leurs  prédictions.  (,)u"il  vous  a 
bien  raraetérisée.  Ezéchiel,  quand  il  vous  appela 
In  porte  rlose  par  où  nul  ne  passera  si  ce  n'esl 
le  Seigneur  seul  et  qu'il  laissera  fermée.  C'est 
viius  que  prophétisait  la  voix,  grande  entre  toutes, 
d  Isaie,  quand  il  annonçait  la  lige  de  Jessé,  cette 
ti;,'e  d'où  devait  sortir  fa  Heur  qui  est  le  Christ, 
divin  semeur  qui,  après  avoir  arraché  jusqu'aux 
racines  les  rejetons  du  vice,  devait  faire  germer 
dans  le  champ  de  nos  ;\mes  les  semences  de  la  foi. 

>■  C'est  vous  qu'annonrail  Jérémie,  quand  il 
disait  :  >■  Les  jours  viendront,  dit  le  Seigneur, 
'  dans  lesquels  je  ferai  une  nouvelle  alliance 
■'  avec  la  maison  d'I«rael  et  avec  la  maison  de 
>■  Juda,  non  seKm  l'alliance  que  je  tls  avec  leur 
"  père  ".  nr<-disant  ainsi  la  venue  et  la  naissance 
de  votre  Fils  et  appelant  tous  les  peuples  de 
la  terre  à  l'adoration  du  vrai  Dieu.  C'est  vous 
que  Daniel,  l'homme  dc^  d>'sirs,  a  appelée  la 
haute  miint.i;.'ned'où  dt  vail  être  détache  le  Christ, 
la  pierre  .mi'ulaire,  pour  venir  renverser  et  briser 
la  statue  du  démon  trompeur,  c'est-à-dire  le 
règne  de  Satan. 

»  Je  vous  honore,  brebis  sans  tache,  je  vous 
exalte,  o  pleine  de  grâce,  je  vous  chante,  habi- 
tation pure  <•!  immaculée  de  Dieu.  Et  vraiment, 
là  on  avait  abondé  le  péché,  la  grâce  a  sura- 
bondé. Par  une  femme,  la  mort  nous  est  venue, 
par  une  femme,  Jésus-Christ  viendra  tout  répa- 


rer: par  le  serpent,  nous  avons  reçu  une  nourri- 
ture amère;  par  Jésus-Christ,  nous  sommes  nour- 
ris du  pain  de  l'immortalité.  Eve,  notre  première 
mère,  a  mis  au  jour  Cain,  le  prince  de  l'envie  et 
delà  méchanceté;  votre  Fils  unique,  iN  Marie,  est  le 
preraier-né  de  la  vie  et  de  la  résurrection.  0  pro- 
dige inouï  !  ô  nouveauté  admirable!  ô  sagesse 
que  nulle  parole  ne  peut  exprimer  ! 

»  Nous  donc,  peuple  de  Dieu,  nation  sainte, 
assemblée  agréjible  au  Seigneur,  lils  de  la  colombe, 
enfants  de  la  i:ràce,  en  cette  fête  de  la  Vierge, 
avec  un  cirar  pur,  avec  des  lèvres  sanctifiées, 
que  nos  langues  lui  chantent  des  hymnes  d'une 
suave  harmonie.  Pour  célébrer  cette  fête  magni- 
fique entre  toutes,  joyeuse  pour  les  anges  et 
di^'ne  des  louan;.'es  des  hommes,  répétons  avec 
un  respect  mêlé  d'une  sainte  joie  l'Ave  de 
Gabriel. 

Il  Je  vous  salue,  délices  du  Père,  vous  par  qui 
la  connaissance  du  vrai  Dieu  a  atteint  les  extré- 
mités de  la  terre;  je  vous  salue,  demeure  du  Fils, 
d'où  ce  Sauveur  est  sorti  revêtu  de  notre  chair; 
je  vous  salue,  tabernacle  ineffable  de  l'Espril- 
Saint.  Je  vous  salue,  ô  plus  sainte  que  les  chéru- 
bins ;  je  vous  salue,  à  plus  glorieuse  que  les  séra- 
phins; je  vous  salue,  i\  plus  vaste  que  le  ciel, 
i>lus  splendide  que  le  soleil,  plus  brillante  que  la 
lune;  je  vous  salue,  ériat  multiple  des  astres;  je 
vous  salue,  nuée  léiière  qui  nous  apporte»  la  pluie 
céleste;  je  vous  salue,  brise  sainte,  qui  aver 
chassé  de  la  terre  les  esprits  de  malice;  je  vous 
salue,  noble  accent  des  prophètes;  je  vous  salue, 
voix  des  apôtres,  entendue  jusqu'aux  extrémités 
du  monde  ;  je  vous  salue,  témoignage  très  excellent 
des  martyrs;  je  vous  salue,  parole  très  ditine  de 
louange  des  patriarrhes  ;  je  vous  salue,  souve- 
rain ornement  des  saints;  je  vous  salue,  cause  du 
salut  des  mortels;  je  vous  salue,  Heine  par  qui 
nous  e'it  venue  la  paix;  je  vous  salue,  splendeur 
immaculée  des  mères;  je  vous  salue,  médiatrice 
de  tous  ceux  qui  sont  sous  l.-  ciel;  je  vous  salue, 
réparation  de  la  terre  entière;  je  vous  salue, 
pleine  de  «race,  le  Sei^ineur  est  avec  vous,  qui 
existait  avant  vous,  qui  est  né  de  vous  et  qui  est 
avec  nous.  A  lui  soit  la  louani'e.  avec  le  Père  et 
l'Esprit  très  saint  et  vivifiant,  maintenant  et  tou- 
jours et  dans  les  iuQuis  des  siècles.  Ainsi  soit-il.  •> 


rj^JIU-^^ 


Itof  -çéraiH  :  E.  Pcnnsni.  b,  ru*  Krtn^ois  I",  Pan*. 


SAINT  PORPHYRE.  ÉYÈQUE  DE  GAZA 


I-pIi'   It    ^< 


)    iifirirr. 


Saint   Porphj. ablù   par   de  longues   austérités,  s'évauouit   auprès  du   Saint-oi-puirre. 

Pendant  ce  temps,  Notre-Seigneur  crucifié  lui  apparait  et  ordonne  au  bon  larron  de  venir 
à  son  secours.  Puis,  descendant  lui-même  de  sa  croix,  le  Sauveur  lui  en  confie  la  garde, 
et,  au  contact  du  bois  sacré,  Porphyre  se  trouve  guéri. 


NAISSA.NCEET  ORIGINE  DU   SAINT 

Porphyre  naquit  à  Thessalonique  (aujourd'hui 
Saloiiique),  l'an  Xi'i,  de  parfints  riohes  et  ver- 
tueux. Il  i-tudia  dans  les  écoles  les  plus  renom- 
mées de  Macédoine  et  devint  très  habile  dans  la 
littérature  grecque  et  latine.  Au  milieu  de 
l'ardeur  de  la  jeunesse,  il  sut  élever  son  cœur 
i>se7.  haut  pour  comprendre  que  Dieu,  à  luisent. 
\aut  mieux  que  loutes  les  espérances  de  la  terre; 
il  dit  adieu  a  sa  famille  et  à  sa  patrie  et  se  ren- 
ilit  au  désert  de  Scété,  l'un  des  principaux 
rentres  monastiques  de  l'Egypte.  Mais,  après 
I  inq  années  des  plus  rudes  moriilicalions,  sa 
-anté  s'alTaiblit  à  un  tel  point  que  son  supérieur 
dut  lui  ordonner  de  quitter  le  de'sert. 

IL  VISITE    LES  SAINTS  LIEUX 

Alors,  "omme  pour  se  dédommager  des  péni- 
lences  volnntaires  qu  il  ne  pouvait  plu'  s'imposer, 
il  alla  m''diiir  If  s  souffrances  de  son  Sauveur  sur 
\f*  lieux  qui  on  avaient  été  les  témoins.  Arrivé 
.i  Jérusalem  tout  épui«é  de  falitiucs.  il  choisit 
l'i'ur  habitation  une  caverne,  située  sur  les  b^rd» 
lu  Jourdain,  mais  ce  s»^jour,  loin  d'être  favorable 
■  tablissement  de  sa  santé,  la  ruina  romplè- 
'   :     rii    Au  bout  i\o  quelqiip  temps,  il  ne  mar- 


chait qu'avec  peine,   appuyé    sur  un   bâton   et 
éprouvant  d'horribles  souffrances. 

Cependant,  son  amour  pour  le  Christ  était  plus 
fort  que  la  douleur;  il  se  rapprocha  de  la  Ville 
Sainte,  et  chaque  jour,  on  le  voyait,  le  corps  à 
demi  recourbé,  se  traîner  péniblement  jusqu'à  la 
basilique  du  Saint- Sépulcre  pour  recevoir  la 
Sainte  Eucharistie.  Après  de  longues  actions  de 
grâces,  il  regagnait  son  nouveau  gîte,  le  visage  si 
rayonnant  et  si  épanoui  que  l'on  eût  dit,  comme 
le  rapporte  son  biographe,  qu'il  soulTrait  dans  un 
corps  qui  n'était  pas  le  sien. 

IL    OISTRIBl'K    SES    BIENS    AU.t    PAUVRE» 
SA    GLfcRISON    HIRACULELSE 

Il  se  livrait  depuis  plusieurs  années  à  celte  vie 
de  pénitence  quand  il  apprit  la  mort  de  ses 
parents.  La  successioïKm'il  devait  recueillir  était 
immense;  mais,  pour  imiter  la  pauvreté  de  Jésus- 
Christ,  il  résolut  di"  n'y  point  toucher  et  lit  par- 
tir de  suite  son  ilisriple  Marc  pour  Thessaloniqu>', 
avec  ordre  de  vendre  tous  ses  biens  et  d'en  dis- 
tribuer le  prix  aux  pauvres.  I,e  disciple  lidvl 
hésitait  à  <juilter  son  maître,  la  maladie  grav 
dans  laquelle  il  le  laissait  lui  faisait  craindra  d 
H''  plu«  le  ri'voir  sur  la  terre. 

Il  (>artit  cependant  sur  les  instances  du  S.-iint 


107 


lemeiit  ijuand.àsoii  i 
accourir  au-devant 


luais,  quel  n»^  fut  pas  son  tlouuei 

retour,  liois  mois  après,  il  vil  ao 

de  lui  F'orjihxrt-,  plein  Je  santé  et  de  viiiueur  et 

lelleiutiil  chiiii;;''  iiu"il  iHait  à  peine  reconnais- 

saMe.  Marc  eiuliras>a  son  maître  et  le  supplia  de 

lui  dire  comment  s'était  opéré  un  changement  si 

S'oudain  et  si  ttonnaut. 

I'  Ne  soyez  jioint  surpris,  mon,  frère,  répondit 
le  Saint,  mais  admirei  la  bonté  de  Nolre-Seif-'neur 
Jésus-Cliri>t.  Il  y  a  quarante  jours,  accablé  par 
la  soullrauce,  je  me  traînais  selon  mon  habitude 
jusqu'au  tombeau  du  Sàuv.ur,  et  là,  vaincu  par 
la  douleur,  je  m'évanoui~.  Mes  membres  étaient 
raidis,  mon  corps  semblait  mort,  mais  mon  esprit 
était  plus  vivant  (iue  jamais.  Je  jouissais  delà 
vue  de  mon  Sauveur  allacbé  à  la  Croix  ;  à  sa 
droite  •Hait  le  bon  larron,  et  comme  lui,  je 
m'écriai  :  Si /./'k '"",  sonvenez-voits  de  moi  quaiul 
roui  fcrct  ilaiK-  \  utre  royaume.  Dés  que  j'eus  pro- 
nonré  ces  paroles,  Jésus  ordonna  au  bon  larron 
de  venir  à  mon  secours,  et  celui-ci,  descendant  de 
sa  ci.'ix.  vint  m'embrasser  et,  me  prenant  par  la 
m.iin.me  conduisit  à  Jé<iis.  Le  divin  Maître  des- 
cendit alors  de  sa  Croix  et  me  dit  :  Reçois  ce  bois 
et  garde-le.  Je  saisis  aussitôt  ce  précieux  dépôt 
et,  à  peine  eut-il  touché  mes  épaules,  quemon 
corps  se  redressa  de  luinu'-me  et  j'étais  f.'uéri.  » 

Marc  remit  à  sonmiître  les  sommes  qu'il  avait 
rapportée^;  celui-ci  en  lit  la  distribution  aux 
monast'Tis  pauvres  de  Jérusalem  et  soulagea  bon 
nombre  d'indigents. 

PORPHYRE   OBlio>NK    l'HèTRE 

Les  vertus  du  saint  moine. remplirent  Jéru- 
salem d'édilicalion  et  beaucoup  accouraient  à  sa 
cellule  pour  recevoir  de  lai  de  salutaires  con- 
seils. Prayle,  év'-que  de  Jérusalem,  apprenant 
tout  le  bien  qu'il  faisait,  l'appela  auprès  de  lui 
et  lui  conféra  l'ordination  sacerdotale  mal;:r'-  --es 
pleurs  et  se-  protestation».  Il  lui  cnnlia  le  ni' inv 
jour  la  ;:arde  .lu  h'  ;  "  le  la  Croix.  Porphyre 
>»■  rai'i'cla   alc'i-   I  -  <lu  Christ  dan»  sa 

vision  ;  /'  ''•>  et  reconnaissant 

la  volon!  mit  huiiiMeinen*.  aux 

ordres  di    ,..   .  1.  .  .  :J  alors  quarante  ans. 

Li  di:.nilé  sacerdotale  ne  lui  lit  rien  chanaer 
à  sa  maniiTe  de  vivre  ni  à  sa  niortilicatioii:  il 
se  permit  cependant,  >^uf  bs  conseils  d<;  l'évèque 
l'ravi  .  uij.  (letite  quantité  de  vin  pour  apaiser 
de  Inuleurs  d'eslniaac,  saites  de  se> 

gniii  nié:*. 

Tn-i-    .lll■^    nprii»    l'ordination   do   l'orphyre, 
'  Eiiéa.<<,  év.>.|u«  Je  (^aia,  vml  à  nH>urir.  !,<**  i-len-» 
et  les  laii|a<'s  se  réunirent  suivant  l'v. 
Dominer  xin  »occi-»>«-ur;  mais,   ne  - 
point  sur  le  ihoix.  il-    i  t   de 

porter  ua  |ii»rin>'iil   d:. 
pour  le  -i'        ■ 
la  coiin  I 
1er  les  1  ;  "•  ■ 

Jean,  »   de 

.,   ...  ...  ,,  .1 

1  - 

^         .         .  .  .ni 

jaiii>. 

|ii  .  .lue  l'.tipbvre  kpprit  la  de:  -  J'^n 

de  (>-..!.'.  .1  VI  .-ria  :  •■  One  la  ■ 
toit  '^<^■  '  Inurnaii!    v^ 

•  h  1     M 
,  I. 

H    t 

Mai 


ii.iin.  Il  fallatr. 


cation  :  •  J'ai  vu  celte  nuit,  lui  dit  le  Saint,  Jésus- 
»  Christ  qui  m'a  dil  :  lieti'is  le  d^i'l  que  je  Coi 
>j  confié,  je  veux  le  donner  une  épouse  humble 
I  et  méprisée,  mais  que  sa  foi  et  sa  piété  recom- 
»  mandent  ù  mon  amour;  c'est  ma  sœur  de  pré- 
»  dilection  que  je  te  conlie;  aie  soin  de  l'orner 
»  de  vertus  nouvelles.  Voilà  ce  que  m'a  dit  le 
>  Sauveur,  et  moi,  qui  ne  pensais  qu'à  expier 
>'  mes  péchés,  je  crains  bien  d'être  contraint 
I'  d'expier  aussi  ceux  des  autres.  >• 

Le  maître  et  le  disciple  se  prosternèrent  en 
pleurant  devant  le  bois  sacré  de  la  Rédemption; 
ils  prièrent  longtemps  devant  ce  trésor  qu'ils 
allaient  quitter  pour  toujours.  Porphyre,  après 
avoir  scellé  le  reliquaire,  en  remit  la  clé  à 
l'évoque  et,  le  soir  même,  il  se  mit  en  route. 

PORPHYRE  Éviot^  DE  G.VZA 

Après  plusieurs  jours  de  marche,  il  arriva 
à  Césarée.  Jean  vint  à  sa  tencontre,  l'embrassa 
elle  conduisit  dans  son  palais.  Malgré  les  fatigues 
du  voyage,  le  Saint  voulut  interrompre  le  som- 
meil de  la  nuit  pour  a-^sister  au  chant  des 
Matines  et  des  Liudes  Le  matin,  après  le  chaut 
des  heures  canoniales,  la  messe  solennelle  com- 
mença. .\l..i-s,  les  députés  de  Caia,  arrivés  d.-s 
la  veille,  entourèrent  Porphyre,  le  conduisirent 
aux  pieds  de  Jean  et  prièrent  l'évèque  de  lui 
conférer  l'onction  des  Pontifes.  Le  Saint  protes- 
tait ue  son  inexpérience  et  de  son  indignité; 
mais  les  députés  s'écrièrent  suivant  l'usage  :  // 
est  diijne,  il  esl  diyne,  c'eut  l'élu  de  Diev.  Craignant 
alors  de  désobéir  à  la  vidonté  divine, il  se  soumit  ; 
mais,  pendant  toute  la  cérémonie,  il  ne  cessa  de 
verser  d'abondantes  larmes. 

In  prétendu  oracle  s'était  alors  soudainement 
répandu  en  Kurope,  en  Afrique  et  en  Asie  :  .•  la 
"  superstition  de  Pierre.  di>-ail-il,  fondée  par  la 
••  ressource  d'une  déit-siable  manie,  va  tomber: 
>'  l'an  400  verra  se  dissiper  r<-nchantement.  ' 
Les  restes  du  pacanisme  attendaient  donr  a?ec 
impatience  le  .i.>ur  ou  il  Iciii  scr.iit  dniiiié  de 
voir  la  ruine  des  chrétiens.  Ue  I  ■  ''  -  ■  n 
uiassacxait  des  prêtres  cl  de-  clei  > 

les  édit*  de  l'empereur  Arcadiu^,  I  .  '  ' 

pliisdorissante  .|ui' Jamais  en  l'Iiér 

Muand  Porphyre  approcha  <le  >.i  ..n^  .  |.,-.  .- 
pale,  il  put  juyer  de  la  puissance  que  le  démon 

y  avait  conservée,  l.--  ■  ■■•■■■-  .^  ■'■^'<  ^■'  -iir 

son  passage  de  larg. 

par  d'énorme- haies  ...  I ..- 

ne  periuettail  aux  voyageurs  de  v  '• 

.iii'.'i    1111.     faillie  disUme.   Porphvi  '  ■'■" 

'  de  coiiliaiice  en  Dieu,  1 1  parvint,  non 
.  jusi|u'à  IbuniMc   m.ii-'n   .[iii   .le-.iil 
lui  Kcrtir  d>'  palais.  Oén  1' 
I.T  pir-  I.-    111  pcuiile,  et  l> 

.leut  liicnl.M  la  «.ii.  ^>'  u.ou- 

liieu  leur  ai  oit  en^  iiit. 

I X  atMCVLKlXI  P'iTNI  GRANDI  S^UiniSSI 

oox^««slo^  rr 


Ine  sérhei. 
trée.   l.i-   1 
•  eax  de  1'. 

I.iirs  dieu- 
'     ! !•  ^  i-n .1  ' l  II 


■\li  l'i 


-.  l.iil  1.1  en- 


■lonrn  <\^  prière*  «p*». 
•I  on  «e  r- 
>lr  la  «. 


contre  terre.  Dès  que  le  jour  parut,  tous  allèrent 
en  procession,  pré''^dés  «le  la  Croix,  vénérer  les 
reliques  des  saints  martyrs  Timothée,  Mûris  et 
Théa,  dans  leurs  oratoires  situés  hors  de  la 
ville.  Les  stations  achevées,  ils  reprirent  le 
chemin  de  la  ville  au  chant  des  hymnes  sacrées; 
mais,  quand  ils  voulurent  entrer,  il*  trouvèrent 
les  portes  fermées.  Les  païens  avaient  voulu 
exclure  du  même  coup  le  pasteur  et  le  troupeau. 
Malgré  les  faliuoies  de  la  nuit  et  du  jour  (c était 
la  neuvième  heure,  c'est-à-dire  trois  henros  du 
.soir),  tous  les  chrétiens  tombèrent  à  genoux  et, 
le.s  mains  levées  au  ciel,  redouhlèrent  leurs  .sup- 
plications; ils  pri^^rent  ainsi  pendant  deux  heures 
avec  cette  foi  que  Dieu  se  plaît  à  récompenser 
par  des  miracles.  Cependant,  le  ciel  était  pur, 
et  rien  dans  la  nature  n'aunonçait  la  tin  de  la 
sécheresse. 

Tout  à  coup,  le  ciel  se  cou\Te  de  nuages,  le 
vent  soufUe  avec  violence  et  la  pluie  tombe  en 
abondance.  Des  cris  de  joie  s'élèvent  de  toutes 
parts.  A  la  vue  du  miracle,  dt^s  païens  ouvrent 
les  portes,  et  se  mêlant  aux  chrétiens,  ils  répè- 
tent avec  eux  ;  Lf:  Christ  a  vaincu!  le  Christ  a 
vaincu!  La  pluie  tomba  pendant  deux  jours,  et 
en  telle  abondance  que  Ion  crai;,'nait  pour  la 
solidité  des  maisons,  la  plupart  construites  en 
briques.  Ce  prodifse  éclatant  détermina  la  con- 
version de  plus  de  deux  cents  idolâtres. 

AITBK  HIBACXE,  SOOVSLLES  CCS VRBSI0N5 

Ine  femme  de  haute  naissance  était  en  proie 
à  une  maladie  que  les  médecins  ne  pouvaien' 
conjurer.  Sa  servante  vint  trouver  Porphyre.  Dt- 
retour  chez  sa  maîtresse,  elle  lui  dit  : 

u  L'évèque  des  chrétiens  connaît  un  hcibile 
médecin  ;  si  ce  médecin  vous  guérit,  que  lui 
Jonnerei-vous? 

—  Tout  ce  qu  il  voudra,  dit  la  famille  éprouvée? 

—  Promettez-vous  de  ne  jamais  le  renier  ? 

—  Nous  le  promettons! 

—  Eli  bien!  voici  ce  que  dit  l'évèque  Pofphyre, 
reprit  la  servante  en  élevant  la  voix  :  Que  /csks- 
Christ,  Fils  du  IHev  vicant,  vous  giutisse;  croj/ez 
en  lui  et  vous  vivrez  !  •• 

A  l'instant,  les  douleurs  cessèrent  et  la  malade 
se  leva  suérie.  A  celle  vue,  beaucoup  de  païens 
se  convertirent. 

UTTE  DE   POBPIIÏBE  CO.NTRE  l'UOLATBIK 
SON  HIJIILITÉ 

Sur  se»  instances,  l'empereur  .\rcadias  avait 
fait  fermer  tous  les  temples  païens;  mais  cett'- 
raejure  exasp'-ra  à  un  tel  point  les  idolâtres, 
pie  la  vie  des  chrétiens  était  saps  cesse  menacée. 
\\x  combbi  de  la  douleur,  Porphyrtî  alla  se  jeter 
aux  pieds  de  son  niflropolilain,  se  déclarant 
indiprie  de  l'épi^copat  et  «e  donnant  comme  la 
■  du^e  unique  de.lou''  les  malheurs  de  son  peuple. 

Perm^ttei-moi,  ajnulat-il,  de  m<'  retirer  dans 
•  la  solitude  et  d'y  e\|ii<r  mes  fautes  par  la  péni- 
>  lence.  ••  l.e  métrniifilil.iin,  touché  d'une  si 
;:r.inde  humilité,  embrassa  alTeclueusement  le 
*-.iint.  mais  ne  voulut  point  lui  pcrmeUrf  d'aban- 
ilmitK-r  son  troupeau.  Alor<iPori>hyr<'  lui  expliqua 
lu-'  les  naiens  dci;a7.a  rcstcr.iieni  toujours  atta- 

li'-  ri  leur  culte,  tant  qu'ils  en  verraient  le* 
•  lih..  -   .1   ■     if    et   qu'il    était   nécessaire,  pour 

i'ir(i(r  I  I  I  l'jiriede  son  dioc'-se,  de  renversi.T 
|.  -  (■  m|rl.  ~  I  iif-ns  et  de  le»  remplacer  par  de» 

.Il  ■     .  lit.  !  .  irie'i.  M.iis  il  f.TlI.iit  pour  cela  l'au- 

'    r  ■      Il     in|i  reiir.   Lc>  ib  m  évéques  convin- 

■i    Mer  Iroiivcr   Vrr.idiiis  .i  Constanti- 


nople  et  partirent  accompagnés  de  deux  diacres. 

A  leur  passage  à  Rhodes,  ils  visitèrent  le 
moine  Procope  dont  le  nom  était  connu  de 
tous,  à  cause  de  sa  grande  .sainteté.  Celui-ci  ne 
les  eut  pas  plus  tôt  aperçus,  qu'il  s'ageuouilli 
devant  eus  et  leur  baisa  la  main  ;  ils  ne  portaient 
aucune  marque  de  difuité,  mais  Dieu  lui  avait 
révélé  qu'ils  étaient  évèques.  Les  ayant  conduit-' 
dans  sa  cellule  de  branchages,  il  leur  servit  a 
mauger.  Porphyre  lui  fit  le  récit  des  maux  qui 
pesaient  sur  les  âmes  conliées  à  ses  soins,  et  lo 
but  de  son  voyaiie  à  Constantinople.  «  Seigneur 
»  Jésus,  s'écrie  l'homme  de  Dieu,  faites  briller 
»  siir  tant  d'âmes  encore  enveloppées  dans  les 
»  ténèbres  les  lumières  de  votre  foi.  »  Puis, 
s'adressaiit  aux  évèques  :  »  Allez  sanà  crainte, 
»  vénérables  Pères,  Dieu  vous  guidera  dans  ce 
n  voyage  et  comblera  vos  voeux.  >•  Cette  prophéli.' 
se  vérifia  entièrement.  Les  évèques  furent  rei  us 
avec  honneur  à  la.  cour;  ils  virent  toutes  leurs 
demandes  accueillies.  L'impératrice  Eudoxit 
voulut  se  charger  elle-même  de  toutes  les 
démarches  auprès  de  l'empereur,  et  Porphyre 
lui  dit  en  la  remerciant  :  «  Si  votre  Celsiliide 
I.  travaille  pour  le  Christ,  le  Christ  travaillera 
'•  pour  elle  et  vous  donnera  un  (ils  que  vou> 
)i  verrez  sur  le  trône  tt  qui  fera  votre  bonheur.  ■■ 

Quelques  semaines  aprè*  Eudoxie  mettait  au 
monde  un  fils  qui  devait  être  l'empereur  Théo- 
dose  le  Jeune. 


BETOIR  K    GAZ.V 


CONVERSION   En  MER 


Les  évoques,  comblés  de  présents  par  l'impé- 
ratrice, proiitèrent  du  calme  de  la  mer  pour 
quitter  la  ville  impériale.  Chemin  faisant,  ils 
demandèrent  au  pilote  de  proloncer  un  pôu 
son  séjour  dans  l'île  de  Rhodes,  alin  de  visiter 
une  seconde  fois  le  moine  Procope;  mais,  crai- 
gnant de  perdre  un  vent  favorable,  le  pilote 
refusa  avec  insolence  et  continua  sa  route.  Deux 
jours  après,  il  s'éleva  une  violente  tempête,  et 
pendant  toute  la  nuit,  le  vai«seau  fut  près  de 
périr.  Sur  le  matin,  succombant  à  la  fatiyue. 
Porphyre  s'endormit.  Pendant  son  .sommeil,  il 
vit  apparaître   le   moine    Procope  qui   lui  dit  : 

Instruisez  le  pilote  et  baptisez-le,  faites-lui 
•  abjurer  la  doctrine  exécrable  de  l'hérétique 
'  Arius.  et  la  tempête- cessera.  » 

Porphyre  lit  part  de  sa  vision  à  l'évèque  Jean 
et  appela  aussitôt  le  pilote. 

Il  Vcu.\-tu  sauver  ton  navire  et  ton  àme?  lui 
dit-il. 

—  Qne  me  demandez-vous  là  ? 

—  Abjure  donc  la  doctrine  du  perfide  Arius  et 
embrasse  la  foi  catholique.  •■ 

Le  pilote,  déconcerté,  balbutia  quelques  mots 
pour  demander  au  Saint  qui  lui  avait  révélé  sa 
religion. 

"  Puisque  vous  savez  lire  dans  les  c«urs. 
s'écrii-t-il.  je  cmis  tciif  ce  que  tous  croyei  et 
j'abjiufl  la  doctrine  d'.Xrui».  •> 

Le»  évèques  reçurent  l'.ibjuratinn  de  l'héré- 
tique,  et  les  flol»  se  calmérrul  aussitôt.  Aucun 
iiiciden'  ne  vint  dnns  li  mile  contrarier  lu 
in.'iicbe  du  navire  et  le«  èvêque»  arrivèrent  saii- 
entraves  à  Majaume.oii  ils  débarquèrent  quelque* 
jours  après. 

PLISSAltCE  DE  LA  CROIX  —  IDOLE  I1RISÛ  PAR  LE  OFIION 
DBSTRUCTiO.N    DES  TRMPI.ES  PAIg.NS 

■     l.es  f hrfliens  de  Majaume  firent  A  leur  èïê.|i, 
r.irciifil    b  ip."ltbique;     ils    vinrent    mi 

;  ir'Ce^MOn   i  aux  portes  dp  la  ïilb     S;,, 


le  parcours  se  trouvait  une  statue  de  Vénus.  A 
jieine  la  Croix,  portée  en  tête  du  corlése,  fut-elle 
arrivée  devant  ridole,(|ue  le  démon,  n'en  pouvani 
soutenirla  vue,  quitta  précipitannineDlsademeurt> 
de  marbre  et  précipita  à  terre  la  statu»'.  L)un> 
sa  chute,  elle  causa  la  mort  de  deu.x  idolâtres 
qui.  assis  sur  le  piédestal,  tournaient  en  dérision 
celte  pieuse  manifestation.  Ce  fut  dans  celte 
ville  que  les  deux  évéques  se  séparèrent.  Jeau 
retourna  à  sa  métropole;  l'orphyre  continua  sa 
route  vers  (iaia,  où  les  envoyés  de  la  cour 
chargés  de  la  destruction  des  édifices  païens  ne 
tardèrent  pas  à  le  suivre.  En  moins  d'une  jour- 
née, huit  temples  furent  réduits  en  cendres.  Les 
jiaiens  les  avaient  ;iliandonnés  pour  concentrer 
tous  leurs  elf.uts  sur  le  plus  célèbre  et  le  jilus 
solide,  celui  île  Maiiiion. 

l'orpliyre,  voulant  connaître  de  Dieu  le  moyen 
de  délruiii'  la  demeure  île  Satan,  lixa  un  jour  de 
jeune  et  ordonna  des  prières  extraordinaires.  I.o 
même  jour,  un  enfant  de  sept  ans,  que  sa  mère 
conduisit  par  hasard  devant  le  temple,  s'écria 
tout  à  coup  d'un  Ion  inspiré  : 

Rrùlez  ce  tem|de  jusqu'au  sol,  car  beaucoup 
de  crimes  y  furent  accomplis  et  on  y  lit  beaucoup 
de  siicrillces  humains.  Pour  y  arriver,  rai'-lez  de 
la  poix,  du  soufre  et  de  la  ;;raisse,  oi^nez-en  les 
portes  et  approrhez  U  llamme  ;  vous  ne  pourrie;: 
laire  autrement.  Quand  le  temple  sera  consumé, 
bAlissez  à  sa  place  une  •'•t:lise  au  vrai  Dieu.  "  Et 
il  ajouta  :  «  Ce  n'est  point  moi  qui  parle,  mais 
Jésus-Christ  qui  parle  en  moi.  » 

l'.ondnit  devant  l'orphyre,  l'enfant  n'-péla  les 
mêmes  fKirok"-  en  lanuue  (grecque.  I.a  mère, 
interrofii-e  par  l'évéque,  déclara  que  jamais  elle 
n'avait  parlé  à  son  enfant  du. temple  des  idoles, 
et  ([lie  ni  lui  ni  elle,  ni  [lersonne  dans  sa  famille 
ne  connaissait  la  lan^'ue  grecque.  Dieu  faisait 
ainsi  voir  lui-même  combien  la  conduite  dr 
l'évéque  en  celte  affaire  était  sa::ement  inspirée. 
«  Je  vous  rends  grâces,  6  mon  Dieu,  s'écria  alors 
le  Saint,  de  ce  que  vous  avez  caché  ces  choses 
ain  '^avants  pour  les  révéler  aux  petits  et  aux 
humbles.  •> 

l.f  lendemain,  devant  les  officiers  de  la  cour, 
!<•  clerijé  et  le  peuple,  l'orphyre  raconta  l'épisode 
de  la  veille.  Des  ordres  furent  donnés  pour 
observer  en  tout  point  ce  qu'avait  dit  l'enfant. 
On  vil  bientôt  les  tlammes  entourer  l'édillic 
païen  et  les  murailles  s'écrouler  les  unes  aprts 
les  autres  ;  les  soldats  en  remerciaient  hautcmi-nl 
,1e  Seipneur. 

Parmi  eux  se  trouvait  un  tribun,  chrétien 
de  nom  seulement  et  païen  endurci  dans  le  fond 
de  son  cieur.  La  vue  du  temple  en  llammes  lui 
arra<'hait  d'horrible»  blasphémer.  Tout  t\  coup, 
une  poutre  enllammée,  se  détachant  de  l'édilice. 
vint  le  frapper  au  front  cl  la  mort  le  surprit  dans 
son  péché. 

Toutes   ces    manifestations   de   la   puissance 

divine  produisirent  parmi  les  païens  un  prnnd 

nombre  de   conversions.    Poriiliyre  voyait  avec 

'      'o'ur  son  troupeau  s'accroître  et,  pour  enlre- 

'  Il  pi^lé  des  nouveaux  convertis,  il  lit  bAlir 

'  nir-rit  du  temple  païen  une  vaste  et 

I  il  put  célébrer  ave.-   pompe  le» 

II  travailla  de  ses  propres  main» 
n  du  temple  du  vrai  Dieu  et  tes 
-rent  de   lole  pour  contribuer  à 


l< 
de   I 

en  all..i,;  -  .    . 
vinrent  en  loiii 


•  cnir  l'évéque.  Porphyre  I 


accourui  et,  levant  les  mains  vers  le  ciel,  il 
demanda  à  Dieu  de  donner  aux  païens  rassem- 
blés dans  ce  lieu  une  nouvelle  marque  de  sa 
toute  puissance.  Pendant  une  heure,  il  pria  ainsi  ; 
après  quoi,  il  lit  descendre  quelqu'un  dans  le 
puits.  Les  prières  redoublèrent,  l'anxiété  était 
peinte  sur  tous  les  visages:  seul,  celui  du  Saint 
était  calme  et  inspirait  la  confiance.  Tout  à  coup, 
une  voix  se  fit  entendre  du  fond  du  puits: 
•'  Louez  le  Seitineur,  les  enfants  vivent.  >>  Des 
cris  d'enthousiasme  ac-cueillirenl  ces  paroles. 
Les  trois  enfants,  en  elTet,  assis  sur  une  pierre, 
conversaient  et  riaient  entre  eux.  (Juand  ils 
furent  retirés,  on  vit  que  chacun  portait  une 
croix  rouye  imprimée,  l'un  sur  la  main,  l'autre 
sur  l'épaule  droite  et  l'autre  sur  le  front,  en 
sif.'ne  du  miracle. 

riMTiON  d'inb  m.\mciii-!exne 

A  la  même  époque,  une  femme  manichéenne 
vint  d'.Vnlioche  à  (iaza,  et  chercha  à  entraîner 
dans  son  b>-résie  Ips  nouveaux  chrétiens  encore 
peu  instruits  dans  la  foi.  Le  saint  pasteur  se  bâta 
de  venir  au  secours  de  ses  brebis,  et  pour  couper 
court  ù  toutes  les  mamruvres  de  l'hérétique,  il 
lui  fil  accepter  une  conférence  publique,  où  il 
réfuta  vifjoureusement  toutes  ses  erreurs.  La 
manii'héenne,  ne  sachant  que  répondre  à  ses 
ar:.'uments,  éclata  en  injures  et  en  blasphèmes. 
Alors  Porphyre,  indi;.'né  de  l'injure  faite  à  Dieu 
et  de  la  mauvaise  foi  de  cette  femme,  s'écria  : 
1.  Que  Dieu,  qui  fait  toutes  choses,  qui  seul  est 
»  éternel,  san>  commencement  ni  (In,  qui  est 
Il  glorifié  dans  la  .Mainte  Trinité,  enchaîne  ta 
»  rantiue  et  te  lerme  la  bouche  en  punition  de 
»  les  hla-phémes.  .i 

Os  paroles  eurent  un  effet  immédiat, la  mani- 
chéenne, saisie  d'un  tremblement  nerveux,  p.ilil 
tout  à  coui)  et  ouvrit  de  {jrands  yeux.  Elle  était 
muette!  Elle  vécut  plusieurs  années  dans  celle 
inlirniité,  et  mourut  sans  avoir  voulu  abjurer  ses 
erreurs,  mais  sans  faire  de  nouveaux  adeptes  de 
sa  doctrine  pernicieuse. 

KHEt'TK  DES  païens    —  FCITK  DE  FORPHTRE  —  SA  «OBI 

Après  cinq  années  d'un  travail  incessant, 
l'éylisc  de  Caia  fui  achevée.  La  consécration  en 
fut  fnile  avec  une  ponipe  inaccoutumée,  le  jour 
de  PAques  de  l'année  417.  Plus  de  mille  moines 
étaient  venus  de  toutes  pari- se  joindre  au  cler);6 
de  la  ville,  et  les  offices  furent  célébrés  avec  une 
soleiiniié  remarquable.  (;<•  fut  un  jour  de  réjouis- 
sance pour  tous  les  fidèles  de  la  contrée. 

.Mais  les  joies  de  la  terre  sont  de  courte  durée 
et  la  lutte  devait  recommencer  plus  vive  et  plus 
opiniâtre.  Ceux  des  païens  qui  élaicnl  restés 
jusque-là  dan»  leur-  erreurs  et  leur  vie  crimi- 
nelle, frémissaient  de  jalousie;  ils  épiaient  toutes 
les  occasions  de  nuire  aux  chrétiens  et  surtout 
&  leur  pasteur. 

A  lu  suite  d'une  discussion  intervenue  entre 
un  prêtre  el  le  chef  des  idolAires,  les  fils  de 
.'^ai.in,  armés  de  bâton-,  se  ruèrent  sur  la  maison 
lie  l'évéque.  Pour  échapper  aux  coup»  «l'une  mul- 
titude effrénée,  Porphyre  dut  '  i  ir  le  loil 
lie  s.a  maison  cl  demeurer  pin  i- caché. 

Il  fut  seeouru  dans  so  délres-'    (  ii   u rphc- 

liiie  de  quatorze  ani  à  qui  il  donna  plus  lard  le 
iMplênie  et  l'habit  religieux. 

Porphyre  vécut  encore  ifuelqucs  mois  durant 

'      ■■   '       .   ■.    .    .1     <usUnt  fut  de  répandre  dan» 

i  amour  pour   le   résine  de 

.k     ..;..:  d'iiilirmile^,  il  s'endormit 

I  .iisiblenienl  dtnt  U  paix  du  SuiKueur,  l'an  4SI). 


luip. -j/rani,  î'iiitUDio,  S,  rue  Krtiii;i>M  I'      I' 


SAINT    JEAN    DE     VANDIÈRES 


ABBE    DE    GORZE 


Fête  le   27  février. 


Saint   Jean  de  Vandières  porte   un  message  au   nom  de  l'empereur  d'AUemagne 

au  calife  de  Cordoue  Abdérame. 


FAMILLE  gT    <00CAnON    DE    SAINT   JE^N    DE     VANDIKRES 

Saint  Jean  Af  Vandiirps  naquit  à  l,i  fin  du 
n*  si<cle.  dans  le  villase  de  Vandi^re?,  ancienne 
Tilla  royale,  près  de  Pont-à-Mou-i'on.  diocèse  de 
^mcy.  Ses  parents  jouissaient  d  une  asser,  helle 
fortune.  Son  père,  disent  les  Ifollandisles.  gou- 
verna, jusqu'à  lace  de  rjuatre-vinpl-dix  ans  ses 
l'ienn  et  sa  maison  avec  une  tieureuse  «a^'esse, 
*f  f-tisant  aimer  de  tout  le  inonde  par  son  éfjuité,' 


sa  bienveillance,  son  liospiialilé,  sts  aumônes, 
son  îèle  pour  l'entrelien  des  enlises  et  ses 
lionnes  reuvres. 

Jean  vint  au  monde  quand  son  père  était  déj,! 
avancé  en  Ape;  comme  autrefois  Joseph,  il  fut 
renf.-int  de  prédilection,  élevé  dans  la  maison 
paternelle  et  forin<^  de  bonne  heure  .1  la  pratique 
dp>  vertus.  l'Iiis  tard,  il  apprit  les  vrii-nre- 
liumaines  dans  les  écoles  de  Mel/.  et  dans  le 
irmna'^tére    de  Saint-Miliiel,   quoique   sa  I  unille 


117 


bûuflril  avec  peine  cet  ùloigaeinenl.  Les  pro^rè'^ 
que  fll  U'Ure  Saint  ddli'^  les  lettres  le  mirent  en 

fieu  de  temps  à  nii'ine  de  comprendre  la  Bible  et 
es  Livres  Sacrés,  dunt  il  faisait  sa  lecture  favorite. 
Ses  maîtres  n'eurent  bientôt  plus  rien  à  lui 
apprendre,  «t  le  cours  de  ses  éludes  étant  ter- 
miné, il  revint  près  de  son  vieux  pure. 


DE    -AI.NT   JKAN   AVKC  l.t.S 
llR  SUN  TEMPS 


KOUUES  CKLEBHES 


,1lll 


,l,.,r-.. 


monde,  il 
sût.  ' 
des, 

dont    1  i.-. 
vivre;    en 


.\  la  m- 
son  tiiui 

Appli'iU'-    -  ,'•   ■    i  ,      .  ' 

un  talent  sup^neui.  li  prit  counai:<sauce  des 
diters  arts  i|ui  s  v  rapportât,  àlel  point,  disent 
ses  biouraplies,  ([ue  daiifi  îles  afTaires  de  ce 
'■y  avait  fort  p«u  de  choses  qu'il  ne 
-I ration  le  niit  eu  relation  avec 
i-tiiif^uésde  TL^lise  et  de  l'Etal. 
iiijilc  lui  apprit  la  bonue  façon  d<' 
peu  de  temps,  il  devint  uu  parfait 
f'enlilboninie.  L'évèque  de  \erduu  employa  »ou- 
M'iii  son  habileté  dans  les  atTaires  et  aurait  bien 
\oiilii  se  l'utlacher  pour  toujours.  Il  reçut  deux 
bénélio.«s  :  l'é^îlise  de  Vaudières  et  celle  de  Saint- 
Laurent,  à  Fontenoi,  prés  de  TouL 

Ses  afTaires  l'appelèrent  souvent  dans  cette 
dernière  ville  et  lui  liront  lier  connaissane*  avec 
le  diai;re  Ilernier,  homme  de  (grande  doctrine  et 
de  sainte  vi.'.  avec  lequel  il  continua  l'étude  des 
Saintes  l:)critures,  oii  il  acquit  une  science  prodi- 
;.'ieuse.  Il  entretenait  aussi,  avec  beaucoup  de 
charité,  uu  vieux  prêtre  qui  avait  fui  la  Ueauco 
pour  échapper  aux  persécution»  des  Normands  : 
ce  prêtre,  qui  avait  une  dtivotion  particulière  a 
la  réi'iUilion  de  l'office  divin.»'!  !<■  ili.x-re  lt'>rnier. 
qui  M'  dislin^'uait  par 


donii  ii<i>Ml 

p 

JeJiii 

des 

as-. 

II)    lui 

éd: 

,•    cir- 

COIlsl  fil'  • 

- 
à 

ii.iiii" 

1'     aciii:v.i    iir    11     11'  In  miner 

tout  (i  fait 

une  ^iiil«>  vie. 

1  OyHBTT  Jl 

.v^ 

fiSi  .A  «MI1H.VSS(R 

\  ■au 

t 

dont  il  était  pourvu,  Jean 

de  \    '..1 

.'    il*  .tir  1     .-li.llllli-    -flII.-iillM 

au 

de 

sic 

xici 

son 

»;r;. 

04)  1 

eau 

Ch' 

ne 

«en 

1  11 

d<  1 

IIIH-       lut»-      fl»IIU«l, 

lile,    lui    apprit 

«■IlIlM         l'I- 

. 

•  ni.     .1 

1   .   ■ ,                                  ■'    ■             ^-      •!!  •••»- 

\    11-  pa<  1 

lie  nous 

ne 

•        ■  ! 

.  - 

•  .l.-irs  qu:   ...  ,  .  .,  ...: 

cl, 

lerte  du»  iiurs!  Mot,  je  rev 

4)U 

Ion. 
ni 

■■' 
fr.. 
noi 


Ultra  pvurJMUi. 


lit,    lltui, 

Ili   »»rtii 


marche,  mais  je  n'ai  même  pas  le  courage  de 
me  lever  de  terrent  de  faire  un  pas!   ■ 

MOBTinCATIO.NS  ET  PÉ.NITENCKS  DE  S.tlNT  JB.tN 

A  partir  de  ce  jour,  un  chanseraent  complet 
se  lit  remarquer  en  lui  et  il  commença  à  mener 
une  vie  toute  de  prière  et  d'austérité.  Il  apprit 
par  cœur  l'.Vncien  et  le  Nouveau  Testament,  les 
ollices  divins,  le  chant  de  l'Hiilise,  et  se  rendit 
éi^alement  lélebre  par  sa  science  du  droit  cano- 
nique et  des  écrits  de.-  rùi.;-. 

A  ee>  travaux,  il  :■  -  iveilles, 

les  prières  Iréquonle 

Il  aspirait  à  quittai  le  uioim  .stribuer 

tous  ses  biens   au.x  pauvre-:   i.  m    ^.ivait 

■encore  où  se  retirer;  <:;ir.  pai  auii'  ii-. 

\n  discipline  monastique  éi.iii  lori  :  iu- 

les comeills  on  deçà  des  Alpes,  bu  '.  il 

se  mit  suus   la  conduite  de  deux  >  /i  ~ 

de  grande  \<;rtu.  l'un,  uoinnié  liounii,  luaitre 
(le  ctiaiil  u  Saint-Blienuedeiiel7.,  rauVt«;ni>miiié 
Wariinberl.  curé  de  ."«aiiit-Sauveur. 

l'uis,  trouvant  qu'il  ne  pouvAit  fite  encore 
assez  se  mortifier  dans  la  société  de  oes  deux 
saiiiLs  prêtres,  il  se  retira  auprès  d'un  ©wnite  de 
Yeiniun,  iioniiné  Huinbert.  auquel  il  lit  une  con- 
fession (.'énéiale  de  lniites  le-  luutes  de  sa  vie. 
C'est  à  partir  de  ce  iiioiueiit  qu'il  cuuiuiença  à 
s'abstenir  de  viande  pour  le  reste  ikoMS  jours 
et  à  jeiiuer  très  rigoureusement. 

Toiyours  avide  de  fair>-  do«.  pn  1' 

des  saints.  Juan  Alla,  dans  la  fui  iiik'. 

passer  quelque  temps  auprès  tl  on  •olitairc 
appelé  l.,ambert.  C'était  un  homme  «xtraordi- 
uaire,  qui  ne  s'occupait  que  de  coiileaiplatioii, 
ue  se  suucuuil  L'u>re  de  son  eorps  et  ploni^é 
continuellement  dans  l'étudi  '  i  prière  : 

il  réduisait  un  iiiuid  enliei  il'  n  un  seul 

pain,  qui  lui  suftisait  pour  >irii\  moi-,  et  qui 
devenait  à  la  lin  <i  dur,  qu'on  ue  pouvait  eu 
avoir  des  morci    ■;•         .  coups  de  hache. 

Tel    lurent   i  -   et  modèles  de  notre 

Saint  dans  la  \i<  -..  ,^-^.<.clion- 


l'KLBKIÎS-^aï-   BK  SAINT  ffAN 


Sur  le  coii>eil  d'Iluiiiberl. 


liièle-    ilitl' 


ni     ir 


>:ia4Jidt  Uuvoliuii 


de  Van- 

iite  :  -on 
l'-i  et  le- 
le  il'aller 
es.   Il  lut 

4»r,  clerc 
{ue  lemp* 
11,  et  ijui 

l  que  de 

dans  la 
liari.'<tn. 


'Il      11»;'       III'       m        -.iiiiv       l""iM'il.      il 

:i|i'    lU  pi'il  du  ninnl  Nésuvr  pour 

•■r   »U\    pr -    •!•-    --1  vil^ur»  de 

lient  lixi'  lu  voirnii. 

illt    l'Il     I  l'.niv      1. 

luniherl,  il   si 
,  ■    trouver  une  i 

desr». 

Kn  ait'  n<hnt.  sa  vie  était    -olle  d'un  r-lwiiim 


«aKrr  m  iiiItaiili  u  jionAtriuiK  dk  co«; 


vivait  dan>  l'union  pei  ijéluelle  ave.-  Dieu,  el 
(]ui,  de  coQcert  uvec  lluiiibert  de  VerJun,  cher- 
cliait  un  asile  ou  une  solitude  pour  y  vivre  loin 
du  monde.  Ln  jour  qu'ils  examiuaieut  (.-nseiuble 
quelle?  personne:;  de  leur  connaissance  étaient 
propres  au  i;enre  de  vie  qu'ils  méditaient,  Hum- 
liert  de  Verdun  nomma  Jean  de  Vandiéres. 

Jean  fut  appela,  et  ses  deux  amis  lui  ayant 
exposé  de  quoi  il  était  question,  il  acce[)ta  avec 
enthousiasme  et  entraîna  même  à  sa  suite  plu- 
sieurs ecclésiastiques  vertueux. 

Cependant  l'évèque  .^dalbéron,  craignant  que 
oa.'i  hommes  d'un  si  haut  mérite  ne  quittassent 
son  diocèse,  médita  loni<tom|<s  sur  le  moyen  à 
prendre  pour  les  retenir  auprès  de  lui. 

Prés  lie  la  ville,  existait  le  monastère  de  (Jorze, 
abandonné  et  tombant  en  ruines,  à  la  suite  de^ 
i.'uerres  et  des  d'-prédalious.  L'évèque  Adalbèron 
y  était  ailé  autrefois,  nu-pieds,  en  pèlerina^:e, 
poijr  obtenir  de  la  pluie,  et  avait  prorais  de  le 
reiUiurer  un  jour.  Il  résolut  donc  d'olîrir  le 
niiiiiastère  en  question  à  tous  oes  pieux  person- 
iiaces. 

Quand  ceux-ci  se  présentèrent  devant  lui  pour 
lui  faire  connaître  leurs  projets  de  retraite,  le 
prélat  les  assura  de  toute  sa  bienveillance  et  leur 
l>ermit  de  choisir  un  lieu  convenable  dans  son 
diocèse.  Le  diacre  Bernacer,  qui  avait  reçu  secrè- 
tement le  mot  d'ordre,  les  engai^ea  à  demander 
Gorze. 

Comme  les  autres  hésitaient,  aimant  mieux 
s'expatrier,  Jean  de  Vandiéres  leur  persuada  de 
s'arrêter  à  ce  choix,  parce  que  les  biens  du 
monastère  étant  entre  les  mains  d'un  homme 
violent  qui  ne  consentirait  jamais  à  les  rendre, 
il  était  probable  qu'on  leur  refuserait  (iorze,  el 
alors  on  ne  les  empêcherait  plus  de  partir. 

I  '•v.-.Mie  les  prit  au  mot,  leur  accorda  le 
iij'>naj.t':re  à  l'instant,  .se  chargea  lui-même  des 
r-'parations  et  des  Irais  uéces.saires  pour  les  éta- 
blir, el,  quelque  temps  après,  leur  lit  rendre  tous 
l"s  biens  que  détenait  le  O-  .Adelbert.  Linold  fut 
nomm''  abbê  et  Jean  de  \anili'res  procureur  et 
celiérier. 

SAI.NT   JEAN    I(K    \lMiU,RF.-    M'.[)II.K    DKs    MOl.NES 

Notre  Saint  voulut  être  considéré  comme  le 
dernier  de  la  maison  et  comme  le  serviteur  de 
tous.  Il  donna  aux  Frères  l'exemple  d'une  sou- 
mission parfaite  et  de  la  plus  admirable  humilité  : 
c'est  ce  qu'nn  remarqua  dans  la  manière  dont  il 
souffrait  les  reproches  les  plus  injustes  et  les 
plas  faicheux  i^fTels  de  la  loauvaisc  humeur  des 
autres,  et  dont  il  se  chargea,  outre  ses  fonctions 
ordinaires,  des  offices  les  plus  bas  et  les  plus 
i.piiitiii  -  il<   I  :  '    - :'   -     rie  et  de  la  cuisine. 

H  -•  I -   it  menls  les  plus  lét'i limes 

ju>-  1.1  p.  J.I.-  J...1.1  i.m  pour  réparer  les  forcos 
de  la  nature.  Après  Matines,  qu'on  récitait  au 
milieu  de  la  nuit,  laniais  il  ne  se  recoucli.iil; 
■  nr.riific^tioii  d'autnit  plus  méritoire  que  les  pri- 
vi'i'iiiscli'  sommeil  lui  étaient  très  pénibles,  .'^on 
.(lilié  lui  1  11  -  iii  sur  Ce  poini  la  liberté  de  se  faire 
vin|,-iir.  ,  mil  il  employa  toute  ^on  atilorilé  pour 
lui  (air-'  nioil^^rer  ses  abttiiiein  es  excflssivcs. 

I>>  iiion.i«l're  de  («orze  devint  dès  lors  une 
l'-rnie  d.  t,,iit<  -  les  vertus,  où  ceux  qui  voulaient 
'•■  r*r)dr<  pi i i.iits  dans  l'état  reliiiieuv  venaient 
prendre  des  leçons. 

Mtai3SADF.   DE    SALNT    JgA.V   HE   V  V.NniCBRs,   A|:    >OII    01' 

M>l  opio,**,  PRÉS  n'\nuth\Mi..  CAi.n  y  of.  cohdoub 

ilmnn  de 
I   de  Or- 


A  a«tte  époqu»,   \' 
i.ordoue,  envova  iiii' 


manie,  pour  lui  deinauder  son  unntié;  dans  sa 
lettre,  leprince  maliométan  avait  ^'lissé  quelques 
termes  in,|urieux  à  la  reli:;ion  chrétienne. 

Othon  repondit  noblement  et  courageusement, 
et  demanda  à  Liiiold,  abbé  de  (iorze,  deux  d- 
ses  moines  pour  porter  son  message.  Saint  Jean 
de  Vandiéres  s'oll'rit  avec  amour,  dans  l'espoir 
du  martyre,  et  partit  avec  un  de  ses  Frères. 

Quand  il  fut  arrivé  à  Cordoue,  .\bdérame  lui 
adressa  ce  messaie  aussi  sineulier  qu'inopiné  ; 
«  Votre  roi  a  retenu  mes  ambassadeurs  en  Alle- 
magne pendant  trois  ans,  vous  attendrez  trois 
fois  plus,  cest-à-dire  neuf  ans  avant  d'être  admis 
à  mon  audience.   > 

Lt  il  mit  à  la  disposition  du  moine  et  de  ses 
compagnons  une  maison  de  campa:.'ne  pour  y 
attendre  ses  ordres.  Jean  de  Vandiéres,  décidé 
à  tout  soullrir  plutdt  que  de  manquer  à  la  mission 
qu'il  avait  reçue,  déclara  qu'il  ne  partirait  pas 
avant  d'avoir  été  présenté  au  prince  musulman. 

La  raison  de  ce  singulier  procédé  venait  de 
l'indiscrétion  d'un  individu  qui  avait  été  pendant 
quelques  jours  le  compa^^non  de  voyage  du  moine 
ambassadeur,  mais  il  l'avait  devancé  à  Cnrdoue 
et  avait  fait  courir  le  bruit  que  le  messaser 
d'Othon  apportait  une  lettre  de  menaces  et  d'in- 
jures à  l'adresse  des  musulmans  et  de  leur  roi. 

Aussi  Jean  de  Vandiéres  voyait-il  arriver  sou- 
vent à  la  maison  où  il  lo^ieait  des  musulmans 
qui  venaient,  disaient-ils,  de  la  part  du  roi,  s'in- 
former du  contenu  exact  des  lettres  dont  il  était 
porteur. 

■'  Nous  dirons  notre  commission  au  roi.  leur 
répondait  Je.ui:  il  ne  nous  est  permis  de  Iji 
découvrira  d'autres  qu'à  lui.  » 

L'n  juif,  qui  connaissait  la  substance  des  lettres 
d'Othon,  fil  savoir  à  notre  Hienheureux  qu'il 
était  dangereux  de  présenter  un  tel  messaije  à 
Abdérame,à  cause  de  la  sévérité  des  lois  musul- 
manes. 

L'n  chrétien  du  pays  lui  conseillait  de  son  côté 
de  se  contenter  de  porter  ses  présents  à  Abdé- 
rame  sans  lui  remettre  aucune  lettre. 

Saint  Jean  de  Vandi'-  lait  inébranlable. 

"  Je  suis  venu,  d;.^if-il,  pour  apporter  les 
lettres  de  mon  roi  et  pour  ■■éfuterles  hlasplièmes 
contenus  dans  celle  du  votre,  lin  chrétien  doit 
plutdt  souffrir  la  laim  et  les  tourments  que  de 
pactiser  avec  les  iiiGdeles.  Je  n'irai  à  l'audience 
d'Abdéranie  qu'avec  mes  lettres,  sans  en  retran- 
cher un  seul  trait;  et  si  Abdérame  dit  quelque 
chose  contre  la  foi  caiholii|ue,  je  lui  résisterai 
en  face,  dut-il  m'en  rouler  la  vie!  » 

Tout  cela  fut  rapporté  en  secret  au  prince 
musulman,  qui  employa  toutes  les  ruses  pour 
ébranler  le  noble  ambassadeur  :  -<  Si  lu  m'oblieef- 
à  le  faire  mourir,  lui  écrivit-il  un  jour,  je  ne 
laisserai  pas  un  chrétien  en  vie  dans  toute 
l'Espaane. 

—  Quand  vous  devriez,  répondit  le  Saint,  hm" 
faire  démembrer  peu  à  peu.  me  couper  anjour- 
d  liui  un  doi^t.  demain  un  .iiitre.  puis  un  bras. 
un  pied,  une  jambe,  el  nmsi  du  reste  de  jour  en 
jour,  vous  ne  parviendriez  p.is  à  m'emouvoir.  Kl 
SI.  à  cause  de  moi,  vous  mrllrt  ;i  m»rl  tous  les 
riirétieBS,  ce  ne  ser.i  point  h  moi  que'Uieu  l'im- 
putera, mai?  à  votre  rroaulé.  >i 

La  noblesse  de  ce  lant/ace  frappa  d'admiration 
le  farourlie  inusulm.-in.  el  lui.  diocif  le  de  Maho- 
met, il  lit  demundni  lonseil  à  o>>  chrétien  sur  u 
qu'il  de v.-iit  faire  d.inslesrin'.onslancei  préjoiil»<.. 
!,<•  servileur  de  Dieu  lui  dit  d'envoyer  un  nouvel 
.tinbatsadeur  à  Hibon,  qui  lui  ré|>ondrail  cette 
fois  |iar  iiDc  lettre  courue  duiis  d<'.-  liiniie'-  moio» 


V  :■:  et  moins  durs  ijue  la  première.  C'est  le  qui 
eat  lieu. 

Au  retour  de  cette  seconde  ambassade,  Abd'- 
rame  consentit  à  recevoir  en  audience  solen- 
nelle Ji-aii  de  \  andières  àccompàj^né  du  nouveau 
nies-ai:rr  iluthon.  Il  y  avait  trois  ans  qurf  le 
courageux  moine  attendait  à  Cordoue  cette  faveur. 

SAINT   JE»!»  DEVANT  AIIDKKANB  —  Si'N    RBTOUn 
A    GORZR   —    SA    MORT 

iiii  voulait  qu'il  prit  des  habit'-  mapuifiques 
pour  paraître  devant  le  roi,  suivant  la  coutume 
de  la  nation.  ConiTite  il  s'en  défendait,  le  roi. 
iroyanl  que  c'était  par  pauvreté,  lui  lit  donner 
de  l'arf.'ent.  I.e  saint  nmine,  après  avoir  rélléchi, 
reçut  cette  ollraiide  avec  actions  de  urAces,  mais 
il  s'einpres-a  de  la  distribuer  aux  pauvres  et 
déclara  de  nouveau  qu'il  ne  quitterait  pas  son 
habit  monastique. 

I.  Je  rei  onnais  en  tout  sa  fermeté-,  dit  Abdé- 
rame;  qu'il  vienne,  s'il  veut,  revAtu  d'un  sac,  je 
ne  len  aimerai  que  davantage.  » 

l.e  jour  de  l'audience  étant  venu,  les  ambassa- 


deurs turent  conduits  et  reçus  au  palais  avt'c 
une  pompe  tout  orientale.  Lé  roi,  qui  était  seul 
dans  sa  chambre,  assis  les  jambes  croisées  sur 
un  tapis  précieux,  donna  au  bienheureux  Jean 
sa  main  à  bai->fr  en  dedans,  ce  qui  était  le  plus 
;.'rand  honneur.  Puis  il  lui  fit  siune  de  s'asseoir 
sur  un  siéye  qui  lui  était  préparé. 

Après  quelque-  explications  sur  les  relards  de 
l'audience.  Jean  donna  les  présents  de  son  maître 
et  demanda  aussitôt  son  congé.  Abdérame  en  l'ut 
surpris  et  dit  qu'après  une  si  lon.-ue  attente  il 
ne  lallait  pas  se  séparer  si  promptement.  Toute- 
lois,  il  ne  voulut  pas  le  retenir  de  force,  et,  après 
une  seconde  audience,  il  le  laissa  libre  de  retourner 
en  France,  admirant  beaucoup  sa  fermeté  et  sa 
foi. 

Les  détails  nous  manquent  sur  le  reste  de  la 
vie  do  saint  Jean  de  Vandières.  Nous  savons  seu- 
lement qu'il  mourut,  l'an  07y,  abbé  du  monastère 
de  tiorze.  oii  il  vécut  dans  la  pratique  la  plus 
parfaite  de  toutes  les  vertus  relij;ieuses,  plein 
de  sollicitude  et  de  charité  pour  le  bien  de  ses 
Frères. 


SAlNTi;    AUdUSTA,   VIEUGR   ET    .MAIiTVRi; 


Fête  le.    'i'    nxii! 


\  l'époque  des  invasions  barbares  en  Italie, 
uu  chef  f.'ermain  avait  lixé  sa  résidence  à  Serar 
vallo,  non  loin  de  Cetena,  dans  les  Marches. 
.Matruo,  c'était  le  non»  du  barbare,  habitait  avec 
ses  soldats  une  petite  forteresse  sur  une  mon- 
taune,  c'était  un  païen  farouche  ijui  persécutait 
souvent  les  chrétiens  du  voisinape. 

Or,  ce  chef  étranger  avait  une  lille.  qui  portait 
le  nom  latin  d'Aupusla.  Klle  était  auxi  douce 
que  Malruc  était  féroce  et  dur.  Klle  eut  la  curio- 
sité de  savoir  quelle  était  celte  relicion  des  chré- 
tien' que  son  terrible  père  délestait  si  lorl.  Elle 
s'en  lit  instruire  secrètement,  en  admira  la 
beaulé,et  Dieu  touchant  son  cœur,  elle  demanda 
et  reçut  le  bapt'"-me.  De  temps  en  temps  elle 
s'échappait  du  château,  à  l'insu  de  son  père,  et 
s'en  allait  prier  dans  quelque  église  du  voisinasse. 

Matruc  iinit  par  concevoir  des  soupçons;  un 
jour,  il  orilonna  à  un  de  ses  afiidés  de  suivre 
secrftement  le»  pas  de  sa  lille.  L'émissaire  s'ac- 
.  quitta  poii.'tuellement  de  sa  mission;  il  vit 
•  Aiiyusla  i-iitrer  dans  une  éslise,  s'agenouiller  et 
prier  u  la  manière  des  catholiques.  Il  revint  au--- 
sil''it  auprès  d'"  Matruc  raconter  ce  qu'il  avait  vu. 
Celui-ci  envoie  l'ordre  à  sa  lille  de  venir  iinmé- 
diatenieiit  en  sa  présence.  ■'  Attendez  un  petit 
juslii.i  .111.-  l'.i.  iii.i  ma  prière  •■,  dit  Aui;usta 
au  I       .  1  sa  prién-  avec  f.rveur, 

supi  !i  .    '     :        .     la  fortifier  i-t  revint  en 

tout'-  li.ite  auprès  de  son  père. 

Matruc  l'accueillil  avec  des  yeux  pleins  de 
ra:.'f.  •'  Kst-ce  ainsi,  lui  dit-il.  il'une  voix  terrible, 

3ue  tu  raéprisea  la  reliuion  de  trsaicux,  l'autorité 
c  ton  père  et  l'honneur  de  la  famille;  est-ce 
le  cflv  ^lU"  tu  fais  de  la  mod<'stie  d'une  jeune 
liant  de  la  maison  sans  la  permis- 


vaii' 

dit    '  I  '~\  Un  u 

rh"  qur   j'n  : 

aUt4iÉti    ■j'*.-    ;•     !■     ('lit-'     I.  est   t^^'^'    |t  ^    Ilill'l  1   lit  :'■    «l»'^ 

rieux   que  je  «uis  albe  m'entretenir;  tels  »odI 


mes  coulidenls  habituels.  Et,  quant  à  ma  virgi- 
nité, je  l'ai  consacrée  intacte  et  pure  au  Moi  Jé>us- 
Chrisl.  Vous-même.  >'•  mon  jière,  si  vous  saviez  .  .■ 
que  c'est  que  Jésus-Christ,  vous  tous  donnerir/ 
tout  à  lui!  ' 

.Matruc  donne  l'ordre  de  jeter  sa  lille  dans  un 
noir  cachot,  après  l'avoir  menacée  des  plus 
alïreux  cliAtimenls  si  elle  n'apaise  .sa  colère  en 
renonrant  à  la  reli;:ion  chrétienne. 

Le  lendemain,  il  l'interroge  encore  :  i<  Persistes- 
tu  dans  ta  résolution'.'  —  Oui,  répoml  l'enfant,  je 
reconnais  «'t  j'ailore  Jésus-Clirisi  comme  seul  \rai 
Dieu,  et  je  lui  obéirai  toujours.  >• 

Le  chef  païen  commande  au  bourreau  de  lui 
arracher  deux  dents.  Mais  la  jeune  lille  n'en 
prntecte  que  plus  fort  devant  son  père  et  devant 
'  istants  qu'elle  ne  renoncera  jamais  à 

I.  -1.  Klle  est  pr-'-le.  dit-elle,  à   souffrir 

luus  Icb  .-upplices  pour  l'amour  de  celui  qui  a 
versé  son  sane  pour  la  sauver. 

Matruc  n'qioud.  qu'en  etfel,  il  n'hésitera  pas  ù 
la  chi'itier  cruellement,  mai»  'lu'il  veut  bien 
cependant  lui  donner  encore  du  temps  pour 
réiléchir.  "Il  la  reconduit  doue  en  prison,  et,  le 
reste  du  Jour,  son  père  continue  n  mettre  tout 
en  (l'uvre  pour  la  llécnir,  l'effrayer  et  lui  persuader 
de  renoiiiiT  à  sa  foi. 

I.,e  lendemain,  nouvel  interrogatoire,  sans  plus 
di"  '11.  I  -  l.e  barbare  ne  i-oiiii>  ni  iIn-  >;i  colère. 
Il  -a  lille  entre  li'  idessoii» 

il  llume  un  i.Tan<i  i  n'atteint 

pus  la  vierge  chrétienne.  Alors  on  inameuvre 
contre  elle  un''  roue  -,rm''r  de  couteaux;  mai-" 
lin  an  '    cruelle  machine. 

,    Matrii  lonne  de  trancher 

la  t''l>'  ..  .ViiKU^t.i.  Un  1  riiUua  «ur  l.i  monla:.-ne. 

|'lil«  l.ird.  •>•••  reste»  lurent  d.'couverl»  par  le» 
■  <•■'■-  d'une  > 
liant»  mil 
mont    Si     * 
'ruilo  en 
<   I     r'-<[ii'ii I •  ••   par   les   p-i'-iiii-,    i---»    luii-' 
I   xénitieuit  y  apportent  de*  et-volo 


lni|i 


t.    l'rTirKu.iiii.  ".  ru'  t  r»ii' ■•!«  !••,  I'«ri» 


SALM   ROMAIX,  ABBÉ  DE   COADAT 

FONDATEUR    DU   MONASTERE  DU   MONT-JURA 


Ffte  Ip   ?.<    /■'=-'»•'■.■?•. 


Saint   Romain,  en   voyage,  demande  pour  une  nuit    l'hospitalité   aux   lépreux; 
le  lendemain,  il  les  guérit  et  s'en  va  ;  mais  les  lépreux  le  poursuivent  pour  le  remercier. 


ROMAI.S    DANS  S*    FAMILLE 

Saint  rtoiiiaiii  fut  destiné  par  la  l'rovidenre  à 
.illuiiier,  à  rexlri;milé  orienlalp  «lu  la  (iaiilp,  un 
nouveau  foyer  de  vie  inonasticjiie  «l  religieuse  ; 
il  fui  le  fondateur  et  le  premier  ablx'-  de  la  cidèbre 
ahbaye  de  Condal,  arbre  vi^^oureux  et  fécond 
'|ui.  pendant  Ireiic  siècles,  rouvrit  de  ses  branches 
•  t  de  »on  feuillage  verdoyant  celte  partie  de 
Tinlre  pays  que  Ton  a  appelle  la  Tliébaide  des 
ii'iiil''.. 

i-'esi  à  la  tin  du  iv*  siècle,  vers  Tan  390,  que 


na^iuit  Romain,  d'une  honnête  famille,  dans  j.i 
province  Séquanaise,  qui  était  limitée  par  le 
Jura  et  qui  comprend  aiijourd'liui  lo  département 
de  l'Ain.  Ses  parents,  ;ï  celle  époque  troublée  par 
les  invasions  barbares,  n'eurent  pas  les  moyens 
de  le  faire  avancer  dans  les  sciences  liuinai'nes, 
mais  ils  s'attachèrent  à  développer  les  heureuses 
qualités  dont  était  doué  cet  enfant  de  prédilec- 
tion :  la  grAce  acheva  ce  travail,  et  l'Espril-Sainl 
s'i'iiipara  pleinement  d'un  cœur  si  candidf,  d'uni- 
vcilonlé  si  droite  et  si  ferme. 
La  jeunesse  de  Koinain  se  passa,  comme  si>ii 


:,.i2 


enfaiii-1'.  dans  la  pritie  et  la  vie  Je  famille,  loia 
(lu  monde,  de  ses  plaisirs  et  de  ses  divertis- 
semeiii-^  qu'il  avait  eu  horreur.  Néanmoius, 
comme  il  était  gdeiià  de  bonté  et  d'.itTal>ilité,  il 
s'était  u'ai-'ué  re-lime  et  la  considération  de  tous, 
même  de  ceux  qui  n'avaient  jkis  le  couraj^'e  de 
l'imiler  et  qui  s'exposaient  follement  à  perdre 
leur  iunoceuce  au  uilieu  des  joies  du  siècle. 

VOCATIO»  —  CÉ.NOBITE  ET  SOLITAIRE 

Quant  à  Itomain,  il  avait  entendu  la  voix 
intime  de  la  urAce,  qui  l'appelait  à  renoncer  a 
ti>ul  et  à  vivre  uniquement  pour  Dieu;  il  priait 
le  Seif{neur  de  l'éclairer  sur  la  meilleure  manière 
de  réaliser  ce  dessein.  En  vain,  ses  parents  avaient 
voulu  le  contraindre  à  se  marier,  il  n'y  vouliil 
Jamais  consentir.  Son  choix  était  fait;  il  voulait 
être  ermite,  et  se  préparait  d'avance  aux  vertus 
relii'ieii-es  en  attendant  de  pouvoir  s'y  livrer  tout 
entier. 

liés  qu'il  fut  libre,  il  s'arracha  aux  tendresses 
de  sa  famille,  et  oITrant  à  Dieu  ce  douloureux 
saerilii-e,  il  partit  pour  Lyon.  Lyon  élait-il  donc 
le  l'hemiD  du  dèserl'.'  Son,  .sans  doute,  mais 
Momain  savait  qu'avant  d'aller  à  la  bataille,  il 
faut  apprendre  à  manier  les  armes,  .\yaiit 
entendu  parler  du  vénérable  abbé  Sabin,  supé- 
rieur du  inona-tered'.'Vinay,  il  allait  bumlilemeiit 
se  placer  sous  sa  conduite,  alin  d'apprendre  de 
lui  l'art  sublime  et  diflicile  de  la  perfection 
chrétienne.  Il  avait  alors  trente-cinq  ans. 

L'abbé  n'eut  qu'à  se  louer  de  son  nouveau 
disciple,  qui  se  forma  bien  vite  aux  pratiques  de 
la  vie  cénobitii]ue  et  lit  de  rapides  progrès  dans 
la  science  des  .Saints. 

La  lecture  de  la  V'i*  des  Pères  du  désert  faisait 
ses  délices  ;  bien  loin  de  l'elTrayer,  la  pensée  de 
leurs  sacrillces  et  de  leurs  pénitences  augmen- 
tait chaque  jour  davanta;:e  son  désir  de  vivre 
comme  les  l'aul,  les  Antoine,  et  les  Hilarion. 

Uuand  il  fut  suflisainment  instruit.  Komain  se 
diri;{ea  vers  les  forêts  inhabitées  du  Jura;  la  l'rovi- 
dence  lui  désigna  comme  retraite  un  endroit 
presque  inaccessible  nommé  Condat  [^},  placé  au 
conlliient  de  deux  ruisseaux  et  resserré  entre 
trois  moiit.'iv'nes.  O  désert,  à  cause  de  son  aspect 
sauvaue  et  de  sa  profonde  solitude,  avait  le  plus 
Krand  charme  pour  Komain,  qui  espérait  ainsi 
se  soustraire  farilenient  aux  re;,'ards  et  à  l'atten- 
tion des  hommes.  Il  s'y  liiadonc  avec  bonheur 
et  s'abrita  d'abord  sous  un  énorme  sapin,  dont 
.  les  ép.iis  rameaux  lui  représentaient  le  p.-'Lnier 

3UI  s'Tv.iit  de  lente  à  l'ennite  saint  l'aul  dans  le 
ésert  de  l'Effyptf. 

Coiniiie  ce  saint  dont  il  avait  l'ambition  de 
copier  les  exemples,  il  commença  immédialenieut 
et  avec  ardeur  une  vie  do  prière  et  de  pénitence. 
Sel"!    '  ■       lu'il  s'était  tracées,  il  donnait 

un  '  :  ible  à  l'oraison;  »a  con\crsa- 

lioii  I  11  II  11  111^  Il  -M  leux,  et  Dieu  bénissait  son  »or- 
viteur  en  le  récréant  do  sa  douce  pré«eiicc.  Pour 
son!'" 

Pc 

Ici. 
mi' 
le  1 
rit. 
de  < 
lit 
cet  . 


1,1  .!.• 


f-i  veur,  il  lis.iil  as-iilùmnit  la  Vie  </« 
qu'il  avait  einpoi  té. •  d'Ainay.Knfln, 


Ml  <i,>n  extrême 
ri  i-.irps  et 


;     ,    :  iit.'s  austé- 

III ps,  il  reçut  nni'iurmpnt 
«auva^es  et  n'eut  .l'autre 
,  mais  cetl'-  pauvreté  al 
un  lieu  qui  sertaildc  i.  ,  '  < 


(I)  O    iiif.l   Conilnl 
Conjturnl      Lot  ilrm 
cl  rn'Irnil  »nnl  \r  ; 


Uiiciir    r«lti<|ue,    flgnili' 
«•■  réUDiMent  «n 


aux  bétes  féroces,  en  un  mot  toutes  les  souf- 
frances et  les  privations  inhérentes  à  ce  j^'enre 
do  vie  lui  étaient  un  sujet  de  joie  :  rien  ne  lui 
manquait.  Dieu  seul  lui  suflisail!  Une  partie  de 
son  temps  était  aussi  consacrée  au  travail  des 
mains;  il  s'était  muni,  en  elTet,  de  quelques 
outils,  de  semences  et  de  btrunies,  il  se  mit  donc 
à  cultiver  et  à  euseiaencer  un  coin  de  terre,  non 
pour  se  procurer  des  aliments  meilleurs,  mais 
pour  faire  à  "Dieu  le  sacrilice  de  ses  membres  et 
de  tout  son  corps  dans  cet  exercice  si  conforme 
à  l'esprit  monastique. 

OBCX  FHiHKS  SK  DONNANT  LA  BAIN  POUR  ALLEU   KV  CIEL 
CnÉLK    DE  PIERRES  —  OI-U'AITE  ET  VICTOIRE 

Cependant,  Romain  avait  laissé  dans  le  siècle 
un  frère  tendrement  aimé.  Lupicin,  c'était  son 
nom,  n'avait  su  résister  aux  sollicitations  [iros- 
santes  de  ses  parents;  il  s'était  marié;  mais,  peu 
après  le  impart  de  Itomain,  il  perdit  coup  sur 
coup  sa  femme  et  son  père  :  ce  fut  un  avertisse- 
ment du  ciel. 

l'ne  ;;i'Ace  secrète  le  poussait  à  rejoindre  son 
frère,  qui  lui  apparut  une  fois  en  songe,  le  pres- 
sant de  partir.  Sans  plus  hésiter,  il  vint  se 
jeter  aux  pieds  de  Komain  et  celui-ci  l'admit 
avec  joie  en  sa  coiiipa^rnie. 

Les  exemples  du  maître,  mieux  encore  que 
ses  paroles,  étaient  un  eiiseinnenieiit  éloquent  pour 
le  disciple  dont  la  nature  niàle  et  éner;.'ique  se 
prétait  merveilleusement  à  lu  vie  austère  du 
désert.  h)nsemble  ils  priaient,  ensemble  ils  veil- 
laient et  jeûnaient,  eu.-emble  ils  chantaient  les 
psaumes  et  les  hymnes  sacrées,  faisant  retentir 
la  solitude  de  la  louan;.'e  du  Sei;;neur. 

Ils  rivalisaient  de  ferveur  et  de  tfénérosité,  leur 
paix  était  profonde.  Mais  voici  l'heure  de  la  ten- 
tation. L'ennemi  du  uenre  humain  veillait  lui 
aus^i,  et  Dieu  lui  permit  de  mettre  i  l'épreuve 
la  vertu  de  ses  serviteurs. 

Tandis  qu'ils  récitaient  leurs  prières  accou- 
tumées, ils  se  virent  assaillis  tout  &  coup  par 
une  prèle  de  pierres,  sans  p.iuvoir  découvrir  la 
main  qui  les  lançait.  Ils  i  éprennent  leurs  prières 
et  leurs  chants;  les  pierres  rei.unbent  ave.-  plus 
de  ïif.'Ueur.  Ils  recommencent  encore  leurs  saints 
exercices  :  mêmes  assauts,  mêmes  atta.|ues  ; 
chaque  fois  qu'ils  se  mettent  à  ;:enoux,  ils  sont 
fra|>pés  cruellement  par  cet  enn.'ini  invisible,  et 
se  trouvent  souvent  meurtris  et  couverts  de 
blessures.  Cette  scène  se  reproduit  pendant 
plusieurs  jours  arec  le  même  acharnement. 

Ils  supplient  le  Seiuneur  de  les  défendre,  et  il 
sriuble  «ourd  h  leur  requête.  Alors,  découra>;és, 
ils  se  disent  l'un  Al'autre:' Peut-être  Dieu  %  eut-il 
que  nous  allions  nous  Hier  ailleure,  c'est  pour 
cela  qu'il  laisse  l'enn.'ini  nous  tourmenter  ici.  .. 

Ils  parlent  donc  &  la  recherclie  d'une  demeure 
plus  p  lisible.  En  roule,  ils  >'arrêleiii  un  soir  nu 
seuil  .l'une  pautrc  femme,  qui  leur  offre  1  ! 

(lilalit--,    cr.iyant    re.-e>oir  de    simples   (^e|.  i 
laia-  ■  -  ■!••-  fiii^MieN  d'un  l.uiK  voyn^'e.  Kn  ilM, 
leur  i  raai^'reelallonué,leurtvèteinenls 

vieux       .. 

«  Qui  êles-vons  donc,  leur  dit-elle,  d'oil  venet- 
vou»?Ouel  motif  vous  am.ne  m  cetti-  .  .iiii''-.'  ?  ■ 

Le»  deux  frère»  racontent,  en  i 
ce  qui  leur  est  ndrenii.  Ils  lui    i    , 
i<«nuts  du  diable  et  leur  fuite. 

KM  quoil  s'écrie  cette  fi-mme.   e'(-ee  h      \. 
inolif  de  de«erler  le  »errire '! 
'     p.»iirr<'    f<>miii<>.   Ho   »ni|« 


votre  ennemi.  Sa  fureiu  n'a  rien  qui  doive  vous 
étonner:  il  voit  arec  jalousie  que  vous  occuperez 
dans  le  ciel  la  place  qu'il  a  perdue  par  son 
orgueil  et  sa  malice,  et  c'est  pourquoi  il  essaye 
de  vous  faire  abandonner  un  çenre  de  vie  qui 
vous  conduirait  à  la  sainteté.  <> 

Ces  paroles  les  rouvrent  d'humiliation;  confus 
de  leur  lâcheté,  ils  reprennent  immédiatement 
le  chemin  de  Condat.  A  peine  y  sont-ils  arrivés, 
qu'ils  sont  en  hutte  à  une  attaque  plus  vigou- 
reuse; une  nouvelle  pluie  de  pierres  s'ahat  sur 
leurs  télés,  et  le  sanu  inonde  leur  visage.  Mais, 
cette  fois,  ils  tiennent  bon,  ils  se  rient  des  menaces 
et  des  coups  de  leur  asresseur,  en  y  répondant 
par  le  si;.'ne  tle  la  Croix  fréquemment  répété, 
au  milieu  d'une  prière  fervente  et  pleine  de 
confiance. 

Ils  eurent  encore  à  livrer  plus  d'un  combat  de 
ce  genre,  recourant  au.t  mêmes  armes.  Bientôt, 
Dieu  hénit  leur  patience  et  leur  énergie,  en  les 
délivrant  de  cette  terrible  épreuve. 

Ces  soldats  victorieux  étaient  maintenant 
capables  de  conduire  les  autres  au  combat.  Dieu 
allait  en  faire  les  deux  chefs  d'une  armée  sainte. 

Xt  DÉSKRT  FL£UBIT 
HUMILITÉ.  ET  bOLCEL'a  DE  SAINT  ROU.VIN 

La  sainteté  est  un  parfum  qui  ne  peut  manquer 
de  s'exhaler  au  loin  et  dont  la  suavité  attire 
mystérieusement  ceux  qui  asfùrent  à  être 
préservés  de  la  corruption  du  siècle. 

L'n  jour.  Honiain,  éclairé  d'nne  lumière  divine, 
dit  à  Lupicin  :  <•  Préparons  sur  cette  colline 
voisine  une  habitation  pour  les  Frères  que  la 
Providence  envoie  vers  nous.  >• 

Le  lendemain,  ils  virent  arriver  deux  jeunes 
ecclésiastiques,  qui  venaient  de  ce  point  de  la 
Houruoane  occupé  actuellement  par  la  ville  de 
Nuits  :  ils  demandèrent  aux  pieux  solitaires 
de  les  guider  dans  les  voies  du  salut  et  de  la 
perfection. 

Le  chemin  du  désert  était  frayé  ;  il  fut  bientôt 
connu  et  suivi  par  d'autres  disciples  que  saint 
Homain  accueillit  avec  une  extrême  charité;  le 
nombre  en  devint  si  considérable,  que  les  deux 
frères,  reconnaissant  la  volonté  manifeste  de 
Dieu,  se  résolurent  à  construire  un  monastère 
rétiulier.  Le  terrain  fut  nivelé,  les  bois  avoisi- 
nants  furent  abattus  et  l'humble  ermilatre  se 
transforma  en  un  vaste  couvent:  ainsi  fut  fondée 
ïahhiiye  de  Cnnd'it.  devenue  bientôt  si  célèbre.  ' 

l>e  ..ouffle  de  Dieu  élait  passé  dans  cette  con- 
trée :  on  accourait  de  tous  côtés  pour  voir  et  pour 
entendre  ces  hommes  extraordinaires;  et  comme 
on  ne  doalait  pas  de  leur  puissance,  on  leur 
rimenail  de«  malades,  des  infirmes,  des  paraly- 
tiques; ils  le'-  ciiérissaient  et  redressaient  leurs 
membres;  des  [)ossédés  leur  étaient  présentés, 
ils  les  délivraient  du  démon  par  le  signe  de  la 
l'.i  'ÏT.  Alors,  ceux  .1  qui  ils  avaient  rendu  la 
-Il  I-  ne  voulaient  pas  quitter  leurs  bienfaiteurs; 
il  luire-  qu'ils  avaient  convertis  par  leurs  exhor- 
tations demandaient  i  rester  aujirés  d'eux  pour 
faire  pénitence;  enfin,  le  spectacle  de  ces  pro- 
diKe-i  et  de  si  hautes  vertu»  en  déterminait  beau- 
coup ,i  ne  pa*  retourner  rlans  le  monde,  et  à 
demeurer  à  Condat   pour  devenir    eux-mêmes 

'  e  de»  novices  devint  telle,  que  saint 
I  lit  hAlir,   à   quelque  disUinco.    à   Ijmi- 

'  onne  [1,,  un  second  monastère,  puis  un   troi- 

'  1'  «  «nr  lioiio  Hr  (JondJil  :  c'eit 
■le  Saint-Liipirin. 


sièine  encore  plus  vaste.  Ces  merveilles  réjouis- 
saient iiraadeinent  le  ca-ur  de  saint  IJumain, 
mais  elles  Je  tenaient,  dans  la  plus  proi".»nde 
humilité,  car  il  eu  rapporlaitttoute  la  «loire  à 
Dieu  seul,  qui  se  sert  des  plus  misérables  ins- 
truments pour  opérer  les  plus  grande'^  choses; 
une  des  preuves  qu'il  en  donna,  c'est  qu'il  ne 
voulut  pas  accepter  le  titre  d'Abbé,  il  le  lit 
décerner  à  son  frère. 

Quant  à  la  direction  de  ces  monastères,  elle 
leur  était  commune.  La  rè«lo  qu'ils  y  établirent 
était  tirée  des  observances  de  Lérins  et  àés  Ins- 
titutions de  Cassien  ;  ils  y  introduisirent  quel- 
ques usa;;es  empruntés  aux  moines  orientaux,  à 
la  règle  de  saint  Basile  et  à  celle  de  saint  Pacôme, 
en  les  accommodant  au  climat  du  Jura,  et  au  tem- 
pérament des  l^aulois.  Les  moines  de  Condat 
cultivaient  la  terre;  la  viande  leur  était  interdite, 
mais  ils  man::eaient  des  œufs  et  du  laitage.  Cette 
règle  fut  observée  dans  toute  sa  pureté  et  son 
exactitude,  grâce  à  la  vigilance  des  saints  fon- 
dateurs. Ils  visitaient  fréquemment,  et  chacun 
à  leur  tour,  les  monastères;  ils  y  entretenaient 
la  ferveur  par  leurs  instructions,  leurs  encoura- 
gements, et  surtout  par  leurs  exemples. 

Romain  brillait  par  l'éclat  d'une  suave  charité. 
En  le  voyant  au  milieu  de  ses  fils,  on  aurait  cm 
apercevoir  le  disciple  bien-aiiné,  disant  :  «  Mes 
petits  enfants,  aimez-vous  les  uns  les  antres.  >. 

lu  des  plus  anciens  religieux  de  Con<lat  lui 
reprocha  aigrement  un  jour  de  recevoir  trop 
facilement  ceux  qui  se  présentaient  pour  être 
moines  :  ■•  Bientôt,  ajoutait-il,  nous  n'aurons 
plus  de  place  pour  coucher. 

—  Accueillons,  mon  cher  lils,  réponditle  Saint, 
toutes  ces  brebis  que  nous  envoie  le  divin  Pas- 
teur ;  ne  refusons  pas  de  les  défendre  contre 
l'ennemi  acharné  à  leur  perte  :  mais,  par  noire 
zèle,  conduisons-les  avec  nous  aux  portes  du 
Paradis.  » 

Saint  Homain  n'était  dur  que  pour  lui-même, 
et  se  possédait  toujours  dans  une  parfaite  égalité 
d'iime.  Saint  Lupicin,  très  austère,  d'un  caractère 
ardent  et  impétueux,  était  sévère  dans  ses  cor- 
rections; mais  ses  efforts,  bien  qu'inspirés  par 
un  zèle  très  pur,  n'étaient  pas  toujours  aussi 
heureux. 

Au  cours  d'une  visite  dans  un  des  nouveaux 
monastères,  il  entra  dans  la  cuisine  :  on  prépa- 
rait différents  ragoûts  de  poisson  et  de  légumes; 
le  Saint  fut  indigné  de  cette  prodigalité  si  con- 
traire aux  observances.  "  Est-ce  là,  s'écria-t-il, 
la  tempérance  qui  convient  à  des  moines  '?  Et 
peuvent-ils  perdre  à  de  telles  inutilités  un  temps 
qu'ils  devraient  consacrer  à  l'oftice  et  au  service 
divin  '?  »  Saisissant  alors  une  grande  chaudière, 
il  y  jeta  pêle-mêle  ces  divers  préparatifs,  lit  bouil- 
lir le  tout  et  imposa  comme  pénitenceaux  religieux 
de  manger  ce  mets  inqualifiable  et  absolument 
insipide.  Douie  d'entre  eux  s'y  refusèrent  en 
murmurant,  et  comme  leur  imnérieur  persistait 
a  les  y  contraindre,  ils  prirent  le  parti  de  quitter 
le  monasière. 

•  »r,  saint  Domain  avait  appris  par  une  révéla- 
tion ce  qui  s'était  pas*è.  Il  en  conçut  une  profonde 
désolation.  Des  que  Lupicin  fut  de  retour  à  Lau- 
conne.  il  lui  adressa  des  reproches  sur  son  exces- 
sive rigueur;  ••  Eh  quoi  '.  mon  frère,  lui  dit-il. 
c'est  pour  un  ragoût  que  vous  avez  sacrilié  l'àme 
de  ces  douze  lils  I  que  vont-ils  devenir  au  milieu 
des  vanités  el  des  plaisirs  du  siècle  '.'  •  Il  se  mit 
alors  en  prières,  et  par  ses  supplications,  ses 
larmes  et  ses  pénitences,  il  obtint  de  la  divine 
miséricorde  le  retour  des  fugitifs.  Ceux-ci.  pl.-ins 


Je  repentii  de  leur  lâcheté  et  de  leur  désobéis- 
sance, reprirent  avec  le  plus  grand  zèle  la 
pratique  de  la  règle,  et  devinrent  d'excellents 
religieux  ;  iU  construisirent  nièuie  chacun  un 
monastère  dont  ils  furent  les  supérieurs. 

LES  LÉPREIX    Gl'tHIS 

Mais,  voici  jusqu'où  peut  aller  l'héroïsme  de  la 
charité  fraternelle.  Saint  Romain  allait  visiter 
un  nouveau  monastère  fondé  (irès  de  Genève  ^1  >; 
il  fut  attardé  et  se  trouva  surpris  par  la  nuit  aux 
environs  de  cette  ville. 

Aucun  abri,  si  ce  n'est  une  maladrcrie  qui 
renferme  neuf  lépreux.  Il  y  entre  sans  hésiter, 
heureux  de  pouvoir  témoigner  de  l'affection  à 
ces  êtres  infortunés  que  la  société  a  bannis  <ie 
son  sein.  Kien  loin  de  manifester  de  la  répugnance 
à  la  vue  de?  horribles  plaies  qui  rongent  leurs 
corps,  il  les  aborde  d'un  air  souriant  et  leur  parle 
avec  la  plus  grande  bonté;  bien  plus,  il  leur  lave 
les  pieds  et  mange  en  leur  compagnie.  Ensuite, 
il  demande  que  l'on  dresse  un  lit  commun  où 
tous  passeront  la  nuit. 

Quand  il  les  voit  endormis,  il  se  met  en 
prière  comme  dans  la  chapelle  de  son  monastère, 
et  commence  à  chanter  les  saintes  hymnes.  Puis, 
par  une  inspiialion  céleste,  il  s'approche  de  l'un 
des  lépreux  et  lui  ti>uçhe  le  coté.  Le  lépreux  est 
guéri  a  l'instant;  un  second  est  semblablement 
touché  et  spinblahlement  guéri. 

Tous  deux  alors  de  réveiller  leiu's  compagnons 
pour  qu'ils  sollicitent  de  leur  visiteur  la  faveur 
ditnt  ils  viennent  d'être  l'obiel.  Mais  voici,  6  pro-' 
diue  surprenant!  que, semblable  ù  un  lluide mys- 
térieux, la  vertu  du  thuuiiiatur:.'e  leur  est  com- 
muniquée; le  seul  attouchement  par  lequel  ils 
s'avertissent  a  une  semblable  puissance  :  ils  .se 
délivrent  ainsi  l'un  l'autre  de  leur  alîreuse  maladie, 
et  (|uand  ils  se  lèvent,  ils  constatent  (|uela  lèpre 
a  entièrement  disparu.  Ils  poussent  alors  des  cris 
de  joie  et  de  rei-onnaissance;  mais,  déjà,  l'humi- 
lité du  .Saint  s'était  dérobée  à  leurs  actions  de 
L'ràces.  Il  avait  pris  la  direction  d'Auaune,  où  il 
voulait  prier  sur  le  tombeau  de  saint  Maurice. 

Lorsque,  au  retour  de  son  pèlerinage,  il  repassa 
par  lienève  où  la  nouvelle  du  prodige  s'était 
répandue,  le  rlerg-'',  les  magistrats,  tous  les  habi- 
tants se  portèrent  à  sa  rencontre,  et  lui  llrent 
une  ovation  enthousiaste. 

LE   MOINE    PR^RE  —  L4  S<XUa  DE  ROMAIN 
IMITE  SK<   KItKHM 

('•■pendant,  rhumililé  profonde  du  saint  Ahbé 

■  !il  refusée  jusqu'alors  aux  honneurs  du  sacer- 

.  dont  il  s  estimait  trop  inilit'ne.  Mais  llieii 

voulait  que  cette  auréole  brillAt  sur  le  front  de 

^i>n  serviteur.  Saint  liilaire,  évéque  d'Arles, étant 

—    par    Itesançoii,    entendit    parler    de    ses 

,  .'.s  vertus;  il  le  lit  mander  par  ses  clercs,  et, 

.1  la  suite  d'une  loni;ue  convep<ation,  il  lui  dit  : 

■  Père,    l'aulnrité  du  sacerdoce    vous    manr|ue 

1   acconi[ilir  tout  le  bien  (jue  Dieu  attend  de 

pr- parci-viius  donc  à  recevoir  le^  -aiiits 

ironie,  je  »■   .  '  ' 

.•■UI  dut  ^ 

'     ■'    "'«i^    1   «IIIO-   ••   ttt   .   Il    Ittuit 

■II»  environ. 

I  1-   ne   moditia   d'nurane 

:■    et   d'nii«térit<- ;  elle   ne 

Miour  pour  le  Dieu  dont 

lient.  Klle  donna  auui 


Im  III 


mi  nouvel  accroissement  à  sa  charité  envers  ses 
Frères;  il  gardait  \is-a-vis  d'eux  la  même  sim- 
plicité, la  même  familiarité,  une  bonté  toute 
paternelle;  de  leur  coté,  l'amour  et  la  conliance 
redoublèrent  envers  celui  qui  devenait  encore 
plus  véritablement  le  Père  de  leurs  âmes. 

Plusieurs  de  ses  disciples  devinrent  très  saints 
et  tirent  eux-mêmes  des  miracles;  le  pouvoir  de 
chasser  les  démons  fut  spécialement  accordé  au 
diacre  Sahiiiien  :  ce  courageux  lévite  avait  con- 
quis cette  puissance  sur  les  démons,  en  triom- 
phant avec  une  persévérance  héroïque  des 
plus  épouvantables  tentations  et  des  obsessions 
de  l'ennemi  infernal,  qui  alla  jusqu'à  le  souflleter 
rudement. 

Le  sacerdoce  donnait  à  l'apostolat  monastique 
de  saint  Itomain  une  fécondité  nouvelle.  De  tous 
côtés,  dans  les  Vosges  et  jusque  dans  r.Mlemaunc, 
on  réclamait  sa  présence  pour  de  nouvelles 
fondations. 

Il  accéda  en  même  temps  au  dësir  de  sa  su-ur 
qui    voulait  aussi    terminer  ses  jours   dans   la 


la  pe 
elle 


iidtit  pour  elle  et  pour  les  femmes  qui  voudraient 
la  suivre,  le  monastère  de  la  Kaume  :  on  l'appe- 
lait ainsi  parce  qu'il  éUiit  situé  sur  une  caverne 
c'est  la  signification  du  mot  balme  en  langue 
celtii)ue'. 

Cette  communauté  fut  visiblement  bénie  de 
Dieu:  ••  Klle  devint  si  nombreuse, dit  un  historien, 
qu'à  la  mort  de  saint  Komain,  on  y  comptait 
cinq  cents  religieuses.  Elles  ;:ardaient  une  clôture 
si  exacte  qu'elles  ne  sortaient  du  monastère 
que  pour  être  portées  en  terre.  Quoique  plu- 
sieurs d'entre  elles  eussent  leurs  frères  ou  même 
leur^  lils  dans  le  monastère  de  l^iuconne,  qui  en 
était  si  proche,  elles  ne  leur  parlaient  jamais, 
les  uns  et  les  autres  se  regardaul  déjà  comme 
n'étant  plus  de  ce  monde.  » 

HOHAl.N  APPREND    UC'lL  VA  MOURIR 
ADIEUX    A    SES  DISCIPLES 

Hoiiiaiii  apprit  enfin  par  révélation  que  ^ou 
pèlerinage  terrestre  allait  liiiir.  Itientôt,  une  dou- 
loureuse maladie  vint  achever  de  purilier  son 
i\me  dans  le  creuset  de  la  soulTrance.  Il  la  sup- 
porta avec  une  parfaite  conformité  à  la  volonté 
de  Dieu. 

Par  un  sentiment  de  charité,  il  envoya  préve- 
nir sa  sii-iir  qui  était  abbcsse,  et  lui  Ut  de  saints 
et  touchants  adieux. 

Il  voulut  ensuite  réunir  une  dernière  ftis  tous 
les  Frères,  qu'il  l'inbrassa  et  bénit  avec  tendresse. 
Il  embras>a  également  son  frère  Lupicin  en  lui 
recoinmandaiit  iii>lamment  de  gouverner  -es 
chers  monastères  avec  un  amour  tout  paternel. 

Ainsi  mourut  ce  Ai'r<«  liu  ('hri*l ,  comme 
l'appelle  son  historien.  C'était  le  2N  t-vrier  WO. 
L'abbaye  de  Condat  a  subsisté  jusqu'à  la  Hévo- 
lutioii.  portant  tour  a  tour  le»  nonis  de  saint 
Kuk'eiiil  ou  suint  Ovand  et  de  saint  Claude,  deux 
il-  ■■  '  '  '  lièrent. 

I  (ut  enseveli  au 
iidiité  y  multipliant 
vaste  église  sur  son 


lin 'Il  1  >  i*  1 '■  iif   iii    è<<iiiiii'      .-.i  ' 

!••«  miracles,  on  éleva  une 
tombeau. 
Kn  i'yii.  le  miiiiasti-re  de  la  llaumr  fut  détruit 


par    un    violent    iiiceiiilo' 
•  leuse»   relii|ui-s    fut 
Il  iiiiiiii-    llii  les  a  ti 
sur     1 

1,  ■  t  .JI11  pi  • 

Ir      li' 
•tll  fil 


r 


Mil! 


.1. 


lit  lie  i  alKirii 
de  Saint  Itomain 
pays    «oiiins  1rs 


Inipr  -jtriini,  i,.    (■iTimtsm,  n,  r'i<-  friU'i'H  !•    r.iri" 


SAINT    DOSITHÉE. 


Fête  le  29  février. 


I.A  SAU<Tt   VIEROK    RXPLIQUR  A   SAI5T  OOSITHÉB  ".A  StOXiriCATIOIf    D'uB   TABLEAL'   REPRÉSIiSTA!»!  LES  PEIKES  DE  L  EKrEK 


Il  y  a  dans  la  physionomie  de  chaque  saint 
un  trait  caractéristique  qui  la  recommande  à 
l'attention.  C'est  ce  trait  qu'il  importe  de  faire 
reesorliret  de  proposer  à  l'imitation  des  lecteurs. 
DesainteThérése,  on  loue  l'amourardent;  de  saint 
François  de  Sales,  la  douceur;  de  saint  Vincent 
•le  Paul,  la  charité.  Chei  saint  Dosithée,  nous 
^it'nalerons  le  renoncement  et  l'abnégatioa 
I  ninpiète  de  la  volonté. 

Le  lieu  et  le  temps  de  sa  naissance  sont 
inconnu».  On  sait  seulement  qu'il  fut  élevé  par 
un  officier  de  la  cour  irop'-riale  qui,  bien  qu'il 
r.iimàt    rnmiiio    un    fil«.    ii''    lui    ilnnna    qu'une 


éducation  mondaine.  Malgré  les  plus  heureuses 
dispositions,  le  jeune  homme  courait  donc  le 
danger  de  faire  fausse  route,  lorsqu'une  circons- 
tance toute  providentielle  vint  lui  montrer  sa 
voie. 

Tandis  qu'il  parcourait  la  Palestine,  il  vit,  à 
riethsémani.untableaureprésentant  les  supplici-s 
des  damnés.  Cet  objet  frappa  son  esprit  d'éton- 
ncmint.  Il  le  contemplait  avec  une  curiosité' 
mi''lce  de  terreur,  lorsque,  tout  à  coup,  uiif> 
daine  d'une  majesté  et  d'une  beauté  extraorili- 
naires  apparut  à  ses  côtés  et  lui  expliqua  le 
sperLirlp  qu'il  av.iit  =nus  les  yr>ut. 


66 


Celte  terrible  menace  des  peines  de  l'enfer  ! 
qu'il  entrevoyait  pour  la  première  fois,  Timpres- 
sionna  vivement.  Réiléchissant  à  la  vanité  de  sa 
vie  passée,  il  (.raignit  qu'un  pareil  sort  ne  lui 
fût  réservé.  «  Que  faut-il  donc,  deminda-l-il,  pour 
éviter  un  si  grand  malheur?  —  Il  faut,  répondit 
l'inconnue,  que  vous  vous  absteniei  de  maniier 
de  la  chair  et  que  vous  vous  adonniei  à  la 
prière.  »  Et,  disant  ces  mots,  elle  disparut  à  ses 
yeux. 

Docile  à  la  voix  de  cette  mystérieuse  conseil- 
lère, Dosithée  chani;e  tout  à  coup  de  conduite. 
Ses  compasnons  s'en  aperçoivent  et,  comme  en 
plaisantant,  lui  conseillent  de  se  retirer  dans  un 
cloître.  Le  jeune  homme  ignorait  ce  qu'il  fallait 
entendre  par  ce  mot.  Lorsqu'on  le  lui  eût 
expliqué,  il  n'hésita  pas. 

La  plaisanterie  de  ses  amis  avait  été  pour  lui 
un  avertissement  du  ciel,  car,  le  même  jour,  il 
frappait  à  la  porte  du  monastère  de  saint  Séride, 
lun  des  plus  Qorissants  de  la  Palestine. 

Le  vénérable  abbé,  en  voyant  un  jeune  homme 
très  bien  fait,  élevé  délicatement  et  revêtu 
dun  habit  militaire  fort  riche,  craignit  tout 
d'abord  que  sa  résolution  ne  fût  l'effet  d'une 
ferveur  passagère.  Aussi,  voulant  l'examiner  plus 
à  loisir,  il  le  conrta  à  la  direction  toute  spéciale 
d'un  de  ses  religieux,  saint  Dorothée. 

Celui-ci  cul  bien  vile  apprécié  Icjeunenéophyte. 
Compreiiaulqu'il  n'était  point  enétatd'embrasser 
toutes  les  austérités  de  la  règle,  il  s'appliqua 
surtout  à  lui  inspirer  le  sacrince  entier  de  sa 

volonté. 

Il  le  forma  à  l'abstinence  par  degrés.  Le  jeune 
homme  consomma  tout  d'abord  un  pain  et  demi. 
Peu  de  jours  après,  sur  l'ordre  de  son  maître,  il 
en  retrancha  une  partie,  et,  comme  on  lui 
demandait  s'il  s'était  trouvé  |rassasié  :  «  Non, 
pas  entièrement,  répondit-il,  mais  j'ai  été  pour- 
tant bien.  ••  Plus  tard,  en  augmcnUnl  progressi- 
vement la  rigueur  de  ses  mortifications,  il  arriva 
à  ne  manger  que  six  onces  de  pain  par  jour  et 
quelques  restes  de  poisson. 

Sou  caractère  doux  le  rendant  plus  que  tout 
autre  propre  au  service  des  malades,  on  le 
-chargea  de  l'infirmerie.  H  s'acquitta  de  son 
emploi  avec  une  propreté  et  une  charité  qui 
édifiaient  tous  les  religieux  confiés  à  ses  soins.  Si, 
parfois,  par  une  faiblesse  naturelle  a  l'homme, 
il  lui  échappait  quelque  parole  un  peu  rude,  il 
rn  concevait  une  cxlr-'-me  douleur  et  se  retirait 
dan*  »a  cellule  où,  prosterné  la  face  eontoe 
terre,  il  déplorait  sa  fragilité. 

Dans  ce*  moment»,  seul,  Dorothée  pouniit 
sécher  ses  larmes. 

,.  OiiVivez-vous  donc,  Dosithée,  lui  demandait-il. 


pou- 


irei-TOU»  ainsi  ? 
•ii-i-mni,  mon  Père,   lui  répondait 
disriple,  je  me  «uis  laissé  aller  à 
:  e  mon  fri-re  et  je  lai  ni  parlé  avec 


aloi 
lar 
impatience. 

—    Hé  quoi     mon   frère,   ne  »«Tci-vnnt   pa* 
que  ceux  que   •    n^  «crrex  «ont  les  ni 
Jésu*-Chri»t  et  qui     'est  lui-même  que  V 
en  leur  per»onne  T Pourquoi  donc  le  faitet-voni  li 


mal".'  Voulez-vous  aflli^ier  le  divin  Sauveur  qui 
prend  pour  lui  tout  ce  que  l'on  fait  à  ses  servi- 
teurs? » 

Noire  Saint  ne  répondait  à  celle  douce  correc- 
tion que  par  ses  soupirs  et  ses  larmes.  Touché 
de  compussion  en  face  de  ce  repentir  sincère, 
Dorothée  quittait  alors  le  ton  du  maître  pour 
prendre  celui  du  père  : 

«  Levez-vous  donc  et  prenez  courai'e.  A  l'avenir, 
t&chez  de  faire  mieux  et  de  ne  plus  tomber  dans 
de  semblables  fautes.  J'espère  que  Dieu,  par  sa 
miséricorde,  vous  en  fera  la  grâce.  » 

Ainsi  pardonné  et  réconforté,  Dosithée  se 
levait  aussitôt  et  courait  à  son  travail  avec  autant 
de  tranquillité  d'esprit  que  si  Dieu  lui-même 
l'eût  assuré  de  son  pardon. 

Que  d'âmes  trop  scrupuleuses  trouveraient 
vite  une  paix  qu'elles  désespèrent  d'atteindre, 
si,  imitant  notre  Saint,  elles  accueillaient  avec  sa 
foi  naive  et  sa  confiance  toute  filiale  les  avis  d'un 
sa^;e  directeur. 

Saint  Dorothée,  avons-nous  dit,  n'imposait 
point  a  son  disciple  de  rudes  pénitences  corpo- 
relles; mais,  en  revanche,  il  se  plaisait  à  assouplir 
encore  davantage  son  caractère  déjà  si  docile. 
Pour  cela,  il  le  reprenait  continucllemeut  ;  il 
l'humiliait  en  toutes  rencontres  et,  pour  peu 
qu'il  pût  reconnaître  en  lui  quelque  attache  à 
la  moindre  chose,  il  l'obligeait  à  y  renoncer. 
Dosithée  acceptait  toutes  ces  épreuves  avec 
soumission,  bien  plus,  avec  joie. 

Un  jour  que  Dorothée  visitait  la  salle  de  l'in- 
firmerie pour  voir  si  tout  était  en  bon  ordre,  il 
lui  dit: 

M  Ne  trouvez-vous  pas,  mon  Père,  que  je  fais 
les  lits  des  malades  avec  adresse  et  propreté? 

—  Il  est  vrai,  mon  frère,  répliqua  celui-ci, 
que  vous  êtes  devenu  bon  infirmier;  mais  je  ne 
Tois  pas  que  vous  soyez  devenu  bon  religieux.  » 
Lorsque  notre  Saint  avait  besoin  d'une  robe, 
son  maître  lui  donnait  l'étoffe  pour  la  coudre. 
Mais,  quand  il  l'avait  faite,  au  lieu  de  la  lui  laisser 
porter,  il  lui  commandait  de  la  donner  &  un  de 
ses  frères,  et  d'en  faire  une  autre  pour  lui.  Et  le 
saint  disciple  reprenait  tout  joyeux  sa  besogne. 
Le  procureur  du  monastère  lui  ayant  une  fois 
remis  un  couteau  fort  bon  et  fort  propre  |>our  le 
service  de  l'infirmerie,  D  >iianda  â  «ou 

directeur  la  peruiis>ion  ti  r.  "  Il  est  1res 

bon,  ajoula-l-il,  cl  me  ser^iia  lnon  pour  l'u^n.-' 
que  j'en  veux  faire.  »  A  ces  mots,  saint  Doroili  >• 
crut  que  ce  cadeau  lui  était  agréable  et,  voulant 
arracher  de  son  cœur  jusqu'à  la  moindrij  itlache, 
il  lui  répliqua  : 

«  C'est  donc  ainsi  qne  vous  mettez  votre  «atis- 
faction  dam  la  possession  de  vaine»  bagatelleii. 
Voulez-vous  être  esclave  d'un  rouleau  ou  «erviteur 
de  Dieu?  Tavet-Tou»  point  de  honte,  6  Dosithée, 
.le  faire  d'un  routf  an  le  mahre  de  votre  c«rurT  » 
L'humble  disciple  li.ii««a  le<  yeux  et  l^'inoigna 
par  »on  silence  (ju'il 
"  Maintenant,  aj<u. 

.itcau  arec  le*  aulrct  et  picnci  ^j^rdu  d'y 
••r.  » 
Il  obéit  sur-le-champ,   et  vil  ses  frérsa  »'ea 


servir  sans  en  concevoir  la  moindre  aigreur,  ni 
le  moindre  dépit. 

A  mesurequele  jeune  novice  gagnait  en  perfec- 
tion, les  épreuves  srandissaientsur  sa  route  sans 
que  jamais  la  sénérité  de  son  âme  en  fût  troublée. 

On  lui  avait  permis  de  lire  les  saintes  Écritures, 
et,  comme  il  le  faisait  avec  un  cœur  pur,  il  com- 
mençait à  en  comprendre  le  sens  caché.  Si  par- 
fois il  rencontrait  quelque  difQculté,  il  courait 
aussitôt  en  demander  l'explication  à  son  père 
spirituel.  Celui-ci,  dans  le  but  d'éprouver  son 
humilité,  le  recevait  alors  avec  rudesse,  refusant 
de  satisfaire  à  sa  demande. 

Un  jour,  au  lieu  de  lui  répondre,  il  le  renvoya 
àsaint  Séride.  L'abbé,  prévenu  d'avance,  regarda 
le  disciple  d'un  œil  sévère  : 

«  Il  vous  appartient  bien,  dit-il,  ignorant  que 
vous  êtes,  de  parler  de  choses  si  relevées.  Songez 
plutôt  à  vos  péchés  et  à  la  vie  toute  mondaine 
que  vous  avez  menée  dans  le  siècle.  » 

Il  ajouta  dautes  paroles  également  blessantes 
et  le  congédia  en  lui  donnant  deux  soufflets. 
Dosithée  souffrit  cette  humiliante  correction 
avec  la  douceur  d'un  ange,  et  retourna  tran- 
quMemeut  à  ses  occupations. 

Une  abnégation  aussi  parfaite  ne  resta  pas 
longtemps  sans  récompense.  Au  bout  de  cinq 
ans.  Dieu  jugea  bon  de  rappeler  à  lui  son  docile 
serviteur.  La  maladie  qui  le  conduisit  au  tom- 
beau fut  un  atîaiblissement  de  poitrine,  accom- 
pagné d'un  crachement  de  sang  continuel.  Au 
milieu  des  souffrances  les  plus  aiguës,  notre 
Saint  conserva  toujours  le  même  renoncement  à 
sa  volonté. 

.Vyant  entendu  dire  que  les  œufs  frais  pou- 
vaient contribuer  à  arrêter  le  sang  qu'il  perdait 
pn  abondance,  il  désirait  faire usaaede  ce  remède. 
Toutefoi«,  comme  ce  désir  lui  revenait  trop  sovi- 
vent  à  l'esprit,  il  le  con-^idéra  comme  coupable 
et  ne  voulut  point  le  satisfaire. 

«  Mon  Père,  disait-il  à  Dorothée,  à  qui  il  ne 
savait  rien  cacher  de  ce  qui  se  passait  dans  son 
âme,  on  m'a  parlé  d'un  rem>'de  qu'on  croit  pou- 
voir ra'être  saluLiire.  J'aurais  envie  de  vous  le 
proposer,  mais  je  vous  conjure  de  ne  point  me 
le  donner  parce  gu'il  me  préoccupe  trop. 

—  Dites-moi  donc  qu^l  est  ce  remède  ? 

—  C'e't  de  prendre  des  œufs  frais.  Mais,  je 
vous  en  supplie,  au  nom  de  Dieu,  n'ayei  pimt 
é.;ard  à  celle  demande  parce  que  je  ne  veux  rien 
recevoir  que  ce  que  vous  m'auret  présenté  de 
votre  propre  mouveoient. 


—  Bien,  dit  saint  Dorothée,  je  le  ferai  ainsi,  ne 
vous  troublez  pas.  » 

Cependant,  le  mal  ne  cessait  d%mpirer.  En 
proie  à  de  cruelles  douleurs,  le  jeune  religieux 
n'ouvrait  la  bouche  que  pour  la  prière. 

«  .Mon  Seigneur  Jésus-Christ,  mon  Dieu,  répé- 
tait-il sans  cesse  avec  une  dévotion  tendre  et 
affectueuse,  ayez  pitié  de  moi.  Fils  de  Dieu,  venez 
à  mon  secours.  » 

Saint  Barnasuphe,  un  des  plus  éminents  reli- 
gieux dumonastère,  étant  venu  le  visiter,  Dosithée, 
déjà  agonisant,  dit  en  l'apercevant  : 

«  Mon  Père,  ordonnez-moi  de  mourir,  parce 
que  je  n'en  puis  plus. 

—  Ayez  encore  un  peu  de  patience,  mon  fils, 
lui  répliqua  le  vieillard,  car  le  moment  de  la 
miséricorde  divine  approche.  » 

En  effet,  peu  de  jours  après,  comme  le  malade 
lui  disait  doucement  : 

«  Mon  Père,  je  ne  puis  plus  vivre,  »  le  saint 
religieux  lui  répondit  : 

«  Allez  donc  maintenant  en  paix,  mon  cher 
Ils,  vous  présenter  auprès  du  trône  de  la  Sainte 
Trinité.  » 

<'  Alors,  dit  la  vie  des  Pères  du  désert,  ce  bien- 
heureux enfant  de  l'obéissance  s'endormit  du 
sommeil  des  justes  dans  le  sein  de  cette  belle 
vertu,  qui  avait  été  comme  sa  mère  nourricière 
dans  la  perfection...  » 

Les  religieux  présents  furent  étonnés  de  l'assu- 
rance que  saint  Barnasuphe  avait  du  salut  de 
leur  frère.  Quelques-uns  en  conçurent  même  un 
léger  dépit,  «car,  disaient-ils,  comment  Dosithée 
a-t-il  mérité  des  paroles  aussi  consolantes  ?  Où 
sont  les  grandes  œuvres  qu'il  a  faites"?  » 

Dieu  ne  tarda  pas  à  manifester  l'injustice  de 
leur  plainte.  Un  solitaire,  d'une  vertu  éminente, 
passant  dans  le  monastère,  vit  en  songe  les  reli- 
gieux de  la  maison  que  Dieu  avait  rappelés  à 
lui.  Au  milieu  des  vieillards  qui  composaient 
cette  céleste  assemblée,  il  distingua  un  jeune 
novice,  dont  les  traits  restèrent  gravés  dans  sa 
mémoire. 

Il  en  parla  avec  étonnement,  et,  sur  le  portrait 
qu'il  en  fit,  il  fut  impossible  de  douter  que  ce  ne 
fiât  saint  Dosithée. 

Dès  lors,  les  religieux  comprirent  que  l'abné- 
gation et  le  renoncement  sont  plus  méritoires 
que  le.s  mortiflcations  extérieures,  car,  s'il  est 
difficile  à  l'esprit  de  dompter  la  chair,  et  les 
passions  qui  naissent  de  la  chair,  il  lui  est  plus 
difficile  encore  de  se  dompter  soi-même. 


SAINT    OSAVALD 


FHi;  le  29  février. 


Un  nom  à  la  mode  e>l  assurément  celui 
d'Oswald. 

Mais  un  nom  de  Saint  ne  doit  pas  être  porli' 
comme  un  olijct  à  la  mode,  pour  plaire  au 
monde,  il  doit  i)tre  porté  pour  attirer  la  protec- 
tion du  Saint  sur  TeuTant  baptisé,  pour  exciter 
ce  dernier  à  imiter  ses  vertus. 

Saint  0>wald  a  sa  fête  le  29  février  comme 
saint  Dnsithée,  et  nous  offrons  ici  son  exemple 
particulii-Toment  à  ceux  qui  s'appellent  comme 
lui,  plus  nombreux  que  les  patronnés  de  saint 
Dosithée. 

Le  premier  bon  exemple  qu'il  donna  fat  de  se 
faire  moine. 

C'était  le  neveu  de  saint  Odon,  archevêque  do 
Canlorbéry,  et  ce  pn'lat,  après  l'avoir  élevé  prés 
de  r.iutel,  et  dans  l'amour  des  choses  de  Dieu, 
l'avait  pourvu,  jeune  encore,  d'une  charfçe  dont 
son  mérite  le  rendait  digne:  il  l'avait  fait  doyen 
du  Chapitre  de  Winchester. 

Au  lieu  de  se  laisser  éblouir  par  une  dignit''' 
que  les  plus  anciens  auraient  pu  ambitionner, 
il  s'appliqua  i  en  accomplir  les  devoirs,  avec  une 
scrupuleuse  exactitude,  et  avec  une  prudenre 
au-dessus  de  son  àue. 

Mais,  au  milieu  des  honneurs,  il  se  sentit  attiré 
par  les  saints  désirs  de  la  solitude,  et  il  résolut 
de  se  faire  moine  hors  de  son  pays,  sur  la  terre 
bénie  de  France  où  tant  de  saints  anglais  sont 
venus  rliercher  la  bienheureuse  auréole. 

Il  al)andnnna  donc  son  riche  bénéfice,  et  vint 
sur  les  bords  de  la  Loire,  à  la  célèbre  abbaye  de 
Fleury,  où  repose  le  corps  du  (;rand  saint  Benoit 
et  que  nous  connaissons  sous  le  nom  de  Benolt- 
sur-Loire.  Klle  était  alors  dans  toute  la  ferveur 
.de  sa  fondation,  ferveur  qui  se  renouvelle  aujour- 
d'hui par  les  Bénédictins  réformés  de  la  Pierre- 
qui-vire. 

Saint  Oswald,  heureux  de  trouver  un  asile  où 
ré;mait  si  complètement  la  paix  du  Scit'neur,  se 
livra,  avec  toute  l'ardeur  dont  son  Ame  était 
capable,  aux  mortiflrations  et  aux  lonf,'ues  orai- 
sons, on  sorte  que  sa  vertu  et  ses  désir»  de  se 
cacher,  le  rendirent  plus  illu>tre  que  n'avait  fait 
la  dignité  de  doyen  de  Winchester.  1,'K^lisc 
d'AuLleicrre  le  réclama  et  il  dut,  pour  obéir, 
re\«-nii,  non  pas  comme  doyen  de  Chapitre, 
mai»  i-omme  évéque;  il  avait  été  désigné,  malgré 
•«jeunesse,  pour  le  sié;;e  de  Worrestcr. 

A  peini'  installé,  Oswald  pensa  que  le  plu» 
ifnp  ir  d'un  évéque  était  de  propager 

la  %  MM',  par  laquelle   se  conserve  le 

t^\^•  nue  et  se  forment  de 

nonii       •  11. la  don<- un  couvent 

d'hommes  «  Wfi»llM>ir  j,  ficelle  sainte  maison  réa- 


lisa si  heureusement  les  espérances  de  l'évêque, 
que  le  puissant  duc  d'Ayhvine,  aldermann,  ou 
premier  homme  du  royaume,  témoin  du  bien 
qui  s'y  accomplissait,  voulut  charger  Oswald  de 
fonder  le  vaste  monastère  de  llamsey  à  qui  des 
terres  étaient  concédées  dans  le  comté  de  Hun- 
tington.  Oswald  s'acquitta  de  sa  mission  avec 
tant  de  zèle,  qu'en  deux  ans  il  eut  mené  à  bien 
celte  importante  fondation.  Au  bout  de  ce  temps, 
le  couvent  était  peuplé  de  fervents  religieux,  et, 
en  une  célèbre  consécration,  il  plaça  le  monas- 
tère sous  l'invocation  de  tous  les  saints. 

Ces  grands  travaux  étendirent  encore  la  répu- 
tation d'Oswald. 

l/archevéché  d'York  étant  devenu  vacant,  il  y 
fut  appelé,  mais  ses  diocésains  de  Worcesler  ne 
voulaient  point  qu'on  le  leur  enlevât  et  lui-même 
ne  voulait  point  rompre  le  lien  .qui  l'attachait 
irrévocablement  à  cette  église;  pour  trancher 
celte  difficulté,  on  le  01  à  la  fois  archevêque 
d'York  cl  de  Worcesler,  et  il  gouverna  ces  deux 
églises,  suffisant  à  tous  les  besoin»  de  deux 
troupeaux  qui  suivaient  sa  houlette. 

Mais  les  dignités  extraordinaires  qui  le  pour- 
suivaient ne  pouvaient  éteindre  en  lui  l'amour 
du  cloitrc  ;  et  les  rares  moments  que  lui  laissaient 
ses  travaux,  il  aimait  k  les  passer  dans  un  cou- 
vent de  Bénédictins  qu'ilavait  fondé  à  Worcesler 
sur  le  modèle  de  celui  de  Benolt-sur-Loire.  1^, 
confondu  avec  les  moines,  il  se  livrait  à  tous  le» 
exercices  «le  la  vie  cénobiliquc,  comme  les  der- 
niers d'entre  eux,  et  il  en  sortait  plus  préparé 
à  diriger  les  autres. 

Tout  ce  que  vom  aurei  fait  aux  p/us  jiftiU  d'-.ntre 
Ut  homme»,  c'est  à  moi-mfme  que  voua  l'aurez  fait, 
a  dit  le  divin  Maître.  Fidèle  à  cette  parole,  le 
Bienheureux  avait  toujours  doute  pauvres  à  sa 
table.  Après  leur  avoir  lavé  les  pieds  qu'il  bai- 
sait avec  humilité,  il  les  servait  lui-même  avec 
une  touchanto  prévenance. 

Cette  existence  si  active  et  si  sainte  en  même 
temps  dura  trente-trois  an«,  comme  la  vie  du 
Sauvpiir  Jésus,  que  saint  Oswald  avait  toujours 
'!  yeux.  Au  bout  de  ce  temps,  il  fut 

jn  de    recevoir  le    prix  de  se»  labeurs. 

Il  était  dans  son  monastère  île  Worcesler  lors- 
qu'il fut  attaqué  de  la  maladie  qui  le  conduisit 
au  tombeau.  Ûé»  la  première  atteinte  du  mal,  il 
i-omprit  que  son  heure  était  proche  et  demanda 
le  suint  Viatique.  Il  le  recul,  entouré  de  ses  reli- 
gieux, et,  tandis  cju'il  rêpétail.  »  :  Oloire  au  Père, 
.111  Fils  et  au  Sainl-Ksprit,  »  il  s'endormit  paiii- 
lleinenl  dans  le  Seigneur.  Préparons-notti  une 
piii  •rmblable. 


K    l'iitit»«.sm.  \unt.-g*Tait{.»,  ru»    Kr»ni;on  I",  P«n« 


SAINT  AUBIN,  ÉATQUE  D'ANGEllS 


FHe  h    1"  mars. 


Saint    Aubin    guérit    un    aveugle    et    délivre    un    possédé   du    démon. 


Saint  Aubin  naquit  au  diocèse  de  Vannes,  en 
Hretaffne,  l'an  du  Seigneur  470. 

Fliches  des  biens  de  ce  monde,  ses  parents 
relaient  plus  encore  des  vertus  chrétiennes,  et 
ce  fut  là,  sans  doute,  ce  oui  leur  valut  du  Sei- 
gneur la  (/race  incomparable  de  donner  le  jour  à 
un  saint. 

PnRMli^RBS  ANNEES  d'aUBIN 

Aubin  fil  de  bonne  heure  présager  la  haute 
lintfti'  ,i  laquelle  il  s'élèverait  un  jour.  F'révenu 
I"  Il  i-r:,,-o,  il  devina  en   quelque   Forte,  plutôt 
ppril,  celle  scienc  divine   qui  fait  les 


.!•■    Il    LT 

luil   n'.! 
-linli 


Kfi  pfTpt,  dans  un  ftpe  où  ■l'nrdinîiir''  les  enfant- 


n'ont  point  encore  conscience  de  ce  qui  est  bien 
ou  mal,  et  où  ils  ne  cessent  d'imporluner  leurs 
parents  de  leurs  désirs  puérils,  le  jeune  Aubin 
Tf-nonçait  déjà  aux  récréations  et  aux  jeux  de 
l'enfance  et  s'appliquait  à  mortifier  son  petit 
corps,  au  point  de  lui  refuser  môme  le  nécessaire. 
Dieu  s'était  déjà  révélé  à  celle  jeune  ànie,  lui 
avait  fait  entrevoir  sa  beauté  incomparable,  et, 
d>''S  lors,  elle  ne  voulait  nlus  d'autre  bien. 

Aussi,  peut-on  dire  qu  Aubin  ne  connut  point 
l'enfance,  ses  légèretés  et  ses  défauts.  Dés  ((u'il 
fut  en  état  de  faire  ses  premiers  pas  et  qu'il  put 
joindre  se»  petites  mains,  ce  fut  pour  courir  à 
liieu  el  prier.  Son  plus  uraiid  bonheur  était  de 
•-e  retirer  dans  un  endroit  écart''',  où,  loin  des 
iiL-vinN  iinpnrluii'!.  il  p'mviil  ■-•>  rrcui-illir  .i  son 


':63 


aise,et  si  les  autres  pnfant'^de  son  ;^ ire  se  moquaient 
de  ses  soiits,  Aul'in,  tout  houreux  d'avoir  euduré 
quelqui-  chosf  pour  Uieu,  les  reiii'  iviaii,  oomme 
s'il  en  eût  reçu  les  éloges  les  plu>  llalteurs. 

AUniN  ENTRE  DANS  UN  MONASTÈBB 

De  tel<  débuts  indiquaient  asseï  qu'Aubin 
n'i't;iit  p"iiit  fait  pour  le  monde.  Latirait irrésis- 
tible '|iii  l'avait  toujours  porté  vers  Dieu  l'avait 
complètement  rendu  iiulilTiTi'nt  aux  richesses 
et  aux  honneurs  que  sa  naissance  le  mellail  en 
droil  d'espérer:  mais,  non  content  de  les  mépri- 
ser, il  voulut  encori>  y  renoncer  eiitiorem>-nt. 

Malgré  le  Hé>-espiir  de  «es  parent«,  il  se  rendit 
au  mona^le  •  de  Ciucillai-,  pre*  de  Nantes,  et  «"y 
consacra  .lU  Sei^m  ur.  Là,  cependant,  la  nnlde'-e 
de  sa  raee  pouvait  encore  lui  ■susciter  des  dan- 
cers  en  le  laissant  bi'néficier  de  quel'jues  pnvi- 
le;:es,  mais  sa  grande  sagesse  sut  bien  les  lui 
faire  é»iter. 

Se  r'L-ardant  comme  le  dernier  de  ton»,  il 
rechonliait  avec  une  sainte  avidité  les  occ;i-ions 
de  s'humilier,  s'attachait  aux  Tonctions  les  plus 
pénibles  et  les  plus  nies.  Enfin,  ses  veilles,  ses 
jeunes,  ses  oraisons  r'Ievtrejit  bientôt  à  un 
état  si  sublime  de  perfection  ou'il  dépassait  de 
1"     1 -oup  les  plus  anciens  et  i«  plus   fervents 

!  '    '    -M-UJ. 

«'Il    remarquait    t-  -•-- 
pravité  et  le  profnn 
sans  cesse  enfermé, 
pour  Dieu;  dans  le   lu    n; 
tout  1-e  qui  l'entounni    ■ 
il  savait  conserver  au 
un   sanctuaire  ferme,  t . 
ses  enlrctictig  avcciésM-Cbnsi. 

DIEU  FjkiT  icLAm  La  luxKtml  •*m;hin 

Dieu,  cependant,  va#Ht  ■>»ife«<pr  aux  yems 
de  tous  combien  ce  jeune  nocioe  lui  était 
..I  ible.  In  jour  Mil  était  sorti  par  l'ordre  4e 
déchaW  toMl  à  com|>  wmK  vMtat» 

né*  4'tae  |4aie  si  abMidante, 

durent  *e  réfu:;ier 


.    1.- 

inli« 

■   la 

i  1' 

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....... 

'•n' 

'       III 

,        _- -  . 

■- 

II 


(••nipéte  'I "  ■ 

qu'.\u!iili 

dans    un<     i....,-  . 

sur  leur  pas-are. 

Ol    1,1,  1,1, ,1    .',  r.,Ml 


rh<r,    |iai 
embrasai! 


puui    l'oiticui 


-,     l 

.  V        sf 

-  ii.ni- 

:    demeura 

iiit  le  tou- 

de  la   foi  qui 


SAI?<T  AUBIN    ARB^  DE  SON  MONASTiRB 

Les  relisieux  de  Cincillac,  pleins  d'admiration 

. ...  .  .    ,.^..  1 .1,,.^,  ,.1  ,,..  ■MMen'^t  pour  abbé; 


.  ïii-?  I  n  f   vî  n'_'t- 


[-tlM^ 


La  ville  d'.Xnu'ers  vint  à  perdre  son  pasteur;  le 
cleri-'é  et  le  peupl'--,  par  une  inspiration  du  ciel, 
demandèrent  iinaiiiiuement  pour  évéq  je  le  véné- 
rable .iubin,  dont  il?  avaient  entendu  iouer  les 
vertus. 

L'effroi  du  saint  abbé  fut  srand  à  cette  nou- 
velle; longtemps  il  opposa  aux  plus  pressantes 
sollicitations  son  inexpérience  des  choses  du 
inonde  et  son  incapacité;  entin,  voyant  que  telle 
était  la  volonté  de  Dieu,  il  s'y  soumit. 

Dès  ce  moment,  il  se  donna  tout  entier  au  bien 
du  troupeau  qui  lui  était  coniié.  Non  content  de 
rompre  à  ses  lidéles  le  pain  de  la  divine  parole 
les  dimanches  et  les  jours  de  fêles,  il  voulut 
prêcher  tous  les  jours,  taMMrt  viuieque 
rime  n'a  pas  OMmsteMiB  d'>  >n  quo- 
tidienne <jn''  '    •-  ^' 1 1  liu.  •   .■iilinaire. 

Oo  put  tii«-i.  lits  de  salut  opé- 

rés par  Aiil>i;. .  .»  ..».  „.<,„_  is  fut  en  quelque 
toaipa  IsaBrionnée. 

ABMKABUt:  CHAKirri  WB  SA  ITT  l'vÉOCE 


Mais  si  la  sollicitude  da  sai 
grande  vis-à-vis  de   l'Ame   A 
ardente  charité  vou' 
leur  corps.  CnmiBe  i.:. 
sait  Mis  souffrances  1 1   aux  | 
fimfêt.  n  n'était  fMtint  de  mi 
aiwilagrir.  gininl   '  '     i  qu 

âtt«m,ÀmmMD  r. 


tasp 

plu*  rien  ««  ^  > 
doulw  ^«i  n< 
wejfcnt  uAanpl 

vivert  niwplf  <jui  — ..; 

dait  â  Itiea  d'accomplir  ce  qu 
tai-même. 


ni  évéque  était  si 
■  ses  lidèles,  son 
les  soula;;er  dans 
;idre,  il  compatis-. 
•  mes  de  tout  son 
ère  qu'il  ne  vouliU 
il  ue  voulût  adou- 

rs.  pour  soulaaer 

euves.  il  donnait 

'    '         'm  restait 

•■  d'une 

...    par  des 

.:ait   n  la   foi 

le,  et  deraan- 

li  oe  pouvait  faire 


kEs  PAR  Le  sAi.vr 


OianseaelaiMaj 


de 


ais  vaiii(n>e  «n  uénérosité  : 
r  se  livrait  aux  arileur» 
ylai>ait  il  à  niultiplier  les 
anise. 

Aahtn  seMMait  Aooé  d'une  puissance  illimitée  ; 
la  %-ie  c*  la  mort  ni  '  '  à  un  mol  de  sa 

kondie. 


RI. 
Il 
I  ■ 

pi»d» 


ai    donnoieul  fa 

ni.  !■ 


le    et 


lU  U-.  t.i<««>'j«ira  lin:  cette 


1  ■  .  ■ 

les  uiiieba  iitetilùl  k  me  haute  perfeclion. 

sAtrr  ACB»  ♦"> 


p'tur 


la  Tie«(4t(> 


n  ordonne  ensuite  aux  assistants  de  se  mettre 
en  [irières,  et  lui-m<^nie,  se  pirosteruaiit  auprès 
du  cadavre,  y  redite  fort  longtemps  eu  oraison. 

Tout  à  coup,  an  «ri  d'admirutiou  et  de  joie 
s'échappe  de  toutes  lef-  poitrines. 

La  froide  pâkur  <iu  cadavre  a  disparu,  unirose 
tendre  colore  de  nouveau  se?  traits,  eiiliii  il  se 
lève  plein  de  vit,  «t  le  Saint  se  retire  en  toute 
hâte,  pour  se  soustraire  aux  bénédictions  et  aux 
horamases  qui  auraient  pu  Llesser  la  délicatesse 
de  son  humiliU'. 

Une  autre  fois,  en  l'absence  de  saint  Aubin,  un 
jeune  honxne  qu'il  aimait  vint  à  mourir.  Comme 
on  ne  roulait  y>oml  donner  auoorps la  sépultiu*, 
avsTil  qu'il  B'ei'it  reçu  la  tiéuédicUon  de  l'évôqae, 
rm  atkndit  son  retour. 

Voyant  cependant  qu'il  tardait  à  Tenir,  on 
résolut  di;  ci'léhrer  les  oiiséques  sans  lui;  mais, 
lorsqu'on  voulut  emporter  le  corps,  il  se  ti^ouva 
si  lourd  qu'il  lut  impossible  de  le  soulever. 

11  resta  ain^j  jusqu'au  moment  où  le  Saint, 
étant  enfin  arrivé,  lui  eût  donné  sa  bénédiction, 
après  quoi,  il  se  laissa  emporter  fort  aisément. 

GUERISOK   MRACCLEDSE 

l'ne  femme  de  la  ville  d'Anper»  était  percluse 
du  hras  droit;  pleine  de  confiance  en  la  sainteté 
du  vénérable  évi'-qui',  elle  va  le  trouver,  eit  lui 
demnnde,  au  noni  de  la  charité,  :1a  ^uéri^oD  de 
son  iiilirmilé. 

Aubin,  à  ce  nom  de  charité,  fart  uut^sittM  Je 
si^'ne  de  la  Croix  sur  le  bras  malade,  el,  incon- 
tinent, une  douce  chaleur  commence  à  se  répandre 
dans  la  partie  insensible.  Il  n'en  fait  pas  davan- 
tatie,  et  dit  seulement  à  la  malade  de  prier  avec 
conliance  et  de  revenir  le  lendemain. 

Le  jour  suivant,  cette  pauvre  iulirme  se  pré- 
sente, en  effet;  le  Saint  trace  un  nouveau  sittne 
de  Croix,  et  le  sans  commence  à  circuler  dans 
les  veines  jusqu'alors  desséchées.  Enfin,  le  troi- 
sième jour,  après  une  nouvelle  application  du 
signe  de  la  Croix,  celte  femme  recouvre  l'usage 
complet  de  son  bras  et  peut,  tout  heureuse, 
tracer  elle-même  sur  son  corps  ci-  si;;ne  sacré, 
en  témoi«nage  de  sa  dévotion  pour  un  remède 
si  efficace. 

A  l'aide  du  sij^e  de  la  Croix,  saint  Aubin 
rendit  aussi  la  vue  à  trois  aveugles  etgafiskiiB 
LTand  nombre  de  paralytiques. 

Dieu  avait  donné  à  Aubin  un  pouvoir  tout  par- 
ticulier pour  délivrer  les  prisonniers  at  nue 
_rande  puissance  sur  les  démons. 

I*lu«ieurs  criminels,  détenus  dans  une  prison 
l'Ant'er-,  firent  [irier  le  Saint  de  vouloir  bien 
Intervenir  pi^ir  eux  auprès  de  leur  jufe,  afin 
d'èire  rendus  à  la  liberté,  lui  promettant  de 
n'user  de  cette  libiTté  que  pour  faire  pénitence 
de  leurs  fautes  pas>ée«. 

Le  bienheureux  Aubin,  plein  de  joie  à  la  vue 
des  bons  sentiments  mil  les  animent,  s'empresse 
d'aller  trouver  le  jut'e,  et  lui  demande  la  «race 
de  ces  prisonniers.  Mai*  ce  juf.'e,  homme  dur  et 
il  uM'-  sévérité  outrée,  refuse  de  se  rendre  aux 
d''-iis  du  Saint.  Sans  plus  le  solliciter,  Aubin  se 
riinicnte  de  lui  dire  :  •■  Kh  bien!  si  votre  cœur 
est  f.-rmé  à  la  pili'',  je  m'adresserai  au  Seigneur, 
-ùrdo  le  trouver  moins  inexorable  que  vous.  » 

Sur  ce,  il  quitte  le  jiiL'e,  cl,  entrant  dans  une 

'mi  milii'u  de  la  nuit 

l'iiait  ainsi   le  Sei- 

-'■         !■  iiriirde,  une  grosse 

r ■■  !  I      -.  de  la  muraille  de 

I     l'j  M' il,  •  i  ■■.. ..  ,      ,_■'  aii\  '•nri,|.imn<'-. 


Frappé*  de  ce  prodiye.ces  lioinmes  ^-xirainels 
qiuilteiit  leur  prison  et  se  rendent  ;'i»l'égli&c  pour 
rendre  grâces  au  Seigneur  d'avoir  envoyé  «cm 
ange  pour  les  délivrer. 

Là,  iU  tjTouvent  le  saint  évè(jufi,  toujours  en 
prières^  ils  reconnaissent  alors  leur  vérilaUlo 
sauveur,  se  jettent  à  ses  pieds  pour  le  reanercier 
et  lui  prometleut  de  nvi'<e  d^soruiais  âu  bou^ 
chrétiens. 

Un  jour,  une  m<!lbeureu»e,  saisie  j»ar  Tesprjt 
inalin,  se  présente  devant  le  saint  Pontife  et  eo 
met  à  l'injurier  en  poussant  des  hurlemeJll^ 
affreux- 
La  présence  de  J'bonune  de  Dieu  ex.cite  encore 
la  rage  du  démon,  il  se  porte  dans  un  œil  de 
rinfortuBée  Tictime,  et  cet  œil  de^vient  en  un 
instant  seraldable  à  um;  grande  vessie  gondée 
de  san^'.  Notre  Bienbeureu-\,  ému  depilié  et jJein 
d'indignation  à  lu  vue  de  ra^'kii'.ruejBtiut  du  tualde 
contre  cette  femme,  sadres^e  û.  cet  esprit  de 
malice  :  "  Esprit  immonde,  dit-il,  qui  t'a  permis 
de  tourmenter  ain-îi  une  créature  de  Dieu:  au 
nom  de  Jésus-Christ,  je  t'cirdanue  de  lois^iei'  eu 
paix  cette  servante  du  Seiuneur.  » 

A  ces  mots,  accompagnés  .du  bigne  de  la  C*<oix, 
une  grande  quantité  de  «aag  b'échajtpe  de  l'œil 
de  la  posfédée,  sans  qu'asile  en  ressonUt  aucjjujo 
douleur,  et  le  démon  s'enfuit. 

Il  serait  trop  long  de  rapporter  ici  tous  les 
prodiges  ojiérés  par  saint  Aubin,  et  toujours  nu 
nom  de  cette  charité  immense  qui  remplissait 
son  cœur  et  ne  lui  permettait  pas  de  voir  oite 
infortune  sans  la  soulager. 

S.\INT  AUBIN  ET  LE  ROI  DES  FRAMCS  CBILDEBBRT 

Ces  éclatantes  vertus  de  notre  Saint,  accom- 
pagnées de  tant  de  miracles,  portèrent  aisément 
son  nom  dans  toutes  les  parties  du  royaume. 
Les  princes  voulurent  entrer  en  rapport  avec  un 
homme  d'une  si  haute  sainteté  afin  de  profiter 
de  la  sagesse  de  ses  conseils. 

Le  roi  de  Paris,  Childeberl,  (lis  aîné  du  «rand 
Clovis,  l'avait  fait  prier  de  venir  à  sa  cour.  Le 
saint  évêque,  envisageant  le  bien  qui  pouvait 
résulter  des  bonnes  dispositions  du  roi,  s'y  ren- 
dit avec  emprcssemeiit,  malgré  une  grave  infir- 
mité qui  le  faisait  beaucoup  souiïiir. 

Dès  que  le  roi  apprit  son  arrivée,  il  voulut,  par 
respect,  aller  au-devant  do  lui.  Il  lit  seller  un 
dbevaJ  et  partit  en  lout'^  hâte  sans  même  s'infor- 
mer par  quelle  voie  venait  le  Saint. 

Arrivé  dans  un  endroit  où  trois  routes  s'ou- 
vraient devant  lui,  il  s'enga^'ea  dans  une  direc- 
tion qui  n'était  pas  celle  par  où  venait  le  saint 
év«que. 

Mais,  après  quelques  pas,  son  cheval  refuse 
d'avancer  comme  si  un  mur  se  fût  drossé  devant 
lui.  (^hildcbert  le  frappe,  l'animal  n-ste  Immobile; 
Il  clian:.'e  de  monture,  mais  en  vain,  il  ne  peut 
aller  plus  loin.  Cnraprenant  alors  l'avertissement 
du  ciel,  il  tourne  bride,  laisse  aller  son  cheval 
à  son  gré,  et  il  ne  tarde  p.iint  à  reiiroiiln'r  le 
vénérable  prélat. 

SMNT  ACBIN  PROVOQUE  LA    KFIi'NIO.N  d'u»   CO.NCII.K 
A  OBLÉANS 

Le  saint  évéque  mit  à  profit  le  crédit  que  Pieu 
lui  avait  ménaué  auprès  du  prince  franc,  et 
l'amena  à  convoquer  tous  les  évéques  do  son 
l'iyaume  en  concile,  à  Orléans,  afin  de  rein.''li.'r 
.111 X  abus  qui  s'étaient  «lissés  chci  le  cl  rt ••  et 
!■  s  fidèles. 


Le  concile  eut  lieu;  Aubin,  par  la  sagesse  de 
ses  conseils,  y  fit  accepter  plusieurs  détermina- 
tions importantes.  On  établit  cntrr  autres  clioses  : 
que  les  juits.  qui  troublaient  par  leurs  insultes 
les  solennités  de  la  Semaine  Sainte,  devraient 
rester  enfermés  chez  eux  depuis  le  JeuJi->aint 
jusqu'au  lundi  de  Pâques;  que  les  prêtres  d'une 
vie  peu  édifiante  seraient  renfermés  dans  des 
monastères  ;  enfin,  que  les  mariages  entre  parents 
seraient  déclarés  nuls  et  les  contractants  frappés 
d'anathème.  Ces  décrets,  sanctionnés  ensuite  par 
le  prince,  comme  lois  de  l'Etat,  avaient  une 
grande  importance  pour  la  formation  de  la  France 
chrétienne,  encore  à  son  berceau. 

FKRMBTK  DE   SAINT   AUBIN,   SON  RESPECT  POUR  LES 
OltSERVANCKS  DE  L'ÉGLISE 

Le  saint  évéque  se  montra  zélé  observateur  de 
tous  ces  articles  et  particulièrement  du  dernier 


qui  soulevait  le  plus  de  difficultés.  Sans  avoir 
epard  à  la  qualité  des  iiersonnes  ou  aux  danpcrs 
qui  pouvaient  en  résulter  pour  lui-mi'mc,  il  fil 


observer  avec  une  inilexible  fermeté  le  décret  du 
concile. 

Or,  certains  évêques,  trop  complaisants  pour 
un  riche  et  puissant  seifineur  <|ui,  ayant  épousé 
une  de  ses  parentes,  était,  par  le  fait,  tombe  sous 
le  coup  de  l'excommunication,  supplièrent  le 
saint  evéquc  de  l'absoudre  et  de  lui  envoyer- 
des  eulo;;ies  (objets  bénits,  que  le»;  évi'ques 
envoyaient  autrefois  en  signe  d'union  et  de 
bienveillance). 


Le  vénérable  vieillard  leur  répondit:  ><  Vous 
m'obli^'ez  à  souscrire  à  cette  absolution,  je  suis 
trop  faible  pour  vous  résister,  mais  Dieu  est 
assez  puissant  pour  soutenir  la  cause  dont  vous 
refusez  de  prendre  la  défense.  » 

Il  envoya  les  eulof-'ies;  mais,  selon  sa  prédic- 
tion, le  coupable  ne  put  les  recevoir,  car  la  mort 
le  surprit  avant  l'arrivée  du  messager  qui  les 
portait. 

REGRETS  DU  SAINT,  SA  MORT 

Néanmoins,  le  Saint  craignant  de  n'avoir  point 
assez  résisté  à  la  violence  de  ces  évéques,  fut 
saisi  d'une  douleur  très  vive  pour  cette  prétendue 
faute.  Il  voulut  aller  consulter  lui-même  le  saint 
évêque  d'Arles,  C.ésaire,  sur  ce  qu'il  devait  faire 
pour  expier  sa  faiblesse. 

Mak'ré  son  grand  dite,  il  entreprit,  en  effet,  ce 
long  voyage  et  eut  une  entrevue  avec  le  Saint. 
On  ne  sait  quel  avis  il  en  reiul  ;  mais,  à  son 
retour,  ses  regrets,  joints  aux  fatigues  d'un 
voyage  de  trois  cents  lieues,  achevèrent  de 
l'épuiser,  et  il  mourut  an  milieu  de  son  cher 
troupeau.  Il  était  ùgé  de  quatre-vingts  ans. 

Son  peuple  coiiservp  un  pieux  et  immortel 
souvenir  de  ses  vertus. 

Bientôt,  les  miracles  se  multiplièrent  à  son 
tombeau,  de  nonibnuses  églises  s'élevèrent  en 
son  honneur  :  quantité  de  liourg<^  et  de  villages 
l'ont  pris  pour  patron  et  ont  tenu  à  honneur  de 
porter  son  nom. 


i:   I 


. Imft.-niiwil, 8. nie  FioïK-oi» I*'.  IMri» 


LE  BIENHEUREUX  HENRI  SUSO 

DE    L  ORDRE  DES  FRERES    PRÊCHEURS 


Fête  le  2  mars. 


r„,iiHiiii. 


Le  bienheureux    Henri   Suso    reçoit  des  révélations  sur  la  croix, 
signe   des  mortifications  qu'il  doit   endurer. 


Le  bienheureux  Henri  Suso  naquit  dans  la 
Souabe,  de  l'illustre  famille  des  Bergs  et  des 
Saiissen,  l'an  DOO. 

Dès  son  jeune  âge,  il  entendit  la  voix  de  Dieu, 
soudaine  et  pressante,  et  comme  il  possédait 
une  de  ces  âmes  généreuses  qui  ne  reculent  pas 
devant  le  sacrilice,  il  s'ensevelit  à  l'iKC  de 
treize  ans,  [lour  naître  à  Uieii,  dans  un  couvent 
de  Frères  Prèclieurs  de  la  ville  de  Constance, 
nù  il  recul  de  ces  derniers,  avec  l'habit  de 
-aint  Dominique,  le  nom  de  Fr.  Uenri. 

Arraché  de  bonne  heure  aux  séductions  du 
siècle,  le  jeune  novice  en  avait  néanmoins  gardé 
le  souvenir.  C'est  ce  qui  nous  explique  celte 
tiédeur,  ce»  hésitations  dans  l'amour  de  Dieu 
qui  caractérisèrent  les  premières  années  de  sa 
Me,  et  qu'il  nous  révèle  lui-m<''m<-  dans  un  écrit 
iu'il  nous  a  laissé  et  qui  nous  guidera  dans  ce 
iravail.  Le  Hienheureux  raconte  que,  parfois, 
'Lins  les  commencements  de  sa  vie  religieuse,  il 
I •'tournait,  par  la  pensée,  rhenher  des  conso- 
lations au  sein  des  futilités  qu'il  avait  laissées 
derrière  lui,  et  qu'il  en  revenait  toujours  le 
irnr  plu*  vide  que  jamais. 


Cinq  années  se  passèrent  ainsi;  mais  la  divine 
Sagesse  qui  lui  avait  laissé  entrevoir  sa  beauté 
lorsqu'il  était  encore  au  milieu  du  monde  et 
l'avait  attiré  au  mon.istère,  ne  laissait  pas  de 
veiller  sur  lui  et  de  le  prédisposer  aux  grâces  de 
choix,  doit  il  devait  être  l'ob.iet. 

Il  venait  d'atteindre  sa  dix-huitième  année, 
lorsque,  enlin,  la  lumière  se  fit.  Henri  prit  la  réso- 
lution de  ne  plus  partager  son  cu'ur.  mais  de  le 
donnera  Dieu  tout  entier,  sans  réserve.  Le  jeune 
religieux  commença  dès  lors  à  goûter  une  paix 
inconnue;  toutefois,  le  démon  ne  renonçait  pas 
complètement  à  sa  proie. 

COMMKNT  IL   FAUT   VAINXRE   UNB  TENTATION 

Fr.  Henri  nous  a  laissé  un  tableau  de  ces 
tentations  par  lesquelles  Satan  s'elTorçail  de  le 
reliMiir  au  seuil  de  la  vie  relitieuse.  Mais,  loin  lie 
ralTai|plir,ccs  tentations  augmentèrent  son  amour 
et  stimulèrent  son  lèle. 

>'  Fr.  Henri,  lui  disait  le  démon,  pourquoi 
chefches-lu  avec  tant  d'emportement  a  quitter 
ton  cenrc  do  vie  ?Souviens-loi  dmic  que  rim- 


lOH 


inencer  le  Lien  est  chose  facile, mais  qu'y  persé- 
vérer est  vraiment  impossible. 

—  Mais,  ré|>on(lail  le  jeune  Henri,  l'E^pril-Sainl 
qui  m'appelle  el  qui  est  to^lt-pui^>ant  peut  lairf 
en  moi  re  qui  e<l  diffirile.  » 

Tnutefni-i,  le  tentateur  ne  se  tenait  point  pour 
vaincu  et  il  revenait  à  la  cliarye  avec  une  ra^e 
d'autant  plus  f^rande  qu'il  avait  vu  ses  sug^'estions 
perfides  déjouées  avec  plus  de  sairesse. 

V  Oui,  reprenait-il,  on  ne  peut  douter  de  la 
puissance  de  llieu,  mai*-,  ce  qui  est  bien  incer- 
tain, c'est  la  correspondance  à  la  grâce;  peux-tu 
donc  y  compti-r? 

—  Puisqui-  Mieji  m'a  appelé, c'est  qu'il  ne  veut 
pn<  m'ab.ind^'iiiier.  Je  sens  qu'il  m'invite  A  le 
si-rvir  f't  qu'il  me  pronu-t  son  secours.  Comment. 
lorsqu'il  m'attire,  lorsque  je  me  jette  dons  ses 
bras,  se  retirerail-il  pour  me  laisser  tomber?  « 

M.il;:r''  ces  défaites  successives,  le. tentateur  se 
rrsnliil  ;'i  ne  làclicr  sa  proie  que  lorsqu'il  aurait 
une  CCI  titude  conipléte  de  son  impuissance  et  à 
continuer  jusque-là  lu  lulle  qu'il  avait  engagée 
avec  \r  Bienheureux.  Quant  à  Fr.  Henri,  il  avait 
pris  lies  résolutions  énergiques  et  s'était  jeté 
résolument  dans  les  bras  de  la  Providence  qui 
l'avait  appelé  et  qui  Teillait  sur  lui  avec  une  si 
amoureuse  sollicitude.  Dés  lors,  il  se  montrera 
à  nous  sous  crite  face  radieuse  d'une  âme  pas- 
sionnée pour  la  Sagesse  éternelle. 

LA    UIVI.NE  SAGESSE 

Ijnjour,  il  entendit  lire  ces  paroles  deSalomon  ; 

••  l.a  sa;iesse  est  plus  éclatante  que  le  soleil, 
elle  est  plus  belle  que  l'harmonie  des  cieux,  et 
quanil  on  la  compare  à  la  lumière,  on  la  trouve 
supérieure, 

'  Aus»i  je  l'ai  aimée,  je  ('ai  recherchée  dès 
mon  enfance,  je  suis  l'adorateur  île  se»  charmes.  •> 

Au>sitrtt,  il  ne  nul  couteuir  lajoiuqui  débordait 
de  son  Ame,  et  il  répétait  en  lui-même  : 

"  Je  l'ai  année  dés  mon  enfance,  je  l'ai  choisie 
pour  épousi-.jf  suis  l'adorateur  de  ses  charmes.  ■• 
(Sap..  vil,  29.) 

Souvent  il  éprouvait  le  besoin  de  traduire  celte 
aiïectioii  au  di'iiors  de  son  Ame;  c'est  ainsi  qu'il 
se  découvre  dnUH  \ii  secret  Ue  sa  cellule,  et  se 
lacère  la  pi>itrine  avec  le  traïubaul  d'itu  canif 
ju'ii|u'à  c"  i|u'il  y  ait  ^ravé  le  nom  de  Jésus;  et 
sa  passion  n'i'sl  pa-»  encore  s.itisfaite. 

N  G  amour  unique  de  mon   cirur  el  de  mon 
.Am*-.  s'éi-rii!-i-il,  (\  mon  Jésus,  voyoi  d<>iic  l'ar- 
<l>'ii'  de  ma  pii-'<iinu  pour  vous;je  w>usiii  imprimé 
•  Il    ^  mi  rliuir.  mais  jo  no   »ui«   i 
\     .  Irais  nllir  iii-iqu'au  reiiln-  dr  n 


piii-.  Iliai^  qui 

qu'elli-  luppl- 
ïoun  le   pi"  •  ■ 
rr  cu-iir.  ' 
rien  i-  i 

II 
l.i    I  I 


■  Ire  tendresse  aciuiiu';  in.i  ;  i  !■  i    . 
a  re  qui  ini!  niniiqile  Ri,  pili~qii-' 

:     ■■: '"  •  -thl  de 

•  que 


r 


11 


!1.-. 


'Il 


ir  lui  apparat  pour  l'avertir 

I  à  sa  dit  mit"  'pi'i-ii  suivant 
si>n  huiii.i: 


iliiuloureU-e    lit 
lui   .iiiinur  qui    iTi"ti<l  lit   - 
lU  t'iitiiir  sur  > 

qu'il  fiiidra 

i|i'    Il   l.lLilX    ^ui 

a  vie  religieuse. 

■  ■  ri  HOATOltl 


■Ti 


.slfibA- 


:SS 


cation  avec  elles,  elles  lui  apparaissaient  pour 
lui  révéler  leurs  peines  ou  bien  leur  délivrance 
el  leur  ;:loire. 

<•  Lue  foi.s,  parmi  beaucoup  d'autres  Ames,  il  vit 
l'Allie  de  son  père  qui  avait  vécu  très  attachée  au 
monde,  elle  lui  apparut  toute  soulfranle  et  tout 
afiligée,  el  lui  demanda  le  siTour>  de  ses  prières; 
notre  Henri  n-pandit  des  larmes  si  lerventes 
qu'il  la  délivra  hieulot,  et  elle  revint  le  remercier 
de  son  bonheur. 

»  L'Ame  de  sa  mère,  qui  avait  été  une  femme 
d'une  grande  sainteté,  le  visita  au-si  pour  le 
consoler  et  l'entretenir  des  ineffaales  récom- 
penses dont  elle  jouissait  en  paradis  il).  » 

A  table,  s'il  lui  arrivait  de  iiian;:er  ou  de  boire 
avec  trop  d'empressement  ou  d'aller  au  delà  du 
strict  nécessaire,  il  se  mettait  en  iirésence  de 
la  divine  Sagesse,  qu'il  avait  prise  pour  épouse, 
le  cba;;rin  dans  le  cœur,  la  houle  sur  le  visage, 
et  il  lui  demandait  p.irdon  en  s'eiu'ageant  à 
expier  sa  faute  par  de  rudes  pénitences.  Frouvait- 
il  quelque  mets  désagréabje,  il  le  mellail  d'abord 
dans  le  Cu'ur  san;;laut  de  Jésus  et  le  mangeait 
ensuite  avec  courage. 

U  SERVITEUR  DE  MARIE 

Le  premier  jour  de  l'.'m,  pendant  que  les  per- 
sonnes du  monde  vont  féliciter  leurs  amis,  il 
allait  se  jeter  aux  pieds  de  .Marie  el  la  suppliait 
d'intercéder  [tour  lui  et  de  le  rendre  a;:réalde  j 
son  divin  Fils;  puis,  s'adre-^sanl  à  la  Sayesse 
éternelle  elle-inènn',  «  il  employait  laiiliU  les 
paroles,  tontiU  les  jiensées  et  les  désirs  les  plus 
ardents;  il  lui  demandait  d'être  le  cbanln-  ci-leste 
de  ses  vertus  aupri's  de  tous  le*  cieurs  qui 
snveut  aimer.  Il  voulait  réunir  en  lui-même  les 
pi'Hsées,  1rs  paroles,  1rs  alTectiuns  de  toutes  les 
anies  sainii  ment  passionnérs,  pour  s'm  coin- 

Soseruncanlique  sublinie  d'amour,  qui  loiierHit 
igiiemcnl cette  divine  Sagesse,  sa  anble  fiancée. 
>.  Quand  le  printemps  venait,  cl  que  les  llcurs 
romiiiençaieiit  à  paraître,  il  ne  voulait  pas  en 
jouir  avant  d'avoir  fait  une  belle  ciuironnc  à  la 
Sagesse  élerindle:  il  y  mettait,  en  l'Iionneur  do 
la  Mérc  de  IMeu,  la  première  Heur  qu'il  avait 
cueillie;  il  arraïu'eait  ses  fleurs  en  s'entrelenaiit 
de  pensées  pieuses,  et  quand  il  avait  terminé  sa 
couronne,  il  allait  au  chieur,  ù  la  chapelle  de  la 
Vierge,  cl  il  la  nlacait  sur  la  lèle  de  .Marie, 
en  la  proclamant  la  plus  belle  de  toutes  les  llcurs 
et  la  joie  la  plus  douce  de  sou  Ainu;  il  la  coii- 
jurail  de  ue  piLs  mépriser  ces  préinii-.  s  du  i.rin- 
teinPH  que  lin  présentait  son  petit 

"  In  .jiuir  qu'il   avait  ainsi   bon..! 
Vier,;e,  il  lui  «enibla  que  le  ciel  était   niivcrt  et 
qu'il   viiy  ili    de  beaux  ange*   revéliii  de    rnbes 
111  -.  ()ui  volaient  d'en  hui;'  ' 

Il  il  exécuter  nue  miisiqui 

:    iinlTible.   et  ilianler  à   la  li.ii.at,;i:   de 
uie  hymne  d'une  hannunie  si  ravissaute, 
qu  II  en  inour.iii    '  '■.  . 

■Ol  te  hymne  :  i  A  celle  que  l'on  rhnnle 


(  I  >  F.  rARrtni,  CCMrrei  du  bifnkeurtux  Utnri  Smm. 

'j    Ihul. 


grandeur  de  l'acte  lu'il  accompH'^sait  et  de 
rimmeiise  amour  du  Uiou  qui  siuiinolait  entre 
ses  mains,  tellement  qu'uae  l'ois,  en  prononçant 
ces  paroles  de  la  préface  :  Sursxan  corda,  élevons 
nos  cffurs,  il  fut  ravi  en  extase. 

Crmsidérant  que  le  silence  est  un  crand  moyen 
de  recueilleuient  et  de  vie  intérieure,  et  que  la 
lan^me  nous  fait  commettre  beaucoup  di^  fautes, 
le  bienlieureux  Henri  se  mit  à  jiratiquer  le 
silence  monastique  avec  une  vi^nlance  extrême. 
Il  se  proposa  en  cette  vertu  trois  :;raTids  modèles: 
saint  Dominique,  saint  Bernard  et  saint  Arsène, 
et  quand  ses  devoirs  d'oliéis>ance  et  de  charité 
l'obli-'eaienti  dire  quelque  parole,  il  ne  le  faisait 
jamais  avant  de  leur  en  avoir  demandé  humble- 
ment la  permission  au  fond  de  son  curur. 

HENRI  ET  LE   CARNAVAL 

"  Quand  venait  la  Septuaçésime,  et  cfHnmen- 
rait  !•'  carnaval,  ce  temps  où  les  mondains  se 
livrent  plus  que  jamais  à  leurs  folies.  Fr.  Henri 
recueillait  son  àme  et  commençait  dans  sa  cel- 
lule uu  carnaval  bien  différent. 

■  11  peusaitd'atiord  combien  sont  courts,  fugitifs 
•t  pas-a^'ers  les  plaisii-s  du  carnaval,  es  comment 
se  perdent  les  âmes  qui  échangent  alors  une 
jouissance  éphémère  contre  un  malheur  éternel  ; 
il  pleurait  amèrement  tous  les  péchés  et  les 
injures  qui  se  commettent  .-ontre  Dieu,  et  réci- 
tait avec  l'esprit  contrit  de  David  le  psaume 
Ihiwrere  mei,  Deus.  Après  avoir  ainsi  pleuré,  il 
méditait  les  consolations  célestes  que  la  divine 
Sagesse  accorde  à  ceux  qui  l'aiment,  lorsqu'elle 
se  récrée  pour  ainsi  dire  avec  eux  et  fait  f.'oùter 
a  leurs  cœurs  le?  prémices  de  la  vie  bien- 
heureme 

't  Cr>mme  pendant  le  carnaval  il  châtiait  son 
corps  plus  ,^u'à  l'ordinaire,  et  se  laissait  presque 
mourir  de  taira,  de  soif  et  de  froid,  il  se  sentit 
un  »oir  trembler  et  billirau  point  qu'il  fut  obligé 
d'aller  te  réihauffer  près  du  feu;  mais  il  s'en 
éloji'na  bientôt  en  pleurant  et  en  cémissant. 
Rentré  alors  dans  sa  cellule,  il  y  fut  ravi  en 
extase  et  un  anye  d'une  merveilleuse  beauté  vint 
le  charmer  par  des  chants  suaves  et  le  consoler 
par  SCS  encouragements. 

VIE  CRUCIFIÉE 

■  I.e  lit  sur  lequel  dormait  Fr.  Henri  était 
d'une  pxtn'-me  dureté  ;. il  n'avait  dans  sa  cellule 
ni  matelas,  ni  couvertures,  et  ses  meubles  ron- 
si«laient  en  une  vieille  porte  sur  laquelle  il  éten- 
dait une  petite  natte  de  jonc  qui  lui  arrivait 
seulement  aux  senoux  ;  c'est  là  qu'il  reposait, 
ou  plutôt  qu'il  se  torturait.  .\u  lieu  d'un  oreiller, 
il  mettait  à  son  ■■hevet  un  sac  plein  d'avoine  et 
il  se  couchait  halullé  comme  il  était  |i"iid.iiit  le 
jour;  il  ne  quittait  que  ^es  chaus«uies.  \u-si 
son  repos  était  loin  d'être  une  jouissance.  Il 
portait  des  bas  de  cria  tout  hérissés,  une  chemise 

crossiérc  et  pesante 

■•  Il   avait   beau  mourir  de   froid,  il  se  tenait 

pendant  la   nuit.  a[irùs  b's   Matines,   plus  d'une 

heure  sur  un  marbre  «lacial.  devant   le    inallre- 

auti  1,  et  il  supporta  avec   tant  de  ronstaiic(!  les 

j.ii,  ■  I  ■'.^■rt-ux  hivers  quf.   [l'iidiiit   r>--pa''e  de 

il|s,  il  ne  s'ap|ii"i  m  i    .lui u-  ilu  f>ni. 

il  ne  si;  peruiil  un  iii"U\cin 'Ul.  qui  put 

.1  .Mil  I   II  chai-tct.'  de  son  àme  ou  de  son  corps. 

1'  :  I    .lit  qu'un   repas  1res   frui-'al  par  jour, 

i'    de    poisson,  d"   iiaiide,  d'iFufs  et  M 

"'  de  pain,  de  b'^uiiii -i  et  de  fruits. 


•  Il  observa  scrupuleusement  son  vceu  .le  ^jau- 
vrelé,  et  ne  v.iulut  jamais  recevoir  ou  toucher 
de  KargeDt,  qu'il  en  eût  ou  qu'il  n'en  eùt«pas  1 1 
permission.  Ses  vitemenls  étaient  trvs  pauvrt-s 
et  nous  avons  dit  quels  étaient  les  DieuM.es  qui 
décoraient  sa  cellule  (1^  » 

l'n  jour  qu'il  levait  les  yeux  vers  le  ciel,  il 
entendit  une  voix  d'en  iKiut  qui  di-ail  ;  ♦  Happelle- 
»  toU  Heuri,  combien  fut  terrible  ma  so il  lorsque 
)>  j'étais  sur  la  Croix,  dans  les  dernières  «Biifisses 
»  de  la  mort.  Quoique  je  fusse  le  Créateur  de 
»  toutes  les  fontaines,  je  n'ai  pu  obtenir  alors  pour 
»  me  soulager  que  du  fiel  et  du  vinairre.  Sup- 
»  porte  avec  patience  la  soif  que  tu  éprouves,  si 
»  tu  »eux  soirre  mes  traces  ».  Le  Bienheureux,  en 
effet,  s'imposait  souvent  les  douleurs  tmiblesde 
la  soif,  au  point  que  sa  langue  desséchée  et  brû- 
lante se  crevassait  et  qu'il  ne  pouvait  manger. 
lia  soir  qu'il  en  était  réduit  à  cet  étal,  la  Savule 
Vierge  lui  apparut  avec  l'Enfaiit  Jésus  et  celui-ci 
lui  donna  à  boire  une  liqueur  céleste  qui  le 
lEuérit  tout  à  coup  et  le  consola  merveilleuse- 
ment. 

Il  se  donnait  la  discipline  deux  fois  le  jour 
awc  une  grande  violence;  les  religieux,  efl'rayés, 
cherchaient  à  l'empêcher,  il  cessait  des  qu'il  était 
découvert,  mais  il  lavait  alors  ses  plaies  avec  du 
sel  et  du  vinaigre,  ce  qui  en  multipliait  all'i  euse- 
meiit  la  douleur.  11  se  lit  également  une  croix, 
lnn;;ue  d'une  palme,  toute  garnie  de  pointes  de 
fer,  il  la  porta  de  longues  années  sur  son  dos, 
cai-hée  sous  ses  habits,  sans  la  quitter  ni  jour,  ui 
nuit;  cette  croix  fut  l'au  de  ses  plus  rigoureux 
supplices. 

Hais  si  ses  morliOcations  étaient  grandes,  l'ar- 
dent amour  qui  en  était  la  source  ét-tit  bien  plus 
grand  encore;  sa  pensée  était  sinis  cesse  ave.- 
Noire-Seigneur;  il  passait  une  partie  de  ses  nuits 
à  suivre  en  esprit  ce  divin  Maître  dans  toutes  les 
soulTrances  de  sa  Passion,  et  acconipaunait  au 
Calvairo  sa  Saiule  Mère,  la  Vieri;e  des  li<:iuleurs. 

Après  Matines,  on  le  voyait  quelquefois  aller  et 
venir  dans  la  salle  capilulaire  pour  secouer  l'eii- 
gourdisseineiit  du  sommeil,  tout  absorbé  dans  la 
roédiUition  de  Jésus  crucifié  ;  c'était  là  qu'il  venait 
accroître  son  amour. 

C'est  ainsi  qu'il  porla  un  cilice  et  une  chaîne 
de  fer,  mais  celte  ceinture,  qui  lui  déihirait  le 
corps,  lui  lit  perdre  une  si  L'rande  quantité  de 
sanx,  qu'il  dut  la  <léposer  pour  se  revêtir  d'un 
vêtement  tiss'j  de  cordes,  contenant  cent  cin- 
quante pointes  qui  tenaient  sa  chair  dans  une 
irritation  perpétuelle.  11  ne  quiltait  cet  habit  ni 
jour,  m  nuit,  et  son  corps  ne  fut  bientôt  plus 
qu'une  plaie.  Fr.  Henri,  pour  s'ôler  jusqu'à  la 
tentaliou  de  toucher  aux  endroits  malades,  se  fit 
foire  un  collier,  d'o-''  pendaient  deux  anneaux, 
dans  lesqui  Is  il  ptaiait  ses  bras  durant  la  nuit. 
Plus  tari,  il  r>'%  iii  sps  mains  de  gants  hérissés 
Je   poil  achetaient  de  mettre  ses 

meiiibi  \. 

I!  clix-sept ans  ce  douloureux 

m  I  1  qu'a  l'avertissi>ineut  d'un 

ai;  Mil  'ic  la  [lart  d"-  Dieu  de  mettre 

(n  l'-es  étran;;es.  Devant  cet  ordre 

ili>ii,  I.  i.  i.i  crut  devoir  céder  et  résolut  lie 
prendre  quelque  re[ios.  Il  se  disait  en  lui-méin<' 
qu'il  avait  assez  soulTert  et  qu'il  allait  goùti-r  un 
peu  di)  paix;  mais  Dieu  remplaça  sessoulTraiii  •  ~ 
corporelle»  par  dis  li  ilmlillriii,  suinliiill  ■■.  il.i. 
cruelles  encore. 


(1)  E.  <'»nrien.  ihul. 


Des  tenlalious  lonlre  la  loi  et  le^pérance  vin- 
rent exercer  fa  vertu,  pendant  de  longues  année?, 
Jusqu'au  jour  où  Ecli;ird,  son  maître  en  théologie, 
rendit  la  paix  à  son  unie.  C'est  alors  qu'après 
l'avoir  fait  passer  par  les  rudes  épreuves  d'une 
vie  mortifiée  et  s'être  donné  à  son  Ame  avide  de 
le  posséder.  Dieu  songea  à  lerendreau  siècle  d'où 
il  l'avait  tiré  pour  qu'il  répandît  autour  de  lui  la 
lumière  qu'il  avait  acquise  au  contact  de  l'éter- 
nelle Sagesse. 


VIE   APOSTOLIQUE 

1-a  haute  perfection  <iu  bienheureux  Suso  et 
celte  science  ascétique  qui  ont  fait  de  lui  un  des 
plus  grands  mystiques  du  xiv  sièile,  au  inèmf 
rang  que  inaîlre  Kchard,  (ierson  et  Taulère  lu 
Dominicain,  le  désignaient  non  moins  pour  la 
direction  des  âmes  que  pour  la  prédication  évan- 
gélique;  aussi, se*  supérieur*  n"liésitérent-ils  pas 
à  lui  confier  l'évangélisalion  des  peuples  de 
rAIlcmagnc. 

L'événement  justifia  leurs  prévisions,  car  il  fut 
l'apAtre  le  plus  réié  en  même  temps  qu'un  des 
plus  célèbre*  prédicateurs  de  son  trm^)s. 

On  raconte  qu'un  jour  (|u'il  prêchait  a  Cologne, 
son  visage  s'illumina  tout  à  coup  d'une  lumière 
éclatante,  au  crand  ('tonnoinent  dr  l'auditoire 
q>ii  l'entourait.  .Mais  ces  miracles  extraordinaires 
(lont  IJieu  semblait  entourer  son  mini^lére 
n'étaient  que  l'imaue  des  prodiges  merveilleux 
que  sa  parole  accomplissait  dans  les  Ames. 

.\ussi  le  démon,  qui  avait  eu  tant  à  souffrir  de 
«es  progrès  spirituels,  durant  sa  préparation 
reliaieuse,  manifestait-il  qui-lquefois  hautemenl 
le  grand  déplaisir  (|ue  lui  causaient  les  prédica- 
tions du  llieiilieuieux.  C'est  ainsi  qu'il  fut  aperçu 
par  une  reli;;ieuse  de  son  Ordre,  tandis  quNi 
était  en  extase,  entouré  d'une  multitude  île 
démons  qui  criaient  et  poussaient  îles  ruiiis>e- 
ineiits    au     milieu    desquels    on    entendait    ces 


paroles:  «  Moine  maudit,  allons,  que  fatit-il  faire? 
Unissons-nous,  foulons-le  aux  pieds,  jetons-nous 
sur  lui  et  massacrons-le.  » 

l'ne  dame  de  haute  naissance,  étant  tombée 
dans  le  péché  mortel,  gémissait  de  se  voir 
l'esclave  au  démon  et  comme  une  pâture  des- 
tinée à  l'enfer;  et  pourtant  elle  ne  se  sentait 
point  lé  courage  ue  se  confesser.  Dans  son 
ansoisse,  elle  recourut  à  la  Mère  de  miséri- 
corde, à  Marie,  le    refuge  des  pécheurs,  et  la 


supplia  de  venir  à  son  aide. 
La  Sait 


inte  Vierge  daigna  lui  apparaître  et  lui 
Hi'  :  il  Va  te  confesser  au  1'.  Henri.  —  Je  ne  con- 
nais pas  ce  Père,  répondit  la  dame.  »  Alors  Marie, 
eutr'ouvrant  son  manteau,  ajoula  :  <■  Hegarde, 
c'est  ce  religieux  que  j'abrite  sous  mon  manteau, 
il  est  mon  serviteur;  adresse-toi  à  lui,  il  est  le 
père  des  malheureux  et  il  te  consolera.  »  Celle 
dame  alla  donc  s'adresser  au  P.  Henri  et,  par 
une  bonne  confession,  rentra  en  paix  avec  Dieu. 

Fr.  Henri  exer«;ail  sur  les  Ames  une  action 
non  moins  grande  par  sa  direction  spirituelle  que 
par  ses  prédications.  Les  monastères  d'hommes 
et  de  femmes  furent  l'objet  do  sa  sollicitude  et 
l'on  vit,  à  sa  voix,  revenir  à  Dieu  un  nombre 
considérable  d'àmes  pécheresses. 

(Juant  à  ces  àme«  d'élite  que  renferment 
h  toutes  les  époques  les  monastères,  le  Bienheu- 
reux les  avait  toutes  sous  sa  direction.  On  peut 
voir  encore  dans  ses  lettres  spirituelles  avec 
quelle  siirelé  de  coup  d'iril  il  les  dirigeait  toutes 
dans  les  voies  si  difficiles  de  la  perfection  reli- 
gieuse. 

Il  avait  tant  aimé  la  Sagesse  éternelle,  qu'on 
sent  dans  tous  ses  écrits  le  besoin  intense  qu'il 
ressentait  de  communiquer  à  d'autres  àme»  ses 
enthousiasmes  et  ses  aspirations.  Ce  fut  la 
sui)réme  occupation  d'une  vie  encore  plus  grande 
devant  Dieu  que  devant  les  hommes,  après 
laquelle,  le  '2~>  janvier  de  l'an  IHtiii,  Dieu  l'attira 
à  lui  comme  on  enlève  un  fruit  mùr  au  rameau 
qui  De  le  soutient  plus. 


Iui|>    vr'uhi.  y.    rttiiiiMKi,  1,    rur   iiuiioit  I    .  I'aii». 


SA!\TE  CU\ÉGOM)E,  DIPÉRATRICE 


Fèle  le  3  mars. 


L'impératrice  vierge  sainte  Cunégonde  se  consacre  solennellement  à  Dieu  après  la  mort 

de  son  époux,  saint  Henri. 


Sainte  Cunégonde  eut  pour  père  Sigefroi,  pre- 
mier comte  de  Luxembourg,  et  pour  mère  Ades- 
«ige  ou  Hedwiçe.  Le»  ileux  époux,  d'une  pieté 
profonde,  prirent  soin  d'élever  leurs  enfants  dans 
la  crainte  de  Dieu. 

Cunéponde  épousa  saint  Henri,  duc  de  Bavière, 
'lui.  app."-  la  mort  de  l'empereur  d'Allemnt'iie, 
"thon  III,  fut  <^lu  roi  des  Komains  et  couronné 
.1  M.iyenrp  le  C  juin  1002.  Deux  mois  plus  tard. 
"u  la  fr''te  de  saint  Laurent,  la  pnnressp  recevait 
■lussi  la  couronne  royale  à  Paderbnrn.  des  main» 
fl"  N\illi«ise,  archeviique  de  Mayence.  A  celle 
"H,  la  nouvelle  reine  donna  do  ma;,'niliques 
.ii.iffs  de  sa  pi<'t'^  et  distriliu.i  d'aliouilanlev 


aumfiues  aux  monastères,  aux  églises  et  aux 
pauvres.  Elle  accompagna  !^on  époux  à  Home  en 
1014,  et  y  reçut  avec  lui  la  couronne  impériale  des 
mains  du  pape  Benoit  Mil. 

LES    socs    DE    CHAriRLK    BOLGIS    AU    FEf 

Ces  deux  illustres  époux  étaient  dignes  l'un 
de  l'autre.  On  ne  po\ivail  trouver  union  plus 
Htroite  et  plus  heureuse  que  la  leur;  cependant 
le  chaste  lien  qui  les  unissait  n'avait  rien  dt 
(.•rrestre.  Cunégonde,  avant  son  mariage  avec 
un  empereur  de  la  terre,  s'était  consacr"'"  ■  ■ 
Hoi  du  cii'l  p,-\r  le  viru  de  virginit''  perp>'l  i 

it     ri'\,i,  du    r(ili'.iiilcrn<>l|l     cle    min     fulur    ' 


7  80 


'lui,  de  ^ou  cùlé.  s'élail  ri'solii  à  vivre  liaiis  une 
coiiUiience  parfait*.  L"i«i  et  l'mitrp  Jeineuièrent 
toute  leur  vie  lidéles  à  cette  sainte  résolution, 
et  leur  union,  loin  deu  >Hie  alTaiblie,  n'en 
devint  que  plus  forte  et  plus  intime.  Hien,  en 
effet,  ne  iortilie  l'aïuour  roniuie  de  le  saiulilier, 
en  le  rapprochant  de  sa  source,  qui  est  Oien. 
Le  démon  fut  bientôt  jaloux  dun  tel  bonhe 


et  il  essaya  de  le  tr 
but,  l'esprit  des  téU' 
il  trouva  moyen  df  ^ 
ombra:;e  loue  h' 
et  à  Cunéf,'ond. 
attaquée.  Dieu    iieriuil 
faire  éclater  ;uix  yeux 
sainteté  des   di-ux 

l.'impéralricelulii' 
qu'elle  reri  v.iit  .leceii 


ur, 

ililiT.  F'cnir  :irriver  à  son 

ilomnie  : 

.  i  quelque 

,  .uile   de  1  iiuperalrice, 

I.  de  voir  son  innocence 

..lie    épreuve,  afin    de 

de  tous  les  vertus   et  la 

'■nux. 

. -e  de  rbiuuiliation 

uiiiiequedu  scandale 


qui  en  n'sultait  pour  sou  peuple.  Elle  savait  que 
plusl'exeiiii'lf  \ieulde  liaut,  •■!  '■■'!>  il  .-st  suivi  : 
aussi  réMilul-ellc  de   faire  <■.  '  'Ule  qui 

auiait  en  iii-   si   fàcbeuses   en      ,  s.   .\près 

avoir  iinpliiré,  dans  une  ardenli;  prière,  le  sou- 
verain l'rcile.  t. m  dr'  l.i  virfzinilé,  elle  demanda 
à  se  justili.  .1  pur  les  épreuves  alors 

en  usai-'e.  -  .  ■  '' à  Idanc.  dit-elle  à  se» 

juf^es,  douie  sues  de  enarrue;  j«  marcherai  pieds 
nus  sur  ces  frr'   iril-iiu.  •■ 
Ces  épi'  '/.étaient 

d'un  usa;..'         ■  e  sei.iit 

tenter  Dieu  cjue  Jy  ii'..)uiii  ^au-<  une  inspiration 
spéciale  du  ciel.  Aussi  les  papes  ne  tardèrent  pas 
à  les  défeiMlre,  et  elles  tuinbèrent  bientôt  ea- 
ilésiiétude. 


"  SeiUMlei;-  

la  Kienlieii 
virginité    n-     i 
jufie   entre   nie- 

A  ces  ni"!"   < 
nieu,inar' 
ressentira,. 
des  caloiiii 
mérite  île        , 
sous  la  pourpre 

L'empereur, 
il'un   exe 
réparer   1 
avaient  p.  i 
Ils  vécure.. 
n'ayant  cju  lui  n 

•    ÏLUK    KONDE    '■ 


iiiip' 

i.ip|.. 


iule, 
de 


'lUtes  choses,  s'écria 
,ue  la  Heur  de  ma 

'Il    parfum,    soyez 

~  et  moi.    ' 

..'  .1"  '"iiri.iiice  eu 
,.  eu 

ilice 


prodi|<e,  l'accoM 
•'lia  rien  pour 
\.<    imméril^t 


jiiii  ui  Je  su  ' 
dans  l'unioa  I 
et  une  lu 


ur 


KT    n«"    W•■.^^ 


'.    L'esprit  de  Uieo  k«*  aniinnil  d'au  ni<'ise  lile 

pour  1  .irri-   ■ '  ■'■■   '■    ■■■"••  ••'  1..  .'.■.. "I.v- 

senieiit  d' 

de  (  Dieei  (    ,  .  ..._..: 

et     (illli-l 
IllUlle  ru 


IIMI 

I 


la    eallieilrale    de 
lit    an    princo    de* 


.ner      III. I 

qu'il"    OH. 

à  .saint  licornes,  martyr.  i-Ula  ue  uit 

de  sollirilU'le  à  fonder  dans  la  nièiiic 
'h.i  I' !■  '  Il  I  lionneur  de  saint  Miiliel, 
I  -le  'If  s., (lit  Honolt;  de  ses  propreii 
l;  •  en  liAtit  un  nnlre,  quVIle  plâwi 
r  .1.  -liofi   H»   Mini    Kiietin».   premier 

rtlle 


tines  vinrent  chanter  les  louanj;es  Je  Dieu  dans 
oeiiouveaa  mona>tèrequi  prit  le  titre  de  Saiiite- 
Crnix.  C'est  ainsi  que  ces  vrais  serviteurs  de  Dieu, 
Henri  et  Cunéyonde,  usaient  des  richesses  et  de  la 
puissance  qu'ils  avaient  reçues  du  ciel,  et  trans- 
formaient ces  biens  périssables  en  les  faisant 
fructitier  pour  l'éternité. 

MORT  IIK  l'empereur  —  CUNIÏGOSDB,  MODÈLE 
DKS    VEfVES 

Cependant.Ie  saintempereurallaitbientiM  rece- 
voirlarérompeiisedeses vertus. Tandis  que  Cuné- 
«onde  s'occupaitdela  fondation  du  moiiaslère  de 
Sainte-Croix,   Henri    tomba   gravement   malade. 

Sur  le  point  d'expirer,  il  lit  venir  auprès  de  lui 
les  parents  de  l'impératrice,  et,  en  présence  des 
seigneurs  qui  entouraient  son  lit  de  SdUlVr.Tiice, 
prenant  la  main  de  Cuiié;:oiide,  il  leur  dit  : 
"  \  ousni 'aviez  conlié  cette  vier;;e  de  Jésus-Christ, 
je  la  remets  au  Seijiueur  J'-sus  et  à  vous  dans  sa 
virginité  intacte.  » 

Cette  mort,  qui  lui  enlevait  le  gardien  et  le 
protecteur  de  sa  virginité,  affligea  profondément 
l'impératrice  ;  mais,  soutenue  par  l'espérance 
de  le  rejoindre  un  joui  dans  le  ciel,  elle  conti- 
nua de  marcher  sous  la  conduite  de  Dieu  et  se 
livra  avec  une  ardeur  toujours  croissante  à  la 
pratique  des  bonnes  ouvres. 

F.I.LE  EHBRASilE   LA    VII  RELICmSK 

Déjà  l'impératrice  avail  épuisé  ses  trésors  et 
son  palriiiioiue  à  fonder  des  évèchés,  k  l>Mir  des 
mouasl'res,  à  orner  i!'  ■  •'-  '■  '  '•  ■';  >  'iLmer  la 
iniséie  des  pauvies;  n.  i  pninl 

à   >"ii   'une   avilie   de     .  ..i     ...lUiit   se 

donner  elle-raènie  à  Dieu  et  embrasser  la  iiau- 
vreté  évaii;;élique.  Lu  10:ii,  l'année  ni.''iiie  lie  la 
moitdc  saint  Henri,  elle  s'''Liiit  vue  d.  .  liarKéc 
du  soin  des  affaires  publiques  par  l'élei  tion  de 
Conrad  le  Salique,  nommé  roi  de  (iemiiiiiie.  Ilien 
ne  -'(-.(iposait  plus  à  raccuuiplissemeiil  de  son 
plus  cher  :  elle  ré>oiut  de  le  mettre  à 
i'>n  en  renonçantau  inonde  d'une  manière 

nulelilielic. 

Au  jour  anniversaire  de  la  mort  de  l'enipereut , 
on    vil   arriver   à  Kaffiinueii    un   iiombie  consi- 
dérable d  évéques,  de  pc-lati)  et  de  seitiieurs.  Us 
étaient  accourus  de  1" 
sur  la  demande  de  I 


habits 

-    ■. é..-  .  .^ mes  à 

"Ifril  sur  l'autel  un  mor- 
de la  nies^i',  ejli' 

,1  .  s.rci  ut   1.1   le  ll'-- 

■    et  ve   revilil   d'une    robe   très 

ar  bniUf.  (|u'olle  arait  fatta  4e 


di 

•M    propre»   iiiuiiis.   On   lui   coupa   ensuite    les 

cheviMix:  .iprès  (Hioi.  rév'-qn-  di-  l'ulerboni  lui 
m. 


lableniuul  u 


.11. 
re» 


Ainsi  l'épouse  d'un  empereur  devint  rrf|K»u»« 
'lu  Chri  •      •  '         -       -  -    i-       >i  -        riu|i«rn- 

..iMt  '  lllle». 

.1),  .„ 


i.  i,ii|.-  lalrii  e  n'i'iil 
pmitfo'p,  "t  biMit<vi 


Sarde   de   manquer    i    'u 
e»   religinuke*  ll<^ii^die- 


ii 


''^al^nient  Inalentatloa  9t 
<:uué|l0Bd<'  travalllkll  dr  «m  mnili*,  et   nulle 


u«-  pouvait  lui  élre  comparée  pour  l'Iiabileté  ù 
coniectionner  les  vtHenieiits  sacrés  (luellc  ornait 
d'or  et  de  pierres  précieuses.  Voici,  du  reste, 
sous  quels  traits  uii  aiiciea  hafjiojiraplie  nous 
dépeint  ses  vertus  pratiquées  daus  le  siluu«e  et 
lobsourilé  du  cloitie  : 

i<  Elle  s'entretenait  avec  son  divin  Epoux  par 
la  prière  ou  par  le  chant  des  psaumes  ;  elle  mul- 
tipliait sers  visites  à  l'église,  ciiercbait  à  se  déro- 
ber à  tous  les  regards  pour  être  seule  avec  Uieu. 
Aimable  dans  son  austérité  et  pleine  de  suave 
réserve  dans  son  enjouemeut,  elle  avait  toujours 
présente  à  la  pensée  la  brièveté  de  cette  vie.  Elle 
trouvait  son  repos  dans  l'oraisou,  et  ne  ména- 
geait point  son  corps,  car  elle  jugeait  inutile  de 
traiter  délicatement  une  chair  destinée  à  deve- 
nir bienti!it  la  nourriture  des  vers;  on  la  voyait 
souvent  lire  ou  écouter  lire  les  autres.  Elle  aimait 
beaucoup  ses  compagnes,  visitait  l'réquemmeiit 
les  maluilos  et  se  prodiguait  pour  aller  porter 
uu.\  pauvres  secours  et  consolation.  " 

PUISSANCE   OU    SIGNE    DE   LA    CROIX 

Dieu  récompensa  la  sainteté  de  sa  servante 
[>ar  plusieurs  éclatants  miracles. 

Enenuit,  Cuné;.'onde,  après  une  longue  et  fer- 
vente prière  suivie  d'une  lecture  pieuse, le  sommeil 
commençant  à  l'accabler,  s'était  jetée  sur  son  lit, 
qui  n'était  qu'une  simple  paillasse  converti;  d'un 
cilice  :  la  religieuse,  qui  avait  coutume  de  lui 
lire  l'Ecriture  Sainte  quelquefois  jusqu'à  l'heure 
de  minuit,  avait  cédé,  elle  aussi,  à  la  fatigue  et 
s'était  endormie,  quand  elle  laissa  tomber  la 
chandelle  qu'elle  tenait  à  la  main.  Le  feu  prit  à 
la  paillasse,  et  le  crépitement  des  flammes  ne 
tarda  pas  à  éveiller  les  autres  Sœurs. 

Elles  poussent  des  cris  d'effroi.  Cunégonde, 
l'veillée  à  son  tour,  se  trouve  environnée  de 
llammes.  bans  ce  pressant  d;inger,  elle  se  tourne 
\ers  Uieu  avec  couiiance,  fait  le  signe  de  la 
i.roix,  et  l'incendie  s'éteint  à  l'instant  :  les 
llammes  n'avaient  point  touché  ses  habits. 

GANT    SUSPENDU    A    UN    RAYON    DE   SOLEIL 

In  autre  jour,  la  Hienheureuse  assistait  au 
Saint  Sacrifice  de  la  messe.  A  l'Otfertoire,  elle 
s'avance,  selon  la  coutume  de  cette  époque,  pour 
présenter  son  offrande  à  l'autel,  enlève  le  gant 
qui  recouvre  sa  main  droite,  et  ne  trouvant  per- 
sonne à  qui  le  remettre,  elle  le  jette,  pour  n'en 
être  point  embarrassée. 

En  ce  moment ,  un  joyeux  rayon  de  soleil 
pénètre  dans  le  sanctuaire  à  travers  les  vitraux 
aux  brillantes  couleurs.  0  merveille  !  le  gant  s'at- 
tache à  ce  rayon  lumineux  et  y  demeure  sus- 
pi'ndu.  C'est  là  que  Cunégonde  le  retrouve  à  son 
retour  et  le  reçoit  comme  des  mains  d'un  servi- 
teur lidéle. 

Le  m<^me  prodige,  fait  remarquer  l'ancien 
biographe,  s'était  opéré  en  faveur  de  saint  lioar, 
qui,  en  présence  de  l'évèque  de  Trêves,  suspen- 
liit  un  jour  son    manteau  à  un  rayon  de  soleil. 

BIENHEUREUSE  MORT 

Cunégonde  passa  ainsi  quinie  années  dans  le 

iiionaslère  de  Kalfungen,  entouré'^  «lu  respect  et 

de  l'amour  de  toutes  les  n-lipiouses  qui  trouvaient 

I  II  elle  un  parfaitmodèle  d'huiiiilit'-,  de  patience, 

de  douceur,  de  détachement  ''t  de  inortiliration. 

A  la  (In,  ses  grandes  austérités  alf.-riblirent  con- 

id'T.iblement  «a  santé  :  elle  tomba  dans  une 

'ite  d<-  langueur,  qui  la  conduisit  rapidement 

m   porte»  de   la  mort. 

Mais  h  mesure  <|ur  ses  forces  diminuaient  au 


dehors,  elle  sentait  croitff  au  deiUuH  lu  vi^rueur 
de  son  ùiw:.  Réduite  à  celte  extr<-mité,  elle  uivu- 
quail  le  si-cours  des  anges,  dont  elle  avait  iuji!,. 
la  vie;  elie  ajipelait  à  son  aide  les  apotrcs  et  le? 
coulesseurs,  dont  elle  avait  toujours j^aid.-.  lu  toi, 
et  sadressant  aux  ïierj,'es  du  Christ,  elle  les^riaii 
de  la  recevoir  dans  leur  corlèue  glorieux. 

A  la  nouvelle  d'î  ceUc  nialailic,  toute  la  ville 
de  Cassel  s'élait  émue  aussi  bien  que  le  nionas- 
lèro  de  Kalluugeu  :  on  craignait  de  perdre  bien- 
lot  ce  trésor  de  sainteté.  Seule,  Cuné^joude  con- 
servait, en  face  de  la  mort,  sa  paisible  sérénité. 
Elle  était  couchée  sur  un  rude  cilice. 

AVL  nioioeiild*  rendre  le  dernier  soupir,  tandis 
quf  l'on  récitait  pour  elle  les  prières  des  ;ii.'oni- 
sants,  elle  s'aperç.ul  que  l'on  préparait  uu  drap 
mortuaire  brodé  d'or  pour  mettre  sur  son  cer- 
cueil. Surprise  de  voir  qu'on  voulait  la  traiter 
comme  uue  impératrice, elle  qui  mourait,  comme 
elle  avait  vécu  depuis  qu'nz.e  uns, en  pauvre  reli- 
gieuse, elle  eu  fut  si  allectée  que  son  visafje  chau- 
gea  de  couleur,  .\yaul  fait  signe  de  la  main,  elle 
dit: 

"  Otezcet  ornement  qui  ne  me  convient  point. 
Lorsque  j'ai  épousé  un  homme  mortel,  j'ai  porté 
de  riches  habits;  mais  le  pauvre  habit  que  j'ai 
maintenant  est  celui  d'une  épouse  de  Jésus- 
Christ;  ne  cherchez  donc  point  d'autres  orue- 
ments  pour  couvrir  mon  corps,  et  enterrez-le  au- 
près de  celui  de  mon  frère  et  de  mon  seigneur, 
l'empereur  Henri,  qui  m'appelle,  je  le  vois.  »  Et 
son  àme  s'envola  vers  le  ciel. 

C'était  le  3  mars  de  l'an  10 10. 

UNIS  DANS  LA  MORT 

Son  corps  fut  transporté  au  milieu  d'une  foule 
immense  jusqu'à  l'église  de  Saint-Pierre  de  Bam- 
berg,où  reposaient  déjà  depuis  seize  ans  les  restes 
vén^'rés  de  son  époux.  Sur  le  parcours,  beaucoup 
de  malades  recouvrèrent  la  santé  au  contact  des 
saintes  reliques. 

A  ces  guérisons  qui  attestaient  la  gloire  dont 
Dieu  avait  couronné  sa  servante  dans  le  ciel, 
il  faut  joindre  un  prodige  non  moins  admi- 
rable mentionné  par  le  biographe  ancien  de 
sainte  Cunégonde  ;1;.  Quandon  ouvritle  tombeau 
de  saint  Henri  pour  y  placer  le  corps  di'  son 
épouse  vierge,  conlorinément  aux  désirs  (ju'clle 
avait  exprimés  de  son  vivant,  il  se  passa  un  fait 
merveilleux  dont  les  témoins  ont  proclamé  la 
vérité.  Ine  voix  se  lit  entendre  qui  disait:  »  0 
vierge,  fais  place  à  une  vierge.  »  Aussitôt  le  corps 
du  chaste  empereur  se  déplaça  de  lui-même 
dans  sa  tombe,  au  grand  étonnement  de  tous  les 
assistants,  et  laissa  un  espace  suflisant  pour 
contenir  celui  de  son  angélique  compagne. 

CULTE  ET  PRODIGES 

Sainte  Cunégonde  fut  canonisée  en  1200  par  le 
pape  Innocent  III,  et  sa  fêle  principale  se  célèbre 
le  :t  mars.  Hamberg  conserve  toujours  |irécieu- 
seinent  ses  reliaues,  du  moins  en  grande  partie. 
Il  s'en  trouve  également  quelques  pan-elles  à 
Vienne,  en  Autriche,  au  monastère  d'.\nderk  en 
Havière,  à  Cologne,  et  à  Lisbonne  en   Portugal. 

Le  grand  nombre  de  miracles  qu'elle  opi-ra 
(luiant  sa  vie  et  après  sa  mort  a  rendu  sa 
iii''moire  chère  aux  peuples  de  la  Cermanie.  On 
ne  compte  i)as  moins  de  trois  morts  rnppeb's  à 
la  vie  par  son  intercession.  Citons,  pour  l'hon- 
iieur  de  Dieu  et  de  saint'-  Cunégonde,  um-  de  ces 
r'-surreclions    merveilleuses,    lin    petit   enfant. 

(I)  Manuscr.  édit.  de  llruxellcs. 


Agé  de  trois  ans,  du  village  de  tlninberg.  t-lail 
tombe  dan?  un  e'tang  boueux  et  y  avait  trouvé  1 1 
mort:  depuis  le  matin  jusqu'au  soir  son  petil 
corps  demeura  enseveli  sous  les  gerbes  de  lin 
qui  trempaient  dans  les  eaux  de  l'étang,  et  ce  ne 
fut  qu'à  la  tombée  de  la  nuit  que  des  femmes, 
l'ayant  aperçu,  le  retirèrent  et  le  rapportèrent 
à  ses  parents  éplorés.  Qu'on  juge  dans  (|uellc 
profonde  douleur  fut  plongi-'e  cette  pauvre  famille! 
Tout-'  la  nuit  se  passa  en  lamentations,  cl  le 
malin,  le  prAtre  du  lieu,  accompapné  d'une  foule 
nombreuse,  vint  procéder  aux  funérailles.  On  ne 
parlait  alors  que  des  prodiges  opérés  par  la 
«ainte  impératrice  Cunégonde.  Le  peuple,  d'une 
commune  voix,  se  mit  à  invoquer  cette  céleste 
protectrice.  Aussitôt  l'enfant  commença  à  remuer 
les  doicls  de  sa  main,  et.  au  bout  d'une  heure, 
devant  In  ioule  frappée  d'étonnement  et  d'admi- 
ration, il  rinenait  à  la  vie.  >■  Ce  prodige,  ajoute 
le  bio^ïraphe  contemporain  des  événements  que 
nous  citons,  je  l'ai  recueilli  des  lèvres  mêmes 


du  prêtre  qui  se  trouvait  là,  revêtu  de  son  étole, 
de  iiuit  soldats  (]ui  vinrent  me  le  raconter  avec 
serment,  tandis  .[ue  le  petit  enfant  lui-même  se 
trouvait  encore  au  milieu  de  la  foule,  témoin  de 
sa  résurrection.  » 


0  Dieu,  parmi  vos  ouvrages  admirables,  il  faut 
compter  cette  vierge  sainte  (Cunégonde  dont  les 
vertus  ont  brillé  d'une  manière  si  excellente 
dans  tous  les  états  de  la  vie  :  vous  l'avei  élevée 
à  une  telle  hauteur  de  sainteté,  qu'elle  a  pu, 
dans  le  mariage,  conserver  la  tleur  de  sa  chasteté 
virginale,  et,  dans  la  viduité,  sous  le  \  •'•lement  de 
la  religion,  devenir  pour  nous  un  exemplaire 
éclatant  de  iierfection;  faites,  nous  vous  t-n  sup- 
plions, qu'elle  obtienne  par  son  intercission  à 
notre  faiblesse  la  force  d'imiter  les  exemples  de 
sa  vie,  elle  dont  nous  voudrions  louer  dignement 
les  mérites.  Par  Jésus-Christ  .Noire-Seigneur. 


hii|>   ■jrniiil  .  t.    l'tiiiint.i'i,    ■•     tir  tr.^iiriii»  I".  r.ii 


SAINT   CASIMIR,    PRINCE    DE     POLOGNE 


Fête  le  4   mars. 


Le  jeune  duc  saint  Casimir  se  plaît  à  distribuer  lui-même  les  aumônes,  et  à  converser 
avec  les  pauvres,  malgré  les  railleries  des  seigneurs. 


NAISSANCE  DE  SAINT   CASIMlh 

La  viPKinité,  fleur  très  délicate,  ne  se  trouve 
rjinairemeni  pas  dans  les  cours  des  prinres, 
u  la  corruplioii  se  plisse  fort  aisément;  nôan- 
riioin'jelle  n"y  est  pas  si  rare  que  Ton  n'en  puisse 
rf;marquer  plusieurs  exemples  dans  riiistoireil"-- 
saints.  Nous  en  voyons  de  très  excellents  dans 
l's  jiersonnes  sacrées  de  sainte  Cunéyonde,  itnpé- 
latric'.'.et  de  son  chaste  époux,  saint  Henri.  Saint 
IMou.ird  a  brillé  comme  un  lys  sur  le  trône  d"An- 
flelf-ire. 

Saint  Casimir,  dont  on  va  lire  l'histoire,  nous 
apprendra,  à  son  tour,  comment  l'éclat  de  la 
pureté  peut  s'allier  à  celui  des  grandeurs  liu- 
inaiiies. 

(;e  prince  vint  au  monde  le  H  octobre  de  l'an 
1 1."«><.  Il  était  le  second  fils  d"  Casimir  III.  roi  de 
l''l'  eue  et  ^rand  duc  de  Litliiianie.  Sa  mère, 
Lli-ili<-th  d'.\ulrii-lie,  est  appelée  par  Martin 
riir.itri'T.  •■•ir.]iic  de  Wamerland,  "  très  sainte 
.1  Iri-s  T'Ii-'icu"""  princesse    ■. 

I.a  pi'Mise  rcinme  reconnut  liient<H  que  cet 
'  lifaril  l'I.iil  pr''i|psliiii',  fl  inil  un   «"in  niprvpil- 


leux  de  le  faire  instruire  et  élever  dans  la  craintu 
et  dans  l'amour  de  Dieu. 

Casimir  avait  six  frères  et  six  sœurs.  Celles-ci 
furent  mariées  dans  les  maisons  de  Saxe,  de 
Bavière  et  Je  Brandebour;.'.  l.'aîné  de  ses  frères 
fut  élu  roi  de  Hongrie  et  dé  Bohi^me,  trois  autres 
furent  successivement  rois  di>  Polo;.'ne;le  dernier 
fut  cardinal  archevêque  de  iiuesen  et  évoque  de 
Cracovie.  Casimir  renonça  à  tous  les  h'inneurs 
et  dignités  de  cette  terre,  et  chercjia  à  paraître 
petit  devant  les  hommes,  afin  de  jouir  d'une  plus 
grande  gloire  dans  les  cieux. 

SFS  PROGRÈS  DANS    LA    SClBr\i-.F.  BT  DAN*  I.A    VF.BTU 

[.heureux  naturel  de  Crisimir  ne  laissa  presque 
rien  à  faire  à  l'éducalion,  et  son  esprit  vif  et 
pi'iiètrant  lui  permit  de  réaliser,  en  peu  de 
temps,  de  trës  grands  progrès  dans  la  scieni  ". 
Il  en  fit  de  plus  prnmpts  et  de  plus  surprenants 
l'nrore  dans  les  vertus  surnaturelles.  Il  est  dil- 
(icile  d'imaginer  en  un  jeune  prince  plusd'in- 
iim-enre,   plus  de  modestie  et  plus  de  méiil'  -. 

Prévenu  Je  la  grâce  et  des  bénédictions  du 
'■•■i'-'upur.  il  iL'nora,  pendant  toute  sa  vio,  !■'  ii^m 


204 


même  du  vice.  L'éclat  de  sa  famille,  l'une  des 
plu5  illuslres  de  rKurope,  ne  put  jamais  arrêter 
ses  regards,  liien  loin  de  rt-bloiiir.  Fil<  et  fi^fc 
de  rois,  élu  lui-mi*me  roi  de  Hi«n;.'rie,  il  u"i  stima 
jamais  que  lauiLiiste  qualité  de  i-itoyen  du  ciel. 
Dès  ses  premières  auiiées,  il  niépri'^a  les  plai- 
sirs, les  divertissements  et  les  délicilesses  que 
les  mitres  enl'anls  recln^rclipiit  avec  passion. 

S.^  [ilaisirs  les  plus  doux  liaient  de  passer 
plii'i"Ur5  heure»  de  snile  nu  pied  des  autels  et 
de  faire  la  rnur  A  Jé<!ii  =  -i!liri't,  le  Roi  des  mis. 

ninnd  «et  pmne ini  iirs  lui  représentaient  qu'il 
r  m  de  se    divcrlir.il   répondait   acréa- 

1  iiil    Irniivdil    dans   résiliée,  auprès  du 

diïin  M.iliii'.  '  ■i'sements  de  la  prome- 

nade, tlii  jru  1  '  ve. 

'.■lire  frêle  ri  d'Iii'at, 

'  i|>lliip«   fréi|U''iiti*». 

ni  i>«  iMiii-  fiiiières  sur  ladure. 

I  porte  des  églises  où  il  priait  le 

t.  l.^rre. 


Il  I. 
>ar 


? 

M 

M-.i 

*  L'aGS    Dt  TAtlU  AMS,   IL  B»T  tl.V  ROI    DR  nOMGRIE 

SOI  ritaS  Lt  MRT    A    LA    TK.nS    o'cNK  ARUif. 

les  Honiîrois,  mécontent»  de  Matthias,  leur  roi, 
voulurent  le  remplacer  par  le  jeune  (."."(^iiiiir  de 
l'oli.jne.  en  1741;  il»  envoyèrent,  à  re  sujet,  une 
d''jiiiialion  au  roi  de  Pologne,  son  père.  Le 
ptiu.  e,  qui  n'avait  pas  enrorê  Ircinn  ans  arcom- 

fili»,  eiM  bien  désiré  rel\l«er  la  couronne  qu'on 
ui  oITrail  ;  mais,  par  eomplai»ance  pour  son 
père,  il  partit  à  la  léle  d'une  armée,  atln  de  sou-- 
tenir  le  droit  de  «'«n  élei  lion.  Ettiul  arrivé  sur 
!'■■■■  'lue  .Mal- 

'  -,  et  que. 

ti  .tu  M  MI  ^.le  ji  ii'i-  'i  \  '<"  i  i  s  •t.ii  I  .;  ■  •"  *"'  veur 

du    souverain    ilétr''iné,  et    avait  une 

amli-^a.l'-  au  i.m  .le  I»olo;^iie,  j>..ui  im  faire 
al'  l'iliiniuT  son  inlreprise. 

I.  nies   <os  circonstances    réunies   d'^"""  ' -il 
on<'  joie  secrète  au  jeune  priiic-e.  Il  d' 
»oii  père  la   permis-ion   de  revenir  sui  ,  i-, 

•  •-  lui  ne  lui  fut  que  très  diflicijement  arrnr.lé; 
iii  II-,  pour  ne  pas  aiisincntcr  le  chagrin  que  le 
.itin  (Casimir  ie«eniail  d'avoir  vu  échouer  ses 
.b  --■■MIS.  le  jeune  prini-e  évita  d'abord  de  paraître 

il     i  présence.  Au  lieu  d'aller  direclemeiilàl>a- 
.  il  se  retira  a  IloliJii,  qui  eu  est  k  quelque 

■  Il  '   lice,  et  y  passa  trois  mois  dans  la  pratique 

■  1  iiii^^  austère  péiiiinncp. 

.    Ayant  1  '    -.uilerin^    '         '    l'ex- 

n^dilion  i|  d'eiilrei  iitre 

le  r^.i  ,1-   i 
c  ii'lie  à 

les      Holl^IlM-.,     'l      I    »    l.l      Ill.4ltl''    I"—     ^■illll    li(lMl*ll-     fi 

les  ordre»  réitérés  du  roi  son  (>ire. 


k   D<T0TfO> 

La  dévotion 

iii\-l--i.   .!•   1  .  1 


vue.   I. 
■  le?  loin  : 


•Honi  tT  AU 

•    piwr  le 

.1    J'--us- 


.   le 
cet 


Pien  souvent,  on  le  rencontrait,  de  très  grand 
matin,  aux  porte>  des  églises,  allendaut  patiem- 
ment, el  en  prières,  qu'on  vint  outrir,  allii  de 
pouvoir  assister  à  toulus  les  messes  qui  s'y  célé- 
breraient. 

r.OIIIIE.\T    IL    AIM.MT    LA    TRÈS   S.M.NTE    VIERGE 

Il  n'est  pas  de  prédestiné  qui  n'ait  eu  une 
grande  dévotion  à  la  Très  Sainte  Vierge.  Celle 
qu'il  porta  toute  sa  vie  à  celle  Iteine démanges,  fut 
extraordinaire.  Il  ne  l'appelait  que  sa  bonne  Mère 
et  n'en  parlait  qu'avec  une  extrême  tendresse  et 
dans  les  terme*  les  plus  arTeclueiix  el  le*  nlus 
capables  d'exprimer  smi  resoect  el  »on  arucnt 
amour.  Pour  »Rti'-l'Bire  sa  piété  envers  celle  bonne 
Mère,  il  compo«a  en  «on  honneur  une  hymne 
latine,  pleine  di>s  pieux  »entimenU  qui  débor- 
daient de  son  Ame.  Mlle  commence  ainsi  : 


M 
l 


.«la 


"  Chaque  jour.  <s  mon  àme,  rends  tes  hommages 
fc  Marie,  so1enni«e  ses  fêtes,  céb'bre  ses  vertu» 
éclatantes.  » 

Non  content  de  réciter  lous  les  jours   cette 
hymne  en  forme  d'ornison,  il  voulut  encore  être 
enterré  avec  elle,  et  on  la  trouva  cent  vin^.'t  ans 
apri's  sa  mort,  aupK-s  de  ses  reliques,  d  t 
tombeau. 

SA    PCntlT^  VIR6IHALR 

La  pureté  et  l.-i     '      '   ■'    '     ■"      -    •nr.le 

Marie,  lurent,  d^  I 

et  tout    ani'éli(|U'--.    ei   en-     ;..ii  ,11--  ueni   :,.    nùllll- 

rablemeiil  en  se-  action»,  qu'elles  rendaient 
chastes  el  continents  ceux  ipii  ronveniaient  avec 
lui.  Mais  il  prit  un  soin  extrême  de  If^  conserver 

inviolaMi'-   iliit.inl    ImMI    Ir   Nmi!.,^  it>-    «.t    \ie. 

Non 
huiniip 

un  miroir  «le  chasieie.  son  àin 
avait  épousé  Jé-us-Clirist,  et  c  ■ 
Epoux  que  se  diri;;eaieiil  toutes  ,e>  .ill< 

"■      ■    -   '-  '     !   '•     ir-'iiiité,  il  prèfii.i  la  mort, 
coiiiiiie  la  plus  ter 


■ore  les 
>  omme 
'I  pure 

■  e  divin 

lions. 


Ju  momie,  à  l.l  «ani* 

une   h' I 
-  qui  lui  ! 

III  '  I    -■  ■  ,iiiii''ei 

I  -  le  rui,  son 


Etant  mala'le  ri  I 
t^uc  les  boie 
nble  de  toi. 
et  à  la  vie, 
lance  les  av  < 
de  perdre  la  v  irpitm^   p. 
et  se  uicltrc  eu  état  de 
père. 

SA    «ElItXl't    CT   SKS    ACTRI»   VKUTOS   AnimARL«!> 

Saint  Casimir  est  parliculièremeiil  loué  pour 
avoir  été  rerni.iiii  nu,-  A,-  Il  111.  Il,,  iti,  o.  e(  très 
modeste  el  i 

Il  ne  pari  ;.:  .  'niliers, 

des  faute»  du    j  I    des   II 

.r,'iiitr  li .     mii  .  ■'■■  -     a"  i 


lu  ticc  tl  i! 
Il  avait  d. 
.lt  Mir  l.i 
10'!   \%nr 


i<f)Oiin>mén«  <)nand  il  «Vn- 


satisfactions  terrestres, les  troubles  elles  remords 
les  tourmentent  continuellement,  et  les  supplices 
qui  les  attendent  seront  éternels.  » 

Le  palais  de  notre  Saint  ëtiiit  un  lieu  de  dévo- 
tion et  comme  un  temple  ou  l'on  ne  faisait  que 
prier  Dieu.  En  elîet,  l'oraison  y  était  aussi  par- 
faitement pratiquée  que  dans  les  monastères  et 
les  maisons  religieuses  les  plus  austères  et  les 
plus  réformées.  Tous  ses  serviteurs  étaient,  à 
son  exemple,  si  pleins  de  bonté  que  lorsqu'ils 
étaient  à  la  cour  du  roi  de  Pologne  ou  à  celle  de 
Ladislas,  roi  de  Hongrie,  on  connaissait  plutôt 
ceu.î  qui  étaient  de  sa  maison  par  l'exercice 
des  vertus  extraordinaires  qu'ils  pratiquaient, 
que  par  ses  couleurs  et  «es  livrées. 

Son  zèle  pour  la  religion  catholique  répondait 
à  sa  haute  piété.  Il  empiny*  tout  son  pouvoir  à 
extirper  le  schisme  des  flusses,  et  porta  le  roi, 
son  père,  à  enlever  aux  sectaires  les  églises  dont 
ils  s'étaient  emparés.  H  empêcha  qu'on  ne  rendit 
aux  schismatiques  celles  qu'on  leur  avait  Olées. 

Ce  7,éle  de  procurer  la  ^jloire  de  Dieu  était 
accompagné  d'une  charité  inaltérable  pour  le 
prochain,  et  surtout  pour  les  pauvres.  On  eut 
beau  lui  représeuler  maintes  fois  qu'il  abaissait 
son  rang  et  sa  personne  en  se  livrant,  sans  dis- 
tinction,  à  toutes  les  ipuvres  de  charité.  «  Rien 
ne  fait  plus  d'honneur  aux  grands,  répondait-il, 
rien  n'est  plus  diune  du  haut  ran;;  que  tiennent 
les  princes,  que  d'honorer  Jésus-Christ  dans  la 
personne  des  pauvres.  Je  mets  toute  ma  gloire 
a  servir  le  pauvre  le  plus  abject.  » 

Les  veuves  et  les  or[iheiins  de  ses  terres 
étaient  particulièrement  l'objet  de  ses  libéralités 
et  des  plus  tendres  affections  de  son  cœur.  Aussi 
a-t-il  mérité,  par  cette  vertu,  le  beau  surnom  de 
Pcre  et  défenseur  des  pauvres  et  des  miswabUs. 

IIORT  DB  SAIXT  CAiiHIin 

Casimir,  ayant  mené  une  vie  si  pure,  si  ver- 
tueuse, si  innocente,  ne  devait  pas  rester  lon;;- 
temps  sur  la  terre.  Celait  un  fruit  mùr  pour  le 
ciel,  et  le  monde  a'élait  pas  digne  de  le  posséder. 


Une  fièvre  lente  lui  donna  tout  le  loisir  de  se 
disposer  à  la  mort  qu'il  voyait  arriver  sans  aucun 
trouble. 

Dieu  lui  fit  la  pràce  de  lui  révéler  le  jour  et 
l'heure  de  son  départ  pour  l'autre  vie.  Ce  fut 
le  4  mars  de  l'au  1483.  Il  avait  atteint  sa  vingt- 
cinquième  année. 

.\près  avoir  reçu  avec  une  grande  ferveur  le 
saint  Viatique,  en  présence  de  plusieurs  prêtres 
et  relii-'ieux  qu'il  chérissait  et  honorait  extrê- 
mement, il  rendit  doucement  sa  belle  âme  à 
Dieu. 

Son  corps  fut  porté  avec  une  pompe  funèbre 
tout  à  fait  royale  à  l'éijlise  cathédrale  de  Welmes, 
capitale  de  son  duché,  où  il  reçut  les  honneurs 
de  la  sépulture. 

MERVEILLES   OPÉRÉES  SUR   SON  TOMBEAU  —  SON    CULTE 

Quelque  temps  après  sa  mort,  le  grand  duc 
de  Moscovie  entra  avec  une  puissante  armée 
dans  la  Lithuanie.  D'abord,  le  de'sordre  et  la 
confusion  se  mirent  parmi  le  peuple  ;  mais,  ayant 
eu  recours  au  ciel,  ils  ûrent  un  vœu  au  tombeau 
de  leur  saint  duc,  et,  peu  de  jours  après,  une 
petite  troupe  de  Lithuaniens  tailla  en  pièces 
l'armée  des  Moscovites;  ce  qui  ne  se  fit  pas  sans 
miracle,  car  le  Saint  parut  dans  les  airs,  au  plus 
fort  de  la  mêlée,  combattant  pour  ses  sujets 
contre  les  schismatiques  envahisseurs. 

Plusieurs  personnes  atteintes  de  diverses  mala- 
dies ont  obtenu,  à  son  tombeau,  une  parfaite 
guérison. 

Une  jeune  fille  nommée  Ursule ,  qui  était 
décédée  à  Vilna,  ayant  été  porte'e  par  sos  parents 
au  tombeau  de  saint  Casimir,  recouvra  la  vie 
devant  une  grande  multitude,  et  elle  vécut  encore 
plusieurs  années. 

Ces  miracles  et  un  grand  nombre  d'autres 
semblables  portèrent  le  pape  Léon  X  à  le  décla- 
rer Bienheureux  surlcs  insUinces  de  Sigismond  \  , 
roi  de  Pologne,  et,  depuis,  le  pape  Paul  V  a  com- 
mandé de  célébrer  sa  mémoire  dans  toute  l'Eglise. 


SAINT  GUENNOLË  OU  GUINGALOIS 

ABBÉ  DE  L.\NDÉVENNEC 


Ffte   In   .î    mars. 


Saint  fiucnnnié  on  Gninerilois,  et  par  abrévia- 
tion V.iloy  (du  Inlin  Winwaloens),  n'est  plus 
^mére  ronnn  en  dph^r';  >lu  pays  de  Qnimper  et 
d<"  Brest,  mai"  il  n'rn  était  point  ainsi  autrefois. 
On  l'honorait  alnr»  cimmo  le  palriarrhe  de  la 
vie  monastique  dans  l.i  llnl.iciii^  française;  sa 
fi5|e  et  son  p.itronat'e  s'éti-nilaient  à  beaucoup 
H*-  lieni  divers  rt  mlimt  à  plusieurs  provinces. 
!.'>•-  m'Tvnillps  dnnl  su  vio  «■•■l  r»>mplit'  lui  don- 
nant, d  iilleurs.  plus  d'un  Irait  de  ressemblance 
-IV..'  M■'l^e  et  plusieurs  des  plus  grands  «.aints 
.|.  1,1  N'Mivelle  Alliance.  Voici  une  légère  esquisse 
rie  relte  belle  vie  : 

r.ueiinoli'.  n.iqiiil  vers  !.•  milieu  du  V  siècle,  h 


Plonfrayan,  dans  les  environs  de  Saint-Wrienc, 
mais  son  père  et  sa  mère  étaient  originaires  de 
l'île  de  Rrel.icne  et  du  pays  de  fl.illes.  L'édnca- 
linn  du  petit  (luennolé  fut  cnnllée  à  saint  Budnr, 
qui  tenait  éeole  dès  relie  l'.poque  rernlé^  d.ui' 
l'île  des  Lauriers,  aiij.iurd'liui  tie  ViTle,  tout 
près  de  notre  \ill''  aiMuelle  de  Paimpol.  (incnnol'' 
resta  jnsqu'.i  l'iU'e  de  vingt  ou  vinsl-cinq  aii' 
son»  la  discipline  d'un  «i  excellent  maiire.  H  il 
y  fît  lc«  nln*  :.'rands  procrès  dans  le?  lettre-. 
cliviiip«  et  liumaines,  comme  aussi  dans  la  soicii. 
ile«  «ainis.  Il  était  dès  lors»!  humble,  «i  morlili  . 
•ii  adonné  h  la  prière,  que  Dieu,  en  releur,  com- 
mença A  le  favoriser  du  don  des  niir  icles.  Ainsi, 


il  remit  un  jour  en  son  lieu  et  place  un  œil  qui 
en  avait  ôt^  arraché  par  un  triste  accident,  l'iie 
autre  foi',  il  guérit,  par  un  simple  sii^ne  de  Croix, 
la  jarahe  brisée  d'un  de  ses  condisciples.  l'Iu? 
lard,  il  rendit  à  la  santé  et  à  la  vie  l'écuyer  Maêl. 
Voici  dans  quelles  circonstances  : 

Ce  malheureux  avait  fait  une  chute  si  effroyable 
dans  une  course  de  chevaux,  que  tous  ses  membres 
en  furent  comme  brisés  et  broyés.  Quand  on  le 
releva,  il  ne  donnait  plus  sif;ne  de  vie:  mais 
Cueiinolé  se  trouvait  h  p'Mi  de  distance.  On  le  lit 
venir.  Il  pria  pour  ce  malheureux  avec  une  fer- 
veur extraordin  liie.  aprcs  ipioi,  il  lui  commanda, 
au  nom  de  Jésu'-Cluist.  de  se  relever,  et  de 
reprendre  vie.  (>r.  à  l'instant  même,  ô  merveill*" 
lie  la  puissance  divine  I  on  vit  Maél  se  redresser 
sur  ses  pieds,  ri  regagner  sa  maison  plein  de 
force  et  de  santé  comme  s'il  n'était  survenu 
aucun  accident. 

Ce  fut  vers  ce  temps  que  Gaennolé  forma  le 
projet  d'.ibandonner  son  pays  cl  de  se  rendre  rn 
Irlande  alin  de  profiter  des  e\iniples  et  des  leçons 
du  f.'rand  saint  Patrice  pour  f.iire  do  plus  firands 
progrès  dans  le^  voies  de  la  ])erreclion.  Mais 
TapAlre  de  l'Irlande  lui  a|)parul  en  son^e  et  le 
dissuada  de  son  dessein  en  lui  annonçant  que 
Dieu  avait  d'autres  vues  sur  lui,  el  qu'i)  le  ren- 
drait père  d'une  nombreuse  postérité  spiriluelle. 
En  conséijuence  des  ordres  reçus,  (ïuennolé 
quitta  son  maître  et  l'île  des  Lauriers,  traversa 
la  Iioinnonée  et  la  (^ornouailles,  et  vint  établir  sa 
tente  avec  onie  compagnons  sur  l'île  solitaire  de 
Tibidy,  en  fa'-e  de  CliAleaulin.  Ils  s'y  construi- 
sirent un  oratoire  et  quelques  cabanes  de  bran- 
chages; mais,  quelque  envie  qu'ils  eussent  de  se 
vouer  à  une  vie  d'au«térilé  et  de  pénitence, 
l'ftpreté  du  climat  de  Tibidy  et  la  riyueur  des 
vents  d'Ouesl,  (pii  y  soufllent  avec  une  violence 
extrême,  les  forcèrent,  au  boni  de  trois  années,  à 
aller  chercher  ailleurs  un  abii  i>lu<  hospitalier. 

Leur  sortie  fui  d'ailleurs  si^inaleeiiar  un  miracle 
d'un  tel  éclat  nu'il  prouva  maniffslement  que 
Dieu  était  avec  (^nennolé  et  qu'il  avait  son  dessein 
pour  airréable.  (ïuennolé,  nouveau  Mojse,  com- 
manda à  la  mer  de  leur  ouvrir  un  passa:.'e  ;\ 
pied  sec  ù  lui  et  ù  ses  Frères.  La  mer  obéit, 
tiuennolé  et  ses  Frères  vinrent  aborder  à  Landé- 
vennec,  vi'-ril.ible  terre  promise  abritée  contre 
les  \cnts  d'Ouesl  par  des  cAleaux  boisés,  el  favo- 
risée d'ufie  température  presque  toujours  chaude 
el  printaniùre.  C'était  le  séjour  béni  que  l)i>'n 
leur  avait  préparé,  c'est  \ti  qn'ds  devaient  plant'M-, 
Pn  quelque  sorte,  l'arbri'  lii-  la  vie  monastique, 
cet  arbre  dont  les  rameaux  inultiples  n'allaient 
na-  l.irder  .'i  s'étendre  au  li>in  et  à  couvrir  toute 
la  llrela;îiii'  de  |.>ur  nmliraL'c  >ialutaire. 

liuennolè  ne  i|iiitia  plus  ilésr)rmais  cet  asile  de 
paix.  Il  y  passa  les  70  "U  KO  drrnieres  années  de 
sa  vie,  entouré  de  si-s  enfants  spirituels,  (|ui 
il'xenaienl  de  jour  en  jour  plus  nombreux,  don- 
ij  iht  dans  loute  sa  per'onm-  le  nioilide  du  reli- 
L'i'iix  le  plus  inortitlé,  le  plu>  ad'inn  -  à  la  prière, 
<Jii  I  '-rc  de  familltt  le  plus  .il taché  u  tous  km 
il.  I  liii'ii  II  rivi.riH.i  du  di'ii  iT^  miracles  à 
I.  i"  le»  avi  !«>ileiix, 

I  lient  d'un'  n  d'une 

II  .  n'avnienl  qu  nier 
.1                                         prit   d"-   foi  di  .                   i  imc 

1  de  lui  iin<-  Minlé 

I' .  maux  dont  iU  souf- 


fraient. Le  roi  breton  du  pays,  le  lélèbri^  iiiallon, 
vint  lui-même  à  Landévennec,  attiré  par  la  haute 
réputation  du  serviteur  de  Jésus-C'hrist,  se  pros- 
ti'ina  à  ses  pieds,  implora  ses  conseils,  et  en 
reçut  de  si  salutaires  avis,  que,  depuis  lors,  sa 
vie  fut  celle  d'un  roi  selon  le'  coeur  de  Dieu, 
d'un  nouveau  roi  David. 

La  mort  de  (ùiennolé  fut,  comme  sa  vie.  en- 
tourée des  cire. instances  les  plus  mémorable^. 

Un  anf^e  descendit  du  ciel  tout  brillant  de 
lumière  pour  le  convier  aux  joies  céle-ites,  et  lui 
annoncer  le  jour  et  l'heure  de  son  bienheureux 
trépas.  (Vest  pourquoi  le  Saint,  réunissant  alors 
autour  de  lui  tous  ses  enfants,  leur  donna  ses 
derniers  avis,  et  voulut  recevoir  en  leur  présence 
les  derniers  sacrement",  bien  qu'il  ne  ressentit 
d'autre  inlirmité  <iui'  celle  de  son  ftge  avancé. 
A  cet  effet,  il  revêtit  lui-même  les  ornements 
sacrés,  célébra  la  Sainte  Messe  en  présence  de 
toute  sa  famille  réunie,  et  reçut  en  viatique, 
mais  de  ses  propres  mains,  le  Corps  el  le  San;; 
de  Jésus-Clirisl.  La  messe  linie,  on  le  vit  avec 
admiration  demeurer  debout  drvani  l'autel,  les 
bras  élevés  en  croix,  et  continuer  à  psalmodier 
avec  les  Frères,  jusqu'à  l'arrivée  d'une  troupe 
d'anpes  qui  recueillirent  son  Ame  el  l'emportè- 
rent dans  les  parvis  du  ciel.  On  était  au  mercredi 
de  la  première  semaine  de  Carême  (.3  mars  ;>40 
ou  550). 

l^  corps  du  saint  abbé  fut  enterré  dans  son 
monastère  de  Landévennec,  et  s'y  conserva, 
entouré  de  la  vénération  universelle,  jusqu'à 
l'époque  des  invasions  normandes.  .\  celte  dali', 
et  iirobablement  vers  le  conimencement  du 
X'  siècle,  comme  il  fallait  à  tout  prix  mettre  en 
lieu  de  sûreté  un  si  préi-ieux  dèptM,  l'évènue  de 
tjuimper  et  l'abbé  de  Ijindévenner  ne  voulurent 
confier  à  nul  autre  ce  soin  pieux,  tant  était  pro- 
fonde la  vénération  qui  s'.iltuchait  au  fondateur 
de  l^indévennec.  Ces  deux  personna:;es  prirent 
donc  la  roule  de  la  France,  emportant  avec  eux 
le  corps  presque  entier  du  Saint  el,  de  plus,  su 
chasuble,  son  aube,  son  étole,  sa  clochette,  et 
enlin  le  livre  de  sa  vie,  récemment  composé  par 
W  rdislen,  l'un  de  ses  derniers  successeurs  dans 
son  abbaye.  Ils  s'arrêtèrent  (juelque  temi>s  au 
.Mans,  el  v  laissèrent  une  portion  si  notable  des 
saintes  reliques  qu'on  en  fit  ensuite  trois  parts, 
savoir  :  celle  qui,  conllée  au  seipneur  llaymet,  a 
donné  lieu  h  la  fondation  du  prieuré  et  de  la 
ville  du  Ch:Ueau-dii-Loir  (palnm  saint  Cuiiii-a- 
lois),  celle  de  Saint-Laud  d'Anf;ers,  celle  de  Saint- 
Sarya  d'Anaers. 

Nos  voyageurs  reprirent  ensuite  leur  route, 
probablement  à  l'occasion  d'une  nouvelle  inva- 
sion de  Normands,  et  vinrent  drmander  asile  nu 
pieux  llel]^''in<l,  comti-  <le  Pontlni'u.  Ce  sei- 
fineur,  qui  avait  la  noble  ambition  de  grouper 
autour  de  son  cliAleau  le  plus  de  corps  saints 
qu'il  pouvait,  fil  le  meilleur  accueil  à  celui  de 
saint  iiiii-niiolé  el  le  mil  en  dépAi  à  Monlreuil- 
siir-.Mrr,  dans  l'abbaye  di-  ■•.iliii-^  une. 

Le  bienheureux  abbé  y  il  .Irtt,  sou»  le 

nom  du  Valloy,  l'un  de»   '  plus  popu- 

laires de  cette  partie  de  la  Kranc<'. 


Kxlrail  de»   BolliindliitP<  et   de  la  tic    Ulino  du 
.s.iint  par  Wrdlsten,  abb4   de   L«nd<'Trnner   au   ix' 

>i'cle. 


\tiip. ■yi'ranl,  rcriTUKiKi,  b,  nie  KraU'.ui'  I",  l'an». 


SAINT    .IEA\-JOSEPH    DE    LA    CROIX 


Fête  le  5   mari 


Apparition   do   l'Enfant   Jésus    à    saint    Jean-Joseph   de    U   Croix. 


V,i 


1 


SAISSAN'CE    DE    SAIM   JEAN-JOSEPH    SON  ENFANCE 

Saint  Jean-Josppli  do  la  Croix  naquit  dans  l'île 
d'Ischia,  le  jour  Je  l'Assomption  de  l'an  1654;  il 
reçnt  au  bapti^ine  le  nom  de  Charles  Cajelan.  Sa 
famille,  d'une  grande  noblesse,  se  distinguait  sur- 
tout par  sa  piété  extraordinaire  ;  son  pore  s'ap- 
pelait don  Joseph  Calosinlo,  et  sa  mère  doua 
Laura  (îarf,'uilo.  Ils  eurent  le  bonheur  de  voir 
cini]  de  leurs  enfants  se  consacrer  à  Dieu;  Charles 
Cajetan  les  d<?passa  tous  par  ses  héroïques  vertus 
et  son  éclatante  sainteté. 

Dès  son  eiilance,  il  aimait  la  retraite,  le  silence, 
la  prière;  il  fuyait  les  jeux  de  ses  frères  et  de 
ses  compagnon^;  il  consacrait  le  temps  de  ses 
récréations  à  visiter  les  é;;lises  et  à  y  prier  avec 
une  prande  ferveur.  Il  avait  un  culte  tout  parti- 
culier pour  .Mdiie,  à  laquelle  il  dressa  uu  petit 
autel  dans  sa  chambre;  il  récitait  chaque  jour 
l'office  de  la  .Mère  de  Dieu,  et  Jeûnait  au  pain  et 
à  l'eau  tous  les  samedis  et  aux  vi;;iles  de  ses 
fêtes.  Il  aimait  aussi  d'un  amour  ardent  les 
pauvres,  sachant  que  le  bien  i|u'oii  leur  fait, 
Jésus-Christ  le  regarde  comme  fait  a  lui-même  ; 
et,  malgré  le  rang  élevé  de  sa  famille,  il  travail- 
lait de  ses  mains  et  distribuait  aux  pauvres  le 
fruit  de  son  lal)eur.  Il  s'appliiiuait  à  la  mortifi- 
cation et  4  la  patience.  Souflleté  un  jour  par 
un  de  ses  frères,  Charles  se  )eta  à  f^enoux  dans 
la  boue  et  récita  le  Pater  pour  celui  qui  l'avait 
frappé. 

COMMENT    IL   SE   DPCTDE    A    ENTRER 
C.nrj,  LES   BF.Lir.lEL'X    DE    SAI.NT  PIERRE    D'aLCANTABA 

A  peine  ft^'é  de  dix-sept  ans,  il  voulait  se  con- 
sacrer tout  entier  à  Dieu  dans  une  vie  austère; 
mais  il  hésitait  entre  les  trois  Ordres  les  plus 
sévères  des  Chartreux,  des  Minimes  ou  des  Frères 
Mineurs  de  S.iinl-l'icire  d'Alcantara. 

.\près  avoir  fait  une  neuvaine  très  fervente  au 
.Saint-Esprit,  afin  il'obtenir  les  lumières  dont  il 
avait  besoin,  il  arriva  aue  Jean  de  Saint-Bernard, 
l'ranciscaiii  d«'chaus'-e  de  la  réforme  de  Saint- 
l'ierre  d'Alcantara,  vi'uu  d'EspaRneen  Halie  pour 
y  établir  ce  nouvel  Ordre,  vint  à  Ischia.  Ses  vertus, 
la  sainteté  de  ses  discours,  son  habit  austère 
tr.iiisporlèreiil  d'admiration  Charles  Cajetan  qui, 
il  -iTinais,  n'eut  plus  de  doute  sur  sa  vocation. 
.■^.uis  tarder  il.ivaiitaue,  il  quitta  sa  famille  et  se 
rendit  à  Naple»  au  couvent  de  Sainte-Lucie-au- 
Mr>nl,  où  il  sollicita  avec  ardeur  son  admission 
Jaii»  l'Ordre. 

Après  neuf  mois  d'épreuve,  il  put  commencer 
son  noviciat,  et  quelques  jours  après,  il  reçut 
l'habit,  le  seul  qu'il  porta  pendant  les  soixaiiti'- 
qiiatre  ans  qu'il  vécut  en  religion.  Ce  fut  alors 
qu'il  ch.iiuea  son  nom  en  celui  île  Jean-Joseph  de 
la  Croix;  il  prit  le  nom  de  Jean,  parce  que  l'on 

'  -brait  le  lendemain  l.i  f''lc  ib-  «aint  Jenn-llap- 


lisle  ;celuide Jo- 
pour  ce  ■^aiiit,  il 
il'  iotmii    en» ers  U    , 
^■'ll  triiip^  de  nov . 

I 


de  son  amour 

il  rnii'e  de  sa 

■  i:.iiour. 

irs  plus 

DU?  1'..-  Jours  au 

portail  avec  lui. 


I 

d.u. 


•itlii    I- I 


<l  A- 


IL  EST  cmi*ai  nu  roMMii  tt  coctext 

I  M  s 

A  pein'  1    lAme  aiin''e, 


]  que  ses  supérieurs,  convaincus  de  sa  f;rande 
sainteté,  l'envoyèrent  pour  dirij;er  l'érection 
d'un  couvent  à  l'iediraonte  d'Alila  (le  monastère 
d'Afila)  au  pied  de  r.Vpennin.  C'était  une  cliarse 
très  difficile;  mais,  avec  la  {jràce  de  Dieu,  il  s'en 
acquitta  avec  beaucoup  de  succès.  Il  fil  h;Uer  la 
construction  du  couvent,  pendant  la()uelle  il 
aidait  lui-même  les  maçons,  portant  sur  ses 
épaules  des  pierres  et  du  mortier.  Le  monastère 
achevé,  il  lit  régner  parmi  ses  reli;:ieux  un  grand 
silence  et  un  profond  recueillement.  Il  lit  égale- 
ment observer  rigoureusement  la  rè^le  et  vou- 
lut que  celle  maison,  la  première  de  cet  Ordre 
établie  en  Italie,  non  seulement  rivalisât  avec 
celle  de  Pedroso,  établie  dans  la  provinre  d'Ks- 
tramndure  en  Espagne,  par  saint  Pierre  d'.Vlcan- 
lara,  mais  qu'elle  I  emportât  sur  elle  par  la  sévé- 
rité de  la  règle.  Son  zele  fut  récompensé  par 
une  preraièie  extase,  où  ses  frères  le  virent 
dans  la  chapelle  élevé  de  terre  et  touchant  le 
plafond  de  la  tète. 

Il  se  vil  obligé,  par  obéissance,  à  son  grand 
regret,  de  recevoir  la  prèlrise  et  de  se  livrer 
à  l'exercice  du  saint  ministère  dans  le  tribunal 
de  la  Pénitence.  C'est  là  qu'il  fit  paraître  sa 
science  théolo^ique  puisée  dans  l'étude  du  cru- 
cifix, à  l'exemple  de  saint  Thomas  d'Aiguin  <'t 
sainte  Thérèse,  encore  plus  que  dans  le»  livres. 
.\fin  de  s'adonner  avec  plus  d'ardeur  à  la  prière 
et  a  la  méditation,  il  se  relira  dans  un  petit 
ermitage  près  du  couvent;  il  en  éleva  ensuite 
cinq  autres  dans  les  environs,  où  plusieurs  de 
ses  frères  se  retirèrent  et  firent  de  grands  pro- 
grès dans  la  sainteté. 

IL  est  NOMSI^  MAITRE  DBS  NOVICES 

Dès  qu'il  eut  vinst-quatrc  ans.  ses  supérieurs 
le  choisirent  pour  maître  des  novice*.  Dan«  celte 
nouvelle  charge,  il  ne  se  permit  jamais  la  moindre 
dispense;  toujours  as.sidu  au  chœur,  fldele  à  la 
prière  et  à  toutes  les  ob'-ervances  de  la  règle,  il 
était  un  vrai  modèle  pour  ses  novices,  qui  pou- 
vaient sans  crainic  imiter  tontes  ses  actions.  Iton 
et  doux  pour  ceux  dont  il  était  char;:é,  il  élait 
d'nne  rigueur  extrême  pour  lui-inème  ;  il  s'elTor- 
çail  d'enllammer  ceux  qui  étaient  sous  sa  con- 
duite d'un  amour  ardent  pour  Jé'-us-ChrisI,  d'un 
grand  désir  d'imiter  ce  divin  SauM-iii  et  Marie  ■^a 
sainte  Mère.  Nommé  ensuite  gardien  à  Piedi- 
monlc,  il  s'acquitta  très  heurrusi-iiienl  de  la 
charge  de  supérieur,  mais  son  humilité  préférait 
l'obéissance  au  commandement,  et  il  fit  tant 
d'instances  i|u'au  bout  de  deux  ans  il  obtint 
d'être  déchargé  île  ce  fardeau.  Il  ne  jouit  pas 
lonKlempsde  iille  liberté  si  déjirée ,  car,  en  H/Si, 
le  Chapitre  provincial  le  nomma  de  nouveau  gar- 
dien. Noirf-Seiyneur,  pour  l'éprouver,  lui  in»M\,i 
pendant  ce  temps  des  lénibrc»,  des  < 

qui  eineloppirent  son  âme  et  la  toi,  ni 

beaucoup.  Il  fut  récompen'é  de  sa  paln-uce  par 
la  Msiun  de  l'âme  d'un  Frère  mort  di-|>ui»  peu  dr 
ti-iiip-..  qui  lui  assuri  que  pas  un  seul  des  rili- 
-iriix  lie  Saint-Pierre-d'Ali  .inl.iia,  »eiiu»  a  .Naplr-, 
III'  s'rlail  perdu.  Il  fut  telleinenl  con*n|i!  par 
cille   apparition,    qu'il    emliras»n   avre    joir    |ps 


i"iii     iiniii'i-^    '.nui    |-i.nii  l'i-.    Il  A^- 

Pierre  d'Alcantara,  qu'il  s'efforçait 


■il. 

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1  .  V      mil  l'ie*. 

Il     il  II 

'■  r*.  ou  fai*j<nt  i 
urne*  cueilli*   U 

lie  nuit 

iriii'-      Il      11.. 

une*    aux 

iici'  de  11... •'■••" 

1-    ».l    f..|,.! 

1..    ..,p. 

1    irpnt   ^.l 

malirr 

-, 

up«  prnl ...;    ,  . 

.  ;  c  an»  .i    \ 

,  ,        ;  .1 

Piedimonte.  Pendant  ce  temps,  il  fut  appelé 
dans  son  pays  natal,  afin  d'assister  aux  derniers 
moments  de  sa- mère,  qui  rendit  son  âme  à  Dieu 
entre  les  mains  de  sou  fils  bien-aimé. 

FBUITS  OC'iL  OBTIÏNT   UIHACULEOSBJIKNT 
POUR    GIÉRIR    UNt  MALADE 

Saint  Jean-Joseph  avait  une  grande  confiance 
en  Uieu,  aussi  fut-elle  souvent  récompensée  par 
des  miracles. 

En  Toici  un  qui  arriva  huit  ans  avant  sa  mort. 
Au  mois  de  lévr  ier,  romme  il  rentrait  au  couvent, 
un  marchand  ii(i|>n|iiHiu  s'approcha  de  lui,  le 
conjurant  de  prier  pour  sa  femme  qui  était  en 
crand  dani-er,  désirant  ardemment  avoir  des 
pèches  qu'on  ne  pouvait  lui  procurer  à.  cette 
époque.  Le  Saint  lui  dit  d'avoir  confiance,  et  que 
le  leudemaiii,  le  Seigneur,  saint  Pierre  d'Alcan- 
tara  et  saint  Pa«i:al  exauceraient  son  désir. 
Apercevant  ensuite  quelques  branches  de  châtai- 
gnier, il  dit  au  Fr.  Michel  qui  l'accompasnait  : 
«  Fr.  .MIcliel,  prenez  trois  de  ces  branches  et 
plantet-les;  si  vous  le  faites,  le  Seigneur,  saint 
Pierre  d'Alomlara  et  saint  Pascal  auront  éf;ard 
aux  hennins  de  celte  fiauvre  femme.  »  Le  Frère 
convers  s'écria,  émerveillé  :  <•  (iuoi,  mon  Père, 
des  branrhes  de  châtaignier  peuvent-elles  donc 
produire  de»  pèches'?  —  Laissez  le  tout,  reprit 
le  Saint,  entre  les  mains  de  Dieu  et  de  saint 
Pierre  d'Alcanlara.  •<  Le  Frère  obéit  et  planta  les 
branches  de  rhàlai({nier  dans  un  pot  à  fleurs 
prés  de  la  ft-nétre  du  Saint,  et  le  lendemain,  on  i 
les  trouva  couverte»  de  feuilles  vertes  et  portant 
chacune  une  superbe  pèche.  La  femme  en  man- 
gea et  échappa  ainsi  à  la  mort. 

SON  AMOCR  POUa    DIEU 
ET  SA  CriARlTÉ   POUR  LBS  PAUVRE- 

L'amour  de  Dieu  bnMait  si  ardemment  dans 
son  âme  qu'il  éclatait  jusque  dans  ses  traits,  et 
donnait  à  ses  discours  une  onction  particulière  : 
Quand  il  n'y  niirnil  ni  ciel,  ni  enfer,  disait-il,  je 
loudrais  néanmoins  aimer  Dieu  loiijours. 

Un  véritable  amour  pour  Dieu  n'est  Jamais 
séparé  d'un  sincère  amour  du  prochain  et  sur- 
tout des  pauvres.  Saint  Jean-Joseph  se  fit  un 
devoir,  pendant  toute  sa  vie,  de  nourrir  les 
pauvre»  et,  lorsqu'il  eut  été  élu  supérieur,  il 
défendit  de  renvoyer  un  seul  mendiant  du  monas- 
tère sans  lui  d'inner  raumono.  Dans  un  temps 
de  disette,  il  cnnsac-ra  au  soula;;ement  des  mal- 
heureux sa  propre  nourriture  et  celle  de  sa  com- 
munauté, Sf  reposant  sur  la  Providence  du  soin 
de  pourvoir  aii\  besoins  de  sa  maison. 

Sa  charité  pour  les  malades  le  poussa  plusieurs 
fois  à  demiiiiler  à  Dieu  de  transférer  sur  lui  les 
souffrances  des  antres,  et  il  vit  avec  bonheur  sa 
prière  souvent  exaucée.  De  même  aussi,  il  se 
chargeait  de  faire  prnilencc  pour  des  pécheurs 
auxquels  il  n'iniligeait  qu'une  léiière  satisfaction. 

Outre  ces  vertus  ::énérales,  il  possédait  dans 
un  decré  éminent  relies  qui  sont  propres  à  la 
vie  reli;,'ieu«e.  Son  obéissance  aux  ordres  de  ses 
supérieurs  ne  C"<iinai««ait  pas  de  bornes.  Nous 
avons  déjà  vu  minmeiit  il  pratiquait  la  pauvreté 
puisque,  peiufnit  les  °nixnntc-qiiatre  ans  qu'il 
vé<-ul  dans  l'Ordre,  il  porta  toujours  le  même 
habit. 

Il  eut  le  bonheur  de  conserver  sans  tache,  pen- 
dant toute  ^a  VIP.  1,1  «amie  vertu  de  pureté. 
L'humilité,  véritable  fondement  de  toutes  les 
vertus,  lui  faisait  a'-mmiilir  av«îc  une  grande  joie 
les  emplois    domestiques    ilii    iniiii.i-l'T»  ;   l'esl 


son  humilité  qui  l'a  empêché  aussi  de  retourner 
dans  son  pays  natal  plus  souvent. 

SA  MORTIFICATION,  FBBMB  APPUI  DE  TOUTES  SES  VERTUS 

Tant  do  vertus  admirables  et  tant  de  grâces 
dans  l'âme  de  saint  Jean-Joseph  supposent  des 
mortifications  extraordinaires,  tn  effet,  aux 
pénitences  et  aux  iioralireuses  austérités  pres- 
crites par  les  règles  de  son  Ordre,  il  ajoutait 
toutes  celles  que  sa  piéié  pouvait  ima;.iiier.  11 
gardait  le  silence  aussi  longienips  que  possible, 
et  ne  parlait  qu'à  voi.x  ba-se;  il  allait  ttte  nue 
dans  toutes  les  saisons.  So.is  ses  habits  grossiers 
et  pesants,  il  portait  divers  cilices  et  diverses 
chaînes,  qu'il  avait  soin  de  varier  aliu  de  rendre 
la  douleur  plus  intense.  Il  >e  donnait,  en  outre, 
de  rudes  disciplines;  lorsqu'à  l'ilge  de  quarante 
ans,  ses  supérieurs  l'obli^-erent  de  porter  des 
sandales,  il  mettait  entre  elles  et  ses  pieds  une 
quantité  de  petits  clous. 

.Mais  le  plus  affreux  instrument  de  pénitence 
qu'il  inventa  contre  lui-même  fut  une  croix 
lon;:ue  d'un  pied  environ,  f,'arnie  de  pointes 
aiguës,  qu'il  s'attachait  sur  les  épaules  avec  une 
telle  force,  qu'il  s'y  forma  une  plaie  qui  ne  se 
ferma  plus  depuis.  Il  en  portail  une  autre  du 
même  genre,  mais  plus  pelilo,  sur  la  poitrine.  Il 
ne  doriuail  presque  pas,  et  pendant  les  trente 
dernières  aunées  de  sa  vie,  il  s'abstint  non  seule- 
ment de  vin  et  d'eau,  mais  même  de  toute  espèce 
de  liquide. 

MIRACLES,  EXTASES  ET  AUTRES  FAVEURS  CKLESTES 

Mais  il  est  doux  de  soiilTrir  pour  l'amour  de 
Jésus-Christ,  et  ce  bon  Maître  se  plait  parfois 
à  faire  goûter  les  joies  du  Tliabor  à  ceux  qui 
l'aiment  assez  pour  le  suivre  héroïqueinent  au 
Calvaire.  Il  aime  parfois  k  leur  donner  un  avant- 
goùt  de  la  félicité  qu'il  leur  réserve  au  ciel. 
Saint  Jean-Joseph  eut  souvent  des  extases  pen- 
dant lesquelles  il  ne  voyait  et  n'entendait  plus 
rien.  En  outre,  il  eut  le  bonheur  de  recevoir,  en 
plusieurs  circonstances,  et  en  particulier  daus  la 
nuit  de  Noèl,  l'Enfant  Jésus  dans  ses  bras.  La 
Sainte  Vierge  lui  apparut  aussi  et  lui  parla, 
tomme  il  l'a  déclaré  daus  uu  moment  de  trans- 
port. 

Le  bon  Dieu  lui  accorda  é:.'alement  le  don  de 
bilocatioo.L'njour,F'rancisroViveros,  domestique 
d'une  duchesse,  vint  prier  le  P.  Jean-Joseph 
de  l'accompauncr  chez  sa  maîtresse  qui,  très 
malade,  désirait  le  voir.  Or,  le  Saint  était  malade 
lui-même  et  incapable  de  remuer  sur  son  lit.  Le 
domestique  revint  lui  rapporter  celle  triste  nou- 
velle. Quel  ne  fut  pas  son  êioimemenl  en  entrant 
dans  la  chambre  de  la  mafide  de  trouver  le  Saint 
auprès  de  son  lit  et  oocnpé  à  la  consoler.  Il  éclata 
en  transports  d'adinirati«n  :  "  Que  vous  êtes 
simj)le,  lui  dit  le  saint  moine,  dont  l'humilité 
s'effrayait.  Que  vous  êtes  simple,  je  suis  passé 
tout  près  de  vous  et  vous  ne  m'avez  pas  vu!  • 
C'est  ainsi  qu'il  cherchait  ;i  \oiler  ce  prodige. 

Au  don  des  miracles,  Dieu  ajouta  celui  de  pro- 
[iliétie,  ainsi  qu'on  s'en  aperçul  en  (ilusieurs  cir- 
constances. Ainsi,  il  prédit  un  jour  la  destinée 
future  à  Irois  jeunes  f;ens  qui  s'éiaienl  présenlé> 
à  lui.  Au  premier,  il  dit  :  "  IléUs!  mon  fils,  un 
Ordre  relii'ieux  n'est  pas  la  vocation,  lu  as  une 
mine  de  potence.  ■■  Au  second  :  ■•  Tiens-toi  mu 
les  cardes,  mon  fils,  car  tu  e«  menacé  d'un  cr.iii.l 
péril,  .p  Enfin,  au  trojsieum  :  <.  Priez  la  S.iu.i  ■ 
\ieri;e  avec  ferveur,  faites  voire  devoir,  et  lii.  u 
vnus  assistera.  »  Cello  préHiriion  s'aemmplil  :i  I  i 
lellre.ear  le  Iroi-lrm",  séiml  lail  ieli:;ieux  cIk/. 


les  Franciscains  déchaussés,  apprit  en  passant 
près  de  Pozzuolj  que  le  second  avait  été  tué  ui 
réduit  en  cendres  sur  une  montagne  voisine. 
Vers  le  m.'me  temps,  il  rencontra  le  premier, 
armé  et  équipé  conjme  un  brigand;  celui-ci  avoua 
qu'après  avi>ir  commis  un  assassinat  et  avoir  été 
condamné,  il  s'était  échappé  de  prison,  et  que.  au 
moment  m''me,  il  était  poursuivi  pour  un  autre 
homicide. 

l'ne  autre  fois,  appelé  pour  assister  une  reli- 
gieuse expirante,  il  dit  en  voyant  une  jeune  per- 
sonn-,  nièce  de  la  religieuse,  auprès  du  lit  :  «•  Vous 
m"avez  appelé  ici  jiour  assister  à  la  mort  de  la 
tante  dont  la  vie  d^it  encore  se  prolonger,  tandis 
que  c'est  la  ni»re  qui  est  sur  le  hord  de  l'éter- 
nité. •>  Peu  après,  en  elfet,  la  religieuse  futiîuérie 
et  la  jeune  personne  emportée  subitement  par 
une  attaque  d "apoplexie.  Ajoutons,  pour  la  plnire 
de  niitre  Saint,  qu'il  avait  aussi  le  don  de  con- 
naitro  1'?  c.i-urs,  ainsi  qu'une  grande  puissance 

sur  les  démons  et  la  nature. 

\ 

SAIM  JE.\N-JOSEPII    PRÉDIT   SA   MOBT 

Toutes  les  faveurs  et  récompenses  accordées 
à  notre  Saint  ici-bas  ne  faisaient  iju'augmenler 
en  lui  le  désir  du  ciel.  Aussi  est-ce  avec  une  joie 
immense  qu'il  reçut  de  Kieu  la  nouvelle  de  sa 
mort  prochaine.  Une  semaine  avant  son  départ 
pimr  le  ciel,  il  pria  son  frère  de  ne  pa>  l'oublier 
dans  ses  prières,  le  vendredi  suivant,  qui  fut  en 
effet  le  jour  de  sa  mort. 

DEn.MEHS     3IO)iE.NTS     ET    MOBT    DE    SAINT    JBAN-JOSEPII 
IL   APPARAIT  APRlis  SA  MORT 

Saint  Jean-Joseph  surTécul  encore  pendant 
cinq  jours,  presque  sans  mouvement  et  sans  sen- 
timent. l.elmars,onlui  iloiina  l'Exlrènie-Onction 
en  présence  de  la  coininiinaulé  tît  d'autres  per- 
sonna;:es  de  distinction.  Pendant  la  nuit  suivante. 


il  lîi  de  fréquents  et  fervents  actes  de  contrition, 
de  résignation,  d'amour  et  de  reconnaissance. 
Eutîn,  le  jour  tant  désiré  pour  lui,  à  une  heure 
peu  avancée  du  jour,  il  dit  au  Frère  convers 
qui  l'assistait  :  '■  Je  n'ai  plus  que  quelques 
moments  à  vivre.  »  Le  Frère  courut  avertir  le 
supérieur,  qui  vint  aussitôt  avec  toute  la  com- 
munauté auprès  du  malade  et  tous  récitèrent  la 
recommandation  de  l'Ame  en  versant  des  torrents 
de  larmes.  Seul,  le  malade  restait  calme  et  joyeui. 
I.e  l'ère  f,'ardicn,  s'apercevant  (ju'il  était  en  auo- 
iiie,  lui  donna  la  dernière  absolution.  Le  Saint 
inclina  la  tète  pourla  recevoirella  releva  aussitôt. 
Il  ouvrit  ensuite  les  yeux,  fixa  un  dernier  regard 
plein  d'une  ineffable  tendresse  sur  l'image  de  la 
bainte  Vierge,  qui  était  en  face  de  lui,  sourit  dou- 
cement, puis  ferma  les  paupières  et  cessa  de 
respirer.  C'était  le  5  mars  1734. 

A  l'heure  même  où  l'àine  de  notre  Saint  s'en- 
vola vers  le  ciel,  Diego  Pignatelli,  duc  de  Monte 
Leone,  qui  se  promenait  alors  dans  son  appar- 
tement, aperçut  le  P.  Jean-Joseph,  nui  lui  parut 
en  bonne  santé  et  tout  environné  d  une  lumière 
surnaturelle.  Frappé  d'éloniiement.  le  duc,  qui 
l'avait  laissé  malade  à  Najdes  peu  de  jours  aupa- 
ravant, s'écria  :  <•  (Juoi  !  P.  Jean-Joseph,  ètes- 
vous  donc  si  subitement  rétabli V  »  I.e  Saint  lui 
répondit:  "Je  suis  bien  et  heureux.  ■■  Puis  il  dis- 
parut. Il  apparut  également  à  Innocent  Vabetta, 
qui  était  endormi  au  moment  tlu  décès  de  notre 
Saint.  '■  .Me  reconnais-tu'.'  lui  ilit  celui-ci.  —  Non, 
répondit  Innocent.  »  Le  Saint  lui  dit  alors  :  >•  Je 
SUIS  l'Ame  du  P.  Jean-Jo«epli  de  la  Croix,  délivré 
à  l'instant  même  des  liens  de  la  chair  et  enroule 
pour  le  Paradis,  où  je  ne  cesserai  de  prier  pour 
toi  et  pour  ta  maison.  Si  tu  désires  voir  mon 
corps,  tu  le  trouveras  dans  rinlirinerie  de  Sainte- 
Lucie-du-Mont.  .>  Plusieurs  autres  personnes, 
parmi  lesquelles  se  trouva  le  I'.  Hruno,  religieux 
de  sa  communauté,  curent  le  même  bonheur. 


/lAAv 


ito^   Qéanl,  t.  l'inTgntT,  H,    rur   t-un'Ht  I"   l'«ri« 


SAINTE   COLETTE 

VIERGE  ET  RÉFORMATRICE  DE  LORDRE  DE  SAINTE  CLAIRE 


Fêle  le  6  mars. 


Sainte  Colette  re8«U8cite,  au  chœur  du  couvent  de  Poligoy,  une  do  ses  religieuses,  morte 
en  état  de  péché  et  qu'une  vision  lui  a  montrée  sur  le  point  d'être  damnée.  La  religieuse 
ressuscitée  ae  confesse,  a'éteod  de  nouveau,  et  va  paraître  au  jugeaient  de  Dieu. 
puriBée  d«  ses  fautes. 


l,VJ-(i7» 


par  l'épouse  du  duc  de  Bouriopne,  Jean  sans 
Peur.  Au  commencement,  les  religieuses  man- 
quèrent d'eau.  11  fallait  avoir  des  servantes  spécia- 
lement chargées  d'aller  en  puiser  à  la  fontaine 
publique:  ce  qui  offrait  de  graves  inconvénients 
pour  le  silence  et  le  recueillement. 

Un  jour  du  carême  où  l'on  récite  à  la  messe 
l'évangile  de  la  Samaritaine  qui  demande  au 
Christ  la  faveur  de  s'abreuver  aux  sources  jail- 
lissant jusqu'à  la  vie  éternelle,  Colette  supplie 
d'abord  le  divin  Maître  de  lui  accorder  en  aibon- 
dance  les  eaux  spirituelles  de  la  grâce.  Puis  elle 
se  sent  portée  à  demander  aussi  Teau  matérielle 
qui  manque  au  couvent,  et  dit  au  Seigneur  avec 
une  foi  ardente  :  ■<  Seigneur,  donnei-moi  de 
l'eau.  »  Elle  entend  aussitôt  une  réponse  inté- 
rieure. Le  lieu  où  elle  doit  creuser  lui  est  mon- 
tré; elle  appelle  les  ouvriers  qui  ont  en  vain 
sondé  le  sol  de  tous  côtés.  Sur  sa  parole,  ils 
creusent  de  nouveau,  et  bientôt  ils  voient  avec 
admiration  jaillir  une  source  abondante  qui 
fournit  une  eau  claire  et  limpide. 

Après  que  le  monastère  de  Poligny  fut  fondé, 
Colette  retourna  dans  la  ville  de  Besançon.  Or, 
pendant  son  absence,  une  religieuse  de  Poligny 
tomba  malade  et  mourut.  Aussitôt  après  son 
dernier  soupir,  l'àmede  cette  infortunée  apparut 
à  la  Sainte  avec  toute  la  laideur  et  tous  les  carac- 
tères des  damnés  :  son  crime  élaitde  n'avoir  pas 
été  sincère  dans  ses  confessions. 

A  cette  vue,  Colette  est  saisie  d'une  poignante 
douleur  :  sa  lille  perdue  pour  l'éternité  î  Elle  crie 
miséricorde  vers  le  ciel,  et,  remplie  de  contiance 
en  la  bonté  divine,  elle  envoie,  oar  un  exprès, 
aux  religieuses  de  Poligny  l'ordre  de  différer 
l'inhumation.  Elle  part  elle-même,  et  lorsau'elle 
arrive,  on  expose  le  cadavre  dans  la  chapelle. 

Colette  parait  au  chœur,  se  prosterne  et  prie 
au  pied  de  l'autel.  Elle  se  relève;  puis,  au  nom 
de  Noire-Seigneur,  elle  commande  à  la  défunte 
de  sortir  de  son  cercueil.  Celle-ci,  au  milieu  de  la 
stupeur  générale,  obéit,  va  s'agenouiller  et  prie 
à  son  tour  pendant  auelque  temps.  Le  confesseur, 
averti,  était  prêt:  elle  va  le  trouver,  lui  découvre 
tous  les  péchés  de  sa  vie,  et  après  sa  confession 
accomplit  une  pénitence,  qui  sera  complétée  par 
les  prières  et  les  macérations  de  Colette.  Se 
tournant  alors  vers  les  assistants,  elle  leur  dit  : 
"  Mon  4me  était  déjà  portée  en  enfer  par  les 
démons,  lorsqu'elle  fut  défendue  par  un  ange, 
qui  me  conduisit  à  notre  vénérable  abbesse  pour 
réclamer  son  secours.  C'est  à  sa  prière  que 
je  dois  ma  délivrance.  »  Ensuite  elle  se  replaça 
elle-même  dans  son  cercueil,  et  s'y  endormit 
rptto  fois  du  dernier  sommeil  dons  la  paix  du 
Stigiieur. 

Le  P.  Henri  delà  Balrae,  confesseur  de  Colette, 
aidé  par  les  conseils,  les  prières  et  les  exemples 
de  la  sainte  abbesse,  travaillait  de  son  côté  à  la 
réforme  des  religieux  Cranriscains.  Le  couvent 
qu'il  fonda  à  Uôle  fut  la  tige  d'une  nouvelle  bran- 
chr  de  l'Ordre  de  saint  François,  celle  dos 
M.  .1  n|,..rvantins,  bram-he  liientôt  vigou- 
!■   .  h  II,  qui  a  priiiliiit  des  saints  remar- 

I  r  '■iite-huit  ans  aprèn  sainte  Colcllo,  elle 
■  nviron  trente-quatre  mille  rolicicux, 
'■ :  à   ranimer  la  vie  chrélicum-  dans  le 


monde. 

A    t.!    Mlil'' 
I 


■{['•  lérormo  de»  ri  i 
'  'rdre  de 
lis   une  V 


i  1,1.- 


l  11 


('rince 


•  -'>  miuion  de  Colette. 

fr.ui',ui*,  Jarqu)*»  d<«    Hourbon,  qui 


avait  été  roi  de  Naples,  après  avoir  travaillé  à 
propager  les  Clarisses  réformées  et  leur  avoir 
donné  ses  filles,  embrassa  lui-même  la  vie  reli- 
gieuse chei  les  Observantins. 

On  vit  un  grand  nombre  de  filles  de  rois,  de 
ducs,  de  comtes,  imiter  de  si  beaux  exemples. 

Tant  de  succès  n'altéraient  en  rien  la  profonde 
humilité  de  Colette,  et  c'est  pour  cela  que  Dieu 
s'en  servait  pour  accomplir  de  çrandes  œuvres. 

Elle  ne  cherchait  en  tout  que  la  gloire  de  Dieu 
et  la  désirait  avec  une  ardeur  incomparable. 

C'était  pour  son  àme  une  poignante  douleur 
de  voir  travailler  le  dimanche  et  profaner  les 
jours  de  fête.  Elle  conjurait  les  princes,  les  pré- 
dicateurs, tous  les  hommes  chargés  d'exercer, 
quelque    autorité,   de    s'employer  de  tout  leur 

fiouvoir  à  faire  cesser  cette  désobéissance  à  la 
oi  de  Dieu. 

Ses  couvents  ne  vivaient  que  d'aumônes  et 
pourtant,  quand  des  malheureux  venaient  à  pas- 
ser, elle  n'hésitait  pas  à  dépouiller  sa  pauvre 
communauté  pour  les  secourir,  tant  sa  charité 
était  grande. 

Plus  d'une  fois,  Dieu  multiplia  miraculeuse- 
ment les  ressources  dont  elle  avait  besoin  pour 
ses  aumônes. 

MORT  Dl  SAINTS  COLBTTI 

Le  duc  de  Bourgogne,  dont  le  pouvoir  s'éten- 
dait sur  la  Flandre,  voyant  les  bénédictions  que 
les  Colettines  attiraient  sur  les  villes  où  ell<  - 
étaient,  pria  notre  Sainte  d'établir  sa  réforiiit- 
dans  le  nord  de  ses  Et<its.  Elle  y  consentit  et, 
prenant  avec  elle  une  colonie  de  religieuses,  elle 
vint  d'abord  à  Hesdin,  puis  à  Gaiid,  cnlin  à 
Amiens  et  dota  chacune  de  ces  villes  d'un  couvent 
de  Clarisses. 

Elle  commença  dès  lors  à  répéter  &  ses  filles 
que  sa  lin  était  prochaine.  Après  avoir  inuti- 
lement essayé  une  fondation  àCorbie,  elle  revint 
à  (;and,  dont  le  monastère  lui  était  le  plus  cher, 
parce  qu'il  était  le  plus  pauvre. 

Le  20  février  14*7,  la  sainte  réformatrice  fut 
prise  de  douleurs  très  cruelles  et  dont  la  nature 
était  inconnue  aux  médecins.  Elle  envoya  cher- 
cher son  confesseur  et  reçut  la  sainte  commu- 
nion. Le  6  mars,  elle  expira  doucement. 

Au  même  instant,  on  entendit,  dans  plusieurs 
couvents  de  Clarisses,  des  anges  chanter  une 
mélodie  inconnue,  mais  très  harmonieuse.  Au 
monastère  d'Orbe,  au  milieu  de  ce  concert,  une 
voix  céle^te  prononça  ces  paroles:  u  L^  véné- 
rable Suur  Colette  est  allée  vers  le  Seigneur.  •• 
Plusieurs  religieuses  eurent  le  privilège  de  voir 
leur  glorieuse  Mère  couronnée  par  Jésus-Chrisl. 

La  population  de  Cand  se  porta  en  foule  à  sei 
obsèques.  Une  odeur  tiès  suave  s'échappait  du 
corps  île  la  Sainte  et  impréunait  tous  les  objets 
qu'on  lui  foisait  toucher.  Il  se  lit  beaucoup  do 
miracles  à  son  tombeau,  sur  lequel  on  grava 
ces  mots:  «  Douce  amie  de  liieu,  rose  épanouie, 
étoile  brillante-,  souviens-toi  de  nous  à  l'heure 
lie  notre  mortl  »  Ia  mère  de  Charirs-Quint, 
11  •      '  ■  au,  y  obtint  de  Dieu,  par 

I  i.te  Colette,  la  naissance  de 

I.i-s  reliqiii's  de  la  Sainte  soDl  aujourd'hui  i 
l'nligny  (Jura;.  \)) 


'    uni>  boDn*    i'it  de  tninlr  CoUlIt,  ptr 
Il  >  t. riirt  doyen  dcCorble  (Somme).  Voium» 

in-ti  il<>  !>uo  pa|;et. 


i..  riTiTBuai,  lii.^.  y<ra«<,l,  ru*    Krki>i;oit  I".   l'ârit 


SAINT    THOMAS    D'AQUIN 

SURNOMME   LE  DOCTEUR  ANGÉLIQUE 


Fête   le    7   mars. 


O&IOWE    KT  MERVEILLEUSE    INFANCB    DB    SAINT    THOMAS 

Le  dorleur  angélique,  saint  Thomas  d'Aquin, 
que  le  Souverain  Pontife  Léon  XIII  a  soiennel- 
lenient  (>ropose'  comme  le  raaitre,  sur  la  terre  et 
le  patron  dans  le  ciel,  de  toutes  les  écoles  catho- 
liques, descendait  de  la  noble  famille  des  comtes 
d'Aquin,  près  de  Naples.  Son  père  se  nommait 
Laudulphe,  et  sa  mère,  Th'-odora.  Tandis  qu'elle 
portait  encore  dans  son  sein  ce  fruit  de  tant  de 
DënëdictioDS,  un  ermite, nommé  Bon, lui  dit  dans 
on  esprit  prophétique  :  •'  Héjouissex-vous,  car 
TOUS  mettrez  au  monde  un  fils  qui  sera  célèbre 
par  toute  la  terre  à  cause  de  l'exrellenre  de  sa 
Tie  et  de  sa  doctrine.  »  La  comtesse  répondit  : 
■  Que  la  volonté  de  Dieu  ^nit  faite.  » 

Dès  le  berceau,  l'enfant  lit  pressentir  le  saint 


et  le  docteur  :  sou  âme  prédestinée  ne  s'ouvrit 
que  du  côté  du  ciel  et  semble  n'avoir  pas  vécu 
un  seul  instant  pour  la  terre. 

Un  jour  que  sa  nourrice  se 'disposait  aie  mettre 
au  bain,  elle  aperçut  dans  sa  main  un  papier 
qu'elle  essaya  de  lui  enlever;  mais  Thomas  serra 
SI  fort  ses  petits  doifits  et  poussa  de  tels  cris 
qu'elle  dut  le  lui  laisser.  La  nourrice  ayant 
raconté  ce  fait  à  la  comtesse  Théodora,  celle-ci 
résolut  de  savoir  à  toute  force  ce  au'il  y  avait 
dans  ce  merveilleux  billet.  Elle  fit  lâcher  prise 
à  l'enfant  et  y  trouva  écrites  les  paroles  de  l'Ave 
Maria.  Mais  Thomas  réclama  son  trésor  avec 
tant  d'emportement,  que  sa  mère  le  lui  reudit 
aussitôt.  Il  le  porta  alors  à  sa  bouche,  et,  le 
mâchant  peu  i  peu,  il  l'avala. 

Quand  il  pleurait,  comme  font  les  enfants,  il 


157 


n'y  avait  qu'un  moyeu  de  l'apaiser,  c'était  de  lui 
donner  quelque  livre  à  feuilleter,  et  il  se  taisait 
incoutinent. 

Dès  qu'il  eut  cinq  ans,  ses  parents  le  placèrent 
au  célèbre  monastère  du  Mont  Cassin,  où  les  fils 
de  saint  Benoît  élevaient  dans  la  piété  et  les 
bonnes  lettres  un  grand  nombre  d'enfants  nobles. 
Dans  un  âge  si  tendre,  Thomas  étonnait  ses 
maîtres  par  sa  rélleiiou  et  la  vivacité  de  son 
esprit.  Sourenl.il  adressait  aux  moinescelte  ques- 
tion :  «  Qu'est-ce  que  Dieu?  »  tout  préoccupé 
déjà  de  ce  qui  devait  être  l'étude  de  sa  vie.  Et  le 
petit  théologien  ne  perdait  pas  un  mot  des  réponses 
qu'on  lui  faisait. 

11  fuyait  le  bruit  des  jeux,  évitait  les  compa- 
enons  turbulents,  et  souvent,  déjà,  il  passait  des 
neures  ratières  dans  le  silence  et  la  contemplation. 

A  l'âf-'i'  Je  dix  ans,  on  l'envoya  à  îiaples  pour 
y  suivre  le  cours  des  études,  qui  comprenait  la 
k'r.iiniiKiire,  la  dialectique,  la  rhétorique  et  la 
pliil.'>i>|'liie.  Les  matières  les  plus  ardues,  qui 
elTrayent  même  des  esprits  robustes,  ne  furent 
qu'uii  jeu  pour  cet  enfant.  Sa  jeune  intelligeme 
y  respirait  à  l'aise  comme  dans  son  élément 
naturel.  Il  n'avançait  pas  moins  en  sainteté  qu'en 
science.  Ses  récrealious  étaient  d'aller  prier  dans 
les  églises  ou  de  faire  du  bien  aux  pauvres.  II 
était  le  modèle  des  écoles  avant  d'en  devenir  le 
maître. 

C'est  à  Naples  que  Dieu  lui  fit  trouver  de 
bonne  heure  sa  voie.  L'n  couvent  de  Frères  Prê- 
cheurs s'y  était  établi  depuis  peu.  Thomas  fit  la 
connaissance  d'un  saint  et  vénérable  reliftieux 
nommé  Jean  de  Saint-Julien,  avec  lequel  il  con- 
versait fort  souvent.  C'est  par  son  moyen  qu'il 
entra  dans  l'Ordre,  étant  igé  seulement  de 
quatorze  ans. 

HCDIS  ^BBUVU  Dl  Lk  VOCATION  DE  THOMAS 
ET    SLOalEUX    TBIOMPHI 

l.e  démon  ne  pouvait  manquer  de  traverser 
une  vocation  si  menai  ,inte  pour  lui, et  qui  devait 
faire  resplendir  de  son  plus  (glorieux  érlat  l'Ordre 
encore  tout  nouveau  du  palriaJ'cbe  saint  Domi- 
nique. Il  se  servit  d'un  moyen  qui  l'a  rendu 
souvent  victorieux  :  la  tendresse  ennemie  d'une 
mère. 

Théodora  se  trouvait  alors  à  son  château  de 

Hocm-'^ir-r-a.    Elle  vint   à   Nnpips  pour  voir  «nn 

lils,  ■  !•■  'v  ■     '■ 

Ses  ....     1  -  ., 

..«ecrètiiurut  partir  pour  llouiele  jeuue  itli^icux, 

-<>t,  ne   l'y   croyant  pas   i-ncore    en    siireté,  ils  le 

'  i  France,  où  ce  précieux 

:ile.  La  riimlesse.en  efTet, 

■•(■   [criaii   a    ii'iii''    i"  m    le   leur  arrachi-r;  mais, 

apprenant  qu'il   était  en  route  pour  la  France, 

II..  / •   ..   ...      I.....    i.i.    I  ....I,  I..),,.   „i   II..,. 


lui  lit  livrer  un  assaut  plus  tenace  encore  par 
ses  doux  sœurs.  Mais,  loin  de  se  laisser  vaincre, 
Thomas  leur  prêcha  avec  tant  de  persuasion  le 
mépris  du  monde,  qu'une  d'elles  en  demeura 
vaincue  et  se  fit  relif;ieuse  au  couvent  de  Sainte- 
Marie  de  Capoue,  où  elle  vécut  saintement  et 
devint  par  la  suite  abbesse. 

Les  choses  en  étaient  à  ce  point  quand  Lan- 
duiphe  et  Arnaud  revinrent  de  la  guerre.  Trou- 
vant leur  mère  tout  al'IliKée,  ils  résolurent, 
comme  des  soldats,  de  terminer  l'alTaire  de  vive 
force.  Ils  s'emparèrent  de  Thomas,  le  maltrai- 
tèrent horriblement,  et,  eiiiln,  mirent  en  pièces 
son  habit  religieux,  atin  qu'au  moins  la  honte 
l'obligeât  d'eu  changer.  Ttiomas  s'accommoda 
comme  il  put  avec  les  lambeaux  et  persista  dans 
sa  résolution. 

Ses  frères  l'enfermèrent  alors  dans  une  tour 
du  château  de  Rocca-Secca,  et  n'eurent  pas  honte 
de  recourir  contre  lui  à  la  ruse  la  plus  infâme. 
Persuadés  qu'ils  auraient  tout  gagné  s'ils  par- 
venaient à  faire  snci-omber  sa  vertu,  ils  lui 
envoyèrent  une  misérablf  femme  pourl'enlralner 
au  mal.  Cette  effrontée  s'approcha  du  saint  jeune 
homme  avec  des  manières  lascives  et  des  paroles 
empoisonnées.  Thomas,  tout  troublé,  s'écria: 
"  0  Seigneur  J''«us,  et  vous.  Vierge  Marie,  Très 
Sainte  Mère  du  Christ,  ne  perniellei  pas  que  je 
me  souille  d'un  tel  forfait.  »  Puis,  soudain,  sai- 
sissant dans  le  foyer  un  tison  enQammé,  il  en 
poursuivit  la  mallieureu.se,  qui  s'enfuit  aussitôt. 

Demeuré  seul,  tremblant  et  honteux,  il  traça 
avec  le  tison  une  croix  sur  la  muraille,  et  se 
jetant  à  genoux,  il  pria  longtemps  avec  une 
grande  abondance  de  larmes,  demandant  et 
vouant  h  Dieu  et  à  la  Sainte  Vierge  une  perpé- 
tuelle chasteté. 

La  nuit  suivante,  deux  anges  lui  apparurent 

fiendant  son  sommeil,  et  l'un  d'eux  lui  ceignit 
es  reins  d'un  cordon,  avec  une  douleur  si  vive 
qu'il  ne  put  s'emp'^rher  de  pousser  un  f:rand  cri. 
En  même  temps,  l'ange  lui  dit:  «  Au  nom  du 
Seieneur,  nous  te  ceigimns  dr  la  ceinture  de  la 
chasteté,  qui  ne  sera  jamai*  dénouée.  "  Depuis 
c  temps,  il  n'eut  plus  le  moindre  combat  à 
soutenir  contre  la  chair,  et  vécut  comme  un 
ange  dans  un  rnrp'  imiiT"ii'é.  —  C'est  en  mé- 
moire de  Cl  -  confèrent  le 
■iTiInti  d'  ~  i  milice  angé- 

it.'  de  la  chasteté, 


Tluu 
de  R(. 
cains 


icuiau.',  '   r  dans  la  tour 

['•■ndant  .  les  Domini- 

'.miii  a  '       jusqu'à 

des  viUeji  filtres. 

iiriii'illii  dans  i.i  jiii  ir  et  dans 
l'étude,  et  cette  solitude  forcée  tourna  i  l'avan- 


cains  pai  » 
lui,  et  lui  .1 
Pour  lui,  il 


M}.-s   et    1.-  I-  1 


revi' 


ui 

lit    .! 


r  du  voy.i«<>ur.  On 

iiMit  où,  fatik-ué  du 

'    !  un  puits  «TOC 

il. 

ra  quand  elle 

■nre'.seï  et  de 

'  inventer. 

iil  r'»f)<«et 


lit  son  m»,  et  ses  sirurs,  qu 

I  pw  sa  constance  '•!  inr  m  -.  ii- 

.l<»scrndirenl  la  nuit   dnn  ",  por  la 

if-nêtre  de  ta  tour    I  's  Kr  l'.STcr- 
lis  à  l'avance,  I'  i 

des  transport»  A-  ^i 

SAINT   THOBA*    IT   *L«nTM.I-«*A!nt 

Qwmd  Tbama*  ■«!  I«nnin^  ce  rudo  noriciat. 


Voyant  la  p- 


grand  homme  :  sa  joie  fut  donc  bien  vive  à  cette 
nouvelle. 

Arrivé  à  cette  illustre  école,  il  ne  s'y  distingua 
d'abord  que  par  son  humilité  et  par  un  silence 
continuel.  C'était  l'effet  des  profondes  médita- 
tions par  lesquelles  il  se  préparait  à  parler  u» 
jour  avec  tant  de  justesse  et  de  lumière;  mais 
ses  condisciples  crurent  y  voir  la  marque  d'un 
esprit  pesant  et  tardif.  Ils  l'appelaient  par  déri- 
sion :  le  bœuf  muet  de  Sicile.  Tandis  qu'Albert 
expliquait  le  traité  difficile  des  noms  divins  de 
saint  Denis,  un  d'eux  s'offrit  par  charité  à  répé- 
ter au  Frère  Thomas  les  leçons  du  maître,  afin 
qu'il  les  pût  mieux  entendre.  Le  Saint  accepta 
ce  service  avec  une  humbb»  reconnaissance.  Mais, 
un  jour,  le  répétiteur  s'embrouilla  tellement  dans 
une  question  compliquée,  que  Thomas  ne  put 
s'empêcher  de  dire  avec  modestie  :  •■  lime  semble 
que  le  mciî tre  ne  l'a  pas  expliqué  de  la  sorte .  » 
Puis  il  se  mit  à  exposer  le  passage  avec  plus  de 
clarté  et  de  profondeur  qu'Albeit  lui-même.  Son 
condisciple,  comprenant  sa  témérité,  s«  jeta  à  ses 
penoux,  lui  demanda  pardon  et  voulut  recevoir 
df  lui,  désormais,  le  service  qu'il  avait  cru  lui 
rendre.  Saint  Thomas  ne  lit  pas  d'humilité  aux 
d'^pens  de  la  charité,  et  il  consentit  volontiers  à 
son  désir. 

Un  autre  jour,  on  apporta  à  Albert  on  papier 
sur  lequel  Thomas  avait  rédi<;é  une  des  leçons  dn 
maître,  et  qu'il  avait  laissé  échapper  en  sortant 
de  sa  cellule.  Albert  fut  frappé  de  la  profondeur 
et  de  la  lucidité  de  cet  exposé,  et  ordonna  à  Tho- 
mas d'expliquer  la  question  devant  ses  condis- 
ciples. L'humble  religieux,  honteux  de  cette  dis- 
tinction, s'en  défendit  d'abord  ;  mais  il  dut  céder 
par  obéissance.  Quand  il  eut  uni,  Albert  s'écria: 
"  Vous  appelez  celui-ci  un  bœuf  muet,  et  moi  je 
vous  dis  que  bientôt  ses  mugissements  seront 
entendus  de  toute  la  terre,  n 

SAIXT    THOMAS    DOCTBUJl 

I-e  cour?  de  théologie  terminé,  on  l'enToya 
avec  -Uhert-le-Grand  -a  Paris,  où,  à  vingt-deux 
ans,  il  interpréta  les  bvres  d'Aristote  et  le  maître 
des  «entences.  Il  le  fit  avec  tant  d'éclat,  qu'on 
l'obligea,  étant  âgé  seulement  de  vingt-cinq  ans 
à  prendre  le  grade  de  docteur.  Mais  celui  que 
tous  les  docteurs  de  la  plus  savante  université 
du  monde  regardaient  déjà  comme  leur  maître, 
se  croyait  indiu'oe  d'être  appelé  docteur.  Il  ne 
céda  que  par  obéissance  et  avec  beaucoup  de 
tristesse.  Mais  Dieu  voulut  consoler  son  humble 
serviteur. 

tne  nuit,  un  vénérable  vieillard  lui  apparut, 
et  lui  demanda  pourquoi  il  s'afUigeait  ainsi.  Tho- 
mas répondit  que  ses  supérieurs  le  forçaient  à 
pri-ndre  le  grade  de  docteur,  et  qu'il  ne  savait 
m^me  pas  quel  sujet  choisir  pour  sa  thèse.  Le 
vieillard  le  consola  donrement,  et,  quant  à  sa 
'.iiese,  il  lai  ordonna  de  traiter  ce  texte  du 
psaume  103  :  Arrofint  Uf  manlaqnes  de  ses  hautes 
ini<.( .,  la  terre  sera  rafsasiet  d>t  fruit  de  ses  labeurs. 
Thomas,  tout  con.'olé,  remercia  le  Seieneur;  il 
ex,-'  lua  .ivec  éclat  !►  ii.i«-^.ijf  indiqué,  et  pro- 
p!  même  sa  i  "ire,  en  exposant 

d'  que   le    ■  i    ,  rit   semble    avoir 

dictées  Inut  r-xirès  pour  lui. 

Saint  Thomas  enseigna  Innatemps  k  Paris, 
pui!«  4  Hcni)-  el  à  Naples.  ii  '    le  composer 

jur  h  rihil"  n;  i  jn,  ciir  \-\  '  l  sur  l'Ecri- 

ti  .  ixi   luuUt  1.1  doctrine 

d'  iints  Père*  se   trouve 

e.i|<l.'ia't  '  olaité,   une   force  et    une 

iii'lii    I-  lies.   Il    n'ab'  rde    pas   une 


question  sans  lui  donner  toute  la  lurniere  dint 
elle  est  susceptible  ;  et  il  n'attaque  pas  une  erreur 
sans  la  détruire  jusque  dans  ses  plus  profondes 
racines;  et,  ce  qui  est  plus  admirable,  il  n'y  a 
pas  une  erreur  contre  la  vérité  catholique  sou- 
tenue depuis  son  temps  qu'il  n'ait  prévue  comme 
par  une  sorte  d'esprit  prophétique,  posée  ave- 
plus  de  force  que  les  hérétiques  mêmes  et  réfu- 
tée sans  réplique.  Le  protestantisme  était  réfute 
dan5  la  Somme  théologiij'te  longtemps  avant  qu'il 
ne  parût.  Et  Léon  XÛl,  voulant  opposer  une 
digue  aux  débordements  des  erreurs  modernes 
et  indiquer  une  lumière  qui  permettait  de 
résoudre  les  problèmes  si  obscurs  posés  à  l'esprit 
humain  par  un  état  social  sans  précédent  dans 
l'histoire,  n'a  pas  trouvé  de  moyen  plus  efficace 
qu'un  retour  sincère  et  complet  à  l'étude  de< 
écrits  du  docteur  amgélique.  Il  n'y  a  qu'un  seul 
point  sur  lequel  il  se  soit  trouvé  en  défaut, 
entraîné  par  l'autorité  de  plusieurs  graves  doc- 
teurs qu'il  n'a  pas  cru  pouvoir  co  tredire.  Malgré 
sou  tendre  amour  pour  la  Saiute  Vierge,  il  n'a 
point  professé  la  doctrine,  définie  depuis,  de 
l'Immaculée-Couception.  Il  semble  que  Dieu, 
en  permettant  cette  erreur  chei  un  homme  des- 
tiné par  lui  à  être  le  maître  par  excellence,  ait 
voulu  nous  montrer  qu'il  n'y  a  qu'une  autorité 
infaillible,  celle  de  son  Vicaire,  ici-bas. 

Beaucoup  de  docteurs  d'uu  grand  génie  ont 
écrit  et  parlé  depuis  SEunt  Thomas;  mais  tous  lui 
ont  dii  ce  qu'ils  ont  de  bon,  et  quiconque  a 
voulu  s'écarter  de  lui  s'est  toujours  fatalement 
égaré  dans  des  routes  sans  issue.  »  Ceux  qui 
suivent  sa  doctrine,  dit  le  pape  Innocent  VI,  ne 
se  trouvent  jamais  éloignés  du  bon  chemin  : 
et  quiconque  l'attaque  est  toujours  soupçonné 
d'erreur.  »  Cent  autres  témoignages  semblables, 
rendus  par  les  papes  et  les  conciles  nous  per- 
mettent d'afûrmerque  l'Eglise  le  considère  comme 
le  docteur  des  docteurs  et  le  maître  des  m.oîtres. 

Or,  en  même  temps  qu'il  était  le  plus  doi-te,  il 
était  aussi  le  plus  humble  de  tous.  Jamais  il  ne 
hasarda  aucune  nouveauté,  et  n'a  rien  tant  à 
cœur  que  de  suivre  en  tout  son  enseignement 
l'autorité  des  saints.  Et  c'est  ce  qui  rend  ses  livres 
si  précieux  pour  nous,  car,  sans  cesse  occupé  à 
compulser  tout  ce  que  les  Pères  ont  dit,  il  en  a 
composé  un  immense  trésor  où  se  trouve  rangée 
par  ordre  toute  la  sa(.esse  chrétienne. 

Il  avait  aussi  un  extrême  respect  pour  les  doc- 
teurs en  renom  de  son  tf^mps,  et  quand  il  avait 
à  les  contredire,  c'était  toujours  avec  une  grande 
modestie  et  une  grande  charité;  jamais  il  m-  se 
préféra  à  personne  ni  ne  prononça  une  parole 
injurieuse.  Il  ne  connaissait  d'autre  arme  que  la 
simple  vérité,  mais,  dans  sa  main,  elle  sulllsait 
toujours  à  remporter  la  victoire. 

Sa  modestie,  cependant,  ne  diminuait  en  rien 
sa  vigueur  contre  les  ennemis  dérlar's  de  la  reli- 
gion chrétienne.  Quand  il  combat  Avurrhoè^  ,  le 
plus  dangereux  d'entre  eux, il  semble  se  rappeler 
qu'il  desc;eiid  d'une  race  de  chevaliers,  et  il  a, 
pour  l'honneur  de  la  vérité,  la  fierté  d'un  vain- 
queur sur  un  champ  de  bataille.  11  termine  en 
ces  termes  nn  opuscule  contre  le  philosophe 
arabe  :  •  Voilà  ce  qu>^  nous  avons  cru  devoir 
dire  pour  réfuter  son  enenr.  Kt  maintenant,  si 
quelqu'un,  se  glorifiant  d'une  fausse  scieiiei-, 
veut  dire  quelque  chose  contre  ce  que  nous  aTou" 
f  rit,  fj'i  il  n'uillo  piiinl  parler  dnn«  les  '■oin'^.  m 
qui  ne  ■» 
.■  s  ;  mais  i; 

M-.nt,  s  il  1  use  ,  et  il  trouvera  piar  lui  ii| ii'  . 

non  pas  seulement  mm.  «ïui  suis   Ir   plu-*  ;  m 


de  tous,  mais  beaucoup  d'autres  encore,  qui 
aiment  la  vérité  et  qui  sauront  résister  à  son 
erreur  ou  pourvoir  à  son  ignorance.  »  (Opusc.  1~. 
de  Vnitate  intellectus.) 

l'BOHMB   KT   LB   S.^I!IT 

n  n'appartient  pas  à  tous  les  chrétiens  de 
sonder  les  inépuisables  abîmes  de  la  Somme  théo- 
logique ou  de  la  Somme  contre  les  Gentils.  Mais, 
comme  il  n'en  est  pas  un  seul  qui  n'ait  à  se 
mettre  en  communication  avec  la  vérité  divine, 
il  est  utile  à  tous  de  considérer  comment  saint 
Tbomas  a  pu  la  contempler  dans  une  si  grainde 
plénitude.  . 

11  avait  sans  doute  reçu  du  Créateur  un  génie 
naturel  incomparable.  M'ais  le  secret  de  la  science 
est  bien  plus  encore  dans  les  dons  surnaturels 
qui  firent  de  lui  un  si  grand  saint.  Les  deux  vices 
qui  empêchent  l'homme  de  contempler  la  vérité 
sont  le  vice  de  la  chair,  qui  souille  les  yeux  de 
l'esprit,  et  l'orgueil  qui  ramène  le  regard  sur 
soi-même  et  le  détourne  des  horirons  infinis  où 
brille  la  vérité.  Nous  avons  déjà  vu  que  Dieu 
avait  préservé  le  docteur  aneéliqne  de  toute 
atteinte  de  la  concupiscence  charnelle;  et  il  est 
dit  dans  le  bréviaire  dominicain  «  qu'il  ne  res- 
sentit jamais  l'aiguillnii  empoisonné  de  l'orgueil  ». 
En  sorte  que  son  intelligence,  naturellement  si 
sublime,  fut  un  miroir  très  pur  où  la  vérité  natu- 
relle et  surnaturelle  se  réfléchit  dans  tout  son  éclat 
et  répandit  par  lui  ses  rayons  sur  tout  le  monde. 

Au  reste,  son  application  à  l'étude  était  très 
assidue;  mais  son  application  à  la  prière  ne 
l'était  pas  moins.  «  Il  priait,  dit  Ribadeinira, 
comme  s'il  eût  vécu  d'oraison,  et  étudiait  comme 
s'il  n'eût  fait  autre  chose.  »  Après  les  travaux  de 
renseignement  de  la  prédication,  il  passait  de 
longues  heures  la  nuit  dans  la  contemplation.  Il 
avait  de  fréquentes  extases,  où, plusieurs  fois, on 
le  vil  «-oulevé  de  terre,  entraîné  corps  et  âme  par 
l'attrait  de  la  vérité  divine.  Il  avoue  i  Réginald, 
son  compagnon,  qu'il  avait  plus  appris  aux  pieds 
du  crucifix  que  dans  les  livres.  C'est  là  qu'il 
recourait  dans  les  difficultés  de  ses  études,  et 
quand  elles  étaient  excessives,  il  joignait  à  C8 
moyen  les  jeûnes  el  la  discipline. 

Tandis  qu'il  expliquait  le  prophète  Isale,  il 
rencontra  un  passage  si  obscur,  qu'il  ne  pouvait 
en  p''n«-'lrer  le  sens.  11  jeûna  et  pria  plusieurs 
jours.  Enfin, une  nuit,  saint  Pierre  et  saint  Paul, 
qu'il  avait  plus  particulièrement  invoqués,  lui 
apparurent  au  milieu  de  la  nuit  et  lui  exposèrent 
tout  nu  long  la  solution  de  la  difficulté.  Thomas 
appela  iiu«sitôt  Héginald  et  lui  commanda  d'écrire 
le  commentaire  céleste.  Quand  il  eut  achevé, 
Réginald  se  jeta  &  ses  genoux  et  le  supplia,  au 
nom  de  Jésus-Chrisl,  de  lui  dire  avec  qui  il 
s'était  entretenu  si  longuement.  Thomas  s'y 
refusa,  sachant  qu'il  est  bon  de  cacher  le  secret 
du  roi.  Mais,  comme  Réginald  redoublait  ses 
instances,  il  craignit  de  mépriser  Jésus-Christ 
' -ir  le  nom  duquel  ou  l'adjurait;  il  répondit 
'.  <  :  •  Vous  savei,  mon  flU  Réginald,  combien 
fliiié  mon  corps,  ces  dernier*  jours, i  cause 
unté  de  cet  endroit  d'Isaie;  mais  la 
.  plein  de  bonté,  m'a  envoyé  se*  apAtrM 
taiiii  l'ifrre  et  saint  Paul,  qui  me  l'ont  expliqué 
clan ''uiriit  Hitns  un  suave  entretien.  Mais  je  voot 
déf.r, 
rien  .1 

Pour  1)  . 
il  avait  ce. 

lions  »pintu<  I.'  1    ip 

conférenca»  <!>•  <■  l'M^n. 


[  du  Uieu  lout-puissant.d'en  jamai* 
••nnne  tant  qu^  !<•  vivrai.  » 


,lllt    ilH'-liJU'» 

1. 'ardeur  de 


|>."i^'f\   tir» 
•■a  rharilé 


se  ranimait  bien  plus  encore  dans  sa  tendre 
dévotion  pour  l'Eucharistie.  Devant  le  taber- 
nacle, il  était  comme  la  lampe  brûlante,  et 
sa  prière  resplendissait  alors  de  toutes  les 
lumières  acquises  par  ses  longues  éludes.  Le 
matin,  après  avoir  célébré  la  messe,  il  en  servait 
ordinairement  une  autre,  et  on  l'y  voyait  verser 
une  grande  abondance  de  larmes.  11  a  laissé 
l'empreinte  de  sa  dévotion  aussi  tendre  que 
lumineuse  à  l'Eucharistie  dans  l'office  du  Saint- 
Sacrement  qu'il  composa  sur  l'ordre  du  pape 
Urbain  IV. 

En  sortant  de  ses  saintes  contemplations,  il 
était  pris  pour  l'apostolat  non  moins  que  pour 
l'enseignement.  Selon  sa  vocation  de  Frère  Prê- 
cheur, il  annonçait  assidûment  la  parole  de  Dieu. 
Un  jour  de  l'octave  de  Pâques,  comme  il  descen- 
dait de  chaire,  une  femme  qui  soulTrait  d'un  llux 
de  sang  s'approcha  de  lui  à  travers  la  foule  et, 
comme  l'hémorroïsse  de  l'Evangile,  elle  fut 
guérie  en  touchant  sa  robe. 

Au  milieu  de  celle  préoccupation  incessante 
de  la  vérité  éternelle  qui  subju^juail  toutes  ses 
puissances,  saint  Thomas  semblait  ne  plus  vivre 
de  la  vie  de  ce  monde.  On  aurait  dit  que  son 
âme  avait  oublié  son  corps.  Au<si  ses  supérieurs 
placèrent-ils  auprès  de  lui  le  frère  Réginald,  qui 
fut  pendant  de  longues  années  son  secrétaire,  son 
confident,  et  il  faut  bien  le  dire,  son  gardien. 

Une  fois,  étant  à  la  table  de  saint  Louis, 
qui  l'affectionnait  beaucoup,  il  se  tenait  silen- 
cieux et  tout  préoccupé,  même  devant  le  roi,  de 
la  réfutation  du  manichéisme,  à  laquelle  il  tra- 
vaillait alors.  Soudain,  frappant  sur  la  table,  il 
s'écria  :  «  C'est  conclu  contre  les  manichéens  I 
Levei-vous,  frère  Réginald,  el  écrive».  •>  Le  prieur 
qui  l'accompagnait,  le  rappela  au  monde  réel  : 
«  Sire  docteur,  lui  dit-il,  vous  êtes  à  la  table 
du  roi.  •>  Saint  Thomas,  bien  honteux  de  cette 
saillie,  se  contenta  de  dire  :  •<  Pardouiiei-moi, 
seigneur  roi,  je  croyais  être  dans  ma  cellule.  •> 
Mais  saint  Louis,  plein  d'admiration,  fit  venir 
un  secrétaire  et  lui  ordonna  d'écrire  aussitôt 
l'argument,  de  peur  que  Tbomas  ne  l'oubliât. 

SAINT   THOMAS    CBSU    o'icniHI    —    SA    MORT 

A  râ#:e  de  quarante-neu.'  \u»,  le  docteur  angr- 
lique  avait  terminé  la  tâche  luiineiise  que  Dieu 
avait  confiée  à  son  génie  et  i  «on  amour.  Un 
jour,  priant  avec  ardeur  devant  du  crucifix,  au 
couvent  d'Orviéto.  il  entcndil  sorti-  ces  paroles 
de  la  bouche  du  Sauveur  :  ■<  Tu  as  bian  errit  de 
moi,  Thumas  ;  quelle  récompense  .lésires-tu 
recevoir?"  Elle  Saint,  pénétré  d'amoui ,  «'écria: 
«  Point  d'autre  que  vous.  Seigneur  1  • 

Il  fut  appelé  comme  théologien  par  le  pape  Hré- 
goire  X,  au  concile  de  Lyon  (12'74).  C'est  en  «'y 
rendant  qu'il  tomba  malade  au  couvent  des  Ci»- 
tercii-111  de  Fosse-Neuve.  En  y  entrant,  il  su* 
qu'il  devait  y  finir  ses  jours  :  •<  Ce  sera  ici  mon 
repos,  dil-il,  jusau'aux  siècles  des  siècles.  »  1..-, 
bons  religieux  I  entourèrent  de  suins.  Thoma:) 
paya  la  dette  de  la  reconnaissance  en  leur  expli- 
(luaiit,  sur  son  lit  de  mort,  le  Cantique  des  can- 
tiques. Il  reçut  avec  une  grande  dévotion  les  der- 
niers sacrements.  Ensuite,  comme  sa  nièce,  qui 
était  présente,  lui  demandait  s'il  n'avait  besoin 
de  rien,  il  lui  répondit  :  «  .Non,  pas  maintenant, 
mais  j'aurai  bienlâl  tout,  sans  qu'il  me  manque 
rien.  " 

'       !   le   T   mars   IS*i,  que  l'iro*  :■  m 

|iie   s'en   alla   contrniplrr  k 
xiiir   essentielle  pour  laquelle   s^ir    riir    aiail 
vécu  sur  la  terre. 


L    l'I.  ■  iiii.\ai,  Imp y'ui..'.  s.  I  ui  1  iaUt,i'iJ  I*  ,  l'ai  . 


SAINT    JEAN    DE    DIEU 

FONDATEUR  DE  L'ORDRE  DE  LA  CHARITÉ 


Fête    le   8    mars. 


Portrait  authentique  de  saint  Jeaoi   de  Dieu. 


NAISSANCE   DE  JEAN 

Jean  vint  au  monde  le  8  mars  l49o,  à  Monte- 
Major,  petite  ville  clu  royaume  de  Portugal.  Ses 
parents  n'étaient  pas  des  plus  riches,  mais  ils 
rnnsidéraienl  leur  tils  unique  comme  un  trésor 
inestimable. 

Sa  naissance,  semblable  à  celle  de  saint  Jean- 
Itaptiste,  fut  pour  un  ^Tand  nombre  un  sujet  de 
joie  et  d'allégresse,  car  elle  fui  accompa^^née  de 
rirconstaiires  miraculeuses.  1^  mère  venait  de 
iléposer  le  nouveau-né  dans  un  berceau,  quand, 
tout  à  coup,  sa  demeure  resplendit  d'une  vive 
rlarté,  et  les  cloches  de  l'éulise  se  mirent  en 
Ir.iiile  d'elles-mi'mi-s.  mue'-,  s.insdoute,  par  l'ance 


gardien   de  Jean,    qui    annonçait  l'arrivée   du 
martyr  de  la  charité. 

IL  SE  PAIT  BF,rti;FR 

Jean  ^'randit  sous  le  regard  maternel.  Il  fut 
élevé,  dés  ses  plus  tendres  années,  dans  tous  les 
exercices  de  piété  dont  son  enfance  était  suscep- 
tible. Malheureusement,  vers  l'âge  de  huit  ans, 
ayant  entendu  un  voy;i^eur  faire  une  description 
enthousiaste  des  inagnillcences  de  la  ville  do 
Madrid,  l'enfant  fui  pris  d'un  vif  désir  d'aller 
voir  ces  merveilles.  Il  céda  à  la  tentation,  et  le 
lendemain,  de  grand  matin,  sans  rien  dire  à  ses 
parents,  il  partit  à  pied  dans  la  direction  dd 
rf>pacne. 


265 


Ses  parents  le  cherchèrent  en  vain  :  sa  mère 
en  naoumt  de  cb;is;nu  et  son  pérp.  après  avoir 
lionne  ses  biens  aux  pauvres,  se  fit  reli^'ieuz 
franciscain. 

Pemlant  ce  temps,  le  jeune  fudtif,  sans  autre 
nourriture  que  le  peu  de  pain  i|u"il  recevait  e-n 
mendiant,  continuait  sa  route.  In  jour,  harassé 
de  fatijjue,  il  s'était  assis,  pleurant,  sur  un 
rocher,  prés  d"Oropeza,  en  Caslille,  lorsqu'un 
riche  propriétaire  eut  pitié  de  lui  et  le  prit  à  sou 
service,  en  qualité  de  heryer. 

Jean  i.'ranJit  chez  cet  liomnic.  Fidèle,  cette  fois, 
auxinseignemeulsde-aiii'  iv.il  ^^e  nioulraitpieu.\, 
vertueux,  dévoué.  Il  av.nt  environ  viiipt  ans, 
quand  son  maître,  content  de  son  intellii-'eitce, 
lui  confia  la  direction  de  sa  ferme,  et,  deux  ans 
après,  lui  oITrit  sa  tille  en  mariage.  Mais  Jean, 
toujours  repenlant  de  sa  première  faute,  crut  que 
ce  serait  trop  de  biens  pour  lui,  et  il  s'eufait  de 
nouveau. 

SOLDAT 

Il  s'engasea  alors  dans  l'armée  ■--•;■_■■•->,  et 
coniliatlit   dans  les    troupes    de    '  ant, 

d'alioid    à    Fontarabie    contre    k-  ,   et 

ensuite  contre  les  Turcs,  en  lloni.i 

Sa  vertu  résisl.i   .lu.  !.|iie  leiiip-   _   nais 

pxenifiles   de  .ides.    .Mais   le    respect 

humain  et  la  u  des  exercices  de  piété 

alT.iililirent  peu  a  peu  son  courage,  et  il  suc- 
conilia  auv  tentations. 

In  accident  lui  ouvrit  les  yeux.*I'n  jour  qu'il 
allait  au  fourrage,  il  tomha  de  cheval  et  se 
blessa  ariévement  ;  ce  qui  le  mil  en  donner  d'èlre 
pris  par  les  ennemis.  .Mais  il  eut  recours  à  la 
Sainte  Vierge,  qui  lui  apparut  l'as- 

sister. «  Jean,  lui  dit-elle,  tu  i.  ion 

rosaire;  voilà  pourquoi  ce  malheur  i  .m -.uimiiu.  " 

l'KMTCVrE  ET   niÎPAB.\TIO.<J 

Jean,  voyant  à  quels  terribles  ennemis  était   '  au- 
expo'-é   son  salii'    -'••tn-i      niiH''    ....^i~  .!.■!.. i    i.>       .> 
métier  lies  arin 

l'intention  d'y  r'.\     i      -,  _;.. 

plu".  met  a  couru 

Alors, résolu  de  nlenr'-i  -.ilaban-      Semneur,  m 

donne  son  |iay-.  f  se  loue      suivent,  lui 

à  une  «lame  de  i  ,  n-  bercer.       fou'  Au  foii 
Il  .i\ail  io  ans. 

C  est  daii>  la  «olitnde  qiie  r*ieu  vonlait  le  con- 
duire l;t  lui  pai  •  >•  le    j        l'Ul^. 


Peu  de  temps  après,  il  fut  forcé  de  retourner 
civ.l^sfwiin*.  Le  navire  qui.  le  portait  fut  surpris 
par  une  ^à  furieuse  tempête,  qu'on  crut  un 
moment  qu'il  allait  sombrer.  Jean,  attribuant  ce 
malheur  à  ses  péchés,  pria  le  pilote  de  le  jetir  à 
la  mer,  comme  avait  f.iit  Jonas.  C'en  était  fait  de 
Jean,  si  .Mario,  qu'il  avait  invoquée  comme  l'étoile 
de  la  mer,  n'était  venue  calmer  les  Ilots. 

IN  PRÉCIEUX  FAROEAf  —  JEAN  NE  RBOnSRCUE 
PLUS  LA  GLOIRE.  Sl.MS  LE  MÉPRIS 

A  peine  débarqué,  Jean  songea  à  se  procurer 
le«i  moyens  de  subsister,  car  il  était  dépourvu 
de  toute  espèce  de  bien.  U  se  lit  marchand 
d'ima;;es  et  ae  livres  spirituels,  surtout  de  caié- 
1  hismes.  \  quiconque  venait  lui  acheter  cette 
pieuse  inarcbandise,  il  donnait  graliiiteinut  une 
bonne  parole. 

Un  joui  qu'il  allait  vendre  ses  images,  il  ren- 
contra un  pelil  enfant  iiui  marchait  avec  peine  et 
dont  b'S  véleiiieiits tombaient  en  lambeaux;  Jean, 
ému  de  compassion,  le  char;;e  aussitôt  sur  ses 
épaules  avec  son  ballot,  i;,'noranl  qu'il  portait 
celui  qui  porte  le  monde  dans  sa  main.  Notre 
(;iii  ,v',,,  1,  ,if  chemina  bien  louiilenips,  ployant 
anii  ieux  fardeau.  11  arriva  pics  d'une 

fou  ■iit.iiit  le  besoin  de  se  ilévallérer.  il 

pria  aimablement  l'enfant  de  descfiidre  quelques 
instants.  Jésu>  descendit  et  profita  île  l'occasion 
)  .air  se  laire  connaître.  Il  lui  montra  une  f;re- 
n.ide  ouverte,  au  milieu  de  laquelb-  était  ll^urée 
l.i  croix.  <■  \oi-.,  lui  dit-il;  Grenade  sera  ta  croix,  i' 
Lt  l'euCanl  ilisparut. 

Jean  se  rendit  ensuite  h  Grenade,  loua  une 
misérable  masure,  et  continua  à  vendre  des 
imuftes,  atlcuduut  de  couiiaitré  la  volonté  de 
Uieu. 


In  jour,  assistant  an 
.l' Avila,  en  lu  !•  te  de 

cil'     '■  '•  •■   :    '      '••   '' 


— .   n  que  fais.iit  Jean 

•  stieii,  il  fut  tou- 

'      -l'a  le  cd'ur 

les  sobjats 

:    Il  remplit 

ui  ret'ret  de 

.  ^uiiit  et  se 

'  :  "  .Miséricorde, 

i-ufants  le   poiir- 

>ue,  et  criant  :  <•  Au 

;  de  crier  encore  plus 

ack  du  lui  Ianc4:r  des  pierres 


•  ntl 

f...ie 


il'-    -.1   iierr    j  lUo'    .lu 

1'    impur  du    u  de    son 

•    1  il  le  chi  I  >.-  M-  r.c,uirciurs  df 

veiiaieiil  .  iii'>|iiit  et  d'-soler 

...   .  Il  aurait    \ ,,       iiiiiie    I  enl.iiit  pro- 

n?louriier  ver»  s..ii   pne  et  lui  demander 

Il  ;  mais  >on   pire    r.  ni   .  (-«..é  de  tivre.   Il 

qu'il  ne  pouvait  rieu  '  us  pour  satls- 

li    iu^li.  .     diiiiii.  ,    dévouer  au 

il  se  mit  en  route 

'in   dr  semr    I»*» 

letirn»,  et  d<s  le»  déllTrer,  s'il  était 


Viii-    t 

.1.      • 
■;ti    •: 

l'iuM 
1     I 


Il  tra- 

.nil.  et, 

ilnl 

i.ue' 


llllj'l'  r.llil    .-.ili^     ..--I     |[     iiii-'i  |.  "1  .!■■    umiH'      il 

pénitre  dan-  le  lieu  saint,  et,  ipiand  il   s'est  jeté 

au  r     '   '  -  '  lutel,  le  S.U--  ' !'•  ciicr  :  ■•  Misé- 

rii  .  ui ,  iiii- 

A    ,    qiie|i|ii.       , unes    .lév.ilrs    !.■ 

mirent,  par  compassion.  &  l'bi^pital  . 

Jc.Oi     II.       f  •^'..      .!>'      t  t.liti  '  (..i:  •'      l'il. 
hoi 

I.'l 


.l'-ii.iil,  iii.ii-  -.'Il   l'iUler-seul  jo 
-'(•»    le«    lmill<'<    d'une    jll«l«»    <l 

inl    A    se«    coineils,    ce«-.i    ili- 
I.  ••.  lai«M)nl  le»  uardi<*n- tout  w. 
,U'  rison  «I  soudaine. 


Mi-  en  libcrt/-,  J«»«n  i 
.!'.  >"'l|l»T  Ir  H»~»*in  qii 


:.'er  les  pau%Tcs.  Il  sr  mit  soiis  la  pioteclion  de 
la  Sainte  Vierge,  et,  à  celte  occasion,  il  alla  faire 
un  peleriaaae  à  Notre-Dame  de  la  i.uudeloupe, 
eu  Éstramadare. 

De  retour  à  Grenade,  il  vendit  du  bois  aa 
marché  et  distribua  aux  malheureux  le  Kain  qui 
lui  en  revenait.  Puis  il  loua  une  maison  poui'  les 
pauvres  malades,  pourvut  à  tous  leurs  besoins, 
et  les  soii-'oa  avec  un  zèle  et  une  vi::ilance  qui 
t'-difièrent  toute  la  cité.  C'était  en  l'iio.  Tel  fut  le 
début  de  l'Ordre  de  la  Charité,  dont  les  fonde- 
ments, jetés  au  sein  m>'-me  de  la  pauvreté,  subsis- 
tent >.ucore  de  nos  jours.  La  Providence  a  veillé 
siu-  £on  œuvre. 

JEAN    ET    LES    PAUVRES 

.aussitôt  que  les  pauvres  venaient  à  l'hôpital, 
Jean  leur  lavait  les  pieds  et  la<:  baisait  ;  puis  il 
les  mettait  lui-m<}mo  au  lit  après  avoir  pansé 
leurs  piaies. 

Il  allait  chercher  ;'i  la  ville  ce  qui  était  néces- 
saire pour  leur  soula^^ement.  Rien  de  plus 
admir.iMe  que  de  le  voir  traverser  les  rues  de 
•irenaJe.  tandU  un  paquet  de  hardes  sur  les 
épaules,  tantôt  une  corbeille  remplie  de  pains 
sur  k'>  bras. 

L'amour  des  pauvres  le  rendait  in(:énieux.  L'n 
jour,  au  milieu  de  la  place  publique,  il  se  mit 
à  crier  avec  autant  de  voix  que  la  charité  lui  en 
donnait  :  "  Faites-vous  du  bien  à  vous-m^'-mes, 
messieurs,  faile^-vous  du  bien  à  vou>-mémesl  « 
Tout  le  monde  le  comprit  et  les  aumônes  furent 
abondantes. 

Pour  le  pain  quotidien  de  ses  malades,  il  s'en 
remettait  à  la  l*rovidence,  car  il  avait  chargé  le 
Seianeur  du  .s<iin  de  leur  vie,  comme  parle  le 
Psalmiste.  et  c'est  sur  la  charité  qu'il  avait  assis 
son  œuvre. 

Sa.  tiénérosité  croissait  arec  le  nombre  de  ses 
protégés.  Non  mntenl  de  recevoir  ceux  qui  se 
présentaient  à  lui,  il  allait  jusqu'il  chercher  dans 
les  maisons  les  pauvres  retenus  chez  eux  plul<H 
par  une  fausse  honte  que  par  leurs  infirmités,  et 
les  portait  lui-même  sur  son  dos  jusqu'à  l'hôpital. 

JEAX    DAX-i    U.S    tNCF.NDIE 

Mais  sa  tendresse  pour  les  pauvres  se  déclara 
tout  entière  dans  les  circonstances  suivantes  : 
le  feu  s'élail  mis  à  l'hôpital;  Jean,  bravant  la 
llamme  excitée  par  un  vent  vinleni,  avec  une 
promptitude  suihumaine,  pénétre  dans  l'inté- 
rieur des  salles,  charte  sur  son  dos  les  pauvres 
inlirmes  les  uns  apré*  les  autres,  et  les  Iransporle 
en  lieu  sur.  Il  affronte  de  nouveau  la  mort  que 
les  autres  croient  inévitable,  et  jelle  par  les 
fenêtres  le<  meuble*  et  les  lits.  Soudain  un  tour- 
billon de  llammi's  et  de  fumée  l'enveloppe;  c'en 
est  fait  :  Jean  e*l  |ierdu.  Déjà  le  bruit  de  sa  mort 
se  répand  dan-»  la  ville.  Mais,  ô  prodige  ! 
quelques  instaut-i  après,  on  voit  le  Saint  sortir 
«le  la  llamme  sans  aucune  lésion,  ayant  les 
sourcils  un  peu  brrilé«,  en  téinoi^naye  du  miracle 
que  Dieu  venait  d'opérer.  0""  pouvait  la  llamme 
"|ui  tournoyait  autour  de  lui  contre  le  brasier 
ardent  de  la  charité  qui  consumait  son  cwur'.' 

SON   AHOt'fl    lies    AME4 

Sa  charité  ne  se  conrenlrail  pa<<  .seulement 
daii<  l'enceinte  de  son  hôpital  :  elli*  était  trop 
active  pour  ne  pas  se  produire  au  dehors. 

Il       ■      ■  ;    dans  le~  r  les  femme» 

dél  *  retirer  lu  liémon, 

et  l.i,  M  j.i--.ii'i-  de  ces  .!■  i.ui.-  déjiradées, 
les  larmes  aux  yeux,   le  crucifix  à  la  main,  il 


prêchait  avec   une  telle  onction  qut  quclqtieâ 
unes  revinrent  à  elles-mêmes. 

L'n  jour,  il  en  avait  tiré  quatre  de  ces  vesli- 
butes  de  l'enfer;  elles  lui  avaient  promis  d; 
s'amender  s'il  voulait  les  conduire  à  Tolède.  L: 
.Saint  accepte,  et  se  met  aussitôt  en  route.  Che- 
min faisant,  il  eut  de  quoi  exercer  sa  patience, 
iîi-àce  aux  mille  injures  que  lui  donnèrent  ceux 
(jui  le  voyaient  en  cette  compagnie.  U  airivaque, 
passant  par  mi  village,  trois  d'entre  elles  s'éva- 
dèrent. Jean,  ne  perdant  poiut  courage,  dit  à  son 
coiiipaiinou,  qui  l'injuriait  :  i  Mon  frère,  ayez 
'  patience;  si  vous  aviez,  quatre  charges  de  marée 
>•  et  qu'il  s'en  fût  gâté  trois,  vous  ne  rejetteriez 
it  pas  la  quatrième  restée  bonne.  />  U  fut  heureu- 
sement récompensé,  car  la  femme  qu'il  accoiu- 
pa:.'na  jusqu'à  Tolède  mena  depuis  une  vie  exem- 
plaire. 

IL  AIME  LES   I.NJUHES  ET   LES  HUMILIATIONS 

Notre  Saint  était  brûlé  d'une  ardente  soif  des 
humiliations:  il  les  supportait  avec  joie,  et  les 
cherchait  même  avec  ompressemcnl. 

Un  jour,  un  pa;.'e  le  jeta  malicieusement  dans 
une  au^e  pleine  d'eau;  Jean  se  releva  aussitôt  et 
n'en  fil  que  rire. 

L'n  autie  jour,  un  seianeur  lui  déchargea  un 
rude  soufUet,  parce  que,  passant  près  de  lui,  il 
avait  fait  tomber  par  mè^arde  son  manteau. 
«  Frappez  encore,  »  lui  dit  le  Saint  ;  et  il  lui  len- 
dit l'autre  joue,  selon  le  conseil  de  Jésus-Christ. 
Le  sei;;neur,  tout  confus,  lui  demanda  pardon. 

Dans  une  autre  circonstance,  une  femme 
déhanchée  lui  dit  tout  bas  des  injures,  le  <|uali- 
fiant  de  bisjot,  d'hypocrite,  etc.  Jean  lui  présenta 
de  l'arf-'enl  :  'i  Tenez,  lui  dit-il,  allez  crier  sur  la 
^'rande  place  de  la  ville  les  injures  que  vous  me 
dites  en  particulier.  .•  Ainsi,  notre  Saint  faisait 
Ses  humiliations  ses  pluâ  chères  délices,  et, 
supérieui  à  tout  comme  l'.Xpôtre,  il  s'estimait 
heureux  de  souffrir  des  opprobres  pour  Jésus- 
Christ,  père  des  pauvres.  C'était  bien  Jean  de 
Dieu,  comme  l'avait  appelé  l'évéque  de  Tuy. 

UNE   ÉPREDVE 

A  la  patience  inaltérable  qu'il  montraitdans  ces 
sortes  d'afllictions,  Jean  de  Dieu  jni;.'iiait  encore 
un  prand  désintéressement  pour  tout  ce  qui  tou- 
chait les  pauvres  ou  les  iulirmes.  Il  nous  l'a  mon- 
tré plus  d'une  fois;  ne  citons  qu'un  exemple. 

Il  rencontra  un  jour  le  marquis  de  Tarisa.  don 
llenricpiez,  qui  jouait  avec  d'autres  sei^'neurs. 
Ils  lui  donnèrent  en  aumône  jusqu'à  vinet-cinq 
ducflts.  Le  soir,  le  marquis  alla  le  trouver  en  babil 
déguisé,  feiananl  d'étro  un  gentillionime  tombé 
dans  le  malheur.  «  Mon  père,  dit-il,  voyez  mon 
»  triste  état;  la  fortune  a  changé  tout  à  coup  de 
•  visaye,  et  de  grand  seigneur  me  voilà  i-'rand 
»  mendiant.  L'ne  petite  obole,  mon  père,  me  ren- 
■1  drait  la  vie.  —  Ni;  désespérez  pas  de  celui 
"  qui  ne  désespère  personne,  lui  répondit  le 
■'  Saint;  voilà  ce  qu'on  vient  de  me  donner.  >• 
Kl  il  lui  remit  les  vinL.'t-cinii  ducats.  Le  marquis 
revint,  tout  édilié  d'une  pareille  générosité,  trou- 
ver les  seigneurs,  au.vqnels  il  raconta  sa  bonne 
aventure.  Le  lendemain,  il  alla  reporter  son 
aumône  au  pauvre  île  Dieu,  et  le  secourut  depuis 
dans  toutes  ses  nécessités. 

JEAN   ET  LE  TENTATEIr 

.Vprès  lion  Henriquez,  le  démon  si'  iim  l'ii  i  ini- 

ragiic  pour  éprouver  la  vertu  de  Jean  de  Dieu. 
iii'   nuit  que   le  Saint  était   en   prière,   il  lin 
a[qiarut  sous  une  flgure  horrible  qui  jetait  le  feu 


par  la  bouche.  Jean  fut  si  cruellement  maltraité 
par  le  monstre  cru..-l,  qu'il  s'écriait  en  f:éniissant  : 
"  Jésus,  secoiiiez-inoi!  Jésus,  venei  à  moi! » 

Une  autre  fois,  le  tentateur  se  montra  sous  la 
fiv'ure  (l'une  j'une  fille.  «  Par  où  es-tu  entré"?  •> 
lui  ilemauda  le  Saint.  «  Je  n'ai  que  faire  de 
porte,  lui  répondit  Satan;  j'entre  par  ou  je  veux.  » 
.\  quoi  Jean  répliqua  :  a  II  n'est  pas  possible 
«lue  tu  puisses  entrer  si  tu  n'es  quelque 
démon.  ■>  Et,  tandis  qu'il  allait  voir  si  sa  porte 
était  l)ien  fermée,  le  faiiti\me  s'évanouit. 

A  quelque  temps  de  là.  le  démon  prit  l'appa- 
rence d'un  naiivri»  et  lui  demanda  l'aumône. 
Jean  refusa  Je  la  lui  donner,  s'il  ne  la  demandait 
au  nom  de  Dieu.  Alors,  le  diable  lui  déchargea 
un  si  mde  coup  dans  la  poitrine  qu'il  le  lit  recu- 
ler en  arriére,  mais  il  était  encore  vaincu. 

\I'1'\HITUpN    de   notre-seignecr 

Pour  roncoura;,'er  dans  les  épreuves,  Notre- 
Seigneur  dai^'na  se  montrer  plusieurs  fois  à  son 
son  serviteur. 

l'n  jour  qu'il  priait  devant  un  crucifix,  il  crut 
voir  Jésus-(]hrist  en  compagnie  de  sa  Très  Sainte 
Mère.  Marie  tenait  une  couronne  d'épines  à  la 
main,  et  la  lui  mettant  avec  force  sur  la  tête  : 
"  Jean,  dit-elle,  c'est  par  les  épines  et  les  souf- 
»  frances  i]ue  tu  dois  mériter  la  couronne  que 
••  mon  Kils  te  réserve  dans  le  ciel.  >  Kn  même 
loinps.  il  sentit  de  très  cuisantes  douleurs,  mais 
son  amour  lui  fit  répondre  :  •'  Ma  Mère,  vos 
"  épines  sont  mes  roses,  et  vos  soulîrances  mon 
■■  paradis.  .> 

l'ne  autre  fois,  rencontrant  un  malade  à 
toute  extrémité,  il  le  chargea  sur  ses  épaules,  le 
porta  à  l'hi'ipital,  le  mit  dans  un  lit  et  lui  lava 
les  pieds.  Mais,  en  voulant  les  baiser,  il  remarqua 
qu'ils  étaient  percés  comme  ceux  du  Sauveur, 
et,  jetant  les  yeux  sur  le  malade,  il  reconnut  que 
c'était  notre-Seigneur  lui-même.  .■  Jean,  lui  dit-il, 
»  je  prends  sur  mui  tout  re  que  tu  lais  aux  pau- 
»  vres.  Leurs  plaies  sont  les  miennes,  et  c'est  à 


ji  moi-mi  me  que  tu  laves  les  pieds,  quand  tu  pra- 
I'  tiques  cet  acte  de  charité  envers  les  malades.  » 
Aussitôt,  la  vision  disparut.  Jean  se  trouva  alors 
environné  d'une  si  grande  clarté,  que  les  malades 
s'écrièrent  tout  à  coup  :  «  Au  feu!  .\u  feu! 
L'hdpital  brûle!  L'hôpital  brûle!  »  Mais  le  Saint 
les  assura  que  ce  feu  était  nlutùt  pour  embraser 
les  cœurs  que  pour  brûler  la  maison. 

SA  UALADIE 

II  y  avait  dix  ans  que  cet  amoureux  père  des 
pauvres  fatiguait  son  corps  au  service  des  membres 
souffrants  de  Jésus-Clirist.  H  dissimula  tout 
d'abord  le  mauvais  état  de  sa  santé  ;  mais,  à  la 
lin,  sa  maladie  devint  si  dangereuse  qu'il  ne  lui 
fut  plus  possible  de  la  cacher.  Le  bruit  s'en 
fut  bientôt  répandu  dans  la  ville,  l'ne  dame 
vertueuse  le  vint  voir.LIle  le  trouva  dans  un  état 
pitoyable  :  couché  avec  ses  habits,  dans  une 
étroite  cellule,  n'ayant  d'autre  couverture  qu'un 
vieux  manteau;  il  avait  substitué  seulement  à 
la  pierre  qui  lui  servait  d'oreiller  le  panier  dans 
leauel  il  recueillait  les  auniAnes. 

La  dame  obtint  de  l'archevêque  la  permission 
de  le  faire  conduire  en  sa  demeure,  afin  qu'il  y 
fût  traité  avec  plus  de  soin.  <>  ne  fut  pas  sans 
regrets  que  le  Saint  fut  obligé  d'acquiescer  à  ses 
désirs  et  de  se  laisser  transporter  hors  de  son 
hôpital,  loin  de  ses  chers  malades. 

SX     MORT 

L'heure  suprême  approchait,  Jean  de  Dieu 
reçut  les  derniers  .sacrement»  de  la  main  même 
de  l'arclievéque.  Sentant  de  plus  en  plus  que  ses 
forces  l'abandonnaient,  il  recommanda  ses  pauvres 
orphelins  aux  soins  des  personnes  charitables. 
Puis,  se  levant  du  lit,  il  enibrassa  son  crucifix  ; 
après  un  court  silence,  il  dil  :  "  Jésus,  Jésus,  je 
remets  mon  Aine  entre  vr>s  mains!  »  Il  s'endormit 

fiaisiblement  en  ce  monde  pour  se  réveiller  dans 
e  sein  de  Dieu.  C'était   le  8   mars  lùiiU.   Jean 
avait  55  ans. 


lœp   j  ri-ii  .  E    l>«Tiriii<ii<T.  T-,  ru»  Ilajrjril.  r«H» 


SAINTE  FRANÇOISE  ROMAINE 


Fête  U  9  mars. 


Sainte   Françoise,  priant  avec   l'an^^e,  reçoit  la   visite  et  les  instructions 

de  la  Reine  du   ciel. 


Françoise  naquit  à  Rome,  d'une  famille  illustre 
ious  le'ponlilical  d'Urbain  VI,  l'an  de  grdce  1384. 

Dès  sa  plus  tendre  eriTance,  on  remarqua  en 
elle  les  indices  de  sa  future  sainlel»?.  hllle  avait 
appris  dans  les  bras  de  sa  mère  le  petit  office 
de  la  Sainte  Vierge,  et  depuis  lors,  elle  le  récita 
chaque  jour. 

Douce  el  humble  de  caractère,  les  choses  nou- 
▼elles  et  curieuses  n'avaient  aucun  attrait  pour 
elle,  tous  sesgoùtsrentralnaient  vers  la  solitude, 
et  elle  expiait  ses  moindres  fautes  par  de  sévères 
pénitences. 

Elle  fr<<quenlait  assidûment  l'église  des  Pères 
Olivétains,  au  forum. 

Une  enfance  ain>i  pissée  dans  le  recueillement, 
dani  l'union  avec  Dieu,  dan-*  la  pratique  de  la 
mortification  chrétienne,  l'avait  disposée  à  te 


consacrer  à  Jésus-Christ  el  à  n'avoir  d'autre 
amour  que  le  sien.  Le  père  de  Françoise  con- 
trai;.'iiit  la  pauvre  enfant  à  une  union  terrestre. 
La  Sainte  se  soumit;  mais,  contrariée  dans  ses 
aspirations,  blessée  dans  son  amour  envers  le 
divin  Epoux  des  âmes,  le  jour  des  noces  fui  pour 
elle  un  jour  de  deuil.  Laurent  Poniiani  trouva, 
il  est  vrai,  en  elle  une  femme  tendre,  bonne  et 
df'vouée,  mais  c'est  que  l'amour  de  Dieu  avait 
jeté  dans  le  cœur  de  Françoise  de  trop  profondes 
rarjncs  pour  que  le  devoir  ne  fut  pas  la  règle  de 
toutes  ses  actions. 

FRANÇOISI  CU^nil  PA*  SAtirr  ALUIS 

Peu  de  temps  après  son  mariage,  Françoise 
tomba  malado.  Elle  éUul  depuisuneannée  entière 
clouée  sur  son  lit  de  douleur  sans  que  sa  patience 


-6. '9 


se  fût  démeulie  un  insUnt,  quand  une  nuit  sa 
chambre  se  remplit  d'ane  lumière  extraordinaire  : 
toutes  les  servantes  dormaient  et  Françoise  s'en- 
tretenait avec  Dieu  d'ans  la  prière  ;  un  jeune 
homme  d'une  admirable  beauté  apparut  ;  son 
Tétement  était  celui  d'un  pèlerin,  mais  sa  splen- 
deur disait  asseï  que  ce  pèlerin  t?tait  un  habitant 
des  cieux. 

—  Je  suis  Alexis,  dit-il  ;  Dieu  m'envoie  vers 
TOUS,  fidèle  servante  du  Christ,  pour  vous  rendre 
la  santé. 

tt  il  étendit  sur  le  lit  de  la  malade  une  robe 
au  tissu  d'or  et  disparut... 

Aussitôt  Fraii'-oise  se  lève  ciarfaitement  Ruérie 
et  court  chez  \  a'nnoiza,  sa  belle-soeur,  la  reveille 
en  sursaut,  (t  lui  raconte  le  miracle:  «  HAtons- 
nous,  dit-i'lli",  d'aller  remercier  le  SainL  » 

Vannoria  s<>  leva  promptement  et  toutes  deux 
se  rendirent  à  l'église  de  Saint-Alexis  où  elles 
épanchèrent  leurs  âmes  dans  une  fervente  action 
de  prdces. 

A  dater  de  ce  moment,  Françoise  mena  une 
vie  plus  sainte  encore,  et  Vaiiuoni  devint  la 
compagne  de  toutes  ses  œuvres  de  piétt;  et  de 
mist^ricorde.  Les  deux  jeunes  femmes  se  cons- 
truisirent une  retraite  au  fnud  du  jardin.  Là  elles 
f lassaient  tous  les  instants  de  liberté,  que  leur 
aissaient  leurs  devoirs  d''-tal. 

Un  jour  Cécile,  leur  belle-mère,  avait  organisé 
une  joyeuse  partie  de  rarapagne  "  pour  passer 
le  temps.  »  Ur  Françoise  et  Vojinoiia,  trouvant 
le  temps  de  la  prière* trop  court,  se  cachèrent  si 
bien  au  moment  do  départ  <{u'il  fnt  impossible 
de  les  trouver. 

Seules  avec  Dieu,  elles  donnèrent  quelquM 
heures  à  l'oraison,  puis  se  récréèrent  par  de  pieux 
colloques.  Vannoua  disait  k  Françoise  :  ■<  Si  Uieu 
»  nous  accorde  la  grâce  d'i"'tre  un  jour  ermites, 
•>  que  ferons-nous,  ma  sa'ur?  Où  preudrous-iious 
»  de  quoi  nous  nourrir'?  •>  Françoise  répondit  : 

«  Lorsque  nous  serons  au  désert,  nous  irons 
»  chercher  des  fruits  et  des  racines,  et  Dieu  nous 
»  fera  la  grùce  d'en  trouver  asseï  pour  suflire  à 
»  nos  besoins.  >> 

A  cet  instant,  denx  grosses  pommes  tombèrent 
d'un  arbre  voisin  :  on  était  cenendanl  au  mois 
d'avril.  Dieu  leur  montrait  par  là  qu'il  avait  leur 
piété  pour  agréable,  et  aussi  qu'il  n'abandonne 
jamais  ses  serviteurs  ;  mais  il  ne  les  voulait  pas 
ermites. 

Cécile  mourut,  et  Françoise ,  mal;.'ré  son 
exlr/'me  jeunesse,  M  vit  chargée  du  suiii  de  la 
maison.  Kllr-  n'abandonna  cependant  aucune  de 
ses  pratiques  de  dtivulion,  mais  elle  veilla  à  ce 
qu'elles  n«  nuisissent  en  rien  à  ses  devoirs  de 
famille.  Elle  savait  au  besoin  interrompre  une 
prière  pour  aller  où  on  l'appi-lait  et  revenir  la 
reprenare  ensuite.  Jamais  elle  ne  perdait  un 
ri  1.111I  WUf  tardait  la  prés<-ncc  de  Dieu  et  faisait 
:  .11'.'  s  S'  s  a  tious  pour  lui  plaire. 

nuKÇOist  aArransi  de  maisor  —  «a  cakuni 
Elle  avait  soin  de  ses  serTit>>nrs,  les  exhortant 


de  - 
les  . 

elle  y  à,.. 
sur  ar!Mi  ' 
1.*»  int.-r 


trriii  rux 

1  lie.  Alors 

.\iut  kIo  ot  leur  parlait  avec 

Il  --^-i  lliru  lui  étaient  trop  cher*  pour 


que  le  seiiliment  du  respoct  humain  entrât  dans 
son  âme  et  mit  J>-s  bornes  à  son  lele.  L'n  jour, 
un  ami  de  son  mari  lui  ayant  donné  un  livre 
d-'fendu  parl'Eplise  (car  en  dépit  des  révoltes  de 
notre  siècle  d'indépendance,  l'Èslise,  notre  mère, 
a  le  droit  d'interdire  à  ses  enfants  les  lectures 
danc»reuses),la  Sainte  arracha  ce  livre  des  majns 
de  Laurent,  et  courut  le  jeter  au  feu.  Laurent 
mécontent  la  reprit  avec  aiereur  ;  mais  Françoise, 

fileine  de  lèle,  lui  enlevait  pour  les  brûler  tous 
es  livres  mauvais;  et  plus  d'une  fois  les  domes- 
tiques entendirent  le  bruit  que  faisaient  eilors 
les  démons  irrités. 

Vaunoiza  étant  tombée  malade,  Françoise  la  soi- 
gna avec  toute  la  tendresse  qui  unissait  ces  âmes 
dont  Dieu  était  le  lien.  Comme  elle  se  d'^solait 
de  ne  pouvoir  trouver  un  poisson  que  désirait 
94  sœur,  ce  poisson  tomba  soudain  à  ses  pieds. 
El  Vannozïa  en  ayant  mangé  recouvra  la  santé. 

Les  serviteurs  de  Françoise  avaient  ordre  de  ne 
Jamais  congédier  soit  un  pauvre,  soit  un  reli- 
gieux sans  lui  être  venu  en  aide,  mais  une  année 
où  la  disette  était  extième,  Laurent  craifinit  que 
la  charité  de  sa  femme  ne  le  rt'duisit  lui-même 
à  la  mendicité.  H  lui  enleva  donc  la  clef  du 
cellier ,  préleva  la  provision  m-cessaire  à  sa 
famille  et  vendit  le  reste. 

Mais  quelques  jours  après,  il  trouva  dans  ce 
même  grenier  quarante  mesures  d'un  froment 
magnilique  :  il  laissa  dès  lors  toute  liberté  à 
Françoise  Je  continuer  ses  largrsses. 

Françoise  eut  deux  lils.  Baptiste  et  Evangéliste, 
et  une  lille  nommée  Agnès. 

Baptiste,  l'ainé  d^  ses  tils,  se  maria  et  transmit 
à  sa  postérité  l'honneur  et  la  bénédiction  d'une 
S^iinte. 

Lvangéliste,  le  cadet,  vécut  comme  un  ange.  Il 
était  si  fidèle  à  Dieu  et  si  appliqué  à  l'oraison 
que,  dès  ses  plus  j-^un^s  années,  il  obtint  des 
faveurs  exceptiouncllfs  :  entre  autres  le  don  de 
prophétie.  Il  ne  pensait  qu'au  tiel  et  ne  parlait 
que  de  Dieu.  Ses  désirs  au  reste  furent  promp- 
tement  exaucés,  car  il  mourut  à  l'âge  de  neuf 
ans. 

Onlre  l'ange  gardien  que  nous  avons  tons  et 

Îue  Dieu  charçe  de  nous  diriger.  Dieu  avait 
onné  à  Françoise  un  ange  chargé  de  la  punir. 
Cet  ange  était  sévère,  car,  à  la  moindre  faute, 
il  la  frappait,  même  en  public.  L'ange  restait 
invisible,  mais  les  coup*  étaient  entendus  •!•• 
tous. 

Ainsi  Françoise  était  avec  ses  amies.  Quelque 
dames  étrangères  firent  tomber  la  roiivi-rsation 
sur  des  objets  de  vanité.  Dieu  inspira  à  la  Sainte 
de  les  interrompre  et,  comme  elle  hésitait,  elle 
reçut  sur  la  juue  un  rude  soufllet. 

Oue  de  soufflets,  si  toutes  les  chrétiennes 
avaient  cet  angel 

EN  COliriCNII  d'un  AtCHANGI 

Une   nuit,   Agnès  dormait   profondément;   sa 
mère  vil  volligor  au-dessus  <ie  !•  '■'■••   '••  i'-"'^y.\ 
une  colombe  d'une  blancheur 
tenant  un  cierge   allumé,  l'«j 
les   sens   de  l'enfant.    ApK'i    ; 
|iarut.  I.a   nuit  suivante,  une 
remplit  la  chambre  et  le  petit  i 
rut  a  Françone.  Il  aviit  In»   t  u:- 

1«  même  taille,  le»  n- '  de  »oii 

Mvaiit,  uni-  «1  he.iul  Auprès 

lie  lai  '  uo  jruiii!    Il  iiaiiii-   d  un  aspect 

plus  rt  iicnre.    I.a   (>auvre   mère,  ne  se 

possédant  |ilu<  '!•  joie,  roulut  «errer  son  enfant 


contre  son  cœur,  mais  il  était  impalpable  et  elle 
dut  se  contenter  de  le  voir  et  d'entendre  sa  voix. 
Il  Kotre  unique  occupation,  disait  le  petit  saint, 
»  est  de  contempler  Tabîme  inûni  de  la  bonté  de 
»  Dieu,  de  louer  et  de  bénir  sa  majesté'...  Nous 
»  ne  pouvons  avoir  aucune  douleur  ;  nous  jouis- 
'■  sons  d'une  paix  éternelle... 

»  Celui-ci,  dit-il,  en  montrant  le  jeune  homme 
>'  qui  l'accompagnait,  est  un  archange...  Dieu 
Il  vous  l'envoie  pour  être  votre  consolation  pen- 
»  dant  le  reste  de  votre  pèlerinage  ;  il  ne  vous 
»  quittera  ni  jour  ni  nuit  et  vous  aurez  la  conso- 
)i  lation  de  le  voir  constamment...  Ma  sœur  Aj;nès 
»  mourra  bientôt,  mais,  consolez-vous,  elle  vien- 
»  dra  s'associer  à  moi  dans  la  gloire.  » 

Françoise  comprit  la  vision  de  la  nuit  précé- 
dente, elle  s'efforça  d'orner  l'àme  de  sa  fille  de 
toutes  les  vertus.  Agnès  mourut  peu  après. 

Depuis  lors,  sa  sainte  mère  jouit  constamment 
de  la  présence  de  son  archange.  Une  lumière 
céleste  l'environnait,  lumière  si  resplendissante 
que  les  regards  de  Françoise  en  pouvaient  à  peine 
supporter  l'éclat,  excepté  quand  son  âme,  unie  à 
Dieu  par  l'oraison,  participait  elle-même  en 
quelque  sorte  à  cette  gloire  céleste. 

Si  quelqu'un  prononçait  une  parole  mauvaise, 
l'archanj-'e  cachait  son  visage  dans  ses  mains. 

Françoise,  avant  d'avoir  complètement  soumis 
sa  volonté  à  celle  de  Dieu,  témoignait  parfois  son 
ennui  du  travail,  des  soins  domestiques  ou  des 
visites  importunes.  Mais,  à  la  moindre  impa- 
tience, l'archange  s'éloignait.  La  sainte  reconnais- 
sait aussitôt  sa  faute,  conjurant  cet  ami  fidèle  de 
la  lui  pardonner  et  l'archange  se  hâtait  de  revenir. 

HUnLITK  ET  AUST^RITi 

Laurent,  témoin  chaque  jour  des  vertus  de  son 
épouse  et  des  grâces  extraordinaires  dont  elle 
était  favorisée,  voulut  que  cette  femme  privilé- 
fiif'e  appartint  à  Dieu  seul.  Il  la  considéra  désor- 
mais comme  sa  sœur  et  lui  demanda  seulement 
de  ne  pas  l'abandonner  et  di  continuer  à  gou- 
verner sa  maison.  Françoise,  tout  heureuse  de 
renoncer  entièrement  au  monde,  se  dépouilla  de 
ses  riches  parures,  les  vendit  et  en  employa  le 
prix  à  secourir  les  indigents;  puis  elle  se  fit  une 
robe  d'une  étoffe  si  grossière  qu'à  peine  ses  ser- 
vantes eussent  voulu  en  porter  de  semblables. 

Quand  elle  parut  ainsi  en  public,  le  blâme  fut 
universel;  mais,  forte  de  l'approbation  de  son 
époux,  heureuse  de  l'humiliation  que  ce  costume 
lui  procurait,  elle  ne  fit  aucun  cas  des  jugements 
du  monde  ;  et  afin  de  s'humilier  davantage,  elle 
sortait  chaque  matin,  allait  dans  ses  vignes  hors 
de  la  ville,  et  là,  ramassant  des  sarments  de  bois 
mort,  elle  en  faisait  un  fagot  au'elle  portait  sur 
sa  tète  pour  le  donner  à  quelques  pauvres  de 
Home. 

Une  année  la  disette  sévit;  Françoise  s'adjoi- 
gnit Vannozza,  et  ces  deux  saintes  femmes  allaient 
de  porte  en  porte  quêter  pour  les  pauvres.  On 
les  recevait  d'ordinaire  assez  mal,  on  leur  disait 
des  injures,  on  les  frappait,  mais  elles  étaient 
heureuses  de  soulTrir  pour  Jésus-Christ. 

Dieu  récompensa  leur  courage.  Une  fois,  elles 
entendent  des  cris  déchirants.' C'était  une  mère 
pleur.intson  enfant,  mort  sans  baptême. Françoise 
[i''ii':tre  dans  la  maison,  reproche  vivement  à  la 
mère  sa  coupable  né;.'lii:<;nce,  res«uscite  l'enfant 
''t  se  sauve  pour  éi  happ'T  aux  actions  de  grâces. 

Le   clerg'-  de    Rf^rae  se   n'ndait,  un  jour  de 

in'me,  à  la  b.i'iliqne  de  Saint-Paul.  Les  fidèles 
:  '    'u   '•  ■;'•      Françoise   vit  à  la  pnrt"   de 


l'église,  assis  sur  une  longue  poutre,  des  pauvres 
qui  demandaient  l'aumône.  Elle  prit  place  parmi 
eux,  tendit  la  main  comme  eux  et  se  sentitpleine 
de  consolation  en  pensant  qu'il  y  aurait  certai- 
nement dans  l'assistance  beaucoup  de  personnes 
du  grand  monde  romain,  vis-à-vis  desquelles  elle 
braverait  le  respect  humain. 

A  ces  humiliations,Françoise  joignait  de  nom- 
breuses mortifications.  Elle  ne  buvait  pas  de  vin 
et  faisait  un  seul  repas.  Jamais  elle  ne  mangeait 
ni  viande,  ni  œufs,  ni  laitage,  ni  poisson.  Elle 
portait  un  ciliée  sur  la  chair  nue.  Un  cercle  de 
fer  ceignait  ses  reins  et  lui  faisait  des  blessures 
sanglantes.  Sa  discipline  était  armée  de  pointes 
aiguës,  et  elle  s'en  servait  sans  ménagement. 
Elle  était  couverte  de  plaies.  Pour  expier  la 
moindre  imperfection,  elle  se  meurtrissait  le 
corps,  frappant  sa  bouche  jusqu'au  sang,  quand 
elle  avait  proféré  une  parole  inutile.  Si  rigou- 
reuse envers  elle-même,  elle  était  pleine  de  dou- 
ceur envers  les  autres,  toujours  sensible  à  leurs 
peines,  toujours  compatissante  à  leurs  infirmités. 

La  Passion  était  le  sujet  constant  de  ses  médi- 
tations et  la  source  de  son  inconsolable  douleur. 
Elle  pleurait  ses  fautes  et  les  fautes  des  pécheurs 
dans  toute  l'amertume  de  son  âme,  et  Dieu,  par 
une  grâce  particulière,  l'associa  tellement  aux 
souffrances  de  la  croix,  qu'elle  en  éprouvait  des 
douleurs  physiques  très  violentes.  Si  elle  con- 
templait les  plaies  des  pieds  du  Sauveur  Jésus, 
les  siens  pouvaient  à  peine  la  porter.  Si  elle 
élevait  son  regard  vers  la  couronne  d'épines  elle 
sentait  aussitôt  sa  tête  percée  de  pointes  aiguës. 
11  se  fit  même  sur  son  cœur  une  plaie  miracu- 
leuse, dont  il  s'échappait  une  eau  abondante. 

Le  roi  de  Naples  ayant  envahi  Rome,  Françoise 
vit  son  mari  exilé  et  ses  biens  confisqués;  sa 
patience  fut  héroïque.  Enfin  son  mari  revint  et 
ses  biens  furent  restitués. 

Trente  années  de  sa  vie  furent  employées  à 
servir  les  pauvres;  elle  pansait  leurs  plaies  et 
lavait  leurs  ulcères,  buvait  l'eau  qui  les  avait 
lavés  ;  car  elle  voyait  dans  ces  pauvres  ulcérés 
son  Seigneur  Jésus,  qui,  par  amour  pour  nous, 
s'était  rendu  lui-même  comme  un  lépreux. 

LIS    OBLATBS   DE   SAINTE  FRANÇOISE 

Les  Saints  doivent  4tre  les  coopérateurs  de 
Jésus-Christ  et  leur  vie  surnaturelle  doit  s'épan- 
cher au  dehors  par  le  bien  opéré  dans  les  âmes. 
Françoise  le  comprit;  elle  apaisait  les  dissenti- 
ments, combattait  la  vanité  des  femmes,  prêchait 
l'amour  de  Dieu  et  des  pauvres,  et,  par  sa  parole 

Sersuasive,  convertissait  un  nombre  incroyable 
'âmes. 

Françoise,  un  jour,  dit  à  quelques  dames  de  la 
société'romaine  : 

—  Je  crois,  mesdames,  que  nous  ferions  une 
chose  excellente  et  fort  agréable  à  Dieu,  si,  nous 
consacrant  toutes  à  sa  Mère,  nous  formions  une 
confrérie  en  son  honneur. 

Ces  simples  mots  fructifièrent,  et,  sans  que 
Françoise  s'en  doutât,  furent  l'origine  de  la  con- 
grégation des  Oblates,  ainsi  nommées  parce 
qu''>lles  font  ohlation  on  offrande  d'elles-mêmes 
à  Dieu. 

Ce  n'était  d'abord  qu'une  association  de  femmes 
dévouées  an  culte  de  la  Sainte  Vierge  et  travail- 
lant à  leur  propre  perf'^ction,  sous  la  conduite 
de  notre  Sainte.  Mais,  nlus  tard.  Dieu  donni  à 
«a  lldèlc  servante  des  lumières  sur  l'établisse- 
ment d'une  ronprégation  régulière. 

I,.i  veille  de  Noël  (1433),  l'Enfant  Jésus  de«- 


cenUil  Jan6  les  bris  de  la  Sainte  cl  la  caressa 
lenJremeut. 

Piii<  saint  Pioire  apparut,  lui  donna  la  sainte 
C'iinmunion  Je  sa  main,  tandis  que  saint  Paul  et 
saint  llenoit  assistaient  à  l'autel  le  Prince  des 
apt'itres.  Sainte  Madeleine  était  présente. 

Après  la  messe,  saint  Pierre  reeut  la  consécra- 
tion de  Françoise  et  lui  donna  des  inslruclions 
détaillées  polir  l'établissement  de  sa  congréga- 
tion relif-'ieuse. 

L"ii  jour,  Françoise  villa  Reine  céleste  entourée 
d'une  mullitude'd'anges.  La  Sainte  s'approcha  de 
Marie  et  lui  dit  : 

!■  Soyez  la  bienvenue,  mon  Oblate,  singulière- 
•>  ment  aimée  de  moi  et  de  mon  Fils...  » 

Et  Franeois''  vit  ses  filles  spirituelles  au  pied 
du  trône  de  Marie.  Elle  l'entendit  leur  dire  : 

<<  .\nie'!  liénies  du  Créateur,  il  vous  a  toutes 
»  acceptéis  pour  rnesOblates.Tenei-vous  prêtes  à 
»  répondre  amon  appel.  Je  vous  attendrai  le  jour 
»  de  la  Pie  de  mon  .\nnonciation.  » 

D'autres  fois,  alors  qu'elle  était  à  genoux  devant 
une  statue  de  la  Vier;,'e,  son  ange  s'approcliait, 
et  lui  présentant  son  livre  d'oraisons,  continuait 
la  prière  avec  elle.  C'est  à  ce  mcmcnt  que  Marie 
apparaissait,  assise  sur  un  trône  d'or,  et  lui 
donnait  de  tonobants  enseignements. 

.\insi  surnilurellemeut  "instruite  et  guidée, 
Françoise,  m.ilsré  tous  les  obstacles  suscités  par 
le  déiiion,  établit  la  congrégation  des  Oblales;  mais 
ce  ne  fut  que  trois  ans  après  qu'elle  vint  demeu- 
rer avec  ses  filles,  car  Laurent,  son  mari,  vivait 
encore. 

Quand  il  mouri^t,  Françoise  avait  cinquante- 
deux  ans.  Le  jour  de  Saint  Benoit,  elle  quitta  «a 
maison,  alla  au  monastère,  et  s'élanl  présentée 
pieds  nus  devant  ses  filles,  elle  se  prosterna  les 
Dras  étendus  en  croix  et  dit  d'une  voix  entre- 
coupée de  sanglots  : 

<•  Je  TOUS  supplie,  mes  sœurs,  et  vous  conjure 
»  de  me  recevoir  comme  une  pécheresse  misr- 
»  rable,  qui,  aprèsavoir  donné  au  mnndelcs  plus 
•  belles  années  de  sa  vie,  vient  en  oITrir  à  Dieu  les 
"  tristes  restes.  " 
Les  Oblales,  toutes  joyeuses,  introduisirent 
•  leur  mère  dans  le  monastère,  et  la  supérieure 
voulut  aussitAt  abdiiiuer  toute  autorité  pour  se 
soumettre  à  celle  de  la  sainte  fondatrice.  Celle-ci 
n'étant  venue  que  pour  obéir,  eut  peine  à  con- 
d'>scendre  aux  vaux  de  ses  filles  et  le  gouverne- 
ment resta  qiielilue  temps  encore  aux  mains  de 
la  première  supérieure. 

La  pauvreté  était  extrême,  car  Françoise  avait 

-laissé  toute  sa  fortune  à  son  (ils.  Il  arriva  donc, 

un  jour,  que  la  Sn-ur  chargée  du  réfectoire  ne 

trouva  du  pain  aue  pour  trois,  et  elle»  étaient 

quinze  à   table,  t^   Bienheureuse  voulait   aller 

mendier  dans  la  ville,  mais  la  supérieure  lui  en 

1)  iiit  refusé  la  permission,  Françoise,  toujours 

1    .--anle,  se  rendit  nu  réfectoire  et  divisa  le 

pull   ■■Il   quinze    morceaux.  Il    plut  &    Dieu   de 

renouveler  le  miracle  de  la  multiplication   des 

■r  .-hez  les  Oblates  comme  dan»  l'Evan- 

-  que   toutes  »e   furent  rassasiée»,  on 

'••■  r.--l<-»  .1-iiis  de»  corbeilles  ri  elle» 

«'en  1    riiain. 

I  .  i>  son  confc5»<'ur  décida 

I  r  la  charge  de  supérieure,  et 

I''    '  iifice,  car  il  lui  donna  pour 

coiiii  iiMU«e|  an«e  pris  dan»  le  chu-ur 

de»  I  ■  ■■{  dont  la  gloire  était  beauroup 

plu»  v«;UuuU;  encore  que  celle  de  l'archange. 


S.i  protection  contre  les  démons  était  aussi  plus 
ei'iioace,  son  seul  regard  les  mettait  en  fuite.  11 
révélait  à  Françoise  les  choses  présentes  et  k 
venir,  de  sorte  ([ue  la  direction  de  cette  saints 
femme  était  pleine  de  lumière  et  son  zèle  sanfc 
bornes.  Elle  se  faisait  la  dernière  de  toutes,  mais 
néanmoins  elle  n'oubliait  pas  que  le  principe  de 
l'autorité  est  un  p'-incipe  établi  par  Dieu  lui- 
mérae.  .\ussi  l'autorité  entre  ses  mains  n'était 
pas  un  vain  mot.  Elle  corrigeait  les  imperfec- 
tiorss,  reprenait  les  paroles  oiseuses,  punissait 
les  moindres  infractions  à  la  rè;.'le. 

Un  jour,  elle  avait  conduit  ses  (illes  dans  les 
vignes  pour  y  ramasser  du  bois  sec.  Une  d'elles 
lui  demanda  la  permission  d'aller  boire  à  une 
fontaine  voisine  : 

i<  Un  peu  de  patience,  lui  répondit  la  Sainte.  >• 
Et  continuant  son  travail,  elle  s'éloigna. 

Une  lie  ses  filles,  Perna,  la  vit  se  mettre  i 
genoux  et  l'entendit  adresser  cette  prière  à  Notre- 
Seigneur  : 

"<  Mon  Seigneur  Jésus,  vos  servantes  n'ont  rien 
ni  à  manger  ni  à  boire  :  veuillez  les  secourir.   « 

"  Elle  ferait  mieux,  se  dit  Perna,  de  nous 
reconduire  au  monastère.   " 

Françoise  instruite  intérieurement  dità  Perna: 
H  Levez  les  yeux,  fille  de  peu  de  foi  «  et  Perna 
vit  des  grappes  de  raisin  fort  mûres  pendant  à  la 
vigne.  Les  sœurs  accoururent  et  se  rassasièrent. 
On  était  au  mois  de  janvier. 

COMBATS  CONTRK  SATM 

Tandis  que  Françoise  découvrait  i  se»  sœurs 
leurs  tentations  les  plus  secrètes  et  leur  ensei- 
gnait le  moyen  de  combattre  l'esprit  du  mal, 
elle-même  sul)is-;ait,  de  la  rage  des  démons,  de 
si  erui'ls  traitements  qu'elle  l'iait  pour  toutes 
un  sujet  de  compassion.  Mais  rien  n'elTrayait 
notre  Sainte. 

Un  jour  qu'elle  était  h  genoux  au  pied  du  lit 
d'une  de  ses  filles  malades,  le  démon  la  jeta 
par  terre  avec  graml  bruit,  et  la  traîna  rio- 
leinment  jusqu'à  la  porte.  Françoise  se  releva, 
et  se  mit  aussitôt  en  oraison  ;  «  Ce  n'est  rien,  dit- 
elle;  tenez-vous  en  repos,  mu  sirur,  et  priez;  le 
diable  ne  peut  faire  que  ce  que  Dieu  lui  permet.  « 

L'ne  nuit,  Françoise  élaiten  oraison,  le  diable 
la  prit  par  les  cheveux  et,  la  portant  sur  la  ter- 
rasse, la  suspendit  au-dessus  de  lavoie  publique. 
Françoise  se  confia  en  In  bonté  de  Dieu  qui  la 
remit  en  sûreté  dans  sa  cellule. 

Un  jour,  elle  avait  allumé  un  cierge  bénit.  Satan 
le  prit,  le  jeta  par  terre  et  cracha  itessus.  La 
servante  de  Dieu  lui  ayant  demandé  dan»  quel 
but  il  profanait  ainsi  une  chose  sainte:  •■  Parce 
que  les  bénédiction»  île  l'Fglise  me  déplaisent 
souverainement,  "  répondit-il. 

Pendant  une  extvse,  l'nnge  Raphaël  Is  condui- 
sit devant  une  porte  sur  laquelle  étaient  in»crits 
cet  mots: 

Cl  Liiu  isT  l'knfkii  ou  il  :<'t  a  XI  kiros, 

NI   CO.<«S0LATI0N,  NI   rsfl!llANCI 

Elle  fut  témoin  de»  horrible»  tourment»  d<» 
il.imnés.  Elle  visita  ensuite  les  limbes,  puis  le 
.  ii'l  où  I'  ^  .1ML'r^  l'I  lis  ''aints  la  conviaient  à 
venir  ]■  ■••»e. 

Ce  j'  '.  1   ■  ia  pas,  r.ir  peu  apris 

le    9   murs    l«40/,   l-i  ■ts   lei 

rieux.  —  Son  corps  r.  ,  ;■•  Père» 

iilivétains,  qui  porte  aujuucU  hui  »uii  nuin 


i^  frfunl      K    rr.iirnr..ni      —    i[n|>riiiirrrr   i'    I  ,,h,\  \  nti  ,  l  ^  :,,  rilr  llavarij,  Parlf. 


LES  QUARANTE  MARTYRS  DE  SÉBASTE 


Fête  le   10  mars. 


La  mère  de  Méliton ,  le  plus  jeune  des  quarante,  s'écria  :  «  Mon  flls  bien-aimé,  bientôt 
la  palme  du  martyre  sera  entre  tes  mains,  et  je  serai  la  plus  heureuse  des  mères!  » 


L'empereur  Licinius,  soldat  parvenu,  était  un 
homme  de  basse  origine,  avare,  cruel  et  si 
icnorant  qu'à  peine  pouvail-il  écrire  son  nom.  Il 
n'y  aTait  de  vertueux  à  ses  yeux  que  les  imitateurs 
de  ses  débauches  et  de  ses  crimes.  Il  avait 
d'abord  fait  alliance  avec  Constantin  le  Tiraiid, 
ce  dont  sa  politique  s'était  bien  trouvée.  Mais 
ensuite,  il  crut  plus  conforme  à  ses  >;oùls  et  à  son 
ambition  de  s  appuyer  «ur  le  paganisme,  f-t   il 


donna  libre  cours  à  ses  instincts  un  moment 
comprimés.  Il  publia  un  édit  qui  ordonnait  aux 
chrétiens,  sous  peine  de  mort,  de  renoncer  à  la  foi 
de  Jésus-Christ. 

At'ricola,  f-'ouvemeur  de  Cappadoce,  était  diunr 
i\f  son  maître.  Il  aurait  même  figuré  avec  a\aii- 
I  i-T  dans  le  Conseil  de  Néron.  Il  résidait  à 
*-•  lastcoù  prenait  alors  ses  quartiers  d'hiver  la 
'  i))i'U';'^  L''3ion /'u/minantc,  si  célèbre  parla  pliii" 


370 


miraculeuse  qu'elle  obtint  ilu  ciel  sous  Haro 
Aurtlf.  Il  réunit  Jonc  la  f;arni«on  de  Sébaste 
pour  lui  donner  lei'ture  des  édils  de  Liciiiius. 

Après  cette  proclamation,  quarante  soldats  de 
celte  lé::ion,  l"\i<  de  ditîérenis  pay<,  mais  tous 
jeunes,  bien  faits,  braves  et  disliiisuis  jiar  leur 
coura:.'!'  et  leurs  services,  s'avancent  vers  le  tri- 
bunal et  disent  l'un  après  l'autre,  en  faisant  le 
salut  militaire  :  Je  suif  chrétien. 

In  mouvement  de  colère  lit  frémir  le  préfet; 
il  le  coiniTima  cependant  :  c  Abandonner,  leur 
dit-il.  vaillants  guerriers,  cette  folle  résolution  de 
quilt'-r  une  vie  a^iréable  et  glorieuse  pour  une 
mort  prématurée:  Est-il  digne  de^oldals  tels  que 
vousde  mourir  comme  lavile  populace?  »  Puis,  il 
leur  proposa  de  l'ar^'eul,  des  lionneurs  et  des 
di;.'iiités  que  l'i-in}  ereur,  en  reconnaissance  de 
leur<  servies,  av.ilt  intention  de  leur  donner. 

.Mais  vny.int  qu'il  ne  (.'agnait  rien  par  la  dou- 
ceur, il  '  l'IaLa  en  menaces  et  leur  fil  l'effroyable 
description  des  tourments  et  de  la  mort  qu'il  leur 
réservait  s'ils  persistaient  à  ne  pas  obéir  à  l'em- 
pereur. 

Ce  moyen  ne  lui  réassit  pas  mieux  que  le  pre- 
mier. <■  Si.  comme  vous  le  dites,  répondirent  le? 
liérns  clirèiifus,  nous  avons  si  vaillamment  com- 
battu pour  l'empereur  de  la  terre,  que  penseï-vous 
que  nous  ferons  maintenant  qu'il  est  question  de 
servir  remuereur  du  ciel?  Croyez-vous  i]ue  nous 
cesserons  de  nous  comporter  en  brave*?  Des  sol- 
dais persévèrent  quand  ils  ont  pris  une  noble 
résolution.  » 

AL'ricola,  ne  sachant  par  qaels  moyens  les 
vaincre,  leur  dit  avec  unu  feinte  bonté  qu'ayant 
compa-sion  de  leur  jeunesse,  il  leur  l;ii--ait  le 
temps  de  rèlléchir,  et  il  les  envoya  en  prison. 

UNE  NUIT  E.1I  PRISON  —  CONSTA.NCE  —    DS    BRAU 
DISCOCHS 


C'est  là  que  ces  généreux  se'  '- 
cette  ardente  prière:  ■■  Comiu 

fn- ! -    -.  ;  . 


nt  à  Dieu 

:is  aulre- 

tre  déli- 

les  com- 

•  s     linsi, 

,de 

joint 


muiiiti-iiant  ipi 

bataille  pour  \  .  :      . 

le  secours  d>>nt  nous  avons  besoin.  •■  Ils  passèrent 

la  nuit  en  cliaiilaiil  le  psaume  :  •'  (Juicouque  est 

lu  Trcs-Haut,  etc.  Qui  habitai  m  iidjutnrio 

\  ■>!■.  ...  ..  el    de^  hymnei  eu  l'Iioiineur  de 

'.'     '         '     '  ■   !.  -lia  Si-  montrer 

.      .  vc;   i.ipri  .-nni- 


Cei 


•rla  de  joie  et  d'ardeur. 


sant  à  mille  hasards  en  diverses  entreprises,  eer- 
votis  muinl'enani  le  Hoi  du  ciel,  et  sacrifions 
notre  vie  pour  S'iu  amour:  il  nous  récompensera 
par  la  vie  éternelle- jue  Lyciuius  ne  nous  saurait 
d'iniier.  Combien  de  luis,  étant  au.\  prises  avec  les 
ennemis,  avons-nou<  demaudé  secours  à  Dieu? 
El  il  nous  l'a  donné.  (Juoi!  penseriei-vous  qu'il 
voulût  -maintenant  nous  le  refuser  en  cette  glo- 
rieuse suerre?  .\yons  recours  à  l'oraison,  implo- 
rons la  faveur  du  ciel  I  Dieu  est  lidèle.  il  est  1  ap- 
pui de  ceux  qui  souffrent  ptfur  sa  gloire.  » 

OBEIR  A  DiBt!  PLrroT  oi'aix  nOMUES 

Six  ou  sept  jours  après,  Lysias,  leur  général, 
étant  arrivé,  ils  furent  conduits  devant  lui.  Cyrion 
leur  disait  en  chemin,  avec  une  ardeur  toute  -.'uer- 
rière  :  «  .Nous  avons  trois  ennemis  :  Sat'iu,  le 
gouverneur  et  notre  général:  ou  pour  mieux 
dire,  nous  n'en  avons  qu'un,  invi>jble.  qui  se  sert 
du  ministère  de  ceux-ci  pour  nou-  faire  laguerre. 
Mais  quoi?  un  seul  pourra-l-il  terrasser  qua- 
rante soldats  de  Ji  ~us-Clirisl?  Non,  non,  cela  n'est 
pas  possible?  ■> 

Le  général  oerdit  beaucoup  de  temps  el  de 
paroles  pour  leur  persuader  de  quitter  la  foi 
chrétienne,  mais  ce  lut  en  vain,  car  il  le»  trouva 
de  plus  en  plus  invincibles. 

Les  juaes  commandèrent  qu'on  leur  brisAI  les 
dents  avec  des  pierres.  Les  bourreaux  se  mirent 
aussitôt  à  l'ii-uvre.  Mais,  par  une  permission  de 
Dieu,  la  plupart  se  blessèrent  eux-mêmes,  et  le 
sang  leur  sortait  p;ir  la  bouch--.  tandif  que  les 
soldats  deJésus-Christ  demeuraient  sains  et  vaufs. 
Lysias  attribua  ce  nrodiae  à  quelque  opération 
de  magie.  Il  sai-^it  donc  lui-m'im»-  une  pierre  et 

■^.  mais  celte 

née,  épar.-na 

!'•    gouverneur 

-ni  à  la  bouche. 

'  l'on  renvoya 

Il    attendant 

.-  chan:.'érent 


la  jeta  avec  force  à  l'un 

fiierre,  conduite  par  une 
e  martyr,  et  alla  dr- 
Ajricola,  qu'elle  ble-- 

Cel  incideul  mil  lin  ,i  i  > 
les    martyrs    dans    leur 
d'aviseri  d'autre*  moyen- 
ce  lieu  de  tristesse  en  un  temple  :;lorieux,  par 


,11; 


I,., 


■_,.  u:  ..  :  il 
et  ne  uraiirnez 
mes  qui    durent 


,, ...       .■ 
■  ]u'il   I  di 


des    prières    continuelle» 

iiraison,  Jésus-Christ  b-ur. 

Ii'is   et  leur  dit  :  ••  Olui 

mort,    vivra.    Ayez 

point   les    tourment^ 

peu.    Cninbattex    vailluuiiuent,    el    vous    serez 

couronnés.  » 

Le  lendemain  matin,  ils  furent  conduits  devant 
le  youverneiir  pour  y  cnleiidre  la  sentence  de 
mort  qu'il  devait  iimnoncer  centre  eux.  On  les 
soiiiiiil  il'abord  .1  une  cruelle  flaurllation,  après 
Il  leur  lit  déchirer  li-  corps  a»rc  des 
I.  I.i-s  martyrs  di-m>'uii-rent  ferme». 
I]'  Icrai  jeter  dans  I.- 
leur  dit-il.  —  Nous  ni- 
•  lui  de  l'enfer,  •>  »'é«i 


qi. 

«I: 


r  ' 


•  lise 
l'idée 

I      Un     .' 


it's  lin  "* 
'roee  Cou- 

inu^ité 

.11     ir.  , 


!nm^  rvrion. 


->nn'\  l'Tflre  f^'vcrp'w»^?''»  qrifïr.inle 


i<   H. 


I'.  :i'  mm-    ;ii'  ri    1,  n  ni^  rxpn-         ;■    .i;j  ]'-T'i'r     i\'i    ti.r  tiu 


:     -lii      ■'Il  .1  ijiii  ii.-rit 


à  aposta?ier  devaient  trouver  un  reméde^à  leurs 
tourments. 

UNE  NUIT  SL'R  CX   ÉTANG  GLACÉ 

Les  quarante  soldats.se  dépouillant  eux-mêmes 
Je  leurs  vêtements,  coururent  prendre  place  sur 
rétans  dac^.  Ils  disaient  :  «  Il  est  bien  difficile 
sans  doute  de  supporter  un  froid  si  aii.'u.  mais  ce 
sera  une  douce  chose  d'aller  en  Paradis  par  ce 
chemin.  Le  tourment  est  de  peu  de  temps  et  la 
gloire  sera  éternelle;  celte  mauvaise  nuit  nous 
vaudra  une  éternité  de  délices.  Remercions 
donc  Dieu  de  mourir  pour  la  justice  et  pour  la 
confession  de  la  foi.  >-  Puis,  levant  les  yeux  au 
ciel,  ils  firent  cette  prière  :  <<  Seigneur,  nous 
sommes  entrés  quarante  au  combat,  faites  que 
nous  soyons  encore  quarante  pour  la  couronne.  » 

Cependant. leurs  membres  nus  f.'relottaientsous 
râprfté  du  froid  de  la  nuil;  leurs  pieds  se  li^eaient 
sur  la  couclie  de  fîlace,  et  les  gardes,  ranaés 
autour  dV'ux,  leur  criaient  :  «  Obéissez  aux  ordres 
de  l'empereur.  Venez  vous  réchauffer  à  la  tiède 
atmosphi-re  du  bain.  » 

In  seul  de  l'héroïque  plialanse  se  laissa  vaincre 
par  la  violence  du  froid.  Renoniant  à  la  gloire  du 
martyre,  il  abandonna  le  poste  d'honneur  et  vint 
se  jeter  dans  l'eau  chaude;  mais  il  y  expira  à  l'ins- 
tant m''me.  sulToqué  sans  doute  par  le  brusque 
changement  de  température  et  perdit  à  la 
fois  la  vie  de  la  terre  et  la  vie  du  ciel  pour  tou- 
jours ;  tin  doublement  misérable,  avertissement 
salutaire  qui  servit  à  confirmer  les  autres  dans 
l'inébranlable  résolution  de  résister  jusqu'au 
bout. 

En  ce  moment,  l'un  des  gardiens,  qui  veillait 
sur  l'étant;  irlacé,  vit  un  ange  descendre  du  ciel, 
tenant  à  la  main  quarante  couronnes,  mais  il  ne 
trouvait  à  en  distribuer  que  trente-neuf.  Frappé 
de  cette  vision  céleste,  le  garde  appela  le  com- 
mandunl  du  poste,  se  déclara  chrétien,  ôta  ses 
v.'-lements  et  courut  se  joindre  aux  trente- 
neuf  martyrs  pour  obtenir  la  quarantième 
couronne. 

Le  lendemain,  A;;ricola  fit  retirer  de  l'étani.' 
les  corps  des  martyrs  pt,  pour  pousser  sa  cruauté 
jusqu'au  bout,  leur  fit  briser  les  jambes  à  coups 
de  liàton,  pour  achever  ceux  qui  respiraient 
encore.  IN  épuisèrent  leur  dernières  forces  en 
soupirant  ces  mots  :  ■•  Notre  Ame,  comme   un 

fassereau,  a  été  retirée  des  pièges  du  chasseur. 
,e  filet  s'est  rompu  et  nous  avons  été  délivrés, 
parce  que  le  nom  du  Seigneur  est  notre  aide  .« 

MÉLITON  ET  SA  HÈRE 

On  entassa  leurs  corps  ^ur  un  chariot,  pour  les 
porter  au  bûcher.  L'un  d'eux  ce|ieTidant,  le  plus 
jeune,  nommé  .\I''Iiton,  respirait  encore.  Les 
bourreaux  \<-  lai^~aient  dans  l'espérance  qu'on 
pourrai!  h*  faire  rliaii;;er  de  résolution.  Mais  sa 
mère,  femme  liérnique,  remplie  de  foi  et  aimant 
son  fils  non  pour  «Ile  mais  pour  lui,  l'aimant 
d'un  amour  véritable,  éiait  présente.  Elle  prenil 
dans  se«  liras  son  rli"r  liN  tout  transi  de  froid, 
t'iul  f'ns;iiii.'l ml''  et  n  lyint  plus  qu'un  souffle  de 
vie,  et  lui  a  '!■  ~e  (-■  -  '■.  !|.s  paroles  dignes  d'une 
ni>re  ir.iitii'  ni   -lu  '    i  :  "  Mon  lils  bien-aimé, 

prind~  .oMi.i-i  .  'i  /  •'  me  .-.insolera  de  ta 
perle.  \.':iuj<-    ]ii   l' i  1  i        iinnno  du  ciel 

l'ai'  ti  I  i-.iii  !■'  III'-"  .  Il  ;  -  •ssion  de  la 
b  'ernellr.  Si>u!lii-   i  ii' <>re  un  instant, 

II!  '■:  |..ilnie  du  iii.irlyre  sera  entr»  tes 

Il  serai  la  plus  heureuse  et  In  plus 

I  ■  re«.  •• 

Ll,  le  pliiçaiii  elle-même  sur  la  voilure,  elle  lui 


dit  :  «  Va,  achève'avec  tes  compagnons  cet  heu- 
reux voyage.  II  ne  sera  pas  dit  que  tu  te  sois 
présenté  à  Dieu  le  dernier.  >>  Le  jeune  homme 
entendit  encore  ce  maternel  adieu,  et  bit^nlot  sou 
âme  s'envola  au  ciel,  où  il  alla  atteadre  sa  mère. 
Celle-ci,  toujours  forte,  accompagna  le  chariot 
jusqu'au  bûcher  .sans  répandre  une  larme. 

Agricola  ne  se  contenta  pas  d'avoir  brûlé  les 
corps  de  ces  glorieux  martyrs;  de  p  :ur  qu'ils  ne 
fussent  honorés  par  les  chrétiens,  il  en  fit  jeter 
les  cendres  au  vent  et  les  ossements  dans  la 
rivière.  Néanmoins,  Dieu  conserva  ces  saintes 
reliiiues  an  milieu  des  Ilots  :  de  sorte  qu'elle» 
ne  furent  ni  brisés,  ni  dispersées,  mais  restèrent 
réunies,  elles  on<les  les  reportèrent  doucement 
sur  le  rivage  où  les  chrétiens  les  recueillirent 
comme  un  précieux  trésor. 

«  0  chcfiur  de  saints,  ô  bataillon  invincible, 
s'écrie  un  vieil  historien,  rt  patrons  bien-aimés, 
protecteurs  du  genre  humain,  fleurs  des  églises, 
la  terre  ne  vous  a  point  gardés  prisonniers,  mais 
le  ciel  vous  a  reçus,  vous  êtes  nos  ambassadeurs 
auprès  de  Dieu,  et  de  votre  séjour  bienheureux 
vous  exaucez  nos  prières.  A  la  fleur  de  l'àf-'e, 
ils  ont  méprisé  la  vie,  ils  ont  aimé  Dieu  plus 
que  leur  famille  de  la  terre,  leur  courageuse 
victoire,  spectacle  diiine  de  l'admiration  desanges 
et  des  hommes,  a  enflammé  d'ardeur  les  bons  et 
soutenu  dans  la  foi  les  âmes  incertaines,  et 
maintenant  ils  jouissent  ensemble  de  la  couronne 
de  justice,  avec  le  Christ  Jésus-Christ  Noire- 
Seigneur  à  qui  soit  la  gloire  daais  les  siècles  des 
siècles.  ,\men.  » 

LE  CULTE  DES  QDARA.NTE  SIARTTHS 

C'était  la  fin  des  grandes  persécutions  du  paga- 
nisme romain.  Lycinius,  deux  foi»  vaincu  par  la 
premier  empereur  chrétien,  ne  tarda  pas  à  perdre 
le  trône,  et  l'Eglise  d'Orient  jouit  à  son  tour  de 
la  paix  sous  le  sceptre  de  Constantin  le  (îraml. 
Diverses  villes  ambitionnèrent  alors  l'honneur  de 
posséder  une  partie  des  reliques  des  quarante 
martyrs  et  élevèrent  des  ègli«es  en  leur  honneur. 
Telles  furent  les  villes  de  Césaréc  et  de  Nysse, 
en  Cappadoce;  Constantinople.  la  nouvelle  capi- 
tale de  l'Orient;  Rome  et  Itresc-ia  en  Occident. 

L'historien  Sozomène,  qui  vivait  un  siècle  et 
demi  plus  lard,  raconte  la  façon  assez  curieuse 
dont  quelques-unes  de  ces  reliques  furent  décou- 
vertes de  son  temps  à  Constantinople. 

l'ne  femme  de  cette  ville,  nommée  Eusébie. 
appartenanlà  lasertedes  Macédoniens(héréliques 
qui  niaient  la  divinité  de  l'Esprit-Saint),  avait  eu 
la  bonne  fortune  d'entrer  en  possession  de  i>lii- 
sieurs  ossements  des  saints  héros  de  Séhasle.  Se 
sentant  près  de  mourir,  elle  les  remit  à  des 
moines,  ses  coreligionnaires,  qu'elle  chargeait 
en  même  temps  do  sa  sépulture.  Elle  leur  lit 
jurer  de  les  enfermer  secrètement,  avec  le  cas- 
selti-  qui  les  contenait,  dans  son  tombeau;  elle 
voulait  dormir  près  des  martyrs  et  ressusciter  au 
dernier  jour  en  leur  compagnie. 

Les  moines  tinrent  pamle,  ils  enterrèrent  la 
léfunle  dans  une  [iclite  crypte  soii;  leur  oratoire, 
ivec  le  reliquaire,  sans  en  rien  dire  à  personne, 
seulemenl.  ils  allaient  y  prier  de  temps  en  temps, 
vhielques  années  après,  on  enterra  près  d'Kusé- 
liie  une  autre  dame  qui  avait  été  son  amie  intime 
el  appartenait  -i  la  même  secte. 

Or,  celle  dernière  dame  avait  été  |,i  femni" 
d'un  certain  Césaire,  homme  d'une  huile  posj- 
ijiin  sociale,  qui  avaitèté  consul  et  préfetd  (trient. 
II  voulut  acheter  cet  emplacement  pour  y  bAlir 
une  belle  église  et  s'y  méaatier  un  tiimbeaù  près 


de  sa  femme.  Les  moines  hérétiques  durent  céder, 
vendre  le  terrain,  el  aller  ailleurs. 

L"é(.'lise  fut  bâtie  ;  le  tombeau  d'Eusi'bie  dispa- 
rut sous  le  pavé,  et  resta  désormais  inconnu.  De 
lont'ues  années  se  pass'érent.  Puis  vint  le  règne 
(le  Théodose  le  Jeune  dont  la  sœur,  sainte  Pul- 
chérie,édiriaitCouslantinople  par  ses  vertus.  Alors, 
le  martyr  saint  Thyrsus.sous  l'invocation  duquel 
avait  été  bAtie  l'éRlise  dont  nous  venons  de  par- 
ler, apparut  jusqu'à  trois  fois  à  la  pieuse  prin- 
cesse lui  demandant  que  les  reliques  des  autres 
saint?  qui  étaient  cachées  sans  honneur  dans  celle 
éfilise  fussent  placées  près  des  siennes  el  associées 
au  même  respect  et  au  même  culte.  Les  quarante 
martyrs,  velus  de  la  chamyde  militaire,  se  pré- 
sfiilèVent  à  leur  leur  aux  rei-'ards  étonnés  de 
l'ulchérie. 

Li  princesse  se  hAta  de  donner  des  ordres  pour 
faire  rendre  aiix  martyrs  de  Sébasle  un  honneur 
si  lé^îitime.  <irand  élonnement  des  membres  du 
cler;.'é  qui  desservaient  l'énlisede  Saint-Thyrsu--  : 
nul  d'entre  eux  n'avait  jamais  entendu  paiJiT 
de  reiitjues  des  quarante  martyrs  conservées 
dans  leur  éf^lise. 

En  désespoir  de  cause,  un  vieux  prêtre,  nommé 
Polycrone,  se  souvenant  que  ce  lieu  avait  jadis 
été  occupé  par  <les  moines  macédoniens,  alla 
demander  aux  clercs  de  celle  secle  ce  qu'ils  étaient 
devenus,  n  Ils  sont  tous  morts,  »  lui  dit-on.  Il 
finit  cependant  par  en  découvrir  un.  fort  ;\i:é, 
dernier  survisant  de  sa  communauté.  Il  lui 
demanda  ce  qu'ils  avaient  fait  des  reliques  des 
ijuarante  martyrs.  Le  vieillai  d  n'en  voulut  d'abord 
rien  dire  pour  ne  pas  manquer  à  la  parole  don-- 
née  à  Eusébie.  Mais  quand  il  apprit  les  visions 
de  la  princesse  et  les  ordres  donnés  jiar  elle,  il 
eut  peur.  Il  raconta  donc  comment,  dans  sa  jeu- 
nesse, il  avait  vu  les  moines  ses  frères  ensevelir 
des  reliques  de  ces  héros  chrétiens  dans  le  tom- 
beau d'une  dame  nommée  Eusébie,  mais,  depui' 
que  leur  mai'^on  avait  fait  place  à  une  é(jli>f,  il 
i^inorait  oii  était  l'endroit  de  cette  sépulture; 
tout    ce    qu'il   savait,  c'est  que   la   femme  de 


Césaire  avait  jadis  été  enterrée  près  du  même 
tombeau. 

Justement,  Polycrone  avait  autrefois  assisté  à 
l'enterrement  de  l'épouse  de  Césaire  ;  sa  niémoire 
lui  fournit  des  indications  assez  exactes;  on  lit 
des  fouilles,  el  bientôt  l'on  mit  à  découvert  un 
cercueil,  c'était  celui  d'Eusébie.  On  l'ouvrit  avec 
soin.  Près  de  la  tète  du  squelette  on  trouva  une 
boîte  soigneusement  fermée  avec  des  lames  de 
fer  soudées  avec  du  plomb.  On  brisa  les  ferme- 
tures el  on  trouva  dans  la  chdsse  deux  reliquaires 
d'argent  contenant  les  précieux  restes  des  mar- 
tyrs. Ine  odeur  suave  s'echappant  des  reliquaires 
ouverts  embauma  l'église. 

Sainte  Pulchérie,  au  comble  de  la  joie,  fit 
rendre  à  Dieu  de  solennelles  actions  de  grâces, 
el  la  translation  de  ces  reliques  près  des  restes 
de  saint  Thyrsus  donna  lieu  à  une  belle  fête,  à 
laquelle  assistait  l'historien  Sozoméne,  qui  nous 
a  conservé  ces  détails. 

On  voit  combien  le  culle  des  quarnnte  martyrs 
était  po|)ulaire  en  ( trient.  .Nos  pères  ne  "les 
aimèrent  pas  moins,  surloul  au  moyen  âge, 
époque  à  laquelle  des  croisés  rapportèrent  de 
leurs  reliques  dans  nos  riinlrées. 

Sébasle  est  tombée  depuis  sous  la  domination 
des  Turcs;  au  lieu  où  furent  immolés  les  quarante 
soldats  chrétiens,  on  voit  encore  les  restes  d'une 
église  ruinée,  et  une  fontaine  où  les  musulmans 
eux-mêmes  boivent  avec  respect  et  obtiennent  la 
uuérison  de  diverses  maladies. 

NOVS   GLORIEUX 

Voici  les  noms  de  ces  héros;  l'antiquité  chré- 
tienne nous  les  a  heureusement  cou'^ervésrCyrion, 
Candide,  Domnus.  Méliton,  Domitien,  EunOrus, 
Sisinnius.  Hérarlius,  .Mexaiidre,  Jean,  Claude, 
.\lhanase,  Valeii-;,  Elieii,  Erdilius,  .\facius,  Viliia- 
niis,  Elie.  Théndule,  Cyrille,  Flavius,  Sévérien, 
Vah'rius,  Chudio,  Sacerdos,  .\riscus,  Eiitychius, 
Smaraydus,  Philotio,  Actius,  Nicolas,  l.ysimaque, 
Théopliile,  Xaulhèas,  Aggias,  Léonce,  li.'-y(  hius. 
Gains  et  Gorgonius. 


Imp.-ff#rm(,  E.  PmTBcimT,  S,  ru*  Krançolt  l",  Ptiit. 


SAINT  EILOGE.  PKÈTRE  DE  CORDOUE,  MARTYR 


Fête  le  1  i  mars. 


Jeté  en  prison  avec  d'autres  chrétiens  par  les  musulmans  de  Cordoue,  le  saint  prêtre 
Euloge  lisait  1  Ecriture  Sainte  à  ses  compagnons  de  captivité  et  la  leur  expliquait.  Il  sou- 
tenait leur  constance  et  leur  courage. 


LES    JlfSL'LJIANS    EN    ESPAGNE  ' 

Vers  le  commencement  du  vin- siècle,  les  maho- 
mélaiis  d'Afrique  ou  Maures  avaient  envahi 
l'Espaçne,  après  avoir  renversé  l'empire  des 
\isigoths,  autrefois  barbares,  puis  hérétiques 
ariens,  mais  convertis  ensuite  au  catholicisme  | 
par  saint  Léandre,  évêque  de  Séville.  Amollis 
par  un  long  repos,  par  les  habitudes  de  l'ari-i- 
iiisme  et  par  le  gouvernement  d'une  dynastie 
corrompue,  ils  n'avaient  opjiosé  qu'une  faible 
résistance  aux  envahisseurs;  un  certain  nombre 
s'étaient  retirés  sous  la  protection  de  la  Sainte 
Vierge  au  milieu  des  montagnes  des  Asluries, 
d'autres  étaient  restés  méléi  à  la  population  vic- 
torieuse et  pratiquaient  leur  reli^'ion  plus  ou 
moins  ouvertement  :  car,  jusqu'au  milieu  du 
IX'  siècle,  on  avait  encore  souffert  l'exercice 
public    de    la    religion   dans    les  églises  et  les 


monastères,  à  la  charKe  pour  tout  chrétien  de 
payer  un  tribut  déterminé  au  commencement 
de  chaque  lune. 

En  821,  Abdérame  III,  prince  des  musulmans 
d'Afrique,  commeiiraà  persécuter  les  chrétiens; 
excité  par  un  misérable  apostat,  nommé  Bodon, 
qui,  de  chrétien,  s'était  fait  juif,  il  voulut  obliger 
tous  les  chrétiens  d'F.spagne,  sous  peine  de  mort, 
à  se  faire  juifs  ou  musulmans. 

La  SI",  Abdérame  envoya  des  ambassadeurs 
pour  demander  la  paix  au  "roi  de  France  Charles 
le  Chauve;  en  même  temps,  tous  les  chrétiens 
d'Espagne  adressaient  à  ce  roi  une  demande  de 
protection,  mais  cette  protection  ne  put  empê- 
cher la  persécution  qui,  en  850,  devint  presque 
générale.  Alors  souffrirent  pour  la  foi  un  prêtre 
nommé  Parfait,  de  Cordoue,  le  moine  Isaac,  du 
mnnastère  de  Tabannes  près  de  Cordoue;  un 
autre  moine  nommé  Isaao,  et  um-  foule  d'autre^ 


,\'J 


I 


parmi  lesquels  deux  vier;;eF,  iifiniinéos  Flore  et 
Marie,  dont  nom  aumn«  à  parler  dan--  le  courant 
de  celle  »ie  de  saint  lîuloae. 

SAI.NT  EULOGE,  1101^E  KT  rFIKTIlE  UE  COlUiOL'E 

Euloae  élail  né  à  Çordoue,  i|ui  était  alors  la 
capitale  de  l'empire  des  Maures.  Sa  famille  était 
une  des  plus  illustres  de  la  ville;  il  l'ut  élevé  dés 
sa  jeunesse  parmi  le  clerfii  de  saint  /.oilt";  il 
s'y  appliqua  à  la  piété  et  aux  sciences,  surtout  à 
l'élude  de  l'Ecriture  Sainte.  Voulant  se  perfec- 
tionner ein-ore  dan-:  toutes  se~  counaissaiires,  il 
alla  se  mettre  sous  la  disripliTu^  île  rabhé  Spera- 
in-l)eo,  qui  t'-lait  alors  à  la  t<^lp  du  monastère  .le 
l^ule-Clar,  au  nord-i'MP>l  de  Cordnue.  Il  rencontra 
lA,  parmi    sf^    .  oinli-iriples,   un    ei'rlé^iaslique 

nomin  ■  y :\\.'c  lequel  il  se  lia  d'une  étroite 

cl  su  1'-.  I''  m«'-me  cjui  l'crivjt  sa  vie. 

Ilui  ■■_■    .    .lit  t'A^uile  à  Cordoue.  i-l   il  v  en- 
seigna pondant  quelque  Icm^^s  les  lettres,  don- 
iii.i        -rux  qui  II'  ronnais-iaient  l'exemple  de 
vorlus,  pn  niémr  temps  qu'il  les  rem- 
I  admiration  par  r'Ieiidue  de  ses  ron- 
•  «.  Puis  il   t'ut   ordonné  diacre,  et  peu 
•veau  sarerdoceetcliari:é  d'pn>-eiRner  les 
\fiil>-s  saintes  aux  lidéles  de  ri'i;lise  île  ilonloue. 

I>ès  lors,  il  voulut  mener  une  vie  toute  de  «a- 
■  rilii-e  et  de  moi  lili.-ation,  en  s'appliqnant  ronti- 
nii'llf  m<'nl  .i  l'i'tu.le.  siirloni  Ao  l'Htriture  Ssinli-; 
il  m  • 
ten> 


.-i     i-iiit«4  lt  lit  !•  MI^  ,     '  fin  r 

tans  le  «uc  df  ■liaqiie 
■••■■"    'Mir  'Ml  i-ompo«er 
l>nns   se»    VI 

rt.-iil      -<inillli' 

•if  ' 
l.n 

Jf  ■    !■    ni  ' 
i  t'iiiti' •  :  '  ■  ■   ,  ■ 
eux 
(♦e 
ruei  II- 

dans    \c 
I  un   vn< 


a  de  ptas 
I,  im  miel 
. -  tires,  il 
1."  tous  les 
■lie,  Mvait 
•  ssanl  des 
Il  lUn*  les 
-nul  p^Mir 


qm  étaient 
■isiton 
inc*. 


.1  ^>i|     I   !_•■-     Il    '  ■  i  .1   :•  'j     |i:--jil''    1.1     j.'  Il     .  "Illl'i.      .t 

ConliiU'',  i-iilre.  autres,  i'Entidc  de  Virgile,  la  Ciu 
de  l)ifu  Je  saint  .Vuifusliii  et  plu-sieurs  liymues 
clirélienues. 


rependant  1    , 
.1.  la  vin8t-n<'iivieme  nnn' 
;m..  III.  In.'.'  iu.   ipiriin  '  ' 


Iiuldiquement  el  de  vous  déshonorer;  mais  sachet 
que  l'on  ne  peut  nuira  à  la  pureté  de  votre  Ame, 
quelque  infamie  qu'on  vous  fasse  souffrir  malfiré 
vous.  ..  Knsuile  il  décrit  ainsi  la  peisécution  : 
•I  Le  fond  de  la  prison  est  rempli  de  clercs  qui 
y  chantent  les  louantes  de  Dieu,  tandis  ijuc  les 
églises  sont  en  silence,  désertes  el  pleines  d'arai- 
gnées. On  n'y  offre  plus  d'encens,  on  n'v  fait 
aucun  service;  de  l.iclies  chrétiens  pour  v.mh 
ébranler,  vous  représentent  cette  solitude  de« 
éfilises,  el  l'attribuent  à  votre  opii\iAlreté;  ils 
disent  que.  si  vous  voulez  céder  pour  un  temps, 
TOUS  recouvreret  le  libre  exercice  de  votre  reli- 
«ion.  Mai>;  sache/,  que,  pour  vous,  le  sacrillce 
le  plus  au'réable  ,T  fiieu  e«Ha  contrition  du  ciriir, 
et  que  vous  ne  pouvez,  plus  n-culer  ni  renonciT 
,\  la  vérité  que  vous  .ivei  confessée.  " 

.\insiencouraf(ées  etfortilli^es,  ce*  deux  vier;:es 
fortes  el  «aijes  se  présentèrent  »an«  crainte 
devant  le  jui;p.  et  se  laissèrent  inimo'eren  l'Iion- 
neur  de  Jé«u"»-('.lirist.  .\yant  reçu  la  nouvelle  de 
leur  miiit.  <aint  Kuloue  el  les  autres  ihi.  liens 
prisonniers  en  rendirent  «rAce  à  Dieu  dans  leur 

firison.  et  célébren-nl  en  l'honneur  de»  martyre» 
es  Vêpres,  les  Matines  et  la  Messe,  en  «e  rerom- 
mandant  A  leurs  prién»».  Six  jours  après,  ils 
furent  délivn>s  de  leur  cai^livilé.  .Vvant  leur  mort, 
Flore  et  Marie  avaient  dit  .\  quelques-unes  de 
leurs  amies  qu'aiissitiM  qu'elles  serau-nl  en  pn?- 
'     '■    1-  -I,  elles  le  prieraient  pour  la 

les  :   elles   aocom plissaient 


•  I-  ii.>ave  m  .Il 


...lime  !.. 
'Il,  .^n  mit 


lit, il  i .  1  >-.   j>.'.ii    ■ 
h  recevoir  aussi 
appelait    .m»    i" 
I merle  que 
dans    la  t.". 
èi-rits;  grâce  à 
tiM   que    .Ir    ce 
plus 
que  1.  - 


'isa  l'histoire  dr  ce  iilorieux 

iirafer   les  antres  chrétiens 

la  III.  me  c.>iir.-<nne.  si  Dieu  les 

III.  .-   .'Dinbai-s.    Il   n'iii.i  de    ^a 

:  uire  el  confirmer  ses  frère» 

I    -.•-    i..ir..li-.   -..il    par  se» 

llp,  plu- 

ilenl    les 

■I-   tant    dfl   eoiisinnce, 
.V     I    lies  eu  étaient  touchés. 


caax  qn  «taiciit  vnvn 

I  es  musulmans,  Oiwmi*»  à»  »nir  tant  di*  chré- 
tiens courir  d'eux-inèm*'".  1  ■:• 
nne  révolte.   I.e   roi    .\|id   ■ 

les    pl.i 
même 

clrilii|>  .  '..-  '  .-.1 
avec   mépris.  .\ 
la  plupart  se  .1   — 
clian;:.'ant  souwnt  de 
surpris.  Plu^ieur-,  n 
n'osant  p.is  atTronti' 
;i   Jésiis-Cliri-I    .1 
d'autres.  I' 


.      ..  -  .   , t. 

ré-i.len.  e.  pouriri'4re  poiat 

iil.iiit   point  s'enfuir  ou 

!i.-es,  renuiii  èrent 

l    .1    ■•Il    1    I    .  itir 


Ml' il     '. rl-î  i  il    ]'r  f^'K  '  itn  n 


('.{■I   !  .11.       un    r. in. -lie 


peu  l'irritatinn  de  la  population  rnusalmane. 
Dans  ce  Concile,  un  ereflier,  qui  était  in-s  riche, 
et  qui  prohaMeraent  crai-nait  de  per.lre  «a  place, 
s'emporta  iiautement  contre  saint  Eulo^ie.  II 
avait  toujours  blànn'  les  martyre,  et  il  pressa 
les  évfiqups  fie  prononcer  anallu-me  cmitrp  qui- 
conque voudrait  les  imiter,  tnflii,  lo  Concile  fit 
un  décret  qui  déleiniait  de  s'offrir  désormais  au 
martyre:  mais  ce  décret  était. ex primO  f-n  termes 
amhi^'us  et  allégorique',  suivant  le  style  du 
temps,  de  sorte  qu'il  paraissait  devoir  contenter 
le  roi  et  le  peuple  musulman,  «ans  toutefois 
blâmer  le-  maityrs,  quand  on  pénétrait  Bien  le 
sens  des  paroles.  Saint  Euloi.e  ne  put  cacher 
comMen  il  désapprouvait  cette  dissimulation, 
qu'il  trouvait  contraire  à  l'esprit  de  vérité  et  de 
franche  liberté  qui  doit  caractériser  les  véri- 
tables enfants  de  Dieu. 

La  persécution  <lurait  encore  ;  l'évéque  de  Cor- 
doue  avait  >'fémis  pour  la  seconde  fois  en  prison  : 
les  tersiversations  et  les  réticences  n'avaient  jiu 
calmer  la  fureur  des  musulmans:  au  contraire, 
leur  rase  avait  ^'randi  encore  '-ontre  ces  chré- 
tiens, dont  ils  avaient  paru  craindr'  un  moment 
l'iiiiluence  et  qu'ils  voyaient  maintenant  trem- 
bler devant  eux  et  chercher  à  paoner  du  temps. 

N0L\EAU.\    martyrs   —    SAINT   EUIOGE    KCBIVAIN 

Ln  jour,  le  roi  .Abdérame,  étant  monté  sur  une 
terrasse  de  son  palais,  aperçut  les  corps  des 
martyrs  attachés  encore  à  des  pieux  et,  ne  pou- 
vant soutenir  cette  vue  qui  lui  reprochait  sa 
cruauté,  il  ordonna  de  les  jeter  sur  un  bûcher 
et  de  les  bn'iler.  .\u'-siti'pt.  il  perdit  la  parole,  on 
le  porta  sur  son  lit,  et  la  nuit  suivante,  lesbi'ichers 
de!"  martyrs  n'étant  pas  encore  éteints,  il  expira. 

.Son  fils  Mohamm<>d  lui  succéua.  Le  nouveau 
roi  était  an«si  ennemi  des  chréliens  que  son 
père,  et  dé«  le  commencement  de  son  ré;;ne, 
il  chassa  de  =  ■  ■  '  fous  ceux  qui  professaient 
la  reliiiion  c  .>t  qui  occupaipiit  encore 

quelque  char.  ..  ,  ,_,r  impo«a  un  trrand  tribut, 
chassa  de  l'rirraéf  tous  les  officif-r'  clicf-tir-ns,  et 
lit  [.Miilr  V.'-  .rcraent  tous  ceuiqui  parlaient  mal 
du 

'j'  '  ins,  aimant  mieux  *tre  parjures  à 

leur  Lneu  que  renoncer  à  leurs  charses  et  à  leurs 
rcTenus,  açKistasiérent  et  furent  comblés  d'hon- 
neur» :  on  esp''rail  en  pervertir  un  bon  nombre 
d'autres.  Mais  dans  ce  nouveau  danser,  le  ztle 
de  saint  Euloffe  lit  encore  des  merveillo^  :  il 
empêcha  .m'nrf  infinité  de  cbrélieii».  faibl«« 
ou  trop   .  iiix  biens  île  la  terre,  ne  renon- 

çassent hrist,  et  l'on   vit  une  nonvcll*' 

et    mat'niiiji;.     ii'rais         "  lime»   immol.ips 

pour  la  fui,  llcnrs  pai  n  cmbantniTcnt 

|p  jardin  d"   ''"  '    -  '  r 

rK*pn«iie  la  •  :, 

ce  temps-là,  -.■....,,.•  iii ,,„i  •_•   un  yntf 

moin'»  nommé  Fandili,  Ana^l.Tc  et  Félix^  tous 
deux  priUres  et  ni'.ines.  les  saintes  Dit'ne  et 
Colombe,  du  mon.T-ti  re  de  Tabannes.une  autre 
relifjieuse,  sainte  l'ompose  et  quantité  d'autres 
de  toutes  conditions  :  ecclésiastiques,  religieux 
et  personnes  mariées. 

Saint  Kiilofp  prit  frand  ■- ■i:i    b-   i.  ruciil 
mêm"  le?  actes  de  tous  cr,   mirivr-  :  il  n  i 

laiss*  leur  histoire  en  trois  livres,  sous  le  lilr» 
de  M'-morial,  Mai'  il  prit  «oin  au«»i  de  les 
défendre  contre  les  repr'"-li'  -  <l"  ceux  qui  ne 
voulaient  pas  les  reconnaiii''  ■.minr  martyrs. 
On  prenait  pour  cfl.i  div'  r-  [  r'U  \i'-^  qu'il»  ne 
faisai-'Ut  point  de  mirncl'  -  "11111;"  le-  niilris 
martyrs,  qu'ils  naïaienl  i  -i     .  u  ,.  -.niilliii  clivers 


tourments,  mais  qu'ils  avaient  été  mis  à  mort 
tout  d'un  coup,  qut  ceux  qui  les  f.iisaient  m       ir 
étaient  non  point  des  idolâtres,  mais  des  ni 
mans  qui  adoraient  le  même  Dieu  et  déte-i 
ridoli'itiie.  enfin,  qu'ils  étaient  allés  au-'!' 
de  la  mort  sans  l'altendre.  A   toutes  ce-  0: 
lions,  saint  Kulose  répondit  dans  son  apt  I   .- 
tique  que  les  miracles  n'étaient  point  des  mir|, 
infaillibles  de  sainteté,  et  qu'il'  n'étaient  r.nin 
nécessaires  en   tous  temps,  comme  ils  lHaiei;! 
été  dans  le-  premiers  siècles  de  l'Kelise:  que  1<- 
lournienls    de    diverses    sortes   n'étaient   point 
nécessaires  aux  martyrs,  qu'il  ne   lallait  point 
regarder  la  loni-uenr  ni  la  forme  du  combat,  mai' 
la  persévérance  et   la  nctoire:  que   le?  musnl- 
mans  persécutaient  les  chrétiens  en  haine  île  la 
reliffion  et  de  Jé^us- Christ,  dont   ils   niaient   la 
diniiité.  yiiant  à  la  dernière  objection  qui  leur 
donnait  tort  de  s'^-tre  [«résentés  eux-m^iiies  an 
supplice,  il  la  détruisait  par  l'exemple  de  beau- 
coup d'antres  [dus  anciens,  qui  s'étaient  aii-'-i 
présentés  d'eux-mêmes,  et  que  l'EûIise  honor- 
pourtant    comme    des    saints    et    de    véritnMf- 
martyrs.  C'est  ainsi  que  le  portier  de  la  pii     '; 
de  Sébaste.  voyant  l'nn  des  quarante  qui  étai   ,,; 
alors  martyrisés,  [lerdns  couraire,  s'était  mi'  en 
sa  place    sans  que  [.ersonne  l'y    contraignit  et 
avait  mérité  la  couronne  du  triompi.e. 

liien  des  martyrs  tirent  de  même  et  se  présen- 
tèrent au  supplice,  quoiqu'ils  pussent  l'éviter 
saifs  commettre  le  moindre  péché,  .  et  ce  fut 
chez  eux,  dira  plus  tard  saint  François  de  S  - 
un  acte  béroiqùe  de  la  force  et  delà  const  m  ■ 
qu'un  saint  excès  d'amour  leur  donna,  n 

Saint  Euloi-'e,  en  jiistilianl  les  martyrs  contre 
toutes  les  accusations  qu'on  portait  contre  un 
zèle  qu'on  jujreait  inofiportun,  se  justitiiit  lur- 
méme,  puisqu'il  avait,  par 'esexhortations. excita 
le»  uns  à  soutîrir.  et  approuvé  le  courage  des 
autres.  11  allait  bienifit  d'ailleurs  aller  au:.'menter 
lui-même  le  nombre  de  ces  l'jorieux  athlètes  qu'il 
avait  si  bien  soutenus  et  défendus. 


DEDMEK»   COMBATS 


LA    \nCrOIIIE    FT    LA 


L'archevêque  de  Tolède  étant  mort,  le  c'e--  •■ 
et  le  peuple  de   cette   ville   a=?embb-renl 
réfier  sa  succession  tous  les  év'-in ■■-  .!'•  1 
vince  et  du  voisinaee;  et  d'un  co' 
ils  jetèrent  les  yeux  sur  le  saint   ; 
qu'ils  regardaient  comme  le  plu«  bel  ■ 
de  l'Kelise  d'Espagne,  tant  à  cause  de  ' 
et  de  ses  vertus,  qu'à  cause  ducouraceux  témoi 
L'nace  qu'il  avait  rendu  à  la  foi  de  Jésns-Chrisi. 
pendant  sa  captivité  et  pendant  toute  la  persé- 
cution.   Mrii-i  Dieu   voulut   lui   accorder  la  cou- 
ronne de  L'Ioire,  m^nie  avant  qu'il  fi>l  s-\.t.'. 

Il  y  aMiit  alors, à  Cordone,  une  vierge  n'.minép 
l>r>critie  ou  Lacréee,  issue  d'une  iioid 
de  niusiilmans;  elle  avait  été.  dés  ini, 
élevée  dans  la  reli;.ion  chrétienn  •  par  un"  1  -  - 
parentes,  qui  l'avait  même  fiit  !■  Lpti-er.  Son  père 
et  sa  mère  l'ayant  appris  usèrent  de  toute»  sortes 
de  mauvais  traitements  pi«ur  la  contrainilre  à 
I    ..iilr.',  Iiteli-l.,ii  .!.■  M  .i.ninel  :  [11,-iis  elle  s'en- 

-aiiit  Euloce,  qui 
!        ■ni' a  .i   sa  su'Ur 
Annaloti,  pii-qu  a  ce  quelle  I  nient  in^ 

truite  d"  i'  us  <cs  devoirs  et  1       dans  se- 

saintes  et  .  nluiinns. 

l'endan!  re  et  la  inêre remuaient 

i"'  l'''"rr.  i  il  I' II". jver  celle  dont  la  ilispa- 
i;'  ni-  M  (i.iii  ,iii  lé-espoir  :  iN  »e  plaignirent 
m  -ouverneur  de  la  ville  qui  lit  ••niprisonner  et 


fouetter  plusieurschrétiens, même  des  religieuses   i 
et  des  prêtres.  Saint  Eulope,  sans  s'émouvoir,    I 
veillait  sans  cesse  sur  Léocritie.  la  faisant  passer   ' 
continuellement  d'une  maison  à  une  autre,  chez, 
des  amis  dévoués,  pour  conserver  sa  foi  et  avoir 
plus  de  loisir  de  la  préparer  au  martyre.  11  con- 
sacruit   toutes  ses  nuits  à  la  prière,  prosterné 
dans  réalise  de  Saint-Zoile:  elle,  de  son  côté, 
veillait,  jeûnait,  couchait  sur  la  cendre  en  se  cou- 
vrant d'un  cilice. 

L'ne  nuit,  étant  venue  voir  le  Saint  pour  rece- 
voir ses  oncouraîjements  et  ses  instructions,  elle 
fut  dénoncée.  Aussitùt  le  f.'ouveriieur  lit  cerner 
la  maison  par  des  soldats  i|ui  emmenèrent  Kuloge 
et  l.éocritie  et  les  jelirent  en  prison. 

Itientot  Kulou'c  comparaissait  devantle  tribunal 
des  musulman^:  le  ju^-'e  lui  demanda  pourquoi  il 
avait  iloiini-  asile  à  cette  jeune  tille.  Le  Saint  lui 
répondit  que  les  prêtres  ne  pouvaient  refuser 
l'inslruclinn  à  ceux  ({xii  la  leur  demandaient;  il 
lui  lit  voir  qu'il  avait  eu  raison  de  lui  faire  pré- 
férer Kicu  à  ses  parents,  et  cela  d'après  les  prin- 
cip>'s  lie  ceux  mêmes (|ui  per>Hcutaient  les  chré- 
tiens. Il  lui  offrit  en  même  temps  de  lui  enseii;ner 
le  vrai  chemin  du  ciel,  comme  il  avait  fait  pour 
l.éocritie,  et  se  mit  à  exposer  avec  vigueur  les 
impostures  et  les  erreurs  du  faux  prophète 
Maliomel,  à  montrer  la  divinité  de  Jésus-Christ 
et  à  )irouver  ipiu  la  reli;jion  du  Sauveur  était  la 
seule  voie  du  salut. 

Lf  ju:;e.  furieux  d'une  si  sainte  audace,  ordonne 
de  le  frapper  à  coups  de  fouet  jusqu'à  ce  qu'il 
expire.  ■•  \ous  auriez  plus  vite  fait,  répondit  le 
disciple  de  Jésus-Christ,  de  me  condamner  à- 
mourir  tout  d'un  coup  par  le  glaive;  je  suis  prêt 
à  donner  plusieurs  vies,  si  je  les  avais,  pour  la 
défense  de  la  vérité.  •>  Alors  le  ju^e  le  lit  con- 
duire uu  palais  du  roi. 

l'ii  des  conseillers,  qui  le  connaissait  particu- 
lièrement, le  prit  à  part  et  lui  dit  :  ••  Si  des 
ignorants  se  précipitent  malheureusement  à  la 
mort,  un  homme  savant  et  vertueux  comme  toi 
ne  doit  |ias  imiter  leur  folie.  Crois-moi,  je  le 
prie,  dis  seulement  un  mot  à  présent,  puisqu'il 
le  faut  ;  tu  reprendras  ensuite  ta  religion,  et  nous 
promettons  de  ne  point  te  rechercher.  ■> 

Saint  r.ulo;.'e  lui  dit  en  souriant  :  "  Ah!  si  tu 
pouvais  conniiitre  les  récompenses  qui  attendent 
ceux  qui  connaissent  notre  foi,  tu  renoncerais  à 
ta  dignité  temporelle.  »  i 

bit  quand  il  fut  devant  le  Conseil  roval,  le  saint 
prêtre  se  mit  à  prêcher  hardiment  l'kvangile:  il    i 
.proposa  .i  ces  musulmans  les  vérités  de  la  foi 
avec  uni-  telle  force  que,  pour  ne  point  l'écouter   i 
davantage,  ils  le  condamnèrent  aussitôt  à  avoir   I 
la  lêli'  tranchée.  j 

Comme  on  le  conduisait  au  supplice,  un  des 
■  unuques  du  roi  lui  donna  un  snufllct:  alors  le 
Saint,  se  souvenant  des  enbei^Miement^  du  iliviii 


Maître,  tendit  patiemment  l'autre  joue,  au  lieu 
de- se  plaindre,  et  t'inTidèle  eut  l'insolence  de  le 
frapper  de  nouveau. 

Lorsque  le  Saint,  tout  heureux  de  souffrir  en 
union  avec  Notre-Seigneur,  fut  arrivé  au  lieu  du 
supplice,  il  pria  à  genoux,  étendit  les  mains  au 
ciel,  fit  le  si;.'ne  de  la  Croix  sur  tout  son  corp.';, 
pour  le  rendre  invincible  par  ce  divin  bouclier 
du  salut  et  unir  ses  soulTrancos  et  son  martyre 
aux  souffrances  et  à  la  mort  de  Notre-Seignèur 
Jésus-Christ  sur  la  croix  ;  puis,  avec  une  fermeté 
et  une  patience  admirables,  il  tendit  la  tête  au 
bourreau  et  consomma  ainsi  son  glorieux 
martyre.  C'était  le  samedi  1 1  mars  de  l'année  H'.i'J. 

Après  la  mort  de  saint  Eulo:;e,  on  essaya  de 
faire  renoncer  Léocritie  à  la  foi  :  on  lui  repré- 
senta les  honneurs,  les  richesses,  les  joies  qui  l'at- 
tendaient dans  sa  famille,  mais  tout  fut  Inutile. 
Celui  qui  l'avait  si  bien  instruite  et  encouragée 
sur  la  terre  veillait  sur  elle  du  haut  du  ciel  et 
elle  fut  inébranlable.  Ni  les  larmes  de  ses  parents, 
ni  les  promesses  du  juge,  ni  ses  menaces  ne 
purent  la  faire  revenirsur  la  foi  qu'elle  avait  jurée 
au  céleste  Epoux  :  elle  fut  décapitée  le  mercredi 
suivant,  et  son  corps  fut  jeté  dans  le  lleuve  Itétis, 
(le  (iuadalquivir),  mais  les  chrétiens  le  recueil- 
lirent et  1  enterrèrent  dans  l'église  du  martyr 
saint  fienès. 

Les  lidèles  rachetèrent  du  bourreau  la  tête  de 
saint  Euloge  et  l'enterrèrent  honorablement 
avec  son  corps  dans  ré::lise  de  Saint-Zoïle.  Le 
premier  juin  de  l'année  suivante,  on  lit  une 
première  translation  de  ses  relii|ues.  Puis  ses 
restes  furent  transportés  à  Oviedo,  sur  les  terres 
des  chrétiens,  avec  le  corps  de  sainte  Lucrèce, 
le  !'.•  Janvier  H8;t.  et  l'on  en  lit  une  troisième 
translation  en  l'an  LIOO,  à  Camarasanta. 

Saint  Lulo:.'e  est  représenté  dehoul.  le  crAiie 
fendu  par  un  glaive,  le  cn'ur  percé  d'une  énée; 
il  tient  un  livre  et  une  palme;  à  terre,  un  turc 
renversé.  Tous  ces  détails  s'expliquent  par  la 
vie  et  le  martyre  du  Saint.  On  lui  iloniie  encore 
comme  attribut  le  fouet,  parce  c|u'il  fut  cruelle- 
ment tiagellé  avant  sa  décollation.  On  le  réunit 
quelquefois  à  sainte  Lucrèce,  parce  ijue  leur» 
corps  furent  transportés  en  même  temps  à  Oviedo, 
le  l'.t  janvier  883. 

•  In  l'invoque  à  Cordoue,  à  EIne  et  à  Uviedo. 
Les  charpentiers  d'Espagne  l'ontpris  pour  patron. 
on  ne  sait  trop  pourquoi. 

La  vie  de  saint  Euloge  a  été  écrite  por  Alvar, 
son  ami,  texte  d'autant  plus  précieux  i|u'il  reste 
peu  de  monuments  concernant  l'histoire  de 
l'Eglise  d'Espai'iie  sous  la  don)ination  et  les  per- 
sécutions des  musulmans. 

Puissent  ce  L'rand  Saint  et  les  héroïque»  imi- 
tateurs de  son  courate,  i]ui  illustrèrent  alors 
l'Espak'ne,  protéger  leurs  compatriotes  contre 
li>'i  eimeiins  de  la  foi  et  de  la  vérité  chrëtienne 


^^^ 


A 


% 


Imp.-gfrani,  K.  rrriraivut,  H,  rue  Fr«D(ul*  I",  l'an*. 


SÀIM  GIlÉGOmE  LE  GRAND 

PAPE    ET   DOCTEUR   DE   L'ÉGLISE 


Ftl>:   le    12   mars. 


P^BCrre     DE    (-.RECOIRR    —    ?0\    F.MHFE    EN   RELIGION 

Saint  Grégoire,  appelé  à  si  juste  titre  le  Grand, 
naquit  à  Rome,  ver»  l'an  -iV*.  Son  p'ire,  (inrrlien, 
^Uiit  «^Dateur,  mais  il  «o  %-oua  dani  la  ^uilc  au 
Hervir*"  de-*  pauvre».  Sa  mi-re,  Sylvip,  ron«arra 
au^oi  la  lin  rie  «;i  vie  à  la  mnlomplatinu  dans  un 
petit  nr^ilnirp.  on  elle  'élail  flir'". 


Son  aïeul,  le  patricien  F«i|ix,  était  devenu 
pr<*lro  et  ensuite  pape  «nus  le  nom  de  Félix  III. 
Si  taille,  la  vierce  Tarsille,  méiila  d'-^ntendre  .1 
riieure  de  «a  mort  le*  ronrerU  des  anites,  et  •!'■ 
vnir  Jé<iu<-<',hri<it  venir  au-devanl  de  son  Ani 
hi-nlieureuse. 

iiréuoirc  apprit  aver  farililé  les  lettres  divines 
•'  hiiin.itiips  ;  ppiidint  la   vi<'  i|f  «on  p.r-  .  il  fril 


•212 


part  au  gouvernemeni  de  l'Elat,  mais  il  aspirait 
à  se  retirer  dans  la  solitude  et  à  mener  une  \ic 
toute  de  priéi*- 

Ouand  (iordjnijn  fat  mort,  GréjSCifi  put  eiHiri 
exécult-r  son  \u-u  le  plus  cher.  Il  foii.ia  d"aboid 
six  monastères  en  Sicilf,  et  un  auVrr  à  Rome, 
dans  sa  maison  paternelle,  sous  la  règle  de 
saint  Benoit.  C'est  dans  o»  dernier  qu'il  prit 
l'habit  reli;;ieux.  à  Vii^ie  de  trente  et  un  ans, 
après  avoir  dislribiié  aux  pauvres  ce  qui  lui 
restait  de  soii  patrimoine. 


^T  ET  LE  >IEM>IANT 

vi'^  (le   tous  se?   biens 


oute  k 


:  Il  i-iiii   -Il 


L  F.Cb"F.LLr  I' 

iJr^'oire   n'a- 
qu'une   écuellr  ..  ^ 
lui   envoyai!  rlHqae  jomt  4e» 
l'eau  pour  sm  q  W^iBnn. 

Or,  il  nrrivi  qa'aa  MMiihtBJ  n*l  tranar  le 
Saint  :  il  lui  racvBta  «(•'il  tfail  fait  ■•■fr^fe  et 
perdu  toute  s.i  ftilBiii.  IM||mrp.  anuilAI, dnina 
l'ordre  de  lui  iiwyUi  nx  ptéce^s  de  aMaaaif. 
Mais  le  pauvrr  awttAMit  Et  okaeru^r  qiic.  c«ia 
•'tait  bii'U  peu  rk  HJn».  tm  Mt  Mtisse.  Irf%»ire 
lit  aussitôt  dould.  '  '         :     i 

Ueux  jours  :,]  tnatthamà  te  pré- 

senta de  nouve.m  ,iu  .^.imi,  le  priHlt    ''  ;'ili<^ 

de  son  extri'nir  pAOTTHé.  Mais  Q  Dr'  ,'lu3 

d'aryeut  au  irlifiMii  t-.;«  '~r^,  ne  iMiii.uii  pa* 
renvoyer  le  )i..iii»r»  n.  l'-i  mains  vt«Je»,  il 

lui  donna  s.iU  iif  "■" 

A  la  suite  de  i  e  un  urand  nombn- 

de  miracles.  Car  .nfr  ,.  ,'•  .  (ait  uil 

anj;e  envny  du  .iritè  du 

Saint  comme  Doii  j>ure. 

SON  ZÈLE  roMi  t*  (XNnrakHOK  »m  a.xclais 

Passant  un  ym"  par  mtmtatr^  ire 

\it  cic  jeunt»  pnfhnt»  qu'au  f  \                        i.te. 

Touché  de  Uui  jeuiit3:.r.  il 
s'informa  • 

tjuand  on  hu  .  ,i  : 

"  lltla^!  pniii,|i|.  ,|, 

de   SI    beau.\    tarp-,    el  le    Liieu 

n'habite    pas  '«tu  des   fr'  :ix!   •■■    Il 

ilemanda  fi     ■  '-          "  ic  :      Ce 

^i>nl   des   A  —   Dite» 

pliit.'.l    ,|,..  ■'   i.,ir. 

-  ,_■  -    ■     :  .,ll. 

lui 


tioinmi'.  re|>i  il     i  .1  Ip 

nom;  1  ar  un  >  k  u  >    ,    ,  "j  à 

la  louan;;e  du  Cfnteur.  » 

l'uis  il   alh     Irtii.TniIrT   %n  papp   Brnolt   I"  h 
permission  le  m  An. 

terre.  Le  pa,  lUi».  •  p<  . 

i.M.'iii'  lui  il  »<>rti  de  U  .illt,  qur  tous  li -. 
I,  ;:n<iiv  l'ilom^rrat  A  onnd»  rn«  •«•n  mpprl. 
III  disant  :  .    S.i.       ~  -iT^nieitt 

l'fTetiNf  «ainl   l*»-  ';i>fu«;  en 


^aint  el  dt  le 


lAT»  —   LA    rE<T« 

tipré»,  <irii|oir«    fui   nmini)'    ' 
<-l    •'OvoyA    r<MUBe     •oii<:C    a 

iiii««i,in     i«r  '    -.ilr.-*.*     i<t    r^vi#t 

.lo< 


Mais  le  Saint  ne  voulut  pas  accepter  l'élection. 
.*iu-  ces  entrefaites,  la  peste  éclata.  Saint  (iré- 
2'  ne  se  dévoua  pour  soulager  Us  infortunes  et 
•■■riibattre  le  Iléau:  il  (irescrivit  des  processions 
i\pialoires  pendant  trois  jours  consécutifs;  mais 
le  premier  jour,quatre-vinf;ts  personnes  mouru- 
lenlen  une  heure  avant  d'arriver  à  Sainte-Marie- 
Majeure.  Alors,  le  Saint  prit  dans  ses  mains 
l'image  miraculeuse  de  la  Mère  de  Dieu  peinte 
par  saint  Luc,  et,  nu-pieds,  les  épaules  couvertes 
d'un  sac  de  pénitent,  il  traversa  toute  la  ville 
pour  se  rendre  à  la  basilique  de  Saint-Pierre.  La 
foui-  .1.1... .-..  le  suivit. 

I  sur  le  pont  (rni  faisait  face  au  mau- 

atit   .^  .:^.ie»,'om   tmêtÊmÊt  ÛÊtts   les  airs  des 

«  Mmmm  cm  ftriarr.  R^daiN(z-vou$,  •'>  Reine 
du  ciei,  allelinm.'  parce  %ut  celai  que  vous  avez 
mérifi'  de  pnrtrr.  nlMmim!  esl  ressuscité,  comme 
ill 

1'  et  de  reconnaissance,  le 

peu,  la.  et  tîré^mny  les   yeux  fixés 

a«  '       .         : 

-  lia  pru  oot'u  Dnat,  priée  Dieu  pour  nous. 
allehiié!  » 

lu  <'e  moneiit.  na  an^te  penik  sur  la  cime  du 
ni.iusolée;  il  Iniait  à  la  ■•!■  un  glaive  qu'il 
r  niraitdaiis  le  lourcee».  Dée  Iotv,  la  peste  ne  lit 
plus  ont-  seule  vicliaie. 

S.tlTT  ceil  !»■■  BV  MME   l'vrK 

Cetéfé— wnt  fiiR-aniUni  fràidii  beaucoup  le 

presiigede^a  l.iis  celui-ci. craignant 

.!■     voir   «on  "  'idée   i>ar    l'empereur 

' .    parriat   à    Mrtir   de   Home    sous   un 

irirnt 

On  s  •  t  de  M  dk-p.irition ,  et  ce 

fat  nn  >uraBl  trois  jours,  tous  les 

bal  :eaipliraat  11?  églises  pour 

oh:  >' 4e  rsIrMIver  leur  pasteur 

bieu  aiiuL'. 

Le-  lettres  de  ratilirAtion  Tenaient  précisémcnl 
d'arriver  df     '  lioople.   Le  suir,  toute    la 

popalation  s'  1  dan»  la  campagne,  cher- 

chant le  fil»;.  Cl   »Vlail  caché  dan><  une 

caverne.  Uai  lit  décoavTir  au   uioven 

d'un'       '  -r-  ■  -    ••:    :trais-ait  au  dessus 

de  '  "41  il  allait. 

Il  (numphe  h  la 

111.I111,  il   fut  cou- 

:     :...      j   .,     .   ._  tiii'^    Al-     iiiii     ilrs 

HomaiDs 

IL  c^viiw  f>r-  m«-ii>^  -  V  ■11'-   >■  'it 

Ir    »aint     p.ipc     n'av  1  '     ;   i  1  .    du  n- 

d  évnnué. 
'  ii\  noiMiTiit 
Au. 
d.- 

M  |U  .1  .ilUtil  !.,iii  . 

Il  i  hciillés  qui  leui 

I'    Il    <  <  '.      i.      i:l'<l.l.  J 

I  1    ■        :    111  ,1  m  iiin  et  envoyèrent 

'ifï»-  im  r«iiint  pnj»^  'I*i  "  i'mii  et&it  impOAKÎblr 
d'allei  plu-  loin. 

>aiiit    (.réf. lire,   loin  ■' '■■-■ '••     ■    '■  v 

i.iiliInMte,  el  d  l'coulei  ' 

hlll'    '■       '■     "      .iv.lll      -Il 

Irli  UT  repr«- 

,iu  ''    Ifs    rf 

r  il  '  •■    lion 


bien  reçus,et  firent  connaître  Jé!as-Cliri«tàEthel- 
bert,  roi  de  Cantcrbéry,  et  à  une  gi  aaJi"  partie 
de  ses  sujets. 

Dieu  bénit  tellement  leur  zèle,  qu'ils  deman- 
dèrent de  nouveaux  ouvriers  évan^t'liques,  afin 
de  faire  une  mcipson  plus  abondante. 

Le  Saint  en  ressentit  une  tirande  joie,  et  envoya 
d'autre? missionnaires;  il  nomma  Aut-uslin arche- 
vêque de  l'île,  et  ordonna  douze  évèques  sufFra- 
gants  de  Cautorbéry.  Il  recommanda  surtoot 
à  .'^es  moines  la  douceur  en  tout  ce  qu'ils  faisaient 
pour  fa  conversion  des  .\nclais  et  mérita  ainsi  le 
titre  glorieo.v  d'apôtre  de  l'Angleterre. 

LITCBGIE  ET  FIAIS  CH.iNT 

L'action  incessante  que  le  hienheureuj  pon- 
tife e.\er(;ait  .-«ur  1rs  empires  et  les  royaumes 
n'absorbait  pas  tont  son  temps;  il  lui  restait 
encore  des  loisirs  pour  réformer  la  liturgie,  per- 
fectionner le  (bant  ecclésiastique  f-t  composer 
des  ouvrages  qui  lui  ont  valu  justemeat  le  titre 
de  docteur. 

M  II  porta,  dit  Dom  Guéran^'er,  ses  soins  éclairés 
sur  la  iitnri;ie  de  Rome,  et  par  les  perfectionne- 
ments qu'il  y  introduisit,  prépara  d'une  manière 
sûre,  ^)Our  un  tem|>s  plus  ou  moins  éloijmé.  son 
introduction  dans  toutes  les  provinces  de  l'im- 
mense patriarcat  d'Occident.  » 

Nous  lui  devons  l'usajte  de  chanter  b'  Ki/r'u; 
eleison  pendant  la  messe  et  celui  dédire  l'.K/etuia 
au.x  offices  même  en  dehors  du  temps  pascal.  11 
ne  se  borna  pas  à  saiiclifier  les  formules  litur- 
giques et  à  les  compléter;  il  s'attacha  aussi 
à  donner  aux  cérémonies  du  culte  une  pompe 
estérienre  qui  les  rendit  plus  eflicaces  encore 
pour  l'instruction  et  l'édilioation  du  peuple. 

Le  San/imi'ntairi'  de  saint  (irégoin;  avait  ré^lé 
l'ens«nbte  de  l'oftlce  divin  et  doté  la  liturfiie  de 
plusieurs  admiralilcs  prières  qui  en  font  encore 
i'orneraent;  mais  là  ne  s'arrêta  point  l'u-mTC  du 
saint  pontife,  il  voulut  ordonner  avec  les  paroles 
le  chant  qui  e"-!  di'stiné  à  en  ■•ompléter  la  siuni- 
ficalion.  Il  consiiiérait  que  la  musique  sacrée 
n'est  pas  seulement  un  accessoirt?  appelé  à  relever 
la  splendeur  du  culte;  mais  qu'elle  en  fait  partie 
iotép^nte:  qu'elle  doit  s'unir  aux  paroles  pour 
constituer  avec  elles  une  expression  plus  com- 
plète '-l  plus  forte  de  la  prière.  D'autres  pontifes, 
comme  saint  Damase  et  <aint  tiélase,  animés  des 
mérnes  sentiment»,  avaient  fait  pouii-<ile  partn- 
de  la  litur_'ie  dos  travaux  considérables;  saint 
•irév'oire  devait  perfeclionnpr  leur  •  leuvre.  Il 
publia  dans  ce  bot  son  Antiphonairr  où  il  a  ras- 
semblé les  mélodies  ailmiialiles,  composées  par 
ses  devanciers,  et  que  les  docteurs  ne  craisnenl 
pas  de  dire  inspirées  de  Dieu;  lui-même  en 
a  ajouté  un  ^rand  nombre  de  manière  à  cMta- 
pléler  le  oycle  lilnruique,  et  il  a  livré  ce  travail 
à  la  tradition  <pji  l'a  lonuicmps  pnrdé  avec  le 
retpect  dû  à  an  iiareil  ■ompçsileur. 

Ce  sont  ces  mélodies  qui  ont  fait  l'admiration 
duDi'U'      '  '  qui  lavisHaicnt  plus  tanl   nos 

Krand«  •  musique,  (.ds  qu''  l'alestrina, 

Bu  in i  el  11  mil  s  i>  dirnier  déclare  qu  elles  sont 
inimitalitc»  nt  que  le  saint  pontife  a  dû  âlre 
in-ff  ■"■    '■   I'"'    Uns  leur  loniposilmn. 

I  iide  nous  rapporte,  en  efTel,  que 

saK 4  r.t  un  jniii   «ni-  vision,  l/1'ù.'lise 

lai  appnnit  sous  la  forme  d'une  vicrpe  m:u;ni- 
liqiieincnt  parée,  qui  érinail  de--  chants,  et 
rassemblait  en  même  temps  une  foule  d'anges 
sous  les  plis  de  son  manteau. 

Sur  ce  manteau  éUiit  n-présenlé  tout  l'art 
musical   avec   toutes  les   formes    des    ton*,   de» 


no'.os,  des  nuances,  des  mètres  et  des  (i:;ures 
diverses.  (Jré^'oire  pria  Dieu  de  lui  doiin^!-  la 
laculté  de  se  rappeler  tout  ce  qu'il  voyait;  et 
après  son  réveil,  une  blanche  colombe  vint  j.t 
poser  sur  son  épaule  et  lui  ilicia  à  l'orc-ille  los 
merveilleuses  compositions  dont  le  saint  pontife 
a  enrichi  rE)4ise. 

Pour  conserver  le  chant  qu'il  avait  si  bion 
or-'anisé,  bï  ^rand  pape  établit  à  Kome,  près  de 
Saint-Jean  de  Lalran,  une  école  ou  l-'s  ent'aiits 
destinés  au  chœur  étaient  soi^-neusemenl  formés 
au  chant  sacré.  Saint  Gréf^oire  pp-sulail  lui- 
même  à  leur  éducation,  et  son  zèle  OLiit  si 
ardent  que,  mêcie  au  milieu  des  tn^ndcs  dou- 
leurs que  lui  faisait  éprouver  la  goutte,  ii  se 
faisait  transporter  près  de  ses  jeûnes  élevés. 
Couché  sur  un  lit,  il  donnait  sa  leçon,  et  il  tenait 
à  la  main  une  baguette  pour  reprendre  ceux  qui 
manquaient.  C'est  de  cette  école  que  sortirent 
plus  tard  les  chantres  qui,  sous  Cbarlemai.'ne. 
vinrent  enseigner  aux  clercs  gaulois  les  célestes 
mélodies  de  saint  tirégoire. 

SAl.NT  GRÉGOIBE  DOCTEUR 

La  science  et  les  nombreux  écrits  de  Grégoire 
et  son  zèle  ardent  à  défendre  la  doctrine  catho- 
lique jostifient  pleinement  le  titre  de  qualrii-me 
docteur  de  l'Eglise,  universellement  attribué  au 
gnind  pape. 

N'étant  encore  que  diacre,  il  combattit  les 
erreurs  du  patriarche  de  Coustantinople  Kuly- 
chius,  touchant  la  résurrection  des  corps.  Il  eut 
à  ce  sujet  une  conférence  avec  lui  en  présence 
de  l'omporeur,  et  celui-ci,  convaincu  par  les 
arsuments  de  Gré;;oire,  condamna  au  feu  un 
opuscule  que  le  patriarche  avait  coinpo.sé  sur  la 
matière  controversée.  Eutychius  toinha  malade 
à  quelque  temps  de  là.  Sur  son  lit  d'a,;oiiii',  il 
disait  aux  assistants,  en  leur  montrant  ^a  main 
amai;.'rie  :  n  Je  confesse  que  nous  ressusciterons 
dans  celte  choir.  »  Ce  fut  dans  ces  sentiments 
qu'il  mourut,  complètement  revenu  à  la  loi 
orthodoxe. 

Ile  venu  pape,  saint  Grégoire  ramena  de  l'aria- 
nisme  à  la  saine  doctrine  une  multitude  de 
Lombards,  encourai.'ea  b's  Wisiniiibs  d'E«pa);ne 
dans  leur  retour  à  la  foi  calholic|uc.  Il  rétablit 
la  Juridiction  dans  l'Eglise  d'Afrique,  et  y  porta 
le  dernier  coup  aux  donatistes.  Il  convertit  les 
S'-hisniatiques  de  l'Istrie;  enlin,  il  ranima  bs 
arts  et  les  sciences,  et  les  tourna  à  la  jjloire  de 
l'Eclise  de  Jésus-Clirist. 

Saint  (iré^Mire  prêchait  loi-même  à  son  peuple, 
et  lorsque  les  maladies  lui  lUaient  cette  conso- 
lation, il  composait  des  sernion"^  et  des  hoinélirs, 
et  le>  faisait  prononcer  en  public  par  quelque 
autre.  Knlln,  il  était  si  vigilant  et  si  iiifati.'.iblc 
i  s'acquitter  de  sa  charge  de  bon  pnstrur,  qu'il 
semble  piTsque  impossible  qu'un  seul  homme 
ait  pu  faire  tant  de  choses  i  la  bits  :  proriirer  la 
paix  par  sa  médiation,  traiter  avcx  D»«-n  par 
i'orai-oii  et  »vec  les  hommes  par  la  ronMTsalion, 
-'a|.|'liqiier   au   gouverni'Mii'ii.1    spiiiluel   et  teni- 

{lorel  de  l'IySlise,  prêcher  si  souvent,  dicter  de- 
eltres  f^i  ndmiraliles  à  tant  de  personnes  de 
diviTsc.  1. 111,111  ions,  cnmp'iser  les  beaux  ouvrages 
qui  nous  i«>sli?nt  d»  lui. 

Pour  snflirf  k  tant  de  travaux,  il  fallait  une 
a 'tivité  prodi/tleoM  et  un  rourasr  snmaliirel. 

l'arnii  les  ouvrages  de  ce  saint  pontife,  il  tant 
surtout  remarquer  des  commentaires  sur  le  Inre 
de  Job,  sur  le  Cantique  des  cantiques,  sur  1'" 
prnplii-le  lùérhici  et  sur  les  Evanailes;  un  Pas- 
toral, adressé  aux  prêtres  qui  ont  à  diri;."r  les 


l 


unies;  un  Sacramentaire ,  et  quatre  livres  de 
Dialoijues,  où  le  Saint  rapporte  i'"-  miracles 
arrivés  de  son  temps. 

APPARITION  DE  JKSUS-CBBIST  ET  d"lN    ANGE 

La  chanté  de  saint  Grégoire  pour  les  pauvres 
fut  récompensée  par  plusieurs  miracles. 

Un  jour,  il  voulut  laver  lis  pieds  d'un  pau\Te 
élerin.  Mais,  pendant  qu'il  prenait  l'niguiiîre  et 
e  bassin,  le  pauvre  disparut,  et  la  nuit  suivante 
>totre-Seif.'neur  apparut  au  Saint  !  "  Vous  me 
recevez  ordinaireineiil  >'ii  mes  membres,  dit-il, 
mais  hier  c"esl  moi-même  que  vous  avei  reçu.  » 

L'ne  autre  fois,  il  ord>Mina  à  son  aumônier 
d'inviter  ilouze  pauvres  à  dîner.  Or,  il  s'en  trouva 
treize  à  lahle.  Le  saint  pontife  demanda  pour- 
quoi on  avait  dépassé  le  nombre  qu'il  avait  tixt'. 

L'aumi'mier,  tout  confus,  regarde  les  pauvres 
et,  les  cnmptanl.  n'en  trouve  que  douze  :  le 
Saint  était  seul  à  voir  le  treizième.  Soupçonnant 
quelque  mystère  en  cela,  il  considérait  attenti- 
vement ses  convives  :  or,  il  en  remarqua  un  qui 
paraissait  tant<)t  sous  la  li;.'urc  d'unjeune  homme, 
tantôt  sous  celle  d'un  vieillard. 

Quand  le  repas  tut  terminé,  il  permit  aux 
douze  autres  de  partir,  et,  prenant  le  treizième 
par  la  main,  il  le  conduisit  dans  sa  chambre.  Là, 
il  le  supplia  de  lui  dire  qui  il  était  :  "  Pourquoi, 
répondit  le  mysli'rieux  personna;,'e,  voulez-vous 
savoir  mon  ni>m,  qui  est  admirable?  liappelez- 
vous  ce  marchand  infortuné  à  qui  vous  fîtes 
autrefois  donner  douze  écus  et  l'écuelle  d'arjent 
que  vous  possédiez.  Croyez  bien  que  c'est  pour 
cette  bonne  œuvre  que  bieuia  voulu  que  vous 
fussiez  successeur  de  saint  Pierre,  dont  vous 
êtes  le  lidele  imitateur,  par  votre  charité  à  l'éftard 
des  pauvres. 

—  Comment  savet-vous  cela,  dit  saint  (îré- 
jjoire'? 

—  Parce  que  je  suis  l'anpe  même  que  Dieu 
avait  envoyé  pour  vous  éproun-r.  Mais,  ne  crai- 
gnez point,  je  veille  -^ur  vous  et  Dieu  m'a  envoyé 
pour  vous  prolé;;er  lusqu'à  la  lin  et  vous  accorder 
tout  ce  que  vous  demanderez.  » 

Kt  la  vision  disparut,  laissant  le  Saint  pénétré 
d'un  profond  respect  et  d'une  grande  recon- 
naissance. 

jésus-cuRi!rr  visible  dans  l'euciiabistie 

In  jour,  saint  Grégoire  rélébrail  la  messe 
dan»  léylise  de  Saint-Pierre  :  il  distribuait  la 
roiiimuniiin  aux  assistants,  lorsqu'une  femme 
s'approcha  pour  communier  avec  les  autres. 
Mais,  lorscjue  saint  liré^riire  proféra  ces  p.iroles  : 
Il  Oue  le  corps  de  Nolre-Seiiineur  Jésus-(>lirist 
t-'ardc  votre  ^m>'  pour  la  vie  éternelle  ■.,  cettf 
femme  se  mit  h  rire  ovec  un  ntr  d'incrédulité. 

l>n'-;.'nire  lui  retira  le  puin  eucharistique  et  le 
rpniit  au  diacre  pour  le  reporter  sur  l'autel  et  l'y 
;.'arder  jusqu'à  ce  que  lu  communion  des  lidéle* 
fi'it  achevée. 

Apres  quoi,  le.  pontife,  ^'adressant  à  r«tl« 
feimne  : 

i|,i..  ii,,.i  1»  vous  prie, lui  demanda-t-il,pnui^ 
;  I  lorsque  vout  étiez  sur  le  point 

'Hdit  que  c'était   parce   (|ur   le   pain 
'  Il  |iiK  qu'on  lui  avait  présenté  était  celui 

<|ii  I  ii<'    avait    pétri    elle-même    et    apporté    à 

I  •'l'IuUOD. 


Le  saint  pontife,  se  tournant  alors  vers  le 
peuple,  lui  demanda  d'unir  ses  prières  à  celles  du 
cleii.'-'-  pour  conjurer  le  Seifineur  de  dissijier  l'in- 
crédulité decetle  femme, -puis  il  re\int  à  l'autel. 

En  ce  moment,  l'hostie  se  transHijura,  tous  les 
assistants  purent  contempler  le  corps  radieux 
de  Jésus-Christ,  et  la  femme  revint  de  son  incré- 
dulité, à  la  vue  de  ce  prodi?;e. 

Puis,  le  Saint,  ayant  fait  une  seconde  prière, 
l'hostie  reprit  la  forme  du  pain. 

COMMENT   DIEf  SAl'VA    SAINT    GRÉGOinE  d'uN    ACC10E.NT 

La  fermeté  de  saint  Gréaoire  à  défendre  la 
pureté  des  inu'urs  mit  souvent  sa  vie  en  danaer. 

Un  jour,  il  excommunia  un  chevalier  romain 
qui,  étant  tombé  en  adultère,  avait  répudié  sa 
femme  lé;;itime. 

Ce  misérable,  voulant  se  venper,  eut  recours 
aux  masiciens.  Ceux-ci  lui  promirent  qu'un  jour 
que  le  Saint  irait  par  la  ville,  ils  feraient  entrer 
un  esprit  malin  d.iiis  le  corps  de  son  cheval,  alin 
que  celui-ci,  l'ayant  jeté  par  terre,  lui  marchât 
sur  le  corps  et  le  fit  périr. 

Ce  détestable  dessein  fut  exécuté  comme  il 
avait  été  projeté.  In  démon  se  saisit  du  cheval, 
et  lui  lit  faire  de*  bonds  si  étranges  qu'il  ne  put 
être  arrêté  par  aucune  des  personnes  qui  étaient 
auprès  du  saint  pontife. 

Mais  Grégoire,  découvrant,  par  une  inspiration 
divine,  d'où  venait  le  mal,  lit  le  siane  de  la  Croix 
et  chassa  le  démon  du  corps  de  son  cheval. 

Les  magiciens,  en  punition  de  leur  malice,  per- 
dirent la  vue  corporelle;  mais  cet  accident  leur 
ouvrit  les  yeux  de  l'Ame,  et,  leur  faisant  con- 
naître la  grandeur  de  b^iircrime,  ils  renoncèrent 
à  tout  Commerce  avec  le  démon  et  demandèrent 
le  baptême. 

Le  saint  pontife  le  leur  donna,  sans  néanmoins 
leur  rendre  la  vue,  de  crainte  qu'ils  ne  retour- 
nassent à  leurs  malt'lices  et  a  la  lecture  des 
livres  d'enchantement  et  de  magie:  aimant  mieux 
les  faire  entretenir  aux  dépens  de  l'Lalise  que  de 
leur  donner  un  sujet  de  se  perdre. 

IlF.RMÉHE-'  ANNlf.ES  KT  MORT  DR  SAINT  GRiiGOinE 

Il  se  montra  à  la  lin  de  ses  jours  et  dans  sa 
vieillesse  ce  qu'il  avait  été  le  reste  de  sa  vie, 
plein  de  zèle  dans  l'exercice  du  miiiislère  ponti- 
(Ical  et  rempli  de  charité  envers  les  pauvre». 

Ayant  un  jour  appris  qu'on  avait  trouvé  un 
malheureux  mort  de  misère  dans  un  villaae 
écarté  de  Home,  il  en  ressentit  une  douleur  très 
graiiile  et,  craianaiit  que  cet  homme  ne  fût  mort 
de  faim,  tandis  <|ue  lui  pouvait  le  soulager,  il 
s'abstint  pendant  plusieurs  joursde  dire  la  messie. 

Durant  les  ilcrnieres  anii' 
fut  ariabl'-de  Rouirrancf»  . 
flcntioiiii|ii'il  s'imposait  em  mi  i  l  .i\.ii> m  >  \i<  nui'. 

Ilieii  n'elail  canuble  de  le  consoler  que  le  d'sir 
et  l'i-spi-rance  u'enlrcr  bientôt  dan»  une  vie 
meilleure. 

.Niilie-SoiiXneur,  après  avoir  purillé  le  «ainl 
poiilite  par  tant  d  allt:olsst<^  «  I  d'aftlictions, 
accomplit  eliliii  le»  deMr*  de  lioii  strviteur  ri  le 
di-li»ra  de  la  pri«on  du  corp»,  pour  lui  donner 
la  couronne  dr  gloire,  qu'il  avait  »i  bien  nii-ntée 
par  se»  vertus  hérniqne».  Sninl  Gréaiurr  inounit 
le  M  mars  l'an  604,  âpre»  avoir  siégé  »iir  la 
Chaire  de  Saint-Fierr«  treixe  an»,  sii  moit  et 
neuf  jours. 


K.  i'tTiTBiA«i,liiip.'0>'iaii(,  H,  rue  trau^ui:  i".  Pans 


SAINTE    EUPHRASIE,   VIERGE 


V'  siècle.  —  Fête  le  i  3  mars. 


Sainte  Euphrasie  consacrée  à  Dieu  par  sa  mère.   —  Elle  chasse  le  démon  du  corps 

d'une  possédée. 


NAISSANCE  DE  LA   SAINTE 

Sous  le  rétine  de  l'empereur  Tliéodose  le  Jeune, 
on  remarquait,  à  la  cour  de  Constantinople,  un 
sénateur  de  haute  naissance  nommé  AnliRone, 
connu  de  tous  par  sa  bonté  et  sa  libéralité 
enrers  les  pauvres.  Son  (îpouse,  Euphrasie, 
comme  lui  de  sang  royal,  se  distin^ruait  par  une 
piété,  une  douceur  et  une  simplicité  bien  rares 
cher,  les  «rands.  Tous  deux  se  rendirent  apn-ablfs 
à  Dieu  par  leurs  bonnes  iruvres.et,  pour  prix  de 
leur  (Idélité,  le  ciel  leur  arcorda  une  flllc  qui 
devint  la  Sainte  dont  nous  rapportons  ici  la  vie. 


Quelques  jours  après  la  naissance  de  l'enfant, 
les  deux  époux,  cédant  aux  sollicitations  de  la 
RrAce,  résolurent  de  fuir  les  plaisirs  du  monde 
et  de  vivre  de  la  vie  des  an«es.  .Mais,  après  une 
année  passée  dans  la  continence,  Anli^one  mou- 
rut. L  empereur  |ileiira  un  parent  et  un  ami 
dévoué,  la  cour  un  conseiller  fldele  et  les  pauvres 
un  père  véritable. 

PBEMIKKKS  AN.NBES  d'ELPIIRASIE 

L'étroite  affection  de  l'empereur  pour  Anti- 
;.oric  se  reporta  sur  sa  veuve,  qui  fut  entour''o 
d'honneurs,  et  sur  sa  lille,  qu'il  liança  dès  l'.lf;!' 


lO'J 


Jp  cinq  ans  à  un  jeune  si''iialoiir.  Ce  dernier, 
loatefiiis,  j«taiil  les  yeux  ^^ur  la  lUrre,  courut  un 
vif  «It^ii  de  ré|>oiisor.  Il  til  j'arl  de  j-on  projet  à 
l'.mp^r.ttrie^  i:ii  se  char;;ea  de  le  réaliser:  inuis 
ta  veuve  >i  Aniii;one,  fidèle  à  son  vu-u,  reru>a 
éneri.'ii|uenienl  la  main  qui  lui  était  oITerle,  et, 
.  pour  couper  court  à  tout  eniliarra«,  elle  "se  retira 
en  Ei^vptc  avec  sa  Hile,  dans  lea  dooiaiaes  de 
son  mari. 

Huraiit  son  vovil  ''-  fit  d'abondanlps 
auiniMies  aux  roonii-  nvres  et  aux  indi- 

fients,  et  denioadail ui  des  prières  pour 

l'Ame  de  son  ntàri  et  pour  sa  lille. 

(>r,  il  arriva  que.  dans  une  ville  de  TbOl^ide, 
Kuplirasie  rencontra  un  monastère  de  femmes, 
alors  très  en  i«uoni.  Les  reli:.'ieuse9  y  étaient 
au  nomlire  de  cent  trente  environ.  I.eur  nourri- 
ture se  coin[iosait  de  lé;;umes  cuits  a  l'eau;  elles 
ne  faisaient  jamais  usaye  île  vin,  ni  d  liuile,  ni 
de  fruits.  Leur  jeune  était  continuel,  elles  ne  fai- 
saient qu'un  repa<.  après  le  coucher  du  soleil, 
quelques-unes  même  jeùuaienl  deux  oiUioi-ji.urs 
entiers.  I.'abbesse,  pour  vaincre  de  terrililes  ten- 
tations, était  restée  une  lois  durant  l'espace  de 
quarante  jours  sans  prendre  aucune  nourriture, 
miraiiileusement  «-oulenue  par  Dieu. 

In  tel  centre  de  pi'-'tè  lit  les  délices  de  la 
fervente  Luplirasie,  qui  fixa  sa  demeure  à  peu 
de  di<lancp  de  là.  Ses  visites  y  étaient  Iréquentes; 
ell's  aimait  à  s'y  entretenir  de^  douceurs  de  la 
vie  l'ontemplative  et  s'appliqu.iit  surtout  i  faire 
prolitcr  sa  lille  di;  ces  pieux  enli-etiens  pour 
mieux  former  son  co'urà  la  piatique  et  à  l'amour 
de  la  vertu. 

In  jour,  Tahliesse  du  couvent  eut  avec  la  jeune 
Euplirasie  une  curieuse  conversation  : 

•■  Kuplirasic,  Aimei-vous  ce  couvent  et  aimez- 
vous  les  reli^;ieuscs? 

—  Certainement,  madame,  je  les  aime  de  tout 
mon  cci-ur. 

—  Si  vous  nous  aimet,  il  faut  demeurer  avec 
nous  et  revêtir  notre  bahit. 

—  Si  je  ne  crai;.'n.-iis  point  de  contrarier  ma 
bonne  mère,  répondit  l'enfant,  je  ne  sortirais 
jamai'  de  ce  lieu. 

—  Nous  aimex-vous  plus  que  l'époux  qui  vous 
est  destiné? 

—  Je  ne  le  coonais  point,  cet  époux,  répondit 
naïvement  Luphrasie,  mais  vous,  je  vous  con- 
nais et  je  vous  aime.  Kt  vous,  m'aimez-vou.-- 
aussi'.' 

—  .Nous  v.'iis  aiiiion-  lendremeul,  mou  enfant, 
.tl  noui  ai;  ',ii>l. 

*     — Je  voi,  I  aussi  JéiOts-Chri'! 

de  tout  mon  •u-ur.  " 

\a  jAére  écoulait  en  «ilence  ce  sinpii... 
lien,   elle  remerciait   Hieu.  à  l'intérieur  dt   m'u 
mur.  d'avoir   placé    de   telles  paroles    sur    le". 
]■  \iK  de  son  enTanl;  puis,  romme  te 
iiK  lo  .lit  à  hai-ser,  elle  interrompit  l'eir 
di-aiit  : 

«  Itclirons-Dou»,  mou  eofaiit,  car  il  est  Urd. 
je  ï«  ux  jeslt-r  ici,  rè|iondit  vive- 


.■,.\,,-  [,■ 


i<i  riiii.ij 


toujours,  mais  ni  ses  paroles  ni  celles  de  l'abbess e 
ne  purent  la  Qécbir. 

M  Vous  ne  pouvei  rester  ici  aujourJ'lini,  lui 
dit  alors  pravenieiil  l'abbesse,  car  il  n'y  a  point 
de  place  pour  vous  recevoir. 

—  Où  vous  resterez,  répondit  doucement  l'eii- 
.'ant,  je  resterai  aussi.  » 

Hien  ne  put  ébranler  cette  volonté  affermie  en 
un  instant  par  la  iLiràce  de  Jèsus-Cbiist.  et  la 
mère  dut  s'éloiyner  seule. 

Plusieurs  jours  s'écoulèrent  ainsi,  l^uphrasie 
persistait  dans  son  pieux  dessein. 

Il  Si  vous  voulez  devenir  reli;;ieuse,  lui  dit  une 
deri.ière  fois  l'abbesse  de  vaut  sa  mère,  qui  la  venait 
visiter  chaque  jour,  \i  us  de\ez  étudier,  tia»ail- 
ler,  apprendre  de  mémoire  tout  le  jisautier  et 
jet'iner  tous  les  joui-s. 

—  Hien  de  tout  cela  ne  m'effraye;  je  ne  vous 
demande  qu'une  faveur,  celle  de  m'admettre  au 
milieu  de  vous.  » 

Ueconnaissant  alors  que  sa  fille  obéissait  à 
l'appel  de  Dieu,  la  mère  la  conduisit  devant 
l'inù^'e  de  Jésus  crucilié  et,  d'une  vuix  entre- 
coupée de  san;;lots,  elle  s'écria  :  •■  Sei},'neur  Jésus! 
recevei  vous-même  cette  enfant!  elle  ne  désire 
que  vou<,  elle  ne  cherche  que  vous,  soyez  donc 
sou  unique  récompense.  Rt  toi,  ma  fille,  que  celui 
qui  aciéé  les  monta.:iies  iiiébranl.ibles  sur  leur 
base  te  coiilirme  dans  la  crainte  île  son  nom!  « 

i'uis,  r<-mettaiil  sa  lille  aux  mains  d<'  l'abbesse, 
la  pieuse  mère  se  retira  en  versant  des  larmes, 
mais  le  <  ceiir  inondé  de  la  joie  que  Jésus-Christ 
se  plail  à  répandre  dans  les  :'>mes  de  ceui  qui 
savent  s'imposer  de  généreux  sacrifices.  Dlle  fit 
de  grandes  aumônes  aux  pauvres  pour  attirer  les 
bénédictions  du  ciel  sur  les  résolutions  de  sa 
nile.  Peu  de  jours  après,  la  jeune  postulante 
recevait,  des  mains  de  l'abbesse,  la  robe  f.;rossière 
de  relif-'ieuse. 

VEHTl'S   HLUCIEUSES    DE  SAOTTR  EL'PIIHASIE 

SKS  COUIIATS 

L'n  coup  bien  sensible  allait  l'éprouver  :  sa 

mère  q*"    -  "    '     "      '  '   ■•  '  ■  resta  orphe- 

line à  •  -e,  elle  sun- 

Ile  nouvelle 


I   porta  ak-'  • 

oureuve,  n 

,   l'b- '-   ' 


-Ubritl  et  j«  veux  tout  quit- 
ta aoki  MuuBCtif  tiit  A  tenir,  la  min  iaMtUU 


lis  plus  qii  ,ipres 

1  lait  rejmndie  sa 

ni  ippiii  In  mort  de 

r.  a    des   lettres  h   la 

pour  la  pi  ler  de  venir  a  la  cour 

!■  iir,  'oti  lia '•.  La  jeune  vierpe 

liii  tit  ci-ll«  biii'-  lépoiist  :  •■  Nous  ne  nie  pcrsun- 
dem  pa<-.  T'  eiiipi  KiM .  île  r<'f>uili'T  le  ('.liri>'l, 
I'  I.  pour  m  '  mortel 

-  doit,  d.ii  X  iiiHn 

litiuii  iliiu'  des  vers.   Ce   ijui   i-'   j.l 
aujourd'hui  lie  sera  (jue  cendie  deiii 
'  o  empereur,  ma  résolution  ç-i  ni'li.iii- 

i-tribiiez  iiii's  biens  ,in\  pauvres  et  sou- 
VI  lu /vous  devant  liieu  d'Anlu'onc,  de  «on 
épouse  cl  de  KB  lille.  <■ 


ni 

il' 


saii»  \4'*>t  r  til.  ifUipUr  lou»  ui).  •  u.^m'1»,  m  d  .i.v. 


sister  au  chant  de  Toflice.  Elle  domptait  ainsi 
son  corps,  pour  dé;:ai;er  davantage  l'esprit  et  lui 
permettre  de  s'élever  dans  les  hauteurs  de  lu 
contemplation. 

Le  d-moii.  qui  ne  ponvait souffrir  tant  de  piété, 
ne  tarda  pas  à  livrer  à  la  jeune  relij-'ieuse  de 
redoutables  assauts.  Mais  la  vertu  était  si  ^'raade 
daos  cette  àme  d'élite  et  son  obi'-i~>ance  si  par- 
faite que  l'esprit  malin  ne  put  rien  contre  elle. 
Iiuplira.sie  lévéla  tout  à  l'aLbesse,  et  l'<sprit  de 
ténèbres,  qui  ne  redouie  rien  faut  que  l'aveu  sin- 
crre  des  tentations  à  une  personne  éclairée,  se 
letita  honteusement.  Néanmoins,  pour  mieux  en 
triompher  à  l'avenir,  la  Sainte  ajouta  un  jour  de 
jeiiue  aux  trois  qu'elle  pratiquait  déjà. 

Pour  éprouver  son  obéi.ssance,  l'abbesse  com- 
manda un  jour  à  Euphra?ie  de  transporter  d'un 
euilroit  du  jardin  à  l'autre  d'énormes  pierres  que 
deaxSa'urseu&cmble  pouvaient  à  peine  mouvoir. 
Toute  autre  aurait  hérité  devaut  un  ordre  aussi 
i-transie,  mais  Eupbrasie  obéit  sur-le-champ. 
L'abbesse  a  parlé,  c'est  assez;  elle  saisit  les 
pierres  les  unes  après  les  autres  et  les  transporte 
sans  difticulté  au  lieu  indiqué. 

Le  leudemaio,  elle  dut  les  reporter  à  leur  pre- 
mière place.  Pendant  trente  jours,  on  l'employa 
au  même  travail  sans  qu'on  put  apercevoir  sur 
son  visage  une  seule  marque  de  mécontentement 
ou  d'impatience. 

Elle  était  unie  à  Dieu  par  une  oraison  conti- 
nuelle, et  le  démon,  ne  pouvant  triompherd'elle 
l>endaul  le  jour,  résolut  de  l'attaquer  pendant 
son  sommeil.  Il  lui  apparut  sous  la  tij^ure  du 
sénateur  qu'elle  devait  épouser,  à  la  tète  de 
nombreux  soldats  qui  venaient  l'arracher  à  sa 
retraite.  Elle  poussa  un  cri,  s'éveilla  au  même 
in>t.int,  et  commença  aussitôt  à  faire  oraison 
ju.squ'au  malin.  L'esprit  malin  revint  à  plusieurs 
reprises,  mais  la  jeune  vier^re  usa  du  remède  si 
puissant  et  si  commun  de  tout  avouer  à  l'abbesse, 
ijui  l'eucoura^'C-a  pai-  des  conseils  salutaires  et 
lui  permit,  sur  sa  demande,  déjeuner  huit  jours 
entiers. 

La  <  '  vierjîe  observa  lidèlement  ce 

jeune  ^aas  rien  omettre  de  ses  emplois 

journuiii-,  i.'s  relit;ieu.<es  n'avaient  que  des 
paroles  d'admiration  pour  la  plus  jeune  de  leurs 
Sijuurs;  son  existence  était  un  miracle  perpétuel, 
car,  mal;.'ré  son  austérit<}  et  ses  nombreuses 
char;;es,  elle  n'était  jamais  malade;  son  t-'int  ne 
(lerdit  pas  de  sa  beauté  ni  de  sa  fraicheur, 
qii.i  m.-  [.endant  un  an,  au  dire  de  quelques 
r  {ui  assurèrent  l'avoir  ri;.oureusenierit 

oi  Ile  ne  se  fût  jamais  assise,  pas  m'-rae 

pour  prendre  ses  repas,  et  qu'elle  n'ait  jamais 
Hdùié  d'autre  repos  que  les  courtes  heures  qu'elle 
pa-sail  la  nuit,  couchée  sur  la  terre. 

Ni'anmoins,  le  d-inion  ne  se  lassait  point  de  la 
tourmenter.  Il  viul  troubler  de  nouveau  son 
sommeil  eu  lui  repi'^âenlaul  les  vanités  et  les 
plaisirs  du  si--  le.  liais  Jésus-Christ  veillait  sur 
son  épouse  Udele.  Eujdira^ie,  quittant  au'^sitol  sa 
couche,  sort  du  couvent,  va  faire  son  oraison  en 
plein  air,  maL'ré  le  froid  de  la  nuit,  et,  levant 
les  mains  vers  le  ciel,  elle  implore  avec  larmes 
le  «ecours  du  Tout-Puissant.  Depuis  dix  jour» 
déjà,  elle  était  plongée  dans  la  prière  <|uand  les 
So>ur*,  touchées  de  rompas<-ion,  demandèrent 
à  r-»'  I  ■  -^-  «le  l'en  retirer,  in.ns  celle-ci  d'^fendit 
'I  _■  T.  Trente  |pur^  s'^'i-oulèrent  ainsi,  et 

1'  .-e  vierge  pour-"  '  "'  ■■i  prière  sans 

{'■  I  lurriture  ni  r'  l>-quarante- 

cii,  ,  jour,  épuisée    .  _  .  ,  elle  tombe 

sur  le  sol,  priTée  de  connaissance,  on  la  porte  au 


couvent,  mais,  à  ses  membres  raidis,  on  aarait 
cru  porter  un  cadavre.  L'abbesse  se  présenta  à 
elle  et,  faisant  le  si;:ue  de  la  croix,  elle  lui  dit  en 
lui  donnant  un  peu  de  bouillon  chaud  : 

«  Au  nom  de  Jésus-Christ,  Euphrasie,  prenez 
cette  nourriture.  .> 

Euphrasie,  reprenant  aussitôt  connaissance, 
but  ce  qu'on  lui  offrit  et  ne  tarda  pas  à  recouvrer 
toutes  ses  forces. 

SATAX   VELT    LUI   OTER  LA  VIE 

De  plus  en  plus  irrité,  Satan  essaya  de  Itti  6ter 
la  vie.  Un  jour  que  la  Sainte  puisait  de  l'eau  pour 
les  besoins  de  la  cuisine,  et  que,  st-lou  sa  cou- 
tume, elle  priait  tout  en  travaiilaut,  l'esprit  malin 
la  saisit  avec  violence  et  la  précipita  au  fond  du 
puits,  la  tète  en  bas.  Dés  qu'eUe  se  sentit  tomber, 
la  servante  du  Chri.sl  s'écria  :  -  0  Christ,  venez 
à  mou  aide!  »  A  ce  cri,  lesreli;iieusesaccourureiil 
en  toute  hâte  et  la  relirèieut  à  grand'perue  du 
gouffre. 

SiUit  qu'elle  fut  hors  de  danger,  la  Sainte  tit 
le  si:;ae  de  la  Croix  :  «  Vive  Jésus-Christ  !  s'écria- 
t-elle  toute  joyeuse,  tu  ne  me  vaincras  pas, 
Satan,  et  je  ne  céderai  point.  »  Et,  sans  perdre 
un  instant,  elle  saisit  ses  deu.x  vases  pleins  d'eau 
et  les  porta  tmoiiiuillement  à  la  euisiue. 

Lue  autre  fois,  le  démon  la  jeta  du  hautd'une 
tour  très  élevée,  mais  la  Sainte  ne  se  fit  aucun 
mal.  Dès  qu'elle  fut  à  terre,  elle  courut  au-devaul 
des  Sa;urs  qui  pensaient  ne  relever  que  son 
cadavre,  et  déclara  à  l'abbesse  qu'elle  ne  s'était 
pas  aperçue  qu'elle  tombait.  Celle-ci,  considérant 
de  quelle  Irauteur  Euphrasie  était  tombée,  reiiarda 
c*  prodige  comme  It  plus  i^raade  marque  de  la 
protection  de  Dieu  sur  la  Sainte,  et  ordonna  de 
suite  des  prières  eu  actions  de  «races. 

Vaincu  tant  de  fois,  Satan  essaya  une  dernière 
tentative.  Euphrasie  faisait  cuire  des  lé:.'uiues 
pour  le  repas  des  Sœurs.  L'esprit  du  mal  proiita 
du  moment  où  elle  transportait  une  marmite 
pleine  d'eau  bouillante  pour  la  faire  tomber  et 
lui  renverser  ainsi  une  {.Tande  quantité  d'eau 
sur  le  visase.  Les  Su-urs,  témoins  du  malheur, 
ne  purent  retenir  un  cri  d'effroi  et  se  reifardert  ut 
constornéfs:  mais  quelle  ne  fut  pas  leur  surprise, 
quand  elles  virent  Euphrasie  se  relever  en  sursaut, 
et  la  face  radieuse.  Eupbrasie,  voyant  leur  élou- 
nenient,  leur  dit  :  ■■  Pourquoi,  mes  S<iurs,  éles- 
vous  ainsi  troublées'?  ■•  Celles-ci  ne  surent  que 
répondre,  mais,  regardant  une  seconde  fois  l'eau 
contenue  dans  la  marmite  et  voyant  que  le  |ieu 
quelle  contenait  bouillait  encore,  elles  s'écrièrent 
avec  admiration  :  «  Dieu  protège  Euphrasie,  que 
son  nom  soit  béni!  »  La  Sainte  leur  dit  alus 
qu'elle  n'avait  pas  senti  aiilre  chose  que  de  l'eau 
froide  qui  lui  tombait  sur  le  visave. 

Cet  é4-bec  vint  terminer  la  lonuue  série  de  cens 
que  le  prince  des  ténèbres  avait  subis  dans  ses 
luttes  contre  la  Sainte.  Di'MI  avnit  ■■•ron- >■  «a 
servante  et  il  téiiioiL-na  qu'elb  i 

son  c<i'ur  en  acc<iini>li3'>ant  i  i 
prnJi-.-s  éclatants. 

MIIIACLES    DK   LA    SAINTE    —    fX   E.\FAVT    ..fi'liî 
LE    DÉMON    CHASSÉ 

C'était  la  coutume,  dans  la  rnnirée,  lie  p  ri<r 
au  inoiiastère  tous  les  •  iif.ints  malades  ou  iiilli  in-'s 
pour  obtenir  leur  t'uérison.  Les  religieuse-;  1-s 
portao^nt  à  l'oratoire  el  adressaient  pour  l'iix  .l" 
|.T*erites  prières  qui.  souvent,  leur  procur.n.  n' 
Il  '.i.'ili'.  (In  apporta  un  jour  un  petit  enliii'.  a 
1,1  l'M'^  soûrd-muet  el  paralytique,  i.'abbes'c  ■  nii- 
manda  à  Euphrasie  d'aller  le  recevoir  des  m  liiis 


de-  la  mère.  La  Sainte  obéit  aussitôt:  mais,  iiè« 
quelle  vit  dans  ses  bras  une  créature  si  chétive, 
elle  fut  touchée  de  compassion  et,  lui  faisant  le 
signe  de  la  croix  sur  le  front,  elle  dit  :  <■  Que 
celui  qui  fa  créé  te  f;uérisse.  »  Et  elle  le  porta 
à  l'alibesse.  Durant  le  trajet,  l'enfant  poussa 
quelques  cris,  puis  se  débattit  si  fort  que  la  Sainte 
(lut  le  mettre  à  terre;  mais,  à  peine  fut-il  en  liberté, 
<iu'il  partit  en  courant  rejoindre  sa  mère.  On 
avertit  l'abbesse  qui,  faisant  appeler  la  mère  : 

M  Pourquoi,  ma  sœur,  lui  ait-elle,  avei-vous 
voulu  nous  tenter".' 

Par  Jésus-Christ,  répondit  cette  femme,  je 

n'ai  jamais  eu  pareille  intention,  et  je  vous  jure 
(jue  jamais  mon  enfant  n'a  parlé,  ni  entendu,  ni 
marché.  » 

L'abbesse  connut  alors  que  Dieu  glorifiait  son 
humble  servante.  La  mère  se  retira  joyeuse  en 
remerciant  Dieu,  et  Euphrasie  retourna  humble- 
ment à  ses  occupations. 

(  »r,  il  y  avait  dans  le  couvent  une  femme  pos- 
sédée dû  démon  dès  son  enfance.  Ses  parents, 
ne  sachant  qu'en  faire,  la  conticrent  aux  reli- 
irieuses,  qui  étaient  obli;;ées  de  la  tenir  cons- 
tamment enchaînée.  .\  certains  moments,  elle 
«rinçait  des  dents,  écumail  de  la  bouche  et  pous- 
sait des  hurlements  affreux,  (in  lui  donnait  à 
manuer  au  moyen  d'un  biton  au  bout  duquel 
était  placé  un  pot  contenant  sa  nourriture.  Lon^'- 
temps.  on  avait  prié  pour  sa  délivrance  sans 
jamais  rien  obtenir.  Connaissant  la  sainteté  d'Eu- 
plirasie,  l'abbesse  lui  conlie  le  soin  de  cette  mal- 
heureuse, et  la  prie  un  jour  de  porter  à  manger 
à  cette  femme,  si,  toutefois,  elle  ne  la  craicnait 
point.  <■  Je  ne  crains  rien,  dit  la  Sainte,  puisque 
vous  me  le  commandei.  »  Et,  prenant  aussit(M 
quelques  légumes,  elle  se  présenta  devant  la  pos- 
•iédée  qui  cria,  grinça  des  dents,  et,  s'élançant 
sur  la  Sainte,  voulut  briser  le  vase  qu'elle  por- 
tait; niai«  Euphrasie,  lui  prenant  aussitôt  les 
mains,  lui  dit  d'une  voix  ferme  :  ■  Vivent  Dieu 
et  ses  anges  ;  si  tu  to  révoltes,  je  t'étends  à  terre 
et  je  te  llaaelle  durement.  .■  Le  démon  s'apaisa  : 
«  Asseyei-vous,  ma  sœur,  dit  alors  la  Sainte,  ne 
vous  tourmcnlPi  point  l't  mangez.  •> 

Dés  ce  jour,  la  possédée  fut  plus  douce,  et  si 
parfois  le  démon  reprenait  son  empire,  la  seule 
présence  d'Euphrasie  suffisait  à  le  mettre  en 
fuite. 

La  Sainte  pria  beaucoup  pour  cette  malheureuse 
cré.iture,  et  l'abbesse,  voyant  ouel  était  son 
empire  sur  b'  démon,  et  avec  quelle  charité  elle 
S'acquittait  de  sa  pénible  fonction,  après  avoir 
consulté  les  relifieust-s  les  plus  expérimentées 
du  couvent,  commanda  &  Euphrasie  de  chasser 
l'esprit  infernal. 

f.  Je  sais,  lui  dit  rabbe»se,que  le  Christ  vous  a 
donné  ce  pouvoir,  ne  vous  erfrayez  donc  point  et 
marchez  sans  crainte  contre  le  démon. 

—  Quoi,  répondit  buinblement  la  Sainte  qui 

ne  revenait  point  de  sa  surprise,  vos  prières  ont 

•■t-  impuissantes  jusqu'ici,  et  \ous  voulez  que  je 

■  .■-■  .-.-la'  " 

'    icadont,  toujours  obéissaole,  elle  se  retire 


fur-le-cbanap  à  l'oratoire,  et,  se  prosternant 
devant  l'autel  le  front  contre  terre,  elle  implore 
avec  la  mes  le  secours  du  ciel  pour  accomplir  la 
mission  qui  lui  était  confiée.  Elle  se  relève  toute 
réconfortée  et,  sur  un  signe  de  l'abbesse,  elle  va 
droit  au  démon.  Elle  trace  le  signe  de  la  croix 
sur  le  front  de  la  malheureuse  en  disant  :  "  Que 
Jésus-Christ  Notre-Seigneur,  qui  t'a  créée,  te 
guérisse. 

_  Quelle  folie  et  quelle  audace,  ricana  le 
démon  :  depuis  si  longtemps  que  je  suis  dans  ce 
lieu,  personne  n'a  pu  m'en  chasser  et  c'est  une 
lille  perdue  qui  veut  le  faire  aujourd'hui  ! 

—  Ce  n'est  point  moi  qui  te  chasse,  mais  c'est 
le  Christ,  ton  Dieu! 

—  Tu  n'as  point  le  pouvoir  de  me  chasser,  je 
ne  partirai  point. 

—  (»béis  au  Christ!  dit  avec  fermeté  la  Sainte 
en  levant  une  verge  sur  la  tête  de  la  possédée, 
ou  je  te  llagelle  violemment! 

—  Si  je  m'en  vais,  où  irai-je"? 

—  Au  feu  éternel  préparé  à  ton  père  Satan  et 
à  ceux  qui  l'écoutent!  » 

Le  démon  commença  à  se  débattre  violemment, 
les  cris  recommencèrent  et  la  malheureuse  se 
tordit  en  écumant.  Les  Sœurs  priaient  avec  fer- 
veur. Euphrasie,  levant  les  mains  au  ciel,  s'é'Tia  : 
■■  SeiL;neur  Jésus,  n'humiliez  point  votre  servante 
à  cette  heure,  et  terrassez  l'ennemi  du  itenre 
humain!  »  Jésus  entendit  cette  prière,  et  le  dénioii, 
inlUireant  les  dernières  tortures  à  la  malheureuse, 
la  traîne  à  terre  et  s'enfuit  en  faisant  un  bruit 
infernal.  On  se  rendit  de  suite  à  l'oratoire  pour 
remercier  Dieu  d'un  aussi  fjrand  bienfait.  Quant 
;i  Euphrasie,  elle  aui'menta  ses  jeûnes  et  ses 
mortifications  pour  se  rendre  digne  de  la  laveur 
que  Dieu  lui  avait  accordée. 

MOBT   DE   LA    SAIXTB 

Quelques  an  nées  après  ces  événements.l'ahbes-e 
connut  par  une  vision  le  jour  de  la  mort  d'Eu- 

rhrasie  et  la  (jloire  que  Jésus  lui  réserv.iit  dans 
éternité.  Elle  en  avertit  la  Sainte,  qui  fondit  en 
larmes  en  a|>prenaiit  que  son  jugement  était  si 
proche  et  supplia  l'abbesse  de  demander  à  Dieu 
de  lui  accoraer  encore  un  an  de  vie  pour  faire 
pénitence  de  ses  fautes.  Mais  ce  fruit  était  mûr 
pour  le  ciel  et  Jésus  voulait  couronner  son  épouse. 
Elle  fut  tout  à  coup  saisie  d'une  fièvre  violente 
et,  en  peu  de  temps,  on  vit  qu'il  n'y  avait  plus 
d'espoir. 

Les  Soeurs  entourent  son  lit  en  pleurant;  celle 
qui  avait  été  délivrée  du  démon  veut  lui  embras- 
ser^ les  mains,  et  une  Su-ur,  nui  avait  toujours 
été%a  compagne  et  son  amie,  lui  demanda  à  ce 
moment  supr-^me  de  ne  la  point  laisser  lon;;- 
temps  séparée  d'elle.  Elle  la  suivit,  en  elTet,  au 
ciel  trois  jours  après.  '  iA  Sainte  recouvra  sa  con- 
naissance pour  demander  pardon  aux  Strurs  des 
peines  au'elle  avait  pu  leurcau<er,  se  recommanda 
encore  a  leurs  prières,  puis  son  Ame  alla  recevoir 
dans  le  ciel  la  récompense  qu'elle  avait  mérité.'. 
C'était  en  l'an  H'i,  sous  le  pontificat  de  saint 
Innocent  I". 


\iD(i.  Gfranl,  E.  l'cTiTa»ki,  8,  rut  Fr»n';oli  I".  P»rn 


SAINTE  MATHILDE,  IMPÉRATRICE    DALLEMAGM 


Féle  le  i  ■1  mars. 


Sainte   MathiJde   distribuant  l'aumône. 


NAISSANCE 
LE    CHEMIN    DU    TBONE    PAR    LE    DECIL   ET  LE    COLVENT 

Le  valeureux  comte  Thierry  descendait  en  droite 
lipne  de  ce  fameux  Vitikind,  chef  de»  Saxon?, 
dont  les  fréquentes  inrurvionsen  France  inquié- 
tèrent si  lont'temps  Charlomapne.  Sa  femme, 
la  noble  comtesse  Heinhilde.  était  nilc  d  un 
paissant  prince  danois  :  la  reli^rion  du  «'.hrisl 
avait  fait  de  celle  fille  des  barbares  une  des 
femmes  les  plu»  accomplies  de  son  temps. 

Klle  pratiquait  en  secret  de  urands  actes  de 
vertu;  et  c'est  «ans  doute  pour  l'en  récompenser 
que  Dieu  lui  accorda  cet  an(.'e  de  douceur  qu'on 


appela  Malhilde  ou  Mahault,  dont  la  vie  devait 
ajouter  une  paj-'e  glorieuse  ù  l'histoire  des  saints. 

Heinhilde  se  livrait  tout  entière  aux  .joies  de 
cette  naissance,  lorsque  la  Providence,  qui  frappe 
ceux  qu'elle  aime,  lui  enleva  le  coinle  Thierry. 
I.,i  comtesse  pleura  loni,'lcmps  son  époux  bien- 
aimé;  puis,  quand  ses  yeux  n'eurent  plus  de 
larmes,  elle  dit  .idieu  au  monde,  et  alla  dans  le 
monastère  d'Krforl  consacrer  pour  toujours 
à  l»i<>u  sa  chasteté.  Klle  emmenait  sa  jeune 
M.ithilde,  pour  l'élever  dans  le  silence  du  cloitre 
in-qu'au  moment  où  Dieu  manifesterait  sa 
voliinté  sur  elle. 

Heinhilde  devint  abbesse,  mais  ses  nombreuse- 


-213 


dit-elle.  Aucun  ministère  ne  saurait  m'ètre  plus 
aeréable  que  le  vôtre,  puisqu'il  a  plu  au  Sei;,'neur 
deme  faire  survivreàmon  lils  bien-aimé,  Itruuon, 
archevêque  de  Colofrue.  Vous  allez  donc  d'abord 
ra'entendre  en  confession,  alin  de  raabsoudre  de 
mes  péchés,  en  vertu  du  pouvoir  que  vous  tenez 
de  Dieu  et  de  saint  Pierre.  Ensuite,  vous  irez 
à  Pi'glise  célébrer  la  messe  pour  la  n^mission  de 
mes  fautes,  pour  le  repos  de  l'àine  du  roi  Henri, 
mon  défunt  époux  el  sei;;neur,  et  pour  les  fidèles 
du  Christ  vivants  et  morts.  ■  t,tuand  tout  fut 
accompli  selon  son  désir,  Wilhelm  n-vlnt  près 
de  sa  sainte  aïeule,  lui  donna  de  nouveau  l'abso- 
lulinn,  lui  administra  l'onction  sainte  et  la 
Communion. 

I  II  resta  les  quatre  jours  suivants  près  d'elle, 
puis, comme  le  danitern'était  pas  imminent,  bien 

3ue  les  souffrances  fussent  très  vives,  il  lui 
emanda,  on  pleurant  beaucoup,  la  permission 
de  s'absenter  quelques  jours  pour  les  besoins  de 
son  ministère  èpiscopal.  Leur  entretien  se  pro- 
longea avec  une  louchante  effusion  de  part  et 
d'autre. 

.1  Cependant,  la  pieuse  reine  fit  appeler  Rich- 
burpa,  l'abbossede  yuedlimbour;;et  lui  demanda 
s'il  restait  encore  dans  les  coffres  quelque  présent 
qu'.'lle  put  offrir  à  l'anhevéque.  •■  Dame  très 
chère  à  Dieu,  répondit  l'abbesse, tout  a  été,  selon 
vos  ordres,  distribué  aux  pauvres. 

—  Cherchez  alors  les  palliums  que  j'ai  fait 
réserver  pour  ma  si'-pulture.  Je  veux  les  offrir  à 
mon  petit-fils  comme  un  dernier  paye  de  ten- 
dresse. Il  en  aura  besoin  pour  le  difficile  voyage 
qu'il  entreprend.  Après  ma  mort,  il  en  sera  de 
moi  selon  le  proverbe  populaire:  «  Les  parents 
donnent  toujours  un  habit  de  noces  et  un  linceul 
d'enterrement.  " 

-  L'abbesse  apporta  donc  les  palliums  el  la 
reiueles  présentaà  Wilhelm, en  disant:  »  Acceptez- 
les  comme  ma  dernière  offrande  el  comme 
suprême  avertissement.  » 

>•  L'archevi^que  lui  rendit  prAce  de  celle  tou- 
chante marcjue  d'affertion.  lui  donna  en  pleurant 
sa  bénédiction  et  prit  conyé  d'elle. 

M  Kn  s'éloignant,  il  dit  à  voix  basse  aux  per- 
sonnes qui  t-ntouraient  l'auguste  malade  :  •■  Je 
suis  forcé  de  me  rendre  à  Hadulverotb,  mais  je 
laisse  ici  un  île  mes  clercs  chargé  de  m'avertirsi 
le  danger  était  plus  pre^sant,  afin  que  je  puisse 
liAter  mon  retour.  ■  Ces  paroles  avaient  été  pro- 
noncées de  telle  façon  cju'il  semblait  impossible 
que  la  reine  <"ùl  pu  les  entendre.  Celle-ci  pour- 
tant releva  la  tête  et  dit  à  rarchevê()ue  :  •■  Il  est 
inntilf  de  laisser  ici  ce  clerc,  vous  en  aurez 
!'"-  )ii  dans  votre  voynue.  Allez,  dans  la  paix  du 
i!l]ii-l.  là  où  SB  volonté  vous  appelle.  » 

Wilhelm  partit  donc  et  se  rendit  A  lladiilveroih; 
mais,  qiii'lijues  jours  après  son  arrivée,  comme 
il  prenait  une  potion  médicinale. il  lomba  fioppé 
de  mort.  Des  messagers  accoururent  à  (.luedlim- 
bourg,  porteurs  de  cette  funeste  nouvelle.  Un  n'osa 


point  l'annoncera  la  reine, dans  la  crainte  de  lui 
causer  un  saisissement  mortel.  Mais  la  véné- 
rable servante  du  Christ,  illuminée  par  l'esprit 
de  prophétie,  souriant  à  travers  ses  l-irmes,  dit  : 
l' Pourquoi  me  dissimuler  la  triste  nouvelle"?  Je  sais 
que  l'archevêque  Wilhelm  a  émigré  de  ce  monde. 
Faites  s<mner  les  cloches  de  l'église,  rassemblez 
les  pauvres  et  distribuez-leur  des  aumônes,  afin 
qu'ils  prient  pour  l'dme  du  défunt.  " 

DERNIERS  ENTRETIENS    —  MORT  SUR  LA  CB.NORE 
LES  PALLICMS  DE  LA    RtlNE  GEROERGA 

»  Elle  survécutencore  douze  jours  à  cette  épreuvo 
sirruelle  pour  son  cQ'ur.  Le  Samedi-Saint  114  mai> 
968!  dés  l'aube,  la  servante  de  Dieu  fit  appeler 
près  de  son  lit  de  mort  les  prêtres  et  les  reli- 
gieuses. L'ne  grande  multitude  de  peuple  se  joi- 
gnit à  eux  et  elle  eut  encore  la  force  de  leur 
donner  de  sages  conseils.  Elle  parla  aussi  confi- 
dentiellement à  sa  petite-fille,  l'abbesse  Mathild'-. 
et  lui  remit  un  nécrolo^e  dans  lequel  étaient  in>- 
crits,  par  ordre  de  date,  les  noms  de  ses  parenl> 
défunts,  lui  recommandant  surtout  de  prier  pour 
l'àme  du  feu  roi  Henri  et  pour  la  sienne  propre. 

»  En  ce  moment,  l'abbesse  Itichburga,  les  yeux 
pleins  de  larmes,  vint  s'agenouiller  aux  pied- 
de  l'auguste  reine  et  les  baisant  avec  vénération  : 
I'  Dame  très  chérie,  dit-elle  d'une  voix  entre- 
coupée de  sanglots,  à  qui  laissez-vous  le  soin  do 
cette  Congrégation  désolée  dont,  malgré  mon 
indignité,  vous  m'avez  constituée  abbesse  .'Ou'al- 
lons-nous  devenir  sans  vous! > 

'>  Sainte  .Malhilde  lui  dit  tendrement  qu'elle  lui 
laissait  l'empereur  pour  protecteur  et  la  cousol.i 
autant  qu'elle  put. 

»  Puis,  faisant  rentrer  les  prêlres  et  les  reli- 
gieuses, elle  fit  sa  confession  publique,  et  ayant 
reçu  l'absolution,  entendit  une  messe  à  laquelle 
on  la  communia. 

Ensuite,  elle  resla  en  silence,  les  yeux  el  les 
mains  levés  au  ciel,  jusqu'à  trois  heures  dr 
l'après-midi.  Elle  se  fit  alors  reposer  sur  un 
cilice  recouvert  de  cendres  :  ■•  C'est  ainsi,  dit-elle, 
qu'une  chrétienne  doit  mourir;  et,  faisant  le 
signe  de  la  Croix,  elle  expira. 

■•  l^s  religieuses  de  Unedlimbourg  lavèrent 
pieusement  son  corps  el  le  déposèrent  d.iii-  b- 
cercueil.  Au  moment  où  on  le  purlail  à  I  • 
des  courriers  expédiés  en  toule  liAte  par  la  i.  un- 
de  France,  (.erberga,  fille  de  la  très  sainte 
.Malhilde,  apportaient  un  pallium  tissu  d'or,  pour 
cettp  augu>te  ■•èpulturf . 

»  Ainsi  s'accomplirait  la  prophétie  faite  par  In 
servant>-de  Di»'U,  relalivenuMit  aux  pnllium'>  d»ii 
nés  A  rnr.-hi>vêqu<-  Willu-lm  cl  au    linceul  dan- 
lequel  elle  devait  être  elle-même  ensevelie. 

»  Son  corps  fut  déposé  dan»  le  tombeau  du  r^i 
Henri,  son  époux,  ainsi  qu'elle  l'avait  demnnib' 
elle-même,  voulant  reposer  là  jusqu'au  joui  du 
jugement  et  de  la  résurrection  bienheureuse.  " 


SAINT   LONGIN,   CENTURION 


Premier  siècle.  —  Fête  le  io   mars. 


Le  soldat  romain  Longin  perce  le  côté  de  Jésus  et  ouvre  la  source  de  vie.  Saint  Joseph 
d'Arimathio  assiste  à  ce  dernier  outrage  et  se  prépare  à  aller  réclamer  auprès  de 
PUate  le  droit  d'ensevelir  le  corps  de  la  Victime  du  salut.  La  Très  Sainte  Vierge, 
assistée  par  sainte  Marthe,  se  détourne  et  cache  son  visage  dans  ses  mains. 

Ayant  reçu  du  gouverneur  la  hache  qui  servait  à  immoler  les  victimes,  Longin  en 
frappa  l'idole  qui  fut  réduite  en  morceaux. 

Martyre  de  saint  Longin. 

Au  pifl  de  la  croix,  Fra   Angclico,  ('coulant   pluf   le*  inipirations  de  «on  cœur  (juc  lei  données  de 
Ibuloire,  a  représenté  saint  Dominique  en  prières. 


110 


SAliNT   LONGLN    AU   CALVAIRE 

Oripinftire  de  Sardial,  çelit  village  de  Cappa- 
doce,  I.onfon  était  cenlunon  de  soldais  roraa'ns 
au  raoïnenl  de  la  Passion.  La  tradiliin  nous  le 
montre  comme  le  chef  de  ces  infâmes  soldats 
qui  insultèrent  le  divin  Maître  durant  toute  une 
nuit  et  qui  le  conduisirent  au  miliou  des  plus 
cruels  outrape»  d"Anne  à  Caiphe  et  ia  C.aiphe  à 
Pilate.  Témoin  de  la  bonté  et  de  la  patience  du 
Sauveur,  Lonpin  devait  bientôt  sentir  son  cœur 
transformé  :  le  lion  devait  se  chan^-er  en  agneau. 

La  sentence  de  mort  venait  d'être  portée  contre 
le  Fil*»  de  Dieu;  les  juifs,  avides  de  san^j;,  s'era- 
pressérent  de  charger  la  divine  Victime  du  bois 
de  son  Mcrifice  et  de  lui  faire  pravir  sons  ce 
pesant  fardeau  la  montagne  du  Calvaire.  Lonpin 
et  ses  soldats  marchaienten  ti'te  du  terrible  cor- 
tège, éciilant  la  foule  accourue  pour  assister  au 
déicide.  On  atteignit  ainsi  le  sommet  du  Gol- 
polha.  Lonpin.avec  les  siens,  fut  prépos»*  à  la 
(.'aide  du  Sauveur.  Là  encore,  il  futtiiiuiin  d*»la 
paticnec  du  Rédempteur,  il  entendit  ci'lle  prière 
de  pardon  sortir  de  sa  bouche  divine  :  ■•  Mon  l'ère, 
pardonnez-leur,  car  ils  ne  savent  re  qu'ils  font.» 

Descendu  du  Calvaire  quand  la  foule  se  fut 
écoulée,  Lonpin  dut  bientôt  y  retourner,  sur 
l'ordre  de  Pilate,  pourconstater  la  mort  des  trois 
crucifiés.  Arrivés  au  haut  de  la  monlapno,  les 
soldats  rom|iirent  d'abord  les  jambes  des  deux 
larrons  encore  vivants.  Jésus  était  déjà  mort, 
ils  ne  lui  rompirent  donc  pas  les  jambes,  car  la 
prophétie  devait  s'accomplir  :  "  Vous  ne  briserez 
pas  un  de  ses  os.  »  Mais  Lonpin,  saisissant  sa 
lance,  en  pena  le  côté  du  Sauveur;  c'était  l'ac- 
complissement d'une  autre  parole  du  Prophète  : 
<c  Ils  verront  en  Celui  qu'ils  ont  transpercé,  m 

Ducôté  perréjdu  Sauveur  emlormi  du  sommeil 
de  la  mort  sortit  aussitôt  du  sanp  et  de  l'eau. 
Avec  ce  sang  et  cette  eau  venait  de  naître  l'Kplise, 
l'épouse  de  Jésus-Cliri'^t,  fiKurèe  autrefois  par 
Evo  sortant  du  coté  d'Adam  pendant  son  soni- 
nieil  mystérieux.  Oi ,  depuis  de  longues  années, 
sans  avoir  penlu  ii'inplftcment  la  vue,  Lon- 
pin  l'avait  faible  et  peu  distincte;  au  moment 
où  il  perça  le  crtté  du  Seigneur,  (pii-lques  poutti-s 
de  sani{,qui  tombènnl  sur  ses  yeu.\,  lui  rendirent 
aussitôt  la  vue,  et  plus  perçante  iju'il  ne  l'avait 
jamais  eue  même  au  temps  de  sa  jeunesse. 

.Vvec  la  lumière  du  corps,  Longin  reçut  la 
lumière  de  l'Ame;  la  prière  du  Sauveur  :  «  .Mon 
Pi-re,  pard"nnei-leur,  car  il»  ne  savent  re  qu'ils 
font  ",  sembla  résonner  de  nouveau  à  l'oreille 
du  centurion  romain.  Il  comprit  aue  celte  parole 
de  pardon  venait  de  recevoir  en  lui  son  premier 
accomplissement. 

LOM,U«    A    LA    li|!-i;nRBCTIOI« 

Après  que  le  corps  du  Sauveur  eut  été  ense- 
veli, Lonpin  fut  chargé  avec  »a  troupe  de  garder 

le  sépiilrre.  Au  troi^j.  me  Jour.b    nnr  ,  !f  ,1,.  la 
lli-iirifition.  ijui   ploni,'<'a  b'-  .s  une 

•-I  CI  inde  épouvante,  le  eonfirmfi  :  •'dans 

la  tr.ie   foi. 

iv  n  r.imour  pour  le  SAOvmir.il  a*  rewâdés 
re'  ;        •  u-r  U^  miratlei  que  Ir  J'ils 

di>  il  'le   répéter  ce 'lue  lui  et 

»>"■  ,    ~    ■<  /.-le  pour  la  »érilé  lui 

atli:  nf«  •■t  do»  pharisiens, 

qni  'Cri-  |'nrdi'« 

pri  .t  luirv  dire 

que,  t. Il  lit,  lei  dis- 

ciple* ib  -on  i-orp!<. 


.'vlais   Lonpin,  en  dépit  de  leur  haine  et   de  leur 
colère,  ne  cessait  de  publier  la  vérité. 

A  la  vue  de  sa  constance,  les  juifs  résolurent 
do  se  veiiper  de  lui.  I.onpin  ne  tarda  i>as  à  en 
être  averti;  la  nuit  suivante,  accompa:.'né  de 
deux  soldats  comme  lui  convertis  à  la  fol.  il  se 
retira  chez  les  chrétiens  de  Jérusalem,  quittant 
ainsi  la  milice  du  Siècle  pour  ne  plus  combattre 
désormais  que  dans  les  ranps  des  serviteurs  du 
Christ.  Instruit  et  baptisé  par  les  apôtres, il  reçut, 
nous  dit  saint  Isidore,  avec  l'imposition  des 
mains,  la  charge  de  l'épiscopat. 

SAINT  LONGIN  liVÂQDS  DE  CÉSARÉB,  B.\'  CAPPADOCE 

Le  soldat  du  Christ,  ainsi  prêt  pour  le  combat, 
s'élança  dans  la  lice.  Suivi  de  ses  deux  compa- 
gnons, il  quitta  Jérusalem  et  se  rendit  à  Césarée, 
en  (^appadi>ce.  Dans  cette  ville,  il  trouva  déjà 
quelques  chrétiens  convertis  par  le  premier  dis- 
cours de  saint  Pierre  après  la  Pentecôte. 

Il  mena  avec  ses  compagnons  la  vie  raonas- 
tinuc,  habitant  une  humble  maison  hors  de  la 
ville;  ils  ne  dédaignaient  pas  de  travailler  la 
terre  de  leurs  mains  ;  mais,  pleins  de  zèle  pour 
le  salut  de-,  imes,  ils  s'occupaient  surtout  d  aug- 
menter le  faible  troupeau  du  Christ.  Le  Seipneur 
bénit  le-^  travaux  de  ces  moines-apôtres  et  l'Eglise 
de  Césarée  devint  bientôt  llorissaute. 

SAI.NT    LONGIN    DEVANT    LE    GOUVERNEL-R    DF.    ciSAR^E 

Le  démon  ne  pouvait  voir  sans  colère  les  tra- 
vaux des  serviteurs  du  (Christ;  il  chercha  à  les 
arrêter  en  suscitant  contre  les  chréliens  une  vio- 
lente persécution.  Par  ordre  du  gouverneur  de  la 
ville,  l.oiiiiin  fut  traîné  au  prétoire.  Le  gouver- 
neur lui  iirdoniia  de  sacriller  aux  idoles;  puis, 
sur  le  refus  du  saint  évêque,  il  commanda  qu'on 
lui  brisAt  les  dents  et  qu'on  lui  arrach.'il  la  langue. 
Le-  bourreaux  exéi'ulêrent  sur-le-rhainp  cette 
atroce  sentence;  mais,  par  un  miracle  éclatant, 
saint  Lonpin  ne  perdit  point  l'usage  de  la  parole. 

Malgré  ce  prodice,  le  L'ouverneur  ordonna  île 
nouveau  à  l'évêque  do  .sacrifier  aux  idoles  et  lui 
fil  mettre  entre  les  mains  la  hache  qui  servait  à 
immoler  les  victimes.  Loiipin  prit  la  hache;  mais, 
au  lieu  de  frapper  la  victime,  il  se  retourna  vers 
les  idoles  et  les  réduisit  en  morceaux  en  s'écriant: 
«  Si  ce  sont  des  dieux,  non*,  le  verrons.  » 

Les  démons,  quittant  alors  les  idoles  où  ils 
avaient  établi  leurs  sièges,  entrèrent  dans  le 
corps  du  gouverneur  et  de  tous  les  jupe-,  qui 
commencèrent  à  aboyer  comme  des  animaux,  et 
roulèrent  dan-  la  poussière  jusqu'aux  pieds  du 
confesseur 

LouRiu  dit  alors  aux  démons  : 

«  Pourquoi  hnbilez-vnn-;  d.ins  des  idoles? 

—  Nous  habitons,  répomlirenl  les  esprit.*  infer- 
naux, 1.^  où  le  nom  du  Christ  n'est  pas  invocjué 
et  où  le  sitnp  de  la  Croix  ne  brille  pas.  u 

r.f  (,eii(l.iiii,  le  piiiivernerii  .1  ni  .jeveiiu  aveuple 
et  tli.'iiieiii  ,'iil  toujours  pb  le  délirc  ;  Lon- 

gin,  le  prenant  on  pitié,  i  ir»  : 

<•  Sache  que  In  ne  |inurras  être  guéri  qu'après 
m.t  nmrt,  je  prierai  al^rs  pour  loj  niipres  de 
Dieu  ot  ta  rrtoouvreraa  la  santé  du  mrps  el  do 

l'àlUQ.   'I 

U)  qui  arriva,  onefTet,  après  le  martyre  du  Saint. 

«VKTTRI  DK  SAIKT  LON<.l> 

Lo  démon  avait  échoué  une  première  fois  dans 
son    eriltepn-i';  plu-   furieux    encore    qu'aupa- 


ravant,  il  suscita  bientôt  contre  le  Saint  une 
seconde  persécution. 

Saint  Longin  s'était  remis  au  travail  de  l'apos- 
tolat avec  plus  de  zèle  et  d'ardeur  que  jamais;  la 
foi  du  Christ  croissait  et  florissait  tou>  les  jours 
davantage;  la  Cappadoce,  pres(|ue  entière,  avait 
entendu  la  bonne  nouvelle.  La  haine  des  juifs 
poussés  par  Satan  s'alluma  à  cette  vue;  la  nou- 
velle des  nombreuses  conversions  parvint  bientôt 
jusqu'aux  pharisiens  et  aux  princes  des  prêtres. 
Ils  se  rendent  aussitôt  auprès  du  lâche  Pilate  ; 
ils  lui  font  peur,  le  corrompent  par  des  présents 
et  lui  persuadent  enfin  d'écrire  à  l'empereur  que 
Longin,  déserteur  des  armées  impériales,  prêche 
partout  un  nouveau  roi,  appelé  Jésus,  et  range 
des  foules  entières  sous  son  commandement.  La 
lettre  fut  portée  à  Rome,  et  les  juifs  revinrent 
avec  une  réponse  de  César,  condamnant  Longin 
à  la  peine  de  mort. 

Dès  qu'il  reçut  la  lettre',  Pilate  envoya  des  sol- 
dats en  Cappadoce  pour  se  saisir  de  Longin  et  le 
faire  mourir  comme  traître  et  rebelle.  Arrivés 
à  Césarée,  les  soldats  demandèrent  la  demeure 
de  Longin,  on  la  leur  indiqua;  en  arrivant,  ils 
virent  auprès  d'une  humble  maison  un  vénérable 
vieillard  occupé  à  travailler  la  terre,  c'était  le 
saint  évêque;  ils  l'abordèrent  sans  savoir  qui  il 
était. 

<(  Ne  connaltrieï-vous  pas,  lui  dirent-ils,  un 
ancien  soldat  nommé  Lon^-in,  serviteur  du  Christ 
et  ennemi  des  dieux  '?  N'habile-t-il  pas  en  ces 
lieux'?  Craii:nant  qu'il  ne  nous  échappe  encore 
comme  à  Jérusalem,  nous  voudrions  le  surprendre. 

—  Suivez-moi,  répondit  l'évéque  d'une  voix 
douce,  et  je  vous  montrerai  celui  que  vous  cher- 
chez. » 

A  ces  mots,  les  soldats  s'avancèrent,  précédés 
du  saint  confesseur  qui,  plein  de  joie  à  la  vue 
de  la  palme  du  martyre  qui  l'attendait,  laissait 
échapper  de  son  ca-ur  ces  paroles  :  •<  Bientôt,  je 
verrai  les  rieux  ouverts;  bientôt, je  contemplerai 
la  s-'loire  du  Père  ;  bientôt,  je  pourrai  répéter  les 
paroles  que  j'ai  entendues  sortir  de  la  bouche 
d'Etienne,  le  premier  martyr:  "Seigneur  Jésus, 
recevez  mon  àrae.  ■>  Bientôt,  au  milieu  des  saints 
cantiques  et  du  triomphe  de  la  victoire,  je  mon- 
terai vers  la  Jérusalem  céleste,  patrie  des  anges 
et  des  saints.  Je  vais  enfin  quitter  celte  chair 
mortelle,  je  vais  quitter  cette  prison,  cette  terre 
corrompue  pour  revêtir  l'incorruptibilité.  Je  vais 
abandonner  ce  monde  misérable,  où  tout  est 
tempête  et  naufrai;e,  et  atteindre  enfin  le  port 
véritable,  où  il  n'y  a  plus  de  tristesse,  mais  rien 
qu'une  joie  éternelle  I  » 

Cependant,  on  était  arrivé  dans  l'humble  mai- 
son. Lonyin  fit  a^^^eoir  les  soldats  et  leur  servit 
un  festin  abondant. 

"  Pourquoi  dni'-,  leur  dit-il  après  le  repas, 
recherchez-vous  l.ou^'in  avec  tant  de  soin? 

—  Ceci  est  un  secret,  mais  «i  vous  nous  pro- 
mettez de  n'en  rien  dire  et  de  ne  pas  en  avertir 
Lonuin,  nous  vou'<  li-  di'couvrirons.  •> 

Le  «aint  évêque  le  leur  promit  et  les  soldais 
lui  racontèrent  comment  Pilate  avait  écrit  à 
l'empereur  et  ce  que  celui-ci  avait  répondu  : 
"  Enfin, dirent-ils,  nous  venonspourmettieà mort 
lx)ngin  et  ses  deux  compagnons,  déserteurs  des 
armées  impériales  comme  lui  et  ennemis  des 
dieux.  <> 

En  apprenant  que  ses  deux  compagnons 
il«-vaienl  aussi  mourir  pour  lafoi.Lonpin  envoya 
aussitôt  ses  serviteurs  leur  porter  cette  heureuse 
nouvelle  et  presser  leur  retour.  Les  généreux 
chrétien»  étaient  alors  loin  de  Césarée,  occupés 


à  prêcher  Jésus-Christ  aux  habitants  de  la  Cap- 
padoce, aussi  ne  furent-ils  de  retour  qu'après 
trois  jours. 

Pendant  ce  temps,  Longin,  toujours  inconnu, 
traita  généreusement  ses  hôtes  r  en  apprenant 
enfin  que  ses  Jeux  compagnons  étaient  près 
d'arriver,  il  dit  aux  soldats  : 

«  Venez ,  voici  que  je  vais  vous  montrer 
Longin.  " 

Les  soldats  le  suivent;  à  peine  sont-ils  hors 
de  la  maison  que  le  Saint,  se  tournant  vers  eux, 
leur  dit  en  souriant: 

«  Eh  bien  !  c'est  moi  qui  suis  Longin,  je  suis 
celui  que  vous  cherchez.  » 

Les  soldats,remplisd"étonnement,  ne  pouvaient 
en  croire  leurs  oreilles. 

<'  Pourquoi  parler  ainsi  ?  lui  dirent-ils,  nous 
vous  voyons  sourire,  nous  savons  bien  que  vous 
n'êtes  pas  ce  Longin  que  nous  devons  mettre 
à  mort. 

—  Oui,  oui,  je  suis  Longin,  l'ancien  centurion; 
si  je  souris,  c'est  que,  déjà,  je  vois  les  cieux 
ouverts.  Je  suis  celui  que  vous  cherchez,  me 
voilà  entre  vos  mains.  » 

En  entendant  ces  mots,  les  soldats  se  regardent 
en  silence,  tandis  que  l'évêque,  les  yeux  et  les 
liras  élevés  vers  le  ciel,  offre  son  àme  à  Dieu. 
Puis  les  soldats  éclatent  tout  à  coup  en  gémis- 
sements : 

«  0  triste  repas,  s'écrient-ils,  ô  hospitalité 
qu'il  nous  faut  payer  par  un  crime  !  Comment, 
ô  cher  Longin,  avez-vous  pu  recevoir  et  traiter 
si  bien  chez  vous  ceux  qui  étaient  venus  pour 
vous  donner  la  mort?  Le.s  bourreaux  entrent 
dans  votre  demeure  et  vous-même  vous  vous 
olfrez  en  victime  !  Nous  avons  reçu  chez  vous  un 
accueil  favorable,  nous  sommes  maintenant 
plus  criminels  que  des  voleurs.  Qu'avez-vous 
l'ait  i  Prenez  la  fuite.  Pour  vous  récompenser  de 
votre  hospitalité,  nous  voulons  vous  sauver  la 
vie.  Comment  pourrions-nous,  en  effet,  porter  le 
t-'laive  contre  vous  ?  nous  avons  mis  la  main  dans 
le  plat,  cette  main  se  refuse  maintenant  à  vous 
donner  la  mort.  Nous  préférons  encourir  la 
(••)lère  de  Pilate  plutôt  que  de  blesser  notre 
cnnscience;  nous  sommes  prêts  à  tout  souffrir 
plutôt  que  de  vous  remercier  par  une  telle 
récompense  1 

—  Non,  non,  répond  Longin,  vous  ne  me  ren- 
drez pas  malheureux  en  me  donnant  la  mort. 
Frappez,  faites  ce  qui  vous  a  été  ordonné.  Pour- 
quoi ne  pas  vouloir  me  mettre  en  possession  des 
biens  éternels  qui  m'attendent  ?  Pourquoi  pleurer 
ainsi  ma  mort?  Ce  n'est  pas  la  mort  que  vous 
allez  me  donner,  mais  vous  allez  m'ouvrir  les 
portes  de  la  vie  éternelle.  Je  préft-re  la  mort  à 
celte  vie  de  la  terre,  car,  ici-bas,  je  suis  éinjf.'né 
do  mon  Dieu,  je  ne  jouis  pas  de  sa  vue  bienheu- 
reuse. Bientôt,  ô  mes  mis,  vous  serez  consolés, 
quanti  vous  saurez  que  .)e  jouis  du  bonheur 
céleste;  que  cette  seule  pensée  fa<se  votre  joie 
et  votre  consolation.  Ne  pleurez  pas  celui  qui 
va  quitter  la  lerre,  mais  félicitez  celui  qui  va 
recevoir  la  récompense  des  élus.  Permettez-moi 
de  rendre  témoiiinage  [lar  mon  sanv  à  celui  que 
j'ai  vu  mourir  pour  nous  sur  une  Croix.  Je  crain- 
drai'; d'être  àcca-^K  par  la  nalure  entière  si  |e  ne 
rendais  pas  tëmoi^jnage  à  celui  dont  la  mort  a 
plongé  le  soleil  dans  le  deuil  et  ébranlé  la  terre. 
Je  veux  ver«er  mon  sang-  pour  celui  dimt  j'ai 
percé  le  Cipur  sacré  !  >> 

Longin  parlait  encore  quand  ses  deux  compa- 
piiou'»  arrivèrent  enfin  auprès  do  lui.  A  leur 
vue,  plein  de  joie,  il  s'écria  un  su  jetant  à  leur 


cou  :  «  Salut,  tiuerriersdu  Christ;  salut,  héritiers 
du  royaume  crlcste.  I.a  porte  en  est  déjà  ouverte; 
les  anses  snnt  là,  priHs  à  ri-"-evoir  nos  ùnios 
pour  Tes  oinir  au  Fils  de  Dieu.  Je  vois  des 
lumières  élinoelantes;  les  palmes  et  les  cou- 
ronnes sont  déjà  préparées.  » 

Puis,  se  tournant  vers  les  bourreaux  _: 

«  Faites  donc,  je  vous  en  prie,  ce  qui  tous  a 
été  ordonné.  » 

Enfin,  s'adressant  à  son  serviteur:  «  Allez, 
dit-il,  nie  chen-her  une  robe  blanche,  afin  que 
j'entre  ainsi  velu  dans  la  salle  du  festin  nuptial.  » 

LonRin  embrassa  alors  de  nouveau  sea  deux 
compaiïnons,  puis  ses  bourreaux,  et  leur  indiqua 
le  lieu  où  il  désirait  l'tre  enseveli.  Les  troi-;  ser- 
viteurs duf'.hii't.  tombant  à  «enoui.  présentèrent 
leur  cou  aux  soldats  et  eurent  la  tète  tranchée. 

MIRACLES     DE     SAINT     LONCIN 

Pour  obéir  à  Tordre  de  Pilate.  les  bourreaux 
prirent  alors  la  tête  du  saint  évéque  ;  arrivés  à 
Jérusalem,  l»*  t-'ouverneur  lit  plaoer  cette  tète 
vénérable  sur  une  des  portes  de  la  ville.  Mais 
Dieu  glorilia  encore  son  serviteur;  cette  tète 
brillait  pendant  la  nuit  comme  un  astre  étince- 
lant  et  éclairait  tous  les  ;ilenlours.  Furieux  de 
ce  nouveau  miracle,  les  juifs  jetèrent  à  la  voirie 
la  précieuse  r.'lique.  Les  an^-es  veillèrent  sur 
elle  en  attendant  le  jour  où  Dieu  l'en  fit  retirer 
d'une  manière  miraculeuse. 

Une  femme  de  Cappadoce,  pauvre  et  avcu:?le, 
n'ayant,  pour  consoler  -^on  veuva;^e,  qu'un   lils, 

3ui  la  menait  par  la  main,  entreprit  le  vovau-e 
e  Jérusalem  pour  y  prier  Notre- Sei^-neur  de  la 
délivrer  des  maux  dont  elle  était  accablée.  .Mais 
à  peine  ful-elle  arrivée  que  son  fils,  sa  der- 
nière espérance  et  son  unique  soutien,  mourut 
entre  ses  bras. 


Ia  malheureuse  veuve  éclata  aussitôt  en 
plaintes  et  en  {.'émissements;  accablée  enfin  par 
la  fati-'ue  et  la  douleur,  elle  s'endormit  profon- 
dément. Pendant  son  sommeil,  saint  l.oiipin  lui 
apparut,  la  consola  en  lui  montrant  que  les  peines 
(jue  Jésus-Christ  avait  soulTertes  étaient  incompa- 
rablement plus  grandes  que  les  siennes;  puis  il 
lui  raconta  son  martyre  et  finit  en  lui  disant: 

i(  Allei  chercher  raa  tête  cachée  sous  le  fumier; 
dès  que  vous  l'aurez  touchée,  vous  serez  piérie. 
Puis,  bientôt,  je  vous  montrerai  votre  enfant,  afin 
de  vous  consoler.  » 

.\  son  réveil,  la  femme,  encouraeée  par  ces 
paroles,  se  fit  conduire  à  l'endroit  qui  lui  était 
marqué;  elle  creusa  la  terre  avec  ses  mains,  et, 
au  contact  de  la  précieuse  relique,  recouvra  la 
vue. 

La  nuit  suivante,  saint  Loncin  lai  apparut  de 
nouveau,  et  lui  présenta  son  fils  revêtu  d'une 
robe  éclatante  :  "  Voilà,  ô  femme,  lui  dit-il,  celui 
que  vous  pleurez,  consolez-vous  en  voyant  sa 
ploire  et  son  bonheur;  le  .Scianeur  l'a  commis  i 
ma  ^'arde,  et  il  a  été  reçu  dans  les  raii^s  des 
saints.  Prenez  ma  tète  et  ensevelissez-la  avec  le 
corps  de  votre  lils.  » 

A  ces  mots,  la  pieuse  femme  se  leva,  prit  la 
relique  et  l'ensevelit  bonorahleraent  avec  le  corps 
de  son  fils.  Son  ctrur  plein  de  joie  débordait 
en  paroles  de  reconnaissance  :  ■■  Je  sai«  main- 
tenant, disait-elle,  que  Dieu  n'abandonne  pas 
ceux  qui  l'aiment.  Je  suis  venue  pour  demander 
la  vue  du  corps  et  j'ai  recouvré  en  même  temps 
la  lumière  de  l'àme.  La  mort  de  mon  fiN  causait 
ma  douleur  et  voilà  que,  maintenant,  il  c<t  ma 
joie,  il  prie  poiu"  moi  auprès  du  trône  de  Dieu, 
au  milieu  des  .  rophètes  et  des  martyrs.  •■ 

Saint  Longiu,  qui  recouvra  la  vue  miraculeu- 
sement, est  surtout  invoqué  pour  les  maux 
d'yeux. 


.».,:.-  j  J< 


jwjpVîy. 


«X^J.-J»  Jf^î 


v% 


E.  PrnmviiiT,  Imp.-iji'rant,  8,  rne  Frenf oit  I",  l'arif. 


SAINT    ABRAHAM,    ERMITE 


l'été  le   16  mars. 


Saint  Abraham,  ayant  brisé  les  idoles,  est  assailli  à  coups  de  pierres  par  les  païens. 


Credidil  Abraham  Deo 
Abraham  crut  à  Dieu 


,  et  reputatum  est  illi  ad  justitiam. 
et  sa  foi  lui  fut  imputée  à  justice. 


Voici,  presque  sur  la  terre  du  Père  des  croyants, 
une  âme  t'én<^reuse  du  iv«  siècle,  qui  porte  son 
nom  et  se  montre,  dans  sa  vie,  le  lidèle  imita- 
teur de  sa  foi.  Abraham  était  de  Childane,  en 
Mésopotamie,  non  loin  de  la  ville  d'Edesse.  Issu 
d'i.ne  noble  et  opulente  Camille,  l'espoir  et  l'idole 
de  ^e*  parents,  il  voit  bientôt  arriver  le  moment 
lie  contracter  une  alliance  diene  de  sa  fortune 
et  de  son  nom.  .Ses  parents,  plus  que  lui-même, 
avaient  fait  le  choix  d'une  personne  recomman- 
.ial.le  par  son  rang  et  ses  richesses.  A  leurs 
prières,  à  leurs  larmes,  il  se  résigne  au  mariage 
••l  les  noces  se  cél'brentavec  magnificence  durant 
^\\  jours.  Cependant  le  cœur  de  l'époux  scm- 
M.(it  épris  d'un  tout  autre  sentiment  que  de  la 
I  'if  bruvanle  de  ceux  qui  l'entfiurent  :  le  divin 
I  i'"ux  (fe  nos  Ames  lui  avait  révélé  des  noces 
plis  chastes,  et,  lui  faisant  entrevoir  des  joies 
plu«  pures,  ill'inviieà  le  suivre  dans  des  sentiers 
MKUiis  charnels.  Iioclle  à  cet  avis,  le  jeune 
tiiimm",  que  n'iv.iit  pu  rh.irmTl"  brill.ini  r^p.i' 


du  septième  jour,  se  dérobe  secrètement  de  sa 
maison,  abandonne  parants,  amis,  épouse  même, 
et  se  retire  sous  l'œil  deUiçuseul,  dans  une  chau- 
mière isolée,  à  deux  railles  de  la  cité,  pour  y 
vivre  dans  la  solitude. 

Cependant,  son  départ,  bientôt  remarqué,  laisse 
ses  parents  dans  l'anxiété  la  (dus  vive  :  ils  se 
rappellent  avec  douleur  la  violence  qu'ils  ont 
exercée  sur  la  détermination  de  leur  tils,  et  dans 
leur  désespoir,  ils  font  toute  diliçence  pour  le 
retrouver.  Théâtre,  forum,  solitudes,  montagnes, 
habitations  des  moines,  tout  est  visité  :  ce  n'est 
que  le  dix-seplièrae  Jour  qu'on  peut  le  découvrir 
avec  une  stupeur  raélée  de  joie  et  de  tristesse, 
car  à  «es  amis  qui  le  pressent  de  les  suivre  et 
'■ont  heureux  de  le  revoir:  "Rendez,  s'écne-t-il, 
rendei  plutôt  grâces  à  Dieu  et  à  son  ineffable 
■  bmence  de  m  avoir,  par  un  heureux  privilège, 
-éparé  de  la  malice  du  siècle  :  demandez-lui  pour 
luoi  la  grâce  de  porter  son  joug  jusqu'au  dernier 
,|,.  rn»»  |nur«       Il   ■l'inand»    iil^r"  qu'un   veuille 


267 


bien  le  lai-ser  seul,  de  (leur  qu'en  Iroublant  sou 
silence,  on  cutrave  ses  projirès  dans  les  voies  de 
Dieu.  11  proUla  il^is  premiers  ninmeuls  de  S'>n 
isolement  pour  murer  la  porte  de  sa  ■■ellule,  n'y 
laissant  i]uuiieouierlure  bien  étroite  i>ar  laquelle 
on  lui  passait  le  pain  et  feau  dont  il  voulut  l'aire 
son  uiiii)Ue  nourriture.  Itientùl  ce  nouveau  ;;enre 
de  vie  répandit  au  loin  sa  réputation  et  lui  utt;ra 
;.'rand  nombre  de  visiteurs  désireux  d'obtenir  de 
lui  quelques  faveurs. 

ilON    l'S.VGE  DES   HICHES«BS 

Dix  ans  s'écoulèrent  de  la  sorte  et  ses  parents 
vinrent  à  mourir,  le  laissant  héritier  de  leurs 
immenses  possessions.  Ayant  depuis  lon^'tenips 
renoncé  à  de  tels  soucis,  il  remet  la  gestion  de 
ses  alTairesà  l'un  de  ses  amis,  avec  la  recomniau- 
dalioii  de  consacrer  la  plus  t:rande  partie  de  ses 
biens  au  soulagement  des  pauvres,  l'our  vaquer 
plus  librement  aux  choses  du  ciel,  il  ne  f.Mide 
près  de  lui  que  l'indispensable,  un  inaiiteuu,  un 
cilioe,  une  paillasse  et  le  vaisseau  de  terre  qui  lui 
sert  de  coupe,  l'auvre  des  biens  du  corps,  il 
abonde  des  trésor?  de  l'unie;  riiiiinilité,  la  cha- 
rité brillent  en  lui  du  plus  vif  éclai.  ijuel  puissant 
atlrnit  dans  les  douces  paroles  qui  t'imbent  de 
«es  lèvres!  Quelles  palernelles  exiiorlaliousl 
quelle  constance  et  quelle  force  dans  cette  iVme 
virile  !  Durant  les  cinquante  années  qu'il  mena  ce 
f?enre  de  vie,  Jamais  il  ne  se  reliclia  de  son 
amour  pour  le  travail  et  pour  la  mortitication. 
Il  abordait  le  combat,  le  sacrifice,  avec  la  ferveur 
du  novice  qui  commence,  et  chaque  jour  ajoute 
à  son  ardeur.  .Vussi,  Hieu  ne  laissa-l-il  pas  sous 
le  boisseau  celle  verlu  solide  :  cilé  radieuse, 
placée  sur  la  nvpnta^n-',  elle  devait  illuminer  les 
ré::ioiis  d'alentour. 

LE   SOLITAIRi:    DRVF..M'    ArOTRB 

l'ré»  de  là  se  Irouvail  un  bnur^  asseï  cousidé- 
r.ible,  du  nom  de  Tu-nia;  sa  population,  encore 
païenne,  était  restée  rebelle  aux  prédications  et 
au  lele  des  prêtre»  et  des  diacres  envoyés  pour 
sa  conversion.  Plusieurs  d'entre  eu.\  s'y  étaient 
fixés,  el,  loin  de  gagner  quel.)U''s  imes,  ils 
n'avaient  tnoissonn'-  que  les  souifraiices  et  les 
mauvui'  Iraitemvnls.  L'évéque  du  diorése,  ne 
sachant  plus  ijuel  moyen  employer  pour  tirer  ce 
peuple  de  l'idobUne,  confiait  ses  embarras  aux 
jirélre»  de  sa  maison,  lorsque  le  nom  d'.\braliam 
lui  vint  à  la  pensée,  et,  sans  attendre  la  réiMin-.e 
lies  siens:  «  »;royei-moi,  très  cliers  liN,  leur  dil- 
il;  de  ma  vie  je  n'nivu  semblable  vertu.  .Xhraliuni 
est  l'homme  qu'il  nous  fuul.  ••  Kt  comme  tous 
appuyaient  iiiianimemeiit  cet  avis  :  ■•  Vniii, 
repreinl-il,  l'idée  qui  m'osl  venue  à  son  sujet: 
c'est  flieu  qui  me  l'envoie.  Je  veux  lui  donner 
l'onction  «icerdolale  et  lui  conller  crtlo  popula- 
tion, l'eul-éire,  u\>-.  Un  à.  .■  .1,  fii.n.  r.nii.  nera-l-il 


niieb|ues  Ames  ii  I 

tlll,    se    fi'Ve,    et, 
Iroiner   le    1- 

«:Ijm-i.  il  r.  I 

rilIJUie  (le    liiiilnK 
d'nbor.l    ..fî, 
h.o 
•■    I 

di. 

de 


ttieli 
ti-fi  lif  voir  un 


Ité.  eli 

il  vient 
il  salu"  dans  le 

!.■  rr-  p«>iip|e  et  le 

'    li,  tout 

■  r  S  nn 


puissante  en  paroles  et  en  u-uvres.  .\  hi-sitez  donc 
pas  à  prendre  ce  fardeau:  Dieu  vous  reiulia  iii 
b'-nediclions  ce  que  vous  ferei  pour  les  iinies.  >• 
tt  coiumâ  le  solitaire  se  récriait  :  «  Celui-là,  dit 
le  Pontife,  qui  vit  pour  lui  seul,  travaille  à  son 
seul  avantage  :  mais  corriger  les  autres,  avoir  le 
souci  des  âmes  qui  nous  sont  conliées,  quelle 
source  de  mérites,  et  (luel  téinoi;;nage  de  charité 
aux  yeux  de  Dieu!  Je  n'en  veux  pour  preuve  que 
ce  mot  du  Maître  :  "  Si  tu  m'aimes,  ô  Pierre,  pais 
mes  brebis.  »  Persuadé  par  ce  langa;,'e,  .\hruham 
suit  l'évéque  jusqu'à  la  ville,  se  laisse  ordonner 
prêtre,  et,  répandant  ses  larmes  et  se»  prières, 
il  s'achemine  ou  Dieu  l'envoie. 

CE  QUE  COL'TE.NT   LES    \»a 

Arrivé  au  milieu  de  cette  population  assise  i 
l'ombre  de  la  mort,  il  adresse  à  Uieu  cette  suppli- 
cation :  ■  Seigneur  bon  et  clément,  qui  avei  firm-- 
l'homme, et  qui  sondez  ses  pensées  et  les  replis  de 
son  cceur,  ne  mépriseï  pas  l'œuvre  de  vos  mains; 
mais  délivrei-la  de  la  tyrannie  de  son  ennemi 
en  l'amenant  à  la  conaissance  de  la  vérité.  Car 
vous  savei  que  ce  n'est  pas  la  gloire  qui  vient 
des  hommes,  mais  bien  le  salul  des  Ames  i|ui 
m'amène  au  milieu  de  ce  troupeau.  "  .\  <  e-  mot'-. 
il  se  relève,  se  met  à  construire  un  oi 
les  ressources  que  son  ami  avait  i 
bientôt  il  y  offre  le  Saint  Sacrifice  au  Dieu  vivant 
et  véritable,  le  conjurant  d'amener  dans  son 
temple  ces  brebis  infidèles.  •■  N'éles-voas  pas  le 
Dieu  des  miséricordes?  Vous  ne  voulez  point  la 
mort  du  pécheur,  mais  sa  conversion  et  sa  vie.  •• 
Kt  son  cu'iir  s'alTermil,  son  lele  s'enllamme: 
il  va  droit  aux  statues  des  .  '  '  '  <  ■> 
les  brise  et  en  disperse  les 

inlidèles,ven.T.nt  sacrifier. il. •m  «ut  u\,  /e-  ii.nninl 
en  pièces,  et,  sans  chercher  longleinps  le  cou- 
pable, ils  s'arment  de  bAlon*  et  de  pierres,  fon- 
dent sur  lui,  l'accablent  de  coups  el  se  retirent 
en  lui  laissant  à  peine  un  souille  ilc  <■<•■  l'.i,,  i- 
dant,  au  milieu  de  la  nuit.  l'apAtre.  f< 
même  et  recueillant  ses  forces,  se  i 

fieine  et  tarne  la  maison  de  son  Dieu.  Ià,  eieioiu 
a  face  contre  terre,  il  verse  d'abondantes  lai  ne  s 
et  prie  pour  la  lumière  et  le  snlulde  ces  pauvre» 
païens.    I.e  lendemain,  ceux-i'i,  le    troutaiil    en 
prières,  ne  son;;enl   qu'à  satisfaire  de  nouN'.iii 
leur  rage  :  ils  l'eniliainent,  le  traînent  jusqn'ni 
milieu  du  bourg,  font  pleuvoir  sur  lui  une  .  '    ' 
de  pierres  el  le  laissent  à  <lemi  mort.  S'éliini 
levé  au   milieu  des  ténèbres  :  ..   '■^ 
ra'oublierer-voiis  |u«i|u'à   la   Un 
tourner  votre  face   et  mépriser  • 
sent?  ■■  A  peine  a-l-il  parle  qu'il  ^ 
comme   oublieux   de    ses   blessui-    .  u  ■....m  ■■ 
son  snneluaire.   Ses    bourreaux   en    la    veille    «e 
reproclimt    leur    modér'ii.'i     !■■■     ....ri.ii    .1... 
coups    {dus   cruels  et   I 
habitatoiii-    Dur  ml  II  < 
tir,  ce  pi 
avec  la  m 

répondant  par  la   binn 
.-..Il  r>'   par    la   doueeiir 

i.eni.  avertissant,  ■ 
une  »o«  •nfnnt-,  I"  ■ 
.  il  toii|our< 
II,  en  dépil  de' 

ijk  sovmiAMct  Artni  •■«  joie* 

L'heure  de  la  itr^cé  apprnrhuil,  el  U  sanrlifl- 


11    il'.iit   i-rodinr'" 


priiplr 


sVtaiit  réoni  et  ayant  a:;ité  diverse?  questions,  le 
nom  d'Abraham  leur  vient  à  l"e<prit  :  on  se 
raconte  ses  paroles,  on  en  vient  à  l'admiration. 
.'  Voyez,  se  disent-ils,  quels  maux  nous  avons  fait 
p>eser  sur  la  tète  de  cet  homme!  Avec  quelle 
patience  il  les  a  supportés!  Si  son  Dieu  n'avait 
de  quoi  le  récompen-;er,  eût-il  montré  un  tel 
coura:.'e?  Tous  nos  dicu.v.  il  les  a  renversés  avec 
une  e.xtréme  facilité,  et  ct^pi-ndant,  aucun  d'eux 
n'a  venue  sur  lui  celte  injure!  A  ces  réllexions 
l't  à  d'autres  du  mémei^enre.  leur  cœur  s'échauffe, 
la  nrùce,  sans  doute,  les  travaille:  un  même  cri 
>t  fait  entendre  :  "  .■Vllons  tous,  tant  que  nous 
sommes,  nous  Jeter  aux  genoux  de  cet  homme 
;.'Hnéreux,  et  soumettons-nous  au  Dieu  qu'il 
anuoiice.  »  El  tous  d'accourir  au  temple,  s'excla- 
mant  d'une  même  voix  :  •<  Ijloire  à  toi.  Dieu  du 
ciel,  qui  nous  a  envoyé  ton  serviteur  Abraham, 
pour  nous  arracher  au  culte  des  idoles!  »  Notre 
Bienheureux,  tout  stupéfait  d'un  retour  qui  le 
sur|iiend,  et  rempli  d'une  Joie  ineffable  :  <■  Mes 
I"  !•■-.  s"écrie-t-il,  mes  fils  et  mes  frères  dans  le 
>'i--iieur,  rendons  gloire  au  Dieu  qui  vient  d'ou- 
vrir vos  esprits  et  vos  cn*urs  :  approchez  de  lui 
et  TOUS  serez  éclairés.  »  Et  il  leur  enseigna,  dans 
la  Joie  de  son  àme,  la  doctrine  de  vérité,  les 
••taiilit  dans  la  foi,  et,  par  le  baptême,  les  rend 
•  nfunls  de  l'adoption.  Ils  étaient  au  nombre  de 
mille.  Chaque  Jour,  il  multiplie  les  instructions. 
les  avis;  et  cette  terre  nouvelle,  arrosée  des  eaux 
de  lu  f;ràce,  donne  des  fruits  sans  nombre,  l  ne 
année  s'écoule  dans  ce  doux  travail. 

LE    DEVOIR    ACCOMPLI 

Mais,  voyant  son  troupeau  lidéle  à  la  voix  du 
Sei:.'neur,  et  redoutant  quelque  relâchement  dans 
ses  austérités  passées,  l'apôtre  se  détermine  à 
reprendre  la  vie  solitaire.  Dieu  seul  est  le  confi- 
dent de  sa  résolution,  et,  la  nuit  venue,  il 
recommande  son  peuple  à  la  protection  divine, 
conjure  le  Seigneur  de  ne  pas  lui  imputer  un 
départ  ou  il  ne  cherche  que  sa  plus  grande  gloire  ; 
[pui-,  faisant  le  si:;ne  de  la  croix  pour  bénir  son 
troupeau,  il  se  retire  en  secret  dans  sa  solitude. 

.\u  point  du  jour,  les  brebis  fidèles  accourent 
au  temple  du  vrai  Dieu,  mais  n'y  trouvent  pas 
leur  pasteur;  la  confusion,  l'anxiété,  le  chagrin 
les  ai^'rit,  ils  cherchent  même  bien  au  loin,  et 
loujours  inutilement.  Bientôt,  ils  sont  aux  pieds 
lie  leur  évèque,  réclamant  leur  F'ére  dans  la  foi. 
I.e  Ponlile,  ému  de  leur  douleur,  ordonne  des 
recherches  qui  demeurent  infructueuses,  car 
Abraham  se  tenait  soigneusement  caché.  Prenant 
•ilnrs  une  partie  de  son  cler::é,  le  l'ontife  vient 
au  bourg,  console  ses  habitants  df  la  perte  qu'ils 
(iiii  faite,  puis,  choisissant  |iarmi  eux  les  plus 
ii'inarquahles  [)ar  leurs  vertu.s,  ils  les  ordonne 
pn'lresou  diacres,  rn  con>-titue  d'autre'^  dans 
d>'«  Ordre"  divers;  enfin,  leur  ayant  donné  une 
renie  de  vie,  il  se  retire  après  leur  avoir  souhaité 
la  (laix. 

Abraham  apprend  ce  qai  vient  de  se  passer, 
'•t  obtient  de  son  évéque  l'alfranchi'sement  du 
Iten  qui  rattachait  à  ce  peuple.  Au'>sitAt,  il  se 
met  à  r<eu\ri'  :  il  bâtit  une  nouvelle  cellule  à 
''"ité  de  ■  i-lle  qu'il  avait  lon;;lcmps  occupée,  en 
t  lit  murer  l'entrée,  et  se  plonfje  de  nouveau 
lins  la  plus  entière  solitude. 

RPBKI'VF.S  DK  L\  SAI.NTITK 

i,'-|i'ii'ianl,  l'ennemi,  jaloux  de  sa  vertu,  devait 
lui  teiidn-  lii<»n  di'x  piet'es,  et  souvent,  durant  ses 

iiiiil-,   !<•   prinrp  df»   lin<tiri'-     ■    Inii- fnnm      n 


ange  de  lumière,  et,  lui  apparaissant  au  milieu 
d'une  auréole  de  splendeur  :  ■<  Bienheureux  es- 
tu,  lui  disait-il,  Abraham,  d'être  arrivé  à  tant  de 
perfection.  —  Garde  le  silence,  lui  répondait  I-; 
serviteur  de  Dieu,  c'est  le  Christ  qui  te  le  com- 
mande; retire-toi  de  moi,  qui  ne  suis  que  cendre 
et  poussière.  «  Et  l'illusion  se  dissipe  en  vaine 
fumée.  Peu  de  temps  après,  apparaît  un  homme 
qui,  une  hache  à  la  main,  frappe  à  coups  redou- 
blés la  poutre  sur  laquelle  repose  le  toit  de  la 
cellule;  il  appelle  à  sou  aide  ses  nombreux  com- 
pactions, comme  pour  épouvanter  le  solitaire. 
Mais  lui,  sans  s'effrayer  :  "  Les  nations  m'ont* 
environné,  et  le  nom  du  Seigneur  m'a  délivré  de 
leurs  coups.  >■  Une  autre  fois,  son  lit  parait  s'en- 
flammer :  aussitôt  de  s'écrier  avec  le  Psaliniste  : 
"  Tu  marcheras  sur  l'aspic  et  le  basilic,  et  tu 
fouleras  aux  pieds  le  lion  et  le  dragon.  »  iPs.  90.) 
Au  moment  de  prendre  son  repas,  un  élégant 
serviteur  lui  présente  un  peu  d'eau  seulement, 
ou  saisissant  une  lumière  :  «  Bienheureux  ceux 
qui  sont  sans  tache  devant  vous,  et  qui  marchent 
dans  la  loi  du  Seigneur.  »  Mais  notre  Saint  ; 
«  S'ils  sont  heureux,  ceux  qui  servent  le  Seiirneur. 
pourquoi  donc  ne  cesses-tu  de  les  tourmenter?  ■> 
Mais,  laissons  ces  combats,  on  toujours  son 
humilité  et  sa  foi  lui  assurent  le  triomphe,  pour 
arriver  à  un  lémoiiinnge  insigne  de  sa  charité  el 
de  son  zèle  apostolique. 

COIIIIE.NT  TOMBE  l'NE  AME 

Il  avait  laissé  dans  le  monde  un  frère  qui  venait 
de  mourir;  sa  fille,  encore  enfant,  lui  avait  sur- 
vécu. Seule,  privée  de  tous  parents,  car  déj.i  elle 
avait  perdu  sa  mère,  elle  est  amenée  à  son  oncle 
qui  la  recueille  el  la  place  dans  la  cellule  con- 
tigui-  à  la  sienne.  Par  la  fenêtre  de  sa  cellule,  il 
lui  enseigne  les  lettres,  la  sainte  doctrine,  et  la 
forme  aux  exercices  spirituels.  L'enfant  croissait 
chaque  jour  dans  la  pratique  de  la  vertu,  à  la 
grande  joie  de  son  oncle,  qui  faisait  des  vœux 
pour  sa  plus  grande  perfection.  Mais  le  génie  du 
mal  convoitait  cette  proie  délicate  :  il  lui  tend 
des  embûches,  allume  dans  sa  jeune  ;\me  une 
passion  charnelle,  et  lui  insjiirel'^imour  du  monde. 

Au  lieu  de  prier,  au  lieu  de  drniaiider  conseil 
à  son  saini  directeur,  elle  s'enfuit  dans  la  cité 
d'Aesus,  éloiinée  de  deux  jours  de  marche.  Là, 
s'étant  revêtue  d'un  habit  séculier,  elle  se  livra 
au  désordre. 

Pendant  ce  temps.  Abraham  voyait  en  sonee  un 
énorme  dragon  qui  s'avançait  des  piofondeursde 
sa  retraite  vers  sa  cellule,  dévorait  une  colombe, 
puis   re;.'agnait   sa    retraite    en    toute   bAte. 

l'ne  fois  éveillé,  l'homme  de  Dieu,  avec  tris- 
tesse et  inquiétude,  soupçonne  pour  rE;;lise 
quelque  nouvelle  attaque  oii  persécution  qui  la 
menace.  Il  prie  Dieu  de  l'éi'lairer  davantage. 
Le  troisième  jour,  le  diagon  s'avance  Jusqu'à  ses 
pieds  et  dépose  la  colombe  qu'il  avait  eiic'loulie. 
Aussitôt,  il  comprend  qu'il  s'a^'it  de  la  chute  de 
quelque  àme,  et  ayant  jeté  les  yeux  par  la 
fenêtre  :  •<  Marie,  s'êcrie-t-il,  pourquoi  donc  ce 
silence  dans  la  prière  ot  la  louante  de  Dieu? 
Qu'est  devenue  cetli-  avidité  des  divins  cnseitne- 
menU?  ■  L'ii  sib-nce  de  mort  fut  sa  réponse.  Alors 
la  douleur  la  plus  am>-re  s'empara  de  son  cœur, 
il  pou'sa  de  profonds  soupirs,  demandant  à  Dieu 
b'  prompt  retour  de  cette  âme  égarée. 

LA  FOI  M'alblTE   PAS 

Cependant,  un  ami  vient  trouver  le  Saint,  lui 

rr'AIrlT   ffi   1'-  (-ni  iliiif.' itr  ci   ni,' ■  ■   .-!   !n   |r--;   nù 


elle  s'est  retirée.  Aussitôt  l'apdtre  de  se  lever.  Je 
quitter  ses  viHemeiits  de  moine,  de  revêtir  l'habit 
Je  soldat:  où  va-t-il?  Quelle  conquêtea-t-il  rêvée? 
Il  lui  faut  enlever  au  dragon  la  colombe  qu'il  a 
ravie  :  suivei-le.  il  monte  à  cheval  et  se  met  à 
la  recherche  de  la  brebis  perdue.  Le  patriarche 
autrefois  n'avait-il  pas  volé  au  secours  de  Loth, 
captif  des  cinq  rois,  ses  ennemis'? 

Etant  arrivé  à  l'hôtellerie  où  se  trouvait  sa 
nièce,  il  se  fait  renseianer  sur  son  «enre  de  vie 
et  cherche  à  la  rencontrer.  .\vec  la  faveur  du 
maitre  de  la  maison,  il  obtient  d'être  admis  à  la 
table  de  celle  qu'il  veut  arracher  au  monde. 
L'heure  du  repas  annoncée,  on  voit  entrer  dans 
la  salle  du  festin  uni' jeune  lille  molle  el  dissolue, 
velue  avec  luxe.  A  cet  aspect,  le  vieillard  peut  à 
peine  retenir  ses  larmes  :  son  ca-ur  se  sent  brisé. 
Cependant,  il  échange  quelques  paroles  aimables 
et  celui  qui  virait  de  pain  et  d'eau  ne  craiul  pas 
ce  jour-là  de  toucher  aux  viandes  et  Je  boire  du 
vin.  Les  convives  rassasiés  se  retirèrent  dans 
une  pièce  à  part  pour  se  livrer  au  plaisir  de  la 
conversation.  Elle  languissait  un  peu,  car  la  cour- 
tisane était  triste.  Abraham  s'assura  de  la  porte, 
i-t,  croyant  le  moment  arrivé,  il  découvre  sa  tète, 
et  poussant  un  soupir  :  ■•  .Marie,  dit-il  v'ravenient, 
sais-tu  qui  je  suis?  Ueconnais-tu  ton  oncle? Dis- 
moi  donc,  mon  enfant,  ce  qui  a  pu  te  conduire  à 
ta  perte?  Qu'est  devenu  cet  amour  de  la  vertu? 
pourquoi  t'éloigner  de  moi?  Pourquoi  m'avoir 
ainsi  oublié  comme  si  j'étais  mort  dans  ton  cu-ur? 
Que  ne  me  révélais-tu  tes  combats,  je  l'aurais 
aidée  à  vaincre  l'eimemi,  et  surtout  à  te  racheter 
parla  pénitence.  Je  l'en  conjure,  par  mes  cheveux 
nlancs,  par  les  peines  cruelles  (|ue  tu  m'as  cau- 
sées, par  cette  confusion  où  ton  départ  m'a 
plonye,  reviens,  mon  enfant,  reviens  au  Itieu  cjui 
pardonne.  Procure-lui  cette  joie,  donne-moi  cette 
satisfaction,  alin  que  Je  n'emporte  pas  ma  dou- 
leur dans  la  tombe.  >' 

La  courtisane  était  restée  debout,  gardant  le 
silence:  son  visage,  incliné  vers  la  terre,  son 
regard  lixe  indiquaient  la  réilexiou  et  l'anxiété.  Kt 
son  oncle  de  reprendre  avec  douceur  :  "  Ma  lille 
tu  ne  me  réponds  pas?  l;;nores-tu  que  c'est  pour 
toi  seule  que  Je  suis  venu  ici,  que  j'ai  quitte  ma 


solitude  et  revêtu  ces  livrées?  Ignores-tu  qu'il 
n'est  pas  de  blessures  que  le  céleste  médecin  ne 
puisse  guérir  !  Ke|etle  sur  moi  ton  péché,  j'en 
rendrai  compte  à  Jésus-Christ.  Viens  seulement 
avec  moi,  et  retournons  ensemble  à  la  solitude.  » 
Alors  la  pécheresse  d'un  ton  de  voix  timide  et 
embarrassé  :  <■  Père  vénérable,  si  la  honte 
m'empêche  de  lever  les  yeux  sur  vous,  comment 
pourrai-je  approcher  de  Dieu  avec  les  ulcères  de 
mes  iniquités  ?  —  Tes  iniquités,  ma  lille,  je 
les  prends  sur  moi,  retournons  seulement  à  notre 
première  demeure.  »  La  jeune  lille.  le  cœur  brisé, 
tombe  aux  pieds  du  vieux  prêtre  et  verse  des 
larmes  amères  et  abondantes. 

COMMENT  ON  SK  RELÈVE 

Voulant  se  mettre  en  devoir  de  le  suivre,  elle 
ne  sait  que  faire  de  ses  vêlements  somptueux; 
elle  les  abandonne,  suivant  l'avis  du  saint  vieil- 
lard, pour  revêtir  une  simple  parure,  et  voler 
aux  richesses  de  ^iInpéri^sabIe  vie.  Tous  deux 
sortent  secrètement  de  l'iH'itellerie.  L'oncle  con- 
duit à  pied  sa  monture  sur  laquelle  il  a  placé  sa 
nièce.  .\rrivés;i  la  monta:.'ne,  il>  échan:^ent  leurs 
cellules  doni  ils  murent  soieneusenient  les  portes. 
Ue-<  lors,  la  pécheresse  connaît  toutes  les  rigueurs 
de  la  pénitence;  prières,  jeûnes,  larmes,  rien 
n'est  épargné  pour  effacer  les  souillures  de  la 
vie.  Uieu  lui  donna  l'assurance  de  son  pardon 
et  opéra  par  elle  de  nombreux  miracles. 

Le  cii'ur  d'Abraham  rendait  grAces  à  Dieu  qui 
n'avait  point  trompé  son  espoir,  mais  avait  béni 
ses  travaux  par  des  fruits  au<si  doux  qu'abon- 
dants. Parvenu  enlln  à  une  extrême  vieillesse, 
il  passe  de  cette  vie  aux  tabernacles  éternels. 
La  multitude  accourl  à  «a  cellule  et  se  dispute, 
comme  des  trésors,  les  lambeaux  de  ses  vête- 
ments et  de  son  cilire,  où  elle  trouve  des  remèdes 
efiicnces  à  ses  maux.  Cinq  ans  après  mourait  la 
pénitente,  (.'ardant.  au  sein  du  trépas,  cette  fraî- 
cheur anyélique,  rellel  de  la  grAce  divine  et 
symbole  d'une  vertu  recouvrée  et  rajeunie  dans 
le  sang  de  l'Agneau. 

Quelles  sont  belles  les  n-uvres  de  la  foi  1  Que 
doux  et  suaves  sont  les  fruits  de  la  charité  ! 


Imp.-ytrami,  K    PtnTiinai,  g,    rue  Kranniti  I"    i'»ri>. 


SAINT  PATRICE,  APOTRE  DTRLAxXDE 


Fête  le  i  7   mars. 


Au  moment  où  l'ancienne  île  des  Saints  est  si 
cruellement  éprouvée,  nous  voudrions  exciter 
dans  le  cœurdes  Français  qui  nous  liront  quelque 
sympathie  pour  ce  pays,  où  Dieu  semble  avoir 
voulu  conserver  une  foi  d'autant  plus  inébran- 
lable qu'elle  a  été  plu'-  horriblement  persécutée. 

Saint  Patrice  fut  l'apôtre  de  la  verte  Erin,  et 
les  prodigieux  et  presque  innombrables  miracles 
qui  furent  les  firands  ari;uments  de  sa  prédication 
soulèvent  d'étranges  scandales  parmi  les  descen- 
dants des  réformés.  On  a  cherché  des  raisonne- 
ments explicatifs  du  fait.  On  a  dit  :  Les  bardes 
lurent  les  premiers  historiens  de  saint  Patrice  et 
ils  ont  créé  des  légendes.  Oui,  les  bardes  ont 
beaucoup  pailé  de  saint  Patrice,  mais  pour  l'at- 


Vision  du  maître  de  saint  Patrice. 

taqiier,  le  persifier,  l'accuser,  bouleverser  son 
.lulonté  ;  les  récentes  publications  des  admira- 
teurs d'Ossian  sont  là  pour  le  constater.  On  a  dit 
encore,  et  des  évoques  anglicans  surtout,  que 
saint  Patrice  a  été  le  précurseur  de  la  réforme. 
Slni^ulier  précurseur  que  celui  qui  prêche  le 
contraire  de  ce  que  la  réforme  afiirme.  Patrice 
affirme,  la  réforme  nie,  donc  Patrice  a  préparé 
la  réfiirme.  Admirable  logique  du  protestantisme 
troublé  par  lus  miracles  du  propagateur  de  lafoi 
au  milieu  d'un  peuple  païen  cl  qui  s'est  fait  catho- 
lique pour  être  plus  prêt  à  devenir  prolestant  ! 
Cela  dit,  nous  acceptons  franchement  les 
mirarlei  de  saint  Patrice  racontés  par  ses  con- 
l'-mporain»  ou  ses  successeurs  immédiats,  et 
iinii-  ne  pouvons  nous  expliquer  l'artinn  de  ce 
t-'anlein  de  moulons  si  Dieu  ne  lui  a  donné  le 
(■  luvoir  de  prouver  ses  paroles  par  des  actes 
•liwn>-.  .Mais  les  actes  divins,  c'est  ce  dont  ne 
veut  pa»  la  science  moderne,  et  c'est  pourquoi 
il  latil  les  lui   jeter  à  la   farr   malgré  toutes  ses 


dénégations.  Si  Voltaire  disait  :  Meniez,  mentez, 
il  en  rc^(e  toujours  quelque  chof.e,  nous  ne  crain- 
drons pas  de  dire  :  il  restera  toujours  quelque 
chose  de  la  vérité  annoncée.  Nous  l'annoncerons 
donc  toujours,  même  quand  il  s'agira  de  miracles. 
Uuant  à  notre  Saint,  il  en  eut  le  don  des  ses 
premières  années.  Né  de  parents  nobles  et  pro- 
blablement  romains,  il  pouvait  se  glorifier  d'être 
neveu  de  saint  Martin  de  Tours  par  sa  mère.  Il 
guérit,  tout  enfant,  une  de  ses  sœurs  d'une  bles- 
sure très  grave  qu'elle  s'était  faite  en  tombamt. 
Il  ressuscita  un  oncle  qui  l'avait  conduit  à  une 
assemblée  publique  et  qui  tomba  mort  subitement. 
A  seize  ans,  il  est  emmené  captif  des  côtes  de  la 
Bretagne  française  en  Irlande;  c'était  vers  l'an 


Bénigne  enfant,  futur  successeur  de  saint  Patrice. 

390.  Le  maître  à  qui  il  fut  vendu  était  ilur  et 
l'envoyait  passer  les  jours  et  les  nuits  à  garder 
les  troupeaux  dans  les  bois  et  sur  les  collines. 
Patrice  en  profitait  pour  faire  de  plus  «rands 
progrès  dans  la  prière  et  apprendre  la  langue 
du  pays.  Son  maître  le  vit  en  sonee  s'approcher 
de  lui  tout  entouré  de  flammes;  celui-ci  les 
repoussait,  mais  elles  consumèrent  ses  deux 
jeunes  filles  endormies  dans  un  même  berceau. 
Leurs  cendres  se  répandirent  au  loin,  et  les 
llammes,  portées  par  les  vents,  atteignirent 
l'extrémité  de  l'île.  A  son  réveil,  Milcho  (c'était 
le  nom  du  maître*  demanda  à  son  esclave  l'inter- 
prétation d'un  sonpe  si  bi/.arre.  Patrice  répondit 
que  la  (lammc  était  la  vraie  foi  dont  son  intelli- 
gence et  son  c<rur  étaient  embrasés,  que  ses  deux 
fi  Iles  se  feraient  chrétiennes  et  que  leurs  relique":, 
portées  au  loin,  aideraient  à  l'expansion  de  la 
vérité;  que.  du  reste,  l'Irlande  l'accepterait  dans 
toute  l'étendue  de  son  territoire. 

Après  six   ans,  Patrice,  averti   par    une    voix 


jour,  royapeant  le  long  d'un  lac,  sou  cheval  l'y 
précipita,  et  depuis  le  lac  a  porté  son  nom. 

Les  visions  de  Patrice  étaient  incessantes, 
surtout  i]uand  il  célébrait  la  messe  ou  qu'il  lisait 
lApocalypst'.  L'ange  Victor  le  visitait  souvent. 
Dans  la  première  partie  de  la  nuit,  il  récitait 
cent  psaumes,  il  faisait  en  même  temps  deux 
cents  yénuflexions.  Dans  la  seconde  partie  de  la 
nuit,  il  se  plongeait  dans  l'eau  f;lacee,  le  cœur, 
les  yeux,  les  mains  tournes  vers  le  ciel,  jusqu'à 
ce  qu'il  eût  Uni  les  derniers  cinquante  psaumes. 
Enfin  il  donnait  au  sommeil  un  temps  très  court, 
étendu  sur  un  roc  avec  une  pierre  pour  oreiller 


première  vierge  consacrée  à  Dieu,  demanda  à 
sainte  Brigid  de  lui  dire  le  nom  de  ce  trrand  ser- 
viteur. Elle  lui  répondit  que  c'était  le  père  et 
TapOilre  de  l'Irlande. 

baint  Patrice  se  dirigea  alors  vers  le  monas- 
tère de  Saul  et  aussitôt  se  mit  au  lit,  sachant  '\\ie 
la  fin  de  sa  vie  approchait.  De  son  cAté,  saint»- 
Itrigid,  arrivée  à  son  monastère  de  Curragh.  prit 
le  suaire  qu'elle  avait  depuis  longtemps  préparé 
pour  Patrice,  et  avec  quatre  de  ses  Sœurs, 
retourna  à  Saul;  mais  à  jeuu  et  écrasées  de 
fatigue,  ni  elle  ni  ses  compagnes  ne  purent 
poursuivre  leur  route.  Leur  détresse  fut  révélée 


La  prière  de  saint  Patrice  dans  l'eau  glacée. 


et  couvert  d'un  cilice  pour  macérer  son  corp», 
même  en  donnant.  E-t-il  étonnant  qu'à  une 
pareille  austérité  Dieu  nci-orde  drs  dons  surna- 
turels, i|u'au  nom  de  la  Sainte  Trinité  il  ait  res- 
suscité trente-trois  morts,  et  que  sa  prédication, 
enllaniméc  par  sa  prière,  ait  produit  de  si  mer- 
veilleux effets? 

Aillai  ()ue  saint  Elpliin,  Patrice  renonça  à 
r.  |.|s,npat,  mais  il  axait  consacré  plu>  de  trois 
cent*  <-vt>aue«.  On  explique  ce  uomhrc  par  la 
quantité    de    pontifes    qui    renoncèrent   à    leur 

b|i  _■•'. 

Apre»  avoir  eu  la  révélation  de  l'avenir  de 
rii  lande,  Patrice  fut  averti  que  l'heure  de  sa  fin 
était  proche.  L'n  jour  que  l'homme  de  Dieu  était 
assis  avec  <|iieli]ues-uns  de  ses  com|>a?nons,  à 
un  certain  i-ndroit  prés  de  la  ville  d--  Donn,  il 
se  mit  à  parler  de  la  ;.'loire  des  saints.  Pendant 
qu'il  discourait,  une  grande  lumière  brilla  sur 
un  point  dans  le  cimi'ti>re  voi-.in.  Ses  compa- 
gnons lui  tirent  leinarqucr  le  prodifi'  et  il  char- 

>.•■ r.'f  llriuid  de  l'expli'"!'"    I  ■  M.Tfe  répon- 

<l  (.lit  la   place  int   i|ueli|ur 

Il  itfur  de    Dieu.  liuinl.n.i    l.i 


Le  tombeau  de  saint  Patrice. 


au  Saint  sur  son  lit  de  mort;  il  envoya  cinq 
chariots  à  leur  rencontre  et  elles  purent  arrivi-r 
à  temps  pour  présenter  leur  oITrande.  Elles  bai- 
sèrent ses  pieds  et  ses  mains  et  reçurent  uiw 
dernière  fois  sa  bénéiliction.  L'heure  de  sa  mori 
approchait.  Il  reçut  le  corps  de  Notre-Seiçneur 
des  mains  de  l'év'éque  deTassach.  D'aprè-.  l'aver- 
tissement de  l'ange  Victor,  il  rendit  le  dernier 
soupir  datisia  cent  vingtième  année  de  son  à;.'e. 
On  l'enveloppa  dan»  lo  linceul  préparé  par 
sainte  Hrigid.  Les  miracles  éclatèrent  à  ses  funé- 
railles, ses  chairs  exhalaient  une  od<'iir  suave. 
Les  habitants  d'Aiinacli  prétendai<nt  avoir  droit 
à  ses  reliiiues.  Les  Llidieiis  les  réclamaient.  Le 
corps  fut  posi'  sur  un  char  funèbre,  traîné  par 
deux  bii'iifs.  Les  hommes  d'.\rina;;h  le  suivaient 
à  ce  qu'il  leur  semblait,  marchant  du  c'.h-  do 
leur  ville,  quand  il-  s'.iperçurcnt  qu'ils  av. unit 
été  victimes  d'une  illusion  ei  qu'ils  n'avaient  --iiivi 
qu'un  fantrtme;  tandis  (pie  le-  llidiens,  maître» 
(lu  précieux  dép(\l,  le  porl-Tclil  chez,  eux  et 
renterrèrent  comme  il  avait  été  prédit  parmi  le» 
enfants  de  Dicbu  à  Down-Patrick. 

E.  d'Auom. 


SAINT  CYRILLE 

ÉVÉQUE  DE  JERUSALEM 


Fête  le  i  8  mars. 


SaintCyrille  annonce  que  la  tentative  sacrilège  de  Julien  l'Apostat 
pour  reconstruire  le  tample  de  Jérusalem  tournera  à  la  gloire  de  l'Evangile. 


F.TCDSS   Dg   SAI.NT   CYHILLB 

C'est  dans  la  Ville  Saidle  entro  toutes,  à  Jéru- 
salem, que  nai|iiit  Cyrille  vers  l'an  315.  Nourri 
il>s  «a  plus  tendre  enfanre  des  enseifinementsde 
1.1  pif'te  par  ses  parents  chrétiens,  il  y  fit  des 
progrès  rapiili's.  Lorsqu'il  fui  plus  avancé  en 
■'i:.'c,  il  professa  pour  l'étal  mnna-iUque  une  ndmi- 
lalion  dont  on  rencontre  maintes  fois  l'expres- 
sion sous  sa  plume.  On  croit  même  qu'il  fut  du 


nombre  de  ces  reli:;ieux  qui,  tout  en  vivant  au 
sein  de  leurs  familles,  pratiquaient  une  ronli- 
nence  perpi-luillo,  se  livraient  aux  u'uvres  de  la 
pi'iiilence  et,  dans  les  assemblées  des  fidèles, 
occupaient  un  lieu  séparé. 

C'uoi  qu'il  en  soit,  il  s'adonna  de  bonne  heure 
à  l'élude  des  lôcritures  :  il  parcourait,  les  Saints 
Livres  à  la  main,  le  IhéAtre  où  se  déroula  l'iii'-- 
loiro  de  Dieu,  où  s'écoula  la  vie  mortelle  .le 
Nolre-Seicncur,    et   son   ùme   se   répandait    en 


21 


longues  eiVusions  d'amour  et  Je  nconnaissan'  e 
sur  ces  lieux  vénérés,  témoins  Je  tant  Je  pro- 
Jises. 

11  mil  une  telle  ardeur  à  ce  travail  que,  plus 
tard,  sesdi*cour>  ne  furent  qu'uu  tissu  composé 
des  textes  de  llJoriture  auxi|uels  il  faisait  allusion 
ou  qu'il  citiiit  eiilierement.  Mai*  ce  n'était  pas 
assez  pour  son  activité  insatiable  :  il  étmlia  les 
ouvra:.'e«  des  commenlateurs  qui  avaient  paru 
justjue-là  et  les  écrits  des  Pères  qui  avaient 
dfSfenJu  la  foi  catholique;  il  apprit  même,  afin 
détre  plus  en  état  de  combattre  les  ennemis  de 
lEalise,  la  grammaire,  la  rhétorique,  la  dialec- 
tique, la  physique,  la  médecine,  car  la  science 
profane  était  une  arme  qu'il  voulait  mettre  au 
service  Je  la  vérité. 

LE  SACERDOCE 

Cyrille  reçut  l'onction  sacerdotale  vers  l'an  345,- 
des  mains  de  saint  Maxime,  évéque  de  Jérusa- 
lem. Kes  lors  il  se  dévoua  tout  entier,  coips  etàmo, 
à  la  coiivtTsion  des  païens  et  à  l'instruction  des 
catéchumènes.  Son  ardeur  riait  «ans  bornes.  Tous 
les  Jiiiiaiiches,  il  aiinoiiçail  la  parole  de  Dieu, 
l/évi'-cpir  de  Jérusalem,  reconnaissant  les  vertus 
et  le<  ni'Tiles  Je  Cyrille,  le  mil  bientôt  à  la  télé 
dn  ses  pri'-tres  et  le  constitua  comme  son  vicaire 
général.  Une  autre  fnnclion  bien  importante  à 
celle  époque  était  celle  d'instruire  les  caléchu- 
nirnes;  notre  Saint  en  fut  é;:alement  investi. 

On  accourait  à  ses  catéchismes  de  Jérusalem, 
des  biiiirf,'s  voisins  et  même  des  autres  villes  épi*- 
copales.  ('.vrille  exiimiiiait  tous  ceux  qui  se  pfé- 
seniairnl.  les  inscrivait  et  recevait  leurs  confes- 
sions. Chaque  semaine,  outre  ses  discours  du 
dim.incbe,  il  réunissait  trois  ou  quatre  fois  les 
n<''opliyles  pour  leur  enseigner  les  vérités  de  la 
foi;  et  il  arriva  bien  souvent qu'emport-- par  l'ar- 
deur lie  son  zèle,  il  prolongeait  ses  instructions 
bien  a\aiit  dans  la  nuit. 

C.yrilli'.  avi«iis-nous  dit,  «e  dévoua  principale- 
meiil  a  rriisei:.'nement  des  iatéclium<-nes.  Ceux-ci, 
n'ayant  pas  encore  été  ri'.'énér'''s  par  le  sacre- 
mi-iit  du  baptême,  ne  l'ouvaienl  entrer  dans 
l'ét'lise  même,  ils  devaient  se  tenir  sous  les  por- 
tiques extérieur»,  et  c'est  là  que  le  jeune  prélre 
les  initiait  aux  mystères  de  la  foi.  11  nous  reste 
Je  lui  viii;^l-lrois  catéchèses  ou  instructions  orales 
et  familière»  sur  l'ensemble  Jes  vertus  cliré- 
lieiines,  l«  symbole  de  la  foi  et  les  sacrements. 

Nous  V  voyons  que  l'usace  de  faire  le  sit-m-  de 
la  Ci'>ix  'lait  praliqii'  'icns  des  prc- 

niMT-  SI   ,  |c«.    <•   Ne  dil-il    à   «es 

audili-iirs,  de  la  croix    :\"    j.-ii~  i.nrist.   Impri- 
me* la  Mir  votre  front,  afin  qu<'  b'«  damons,  aper- 

ce»anl  l'èlendard  du  roi,  s'»- '  'ii  tnmblant. 

Faites  Cl-  sifjne,  et  quand  ■  '.  et  quand 

•■  '  --'i       ;      ,.    is  ou  J'bout, 

lier  ou  que   vous  vous 

.  /    I'.  II?  t.iii  illre,  en 

!<»  corjMi 
de  leur  main  droite  #1 


vous  biive»,  et  qr  ■ 
ri  quauil  vous 


stntr.    \  I 


.t' 


'irl  corn- 
r  de  ce 
•7   pour 


pnncipal    II 


'II, ni; 
ud     lt«l, 

l«lis  le  rriui  ae  <'i'ii< 

i<  I  \  rille  n'obl  pa>  comme 
nous    faire    ronuallre    les 


usaijes  Je  l'h-glise  primitive,  elles  brillent  surtout 
par  la  clarté  el  l'éloquence  avec  lesquelles  les 
divmes  catholiques  y  sont  exposés,  .\ussi,  les 
protestants  se  -ont- ils  acharnés  à  vouloir  élever 
des  doulescontre  leur  aullieiilirité  :  leurs  attaques 
sont  demeurées  vaines.  Les  catéchèses  de  Cyrille 
sont  une  de  ses  gloires  les  plus  pures,  car  elles  sont 
on  arsenal  où  les  défenseurs  de  la  foi  trouvent 
à  toutes  les  époques  des  armes  préparées. 

CTHILLE  ET  I.BS    ARIENS 

Cependant,  la  Sainte  K^lise  était  déchirée  par 
les  luttes  Jes  ariens,  hérétiques  astucieux  qui 
niaient  la  Jivinité  de  Jésus-Christ.  Le  monde 
était  parla;.'é  en  deux  camps  qui  comiitaieiit  l'un 
et  l'autre  des  évéques  :  .\rius  était  le  chef  des 
révoltés,  .\thanase  le  chef  des  (Idéles.  Cyrille, 
n'étant  pas  au  courant  des  événements  qui  se 
passaient  sur  un  ihéiUre  assez  éloi^'né.ne  prit  J'a- 
DorJ  parti  ni  pour  .\lhnnase  ni  pour  Arius.  Il  se 
contentait  de  féniir  sur  ces  JisrorJes  intestines, 
qui  lui  semblaient  allumées  par  l'amour-proprc, 
et  Je  mettre  les  fiJeles  en  garJe  contre  le  scan- 
Jale  ()ue  la  vue  de  ces  luttes  reli^'ieuses  pouvait 
produire  :  «  Si  vous  apprenez,  leur  disait-il  avec 
larmes,  que  les  évéques  se  sont  levés  contre  les 
évéques,  les  clercs  contre  les  clercs,  les  peuples 
contre  les  peuples,  ne  vous  en  troublez  poini  ; 
ces  choses  n'ont-elles  pas  été  prédites?  El  si  moi, 
qui  vous  instruis,  ajoutait-il,  je  venais  à  périr, 
ne  périssez  pas  avec  moi,  car  il  esl  permis  au 
disciple  d'être  meilleur  que  son  maître.  » 

Mais  la  lumière  ne  tarda  pas  &  se  faire  dans 
l'esprit  Je  Cyrille.  .Mliaii.isc,  le  défenseur  de  la 
vérité,  revenant  d>'s  Cailles  où  il  av.iit  été  exilé 
par  l'empereur,  traversa  la  Palesliiic  pour  se 
rendre  à  son  église  d'Alexandrie.  Lors  de  son 
passajje  à  Jérusalem,  un  Concile  se  réuni!  el, 
après  un  mùr  examen  des  faits,  proclama  d'une 
part  l'innocence  d'Allianasi-.  l'intégnlè  de  sa  foi, 
et  de  l'autre,  la  perversité  d'.Vriusct  de  ses  coin- 
plicrs.  Dès  ce  jour,  Cyrille  s'allarba  au  saint 
patriarche  d'Alexandrie  et  coroballil  à  ses  côtés 
pour  la  même  cause. 

L'K.riSCOrAT  —    CROIX    LmiNKlISItS  —    COMnXTS 

Vers  la  fin  de  l'année  3.'iO,  saint  M.ixime  mou- 
nit.  (>yrille  fut  élu  rnnoniquemeiit  par  les 
évéques  de  la  province  pour  lui  suc  édi-r  sur  le 
>iège  épiMopal  de  Jérusalem.  C*llc  di-iiilé  ne  lit 

3iraiipmciiler  »«  charité  donl  |i>s  naniiiies  étaient 
èjà  si  vives,  et  l'on  vil  la  sainteté  germer  et 
grandir  sou<  «on  influeiire  patinudle. 

In  événement  mirarulnix  qui   survint 
donna  plu»  d'aiilonié  h  sa  paroii»  pi  il,-  f,- 
ik  son  miiiistrre.  En  .<.°>l,  aux  environ,  d,' 
teciMc,  une  croix   immen»e  appiirul 


•ni  ors 

■  n.lilé 
l.i  1'.  II- 

h.i.i.-- 


1, 


'1       .'II.-   .uii    h 


1 


,t 


i  I  l'iat  est  »i  vil  en  tirieut  peiiJaul  une  matinée 
d'.lé. 

A  celle  <Tie,  tous  lei  h.ibilnnt»  de  Jéni~  il   i 
lioinnies,    femiii>«,    enfants.    rlir<'lirn«,    i  i     ^    . 
.i.-ioururenl  à  r<i;lise  iioiir  reiidie  ti 
L'ii'iir  Touslomienl  d  une  ronimuii>' 

i  ils  Je  Dieu,  aul<-ur  Je  '  ' 

iii'lil    que    le_s    dotiiien    .1 

.  lion  sur  t' 
mai» 

1"' 
1 

ariii'iooi'oi    I,    ,i'i,  *iii    .-'«i  'iii,    .ii'i'(t>ii.iii'' 

tri.-ssai liait  en  vojraal  le»  Ji»poMtion»  dont  »«n 


peuple  était  animé.  11  b'empressa  de  le  raconter 
tt  l'empereur  Ousiance,  pour  l'ensa^/er  à  mettre 
sa  conliaiice  dans  la<Toix  au  milieu  des  liatailles 
et  à  protéi-'er  une  reli:;ion  dont  la  voracité  rece- 
vait un  semblalile  l'-nioii^uape.  Or,  Constance  était 
hérétique.  Cyrille  rappelait  donc  au  prince  d'une 
manière  in^iénieuse  les  devoirs  de  son  état  et  la 
divinité  de  la  l>>i  catholique. 

A  peine  monté  sur  le  sièae  épiscopal,  Cyrille 
entra  dans  la  lice;  Acace,  archevêque  de  Césarée, 
homme  ambitieux  et  de  plus  hérétique,  fut  le 
premier  a<l»ersaire  qu'il  eut  à  combattre. 

L"li;;lise  de  Jérusalem  avait  un  droit  de  préé- 
minence sur  toutes  les  autres  Kglises  de  l'ales- 
tine,  en  raison  des  souvenirs  précieux  dont  elle 
était  remplie.  Ce  droit,  en  quelque  sorte  naturel, 
lui  avait  d'ailleurs  été  confirmé  par  un  canon 
du  Concile  de  Nicéc,  qui  l'avait  soustraite  à  la 
juriiliction  du  métropolitain  de  Césarée.  L'or- 
cueilleux  Acace  résolut  d'en  contester  la  légiti- 
mité et  de  reconquérir  la  part  d'autorité  qu'on 
lui  avait  enlevée.  Mais  Cyrille  se  leva  aussitôt 
pour  défeiidie  les  droits  de  l't+'lise  de  Jérusalem, 
son  épouse,  à  laquelle  il  avait  juré,  lors  de  son 
élection,  une  inviolable  fidélité. 

Acace  poussa  plus  loin  l'impudence  et. l'au- 
dace :  il  accusa  le  saint  évéque  d'avoir  corrompu 
la  sainte  doctrine  de  la  foi  sur  la  génération  du 
Verbe  divin,  en  ('réchanl  la  consubstantialité  du 
Fils  avec  le  l'c-re  dans  le  mysiére  de  la  Sainte 
Trinité.  Lequel  de  Cyrille  ou  J'Acaceétail  l'héré- 
tique en  cette  circonstance'?  Le  Concile  de  Nicée 
avail.  à  l'avance,  répondu  à  cette  qm-stion,  en 
condamnant  Arius,  qui  niait  précisément  que  le 
Fils  fût  consub'tantiel  au  Père. 

Durant  deux  années  entières,  Acace,  s'arro- 
ceant  un  pouvoir  qu'il  ne  tenait  de  personne, 
appela  Cyrille  devant  son  tribunal;  mais  Cyrille 
refusa  constamment  de  comparaître  à  la  barro 
de  l'hérétique.  (,elui-ci,  furieux, convoqua  lesévé- 
quos,  ses  partisan-,  à  un  Concile  provincial  :  c'est 
devant  ce  tribunal,  on  l'injustice  siéfîeait  à  crtté 
de  la  faiblesse,  que  fut  introduite  la  cause  du 
saint  pasteur  de  Jérusalem. 

l'exil 

Outre  les  accusations  que  nous  avons  rappor- 
tées plus  haut,  les  hûrétiques  for;;érciit,  pour 
donner  un  semblant  d'éiiuité  à  leur  injuste  con- 
damnation, une  nouvelle  calomnie  diyne  de  la 
malice  de  Satan  qui  les  inspirait. 

L'empereur  Constantin  avait  donné  jadis  à 
.Macaire,  évèquede  Jérusalem,  un  ornement  pré- 
cieux dont  l'or  ^eul  formait  le  tissu;  on  ne  devait 
s'en  servir  que  pour  conférer  le  bapléme  aux 
solennités  de  Pâques  et  de  la  Pentecôte.  Les  par- 
tisans d'.Acace  accusèrent  Cyrille  d'avoir  vendu 
.(■  vêtement  sacT'-  à  un  coraëdien.  «  Dieu,  disaient- 
ils,  avait  immédiatement  puni  ce  commerce 
?.i  r  ij.gp,  car  le  comédien  avail  été  frappé  de 
lu -ri  subite  sur  la  nceiie  où  il  dansait.  » 

Cette  impiilatinn  ralomnieu^e  avait  une  appa- 
rence  de    viTilé.   Cyrille,   en  effet,   n'avait    pas 
craint  de  vendre  une  partie  de  «es  meubles  et  des 
oiti'  iiienls  de  «on  ''tilise.  L'ne  famine  désolait  la 
■  '■         t  uiirtoiil  la  «il le  de  Jérusalem;  la  misère 
inble.  If-s  pauvre*  mouraient  de  faim. 
ie  émut  l'iUne  de  Cyrille,  qui  re^'ardail 
(le  SOI!  ilincese  comme  ses  enlants.  Il 
donc    de    ses    oriif m.  nls   le   temple   de 
ir  faire  subsi'-'  l'Ies  spirituels 

qui   sont   les  Kien  de  plus 

plus  louable  que  cette  i  onduite,  mais 
,iic  ■  ne  cnmprf  nnciil  point  les  exc^s  de 


chanté  auxquels  s'adonne  un  cœur  vraiment 
épiscopal. 

Cyrille,  par  conséquent,  fut  condamné,  déposé 
de  son  siège  et  chassé  par  la  force  de  Jérusalem. 
Il  se  retira  d'abord  à  Antioche,  ensuite  à  Tar-e. 
Saint  Sylvain,  évéque  de  cette  ville,  le  reçiil 
comme  un  confesseur  de  la  foi  et  lui  donna, 
mal;.'ré  les  menaces  des  ariuns,  une  généreuse 
hospitalité. 

(iyrille  aurait  pu  jouir  paisiblement  du  repos 
que  les  hérétiques  lui  avaient  procuré,  mais,  pour 
les  saints,  le  repos  n'est  pas  de  la  terre.  II  se  mit 
donc  à  prêcher  au  peuple  de  Tarse  les  vérités  de 
la  foi  avec  un  zèle  infalisable,  et  sa  parole  doc- 
trinale et  vivante  produisit  de  nouveaux  fruits  de 
salut  pour  la  vie  éternelle. 

LF.  ntiTorR 

Cyrille,  injustement  condamné,  en  avait  appelé 
au  jugement  d'un  tribunal  supérieur.  L'heure  de 
la  justice  allait  en  ellet  sonner.  L'n  Oiicile  se 
réunissait  à  Séleucie;  Cyrille  s'y  rendit.  Acace  y 
vint  également  de  son  cité,  mais,  à  la  vue  du 
vénérable  évéque  de  Jérusalem,  sa  fureur  se 
ralluma  et  il  déclara  que  lui  et  les  siens  n'as'-is- 
teraient  pas  à  une  assemblée  qui  admettait  à  ses 
délibérations  un  évéque  déposé. 

"  11  est  vrai,  lui  répondit  énerïiquementCvrille, 
que  vous  m'avez  condamné  et  expulsé  de  ma  ville 
épiscopale,  mais  je  vous  accuse  à  mon  tour,  et 
d'autres  évèques  ont  comme  moi  des  griefs  à 
porter  contre  vous.  Nos  droits,  par  conséquent, 
sont  éjiaux  :  ou  bien  assistons  tous  les  deux  au 
Concile,  ou  bien  retirons-nous  tous  les  deux.  ■' 

Acace  n'avait  rien  à  répliquer,  il  se  rendit; 
mais  le  cinquième  jour,  il  relusa,  avec  ses  parti- 
sans, sous  un  prétexte  quelconque,  de  paraître 
aux  réunions.  Les  autres  Pères  n'en  poursuivirent 

fias  moins  l'œuvre  commencée;  ils  examinèrent 
a  cause  de  Cyrille,  et,  après  avoir  reconnu  son 
innocence,  le  rendirent  à  son  troupeau,  tandis 

2u'ils  dépouillèrent  Acace  de  la  dignité  épiscopale 
ont  il  était  indigne. 

NOUVEL    EXIL 

Dieu  réservait  encore  d'autres  combats  et 
d'autres  épreuves  à  son  valeureux  soldat.  Les 
ariens,  qui  possédaient  la  faveur  de  l'empereur 
Constance,  réunirent  un  nouveau  conciliabule, 
où  ils  prononcèrent  la  déchéance  du  saint  évéque 
qui  avait  l'unique  tort  de  leur  déplaire  parce 
qu'il  aimait  trop  la  vérité  et  la  jusiii-e.  Avec 
l'appui  de  Constance,  ils  l'exilèrent  une  seconde 
fois;  mais  son  bannissement  ne  dura  point  long- 
temps, car  le  successeur  de  Con'^laiice  sur  le 
troue  impérial,  Julien,  qui  mérita  plus  lard  le 
surnom  d'Apostat,  permit  à  tous  les  évécjues 
exilés,  soit  hérétiques,  soitorlhodoxes,  de  remon- 
ter sur  leurs  sièt:es. 

Cyrille  reprit  donc  en  main  le  (.'ouvernail  de 
son  F^glisp  pour  la  conduire  à  travers  une  mer 
semée  d'écueils  et  troublée  par  des  ternpiMes 
continuelles.  Mais  il  fut  délivré  des  pour'-uiles 
d'Acace,  qui  lui  avait  voué  une  haine  implacable, 
car  cet  héréti()ue  obstiné  mourut  vers  ce  lem|is- 
là,  et  rendit  compte  à  Dieu  de  tous  le*  malhems 
dontson  ambition  avail  été  lasourcepourl'bL'liS". 

LE   TEMPLE   DE  JKRt'SALF.M 

Nolre-Seii-'ncur  avait  annoncé  que  le  temple  do 
Jérusalem  serait  détruit  et  qu'il  n'y  resterait 
plus  pierre  sur  pierre.  Lonjjtemps  avant  lui,  les 
prophètes  avaient  dit  que  cette  dernière  dévola- 


tion  serait  sans  remède.  Pour  démentir  le  Christ 
elles  prophètes,  et  ruiner  ainsi  le  christianisme, 
Julien  l'Apostat  entreprit  de  rt-lever  le  temple 
de  Jérusalem  et  d'y  établir  le  culte  judaïque. 

Les  juifs  accoururent  de  toutes  parts  à  celle 
nouvelle.  Déjà  ils  se  croyaient  les  maîtres  du 
m^nde  et  menaçaient  les  chrétiens  de  les  passer 
au  fil  de  l'épée.  Qu'on  se  fiiiure  la  position  dilti- 
cile  de  l'évéque  de  Jérusalem  placé  entre  les 
insultes  des  infidèles  et  les  alarmes  des  chrétiens 
trop  Taibles  dans  leur  foi.  Pour  lui,  plein  de  con- 
fiance en  la  parole  de  Dieu,  il  soutint  toujours 
qu'elle  s'accomplirait.  11  dit  mi^rae  que  les  juifs, 
non  seulement  le  prouveraient  par  l'insuccès  de 
leur  entreprise,  laite  pourtant  dans  les  conditions 
humainement  les  meilleures, mai  s  qu'ils  aideraient 
encore  à  l'enlieraccomplissement  de  la  prophétie, 
parce  que.  pour  asseoir  les  fondements  de  leur 
nouveau  temple,  ils  allaient  d'abord  Oter  celles 
de  l'ancien  et  en  faire  disparaître  les  moindres 
vesti;,'es. 

Cependant,  toutes  les  apparences  étaient  contre 
lui:  jamais  travail  n'avait  marché  avec  une  rapi- 
diti'  si  prodigieuse;  on  ne  l'interrompit  ni  la  nuit 
ni  le  jour.  yutWques  juifs  fanatiques  se  servaient 
de  pelles  et  hottes  d'arpent  pour  marquer  leur 
joie.  Les  femmes  les  plus  délicates  n'épar- 
gnaient pas  leurs  mains;  elles  transportaient  des 
déromlires  dans  leurs  robes  les  plus  précieuses; 
elles  avaient  donné  leurs  bijoux,  leurs  pierre- 
ries, pour  conlriliuer  aux  Irais  de  l'entreprise. 

XientiM  on  se  pn-para  n  placer  les  nouveau.\ 
fondements.  C'était  là  que  Dieu  attendait  ses 
ennemis  pour  les  confondre.  rnjour,d'rlTroyaliles 
tourliilliins  de  llammes  s'élancèrent  du  sol,  brù- 
l-rent  les  ouvriei-s  et  rendirent  la  place  inacces- 
silile.  Ceux  qui  voulurent  prendre  la  fuite  furent 
atteints,  mutilés  ou  consumés  par  le  feu  vcnf.'eur. 
Kn  même  temps,  la  foudre  tombait,  des  croix 
s'imprimaient  sur  les  h'ibils  des  assistants,  la 
terre  tremblait,  une  lumière  apparaissait  dans 
le  ciel  sous  la  forme  de  l'instrument  de  notre 
salut. 

Ces  chAtiments  terribles  recommencèrent 
toutes  les  fois  qu'on  voulut  renouveler  l'entreprise. 


Julien  lui-même  fut  obligé  d'ordonner  qu'on 
abandonnât  entièrement  les  travaux,  mais  il  se 
promettait  de  tirer  une  venj:eance  complète  de 
saint  Cyrille  à  qui  il  attribuait  ces  désastres.  Il 
n'en  cul  point  le  temps,  car  la  mort  l'enleva 
à  tous  ses  projets  criminels. 

THOISlicilK    EML 

Peu  après,  en  367,  l'empereur  Valens  publia 
un  édit,  par  lequel  il  ordonnait  d'expulser  tous 
les  évéques  qui,  chassés  une  première  fois  par 
•Constance,  avaient  été  réintégrés  ensuite  par 
Julien  r.\postat.  Cyrille  ne  fui  pas  épargné,  et, 
pour  la  troisième  fois,  il  dut  s'arracher  à  ses 
iideles  et  reprendre  le  chemin  de  l'exil.  L'his- 
toire ne  nous  dit  pas  en  quelle  réKif'n  il  fut  relé- 
f-'uè;  elle  nous  apprend  seulement  qu'il  passa 
dix  ans  loin  de  son  troupeau. 

Durant  cet  intervalle,  l'Efjlise  de  Jérusalem, 
livrée  à  des  intrus,  tombait  dans  un  état  lamen- 
table. La  foi  s'en  allait  des  Ames,  emmenant  avec 
elle  la  pureté  des  mu'Urs;  l'adultère  et  l'inceste 
étaient  à  l'ordre  du  jour,  les  hérétiques  ensei- 
iinaient  publiquement  leurs  erreurs,  les  fidèles 
s'étaient  divisés  en  plusieurs  fiiclinus  ennemies. 

Lorsqu'eii  :t78,  Cyrille  juil  rentrer  dans  son 
Kriise,  il  y  trouva  la  désolation.  Le  Concile 
d'Anlioche,  informé  de  ce  triste  étal  et  des  riva- 
lités localesqui  menaçaientde  pnral\>erle7.èlede 
Cyrille,  envoya  liréaoire  de  Ny^se  pour  l'anler  à 
fiacilier  les  esprits  et  à  ré|iriiner  Vinimoralité; 
mais  ses  efforts  n'eurent  aucun  succès.  Cepen- 
dant, le  saint  patriarche  de  Jérusalem  ne  déses- 
péra [las  un  seul  instant  ni  de  la  (.'rAce  de  Dieu, 
ni  de  ses  travaux,  ni  même  des  dispositions  de 
ses  diocésains.  A  force  de  patience,  d'énergie  et 
de  douceur,  il  parvint  à  relever  les  ruines  morales 
de  son  Kglise  en  rattachant  les  esprits  rebelles  à 
la  saine  doctrine,  en  ramenant  les  co-urs  à  la 
pureté.  Ce  travail  absorba  ses  «oins  et  son  temps 
jusqu'à  «a  mort,  qui  arriva  le  1«  mars  de  l'an  '.\H6. 

L'Orient  célébrait  depuis  |oii;:tpnip<i  la  lèle  du 
saint  patriarche;  le  pape  Léon  Xlll  vient  de 
l'éiemlre  à  toute  l'Kglise  catholique  en  décernant 
à  Cyrille  le  litre  glorieux  de  docteur. 


iiop    •ter/tm,  L.  iniTHi.iPi,  ^.  ruf  Kr»n';"H  t",  l'inj. 


SAINT  JOSEPH 

ÉPOUX    DE    MARIE,  DE  QUI    EST    NÉ   JÉSUS 


Saint  Joseph,  époux  de  la  Sainte  Vicree,  père  adoptifde 
l'Enfant  Jésus,  lient  une  place  essentielle  dans  le  plan  de  la 
Iti'demption'.  Le  dernier  des  patriarches  de  l'ancienne  Loi  et 
le  premier  de  la  Loi  nouvelle,  sa  pense'e  remplit  l'histoire  du 
monde  depuis  le  commencement  jusqu'à  la  lin  des  siècles. 

Abraham,  père  des  croyants,  le  (i^'urait,  lorsque,  venant  en 
LiLij'pte,  il  disait  prophe'tiquement  de  Sara,  IV'pouse  belle  entre 
toutes,  qu'elle  était  sa  sœur. 

Abraham,  qui  conversait  avec  les  anges,  figurait  Joseph 
lorsqu'il  devenait  père  d'Isaac,  la  plus  parfaite  des  figures  de 
Jésus  et  qu'il  chargeait  ce  fils  aimé  du  fardeau  de  bois. 

L'ancien  Joseph,  tils  de  Jacob,  exilé  en  Egypte  par  la  fureur 
de  ses  frères,  figurait  le  nouveau  Joseph  fuyant  la  fureur 
d'Hérode.  Ces  deux  Joseph  portent  le  même  litre  d'intendinls 
de  la  maison  du  Roi,  et,  pour  l'un  comme  pour  l'autre,  la  cause 
de  l'élévation  est  la  pureté  conservée. 

Sous  l'ancienne  Loi,  les  biens  de  la  terre  étaient  promis 
aux  serviteurs  de  Dieu,  et  l'ancien  Joseph,  exilé  en  Egypte, 
y  puisait  le  froment  pour  le<  peu|des  affamés.  Sous  la  Loi 
nouvelle,  aux  générations  qui  vivent  de  Jésus,  le  nouveau 
Joseph  ramène  d'Egypte,  le  pays  du  péché,  un  froment  plus 
merveilleux. 

Citons  encore,  parmi  tant  de  saints  personnages,  par  les- 
quels l'Esprit- Saint  a  (ignré Joseph, le  «ngeMardochée, gardien 
et  prolecteur  d'Eslher,  la  reine  qui  sauve  son  peuple.  Mar- 
dochée  "  devint  l'intenilant  de  «on  palais  »  et  le  ministre  du 
roi.  Saint  Joseph  est  l'intendant  de  la  maison  de  .Marie  où 
rèyne  Ji-sus. 

Les  prophètes  annonçaient  que  le  Messie  devait  appartenir 
h  la  race  de  David,  et  c'était  le  père  du  Messie,  quoique  père 
.Tdopllf.  qui  devait  lui  donner  sa  généalogie  |i«gale,  mmme 
c'élait  la  .Mère  toujours  Vimpe  qui  devait  lui  donner  «a  des- 
cendance selon  le  sang.  Il  fallait  donc  que  Joseph  et  .Marie 
deorendissent  chacun  de  David. 

L'Evangile  conservé  les  deux  généalogies,  w  Joseph,  dit  le 
texte  sa<Té,  descend  de  David  par  Salomon.  Hoboam,  Abia«, 
Asa,  Josaphat,  Joram,  Osias,  Joalhan,  Acha«,  Eiérhia», 
M.inrissès,  Anion,  Josias,  Ji'chniiia«,  Salalhiel,  Zornb.ib.'l, 
Abind,  Eliacin,  Aîor,  Sadoc,  Acliim.  Eliud,  Eb'aiar,  Mathin 
et  Jacob,  qui  l'engendra  (<). 

(t;  Celte  n:fnéa\ng\e  est  donnée  par  saint  Matthieu,  celle  de  Matic 
eat  donnée  par  «amt  Luc. 


r.;f-sM',) 


Après  la  naissance  du  Sauveur,  la  distiiictiou 
lies  famillf»»  ft  inmbée  dans  une  enlière  confu- 
sion ;  celli'  Ji--tinctiou  n'avait  sans  li^iute  pour 
objet  que  di  marquer  les  généalogi'-  •(>'  Marie 
et  de  Josepli. 

SAIÎTT   JOâtPn    rtBIT   *C    «ONDF    —    SON     (TVT 

l.'opinion  de  beanroup  de  théologiens,  Jeve- 
nne  ri'pinion  commune,  est  que  saint  Joseph 
eut  le  privilège, ainsi  que  Jér^niie  et  saint  Jean- 
P.'ipliiite.  d'être  sau<-tili>-  avant  sa  naissance. 
Lorsqu'il  Tint  au  inonde,  son  iière,  Jacob,  le 
nomma  au  jour  de  sa  circoncision  du  nom  mys- 
térieux de  JosKi'u,  qui  signifie  accroifsemenl  et 
qui  renferme  l'id'-e  de  lu  (grandeur  par  excel- 
lence. •'  Vous  pouvei  conjecturer,  ilit  -ami  l!er- 
nard,  quel  personnage  fut  saint  Joseph,  d'après 
la  seule  iiiti'rpiëtalion  de  sou  nom  qui  veut  dire 
ai,,.. ,. ,,  M'  ,.,,.  a 

■  grâces  dès  les  premiers  moments 
li  .1  •■liiil  préparé  uu  sublime  niinisti-re 

(|U  il  devait  exercer  auprès  >_  Jésus,  de  Marie 
et  de  l'Eplise.  Ce  trésor  de  yrAces  est  décrit,  en 
un  mot,  dans  l'Ecriture,  lorsqu'elle  dit  :  «  Il 
"'■lait  juste  »,  c'efet-à-dire  qu'il  avait,  selon  la 
délinitioii  de  saint  Thomas,  ■■  cette  rectitude 
;:énérale  de  l'Ame,  consistant  dauH  la  réunion 
de  tontes  les  vertus  •>.  Il  est  convenable  de  pen- 
s<'r,  ilit  Suarez,  que  saint  Joseph  a  tfiiu  le  pre- 
mier ran(.'dansrétatde  f.TAce  entre  tous  lesSaints. 

Mais  si  Jo^eph  était  comblé  de  richesses  spiri- 
tuelles,les  autres  richesses  lui  manquaient; car, 
en  Judée,  raboiidaiice  des  moissons  et  la  fécoh- 
dili-  des  troupeaux  étaient  l'élément  de  la  con- 
sidération et  de  la  fortune,  tandis  que  l'indus- 
trie et  le  commerce,  alors  peu  estimés,  étaient 
le  paitaKe  des  petit-;  or,  Joseph  était  artisan. 

Son  père  l'éb-va  dans  les  travaux  modestes  du 
bois  et  du  fer,  faisaiil  tout  ce  qui  convenait  à  son 
état  de  constructeur  de  maisons  (S.  .Vufïustin'i; 
Joseph  tailla  avec  Jé.sus  des  jouirs  pour  les  bu'ufs 
(S.  Ju»tiD.l  et  il  excellait  dans  d'autres  travaux; 
mais  la  tradition  universelle  est  qu'il  a  été  sur- 
tout l'ouvrier  en  bois  et  que  Jésus  s'exerça  ivar 
ses  leçons  à  travailler  le  bois.  Lui  qui  devait 
consommer  notre  salut  sur  le  boi'»  (S.  i.  Chry- 
sostome). 


LR  MARMGR  PE  SAi:<T  JOSEPH 


On 

i:iir  ■■ 
n- 

à  -.. 
ii'tin' 

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i\  lleur-  à  deii 

I  il  a'coin['li  'lU 

fe-<Lil|i>n:tdiri-i  U;s  de  I 


cnrîa   yr- 


Marie  est  à 
-  -m  lequel 

.  *s. 

^  maui- 
'-  l)i«u,ul<'haque 

.1  les  seciel-s  du 
leurs  proniesM>s 
Ihi.iiiI  l-Minses, 


croit  K^nëraleraenl  que  Joseph  était  Hfifi.  de 

'     itis  et  avait  fiardé  une  parfaite  conti- 

1-  Dieu  le  récompensa  en  l'arrachant 

>.M'  et  eu  lui  confiant  la  Vierge  Marie 

temple.  (Voir  le  Uariaye  de  la  Sainte 


famille  que  ce  Messie  naîtrait;  mais  son  humilité 
ne  pouvait  pas  lui  laisser  soupçonner  que  sa 
pauvre  maison  verrait  lo  Sauveur  attendu. 

Or,  un  Jour  où  il  travaillait  enun  atelier  séparé 
de  riiabilaliou,  l'an^-e  (labriel  salua  la  Vierge 
pleine  de  jjrâces,  et  le  Saint-Esprit  descendit  en 
ce  sanctuaire  devenu  le  plus  auguste  de  l'univers 
et  qu'on  vétièrc  depuis  à  l.or-Ke.  en  Italie,  où 
les  an;^es  l'ont  transporté.  Cette  maison  de 
Joseph,  bàlie  sans  doute  par  lui,  b-  coiislrucleur 
de  maisons,  est  le  symbole  de  rE::lise;  (-'est  un 
des  iiiunument-  principaux  de  la  ;;loire  du  sainl 
Palriarrhc;  mais  alors,  par  la  periuissiou  de 
Dieu,  il  ignora  les  mystères  accomplis. 

Cefrendantla  Sairtte  Vierge  voulait  voir  sa  cou- 
sine Elisabeth,  dont  l'anf^ê  lui   avait  dit  qu'elle 
avait  conçu  en  sa  vieillesse,  et  Joseph,  iiardien 
I   d'^  .Marie,  raccoinpai;iia  aiissilôl  «uns  niunuurer. 
j   Cette  course  de  ill  lieues  était  alors  for"  •■   •■■■  i. 
I       Seloiula  coutume  d'Orii'iit,  saint  Jos 

I   /achat ie.  lorsi|uc  la  Sainte  Vierge  fui   : 

sainte  Elisabeth  dans  la  partie  de  la  iii.n-  •. 
réservée  aux  personnes  de  son  sexe,  etil  n'a»-  ista 
pas  au  Maijnifiiai  et  aux  épanclicincnts  de  ces 
deux  mères  bénies  de  Dieu;  leurs  p.iroles  lui 
eussent  révélé  de  suite  le  inyslèro  qu'il  devait 
encore  ignorer. 

Au  retour  de  cet  heureux  vovate,  la  Sainte 
Vierge  étant  au  troisième  mois  de  r.Knnonciation, 
saint  Joseph  tomba  'ii  un  tmuble  violent,  qui  lut 
l'épreuve  la  plus  cruelle  de  sa  vie.  Il  ne  sucromba 
point,  et  ne  pouvant  rien  expliquer,  il  ne  voulut 
'  point  douter  <le  .Marie,  mais  résolutde  la  quiilrr 
secrètement;  c'est  alors  ipie  U-  Si^iL-netirent  pili'- 
de  ses  angoissesplus  cmellesfjuene  futlebùclier 
d'Isaac  pour  .\braliam,  et  un  ange  lin  app.irut 
dans  le  sommeil  et  lui  dit  :  •  Joseph,  lils  de 
David,  ne  faites  pas  de  diflicullé  de  garder  .Marie, 
votre  épouse,  car  Ce  qui  est  né  d'elle  est  l'œuvre 
du  Saint-Esprit.  »  (Math.,  i,  20.) 

Cette  parole  devait  sufllre;  mais  l'ange,  conti- 
nuant sa  ini>sion,  apporta  en  ce  sommeil  de 
Joseph  la  récompense  de  sa  foi,  ft  poursuivit  : 
<•  Elle  enfantera  un  (Ils  et  vous  le  noainuref. 
Jésus  (e'est-à-dire  Sauveur  ;  c«lui-ci.  en  •■!'!■. 
sauvera  son  peuple  en  le  délivrant  de  se.spéclp 

Au  réveil,  un  c.iliuc  suave  .ivait  succ^idé  aux 
tempêtes  dans  l'Ame  de  Joseph: 

Il  savait  que  .Marie  BT.i'      '      '    ' 
et  il  lui  lit  part  de  II  O't 

il  y  eut  alors  <|iii  I  m- <  uM^iii.iiii   -i  ci.- 

joyux  c.iniiiif  a  1  i  u. 

A  la  Visiialion,  :»i •>-  ■'■'  ' ' 

du  Seigneur  à  sa  cousine,  ii> 
d..  i .  ii.t    ii.it     1111    iirn.!  IL»»*    !«•    I . 


innnça  à  pari- 
dont  le  ciel  a 
qui  laissent  à   .Nnli 
fe>ter  li'Ur  yloirf»!  I 
Sainte  Kniml! 
veiir,  ne  fut  | 

•rTHI.ilt1l  —  LA 


lA  nu  sc' 

'I.      II.,; 


UoliU     du    ."-U- 


!«AIM«IIC*  M  IWrtKT 


.! 


•nwT  jfMurM  rr  1.  iiçvii'uTiot 


plus  humble  i[ne  '  elle  caravane 


et  rien  de  plus  j.'rand.  L';ine  qui  portait  la  Mère 
et  TEnlant  ficui  ait  le  peuple  juif,  et  le  hœuf  la 
(lentilité;  ce  bœuf,  selon  la  parole  d'Ironie,  allait 
recnii naître  ?ôn  maître,  bos  co'jnoiit  pos^estorcm 
«Ml/ m. 

Il  n'y  eut  point  de  place  dans  les  hôtelleries 
.le"  Betbiéem,  "  les  siens  ne  le  reconnurent  pas  >. 
Drtuc,  après  avoir,  rempli  les  prescriptions  du 
recensement  qui  se  faisait  dans  la  maison  mAme 
df  la  famillo  de  David,  ils  marchèrent  à  l'aven- 
ture, vers  la  campagne.  Dieu  veillait  cependant 
-ur  son  lils,  comme  il  veille  sur  chacun  de  nous. 
A  deuï  cents  pas  de  la  ville,  à  l'Orient,  ih  re- 
marquèrent une  grotte  sous  les  rochers  qui  sup- 
portent les  murs  d'enceinte,  c'était  une  de  ces 
cavernes,  nombreuses  en  Judée,  où  les  bergers 
se  réfugient  dans  les  nuits  d'hiver,  le  petit  ber- 
ger David  y  avait  sans  doute  reposé  autrefois, 
lorsqu'il  garilait  les  troupeaux  de  son  ptrre  et 
qu'on  ne  le  jugeait  pas  digne  d'être  mis  sur  les 
ranL=  avec  ses  Iriires  pour  régner. 

C'était  un  «amedi,  2t  décembre,  Joseph  s'en- 
dormit à  l'entrée;  Marie,  au  fotd  de  la  eroUe 
profniide,  attendait  dan«  l'extase  les  événements 
que  Dieu  prt-parait.  Les  herbiers,  appelés  par  les 
anses,  accoururent  auprès  du  Bon  Pasteur. 
Josppb  les  accueillit,  les  conduisit  à  .Marie,  et 
leur  présenta  l'^nfunt  couché  <ur  une  mangeoire 
rnmiiic  un  épi  rai'ir  sur  la  pbille.  Bebléem  veat 
dire  maison   du  pain. 

JOSEPH  N'OSUIE  JKSC3 

Cependant,  les  huit  jours  .iccomplis,  Jésus  fut 
circoncis.  Joseph,  selon  les  |>rivilèi;es  du  père, 
fut  le  sacrificateur  qui  versa  les  prémires  du 
sang  divin  (S.  Ephrem,,  et  pui-,  élevant  In  voix, 
il  eut  l'insigne  honneur  de  donner  à  l'Enfant  le 
nom  de  Jésus  qu'avait  rév»  h-  l'ange.  Depuis,  ce 
nom,  à  la  fois  doux  et  terrible,  fait  lléchir  les 
i.'enoux  au  ciel,  sur  la  terre,  aux  enfers. 


LES  ROIS  MAGES 


PHtSE.\T.\T10S  AU  TEXPLB 


Dans  \p  courant  de  janvier,  une  étoile  s'arn'ta 
au-dessus  de  l'f-tcble  et  trois  rois  mages  descen-  | 
il.iiili  de  Sem,  Cbam  et  Japhel,  demandèrent  à  ] 
l.-'jih  à  adorer  l'Enfant.  Ce  qu'ils  racontèrent  , 
.  \i  .1.1  l'admirnlioii  de  la  Siinte  Famille;  ils  ; 
I  II-  »rent  de*  présents  que  Joseph  emporta  en  I 
K.ypte  ou  qu'il  distribua  aux  pauvres.  Dans  tons  i 
h-^  cas,  lorsque  le  quarantième  jour  fut  arrivé,  I 
la  Sainte  Famille  se  [irnsenlii  au  temple  alin  d'ac- 
rnmplir  la  loi  de  purilicatinn.  et,  pour  racheter  i 
le  Maître  du  monde,  elle  n'offrit  que  les  tourte-  i 
relies  des  pauvres  et  non  l'agneau  îles  riches.        ; 

Jo<;pph  fat  témoin  au  temple  du  .Vimc  dimiUis. 
du  viiill.ii'l  s,,,,'.  ,,  i!  r  îi'"iiilit  les  prophi-ties. 
m  M- -fii  ■'  'Il  I-'  '■'■■'.  ,  '  Ire  percé  du  glaire 
'  oMime  celui  di-  Mari"-. 

LA    FCm  E.H    ér,TPT« 

Après  la  PuriHi  alion  '2  février^,  la  Sainte 
Famille  fviiii  -1  \...-.r.ili  s  l.uc  ,  et  elle  croyait 
jouir  >'ii   I  dn  tous  les  dons 

•le  Iii'ii    I  II»'.  laiiKe  parla  de 

!  ph  en  son  sommeil  :  ■•  lx;ve-loi, 

■   "t  t.-i   M''re.  fui*  >ri   Kuypie,  et 
e  que  je  le  parie,  oar    I 
1  I  finnr  !'■  ^lire  mourir.  Il    ' 

Il  I  "lit  .m'^itôt. 

!      •       '.  t  •■  la  i'unlica- 

-  1  ■■'  <■"  autri-  chemin 

d  M'Tode,  et  il  allait 

I    I  ..rjrf  ,i|'r.  ui    ,!<■   tner  tous  les  enfants 

d''  l!>>thb  em.  Saint  Joseph  apprit,  sur  le 


chemin  de  l'exil,  le  massacre  des  enfants  ac- 
compli à  cause  de  Jésus,  et  il  pressa  le  Sauveur 
avec  plus  d'amour  en  ses  bras. 

l.e  voyage  d'Eeypte  a  donné  lieu  à  de  nom- 
breuses légendes  où  la  poésie  se  mêle  à  l'histoire; 
les  anaes  servaient  la  Sainte  Famille,  le  blé  pous- 
sait eu  une  heuie  pour  dissimuler  sa  fuite,  les 
arbres  s'inclinaient  pour  leur  donn<  r  des  fruits 
et  grandissaient  tout  à  coup  pour  l'ombrager, 
les  sources  jaillissaient,  les  idoles  croulaient, 
et  enfin,  au  (ils  d'un  brigand  qui  le  protégea, 
Jésus  donna,  avec  la  santé,  des  grâces  de  repentir 
qui  le  transformèrent  plus  tard  en  bon  larron, 
sur  le  Calvaire. 

Nous  ne  savons  d'authentique  sur  ce  voyage 
que  la  longueur  du  séjour  près  d'Ili^liopolis,  la 
ville  du  soleil,  où  l'on  voit  encore  lurbre  d'- Jésus 
et  de  Marie  ;  il  s'écoula  deux  ou  trois  ans  (d'autres 
disent  sept  ans)  avant  que  l'antie  ne  dise  à 
Joseph  :«  Lève-toi,  prends  l'Enfant  et  sa  .Mire, 
et  retourne  dans  la  terre  d'Israël,  car  ils  ^mt 
morts  ceux  qui  recherchaient  la  vie  de  l'Enfant.  •> 

LE   BETOUR 

Il  se  leva  et  partit.  Sans  doute,  en  ce  long 
séjour,  l'artisan  Joseph,  actif  et  prudent,  avait 
créé  des  ressources,  organisé  sa  maison;  il  qu'tt;i 
tout  aussitôt,  accomplissant  l'antique  prophétie 
d'Osée  :  «  J'ai  rappelé  mon  fil?  de  rf';;ypte.  » 

Joseph  apprit  qu'Archelaùs,  héritier  de  la 
cruauté  d'H^'rode,  accomplissait  des  massai-res, 
et  l'ange  l'avertit  de  ne  pas  aller  à  Jéiu>alem, 
mais  de  retourner  à  Nazareth  en  Calilée.  11  y 
lelrouva  sa  nnaison. 

C'est  là  que  Celui  qui  devait  éire  appelé  le 
Nazaréen  voulut  passer  sa  vie  cachée  à  l'école  de 
saint  Joseph.  On  a  bâti  depuis  une  église,  autre- 
fois somptueuse,  sur  l'atelier  distinct  de  la  mai- 
son d'habitation  où  Joseph   lit  travailler  Jésus. 

Nous  ne  redirons  pas  non  plus  ici  les  léyi-iidi-s 
poétiques  tissées  sur  la  vie  de  l'Apprenti  d«'  saint 
Joseph,  et  comment  il  faisait  envoler  les  oiseaux 
que  sa  main  divine  avait  façonnés  avec  delà  terre. 

l'bnpant  et  la  mère  condcits  a  jércsaleu 

l.'Evanaile  nous  rapporte  seulement  que 
lorsque  Jésus  eut  douze  ans,  Joseph,  qui  venait 
seul  à  iémsalem  aux  trois  grandes  fiâtes,  y  con- 
duisit pour  la  première  fois,  suivant  l'usage  des 
Juifs,  l'Enfaiil  et  sa  .Mère,  et  ils  assistèrent  pen- 
dant huit  jours  près  du  Calvaire  aux  cérémonies 
pascales  qui  fiauraient  la  l'assinn. 

I.*i  semaine  achevée,  les  pèlerins  de  Jérusalem 
quittèrent  la  ville  sainte  par  groupes,  et,  comme 
toujours  en  Judée,  les  femmes  ensemble  et  les 
hommes  de  leur  côté.  Les  adolciccnts  acconipa- 
gliaient  ou  leur  père,  ou  leur  niéi''  Vi-n.  Hedei, 
en  sorte  que  Marie  croyait  que  Jt-i-U''  était  avec 
Joseph,  tandis  que  Joseph  croyait  qu'il  était  avec 
.Marie  et  le  groupe  des  femmes. 

Au  repus  de  la  première  nuit,  lorsque  Joseph 
eut  rejoint  Matie.  la  douleur  (ul  ttraude;  J.-sus 
•  ■tait  perdu;  il  n'y  avait  point  d'aiitois'^es  par 
lesqui«lles  peuvent  passer  ks  |i,ireiil-  di'  la  terre, 
dont  la  S.aiule  Famille  if  dut  éire  abreuvée. 

Ils  deman<lent  a  tou".  ritoiiriienl  ù  Jérusa>m 
et  entrent  au  Temple  iiiiploriT  le  secours  de 
Dii'u;  c'est  l.i  qu'ils  retrouvent,  le  Iroisièiue 
|our.  Celui  qui  devait  ressusciter  du  tombeau  b- 
iim-léme  jour.  Il  était  au  milii'U  îles  (ioclini- 
.1^   iv  l't    '  Minis  Dii'  '  .''ii-ii'i- 

111  11.1  1  iiit.  IJietI'  lit  l'i'- 

m-'iiai.''*"  a  --iiiii  Joseph  qui  ii"  *i'-\.iii  pa.s  viur 
la  V  i"'  piihlii|ni'  du  Sauveur.  ••  Mon  lils,  dit  Marié, 


s.irmonlanl  la  première  son  flonnemenl.  pour- 
:  .n7a?'î-vou.  «B.  ni..M?  vo.la  que  voire  père  et 

I  Pourquoi  me  rl.ercl.ie.-vouH-.'  w-  .aM"- 
vou*  pas  qu  .1  faut  qu.  je  sois  aux  affaires  Je 
mon  Ivre?  ■ 

ME    fit  JnsCTH    CM.  A    UA    V,E  CACni!.   D«  ifof' 

,>..r  parole  .leTQ.l  *lre  •".^di"';' P'";  J^^'' ^^ 


,       •  ii.e  fl  «•" 

i,  a  I  un  pl  *  '  

t.iul  re  qu'on 

■'.•  pai  l.- 
111-  nous 
unie  &   I 


l    il   leur  fiait 
I  itiim  illt* 
-  iiui  s»i- 

1,1  Josrph. 

qu'au  ri'O. 

1,1    VU'   ii' 


,„.  , .   ,    .,    ..•    unie  ai  ,, 

i".u,.  a  .iemeur. cachée  aux  I.Pium.  «  avec  elle. 

VT»0!«  D»  tJk  BOλ"»  "OIT 

■    ,  .le  j..ur«.  »er»  r»«e  «•• 

qua'l^-VmKls  au..  -Ur.  que  «>n  IIU  le  nourns- 


saii  de  .on  «ravaiUos-ph    venu  enco.e  uiu- lois 
enseveli  dans  la  vallt=e  de  Josaphal. 

SAINT   JOMfn    fATaON  Dl  L«CU»t 

Trois  ans  apr-s.  au  ,raud  rri  du  t-»'^;;"/,,'': 
rro.x    lors..u'  plu.-eurs  mo.ls  .orh.rnl  -lu  loi... 
I..SIU,  il  lui  iP  premier  r- 
vrux  Jésus  en  croix  <l  m 
il  .n  Aine,  le  jour  de  l'A»' 

Kl  tandis  i|Ur.seul-  sUI    1  , 

1  i     "  '     '    ■    '■  '■'■■  ...lu  lui 

I  .Ip  qu'il 

',  '  .."sur  ït  ie'rreett  païUui  de  wn 

Ton/ <■«•  flue  1  ou*  I  ' 


Itgtrant     V    |-«t.ti.»- 


SAINT  CLTHBERT,  ÉVÈQUE 


Fèle  le  S^O  mars. 


Saint  Culhbert  est  né  en  An- 
gleterre, au  vii=  siècle. 

A  l'àfie  de  huit  ans,  il  se  diver- 
tissait avec  les  objets  futiles  qui 
réjouissent  les  petits,  lorsqu'un 
bel  enfant  de  trois  ans  s'appro- 
cha, l'exhorta  à  quitter  le  jeu 
et  l'oisiveté  et  à  se  sanctifier. 
Cuthbert,  trop  occupé  de  ses 
jouets,  n'écouta  pas  ce  langage 
sérieux  et  courut  vers  ses  com- 
pagnons de  plaisir.  Alors,  l'en- 
tant mystérieux,  se  couchant 
sur  la  terre,  pleura  si  amère- 
ment que  Cuthbert  et  les  autres 
enfants  s'empressèrent  de  le 
consoler.  Le  petit  inconnu,  se 
relevant,  dit  à  Cuthbert,  d'une 
voix  douce  et  forte,  ces  paroles 
qui  prophétisaient  sa  vie:  «Très 
saint  prêtre  et  prélat,  pourquoi 
l'aites-vous  ce  qui  ne  sied  pas  à 
votre  dignité  ?  Pourquoi  jouer 
avec  des  enfants,  vous  que  Dieu 
réserve 
lards.  >' 


à  enseigner  des   vieil- 


Vt-ly.- 


IL  SE  FAIT  PATRE 

A  la  suite  de  cette  apparition, 
Cuthbert  devint  sérieux  etréllé- 
clii,  comme  un  homme  sape,  et 
comprit  que  Kieu  l'appelait  à  une 
iinuvrlle  vie.  Quittant  à  huit  ans 
la  maison  paternelle,  il  s'enfuit 
sur  la  montagne  où  il  se  loua 
comme  petit  pAlre.  Il  n'avait 
plus  de  famille,  mais  son  père 
du  ciel  veillait  sur  lui;  un  abcès 
lui  étant  survenu  au  i.'enou,  il 
ne  pouvait  plus  du  tout  marcher: 
un  ange,  sous  forme  humaine, 
s'approcha  du  pâtre,  toucha  la 
plaie  et  jj  fut  guéri.  Cependant, 
Cuthbert  n'était  point  parvenu 
encore  où  Dieu  daignait  l'appe- 
ler. Il  priait,  cherchant  la  divine 
volonté;  sa  prière  du  soir  du- 
rait presque  jusqu'à  l'aurore,  et, 
dans  une  nuit,  il  vit  comme  une 
llamme  qui  s'élevait  vers  le  fiel; 
il  eut  révélation  que  c'était  l'àme 
del'évéque  deDurliani,  Aïdan.Cc 
saint  évi^que  quittait  le  monde;» 
celle  heure  même  pour  recevoir 
sarécorapi-nse.  Culhbert  réveilla 
ses  compaenons,  les  engagea  à 
louer  Dieu  avec  lui  et,  dès  le 
matin,  épris  d'un  plus  praud 
désir  du  ciel,  il  remetlail  ses 
troupeaux  à  son  maître  et  se 
dirigeait  vers  le  monastère  de 
Maiiros  pour  demander  l'habit. 

I.e  monastère  de  Maiiros  avait 
pour  alibê  saint  Kate  et  pour 
prieur  saint  Boisil.  Saint  Roisil, 
voyant  venir  ce  jeune  homme 
de'  lom,  dit  à  ceux  'lUi  l'enlou- 
raiiMil,   rnmm'^    Nolie- Si  i^^iirur 


■n 


'^4 


de  Natbanat'i  :  Voilà  un  véritable  israiilite  (laii:^ 
leffuel  il  n\v  a  ]ias  de  malice. 

C'»''tail.  en  circl,  un  novice  plein  de  bonté;  il 
surpassa  vite  tous  ses  corapairiions  dans  l'étude, 
les  prii-M  s.  les  abstinences.  i,e  |>iiiiii-.  qui  avait 
l'esprit  l'mpliiHique,  lui  découvrit  un  jour  ce  que 
Dieu  voulait  faire  de  lui  daus  l'apostolat,  et  lui 
aauoMi  a  qu'il  serait  év<?que.  Cutlibert  repoussa 
celte  1  «Misée  et,  à  quclqu<  temps  de  là,  le  roi 
AUlii.l,  ayant  fondé  le  monastère  de  Itippou, 
il  y  fut  envoyé. 

LES  TROIS  PA.IKS 

Son  amabilité  l'avait  fait  choisir  pour  prendre 
soin  des  liulcs.  l-'n  jour,  il  reçut  un  étran;;er  qui, 
après  avoir  exercé  niencilleuseineiit  sa  charité, 
le  réconipeusa  eu  laissant  sur  la  table  trois  pains 
d'une  admirable  blancheur  et  d  un  t'oût  extra- 
ordinaire, et  disparut,  t'.es  pains  révélèrent  à  tous 
i\w  le  Saiut  venait  d'être  honoré  de  la  visite 
d'un  an,i;e.  Ceux  qui  exercent  la  charité-  reçoi- 
vent toujours  la  visite  d'un  aiifie,  car  Dieu  enrichit 
toujours  ceux  qui  donnent. 

Os  pains  étaient  au  nombre  de  trois,  chiffre 
mystérieux,  qui  rappelait  la  Sainte  Trinité. 

SainI  Itojsil  étant  décédé,  Cullilii-rt  revint  à 
Mailro»  en  qualité  de  jvrieur.  La  peste  ravafj;eait 
r.\n;.'lelerre,  elle  l'atteignit,  et  il  allait  mourir; 
mais  les  religieux  prièrent  avec  tant  de  ferveur 
qu'il  leur  fut  conservé  ;  cependant,  il  lui  demeura 
des  inllrmités  qui  enrichirent  de  mérites  le  reste 
de  sa  vie. 

AToraK 

Outhbert,  épris  du  xële  apostolique,  se  mita 
é\an:.'élis«'r  les  peuples  b-s  plus  délaissés,  détrui- 
sant le  culte  de«i  dénions  par  si'>  niinirles  et 
oMi:;iaiit.  par  la  persuasion  de  s.i  parole,  les 
pf  lu  ui-s  les  plus  endurcis  à  venir  si;  jeter  à  ses 
j>i.-d«.  l'ourciuoi  ne  pas  espérer  (pfen  notre  ci\i- 
li-.ili Mil,  PII  proie  aux  démons,  un  saint  jmisse 
iciimneler  les  prodiyos  de  convi-ision  opérés 
par  II-  moine  de  Mailros?  Deniaiulons  a  Dieu 
qu'il  nous  envoie  des  saints.  Kt  nourquoi  chacun 
(le  nous  m-  serait-il  pas  un  sainV,' 

l.e  di-nii'ii,  une  fois,  alluma  un  feu  imaginaire 
''n  l'air  pour  détoiim<-r  les  audili-iirs  de  Cuth- 
bert  :  l«>  Stitit  l'-'^'^i^Tiit  d'un  si-'lii-  de  croii;  le 
III  ,1  ,      d'une   sainte    femme: 

il  i.  .  1--SU.  .\  si>ii  (tassaiie,  les 

inal.i4i">,  le»  peslili  fi^  étaient  uuéri»  avec  de 
l'rau,  de  rtiuile.  du  pain  bénit,  la  tempête  s'apai- 
^ait,  l'incendie  s'i'teiuii.iit,  il  cliaiiiji'ait  l'eau  en 
\iii.  Tt'TJlinnt  la  pande  du  Maltri'  :  •■  Vous  ferci 
b-  ■  I      ■■       nie  moi  cl  de  I  1  :  '   '   .  •■ 

1  ri'  de   Maiiro-  te, 

av  (      I    •   '  .Uil 

\  ;iié- 

.!■  ..    i 

r  moine  s 

-  .i  ■.  il  n'y   -- 

it  pnnr  la  conduite  de  1  t^liae 


I  le 

iira 


I' 
'I' 


rans  prendre  un  morceau  de  pain,  parce  qu'il  n'eu 
trouvait  pas  le  biisir;  il  ne  trouvait  pas  non  plus 
11'  teiiqw  d'une  lo-ure  de  repos,  aliii  de  prèdiei , 
travailler  et  prier  davantage;  aussi,  quand  un 
rell:.'ieux  se  plai^'nait  qu'on  l'eût  n-veillé  mal  à 
propos,  il  ne  pouvait  comprendre  celle  rée.lama- 
liiiu  :  •'  Ce  n'rst  |ias  lui  faire  tort  df  l'éveilb-r, 
disait-il,  car.  en  rompant  le  sommeil  de  quel- 
qu'un, on  lui  donne  le  moyen  de  faire  quelque 
chose  de   bien,  ou  d'y  penser.  '• 

Il  versait  tant  de  larnu-s  à  sa  messe  que  ce 
spectacle  devenait  une  prédiiation  :  il  avait  un 
sentimeiil  profond  de  la  justice  qui  l'iudicnail  à 
la  vue  des  vices;  mais  il  pleurait  le  pn-iiiicravcc 
tant  de  douleur  les  péchés  qu'on  lui  accusait, 
que  les  pécheurs  étaient  épris  d'une  merveilleuse 
coutriliou.  » 

l'îlot  de  farne 

Après  avoir  pouverné  plusieurs  années  le 
monastère  de  la  cathèdrab-  de  l.indisfariie,  loin 
de  son::er  aux  divinités  qui  rallcndaiont,  il  supplia 
l'évèquc  de  le  laisser  se  relirri  dans  la  sidilude 
pour  se  sanctifier.  L'évé(iue,  qui  était  un  saiiil, 
ne  jint  résister  à  une  prière  qui  était  surnaturflle, 
el  Cutlibert  se  relira  dans  um-  ilr  de  l'Oiiau. 
alTreusemenl  sauva;;e,  ou  nul  n'avait  pu  liabilrr, 
parce  que  les  dénions  en  faisaient  leur  retraite  et 
elTrayaienl  les  voya^:eurs  par  les  spectres  et  les 
fantômes.  I.'honinie  de  I>ieu  savait  qu'en  éloi- 
::nant  les  démons  de  la  contrée,  il  servirait  les 
âmes  encore  plus  que  par  la  pande.  11  réussit,  el 
les  pèlerins  accounireiit  nonibn-ux.  Alors,  pour 
retrouver  la  solitude,  il  éleia  près  du  roc  deux 
murailles  qui  enfermaient  son  oniloire  et  sa  cel- 
lule de  façon  à  ne  voir  que  le  ciel,  ne  coiiimu- 
niquaut  plus  avec  les  hommes  que  par  une  petite 
fenêtre,  qu'il  liiiit  par  boucher,  alin  de  ne  plus 
converser  qu'avec  llieu  le  jour  et  la  nuil. 

('A'pcndaiit.  il  serait  mort  de  fniin  et  de  soil 
sur  ce  rocher,  si  Dieu  ne  ti  n 


messe  di 
pour  le 
rent  le  i 
dé.1.,    • 
pr. 

Le-    ... 

pète,  une 


nourrir  ceux   qui 


-II'--  I 
l.r.' 

11. .1. 


L 

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III'HI,      1111      )"U1        't'  l'Ill- 

mur.'iille  de  sa   ci  Mule; 

..ii.i..  i..iil   ausMliil  une 

t   telle    qu'il    la 


l'ius  il  i'loi:;nait 
raient.   Il   ne   pou\ 
à   tiaver-  sa    liiui  > 
raalaiti'  .  i  t  l'^iii    ■ 
Toir 
qu  I 
en  I 
du 


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I  Lail   vu,  ili->;iit   il,  sui 
lie    son    rocher    dan* 


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ceux  qui  alTronlcut  la  vie  <  i 

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Saifile    Flfl^de,    «4i<nr   dn    pi«n\    roi    Kcfnd. 


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suite  de  ctr-tte  maladie,  elle  eut  une  cruelle  con- 
traction de  nerfs.  Saint  Cutbbert  luj  envoya  sa 
ceinture,  et  J'abbesse  fut  t'uérie  au<sit6t,  mais 
elle  conserva  la  ceinture,  qui  servit  depuis  aune 
multitude  d'autre?  suérisons. 

Avec  cette  Sainte,  il  parlait  des  choses  de 
Dieu  ouvertement;  il  lui  dit  que  son  frère,  le  roi 
ELrfrid,  mourrait  deux  ans  après,  mais  que  ce 
prin'-c  lui  imposerait  au[>aravant  révêch*'  qu'il 
avilit  ••-("•rè  fuir  en  venant  dans  cette  île  déserte. 

En  elTft,  à  la  mort  de  Tèvèque  de  Lindisfame, 
un  concile  provincial  ayant  été  assemblé  en  pré- 
sence du  très  pieux  roi,  on  dérida  de  choisir 
^our  évèque  Termite  de  l'île  de  Farne. 

Afin  de  l'obliser  à  accepter,  le  roi  s'embarqua 
avec  les  prélat*,  et  ils  vinrent  tous  ensemble 
frapper  à  la  porte  de  Termitai'e.  Cutbbert. 
instruit  df  leur  arrivée,  comfifit  qu'il  ne  pouvait 
lu^  fuir  davaula;:e  un  fardeau  que  Dieu  voulait 
ui  imposer  ;  il  cessa  ses  résistances  et  fut  sacré. 

Le  zèle  pour  le  salut  des  âmes  prévalut  chez 
le  vieillard  sur  la  faiblesse  de  l'àee,  et  on  le  vit, 
pendant  deux  années,  renouveler  les  merveilles 
de  son  premier  apostolat. 

11  jiarcourait  les  villai'es,  s'arrélant  cher,  le? 
pauvres;  un  jour,  il  demandsùt  au  pr'-tre  qui 
iaccompai'nait  s'il  n'y  avait  pas  encore  en  ce 
lieu  qii'lque  personne  afllii-'ée  qu'il  n'eût  pas 
coiisiibe.  et  il  vit  aussitôt  une  pauvre  femme  qui 
embrassait  son  enfant  sur  le  point  d'expirer; 
elle  avait  perdu  l'aîné  de  la  peste.  Il  fut  touché, 
baisa  cet  enfant,  le  bénit  et  le  rendit  guéri  à  sa 
mère. 

IL  BST  NODRRI    lli8.VCn.Ei;!;EaB7(T 

Il  exerça  son  lèle  bien  au  delà  des  bornes  de 
son    <linrè«e,   dédiant  des  églises,  visiUmt   des 

I1I"II.1-I'   TfS. 

I  n  !■  I-;.  sur  la  mer,  la  tempête  ayant  éloifmé 
le  v.ii-~.- m  qui  portait  les  vivres,  l'évèque  et  ses 
('•ini|iai.ii'ins  n'avaient  rien  à  mant'er.  Alors,  une 
vaAJue,  iibéissante,  apporta  à  la  surface  des  eaux 
trois  tTos  morceaux  de  chair  de  dauphin,  qui 
servirent  à  le  nourrir  avec  sa  suite  durant  trois 
jours,  après  lesquels  ils  abordèrent.  In  autre 
jour,  voyaiKMUt,  Kuidé  par  un  enfant,  dans  une 
lonpu''  mi'-^iMii  à  travers  un  pays  inconnu,  il 
t'ésara,  et  lui  et  son  petit  fuide  surcomliai''iil  de 
faim  et  de  lalitrue  :  l'enfant  (deurait,  l'évèque  le 
rassura. 

•■  Voift-tu  cet  ai;:le  tout  là-bas  ?  si  Dieu  veut, 
il  peut  n>>u^  faire  apporter  par  lui  des  aliments.  >■ 

Et   l'enfant  tomba   à   iL.'enoux    en    apercevant 


l'aide  vMer  rapidement  vers  eux  et  laisser  tomber 
sur  l'herbe  un  poisson  merveilleux,  enleïé  aui 
flots  écumants. 

On  sait  le  symbolisme  du  poisson,  qui  repré- 
sente le  Christ  et  les  âmes  sauvées. 

Saint  Cutbbert  apprit  par  révélation  la  nifr 
du  roi  E:.'frid.  tué  dans  une  bataille   contre  )•.- 
Pietés   Ecossais,,  il  en  donna  avis  à  la  reine  el 
pria  pour  lui. 

CCTHBERT  SE  PRÉPARE  DANS  LA  SOLITUDE 
A  PARAtTHE  DEV.ANT  DIEU 

Une  autre  vision  lui  annonça  que  sa  propre 
mort  était  prochaine.  Il  résolut'donc  de  retourner 
dans  la  petite  île  de  Farne,  afin  de  se  préparer  à 
paraître  devant  le  Ju;.'e  Suprême.  Le  jour  deNi>'-l, 
après  avoir  célébré  solennellement  les  mystères 
de  la  naissance  du  Sauveur,  il  i^'embarquà. 

In  des  anciens  religieux  lui  demanda,  les 
larmes  aux  yeux  : 

<>  Ouan J  reviendrei-vous  ? 

—  Lorsque  vous  rapporterez  mon  corps  en  ce 
pays.  » 

En  effet,  il  ne  devait  plus  quitter  son  rocher. 
Il  se  livra  à  des  austérités  extrêmes,  qui  ame- 
nèrent, au  bout  de  deux  mois,  une  ;.'rave  maladie  ; 
même  à  cette  extrémité,  il  ne  voulut  permettre 
à  aucun  relif'ieux  de  passer  la  nuit  dans  l'île,  où 
les  démons  lui  livraient,  comme  il  arrive  à  la 
mort,  de  cruels  et  terribles  assauts,  sur  ce  roc 
même  qu'il  leur  avait  disputé.  Ce  furent  les  plus 
redoutables  tentations  de  sa  vie,  dit-il  au  reli- 
(-■ieux  qui  l'assista  à  la  fin. 

La  mer  étant  devenue  mauvaise,  on  ne  put 
aborder  durant  cinq  jours  ;  on  le  retrouva  encore 
vivant;  mais  la  mort  approchait,  il  se  fil  étendre 
en  son  oratoire,  reçut  les  derniers  sacrements  et, 
comme  il  allait  mourir,  il  î.'uérit  un  desreli;;ieux 
qui  le  servaient  et  qui  était  atteint  d'une  grave 
dysenterie. 

C'était  le  20  mars,  son  âme  monta  au  ciel, 
brillante  de  charité  comme  l'àine  de  ce  saint 
«■vèqiie  qu'il  avait  vu  monter  sous  la  forme  d'une 
I!  iinme  et  qui  lui  avait  marqué  le  chemin  de  la 
vie  parfaite. 

Oue  c«ux  qui  auront  lu  cette  vie  de  Cuthbert 
soient  épris  du  dé-ir  de  le  suivre. 

L'attribut  ordinaire  de  saint  Cuthbert  est  un 
cyxne  ou  un  oiseau  aquatique,  à  cause  de  .son 
séjour  prolonué  au  milieu  des  eaux  el  à  cause 
aussi  de  la  familiarité  qu'on  lui  attribue  pen- 
dant son  séjour  sur  l'îlot  de  Farne  avfr  des 
oiseaux  au  duvet  moelleux  qui  pullulaient  «ur  ce 
rocher.  On  le^^  appelait  ■•  les  niveaux  d»'  saint 
Cuthbert  <  ;  aujourd  hui,  ils  sont  presque  détruits. 


lm\i  -ff^rant.  t..  IVri-ninniT,  8.  tvr  Fruicoii>  H^  Parti. 


SAINT    BENOIT 


Né  en  480.  —  Mort  m  51  S.  —  Fêle  le  SI 


Saint  Benoit  instruisant  ses  jeunes  disciples. 


UJIUNE  SOLITAinl    DS  SCBIACO 

  l'âçe  de  14  ans,  Benoît,  fils  de  la  noble  race 
des  Anicias,  était  (étudiant  à  Rome.  Les  d»^bau- 
ches  de  ses  compagnons  l'effrayèrent,  et,  au 
lieu  de  s'abandonner  aux  passions  naissantes,  il 
s'enfuit  de  la  grande  ville. 

En  remontant  le  cours  du  Tibre  et  de  l'Anio, 
il  parvint  au  di^sert  de  ?ubiaco,  à  40  milles  de 
Rome,  sans  savoir  comment  il  y  subsisterait. 
Dieu  y  pourvut  et  envoya  au-devant  de  l'enfant 
un  religieux,  nommé  Romain,  dont  le  monastère 
était  voisin. 

Le  petit  Benoit  confla  à  ce  moine  ses  désirs 
de  perfection.  Romain  lui  jura  le  secret  et  l'aida 
&  trouver  aux  flancs  abrupts  du  rocher  une 
grotte  inaccessible,  du  fnna  de  laquelle  on  ne 
voyait  que  le  ciel;  chaoue  jour,  ce  moine  lui 
descendait,  du  haut  de  l'escarpement,  un  pain 
avec  une  corde  ;  une  clochette  permettait  à 
Romain  d'avertir  Benoit  de  quitter  l'oraison  et 
de  détacher  la  frug.ile  provision. 

Dans  ce  nid  où  il  demeura  trois  ans  (I),  des 
bergers  l'aperçurent,  le  prirent  pour  une  b^le  sau- 
vage et  le  poursuivirent;  mai  s  l'ayant  reconnu  pour 
un  serviteur  de  Dieu,  ils  vinrent  se  su'^pendre 

I)  Alon  qu'il  f^ll^iit  fuir  le  monde  habité  pour 
êf  itorliner,  U  dluripline  de  l'EuVi^t  permettait  de 
reiij[il'i<'er  par  la  via  éréœitique  Ici  diverses  obier- 


aux    broussailles   et    écouter    ses    instructions. 

Satan  voulut  détruire  ce  sanctuaire  naissant; 
il  lança  une  grosse  pierre  sur  la  clochette  et  la 
brisa  pour  interrompre  les  communications  avec 
Romain.  Une  autre  fois,  un  affreux  merle  vint 
voltiger,  lui  rappeler  le  nom  et  le  souvenir  d'une 
femme  du  nom  de  Merula  (merle'  qu'il  avait  vue 
à  Rome,  et  une  tentation  terrible  l'obséda,  à  ce 
poiiitqu'il  voulait  quitter  sa  solitude.  Lejeunesoli- 
taire  lit  un  signe  de  croix,  et  l'oiseau  de  Satan 
disparut  aussitôt;  mais,  pour  se  châtier  de  son 
moment  d'hésitation,  Benoît  sortit  de  la  grotte, 
trouva  au-dessous  un  buisson  hérissé  d'''pines, 
quitta  la  robe  de  bure  dont  il  était  reviMu,  et  se 
roula  longtemps  sur  les  cruelles  épines.  Le  sang 
qu'il  versa  blessa  le  corps  et  guérit  l'âme  pour 
toujours  {{). 

Le  buisson,  dit  la  tradition,  se  changea  en 
rosier;  il  est  encore  abondant  aujourd'hui  sur 
les  flancs  de  la  montagne;  ses  roses  portent  un 
petit  serpent  et  des  taches  de  sang,  et  les  nom- 
breux pèlerins  en  emportent  la  poussière  comme 
une  arme,  car  saint  Benoît  est  toujours  un  puis- 
sant défenseur  contre  les  tentations  du  Mauvais. 

(1)  Aujourd'hui,  on  cél'''bre  la  messe  dans  l.i  grotte, 
et  une  nlatc-fnrine  peroict  aux  fld^los  de  l'entendra 
l.i  où  tes  bergera  écoulaient  Benoit;  un  peu  plui 
loin,  dan»  le  rorher,  un  autre  autel  est  drp»»e,  la  où 
Sal.in  lirisa  la  rlochctte  et  parut  snus  la  forme  d'un 
merla:  on  y  a  figuré  la  clocbe  bris(^c  et  l'oiseau. 


4-631 


C'est  de  celle  grotle  et  de  ce  buis:~on  qu'est 
sorli  rOrdru  be'uédictiu  qui  a  couvert  le  monde. 

ou  CO>'DUIT   LA  oésOHKISSANCK 

Des  solitaires  qui  vivaient  à  quelques  milles, 
dans  les  grottes  de  Vicovaro,  situdes  comme  les 
niJs  d'un  pigeonnier,  dans  un  rocher  pcrpendi- 
culairi^  uu  pied  duquel  coule  l'Anio,  vinrent  le 


supplii'r  de  les  dirif,'er;  Benoit  assura  qu'ils  ne 

■    1  ;  ils  '     ' 
t>jn-nt,  et  ii  vint. 


pourraient  point  s'entendre  avec  lui  ;  ils  iusis- 


Son  gouvernement  leur  parut  trop  austère,  et, 
pour  se  débarrasser  du  maitre  qu'ils  s'élaient 
choisi,  ils  empoisonnèrent  son  vin;  mais  avant 
df  le  boire,  le  Saint  bénit  la  coupe  suivant  sa 
coulurnu:  à  l'instant,  le  vase  se  brisa,  et  le  crime 
fut  reconnu. 

<•  Que  le  Dieu  tout-puissant  vous  pardonne  !  » 
dit-il.  et  il  retourna  i  sa  cbère  grotte  de  Subiaco. 

TKAIS  MOINBS 

('.'  prndant,  beaucoup  de  moines  vinrent  vers 
lui;  il  leur  distribua  les  solitudes  du  rocher,  et 
fonda  aux  alentours  douze  monastères  de  douze 
religieux,  ayant  chacun  un  abb<*.  La  place  de 
chacune  de  ces  maisons  est  marquée  aujourd'hui 
par  un  oratoire. 

l'armi  ces  couvents,  il  y  en  avait  trois  bâtis 
au  sommet  des  rochers  arides;  les  moines  qui 
li's  habitaient  •'talent  obligés  de  venir  chercher 
l'eau  dans  le  lac,  au  bas  du  ravin,  en  descendant 
une  pente  dangereuse.  Au  bout  de  quelque  temps, 
ils  se  lassèrent  de  cette  fatigue.  «  Père,  vinrent- 
ils  dire  à  Ik'noit,  ne  pourrions-nous  pas  cons- 
ti  uire  notre  maison  dans  un  endroit  plus  com- 
mode ?  là-haut,  il  est  très  onéreux  de  fournir  de 
l'oau  à  la  communauté.  » 

llr-noli  les  consola  paternellement  et  leur  assura 
qu'il  y  penserait. 

La  nuit  suivante,  il  prit  avec  lui  Placide,  un 
df  ses  plus  jeunes  disciples,  et  gravit  silencieu- 
sement la  montagne;  il  s'arrêta  près  des  monas- 
tères Mlevés  sur  la  «'ime,  s'agenouilla  sur  le  roc 
et  pria  longtemps;  puis,  ayant  marqué  cette 
I<l3ce  avec  trois  pierres,  il  redescendit  à  son 
nionaslcre. 

Le  b'nilomain.les  Frères  viennent  lui  demander 
sa  d''ci<iim.  ■'  Uemontcz,  leur  dit-il,  jusqu'à  tel 
endniil,  (]ue  vous  verrez  mar<]ué  par  trois  pierres 
poséi's  l'une  sur  l'autre,  là  vous  creuserez  un 
peu;  Dieu  est  assez  puissant  pour  vous  donner  de 
l'eau  en  cet  i^ndroit  et  vous  ëparuner  désormais 
la  pein»"  dp  il''srendrc  au  lac.  >.  Pleins  d'obéis- 
sance, I  mnntèrentjus(|u'au  lieu  indiqué 
•'t  trou  i-  le  roc  suintait  d''jà;  ils  tail- 
lèrent duii^  1j  rocher  une  petite  fontaine  qui  se 
remplit  rapidement,  et  la  source  devint  assez 
ni  '  ■  i.iur  suflire  dé>ormais  en  tout  temps 
m;                   de  In  ronununauté. 

1.11.1,-  -lait  alors  au   pouvr.-    ' 
nvahle.  Un   de   ces  ! 

,.)...  .1..  .M,,.         .-,.,.1 


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nlla  des  occuoa- 


<  '■  main*  une 

1  T,  di's  bui»- 

iil,  un  i<.iii  do  terre  «ilué 

■•t  dont  on  vi'iihit  fîiir"  uu 

iir. 


■■,  daiiv  I. 


du 


Ifes  eaux  étaient  si  profondes  qu'on  ne  pouvait 
songer  à  l'en  retirer. 

Le  novice,  tout  attristé,  vint  annoncer  sa  mésa- 
venture au  jeune  Kr.  Maurus,  en  sollicil;int  une 
pénileuce.  Fr.  Maurus  avertit  le  bienlieureux 
P.  Benoît.  Celui-ci  se  rendit  sur  le  lieu  de  l'acci- 
dent, prit  \p  manche  de  la  hache,  en  plongea 
l'extrémité  dans  les  eaux  du  lac,  aussitôt  le  fer 
remonta  lui-même  et  revint  s'adapter  au  manche 
comme  auparavant. 

Kendant  alors  au  Goth  son  instrument,  le  Père 
lui  dit  :  n  Voilà,  travaille  et  consol-'-loi  :  Etre, 
tal/ora,  et  noli  conlristari.  «Travailler  p'>ur  l'aniuur 
de  Jésus-Christ,  dans  la  ioie  intérieure  et  la 
paix,  voilà  bien  ce  que  les  moines  de  celle 
époque  devaient  enseigner  aux  races  barbares, 
qui  venaient  de  conquérir  l'emiiire  romain,  races 
inquiètes,  ennemies  du  travail  et  ne  respirant 
que  batailles,  caruages  et  rapines. 

I.IS   KNFA>TS 

En  échange  des  vieux  moines  indociles  de 
Vicovaro,  le  Seigneur  envoya  au  solitaire,  non 
seulement  ces  moines  fidèles,  mais  en  outre  un 
gracieux   essaim    de  jeunes    enfants  doués  des 

f dus  aimables  vertus;  c'étaient  les  lils  des  nubles 
tninains.  En  effet,  les  pères,  apprenant  qu'un 
étudiant  échappé  de  la  corruption  de  la  ville 
donnait  de  si  beaux  exemples  à  Subiaco,  lui 
ciuiliaient  leurs  enfants,  car,  à  cette  époque  de 
troubles  sociaux  et  de  désordres  effroyables,  on 
comprenait  qu'il  n'y  avait  que  le  radicalisme  du 
bien  qui  pût  sauver  la  jeunesse. 

Parmi  ces  enfants  que  nous  représentons  ici. 
il  y  avait  Maur,  dont  Benoit  fera  son  coadjuteur. 
et  Placide,  (ils  du  seigneur  du  territoire  de 
Subiaco.  Nous  écrirons  leur  vie,  et  cela  complé- 
tera celle  de  saint  Benoit.  Chacun  sait  le  miracle 
dont  fut  récompensée  l'obéissance  du  jeune  Maur, 
quand,  sur  l'ordre  de  Benoit,  il  marcha  sur  les 
eaux  pour  aller  sauver  Placide  tombé  dans  le 
lac. 

L'alurannt  des  jeunes  néophytes  de  Subiaco 
fut  imité  depuis,  et  l'on  en  fonde  aujourd'hui 
sur  le  même  modèle  dans  le  nord  et  dan»  le 
midi  de  la  France. 

On  conçoit  combien  cette  œuvre  de  l'étudinnt 
de  Home  excita  la  rage  infernale,  et  l'un  "-!■  à 
peine  raconter  ce  que  lenla  un  suppôt  de  S  il. m, 
nommé  Florent,  qui  habitait  auprès.  Il  litdnb'  id 
porter  du  pain  empoisonné  à  Ilenott,  mais  il  fi.i 
découvert;  alors,  ne  pouvant  tuer  les  cup-, 
pour  altclndri'  les  Ames,  il  envoya  près  du  •  n  l;ii 
où  jouaient  le»  jeunes  ' 
el  malhonnêtes  jeunes  !..  ... 

lascives. 

Benoit  comprit  la  dangnr  que  courait  l'inno- 
cenc  '  ■  ;  '  ',■  '  ,■..■'..■-  l  ;.'  .- 
tioii  i 

le    •'iKii  li     oii    ii'-p'irl  ;    I  .  '  iwe 

inoii.isleres,  il  partit,  .r. 
à  II  recherche  d'une  an 

Florent  éUit  kur  sa  i 

de    v.iir    ti  .f  (  :  r    |E,  ti.iit  ' 

(lit 

resl       i 

llenuil.  L'homme  do  li; 

mort  de  koii  eiineiiil   q  . 

'  iple,  à  qui   il  impuu  i. 


iilial. 


l  il   se  T'i   lut 

'   1 1  ti     In      III   .  I. 


•Ire  réjoui 
a>.:  ' 
il  I 

A  deux  hei 
ou  re|i'i>,l  le 


et    il    Cl 


Il     . 

iCo  quand 


s'amollit  au  contact  de  sou  cœur  brûlant  d'amour, 
et  quand  il  reprit  le  bâton  de  pèlerin,  l'empreinte 
de  son  corps  était  restée  gravée  sur  le  rocher.  A 
certaines  époques,  et  ordinairement  le  21  mars, 
depuis  quatorze  siècles,  ce  rocher  laisse  suinter 
de  l'eau,  et  les  religieux  prient  alors  leur  patron 
avec  plus  de  ferveur. 

LI  MONT  CàSSlN 

Benoît  suivit  les  montcignes  vers  le  Sud  et 
arriva  an  Mont  Cassin,  dans  les  ruines  dune 
ville  romaine,  Cassinum,  où  étaient  les  restes 
d'un  amphithéâtre  et  où  l'on  voyait  un  temple 
d'Apollon,  encore  debout,  dans  son  bois  sacré. 
Des  multitudes  de  paysans  venaient  y  sacriDer. 

Benoit,  ému,  planta  la  croi.T  en  ce  lieu  et,  au 
nom  du  Christ,  persuada  aux  habitants  de  ren- 
verser l'idole  et  d'élever  à  la  place  des  oratoires 
à  saint  Jean-Baptiste  et  à  saint  Martin  de  France. 

Benoit  demeurera  quatorze  ans  au  Mont  Cassin 
et  rendra  ce  lieu  tellement  illustre,  qu'un  pape, 
dans  l'inscription  gravée  sur  l'autel,  voudra  le 
comparer  au  Siuai. 

Saint  Benoit  (il  construire  le  monastère  par 
ses  di-iciples.  mais  non  sans  rencontrer  toujours 
l'opposiliou  de  l'ennemi  du  genre  humain.  On 
rapporte  qu'un  jour,  les  discfples  ne  pouvaient 
ébranler  une  pierre  tellement  inamovible  qu'elle 
semblait  tenir  à  la  terre  par  de  fortes  racines. 
Benoît  reconnut  un  artifice  du  démon,  donna  sa 
béntidiction,  mit  en  fuite  l'esprit  malin,  et  la 
pierre  fut  levée  si  facilement  qu'elle  semblait 
n'avoir  rien  pesé. 

Le  démon  était  plein  de  rage  contre  le  saint 
patriarche  qui  lui  avait  enlevé  cette  montagne,  où 
cet  esprit  inH-rnal  avait  régné  jusque-là  par  l'ido- 
lâtrie, pour  la  damnation  de  beaucoup  d'âmes  ; 
il  était  furieux  contre  le  pieux  fondateur  qui 
pri'parait  dans  ses  moines  une  armée  contre  lui; 
parfois  il  lui  apparaissait,  en  plein  jour,  sous 
«les  ligures  horribles,  jetant  des  tourbillons  de 
flammes  par  les  yeux,  la  bouche  et  les  narines, 
et  il  l'appelait  par  son  nom  :  «  Benoit  1  Benoit  1  » 
En  latin  Beneaicte  I  Bénédicte!  Or,  ce  nom  veut 
dire  Béni  ;  aussi  le  démon,  se  reprenant  aussitôt 
avec  race,  répétait:  «  Non,  non,  pas  Béni,  Maudit! 
■Uaudi</ Qu'es-tu  venu  faire  en  ce  lieu?  Qu'as-tu 
à  démêler  avec  moi  ?  Pourc^uoi  prends-tu  plaisir 
à  me  persécuter?  .>  Benoit  le  laissait  crier  et 
vaquait  i  ses  occupations,  sans  faùre  attention  à 
lui. 

Le  Saint  s'efforçait  de  prémunir  ses  disciples 
contre  les  attaques  de  cet  ennemi  de  tout  bien 
qui,  ordinairement,  nous  livre  la  guerre  d'une 
manière  invisible,  alin  de  nous  vaincre  plus 
facilement. 

Cédant  aux  suggestions  cachées  du  tentateur, 
un  relipieux  prit  en  dégoût  sa  sainte  vocation,  et 
demanda  à  l'abbé  la  permission  de  retourner 
dans  le  monde.  Benoit  essaya  de  lui  faire  com- 
prendre la  folie  de  son  dessein,  il  lui  rappela  sa 
f'-rveur  prér.Mcnte,  la  su;;os5c  de  la  riisolutiou 
qu'il  avait  prise  alors  d'embrasser  la  vie  reli- 
cieusc,  il  parla  du  salut  de  son  âme,  de  l'excel- 
l'iir'!  incomparable  du  service  et  de  l'amour  de 
lii'u;  il  lui  dit  de  prier  et  d'attendre  avec 
l'aliène- la  lin  de  cette  tentation.  Mais  le  religieux 
ne  voulait  rien  entendre,  déjà  son  imagination 
•  tait  dans  le  mnii<le.  Pour  oblenir  pins  vite  la 
tri^le  nermission  que  l'abb''  difTi-railde  lui  accor- 
''■  ' .  il  se  mit  à  troubler  l'ordre  de  la  comma- 

.  .  •■  et  à  scandaliser  les  Frères,  tellement  que 
l.ïiioll  fut  obligé  de  le  chasser.  Le  malheureux 
l'irtit  content;   mais  à    peine    élait-il    sorti    du 


monastère,  qu'il  vit  accourir  à  lui  un  dragon 
furieu.x,  la  gueule  béante,  prêt  à  le  dévorer.  11 
appela  à  grands  cris  les  Frères  au  secours.  Ceux- 
ci  s'empressèrent  de  venir;  ils  trouvèrent  le  fugi- 
tif en  proie  à  l'épouvante  et  tremblant  de  tous 
ses  membres;  ils  le  ramenèrent  au  couvent.  Il 
promit  d'être  désormais  fidèle  à  sa  vocation,  et 
il  tint  parole, gardant  pour  le  reste  de  sa  vie  une 
immense  reconnaissance  envers  son  saint  abbé 
dont  les  prières  lui  avaient  obtenu  la  grâce  de 
voir  le  dragon  infernal  qui  voulait  le  dévorer. 

Un  jour,  Benoit  sortit  avec  les  Frères  pour 
travailler  aux  champs;  un  paysan  vint  au  monas- 
tère, outré  de  douleur,  portant  entre  les  bras  le 
corps  de  son  fils  et  demandant  le  P.  Benoît. 
Comme  on  lui  dit  qu'il  était  aux  champs  avec  les 
Frères,  il  jette  le  corps  de  son  enfant  devant  la 
porte,  et  court  chercher  le  Saint.  II  le  rencontre 
qui  revenait  du  travail. 

«  Père,  rendez-moi  mon  filsl 

—  Est-ce  moi  qui  vous  l'ai  enlevé  1 

—  H  est  mort,  venez  le  ressusciter. 

—  Retirez-vous,  ce  n'est  pas  notre  affaire;  cela 
appartient  aux  saints  apôtres.  Que  venez-vous 
nous  imposer  un  fardeau  insupportable?» 

Le  père  jure  dans  sa  douleur  qu'il  ne  partira 
pas  avant  que  le  Saint  ait  ressuscité  l'enfaul. 
«  Où  est  ce  mort? 

—  Voilà  son  corps  à  la  porte  du  monastère.  » 
Benoît,  y  étant  arrivé,  se  mil  en  prière  avec 

tous  ses  religieux,  s'étendit  sur  le  cadavre  comme 
Elisée,  et  puis,  élevant  les  bras  au  ciel,  s'écria  : 
«  Seigneur,  ne  regardez  pas  mes  péchés  mais  la 
foi  de  cet  homme,  et  rendez  à  ce  corps  l'âme  que 
vous  en  avez  ôtée.  » 

A  peine  a-t-il  achevé  sa  prière  que  tout  le 
corps  de  l'enfant  tremble  à  la  vue  des  assislaiits. 
Benoit  prend  l'enfant  par  la  main,  et  le  rend  à  son 
père  plein  de  vie  et  de  santé.  (S.  Grégoire,  Dial. 
L.  11,  c.  32.) 

En  temps  de  disette,  le  sous-diacre  Agapitvint 
quêter  au  Mont  Cassin  et  supplier  afin  d'obtenir 
un  peu  d'huile;  il  en  restait  à  peine  au  fond 
d'une  bouteille  pour  assaisonner  la  nourriture  : 
«  Qu'on  la  donne,  »  dit  Benoît.  Le  cellérier,  vaincu 
parle  démou  de  la  défiance,  hésita;  ce  qu'appre- 
nant le  Saint,  il  fil  jeter  la  bouteille  au  fond  du 
précipice,  et  ce  verre  fragile  ne  se  brisa  point. 
Alors  le  cellérier,  confus  et  grondé,  exécuta 
l'ordre  de  son  père.  —  Et  Dieu  renouvella  mira- 
culeusement la  provision  d'huile  épuisée. 

Le  bienbeurtux  l'ère  écrivit  pour  ses  religieux 
une  Règle,  toute  remplie  d'une  admirable  sagesse. 

Au  Mont  Cassin,  comme  à  Subiaco,  on  amenait 
de  tous  côtés  la  jeunesse  à  saint  Benoit,  et 
l'aluninat  fondé  par  lui  aura  un  jour  pour  di:^ciple 
saint  Thomas  d'Aquin. 

LK  nOI  TOTIIA  —    LES  I)ÉN<DICTIH3 

Le  roi  Golh  Tolila, prince  victorieux  de  l'empire 
romain,  s'acheminait  vers  Naples  et  entendit 
pailer  ae  l'inlluence  extraordinaire  du  prophète 
du  Mont  Cassin  :  il  voulut  savoir  si  Benoît  avait 
vraiment  l'esprit  prophétique  et  fll  revêtir  les 
ornements  royaux  à  son  écuyer  Riggo,  puis 
l'envoya  avec  une  suite  de  seigneurs  au  Mont 
Cassin  comme  s'il  était  le  roi. 

«  Mon  fils,  lui  cria  aussitôt  Benoît,  quittei 
l'habit  que  vous  portez,  il  n'est  pas  à  vous.  » 

Iliggo,  épouvanté  d'avoir  voulu  tromper  un  tel 
liuinnie,  se  jeta  à  sesj>icds  et  bientôt  Tolila  vint 
lui-même  et  ne  fut  pas  maître  d'une  terreur  sou- 
daine. Le  serviteur  de  Dieu  cria  par  trois  fois  k 


Saint  Benoit  ressuscite  un  enfant 


ce  prince  terrible  :  «  LeTex-TousI  ■  eteulin  il  dut 
le  relever  lui-m('me. 

«  Vous  avez  fait  beaucoup  Je  mal,  lui  dit-il,  vous 
•n  faites  tous  les  jours;  il  est  temps  de  cesser 
vos  iniquitt's.  Vous  ciitrereiàIlome,vou»  régnerex 
neuf  aniiffes,  et  la  dixième  vous  mourrez.  ■• 

Le  roi,  elTrayi?,  se  recommanda  à  ses  prières  ; 
k  partir  de  ce  moment,  sa  nature  barbare  fut 
transform(?e,  il  proti'gea  les  peuples  roiitre  ses 
propres  soldats,  au  luilieu  même  de  la  victoire, 
et  les  traita  comme  ses  enfanU. 

L'annexe  ciui  pri'<  éda  sa  mort,  Benoit  pleurait, 
on  lui  en  detiiuiida  la  cause.  «  Tout  ce  monas- 
tère, dil-il,  qu>'  j'ai  bâti,  a  ëtë  livre  aux  païens 
par  un  jugement  du  Dieu  tout-puissant  ;  j'ai  i 
peine  obtenu  la  vie  de  mes  frères.  » 

En  elTet,  40  ans  après  sa  mort,  les  barbares 
ddtruisircut  le  Mont  Cassin,  mais  il  renaîtra  de 
ses  cendres,  et  le  corps  Je  l'Iiommc  de  Uieu  sera 
transport<!  au  pays  de  Krance,  où  on  le  vénérera 
à  Siii:  •  !'   •  r  l.oire. 

I.  :  iiiers  moments  de  saint  Ronolt 

est  li'  i  a  ■..!-.' .1  ■  Je  sasicur  sainte Scholastique, 
et  nous  en  reportons  le  louchant  récit  à  la  vie 


■| 


de 

I)  . 
de 

divcri 
louli' 
coni,  ■ 
tuel 
un  i> 
ont   <  . 

rt  à  la  I  !>.;.    . 
i*i  la  France. 


■'■me  de  saint  Benoît,  des  couvents 

commeii' •' r.  ni    \    «e    riil^'r    de 
ils   se    II  '  par 

..    I.e    b.  •,..    a 


Al' 


Ordre,  divisé  en  plusieurs  branches,  subsiste 
encore,  et  tout  en  étant  moins  nombreux  qu'à 
d'autres  époques,  ses  membres  continuent  i 
conserver  dans  le  monde  l'esprit  de  saint  Benoit. 

LA  MJDAILLK  DB  S.tl.1T  P<.>0I7 

Nous  avons  dit  comment  saint  Benoit  triom- 
ptiail  du  démon,  et  employait  souvent  l'arme 
victorieuse  de  la  croix.  Ce  signe  sacré  cl  l'invo- 
cation de  saint  Benoit  peuvent  être  en  nos  mains 
un  puissant  boucli'-r  contre  1  iimemi  infernal. 
De  là  est  venue  la  dévotion  à  la  midaillr  de  <.ainî 
UenoU,  dévotion  npprouvi-e  et  enrichie  de  nom- 
breuses indulgences  par  le  pape  Benoit  XIV. 

Cette  médaille  représente  d'un  côté  saint 
Benoit,  de  l'autre  la  croix  dji  Sauveur,  avec  une 
série  de  lettres,  dont  voici  l'explication.  Dans  les 
ant-les  de  la  croix  :  C.  S.  P.  B.  :  Crus  Sancti  l'atrit 
/;  ■     -•     f  P*r#  Benof/.  —  Sur  la 

il. 

Sali' iii  .-*u  ,^/t'ii   t.'i.r   ■  fju<     ' 
/umiiVc  —  Sur  la  li_n«-  tioi 
Non  llraro  Sit  i/i/it  I'ut.ij 
mon  chef.  —  Autour  de  la  m 
II-  Saint  Nom   de  Jésu^,  rv 
gramme  ordinaire  IMS  ;  puis 
N.S.  M.  V.  S.  M.Q.  I     I    V   n 
A'o/i   Suii'ltrt   iâxhi   y 
h  't  WiCFia  Hihas.  {{■ 

nseiller  tes  vanit<-s.  C<- 

••■«t  le  mil  ;  hoi«  l"i-tn' 


nUcs  ou  tviu^urcllet  obtenues 
a. 


C. 

s. 

s. 

M. 

roi 
D 

L.  :  Crux 

X  ioit  ma 

N 

S.  U.O.: 

■r  toit  pCS 

:  l'abord 

t  1 

■   mono- 
V.  H.  S. 

<  ilanii. 

lani.-^ranl  .  L.  faiiiita.'wt,  H.  iuk  ^tûtt^tta  i'  ,  iW», 


SAINTE   CATHERINE  DE  SUÈDE 


FILLE  Dh.  SAINTE  BRIGITTE 


Fétc   le    '2'i    mari. 


ENFANCE   DE  CATHERINE 

Catherine  naquit  dans  un  palais,  et  sa  naissance 
sembla  la  vouer  d'avanre  à  toutes  les  grandeurs 
de  ce  monde  qui  pasoe,  mais  la  piété  de  ses 
parents,  en  préparant  en  elle  une  sainte,  la  ren- 
dirent, en  outre,  dipncdes;;raiideurs  immortelles 
du  i"iel.  Son  pore  était  l'Iphon,  prince  de  Suéde, 
et  sa  mère  la  ^.-rande  sainte  Brigitte,  si  connue 
dans  l'Église  par  les  révélations  dont  Dieu  la 
favorisa. 

Encore  au  berceau,  la  (llle  de  sainte  Bri;.'ille 
fit  miraculeusement  éclater  les  grAres  de  saiiit>'té 
par  lesquelles  Uieu  avait  prévenu  son  Ame:  ain«i 
on  la  vit  repousser  de  ses. main'  une  iiourrriro 
de  vie  coupaMe  et  ne  point  vouloir  de  son  lait. 

Le  démon,  furieux,  s'acharna  contre  celle  âme 
d'élite  d'-s  sa  plus  tendre  i-nfance.  l'ne  nuit, 
l'ahhesse  du  monastère  à  qui  f-lle  avait  éié  confiée, 
'■nl'"ndit  se»  cris  et  ses  soupirs.  Kllese  précipite. 
<ju''  voit-elle?  Le  démon  qui,  bous  la  forme  d'un 
taureau  furieaz,  s'efrorçait  de  transpercer  de  ses 
(•ornes  le  corps  de  la  jeune  enfant.  L'ahl>es»e  se 
liAt<"  dp  In  di'' livrer,  et  |o  dnmon  vaincu  fit  enti-ndte 


ce  cri  de  rage  :  «  Que  je  l'eusse  volontiers  ache- 
vée, si  Dieu  me  l'eût  permi-;!  « 

Notre-Sei-neur,  qui  la  voulait  toute  à  lui,  ne 
laissa  point  cette  âme  déjà  grand.-  dès  l'enfance, 
perdre  son  temps  dans  les  plaisirs  même  inno- 
cents du  jeune  âge. 

A  sept  ans,  elle  jouait  un  jour  aux  jonchets, 
mais  la  nuit  suivante,  les  démons  s'approchèrent 
de  sa  couch'^  et,  prenant  les  jonchets,  ils  ne  tirent 
de  tout  son  corps  qu'une  plaie.  La  Sainte  com- 
prit l'avertissement  et  renonça  pour  toujours  à 
ces  récréations. 

F.t.LE     FAIT    LK    VŒU    DB    VIRClNITli    DANS    LB    MM1IAGB 

Arrivée  à  l'âge  nubile,  Catherine,  pour  accéder 
au  désir  de  son  père,  se  maria  avec  un  riche 
seigneur  nommé  Egard;  c'est  qu'elle  avait,  en 
e(Tet.  non  sans  raison,  l'espérance  de  pouvoir 
amener  son  éimux  à  faire  avec  elle  le  viru  de  vir- 
ginité. Klle  ne  fut  point  trompée  dans  son  attente, 
et  tous  les  deux,  offrant  à  Dieu  le  lis  de  la  clia>- 
teté,  vécurent  dans  les  liens  du  mariage  comme 
deux  ances  et  triomphèrent  de  la  cliair  et  du 
monde  par  les  saintes  austérités  {\(i  \\  pénitence. 


317 


Il<  avaient  Jailliiir*  sous  les  yeu.\  un  vivant 
mniJèle  de  |iëi'iectii'D  dans  la  personne  de  sainte 
Bri:;ille.  Leurs  pritVes  ferventes  se  iirolongeaienl 
dans  la  nuit  silencieuse,  iN  ai'i'ouiuniaient  leurs 
sens  à  se  priver  de  tout  <°e  i|ui  les  llatte  et  à 
alTronler  les  souffrances  volcoilaires  ou  néces- 
saires avec  une  clin'tiinne  éneri;ie  qui  inain- 
teiiiiit  la  chair  dans  l'nt'éi'-s.ince  à  l'esprit.  Ils 
savaient,  en  elTel.  que  la  cliusleté  est  un  lis  qui 
s'épanouit  et  se  conserve  à  l'abri  des  épines  de 
la  mortiHcalion. 

SAI.VTE    I.NKLLE>CE    (.ic'eLLE    KÏCEBCB   SU»    l'ÉPOUSB 
DK    SU.N    FHEHK 

Catherine  avait  un  frère  nommé  Charles,  4«nt 
la  \ie  se  ronsumait  dans  les  pluitirs.  Ce  d6nii>'r, 
ne  pouvant  snulTrir  les  vertueux  excinpli-s  de  >a 
sii-ur,  qui  condamnaient  sa  iii.iiiiiie  il>-  vitr».  >>> 
lais'-a  aller  contre  elle  aux  rcpriM-lie>  Un  plus 
ainer«  et  aux  injures  les  pUtu  »iiU}{lanlei>.  il  lui 
reprochait  entre  antres  chnst^s.  de  vouloir  désho- 
norer sa  famille  par  les  vM'meiil»  simple»  et 
pauvres  dont  elle  aimait  à  se  revi^lir.  A  la  vue 
du  luxe  elfréné  dont  l'aleuittiit  futrini*  les  |»er- 
sonne*  mondaines,  Catheri»«  tt'était,  en  «fliet^ 
dépouillée  de  hcs  parures  de  priUL-^-Me,  «aas 
craindre  de  faire  voir  au  ■«nde  que  W  »erta< 
chn'iiennes  sont  un  i<\i\-  \'tt  ornement  <|ue  tous 
les  atours  de  la  vanité,  f  lipéc^m  dames  de  4n- 
tinction  eurent  le  courage  de  flMitM . 

In  JOUI  que  »a  lielle-sii  iir  --e  Imuvait  «T*r  elle, 
dans  une  é;:li>.e,  en  prit  res  devant  «ne  iMa^e  de 
la  Vir>i:;e,  celte  femme,  encore  amie  «hi  l«x«, 
s'eiiilnrniil  i-t  vil,  pendant  son  sommeil ^  rimaae 
de  la  Madone  qui  In  resordail  d'un  visnye  sévérei 
tandis  qu'elle  s^uilnit  douc4>mrnt  h  CHillierine. 
File  compiil,  •  t  dé-r.rniai>.  n'eut  plus  qu'un  désiri 
sui>re  di'  pris,  ilans  l.i  voir  du  renoncement, 
relie  qui  lui  donnait  d«  si  tniicbanls  e\eniple< 
'  de  pauvreté.  A  cette  vnt,  l«k  cidère  de  Charles  ne 
connut  plus  de  l>ornes,  il  accourt  auprès  de  Calhc- 
nne.  lui  prodigue  les  iDiures  le«  plus  ;,'ros.<>ières  : 
"  Vnulex-vou»   '  '        t  r  iU>  ma  Icmme 

l'objet  de  la   ■:  Votre  '<ainle 

ne  «e  trouble  point,  elle  rccmi  tout  avec  (vitience, 
heureuse,  par  la  souflrance,  de  ruivre  de  plus 
prés  celui  qu'elle  a  choisi  pour  modèle. 

OKTAar  rora  komi 

A|ir^  la  mort  d'ripho«.  Miuta  llriuitte  était 
•lié»  .1.  iiieurer  aii(>réis  du  li>nibe.-iu  île*  !miut.s 
•IK.U*'^  l'ii-rrr  »t  PaaI.  l^iiq  an»  •'«'latent  ikouU^ 

.1  ■,•■.,■,, 


à  IC-'anl  des  bllre-;  pleines  de  mennce>  dans  les- 
qui'lles  il  s'opposail  éper^'iqitepient  i  ce  qu'il 
permit  à  sa  sœur  <le  quitter  la  Suède. 

Par  une  permission  de  Dieu,  les  lettres  lurent 
remises  à  Catherine  qui.  connaissant  dès  lors  les 
projets  de  son  frère,  put  leur  échapper,  et,  favo- 
risée par  un  oncle  puissant,  quitta  la  .'^uède  sans 
obstacle  et  parvint  heureusement  â  Home  et  se 
jeta  dans  les  bras  de  sa  mère. 

Avec  quelle  joie  les  deux  Saintes  visitaient  les 
églises  de  Home  et  les  tombeaux  des  martyrs  et 
s'adonnaient  riisemble  à  tous  leurs  exercices  de 
pénitence  et  de  ferveur. 

Le  ilémon,  jaloux  des  projjrès  de  Catherine 
dans  la  voie  de  la  perfection,  voulut  lui  persuader 
de  retourner  dans  ^a  patrie  afin  d'y  vivre  plus  à 
son  aise,  mais,  excitée  par  le*  e.veinples  et  les 
paroles  de  sa  mère,  elle  lit  le  sacrilice  complet 
de  sj  patrie  et  m'orne  de  •'on  époux  «[u'elle  aimait 
si  teiidreiiti'Ut.  En  récompense  de  ce  sacrifice, 
nieu  la  flt  participer'aux  lumières  surnaturelles 
dont  il  éclairait  l'inlelli^'ence  de  sainte  llri^'ilte, 
'  a'elb-  pMuvait  traiter  les  que-tion^  les 

ji  les  de  la  >diiile  i;iTiture.  Le  Souverain 

Pooliie  lui  même,  .1  rbain  VI,  frappé  île  son  é|o- 
queuive,  ua  put  s'empédier  de  lui  dire  :  "  Ma  Hlle, 
vous  vous  êtes  vraiment  nourrie  du  lait  de  votre 
mère.  » 

•UL    llfciaM    T»D    nCS    EMBCCHRS    A    SA    VIRGtNITi' 

Après  laaort  d'Ki-ard  son  mari,  quelques  sei- 
4e  Rome  la  recherclièrent  en  mariaj.'e, 
elle  ne  >e  laissa  captiver  par  aucnnede  leurs 
promesses.  N'avait-elle  pas  voué  à  liieu  sa  vir(,'i- 
nité?  Indi|:nés  de  se»  refu«,  ils  résolurent  de  se 
vcncer  et  d'arracher  de  force  ce  qu'ils  n'avaient 
pu  obtenir  par  le»  vme«de  In  douceur.  Ola  leur 

'ant  plu«  facile  ijuc  la  cité  .i 
.1  i  ut  ab>is  |iri>ér  di- von  pa-teui 

et  il  ne  s'y  trouvait  personne  pour  mainicair 
l'ordre  avec  cfiicacilé.  Il-  «e  mettent  donc  en 
embuscade  sur  le  |>as«a;ir  de  notre  Sainte,  nifti*, 
o  prodi;.'e  '.  un  ■      '  " 

ils  le  pour>uiw  ,        ■  .;, 

ce  temps,  Catherine  pa>sa  s.in 

l'ne  autre  foi»,  elle  se  rendu       i    _ii  e  Sainl- 
Laarent  avec  sa  mère;  an  riche  seigneur  •«  pré- 
cipite sur  ■  "  '        •     '     ;   li- 
»*n>t!  de  I'. 

Jetant  alor>  .>u<  '' 

Jer  pardon,  il   I       ,  ' 

I  défenseur.  Calbehne  «e  met  eu  prière»  ri  aiM»i- 

■    ■        >u*lili  est   rendue    t'.elte  protrdir.n  Inule 

,|e  iir  M'  manilettii  pa«  d'une  ninnieic  moins 


ph> 

lAii: 


>a'°'«'auk  J'uQ  Kl  tniin  «oya^ie;  il  Rnil 

-  nt. 

I  il  érxivit 


I    mil 

tirnbeau  du  (.'('^''"ux  mui 

f  ..... 


.11-. 


,  ...  ..u 
iiirercnt 


dans  une  pauvre  cabane  pour  être  à  couvert  de 
la  nei:.'e.  Hais,  tout  à  coup,  au  milieu  d£  la  nuit, 
elles  pont  surprises  par  une  ban. le  de  voleurs; 
être  dévalisées  it'était  que  le  moindre  mal  quelles 
pussent  attendre  de  ces  sce'lérats,  et  déjà,  à  la 
lueur  des  torches,  la  beauté  de  la  princesse 
suédoise  avait  frappé  leurs  re;,'ards.  Mais  les 
saintes  voyai.euse<  priaient  avec  ardeur  le  Dieu 
protecteur  des  ."imes  saintes.  Tout  à  coup,  un  vent 
violent  rou^'it  autour  de  la  cabane,  on  entend 
un  cliquetis  d"armes  comme  le  bruit  d"nne 
escouade  de  soldat»,  les  malTaiteurs,  effrayés, 
s'eniuient  dans  toules  l«s  directions. 

Itien  résolus  de  ne  pas  laisser  échapper  leur  j 
jH'oie,  les  brigands  se  placèrent  le  lendemain  en 
embuscade  sur  le  chemin  par  où  devait  passer 
Cilherine,  mais  Dieu  le»  frappa  d'aveuglement; 
nos  vnyageusfs  passèrent  devant  eux  sjins  être 
aperçues. 

VEHTi:S  DB   SAINTE  C.\^THER1.NE 

A  la  vue  de  tant  de  prodiges  opérés  en  sa 
faveur,  Catherine  s'efforçait  de  montrer  sa  recon- 
naissani'e  en  pratiquant  tontes  les  vertus  de  la 
manière  la  plus  parfaite. 

L'humilité  était  comme  le  bien-aimé  refuge  de 
son  coeur  :  gnindc  était  sa  joi«  de  paraître  vile 
et  méprisable  aux  yeur  des  hi'inme»  et  d'être 
appeb'e  pécheresse.  Son  esprit  il'oraison  n'était 
pas  moins  admirable.  Chaque  .jour,  pendant 
quatre  heures  de  suite  et  à  genoux,  elle  s'agipli- 
quait  à  la  contemplation  des  souffrances  de 
\otre-Sei;;nPur.  ICprise  .i!i)rs  d'un  extrême  désir 
de  souffrir,  elle  lli^ii-llait  cruellement  son  corps 
alin  de  ressembler  davantai.;e  à  son  divin  .Modèle. 
Ouelle  ne  fut  pa«  sa  patience  dans  les  hôpitaux, 
lorsqu'elle  soignait  les  malades  et  pansait  leurs 
plaies  hideuses!  En  vain  lui  objectait-on  les 
dan;.'ers  auxquels  elle  s'exposait.  I?es  paroles  et 
les  exemples  de  sa  mi-re  étaient  profondément 
L-ravés  au  fond  de  son  cujur.  La  terre  nue  et 
quelques  pierre*  formaient  la  couche  de  sa  mère; 
elb-  s'en  .ipprochait  pendant  la  nuit  et  la  faisait 
doucement  reposer  «ur  «a  poitrine.  Pour  récom- 
penser son  amour  de  la  pauvreté,  Notre-Seigneur 
permit  qu'en  certaine--  occasions, elle  parût  riche, 
ment  vétuc  et  que  le  pauvre  lit  où  elle  reposait 
devint  brillant  comme  un  lit  de  parade.  Dans  une 
promenade  aite  dan><  la  campa;.'ne  romaine,  ses 
vêtement»  élinceb  r^  iit  de  pirrres  précieuses,  au 
i-raud  étonnemeiit  de  ■•escompa^jnes  i;.'norant  les  [ 
faveurs  dont  le  nel  h»  favorisait.  Elle  supportait 
aussi  les  injure*  du  prochain  avec  «ne  merveil- 
leuse mansuétude, rendant  toujours  le  bien  pour  le 
ii>at.corame une  liilélc  épouse  deJésu.s-Chrisl. 

l|o»IT  IlS  «AINTB  IIRir.ITrK 

Vingt-cinq  an«  s'étaient  écoidés  depuis  le  jour 
où,   sous    rinopiralion    divine,   Catherine   était 


venue  rejoindre  sa  mure  à  Itome,  lorsque  toutes 
les  <leu.\  résolurent  d'aller  vi.iiter  les  lieux 
témoius  des  souffrances  de  leur  Dieu.  Malgré 
tous  les  obstacles,  elles  eureat  le  bonheur 
d'accomplir  leur  dessein,  mais  !«  moment  appro- 
chait où  Brigitte  allait  recevc>ir  la  récompense 
de  tous  ses  travaiix.  Surprise  par  la  lièvre  à 
Jérusalem,  elle  fut  oblii;ée  de  retourner  à  Rome 
où  bientôt  son  àine  quitta  l'exil  «le  cette  vie. 

Catherine  fît  transporter  eo  Suède  les  restes 
mortels  de  sa  mère.  Due  immense  multitude  se 
porta  à  la  rencontre  de  ce  corps  vénévé,  Iwurense 
en  même  temps  de  pouvoir  admirer  de  plus  près 
les  vertus  de  Catherine,  vivante  image  de  sa.m.ère. 
X  Lincopia  surtout,  le  peuple,  en  la  voyant,  laissa 
éclater  des  transports  d'alJéfiresse.  Les  cloches 
annoncèrent  partout  sa  présence.  Les  or;,Ties 
firent  entendre  leurs  sons  harmonieux  comme 
au  jour  des  grandes  soleimilés,  et  l'évèque  lui- 
même  ne  voulut  céder  à  personne  rhonneur  de 
la  recevoir.  Lsaut  alors  J'une  suinte  liberté,  elle 
lui  reprocha  de  né;;lii:er  les  devoirs  de  sa  ch.vrite 
pastorale,  en  doiiiianl  trop  de  temps  à  l'oraison 
et  en  se  livrant  à  des  jeûnes  trop  rigoureux. 
Elle  arriva  enHn  au  monastère  de  Watzen  qu'elle 
devait  fjouveriier  comme  abbesse.  Là,  près  du 
tombeau  de  sa  mère,  elle  apprit  à  ses  religieuses 
à  pratiquer  la  re^'le  qu'elle-iiiêuie  avait  pratiquée 
si  longtemps  sous  sa  sainte  direction. 

nF.TOL»    A    BOMK    —    SIIIIACI.KS 

Les"f)iules  commencèrent  bientiU  à  aftluer  au 
tombeau  de  saillie  l!ri;.;itt.c, attirées  par  les  mi  racles 
qui  s'y  opéraient.  Le  roi  de  Suéde  et  tous  les 
priiii'i|iau.\  du  royaume  s'en  émurent  et  plièrent 
Catherine  de  retourner  à  Uonie  pour  demander 
la  canonisation  de  sa  mère.  Ses  démarches  ne 
purent  réussir.  La  cité  romaine  était  alors  divisée 
par  le  sclii^me  qui  venait  d'éclater  à  lu  mort  de 
Grégoire  XI  :  Urbain  VI,  son  légitime  successeur. 
ne  pouvait  librement  exercer  son  autorité.  Ce 
pontife  avait  pour  Catherine  une  affection  toute 
paternelle  à  cause  des  friands  exemples  ib'  vertu 
qu'elle  n'avait  cessé  de  donner  peiulaiit  son 
séjour  à  Home;  aussi  lui  doiiiia-t-il  des  lettres 
apostoliipics,  pour  qu'à  son  retour  elle  lût  reçue 
avec  honneur  dans  tous  les  lieux  par  où  elle  pas- 
serait, et  il"  lu  fit  accompagner  par  un  seigneur 
de  haute  autorité  jiiKqu'iiitx  ,\lpes.  En  arrivant 
en  '  lirer  aux  populations 

la  Niisi  par  le  sommeil, 

un  de  ses  |»arents  tombe  du  haut  du  char  sous 
les  pieds  des  du- vaux;  il  est  tellement  meurtri 
par  lei  roues,  qu'i'U  le  croit  mort.  Catherine  se 
jette  aussitr.l  ,i  ;;eii'>(i\,  rlle  invoque  la  Heine  du 
cii'l  et  aussitôt  ]•■-,  blessure»  dis|iaruissent  sans 
laisser  aucune  trace. 

Pendant  ion  dernier  séjour  près  du  tombeau 
des  apôtres,  elle  avait  opéré  plusieurs  prodiges 


qui  tirent  resplendir  d'un  nouvel  éclat  sa  sainteté. 

Lne  dame  romaine,  très  dancereusement  ma- 
lade,refusait  tous  les  secours  de  la  reliaion.  Notre 
Sainle,  désireuse  de  sauver  celle  Ame.  se  mit  en 
oraison  et  supplia  Notre-Seiriieur  pour  cet  te  péche- 
resse dont  la  vie  n'avait  été  qu'une  suite  de 
di^ordres.  Klle  achevait  sa  prière,  lorsqu'il  sortit 
du  Tibre  une  vapeur  noire  et  épaisse  qui  environna 
la  maison  de  la  malade,  et  en  même  temps  un  bruit 
(•pouvantable  se  fit  entendre.  La  malade,  épou- 
vantée et  hors  d'elle-même,  appela  Catherine, 
lui  promit  de  se  réconcilier  avec  Dieu,  et  aussitôt 
le  bruit  cessa. 

Pendant  la  mauvaise  saison,  le  Tibre, ltossI  par 
les  pluies  torrentielles,  déborda  tellementqu'une 
Srnnde  partie  de  la  ville  était  sur  le  point  d'-Hre 
submergée.  Sainte  Catherine  se  met  en  prières 
et  supplie  le  Sei;.'neur  d'avoir  pitié  de  son  peuple. 
.K  cette  prière,  le  lleuve  rentre  dans  son  cours 
naturel,  les  eaux  s'écoulent  vers  la  mer  et  la 
Ville  Sainte  est  délivrée  d'un  péril  imminent. 

Le  troisième  miracle  que  nous  allons  rapporter 
eut  lieu  pendant  le  séjour  de  la  .Sainte  à  .Naple<. 
Une  dame  d'honneur  lui  dit  que  depuis  longtemps 
un  démon  tourmentait  chaque  nuit  sa  lille  déjà 
veuve.  Heureuse  de  pouvoir  contribuer  au  salut 
d'une  Ame,  t'.atherine  conseilla  une  confession 
pénérale,  se  livra  elle-m''roe  h  toutes  les  austé- 
rités de  la  pénitence  et  parvint  à  délivrer  cette 
veuve  de  l'esprit  mauvais  et  à  rendre  la  paix  à 
son  âme. 
iiKRMknEs    a:«n*!bs    rt   mort    iir   sainte   catiikhisr 

Depuis  son  départ  de  Mome  et  son  arrivée  au 
monastère  de  Wntzen,  la  vie  de  notre  Sainle  ne 
fut  plus  qu'un<!  suite  de  douleurs  corporelles; 
mais  sa  joie  était  grande  de  pouvoir  souffrir.  Des 
soupirs  ardints  s'exhalaient  de  son  Ame  à  la 
iiensée  que  liienl<M  clic  serait  délivrée  di:s  liens 
du   corps   pour    vivre  avec  Jésus-Christ.   Avant 


qu'elle  rendit  le  dernier  soupir.  Dieu  voulut 
manifester  encore  une  fois  son  émiueiile  sain- 
teté. 

L'un  des  ouvriers  du  monastère  tomba  du  haut 
des  échafaudages,  d'une  hauteur  considérable, 
sur  des  pierres  qui  lui  rompirent  les  os.  Le  mal- 
heureux ne  donnait  plus  signe  de  vie.  A  la  nou- 
velle de  l'affreux  accident,  Catherine,  malgré  ses 
infirmités,  se  transjiorte  près  du  blessé,  louche 
ses  membres  meurtris,  et  aussitôt  toute  douleur 
disparait,  les  plaies  se  cicatrisent  et  il  peut  se 
remettre  au  travail  avec  les  autres.  Des  prières 
d'actions  de  grâces  montèrent  alors  vers  le  ciel 
pour  remercier  Notre-Seigneur  qui,  par  l'inler- 
cession  de  sainle  Catherine,  venait  d'opérer  un 
si  grand  prodige. 

Cependant  les  forces  corporelles  de  la  pieuse 
abbesse  diminuaient  de  jour  en  jour;  l'heure 
vint  enlin  où  Dieu  voulait  récompenser  sa  ser- 
vante. Quand  elle  était  avec  sa  mère,  elle  avait 
coutume  tous  les  jours  et  bien  souvent  m^ine 
deux  ou  trois  foi*  par  jour,  de  se  purifier,  par  le 
sacrement  de  Pénitence,  de  ces  fautes  qui  peu- 
vent surprendre  la  fra;:ililè  humaine.  Cuuime 
des  douleurs  d'estomac  l'empêchaient  de  recevoir 
son  Dieu,  son  unique  bonheur  était  de  le  con- 
templer sous  les  espèces  sacramentelles. 

Ce  fut  dans  un  des  transports  d'amour  de 
celte  contemplation  <livine  que  .son  Ame  s'exhala 
vers  le  ciel.  .\u  moment  de  cette  mort,  une  étoile 
apparut  au-dessus  du  monastère  le  jour  ft  la 
nuit  où  son  corps  demeura  exposé,  l'accompagna 
jusqu'à  ré;;lise  et  ne  disparut  enlin  que  lorsque 
la  cérémonie  fut  achevée. 

Des  archevêques,  des  évêque»,  des  abbés,  le 
Ils  du  roi  de  Suède  lui-même  tinrent  à  témoigner 
par  leur  présence  de  leur  vénération  pour  la 
servante  de  Dieu,  l'n  grand  concours  de  peuple 
se  m  à  son  tombeau,  et  par  son  intercession,  il 
s'y  opéra  de  nombreux  et  éclatants  miracles. 


M 


iii 


SAINT    TURIBE 


Fête  le  23    mars. 


Turibe,  miraculeusement  sauvé  de  la  férocité  de  deux  énormes  caïmans,  marche  sur 
les  eaux  de  la  rivière  de  Chagra.  —  Il  est  arrêté  au  bord  d'un  affreux  précipice 
par  la  main  d'un  ange  vêtu   en  Indien. 


SA  >iA:S>A»rE    —    SA  JEL'.NESSB 

Turibe  naquit  à  Majorça,  en  Espapne,  le 
l*"'  novembre  1538. 

MiIlt»'-  toute»  le»  séduction?  du  monde,  il  sut 
ron«erver  «a  vertu  «lans  tache,  car  il  mil  sa  con- 
fi.in'  e  en  M.irie.  .'vii-i  Ir.  .I-tii^'er.  aiini  I^  [■ri-'-re 


et  rélmje,  et  châtia  «on  corps  jiar  les  veilles,  les 
jeûnes  et  les  llapellalions  sanglantes. 

Toutes  les  aspirations  de  son  enfance  et  de  sa 
jeunesse  le  portaient  vers  le  sacerdoce,  mais  son 
père  étant  mort  et  sa  famille  restant  sans  appui, 
il  lui  consacra  cinq  années  et  no  reprit  le  lours 
.1.-  '■fn  élude'*  qu'aiiri's  avoir  t'I.iMi   ses  sa  urs  cl 


assuré  l'existence  de  sa  mère,  en  lui  abandon- 
nant son  propre  patrimoine. 

La  r(?putaiioii  que  Turibe  s'était  acquise  par 
sa  vertu  et  sa  sagesse  précoces  le  firent  nommer 
inquisiteur  à  Grenade. 

Il  nV'tait  encore  que  laïque;  mais,  consommé 
déjà  liaiis  la  science  des  saints,  il  employa  tout 
son  ï'-li",  toute  sa  douceur  et  toute  sa  docte  per- 
suasion à  ramener  les  Ames  à  Dieu. 

irniBE  EST   NOUIIÉ  A    LARCllEVÈCHK  DE  LIMA 
SON  VOYAbE  ET  SON  ARRIVÉE 

Los  qualit«''sque  Turibe  déploya  dans  la  charge 
d"iiiqui>itoiir  tirent  jeter  les  yeux  sur  lui  pour 
rarchevt''rlu'  de  IJma,  capitale  du  l'érou. 

Ce  |)ays  sam"age,  couvert  do  for^'-ts  impéné- 
trables, avec  ses  hautes  et  dangereuses  mon- 
tagnes, «es  fleures  rapides  et  ses  marais  infran- 
chissables, était  une  pile  imai;e  des  dirficultés 
spirituelles  qui  attendaient  l'évèque  mission- 
naire, car  les  Péruviens, depuis  peu  d'années  dé- 
possédés parles  Espa«nnls  de  leur  indépendance 
nationale,  étaient  encore  de  vrais  barbares. 

L'attrait  des  labeurs  et  des  peines  à  souffrir 
pour  l'aniour  de  iésus-Christ  décida  Turibe.  Il 
(lit  adieu  à  sa  vieille  mère  qu'il  ne  devait  plus 
revoir,  se  prépara  avec  soin  à  la  réception  des 
saints  Ordres  et  partit  sans  retard. 

La  llotle  royale  traversa  l'.Xtlantique  par  un 
vent  favorable  et  jeta  l'aiKTC  dans  le  port  d'EI 
nombre  de  Uios  'le  nom  de  Dieu). 

Ou  prit  alors  la  route  de  terre.  La  distance  est 
courte,  mais  le  chemin  diflicilc.  Il  faut  gravir  des 
monlat'iies  escarpées  et  passer  à  pué  des  marais 
faiit-'eux  peuplés  d'énormes  caïmans. 

Un  jour,  Turibe  traversait  la  rivière  de  Chagra. 
Sa  mule  rerula  comme  effrayée  d'un  danger  que 
lui-riièmo  ne  pouvait  comprendre.  Ilient6t  désar- 
eonné,  il  t(>mba  dans  l'eau  et,  à  l'instant,  deux 
énormes  eaimaiis  se  jetèrent  sur  lui.  mais  il 
implora  le  secours  divin  et  aussitôt  les  monstres, 
retenus    par   une    force    invisible,   s'arn'tèrent, 

tandis  que  l'ai i       ,  ,iux, 

romnie  j.uiis  I  •.]      !        1      ;-i  iitle 

■  fivat'e  sain  et  sauf 

Enlln,  les  voyageurs  arrivèrent  ÀIJma.Tarite 
v  fut  reru  avee  enlliDUsiasme  :  ..  Dieu  soit  béni, 
disait-on  pnrloot,  uous  allons  avoir  un  saint 
pfiiir  nrehi'ïéque.  »• 

Ln  effet,  Turibe  était  un  saint,  il  prati<|uait  la 
«ainteté  et  la  faisait  pratiquer  aux  Ame*  com- 
mise! à  sa  garde. 


Le 

mièi 
on  I' 


soi.' 

1. 
par 

l-,  1. 


KlAT  Di   rr.ii 
nr  DAS*  l'adu 

Pérou  est  divisé  «q  trois  parties  :  la  pra- 

,     -■   ■-;  ■!,  .1-    ;  '      -  '  ■    ;,!,.  .,    .s 

.  Je 
lit  I» 


et  •!"■•  •auka^jes  plus  crueU  i|ue 


Quant  à  la  troisième,  elle  est  formée  de  mon- 
tagnes volcaniques  qu'on  ;;ravit  en  s'aocrochant 
à  des  cordes  et  en  se  faisant  hisser  par  les 
naturels  du  pays.  Cette  contrée  est  le  repaire  de 
serpents  qui  mesurent  jusqu'à  vingt-cinq  pieds 
de  longueur. 

Malgré  ces  obstacles,  Turibe,  après  avoir 
réprimé  les  abus  et  organisé  la  sage  administra- 
tion de  Lima,  commença  sescourses  évanyéliques 
par  la  provinee  de  (^-tinalia,  où  les  sauvages, 
quoique  baptisés,  vivaient  cependant  en  guerre 
continuelle  avec  les  chrétiens  du  \oisinage. 
Turibe  leur  parla  avec  bonté.  Ils  déposèrent 
leurs  arcs  et  leurs  flèches  en  signe  de  respect  et  • 
reçurent  presque  tous,  avec  le  baptême,  le 
sacrement  de  Conlirmation. 

L'apdlre  s'engagea  ensuite  plus  avant  dans  les 
terres. 

Il  ne  rerul.iit  devant  aucune  fatigue.  Quand  les 
dangers  lui  paraissaient  trop  grands,  il  échappait 
à  l'affectueuse  surveillance  de  sa  suite  et  par- 
tait seul,  la  nuit,  récitant  des  prières  sur  sa  nmie 
sans  se  préoccuper  de»  péiil>  de  la  route. 

l'ne  fois,  il  cheminait  ainsi,  tout  absorbé  en 
Dieu.  Sa  monture  quitte  le  bon  chemin  et  gravit 
une  roche  terminée  parmi  affreux  prèi-ipice.  In 
pas  de  plus  et  Turibe  roulait  dans  l'abiiiie.  quand 
la  bride  de  l'animal  esi  saisie  par  un  Indien  qui 
le  remit  dans  le  bon  chemin.  Turibe  veut  remer- 
cier son  bienfaiteur,  mais  il  avait  disparu 

Dieu,  qui  lui  avait  envoyé  sou  ange,  le  conduit 
sain  et  .sauf  auprès  des  pauvres  Indiens.  Il  leur 
apporte  des  secours  tant  spirituels  que  tem- 
porels; c.\r,  jiauvre  et  austère  pour  lui-même, 
Turibe  répandait  ù  profusion  ses  laraesses. 

Le  léle,  la  douceur,  la  rharité  inépuisables  de 
l'apAtre  étaient  néeessaire^  pour  vaimre  les  pré- 
jugés des  sauvages  contre  les  chrétiens.  Lu  effet, 
les  Indiens,  décimés  par  la  guerre  et  refoulé»  par 
les  progrès  de  la  conquête  espagnole,  étaient 
exaspérés  contre  les  colons.  Forcés  d'abandonner 
br.rs  terres  et  leurs  villages,  ils  avaient  aussi 
abandonné  riCyangile  pour  n'avoir  rien  de  com- 
innii  avec  biii'*  perséniteurs,  et,  riMenus  aux 
I  lie  leurs  aiieiennes  superstitions,  il* 

m  ut  tous  1p«  Kiiropéens  qui    -'aventu- 

raient ju.'-i|u'A  eux.  I<  insqu'ri  un '•ertain 

point  '   rar  il<  ii<"  re.  I  du  <lii  isliaiiisnie 

i]i  -  i|ui,  loin  de  regarder 

b  ■     frère»  en  Jé-u— Christ, 

!!■  Ml  fnia  faire  deux  leurs  esclave»,  les 

Bc  1'-   travaux,  de   mauvais  traitements, 

séparant  les  maris  d'avec  tours  femmes,  les 
enr.iiits  d'avec  leur»  mères,  en  un  m"'  -■  «.rvnni 
d'eux  eomroe  on  se  sert  d'animau> 

Turibe  promulgua  le>  peines  e,, ,. -..i-;,.,.,. - 
les  plus  sévères,  défendant  absolunii^iit  aux 
prêtres  d'avoir  de»  e»cl;i\<>s  d  menaçant  tl'ex- 
criinniunication  les  per-onnafie»  le<  plus  haut 
pl.i.é-  s'ils  enfi  "  ■    V 


|«v  |,,|«  ,1,.  I'Ihiii 


aU|>i<'-    du 
partie  -i  .  i. 


..  ^     Ili      sllflili 
ili«>i  ri   ii«ii  ■!< 


i.i  |.i-,    il    eut 

•■•Il  iniluence 

•r    ri'Ite 

.1  ne  ctol 


avoir  achevé  l'œuvre  de  la  réconciliation  qu'a- 
près avoir  développé  parmi  les  peuplades 
indiennes  le?  sentiments  chrétiens.  Aussi,  ne 
néyligea-t-il  aucun  moyen  de  persuasion.  Vou- 
lant leur  parler  désormais  sans  interprète,  il 
entreprit  l'étude  de  leur  langue.  Dieu  vint  mira- 
culeusement en  aide  à  son  zèle,  car  il  parla 
aussitôt  couramment  les  idiomes  de  toutes  les 
JilTérentes  peuplades  qui,  à  leur  grand  étonne- 
nient,  le  comprirent  éiralement  quand  il  parlait 
soit  latin,  soit  castillan. 

Turjbe,  pour  consolider  l'œuvre  de  ses  prédi- 
cations, élaWit  dans  chaque  bourgade  un  caté- 
chisme pour  les  adultes,  réunit  les  sorciers, 
magiciens  et  enchanteurs  dans  un  village  séparé 
des  autres, les  fit  instruire  et  exigea  des  planteurs 
espa(.'nol>  qu'ils  assurassent,  dans  les  fabriques 
de  sucre  et  les  manufactures  de  coton,  le  service 
rellsieux  des  pauvres  esclaves. 

UISSIOX   DANS   LES  PROVINCES    DE   GWNACL'M.i 
ET    DE   CHINKAKOKA 

Dès  que  les  peuples  idolâtres  de  Guanacuma 
eurent  appris  que  Turibc  voulait  évangéliser 
leurs  contrées,  ils  s'armèrent  de  lances  et  de 
flèches  empoisonnées,  résolus  à  défendre  éner- 
giquement  l'entrée  de  leur  pays.  Turibe,  montrant 
son  crucifi.v  à  ceux  qui  essayaient  de  le  retenir: 

•'  Là  où  est  le  Christ,  là  se  trouve  la  paix,  dit-il. 
I^  guerre  cessera  en  sa  présence.  Marchons  sans 
crainte.  » 

Kt  il  traversa  le  fleuve. 

Les  sau\ages  se  tenaient  sur  la  rive,  mcna- 
•  anls;  mais  à  peine  virent-ils  venir  à  eux  l'intré- 
pide aprtire,  que  l'épouvante  les  saisit,  et  ils 
s'enfuirent  en  désordre  comme  sL  l'ange  de  Dieu 
ii's  eût  menacés  de  son  épée  llamboyante.  Turibe 
se  met  à  leur  poursuite;  les  plus  courageux 
tournent  la  tète ,  l'écoutent  ;  les  autres  ralen- 
tissent le  pas  et  enfin,  séduits  par  la  bonté  de 
l'apôtre,  consentent  à  le  conduire  dans  leurs 
cavernes  et  leurs  forêts  où  il  fait  un  long  séjour 
et  ne  les  quitte  qu'après  avoir  administré  les 
sacrements  à  tous. 

L'évangélisation  des  fiers  habitants  de  Ciiin- 
Uakoka  paraissait  plus  difficile  encore:  mais, 
(  onlie  l'attente  de  tous,  ils  envoyèrent  eux- 
mêmes  à  Turibe  une  dèputation  chargée  de  lui 
offrir  des  présent»  consistant  en  perroquets, 
pommes  de  pins  et  fruits  de  toute  espèce.  Ils  le 
supfiiièrcnt  humhb ment  de  les  suivre.  Turibe 
se  fit  attacher  à  des  cord'^s  et  glisser  le  long  des 
rochers,  jusque  dans  les  gorges  profondes  habi- 
tées jiar  ces  peuplades  barbares,  et  bientôt  plu- 
sieurs milliers  d'infidèles  coururent  recevoir  le 
baptême. 

TUniBE  HFTROCVE  DBS    TRACES  d'ÉVANG^LISATIOI^ 

Au  pied  des  Cordillères  des  Andes  s'élevait  le 
l' lit  bour;.'d'Andomarca.  Turibe  yarrivnità  peine 
piand  soixante-douze  vieillards,  accompagnés 
1''  sept  femmes  et  de  deux  enfants,  se  présen- 
■  rent  à  lui,  disant  qu'ils  étaient  des  brebis 
irante«  k  l.i  rechTrho  de  K-ur  pasteur. 


«  Nous  avons  vu,  ajoutèrent-ils,  un  beau 
jeune  homme  vêtu  de  blanc  et  d'une  démnr  he 
toute  céleste.  Il  nous  a  appris  que  l'archevêque 
de  Lima  s'était  arrêté  au  pied  de  nos  rocli^  rs 
et  nous  a  commandé  d'aller  à  sa  rencontre  el  .1  ■ 
lui  apporter  ces  objets  religieusement  conservés 
dans  nos  familles.  » 

Et  ils  lui  présentèrent  un  missel,  un  bréviaire 
et  une  aube. 

Turibe  recueillit  précieusement  ces  reliques, 
indiquant  que  la  foi  avait  pénétré  jadis  dans  ces 
contrées  et  y  fit  fructifier  la  bonne  semonce. 

MORTIFICATIONS  DE  TUBIBE 

Les  fatigues  de  l'apostolat  ne  suffisaient  pas  au 
zèle  de  Turibe.  Ses  jeûnes  étaient  continuels, 
souvent  il  ne  mangeait  que  du  pain. 

A  côté  du  lit  splendidement  orné,  selon  l'usn-.' 
du  temps,  il  reposait  tout  habillé  sur  une  plauchc 
étroite. 

Pendant  ses  missions  les  plus  fatigantes,  il  por- 
tait constamment  une  large  ceinture  garnie  de 
pointes  de  fer;  el  quand  il  se  donnait  la  disci- 
pline, les  murs  de  sa  chambre  se  couvraient  de 
sang,  car  l'archevêque  meurtrissait  sa  chair  pen- 
dant plus  de  deux  heures  consécutives.  Ses 
parent-  lui  demandaient  de  mettre  fin  à  tant  de 
supplices;  mais, dans  leur  cœur,  ils  remereiaient 
Dieu  d'avoir  mis  uu  tel  saint  dans  leur  làmille. 

Le  plus  souvent,  Turibe,  pour  cacher  ces  macé- 
rations, se  retirait  la  nuit  dans  quelque  lieu  soli- 
taire où  le  mugissement  des  torrents  et  le  hurle- 
ment des  bêtes  féroces  amortissaient  le  bruit  di- 
ses (la:.'ellations.  Elles  atteignirent  un  tel  degré 
que  ses  épaules  étaient  couvertes  de  larges  plaiis  ; 
il  fut  obligé  d'appeler  confidentiellement  uu  ciii- 
rurgien  qui  tailla  dans  la  chair  vive,  sans  arra- 
cher un  cri  au  gén-'reux  patient. 

LA  CHARITÉ  1)K   ILHIUK  KNVERS  LES    PAUVRES 

Turibe  se  regardait  comme  le  trésorier  des 
pauvres  de  son  diocèse.  Personne  ne  l'implorait 
en  vain.  Aux  pauvres  honteux  il  faisait  apporter 
des  secours,  au.v  fille-;  sans  fortune  il  fournissait 
de?  dots,aux  ecclésiastiques  en  détresse,  il  oITrait, 
non  plus  seulement  de  son  superllli,  mais  de  son 
nécessaire. 

Ce  n'était  pas  assez  pour  le  charitable  prélat; 
quand  il  avait  épui.«é  sa  bourse,  il  donnait,  un 
jour,  les  llambeaux  de  sa  chambre,  un  antre  jour 
les  plats  de  sa  table,  tantôt  sa  smitaiie,  tantôt 
ses  chemises.  Sa  sa-ur,  chargée  de  l'administra- 
tion de  la  maison,  luien  faisait  d'amers  reproches. 
Le  Saint  l'écoutait  en  silrnce,  heureux  d'ajouter 
au  mérite  de  la  charité  celui  de  la  douceur  et  de 
l'humilité. 


DIEU    MANIFESTE    LA   SAINTETE  DB   SON  SERVITEUR 
MORT    DE    TURIBE 

Comme   la   plupart    des  saints,    l'apôtre    du 
Pérou  était  favorisé  de  gr.^ces  extr.iordin m  ■  < 
1!  posséil.iii  ."i  un  h.iut  degré  le  don  de  pi'i  l.   Ii'' 


Dien  (^tait  proiliiue  envers  lui,  parce  que  lui- 
même  ne  refusait  rien  à  Dieu. 

Ses  miracles  rappelaient  ceux  des  premiers 
.•\p6tres  de  l'Evanfiile.  Il  t-uérissail  les  malades, 
ressuscitait  les  morts  et,  plus  d'une  fois,  les  élé- 
ments, dociles,  obéirent  à  sa  voix. 

Il  conversait  habituellement  avec  les  anses,  on 
••ntendait  leurs  voix  célestes  psalmodier  ave; 
lui  le  bréviaire.  Ouand  il  priait,  une  lumière 


céleste  l'environnait,  et  un  jour,  aux  yeux  des 
assistants  étonnrs,  une  étoile  brilla  au-dessus 
de  son  front  humiilonient  coût  bé  devant  Ilieu. 

Aimé  et  vénéré  de  tous,  il  mourut  le  23  mars 
I0O6.  Ce  fut  un  deuil  public  tant  pour  les  Indiens 
que  pour  les  Espa;;nols.  Les  foulcs~émues  accou- 
rurent s'a;;enouillcr  devant  son  tombeau,  et  ne 
se  relevaient  pas  sans  y  avoir  recueilli  des 
grâces  nombreuses. 


•«ki» 


L.  l'»TiTac«iiï,liiip.-i/rr«ir,  8,  ru<>  FronçoisI".  Pari». 


SAINT   ALDÉMAR,    MOINE    ET    ABBÊ 


Fêle  le  24  mars 


^=^d 


Au    commencement  des   matines    deux    assassins    veulent    le   tuer 
aT«c  des  flèches  et  des  épées;  mais  l'un  d'eux  ne  peut  tirer  son  épée,  son  bras  se  paralyg» 


SA  RAISSANCB  —   SBS  PREMIÈASS  ANNÉES 

Aldémar  naquit  en  Italie,  terre  féconde  en  saints 
et  illustre  par  leurs  vertus  et  leurs  miracles.  C'était 
au  X*  siècle,  alors  que  les  Sarrasins  et  les  Grecs 
cherchaient  à  se  partager  les  dépouilles  de  ces 
riches  contrées. 

Le  père  ii<>  noire  Saint  se  nommait  Jean;  sa  mère, 
Mira,  vraiment  adm'rable  par  ?a  piéU' el  ses  bonnes 
œuvres.  Ils  vivaient  tous  deux  du  travail  de  leurs 
mains  et  menaient  une  vie  simple  et  lionnéte.  La 
pai\  rdgniit  lkiii'>it'  modeste  demeure,  parce 
qu'ils  aimaient  Dieu  de  tout  leur  cœur  et  le  ser 
vâienl  fldelemeal. 


Cependant  leur  bonheur  n'était  point  parfait.  Ht 
étaient  sufrisamraent  riches  des  biens  de  la  terre, 
mais  ils  n'avaient  point  d'enfant.  Dans  leur  affliction 
ils  tournèrent  leurs  regards  vers  le  Seigneur  et 
levèrent  vers  lui  leurs  mains  suppliantes,  pleins  de 
confiance,  selon  celle  parole  :  •<  Demandez  et  vous 
recevrez;  cherchez  et  vous  trouverez  ;  frappez  et  l'on 
vous  ouvrira.  »  Le  Seigneur  ne  peut  résister  aux 
priires  des  humbles.  S'il  semble  ne  pas  les  exaucer 
d'abord,  c'est  qu'il  veut  les  combler  de  grices  plus 
abondantes.  H  en  agit  de  la  sorte  envers  ces  pieux 
serviteurs.  En  effet,  il  leur  accorda,  non  seulement 
le  fils  qu  ils  dcm  indaient,  mais  un  saint. 

Dès    qu'Aldémar    (c'est    le    nom    qu'il    r.çul    aa 


baptême),  M  en  âge  d'apprendre,  ses  parants  le 
firent  étudier  avec  li»s  autres  enfants  de  son  âge.  U 
lit  de  si  lapides  profirès  qu'il  le»  surpassa  tou»  en 
peu  de  temps.  Il  était  animé  d'un  Tif  désir  desavoir: 
on  raconte  que,  lorsque  le  maître  était  absent,  il  se 
retirait  à  l'écart  pour  se  livrer  à  l'étude,  au  lieu  de 
perdre  un  temps  précieux  à  s'.imu^er;  ses  compa- 
gnons, étonnes  de  cette  conduite  assez  rare  chez  les 
écoliers,  le  surnommèrent  le  >atant. 

Durant  ses  premières  années,  il  garda  son  cœur 
l'ur  de  toute  souilluir.  Fruit  de  la  grâce,  Dieu  l'avait 
rempli  de  ses  lieiiedictions.  Il  avait  une  grande 
horreur  surtout  pour  tout  ce  qui  peut  tlélrirla  déli- 
cate vertu  d>>  pureté.  Aussi  le  Saint-Esprit  habitait 
en  son  dnie  :  il  s'en  était  fait  son  temple  où  il  trou- 
vait ses  complaisances. 

IL  SE  FAIT  MOINE  IT  DEVItNT  ÀBbI 

L'amour  de  Dieu  enflammait  de  plus  en  plus  ce 
jeune  cœur  et  la  grdce  y  faisait  germer  des  fruits 
éternels  de  vie.  Aldémar  n'avait  pas  encore  atteint 
sa  quinzième  année  et  déjà  le  monde  et  ses  joies 
I'  le  remplissaient  de  défioùt.  Il  forma  dès 

|.    •  ~ein  de  se  donner  tout  à  Dieu  par  un  entier 

renoncement  &  toates  les  choses  de  la  terre.  Il 
voulait  pratiquer  à  la  lettre  cette  parole  de  Notre- 
Soipneur  :  •  Si  quelqu'un  veut  me  suivre,  qu'il 
luiioiice  &  soi-même,  qu'il  prenne  sa  croix  et  me 
suive.  » 

Or  il  r  avait,  non  loiu  de  Capoue,  patrie  de  notre 
Saint,  un  monastère  célèbre  par  la  sainteté  et  les 
vertus  de  son  glorieux  fondateur,  et  qui  s'élevait, 
cniinue  un  rempart  contre  .Satan,  sur  les  hauteurs  du 
.M'>nt-Cassin. 

l'.est  la  qu'Aldémar  voulait  terminer  ses  jours 
dans  la  pratique  de  la  pénitence,  loin  de  tout 
ce  qui  peut  distraire  l'&me  do  son  union  avec  Dieu. 
Après  avoir  obtenu  la  permission  de  ses  parents  et 
reçu  leur  l)én*diclion,  il  se  met  en  rcut»»,  «eul, 
"rniili  inl  !■:  >. 

h.).,.-,  .i;,.    :  .     _         .   ,,Z 

d-'  foi  pour  c<iiiaacr<'r  au  Seigneur  ce  qui  vous  est  te 
plus  cher  au  monde.  I.e  sacnflce  est  irrand,  la  ré- 
ronipense  sera  proportionnée. 

••iiil   du   111 
:  ■   ■  ■  leçu  parmi 
I"   -upérieur  l'admet  avec  joie  et  lui  donne  l'habit 
...,.    I  ..  V  .  .  I   .     ■•i;  il^H  lors  ft  ses  prières   les 
'  mortillcalions  de  la  chair, 
i:t  en  plui  au  Hoi  des  rois.  On 
T'  .1    lui   une   si   grande   sainteté, 

I  .  >  I  «Tire  sacré  du  diaconat. 

t.i  i  ri-noinmoe   de  ses  vertus  franchit 

Mt  po'  <  les  limites  étroites  de  «la  celloU; 

l'i  ;  -.-ret  de 

•■  ■  «ur  le 

1  "ni  au 

\'  iurou( 


il'àpies.  —  Une  dame  éminente  de  Capoue  venait  de 
faire  élever  un  monastère  en  cette  ville.  Elle  voulut 
en  confier  la  direction  à  notre  Saint.  L'abbé  du 
.Mont-Cassin  ne  put  rejeter  une  demande  si  juste  et 
laissa  partir,  un  peu  malgré  lui  pourtant,  le  modèle 
de  ses  religieux. 

Aldémar,  revêtu  de  cette  dignité  plus  remplie  de 
travaux  que  de  douceurs,  redoubla  ses  austérités, 
afin  d'obtenir  les  gr&ces  nécessaires  pour  bien  di- 
riger le  petit  troupeau  confié  à  sa  g.irde.  11  macérait 
sa  chair  par  les  disciplines,  les  cilices  et  les  jeûnes 
assidus;  il  prolongeait  ses  veilles  fort  avant  dans  la 
nuit. 

Son  ardent  amour  pour  Dieu  se  manifestait  dans 
ses  actes  par  une  grande  charité  envers  les  pauvres, 
qui  sont  les  membres  souffrants  de  Jésus-Christ  S'il 
recevait  un  vêtement  neuf,  il  se  gardait  bien  de  le 
mettre,  mais  aussitôt  qu'il  rencontrait  un  malheu- 
reux, il  le  lui  donnait.  Quant  à  lui,  il  ne  voulait 
pour  couvrir  son  corps  que  de  vieux  habits,  qui, 
bien  souvent,  ne  le  garantissaient  pas  des  rigueurs 
du  froid. 

IL  SE  RITIHB  A    BOVINO  —  ON    VICT  l'aSSASSINRR 

Dieu  se  plaît  à  manifester  sa  ploire  par  le  bras  de 
ses  saints  :  il  rend  à  ces  Ames  innocentes  et  pures, 
une  partie  de  la  puissance  que  nous  avons  perdue 
par  le  péché  d'Adam.  C'est  ainsi  qu'il  voulut  favo- 
riser son  pieux  serviteur  et  montrer  aux  hommes 
combien  il  lui  était  agréable,  on  lui  accordant  un 
pouvoir  extraordinaire  sur  les  créatures.  Aldémar 
s'en  servit  pour  exalter  la  toute-puissance  de  Dieu 
et  secourir  ses  frères  souffrants.  Mais  ses  nombreux 
miracles  furent  bientôt  raconté»  dans  toute  l'Italie, 
et  son  nom  répété  avec  respect  de  bouche  en  houche 
1^  solitude  du  Mont-Ca.xsin  retentit  i  son  tour  du 
récit  de  ces  merreilles;  au  reste,  le  souvenir  des 
vertus  du  jeune  m<''  ;  toujours  viwiiil.  I.'.ibbé 

qui  avait  ronsunti  .ta  .«on  ili'p.iit  voulut 

le  rappeler  et  rendr».-  celle  lumière  a  son  couvent. 
De  son  cùté,  la  noble  dame  qui  l'avait  fait  venir 
s'opposa  de  toutes  ses  foroes  à  ce  projet.  De  là,  des 
discussions  et  des  qoerelles. 

le  Saint  fut  vivement  nftIiL'é  de*  disputes  dont  il 

•t  et  résolut  il'v  en  t 

I!  sortit  donc  la  nuit  i    !•- 

tous,  et  se  dirigea  seul  vers  un  petit  bourg  appelé 
llovino.  l^  divine  Providence  le  conduisait  en  ce 
lieu  pour  y  terminer  un  différend  et  faire  éclater  s* 
sainteté  par  deux  nouveaux  mirn-les. 

Trois  frères  étalent  depuis  lonKleoipe  divisés  au 
sujet  d'nae  église.  L'un  deux,  ayant  appn*  larrivée 
d'Aldéraar,  s'en  vint  le  trouver  et  lui  céda  «a  part, 
ce  qui  irrita  vivement  les  deux  autn-s.  Ils  mena- 
is le  Saint  de  le  tuer  s'il  ne  pre- 
c«'lui-ei  «»ni(  '.laeé  toute  •« 
c'>ntiiince  en  Itieuetn'éî  ■'    iVpendant 

u' e  nuit,  comme  il  »r  f  pour  T  chan- 


ter  l'office  divin,  selon  sa  coutume,  les  deux 
malheureux  le  suivirent,  armés  de  flèches,  dans 
l'exécrable  dessein  de  le  tuer.  Les  Matines  étaient  à 
peine  commencées  que  l'un  d'eux,  brandissant  son 
arme  s'appu^tait  a  frapper  le  Saint.  Mais,  par  un  effet 
visible  de  la  divine  Providence,  son  bras  fut  para- 
Ivsé  tout  à  coup.  Frappé  de  terreur,  l'assassin  se 
jette  aux  pieds  de  celui  qu'il  voulait  tuer  et  implore 
humblement  son  pardon.  Aldémar,  dont  le  cœur 
était  plein  .de  chanté,  accorda  la  liberté  et  le  par- 
don i  celui  qui  avait  voulu  lui  donner  la  mort. 

Il  y  avait,  a  liovino,  un  clerc  gravement  malade 
depuis  UQ  long  temps;  il  ne  pouvait  faire  usage  de 
ses  îuembres  et  son  état  était  désespéré.  Il  lui  fut 
révélé, dans  une  vision, qu'il  serait  guéri  aussitôt  qu'il 
se  serait  lavé  avec  de  l'eau  bénite  par  saint  Aldémar. 
Il  envoya  bien  vite  quelqu'un  au  serviteur  de  Dieu 
pour  le  prier  de  lui  accorder  celte  grâce.  «  .Mais, 
répondit  le  Saint  à  l'envoyé,  je  n'ai  pas  le  pouvoir 
de  bénir  de  l'eau,  car  je  ne  suis  pas  revêtu  de  la 
dignité  sacerdotale  :  cessez  donc  d'insister.  » 
Cependant,  [>our  se  débarrasser  des  importunités  de 
rétran;;er,  il  bénit  un  peu  d'eau  qu'il  lui  remit.  Le 
malade  ne  se  fut  pas  plutàt  lavé,  qu'il  recouvra 
entièrement  la  santé. 

'  Aldémar  était  de  plus  en  plus  honoré  de  tous 
ceux  qui  le  connaissaient.  Le  clergé  de  Rovino, 
témoin  de  ses  vertus,  le  priait  instamment  de 
revêtir  la  dignité  sacerdotale.  Persuadé  que,  une 
fois  prêtre  comme  Jésus-Christ,  ses  prières  auraient 
plus  de  valeur  auprès  de  Dieu,  il  se  rendit  à  leurs 
vœux  et  reçut  l'imposition  des  mains. 


IL  rONOK  PLUSIEURS  MONASTUIS 

Il  quitta  peu  après  Bovino  où  la  renommée  de  sa 
vertu  et  ses  nombreux  miracles  attiraient  sur  lui  les 
regards  et  l'admiration  de  chacun,  pour  s'enfoncer 
plus  avant  dans  la  retraite  et  se  trouver  seul  a  seul 
avec  Dieu.  Il  s'en  vint  donc  frapper  à  la  porte  du 
monastère  de  Saint-Sauveur.  Il  y  trouva  des  moines 
tout  à  fait  i|;norants  des  règles  de  la  musique  et 
dénués  des  livres  nécessaires  pour  chanter  les 
louanges  de  Dieu.  Touché  de  compassion,  il  com- 
posa un  antiphonair-,  pendant  le  court  espace  de 
temps  qu'il  demeura  au  milieu  d'eux.  Son  œuvre 
une  fois  achevée,  il  lui  vint  à  l'esprit  de  retourner 
au  Mont-Cassin,  où  il  avait  été  admis  à  la  profes- 
sion de  la  vie  religieuse.  Mais  un  homme,  nommé 
Adam,  grand  ami  du  Saint,  et  non  moins  grand 
admirateur  de  ses  vertus  et  de  ses  œuvres,  ayant  eu 
connaissance  de  ce  projet,  lui  enleva  secrètement 
son  cheval.  Aldémar  ne  put  entreprendre  un  si  long 
vowiire  a  pied.  Néanmoins,  il  quitta  le  monastère 
de  Saint-Sauveur  et  se  dirigea  vers  un  autre  lieu  où 
il  construisit  le  couvent  de  Sainle-Euphémie.  Il 
accepta  la  charge  d'abbi-  sur  les  instantes  prière* 
de  set  Religieux. 


L'Italie  raéridinnale  lui  doit  encore  la  naissanc 
d'autres  monastères.  Le  dernier  qu'il  fonda  fut  celui 
de  Bucciani,  où  repose  sa  di^pouille  inortelle'.  Aldé- 
inar  n'avait  aucune  ressource,  quand  il  conçu!  le 
projet  de  le  construire.  Mais  il  comptait  sur  Dit  u 
qui  ne  lui  fît  pas  défaut.  Un  noble  personnae»;  tii 
pays  lui  prêta  le  concours  de  sa  protection  et  de  s  . 
fortune.  Restait  à  peupler  le  monastère.  La  sainii  '  •■ 
exerce  une  attraction  mystérieuse.  On  arriva  bien- 
tôt en  foule  pour  embrasser  la  vie  religieuse  sous  la 
houlette  de  notre  Saint. 

Aldémar  brûlait  d'une  immense  tendresse  pour 
les  malades.  Une  pauvre  femme  vient  un  jour  le 
prier  de  lui  rendre  l'usage  de  l'une  de  ses  mains 
qu'une  maladie  avait  paralysée.  Cette  vue  lui  ar- 
rache des  larmes.  La  charité  l'emporte  sur  l'humi- 
lité. Après  avoir  offert  le  Saint-Sacriûce  à  son  inten- 
tion, il  appelle  la  malade,  élève  au  ciel  ses  yeux 
toujours  mouillés  de  larmes  et  supplie  le  Seigneur 
d'avoir  pitié  de  cette  malheureuse.  La  main  para- 
lysée fut  pleinement  guérie  et  retrouva  sa  souplesse 
d'autrefois. 

Cette  bonté,  notre  Saint  la  témoignait  même  aux 
animaux.  Un  essaim  d'abeilles  avait  pris  domicile 
dans  une  de  ses  caisses.  Plutôt  que  de  troubler  le 
repos  des  créatures  du  bon  Dieu,  il  préféra  renon- 
cer à  l'usage  de  sa  caisse. 


MORT    DE  SAINT    A.LDKHAR 

Saint  Aldémar  était  allé  visiter  par  charité  les 
Frères  d'un  monastère  voisin.  Au  milieu  de  la  nuit 
il  se  lève  comme  de  coutume  pour  faire  oraison  ; 
Dieu  permit  que  le  diable,  furieux  de  le  voir  inter- 
rompre chaque  nuit  le  sommeil  pour  prier,  lui  mit 
cette  fois  une  entrave  aux  pieds  qui  le  lit  trébucher. 
La  chute  fut  si  rude  que  le  Saint  se  fracassa  une 
jambe  ;  sur  sa  demande,  on  le  transporta  au  monas- 
tère d'un  bourg  voisin,  mais  une  violente  lièvre  le 
saisit.  Le  dénoùraent  fut  prompt,  le  jour  même, 
Aldémar  rendit  son  âme  à  Dieu. 

A  la  nouvelle  de  sa  mort,  les  moines  de  Bucciani 
s'empressent  de  venir  chercher  la  glorieuse  dépouille 
(le  leur  Père.  Grand  émoi  dans  le  village  dont  les 
-habitants  veulent  conserver  ce  riche  trésor  à  leurs 
enfants.  On  en  appelle  au  seigneur  du  lieu  qui  se 
prononce  en  faveur  des  moines.  Le  corps  est  porté 
en  triomphe  à  Bucciani  au  milieu  d'une  foule  im- 
mense; les  moines  l'ensevelissent  au  chant  des 
hymnes  sacrées.  La  cérémonie  ressemble  moins  à 
une  sépulture  qu'à  une  fête. 

Les  miracles  ont  illustré  le  tombeau  de  ?•  ml 
Aldémar,  comme  celui  des  grands  serviteur"  .Ip 
Dieu.  Les  lépreux  semblent  avoir  été  se»  privile- 
giHS.  Sans  doute  que  le  dégoût  qu'inspire  celte 
maladie  était  un  niolif  de  pluK  pour  lourher  le  caur 
si  aimant  et  si  compatissant  de  notre  Saint. 


F  P  r  A 


SAIKT  IREKEE.  EYEQUE  ET  MARTYR  DE  SIRMIUM 


Féle  le  25  mars. 


Pendant  la  terrible  persécution  de  Diociétien,  la 
ville  de  Sirmiura  (aujourd'hui  Sirmicli.en  Hongrie) 
vit  un  de  ses  évêques,  salut  Ircnée,  verser  son  sang 
pour  Jésus-Chrisl. 

Le  gouverneur  de  l'aunonie,  Probus,  le  fait  saisir 
par  ses  soldats. 

«  Obéis  aux  ordres  du  divin  empereur,  lui  dit-il, 
et  sacrifie  aux  dieux. 

—  Je  sarrilie  tous  les  jours  à  mon  Dieu. 

—  Ou  l'obéissance,  ou  la  mort  dans  les  plus  affreux 
tourni'-nts,  choisis. 

—  Mon  choix  est  fait:  plutdt  les  supplices  que  de 
renier  le  vrai  Dieu  pour  sacrifier  aux  démons.  Que 
m'importe  la  soulTrancel  Une  dis-je?  les  soulTrauces 
feront  mes  délices,  puisqu'elles  m'uuironlà  la  passion 
de  mon  Maitre.  » 

Furieux,  Probus  livre  l'innocent  évêque  aux 
fureurs  d'une  soldatesque  aveugle,  qui  le  cbar^^e 
de  coups. 

«  Eh  bien!  Irénée,  vas-tu  sacrifier?  »  lui  crie  le 
tyran,  avec  une  sorte  de  ricanement  mêlé  de  ragé. 

•I  Mais,  Probus,  répond  doucement  le  martyr, 
j'offre  à  Dieu,  en  ce  moment,  un  sacrifice  des  plus 
agréables,  et  j'en  suis  moi-même  la  victime.  » 

Sur  ces  entrefaites  arrivent  les  parents  de  notre 
Saint.  Encore  païens,  sans  doute  (l'histoire  est  muette 
sur  leur  religion),  ils  se  jettent  à  ses  pieds  et  le 
pressent  d'obéir  à  l'empereur. 

u  Voici  les  paroles  de  mon  Maître,  se  contente  de 
répondre  Irénée  :  Celui  qui  me  reniera  devant  les 
hommes,  je  le  renierai  à  mon  tour  devant  mon  l'ère 
citeste.  Aussi,  pas  plus  que  les  menaces  des  princes, 
vos  prières  et  vos  larmes  n'arriveront  à  me  tléchir. 

—  l^isse-là  tes  folies  et  rélléchis,  s'écrie  Probus. 

—  J'airélléchi,  et  mon  choix  est  fait  pour  jamais.  » 
Sur   l'ordre   du  gDUverneur,   Irénée   est  conduit 

4ans  une  étroite  prison  où  des  bourreaux,  penilanl 
plusieurs  jours,  essayent  les  tortures  les  plus  raffi- 
nées pour  triompher  de  son  courage.  Mais  que 
peuvent  toutes  les  forces  de  la  nature  contre  une 
Ame  (|ui  s'appuie  sur  la  ^-làce  de  Dieu'/ 

tulin,  Probus  mande  le  martyr  au  pied  de  son 
tribunal  :  "  Tu  as  assez  souffert,  je  crois;  approche 
et  brûle  ce  peu  d'encens. 

—  Je  ne  sais  quel  sort  vous  rn'avex  préparé,  répond 
Il  '■•née;  quel  qu'il  soit,  je  vous  le  rëpéle  encore,  mon 
parti  est  pris  et  je  ne  sacrifierai  jamais. 

—  Soldats,  reprenez  vos  fouets.  Irénée,  pour  la 
.Ion.  .•'  fois,  sacriQe,  ou  Je  prononce  U  sentence 
(le  m   :  I. 

—  1^  iu»rll  je  ne  l'onvisa^o  qu'avec  joie  :  elle 
in'introdtiii  i  1  ms  la  possessiondu  bonbeuréternel.» 

l'rnbu^  I  .'   ■!  r^  la  senleuce  : 

m   Pour  d\   n   iri   pri«é  les  volontés   augustes   de 

l'empereur,  Ir'  i la  précipité  dons  les  eaux  de 

la  Save. 

—  Probus,  dit  l'évéquc  en  partant  pour  le  lieu  du 


supplice,  apprenez  et  n'oubliez  jamais  comment  un 
cliretien  sait  mourir  pour  son  Dieu.  » 

C'en  était  trop,  une  telle  fierté  de  langage  méri- 
tait son  châtiment.  Probus  ajoute  qu'il  aura  la  tête 
tranchée  avant  d'être  noyé. 

Arrivé  sur  le  pont  fatal  d'où  il  doit  être  précipité» 
Irénée  lève  ses  mains  au  ciel  et  adresse  au  Seigneur 
une  dernière  prière  pour  le  troupeau  qui  lui  a  été 
confié  ici-bas  et  qu'il  va  quitter  pour  jamais  :«  Sei- 
gneur Jésus,  s'écrie-t-il,  je  ne  refuse  pas  de  mourir 
pour  vous  aujourd'hui  !  En  retour,  daifjnez  écouter 
les  supplications  que  je  vous  adresse  pour  la  ville  de 
Sirniiuin:  que  la  foi  ne  fasse  que  s'enraciner  avec 
le  temps  dans  le  cœur  de  mes  enfants > 

Le  bourreau  a  levé  son  t'iaive,  la  tète  du  martyr 
roule  sur  la  poussière  et  on  la  jette  avec  le  corps  dans 
les  eaux  de  la  Save. 


LES  TRENTE-CINQ  MARTYRS  DE  CÉSARÉK 


File  le  H  mort. 

La  ville  deCésarée,en  Palestine, avait  été  illuslr«'e 
par  de  nombreux  martyrs,  durant  les  persécutions 
des  empereurs  païens.  Au  iv«  siècle, deux  empereurs 
chrétiens  s'étaient  déjà  succédé  sur  le  trône,  quand 
Julien  l'Apostat  entreprit  de  faire  rétrograder  le 
iiiDude,  en  rétablissant  oftlciellement  le  paganisme 
par  un  décret  impérial. 

A  cette  nouvelle,  trente-cinq  chrétiens  de  Césarée 
de  Palestine,  se  groupant  en  phalange  compacte, 
parcourent  les  rues  de  la  ville,  en  criant  à  haute 
voix  :  "  Vive  le Clirist,  Dieu  vivant  et  vérilablel  A  lui 
seul  l'honneur  et  l'adoration!  Périssent  les  dieux 
iinpuissanUs  des  (icntils,  avec  tous  ceux  qui  les 
adorent!  ■ 

Les  païens,  furieux,  arrêtent  les  couraseux  mani- 
festants et  les  jettent  en  prison.  Ils  envoient  aulsit<^t 
un  message  à  l'empereur  apostat  pour  l'informer 
de  l'évéïieinent  et  demander  quel  chAtiment  il  fal- 
lait inlluer  aux  coupables.  L'apostat  répondit  par 
une  c-Miidamnation  à  mort.  Les  captifs  apprirent 
leur  seiilcnoe  avec  une  joie  extrême,  ils  marchèrent 
&  la  mort  en  s'cncourageant  les  uns  les  autres;  tous 
euient  la  tête  tranchée,  et  leurs  .^me»  s'envolrrcnl 
nu  ciel,  vers  Jésus-ChrisI,  qu'ils  avaient  aimé  dès  t 
leur  enfance,  afin  de  régner  avec  lui  dans  l'immor-  [ 
talité  bienheureuse.  ji 

Parmi  les  autres  saints  dont  le  mari  yroloKe  romain  i 
fait  mémoire,  le  24  mars,  nous  trouvons  le  nom  de  I 
saint  Timoihée,  prêtre,  frère  de  sainte  Praiéde  et  de  1 
sainte  Pudentiennc,  d'une  noble  fimille  romaine;  ' 
il  souffrit  la  mort  avec  un  autre  ihrélien  nommé  I 
Marc,  mais  les  détails  de  leur  mai  lyre  ne  noua  ont  i 
pas  êié  conservés.  i 


luij-   yciaiii,  fc.  l'KiiTuLiAT,  S,  rue  t  raiiçois  I".  l'ori». 


L'ANNONCIATION 


Fite  le  iô  mort. 


(laliliiiu  Ile  (inpliarili.l 
IICILl.B.it.a  Br  OTILITB  Du  Mi  =  iE.nii.  ut  i,  AnnuNCIATION 


L'Eglise  nous  recommande  de  réciter  trois  fois 
le  jour  ces  paroles  par  lesquelles  nous  rappelons 
le  mystère  de  l'Annonciation  et  de  l'Incarnation 
du  Sauveur  :  >'  L'Anpe  du  Seifineur  a  porté  un 
message  à  Marie,  et  elle  a  conçu  du  Saint-Esprit. 
Voici  la  servante  du  Seigneur,' qu'il  me  soit  fait 
sf  Ion  votre  parole.  Et  le  Verbe  s'est  fait  chair,  et 
il  a  habité  parmi  nous.  •>  Cette  prière  de  VAngelm 
a  ('t^  instituée  par  l'Eglise  pour  implorer  le  secours 
du  Ciel  en  faveur  des  guerriers  chrétiens  qui 
combattaient  en  Occident  contre  l'invasion  des 
Turcs.  Rappeler  à  Dieu  la  grande  miséricorde 
qu'il  nous  a  faite  en  nous  donnant  son  Fils  par 
M.irie  est,  en  effet,  le  moyen  le  plus  efficace  d'atti- 
rer sa  protection  sur  la  chrétienté  rachetée  par 
\f  sang  du  Christ.  Et,  pour  que  nous  ne  perdions 
j.irnais  le  souvenir  de  ce  mystère  secourable, 
ch.ique  jour,  le  matin,  le  midi  et  le  soir,  l'Eglise 
nous  invite  par  neuf  sons  de  cloche  à  nous  unir 
aux  neuf  chœurs  des  anges  pour  saluer  la  Mère 
à-  notre  Sauveur. 

L'homme  a  été  crée  de  Dieu  pour  accomplir  un 
^  and  travail,  celui  de  mériter  le  ciel.  Il  n'en 
'  lirait  venir  à  bout  sans  l'aide  de  Dieu.  .Mais,  par 
'  '1  péché,  il  s'était  privé  du  secours  divin,  et  ne 
(•■lUvail  plus  parvenir  à  sa  fin. 

•  Il  y  avait,  dit  saint  Vinrent  Ferrier,  un  grand 
roi  qui  possédait  une  vigne  auprès  de  son  palais. 


Il  y  envoya  des  ouvriers  en  leur  promettant  un 
riche  salaire  s'ils  pouvaient  le  bêcher  en  un  jour, 
faute  de  quoi,  ils  ne  recevraient  que  des  châti- 
ments. Ces  hommes  donc  travaillaient  avec  beau- 
coup de  diligence,  et,  cependant,  à  la  tombée  du 
jour,  il  leur  en  restait  à  faire  encore  plus  qu'ils 
n'en  avaient  fait.  Le  fils  du  roi  voyant,  par  une 
fenêtre  du  palais,  qu'ils  ne  pouvaient  suffire  à  la 
tâche,  eut  pitié  d'eux  et  voulut  les  aider.  Quittant 
ses  ornements  royaux,  il  prit  l'habit  d'un  vigne- 
ron, et  descendit  vers  ses  serviteurs.  Il  les  aida 
si  bien  qu'ils  achevèrent  leur  travail  et  reçurent 
leur  salaire.  » 

C'est  ainsi  que  le  Fils  du  souverain  Roi,  voyant 
le  genre  humain  suer  à  la  peine,  sans  pouvoir 
venir  à  bout  d'accomplir  le  travail  de  son  salut, 
descendit  en  ce  monde  et  se  revêtit,  dans  les 
entrailles  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  de  la 
forme  de  l'esclave,  pour  aider  ses  esclaves  et  leur 
mériter  une  part  à  sa  royauté  divine.  11  s'abaisi^e 
jusqu'à  nous  pour  nous  élever  jusqu'à  lui.  Cnr. 
comme  dit  l'Evangile  :  «  >'ul  ne  peut  monter  .lu 
ciel,  sinon  celui  qui  est  descendu  du  ciel,  le  FiU 
df  l'homme  qui  est  dans  le  sein  du  Père.  »''^ 

Il  fit  annoncer  son  arrivée  en  ce  monde  par  un 
ange  à  la  Vierge  Marie.  >■  Qui  aurait  vu  des  yeui 
du  corps,  dil  le  Père  d'Argentan,  ce  qui  se  p.i>. 
saitinvisiblementlorsquel'archange  saint  Gabn-I 
prononça  ces  grandes  paroles  :  Ave  gratia  plen» 
Dominus  lecum,  avouerait  que  jamais  jour  n  a  éti 


loi 


si  célèbre  dans  toute  la  durée  des  siècles,  il 
avouerait  que,  comme  ce  jour  était  celui  de 
l'entrée  ma;;iiilique  de  la  sr&cc  en  ce  lias  monde, 
d'où  les  d''iuMii  l'avait  bannie  dès  le  commen- 
cement, le  jour  de  l'entrée  triomphante  des  vic- 
torieux dans  l'ile  de  leur  conquête  n'était  rien 
en  comparaison.  Mais  qui  aurait  fait  attention 
avec  quelle  niaanilicenre  elle  y  entrait,  n'aurait 
TU  rien  de  si  au;.'uste.  Trois  per-onnesla  portaient 
en  triomphe  :  uu  an(:e,  une  Vierge  et  un  Dieu; 
un  ange  qui  l'anuonçalt.une  Vierge  qui  la  recevait 
et  uti  Dieu  qui  la  possédait.  L'ange  la  portait  sur 
ses  lèvres,  la  Vierge  la  recetait  dans  son  chast« 
sein,  et  Dieu  en  portait  le  trésor  inépuisable  dan* 
son  C4t;ar.  » 

rniPABATION    DITINI 

L'ambassade  de  l'ange  Gabriel  auprès  de  la 
Vierge  Marie  est  la  contre-partie  du  funeste  entre- 
tien du  serpent  maudit  avec  Eve,  notre  première 
mère,  ligure  par  opposition  de  Marie.  Eve  et 
Uarie  sont  vierges  et  encore  exemptes  de  tout 
péché.  A  l'une  et  à  l'autre,  un  ange  adresse  la 
parole.  Mais  le  tentateur  fait  eiit>'ndre  une  parole 
de  doute,  de  désobéissance  et  d'orgueil  :  •  Pour- 
quoi Dieu  vous  a-t-il  commandé  de  ne  pas  man- 
ger du  fruit  de  tous  les  arbres  du  jardin  ?  » 
(jabriel,  qui  apporte  le  salut,  parle  bien  autre- 
ment :  «  Je  vous  salue,  pleine  d"  gi.\ce,  le  Sei- 
gneur est  avec  vous,  vous  êtes  bénie  entre  toutes 
les  femmes.  >  Eve  discute  imprudemment  avec 
le  serpent  et  boit  son  venin  qui  infectera  toute 
sa  race.  Marie,  la  Vierge  très  prudente,  après  s'être 
assurée  qu'elle  traite  avec  un  ange  de  lumière, 
obéit  humblement  et,  par  son  obéissance,  lève  la 
malédii'tion  et  reçoit  le  s«lat  du  monde  entier. 

Cette  humilité  de  Marie  est  Ugurée  dans  l'Ancien 
Testament  par  Abigail,  qui  mérita  d'être  l'épouse 
de  David.  L'impie  Nabal,  son  premier  époux, 
délivré  de  ses  ennemis  par  l'épée  de  David,  avait 
refusé  de  lui  donner  aes  vivres  pour  lui  et  ses 
hommes.  David,  dans  sa  juste  colère,  résolut 
d'exterminer  jusqu'à  la  dernière  âme  vivante  de 
la  maison  de  Nabal.  Mais  Ahl^-ail  détourne  le 
coup  par  l'humilité  de  sa  prière.  Elle  vient  k  la 
rencontre  de  David,  apportant  une  grande  abon- 
dance de  provisions,  et  lui  dit  :  •  Ne  penset  plus 
i  .Nabal,  cet  homme  insensé,  mais  recevez  cette 
bénédiction  <|ue  votre  servante  piésenle  à  son 
Seigneur,  et  distribuez  ce  don  &  tous  les  serviteurs 
(|ui  vous  accompagnent.  •  Dtvid,  touché  de  son 
intercession,  lui  répondit  :  ••  B-'ui  soit  le  Seigneur 
Dieu  d'Israël  qui  l'envoie  an-devant  de  moi,  bénie 
soit  la  parole  que  tu  as  prononcée;  et  sois  bénie 
aussi,  lu  m'as  empêché  aujourd'hui  de  verser  le 
sang  et  d'accomplir  ma  vengeance.  >  Nabal  fut 
frappé  par  la  main  de  Dieu,  et  David  couronna 
Abigail  reine  et  U  lit  as-roir  sur  son  troue.  — 
Toui  hante  image  de  la  \  lerge  Marie  qui  oblieutle 
salut  de  tout  son  P'-uple,  et,  en  d'avenant  Mère 
de  Dieu,  mérite  d'être  couronnée  Reine  sur  tout 
l'Israël  spirituel  1 

Marie,  libératrice,  nous  est  encore  présentée 

I       ',-•.    ^4ui(<  livres  sous  l'imaxe  de  Débort  la 

l'>nt  il  est  érril:  •  La  race  des  fort* 

i  Im  i<  I.    iii«  lu'au    iiiiir    <iù    s'<'lrva 


■  le 

«    de  (OU    eliliriiii.    ' 

I .  s  les  desseins  de  Dieu 

iiiiitre  ses  eniieinii.  Le 

'iniiie  lUlac   à  D>'borm  : 

: ,  si  lu  ne  veux  point 


i>ei 

i,  ii 

Le 

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COlubuL   . 

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d'I. 

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venir. jr 

LA    céLESTE   AUBASSAOR 

L'archange  saint  Gabriel  fut  choisi  de  Dieu  pour 
faire  à  Marie  celle  proposition  d'où  dépendait  la 
victoire  de  l'hunianité  contre  le  démon. 

•Pourquoi  cet  honneur  lui  est-il  accordé  de  préfé- 
rence aux  autres  esprits  bienheureux?  Parce  que, 
dit  saint  Hernard,  Gabriel  était  l'ange  gardien 
de  la  Saillie  Vierge,  et  que  Dieua  coutume  de  nous 
communiquer  ses  gr&ces  par  l'intermédiaire  de 
nos  anges  gardiens. 

Saint  (irégoire  en  donne  une  autre  raison  : 
«  C'est  que  l'Incarnation  du  Fils  de  Dieu  est  un 
mystère  si  sublime  et  si  diflicile  que  Dieu  y  a 
employé  toute  la  force  de  son  bras.  Il  ap[>arlenait 
donc  prlncip.'ilement  irenge  Gabriel,  dont  le  nom 
signide  la  force  de  Dieu,  d'être  le  négociateur  de 
celle  grande  entreprise.  » 

Marie,  la  Vierge  Immaculée,  depuis  son  mariage 
avec  Joseph,  habitait  k  Nazareth,  (a  t'iffe  dti  flenn. 
dans  la  maison  de  son  époux.  Les  deux  saints 
personnages  étaient  d'illustre  origine.  Ils  descen- 
daient du  saint  roi  David,  et  avaient  des  titres  à 
régner  sur  tout  Israèl.  Et,  cependant,  ils  n'étaient 
pas  eulour<<s  d'une  brillante  cour,  ni  logés  dans 
un  beau  palais.  Joseph  était  un  simple  artisan, 
qui  gagnait  son  pain  à  la  sueur  de  son  front,  et 
Marie  le  senait  de  ses  maiu°. 

Quoique  mariés,  pour  obéir  aux  exigences  de  la 
loi  et  à  l'ordre  du  Pontife,  tous  deux  avaient  con- 
sacré au  S'igneur  leur  virginité,  renonçant  ainsi, 
selon  l'estime  qu'en  auraient  fait  les  bonini>'S, 
i  l'espoir  de  donner  le  jour  au  Meseie  attendu, 
qui  devait  naître  de  leur  famille. 

Quand  Marie  sortait  de  sa  demeure  et  parn  li- 
rait la  gracieuse  vallée  de  Nazareth,  les  leiiiih  -- 
la  regardaient  sans  doute  comme  la  meilleure  >'i 
la  plus  douce  d'entre  elles  :  mais  rien  de  plus  ii'' 
la  distinguait  des  autres.  La  iilénitude  de  grA  " 
dont  sonime  était  enrichie  n'était  connue  que  i- 
Dieu  et  de  ses  anges.  Seuls,  les  anges  dans  le 
ciel  et  les  fleurs  dans  la  vallée  devaient  s'incliner 
par  respect  et  la  saluer  k  son  passage. 

C'est  sur  cette  vallée  que  la  Sainte  Trinité 
llxait  sou  regard  de  prédilection.  C'est  U  que  le 
salut  (levait  être  apporté  au  monde  ;  et  le'  e-jn  il  ■ 

bienheureux,  commis  i  U  garde  dos  h <<■■ 

venaient  souvent  prier  avec  Marie,  et 
cri  du  Prophète  :  «  Cieux,  envoyez  vi.i 
et  que  In  terre  enfante  sou  Sauveur  I  ■ 

L  heure  lliée  dans  les  décrets  de  l'éternelle 
miséricorde  arriva  euliu. 

C'était  le  2ô  mars,  k  rainait:  «  L«  Vierge  Marie 
veillait  dans  son  oratoire,  dit  saint  Vincent  r--i 
rier,  et  elle  relisait  la  parole  d'Isale  :  «  \  i  . 
qu'une  Vierge  concevra  et  enfantera  un  Fils,  qui 
sera  appelé  Kinmanuel.  »  Arr/l.int  sa  lecture, elle 
se  mit  a  méditer  sur  cette  prophétie,  et  elle  p<  n 
sait  dans  son  cu'ur  :  •  0  Seuneur,  quelb-  -  j  l 
Ci-Ile  Vierge  digne  de  coiice»(iir  le  rifs  de  li  ■■>.. 
dvne  d'être  la  Mère  de  Dieu  cl  la  Iteiiie  du  ci''  ' 

'<  Et  elle  priait  le  Seigneur  de  U  laisser  mvi« 
assez  longtemiis  pour  voir  cette  bi'-nheareuse 
Dame  et  pour  la  servir;  •  Seigni-nr  .livj.i  rllr, 
»  cnuscrvei'inoi  la  vue  pour  la  i  i      i  ' 

»  pour  l'eutuiidrc,  la  Uiii.'iir  p  un 
•'  mains  pour  la  servir.  < 
•  Vierge.  •  En  parlant   > 

humble    pour     --upposer    uue    les    (taivles    du 
|iio|)bèle  s'appliquaient  k  elle.  • 

Cest  en  ce  moncut  que  Vi- 
d'iir»  rnrp»  d'einpr  uiit,  appan. 
'  Il  entra  sans  ouvrir  le-  i urUt,  r   ■  i- 

.    avait  pris  n'était  pas  dune  mal. ne 


grossière  et  opaque  comme  le  nôtre.  «  11  entra 
en  silenre  et  avec  une  profonde  humilité,  dit 
d'Aff^entan,  parce  qu'il  ne  venait  pas  pour  com- 
mauder,  mais  pour  demander,  en  priant,  le 
consentement  de  la  Vierfje.  »  Une  grande  multi- 
tude d'anges  raccompaf-'naient  invisiblement, 
pour  rendre  hommase  au  Verbe  éternel  dans  le 
premier  instant  de  sou  Incarnation,  et  faire  cor- 
tège au  Hoi  de  gloire  au  jour  de  ses  épousailles 
avec  la  nature  humaine. 

Marie  le  vit  venir  a  elle,  environné  d'une  bril- 
lante lumière,  revêtu  d'habits  éclatants.  Elle  le 
vil  des  yeux  du  corps,  mais,  en  même  temps,  le 
regard  de  son  intelligence  pénétra  sa  nature 
spirituelle. 

L'an^iC  lui  dit  :  «  Je  vous  salue,  pleine  de 
grâce,  le  Seigneur  est  avec  vous,  vous  êtes  bénie 
entre  les  femmes.  >>  C'était  là  un  langage  bien 
nouveau.  D'ordinaire,  quand  les  anges  appa- 
raiss.iieiitaux  hommes.dans  l'Ancien  Testament, 
ce  sont  l«8  hommes  qui  leur  donnaient  des  témoi- 
gnages de  respect.  Ici,  au  contraire,  c'est  l'ange 
qui  pairie  avec  révérence,  quoiqu'il  parle  comme 
repr>'sentaut  de  Dieu.  —  Les  Espagnols  com- 
mencent l'Aie  Maria  en  ces  termes  :  «  Dieu  vous 
salue,  Marie.  •>  Le  Fils  salue  sa  Mère,  le  Saint- 
Esprit  salue  son  épouse. 

.Marie  se  trouble  en  entendant  ce  salot.  Ce  qui 
cause  sou  effroi,  ce  n'est  pas  la  vue  de  l'ange. 
Les  esprits  célestes  lui  apparaissaùent  souvent 
dans  ses  prières,  et  elle  avait  l'habitude  de  traiter 
avec  eux.  Mais  son  humilité  se  trouble  des  paroles 
qu'elle  entend. 

"  Au  moment  où  l'ange  entra,  dit  encore  saint 
Vincent  Ferrier,  elle  songeait  à  la  Vierge  prédite 
par  Isaie  et  à  la  sublimité  de  la  grâce  qui  rem^ 
plirait  sou  âme,  et  voici  qu'elle  s'entend  appeler 
plfjiie  de  grâce,  comme  s'il  disait:  C'est  vous  qui 
<Hes  celle  Vierge  favorisée  de  la  grâce.  Elle  médi- 
tait sur  les  grandeurs  de  celle  qui  serait  Mère 
de  Dieo,  et  elle  s'entend  dire  :  «  Le  Seigneur  est 
»  avec  vous.  Il  est  avec  toutes  les  créatures  ; 
»  mais  avec  vous  par  une  union  plus  intime.  » 
Elle  pensait  à  l'excellence  de  la  Vierge  M:ère 
de  Dieu  au-dessus  de  toutes  les  femmes,  et 
l'ange  lui  dit  :  «  Vous  êtes  bénie  eatre  toutes  les 
femmes.  » 

Si  l'ange  l'eût  abordée  comme  à  l'ordinaire, 
Marie  n'eût  pas  été  étonnée.  Elle  tremble  &  cause 
de  la  nouveauté  de  son  discours. 

Mais  (iabriel  la  rassure.  C'estle  propre  desmani- 
festations de  la  grâce  divine  d'effrayer  les  patvres 
âmes  humaines,  parce  qu'elles  leur  ouvrent  un 
monde  oii  l'on  ne  pénètre  qu'en  se  renonçant 
et  en  mourant  i  soi-même.  Mais  la  grâce  apporte 
avec  elle  une  vertu  qui  rassure  et  console  ceux 
qui  l'acceptent. 

«  Ne  rraigiiet  rien,  Marie,  lui  dit  l'ange,  car 
vous  avez  trouvé  grâce  devant  le  Seigneur.  »  Et 
quelle  ^râce?  demande  saint  Bernard:  la  paix 
entre  Oieu  et  les  hommes,  la  destruction  de  la 
mort,  la  réparation  de  la  vie;  voilà  ce  que  Marie 
a  trouvé  devant  le  Seigneur. 

Ll  niAITi  K.NTnE    DIEU    ET    LA    NATt'KI    BDMAINI 

RiraéscNTi!  par  marie 

Après  avoir  ainsi  rassuré  la  Vierge,  Gabriel, 
au  nom  de  Dieu,  lui  explique  le  sujet  de  son 
ambassade  et  lui  propose  le  merveilli-ux  traité, 
l'admirable  commerce  que  le  Créateur  veut 
négocier  avec  sa  créature. 

«  Voirj,  dil-il,  (iiie  vous  concevrei  et  enfanterez 
un  fils  et  vous  I  a|  pellerez  Jésus.  Il  sera  grand. 


et  on  l'appellera  le  Fils  du  Trèf-lhiut.  Le  Seigneur 
lui  donnera  le  trône  de  David  son  père,  et  il 
régnera  éternellement  sur  la  maison  de  Jacol>.  d 

A  ce  nom  de  Jésu.s,  Marie  s'inclina  san.s  doute 
avec  un  grand  respect.  P,uis,  rélléchissanl  à  tous 
les  biens  qui  devaient  accompagner  sa  naissant, 
sa  soumission  à  la  volonté  de  Dieu  et  sa  chai  ib" 
pour  les  hommes  lui  persuadaient  de  consentir 
a  la  parole  de  l'ange;  mais,  d'autre  part,  se  sou- 
venant du  vœu  de  virginité  qu'elle  avait  fait, 
et  ne  sachant  comment  concilier  ce  vœu  avec  la 
maternité  divine,  elle  voulait  i^Le  éclaircie  sur  ce 
point,  et  posa  aussi  sa  coudicro.i  au  traité  qu'il 
s'agissait  de  conclure: 

«  Comment  c«ila  se  fera-t-il,  dit-elle,  puisque 
je  ne  connais  point  d'homme,  et  que  j'ai  promis 
à  Dieu  de  rester  vierge  ?  » 

Or,  la  condition  qu'elle  y  mettait  était  préci- 
sément le  motif  qui  l'avait  rendue  digne  d'être 
choisie  de  Dieu  pour  le  supn'nn;  honneur,  l'iiibriel 
répondit  donc  qu'elle  siirait  à  la  fois  .Mère  et 
Vierge,  par  un  miracle  de  la  Uiute-puissance  de 
Dieu  : 

c<  Le  Saint-Esprit  surviendra  eu.  vous,  dit-il, 
et  la  vertu  du  'Très-Haut  vous  couvrira  de  son 
ombre.  Et,  à  cause  de  cette  vertu  inliine,  le  fruit 
saint  qui  naîtra  de  vous  sera  appelé  Fils  de  Dieu.  » 

L'annonce  d'un  prodige  si  nouveau  avait  besoin 
d'être  garantie  par  Dieu  même.  L'ange  en  donne 
comme  gage  le  miracle  par  leijuel  le  SeiHneu.r  a 
rendu  mère  une  femme  stérile  :  "  Et  voici, 
ajoute-t-il,  qu'Elisabeth,  votre  cousine,  a  conçu 
elle-même  un  liUdans  sa  vieillesse.  El  celle  qui 
était  stérile  est  maintenant  dans  le.  sixième  mois 
de  sa  grossesse.  Connaissez  par  là  que  rien  n'est 
impossible  à  Dieu.  » 

Marie  alors,  en  pleine  connaissance  de  cause, 
informée  de  tout  ce  que  Dieu  voulait  d'elle, 
résolue  avec  son  aide  à  porter  la  grâce  incompa- 
rable de  la  maternité  divine,  donna,  son  consen- 
tement à  l'ange  en  lui  disant  :  «  Voici  la  servante 
du  Seigneur,  qu'il  me  soit  fait  selon. votre  parole.  » 
Et  l'ange  se  retira. 

Entre  cet  ange  et  cette  Vierge,  dans  cette  petite 
ville  obscure  de  (ialilée,  au  milieu  du  silence 
de  la  nuit,  venait  de  se  traiter  la  plus  impor- 
tante affaire  qui  aitjamais  été  trait<^e  au  monde. 
Saint  Bernard,  méditant  sur  la  part  qu'y  prit 
Marie,  s'adresse  ainsi  à  la  Bienheureuse  Vierge, 
au  moment  où  elle  va  prononcer  son  fiât  : 

«  Vous  avez  entendu  lance  vous  annoncer  que 
vous  concevrez  et  enfanterez  un  Fils,  et  que  cela 
ne  sera  pas  l'œuvre  des  homme*;,  mais  bien  celle 
du  Saint-Esprit.  L'ange  attend  votre  réponse; 
car  il  est  temps  qu'il  retourne  vers  celui  qui 
l'envoie.  Et  nous  aus&i,  ô  notre  Dame  1  nous, 
misérablement  rourh''s  sous  une  sentence  de 
damnation,  nous  attendons  de  vous  une  parole 
de  compassion.  Ce  qui  vous  est  offert,  c  est  le 
prix  de  notre  salut;  nous  serons  délivrés  si  vous 
y  conseutez.  Nous  avons  été  créés  par  le  Verbe 
éternel,  et  voici  que  nous  mourons;  nous  serons 
réparés  par  une  brève  réponse  de  votre  bouche; 
votre  parole  nous  rappellcr.»  A  la  vie. 

"Cette  parole,  A  miséricordi ''Use  Vierge,  le  triste 
Adam,  exilé  du  Paradis,  et  sa  race  infortunée 
l'implorent;  Abraham,  David,  tous  les  autres 
saillis,  vos  pères,  détenus  dans  l'ombre  de  la 
mort,  la  réclament.  Le  monde  entier,  prosterné 
à  vos  genoux,  l'attend.  Et  ce  n'est  pas  sans  raison; 
car  de  la  parole  que  votre  bouche  va  prononcer 
dépend  la  consolation  des  malhpurfux.larédemr- 
lion  des  captifs,  la  délivrance  des  condamnés,  le 
salut  de  tous  les  enfants   d'Adam,  vos   frères. 


Vierge,  répondez.  hAtez-vous.  0  notre  Dame, 
répondez  ce  mot  qu'attend  la  terre,  qu'attendent 
les  cieux  et  les  enfers.  Le  Roi  et  le  Seigneur  de 
l'uniTers,  qui  a  soupiré  d'une  si  grande  ardeur 
après  Totre  beauté,  attend  avec  la  même  ardeur 
Totre  réponse;  c'est  par  elle  qu'il  se  propose  de 
sauver  le  inonde... 

X  Répondez  une  parole  et  recevez  le  Verbe; 
proférez  votre  parole,  concevez  la  parole  de 
Dieu;  prononcer  cette  parole  qui  passe,  et  étrei- 
gnez  dans  votre  sein  la  l'arole  éternelle.  Pourquoi 
tardez-vous?  Pourquoi  tremblez-vous?  Croyez, 
bénissez  Dieu  et  acceptez.  Que  votre  humilité 
s'enhardisse,  que  votre  crainte  se  change  en 
assurance.  Ouvrez,  6  Vierge  bienheureuse,  votre 
cœurà  la  fol,  vn?  lèvres  à  la  louange,  vos  entrailles 
au  Créateur  !  Le  Désiré  de  toutes  les  nations 
attend  là  dehors,  debout  à  votre  porte,  et  il 
frappe.  Oli  !  s'il  allait  passer  outre,  tandis  que 
TOUS  hésitez,  il  vous  faudrait  recommencer  à 
chercher  en  pleurant  le  bicn-aiméde  votre  âme. 
Levez-vous,  courez,  ouvrez-lui.  Levez-vous  par 
la  foi,  courez  par  la  dévotion,  ouvrez-lui  par 
l'aveu  de  votre  désir.  —  Voici  la  servante  du 
Seigneur, dit  Marie;  qu'il  me  soit  fait  selon  votre 
parole.  » 

l'i.ncarnation  dd  fils  de  dieu 

A  l'instant  m^me  où  Marie  fit  à  l'ange  cette 
réponse,  la  Sainte  Trinité  opéra  en  elle  la  plus 
grande  des  œuvres  de  Dieu.  Par  la  puissance  du 
Père,  par  l'amour  du  Saint-Esprit,  le  Verbe, 
Sagesse  éternelle  de  Dieu,  comme  un  rayon  de 
soleil  qui  pénètre  le  cristal  sans  le  briser  ni 
l'altérer,  entra  personnellement  dans  le  sein  de 
la  Vierge  et,  de  son  plus  pur  sang,  se  forma  un 
corps  humain.  Les  trois  personnes  divines  con- 
coururent ensemble  à  revêtir  le  Verbe  de  la 
nature  humaine;  mais  la  seule  personne  du 
Verbe  dépouilla  à  nos  yeux  l'éclat  de  la  divinité, 
prit  la  forme  de  l'esclave  et  devint  un  homme 
en  tout  semblable  à  nous  par  son  apparence 
extérieure. 

Le  Verbe  s'est  fait  chair,  et  il  a  habité  parmi 
nous.  Il  n'a  point  perdu  sa  divinité,  mais  il  a 
prit  notre  humanité.  U  est  Dieu  et  homme  tout 


ensemble,  Homme-Dieu.  Les  deux  natures, 
humaine  et  divine,  sont  véritablement  en  lui, 
non  pas  confondues  en  une,  mais  réellement 
distinctes.  Et,  si  distinctes  qu'elles  soient,  leur 
union  est  tellement  intime  et  parfaite  qu'il  n'y 
a  point  deux  personnes,  mais  une  seule,  qui  est 
celle  du  Fils  Je  Dieu. 

Mystère  insondable  pour  notre  raison,  et  qui 
confond  notre  pensée  I  La  nature  divine  qui  ren- 
contre la  nature  humaine  et  s'unit  à  elle  pour 
former  un  seul  Jésus-Christ  !  .Mais,  qui  consi- 
dérera attentivement  tout  ce  mystère  :  d'un  côté 
la  grandeur  de  Dieu,  éternel,  infini,  Créateur  de 
toutes  choses;  de  l'autre,  la  misère  de  l'homme, 
être  d'un  jour,  borné,  dépendant  de  tout?  Qui 
mesurera,  autant  que  cela  est  donné  à^l'homme, 
la  distance  qui  sépare  l'inlini  du  fini,  compren- 
dra au  moins  une  chose  dans  cet  incompréhen- 
sible mystère,  c'est  que  Dieu  nous  a  aimés  d'un 
amour  au-dessus  de  toute  compréhension,  c'est 
que  notre  conliance  envers  lui  ne  doit  point 
avoir  de  bornes,  puisque  celui  qui  n'a  pas  épar- 
gné pour  nous  son  propre  Fils  ne  saurait,  après 
cela,  rien  épargner  pour  notre  sanctification,  et 
qu'enfui  notre  amour  et  notre  service  tout  entier 
appartiennent  &  l'Homme-Dieu  qui  s'est  fait  notre 
serviteur  par  amour.  Il  nous  a  servis  pour  que 
nous  le  servions  ;  car,  sous  la  forme  de  servi- 
teur qu'il  a  revêtue,  il  est  notre  Dieu,  notre  Roi 
et  notre  Juge. 

Or,  cet  incomparable  bienfait  que  Dieu  flt  à  la 
terre  fut  d'abord  conGé  en  dépôt  à  la  Vierge  Marie 
seule,  afin  qu'il  fût  donné  au  monde  tout  ensemble 
par  Dieu  le  Père  et  par  la  Sainte  Vierge.  Marie 
est  ce  vaisseau  béni  qui,  par  le  mérite  de  sa 
sainteté,  va  aiborder  aux  plages  lointaines  du 
ciel,  y  reçoit  le  pain  spirituel  qui  doit  alimenter 
tout  le  peuple  chrétien  par  la  foi  et  l'Eucharistie, 
et  revient  vers  nous  avec  sa  précieuse  cargaison 
pour  consoler  dans  leur  exil  tous  les  enfants 
d'Adam.  Si  Dieu,  d'après  saint  Paul,  ne  peut  plus 
rien  nous  refuser  après  nous  avoir  donné  son 
Fils  pour  être  notre  frère,  combien  plus,  l'aTant 
donné  à  Marie  pour  être  le  Fils  de  ses  entrailles, 
lui  accordera-t-il  tout  ce  qu'elle  lui  demaudera 
pour  notre  salut  I 


K.  l'mTHi>i»t,  Imj'    garant,  H,  rue  l-ranjoi*  I",  l'.iri!i. 


SAINT   LUDGER 

PREMIER    ÉVÊQUE  DE    MUNSTER,  EN  WESTPHALIE 


Fite  le  26  mars. 


Un  officier  de  Charlemagne  vient   annoncer  et  s^lnt   Ludger  que   l'Empereur  l'attend; 

mais  le  Saint,  Jugeant  qao  le  Roi  du  ciel  passe  avant  l-!s  rois  de  la  terre,    achève  pieusement 

sa  prière  avant  d'aller  à  l'audience  royale. 


LA  MfaE  Dt  SAINT  LUDGBB 

A  la  lin  du  vu' siècle  le  christianisme  commençait 
à  s'introduire  dans  la  Frise,  et  a  civiliser  les  peu- 
plades germaniques  ;  ce  n'était  pas  toujours  chose 
facile,  et  la  religion  catholique  avait  bien  des  cou- 
tumes barbares  à  déraciner.  En  voici  un  exemple  : 
La  femme  d'un  chef  chrétien  venait  de  mettre  au 
jour  une  fille;  à  la  vue  de  cette  petite  Tille,  la  firand' 
mère  de  l'enfant,  pnienne  farouche,  fut  saisie  d'une 
terrible  colère,  car  c'était  un  pelit-fils  qu'elle  aurait 
voulu  recevoir.  Elle  commanda  aussildl  de  faire 
mourir  l'enfant;  ces  païens,  en  efTet,  croyaient  qu'il 
tlail  permis  de  tuer  les  enfants,  pourvu  qu'ils  n'eus- 
sent pas  encore  goi^té  de  nourriture. 

Un  domestique  saisit  donc  la  pauvre  petite  pour 
aller  la  plonger  la  t^te  la  première  dans  un  grand 
vase  rempli  d'eau.  Mais,  chose  merveilleuse,  la 
faibl'  enfant  se  cramponna  si  fort  avec  ses  petites 
roam«  aux  bords  du  seau  que  le  cruel  serviteur  ne 
pouT.iit  ['.irvenir  à  l'enfoncer  dans  l'eau.  Une  femme, 
i»tlir<'e  par  le»  cris  de  la  victime,  accourut,  arracha 


l'enfant  des  mains  de  l'homicide,  laporta  chez  elle, 
et  s'empressa  de  mouiller  ses  lèvres  d'un  peu  de 
miel  :  désormais  les  païens  ne  se  croiraient  plus  per- 
mis de  la  faire  mourir. 

L'enfant  prandit,  fut  re  trouvée  avec  joie  par  sa  mère 
et  élevée  dans  la  religion  chrétienne,  épousa  un 
seigneur  du  pays  et  eut  la  gloire  d'£tre  la  mère  de 
deux  saints:  saint  Ludger,  évéque  de  Munster,  et 
saint  Ilildegrin,  évéque  de  Chllons. 

ÉDUCATION   DR  LUDGER   SOUS  LA    DIRBCTION 
OK     SAinT      GRÉGOIIIi;    DUTRtCRT     BT    D'aLCUIN 

Elevé  par  ses  parents  dans  la  vertu  et  la  piété, 
Ludger  donna  dès  sa  jeunesse  des  signes  manifestes 
d'une  vocation  extraordinaire.  Grave,  recueilli,  sans 
attrait  pour  les  jeux  bruyants  des  enfants  de  son 
àpe,  il  passait  ses  journées  dans  la  récitation  des 
pri>>res  que  lui  apprenait  sa  mère,  ou  bien,  ramas- 
sant les  écorces  lisses  et  les  pellicules  des  aj'brrs,  il 
en  formait  un  livre,  et,  au  moyen  d'un  pinceau 
trempé  dans  un  Hijuido  rolorant,  il  s'exerçait  a  imiter 


1-2(1 


les  caractères  des  manuscrits.  Quelqu'un  lui  deman- 
dait quelle  aTait  été  l'occupation  desajournée: 
«  J'ai  écrit  des  livres  »,  rcpondit-il  naïvement.  "  Et 
qu'est-ce  qui  t'a  appris  à  faire  cela?  — C'est  le 
bon  Rieu.  » 

Le»  parents  de  Ludger  Toulant  faire  fructifier  les 
semences  de  vertu  et  deseience  qu'ils  remarquaient 
en  leur  filf.  le  confièrent  à  saint  Grégoire,  abbé  du 
mon.ist'Ti'  de  Saint-Jean  d'L'lrecht,  prêtre  remar- 
quable par  son  mérite  et  son  savoir.  Les  propres  du 
disciple  répondirent  aux  efforts  du  maître.  Sa  vive 
intelligence  pénétrait  les  questions  les  plus  difficiles 
de  la  philosophie  ;  l'Ecriture  Sainte  surtout  faisait 
ses  plus  chères  délices  ;  tous  les  jours  il  la  m<^ditait, 
en  nourrissait  son  esprit,  donnant  ainsi  à  sa  parole 
celle  onction  suave  qui  devait  ramener  plus  tard  tant 
d'àroes  a  Jésus-Christ. 

Pour  se  livrer  plus  particulièrement  aux  éludes  et 
se  débarrasser  de  toute  préoccupation  extérieure  qui 
pourrait  le  distraire,  il  entra  parmi  les  religieux  de 
saint  r.répoire.  Tous  ses  efforts  se  tournèrent  dès 
lors  vers  l'acquisition  des  vertus  religieuses.  Ses 
journées  étaient  remplies  parle  travail,  la  prière  ou 
l'étude.  D'un  caractère  toujours  égal,  d'une  obéis- 
sance exemplaire,  d'une  charitéadmirablepour  tous, 
il  était  le  modèle  de  ses  condisciples  et  l'enfant  de 
prédilection  de  sfs  maîtres. 

Après  avoir  fait  a  Saint-Jean  d'L'lrecht  une  grande 
partie  de  ses  études  «t  reçu  la  tonsure,  Ludser 
demanda  à  saint  Grégoire  la  permission  d'aller 
suivre  a  York  les  cours  du  célèbre  Alcuin.  Le  aaint 
prêtre  fut  vivement  attristé  k  la  pensée  de  se  séparer 
de  ce  cher  disciple,  mais  préférant  le  bien  Je  son 
<lève  a  sa  propre  satisfaction,  et  reconnaissant  les 
desseins  de  Dieu  sur  ce  jeune  lévite,  il  le  laissa 
partir.  A  York,  comme  au  monastère  de  Saint-Jean 
d'I'trerht,  l.udger  s'acijuit  bientôt  par  ses  mérites  et 
ses  vertus  l'estime  et  la  vénération  de  tous.  Son 
amour  des  lettres  sacrées,  la  douceur  de  ses  entre- 
tiens, sa  conduite  édifiante  le  rendirentspécialement 
cher  à  son  nouveau  mallre  Alouin. 


LUDCin  iviNCiLISI    LA   PRIS!  — 
PAa   VITIKIND 


IL  EST  ciAaii 


Après  quatre  ans  d'études  lérieuse*  et  fécondes, 
Albi'ric.  neveu  elsuccesseurde  saint  Grégoire,  le  rap- 
pela en  Prise,  l'ordonna  prêtre  et  lui  confia  l'évangé- 
iisatinn  de  la  partie  du  diocèse  qui  touchait  a  la  Saxe 
et  qui  en  adorait  les  idoles.  Ludger,  fixé  dans  le  can- 
ton il'i i^ir.i.li.t  i.ir.ourut  toute  la  conlr/i-  i  i.'-liant 
conti  ns  du  peuple, abatt.:  .  <s, 

con\'  .les.  Le  bruit  de  ses  ^  «a 

la  Munt-he,  et  un  de  ses  condisciples  d  York  lui 
écrivait,  en  vers  latins  :  "  Krere,  chéri  d'un  amour 
plus  fort  que  celui  qu'inspire  un  même  snng,  Ludger 
que  j'aime,  puisse  la  grAce  du  Christ  préserver 
voire  vie.  talonne  vivante  de  la  foi  parmi  les  raers 
de  la  Frise,  no»  rivage»  d'Occident  ont  conservé  la 
rn-'mojrv  de  votre  doctrine,  de  votre  éloquence,  de 
v  'rc  profond  et  puissant  génie.  Ministre  de  Dieu 
■  iL'J  VOUS  curillei  des  gerbes  de  nouveauxméritei 
•   rloire.  daii:nei  accorder  dans  vos   prières  un 

-  5    !> S'e    poète  qui  vous    destine  ces 

'  *^        irvenir  un  bAton    blanc  pareil   4 
«  s»-rvei  dans  vos  courses  apof- 
n  pour  d'humbles  vers.  ■ 

,l!      1^      r«i'»*»"ir      If"»     rnn  «.  ,1  •  |,At|e 

-  ■  i  :  U'  .-  •  ■   ■ns 

Je 
tr»v  «  r 

<t  ta  : 
»•■  y  il   H» 
»ïlis««.       I.    >,  >  , 


ne  voulaient  pas  abjurer  leur  foi,  couvrant  le  pays  ] 
de  carnage,  de  ruines  et  de  sang.  Luid per  après  avoir  i 
fait  tous  ses  elTorts  pour  maii. tenir  les  fidèles  dans- 
la  foi  véritable,  après  être  allé  an  devant  du  martyre  ' 
sans  avoir  pu  l'obtenir,  se  vit  obligé  de  quitter  le  \ 
pays  en  attendant  des  jours  meilleurs. 


1 
I 

LODGia  AUX  TO  HBEADX  Dl  SAINT  PIBBRB  KT  DB  SACTT  PADL  '< 
—  CBARLULA6NB  LUI  CONFIE  L'ÉVAMCiuSATION  d'uHI  ^ 
PABTIB    DB  LA  fBlSB  ' 

Depuis  longtemps  Ludger  tongeait  k  établir  des 
monastères  dans  les  provinces  confiées  A  son  zélé; 
l'invasion  des   Saxons  lui  fournit  l'oecasion  d'aller^ 
faire   un   voyage    A    Rome    pour    obtenir   du    Pape  i 
les  approbations  et  les  encouracemenis  nécessaire! 
àla  réussite  de  ses  projets.  Saint  Léon  111  gouvernait' 
alors  l'Eglise;   il   reçut  avec  honneur  et  avec  bonté  i 
le  nouvel  apôtre  de  la  Prise  dont  il  connaissait  les  ' 
rares  vertus.  11  approuva  sa  résolution,  lui  accorda] 
les    facilités  nécessaires    à  rétablissement  projeta 
et  le  congédia  en  lui  donnant  une  bénédiction  spé-  I 
ciale  pour   l'extension  de  la  foi  dans  les  provinces  ' 
du   Nord.   Avant  de  retourner  en  Frise,  le  mission-  ' 
naire  hollandais  se  rendit  au  fameux  monastère  du 
Mont-Cassin  pour   ae   former  h  la   règle    de    saint  I 
Benoit. 

Il    donnait  depuis  trois  ans   dans  cette    abbaye 
l'exemple   de  toutes  les  vertus   lorsqu'une   grande  ; 
partie   de   la   Frise   Orientale  se  soumit  aux  armesj 
victorieuses  de  Charleinagne  et  demanda   le  bap- ! 
téme.   L'empereur  cherchait  un   prêtre  vertueux  i  < 
qui  il  pourrait  confier  ce  difficile  apostolat.  Alcuin,  \ 
qui   était    alors   en   France,  se    ressouvint   de   son 
brillant  élève  d'York  et  le  désigna   i  l'attention  de  j 
Charleniagne.    Des   députés    vinrent  au   nu>nastère< 
de  saint  Renoit  et  offrirent  à  Ludi^ir  delà  part  du  roi  \ 
de   France,  l'évangélisatiun  de  ces  peuplades  de  la 
Frise  avec  le  don  d'un  monastère  pour  y  établir  ses 
religieux.  Le  Saint,  reconnaissantdans  cette  offre  la  ' 
main  de  la  Providence    divine,  accepta,  quitta  les  .1 
douceurs  de  sa  retraite,  et  des  campagnes  de  l'Italie 
revient  près  des   rives  du  Rhin.   Il   réunit  sous  la  i 
rigle  de    saint  Benoit  des  prêtres  qui    se  sentaient! 
poussés  par  l'Esprit-Saint  a  la  conversion  de  leuri 
pays,   et,  avec  eux,  il   se  livra  sans  ménagement  à  ' 
l'apostolat  :  ni  fatigues,  ni  peines,  ni    per»<'cutions  ] 
ne  purent   l'arrêter;    il   détruirait  les    l<-ni|iles   des  ( 
idoles,  et  i  leur  place  il  bJtisHait  des  éplises,   mul- 
tipliait I*   nombre  des  cbrctiuns,  el,  par  la  lumière 
de  l'Evangile,   faisait   entrer  ces  popi:!  ■'■-'"   ltos- 
sières   et  narbares  dans  la  vraie  civi  est  i 

ainsi  que  l'Eglise   catholique   par  d'i:.: l'.-s  et  j 

longs  efforts  a  fait  peu  à  peu  l'éaaeattOB  de  l'Europe,  i 

LUnaKB   PàiSB    DANS    l'iu   PB    ro.'Tro.A.iB 
IL  raibiT  l'invasion  du  NoaMA.Mw 

La  Frise  ne  fut  pas  la  seule  k  recevoir  la  parola  j 
ardente  de  l'iiifatipable  apAtre  Ludger  voulut  faire 
cornattre  le  vrai  Dieu  aux  lies  du  Nord.  Suivi  de 
quelques  disciplej,  il  s'embarqua,  et  lors<|iri|  fui 
en  vue  de  l'Ile  de  Fositeland,  l'un  des  centre»  du 
paganisme  germanique,  il  éleva  la  eroix  qu'il 
portait  sur  lui,  et  prononça    d'une  voix   forte    ces 

paroles  de  David  :  •■  Que  Ir  S" i  »-  -  -.    - 

ffinemii  tnient  Hutipfi  ;   rJ  7'  j 

^uirnf  de    ''•  ■•■'  ■■!  '•'-  "  <  "■  \ 

ient  cim'- 
I"!  «iir  le  I 

'tle  Ile.   .1  I  ,   ; 

'  4   u  n    r  ■  I  ■  _      ^    .     1 .. ,  I 

nfui»  a  la    vue    de    la    croix.    Ses  » 
rent   un  prmd  nombre  de   con-  I 


Tersions;  le  flls  du  roi  reçut  le  baptême,  devint 
prêtre,  et  se  consacra  à  la  conversion  de  ses  sujets. 

Ludger  essaj'a  plusieurs  fois  de  passer  chez  les 
Danois  ou  Normands,  mais  leur  roi  y  mit  toujours 
obstacle.  Il  se  trouvait  à  Werine,  petit  port  sur  la 
mer  du  Nord,  dans  l'intention  d'y  établir  des  reli- 
gieui  afin  d'essayer  la  conversion  des  Normands, 
lorsque  Dieu  lui  fit  voir  dans  une  vision  que  ses 
projets  n'aboutiraient  pas,  car  il  réservait  ces  peuples 
pour  châtier  les  nations  chrétiennes  de  l'Occident. 
Il  vit  s'élever,  du  côté  du  Nord,  des  nuages  noirs  et 
épais,  qui  s'accrurent  peu  à  peu  jusqu'à  couvrir  le 
sole'l.  Le  Saint  effrayé  fuyait,  lorsque  s'étant  retour- 
né, il  vit,  à  travers  ces  nuages,  les  habitants  de  ce 
pays  se  précipiter  sur  les  contrées  voisines  qui 
furent  dans  la  terreur  jusqu'à  ce  que  le  retour  du 
soleil  refoulât  ces  brouillards  au-delà  de  la  mer. 

Le  lendemain,  le  Saint,  en  pleurs,  racontait  cette 
terrible  vision  à  sa  sœur  qui  lui  en  demanda  la  si- 
çniflcation.  «  Depuis  longtemps,  répondit-il,  mon 
désir  était  de  construire  un  monastère  en  ces  lieuxf 
mais  nos  péchés  nous  en  rendent  indignes.  Les 
nuages  épais  que  j'ai  vu  s'élever  de  la  mer  vers  1« 
Nord,  représentent  les  Normands  qui  se  jetteront 
sur  nous  en  traversant  la  mer.  Ils  viendront  tout 
d'abord  faire  des  incursions,  mais  peu  à  peu  leur 
nombre  s'accroîtra,  ils  couvriront  ces  contrées  et 
réduiront  tout  à  feu  et  à  sang.  Oh  !  alors  ma  sœur, 
quel  tumulte  !  quelle  désolation  !  la  joie  abandon- 
nera tous  les  foyers,  le  deuil  sera  partout  !  Mais 
Dieu  ne  repoussera  pas  toujours  les  prières  de  ses 
serviteurs.  Le  soleil  de  la  paix  reparaîtra;  l'abon- 
dance reviendra  dans  ces  pays  désolés  et  les  Nor- 
mands devront  s'enfuir  dans  leur  pays. 

—  0  mon  frère,  reprit  sa  sœur  émue.  Dieu,  je 
l'espère,  me  fera  la  grâce  de  ne  pas  voir  de  telles 
calamités!  —  Il  n'eu  sera  pas  ainsi,  répondit  le 
Saint.  Je  n'y  assisterai  pas,  il  est  vrai,  car  ma  vie 
touche  à  sa'  fin.  mais  toi  qui  dois  me  survivre,  tu 
verras  ces  tribulations.  » 

La  prophétie  du  Saint  se  réalisa  en  tout  point;  sa 
sœur  lui  survécut  et  assista  aux  désastreuses  des- 
centes des  Normands  dans  les  contrées  d'Occident. 

COrtVCBSION  DBS  SAXONS   —  LDDGER,    KV^QUE    DE   MUNSTER 

La  soumission  des  Saxons  avait  coûté  à  Charle- 
magne  beaucoup  d'or  et  de  soldats.  L'indomptable 
Vitikind  échappait  toujours  au  vainqueur;  se  déro- 
bant après  la  di'-raitc,  puis  reparaissant  bientôt 
après,  il  soulevait  de  nouveau  les  peuples  et  les 
entraînait  dans  de  perpétuelles  révoltes  contre 
Charlemagne.  Ces  insurrections  continuelles  obli- 
gèrent le  grand  empereur  à  une  mesure  rigoureuse 
mais  nécessaire  :  quatre  mille  des  plus  séditieux 
furent  saisis  et  passés  au  fll  de  l'épée,  d'autres 
furent  transférés  au  milieu  des  populations  gauloises 
et  y  reçurent  des  terres  à  cultiver.  Hais  cet  empe- 
reur chrétien  mit  surtout  en  œuvre  les  moyens  sur- 
naturels qui  sont  plus  paissants  que  la  force  des 
armes.  Et  ce  qu'il  voulait  d'ailleurs,  c'était  moins 
de  commander  aux  Saxons  que  de  les  civiliser  et  en 
faire  un  peuple  chrétien.  Les  missionnaires  tant  de 
fois  chassés,  revinrent  planter  la  croix  sur  ce  sol 
barbare  et  le  prép.irer  à  recevoir  la  foi  par  l'efTusion 
de  leur  sang.  Vitikind  lui-même,  converti  par  un 
miracle,  vint  faire  sa  soumission  â  Charlemagne, 
reçut  le  baptême  et  alla  s'adjoindre  aux  mission- 
naires de  son  pays.  Merveille  admirable  de  la  grâce 
de  J<'sus-Chri>ll 

Le  puissant  roi  des  Francs,  connaissant  le  zèle 
apostolique  de  Ludger,  voulut  qu'il  travaillât  aussi 
à  I  <vanc-li  =  ation  de  ce  nouveau  peuple  et  l'établit 
i  MimiHTntord;  il  en  fut  le  premier  évéque  et  le 


monastère  de  chanoines  réguliers  qu'il  établit  à 
côté  de  sa  cathédrale,  fit  donner  à  celte  bourgade, 
devenue  une  ville,  le  nom  de  Munster,  qu'elle  porte 
encore  aujourd'hui. 

L'infatigahle  apôtre  retrouva  plus  d'ardeur  que 
jamais  pour  la  nouvelle  mission  qui  s'ouvrait  devant 
lui.  Partout  où  il  passait,  il  élevait  des  églises  et 
dans  chacune  d'elles  il  plaçait  un  de  ses  religieux. 
Pour  rendre  la  propagation  de  la  foi  plus  facile,  i! 
recherchait  parmi  les  enfants  qu'il  catéchisait,  ceux 
que  leur  intelligence  et  leur  piété  semblaient  mar- 
quer pour  la  vocation  sacerdotale,  et  les  préparait 
lui-même  à  la  prêtrise. 

Généreux,  détaché  de  tout  pour  aimer  Dieu  par- 
dessus toutes  choses,  il  vidait  ses  trésors  dans  les 
mains  des  pauvres  et  les  invitait  à  sa  table. 

Il  était  aussi  humble  et  modeste  qu'il  était  habile 
et  savant.  Ses  habits  étaient  propres  et  soignés 
comme  il  convient  à  un  évéque,  mais  il  portait  au- 
dessous  un  rude  cilice.  Lorsqu'il  était  invité  à 
quelque  repas,  il  savait  toujours  mêler  à  la  conver- 
sation, qu'elle  fût  sérieuse  ou  enjouée,  des  paroles 
capables  d'édifier  les  convives ,  et  amener  l'entretien 
sur  des  sujets  utiles  et  pieux.  Le  repas  et  l'action  de 
grâces  terminés,  après  quelques  instants  de  conver- 
sation avec  ses  hôtes,  il  se  retirait  pour  lire  ou 
prier.  Il  était  d'une  bonté  et  d'une  affabilité"  parfaites, 
même  à  l'égard  des  plus  ignorants  et  des  plus 
pau^Tes  du  peuple.  Il  savait  de  même  résister  avec 
une  fermeté  toute  épiscopale,  aux  entreprise» 
injustes  et  criminelles,  quelque  puissants  et  riches 
que  fussent  les  auteurs  du  mal. 

DN  ÉVâQUK  OBVANT   UN   BMPEilEUS 

La  prodigalité  avec  le^quelle  il  distribuait  ses 
richesses  le  fit  accuser  près  de  Charlemagne  comme 
dissipateur  des  biens  du  clergé.  Sur  l'ordri'  de 
l'empereur,  il  se  rendit  à  la  cour  et  coninie  il 
s'était  mis  en  prière  en  attendant  l'audience  un 
officier  l'appela.  L'Evêqtie  continua  sa  prière  et  se 
laissa  appeler  trois  fois,  et  lorsqu'il  eut  terminé,  il 
se  rendit  auprès  du  roi.  L'empereur  lui  reprocha  de 
s'être  fait  attendre  :  «  J'ai  toujours  cru,  reprit 
Ludger,  qu'il  fallait  obéir  à  vos  ordres,  mais  non 
pas  au  point  de  vous  faire  passer  avant  Dieu.  Vous- 
même  me  l'avez  dit  lorsqu'à  l'époque  de  ma  consé- 
cration épiscopale,  vous  me  recommandiez  d'être 
tout  d'abord  un  serviteur  de  Dieu.  Ce  n'est  donc  pas 
par  mépris  de  l'autorité  royale,  comme  quelques 
malveillants  le  pensent,  que  j'ai  agi  ainsi.  J'ai 
rendu  à  Dieu  les  devoirs  que  je  lui  devais,  mainte- 
nant, me  voici  à  vos  ordres.  » 

Le  grand  empereur,  touché  de  celle  noble  fran- 
chise, l'embrassa  en  lui  disant  :  «  Je  vous  remercie 
de  l'exemple  que  vous  me  donnez,  car  je  vous  trouve 
tel  que  je  vous  avais  cru.  Quelques  prêtres,  jaloux 
de  votre  vertu,  ont  blâmé  certains  de  vos  actes  et 
en  particulier  vos  largesses  envers  les  pauvres.  Mais 
je  ne  poursuivrai  pas  ces  accusations;  dès  aujour- 
d'hui, au  contraire,  l'amitié  de  votre  roi  vous  est 
acquise  d'une  manière  plus  intime  et  plus  solide.  » 

LUDCS*  ouiarr  on  aviugle.  —  ptcHi  miraculeusi 

De  retour  en  Saxe,  Ludger  continua  ses  friio- 
lueusf's  prédications.  Comme  il  voyageait  de  villat'e 
en  village,  il  s'arrêta,  un  jour,  chez  une  noble  daiiii; 
qui  lui  offrait  l'hospitalité.  Pendant  qu'il  mang'Mit 
avec  SCS  disciples,  on  lui  amena  pourqu'il  le  guet  il, 
un  aveugle,  nommé  Bcrnief,  très  aimé  des  gens  de 
la  contrée  parce  qu'il  savait  bien  chanter  les  récits 
des  anciens  temps  et  les  combats  des  anciens  rois. 
Le  Saint  lui  ordonna  de  venir  le  trouver  le  lende- 


main  dans  un  endroit  qu'il  lui  désigna.  Au  lever  du 
jour,  l'aveugle  fut  au  lieu  fixé;  Ludger  eiilendit  sa 
confession,  fit  le  signe  de  la  croix  sur  ses  yeux  et 
lui  demanda  s'il  y  Toyait.  L'aveugle  distingua 
d'abord  la  main  de  l'Evêque,  puis  les  arbres,  puis 
les  toits  du  hameau.  Bernlef  ne  cessait  de  lui  rendre 
grâces  de  l'insigne  faveur  qu'il  avait  reçue  :  «  Re- 
merciei-en  Dieu,  lui  répondit  le  Saint,  car  c'est 
Dieu  qui  vous  a  rendu  la  vue,  lui,  dont  la  lumière 
éclaire  le  monde.  «  Bernlef  fut  un  des  plus  fidèles 
disciples  du  bienheureux  apôtre,  il  l'accompagna 
dans  ses  missions,  allégea  son  ministère  en  Dapti- 
sant  les  païens  et  en  leur  chantant  des  psaumes. 

Un  autre  jour  il  prêchait  à  des  pêcheurs  dans  un 
endroit  appelé  Hélérisur  le  fleuve  de  Lada,  lorsque, 
pour  leur  montrer  la  puissance  de  son  Dieu,  il  leur 
demanda  de  lui  procurer  un  esturgeon.  Les  mari- 
niers étonnés  repondirent  que  le  temps  de  cette 
pêche  était  passé  et  qu'il  ne  fallait  pas  y  compter 
•urtout  au  commencement  de  l'hiver.  Mais  Luager 
leur  dit  :  «  Dieu  qui  est  le  créateur  du  temps  ne 
passe  pas  avec  le  temps.  Allez  et  faites  ce  que  je 
TOUS  ai  dit.  Dieu  est  puissant  et  il  sait  satisfaire  les 
désirs  de  s«s  serviteurs.  »  Les  pêcheurs  se  prépa- 
raient à  obéir  aux  désirs  de  Ludger  lorsque,  levant 
les  yeux  au  ciel,  ils  virent  un  oiseau  dont  le  vol 
dimmua  peu  à  peu  et  qui  vint  s'abattre  dans  les 
eaux.  Voyant  dans  ce  fait  quelque  chose  de  provi- 
dentiel ils  jetèrent  avec  confiance  leur  filet  à  l'en- 
droit où  l'oiseau  était  tombé  et  retirèrent  un  magni- 
fique esturgeon.  «  Rendez  grâces  à  Dieu  de  ce 
miracle,  leur  dit  le  Saint,  et  ne  l'attribuez  pas  à  mes 
mérites.  Dieu  donne,  en  ouvrant  la  main,  la  nourri- 
ture à  ceux  qui  ont  confiance  en  lui  et  répand  ses 
bénédictions  sur  toute  créature.  >  Les  mariaiers 
abjurèrent  aussitôt  l'idolâtrie  et  crurent  au  Dieu 
que  leur  prêchait  Ludger. 

LUDGiR  coinrr  un  atidcli  —  sa  host 

Malgré  les  elTorts  de  Ludger  pour  cacher  les 
faveurs  que  Dieu  opérait  par  son  entremise,  la  foule 
en  était  instruite,  et  le  suivait  dans  ses  voyages. 
A  son  entrée  dans  un  hameau,  dans  une  ville,  les 
malades  étaient  mis  sur  «on  passage;  il  les  bénis- 
sait et  beaucoup  recouvraient  la  santé  de  l'âme 
avec  la  guérison  du  corps.  Los  conversions  se  mul- 
tipliaient et  le  pays  se  transformait. 


L'n  jour  que  le  Saint  pre-nait  un  repas  chez  un  de 
ses  prêtres,  à  Suderge,  pei'jte  ville  de  Saxe,  un 
pauvre  vint  frapper  à  la  porte,  demandant  avec  ins- 
tance à  lui  parler.  Le  portier  Cc.-ovant  qu'il  deman- 
dait l'aumône,  lui  offrit  du  pain  é  t  de  la  nourriture, 
mais  le  pauvre  refusa  répétant  qu'.jl  était  venu  voir 
l'Evéque  pour  qu'il  le  guérit  de  ta  Cv^cilé.  Ludger  le 
fit  entier  et  lui  dit  avec  douceur  :■•  Qu'avez-vout, 
mon  frère,  et  en  quoi  puis-je  vous  être'. -itile  ?  —  Je 
vous  en  prie,  mon  père,  rendez-moi  la'-  vue  pour 
l'amour  de  Dieu.  —  Votre  confiance  ne  se.  "-a  point 
déçue  ;  recevez  la  vue  pour  l'amour  de  Dieui.  >>  Et 
aussitôt  l'aveugle  fut  guéri.  Le  Saint  rembras'.,^a  et 
l'admit  à  sa  table.  \ 

Ludger  continuait  avec  une  ardeur  infatigable  .pes 
courses  à  travers   la    Saxe,  sans  compter  avec  le^js 
années  et  les  fatigues  qui  avaient  usé  son  corps,^^ 
lorsqu'il  fut  saisi  par  la  maladie   â   BiUerbuIt.  Les  ^ 
douleurs  aiguës  qu  il  éprouvait,  l'impuissance  d'agir   ,, 
qui  tourmentait  son  âme  ardente,  le  trouvèrent  dans    ^ 
une    rt'signation   complète  à  la  volonté    de    Dieu,     i 
Sentant  le  froid  de  la  mort,  il  dit  à  ses  disciples  en 
pleurs  :  'i  Dieu  m'a  fait  connaître  que  je  dois  vous 
quitter  aujourd'hui.   Vous   transporterez  mon  corps 
à    Werden    où    se    trouve   notre    monastère,   mais 
comme  le  peuple  de  Munster  voudra  lui    aussi  pos- 
séder mes  restes,   attendez  jusqu'à  ce  que  le  roi 
ordonne  que  je  sois  transporté  dans  le  lieu   que  je 
vous  ai  fixé.  »  A  ces  mots,  le  vénérable  Evêque  leva 
sa  main  tremblante,  bénit  ses  disciples,  et  son  âme 
s'envola  au  ciel  recevoir  le   prix  de  ses  fatigues,  le 
26  mars  de  l'an  809.  La  foule  se  succéda  devant  le 
corps  du  Saint;  on  lui   fit  toucher  des  malades  et 
plusieurs  reçurent  leur  guérison.  L'n  grand  coneour» 
de  peuple  escorta  les  restes   du   saint   missionnaire 
jusqu'à    Munster  où    ils  resteront    quelque   tenip-. 
Charlemagne,  ayant  appris  les  demiersdésirsde  soi> 
ancien  ami,  ordonna  que  le    corps   de   Ludger  f(t\ 
transporté  à  Werden;  les  nombreux  miracles  opéré» 
a  l'on  tombeau  firent  connaître  clairement  aux  po- 
pulations que  leur  ancien    missionnaire  régnait  au 
ciel.  L'église  qui  conservait  ses  reliques   devint  ui> 
lieu   de  pèlerinage  célèbre  dans  toute  l'Allemagne 
Saint  Ludger   est  le  patron   de   plusieurs  villes  de 
Hollande   et   d'Allemagne,  entre  autres  de  Munster, 
de  Werden, de   IlelmstadI,  de  Deventcr,  de   Kaiser- 
werlli  ainsi  que  de  la  Krise  orientale. 


ItDp.-f  traitt,  h.  rcTTwsxai,  8,  rut  KraD<;uU  I,  l'arit. 


SAINT  ISAAC,  MOINE 


Fête  le  27  mars. 


Saiat  Isaac,  arrêtant  l'empereur  Valence,  cherche  à  le  détourner  de  son  entreprise    ot  lui 
annonce  les  plus  grands  châtiments  s'il  ne  cesse  de  persécuter  les  chrétiens. 


ÉTAT  DE   l'église  A  l'ÉPOQUE  DE  >AI.NT  ISAAC 

Le  grand  Constantin  venait  de  descendre  dans 
1.1  tombe,  et  sainte  Hélène  avait  retrouvé  le  pré- 
cieux trésor  de  la  Croix  enseveli  depuis  des  siècles 
dans  le  sein  de  la  terre,  quand  le  démon  reprit 
■  le  nouveau  les  armf-s.  Valens  répnait  sur  le  trône 
deConslanlinopli',  et,  sous  sa  protection,  la  secte 
arienne  se  vantait  d'anéantir  sous  peu  la  religion 
rlirélienne.  Les  disciples  lidélesdu  Christ  étaient 
condamnés  par  d'inif|ues  jugements,  et  ceux  qui 
refusaient  de  souscrire  aux  me'^ures  de  l'empe- 
reur étaient  soumis  aux  plus  cruels  tourments 
't  souvent  brûlés  à  petit  feu.  Des  milliers  de  vic- 
times tombèrent  ainsi  sous  le  fer  de  Valens,  pen- 
dml  les  vingt  années  de  son  répne.  Mais,  pour 
I  lu»  de  sûreté,  un  édit  impérial  fut  promulgué, 
'  rdonnant  de  chasser  de  leur  troupeau  les 
■v/ques  et  Ifs  prêtres  et  de  former  leur  église. 
•  "l  ordre  impie  s'exécutait  déjà  sur  toute  la 
-urface  de  l'empire,  et  le  sacrillce  de  l'hostie 


allait  cesser  de  vivifier  la  terre  devenue  stérile. 
Les  églises,  fermées,  furent  bientôt  livrées  aux 
llammes,  et  celles  qu'on  épargna  se  changèrent 
en  infâmes  tavernes  où  l'empereur  se  plaisait  au 
inilieu  de  ses  débauches.  Depuis  longtemps  déjà, 
l'édit  du  César  byzantin  étaiHen  vigueur,  et  les 
larmes  des  fidèles  n'avaient  pas  encore  pu  tou- 
cher son  cœur  endurci.  Mais  les  prières  mon- 
taient ferventes  vers  le  ciel,  et  l'heure  de  la  jus- 
lice  allait  bientôt  sonner. 

LE  SEIGNEUR  SUSCITK  LE  MOINE  ISAAC 

En  effet,  à  l'ombre  du  cloître,  était  un  moine 
qui  priait  sans  cesse  et  expiafl  pour  les  péchés 
du  monde,  demandant  à  Dieu  de  venger  le  sang 
de  ses  enfants.  C'était  le  moine  Isaac.  Le  Seigneur 
le  destina  à  rendre  la  paix  au  peuple  et  à  l'Ki^lise 
d'Orient,  comme  il  avait  autrefois  choisi  Daniel 
|iour  justilicr  et  défendre  la  chaste  Suzanne.  I! 
menait  dans  sa  solitude  de  Constantinople  une 
vie  angélique,  et  la  grâce  de  Dieu  abondait  en 


371 


sou  .u'ur.  11  connaissait  les  iniquités  et  les  crimes 
de  Valens,  il  connaissait  surtout  sa.  croeaté  conlro 
les  serviteurs  du  (Christ,  aivsi  drinaiidait-il  au 
ciel  la  mi^'-ricorde  et  la  Jusli  o.  "-  i  prière  l'ut 
pleinement  exaucée,  comme  aulreioi*  celle  de 
Moise  demandant  le  châtiment  de  Pharaon,  et 
Valens  vit  s'élever  contre  son  empire  une  nuée 
d'ennemis. 

L'kMI'UBBUB  VALWS  et  LtS   BARBARES  Df  DAUCOK 

l.e-^  (ioths,  fuvant  devant  les  (lèches  des  Huns, 
avaii^nt  traversé  !•■  liiimlie  et  étaient  venus  s'éta- 
blir sur  les  rives  d-;  C'  lleuve,  au  milieu  des  jiras 
pAtura^ies  de  la  Tliii-e.  Valens,  qui  les  avait 
d'abord  acrueilll-;  rouime  des  auxiliaires  qu'il  se 
proiiosait  d'opposer  aux  i^Tierriers  d'Attila,  trouva 
bienUH  en  f^itr.  d'im|ilacal>l>-s  ennemis.  Kn  effet, 
ils  se  I  'à  travers  les  provinces  qu'ils 

livrén  11  .-e,  et,  triomphant  des  généraux 

Trajaiiu>  :l.  .•"■■b.i.-lien,  que  l'empereur  avait  en- 
voyés contre  eux,  ils  parvinrent  l)ieuti>l  juî«iu'ao.x 
environs  de  Conslantinople.  Valens,  jusque-là 
resté  inactif,  dut,  à  "ion  ;.'rand  regret,  marcher 
liii-m<''mo  crn'--  ' 
une  nature  > 
plu*    •.-,..  I 

ne  : 
se 

coi: 

par 


■ir5.  C'était,  pour 
lue  la  sienne,  le 
|u'il  en  >oit,  il 
.  Il  partit  donc, 

.  mais  il  luj  arriva 

mi  de  David,  il  ne  cevint 
vaille. 


IféaOlSIU  DB  SAINT  ISAAC 


la 


Le  II 
tète  de 

iMac  viul  >«  pUiel  Jm.iUt  r>"-.-.orle  impériale  ; 
«  où  v.is-tu,  ennemi  de  Mieu,  dit-il  à  Valant-,  lu 
marches  au  -'  ' 

Si  lu  vei|\   \ 

tu 

cati 
Wl' 
pr. 

trP 

van 

loi. 

ma 

j:ti 

»oi 

rai 

bii 

Chi 

{il.: 

acl 
re. 
d*. 

de 

cl.. 
..  1 
Ail 
la    .. 
allait    . 

T'Illiil 


■  IIP,  le 
même 
d'une 

I  .i>   pour 

'■re.  pria  le  l)i»u 

,       10,  et,  le  lende- 

•  de  rarmé«.  Il  l'altet- 

Idals  le  revirent,   ils 

mur.    mais    lui,    pf-rrnnt   leiin» 

i:  :i  ri»mpiTenr  et,  sAisilcant  la 

'  M  :  ..  Au  nom  du 

■  iir.  îi'avaiK»  pas 

■  lu 

II 


mais  Isaac  attendait  patiemment  le  juste  ju;^e- 
uient  de  Uieo. 

NOCVBILES  TBJITATTVRS  ISAAC  PUSl  DS  SON  COURAGE 

Ouelques  jours  après,  le  solitaire  vint  de  nou- 
veau au  dev.ant  de  l'empereur,  et,  pour  la  troi- 
sième fois,  saisissant  la  hride  de  son  rlieval,  il 
lai  dit  :  •    He  par  llieu  .lont  je  suis  le  inessaj-'er, 
A  empereur,  je  t'ordonne  d'écouter  ma  demaniie. 
Ilàte-toi  de  te  soumettre,  car  bienUMil  n'en  sera 
plus  temps.  Tu  t'es   laiss.'  séduire  par  de   vils 
courtisans  et  tu  as  étouffé   la  v.iix  de  ta  con- 
science; prends  L-arde,  lajusli.e  approche. Ouvre 
les  éfilises  des  catlioliques  et  tu  retourneras  e» 
paix  dans  ton  empire.  Si  tu  n  abéis  |.as,  la  mam 
de  Dieu  va  s'appe.santir  sur  loi.  n  Valens.  d«  plus 
en  plus  terrifié,  demeura   un   inntant  iiuninlule 
sur  son  .'iieval  sans  articuler  une   parole.  M.iis 
lescris  de  sus  courtisans  anens  l'arr.nht'rent  liwn- 
lAt  à  sa  stupeur.  Vaincu  une  fois  .u 
sullicilations,  il  s'écria  :  «  Qu'on 
munt  cet  importan.  et  (]tl'on 
tel  accusateur.  »  Ses  ordres 
eûtes. 

L.IS  toW    CBARITAHLB  —  VISITI    DE  TIOIS  A.N'.KS 

Or,  il  y  avait  en  cet  endroit  de  lims  buis-.. us 
d'épines  et  de  ehnnl.inv  ^i  .'n  ,i-  .i  -i  doiirii-  m.. 
nul  animal  ne  pou' 
la  vie.  On  les  lit  v.  u    i 
jeter  l'iuHoleiit   solilaim.   .\ii 
Isiiac   disparut    bientôt    au    ' 
liailiurs,  et  sons  pi  rua  se  n'iiiit 

en  rout»'.  Sânis  la  i';  lait  sur  !•>  .•..n- 

raveux  allilèlc.    Au   lieu  de    s  aliiiner 
horrible»   buissons,    Uaac,    porté    par 
•     ■      .-.lit  doucpineiii 

lie  sur  un   lit  ii: 

ni,  il  lier.    ' 

lit   i"es   pli 
-iiairiii    1  ■"  *        :*T 

datent   I' 


du  sailli,  et,  le  prenant  |>ar  la  inaïu. 

rérent  sain  et  ^auf.  Mais,  au  inoinenf 

all.iit    l^s    i-emeii-ier  de    leur    bi.  •  I 

di«p.>rur«»iil  ».ins  qu'on  i>'il  -mon 

Cei'endant.  Isaac, . 

.jue  c'étaient  des  ai.- 

Se    prosternant   alor-.   I.i  1  i  !•  ire,   il 

adora   le    ."«eif^neur    qui    pr.  i\    qui    le 

craifuenl. 

iirsMnm  ifi-o«t»  —  ra<»icn«^  Tmmtii.r 

Se  sentant  fortifii^  de  l'e^pril  de  Dieu  comme 


r 


M      ^ 

S*' 

I  "■ 

k- 

Va  I 

dit 

igepi  I.        1 

pnsilioil  r|  .' 


.1,   l'I  me 

,     tlH'-     f- 


le  cœur  de  l'empereur  endurci  et  obstiné.  Deux 
sénateurs,  Victor  et  Saturnin,  furent  appelés  et 
Valens  leur  dit  :  «'  liardei  cet  insolent  jusqu'à 
ce  que  je  revienne  triomphant  du  combat;  alors 
je  châtierai  son  arrogance.  »  Isaac  fut  aussitôt 
garrotté  et  couvert  déchaînes.  Mais  comme  un 
autre  Michée  devant  un  autre  Achab,  il  s'écria  : 
«  Si  tu  reviens  en  pais  dans  ton  royaume,  ù  cruel 
empereur,  sache  que  le  Seigneur  n'a  point  parlé 
par  ma  bouche.  Tu  livreras  bataille,  tes  troupes 
De  pourront  résister  au  choc  du  l'ennemi,  elles 
seront  mises  en  fuite,  et  tonmome  tu  tomberas 
aui  mains  de.'^  Barbares  qui  te  brûleront  vif. 
—  Insolent  !  repartit  Valens,  tu  t'apercevras 
bien  de  mon  ivtour.  je  te  ferai  couper  la  lansue 
et  trancher  la  ti^te,  en  rentrant  dans  cette  ville.  >i 
Puis,  s'adressank  aux  deux  sénateurs  :  ■<  Uu'pn 
le  garde  avec  soin,  il  sera  le  trophée  de  notre 
victoire.  »  Et  les  troupes  se  mirent  en  marche. 

LA  B.\T.\1LI-E    —  l'aRMKE  ROSt.M.VK  .\NÉ.\NTIE 

MOBT  tbagiqi:e  de  V.VLENS 

Six  lieues  plu*  loin,  à  .Mélanthiade,  le  farouche 
empereur  reçut  la  nouvelle  d'un  engagement 
favorable  qu'une  partie  de  ses  troupes  avait  eu 
avec  le.  barbares.  Ce  messa^;©  ne  fit  que  le  con- 
firmer dans  se>s  espérances  et  sa' folle  présomp- 
tion. A  marcJie?  forcées,  il  se  trajisporta  sur  le 
théâtre  de  la  «uerre,  bn'ilant  de  livrer  bataille. 
Malfiré  lf:s  remontrances  de  ses  u'énéraux.  il 
voulut  ennofter  le  combat;  mais  là  l'attendait  la 
juUice  divine.  Les  Ugions  se  portèrent  en  avant 
contre  les  (lolhs  massés  derrière  .-Vndrinople,  au 
cri  de  :  "  Vive  l'emiiereur.  •>  In  premier  succès 
sui  vit  l'attaqne.  .Mais  bientôt  les  Horaains se  virent 
entouré»  d'une  forél  d'bonimes  ranijés  eu  bataille, 
dans  un  nonibre  tel,  que  leurs  lignes  sf  refor- 
maient à  mesure  qu'on  croyait  les  avoir  enfoncées. 
I,a  lutte  se  pmloueea  ja«qu'à  :i  heures  du  soir. 
Mais  enfin,  débordés  d'^  toutes  parts,  les  légion- 
naires sentaient  les  armes  toniberde  leurs  maiiK, 
quand,  tout  .i  coup,  un  vaste  cercle  de  llammes 
se  des^na  à  l'horizon.  On  avait  mis  le  ten  aux 
broussailles  et  aux  steppes  desséchées  dont  la 
plained'Andrinople l'Hait  couvei  te.  Activé  parune 
séchereftso  impil^tyable,  l'incendie  ce  resserrait 
tout  autour  de>  Komains  consternés.  \  partir  do 
ce  moment,  le  combat  se  changea  en  déroute. 
Les  soldats  se  minant  à  fuir,  Valens  leur  en 
donnait  liii-tn^me  l'exemple.  Sur  son  cheval 
lancé  au  iialnp,  j|  essayait  de  traverser  la  bar- 
rière fiillamm'^f  qiii  lé  lemait.  Mais  soudain, 
frappa  d'une  lUrhe  lancée  par  unarcherenutnii. 
il  tomba  à  la  renverse.  Quelques  -serviteurs 
tidèle.»  le  ramassèrent  et  le  transportèrent  san- 
glant di"-  haumière  ab.indnnnée.  Ou  .'Lllait 

pannei  quand  l'incendie  toujours  crois- 

s-int  -  .1   lu  toit  do  la  ••haumière.  Tons 

al  -ni    l'infortuné    Valens    qui    expira 

(1,1  !  liimcs.  Sou  l'orp»,  réduit  en  ivndres, 

ne  pnL  jamai.s  élr"  lec'iivré.  L'armée  mmaiui 
succomba  dans  un  désastre  inouï. — Nousemprou- 


fons    ces    détails    de    l'abbé    Darras,   auteur   de 
l'Hi>(oiie  gêrulrale  de  rEylifc  calhoti/ue. 

C'est  ainsLque  se  réalisait  la  prophétie  du  saint 
moine  Isaac  :  «  Tu  tomberas  aux  mains  de  tes 
ennemis  qui  te  brilleront  vif,  et  cela,  parce  que 
tu  as  été  rebelle  aux  ordres  du  Seigneur,  » 

DÉLIVR.^XCE  d'iSAAG 
IL  EST  ACCUEILLI  PAR  VICTOR  ET  SATBHM.N 

Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  le  solitaire 
Tsaac  avait  été  confié  aux  sénateurs  Saturnin  et 
Victor,  et  ceux-ci  professèrent  dans  la  suite  un 
si  grand  respect  pour  lui  qu'ils  l'honoraient 
comme  un  saint  et  un  prophète.  Us  rivalisaient 
d'ardeur  pour  lui  bAlir  une  demeure  digne  de  sa 
hante  vertu.  Le  serviteur  de  Dieu,  ayant  eu  con- 
naissance de  leur  dessein,  les  fit  appeler  et  leur 
dit:  •'  Ecoutez-moi,  chères  brebis  du  Christ  et 
cessez  vos  contestations.  Votre  zèle  est  agréable 
à  Dieu,  mais,  puisque  tous  deux  vous  avez  à  co-ur 
de  me  bâtir  un  abri,  voici  la  condition  que  j'y 
pose  :  celui  de  vous  deux  qui  le  plus  tôt  aura 
terminé  son  œuvre,  celui-là  me  recevra  sous  son 
toit  jusqu'au  terme  do  mes  jours.  »  On  redoubla 
d'ardeur  de  part  et  d'autre,  mais  la  \ictoirc  échut 
à  Saturnin.  La  dernière  pierre  était  à  peine  posée 
qu'il  vint  trouver  le  Saint  :  «  Vénérable  Père, 
lui  dit-il,  voici  que  je  vous  ai  préparé  une 
demeure,  venez  donc,  et  habitez  en  elle.  »  Isaac 
se  rendit  aussitôt  à  sa  nouvelle  habitation  et  y 
passa  le  reste  de  sa  vie. 

Quelques  jours  après,  Victor,  qui  avait  voulu 
bâtir  un  superbe  palais,  se  rendit  auprès  du  soli- 
taire et,  se  voyant  vaincu  par  Saturnin,  il  se  jeta 
aux  pieds  d'Isaac  en  disant  :  "  Je  vons  en  prie, 
ô  Père,  recexez  aussi  le  présent  que  je  vous  offre, 
car  c'est  au  nom  du  Seigneur  que  je  le  fais.  — 
Mon  fils,  lui  dit  le  Saint,  je  dois  rester  désormais 
on  Dieu  a  fixé  ma  demeure.  Mais  i|ue  votre 
maison  soit  la  maison  des  pauvres  et  le  refuge  des 
aliandonnés.  »  Puis  il  lui  donna  sa  bénédiction. 

DBnMTRES   AKNHES    —   MOHT    BIEfmTXBWJSK   d'iSAAO 

• 

Sitôt  qu'il  fut. reclus  en  sa  cellule.  Isaac  mena 
une  viean>,'élique.Les3énateursSaturninetVictor 
lui  taisaient  de  ::randes  aun)<>nes.  mais  il  les 
distribuait  aussitôt  aux  indi^'ents.  On  l'a  vu  se 
dépouiller  de  ses  propres  vélnmenU  et  revenir 
presque  au  au  milieu  de  l'hiver.  Il  allait  parfois 
rendre  visite  à  ses  deux  bienfaileurs,  et  si,  à  son 
retour,  il  trouvait  les  porte*  de  la  ville  fermées, 
il  se  mettait  en  prière,  faisait  un  sijine  de  Ci-oix^ 
elles  |u«rte-s  s'ouvraient  d'elles-mêmes. 

.\rrivé  au  dernier  jour  de  sa  vie.  il  réunit  ses 
disciples,  leur  donna  ses  derniers  an»,  appi'la 
sur  enx  la  bénédiction  du  ciel,  se  d^'-^ipia  un 
successeur,  et  son  nnae  fut  cmporli-e  par  le? 
anges  au  paradis.  Ce  lut  une  grandie  douleur  pour 
le  monastère  et  pour  toute  la  vilb»  de  t^onslanli- 
nople.  Ses  reUques  furent  l'objet  d'une  grande 
vénération. 


SAINT    RUPERT 


Fête  U  27  mars. 


BIPERT  RvioUE  DE  WOHM-    —  SES  F.MINEiNTES  VERTU? 

Tandis  que  Childtibert  lllrésnailsur  les  Francs, 
le  très  saint  confesseur  Ju  Christ,  Rupert,  illus- 
trait de  SCS  ômineiites  vertus  le  siè«e  épiscopal 
de  NVorms.  Is<u  Ju  san«  des  rois  de  France,  il 
ri}uni?<ait  on  lui  la  noblesse  Ju  sanp  et  les  plus 
brillanti-s  'junlités  :  siande  mansuétude  d'Aine. 
cliasIiM'  i  .uiaile.  inorlini-ation.  zèle  inTatigable 
pour  la  iTifie  et  la  louaiu'e  de  Uieu,  charité  pour 
If  prochain  qui  lui  faisait  donner  aux  pauvres 
tout  ce  qu'il  avait.  Les  nombreuses  conversions 
qu'il  opi'rait  lui  attirèrent  la  haine  des  idolAtrcs 
do  son  diocèse.  Ln  jour  il  fut  surpris,  battu  de 
verges  et  laissé  à  demi  mort  dans  un  fossé.  Mais 
voici  que  la  Providence  ouvrit  alors  un  champ 
plus  vaste  à  son  apostolat. 

I.E    ClimsTI\.NI-«E    F.N    IIAVIKKK    —    f AI./.IIOI;Hi. 

TlièoJon,  duc  des  Bavarois  encore  païens  et 
barbares,  ayant  entendu  parler  des  miracles  et 
de  la  sainteté  de  llupert,  voulut  le  connaître.  Il 
lui  envoya  une  députatioii  composéf  des  pre-- 
niiers  de  sa  nation.  le  priant  de  vouloir  bien 
visiter  les  ré;;ii>ns  bavaroises  et  y  enseif^ner  les 
vérités  de  la  foi.  En  entendant  l'invitation  des 
députés  étran;;ers,  llupert  éclata  en  actions  de 
L'ràce-i  et  bènit  le  Seif-'neur  de  ce  qu'il  voulait 
bien  faire  ainioncer par  lui  l'Kvan^isile  aux  peuples 
cnciire  intiilèles. 

A  la  nouvelle  que  le  saint  missionnaire  arri- 
vait, le  chef  bavarois  fut  rempli  d'une  vive  alb'- 
^.'resse,  et  convoquant  toute  la  noblesse  de  son 
duché,  il  \iiit  à  «(«rencontre  iu>qu'à  Katisbonnc 
011  il  le  reçut  avec  de  craiids  honneurs. 

I.'liommi'  Je  Dieu  s'appliqua  aussitôt  avec  un 
lèle  et  une  charité  aJniirabb's  à  la  conversion 
de  ces  peuples.  L'une  de  ces  premières  con- 
quêtes fut  leur  chef;  Théodon  abjura  l'idolAtrie 
et  fut  récéiiéré  dans  les  eaux  du  baptême.  Cet 
exemple  attira  les  foules  et  Itupert  lit  des  milliers 
de  néophytes.  Tou«,  esclaves  et  noble»,  venaient 
reci  Noir  avec  joie  le  jou;.'  du  christianisme,  et  il 
semblait  que  les  temps  apo8toln|ues  reparais- 
sai)-nt. 

Mai-i  cela  ne  contentait  pas  encore  le  télé  Je 
saint  llupert;  ^ur  le  conseil  du  duc  Théodon.  il 
moiii.i  sur  une  barque,  <•!,  accompagné  de  ijuel- 
c|ii>-«  /éb's  nii<-ionnaires,  il  desceixlit  les  rives  du 
Ilii:''>   •    'ir  aller  porlir  aux  contrées  les  plu» 

I  'lambeau  de.  la  foi  et  de  la  relifl;ion. 

II  .  1.  iioi,  r,,  I , ,  i.|.,i  ,fi.^  ..■.-.mraient 
.'■  '  avide- 
:                                   ;       .      .,    :              a\  te  fai- 

iit  Ji-  donnfr  un  •entre  à  tonlei 
<  missionnaire 


I 
.!•     ' 
ti'.' 
Jm 
a\>'. 
J<<dié 


débris  antiques  ;  un  monastère  fut  bâti  pour  les 
clercs,  et  Rupert  y  construisit  sa  demeure  épis- 
copale,  «rAce  à  la  fiénérosité  de  Théodon.  Rome 
conhrma  la  création  du  nouvel  évéché.  C'est 
ain«i,  nous  dit  Korhbacher,  >|u'à  la  voix  de  son 
pontife,  l'antique  Juvave  sortit  de  ses  ruines  pour 
revivre  pendant  des  siècles  sous  le  nom  de 
.Sa*lzbourg. 

.Mais  le  saint  évéque  avait  besoin  de  nouveaux 
aprtlres  [lour.'^uflireaux  besoins  de  son  nombreux 
troupeau  qui  s'accroissait  de  jour  en  jour.  Il 
retourna  dans  son  pays  et  amena  avec  lui  Jouie 
missionnaires.  Sa  nièce  Erentrude  avait  voulu 
parta;:er   ses  apostoliques  travaux  et  enseigner 

fiar  sa  parole  et  sl-s  exemples  aux  {emiiies  bar- 
tares  le  chemin  de  la  civilisation  et  de  la  sain- 
teté chrétienne.  Rupert  bùlit  pour  elle  un  monas- 
tère dédié  à  la  Sainte  Vierge.  Ereutrude  en  fut 
la  première  abbesse.  De  nombreuses  Itavaroises 
vinrent  se  (trouper  autour  d'elle,  et  la  coura>.'eu-e 
supérieure  se  vit  bientôt  à  la  tète  d'une  commu- 
nauté llorissante  qui  faisait  l'édillcation  de  toute 
,   la  contrée. 

i  MOIIT   DE  THÉODON  —  SON    KILS   TII^UDKBERT 

I  Sur  ces  entrefaites,  le  duc  Théodon  tomba 
!  sravemeni  malade;  et,  sentant  approcher  sa 
dernière  heure,  il  manJa  son  tils  TheoJebert  et 
I  lui  dit  :  0  Mon  lils,  voici  que  le  Sei^jneur  m'appelli- 
à  lui,  je  vous  constitue  mon  successeur,  mais 
«^coûtez  mes  derniers  avis  :  soyez  en  tout  point 
obéissant  au  saint  évèque  Rupert.  et  prélez-liii 
sans  cesse  votre  secours  pour  l'aider  dans  la 
propa:;ation  de  la  foi.  <• 

Tnéodebert  fut  lldt^le  A  un  conseil  si  sn:;p;»ous 
sa  protection,  la  reli:;ion  catho!  nt  Je 

plus  en  plus  universrlle  parmi  .  i-i    à 

mesure  i|ue  la  foi  s'implantait  dans  le  peupb', 
les  mii'urs  s'adoucissaient,  le  pays  se  civilisait 
et  le  Norique  prenait  un  autre  aspect. 


Ilup<  it   N  >    lii.i;  (l,  il  »a 
■Jnn  lui  donna  ce«  ruin** 


nKR.MBHS   MOMFATS  DE    SAI.NT    IIUrRRT  —  SA    MORT 


Après  aToir  continué  quelque  temps  encor» 
apostolat  si  fécond,  «aint  Ru|>crl,  bn-' 
et  les  fatigues,  fut  averti  par  l)ieu  que 

rep.  ^       •     !■    ■•    ;  ;        - 

un  I 

et    s»*    jo  '  |Mi  a    .t     ■MU  il'- 1    •  • 

PA<|Ues,le  ."^aiiil,  déjà  miné  ; 
encore  le  Saint  Sa- ■''  "  ■' 
de  paternelles  exIi 

entre  leurs  bras.  .M..  ,   

sépara  du  corps,  une  éclatante   ■ 


un 


le  lieu  saint 
cantiques  d'al 
mortelle  i  •'. 
son  cori 

ritinn  .!• 


I    l'-'lÉ    entendit 

llupert  quittait  r<'n> 
.ir   ''   l'éferriité.  ut,  i 


.   "Il    kil 
litanie  1. 


>  1  I. 


iue<>  de  l'an  '71b. 


luip.-ytranl,  t.   l'iiiTi»<i  » 


rur  KrâiM  "H  I"      Cin» 


SAINT    ETIENNE     HARDING 

FONDATEUR  DE  CITEAUX 


Fête  le  2ti  man 


Vu  jour  de  disette,  saint  Etienne  envoie  un  Frère  à  la  ville  sans  argent.  —  La  charité 
y  supplée,  et  le  Frère  revient  avec  une  voiture  de  vivres. 


PBEJIIÈRES   ANNÉES    DE   SAIXT    ETIENNE 

On  'ait  peu  de  chose  sur  les  premières  anm'-es 
de  saint  Etienne;  cependant,  Ie>  historiens  c<in- 
viennent  qu'il  était  Anglais  de  nation.  Son  nom 
de  Hardiivj  fait  croire  qu'il  élail  issu  de  la  race 
saxonne,  et  l'on  dit  que  sa  famille  était  d'assez 
grande  noblesse. 

Il  nous  apparaît  pour  la  première  fois  lorsque, 
encore  enfant,  il  était  élevé  au  monastère  béné- 
dictin de  ."^herborne,  au  comté  de  Oorsel. 

La  résie  de  saint  Benoit  permettait  aux  parents 

chrétiens  d  offrir  leurs  flis  avant  m«^mc  I  ipe  de 

quatorze  ans.  pour  qu'ils  appri'^senl  à  servir  Dieu 

dann   |p  rlnitre  jusqu'à  leur  mort.  Ces  enfants 

'es  les  oUali. 

x  parents  les  conduisaient  à  l'église 

•  m, les  introduisaient  dans  l^  sanctuaire, 

bqpant   leurs  mains  dans  la  nappe  de 

|iii    recouvrait  l'autel  ils  les   consacraient 

-i  au  serrice  de  Dieu.  IN  prometUient  aussi 


de  ne  leur  transmettre  aucun  liien  terrestre;  et 
ces  jeunes  entants  pouvaient  alors  courir  à  la 
suite  de  leur  divin  Maître,  puisque  rien  ne  les 
retenait  plus  à  la  terre. 

Etienne  fut  donc  élevé  avec  les  aulres  enfants 
du  monastère  et  reçut  l'éducation  qui  était  donnée 
a  tous,  sans  acception  de  personnes,  aux  nobles 
comme  aux  enfants  du  peuple 

Commi'  un  autre  Samuel.  Etienne  passa  ainsi 
ses  premiers  ans  dans  le  temple  du  Sei^junur; 
rariis  son  esprit  actif  soupirait  h  de  plus  amples 
'f'unaissanres.  Le  monasl.:re  de  Sbei borne  ne 
les  lui  pouvant  donner,  il  partit  pour  l'Ecosse. 

D'Ecosse,  Etienne  se  rendit  à  Paris. 

l'N  l'KLEntNKGE    V   ROME 

•Mais  Paris  ne  le  retint  pas  longtemps.  Etienne 
cli>-rrhait  à  connaître  sa  vocation  eneore  incei- 
taini'.  Il  rrut  qu'auprès  du  tombeau  des  Apotr.  -, 
il  trouverait  la  lumière;  c'est  pourquoi  il  entr  - 
pr\t  le  pèlerinace  ntl  limina. 


2h6 


nu  lllr>ll  I  -I 

for.l. 
aaïuAii- 
le»  ^r'•l 
un  ou  '1 
itlisieui. 


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venei  • 

plu»   I  ■■ 

viIIp  .  , 
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n'rut-i   |- 

■  ■•.    ••    il    1.» 


Le   louibeau  des  Ap''tres  fut    téiiii'iii  »ie  se?   \ 
prières  ardente?.  (  l  fi  ut  les  larni'  a  .le  bonheur   | 
iju'il  y  répandit  :  mais  il  fallut  l'ii  nl6i  quitter  j 
cette  vilK'  liriiie.  pour  reprciidr''  li-  «'liemin  de 
Slierbonie,  où  »aint  Etienne  pensait  retourner. 

LE  COrMLVr  KE  SIOLESME 

nif'U,  qui  conduit  tout  avec  <neess«,  en  disposa 
autrement.  Comme  il  viy.fi.'.-ail  à  travers  une 
sombre  (orH  du  di(  .  i~.  .le  laiiRre?  en  Bonr- 
|.''i:;ni',  il  arriva  à  la  |  ■  :  1  'i  l'H  p.unre  nninastère, 
si  l'on  pouvait  donipi  i  c  im>iii  a  quelques  cabanes 
laites  oe  braii.ln-i  darbres,  ran>;^e»  autour  d'un 
petit  oratniri'  Ar  boi-^.  Aupri-s  de  ces  misérables 
cellub-î.  ■'  '  '  'it  unt>  clairière  que  les  moines 
avaient  .  '  l  ija'un  baron  du  voisinage 

leur  ■.i\ (Vêtait  dans  la   culture  de  ce 

terrain  c;u<'  les  reli^-ieux  de  Mob-snie,  ainsi  s'ap- 
pelait I'  couvent,  trouvaient  leurs  seuls  moyens 
de  suh-i-laiice.  Molesme,  fondé  depuis  très  pou 
d>-  li'iiip^,  i-tait  encore  aux  prises  avec  les  difli- 
cullès  de  toute  u'uvre  nais^aute,  la  pauvreté  y 
ré,;nait  en  souveraine;  et  cependant  .Molesme 
comptait  dans  sou  sein  des  personnes  de  haute 
naissance  et  de  :::rnnds  talents 

I.B  vertu  df"  saint  Ilobert,  qui  jiouvernait  ab>rs 
le  couvontdp  Saint-Ayoul  ou  Ai^'ulphe,  lixa  leurs 
resards.  Sur  un  "nirc  du  l'ape.  le  saint  abbé 
reçut  la  charS"  d.^  tonder  et  diri;.'er  le  nouveau 
moDA'-ttTe  qu'il  établit  dans  la  forêt  de  Mole>me, 
l'un  li)7;i. 

Ce  fut  là  qu'Etienni-,  à  son  rtlour  de  Rome, 
trouva  la  communauté  établie.  Au  tombeau  des 
saints  Ap^'ilrcs,  il  avait  dimandé  à  l)ieu  de  pou- 
voir le  servir  toute  sa  vie  dans  la  pauvreté  la 
pin»  -i\i-rr  il  .lins  la  ri.'ii.  ur  primitive  de  la 
r.  un  des  rel.lclie- 

ni'  -  dans  la  suite.  A 

la  vue  lie,  de   l.i  pauvreté  et  de  la  fer- 

veur  '1  mes,   il  cunuut  bien  que   Dieu 

l'avait  exàuoc  et  l'avait  conduit  au  but  de  tous 
ses  désirs. 

liie  épreiiTp  vint  aflli::er  son  cu-ur  alTeclueus; 
le  jeune  rlerc  qui  avait  été  jusque-là  «on  lidèle 
coropa::u.>n  de  voyage,  son  ami,  le  quitta  pnur 
continuer  sa  route;  Etienne  resta  seul  a  Molesme. 
Mais  Dieu,  qui  rend  toujours  c«  qu'on  lui  donne 
avec  Usure,  au  lieu  d'un  ami  i|ii°il  perdait,  lui 
en  lit  liouvir  deux  autres  :  ■..liiit  Iii,|.crt  et 
saiul  Albéiic,  lun  abbé,  et  laulr»  prieur  de 
Molesme. 

Cependant,  le  besoin  se  faisait  sentir  parfoi> 


is, 

finosa   .t    Iroves, 

'jue   l.ani'res,    leur 

I-  des  \i\res,  bien 

.  ur   diinner.    I*« 


HEI.AaiK)l£NT  DV  MO.NASTÈRE 

Molesme  promettait  une  ère  de  ferveur,  mais, 
hélas I  ce  fut  pour  peu  de  temps;  l'au^-'inenlntion 
du  nombre  des  reli;.'ieux  et  l'accroissement  des 
richesses  vinrent  troubler  celle  délicieuse  soli- 
tude. La  libéralité  des  lidèles  lit  disparaître  la 
ni'cessité  du  travail  manuel,  et  bieDtl^t  les  reli- 
gieux refusèrent  d'obéir  à  saint  lloberl.  qui  vou- 
lait conserver  cet  usaj^e  comme  un  point  de  la 
rèyle.  Devant  cette  opposition,  la  tésisiancf  d.-s 
moinea  s'accrut  et  comme  la  pauvreté  et  l'obéis- 
sance sont  l'àme  de  la  vie  monastique,  Molesme, 
ayant  perdu  cette  &me,  était  tombé  dans  un 
état  de  lanceur  extrême. 

Saint  Holiert,  voyant  que  sa  présence  ne  fai- 
sait qu'irriter  les  rebelles,  quitta  le  couvent  et 
se  retira  dans  la  solitude  voisine. 

Etienne  vit  avec  douleur  ces  malheureuses 
scènes  de  désobéissance;  le  départ  de  s&iot 
Hobert  l'aniiis'ea  beaucoup. 

La  cliar«  de  prieur,  en  la  place  d'.\lh'''iic 
devenu  .ibbé,  ne  lit  qu'ausmenter  sa  triste----, 
en  face  de  son  impuissance  à  rétablir  la  fer<eur. 
Sa  douleur  fut  au  comble  quand  il  vit  .\l|.rric 
lui-raénie  maltraité  |iar  ses  moines  incorri- 
«ibles  et  jeté  dans  un  cachot.  Aussi  s'ompressa- 
t  il  d'imiter  la  conduite  d'.\lbéric,  aussitôt  sa 
délivrance,  et  de  i|uitter  .Molesme  avec  -luelques 
autres  reli;;ieu\  des  plus  ferxents. 

11  enflamma  p.ir  ses  paroles  les  co-urs  d'un 
^O'aud  nombre  de  ses  frères,  et  i.^---..  .|  vit  le 
moment  propi.  e  il'exécuter  son  ..  .  -l-à- 

dire  la  fondation  d'un  n.ini. m   i  i. 

vcrné  par  la  ré>;le  de  sai 
il  résolut   .1  quitter   un. 

L'ablie  -aint  Robert,  à '|ui  ilscomni 
ces  plajis,  entra  de    tout  son  cteur  .t 
désirs. 

Au  commencement  de  l'année  low.i|<  ^Ib'-rrnt 
tous  à  Lyon,  solliciter  du  c.it  < 
vèque  de  celte    ville  et  l-i- 

torisation   de   quitter    .  .1  en 

fonder  un  autre, ou  la  i  ureu- 

sement  observée.  Ils  liieul  i. 

de   n'avoir  plus  à  être  inqii 
inoii.        '     "    '     :.ie. 

L'  I.  l'nmi  et  h*  Adèle  défenseur 

,1.-        -,, ..      M,  VII  ■■■  '  ■        ■  ■  , 

d.iUS   v-i  des-eius    i|c    i 

.1- \ !•" .  

1-  .le 
.  .  ,  .  ...-lUelil 
uue  ieilre  qui 

L'abb'-  Hubert  alfraiirliit 
»es  frèn-<  qui  reslaicTif  i  M 

béisvince   qu'ils   ;i  .1    i-iilie    ses    iniiii- 

pni-  b'"-  vinu"t  Pt  i!'i  .qiip  lesvive»  ivii-r 

Inli  ■-.   sortirent  du 

nu:  '  rt 

H  lui  lis  ■  ; 

-,-»ri  pour  la  . 

I  lèrent  aussi  un  .t..-  m  ••  >  i  me 
rt  ce  fut  là  tout. 

m  nouvnL   s..  ■     •'    '    ^  kl  \ 

I  ..  ..  ..   .■      .'.  I    .  .  t     I  ..     .  .     •        I  '  11     n  .  il  .Mit 


T..| 


de  pain,  et  de-,  vAtementii  ,  .léK' 


permit  aax    relunrux    d'en    prendre 


Sur  ces  entrefailes,  l»Jon,  duc  de  Bourgogne, 
que  la  vue  de  saint  An.~elme  avait  converti,  au 
moment  qu'il  voulait  le  dépouiller,  ayant  connu 
le  dessein  des  pieux  ermites,  leur  envoya  lui- 
même  des  ouvriers  pour  les  aider  à  construire 
leur  monastère.  Et,  le  21  mars  1008,  qui  se  trou- 
vait être  le  dimanche  des  Rameaux  et  la  f^te  de 
~ainl  Beni^it,  on  célébra  l'inauguration  solennelle. 

Saint  Kobert,  élu  canoniquement,  reçut  la 
crosse  pastorale  des  mains  de  Gauthier,  évéque 
df  Chàlons,  qui  éri^-'ea  de  la  sorte  le  couvent  en 
abbaye,  sous  le  nom  de  Nouveau-Monastère. 

Il  fut  dédié  à  la  glorieuse  Vierge  Marie,  et,  dans  ! 
la  suite,  il  en  futile  même  pour  toutes  les  e'glises  i 
de  l'Ordre,  qui  professa  toujours  une  grande  ' 
dévotion  pour  la  Mère  de  Dieu. 

Tous  les  religieux  firent  ensuite  voeu  d'obéis- 
sance entre  les  mains  de  saint  Robert;  l'on  | 
nomma  aux  divers  offices  de  la  maison.  Saint  ' 
.Ubérir  reçut  la  charge  de  prieur,  et  saint 
Etienne  cefle  de  sous-prieur.  Mais  saint  Robert 
ne  put  ji^uir  longtemps  de  la  solitude  de  Citeaux  : 
les  moines  de  Molesme  le  rappelèrent  uno 
-•    '  nde  fois  parmi  eux;  ils  arrachèrent  au  pape 

I  ilain    II    la   permission   de    lui   faire   quitter 
<;ittaui,  et  saint  Robert,  renonçant  encore  à  sa 
[iropre  volonté,  obéit  aux  invitations  du  cardi- 
nal Hugues,  à  qui   le    Pape   avait    rerais   cette 
affaire.   11  reprit  le   chemin  de  Molesme.  Dieu  i 
bénit  son  obéissance. car  .Molesme  sembla  relleu-  | 
rir;  il  produisitd'autres  monastères, entre  autres  j 
■  elui  de  Juilly,  où  la  sn-ur  de  Saint  Bernard  se  | 
consacra  plus  tard  à  Dieu.  Dès  ce  moment,  les  i 
rapports  de  saint  Robert  cesséj-enl  avec  Citeaux. 

II  mourut  l'an  1110. 

SAIST  ÉTIBNSE,  FBIEXR  DE  OTEAUX 

.\près  le  départ  de  saint  Robert,  leur  premier 
abbé,  les  moines  de  Citeaux  élurent  pour  lui 
succéder  saint  .\lb<*ric,  et  saint  Etienne,  naturel- 
lement, remplaça  ce  dernier  dans  la  charge  de 
prieur. 

Cette  charge,  qui  l'unissait  d'une  manière 
'•troite  à  l'abb'-,  permit  à  Etiennt^  d'apprendre  à 
l'école  d'Albc'rJc  une  prudence  admirable,  comme 
il  avait  appris  à  celle  de  saint  Robert  l'obéis- 
sance et  la  fermeté  dans  les  épreuves. 

D'après  la  r''gle  de  saint  Benoît,  !e  prieur 
devait  «*tre  pour  ainsi  dire  l'œil  et  la  main  de 
l'nhl.ô  tniijniirs  prêt  k  exécuter  ses  ordres.  Son 
î!'  ■  -   lit  à  tenir  sa  place  pendant  son 

i!'^'  li  ;  '.  I  m-  les  exercices  ordinaires  de  la  mai- 
son; il  di'vait  surtout  veiller  au  maintien  de  la 
réi.'ularilé  dans  le  couvent.  Il  présidait  encore  au 
réfectoire,  car  l'abhé  mangeait  toujours  avec  les 
li'Hes,  comme  le  prescrit  la  rèj.'le  de  saint  Benoit. 

Ainsi  donc,  Klieiine  partageait  pour  beaucoup 
la  sollicitude  de  s.iinf  Mb^ri  ■.  et  tous  deux  cher- 
chaient à  donner  1  iK  exemples  àleurs 
frères.  I,e  premier  :  i  qu'ils  llrent  fut  de 
retrancher  toute  supciUuitc  dans  l'habit  monas- 
tique. !U  reietèrcnt  tons  le<  V'temenl»  dont  il 
I'  '  '  '  'ion  dans  la  rèyle,  ne  voulani 
"■nt  .i  larges  plis,  ni  foumire- 

1-e  «c  -imI    '-inii-ement  au**  Citeaux  apporta 

""  "      ■  s  ,1e.,  iii.in-  ■  ■  •     'nlors  fut  de  revenir, 

1  iioiirrifi.  1  me  sévère  prescrit 

I,.  ,i„  ,  ,.,  

'  rent  aussi  d'accepter  le- 

I    i;  .  t^os  possessions, 

■ils. 

l,rent  Menti'jtla 


renommée  de  la  ferveur  de  Citeaux.  Mais  une 
crainte  vint  saisir  l'esprit  d'.\lbéric ,  aucun 
novic-nese  présentait.  La  réformeallait-elK»donc 
s'évanouir  après  quelques  années  seulement'?  In 
fait  merveilleux  vint  rassurer  le  saint  abbé. 

Ine  nuit,  un  clerc,  qui  étudiait  aux  écoles  J  • 
Lyon,  aperçut  dans  une  Wsion  une  rille  d'un'^ 
beauté  indicible,  bAtie  sur  le  penchant  d'une 
montagne,  au  pied  de  laquelle  coulait  une  rivière 
aux  eaux  profonde--.  Comme  il  cherchait  nn  su,' 
pour  la  traverser,  il  vit  sur  les  bords  douze  ou 
quatorze  pauvres  qui  lav.nieut  leurs  viHements 
dans  le  courant  Parmi  eux  se  trouvait  un  per- 
sonnage d'une  beauté  éclatante  qui  les  aidait 
tour  à  tour.  Le  clerc  s'approcha  de  lui  et  lui 
demanda  qui  il  était.  «  Ces  pauvres,  lui  fut-il 
répondu,  font  pe'nitence  et  se  puriflent  de  leurs 
fautes:  pour  moi,  je  suis  le  Fils  de  Dieu,  Jésus- 
Christ,  sans  qui  ni  eux  ni  personne  au  monde 
ne  peut  faire  de  bien.  Otte  ville  qui  brille  sur 
la  montagne,  c'est  le  Paradis  où  n'entreront  que 
ceux  qui  auront  fait  péniteni-e.  Pour  toi,  sache 
qu'il  n'y  a  point  d'autre  voie  que  celle-là.  »  .\ces 
mots,  le  clerc  se  réveilla,  et  fut  lon^-tempe  à 
réilèchir  sur  cette  vision.  Quelque  temps  après, 
de  retour  chex  lui,  il  en  parla  à  l'évèque  de 
("h.'tlons  qu'il  connaissait  plus  particulièrement. 
L'évèqne  lui  conseilla  de  quitter  le  monde,  et 
lui  indiqua  le  monastère  de  Citeaux. 

Le  clerc  prit  le  chemin  du  couvent.  La  solitude 
sauvase  du  lien,  l'aspect  du  monastère  l'ef- 
frayèrent tout  d'abord;  il  frappa  néanmoins  à  la 
porte  de  la  maison  de  Dieu,  et  quel  ne  fut  pas 
son  étonnement  de  reconnaître  dans  tous  les 
Frères  les  pauvres  qui  lavaient  leurs  vêtements 
dans  la  rivière.  Il  fut  reçu  par  tous  comme  un 
gage  de  la  protection  du  ciel,  il  devint  dans  la 
suite  excellent  religieux,  et  remplaça  Etienne 
dans  la  charge  de  prieur. 

SAIMT  ETIENNE  EST  Ô-U  ABBÉ 

Cinq  ans  plus  tard,  en  HOO,  comme  le  rap- 
portent les  annales  de  (".ileaux,  l'homme  de  Dieu, 
.Xlbèric.  après  s'être  exercé  à  l'école  du  Christ 
par  la  discipline  de  la  règle  pendant  neuf  ans  et 
ilemi,  retourna  vers  le  Seigneur. 

Cette  mort  afllieea  beaucoup  le  cœur  d'Etienne 
qui  perdait  en  saint  Albéric  le  meilleur  ami:  il 
se  consola  en  pensant  que  ses  prières  lui  seraient 
désormais  d'un  aussi  utile  secours  que  ses  con- 
seils et  ses  avis. 

Hieiino  fut  élu  un.mimement  par  les  Frères  en 
la  place  d'.Mbéric.  L'élection  se  fit  enson.ibsence, 
car  dans  son  humilité,  redoutant  peut-être  la  pre- 
mière place.  Il  avait  cru  qu'en  quittant  Citeaux, 
on  penserait  moins  à  l'élire. 

Etienne  rontinna  dignement  les  réformes  com- 
mencées par  ses  deux  prédécesseurs. 

LWDIGETfCK  rST  AL'  COlinLE 

I^  cnnvent  se  trouva  bientôt  réduit  à  la  plus 

iriî"  t  1  iî'.once.  Ce  fut  au  milieu  de  cette 
r,,-jrut  aveo  éclat  la  confuinc,' 
|ii  I  II'  une  IV  lit  en  Hiru. 

Ln  j'iur,  le  cellerier  vint  l'avertir  que  les  pro- 
visions étaient  épuisée».  Le  Saint  prit  avec  lui 
un  Kr''Te  ronvers.  et  tous  deux  «e  diriL-erent. 
,,.  ,..  ._  ..,,,■  .\,.^  ,\nf».  vers  deux  villages  voisin-» 
lie  [lorte  en  porte. 

I.     ,  i]iii.  .    ils  trouvèrent  que  la  nii>' le 

du    fil  1   ure    à   celb-  île    1  il)l>é 

(lii  '••.  ,|,  iniiid  I   Etii'iiiie  en 


souriant,  vous  avei  slané  dans  un  rhanip  plu- 
fertile  que  le  mien,  r  l.e  reli^'ieux  r'jH-.ndit  que 
c'était  pràce  à  la  -énérosité  de  tel  pr'-tre  qu'il 
nomma.  Or,  ro  prêtre  était  enlaili--  il--  simonie. 
"  A  l»ieu  n<^  plai«e.  s'écria  Elienni.-.  frémissant 
d'h"rrei;r.i|ue  nous  touchions  à  l'osaumcines  souil- 
lées par  la  main  qui  les  a  données.  »  Il  appela 
des  bpr:,'prs  qui  se  trouvaient  là,  et  versa  dans 
leurs  mains  tout  ce  que  le  sao  contenait. 

L'n  .nuire  jour,  la  disette  fut  plus  violente 
encore,  ^tienne  vit  que  c'était  l'heure  de  Dieu. 
Il  appelle  un  Krére  et  lui  ordonne  de  se  rendre 
au  marché  de  Véielay,  d'y  acheter  trois  chariots, 
avec  trois  forts  chevaux  de  trait  pour  chacun 
d'eux,  et  de  les  ramener  charcés  de  vi^tements  et 
lie  vivres  et  d'autres  choses  nécessaires.  Le  Frère 
se  montre  tout  prêt  à  partir,  mais  avec  de 
Taraient.  <■  i»-  n'ai  trouvé  que  six  sous  dans  toute 
la  maison,  chi  Ltienne,  preuoi-les  si  hon  \ous 
semhle.  ■■  Le  Frère  partit  pour  la  ville  indiquée. 
Armé  la,  il  se  rendit  chez  un  ami  auquel  il  lit 
connaître  l'embarras  du  monastère.  Sur  ces 
••ntr>  laites,  un  homme  riche,  sur  son  lit  de  mort, 
'li-!i  il'uail  ses  biens  aux  pauvres.  L'ami  du  teli- 
-i'  u\  court  ausMtot  prés  du  mourant  et  lui 
lait  le  récit  de  la  misère  de  Citeaux.  Touché  de 
ces  paroles,  cet  homme  appelle  le  religieux  et 
lui  lionne  tout  rar:.'ent  nécessaire,  l.e  moine 
revint  donc  à  Citeaux,  suivi  des  trois  chariots 
cliar;,'i's  de  provisions,  l^i  foi  d'Ktienneet  l'obéis- 
sance du  reli;.'ieux  avaient  été  récompensées.  Ce 
fut  la  dernière  épreuve  que  l'abbé  de  Citeaux  eut 
à  supporter  pour  le  temporel  de  son  couvent,  car' 
']•■■<  ru  jour  les  aumônes  furent  plus  abondantes. 

LA  MORT  FAIT  DES   VIDES  A  CITKAUX 

Mais  une  épweuve  plu'<  terrible  l'attendait.  Pen- 
dant le-^  années  de  IIM  et  1112,  une  mortalité 
terrible  vint  lui  ravir  tour  à  tour  plusieurs  de 
se'i  enfants  spirituels. 

l'Ius  d'une  fois,  le  bruit  sourd  de  la  crécelle, 
ni'^lé  au  tintcnient  de  la  cloche,  appela  les  Frères 
du  louvent  au  lit  d«-  mort  d'un  des  leurs,  .aussi- 
tôt, tout  était  interrompu,  l'ofiice  divin  lui-même, 
!   L  lin  se  rendait  à  la  cellule  du  mourant,  en 
i.iiil  le  Cit-ilo.  Puis,  quand  tou*  étaient  réunis 
.     ur  de  li'ur  frère  couché  sur  la  cendre,  car 
'lit  ainsi   que  mouraient  les  moine>,  ils  fai- 
s.ti-iit  ensemble  la  recommandation  de  l'Ame. 
Ia'  1  u'Ui  pat'-rnel  d'Klienne  voyait  avec  peine 

;■'"' -■•' •iifants;  et  ce  qui  le  tourmentait 

'  lit  de  ne  voir  aucun  novice  venir 

lies  que  faisait  la  mort. 

Il  s'en  vint  iin'-me  à  se  demander,  s'il  n'y  avait 

pa».    lieu    de    voir   en    cela    un   ^i».•lle   <|ue   Dieu 

I.'  .1   .ni   1. 1-   l.-ur  (.'enre  de  vie.  Ce»  tristes  pen- 

iii'i'iit  I  nlin.  In  Jour  que  le  couvent 

:  lUtiiunriinreliLjieux  mourant,  Kliciine 

au  moribond:  ■    Au  nom   de  Jésus- 

.1  pour  l'amour  dui|uel  nous  sommes  entrés 

In  voie  étroite  cl  diflicile,  et  en  vertu  de 

■i    e  que    vous  m'Oiei  luré,  je  vous  com- 

'    revenir  vers  ii>>us,  au  temps  et  de  la 

,'  \oudra,  pour  nou'' ' 

.1  -.1  iiiisénrorde, 

jour*  après. 


LES  .NOVn^.ES    ARRIVE.VT  E.N  FOULE 

L  événement  vint  bientôt  justifier  ces  prédic- 
tions. Kn  effet,  dans  l'année  1113,  la  porte  du 
monastère  vil  pa>ser  une  troupe  de  ^enlils- 
liomme<  des  plus  nobles  familles  de  Uourf;o;.'ne. 
«■'étaient  les  trente  compat-'iions  que  le  jeune  et 
ardent  saint  Hernard  avait  irapnés  à  la  vie  reli- 
ijieuse.  Ce  noble  jeune  hoinrae  avait  entendu 
l'appel  de  Dieu, et  il  amenait  avec  luiàCiteauxson 
oncle,  ses  quatre  frères  et  une  foule  de  sei^^neurs, 
-■•«  amis. 

Saint  F.tienne  reçut  avec  de  grandes  actions  de 
;;i 'ices  les  novices  que  le  Seigneur  lui  envoyait. 

l.e  monastère  se  mit  donc  à  lleurir  comme 
jamais.  .\u  milieu  de  ces  temps  malheureux,  où 
beaucoup  d'abbayes  tombaient  dans  le  relAche- 
monl.  à  cause  de  leurs  richesses,  Citeaux,  par 
sa  pratique  fervente  de  la  pauvreté,  édilia  le 
inonde. 

Peu  de  temps  après  la  venue  de  Hernard  au 
monastère,  Etienne  fut  appelé  à  fonder  le  nou- 
veau couvent  <le  la  Ferté.  au  diocèse  de  CliAlims. 
Cauthier,  évèque  de  celte  ville,  et  deux  ;:entils- 
hommes  de  cette  contrée,  avaient  proposé  ce 
domaine  au  bienheureux  abbé,  qui  reçut  avec 
joie  cette  oiTre  et  partit  lui-même  londor  ce 
monastère.  Celui  de  Pontipny.au  dioi  .'•e  tir  Sens, 
fut  au>si  fondé  dès  l'année  liu.  L'année  sui\ante 
vit  également  s'établir  les  abbayes  de  .Moriinond 
et  de  Clairvaux. 

Le  jeune  Kernard  fut  envoyé  avec  douze  autres 
moines  fonder  ce  dernier  couvent.  Telles  furent 
les  quatre  premières  filles  de  Citeaux,  <{ui 
devinrent  elles-mêmes  bientôt  mères  d'un  grand 
nombre  d'autres  monastères. 

SAINT  KTIRN>E,  FO.NOATCUR    d'oRDRE 
DER.MKHES  AN.NKES 

Ju<que-là,  les  abbayes  étaient  indépendantes 
les  unes  des  autres,  et  n'avaient  entre  elles 
d'autres  rapports  que  ceux  <le  la  charité  frater- 
nelle. L'abbé  d'un  mona'-tère  i-ouvernait  ses 
moines,  sans  dépendre  d'aucun  autre;  c'est  pour- 
quoi il  sutlisait  d'un  abbé  moins  saint  on  plus 
faible  pour  laisser  s'introduire  la  tiédeur  ilans 
un  couvent.  Ktienne  vil  ce  dant'er,  et  tioma  I.- 
moyen  d'v  remédier,  ce  i|ui  lui  valut  le  titre 
véritable  de  fondateur  de  lOrdre  cisiercien. 

La  première  mesure  qu'il  prit  alin  de  cimenter 


.1.. 


les  entre  eut    fui  l'ilislîllllioli 

Tous  les  1 

.'•■  Cr^'i».  i  'I,- 

.1  s  y  reunir  pour 


ruiiion 
du  Ch 
l'F.xali 
vents  Issu- 
y  traiter  d' 

Ce  fut  au  (.liupilir  ::eiieral  de  1 1  11*  (|u'Kllenne 
f\\i  b-s  •  on>lituiions  de  l'Ordre  noiiveni.  d.iii» 
p! 

I 
pouv.iil  tisittr  li'l  111  il 

tour,  les  abbé»   des  w 

Citeaux,   et    rha  :  >■ 

année,  visiter  b 


..I,   ...„ 


■1  livre.  Il  se  démit  de 

I  ,1    .1..    I  I  I  I   .1    lie   su: 


Il  le  procttainr 


,l.'p..s'  ftvfc  v'n'ralion  attprèt 

lU  rejoindre 
m ,  puui  ré^er  avec 


liup.-acriinJ,  L.  l'i.ritiic.<>b>.  i>,  rui  I  i..ni,ui»  I*'.ra;i: 


SAINT  JONAS  ET  SAINT  bARAClIlSILS,  MAllTÏRS 


Fête  le  29  mars. 


Saints  Jonas  et  Barachisius  soutiennent  le  courage  des  martyrs. 


PEBSECUTION    EN   PEni-E 

La  dix-huitième  année  du  règne  de  Sapor,  roi 
lie  Perse  (310-380),  une  persécution  éclata  dans 
ce  pays  contre  les  adorateurs  du  vrai  Dieu.  Le 
roi  ordonna  à  ses  ininislres  de  détruire  les 
-ainls  temples  du  Christ  et  tous  les  monastères 
<le  son  royaume.  Les  chrétiens  devaient  sacri- 
lier  aux  dieux  des  Perses,  et  ceux  qui  s'y  refu- 
saient étaient  soumis  aux  plus  cruels  tourments. 
Or,  il  y  avait  dans  un  petit  village  de  la  Perse 
deux  frères,  Jonas  et  Uaracliisius,  craignant  Dieu 
(;t  oliserva^t  ses  commandements  avec  la  plus 
grande  fidélité. 

COURAGEtJSg  CHARITÉ 

Quand  ils  eurent  entendu  parler  de  la  persé- 
cution de  Sapor,  les  deux  frères,  abandonnant 
leur  demeure,  se  diripèrtMil  vers  le  lieu  on  l'on 
«^vissait  contre  les  cliréiiens  avec  le  plus  de 
n.iipur.  Arrivés  au  villn(,'(>  de  Uardiaboch,  ils 
I'  iiiindiTent  au  fjardien  de  la  prison  de  leur  en 

Miif'.lre  l'entrée. Neuf  chrétiens  s'y  trouvaient 
lius  pour  avoir  ilésohéi  aux  décrets  de 
I  ;  Jonas  ft  Karachisius,  voyant  h-urs  frères 

.1  -  \pn  tourments,  cominenci'renl  à  les  exlior- 
ler  .  "  Kn-res,  ne  crai:.'ne7  riin,  leur  dirent-ils, 
mais  soutenons  f-nsomlil'' un  seul  »*l  même  com- 


bat pour  le  nom  du  Crucifié,  afin  d'obtenir  la 
couronne  éternelle,  comme  nos  pères  et'  nos 
frères  l'ont  obtenue  par  le  martyre.  »  Affermis 
par  ces  paroles,  les  chrétiens  s'encouraseaient 
mutuellement  à  souffrir  tous  les  supplices  avec 
patience,  et,  quelque  temps  après,  ils  reçurent 
la  palme  du  martyre  au  milieu  des  tourments 
les  plus  affreux,  et  sous  les  yeux  de  Jonas  et  de 
Barachisius,  qui  ne  cessaient  de  les  soutenir  par 
leurs  encouragements.  Aucun  des  neuf  ne  fut 
traître  à  son  Dieu. 

JONAS  ET  nABACHISIlS  SONT  ARRÊTÉS 
LEUR  PREMIER  INTRHROliATUlHE 

Les  ministres  qui  venaient  de  faire  mourir  les 
neuf  martyrs  dont  nous  avons  parlé,  accusèrent 
Jonas  et  Barachisius  de  ne  pas  dhéir  aux  ordres 
«lu  roi,  et  de  refuser  d'adoier  le  soleil,  le  feu  et 
l'eau.  Les  juues,  remplis  d'iuili^nation,  firent 
arrêter  les  deux  chrétiens.  «  Nous  vous  adju- 
rons, leur  dirent-ils,  par  notre  roi  Sapor,  de  nmis 
dire  la  vérité  sur  ce  que  nous  allons  vous 
demander  :  Obéisse/.-viujs  à  la  volonté  de  Sapor 
et  A  se»  décrets'.'  ad«rei-vous  le,  soleil,  le  feu  et 
l'eau  comme  le  roi  l'ordonne'/ 

—  Nous  vous  parlerons,  répondirent  les  deux 
saints,  mais  vous,  écouteï-nous, comme  il  sieil  à 
d''s  princes  et  à  de»  jufjes  du  mi  Sapor.  Il  vous 


318 


a,  en  effet,  cl)oi*is.  et  a  remis  son  ju;,'ement 
entre  to«  ninins  pour  que  vous  fo >■<"/.  de»  juges 
équitables.  Ne  <i«  »ei-voaspas,  illii<ires  juges,  ne 
devei-vous  |a<  |ilulol  craindri-  ri-lui  qui  vous  a 
donné  riiililli(;ence  et  la  sagesse,  plutôt  qu'un 
roi  de  la  lerre,  et  reconnaitre  ce  Dieu  qui  com- 
mande au  ciel,  à  la  terre  et  à  tous  les  esprits? 
C'est  lui  .lussi  qui  fait  les  variétés  des  saisons  et 
modrre  toutes  choses:  il  vous  a  abondamment 
pourvus  lie  prndfnie  pour  ju;.'er  ceux  qui  vous 
sont  semblables  par  In  cliair.  Or,  nous  vous  adju- 
rons de  nous  «lire  avec  vérité  et  sincérité'  quel 
est  le  Dieu  que  nous  lievons  renier,  le  céleste  ou 
le  terrestre.  réUrni-l  ou  le  périssable?  Nous 
crryon»  au  liieu  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre, 
mai-  non  pas  a  un  honirae  mortel.  Kt,  en  effet, 
nous  ne  divons  pa*  nietlre  notre  ciiriHançe  en  un 
homme  qui  ne  vit  qu'un  peu  de  temps,  meurt, 
est  enseveli,  et  n'est  qu'un  homme  comme  nous.  » 

JONAS  CST  INTClIROCi  SETL rBEyiEHS  SDPPUCBS 

De  telles  paroles  mirent  le  comble  à  l'indisna- 
lion  des  juites,  et,  dans  leur  fureur  impie,  ils 
ord.innèrenl  que  l'on  apportât  des  verces  cou- 
Terte»  d'épines  pr>ur  fuslii;er  le»  accusé».  Mais, 
auparavant,  ils  décidèrent  que  les  saints  seraient 
séparé»  et  tMli'rro:;és  veuls,  alin  de  le»  rendre 
plu*  faibles  par  leur  isolement. 

Jonas  fut  appelé  le  premier  :  <'  F)h  bien!  lui  dit 
le  jtite  en  colère,  lu  as  à  choisir,  que  faut-il  te 
faire?  .\dore  les  ilieux,  sacrifie  au  soleil,  au  feu 
et  i  l'eau,  observe  tout  <e  que  I*  roi  des  rois, 
Sapor,  a  ordonné,  et  tu  seras  comblé  d'honneurs 
et  mis  en  liberté;  sinon,  nou»  t'inllifieron»  le» 
supplices  et  les  tourments  les  plus  iruels.  Ne 
crois  pa-,  cependant,  que  nous  soyons  tes  enne- 
mis, car  nous  ne  le  ferons  aucun  mal.  à  moins 
que  tu  ne  t'oppo«es  li'i-inème  .i  ton  salut.  —  Je 
n'ai  pas  r>e»oin  d'un  tel  s.iliit,  repartit  Jonas,  car 
il  Unit  avec  ta  vir  présente  qui  passe  si  vite, 
*u»«i,  je  ne  reni'  :-  Nolre-Seii.Tieur,  qui 

rit  dan*  le* sied-  I'"-.  Il  iioiisa  fait  cette 

proiii.'s-e  qu'il  i<iidi,i;t  à  chacun  selon  ses 
ii'uvre<i.  quand  il  viendra  sur  les  nuée»  du  ciel 
et  qu'il  reniera  devant  son  P.-re  ceux  qui  l'auront 
renié  devant  les  houimes.  .Maintenant,  faite»  de 
moi  ic  <|ue  vous  v.iudrei.  mai»  ne  pensez  pa* 
qui-  j'.ibaiidonn>'  la  in.ii'-i>ii  de  mon  Dieu  pour  on 
être  un  j^'ur  chassi'.  .. 

CIIKSTV.NiK  Vt  JO.XA»  n^XS  LRS  fttrPLICKS 

\  celle  couraceuse  réponse,  le»  ju<;e»   oppo- 

9^r''l<  '  1'-^    I  '^(  ^  '^1  f"^       li-tli-i  V     .1!  (  ;ii  11.'     :'■    Il  II     Tiii  II      fijt 

fr 

qu-  .  .  |.    ,  ■     ,        !' 

le  irappnit,  le  courai'i'ux  martyr  louait  l»ieu  : 
<•  (.l'ire  :i  -..-.ns  .li-ai!  il.  Hi'-n  de  nos  père». 
fl  ;■•  ce  monde 

el  ic  et  à  votre 

saillit-  louiiei-nous 

la   pal.  nient  tout  ce 

'jue    le    .s..i;  imu-    a   i-i.lonhé   par    la 

bouche  de  I  lliivid,  ouBiid  ce  saint  roi 

di-  lit  :  -  Je  11 
qu'un  •  seul 
CI- 
/■ 

^ 

d-  -  lUe 

)..  ■     !.. 

Si 

f» 

n-: 

e! 


.sont  tous  les  suppiMs  de  rinf.'ime  Sat.in,  j?  les 
renie  tous  éaaleinent  ;  je  leur  suis  élranper,  et 
je  ne  veux,  en  au-une  manière,  adorer,  ni  reinlie 
aucun  culte  au  soleil,  à  la  lune  et  aux  étoiles, 
au  feu  et  à  l'eau,  toutes  matières  créées  que  vous 
a[>pelez  dieux;  mais,  je  crois  fermement  au  l'ère, 
au  Fils  et  au  Sainl-Ksprit,  vériiable  Trinité  qui 
conserve  le  monde  lout  entier  par  sa  seule  pui.s- 
sance  et  Providence,  et  qui  a  fait  ces  dieux  eux- 
méme^  que  vous  voulez  nous  forcera  adorer,  car 
il  est  le  Dieu  tout-puissant  el  Créateur  de  toutes 
choses.  »  Les  Ju:;es  l'interrompirent  et  ordon- 
nèrent de  lui  attacher  une  chalne'aux  pieds  et  de 
le  traîner  sur  un  ètanii  ^.-elé.  Le  Saint  devait  pas- 
ser toute  la  nuit  au  milieu  des  glaces. 

D.(RACIIISIL'S   l'AHAIT    DEVANT   LB  TRIDrNAL 
NOf  VF.U.F.    HrsE    KT  NOUVELLK    VICTOIBK 

Pendant  que  Jonas  allait  au  supplice,  les 
jui-'e*.  après  avoir  [>ris  un  peu  de  repos,  llreiil 
comparaître  Harachisius  dcv.iut  leur  tribunal. 
'<  Eh  bien!  lui  dirent-ils.  &  quoi  le  décides-tu? 
Kst-ce  à  immoler  au  soleil,  au  feu  et  à  l'eau,  et 
à  adorer  et  véni-rer  ces  dieux  comme  l'a  fait 
enfin  ton  frère  Jonas,  ou  bien  veux-tu  exposer 
ton  corps  aux  plus  cruels  supplices.  M  Saint  Mua 
chishis  ne  pouvant  supposer  une  telle  faiM-  --■ 
de  la  pari  de  son  frère.  Ht  celte  réponse  :  <•  Ce 
que  mon  frère  a  adoré,  je  l'adore,  je  le  vénère 
et  je  rtionore  éL'ab-ment.l'.eqiie  vou»  me  dite»  .1 
son  sujet  est  faux,  car  la  divine  Vérité  ne  lui  a 
pas  permis  d'afrir  de  la  sorte.  (Jui  eiit  nu,  en  effet, 
lui  aveucler  lelleinent  l'esprit,  qu'il  en  vint  à 
abandonner  relui  de  qui  il  a  reçu  l'èire  et  l-i 
vie,  son  Créateur,  pour  rendre  ses  lininmai-r 
et  ses    adorations  à  des  étn-s    matériels,   créé- 

fiar  ce  même  Dieu  pour  l'usaiîe  el  l'utilité  de> 
lomme»?  Si  ces  choses  devaient  être  adorées,  ce 
ne  seraient  pas  les  hommes  qui  s'en  serviraient. 
mai>>  ce  seraient  elles  qui  se  serviraient  des 
homm'-s.  O'iel  déshonneur  n'y  aurait-il  pas  en 
effet  jiour  le  feu,  si  nous  nous  en  servions  poui 
un  us.i;;e  baset  vil?  Au  re»le,il  n'y  a  pas  que  b-s 
riche»  et  les  hommes  vertueux  qui  se  si-rvent  du 
feu;  le»  pauvres  et  le»  criminels  en  font  ét-al--- 
ment  un  usaire  très  fréquent. Or.  puisque  le  i- n  1 
étéroiislitu'- notre  servi' 

quelle  iniquité   de    non 

Itieu  a  créé  pournolri-  --iw  •  .  n  u-    n-us   

Iraindre  en  m'm"  temps  à  renier  ce  liieu  qui   a 
créé  le  ciel,  la   terre.  In  mer  --'  '-••••   •  -  "oi  ''v 
I  trouve!  ■■ 


I 
en 

COIi 

voir   leiii^   pande-»  et 
reli.-ioii    chrétienne  li- 
res,.lurent  ,|p  ne    coiil 
qui-  peu. Un'  U  iiiiil    II- 
el. 
ils  ' 


vous  m'inlligez  maintenant.  Le  bra\e  •jiii  inarche 
au  combat  ne  dnil-il  pas  Atre  pif-t  à  mourir  à 
chaque  instant  pour  la  f,'loire  et  le  triomphe  de 
son  roi"?  »  A  ces  paroles,  les  juf.'es,)ous  de  colère, 
ordonnent  de  verser  du  [ilomb  fondu  sur  les 
yeux,  dans  la  bouche,  le  nez  et  les  oreilles  de 
i"liéroique  martyr  qui,  toujours  invincible,  est 
ramené  en  prison  et  pendu  par  un  pied. 

JONAS   PAB.^IT  DE  NOUVE.Al'  DKVAM  LES  JUUES 
COJIME.VT  IL  A  PASSÉ  LA  NUIT  DA.NS  l'iîTANG  fiLACÉ 

Alors  les  jttses  appelèrent  de  nouveau  Jonas 
devant  eux  et  lui  dirent  :  •<  0<immeut  te  portes- 
tu?  Comment  as-tu  passé  la  nuit  dans  cet  étang 
i-'lacé?  —  Croyez  moi,  b  nr  répondit  .lonas,  mon 
Dieu  ne  m'a  jamais  accordé  une  nuit  aussi  tran- 
quille, et  personne  n'a  jamais  si  bien  reposé  que 
je  l'ai  fait  cette  nuit. 

—  Ton  frère  Barachisius  a  été  sage,  reprirent 
les  ju(j;es  iniques,  il  a  renié  ton  Dieu,  et  toi, 
persistes-tu  obstinément  d;ins  ta  démence".'  » 

Saint  Jonas  répondit  :  ■•  Je  sais  que  mon  frère 
a  renié  le  démon  et  ses  ani;es,  et  qu'il  s'est  uni 
plus  inlimeraent  à  Jésus-Christ.  —  N'est-il  pas 
plu<  avantai.'eux  pour  toi  de  renoncer  à  ton  Dieu 
qne  de  perdre  la  vie? 

—  O  hommes  aveu:.'!es  et  insensés!  comment 
osez-vons  vanter  voire  prudence"?  Que  direz-vous 
de  cette  satiesse  :  In  homme  a  un  amas  de  fro- 
ment; au  lieu  de  le  semer  dans  un  champ  fertile, 
il  le  fiarde  soigneusement  à  l'abri  dan<  son 
irrenier  pour  ne  pas  l'exposer  à  la  pluie  et  aux 
orases,  et  il  compte  néantnoins  faire  une  abon- 
dante récolle  au  temps  de  la  moisson!  11  faut  que 
le  grain  de  froment  soit  semé  et  qu'il  meure  en 
terre  pour  produire  ses  fruits.  Ainsi  en  est-il  des 
hommes.  Si  quelqu'un  dans  ce  monde  perd  sa 
vie  pour  le  nom  de  Notre-Seisneur  Jésus-Christ, 
lorsque  ce  m<^mp  Jésus  viendra  pour  ressusciter 
les  lils  des  hommes  qui  croient  en  lui  et  accom- 
jilissent  sa  volonté,  Il  fera  revivre  cet  homme 
dans  une  splendeur  immortelle.  Ceux,  au  con- 
traire, qui  négli;.'ent  ses  commandements  seront 
jetés  dans  un  feu  qui  ne  s'éteindra  jamais.  » 

ADMIRABLE  BÉPONiK  ' 

Les  jupes  gardèrent  le  silence  assez  longtemps, 
ne  pouvant  s'enipècber  d'admirer  leî  paroles  du 
iiainl  et  courageux  cnnfe^seur;  puis  ils  lui  diront: 
Prends  garde,  Jonas,  prends  «arde  de  te  laisser 
abuser  par  les  livres  des  chrétiens;  beaucoup  s'y 
■^ont  déjà  trompés. 

—  Vous  dites  vrai,  r(<pliqu,i  le  martyr,  il  y 
1  des  livres  qui  trompent  :  tels  sont  les  livre» 
des  philosophes  grecs.  Kt  quoi  de  plus  trompeur 
■nussi  que  la  vie  du  moude"?  Mais  Jésus-Christ  ne 
trompe  jamais.  Quaod  une  personne  riche  invite 
des  amis  à  sa  table,  ceux-ci  quittent  leurs 
demeures  pour  se  rendre  auprès  de  celui  qui  les 
invite,  car  ils  savent  qu'ils  y  trouveront  la  joie; 
puis,  quand  ils  sont  as>-is  et  qu"ils  mangent,  s'ils 
'e  trouvent  bien,  iU  se  réjouissent  et  boivent 
eopieusemenl,  et  rpiand  ils  sont  ivres,  ils  ne  }§§-  j 
L'ii'  [dus  à  leur<i  niaisoni^,  et  il  faut  que  leurs  | 
-' î    ileurs  viennent  les  chercher.  Aiii'-i  en  est-il 

1'  -   li'ciple-»  du  C.brisl  lorsqu'ils  sont  appelés  en   ' 

I  t  -r,i,  piir  les  princi-s  :  ils  n'i^mnrent  pas  qu'ils 

vont   an  combat  et  à  la  torture.  (»r,  ipiand  ils   < 

sont  arrivé»,  qu'ils  ont  bu  et  «alisfait  leur  soif 

iu'à  rivres<.e  par  les  tourments  et  l'amour  du 

-I,  ils  ne  se  siiuvieniienl  plus  qu'ils  ont  une 

'le  et  des  enfants   >.iir   la    terre.   °t    ils  ne 

■luctine    atlentioii    :i  leur  renommée;   l'or, 

1,1     «(     t'>l|(    re    (|in    e~l     (oprMutri'    n'"'t    plll< 


rien  à  leurs  yeux;  ils  rae'prisenl  les  princes  et 
les  rois  ennemis  de  Dieu,  pour  ne  plus  porter 
leur  attention  que  sur  le  seul  grand  lîoi,  Jésus- 
Christ,  dont  le  royaume  n'aura  pas  de  hn,  mais 
qui  demeurera  éternellement.  » 

AFFHELX  SUrPLfCES   I.NFLIGIÎS  A  JO.NAS 
SA  CO.NSTANCS  KT  SA  BOUT 

Lesjuges,ùbout  de  patience,  affirmèrent  qu'ii- 
sanraient  punir  son  bavardaw;  ils  lui  tirent 
couper  les  doigts  des  mains  et  des  pii'ds,  pha- 
lange par  phalange,  et,  avec  une  barbarie  inouïe, 
ils  les  semaient  de  coté  et  d'autre,  ou  les  lui' 
jetaient  à  la  figure  en  disant  :  •■  Voici  que  sui- 
vant tes  paroles  nous  avons  semé  tes  doi^jis  et 
les  pieds  sur  la  terre;  attends  donc,  et,  quand  le 
temps  de  la  mois'^on  sera  venu,  lu  pourras  récol- 
ter des  pieds  et  des  mains  au  centuple. 

—  Je  n'ai  pas  besoin,  répondit  le  bienheureux 
Jonas,  d'une  multitude  de  nuins  et  de  doigt», 
mais  Dieu  qui  in"a  créé  saura  bien,  à  la  résurrec- 
tion, me  rendre  mon  corps  intact  et  ^.dorieux.  . 
.\  ces  mots,  les  Juges  entrèrent  dans  une  n.ouvelle 
fureur  et  fireni  fondre  de  la  poix  d.uis  unescande 
chaudière.  ICn  attendant.  Jonas  lut  mis  dans  un 
sac  qui  l'enfermait  tout  entier,  à  l'exception  de 
la  tète  dont  on  arra<ha  la  peau.  Kn  terminant 
cette  affreuse  opération,  les  bourreaux  lui  coupè- 
rent la  langue.  Quand  la  poix  fut  devenue  liquide 
et  bouillante,  le  Saint  fut  ploiiKé  tout  entier  dans 
la  chaudière.  Mais  Dieu  vint  miraculeusement  au 
secours  de  son  serviteur  ;  à  mesure  «[u'ou  l'enfon- 
çait, le  liquide  brûlant  s'écarlait  et  s"échap[iait  de 
la  chaudière,  lelleiuent  que  le  martyr  u"en  fut 
pas  même  touché. 

Juges  et  bourreaux  ne  revenaient  pas  de  leur 
élonnement,  mais  ils  avaient  trop  peur  du  roi  et 
aimaient  trop  le  monde  pour  se  convertir.  Au 
lieu  d'adorer  le  Dieu  véritable  qui  manifestait 
ainsi  sa  puissance,  ils  recherchaient  de  nouveaux 
tourments  pour  son  héroïque  serviteur.  Ilslircnt 
apporter  un  pressoir  de  bois,  placèrent  Jonas 
sous  les  vis,  les  bourreaux  la  liront  tourner  avec 
force  et  broyèrent  tous  les  membres  du  martyr 
qui  expira  dans  ce  supplice.  Puis  ils  retirèrent 
son  corps  brisé  et  palpitant,  le  coupèrent  ea 
morceaux  et  le  jetèrent  dans  une  citerne  ilossé- 
chée.  Et,  pour  empécberles  lidèles  de  lui  donner 
la  sépulture,  ils  [ilacérent  des  gardes  près  di;  la 
citerne  pour  veiller  jour  et  nuit. 

MORT  [>Ë  UAHACHISIU3 

.\près  tant  de  combats,  Jonas  venait  donc  do 
remporter  la  glorieuse  palme  du  martyre  et  se 
reposait  dans  la  félicite'  des  cieux.  Quand  les 
juges  en  eurent  ainsi  lini  avec  U;  premier,  ils 
firent  comparaître  Harachisius.  Lor'^qu'il  fut  en 
leur  présence,  ils  parurent  le  preinlie  en  pitié 
et  anèctèrent  pour  lui  beaucoup  do  tendresse  : 

«  Aie  pitié  de  ton  corps.  Haï  n-hisius,  lui  dirent- 
ils,  et  ne  t'expose  pas  si  mal  à  propos  à  le  perdre 
toi-m^me. 

—  Ce  n'est  pas  moi  qui  me  suis  fait,  je  ne 
me  suis  pas  donné  moi-même  l.i  vie;  en  me  la  lais- 
sant Ater  pour  r.imoiirdi'  mon  Dieu,  je  ne  la  perds 
pas,  mais  le  Seijneur.  Dieu  toul-piiissanl,  qui 
m"a  créé  et  m'a  dninn'  |,i  vie, me  ressuscitera  p,ir 
sa  seule  puissance;  il  me  retirera  de  vos  mains  et 
de  relies  de  votre  roi,  le  plus  impie  el  le  plus 
inique  d'entre  le"  liomme-i,  qui  refuse  de  con- 
naître le  Di-'U  qui  fut  son  Cr<?alcur,  qui  empè -lie 
de  l'aimer  et  de  le  servir,  et  s'étudie  à  fuiri-  la 
volonté  du  prince  de*  enfers.  » 

1,11  eniptidiiii  <•'•<  pirnb"*,  deiiv  di's  priii.'liiniix 


juges  se  lèvent  et  tlisenl  avec  fureui  :  •■  Nous 
faisons  injuro  au  iv>i  de»  rois,  Sapor,  ■  n  souffrant 
(le  tels  délais  dans  le  châtiment  d.<  violateurs 
de  ses  lois  et  d.'  ses  ordres.  Un  ne  :Ja)ine  rien  ni 
par  les  tourimnls  ni  pur  les  discours  avec  cette 
espèce  d'hommes  ohslinés.  ..  l'uis,  se  tournant 
versHaracliisius,  en  frémissant  de  ra^e,  ils  écla- 
tèrent en  injures  contre  le  Dieu  des  cliréliens  et 
contre  lui.  Sur  leur  ordre,  le  martyr  fut  jeté  dans 
un  buisson  d'épines  1res  ai(jui-s;  on  l'en  retira 
déchiré  et  ensan:.'linlt-:  alors,  les  juaes  lirent 
apporter  des  ros.-aiix  qu'ils  brisèrent  et  en  piquè- 
rent les  fragments  dans  la  chair  de  leur  victime; 
puis  les  bourreaux,  leurs  serviteurs,  entourèrent 
ses  membre^  de  rcrdes.et  serrèrent  violemment 

fiour  faire  |i.'ii>trer  profondément  dans  les  chairs 
es  pointe^  di'>  r'>si-aux.  Knsuile.  pour  renouve- 
ler le-i  douleurs  de  ce  supplice,  ils  déroulèrent 
les  cordes  et  se  mirent  à  arracher  les  frafîments 
des  roseaux. 

,\u  milieu  de  ces  horribles  tourments,  le  bien- 
heureux martyr  ne  laissa  pas  échapper  un* 
plainte  contre  ses  ennemis;  mais,  à  l'exemple 
de  son  divin  Maître,  d  priait  pour  eux. 

Tout  son  corps  n'était  qu'une  plaie,  et  le  sanj? 
ruisselait  de  ses  membres  di-chirés,  mois  ses  os 
«étaient  encore  intacts.  On  apporta  le  pressoir 
sous  lequel  Jonas  avait  expiré;  Barachisius  fut 
placé  à  son  tour  sous  la  cruelle  machine,  et,  quand 
on  en  relira  son  corps  broyé,  il  n'avait  plus 
aucune  forme  humaine.  I.a  vicllnie  respirait 
encore  ;  on  lui  versa  dans  la  bouche  de  la  poix 
bouillante  mêlée  de  soufre.  Dans  ce  dernier 
supplice,  Time  du  héros  chrétien  s'en^  alla 
rejoindre  dans  la  paix  éternelle  de  Jésu«-Christ 
r.'.iTi'-  d<>  son  glorieux  frère  et  compagnon  d'armes. 

ABDISSOTAS  nVClIKTK  LEI'RS  COUP- 

Vu  de  leurs  amis,  nommé  .Vbdissotas,  bomme 
d'une   (grande   piété,  .lyant  appris  que  Jonas  et 


ISarachisius  avaient  reçu  la  palme  du  martyre, 
s'empressa  de  si-  rendre  au  lii-u  où  leurs  corps 
avaient  été  jetés.  Mais  les  «ardes,  qui  veillaient 
près  de  la  citerne, l'arrêtèrent.  Abdissotas  n'igno- 
rant pas  que  l'une  des  principales  divinités  des 
amis  du  monde  c'est  l'arj^ent,  leur  en  oITril.  Les 
soldats  acceptèrent  et  lui  permirent  d'enlever 
secrètement  le  corps  des  martyrs  en  lui  faisant 
promettre  de  garder  à  ce  sujet  le  plus  profond 
silence. 

KOMIEIR  KT  COl'RONNB  DBS  HISSIOKNAIRBS  ET  DE  CEUX 
Ol'l,  PAR  LEURS  PRIÈRES  ET  LEURS  BONNES  lEl'VRES, 
PARTICIPENT  A  LA  CONVERSION  DES  PKCUEUHS 

Jonas  et  Karachisius,  comme  nous  l'avons  vu, 
avaient  <|uilté  leur  maison  et  leur  patrimoine 
pour  aller  l'xln'rter  les  chrétiens  persécutés  à 
souffrir  patiemment  pour  Jésus-Christ,  .\ucun 
des  neuf  chrétiens  qu'ils  rencontrèrent  dans  la 
prison  ou  ils  s'arrêtèrent  ne  fut  parjure  à  leur 
foi,  et,  du  haut  du  ciel,  ces  martyrs  les  protégèrent 
ù  leur  tiiur.  Mais  quelle  joie  pour  Jonas  et  Itara- 
chisius,  quand  ils  entrèrent  dans  lacéle>te  patrie, 
de  retrouver  ces  mêmes  frères  c|u'ils  avaient  sou- 
tenus dans  leurs  combats  sur  la  terre.  Kt  main- 
tenant, ils  se  réjouissent  à  jamais  a>ec  eux  dau'^ 
la  uloire.  .\insi,  ceux  qui  auront  travaillé  au 
salutdes  ùines  par  leur  action  apostoliijue,  leurs 
prières  et  leurs  bonnes  cruvres.  éprouveront 
une  f.'rande  joir,  qui  s'ajoutera  à  leur  propn- 
bonheur,  en  voyant  dans  le  ciel  la  félicité  de 
ceux  qu'ils  auront  aidés  à  se  sauver  quand  ils 
éUieul  sur  la  terre. 

I.e  martyre  des  saints  Jonas  et  llaracliisiu'- 
arriva  le  i'.>  mars.  L'un  des  ravaln-rs  du  roi 
Sapor,  nommé  baie,  présent  aux  interrouatoires 
et  témoin  du  coura;;e  de  ces  bienheureux 
martyrs,  a  écrit  lui-même  le  récit  de  leur 
triomphe. 


Imp. -e^rafl^  t.    i'itiiNUio,  s,  rue  |-r«or,uii  I".   t'«rit 


SAINT   RIEUL 

PREMIER     ÉVÉQUE    ET    PATRON     DE     LA    VILLE    DE    SENLIS 


/"  siècle.    -  Fête  le  30 


mars. 


L'àne  de  saint  Rieul  chasse  le  démon  en  traçant  la  Croix  sur  le 


-A    11ktf^\M;v.    KT    !IA    JKUNESÇR 

I  p  fut  Hnns  la  vill»;  d'Ar;;ivP.  pré*  d'Athi^nes. 

ijiif  ^.linl  IlKMil  vil  II- |(. lie   U-ii  (!••  fKiToiil"  tiolilf-H 


et  doué"»  tic  ^randns  vprtu»  naturelle»!,  mais  mal- 
h''ureuspnirnl  fort  ndntini''<<  au  mile  des  f.mx 
dieiix.ln  jpiitioUioiill'iit  l'Invi-aiispiri  dpsrichp'j'sr'; 
ft    mu  milif-ii  ilf  loiiip^    los    Mipf  radiions  ni  il.i- 


117 


trique!^  de  son  temps.  Mais  Dieu,  qui  le  destinait 
à  {■ire  un  jour  son  vase  d'Olection  (  I  l'apdtre  des 
Gaules,  le  pré\int,dés  son  j'iuiii-  àj^c,  de  scb 
j;râces  les  plus  précieuses.  Il  i:arda  son  cœur 
pur  de  toute  souillure  au  sein  <]•'  c«lle  société 
grecque,  •=!  corrompue  et  si  dé^îiadée  à  l'avène- 
ment de  Jesus-Christ.  Jeune  encore,  notre  Saint 
avait  une  aversion  telle  jiour  le  culte  des  faux 
dieuN.  qu'il  fallait  toute  l'autorité  de  son  père 
pour  le  déterminer  à  aller  au  temole.  Ces  dieux 
merles  de  mai  hre  ou  de  bois  ne  lui  sufGsaient 
pas.  Son  ;\me,pure  et  vienne, entrevoyait  un  autre 
Dieu,  tout-puissant  et  infiniment  bon,  créateur 
du  ciel  et  de  la  terre.  Ce  Dieu,  il  allait  le  cou- 
nattre. 

5A  cm.nvbusiok 

Notre  divin  Sauveur  venait  de  racheter  les 
hommes  par  sa  mort  et  de  prouver  sa  divinité  par 
sa  n'^urreclinn  et  son  ascension  glorieuse.  Ses 
apdtrt'S  s'étaient  partofjé  le  monde  :  saint  Jean 
rEvaiif;élisle  avait  eu  l'Asie-Miueure  et  demeurait 
à  l'plièse.  C'est  là  que,  par  la  sainteté  de  sa  vie 
autant  que  par  les  prédications,  le  disciple  bien- 
aiiné  de  Jésus  attirait  à  son  divin  Maître  une  mul- 
titude d'iines.  De  nombreux  miracles  venaient 
chaque  jour  à  l'appui  de  sa  doctrine  et  coD\ertis- 
saieut  une  {>>u\e  de  païens.  Sa  réputation  fut 
lii''nt>)l  univen*elle.  De  toutes  parts, un  accourait 
à  Kphèse  pour  voir  cl  entendre  l'apùtre  du  C.lirisl. 
La  Grèce  ne  demeura  pas  étrangère  à  cv  beaa 
rnoorement  vers  la  foi  :  elle  apprit,  elle  aussi, 
les  merveilles  de  saint  Jean.  .V  cette  nouvelle, 
l'Ame  du  jeune  Itieul  fut  inondée  d'une  ;.'rande 
joie  qui  se  traduisit  au  dehors  par  un  ardent 
désir  de  connaitre  la  doeti  ine  et  le  Dieu  que  prê- 
chait le  saint  apùlre.  Vaint-meiil  ses  parcntb 
g'opposèrent-ils  à  son  dessein  :  la  ;.'rÂco  l'emporta 
sur  la  nature,  et  il  partit  pour  Kphèse. 

A  son  arrivée  dans  cette  ville,  >aiiit  Jean  prê- 
chait. Il  courut  l'entendre  et  le  vit  environné  d  une 
multitude  d'homnie->.  Les  paroles  de  l'apôtre 
binn-aimé  étaient  i'iupreiute>  d'une  force  cl  d'une 
dnuL-4.-ur  qui  entraînaient  et  captivaient  tous  les 
cu-nrs.  Son  visa;ie  r&yonuail  d'une  candeur  et 
d'une  clarté  toute  divine.  C'en  fut  assex  pour 
convaincre  une  Ame  aiis-i  bien  préparée  que  celle 
du  jeune  ni<-iil.  Il  n'nit  pas  plutôt  entendu  la 
doctrine  de  J  "     '-nce  fut 

éclairée  de  I  l'<tur  ce 

Di'  i.  '    Hiis 

I..:  »I 

el.lli     >lli'>l''ll,     <i     l'ii'       'luit     iiiid'iii      tti.     r.t     ici, 

que  saint  Jean  n'hésita  paA  à  le  baptiser  ce  jour- 
la  même. 

IL  ot'rrni  todt  rou»  !<■  paim  u  disoplc 

Dl   SAI.XT   JKAN 

\  i.eiiie  .;u.îiiii.-.  i.ui^  ^'l'Laielit-ils  écoulés 
d. 

S<  I. 

■l'uije  M 

••.i  vie 
I  ' 


Christ,  qui  a  promis  de  récompenser  le  moindre 
verre  d'eau  donné  en  son  nom.  Puis  il  dit  adieu 
à  sa  |>atrie,  à  fe.s  amis,  et  revint  à  Ephése  se 
mettre  sous  la  direction  de  saint  Jean. 

SKS     PROGRis    DANS    LA     SAlNTKTl!    SON    CARACTÈRE 

'  IL   DEVIENT    l'ami    DE    SAINT   JKAN 

!  Sous  la  conduite  d'un  tel  maître,  saint  Rieul 
lit  d'admirables  pro(,'rés  dans  la  voie  de  la  per- 

I  fection.  Fils  docile  aux  enseiu'nements  de  son  père 
spirituel,  il  devint  en  peu  de  temps  un  hoinine 
do  grande  doctrine  et  d'éminenle  sainteté.  Suint 
Jean,  dont  l'esprit  pénétrait  si  a  van  tdan<  les  secrets 
de  Dieu,  ne  douta  pas  que  le  Seigu.  ir  voulait 
opérer  de  grandes  choses  par  l'intermédiaire  d<' 
son  disciple. 

Tous  deux  vierges,  tous  deux  embrasés  d'amour 
pour  Jésus-Christ  et  pour  le  prochain,  le  maître 
et  le  disciple  ne  lardèrent  pas  à  être  unis  par  les 
liens  de  la  plus  tendre  affection.  Siiiiit  Jean  aimait 
saint  Itieul  comme  son  lils  et  se  plaisait  k  l'ap- 
peler de  ce  nom;  saint  Rieul  regardait  saint  Jean 
comme  son  père  et  s'appliquait  à  suivre  en  tout 
ses  cooseib. 

IL   SST   SltTARK*   DR   SAINT   JKAN    —    aARTimi 

rr  KxiL  DP  sAiirr  Arunc 

Mais  ce  bonheur  devait  avoir  un  terme,  et  le 
jour  approchait  où  saint  Itieul  allait  se  voir  pri  w 
de  son  père  et  de  son  guide.  Titus  venait  i' 
mourir,  laissant  le  trAne  et  l'empire  à  son  fr  i 
Domilien.  Ce  prince  avait  les  instincts  de  Til>'  f 
et  de  Néron.  Au<si  ne  Lardal-il  pas  &  sij-iM  i 
contre  les  chrétiens  l'édit  de  la  deuxième  pei  ' 
cution  générale.  Saint  Jean   fut  une  de  se^  |'i' 

mières  victimes  :  le  proconsul  <l'  f'  ■  ' • 

contraindre  le  (li«riple  de  Jésus  .1 
f.'iuie  Diane;  le  ^rand  a|>ôtre  re.i.  ..     :.   ._.  , 
meut,  et  ce  nia;.'istrat  le  renvoya  alors  a  lloin' 
au  tribunal  de  Domilien  qui  le  lit  plonger  d-m- 
une  chaudière  d'huile  bouillante,  puis  reléguer 
dans  nie  de  l'athmos. 

IL  VA  st  ■rrmi  soii*  la  Diaccnon 

DU    ••VINT    llf.NVS 

L'éloi^-nemenL,  le   supplice  et  l'exil 
Jean  jetèrent  l'Aine  de  son  pieux  di^ei 
une  profonde  tnste^se.   Saint   IliruI   ).r 
Seigneur,  nui  avait 
Vil  ver  prêcher  son 
d'ail.  •■■    - 

son 

se     I  f  mil  ■       u     II'     i  *   >i'       ,  Il  1-    .    .',1,11,     iM  11  ;  ■ 

était  évèqur,  le  reçut  avec  une  grande 
le  mit  au  nombre  de  se»  clerc*. 


le  cl  de   II. 
lire,  il  ût   ,    .    : 
.Mon   Qls,  lui    rt  pondit 
itei-vous  ce  que  dit  !••  S«u 

.  Il''    lii'iiiiiie  lii'lii  II  lit, 

'.   iii.iuilei   ic  qui  lire 


de 

saint 

pie 

daii~ 

13. 

et    le 

r.  1. 

n    .!■ 

jicm 

',    ' 

Ul    1  11 

bonté  (t 

IL    ACCOMfAl.MI  SAlIfT   MMT*   A  ROMt 

BT  nitçoiT  i.t  riÉmisr. 

Mais  notre  Saint  ne   J.  nu  m  1    |..-is   Innctemi' 
<     Athènes.  Lu 

•  t    î]  l'il    irait 


.1  1 
fréi . 
I  :  »        I . 

parfait,  i«,  wtndê  loMi  u  v'"  '<<      de  - 


lll    Ul     I 
ilstique  < 


i   t 

»ei. 
p.ii. 


bien  décidé 

•'•    I I    il 


pour  la  gloire  de  Jésus-Christ,  il  ne  tarda  pas 
à  le  prendre  en  grande  afTection.  Il  conversait 
plus  fainilièremenl  aveo  lui  qu'aveo  les  autres, 
et,  lorsqu'il  voulut  confier  i  saint  Ueuys  et  à  ses 
compagnons  la  mission  de  la  (taule,  re  fut  à  saint 
Rieul  qu'il  s'adressa  pour  en  avertir  sps  frères. 

SON  DÉPART  POm  LA  GACLK 
FONDATION    DE   L'kGLISB    d'aRLBS 

Après  avoir  séjourné  quelque  temps  à  Rome, 
saint  Oenys  el  ses  disciples  allèrent  recevoir  une 
dernière  bénédiction  du  pape  saint  Clément,  qui 
It'ur  adjoi^'nlt  plusieurs  autres  évi'-ques  :  tous 
j'acbemiiiérent  vers  la  (iaule  et  arrivèrentàArles. 

A  partir  de  ce  moment,  commence  pour  saint 
Hieul  une  vie  nouvelle  :  la  vie  de  1  apostolat, 
avec  ses  sacrifices  et  ses  combats,  et  aussi  ses 
Tictoires  sur  l'enfer  et  ses  consolations  divines. 
La  ville  d'Arles  t  lait  encore  plongée  dans  la  plus 
honteuse  i  JohUrie.  A  peino  arrivp  dans  ses  murs, 
saint  Rieul  annonça  à  ses  habitants  la  bonne 
nouvelle  de  l'Evaiigile.  Mais  ce  fut  en  vain. 
Leurs  oreilles  demeurèrent  fermées  au  langage 
Je  la  vérili\  et  leurs  yeux  refusèrent  d'abord 
de  s'ouvrir  à  la  lumière  de  la  foi.  Bien  plus,  ils 
ne  voulurent  pas  recevoir  dans  leur  ville  saint 
Denys  et  ses  compagnons.  Mais  le  Seigneur 
vint  en  aide  à  ses  serviteurs.  Il  y  avait  dans 
.\rles  un  bon  nombre  de  marchands  grecs  et 
romains,  qui  avaient  été  à  Jérusalem,  où  ils 
avaient  entendu  les  chrétiens  parler  de  la  pas- 
sion et  de  la  résnrrection  de  Jésus-Christ.  Ils 
vinrent  au-devant  de  saint  Denys  et  de  ses  frères 
et  leur  offrirent,  pour  passer  la  nuit,  une  maison 
située  non  loin  d'un  temple  de  Mars.  Les  saints 
acceptèrent  et  ^c  mirent  en  prières. 

Et  voilà  que,  au  milieu  de  la  nuit,  toute  la  ville 
■ntendil  distinctement  des  voix  qui  sortaient  du 
temple  el  criaient  :  "  Ah!  que  ferons-nous?  Paul, 
le  serviteur  du  Clirist,  nous  a  poursuivis;  nous 
avons  passé  la  mer  pour  nous  réfugier  en  ce  lieu  ; 
et  maintenant  nous  sommes  de  nouveau  détenus 
et  chargés  de  chaînes  par  ce  l'aul  et  ses  compa- 
gnons, arrivés  hier.  «  C'était  saint  Denys  et  ses 
compagnons  que  le  démon  jlésignait.  Ces  paroles 
jetèrent  l'épouvante  dans  l'àme  des  païens. 

Au  matin,  sur  l'avis  d'un  Grec,  nommé  Ana- 
tolius,  instruit  par  saint  Paul,  mais  encore 
simple  calécJium''ne,  saint  Denys  et  ses  coinpa- 
:;nons  se  diri^jènnt  versTe  temple  de  Mars,  près 
duquel  les  habitants  s'étaient  assemblés  pour 
sacrifier  à  Mars  et  apaiser  sa  colère.  Saint  lîieul 
précédait  ses  frères,  la  Croix  à  la  main.  Arrivé 
a  la  porte  du  temple,  saint  Denys  entonna  le 
psaume  :  -  Ikimini  eut  terra  et  pWniludo  ejxi%  :  La 
teri''  rt  -■  n  étendue  appartiennent  au  Sei;,'neur  •>, 
'  t  i"us  (-onlinui-rent  jusqi;'à  ce  verset  :  <•  Oomi>iu< 
foriis  el  poiens  :  l.e  Seigneur  est  fort  et  puissant.  » 
A  CCS  mots,  le  temple  fut  renversé  et  ses  idoles 
brisées. 

De  plus  en  plus  terrifié,  le  peuple  n'y  tint  plus 
'l  demanda  à  saint  Denys  de  leur  faire  connaître 
le  Dieu  dont  la  puissance  venait  d'éi-Iater  d'une 
marih-rc  '■i  manifeste.  L'apôtre  du  Christ  com- 
iniMP  a  alors  à  lui  prêcher  le  Dieu  unique  et 
vériUilile  qui  venait  de  renverser  le  li'niple  de 
l''ur^  faui  dieuT,  puis  il  lui  montra  l'ali'iirdité 
•  lu  culte  des  idnle*-  et  l'exliorta  vivement  à  adorer 
1'  l'ère,  le  Fils  el  I*  Saint-l>[rit.  Alor=,  Analolios 
et  une  br<nne  partie  du  peuple  demandèrent  et 
rr.  urrnt  le  bapti'me.  l'ne  chapelle  fut  élevée  sur 
I.  r,i,i.(-«  iJa  temple  et  ron'acr-'  ^■"  •  linl» 
•■rre  et  Paul.  Telle  fut  I  n  de 

\  lies,  uned'S  plusaurjeni. l.iule. 


SAIMT  BIKUL,  PRIiSnER  KVÈijOB  B'aHLKS 

Saint  Denys  donna  la  charge  de  ce  peuple  nou- 
vellement converti  à  la  foi  à  saint  Rieul  el  lai 
dit,  en  le  sacrant  évèque  d'.\rles  : 

«  Très  cher  frère,  que  .'^otre -Seigneur  vcii- 
préserve  de  la  persécution  des  païens,  comme  ii 
a  conservé  son  disciple  bien-aimé  Jean,  votre 
précepteur,  au  milieu  des  tourments.  Je  sais  que 
vous  de>-ei  être  grand  tt  que  vous  vivrei  dans 
l'observance  des  commandements  de  Dieu  jusqu'à 
votre  vieillesse,  sans  encourir  aucun  mal.  ■' 

Celte  décision  surprit  fort  saint  Rieul,  et, 
comme  il  faisait  entendre  à  saint  Denys  l'arTection 
qui!  lui  portait  et  son  désir  de  le  suivre  :  •'  Mon 
frère,  lui  répartit  doucement  le  saint  évèque, 
je  vous  dis  «e  que  vous  avez  à  faire  pour  le  pré- 
sent :  Gouvernez  ce  peuple  selon  la  loi  de  Dieu. 
Après  ma  mort,  etsi  le  Sain  t-Ksprit  vous  l'inspire, 
acherainei-vous  promptement  vers  la  cité  rie 
Senlis  pour  y  prêcher  l'Evangile  de  Jésus-Christ.  » 

Toujours  doux  et  humble  de  cœur  et  ne  comp- 
tant pour  rien  ses  satisfactions  personnelles, 
quand  la  gloire  de  Notre-Scignenr  et  le  salut 
des  âmes  étaient  en  jeu,  saint  Rieul  se  soumit  à 
la  volonté  de  son  maître  et  ne  songea  plus  qu'à 
remplir  dignement  sa  mission.  De  son  côté,  saint 
Denys  et  ses  deux  compagnons,  saint  Rustique 
et  saint  Eleuthère,  se  rendirent  à  Paris. 

Bientdl,  grâce  au  zèle  de  son  saint  évèque, 
l'Eglise  d'Arles  devint  très  florissante.  Comme  le 
bon  Pasteur,  il  veillait  nuit  et  jour  à  la  garde 
de  son  troupeau,  encourageant  les  forts,  secourant 
les  faibles,  relevant  ceux  qui  avaient  eu  le 
malheur  de  tomber,  et  repoussant  avec  '-nergie 
les  attaques  du  démon  qui  se  servait  des  prêtres 
païens  pour  regagner  les  ;\mes. 

Et  ce  n'était  pas  sans  un  dessein  tout  provi- 
dentiel que  saint  Rieul  travaillait  avec  tant 
d'ardeur  à  la  perfection  et  au  salut  des  fidèles 
de  son  Eglise,  car  le  moment  ajiprochait  où 
Dieu  allait  ravir  à  l'Eglise  d'.Xrles  son  pasteur 
pour  le  conduire  dans  la  ville  que  lui  avait  dési- 
gnée saint  Denys,  dans  la  cité  de  Senlis. 

VISION   DE    SAINT   RIKUL  IL   SK    REND  A    l'ABIS    ET  DK 

LA    A    SENLIS    —    GllÉRISON     d'UN    POSSÉDÉ    —     LK 
OÉMON    ET  h'.KKE    DE    SAINT   RIEUL 

Notre  Saint  célébrait  un  jour  le  Saint  Sacrifice. 
Arrivé  au  Memrnto  et  après  avoir  prononcé  le  nom 
des  apôtres,  il  ajouta,  sans  y  penser,  ces  paroles 
que  lui  dictaient  l'Esprit-Sainl  :  Kl  hfnlis  mnr- 
tijribus  lui^  Dioivjiio,  liustii'o  et  Eteulherio:  puis, 
fixant  ses  regards  sur  le  crucifix  de  l'aulel,  il 
aperçut  trois  colombes  sur  les  bras  de  la  croix. 
I*urs  ailes  étaient  teintes  de  sang  et  elles  por- 
taient sur  leur  sein,  écrits  avec  du  sans,  les  trois 
noms  :  Dionysiu^,  Rustirus,  Eleutlierius.  Il  vil 
encore  auprès  de  la  croix  des  ansis  qui  ch.in- 
laient  ce  psaume  de  David  :  •>  Mon  Dien,  les  Gen- 
tils sont  venu-- en  votre  héritago;  •>  mai»,  arrivés 
0  ces  mots  :  «  Et  il  n'y  avait  personne  qui  l'en- 
sevelit, •!  ils  disparurent  el  s'élevèrent  au  ciel. 

K':lairé  d'une  lumière  «le  l'Esprit-Saint,  le  ser- 
vileurdf  Jèsu«-Cliri-t  comprit  anssilftt  que  saint 
Donys  et  se»  compa:;iions  avaient  souffert  le  m:ii- 
tyre,  el  que  Dieu,  psr  cette  vision,  l'averlissut 
d'aller  é.ans.li-er  le  peuple  de  Seiili».  Ayaijt 
ilonr  ,n-hevi'.  ii  nies-^e,  il  assembla  les  piètres  et 
les  fidèles  (le  son  rL'li«e,  leur  raronUa  sa  vision 
el  .innonra  son  départ.  A  ces  mots,  Ions  les 
.hrélien<  fondirent  en  larmes  et  siippli'i<nt 
leur  bienheureux  P.'re  de  n^-  pas  l<<  li^-'C 
orphelins.  i,e  Saint  pleurait.  Ini  .lussi;  mai-  iiii'.>- 


pable  de  résister  à  la  volonté  du  Seigneur,  il 
nomma,  pour  lui  succéder,  rév.^que  saiiit  Félix, 
et,  après  avoir  dit  aJieu  au.\  fidél'îs  de  son  Eglise, 
il  prit  lecheiniudel'aris,accomiiaj.'iiede  quelques 
chrétiens. 

Son  premier  soin,  à  son  arrivée  à  Paris,  fut 
de  s'enquérir  du  lieu  où  reposaient  les  restes 
sacrés  de  saint  Denys  et  de  ses  deux  prêtres, 
sainl  Huslique  et  saint  Eleuthère.  Dieu  bénit  ses 
recherches  et  conduisit  ?es  pas  chei  une  dame 
chrétienne,  nommée  Catulle,  qui  le  tint  caché 
dans  sa  maison  lui  et  ses  compagnons,  car  la 
persécution  était  loin  délre  apaisée.  Elle  leur 
raconta  le  martvre  des  serviteurs  de  Dieu  et  les 
conduisit  de  nuit  à  leur  tombeau.  Saint  Hieul 
y  pria  jusqu'au  lever  du  soleil.  Puis  il  revint  dans 
la  maison  de  la  pieuse  dame  et  y  resta  caché 
juscju'nu  loiir  ou  le  préfet  Fescenninus  retourna 
à  Home.  Alors  les  chrétiens  respirèrent  un  peu. 

Saint  Hieul  proiila  de  ce  répit  pour  faire  élever 
une  cliapelle  sur  le  tombeau  de  saint  Denys  et  se 
ren.lie  dans  la  cité  de  Senlis,  encore  plongée 
daIl^  l'idoliUrie. 

Le  Sei;.'neur  daiu'na  signaler  l'arrivée  de  son 
serviteur  dans  celle  ville  j)ar  un  miracle  éclatant. 
Une  dame  de  haut  rauij,  nommée  (Milice  et 
parente  de  la  pieuse  Catulle,  avait  un  fils  possédé 
du  déinnn.  .\yuiit  appris  que  saint  Hieul  appro- 
chait de  Seniis,  elle  vint,  tout  en  larmes,  lui 
présenter  son  malheureux  enfant  et  le  supplier 
d'avoir  pitié  de  lui.  Touché  de  compassion  à  la 
vue  de  celte  mère  affli;;ée,  le  Hienlieureux  s'ap- 
pro'-ha  du  jeune  homme  que  ."^aUii  tourmentait 
«Tuellemenl,  et.  lui  imposant,  il  récita  à  haute 
voix  l'ilraison  dominicale  et  le  symbol.-  des 
.^piMres.  l'uis,  s'adressant  nu  démon  :  ■  Esprit 
imiiionile,  lui  dit-il,  je  t'ordonne,  au  nom  de 
Notre-Sei;;iieur  Jésus-Christ,  di-  sortir  de  cette 
créature  de  Dieu.  >•  A  ces  mots,  le  démon  aban- 
donna sa  \ictime. 

\a-  démon,  chassé  par  l'exorcisme,  demanda 
d'entrer  dans  le  corps  d'un  Ane.  C'était  sans  doute 
une  rompensalion  coiiiine  celle  des  déliions  qui, 
d'api  fs  l'Evaiifile.  demandèrent  à  pouvoir  habiter 
le  corps  des  pourceaux. 

Mais,  dit  la  Kj^ende,  l'Ane,  en  béte  bien  apprise, 
fit  un  si^rne  de  Croix  avec  son  sabot  sur  la  terre, 
et  le  diable  fut  réduit  à  se  pourvoir  ailleurs. 
C'est  ce  sujet  que  notre  artiste  a  représenté  en 
télé  de  celle  vu-  comme  une  leçon  donnée  |iar 
une  humble  bète  aux  hommes  orgueilleux  qui 
•  effarent  le  signe  précieux  de  la  Croix  et  se  livrent 
au  démon. 

fHEHIF.KCS   COMVUSIO.NS 

\a:  bruit  de  ce  mirai  le  se  ré|iandit  bieulAt  et 
toute  la  Tille  a'iourut  pour  voir  cet  homme  •  si 
favorisé  des  di"U«.  •■  comme  disait  le  peuple. 
Saint  Hieul  iir^dita  de  cette  occasion  pour  lui 
annoncer  la  bonne  nouvelle  de  l'Evanuile. 

Dieu  bénit  ce  preim^r  ••ITori  .le  -oii  serviteur. 
A  peine  eut-il  ai!  ■'  nin'  ;:raiide 

Il  II  lie  du  peuple,  .  ii't'iiiinut 

-1  ■  lai  l'icu  1 1  Ueiiiauda  u  être 


Je 
bai 
M 
don 
un 
pri 

SIIIM 

■■•  I- 
olilr 
li'ill 


i\  de  se  V 
!<'puis  "I 


Ver  un 
tenta 

■    .1- 

1.       nli' 

il! 

sacrilice  pour  le  lendemain,  résolu  de  contraindre 
notre  Saint  à  brûler  de  l'encensaux  idoles  ou  à  mou- 
rir. Durant  la  nuit,  saint  Denys  et  ses  deux  compa- 
1,'nons  apparurent  au  préfet  et  lui  dirent  d'un  ton 
plein  de  sévérité  :  «  Jésus-Christ,  dont  nous 
sommes  les  serviteurs,  nous  a  envoyés  vers  toi, 
alin  de  l'avertir  que  tu  aies  à  quitter  le  culte  des 
démons  et  à  embrasser  la  foi  et  la  religion  chré- 
tiennes. Dès  demain,  de  grand  malin,  va-t'en  à  la 
recherche  de  notre  frère  Hieul.  demande-lui  par- 
don de  tes  mauvais  desseins  contre  lui,  renonce 
au  culte  de  tes  faux  dieux,  et  fais  tout  ce  qu'il  te 
dira    1  Et  ils  disparurent. 

Ijuintilien,  tout  épouvanté,  alla  raconter  à  sa 
femme  la  vision  qu'il  avait  eue.  Celte  dame,  qui 
avait  vu  et  entendu  à  Paris  saint  Denys  et  ses 
deux  saints  prêtres,  ne  douta  pas  un  inslant  que 
c'étaient  eux  qui  venaient  d'apparaître  à  son 
mari.  Elle  lui  conseilla  donc  de  leur  obéir. 

Au  point  du  jour,  saint  Hieul  se  rendit  au 
temple,  où  les  prêtres  préparaient  le  sacrilice.  En 
entrant,  il  invoqua  le  saint  nom  de  Jésus,  et 
aussiliU  toutes  les  idoles  furent  renversées  et 
réduites  en  poussière.  A  cette  vue,  les  prêtres, 
transportés  de  colère,  coururent  cher  le  préfet, 
réclamant  à  grands  cris  la  mort  du  sacrilège  qui 
avait  commis  un  tel  crime. 

Mais  toutes  leurs  démarches  échouèrent.  "Tou- 
ché par  la  grâce  et  encore  tout  épouvanté  do  sa 
vision,  Ijuintilien  se  déclara  franchement  chré- 
tien et  confessa  en  présence  de  tout  le  peuple 
la  divinité  de  Jésus-Christ,  l-es  prêtres  des  dieux, 
revenus  de  leurs  erreurs,  confessèrent,  eux  aussi, 
cette  vérité  et,  avec  une  grande  partie  du  peuple 
ils  supplièrent  saint  Hieul  de  leur  donner  le  bap- 
tême. 

LA  SOURCE  HinACULEL'SR  —    MORT  DU  SAINT 

L'Eglise  de  Senlis  était  fondée  :  elle  devint 
bientôt  llorissante. 

Mais  le  lèle  du  saint  évéque  s'étendait  aussi  à 
tous  les  lieux  circonvoisins.  Le  ;;rand  apiMre  s'en 
allait  prêcher  la  foi  et  la  bu  de  l'Evaiiuile  dans  les 
cités,  les  bourgades,  les  villa:.'cs  et  jusque  dans 
les  moindres  hameaux.  Chacune  de  ses  instruc- 
tions était  marquée  par  de  nombreuses  conver- 
sions, souvent   même  par  d'éclnlanls  miracles. 

Ayant  un  jour  convoqué  les  lldéles  de  Senlis  et 
les  villa::es  environnants  ilan"  un  lieu  situé  ù 
<|ueli|uu  dislaiici:  de  la  ville,  il  devisait,  avec  le 
préfet  et  les  principaux  iiiayislrals.  mr  la  beauté 
i-t  la  commodité  du  >itc,  en  .'itlendant  i|Ue  le 
peuple  fi1l  réuni  pour  la  prédication,  i  II  n'y 
manque  qu'une  seule  chose,  dit  le  préfel  :  une 
chose  très  utile  pour  tous.  —  Liquelle?  demanda 
le  Saint.  —  Ine  source  d'enu,  repartit  le  préfet. 
--  C'est  vrai  "  iliseiil  les  inaKistral*.  Et  sur  ce, 
ils  supplièrent  le  llienheurcux  de  leur  obtenir 
de  Du  u  celte  faveur. 

Saint    Hieul,  admirant  lo  trande  foi   de   -  ti 
peuple,  se  mil  en   prière».  «ti|'|«li.inl  Dieu  ■• 
I  II  mes  d'fxniicer  le  Yifii  ■■ 
1  iiisi.   ailniirable  !  du   li 
!       '  du  saint  évêqii.  ,  j.iiiiil 

eue     le     cristal     et     inei 
.1. 1  •  wii  .1  la  vu       '    t  -  1   ■ 

li'llM'    a    Inlljolli 

• '    lll'Ul  

li'linellc,  I 

1    lii.oii  ni    i' 


au  moment  ou  son  ame   liiciiheurev 

ni    i    \  ■  r<  le»  i-|i'H\. 


•'•niola 


lmf>.-i/tra»t  t.  PsT:TBi.'<iai,H  rue  Frauv<»*  '"•  l'an». 


SAIM   GUILLAUME 

BERGER,     PUIS     PRIEUR     DE     CALME 


Fête  le  S I   mnrs. 


"*"•'■' V"""""cr'' 

Un  ange  apparaît  à  saint  Guiliaume,  berger,  et  le  guérit  de  son  infirmité. 


LB    PETIT    BEBr.KR 

Saint  liuillaume  a  laiss)-  dans  les  monUgnes 
Jes  Alpes  de  grands  et  précieux  souvenirs  de 
sainteté. 

II  vivait  ,111  I  niiiiiipiicemenl  du  xii'  siècle.  Né 

p:  ers,  lie  p.irents  pauvres,  il 

Il  idrc  dans  la  vie  qu*;  priva- 

I  ^oullrances.  Pour  surcroit  d'infortune, 

'   vr>mi  au  monde  avec  une  seule  mnin,  ce 

)ia  plus  tard  de  se  livrer  au  travail 

ou    aux    atls    ini'oaiiiqup'».    Néan- 


moins, sa  famille  ne  se  laissa  point  aller  au 
d"*couraceraent,  elle  lélcva  avec  soin  dans  la 
rrainle  de  Dieu  et  la  pratique  des  vertus  chré- 
tiennes. 

II  fut  employé  à  la  garde  des  troupeaux:  ot, 
romme  il  i^tait  modesli-  ol  pieux,  le»  religieux 
l'Iahlis  au  monastùro  de  Caliin-,  silui-  au-dessus 
(lu  lonlluenl  do  la  Durance  et  du  (iuil,  le  rerurent 
cher,  eux. 

Le  monastère  de  Notre-Dame  de  Calme  appar- 
tenait alors  aux  chanoines  réguliers  d  Oulx.  qui 
on  avai'Mil  pris  possession  avant  le  iii"  sièi'Iv.  Il 


8'JI 


élait  établi,  uoii  loi»  de  lu  citi-  d'Einbruii,  dans 
la  plaiue  de  Itaibeii,  jadis  couverte  dV-paisses 
lorOls,  au  lénioi;.'iiaf!e  de  saint  (lr'-;:"ir';  de  Tours. 
Ue  là  l'.'  nom  de  Calme,  qui  ^iulllli^,  t^elon  le 
supplément  au  i;los3aire  de  DuiMii^e,  un  terrain 
niaij.'ie,  inculte,  désert  et  onuveil  de  bois. 

(iidoe  aux  donations  considérables  qu'on  fai- 
sait aux  églises  et  aux  moines  dans  les  siècles 
de  loi,  les  relicieux  de  ^olre-I)aI^e  de  Calme 
possédaient  d'aoondanls  piturafies  sur  les  hau- 
teurs, autrement  dites  Alpes  ou  Alpajes,  et  pou- 
vaient nourrir  <lu  noiuiin-ux  troupeaux;  une 
|)artie  en  ratconliée  à  noire  jeune  bercer. 

Le  saint  jeune  homm»",  pei-dant  la  saison  d'rtâ, 
les  >;ardaii  »iir  une  luonlajîne,  près  d'Einbruu, 
qui.  depuis  lury.apris  le  nom  de  .Mont-liuillauine. 
l.'tiabiliiJ"  de  la  solitude  et  l'aspect  d'une  nature 
^,'randll>^.•  avaient  élevé  son  esprit  jusqu'à  la  plus 
sublime  eonteniplaliou.  Les  prairies,  les  bois,  les 
rorbers  et  les  astres  étaient  pour  lui  rommc  u»e 
écbelle  mystique,  et,  chaque  jour,  il  montait  de 
qui'lques  deiirés  dans  cette  voie  qui  mène  au  ciel. 

Détaché  de  toutes  les  cho>es  ilici-bas,  il  vivait 
de  la  vie  des  miKes,  a»ec  lesquels  il  avait  sou- 
vent d'intimes  <;t  familières  conversations.  Simple 
comme  les  agneaux  qu'il  yanl.iit,  il  recomman- 
dait à  Dieu  d'en  prendre  soin,  et,  ainsi  qu'à  Ja^-ob, 
tout  lui  prospérait;  aussi  >es  maîtres,  frappés 
d'étonnement,  allachaicnl-ils  le  plus  grand  prix 
à  le  conserver  à  leur  service. 

LA    MAIK    ANCl'UQUI 

il  plut  bientôt  à  Dieu,  qui,  as»ei  souvent, 
emploie  les  iustruraenLs  ]"s  plus  faibles  pour 
accomplir  les  leuvres  les  plus  admirables,  de 
tirer  le  chaste  et  pieux  Guillaume  de  son  obscure 
condition. 

In  jour,  un  an^e  apparut  au  jeune  berger  et 
lui  donna  l'ordre  d'aller,  de  la  part  du  Souverain 
.Maître,  inviter  le  prieur  de  Calme  i  quitter 
incessamment  son  monastère  et  à  fixer  sa 
demeure  au  pied  du  roc  de  Itoucbet,  aujourd'hui 
Mont-Dauphin,  lui  révélant  que  le  débordement 
des  deux  rivières  r.MTcrserait  le  couvent  et  sub- 
mergerait toute  la  plaine. 

(•uiilaume  s'acquitta  avec  empresfiement  de 
cette  mission,   d'aulant   plus   importante,  qu'en 

:■  ■-■  UT 
de 
le 


d'Ilulx 


■t    f. 


ce  niomeiil  rnrclie\^i|ui-  d'Kiiibruii 

général     de    r.ibb.iyi 

Lyoniie,  un  des  ri'  •■ 

cette  ni''iii'-  coni: 

seiu  d'.ijoui'T  •■'' 

&  l'ancien  in  tir  une  ii 

maison  ilai.  n.  l'^ur  y 

une  comniii 

Le  prieui  ut  la  simpli- 

cité du  pieux  brrK«*r,  »e  délin  tl'abnril  de  l'aver- 
lis-Tiirii!  .|Tii  v<Miait  de  lui  '"tie  donné  par  »oii 
hii  r. 

•  kU  fni«,  OnillKiimo  fut  f/ivorl«' 

de  1.,  i. 

DAs  loi 

u'iituit   m  I  ••    iiu 

btiiT'T,  ni  t 


missa  :  main  envoyée  du  ciel,  ou  bien  encore  :  main 
ahgélitiue. 

Guillaume  ayant,  sansravoirdemandée,  obtenu 
celle  faveur,  abiuda  son  cher  maître  avec  une 
plus  firaude  couliance  :  <<  Vous  savez,  lui  dit-il. 
que  je  n'avais  qu'une  niaiu;eli  bien!  pour  vou~ 
faire  connaître  que  je  viens  de  sa  part.  Dieu  m'a 
donné  celte  autre  main  que  vous  voyez;  croyez 
donc  que  je  vous  annonce  la  vérité,  ■- 

D'abord  interdit,  mais  ne  pouvant  révoquer  en 
doute  la  certitude  du  miracle,  le  prieur  remer- 
cia Dieu  de  ses  miséricordes,  se  mil  en  devoir 
d'obéir  à  sa  voix  cl  de  bûlir  une  nouv>'lle  mai- 
son sous  le  roc  de  Itouchet.  Le  nouveau  .oiiveul 
ou  prieuré  prit  le  nom  de  Chalp,  dén\alion  ou 
corruption  de  celui  de  Calme. 

Les  constructions  à  peine  achevées,  l'inonda- 
tion arriva  au  jour  prédit,  et  la  Durance,  qui, 
en  se  jetant  vers  la  droite,  détruisit  Rame,  envahit, 
eu  se  rapprochant  du  roc  de  Bouchât,  plus  des  deux 
tiers  de  la  plaine  de  Calme,  cultivée  pu  les  reli- 
gieux. Le  désastre  fut  ti'l,  que  non  seulement 
l'ancien  couvent  fut  emporté,  mais  que,  depuis 
lors,  la  plaine  dévastée  ne  présenta  plus  au  voya- 
f;eur  qu  un  s(i|  aride  et  pierreux,  (iii  n'essaya 
point  de  rebAlii  à  la  ni^me  place;  seuleiiieiil  on 
y  mit  une  croix  en  bi>is  pour  ;;arder  le  souvenir 
du  couvent  primitif,  et,  dons  les  temps  de  >•'.  li 
resse  ou  de  calamnité  publique,  l.i  par.'.  ■ 
d'Eygliers  et  les  p;iroissis  voisines  avaient  ,...i- 
lunie  de  s'y  rendre  en  procession.  Cet  usage  sub- 
siste encore  aujourd'hui. 

SAINT  CtniXAlUB  DKVICNT  kBUGIEI'X 

Le  saint  ber(.'er,  ayant  reçu,  comme  il  a  été 
dit,  une  main  lairaculeuso  et  parfaitement  ailhé- 
renle  an  bras  droit,  se  rendit  a  Oaix  et  fut  admis 
au  nombre  des  ruli;;ieux  de  c«tle  abbaye.  Les 
rares  dispositions  qu'un  reman]ua  en  lui  pour 
les  sciences,  dès  qu'on  eut  e^^ayé  de  cultiver 
sou  esprit  et  surtout  wi  tendre  piété,  détermi- 
nèrent les  supérieurs  à  l'iniliT  «ux  éludes  ecclé- 
siasticjuo».  Cm  l'envoya  •■'  '  un,  puis  à 

Avignon,  où  l'abbaye  d'i  l-si'glises 

deClararoont,deSninl-l'  uii  Miillaume, 

dont  elle  percevait  les  i 

Guillaume  s'oiTiiiiail  a..'    um  .l'ir  |.  iir   '\  }'■'- 
tuile  de  la  philos. .phie  et  de  la  lli>-oli..i.  ;  il      .   - 
quittait  avec   tant  de    j.-    ' —    i 
spiritneU,  qU'-   --es    fr.  : 
ment  édifiés,  et  que  !'•  .    ,,.. 
mains  put  dédarrr  qu'il  n'n. 
.riiiimiiir  plu*  saint,  plus 


vpur  de  l.i  .". 
avait  ps'-v.-  Il 
Pal' 

l'el, 

(^1111  ,  >.ar   à 

Venir  du  mil 


ut.   Dt!  retour 
il   ranim.iit 
'..iiiniu 
!■  tenij 
vAl,  en   cl 
hef   fMI 


à  •' 


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p.. 

ni. 


!■ 
<ii 
il 

m 


prodige  opéré  eu  sa  faveur,  qu'il  fallait  y  voir, 
non  ses  propres  mérites,  mais  la  volonté,  la 
miséricorde  et  la  toule-paissauce  de  Dieu. 

Il  EST  ÉTABU  PRIEUR  —    3A  SORT 

Quelques  années  après,  Guillaume  fut  établi 
prieur  de  cette  cummuuauté.  Il  remplit  cette 
tâche  laborieuse  avec  une  pieuse  lidélité  et  une 
(.'rande  édification.  Aucun  de  ses  frères  n'était 
plus  capable  que  lui  de  veiller  i  la  direction 
eéuérale  du  monastère  et  au  se.rvice  des  paroisses, 
dont  alors  ces  bons  reiigieux  prenaient  soin;  car 
l'évêque  du  diocèse,  n'ayant  pas  asseï  de  prêtres 
séculiers,  leur  avaùt  confié  un  grand  nombre  de 
cures. 

L'histoire  n'a  pas  conservé  les  édifiants  détails 
de  sa  sainte  vie,  nous  savons  seulement  qu'il  lit 
construire  la  nouvelle  église  de  Sainte-Marie  de 
Calme  et  qu'il  était  tout  occupé  de  son  pieux 
ministère  lorsque  la  mort  vint  le  ravir  au  monde. 

SOUVE.\C  P.10DIGE 

Bientôt  Dieu,  par  un  nouveau  prodige,  voulut 
faire  connaître  que  le  bon  et  (idèle  serviteur 
avait  été  reçu  dans  la  joie  de  son  Maître. 

Les  religieux ,  disent  les  mémoires  de  la 
paroisse  d'Kyitliers,  le  lendemain  des  funérailles 
de  (iuillaume,  virent,  en  sortant  de  leur  chapelle, 
une  main  s'élever  au-dessus  de  sa  tombe:  c'était 
la   main    droite,   celle  donnée  au   berger  par 


l'ange.  Ils  se  contentèrent  de  la  recouvrir.  Le 
jour  suivant,  le  m-^me  prodige  eut  lieu:  ils  recou- 
vrirent la  main  comme  la  première  fois.  Le  troi- 
sième jour,  le  mirarle  se  i-eproduisit.  .\lors, 
craisuant  de  résister  h  la  voi.K  du  ciel,  mais 
incertains  sur  le  parti  qu'ils  avaient  à  prendre, 
ib  consultèrent  l'arohevi'que  d'Embrun,  qui  leur 
ordonna  de  couper  la  raaiu,  de  la  conserver  et 
de  la  transmettre  à  leurs  successeurs  comme 
une  sainte  et  précieuse  relique. 

Cette  relique,  qui  opéra  un  grand  nombre 
de  prodiges,  ayant  échappé  miraculeusement 
aux  profanations  des  huguenots  au  xvi»  siècle, 
devint,  après  la  suppression  du  prieuré  de 
Notre-Dame  de  Calme,  en  1700,  la  propriété  de 
réglise  paroissiale  d'Eygliers;  mais  on  continua 
de  porter  annuellement,  le  lundi  de  PAqueset  le 
dimanche  de  QuasimoJo,  la  main  nngéli</ue  dans 
la  chapelle  de  Sainte-Marie,  qui  avait  été  cons- 
truite auprès  de  l'ancien  monastère  et  qni  est 
appelée  aujourd'hui  la  chapelle  de  Saint-Cuil- 
laume. 

Le  2  février  1832,  M"  Depéry,  évêque  de  Gap, 
permit  d'exposer  la  sainte  relique  à  la  vénéra- 
tion des  fidèles  d'Eygliers  et  des  paroisses  voi- 
sines. 

Cette  notice  est  extraite  d'une  lirochure  publiée 
par  il"  Jean-trèm^e  Deprry,  n/rjtie  <tc  Gap  en  ISoi. 
ln-12,  Gap,  chez  Delaplace,  P.  et  1'. 


SAIM  PASaïASE,  ARCHEVÊQUE  DE  VIENNE 


Fête  le  23  février. 


Parmi  les  saints  évèques  des  Gaules,  à  la  tin 
des  persécutions  et  an  commencement  du 
triomphe  de  l'Efilise,  saint  l'aschase  a  laissé  un 
nom  gravé  plus  profondément  dans  la  mémoire 
Jes  fidèles.  Le  marlyrolofje  romain  nous  parle 
de  son  érudition  et  de  la  sainteté  de  ses  mirurs. 
Saint  Adon,  l'un  de  ses  successeurs,  fait  mention 
lie  son  éloquence.  Erudition,  éloquence,  sainteté 
de  la  vie,  voilà  un  bel  éloge  de  ce  vénéré  pon- 
tife. Faute  de  documents  authentiques,  impos- 
sible de  dis-siper  les  unages  qui  voilent  l'origine 
et  les  premières  années  de  saint  Pas-ihase.  Son 
uoin,  qui  est  de  physionomie  gréco-latine,  fait 
pcii-er  qu'il  sortait  il'une  fainille  venue  d'Orient 
et  '■tabli<;  dans  la  ville  de  Vienne. 

COMMKNREHWT   IiK   L'fCTISCOPtT  DE   PASCHiSK 

Les  chroniques  de  celle  époque  sont  si  peu 
exHi-te*.  qu'il  est  difdrile  de  préi-i?er  l'année  où 
-.linl  P.i--liase  romin'^ni  .1  à  exercer  les  fonctions 
pnntili' lies.  Quelqu»'8-uns  font  terminer  son 
''piN.opal  en  1114,  année  où  d'autres  le  font  com- 
iueii''<'r.  D'après  la  chronique  d'Adon  et  le  cata- 
logue lie  rr^tisede  Vienne,  P.isch.ise  ^urrède,  à 
Il  On  ilii  r  i'''c!e,  à  saint  Simplide,  pf'Ul-"Hre 
•valle,  et  a,  vers  314,  saint 
ur. 

ution  lio  ]  T  m,  ,Maxi- 

'iit,  sari^  une  des 


plus  sanglantes.  C'est  à  celte  époque  (302)  que  se 
rapporte  le  martyre  de  saint  Maurice  et  de  ses 
compagnons.  Le  Hhdne  servit  de  sépulture  à  la 
sainte  légion.  Le  martyrologe  de  Vienne  dit  que 
saint  Paschase,  averti  par  un  ange,  vint  avec 
son  clergé  recueillir,  sur  le  rivage,  la  tète  et  le 
bouclier  de  saint  Maurice  que  le  cours  de  ce 
lleuve  rapide  avait  portés  d'Agaane  jusqu'auprès 
de  Vienne. 

Paschase  fléposa  ces  précieuses  reliques  dans 
son  église,  dédiée  dès  l'origine  aux  saints 
.Machabées.  Depuis,  la  ville  fut  mise  sous  l>i  pro- 
tection de  l'illustre  martyr  saint  Maurice.  Telle 
est  la  tradition  de  l'église  de  Vienne,  consignée 
dans  les  hymnes,  légendes  et  monuments  du 
moyeu  Age. 

Boson,  roi  de  Vienne  et  de  Bourgogne,  donua 
un  buste  de  vermeil,  garni  de  pierreries  et  sou- 
tenu par  deux  anges,  pour  gardei  le  chef  du 
priinicier  de  la  bVion  Uiébéeiine.  Ce  buste  avait 
cela  de  particulier  qu'il  était  orné  Je  clochettes 
d'argent;  ce  c<irillon  aniioiiiail  le  transport  ou 
l'ostensinn  de  retle  in-ij.he  relique.  En  i;>('i2,  le 
reliquaire  fut  fondu  par  les  calvinistes.  On  far- 
dait, en  outre,  à  N'i'Mri'  l.i  lanre  et  le  bouclier  de 
saint  Maurice.  (.'  i  le  P.  ••iry, 

s'en   éUiit   si-ivi  ,i,  ,    ,.-.   Li  lance 

devint  même  le  -  rois  de  \  leiine  et  de 

liourgogM".  I,<*»   •  d' Vllein.irii".    h"ri- 

tliTS     d'  1'   i  lut  I  s.     l'i'l,  (. 

eneore  panni  U 


ronne  d'Autrirhe.  I.c  bouclier,  retrouvi-  après  les 
dévastalions  des  |irotestanls,  a  (-li''  pei  du  de  nou- 
veau pendant  la  Hévolution;  mais  U-  rlief  du  glo- 
rieux saint  Maurice  esl  toujours  ^éuéré  dans 
l'antique  cathédrale  qui  porte  son  nom. 

DÉDICACE  I>'|  NK  KULISE  EN  l'iIONNEIII  1>F.  SAINT KERBÉOL 

Ce  ne  fut  pas  seulement  dans  les  Alpes  que  la 
dernière  |iersécution  Ht  dos  victiiues,  mais  encore 
dans  toute  la  (!aule.  Deux  illustres  citoyens  de 
Vienne,  Julien  et  Kern-ol,  officiers  dans  les 
légions  romaines,  olitlnreiit  lu  palme  du  mar- 
lyre.  Les  Gdèles  inliunièrent  saint  Ferréol  sur 
le  lieu  mOme  de  son  martyre  et  placèrent 
dans  son  tombeau  et  entre  ses  bras  lu  li'^te 
de  saint  Julien,  rachetée  par  lui  et  soustraite  aux 
outrages  des  païens.  Quand  la  paix  fut  rendue  ù 
l'éjilise,  nu  citoyen  de  Vienne,  Castulus,  non 
moins  illustre  par  ses  ancêtres  que  par  sa  nosté- 
rilé,  lit  éli'ver  une  basilique  sur  la  tombe  de 
saint  Kerréol.  Il  n'était  encore  quecutéchuraèiie, 
et  ce  fut  pour  arriver,  pur  l'entremise  du  nmrlyre 
à  la  ^rràce  du  bii[)t('n)e,  qu'il  oITrit  à  Dieu  cette 
basilique,  digne  ouvrage  de  son  ardente  foi. 
Saint  Pascliuse  Ut  la  dédicace  de  ce  temple, 
>-itué  sur  la  rive  occidentale  du  Rhône.  Plus 
lard,  les  précieuses  reliijues  furent  tranférèes, 
après  les  invasions  sarrusines,  dans  l'intérieur 
de  la  ville,  où  une  nouvelle  église-  fut  dédiée  à 
saint  Kerréol.  Klle  avait  titre  d'abbaye  et  de 
paruisse.  !,es  huguenots  et  les  jacobins  ont  dis- 
persé les  reliques  de  saint  Ferréol  et  de  saint 
Julien.  Il  ne  reste  plus  iiu'une  petite  partie  du 
chef  de  ce  dernier;  et  l'église  où  (irégoire  de 
Tours,  Venance  Fortunal  et  tant  d'autres  étaient 
venus  en  pieux  pèlerins  est  aujouid'hui  ruinée. 

nÉVÉLATION    DES   i;oRPS    DES    SAINTS   SÉVERI.N, 
EXl'PkilE    n    FÉLICIEN 

Ces  trois  Saints  avaient  reçu  la  couronne  du 
martyre  durant  la  persécution  ijui  sévit  dans  les 
liaules  sous  Mfirc-.\urèle  et  s'appesantit  princi- 

talement  sur  les  \illes  de  Lyon  et  de  \ieiine. 
eiirs  cori)s,  soustraits  par  la  malice  des  païens 
à  lu  piété  des  iidèles,  restèrent,  pendant  de  longues 
années,  abandonnés  hors  des  pnrtes  de  l.i  Mlle 
de  Vienne,  dans  un  lieu  nommé  llrennier  ou  les 
Itrosses,  au  delà  du  faubourg  l'ont-Kvéque.  Lnlln, 
du  ti'mps  de  saint  l'ascliuse,  les  martyrs,  iiidiuii>'-s 
.le  cet  injurieux  oubli,  apparurent  plusieurs  fois 
à  Tertius,  diacre  de  ce  prélat,  et  lui  révélèrent 
eux-'"-'""'  -  l"Urs  noms,  l'époque  et  toutes  les 
cif  de  leur  l'assioii.  C'est  à  la  suiti-  de 

retli Il  que,  transférés  en  grande  céré- 
monie par  saint  i'aschase,  ils  obliiirciit  une 
sépulture  honorable  dans  une  église  du  voi- 
sinage, dédiée  déjà  ou  plus  tard  ù  saint  Itoniain 
d'Aiilioche,  cjui  venait  de  recevoir  le  martyre. 
On  croit  que  la  maison  de  ces  saints  martyrs, 
dont  saint  l'a»cha»e  relevait  alors  les  reliques, 
était  dans  le  quartier  de  saint  Martin  île  Vienne, 
sur  les  bords  de  la  tière,  près  la  place  du  llacon. 
Le  deuxième  jour  des  Kocations,  le  clergé  de 
ré;;li>it>  cathédrale  y  faisait  une  station;  en 
111'  '  ~  lionnes  de 

11'  l'une  h  la 

et''  iu\  '  ii.iii>ii-ii<-rH  des  nco* 

Ivl'  '"ni,  ce  m/'me  jour,  on 

nll  I  de    saint   Homain,   et  on 

bel,  \oisine  .i\ei    une   creix 

d'i't  ^..I    vi  .11  ..    ]^■    I.  .  .)|i    .1.     (    I  ...  % 

de  : 

»ell'  -,    . 

et  I  lies  daiisrefjliM 

qu'il 


SAI.VT   PASCHASE    A    DES   SAINTS    POUK   lêuÈV-ES 

Après,  comme  pendant  les  persécutions,  les 
évéques  se  sont  toujours  vivement  préoccupés 
du  recrutement  de  leur  clergé.  Les  modestes 
l'-coles,  fondées  à  l'ombre  des  cathédrales,  devaient 
jdus  tard  se  développer  et  grandir.  Telle  fut  l'ori- 
v'ine  des  Séminaires.  I'aschase  s'attacha  un  cer- 
tain nombre  de  disciples  qu'il  formait  lui-même 
à  l'étude  des  Saintes  Lettres  et  à  la  pratique  des 
vertus  sacerdotales.  Il  est  certain,  dit  Adoii,  que 
saint  Jusl,  archevêque  de  Lyon,  fut  élevé  sous  la 
direction  de  saint  I'aschase.  Saint  .Niiier,  plus 
lard  archevêque  de  Vienne,  avait,  lui  aussi,  suivi 
les  leçons  de  sagesse  et  d'élo<iuence  de  son  pré- 
décesseur. 

SAINT    PASCHASE,    JlÉTBOPOLITAlN    DES   CAILE." 

Peu  de  temps  avant  sa  mort,  le  saint  prélat 
reçut  du  pape  saint  Sylvestre  cette  lettre  dont 
rauthenlicité  a  été  discutée,  peut-être  à  tort  : 
!■  Sylvestre,  pape,  ù  tous  les  évéques  des  (iaules 
et  àes  sept  provinces.  Il  a  plu  au  Siège  aposto- 
lique que  tous  les  ecclésiastiques  des  liaules  n'en 
partent  point  pour  venir  à  Home  sans  lettres 
formées,  par  lesquelles  le  métropolitain  de  Vienne 
attestera  de   leur  sacerdoce   ou  du  rang  qu'ils 

occupent    dans    la    hiérarchie    sacrée Nous 

avons  accordé  ce  privilège  à  notre  frère  et  co- 
l'vèque  I'aschase  et  à  ses  successeurs  en  consi- 
dération de  ses  mérites.  Les  sept  provinces  qui 
appartiennent  à  l'église  de  \icniie  sont,  d'après 
le  catalogue  romain  :  1°  La  Viennoise;  2"  la  pre- 
mière >arbonnaise;  H"  la  seconde  N'arbonnaise 
qui  est  Aix;  4"  la  jiremière  Aquitaine  qui  est 
Hourges;  5°  la  deuxième  Aquitaine  qui  est  lior- 
deaux;  fi°  laNovempopulanie  qui  est  Auch;"*les 
Alpes  Maritimes,  c'est-à-dire  Kinbrun.  >• 

L'autorité  du  métropolitain  di;  Vienne  était  si 
grande  que  certains  liéré-tiques  voulurent  s'en 
prévaloir.  Ils  fabriquèrent  les  actes  d'un  prétendu 
Concile  qui  se  serait  tenu  h  Sinuesse  contre  le 
pape  saint  Marcellin,  et  y  tirent  ligurer  lu  sous- 
cription de  saint  I'aschase  ;  mais  leur  supercherie 
a  été  démasquée. 

MORT    Dl   SAINT    PASCIIASI 

Comme  le  vieillard  Siméou,  Paschase,  plein  de 
jours  et  de  mérites,  pouvait  mourir  en  paix.  Il 
a\ait  vu  l'Kt'lise  sortir  des  caLuiombes  et  prendre 
sa  place  b-fillme  au  sideil,  édilier  des  temples, 
■'lever  des  autels  au  vrai  Mieu,  piéclier  au  dehors 
la  bonne  nouvelle  appnrti'e  par  Ji'-sus-Clirisl. 

Ce  fui  au  pied  de  l'autel  élevé  à  lu  mémoire 
des  saints  Se-. .  i  1 1.  L  xupère  et  Félici  en  (]Ue,  d'après 
une  vieill'  lutine,  snint  I'aschase  fut 

inhumé.  I.  i  .'.ums  que  \  i'  niie  rut  tant  de 

fois  à  siibii  ont  Lut  perdrelall  1  hquesdu 

saint  aiclievéque.  ijuand  se»    ,  ■>  entre- 

prirent la  construction  de   leui    i.  ''    ' 

lut  mis  sous  le  patronage  de  saint  'i 

u'iiore  si  ses  restes  y  furent  d 
lerlnili,  c'est  que  seul    avrr 


'  •  ne  c  iiaj'i  M'-  iii'ii'j, 
d'iiit  jouissait  sailli 
r.lbside    de  la  li'      ' 
'   ''l.iil  U  que  I' 

\ ..  .,111  ri, i,,    . 


>ie  meilleure.  M  WW  ■  été  transférée  au  lende- 
iii.iin.  y.    V. 


Imp.  grraitt,  t.  l'tTliUL.Mii  C.  rue  Kran^uu  I",  l'oru. 


SAINT  HUGUES,  ÉVEOUE  DE  (iHEXOBLE 


Fête   le    /"   avril. 


LE  PERE  ET  LA  MERE  D  CN  EVEQUE 

A  Châteauneuf-d"Isère,à  deux  lieues  de  Valence, 
le  vnyaiieur  aperçoit,  sur  une  colline,  dominant 
un  bois,  les  ruinés  d"un  vieux  château  :  c'est  le 
château  de  saint  W";/ut's. 

Là  vivait,  au  milieu  du  W  siècle,  un  noble  et 
pieux  sei^'neur,  nommé  Odilon.  11  s'était  illustré 
par  son  coura^'e  dans  la  carrière  militaire  et 
s'était  montré,  au  milieu  de  l'armée,  aussi  fidèle 
à  Dieu  qu'à  son  roi. 

Dieu  lui  donna  plu- 
sieurs enfants,  et  l'un 
d'eux  fut  saint  Hugues, 
né  en  iO'6'.i.  Une  tren- 
tained'années  plus  tard, 
fidilonse  fit  moine  à  la 
(irande  Chartreuse,  et 
c'est  là  qu'il  mourut  en 
saint.  à:^é  de  cent  ans, 
filtre  les  bras  de  «on  lils, 
devenu  évéque  de  (.re- 
noble. Son  épouse  reçut 
aussi  avant  de  mourir 
Inu'i  les  sacrements  de 
IKf-'lise  de  la  main  de 
son  saint  pt  illustre  fils; 
plie  partit  pour  le  ciel 
fortifiée  par  sa  bénédic- 
tion, après  une  vie  pleine 
de  bonnes  d-uvres. 

Quelque  temps  avant 
la  naissance  du  futur 
évt'que.  l'épouse  d'iidi- 
lon  avait  eu  un  sonae 
mystérieux  :  il  lui  «em- 
Mail  que  son  nouveau 
lils  était  pris  par  saint 
Pierre  et  porté  au  viel 
au  milieu  d'un  cortéi^e 
de  bienheureux. 

Dès  son  enf.ince.  le 
leime  llutrup»  imita  la 
piélé  de  ses  parenl».  II 
avait  un  extn'me  d'-'^ir 
d  apprendre les«cien'-ps 
pcclesiasti(|Hes,  et  après 
avoiréhidié  avec  succès 
au  collège  de  Valence, 

il  alla  suivre  les  cours  de  la  célèbre  Université 
catholique  de  Paris. 

SAI.TT    nUGUn,    CHANOI.NE   DE    VALBNCE 

Son  ardente  piété  et  son  ardeur  infalii.'alileau 
travail  préscrrpreni  l'étudiant  dp»  périls  dp  la 
I  <i  sein  d'une  «randp   ville.  Il  revint  à 

''  imblp,  savant  et  pur. 

.|p  rpltp  ville,  apri's  l'avoir  initié  A  la 
le  nomma  ch.inoinp  dp  «a  cathédrale, 

'■  son  ordination  au  «acerdoce.  Hu(;ue» 

'    luMipnça  dès  lors  à  être  le  modèle  des  ecclé- 
■•I  1-1  ipies. 

Il  '  i"!  on  avait  crand  besoin,  à  cpKp  époque, 
■  I   m     1  pieux  pxemplrs    I,a  fi'i  •  l.iit -•' iii'r.iIriiKiif 


Saint  Iluifiies  r 

dans  le  dcscrt  lie  id 


sincère  parmi  les  populations  de  l'Europe,  mais 
peu  éclairée.  On  était  catholique,  mais  on  igno- 
rait trop  souvent  l'étendue  et  les  obligations  de 
sa  foi. Cette  ignorance.jointe  aux  passions  ardentes 
de  ces  populations  vigoureuses,  amenait  des 
crimes  nombreux. 

Une  partie  notable  du  clergé'  avait  été  envahie 
par  cette  décadence  intellectuelle  et  morale.  La 
faute  en  était  principalement  aux  souverains  et 
autres  seii-'iieurs  temporels,  qui,  opprimant  la 
liberté  de  l'Eglise  de  Jésus-Christ  et  violant  ses 
lois  saintes,  vendaient 
les  diiniités  ecclésiasti- 
ques au  plus  oITrant,  et 
plaçaient  des  hommes 
indignes  à  la  tète  des 
évêchés  et  des  monas- 
tères. 

De  là,  la  ruine  du 
clerizé  et  bientôt  après 
la  destruction  de  la  piété 
des  tidéles. 

On  afipelail  !:imonia- 
gucs  les  prélats  qui 
avaient  acheté  leur  di- 
gnité à  prix  d'ari;ent. 

.Mais Dieu, qui  n'ahan- 
doiiiie  jamais  son  Ef-'lise, 
■  laça  alors  sur  la  chaire 
11'  saint  Pierre  un  vail- 
lant moine  bénédictin, 
qui  fut  le  crand  pape 
saint  (Jrégoire  VIL  <;ré- 
goire  consacra  sa  vie  à 
lutter  pour  la  liberté  de 
l'E^-'lise  et  larélormedes 
abus.  Le  cardinal  Hu- 
gues, envoyé  en  France 
comme  lépat  par  ce  pon- 
tilp.  connut  à  Valence  le 
'•■une  chanoine  et  l'al- 
flia  à  sa  personne.  Il 
I  .imena  avec  lui  à  Lyon, 
puis  au  concile  d'Avi- 
;.'non,  où  l'on  s'etTorça 
dp  porter  remède  aux 
maux  de  l'Ki'lise. 

Pendant  ce  concile, 
des  dèpulésdu  clerpé  de 
Crenoble  vinrent  ilemander  saint  Hut'iies  pour 
pv..|iie.  Le  lèt'at  du  Pape  applaudit  à  le  choix: 
mais  cette  nouvelle  fut  un  coup  de  foudre  pour 
riiiiinblerlianoine.Ui  responsabilité  d'une  pareil  le 
■  li.èrire,  en  des  leiiifis  .>i  difficiles,  l'accablait 
«l'épouvante.  Il  supplia  avec  larmes  le  létat  ei 
|ps  évèqiipt  d'afirépr  «on  refus.  Il  allécuait  son 
.•^j<     il  n'avait  que  vinel-sept  ansi  et  son  inca- 

p.-|i-ité. 

Mais  «on  humilité  ne  fit  qu'auemenfer  l'estinic 
qu'on  avait  de  sps  vertus.  Le  léL'al  lui  dédira 
que  ce  serait  résister  à  l'Espril-Sainl  que  de 
persister  dans  son  refus.  Le  Saint,  qui  ne  rrai- 
i:nail  rien  tant  que  d'offenser  Dieu,  se  soumit  en 
Il  <  inbl.iiit. 


Ormiiie-oiiai  lieuse 


LE  PAPE  SAINT    CHÉGOIBB  SACRE  SAINT    IIL'GUES 
tviQlt.  OE  r.BE:lOBLE  —  l-MK  TE.MATION 

l'ne  (|ur-siion  délicate  se  présentait.  Réguliè- 
rement. If  nouvel  évoque  île  (•rriinhlp  aurait  dû 
être  ^a>'i>''  parson  métropnliiain.  l'arclievéque  de 
VieiiDi".  Mais  ce  prélat,  noniraé  \arniond,  était 
arriiM-  de  simonie  par  l'opinion  puldii]ue,  et 
lliijues  ne  roulait  rien  avoir  de  commun  avec  lui 
avant  que  sa  rau<i>  ri'it  été  ju:;ée. 

I.e  lé:iat  trouva  une  solution  facile  à  cette 
diiticullé:  il  iuMta  -^on  ami  n  aller  se  faire  sacrer 
à  lliiine  par  le  l'ai'f  lui-même  :  et.  en  attendant, 
il  lui  coiiIVra  l'onlinatioii  sacerdotale. 

HiiïU'--  su  ii;ndit  ilonc  à  Home.  Le-*  fatiiiues 
du  Miv.i.e  liaient  Mcn  ronipensées  par  la  conso- 
lation >[>■  vénérer  les  tombeaux  de  saint  Pierre  et 
de  -sailli  l'aul  et  d'élre  béni  par  le  Vicaire  de 
Jésu--(.liri^l. 

.Mais,  pciiilant  que  le  pieux  pri^tre  se  préparait 
à  ^.i  lonsécration  fpiscopale  dans  le  jrùne  et  la 
pri'ie,  Satau,  qui  ne  dort  jamais,  lui  suscita  tout 
a  coup  de  arandes  peines  intérieures.  Il  était 
poursuivi  .!.■  tfiiL:ilions  de  lilaspliéme.  H  y  résis- 
tait vi.i..iifii~i  ment,  mais  la  tentation  ne  cessait 
point  et  l>.'  tmiimeutait  sans  cesse. 

Il  s'en  ouvrit  humblement  au  cardinal  Hu;!ues, 
esp,.rant  <|ue  peut-être  celle  épreuve  le  préser- 
verait de  l'épiscopal.  ••  Je  crains,  lui  dit-il,  que 
Dieu  ail  pt-rmis  cette  tentation  pour  me  punir  de 
la  pré>ompliou  que  j'ai  eue  d'accepter  l'évéchéde 
lirenobli'.  •> 

Ije  cardinal  le  consola  et,  pour  lui  (Ster  tout 
«uj'l  de  crainte,  il  lui  conseilla  de  découvrir  cette 
tentation  au  pape  -ainl  liri-;.'nire  VII,  qui  était 
fort  expériiiienle  dans  bs  voies  spirituelles. 

Hu^iue-t  suivit  le  consi-il  en  toute  humilité  et  sin- 
cérité. >■  Le  démon  prévoit  le  ::rand  bien  que  vous 
êtes  appelé  à  faire  dans  l'épiscopal,  lui  répondit 
le  pape;  il  vous  a  suscité  cette  éfireiive  alln  de 
vou»  jeler  dans  le  décourai-'ement  et  vous 
'^nip.'cber  de  rien  faire.  .Mais,  ayez  confiance,  la 
•  ib-  Dieu  vous  «uflit.  \.f  Seiuneur  a  permis 
•  lie  tentation  alin  que.  restant  dans  riiumilité, 
viui>  soyez  un  plus  docile  instruineut  entre  ses 
main«.  " 

CcU.en  effet,  ce  qui  arriva.  Pendant  tout  son 


épis 

Hu. 

ce» 

COpi 

1 

et    jusqu'à 

=  11, 

IIII 

4lll    1 

le 

J.IMI  11-, 

lui-iii>'-ine 

tl       • 

... .  _      ..| 

sa  derm.-re   iiinl^di 


■■aint 
•  et  à 
liit  y 
le  et 
Dieu 


-MU-i,    i'U|"iir-    iiiiiiii 
il  appelait  -ans  i  ••s».- 
avec   l'aide  de    sa  «race,   il 
les. 


ilissipés  en  grande  partie  par  des  prélats  sirao- 
iiiaques.  en  sorte  que  noire  Saint  avait  i  peiue  de 
qU'U  vivre. 

Il  se  mit  pourtant  résolument  à  l'a'uvre. 
employant  tous  les  moyens  ([ue  •^a  prudence,  son 
désir  de  la  yloire  de  Dieu,  son  /.ele  pour  le  salut 
des  âmes  pouvaient  lui  su:.rér(>r. 

Aux  prédications,  aux  remontrances,  aux  cen- 
sures ecclésiastiques,  auxcxliorlalions,  il  ajoutait 
ses  larmes,  ses  prières,  ses  aumônes,  ses  jei'ines 
et  tout  ce  qui  pouvait  attirer  sur  son  peuple  la 
;;r.-\i-e  et  la  miséricorde  île  Dieu. 

t>pendant,  au  bout  de  deux  ans  de  travaux, 
voyant  que  ses  elforls  restaient  sans  résulUts 
apparent--,  il  se  demanda  avec  elTroisi  son  défaut 
de  sainteté  n'était  pas  la  cause  de  la  stérilité  de 
son  ministère. 

Dans  cette  pensée,  il  s'enfuit  de  Grenoble  et 
alla  se  réfugier  au  inoiia--tere  de  la  Ohaise-Dieu, 
de  l'Ordre  de  Saint  Keiioit.  Son  dessein  n'était 
pas  d'abandonner  si^n  évéïbé  sans  aulorisalion, 
mais  de  se  préparer,  par  au  moins  deux  ans  de 
retraite  et  de  vie  monastique,  aux  travaux 
difliciles  de  l'apostolat. 

11  voulut  recevoir  l'babil  reli«ieux,  et  se  mit 
à  observer  tiilélement  la  reiile  en  toutes  chose» 
comme  le  dernier  des  moines,  s'exen-ant  sans 
cesse  à  la  prière,  à  l'humilité  et  à  la  nénilence. 

Cependant,  le  pape  saint  Grégoire  VU,  ayant 
apprisquel'évétjuede  Cirenobles'était  retiré  dans 
un  couvent,  lui  envoya  l'ordre  de  reprendre 
immédiatement  le  gouvernement  de  son  diocèse. 
Ce  troupeau  abandonné  ne  pou\ait  se  passer  si 
longtemps  île  son  pasteur. 

Saint  ilu^-ues  ne  V(^uhil  pas  désobéir  au  Vicaire 
de  Jèsus-Chhst,  el  ilès  qu'il  eut  reçu  l'ordre  du 
l'ape,  il  repartit  pour  lireiioble. 

Il  n'avait  passe  qu'un  an  au  monastère:  mais 
il  y  avait  appris  une  i:rande  science  :  celb-  de 
l'oraison  et  des  i-ntreliens  intimes  de  l'Ame 
avec  Dieu.  Ce  fut  là  sa  force  et  sa  consolation 
durant  le  reste  de  sa  vie. 

Ilu::ues  était  de\enu  un  homme  de  priera  et 
l'homme  de  prière  triomphe  de  li>us  les  obstacles. 

F0!(D\TIOM    DE    LA    tiHA.'tlllE<HAnTRKCS( 
HL'CrtS    ET   S\IVr   RNlr.NO 

Trois  ans  après  son  retoirr.  il  eut   un   s"o  •■ 
mystérieux.   i(  lui   srmblail  que  Dira  lui-in    n 
■     ■  .     I.ius  un  déseï  1  de 

lui  en  inonlruient 

!■  er  en  »,i  |i    • 

.>'iit    un    I.    1 
.•!..  i.,'      .  '  ....I   saint  llruie> 


II    te.,    -l'i.l    ,  l,,i|,'- 


"■a  ta  cérémonie.  Kilo  oilnl 

I  évi'.ju''  un.'  cro««e.  le  livre 
Il  psautier  avec 
un. 

U>T  Hl'<.t'B.«  A  VKItillLe 

■     .   pour  son  diocc»»- . 


ii>»i»le  cDcure 


1.0,-1    de   l.t    « 
Mures.      M.1I 


la 


i"arcu=a  auprès  de  saint  Firuno  de  vouloir  faire 
auprès  de  lui  ta  fonction  d'un  valet. 

1, attrait  de  saint  Huja^ues  pour  la  vie  humble 
et  cacliée  était  si  fort,  qu'il  ne  piiuvail  se 
di><;id<'r  à  quitter  la  solitude.  S;unt  Uruno  dut 
plusieurs  fois  prendre  la  liberté  de  le  renvoyer 
M  son  Ki.'li?e  :  "  Allez  à  vos  ouailles,  lui  disait-il, 
elles  ont  besoin  de  vous;  rendez-leur  ce  que 
vous  leur  devez.  »  Le  saint  évt;que  obéissait  à 
liruno  comme  à  son  supérieur  et,  quand  il  avait 
passé  quelque  temps  avec  son  peuple,  il  venait 
reprendre  de  nouvelles  forces  dans  la  solitude. 

VERTUS   DU    SAI.NT  ÉVÈQCE 

Revenu  du  désert  de  la  Chartreuse  au  milieu 
de  ses  travaux  apostoliques,  saint  Huiîues  s'effor- 
çait de  conserver  l'esprit  de  prière  et  de  recueil- 
b'meiit.  Il  passait  de  lont;ues  heures  dans  la  cou- 
teinpIatiiMi,  et  souvent  il  était  ravi  en  extase.  Il 
en  sortait  merveilleusement  fortifié  contre  les 
peines  intérieures  et  extérieures,  contre  lesinlir- 
niltés  de  son  corps  et  contre  les  difficultés  de 
son  apostolat. 

Dans  son  palais  épiscopal,  il  n'était  pas  moins 
austère  qu'a  la  Chartreuse;  ses  jeûnes,  ses  veilles 
et  ses  autres  mortifications  étaient  terribles; 
peut-être  même  dépassa-t-il  la  mesured'une  sa:.'e 
discrétion,  car  son  estomac  en  contracta  une 
maladie  douloureuse  et  chronique.  Toulelois,  ses 
intentions  étaient  droites  et  ces  nouvelles  dou- 
leurs contribuèrent  encore  à  .sa  sanitifiration. 

Il  prêchait  souvent,  mais  sans  prétention,  sans 
souci  des  applaudissements  des  hommes,  uni- 
quement préoccupé  d'éclairer  les  imes,  de  les 
convertir  et  de  les  ramener  à  Uiou.  Son  cu-ur, 
débordant  d'amour  de  Dieu  et  de  zèle  pour  le 
■ialut  de  ses  auditeurs,  rendait  sa  parole  vive, 
pressante,  cnlraînante  et  pathétique.  Il  était  dif- 
licile  de  l'entendre  sans  être  touché. 

En  descendant  de  chaire,  il  se  rendait  au  con- 
fessionnal et  les  pécheurs  se  pressaient  à  ses 
pii'ds.  l^e  serviteur  de  Dieu  versait  beaucoup  de 
larrafs  au  récit  de  leurs  raiiles;son  visaye  et  ses 
vêtements  en  étaient  inondés.  Les  pauvres 
pécheurs,  en  voyant  comiiie*it  le  saint  évèque 
pleurait  les  péchés  des  autres,  se  sentaient 
remplis  eux-inémes  de  componction  pour  leurs 
propres  p«'i-hés. 

Ses  vertus  le  rendaient  cher  à  tous  ceux  qui 
avait»nt  l'av  iiitaife  de  le  connaître,  et  il  y  avait 
un  i;rand  ili.irnie  à  vivre  en  sa  coinpa^'nie.  Bien 
que  tri'.s  au-t-'ie  et  très  dur  [lour  lui-même, 
irràre  à  .sa  boulé  naturelle,  rehaussée  par  une 
i\qui*e  clianlé.  il  était  très  doux  et  trèsalTable. 

Il  était  lir~  rnin[iati~sant  pour  toutes  le»;  alllic- 
lions  <lii  prochain  et  s'efforçait  d'y  reiii-dier 
■iiilaiit  qu'il  dépendait  de  lui.  Les  pauvres  étaient 
^•■<  enlanls,  et  il  se  privait  souvent  lui-même  du 
néce»-.aiie  pour  les  secourir. 

Inp  année  de  disette,  il  alla  jusqu'à  vendre 
-on  anneau  et  son  calice  d'or  pour  soulager  les 
indii«'iits  de  l.renoble. 

Ministre  ilu  Dieu  de  paix,  il  regardait  comme 
une  di's  meilleures  ii-uvres  de  charité  d'apaiser 
I' s  dill!'iids  et  de  réconcilier  les  personnes 
•  i.i;piiiii  La  renommée  de  »a  justice  et  de  sa 
'lit  uraiide.  l'eu  lui  importail  que  le 
î  itriche  ou  pauvre. puissant  ou  inconnu, 

uni  ou  adversaire;  il  ne  considérait  que  la  jus- 
ii.-e  de  In  cause.  Jamais  il  ne  reçut  de  présent 
I  aucune  des  parties,  car  les  présents  aveuglent 
I  'l'il  du  piKe. 

Ifi  conite,  nommé  Guy,  qui  avait  souvent 
I  ésisli':  aux  justes  remontrances  du  saint  évèque. 


tellement,  que  celui-ci  avait  été  obli^'é  de  l'i-x- 
communier  deux  fois,  n'hésitait  cependant  pas 
à  avouer  publiquement  que  jamais  mensoiue 
n'était  sorti  de  la  bouche  de  cet  homme  de  Dieu. 

Beaucoup  le  choisissaient  pour  arbitre,  et  nul 
n'aurait  osé  en  appeler  de  sa  sentence. 

S'il  rencontrait  des  personnes  ennemies  qui 
refusaient,  malgré  ses  exhortations,  de  se  récon- 
cilier ensemble^  il  n'hésitait  pas,  lui  évèque,  de 
se  jeter  à  leurs  pieds  pour  les  conjurer  de  par- 
donner, et  il  ne  les  laissait  partir  qu'après  les 
avoir  rétablies  dans  la  paix. 

Au  milieu  de  la  foule  et  dans  ses  relations 
avec  le  monde,  sa  moilestie  était  d'une  e.xtréme 
réserve,  jusque  dans  ses  resards.  Les  iicns  de 
son  entouraj^e  furent  un  jour  choqués  de  voir 
une  dame  se  présenter  à  son  audience  lians  une 
mise  des  plus  mondaines;  ils  se  plai:.'nireiit 
ensuite  au  prélat  de  ce  iiu'il  n'avait  point  répri- 
mandé cette  personne  :  le  bon  évé(|ue  dut  alors 
leur  avouer  qu'il  l'avait  écoutée  sans  la  rei^arder 
et  ne  s'était  pas  aperçu  de  sa  toilette. 

Le  Saint  recommandait  beaucoup  celle  modes- 
tie des  yeux;  parce  que,  disait-il.  >ans  elle,  il  est 
diflicile  de  se  préserver  des  pensées  mauvaises. 

llui.'ues  refusait  de  prêter  l'oreille  aux  conver- 
sations médisantes  et  peu  charitables  vis-à-vis 
du  prochain.  Il  suffit  bien  à  clia<-uii,  disait-il,  de 
savoir  ses  propres  péchés  pour  les  pleurer  et  eu 
faire  pénitence,  sans  se  soucier  encore  de  con- 
naître ceux  des  autres,  ce  qui  ne  peut  servir 
qu'à  blesser  la  conscience. 

Cet  infatij-able  pontife  mit  un  zèle  tout  parti- 
culier à  faire  relleuiir  parmi  le  cler;;é  de  sou 
diocèse  les  vertus  que  réclame  la  sainteté  du 
ministère  sacerdotal. 

Après  de  longues  années  de  travaux,  il  ent  la 
consolation  de  voir  ses  diocésains  revenir  eu 
grande  majorité  à  une  vie  vraiment  chrétienne. 
Ce  qui  contribua  surtout  à  ce  cbaiii;enienl  furent 
ses  prédications  et  les  efforts  ipi'il  lit  pour 
ramener  les  fidèles  aux  sa^'iemenls  de  l'énileine 
et  d'Lucharistie,  qui  étaient  presque  abaiidounés 
à  son  arrivée. 

Le  Dauphiné  relevait  alors  de  l'empire  d'Alle- 
mai.'ne  ;  mais,  lorsque  le  saint  évèque  de  (ireiioble 
a(>piit  le  crime  du  lyrannique  empereur  Henti  V 
qui  s'était  emparé  traîtreusement  du  pape 
l'ascal  II  et  l'avait  accablé  de  mauvais  traite- 
ments pour  lui  arracher  des  concessions  abu- 
sives, if  réunit  un  concile  à  Vienne  où  il  lit 
excommunier  ce  prince. 

i(  Nous  l'anathéniatisons  et  le  séparons  du  seiu 
de  l'Eglise,  disait-il,  jusqu'à  ce  qu'elle  reçoive 
de  lui  uiie  pleine  salisl'aclion.  » 

Désireux  de  finir  ses  jours  dans  la  solitude, 
Huyues  alla  jusqu'à  Home  prier  le  l'ape  davréer 
sa  démission;  mais  le  Souverain  l'onlile  reliisatle 
priverle  diocèse  deCirenoble  d'un  si  saint  pasteur. 

SAINT  HUGUES  ET  SAINT  lllînNMin 

Hentré  à  Grenoble,  saint  Hiu-ues  y  reçut,  en 
l'an  1123,  la  visite  du  saint  le  pin-  illu-tre  de  ces 
temps.  Saint  Bernard,  abbé  de  i^lairvaux,  le  res- 
taurateur de  la  vie  uionaslique,  profitant  d'un 
voyage  que  les  intérêts  de  son  mona-lère  l'obli- 
geaient à  faire,  vint  à  Grenoble.  Hui-ues  le 
reçut  comme  un  envoyé  du  ciel,  et,  nialyré  sa 
diLinité  et  son  extrême  vieillesse,  il  -e  pro'teriia 
I  devant  son  saint  visiteur  qui,  alors,  était  dan-  la 
trente-deuxième  année  de  son  àue.  •■  Os  .'  ix. 
enfants  de  lumière,  dit  Guillaume  de  Saint -T  lu  ré, 
ami  de  saint  Bernard,  s'unirent  de  tell.-  ~oiie 
qu'ils  ne    formèrent  plus  dans  la  suite  i^u'un 


••n'ur  et    qu'une   àrne,  volant  att;uli'-s  par  les 
liens  indissrilulile<  de  la  chjirité  du  (llirist.  » 

Ensenilile,  ils  visitèrent  les  solitaires  de  la 
Grande  Cliartreuse. 

A  leur  di-hut.  ces  bons  moines  n'avaient  aucune 
rèijle  érrile .  L'esprit  que  leur  fondateur  leur 
avait  It'pué  leur  en  te- 
nait liiu.  L'évéque  de 
(iren<d>le, craignant  que 
la  ferveur  venant  à  di- 
minuera rause  du:.'r<ind 
arcroissemenl  de  I  Ur- 
dre,  le  relAcliemenl  ne 
s'introduisît  parmi  les 
Frères,  pria  (iui:.'ues,  le 
cinquième  successeur 
de  saint  Itriino.  de  met- 
tre par  èiril  li-s  usayes 
et  coutumes  que  le  fon- 
dateur avait  ètaldis. 

C'est  ainsi  que  saint 
Hiii:iies,  aprèsavoir  pris 
uni?  (.'rande  part  à  la 
naissanceet  audèvelop- 
pem>-nl  de  Cftte  nou- 
velle rimille,  en  assura 
l'avenir parsa  prudence 
prévoyante. 

PERNIÈRE    MALADIE 

l/an  ino,  une  bien 
triste  nouvelle  vint 
afllii-'er  son  Ame.  l'n  de 
ses  anciensamis,  Pierre 
do  l.éofi,  pou'^'iè  par 
l'amliitioii,  voulut  u^llr- 
t>or  le  t^c^ne  de  saint 
l'ierre,  et  chassa  de 
Itonie  le  l'ape  légitime, 
Innoi-ent  II. 

Iliii.'ue«,  QcraM(5  de 
vieillesse  et  d'inlirmi- 
tés,  s'empresse  d'all<-r  au  concile  du  l'uy,  où,  de 
concert  avec  les  évèques  des  provinces  voisines, 
il  lance  une  sentence  d'e\cnmmunicatii>n  contre 
l'antipape.  Ce  fut  la  dernii-re  ai-lion  mémorable 
du  saint  év.'-iiue  de  Crenoble.  Son  corp»  s'alTai- 
bli>>-ait  liius  les  jours  de  plus  en  plus.  Mais  «on 
âme  s'illuminait  de  clartés  nouvelles.  Ine  ;:rande 
paix  succéda  tout  à  coup  à  ses  peines  intérieures. 

Il  recul,  sur  la  lin  de  sa  vie,  plusieurs  (irAces 
tout  à  fait  extraordinaires,  en  premier  lieu  celle 
de  pouToir  sonder  le  Tond  des  consciences.  Ainsi 


Saint  Itnino  rei;iiit  l'habit  ib-s  m.iin»  de  saint  Hugues 


un  comte,  étant  venu  le  visiter,  le  Saint  le  pria 
de  ne  pas  surcliarL'er  ses  sujets  de  taille^;  et  de 
tributs  énormes,  et  le  menaça  de  la  colère  de 
llieu  s'il  désobéissait  à  cet  avis.  Le  comte,  qui 
avait,  en  effet,  l'intention  de  préleverde  nouveaux 
impôts  e.\orbitauts,  mais  ne  l'avait  dit  à  per- 
sonne, fut  fort  surpris 
de  cette  admonestation 
du  Saint.  Il  reconnut 
qu'il  avait  été  éclairé 
jiar  Dieu  lui-même  et 
promit  de  lui  obéir. 

Les  moines  de  Calais, 
monastère  que  le  Saint 
avait  fondé ,  se  rempla- 
cèrent auprès  de  lui 
pendant  cette  dernière 
maladie,  pour  le  servir, 
lisse  crurent  bien  payés 
de  leurs  peines  par 
l'édilicatioD  qu'ils  re- 
çurent. 

Ilujues  souffrait  des 
maux  atroces,  mais  il 
les  supportait  avec  une 
pal  ieiic  e  admirable. 
Ouand  il  s'apercevait 
•pie  la  douleur  lui  av.iit 
arraché  <pielc|ue  parole 
d'impatience,  il  s'en  ac- 
cusait avec  larmes  et 
demandait  aux  Frères 
de  lui  dmiiier  In  disci- 
pline. Mais  comme  lus 
1)0  II  s  moines  ne 
croyaient  pas  devoir 
accéder  à  ses  désirs,  il 
se  frappait  la  poitrine 
et  récitait  le  l'uufiteor 
pour  eu  demander  par- 
don a  Dieu. 

Ilécii  VI  tau  pape  Inno- 
cent Il  pour  l'infor r 

du  triste  état  où  il  se  trouvait  léiluil,  et  b-  i 
de  mettre  h  sa  place,  sui»  le  sie;.'e  de  lireii'  I  !   . 
lin  saint  religieux  de  la  Chartreuse  du   nom  de 
Ihiuiies.  Le  pape    lui  aiconla  sa  demande. 

Consolé  par  celte  faveur,  llii;;iies  ne  tarda  pas 
à  aller  recevoir  ilans  la  conteniplalinn  de  Dieu  la 
récompense  de  se>  travaux.  Il  mourut  le  vendredi 
1"  avril  1132,  àyé  de  plus  de  qualre-vinyt»  ans. 
Son  corps  resta  exposé  h  la  vénération  des 
fidèles jusriuau  mardi  suivant.  Dieu  rendit  «on 
loinbeau  glorieux  par  plusieurs  miracles. 


^^tu^ 


SAINT  FRANÇOIS  DE  PAULE 

FONDATEUR    DE    L'ORDRE    DES    FRÈRES    MINIMES 


Quinzième  siècle.  —  Fite  le  2  avril. 


Portrait  authentique  de  saint  François  de  Paule. 

(D'aprèi  une  gravurf  cïtcul<^e  par  les  soin-i  il'i  Religioux  Minime'  Je  Napics.) 

Dieu,  grandeur  (it^.f  humbles,  qui  ai>'ez  irn'csti  le  bienheureux  confesseur  Fran- 
roi.t  de  la  gloire  snbliwe  de  vos  Saints,  aceordez-nou-i,  par  ses  mérites  et  son  imita- 
tion, la  grave  d'obtenir  les  rèeoni pennes  promises  à  l  humilité  :  nous  vous  en  sup- 
plions par  Jéstis-tJhrist  Xotre- Seigneur. 

Oraison  <Ii'  In  niossi-  m  <lo  l'olliri-. 


III 


iiuii  kl  euflfuU 

10  roltli  de 
iiIIl-,  et   sa 
'. ..iLui  (k'|iuis  loni 


Ce  fut  à  l'aiilc-.  pi-lite  ville  de  la  l!a<~p-Cnlal)re, 
que  naquit,  iii   i4ir.,  r.Mui  qui  ii  a  jamais  vjjila 
l'tre  a|ipeli-  ([ue  le  i»!: 
du  Christ,  Fraiii-  'i-   !■ 

Il  était  le  l'iuil 
la  nature.  Son  ) 
ini-re,  Vii-mia  de  1  uscald 

temps  eiiseiubie  sans  avoir  Jenfant,  lorsqu'un 
jour,  dans  sa  douleur.  Viiiiiia  .•ut  ri-cours  à  Dieu 
par  it-s  mérites  de  saint  I  r.inini»  d'Assise.  Neuf 
mois  a|irùs,  Fran  '    "uli'  venait  nu  monde, 

tandis  que,  >nr  !•  -  patents,  on  voyait, 

au  milieu  d'une  ii.  .  ,  — ••,  briller  tout  à  coup 
des  jets  de  llainiip -,  aiinoneaut  qu'une  nouvelle 
lumière  veiiiil  de  -^e  lever  sur  lu  terre. 

Dés  sa  plii-i  tendre  enfance,  Fi.menis  montra 


ce  qu'd  d'  i.ni 
éUit,  il      ' 
cori>s  p;ir  1< 
levé,  on  le 
des  journée- 
Dieu,  cliantanl 


idus  tard.  Tout  jeune  qu'il 
la  de   moriider  son   petit 
;  les  abstinences.  .\ussitôt 
.rir  à  l'éiilise  où  il  restait 
■  ausant,  riant  avec  le  boa 
_»  louantes,  ne  ■  '  j'iimiiis 

aie  lui.  Ses  pieux  parents  i.  .  ,  .  .-nt  eu 
souriant  ses  offoits  enfantiiis  et  ils  le  lai-»(ùeill 
faire,  bénis-anl  le  Sei:;ueur  de  leur  avoir  accordé 
un  tel  enfant. 

Quand  il  I  al  atteint  Viige  de  treize:  ans,  ils  le 
condui-iii-tit  dans  un  couvent  de  Franciscains, 
alin  ira.iouiplir  le  va-u  iju'ils  avaient  fait  autre- 
fois, pendant  une  de  >es  maladies,  de  lui  faire 
porter  un  an  entier  l'Iiabit  de  saint  François. 

Là,  comini!  à  la  mai'-on  paternelle,  i\  excite 
l'admiraiion  de  tou-.  Toujours  le  premier  au 
cliu'Ur  à  nnnuil,  !••-  re|i:,'ieux  les  plus  robuste> 
et  les  plus7.é|i->  trouvent  en  lui  un  modèle. 

In  joiM' qu'il  travaillait  auprès  du  sacristain, 
celui-ci  l'eiiM'ie  chereh.T  précipitamment  du  feu 
pour  l'encetis-ir  l.'eiif ml  y  c'<Mrl.  mii^.  'onimo 
on  ue  lui  ai  i  il 

veut  cepeinl  i- 

bons  enll.iliiiii  :>  qu  il  a 

un  dans  reii.'.jiismr,  < 
vit  que  -.e-i  MWem«Ul3  n  eu  awiieui  lli'Uie  pa-  été 

endoniniijé-. 

L'année  .\.  ...-.-■ ■  i   .,  .. . 

avec  joie  du 

avait  op.-re- 

Irop  d'Iioiiii  le 

joi.  ',  tuais  Uieu  eu 


COMvi ^T 


'I  VTONXI  AU»,  L«  JP"  Vf    li.  i\ 


Arriv' 
vait  déj 
de  son  ; 
pieds 


Il  la  trouva  ilans  le  coin  d'un  i:raud  rocher 
qui  s'élevait  au-de-sus  de  la  mer.  ei  c  fut  dans 
Celte  étroite  caverne  que  le  jeune  b>iuiino  vint 
s'ensevelir  tout  viv.inl.  résolu  d'y  vive»  el  d'y 
mourir  oubli'-  les  hommes,  n 

de  Dieu,  de  s-  de  se«  sainl-;.  ' 

six  ans,  nniqu'iioni  "çcupé  à  conleinpi.r  i.ein: 
que  contemplent  sans  cesse  les  an'jes  dans  le 
ciel. 

.Xprès  ce  temps,  le  monde  vint  de  nouveau 
troiibler  sa  solitude. 

.V  peine  le  nom  du  petit  solitaire  de  Onlabre  est- 
il  connu  dans  les  proviii. f-  ,  .i-iii.  -  Muiin  voit 
les  peuples  aborder  de  i  pied  du 

rocher  où  il  a  établi  •■:i  ■    foule  de 

disciples  savants  el   pieux    Menneiil   -e   i 
sous  sa  conduite;  son  vieux  père,  iilc:ii:ii:f  1 
y  accourt   le  premier,  et  a 
devint  le  fondateur  d'un  Ordi . 
plus  tard  par  le  Sainl-Sièi^c.     ■ 

COHUEN'T,  porn  la  cox-tbuctio.n  di  son  monastîibe, 

FKANi,-.01S    FIT     ENTRER    l'LUS    IIE    MlRAlI.K-    i.il  K     IIK 
PIKHUES  ET  UE  PIECES  DE  UOI-. 

Ses  imitateurs    -  iit    tous    les  jour". 

François  voulut  e..i,  ,,ii  y;rniid  luonastère 

dans  la  cou>lruction  du  pul.  dit  un  i'liroiii(|uenr. 
il  n'entra  pu*'  tant  de  pierres  et  de  bt>i-<  que  de 
miracles. 

l'n  jour  qu'il  y  travaillait  avec  ses  disciples,  on 
vint     'i  '  ■  '  !     nini.' 

c|ui  ■! 

jaUlt  nurnii''' 

••I  ,                         ta    niere  ?  lui  dit 

Fran.  .•!-,  i.i  i.  ■  ■•■   le  la  faute.  » 

Ll,  pour  sa  iiiia  d'aiq>orter 

seul   "I  1.  .1.1"  |.iutre  que  deux 

bo-u: 

•■    ^  i'iil   riiilii  me.  roiii- 

meii'  .   . 

je  su           ,                               ,    ^       _     .  Il 

ne  pourraient  porter  avec  moi  si  j'rtais  en  bonne 

s, in'.-    " 


au  ii< 

L 
qu'.'i  I    I  ' 

III. lit    un 
Mliré  pni 


ipx   eu  cet  OUI     ' 


II 


lin  lit'-   un   li-iiiuin  iii. 


'.XO  aïKACLI 

M  ilv  ai  1  .'l.iii>'iii>iis  un  iiisl.iht  A  .<•  lu  .ili-Ii' i . 


voyait  souvent  interrompre  son  travail  et  jeter 
*e«  outils  pour  entrer  en  extase. 

Il  travaillait  tout  le  jour  et  se  livrait  aus  plus 
rudes  labeurs;  h-  soir  venu,  quand  ses  religieux 
se  reposaient  des  fati;^ues  de  la  journée,  il 
veillait  et  priait  au  pied  de  l'autel,  mêlant  géné- 
reusement son  sany:  à  ses  prières.  iJieu  venait 
alois  le  fortifier  et  le  consoler  par  des  visions 
et  des  apparitions  merveilleuses.  Souvent  aussi, 
quand  son  pauvre  serviteur  était  accablé  de 
falii-iie,  il  envoyait  ses  animes  le  récréer  par  une 
niu.-ii(ue  admirable,  qui  le  raTissait  et  le  trans- 
pcrtait  au  ciel. 

L"n  homme  du  voisinafie,  irrité  contre  lo  Saint, 
s'en  vint  furieux  au  monastère  dans  l'inieution 
de  lui  dire  des  injures. 

Arrivé  à  sa  cellule,  il  entend  dans  les  airs  une 
musi.jue  si  douri'.  et  si  belle  qu'il  en  est  tout 
ravi  et  qu'il  reste  cloué  sur  le  sol  comme  haletant 
entre  la  vie  et  la  mort.  Son  ressentiment  fut  vite 
oublié. 

Hiver  c-omme  été,  à  travers  les  rochers,  la 
neiyp  et  la  boue,  François  allait  toujours  nu-pieds. 
Le  ciliée  était  son  vêlement,  le  jeûne  sa  nourri- 
ture, la  terre  son  lit.  A  l'imitation  de  N'olre- 
.Seii;neur,  il  passa  des  Carêmes  entiers  sans 
prendre  aucun  aliment. 

Ses  austérités  étaient  telles  que  le  pape,  dans 
la  bulle  de  sa  canonisation,  nous  dit  qu'il  sem- 
blait rtre  un  pur  e-prit.  tt  cependant,  malgré 
ses  effroyables  mortifications,  son  visage  était 
toujours  si  -.'ai,  si  rayonnant,  si  beau,  qu'un 
çlironi(]ueur  [presque  contemporain  l'appelledaus 
son  admiration  :  un  dieu  morlei  auqitel  louiez 
les  rréatuies  étaient  soumises. 

COMUENT  LE  PLUS  HUMBLE  DEVINT 
LE  PLUS  ÉLEVÉ 

Personne  ne  fut  plus  humble  que  François;  il 
n'avait  point  voulu  que  ses  relit.'ieu.x  prissent  le 
nom  rie  leur  fondateur,  mais  il  les  avait  appelés 
Ui/j/Hi.'s,  c'est-à-dire  les  plus  petits.  Kt  l'humble 
Kl  Ile  ois  nous  apparaît  tout  à  coup  comme 
l'arbitre  du  monde  ayant  entre  ses  maius  les 
cb's  de  la  vie  et  de  la  mort. 

Pendant  qu'il  était  à  Paterne,  on  lui  apporte 
un  pauvre  homme  qu'un  arbre  venait  d'écraser 
dans  sa  chute,  il  le  ressuscite.  Peu  de  temps  après, 
ie  même  Thomas  d'Ivres  tombait  du  haut  d'un 
clocher  et  se  tuait.  Ses  parents  éploréa  rappor- 
tèrent au  Saint  son  cadavre,  et  François,  ému  de 
leur  douleur  et  de  leur  foi,  le  rend  de  nouveau 
à  la  vie. 

L'n  arbre  d'une  srosseur  prodigieuse  se  trou- 
vait dans  le  irr.md  chemin  qui  conduisait  à  l'église 
ilu  monasteie  et  ;.'ènalt  ainsi  tout  le  passage  :  par 
une  seule  parole,  il  le  divise  un  jour  en  ileux 
moitiés  et  sans  que  ni  l'une  ni  l'autre  perdit  sa 
verdure,  il  les  fait  reculer  plusieurs  pas  plus 

lein. 

Ces  deux  arbres  restèrent  lonslemps  au  même 

•  ■iiilroil  jusqu'à  ce  que  le  llux  des  pèlerins   les 

.  .  t.  en  se  retirant,  entièrement  ruinés  :  on  ne 

|i.  11    lit  quitter  Paule  sans  emporter  un  souvenir 

I  'du  miracle,  et  il   n'en  resta  bientôt 

•  ux  troncs  informes. 

avait  un  neveu  qu'il  ijinait  beaucoup 

icté  et  la  '•inipli'it'   .1.-  v,,i,  Ame.  Plu- 

.  b'  )euii''    '    ii  présenté  au 

P'iUI    ^'-   '  11. 

1.1.  r,.  H''   ■  ,      .      tre  privée  de 

il  ai  ait  dû  reua^ner  en  pleurant 

ruelle. 


Consumé  par  une  lièvre  ardente,  il  mourut 
peu  après,  et  son  corps,  porté  à  l'éiîlise,  allait  être 
jeté  dans  la  tombe  lorsque  le  Saint  arriva. 

'I  Hélas!  dit-i!  en  versant  des  larmes,  por' 
le  plutôt  dans  ma  cellule.  » 

Dans  la  nuit  mémo,  l'oncle  ressuscita  le  neveu. 
Kolle  de  douleur,  la  more  viut  le  lendeniaic  pour 
pleurer  son  ûls. 

■'  Que  n"ai-je  consenti,  disait-elle,  à  ce  qu'il 
me  demandait,  j'aurais  du  moins  encore  le  bon- 
heur de  le  voir mais  désormais  plus  ne  le 

verrai  ni  reli^'ieux  ni  séculier. 

—  Il  est  encore  temps  d'y  consentir,  inter- 
rompit François.  » 

Et  le  jeune  homme,  revêtu  du  costume  de 
l'Ordre,  vint  se  jeter  dans  les  bras  de  sa  mère. 

Depuis  ce  moment,  le  neveu  ne  quitta  plus  son 
oncle. 

COMMENT  LES  MEDECINS  SE  VENGENT  DE  FRANÇOIS 

Cependant,  les  guérisons  merveilleuses  qu'opé- 
rait le  Saint  à  \a,  face  de  tous  contrariaient  visi- 
blement les  médecins  du  pays, et  lesdéiau:;eaient 
dans  tous  leurs  calculs.  Il  arrivait  souvent  qu'un 
malade,  condamné  par  eux,  la  veille,  à  une  mort 
certaine,  venait  le  lendemain  leur  demander  des 
nouvelles  de  leur  santé.  De  plus,  ils  voyaient  avec 
douleur  leurs  pratiques  diminuer  de  jour  en  jour. 
François  les  guérissait  toutes.  .\u  désespoir,  ils 
l'accusèrent  do  se  servir,  pour  ces  guérisons, 
(Ptierbes  magiques,  de  poudres  mystérieuses  et 
infernales. 

Sollicité  par  eux,  un  fameux  prédicateur  fran- 
ciscain osa,  le  premier,  décrier  publiquement  la 
vie  et  la  conduite  du  Thaumaturiie.  Et  comme 
personne  ne  croyait  à  ses  paroles,  il  se  rendit  un 
jour  au  couvent  pour  le  confondre,  persuadé  que 
lui,  le  plus  irrand  théologien  du  royaume,  vien- 
drait facilement  à  bout  d'un  pauvre  moine  qui 
n'avait  jamais  étudié. 

Le  serviteur  de  Dieu  le  reçut  avec  son  affabi- 
lité ordinaire,  il  le  laissa  se  décharger  de  tout 
ce  qu'il  avait  à  lui  dire  sans  l'interrompre.  Quand 
il  eut  achevé  ses  plaintes,  voyant  que  ti^ut  ardent 
qu'il  paraissait  au  dehors,  il  était  intérieurement 
tout  ;.'lacé  par  défaut  de  charité,  François  prit 
entre  ses  mains  des  charbons  ardent-^  qu'il  pressa 
loni-'temps  sans  se  briMer,  puis  les  lui  (ircsentant 
aimablement,  il  lui  dit: 

"  Père  Antoine,  cbauffei-vous,  par  charité, 
vous  en  avej,  srand  besnin.  » 

Touché  de  ce  miracle,  le  religieux,  se  réveillant 
comme  d'un  profond  sommeil,  se  jeta  à  ses  pieds 
et  lui  demanda  pardon. 

COMMENT,  SANS  BATEAU,  SAINT  FRANÇOIS  DE  PAULK 
TllAVEHSA  LA    MEIl  A   PIED  SEC 

Un  jour,  François  voulut  passer  en  Sicile.  Mais 
le  nautonier  auquel  il  s'adressa  pour  la  traversée 
le  rebuta  durement  à  la  vue  de  sa  misère  et  de 
sa  p;iuvreté. 

Les  s.'.iiiirs  humains  lui  manquant,  il  eut 
r<-eours  ,i  ('.elui  qui  ne  lui  avait  jamais  manqué; 
il  ni  à  Dieu  uni;  .-oiirte  prnre,  puis,  jetant  *oii 
manteau  sur  les  Ilots,  il  s'élança  intrépidement 
ilpssu»  avec  deux  de  ses  disciples. 

!.•    T'cintMii    r.i.liMii    Lli^cer 


i:t    l'.n     Ml 

mrrav 

.1  .IIV 


sur  lu 

I  et  ses 

,1.1-.    I'. 


Cliarybdn  et  le  r. 
ilrefois  chez,  les  pn. 


une  inlinité  de  naufraires,  et  arrivèrent  enfin  en 
vue  lie  Messine  où  ils  devaient  aborilci . 

Mais, en  voyant  la  foule  qui  enconihr.iit  le  |>orl, 
le  petit  serviteur  Je  Kieu  craignit  de  passer  pour 
un  grand  saint.  Il  vira  donc  de  bord,  dit  un 
chroniqueur,  et  aborda  dans  une  petite  ville  ù 
c<Mé,  on  il  ressuscita  un  criminel  condamné  à 
mort  et  exécuté  depuis  tiois  jours,  et  dont  le 
cadavre  pendait  encore  au  iiibet. 


FRANÇOIS  A   I.A  COUR   DE  LOUIS  XI 

Un  des  plus  prands  princes  et  des  plus  calom- 
niés de  l'hislnire  r>'i.'nait  alors  en  France,  .\tteint 
d"une  maladie  inortelle  et  frappé  de  grandes 
terreurs  en  fa>-e  de  la  mort,  Louis  XI  avait  en 
vain  con-ulté  les  plus  célèbres  médecins  de  son 
temps.  Sa  Un  le  lit  songer  alors  au  Ttiaumafurae 
de  Calabre.  lue  ambassade  solennelle  \int  solli- 
citer le  pauvre  ermite  à  se  rendre  à  la  cour  île 
France. 

•I  Ce  n'est  point  là  la  place  de  François  le 
minime,  »  répondit  celui-ci,  et  il  refusa. 

Mais  le  papi-,  lui  ayant  ordonné  d'accorder 
cette  satisfai-tinn  au  roi  très  chrétien,  il  quitta 
sa  Calabre  qu'il  ne  devait  plus  revoir,  dit  adieu 
en  pleurant  à  «es  enfants  et  parti!  aussitôt  pour 
la  nouvelle  |iatrie  que  I>ieu  lui  avait  destinée. 

Cette  nouvelle  remplit  Louis  de  lani  de  joie 
qu'il  semblait  avoir  coni]ui»  un  nouveau  royaume 
et  qu'il  donna  dix  mille  écus  à  celui  qui  la  lu.i 
annonça  le  premier. 

Le  dauphin,  son  lils,  alla  avec  toute  la  cour 
rerevoir  le  Thaumatiiri-'e  à  Amboise.  Tout 
malade  qu'il  était,  le  vieux  roi,  en  l'apercevant, 
descendit  de  >-a  chaise  royale,  et  le  supplia  à 
genoux  de  lui  rendre  la  santé. 

•<  Si  c'est  la  volonté  de  Dieu,  lui  répondit  le 
Saint.  .1 

Le  lendemain,  il  apprit  par  révélation  que  le 
roi  devait  bie^t>^t  mourir;  lise  rendit  immédia- 
tement auprès  de  lui,  et  comme  autrefois  Isale 
à  Kzéchias,  il  lui  dit  : 

«  Sire,  mettez  ordre  à  vos  affaires,  car  votre 
heure  est  venue.  .. 

C'était  une  parole  bien  dure  pour  un  homme, 
à  plus  forte  raison  pour  un  mi  et  pour  u\\  roi 
qui  craignait  tant  la  mort.  Louis,  lep^ndant, 
reçut  cet  avis  avec  un  grand  calme  et  une  grande 
soumission. 

Louis  M  détaché  de  la  vie,  ce  fut  là  le  miracle. 


Depuis  ce  moment,  François  de  Paule  fut  son 
seul  ami. (In  le  voyait. dit  Philippe  de  t^inmines, 
son  historien,  après  avoir  passe  plusieurs  heures 
fil  conférence  avec  lui,  en  sortir  les  yeux  baignés 
de  larmes. 

Il  lui  lit  b;\tir  dans  son  propre  parc  un  grand 
monastère  pour  abriter  les  religieux  de  son 
Drdre  qui  allaient  se  multipliant  sans  cesse. 

C'est  ainsi  que  l'Ordre  des  .Minimes  fut  intro- 
duit en  France,  où  il  fit  beaucoup  de  bien. 

Quand  le  roi  mourut,  ce  fut  le  saint  homme 
qui  reçut  son  dernier  soupir. 

Charles  VIII  et  Louis  XII,  ses  successeurs, 
eurent  le  même  respect  pour  le  serviteur  de 
Dieu  et  lui  rendirent  les  mêmes  honneurs;  ils 
viuilaieiit  l'avoir  constamment  auprès  d'eux. 

Certes,  c'était  un  beau  spectacle  de  voir 
s'élever  au  milieu  de  la  inai~on  royale  cette 
humble  cellule  d'anachorète  «lont  François  avait 
lui-même  tracé  le  dessin.  C'est  là  qu'il  faisait 
sans  cesse  sa  cour  au  Hoi  du  ciel,  tandis  qu'à  ses 
côtés,  on  la  rendait  au  roi  de  la  terre;  là  qu'il 
vécut  pauvre  au  milieu  de  toutes  les  grandeurs 
et  des  pompes  humaines,  humble  et  recueilli  au 
milieu  des  distractions  de  tout  genre,  jus(]u'au 
bienheureux  jour  où  il  s'endormit  plein  de 
mérites  et  d'années  dans  la  joie  du  Seigneur. 
C'était  un  vendredi, à  trois  heures  de  l'après-midi. 

Son  corps  si  pur,  échappé  à  la  corruption  du 
tombeau,  n'échappa  [>oint  à  la  fureur  des  calvi- 
nistes qui,  cent  cinquante  ans  plus  tord,  le 
jetèrent  dans  les  llammes  avec  un  grand  nombre 
d'autres  reliques. 

De  son  vivant,  le  saint  religieux  avait  connu 
par  révélatii>n  l'ignominieux  traitement  que  les 
lièrétiijues  devaient  iiilli:.'er  un  jour  à  son  corps; 
lui  qui  désirait  vivement  !<•  martyre,  accepta 
avec  joie  cette  révélation  et,  lertainement,  cet 
acte  au;:inenta  ses  mérites  auprès  de  Dieu. 

On  invoque  saint  François  de  Paule  pour  toutes 
sortes  de  nécessités  ou  de  faveurs  spirituelles  ou 
temporelles. 

Kn  ir»!!!,  une  pieuse  fille  de  Calais,  nommée 
Pèronne  Kaiilt,  était  lellement  infirme  qu'elle  ne 
jiouvail  se  traîner  que  sur  des  béquilles  cl  avec 
l'aide  d'une  servante. 

Les  médecins  déclaraient  le  mal  absolument 
incurable.  Klle  fut  miraculeusement  guérie  |i- 
quatrième  jour  d'une  neuvaiiie  à  saint  Frair  ;- 
de  Paule.  L'évéque  lloiilogne,  ai>res  avoirconsl.,',' 
olllciellement  le  prodige,  ordonna  une  procession 
en  actions  de  grâces. 


«>->. 


impT.-teranl,  t   HiriTamT,  »,  rue  fruçoU  1".  P»rU. 


LES  SAINTES   AGAPE,  CHIONIE  ET  IRENE 


VIERGES   ET  MARTYRES 


Fête    le   5   avril. 


1^1  saintes  Agspe.  Chlonle  et  Iràaa,  pour  servir  Dieu  pla^  llbrecaeat,  K  l'époque  de  la  persAcutlon, 
■•  retirent  dani  la  solitude,  sar  une  oloatagae,  emportant  avec  elles   les  Livres  saints. 


C'est  dans  1«  Tille  de  Tbessalonique  que  naquirent 
ces  trois  Tierges  prudentes,  qui,  au  prix  des  souf- 
frances terrestres  enduréespourJésus-Chrisl,  gagnè- 
rent la  couronne  de  l'immortalité,  Thessalonique,  dont 
le  grand  apôtre  saint  Paul  a  loué  la  foi  et  la  charité 
en  ces  terme»:  «  Votre  foi  au  vrai  Dieu  est  connue 
partout  n,  et  plus  loin:  «  Je  n'ai  pas  besoin  de 
Tou»  parler  de  la  charité  fraternelle  qui  doit  tous 
unir,  car  c'est  de  Dieu  lui-mêmeque  tous  aTei  appris 
à  TOUS  airapr  le*  uns  les  autres.  "  Elles  étaient 
sœurs,  et  fille»  da  parents  idolâtres.  Leur  pre- 
mière éducation  semblait  les  vouer  h  l'erreur,  mai» 
Diea  veillait  sur  elles  et  le»  avait  préTenues  de 
•es  faveurs;  elle»  connurent  la  vérité  de  la  religion 
chrétienne, grâce  surtout*  lalecturedes  l.ivresSaint» 
et  deviorant  de  vertueuse»  di»cipl««  de  Jésus-Christ. 

rUITl  ET    A»«IST»IION     DIS   TiOI»    VliRGES 

I,  otnpereur  Dioctétien  avant  défendu,  fous  peine 
de  mort,  de  garder  les  divines  Ecritures,  elles  trou- 


vèrent moyen  d'en  soustraire  plusieurs  Tolumes  aux 
persécuteurs.  Lasses  de  ne  pouvoir  pratiquer  libre- 
ment les  obligations  de  la  loi  évangélique,  à  cause 
des  ennemis  qu'elles  rencontraient  jusque  dan»  leur 
famille,  elles  sortirent  de  leur  patrie  avec  leur  pré- 
cieux dépôt,  et  se  retirèrent  sur  une  haute  montagne, 
k  l'abri  de  la  persécution.  Là,  dans  une  profonde  so- 
litude, au  milieu  du  spectacle  grandiose  de  la  nature, 
elle»  se  sentaient  naturellement  portées  à  louer  le 
Créateur  des  merveilles  qu'elles  avaient  sou»  les 
yeux.  Ce  désertsauvage, fréquenté  seulement  par  le» 
aigles  et  les  bétes  fauves,  devint  bientôt  une  pieuse 
oasis  où  les  trois  vierges,  sans  cesse  livrées  â  la 
prière  et  â  la  contemplation  divine,  menaient  1*  vie 
du  ciel  »ur  la  terre. 

Cependant  l'année  suivante,  des  décrets  de  m^ri 
contre  tous  les  chrétiens  du  grand  empire  ror.isin 
furent  publié»  par  le»  empereurs  Dioclèticn  el  Miii- 
mien.  Le  gouverneur  de  Thessalonique  envny»  de» 
soldat»  à  la  recherche  des  Titrgeschrétiennet.  Dien, 


charmé  Jes  prière»  de  «es  sefTantes,  les  i  i-ra  dignes 
•  VHre  ses  lémoin<.  de  le  glorifier  par  IXTusion  de 
leur  sang  et  permit  que  ces  émissaires  découvrissent 
le  lieu  de  leur  retraite.  Comme  elles  avaient  appris 
à  aimer  la  soulTrance,  cet  événenieiil  ne  les  rendit 
que  plus  joveuses.  Toutes  trois  devaient,  jusqu'à  la 
un  de  Ifiir  vie,  demeurer  vraini^^nt  dignes  de  leur 
nom.  Luti.  pussédiiil  la  perfection  de  la  loi,  car  elle 
«imait  «on  prochain  comme  elle-même  et  Dieu  de 
tout  son  caur,  selon  la  parole  de  l'ApAtre:  «  La  fin 
de  ta  loi  c'est  la  chiriti».  Aussi  l'appelait-on  Agapt, 
nom  par  lequel  le  -  ■  cnenl  la  Chariif.  L'autre, 

transparente  d'r  jui  avait  ronservé   bril- 

lante et  sans  ta.liê  là  ^j.lendeur  de  son  baptême, 
avait  TU  en  ell»  la  comol^le  réalisation  de  celle 
..val  :  <i  Vous  me  laverei  et  je 
que  la  nei|;e.  •  tin  la  nommait 
qui  signifle  neiiy .  La  Iroi- 
manicre  toute  sp<^ciale  le  don 
■'•'■>  «auveur.  Jésus  en  effet 
.■I  :  «  Je  vous  donne 
.a,.,.L!.i.l  i,,j^,qui  «ignifle  la  paia;. 


parole  du 
deviendrai 

SI- 

p.l 

f 

ma  ^.liA.  ■' 


Il   IH  II  fmltOWT  COMOAMItiU*  iTMlROliM  TTTIS 

Après  lenr  aToir  fait  endurer  ane  très  dure  prison, 
le  go«»erneur  les  appela  devant  son  tribunal  avec 
quelques  autre»  chrétiens.  Ouand  Dulcetins  fut  assrt 
pour  l'iiitcrrngatoire,  le  greffier  Artémisius  lui 
parla  ainsi  ;  -  Voici  le  rapport  envoy*  par  le  station- 
naire  gendarme)  «ur  le»  personnes  qui  sont  ici  pré- 
sentes. Si  votre  Kicellence  l'ordonne,  j'en  ferai  la 
leitiire.  M  Lis.je  te  l'ordonne»,  répond  le  président.  Le 
iireliier  lut  ce  qui  suit:  •■  C.assandre,  le  stationnaire, 
al.    '  •     ïcrneur  de  Macédoine. s.'xliit. J'envoie 

à  Ml  fommes  chréliennesetun  lio«m« 

qui  «ui  i'-iii!->-  .1.1  manger  des  viandes  immolées  au» 
dieux.  Les  femmes  se  nomment  Agape,  Cbionie, 
Irène,  Tasia,  Philippa.Eutychia,  et  l'homme  qui  est 
avec  elles,  Atrathon.  • 

Le  »;nii  w  n.ur  se  tournant  vers  let  femmes,  leur 
dit:  «   •  .pie  vous  êtes,  comment  oonvez- 

fous  p.  '  it  de  réTolte  jusqu'à  ne  vouloir  pas 

obéir  .1  •  ordonnances  de  nos  empereurs  et 

de   mu  Et    loi,  ajoiita-t-il    en   regardant 

Agalhon,  p.>ur.(ii"ii,  a  leiemple  des  antres  sujets  de 
l'empire,  ne  veux  tu  pas  manger  «les  viandes  offertes 
aux  dieua  7  —  Cost  que  je  suis  chrétien,  répondit 
Aj<athon.  —  DiiLr.KTji»  :  l'ernistes-tu  4  l'être  emore 
n^aintenant?  —  A«»tiion:  Maintenant  plu»  que  ja- 
luais.  > 

Le  président  se  tournant  ver»  Apape  :  «  Mais  toi, 
qu'as-tu  a  répondre'.'  —  A.aie:  Je  crois  au  Dieu 
rivant,  et  je  ne  veiii  pas  perdre  par  une  mauvaise 
action  tout  le  mérite  .lu  bien  que  j'ai  pu  faire. 

Dri.ctTll's  ■  F-'t  loi  l'iii. .nie,  que  dis-tu?  —  CBior<i«: 
Je  cKjis  au  t   c'est   pour  cette  raison 

qni-     »!    n'.n  '■  :r  ù    l'iTii i'-^rniir. 

■    toi,    Irone, 
T  M.-r  aux  ordres  ,i 

I'  ai  craint  d'offenser  liieu. 

1  :  9.1  toi,  Casia  î  —  C«§i«  :  I»  »«ii  «nrer 
!"      'rits  :  VeiiT  »   nos 

r.^    t     Jamais  ai  ea 


II.  :"     ' 

s.,  i. .  .» 

cnrij.'. 

I>ru:«nrs  :  El  toi 
ment?  —  Pai-n-r»  • 
celui     de»     .li.li  .  • 


,    Pbilippa,   qoel   est  ton  senti" 

V  -    -     •  .,,1 1«  mêtiiv  que 

':t    motmr   i|U8 


dis-iu?  - 

i-,  ,.,   ,,.     ,.   ,    ,  ,.    .   nnerais  IBB 

vir  j.lutôt  que  de  fonser.tir  à  ce  qu»  rou»  eilgei  da 

moi.  • 

Dulcétius  dit  aui  »oldaU  :  •   Kamenex  en   prison 


i  S!athon,  Casia,  Philippa  et    liulychia,  jusqu'à   ce 
ru  on  prenne  uii'^  détermination  à  lenr  sujet.  » 

Le  {gouverneur  revint  fiisuite  a  Apape  et  lui  dit: 
..  Quelle  est  la  dernière  résolution?  Consentiras-tu 
A  faire  ce  que  nous-mêmes,  en  lidèles  citoyens,  nous 
faisons  pour  obéir  à  nos  Césars  et  à  nos  empereurs"? 
—  AgàI'E  :  Je  ne  connais  pas  le  dévouement  à  Satan  ; 
jamais  men  àiiie  ne  se  laissera  séduire  par  les  pa- 
roles. Dieu  l'a  rendue  inexpugnabïe  à  tes  coups. 

DuLciiTius  :  El  loi,  Chioiiie,  quelle  est  ta  dernière 
réponse  ?  —  Cbio?iir  :  Je  persiste  toujours  dans  les 
mêmes  sentiments.  Personne  ne  pourra  pervertir 
mon  Ame.  —  DuLririus:  N'avpî-vous  point  quelques- 
uns  de  ces  livres  ou  de  ces  écrits  qui  concernent  la 
doctrine  impie  des  chrétiens.  —  Chio.nii  :  Nous  n'en 
avons  [loint.  On  nous  les  a  tous  enlevés  par  l'ordre 
des  empereurs.  —  .Mais  encore,  qui  vous  a  déter- 
minées a  donner  dans  de  pareilles  rêveries?  —  Le 
Dieu  tout-puissant.  —  .Mais  quelles  sort  les  premières 
personnes  .)ui  vous  ont  conseillé  pareille  fulie?-- 
Nous  sommes  redevables  de  la  sainte  doctrine  (jue 
nous  professons  au  Dieu  tout-puissant  et  à  ton  Fils 
Noire-Seigneur  Jésus-Cbrist. 

DuucïTius  :  Il  est  temps  d'en  finir  avae  voas. 
Oserez-vous  nier,  malheureuses,  que  vous  devei  à 
nos  puissants  empereurs  une  oMt^-Tnce  filiale  et 
dévouée?  Puisque,  depuis  si  '  ■.  après  tant 

il'âvertissements,  d'êails  et  d  -.   «ver  une 

témérité  »l  une  aodace  effroyal.l.  s,  vuii  •  '     i 

ser  les  ordres  de  nos  Césars,  en  restant  ni 

1  '  ui  nom  impie  de  1 1  <- 

I  hiii,   maUré  les  m  -i 

ti  .iwi.iirps    el    des    premiers  '"i-"    r.-iiis,«z 

il'.'ibiurer  par  écrit  la  foi  du  i  '  vei  enfin  le 

cb.Uiment  que  vous  avez  si  bie,,  ....  ,  ;.  . 

Il  lut  ensuite  la  sentence  conçue  en  ceg  termes  : 
•  Apape  el  Cbionie. égarées  par  l->  •  »rv..rsii..  <l»  leurs 
dsvrs  et  l'impiété  de  leurs  s.  » 

piavaes  ordonnances  des  Auk'.  "S 

maîtres  :  m.iinlenant  encore,  elles  pratiquent  la 
religion  téméraire  et  vaine  des  chrélii-ns,  objet 
d'eiécralinn  pour  tous  les  hommes  pieux.  J'ordonne 
donc  qu'elles  soient  brftlêes  vives.  >  Les  bourreaiii 
exécutèrent  aussitôt  l'ordre  d--  '  Te,  mais   le 

feu  respecta  I»  rnr|'s  i(»«  vinr  unirent  in- 

t.ict.'s  riai.        .  is  de  priées 

ut  de  cont.      ,  "r. 

iirreaRoOAToiHi  D'inkNi 

Quelques  instant.H  après,  Irène,  la  plus  jeune  d-'s 
trois,  fui  de  nouveau  introduite  devant  le  tribunal. 
Le  jupe  lui  parla  ainsi  :  ><  Ta  folie  éclate  au  grand 
jour  dans  tout  fn  que  tu    fais.  On  a  tr.'.nvé  en  t.^ 

un  grand  aombrede  livres,  d< 
,|r>  tout  penrn,  conrenant  i 

!  ilile  des  chrétien»!  .^ 

;  ,  nment  dont  l'i  «•  > 

le   la  niui ' 

«■ilX  ?    Je  . 


ni    t'i    rrttrwt'-    A     te  filtre  \iss 


I  aiuier  ju»<{u'a  la  luuil.   Vutl^  i>our<4uai  uuu»  buus 


laissons  brûler  Tires  pIntAt  que  de  liTrer  de  tels 
écrits  et  de  trahir  les  intérêts  de  Dieu.  — Dulcétics: 
Dans  la  maison  où  tous  habitie:;.  quelqu'un  savait 
sans  doute  que  vous  aviez  ces  Ecriture?  ?  —  Iriîne  : 
Le  Dieu  tout  puissant  qui  voit  tout  le  savait,  mais 
noi  autre  que  Lui.  Noos  recardions  les  gens  même 
de  notre  maison  comme  des  ennemis,  car  ils  au- 
raient pu  nous  dénoncer.  —  Dcicérios:  L'année 
dernière,  quand,  pour  la  première  fois,  la  pii»té  de 
nos  Césars  et  de  nos  empereurs  publia  un  édit  sem- 
blable à  celui  qui  t'amène  ici  derant  moi.  où  vous 
cachàtes-vous  ■?  —  InÈNg:  Où  il  plut  à  Dieu,  sur 
les  itiontaenes,  n'ayant  d'autre  toit  que  le  ciel.  — 
Dt'LCÉTius:  Qui  vous  nourrissaitalors?  —  Irène:  Dieu 
qui  nourrit  toutes  ses  créatures  —  Duicétius  :  Votre 
père  était-il  instruit  de  tout  cela?  —  Ir4ni  :  Non, 
je  Toui  l'assure,  notre  père  ne  savait  rien.  —  Dul- 
cÉTins  :  Et  parmi  vos  voisins,  qui  en  avait  connais- 
sance ?  —  Ire.ns:  Interropei-les  tous,  et  vous  verrez 
s'il  en  fût  un  seul  qui  connût  seulement  le  lieu  de 
notre  retraite.  —  Dolcétios  :  A  votre  retour  de  la 
montagne,  lisiez-vous  ces  sortes  de  livres  en  pré- 
sence de  quelqu'un?  —  Irève  :  Us  étaient  dans 
notre  maison  et  nous  n'osions  pas  les  en  tirer.  Aussi' 
nous  ressentions  une  vive  douleur  de  ne  pouvoir  les 
lire  nuit  et  jour,  comme  nous  avions  coutume  de  le 
faire  avant  l'édit.  » 

SKNTKNCl  AnTI-CL«HIC*Ll 

Le  juge  prononça  enfin  cette  inique  sentence  : 
•  Tes  sœurs  ont  été  punies  comme  elles  le  méri- 
taient; pour  toi,  quoique  tu  sois  digne  de  mort 
pour  avoir  caché  ces  livres  impies,  je  prétends  te 
punir  d'une  autre  manière.  Tu  seras  exposée,  sans 
défense,  dans  une  maison  de  crimes,  et  tu  y  vivras 
chaque  jour  d'un  pain  qu'on  te  portera  dn.ralais.  » 
Ayant  fait  appeler  Zozime,  le  bourreau  public,  avec 
quelques  satellites  :  •■  Sachez,  lear  dit-il,  que  si 
l'on  vient  à  m'apprendre  que  cette  femme  est  sortie, 
ne  fût-ce  que  pour  un  instant,  du    lien  où   elle   va 


être  retenue,  tous  serez  punis  vous-mêmes  par  le 
dernier  supplice.  »  Cette  infâme  sentence  fut  rigou- 
reusement eïécutée,  mais  le  Dieu  tout  puissant  se 
fit  le  protecteur  de  la  pureté  de  sa  servante.  Ella 
était  gardée  pour  être  offerte  comme  une  victime 
intacte  au  Dieu  de  l'univers.  Personne  n'osa  s'appro- 
cher d'elle,  ni  hasarder  une  parole  ou  une  action  qui 
Dût  alarmer  sa  modestie.  Le  gouverneur  l'ayant 
âppns,  la  tit  ramener  devant  son  tribunal  et  lui 
dit  :  u  Persistes-tu  toujours  dans  ta  première  témé- 
rité? —  Ihèmî.  Ce  que  tu  appelles  témérité,  je 
l'appelle,  moi,  piété  envers  Dieu,  et  je  te  déclare 
que  j'y  persisterai  jusqu'à  la  mort.  —  Dllcétil's  : 
Ta  première  réponse  a  montré  clairement  que  lu 
ne  voulais  pas  obéir  aux  ordres  des  empereurs  ; 
comme  je  le  vois  maintenant  persévérer  dans  la 
même  opiniâtreté,  je  vais  t'intliger  le  châtiment  dû 
à  ton  crime.  • 

Après  avoir  achevé  ces  mots,  Dulcétius  écrivit  la 
sentence  suivante  :  «  Irène  a  refusé  d'obéir  aux 
ordres  des  empereurs  et  de  sacrifier  aux  dieux, 
et  persévère  encore  aujourd'hui  dans  le  culte  et  la 
société  des  chrétiens.  J'ordonne  donc  qu'elle  soit 
brûlée  vive,  ainsi  que  l'ont  été  ses  deux  sœurs.  » 

Sa  sentence  ayant  été  lue.  les  satellites  s'empa- 
rèrent d'Irène,  et  la  condaisirent  sur  le  lieu  élevé, 
où  ses  deux  sœurs  avaient  reçu  la  palme  du  mar 
tyre.  Un  grand  bûcher  était  dressé  non  loin  des 
corps  intacts  d'Agape  et  de  Chionie.  Quand  il  fut 
allumé  et  que  les  flammes  commencèrent  à  s'élever 
vers  les  cieui,  sur  le  signe  de  ses  bourreaux, 
l'épouse  du  Christ,  impatiente  de  recevoir  la  cou- 
ronne que  le  Seigneur  lui  avait  préparée,  monta 
d'elle-même  sur  le  bûcher  en  chantant  des  psaumes 
et  en  louant  Dieu  de  tout  son  cœur.  Elle  mourut 
en  priant  au  milieu  des  flammes  sans  que  son  corps 
fut  consumé  par  le  feu.  Les  Actes  ne  disent  point 
ce  que  devinrent  les  autres  chrétienne?  etAgathon; 
il  est  probable  qu'ils  souffrirent  a^ssi  le  martyrt 
peu  après  :  les  persécuteurs  n'avaient  pas  coutume 
de  faire  grâce  à  leurs  victimes. 


PLUSIEURS  AUTRES  SAINTES  DU  NOM  D'IRÈNE 


SAINTE   IRÈNE,   MARTYRE    EN   GRÈCE 


Féle  le  16  avril. 

Cette  Sainte  fut  martyrisée  à  Corintbe  pendant  la 
persécution  de  Valéricn.  Plusieurs  serviteurs  de 
Dieu  venaient  d'expirer  entre  les  mains  du  bourreau, 
et  la  pieuse  Irène  éUil  en  prière  avec  quelques 
chrétiens,  dans  son  oratoire  privé.  Soudain  des 
païens  entrent,  la  saisissent  et  la  traînent  devant 
le  préfet  Venuslus.  Interrogée  sur  sa  foi,  elle  pro- 
clama hauten  ent  que  Jésus-Christ  est  le  seul  vrai 
Dieu,  le  Maître  du  monde,  le  Créateur  de  l'univers, 
le  Sauveur  et  le  Rédempteur  des  hommes.  Venustafl 
ordonna  de  la  battre  cruellement,  de  la  charger  de 
chaînes  et  de  la  jeter  en  prison. 

Quelques  jours  après,  Irène  comparut  de  nouveau 

nt  le  pn-fet.  Comme  ni  les  menaces  ni  les  tor- 

'  no  pouvaient  obtenir  d'elle  une  parole  d'apos- 

.  on    lui    coupa   la  langue,  on    lui  arracha   les 

H  enfin  on  lui  trancha  la  tête  le  .'6  avril  de 

I  an  258. 


SAINTE    IRÈNE    DE    TOMAR 

VIERGE  ET  MARTYRE 


Féle  le  20  octobre. 

Née  à  Tomar,  dans  l'Estraraadure  portugaise, 
Irène  fut  élevée  avec  soin  dans  un  couvent  de  reli- 
gieuses, dont  ses  deux  tantes,  Julie  et  Chaste,  étaient 
supérieures.  Elle  devint  l'édificalion  de  la  commu- 
nauté par  ses  vertus, et  le  modèle  des  religieuses  ses 
sœurs.  Elle  ne  sortait  guère  qu'une  fois  Van,  pour 
aller  visiter  avec  elles  une  église  de  Saint-Pierre,  le 
jour  de  sa  fête.  Le  démon,  ennemi  des  âmes  virgi- 
nales, lui  suscita  la  plus  dure  épreuve  qu'elle  pût 
redouter.  Deux  individus  s'éprirent  pour  elle  d'un 
fol  amour.  Consacrée  à  Jésus-Ctirist  qu'elle  aimait 
uniquement,  Irène,  qui  aurait  préféré  mourir  de 
mille  morts  plutôt  que  d'offenser  son  Pieu,  répon- 
dit à  ces  insensés  par  la  froideur  de  ses  dédain». 
Furieux,  l'un  d'eux,  que  l'on  croyait  homme  de 
bien,  se  mit  à  la  calomnier  outrageusement,  et  le 
iji'mon  favorisa  si  bien  la  calomnie,  que  beaucoup 
Il  crurent  coupable.   Dans  l'angoitiie  .ji-    «.ui  .Ime 


Irène  suppliait  humblementlo  Seigneur  d'avoir  pilip 
d'elle.  Cependant  l'accusation  parvient  aux  oreilles 
de  l'autre  prétendant,  aui  t'empresse  d'y  ajouter  foi 
et,  piqué  d'une  vive  jalousie,  sans  se  «ouTeair  qu'il 
a^ait  dû  sa  cuérison  à  Irène  dans  une  grave  mala- 
die, il  soudoie  un  assassin  pour  la  tuer.  L'assassin 
qui  fouettait  sa.  victime,  la  surprend  un  matin  en 
prière  non  loin  de  la  rivière  de  Nadao,  il  se  préci- 
pite sur  elle,  la  perce  de  son  épée  etjetle  son  corps 
dans  la  rifière.  Le  Nadao  est  un  affluent  de  la 
^éze^e,  laquelle  se  jette  dans  le  Tage.  Le  Tage,  aux 
eaux  profondes,  reçut  donc  le  corps  de  la  martyre, 
et  tout  semblait  flni  pour  la  terre. 

Mais  Dieu  veillait  sur  la  mémoire  de  sa  servante, 
déjà  glorifiée  dans  le  ciel  :  il  révèle  toute  l'histoire 
à  l'oncle  de  noire  Sainte, Sélio,  abbé  d'un  monastère 
voisin  de  Toniar,  et  lui  apprend  où  repose  le  corps 
de  sa  nièce.  Sélio  convoque  un  grand  nombre  de 
lidèles ,  et  se  rend  avec  eux  sur  les  rives  du  Tage.  A 
leur  approche  les  eaux  s'écartent  miraculeusement 
et  laissent  apercevoir,  dans  le  plus  profond  du 
lit  dv,-  fleuve,  un  tombeau  précieux  élevé  par  les 
anges.  Le  corps  d'Irène,  d'une  beauté  et  d'une 
blancheur  ravissantes,  y  reposait  ;  les  assistants 
voulaient  l'emporter,  mais  nul  ne  put  le  remuer. 
Hespectant  la  voloiitè  de  Dieu,  Siiio  se  contenta  de 
couper  une  mèche  de  cheveux  et  un  fragment  de  la 
tunique  de  la  vierge  martyre,  et  il  se  relira  avec  la 
foule,  emportant  ces  d»;ux  reliques.  Dès  qu'ils 
furent  sur  le  rivage,  les  ondes  reprirent  leur  cours 
et  cachert'iil  d-î  nouveau  le  sépulcre.  Les  deux  reli- 
uei  eni(>ortt-es  par  Sélio  devinrent  l'instrument 
'une  multitude  de  miracles,  et  rendirent  célèbre  la 
ville  voisine,  appelée  jusqu'alors  Scalabis,  mais  que 
les  peuples  nommèrent  désormais  Sun(a-/rc'n>'  et 
par  abréviation  Santarem.  Sainte  Irène  de  Tomar 
est  vénérée  en  Portugal  tous  le  nom  de  santa  Iria. 
Santarem  est  aujourd'hui  une  ville  de  8000  Ames. 

SAINTE  IRÈNE.  VIERGE  ET  MARTYRE 

A  CONSTANTINOPLK 


3 


Fite  le  S  mai. 

Irine,  fille  d'un  homme  de  race  royale,  mais 
païen,  appelé  Licinius,  était  d'une  beauté  surpre- 
nante. Au<«i  son  père,  pojr  la  soustraire  aux 
reKai'l)  du  monde,  la  fit-il  enfermer  dans  une  haute 
lour,  a»fc  treize  femmes  esclaves  pour  la  servir.  Dieu 
instruisit  lui-même  cette  iine  d'élite  par  le  ministère 
d'un  ange,  puis  saint  Timothée,  disciple  de  saint 
Paul,  guidé  par  une  inspiration  divine,  put  pénétrer 
jusqu'à  elle  et  lui  administrer  le  sacrem>>nt  de  bap- 
tême. Devenue  servante  de  Jésus-I^hrist,  la  jeane 
lille  brisa  aussitôt  tes  idolos  e'.  it-sjeia  par  la  fi'nétre. 
Lictoiu*  en  ■pprenant  cetl*  deslruclion  entra  dans 


une  colère  terrible.  Il  attacha  sa  fille  à  un  cheval 
indompté  afin  de  la  faire  périr.  Mais  Dieu  veillaii 
sur  cette  enfant.  Au  lieu  de  lui  nuire,  le  cheval  se 
précipita  sur  Licinius  et  le  mordit  si  cruellement 
qu'il  en  mourut.  Justement  affligée,  Irène  se  mit 
en  prière  et  obtint  la  résurrection  de  son  père  qui 
se  releva  vivant  et  guéri.  A  la  vue  d'un  tel  prodige, 
toute  sa  famille  et  près  de  trois  mille  personnes 
embrassèrent  la  foi  curétienne.  PlustarJ,  sur  l'ordre 
du  préfet  Ampelianus,  Irène  fut  arrêtée,  soumise  à 
toutes  sortes  de  tortures,  mais  rien  ne  put  la  faire 
consentir  à  renier  Jésus-Christ,  et  on  finit  par  lui 
trancher  la  tête.  • 

Son  culte  fut  autrefois  célèbre  dans  tout  l'Orient. 
Constantinople  lui  dédia  trois  églises.  L'une  d'entre 
elles,  bitie  par  l'empereur  Constantin  le  Grand, 
était,  après  la  basilique  de  Sainte-Sophie,  la  plus 
vaste  de  cette  ville  impériale. 


SAINTE    IRÈNE 

SOEUR   DU    PAPE   SAINT   UAMASB,    VIERGE 


Fite  le  2  i  février. 

Elle  naquit  «n  Espagne  et  suivit,  toute  jeune 
encore,  ses  parents  a  Home.  Dès  l'Age  le  plus 
tendre,  on  remarqua  en  elle  une  piété  forte  et  géné- 
reuse. Souvent  elle  pas'-ait  des  nuits  en  prière  avec 
sa  mère  et  son  frère,  dans  les  catacombes,  pros- 
ternée au  pied  des  tombeaux  des  martyrs.  Dans  sa 
maison,  elle  ne  manquait  jamais  une  occasion  de 
distribuer  d'abondante.-^  aumônes  aux  pauvres. 

Ses  parents  étant  morts  prématurément,  elle  fui 
confiée  A  son  frère  saint  Damase.  Elle  ne  tarda  pas 
&  lui  découvrir  ;on  aversion  pour  les  délices  du 
monde,  et  le  désir  ardent  qu'elle  avait  de  vivre  dans 
la  retraite,  et  de  consacrer  A  Dieu  sa  virginité. 
Kempli  d'admiration,  Dauiase  la  félicita  de  sa 
généreuse  résolution,  l'aida  de  tout  ton  pouvoir  et 
composa  pour  elle  un  excellent  traité  sur  la  virgi- 
nité. A  l'aide  de  ce  livre  qu'elle  lisait  sans  ce<>^e, 
elle  avança  à  grands  pas  dans  la  voie  de  l.i  p>  rfei'- 
tion,  et  sa  vie,  favorisée  des  grâces  de  Dieu,  était 
plus  angélique  qu'humaine.  ' 

Quand  son  frère  fut  élu  Souverain  Pontife, Ursicin 
avec  bon  nombre  de  partisans,  refusèrent  de  le 
reconnaître.  Aussitôt  la  pieuse  vierge  s'adonna  a 
des  jeônes,  des  veilles,  des  pénitences  extraordi- 
naires qu'elle  n'interrompit  pas,  jusqu'à  c«  que 
Dieu,  lléchi  par  ses  prières,  eût  délivre  I  Enlise  de 
ce  schisme  naissant.  —  Enfin,  la  douiièiiie  année 
du  pontificat  de  saint  Damase  et  la  vingtième  dt 
son  Age,  atteinte  de  la  fièvre,  pleine  de  mérites 
devant  Dieu,  elle  t'endormit  paisiblement  dans  It 
Seigneur.  Son  illustre  frère  fit  graver  sur  son  tom- 
beau une  très  belle  épi'aphe  en  vert  latins. 


Illip  -y/rVT'if,  y,     l'ITITKtMx,  H.    rnr   Kcill' 


SAINT  ISIDORI-,  I-^\È01E  DE  SÉMLLE,  DOCTEIU 


Fé(e  le  4  avril. 


Saint  Isidore  écrit  ses  ouvrages  pleins  de  suavité,  comme,  dès  son  berceau,  l'avait  fait  pré- 
sager un  essaim  d'abeilles.  —  Il  distribue  des  aumônes  aux  pauvres  qui  se  pressent  à  la 
porte  du  palais  épiscopal. 


Isidore  naquit  dans  l'Andalousie,  de  nobles  et 
l'iciix  parents.  Son  père,  le  duc  Sévérien, 
avait  été  longtemps  préfet  de  Cartha:.'ène,  et  il 
.ivait  vu  sa  tille  aînée  épouser  le  roi  des 
Wisit'olhs  Leuvi^'ilde.  Deux  autres  de  ses  enfants, 
Léandre  et  Kuk'enre,  qui  se  sisiialèrent  dans  les 
rangs  de  l'épiscopat  espai'nol,  ont  mérité  d'être 
honorés  d'un  culte  public  apn'-s  leur  mort.  Flo- 
reiiline.  la  plus  jeune  de  ses  tilles,  embrassa 
la  vie  monastique,  et  «a  science,  sa  vertu,  ses 
cantiques  même  ou  chants  sacrés  lui  ont  valu 
l'honneur  de  fl:.'urer  en  tête  de  ces  illustres  reli- 
gieuses que  la  patrie  de  sainte  Ttiéré«e  a  données 
à  l'Ealise.  Mais  la  cloire  des  uns  et  des  autres 
pàlll  devant  l'érlatante  ré()utation  de  saijesse  et 
de  «.linleié  d'I'idore,  le  dernier  né  de  la  noble 
famille  andalouse. 

On  rapporte  qu'étant  encore  dans  les  lances, 
-a  nourriee  l'ayant  laiss.'  seul  dans  le  jardin, 
il   fut    environné    d'un    ee'-aim    d'abeilles,   dont 


quelques-unes  entraient  dans  sa  bouche  et  y 
faisaientleur  miel,  et  les  autres  couraient  sur  son 
visai-'e  sans  lui  faire  aucun  mal;  ce  qui  fut  pris 
pour  un  présage  de  sa  douceur  et  de  son  admi- 
rable éloquence. 

isinoRE  écoLiF.n 

L'enfant,  à  peine  sorti  du  berceau,  fut  confié  à 
son  frère  aîné  saint  Léandre,  archevêque  do  Séville. 
dont  il  devait  plus  tard  être  le  glorieux  succes- 
seur. Saint  Léandre  chérissait  son  jeune  frère 
comme  s'il  eût  ''té  son  tils,  mais  son  amour  était 
éclairé,  c'cst-<à-dire  qu'il  savait  mettre  les  soin> 
de  l'âme  avant  ceux  du  corps;  aussi  ne  se  faisait-il 
pas  faute  de  fouetter  le  jeune  écolier  pour  lui 
apprendre  à  vaincre  la  paresse. 

l'.ependant,  contrairement  A  ce  que  l'on  atten- 
dait, lintelliiienre  de  l'enfant  ne  se  développait 
qu'avec  une  lenteur  désespérante,  et,  de  plus, 
lui-même  semblait  éprouver  le  plu"prand  dèL-nùt 


215 


pour  toute  sorlf  ti  études.  L'n  jour,  Isidore,  décou- 
ragé par  l'iiisuccés  de  ses  efforts,  el  iTai|.'uaiit  les 
corrections  que  son  frère  lui  appliquait  avec  une 
éneraie  trop  fréquente,  s"enfuit  de  l'école  de 
Séïille.  Apres  avoir  erré  quelcpic  temps  dans  la 
campagne,  exténué  de  soif  et  de  faiii;ue,  il  s'assit 
auprès  d'un  puits,  et  se  mit  à  regarder  avec 
curiosité  les  sillons  qui  en  creusaient  In  maryellr. 
Comme  il  se  demandait  qui  avait  pu  produire  re 
travail,  une  femme  qui  venait  puiser  de  l'eau, 
toui-liéede  la  beauté  el  de  riiii'-iiuité  de  l'eiifanl, 
lui  explii)ua  comment  les  gouttes  d'eau,  en  lom- 
haiit  constamment  sar  le  même  endroit,  arri- 
vaient avec  le  temps  à  creuser  les  pierres  les 
plus  dures. 

Isidoreavait  re--pritdroit  el  sincère;  ces  paroles 
le  firent  rélli'cliir.  Si  nne  fjoutte  d'eau,  se  dit-il, 
est  asseï  forte  pour  creuser  à  la  lonpue  une  pierre, 
il  n'e«l  pa'i  possitde  que.  Dieu  aidant,  je  n  arrive 
pas  par  mes  efforts  à  acquérir  la  science,  iiial;;ré 
l'inlirmité  de  ma  mémoire  et  de  mes  autres 
facultés.  El  il  rentra  à  Séville. 

S'étant  remis  à  l'œurre  aTcc  courage.  Dieu, 
pour  le  réeoiupen'^er  de  sa  bonne  volonté,  opéra 
un  tel  clianijcineiit  en  lui.  qu'en  peu  d'aiiiK'es  il 
acheva  son  éducation  de  faroii  à  posséder  li- 
latin,  le  ^Tcc  cl  l'Ii'  breu,  et  à  aider  puissaniuK'iit 
son  frerc  saint  b'-andre  dans  la  conversion  des 
ariens 

DANCKHS    OC'iL   COCKCT 
IL    BST  r.MtKmi  D\flS  tJJi  MONASTÈBR 

Cependant  le  mi  Leuvigilde,  arien  fanatique, 
venait  de  faire  assassiner  son  propre  lil>.  saint 
Herménét'ilde,  converti  a  la  foi  par  saint  L<'-aiidre. 
On  ne  sait  cnnim>'nl  le  crand  archevêque  de 
Séville  évita  le  sort  de  son  royal  élève,  mai» 
toujours  est-il  que  le  roi  se  contenta  de  l'exibr 
en  même  tem|>s  que  son  frère  saint  Folpeoce, 
évi^que  d'Ki-ija.  lsi<lore,  quoique  contri>té  par  cet 
événement,  n'en  fut  [loiut  abattu,  et  il  continua 
la  lutte  en;.'aL'éH  par  ses  deux  frères.  C'est  alors 
que  ses  talents  >e  montrèrent  en  plein,  i.es 
ariens  étaient  constamment  terras'.è>  et  lionti-iu 
de  se  voir  vaincu^  par  un  ennemi  si  jeune;  ils 
résolurent  de  s'en  d'-barrasser  en  le  poii.-nardaiit. 
Ix!ur  plan  èt.iit  .irrèU',  et  le  Saint  ne  pouvait 
manquer  de  tomber  sous  leur^  coup»,  ipiand 
Dieu,  qui  le  réservai»  à  de  pliii  grands  combats 
et  a  voir  la  •  liute  de  l'arianisme,  le  •^aiiva  en 
mettant  la  confusion  dans  le-,  ranp  de«  hérétiques. 

En  re  temps-li,  lyaneilde.  poursuivi  par  le 
souvenir  de  >on  (ll«  t|u'il  avait  tué,  sentait  la 
mort  a(>proi-li.T.  Pour  apai-^'-r  le  loinroux  divin. 
il  lit  rapf>eler  de  l'eul  saint  Léandre.  et.  avant 
d'e\pir>-r,  lui  ronlia  la  conduite  de  son  jeune 
ftui  cehHi-ur  Mécai'i-de  Ce  n^lour  inattendu  mit 
le  comble  &  la  j»ie  de  Minl  Isidore,  qui  bnilait 
de  <  exprimer  de  nniiveaii,  ••n  travaillant  avec  non 
frère  A  la  ilèfense  île  la  foi.  Nhii»  ^aint  l.i-aiulrr, 
nyani  appris  le*  dansnrs  qu'il  avait  r^iiru'-,  et 


l'-r 
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et 

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années 

dément  gravées  dans  sa  mémoire  et  dans  son 
cœur,  comme  l'attestent  ses  écrits  sur  le  mona- 
chisme.  et  notamment  une  belle  réiile  en  vinijl- 
quatre  chapitres  pour  les  moines  de  son  pays. 
L'histoire,  malheureusement,  ne  nous  apprend 
presque  rien  sur  saint  Isidore  moine.  Ouoi  qu'il 
en  soit,  il  était  déjà  mûri  dans  l'exercice  de  la 
mortilication  et  cajable  de  supporter  le  fardeau 
de  lëpiscopat,  lorsque  saint  Léandre  mourut, 
vers  601,  en  le  désignant  comme  le  seul  di;;ne 
du  siéjre  de  Séville.  Le  Saint,  en  se  cachant  dans 
les  ombres  du  cloître,  n'a\ail  pas  réussi  à  se 
faire  oublier,  et  le  peuple  parlait  toujours  avec 
enthousiasme  du  jeune  cbTC  qui,  autrefois, 
l'avait  si  vaillamment  défendu  contre  les  ariens. 

IL   DEVIBIT    {vftoUB    DE  StlVILLK 

.\ussi,  lorsque  le  mi  Hécarède  ordonna  à 
l'humMe  moine  d'accepter  la  cliarpe  que  venait 
dequitlerson  frère  en  mourant,  le  peuple  répondit 
par  une  immense  clameur  de  joie  et  par  d'una- 
nimes applaudissement".  Pendant  que  tout  le 
monde  se  réjouissait  de  son  élévation,  lui  seul 
pleurait,  se  déclarait  indii-'ne  de  celte  charye  el 
tremblait  devant  la  responsabilité  (]ui  allait  peser 
sur  lui.  L'humilité  est  le  si^me  de  la  sainteté  véri- 
table, et,  pour  l'ordinaire.reiix-là  sont  plus  dignes 
d'une  faveur  qui  s'en  ju^'ent  les  plu>  indi^'ues. 
Le  roi  Hécar.'di;  et  le  peuple  de  Séville  ne  s'y 
tronip'-riMit  pas,  et  les  larmes  d'Isidore  ne  firent 
qu'entlammer  l'ardeur  de  leur  désir.  Le  Saiiil. 
reconnaissant  enlin  la  voix  de  Dieu  dans  celle 
du  peuple  chrétien,  se  rèsipia  à  faire  le  sacrifice 
demandé.  Dès  qu'il  eut  ceinl  la  mitre  et  pris  en 
main  la  boulette  du  pasteur,  dés  qu'il  se  fut  li< 
à  son  I^:lise  par  un  mariage  spirituel  en  jurant  di- 
donner  s'il  le  fallait  son  >nn|:  |iour  elle,  sa  vie  ne 
fut  qu'un  |>erpé.tuel  sacrifice.  ■1  il  ne  cessa  de  se 
dépenser  pour  ses  brebis  bii-n-ainiécs,  au  point 
ooe  l'on  a  j>eine  à  comprendre  comment  une  vie 
d'homme  a  pu,  sans  un  miraele  de  la  KrAce,  être 
au^M  laborieusement  remplie  que  la  sienne. 

•>  qui  aflliceait  surtout  son  re;;ard  de  père  el 
de  pasteur,  c'étaient  les  dèwndrrs  el  le*  abus  qui 
j...  ........ ^    jQ    ,p,„    ,jy    (-lené.   l'oubli    des   loi-. 

I  •«,  du  droit  eanoniqiie,  des  rite»  pres- 
»...  ,—  1  t:;li"ie.  llien  n'éoli.ipp.iit  sous  ce  rap- 
port a  sa  MLilanee;  il  <q. posait  la  plus  èner);ique 
fermeté  nu  mal.  «'appliquant,  soit  à  le  corriL'er. 
soit  à  le  préienir  II  y  léussii  pleineuieiit,  et  il 
eut  le  bonheur  de  r'tiMir  dans  leur  vipieur,  au 
sein  des  chrétien t-  les,  le>  règlements 

apostoliques,  les  il  ■  -  l'ère»,  les  princi- 

pales institutions  de  U  Auinte  Eglise  romaine. 

SE'    LNSTITTnOJIS 

Non  <v>ntMit  d'avoir  réformé  par  *»  parnli»  .-i 

par  !■      ide  les  ni' 

et    1  qui   se   !■ 

inlliieiie.    Ile    l'arinnisiiie,    ,i    m.  n.i.-.  a  en,-,,i.     , 

leur  \ertu  et  à  leur  foi  un  appui  et   un  riemile 

■■■--  '    '■  ■:     ':-    -:■   ■ne'  qu'il     '•  - '. 

.  n  iKiioi 

I  .     .  ..; >   sont  I4  .......  ^,., ...    ... 

'  Is  ni<-r!»Mire  de*  c^ime^ 


ell. 

lllllll > 


Il  s..,-,èl. 

I|lll     s'»      '- 

I 

leur 

ans  qu  aujourd  hui,  o«i 
qui    b  <    leiitait      au»«i 
111  V 
en 


•'bant:^  de  nalur<> 

iiii'nies  il  y  a  miHi 

io<>me    ■'■!   '    I 
n   IIS   dit     II' 

s     lit     le    ï  (   .  1 . : 
I  .i.i    il      l.il 


'' que«ou  pr4trM  hérétt^iw*  ei  i . 


1.1 


encore  dans  les  campagnes,  voyageant  sans  bruit 
et  donnant  aux  jeunes  gens  des  conférences 
secrètes  dans  tous  les  lieux  où  ils  s'arrêtaient. 
Saint  Isidore,  à  la  première  nouvelle  de  ces  faits, 
tressaillit;  car  il  n'ignorait  point  que  c'est  par  la 
mauvaise  éducation  de  la  jeunesse  que  se  pro- 
duisent dans  la  société  les  plus  épouvantables 
désastres.  Il  n'y  avait  pas  à  hésiter.  Sans  calcu- 
ler la  modicité  de  ses  ressources,  il  jeta  les  fon- 
dements d'une  immense  école  de  doctrine  qui 
est  restée  célèbre  dans  toute  l'Espagne  et  dans 
tout  l'univers.  Ce  collège,  cette  sorte  d'Université 
catholique,  où  se  formèrent  de  grands  savants  et 
de  grands  saints,  n'était  qu'un  vaste  monastère.  Il 
devmt  le  type  d'une  multitude  d'antres  institu- 
tions du  mf^me  genre  dans  les  villes  épiscopales. 

L'étude  dn  grec,  de  l'hébreu,  de  l'histoire,  de 
la  géographie,  de  l'astronomie,  des  mathéma- 
tiques y  était  obligatoire;  elle  préparait  à  celle 
de  la  philosophie  et  de  la  théologie. 

Le  iirand  évi^que,  malgré  ses  occupations,  se 
joignait  tous  les  jours  à  ses  chers  moines  profes- 
seurs, et  à  son  tour,  il  occupait  la  chaire  pour 
découvrir  à  ses  e'ièves  émerveillés  les  incompa- 
rables beautés  des  Saintes  Ecritures. 

C'est  pour  l'instruction  des  jeunes  gens  dans 
cette  école  que  le  crand  docteur  dé  Sévi  Ile  com- 

Cosa  ces  nombreux  traités,  dont  l'étendue  et 
i  profondeur  effrayent  mi'me  les  plus  savants, 
et  qui  embrassent  toutes  les  branches  des  con- 
naissances humaines,  depuis  la  plus  sublime 
théolosie  jusqu'à  la  science  vulgaire  de  l'agricul- 
ture et  de  l'économie  rurale. 

Le  principal  de  ses  ouvrages,  les  vingt  livres 
des  Origines  ou  des  Eti/mologia  est  ce  que  nous 
appellerions  de  nos  jours  un  «  Dictionnaire  uni- 
versel »  où  a  été  conservée  toute  la  science  de 
l'époque.  H  suppose  chez  son  auteur  une  érudi- 
tion profonde,  des  recherches  infinies  et  une 
ampleur  de  vues  vraiment  extraordinaire. 

Dans  la  pensée  de  saint  Isidore,  toute  science 
vraie  doit  avoir  pour  fondement  et  pour  base  la 
connaissance  approfondie  de  la  révélation.  Il 
était  convaincu,  écrit  son  biographe,  que  les 
maux  de  la  société,  les  discordes  civiles,  les  dis- 
sensions des  clercs  avaient  pour  cause  l'igno- 
rance de  la  Sainte  Ecriture.  Ce  fut  pour  com- 
battre ce  lamentable  oubli  qu'il  exigea  de  ses 
disciples  l'étude  de  l'hébreu.  Lui-même  possé- 
dait à  fond  la  langue  scripturaire;  il  nous  en  a 
laissé  des  preuves  dans  ses  ouvrables  exégétiques, 
qui  forment  un  véritable  cours  d'Ecriture  Sainte. 

L'un  de  ces  évéques  vagabonds  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut,  du  nom  de  Grégoire  le 
Syrien,  homme  qui,  par  son  éloquence  naturelle 
et  la  subtilité  de  son  esprit,  obtenait  de  grands 
succrs  et  faisait  beaucoup  d'apostats,  proposa  à 
saint  Isidore,  qui  présidait  en  ce  moment  un 
Oincilc  d'évt'ques,  de  discuter  devant  le  peuple 
sur  l'unité  de  nature,  qu'avec  les  eutychéens, 
il  admettait  en  Jèsus-Christ.  Le  Saint  accepta.  La 
discussion  eut  lieu  dans  la  grande  église  de 
S''ville  en  présence  d'une  foule  immense.  Après 
cinq  heures  de  discussion,  Grégoire  s'avoua 
vaincu,  abjura  ses  erreurs  et  revint  à  la  com- 
munion catholique  dans  laquelle  il  persévéra 
jusqu'à  la  mort. 

I  ne  autre  institution  rouvrit  de  gloire  saint 
Isidore  et  contribua  puissamment,  dans  toutes  les 
K-i'.i-'ne»,  où  elle  se  répatidit.  à  maintenir  la 
\i_ii' ur  de  la  foi  :  nous  voulons  parler  de  la  litur- 
:.i'  iil'irnrahe.  ensemble  r  :  '  ue  des  iirières 
't     le-  .  ■rèmonies.  par  ■  -aint  Isidore 

T'  Mil  il  ,111  .  iili"  divin  loti  If  - , ,   ~ié.  Celli'  litur- 


gie est  ainsi  appelée  parce  qu'elle  fut  conservée 
plus  tard  par  les  chrétiens  espagnols  qui  vivaient 
au  milieu  des  Maures  et  des  Arabes  envahisseurs. 

La  liturgie  romaine,  reine  des  liturgies,  a  pré- 
valu, il  est  vrai;  mais  pour  ne  pas  perdre  la 
mémoire  des  belles  institutions  de  saint  Isidore, 
l'église  cathédrale  de  Tolède  use  encore,  avec  la 
permission  du  pape,  de  fa  liturgie  mozarabe. 

Malgré  ces  immenses  travaux,  le  Saint  faisait 
une  visite  annuelle  de  son  diocèse,  et  même, 
poussé  par  son  amour  pour  les  âmes,  il  parcourait 
toutes  les  provinces  d  Espagne,  "  faisant  retentir 
dans  les  cités  et  les  moindres  bourgades,  la 
trompette  évangélique  ».  Ce  qui  le  toucha  le  plus, 
ce  fut  l'aveuglement  des  Juifs,  aJors  nombreux 
dans  ce  pays.  Sa  tendresse  envers  ces  pau\Tes 
abandonnés  le  poussa  à  leur  adresser  un  traité 
pour  essayer  de  les  amener  à  la  vérité.  Dieu 
récompensa  son  zèle  par  la  conversion  de  plusieurs 
de  ces  malheureux  enfants  d'Abraham. 

VOYAGE  A   ROME  KT  MIRACLES 

Saint  Isidore  avait  un  grand  amour  et  une 
grande  vénération  pour  le  pape  qu'il  appelait, 
«  le  vicaire  de  Dieu  ",  et  auquel,  disait-il,  "  I  obéis- 
sance est  due  en  toutes  choses  .1.  Pour  mieu.v 
s'inspirer  des  traditions  du  Siège  apostolique  et 
présenter  ses  hommages  au  Souverain  l'ontife, 
il  se  rendit  à  Rome  vers  619.  Il  y  fut  reçu  avec 
honneur  par  Boniface  V  et  le  clergé.  Le  pape  le 
consulta  plusieurs  fois  sur  des  choses  impor- 
tantes, regardant  toutes  ses  paroles  comme  les 
oracles  dun  Saint.  Il  eût  voulu  le  retenir  auprè-s 
de  lui,  mais  les  Sévillans  souffraient  de  l'ab- 
sence de  leur  évêque  chéri,  et  le  cœur  dTsidore 
souffrait  encore  plus  de  se  voir  séparé  de  ses 
enfants  bien-aimés,  aussi  le  pape  dut-il  le  laisser 
aller.  Il  traversa  la  Gaule,  accueilli  partout  avec 
de  grandes  démonstrations  de  joie. 

Il  arriva  à  Narbonne  pendant  une  sécheresse 
extraordinaire  :  le  peuple,  désolé,  l'attendait  sur 
la  route;  aussitôt  qu'il  parut,  la  foule,  se  préci- 
pitant à  sa  rencontre,  le  supplia  de  la  sauver, 
|)ar  ses  prières  toutes  puissantes,  des  malheurs 
qui  l'accablaient. 

Le  Saint,  ému,  adressa  à  cette  multitude  avide 
de  le  voir  et  de  l'entendre,  un  discours  sur  la 
miséricorde  divine  ;  puis,  élevant  les  niaiiis.  il  pria 
avec  ferveur.  En  ce  moment,  le  tonnerre  gronda, 
et,  chassés  par  un  vent  violent,  les  nun::i's  s'amon- 
celèrent rapidement  dans  ce  ciel  où  ils  n'avaient 
as  paru  depuis  si  longtemps,  l'ne  pluie  hicn- 
'aisante  rendit  aux  campagnes  leur  fertilité. 

Le  retour  du  grand  évéque  à  Séville  fut  un 
véritable  triomphe  ;  toute  la  population,  hommes, 
femmes,  enfants,  vieillards,  clercs,  moines  et 
écoliers  allèrent  au  devant  de  lui  en  chantant 
des  hymnes  de  joie.  Lorsqu'il  fut  arrivé,  ces 
inilli<>rs  d'hommes  se  pressèrent  autour  de  lui. 
montant  sur  les  murs  et  sur  les  arbres  pour  \r 
voir  plus  facilement  et  entendre  sa  voix;  reii\ 
qui  étaient  à  portée  de  le  faire  se  disputaient 
pour  tourher  la  frange  de  son  véteinenl.  Au 
moment  de  donner  sa  bénédiction,  la  presse  fut 
si  grande  qu'une  femme  enceinte  lut  étouffée  cl 
tomba  morte.  On  apporta  au-<'iti\l  son  cadavri' 
à  saint  Isidore  qui,  le  voyant,  foiiilil  en  larmes; 
puis  se  jetant  à  genoux,  il  supplia  le  Seigni'ur 
de  rendre  la  vie  à  celte  malheureuse.  Après  quel- 
'jues  minuleu,  |a  fptnme  ressuscitée  se  leva  el, 
cievanl  la  foule  attendrie,  prononça  ces  parnb^»: 
•  Iténi  sois-tu.  Père  saint,  évéque  IsidorR;  bétiie 
sojl  la  parole  qui  tombe  rie  tes  lèvre».  C'est  à  les 
prières  qu>'  reiilaiit  que  je  porti'  dans  mon  sein 


l 


et  moi-même  devons  d'avoir  été  renJu'*  à  la  vie 
présente  et  arrachés  aux  tourments  Je  l'autre.  « 
Puis  elle  raconta  qu'au  sortir  de  son  corps,  les 
démons  avaient  ^aisi  son  àme  en  état  de  pécbé 
et  que  leur?  hideuses  lésions  l'entraînaient  vers 
les  Humilies  éternelles,  lorsque  l'un  des  an^es 
du  Seigneur  qui  accompax'nent  toujours  Isidore 
était  apparu  et,  ayant  mis  en  fuite  les  démons, 
l'avait  d'-jivrée. 

A  re.  récit,  les  acclamations  de  .joie  redou- 
blèrent, et  ce  fut  presque  porté  en  triomphe  que 
le  saint  év<^que  rentra  dans  son  église. 

On  rapporte  qu'en  une  autre  circonstance  il 
guérit  un  aveujile  par  le  seul  attouchement  de 
son  ^'anl. 

Peu  de  temps  avant  sa  mort,  présidant  un  Con- 
cile, dès  que  les  évéques  eurent  volé  les  réj;les 
3u'il  leur  avait  proposées  pour  le  gouvernement 
es  K^'lisos  d'Ksnai:ne,  il  se  leva  au  milieu  de 
l'assemblée,  et,  d'un  ton  prophétique,  il  prédit  à 
la  natinn  espagnole  que  si  elle  s'écartait  des 
régies  qu'il  venait  de  lui  donner  et  des  doctrines 
qu'il  lui  avait  ensei:.'nées,  elle  en  serait  punie 
par  la  famine,  la  peste  et  surtout  par  le  glaive 
des  oppresseurs.  Il  ajouta  cependant  que  si  ses 
malheurs  la  ramenaient  à  de  meilleurs  sentiments, 
elle  rei-nuvrernit  une  gloire  supérieure  à  sa  gloire 
passée  et  dominerait  sur  les  autres  nations.  Tout 
cela  s'est  vu  :  le.s  Kspaynols  prévaricateurs  ont 
<^té  punis  par  le  glaive  des  .Maures  qui  ont  occu|)é 
leur  jiays  pendant  près  de  huit  cents  ans;  mais 
ensuite  l'Espaiine  s'est  couverte  d'une  irloire 
incomparable  sous  les  règnes  de  Ferdinand  le 
Catholique,  Charles-Quint  et  Philippe  II  qui, 
parlant  avec  or^'ueil  de  l'étendue  de  leurs  Etats, 
disaient  «  que  le  soleil  ne  s'y  couchait  jamais  ». 

DER.MEHS    HOIIR>TS    DE    SAINT    ISIDORE 

SA  uoHT  iiiE.NHt:i:nr.i'sE 
Six  mois  avant  sa  mort,  le  saint  évéque  en 


ressentit  les  approches  par  une  maladie  qui, 
tout  en  alTaiblissant  sou  corps,  fortifiait  son 
esprit.  Il  redoulila  alors  de  tendresse  pour  ses 
plus  chers  enfants  qui  étaient  les  pauvres,  les 
moines  et  les  vierges  :  tout  ce  qui  lui  restait 
encore  de  bien,  il  le  lit  distribuer  aux  indigents. 
Ouatre  jours  avant  sa  mort,  il  prévit  le  moment 
de  son  départ  pour  le  ciel  et  manda  auprès  de 
lui  quelques-uns  des  évéques  voisins  pour  l'at- 
sister;  tous  accoururent  en  larmes.  Isidore,  à 
leur  arrivée,  se  lit  porter  dans  l'église  de  Saint- 
Vincent,  où  il  put  donner  la  bénédiction  à  son 
jieuple  bien-aimé  qu'il  allait  quitter.  S'étant  assis 
au  milieu  du  chœur,  il  se  dépouilla  lui-inènie  de 
ses  habits,  tout  malade  qu'il  était,  se  lit  donner 
un  cilice,  et,  couché  sur  la  cendre,  il  lit  detant 
les  évéques  et  le  peuple  cette  belle  prière  :  ■•  O 
Dieu  qui  connaisse!  le  cu-ur  des  hommes,  (|ui 
avei  pardonné  au  publicain  ses  péchés  loi's<|u'il 
se  frappait  humblement  la  poitrine,  éloi::iié  par 
respect  de  vos  autels,  et  qui  avei  rendu  la  vie  à 
Lazare,  mort  depuis  quatre  jours,  recevez  main- 
tenant ma  confession,  et  détournez  vos  yeux  des 
péchés  sans  nombre  que  j'ai  commis  contre  votre 
majesté.  C'est  pour  moi  et  non  pas  pour  les  justes 

3 lie  vous  avez  mis  dans  l'Kglise  le  bain  salutaire 
e  la  pénitence.  »  Il  demanda  ensuite  l'absolu- 
tion et  la  Sainte  Communion  qu'il  reçut  avec  de 
;:rands  sentiments  de  contrition  et  d'huniililé.  Il 
ilemnnda  pardon  aui  assistants  des  fautes  (pi'il 
n'avait  jamais  commises,  et  bi-nii  encore  la  iiiiil- 
tilude  qui  ne  cessait  de  se  prosterner  pour  lui  bai- 
ser les  mains.  Pour  couronner  dignemeiil  une  vie 
où  il  s'était  consumé  de  tendresse  pour  ses  chers 
enfants,  il  lit  venir  tous  ses  débiteurs  et  leur 
rendit  leurs  obliu-ations.  Les  trois  jours  suivants, 
il  se  fit  de  même  porter  à  régli>e,  et  c\'-l  li, 
devant  l'autel  et  sur  la  cendre,  qu'il  mourut  en 
donnant  une  dernière  bénédiction  à  son  peuple, 
le  4  avril  C38. 


I     II   I     I  ^n 


b.  PcrriHi»:    .  Imp   i/trant,  8,  lue  Fr4n' ot»  I",  Pan». 


SAINT  VINCENT  FERRIER 


Fite  le   5   avril. 


Portrait    de    saint    Vincent    Ferrier. 


Cet  apôtre  extraordinaire,  qui  fut  la  gloire  de 
1  EspajBne  et  la  lumière  de  la  Sainte  Eglise,  naquit 
à  Nalence,  en  t3o7.  Son  père,  Guillaume  Ferrier 
et  Constance  Miguel,  sa  mère,  vivaient  ensemble 
dans  la  pratique  des  vertus  chrétiennes,  lorsque 
le  ciel  leur  confia  ce  précieux  dépôt,  gage  des 
mentes  qu'ils  s'étaient  acquis  par  leurs  aumônes 
et  leurs  prières.  Dieu  prit  soin  de  leur  en  faire 
connaître  par  avance  le  prix  et  l'excellence.  Un 
religieux,  revêtu  de  l'habit  de  Saint-Dominique, 
apparut  à  Guillaume  et  lui  dit:  »  Réjouissez-vous, 
car,  bientôt,  vous  aurei  un  fils,  qui  sera  du  même 
Ordre  que  moi.  Sa  vie  sera  si  sainte,  sa  doctrine 
si  sublime,  son  léle  si  ardent,  que  tous  les 
peuples  de  l'Europe  l'honoreront  comme  un 
apôtre,  n 

Quant  à  Constance,  elle  entendait  parfois  dans 
son  sein  comme  les  cris  d'un  petit  chien.  Effrayée 
d'ibord  d'un  prodige  si  nouveau,  elle  en  demanda 
l'explication  à  l'archevêque  de  Valence:  "  Ne 
craignei  rien,  lui  fut-il  répondu,  car,  assurément, 
TOUS  donnerez  le  jour  à  un  crand  saint,  dont  la 

fiarole  fera  fuir  les  loups  et  ramènera  au  bercail 
es  brebis  égarées  du  Seigneur.  .. 


Quelque  temps  après,  cet  élu  de  Dieu  venait 
au  monde  et  toute  la  ville  accourait  pour  le  voir, 
comme  un  autre  saint  Jean-Baptiste. 

PRÉDICATEUH  A  l'aGI  DE  DIX   ANS 

De  bonne  heure,  Vincent  vérifia  ce  qui  avait  été 
prédit  de  lui.  On  ne  pouvait  trouver  un  enfant 
plus  aimable  et  plus  tranquille.  Doux  et  affable 
envers  tous,  il  avait  nour  les  pauvres  un  amour 
de  prédilection,  et  lorsque,  plus  tard,  on  lui 
donna  sa  part  de  l'héritage  paternel,  il  ne  mit 
que  quatre  jours  pour  la  leur  distribuer.  A  peine 
eut-il  atteint  l'âge  de  raison,  que  ses  parents 
commencèrent  à  lui  communiquer  le  goût  de 
l'étude.  Ses  progrès  furent  rapides,  et  il  n'eut 
pas  de  peine  à  surpasser  tous  ses  condisciples, 
par  son  savoir  comme  par  sa  vertu. 

Tout  jeune  qu'il  était,  le  lèle  des  âmesembra 
?ait  déjà  son  cceur.  Souvent,  il  réunissait  autour 
de  lui  les  petits  enfants  de  son  âge,  et,  après  leur 
avoir  imposé  silence,  imitant  naïvement  le  ton 
et  les  gestes  des  prédicateurs  qu'il  avait  enten.lus 
à  Valence,  il  leur  parlait  du  bon  Dieu  et  de  la 


164 


Sainte  Vierse  avec  tant  d'onction  et  d'amour  que 
tous  s'en  retournaient  édifiés. 

C'est  ainsi  que  le  futur  ai'ûtre  se  préparait,  dès 
sa  plus  tendre  enfance,  aux  immenses  travaux 
qui  devaient  l'occuper  plus  tard. 

PABS.NT3  ADMIRIBLIS  —   VOCATION 

Lorsque  Vincent  eut  atteint  l'âge  de  dix-sept 
ans,  son  père  lui  demanda  s'il  se  sentait  attiré 
vers  l'état  religieux,  ou  bien  s'il  préférait  vivre 
dans  le  monde  ou  aller  à  Rome  pour  y  faire 
valoir  les  laleuts  extraordinaires  dont  son  esprit 
était  doué.  Le  saint  jeune  homme  ne  délibéra 
pas  un  seul  instant.  «  Depuis  longtemps,  répon- 
dit-il, j'ai  renoncé  aux  plaisirs,  aux  honneurs  et 
aux  biens  île  la  terre  pour  n'aimer  que  Jésus- 
Christ,  et  c'est  dans  la  vie  religieuse  que  je  veux 
le  servir,  u  A  ces  mots,  les  deux  époux  éclatè- 
rent en  transports  d'allégresse.  «  Je  vous  rends 
grâces,  Seigneur  mon  Dieu,  trésor  infini  de  bonté 
et  de  miséricorde  »,  disait  le  saint  vieillard, 
dans  l'excès  de  la  joie  qui  inondait  son  âme, 
tandis  que  Constance  pressait  tendrement  sur 
son  cœur  le  fruit  béni  ae  ses  entrailles.  Vincent 
s'inclina  sous  la  bénédiction  paternelle  et,  le  len- 
demain, les  Dominicains  de  Valence  comptaient 
un  saint  parmi  leurs  novices. 

Au  couvent,  comme  à  la  maison  de  son  péra, 
Vincent  excite  l'admiration  de  tous.  Fidèle  imita- 
teur de  saint  Dominique,  il  se  prépare  à  la  pro- 
fession avec  tant  de  ferveur  que  les  religieux  les 
plus  télés  trouvent  en  lui  un  modèle. 

Son  noviciat  terminé,  Vincent  s'appliqua 
férieusement  à  l'étude  de  l'Ecriture  Sainte  et  de 
la  théologie.  Après  avoir  enseigné  quelque  temps 
la  philosonliic  aux  religieux,  ses  frères,  il  fut 
envoyé  à  Barcelone  et  ensuite  à  l'Université  de 
Lérida,  où  on  l'honora  du  bonnet  de  docteur. 

Rappelé  à  Valence,  Vincent  fut  chargé  par 
l'archevf^que  d'annoncer  au  peuple  la  parole  de 
Dieu.  On  accourut  de  toutes  parts  pour  l'en- 
tendre. Les  multitudes  se  pressaient  autour  de 
lui ,  et  l'on  ne  sortait  jamais  de  ses  sermons 
«a.i-  l'irMiï.r  1>'  besoin  de  se  réconcilier  avec 
lii.ii  I.'.  -(  Mip  notre  Saint  savait  où  se  puise  la 
vériiaMe  r-l.i.iaonce.  U  n'ignorait  pas  que  c'est 
dans  les  plaies  sacrées  de  Notre->ei;;n'ur  qu'il 
faut  aller  chercher  le  secret  d'embraM.T  les 
cœurs,  et  c'est  aux  pieds  du  divin  Crucifié  qu'il 
se  pr.t  nr  lii  f\  la  prédication  par  l'oraisnn  et  la 
eon>  a.  Le  irait  suivant  nous  montrera 

que  lé  de   ses   paroles    procédait  bien 

plus  des  lumières  qu'il  recevait  d'en  haut  que 
de  son  élude  particulicre. 

Un  jour  qu'il  devait  prêcher  devant  un  grand 
seigneur,  il  se  pn'para,  contre  sa  coutume,  par 
le  travail  et  l'étude  plutdt  que  par  l'oraison  et 
U  contemplation.  Son  sermon  fut  très  éloquent. 
Mnin  le  lendemain,  prêchant  devant  le  même 
sei;menr,  suivaul  son  style  ordinaire  et  après 
t'étre  prépari<  aux  pieds  du  crucini,  il  p&rlâ 
avec  beaui-nup  plut  de  chaleur  et  d'onclion.  Lt 


y 


u  I  u  il  uâ .  » 


Vl^CBVr    ADZ    PaiSCS    AVIC    Ll   DIAILI 

FfTr-i  '.  ■  d'  la  sainteté  du  lerviteur  de  Dieu,  et 
furKUi  !  -c  »ii',r  en!'  r.  r  ih.i.iiio  |our  i!^»  inul- 
titii  !  „. 

neiji  ,it 

per.lre     l-    y  ■                      ..    voir 

ri^.inment  il  f  .  i  lopfM 

ûlem. 


Une  nuit  que  le  Saint  était  en  prières,  il  voit 
venir  à  lui  un  vieillard  i  l'aspect  vénérable,  son 
vêtement  est  celui  d'un  ermite.  Sur  ses  traits 
amaigris  sont  gravées  l'austérité  et  la  mortifi- 
cation. "Je  suis,  dit-il,  en  s'adressant  à  Vincent, 
uu  de  ces  anciens  Pères  qui  ont  vécu  avec  tant 
de  sainteté  dans  les  déserts  de  l'Egypte.  Pendant 
ma  jeunesse,  j'ai  voulu  jouir  des  plaisirs  du 
monde.  Comptant  sor  la  miséricorde  infinie  de 
Dieu,  je  me  réservais  de  faire  pénitence  plus 
tard.  Mes  péchés  m'ont  été  pardonnes  et  les 
désordres  de  ma  jeunesse  ne  m'ont  pas  empêché 
de  devenir  un  grand  saint.  Maintenant,  s'il  faut 
en  croire  un  vieillard  eipérimeut»',  je  vous 
conseille  de  vous  ménager  un  peu  plus;  car  les 
forces  vous  seront  nécessaires  pour  la  prédica- 
tion. Laissex  donc  là  les  jeûnes  et  les  veilles. 
Donnez  sans  crainte  quelques  satisfactions  à 
votre  corps  :  Dieu  est  toujours  prêt  à  recevoir  la 
pénitence  des  pécheurs.  » 

En  entendant  ces  paroles  empoisonnées,  Vin- 
cent reconnaît  bien  vite  que  ce  n'est  pas  li  le 
langage  d'un  saint. 

"  Va-t'en,  serpent  venimeux,  s'écrie-t-il  en 
armant  son  front  du  signe  de  la  croix,  tu  n'es 
pas  un  ermite,  mais  un  diable  de  l'enfer.  Tu  pen- 
sais preudre  dans  tes  filets  ce  mauvais  soldat; 
mais  il  est  armé  de  la  grâce  de  Jésus-Christ  son 
Maître,  et,  quoique  nouveau  dans  rctle  milice,  il 
ne  craindra  point  de  combattre  contre  toi.  » 
Aussitôt,  le  démon,  car  c'était  bien  lui,  disparut, 
comme  une  ombre  devant  le  soleil. 

Une  autre  nuit,  comme  le  saint  religieux  priait 
la  Vierge  immaculée  de  le  conserver  toujours 
chaste  et  pur,  il  entendit  une  voix  qui  disait: 
•<  Dieu  ne  donne  pas  i  tous  la  grâce  de  la  virgi- 
nité, et  quant  i  toi,  je  ne  permettrai  pas  que  tu 
te  glorifies  plus  lon:;tenips  d'une  faveur  qui  n'est 
accordée  qu'à  quelques  grands  saints,  s  On  con- 
çoit quelle  fut  la  douleur  de  Vincent,  en  enten- 
dant ces  paroles.  Mais  la  Mère  de  miséricorde 
vint  au  secours  de  son  fidèle  serviteur.  «  Tout 
ceci,  lui  dit-elle,  n'est  qu'une  ruse  de  l'ennemi 
pour  vous  perdre.  Ne  craignez  rien,  car  je  vous 
ai  pris  sous  ma  protection,  et  je  ne  vous  aban- 
donnerai pas.  n 

Le  démon  fut  couvert  d'une  telle  confusion 
qu'il  n'osa  plus  se  servir  des  mêmes  armes  pour 
attaquer  son  adversaire. 

Satan  eut  recours  à  d'autres  moyens;  mais  il 
ne  fut  pas  plu'<  heureux.  Vincent  visitait  les 
malades  tt  leur  prodiguait  ses  soins. 

Un  jour  donc,  il  fut  appelé  aupn's  d'une  noble 
dame,    atteinte    d'une    maladie    ini'onnne    aux 
médecins.  C'était  une  autre  femme  de  Puliphar, 
dont  le  d''raon  voulait  se  servir  pour  faire  tomber 
le  Saint  dans  quelque  crime.  Mai<  ce  fut  en  vain 
qu'elle  d<''ploya  tous  les  arliflc-e'  qti»  hii  «uBué- 
rait  sa  passion.  I.e  nouveau  J'  '•■^\^ 

son  effronterie  en  terme*  •*»•■  ni" 

Au'-sitôt,  la  malheureu.sr, 
cée.  se   met  à   crier  de   ■ 

!     serviteur  de  Ui' u.  l'ii    i. miri       unis 
ueur    prend    soin    de    ses    naints.    I.e 
ù-  ui'.ii    -.  »-tait  déjà  emparé   du   corps   de   cette 
m/'chante  feniiii'',  et  il  I  agitait  aver  fureur  lors- 
qu'on arriva  tiii'--"-    •'■II-    ""^  «,....1,.,  i«.,,  I,., 

exnrcismes,   n> 

pourra  me    '  >  ...... 

Drfilé  au  ti  feu  -,  r<  ; 

Le»  »s«:  •'.  .  \\rn{  ,'i 

de  c 

.  Ou.         '  '        ;  . 

eelle  femme,  il  »«ar«  c«  qu«  cela  si^i6a.  ■  On 


alla  chercher  le  Saint,  qui  vint  en  la  recomman- 
dant à  Noire-Seigneur. 

A  peine  a-l-il  'mis  le  pied  sur  le  seuil  de  la 
porte  que  le  diable  fait  entendre  un  effroyable 
rugissement.  «  Le  Toilà,  s"écrie-t-il,  cet  homme 
qui  n'a  point  brûlé  au  milieu  du  feu.  Je  ne  sau- 
rais rester  plus  longtemps  ici.  »  En  disant  ces 
mots,  il  s'enfuit,  laissant  cette  femme  à  demi 
morte. 

V1NC8NT  KT  L'ÉGLISB 

Un  grand  schisme  divisait  alors  l'Eglise.  La 
France  et  l'Espagne  venaient  de  se  soustraire  à 
l'autorité  légitime  du  pape  Urbain  VI,  pour  obéir 
à  l'antipape'  d'Avignon  Clément  VII,  et  à  son 
successeur,  Benoit  XIII. 

Ce  dernier,  aussitôt  après  son  élection,  appela 
Vincent  auprès  de  lui,  dans  l'espoir  de  l'attacher 
k  sa  cour  et  de  s'aider  de  ses  conseils.  Mais  ses 
prévisions  furent  trompées.  Arrivé  à  Avignon,  le 
saint  religieux  fut  saisi  d'une  immense  douleur 
à  la  vue  des  maux  qui  désolaient  la  Sainte  Eglise 
de  Jésus-Christ.  Tout  enflammé  de  zèle  pour  la 
maison  de  Dieu,  il  fit  des  efforts  inouïs  pour  y 
rétablir  l'unité  et  la  paix.  Il  ne  craignit  pas  de 
représenter  à  Benoit  qu'il  était  dans  l'obligation 
de  mettre  Cn  au  schisme  en  abdiquant  une 
autorité  qui  paraissait  illégitime.  «  Vous  devriez 
préférer,  lui  dit-il,  de  vivre  le  reste  de  vos  jours 
dans  l'indigence,  plutôt  que  de  voir  régner  la 
division  et  la  discorde  parmi  les  brebis  du  Sei- 
gneur. »  Cette  proposition  sembla  trop  dure  au 
pape  d'Avignon.  11  aima  mieux  conserver  sa 
dignité  usurpée  et  laisser  l'Eglise  gémir  sur  sa 
déplorable  situation. 

La  douleur  de  l'homme  de  Dieu  s'accrut  telle- 
ment, qu'il  fut  saisi  d'une  violente  fièvre,  qui 
le  conduisit  en  quelques  jours  aux  portes  du 
tombeau. 

▼INCBNT  rr  NOTRE-SEIGNEUR 

Déjà,  on  avait  perdu  tout  espoir  de  sauver  le 
Saint,  lorsqueNotre-Seigiieur  lui  apparut,  entouré 
d'une  multitude  d'anges,  et  ayant  à  ses  côtés 
saint  Dominique  et  saint  François. 

"  Console-toi,  lui  dit-il,  la  paix  va  être  rendue 
&  rE;;lise.  Lève-toi  promptement;  quille  la  cour 
de  Benoit,  et  va  travailler  à  ma  vigne;  car 
je  t'ai  choisi  pour  annoncer  ma  parole  à  tous 
les  peuples  de  France  et  d'Espagne.  l'arcours 
ces  contrées  dans  l'humilité  et  la  pauvreté,  en 
disant  :  le  jour  de  la  justice  et  de  la  vengeance 
est  proche;  pécheur»,  faites  pénitence  de  vos 
crimes.  Tu  auras  beaucoup  à  souffrir;  mais  sois 
fort  et  courageux,  car  je  serai  toujours  avec 
toi,  et  je  le  délivrerai  de  tes  ennemis,  comme  je 
t'ai  délivré  des  embûches  du  démon.  » 

En  disant  ces  mots,  Noire-Seigneur  toucha 
particulièrement  de  sa  main  divine  la  ioue  de 
son  serviteur,  et  disparut.  Au  même  instant, 
Vincent  se  leva  guéu.  Il  alla  aussitôt  trouver 
Benoit  pour  lui  rendre  compte  de  cette  vision 
et  prendre  congé  de  lui.  Celui-ci  employa  toutes 
les  caresses  imaginables  pour  le  retenir  à  sa 
cour.  H  lui  proposa  l'évéché  de  Lérida,  l'arche- 
vêché de  Valence,  lui  offrit  |f  chapeau  de  car- 
dinal. Mais  Dieu  avait  parlé;  Vinrent  refusa  et 
se  disposa  à  suivre  sa  vocation. 

TinCRNT  IT    LES    PiCBIURS 

Vinc«nl  avait  quarante  ans,  lorsqu'il  com- 
mença les  pénibles  travaux  qui  devaient  l'occaper 
jniqu'à  fa  mort.  Un  bâlon  A  la  main,  un  crucifix 
dsn*  raiitri,  il  parcourut  h  piod  presque  toutes 


les  provinces  de  l'Espagne,  de  la  France  et  de 
l'Italie,  instruisant,  édifiant,  convertissant  les 
peuples.  Il  passa  en  Angleterre,  traversa  l'Ecosse 
et  l'Irlande, répandant  partout  la  semence  divine. 

Sa  parole  eut  un  immense  retentissement.  Les 
églises  ne  suffirent  bientôt  plus  à  contenir  les 
foules  qui  se  pressaient  autour  de  l'envoyé  de 
Dieu  :  il  prêcha  alors  dans  les  places  publiques 
et  en  pleine  campagne. 

Ce  divin  prédicateur  convertit  plus  de  vingt- 
cinq  mille  juifs  et  autant  de  Maures.  11  retira 
du  vice  jusqu'à  cent  mille  pécheurs.  Le  démon 
essaya  plusieurs  fois  de  troubler  sa  prédication; 
mais  il  ne  réussit  jamais  qu'à  se  faire  chasser 
honteusement. 

Noire-Seigneur  renouvela  en  faveur  de  son 
serviteur  le  miracle  de  la  Pentecôte.  Vincent  ne 
parlait  qu'en  latin  ou  en  espagnol,  et  cependant 
il  était  compris  de  tout  le  monde.  Français, 
Italiens,  Allemands,  Grecs  ou  Barbares.  Sa  voix 
prenait  un  tel  essor  que,  malgré  la  multitude 
innombrable  de  ses  auditeurs,  qui  s'élevait  quel- 
quefois jusqu'à  cent  mille  personnes,  les  plus 
éloignés  l'entendaient  très  distinctement.  Par  un 
prodige  merveilleux,  des  personnes  l'ont  même 
entendu  à  plusieurs  lieues  de  dislance. 

La  parole  de  l'homme  de  Dieu,  comme  unirait 
enflammé,  pénétrait  les  plus  endurcis,  et  les 
excitait  tellement  à  la  contrition,  qu'on  vil  des 
pénitents  mourir  de  douleur  à  ses  pieds. 

Un  jour,  un  grand  pécheur  vint  lui  faire  l'aveu 
de  ses  fautes.  Le  Saint  lui  ordonna  de  faire  sept 
ans  de  pénitence.  «  0  mon  Père,  s'écria-t-il  en 
fondant  en  larmes,  pensez-vous  qu'une  si  légère 
satisfaction  puisse  m'obtenir  le  pardon  de  mes 
crimes? 

—  Oui,  mon  fils;  jeûnez  seulement  trois  jours 
au  pain 'et  à  l'eau,  répondit  Vincent.  » 

Le  pécheurpleurait  amèrement;  le  Saint, voyant 
sa  contrition,  lui  ordonna  de  dire  seulement 
trois  fois  le  Pater  et  l'Ave.  A  peine  eut-il  achevé 
le  premier  Paler  qu'il  mourait  de  douleur.  Au 
même  instant,  il  apparut  au  Bienheureux,  tout 
rayonnant  de  gloire  et  de  beauté.  «  Notre  Sau- 
veur Jésus,  lui  dit-il,  est  si  bon,  qu'il  s'est  con- 
tenté de  ma  contrition  pour  l'expiation  de  mes 
fautes  et  m'a  ouvert  les  portes  de  son  saint 
paradis.  » 

Les  fatigues  et  let  travaux  de  l'apostolat  né 
suffisaient  pas  au  léle  du  saint  religieux.  11  lui 
fallait  de  plus  rudes  austérités.  Duranl  l'espace 
de  quarante  ans,  sa  nourriture  ne  fut  qu'un 
jeûne  presque  continuel;  son  lit,  la  terre  nue  ou 
quelque  fagot  de  sarments.  Dès  sa  jeunesse,  il 
prenait  toutes  les  nuits  la  discipline.  S'il  était 
malade  et  n'avait  pas  la  force  de  se  frapper,  il 
priait  un  de  ses  compagnons  de  lui  rendre  ce 
service. 

Noire-Seigneur  avait  ordonné  à  son  envoyé 
fidèle  d'annoncer  aux  peuples  que  le  jugement 
dernier  était  proche.  C'est  avec  un  grand  cou- 
ra(je  et  un  zèle  infatigable  que  le  saint  mission- 
naire s'acquitta  de  ce  divin  ministère.  Comme  il 
lisait  dans  le  fond  des  cœurs,  il  reprenait  publi- 
quement les  péchés  delà  niullitude,  lui  en  mon- 
trant toute  la  laideur,  et  lui  faisant  craindre  les 
jugements  et  les  peines  éternelles. 

Un  jour  qu'il  répétait  le»  paroles  de  saint 
Jérôme  :  «  Levez-vous,  morts,  et  venez  au  juge- 
ment, »  un  frémissement  de  terreur  parcourut 
s')ii  auditoire.  Les  cris  et  les  cémisseraeuts  écla- 
tèrent de  toutes  parts.  Des  pécheurs  se  proster- 
nèrent la  face  contre  terre,  avouant  haulciaent 
leurs  crimes,  et  en  demandant  pardon. 


Lorsqu'il  prêchait  en  quelque  >  iiJroit,  des 
marchands  venaient  s'installer  près  Je  lui,  qui 
ne  vendaient  que  des  disciplines,  des  liaires,des 
cilices,  des  ceintures  de  fer,  et  d'autres  instru- 
ments de  mortiflcation. 

Ce  divin  prédicateur  voulait  que  ceux  qui  le 
suivaient  fissent  des  processions  publiques,  aorès 
le  coucher  du  soleil,  en  se  donnant  la  discipline 
sur  les  épaules  nues.  On  vit  jusqu'à  dix  mille 
personnes  dans  cette  société  de  pénitents. 

Le  Dieu  de  miséricorde  eut  alors  pitié  de  son 
peuple.  Il  se  laissa  toucher  par  les  larmes  de 
ses  enfants,  comme  il  l'avait  fait  pour  les  Nini- 
vitesàla  prc'dication  de  Jonas.  La  paix  fut  rendue 
à  l'Eglise,  et  la  vengeance  suspendue. 

DO.N  Dl  FROPH^TII —  MIBACLS   SANS  PAREIL 

Le  saint  apôtre  possédait  à  un  très  haut  degré 
le  don  de  prophétie.  Partout  on  le  regardait 
comme  un  homme  ins- 
piré de  Dieu.  Il  prédit 
a  Alphonse  Borgia,  en- 
core enfant,  qu'il  serait 
pape  et  lui  ferait  un 
srand  honneur.  Al- 
phonse monta,  en 
effet,  sur  le  siège  de 
saint  Pierre,  et  ce  fut 
lui  qui  canonisa  notre 
bienheureux. 

Il  avertit  deux  reli- 
gieux qui  l'accompa- 
gnaient de  se  préparer 
i  la  mort.  Ils  le  firent, 
et  quelques  heure> 
après,  ils  paraissaient 
devant  Dieu. 

Préchant  un  jour  dans 
la  province  de  Lotnbar- 
die,  il  s'interrompit  tout 
à  coup  et  s'écria  :  "  Mes 
frères,  j'ai  une  bonne 
nouvelle  à  vous  annon- 
cer. Sachez  que,  parmi 
vous,  il  y  a  un  jeune  re- 
lif;ieux  de  l'Ordre  de 
.Saint-François  qui,  par 
sa  doctrine  et  sa  sain- 
teté, sera  la  gloire  de 
toute  l'Italie.  Quoique 
je  sois  plus  Acé  que  lui, 
l'E^'lise  l'honorera  ce- 
pendant avant  moi.    m 

C'était  Rernardin  de 
Sienne.  Il  fut  canonisé 
six  ans  avant  notre 
Saint. 

Iji  vie  du  bienheureux  apôtre  ne  fut  qu'une 
<uile  de  prodiges.  Il  nourrit  plusieurs  milliers 
de  personnes  avec  quelques  petits  pains  seu- 
!' ment,  déinra  une  quantité  de  démoniaques, 
lit  un  nombre  incalculable  de  malades, 
I        iscita  plusieurs  morts. 

Le  miracle  suivant  mérite  surtout  d'être 
rapjH.it.'. 

Ln  jciir,  une  femme  entra  dans  un  tel  accès 


de  fr/T^ 


1  iniiLaliou.  V 
cet  homme,  1>  : 

[•■ndant  »nn  al 


pi-n  hnt  que  snn  mari  assistait  &  la 

.    !le    tua    son    propre 

.    t  en  mit  cuire  une 

..'.  iiu  k«riuon,  le  mari  pria  Vincent 

n   >•■(    maison.  1-e   .^«iint   ncr^pi» 

ne  fut  pi 

i  lit  ce   IJ  , 

•  !i    ■      '    ■     W  lut  qw    i   ,1   l'i  ;  J      .  :.'- 


que  le  Bienheureux  parvint  à  le  rassurer.  «  Ne 
vous  troublez  pas,  lui  dit-il  ;  car  Notre-Seigueur  a 
permis  cela,pour  montrer  ses  grandes  merveilles 
a  ceux  qui  le  servent  fidèlement.  «  Il  se  fil 
apporter  tous  lesmembresde  l'enfant,  les  remit 
à  leur  place,  et  tombant  à  genoux,  il  fit  cette 
prière:  >■  Jésus,  Fils  de  Marie,  Maître  et  Sauveur 
du  monde,  qui\avei  créé  de  rien  l'âme  de  cet 
enfant,  renvoyer-la  dans  ce  corps,  à  la  louange 
et  à  la  gloire  de  votre  saint  nom.  »  Il  fit  ensuite 
le  si;;ne  de  la  croix  sur  le  petit  corps,  qui  fut 
aussitôt  rendu  à  la  vie. 

Ce  don  des  miracles  fut  si  grand,  qu'il  ressus- 
cita plusieurs  fois  des  morts,  et  guérit  un  nombre 
incalculable  de  malades.  Tous  les  jours  après  le 
sermon,  il  disait  i  son  compagnon  de  "  sonner 
les  miracles»:  c'était  le  signal  pour  qu'on  amen&t 
les  malades. 
On  recourait  à  Vincentcomme  à  un  oracle  divin. 
Les  rois,  les  princes, 
les  souverains  pontifes 
le  finirent  pour  arbitre. 
Une  nuit,  que  le  Bien- 
heureux se  reposait  un 
instant  des  fatigues  de 
la  journée,  sa  petite 
cellule  fut  tout  &  coup 
remplie  d'une  lumière 
éblouissante;  saint 
Dominique  lui  apparut 
pour  l'encourager  dans 
son  zèle  et  lui  pro- 
mettre le  ciel. 

SAINT    VINOLIT   MKL'RT 
KN    RRKTAGNI 

Après  avoirparcouru 
pour  la  seconde  fois  les 
diverses  provinces  de 
la  France,  le  saint 
apôtre  s'en  alla  i  Van- 
nes, en  Bretagne,  pour 
y  continuer  les  travaux 
qu'il  y  avait  commen- 
cés. Mais,  sentant  venir 
sa  fin,  il  quitta  la  ville 
pendant  la  nuit,  à  la 
prière  de  ses  compa- 
gnons, et  se  mit  en 
route  avec  eux  pour 
l'INpagne. 

Ils  marchèrent  jus- 

|u'au    lendemain  ,    et 

croyaient  ^Ire  déjà  i 

quelques  lieues  de   la 

ville.  Mais,  lorsiiue  le 

jour  parut,   ils  lurent 

bien  étonnés  de  ne  se  trou  ver  encore  qu'aux  portes. 

A  la  vue  de  ce  prodige,  Vincent  se  tourna  vers 

ses  compagnons: 

"  Bénirons,  mes  frères,  leur  dit-il.  Dieu  veut 
que  je  meure  ici,  et  jamais  Valence  n'aura  mes 
os,  parce  qu'elle  n'a  pas  voulu  suivre  les  avis  que 
je  lui  ai  donnés.  » 

Ils  rentrèrent  donc  dons  la  ville.  Aussitôt,  l'on 
courut  aux  églises  pour  y  sonner  les  cloches,  et 
le  peuple  se  précipita  au-devant  du  Saint  pour 
lui  baiser  les  mains. 

«  Déni  soit  celui  qui  vient  au  nom  du  Sei- 
«neurl  M  rriait-on  de  toutes  parts. 

Mai*   U    joie    fui  de   courte    durée.    VJDCCDt 

iir»  aprAi  (S  avril 
de  ce  monde  et 


E.  PtnTMtMav,  Imp. -gérant,  H,  me  François  I",  Paris. 


SAL\T    GUILLAUME   DE    PARIS 

CHANOINE  RÉGULIER   DE    SAINT-AUGUSTIN 


féie  le  6  avril. 


Saint  Guillaume, gravement  malade,  est  guéri  par  sainte  Geneviève  qui  lui  dit:  h  Ne  crains 

rien,  nous   avons  un   bon   Maître.  » 


NAISSANCE    ET    if.OCCATIO.N    Di;    SAINT 

Tiuillaume,  ou  Willaume,  naquit  à  Paris,  au 
commencement  du  xii'  siècle,  de  parents  nobles 
et  pieux.  Il  fut  mis  dès  son  enfance  sous  la  con- 
duite d'un  de  ses  oncles,  appelé  Hucues  et  ablié 
de  Saint-liermain  des  Prés.  Il  profila  si  bien  de 
se»  leçons,  et  de  la  compagnie  des  saints  religieux 
de  cette  maison,  qu'en  très  peu  de  temps,  il 
amassa  un  grand  trésor  de  science  et  de  vertu. 
Il  acquit  \p  grade  de  maître  es  arts  et  devint 
liientrtt  tri-«  célèbre.  En  m>'me  temps,  il  se  faisait 
remarquer  par  les  meilleures  qualités  de  l'esprit 
et  (lu  cii'iir,  ce  que  voyant,  son  oncle  persuada  à 
•  .uillaume d'embrasser  rétatecclési.istique.  Notre 
Saint  fut  bientôt  ordonné  sous-diacre  et  reçut 
une  prébende  en  l'église  canoniale  de  Sainle- 
iteneviève. 

COK^K.XT   «AIMT    Gl'ILLAUME    SE    COMPORTA 
PARMI    ht'    ClUriOlNKS    DB    SAlNTE-i.ENEVlrvB 

Les  chanoines  de  Sainle-<;eneviève  n'étaient 
pas   encore   constitués   sous   la  règle  de  saint 


Augustin,  (iuillaume  se  distingua  parmi  eux  par 
sa  pureté  de  mœurs,  sa  modestie,  sa  doucpur. 
son  assiduité  au  chœur  et  son  amour  de  la 
retraite.  Mais  ces  vertus  furent  loin  de  lui  con- 
cilier  le  respect  et  l'affection  de  la  plupart  de 
ses  confrères.  Croyant  que  la  vie  de  (Iuillaume 
était  une  secrète  condamnation  de  la  leur,  ils 
conçurent  contre  lui  une  si  grande  Jalousie,  qu'ils 
résolurent  de  le  perdre. 

L'un  d'eux,  moins  violent  que  les  autres,  se 
servit  d'un  stratagème  pour  lui  faire  quitter  sa 
prébende.  Feignant  de  vouloir  se  faire  reli-ieux, 
il  pria  le  Saint  dp  lui  tenir  compagnie  dans  une 
si  sainte  résolution,  se  promcttantqu'aprés  l'avoir 
en;.'at'é,  il  sortirait  du  monastère  et  reviendrait 
à  son  église,  laissant  (iuillaume  seul  dans  son 
couvent. 

Notre  Bienheureux,  qui  aspirait  ardemment 
à  une  vie  plus  parfaite,  condescendit  aussitôt 
à  cette  proposition.  Ils  s'en  allèrent  donc  tous 
deux  frapper  à  la  porle  de  l'abbaye  de  la  Charité 
en  Hour:.'ogne.  Mais  là,  le  compagnon  de  Cuil- 
laume  refusa  d'entrer,  prétextant  qu'il  avnit    . 


270 


réfiliT   auparavant   quelques   affaires.   Le   Saint 
entrevit  la  fourberie  ;  ,•  . 

«  Il  ne  ine  conYie.nl  pAs,  dil-H.  «l'entrer  seol 
en  reli:;ion  :  vous  ^tes  plus  liaè  que  moi,  je  dois 
donc  vous  attenilre.  »  Et  il  ajouta,  en  poussant 
un  profond  soupir  :  "  Puisque  \ous  ne  pouvez 
venir  maintenant,  retournons  ensemble  et  atten- 
dons un  peu  de  temps  encore.  ■> 

CUILLAIXE.    r.H.VNOINF     BKr.lLlF.B     DE    S  MNT-AlT.rsTTO 

l.'ablté  de  Stiut-Oermaiu  voulut  lui  faire  con- 
férer le  diaconat:  mii<  ses  ronfrères  s'y  oppo- 
sèrent. Il*  allèrent  trouver  l'évoque  de  Paris  et 
le  supplièrent  de  ne  [las  élever  le  jeune  liorame 
à  cet  Ordre,  «ous  l'odieux  prétexte  qu'il  s'en 
était  rendu  indii^ne. 

Iluifues  déjoua  le»  manœuvres  criminelles  des 
chanoines;  il  envoya  son  neveu  à  l'évAque  de 
Senlis,  qui  s'empressa  de  l'ordonner  diacre.  La 
cérémonie  s'accomplit  à  l'insu  des  ennemis  du 
Saint,  qui  se  ;;arda  nien  de  la  divuLnier. 

(ir,  ces  hommes  reblchés  cherchaient  une  occa- 
sion de  se  débarrasser  de  leur  censeur;  ils  crurent 
l'avoir  enfin  trouvée.  LtapK-s  les  statuts  qui  les 
ré:.'issaient,  nul  ne  pouvait  rester  parmi  eux.  s'il 
ne  recevait  pas  les  ordres  au  bout  d'un  certain 
temps.  Ce  temps  ''tait  arrivé  pour  lluillnume.  et 
il  devait,  selon  la  ré:jle,  lire  l'évani-'ile  ;ï  Matines, 
lors'iue  son  tour  se  présenterait.  Comme  on  le 
sait,  il  n'y  a  que  li>  diacres  et  les  prêtre»  qui 
ont  la  faculté  de  réciter  l'Evanpile  pendant 
l'olfice.  Le  Saint  fut  donc  cliaraé  de  remplir  ce 
devoir.  Il  pria  qu'on  l'-n  dispensât:  mais  on  lui 
fil  l'iitendre  'lu'il  lallait  s'y  soumettre  ou  bien 
se  retirer,  liuitlaume  ne  repondit  pas.  Le  moment 
venu  de  lire  l'Lvaujile,  qui  était  celui  qui  con- 
tient la  narration  du  miracle  de  Jésus  chassant 
le  démon  muet,  U'Ure  jeune  diacre  approche  du 
pupitre  et  ainsi  qu'on  a  coutume  de  faire  avant 
lai'-'  lureitu  texte  sacré, demande  la  bénédiction, 
par  'es  ni' ils  :  Jult.  fktmne.  t'ene-lvere 

(.itielle  surprise  pour  ces  pauvres  «ens!  .\ucun 
ne  soniie  à  prononcer  la  formule  de  la  bénédic- 
tion, et  tous  »'eiifui>*nt  hors  de  l'église,  ('•uillaume 
rc-te  maître  du  terrain,  seul  avec  un  vénérable 
chanoine,  du  nom  d'Alhéric,  qui  n'avait  t- 
con-enti  au\  perfides  menées  de  ses  coll- 

Le  Imdeniain,  le-  fuyard-  de  l.i  vcill.'  t.  i,  ,,.  ,,. 
con«<"il  sur  ce  qu'ils  avaient  h  faire.  Alb^nc  sur- 
vint pendant  la  d'-libér.ition.  et  i-rommenra  sou 
discours  à  peu  près  en  ces  termes  :  •■  Non-  avons 
vu  lies  merwilles  celte  nuit.  Cert<!».  le  prodi;M 
que  J>'sus  opéra,  chassaut  un  démon  muet,  ren- 
dant à  un  humine  riKiai:e  de  la  parole,  a  de  quoi 
nous  surprendre;  moU  je  trouve  plus  étonnant 
que  liUilliume.  p,ir  le  -impie  r-cit  de  l'Kvansiilp, 


ait  cUa~ 
et  leur  .. 
D«s  lut  .s,  '. 

put  même. 

Sj 

n' 
d 
d< 

Sa. 
de 

t. 

«tu 

son- 


de Sainte-Geneviève  :  il  s'aperçut  que  la  vie  des 
chanuine-  n'i^tait  pas  ce  qu'elle  aurait  dn  être, 
et  il  conféra  avec  le  roi  sur  les  moyens  à  prendre 
pour  remédier  aux  désordres  qu'il  avait  décou- 
verts. Le  résultat  fut  que  le  Pape,  de  concert  avec 
le  roi,  décréta  l'abolition  du  Chapitre  séculier. 
et  son  remplareinenl  par  une  communauté  de 
chanoines  ré^'uliers  de  Saint-.\u:;ustin.  Comme 
le  décret  ordonnait  aux  relifiieux  de  donner  aux 
anciens  chanoines  le  revenu  de  leurs  prébendes 
pendant  leur  vie,  le  nouvel  abbé,  nommé  tudes. 
manda  i  saint  (lUillaume  ce  qui  se  passait,  le 
priant  de  venir  régler  avec  lui  le  payement  de 
son  béiiéllce. 

Le  Saint  vint  i  Paris,  et,  profondément  édifié 
de  la  vie  des  relisieux,  il  se  démit  de  toutes  ses 
di-'nilés.  et  embrassa  le  nouvel  Institut. 

On  reconnut  bientiM  les  trésors  de  arftces  qu'il 
renfermait  dans  son  Ame;  et,  comme  il  joignait 
à  une  éminente  piété,  une  pnideiice  et  une  dis- 
crétion admirable,  on  ne  tarda  pas  à  le  nommer 
sous-prieur. 

zr.LE   DE  S»ivr  GUILLACWIt 
rOt'R    LA    i-RATlOl'K   DE    LA    RE<;LR 

Saint  Cuillaume  était  le  premier  et  le  pins  fer- 
vent de  tous  dans  l'observation  de  la  réftie.  Lu 
sa  (|ualilé  de  sous-prieur,  if  ne  soutTrail  point 
que  les  autres  se  comportassent  iiégliuemment, 
et  que  la  beauté  de  la  maison  de  Dieu  perdit  de 
son  éclat  par  la  lAchelé  de  ceux  qui  éUtient  sous 
sa  direction. 

Il  arriva  qu'un  relis.'ieux  s'était  fait  pourvoir 
de  la  diL'nité  de  prieur  par  l'autorité  immédiate 
du  roi,  contre  la  pratique  régulière  qui  défenilait 
d'avoir  recours  aux  puissances  séculières  pour 
la  collation  des  oflices  conventuels.  Le  courageux 
serviteur  de  Itieu  s'opposa  &  l'intrus  et  lui  ■•la  la 
corde  de  la  main  lorsqu'il  vint  pour  sonner  la 
cloche  de  la  convnunaulé.  Le  pape  .Alexandre  III, 
ajrant  été  informé  de  cette  conduite,  approuva 
le  zèle  de  liuillaume,  et  commanda  de  prorédiT 
à  l'élection  d'un  autre  prieur  selon  les  re.le- 
canoniques. 

Tel    éi.iit  notre  Saint.  Non  seulement  il  et  i,l 

'■  ■■«odèle  de  If-:-   ■—    -  ..  i-.i.. —  •...,,..   |. 

.   mais  en  < 

...iiiune-  de-   .    ,       ,   .. 
de  piélé:  c>n  le  »«Tail  ton 
00  a  la  prière:  la  loni.  i   _ 
ses  plus  chères  délices:  il  <>'a|ipliquait  aux  veilles 
et  aux  jeûnes,  alin  de  réduire  son  corps  en  ser- 
vitude, et  se  plaisait  fort,  dit  Surins,  à  inan;:er 
le  pain  de  s>'B  et  d'orge  de  la  rommunauté  avec 
des   herbes  amtires   pour  tout  assaikunncii 


Kl 


iioinea  ses  confrères,   i 

Muèrcnt;  le  Saiut 
.  r'cevoir  l'onc- 

1I4S.  la  prèviM^  et  cure  d'Epina 


,  nvniirt    t.o    »«isr   A    l-aOTfH   »r«    »*'!• 

•K  «««frit  r.rwvTKVr 


l.e  liruj' 
Milite  «••' 


■MUrr  <lll 

i<  \r  i«uo> 


pettrciilion»  <krn  M u*liii-t«>,  se  rrniUl  4  1  «ifl 


.  **l  le  rorp*   d»'   -mit*'    ' 
r    <  Il  m»  -In  '■»i"'  t-  ' 


.1   l'IeiiU    '<      Uuiiiut    il    -"U   ■iniliuii.   Il 


entonn.1  avec  une  feryeur  incroyable  le  Te  Deum 
taudamus,  qui  fut  continué  par  la  foule. 

Cnniine  l'éTèque  d'Orléans  objectait  que  ce 
pouvait  être  un  autre  crâne  que  celui  de  sainte 
lieneviève,  Cuillaume  ne  consultant  que  sa  piété, 
offrit  d'entrer  avec  la  relique  sacrée  dans  un  four 
emlirasé,  si  les  prélats  le  lui  voulaient  permettre. 

COMMENT  NOTBE-SEIGXEUR  APPARUT  A  SAINT  r.riLLACXE 
POUR   LUI    OROO.NNER    d'aLLER    EN    DA.NEMARS 

Quelque  temps  après,  Notre-Seisneur  apparut 
à  fîiiillaurae  au  milieu  de  la  nuit,  sous  la  forme 
d'un  Wtm  jeune  linmme,  et,  l'appelant  par  son 
n->m  :  "  (iUillaume,  lui  dit-il,  sache  que  tu  dois 
aller  pour  mon  service  dans  une  ile  éloignée;  tu 
auras  à  y  endurer  de  crandes  peines,  mais,  après 
les  avoir  vaincues  par  ma  faâce,  tu  viendras 
ré:.'ner  avec  moi  dans  le  ciel.  » 

Kn  effet,  Waldemar,  roi  de  Danemark,  fils  de 
saint  Canut,  roi  et  martyr,  ayant  délivré  son 
royaume  des  incursions  des  Vandales,  voulut 
rétablir  la  religion  dans  sa  splendeur  première. 
n  était  secondé  par  .\bsalon,  évéqui'  de  Roschild. 
prélat  d'une  vertu  éminente,  et  qui  remplissait 
admirablement  bien  tous  les  devoirs  de  sa  cbarije. 
Celui-ii  souhaita  de  remettre  en  son  premier 
lustre  un  monastère  de  chanoines  réguliers  de 
son  diocèse,  en  l'ile  d'Kschil. 

l'nur  obtenir  c^  résultat,  il  envoya  à  Paris  le 
prévôt  de  son  éplise.  Saxon  le  Grammairien,  pour 
demander  à  l'abbé  de  Sainte-fieneviève  de  lui 
envoyer  le  chanoine  ituillaume,  dont  il  connais- 
sait le  talent  et  les  mérites  ;  car  ils  avaient  étudié 
ensemble  dans  l'Université  de  Paris. 

L'abbé  accéda  à  la  demande  qui  lui  était 
adressée,  et  ayant  décidé  tiuillaume  à  entre- 
prendre le  voyage,  il  lui  adjoignit  trois  compa- 
gnons. 

Il  fut  reçn  en  Danemark  avec  beaucoup  de 
joie  et  de  vénération,  tant  par  le  r.pi  que  par 
i'évéque.  Il  fut  aussitiit  fait  abbé  d'tschil,  et 
comniiuça  a  y  rétablir  l'observance  régulière, 
avec  les  trois  reli::ieux  qu'il  avait  amenés. 

PEINES    ET    tentations    DE    GtJILLAUME 

On  ne  saurait  imaciner,  dit  le  biographe  con- 
temporain de  Guillaume,  tout  ce  que  le  Saint  eut 
,i  S'iilfrir  à  Kscliil,  ni  les  combats  que  le  démon 
lui  livra  dans  l'oeuvre  de  la  réforme  qu'il  voulut 
établir. 

I.a  violence  du  froid  qui  rèene  en  Danemark, 
la  pauvreté  du  monastère,  l'i;;noraiico  de  la  lam:ue 
du  [lays  et  d'autres  diflicultés,  effrayèrent  telle- 
ment les  troi<  chanoines  qui  étaient  venus  avec 
lui  qu'il»  voulurent  absolument  s'en  retourner. 

D'un  autre  crtté,  les  religieux  du  couvent,  accou- 
tumés de|>uis  lon{;temp3  à  la  licence  et  au  liber- 
tinaue,  s'ameutèrent  contre  lui,  et  employèrent 
toutes  sortes  d'artilice'»  et  de  méchancetés  pour 
lui  faire  quitter  la  [)lace. 

Le  démon,  à  son  tour,  n'épar^-na  rien  pour  le 
décourai'er.  In  jour,  ayant  éteint  la  lampe  du 
doitoir.  il  mit  le  feu  à  de  la  paille  qui  (^tait  dlam 
sa  chambre,  alin  de  le  consumer  dans  l'incendie; 
mai*  (•uillaumc  fut  miraculeusement  proléyé, 
eléclnppaàla  mort,  dont  Salaii  voulait  le  frapper. 

Vaiii'Mi  de  cp  ci'ilé.  le  diable  tcnla  notre  Saint 
par  des  pensées  d'impureté;  il  suscil.-i  ensuite  des 
ccni(i|ots  et  de"i  conjiiratioiiH  contre  sa  vie. La 
i  ■  '  sèculion  en  vint  à  ce  point  que  les  misér.ibles 
iiluieux  médit.iient  de  se  défaire  de  lui.  par 
qiiebuje  moyen  <|ue  ce  fût,  soit  en  le  livrant  aux 
V.indales,  soit  en  l'a'sassinanl.  .Mais  son  humi- 
lité, <a  patience,  sa  douceur,  sa  soumission  à 


Dieu,  sa  dévotion,  ses  prières  continuelles  et  les 
austérités  incroyables  qu'il  exerçait  sur  son  corps 
le  rendirent  victorieux  de  tous  ses  ennemis,  et 
réduisirent  ses  reliaieus  à  vivre  selon  l'esprit 
de  leur  Ordre,  et  à  «arder  fidèlement  les  règles 
de  leur  premier  Institut. 

MIRACLES    DE    SAINT    GUILLAUME 

Dieu  honora  son  serviteur,  en  lui  donnant  1- 
don  des  miracles.  L'n  homme  afilipé  de  dysen- 
terie eut  une  vision  qui  lui  dit  :  «  Si  tu  veu.v 
être  délivré  de  ton  mal,  maupe  les  restes  de  la 
taille  de  l'abbé  (iuillaume.  ><  Cet  homme  envoya 
aussitôt  un  messager  au  Saint,  mangea  les 
miettes  qu'on  avait  recueillies  après  son  repas, 
et  fut  guéri  subitement. 

Une  jeune  tille  qui  avait  été  tenue  pour  morte, 
l'espace  de  trois  jours,  après  de  longues  souf- 
frances, fut  également  rappelée  à  la  vie  et  par- 
faitement guérie,  grâce  au  même  remède;  une 
vierge  vénérable,  vêtue  de  blanc,  était  apparue 
à  sa  mère  et  lui  avait  dit  :  «  L'état  de  votre  fille 
vous  afllise,  mais  envoyez  chercher  les  reste> 
de  la  table  de  l'abbé  (iuillaume,  et  vous  la  verrez 
guérie.  » 

La  mère,  pleine  de  confiance,  obéit  sans  délai 
à  la  vision;  elle  va  elle-même  au  monastère,  en 
rapporte  quelques  poissons  et  un  breuvage  qui 
avait  été  préparé  par  le  Saint.  A  peine  les  ali- 
ments et  la  boisson  ont-ils  été  introduits  dans 
la  bouche  de  la  malade,  qu'elle  ouvre  les  yeux, 
et.  se  sentant  guérie,  elle  proclame  la  puissance 
et  la  sainteté  de  celui  à  qui  elle  doii  la  vie. 

Dans  un  couvent  de  Cisterciens,  un  moine  souf- 
frait depuis  plusieurs  années  de  la  poitrine,  et 

;  ne  pouvait  même  plus  faire  entendre  sa  voix.  La 
renommée  de  Guillaume  parvint  jusqu'à  lui;  il 

\  alla  trouver  le  serviteur  de  Dieu  et  lui  expliqua, 
comme  il  put.  qu'il  était  venu  pour  obtenir  sa 
guérison.  (iuillaume  traça  le  signe  de  la  Croix 
sur  le  moine,  en  disant  :  v  Que  le  Fils  de  Dieu 

;  vous  guérisse  »,  et,  à  l'instant,  le  moine  recouvra 
sa  voix. 

I  II  arriva  que  (iuillaume  fut  lui-même  le  sujet 
d'un  miracle.  Etant  tombé  si  gravement  malade, 
que  l'on  désespérait  de  sa  vie,  il  pria  sainte 
(ieneviève  de  lui  rendre  la  santé,  si  telle  était  la 
volonté  de  Dieu.  La  Sainte,  à  laquelle  (iuillaume 
avait  une  dévHlion  toute  iiarticulière,  lui  apparut 

1   une  nuit,  et  lui  dit  :  «  Ne  crains  rien,  nous  avons 
un  bon  Maître.  —  Quel  est  ce  Maître,  demanila 
le  malade'.'  —  C'est  Jésus,  Fils  de  Dieu,  répondit, 
sainte  Geneviève.  » 

A  ce  mot  de  Jésus.  Guillaume  se  sent  tout 
réconforté;  transporté  de  joie,  il  se  lève,  se  sent 
guéri,  et  rend  grAces  à  S'otrc-Seigneur,  source 
de  tout  bien,  qui  sait  secourir  un  saint  par  un 

I   saint. 

I  LONGUE   PHÉPARATIOX    A    LA  MORT  • 

Sept  ans  avant  sa  mort,  un  vénérable  vieillard 
!  aux  cheycu,\  blanc*  lui  apparut  une  nuit  et  lui 
'  31t  T  "  Tu  vivras  eîicore  sept  jours.  » 

Le  Saint,  croyant  que  c'était  un  avertissement 
du  ciel,  et  que  sa  mort  était  fort  proche,  s'y  dis- 
posa le  mieux  qu'il  put;  mais  voyant  qu'elle  ne 
venait  point  au  bout  de  sept  jours,  il  attendit 
sept  seniaines,  et  puis  sept  mois,  jusqu'à  ce  qu'il 
i:oiniirit  eiilin  que  ces  jours  signiliaienl  de» 
années. 

Se  voyant  donc  assuré  de  sa  fin  et  du  nombre 

•  le  se*  |ours.  il  redoubla  ses  première»  ferveur^, 

cli.ltiaiit  et  maltraitant  son   corps  avec  tant  de 

I   rigtieur  que  sa  vie  passée  ne  semblait  avoir  été 


que  délices  à  réganl  de  celle  qu'il  inenail.  En 
tout  ce  temps-là,  on  ne  le  vit  jamais  en  prières, 
qu"il  n'eùlles  larmes  aux  yeux,  et  ijuand  il  était 
à  l'autel,  il  entrait  dans  un  tel  ravissement  d'es- 
prit, qu'il  semblait  voir  son  aimable  Sauveur 
exposé  aux  injures  et  aux  coups  qu'il  a  soufferts 
pour  nous  dans  sa  passion. 

Les  inventions  qu'il  trouvait  chaque  jour  pour 
s'aflliKerne  lirenl  qu'un  ulcère  de  tout  son  corps; 
et  ces  douleurs,  donnant  de  l'exercice  à  sa  patience, 
mettaient  sa  vertu  à  l'épreuve,  et  élevaient  son 
àrae  à  un  très  haut  dej.Të  de  perfection  :  c'est 
ainsi  qu'il  devait  mériter  la  couronne  toute 
couverte  de  perles  et  de  pierres  précieuses,  que 
Uicu,  douze  ans  auparavant,  avait  fait  voir  à  un 
bon  relieieux.  son  ami,  appelé  Gérard,  lui  disant 
qu'il  1.1  disposait  pour  l'abbé  (iuillaume,  quand 
il  l'aurait  méritée  par  ses  vertus  et  par  ses  souf- 
frances. 

IlERMEBS    MOMENTS   ET    MORT    DB   OllLLACME 

Enlin,  les  sept  ans  écoulés,  le  mercredi  de  la 
Semaine  Sainte,  comme  le  Saint  conférait  avec 
ses  reli^'ieux,  le  prieur  dit  que  la  nuit  avait  été 
|iour  lui  très  mauvaise  :  "  Pour  moi,  tout  au  con- 
traire, répartit  (iuillaume,  je  ne  me  souviens  pas 
d'en  avoir  jamais  passé  une  meilleure,  car  l'ai 
vu  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  assisté  de  deux 
autres  personnes,  et  je  me  suis  entretenu  avec 
eux,  dans  des  délices  ineffables. 

—  Sans  doute,  mon  l'ère,  répondit  le  prieur, 
que  Notre-Sei;,'neur  Jésus  vous  .ippelle  à  son 
royaume,  par  cette  visite,  comme  il  vous  l'a  promis, 
en  vous  envoyant  dans  ce  pays.  " 

Le  saint  abbé  répliqua  avec  un  soupir  d'amour: 
«  <Ju'il  me  soit  fait  selon  votre  parole'.  ■. 

Le  Jeudi-Saint,  il  célf'bra  la  Sainte  Messe  pour 
la  dernière  fois,  communia  tous  les  Frères  de  ses 
propres  mains,  et,  après  le  Sacrifice,  ayant  lavé 
les  pieds  aux  pauvres,  il  jirit  sa  réfection  avec 
les  autres  religieux,  qui  voyaient  déjà  reluire 
sur  son  visa^-e  je  ne  sais  quels  indices  de  la 
gloire  <|u'il  devait  bienti'it  posséder. 

Le  repas  linl,  il  se  leva  de  table  pour  laver  les 
pieds  à  ses  Frères;  mais  il  en  fut  empêché  par 
une  douleur  de  c(Mé  qui  le  tiiurmen  ta  exlr'''mement 
tout  le  reste  du  jour  et  la  moitié  de  la  nuit  sui- 
vante. Il  ne  lui  en  resta  néanmoins  qu'une  petite 
(lèvre. 

La  nuit  de  PAques,  le  saint  abbé,  sentant  son 
heure  approcher,  appela  son  inlimiier  et  lui  dit  : 


«  Tu  sais  bien,  mon  lils,  que  cette  nouvelle  fête 
doit  être  célébrée  avec  une  grande  solennité,  par 
tous  les  chrétiens;  apporte-moi  donc  l'habit  neuf 
que  tu  as  en  ta  chambre?  »  C'était  un  cilice  neuf 
qu'il  voulait  mettre  au  lieu  de  son  vieux. 

Comme  on  chantait  aux  Matines  ces  paroles 
du  second  répons  :  "  Etant  venues  pour  oindre 

le  corps  de  Jésus »  il  s'écria  qu'il  était  temps 

de  lui  apporter  l'Extréme-Oiiclion.  Le  prieur 
quitta  le  chœur  avec  quelques  Frères  pour  appor- 
ter au  Saint  les  derniers  sacrements. 

Kl  le  voyant  entrer  dans  sa  chambre,  tiuillaume 
dit  :  «  Vile,  vite!  »  ^luand  la  cérémonie  fut  ache- 
vée, il  se  fil  étendre  sur  un  cilice  et  sur  la  cendre, 
et  c'est  ainsi  qu'il  exhala  sa  belle  àine,  quand 
l'aurore  coramemail  à  poindre,  c'est-à-dire  à  peu 
près  à  l'heure  où  le  Fils  de  l'homme,  triomphant 
des  enfers,  est  ressuscité  des  morts. 

Ce  fut  le  0  avril  de  l'an  de  grAce  1202,  et  de 
son  Aye  le  qualre-viiigl-dix-huitiéme  :  il  en  avait 
passé  quarante  dans  la  charge  d'abbé. 


MIHAIXES    iiIKRKS    A     ^(i.N    TOMIlEAl' 


i:\.Vc)MSAT10N 


•■  L'homme  de  Dieu  fut  illustre,  même  après 
sa  mort,  par  les  nombreux  miracles  qui  s'opé- 
rèrent à  son  tombeau.  De  toutes  parts,  dit  son 
biographe,  on  accourait  pour  voir  les  merveilles 
prodigieuses  dont  llieu  honorait  son  serviteur. 
Les  possédés  étaient  délivrés,  les  paralytiques 
étaient  rendus  à  la  santé,  les  aveugles  voyaient, 
les  boiteux  marchaienl.  les  sourds  entendaient, 
les  muets  parlaient,  les  afilitiés  recouvraient 
l'usaue  de  leurs  membres,  les  lépreux  étaient 
guéris,  les  morts  ressuscitaient,  et  ceux  que  la 
maladie  avait  conduits  aux  portes  du  tombeau 
revenaient  subitement  à  la  vie  et  à  la  santé.  I.e9 
animaux  eux-mêmes  éprouvaient  l'effet  de  sa 
puissance,  tous  ceux  qui  imploraient  >-on  inter- 
cession en  obtenaient  tout  ce  dont  ils  avaient 
besoin,  nn  le  priait  dans  les  temps  d'orage  et  de 
tempête,  el  aussitiM  les  éléments  agités  se  cal- 
maient comme  par  enchanicment.  » 

Son  corps  repose  encore  de  nos  jour»  en  Dane- 
mark, au  monastère  où  il  mourut. 

Les  iiiimbreux  miracles  qu'il  opéra  décidèrent 
le  pape  llonorius  III  à  l'inscrire  au  nombre  des 
saints.  Le  bienheureux  (iuillaume  fut  solennel- 
lement canonisé,  le  12  février  i:i24. 

Sa  vie  a  été  écrite  par  un  de  ses  disciples;  elle 
est  rapportée  dans  Surius,  d'où  ce  récit  a  été 
lire. 


-=32G:GSÙ^OtX=' 


iinp    v"an/       K    l'iLTiTiiit<<*i.  ",  .-ur  hr»nriii«  I",  l'ini. 


LE  IJIEXHEUREUX  HERMXX-JllSEPH 

CHANOINE  RÉGULIER    DE   L'ORDRE  DE  PRÉMONTRÉ 


Fête  le  7  avril. 


Lo  petit  Hermann  offre  à  l'Enfant  Jésus  un  fruit  qu'on  lui  avait  donne. 


LE  COMPAGNON  DE  L'e^FANT  JÉSUS 


était 
m.ii^ 
Peut 
df   ' 


II 

1m-; 
m 

'v 

ni"n 


rmann.  qui  prit  plu«  lard  i^  nom  de  Joseph, 
n-'  à  ColoL'iif  d"un';  famille  aulrnfoi'i  rirhe, 
alors  tomhce  dan<  une  extri'-me  pauvrclf!. 
^Ire  qno  llieu  donna  à  ses  parents  c»-  (Ils 
'■  '■  'ion  [lour  les  récompenser  de  leur 
■lans  |f  malheur. 

'     second'^  moitii-  du  m'  siècle. 

ri'  un  enfant  liniide,  d'une  ant'''- 

d'une  slni|ili(;il'-  tiaivc  et  char- 

'-   d''   con^'i',   («••ndanl  (jue    se» 

,  les  de  T'îi-oli'  jouaient  bruyam- 

t  dan»  1.1  njo,  llcrmann  entrait  dan»  Téfflise 


d'un  couvent  de'dié'^  à  Marii-.  •i  dl  lit  droit  à  une 
statue  de  la  Sainte  Vierg»  l^naiit  l'Knfant  J.-sus 
dans  ses  bras. 

Telle  était  la  compa*:nie  qui  attirait  son  cipnr. 

.\Tec  une  sinipli<'it>-  enlantiiie.  il  entrait  i>n 
conversation  avec  la  Mère  ou  le  Fils;  et  si,  par 
hasard,  il  avait  en  pinin  un  p>-ude  pain  ouquelqu" 
fruit,  il  en  offrait  L'racj.>usernenl  ;'i  l'Enfant  J<->u-. 
Il  arriva  plus  d'un»'  foi-  qu--  la  statue  de  |pierr-' 
p.iiut  s'animer,  et  la  Nificn.  «^tendant  la  main. 
r".ut  avec  un  sourire  l'olfrande  de  son  petii 
-•■r  viliur. 

I'ms  de  la  chaire,  aune  asseï  crande  hauteur. 
-     trouvait  une   autre    imac  Île    Marie,  .-iv. .- 


fi^nfaiit  Jr^s  et  le  ["lit  saint  Joan.  lu  jour.  1.- 
petit  llennaiin  â"arri'ta  devant  ..■e  -niupe,  et  il 
rej-'ardait  comme  .-u  ••xlase.  Iâi  Vitiac  lui  dit  : 
«  llermann,  monte  avec  uoas.  —  El  comment 
le  ferai-je?  i  >'[iliqu.-i  l'eDfaiit,  je  n'ai  pas  d'échelle. 
—  Essaye  t.jut  de  m^me,  reprit  Marie,  je  t»- 
tendrai  la  main.  >> 

llennann  essava,  et,  soulève'  miraculeusement, 
parvint  aupW-s  des  slaluis.  11  joua  un  moment 
avec  Ji'sus  et  le  petit  saint  Jean,  puis  il  rede? 
cendit. 

■    - -m  clou  Ini  causa  nni- 

.  .  et  il  in  souffrit 
...  .lit-il  lui-m^me  plus 
••[irenves   que   Dieu   me 


Mais,  dans 
•■.•r.iti;.'nure 
■  iHrlr|Ui-    teiu 
tard,    un    pt 


1. 

au 

M. 


monde 
l'ànic,  r 

aii\  '  ' 
au 

d.    ..  . 
re'  ••von 
Il  r.r 
le. 
H'. 


ù  1,1  <  i- 
r»-. 
1 


•  ]Ui'~-uu'-  de  ses  nailres,  raconte  snu  historien 
je  lie  puis  compri'udre  comment  des  hommes, 
qui  paraissaient  d'ailleurs  d'excellents  rclifiieux, 
pouvaient  trouver  tant  de  plaisir  dans  la  lecture 
des  poètes  païens,  quand  il  existe  tant  d'autres 
'•crits,  basés  sur  la  vcritd  et  propres  à  nous  con- 
duire à  Uicu.  >■ 

U   est  curieux  de   retrouver,  en  plein  moyen 
;lae,  cette  querelle  des  classiques,  qui  a  mis  aux 
--eurs    de    notre    temps. 
!'•  de  nos  jours  plusieurs 
•in->  que  les  désirait  le  bien- 


journée  d'hiver, 
rivait   pieds  uus 
'     protectrice.  La 
1  .11'  la  ft-rveur  d<- 

'  :  siiuliraiice  Me  pouvait  décou- 

i    .  ■    l-oiii-'     .    Von  enfant,  pour- 

'  ind  froid".' 
lUssures,  répon- 
.;.!  lin  j.arciilff  s-'luient  trop  paurres 

jiour  lui  r.) 

—  Va.  lui  'lit  .Marie,  à  tel  endroit,  cherche 
sous  telle  pierre,  et  tu  y  trouveras  assez  d'argent 
piu        '    •   -    '    -  -ouliers.  » 

'  tout  simplement  et  promp- 
ti-iiii  111.  .  L.III.UV  il  avait  coutume  d'obéir  &  sa 
niere. 

U  trouva  rar((«nt  l'I  revint  remercier  sa  céleste 
bi<-nfailrice.  •'  Oa""''  tu  manqueras  de  quelque 
chose,  ri-|iril  la  \ier(;e,  lu  iras  voir  sous  celtf 
m'''me  pierre  et  tu  y  trouveras  l'argent  dont  tu 
auras  |ii.>.iiii.  ■■ 

Les  c  du  jeune  écolier  ne  tardèrent 

pas  à  f  .  •tti-  merveilleuse   recette.  Kux 

aussi  ail'  n-ni  ,hfi.  hcr  sous  cette  pierre,  nais 
il»  n'y  tr"iiM-rent  j.iiuais  rien. 

A  l'écoue  monastiult. 

I.a  ^aiiiti!  Vierge  .iccorda  bienUit  à  son  jeune 
serviteur  une  grande  f,Tàce  :  celle  de  la  voca- 
tiun  reli;;ii'use. 

A  l'a;:''  'le  douze  ans,  Hermann,  jueeant  que  le 

!    ;        '       '      .    rs   pour    !  '"■    .le 

Il  alla  ^  ■   r 

1  Ordre di-  i  ■  ■  iiluiu-, 

idn»  le  diocèse  m^me 

-    i.'Us   l'ère»   île    le 


,  :      ...  .._    joie.  et,  quelque 

il  reçut  I  habit  blanc  de*  Chanoines 

■  ui      1  ■  ir.  o\ ''rent    ilan»    un    antre 

'    ':   1'  itii       i-ii    Hollande ,    dai>> 

ilire   de  jeunes   aspirants 

iiiie  lui,  suivaient  un  cours 

'■  II'-  isrda  pa»  A  «^  conrlUer 


(ireuve  vin' 
lèlr  fut  al 


•r  ,TU  cours 

1  hidi'use 

'ir  .lii'iit 

i'iu- 


;  I  ;  •  >    lùen    il. 
\     liions  qu'il 

.-.  ui.- ' 

heui  • 

.    Vu ■ 

de  ses  études.  Sa 

maladie  de  la  >•■'■■ 

et  ne  lui  nii'nai 

Lui-mi^me,  nat;. 

approcher  île  personne  et  il  se  i-egardait  comme 

le  leliut  de  la  communauté. 

Knlin,  Ilieu  eut  pitié  de    '  /.lit.  il  fut 

min  •iileusement  (îu<-ri.  Ses  ■;is  lurent 

'•nt  suqiris,  le  leiidcm^n,  d'-  ne  plus 

.;   aucune  trace  de  ^ou   mal,  et  ils   lui 

lemiiitut  à  l'envi  leurs  bonnes  paroles  et  leur 

amitié. 

ra.  HEBM\.NM    BéFF.CrORIEB 

Apr.s  ~.      ■■  :  '     .  Il'  Fr.  llermann  fut   i,i|q.i  u- 
au  couvi  I  ifeld,  où  il  lut  charte  du  ser- 

vice da  I.,..  1..1I.    .  préparer  les  tables  el  servir 
la  communauté. 

Le  jeune  reli-.''-"!»  ■■'  •>!  i...iii"ir\  d'obéir,  mais 
sa  joie  fulbiei.  — e  :  sa  nouvi'lle 

charge,  avec   -•  :      .  lu  prenait   lnaii- 

coup  de  temps  el  le  pi  ivait  ainsi. d  une  parli. 
ces  heures  précieuses  ciiril  ..ini.iit  à   coii--.i'i'r 
à  la  prière  el  à  la  cx)u'  ..  L'épi  euve  lui 

paraissait  d'autant  plu~  ,  jue  c'était  pré- 

cisément pour  va(|uer  plu»  liiueuient  ù  la  prière 
qu'il  avait  enibrnssi'  la  vif>  r"li;.'ifuse. 

La  Sainte   \  ier»;e  dai.  ire  et  consoler 

son  serviti-ur.  lians  un>  n,  eilc  lui  dit  : 

<■  Tu  ne  peux  ru-n  faire  di   |.|u.-.  a^ré.ible  à  Dieu 
que  de  servir  les  frères  selon  l'obéissance. 


Vt 
par 
san<  ' 

II 

Lff...- .-... 

pour    sertir.  Kn   i 
jusqu'à  laver  \-~ 

\.l    fr>    lirli 

I  ,.|i,'ii'ii\  tViii. 


ITel, 


m- 


•  nroura^ie 
if  bien  se 

!'■  Jésii.s-Christ: 

"  ••  -riri,  tnaif 

-    humilié 

du  jeune 

I.  .  .lit  „.ai 


coui  i  her. 

Il  ,  .-'i  lie  sa  charr»*  pour  cncher  ses 

obsliueii.  de  mail.  'il 

après  la  .     .  itè,  il   SI  .1 1  ni 

pour  sou  repu»  d  un  peu  de  pain  ddcau. 

FI».   IIEnil\!«N  SACmsTHIM 

llermann  fut  ensuite  nommé  !,acri*làin.  (ïrandr 


M.. 

a  ■■ 

m, 

d 

di    . 

pois,  nous  di 


pr<>Krès  dans  la  langue  latiii 


1  en  parlant  de  quel-  i  d  autre»,  à  peine  ont-ila  qaiit«  la  prière  pour  les 


occupations  extërieures  qu'ils  oublient  toutes  les 
bonnes  ptjnsi-es  de  leur  oraison  l't  no  songent 
plus  qu'aux  créatures.  L'action  doit  uousdélasser 
de  la  contemplation  et  la  contemplation  de 
l'action,  et  cii.'viune  doit  nous  aider  àmieux  nous 
acquitter  de  l'autre. 

Pendant  qu'il  e't^tit  sacristain,  Fr.  Hennann  fit 
de  {.'rands  profirès  dans  la  vie  d'oraison.  Non 
content  de  sa  journée,  où  son  travail  m-'iiie  était 
comme  une  prière,  il  consacrait  à  s'entretenir 
avec  Uieu  une  lionne  partie  de  la  nuil.  Kn  vain, 
ses  frères  l'invitaient  à  ménager  davantaj^e  ses 
forres  ;  il  répondait  que  les  douceurs  de  l'oraison 
lui  faisaient  ouldier  la  fatigue. 

L'ne  de  ses  dévotions  quotidiennes  était  d'ho- 
liorer  par  des  prières  spéciales  les  cinq  princi- 
pales allégresses  de  Marie. 

Et  le  sommeil  si  court  qu'il  se  réservait,  il  le 
prenait  couché  sur  une  planche,  avec  une  pierre 
pour  oreiller. 

A  CTtaius  jours,  il  sentait  une  odeur  céleste, 
plus  délicii'U-e  que  tous  les  parfums  de  la  terre, 
remplir  l'église  ou  le  monastère.  Dansles  premiers 
temp?.  il  lui  arrivait  alors  de  dire  à  ses  voisins  ; 
<'  Ne  sentei-vous  pas  ces  merveilleux  parfums"?  » 
.•\ussil''it.  la  t'aveui-  cessait,  Dieu  lui  montrant  par 
là  qui-  l'huniililé  exige  le  secret  sur  ces  sortes  de 
grâces. 

Il  nous  a  raconté,  dit  son  historien,  qu'un  reli- 
gieux ce  religieux  n'était  sans  doute  autre  que  lui- 
mi^rae',  assistant  à  l'oflice  des  Laudes,  vit  deux 
anges  venir  au  chœur  encenser  les  religieux  pen- 
dant le  cantique  Keiwdictus. 

Aux  uns,  ils  offraient  l'encens  avecjoic,  en  les 
saluant  d'une  aim.'d)le  inclination;  ils  passaient 
rapidi-ment  comme  à  regret  devant  d'autres; 
enlin.  à  quelques-uns,  ils  n'offraient  rien,  mais 
passaient  outre  avec  horreur.  Les  premiers  étaient 
les  fei  v.-nts,  les  seconds  les  tièdes  et  les  distraits, 
les  troisièmes  n'avaient  point  l'amour  de  Uieu 
dans  leur  c<eur. 

LE   NOUVEAU  JOSEPH 

La  dévotion  à  la  Très  Sainte  Vierge  fut  tou- 
jours le  caractère  dominant  de  cette  belle  vie. 
1^  Heine  du  ciel  n'avait  pas  sur  la  terre  de  ser- 
viteur plus  lidèle,  plus  assidu  à  ses  louanges. 

De  son  crtté,  Marie  ne  cessa  pas  d'avoir  pour 
lui  cetti-  douce  et  nialernelle  lionté,  nous  jiour- 
rions  dire  cette  mainte  familiarité  qui  avait 
emliaumé  les  premières  années  du  petit  llermann. 
Klle  daignait  lui  appar.iitre  souvent,  l'éclairait 
dans  ses  doutes,  répondait  à  ses  difficultés, 
l'avertissait  de  ses  manquements. 

l'n  jour,  après  avoir  été  saigné,  llermann  s'était 
endormi,  appuyé  sursonbrasblessé  d'uni' manière 
qui  pouvait  être  dangereuse.  La  Sainte  Viei  te  le 
réveilla  «t  l'avertit  du  péril  auquel  il  s'exposait. 

Dans  uni!  antre  circonsUanre,  ses  supérieurs 
l'avaient  désit'iié  pour  alUr  n-mplir  quelque  foin- 
tinn  du  ministère  ecclésiastique  dans  une  clia- 
[lelle  de  religieii.ses.  Av.ant  qu'il  n'arriv.U,  la 
.Sainte  Xiirge  dit  à  une  des  Swur»  :  "  Voici  mon 
chnjiflnin  qui  vient  ici,  recevez-le  avec  honneur 
et  confiance.  .1 

Kniiii,  une  nuit  qu'il  priait  avec  plus  dr  fer- 
veur, sful  au  milieu  'In  -  "l'-'imire,  la  Heine  du 
fifllui  .ip(i;init  tout"  i  ^anle,  la  couronne 

royale  »ur  la  l''te  et  1  !■  deux  anges.  Elle 

dit  k  »on  nervileur  di'  iireiulre  déformai*  le  nom 
il.'  ]',<., fit.,  en  souvenir  de  la  virginale  et  trè» 
1  ■illié  ani  l'ayait  unie  sur  la  terre  au 

I  I  M  ier  ne  J'-sn». 

*.•■  iifiii  devait  r.ippeliT  sans  cetiie  à  llermann 


que,  pour  plaire  à  la  Heine  de  toute  pureté,  il 
devait  faire  relleurir  en  lui  les  admirables  vertus 
de  sailli  Joseph.  El,  en  niTme  temps,  Mai  le  voulait 
bien  lui  donner  ce  nom  comme  un  précieux  gage 
de  sa  particulière  tendresse. 

Dans  une  autre  apparition,  la  .Mère  de  Dieu 
d''|)osa  un  instant  l'Enfant  Jésus  dans  les  brus 
d  llermann,  comme  saint  Joseph  avait  eu  le 
bonheur  de  le  porter. 

HEBMA.NN-JOSEPIl  ET  l'eUCHARISTIE 

llien  n'égalait  l'amouc  et  le  respect  du  saint 
religieux  pour  l'adorable  sacrement  de  l'Eucha- 
ristie. Après  avoir  été  élevé  au  sacerdoce.  Il  célé- 
brait le  Saint  Sacrilicc  avec  la  piéti-  et  la  dignité 
d'un  ange.  Il  avait  un  soin  extrême,  dit  son  his- 
torien, à  observer  exactement  les  rubriques 
jusque  dans  leurs  moindres  détails.  Tout  ce  qui 
louchait  au  Corps  de  Notre-Seigneur  était  pour 
lui  digne  de  vénération. 

Souvent,  pendant  qu'il  célébrait  la  Sainte  Messe, 
il  se  trouvait  ravi  en  extase,  et  alors  le  temps 
s'écoulait  sans  qu'il  s'en  aperçût.  C'i'-taient  des 
heures  délicieuses,  dignes  du  ciel  plutôt  que  de 
la  terre. 

Il  aurait  voulu  cependant  y  renoncer  lorsque 
les  fidèles  assistaient  à  sa  messe,  pour  ne  pas 
décourager  leur  piété  par  sa  lenteur  excessive  à 
terminer  le  Saint  Sacrilice;  mais  cela  ne  dépen- 
dait pas  de  lui. 

On  l'avait  nommé  pendant  quelque  temps 
aunn'mier  d'un  couvent  de  religieuses.  Celles-ci 
se  plaignirent  de  la  longueur  de  sa  messe  qui 
nuisait  à  leurs  occupations;  d'autres  trouvaient 
qu'il  consommait  trop  de  cierges.  Mais  le  servant 
de  messe,  ayant  voulu  vérifier  ce  dernier  point, 
constata  que,  pendant  les  extases  du  Hienhfu- 
reux.les  cierges  de  l'autel  ne  diminuaient  point. 

Par  un  srand  froid  d'hiver,  une  reliirieuse  des 
plus  vertueuses  s'étonnait  de  voir  le  saint  prêtre 
rester  si  longtemps  à  l'autel  les  bras  étendus  et 
les  mains  découvertes.  Alors,  elle  aperciil  d'un 
coté  Jésus-Christ  et  de  l'autre  la  Sainte  Vierge 
qui  réchauffaient  les  mains  de  leur  serviteur. 

Quelquefois,  le  serviteur  de  Dieu  était  dans 
son  lit,  malade  et  sans  forces;  mais  l'heure  du 
divin  Sacrilice  arrivée,  il  se  levait  et  une  vigueur 
inattendue  soutenait  son  coi'ps  jusqu'à  la  fin  de 
la  messe. 

LES  ÉPREUVES  DE  I.A    UALADIE 

Dieu  ne  ménaeea  point  à  Hermann-Joseph  les 
épreuves  de  la  maladie. 

A  la  suite  de  ses  austérités  excessives,  son 
estomac  devint  si  délabré  qu'ilnepouvaltpres(|ui' 
plus  sujiporter  de  nourriture,  et  sa  tiHe  appe- 
santie était  aftiipée  de  continuelles  douleurs.  Se 
voyant  devenu  incapable  de  rendre  service  à  la 
communauté,  il  disait  aux  jeunes  religieux  de 
nr  [loiiit  l'imiter  en  cela,  mais  de  soumettre 
l^-urs  austérités  aux  conseils  de  leur  supérieur, 
afin  de  se  conduire  toujours  avec  la  dism-tion 
cnvennable. 

Enfin,  la  Sainte  Vierge  le  truérit  de  cette  infir- 
mité, et  II  put  reprendre  son  activité  ordinaire 

Mais  Dieu  lui  envoya  plus  tard  d'autres 
souflrances. 

Il  lui  arrivait  souvent,  à  l'approche  des  grandes 
fèti's,  d'iHre  saisi  de  douleurs  inaccoulumres: 
lue  année,  la  veille  de  Noi  I,  Il  fut  pris  de  tels 
frissons  et  ressi^ntil  le  froid  d'une  m.inière  si 
ilouloureusp  que  rien  ne  pouvait  le  nV-haiifler 
Mais,  i  minuit,  ses  soulTranccs  cessèrent  subit' 


ment,  et  il  put  rélf^brer  avec  une  grande  conso- 
lation les  trois  messes  de  cette  solennité. 


SAINTE   URSULE  ET  SES  COHPAGNE.S 

Le  bienheureux  Hermann-Joseph  avait  une 
^ande  di-votion,  pleine  d'enlliousiasme,  pour 
sainte  l'rsule  et  ses  nombreuses  compapnes 
martyrisées  à  Cologne  par  les  Huns  d'Attila,  an 
v  sit-cle.  11  les  appelait  les  peliles  colombes  de 
Jésus-dhrist;  il  recevait  par  leur  entremise  bc.nu- 
coup  de  prAces  cl  plusieurs  d'entre  elles  dai- 
gnèrent lui  apparaître. 

Le  saint  religieux  eut  la  dévotion  de  composer 
un  oftii-e  en  leur  honneur.  Liis  diverses  hymnes 
de  cet  Oflice  forment  un  petit  poème,  îésuniaut 
l'histoire  des  vierges  martyres.  Ouand  il  eut 
achevé  d'en  composer  les  parole?, Hermann-Joseph 
voulut  aussi  conipuser  la  musique,  mais  la  difli- 
culté  l'elTrayait  :  alors,  il  entendit  le  cliieur  des 
vieipo>,  compagnes  de  sainte  l'rsule,  chanter 
au-dcs*us  de  sa  ti^te  des  harmonies  suaves,  qui 
s'ad.iplaient  à  la  mesure  de  ses  vers.  Il  les  nota 
avec  soin  ;  et,  de  cette  manière,  son  travail  fut 
heureusement  achevé.  L'historien  du  Bienheu- 
reux aflirme  tenir  ce  détail  de  la  bouche  même 
d'ilerniann .  «'  Il  nous  chantait  souvent  ces 
hymnes,  ajoule-l-il,  avec  une  allégresse  toute 
céleste.  " 

Vers  l'an  1200,  on  découvrit  de  nouvelles  reli- 
ques de  ces  jeunes  martyres,  llermann  multiplia 
ses  instances  auprès  île  l'abbesse  du  monastère 
de  Sainte-l'rsulo.  jusqu'<i  ce  qu'il  eût  obtenu  le 
chef  de  l'une  «l'entre  elles,  pojir  son  couvent  de 
Steinfeld.  Il  «p|iril  ensuite  par  révélation  «[ue  la 
martyre,  dont  il  avait  reçu  celte  relique  insigne, 
>e  nommait  (;ertrude. 

Sur  l'invitation  de  la  Sainte  Vierge,  le  V.  Her- 
niaiin  s'ëUut  mis  à  composer  un  commentaire 
sur  le  Canliiiue  des  canlii/iit-f.  lieux  Frères,  allant 
alors  le  chercher  dans  sa  cellule,  ne  l'aperçurenl 
point:  iJieu  avait  opéré  ce  miracle  pour  que  son 
serviteur  ne  fût  pas  trouhh-  dans  sou  travail. 

L'an  I22;>,  saint  Lnpelbert.  archevi'^que  de 
Cologne,  fut  traîtreusement  assassiné  par  ses 
sen'ileurs.  Ilerm.inn-Joseph,  qui  était  alors  en 
prière  dans  son  couvent,  vil  l'Ame  de  son  urclie- 
vi^que  monter  vers  le  ciel  sou.s  la  forme  d'un 
astre  plus  brillant  que  la  lune.  Kl  il  s'étonnait 
qu'un  si  prand  prélat,  l'éiral  des  princes,  si  sou- 
vent plonvré  ilaiis  IfS  niTaires  et  onvalii  par  le 
miMidi',  i-ntr^'it  tout  droit  dans  le  cid.  .Mais  une 
voix  lui  ilil  :  ■•  Tu  doutes  de  la  gloire   d'KuBel- 

berf? Kii  punition  de  la  présomplinn,  tes  yeux 

seront  nmiades,  et  tu  ne  recouvreras  la  santé 
qu'après  avoir  promis  d'envoyer  deux  yeux  de 
cire  en  ex-voto  &  son  tombeau.  » 

Kti  effet,  le  saint  religieux  fut  atteint  d'une 
maladie  des  yeux.  Il  promit  donc,  s'il  était  guéri, 
d'envoyer  au  lonibi-nu  «rKiipt-lberl  l'ex-voto 
demandé;  et,  aussit<'<l,  lemal  le  quitta. 

IIISTOIHE    d'L'.N    SOUrKLKT   —  l.NC   HSLIUlEL'St  OirrlBltT 
A  IIRIIXANN  KCrr  AN.XÂES  DE  TIE 

!l"rmann-Joseph  s'estimait  le  plu»  mis)<rable 
d"  -  ! cmmes  ei  ?riié<jtjiil  point  à  b-  déelurer.  l'nc 

pr-  "    ' <qiinion  i|u'il  avait  di>  lui- 

tai  .  c'est  le  calmi'  et  même 

la   ,■  ,-.  .     il  recevait  le»  nffronti  et 

les  m-  l'ii^. 

II  l'I.nt  ■.urr^iil.  iMiaiid  lin  Frèri  lui  dit  avec 
dur.  ' 

qu'a   "1  ■        I    .:■ 

cette  mjurc.jUKea  «juc  Ir  ^rvre  avait  rai»oD. 


Sa  tei.ue  el  sa  démarche  n'avaient  rien  de 
prétentieux.  ■■  Dans  ses  vêtements,  dit  son  histo- 
rien, il  savait  éviter  à  la  fois  la  recherhe  et  la 
malpropreté;  pendant  de  longues  années,  nous 
ne  lui  avons  pas  vu  porter  de  manteau  neuf.  Il 
disait,  pour  cacher  son  humilité,  que  les  vieux 
•  •(aient  moins  lourds,  l'ne  tunique  vieille  el 
rapiécée  lui  plaisait  plus  qu'une  neuve.  >■ 

l'n  jour,  marchani  seul  à  travers  la  campagne, 
il  rencontre  un  paysan  el  lui  dit  :  »  l'ourriez-vous 
me  rendre  un  service'.'  —  Volontiers,  si  cela 
dépend  de  moi,  répond  l'homme  des  chanqis.  ■> 

.\lors,  le  P.  Hermann,  se  mettant  à  penoux,  lui 
dit  :  "  Uonnez-moi  un  soufllet;  c'est  le  traite- 
ment (jue  je  mérite.  » 

Le  paysan  resta  tout  interdit.  Jamais  personne 
ne  lui  avait  demandé  une  faveur  de  celte  nature. 
.\ussi  rjuand  il  vit  des  religieux  de  Steinfeld,  il 
ne  manqua  pas  de  leur  raconter  cette  aventure. 

L'innocence  et  la  chasteté  du  nouveau  Joseph 
furent  toujours  inviolables,  c'est  une  des  raisons 
qui  le  rendaient  si  agréable  à  la  Sainte  Vierge. 

Il  était  alTable  et  dévoué.  Ayant  appris  à  cons- 
truire de  peliles  horloges,  il  niell;tit  volontiers 
son  talent  au  service  de  la  charité. 

Dans  ses  voyages,  il  refusait  les  montures 
qu'on  lui  offrait,  et  marchait  à  pieil.  .^u  lieu  de 
nroliter  du  lit  moelleux  que  des  hAtes  bienveil- 
lants lui  pri'paraienl  jiour  la  nuit,  il  couchait 
|iar  terre  sur  le  tapis.  Si  on  lui  demandait  pour- 
quoi il  refusait  à  ses  meihbres  fah."  ~  ,  .■.  <.ii|. 
layenieiils  que  les  autres  jugeaient  I 

se  ciuitenlail  de  répondre  :<■  Jésus  lii  .1 

Tombé' gravement  malade,  loin  de  son  couvent, 
le  I".  llermann  reçut  une  charitable  hospitalité, 
dans  un  ch.\teau.  Parmi  les  personnes  qui  vinre-il 
alors  lui  rendre  visite,  se  trouva  une  sainte 
religieuse.  Klle  connut  que  la  maladie  était 
mortelle,  et  fut  afiligée  de  voir  cm'un  aussi  excel- 
lent prêtre  allait  être  enlevé  h  l'Hulise. 

Klle  alla  donc  supplier  avec  de  grandes  ins- 
tances notre  divin  Sauveur  de  lui  rendre  la  santé. 
Enlin,  le  Seigneur  lui  dit  :  «  J'ai  exaucé  ta  prière 
et  je  lui  accorde  cinq  ans  de  vie.  —  Seigneur, 
répondit  la  religieuse,  si  vous  avex  exaucé  ma 
prière,  accordei-lui  doute  ans.  Qu'est-ce  ■■; 
cinc]  ans?  ce  u'i'St  pas  assez.  —  .Non,  ri-pi  ' 
Seiunetir,  je  ne  veux  pas  cjue  mon  si'rvileur  i  ■  -l^ 
'•more  doute  ans  sur  la  terre;  néanmoins,  jiour 
,,.  .1..  i..i.  ter  ronii>lètemeiit  t;i  demande,  je  l'y 
M  nre  neuf  ans.  •• 

ilermann  put  continuer  son  apostolat 
iicore,  puis  il  alla  recevoir  au  ciel  »a 

I  _       i^e. 

Inie  lenime  nommée  llildeconde  avait  une 
maladie  de  la  porpe  si  urave  qu'elle  ne  pouvait 
plus  avaler  aucun  aliment,  mi''4ne  liquide.  Se 
voyant  pré»  «le  mourir,  elle  invoqua  le  bienheu- 
reux lli-rmann  et  but  quelques  (.•oiitte»  dr  l'riiu 
qui  avait  servi  A  laver  son  corps.  Auosili'it,  elle 
fut  t'iH-rie. 

Sa  hlle  Ad^aide  s'«<tant  vue  atteinte  d'un<- 
douloureuse  maladie  de»  yeux,  qui  In  rendit 
aveuule,  fut  conduite  par  elle  nu  tombeau  «lu 
Itii'nheureiix  et  retrouva  la  vue  et  la  ■winl'-.  eu  s>- 
l.ivniil  le»  yiux  avec  In  nii'ine  i-nu. 

J«an  lie  (lUsten,  Kr<Te  ronver»  de  Sieindid,  fui 
ib-livré,  p.ir   le   même   moyen,  d'un  ulii-tc  A  In 

iiitVIif*.   I)e<«    lntll(ill|tl«' ^    il'.illiri'-    IMI.IIIK   -    lie    Inllli' 

«■•«père,  el 
■-  ,b  ment 

Ilermann-Jnseph.   Ain«i,    l'i^ 
I  l<'s,  lui  le  Miiitre  «le  tout  bnn  .     ij  \   >i 

tirut  toute  gloire  dan»  le»  Mèfiles  de»  Mècle» . 


I    rfct:THiMii  .lin|..-'^.i.jii',  K,rii«    l'r.ini  ni«  I'  ,1'irn 


SAINT   ALBERT 

PATRIARCHE     DE    JÉRUSALEM    ET     LÉGISLATEUR    DES    CARMES 


Fo/e  le    S    avril. 


l 


NOBLESSE  ET  TALENTS   DU    BIE.NHECRECX    ALBERT 

Si,  dans  rantiquilé.  on  a  rei-ardé  comme  des 
oracles  les  hommes  qui  donmirent  des  lois  aux 
peuples,  et  si  ces  hommes  furent  toujours  com- 
blés d'honneurs  et  de  ;,'loire.  que  ne  méritera  pas 
celui  qui  forma,  par  ses  lois,  non  pas  de  siin- 
les  citoyens  d'un  royaume  terrestre,  mais  uno 
ouïe  de  saints  tels  que  les  Thérèse ,  les  Jean  de 
la  Croix  et  bien  d'autres. 

Le  bienheureux  Albfrt  naquit  à  Castro  de  Cual- 
teri,  dans  le  diocèse  de  Parme.  Tous  les  historiens 
■^'accordent  à  louer  la  imblesse  de  ses  parents, 
mais  sans  la  préciser.  Le  plus  vraisemblable  est 
qu'il  descendait  de  la  lamille  de  Pierre  l'Ermite, 
le  prédicateur  de  la  [iremière  croisade. 

Celle  famille,  d'origine  frau'^aise,  passa  en 
Klandre,  et,  ayant  étendu  une  de  ses  branches 
'•n  Italie,  donna  dan»  le  bienheureux  Albert  un 
dp  «es  meilleur'*  fruits. 

De  très  bonne  heure,  ses  parents  l'appliquèrent 
.1  l'étude  des  lettres;  il  y  lit  de  rapide»  prostrés, 
tl,  grâce  à  son  intelligence  naturellement  vive,  à 
un  trav.iil  persévérant,  niai^  surtout  avec  l'aide 
fb-  Iiiou,  qui  le  pr'-parait  à  ilf  hautes  ilestinées,  le 
l'aune  Albert  devint  un  maître  consomme  dans 


1,1  science  du  droit  canonique  et  civil  et  dans 
l'interprétation  des  .Saintes  Ecritures. 


KNTBKE    EN    RELIGION 
IL  DONNE  l'exemple  DE    TOC.  ES   LE'^ 


VERTIN 


.Ses  études,  loin  de  l'enorguoiilir,  allumèrent  en 
son  àme  les  ardeurs  de  l'amoiir  divin.  A  mesure 
que  la  lumière  de  la  vérité  s  emparait  de  son 
intellifîence,  il  comprenait  î/iieux  le  néant  des 
choses  périssables, et  Dieu  lui  apparaissait  comme 
le  seul  objet  digne  de  fixer  sa  vie  et  de  remplir 
son  cii'ur. 

Ce  fut  donc  pour  échapper  aux  pièces  du 
monde  et  à  ses  filets  que  le  jeune  Albert,  sem- 
blable à  l'oiseau  qui  est  né  pour  voler  vers  le 
ciel,  quitta  le  siècle  et  vint  se  reposer  sur  le 
i^rand  arbre  de  la  reli;.'ion. 

Il  se  rendit  à  cet  effet  à  l'église  et  au  mona"*- 
tére  de  Morlara,  fondés  par  les  chanoines  répu- 
liers,  vers  l'an  l'iso,  dans  une  délicieuse  vallée, 
oii  la  nature  avait  déployé  toutes  ses  «rdces.  Ce 
'itf  charmant  s'appelait  autrefois  Selva  llell.i, 
belle  forêt,  mais  il  prit  ensuite  le  nom  di'  Mor- 
tara  mortalité  ,  à  cause  des  innombrables  infor- 
tunés qui  y  inoururont  durant  les  ijucrres  ilr 
<.liarlemagne  avec  Didier,  roi  de  Lombardie. 


'i69 


Ce  monastère  était  alurs  U''^  llnri'^anl  et 
Albertlccboisit  pourson  rcluae.r  iinme 

un  ;:raiid  bonheur  d'.Hrf  '.n  un    .  -i  cœur 

put  être  en  sûreté,  et  «a  conscience  lu  jaix. 

Il  vint  au  couvent  en  coDipa;;uip  de  ses  pieu 
parent»  ijui  voulurent  aussi  c.K.p.'-ror  à  ce  sacri- 
lice  volonlairi^  Le  prélat  cl  let;ii^i|iitrc,  (|ul  con- 
naissaient déjà  ses  talents  et  ses  vertus,  Taccaeil- 
lirent  avec  le  plus  prand  empressement. 

Dés  cju'il  eut  reçut  l'iKit'ii,  il  entra  dans  la 
voie  d'une  nouvelle  f-mur.  et  se  montra  bientôt 
un  parfait  p)'  i'i'>  ''•■]>.issant  les  espérances 
que  ses  débu  iit  concevoir. 

Dans  son  :.  .  1  essayait  de  voiler  aux 

yeux  de  tous  les  merveilles  de  saintel*'  'lue  Dieu 
avait  déposées  dans  son  àme;  mais,  malgré  lui, 
l'éclat  de  sc~  viMlus  jaillissait  au  dehors,  et  ses 
frères  étaient  unanimes  à  les  proclamer. 

On  le  viivaii  louji-urs  ponctuel  au  ri 
tir  à  l'oraison,  austère  au  rélecloir».  ; 
sa  conversation,  plein  de  ferveur  ' 
tioii  et  d'édilication  dans  tou<  s- 
quililés  le  dési:;nérent  bientôt  ai;    ■h'M\  oe'   s<>« 
fieies.et  malgré  son  jeune  ige.il  fut  élu  prieur 
du  monastère. 

ALBBRT  EST  FAIT  ÉVÊCCE    M    MWBIO,  mS  Dl   TERCIIL 

La  renommée  de  ses    rertus    était    parvenue 


'   était  possédée  de  ciM']  d'-mons.  Le  Saint  l'exorcisa 

j   et  pna  quelque  temps  poiw  elle,   et,  le  jour  de 

■   l'octave    d*!    .saint     Kasebe,    il    commanda    aux 

'   11»,  qui  s'enfuirent  aumitôt  du  corps  de  la 

Jée. 

ALBERT  APAISE   LES   niFFÉRfWDs 

j  L'opinion  que  l'on  avait  de  sa  prudence,  de  -a 
I  discrêli.m.  de  sa  droiture  et  do  son  habileté 
I  dans  le^  affaires  le  fit  choisir  par  le  pape  Clé- 
iiieiil  III  et  l'empereur  l'rétiéi  ic  Itarbcrousse, 
pour  être  l'arbitre  de  leur»  dilférends. 
I  Ce  fut  en  reconnaissance  de  ses  services  que 
!    l'-iiii  ei .  iir    Henri    VI.   successeur    de   Frédéric, 


si.na  pour 

■destie 

à   ces 

ultés.   Sur 

à  vaquer  : 


jusqu'aux  oreilles  du  pape,  qui  !•    ■'' 

évéque  de  Bobbio.  Ce  choix  alar 

du   Saint,  et  il   essaya  de  se 

honneurs  en  y  ojiposant  ri 

ces  entrefaites,  le  sié^'t  de  \ 

levèque  de  cette  ville,  liuala,  avait  éié  envoyé 

1  omme    nonce    en    .^n;;lcterrp    pir    l-*    papes 

l.iicius  III  et  .Vlexaiidre  111 

lointain  l'ay.  «'étant  piobi. 

delacli'  Il  diocèse, et  ou  dtiait  procéder 

À  une  II'  clion. 

Saint  .\ii>  Il  navait   point    eii  '   '       ■t» 

évéque  de  Hobbiii;le  pape  lui  oi'l  '-r 

le  siéfte  vacant  de  Verceil,  et  .s^ii  iiiiiiiiiite  dut 
céder  à  l'obéissance. 

SA    SAINtErt    l-aOl-VÏ.E    PAR    UN  MIRACLE 

^'  voyant  à  la  léle  d'une  Kvlis'-  -■  '""•■■' i  ■"••> 
Altiert  mit  tous   ses  soins  et  ton' 

stiivie    le^    Ir.'ï.  '   '.    lîe  »..    Il     (l.'l.IIlt 

le  m 


nt 


n.iii  écTil^menl  r^Wo-. 


.a  titre  de  prince  de  rem|>ire,  titre  qui 
-  la  suite  aux  évè<|ues  de  Verceil. 
Il  iiinins  honoré  du  pape  Celestin  III, 

qui  ■  nombreux  privilè;;esà  son  Kî-'lise 

a  cause  de  lui.  Diî  m^rae.  Innocent  111 
.    dan»    plusieurs   né:;ociatioiis  impor- 
.   11  le  chargea  notanimenl  d'apaiser  une 
■  e  dissension  qui  avait  éclaté  entre  les  habi- 
le Plaisance;  cette  divi- 
Mc  à  toute  l'Italie,  et  elle 
1  laides  cariia^ies,  comme 
1  les    guerres  civiles.    Le 

I  W-.   .avec  autant  d'eflicafit.- 

en  cette  occasion  se  vé.ii 
!     , .  •    "n,   Diniiune  prudent   oi 

pins  lit. 

AI:  ,  ,  •  de  la  sainteté  des 

brebis  cnntiée»  à  sa  carde,  réunit,  en  liyJ,  un 
synode,  alln  de  travailler  ù  une  plus  urande 
réforme  de  son  iliocése.  .Mais,  vers  l'an  lUOIt,  le 
Se-L-neiir  vint  l'enlever  à  son  troupeau,  pour  lui 
moins  facile  à  conduire.  Il 
.  iccat  de  Jérusalem,  dans  les 
uircuustOACCj  suivantes. 

nt'ISTKNcr.  D°ALUE.RT    DEVANT    LES    DlfiNItt- 

Le  patriarche  Monaco,  Florentin  de  naissance. 

V--.,--  , levant  et  vertueux,   -        -         •    '    •     : 

e,   était   mort   au 
■  .111  ■-•..  Le  cardinal  S   "■  i  -,..,.;  .il   . 

en  Palestine  en  qualit*-  i|ios|iiliqu,  ,  .  ■ 

'1  :'"•  'l"  '■  ■'' ■  "  ,iio  de  J;  .  .i  ,,..  ;.i  par  le   clii_< 
!e  consentement  du  roi  et  des 


.Ml 


■  A<..a  p>>ur  ^ucur«r 


I  n. 
Tell 


.!.■  rn    ..-liiil   fit-'llil    \ifiri*ril 


I  •                  7';'  le  SeifTT'Mr  ihirna  »>p*r'T  p 
iiji  jnicnj  .1  -    Il    '  i.ir  >^iniu  11  rui:ii>'.  qu. 


1'  liie^,  Uiu-     appliLi      a     \     i      lili;;(i  a  c-  n- 


sentir  à  leurs  prières.  Gest  pourquoi,  bien 
f|ue  noas  ayons  i^'rand  besoin  de  vous  en  Lom- 
«  bardie  comme  d"un  prélat  à  qui  cous  confions 
»  avec  sécurité  nos  pouvoirs  dan-!  les  affaires 
a  difficiles,  toutefois  la  pressante  nécessité,  non 
■>  seulement  de  l'Eelise  de  Jérasalera,  mais  de 
"  tout  rOrient,  nous  oUifte  à  nous  faire  violence 
»  pour  vous  conjurer  d'accepter  celle  élection. 
»  Craijaier.  de  ré«isler  à  la  volonté  (!■■  Dieu.   > 

Dans  le  reste  de  la  lettre,  le  pape  s'applique  à 
persuader  au  bienheureux  Albert  d'accepter  celte 
chart'e.  Il  lui  ra[ipelle  que,  pour  réparer  la  cliute 
du  senre humain,  Jésus-Christ  achoisi  Jérusalem, 
qu'il  y  soulfrit,  obéissant  à  Dieu  son  Péro,  jus- 
qu'à la  mort  de  la  Croix.  Le  serviteur  ne  «erait-il 
donc  pas  bien  injïrat,  s'il  refusait  de  souffrir  pour 
son  .Maître  ce  que  son  Maître  a  soufTert  pour  lui"? 
Il  lui  cite  encore  l'exemple  de  saint  Jacques,  le 
frère  du  Seigneur.  Albert  n'osa  plus  résister 
davantage,  et  il  se  soumit  bumbleraentaux  prières 
du  Souverain  l'ontife. 

i.LBEBT,  P.\niIARCHB  DE  JÉBCSALEX 

Il  se  rendit  à  Rome,  afin  de  voir  le  pape.  Inno- 
cent III  demeura  très  édilié  de  sa  douceur  et  de 
sa  sainteté  ;  et  non  seulement  il  le  confirma  dans 
la  disnité  de  patriarche,  mais  il  lui  donna  éga- 
lement le  pnllhim  et  l'autorité  de  légat  aposto- 
lique en  Palestine  pour  quatre  ans. 

Il  écrivit  aussi  plasieurs  lettres  en  sa  faveur. 
Premièrement,  il  recommande  aux  prélats  et  à 
tons  les  fidèles  de  Terre  Sainte  de  le  recevoir 
avec  honneur  et  soumission,  comme  si  c'était 
lui-même.  Il  lui  donne  le  pouvoir  de  porter  le 
pallium  en  quelque  province  que  ce  soit  et  d'ab- 
soudre de  r.-xi-oinmunication  tous  ceux  qui  vou- 
draient traver-^er  la  mer  avec  lui,  et  tous  les 
habitant'  de  Terre  Sainte. 

.Albert,  prenant  donc  la  bénédiction  du  SouTe- 
rain  l'ontife,  retourna  à  Verceil  résler  les  affaires 
de  son  Eçli^e,  et  pourvoir  à  son  successeur;  de 
là.  il  prit  un  vaisseau  eéiiois,  qui  le  conduisit  au 
port  de  Saint-Jean-d' Acre,  Ters  le  mois  d'aoùt120.'j. 
Il  fut  reçu  par  le  roi  et  sa  cour,  comme  un  ange 
qui  venait  les  délivrer  de  leurs  maux,  et  pour  si 
LTsnd  que  le  leur  eilt  dépeint  la  renommée,  ils 
le  trouvèrent  plus  yrand  encore  dans  ses  actions. 

Il  demeura  a  Saint-Jean-d'.Acre,  où  se  trouvait 
la  cour  rovale  elle  sié;:e  patriarcal  de  Jérusalem, 
et  ce  fut  de  là  qu'il  commença  avec  soin  à  tra- 
vailler à  l'administration  de  sa  charge. 

LE  MONT  CtRMIL  IT    SCS  (ILOIBIS 

Prés  de  là  s'élè-e  !•■  M.  nlCarmel,  si  célèbre  dans 
I  triture,  à  rail  aulé  et  de  sa  ferlilil  é. 

i.p-l  sur  ce  I  i    que  le  prophète  Elie 

confondil  les  prêtres  du  Baal,  qu'il  établit  l'école 
des  l'riqilitrtes. 

Son  disripi,-  i:ii^  e  l'imita  ilans  son  penre  de 
vie,  et  leurs  -u  ..-^eurs  donnèrent  ainsi  nais- 
sance à  une  coinniunaut'-  .le  suhlaires  qui  devint 
par  la  «iiitf  l'iii.îr.,-  ilii  (.irmel. 

/  es   de  IViicien  Teslainent   n'eurent 

d  lo   que    les    f\emples    .i,   «.linls   el  gj 

«"  t  ■  .        :  ■                  u'au 

i"  -.le. 

'  .les 

ui  .1  ,Té- 

-ie    I  11- 


par<'4  à  I  .n  ■Il  'inenl  du   M. 


I"     !  I  i  <  ■  f  1  - 


.1        t. 


t   nt 
in- 

iile 


:  ••  particulière  la  Bienheureuse  Vierse  qu'ils 
•  avaient  eu  le  bonheur  de  voir  et  d'entendre 
»  plusieurs  fois.  "  Office  de  Notre-Dam.;- du  Mont 
Carmel.  Dés  l'an  «3  de  l'ère  chrétienne,  les  ana- 
j  chorètes  éieTèrent  sur  le  Carmel  une  ésli.se 
dédiée  à  Marie.  Sainte  Hélène,  dans  sa  pieuse 
vén.-ration  pour  la  Terre  Sainte,  n  oublia  pa? 
non  plus  cette  montagne  et  bâtit  uue  église  près 
de  l'école  des  Prophètes. 

Non  contents  de  travailler  à  leur  salut,  les 
moines  du  Carrael,  comme  le  rapporte  Joseph 
d'Antioche.qui  écrivaiteu  130, quittèrent  souvent 
leur  montajine  pour  aller  propager  la  foi  de  Jésus- 
Christ  dan.s  la  Samarie  et  la  Galilée. 

Mais,  au  temps  des  empereurs  Arcadius  et 
IIonorius,uiide  ces  religieux,  d'une  srande  vertu 
tt  perfection,  appeIéJ.2an,  qui,  par  ses  érril.s  else* 
exemples,  menait  ses  frères  à  la  sainteté,  fut 
élevé  à  la  dignité  d'évèque  de  Jérusalem  i4»2i. 

Ce  fut  alors  qu'un  de  ses  disciples,  Caprasius,  ' 
le  supplia  de  vouloir  bien  lui  donner  par  écrit, 
en  un  petit  livre,  tout  ce  qu'il  leur  avait  déjà 
donné  de  vive  voix,  sur  leur  relii-ion,  ses  fonda- 
teurs et  la  sainteté  à  laquelle  ils  de  valent  tendre. 
Jean,  patriarche  de  Jérusalem,  se  rendit  à  ses 
désirs,  et,  dans  un  opuscule  de  quarante  et  un 
chapitres,  composé  en  grec,  il  retraça  la  première 
institution  des  solitaires  du  Carmel.  la  sainteté 
et  les  belles  actions  des  prophètes  tlie  et  lilisée, 
el  de  leurs  disciples.  Au  temps  des  Croisades,  le 
.couvent  du  Carmel  fut  rétabli  par  sair.l  Borthold, 
puis  par  saint  Brocard. 

.\LBEBT  OOK^e  S.\  RÈ'iLE  AfCARJIEI. 

A  l'arrivée  de  saint  Albert,  saint  Brocard, 
suivi  d'une  foule  de  ses  religieux,  vint  trouver  le 
légat  apostolique  pour  recevoir  sa  bénédiction 
et  traiter  avec  lui  de  quelques  matières  concer- 
nant son  Institut.  11  lui  proposa  son  dessein,  lui 
mit  entre  les  mains  les  règles  monastiques  obser- 
vées sur  le  .Mont  Carmel  depuis  tant  de  siècles, 
ainsi  que  les  nouvelles  ordonnances  que  lui- 
même  avait  portées;  il  lui  soumit  aussi  quelques 
doutes,  et  enfin  il  le  supplia,  au  nom  de  son 
Ordre,  de  vouloir  bien  leur  donner  une  rè(.'le 
plus  courte,  plus  méthodique  et  plus  substan- 
tielle que  toutes  celles  qu'ils  avaient  eues  jus- 
que-là, et,  en  même  temps,  de  les  confirmer 
plus  légalement  daus  leur  dessein. 

Le  Patriarche  de  Jérusalem  se  rendit  k  ces 
désirs, et,  pour  apporter  un  t'rnnd  soin  à  l'œuvre 

3 uil  entreprenait,  il  lut  d'abord  la  règle  de  Jean 
e  Jérusalem,  tirée  des  vies  des  antiques  [iro- 
phèles;illut  aussi  les  nouvelles  constitutions  d<.- 
sainl  Brocard,  tirées  des  écrits  de  saint  Uanik-, 
el  des  coutumes  que  saint  Berthold  .ivait  im- 
plantées av.ant  lui.  Beconnaissant  que  In  rejile 
de  Jean  n'était  pas  asseï  impéralive,  ni  as.sc7, 
précise,  et  que  les  statuts  de  saint  Brocard 
étaient  d'un  slvle  trop  diffus.  _'uidi-  jj!  riii--pira- 
tion  du  ciel,  il  leur  donna  une  r.vle  plus  .-.jurte. 
plus  subslantielle,  plus  précepti\e.  qu'il  orna  dt 
nassaues  bien  clioisi>i  de  l'K  rt'iT'',  rt  .[ii'il  ajusla 
bien  à  la  profession  el  au^  mites, 

en  sorte  que  c'est  une  d.'  .-,  subs- 

tantielles que  l'Eirlise  ;ut  appi.iuw  t.~,  ro«le  .|ui 
a  iloaiié  et  qui  donnera  encore  une  foule  de 
sailli^  au  ciel. 

Mais  l'amour  du  Patriarche  pour  les  reli^eux 
du  Ormel  ne  se  contenta  pa»  de  leur  donner 
-'•ul.'uiPiit  une  r.^le,  il  leur  fa.ilila  aii-si  le^ 
rii.iyeiis  di'  r.>l)<erv.'r,  en  achevant  le  iii..ii,i-- 
|.  re  du  Mont  Carmel,  et  en  le  dispos;,iit  -.L'ii 
lu'il  avait  in.liqué  .lan--  sa  règle;  et  t.iute  vi  w  . 


par  de  larges  et  fréquentes  aumônes,  il  fut  le 
protecteur  de  l'Ordre. 

l'ius  d'une  fois,  il  se  retira  auCarmcl,  aQnde 
se  divertir  des  soucis  de  sa  charge,  pour  donner 
plus  de  temp*  aux  besoins  de  son  àine. 

Tant  dt'  bif-ufaits  lui  ont  allirt-  l'amour  de  la 
famille  df^  <"!;irmes,  qui  le  vénèrent  comme  leur 
Patriarche  et  leur  Législateur. 

ALBERT  BAT   MONNAIE   POIR   LES    l'ÈLERIKS 

11  y  avait  en  Palestine  une  foule  de  pauvres, 
parce  que,  à  chaque  instant,  les  Sarrasins  venaient 
dépriuiller  les  habitants  de  leurs  maisons  et  de 
leur  biens; de  plus,  un  ?rand  nombre  d'étrangers 
accouraient  de  partout,  soit  pour  visiter  les 
Saints  Lieux,  soit  pour  aider  leurs  frères  à  les 
conquérir. 

Sa  charité  s'(<tendail  à  tous;  il  en  donnait  des 
preuves  spéciales  en  faveur  des  pèlerins,  car. 
pour  les  s'-.'ourir.  il  lit  battre  certaines  monnaies 
où  il  tit  écrire  son  nom,  sa  dignité,  etc.,  ainsi 
que  ces  mots  :  munus  peregrinorum,  secours  des 
pèlerins. 

Sa  charité  se  fil  aussi  sentir  aux  nombreux 
captifs  qui  étaient  entre  les  mains  des  Sarrasins. 
Sur  les  recommandations  du  pape  Innocent  III. 
alln  de  préserver  la  foi  de  ces  infortunés  chré- 
tiens, il  enij'loya  tout  son  zèle  à  les  racheter  de 
resclava:;e,  soit  en  payant  leur  rançon,  soit  en  les 
échangeant  avec  d'autres  captifs  musulmans;  et 
il  déjiensa  dans  cette  oeuvre  sainte  tous  ses  biens 
et  revenus. 

ALBERT,    GRA.ND   PACIFICATEUR 

Le  bienheureux  Albert  reprit  encore  plusieurs 
fois  la  mission  de  paix  qu'il  avait  reçue  aupara- 
vant en  Italie. 

Le  roi  de  Chypre  et  le  comte  Henri,  seitrncur 
du  royaume  de  Jérusalem,  se  trouvaient  en  que- 
relle sur  des  points  de  juridiction;  et  comme  la 
dissension  parmi  les  ihefs  est  la  source  de  la 
destruction  «les  armée»,  «urtout  dans  ces  cir- 
constances dont  les  musulman'^  auraient  |iro(iié 
sans  iml  doute,  il  y  allait  il»-  l'avenir  de  la  Terre 
Sainti'.  Cette  affaire  donna  de  prands  soucis  au 
pape  Innocent, <|ui  écrivit  au  Patriarche  d'arran- 
ger le  dilTérriid,  ce  qu'il  tU  au  grand  contente- 
n.ent  des  partis. 

La  même  année,  il  termina  heureusement  une 
autre  affaire  non  moins  difficile,  ni  moins  dan- 
gereuse; c'était  le  procès  que  les  Templiers 
avaient  fait  aux  chevaliers  tcutoniaues,  parce 
que  ceux-ci  avaient  pris  le  manteau  blanc,  signe 
distiiictif  des  chevaliers  du  Temple. 

A  la  même  époque  arrivèrenldeux  événements 
riui  mirent  en  «.'raml  crédit  l'habileté  et  la  pru- 
dence du  saint  Patriarche. 

La  reine  de  Jéru-.alem  étant  \enue  k  mourir. 

■    -'     remplit  le   loyaurae  de   douleur  et  île 

A   cette   nouvelle,   le    pape    Iniiocetit, 

•■  ■    •     ■  ' ' "' !••,  command.i 

'I  du  roi  «|ui  ne 
,11  .'i,..!!..,'     l"n 


lo  l'Vaunie.    \  ■  avec  lai.                   .'l  de 

{•rUiit:,  r-    ,]ii  tr.in   les                 •  t  tous 
e« 

s.  lin»  une  autre  oeca- 

*ioD.  il.iJ^i«  U  U«)v<t  t|u'it  arail  faite  atac  la 


Patriarche  d'Antioche,  le  roi  d'Arménie  fil  inv.v 
sion  avetf  une  i-'rande  armée  «ur  le  territoire  de 
celte  ville,  et  y  commit  d'horribles  ravaiies.  Ils 
arrivèrent  aux  oreilles  du  pape,  qui  résolut  de 
sévir  contre  de  tels  abus.  Pour  cela,  il  commanda 
au  Patriarche  .Mbert  d'excommunier  le  roid".\r- 
ménie,  ainsi  qu'un  mauvais  prêtre  qui,  dan« 
l'espoir  d'arriver  au  patriarcat  d'Antioche,  avait 
été  cause  de  tous  ces  désordres.  Ses  vœux 
ne  furent  point  déçus.  Le  bienheureux  .\lbert, 
avec  une  adresse  admirable,  mêlant  la  douceur 
aux  rigueurs  de  la  justice,  lit  descendre  l'inlru* 
du  siège  d'.\ntioche,  et  rétablit  le  pasteur  légi- 
time ;  de  plus,  il  amena  le  roi  dWrménie  à  réparer 
ses  torts,  à  demander  pardon  de  sa  faute,  après 
quoi  il  lui  donna  l'absolution  et  le  rendit  à  la 
communion. 

.\lbert  montra  son  courage  également  en 
représentant  au  roi  de  Jérusalem  qu'il  ne  devait 
point  faire  de  son  sceptre  un  instrument  de 
tyrannie  pour  ses  sujets,  et  qu'il  devait  les  traiter 
en  fils  et  non  en  esclaves.  D'autre  part,  il  recom- 
mandait à  ceux-ci  l'obéissance  et  la  soumission 
filiale  envers  leur  roi. 

UORT  ou    BIENHEUREUX    ALlIliRT 

Kn  l'an  1213,  le  Souverain  Pontife,  voulant  ten- 
ter un  grand  effort  nour  arracher  la  Terre  Sainte 
aux  mains  des  infidèles,  publia  la  réunion  d'un 
Concile  général  à  Itoine  qui  devait  se  célébrer 
en  I'2I5.  Il  en  fit  part  au  Patriarche,  et  lui 
ili'inanda  d'amener  avec  lui  quelques  hommes 
pleins  de  prudence,  de  savoir  cl  d'expi'rience, 
cjui  connussent  bien  la  Terre  Sainte,  pour  exa- 
miner par  quels  moyens  les  chrétiens  pourraient 
s'en  rendre  maîtres  avec  moins  de  dif^Rcultés. 

Il  le  chargeait  aussi  de  deux  missions  impor- 
tantes; c'était  d'abord  de  faire  arriver  A  bonne 
lin  une  ambassade  qu'il  envoyait  au  sultan  de 
Damas.  Pour  celte  mission  délicate,  Albert  choi- 
sit saint  Drocard,  qui  connaissait  parfaitement  le 
pays  et  la  lan^zue  de  ses  habitants. 

En  second  lieu,  le  Souverain  Pontife  recom- 
mandait au  Patriarche  île  chercher  à  larir  la 
s.iurce  des  maux  qui  accablaient  la  Palestine,  eu 
remédiant  aux  péché>  et  aux  désordres  des  chré- 
tiens qui  l'habilaienl. 

C'était  bien,  du  reste,  le  plus  grand  souci  du 
Patriarche  Alliert;  mais  cette  recommandation 
du  pape  activa  son  lèle  cl  .sa  ■■ollicitndi'  à  faire  ces- 
ser les  scandales  publics,  en  sorte  qu'il  provoqua 
contre  lui-même  la  colère  de  certains  pèiheurs 
malades  au  point  de  préférer  leur  maladie  à  leur 
guérison. 

f  1  ■'  .   -  en  vint  à  un  tel  de.i,' 

>■  'T  à  considérer  la  s  n'i 

1  iiuirurd^  III'  . 

i-<Miienll'  .., 

l.':i  II  .1.    .111     iiiiiii'll    d'uilv    l'i  .  '. 

le  jour  de  rKxrtltatioii  de  l.i 

■    revêtu  des  ornement",  i : .,.»,  il 

iiédesonrlert'é.dan^l  èclise  de  Saiole- 
.  -.iinl-Jean-d'.\cre. 
■l  ainsi    i|ue   mourut   le    s.iinl    patriarch'' 
t    ■.cil.,  l'->  I .  iii'-  il 'il  II  iii.  m  II  I'  r  'lu'll  .o.iit 


-iii'irnl-il»  <  "i; 
1  eiii  qui  ont  I' 
de  Jé»u»-Cbrist. 


In   de  ces 
de  rajc  qui-. 


ne 


Inir>.-v<ran(,  E.  PciiTtiinaT,  8,  rue  FrancoU  I".  Pari» 


SAINTE  WALTRUDE  OU  VAUDRU 

FONDATRICE   ET   PATRONNE   DE  LA  VILLE   DE  MONS   (Belgique) 

Féle  le    9  avril. 


^''.t^'.^*t*iT*'"'''^"'r'""''  ^P""**  *""'"'  "n<"«=é  au  monde,  se  rétira  dans  ia  solitude;  !e  démon  se  pre- 
renrlh»  -or^;!»»""  r"f  .?*'^'v  ""ï""  '^^^^y"  «'  '»  frapper  :  la  servante  de  Dieu  le  chasse  et  lui 
reproche  1  orgueU  qui  l'a  fait  tomber  du  ciel  dans  la  misérable  condition  où  11  se    trouve 


OKfGI.NE    BOTALt    DK    WALTRUDE  —  SON    «ARIAGB  AVgC    CN 
COMTE    DE   BAI.NAUT 

La  cit«;  de  Mons  en  Belgique,  comme  Unt  d'autres 
Tilles  ou  TillaRes  de  l'Europe  Occidentale,  doit  son 
origine  à  un  monastère.  La  Sainte  qui  en  jeta  les 
fondements,  sainte  Waldétrude,  (par  abréviation 
populaire  Waltrude  ou  Vaudru),  naquit  en  626  dans 
un  bourg  du  Hainaut.  Son  père,  le  comte  Walbert.  et 
ta  mère,  la  princesse  Bertile,  appartenaient  tous 
deux  à  la  race  royale  de  France.  Tout  en  s'appli- 
quftnt  à  donner  à  k-ur  fille  une  éducation  distingui'e, 
Walbert  et  Bertileen  voulurent  faire  avant  tout  une 
chrétienne  accomplie.  De  son  côte,  Waldétrude  sut 
répondre  aux  pieuses  intentions  de  ses  parents. 
La  sainteté  de  son  enfance  montra  bientôt  en  elle 
une  âme  de  choix. 

Fuyant  avec  horreur  toute  compagnie  plus  ou 
moins  dangereuse,  elle  se  retirait  à  l'écait  pour 
-rier.  ou  bien  allait  a  l'église  entendre  l'offlcedivin. 

•"imle  otiannh|pÀr>nu«(>pt^i»ni  r-<riaH<-|niirfill«>. 


r. 


Mais  quand  elle  eut  atteint  1  âge  nubile,  ils  eussent 
bien  mieux  aimé  voir  s'arrêter  un  peu  l'élan 
d'une  telle  ferveur.  Ils  pressentaient  qu'une  àme 
si  pure  et  si  amante  de  la  sainteté  préférerait 
l'alliance  de  Jésus-Christ  aux  alliances  passagèret 
du  monde,  et  comme  Waldélrudi:  était  leur  fille 
aim-i',  ils  tenaient  à  assurer  en  elle  la  conservation 
de  leur  race.  Il  fut  donc  résolu  que  la  jeune  fille 
devait  se  choisir  un  époux  le  plus  tôt  possible.  A  la 
première  ouverture  qui  Is  lui  firent  de  leurs  inten- 
tions bien  arrêtées,  notre  Sfiinte  répondit  par  un 
refus  dont  ils  ne  tinrent  pas  compte.  Ilsl'engagèrent 
dans  un  mariage  auquel  elle  consentit  enfin,  moins 
par  goilt  queparohei<<sance.  Madeignireou  Mauger, 
lénoux  qu'on  avait  choisi  à  Waldétrude,  était  uo 
noble  comte  du  Hainaut  et  un  des  principaux  sei- 
gneurs de  la  cour  du  roi  Dagobert  I";  sa  vie  était 
irréprochable  et  profondément  chrétienne.  Pieu 
•semblait  récompenser  sa  vertu  en  l'unissanl  i  une 
épouse  qui  avait  passé,  comme  lui,  le«  «nnée«  le  «a 
|pune»se  dans  la  plus  parfaite  inniMiMir.-. 


MÛOELI  DI  LA  FlKliK  CrRKTIt?<l«E  —  CM  FAMIt-LK  DB 
SAINTS  —  MADELGilBI  SB  fAITMOIMB 

Une  fois  mariée.  Waldétrude  flt  taire  ses  rép«- 
gnances  naturelle?  pour  se  donner  avec  lèU  à  ses 
deToirs  d'épouse  chrétienne.  Elle  ne  désirait  qu'âne 
chose  :  l'acooraplissement  de  la  volonté  de  Dieu. 
Elle  le  suppliait  avec  larmes  de  réaliser  les  des- 
seins qu'il  avait  formés  sur  sou  humble  servante. 
Mais,  en  attendant  le  jour  d'une  nouvelle  manifes- 
tation des  volontés  d'en  haut,  la  noble  chrétienne, 
au  lieu  de  perdre  son  temps  à  soupirer  inutilement 
après  un  genre  de  vie  qui  ne  lui  était  plus  possible 
•n  ce  moment,  entreprit  avec  ardeur  de  se  sancti- 
fier le  mieux  qu'elle  pourrait,  dans  l'état  où  elle  se 
trouvait,  en  s'«(Tor  anl  .l'en  remplir  les  obligations 
»Tec  toul»  la  pi>r'  Ole-   possible. 

Les  plaisirs  .lu  iiunJe  n'eurent  jamais  de  prise 
sur  son  cœur;  tous  ses  attraits  étaient  pour  la  retraite 
et  la  pnere.  Elle  acceptait  avec  soumission,  patience 
et  courage  toutes  les  peines  et  contrariétés  qui  lui 
arrivaietit.  Ses  mortifications  Tolontaires  mainte- 
naient .railleurs  la  forte  et  Taillante  énergie  de  son 
âme.  Elle  jeûnait  souvent.  Bonni-  ot  charitable,  elle 
ne  repoussait  aucun  indigeal,  elle  donnait  toujours 
et  cela  avec  les  sentiments  de  la  joie  la  plus 
aimable  et  la  pi  -ive. 

L'œuvre  de  n;  qui  fut  l'objet  de  prédi- 

lection de  toute  ».i  iir  iul  le  rachat  des  prisonniers; 
œuvre  d'une  grande  importance  à  ct-tte  époque 
encore  à  demi-barbare,  oans  laquelle  les  guerres 
faisaient  de  nombreux  captifs,  nue  les  vainqueurs 
réduisaient  ■■•  ■"■  i"'  es.-lavage.  La  sainte  comtesse 
paya  la  ra:.  uullitude  de  ces  malheureux. 

Le'  comte  M  _  .e  admirait  la  piété  de  son 
épouse,  et  s  éditiaii  tous  les  jours  au  «pectacle  des 
vertus  dont  elle  .loiinait  l'exemple. 

Le  Seigneur  leur  donna  quatre  enfantt.  Waldé- 
trude  —  ou  si  l'on  préfère,  Waltrude  —  comprit 
tout  ce  qu'elle  devait  de  soin  à  ce*  créatur.-s  dont 
le  Créateur  de  toutes  choses  lui  conflait  la  garde  et 
le  salut.  Elle  s'appliquait  à  les  élever  dans  la  crainte 
de  Dieu  et  l'amour  de  la  vertu.  Au  reste,  sa  vie 
admirable  n'étail-elle  pas  une  prédication  conli- 
nuelle  et  un  stimulant  de  tous  les  jours?  Les  obli- 
ga'. i"ii<  de  la  mère  ont  d'immenses  coniéquenccs 
po  il  la  socii'té.  •  C'e^l  sur  ses  genoux,  dit  M.  de 
M.ii>tre,  que  se  forme  ce  qu'il  y  a  de  plus  excellent 
(11'  •  l"  monde  :  uu  h^nn^le  kmnme  et  une  h^mnite 
/■.:■'.■.  ..  Waltrude  le  savait;  mais  elte  ne  se  con- 
ti'i.ia  pas  de  faire  de  ses  enfants  des  hommes  kon- 
né  e-,  f-lie  en  fit  des  saints. 

;  C'er.t,  en  effet,  en  grande  partie  aux  soins  et  aux 
exemples  admirables  de  leur  mère,  que  ses  enfants 
et  son  époux  lui-même  doivent  l'honneur  d'être 
insrril»  au  .-.atalogue  d<'S  Hienheureui. Saint  Landry 
I  hln.^,  devint  évéque  de  Metz.  Deux  llllei  qui  le  sui- 
vaient.««inte  AMi'Irude  et  sainte  Madelberte,  après 
une    •  .    toute   entière   dans    iftie   vive 

piél»-.  ■  •■  des  vertus  maternelles,  pn- 

t      '  '     e  de  .Maiibeugc 

..mr  de   Waldé- 

t  ' < 

it  peu 

■-   d» 

.1.  -  .t. 

n  !.:         :.    :;.  .1. 

re»  de  la  ville 
cf.  ■  .  de  la  mèr«   .; 

et  do  '  •■  n'a  pat  voulu   privar  ce 

petit  .1  '  ...  .|u  elle    rend   a   toute   M 

ramil.i'. 

'.>  .«nt  au  comte  Madelgaire,  touché  des  vr>rtue  de 
%n  .  r|fli  <><   qui  lui  parlait  aoqvent  do   prix  de  la 


continence',  il  s'éprii  -i  son  lourdes  attraits  de  cttte 
vertu.  Un  songe  ou  1).'  j  lui  ordonna,  par  l'internié- 
didired'un  ange,  de  L.-lir  a  llautiiiout  une  église  en 
l'honneur  du  prince  ^ves  apôtres,  acheva  de  le 
décider  a  quitter  le  monde  pour  se  coosarrer  au 
Seigneur.  Le  comte  et  son  épouse  firent  vœu  de 
garder  la  continence  perpétuelle.  A  quelque  temps 
de  là.  sur  les  conseils  de  saint  Aubert,  evéque  de 
Cambrai,  Madelgaire  allait  poser  la  première  pierre 
d'une  église  et  d'un  monastère  à  llaulmont,  sur  la 
Sambre,  près  de  Maubeuge.  11  s'y  fil  moine,  sous  le 
nom  de  frère  Vincent.  Oublieux  de  toutes  les 
vanités  terrestres,  il  y  acheva  ses  jours  dans  la  pra- 
tique des  plus  excellentes  vertus.  L'Eglise  l'honore 
d'un  culte  public  le  iK  juillet,  sous  le  vocable  de 
saint  Vincent  de  Soignies,  du  nom  de  la  Tille  qui 
possède  encore  aujourd'hui  ses  reliques. 

caoïx  UTiaiKi-aBs  —  on  A.^c■  la  co..«soli 

La  pieuse  \Valtrude  demeura  quelque  temps 
encori;  dans  le  siècle  oi^  elle  continua  de  se  livrer  k 
la  prière,  aux  bonnes  cpuvros  et  aux  pénitences  cor- 
porelles, veillant  sur  ses  fils,  et  attendant  sans  doute 
une  manifestation  de  la  volonté  de  Dieu. 

Une  nuit,  saint  ('■•'ry,  ancien  évéque  de  Cambrai, 
lui  apparut  en  songe  et  lui  dit  de  la  part  du  Seigneur  : 
•  Continuel  :  ces  œuvres  me  sont  très  agréables.  » 
Waltrude,  en  toute  siiiiplir-'^  '-nia  le  fait  a  quel- 
ques-unes de  ses  connais-  hruit  s'en  répan- 
dit bientôt  dans  la  foule.  Cl  ...  I.  !.•""■»  ffr.ime 
une  source  de  railleries  et  d  aè- 
rent dans  des  angoisses  indi  lie 
était  en  proie  à  une  de  ces  tristesses  po  li 
étreignent  l'âme,  un  ange  lui  apparut  s<^ij  :ua 
humaine  et  lui  dit  :  «  Pourquoi  étes-vous  si  abat- 
tue?—  Hélas  I  répondit  la  Sainte,  je  suis  la  risée 
de  tout  le  monde.  —  Prenez  courage,  récliiiua 
l'ange;  il  est  écrit  :  Pas  de  couronne  sans  combat 
(II.  Timothée  n,  5).  Les  prophètes,  les  apôtres,  les 
martyrs  sont  passés  .nussi  par  le  creuset  des  persé- 
cutions. Noire-Seigneur  l'a  dit  :  Le  d; 
pas  au-dessus  du  maître  >.  Fortifiée  p: 
de  l'ange,  notre  Sainte  n'eut  plus  de  peu..  >i 
cette  tristesse  qu'elle  comprit  être  l'œuvre  io  l>si  nt 
infernal. 

WALTHUOI  OUma  li  monde  —   rOXDATION    DO  aONASTSal 
DI   CBATCAULIIO 

Sur  les  bords  de  la  rivière  de  llainc,  au  fond  d'une 
humble  et  étroite  cellule  qui  devait  être  le  berceau 
du  monastère  de  Celle*,  vivait  un  saint  ermite  du 
nom  de  (ihislain.  Cet  ermite  était  pr-Hre.  Sur  un 
ordre  qu'il  avait  reçu  du  ciel,  l'homme  de  Dieu 
venait  visiter   souvent  notre  Sainte   qu'il   dirice.iit 


(iii   in.):i<i. 


frs^  Mi  j...'ir  I»'»  ï.uiiie^  .,,,  ,, ,  ,  u- 

de  se  consacrer  A  Dieu.  i.hiAUin  lui 

„-,  «itaé«'   a  quelques   nulles  dt   .a.    ../m. ne 
:   éminemment  propre  à  la   construction 


TT 


W.,  dir^c 

|.  111  et    fit 

.1er  a   la  >  im  .  llr 

:.  dernier  u  .-t  A  %r% 

•\  prit  le  cUeuiiii  du  «l«»«rt.  Ll  .   luiiva  »ur 

il"   U    m'i'.int'iio  ;    mat»   I»  t.:t|irr<*nl   Im 


.|m;  avait  oiilonii"   la  cotKiry.i  on  <i  un  t\uml>le  et 


pauTF»  oratoire.  Elle  ne  vaulut|pas  séjourner  dan» 
ce  qu'elle  nommait  un  palais  et  redescendit  de  la 
montagne.  Or,  la  nuit  suivante,  celte  maison  neuve 
s'écroula. 

L'ermitage  fut  rebâti  celte  fois  dans  des  propor- 
tions plus  conformes  à  la  pauvreté  évangélique,  dont 
Waltrude  roulait  observer  les  étroites  règUs.  Elle 
Cl  élever  tout  à  côlé  un  oratoire  en  l'honneur  des 
saints  ap6tres  Pierre  et  Paul.  Le»  frais  de  la  cons- 
tructio*  une  fois  couverts,  Waltru'le  distribua  son 
argent  aux  pauvres.  Enûn.  toujours  sur  les  conseil» 
df  son  directeur  l'ermite  Guislain,  elle  vint  à  Cam- 
brai recevoir  le  voile  des  vierges  des  mains  de  ce 
même  saint  Aubert  qui  avait  puissamment  contri- 
bué à  la  vocation  religieuse  de  son  époux,  le  bril- 
lant comte  Hadelgaire,  devenu  l'humble  frère 
Vincent. 

APPABITIONS  DD  DUBLB —  HONTEUSE  DEFAIT» 

De  retour  dans  sa  cellule,  la  nouvelle  épouse  de 
Jésus-Christ  embrassa  résolument  le  genre  de  vie 
qu'elle   avait  choisi.  Dégagée  des  entraves  du  corps 
qu'elle  domptait  au  prix  de  fréquentes  macérations, 
son  âme  atteignit  bientijt  les  hauts  sommets  de  la 
contemplation.    Le  dénon  jaloux   résolut    de    lui 
livrer  une  guerre  à  outrance,  comme   autrefois  à 
certains  Pères  du  désert.  Teiuations  contre  la  foi, 
tentations  de  désespoir;  tableau  de» horreurs  de  la 
solitude  et  des  austérités  de  la  vie  religieuse  d'une 
part,  des  plaisirs  du  monde  d'autre  part  ;  souvenirs 
de  ses  richesses,  de  sa  famille,  de  sa  noblesse  et  de 
sesçloires,  Satan  fltjouer  tous  les  ressorts  du  monde 
et  de  la  chair  pour  triompher  de  la  pieuse  recluse. 
Mais  Waltrude  répondait  à  ces  assauts  de  l'enferpar 
des  prières  plus  ardentes.  A  bout  de  ressources,  le 
démonlui  apparaît  un  |our  sous  lafigure  d'un  homme 
hideux,  et  la  saisit  dans  ses  bras  vigoureux  pour  la 
battre.  La  Sainte  invoque  le  nom   de   Jésus  avec 
amour.  A  ce  nom  victorieux  le  démon  lâche  sa  proie 
et  s'efforce  de  disparaître.  Mais,  comme  entravé  par 
une  force  supérieure,  il  nepeutfuirqu'avec  peine.  La 
'-'tinte  le  poursuit  de  cAté  et  d'autre  en  lui  criant 
■  >;c  dédain  :  «Tant  mieux,  si    tu  es  si  misérable, 
.'it  mieux  !  Un  jour  tu  t'es  exclamé  :  j'élèverai  mon 
'me  par  dessus  le»  astres  du  ciel  et  je  serai  sem- 
ible  au  Très-Haut.  Insolent,  ton  orgueil  n'a  servi 
i'à  te  précipiter  du  haut  de  ce  lr('jne,  et  maintenant 
suffit  d'une  femme  pour  te  faire  la  guerre.  Quant 
celte  gloire  dont  tu  t'es  rendu  indigne,  le  Seigneur 
1  a  fait  don  au  genre  humain.  » 
Le  diable,  si  plein  d'orgueil,  semblait  dévoré  par 
Il  honte,  plus  encore  que  par  le  feu  de  l'enfer.  Dès  que 
la  force  divine  qui  l'enchaînait  cessa  d'agir,  il  dis- 
parut comme  un  éclair.   Il  n'osa  plus  de  quelque 
temps  revenir  tenter  notre  Sainte. 

La  renommée  des  vertus  de  Waltrude  ne  tarda 
pas  à  se  répandre  au  loin.  <in  vit  bientôt  des  jeune» 
niles,  de  rare  noble  pour  la  plupart,  abandonner  le 
monde  et  ses  faux  bien»  et  venir  lui  conOer  la  garde 
de  leur  virginité. 

SAI.NTK  WALTRUDK  ET  SAIKTI  ALDCGOnOB 

Sainte  Waltrude  avait  une  Bceur  puînée  dont 
nous  avons  déjà  prononcé  le  nom.  Elle  s'appelait 
Aldegonde.  Af'rès  une  enfance  angélique  qui  se 
1 1 -^cnlit  sans  doute  de  rh"ureuse  influence  des  rares 
v'i!ti<  de  sa  SŒur,  Aldegonde  fut  éprise  comme  elle 
il<.  <l':^ir  de  se  fiancer  a  Jésus-Christ.  .Mais  quand 
pIIp  lut  en  état  d'être  mariée  elle  trouva  les  même» 
r.^,  '  i!i.-.s  qu'avait  rencontrées  sa  sœur.  Celle-ci 
'ji.  ■'•  »e  retirer  alors  a  (^hàt^'aiiiieu  et  cora- 

pi  le  (II il  d'une  vocation  i i;lici.'ii«e.  voulait 


assurer  cette  grâce  à  sa  sœur.  Dans  une  lettre  qu'elle 
écrivit  à  sa  mère,  Waltrude  la  suppliait  de  lui  en- 
voyer Aldegonde  qu'elle  avait  hàle  de  revoir.  Elle 
ajoutait  qu'à  la  première  manifestation  d'un  désir 
maternel,  Aldegonde  prendrait  le  chemin  de  la 
maison. 

La  princesse  Berlile  consentit  enfin  an  départ  de 
sa  tille.  Le  séjour  d'Aldegonde  à  Chàteaulieu  ne  fut 
qu'une  suite  d'entretiens  avec  sa  sœur  sur  les  char- 
mes et  les  avantages  d'une  vie  consacrée  à  Dieu. 
Cependant  la  princesse  Berlile  n'était  pas  rassurée 
sur  le  sort  d'Aldegonde.  Il  lui  semblait  entrevoir  de 
loin  le  voile  des  vierges  sur  sa  tète.  .\u  bout  de 
quelque  temps  elle  rappela  sa  fille.  Fidèle  à  sa  pa- 
role, Waltrude  congédie  aussitôt  sa  sœur  qui  l'em- 
brassa les  yeux  pleins  de  larmes.  Notre  Sainte  la 
console  de  son  mieux  et  l'engage  à  persévérer  dans 
sa  vocation  avec  une  constance  inébranlable.  Mais,  à 
son  retour,  en  dépit  de  ses  refus  constants,  ses  parents 
veulent  la  marier  à  un  jeune  seigneur  anglais.  Celait 
abuser  de  leur  autorité.  Une  nuit,  Aldegonde  quitte 
la  maison  paternelle  et  court  se  réfugier  dans  un 
endroit  désert. 

Elle  put  bientôt  y  construire  un  monastère,  qui 
devint  une  abbaye  autour  de  laquelle  se  forma, 
dans  les  siècles  suivants,  la  ville  de  Maubeuge.  De 
nombreuses  compagnes  vinrent  se  ranger  sous  la 
direction  de  la  jeune  abbesse.  Ses  deux  nièces, 
Aldétrude  et  Madelberle,  filles  de  sainte  Waltrude, 
dirent  un  dernier  adieu  à  leur  aïeul  le  comte  'Walbert 
et  à  leur  grand-mère  la  princesse  Bertile,  et  prirent 
la  route  de  Maubeuge  où  elles  achevèrent  avec  les 
conseils  de  sainte  Aldegonde,  leur  tante,  l'œuvre 
de  leur  sanctification  si  Bien  commencée  par  sainte 
Waltrude. 

VERTUS    DE    SAINTE    WALTRUDE    —    MIRACLES 
CRALNTK    qu'elle    INSPIRE  AU    DÉMON 

Mais  revenons  au  monastère  de  Chàteaulieu  con- 
templer la  vie  admirable  de  notre  Sainte.  Modèle 
achevé  d'humilité,  de  patience  et  de  douceur  vis-à- 
vis  de  ses  ûlles  spirituelles,  son  exemple  entraînait 
tous  les  cœurs.  Dieu  daigna  plusieurs  fois  montrer 
aux  hommes  combien  l'abbesse  de  Chàteaulieu  lui 
était  agréable. 

L'œuvre  de  prédilection  de  notre  Sainte  était, 
nous  l'avons  dit,  le  i  achat  des  captifs.  Un  jour  qu'elle 
pesait  sur  une  balance  la  somme  destinée  au  rachat 
d  un  prisonnier,  une  main  invisible  doubla  la  rançon 
et  suppléa  ainsi  largement  au  peu  d'argent  qui 
manquait  pour  le  prix  convenu.  L'humble  servante 
de  Dieu  supplia  le  témoin  oculaire  de  n'en  rien  dire 
à  personne  de  son  vivant. 

Les  maladies  ne  résistaient  pas  davantage  aux 
prières  de  la  sainte  abbesse.  Elle  guérit  deux  petits 
enfants  qui  semblaient  di'jà  presque  morts,  l'un,  en 
le  louchant  simplement  de  sa  main,  l'autre,  en  le 
marquant  du  siene  de  la  croix. 

Depuis,  l'aventure  que  nous  avons  rapportée  plu» 
haut,  le  diable  avait  une  peur  indicible  de  sainte 
Waltrude.  Un  malheureux,  tourmenté  par  toute  une 
foule  de  ces  esprits  mauvais,  n'eut  qu'à  invoqurr 
le  nom  de  l'abbesse  de  Chàteaulieu  pour  être  immé- 
diatement délivré  de  leurs  cruelles  vexations. 


K.NTRETIBNS  DE  l'aBBKSSE  DE  CHATEAULIEU  ET  DE  L  ABBFSSK 
DE  MAUBEUGE  —  AMOLR  DE  LA  PAUVRETé  CHEZ  SAINTE 
VrALTRUDE 

Sainte  Aldegonde  venait  quelquefois  de  Maubeuge 
vi<.iler  sa  sœur  au  monastère  de  Chàteaulieu.  Elles 
s  •■i  liraient  sur  les  moyens  à  prendre  pour  la  di- 
[ .  >  tion  do  leurs  rrlipieufcs.  Puis,  on  parlait  de  Hi.'u 


de  ses  perfections,  du  paradis  et  de  ses  joies  éter- 
nelles. Les  âmes  des  deux  sœurs,  comme  celles  de 
sainte  Monique  et  de  son  fils  Augustin,  sur  les  bords 
de  la  mer,  à  Oslie,  atteignaient  alors  ces  hauteurs 
de  la  contemplation,  où  l'intelligenre  et  la  volonté 
de  l'homme  sont  en  contact  avec  la  divinité,  et 
s'abreuvent  aux  torrents  de  lumiire  et  de  force  qui 
s'épanchent  du  sein  du  Père  Eternel. 

Mais  un  jour,  la  bienheureuse  Aldegonde,  pous- 
sée par  un  sentiment  d'alTeclion  trop  humaine  : 
«  Ma  sœur,  dit-elle  à  saintv  W.iltrude,  ce  monastère 
eit  bien  étroit  et  incominode,  ces  plages  bien 
pauvres  ;  venez  plutôt  a  Maubeuge,  vous  y  trouverez 
une  abbaye  plus  belle,  plus  grande  et  bien  mieux 
située.  —Ma  sœur,  répliqua  sainte  Waltrude,  Jésus- 
Christ  n'a  eu  qu'une  élable  au  jour  de  sa  naissance; 
il  a  passé  toute  sa  vie  dans  l'indigence:  est-il  juste 
qu'une  créature  aussi  vile  que  moi  recherche  ses 
aises  ?  Au  reste,  j'espère  vivre  avec  autant  de 
sûreté  dans  mon  humble  couvent  que  dans  les 
plus  magnifiques  abbayes.  » 

U    CA61    DU  PAKADIS  —   «(  BT  DI  SAI.NTK   WALTBUDI  (686) 

Morte  depuis  longtemps  au  monde  et  à  la  chair, 
sainte  Waltrude  n'avait  plus  qu'un  désir  :  celui  d'aller 
au  ciel.  Un  jour  que  son  Ame  était  toute  absorb'^e 
dans  la  contemplation,  elle  vit  un  ange  descendre 
du  firmament  et  s'approcher  du  lieu  où  elle  priait. 
Sainte  Waltrude  lui  demanda  si  son  nom  était  inscrit 
dans  le  livre  de  vie,  et,  mue  par  un  motif  de  charité 
bien  digne  de  son  cœur  de  sainte,  elle  rinterro:.'.'a 
en  même  temps  sur  la  destinée  éternelle  de  sa  sœur. 
L'ange  lui  répondit  par  ce»  paroles  que  Dieu  adres- 
Mit  jadis  au  propht'-te  Isale  :  <■  Sur  qui  porterai-je 
mes  yeux,  sinon  sur  celui  oui  qsl  pauvre,  en  qui  je 
vois  l'humilité  du  cœur  et  le  respect  de  ma  parole. 
(Isale,  Livi,  2.)  .. 

Tel  est  le  bel  éloge  que    le  ciel  lui-même  a  fait 


de  la  vie  pauvre  et  cachée  de  notre  Sainte.  «  Et 
loin  de  s'enorgueillir  de  cette  révélation,  ajoute  ton 
historien,  Waltrude  en  prit  texte  pour  s'enfoncer 
davantage  dans  la  sainte  humilité.  >  Car  elle  savait 
que  tout  bien  vient  de  Dieu. 

Enfin,  après  soixante  ans  passés  sur  cette  terra 
d'exil,  Waltrude  s'endormit  dans  le  baiser  du  Sei- 
gneur. C'était  le  3  avril  de  l'an  de  J.-C.  686.  Beau- 
de  grâces  ont  été  obtenues  par  son  intercession,  et 
sainte  W'aldétrude  est  encore  très-aiméeen  Belgique, 
sous  le  nom  de  sainte  Vautrude  ou  Vaudra.  Cette 
dernière  année,  1887,  les  fêtes  de  la  sainte  patronne 
de  Mons  ont  été  magnifiques. 

•<  Kn  1349,  le  7  octobre,  dit  Monseigneur  Guérin, 
les  reliques  de  sainte  Waltrude  furent  portées  en 
procession  dans  les  rues  de  Mons,  pour  implorer  la 
miséricorde  de  Dieu  contre  la  peste,  qui  faisait 
d'alTreux  ravages.  Une  multitude  d'habitants  accou- 
rut en  cette  circonstance,  pour  rendre  hommage  h 
l'illustre  patronne  de  Mons;  de  telle  sorte  que,  dit 
de  Boussu,  dans  son  histoire  de  Mons,  c'est  il  son 
culte  que  cette  ville  est  redevable  d'être  la  capitale 
de  la  province. 

•  Dans  le  village  de  Castiaux,  on  montre  une 
fontaine  qui  porte  le  nom  de  Sainle-V'autrude.  De 
nombreuses  guérisons  s'y  sont  opérées  de  tout 
temps.  Ce  lieu  est  encore  aujourd'hui  en  grande 
vénération. 

»  Les  reliques  de  sainte  Vautrude  reposent  toujours 
à  Mons  dans  une  chdsse  très  riche  et  d'un  merveil' 
li'ux  travail.  Chaque  année,  le  lendemain  de  U 
Sainte  Trinité,  on  fait  une  procession  dans  laquelle 
res  précieuses  d>'pouilles  sont  poitées  sur  un  char 
(jue  traînent  les  i>lus  beaux  chevaux  des  brasseurs 
de  la  ville.  L'église  de  sainte  Vaudru  est  un  des 
plus  remarquables  monuments  religieux  de  la  Bel- 
gique. Elle  fut  construite,  dans  le  iv«  siècle,  sur  les 
dessins  de  Jean  Dethuin,  l'un  desplus  savauals archi- 
tectes de  l'époque.  ■> 


\mf.-t*rttHi:  K.  Pamaaitai ,  h,  me  KraD<;ols  I",  Paris. 


SAINT  MACAIRE 

PATRIARCHE    D'ANTIOCHE 


Féle  le  1 0  avril 


Saint  Macaire  d'Antioche,  dans  son  voyage  en  Occident,  guérit  en  Bavière 
la  femme  du  seigneur  Adalbert.  (I)  apr.s  une  gravure  de  Sodeler  jeune.) 


l'ARBSTS   ET  PARR.UN 

Ce  fui  vers  le  milieu  du  \'  siècle  que  naquit, 
1  une  des  plus  nnhies  familles  de  l'Arménie,  celui 
i)ui  devait  plu-  lard  édilier  liinenl  et  l'Occident 
I  it  1,1  sainteté  de  sa  vie  et  étonner  le  monde 
■  par  ses  nombreux  miracles. 
I  arenls,  Michel  et  Marie,  riches  des  biens 
1"  1.1  terre,  mai»  plu»  encore  de  ceux  de  la  grâce, 
rrurent  le  petit  enfant  en  r<merri,-ini  le  DIpu 


qui  le  leur  donnait.  Leur  premier  soin  fut  de 
faire   purifier  sa  jeune  âme  dans  les  eaux  du 

baptême. 

■  .'illustre  saint  Macaire  pouvernait  alors  l'KiJli'ii' 
d'Antioche.  Ce  fut  à  lui  que  fui  [lorté  l'cnraiit 
l,"  patriarche  voulut  en  être  le  parrain  el  lin 
<l'inner  son  nom.  Comme  il  était  déjà  vieux  ri 
brisé  par  des  travaux  incessants  d'un  leconii 
.ipo^iolat,  il  demanda  qu'on  lui  conliAI  l'eniant 
.iii-i'itf'it  qu'il  pnurr.iit  se  livrer  aux  éliil'  -    l.i 


321 


proposition  fat  acceptée,  et  llirhel  «t  Marie  s'en   \ 
rilcurm-rent  joyeux,  bénissant  Dieu  de  les  con- 
soler ainsi  d.ius  leurs  vieux  jours 

AléBiriON  DU  JEt'HE  MACAinl: 

l,i-~  [■rt'mi'Tes  années  du  jeuiie  Maraire  furent 
sjni|'li-s.  innoi-enles  et  pures,  hlles  se  pa^si-renl 
au  lovi  r  de  la  famille,  dans  les  liras  maternels, 
oii  il  puisa,  à  la  double  sourre  des  leious  et  des 
exeiuples,  le  Roiit  de  la  jiiélé  et  de  la  vertu.  L'en- 
fant l'iaii  hienjeune  encore  '|uand  il  partit,  muni 
.le  la  bénédiction  de  sou  père  et  des  sayes  avis 
de  sa  mère. 

Le  saint  patrinrrhe  le  reçut  avec  joie,  et  en  peu 
de  tenii  i*»  la  douceur  et  de  l'amabilité 

dujeui  I  l'uiroa  comme  un  (ils.  Les  suc- 

cès  du  iireiit  brillants,   surtout   dans    i 

l'éludi  lire   ."iainte.   mais   ci-   que   Uieu 

airi.  .1   '11  liii.  .  '  t   1'  -  1  iii>  ■■   leiidrc    ■ 

et  1  .      ■   I  '  ;"  ur  d;iii> 

la  I     <  M  ^M'ii  iir   1  "ail  t;  (iliili    ' iiir-  ~mii    lllustri' 

niaitre,  il  s'appliquait  surloiil  à  la  iiiéditatiou  Jer- 
choses  divines.  Le>  plui-ifv  du  monde  lui  inspi- 
raient une  souveraine  horreur,  et  aimer  Dieu 
plus  que  tout  autre  était  sa  seule  ambition. 


rOMMKN'T  IL  DITIE^TPATHIARaiE 


1.1 


au' 

ï: 

ait  j>ri~ 
Christ, 
mon  !•> 

'ln'lill     . 


'11-1  loin,  i'iii. 
leliii  'lui  1  . 


là  que,  prédicateur  infatigable,  il  jetait  dans  les 
iiiirs  la  semeuct]  lécouJc  de  la  parole  divine, 
.  i.iKiil  la  vitrtusoos  les  rouleuis  les  plus  sédui- 
. lames  et  taisait  croître  dans  les  cu-urs  la  cha- 
nté et  la  paix. 

Ilicn  <]u'il  ne  refusât  pas  à  son  corps  la  nour- 
liture  né<esssaire,  snus  ses  habits  ponlillcaux, 
il  portail  un  rude  cilicc.  et  passait  sur  une 
planclie  los  queli|iii-s  heures  qu'il  consacrait  au 
ri-pos.  Mais  nous  serions  trop  lou^  si  nous  vou- 
lions énuuiérer  les  vertus  sacerdotales  qui 
ornèrent  l'àme  de  Macaire  et  qui  tirent  de  !ui 
ce  que  doit  être  le  vrai  ministre  de  Jesus-I^hiist; 
l'imoce  vivante  de  toutes  les  vertus.  Disons 
cependant  que  quand  il  priait,  il  versait  une 
telle  abondance  de  larmes,  qu'il  devait  toujours 
tenir  uu  mouchoir  à  la  main  pour  les  essuyer. 


lit  de  bénir  Dieu  de 
:     iple.  De  jour  en  jour, 
vers   la    tombe,   il   dtivait 
r  troupeau,  an^'i  voulait- 


lui  avoi 

il    se   - 

quittei 

il  «e  chiiiMi 

avait  -randi 

ce  fut  siii  lui  qii'j  sari'  Il  li-  cli'ix  du  ('jli  idicUe. 

l'ur  ses  iirdres.  le  peuple  accourt  au  pied  des 


e  doutant  de  rien,  accom- 
iile  son  maître  bien-aimé. 

■•:  -lli-H'-e  iji;  •  '  •  ■   '   ' 

■  s  bien-ai 
,  ,  ,,..  .1. 

Je  n'ai 

r  pour 

\  olre 

■  r  votre 

<i  vous  rccuiiimaiider 

'•« '  Il  ne  put  l'T- 


coMXirNT 


VINT  MACAint  KAIsAITOKs   Mlli 
s'r*  OOITER 


1^1  iii,i.-"ii   du  pieux  patriarche  c-i.ni  "imiu- 
aux  lulirme»  surtout.  Il  les  nourrissait,  U-sréchauf- 

'"'     i'O'    ■' ■"<   s.".    ....I.    .'1    -Ml   aiUfiit.    Les 

liniis,  et  il  >e 

,  ,  iiiils.   l'aiini 

'  Il  V    s  en    trouvait  un    ,  rt    plus 

-      'le    la  ciuelK*    u.  ~   autres. 

s    il    >'t  lait  deiu>iiiUe    quci    moyen    il 

lit  l'oui-  Illettré  lin  à  sei  iii,iu\.  Kniiu 

I  11  Jour, 
'd"  al'Oii- 


C||..|1.     I.' 

tout  mou 

cha    de    bon     i"l|i?     uncir,     ei    la     lepie    ili--ptillli 

aussiltit. 

''•■■•-  •■■•  -■-•■.•■- 1  • ' ,1,., 

.  ■  t 

maiii>  avait  la  vertu  de  p-uérir  toutes  les  inliruiités. 


I.a    r'ii'n 


M.icnlrc 


m    en  jour. 

!!ni«   jue  po; 


I" 
d' 


d  un  11  il  iliquiel  1<    ili'l 
ri-iioiiimée.  Il  ne  s  ,  n  in 


en 

1" 


i  riarcbe  expira  peu  après,  et  Uacai  i  ' 


•I" 
!•■ 

1,1. 


'lit,   par   ~' 
I        [,  eur,  son    1   . 
ce   haut  rauf;  dont    souili 


de  pèlerin  et  de  mendiant. 

i;t   yl'iL    »Al!T    fAlKI   ol»M>    ON    v\ 

Ain-i    libro    .1.-    I.nit.     p:iiivrr 


'Il   i-l,  tiiiii 
I   -timl  I  I 


•il 
an 
Ul' 


Il  de  Dieu  U  dévorait.  U 

..,..  1...  I ,.1. . ■,,". 


Naïm,  011  l'ut  ressuscité  le  fils  de  la  veuve:  Cana, 
où  l'eau  fut  échangée  en  vin;  Nazareth,  qui  vit  les 
premières  années  lu  Sauveur.  Il  vénère  aussi  les 
cendres  de  «ai'ntJean-Baplisle,  «l'Elisée  ,d"Abdias, 
pleure  les  péch'-s  des  hommes  sur  le  richer  où 
Amos  pleurait  les  égarements  du  peuple  irisraël. 
Il  ne  peut  éloigner  ses  pas  du  Jardin  de  (îelhsé- 
mani;  il  lui  '^emble  voir  encore  la  divine  Victime 
buvant  le  calice  d'amertume  et  suant  de?  g.^uttes 
de  sang  pour  nos  péchés.  Enfin  il  se  dirige  vers 
•lérnsalem  où  il  espère  mourir  d'amour,  comme 
son  divin  Mod'Ie.  Sa  renommée  l'y  avait  déjà 
précédé.  Le  patriarche  vint  à  sa  rencontre  et  le 
retint  quelque  temps  chez  lui.  Qu'il  était  heureux 
dans  cette  ville  toute  parfumée  encore  du  saiig 
divin,  où  l'enfer  fut  vaincu  et  le  monde  racheté! 

CRfClKlEMENT    DE   SAINT   MACAIRE 

Le  pieux  pèlerin  faisait  l'admiration  des  Sarra- 
sins comme  des  chrétiens,  A  tous  il  enseignait 
la  seule  vraie  foi,  à  Lott'^  il  parlait  du  Christ  avec 
am'iji.  Plusieurs  se  convertirent;  eux  (jui  résis- 
l^i'  rit  à  la  yràce,  animés  d'une  haine  violente 
centre  lui,  s'en  emparèrent  et  le  frappèrent  tel- 
Itiii-nt  de  verges  que  la  chair  du  martyr  volait 
en  lambeaux.  Et  pourtant,  au  milieu  des  tour- 
ment^, il  prêchait  encore  la  vérité. 

l'f-u  après,  les  Sarrasins  le  jettent  dans  une 
pri-nu  et,  comme  Je  divin  Maître,  il  se  voit  clouer 
^ur  une  croi.x.  Mais  les  clous  tombent  d'eu.v- 
m>'iiM:-s,  et  les  barbares,  peu  touchés  de  ce  pro- 
(lii.e.  l'ont  appel  à  d'autres  supplices.  Ils  lui  lient 
les  pieds  et  les  mains  et  posent  sur  sa  poitrine 
une  pierre  brùlantf.  Maille  feu  df  l'amour  divin 
qui  embrase  son  àme  est  plus  véhément  que  ce 
leu  matériel,  et  le  bienheureux  martyr  n'en 
ressent  aucune  atteinte.  Du  fond  du  cachot  où  il 
et  lelé.  il  cirante  la  gloire  du  divin  Crucifié; 
-   '  '      '  '  url'amourile  son  Itoi,  il  demande 

v.iiucre  l'infldélité. 

i''-,    un    ange   lui    apparaît: 
lui  dit-il,  lève-toi,  serviteur 
dii  !  1.    "nier  de  nouveau  la  parole 

de  llieu  a  tes  ['"M -''■■iiteur".  n 

l.f  martyr, si;  lève  auisit'M,  les  chaînes  qui  le 
retenaient  captif  sf  brisent,  les  portes  de  la 
I  rison  s'ouvrent  devant  lui,  et  il  apparaît  au 
milieu  de  ses  ennemis,  (^eux-ci,  étonnés  de  voir 
l'I'in  dp  f  rrp  r?  il,-'  ■.  iç  celui  qu'ils  croyaient 
i^  .  lui  demandent  pardon 

(•  Mfrb^  bnpt''me.  Ma'-aire 

I  à  leurs  désirs,  mais  avant 
1.  ir  de  Jésus-i;hri»t,  vrai  Dieu 

•■l  lii  .■ï.iuvcur,  ut  leur  enseigne  les  mystères  de 
iiolf  foi. 

i;  •  :.ie  ,à  Antioche,  les  foules  accou- 

rcii'    ,  idre   la   parole  du   serviteur  de 

Iii-u    '     :,mi''  i;ii  père  au  milieu  de  ses  '-nfant», 
il  I  étiit.  -.in«ole.  ■^ii-nurage  et  absout,  l'n  mol, 
tf        •■   ■    ,  un  cri  d'amour  ver*  le  ciel  lai  suf- 
ïuérir  toute»  les  infirmités. 

■!  ar- 

r  .  Il 

.1  droite  dess^- 

if    l'H  I    ri"ur 
I  I   lut   aus^ilo' 

ind  nom  lire  d  .  ni 

'  s  et  reçurpiit  le  li.iplèine. 

'•nrnurs  du  p"inl'-.  '•»ti"  ndminlion 
"•  lui  p'M' 

blesser  ! 

■I  aver  *e>     l'Hii  a-U'iiis  elpaitit 
I  une  retraite  oîi  II  pourrait  vivre 


dans  la  pénitence,  ii-'noré  des  hommes.  Dieu  ne 
permit  pas  qu'une  telle  lumière  fût  cachée  sous 
le  boisseau. 

LES  BREBIS  A  LA  RECHERCHE  DU  BERGER 

Cependant,  on  s'inquiétait  à  Antioche  de  la 
lon;.'ue  absence  du  saint  patriarche,  car  on  avait 
espéré  qu'il  reviendrait  bientrtt.  Ce  n'était  plus  le 
pasteur  qui  recherchait,  inquiet,  la  brebis  égarée, 
mais  le  troupeau  tout  entier  qui  pleurait  «on  pas- 
teur. Les  parents  de  saint  Macaire  envoyèrent  à 
sa  recherche,  ordonnant  aux  émissaires  de  sup- 
plier leur  fils  de  se  rendre  à  leurs  vœux  ainsi 
qu'à  ceux  du  peuple,  et  d'employer  la  force  s'il 
refusait. 

Macaire  ne  tarda  pas  à  être  découvert,  car  qui 
ne  connaissait  ou  n'avait  entendu  parler  en  Terre 
Sainte  du  pieux  pèlerin, derillustrethaumalurL-e! 
Mais  les  prières  comme  les  menaces  ne  purent 
le  dissuader  de  son  entreprise.  En  vain  lui  repré- 
senla-t-on  le^  impatients  dé«ir<  de  ses  chères 
ouailles,  les  pleurs  de  ses  parents,  l'inconsolable 
tristesse  de  ses  amis,  tout  fut  inutile.  L'homme 
de  Dieu  ne  voulut  suivre  que  l'inspiration  de  son 
divin  Maître.  On  en  vint  aux  menaces,  puis  à  la 
violence.  Mais,  du  haut  dU  ciel,  Dieu,  qui  veillait 
sur  son  serviteur,  frappa  d'aveuglement  les  mal- 
heureux qui  osèrent  le  toucher.  Ceux-cj,  recon- 
naissant leur  faute,  n'osaient  se  plaindre;  mais 
Je  Saint,  oubliant  l'injure  qu'ils  lui  avaient  faite, 
fit  le  signe  dé  la  Croix  sur  leurs  yeux  et  ils  furent 
guéris  aussitôt.  Il  leur  dit  alors":  <■  Allez,  main- 
tenant, et  dites  au  peuple  d'Antioi  be  de  ne  plus 
pleurer  son  pasteur,  mais  de  se  réjouir,  car  il  va 
bientôt  quitter  la  terre  pour  les  joies  de  la  patrie 
céleste  d'où  il  veillera  sur  vous  et  vous  bénira.  » 

V'JVAGEET  UiR.VCLES  DU  IMKUX  PÈLEAIN 

Macaire  continua  sa  route,  bénissant  Dieu, 
annonçant  le  l^hrist  à  ceux  qu'il  voyait  et 
guérissant  les  infirmes  qui  se  présentaient  à  lui. 

L'n  jour,  il  rencontra  plusieurs  chrétiens  qui 
se  rendaient  à  Jérusalem,  conduisant  avec  eux 
un  pauvre  aveugle.  Le  Saint  s'a)>proclia  del'aniigé 
et  lui  :  c<  Où  donc  allez-vous'? 

—  A  Jérusalem,  seigneur,  si  Dieu  le  permet.  <> 

Et  Macaire  se  mit  à  pleurer,  demandant  à  Dieu 
d'avoir  pitié  de  sa  pauvre  créature. 

■  Frères,  dit-il  aux  pèlerin-:,  invoquez  le  Sei- 
vneur  avec  moi.  Vous  savez  que  ce  Dieu  plein 
de  bonté  se  trouve  au  milieu  de  ceux  qui  sont 
rëunis  eu  son  nom.  Le  Christ,  lumière  véritable, 
est  donc  au  milieu  de  nous  et  aucun  (fil  ne  peut 
rester  ferm^  alors  que  cette  lumière  bienfaisante 
projette  ses  rayons.  Tous  se  mirent  à  i.enon\, 
une  prière  ardente  jaillit  de  leurcuur,  et  lei  yeux 
de  laveu;.de  s'ouvrirent.  Mai»,  en  même  temps 
que  la  lumière  corporelle,  ce  dernier  reçut  dans 
son  Ame  les  divines  illumination'^  de  là  :.TAce  ; 
plein  il'amour  pour  le  Christ,  il  h.lta  son  voya:;e 
vers  le  Saint-Sépulcre,  et,  comme  autrefois  saint 
Jean,  y  arriva  le  premier. 

I.e  saint  patriarche  poursuivit  sa  roule  au  milieu 
de  terre'*  arides,  par  un  sol.  l  l,r,,l:,,it.  Ceuf  de 
~a  «iiite  étaient  dévorés  i  et  pas  nu 

iiii 111,  pas  une  fontaine  11  il  à  leur  vue. 

1  voir  creusé  la  terre  en  raainl-^  endroit-^, 

iijours  en  vain,  ils  se  couchèrent   sur  le 

s.ilde  en  attendant  la  mort  :  ce  que  voyant,  Macaire 

Tmi   touché    de  compa'isinn  et   leur  dit  :  «   Mes 

'  iiits,  rien  ne  peut  manquer  à  ceux  qui  '-rii- 
iit  Di^u  et  oiÉt  confiance  en  lui.  Ceux  (|>ii  ■-"îi' 
altérés  ont  de  l'eau  avec  abondance,  et  ceux  qm 
croient  puisent  à  la  fontaine  ifeau  vive.  .• 


Il  traça  alors  une  croii  sur  la  terre  avec  son 
crucilix'el  l'eau  jaillit  aussitôt.  Dieu  permit  que  la 
source  ne  tarit  jamais  afin  de  perp'-tuer  dans  les 
siècles  futurs  la  mémoire  de  son  pieux  serviteur. 

SAl.NT   HACAIHB   EN    OCCIDE.NT 

Saint  Macaire  alla  jusqueu  Bavière,  puis  vint 
à  Cand,  après  avoirjpassé  par  Mayeiice,  Coloiine, 
Maliiies.CambraietTournai.Uiretouslesniiracles 
qu'il  opéra  pendant  ce  loii«  voya;,'e  serait  im- 
possible. En  Bavière,  c'est  la  femme  du  sei:,'neur 
.\dalbert,  son  hùte,  qu'il  suèrit  d'un  mal  incu- 
rable; à  Maliues,  c'est  un  incendie,  menaçant  la 
ville  entière  qu'il  éteiut;  à  Cambrai,  ce  sont  les 
portes  de  ré_'lise  Notre-Uarae,  fermées  par  ses 
ennemis,  qui  s'ouvrent  devant  lui;  à  Tournai, 
c'est  une  -éJition  qu'il  apaise,  sédition  si  grande 
que  les  ^ol  Jais  de  Baudouin  ne  peuvent  s'en  rendre 
maîtres:  à  Maubeu^e,  un  malheureux  est  frappé 
de  la  lèpre  après  avoir  jeté  à  la  voirie  un  vase 
rempli  du  sanc  que  le  Saint  s'était  fait  tirer  peu 
dant  une  maladie. 

11  y  avait  bien  Inngtemps  déjà  que  le  bienheu- 
reuxpatriarcbe  supportait  les  fatigues  de  ce  Ion;; 
et  pénible  voya^'e,  lorsqu'il  arriva  au  monastère 
de  Saint-BavoM.  à  (iand.  Là,  comme  partout,  on 
eut  bientôt  une  haute  idée  de  sa  sainteté,  be 
nombreux  malades  lui  étaient  apnorlès,  et  il  les 
uuérissait  tous.  Un  simple  sicne  de  la  main,  dit 
son  ha:;ioaraphe,  lui  suffisait  pour  délier  la  lan;;ue 
aux  paralytiques  et  rendre  I  ouïe  aux  sourds. 

SAI."»!  MAC'IHE  MKLRT    POUR  LE   SALUT   DES  PESTIFÉRÉS 

Cependant,  saint  Macaire,  courbé  souj  le  poids 
des  infirmités,  sentait  que  le  moment  était  bicntrtt 
venu  de  quitter  cette  terre  d'exil  pour  la  véritable 
patrie,  aussi  aurait-il  voulu  voir  une  .lernière 
fois  le  cbir  troupeau  qu'il  avait  depuis  si  loni'temps 
quitté.  Mais  Uieu  ne  permit  pas  que  son  serviteur 

?uittit  la  ville  qui  lui  avait  donné  l'h'ispitalilé. 
rappé  subitement  d'une  dangereuse  maladie,  le 
saint  vieillard  en  fut  guéri,  après  une  vision  qu'il 


eut  de  saint  Bavon.  de  saint  Landoald  et  de  plu- 
sieurs autres  bienheureux. 

Cinq  mois  après,  le  Saint  se  disposait  de  nou- 
veau à  retourner  en  .\rménie,  lorsqu'une  peste 
terrible  vint  désoler  les  Pays-Bas.  A  Cand,  les 
survivants  ne  suffisaient  plus  à  enterrer  les  morts. 
Déjà,  tout  espoir  humain  de  salut  semblait  perdu, 
lorsque,  par  une  inspiration  du  ciel,  le  peuple  se 
porte  en  foule  aux  tombeaux  des  saints  de  la 
ville  et  les  conjure  d'apaiser  la  colère  de  Dieu. 
Des  processions  sont  organisées,  un  jeune  public 
tant  pour  les  animaux  que  pour  les  hommes  est 
ordonné,  et  on  n'a  plus  d'espoir  qu'en  le  secours 
du  Tout-l'uissant. 

On  était  au  Iroisième  jour.  In  mort  continuait 
ses  ravages,  et  pourtant  .Maraire  était  plus  joyeux 
que  de  coutume.  C'est  que  Dieu  lui  avait  parlé 
au  fond  du  cu'ur,  il  lui  avait  dit  qu'il  le  choisissait 
pour  expier  les  crimes  des  pécheurs  et  qu'il  serait 
le  dernier  frappé  du  terrible  lléau.  Mourir  pour 
les  pécheurs,  être  victime  pour  leurs  fautes,  c'était 
liien  là,  en  elTet,  ce  qu'avait  toujours  voulu  le 
Saint,  et,  dans  cette  pensée,  il  ne  pou wiit  contenir 
sa  joie  et,  pendant  que  le  peuple  prévoyait  la 
mort  avec  tremblement  et  désespoir,  lui.  toujours 
si  compatissant  pour  les  aflligés,  semblait,  au 
L'rand  ètonnement  de  tous,  ne  pas  soullrir  des 
maux  de  ses  frères. 

Mai";  on  cessa  de  s'étonner  quand  le  saint  vieil- 
lard, frappé  de  la  maladie,  prédit  aux  reli-ieux 
en  pleur>  qu'il  allai!  mourir,  mais  qu'il  serait  le 
dernier  frappé.  Sur  sa  demande,  on  le  porta  à 
l'rglise  Notre-Dame  où  il  marqua  avec  >on  biUon 
le  lieu  lie  sa  sépulture;  pui'^,  ayant  donn''^  au 
pfUple  une  ilerniire  bénédiction,  on  le  transporta 
dans  sa  cellule,  où  sa  belle  àme,  esn.rtée  d'une 
multitude  d'esprits  bienheureux,  s'envola  dans 
le  ciel.  C'était  le  10  avril  1012. 

Le  deuil  fut  i.rand  en  Flandre  à  la  nouvelle  dr 
la  mort  du  Saint.  De  toutes  parts,  on  accourut 
pour  vénérer  ses  reliques,  et  les  miracles  se 
multiplièrent  et  se  multiplient  encore  sur  son 
tombeau. 


jil.  _  tmtt.-gtranl,  t.  l'ânt»o»t,  S.  rue  ^rAn•,'■l•  r\  r«ri». 


PHpe  es  DOGSeUïî 


Bête    le    IT    avril 


"v'-VJ  vv-T? 


à 


.^mSÊÊSÊÊimr^ 


È^ 


Saint  Léon  arrêtant  Attila  (d'après  la  fresque  de  Raphaël,  au  Vatican). 


LÉON  AVANT  SON  PONTIFICAT 

Sainl  Léon  le  Grand' naquit  à  Rome  :  il  appar- 
tenait à  l'une  des  plus  nobles  familles  de  Tos- 
cane. Dès  sa  plus  tendre  enfance,  il  lit  de  brillants 
progrès  dans  l'étude  des  lettres  sacrées.  «  Dieu, 
dit  un  concile  gi-néral,  Dieu,  qui  lavait  destiné  à 
remporter  des  victoires  sur  l'erreur,  à  soumettre 
la  sajîesse  du  siècle  à  la  vraie  foi.  avait  tnis  dans 
ses  mains  les  armes  puissantes  de  la  science  et 
de  la  vérité.  >• 

Archidiacre  de  l'Eglise  romaine,  il  se  fit  aussi 
remarquer  par  son  talent  d'administration  sous 
le  pontificat  de  saint  Céleslin  et  de  saint  Siite  III. 

SON  ELECTION 

Après  la  mort  de  l'évêque  Sixte,  l'Ef^lise 
demeura  quarante  et  un  jours  sans  pasteur.  Tous 
les  suffrages  s'étaient  portes  sur  Léon.  Mais 
relui-ci  était  absent.  11  avait  été  envoyé  dans  les 
i.aules  pour  rétablir  la  p«ix  entre  le  gouverneur 
Aéiiu^  et  le  (général  Albinus.  Le  clergé  et  le 
peuple  attendirent  son  retour  dans  une  paix  et 
une  concorde  admirables.  11  semblait  que  l'éloi- 
gnement  du  pontife  élu  fit  mieux  ressortir  le 


mérite  de  l'absent  et  la  sagesse  des  électeurs.  Une 
ambassade  solennelle  fut  envoyée  à  saint  Léon, 
qui  fut  reçu  dans  les  murs  de  sa  patrie  avec  des 
transports' d'allégresse  et  sacré  évèque  de  l'Eglise 
universelle,  le  29  septembre  440. 

DISCOURS  DB  SAINT  LÈOti  LE  JOUR  DB  SON  SACHI 

Le  jour  de  sa  consécration,  Léon  élevait,  au 
milieu  du  peuple  attendri, celte  voix  majestueuse 
et  paternelle  qui  devait,  pendant  vingt  ans,' 
retentir  jusqu'aux  citrémilés  de  la  terre,  fou- 
droyer l'hérésie,  aduucir  la  férocité  des  Huns  et 
des' Vandales,  sauver  le  monde  romain  de  la 
barbarie  et  faire  éclore  une  société  nouvelle  sur 
les  ruines  d'un  empire  en  décadence. 

i<  Que  ma  bouche  célèbre  la  gloire  du  Sei- 
gneur !  disait-il;  que  mon  âme,  mon  esprit,  ma 
chair,  ma  langue  bénissent  son  sainl  nom  1  Ce 
ne  serait  point  de  la  modestie,  mais  de  l'ingra- 
titude, si  je  passais  sous  silence  les  bienfaits  de 
Dieu.  Je  veux  donc^  par  ce  sacrifice  de  louanges 
à  la  majesté  divine,  inaugurer  le  nouveau 
ministère  de  mon  pontifical.  Le  Sauveur  s'est 
souvenu  de  nous  dans  notre  bassesse;  sa  béné- 
diction est  venue  nous  chercher.  Seul,  il  a  fait 


16f. 


en  moi  de  grandes  choses.  Votre  afTerlinn  me 
rendait  présent  à  vos  ca'urs,  au  moment  où  la 
néces!«ité  d'un  long  »ny;ige  me  retenait  loin  de 
vous.  Grâces  doni-  soient  rendues,  dans  le  pré- 
sent et  dans  l'avenir,  à  notre  grand  Dieu,  pour 
toutes  les  faveurs  dont  il  ra'a  cnniblt'  !  r.rJces 
soient  rendues  à  vous-m^mes  pour  le  jugement 
si  favorable  que  votre  bienveillance  a  porté  sur 
moi,  sans  aucun  mérite  procèdent  de  ma  part  ! 
J'aime  surtout  à  y  voir  le  gage  de  rattachement, 
du  respect,  de  l'amour  el  de  la  fidélité  que  vous 
porlet  à  voire  nouve.iu  pasteur.  Il  n'a  qu'une 
ambition,  qu'une  pensée,  qu'un  désir. 'veiller  avec 
une  sollicitude  infali^-'able  au  salut  de  vos  âmes. 
Je  vous  en  conjure,  par  les  entrailles  de  la  misé- 
ricorde de  Jésus-Cnrist,  aidei  de  vos  prières 
celui  que  vos  vœux  ont  appelé  de  si  loin,  afin 
que  r>'spiit  de  grâce  demeure  en  moi,  et  que 
vos  juffinents  soient  sans  repentan'-e.  Que  le 
Dieii  i|ui  a  inspiré  l'unonimité  de  vos  sullr.n^fes 
accurde  à  no»  jour»  le  bienfait  inappréciable  de 
la  paix,  l'ère  Saint,  conservez  en  votre  nom  ceux 
que  vous  m'avei  donnés. 

»  .Meï  bien-aimés,  quelle  que  soit  mon  insuf- 
fisance vis-à-vi»  du  grand  devoir  de  servitude 
que  Dieu  munpose,  n'oublions  pas  que  la  pierre 
fon.l.im.iii.ile  sur  laquelle  repose  rKglise  reste 
in'  :  '  au  milieu  des  tempêtes  et  survit  à 

loi.  unes.  Le  prince  des  ApAtres  demeure 

toujours  avec  la  fenuelé  d«  la  pierre  dont  il 
porte  le  nom  et  sur  laauelle  il  a  été  éUibli;  il 
n'a  jamais  abandonné  les  rAnes  du  ffouverne- 
meiil  de  l'Eglise.  S«n  ordination  se  distincue  en 
effet  de  louK's  les  autres;  il  est  appelé  pierre  et 
fondement;  il  est  établi  portier  du  rcvnume  des 
cieiix  ;  il  r«t  le  juge  de  ce  qui  doit  Atre  lié  ou 
délié;  l'autorité  de  ses  jtvements  est  respectée 
m*ine  au  c\-  '    '  ^tère  de  ses  différents  titre» 

prouve    sui  l'-'lroite    union   qui    sub- 

siste entre  Ir  <.iiii-i  et  lui.  Un  peut  dire  que  le 
bienheureux  Apâlre,  depuis  qu'il  a  pris  place 
dans  le  céleste  royaunie,  poursuit,  avec  une 
plniiiliide  de  puissance  supérieure,  la  mission 
terrestre  qu'il  avait  reçue  ici-bas  ;  il  accomplit 
maintenant  tous  les  devoirs,  toutes  les  fonctions 
de  sa  charrie  sufiréme  en  celui  el  avec  celui  par 
qui  il  a  l'-ti  glorifié,  c'est-à-dire  Jésns-Chnst, 
Sotre-Seigneur. 

•  Si  doiic  nous,  ses  indignes  sncresseor»,  nom 
avons  le  bouheur  d'agir  avec  aiieli|ue  sagesse, 
de  discerner  avec  quelijue  pénétration,  si  nous 
obtenons  par  no»  supplications  quotidiennes  et 
incessantes  quelque»  faveur»  de  la  misérirorde 
divine,  c'est  le  fruit  des  u'uvres  et  des  mérites 
du  glorieux  ApAtre  dont  la  puissance  vit  toujoun», 
dont  l'autorité  sub»i>te  exiellente  et  préi'mi- 
neiite  sur  !•-  -  -^  lu'il  a  fondé.  Dans  toute 
ITglise,  cIm  ,  la  voix  de  Pierre  r<*p»ie 

eiicore    sa    i- --.-ii   de  foi:   «    Vous  êtes  le 

CUrisl,  Fil»  du  Dieu  vivant.  <• 

>  To'ii'-  1  11.  "••   1"'  i-onfesse  le  Seigneur  a  été 


formée 

Irai, 
bi' 
la 
Âi 

P 

Bai  : 
ni  I 


nent  de  celte  voix  mapi»- 
■f  qui  triomphe  du  démon, 

.ne»  des  captifs  de  Satan.  Telle  est 
Hive  le  monde  et  ouvre  te  riet  aiu 
porte»  d"   Tonfer  ne   ; 
•■'le.  »  l.a  foi  de  l'ierre  .•> 
<>  il'one  fermeté  ii.- 
de    rhér<'»ie,  ni 


paleb&e  uu  II  u:>>iront  jamais  à  la  reuicrscr.  • 


I  L-TtU  OV    *AINT  POKTirl 


Quand  le  n^.>n<au  pontife  tenait  ce  tancnAC,  ai 

plein    .1.     ■■       '      •  -      - ',    "i    ,'t    de    r.itltîaner 


triomphante  dans  les  promesses  divines  faites  à 
l'Eglise;  quand  il  parlait  à  son  religieux  audi- 
toire de  la  paix  comme  d'un  bien  que  Dieu  seul 
pouvait  alors  donner  au  monde,  son  regard  ne 
rencontrait  partout  que  des  champs  de  bataille 
ensanglantés,  que  des  luttes  acharnées  entre  les 
catholiques  et  les  hérétiques. 

Les  Manichéens,  les  Donatistes,  les  Ariens,  les 
Priscilliaiiistes  infestaient  l'Eglise;  les  Nesto- 
riens  et  les  Eutycbéens  surtout,  semaient  l'ivraie 
au  milieu  du  bon  grain  et  entraînaient  d'in»  leurs 
erreurs  un  nombre  considérable  de  catholiques. 

Le  saint  Pontife,  armé  du  glaive  de  la  pa.-ole 
de  justice  et  de  vérité,  et  revêtu  de  son  autorité 
de  Chef  suprême  de  l'Eglise,  combattit  avec 
vigueur  tous  les  ennemis  que  Satan  avait  suscité» 
pour  attaijuer  la  religion,  faire  prévaloir  le  men- 
songe et  l'erreur.  11  lit  châtier  les  Mniiirhéens 
qui  se  trouvaient  dans  Rome,  et  ordonna  de 
punir  sévèrement  tous  ceux  que  l'on  pourrait 
rencontrer  soit  en  Italie, soitilans  les  autres  pays. 

Il  favorisa grandementtous  ceux  qui, en  Afrique, 
s'élevaient  contre  les  Donatistes,  et  écrivit  aux 
évéque»  d'Espagne  des  lettres  pour  leur  recom- 
mander de  veiller  attentivement  sur  les  Priscil- 
liaiiistes, qui  s'agitaient  sans  cesse,  et  jetaient  la 
trouble  parmi  les  catholiques. 

■UTTdlkS  —  CONCILI  Dl  C«*LC<DOI.-«l 

Enlin ,  pour  couronner  glorieusement  «on 
<puvre,  le  grand  pape  rassembla  dans  la  ville 
de  Chalc'-doine  an  concile  oecum'-nique  composé 
de  plus  de  six  cent»  évéque»,  qui  rnndamna 
soleiinfllement  la  funeste  erreur  d'Eulychè». 

Cet  imiiie  prétendait  qu'il  n'y  avait  en  Jésus- 
Christ  qu  une  seule  nature,  comme  il  n'y  a  qu'une 
seule  personne;  la  nature  divine  ayant  comine 
ab<>orbé  et  fait  disparaître  la  nature  humaine. 
C'était  nier  le  mystère  même  de  rincamalitni, 
car  si  la  nature  humaine  ne  subsiste  plus  dis- 
tincte de  la  divinité  dans  l'unité  de  la  personne 
du  Verbe,  on  ne  peut  plus  dire  que  le  Kils  de  Dieu 
s'est  fait  homme.  C'était  renier  ainsi  toute  l'iruvre 
de  la  llédemption.  Car  si  Jésus-I'lirisl  est  seule- 
ment Dieu,  il  ne  peut  plu»  mourir  pour  iiou«,  el 
s'il  ne  tient  plus  à  nous  par  son  humanité,  il  ne 
peut  plus  servir  de  médiateur  entre  Dieu  et 
rhoniine,  auquel  il  est  étranper.  Il  faut  que  J.^sus- 
Christ  soit  liomnie  pour  représenter  l'Iiumme 
auprès  de  Dieu,  et  Dieu  pour  faire  accepter  de  la 
justice  divine,  qui  ne  doit  rien  à  l'homme,  aes 
mérite»  et  sou  intercession. 

L'erreur  d'I'ulychès  força  saint  l.éon  A  «ipli- 

3uer  ■■  clarté  nouvelle   la   •'  ■     '     '  : 

isl!  -  nature»  dan»  l'un  ' 

en  J.'-M'-  I  iiriMt.  C'est  k  ce  sujf-l  q'i  u 
admirable  lettre  »nr  l'Incarnation  :  tetli 
cou.     ■•    ''•    m'aux    êvani.'ile»  cl  qui 
été  ■•  dans  l'Ef-lise  comme  I  • 

ta  pi;.    .  ...  .1-,  la  plu»  noble,  la  plus  .;..,.... 

la  cmyanre  rntholique  sur  le  do^ni*  A»  llncar- 
uatiun  du  Sauveur. 

Dan»  le  Pr/  «;Hrifwrl  de  Je'u 
r.i.'i.i.te    iv.ijr    •  i,t,.|,,Ju   \f    |.,, 

le   récit  «uivaiil  :  ••  l.re.  ■ 
Home,  m'app'it  ry\-  l""  i  '    m 
l.eoii,  .ipr-  <  avoir  écrit  »a  I 
•»  «iir  le  lomb'fin  dit  pr<n<"» 


:  r  '  r,   f  i  i  '  1 1 


les  corrections  nécessaires.»  Le  pape,  ayant  repris 
la  lettre  sur  le  tombeau,  y  remarqua,  en  elfet,  les 
corrections  exécutées  de  la  main  de  saint  Pierre.  >> 
Celte  lettre  produisit  un  effet  admirable  au 
concile  de  Ch.ilcédoine.  Les  six  cents  évoques, 
après  en  avoir  entendu  la  leclnre,  s'écrièrent 
d'une  Toiz  unanime  :  «  C'est  Pierre  qui  a  pEirlé 
par  Léon.  » 

SAnrr  l<on  et  athi^ 

Le  saint  Pontife,  après  avoir  calmé  les  esprits, 
rassuré  les  catholiques  et  glorieusement  triomphé 
d^  tous  ses  implacables  ennemis,  se  croyait  en 
sûreté  dans  la  Ville  éternelle,  quand  Attila,  le 
terrible  flt^mi  fie  Dieu,  tomba  sur  l'Italie  avec  une 
armée  formidable  de  Barbares. 

Devenu  maîlied'Aqnilée,  il  larédaisit  en  cendres 
et  mit  le  pays  à  feu  et  à  sang  ;  puis,  continuant 
se»  rataçes,  il  saccasea  Milan  et  s'empara  de 
Pavie.  L'empereur  Varenlinien  III  et  sa  cour  quit- 
tèrent précipiiaiiuiient  Ravenne  et  vinrent  s'en- 
fermer dans  les  murs  de  Rome.  L'empereur,  le 
Sénat,  le  peuple,  saisis  d'effroi,  ne  virent  qu'un 
sauveur  nossible  :  saint  Léon. 

Une  deputation  des  plus  nobles  Romains  vint 
le  prier  daller  au-devant  d'Attila  et  de  s'inler- 

fioser  pour  eux.  l.a  mission  était  diflicile  et  péril- 
euse  :  si  Dieu  lui-mérae  n'intervenait,  le  seul 
espoir  de  .salut  était  de  compter  sur  la  miséricorde 
d'un  roi  sans  miséricorde,  c'était  compter  sur  un 
miracle.  Le  miracle  eut  lieu. 

Le  1 1  juin  4ii2,  accompagné  du  consulaire  Orié- 
nus  et  du  sénateur  Trigétius,  précédé  des  princi- 
paux membres  du  clergé  romain,  et  suivi  par  les 
vœux,  les  prières,  les  larme»  de  toute  la  popula- 
tion, le  noniife  quitta  Rome  pour  aller  à  la  ren- 
contre d  Attila.  Le  roi  des  Huns  était  en  ce  moment 
non  loin  de  Mantoue,  sur  les  bords  du  Mincio. 
Avant  de  péni'trer  dans  le  camp  des  Barbares, 
saint  Léon  se  reviUit  des  insifjnes  pontilicaux. 
Tout  son  clergé  se  mit  en  procession  et  il  se 
présenta  devant  le  flcau  de  Duu. 

Attila  l'accueillit  avec  respect,  promit  de  vivre 
en  paix  avec  l'empire,  moyennant  un  faible  trihut 
annuel.  11  fil  aussitôt  cesser  les  actes  d'hostilité 
et,  que1q\je  temps  après,  fidèle  à  sa  parole,  il 
repassait  les  Alpes. 

Les  Barbares  de  mandèrent  à  leur  chef  pourquoi, 
contre  sa  coutume,  il  avait  montré  tant  d(?  respect 
au  pape.  «  Ce  n'est  pas,  répondit-il,  le  person- 
nage avec  lequel  j'ai  conféré  qui  m'a  subitement 
fait  changer  de  résolution.  Pendant  qu'il  me  par- 
lait, je  voyai.s  à  ses  côtés  un  pontife  d'une  majesté 
surhumaine.  Il  se  tenait  debout;  des  éclairs  jail- 
lissaient de  ses  veux  ;  il  portait  à  la  maiu  un  glaive 
nu  ;  ses  regards  terribles,  son  geste  menaçant 
m'ordonnaient  de  consentir  à  tout  ce  que  deman- 
dait l'envoyé  des  Romains.  »  Ce  personnage  était 
saint  Pierre. 

Léon  ayant  donc, par  l'intermédiaire  de  l'A  pAtre, 
triomphé  d'Attila,  rentra  à  Rome  aux  acclama- 
tions du  peuple  qui,  dans  son  eutbousiasme,  lui 
décerna  le  titre  de  Grand. 

inCBATITCOI    DU    ROMAmS 

Le  chef  de  l'Fglise  prescrivit  aussitôtdes  prières 

fiubliqnes  pour  remercier  DifU  ;  mais  ce  peuple 
éger,  ingrat  et  corrompu,  après  quelques  jours 
consacrés  à  ces  témoignages  île  reconnaissance, 
se  précipita  avec  plus  de  fureur  aux  jeux  du  cirque, 
aux  th<-Atres,  à  la  débauche.  L'''mpereiir  Vaïen- 
tini'Ti  •liitiiia  rex<'tni>l''  •!<■  nllp  ib  t'radalinn  par 


les  actes  de  l'immoralité  la  plus  révoltante.  Les 
beaux  esprits  du  temps,  pour  se  dis|)eiiser  de 
rendre  grâces  à  Dieu  et  à  ses  saints  de  la  retraite 
d'Attila,  attribuèrent  le  succès  de  l'ambassade  de 
saint  Léon  à  l'inlluence  salutaire  des  astres. 

LE  S.M.NT  PONTIFB  LBS  ENG.\GB  A  SAVOIR  PROFITKa 
DES  BIEJVFAITS  DE  DIEU 

Le  cœur  du  pontife  fut  profondément  aflli:.'é 
à  la  vue  de  ces  désordres  et  de  cette  coupable 
ingratitude.  Le  jour  de  la-fête  des  Apôtres  saint 
Pierre  et  saint  Paul  étant  venu,  Léon-le-Oand 

firononça  devant  le  peuple  cette  homélie,  avec 
es  accents  de  la  douleur  la  plus  expressive  et 
d'une  sévérité  adoucie  par  une  tendresse  toute 
paternelle  : 

«  Mes  bien-airaés,  la  solennité  reli;;ieuse,  éta- 
blie à  l'occasion  du  jour  de  notre  délivrance  où 
toute  la  multitude  des  fidèles  afiluait  à  l'euvi 
pour  rendre  grâces  à  Dieu,  a  été,  en  dernier  lieu, 
presque  universellement  négligée  :  c'est  un  fait 
qu'a  mis  en  évidence  le  petit  nombre  même  de 
ceux  qui  ont  assisté  à  cette  sainte  cérémonie  ; 
un  abandon  si  général  a  jeté  dans  mon  cœur  une 
profonde  tristesse  et  l'a  pénétré  des  plus  vives 
appréhensions.  Car  il  y  a  beaucoup  de  danger 
pour  les  hommes  à  se  montrer  ingrats  envt-rs 
Dieu  et  à  mettre  ses  bienfaits  en  oubli,  sans  être 
touché  de  repentir,  malgré  les  punitions  qu'il 
inflige,  et  sans  éprouver  aucune  joie  pour  le 
pardon  qu'il  accorde.  Je  crains  donc,  mes  bien- 
aimés,  qu'on  puisse  appliquera  des  espiits  aussi 
indifférents  cette  parole  du  Prophète  :  «  Vous  les 
avei  frappés,  et  ils  ne  l'ont  point  senli;  vous  les 
avez  brisés  de  coups,  et  ils  n'ont  poiut  voulu  se 
soumettre  au  châtiment.  » 

»  Je  rougis  de  le  dire,  mais  je  suis  obligé  de 
le  déclarer  :  on  dépense  plu»  pour  les  dr-nions 
que  pour  les  Apôtres;  des  spctacles  insensés 
attirent  une  foule  plus  pressée  que  la  basilique 
des  bienheureux  martyrs.  Qui  donc  a  sauvé  cette 
ville!  qui  l'a  arrachée  à  la  captivité?  qui,  enfin, 
l'a  soustraite  aux  horreurs  du  carnage?  Est-ce 
aux  divertissements  du  clique  qu'on  en  est  rede- 
vable, ou  à  la  sollicitude  des  saints  ?  N'en  dou- 
tons pas,  c'est  par  leurs  prières  que  la  justice 
divine  s'est  laissé  fléchir;  c'est  grâce  à  leur 
puissante  intercession  que  nous  avons  été  réser- 
vés à  une  indulgence  miséricordieuse,  lorsque 
nous  ne  méritions  qu'une  colère  implacable. 

»  Je  vous  en  conjure,  mes  bien-ainiés,  laissei- 
vous  toucher  par  cette  réflexion  du  Sauveur, 
qui,  après  avoir  guéri  les  dix  lépreux,  lit  obser- 
ver qu'il  n'y  en  avait  qu'un  seul  parmi  eux  qui 
fiit  revenu  pour  le  remercier  :  marquant  par  là 
que  les  neuf  autres,  qui  avaieut  aussi  recouvré 
la  santé  du  corps,  sans  en  témoigner  la  même 
reconnaissance,  n'avaient  pu  manquer  à  ce 
devoir  de  piété,  sans  une  impiété  manifeste. 
Ainsi,  mes  bien-aimés,  pour  qu'on  ne  puisse 
vous  appliquer  le  même  reproche  d'in^jratitnde, 
revenez  au  Seigneur;  comprenez  bien  les  mer- 
veilles qu'il  a  daigné  opérer  parmi  nous;  cardez- 
vous  d'attribuer  votre  délivrance  à  l'influence 
des  astres,  comme  l'imaginent  les  impie»,  mais 
rapportez-la  tout  entière  à  la  miséricorde  inef- 
fable d'un  Dieu  Toul-Puissant,  qui  a  bien  voulu 
adoucir  le»  cœurs  furieux  des  barbares.  Recueillez 
toute  l'énergie  de  votre  foi  pour  graver  dans  votre 
souvenir  un  si  grand  bienfait.  Une  néfili^ienre 
rare  doit  être  réparée  par  une  snlisraiiion 
plus  éclatante  encore.  Profitons  de  la  doureui  ilu 
Maître  qui  nous  é|i;ir;.ne  pour  trav.nller  à  ih'us 


corriger,  afin  que  saiiit  Pierre  et  tous  les  aulrps 
saint*,  qui  nous  ont  secourus  dans  une  inlinité 
d'aflliclions  et  d'an;.'oisses,  daignent  seconder  les 
tendres  supplications  que  nous  adressons  pour 
vous  au  Dieu  de  miséricorde.  » 

COWIKST  SAINT  LKON  CONVERTIT  U.NK  STATCK  Dl  JUPITU 
LN  L'NK  STATUE  DB  SAINT  Pl&BHI 

Ce  langage  prouve  ëvidemment  que  saint  Léon 
croyait  à  la  délivrance  de  Rome  par  un  secours 
visible  de  la  divine  Providence  et  par  la  protec- 
tion efficace  des  saints  Apôtres. 

Aussi,  en  actions  de  grâces  d'un  si  grand  bien- 
fait, le  pieux  pontife  fit'jeter  à  la  fonte  le  brome 
idolâlrique,  longtemps  adoré  sous  le  nom  de 
Jupiter  Capitolin,  et  le  transforma  en  une  statue 
de  saint  Pierre,  qu'il  fit  placer  dans  la  basilique 
Vatirane.  Encore aujourd  bui,les  fldt-les  viennent 
de  tous  li-s  points  du  monde  en  baiser  le  pied, 
visiblement  usé  par  la  dévotion  de  tant  de  siècles. 

INGBATITL-DI   DK3    ROMAINS    PUNII 

Cependant,  Rome,  si  ingrate  envers  Dieu  qui 
l'avait  sauvée  de  la  fureur  du  terrible  Attila, 
devait  élre  cliAtioe.  D'ailleurs,  les  derniers  ves- 
tiges de  l'empire  romain,  devenus  un  obstacle  à 
la  civilisation  chrétienne,  devaient  disparaître. 
En  455,  (ienséric.  roi  des  Vandales,  qui  s'était 
déjà  emparé  de  l'Afrique,  de  la  Corse,  de  la 
Sicile,  marchait  sur  Rome  avec  une  armée  formi- 
dable. L'empereur,  le  Sénat  cherchent  leur  salut 
dans  la  fuite,  personne  ne  songe  i  se  défendre  : 
les  portes  de  la  Ville  éternelle  sont  ouvertes,  et 
les  citoyens,  tremblants,  attendent  la  mort. 

Saint  L'^oii,  avec  le  même  courage  qu'aux 
jours  d'Attila,  va  au-devant  du  roi  barbare,  et 
obtient  de  lui  qu'il  se  contentera  de  piller  la  ville 
sans  y  verser  le  sang,  sans  y  mettre  le  feu.  Les 
Vandales  se  retirèrent  au  bout  de  quinie  jours, 
emmenant  un  immense  butin  et  un  grand 
nombre  de  prisonniers.  Léon  pourvut  aux  besoins 
spirituels  et  corporel»  de  ces  derniers,  en  en- 
voyant en  Afriquedesprftresiéléset  desaumânes 
considérables;  il  rendit  propres  au  culte  les 
églises  dévastées,  les  pourvut  de  vases  et  d'orne- 
ments sacrés;  car  on  n'avait  pu  sauver  du  pillage 
que  ceux  des  églises  des  bienheureux  apôtres 
Pierre  et  Paul. 

ViaïUS    DB    SAINT   LtoH 

L'humanité,  la  douceur  et  la  charité  étaient 
les  vertus  principales  de  saint  Léon-le-Crand. 
Ecoutons  ce  qu'il  nous  dit  4  ce  sujet  :  «  C'est  une 
maxime  fondamentale  du  christianisme,  que  1rs 
seules  et  vraies  richesses  consistent  dans  cette 
bicuheureiue    pauvreté   d'esprit,    si    fortement 


recommandée  par  le  Sauveur,  c'est-à-dire  dans 
l'humilité  et  le  parfait  détachement  de  toute 
affection  terrestre.  Plus  on  est  humble,  plus  on 
est  grand;  plus  on  est  pauvre  d'esprit,  plus  on 
est  riche.  Notre  progrès  dans  celte  pauvreté 
d'esprit  sera  la  mesure  de  la  part  que  nous 
aurons  à  la  distribution  de  la  grâce  et  des  dons 
célestes,  u 

DBRNifcniS  ANNEES  DD  PAPE 

Le  vénéré  Pontife,  après  avoir  sauvé  Rome  des 
fureurs  d'Attila  et  de  (.enséric,  employa  le  reste 
de  sa  vie  à  réparer  les  abus  qui  s'étaient  glissés 
dans  la  discipline  ecclésiastique,  à  la  suite  des 
troubles  causés  par  les  barbares.  11  écrivit  en 
m^me  temps  de  nombreuses  lettres  aux  évéques 
d'Afrique,  de  Sicile,  d'It&Iie,  d  Espagne  et  des 
Gaules. 

Enfin,  il  s'endormit  dans  la  paix  du  Seigneur 
le  10  novembre  46) ,  après  avoir  siégé  vingt  et  un 
ans,  un  mois  et  treize  jours. 

Son  corps  fut  déposé  dans  la  basilique  du  prince 
des  Apôtres. 

LES  teaiTS  DE  SAINT  LlfON-LB-CRANO 

Ce  grand  Pape  doit  à  ses  écrits  la  meilleure 
partie  de  sa  gloire.  Ils  sont,  en  effet,  les  monu- 
ments les  plus  authentiques  de  sa  piété,  de  sa 
science  et  de  son  génie.  Ses  pensée»  sont  vraies, 
pleines  d'éclat  et  de  force,  ses  expressions  ont 
une  beauté  et  une  magnificence  qui  charment, 
étonnent,  transportent.  Il  est  partout  semblable 
à  lui-même;  partout,  il  se  soutient,  sans  jamais 
laisser  paraître  d'inégalités.  Sa  diction  est  pure 
et  élégante  ;  son  style  est  concis,  clair  et  agréable. 
Ce  qui  passerait  pour  enllure  dans  un  écrivain 
ordinaire  n'est  que  grandeur  dans  saint  Léon.  On 
remarque,  dans  les  endroits  mi'^mes  où  il  est  le 
plus  élevé,  une  facilité  qui  écarte  toute  apparence 
d'affectation,  et  qui  montre  qu'il  ne  faisait  que 
suivre  l'impression  d'un  génie  naturellement 
grand,  noble  et  porté  au  sublime. 

La  manière  dont  saint  Léon  rend  se»  idées 
mérite  moins  encore  l'attention  que  l'importance 
des  sujets  ou'il  a  traité».  On  trouve,  dans  ses 
sermons  et  aans  ses  lettres,  une  piété  consommée 
et  une  connaissance  parfaite  de  la  théologie,  cp 
qui  fait  que  le  lecteur  est  tout  à  la  fois  instruit  t-t 
édifié.  En  un  molj  on  peut  les  comparer  à  une 
sorte  d'arsenal  ou  l'Eglise  trouvera  dans  tous 
les  siècles  des  armes  propres  à  confondre  les 
hérétique». 

.Mais  jamais  sa  parole  n'est  plus  grande  et  plus 
inspirée  que  quand  il  parle  de  l'auguste  myslèri- 
de  rincarnation  du  Fils  de  Dieu,  qu'il  sut  défendre 
si  énergiqucinrnt  contre  tant  d'hérésies  ;  c'est 
pourquoi  on  lui  a  donné  le  titre  glorieux  de 
hoc(rur  de  ilncamation. 


£.  FETiniEiiav,|inp.-0<r«n(,e,nie  Kraofou  l",pBn*. 


SAINT    SABAS   LE    GO TH 


Fête  le  12  avril. 


Martyre  de  saint   Sabas. 


La  nombreux"'  nation  des  Goths,  descendue  de  la 
Scandinavie  (Suède  et  Norvèpe,  spécialement  du 
Gnthiand)  avait  travcrs(*  l'Allemagne  et  était  allée 
»p  fixer  jur  les  bords  du  Danube  et  de  la  mer  Noire. 
Encore  païenne  et  barbare,  elle  faisait  de  nombreu- 
se'» incursions  sur  le  Icrriloire  de  l'empire  romain. 
De»  prisonniers  (hrf^liens.  ramenés  captifs  à  la  suite 
de  ces  expéditions,  furent  les  premiers  :ip6tres  des 
Goths  et  apportèrent  la  vraie  liberté  des  enfants 
de  Dieu  aux  durs  maîtres  qui  les  avaient  réduits  en 
esclavage.  De»  missionnaires  calholiques  vinrent 
à  leur  aide,  et  IKylise  de  Ji'sus-Chri^t  compta  de 
nnrril.reux  fidèles  parmi  les  Golh.«,   dès  le  troisième 

!■•  df  notre  ère. 

>  ni  Ai;cu«liii  noiiV  r.ipporte  qu'un  grand  nombre 


de  Goths  calholiques,  alors  que  l'arien  Valens  tenait 
les  rênes  de  l'empire  ronriin,  furent  honorés  de  la 
couronne  du  martyre.  Parmi  ces  généreux  confes- 
Sfurs  de  la  foi,  celui  dont  nous  entreprenons 
d'écrire  ici  la  vie,  Sabas,  brille  d'un  éclat  tout  par- 
ticulier. Il  semble,  (c'est  la  remarque  qu'ont  faite  ses 
premiers  hisloricns)il  semble  que  Dieu,  en  choisis- 
sant, au  sein  d'un  peuple  sauvage  et  grossier,  une 
(leur  aussi  délicate  et  aussi  suave  pour  son  parterre 
céleste,  ait  voulu  montrer  encore  une  fois  qu'il  ne 
fait  point  acception  de  persopnes,  mais  que  dans 
li'Utc  nation,  it  suffit,  pour  lui  Hth  Of/rt'alile,  'le  le 
cruintre  et  d'aimer  sa  lUifice,  selon  j.i  pai"l''  de 
saint  Pierre. 

C,t>  (|iii  n'psi  pa«  moins  admirable  que  cette  voca- 


•m^M 


^/l 


lion  céleste,  c'est  le  zèle  avec  lequel  noire  Saint 
correspondit  à  la  gràoe,  dès  sa  plus  tendre  enfance. 
Tel  qu'un  astre  resplendissant  au  milieu  de  ce 
monde,  on  voyait  briller  en  lui  tous  les  genres  de 
vertus:  sa  foi  ^tait  pure,  son  obéissance  prompte  à 
faire  le  bien.  Il  était  doux  et  humble;  il  n'arait 
point  ciit.'  rliiquence  qui  plaît  aux  oreilles  mon- 
daine*. 111, lis  il  possédait  à  un  haut  deiijré  la  science 
oui  f.iil  lis  saints.  Affable  envers  lou«,  il  savait  & 
I  occasion  lerraer,  au  nom  «le  l.i  vi-rité.la  bouche  aux 
païens.  Humble  et  réservé,  il  ne  ménageait  rien 
({uand  il  s'agissait  d'un  bien  à  faire.  Il  mettait  son 
bonheur  à  chanter  les  louanges  de  Dieu  dans  l'église, 
pour  laquelle  il  avait  (i'.ull>  urs  la  plus  grande  solli- 
citude. Sobre  et  chaste,  'vitant  avec  soin  toutes  les 
occasions  de  péché,  vaquant  chaque  jourà  la  prière  et 
aux  jei^nes,  il  ne  lui  suftisuit  point  de  tendre  lui- 
même  à  la  vertu, mais  ilexcitait  lesautresà  l'aimer; 
bien  des  fois,  avant  son  glorieux  triomphe,  on  le 
vit  se  faire  le  champion  de  la  vraie  doctriue  et  par- 
ticulièrement dans  l'occasion  suivante  : 

La  persécution  venait    d'éclater  :    les  cbofs  de  la 
nation  forçaient  les  chrétiens  à  manger  des  viandes 


•lis,  pour  sauver 
T  des  viandes  .-oi- 

(ui,  en  réalité,  ne 
Notre  Saint  s'en 

s'opposait  à  cette 


offertes  aux    id 

leurs  proches  b- 

«lisant  imnv  '  u:, 

venaient  f  ens 

aperçut  ;  i.i ,.<       ,.  .ane 

hypocrisie.  S'élançant  doue  au  milieu  de  la  foule 
"  Si  quelqu'un,  s'ecrie-t-il,  touche  à  ces  viandes,  il 
cessera  d'être  chrétien,  »  et  sa  fermeté  déjoua  la 
ruse. 

Dans  une  autre  occasion, ces  mêmes  p.i  nt 

résolu    de    jurer    en    présence    de»     C"  .-s 

d'Alhanaric,  le  roi  païen    des  Gotbs,   q 
tien  ne  se  cachait  parmi  eux.  Sabas,    iiii  à 

la  crainte,  se  présente  de  nouveau  en  public  :  <>  Uue 
personne,  dit-il,  ne  jure  pour  moi.  car  je  suischré- 
tien.  >  Un  le  traîna,  lut  seul  au  Iriounal,  mais 
comme  il  ne  possédait  aucun  bien,  l'inique  magis- 
trat le  renvoya  en  disant  :  ••  Un  pareil  homjne  ne 
saurait  nuire  ni  être  utile.  » 

Enfin  éclate  une  troisième  et  ' ''    •  ■-.:^-  ■•■   p 

Or  le  saint  |0ur  de  Pâques   ap 

■'   t.r.r  celte  fête  en  i  ,„,,,...>,. 

Mais  en  chen 
\   lui    .iiui.iriit  : 


voulait 
nomii 
pect  II  , 
et  allez  au 
à  cause  de 
I  it'nnr.iit  ■. 
clierclie    i  ■ 

.ibotlil.lllte 

I 


lollllx 


une  d'un  as- 

:,  lui   dil-il, 

le,  qui  avait  fui 
nu  :  mais  Sabas 
ilisent.  >.  et  il 
^t  iiit  une  neige 
luin.  A  ce  signe, 
Il  obéit,  va  Irou- 


Siml  rec«niiaU  la  « 

I'   et  célèbre  ii\cc,  lui  d^us  l'allégresse,  les 
1   ■  les. 

Ml;-,  Il  in«  lanuit  du  mardi  au  mercredi, Atharide, 
UN  d'un  prini-e  nommé  Ithoteste,  se  jeta  sur  le  vil- 
lage  avec  r        '       '      1      '  ' 

Kiie»  d'un  I 

un  <-har.  (j>>'>">  "  n-^ir-       im  .  .^^   m.. 
cIé  rent  de  son  lit   et  le  traînèrent  nu 

i>.        '1,'.   il  II    .  Il,  iiiii.     S',,ii  .  ,,i,l..i,l.  .1',.. 


Is  bien    di 

'  il  jeté  dans 

i»ir4-»  l'arrap 

a   travers  let 

1-1  i.,-^ 


mais  que  soutenait  la  grâce  d'en  haut.  Ils  l'attachèrent 
par  les  épaules  à  un  des  essieux  du  char  et  à 
l'autre  par  les  pieds  ;  alors  ils  firent  manœuvrer  le 
char  et  s'amusèrent  à  le  tourmenter  une  grande 
partie  de  la  nuit  ;  après  quoi  ils  le  laissèrent  atta- 
ché et  s'endormirent.  Une  femme  survint  et  délivra 
le  martyr:  mais  notre  Saint,  loin  d'en  prolller  pour 
échapper  par  la  fuite  aune  mort  certaine. aida  tran- 
quillement cette  femme  ù  préparer  des  aliments 
pour  le  déjeuner  des  gens  de  la  maison. 

Atharide, furieux  en  appreii.iut  que  son  (irisonnier 
avait  échappé  aux  tourment-,  ordonne  de  le  suspendre 
à  une  poutre  de  la  inaisou.  Il  souffrait  cruelle- 
ment dans  cette  fAcheuse  posture  quand  les  en- 
voyés du  persécuteur  se  présentèrent,  chargés  de 
mets  offerts  aux  idoles  :  u  Voici,  dirent-ils  aux  deux 
captifs,  voici  ce  que  vous  envoie  le  uraud  Atharide; 
maugei  et  vous  êtes  sauvés.  —  Nous,  chrétiens, 
répondit  Sansale,nous  ne  touchons  point  a  ces  mets  : 
notre  loi  nous  le  défend.  Ainsi  donc  retournez  et  dites 
à  votre  luallre  qu'il  nous  dévoue  plutdt  au  gibet  ou 
qu'il  nous  fasse  périr  de  telle  manière  qu'il  lui 
lui  plaira.  » 

Et  Sabas,  à  son  tour:  •  Qui  nous  envoie  ces  cho- 
ses? —  C'est,  répondent  les  paiens,  le  seigneur 
Atharide.  —  Il  n'y  a  qu'un  Seigneur, réplique  Sabas, 
c'est  le  Dieu  qui  habite  dans  leCiel.  (Juantà  ces  met» 
de  perdition, ils  sont  ith'  ■•  ■■' — ''iies  aussi  bien 
qne  votre  maître  Athai  :  le  !  • 

A  ces  mots,  l'un  des  eu.    .         ....  ...une  do  colère, 

lance  contre  la  poitrine  du  Saint,  sou  juvelot  avec 
une  telle  violence  que  les  assistants  purent  le  croire 
percé  de  pari  en  part.  Mais  le  Saint,  dont  la  dou- 
leur (lue  devait  lui  causer  cette  blessure  ne  pouvait 
affaiblir  le  courage, s'adressant  au  meurtrier:  «Pen- 
ses-tu, lui  dit-  il,  m'avoir  tué  1  Sache  que  ce  coup  ne 
m'a  pas  causé  plus  de  douleur  que  ne  m'aurait  fait 
un  llocon  de  luine.  >  El  de  fait  pas  un  cri  ne  lui 
avait  échappé  et,  ce  qui  n'est  pus  moins  niorveilleux, 
son  corps  ne  portait  aucune  trace  du  coup. 

Cet  événement  poussa  le  |"  r  a  se  débar- 

rasser (lu  héros  chrétien  ;  p.i'  es,  Sabns  est 

-'';  -iT-i*  Hi'    -■    ■  -T^'-  :-non     ei     iiaïui-     UU     t     ■  '      ' 

!  Iiui  .Mussovo  en    \  1 

.1.,,..-  ..    ...1   .i.     .■,„,i.„iÉlé    toule    (■•■i"-i-     ■<   . 

■•  Par  quel  péché  Sansale   a-t-il    •  ne    pas 

mourir  avec  moiî  »  —  «  Tu  n'a*'  '  ,     .JenI  ■■'< 

barbares,  d'ordre  ù.  donner  l,i  Alor»  ni 

ni.utvr.  dont  r.liiii-   était  iuo  loi.-  de  11 

"  Vous 

Kilf  est 


.    Ulull^    qu  il    iue   pioiuru    une 
.1  de  terme.  Ainsi  vuu'«  en  usez, 
Sei«;iieur,  a.ec   vus  serviteurs,  m    II  pria  de  la  sorte 
pendant  tout  le  chemin. 

Cependant  se»  bourreaux   >      '  > 

»  Pourquoi  ne  pas  laisser  ei 
Atharide  n'en  saura  rien.  »  Mu-  i»  ^.mn  ininw 

••     Laissez     vos    hésitations,     I  un    vous    ordonne, 

..1... .-...,      V...,.    ...   ._  .,, ,     ..    ...  ,1  ...V-.    I 


1,1 


lartyr.    Au    lever  •! 
et,   it'adresrant   t 

r   dit-il,  train*   xans  véte- 

■•r«  In  n'pf'nl'*»  et  les  ron- 

'    blessés  t 

■    Iri^»- des 


es.  Il  neiail  af;«  que  de  da  an> 


chrétiens  fidèles,  qui  le  «ardèrent  jour  et  nuit, 
jusqu'à  ce  qu'un  noble  Romain,  nommé  Junius 
Soranus,  l'eût  fait  enlever  et  ensevelir  sur  le  terri- 
toire de  l'empire.  Quelque  temps  après,  Junius  fit 
don  de  ce  précieux  trésor  à  la  Cappadoce,  sa  patrie. 
On  mit  par  écrit  le  récit  du  martyre  de  ce  glorieux 
soldat  de  Jésus-Christ  et  on  l'envoya  aux  autres 
f'îrlises.  «  Ne  manquez  donc  pas,  nos  très  chers 
frères,  disait  l'auteur  du  récit  |l),  en  terminant  sa 

1     Oo   pense  que  cet  écrivaiD  était  saint  Ascholius 
évèque  de  ThessaloDique. 


lettre,  d'offrir  à  Dieu  le  divin  sacrifice  le  jour  où  le 
saint  martyr  a  été  couronné  ;  faites-le  savoir  aux 
autres  fidèles,  afin  que  tous  ceux  qui  composent 
l'Eglise  catholique  et  apostolique,  se  réjouissant 
saintement  dans  le  Seigneur,  unissent  leurs  voix 
pour  le  louer  et  le  bénir.  Saluez  de  notre  part  tous 
les  saints.  Ceux  qui  souffrent  ayec  nous  pour  la  foi 
vous  saluent.  Gloire,  honneur,  puissance,  majesté, 
à  Celui  qui,  par  sa  volonté  et  le  secours  de  sa  grâce, 
peut  vous  couronner  dans  le  ciel,  où  il  règne  avec 
son  Hls  unique  et  le  Saint-Esprit  dans  le?  siècles 
des  siècles.  Amen.  » 


:  >  : 


SAINT    ERKEMBODE,    ÉVÊQUE 


Fête  un  avril. 


ORIGINE  DO  SAINT 

L'origine  de  saint  Erkembode  ne  nous  n  pas  été 
conservée  par  les  historiens  anciens  ;  elle  a  donné 
lieu  à  une  foule  de  suppositions  que  nous  ne  sau- 
rions rapporter  ici.  .Nous  ne  citerons  que  les  deux 
suivantes  qui  nous  paraissent  plus  vraisemblables. 

La  première  fait  de  notre  Saint  un  enfant  de  la 
Morinie  (arrondissements  de  Boulogne  et  de  Saint- 
Omer).  Sa  piété  et  son  zèle  pour  le  service  de  Dieu 
l'auraient  porté  à  se  faire  en  quelque  sorte  le  guide 
et  le  disciple  des  saints  Lugle  et  Luglien,  ces  deux 
martyrs  irlandais,  les  premiers  maîtres  d'Erkem- 
bode  dans  la  vie  spirituelle. 

La  seconde  opinion  partagée,  entr'autres  par  le 
P.  Malbrancq,  donne,  au  Bienheureux  l'Irlande  pour 
patrie.  Cette  assertion  s'appuie  sur  les  preuves  sui- 
vantes :  d'abord,  le  nom  même  d'Erkembode,  lequel 
présente  beaucoup  d'analogie  avec  les  noms  alors 
usités  en  Angleterre.  La  seconde  preuve  est  tirée 
de  sa  communauté  de  vie  avec  Lugle  et  Luglien 
qu'il  aurait,  selon  cette  hypothèse,  suivis  dans  leur 
voyage  en  Gaule. 

MARTrBB  DES  SAINTS  LD6LB  ET  LL'GLIE:» 

Nous  le  voyons,  en  effet,  accompagnant  ces  ser- 
viteurs de  Dieu  àThérouanne,  fuyant  avec  eux  cette 
ville  où  leur  réputation  de  sainteté  les  avait  pour- 
suivis; enfin,  lorsque  des  brigands,  près  de  Ferfav, 
immolent  ses  deux  maîtres  dans  la  vie  spirituelle, 
Erkembode  seul  parmi  leurs  nombreux  disciples 
ne  fuit  pas  le  danger.  Laissé  pour  mort  par  ces 
monstres,  il  se  relevé,  puise, dans  son  cœur  dévoué 
et  profondément  religieux,  la  force  de  regagner 
Tbérouanneet  d'annoncer  à  l'évêque,  saint  Bain,  ce 
douloureux  événement  et  ne  songe  à  prendre  du 
repos  qu'après  avoir  fait  ensevelir  les  deux  Irlan- 
dais d'une  manière  digne  de  leur  éminente  sainteté. 

lAIKT   RRIBMBODK    A    SITBIU 

Lecteur  de  notre  Saint  dut  être  brisé  par  ce  coup 

funeste  (jui  lui  enlevait  son  plus  grand  appui.  Néan- 

moin»  Dieu,  qui  avait  ses  vues  sur  lui,  veillait  sur 

leur.  Il  le  conduisit  dans  l'abbnye  do  Sithiu 

i(ia  an   crand   saint   fiprtin,    l'un   des   plus 

(ui    illustrèrent  ce  siècle  si 

aux  voies  de  la  Providence, 

!••  lui.  i.piii..  «on  élude  à  imiter  un  IVre  si 

.  et  .^  devenir  comme  un  miroir  où  ne  reflé- 

V *  vertus  du  fondateur  de  Sithiu. 


SALVT  ERKEHBODB  ABSi 

Mais  le  plus  grand  éloge  que  l'on  puisse  faire  de 
notre  Saint  est  certainement  de  dire  qu'il  fut  abbé 
de  ce  célèbre  monastère,  quelques  années  seulement 
après  la  mort  du  fondateur.  Sithiu,  en  effet,  cette 
pépinière  de  saints,  était  alors,  comme  le  fait 
remarquera  Légendaire  de  la  Morinie,  dans  toute  la 
ferveur  de  sa  première  institution.  Quelle  ne  devait 
donc  pas  être  la  vertu,  l'expérience,  les  talents 
d  Erkembode,  pour  que  le  choix  unanime  de  ses 
Frères  remit  entre  ses  mains  une  charge  aussi  déli- 
cate I  Erlefride  et  Rigobert  l'avaient  précédé  dans 
cette  pénible  fonction  et  tous  deux  étaient  morts  du 
vivant  même  du  fondateur.  Ainsi  Erkembode  rece- 
vait pour  ainsi  dire,  des  mains  de  saint  Bertin,  la 
crosse  abbatiale  encore  toute  resplendissante  des 
vertus  inimitables  dont  ce  dernier  l'avait  ornée. 

VERTDS     DB    l'aBB^    OB    SITHID 

Sera-t-il  à  la  hauteur  d'un  tel  choix  ou  trom- 
pera-t-il  l'espoir  de  ses  Frères  T  Son  historien ,  son 
surcesseur  dans  la  charge  abbatiale,  va  nous 
l'apprendre. 

■1  Erkembode,  dit-il,  une  fois  promu  à  la  dignité 
suprême,  mit  toute  son  étude  à  conserver  les  obser- 
vances religieuses  dans  leur  intégrité,  à  augmenter 
les  possessions  du  monastère,  à  les  défendre  contre 
les  agressions  du  dehors.  Il  voyait,  en  effet,  dans  sa 
nouvelle  dignité,  moins  un  honneur  qu'un  fardeau 
et  désirait  moins  être  appelé  abbé  que  l'être  en  réa- 
lité. Il  sullit.  pour  s'en  convaincre,  de  lire  les  chartes 
et  privilèges  que  ses  pressantes  sollicitations  obtin- 
rent de  plusieurs  rois  de  France  en  faveur  de  son 
abbaye.  <•  —  Autour  de  l'abbaye  de  Sithiu,  s'est 
formée  peu  à  peu  une  ville,  aujoiurd'hui  importante, 
sous  le  nom  de  Saint-Omer  'Pas-de-Calais). 

SAINT  BBKBMBOOB  6rtoUB 

Cependant  le  siège  de  Thérouanne  étant  venu  à 
vaquer  par  la  mort  de  Havenger,  successeur  de  saint 
Bain,  la  voix  du  peuple,  qui  est  aussi  celle  de  Dieu, 
appela  au  trône  épisropal  le  pieux  et  savant  !il'\<<- 
de  Sithiu,  qui  néanmoins  ne  laissa  pas  de  ganier 
l'administralion  de  son  monastère.  Ainsi  il  unit. 
selon  la  remarque  de  son  historien,  la  fécondilc  de 
lia  à  In  beauté  de  Rachel.  la  vie  active  à  la  rom- 
toraplation,  sans  que  lune  nuisit  à  l'autre,  mais  le» 
deux  se  con«nlidant.  El  c'est  là.  sans  contredit,  l'un 
des  caractère»  les  plus  remarquables  de  notre  Saint. 


Sa  Tie,  selon  la  remarque  du  Légendaire  de  la 
Horinie,  fut  une  vie  de  paix,  de  travaux  obscurs 
mais  incessants,  une  existence  passée  tout  entière 
a  consolider  une  œuvre  difBcile,  celle  de  l'évangé- 
lisation  de?  Morins,  à  élever  des  «'{rlises,  à  former 
des  pasteurs,  à  défendre  son  Ironj.eau  contre  les 
attaques  du  dehors. 

MOHT  DE  SA1^T    KIULEUBODE 

Ainsi  s'écoulait  celle  vie  partagée  entre  la  prière 
et  les  œuvres,  entre  la  contemplation  et  la  vie 
active,  celte  vie  qui  unit  la  nart  Je  Marie  à  roffice 
de  Marthe,  et  qui  est  si  agréable  aux  veux  du  Sei- 
gneur, lorsque  la  mort  vint  donner  au  bon  servi- 
teur le  prix  de  ses  travaux.  Ce  fut  l'an  74i  que 
notre  Bienheureux  échangea  les  biens  de  la  terre 
pour  les  bieni-  du  ciel,  les  biens  périssables  pour 
es  biens  ilernels. 

L'hi>torien    ne   rapporte   aucun  miracle  :  «  Non 
pas,  dil-ii,  qu'il  faille  croire  que  notre  Saint   n'en 


l 


ait  point  accompli,  mais  il  faut  accuser  de  cette 
m-gligence  les  historiens  qui  ne  les  ont  point  trans- 
mis à  la  postérité.  » 

TOHBUU     UE    SAI.NT   ERKEMBODB 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  faut  rien  moins  que  de 
nombreux  miracles  pour  expliquer  l'affluence  i 
travers  les  siècles,  de  toutes  les  générations,  au 
tombeau  du  Saint.  Ce  tombeau  se  voit  encore  au- 
jourd'hui dans  l'église  Notre-Dame  de  Saint-Omer, 
au  côté  de  l'Evangile.  En  plusieurs  endroits  le  grés, 
malgré  sa  dureté  extrême,  se  trouve  profondément 
usé,  résultat  du  passage  d'une  longue  suite  de  géné- 
rations qui  sont  venues  se  frotter  avec  conllance 
contre  celte  pierre,  pour  être  délivrées  de  leur*  maux 
corporels. 

Un  autre  acte  de  piété  et  de  confiance  très  fré- 
quent consiste  à  attacher  au  tombeau  du  Saint  les 
petits  enfants  qui  ne  peuvent  marcher  seuls  et  dont 
sa  vertu  dissipe  les  craintes. 


SAIIST    SABAS.    GÉPSÏiltAI.    l*OMAI>.-      l"r     MAKTVFt 


Fête   le   24  avril 


Saint  Sabas,  Goth  d'origine,  éteit  un  générai 
rumain  qui  reçut  le  tribunal  militaire  des  mains 
lie  l'empereur  Aurélien.  Partisan  secret  de  la  reli- 
tion  chrétienne,  il  ne  craignait  nas  de  visiter  ses 
frères  plongés  dans  les  cachots  de  Kome.  Cet  acte 
de  courage,  non  moins  aue  ses  hautes  vertus,  le 
désignaient  à  la  haine  de  ses  envieux.  Dénoncé 
auprès  de  l'empereur,  il  avoua  franchement  qu'il 
adorait  Jésui-Chrisi  et  jeta  loin  de  lui  ses  insignes. 


In  ordre  du  tyran  le  fit  suspendre  cruellemenl  à 
une  poutre,  puis  torturer  avec  des  torche*  ardentes. 
ICiilin,  plonge-  dans  un  bain  de  poix  bouillante,  il 
en  sortit  sain  et  sauf.  Ce  miracle  attira  A  notre  sainte 
relicioii  soixante-dix  nouveaux  chrétiens  qui  furent 
bientôt  soixante-dix  martyrs,  car  ils  payèrent  de 
leur  tète  leur  cénéreuse  confession.  Quant  h  saint 
Sabas,  il  fut  jeté  dans  un  QeuTe  et  mérita  ainsi  ta 
couronne  du  martyre. 


la  .  ^irnm     K    PrTimtinT   »  «•  tra»*»"  I"    •*•"•• 


SALM  JUSTIN,  PHILOSOPHE  ET  MARTV15 


Fête  le   i  3  avril. 


Justin,  avide  de  vérité,  se  promène  sur  le  bord  de  la  mer,  quand  un   vieillard  majestueux 
lui  indique  les  Saintes  Lettres  conuue  source  de  la  vraie  philosophie. 


LES  PIIIU>SOi-UKS  KT  LES    l'HOPUETCâ 

Saint  Justin  naquit  vers  l'an  103,  dans  l'anlique 
Siclicm,  aujourd'hui  Naplouse,  près  du  puits  de 
Jacoh.  Fils  et  petit-fils  île  vétérans  romains,  il 
ne  suivit  pas  cependant  la  carrière  des  armes. 
Iiieu,  qui  voulait  l'attiri-r  à  la  connaissance  de  la 
vérité,  lui  avait  donné  un  esprit  pénétrant,  avide 
■  lo  tout  savoir,  et  porté  de  préférence  à  la 
r"cherrbe  de  la  science. 

l)>s  raa  premi'-re  jeunesse,  dit-il  lui-même, 

"  Tuai^pris  d  un  amourardent  pourla  philosophie. 

■  J"»  me  mis  sous  la  conduite  d'un  stoïcien. 

Mais,  après  être  demeuré  longtemps  atec  lui,  je 


m'aperçus  que  je  n'apprenais  rien  sur  Dieu,  dont 
la  connaissance,  à  son  avis,  était  inulile.  Je  le 
quittai  donc  pour  m'adresser  à  un  péripatéticien, 
homme  d'une  çrande  finesse  d'esprit,  il  le  croyait 
ilu  moins. 

»  Anrès  quelques  jours,  il  me  pria  de  convenir 
avec  lui  dos  honoraires,  «  afin,  disait-il,  que  ses 
leçons  nous  fussent  profitables  à  tous  deux.  »  Ji- 
ne  pouvais  croire  qu'une  Ame  aussi  basse  fut  ci'lb' 
d'un  philosophe,  car  la  s;i:;csse  ne  se  vend  pas 
Sans  vouloir  en  entendre  davantage,  je  m'éloif-'nai 
de  lui. 

»  Cependant  mon  ardeur  pour  la  science  était 
toujours  la  même;  j'allai  trouver  an  pytbagg. 


lU- 


ricien,  qui  était  en  grande  réputation,  et  n'avait 
pas  lui-même  une  moindre  idée  de  son  savoir. 

Il  Lorsque  je  lui  eu?  témoii.'né  le  di'-îir  J'élre 
son  disciple  :  "  Tn's  bien,  me  répiMulit-il,  mais 
savei-Tous  la  musique,  l'astronomie  et  la  géo- 
métrie? Sans  ces  connaissances  préliminaires 
qui  dégagent  l'àme  des  objets  sensibles,  vous  ne 
sauriez  prétendre  approfondir  les  secrets  de  la 
philosophie,  ni  arriver  à  la  cnnti'mpiation  de  la 
Dcauté  et  de  la  bonté  soureraines.  m  J'aToaai 
humblement  que  j'itrnnrnis  ce»  sciences,  et  il  me 
confiédia  sans  plus  de  formalités. 

»  Je  ne  fus  pas  médiocrement  désappointi*  de 
ma  mésaventure,  elle  m'affligeait  d'autant  plus 
que  je  croyais  quelque  mérite  à  ce  docteur.  Mais 
comme  les  éludes  préalables  qu'il  exicenit  de 
moi  eusst-nl  éié  nécessairement  trop  longues,  je 
ne  me  scnlis  tioint  le  courage  de  subir  cette  dure 
épreuve. 

»  Dans  mou  embarras,  je  songeai  aux  plato- 
niciens. Il  y  fil  avait  un  dans  noln-  ville,  boraïuc 
de  bon  sens  et  des  plus  distingués  d'entre  eux. 
J'eus  avec  lui  plusieurs  entretiens  qui  me  nro- 
fltèrent  beaucoup;  déjà  je  rae  flattais  d  être 
devenu  sage  el,  dans  mon  enthousiasme,  j'avai> 
coneu  la  folle  espérance  de  voir  Dieu  bientôt, 
car  c'est  le  but  de  la  philosophie  de  Platon. 

»  Cette  disposition  d'esprit  me  faisait  recher- 
cher la  solitude.  In  ^jour  que  je  me  promenais 
au  bord  de  la  mer,  je  vis  un  vieillard  qui  me 
suivait  pas  ù  ja».  Son  exti*ricur  était  majestueux  ; 
un  air  de  douceur  et  de  gravité  était  répandu 
sur  toute  sa  personne  ;  noij«  entrâmes  en  con- 
versalion.  ••  lous  les  philosobes,  dit  le  vieillard, 
se  sont  étiarén  dans  les  sentiments  de  l'erreur, 
et  aucun  d'eux  n'a  bien  connu  ni  Dieu,  ni  l'Ame 
raisonnable. 

—  Si  ceux-là  ne  peuvent  nous  enseigner  la 
vérité,  m'écriai-je,  quels  maîtres  devons  nous 
donc  suivre  ? 

—  A  une  époque  très  reculée,  reprit-il,  et  bien 
avant  ceux  qu'on  a  cru  philosophes,  il  y  a  eu 
des  hommes  justes  et  chéris  de  flieii,  qui,  par- 
lant par  l'esprit  divin,  ont  annoncé  d'avance  ce 
qui  se  pusse  aujourd'hui  dans  le  monde.  On  les 
appelle  prophètes,  eux  seuls  ont  connu  la  vérité, 
eux  seuls  l'ont  annoncée  aux  hommes.  Us  n'ont 

r réelle  que  re  qui   leur  était  révélé  d'en  haut, 
eurs  é.rits.  que  nou-  ,  nous  font 

très  bien  roniiallre  la  ]  .  et  la  der- 

nière fin  de  tous  les  eire'..  ils  II  iMiiplovaient, 
pour  établir  11  vérité,  ni  les  disputes,  ni  fes  rai- 
soiineni'-r  '       t:! 'iN.  Ce  qui   doit  faii-e   croire  A 


leurs     p 

en 

sont    leur»    prédictions   qui 

joui 

est  venu, 

"  <Jtinn 

.  et  de  son   1                         '.  qui 
n  ce  monde,  ■:                      ■  qm  v 
•ITel. 
■•«-iti-.  Hit  en   flni's.inl  l'inconnu  à 

iiij 

pour  que  le» 

1  •iiver'ps,  car 

'.«u  et 

Son  ■ 
A 

reM: 

y 

»Opi 


le  utilloj'J  Ji>)^Aiui,  ut  uul  ne  le 


LUS   PRBHIÉRES    ÉCOLES   CURÉTIENNES 

Après  avoir  semé  la  bonne  nouvelle  dons  une 
contrée,  les  apôtres  allaient  à  d'autres  conquêtes, 
mais  ils  laissaient  à  leurs  disciples  les  plus  fer- 
vents el  les  plus  instruits  le  soin  de  maintenir 
la  foi  dans  les  cœurs.  Les  évéques,  successeurs 
immédiats  des  apiMres.  furent  après  eux  les  pre- 
miers docteurs  auMU.L-N  recouraient  les  lidéles, 
mais  bientôt  le*  pontifes  s'adjoignirent  des  prêtres 
qui  enseignaient  publiquement  la  religion  chré- 
tienne et  démontraient  par  la  raison  la  fausseté 
et  l'absurdité  du  paganisme.  Telle  fut  l'origine 
des  écoles  chrétiennes. 

Le  philosophe  converti  en  fonda  une  à  Home 
même,  au  pied  du  tri\ne  de  Pierre,  au  centre  de 
l'idolâtrie.  Les  chrétiens  allaient  l'eniendre  pour 
fortifier  leurs  Ames,  les  païens  pour  tenter  de  le 
convaincre  d'erreur,  mais  chacune  des  réponses 
de  Juï-tiii  lui  valait  une  victoire,  el  souvent  il 
eut  le  bonheur  d'amener  ses  adversaires  dans  le 
chemin  du  salut. 

Son  tèle,  cependant,  ne  pouvait  <e  contenter  de 
l'étroite  enceinte  d'une  école,  il  aurait  voulu 
annoncer  la  \érilé  au  monde  entier. 

Il  pSuiua  dans  un  di«cour»,  au  il  ailressa  aux 
Oec.  1<".  principaux  point'  de  la  morale  et  des 
!  léiiens;  pour  en  faire  s.nsir  la  supério- 

1  ,  il  les  compara  au  tissu  de  mensonges 

et  d'inlaïuiei  qui  fai»aionl  toute  la  religion  des 
païens. 

"  Ne  croyei  pas,  dit-il,  que  j'aie  renoncé  sans 
motif  h  votre  croyance  cl  à  votre  culte.  J'ai  dû 
les  abandonner  parce  que  je  n'y  ai  rien  trouvé 
de  suint,  rien  qui  puisse  être  apréable  à  Dieu. 
I.es  fables  imaginées  par  vo*  poêles  ne  sont 
autre  i  hose  que  des  monuments  de  déraison  et 
de  véritable  folie.  Mais  vous  ferei,  peut-être  bon 
marché  de  vos  poète»  et  de»  fables  .|u'ils  débitent 
sur  le»  dieiiï  V.mis  iii'leii.lcf  II,  in.r  la  vérité 
parmi  Ic^  ,  -moi, qui 

lient  se  II  '  ,  ,       mêle  île 

leurs  contradictions.  Aucun  d'eux  n'a  pu  en 
amener  un  autre  à  son  avis;  bien  plus,  ils  ne 
sontpas  d'accord  a\ec  eux-mêmes;  ils  ne  méritent 


donc    pas    plu»   de    foi    rjue    vo. 

n'ont  fait    ; 

doni'des  .  ; 

el  veiiei  p  >^c 

c. imparer  v 

"  Notre  ch.  I  .\  ii> 
à  notre    tête,   ne 
membre»,  ni  la  •    '  '  '       .ng, 

de  la  vie  et  la  ;r. 

»  Le  mot  d'oiùK    ur  I  ' 
c'est  la  vertu.   Arme  m 
li.ille«  le«  ;■  ■   -  ..ii>    I 
mourir  lei 

ni  po.'ti  ».  I      ^  ; 1 

cla\es  (le  la  mort,  elle  nou»  r' 
rh'iiiiiiî  •  !l.  f.iit  un  Uieu;  •: 
nous  en  un  ciel  mille 

.1    vot'  •.    Vrri'-I    li  >ni-     vn 


le;,    dont     ils 

•  nt'-.  Abjurez 

|ue  ridicules, 

(iii  ne  se  peut 


u«,  le  N  ei  br  divin,  qui  marche 

lemande    ni    la    vij;ueiir  de» 

■  nais  la  sainteté 


liuUt  ' 


habile 


qui  «Itirr 

,.|lr. 


•m  l>raTkit  la  mort. 


après  les  épreuves  de  cette  vie,  quand  elle  sera 
réunie  au  Dieu  qui  l'a  créée.  Car  c'est  de  Dieu 
qu'elle  tient  l'existence,  et  c'est  à  Dieu  qu'elle 
doit  retourner.  « 

SAINT  JUSTIN   ET  tES    PKRSECCTEL"R^ 

Au  commenceraent  du  rèpne  de  l'empereur 
Antonin,  les  chrétien?  furent  l'objet  de?  pluf  ter- 
ribles supplices,  et  l'I^lise  soulTrit  cruellement, 
car  le  sang  de  ses  enfants  coula  à  grands  flots. 
Saint  Justin  prit  sa  défense,  et  la  voix  éloquente 
<lu  pliilosoplie  converti  port;i  ses  plaintes  aa 
irône  des  César*.  Il  le  Ht  sans  faiblesse,  et  ne 
crai^it  pas  de  se  dénoncer  lui-même  aui  persé- 
cuteurs, en  sif-'nant  couraiieusement  son  Àpolo- 
ijêtiqne.  qui  commence  ainsi  : 

'c  A  l'empereur  Titus,  César  Auiniste,  à  Véris- 
simus,  son  (ils,  au  Sénat  et  au  peuple  romain  : 
eu  faveur  des  hommes  qui  sont  injustement 
poursuivis  comme  chrétiens,  moi  Justin,  fils  de 
i'riscus,  citoyen  de  la  colonie  de  Flavîa  Néapolis, 
chrétien  aussi,  j'adresse  cette  apologie.» 

Au  nom  de  la  justice,  saint  Justin  réclame 
pour  les  disciples  du  Christ  le  libre  exercice  de 
leur  culte,  faveur  que  Kome  accordait  à  tous  les 
peuples.  «Bien  plus,  dit-il,  notre  foi  est  la  vérité 
.'ibsolue,  et  dt'S  lors  c'est  un  devoir  pour  tous, 
pour  les  empereurs  eui-mi5raes,  de  lui  sacriDer 
les  traditions  erronées  des  aïeux,  les  préjugés 
populaires,  leur  vie  m^rae.  » 

Après  avoir  démontré  l'injustice  des  tourments 
que  l'on  faisait  suliir  aux  chrétiens,  l'apoloRiste 
prouve  la  divinité  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ 
par  les  prophéties  :  «  Si  vous  voule?.  savoir,  dit- 
il,  comment  tout  ce  qui  avait  étë  prédit  sur  la 
passion  de  Jésus-Christ  s'est  accompli,  lisez  les 
Actes  de  PiUite  (relation  du  procès  de  Jésus-Christ 
envoyée  à  l'empereur  Tibère  et  conservée  dans 
les  archives  do  Rome).  ■>  Il  renvoie  à  ces  mêmes 
Actes,  pour  prouver  que  Jésus-Christ  a  puéri  des 
•iveugles  et  ae»  lépreux  et  ressuscité  de<!  niort^i. 
Il  venge  ensuite  les  fidèles  de  toutes  les  calom- 
nies dont  les  chart,'oaientleursennemis,et  ajoute, 
en  s'adressanl  aux  princes  : 

«  .Si  notre  reli^'ion  vous  parait  conforme  à  la 
raison  et  à  la  vérité,  respectez-la  ;  si  au  contraire 
tout  cela  vous  semble  un  tissu  de  futilités,  dédai- 
unez-la.  Pour  nous,  il  nous  suffit  de  vous  avoir 
avertis.  Vous  n'éviterez  pas  le  jugement  du  Sei- 
::neur.Quellequesoitvotre  sentence  nous  redirons 
toujours  :  Dieu  soit  béni.  •• 

Cette  noble  liberté  de  lansage  toucha  l'empe- 
reur ;  un  décret  déclara  bientôt  les  chrétiens 
innocents  et  leur  donna  la  liberté  de  se  réunir 
I>our  louer  et  adorer  leur  Dieu. 

Mai»;  la  paix  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Marc- 
Aiirèle,  qui  succéda  à  Antonin,  renouvelâtes  édils 
'11-  mort  contre  les  fils  de  rKslise. 

L'ne  injustice  inouïe  obligea  de  nouveau  saint 
Justin  à  prendre  la  plume. 

L'ne  femme  de  mauvaise  vie,  devenue  clin'- 
lienne,  avait  essayé  de  faire  entrer  son  mari  avec 
'Ile  dans  la  voie  du  salut,  en  lui  parlant  des 
(eux  éternels  réservés  à  ceux  qui  vivent  dans 
linconlincnce  et  la  d'^banche.  Ses  efforts  furent 
infructueux.  Crni;:nant.  dés  lors,  de  participer 
à  ses  crimes  et  à  ses  impiétés,  elle  se  sépara 
de  lui. 

Pour  se  venger,  le  paien  la  dénonça  aux  bour- 
reaux, et  la  malheureuse  femme  fut  mise  à 
mort  pour  avoir  renoncé  à  la  rompatrnie  d'nn 
liomme  dont  elle  ne  voulait  plus  partager  la  cor- 
ruption. 

i.es  accents  de  celte  nouvelle  défense  n'étaient 


pas  moins  énergiques  que  les  premiers,  mais  ils 
furent  sans  efîet. 

L'-^rapereur  avait  pour  favori  un  philosophe 
cynique,  Crescent,  que  sa  mauvaise  vie  et  son 
avarice  rendaient  odieux  aux  idolâtres  mêmes, 
efqui.le  premier,  accusait  les  chrétiens  d''ince3te, 
d'adultère  et  d'homicide. 

Souventil  avait  défié  Justin  dansdes  conférences 
publiques,  mais  toujours  il  en  était  sorti  couvert 
de  honte  et  de  confusion,  car  toujours  le  Saint 
l'avait  convaincu  de  mensonge  et  d'hypocrisie, 
sans  qu'il  put  lui-même  le  mettre  un  seul  instant 
en  défaut. 

Le  paien  se  vengea  de  tant  de  défaites  en  fai- 
sant enfermer  son  adversaire  dans  un  horrible 
cachot. 

COMME.Vr  LES  CHRÉTRNS  SAVENT  KOURIR 

Six  autres  confesseurs  :  Charito,  Charitana, 
Evelpiste,  Hiérax,  Pœon,  et  Libérianus  eurent 
l'honneur  do  partager  la  captivité  et  le  glorieux 
martyre  du  défenseur  de  l'Eglise. 

C'était,  disent  les  Actes,  le  temps  où  les  fana- 
tiques adorateurs  des  démons  obtinrent  la  per- 
mission de  promulguer  des  édits  de  persécution 
contre  la  religion  chrétienne  dans  cnacune  des 
villes  et  des  provinces  de  l'Empire.  On  voulait 
forcer  tous  les  fidèles  à  sacrifier  aux  dieux. 

lustin  et  ses  compagnons  furent  amenés  au 
tribunal  du  préfet  de  Rome,  Rusticus. 

i<  Sois  docile  aux  décrets  des  empereurs,  dit 
le  juge  au  philosophe  chrétien,  et  offre  de  l'en- 
cens à  nos  dieux. 

—  J'obi'is  aux  préceptes  du  Christ,  et  nul  n'a 
le  droit  de  me  contraindre  à  les  violer,  répondit 
l'intrépide  témoin  de  la  foi  ;  après  avoir  étudié 
successivement  dans  toutes  vos  écoles  do  philo- 
sophie, j'ai  embrassé  la  foi  des  chrétiens,  car 
c'est  la  seule  vraie,  quoiqu'elle  ait  autant  d'ad- 
versaires qu'il  y  a  d'esclaves  de  l'erreur. 

—  Misérable!  interrompit  le  païen,  comment 
oses-tu  te  vanter  de  professer  une  pareille  doc- 
trine'? 

—  Oui,  je  me  fais  gloire  de  partager  la  religion 
de  ceux  qui  n'adorent  qu'un  seul  Dieu,  cr('ateur 
de  l'univers,  et  professent  que  Jésus-Christ,  son 
Fils  unique,  est  veim  sur  la  terre,  selon  les  pré- 
dictions des  prophètes,  pour  sauver  tous  les 
hommes  dont  il  sera  le  juge  au  dernier  jour  du 
monde. 

—  Dis-moi  où  se  tiennent  vos  assemblées'? 

—  Nous  nous  réunissons  partout  où  nous  pou- 
vons; notre  Dieu  est  en  tout  lieu,  et  l'on  ne  sau- 
rait le  circonscrire  dans  les  limites  d'un  espace 
quelconque;  bien  qu'il  soit  invisible,  il  remplit 
l'immensité  de  la  terre  et  des  cieux;  nous  l'ado- 
rons partout,  et  partout  nous  chantons  sa  gran- 
deur et  sa  gloire.  <> 

Cette  réponse  ne  satisfit  pas  le  préfet,  qui 
aurait  été  heureux  de  surprendre  d'un  seul 
coup  de  filet,  tous  les  prêtres  et  tous  les  fidèles 
de  ^^'glise  de  Home.  "  Je  veux  savoir,  dit-il,  où 
les  chrétien^  se  ra>isemblent  dans  cette  ville.  » 

Mais  Justin,  loin  de  trahir  ses  frères,  s'accusa 
lui-même  :  •>  J'habite  près  des  thermes  de  Timio- 
tinum;  tous  ceux  qui  ont  voulu  venir  m'y  trou- 
ver ont  reçu  de  moi  communication  de  la  doc- 
trine, seule  véritable,  que  je  professerai  jusqu'à 
la  mort.  « 

Vaincu  par  tant  de  courage,  Ru«ficus  s'adressa 
à  Charito,  it  lui  demanda  s'il  était  chrétien  : 
•'  Je  le  suis  par  la  grâce  de  Dieu,  "  répondit  b' 
confesseur.  Interrogée  à  son  tour,  Charit.nni. 
^  <n  épouse,  fit  la  même  répoin.o. 


«  Et  toi,  demanda  le  juge  à  Evelpiste,  qui 
es-lu? 

—  Je  suis  lun  des  serviteurs  de  César,  mais 
le  Christ  m'a  donné  la  liberté  véritable,  je  suis 
chrétien,  et,  comme  tel,  je  suis  entré  en  partage 
de  la  foi,  des  privilèges  de  la  trràce  et  des  espé- 
rances de  ceux  que  vous  venei  d'interroger.  » 

Le  magistrat  romain  se  tourna  vers  Hiérax  ; 
«  Es-tu  aussi  chrétien? 

—  Oui,  répondit  le  confesseur,  je  crois  comme 
eux  à  Jésus-Christ  et  je  l'adore. 

—  Qui  vous  a  instruits  dans  celte  religion, 
demanda  Rusticus,  f?t-re  Justin? 

—  J'étais  chrétien  avant  de  connaître  Justin, 
répondit  Hiérax. 

—  Moi  aussi,  s'écria  Pseon.  —  Et  qui  t'a  ins- 
truit? dit  le  préfet.  —  Ce  sont  mes  parents  qui 
m'ont  enseian-''  cette  foi  divine.  >< 

Evelpiste  prit  alors  la  parole.  ■■  J'avais  une 
grande  j"ie  à  suivre  les  leçons  de  Justin;  mais 
j'étais  chrf^tien  avant  de  le  connaître,  celte  reli- 
gion est  celle  de  mon  père  et  de  ma  mère.  —  Et 
où  sont  tes  parents?  rejïrit  le  magistrat.  —  Kn 
Cappadoce  >•,  répondit  Lvelpisle. 

1^  môme  question  fut  adressée  à  Hiérax. 
!■  Notre  père  véritable,  dit-il,  est  le  Christ,  la  foi 
que  nous  avons  en  lui  est  notre  mère.  >• 

Quand  Libèrianus  eut  aussi  généreusement 
confessé  sa  foi,  le  préfet  de  Rome  s'adressa  de 
nouveau  à  saint  Justin,  et  lui  dit  :  a  Ixoule-moi 
donc,  philosophe  dont  on  vante  tant  la  sagesse 
et  l'éloquence,  crois-tu  sérieusement  que  tu  mon- 
teras au  ciel,  quand  je  t'aurai  fait  meurtrir  le 
corps  de  coups  de  fouet  et  trancher  la  tète? 

—  Si  tels  sont  les  supplices  que  vous  me 
réserve»,  j'espère  obtenir  la  récompense  accordée 
à  tous  ceux  qui  ont  confessé  la  foi  du  Clirisl. 
et  j'ai  la  «erlilude  que  la  grAce  divine  les  con- 
servera /•lenifllement  dans  les  joies  célestes. 

—  Ainsi,  tu  t'imagines  vraiment  que  lu  iras  au 
ciel? 

—  Je  ne  me  l'imaftine  pas,  je  le  sais  d'une 
science  certaine,  et  je  n'ai  pas  à  cet  égard  le 
moindre  doute. 


—  Cessons  tous  les  discours,  dit  le  préfet 
irrité  aux  intrépides  confesseurs,  il  s'agit  du 
l'iiiiit  capital  :  sacriliei  tous  aux  dieux;  >i  vous 
n'obéissez  pas  de  bonne  volonté,  les  tortures  vous 
y  contraindront.  » 

Justin  alors  prit  la  parole  pour  ses  frères. 
<•  Loin  de  redouter  tes  supplices,  dit-il,  nous 
ambitionnons  la  gloire  de  les  souffrir  pour  le 
nom  de  Jésus-Christ  Notre-Seigneur;  ce  sera 
notre  immortel  honneur  devant  le  tribunal  de  ce 
tuge  suprême,  quand  le  monde  entier  compa- 
raîtra devant  lui.  » 

Les  six  autres  martyrs  firent  entendre  la  même 
réponse,  et  s'écrièrent  :  <i  .Nous  ne  sacrilierons 
jamais  à  vos  idoles.  » 

Rusticus  rendit  alors  la  sentence  en  ces  termes  : 
•'  Pour  n'avoir  pas  voulu  sacrifier  aux  dieux,  ni 
obéir  aux  édils  de  l'empereur,  ces  rebelles  sont 
condamnés,  selon  les'termes  de  la  loi,  à  subir 
d'abord  la  peine  de  la  flagellation,  et  ensuite  à 
être  décapités.  « 

Les  saints  confesseurs  furent  conduits  au  lieu 
ordinaire  des  exécutions;  chemin  faisant,  ils 
chantaient  les  louanges  du  Seigneur.  Après  qu'on 
les  eut  flagellés,  la  hache  du  licteur  trancha  leur 
tète,  et  leur  Ame  s'envola  dans  le  royaume  du 
Christ. 

Le  corps  de  sainl  Justin  se  trouve  à  Rome  dans 
la  basilique  de  Saint-Laurent-hors-les-murs,  où 
il  repose  dans  le  même  tombeau  qui  contient 
les  restes  des  martyrs  saint  Ktieiine  et  saint 
Laurent.  La  cathédrale  de  t^uitances  possède 
aussi  quelques  reliques  du  phijosorihe  martyr. 

Kn  1882,  Léon  .Mil  ordonna  ù  l'h^lise  univer- 
selle de  célébrer,  le  14  avril,  la  fêle  de  ce  saint. 

rnikas 

0  Dieu.  <|Ui  par  la  folie  de  la  Croix,  arei 
enseiLiié  d'une  manière  admirable  au  bienheu- 
reux martyr  Justin  la  science  sublime  de  Jésus- 
Glirist,  faites  qu'après  ovoir  rejeté  loin  de  nous 
les  liens  de  l'erreur,  nous  obtenions  la  fermeté 
de  la  foi.  Par  le  même  Jésus-Christ  .Noire-Sei- 
gneur. Ainsi  soil-il. 


iwif .-gérant,    k.  fr  .-nnm .  •,  ru*  Irao^oi*   I*',   Harii 


SAINT   BÉNÉZET 

FONDATEUR    DES    FRÈRES    PONTIFES    D'AVIGNON 


Fêle  le  i4  avril. 


Saint  Béuézet  donne  les  plans  du  pont  d'Avignon. 


LE  PETIT  BERGER 

Un, jour  d'automne  de  l'an  1177,  Ponce,  évêque 
d'Avi;;non,  était  dans  la  chaire  de  sa  cathédrale, 
expliquant  à  son  peuple  la  parole  de  Dieu,  quand 
on  vit  un  enfant  du  peuple  entrer  dans  r<-ylise 
et  l'interrompre  en  criant  d'une  voix  ferme  : 
"  Ecoutez-raoi  et  prêtez,  l'oreille  à  ce  que  je  vais 
vous  dire  ;  Jésus-Christ  m'a  envoyé  vers  vous 
pour  construire  un  pont  sur  le  Hhi'me.  ■> 

L'enfant  paraissait  âgé  d'environ  douze  ans. 
On  le  prit  pour  un  insolent  ou  un  fou.  et  le 
viguier  (premier  magistrat  de  la  ville),  ordonna 
sur-le-champ  de  le  conduire  en  prison,  jusqu'à 
ce  'fu'une  enqn"'te  décidât  de  son  sort. 

Le  petit  inconnu  se  nommait  Bénézet  (BenoU). 
D'où  venait-il? 

Il  !■;  déclara  sans  doute,  mais  son  historien  ne 
nous  l'apprend  pas  :  deux  paroisses  se  disputent 
l'honneur  de  lui  avoir  donné  le  jour  :  Le  Villard, 
en  Vivarais,  et  llermillon,  en  Savoie.  Nous  n'es- 
sayerons pas  de  trancher  la  question,  et  nous 
pri'férons  laisser  chacune  des  deux  localités  se 
réjouir  de  ce  qu'elle  estime,  non  sans  raison,  sa 
gloire.  Cependant,  nous  sommes  oblicés  de  dire 
que  la  Savoie  a  un  litre  plus  pesant  dans  la 
balance  :  c'est  la  tradition  constante  d'Hermillon 


et  de  toute  la  Maurienne,  assurant  que  saint 
Bénézet  est  né  dans  la  commune  d'Hermillon, 
tradition  tellement  précise,  que  l'on  montre 
encore,  en  face  de  l'église,  l'emplacement  où 
était  la  maison  de  ses  parents. 

Ce  qui  est  certain,  c'est  que  les  parents  du 
futur  patron  des  ingénieurs  étaient  pauvres  des 
biens  de  ce  monde  :  mais,  chrétiens  vertueux, 
ils  pouvaient  donner  à  leur  enfant  le  plus  indis- 
pensable des  trésors,  celui  de  la  foi  et  d'une 
éducation  sainte.  Bénézet,  né  l'an  llOo,  était 
encore  en  bas  âye  quand  il  perdit  son  père,  ce 
qui  augmenta  la  pauvreté  de  la  famille.  La 
bonne  veuve  avait  quelques  brebis;  dès  que  son 
enfant  fut  en  âge  de  les  garder,  elle  le  chargea 
de  les  conduire  au  pâturage,  selon  l'usage  du 
pays. 

VOCATIO.N 

Le  n  septembre  1177,  Bénézet,  âgé  do  douze 
ans,  gardait  son  petit  (roupeau,  comme  à  l'ordi- 
naire, quand  il  se  produisit  une  éclipse  de 
soleil.  Au  milieu  de  l'obscurité,  le  jeune  berger 
entend  tout  à  coup  une  voix  qui  crie  par  trois 
fois  :  ..  Bénézet,  mon  lils,  écoute  la  voix  (!•■ 
.b'sus-Chnst.  —  Qui  ^tes-vous,  Seigneur?  répond 
1  enfant,  j'entends  bien   votre  voix,  mais  ]o  ne 


lO 


puis  vous  voir.  —  Ne  craius  rii^ii.  r't>reuJ  Là 
voix,  je  suis  Ji>su«-Christ;  c'est  nu'i  iiui,  d°UB« 
spule  parole,  ai  cr>'é  le  ci*l,  la  lerre,  la  llier«t 
tout  ce  qu'ils  renferment.  —  Et(iUf  il>'*irez-Tous 
de  moi,  Sei^îueur? — Je  veux  qui:  tu  laisses  là  tes 
brebis  il  que  tu  ailles  bAtir  pour  moi  un  pont 
sur  le  Hlii'me.  —  Seigneur,  reprit  l'enfant  toui 
surpris,  je  u'ose  pas  aban^lonniT  les  brebis  de 
ma  ni-re  Tt  je  ne  sais  pas  où  est  le  Hln'ine.  — 
Ne  t'ai-je  pas  dit  d'avoir  ronliance,  répondit  la 
voix  :  tout  obéit  à  ma  puissance,  va  donc  sans 
craiHle,  je  ferai  ranirnor  les  brebis  à  IVtable  et 
ji-  fenverrai  un  i^unle  pour  te  conduire  au 
Ithi'ine.  —  Mai>  il  lau.lra  beaucoup  d'aryenl  et 
je  n'ai  que  troi*  obi^les.  —  Je  te  donnerai  les 
moy«»s  né<-es«.aires.  >> 

Bêttetcl  écoutait  encore,  mais  la  voix  n'ajouta 
plus  rien. 

Obois-^ant,  il  partit  aussitAl. 

Il  allait  devant  lui  sans  trop  savoir  où.  lors- 
qu'il reiu-oulra  au  ptlerin  portant  un  sac  de 
voy.i-'  .  t  iiii  bAton,  et  dont  le  visage  aux  rellels 
Inu!  inspirait    une    crande    confiance. 

Uéja.  cite,  le  jeun<-  voy.-u:Pur  ouvrait  la 

bouille  pour  lui  demander  -^on  chemin,  lorsqu'il 
fut  devancé   par   la  voix   de   r>-lraii):er.  qui  lui 
dit  ;  «  Mon  enl.inl,  viens  avec  moi  sai' 
Je  te  conduirai  à  l'eudroit  uu  tu  dois 
le  pont  de  Jësas-Chi  ist  et  je  te  montrerai  ce  que 
tu  n^  k  faire,  u 

Iténéiet  reconnaît  le  guide  promis  et  marche 
à  SCS  côté»  d'un  cieur  joyeux.  Uii'-ls  édifiants 
entretiens  ils  durent  avoir  eiisi-mlplel  Ce  qui 
nous  est  le  plus  diffiiile  de  conjecturer  en  l'ab- 
sence de  tout  docanieiil  snr  ce  point,  c'est  l'iti- 
ni'raire  sui\i  par  les  deux  voyai^eur^. 

Ils  arrivèrent  sur  les  bords  do  Rhône,  dit 
siinpiement  l'historien,  et  à  la  vue  de  la  lart.'ear 
■  lu  n-and  lleuve,  l'enfaul  s'écria  :  <■  Il  est  iiupos- 

i  II'  que  je  fassi-  un  pont  ici!  »  Le  berter 
..\.:i\  i"  lit  ■'tir  iMi  iioire  jusque-là  qu'il  s'acissait 
de  qi  romnie  rfux  qui  descendent 

des  11  Vlaurienne.  Mais  rau;;e  reprit 

d'une  VOIX  ^rate  ;  <•  Ne  crains  rien,  l'Esprit-Saint 
est  avec  toi.  Vois-tu  celte  bariiue,  là-bas,  qui 
attend  sur  la  rive".*  Va  trouver  le  batelier,  il  te 
fera  passer  le  Ib-uve;  lu  entreras  dans  Aviunou 
et  ta  to  pi  '  ■■'•  et  à  sou  peuple.  >• 

1^11  uche  le  disparut  soudiiiii. 


Sur 
pas'-a 


vejii 

nn   (.. 


qu.:i  i- 
rctle  dif 


'.'• 

\J^t>\  -   tj'l.  1'  1 

avait  pa«. 

Il 

lui  I  :  •   llh^ne  se 

mil  I  ••.  ï>i  l'eu- 

■    '     \      .1  .ii>,  Il  i.iii  111  ■    ineiil 

.   et  le  plus   ^  iiIpI.uL 

.     Mcin  loin  il  .  ■  -  I'   'ir 

la  future  villi 

»  ..,  I  ...     i- de  recourir  à  1 il 

«•t  iui\re  les  riiute.%  di-   terre  :  mais  cr 
n  1  .'.11. 11. Lui    m. il   .iii\    il.     -fiii^   .11-  Pi'U     II 


plu-«    <  t'Iiiieiiiilile     à    i6    J" 

rioiii  If  «ouveiiir  devait  le  sou 

lUI. 

,|uin  He  confiance,  alla 


bilrlier  que  la  Sainte  Vierge  le  réionipenserait 
d'un  acte  de  charii'?  lait  en  son  honneur.  •  (Jue 
m'importe  ta  Viert:e  Marie!  reprit  le  juif.  l-Ue  ne 
l>eut  rien  ni  au  "irl,  ni  sur  terre;  cela  ne  vaut 
pas  mes  trois  deniers.  » 

IJénézet  olfrit  alors  ses  trois  oboles,  que  le  juif 
regarda  d'un  uil  dédaigneux.  Oependanl,  voyant 
que  l'enfant  n'en  avait  pas  davanUipe,  il  voulul 
i:af.'ner  au  moins  cela;  il  prit  le  petit  voyageur 
dans  sa  barque  et  alla  le  déposer  sous  les  murs 
d'Avignon. 

Bénézet  monte  anssilAt  dans  la  ville,  denande 
où  est  l'évéque,  entre  dans  la  cathédrale  et 
adresse  au  ponlile  le  message  de  Jésus-Christ. 

Nous  avons  dit  ce  qu'il  lui  en  coûta. 

COallKNT    O.N    HECONKL'T   LA  KISSIOM    DE   S.VI.VT  WtnittST 

Le  visuier.  qui  avait  jeté  l'enfant  en  priMn, 
se  nomm.iit  Kérenuer  et  était  de  la  faailHt  de 
Sade.  C'était  un  homme  dur  et  «révère. 

Il  se  hâta  de  faire  amener  devant  lai  le  jeane 
prisonnier.  Des  que  Itéiiézet  atierrut  le  magistrat. 
il  lui  dit  avec  assurance  :  ■<  Le  Seipieur  Jésn^- 
Cbrist  m'a  envoyé  en  cette  ville  pour  bitiriin 
pont  sur  le  Hhi'nie.  —  Comment,  repailil  le 
viffuier.  uu  petit  nieiuliaiil  i-omme  loi  peiise-l-il 
uire  un  pont  qtie  ni  (  harleni.inie  ni  aunin 
n'ont  jamais  o-si-  entreprendre  .'  ■  ;Ln  flTel. 
le  lleuve  rapide  est  lrt>  larte  en  cet  eu4roiL,  et 
ses  rives,  alors  privéï-s  de  digues,  se  déplaçaient 
à  chaque  grande  crue.) 

.Mais  l'enfant  insiste  au  nom  de  Diea,  à  qui 
tout  est  possible  et  qui  l'envoie,  k  En  ce  cns, 
répond  froidement  le  m.ii^isli'at,  écoula  ce  que 
je  vais  te  dire  :  les  pmii^  se  fontav»—  •'-  -  ••■.■rr>'- 
et  de  la  chaux  ;  il  y  a  dans  mou  |>ai  i  :  ' 

ri, ..mil.    si  tu  peux  I'   1  '  l'iii'T  et  I  .  ...|    ..  .^1 ,  ,• 
I  lu  peux  i  '<uL  ' 

accepte,  l;.  ^  .  Il  avertit  l'évéque, 
qui  vient  aa  palais  do  magistral,  suivi  dnne 
grande  foule. 

La  pierre  a\ait  treize  pieds  de  long  sorM^dr 
large.  Arrivé  devant  cet  immeu.s^  Mor,  reâltint 
se  met  à  genoax,  n-cite  une  prière,  paîl«  se 
relevant,  il  lait  li-  signe  de  l,i  Crmsi  sm  la  pierre, 
la  saisit  de  ses  jeunes  bras,  et  l'emporte,  dit 
la  chronique,  "  aussi  facilement  qu'un  simple 
caillou.  1  II  la  porta  à  travers  la  foule,  ju^quau 
lleuve,  à  l'endroit  oii  l'on  devait  jetei  les  loiida- 
tions  de  la  premii-re  pile  du  pont. 

A  cette  vue,  le  pi-ii|.K'  d'.Vvi-non  lont  entier 
pousse  des  cri»  i'-  •  '  ■■  •'  •■  ,-^  bénis- 
sant Dieu,  pai  1  -a  puis- 
sance et  de  >a  |.. s. 

Le  viguier  fut  le  premier  à  »e  rendre  k  l'évi- 
diii.  .  ,Iii  iiiiracle.  il  se  prosterna  devant  le  mes- 
1  ■•u,  lui  liais»   les   pieds  et   I 
i|i  la  -somme  d'-  lroi~  c.  nts 
I     les  tiavaux.   L.i 
e  cnniiTiiia  nu  m  ' 


le     p<  u 
>ll|      pelll 


■     J..UI    .].  s    .i\.    1.  |r       .  ;   u. 

k  huit  boiteux. 
L  ACtiK*  M:  uk  rmmrini^c.t 

...„,.,..  .1 1.  .,1,,,.  ...    I,    ',;.,.../,/./, 


«  Les  coiistruclioiià  de  routes  et  de  ponts,  les 
établissements  de  bacs,  ainsi  que  l'hôtellerie  où 
les  voyageurs,  les  pèlerins,  les  marchands,  pou- 
vaient trouver  relu^-'e  et  main  forte,  et  même  les 
simples  améliorations  de  grands  chemins  et  de 
levées  aux  endroits  submersibles,  etc.,  étaient 
devenus  au  moyen  âge  des  œuvres  de  piété, 
comme  les  cortstructions  d'églises,  d'hôpitaux  et 
de  monastères. 

->  La  charité  chrétienne,  puissance  inconnue 
au  monde  ancien,  précéda  alors  les  pouvoirs 
sociavx  dans  le  travail  de  cirilisalion  qui,  dans 
ce  temps-là,  s'opérait.  Les  dangers  de  toutes 
sortes  auxquels  la  difTiculté  des  lieux,  ainsi  que 
la  TÎalence  des  brigands  et  la  cupidité  souvent 
cruelle  et' criminelle  des  bateliers,  dits  utricu- 
lairet^  exposaient  les  voyageurs,  surtout  au  pais- 
sape  des  rivières,  les  Qrent  embrasser  dans  la 
m^oae  pitié  généreuse  qu'inspiraient  les  pauvres 
et  les  malades.  » 

Et  de  mArae  oue  Dieu,  dans  sa  paternelle 
bonté  pour  les  nommes,  a  suscité  à  diverses 
é|>oques,  des  saints  et  des  corporations  religieuses 
eu  vue  de  soula;.'er  telle  ou  telle  miséie  de 
I  liumanité,  d'-  nT'me  il  venait  d'envoyer  saint 
liéu'-7.et  à  la  province  d'Avignon  pour  lui  donner 
un  pont  et  une  congrégation  de  Frères  bâlUfcurs 
de  ponts  ou  Fr^ref  pontifes.  Ce  n'était  pas  d'ail- 
l"urs  la  première  association  de  ce  genre  que 
l'Eglise  eût  vu  naître  :  d'autres  communautés 
l'avaient  précédée  en  divers  lieux,  par  exemple: 
l'S  Hospitaliers  de  Saint-Jacques  du  Haut-Pas, 
à  Paris. 

LES    FHÈUBS   PO.NTIFES   D'aVICSO.N 
SAIKTETÉ  DE  BB.NÉZET 

Plusieurs  jeunes  pens,  poussés  par  la  grâce  de 
Dieu,  et  attirés  pai'  la  sainteté  de  sou  jeune  ser- 
viU'ur,  lui  demaudtreut  comme  une  faveur  de  se 
joindre  à  lui  pour  travailler  à  son  u'uvre.  Sans 
■  loute  qu'à  la  nouvelle  de  l'entreprise,  d'autres 
Frères  pontifes  vinrent  d'ailleurs  apporter  leur 
expérience  dans  l'art  de  construire  à  la  corpo- 
ration naissante. 

«induisant  tout  avec  sagesse.  Dénézet  obtint 
de  plusieurs  personnes  notables,  entre  autres  de 
messire  Bertrand  de  la  (jarde,  cession  complète 
de  leurs  droits  sur  le  port  du  Hhône.  C'était 
éparirner  des  ennemis  à  l'entreprise.  L'année 
suivante,  le  jeune  Saint  acheta  de  la  dame  Val- 
burge  el  de  Raymond  Malvicini,  son  fils,  une 
maison  et  un  jardin  situés  près  de  l'endroit  où 
commençaient  à  s'élever   les  fondations  de  la 

firemière  pile  du  pont.  Cette  maison  devait  être 
a  demeure  d»;  la  communauté  des  Frères  pon- 
tifes et  leur  servir  en  même  temps  d'hôtellerie 
pour  loger  les  voyageurs  indigents. 

Les  travaux  du  pont  avançaient  lentement, 
mais  avec  précision  d  solidité.  Bénéiet  donnait 
i  tous  l'exemple  du  travail  et  de  la  patience,  et 
s'efforçait  en  même  temps  de  former  à  la  vertu 
les  membres  de  sa  communauté,  par  humilité, 
il  ne  voulut  pas  prendre  le  titre  de  prieur,  et 
tant  qu'il  vécut,  ses  frères  conservèrent  l'habit 
laiaui',  plus  commode  pour  leurs  travaux. 

Malfré  le»  nombreux  soucis  d'une  vaste  entre- 
prise et  le  gouvernement  de  sa  corporation, 
Ilénéiet  travaillait  avec  constance  à  sa  propre 
sanctification.  Sa  foi  était  si  vive,  sa  piété  si 
tendre,  la  pureté  de  ses  mœurs  si  angélique, 
toute  «a  conduite  respirait  une  telle  droiture  et 
une  telle  simplicité  que  tousle  vénéraient  comme 
un  saint.  <')n  lui  amenait  de«  malades  en  grand 
nombre  :  le  serviteur  de  Iliou  appliquait  une  croix 


sur  l'infirme,  lui  donnait  le  baiser  de  paix  et  le 
renvoyait  guéri.  L'n  homme  perclus  di-  tous  ses 
membres  envoya  prier  le  Saint  de  venir  le  voir  : 
dès  que  celui-ci  eut  touché  l'infirme,  l'usage  des 
membres  lui  fut  rendu.  Bénézet  rencontre  un 
jour  des  joueurs  qui  blasphèment  Dieu,  il  les 
reprend  etarrêtelejeu.  L'un  des  joueurs,  furieux, 
répond  au  Saint  par  un  violent  soufllet:  le  Saint 
se  tait,  mais  Dieu  le  vendre  :  le  coupable  sent  sa 
tête  retournée  en  arrière  par  une  soudaine  con- 
traction nerveuse  qui  la  retient  en  cet  état.  11  se 
traîne  aux  genoux  de  l'homme  de  Dieu,  implore 
son  pardon  ;  Bénézet  prie  pour  lui  et  la  santé 
lui  est  rendue. 

Un  jour,  les  pierres  vinrent  à  manquer.  Saint 
Bénézet  dit  aux  maçons  qui  travaillaient  avec  les 
Frères  :  «  Allez  creuser  en  tel  endroit,  vous  en 
trouverez  en  abondance.  »  On  obéit  et  l'on 
découvrit  une  carrière. 

Lue  nuit,  le  Saint  priait,  avec  ses  compagnons 
dans  une  église,  quand  le  démon  lui  lança  une 
grosse  pierre  :  mais  le  projectile  perdit  sa  force, 
contre  les  vêtements  du  saint  jeune  homme.  Au 
même  moment,'  éclairé  par  une  lumière  inté- 
rieure, Bénézet  dit  à  ses  compagnons  :  "  Retour- 
nons à  Avignon,  car  l'ennemi  a  rompu  une  arch'' 
ilii  pont.  Allons  larefaire.  »  Eu  présence  de  l'archi' 
ruinée,  au  lieu  de  donner  victoire  au  démon 
par  le  murmure  et  le  dépit,  les  compagnons  du 
Saint,  imitant  leur  maître,  se  mirent  a  l'œuvre 
avec  ardeur  et  bientôt  le  mal  fut  réparé. 


1 


LX    RECOMPENSE 


C.N    PATROS 


Saint  Bénézet  n'eut  pas  la  consolation  ici-bas 
de  voir  son  œuvre  achevée  :  Dieu  lui  olfrit  une 
récompense  meilleure  en  l'appelant  au  ciel,  le 
14  avril  1184.  Il  avait  dix-neuf  ans  et  avait  tra- 
vaillé au  pont  d'Avi^aion  pendant  sept  ans.  Il  fut 
enseveli,  selon  ses  désir*,  dans  une  petite  cha- 
pelle, dédiée  à  saint. Nicolas,  patron  des  mariniers, 
et  placée  dans  l'avant-bec  de  la  deuxième  pile 
du  pont.  Les  miracles  s'y  multiplièrent  et,  en 
KKi'.t,  on  y  retrouva  son  corps  dans  un  parfait 
état  de  conservation. 

Sous  Jean  Benoît,  successeur  de  Bénézet,  la 
corporation  des  Frères  pontifes  fut  définitive- 
ment organisée  :  ils  reçurent  un  costume  reli- 
gieux, prononcèrent  les  trois  vœux  monastiques, 
Jean  prit  le  titre  de  prieur,  et  enfin  le  pont  fut 
achevé  en  1188  :  il  avait  vingt-deux  arches  et 
900  mètres  de  longueur. 

L'an  1.118,  la  congrégation  des  Frères  pontifes 
envoya  une  colonie  régir  l'hospice  du  Pont- 
Saint-Esprit.  Cette  branche  subsista  jusqu'en 
1j19;  mais  celle  d'Avignon,  àla  suite  de  démêlés 
avec  les  consuls  de  la  ville,  qui  voulurent  la 
soumettre  à  leur  autorité  administrative,  perdit 
sa  régularité  et  s'éteignit  vers  le  milieu  du 
iiV  siècle. 

Les  reliques  de  saint  Bénézet  furent  trans- 
férées, l'an  1674,  dans  l'église  des  Céleslins, 
d'Avignon.  Au  mois  de  juin  IT'.U,  cette  église, 
chanfîée  en  prison,  renfermait  parmi  les  con- 
damnés des  conscrits  rêfraclaires.  Ln  jour,  ils 
brisèrent  la  châsse  du  Saint  et  n'y  trouvèrent 
que  des  ossements  qu'ils  dispersèrent  sur  le  pavé 
de  l'église.  Mais,  durant  la  nuit,  des  calholiqiir* 
fidèles,  détenus  avec  eux,  recueillirent  tout  cl 
qu'ils  purent.  Rendus  plus  tard  à  la  liberté,  ils 
conservèrent  leur  trésor.  L'autorité  ecclésias- 
tique a  pu  en  recouvrer  une  parlie. 

I)u  fameux  pont  d'Avicnon,  il  ne  reste  plu; 
aujourd'hui  que  quatre  arches.  "  Cela  ne  tien!  :< 
aucun  vice   de  construction   des  piles    ou  d'"s 


J 


Le  pont  d'Aviguon. 


arrhes,  l'cril  M.  Itunard,  dans  le  Cosmos,  ni  des 
tympan?  évidt^s  par  île  petites  voùles  alli>'ennt 
la  char;:e  et  au:.'iuentaiit  le  d<'bouclii'  des  hautes 
taux.  Cela  tient  à  ce  (|iie  le  bas  des  piles  cc!<sa 
d"i"-ire  couvenaldeinent  entretenu  dans  les  temps 
trouhl«-s.  •• 

Terminons  par  ces  paroles  du  comte  de  Saint- 
Venaut,  invitant  les  ingénieurs,  ses  collègues,  à 


f^ler  leur  patron  :  «  Tous  ceux  qui  voudront  invo- 
quer saint  ili-nt-zet  ne  seront  jamais  di'ous  dans 
leur  conliance.  Il  est  le  plus  aflcctueux  des  cjima- 
rades  et  le  moins  intimidant  des  chefs.  .Notre 
profession,  qui  a  élr  la  sienne  par  ordre  de  Dieu, 
n'est  pas  seulement  belle,  elle  est  sainte.  C'est  la 
l'harité  envers  les  voyageurs,  les  commerrants, 
les  missionnaires  de  toutes  les  œuvres.  » 


-j.    ■■.'■aul,  ^     l'itirnt'h»,   "■     I  l.^   I  râli'H  I'  .  l'ii 


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SAINT  PIERRE  GONZALÈS 

DE  L'ORDRE  DE  SAINT  DOMINIQUE 


Treizième  siècle.  —  Fét*  le   15  avril. 


Une  courtisantj  viat  trouver  saint  Pierre  Gonz^lèa  pour  ie  séduire.  Il  entra  daus  une  pièce 
voisine  pour  se  préparer,  dit-il,  à  la  mieux  recevoir.  Il  allume  un  grand  fou,  se  place  au 
milieu,  et  appelle  la  pécheresse.  A  cette  vue,  elle  se  rappelle  les  flammes  de  l'enfer  qui 
l'attendent,  se  jette  à  genoux  et  fait  pénitence. 

C'est  à  Astort'a  que  naquit,  pn  r.in  1 190,  d'une 
famille  illuslre  par  sa  noMo-i'i»'.  le  hienh'^ureux 
l'ierre  <irin?.al<>s  ou  doiualve,  dont  le  nom  est  «i 
(ioiiulaire  parmi  IfH  marins  ilE'^pn^.'n»',  qu'il 
n  tant  de  fois  prnléui'-s.  fie  Imniie  hf>ure,  ses 
parent"  l'envnyiTent  étudier  à  l'alenria,  auprès 
(le  «on  onrle,  alors  évoque  île  rette  ville.  Il  fut 
Tiommé  rliannine  de  la  ealliédrale,  malgré  sa 
-•rande  jeunesse  et  son  manque  de  çravilé. 


l'AB  OUILS   MOYENS  DlKI'    INSPiHE    AC    JKt'NB   GON8ALE3 
LE  DKGOl'T  F.T  LE  XtPRIS  DES  CIIOSKS  DU    MCNDB 

l.e  jeune  rliannine  élail  très  vaniteux;  il 
aimait  les  liotmciirs  et  les  difinilés.  Sa  vie  toute 
mondaine  contrastait  fort  avec  celle  des  autre-- 
eli.inoines.  ses  co||é;.'ues,  qui  étaient  scandai i-^'"^ 
d'une  telle  conduite.  Cependant,  son  oncle  fil  d'^ 
instances  auprès  du   Saint-Siège,   dans    le   l'Ul 


d'obli-iiir  pour  (jniu.iks  lii  lii^mtr  J'-  doyen  Ju 
cbapitre.  Sa  demande  ayant  été  asrm'e,  il  ftit 
décidé  que  le  iiouM.>au  doyen  t-nlrirait  en  pos- 
session de  sa  nouvelle  di^'nilé  le  jour  do  Noël. 

Ce  jour  étant  arrivé,  l^oiualùs  s'Iiobilla  en 
jeune  seifjneur  de  la  coTir,  et,  monté  sur  un 
cheval  nia;.'niliquenient  paré,  il  traversa  les  rues 
de  la  ville,  au  urand  scandale  de  tout  le  peuple. 
Mais  Itieu,  dont  les  desseins  sont  impénétrables, 
voulait  se  servir  de  la  vanité  de  (ionzalés  pour 
lui  inlliyer  une  profonde  humiliation,  et.  par  là, 
le  ramener  à  de  meilleurs  sentiments,  en  lui 
faisant  sentir  ronibien  les  honneurs  du  monde 
sont  frivoles  et  pn-sayem. 

Arrivé  sur  l.i  L'rande  place  de  Palencia,  Gonxa- 
lùs  voulut  f.iire  caracoler  gracieusement  son 
cheval,  p'iur  exciter  l'admiration  publique  et 
provoquer  des  applaudissements.  Il  le  lâcha  à 
toute  bride,  mais  le  cheval  se  cabra  au  milieu 
de  sa  course,  fil  un  faux  pas  l't  Jeta  son  cavalier 
dans  une  mare  pleine  de  boue.  La  foule  accued- 
lit  celte  chute  par  des  huées  et  des  moqueries. 
Comirie  on  le  conçoit,  le  premier  sentiment  de 
('•onzalès  fut  la  honte  .et  la  confusion.  Il  o^ail  A 
peine  lever  les  yeux.  .Mais  celte  confusion  lui  fut 
salutaire:  car,  étant  revenu  i  lui,  il  s'écria  ti>ut 
haut  et  sur  la  )dace  même,  de  manière  à  être 
entendu  de  t..ut  le  monde  : 

<■  lié  quoi  !  ce  même  monde  à  qui  j'ambition- 
nais de  plaire  se  moque  de  moi?  Eh  bien  !  je 
me  moqueiai  de  lui  ù  mon  tour;  dès  aujourd'hui, 
je  lui  tourne  le  dos  pour  mener  une  vie  meil- 
leuie. 

GO.NZALm  SE  SÉPARE  Di*  ao>DE  rr  PHE^D  l'habit 

RELICItlX    —  S0>  ZÉLB 

Gonialès    venait    de   rompre    tout   commerce 

■lïer  le   monde  pour  s'appliqui^r  i  servir  Hieu 

ferveur.  On  vil  bientcil  que  sa  conversion 

'  :  cit  véritable  ;  car,   renonçant  tout  à  fait   aux 

Jilai'irs  et  ;iii\  honneurs  du  siècle,  il  entra  cher 
es  IlomiiiicainK  de  Palencia,  au  (<rand  étonne- 
meiil  de  tous  ceux  qui  l'avaient  connu,  et  lr,-ivailln 
ii  «a  perfection  avec  une  telle  ferveur  ijii'il  fil 
(le  rapides  pro|n'é>  dans  la  sainteté,  dès  l'année 
même  de  son  noviciat. 

il   pratiquant   la  rharilé  au    plus   haut  dei.'ré, 
obéissait  awc  une  «oumi-oinii  entière  et  ab-olne, 
■     .•  coiiMilri  I  I    .    '      '  '     tous,  bon 

ilité,  sa  '  pour  tous 

I  <ii\  qui  l'aboi  11  lit  Ht  • 
.\iiré*  sa  piofe-sion. 
à  l'élude  de   la  théo|o;.^i.      ij  |  i '{u<     i   i<    ii'  , 
<-alion  et  aux  confes«ioii~.  il   remplit    c  .s   ibuv 
ministère»  avec  un  i>\>'   inrati;:able.  IImii  ne  |,- 
retenait  qii.ind  il  s'aiiissnil  tie  travailler  au  ».i|ul 
lie   son   piorhain;    il   quitlail  tout,    l'étude,    le 
repos,  le  boire,  le  manger,  et  volait  à  la  conquête 
de^  tmea.' 

tnire  autres  rh' 

d'  lui  qu'il  ne  «<>ii  .il 

il  n  eût  poiié  tous  ■  eux  de   la  iii.iiKun  A 

.-<T.  rt\r  il   leur  faisait  en  entrant  une 

à  la  fois  di   tant  d'oncliou  et 

.   leur  représeiiianl  In    »iT»i- 

.  Iles  d."  11 

,    qu'il   II, 


1" 


si,  .ipres  ioul  Cela,  il  laisail  il  aboiulaules  mois- 
sons d'àines,  puisque  tout  ce  qu'il  disait,  il  le 
conQrmait  par  l'e.xeinple  de  ses  vertus. 

IL  EST  .\PriiLK  A   LA  COUR  PAR  LE  ROI 
ïAl.NT  FERDINAND 

Le  bruit  d'une  si  éminente  sainteté  se  répandit 
bientôt  dans  toute  l'Espanne.  Le  roi  saint  Fer- 
dinand entendit  parler  de  la  vertu  extraordinaire 
ilu  bieiibeureu\  Pierre:  il  voulut  l'avoir  auprès 
de  lui,  alin  d'attirer  par  ses  prières  les  béné- 
dictions de  Dieu  sur  le  royaume,  ei  de  se  servir 
de  ses  conseils  dans  la  fjuerre  conln-  le<  .Maures 
mahométans,  qui  occupaient  alors  la  meilleure 
partie  de  l'Espa^'uc. 

Gonzalès  accompagna  le  roi  dans  toutes  se!> 
expéditions,  et  eut  une  grande  part  à  ses  vic- 
toires par  ses  prières,  ses  jeûnes,  ses  austérités, 
par  ses  conseils  sanes  et  pniileiils_  et  surtout 
par  la  réforme  des  mu'urs  parmi  les  soldats.  Il 
inspirait  une  grande  crainte  aux  ennemis. 

La  prise  de  Cordoue  fut  pour  lui  une  occasion 
de  déployer  son  lele  et  son  couraue.  Il  modéra 
l'élan  des  vainqueurs,  sauva  rinnocence  des 
vierpes  de  l'insolence  des  soldats,  i  t  lit  épar^juer 
le  san^'  ennemi.  Il  purilla  les  mosi|uées  et  les 
convertit  en  église». 

COHIIENT  IL  TRIOMPHE  d'UNE  TB.tTATlOK 

Saint  Gonialès  prollla  de  la  confiance  dont 
l'honorait  le  bon  roi  sainl  Fenlinand  pour 
réformer  la  cour.  Tous  les  jours,  il  dislnbuait  aux 
courtisans  et  aux  seiuneiirs  le  pain  Je  la  parole 
divine  et  les  reprenait  de  leurs  vi.es  et  de  leurs 
défauts.  Ses  exemples  donnaient  à  sa  parole  une 
puissante  autorité;  car  il  vivait  au  milieu  du 
tumulte  et  de  la  lua^niflcence  de  la  cour  avec  la 
même  régularité,  la  même  austéril''-  que  dans  le 
cloître.  C'est  alors  que  su  vertu  fut  soumise  à 
une  terrible  épreuve  dont  elle  sortit  jdu*  écla- 
tante et  plus  forte. 

(Juelques  seigneurs  licencieui,  jaloux  de  la 
f.'Keurdout  jouissait  à  la  cuur  le  s.iinl  religieux, 

cher,  hereni  un  moyen  de  lepeidr i  ilu  moins 

de  ilécner  sa  >erlu.  Ils-  promirent  une  crande 
s'iiime  d'ar^'eiit  n  une  inallieureii-e  courtisane, 
qui  s',  I  le  séduire.  Kllc  aborde  Con/alès, 

et  d'i.  ,1  parler  en  secret  sur  une  alfaire 

le  monde  est  sorti,  el  qu'elle  se 
i-'C  lui,  elle  se  jette  a  ses  iiieds  el 
I  .iM'ude  ses  fautes,  en  K'p.indanl  des 
I  ,    ,,.  ^     'oLince,  et  en  poussant  des  soupirs 

et    d'  imnls,  pour   se   rendre  le  Saint 

(du-  :  .       Mais  bienliM,  jetant   le    ma.sqile. 

)  son    intelllloii.    et    emploie    tous    les 

ai  iont  elle  est  capable  el  qui:  le  dénion 

peut  lui  Mi^L'érei  )>our  lédiiirr  le  saint  rcllttieux . 
<,ontal>.-«  lui  dit  qii  il  va  se  pre|.iier  .i  In  mi'  uv 
reccvuir  dans  une  rbamli  ' 

nlliiiii"'  un  k-ratid  feu   et  . 

lopjx-  de    son    tii  i; 

•  loyuiil  sd  «ICI  iii  . 

a  la  vue  de  ce  pi  m' 

do   l'eiiftir   qui    I  l'i.i 

'     "  "  -eiioui    I  M   ii>  iii.ilidaiil 


lieux  qu'il  traverMiU  il  prAr.bait   i 


«nrlaient  de  m  bourjo-.  Il  ne   faut  pass'éUmnei 


Les  seigneurs,  auteurs  Ju  complot,  lurent  telle- 
ment touchés  de  ce  miracle  qu'ils  se  convertirent 
et  menèrent  désormais  une  vie  édifiante. 

GONZAXÈS  OCTTTE  LA  COfR 

Mais  le  sernteur  de  Dien  devait  bientôt  s'éloi- 
gner de  la  cour,  où  il  avait  fait  tant  de  bien,  et 
où  sa  pré'^ence  n'était  plus  aussi  nécessaire 
qu'auparavant.  Malfiré  les  instances  et  les  prières 
du  saint  roi  Ferdinand,  qui  voulait  à  toute  force 
le  retenir  auprès  de  lui,  il  s'en  alla  évangéliser 
les  pauvres  des  campagnes. 

C  est  alors  qu'on  le  vit,  parcourant  les  villages 
les  plus  délaissés,  pénétrant  dans  les  lieux  les 
plus  inaccessibles,  braver  toutes  les  difticultés 
pour  étendre  le  rè^ne  de  Notre-Sei^neur  Jésus- 
Christ  dans  les  âmes.  U  avait  une  singulière 
affection  pour  les  matelots  qu'il  allait  chercher 
jusque  dans  les  ports  et  sur  les  vaisseaux,  pour 
leur  annoncer  la  parole  divine. 

Avec  un  tel  zèle,  il  recueillit  des  fruits  mer- 
veilleux, surtiiul  dans  les  diocèses  de  Tuy  et  de 
Compostrlle. 

L'n  jour,  prêchant  sur  le  Minbo,  il  aperçut  un 
grand  nombre  de  pauvres  ^ens  qui  essayaient  de 
traverser  à  fiué  cette  rivière,  s'exposant  ainsi 
chaque  jour  à  la  mort.  I.e  Saint,  touché  de  com- 
passion, entreprit  d'y  bâtir  un  pont. 

L'ouvraae  était  difficile  et  aurait  semblé  impos- 
sible à  tout  autre  qu'à  tjonzalès.  Mais  lui,  con- 
vaincu que  le  secours  de  Dieu  ne  lui  ferait  pas 
défaut,  se  mit  à  l'œuvre  avec  ardeur.  Il  excita 
le  roi  Ferdinand  et  plusieurs  autres  seigneurs  à 
lui  venir  en  aide,  si  bien  qu'en  peu  de  temps, 
l'ouvrafie,  qui  paraifsait  impossible,  fut  terminé 
et  les  pauvres  gens  purent  désormais  traverser 
la  rivière  sans  aucun  danger. 

SES  MIRACLES 

Noire-Seigneur  manifesta  la  sainteté  de  son 
serviteur  par  de  nombreux  miracles.  Il  convient 
que  nous  en  racontions  au  moins  quelques-uns. 

Le  démon,  furieux  à  la  vue  de  tant  d'âmes  que 
le  saint  religieux  lui  ravissait  tous  les  jours, 
faisait  tous  ses  efforts  et  mettait  tout  en  u-uvre 
pour  lui  faire  perdre  le  fruit  de  ses  prédications. 

In  jour  qu'il  prêchait  dans  la  ville  de  Rayonne, 
où  une  urnnde  foule  était  accjiurue  de  toutes 
parts  pour  entcnilie  sa  parole,  il  s'éleva  uue 
tempête  si  furieuse  que  tout  le  monde  abandon- 
nait le  sermon  pour  chercher  un  abri.  Alors,  le 
bienheureux  l'ère  s'écria  : 

"  Uenifurez,  mes  amis,  ne  craignez  point; 
Dieu  dissi(>era  devant  vous  cet  orage,  sans  qu'il 
vous  soit  fait  aucun  mal.  » 

Puis,  levant  les  mains  vers  le  ciel,  il  fit  le 
signe  de  la  Croix  sur  les  nua^'es,  qui  se  divisè- 
rent, et  il  ne  tomba  pas  une  seule  )<outtc  d'eau 
sur  toute  la  foule  qui  l'entourait. 

Pendant  iju'il  prêchait  dans  le  diocèse  de  Tuy, 
onvint  lui  aniioncorqu'un  deses  amis,  demeurant 
a  Bayoïine,  éiait  sur  le  point  de  mourir.  A  celte 
nouvelle,  il  se  met  proniplement  en  roule  accom- 
pagné d'un  prêtre  et  d'un  jeune  reli(.'ieux. 

Apres  quilipie<  heures  de  marche,  ils  arrivè- 
rent .m  s<imnicl  d'une  montagne  ;  les  rompai-'nons 
du  Sainl  commenrerput  à  être  tourmentés  par 
1.1  fiiin.  ce  qui  les  (il  murnmrer  contre  lui.  Le 
i\  n'en  pouvant  plus,  dit  au  prêtre  : 
lion  l'ère  est  si  vieu\,  qu'un  peu  de  nour- 
luri-  lui  «ufni  lareemenl.et  il  ne  sent' point  l'iii- 
commoilitê  d'-s  .îulrcs.  Il  penee  sans  doute  me 


traiter  à  sa  tàçon,  ce  qui  ne  conviendrait  guère 
à  mon  estomac  épuisé.  » 

Le  serviteur  de  Dieu  connut  le  murmure  de 
son  compagnon.  Il  se  retourna  et,  lui  montrant 
un  rocher  à  quelques  pas  du  chemin  : 

«  Mon  fils,  dil-il,  si  vous  avez  faim,  approchez- 
vous  de  ce  rocher,  et  vous  IrouvereE  à  dîner 
pour  cette  fois.  » 

Le  relii-'ieux  et  le  prêtre  ne  se  le  firent  pas 
répéterunesecondefois;  ilsse  diri^-'érenlverslen- 
droit  indi(iué,  et  y  trouvèrent  deux  beaux  pains, 
bien  blancs,  enveloppés  dans  une  serviette,  et  une 
cruche  d'excellent  vin.  Il  les  portèrent  au  Bien- 
heureux qui  leur  dit  : 

«  Buvez  et  maniiez  autant  qu'il  vous  plaira,  et 
reportez  le  reste  où  vous  l'avez  pris.  » 

Aprns  avoir  réparé  leurs  forces,  nos  voyageurs 
continuèrent  leur  route  et  arrivèrent  à  Rayonne. 
Ils  laissèrent  alors  le  Hienheureux  et  revinrent  à 
Tuy  parle  même  chemin.  Ils  pensaient  pouvoir 
faire  un  second  repas  avec  les  restes  du  premier; 
mais,  à  leur  grande  surprise,  ils  ne  trouvèrent 
plus  rien. 

L'n  autre  jour,  pressé  par  la  soif,  saint  Con- 
zalès  entra  dans  un  presbytère  et  demanda  à 
boire.  Le  curé  ne  possédait  plus  qu'une  petite 
fiole  de  vin  qu'il  réservait  pour  les  tirandes  occa- 
sions. Il  la  donna  cependant,  et  après  que  le 
Saint  se  fut  désaltéré  avec  tous  ses  compagnons, 
la  fiole  se  remplit  d'un  vin  excellent. 

SA  MORT  —  MIRACLES  QUI  LA   SUIVIRENT 

Le  temps  était  enfin  venu  où  (îonzalès  allait 
recevoir  la  récompense  de  ses  travaux.  .■Vverti 
par  une  révélation  divine  de  sa  mort  prochaine, 
il  s'y  prépara  par  un  redouhlemeiit  de  ferveur. 
A  la  fin  d'un  sermon  qu'il  prononça  dans  un 
monastère  de  Bénédi.-lins,  il  dit  : 

«  Désormais,  frères  bien-aimés,  vous  ne  me 
verrez  plus  en  ce  lieu:  bientdt.le  Sei^'neur  tout- 
puissaul  va  retirer  mon  àine  de  ce  monde;  c'est 
pourquoi  je  vous  supplie  de  prier  pour  moi  ;  car. 
bien  qu'il  me  semble  avoir  vécu  parmi  vous  ,ivec 
beaucoup  de  crainte  de  vous  offenser  et  un  i.'raiid 
soin  de  vous  édifier,  je  ne  me  lie  néanmoins  pas 
tant  à  ma  vie  que  je  ne  sache  combien  j'ai  besoin 
de  vos  prières.  » 

l.e  saint  reli;.'ienx  prêcha  tous  les  jours  de  la 
Semaine  Sainte  dans  la  cathédrale  de  Tuy,  envi- 
ronné d'une  multitude  innombrable  qui  venait 
savourer  une  dernière  fois  sa  parole  si  douce  et 
si  suave. 

Le  jour  de  P.lqucs,  il  fut  pris  subilemenl  d'une 
grande  fièvre,  et,  désirant  mourir  enire  les  bras 
de  ses  frères,  il  s'achemina  lentement  vers  Com- 
postelle. 

A  Sainle-Colombe,  il  se  trouva  si  faible  qu'il 
fut  obligé  de  s'arrêter.  Dieu  lui  fit  connaître  que 
sa  mort  était  proche,  ('oinmuni'iuant  alors  celle 
révélation  à  son  coinpa:.'non.  il  éclata  en  trans- 
ports de  joie  et  de  sainte  alli'iiieS'^e,  et  s'écria  : 

I'  Que  la  volonté  de  Dieu  soil  l'aile!  et  puisque 
celle  sainte  volonté  est  que  je  meure  à  Tuy, 
comment  ponrrais-je  ne  pas  obéir?  » 

Il  revint  donc  à  Tuy,  se  confessa,  reçut  le  sainl 
Viatique,  avec  une  joie  ol  un  amour  incompa- 
rables, et,  appelant  te  maître  de  la  maison  un  il 
était  lo;.-é,  il  lui  dit  : 

'■  Mon  ami,  je  m'en  vais  dans  l'autre  monde, 
où  j'ai  un  Seit'iieur  si  bon  et  si  libéral  qu'il  veut 
bien  me  faire  mille  fois  plus  d'honneurs  (]ue  \i- 
n'en  mérite.  Il  m'a  promis  de  favoriser  c<-i(e 
ville  pour  l'amour  de  moi,  et  cb-   didivfr  l"Uti> 


celte  contrée  de  plusieurs  châtiments  qu  elle  a 
m>Titi's  par  la  multitude  de  ses  pt^chés;  de  sorte 
que  je  demeurerai  parmi  vous  comme  votre  ami 
et  votre  patron,  pour  vous  faire  voir  que  c'est 
un  privili--o  immense  de  servir  un  si  t'rand  Sei- 
gneur, l'ariloiinei-moi  l'ennui  que  j'ai  pu  vous 
causer  par  ma  maladie;  j'espère  <iue  Dieu  vous 
en  récompensera;  pour  moi,  je  suis  pauvre,  je 
n'ai  rien  a  vous  donner;  mais  prenei  ma  cein- 
ture, et  ::ardez-la  pour  l'amour  de  moi,  car  vous 
pourreï  en  avoir  besoin  un  jour.  » 

lin  effet.  Dieu  lit  plus  tard  des  miracles  par 
l'intermédiaire  de  cotte  précieuse  relique. 

Après  avoir  prononcé  ces  paroles,  saint  tion- 
zalés  rendit  Iranciuillemenl  sa  belle  Ame  à  Dieu, 
le  dimanche  de  (Juasimodo,  de  l'an  l"Ji6. 

L'évéquc  (le  Tuy,  qui  l'avait  assisté  dans  sa 
maladie,  le  lit  enterrer  solennellement  dans  sa 
cathédrale. 

Uuamt  le  bruit  de  la  mort  du  saint  religieux 
se  lut  répandu,  une  foule  immense  vint  prier  sur 
son  tombeau.  On  apporta  des  malades  qui  furent 
guéris  miraculeusement. 

Plus  tard,  lorsqu'on  ouvrit  le  tombeau,  il  en 
sortit  une  liuile  odoriférante,  que  l'on  recueillit 


iivec   soin,  et  qui  opéra  un  j^'rand   nombre   de 
miracles. 

Douie  ans  après  la  mort  du  Saint,  l'évéque  de 
Tuy  dressaune  déclaration  constatant  cent  quatre- 
vingts  ;.'uérisons  miraculeuses  opérées  sur  des 
bpreux,  des  démonia<)ues,  des  aveugles,  des 
>-ourds,  des  muets,  et  d'autres  malades,  par 
l'intercession  du  Bienheureux. 

Saint  Gonialès  s'est  toujours  montré  favo- 
rable à  ce\i\  qui  l'ont  invoqué  dans  le  danger. 
In  matelot  fut  emporté  dans  la  mer  un  jour  de 
tempête.  Il  se  recommande  au  Saint,  (jui  lui 
apparaît,  revêtu  de  l'habit  de  son  Ordre,  et  le 
raménedans  le  vaisseau  déjà  très  éloigné,  en  lui 
disant  : 

"  Puisque  vous  m'avet  appelé,  il  est  juste  que 
je  vieiiue  à  votre  secours.  » 

Il  délivra  miraculeusement  des  matelots  en 
j^rand  péril,  qui  implorèrent  son  secours. 

Telle  est  l'ori^-ine  de  la  dévotion  des  marins  à 
saint  Pierre  (Jonzalés.  Dans  les  ports  et  les  vil- 
la^-es  m.iritimes  d'Kspagne,  on  célèbre  sa  fête 
avec  une  ;.Tandc  solennité,  et  on  l'invoque  sous 
le  nom  de  saint  Elme  ou  San  Tclmo. 


l.-.,T 


■tut.   ï.     l'unuf-M  \     'i,  ru-   t-r^if't»  I*'    l'*ri< 


SAINT  BENOIT-JOSEPH  LABRE 


Fite  le   16   avril. 


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SAINT  BENOIT, JpSEPH  "LABRE    *« 

"i^ 

Jean-Boplisle  Labre  et  sa  femme,  Anne  IJarbe 
Grausir,  habitaient,  vers  le  milieu  du  siérie 
dernier,  le  village  d'Ameltos,  au  diocèse  de  fiou- 
logne.  Leur  union  fut  bénie,  et  ils  eurent  quinze 
enfants;  Benoit-Joseph  ëtait  l'aîné. 

Dieu,  qui  voulait  combler  ce  prédestine  de 
grâces  extraordinaires,  etfaire  de  toute  son  exis- 
tence une  protestation  vivante  contre  les  vices  du 
siècle,  semble  l'avoir,  à  dessein,  fait  naître  dans 
une  famille  nombreuse  pour  marquer  combien  la 
féconditi^  des  mariages  lui  est  agroable. 

Le  Saint  fut,  dès  I  âge  le  plus  tendre,  nourri  de 
l'esprit  de  foi:  il  corresprmdait  merveilleusement 
k  ces  premiers  enseianements,  et  tout  ce  que 
nous  savons  de  son  enfance  nous  révèle  une  pii'té 
précoce,  une  assiduité  exemplaire  à  ses  devoirs 
et  une  soumission  parfaite  à  ses  parents.  On  le 
vit  «'exercer  en  cachette  â  la  mortillcation  dont, 


plus  tard,  il  devait  être  le  héros,  et  passer  des 
heures  eiilièrcs  en  adoration  à  r<'glise. 

A  l'âge  de  douze  ans,  il  futplacé  chez  son  oncle, 
M.  Labre,  curé  d'Erin,  afin  d'apurendre  le  latin 
en  vue  du  sacerdoce  :  ce  fut  l'époque  de  sa 
Première  Communion,  il  y  puisa  un  nouvel  élan 
de  dévotion  et  commença  à  partager  strictement 
son  temps  entre  l'étude,  la  prière  et  la  lecture 
de-i  livres  de  piété,  spécialement  celle  des  Saintes 
E  rilures.  A  pareille  école,  il  puisa  le  sentiment 
profond  du  néant  de  l'homme  en  face  des  redou- 
tables jugements  de  Dieu,  de  l'absolue  uécessilé 
du  renoncement  et  de  la  pénitence.  Dès  lors, 
celte  âme  pure  qui,  ccrLainement,  ne  commit 
jamais  aucun  péché  mortel,  se  mit  à  soupirer 
après  le  martyre  des  sens  et  le  supplice  de  la 
croix  ;  cette  jeune  et  innocente  imagination  chfr- 
chait  les  règles  les  plus  dures  pour  obéir  à  des 


95-79) 


8ppe)<  d.iiit  nous  aulit'S  pi^clipur»  m-  ?;iiiiiiiip<  pas 
dii.'ii'"'  et  que  nous  n'enleudrious  pas  s'iU  nous 
élAieiil  faiL^. 

DKC    FnRjlg    BBNOIT^OfEPB    A    u'HrMILmf   ET    »0 
DF.T4CHEJIE.NT  COHPLKT  DK  TOLTB  CHOSK 

Eq  1"66,  une  circonstance  iinpr'^vue  vint  tirer 
Beiif>il-Jii*eph  de  la  voie  qui  diiail  le  fouituire 
i  la  pr^tri>e  :  le  typhus,  à  Irlal  «^pid'Miii'iue,  vint 
foiiilif  sur  la  p.iroi-ise  d'Kriii  :  le  cun-  lui  atteint 
et  le  Sailli,  qui  s'était  d^'vnu'^  au  soin  des  malades, 
eul  la  douleur  de  voir  mourir  sou  oin  le  et  son 
bieiirail>-ui  ;  il  dut,  au  bout  de  dix  ann>'es,  retourner 
i  Aiiietles;  sa  première  parole  fut  pour  sulliriter 
de  ses  parents  l'autorisation  d'embrasser  la  vie 
reli:.'ieu»e  cliei  les  Trappistes.  Les  otij--.lions  ne 
manqueieiil  pas,  inspirées  -îocnine  toujours  par 
une  tendresse  toute  naturelle:  ce  fut  seulement 
au  mois  d'avril  1767,  qu'après  avoir  passi*  quelque 
temps  chez  son  oncle  maternel,  le  rur»' de  Conti- 
ville,  dans  les  exeicices  de  la  plus  tendre  pit^lé, 
il  eul  la  liberté  do  suivre,  non  pas  à  la  Trappe, 
mais  chex  les  Chartreux,  une  vorulion  qu'il  croyait 
certaine. 

Benoit-Joseph  se  croyait  au  port,  au  lieu  de 
•on  salut  et  de  son  repos  :  il  se  trom(iail  et  Dieu 
lui  destinait  une  voie  bien  autrement  dure:  il  ne 
devra  réussir  dans  aucune  de  ses  entreprises,  ni 
deiiieuriT  nulle  part.  Jusqu'au  jour  où  il  saura 
que.  dans  son  pèlerinage  en  relte  vallée  de 
larmes,  il  ne  lui  est  pas  même  réservé  une  tente 
pour  s'abriter. 

Le  Saint  frappa  d'abord  à  la  porte  de  la  Char- 
treuse du  Val-b.iinte-Aldi^L'onde,  an  diorèse  de 
Saint-Dmer  ;  ou  n'y  recevait  pas  des  novices.  11 
revient  &  Amettes:  un  de  ses  oncles  le  voit  et 
remiiu''ne  pour  le  présenter  au  monastère  de 
Neuville,  il  y  trouve  un  refus  moltvé  par  le  défaut 
de  ronuaissance  du  chant  et  de  la  dialei-tique. 
For.  e  lui  fut  de  rentrer  k  Amettes  encore  une 
fois:  quelques  moi»  se  pa.sséreut  cliei  le  vicaire 
de  Lit.'ny-les-Aire,  après  lesquels  il  se  présenta 
de  nouveau  à  Neuville  où  il  fut  admis  en  qualité 
de  postulant,  mais  bientôt  le  l'ère  prieur,  recon- 
naissant un  manque  de  vocation,  le  renvoya. 

Kn  face  derim[>ussibilité  de  suivre  la  rècle  des 
Chartreux,  la  pensée  de  la  Trappe  revint  tout 
naturellement,  et  les  parents  durent  se  prêter  i 
sou  ilésir  d'entrer  dans  cel  Ordre:  voilà  donc  notre 
Saint  en  route  pour  Morlagne,  en  Normandie;  il 
y  arrive  le  25  novembre,  mai»  c'est  pour  trouver 
encore  un  mécompte;  il  ••»t  trop  faible  de  rom- 
pleiion  et  nul,  avant  viimt-quatre  ans,  ne  peut 
fraiirbir  le  seuil  du  novjrint.  fi  faut  r>-pri'ii<lre 
tristement  le  chemin  d'Amettes,  et  relrou.er  les 
an^'oisses,  les  doutes  et  les  nerplexilé»  d'une 
Toralion  incertaine.  M.-il(.'ré  l'insucri-s  de  ses 
tentatives  h  la  Chartreuse,  Henolt  fera  un  nouvrl 
essai  :  tout  le  monde  le  lui  conseille,  même 
l'érêqiie  de  Roulo^-ne  ;  il  s'y  dispose  par  une 
confession  générale,  dit  adieu  k  si-s  parents  et, 
le  13  B'iitl  1769,  il  part,  se  diriceanlver^  Neuville. 

Dès  le  t  octobre,  il  prenait  la  plume  pour 
annoncer  i  Amelles  un  nouveau  iléboire  :  on  ne 
l'a  pas  trouvé  propre  i  r'<lnt_^le  l'bartreux,  Il  va 

fi  nf.-fj   ■  ■ 

•  IlilMl 

•  et  m-' 

»  m'm' 

•  Dl""!! 

■  fil  11» 

•  t. 

■  D  ' 


dre  le  chemin  de   In  Trap(>e  :  •    Le   bon 


j  niiiai    i"Uj     tir'    i.|    '  l.nir»'    tir 

yeux,  et  soq   amour   dans  le 

'!    V'tre  rero  i  la  T'- Fn 

que  lt)rdre  ilr  u 

1  lin   y   rp(  oit  p._.    j,  _„c. 


•  mais  je  serai  reco  A  la  Trspp«.  ■ 


Cette  e-pérance  ne  devait  pas  se  réaliser,  la 
Trappe  niaiiiiml  sa  règle  de  ne  pninl  udiueiire 
de  novice»  au-dessous  de  24  aii«,  il  fallut  se 
rejeter  <ur  ."sepi-Fonls,  au  dio'ése  d'Auiiiii  ;  de 
(.Tundes  épri'uve»  l'allendaienl  eu  re  lieu  :  pt-ines 
d'esprit,  iii.il.idies  et,  enfin,  crrliludi-  de  iréiie 
pas  appelé  à  i-e  peure  de  vie.  r.i'p-iidaiit.  après 
l'avoir  dt'piiuillé  de  toute  vol.mli  propr.-,  en  lui 
niontraiil  l'iuaiiité  de  chacun  de  ses  pmjt-ls,  Itieu 
daiciia  ouvrir  i  son  esprit  uii  hoii^uu  nouveau, 
lui  taisant  connaître  la  voie  des  piderinnt'es  (]ue 
ses  f.'ueuill'-s  de  pauvre  devaicul  trioiuplialemeat 
parcuuiir  parmi  toutes  les  biuuiliations. 

BENOiT-joscpR  raouva  mfih  sa  vocation  dépinitivi 

C'était  en  premier  lieu  le  chemin  de  l'Itiilie.  A 
Rome,  il  d>-vail  trouver  le  couronnement  et  l'épa- 
nouissemenl  de  la  sainteté,  il  n'y  a  pas  de  saint 
sans  une  ductrine  absolument  pure.  Kii  ce  temps, 
rEf;lise  de  France  était  plus  ou  moins  suus 
l'iiillucnre  rijtoriste  du  jansénisme;  sa  foi,  qui 
devait  être  lavée  dans  le  san^'  de  1793,  n'était  pas 
irréprorliabl-';  atteinte  dans  sa  lécoiidité,  pendant 
un  demi-siecle  elle  n'avait  pas  donné  un  seul 
saint.  L'élu  de  Dieu  devait  respirer  un  autre  air. 
L'enfant  de  lumière  était  attiré  jiar  le  foyer  de  la 
vérité.  Va  donc  à  Home,  noble  lil-  .le  la  France! 
k  Hume,  ou  te  nommera  le  saint  français  et,  pour 
la  France,  tu  seras  un  saint  loniaiii;  tu  seras  le 
sit'ue,  lu  porteras  l'espérance  de  l'heureux  retour 
de  ta  patrie  à  la  Chaire  de  Pierre,  à  riutéprili'  de 
l'esprit  calli.ilique  que  ta  vie  admirable  lui  a  peut- 
tire  mérité  1 

A  partir  de  ce  jour,  dit  on  des  historiens  (i) 
de  llenoit,  il  obéit  à  l'inspiration  divine,  résolu 
à  ne  plus  avoir  de  relation  suivie  avec  personne, 
pas  même  avec  ses  parents,  et  à  vivre  en  solitaire 
au  milieu  du  monde.  Il  va  toujours  k  pied,  en 
prenant  les  chemins  les  moins  (léqueulés  et  eu 
s'airctant  dans  les  lieux  qui  r.-i|q>ellenl  quelque 
souvenir  cher  k  la  piété  de»  liili  les  ;  il  est  revêtu 
d'un  habit  pauvre  et  déchiré  qu'il  ne  quitte  point, 
il  porte  un  chapelet  à  la  main,  un  autre  au  cou, 
un  crucilix  «ur  la  poitrine,  et  sur  les  épaules  un 
sac  contenant  tout  son  avoir  :  son  Nouveau 
Testament.  l'Iiiiitation  de  Jésus-Christ,  quelques 
autres  livre»  de  piété  et  son  bréviaire  qu'il 
récite  chaque  jour.  Ij»  pluie,  le  froid,  la  neii;e, 
la  chaleur,  rien  ne  l'arrête;  il  couche  le  plu» 
souvent  en  plein  air;  il  t->ite  les  auberses  et  le» 
hAlelleries,  où  son  recueillement  serait  troublé 
par  le  bruit,  les  blasphèmes,  les  chants  de» 
voyageurs.  Il  vit  de  la  charité,  au  jour  te  jour, 
»ans  men.lier  et  sans  rien  se  réserver  pour  le 
lendemain.  Il  ne  prend  que  la  nourriture  indis- 
pensable pour  soutenir  son  corps  qu'il  morlilie 
sans  cesse  ei,  s'il  reçoit  des  autnl^nes  ab'^ndnntes, 
il  donne  aux  iiauvres  tout  ce  qui  i..-  lui  est  pas 
abs.dumenl  nece^.saire  pour  la  j.iu  .•••ut 

il  est  le  jouet  des  enfants  et  de  In  li 

l'insulte,  on  le  maltraite,  on  le  r' 
un  insensé,  et  il  supporte  tout  at' 
amour. 

Dans  ces  dispositions,  il  lniv*r*e  Innie  l'Ilali* 
et  arrive  4  l.orette  où  »a   !  h 

comparai. Ir-   relique  de  1  >  ,;^ 

'  'Il  plein  .1        '  n 

V  l.e  18  r  m 

I-  iiji'.  Mil  ilii  grand  |  .il 

reçoit  le  cordon  qu'i'  ' 

knilu,  le  H   '     <  ml» t.  ,  .  ,^, u.. 


.'U« 


(I)   I'm   é*  Mtnl  B*m»U-J«êtp 
l'OEuvr*  dt  tUiot-Paul. 


Ijtirt,  publitr  par 


Rome  qui  va  devenir  le  centre  de  toute  sa  vie.  On 
le  voit  dans  les  églises,  aux  pieds  des  madones 
véiiérf-es;  il  prie  toujours;  pour  gîte,  il  a  choisi 
l'excavation  d'une  muraille  du  Colysf'e. 

L'annf'e  suivante,  il  retourne  à  Loretle  en  pas 
sant  par  Fabriano  où  l'on  vénère  le  corps  de 
saint  Komiiald;  puis,  côtoyant  rAilrialii|ue,  il 
s'arrête  au  mont  (iargan,  célèbre  pèlii  ina^e  en 
l'honneur  de  saint  Michel.  De  là  il  se  rend  à  Bari, 
ville  illustrée  par  le  tombeau  de  saint  Nicolas 
d'où  découle  aujourd'hui  encore  une  eau  mira- 
culeuse. Puis,  c'est  le  mont  Cassin  qui  garde  le 
tombeau  de  saint  Benoit,  son  patron,  ^aples  et 
saint  Janvier. 

Il  revient  ensuite  à  Lorette  et  Tent  re»oir 
Assise,  la  Portioncule,  le  mont  Alveme,  témoin 
des  stigmates  de  saint  François.  Il  fait  en  ce  lieu 
une  confession  générale  pour  se  disposer  au  plus 
loni:  de  tous  ses  voyages,  celui  de  Saint-Jacques 
de  Compostelle,en  Espagne;  il  traverse  la  France 
et  s'arrête  à  Paray-le-Monial  pour  y  vénérer  le 
berceau  du  culte  du  Sacré-Cœur. 

Celte  erande  entreprise  était  terminée  en  1774, 
malgré  des  difficultés  de  toute  nature  accompa- 
gnées de  fatigues  inouïes.  Benoit,  de  retour  à 
«onie,  retrouva  sa  vie  habituelle  jusqu'au  jour 
où,  pour  la  quatrième  fois,  il  reprit  le  chemin 
de  Lorette  alin  de  s'élancer  de  là  vers  les  sanc- 
tuaires de  Lorraine,  de  Franche-Comté  et  de 
Suisse;  les  citer  tous  est  impossible,  il  suffit  de 
nom  merSaint-Nicolas-du-Port,Einsiedeln,  autre- 
ment Notre-Dame  des  Ermites. 

Le  grand  pèlerin  rentra  à  Rome  le  7  sep- 
tembre 1775,  il  y  demeura  jusqu'au  commence- 
ment de  l'année  1776  qui  fut  marquée  par  de 
nouvelles  courses  dans  toute  l'Italie  et  en  Suisse 
jusqu'à  Einsiedeln  ;  Lorette,  comme  d'haibitude, 
en  avait  été  la  première  station. 

Ce  fut  le  dernier  grand  pèlerinage.  A  partir 
de  cette  époque,  la  vie  terrestre  du  Saint  se  par- 
tagea entre  les  diverses  églises  de  la  capitale  du 
monde  catholique  et  le  voyage  de  chaque  année 
à  Lorette.  Malgré  sa  modestie,  sa  profonde  humi- 
lité et  son  désir  d'être  ignoré  et  méconnu,  il  avait 
fixé  l'attention  de  plusieurs  personnes.  Ses  con- 
fesseurs, émerveillés  des  trésorsde  saconscience, 
le  tenainnt  en  grande  estime,  le  peuple  le  pro- 
clamait bienheureux.  "Ce  n'est  point  un  homme, 
disait-on,  c'est  un  ange.  »  Ses  discours,  quand 
il  se  laissait  aller  à  en  tenir,  le  prouvaient  autant 
que  sa  coniiuite. 

Interrofé  sur  ce  que  doit  être  notre  amour  pour 
DifU,  il  r>^pond  :  "  Pour  aimer  Dieu  convenable- 
n  ment,  il  faut  avoir  trois  cœurs  en  un  seul.  Le 
»  premier  doit  être  tout  de  feu  envers  Dieu  et 
»  nous  faire  penser  conliniipllement  à  Dieu, 
>  parler  habituellement  de  Dieu,  a?ir  constara- 
»  m^nt  pour  Dieu  et  surtout  supporter  avec 
»  p.itience  le  mal  qu'il  lui  plall  de  nous  envoyer 
Il  pendant  toute  ladurée  de  uotrevie.  Le  deuxième 
»  doit  être  tout  de  chair  envers  le  prochain  et 
•  nous  porter  à  l'aider  dans  ses  besoins  spiri- 
■  tue!»  par  l'instruction,  le  conseil,  l'exemple  et 
n  la  prii-re;  il  doit  surtout  s'attendrir  pour  les 
)>  pécheurs  et  plus  particuliènjment  pour  les 
»  ennemis  et  demander  au  Seigneur  de  les  éclai- 
»  rer  pour  les  amener  à  la  pénitence;  il  doit 
»  au«si  être  plein  d'une  pieuse  compassion  pour 
.  I'«  'nir-s  du  Purgatoire,  afin  que  Jésus  et  Marie 

1  .1  -rit  les  introduire  au  lieu  du  repos.  Le 
r        •  me  doit  être  tout  dt  bronze  poursoi-rnême 

•'      11'    abhorrer  toute    sorte    de    scnsualilë, 

r  l'T  sans  relâche  à  l'amour  de  soi,  abjurer 
■•  la  volonté  propre,  châtier  le  corps  par  le  jeune 


»  et  par  l'abstinence  et  dompter  toutes  les  incli- 
i>  n.itions  de  la  nature  corrompue  :  car  plus  vous 
»  vou<  h.iïrezet  plus  vous  maltraiterezvotre  chair, 
»  plus  grande  sera  votre  récompense  dans  l'autre 
»  vie   n 

Admirables  maximes  qui,  à  elles  seules,  sur- 
passent le  meilleur  livre  de  spiritualité. 

Nul  ne  saurait  exprimer  quelles  lumière: 
étonnantes  versait  dans  cette  âme  celui  qui 
aime  les  humbles.  Ce  fut  en  premier  lieu  le  don 
de  prophétie  ;  les  événements  providentiels  et 
terribles  de  la  Révolution  française  lui  furent 
révélés  comme  u[i  châtiment  réservé  à  l'impéni- 
tence  de  la  société  d'alors. 

Benoit-Joseph  connaissait  l'état  intérieur  des 
âmes;  plusieurs  fois,  l'ardeur  de  son  amour  et  le 
feu  de  sa  prière  se  révélèrent  au  dehors  par 
l'éclat  d'une  lumière  surnaturelle  ou  par  l'éléva- 
tion de  son  corps  au-dessus  de  la  terre.  11  fit  des 
miracles  de  son  vivant,  mais  ce  ne  fut  pas  en 
très  grand  nombre. 

Sa  sainteté  était  tout  intérieure,  toute  cachée, 
tout  ignorée  :  ce  fut  son  carat  tire  spécial.  Dieu  se 
plaisait  à  voiler  les  sublimités  de  la  grande 
victime  expiatoire  jusqu'au  jour  où  elle  irait 
recevoir  au  ciel  sa  récompense.  A  ce  moment, 
tout  apparaît,  tout  se  révèle  :  une  foule  de  témoins 
se  rappellent  d'iu-ombrables  circonstances;  les 
prodiges,  les  gue. isons  se  multiplient  et,  de  ces 
éléments  divers,  l'Eglise  édifie  tin  impérissable 
monument  à  la  gloire  du  Saint. 

AU  BIENHKUBEUX    TERME    DE  SO.N    PÈLERINAGE 

Cependant,lanature  humaine  ne  pouvaitrésister 
indéfiniment  à  de  pareilles  austérités;  nourri  de 
la  pitance  des  pauvres  qu'il  allait  mendier  à  la 
porte  des  couvents  et  dont  il  donnait  le  plus 
souvent  la  meilleure  part  à  d'autres  pauvres, 
couchant  en  plein  air,  couvert  de  vermine,  les 
jambes  attaquées  par  des  plaies,  l'héroïque  men- 
diant vil  détruire  sa  santé.  Ou  lui  proposa  d'entrer 
à  l'hospice  évangélique  pour  y  trouver  au  moins 
un  abri  pendant  les  nuits;  il  accepta  et,  dans  ce 
lieu,  s'écoulèrent  les  dernières  années  de  sa  vie. 
Pendant  le  jour,  il  continuaitses  longues  stations 
de  prières  à  Notre-Dame  des  Monts  ou  dans 
d'autres  églises;  c'est  à  quoi  il  usa  le  reste  de  ses 
forces;  on  eût  dit  un  cadavre  et,  cependant,  il  ne 
voulait  rien  s'accorder  à  lui-même. 

Le  samedi,  12  avril,  il  parut  plus  exténué  que 
jamais.  En  sortant  de  l'église,  il  dut  se  soutenir 
en  s'appuyant  sur  un  bâton.  Une  personne  s'ap- 
proche et  lui  dit  :  «  Vous  êtes  bien  mal,  mon 
brave.  —  La  rolonliide  Dieu  soit  failel  o  répond-il. 
Elle  lui  dit  de  prendre  soin  de  lui  ;  il  inrline  la 
tête  comme  pour  marquer  son  indifférence. 

Benoit  pressentait  sa  mort  prochaine;  il  en 
arlait  quelquefois,  mais  sans  se  troubler.  Si  on 
ui  conseillait  de  se  soigner  et  de  ne  pas  s'exposer 
à  tomber  dans  la  rue,  il  disait  :  «  Eh!  gue  m'im- 
porte! «On  l'entendait  souvent  s'écrier:  «  Appelei- 
moi,  mon  Jésus,  afin  que  je  vous  voiel  » 

Le  15  avril,  en  sortant  de  l'hospice  évangélique, 
il  eut  une  première  d'^faillance.  Malgré  sa  fai- 
blfsse  extrême,  il  se  traîna  vers  l'église  Sainte- 
Praxède  où  l'on  terminait  les  Quarante-Heure». 
Près  de  l'église,  il  acheta  du  vinaigre,  et  le 
buvant,  il  dit:  i<  Il  y  a  quelqu'un  qui  en  a  fiu  avant 
moi  et  qui,  dans  celte  semnine,  a  souffert  plus  <jue 
mni  pour  l'amour  di;s  hommes.  »  Il  passa  la  matinée 
devant  le  Saint-Sac •>ni>'nt  de  l'église  de  Sainte- 
Praxède,  auprès  de  la  chapelle  de  la  Sainte- 
Colnnne.  Le  soir,  il  resta  longtemps  dans  l'élise 
de  Notre-Dame  des  Monts,  puis   il   nll.i  assister 


r. 


k  la  bénédiiUoii  à  NoUe-Uaiiie  de  Loittlu  ^ur  la 
place  Trajane.  Il  eut  plusieurs  syncopes  dans  la 
journée;  on  le  vit  près  de  réf^lise  du  Pascolo, 
étendu  par  terre,  et  l'on  craignit  qu'il  ne  mourût. 

Noussommesau  Carême  de  l'année  1783;  depuis 
plusieurs  jours,  il  pouvait  à  peine  se  soutenir; 
enfin,  le  Mercredi-Saint,  on  voulut  le  retenir  à 
l'hospice  tant  son  état  semblait  empiré,  mais  il 
se  rendit  comme  d'habitude  à  l'éfjlise  de  Notre- 
Dame  des  Monts,  il  arriva  péniblement  et  entendit 
deux  messes,  puis  il  demeura  quelque  temps  en 
adoration  devant  le  Saint-Sacrement.  Vers  sept 
heures,  il  se  sent  défaillir  et  tombe  pour  ne  plus 
se  relever,  sur  les  marches  de  l'escalier. 

C'est  là  qu'un  ami,  le  boucher Zaccarelli,  vient 
le  prendre  et  l'emmène  dans  sa  maison  située  à 

fieu  de  distancera  huit  heures  du  soir,  il  rendait 
e  dernier  soupir  à  l'âge  de  35  ans  et  21  jours. 

Le  mendiant  sordide,  couvert  de  vermine,  avait 
terminé  sa  vie  comme  il  l'avait  pa<^sée  :  aux  yeux 
du  monde,  nul  n'était  plus  di^ne  de  mépris. 

Or,  aujourd'hui,  ce  pauvre,  ce  misérable,  ce 
méprisé  est  placé  sur  les  autels  et  la  chrétienté 
tout  entière  proclame,  à  la  face  du  monde,  la 
grandeur  du  saint  mendiant  et  pèlerin  Bs.noit- 
JosEi'ii  Labre. 

OIANDK    LEÇON 

▲  la  divine  épouse  du  Christ,  seule,  il  peut 
appartenir  de  s'attaquer  ainsi  corps  k  corps  à 
l'esprit  du  siècle  en  exallant  le  renoncement 
complet  et  le  mépris  absolu  des  richesses,  de  la 
considération  et  des  autres  biens  si  aimés  des 
hommes.  Ce  grand  acte  prend  une  double  signi- 
fication en  ces  jours  du  culte  de  Mammon,  du 
règne  de  l'avarice,  de  la  passion  des  jouissances 
et  de  la  conquête  sensuelle  des  âmes  par  l'ardeur 
de  toutes  les  concupiscences  :  illauce  l'anathème 
sur  ces  choses,  en  même  temps  qu'il  exalte  les 
humbles  et  les  pauvret. 

Telle  est  la  portée  de  la  canonisation  du  nou- 
veau Saint,  tel  est  le  sens  do  la  vie  dont  nous 
avons  entrepris  d'esquisser  quelques-uns  des 
traits  les  plus  saillants. 

Humilité,  pauvreté  absolue,  voilà  sa  devise: 
humilité  conseillant  la  pauvreté  volontaire  et 
sordide,  pauvreté  volontaire  et  sordide  servant  à 
son  tour  d'aliment  à  l'humilité. 

Plusieurs,  en  son;:eanl  à  celte  vie,  se  scanda- 
lisent, même  parmi  le»  catholiques.  Est-il  donc 
nécessaire  d'être  sale  pour  devenir  un  saint? 
demandent-ils.  La  propreté  n'est-elle  pa<  une 
vertu  ''  Pourquoi  s'abaisser  de  la  sorte  et  se  faire 
mendiant  de  gnielé  de  cieur?  Mieux  valait,  pour 
un  homme  intelligent  comme  l'était  le  jeune 
Labre,  tirer  parli  d'un  naturel  heureux. 

La  réponse  est  facile  :  Kn  suivant  d'une  manière 
héroïque  des  conseils  évangéliques  si  opposés  à 


la  nature,  le  baiiil,  ou  peut  en  être  assuré,  s'est 
applique  davantage  à  ceux  qui  lui  coûtaient  le 
plus;  s'il  s'est  condamné  à  l'abjection  et  aux 
tourments  de  la  vermine,  c'est  que,  par  goût,  il 
eût  voulu  être  propre  et  soigné  dans  sa  tenue. 
Pendant  de  longues  années,  il  n'avait  qu'un  pas 
à  faire  et  qu'un  mot  à  dire  pour  reprendre  dans 
le  monde  un  rang  convenable  et,  cependant,  il  sut 
accepter  sans  une  plainte  d'être  abreuvé  de  toutes 
les  amertumes ,  accablé  de  toutes  les  hontes 
de  la  pauvreté  vraie  :  c'est  là  un  magnifique 
triomphe  de  la  grâce  sur  les  instincts  de  la  nature. 
Ici  apparaît  dans  tout  son  éclat  cette  pauvreté 
d'esprit  louée  et  bénie  par  le  Fils  de  Uieu 

La  pauvreté  d'esprit  c'est  le  renoncement,  c'est 
le  détachement  des  liens  si  forts  qui  nous  enchaî- 
nent aux  choses  d'ici-bas.  On  peut  être  roi,  dis- 
poser d'immenses  richesses  et  cependant  être 
pauvre  :  saint  Edouard  le  Confesseur,  saint  Louis 
étaient  des  pauvres  parle  cœur  et  par  l'esprit; 
le  mendiant  du  coin,  dévoré  par  l'envie  et  qui 
vous  importune  pour  aller  boire  la  pièce  d'ar- 
gent que  vous  lui  jetez,  est,  tout  au  contraire,  un 
riche  par  le  cœur  d'après  le  sens  des  paroles  de 
l'Ecriture. 

Benoit-Joseph  fut  un  incomparable  pauvre, 
parce  que,  chez  lui,  cette  belle  puissance  d'aimer 
que  Dieu  met  en  tout  homme,  se  détourna  mer- 
veilleusement de  la  créature  pour  se  porter 
comme  un  torrent  impétueux  vers  le  seul  Créa- 
teur. 

llfut  un  humble  sublime, avide  d'être  méconnu 
en  tout  et  de  boire  le  calice  du  mépris  jusqu'à 
la  lie.  L'ne  pareille  abnégation  ne  vaut-elle  pas 
mieux  aux  yeux  de  Dieu  et  n'est-elle  pas  plus 
efficace  que  tous  les  efl'urls  du  talent,  même 
employé  au  service  de  la  bonne  cause  'l  Croyons- 
le  :  si  les  efforts  de  ceux  qui  luttent  pour  faire 
un  peu  de  bien  ne  sont  pas  toujours  stériles, 
c'est  le  plus  souvent  grâce  aux  prières  de  telle 
&me  cachée,  humble  et  vraiment  généreuse,  dont 
on  ne  connaîtra  jamais  l'action  en  ce  monde. 

Saint  Labre  est,  en  outre,  le  modèle  des  pèle- 
rins. Au  XVIII*  siècle,  dans  notre  pays,  la  notion 
des  pèlerinages  était  perdue,  le  culte  des  sainLs, 
la  fréquentation  des  sanctuaires,  délaissés.  Si 
nous  sommes  sortis  de  ce  lamentable  état  de 
choses,  ne  le  lui  devons-nous  pas  ?  Visiter  les 
lieux  bénis  où  la  grâce  afflue,  non  dans  un  esprit 
de  distraction  ou  de  vaine  curiosité,  mais  par 
désir  de  mortification,  voilà  ce  qu'il  faut  ap- 
prendre de  lai.  Les  grands  pèlerinages  s'orga- 
nisent de  tr>utes  parts  :  après  Lourdes  et  La  Sa- 
lelte,  Jérusalem  devient  l'objectif  de  centaines 
de  chrétiens  fervents.  Puisse  saint  Labre  les 
sanctifier  de  son  esprit,  les  soutenir  de  sa  pro- 
tection et  leur  enseigner  à  inonder  des  larmes 
de  la  pénitence  cette  terre  du  (îolijotha  que  le 
Sauveur  du  monde  a  baignée  de  son  sang. 


Jr 


il.»  ^  a  fi,    t'^inik 


LA   BmnEinElSE   CLAIRE  GAMACORTL  VIERGE 

PATRONNE  DE  LA   VILLE  DE  PISE 


F-itg    le  i  7  avril. 


Un  ohevaiier  apporta  à  la  bienheureuse  Claire  un  crucifli  miraculeux  trouvA  daas  une  «gUse   ruinée 


PREMIERES    TEITCS 
SES    JOIES    ET    LES    TRISTESSES    DU     MONDE 

La  bienheureuse  Claire  appartient  par  sa  nais- 
lance  à  rilluslrf.  famille  Garabacorti.  Elle  vint  au 
monde  en  1362  dans  la  rille  de  Pise.  Elle  reçut  au 
baptême  le  nom  de  Thoraou  Théodora  :  présent  de 
Dieu.  Dès  sa  plus  tendre  enfance,  Thora  témoigna 
une  grande  inclination  pour  la  prière  et  les  exer- 
cices de  piété.  Elle  s'habitua  de  bonne  heure  au 
jeûne  et  à  la  pénitence. 

Le  père  de  notrejeune  fainte,  Pietro  Gambacorti, 
aussi  distingué  par  sa  naissance  que  par  les  qualités 
de  son  esprit  et  de  son  cœur,  avait  été,  après  de 
longues  discordes  dont  les  cités  italiennes  étaient 
le  théâtre  à  celte  époque,  revêtu  du  fardeau  des 
choses  publiqii<-s.  Le  nouveau  gouverneur  deTise 
voulut  consolûJer  son  pouvoir  naissant.  Il  déclara, 
devant  le  peuple  assemblé,  qu'il  fiançait  sa  jeune 
fille  Thora,  âgée  de  sept  ans,  au  noSie  et  illustre 
seigneur  Simon  de  Mas-a  La  foule  éclata  en  applau- 
dissements, et  Pieiro,  au  milieu  des  bruyantes  accla- 
mations dpf  Piii.-ins,  plaça  la  main  de  son  enfant 
dans  11  niôiii  dr  Simon.  Thora  pâlit  :  ••  Je  deman- 
derai tu    bon  Dieu,  dit  l'enfant  au  jeune  homme, 


qu'il  me  fasse  la  grâce  de  t'aimer,  si  je  dois  être 
un  jour  ta  femme.  —  Cela  te  sera  donc  difficile? 
demanda  Simon.  —  Je  ne  sais  si  Dieu  le  veut  •, 
ajouta  Thora. 

La  jeune  fille  ne  crut  pas  que  sesflançailles  avec  le 
noble  seigneur  de  Massa  fussent  une  raison  de 
laisser  sa  piété  se  refroidir.  Elle  passait  des  nuits 
entières  en  oraison.  Quand  elle  se  prosternait 
devant  le  tabernacle  pour  y  adorer  son  Dieu,  Thora 
avait  l'habitude  d'enlever  de  son  doigt  l'anneau 
nuptial  que  son  fiancé  j  avait  déposO  :  "  U  mon 
Dieu,  disait-elle  alors,  je  ne  veux  pas  d'autre  époux 
que  vous.  »  Les  richesses  de  la  terre  n'avaient  point 
d'attraits  pour  cette  âme.  Elle  aimait  à  faire  l'au- 
raône.  Sa  plus  grande  récompense,  déjà  à  cette 
époque,  était  de  pouvoir  aller  visiter  les  pauvres  et 
les  malades.  Elle  leur  apporiait  des  secours  et  de 
l'or;  mais  elle  avait  surtout  le  secret  de  ces  paroles 
consolantes  qui  faisaient  renaître  la  joie  dans  ces 
ccB'irs  affligés. 

On  raconte  i  cet  égard  un  trait  admirable.  Cette 
jeune  fille,  si  gracieuse  et  si  belle,  qui  faisait  l'hon- 
neur el  la  joie  de  deux  grandes  familles,  s'arhfmi- 
nnit  chaque  jour  vers  une  humble  mai''f>n.  où  L-isiit, 
abandonnée  des  siens, une  pauvre  malade,  .^oi,  .orps 


nélait  plus  (lu'unc  (liait;,  -an  Tisaj;e, iVU'ie  •  l  iopous- 
sanl,  iJeToré  par  un  .ilVreux  ulc^  r.'.  i  .  iit  plus 
nconnaissable.  La,  ii.tre  Sainte  <•  i'  la  pauTre 
aflig-^e.    Elle  lui  pr.parait  sa  :  n-parail 

le  di^sordre  de  fa  couche  et  pa:.  ,  laies   hor- 

rible». Kll.'  ne  .]iiiUail  jamais  i .  t  oh~cur  réduit 
«ans  approcti>>r  son  frais  et  ch:i-le  visage  de  ce 
vis.i^:-  îiiiillo  el  inTert,  pour  v  déposer  un  baiser 
d'aniirir  ei  de  consolation 

ï.ui.-':i  de   Massa  se 
eDl»-!  'l.ul    faire  pari.  : 
fia.i.    '■.  Il  U  r«:.'i 
la>'..  il  attendais 
rail  l>pouser.  M  i'- 
lui  el  Teillail  sur  <n\i 
et   ses    t 


li'j.' -s    qu'il 
i      ii.u'iiianle 


jeun» 

51!  ■     ' 


■  I   irail  iQ  M  If  avant 

,iuis*e  par  scsjpùnes 

i  uiir.i  tofn^     —    '-.le.  Le 

:  >ui-iii<'ru>  Il  mal 

■      !'    ■  ■'■    {•'.i 


fa. 

Ij. 

(• 

ri- 


t  en  conTa'csceiice.  CoiucDfiil 
terrible  nouvelle!  Les  sem- 
■  uis  »e  refust-nl  .i  li-  fiire,  el  le  m.ilheu- 
toil  se  cb.iraiT  du  douloureux  message. 
Il  >  .ipprochc  de  la  roui-hf  de  sa  fille;  maisThora  l« 
prKTieiil  :  •  Mon  flanc*  est  mort,  n'est-il  pas  Trai, 
mon  père,  lui  dil-elle  1  Les  cloches  de  Pise,  qui 
sonnaient  a  toute»  Tolées,  m'en  uni  apporlé  U  nou- 
Tellc  Ou-'  la  volonU  de  Dieu  se  fa>-se;  ao'il  soit 
b^'iii  en  toutes  choses  !  *  Puis  elle  m^le  ses  larmes  A 
cr  ;  elle  pleure  son  (lancé;  mais  elle 

c,  i  que    ses   liens  de    U  terre   sont 

bn-  •    i.a   1  I-  iiJuTe   fois  qu'elle  put  se  I"ver,   elle 
coupa  --.i   liiiii.'u(>    chevelure,   déposa    ses  vi?ti-iuents 

Ji -    '■ T     —  C43UTril   di'    i  I  'i"i    de    1.1 

p.  sein    de  ■   qui 

V,  le  nouvel 

lui  dit  > 


autre,  au 


.:   l'ai 
le  et 


au?-i  nrli..,  le  recherche  en  niari.igi^.  el  ataiit  peu 
d:  iiims,  il  te  oieii- ra  a  l'autel  ".  Tbora  secoue  la 
télé  el  répond  :  «  Un  autre,  en  effet,  m'appelle  à 
lui,  mais  ce  n'>-sl  pas  un  époux  mortel;  un  autre 
rvcbo-.  h.<  tan  •lii.^ni^d.  mon  [>^re.  n«  le  re|elle  pat, 
c»r  cet  ep'Miï,  r  e-t  Ji>>us-Christ   in^nie.  —  Tu   veux 


t.' 

•  f  —  Ou. 
votre  Wi 

\*.|JS    k 

inll.-.' 

qir 

< 

1 

U-    .. 

»oix  qui  i! 


'S,  .lie 
.    l'ielru 


sourd  aux  vuiux  de  ta  lllle. 


■uioim.sa  iT  rHiM<  <  -  > . 


i"'-  J'' 

lit  i  ceux 

Ile.  . 

plus 

mile. 

jour 

U    est 


r.t    de    son 

il  «errel»- 


liilt  s  est  cmeruiee  au  couvent  des  Ciansacs.  .Nous 
l'avons  donc  perdue.  —  Calmez  voire  ilnuleur,  mon 
père,  je  vole  au  couvent  et  dons  un  iiifliinl  je  vous 
ramène  Thora.  •  Andr.*  lïainbacorli  ras:<eiuble  aus- 
■^itôt  ses  amij  el  sis  gens  df  ^-uerre  el  vole  au  con- 
Tent  des  Clarisses  :  i'  llendez-moi  ma  Sipur,  leur 
crie-lil,  ou  je  livre  voire  couvent  au  pillage.  ■  Les 
religieuses  tlTravues,  bahlanles,  courent  a  Cla:re. 
la  prennent  el  la  déposent  entre  les  bras  de  son 
frère.  Mais  voici  que  soudain  Tbora  est  frappée 
de  paraivsie.  S.'S  jambes  se  r»'fusent  a  la  porter. 
.  '-'■.l'i  MT    ,.    ..  >      1    i!i  ;    ,,   ■  :  '  i-e  .<  •••nce  4  la 

■  -  -       '   ;  >   ,  ut.  Elle  s'ëcrie  : 

.'  l'ar  quel  prodige  eiunnaul  Dieu  me  frappo-t-il 
ainsi?  Mellei-vous  tous  a  fsenoux  el  nHildiis  en- 
semble, par  irois  fois,  le  PattT  et  VAve  en  I  h(iii:ieur 
de  la  1res  Sainte  Trinité,  l'nex,  alin  que  llirn  me 
gu>  risse.  »  I  ■"•  -•  ■rosterneiil.  La  prière  est  a  |"-ine 
ache»' e,  <|  ,ie  se   levé  et  suit  son  freie  au 

palais  (iam.  _  .. ...  oon  pei  e  i  .-i....»  .i<.  ^  v.mt  et  la 
fait  enfi'i  luer  duiis  une  éliuit.  .  e  par 

une  seule   fenêtre,  l'.'est   la  qi.  ii   jus- 

qu'à ce  qu'elle  cède  aux  désirs  de  SA  lamille. 

Sa  prison  est  sombre  et  dénuée  de  tout.  Elle  n'y 
trouve  pas  même  de  lit.  Elle  reste  trois  jours  entiers 
dans  un  abandon  complet. 

Claire,  jojreuse  de  n'avoir  plus  à  s'occuper  des 
choses  du  monde,  se  livre  toute  entière  a  l,i  contem- 
plation. Dieu  l"i:  iM- 
riluell'S.  La  Sai  ,,- 
livité.  Son  ànie  ^oai  n,- 
le  céleste  Kpoux  veut  .  i  «i» 
bienldt  a  toutes  les  an.  --r-  :  !• 
l'aridité.  Son  cceur  éprouve  iir  ^i, 
et  ne  Irioi  ••  »lii<  ,!.-  r-  ■"-  •■  .e 
sa  pre  e 
cesse  ,  .  _.:. 
Elle  lutte                                                       iior 


mon  corps  _  ■      i , 

ne  plaise  a  d  aulr«s  yeuxqu  à  cmi  de  i. 

Du    fond  de   son   cachot   e!|p  crt  -ru! 
pauvre  femme  remplir  I  t 
de  sa  détresse.    KII"  l'ap 
peut,   se   ■''  '  .   la 

la  fenêtre  «t  lui   i 


Vodi 


Uue 

qu'il 


,1^' 


1' 

.1.    

de   sainte 

ttngiUe. 

Ce    - 

fl  <    .oïl        ■\> 

Th..,,.. 

Lu    , 

d. 

f. 

rt 


ai  '  i  .lu   Luu  nu  1   u».  *  •   i.ii  à....rs 

'  J  prit  le  voile  cl  vuuiui  l'ap- 


pct«  |MHll   «  |rai 


AUMU  Ut*  UtuU  .  -  M«    '    i*  ui«»a« 


v4tA^^C4 


UlàitS  Un*  «Al**«  U  »U.u_4.  i  id»ia 


.1* 

.  ; .d 


I 


messe,  elle  revient  ensuite  s'enfermer  au  palais  de 
de  son  père. 

oitlrBAMCI    IT    TBIOUPHR 

Cependant  la  fin  de  cette  longue  f^pr^uve  appro- 
chait. La  mère  de  Thora  doit  quitter  Pise  pour  aller 
chercher  au  loin  un  remède  à  ses  maux.  Mais  son 
cœur  maternel  s'émeut  de  compassion  à  la  »(ie  des 
souffrances  de  sa  fille.  Elle  prend  la  résolution  de 
ne  pas  s'éloigner  avant  d'a»oir  obtenu  la  d(>livrance 
de  sa  chfTe  >nfant.  André,  fils  aîné  de  la  famille, 
vaincu  par  tant  de  constance  et  de  sainteté,  unit  ses 
instances  à  celles  de  sa  mère,  Pietro  (ïambacorti  se 
laisse  enfin  tléchir  et  permet  à  Thora  de  se  retirer 
au  couTenl  des  Dominicaines.  Toi'tefois,  avant  de  la 
leur  confier  :  «  Je  veux  bien,  dit-il  aux  religieuses, 
vous  donner  ma  fille,  mais  J'y  pose  une  cotidiiion  : 
celle  di!  pnuvoir  vous  l'enlever  quand  je  voudrai 
lui  bâtir  un  monastère  :  »  Il  fut  convenu  de  part  et 
d'autre  que  le  nouvpau  couvent  serait  établi  sous  la 
règle  de  saint  Dniuinique  et  que  Thora  irait  le  fon- 
der avec  quatre  de  ses  compagnes. 

»<SUn  CLAIRS  IT    LES  PARFUMS  DU    CltL 

Thora  prend  définitivement  le  voile  et  l'habit  de 
saint  Dominique.  Désormais  elle  ne  s'appellera  plus 
que  sœur  Claire  :  elle  a  dit  au  monde  un  adieu 
éternel.  Elle  commence  enfin  à  goûter  ce  repos 
inexprim  ible  et  cette  sérénité  délicieuse  qui  sont  le 
partage  des  âmes  oonsai-rées  à  Dieu.  Sa  principale 
joie  était  de  passer  de  longues  hiMjres  en  oraison 
dans  un  oratoire  silencieux.  Un  jour,  sœur  Andréa, 
chargée  de  l;i  diriger  dans  les  voies  de  la  perfection, 
l'y  surprit  en  exiase,  et  quand  la  jeune  novice  reprit 
se»  sens  un  suave  parfum  embauma  le  monastère; 
ce  prodige  se  renouvela  plusieurs  fois  dans  la  suite 
de  sa  vie. 

Sœur  Andréa  étant  tombi^e  malade,  rien  n'égala 
la  charité  de  sœur  Claire  dans  les  soins  qu'elle  lui 
prodigua.  Son  exemple  inspirait  aux  t'cpurs  l'amour 
de  leur  rècle  et  la  ferveur  de  la  vie  religieuse  un 
peu  refroidie  parmi  elles.  Elle  était  la  plus  humble 
et  la  plus  pauvre. 

Elle  ne  voulait  porter  que  les  vêtements  aban- 
donnas par  ses  sœurs  comme  trop  us<*s.  Pour  nour- 
riture, elle  se  contentait  souvent  de  pain  et  de  fruits 
sauvage».  Parfois  au-si,  quoique  sujette  au»  défail- 
lances d'estomac,  elle  recueillait  les  restes  de  ses 
sœura,  les  couvriiit  de  cendres,  et  tnoiiiph.iiit  de  sa 
rf'pugnanre  naturelle,  en  faisait  son  unique  repas. 
Sa  faible  nanlé  ne  l'empêchait  pas  de  se  livrer  aux 
emplois  les  plus  abjects  et  les  plus  fatigants  du  cou- 
vent. 

FONDATION  DD  COUTUTr    Dl  SAlMT-DOlUrdOUI 

Pendant  la  pr.iiiière   année  de  sa  vie  religieu»e, 

Claire  eut  la  d'ui  .-iir  de  perdre  sa  mère  hien-.iinii'e 

et  son  fr'-re   aîné  qui    lui  était  si   dévoué    Elle  les 

pleura,    mais   surtout  ell«   pria   pour    leurs   Ames. 

Uuand    son   père  eut  achevé  le  couvant  qu'il  avait 

îr"mig  de  bâtir,  elle  s'y  enferma  avec  quatre  autres 

s   parmi   les    plus    fervenle»,  et 

rieure.  Elle  avait  alors  vingt  ans. 

L.i  re^le  Je    saiiil  Dnniinique  fut  appliifuée  dans 

le  nouveau  couvent  av^c  toute  sa  rigueur  et  toute  sa 

'^     ■■    ire  était  ripoiireiise  et  même  un 

du   devant  la  grille,  cachait  les 

ird»   des   vi»iieur«  qui  venaient 

in^   s'écoulèrent  dans  cette  vie 

............  •  ,  .,.,.  ,.,  c.  Mais  la  première  supérieure  él^nt 

iii"rt«,   Claire  dnt  céder  aux  prières  de  «et  scnurs  , 


et  accepter  la  direction  du  couvent.  «  Il  serait 
trop  long,  dit  son  biographe,  de  raconter  toutes 
les  merveilles  de  l'huaiiiité,  de  la  doueeur,  de  la 
force  et  de  la  charité  de  notre  bienheureu-ie  mère. 
Sa  sainteté  grandissait  chaque  jour;  elle  mettait  sa 
gloire  a  servir  Dieu.  «  Servir  Dieu,  c'est  régner,  » 
disait-t'lle  souvent  a  ses  filles.  Elle  avait  le  don  ds 
parler  du  ciel  avec  une  telle  abondance  et  tant 
d'efficacité,  qu'elle  embrasait  tous  les  cceurs.  Per- 
sonne ne  se  retirait  de  ses  entretiens  sans  être  devenu 
meilleur. 

Malgré  la  pauvreté  du  monastère,  elle  défendait 
de  renvoyer  les  indieents  sans  les  siîcourir.  Ella 
venait  souvent  elle-même  leur  distribuer,  avec  ses 
faibles  aumônes,  des  paroles  de  consolation  et 
d'amour. 

La  bienheureuse  Claire  prolongeait  un  jour  sa 
prière  au  pied  de  l'aulel,  après  l'office  de  Matinée, 
quand  elle  entend  une  voix  lui  dire  :  «  Lève-toi  et 
rends-toi  à  la  porte  de  l'égli-e.  Ton  époux  attend. 
Il  veut  entrer  ici  pour  y  demeurer  avec  toi  et  tes 
filles.  »  La  Sainte  s'étonne  tout  d'abord,  mais  se 
sachant  seule  dans  le  sanctuaire,  elle  croit  êtr« 
l'objet  de  quelque  illusii  n.  Elle  continue  donc  sa 

ririere.  Mais  la  voix  le  fait  entendre  de  nouveau  et 
ui  répète  les  mêmes  ordres.  Elle  se  levé,  prend  les 
clés  de  l'église,  et  se  rend  a  la  porte,  accompagnée 
de  deux  sœurs.  Elle  ouvre  et  se  Irome  en  présence 
du  seigneur  Galeati  de  Sienne,  entouré  des  membres 
du  chapitre  et  d'une  foule  de  Pi-ans.  (ïaleati  portait 
en  ses  main  s  un  cru  ci  fil  dont  l'imaee  est  comme  toute 
empourprée  de  sang.  A  cette  vue,  Claire  se  prosterne 
et  adore  son  Dieu.  Galeati  prend  alors  la  parole  : 
«  Vénérables  Mères,  dit-il.  je  me  rendais  à  Sienne, 
chevauchant  au  milieu  de  mes  gens,  -juand,  venant 
à  passer  près  des  ruines  d'une  enlise  détruite  pen- 
dant .nos  dernières  gueiTes,  je  ra'iii.linai  vers  les 
murs  démantelés  et  vis  au  fond  d'une  embrasure 
de  fenêtre  ce  crucifix.  Je  l'entendis  aussitôt  me 
dire  :  «  Prends-moi  et  porte-moi  a  l'ise  an  monastère 
de  Saint-Dominique.  Là  mes  servantes  me  rendront 
hommage  et  me  vénéreront.  »  Ce  crucilii  placé  sur 
le  malire-autel  du  couvent  devint  l'instrument  de 
nombreux  miracles. 

PARDONS  aiBOlOOKS 

Claire  Tivait  heureuse  et  paisible  au  fond  de  son 
couvent,  mais  à  celte  époque  les  villes  d'Italie 
étaient  souvent  troublées  par  l'anibition  de  familles 
rivales  et  des  révolutions  politiques.  Ln  jour,  la 
Bienheureuse  priait  au  fond  du  sanctuaire  quand 
des  cris  séditieux  s'élèvent  dans  les  rues  voisines 
et  la  font  frissonner  de  crainte.  Le.s  clameurs  popu- 
laires deviennerjt  de  plus  en  plus  menaçantes.  Elle 
distingue  au  milieu  de  ces  vonféralinns  ce  cri 
sinistre  :  «  Mort,  mort  à  (iambacorii  I  Vive  Ap- 
piano  !  »  Cet  Appiano  avait  été  jusqu'.-ilors  l'ami  et 
le  confident  du  père  de  Claire, c'est  à  lui  qu'il  devait 
sa  fortune,  il  venait  maintenant  de  trahir  son  bien- 
faiteur et  de  se  révolter  cnnlre  lui  par  ambition. 
«  O  mon  père,  s'écria  notre  Sainte,  quelle  mort 
affreuse  menace  ta  léle  blanchie  !  0  mon  Dieu  I  mon 
Dieu,  sauvez-le  I...  ou,  s'il  doit  tomber  sous  les 
coups  de  ses  ennemis,  recevez  la  victime  dans  le 
ciel  et  pardonner  à  tes  bourreaux.  »  l.a  Sainte 
rejoint  ensuite  tes  sœurs  alarmées;  au  moment  où 
elle  arrive  pris  d'elles,  elle  entend  de»  clameurs 
qui  redoublent  :  «  Mort,  mort!  frapp<>t-le  I  luet-le  I 
pas  de  arâce  I...  »  l.a  porte  du  couvent  «emble  vou- 
loir céder,  Claire  y  court  et  à  travers  la  grille  qui 
donne  sur  la  rue,  elle  aperçoit  une  poimlace  'vre 
de  fureur  et  de  sang,  à  la  poursuite  d  un  hoiaiua 
déjà  blessé,  qui  est  parvenu  à  se  cramponnur  aux 


birreaui  de  la  porte.  Elle  reconnaît  cet  homme  : 
cestsun  frère  i.oreiizi'.  >  Asile, s'é^;ri'/t-il  d  une  voix 
défiiillanle,  et  reco:. naissant  Clair'  :  ••  Ma  sœur, 
ajoute-t-il,  notre  ptr.'  vient  d'être  mass-icri'  par  les 
sicaires  d'Appiar.o;  un  de  nos  frercf  a  pi'ri  avec  lai; 
ce  peuple  ini:r;il  me  poursuit  et  veut  aussi  ma  mort. 
Asile,  ma  saur,  asile!...  »  Or,  ce  couvent  n'avait 
pas  droit  d'asile.  Ouvrir  \ff  ;  nitcs  à  LoreniO, 
c'était  les  ouvrir  à  la  populnc^  .  ■  xp'ser  l'honneur  et 
la  vie  de»  religieuses  conii  ■  ?  i  -a  f.'arde,  et  violer 
gravement  la  règle  qui  ■!■  :.ci..ii  aux  hommes  de 
p^ri.'îrerdansla     "■  -  teliçieuses. 

l,;e  lullo  terr  Haus  l'ànic  de  Claire;  sa- 

cnlier,i-t  elle   s--  .^e-'  et  sa  règle,  ou   bien 

laissera-t-elle  iJH  !!■  t  ~  n  fr.re"?  Son  devoir  rempurle 
sur  sa  tendresse.  »  l.oieiuo,  dil-elli,  il  ne  ni'est  pas 
permis  d'ouvrir...  ••  Lorenio  comprend;  il  s'éloigne 
et  expire  â  quelques  pas  du  couvent  sous  les  coups 
de  la  piifiil.io'-.  A  celle  vue,  Claire  tombe  comme 
morte  dnh^  les  bras  de  ses  filles.  El.e  venait  dao- 
coiuf  lir  lacté  le  plus  héroïque  de  sa  vie. 

ïij  santé  déjà  ébranlée  ne  put  résister  à  ce  choc; 
une  grave  maladie  se  déclara  bienidt.   Se  croyant 
prés  de   mourir,  Claire  se  confesse  en  répandant 
des   torrents  de  laimes.  En  présence  de   la  sainte 
Eucharistie  qu'on  lui  apporte,  elle  dit  a  haute  voix: 
•  Mes  sœurs,  devant  mon  Dieu  que  je  vais  recevjir 
pour  la  dernière  fois  sans  doute,  je  déclare  que  je 
pardonne  à  Appiano  et  aux  siens  le  mal  qu'il  a  lait 
a  ma  famille...  Je  lui  pardonne  de  tout  mon  coeur 
et  je   prie  le   Seigneur  de  lui   faire  miséricorde.  • 
Quand  le  prêtre  eut  déposé  la  sainte  Hostie  sur  ses 
lèvres,   ses  yeux  se  rallumèrent,  son   front    brilla 
d'un  vif  éclat,  un  sourire  paisible  éclaira  tous  ses 
traits.  Elle  resta  longtemps  plongée  dans  l'oraison 
et    l'action  <le    gricrs.    Puis   la    sous-prieure  s'ap- 
procha d'i-lle  et  lui  demanda  si  elle  ne  désirait  rien 
prendre.  •   Je   prendrais  volontiers  quelque  chose, 
ré(.'>r, dit-elle,  pour  me  fortitier,  mais  j'aurais  k  cet 
égard   une   prière  k  vous   adresser.  —  Parlez,  ma 
chère  Mère,  vous  serei  obéie.  —  Kh  bien  !  je  désire 
qu'on  aille   de   ma  part    chez   Jacopo  Appiano    le 
prier  de  m'envoyer  un  plat  de  sa   table,  ainsi  que 
le   faisait,   quand   j'étais   malade,   mon  bien-aimé 
père.  Il  me  semble  que  ce  mets  me  guérirait.  —  Ma 
mère,  t'écrie    la    sous-prieur*   étonnée,   y  songez- 
vous?   Appiano,   le   meurtrier!...  —  .Ne  renouvelez 
pas  ces  souvenirs,  ma  sœur,  ils  n'ont  été  que  trop 
vivants  dan!  mon  àme...  J'aimais  ceux  qui  ne  sont 
plus,  autant  que  jamais  lille  et  strur  ait  aimé. jugez 
de  ce  que  j'ai  ressenti   pour  leur  as>a!'Sin  !  Mais  la 
crice   victorieuse  de  Jésus  a  subiugué  mon  cœur; 
je  veux,  comme   notre  bon  Maître,   aimer  et  par- 
donner. Hélas',  pourquoi  lialr?nous  sommes  pour 
si  I'  Il  'I'   t>  iii|  s  sur  la  terre.  Oui,  ma  Ulle,  le  Sei- 
gn.  111  s.-  r.v.rve  la  vengeance...  Appiano  n'y  échap- 
pera pas...  Ah  I  prions  plutôt  pour  qu'il  te  repente 
et  que  no(i<  «nyont  Inu^  réunit  au  ciel.  * 

In  '  'i  envoyé  chez  Appiano.  11 

y  ,irn  -l  fait  partdeson  messa^. 

t,  ,  •■.  Le  nouve.'y  gouverneur 

'  pâle  et  se  tait.  Sa   femme 

1!     'v:!     !     ■     ■  '    ■■-  " 


<!  ' 

nolrr 
|.  ..  I«  ciel 

la  vc 

p|„.  .s  de  suiU, la  pieuse  malade  envova 

deQiaii>i<i(  «Ai;U  aumOiie,  et  c«  pain  du  pardon  lui 


rendit  las&nté.  Elle  priait  pour  Appiano.  mais  Dieu 
avait  décidé  de  châtier  cet  ingrat  dès  '•"  monde.  Le 
peuple  se  lassa  vit,>  du  nouveau  mallri-  iin'il   s'était 
donné,  et  le  poignarda  dan<  une  émeute.  •>  0  grand 
Oieu,  que  vos  vengeances  sont  promptes  et  terribles, 
s'écria  Claire  à  cette  nouvelle.  Je  ne  vous  avais  pas 
demandé  la  mort  de  cet  homme,  mais  sa  conversion; 
et  maintenant.  Seigneur,  j'implore  de  vos  éternelle^ 
miséricordes  le  salut  de  son  dme.  •  A  peine  a-t-ell 
achevé  cette  prière  qu'elle  apprendquela  femme  ■ 
les  lilles  d'.\ppiano  sont  errantes  dans  les  rues  d 
Pue:  "  Elles  n'ont  plus  rien,  lui  dit-on,  leur  palai 
est  pillé,  leurs  richesses  sont  dispersées,  leurs  a!in~ 
sont  en  fuite.  —  Qu'elles  vit-nnent  ici,  s'écrie  ('.iain' 
les  portes  du  couvent  leur  seront  ouvertes,  aile,-  l^•^ 
chercher  :  la  fille  de  Gambacorti  a  le  droit  de  sanver 
la  veuve  et  les  enfants  d'Appiano.  Allez,  au  nom  du 
ciel,  allez.  • 

Deux  serviteurs  dévoués  courent  à  la  recherche 
des  fugitives,  et  les  amènent  bientôt  ii'i  couvent  de 
Saint-Dominique.  CJaire  les  attend,  e.it-  les  reçoit 
dans  ses  tiras  et  leur  dit  avec  une  joie  inexprimable  : 
"  Ici,  vous  n'avez  rien  à  craindre.  •  La  colère  du 
peuple  n'osa  pas  poursuivre  ses  victimes  dans  l'asile 
sacré.  La  vengeance  s'arrêta  devant  la  vertu  de 
Claire. 

niHNiÈRBS  souFTRA.Ncas  rr  uonr  db  li   bienbburedse 

CI.AIRK 

Cependant  le  temps  approchait  où  Claire  devait 
aller  cueillir  au  ciel  la  récompense  de  tes  vcrtu< 
héroïques.  Dieu,  pour  embellir  la  couronne  de  son 
épouse,  lui  envoya  de  cruelles  et  longues  maladi'-*. 
Claire  conserva  au  sein  de  ses  souffrances  une  p.iii 
et  une  joie  inaltérables.  Elle  eut  révélation  dujcur 
de  sa  mort,  deux  ans  avant  qu'il  n'ariivât.  Elle  dit 
alors  à  tes  lllles  qu'elle  tes  quitterait  bientôt,  sans 
toutefois  leur  préciser  l'époque  de  son  lépart.  Vers 
le  milieu  du  Carême  de  <«I9,  «Ile  fut  prise  d'un 
violent  accès  de  fièvre.  Sa  dernière  heure  api  ro- 
chait.  Claire  demanda  a  se  confesser;  elle  le  fil  en 
versant  d'abomlantes  larmes,  et  le  matin  de  la  f 'te 
de  Pilques,  elle  reçut  son  divin  Epoux  avec  de' 
transports  d  allégresse  et  d'amour  que  la  plume  e:>t 
impuissante  a  décrire. 

Puis,  levant  les  yeux  au  ciel,  elle  ouvre  les  bras,  les 
étend  vers  la  croix,  et  s'écrie  :  •  Seigneur,  m""  \<'u  > 
en  croix  avec  vous.  •  Sa  joie  surabonde;  ses  i    . 
se  portent  vers  Dieu;  elle  se  tourne    vert  se«   :  . 
et  les  bénit  une  dernière  fois.   Soudain   son   visi. 
s'illumine  d'un  reflet  céleste.  Son   Ame  rompt  ^■ 
liens  et   s'envole   dans  le  sein  de  Dieu,    (.i'élait  le 
17  avril  1419.  A  peine  a-t-elle  rendu  le  dernier  sou- 
pir, qu'une  odeur  suave  s'exhale  de  tout  ton  ror; 
de  set  vêtements  et  de  tous  les  objets  dont  elle  s  ' 
servie.  Ces  p.irfumt  embaumèrent  la  cellule  dr 
Sainte  pendant  plus  d'un  mois.  Clair*  avait  57  n 

'    '               '             !!e  donnait  X    '.■     ' 

le  des  pli 
M'a  ij>  ■  'ii|i   'ir    j  I- 1  •    • 

de  la  gloire  dont  '-: 


re.  Piuifun    I; 

'•n    vi!     ].ar' 


cl. 


ce  II 

l.i  rial  rendu  à  l'humble  vierge  d* 

Pue  (ui  appioa«c  en  1830  par  le  Papa  Pie  VIU. 


Iinp -y/ron/ .■  l'triiiiiiiiT,  S,  rur  l'rini/'H  I",  l'«in 


SAINT  ÉLEUTHÈRE,   ÉVÊQUE 

ET    SA    MÈRE    SAINTE    ANTHIE,    MARTYRS 


Fête  le  1 8  avril. 


La  mère  de  saint  Éleuthère  martyr,  embrassant  le  corps  de  son  fils. 


FAMILLE   DE   SAINT   ELEUTHERE 


SA    NAISSANCE 


I-'empereur  des  Romain?,  OJllius  Adrien,  qui 
ré;;na  de  1 17  à  138,  avait  un  urand  culte  pour  les 
idoles  et  voulait  que  tnu";  parlayeassent  sa  véné- 
ration pour  les  faux  dieux.  Mais  dan?  le  m^me 
temps,  TK^-lise.  persécutée,  devenait  néanmoins 
de  plU'  en  plus  llnrissante,  et  de  vaillants  cham- 
pions luttaient  et  répandaient  leur  saii^  pour 
affirmer  sa  vérité.  Saint  Eleuthère  et  sa  mère 
sainte  Anthie  sont  du  nombre  de  ces  heureux 
martyrs  et  confesseurs  de  la  foi. 

Siiiil  Eleuthère  naquit  à  Rome,  sous  l'empire 
de  I  rajan,  de  parent?  nobles  et  illustres.  .Son  père 
avait  été  trois  fois  consul,  et  sa  mère,  convertie 
à  la  foi  chrétienne  par  les  lettres  apostoliques  de 
saint  Paul,  s'adonnait  avec  zèle  à  la  vertu  et 
destinait  une  crande  partie  de  ses  richesses  au 
culte  divin.  Ouand  Dipu  lui  i>ni  donné  nn  Tils, 


Anthie  mit  tous  ses  soins  à  l'élever  dans  la  crainte 
du  Seigneur;  elle  lui  donna  au  baptême  le  nom 
d'Eleuthère. 

ORDINATION  ET  ÉPISCGP.VT 

f/éducation  chrétienne  que  rerut  le  jeune 
Eleulhère  porta  des  fruits  abondants  et  le  lit 
proj;resser  rapidement  en  sainteté.  Parvenu  à 
l'à^e  viril,  il  fut  conduit  au  pape  Anaclet  par  sa 
mère,  qui  avait  le  désir  de  consacrer  ce  (ils  chéri 
à  son  Dieu.  Eleuthère  ne  demandait  pas  mieux. 
Le  Ponlife  s'aperrut  bientôt  de  la  vertu  extraor- 
dinaire de  ce  jeune  homme  et  lui  conl'éra  suc- 
cessivement le  diaconat  et  la  prêtrise,  enfin  il 
l'ordonna  évéque,  lui  confiant  la  mission  (l'évan- 
(.'éliser  rillyrir.  C'est  ainsi  qu'il  fut  placé,  comme 
il  est  dit  dans  l'Evan^zile,  sur  le  chaitilclier,  imur 
è.  lairf-r  Ir?  Amf"  par  11  lumière  d'^  sa  parih. 


322 


SON  7.ELE  —   IL  Cii>\F.iUIT  LK  l.KM-H»L  vlÉ    Mi      ' 

L'ARRèrgn  PA«  v^nnn  u  L'wn'KHtia 

En  lllyrie,  Eleulhére  prêcha  In  M  avec  le 
zèle  d'un  ;ii>"li(>.  I.e  déninii.  atiiiucl  il  enlevait 
chaque  lour  <ii>  millier»  d  ;\m'  ■>  }  "iir  le.'^  consa- 
crer a  J'jsijf-Cliri«l,  (Il  de  Li^ind*  «-fforU  pour 
arrOler  ce  [>ro;.'rès  de  l'Evangile  et  trouva  dans 
la  ]ier«onne  de  l'empereur  Adiien  un  ministre 
loul  disposé  à  faire  sa  voloiilé. 

L'empereur  persécutait,  en  elTet,  les  disciples 
de  Jésus-Chri>l  et  s'allai|uail  de  préférence  aux 
chrétiens  dune  plus  liauie  noblesse.  Aussi  Kleu- 
thère  ne  tanla-l-il  pas  à  frapper  son  attention. 
Il  conçut  le  dessein  de  l'arrêtera  et  ordonna  à 
Félix,  l'un    '  '    'taux,  de  passer  en  lllyrie 

et  de  lui  ■  ■«  le  saint  eTèque. 

lie  «éii'  I  11  .111  .i>e.-  une  uoiiilneu-'e  troupe 
de  folilat-  aiiiié-.  et  lit  cerner  de  toute»  parts 
l'i^^'lise  nii  «e  trouvait  saint  Eleutliére.  l.ui-méme, 
for-aiit  l'entrée,  pénétre  jusque  dans  l'assemblée 
des  lidile^.  Le  saint  év.*ijue,  a'si>  sur  sa  chaire, 
aniioiii-ait  sans  se  troubler  la  parole  de  Dieu  à 
son  peuple.  Le  général  païen  se  mit  i  écouter 
avec  curiosité  une  doctrine  si  nouvrlle  pour  lui. 
l'eu  à  peu,  la  lumière  se  faisait  dans  son  esprit, 
la  beauté  des  vérités  chrétiennes  et  la  sainteté  de 
la  morale  évaii^'élique  ravissaient  son  Ame.  la 
tendresse  paternelle  et  la  piété  du  pontife  le 
ctiarniaient,  ses  préju;:és  païens  tombaient  les 
uns  après  les  autres,  enlin  c'en  était  fait,  la 
u'rlce  de  Dieu  aidant,  le  loup  était  devenu  une 
brebis  Adèle  et  le  perséi'uleur  un  disciple.  Au 
lieu  de  mettre  la  ronin  '•ur  Kleuthére  pour  le 
conduire  chargé  de  •■hulii>'S  à  l'empereur,  il  va 
se  jeter  à  ses  pieds.  <>elui-ci  le  reçoit  avec  la 
bonté  d'un  père,  lui  adresse  des  paroles  de  paix 
et  rominfuie  à  l'instruire  des  tentés  de  la  reli- 
(.'ion  chrétienne. 

soir  DV   1IABTT1IB  —  BA 


Saint,  dan»  I. 
les  >;r.'ice!i  d< 


r.'i; 


ai.iil  en.  .11  .■   I.iiili 


l'im,    l.leu! 
Il  de  te» 
I  un  uxuivau  Oivu,  qui  non 
cimme  tous  !"•  homme»,  n. 


ne  , 

neii 
Chri 


la  plus 
I   nrioe  d 


-e?     Uiu 
&    ce    II 


Félix  ne  voulait  plu»  retourner  vers  celai  fui 
l'avait  envoyé,  mais  Eleulhére,  dans  son  ardeur 
h  donner  *a  vie  pour  JéMjs-CbrisI,  ne  voulut 
lias  attendre  que  de  uouC-iux  énii->saire-  de 
rrinpereur  vin^oent  le  clienlier.  Il  avait  soif  lu 
martyre,  rumine  d'.in(r<>s  souhaitent  un  ferlin. 
Il  (ibti;:ea  donc  le  nouveau  mnverti  de  le  con- 
duire à  Home  m'Imii  le«  ordres  de  l'empereur. 

l'eiidaiit  II-  voyaue.  Félix  fut  baptisé  par  saint 
Eleiilb-'iH,  r.iinine  autrefois  l'eunuque  d  Ethiopie 
par  saint  riiilip|>e. 

SAI.NT  ELELTIIEIIK  DEVANT  L'eMPKREUM 

L'arrivée  de  saint  Klcuthérc  à  Rome  fit  kTainlu 
sensation  dans  toute  la  ville.  L'empereur  ordonna 
de  le  faire   rninpar.iitre  devant  -on  tribunal.  Le 

*,.ii 


■■imMirai  des  plus  «ranils  honneurs;  si  lu 
cluses,  je  l'tatli;;er»i  les  supplices  les  plus 
luels.  •• 

Kleuthère  se  souvint  alors  de  ces  parole*  de 
Notre-Seij,'neur  :  IJimnd  on  tous  conduira  dev/inl 
la  juges,  ne  \ou<  luetUz  ptis  en  veine  Je  ce  i/i/c 
1  «III  réitoiètiiyz :  ii  tout  «'''»  ouïr.''  ihnné  une 
sagesse  a  laquelle  on  iit  pourra  n^sisler.  Fcvrt  de 
cette  promesse,  il  s'écria  :  "  Comment  poiirrais- 
je  consentir  à  servir  de  tels  dieux".'  ne  dois-je 
pas  plutrtl  vous  conseiller  d'abandonner  leur 
iiille:  SI  vous  n'accédei  à  ce  dé^^ir,  je  i>leurerni 
^nr  votre  démence,  parce  que  Dieu  vous  ayant 
honoré  jusqu'à  vous  donner  la  raison,  vous  êtes 
devenu  plus  vil  que  le  bois  et  la  pierre  que  vous 
prenez  pour  des  dieux,  et,  pour  les  adorer,  vous 
abandonnez  Ir  seul  Dieu  qui  a  créé  l'univers;  il 
est,  en  elTel,  de  toute  vérité  ijue  le  ciel  et  la  t'rre 
sont  l'u-uvre  de  ses  mains.  .Mais  dan-  cet  uni- 
vers, l'u'Uvre  la  plus  parfaite  et  la  plu-  précieuse, 
c'est  riioinnie,  c'e-t  n'>u--niéme.  Ile  même  que 
dans  un  coniliiit  livré  la  nuit  on  frappe  au  basurd. 
ami  ou  ennemi,  di'  même,  dans  la  nuit  de  ri:;no- 
rau'i',  nous  combattons  outre  outre  propre  Sei- 
gneur et  .Maître,  tandis  que  nos  véi  ilables  ennemis 
sont  les  di'mons  auxquels  iihu-  rendons  de 
grands  boiineurs  pardes  s.icrilices  inu'imbrables. 
>'  Pour  moi,  je  le  confesse  liautemenl,  je  reste 
attacbé.i  mon  ."^ei^jneur  et  lui  deiiieuri-rai  toiijours 
fidele.  Je  servirai  le  Christ,  cl  soulîrir  pour  lui 
toutes  sortes  d'injures  et  de  supplices  ne  me 
sera  qu'un  jeu  il'enfanl.  Ainsi  que  \v  dirait  le 
({rand  docteur  saint  l'aul  :  "  Le  monde  e-t  mort 
pour  moi.  et  moi  je  suis  mort  pour  le  inonde: 
me-  délices  et  ma  joie  sont  de  mourir  pour  Jésus- 
Christ.  » 

i-:<  LIT  d'ai*aln  imULANT 

DiriBKT    OOMM   UN    LIT    MoKLLKl'X 

Ces  paroles  d'Kleulhère  irritèrent  l'empereur, 
qui  lit  ap|>orter  un  lit  d'airain,  sous  lequel  on 
plaça  un  br.isier  .-irdeal.  Saint  Kleuthère  fut 
étendu  sur  le  lit  et  les  bourreaux  aUisérent 
encore  le  feu. 

Toute   la  ville  de  Moine  éi 
spectacle  rt  tou-  s'indi^'iiaienl  i.r 

faire  périr,  comme  le  dernier  i,i> 

bomiiie  si  illii<(r«  p.ir  -on  raii  i  •■  . 


lui. 


i'.ii  llll.'  le.    iiiiJ 

deiir  des  llaiiiiii 

r ■  'ir  un  li 


'III tii, 


I 


eut  rafrairhi  ses  iiieiiibres. 
,ie|.|iie   temps  ■'••  ■  ■•     il'  i.ii..' 


a''Ien-e 
et  s.iint 


,1.1. 


l'empereur,   iiu'i'anl  que 

expii'  ,  la  I  1  1  '  iii  ■  1     I  ' 
aui'une    I  I 


Il  (iiittn  I 
.     -     Je    V 

-e.  I.. 

liantes  de 
linirable» 
.1  ves  U;U>  I 


1 1  acou 


L  HiiLi  sua  Lt  m;  —  xocvtAi'  maASU 


•    ■•'*,     ■■*■■•     •     -•■ii'it     .■■i\         -''■i'<i--iiii'i.iijiijit|i, 

"acrilie  aux  dieux  imninrleli.  5i  tu  le  fais.  Je  te 


Se  tnarnani  ensuite  vers  l'empereur  .'"nevarde- 
iuoi,  lui   dil-il,  tu  c  !•■   f.iire  > 

par  le  feu?  Ueronu  <  uont  cclu 


te  prêche,  mais  reconnais  en  même  tetnps  Tim- 
puissauce  de  les  dieux.  " 

Adrien  se  crut  insulté  par  cette  courageuse 
liberté  de  lani'aiie,  et,  craignant  les  moqueries 
du  peuple  ^il  restait  vaincu,  il  imagina  un  sup- 
plice plus  violent.  Il  l'ait  apporter  un  iiril  de  fer, 
on  V  étend  saint  Elentlière  pour  le  faire  rôtir  ou 
brûler  au-dessus  d'un  grand  brasier  dont  on 
s'efforce  d'activer  la  flamme  en  y  versant  de 
l'huile  en  abondAnce.  Mais  que  peut  la  malice 
des  hommes  contre  la  puissance  de  Dieu?  Cette 
huile  se  chan!.'e  en  une  douce  rosée  qui  éteint  le 
feu,  et  fe  martrr  se  lève  de  ce  lit  épouvantable 
aussi  joyeux  et  aussi  intact  que  la  première  fois. 

Il  semble  que  de  tels  miracles  auraient  dû  con- 
vaincre l'empereur  de  la  puissance  du  vrai  Dieu. 
Il  n'en  fut  rien.  Dans  l'obstination  de  son  orgueil, 
il  ne  pense  qu'à  imaginer  de  nouveaux  supplices. 

TROISIÈllE   SUPPLICE 

Les  bourreaux  placent  sur  le  feu  une  grande 
chaudière  qu'ils  remplissent  de  cire,  de  poix  et 
de  graisse.  Quand  tout  cela  fut  devenu  un  liquide 
bouillant,  .\drieri  dit  à  Eleuthèrc  :  ■<  Voilà  ce  qui 
t'attend,  sauve  ta  vie  tandis  que  tu  le  peux  encore, 
ne  reste  pas  ainsi  entre  la  vie  et  la  mort;  les  hon- 
neurs que  je  t'ai  promis,  je  te  les  oITre  encore. 
Vois  mon  amour  pour  toi,  je  t'aime  comme  un 
père  aime  son  fils.  Je  le  jure  par  nos  dieux 
immortels,  jamais  je  ne  soullrirai  qu'un  honune 
d'une  si  noble  naissance,  aussi  bon  elaussi  savant, 
d'une  beauté  aussi  ravissante,  se  jette  lui-même 
dans  le  péril  et  la  mort  sans  aucun  autre  motif 
que  son  opiniâtreté  vaine  et  inutile.  » 

Saint  Kleuthère,  avec  une  (fratideur  d'âme 
incomparable,  repousse  toutes  c<'s  faveurs  mon- 
daines et  celle  compassion  traîtresse;  il  compare 
lepersécuteurau  loup  d'Arabie  tendant  des  pièges 
aux  brebis  du  troupeau,  et  linit  en  disant  :  '<  Fais 
tout  ce  que  tu  veux,  jamais  je  ne  clianiierai  de  sen- 
timent, jamais  je  ne  renoncerai  à  Jésus-Christ.  » 

.Adrien,  blessé  dans  son  orgueil,  ne  répondit 
rien,  mais  il  lit  sisne  aux  bourreaux  qui  s'em- 
pressèrent de  plon:.'er  le  saint  év.ique  dans  la 
chaudière.  Comme  autrefois  l'apôtre  et  évangé- 
liste  «ainl  Jean,  le  martyr  sortit  de  la  chaudière 
d'huile  bouillante  comme  d'un  bain  salutaire  et 
mieux  portant. 

LA  PRIKHE  DU  NOUvr.L  KTIENNE 
CONVKIISION    AOSUHAllLS 

L'empereur  restait  immobile  et  muet  d*  stu- 
peur. Le  prélet  de  la  ville,  nommé  Corèlx",  était 
réputé  excellent  inventeur  de  supplices  contre  les 
chrétie[i>  dont  il  n'iunorait  pas  entièrt-nient  les 
do^'mes.  Il  résolut  dou'  ,  pour  tirer  Adrien  de 
son  embarras,  d'ima{,'iner  un  tourment  plus  cruel 
et  plu»  efllcare  que  les  précédents  :  •■  l'rince, 
dit-il  à  l'empereur,  j'ai  trouvé  un  nioyeii  de  vous 
délivrer  de  ce  jeune  homme  i|ui  méconnaît  von 
ordre».  O"'""  apporte  un  ("urneau  en  bronze, 
sarni  au  dedans  de  pointes  de  fer  très  aif.'ucs.  ■> 

La  proposition  |dut  beaucoup  à  l'empereur  qui 
m  apporter  l'instrument.  Le  martyr,  les  yeux 
élfvés  au  ciel  et  le  visaf;e  radieux,  s'écria  :  •■  Je 
von»  rends  grâces,  f>  Seigneur  Jésus-Christ,  mon 
Iheu,  de  ce  que  vous  dai;.'ne7.  me  combler  de  tant 
lie  faveurs;  je  vous  rends  cr^'ires  de  ce  que  votre 
puissante  main  m'a  revêtu  d'une  -i  grande  force. 
M.iinteriant,  recarde;.  <^u  haut  <lu  ciel  et  voyex 
que  font  contre  moi  ceux  qui  vous  haïssent. 

■  livrc/.-nini    de   leurs   filets;   sauvei-moi.   vous 


qui  êtes  la  bonté  même,  sauvez-moi  J-s  mains 
de  CL'S  liommes  sanguinaires,  que  tous  recon- 
naissent que  vous  êtes  le  seul  Dieu  dans  tous 
l'unit  ers.  »  Puis,  comme  faint  Etienne  premier 
martv  r,  il  ajoute  une  prière  (lOuc  ses  bourreaux  : 

"  touille/,  leur  cu'ur,  ù  Seigneur,  Dieu  de  mi- 
séricorde, dit-il;  fait<.>8  que  tous  connaissent 
votre  saint  nom  et  amvnez-les  à  obéir  à  votre 
volonté,  alin  que  tous  s;u'lient  que  vous  êtes  le 
seul  vrai  Dieu  et  qu'ils  abandonnent  le  cuite  des 
idoles.  ■> 

l.a  prière  du  se'uéreux  martyr  monta  vers  ie 
ciel  et  fut  à  l'instant  exaucée.  Corèbe,  qui  venait 
d'enleiulre  les  touchantes  paroles  de  sa  victime, 
senlit  la  cràce  descendre  en  son  âme.  et,  soudain 
chan:;é,  il  se  tourne  vers  l'empereur  :  «  Mais  pour 
quel  crime,  s'écrie-t-il,  pour  quels  inalélices 
Eleuthere  est-il  donc  condamné  à  ces  supplices'? 
Quelle  est  la  cause  d'une  mort  si  cruelle"? 

—  T'ù  aussi,  Corèbe!  dit  l'empereur,  en  jetant 
sur  le  préfet  un  regard  de  surprise  et  de  colère. 
(Juê  t'est-il  donc  arrivé?  Aurais-tu  reçu  de  l'or 
tl£  la  mère  de  ce  misérable  pour  clianirersi  subi- 
tement de  résolution?  Et  qui  pourrait  te  donner 
mieux  que  tu  n'as  reçu  de  moi?  loi  qui  n'as  de 
cousidéralion  dans  Kome  que  par  mon  amitié  et 
les  richesses  dont  |e  t'ai  comblé.  En  d'''sires-tu 
davantage?  fout  r«  qui  est  à  moi  t'appartient, 
tous  mes  trésors  te  sont  ouverts,  viens  y  puiser 
à  pleines  mains  et  ne  te  laisse  pas  tiaiiuer  par 
les  quelques  pièces  de  monnaie  d'une  femme,  n 

Coriîbe,  illuminé  par  les  prières  du  martyr, 
lit  celte  admirable  réponse  :  '  (Jue  tes  récom- 
penses périssent  avec  toi!  Que  Ion  ari;enl  soit 
consumé  par  le  feu  qui  te  dévore!  Mais  ponr- 
quoi  persister  dans  ton  aveu;,'lement  et  vouloir 
chan:;er  ce  qui  est  immortel,  et  cela  quand  In 
sais  par  expérience  qu'aucun  de  tes  dieux  ne  pouf 
sauver  ceux  qui  sont  livrés  aux  llaiiimes.  Au 
contraire,  le  Dieu  qu'adore  Eleulhère  l'a  rendu 
plus  puissant  i|ue  le  feu  et  que  tous  les  supplices.  .> 

On  a  coutume  de  dire  que  les  fortes  amitiés 
produisent  des  inimitiés  aussi  fortes.  Nous  en 
voyons  ici  un  exemple,  car  l'empereur,  comme 
fou  de  colère,  voulu^'unir  Corèbe  p.*r  le  sup- 
plice même  qu'il  "ail  conseillé  d'employer 
contre  saint  Eleulhere.  Il  le  fit  donc  enfenner 
dans  le  four  ^arni  de  pointes  et  cliauiïé  par  un 
feu  ardent,  mais  Corèbe  en  sortit  sain  et  sauf; 
et  Adrien,  faliyué  de  l'impuissance  de  ses  sup- 
plices, ordonna  de  trancher  la  tête  au  préfet. 

Corèbe  fut  ainsi  baptisé  dans  son  sang  et  snana 
en  quelques  instants  ce  trésor  que  d'autres 
désirent  pendant  longtemps. 

LE  mihaci-k  nK  la  focb.vaise  de  babylo.ne 

Adrien  revint  alors  à  sa  première  victime,  qui 
fut  jetie  à  son  tour  dans  le  four  embrase,  m.iis 
ce  fut  encore  iuutileraent.  car  le  feu  perrlit  sa 
force,  et  les  ai;;uilles.  respectant  les  chairs  de 
saint  CIculhère,  replièrent  leurs  pointes,  de 
sorte  que  le  martyr  était  libre  dans  ce  four, 
comme  autrefois  les  trois  jeunes  princes.  An.inie. 
A/.arie  et  Misaél  dans  la  fournaise  de  Habylone. 

A  celle  vue,  la  foule  s'écria,  ravie  d'admiration  : 
'<  Il  est  grand  le  Dieu  des  chrétiens,  il  est  puis- 
sant le  Dieu  que  proche  Eleulhere.  "  Jadis 
>iabu<  hodouosor  rer  aussi  cloire  au  vrai  Dieu, 
en  voyant  les  trois  j  :unes  hommes  sauvés  des 
flammes  de  sa  fournaise.  Adrien  eut  moins  de 
f.T,indeur  d'Ame,  il  se  lut  dans  une  muette  race. 
et  lit  renvoyer  le  martyr  en  prison.  Puis,  réii- 
niss.int  les  lidèles  ministres  do  ses  cruautés,  ils 


délibérèrent    ensemble    sur    le    supplice    qu'on 
pourrait  infliger  à  paiut  Eleuthère. 

UNE  COLOHGE  APPORTE  AU  MARTYR  SA  NOUBRITl'aB 
CHEVAUI  DOMPTA  PAR  IN  ANGE 

A  bout  d'inventions,  Adrien  eut  recours  &  la 
faim.  Il  (il  enfermer  le  coura^'eux  évéque  dans 
une  prison  très  étroite,  dont  personne  ne  pou- 
Tait  apurocher;  mais  Dieu,  qui  avait  autrefois 
nourri  le  prophète  Klie  par  le  ministère  d'un 
corbeau,  envoya  à  son  martyr  une  colombe  qui 
lui  apportait  chaque  jour  de  quoi  vivre  dans  ce 
cachot. 

L'empereur  s'en  étant  aperçu,  commanda  qu'il 
fût  attaché  à  une  charrue  tirée  par  deux  jeunes 
chevaux  indomptés,  et  qu'on  les  hkhât  dans  la 
campQ;:ne  alin  que  ses  chairs  fussent  déchirées 
par  les  pii'rres  et  les  épines  et  toutes  les  aspé- 
rités des  champs. 

Le  tyran  croyait  bien  que  les  chairs  de  sa  vic- 
time ne  larderaient  pas  a  voler  en  lambeaux  et 
qu'elle  expirerait  dans  ce  supplice.  Mais  Dieu, 
pour  le  salut  de  plusieurs  Ames,  voulut  bien 
manifester  encore  sa  puissance  divine  par  un 
miracle.  Ln  antie  parut,  qui  dompta  soudain  ces 
chevaux  féroces;  quand  il  eut  détaché  saint 
Kleutlière,  il  le  plaça  sur  la  charrue,  et  les  che- 
vaux le  conduisirent  ainsi  paisiblement  sur  une 
colline  voisine.  Là,  il  ollril  un  sacnlice  de  prières 
et  de  louaniies  au  Tout-Puissant  qui  l'avait  déli- 
vré, et  le-  animaux  des  forêts  accouraient  autour 
de  lui,  louant  et  adorant  Dieu  à  leur  manière  par 
leur  docilité  et  leur  obéissance. 

SAINT  ÉLEUTHkRE  EST  DEFENDU  PAR  DBS  BètES  FÉROCES 
CONVERSION    DE   PLUSIEURS    SOLDATS 

Après  quelque  temps  de  si^jnur  sur  cette  mon- 
tapne,  le  Saint  fut  découvert  par  des  chasseurs. 
Oux-ci.  rmerveillés  du  spectacle  des  animaux 
sauva^-es  qui  l'entouraient  sans  lui  faire  aucun 
mal,  en  allèrent  avertir  l'empereur.  Adrien,  plus 
cruel  que  Jes  animaux  eux-inêmes,  envoya  des 
soldats  armés  pour  s'emp^r  d'Eleulhi-re,  mais 
le-,  bètes  féroces  se  jetèrent  >ur  les  ennemis  du 
Saint  et  peu  s'en  fallut  qu'ils  ne  fussent  tous 
rois  en  pièces;  c'eût  été  l'aiïaire  d'un  instant,  si 
saint  Eleuthère  n'eût  arrêté  ses  terribles  défen- 
seurs, et  ne  leur  eût  ordonné  de  retourner  dans 
leurs  forêts. 

I.CS  soldats  purent  alors  sans  crainte  exposer 
l'objet  de  leur  mission.  Le  Naillant  athlète  fut 
heureux  de  le.*  suivre,  et,  durant  le  voyage,  il  les 
exhortait  à  pn-ndr»-  fxeiiiple  sur  ces  animaux 
•  r\-  raison,  qui  l'avaient  d'^fendii,  et  à  recon- 

tre  eux-mêmes  le  Créateur  et  le  Maître  de  la 
ii.ilure  entière.  Il  leur  parlait  ensuite  du  ciel  et 
de  l'enfer  et  les  instruisait  ainsi  le  lonc  de  la 
routf  avec  une  ^'rande  force  et  une  grande  \>Mé, 
si  bien  que  beaucoup  de  ces  soldats,  illuminés 
pnr  ses  paroles  et  par  la  grâce,  embrassèrent  la 
:ci  chréiicuxie. 


SAINT    ÉLEL'THÈRE   ET   LES    LIONS 

Dès  que  saint  Kleulhère  fut  arrivé  à  Rome, 
Adrien  assembla  son  Conseil  pour  avoir  les  avis 
de  ses  ministres  sur  les  supplices  nouveaux  à 
infliger  au  martyr. 

Quand  tout  fut  préparé,  le  peuple  accourut  en 
foule  pour  être  de  nouveau  témoin  de  la  puis- 
sance du  Christ.  Saiut  Eleuthère  devait  descendre 
dans  l'arène  selon  que  l'avait  décidé  le  conseil 
de  l'empereur,  l'ne  lionne  des  plus  féroces  fut 
tout  d'abord  lAchée  sur  le  martyr.  L'animal 
s'élança  avec  impétuosité  sur  sa  proie;  mais 
arrivée  près  du  Saint,  loin  de  le  déchirer  et  dé 
lui  faire  aucun  mal,  cette  lionne  le  caressait  et 
lui  léchait  les  pieds.  Ce  spectacle  attendrissant 
ne  fit  rien  sur  le  cu'ur  de  fer  du  barbare  empe- 
reur, qui  ordonna  de  lancer  un  lion  dans  l'arène. 
Mais  celui-ci  respecta  éfalenieiit  saint  Eleuthère; 
il  se  coucha  à  ses  pieds  et  se  mit  à  le  caresser 
comme  un  chien  lidèle  caresse  son  maître.  Les 
spectateurs  ne  purent  plus  contenir  leur  admi- 
ration, et  de  toutes  parts  on  s'écria  :  «  (Ju'il  est 
f,Tand,  le  Dieu  (ju'adore  Eleuthère!  "Cependant, 
d'autres  attribuaient  ces  merveilles  à  des  malé- 
jices,  mais  à  ceux-là  Dieu  n'accorda  pas  sa  grâce 
à  cause  de  leur  persévérance  dans  leur  aveu- 
t;lemeut. 

MORT   DE   SAINT   h'i.ECTIlÈRR 

L'empereur  ne  comprenait  rien  k  ce  qui  se  pas- 
sait, et  son  or^îueil  confondu  ne  faisait  que  le 
rendre  plus  aveugle.  Voyant  que  tout  cédait  «levant 
le  martyr,  il  fut  obligé  d'user  du  dernier  moyen 
et  condamna  saint  Eleuthère  à  être  d>-capité. 

Le  filaive  mit  tin  à  tant  <le  merveilles  qui  n'a- 
vaient pu  ouvrir  les  yeux  de  l'empereur,  et  saint 
Eleuthère  ayant  cueilli  la  palme  du  martvre  qu'il 
avait  tant  désirée,  alla  recevoir  dans  le  ciel  la 
récompense  de  sa  fidélité,  le  iSavril  de  l'année  I  tO. 

«\BTTBE  DE  SAINTE  ANTHIE 

Sainte  Anthie  se  jeta  sur  le  corps  de  son  (Ils 
pour  le  baiser.  (Juflle  scène  touchante  de  voir 
cette  courateiise  ni>Te  allant  au  miliru  de  l'arène 
recueillir  les  dépouilles  de  son  lils.  .Mais  le  cieiir 
lies  impies  est  plus  dur  que  l'airain;  ils  ne  crai- 
gnent pas  il'enlever  la  vie  h  une  mère  qui  tient 
son  enfant  dans  ses  bras.  C'est  ainsi  que  sainte 
Anthie,  saisie  par  deux  ministres  de  la  fureur  du 
tyran,  fut  mise  à  mort  par  le  trnnchanl  île  l'épèe, 
et  son  corps  di-mcnra  attaché  à  celui  de  son  Ois 
comme  leur»  Ames  étaient  unio«  dan»  une  même 
gloire.  El  ainsi  se  réalisa  A  la  lettre  celte  parole 
des  Saintes  Ecriture»  :  Mulrem  pittpler  fitium 
I.Tl<in(i-m  :  le  fil»  fait  la  joie  de  sa  mère. 

Quelques  chrétiens  de  l'Illyrie,  qui  avaient  été 
témoins  de»  combat»  de»  ilewx  martyrs,  recueil- 
lirent spi-relement  leur»  dé|ioiiillrs  c  ' 

lireiit   avec   un    crand    respect.    ('.. 

reliques  furent  dans  la  suite  lransp>>i  : 

où  elle*  sont  encore  véneries  de  no*  Jours. 


Iinp  priant  L.  I  ii(iiu.'ai,  9,  lue  l^r4U^ui<  !■  ,  l'iii» 


SAINT    LÉON    IX.    PAPE 


Fête   le    19   avril. 


;w^M\ajtg»gfcgotg<gcg<g«»gtf<g<g^g<»»g^«^g<g^g<^»<»s:»gg*»ca<g<g<gtg<j^g^g^g<g^ftf<g<gft»<gtt»x»J 


SAINT  LEON    IX    NAIT    EN    ALSACE    —    SON    ADOLESCENCE 
TERRIBLE    AVBNTUBE 

Saint  Léon  IX  naquit  le  21  juin  1042,  sur  les 
confins  de  la  <>  dnure  Al-^arp  -,  de  parents  nohii's 
et  verluoux.Son  prre  était  Huaues,  comte  d'Et'i-^- 
heim,  cousin  germain  de  l'empereur  Conrad 
le  Saiique,  qui  gouvernait  alors  l'AllemaKne.  Sa 
mère  s'appelait  Heiwide;  il  recul  au  baplOme  le 
nom  df  Bruno,  et  fut  consacré  par  sa  mère  au 
Seit:neur,  au  moment  de  sa  naissance.  Quand 
lenfant  eut  alleini  Tàge  de  cinq  ans,  la  pieuse 
Il  plaide  jugea  que  l'heure  d'accomplir  son  vceu 
'■tait  venu  el  que  Ftruno  appartenait  dès  lors  à 
Dipii.  Elle  !'■  remit  entre  les  mains  du  vi'Miérable 
év.''rjue  de  Toul.  Herthf>ld,  qui  dirigeait  une  école 
flon-tsanle  dans  ^-on  palais  épisi'opal. Celle  é.-ole, 
où  toute  la  nolilcsse  de  Lorraine  envoyait  ses 
flN.  était  disciplinée  comme  un  monastère,  sous 
la  rètrlp  du  patriarche  saint  Hcnoîl;  Firuno  fut 
conri''  particulièrement  aux  soins  d<'  son  parent 
Aililbi-rmi.   lll'i  du    pririre    Fri''iW'Ti(    'If    I.uxem- 


bourg,  qui  achevait  alors  le  cercle  de  ses  études 
scolastiques,  et  qui  était  l'exemple  vivant  de 
toutes  les  vertus.  Bruno  l'aima  bientôt  comme 
un  père,  et  l'imita  comme  un  modèle.  Sous  sa 
direction,  il  fit  de  rapides  progrès  dans  les  lettres 
humaines  en  même  temps  que  dans  la  piété.  Ses 
études  scolastiques  terminées,  il  devint  l'égal 
d'.\dalbéron  par  le  talent  et  la  science,  sans  cesser 
de  le  chérir  et  de  le  vénérer.  Ils  s'exerçaient 
ensemble  aux  luttes  oratoires  du  barreau  et  aux 
tournois  pacifiques  de  la  poésie.  Ce  doux  com- 
merce d'une  amitiésainte  n'était  point  interrompu 
par  la  saison  des  vacances  scolaires.  IN  les  pas- 
saient ensemble  dans  les  chAteaux  de  leurs 
parents  communs,  lin  soir  d'été,  comme  ils 
étaient  à  Ktrislieim.  il  advint,  dit  un  chroniqueur 
contemporain,  qu'après  leurs  prières  acroulu- 
inées,  les  deux  ami-*  se  retirèrent  chacun  dans 
l'appartement  qui  lui  était  destiné.  Bruno  ne 
tarda  [loiiit  à  s'emlorniir.  Uuranl  son  sommeil, 
un  horrible  reptile  s'introduisit  dans  la  rhambie. 
innni.i  jinque  ^iir  le  viH,Ti.'e  du  jeune  homin"    e( 


9 1.1 


se  mit  à  FUcer  le  sana  à  Jivers  enJioii-  en  per- 
•  ant  la  chair  vive.  Eveillé  par  une  douleur  atroce, 
lirunopotusann  cri  et  s"flanraliors  de  ya  couche; 
d'un  coup  Tieourfusemenl  asséné,  il  ftl  tomber 
l'animal  sur  le  ciussin. 

Les  serviteurs,  attirés  par  le  hruit,  accoururent 
près  de  kur  jeune  maître.  Il  leur  fut  impossible 
de  retrouver  le  hideux  reptile,  mais  les  morsures 
empoisonnées  qu'il  avait  fait''.-  n'étaient  que  trop 
visiMe».  Tout  le  visase.  le  cru,  la  poitrine  du 
jeune  homme  se  laméii'Tont  au  point  de  lui 
faire  perdre  l'usat'c  de  la  parole.  Il  r>sta  di'ux 
mois  en  cet  état;  prndant  ce  temps,  Adalbéron 
ne  le  quittani  le  jour  ni  la  nuil.  I.'endure  croissait 
toujours,  HuLU.  f  <  t  Helwide  n'attendaient  plus 
tiu'une  issue  ialale,  Adalbéron  redoublait  de 
prières.  Tout  à  coup,  à  nn  moment  on  il  se  trou- 
vait seul  pri-  du  malade,  il  le  vit  se  dresseï  sur 
son  -<'.,ht.  .^es  lèvres,  si  longtemps  fermées, 
s'ouvnn  ni  sans  effort  :  "  Je  suis  piiéri,  dit-il;  un 
vieillard  à  cheveux  blancs,  environné  d'une 
aun  lie  céleste  et  que  je.  crois  être  le  p.itriarchi- 
sailli  Henoit,  vient  de  m'ai'parailre.  Il  a  touché 
nu-  lèvres,  mes  joues,  mon  oreille  i  l'endroit 
des  morsures,  et  le  venin  a  disparu.  «  Adalbéron 
appela  les  pieux  p.irenls  qui  accourorent  en 
versant  des  larmes  de  bonheur.  Ix-ur  fil»  était 
coinplèlement  ^'uéri.  cl  l'ieu  peimit.  pour  attes- 
ter la  vérité  du  miracle,  que  les  cicatrices 
demeurassent  toujours  marquées  sur  le  visat'c 
du  Dienbcureux. 

naUNO,    i:HAPrLAI>     de    L'gMPERtCH    CONBAB, 
EST   rX.V    titQlK  DI    TOUl 

Vers  cette  époque  (IOJR\  Brnnr.  perdit  son 
bien-aimé  maître  l>i-rtbold,  évéquc  ue  Tonl.    Il 

fut  remplacé  sur  b     ■'•  "   •'■ ;•  '  ""  ^'-^ 

noniiné  Ibrman,  <{ 

saint  jrunc  homme   .■..-'■': ,     :  u  .   . 

à  entrer  dans  le  Chapitre  canonial  de  cette  vilb-. 
l'eu  après,  cédant  anx  vo-iix  île  ses  parenU, 
Uruno  alla  s'adj(>indrB  anx  clercs  de  la  chapelle 
ini|>èriale  dans  lo  palai*  de  Conrad  le  Saliqiie. 
L'empereur  aiq>r<iia  proniptement  ses  (rrandes 
qualités:  il  estimai!  surtout  <t  donceur  cl  sa 
modestie,  et  lui  donnait  par  le  tilie  de 

neveu   II  songea  bimt^t  a  li.  -on  jeune 

Age,   pour    qui'lqni-   siéce    il 

Au  printemps  de  l'année  II'-  icsdeTonl 

vinrent  annoncera  rcnipeitui  la  lU'  ri   de  bur 

.  évèqiie,  Ib-rman,  rt  le  choix,  fait  par  la  popola- 

li    I,    cnlit  re,   de   la   personne    de    llriino,    pour 

ii)>or  le  siéfiu   vacant.  (Conrad  ri-fm-a  d'abord 

-'---'      !'    liant  le  peu  d'importance 

;no  lui    repartit   :  «   Je 

.  ■  „  .■■11..  -  .,     ..  .•■•liMirs  du  mon''-    '  ■  ■  ■" 

i.'ié.  le  dénuement,  Ihumilité  dt  Ji 

.    .1. .    11.,  Il  fi   II)  niiidèb'  des  pasteurs.  I l.    . 

du    peuple    de     loul 
humble  et  i>1'-<'ur.  nui 
il.    Je  rrli 

voyei  >  il. 

iino  lUMlaliou 
M  Kn  parlant 
■  III  U  l'ilru  tjiif  lui 

T'.lll,    r4     ']l|l    élail 


:    p.,UI 
pur    un 


dn    cjer^é    et 

i.f  ."i  tid  iiiirii*-*éi 


'     pins 
•Ile  q 


qui    m  e^' 
•  uo  remit    ' 
I    (<».    hil 


Sun  iils,  elle  vous  coniure  de  devenir  --on  père. 
Ici  vous  pourrez  redire  la  parole  ilu  bon  pasteur: 
«  Je  cannais  mes  l>rebis  et  mes  brebis  uie  con- 
naissent, M 

En  achevant  la  lecture  de  cette  lettre,  Conrad 
ne  put  contenir  son  émotion:  il  céda  et  laissa 
partir  son  très  doux  neveu.  Celui-ci  fut  reçu 
à  Toul  avec  enthousiasoie.  Son  sacre  fut  retardé 
Jusqu'au  0  septembre  )(127,  parce  qu'il  n'avait 
point  encore  l'Age  canonique:  mais  il  sut.  dans 
l'administration  de  sou  diocù>e,  suppléer  à  ce 
défaut  par  sa  vertu  et  son  talent.  Le  bien  spiri- 
tuel et  temporel  de  «on  troupeau  était  -on  unique 
préoccupation.  Il  «'y  consacra  lui-même  avec  la 
plus  grande  générosité,  et  é|iulsa  en  bonnes 
o-Hvres  l'héritage  paternel.  Au  milieu  «les  diffi- 
cultés sans  nombre  qui  l'environnaient,  il  allait 
chaque  année  puiser  à  Rome,  auprès  du  prince 
des  i.asteurs,  le  courat^e  nécessaire  pour  ne  point 
défaillir. 

Cette  dévotion  extraordinaire  et  les  miracles 
que  Dieu  fai«iit  par  le  moyen  de  son  serviteur, 
le  rendirent  populaire  à  Home  et  dans  toute 
l'Italie.  C'est  ainsi  que  le  !sei;.'neur  préparait  à 
Hruno,  sans  que  celui-ci  s'en  doiitAt,  le  chemin 
au  iiAne  pontifical  où  nous  |e  verrons  monter 
bient<)t. 

RKCNO    DEVIKNT    PAIr.    Xai.'  «r    l.l  1 

Ivamase  11,  qui  n'avait  fait  que  passer  sur  le 
siège  de  saiirt  Pierre,  étant  laort  le  «  août  lOWt, 
les  Komains  envoyèrent  une  députation  A  l'empe- 
reur Henri  III,  successeur  île  Conrad  le  Salique, 
pour  lui  demander  de  dési^'iier  le  nouveau 
Pontife,  Le  prince  réunit  h  cet  elfet,  dans  une 
diète,  k  NVomis,  tous  le»  évèques  de  l'empire 
.!i..,>mbre  104S).  .\ussitcM  qn'on  eut  mis  en  déli- 
•n  le  choix  d'un  futur  pape,ti>ules  les  voix 
•tie  iii.nien«e  a-semolée  dési:;iièrent  le 
digne  i  1  Christ,  Hruno,  évéque  de  Toul: 

Lui  riait-(in,  s:iuia  potier  le  fardeau 

de  la  cbHr;,'e  apostoli.|oe.  • 

Après  de  loni:ues  resisi.inces,  le  pieux  évoque, 
ayant  c<insuUé  Dieu  dans  lo  jeune  et  In  prii-re, 
finit  par  répondre:  •■  I'ui«que  von»  le  voulez,  j'irai 
;'i  Rome.  IJi,  si  le  clergé  cl  le  peiipb-,  librement 
et  spr-nlnfiémenl ,  fnnt  choix  de  ma  personne, 
j'  ipe:  siDon,  je  considérerai 

V  nulle.   ■ 

I  elle  ■  "inlili'ii  :ui  le.  Ile  .ivec  mande  joie.  On 
^tAit  «nr,  en  effet,  de  lasseiiUmeol  des  Romains 
i|ui  coiin.iiss.iient  et  aimaient  Hruno.  Celui-ci, 
avant  de  fiMii.  Inr  les  Al]'es.  voulut  revoir  sa 
chère  éclise  de  Toul;  il  r  célébra  av*r  une  fer- 
veur extraordinaire  la  fêle  de  Noël,  Il   y  revêtit 

......1  ,  f ,       ....     ).   .  I..I     ,1,.     I  ..   1,   I  î  11    ,1     I.   tt  If  I    :'i    t.'*'.'     ■  '''lir 

ll\ 
Il' 

être   MU  J"lii  ' 

yuand  i)  1  I 

ni  Ile,  le  peuple  entier  «e  poii 
en    chantant    des    hymnes    .1 
niiiroble   èvéque,  indilTéreut 
.|ui   taillaient   ••'>n   .irriv-e,  rn  1 
!•  b  yeux  I 
pri-re  inin 

■le  pèlrrili  ,1  1.1  iltii.ni,  l  tr  I 

•  Il  Ira  .1   .'^.iinl-PiiTi»   et    * 

t.'itJ  tou»  le» 

■■     t.l 


•ul  a  èi. 


'    ..  ■  ^     !■!     j*  lu  »  I  e     »  Il  »«■ 

urriciire,  vous  et*»  1    \Vi>rui» 


i.l^'ia..     |.'"ji      ii'li     ■■u.    ■■      '|iii      •■tiii     •    ■'       .1.11    li 

I».  Tous  lui  répoudUrcnt  4  iiae   v(i|i  uua- 


nime:  «  C'est  vnu.>  seul  que  nous  voulons  pour 
souverain  pontife.  -  L"buinWe  évoque,  porté  en 
triomphe,  fut  aussitôt  inlrouisé  sur  la  chaire 
apostolique,  1«  12  fémer  104V. 

Ste  LOTTES    ebOKMCSt'^ 

A  cette  époque,  la  liberté  sacrée  de  IKelise 
Itomaitie  était  gravement  menacée  par  l'iiiter- 
vt-ntiofi  abusive  des  empereurs  d"Allema^n'-'.  En 
iTai^coptant  le  souverain  pontifical  qu'apr^i;  une 
'•Ipction  réj-'uliére,  suivant  le  droit  autique,  P.runo 
rendait  à  rEïli>e  un  service  immense. 

Mais  ce  n'était  là  que  le  commencement 
d"autre«  luttes  glorieuses  pour  la  liberté  de  toute 
liyise.  fEglise,  en  ellet,  élail  alors  opprimée 
par  les  princes  et  les  seigneurs,  qui,  au  mépris 
de  ses  lois  saintes,  vendaient  les  dignités  ecclé- 
siastiques à  des  hommes  indignes.  Ain^i,  les  plus 
irraves  désordres  envahissaient  le  clergé,  et  la 
société  ciiri'ticuiie  allait  à  sa  ruine. 

Le  nouveau  pape  pritle  nom  de  Léon.  Il  devait 
imitiT  le  lion  v.iinqueur  de  la  tribu  de  Juda  et 
tcrr-is^er  la  simonie,  le  schisme  et  rimpiélé. 

On  appelait  simomV/io's  les  clercs  indignes  qui 
aT.iit-iit  acheté  4  pri.v  d'argent,  des  princes  laïques, 
l'invosiiture  des  charges  ecclésiastiques  parce  que 
Simon  le  Maf;e  se  rendit  le  premier  coupable  de 
ce  crime.  K  peiue  intronisé,  saint  Léon  IX  iias- 
>embla  un  synode  à  Rome  et  y  fit  définitivement 
condamner  cet  abus  déplorable. 

Au'isitôl  après,  il  se  mit  en  rout«,  se  faisant  le 
propagateur  iufatiKable  de  la  grande  réforme 
qu'il  voulait  établir  dans  toute  l'Eglise  en  rame- 
nant petit  à  petit  évèques,  princes  et  peuples  à 
(k's  sentiments  plus  conformes  à  la  doctrine  de 
l'Kvant.'ile. 

Il  tint  successivement  trois  conciles  à  Pavie,  à 
Reims,  à  Mayence,  où  il  fit  accepter  pour  l'Italie, 
la  France  et  "l'All^-magne  les  décisions  du  synode 
romain.  Il  s'y  montra  le  redresseur  énergique 
lie  toutes  les  violences,  de  toutes  les  injustices 
ecclésiastiques  ou  civiles,  se  réservant  d'être  en 
pratique  plein  de  douceur  et  de  miséricorde 
envers  les  pécheurs  repeiilanls,  autant  qu'il  était 
implacable  pour  ceux  qui  s'obstinaient  dans  le 
rn;U. 

roU» KVr  tES  JIOSASTÈBES  <A\T.ST   RESSUSCITETl 

Avant  de  retourner  à  Home,  Léon  IX,  se  trou- 
N.TOt  en  .\llemai;ne,  voulut  visiter  de  nouveau 
l'Alsace,  »a  dou''<-  patri»».  Son  neveu,  Adalbert. 
'■omte  de  Calvo.  l'niTiia  à  s'arrêter  une  semaine 
lians  son  chAtean,  «ilu<'  au  milieu  de  la  forôt. 
Noire,  dans  la  iii.a'iiiliqiie  vallée  de  Nasold.  Iy«s 
alenx  du  comte  avaient  fondé  dans  c«lte posses- 
sion nu  monastère  qu'il»  avaient  richement 
doté.  Mais  un  de  leurs  descendants,  plus  avide 
<leï  biens  tempor»-!-*  que  des  spirituels,  l'avait 
•  ompUlemcnt  détruit. 

In  jour.  Adallifrt  arcompacnait  le  saint  pape 
^rm  ourle  dans  un--  excursion  sur  la  montnine 
qui  domine  la  vallée  de  N.î(.'old  :  tout  li  rouit, 
Léon  L\  s'arr'^ia  pour  contempler  la  beauté  du 
payoaee  qui  s'étendait  h  «e«  pieds  : 

•  Mon  fll«,  dit-il  tm  comte,  ce  lien  semble 
préde»tini'".  O'""!  emplaremenf  pourrail-on  mieux 

■  hoiMr  pour  ri»'Ter  un  mon.ist*re  nu  l'on  «"han- 

■  rait  unit  et  tour  les  louantes  du  i>ê.iteiir? 

—  Tré«  bienhfiireux  l'ère,  répondit  Ad.ilbflrt, 
iii«  anc'-tre"»  av-nienl  en  la  mi'me  p<'ii'>''e.  C'est 
Kl  qu'il»  araieut  construit  un  monfi«iére  placé 
-OU',  le  patronai'e  de  «tint  Aiiréle.  Mais,  dan»  la 
-rijir.  ,|,.s  tfinp'.  |ri  fervr-ur  primitiTi>    <•  rpIVIia, 


les  religieux  oublièrent  les  sairit\-  !■.'«  de  la 
discipline  et  l'e'tablisseraent  fut  sup;    ;  uf.   . 

Le  Pontife  ne  lit  aucune  observati  n:  -v;  i.-,  à 
peinn  rentré  au  château,  il  se  mit  à  t  .  I  ivr 
toutes  les  chartes  du  monastère,  consul  il  1  i 
iradiliou  et  acquit  la  cei  titaide  que  les  aieu.';  ili 
comte  de  Gaivo  avaietit  détruit  l'abbaye  parpuic 
cupidité. 

Le  lendemain,  il  lit  venir  Adalbert  et  lui  dit 
en  présence  des  ctfdinaux  de  sa  »aite,  ^uls 
admis  à  cet  entretien  soleoiiel  :  "  Très  cher 
neveu,  U  ruine  du  monastère  de  saint  Aurète 
n'est  pas  votre  fait  perfeonnek  mais,  jusqu'ici, 
vous  avel  joui  sans  scrupule  de  biens  repris 
injustement.  Vous  avez  considéré  comme  vôtre 
ce  qui  appartient  à  Dieu  et  à  saint  .\iiréle,  pt 
qui,  loin  d'être  pour  vous  un  élément  de  pros- 
périté, ne  fera  qti "attirer  sur  votre  famille  la 
ruine  et  la  désolation.  Donc,  pour  l'intérêt  de 
votre  dnie,  par  l'autorité  de  Dieu  tout-puissant 
et  des  bienheurea.x  ap<Mres  l'ierre  et  Paul,  nous 
vous  enjoignons,  sous  peine  d'atialhème,  de  réta- 
blir en  son  premier  état  le  monastère  de  saint 
.Vurète.  d'y  rappeler  les  moines  de  saint  ISenolt 
et  de  leur  rendre  tous  les  biens  dont  ils  jouis- 
saient auparavant.  ■• 

Emu  parcelle  allocution  du  pontife,  Adalbert 
se  prosterna,  fondant  en  larmes,  à  ses  genoux; 
il  déplora  sa  négliijcnce  passée  et  phnnit  de  la 
réparer.  Le  pape  le  releva  alîectueusoment  et  le 
bénit. 

Le  comte  se  mit  aussitôt  à  l'œuvre,  tandis  que 
Léon  IX  retournait  à  Home  pour  livrer  à  Satan 
de  nouveaux  combats. 

SAINT   LKON  SOUllKT  LES  NORMANDS   d'aFCLIE 

De  retour  dans  sa  capitale,  le  pape-roi  se  proposa 
de  réprimer  l'audace  dc«  Normands  d'Apulie, 
qui  ravageaient  continuflletnenl  le  domaine  de 
saint  Pierre  el  dont  le  saint  pape  décrit  ainsi, 
dans  une  lettre,  la  tyrannie  : 

«  Des  Till.iges  entiers,  maisons,  éplises,  sont 
par  eux  livrés  aux  llamines  et  tous  les  habilnnU 
écornés.  Certes,  je  ne  veux  pas  la  mort  des 
Normands,  moi  qui  leur  re|>rocho  de  s'être  faits 
le«  meurtriers  et  les  eitcriiiinaleurs  dos  popu- 
lations italiennes  ;  je  ne  désiro  la  mort  d'aucun 
homme  vivant,  mais  je  veux  que  les  lois  divinos 
et  humaines  soient  observées  sur  celte  terre.  » 

Pour  arriver  au  but,  le  pape  ii'épari.'na  aucun 
labeur.  Non  content  d'écrire,  il  alla  lui-même  .'i 
la  oour  de  (ierinaiiie  rappeler  à  l'empereur  l'obli- 
gation de  sa  charse  el  demander  des  secours. 
Cédant  à  ses  instance^,  Henri  III  les  lui  promit. 

Mevenu  en  Italie,  en  103.),  saint  Léon  IX  p  issa 
ci  Home  les  fêtes  de  Pftqoe*,  puis  se  rendit  à 
l'abbaye  du  Mont  Cas^in  pour  y  attenilr.'  l'année 
germaine.  Mais  celle-ci  n'arriva  point,  rar,  au 
moment  où  elle  franchissait  les  .\lfie«.  les  aéné- 
raiix  qui  la  commainlaient  renirenl  l'oiilre  de 
relourncf  on  Allemagne.  S»3nls,  cinq  •liiit'  gnef- 
riers,  parents  ou  amis  du  i-ape,  refusèrent 
d'obéir  et  rnnliniierent  leur  nu  che  vers  l'Apulie. 
Sur  la  roule,  quelque-  ll.'ilieip--  <i"  joicnirent  à 
eux.  I>»  pontife  accueillit  a"--  joie  celle  troupe 
eénér^Ufe  qui  ie  trouva  hi'  iii'''l  en  face  des  Ner- 
iii.miU.  CeiiK-ci,  crnyiiiit  avoir  à  fomlmllre  nue 
noiiibreii>e  armée,  àviiuMil  rassemblé  tous  leurs 
hommes  d'afnies.  l.-\  luMe  s'en«{nt.'ea.  ce  ne  fut 
qu'un  larnfije.  \^t  (lalieni*  s'enfuirent  an  premier 
ihoe,ro,ii»  \l•^  ^nlilat^gercnains.  ou  plniAt  lorrains 
se  firent  tuer  -.m'»  rêiiiler  d'nn  pas.  Ancno  n'eùi 
-iirvê.'u.  ni  le  rhef  norm.ind,  Robert  4;ui*carJ, 
n'ei'ii  fait  resK^r  l<"  maos-irre. 


Le?  vainqueurs  se  précipitèrent  aussifùtsur  la 
ville  (le  Civitelln.  11>  i.iioraient  que  le  |iapey  fût 
enfermé.  A  leur  ;i|  i  r.che,  Léon  IN  iii  iiuvrir  les 
portes  et  se  pré'-eiii.i  itevanteuz.  A  ptiiiereurent- 
ils  reconnu  que,  malgré  l'ivresse  du  coinbat,  ils 
se  prosteriiéiciit  devant  lui,  le  suppliant  de  leur 
pardonni-r  cl  de  les  bénir.  Le  ?aiiit  pontife  leur 
parla  avi-c  >a  mansuétude  aocouluniée  et  tous  les 
cœurs  s'ou\Tirent  à  sa  voix.  Sa  victoire  était 
conipb  1'.  Il  fit  jurer  aux  Normands  de  respecter 
désoi mais  les  droits  de  i'IiUiiianité  et  d'être  en 
tout  les  fils  dévoués  de  l'Efjlise.  Après  la  ratifi- 
ralion  solennelle  de  ce  traité,  il  fut  ramené  en 
triomphe  par  ses  vainqueurs  à  Hénévenl. 

«OBTIFICATIO-    FT  E~PB!T  PE  PRIERE  DK  SAINT  L^ON  IX 

Sa  vie  était  une  mortification  continuelle.  Ln 
tapis  étendu  sur  le  sol,  avec  "une  pierre  pour 
chevet,  lui  servait  de  lit  durant  les  quelques 
instants  de  sommeil  iju'il  s'accordait.  Chaque 
nuit,  il  ri'citait  inté:.'ralement  tout  le  l'sautier 
avec  un  nombre  infini  de  f;énutlcxions.  Le  Jour  lui 
suffisait  a  peine  pour  recevoir  les  pauvres  qu'il 
servait  de  ses  mains  et  auxquels  il  lavait  les  pieds. 
In  soir,  acconijiatiné  d'un  serviteur  fidèle,  il 
rencontra  à  la  porte  de  son  palais  un  lépreux 
couvert  de  haillons  ;  il  le  prit  u.ins  ses  lira>  et  le 
porta  dans  le  lit  de  parade,  toujours  soi^neuse- 
meiil  oiiii-,  de  son  appartement  |iontificaI,  bien 
qu'il  ne  s'en  servit  jamais  pour  son  usaj-'e  per- 
sonnel. Ayenouillè  devant  ce  lépreux,  il  s'entre- 
tint avec  lui  comme  un  père  avec  le  plus  aimé 
de  ses  enfants,  le  couvrit  de  son  manteau,  puis, 
sortit,  ferma  la  porte,  et  se  relira  dans  son  ora- 
toire pour  la  psalmodie  accoutumée.  Quand  il 
revint,  le  lépreux  avait  disparu.  Klait-ce  le  Christ 
en  personne  qui  voulut  peinieltre  à  son  serviteur 
de  le  servir'?.'Sul  ne  le  sut,  à  rexception  du  saint 
pape  qui  eut  uiic  révélation  à  ce  sujet,  mais  ne 
voulut  jamais  en  parler. 

Si  sa  modestie  put  dissimuler  cette  faveur 
céleste,  elle  n'arrivait  point  cependant  à  cacher 
d'autres  miracles  par  lesquels  llieu  manifestait 
chaque  jour  la  vertu  de  >aint  Léon  L\. 

In  paysan  lui  amena,  à  liénèvenl,  sa  lilleatteinte 
d'une  folii'  furieuse,  et  le  supplia  de  la  ^'uérir. 
L'humble  pontife  s'en  excusa  :  ••  Je  ne  suis  point 
dit-il,  un  tiiaiiinaturKe;  si  vous  voulez  un  miracle, 
i-ondui^ez  votre  enfant  au  tombeau  des  saints 
ApAtres.  n 

Mai»  le  père,  obstiné  dans  sa  foi,  insista  telle- 
ni'iil  qui-,  pour  se  dèbarra-ser  de  se.s  iniportu- 
ii;-  -,  le  pape,  rencontrant  sous  sa  main  du  sel, 
!■  I 'iiil  et  en  mit  quelques  grains  sur  Irs  lèvres 
de  la  jeune  fille  en  invoquant  le  nom  duSeinui-ur. 
La  malade  recouvra  aussitôt  la  raison  et  la  santé. 

HORT   DAKS   LA    RASIUOCI  I>r  SAiXT-PIF.HRE 

Cependant,  la   lin  du  bon  combat  approchait 

pniir  ■•■   vaillant  soldat  du  (^hri'-t.  Il  avait  dmit 

iiiprn-e,  et  la  maladii',  douce  II  i  •■ 

ir  céleste,  vint  lui  annoncer  •( 

!••.  !.,<•  12  février  in;i»,  il  i-èl 

••  fois  les  Saint>  Mystères,  el 


iIp    i  ni     Diui. 

(/éliii  '  initiait  rii 

fynode  le*  •»é<|Utk  de>  dtttr*«k  (itutiiue*  enri- 


ronnantes.  Malgré  sa  maladie,  il  les  convoqua 
pour  le  17  avril.  En  ce  jour,  il  les  appela  près  de 
lui,  el  après  les  avoir  suppliés  de  veiller  avec 
grande  vi|,'ilance  sur  le  troupeau  qui  leur  était 
confié,  il  ajouta  :  ••  Je  me  recommande  à  votre 
fraternité,  car  le  temps  de  ma  dissolution  est 
venu.  La  nuit  dernière  (du  16  au  17  ,  dans  une 
vision,  la  gloire  de  la  patrie  céleste  me  fut  mani- 
festée. J'étais  plonjjé  dans  un  transport  exta- 
tique, lorsque  je  reconnus,  parmi  les  groupes  des 
martyrs,  ceux  qui  sont  morts  en  Apulie,  pour  la 
ilèfense  de  l'Eglise  :  <'  Viens  et  demeure  avec 
iii'us,  me  disaient-ils, c'est  par  toi  que  nous  avons 
obtenu  la  palme  des  éternelles  béatitudes.  » 

»  .Mais  une  voix  se  lit  entendre  qui  disait  : 
(I  l'as  encore,  dans  trois  Jours  seulement  tu  seras 
admis  au  nombre  des  élus.  •■ 

"  lionc,  frères  bien-aimés,supporlei-moi  encore 
trois  jours  et  vous  verrei  s'accomplir  en  moi  la 
volonté  du  Scif:;neur.  « 

Après  ces  paroles,  le  pape  congédia  les  évo- 
ques pour  passer  la  nuit  dans  la  prière.  Le  lende- 
main, 18  avril,  il  les  réunit  de  nouveau,  se 
plaça  dans  une  litière,  et  ses  fidèles  .Normands 
le  conduisirent  processionnellemenl  à  la  basilique 
de  Saint-Pierre.  Prosterné  devant  le  tombeau 
du  Prince  des  .Xprttres,  il  fil  une  prière  pour 
demander  à  Dieu  de  protèf-er  -son  E(.;lise  et  de 
convertir  les  pécheurs.  (Juaiid  il  eut  fini,  une 
odeur  délicieuse,  dont  le  parfum  était  supérieur 
à  l'arôme  le  [dus  pur.  s'exhala  de  l'autel  du  bien- 
heureux Pierre.  Le  pape  fut  encore  près  d'une 
heure  absorbé  dans  une  contemplation  silen- 
cieuse; puis  il  se  fit  apporter  du  pain  et  du  vin. 
Il  les  bénit,  man).'ea  trois  bouchées  de  pain,  et 
lit  distribuer  le  reste  aux  assistants,  qui  le 
conservèrent  comme  une  relique. 

Se  levant  alors,  il  se  diri^'i>a  vers  le  tombeau 
qu'il  s'était  fait  préparer  dans  la  basilique  : 
<•  Voyei,  dit-il,  frères,  combien  est  misérable, 
fragile  et  éphémère  la  gloire  humaine.  Que  cet 
exemple  ne  sorte  jamais  de  votre  mémoire.  Do 
rien,  je  fus  un  Jour  élevé  au  plus  haut  faite  de 
ce  qu  on  appelle  la  gloire,  et  maintenant,  je  vais 
être  réduit  à  rien.  I.;t  cellule  que  j'habitais 
comme  simple  religieux  s'est  chaiigi'-e  plus  lard 
en  de  vastes  palais;  mainteiianl,  je  n'aurai  pour 
diineure  que  cet  étroit  cercueil.  Aujourd'hui 
encore,  avec  vous,  chair  et  sang;  demain,  je 
serai  poussière  el  crndro.  •• 

Tous  les  assistants  fondaient  en  larmes,  le 
pontife  les  congédia  en  disant  :  •'  Frères,  je  vous 
rends  yrAce»  d'avoir  ainsi  passé  avec  moi  cette 
journée,  reliuirnei  à  vos  demeures  et  rcveneJ 
demain  reccvnir  mon  dernier  soupir.  " 

Saint  Léon  se  relira  dans  le  palais  épiscop.il 
proche  de  Saint-Pierre.  Il  passa  dan*  la  prier* 
toute  la  nuit.  Le  lendemain,  soutenu  par  deux 
assisinnls,  il  rentra  dans  la  basilique,  el  vint  te 
prosterner  devant  le  mailre-autel.  Son  riMse 
était  baigné  de  larmes.  Il  resta  d.n.  "  "i 
tude  environ  une  hi'Ure;  puis  il  «'. 
'  ■        ' 'U  avait  appnité,  fit  sien'    '  ■ 

r  silence  «t  adressa  au  i 

'  T...1  l.ilion.  II  .t;  •    '  ■  ■  •■«•liti-  (1 .  -  .■•  Il .• 

ques,  et  leur  lit  l'ii.  .'«urson  ordri',  l'un 

.1    11^  •■•'lèbra  la  i.-  :  l'i'   •iiiiiinstra  Ir  lUirp^ 

iii;;  tlu  .^''^'iKiir  A|'i  I  dit;  "Faite* 

.    il   in<"   seinbli-   qir    ^  1    unir        tl, 

ni   la  t«'-tr,    il  s'cnd'iinn 

pour  ne  «p  révrilbr  qu 

'.<•»!  ain»i  qur  mourut,  drv.iiil  I  .iiiipj  dr  >«int- 
l'i-rre,  le  birnhouri'Ui  p^'oiii--  l.inn  l\ .  le 
IV  arril  «le  l'an  de  grAce  io:A 


liitp  -^eranl,  \'l:\•,^^l^>^^    a,  rue  t  lAiit,. 


SAINT  GIRAUD  DE  SALES 


Fite.  le  iO  avril. 


Le  Bienhaursuï  Glraud   donne  de  salutaires  conseils  è.  ceux  qui  viennent  le  visiter. 


LKS  TROIS  PILâ  DU    CHEVALIKB 

Giraud  fou  r.jrald)  naquit  au  p<>tit  villai;.»   de 
Sales,  prè'i  d.-  LerKerac,  au  dioctso  de  Péricueux 
Ter»  l'an  1070. 

brave  chevalier  Foulques,  et  sa 
pieuse  mère  Ad<=arde,  ornaient,  par  leurs  vertus 
chrétiennes.  |,,  rinhles<ie  et  la  rirh.-sse  qu'ils 
tenaient  de  leur»  aïeux.  Trois  \\U  vinrent  siircos- 


i>on  père,  le  brave  chevalier  Foulques,  et 
pieuse  mère  Ad<=arde,  ornaient,  par  leurs  vert 
:hreliennes.  |,i  iinhles<>e  et  la  rirh>^<isp  qu' 
Lenaient  de  leur*  aïeux.  Trois  UU  vinrent  siircr 
Mvement  rH|ouir  leur  foyer  domesliqu.-:  (niaud 
•  rnmoardff  Fniil,|ucs.  leurs  ,,.,i.-mI- ^■..flo,.  ..n'u» 


do  l.'s  élever  dans  j.s  liiipiimles  do  foi  et  de 
courape  qui  faisaient  l'hr.i m   do  leur  fninille. 

I.'s  habitants  du  pays, dit  riM;.'iograplie,  oUiieril 
vinltMils  et  belliqueux.  Les  tiois  Ireres  i-n  eurent 
ri'iior«ie  sans  en  avoir  la  rude.s-o;  et,  doux  dis- 
ciples du  Christ,  ils  devaient  un  jour  tous  les  trois, 
victorieux  d'cux-ini'ines,  renoncer  .nu  niond-'  ei 
eiiili.iuiner  l,i  solitude  ,lu  [laifuin  de  leurs  verlus. 

.\pri"s  rddur.-ition  niat.Tiioll.-,  les  lils  du  clic\.i- 
li>r  roc  III  .Mit  les  soins  d'un  maître,  que  lliislorhii 
ipp'll"  viL'il.int  et  dorti',  mais  sans  nous  dire  ou 


6-21 


qu'  Ile  ville  il  enseiunait.  Quoi  qu'il  en  soit,  ses 
disriples  répondirent  à  ses  .'ITorls  .-l  en  peu  de 
temps  rt-alisèreiil,  dil-il,  de  rapi.l.-  iTORrès  dans 
IVlude  de  la  «  laiipue  maîtresse  ■■  (li'  latin). 

Mais  Giraiid  n'était  pas  seulement  l'ainé  de  ses 
frères  par  l'Afje,  il  l'était  aussi  p.ir  l'intellipence 
et  1.1  v.-rtu,  et  la  grâce  de  l'Esi.ril  Saint  illuminant 
son  ."11110  pure,  il  s'assimilait  les  sciences  avec 
rapiilii''.  ,      ,        .^    ,        , 

Il  termina  le  premier  le  cycle  des  études  de 
son  temps,  c'est-à-dire  des  sept  arts  libéraux. 


GIBAUD  II  LE  BIBNHïUREUX  BOBKRT  D  ABBBISELLB 

Par  quel  chemin  le  brillant  jeune  homme  Ta- 
t-il  maintenant  diriger  sa  vie?  ira-t-il,  monté  sur 
un  lapi'lf  coursier,  lutter  de  couratie  et  de  vigueur 
avec  l.'s  chevaliers  bardés  de  fer?  ira-t-il  à  l.i 
rcchrnlie  des  fêtes  et  des  plaisirs  dans  les  chU- 
teniix  nu  les  grandes  villes?  ira-t-il  se  faire  un 
nom  p.irmi  les  savants  de  quelque  université  déjà 
fanieu-^e? 

Non.  Dès  son  enfance.  T.iraud  éprouve  un 
secret  attrait  pour  la  solitude.  A  mesure  qu'il 
avance  en  Age,  il  comprend,  dit  l'hi-torien,  que 
n  le  monde  est  animé  de  l'esprit  du  mal  »,  et  il 
veut  le  fuir.  11  veut  acquérir  une  science  qui  ne 
trompe  pas,  «  une  logique  qui  ne  craint  pas  les 
obj.'Clioiis  de  la  mort  »,  la  science  et  la  logique 
des  sainLs.  Il  hésite  seulement  entre  le  monastère 
cl  la  vie  érémitique. 

Or,  à  cette  époque,  un  célèbre  missionnaire 
remplissait  le  centre  de  la  France  du  bruit  de  si;s 
prédii-alions  et  de  l'éclat  de  ses  vertus,  c'était 
le  bienheureux  Hobert  d'Arbriselle.  Fuyant  un 
monde  corrompu.  Bobert  s'était  d'abord  enseveli 
dans  la  solitude,  se  nerfectionnant  sous  le  regard 
de  Dieu  dans  l'austérité  et  la  prière. 

l'uis.  rempli  de  lumière  et  d'ardeur  Darl'Esprit- 
Saint.  d'-voré  de  lèle  pour  le  salut  des  Ames,  il 
avait  ronimencé  sa  vie  de  inissionnair.v  S  m-  mil 
Bouci  des  intérêts  de  la  terre,  uiiiqii-  ' 
<^,i|"'    i'- 1  '  l'nirf  de  Dieu  et  du  salul  il' 
il,'  liés  et  lescamp.i:.'!!!"*,  <'braiiUiiit 

l,.v  ir  sa   parole  apo-tolique  et  les 

exempbs  de  sa  vie  austère.  Des  jeunes  gens,  de 
nobles  vierges,  des  personnes  de  toutes  condi- 
tions, arnichés  par  sa  prédication  aux  vanités  du 
monde,  abandonnaient  leur  maison  pour  lui 
demander  nn  asile  où  ils  pussent,  sous  s.»  direc- 
tion. SfTvir  Dieu  uniquement  et  s.iuver  l^ur  Ame. 
p.iiii    ■  :     ';    '    ît  fonda  A  Fonlevr.iiill 

,1,1  III, .r  ,'t  un  Couvent  de  reli- 

gieuses, iiaiis  I  un  '-i  I  auiiu  régnait  une  grande 


fervi-ur. 

Tel    .  '    •• 

\\ .1..  Il 

.  Il      .   .|i|i    l.ir.ii!,!    i  iTil 

deiiinii  . 

pour    1 
ttobeil 

■  s 

d<'  lui. 

w.r 

I. 

^  ermites; 

il  lui    1  r'li>clllu  lie  se 

foi 

i    I.i    rie 

ri'liri-'use    dans   une 

cniiiini' 

us  douce.  ilirauJ 

ol-'il 

r   les   Chanoines 

i; 

.      .S.unl-.^ïil  11- 

.>  iiK'ur,  non  loin  de 

leté. 


ital,  de  vouloir  bien  le  roccToir  dans 


eau  LM  CRAHomKs  B<etn.itK( 


voulu 


lils  bien -aimé;  mais  ils  se  réjouirent  de  pouvoir 
l'offrir  à  Dieu  comme  un  fruit  de  prédilection. 

tiiraud  reçut  donc  l'habit  des  Chanoines  Régu- 
liers, et  s'elirorça  do  faire  passer  dans  son  Ame, 
avec  le  délaclie'ment  des  biens  de  ce  monde,  cet 
esprit  de  simplicité  et  de  charité  qui  caractérise 
la  Règle  de  saint  Augustin. 

Son  humilité,  son  obéissance,  son  assiduité  & 
la  prière,  lui  conquérireiit  la  vénération  de  ses 
frères  en  religion.  Toujours  ennemi  de  l'oisiveté, 
il  se  perfectionna  dans  les  sciences  sacrées,  et 
ses  supérieurs  l'obligèrent  à  recevoir  successi- 
vement le  sous-diaconat  et  le  diaconat.  Us  souhai- 
taient vivement  le  voir  élever  au  sacerdoce,  mais 
il  les  supplia  avec  tant  d'iiisUince  de  ne  pas 
imposer  à  son  indignité  un  ministère  si  sublime, 
qu'il  fallut  renoncer  à  ce  projet:  »  Je  ue  veux  pas, 
disait-il,  ajouter  cette  audace  à  toutes  mes  faute» 
passées.  » 


CHB   LES  ERMITES  DE  FONTEVRAULT 

Cependant,  Ciraud  n'oubliait  nas  que  Robert 
d'Arhrisi-lle  l'avait  envoyé  dans  la  communauté 
de  Saint-Sauveur  pour  se  pn=parer,  comme  dans 
une  sorte  de  noviciat,  à  une  vie  plus  si'vère  e 
encore  plus  séparée  du  monde.  Il  rrcourait 
fréquemment  aux  conseils  du  saint  missionn.iiie 
et  lui  rendait  souvent  visite,  «  ne  se  lassant 
jamais  de  puiser,  à  cette  source  très  pure,  les 
eaux  vives  de  l'amour  de  Dieu.  » 

l^iraud  devait  avoir  environ  trente  ans,  quand 
son  maître  spirituel  consentit  enlln  à  le  recevoir 
au  nombre  des  .lustères  ermites  d<'  Foni''vi,iult. 
l.e  nouveau  disciple  ne  tarda  pas  4  dépa-s-  r  les 
plus  fervents  en  austérités. 

Déjà  pauvre  parmi  les  Chanoines  de  Saint- Avit, 
il  trou/a  le  moyen  de  pratiquer  une  nauvreté 
encore  plus  extrême  à  Fontevi.uilt.  11  n'.ivait 
qu'une  tunique  et  un  manteau,  et  ils  étaient  d'une 
étoffe  rude  et  grossière. 

Toujours  sous  le  cilice  et  toujours  avec  la  croix, 
on  aurait  pu  dire  de  lui  ce  que  le  Sauveur  disait 
de  saint  Jean-llapliste  qu'il  ne  mangeait,  ni  ne 
buvait.  Tous  les  jiiui  s  de  »a  vie,  hivercomiue  •  !  . 
qu'il  fût  bien  portant  ou  malade,  il  no  pi'  ■  t 
jamais  rien  avant  le  coucher  du  soleil.  A  '  ■ 
heure  tardive,  un  peu  de  pain  noir  et  qu'!  ,  !•  - 
b'gumes,  avec   un   peu   d'eau   roi:  ■'     : 

un  peu  de  fromage  ou  de  petit  poi-  i  - 1 

seule  nourriture,  ij-  inéinr,  il  lui  aiii- 

vait  de  se  priver  ■! 
det^uelqii' 

Ainsi  .  1' 

son  '■ 
sou- 


.re  repas  en  faveur 

serriteur  de  Dieu  domptait 

•  '    -  r'  'n     -'1  -rr - 


•  •e<  .mif  nir 


les  ext.isiîs  de  l'amour 

y^i   .111  '   lie   riiiit  ^    111^. 
dit  I 

la  m 

il  de  l'iUKraliliKie 

l.a  Sainte  Kcritin 
ses  mains,  il  en  n 
lieux  oracles  et  Di 
en  mieux  faire  » 
beauté». 

Aussi,  4  ine«ure 
I  amour  de  Dieu  et  de   l'ai 
"  'illuminait  dovii 


,U  .1 


u  ^invi  111 . 


•Tt  "ntri" 


»ir   le»    (Jpifuuj'  m  5    t.1    les 
1" 


son 


'. rasait  d« 
'.llirs,    «on 

(eai   1-  U 


LK   MISSIONNAIRB 

Au  bout  de  quelques  années,  le  pieax  ermite 
était  mûr  pour  raposloiat.  Il  fut  donc  associé  à 
son  maître  Robert  d'Arbriselle  dans  le  ministère 
de  la  parole  sainte.  <•  11  y  brilla  comme  un  astre 
H'tincelant,  dit  l'historien;  la  fournaise  la  plus 
ardente  ne  .jette  ni  plu'î  de  lumière,  ni  plus  de 
chaleur;  le  parfum  de  la  charité,  comme  le  uard 
précieux  de  Marie-MaJelcine,  d>^bordait  de  son 
cœur  et  se  répandait  de  ses  lèvres  embrasées 
sur  les  multitudes.  » 

A  son  tour,  il  se  mit  à  parcourir  en  mission- 
n.-'ire  les  villes,  les  vill.i:.'e';,  les  châteaux  et  les 
campagnes.  Partout,  il  jetait  le  lilet  de  la  parole 
évangélique  et  son  labeur  «"était  jamais  stérile. 
Chacun  trouvait  en  lui  un  remède  aux  infirmités 
de  son  âme,  il  $e  faUail  tout  <i  tous  pour  les  gagner 
tous  à  Jésus-Christ,  «  encourajteant  les  bons, domp- 
tant la  résistance  des  méchants,  sans  distinction 
de  rang,  de  fortune,  d'^'ige,  de  sexe  ou  de  condi- 
tion sociale.  11  ne  voyait  que  les  âmes,  les 
embrassant  toutes  dans  |a  même  communion  de 
la  charité  et  de  la  prière.  » 

Sa  renommée  s'étendit  au  loin  et  les  évêques 
et  les  prélats  entendaient  avec  joie  les  merveilles 
que  l'on  racontait  de  son  apostolat. 

Pierre  II,  évoque  de  Poitiers,  pontife  remar- 
quable par  sa  science  et  ses  vertus,  lui  délégua 
son  autorité  pour  l'exercer  dans  toute  l'étendue 
de  son  diocèse.  Plusieurs  autres  évoques  lui 
confièrent  également  des  pouvoirs  de  vicaire  géné- 
ral (comme  nous  dirions  aujourd'hui),  pour  évan- 
e'Iiser  leurs  peuples,  réloriner  les  cibus,  faire 
lleurir  la  foi  et  les  vertus  chrétiennes. 

•<  Il  allait  donc,  reprend  le  chroniqueur,  comme 
le  soleil  dans  sa  course,  et  s'avançait  a  pas  de  gi'ant, 
renversant  le  vice,  reprenant  les  pervers,  rani- 
mant les  engourdis,  réchauiTaiit  les  tièdes,  enfin 
préparant  au  Seigneur  un  peuple  parfait.  » 

.\près  les  excursions  apostoliques,  «  comme 
rai;,'le  qui  revient  à  son  nid  pour  y  puiser  des 
forces  nouvelles,  il  se  retirait  humblement  au 
désert.  » 

SA.IRT  GIRACO  FONDS  NEUF  XO.NASTÈRBS 

Heureuses  les  âmes  prudentes  qui  peuvent 
s'arracher  aux  mauvais  exemples  du  inunde  pour 
servir  Dieu  librement  à  l'abri  du  cloître  ;  heureux 
les  ca-urs  vaillants,  qui,  par  un  généreux  sacri- 
fice, renoncent  à  tous  les  biens  de  la  terre  pour 
s'immoler  eux-mêmes  tout  entiers  à  Jésus-Christ 
,j,,.^  1.  ,.r. ,f...^iuii  religieuse.  C'est  le  bonheur 
'!  our  eux  ei  pour  beaucoup  d'autres 

,  ;ire'liens  convertis  par  notre  saint 

ire.  On  lui  offrit  donc  successivement 
■  1  onds  et  des  territoires  pour  bâtir  des 

couvents  et  des  abbayes,  qui  ne  tardèrent  pas  à 
iHre  remplis  de  communautés  (lorissaiites.  G  était 
d'ailleurs  l'époque  de  la  foi  héroïque  et  des  croi- 
sadi'.-.. 

Ainsi  furent  succe<sivement  fondés  par  le 
zèle  du  bienheureux  (iiraud,  les  monastères  de 
Cui'iiiin  (près  de  fli-n-ern  ),  de  Oand-Selve  (au 
di'"  ':->e  actuel  de  MunUiubau),  de  Dalon  (près 
<i  l.xideuil,  en  Dorilnune),  du  Itournet  la  Sainte- 
\.'  r-e  (au  diocèse  d'Ang'iul'''nie),  de  l'Absie  de 
iiU.iiej  au  diocèse  de  la  itochellej,  des  Alleuds 
.111  II  - .-«  de  Poitiers),  et  celui  des  Cbàlelliers, 
pr.       !•    .'iiort. 

I  ni'r  es  septabb*yes  de  moines,  le  Blenheu- 
;     ■'  l'j.  il  foiid.ilmn  d •■   d>ux  rouvents   de 


religieuses  :  celui  de  Bibio  et  celui  de  Tutio  (Le 
Tusson,  au  diocèse  d'Angouléraei. 

Uans  toutes  ces  maisons  fut  établie  la  Règle  de 
saint  Benoit  avec  sa  rigueur  primitive,  sans 
aggravation,  mais  aussi  sans  adoucissement  soit 
pour  la  nourriture,  soit  pour  le  vétemeat. 

LA    FAMILLE   DH   SAL-^T    GIRAUD 

Telle  était  la  magnifique  famille  spirituelle  du 
bienheureux  missionnaire,  mais  sa  famille  selon 
la  nature  ne  resta  pas  en  arrière  de  ce  mouve- 
ment de  foi  et  de  sainteté.  Les  deux  frères  de 
Giraud  le  rejoignirent  dans  la  solitude. 

Grimoard  fut  successivementchapelain  deTutio, 
prieur  des  Châtelliers,  abbé  des  Alleuds  et  enfin, 
l'an  1141,  élevé  malgré  lui  sur  le  si<'ge  épisi-npal 
de  Poitiers.  "  Je  dis  malgré  lui,  reprend  l'histo- 
rien, car  déjà  il  avait  fallu  forcer  sa  volonté  pour 
lui  faire  accepter  la  bénédiction  abbatiale  :  j'ai- 
merais mieux  être  lépreux  qu'abb^  <>,  avait-il  dit. 
.Mais  quand  il  fallut  recevoir,  non  plus  seulement 
le  gouvernement  d'un  couvent,  mais  celui  d'un 
diocèse,  il  fut  épouvanté  :  «  Je  pr'-férerais  l'exil 
ou  le  martyre  à  l'épiscopat  »,  répondit-il.  Mais  il 
fallut  se  soumettre  au  désir  de  Dieu. 

Toutefois,  le  Seigneur  se  contenta  de  sa  bonne 
volonté  et  ne  lui  laissa  pas  longtemps  porter  le 
fardeau  des  sollicitudes  ép  scopales  :  il  mourut 
quelques  mois  après,  consolé  dans  sa  dernière 
maladie  par  des  apparitions  de  -Notre-Seiimeur 
et  de  la  Très  Sainte  Vierge.  Il  fut  enseveli  dans 
T'-L'llse  de  Fontevrault;  ses  funérailles  furent 
honorées  par  la  présence  des  archev'que»  de 
iiordeaux,  de  Reims  et  de  Tours,  des  év-qnes  de 
Soissons,  de  .Meaux  et  de  Noyon,  de  r''véque  de 
llliartres,  Geoffroy  de  Lèves,  l"i:at  aposloliquë, 
du  comte  d'Anjou  et  d'une  multitude  immense 
de  peuple. 

Foulques,  le  second  frère  de  notre  Saint,  prit 
l'habit  religieux  dans  l'erinitage  de  Rosrhaud. 
au  diocèse  de  P'-riirueux,  et,  digne  émule  de  son 
frère  aîné,  y  acheva  saiptenjenl  sa  vie  dans  le 
silence,  la  prière  et  de  grandes  austérités.  L'ne 
abbaye  remplaça  plus  tard  le  modeste  ermitaee, 
et  on  voulut  transférer  dans  l'église  du  monastère 
les  restes  du  pieux  moine,  car  les  mira'  les  opérés 
à  son  tombeau  lui  avaient  valu  la  vénération  des 
peuples.  Quand  on  ouvrit  le  sépulcre,  on  retrouva 
son  corps  dans  une  intégrit>^  parfaite,  et  dans  un 
tel  état  de  conservation,  dit  l'historien,  qu'on 
l'eût  dit  enseveli  de  la  veille. 

Le  père  de  ces  trois  grands  serviteurs  de  D>u, 
le  brave  chevalier  Foulques,  les  avait  précédés 
dans  l'éternité,  mais  après  avoir  eu  le  bonheur 
de  recevoir,  durant  sa  dernière  maladie,  l'iiabit 
monastique  des  mains  de  sou  fils  aiué,  le  bienheu- 
reux Giraud. 

Restée  veuve,  la  pieuse  Adéarde,  leur  mère,  prit 
le  voile  des  religieuses  probablement  à  Fonte- 
vrault) et  termina  saintement  sa  vie. 

DERNièHEs  umits 

Le  temps  approchait  an«si  pour  Giraud  d'aller 
goûter  au  ciel  le  P'  ii- par  tant  de  travaux. 

Les  dernières  am  >  vie  n'avaient  pas  été 

moins  admirables. 

Un  racontait  de  lui  divers  miracles  :  A  Saint- 
Maixcnt,  il  avait  converti  ane  femme  de  mauvaise 
vie  en  se  couchant  au  milieu  d'un  brasier  ardent  : 
«  C'est  ici,  lui  dit-il,  que  je  vous  donne  rende?.- 
▼qus.  »  A  ces  paroles,  au  souTenir  de  l'enfer,  A 
In   vue   du   tniiaile   (jmI    r.rot  ;.;■  ail  riioiinne   ■'" 


n 


Oitu,  la  malheureuse  était  rentrée  en  elle-même 
cl,  i-enomant  à  sa  vie  coupable,  était  venue  au 
couvent  de  Fontpvraull  consacrer  le  reste  de  sa 
vie  à  la  pénitenci^. 

On  assurait  aussi  au'un  naufragé,  en  péril  au 
milieu  des  llot<;,  avait  invoqué  le  Bienheureux, 
et  celui-ci,  apparaissant  sur  les  ondes,  l'avait 
ramené  sain  et  sauf  sur  le  rivage. 

Un  homme,  qui  avait  donné  l'hospitalité  au 
saint  missionnaire,  eut  sa  maison  miraculeuse- 
ment préservée  dans  un  incendie  qui  dévora  les 
maisons  voisines. 

Les  Religieuses  de  Fontevraull  portaient  les 
cheveux  longs  suivant  l'usage  alors  général  en 
Occident;  un  jour  qu'il  prtVbait  dans  leur  mo- 
nastère, le  Bienheureux  leur  conseilla  JVilïrir 
encore  à  Dieu  ce  dernier  saeriflce;  et  dociles  à 
ïes  paroles,  elles  s'empressèrent  de  faire  tomber 
leur  chevelure  sous  le  ciseau. 

l'ermitage  des   CH\TBLLIER?  —  OERNIEBS   JOURS 

l.'ermilage  des  Chilelliers  fut  la  dernière  fon- 
dation de  saint  (liraud  (1).  1,'évéque  de  Poitiers, 
riiiillaume  II,  lui  avait  permis  de  choisir  le  site 
nui  lui  conviendrait  le  mieux  dans  les  terres 
dépendantes  de  l'évéché.  Sur  les  indications  d'un 
hnliitant  de  Sainl-Maixent,  un  disciple  ib-  notre 
Saint,  nommé  l'ierre  Duvar,  conduisit  liiraud  au 
lieu  iippelé  les  Chûtelliers  :  là  était  une  |>rairie 
solitaire,  entourée  de  bois,  et  arrosée  de  nom- 
breux cours  d'eau,  merveilleusement  propre  à 
l'établissement  d'un  eriiiilape. 

C""-taitau  mois  de  mai  de  l'an  1119.  Les  habi- 
tants du  bourg  voisin  accueillirent  avec  enthou- 
siasme le  saint  missionnaire,  il  leur  prêcha  avec 
son  éloquence  accoutumée;  dés  le  lendemain,  il 
prit  possession  de  la  terre  où  devait  s'élever  le 
futur  couvent,  et  se  relira. 

Le  jour  de  la  fiHe  de  saint  Jean-Baptiste,  il 
envoya  Pierre  Duvar  et  deux  autres  ermites 
coniiiiencer  la  fondation,  fiar  la  construction  île 
quelques  cellules  de  l-  Le  jour   de  la 

fête  de  saint  Bailhédeiii  .  il  leur  envoya 

quelques  autres  Frère>,  i. m  jiiimctlanl  d'aller 
les  rejoindre  dès  qu'il  |aurait  achevé  la  visite  de 
SCS  autres  couvents. 

Mais  la  maladie  l'arrêta  h  l'abbaye  d'Absie  de 
O&tines.  Saisi  d'une  lièvre  violente,  il  duts'étendrc 
sur  un  lit,ditrbagiographe,  lui  qui  n'avait  jamais 
roniiii  !••  ri'iin... 

I  de  perdre  un  tel  maître, 

mul  les  pour  obtenir  dr  Dieu 

la  gui-n>un  du  »<iint  malade.  Il  sembla  un 
moment  que  leurs  supplications  étaient  exaucées 
et  que  leur  bienheureux  l'éie  ne  leur  serait  pas 
encore  enlevé.  In  mieux  sensible  je  produisit  à 
l'approche  du  printemps,  cl  le  serviteur  de  Dieu 
en  profila  pour  tenir  la  prome^sf  qu'il  avait 
faite  A  ses  (ils  desCb&lellicrs.  Il  s'y  lit  iransporter 
en  brancard. 

(I)  Nom  ilnnnon*  nu  nrvileur  de   Dieu  Ir  Ijire  de 

x,.i,,^       r     iiiiim    riilifi  iniirr     .i     i   Im.ii-i'     I  r  i.l  il  i.  .■. .  ,,,| 

•I 

ici 

r',     .4    plupAlt    dis  >    lut    liuUIlLlll    MUl»- 

uifiit  le  litre  d«  ifu 


C'est  au  milieu  d'eux,  dans  la  pauvreté  de 
cette  fondation  nouvelle,  qu'il  voulait  mourir. 

11  arriva  le  dimanche  de  la  Passion  (4  avril  I I20J. 
Son  lime,  plus  vaillante  que  jamais,  triomphait 
des  défaillances  du  corps.  11  voulut  assister  à  la 
jjrocession  des  Hameaux,  et  ne  pouvant  marcher, 
il  pria  les  Frères  de  le  porter.  11  passa  en  prières 
toute  lajournée  de  l';\ques,dans  la  petite  chapelle 
de  bois  qui  servait  d'.if|lise  au  nouveau  couvent. 
.\près  sa  communion,  il  fut  ravi  eu  extase  et  y 
resta  pendant  une  heure. 

Enlin,  il  revint  à  lui,  et  comme  ses  disciples 
le  pressaient  de  leurs  questions  respectueuses, 
il  leur  dit  :  «  Jésus-Christ  mon  Seigneur  a  daigné 
me  visiter;  il  avait  à  ses  ctités  l'évéque  Pierre 
de  Poitiers  et  Robert  d'.\rbriselle,  mon  cher 
maître.  »  Puis  il  adressa  une  suprême  exhorta- 
tion àscslils  spirituels,  rangés  autour  de  lui, leur 
recommandant  la  sainte  obéissance,  la  charité 
fraternelle,  l'amour  des  pauvres  et  par-dessus 
tout  une  inviolable  fidélité  à  toute  la  Règle  de 
saint  Rcnoft. 

Vers  le  soir,  les  Frères  le  reportèrent  sur  sa 
couche  de  bois  et  de  paille.  A  cause  de  la  solen- 
nité du  jour  et  de  sa  faiblesse,  ils  lui  offrirent 
un  u'uf  et  un  peu  de  fromage  pour  son  repas. 
•I  Que  faites-vous,  malheureux  '?  dit  aussitôt, 
l'intrépide  vieillard,  cette  nourriture  est  trop 
recherchée  pour  des  ermites.  N'en  user  jamais.  »  . 

Il  vécut  encore  d»?ux  jours,  réyla  lui-même 
l'ordre  de  ses  funérailles,  prescrivant  la  simpli- 
cili-  cl  la  pauvreté. 

Lnliii,  le  iiiercrcdi  de  PAques  (20  avril  1120), 
à  l'aube  du  jour,  il  répéta  à  haute  voix  cette 
prière  du  divin  Mailre  :  •<  Père  Saint,  conserver 
les  lils  que  vous  vous  êtes  choisis  par  mon  minis- 
tère (S.  Jean  XVII,  1.)  »  et  il  remit  doucement 
son  Ame  à  Dieu.  Il  avait  vécu  cinquante  ans. 

La  nouvelle  de  celte  mort  se  répandit  rapide- 
ment dans  la  contrée,  et  une,  ininieiisu  multitude 
accourut  aux  funérailles,  tiuillaume,  évêquc  de 
Poitiers,  arriva  tout  en  pleurs  :  «  Uù  est  mou 
ami  et  mon  maître  ?  »  disait-il. 

ijuand  il  aperçut  le  corps  du  bienheureux 
délunt,  revêtu  seulementd'uii  rillce  et  d'un  inisé- 
rable  froc  de  laine  :  .■  (.lier,  dit-il  aux  Religieux, 
ces  habits  de  pi'nilence  et  décorer-le  des  insignes 
de  sa  cléricature,  des  ornements  du  diaconat.  •• 

Par  son  ordre,  le  corps  du  sainl  missionnaire 
resta  exposi-  le  reste  de  la  seniaim-  h  l.i  vénéra- 
tion des  lidèles  qui  ne  n^-  il.  ni  .l'i.  .  ourir  de 
tous  ciMés;  on  lui  lit  des  '  '  iinelles, 

et  on  l'ensevelit  dans  un  !••  nierre 

dans  l'église  du  couvent,  iienurnup  de  ndèles 
aperçurent  dans  les  airs,  au-dessus  de  l'église, 
trois'croix  lumineuses,  qui  ne  disparurent  qu'A 
la  lin  do  la  cérémonie. 

De  nombreuses  guérisons  s'opérèrent  dans  la 
suite  à  ce  lonibeaii.  Au  xiii*  siècle,  Thomas, 
obbé  des  '■'  -.  lit  reconstruire  magniil- 

quenieiit  !■  itiale  et  l'on  procéda  àl'élé- 

ralion  solenm  m-  ms  reliques  <tu  sjiiiil  fondateur. 

Les  divers  couvents  fondés  par  le  llienheurnix 
furent  afilliés  A  l'Ordre  de  i.it<-nux  par  saint 
llrrnard  et  pers<'«'-rèrent  loiiyliiiqi»  dans  la  fi-r- 
veur.  \a  Révolution  le»  a  diliuiLi,  mai»  les 
.'^ainta  rivent  éternellemenl  avec  Diea. 


k     rt  riTliLsr:  1 ,   iui^'    yfianl.'i,   lue     t'iau^ul*  1*',    k'Uià 


SAINT  ANSELME 

ARCHEVÊQUE    DE    CANTORBÉRY    ET    DOCTEUR    DE   L'ÊGLiSE 


Fêle  le  21  avril. 


Depuis  quatre  ajis,  le  roi  Guillaume  le  Roux  laissait  vacant  l'archevêché  de  Cantorbéry. 
Tombé  gravement  malade  et  craignant  la  justice  de  Dieu,  il  offre  cette  dignité  à 
saint  Anselme.  Saint  Anselme  refuse,  mais  les  évêques  l'obligent  à  accepter. 


C<TRK  l'.S  MAUVAIS  PERB  ET  UNE  BONNE  MBDB 

Anselme  naquit  1033  dans  l.i  rite  d'Aosle, 
^ilu'^e  sur  les  cnnliri'  du  l'i<^mnnt  et  de  la  Suisse. 
Sa  (lieuse  m<'rf,  Krnient'ardf ,  lui  apiiril  de  bonne 
lieure  à  aimer  le  Dieu  (T>a|pur  et  la  Mère  virgi- 
nale du  Sauveur  J'Hus.  Lri  jour,  l'enfant  se  vit 
traniporté  en  esprit  prés  du  ^rand  Itoi  :  il  en 
r'-ful  un  pain  blanc  comme  la  neige  et  d'une 
suarité  toute  céleste. 


Ainsi  prévenu  des  faveurs  divines,  Anselme 
ne  voulait  vivre  que  pour  Dieu.  A  quinîe  ans,  il 
frappa  à  la  porte  d  un  monastère  de  sa  ville 
natale;  mais  les  rcli|.'ieux.  vu  son  jeune  à«e, 
craignant  surtout  les  représailles  de  son  p'ri; 
(iiiriiliilfe,  bnuinii'  emporté  et  mondain,  repous- 
sèrent le  postulant. 

Ljncé  sans  ^'indc   au   milieu  du  mondo    car 
trmenKarde  venait  de  mourir ^  le  jeune  bonini 
céda  bientiU  au  torrent  ipii  l'entraina;  il  beu'ia 


G3 


bien  des  écueils.  car  il  cherchait  loin  de  Dieu  la 
paix  du  cœur  qui  le  fuyait  sans  ci'.->f. 

I.e  séjour  à  lu  maison  paternel  !••  lui  (ie>iBt 
intolérable,  car.  li-iMne?  on  ma!iv;i~o«.  tontes  ses 
actions  dé|>l.ii-ai('ut  à  tioinIiilN  ;  I  liuiiible  sou- 
mission ini>uie  de  soti  flis  rtiiilail.  Aiusi,  pour 
éviliT  de  plus  cruels  d'-m^'l'--,  le  jeune  Imnime 
s'eiifuil.  Il  pan-ourul  la  liiiiri:i;:ne,  la  France. et 
vint  enliii  se  lixer  en  Nnnniiulie  à  l'abbaye  du 
Lee.  l'ii  tlorissait  le  r  ■l'Ire  l.anfrànr,  sonconi- 
palri..!.-. 

(vipiiïé  par  les  leçons  dn  maître,  le  jeoneéta- 
dianl.  ami  iias<i<^ijii  île  la  vérité,  ne  se  donnait 
ni  tri^vp  ni  r.  ,  -.  Je  pourrais,  se  dit-il  un 
j"tir,  s;ii!  ■'  ■  -  lra^aux  en  me  consacrant  à 

Itieo:    !••  j.as   plus  de  mal mais  où 

nllf  :rop  sévère  ;  au  Bec,  Lanfranc 


alla  !  I 

do  rat  I 

Itir-- 

Kl. 

.1.11,.  i,    , 

pauvres  la  fortun 

pèr*^   I  II    Miotii  I ri( 

on 

qui 

mi   Hri'  fais. ut   >  n 

lantcs  conquêtes  : 


;r\ce  divine,  il  comprit  que  le  désir 
'.lit    indice    d'un   relijiiux.   Aussi 
jiier  lux  L'cuonx  de  I       '         .  prieur 
e  et  lui  dit,  plein  de  f-n  ses 

Trois  voies  s'ouvr'  n     .i'n.'.iiI  moi  ; 
i\  au  Bec,  viTre  en  ermite,  ou  rester 
ude,  pour  répandre  daus  le  sein  des 
.pie  vient  .le  me  laisser  m. m 
t,  .rli-r      '.  li.'i.  ;.i    .    I.anfraiic 
ii.Mauiille, 
!  j      .  •  .  L'abbave 
ce  jour  une  de  ses  plus  bnl- 
Anselrae  av.-ùl  27  ans. 


A.-tyOJiK  AU  MO.SASTkBB 

Sou  mérite,  s^  «cienre  l'élevèreul  bientôt;  et 
en  dépit  de  ses  r'  -.  quand  l.anfrànr  cul 

été  promu  ft  l'ar'  :  le  Caiilorl>éry,  il  fut 

élé  prieur. 

On  Wt,  dans  Pexercice  de  cette  charce.  briller 


sa  rare  pru<lence  et 
di*sideni-,  éliin.lre  le- 

son" '   't'tr''  sous 

Il  it  «  tous, 

de  -      ..  par  un 

habile   était-il   .nron- 


er  II 
irsqui 

.11  .irl  ui'i    \('im. 

lit  les  niaU.lies 

... , ..1..^ 


I  .lin-    . 

I 
foi   . 
loBber 

ininrir. 


;j;: 


M   ,lil 


d.i 

w  ■ 

di. 


>*,   "jUi.   maintes- 

prieur,   vint    à 

malade,   il  fut   même  sur   le  point   de 

.•nni't   rpr,  i'  m  l.nps  lui     «rraieut  la 

1.  moD 
ii'.iiiti' 
~  It'kre»  du 
Il  fuite. 

illill  ••e 
s  rrli- 
I  la  pla<  >' 
i.iurir. 


mains  la-  crosse  abbatiale,  n  Confiance,  reprit 
doucemeul  l'arcbevè.jue,  soyez  fort,  car  Dieu 
TOUS  appelle  à  de  ]'lus  rudes 'épreuves.  <■ 

Les  actes  accomplis  jusqu'ici  par  l'abbé  du  Bec 
n'étaient,  en  elTei.  .[ue  le  jirélude  de  combats  plus 
glorieux. 


AHrlIKM.vi  1-  "i-   ..i.M.'iuii  ni 

I/e  royaume  d'.\n:,'leterre,  imit.int  l'Allemagne, 
offrait  al.^rs  un  navrant  spe.-ta.Ie.  Drs  li.>iiiuies 
ambitieux    et  cupides,    scap.' ■'•■iiv    •-'    l.i.  I..'« 
étaient  mis  par  le  roi  en  po-- 
ecclésia- tiques.  EvéchésflaM  ;i 

au  plus  olTinnt;  et  le  désordr.- n-^uait  partout. 
Le  roi,  c'était  (iulllaume  Le  Roux,  n-fusait  in-'m. 
souvent  de  désigner  des  évéques  pour  conli^  ; 
à  son  profit  les  biens  des  eié.hés.  Canli'r!  i 
étftil  >aus  évêque  depuis  quatre  ans.  Le  Tape 
réclamait  en  vain  contre  ces  abu>  sacrilé^s  au 
pouvoir  laïque;  on  ne  l'écoulait  p.i,s. 

Des  seinneurs  et  des  évéques  deninudèrent  au 
roi   fautoiisalion  de  faire  des  prières  i     '  '      . 
pour   obtenir   du    ciel    un   l'asleur    i 
réparer    le>    uiaux   de    l'K^Ji.se    de   C.iiii.i  r   i  . 
i(  rail. s    t.'iile-   le-    prières   que    vous   \ou.li'-.' 
répor..lil  iluillaiime  iudigaé,  moi  je  ne  f.rai  qu. 
ce  qu'il  Mie  plaira    » 

Qin-l.Mi.'-,  T.Mirs  après,  le  roi  s'ei.ir.l.'inii  .tu- 
un  .!■  . Libellons  :  i.  En  véi 

je   I..  .-  pcrsoniH-  d'une  sa. 

celle  lit'   l'abbé  du  Reo,  il    n'aime   que   Dieu  et 
rien  ilr  n-  .pii  est  terrestre.  —  Rien  !  rej  rit  (^nil 
lauffle  avec    iriiin.-,  pas   même   l'arcli. 
Canlorbéry '?  M. us,  devant  le  ciu)  qui  . 
moi  --eul  en  serait  le  matlrc  '.  » 

r.omme  il  a.-hevait  ces  par. des,  il  fui  pri*  d^ 
maladie  et  mis  cd  peu  de  j<>urs  aux 
tombi-au.  ..\verti  du  daoï^rr,  Anselme 
détermine  le  roi  à  faire  une  .  . 

Quel.iue-  li..mnies  de   bi.  n 
r    -,        '    •--.   t  de  <".aut..rln-r\  .  •. 
up  liuillaiime.  ■•  (_■ 

i...U-l-iI.  —  D'-^ii'iiei-i.  .   , 

.'■  .\nselme!  •>  muruiuia  !<•  roi  <l 

!..        11...    :l.  .  1  ilT.ili.iii     :  .   .,   i.l  ;i 


de  li';ivaiix  mi 
le  farde.ia  Tl 
brebi»  a^ 

évé.pirs, 

vers  le   fui.     •'    \<>u^   boulet  d'.iiv.'    Iilat 

le  priii'-e  •  i»  <ni«d.iinn<''  "-i  je  nifiir»  •■■ 


flé.lur. 


Mai:«  / 


i.'piii    I. 
Anselme  s'.i. 
Ponr  m  inm . 
.•ri;   les  ti|uiii.-. 

1  .1       i.v 


i«    :    ">n  1 

.il  II  . 


l<>Ui>  !«•  hien« 


I.-   |..    ».j.4.-  .).    r     I   'I   ,  .•ur   fiii'-i;!'    .i.ir. 


.1.    -    I 


. '■  I  :     I  r. >■•.■» p-  ■M'  'Il 


est  (irojetée  ;  Les  vassaux  apportent  leur  offrande 
et  Anselme  envoie  300  livres  (1).  Circonvenu  par 
des  llatteur':,  le  roi  repousse  lolîre  comme 
insuffisante.  i<  Tant  mieux,  dit  larrhevi'-que,  on 
eût  pu  dire  que  c'était  de  la  simonie  après  coup: 
les  puuTres  en  profiteront.  )> 

Au  retour  du  roi,  Anselme  insista  pour  obtenir 
raulori«ation  d"aller  à  Rome  chercher  le  pallium 
des  mains  du  pontife  Urbain  II.  (Le  trône  de  saint 
Pierre  était  alors  disputé  paruD  intrus,  (luibert.) 
iiuillaume  raille  et  s'obsline  :  .<  NbI  ici  n"a  le 
droit  de  proclamer  lôt'itinie  un  pape  que  le  roi 
n'a  pas  reconnu.  »  Mais,  Anselme,  dans  un  lan- 
;.'a,:e  plein  de  force  et  de  noblesse,  expose  devant 
toute  la  cour  les  motifs  qui  l'oblifient  à  aller  à 
Home. 

Le  roi.  pour  se  tirer  d''un  embarras  qui  le  cou- 
vrait de  confusion. eut  recours  à  la  ruse.  11  envoya 
secrètement  à  Kome  deux  de  ses  chapelains  sol- 
liciteidu  [>ape  Irbain  II  le  pallium  pour  le  pri- 
mat de  Canloibéry;  mais  ils  ne  devaient  pas 
nommer  Anselme;  le  prince  espérait  pou'oir  le 
faire  déposer  en  une  assemblée,  et  donner  le 
pallium  à  qui  bon  lui  semblerait,  moyennant 
une  large  offrande. 

Le  pape  envoya  le  pallinm.  mais  par  un  légat 
a  laltre,  Vaullier,  évéque  d'Orléan?.  (luillaume 
voulut  remeltro  lui-ni''me  le  pallium  à  l'arcbe- 
vèque,  mais  il  s'y  refusa  absolument  :  «  C'est 
l'insi;:De  de  mon  autorité  spirituelle,  dit-il,  j'irai 
moi-ra''me  nu-jiieds  le  prendre  à  l'autel,  comme 
si  je  le  recevais  des  mains  mêmes  du  Souverain 
Pootife. 

—  Au  moins, lui  manda-t-on,verserez-vousdai]s 
le  trésor  les  sommes  que  votre  voyage  ei'itootilé; 
le  roi  y  compte.  —  C'est  le  patrimoine  de<  pau- 
\rep,  ré|ioiidit  raribevi'que.jene  puis  l'aliéner.  » 

La  situation  'e  tendait  de  jour  en  jour..\nselme 
crut  donc  de  son  devnir  d'aller  c>'n"=ullerle  Sou- 
verain Pontife,  et  renouvela  sadeniand<:  près  du 
roi.  ■  ?'il  va  à  Honje,  Canlorbéry  est  à  moi!  » 
dit  le  piince  qui  alla  même  jusqu'à  cxii-er  du 
Saint  le  serment  de  ne  jamais  en  appeler  au  pape: 
il  y  a»  ait  à  rboisir  entre  If  serment  ouT^xil. 

La  résolution  du  Suint  était  pri.se.  quand  sur- 
vinrent des  messa^'prs  lui  annonçant  qu'il  pou- 
vait partir,  mais  à  la  condition  à<-  ne  rien  em- 
port-'r  qui  appartînt  au  roi.  ■'  Dites  à  votre  maître 
que  je  prendrai  mon  bien;  s'il  s'y  op(iose,  jo 
partirai  pieds  nus,  niai«  j'irai  voir  le  pape.  >< 

Pui-  Anselme, consommé  dans  l'art  de  posséder 
-on  ,-\nif  en  paticpre,  vint  au  palais,  et,  le  visage 
rayonnant  de  sérénit<'',dit  aurai:  .f  Seiftncur,  je 
pars;  si  cela  se  pouTail  faire  de  votre  jileiu  «ré 
re  '^erait  et  plus  couvenabb-  et  plus  a-Tcable aux 
;.'•  Il  dr  lin  ...  Maintenant  donc,  ne  sachant 
ijii  l'.'l  li  fi  l'ia  peimis  de  vou.s  revoir,  je  vous 
leconiui.iiij*  à  Dilu  ;  et  comme  votre  perc  spi- 
rituel, comme  an  hevéque,  je  ^eux.  si  vous  y 
,  ..I,.,  1,1,.^  r,ii«  donner  ma  bénédiction.  — 
I  i.dit  (•uillaume.  confondu  d'une 

1     -  '    ;  cl  il  lKii»^a  U  li'tc. 

Le  lendemain,  Anselme  prenait  sur  l'autd  le 
bâton  rt  le  sac  de  pèlerin  et  s'embarquait  à 
bourres. 

'  ÏA6K  A  loar 

Il  n'éleva  [icndanl  la  traverrée  une   violente 

l'mpi''li'  rpif  \r  S.Tinl  afiai^a  par  ses  prière».  En 

'  ml  à  WissJint,  on  c'âpcrçut  qu'il  y  atait 

I  navire  une  ouverture  de  plus  «la  deux 

(1;  Environ  12 .100  franc*  de  notre  moanaic. 


pieds:  nulle  voied'eaupourtantnes'étiiitdéclarée. 

Le  passade  d'Anselme  à  travers  la  tlaule  fut 
une  marche  triomphale.  A  Lyon,  il  fut  reçu  avec 
de  «randes  démon<-trations  de  joie  et  de  respect; 
il  y  passa  l'hiver.  Mais  le  pape,  par  des  lettres 
pressantes,  appelait  Anselme.  11  partit  donc 
habillé  en  simple  moine,  s'attirant  néanmoins  la 
vénération  de  tous,  car  on  accourait  en  foule 
implorer  la  bénédiction  du  faim  rlranger. 

A  Rome,  Lrbain  11  le  lit  lof,'er  au  palais  de 
Latran.  Eu  présence  des  cardinaux,  le  pape  loua 
hautement  Anselme,  <■  héros  de  do<;lrinc  et  de 
vertu,  intrépide  dans  les  combats  de  la  foi  o.  Puis 
il  adressa  une  lettre  à  (iuillaume,  lui  enioignant 
de  rendre  la  tranquillité  aux  é^'li>es  et  de  restituer 
à  l'archevêque  tous  les  domaines  usurpés. 

Bientôt  .\nselme  l'ut  contraint  de  quitter  Rome; 
l'air  était  contraire  à  sa  santé.  11  se  retira  chez 
les  reli:;ieux  de  Saint-Sauveur,  à  Sclavia,  dont 
Jean,  ancien  moine  du  Bec,  était  abbé;  et  là 
lit  jaillir  une  source  dont  l'eau  yuérit  plusieurs 
malades. 

Il  se  rendit  ensuite  au  concile  convoqué  parle 
Souverain  Pontife  à  Bari  dont  la  superbe  basi- 
lique sarde  les  reliques  du  grand  saint  Nicolas. 

La  question  doj;matique  de  la  procession  du 
Saint-Esprit  y  fut  vivement  disputée. 

Li's  Grecs  s'obstinaient  et  demandaient  les 
raisons  des  raisons.  «  Père  et  maître  .\nselme, 
dit  le  pape,  où  étes-vous?  On  attaque  la  foi  de 
la  Sainte  Eis'isc,  notre  Mère,  et  voua  sardez,  le 
silence!  Venez,  car  Dieu  vous  a  envoyé  ici  pour 
le  triomphe  de  la  vérité.  »  Il  lit  monter  le  Saint 
prés  de  lui,  et  Anselme  parla  avec  force,  avec 
science,  éclaircit  les  diflicuités,  au  point  que 
les  Grecs  témoignèrent  leur  repentir  d'être 
restés  si  longtemps  opiniâtres;  tous  étaient  con- 
quis à  la  vérité. 

.\nsL'lme  exposa  ensuite  avec  des  accents  qui 
arrachaient  des  larmes,  la  désolation  des  liglises 
de  la  Grande-Bret.igne  ;  «  J'ai  vu  fouler  aux 
pieds  la  loi  divine,  l'autorité  des  saints  canons 
et  des  décrets  apostoliques;  et  quand  j'ai  fait 
entendre  mes  réclamations,  on  m'a  répondu  que 
que  tels  étaient  les  usages  d'Angleterre  et  le 
bon  plaisir  du  roi.  .  Surexciti's  de  tant  de  crimes, 
les  évèques,  d'une  voix,  deniand;tiont  au  Pontife 
de  luiiier  l'anathème  contre  le  roi  sacrilège. 
Mais  Anselme,  se  jetant  aux  penoux  du  pape, 
obtint  encore  un  délai. 

I^  vain,  (juillauine  lenla-t-il  de  justifier  sa 
conduite  auprès  du  Pape,  en  vain  eul-il  recours 
à  de  secrètes  iniluences  achetées  à  j>rix  d'or,  la 
sentence  fut  solennellement  rendue  six  mois 
plus  lard. 

.\n~elme  avait  obtenu  la  répression  des  abus  ; 
il  reprit  di^nr  le  chemin  de  la  l''rane.e,  laissant 
Rome  dans  l'admiration  de  son  coiiraqe  et  de  sa 
rbarilé.  Le  Saint  lut  de  nouveau  nx  u  à  Lyon 
par  l'aicbevéïpie,  non  comme  un  Iu'fIc.  mais 
comme  un  supérieur  et  un  père.  C'est  là  qu'An- 
selme apprit  la  luort  trajique  de  (•uillaume, 
traiisperié  par  une  lléche  dans  uni-  partie  de 
rliassp.  ■■  La  nuit  derni^i  e.  lui  <lis,iit  «aint  llugiM», 
l'ai  vu  tinillaume  p.ii.iilre  devant  Dieu;  la  con- 
damnation est  pi>'iinii.-ee.  "  Le  fuit  fut  bientùt 
c  .■utirnii'  par  (leuv  moines  venus  rlu  Bec:  ■<  Hélas! 
ilit  Anselme  fondant  en  laiines,  j  eu»  donné  ma 
vie  pour  lui  épfugner  cette  mort  terrible  1  >> 

L  élection  des  seigneurs  porta  sur  le  li-Ane 
le  trYMDii'inc  (ils  de  tiuillaiinie  Ir  conquérant, 
11'  nri  I",  surnommé  6i  au  rltrc,  qui  prit  à  ti'kche 
de  réparer  les  ruines  atnonrelées  pendant  le 
rèunc  de  son  frère.  La  foie  publique  surtout  fut 


grande,  quand  on  apprit  le  rappel  du  vénérabJe 
archevêque  de  Cantorbéry. 

L'envoyé  royal  avait  remis  au  prtlat  une  lettre 
où  Henri  prMtc>tait  de  sa  soumission  filiale. 
L'tiomnip  de  Dieu  bénit  la  Providence  et  hftta 
6on  voya;.'e. 

Coninii'  souvenir  de  son  passape  en  France, 
Anselme  laissait  de  nombreux  miracles:  à  Vienne, 
deux  sei;;neurs  guéris  en  mangeant  des  miettes 
de  sa  table,  un  autre  en  r.^sislant  à  sa  messe; 
sur  If  chemin  de  Cluny,  uue  jeune  fille  délivrée 
tlu  démon;  à  MAcon,  la  fin  d'une  sécheresse  dé- 
sastreuse ;  à  la  Cbai>e-Dieu,  un  violent  incendie 
éteint  par  un  si;;ne  de  Croix. 

Après  un  exil  de  trois  ans,  le  primat  revoyait 
enfin  sa  chère  éiilise,  pour  laquelle  il  souffrait 
persécution.  L'.\nf;leterre  tressaillit  d'allégresse  : 
il  semblait  que  l'ère  des  rébellions  était  enfin 
terminée.  La  paix  s'annonçait  d'autant  plus 
durable  que,  grâce  à  l'intervention  d'Anselme, 
Henri  conservait  le  trône,  malgré  les  revendica- 
tions à  main  armée  de  son  frère  aine  Hobert.  Le 
saint  archevêque  avait,  de  plus,  aplani  les  difll- 
cullés  soulevées  à  propos  du  mariage  de  Henri 
avec  la  princesse  Matbilde,  solennellement  béni 
cette  union  et  sacré  le  jeune  roi. 

Tant  de  dévouement  échoua  pourtant  devant 
l'or^Tieil  et  la  cupidité  conjurés. 

Henri  voulut  à  tout  prix  ressaisir  le  droit 
d'investiture  tel  que  le  possédait  duillaurae,  au 
mépris  des  aqathùmes  pontificaux.  Mais  il  fallait 
briser  une  volonté  de  fer  et  éteindre  les  foudres 
du  l.atran. 

Anselme  reçoit  l'ordre  de  prêter  serment 
d°hommai;e-lige  avec  promesse  de  sacrer  les 
clercs  investis  par  l'autorité  royale.  C'eût  été 
trahir  .sa  conscience,  il  refusa,  i'  (Juiconque  ose 
contrevenir  à  mes  ordres,  dit  le  prince,  n  a  plus 
le  droit  de  résider  en  mon  royaume.  »  Ces 
paroles  annonçaient  un  nouvel  exil.  Le  Saint  ne 
s'y  méprit  pas.  Il  attendit  la  tourmente. 

l-a  violence  ne  servirait  à  rien,  Henri  le  savait]: 
au.ssi  eut-il  recours  à  la  fourberie. 


•BL-X1ÈIIR    VOTAGK    A    HOME    —     VICTOIRE    DEFINITIVE 

Des  prélats  vendus  osèrent  alors  faire  mentir 
le  pape  et  affirmèrent  avec  serment  qu'ils  avaient 
<  I.N-nu  de  vive  voix  du  Souverain  l'ontife  ce  qui 
•'■lut  formellement  refusé  dans  les  deux  lettres 
a<^^e^*èe^  au  roi  et  à  l'archevêque.  Anselme 
demeurait  inébranlable.  Pour  toute  concession, 
il  dilTéru  de  proimncer  l'anatlième  contre  les 
clercs  invc>tis,  mais  il  refusa  absolument  de  les 
sacrer. 

Les  grands  réunis  supplièrent  Anselme  de  se 
rendre  lui-m>^me  auprès  du  pape;  son  crédit 
ftuiss.int  pouvait  tout  o|)tenir  pour  la  pacifica- 
tion de  l'Angleterre.  C'était  l'exil,  l'archevêque 
le  comprit,  tnai^  son  Ame  était  brisée  &  tou-^  les 
iwacrinces. 

•  Je  suis  vieux  et   infirme,  dit-il,  mes  forces 

(lèfullir'iil   peut-être  en  route;    t !'  -ti    est 

Ml  lui    iii'i'Mie.  J'irai  à  Home;  i>  -     que 

>  '      Mundrci  de  moi  rien  qui  , iiurtcr 

>  mon  honneur  et  h  la  liberté  de  la  Sainte 
) 

il   .-rrdit  trop  long  de  suivre  le  saint  vieillard 
dans   Cl    -e..,iiil   MX  i..  ,   il  fui   If.  11   isirl  tilt  en 
Inoi 
rai   1 1 
Diaii.'  .i. 

Au  .  :i,,  ,i,,l  il 

reçut  U  dc.'ciiM:  Uc  lic^iiuitii  reiu>  lUc  !■  »  pie<U 


en  .\ngleferre.  c  Dieu  soit  béni  ",  dit  le  Saint,  et 
il  alla  dans  sa  chère  abbaye  du  Bec  se  placer 
sous  la  direction  du  prieur. 

C'était  merveille  de  voir  ce  vieillard,  brisé  par 
l'Age  et  les  fatii-'ucs  apostoliques,  suivre  comme 
un  simple  novice  les  moindres  détails  de  la 
règle.  <i  J'ai  enfin  trouvé,  disait-il,  le  lieu  de  mon 
repos!  »  et  il  espérait  y  mourir.  Dieu,  pourtant, 
attendait  de  nouvelles  preuves  de  son  amour. 
L'atbielc  allait  rentrer  dans  la  carrière,  mais  en 
triomphateur. 

De  guerre  las^se,  en  effet,  le  Souverain  Pontife 
avait  lancé  l'anatlième  contre  les  perfides  con- 
seillers qui  entretenaient  le  roi  dans  sa  rébellion, 
le  glaive  de  saint  PieiTe  allait  enfin  frapper  le 
prince  lui-même,  quand,  sincèrement  repentant, 
llenri  proposa  la  paix  :  il  renonçait  à  ses  injustes 
prétentions  d'investiture;  Anselme,  de  son  côté, 
consentait  à  prêter  hommage  au  roi  pour  les 
domaines  qu'il  tenait  de  la  couronne. 

11  reprit  le  chemin  de  (Cantorbéry,  partout 
reçu  avec  des  transports  d'allé^;re>se  et  une  magni- 
ficence royale,  grâce  aux  largesses  de  la  pieuse 
reine  Matbilde. 

A  partir  de  ce  jour,  les  temps  heureux  repa- 
rurent où  saint  Edouard  tenait  le  sceptre  et 
donnait  au  peuple  la  première  charte  de  ses 
libertés. 

|jt  concorde  entre  l'autorité  spirituelle  et 
temporelle  ne  fut  plus  troublée.  Saint  .\nselmc 
réprima  avec  force  les  abus  invétérés;  on  vit 
refleurir  les  vertus  monastiques,  la  sainteté  des 
mariages.  L'Eglise,  en  un  mot,  avait  recouvré 
tous  ses  droits.  1^  royaume  même,  dont  Henri 
confiait  l'administration  au  primat  de  Cantor- 
béry, dans  les  moments  où  il  s'absentait,  trouva 
sous  cette  sage  direction  le  bonheur  et  la  pros- 
périté. 

Cenendant,  au  milieu  de  ses  occupations, 
Anselme  poursuivait  ses  recherches  théologiques; 
il  composait  ses  admirables  ouvrables  qui  lui  ont 
mérité  le  litre  de  hocteur  de  IKtlise,  et  l'ont  fait 
regarder  à  juste  titre  comme  l'initiateur  de  ce 
trrand  enseignement  scolastique  dont  l'éclat 
ennoblit  les  siècles  suivants.  C'était,  à  vrai  dire, 
une  Ame  d'acier  dans  un  corps  d'argile. 

L'heure  de  la  récompense  était  proche;  tant 
de  travaux  et  de  romnats  avaient  épuisé  ses 
forces.  Il  tomba  dans  une  faiblesse  extrême,  et 
(lut,  pendant  six  mois,  se  faire  transporter  & 
l'è.'iise  pour  entendre  la  messe  qu'il  ne  pouvait 
plus  célébrer. 

•'  Je  suis  prêt  à  paraître  devint  Dieu,  disait-il, 
dans  ses  derniers  jour-.;  toutefois, j'aurais  désiré 
écrire  sur  l'oni/ine  de  l'âme,  question  que  j'ai 
longtemps  méditée.  »  Il  donna,  au  milieu  des 
pleur'-  et  des  sanglots,  une  dernier.    '  i..ii 

a  la   famille  royale,  à  toute   l'An:.'. 
sentant  sa  vie  se  consumer,  le  moiil.iij  >f  lit 
lire  la  Passion  selon   saint   Luc    Kt  quand  on  fii 
vint  A  ces  paroles  :  ■■  A  vous  in;  •     ' 

avec  moi  dans  les  luttes  et   I 

que  je  vais   vous  préparer  le  i  .v.nm iiiin> 

mon  Père  rac  l'a  preparéàmoi-iiiême  .  X\II.2H  , 
SI  if'piration  «e  ralentit,  l^  l'i!"'  ■'''•■'■' '-rrf 
demanda    A   être    rois    sur    i.>  .'.■' 

I  usau'e  religieux.  Dnii^  ,  f  ii..   l 
r'filt  le  Viatique,  et  i. 

.|iiBit,  on  la  vit  mil  I  ,       .  <ni 

[.nule. 

Peu  après,  le  Taillant  servilenr  recevait,  des 
mains    <lu    Cbri«l    Jénus,   In    t>aliiie    i\r%    héros. 

1.  était  le  21  avril  iiOO;  Ansel ,  \,    disciple  de 

«aint  Augustin,  avait,  comme  son  maître,  70  ans. 


\mp. -gérant,  l.    l'tTlT1l(^. 


LES    MARTYRS    EN    PERSE 

LES    SALXTS    ACCEPSLME,    JOSEPH,    MILLES.    EITHALE, 
LES  SAL\TES  THÈCLE.  MARIE.  MARTHE.  AMA,  etc. 


icte  le  i  ^  avril. 


Un  enfant  prédit  à  saint  Accepsime  que  son  front  recevra  la  couronne  du  martyre. 


«VRTTRS     EN     PERSE    DANS    H     PERSECl'TIO^    DE   SVI'OK 

Les  martyrs  dont  nous  allons  raconter  Thé- 
rnjque  fidélité  h  la  foi  versèrent  leur  sang  pour 
l'amour  de  Jésus-Christ  dans  la  rruelle  persf!- 
cution  qui  sévit  en  l'erse  au  iv  siècle,  sous  le 
ré::ne  si  lonc  de  Sapor.  Nous  avons  déjà  parlé 
dans  d'autres  livraisons  de  plusieurs  de  leurs 
IrtTPs  dans  la  souffrance  et  le  triomphe.  Bien 
')ii>!  le  récit  de  ces  scènes  sani;laates,  on  la  vertu 
li'^sarmée  fut  aux  prises  avec  la  force  tirutale , 
jiuisse  paraître  un  peu  monolone,  nous  conti- 
nuerons encore  aujourd'hui  une  étude  si  propre 
1  MOUS  faire  connaître  l.i  lactique,  si  monotone 
'■lle-m''-me,  de  l'enfer  contre  le  ciel,  du  méchant 
outre  !'■   piile.  du  hoiirreaii  contre  *a  vi<  lime. 


<  Je  vous  envoie  comme  des  brebis  au  milieu 
des  loups.  »  avait  dit  le  Matlrel  El  celle  parole 
va  s'accompiissant  dans  le  cours  des  siècles. 
Tantôt  les  persécuteurs  imitent  les  procédés  vio- 
lents des  Néron  et  des  Uioclélien,  tantôt  ils  ont 
recours  Al.",  tactique  pertide  des  Julien  l'Apostat 
et  des  Constance.  Aujourd'hui,  la  maxime  qui 
prévaut  est  celle  très  ancienne  des  Egyptiens 
avant  Moïse  :  Venise,  sapicnter  opprimamus  eum: 
unissons-nous  pour  les  opprimer,  mais  avec 
prudence  et  h.ihilelé'. 

SAINT  ACOBPSIlig 

Au  moment  où  les  ministres  de  Sapor  exécu- 
laienl  le  plus  activement  les  ordres  de  persécu- 
linii  ul  ijue  pour  ('■Ire  plus  arréalde'^  i  liiir  maître, 


37» 


t 


ils  en  exaf-'éraient  encore  la  risueur.  un  saint  vieil- 
lard, du  iii>m  d'Accepsiinas  fut  arr-Hé  par  eux. 
Natif  d'une  petite  ville  de  Perse,  appelée  Naes- 
son.il  l'tait  parvenu  à  l'ù^'e  de  quatre-vingts  ans. 
D'un  aspeit  vénérable,  .\e.cepsime  se  recommau- 
dait  surtnui  par  son  immen«t»  rharilé.  Sa  fortune 
pa'-sait  au.x  mains  des  pauvr-s  de  sa  ville  épisco- 
jalc.  Son  faraud  âfre,  sa  furlune,  son  induence, 
e  respect  et  l'estime  d'Mit  il  était  entoure,  ne 
pouvaient  manquer  d'attirer  sur  lui  l'attention, 
et  d'ailleurs  Dieu,  qui  a  dit  que  la  vérité  sort  des 
lèvres  innocentes,  l'en  avait  averti  par  la  bouche 
d'un  enfant. 

L'n  jour  iju'il  rnr>'ssail  un  petit  enfant,  lelui- 
ci  déposant  un  l>ai«er  sur  le  front  déjà  chauve 
de  l'evi'qu'  ,  -''-rria  tout  k  coup,  poussé  par  une 
inspiral  !■  Il  ^l'udaine  •  •■  Oh!  la  bienheureuse  tête  ! 
i>h!la  bi.  iilieureuse  léie.qui  recevra. pour  l'hon- 
neur du  <^linst,  la  ronronne  du  martyre!  — il  mon 
(ils!  repartit   le   Saint,  qu'il  me  soit  fait   selon 
votre  parole!  »  L'éii'ijue  d'une  cité  voisine,  qui 
se  trouvait  présent,  dit  alors  eu  riant:  «  Et  moi, 
mon  fll».  que  m'arrivera-t-il?  —  Vous,  dit  l'en- 
fant inspiré  par  Dieu,  vous  ne  rentrere.  : 
votre  ville,  mais  voii«  inoiirrer.  en  roir 
\il|p.-      '  '  ■!  -     '    •■in'      Otle  double  pi >-iiKin>ii, 
lapi  -le,  se  vérilia  à  la  lettre.  Ceci 

se  |...--....   .  .  ..   ^.1  s  années  avant  ce  qoe  : 

allons  dire. 

Quand  le  saint  vieillard  fat  arrêté,  nn  de» 
\iteurs  s'approcha  de  lui,  comme  il  franchi 
le  seuil  de  sa  maison,  et  lui  dit  en  la  loi  n 
trant  :  "  Que  faudra-t-il  en  faire?  »  Mais  le  Saint 
lai  dit  :  "  Klle  n'est  plus  mienne,  car  voici  que 
je  m'en  vais  à  la  maison  de  mon  l'ère  céleste?  >• 

Il  fut  roniluil  dans  la  célèbre  ville  d'.\rhelles, 
dont  saint  Al'r.ibam  avait  été  évéque,  et  il  com- 
|>arut  devant  le  iiief  des  in.iL'es,  noiiim''  Adrachus 
«  Est-il  vrai,  lui  demanda  ce  dniiier,  que  tu 
méprise»  les  ordres  de  notre  nui.'ii'-te  prince  et 
î-xé  les  édils,  lu  persévères  dans  tes 
—  Hien  n'est  plus  certain,  reprit  le 
Mcui.ii  i  .ivec  une  noble  assurance,  et  c'est  pour 
nous  un  devoir  d'afTennir  la  foi  de  tous  ceux  qui 
non-  ....  lent!  —  J'ai  entendu  vamler  ta  sa- 
_es-  Uf-iids  la  preuve  (|ue  tu  nous  dois, 

■•n  I.;    iii\  .idres  du  roi  et  on  ailorant  eo 

^oleil  ma:.'nili.|ii>'  et  !•■  feu,  principes  de  t>>ules 
ihoses,  .iii>'  iiou>;  adorons  tous.  —  Le  royaume 
de  Perse  est  tombé,  reprit  Accepsime,  dans  une 
erreur  bien  jfrossién-.  puisqu'il  adore  des  cp-a- 
tures,  au  mépris  du  (Créateur  lui-même.  .Ne 
penseï  pas  que  je  souille  ma  vieillesse  par  une 
l.ioheté  et  que  je  racheté  par  une  apostasie  le 
peu  de  jours  qui  me  restent  encore  1  » 

.\prc»    celte    r-'pon-e,   Adrachus,  voyant  que 
rien    n'ébr.iiiler.iil   une    telle    constance,  le  lit 
1       "   iiicnl.  qu<-  I 
'Ur  de  la  . 

Il    ■  ■  !i«iiitr  rharcé 

iilt  devant  I*  Ji.  I 

■  -inio,  ou  ilonc  .  >,  I'    ,•,.  ,1 
vienne  et,  s'il  le  p 

I II V  '  M i^it  I II >  Il 


et,t 

(it 


!  léle  le  «listinpuait.  et  son  cœur,  attaché  dès  l'en- 
l  fance  à  la  foi  chrétienne,  en  pratiquait  toutes 
les  vertus.  Il  avait  soixante-dix  ans.  Lu  diacre, 
du  bour:;  de  Itethnoadora,  nommé  Eilhale,  fut 
pris  avec  lui,  et  les  deux  confesseurs  parurent 
en  même  temps  devant  Adrachus  :  <'  Race  im- 
pie, leur  cria-t-il,  quand  cesserez-vous  donc  de 
tromper  le  peuple  et  de  le  détourner  de  l'adora- 
tion du  soleil  notre  dieu?  Où  donc  est  la  vérité? 
Est-elle  avec  le  roi  puissant,  (|ui  est  en  ce  mo- 
ment le  maître  de  la  terre,  ou  bien  avec  quelques 
hommes  aussi  vils  et  abjects  que  vous? 

—  Vils  et  abjects,  nous  le  sommes,  dit  Joseph, 
selon  le  précepte  de  Notre-Seifjneiir  et  Hoi 
Jésus-Christ,  car  nous  ne  faisons  pas  consister 
notre  ambition  à  posséder  les  rirhes-es,  mais, 
humbles  volontairement,  donnant  aux  pauvres 
ce  que  nous  possédons,  nous  f^ardons  la  vérité 
en  attendant  les  trésors  du  ciel! 

—  Vous  ne  les  attendrez  pas  lonylemps,  reprit 
le  jupe  en  colère,  hàtez-vous  d'obéir  aux  orares 
du  roi  !  —  Nous  u'obéirons  qu'aux  ordres  du  Koi 
des  rois!  >.  dit  Joseph. 

Alors  le  inace  cruel  le  (il  jeter  à  terre  et  frap- 
per lonctemps  avec  des  branches  de  firenadier 
armées  .le  leurs  poinli-s  ai^iufs. 

«  0  mon  Dieu!  disait  le  martyr,  pendant  que 
•es  chairs  volaient  en  lambeaux,  je  tons  remercie 
de  m'avoir  iuf:<<  di^ne  de  vous  confesser  et 
d'expier  ainsi  mes  péché»!  » 

l.es  licteurs  l'entendant  parb'r  de  la  sorte, 
redoublèrent  leurs  coups,  ju"^qu'à  ce  que  le  Saint 
fût  impuissant  à  se  faire  (iiloiidre.  (Juand  il- 
furent  lassés,  il»  entourèrent  de  deux  chaînes 
'  cette  plaie  vivante  et  le  portèrent  dans  le  cachot 
où  déjà  était  eiif.^rroé  son  évéque. 

Le  ti«ur  d'Eitliale  Tint  ensuite  :  ■•  Et  loi,  lui  dit 
l'implacable  bourreau,  que  vas-tu  faire?  iroi- 
j  teras-tu  la  folie  de  Joseph,  ou  bien  C'insens-lii 
à  adorir  le  soleil,  en  te  sauvant  ainsi,  toi  et  le- 
lien-,  d'une  mort  prochaine  et  horrible?  —  Je 
suis  chrétien!  ilit  simpiruiriit  le  diacre,  je  ne 
trahirai  jamais  mon  Sauveur  Jésus-Christ!  <• 

Arraci-x  srrri.iCK 

I       .\drachus  inventa  pour  lui  un  nouveau  sup- 
l    plice.  11  lui  fit  .'ittacbi-r  l.s  ui.iin.   ,  i   l.v,.>.,. .(... 
jarrets  et  jiassant  en   tia  ,i 

comm.iiid.i    i   »ii   liMiiini  _  Irc 

chacir  lit  avec  force, 

et  de  1  •  .s  du  martyr, 

l'uis  il  If  lit  friippti  de  vfii:»-»  cumme  Joseph. 

Oepeniliint  Eithale  demeurait  intrépide  et  ces 
é;  les  tourments  ne  le  tirent  pas  trembler, 

li  le  jut'C,  il  lui  dit  arec  ironie  :  ..  Tu 

Irouv!  >  d'  ne  une  irrande  jouis-aïuc  à  repaJlre 
tes  veUT  do  mes  blessures  el  de  mon  sani-.  |j>- 

'  et    les    ti;.TCS    éprouvent     llii  I    ■  '  .'■] 

'.■'■.  Sache  que  tes  lorluros  oc  : 
Ml  ;  .iix  l'ii  inventer  de  nouvelles,  c.ir  i"U'  >  el,i 
m  e-t  indilTérenl.  » 

'      •: '•! ••-! •■-   >  -•— -  Kn 


tu  adores?  (Jn'il 
•  ,,!,.•  .1.    •".  -    ...  . 

•.   fin 


i-ut, 


|U'll 

.1  !,• 


rvau  le  lit  jrt«r  en  pnson. 

rpn  —  «*iM  ru  lui.»; 
J  ..   |.  •  '  t    irrita   un    iiitre   rieillar-l. 


I 


renl  les  Teinr»  et  1rs  m  ,  .. 

'.  ne  sachant    plus  que  mv 

'  >nl<,  ils  Iran  «portèrent  l<<    munr  dan»  l.i 
prt'on    qui    tt.tiI   re^-ii  le^  .l'-'iv  prrinier» 


^i.rt'    'lu  tt  iii|.l 
dan*  voire  foi 


r.i 

I 


—  Ju. 


répondirent-ils  d'une  seule  voix.  —  Qu'on  leur 
passe  sous  les  aisselles,  les  reins  et  les  jambes, 
de  grosses  cordes,  et  sous  les  cordes,  des  bois 
que  l'on  puisse  tourner  avec  force.  » 

On  vil  alors  un  affreux  spectacle.  Les  bois,  en 
tournant,  s'enfonçaient  dans  les  chairs,  où  ils 
traçaient  de  profonds  sillons,  et  Ton  cutendait 
au  loin  les  os  se  briser  sous  l'effort.  Commencé 
à  3  heures,  ce  supplice  se  prolongea  jusqu'à  6, 
et  lorsque  les  bourreaux  furent  lassés  avant 
leurs  victimes,  celles-ci  furent  reportées  dans 
leur  cachot.  On  les  y  laissa  sans  vêtement  et 
sans  nourriture,  et  on  avait  averti  les  gardiens  que 
s'ils  étaient  aperçus,  montrant  aux  martyrs  la 
moindre  marque  de  compaission,  ils  seraient 
impitoyablement  mis  à  mort.  D'autres  chrétiens, 
détenus  comme  eux,  réussirent  à  leur  faire  par- 
venir en  secret  quelque  nourriture. 

Ils  vécurent  trois  ans  de  la  sorte,  invincibles 
dans  leur  constance.  Leurs  forces  revinrent  peu 
à  peu  et  leurs  blessures  se  gnérirent.  Dieu  les 
réservait  pour  un  plus  dorieux  martyre. 

Sapor  étant  venu  à  Bithmada,  ville  où  se  pas- 
saient ces  atrocités,  accompagné  du  prince  des 
mai-'es  ;  celui-ci  tenta  de  nouveau  leur  courage  et 
les  tit  comparaître  devant  lui.  Il  usa  vainement 
de  tous  les  moyens  de  séduction  et  finit  aussi 
par  la  violence,  dernière  ressource  des  tyrans. 
Il  fit  étendre  .■\ccepsime  à  terre  les  bras  en 
croix,  et  le  lit  frapper  sur  le  dos  et  sur  la  poi- 
trine jusqu'à  ce  que  ses  os  fussent  à  nu.  Epuisé, 
perdant  le  sans  par  mille  plaies,  le  noble  vieil- 
lard trouva  la  force  de  se  retourner,  et  levant 
les  yeux  au  cu'l,  il  remit  son  àrae  à  Celui  qui 
couronne  les  vainqueurs. 

Ivres  do  fureur,  les  bourreaux  s'acharnent  sur 
son  cadavre  qu'ils  mettent  en  pièces,  faisant 
sévère  défense  aux  habitants  de  lui  donner  la 
sépulture.  Mais  trois  jours  aprè-,  comme  les 
gardiens  étalent  occupés  à  la  lète  qu'on  donnait 
à  l'occasion  de  l'arrivée  de  la  fille  du  roi  d'.\r- 
ménie  —  envoyée  comme  otage  à  Sapor,  —  les 
chrétiens  en  levèrent  et  ensevelirent  les  précieuses 
reliques. 

Accepsime  était  mort  le  10  octobre.  Le  même 
jour,  Joseph  fut  amené  à  son  tour  devauit  le 
jUfe  cruel  et.  toujours  inébranlable  dans  sa  foi, 
fut  condamné  au  même  supplice  que  son  évéque. 
L«s  bourreaux  le  frappèrent  tant  qu'ils  le  crurent 
mort;  mais  lassi^s  eux-mêmes  et  voyant  qu'il 
donnait  sit-Tie  de  vie,  ils  le  reportèrent  à  la  pri- 
son. F>ithale  eut  enfin  le  même  sort,  montrant 
le  même  courai:?. 

Afin  que  leur  mort  fût  d'un  pins  grand  exemple 
sur  l'psprit  des  chrétiens,  le  jnce  le«  tit  conduire 
à  Arbelles.  leur  patrie.  Comme  il.s  ékiient  dans 
l'imjiossibilité  de  s'y  rendre,  ne  pouvant  faire 
un  pas,  ils  furent  chargés  sur  de»  b''tes  de 
somme. 

ADMIRABLE  DKVOUWHWT  d'lNE  FEMME  d'aRTIELI.F.s 

Transportés  &  Arbelle»  ou  ils  devaient  être 
lapidés,  les  deux  martyrs  furent  jetés  on  prison, 
et  le  t'nuTf  rneur  fei:.'nit  d<"  !<>«  oublier. 

tv-  f.-  1  .,(_  leurs  plaie»  étaient  horribles  et 
F'  '  une  insupportable  odeur,  l'ersonne 

d  i,..  -.;  u  avait  pprmis'i'in  de  le<  approcher. 
Mai»  une  pieuse  femme  d"  In  ville,  nommée 
i'dandule.  obtint,  .\  prix  d'areent,  la  faveur  de  le» 
fdiro  lran«port<'r  cher.  elle,  ou  file  les«ni(tna  pen- 
dant la  nuit,  ater  autant  de  dévouement  qu»  de 
ri-'-p'-'-t.  Klle  poussait  si  loin  l'honneur  qu'elle 
rpiidiit  à  l<»ur»  ^.lorieuscs  blessure»,  qu'elle 
r>  pandait,  comme  elle  eût  fait  d'un  parfum,  sur 


sa  tête,  ses  mains  et  sa  figure,  l'humeur  qui  en 
découlait. 

Avant  le  point  du  jour,  elle  les  fit  reporter 
dans  leur  sombre  cachot.  Un  nouveau  gouver- 
neur, plus  méchant,  ayant  remplacé  le  premier, 
condamna  les  deux  athlètes  à  être  lapidés,  mais 
de  la  maia  des  chrétiens,  selon  le  diabolique 
système  de  cette  persécution. 

On  amena  donc  Joseph  sur  la  place  publique, 
et  on  l'enterra  dans  une  fosse  jusqu''à  la  ceinture. 

Ce  qui  restait  de  chrétiens  dans  la  ville  fut 
alors  forcé  de  s'armer  de  pierres  contre  le  Saint. 
Les  uns,  hélas!  poussés  par  la  crainte,  le  faisaient, 
quoique  avec  répui;nance;  d'autres  s'y  refusaient 
absolument.  De  ce  nombre  fut  îsdaniule  : 
"  N'avez-vous  pas  honte,  dit-elle  aux  bourreaux, 
de  vouloir  forcer  une  pauvre  femme  à  frapper 
des  hommes  désarmés  et  si  malheureux"?  » 
Cependant,  une  montaiine  de  pierres  s'amonce- 
laient autour  de  la  tête  du  martyr.  Cette  tête  véné- 
rable émergeait  seulf,  quand  le  juge  envoya  un 
de  ses  licteurs,  chargé  d'une  gros.se  pierre,  pour 
mettre  fin  à  cette  horrible  tragédie.  Saint  Joseph 
rendit  enfin  son  âme  au  Dieu  qu'il  avait  si  vail- 
lamment confessé. 

Son  corps  fut  réclamé  par  les  chrétiens,  mais 
le  gouverneur  s'y  opposa  et  mit  des  gardes.  Dieu 
se  chargea  lui-même  de  rendre  miraculeusement 
ces  précieux  restes  aux  chrétiens.  Le  quatrième 
jour,  la  foudre  tomba  sur  les  sentinelles,  qui 
furent  tuées  autour  de  la  victime  qu'ils  gardaient. 

Quant  à  Eithale,  il  fut  conduit  à  Patras  et 
lapidé  dans  les  mêmes  circonstances  que  le 
prêtre  Joseph.  Son  corps  fut,  par  un  pieux  lar- 
cin, enlevé  malgré  les  gardes  et  porté  dans  un 
monastère  voisin,  et  Dieu  se  plut  à  manifester 
la  sainteté  de  son  serviteur. 

In  myrte  planté  sur  son  tombeau  avait  la 
vertu  de  guérir  plusieurs  maladies,  et  les  chré- 
tiens en  recueillaient  précieusement  les  feuilles: 
mais  les  païens  arrachèrent  l'arbre,  pensant  par 
là  détruire  la  puissance  du  martyr, 

APOSTASIE    D'fN    PBihUE 

La  persécution  qui  a  pour  but,  dans  les  des- 
seins de  Dieu,  d'accroître  le  nombre  des  élus, 
a  pour  résultat  secondaire  de  séparer  la  paille 
du  bon  uraiii.  Tandis  que  des  milliers  de  chré- 
Uen*  rendaient  au  Sauveur  l'hommage  de  leur 
sang,  quelques  autres,  eu  petit  nombre,  affli- 
geaient l'Ealise  par  de  honteuses  défections. 

Parmi  ceux-ci,  on  remarqua  un  certain  Paul, 
prêtre  d'une  petite  ville  oii  il  exerçait  le  saint 
ministère,  dans  un  couvent  de  vierges.  Il  fut 
dénoncé  au  gouverneur  Narsès-Tarasapor.  On 
le  disait  très  ri'-he,  et  celte  circonstance  ne  con- 
tribua peut-être  pas  peu  à  son  arrestation.  Les 
soldats,  cliareés  d'exécuter  cet  ordre,  trouvèrent 
en  effet  chez,  lui  une  somme  considérable  qu'ils 
emportèrenL 

Eu  mémo  temps  que  Paul,  on  arrêta  cinq 
vipr;;e3 consacrées  à  Dieu;  Thèole,  Maria,  Marthe, 
une  autre  Marie  et  Ama.  Eiicliaiiiêes  comme  le 
prêtre,  elles  furent  amenées  dan»  les  prisons 
de  Tamsapor.  Paul  fut  interrogé  le  premier  : 
"  .~^l  lu  veux  adorer  le  soleil,  lui  dit  le  gouver- 
neur, tu  cï)nservera^  tes  richesses.  » 

Le  malheureux,  qui  préférait,  comme  Judas, 
l'araent  à  son  âme,  consentit  à  faire  ce  qu'on 
lui  demandait,  t'.ette  l.icheté,  i  laquelle  les 
gouverneurs  n'étaient  «uere  accoutumés,  ne 
satisfaisait  pa»  les  secrets  desseins  de  Tamsapor, 
qui  avait  moin»  en  vue  rapnsta«ie  que  la  fnrtiiiie 
de  Paul 


'  ïl   fat  donc  déconcerté  d'abord,   mais  ayant' 
r^Dçchi,  il  ajouta  que  la  vie ne  lui  seniil  cftin-' 
sçrVée  que  si,  Je  sa  propre    uiain,   lui  prêtre, 
ilj^^orgeait  les  vierges  arrêtées  avec  lui. 
•jr espérait  qu'une  pareille  infamie  arri^terail 
P^yl.  Mais  il  est  écrit  que  le  meilleur,  quand  il 
est  càté,  ne  connaît  pas  de  mesure  dans  le  mal. 
Le  pauvre  apostat  était  parvenu  à  ces  profondeurs.' 

Les  vierges,  dont  il  avait  été,  (lotit  il  était 
encore  le  pasteur.  C'imp.iraissent  à  leur  tour,' 
et  toutes  les  cinq  repoussent  avec  horreur  les 
propositions  qui  leur  sont  faites  de  renier  leur 
foi  et  de  sauver  leur  vie.  Le  gouverneur  pro- 
nonce contre  elles  la  sentence  de  mort,  leur 
annoiirant  qu'elle  sera  exécutée  par  Paul  lui- 
même. 

Elles- se  nfusèrenlà  croire  à  tant  de  perfidie; 
mais  qudie  ne  fut  pas  leur  douleur,  quand  elles 
virent  se  précipiter  sur  elles,  un  glaive  à  la 
main,  le  nouveau  Judas  i)iii  avait  été  If  pasteur 
de  leurs  Ames'.'  <■  Liche!  lui  cria  l'une  d'elles, 
'quoi!  c'est  vous,  qui,  par  avarice,  vous  êtes  con- 
verti en  loup,  vous  préparant  ù  éfjorger  vo< 
propres  brebis!  h;Uei-vous,  lils  d'iniquité,  ne 
tardez  plus  à  nous  donner  le  <-oupde  la  mort,alin 
que  nos  yeux  n'aient  pas  la  douleur  de  voir  l'hor- 
rible spectacle  de  votre  corps  pendu  à  une 
poutre,  s'aeitant  dans  un  afTreiix  désespoir,  jus- 
qu'à ce  qu'il  tombe  dans  l'enfer.  » 

Ces  coura;;euse8  paroles  ne  firent  aucune 
impression  sur  ce  scélérat  ;  devant  une  foule 
indiL'né»,  il  mit  a  mort  les  cinq  vierj;es,  aux- 
qui'lles'il  trancha  lui-même  la  tête.  Ceci  se  pas- 
sait le^ti  juin  3»;;. 

Son  crime  ne  lui  servit  yuère,  et  la  nuit  même, 
il  fut  étranglé  par  ordre  du  L'ouverneur  qui  crai- 
gnait de  perdre  les  richesses  qu'il  convoitait  par- 
cette  mort. 

-.MNT  MILLKS    OU   HKUSIEUS 

Reposons  notre  esprit  de  cette  horrible  scène 
et  contemplons,  avant  de  linir,  la  majestueuse 
llgurf  d'un  yrand  évêque,  qui  sciufTrlt  comme 
tant  d'autres  la  ]iersécution  et  que  l'on  honore 
le  2'J  avril 

Saint  Milles  avait  passé  sa  jeunesse  ù  la  cour 
des  lois  de  l'erse ,  où  il  avait  occupé  successi- 
vement de  hautes  fonctions.  S'élant  converti  au 
rhrislianism'',  il  se  retira  h  Elain  ou  Klym.ii«. 
ainsi  nommée  d'Klam,  fils  de  Sem.  Son  humilité 
fut  contrainte  de  recevoir  les  honneurs  cl  les 
charges  de  l'Eglise  et  il  devint  évêque  de 
Suie. 

Otie  ville,  où  l'on  montre  encore  le  tombeau 
de  Daniel,  était  voisine  de  llabylone  et  sfs 
richesses  y  avaient  amené  une  corruption  qui 
rappelait  celle  de  l'antique  et  coupable  cité  de 
Nemrod.  l'eiidant  trois  ans  qu'il  en  fut  ••vêqiK. 
.Mil  1rs  y  déplu \  a  un  lèle  infatiKable,  inai^pr'-ique 
sléril"'.  Ij:*  chrétiens,  en  petit  nombr''.  n'échap- 
paient pas  à  la  corruption  de  leur'  conciloyen», 
et  saint  Mille»,  les  trouvant  iiicnrriitiblps,  et 
•  lias»'-  d'ailleurs  par  l.i  persérutioii,  résolut 
.Il  !       '      Mais  il  ne 

Il  le    terrible 

cl  1     ■  iir  envoyer. 

1  -     .'roul'''S    di-puis 

le    -  ,..•...„... 

ré».  •     1- 

armc- il.eU..  .:;. ;  ...    ...     .,...;.-■  u 

comble  et  d'y  massacrer  jusqu'au  dernier  habi- 


I   làiit.  L'ordre  fut  e.\éculé  ;i  la  lettre;  les  maisons 
I   fifreul  rasées  et  la  charrue  passa  sur  cette  cité 
coupable.  ' 

Saint  Milles«  ne  portant  avec  lui  que  le  livre 
des  Evangiles,  se  rendit  à  Jérusalem,  puis  à 
.\lexandrie;  enfin,  en  3'2.'>,  il  vint  à  Séirucie,  où. 
par  une  permission  divine,  il  frappa  de  para- 
lysie l'ori.'ueilleux  évéque  de  cette  ville.  Sa 
sainteté  éclatait  partout  par  d'innonibrables 
miracles.  A  travers  les  plus  célèbres  qu«  l'histoire 
rapporte,  nous  n'en  citerons  i|ae  deux,  opérés 
par  le  Saint  dans  son  pays  natal.    ' 

l'ne  riche  dame  avait  perdu  l'usaue  de  ses 
membres,  et  depuis  neuf  ans,  elle  ne  sortait  pas 
de  son  lit.  .-Vyant  entendu  parler  de  la  vertu  de 
saint  Milles,  elle  se  lit  porter  à  son  logis.  L'évèque 
lui  dit  d'espérer  en  Dieu  :  ■  tlh!  je  confesse 
bâillement  -^a  puissance,  dit  la  malade!  —  Eh 
bleni  en  son  nom,  le*er-vous  et  marchez!  ••  El 
la  dame  se  levant,  s'en  retourna  seiib'  \  sa  mai- 
son, en  remerciant  Dieu  et  en  ^Idniiant  son  ser- 
viteur. 

Ueux  hommes  vinrent  i  leur  tour  le  trouver. 
L'un  soupçonnant  l'autre  de  vol  lui  déféra  le 
•■•■rment.  L'autre  ayant  accepté  sans  condition, 
.Milles  l'avertit  de  la  gravité  de  cette  iiivoiation 
solennelle  du  nom  de  Dieu.  .Malgré  cet  avertis- 
sement, le  coupable  ne  crai^'iiit  pas  de  prendre 
a  témoin  la  Vérité  éternelle.  Mais  le  Saint, 
fixant  sur  lui  un  n'il  sévère  :  •  Si  ton  ^lorment 
a  été  conforme  <i  la  droiture,  retourne  chei  toi 
^aiii  et  sanf;  si  ta  as  coiniiiiitiin  pai'iuiie,iquc  In 
b'pre  bideiisi'  t'env.ihisse.  -  Et  l  liorrilde  maladie 
parut  à  l'instant  sur  le  menttAir. 

Le  I"  octobre  34),  ll.irinisdas.  gouverneur  de 
la  province,  lit  arrêter  saint  Milles  avei-  ses  lUruv 
disciples,  le  prêtre  Abrosime  et  le  diacre  Sina. 
Conduits  dans  la  capitale,  ils  furent  char^'és  de 
chaiiies  et  par  deux  fois,  ils  subirent  une  cruelle 
llagellation.  Enlili,  le  .'>novemlire,  le  gouveni'-ur 
llormi^das,  l'ayanlfaitcomparBitrettun  troi«r.  ni" 
iiiterroyatoire,  fut  tellement  ouïr'*  dfs  rèpnn-i- 
du  saint  évêque,  que  perdant  toute  ili:.'iiité.  et 
di-  jiwe  se  faisant  bourreau,  ri  perça,  daus  le 
pièioiru  même,  le  Saint  dun  coup  de  poignard; 
Xarsés,  frère  du  «ouvrrneui.  imita  cet  exi-mple, 
et  le  martyr  succoniba  sou-  leurs  coup»,  non 
••iins  leur  prédire  une  mort  lr>'»  prochaine. 

Le  lendemain,  en  •■iTet,  le-  deux  Irères,  pas- 
sionnés pour  la  i;ha»se,  pour-uivant  ch.icun  de 
leur  ciMé  un  cerf  qui  s'enfuyait,  lui  décoclièrent 
nu  passage  chacun  une  lleche  qui.  les  atteignit 
en  même  temps. 

Lesdenx  disciples  de  Milles  souffrirent  avec  lui 
le  ">  novembre  iH;  leurs  corps  réunis  furent 
portés  au  chiUeaa  de  Malcan,  ou  lea  habitant" 
les  honorèrent. 

\iius   pourrions  encore  rapporter  ici  le  récit 
du  martyre  île  deux  fn-res  cél.-bres.  neveux  '-l 
-uccesseursde  saint  Siméon,  ■•>êi|uc  de  .Sébu    • 
à  "avoir  :  saint  Sadotli  ou  Jésn-llust  et  ll^n  • 
c  y  mes;  mais,  outre  <i 
nous    ne   pouvons   i 

d'héroïque    coarai.'''     l'i'-    *n    ->> 

l'erse,   qu'il   fut,   tp-las'   plus  faciie  d' 

.|iie  de  vaincre.    L|l ' 

.le  cent  mille  de  s 

s    .  |l>     iir    sut    y 

qui    fit 
■    •    M  lld-le  '      , . 
lieux  même*  qui  furent  le  berceau  du  roou'r 


I.,., 


ul.  !..   l'ditHKXM,  f.  lur  Kriiiiuit  I".  i'ui» 


SAINT    GEORGES,    MARTYR 

PATRON  DES  GUERRIERS  CHRETIENS 


Fête  le  23  avril. 


avec  le  dragon  qu'il  a  Taincu. 

"labli.llj     Ir     M      •,  i.lKi 


GEORGES,  OFFICIER  SUPÉRIECR  DANS  LA  GARDE  IVPéRIALE 

Saint  Georpes  naquit,  en  lan  200,  en  Cappadoce, 
ou.  suivant  d'autres,  dans  la  ville  de  Diosnolis  ou 
LydJa  en  Palestine,  de  parents  illustres  qui 
eurent  snin  de  l'élever  dans  la  religion  chré- 
'i'-nneet  de  lui  donner  une  instruction  conforme 
aUx  i/rands  talents  dont  il  était  doué. 

Sa  jeunesse  nous  est  peu  connue,  et  les  vinirt 
premières  années  de  sa  vie  ne  semblaient  pas 
annoncer  encore  les  glorieuses  destinées  que  le 
ciel  lui  réservait. 

Georges,  dont  le  père  avait  été  officier  dans 
1  armée  romaine,  embrassa  la  même  carrière 
i  l'àjje  de  dix-sept  ans  La  beauté  de  ses  traits, 
-a  distinction,  l'intellieence  et  la  bravoure  dont 
il  ne  tarda  pas  à  faire  preuve  dans  les  combats, 
le  firent  admirer  de  ses  compagnons  d'armes,  et 
lui  gafoièrent  les  faveurs  de  l'empereur  Dioclé- 
tien  qui  l'éleva  au  crade  envié  de  tribun  mili- 
taire (coloneT  dans  sa  aarde. 

Nul  ofticier  ne  fut  plus  fidèle  à  son  devoir  et 
à  son  chef  terrestre,  car  fout  vrai  chrétien  est 
homme  de  conscience  et  d'honneur. 

Mais,  si  un  sous-officier  avait  l'audace  de  don- 
ner des  ordres  contraires  à  ceux  du  sénéral,  les 
soldats  devraient-ils  obéir  à  ce  révolté?  Non, 
certes.  Ainsi  Georçes  obéit  avec  fidélité  à  son 
prince  tant  que  les  ordres  de  celui-ci  ne  furent 
pas  contraires  à  ceux  du  Roi  des  rois.  Mais, 
quand  son  devoir  fut  de  résister  à  l'empereur, 
ni  l'intérêt,  ni  la  peur,  ne  purent  lui  faire  trahir 
sa  conscience,  son  honneur  et  son  Dieu. 


3AI.NT  GEORGES,  VHAI  HEROS  CHRETrE.N, 
NE  CRAINT  PAS  o'aFFIRMER  SA  FOI 

Un  jour,  l'empereur  avait  rassemblé  son  con- 
seil, Georges  était  présent,  ainsi  que  l'exigeait  sa 
charge.  Excité  contre  les  chrétiens  par  le  césar 
Galère,  qui  avait  mis  deux  fois  le  feu  a  son  palais 
pour  les  accuser  de  ce  crime,  Dioclélien  proposa 
a  l'approbation  de  son  conseil,  de  nouvelles 
mesures  qu'il  voulait  prendre  contre  les  disciples 
du  Christ. 

Indiiini'-  des  blasphèmes  que  le  tyran  profé- 
rai! contre  le  Sauveur  des  hommes,  Georges 
s'élancp  devant  son  tr<)ne  : 

"  Empereur,  dit-il  d'une  voix  vibrante,  je  suis 
chrétien,  et  je  n'ai  point  peur  d'aflirmer  publi- 
quement ma  foi  et  mon  amour  au  céleste  Roi 
qu':-  vous  outraiieï.  Quelle  élrant'e  erreur  est  la 
vrtire  de  vous  avilir  dans  le  culte  des  idoles  et  de 
vous  prosterner  devant  des  blocs  de  pierre  et  de 
m>'lal.  C'est  le  démon  que  vous  adorez  dans  les 
«•(■'ilues  qui    remplissent  vos  temples.   Il  n'y  a 

•l'un  <eul  Dieu  véritable,  c'est  le  I)ieu  des  chri'- 

■ns  qui  a  créé  le  ciel  et  la  terre,  lui  seul  mérite 
U"-  homm.ipes  et  nos  adorations.  '< 

îhoi  julien  fronçait  les  sourcils  avec  fureur  : 
"In-eris»'!  répliqua-t-il,  apprends  que  tous  le"^ 
honneurs  sont  dus  à  nos  puissante-i  ilivinités,  et 
qu'elles  sont  dignes  du  respect  de  tous  les  mor- 
tels; son:.'e  .lux  bienfaits  que  nos  dieux  t'accor- 
■\-r.'  -Inpi''  |our  pir  m''=  main»,  "i    lu^te-loi  rio 


.309 


ûlt'-rés  au  iv  siècle  par  les  liérélique-i  ariens,  il 
est  assez  difficile  aujourd'liui  île  d-int'-ler  les 
détails  véridiques  d  avec  les  auties.et.  Iuen  que 
I  histoire  de  ce  ;;loriem  martyr  soit  imonlestable 
dans  son  ensemble,  il  est  possible  que  certains 
détails  soient  apocryphes. 

(Juoi  qu'il  en  soit,  il  est  peu  de  saints  aussi 
populaires  que  saint  (jeorues;  lE^'lise  linvoque 
comm'Mui  de  ses  protocleur-  dans  les  bons  com- 
bats d.  la  vérité  et  de  la  justice;  les  (irecs  lui 
donnent  le  titre  de  grand  martyr  et  sa  fête  est 
chii  eux  de  précepte. 

Saint  Théodore  Sicéote,  prédisant  au  comte 
Maurice  son  futur  axéneraent  à  l'empire  arec, 
lui  recommandait  une  dévotion  spéciale  à  saint 
(ieorpe». 

La  ville  de  Constanlinople  avait  autrefois  plu- 
sieurs éjlises  dédif'es  sous  son  invocation;  la 
pluslréqn<>iilée  par  les  lidéles  se  trouvait  surle> 
bord» de  rilellespontou  détroit  des  Dardanelles; 
ce  qui  lit  donner  à  ce  bras  de  mer  le  nom  de  Itni^ 
de  Saini-detiryeii.  la  (léorgie  le  considère  comme 
un  de  SOS  patrons. 

L'Occident  prie  saint  (ieorges  comme  le  patron 
des  ;;uerriers  chréiicns,  avec  saint  .Sébastien  et 
saint  Maurice. 

Le  culte  du  héros  martyr  a  été  llorissanl  dans 
nos  contrées  des  les  temps  anciens  :  sainte  Clo- 
tilde.  qui  l'invoquait  souvent,  voulut  que  l'autel 
de  léfjlise  de  (".lielles,  monastère  fondé  par  elle, 
lût  dédié  sous  le  nom  de  saint  (;eor;:cs. 

Les  croisés  éprouvèrent  souvent  sa  protection 
dans  leurs  comoats  contre  les  musulmans. 


Les  Anglais  en  particulier  (alors  catholiques) 
auî:mentérent  alors  leur  confiance  en  ce  saint 
martyr,  et  un  concile  national  tenu  à  Uxford,en 
1222.  statua  (|ue  sa  fête  serait  de  précepte  dans 
toute  l'Angleterre. 

Saint  (ieorpes  était  le  principal  patron  dt  la 
rér)ubli(iue  de  (lénes. 

La  ville  de  Cheviéres,prèsde  Compié«ne(Oise\ 
possède  encore  de  ses  reli(|ues,  et  dans  la  ville 
de  Diospolis  en  Orient,  où  il  fut  jadis  enseveli,  se 
voit  encore  une  église  bilie  par  Justinien  à  la 
lîloire  de  ce  célèbre  soldat  de  Ji-sus-Cbrist. 

SAINTE   GBORGIB   OU    GEORGKTTE 

Sainte  Géorgie  .ou  (iecrgelle)  était  de  Cler- 
mont  en  .Xuversne. 

t:ile  vivait  deux  siècles  plus  tard  que  saint 
Georyes  martyr. 

Elle  consacra  à  Dieu  sa  virsinilé  malsr^  les 
oppositions  du  monde,  et,  pour  servir  plu>  libre- 
ment son  céleste  Hoi,  elle  se  retira  dans  une 
solitude  près  de  la  ville. 

Apres  une  vie  de  prière  et  de  mortification , 
elle  éclian;.'ea  cette  terre  contre  le  ciel  ;  à  ses 
funérailles,  une  u'rande  troupe  de  blanches 
colombes  accoinpai:nérent  son  cercueil  en  volli- 
iieant  tout  autour,  jusqu'à  ce  <|u"il  fût  déposé 
dan-i  b'  loinbi-au,  et  les  assistants  étonnés  se 
demandèrent  si  ce  n  et  lil  point  des  ani:es  ou  des 
àines  \ir;;inales descendue»  un  instant  des  cieux, 
sous  celle  forme,  pour  l'escorter.  Sa  fêle  est  lo 
i;i  février. 


.JS 


}«\;t  -nr/nnl.   1'.     Piiiinriin, 


tiir   l'i.iiiK.K  l",  Pur.' 


LE   BON    LARRON 


Fête  le  i4  avril. 


0  adœiranda  Latronis 
conversio  I  CruciCxum 
videl  et  Regem  proœdi- 
cat.  Alléluia. 

0  admirable  conversion 
du  larron!  il  voit  le  Cruci- 
fié et  il  proclame  qu'il  est 
Boi.  Alléluia.  (Aut.  de 
l'office.) 

CANONISATION 

Le  bon  larron  a  été  mis  au  nombre  des  saints 
par  Nolre-Sei;;neurlui-m<'me  ?ur  la  croii,  lorsque 
le  Sauveur  lui  dit  :  En  vérité,  je  te  le  déclare,  tu 
ieras  atijourd'hui  avec  moi  en  paradis. 

Celle  raiioiiisalioQ,  extraordinaire  entre  toutes, 
doit  eïrilerune  vive  dévotion  pour  ce  voleur  péni- 
tent.  L'Eglise  lui  a  consacré    un  ofCce  et  une 
messe  le  24  avril,  et  son  nom  figure  au  martyro- 
lo;;e  au  jour  du  25  mars,  qui  fut  à  la  foie  la  date 
de   l'Incarnation  à  Nazareth  et  de   la  mort  du 
Sanv.-ur  à  J-'-rusalem.  Nous  dirons  plus  loin  les 
'-   motifs  qu'on  a   de   l'invoquer   et  les 
îices  où  il  convient  de  le  faire. 
1'  la  tradition  la  plus  autorisée,   le  bon 

brr"i.    j'appcUit   Dl^mas   et   le  mauvais  larron 
a  Tbisloire    de   leur   vie 
-,  lorsqu'ils  se  retrou»e- 
II.  <li-Saiiit,  à  la  droite  et  à 

lu  _,.  .  '.■■fois,  le  pardon  du  Sau- 

M    •  •■   façon  toute  royale  les 

'T.;  oudé  assemblé  ne  péaé- 

.  .,je  ce  qui  lui  fait  bonaew 

._  ■jron*-nons  émerreîllés  de  Toir  alors 

au  milieu  de  c«tle  vie  de  crimes,  des  élans  de 
l'Âme  p"Ur  r>-[»ondre  i  la  grâce,  qui  eussent  lar- 
HeaMMt  ««fiG  â  le  eativeriM',  si  cette  gr&ce  avait 
été  aussi  «b^adairtc  po«r  ha  «lue  pour  nous. 
'"  "i  "i  ij.iMMi  ifù  «MdtaiC  osa^piérir  cette  àme, 
L>..>  a  t  a 'cunuler«ef«reMer»h«aaBouvemeuti> 
paaries  iAootder,  aa  <2il*aîre,  4m  aéntes  de  son 


O-  nu'une  injatiwm  aases  «itMisée  nous  rap- 
!■(  ;  '  ii'-s  prejBièrea  — nftri  de  SuaiAs  nnu*  le 
lAotilre.  ea  etfet,  4£*  kn  aa  aHlica  même  de  ses 
dé*('rdre«,r«hjet4wpré«e8aaee* de  Jésus.  Cette 
Inbditioa  e^  ra^oitec  par  Miat  Anselme,  il  la 
racoute  4  l'uoe  4«  te*  MNin  i  propos  d'une 
■rfidititinii  vu  T*ai»ac*  4e  Jémii,  et  il  la  donne 
léaeade,  «iaon  certaine,  du  laoiot 


A'raC    DISHA* 


rmEHiftaa  aaMemi  aa  . 

CéUil  i  rtf9^fÊit 
ioaeph.  Marie  et 


if— I  fayateat  la  calérc  d'Bé- 


rode,  brigand  illustre  qui  usurpait  le  pouToir 
pour  commettre  de  grands  crimes. 

Lorsque  la  Sainte  Famille  eut  dépassé  la 
répion  de  Bethléem,  elle  entra  sur  les  terres 
d'Egypte.  L'Eyypte  est,  dans  l'Ecriture  Sainte,  le 
pays  du  péché,  d'où  Dieu  relire  sou  peuple,  et 
c'est  pour  cela  qu'il  convenait  que  Jésus,  portant 
la  similitude  du  péché,  fût  envoyé  en  Egypte  et 
vécût  au  milieu  de  ce  monde  ennemi,  qu'il 
venait  rachètera  force  de  pardon. 

Or,  dans  cette  fuite  vers  le  p^y*  du  démon, 
Jésus,  Maiie  et  Joseph  pénétrèrent  en  une  forêt 
où  vivaient  des  brigands,  et  parmi  eux  Dismas. 

Dismas,  déjà  dans  la  force  de  l'âge,  était  assas- 
sin de  profession,  dit  saint  Anselme;  ce  qui 
explique  ce  malheur,  c'est  qu'il  avait  pour  père 
le  chef  d'une  nombreuse  troupe  de  malfaiteurs 
qui  vivaient  en  ce  lieu.  11  avait  donc  été  nourri 
dans  le  crime,  comme  d'autres  sont  nourris  dans 
la  vertu;  mais,  semblable  à  ces  âmes  que  le 
soufQe  d'une  éducation  toute  mondaine  ne  par- 
vient pas  à  corrompre  complètement,  il  con- 
servait au  fond  du  coeur  les  grâces  cachées  du 
remords. 

Or,  un  jour,  où  il  se  tenait  en  embuscade, 
attendant  l'occasion  de  faire  quelque  mauvais 
coup  et  de  se  souiller  d'un  nouveau  méfait,  il  vit 
arriver  le  vieillard,  la  jeune  femme  et  le  petit 
Enfant;  ces  trois  voyageurs  portaient  quelque 
bapase,  peut-être  les  dons  des  mages,  dons 
réservés,  par  la  Providence,  pour  ce  lointain 
voyage. 

Inaaaa  ja^ia  qne  cette  faible  caravane  n'op- 
p*e«raitaaoaae  résistance;  le  bâton  de  saint  Jo- 
sepliL,  qu'on  vénère  aujourd'hui  avec  amour  i 
Florence,  ne  l'ellrayait  guère,  et  il  s'avança 
vers  les  voyaceurs  pour  les  maltraiter  et  les 
dépouiller.  Ses  compagnons  étaient  là. 

Quand  il  fut  proche  de  la  Sainte  Famill<>,  son 
re_ard  rencontra  le  visase  du  p<"ti!  J-sn';,  et 
cette  physionomie  lui  apnarut   si    '■  i-e- 

meiit  illumim'e  de  beauté,  qu'au  I  ■  :  'r. 

il  recula  attendri,  et,  pris  de  connins^.  ration, 
non  seulement  il  ne  dépouilla  pas  les  [lauvret 
voy:;:;eurs,  mais,  après  avoir  renvoyé  ses  com- 
pa;.-tions,  il  leur  offrit  l'hospitalité  dans  la 
caverne  qu'il  habitait. 

C'est  ainsi  que  le  moment  d'angoisse  auquel 
la  Sainte  Famille  venait  d'iHre  soumise  se  ter- 
minait, comme  dans  les  angoisse»  précédente», 
par  la  consolation.  En  elTet,  la  route  était 
lonme,  le  soir  des'-endail  et  ils  étaient  sans 
abri; -or,  voirj  au'au  beu  d'un  an^e,  pour  les 
secourir,  "iit   un    voleur  prêt  à    les 

maosacrer.  il  a  coup,  ce  voleur  attendri 

M  transfomiail  en  bon  anue. 

Des  qu'ils  furent  en  cette  caverne,  comme 
ua^nére  à  Bethléem,  les  doa»  afcaadéretit.  Dts- 


62 


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Aujourd'hui,   tu  ««rM  »veo  mol  en   paradii. 


mas,  qui  avait  renvoyé  ses  mauvais  complice» 
sans  tenir  compte  sans  doute  de  leurs  blas- 
phèmes, se  prodiguait  à  ses  hôtes  ;  cet  homme, 
armé  jusqu'au!  dents  pour  le  meurtre,  regardait 
avec  tendresse  rEnfant  Jésus;  celui-ci  daignait 
se  laisser  caresser  par  ce  brigand  qu'il  voulait 
sauver ,  et  Marie  admirait  ce  spectacle  sans 
terreur. 

L'hospitalité  de  l'Orient  est  frugale,  on  par- 
tagea quelques  fruits;  c'étaient  les  fruits  de  la 
forêt,  car  la  Sainte  Famille  n'a  certainement 
jamais  touché  à  ce  qui  devait  provenir  du  vol  ; 
c'étaient  le  lait  des  chèvres  et  le  produit  de  la 
chasse:  on  étendit  les  meilleures  nattes  et  l'on 
reposa,  mais  l'empressement  de  Dismas  montrait 
qu'il  voulait  donner,  avec  sa  pauvre  caverne,  son 
cœur,  plus  pauvre  encore. 

Le  lendemain,  Marie,  considérant  le  respect  et 
l'affection  du  brigand  pour  l'Enfant,  qu'il  ne 
cessait  de  regarder,  rendit  grâces;  puis,  elle 
l'assura  avec  solennité,  qu'il  serait  récompensé 
avant  sa  mort.  Dismas  conserva  le  souvenir  de 
cettepromesse, et, au  milieu  de  ses  débordements, 
il  en  attendait  l'accomplissement  avec  une 
invincible  espérance. 

Quiconque  secourt  un  pauvre  sur  la  route,  lui 
sacrifie  son  repas  et  sa  maison,  reçoit  Jésus; 
et  Marie,  continuée  par  l'Eglise,  est  là  pour  lui 
promettre  qu'il  sera  récompensé  avant  sa  mort. 

La  Sainte  Famille  poursuivit  sa  route  vers 
l'Egypte,  laissant  partout  des  traces  de  ses  bien- 
faits et  jetant  des  germes  de  salut  dans  les  âmes; 
mais  l'heure  de  prêcher  la  vérité  n'était  pas 
venue,  et  le  Sauveur,  s'il  eût  parlé,  aurait  pu, 
comme  à  Cana,  répondre  à  sa  Mère  qui  pro- 
mettait un  miracle  :  «  Ne  savez-vous  pas  que 
mon  heure  n'est  pas  encore  venue?  » 

SICONDI  RBNCOMTRI  DE  JÉSUS  AVEC  DISMAS 

Que  se  passa-t-il  pour  le  brigand  de  la  forêt 
pendant  les  trente-trois  ans  qui  suivirent?  Nous 
ne  savons  rien,  sinon  que  lui,  Gestaset  Barabbas 
se  trouvaient  l'an  33  dans  les  prisons  de  Jéru- 
salem comme  d'insignes  coquins,  condamnés 
pour  leurs  crimes  innombrables  au  supplice 
infamant  de  la  croix. 

Barabbas  fut  délivré  par  l'acclamation  univer- 
selle, et  les  deux  autres  portèrent  la  croix  à  la 
suite  de  Jésus. 

Ces  deux  larrons  furent  accolés  au  cortège  de 
Jésus  pour  le  couvrir  d'infamie  ;  comme  la  cou- 
ronne d'épines  et  le  sceptre  de  dérision,  ils 
étaient  des  instruments  aestinés  à  grandir  le 
supplice  et  ils  accomplissaient,  dit  l'Evangile,  la 
prophétie  d'Isaie  :  Cum  sceleratis  reputatus  est,  il 
a  été  mis  au  rang  des  scélérats. 

Mais  ce  fut  une  bien  grande  grâce  pour  eux  de 
faire  ainsi  le  chemin  de  la  Croix  avec  Jésus,  d'en 
suivre  toutes  les  lamentables  stations,  tandis  nue 
les  Apôtres,  en  fuite,  eurent  le  regret  de  n  en 
avoir  pas  été  les  témoins. 

Dismas  vit  le  long  de  ce  chemin  la  tête  blonde 
du  petit  Enfant  de  la  forêt  couronnée  d'épines 
sanglantes,  elle  était  plus  belle  encore  qu'en 
Egypte;  l'innocence  de  la  face  divine  le  toucha 
peut-être,  mais  il  ne  reconnut  ni  Jésus  ni  Marie. 
Les  crimes  avaient  épaissi  son  regard. 

Jésus  fut  cloué  sur  la  croix.  Dismas  entendit, 
avec  Marie,  les  coups  de  marteau,  et  les  deux 
larrons  furent  attacnés  avec  des  cordes.  Ils  admi- 
raient qu'on  les  épargnât,  tandis  que  tant  de 
fureurs,  de  fla^jellalionset  de  raffinements  étaient 
diiiC'''s  contre  Jésus,  et  cependant  il»  se  mêlaient 
Iru'.  le»  deux  aux  blasphémateurs. 


Les  trois  croix  furent  élevées  entre  le  ciel  et  la 
terre,  l'un  des  larrons  adroite,  l'autre  à  gauche, 
et  le  tableau  du  crucifiement,  devant  lequell'hu- 
manité  entière  demeure  depuis  dix-huit  siècles 
en  adoration,  apparut  dans  sa  réalité.  Dismas  en 
fait  partie. 

Du  haut  de  sa  croix,  durant  trois  heures, 
Dismas  fut  associé  à  Jésus  pour  voirie  spectacle 
de  cette  foule  qui  représentait  le  monde  entier  et 
qui  blasphémait,  il  vit  les  soldats  se  diviser  les 
vêtements,  jouer  la  robe  sans  couture  ;  Marie,  qui 
avait  tissé  cette  robe,  était  debout  au  pied  de  la 
croix. 

On  attacha  le  titre  :  Celui-ci  est  Jésus,  roi  des 
Juifs,  et  il  y  eut  un  cri  de  joie  ;  la  foule  pleine  de 
sarcasmes  disait,  en  hochant  la  tête  et  en  se 
moquant  : 

«  Toi  qui  détruis  le  temple  de  Dieu  et  la 
relèves  en  trois  jours,  sauve-toi  toi-même.  Si  tu 
es  fils  de  Dieu,  descends  de  la  croix. 

—  Descends,  et  nous  croirons  I  »  répétait  le 
peuple. 

Et,  chose  affreuse  I  les  deux  larrons  et  Dismas 
lui-même,  entraînés  par  ce  spectacle,  disaient 
comme  le  peuple  et  le  maudissaient.  (S.  Matthieu 
et  S.  Marc.) 

Marie,  entendant  ces  blasphèmes,  le  regarda, 
reconnut  sans  doute  Dismas  et  pria  pour  lui. 

CONVERSION    DU    LARRON 

Cependant,  la  sixième  heure,  celle  des  ténèbres, 
approchait,  l'ombre  de  la  croix  de  Jésus  s'allon- 
geait sur  la  colline  et  elle  passa  sur  le  corps  de 
Dismas;  à  ce  moment,  l'autre  larron  blasphémait 
avec  fureur,  disant  : 

1.  Si  tu  es  le  Christ,  sauve-toi  toi-même  et 
nous  aussi.  »  (Luc,  XXIII,  39.) 

Mais  l'ombre  des  plaies  divines  pénétrait  an 
cœur  de  Dismas  et  on  l'entendit  répondre  : 

Il  Ne  crains-tu  pas  Dieu  parce  que  tu  es  con- 
damné au  même  supplice  que  lui? 

»  Pour  nous,  c'est  juste,  car  nous  recevons  un 
châtiment  mérité  par  nos  crimes,  mais  celui-ci 
n'a  point  fait  de  mal.  »  {Luc,  XXIII, 40-41. )Cestas, 
le  mauvais  larron,  fut  surpris,  Barabbas,  s'il 
était  dans  la  foule,  fut  étonné,  les  pharisiens 
sentirent  comme  une  morsure. 

Puis  cette  confession  suprême  faite  avec  con- 
trition, le  larron,  devenu  le  bon  larron,  prononça 
un  acte  sublime  de  foi,  d'espérance  et  d'amour 
en  se  tournant  vers  Jésus  : 

«  Seigneur,  dit-il,  souvenez-vous  de  moi, 
lorsque  vous  entrerez  dans  votre  royaume.  «(Luc, 
XXIII,  42.) 

Et  Jésus,  sur  ce  tribunal  où  il  siégeait  en  juge, 
quoique  les  hommes  aient  cru  le  mettre  parmi 
les  condamnés,  Jésus  prononça  la  sentence  et 
lui  dit  : 

«  En  vérité,  je  t«  le  déclare,  tu  seras  avec  moi 
aujourd'hui  en  paradis.  »  (Luc,  XXIII,  43.) 

HODII    HECUH  MIS  IN  PARADISO 

Si  la  légende  de  l'Egypte  est  vraie,  Jésus,  i  ce 
moment,  a  rempli  la  promesse  de  Marie,  et  sans 
doute,  Dismas  reconnut  enfin  la  Mère  qui  lui  fit 
la  promesse  lorsque  le  Sauveur  mourant  s'adres- 
saat  à  elle  lui  dit  : 

Femme,  voici  votre  fils. 

Ce  fils  c'était  Jean,  mais  c'était  Ditmas  aussi 
et  tous  les  pêcheurs  convertis. 

Il   rtait   midi  ;    une    nuit    de    trois   heures   'e 


répandit  snr  toute  la  terre,  le  voile  da  temple 
se  déchira  et  le  désarroi  se  mit  dans  la  foule 
con«lernée. 

Geslas  entra  dans  nn  affreux  dé-^e^poir,  Dismas 
priait  et  il  entemlil  :  EU,  Eti  Inmni  f/ibliocthani  ; 
c'étaient  les  dernières  parole--  Ue  Jé-^us;  le  soldat 
lui  présenta  le  vinaiçre,  le  Sauveur  poussa  on 
grand  cri  cl  il  expira. 

Aussitôt,  la  terre  trembla,  la  croix  de  Pismas 
s'apta;  une  fente  lart;e  et  profonde  s'était  pro- 
duite dans  le  toi  et  allait  jusqu'aa  tombeau 
d'Adam. 

LA    MOBT   DD  BON  LAKBOH 

Le  solefl  éclairait  à  nouveau  la  scène  de  déso- 
lation. Les  Juifs  préparaient  le  temple  et  disaient: 
C'est  demain  le  grand  sal>liat  de  la  l'Aque,  il  ne 
faut  pas  que  ces  corps  restent  sur  les  croix.  Ils 
allèrent  trouver  Pilale  et  lui  demandèrent  qu'on 
bri'-àl  1rs  os  des  condamnés  et  qu'on  eulev&l  les 
caJa*i  es. 

Pe-  >olJats  arrivèrent  donc  fc  nouveau  au 
Calvaire,  le  centurion  qui  aviit  conduit  ceux  du 
crucifiement  s'était  converti. 

Ce»  nouveaux  soldais  lirisèrenl  les  jambes  et 
les  r"'>-^'  -  •■!,  sans  doule,  tous  les  os  ae  Dismas 
et  ■'  :  ils  étaient  mourants,  lorsque  ces 

solU-.    .  iirnanl  vers  Jésus   et  voyant  qu'il 

éluit  dt-ja  uinrt,  ne  prirent  point  la  peine  de  les 
briser,  m.-.is  l'un  d'eux,  Lon».'in,  fil  au  côté  droit 
une  •vaverture  arec  lu  lance. 

Li  Oa  n'tté  droit  s'ouvrait  da  c6té  du 

htfn  l^iroii  <.iL|>iiant,  elle  alluil  jusqu'aux  proi- 
landeurs  du  Cifur  de  Jésus  et  elle  versa  l'e.iu  et 
le  ~  1.  Pismas,  puriflé,  mourut;  il 

avB:.  ■.uiies  delà  iléJernption. 

I.;i  ùii'.x  Ju  l'U  larron,  retrouvée  [>ar  sainte 
Hélène,  en  même  lrmp«  que  relie  du  S.^iiveur,  fut 
Ion.'  e  à  Chypre;  au|ourd'liui,  elle 

est  •'  Croix  de  Jéru-ah'Uï,  sur  l'nutel 

oti  s  i'ijih.>m:i.li.i  «laie  Croix,  le  clouelles  épines. 

son  PATao.*(*ci 

Le  boa  larron  est  le  patron  des  condamnés  k 
mort;  mais,  à  ce  titre,  il  n'aurait  pas  assex  de 
clients. 

11  e»t  de  plus  le  patron  deji  malheureux  dont 

le*alIaJreï»oiildf  ■  :'    ■  •■-"  savent  comiuetU 

re'litu'r  et  ne  mnuiir  voleur» 

.   ira(-    '-■'     ''  •'   -le  chrétiens 

SOI.'.  .  i'-«  ! 

l. .  ...  , .lut  de  tant 

da  graiuU  coupable*  qui  blkffUit  ment  Jéaiu  et 


qui ,  tombant  dans  le  malheur,  se  tourneront  enfln 
vers  leur  Créateur. 

Il  y  a  des  pays  où,  à  ce  titre,  on  devrait  lui 
dresser  des  autels  sur  les  places  public|iies. 

Il  eslle  patron  des  (rrands  pécheurs,  de^  enfnnts 
prodii-Ties,  et  il  délivre  de  l'iinpénilen'e  tlnale. 

«  L'impiété  de  l'impie  ne  lui  nuira  point,  au 
jour  quelconque  où  il  sera  détourné  de  son 
impiété  vt  converti.  »  (Antienne  du  Magnificat, 
à  I  offti-e  du  bon  larron.) 

Le  bon  larron  est  aussi  le  patron  des  Ames  qui 
se  décourapent,  soit  parce  qu  elles  ont  péché,  soit 
parce  que  tout  va  mal  dans  leurs  entreprises, 
soit  surtout  parce  que  la  persécution  triomphe. 

«  Le  bon  larron,  dit  saint  Jean  Chrysostome 
en  roffloe  de  la  fête,  a  vu  le  Sauveur,  non  sur  le 
trône  royal,  non  adoré  au  temple,  tion  point 
parlant  du  haut  de  son  ciel  et  commandant  a  ses 
aniJt's,  mais  il  l'a  vu  associé  au  larron  dans  le 
ch&tinient.  Il  l'a  vu  dans  les  lounnent-.,  et  il 
l'adore  comme  s'il  était  dans  la  >;loif*:  il  le  voit 
sur  lacniix  et  il  le  prie  comme  s'il  était  puissant 
au  ciel.  Il  voit  le  condamné  et  il  invoque  le  roi, 
disant  :  Seigneur,  souvenet-vr»us  de  moi  lorsque 
vous  arriverei  dans  votre  rovaume.  Tu  vois 
le  Crucifié  et  tu  annonces  le  Roi.  Tu  le  vois  sus- 
pendu au  Kibel,  et  &  ce  spectacle,  tu  penses  an 
royaume  des  cieux.  0  admirable  conversion  du 
larron  !  (Leçon  II  de  roUice.) 

Autrefois,  on  l'invoquait  beauci  •  ■    Us 

vo(eurs,  et  le  moyen  If,-»  nom  a  '  une 

autienne  versifiée  que  récitaient  <  n  -mi  ii-in- 
nenr  les  personnes  dont  les  biens  sont  exposés 
à  la  rapacité  des  larrons.  Mous  en  donnons  la 
traduction  : 

«  Pour  des  raisons  différenles,  troî«  .-nri.s  «ont 
suspendus  au  cibet  :  Pymas  d'un  ■  de 

l'autre,  au  milieu,  le  Ùieu  lout-pui  ^    nj  is 

monte  aux  cieux,  Gestas  dcgcind  aux  at>iines.  t^ue 
la  souveraine  puissance  nous  conserve  noas  et 
nos  biens.  Récite  ces  vers  pour  ne  pa)  perdre, 
par  le  vol,  ce  qui  t'appartient.  « 

Voici  maintenant  l'oraison  solrnnelled«rE^iM 
pour  son  ofllce  : 

osAison  «0  ao!4  lasbon 

Dieu  tout-puissant  et  miséricordieux,  qui  jus- 

tiflei  les   impics,  nous  ^  -    :   - ,  ^^  ^(,m 

en  supplions,  diri(.'ei  vei  ■    iter  no» 

cœurs  a  la  pénitence,  le  ■>    i»   .  ' ''' 

Fils,   qui    lui   pat'na    le    ca-ur    di. 
larron  ;  et  dai^inri  nou«  arrort>r 
la   cloire   élernellc  qu'il   lui    , 
le  demandons  par  le  mi'ine  j 
Seigneur.  Ainsi  soit-il. 


L.  rtiiTui.N»»,  lmi).;yt/ajW,  l>,tuel'r*ujv>-'i»l".i''»'i* 


SAINT  MARC,  ÉVANGÉLISTE 


Premier  siècfe.  —  Ft'-le  le  2.j  avril. 


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f  ii/(  ,i/t  ,iY(  ,)/[;  r(ï  rAfr]i/r,f\iÇ  :]ïf;\{C  ,iR}fu 


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Lxl\XAZ:^^^^'^ '■'T'"^  | 


l'rcsque  «le  Consoni    îu  Vatican. 


LK    L10>    IIF    SAINT    llAHi; 

Saint  M.irr.  est  une  des  plu»  srande»  (ifjures  de 
Il  l"i  nniivcile.  yiU  spirilupl  «In  saint  l'icrre  dont 
il  •'•lait  l'intprpri'le  et  le  conlideiit,  docteur  .rvan- 
Bi'-li'pie,  ap''itre,  martyr,  il  est  un  do  ce*  quatre 
aniiiiaiix  mystiques  qui  asi-i^tpnt  devant  le  trAne 
df  l)i<Mi.  Le  salut  proplnle  Kz>^cliiel  et  le  disciple 
bien-aimé  du  Seiyneur  le  viri'iil  l'un  et  l'autre 
sou»  le   symbole  du  liou,  ly|)e  célexte  que  Marc 


.1  iriervi'iilfiispniriir  rtaiisi',  car  il  ouvre  son 
Kvant'ile  par  le  rncit  de  la  prédication  de  Jean- 
Haptiste,  rappelant  que  le  rAle  de  ce  précurseur 
du  Messie  avait  été  annoncé  par  Isaie.  qua.id  il 
avait  parlé  «le  la  voix  de  celui  qui  crie  dans  le 
ilé^ert  :  voi\  ilu  lion  ipii  ébranle  les  sniiliidcs 
par  ses  rusis-ements 

t'.e  disciple  chéri  de  l'ierre,  ce  bnllanl  salcl- 
lilc  du  soleil  de  IKulisc,  comme  on  l'a  si  ju-i'- 
inenl  appelé,  avait  reçu  dans  son  opur  un  rayon 


112 


de  cette  lumière  céle«te  qui  est  la  splendeur  du 
Pi're.  et  il  fut  i  Iiui^'é  par  le-  Vii-airo  de  Jésus- 
Chnst  d'alliT  r^  (laudre  son  érlal  »ur  ce  sol 
J'Kgypte  lïPÙ  toui  «-tait  éieii,  exceplé  Uieu  lul- 

11  ne  Tallnil  rien  moins  qup  la  «splendeur  d'un 
tel  llauilieau  pnur  dissiper  les  lémbres  qui  pla- 
naient -ur  ces  contrées.  Le  Menlieun-ux  aprttre 
sema  la  parole  sainte  dans  ces  cœurs  endurcis: 
ses  sueurs  et  son  san;;  fércinJcrent  ce  sol  ingrat 
et  le  fertilisèrent  au  pxinl  que  la  moisson  s'éle- 
vait au  ceutupli.'  cpiainl  il  la  transporta  dans  les 
celliers  du  Pcre  de  famille. 

-  WNT  lUBC  KT  sAarr  PIERRE 


â  vrai 
sa  vie  .1 
sont  " 
à  t. 
opii 
soi  ' 

*•''  ■ I-  • 

le  '.  rc. 

A j  '     nt»*.  ',if_  il 

du    |iriii' 
comluit  I 

ininiuaidf  dan^  la 
suivit  a  Himii'.  ou 
pai-t  •'  '■!• 

pou.  [      : 

Suial   I      '  '  •    ,  ■■'"'  ' 
jetait  la  i         • 
Kieii    fii 
nonibr*' 
le  ni 

i; 
à  li. 
la  I. 
qu'il   . 
lat,  il  la 

Mar.     A -i. 

lion  |>    jr  lui  de  troaver  accru 

ridci..-. 


.iiii] 

1  ne 


(iirsiimii' 


i'a]'iUle  du    luoiiiie.  Marc    L- 

il   eut   part  à  la  plu-^  :.'raudt' 

^<>n  maître  ilul  s'inipoter 

la  fi'i  de  Jésu^-Clirist. 

.    ou,   pour  mi'Mix   dire, 

r  :  saint  Mari'  arrosait,  et 

•'I'   tant  d'.il'oudaiicc    le 

.  oii  iif  ().iil  lit  dans  tout 

tellement 

ui   illcr  port*;r 

•  i«iii~.  l'eiiiiaiil 

df  son  apo>lo- 

Ik-  son   disripli' 

_ii     -lande  ronsola- 

le  nombre  des 


L'iVAMIU  ^ILLH>>  SAI.NT  MARC 

Geux-ci  M  aratant  tous  !<»«  j«Mr«  pins  embra- 


sé» lie  la  vérité  et 
1ère»  de  II  |ni  n' 

rèri  1:11 

daii 


Mt 

1  - 


M 

^iu^| '• >.>. 

immortelle» 

.-  Marr.dii    , :     -'..H...  Il 

ration  d<'  Mntlliieu  ;  il   I  ab: 
tem|o>  il  la  coniplit.-.  In   in 
lopp<>inent  ticiiiicnl  alt>->trr  a  ' 
l'i'Ttr.  t 'm'iri   >  t  .itidit.  ur  de 
!"• 

'•  \  ;, 

rL 


-  ni)>- 

lii'  au 

1  •  our- 

Lui 

«oïl    iii-  .■      iii»ciple 

de  leur  mettre    par 

iiie  ri,  i>oUk 
i  les  pAj^e» 


!.. 


•  •  que 

^l   de 


du  monde,  et  le  nom  de  Marc  devint  célèbre  par 
toute  la  terre.  >• 


vu   APOSTOLUJl'E 

La  carrière  apostolique  s'ouvrit  devant  .Marc 
lorsqu'il  eut  écrit  son  Evanyile.  l'ierre  le  diri:;oa 
d'aliord  sur  Aquilèe,  où  il  fonda  une  insigne 
éi-'lise,  mais  c'était  liop  peu  pour  un  èvanv'élisle. 
Le  moment  était  venu  où  l'Egypte,  la  mère  de 
toutes  les  erreurs,  devait  recevoir  la  vérité,  où 
la  superbe  cl  tumultuou-c  .\lexandrie  allait  voir 
s'élever  dans  ses  murs  la  seconde  Kfjlise  de  la 
cbrélientè.  le  second  siéjf*  de  Pierre;   Marc  fut 


.1 


11'  --1I1.1 
daii>  le 


•■V  Aon  maître 4  ce  (.■ruud  .euvre.  l'ar  >a 
a.  la  doctrine  du  salnl  ijeriua.  Ileurit 
il  le  bon  grain  .ui- 

••   toutes  :   et    ! 

'   ^         :      :  ;  -  a  ij  «  »  1 1  e  »  ■ '  '  ~  ■ 

-»  de  l'en  Ml 


II 


à  Cyreue  dan-  la  Peu- 
'luiil  une 


à  Cvre 

1  r  I.  f.'.. 


multitude    de 

.il  II  uii»,  les  id  .      1  . 

.  iiid  cette  chrétienté 
ip-e  dans  la  foi,  Marc 
li<~   de    la    Lybie.    PntUmt,  I 
l'aiiprocbe  lie  ce  cuni^aérani 
et  la  l>.i»»<>  KL'vple,  l'iUM  et  1  .. 
le  pa;.  -loiait  difM^i  taai  ^' 

taiii   '  ii>,  rrroMarrnl  le  > 


-  f  lire  ut 

,  -    >aiTès 

nt  forti- 

;  ' .  1 1'  - 


in* 
n 


JU»"|Ue-ia 

vérité,  de-  i 
tant  de  saim- 
l'univers   «Il    la 

plus    li.iie.  Il»     , 


■~nt»   dr    i>aiui    'H    ilr 

I  uiiiéc,  U  »éj<tur  de 
.  ri  ta  CMltrér  di»  tout 
éraiiKÉttqae  douua  le> 


ifei,  exUi  far  la  fuirur 
A  i>ras  At  Haricei  l'ondiiil 
était    teuu    <! 
I  -viite,  et  il  a» 
.|ui  devait 
)ui   faire 
les   .Uli  ina»e,    le»    i'aul.    Us    AntoÙM,   ui    L<.ii! 
d'autre^  de  re^   illu»lrc»  i'eri-s  du  détert,  qui  >e 
comptèrent  par  centaines  et  par  miUtcr». 


Marr, 


l.l 
d'Ilèi 
par  I 
rlios|. 

sur  elle  celte  pluie  .1 
mari|ii>'.  la  reudre 


Ai.itAnDaia  —  la  «ci 

rr  lu  tatsict  amuMB 

Après  avoir  défriché  ce  vaaU  champ 

. .  ..:,..i    .1..    l'L'. ..,..<  ».....!      ..»    I.......    I.    .  .. 


dit-on,  »  .. 
.  .      lidrc  part 

disruBMOUa  du  jour. 

Fort  du  secours  de  IMeu,  Marc,   hnmmr  »ati- 
-,  vint  attaquer  de    front    ,. 
.iplio»   (>(  d'ornl<-iir»  epri»  .1. 


trAi 


.i»»-f 
-.«lui 


Dieu  !  Il  Vraiment,  pensa  Marc,  le  Seigneur  a 
rendu  mon  voya;;e  prospère.  Et  aussitôt,  for- 
iiiaiit  un  peu  de  boue  avec  sa  sali\«-  et  de  la 
terre,  il  appliqua  cet  onf;'uent  sur  la  blessure  eu 
disant  : 

11  Au  non)  de  Jésu6-Cbrist,  qui  vit  et  règne 
dans  les  «iècles  des  siècles,  sois  fruéri.  »  Et  la 
blessure  fut  ^ruérie  a  Tinstanl. 

Cet  bomiue,  qui  avait  nom  Aiiianus,  plein 
d"adniiralion  pour  la  puissance  de  ce  médecin  : 

11  Je  t'en  prie,  homme  de  Dieu,  lui  dit-il, 
vieniï  loiier  aujourd'hui  dans  la  maison  de  ton 
'erviteur,  ne  dèdai^ine  pas  de  rompre  avec  moi 
le  pain  de  l'hospitalilé;  tu  t'assiéias  à  ma  table, 
fiarce  qu'en  ce  jour  la  miséricorde  a  été  grande 
envers  moi.  " 

Tout  transporté  de  joie,  le  bienheureux 
apôtre  répondit  : 

"  Ou'on  récompense  de  ton  hrspilaJité,  le 
Seigneur  te  donne  le  pain  de  la  vie  éternelle.  " 

Arrivé  sur  le  seuil  de  la  demeure  de  son  hôte. 
Marc  s'écria  : 

«  ijue  la  bénédiction  du  Seigneur  soit  sur 
"elte  maison.  Prions  Dieu,  mes  frères.  » 

La  parole  prave  de  l'apùlre,  son  extérieur 
plein  de  noblesse  en  iniposi-rent  à  tf>ut  le 
monde.  Tous  obéissent  à  sa  voix  et  tombent  à 
l'enniis.  Après  la  prière,  chacun  souhaita  la 
bienvenue  à  cet  étranger  qui  montrait  un  tel 
respei't  pour  la  Divinité,  et  Ton  se  mit  à  table. 

Pendant  le  repas,  Anianus  s'adressant  à  son 
hôte  : 

■•  Je  TOUS  en  prie,  mon  père,  lui  dit-il,  dai- 
crnei  satisfaire  une  curiosité  bien  léfitinie;  il 
nous  serait  doux  de  connaître  notre  bienlaiteur; 
qui  êtes- vous,  ô  mon  Père,  n'ètes-vous  pas 
quelque  divinité  descendue  de  l'Olympe,  et  d'où 
vient  que  votre  prière  a  une  telle  puissance  et 
une   telle  eflicacité  ? 

—  Je  suis  le  serviteur  du  Seigneur  Jésus-Christ, 
Fils  du  Dieu  vivant. 

—  Ne  pourriez-vous  me  le  montrer  ce  Dieu 
qui  opère  de  si  grandes  merveilles  ?  Nulle  part 
je  ne  l'ai  entendu  nommer.  Je  voudrais  cepen- 
dant le  remercier  de  la  bienveillance  qu'il  m'a 
If^moignée  aujourd'hui. 

—  Je  te  le  montrerai,  et  ce  Dieu  tout-puissant 
l'aura  pour  agréable  si  ta  reconnaissance  consiste 
.'i  l'aimer  et  à  le  servir  le  reste  de  les  jours.  » 

Alor»-,  ouvrant  le  livre  des  Ecritures,  il  lui 
<\pli']uail  les  prophéties  et  lui  montrait  que 
Iiieii  avait  promis  d'envoyer  son  Fils  sur  la 
terre  pour  racheter  le  genre  humain  qui  s'en 
.illail  dans  les  voies  de  1  erreur. 

'1  Mai»,  quelles  sont  ces  Ecritures  ?  interrompit 
Anianus;  je  ne  crois  pas  gu'on  les  enseigne 
il.ms  nos  écoles.  Je  connais  I  Iliade  et  l'Odyssée, 
et  lout  re  qu'on  a  coutume  d'api^rendre  aux  fils 
des  Ecyplittns,  mais  jamais  je  n'ai  entendu  par- 
ler de  ces  pro[ihétii's  que  vous  m'exposei.  ■■ 

Alors,  le  saint  évani'''liste  lui  lit  voir  combien 
•  l.iit  vaine  cette  sat'"'-e  dont  le  monde  se  van- 
I  lit  lant.  Ensuite,  il  lui  annonça  Jcsu.«-Christ  et 
lui  développa  les  mystères  les  plus  élevés  de 
noire  religion. 

En  eniinil.uil  une  <■[  snblime  doctrine,  Anianus 

ru-   douta   plus  que   la   rérité   ne    parlAt  par  la 

I'   11'  lie  de  cet  homme  qui  accomplissait  li'ailleurs 

-i   r.r.inds   prodi;.'es,   et   la   urAcc,  pénétrant 

'l'iir,  il  renonra  au  culte  des  idoles  et 

'it  avec  toule  sa  maison. 

telle  fui  la  première  ronqu'Hc  de  Marc  dans 

•Ile  L'rande  ville,  et  la  foi  s'y  répandit  avec  une 

'elle  rapidité  qu'Alexandrie  vit  s  élever  dans  son 


sein  la  chrétienté  la  plus  llorissanle  de  l'univers. 

Ce  même  Aniauus,  qui  passait  auparavant  sa 
vie  à  raccommoder  les  vieilles  chaussiir.  -..  fil  de 
tels  pr<.'i.Tés  dans  la  connaissance  et  lu  pratique 
des  vérités  chrétiennes,  que  saint  Marc  le  s.icra 
évéque  d'Alexandrie  deux  ans  après.  A  ailé  du 
siège  épiscopal  s'éleva  ce  didascalé,  cette  école 
des  catéchumènes  qui  sera  le  germe  de  cetL- 
fameuse  école  qu'illustreront  plus  tard  les  l'an- 
thène,  les  Clément  et  les  Origène. 

La  ferveur  des  nouveaux  chrétiens  semblait 
s'accroiire  avec  le  nombre.  Plusieurs,  touchés  du 
désir  de  s'élever  jusqu'au  plu-^  haut  point  de  la 
perfection  chrétienne,  s'efiorcérent  de  joindre 
la  pratique  des  conseils  de  l'Evan^-'ile  à  l'obser- 
vation des  préceptes,  comme  ils  le  voyaient  faire 
à  Marc  lui-même.  L'on  vit  bientôt  celle  grande 
ville  et  son  territoire  remplis  de  ces  généreux 
chrétiens,  qui,  renoui-anl  à  toutes  les  comniodilés 
de  la  vie,  ne  s'occupaient  plus  que  de  Dieu  et 
passaient  leurs  jours  dans  la  pratique  des  plus 
grandes  austérités,  dans  la  lecture  des  Livres 
Saints,  et  dans  une  continuelle  méditation  des 
vérités  éternelles. 

Ces  fervents  chrétiens  d'Egypte  furent  nommés 
Thérapeutes,  mot  qui  signifie  serviteurs  de  llieu. 
ils  furent  comme  la  semence  de  ce  nombre 
prodigieux  de  saints  solitaires,  qui,  quelques 
siècles  après,  peuplèrent  l'Egypte  et  laTbébaide. 

Le  nombre  des  fidèles  augmentant  sans  cesse, 
les  .Alexandrins,  furieux,  tendirent  toutes  sortes 
de  pièges  au  bienheureux  Marc,  et  cherchèrent 
à  le  faire  mourir.  I.e  Saint,  apprenant  leurs 
mauvais  desseins,  créa  .\nianus  évèque  en  sa 
place,  ordonna  trois  prêtres,  sept  diacres  et  onze 
autres  ministres  pour  le  service  de  l'Eglise,  puis 
il  se  relira  dans  la  Pentapole.  Il  y  demeura  deux 
ans  à  fortilier  les  frères  qui  avaient  déjà  reçu  la 
foi;  il  ordonna  aussi  des  évèques  et  des  clercs 
dans  ces  régions,  puis  il  revint  à  Alexandrie.  A 
son  retour,  il  IrofHva  que  la  foi  et  la  (.'race  du 
Seieneur  avait  fait  de  nouvelles  conquêtes.  Le 
Saint  s'en  réjouit  beaucoup,  et,  lléchissant  les 
genoux,  il  rendit  gloire  à  Dieu. 

Ce[iendanl,  les  païens  connurent  l'arrivée  du 
Saint.  Jaloux  de  le  voir  multiplier  les  miracles, 
ils  cherchèrent  plusieurs  fois  à  s'emparer  de  lui  ; 
dans  leurs  théâtres,  leurs  festins,  ils  ne  cessaient 
de   crier  :    n   Cet    homme    dispose    d'un   f.'rand 


pouvoir!  » 


TIslON  —  TRIOMPHE 


Il  arriva  cette  année-là  que  la  solennité  de 
Pilques  coïncida  avec  la  fêle  du  dieu  Sérapis. 

Hassembléspour  la  circonstance,  les  païens  se 
dirigent  vers  la  demeure  du  saint  évanKéliste. 
Ils  le  trouvent,  offrant  à  Dieu  l'hoinniave  de  ses 
prières,  .\lors,  ils  se  saisissent  de  sa  personne,  lui 
passent  une  corde  au  cou  et  le  Iraincnt  |iar  la 
ville  en  criant  : 

11  Traînons  le  buflle  au  quartier  du  bouvier!  » 

l'endant  ee  temps,  le  bienheureux  Marc  rendait 
grâces  à  Dieu  et  disait  : 

"  Soyer,  béni,  mon  Seigneur  Jésus-Christ,  de 
ce  que  j'ai  été  jugé  digne  de  souffrir  pour  votre 
nom  :   " 

Sa  chair  tombait  en  lambeaux  sous  les  coups, 
et  le  pavé  de  la  roule  était  teint  de  son  san^.  Le 
soir  venu,  le-;  idolâtres  le  jetèrent  en  prison,  en 
altendant  qu'on  imaginât  le  genre  de  mort  qu'on 
lui  ferait  souffrir. 

Vers  le  milieu  de  la  nuit,  comme  les  portes 
étaient  fermée» *el  les  garde»  endormis,  il  se  lit 


un  violent  tremblement  de  terre,  car  l'Anse  du 
Seisneur  descendit  du  ciel,  toucha  le  saint 
martyr  et  lui  dit  : 

"  Marc,  serviteur  de  Dieu,  le  premier  de  ceux 
qui  ont  propagé  dans  l'Eyypte  hi  l'^i  du  Sei?,'neur, 
voici  que  ton  nom  est  écrit  au  livre  de  la  vie 
éternelle,  et  ta  mémoire  ne  périra,  jamais;  car 
tu  as  mérité  délre  uni  à  la  Vertu  céleste.  Ton 
àm<'  va  être  enlevée  au  rie!  pour  y  jouir  de 
rétcrucl  repos  et  de  la  lumière  qui  ne  s'éteint 
jamais.  » 

Pendant  cette  vision ,  le  bienheureux  Marc 
élevait  les  mains  et  disait  : 

"  Je  vous  rends  t.'ràci's,  mon  Seigneur  Jésus- 
Christ,  de  ce  que  vous  ne  m'avez  pas  délaissé,  et 
de  ce  que  vous  m'avez  compté  au  nombre  de  vos 
saints.  Je  vous  supplie,  mon  Seif-Tieur  Jé^us- 
(>hrisl,  recevez  mon  âme  dans  la  paix,  et  ne 
soulTrez  i«as  qu'elle  soit  séparée  de  votre  prAce  !  " 

Sa  prière  étant  linie,  le  Seij^neur  Jésus-(>hrist 
vint  ;i  lui  sous  les  mêmes  traits  et  avec  les  mêmes 
vêtements  qu'il  avait  lor-i(ju'il  se  trouvait  avec 
ses  disciples,  avant  sa  Passion,  et  il  lui  dit  : 

■  l'fu  lihi,  Marce.  Evniujelista  mi.  »  (La  paix 
soilavec  toi,  Marc,  mon  Evan^'élisle. 

A  quoi  le  disciple  répondit  : 

"  Seigneur  !  « 

Sa  joie  et  son  amour  ne  trouvèrent  pas  d'autres 
paroles.  Ainsi  Madeleine,  au  malin  de  PAques, 
avait  ;.'ardé  le  silence,  après  ce  cri  du  cu?ur  : 
"  t'her  Maître!  » 

l.c  lendemain,  Marc  fut  immolé  parles  païens, 
mais  il  avait  rempli  »a  mission  sur  la  terre,  et 
le  ciel  s'ouvrait  au  lion  qui  allait  occuper,  atl 
pied  du  trAne  de  l'Ancien  des  jours,  la  place 
d'hoiii.eur  où  le  prophète  de  Pathmos  le  con- 
templa dans  sa  sublime  vision. 

A[iré8  l'avoir  mi'*  à  mort,  toute  celte  multitude 
de  :;eiitil«,  transportée  de  fureur,  alluma  un  i;rand 
feu  sur  le  bord  de  la  mer,  pour  y  brûler  les 
reliques  du  saint  martyr.  Mais,  par  la  providence 


de  notre  Dieu  et  Sauveur  Jésus-Christ,  il  s'éleva 
une  violente  tempête  et  un  vent  impétueux:  le 
«oleil  cacha  ses  rayons;  de  fréquents  coups  de 
tonnerre  se  firent  entendre,  et  du  malin  jusqu'au 
soir,  la  pluie  tomba  par  torrents,  en  telle  abon- 
dance que  les  maisons  de  plusieurs  en  furent 
renversées,  et  que  bon  nombre  de  personnes 
furent  englouties.  Dans  leur  frayeur,  les  gardes 
abandonnent  le  saint  corps  et  prennent  la  fuite. 

D'autres  disaient  en  se  moquant  :  ••  Notre 
^and  dieu  Sérapis  a  voulu,  dans  sa  fêle  d'au- 
jourd'hui, visiter  cet  homme.  » 

Cependant,  des  fidèles  vinrent  chercher  le 
corps,  et  ils  le  portèrent  au  lieu  où  le  Saint  avait 
coutume  d'offrir  à  Dieu  ses  prières. 

Quand  la  cérémonie  fut  achevée,  les  fidèles 
l'ensevelirent  comme  le  voulait  rusa:;c  du  p;'y<, 
et  ils  le  placèrent  dans  un  petit  caveau,  creusé 
dans  le  roc.  lis  honorèrent  sa  mémoire  dans  le 
jei'ine  et  la  prière,  le  félicitant  d'avoir,  le  pre- 
mier, occupé  le  trrtne  glorieux  d'Alexandrie. 

LES  RELIQUES  DB  SAINT  MARC  A    VENISE 

Au  IX'  siècle,  dit  dom  (luéranger,  l'Eglise 
d'Occident  s'enrichit  de  la  dépouille  mortelle  de 
.Marc.  Ses  restes  sacré»  furent  transportés  à 
Venise,  et  sous  les  auspices  du  lion  évangéllque 
commencèrent  pour  cette  ville  les  glorieuses 
destinées  qui  ont  duré  mille  ans.  La  foi  en  un 
si  grand  patron  opéra  des  merveilles  dans  ces 
îlots  et  ces  lagunes  d'où  s'éleva  bientAl  une  cité 
aussi  puissante  que  magnifique.  L'art  bvzantm 
construisit  l'imposante  cl  somptueuse  église  qui 
fut  le  palladium  de  la  reine  des  mers,  et  la  nou- 
velle république  frappa  ses  monnaies  à  l'efligie 
du  lion  de  saint  Marc  :  heureuse  si,  plus  filiale 
envers  Home  et  plus  sévère  dans  ses  mti'urs, 
elle  n'ei^l  jamais  dégénéré  de  sagra\itè  aulique, 
ni  de  la  foi  de  ses  plus  beaux  siècles  ! 


Uiiu.-ttranl,  PniTiiMtii»,  *,  ru*  Kf*u.ui»  l''.  l'Jl»». 


NOTRE-DAME    DE   BON    CONSEIL 


Fêu  le   s  6  avril. 


LA    MADOXI    DE    GENArZANO 

Le  culte  de  Notre-Uame  de  Bon  Conseil  prit  nais- 
sance dans  la  petite  ville  de  (ieiiaz/.ano.  Cette  ville, 
située  à  peu  de  di-stance  de  Rome,  sur  le  pencbant 
d'une  belle  collin»',  offre  un  dos  sites  les  plus 
a^'rëables  de  l'antique  Latiuin.  Elle  était  célèbre 
»ous  le  paganisme  corame  lieu  de  plaisir.  On  y 
:aisail,  le  25  avril,  la  fête  de  la  Rubigale,  en  l'bon- 
neur  de  la  déesse  Rubigo,  c'ent-à-dire  nielle,  qu'on 
suppliait  d'éloi;.'n''r  des  bl'''s  l.i  maladie  de  ce  nom. 
On  y  avait  aussi  établi  des  fêtes  infâmes  en  l'honneur 
dt  Vénus. 

l'eu  après  le  iriorophe  de  la  foi  sous  Constantin, 
U  pape  saint  Marc  conçut  le  dessein  de  purifier 
Geriaziano  des  superstitions  idolàlriques  et  d  en  dter 
le«  scandales  qui  mettaient  en  dan^-er  la  foi  encore 
mal  afTcrniie  de  plusieurs.  Il  y  établit  des  colons 
chrétiens  et  remplaça  la  rtul'igate  par  une  fêle  solen- 
nelle en  soiivenii  de  l'évangéliste  saint  Marc,  son 
patron  J3.'IC  . 

Un  siècle  plu»  tard  environ,  le»  chrétiens  construi- 


sirent, au  lieu  même  où  se  célébraient  les  fêtes  de 
Vénus,  un  sanctuaire  à  la  Sainte  Vier(,'e.  Le  rendez- 
vous  de  la  débauche  fut  ainsi  sanctifié  par  le  culte 
de  la  Vir;;inité.  Ce  sanctuaire  porte  le  not"  de  Cha- 
pelle de  &ainle-Marie.  Il  est  probable  quir  dès  lors 
on  y  vénéra  Marie  sous  le  titre  du  Iton  (Conseil.  Dans 
cette  chapelle  on  plaça  une  petite  statue  de  marbre, 
conservée  encore  aujourd'hui  dans  le  couvent  des 
Au^'ustins.  Ce  fut  la  première  madone  de  Genariano. 
Dans  la  suite,  Genazzano  devint  un  flef  de  la 
famille  princière  des  Colona.  Un  seiirneur  de  cette 
famille,  Pierre  Giordano,  fit  don  du  sanctuaire, 
devenu  église  paroissiale,  aux  Ermites  de  Saint- 
Au;,'ustin  qui  possédaient  un  couvent  dan»  le  Toisi- 
na;;p.  C'était  I  époque  oii  cesreligieui  venalentd'èlri' 
réunis  en  un  seul  Institut  par  le  pape  Alexandre  H 
et  ils  s'étaient  gagné  tous  les  cœurs  par  leur  rét;w 
larité  et  leurs  bonnes  œuvres.  —  L'Ordre  de  Saini 
Auu'uslin  devint  donc  dès  lors  le  gardien  et  le  prop.-i 
pâleur  de  la  dévotion  k  Notre-Dame  de  Bon  l'.on^eil 
et  c'est  encore  aujourd'hui  l'une  de  ses  gloires  et  d* 
ses  protections  les  plus  précieuse». 


it;7 


PÉTaUCCU.  —  L'DIAGB   lllHACl'LEr«« 

Vers  le  milieu  du  xv«  siècle,  l'anoienue  chapelle 
tombait  en  ruines.  Il  y  avait  alors  ;i  (ienaizano  une 
pieuse  veuve  nommé  Pélruccia,  du  tiers  Ordre  de 
Saint-Au;.'uslin,  qui  édiliait  toute  la  contrée  par  ses 
vertus.  Elle  avait  entendu  parler  des  ravages  que  les 
Turcs  faisaient  en  Europe,  depuis  leur  récente 
conquête  de  Constanlinople.  U.-ià  ils  élendaieni 
leurs  conquêtes  sur  les  rivages  de  la  mer  Adriatique 
et  s"éUient  emparés  de  l'Albanie,  en  face  de  la  côte 
iLilienne.  Toute  l'Italie  tremblait  à  ces  nouvelles. 

l'étruccia,  profondément  éraue  des  dun;.'ers  que 
rourait  la  foi,  priait  sans  cesse  avec  une  ;;ruude 
abondance  de  larmes,  conjurant  le  Seigneur  d'avoir 
pitié  de  son  peujile.  Une  nuit  qu'elle  avait  proloii:;.,- 
sa  prière,  elle  eut  une  extase  pendant  laquelle  la 
Sainte  Vipr;,'e  vint  la  consoler.  Il  lui  fut  révélé  que 
r!ina;;e  célèbre  de  Notre-Dame  de  Uon  (Conseil, 
honorée  à  Scutari,  dans  l'Albanie,  allait  pas>er 
mira.-uleusemenl  dans  un  autre  pays,  et  que  c'était 
(ieiiaiiano  qui  devait  recevoir  ce  pieui  trésor.  La 
Sainte  Vierge  lui  ordonna  en  même  temps  de  lui 
construire  un  sanctuaire,  assurant  que  son  secours 
ne  lui  manquerait  pas. 

La  bienheureuse  Pélruccia  crut  ne  pouvoir  rien 
faire  de  mieux  (lue  d'entn'prendre  la  reconstruction 
de  l'éplise  des  Augustins,  ou  Marie  était  déjà  honorée 
sous  le  même  titre  que  la  Vierge  de  Scutari.  Elle 
se  mit  aussitôt  à  l'œuvre.  Elle  vendit  sou  petit 
patrimoine  et,  avec  ce  qu'elle  en  tira,  elle  commença 
la  construction.  Les  contradictions  et  les  railleries 
ne  lui  manqueniil  pas.  Les  gens  de  Geno^iano  la 
traitaient  de  folle  et  d'imprudente.  Il  y  avait,  en 
effet,  peu  d'apparence  qu'une  pauvre  feinine  mcn&t 
à  bon  terme  une  entreprise  aussi  considérable;  car 
elle  voulait  que  l'édifice  fut  digne  de  la  Reine  du 
ciel.  Mais  quand  on  la  traitait  ainsi,  elle  répondait 
avec  douceur:  ■>  Ne  me  relardei  pas,  mes  enfants; 
avanlque  je  meure,  laSainlc  Vierge  et  saint  Augustin 
achèveront  celle  è^'lise.  » 

Souvent  on  l'entendait  répéter:  •  Ma  foi  dans  la 
Sainte  Vierge  est  si  grande,  que  cette  année-ci  ne  se 
passera  pas  sans  que  l'église  ne  soit  achevée.  »  Et 
quand  on  lui  demandait  pourquoi  elle  la  faisait 
ron-truire,  elle  répondit  pleine  de  joie  :  «  Oh  1 
(|uelle  grande  Dame  viendra  habiter  cette  nouvelle 
•■t;li'-e  I  i> 

Sa  conHance  ne  fat  pas  trompée.  Au  mois 
d'avril  U67,  l'édifice  était  termine,  et  Pélruccia 
"((•••inlit  avec  confiance  le  miracle  que  la  Sainte 
Vu  ;^c-  lui  a«ail  promis. 

L<j  lii  avril  du  crlle  année  ramenait  i  Gonatiano 
ta  solennité  de  saint  lljjc.  Par  une  disposition  de 
1.1  l'r'jTidence,  le  concours  y  fut  plus  grand  qu'A 
l'ordinaire.  Iji  fête  n'avait  plus  aJors  un  cara<'lère 
purement  religieux  ;  on  t'y  occupait  de  tralic  et 
d'<i(T<iirrs,  et  on  y  méUit  des  divertissements  plus 
ou  moins  profane».  Tandis  que  le^  pèlerins  se 
.  oell«  dis>t{mltou,  Pélruccia  priait  avec 
vf>ur  de  son  Ame. 

tu  ir,  un  spectacle  inattendu 

vint   ,  ir  toute  relie  multitude. 

'  ■     1         le    rif I,   on 

-,  et  bientôt 

T  .>,. ,  , ...  .,  -  inaïus  invi- 

1    Siinte    Vier.,'c,    qui    vinl 

!  *>     I  (     liitn\fllo     ..  ''i    f   l'.i** 


A 


.«  furnnt  brusquement 
••   U  inaJtiluJe   ■»   p«rU 

A  U  ff  v-  ur  du  ;  r»;iiiT 


moment,  succéda  bientôt  uu  scutiraent  intime  de 
reconnaissance  et  d'allégresse,  quand  on  vit  la 
Vierge  animer  peu  i  peu  son  visage  d'un  sourire 
plein  de  tendresse,  comme  pour  saluer  -e  peuple 
de  sa  prédilection.  Des  larmes  coulaient  de  tous  les 
yeux  ;  il  n'y  avait  qu'une  voix  pour  crier  au  miracle. 
Cette  acclamation  rinl  remplacer  les  chants  pro- 
fanes. , 

Les  pèlerins  qui  avaient  déjà  repris  la  route  de 
leurs  demeures  furent  bien  surpris  d'entendre  les 
cloches  retentir  de  nouveau,  comme  pour  l'annonce 
d'une  autre  fêle.  Ils  se  hâtèrent  de  revenir  sur  leurs 
pas.  La  nouvelle  du  miracle  se  répandit  prompte- 
raenl  dans  toute  la  contrée,  et,  comme  le  lende- 
main était  un  dimanche,  le  peuple  put  accourir  en 
foule  de  toutes  les  campagnes  voisines  pour  saluer 
la  Madone  miraculeuse.  Les  places  et  les  rues  de 
Genaizano  étaient  trop  petites  pour  contenir  les 
pèlerins  qui  aXIluaient  sans  cesse.  Les  vieillards 
ne  se  souvenaient  pas  d'avoir  jamais  vu  un  pareil 
concours. 

O  concours  continua.  De  toutes  les  parties  de 
l'Italie  on  accourait  à  (Jcnaziano.  C'était  à  qui  feiait 
les  plus  belles  et  les  plus  riches  offrandes  pour  orner 
l'église  bâtie  par  la  bienheureuse  Pélruccia.  LaSamle 
Vierge  récompensa  la  pièlé  des  lidèles  par  d'écla- 
tants miracles.  Le  nombre  en  fut  si  grand  que  les 
Augustins  durent  bientôt  renoncer  à  les  consigner 
tous. 

Dl  SCITAHI  k    CE.1AZZAN0 

Nous  avons  déjà  dit  que  l'imase  merveilleuse 
promise  à  l'ètruccia  était  précédenimenl  honorée  à 
Scutari  Cette  ville,  par  sa  situation  et  par  ses 
remparts,  était  le  boulevard  de  toute  l'Albanie. 
Lors<iu'Amurat  II  s'empara  de  l'Albanie,  ce  prince 
la  laissa  avec  sa  principauté  à  Jean  le  Castriote  et  à 
son  ûls  Scanderbegh.  Ces  deux  guerriers  la  défen- 
dirent plus  de  vingt  ans  el  rêvaient  de  reconquérir 
tout  le  pays.  Mais  les  crimes  du  peuple  raèntairiil 
un  châtiment  et  devaient  rendre  vains  leurs  efforts. 

La  protection  de  Scutari  était  moins  sa  forte 
citadelle,  conliée  à  la  garde  des  Vénitiens,  qu'une 
petite  église  élevée  sur  une  giacieuse  colline,  à  un 
mille  de  distance  de  la  ville.  Dans  cette  église,  on 
honorait  une  image  cle  la  Sainte  Viergedontl  Albanie 
avait  souvent  éprouvé  la  protection.  D'où  \eiiait 
celte  image?  l-es  uns  disaient  qu'elle  avait  été  peinte 
parle»  anges,  d'autre»  qu'elle  éUit  venue  d'un  pays 
éloigné  dont  le  trouble  causé  par  les  guerres  des 
Turcs  avait  fait  perdre  le  souvenir.  On  l'appelait 
SotreDame  de  lion  Conseil.  C'est  à  ses  pied»  que 
Scanderbegh  venait  déposer  son  épée  avant  de 
maixber  au  combat. 

Cependant  les  Turcs  faisaient  chaque  jour  d« 
nouveaux  progrès  el  le»  Albanais  s  exilaient  m 
i;r»nd  nombre  de  leur  patrie  eu  ruine»,  alln  de  ne 
lias  loiiilicr  sous  la  domination  du  Coran.  La  moit 
d.-  Srandorbe(;h,  en  t467,  briia  leur»  JeToiére» 
espérances. 

oroi  pinn   ami» 

U  y  avail  alors  deux  pieux  ami»,  Ciorgi  et  Sclavn, 

ui,  considérant  le  mail -^  •!•■  '•'"■  "  ■^-  ■  '  '«  '"''«■ 

tant   de    leur»    cou 
repmdre  des  larme»  et   !•      , 
fie  ScuiAFi.  Un  jour,  ils  eurent   i 
.,M,ii-     iMn.'c     ulUit     bientôt     qi. 
:  tée  au  n. 
.    ,:.4iU.  U  .^  . 
:  lit  cil  luéiue    lemp»   de  »  ciUer  de   I 
1,  .iiivr»-  "1^  elle  irait. 
À ,  >  tout  à  la  foi*    par   C' 

,  :  «-ni  leur»  prépïmlif»  l 


i, 


le  départ.  Mais,  avant  de  se  mettre  en  route,  il? 
Toulurent  faire  leurs  aJiPux  à  la  Midone.  Tandis 
qu'ils  priaient  en  la  reiiardant  avec  amour,  tout  à 
coup  ils  virent  une  blanche  nuée  qui  semblait  sortir 
de  la  muraille.  Elle  ennronna  doucement  la  sainte 
ima^e,  qu'on  entreïoj'ait  comnae  au  milieu  d'une 
Tapeur  transparente.  1^  Madone  se  détacha  du  mur 
de  l'église  et  se  dirigea  vers  l'Occident.  Ciorgi  et 
Sclavis  se  mirent  en  marche  à  sa  suite,  les  yeux 
attachés  sur  la  nuée,  entraînés  comme  par  un  doux 
aimant. 

Ils  arrivèrent  ainsi  sur  les  bord?  de  r-i^driatique. 
éloig_née  de  vingt-quatre  milles  de  Scutari.  L'image 
continua  sa  course  aérienne  au-dessus  des  Oots.  Les 
deux  pèlerins  n'hésitèrent  pas;  la  Sainte  Vierge 
leur  avait  ordonné  de  la  suivre.  Ils  s'engagèrent 
sans  trembler  sur  les  Ilots,  comme  saini  Pierre 
quand  il  vint  au-devant  de  la  barque  qui  portait 
son  divin  Maître.  La  mer  devint  un  chemin  solide 
sous  leurs  pas.  Ils  allaient  sans  se  fatiguer.  La  nuée 
qui  enveloppait  la  Madone,  obscure  pendant  le 
Jour,  s'illuminait  la  nuit  et  prenait  l'éclat  du  feu, 
comme  la  colonne  qui  guidait  les  Hébreux  dans  le 
désert.  Klle  servait  ainsi  tour  à  tour  d'aliri  contre 
le  soleil  et  de  Qambeau  dans  les  ténèbres. 

Us  touchèrent  au  rivage  d'Italie.  L'image  avançait 
toujours,  et  les  deux  ami«  la  suivaient  avec  foi  et  con- 
fiance. Mais  cette  foi  fui  mise  à  une  cruelle  épreuve. 
Quand  ils  furent  près  de  Rome,  la  Madone  bien- 
aimée  disparut  tout  à  coup  vers  le  soir  et  les  laissa 
sans  guide  et  sans  lumière,  an  milieu  d'un  pays 
inconnu. 

Leur  douleur  fut  grande;  pourtant  ils  ne  perdirent 
pas  l'espoir.  Les  larmes  aux  yeux,  l'inquiétude  dans 
le  cttur,  ils  erraient  çà  et  là,  demandant  des  nou- 
velles de  leur  trésor.  Enfin,  des  gens  qui  revenaient 
de  Gennztano  leur  apprirent  que  l'image  e'tail  dans 
cette  ville,  (.naérissant  les  malades,  redressant  les 
boiteux,  éclairant  les  aveugles,  soulageant  toutes 
les  infirmités  de  l'àrae  et  du  corps.  A  celle  heureuse 
nouvelle,  ils  eurent  bientôt  oublié  leur  tristesse, 
et,  soutenus  par  leur  amour,  sans  songer  à  la 
fatigue,  ils  coururent  pluldt  qu'ils  ne  marchèrent 
pour  revoir  leur  sainte  image. 

Guidés  par  la  foule  des  pèlerins  qui  couvraient 
les  routes,  ils  arrivèrent  bientôt  i  Genazzano,  et, 
au  milieu  des  transports  de  joie  de  toute  l'assis- 
tance, ils  racontèrent  tout  ce  qui  leur  était  arrivé, 
comment  l'iraase  avait  quitté  Scutari  et  le  peuple 
albanais,  en  punilion  de  ses  crimes,  comment  elle 
était  venue  en  Italie  et  comment  ils  l'avaient  suivie 
jusqu'auprès  de  Home  et  retrouvée  à  Genaiiano. 
Puis,  d''ploranl  le  malheur  de  leur  patrie,  ils  félici- 
taient les  heureux  clircliens  que  la  Vierge  avait 
ju-'és  dignes  de  la  posséder.  I>eur  récit  fut  encore 
confirmé  par  les  Albanais  réfuf-'iés  en  Italie,  qui 
accoururent  pour  revoir  leur  chère  Madone  et  qui 
forent  unanimes  à  la  reconnaître. 

Cell''  histnire  est  tirée  d'un  livre  du  P.  Ange- 
Marie  de  Orgio,  reli:.'ieui  au^ustin,  et  surtout  d'un 
travail  plein  d'érudilinn  du  P.  Flapharl  lUmuanno, 
•  le  l'oratoire  de  Naples  {D'Ella  immagiru  dt  ilaria 
lanctisfima  del  fiuon  Consiglio,  che  ti  ixn^ra  in 
fïcnazmno),  où  l'auteur  «ocumute  les  preuves  qui 
démontrent  l'aulLenlicité  de  sa  révélation. 

Les  deux  fidèles  serviteurs  de  Marie  qui  avaient 
suivi  sa  sainte  image  ne  voulurent  plus  se  séparer 
d'ellp.  Ts  «e  fixèrent  à  Gcnay/ano,  ou  la  famille  des 
Giorgi  existe  encore  aujourd'hui. 

L*  «ADOUB  OV  BON   Ctl.tSÏIL 

Les  historiens  i-apportenl  que  les  Uabitantt  de 
Genazzano  honoraient  d'abord  la  Madone  miracu- 
leuse sous   le  titre  de  Xolre-Iiame  du  l'arwJis.  Mais 


elle  rei'Ut  bientôt  celui  de  Sotn-Dame  de  Bon 
ronseil.  sous  lequel  la  Sainte  Vierge  était  honorée 
ch>'z  eux  de  temps  immémorial  et  que,  d'après 
plusieurs,  elle  portait  à  Scutari. 

C'est  un  tableau  de  deux  palmes  de  hauteur  sur 
une  palme  et  demie  de  largeur.  On  y  voit  représentée 
la  Sainte  Vierge  inclinant  doucement  la  tête  i-ers 
l'Enfant  Jésus  qui,àdemi  enveloppé  dans  le  mante\u 
de  sa  mère,  la  serre  tendrement  dans  ses  deux  bras 
et  approche  d'elle  ses  lèvres  comme  pour  lui 
donner  un  baiser.  Les  deux  figures  portent  une 
expression  de  douceur  et  de  majesté  affectueuse 
qui  saisit  l'àme  d'amour  et  de  respect.  En  la  con- 
templant, on  ressent  un  vif  désir  de  la  vertu  de 
pureté  et  une  tendre  affection  pour  Marie.  Tous  les 
pèlerins  qui  ont  pu  la  voir  en  rendent  témoignace. 

Il  y  a  encore  plusieurs  particularités  merveil- 
leuses, relatives  à  la  sainte  image.  Mous  en  emprun- 
tons la  description  à  un  célèbre  peintre  de  Gènes, 
Louis  Tosi,  dont  les  déclarations  ont  été  recueillies 
par  les  Pères  Augustins. 

Louis  Tosi  avait  fait  une  élude  spéciale  des 
images  de  la  Sainte  Vierge,  anciennes  et  modernes. 
Le  H  juillet  1747,  il  vint  à  Genazzano  pour  prendre 
une  copie  exacte  de  la  Madone  de  lion  Conseil.  Afin 
qu'il  put  étudier  plus  attentivemi-nt  rori;;inal,  on 
enleva  laglace  et  les  divers  ornements  qui  l'entourent. 

Assis  sur  l'autel  devant  la  sainte  image,  après 
l'avoir  longuement  examinée  et  étudiée,  il  a  reconnu 
et  déclaré  que  de  toutes  les  copies,  soit  sur  toile, 
soit  sur  cuivre  ou  sur  acier  qui  en  avaient  été 
tirées,  il  n'en  existe  pas  une  seule  qui  ressemble 
parfaitement  à  l'original  ;  et,  selon  lui,  il  sera 
toujours  difficile,  sinon  impossible,  de  trouver  un 
[leintre  qui  puisse  réussir  à  en  prendre  une  copie 
très  ressemblante,  parce  qu'il  y  a  dans  les  traits  de 
la  Sainte  Vierge  et  du  divin  Enfant  une  expression 
si  élevée  de  douceur  et  de  tendresse  que  l'image 
semble  être  plutôt  l'œuvre  d'un  ange  que  d'un 
homme. 

De  plus,  L.  Tosi  a  déclaré  que  la  Madone  de  Genaz- 
zano n'a  de  rapportavec  aucune  des  images  jusqu'ici 
connues,  de  style  grec,  gothique,  ancien  ou  moderne. 
Il  est  impossible,  ajoule-t-il  encore,  de  discerner  si 
l'image  est  véritablement  peinte  ou  incrustée  dans 
le  mur,  et  les  couleurs  en  sont  plutôt  divines  que 
terrestres.  Le  peintre  est  convaincu  que  ce  n'est 
point  là  une  œuvre  humaine,  mais  le  travail  d'un 
arliste  surnaturel. 

Tandis  qu'il  était  assis  sur  l'autel  pour  regarder 
de  plus  près  l'image  et  en  peindre  une  copie  plus 
exacte,  son  esprit  se  troubla  tout  à  coup,  ses  idées 
se  brouillèrent,  il  devint  incapable  de  se  rendre 
compte  de  ce  qui  se  trouvait  devant  lui.«  Cependant, 
dit-il,  obéissant  à  un  mouvement  secret  de  mon 
coeur,  je  me  jetai  à  genoux  devant  l'image  de  Marie, 
et,  à  peine  ma  prière  achevée,  le  trouble  de  mes 
sens  di--parut;  je  pus  reprendre  mon  travail  que 
j'achevai  au  bout  de  deux  jours,  coustarament 
agenouillé  devant  l'image. 

Tosi  a  de  plus  déclaré  que  l'image  ne  reste  pas 
constamment  semblable  à  elle-inèm*.  Quand  elle 
fut  expofée  à  nos  regards,  dit  le  rapport  de» 
Augustins,  nous  la  vhne«  telle  qu'elle  élail  d'habi- 
!uJe;  pAle  de  fleure,  et  cependant  joy»use  et  pleine 
.le  douceur  et  d'altrails;  une  h^iire  api  >s,  son  aspect 
I  li.ingea  tout  à  coup;  elle  prit  une  couleur  de  rouge 
ardent,  et  ses  joue»  ressemblaient  à  deux  roses 
iraiclieroent  éclosc».  L'éinnlion  s'empara  de  tout 
]■■•>  spectatetirs.  une  émotion  de  fraveiir  et  d'amour. 
T'ius  fondirent  en  larmes,  remués  jusqu'au  fond 
de  l'Aine.  L'artiste  fut  fori-é  de  sH«pendn?  son  tra- 
vail; le  pinceau  lui  tomba  des  mnms.  Mais  ((nand 
les  Pi.-res  Augu<-tins  l'eurent  assure  que  celle  appa- 


rition  était  un  heureux  présage,  il  se  remit  à 
l'œuvre  et  acheva  heureusement  sa  copie  qui  est  de 
tontes  la  plu!<  confonm-  à  l'original. 

Louis  Tosi  fait  encore  remarquer  la  parfaite  con- 
servation de  rima^e.  Malsré  snn  antiquité,  elle  a 
rardé  toute  ?a  fraîcheur.  Et  cette  riri^onslance  ne 
lui  paraît  pa<i  non  plus  pouvoir  s'expliquer  natu- 
rellement. 

Enfin,  il  est  une  antre  merveille  très  remarquable 
que  constate  Louis  Tosi,  et  qui  a  été  de  nouveau 
vérifiée  lors  de  la  fête  centenaire  de  1867  :  c'est 
que  l'image  est  suspendu?  an  mur  sans  être  attachée 
ou  pouteDue  par  quoi  que  ce  soit.  Kn  sorte  que  la 
Madone  du  Bon  Conseil  se  tient  à  la  place  ou  elle 
apimrut  d'abord  pnr  l'elTel  d'un  miracle  continuel. 

Nous  ne  pouvons  raconter  ici  l'histoire  du  culte 
rendu  à  la  Vieri.'e  de  Genaiiano  par  les  saints,  par 
les  pontifes  et  par  les  peuples,  ni  les  innombrables 
miracles  qu'elle  a  opérés.  Il  faut  sicmaler  cependant 
la  tendre  dévotion  que  saint  Aljihonse  de  Li^ruori 
avait  pour  Notre-Dame  de  Bon  Conseil.  La  coni'ré- 
cation  du  Saint-Rédempteur,  recueillant  ce  pieux 
héritaj-'e  de  son  fondateur,  rivalise  avec  les  Aupus- 
tins  à  qui  l'honorera  avec  plus  d'amour.  Benoît  XIV 
itisiiiua  une  confrérie  en  son  honneur.  Pie  V!  con- 
céda aux  Aogustins  le  privilège  d'en  faire  la  fête  au 
16  avril. 

Pie  IX  enfin  avait  une  dévotion  très  spéciale  & 
Notre-Dame  de  Bon  Conseil.  Il  fit  en  186*  un  solen- 
nel pèlerinage  i  Genaiinno,  et  il  avait  toujours 
devant  lui,  dans  son  cabinet  de  travail,  une  copie 
de  la  sainte  image.  —  Notre-Dame  de  Bon  Conseil 
fut  aussi  le  premier  vocable  de  Notr<--I)nme  de 
Fnurvière,  k  Lyon. 

POURQUOI   MARIE   EST  APPELÉE   NOTRE-DAME 
DE  BON  CONSEIL 

n  est  rapporté  au  second  livre  des  Rois,  que  Joab, 

fénéral  des  armées  de  David,  étant  venu  assiéger 
a  ville  d'Abéla,  commençait  déjà  k  en  saper  les 
nnirailles,  quand  une  femme  sape  et  prudente  cria 
aux  assiépeants:  «  Ecoutei,  écoutet;  dites  &  Joab: 
Approche-toi,  car  je  veux  te  parler.  »  Joabs'approrha 
fl  elle  lui  dit:  "  Es-tu  Joab?  —  Oui  »,  rêpondit-il. 
Kt  elle  lui  parla  ainsi:  «  Kroute  les  paroles  de  ta 
«•rvante.  On  disait  dans  un  ancien  proverbe:  Que 
ceux  qui  demandent  conseil  le  demandent  dans 
Abéla,  et  ils  terminaient  ainsi  leurs  questions. 
N  est-ce  point  moi,  ajouta-t-elle  en  parlant  au  nom 
de  la  cite,  qui  dis  la  vérité  dans  Israèl  .■V  tous  ceux 
qui  me  la  demandent?  Et  cependant  tu  veux  ruiner 
rotte  cité,  renverser  une  ville  qui  est  dans  Israèl  la 
mère  des  bons  conseils.  •• 

Saluons  dans  la  Très  Sainte  Vierge  Marie  la  véri- 
t.Able  Abéla  de  l'Eplise.  la  cité  du  lion  Conseil  où 
i"us  les  chrétiens  peuvent  recourir  avec  a.ssurance 
d.-ins  leurs  doutes  et  leurs  anpoisses. 

1^  conseil  est  une  réflexion  que  fait  la  raison  sur 
la  conduite  i  tenir  pour  la  direction  de  la  vie  et  des 
.l 'lions.  Il  est  un  acte  de  la  vertu  de  prudence;  car 
1  iiomme  prudent  n'agit  qu'avec  conseil,  et  l'on 
ai>pelle  imprudent  celui  qui  marche  sans  réQexion 
(t  -(n*  dessein. 

I  .  rdre  surnaturel,  la  prudence  de  l'homme, 
tr  par  ello-méme,  est  éclairée  et  soutenue 

p»i  conseil  .troisième  don  du  Paint-Esprit. 

1.C   '  1,  qui  sert  4  l'homme  pour  se  diriper 

soi-ro''n.  i.i.  sert  aussi  pour  diriger  les  autres; 
car  celui  <(  .  -  '  i  v  la  lumière  devant  ses  pas  éclaire 
par  le  fait  in'  v.  <  «-s  compaxnoD»  de  voyage. 

Mane  e»t  d<'  l  .'.<s  Ir*  pures  créatures  la  plu» 
éclairée  pour  elle  n,  '  um  .  ri  elle  est,  i  cause  de  cela. 


à  la  lumière  la  plus  sûre  pour  ceux  qui  marchent 
sa  suite  avec  dévotion;  la  mieux  conseillée  et  la 
meilleure  conseillère  de  toute  la  famille  humaine. 

ILLB     LST     LA     MIKDI     CONSEILLAI 

La  prudence  et  le  conseil  s'éclairent  aux  rayons 
du  soleil  sans  tache  et  sans  ombre  de  la  sagesse 
divine.  Jésus-Christ,  Verbe  de  Dieu  fait  homme, 
est  la  sagesse  essentielle  de  Dieu.  Celle  sapesse 
répand  ses  rayons  avec  d'autant  plus  d'inlen-ilé 
sur  les  âmes,  qu'elles  sont  plus  rapprochées  de  lui. 
Marie  étant  donc  la  plus  proche  de  Jésus,  puisqu'elle 
est  sa  Mère,  participe  à  tous  ses  biens  plus  parfai- 
tement qu'aucune  autre  créature. 

Il  est  même  vrai  de  dire  qu'elle  a  comme  Jésus 
la  plénitude  de  la  sagesse  et  de  toutes  les  perfec- 
tions; car  la  Mère  a  reçu  par  grâce  tous  les  biens 
que  le  Fils  avait  par  nature,  comme  le  canal  reçoit 
toute  la  plénitude  de  l'eau  qui  jaillit  de  la  source 
avant  de  la  distribuer  en  ruisseaux. 

C'est  pourquoi  l'Eglise  appelle  souvent  Marie  la 
sagesse,  et  lui  applique  les  textes  des  livres  saints 
sur  la  sagesse  aivine,  qui  est  par  nature  Jésus  et 
par  grâce  Marie. 

Dans  l'office  consacré  à  honorer  Marie  sous  le  titre 
de  Notre-Dame  de  Bon  Conseil,  on  lit  ces  paroles  du 
livre  des  Proverbes:  «Moi,  qui  suis  la  sagesse,  j'habite 
dans  le  conseil  de  Dieu,  et  j'assiste  aux  pensées 
judicieuses  des  hommes.  La  crainte  du  Seigneur 
hait  le  mal  :  je  déteste  l'insob-nce  et  l'orsueil,  la 
voie  corrompue  et  la  langue  double.  C'est  de  moi 
que  vient  le  conseil  et  l'équité;  c'est  de  moi  que 
vient  la  prudence  et  la  force.  » 

Qu'elle  fut  bien  conseillée  la  Vierpe  très  prudente, 
dont  la  raison  s'éclaira  toujours  de  si  près  aux 
r«yons  de  la  divine  sagesse!  Bien  conseillée,  quand 
elle  résolut  de  garder  l'humilité  et  la  virpinilé  qui 
l'ont  rendue  digne  d'être  Mère  de  notre  Sauveur; 
quand  elle  conversa  si  sagement  avec  l'ange,  et 
qu'après  avoir  connu  les  desseins  de  la  miséricorde 
et  de  la  puissance  divines,  elle  prononça  son  Fiat 
qui  devait  ôtcr  la  malédiction  entrée  dans  le  monde 
par  l'imprudence  d'Kve;  quand  elle  recueillait  et 
conservait  dans  son  cu-ur  toutes  les  paroles  qui 
tombaient  de  la  bouche  du  Fils  de  Dieu;  quand 
enlin  elle  sut  connaître  la  sapesse  et  le  pouvoir  des 
humiliations  et  des  douleurs  de  l'Ilomme-Dieu, 
scandale  pour  les  Juifs,  folie  pour  la  raison  de» 
Gentils,  et  au'elte  offrit  elle-mi^me  généreusement 
son  Fils  en  holocauste  i  Dieu  pour  la  rédemption 
de  tous  vTS  frères. 

LA      atlLUlIKS    CONSEILLàai 

Mane  est  aussi  la  meilleure  conseillère;  car  Dieu 
n'a  pas  créé  le  soleil  sans  resplendissement  et  sans 
rayons.  Les  saints  non  plus  ne  brillent  pas  pour 
eux  seuls.  Ce  qu'ils  ont  reçu  de  biens,  c'était  pout 
les  répandre  par  charité  sur  leurs  fr<  res  et  sur  k>ul 
le  corps  mystique  de  l'Eglise.  Leurs  mérites,  comme 
ceux  oe  Jésus-Christ,  sont  un  trésor  ouvert  où  nous 
pouvons  tous  puiser,  et  ils  nous  aident  davanta^'e 
par  les  perfections  où  ils  ont  le  plu'  excellé. 

Mais  cela  est  bien  plus  vrai  de  Marie  qui  nous 
a  été  donnée  pour  Mère.  Une  mère  est  en  parti- 
culier la  plus  sûre  et  la  plus  doue»  .-. >!.».•. 11.  rr  .!<• 
ses  enfants;  car  pour  qui  serait   «  i  mii<  n 

pour  ceux  qu'elle  a  portés  si  Icndi'  ;  ms  ses 

riitraillesT 

C'est  donc  avec  raison  que  les  chrétiens  honorent 

M.ine   snus  le  titre  plorieux  de  Noire-Damt  d*  Roq 

C'vfrif    Invoquons-la   avec   confiance    dans   toutes 

il  lés,  surtout  quand  nous  avons  quelque 

(•rendre 


Uap.-*ié'»Ht.  K    ftnr««««T.  I.  rj»  Kria;M»  I* 


P«n« 


1 

1 


SAINTE   ZITE 


VIERGE  ET   SERVANTE 


Treizième  siècle.  Fêle  le  27  avnl. 


Sainte  Zite,  revenant  du  pèlerinage  de  Saint-Pierre-a-Grando,  s'assied,  épuisée  de 
fatigue,  auprès  d'une  fontaine.  La  Sainte  Vierge  lui  apparaît  et  lui  indique  de  la 
main  le  fort  de  PontetoUo,  dont  les  portes  vont  s'ouvrir  d'elles-mêmes  pour  les 
laisser  passer. 


I.  KTaiit'ilp  nf  pr'  ch''  pas  une  égalité  chimé- 
rique. Sainte  Zite  n'était  qu'une  humble  servante 
et,  rependant,  on  retrouve  dan«  sa  vie  lesnn'-ines 
Irait»  que  dans  celle  de  sa  contemporaine  sainte 
Kli  ••ifielb,  princesse  de  Hontrrie  et  comtesse  de 
Tliurince. 


F.NFANCK  DE  ZITB 


C'est  en  I2I8,  sous  le  pontifical  d'Honorius  111, 
que  /ite  vint  au  inonde,  dans  une  petite  chau- 
mière située  sur  un  des  riants  coteaux  qui  avoi- 
«■inf^nl  I-U'"qii'"«.  Un  seuil  de  l.i  mai'^'-'n,  on  .nper- 


cevait  la  lireiitina  dont  les  eaux  lrans|iarentes 
retlètent  les  cimes  boisées  du  mont  Catina,  du 
Marendote  et  du  l.apelia.  ' 

Que  de  fois  le  doux  rejrtird  de  la  tiainte  enfamt 
se  sera  arnHé  sur  ce  spectacle  et  aura  lu  les 
splendeurs  de  Dieu  dans  le  i;iaiid  livre  de  la 
nature,  le  seul  probablement  qu'elle  ait  jamais 
connu. 

Le-i  parents  de  Zile  élaient  pauvres  des  biens 
de  la  fortune,  mais  rictus  des  biens  de  la  ^'ràce. 
L'n  de  ses  oncles  vécut  en  ermite  sur  le  mont 
l.apelia  et  sa  m>'inoire  est  restée  en  vénération 
dans  la  controo.  Sa  samr  aiuéc ,  Mar).'uerile , 
mourut  dans  un  monastère  de  l'Ordre  de  Cileaux. 
Les  bons  ixemples  entourèrent  donc  son  enfance 
et  formèrent  son  Ame  aux  vertus  qu'elle  devait 
si  courageusement  pratiquer. 

iionissima  furma  de  bonne  beure  le  ju^'enirnl 
et  le  cuur  de  sa  tille.  Le  premier  mot  qu'elle  lui 
apprit  fut  celui  de  Jésus,  et  le  premier  exercice 
celui  de  joindre  ses  petites  mains  et  de  lever  ses 
yeux  bleus  vers  le  ciel,  en  disant  :  ■  Notre  Père, 
qui  êtes  aux  cieux,  aimci  bien  votre  enfant.  « 

Elle  lui  apprenait  à  rapporter  ses  actions  et 
.sa  volonté,  ses  sentiments  à  la  volonté  de  Dieu, 
ne  craignant  pas  de  lui  [larl-r  déjà  de  l'immor- 
lalilé  de  lime  et  de  la  fragilité  de  la  vie. 

Honissima  faisait  mieux  eaoore  :  elle  donnait 
l'exemple. 

Pauvre,  elle  ne  refusait  jamais  l'aumiNne,  au 
moins  celle  d'un  service.  Su  journi^e  était  un 
exemple  vivant  dune  vie  chrétiennem<'nt  remplie. 

y.ile  l'aidait  dons  les  soin»  du  ména;,'e,  travail- 
lait aux  champs  et  s'acquittait  à  merveille  de 
tous  ses  devoir». 

Quand,  par  suite  de  sa  vivacité  naturelle  ou 
de  la  légèreté  de  son  à^e,  elle  allait  »o  livrer  à 
quelque  a<  lion  répréhensible,  sa  mère  lui  disait 
simplement  : 

•'  .Ma  tille,  ce  que  ta  fais  déplaît  à  Dieu.    • 

El  au.-.sil()t  l'enfanl  y  renonçait. 

rr.  ovim  son  viLl.Ar,E 

Z.ite  élail  â  peine  4gée  de  douze  ans,  quand  soo 
,  père  lui  ilit  : 

'  "  Di.  u  le  veut,  ma  cbère  enfant,  il  faut  nouv 
séparer.  Ta  nurp  es*  infirme,  nous  avons  besoin 
de  ton  travail;  compte  sur  le  sccour»  de  Dieu. 
Il  sert  ton  protecteur.  •> 

|j  pieuse  enfant,  ignorante  encore  des  périh 
du  monde,  forte  aeubment  di'  sa  cand<rur  et  dr 
non  iimocencc,  partit  le  lendemain  pour  Lucques 

ZITK  StU-it!VTC  A  IXCOLU 

turques  était  alors  une  ville  forte,  très  com- 
nei..iiileet  capitale  d'une  petite  répuTilique. 
I.  •Mt^nce  de  l'enfant,  qui,  jusqu'alors,  n'avait 
'1  villafje,  allait  être  extérieurement 


I 
un  r. 


le  nom   de  son  m  i 
ni  ;    il  tenait  un   i 


l'aiinelii  était  bon.  mais  vif  et  emi>orii' ;  néan- 
moins, la  douceur  de  la  petite  servante  ne  se 
démeutit  jamait-,  cac  elle  la  puisait  au  pied  du 
talieniacle. 

Parmi  toutes  les  vertus  qui  brillaient  en  elle, 
une  des  principales  fut  sans  contredit  l'obéis- 
sance. La  volonté  de  son  père  et  de  sa  mère  avait 
toujours  été  pour  elle  l'expression  de  la  volonté 
de  Dieu.  Elle  obéit  de  inémeà  Kalinelli,  ne  mon- 
trant jamais  la  moindre  humeur,  la  moindie 
hésitation:  que  ses  maîtres  fussent  présents  pu 
absents,  sa  conduite  était  toujours  aussi  exem- 
plaire. 

La  main  au  travail,  U  caiir  à  Dieu,  telle  était  sa 
devise. 

Elle  servait  ses  maîtres,  non  par  intérêt,  mais 
par  dévouement  ;  aussi  lui  abandonnaicnt-iN,  sans 
contrôle,  l'administration  des  choses  les  plus 
iinportanles:  et,  plus  occupée  encore  de  leurs 
intérêts  spirituels  que  de  leurs  intérêts  temporels, 
elle  élevait  sans  cesse  sa  prière  vers  Dieu  pour 
lui  demander  la  sanctification  de  tous. 

ZrrE  EN  DUTTE  A  LA  CALOUMIK 

Les  serviteurs  de  Falinelli,  peu  consciencieux 
dans  leur  service.  crai:.'nirent  d'être  dénoncés 
par  '/Me,  et.  ne  pouvant  l'entraîner  au  mal.  ils 
la  calomnièrent.  Ses  actions  les  plus  louables 
furent  dénaturées,  et  Dieu  permit  i|ue  ses  maîtres 
ajoutassent  foi  au  nienson^'e.  L'amitié  lit  place 
aux  soupçons;  au  lieu  d'encourafiements,  on  ne 
lui  adre'ssait  que  des  reproches.  Otte  épreuve 
dura  plusieurs  années  pendant  lesquelles  Zile, 
loin  de  >e  plaindre,  bénit  Dieu  de  lui  avoir  conllû 
une  parcelle  de  sa  croix. 

IIIFi:  M.VMriLSTB  PAR  lit  aia*CI.E  LA  SAINTBTR 
DK  l'iIL'WHLR  SiaVANTE 

1  11  j'iur,  Zite  descendait  l'escalier,  emportant 
du  pain  dans  son  tablier.  C'étaient  des  restes 
dont  >a  maîtresse  lui  avait  permis  de  disposer 
et  (|u'elle  voulait  donner  i  de  pauvres  familles 
du  vni-inace.  Fatinelli  l'avant  rencontrée,  lui 
ileniand.i  avec  humeur  où  elle  allait  et  ce  qu'elle 
c'iiiportail  encore  de  ■  h<'i  t»  maltrei.  Zite  abaissa 
son  tablier  et  lui  répondit  «n  souriant  : 

•  Ce  sont  des  fleurs,  mon  bon  maître,  voyei 
(ilutAt.    ' 

r.l,  en  elTel,  le  tablier  était  rrnipli  des  fleur* 
leN  plus  rharniantes. 

Elle  (Miiu-uivit  foi)  clirmin  et  distribua  nux 
pauvr*r«  «on  «umAne,  car  les  fleurs  étaient  rede- 
veDiie«  des  pains. 

»  h  vue  de  ftc  prodlcc  Fntinelfl  rendit  toute 
iiHance  h  Zite  rt  lui  donna  mémo  la  garde 
.1.   -1-  enfants. 

L'humble  fille  était  illettrée:  ma».  iIÎTlncraont 
in>>truito  .1  l'écolr  de  Je»!. 
nnil  (|uc  lé  tiiralinn  eut  m 

■•    •'nifnrrt   d««  fain  jeune» 

l'im'>tir  <!«•  Ili"ii     I-  .  r«   leur» 


■■    >  '  11'     -.1  Miu'inili-  au 
''•'■Kneur  et  sa  tendra  dévotion  enver*  la  Heine 


des  anges  était  la  sauvegarde  de  sa  vertu.  Ln 
jour,  un  des  serviteurs  de  Fatinelli  ayant  voulu 
lenlraîner  au  mal,  la  jeune  Sainte,  généralement 
si  timide,  n'hésita  point,  et  de  ses  ongles  déchira 
le  visage  de  l'insolent. 

LA  SuilNU  VIKR&B  APPARAIT  A  ZITE 

Munie  de  la  permission  de  ses  maître?.  Zitepar- 
J  tit  avec  une  de  ses  compagnes  pour  le  pèlerinage 
de  Saiut-Pierre-a-Grando.  Elles  étaient  à  jeun, 
et  la  route  était  longue  et  difficile,  le  courage 
abandonna  son  amie.  Zite  n'en  continua  pas 
moins  son  chemin. 

.arrivée  à  Saint-Pierre,  elle  y  communia  avec 
?a  ferveur  accoutumée,  puis  elle  repartit,  refu- 
sant les  divers  abris  qui  lui  furent  offerts  pour 
la  nuit.  Cependant,  épuisée  par  le  jeûne  et  la 
fatiime,  elle  sentit  enfin  ses  forces  défaillir,  et, 
vers  rheiire  du  chant  du  coq,  disent  les  biogra- 
phes, elle  s'assit  au  bord  d'une  fontaine. 

Elle  puisait  de  l'eau,  et  la  portait  à  ses  lèvres, 
quand  elle  sentit  une  main  se  poser  doucement 
sur  son  épaule,  et,  en  même  temps,  une  voix 
harmonieuse  s'éleva  : 

(1  Voulez-vous  venir  avec  moi  à  Lacques?  » 

Loin  d'i'-tre  troublée,  Zite  se  sentit  divinement 
fortiliée.  La  faim,  la  soif,  la  lassitude,  elle  avait 
fout  oublie',  et  elle  se  mit  joyeusement  en  marche. 

II  fallait  traverser  un  fort  appelé  Pontetollo; 
les  portes  en  étaient  fermées;  mais, à  l'approche 
des  deux  femmes,  elles  s'ouvrirent  d'elles-mêmes 
pour  les  laisser  passer. 

Zite,  arrivée  devant  la  demeure  de  Fatinelli, 
tendit  la  main  à  sa  compasne  incoimue,la  priant 
de  venir  prendre  un  peu  de  repos,  mais  elle 
avait  disparu 

L'ne  chapelle  s'élève  maintenant  auprès  de 
la  fontaine  où  Marie  Immaculée  daigna  venir  en 
aide  à  son  humble  servante. 

SAI.NTE    ZITE    XEMBIir    DU   TIERS-ORDRE  DE 
SAINT-KBA.NÇOIS 

C'est  vers  celte  époque  que  Zite  s'engagea 
ilansie  Tiers-Ordre  de  Saint-François.  Elle  cei:;nit 
^es  reins  de  la  corde  qui  en  est  rinsi;;ne,etlaserra 
-i  étroitement  qu'après  sa  mort,  on  la  trouva 
recouverte  par  les  chairs. 

LA    VILLE    DE   LUCQIIES    EST  MISE  EN  INTERDIT 
CONDUITE    DE  ZITE  KS  CETTE  OCCASION 

La  république  de  Lncques  .lyant  déclaré  la 
-uerre  nu  Saint-Siè<îe,  le  pape  lirépoire  I\  pro- 
iionra  contre  elle  une  sentence  interdisant  les 
■-.'•rémonies  publiques  du  culte. 

Plus  d'ornements  mr  les  autels,  plus  de  ehants 
■acres,  plus  de  cérémonies  religieuses;  les  prO- 
'res  priaient  en  silence,  la  désolation  rêi;nait 
lins  tnus  les  cœur». 

Quelle  ne  fut  pas  celle  de  Zite  et  combien  ses 
[irii'TPs  moulèrent,  ardentes,  vers  le  ciel,  pour 
obtenir  la  conversion  de  la  cité! 

Elle  ne  reculait  devant  aucune  fatiane  pour 
nller  fherehT  le»  «eeour»  relit.'ieux  dans  les  lieux 


où  ne  s'étendait  pas  lioterdit.  Ni  la  terreur 
qu'inspiraient  les  hommes  de  guerre,  ni  l'.'ipreté 
des  chemins,  rien  n'arrêtait  son  zèle. 

La  maison  de  Fatinelli  était  souvent  un 
théâtre  de  luttes  et  d'intrigues ,  mais  ThuniMi' 
et  douce  Zite  n'était  nullement  troublée  dai]-; 
son  recueillement. 


LES  ANGES  DE  DIEU  FONT  L  OUVRAGE  DE  ZITE 
PENDANT  qu'elle  EST  EN  ORAISON 

Fidèle  à  ses  devoirs  d'état,  Zite  prenait  sur  son 
sommeil  le  temps  de  ses  prières.  Une  fois  cepen- 
dant, absorbée  devant  Dieu,  elle  oublia  qu'elle 
devait  rentrer  pour  pétrir  le  pain.  Quel  ne  fui 
pas  son  étonnement  de  trouver  à  son  retour  le 
pain  pétri  et  prêt  à  être  mis  dans  le  four. 

Elle  courut  remercier  sa  maîtresse  et  les  autres 
servautei.  Personne  ne  sut  ce  qu'elle  voulait 
dire,  et  comme'  ce  pain  répandait  une  odeur 
suave  et  céleste,  nul  ne  douta  que  Dieu  lui-même, 
se  plaisant  dans  la  compagnie  de  sa  servante, 
n'eût  envoyé  ses  anges  la  remplacer  dans  les 
soins  du  ménage. 

DIEU    RECOMPENSE  l'amOUR  DE  ZITE  POUR  LES  PACVRK.S 

Zite  aimait  tendrement  les  pauvTes.  Elle  se 
dépouillait  de  tout  pour  leur  venir  eu  aide,  et 
quand  elle  n'avait  plus  rien  à  leur  donner,  elle 
sollicitait  pour  eux. 

Pendaut  une  famine,  elle  obtint  de  ses  maîtres 
la  permission  d'user  de  leurs  provisions  et  de 
distribuer  des  aumônes  si  abondantes,  quj  la 
maison  de  Fatinelli  était  devenue  la  providence 
de  tout  le  pays.  Entre  autres  choses,  elle  donna 
une  grande  quantité  de  fèves  sans  songer  que, 
bientôt,  la  provision  serait  épuisée.  Quand  les 
colTres  furent  vides,  la  pauvre  servante  se  lit 
d'amers  reproches.  Ses  maîtres  lui  avaient 
permis  d'être  généreuse,  mais  lui  avaient-ils 
permis  d'être  prodigue?  N'avait-elle  pas  abusé  et 
disposé  inconsidérément  du  bien  d'autrui 

Elle  roulait  ces  pensées  dans  son  esprit  quand 
elle  entendit  Fatinelli  demander  la  clé  de  ses 
coffres  et  dire  qu'il  avait  vendu  sa  provision  de 
fèves. 

Elle  approche,  tremblante,  mais  quelles  ne  sont 
pas  sa  reconnaissance  et  sa  joie,  en  voyant  les 
colTres  plus  pleins  qu'ils  ne  l'avaient  jamais  été! 

La  veille  de  Noël,  pendant  un  hiver  très 
rigoureux,  Fatinelli  s'étant  aperçu  que  la  Sainte 
était  vi't\ie  aussi  lésèrement  qu'en  été,  lui  prêta 
un  manteau,  en  lui  recommandant  de  le  rap- 
porter avec  soin.  Zite  remercia  et,  étant  à  peine 
arrivée  à  l'église,  elle  vil,  gisant  sur  la  pierre, 
un  pauvre  grelottant  de  froid.  Elle  lui  donna  le 
manteau  : 

"Je  serai  à  l'éclise  tout  le  temps  de  l'office,    | 
lui  dit-elle,  je  le  reprendrai  en  sortant.  » 

Là-dessus, elle  se  met  à  prier  avec  tant  de  fer-   , 
veur  qu'elle  tombe  en  extase.  Elle  priait  encore 
quand  les  premières  lueurs  de  l'aurore  l'appe- 
lèrent à  ses  devoirs  habituels,  mais  le  pauvre 
av.iit  diipani. 


Fatinelli  reprit  vivemeiitsa  servant-^  ;  mais, ii ce   | 
moment,  le  pauvre  accourut  rapporter  le  manteau 
et,  à  sa  vue,  tous  les  assistant'^  furent  l'énétrés 
d'une  telle  joie,  que  pas  un  iied'iuta  qu'il  ne  fût 
un  ange  envoyé  de  Dieu. 

l'n  jour,  /ite  dlait  occupée  à  sou  travail,  quand 
un  pèlerin  l'aborda.  Il  '-lait  épuisé  de  lassitude 
et  implorait  d'elle  la  charité  dun  peu  de  vin. 
Zite  n'en  avait  pas;  mais,  remplie  de  foi,  elle 
tira  de  l'eau  du  puits,  la  bénit,  et  l'olTrit  au 
pèlerin  qui  assura  n'avoir  jamais  bu  un  vin 
aussi  excellent. 

MORT  DR  SAINTg   i'ITE  —  MIBACLEs    vUl     LA     91MVIBENT 

.\prè5  soixanle  ans  d'une  vie  si  bien  remplie 
devant  Dieu  et  devant  les  hommes,  sainte  Zilc 
alla  recevoir  su  récompense. 

Une  nouvelle  étoile  brilla,  dit-on,  au-dessus  de 
la  ville  de  I.ucques  et  répandit  un  tel  éclat  qu'il 
n'était  effacé  que  parles  rayon*  du  soleil.  Chacun 
pensa  que  l'Âme  de  la  Sainte,  pareille  ù  une 
brillante  étoile,  avait  paru  devant  le  Soleil  de 
justice. 

Quelques  jours  après  les  funérailles,  une 
lii|uour  semblable  h  du  baume  s'échappa  du 
tombeau.  On  la  recueillit  et  on  l'appliqua  sur 
des  inlirmes  qui  furent  ;:uéris,  lu  mort  même 
fut  re'^^uscilé, 

Pierre  Fatinelli  voya^ieait  en  Provence.  Il 
appartenait  à  la  famille  cher,  qui  la  Sainte  avait 
servi  et  on  croit  même  qu'il  avait  été  élevé  par 
elle.  Etant  tombé  malad<-  et  comlamné  par  tous 
les  médecins,  il  invo(|ua  sainte  Zite,  et  la  nuit 
suivante,  une  douce  lumière  «'étant  répandue 
dans  la  chambre,  il  vit  venir  à  lui  une  femme 
admirabbiii'-iii  vi'iue. 


Zit?,  pourquoi  m'avez-vous  abandonné,  lui 
<iit-il,  je  vais  mourir  loin  des  miens,  hàteî-vous 
de  me  secourir.    • 

I^  Sainte  le  rassura  et  disparut,  le  laissant 
ab-:olument  f:uéri. 

Les  miracles  opérés  auprès  du  saint  tombeau 
devinrent  si  nombreux  que  la  coutume  s'établit, 
à  chaque  nouveau  prodif<e,  de  »onner  la  cloche 
de  réf;lise  de  Sainl-Fridieu. 

Quelques  libres  penseurs  de  l'époque  se  moquè- 
rent de  celle  qu'ils  appelaient  l;\  faiseuse  lU-  mira- 
cles, lu  d'eux,  le  batelier  .Mandriano  Torsello, 
voyant  un  jour  un  inlirnie  cju'on  portait  auprès 
du  tombeau  de  la  Sainte. 

'■  .Metlez-moi  cet  homme  en  terre,  dit-il,  il 
sera  |)lus  vite  iiuéri.  •• 

('.es  paroles  étaient  à  peine  )irononcées  qu'il 
devint  subitement  lauet  et,  le  lendemain  matin, 
on  le  vit  entier  à  Sainl-Fridieii,  et.  à  ;.'eiioux 
devant  le  tombeau  de  la  Sainte,  répandre  d'abon- 
dantes larmes  de  repentir;  puis,  les  pieds  nus, 
la  corde  au  cou,  visiter  successivement  les  prin- 
cipales é.;;lises  de  la  ville. 

Hevenu  h  Saint-Fridien,  la  parolelui  futrendue. 

Sainte  Zite  c^l  représentée  portant  une  cruche, 
pour  rappeler  le  miracle  par  lequel  elle  changea 
de  l'eau  en  vin. 

Les  servantes  et  les  femmes  de  charge  l'invo- 
quent comme  leur  modèle  et  leur  protectrice 
spéciale. 

Dllo  leur  a  laissé  plusieurs  maximes  parmi 
lesquelles  nous  ne  citerons  que  celle-ci  :  "  l  ne 
servante  paresseuse  ne  doit  pas  être  appelée 
pieuse;  une  pi'rsoiine  de  notre  condition  qui 
affecte  d'être  pieuse,  sans  être  essentiellement 
Inli.irj.iii.'.  ii'.i  i)u"i|iie  faii'^se  piélé.  .. 


SAINT  PAUL  DE  LA  CROIX 


Fêle  le  28  avril. 


Portrait  authentique  du  Saint. 


Paul-François  de  la  Croix,  ne  le  3  janvier  1694, 
f'iil  des  parents  rlirélien».  Son  p'Te,  Luc  Danei, 
ilcscendait  d'une  ramillc  illustre:  mais  des  mal- 
heurs de  fortune  l'avaient  obligé  à  entrer  dans 
le  négoce. 

On  raconte  qu'au  moment  de  la  naictiance  de 
Paul,  une  lumière  extraordinaire  remplit  la 
'  hambre  et  fit  pAlir  cf;lle  de  (lambeaui. 

Dès  son  enfance,  Paul  eut  un  Roùt  prononcé 
pour  l'oraison  «l  toute  sa  joie  était  de  construire 
des  petits  autels,  d'y  prier;  de  faire  pénitence 
avec  son  frère  Jean-Paptiste,  plus  jeune  que  lui 
il'utie  année.  Il  fil  d'ailleurs  de  rapides  proférés 
■  I  in'  l'élude;  mais  «on  attrait  le  plu«  roiisiant 
•  lait  sa  dévotion  à  Jésus  soulTranl  et  humilié.  Il 
énrcuvait  le  besoin  de  se  rendre  chaque  jour 
ii1m~  semblable  h  «on  divin  Maître,  voulant,  selon 
la  belle  expression  de  saint  Paul,  compléter  dans 


sa  chair  ce  qui  manque  aux  sourfrances  du 
Christ.  Il  prenait  de  rudes  disciplines  et,  outre 
ses  jeûnes  fréquents,  il  ne  mangeait  le  vendredi 
qu'un  peu  de  pain  et  ne  buvait  que  du  fiel  mêlé 
(le  vinaigre. 

Désirant  ardemment  accomplir  en  tous  points 
la  volonté  divine,  Paul  répétait  sans  cesse:  «  Sei- 
gneur, monlrei-raoi  la  voie  où  vous  voulez  que 
je  marche.  »  Mais  Dieu  le  préparait  en  silence 
et  quoiqu'il  eût  été  souvent  favorisé  de  grâces 
extraorilinaires,  il  arriva  à  sa  vingt-quatrième 
année  sans  se  douter  de  sa  future  vocation  et. 
même  alors,  Dieu  ne  lui  en  donna  qu'une  idée 
bien  vague,  se  réservant  do  la  lui  faire  connaître 
peu  à  peu.  *■ 

Paul  voyageait  un  jour  sur  les  bords  du  «i^lfe 
de  G<*nes.  Arrivé  près  de  Sestri,  au  pied  d'une 
montagne  sur  laquelles'élevait  une  humble  église 


53 


déili'-fl  à  la  Viertie  ^arie,  il  s'arr«Ma  loul  à  coup 
et,  illuminé  par  une  lumière  siirniturelle,  il  se 
trouva  pfnétrr'  du  désir  de  tout  abandonner ponr 
l'ainnur  de  Dif  u.  Ce  désir,  venu  d'en  haut,  était 
si  ardent  au'il  l'eût  mis  aussitôt  à  exécution  s'il 
n'eilt  été  le  foutien  de  ses  [larents  et  de  leur 
nombreii^r  famille.  Néanmoins,  l'Esprit-Saint 
n'avait  point  parié  en  vain  au  cœur  du  jeune 
homme;  et,  tout  en  se  soumettant  aux  entraves 

au)-  Dieu  mettait  k  ta  vocation,  Paul  ne  cessait 
e  (>i  1er  et  se  tenait  pri't. 

Litnnée  suivante,  il  était  en  orai»on  quand, 
ravi  en  extase,  il  lui  sembla  voir  k  Seitçneurqui 
tenait  d.i'-  -^  "  i^ripline  dont  chaque 

fouel  pli  ',-  le  mot  amour.  Celte 

vision  lui  ...i.w..  |.w-..iii>  fois  et  lui  laissa  la 
ceriiluile  1(11  il  aurait  de  pra;ides  souffrances  k 
endiiri-r.  l'Iu^^i'  '"-  ->'«  aussi,  Notre-Seigneur  lui 
montra  une  l  ire  en  lui  disant  distinc- 

tement  :    <•    .S!  :-,    qui    s'approche   de  moi 

s'api'rorhe  des  épines.  ■ 

kiilin,  un  jour  d'été  de  l'année  1780,  Paul- 
Fraiii  OIS  venait  de  recevoir  la  divine  Eucharis- 
tie et,  en  retournant  chet  lui,  il  était  encore 
tout  ati^orbé  en  Dieu,  quand, au  milieu  même  do 
la  mute,  il  fut  de  nouveau  ravi  en  extase.  Il  se 
vit  'revêtu  d'une  tunique  noire,  avec  une  croix 
blanrlie  sur  la  poitrine  et,  sous  la  croix, le  très 
saint  nom  de  Jé^us  en  lellro  '  '  '  ■  Une  voix 
venant  du  ciel  lui  disait:  ■  C'  ■  combien 

il  faut  que  soit  pur  le  coeur  qui  uou  purter  cravé 
sur  lui  le  très  saint  nom  de  Jésus.  »  La  même 
vision  lui  apparut  une  seconde  fois.  Paul  alors 
ne  douta  plu-  que  la  volont'^  de  Dieu  ne  fut  qu'il 
fondât  la  roin.! .  ijalion  des  Paurm  dr  J^su^. 

Cependant,  ••  [■banl  que  l'obéissance  est  la 
base  de  toute  vertu  et  do  toute  p'aiide  ouvre, 
Paul  soumettait  ses  visions  et  ses  pensées  au 
directeur  de  son  ftme,  et  celui-ci,  imitant  la  sa;;e 
prudence  de  l'Eglise,  réservait  encore  son 
jugement. 

Un  jour  la  Très  ^ 
les  aTiL'"ivt»»  de  - 


le. 

lot. 
tui. 

CO-l. 

ins.- 


ns    du   ciel  ou    l<- 
il  apparut  revêtue • 


:int  en  pitié 
I  4  suivre 
•'S  de 
■l'une 


T 


Ctiri-I  a\ei' 
de  Mari>'  •  ' 
flx<<  sur  > 

■  «  Mon  . 

■  c'est  en 
Jésn*-  II. 
te  > 

où  ' 

3Ull 
e  II 
Kl 

Si. 

vi«i 
et  I 


les 


1      A  1  "  1    1 

lous  il 


Ile  lui  dit 

...ill  ,l..,,i  .,. 


ir  je.;iis- 

1,6  visage 
,  cl  le  regard 

tiil.;  rnv.'tue  ! 

.n  de 


leiiuuil  du  la  l'ossion  et  de  la  mort 

•it. 

i  ar  la  clarté  de  rette 

i>ar  la  vertu,  l'humilité 

'•■iir  d»  llii-u.  son  rnnfei»- 

■■        !  I 


SK-.le,  implora  du  sou  père  et  d.'  >a  unre  la 
permission  de  les  quitter  pour  toujours,  reçut  à 
;:enoux  leur  sainte  béni?diction,  se  prosterna 
devant  sa  famille  réunie  et  demanda  pardon  de 
tous  les  mauvais  exemples  que,  dans  son  humi- 
lité, il  croyait  avoir  donnés.  Puis  il  partit.  11  se 
renferma  âans  une  petite  [-ellule  située  sous  un 
escalier,  derrière   1  "     :it-Ch.irles  de  Cas- 

tellazo.  Cette  nièce  •  inement  humide  et 

ne  laissait  pénétrer  la  lumière  que  par  une 
étroite  fenêtre.  Un  peu  de  paille  étendue  sur  des 
fagots  de  sarments,  voilà  nour  le  lit;  un  peu  de 
pain  reçu  par  aumône,  telle  était  sa  nourriture. 
11  ne  prenait  que  qu.  '     ;       '  de   sommeil, 

se  levait  à  minuit  p.'  i   Je  rK;^lise 

et  faisait  ensuite,  d-m.u...  u-  ,.inl  le  Saint- 
Sarrement,  deux  heures  d'oraison.  Le  matin,  il 
ser\,iit  plusieurs  messes,  communiait  et  ein- 
pl.<y  lit  le  reste  du  jour  à  la  prière,  ou  k  des 
cuer.ires  de  pénitence. 

Suivant  l'orJre  de  son  père  spirituel,  il  n'avait 
cessé  de  demander  k  Dieu  la  lumière  pour  rédi- 
t;er  les  constitutions  de  l'Ordre  des  Pauvres  de 
Jésus.  Il  vit  le  ciel  ouTcrl  et  la  glorieuse  Vierf.'e 
Marie,  les  anges  et  un  ^-rand  nombre  de  saints, 
prin.'ipalement  les  fondateur»  d'Or.lres,  proster- 
n.  s  devant  Dieu  et  priant  pour  l'élabliasement  de 
sa  congrégation. 

Assuré  des  secoure  d'en  haut, Paul  rédigea  ses 
règles  : 

«  J'écrivais,  a-t-il  raconté  lui-même,  aussi  vite 

>  que  si  quelqu'un  m'eût  dicté;  ie  sentais  les 
■•  paroles  me  venir  du  rxrur.  Je  fais  cette  dérla- 
»  ration  afin  que  l'on  sache  que  tout  ce  que  j'ai 
•  écrit  e-l  le  résultat  d'une  inspiration  p.irlicu- 
.'  Hère  de  Dieu;  car,  pour  ce  qui  me  ret'aide,  je 
u  ne  «iiisqu'iiiiquité  et  ignorance.  C'est  pourquoi 

>  je  m'en  rapporte  totalement  à  l'examen  de  met 
»  supérieurs.  ■ 

La  retraite  de  quarante  jours  ordonnée  par  «es 
guides  •piritueU  étant  terminée,  Paul  comiiiença 
sans  plus  tarder  sa  vie  i  la  fois  conleinplativret 
apo'l^li'iue.    Retiré    dsn*    nn    enni!!—.   il    n'en 
■    pour  fair-  .i'« 

.  r  aux  llil 

11-.  Il  1.  :ir  appr.  ■ 
de  la  Passion,  r' 
de  nombrruam  r 
teur.  •  Si  noas  i 

tructions  de  oi  ih.iuiii.  .i.-  Ipi.-h,  .u^n'-iil  >■■» 
auditeurs,  nous  ne  le  deviendrons  jamais.  ■■ 

us  MSSIOMSTSS    BlNt*  PAI  LS  PAPS 

■  k  Rome.  Paul  y  fut  vu  .y 

n.-î.  it  Mil  A ,.. .  A 


I      II..W.  O  '. 

Hu-  In  t. 


l-tl.  «oit 


!i«  par  tous   le*  moyens  pot- 


d«  la  l'r 

avoir  rec,  I.     .  •         _ 

veua,  en  ai^oa  de   renooccment  aux  chose*  du 


ne  ic  leur  eUMenl  pas  impose  comiita  uo  devoir. 


Ils  s'y  préparèrent  dès  lors  par  une  étude  appro- 
fondie de  la  théologie,  reçurent  la  tonsure  le 
6  février  l'/27,  et  le  7  juin  de  la  même  année, 
Benoît  XIII  voulut  lui-même  les  ordonner  prêtres. 
Paul-François  avait  trentre-quatre  ans. 

Les  nouveaux  prêtres  avaient  consacré  leur 
vie  à  honorer,  la  Passion  du  Sauveur.  Leur  désir 
le  plus  ardent  était  de  souffrir  pour  leur  Maître. 
Dieu  ne  leur  refusa  pas  cette  prâce  et,  pour 
éprouver  leur  constance,  il  sembla  lui-même 
les  abandonner,  tant  leur  œuvre  rencontra  de 
difficultés  et  d'obstacles. 

D'abord,  les  quelques  hommes  Tenus  pour 
parlaj-'er  leur  vie  se  découragèrent  et  les  aban- 
donnèrent. Bienlrtt,  la  calomnie  les  attaqua  et 
l'autorité  civile  s'opposa  à  la  construction  de 
leur  couvent. 

Cependant,  parfois,  une  grâce  spéciale  leur 
apportait  un  encouragement.  Ainsi,  ayant  enfin 
oDtenu  l'autorisation  de  bâtir  sur  le  mont 
Argenlaro,  Jean-Baptiste  s'aflligcait  de  la  diffi- 
culté d'aller  chercher  de  l'eau  à  une  très  f,'rande 
dislance.  Il  pria  et,  se  rendant  processionriel- 
lement  avec  les  religieux,  la  croix  en  tête,  auprès 
des  constructions,  il  ordonna  de  creuser  la 
terri>.  Aussitôt,  il  jaillit  une  source  d'eau  limpide 
qui,  depuis  lors,  n'a  jamais  tari. 

Deux  fois,  des  hommes,  inspirés  par  l'esprit 
mauvais,  voulurent  mettre  le  feu  au  monastère 
et  tuer  l'architecte  ;  mais,  deux  fois,  ils  s'enfuirent 
sans  avoir  fait  aucun  mal,  car  l'archange  saint 
Michel  leur  était  apparu  tenant  dans  sa  main  une 
épée  llatnboyante. 

Ces  grâces  d'encouragement  n'étaient  d'ailleurs 
que  des  rayons  de  soleil  dans  un  ciel  plein  de 
nua^'es.  Les  Passionisles  avaient  fait  leur  entrée 
solennelle  dans  leur  retraite  au  mont  Argcntaro, 
le  jiiur  de  l'Exaltation  de  la  Sainte  Croix,  et 
c'était  sans  doute  par  une  permission  spéciale 
de  Dieu,  comme  le  disait  Paul-François,  désor- 
mais appelé  Paul  de  la  Croix.  Notre  gloire  est 
dans  la  Croix.  Aussi  avait-il  pris  pour  devise  de 
sa  cnnifréj-'alion:  l'n>:sio  Domini  nostri  Jesu-Christi, 
fit  $eritper  in  cordibus  no^(ris. 

Le  démon  ne  se  contenta  pas  d'attaquer  les 
saints  relii,'ieui  par  des  difficultés  extérieures. 
Il  suscita  contre  eux  des  hommes  perdus  qui 
allèrent  jusqu'à  Rome  les  accuser  auprès  du 
Père  commun  des  fidèles.  Ils  les  traitèrent 
'■  d'imposteurs,  de  loups  dangereux  cachés  sous 
la  peau  des  brebis,  de  gens  scandaleux  et  sus- 
pei'tj  en  matière  de  reli;.'ion,  discréditant  la 
niérarrliie  ecclésiastique,  portant  le  trouble  dans 
les  communautés  relisieuses,  dépouillant  les 
séculiers  de  leurs  biens,  etc..  n  Benoît  XIV 
n'aioula  aucune  loi  à  ces  propos  ;  néanmoins, 
dans  sa  sacesse,  il  voulut  examiner  si  les  Pas- 
sionisles n'avaient  en  rien  donné  lieu  à  ces 
caloninio",  et  il  députa  une  Commission  de  car- 
dinnux  .  Imij.'»  de  s'informer  minutieusement 
de  leur  r<iii.|iiite. 

Paul  de  la  Oioji.  heureux  de  souffrir  au  moins 
avec  «on  Maltie.  "xhorta  ses  enfants  â  prendre 
patience,  k  se  cnriii>-r  en  la  bonté  de  Dieu  et 
a  prier  p"ur  leni-  [cr ^ècuteurs.  ■<  I.C  Sei;.tieur, 
leur  disail-il,  lireia  uu  grand  bien  de  cette 
épreuve.    •■ 

Kt.  eo  elTet,  les  informations  rigoureusement 
p,  ivf.)  servirent  k  faire  mniialtre  les  humbles 
i;t  iiljde»  vertu<  pinliquées  par  le«  Passionisles: 
leur  'siiiil  de  dit  i  liemeni  r  t  dp  pmivreté,  leur 
amour  pour  la  rilraile  et  la  mortificntinn,  la 
pureté  de  leur  doctrine,  leur  télé  infati^'able 
(lour  la  sanrtificatir.n  des  âmes  et  plus  spéciale- 


ment leur  héroïque  patience  à  supporter  de  bon 
cœur  les  calomnies. 

Aussitôt  que  Benoît  XIV  connut  l'heureux 
résultat  de  l'iniquité,  il  donna  au  R.  P.  Paul  de 
la  Croix,  et  aux  siens,  un  témoignage  solennel 
de  sa  haute  estime,  en  leur  confiant  l'honneur 
de  prêcher  dans  une  des  églises  de  Rome  le 
jubilé  de  l'année  I7."j0. 

Les  successeurs  de  Benoît  XIV  bénirent  aussi 
l'œuvre  naissante,  et,  dans  leur  sollicitude  pater- 
nelle, ils  adoucirent  un  peu  la  règle  par  trop 
austère  que  Paul  avait  imposée  à  ses  disciples. 
Toujours  humble,  le  Saint  se  soumit  et  il  plut 
un  jour  à  Dieu  de  récompenser  par  un  miracle 
l'obéissance  de  son  serviteur. 

Paul  était  malade,  les  médecins  ne  lui  don- 
naient plus  une  semaine  à  vivre.  Le  pape,  alors 
Clément  XIV,  profondément  afiligé,  dit  aux 
Passionistes  qui  étaient  venus  lui  faire  part  de 
cette  triste  nouvelle  :  »  Je  ne  veux  pas  qu'il 
meure  encore  ;  dites-lui  que  je  lui  donne  un 
répit,  et  qu'il  n'oublie  pas  la  sainte  obéissance, 
je  ne  veux  pas  qu'il  meure  cette  fois.  >>  Et  le 
Saint,  en  entendant  ces  paroles,  se  souleva  sur 
sa  couche  :  «  Mon  Jésus  crucitié,  dit-il,  je  veux 
obéir  à  votre  Vicaire.  »  Et,  à  l'instant  même,  il  se 
sentit  guéri.  Son  obéissance  était  récompensée, 
non  que  la  mort  ne  soit  pas  un  gain  pour  celui 
qui  aime  Jésus-Christ  et  méprise  le  monde,  mais 
parce  qu'il  est  un  gain  plus  élevé  encore,  celui 
de  continuer  à  souffrir  pour  mieux  prouver  à 
Dieu  son  amour. 

Ce  gain,  Dieu  le  donna  à  son  fidèle  serviteur, 
car  sa  vie  ne  fut  plus  qu'une  longue  suite  d'infir- 
mités et  de  souffrances.  C'était  Inen  la  meilleure 
des  récompenses  pour  celui  qui  avait  fait  le  vœu 
spécial  de  propager  la  dévotion  à  Jésus  souffrant. 

Saint  Paul  de  la  Croix  enseignait  à  ses  dis- 
ciples un  grand  abandon  à  la  divine  Providence. 
H  ne  voulait  pas  que  les  discijiles  eux-mêmes  se 
laissassent  trop  absorber  par  le  soin  de  pourvoir 
aux  nécessités  temporelles  :  «  Quand  nous  étions 
trois,  disait-il,  le  Seigneur  nous  envoyait  des 
provisions  pour  trois  ;  quand  nous  étions  dix,  il 
en  fournissait  pour  dix  ;  maintonatit  que  nous 
sommes  nombreux,  il  en  donne  encore  pour  tous. 
Il  sulTit  que  nous  soyons  bons  et  que  nous 
observions  les  saintes  règles  ;  il  ne  nous  man- 
quera jamais  rien  de  ce  qui  convient  à  notre 
pauvre  état.  »  Aussi  appelait-il  la  sainte  pau- 
vreté un  tjlorieux  drapeau  ;  mur  inexpugnable  de 
la  con;,'réf;ation. 

«  Si  vous  êtes  pauvres,  disait-il  à  ses  disciples, 
vous  serez  saints.  Les  (Ils  de  la  Passion  doivent 
être  dépouillés  de  tout  bien  créé  ;  notre  congré- 
gation doit  être  pauvre  d'esprit  et  dénuée  de 
tout.  » 

L'humilité,  l'obéissance,  la  pauvreté,  toutes  les 
vertus  de  saint  Paul  de  la  Crnix  avaient  leur 
principe  dans  l'union  avec  Die\i,  dans  la  vie 
d'oraison.  «  Si  nous  sommes  de-,  hommes  d'orai- 
son, avait-il  coutume  de  dire.  Dieu  se  servira  de 
nous  malgré  notre  extr<^nie  misère,  pour  accom- 
plir des  choses  merveilleuses  qui  feront  éclater 
sa  gloire,  n 


LSS  nRLIGICUSU 


(It  pa' 
ir  ijor 


Croix  d'avoir  donné  à  Notre-Seit'neur  une  pieuse 
légion  dhomiiirs  consacrés  au  culte  de  sa  Pas- 
sion. Il  voulut  que  les  femmes  eussent  leur  part 
dan»  celte  plorieuse  mission.  \ji  Très  S.Tinle 
Vierge  et  sainte   M.iric-Madeleine   n'èlaieiil-cllei 


% 


Saint  Pâul  Je  U  Croix,  fondateur  des  Panioniites,  avec  la  Croix  du  Sauveur,  guérissant  les  malades, 
Tenant  en  aide  à  toutes  les  infortunes  et  r(<cunforUnt  ceux  qui  tombaient  désespérés  au  chemin  de  la  Tie. 

La  Croix  est  l'arcbe  de  salut  pour  tous. 


pas  aussi  bien  que  «ainl  Jean  au  picJ  de  la  Croix 
pour  compatir  aux  souffrances  de  l'Homme-Dicu? 
Et  le  cœur  de  la  femuie,  ce  ciEur  si  aimant  et  si 
tendre,  ne  doit-il  pas  puiser  dans  la  Croii  la  force 
de  se  consacrer  à  celui  qui,  seul,  est  infiniment 
aimable,  et  lui  donnei  tout  ce  qu'il  renferme  de 
dévouement  et  d'abnt'-(;ation  ? 

Cette  ttuvrc  fut,  comme  toutes  les  œuvres  de 
Dieu,  marqut'c  au  sceau  de  la  souffrance  et  de» 
difdcultis.  Un  (."''n.Teux  bienfaiteur,  U.  Cons- 
lanlini,  s'était  cbnrgé  de  b&tir  le  monastère; 
mais,  ayant  été  foricment  éprouvé  dan»  son 
négoce,  et  une  di«elle  ayant  ruiné  se»  Irrres,  il 
se  vil  obligé  d'arrêter  les  constructions.  Paul  de 
la  Croix  étant  venu  lui  rendre  visite,  il  lui 
raconta  ses  malheurs,  ajoutant  qu'il  n'avait  plu» 

3ue  doute  sars  de  blé,  tandis  qu'il  lui  en  lau- 
rait  au  I  n-squ'à  l'époque  de  U 

récolte   ;  '    monta   au  ^.-renier, 

il  ,|U'  1  :         111-1. iiii>  'i  l'tnit  le  grain.  Or,  ce 
I.   1  .  i/,i     lé  moulu,  la  farine  »e  multiplia  si 
!■.   Il    iju  il   en   restait    encore   au    moi»    d'août, 
qu  l'pie     le     propriétaire     eût     abondamment 

finur.'i  à  ton*  I"    '■      "'■•  'I"  sa  maison.  Depuis 
or-,  il  fi.l  i-i  '  risé  du  rid  et  réussit 

daii«  '     .'  .^iivoi,  !l  reprit  avec 

bon)  M  du  monastère. 

A]  I  .iié»,  le   premier 

couvent     <!'■  -    n'outrit    enfin    le 

3  mai  17T1,  ^  -,  in  ilrl.i  très  Sainte 

Croix. 


Paul  vécut  encore  plu-^ieurs  années,  durant 
lesquelles  son  travail  constant  fut  de  pronaeer 
le  lullc  et  l'amour  de  la  I'a»«ion  de  Jésus-Chnii 
Les  derniers  mois  de  sa  vie.  Dieu  lui  fit  la  ji  <  . 
de  se  préparer  &  la  mort  par  un  redoublcni'  ni 
dr  souffrances.  Quand  on  lui  adressait  quelques 
n.irolcs  de  commisération,  ce  fidèle  disciple  de 
Itieu  souffrant  répondait  :  «  Si  mon  mal  vous 
attriste,  j'y  serai  cuniplélement  indifférent  ;  je 
me  liens  en  paix  dans  les  plaies  de  mon  Jésus.  •• 

Averti  par  une  vision  du  jour  de  sa  mort,  il 
rendit  »on  Ame  h  Dieu  le  18  octobre  de  l'an- 
née 1775.  Pie  VI,  en  apprenant  cette  perte, 
s'écria  :  ••  Qu'il  est  heureux  !  Mourir  en  la  fête 
de  saint  l.uc,  dont  il  est  dit  qu'il  a  porté  la 
Il  'l'in  de  la  Croix  dan 

;irm  in  suo  corport 

I  iiiiiii''iice  de  saint  Paul  df  i.i  i.nui  ne  iiis- 
parut  pas  avec  lui.  On  l'invoijuait  comme  un 
-iint,  on  recouroit  à'  ses  rel;  -v  -  ■^•t  obtenir 
ilcinuérisons  extraordinaire-  -  faveur*. 

Il  apparut  A  plusieurs  Ame»  |  ■'■"lit  !•» 

^allte  à  beaucoup  de  malade-  .    \ 

\\  dévotion   dfs   n.li'lct.   et    L 
i-j.ima  la  sainli-té  du  fondair  . 
.Liiit  il  a  lixé  la  fête  au  2«   .^ 
t'icn    que    font    aujourd'hui    m>     religieux    en 
Angleterre. 

Adre^-'On^-nou»  à  re  f        '  '.  prinnsie  dn 

nous  communiquer  quel  ■\r  son  anmar 

•  iivrr»  In  I  roix. 


L   PïtiTiix^aT,  ItDf. -gtrant,  8,  rue  François  I",  Paris. 


SAIM  HUCUES,   ABBÉ  DE    CLUNY 


Frie  le   29  nnil. 


Saint  Hugues  chasse  le  démon  du  corps  d'un  possédé. 


SAIS8A>XB     ET     PREXIÈRES    ANNI?E9     DE     »Al:«T    IIUGI'RS 

Saint  Hugues  naquit  en  1024  d'une  nolile  et 
riche  famille  Je  la  Houryo^ne.  Dalmatius  son 
|.i;re,  cfiinte  de  Semur,  éprouva  une  prande  joie 
I  1,1  naissance  de  ret  enfaut.  Il  espérait  trouver 
in  lin  un  dipne  héritier  de  ses  richesses  el  de  sa 
vaillance  sur  les  chamits  de  .  bataille.  Aussi 
<  hercba-t-il,  dés  ses  plus  tendres  années,  à 
lenthou^iasmer  pour  les  exploits  guerriers.  Mais 
tels  n'étaient  pas  les  desseins  de  sa  pieuse  mère, 
Arember^^a  de  Verpy.  Avant  la  naissance  de  son 
(ils,  ellr-  avait  recommandé  aux  prières  d'un  saint 
pr''lr<'  le  fruit  qu'elle  portail  en  son  sein.  L'homme 
il-'  l)i<-u,  en  oUrant  le  Saint  Sarrillce  de  la  messe, 
>|ir-rrut  dans  |i>  calice  la  rayonnante  ima><e  d'un 
rifant  d'une   admirable    beaulé.    La   vision   fut 


rapportée  à  la  pieuse  mère  et  lui  lit  espérer  qu? 
son  fils  serait  un  jour  ministre  du  Scipiieur. 

Cepeiiiiaiil  IJalm.iliiis  lui  lit  donner  une  éduca- 
tion nobl>-  el  niililaire.  Mais  les  chevaux,  les 
armes  et  la  cliasse,  tout  ce  (jui  séduit  si  facile- 
ment le  jeune  homme,  n'avaient  aucun  charme 
pnur  lluLiues.  Il  aimait  au  contraire  à  se  retirer 
a  l'écart  pour  prier,  il  aimait  à  visiter  les  éf,'lises 
et  se  plaisait  à  la  lecture  des  Saints  Livres.  A  l'Age 
de  dix  ans.  tirice  à  1  iulervention  de  la  comtesse 
sa  raére,  il  obtint  de  son  père  la  permission  de 
passer  sous  la  direction  de  son  ^rand  oncle, 
ilu;.'ues,  évéquc  d'Auxerre.  Il  fut  admis  à  l'e'cole 
I  pi-^copale  el  »>■  disliiiftua  bienliH  par  l'élévation 
lie  son  esprit  et  la  vivacité  de  son  inlellik'ence.  Il 
surpassa  en  peu  de  temps  tous  les  clercs.  L'élude 
dt's   lettres    humaines   el    divines   ravissait  .s<^ji 


■219 


ime  :  la  piiére  et  la  lonteiuplalion  seules  avuieat 
pour  lui  UD  cliariiie  supérieur.  Ses  privés  étaieat 
eiii'ore  plus  rapides  dans  ia  vertu  que  daus  la 
science. 

SAINT  HL'CL'ES    ENTaB  AU  HONASTtHE  DE  CLUKT 

Après  avoir  passé  cinq  ans  sous  la  direction  de 
l'évéque  d'A^xerre,  Hugues  quitta  l'école  épis- 
copale  et  s'en  alla  frapinr  à  la  porte  du  monas- 
tère de  Cluny.  Saint  Odilou  y  exerçait  alors  la 
char:;e  abbatiale;  il  ne  larda  pas  à  donner  l'Iiabit 
monastique  au  vaillant  jeune  homme.  I.a  cérë- 
monie  fut  belle  et  tou -liante.  ■•  Quel  trésor  reçoit 
en  ce  jour  l'éi-'lise  de  Cluny!  "  s'écria  l'un  des 
vénérables  vieill  ird*  qui  assistaient  le  saint  abbé, 
pendant  que  (■•■liii-ci  remettait  l'habit  de  saint 
Benoît  au  iimii.  iii  soldaldu  Christ.  X  partir  de  ce 
jour,  llu:.'ues  i.-  Imblade  ferveur;  en  quittant  les 
vètenienls  .lu  su-,  le,  il  avait  vraiment  dépouillé  le 
vieil  hoiiiuie.  L  iiearAcecélesle.une  angélique  mo- 
destie rayonnaient  sur  son  visa;;e.  HieutAt,  purifié 
au  creuset  de  la  discipline,  nous  dill'lia^'ioyraphe, 
sa  \erlu  brilla  d'un  éclat  resplendissant.  .\  peine 
eut-il  prononcé  ses  vœux,  que  saint  Odilon  le  fit 
prieur  du  inoiiasttire  de  Lluny.  Il  n'avait  que 
viii;;t-cinq  ans,  cl  sa  charge,  loin  d'être  un  écueil 
pour  sa  vertu,  ne  fil  que  l'accroître. 

S.\I>T    lU'Ol'Ei  A    Ui    COl'B    Dl  L'tlirKBEL'n    HE-tBI    III 

L'empereur  Henri  III,  croyant  avoiràseplaindre 
d'un  manque  d'éstards  de  ia  part  du  |«rieur  d'un 
monastère  qui  dép.  luî.iii  de  Cluny,  (it  i  .1  mir 
ses  plaintes  ilsiiii  I  -ment  à-  n. 

I.e  vénérable  abb',  uit  aux  lim  t& 

la  sainteté  de  son  jeune  collaborateur,  envoya 
saint  Hu;{ues  en  (iermanie,  afin  de  calmer  le 
courroux  du  prince. 

Dans  cette  épineuse  négociation,  le  disciple  de 
saint  Udilon  d'>iina  des  preuves  -  -  de  sa 

sat'esse.  San-,  blesser  les  droits  .1  -ur,  il 

>au»ei:arda  toutes  les  prérogatives  Ju  lU'iKi-tère, 
réconcilia  Henri  III  el  le  prieur,  et  rétablit  la 
paix  la  plus  gr  inde.  Toute  la  cour,  .  '  !e 

ses  vertu»  et  de  la    noblesse   de    son 
l'entourait   d'é.ards   el    le   vénérait   c.iour     ■.11 
«ainl.  L'einpei 'iir  lui  fil  décerner  les  plus  franls 
liomieurs,  lui  i-iiiil  de  riches  offrandes   p. nu  le 
mona-teri"  île  Cluny  cl  pour  le  vénérable  ndilon. 

M.i-     ..1,. 1,1.1  .{II..  Il  ,  ,.Mi  it.iri.'TJ  lie  se  liirail 

'Il  de  saint 

l.iiu  et  les 

I  ilaiis 

itdilon 

le  ca'ur  de 


a  I 

llii 

|d, 

la 

était  iiioiii'-  au  riel 


lues  de  t.l 
•nt  leur  !■■ 
A  celte  noutelle 
saiiit  Hugues  fut  brisi*  de  doub-ur.  Il  —•  liM  i  de 
retourner  à  t'.luiiy   alin  de  rendre  I 
devoirs  au  saint  abbé,  et  de  mêler  -■ 
e«lles  de  «es  frères. 

ixisz  Hu«UM  oivicvr  kvti  db  clunt 

^on  relniir  fol  saloé  arec  ioie  par  la  c/tinmii 
nnnlé  de  Cln;        ''  "  '     '   -      '      ^  ' 

tomhrail  de 

m  r'     ■  ■  ■ 

et 


déjà  aux  pieds  de  l'humble  prieur,  et,  malgré  ses 
elTorts  et  ses  protcsLiilions,  le  (Mutaient  en 
triomphe  sar  le  Icfiae  abbatial. 

.\  cette  scène  attendrissante  et  sidennelle 
assistait  un  sous-diacre  de  rtglise  romaine, 
moine  de  Cluny,  llildebrand,  <|ui  plus  tard  devait 
gouverner  l'église  sous  le  nom  de  Créyoïie  \  II. 
Assis  auprès  du  trône  abbatial,  au  moment  ou 
saint  Hiii'ues  prit  la  parole,  llildebrand  vit  appa- 
raître Jésus-Christ,  qui  se  liut  à  droite  du  nou- 
vel abbé.  Il  semblait  lui  dicter  chacune  de  ses 
paroles.  A  cette  vue,  llildebrand  quitta  son  siège, 
et,  «lebout,  dans  l'attitude  «lu  plus  profond  res- 
pect, il  vint  se  placer  à  c6té  de  Jésus.  I,' assem- 
blée entière  remarqua  cette  particularité.  Le 
nouvel  abbé  lui  demanda  pourquoi  il  avait  quitté 
son  sièu'e,  llildebrand  révéla  la  vision  dont  le  ciel 
l'avait  favorisé.  Les  relifieui  éclatèrent  en  actions 
de  uràces  et  s'applaudirent  de  l'heureux  choix 
qu'ils  avaient  fait,  en  mettant  saint  Hugues  à 
leur  tète. 

SADiT  UL'GCES  I.rn-B  COttTBB   LA  SIMO.ME 

Le  XI' siècle  est  resté  célèbre  dans   Thistoiir 
ecclésiastique,  par  les  luttes  des  Souverains  l'on- 
tifes  contre   la  sinniiit'     c'est-à-dire  le  criiiP'  ■!'■ 
ceux  qui  achètent  ri  prix  d'ar;;eiit  les  digiiit>  ~    ; 
rKL'li.,e  .  L'Eglise  catholKjue  tient   ses  droits  Ui 
Jésus-Christ  son  divin  fondateur.  l'Ktat  a  donc  le 
devoir  de  les  lespecler  et  même  de  les  protéger 
.Malheureusement,  c'e-.l  souvent  le  conirairi      1. 
arrive;   à   celte   époque,  les    pnnces   teiiip'i    i~ 
s'étaient   attribué  le  droit  .ibu-^if  et  tyrnnnique 
d'imposer  aux  évéchés  et  aux  abbayes  de»  titu- 
laires de  leur  choix,  sans  que  l'autorité 
tique   et   le    l'ape   lui-même   pussent 
l'élection.   L'ambition   et  l'avance   se   t«  n.! 
alors  la  aiaiii;  cl,  au  lieu  de  nommer  aux  di^i 
ecclésiastiques  les  |diis  capables,  il  arri\ail  ' 
souvent   que  le    prince   vendait  ces  dignil' 

':  iiit.    .\iii«i,  le    sanctuaire    se    trouv.ui 
des  hommes  indignes  et  sans  vocation. 

au  riMii't  -  '    '       '■      'idèle*. 

L,!  Krai  ne  l'Angleterre  el  l'Alle- 

iiia.ii'-.  11  M  (••  .1  cet  abus    Le  pape  'nii' 

I.   on  I\,  I  y  [...rter  leméde,  se  reii  ;  '    , 

Cluny.  II  '  •"»    l.|  personne  de- 

ux el  puissant 

-;..  .    Il     rill     ..M 


Hugues,  m 

Secniiibi 
qu'ui 
jeuii' 
!.. 

dan-  • 

à  puiiic  1  ' 

A  p.iricr  u  

une    lutte    qui    dc\ail    .m     puUIsUltre 
mort    Dii.ind    le    Souverain    t'ontifc    I 


it  II  ikni'«  .111  C.'ii 


LE  PARRAIN  DE  L  EMPERfilll 

L'empereur  Henri  III  n'avait  pas  oublié  les 
hrillanles  qualités  de  saint  Hu:.'uc's  ;  il  s'était 
ri-joiii  (le  son  élection,  et  il  témoi;:iia,  on  iOat, 
(Combien  il  l'estimait .  Dieu  venait  de  combler  les 
vœux  de  l'emperf-ur  en  lui  accordant  un  fils  dont 
la  naissance  fut  saluée,  par  les  peuples  allemands, 
commeuni-'ugede  prospérité  et  d'avenir.  Henri  III, 
au  comble  de  la  joie,  pria  le  vénérable  abbé  de 
Cluny  de  venir  lever  son  fils  des  fonts  baptis- 
maux. Saint  llutrues  accepta  l'invitation  impériale 
et  se  rendit  à  la  cour.  On  donna  rt  l'enfant  le  nom 
de  son  père,  dans  l'espoir  qu'il  en  ferait  revivre 
les  vertus.  L'Eplise  et  l'empire,  si  étroitement 
unis,  voyaient,  dans  ce  berceau,  un  sai^e  de  per- 
pétuité pour  leur  alliance. |Mais,  hélas!  le  jeune 
priiic*  démentit  cruellement  plus  tard  tant  d'es- 
pérances et ,  mak'ré  les  avis  et  les  touchantes 
exhortations  de  saint  Hu;,'ues,  devint  un  persécu- 
teur acharné  de  l'Eglise  et  le  fléau  de  l'empire. 

SAIKT  HIOCES  ASSISTE   LE    PAPE  ETIENNE  X 
A  SES    OER.NIKRS    MOMENTS 

Atblèle  généreux,  apôtre  infatigable,  saint 
Hugufs  est  mêlé  à  tous  les  grands  événements. 
Les  Souverains  Pontifes  trouvaient  on  lui  un 
auxiliaire  puissant.  C'est  ainsi  que  nous  le  voyons 
accompairner  le  pape  Ktienne  \  dans  un  voyage 
qu'il  lit  en  Toscane.  Le  Souverain  Pontife  tomba 
malade  à  Florence  et  comprit  bicntiH  que 
l'heure  de  sa  mort  allait  sonner.  Saint  llujjues 
passa  des  journées  entières  aux  pieds  du  Sou- 
verain Pontife,  dans  de»  entretiens  pleins  de 
iharme  et  d'onction  céleste.  Il  mérita  d'entendre 
ces  belles  paroles  de  la  bouche  même  du  pape  : 
"  Je  demande  au  Sei;,'neur  de  mourir  entre  vos 
bras.  .\ussitiH  que  vous  me  quittez,  l'ennemi  du 
l'enre  humaiu  m'assièiîe  de  visions  terribles; 
quand  vous  rentrez,  il  disparait.  •>  Le  saint  abbé 
ne  .s'éloisna  plus  du  Souverain  Pontife;  il  reçut 
son  dernier  soupir,  lui  ferma  les  yeux,  revêtit 
son  corps  des  insianes  pontillcaux  et  le  déposa 
de  ses  propres  mains  dans  le  cercueil. 

RAPPORTS  INTIHBS    OB   GHK«OIRB  VII 
ET  IlB   SAINT    IIUDUGS 

Le  dévouement  de  saint  Huiiues  au  Sainl-Sièfie 
était  déj,*!  bien  grand,  mais  il  cievait  aut;mentpr 
encore,  quand  la  tiare  fut  i>lacée  sur  la  tète 
d'Ilildebrand  ou  riréiroire  VII.  Ce  grand  pape 
n'avait  pas  oublié  le  berceau  de  sa  vie  reliL'ieiise; 
et  il  appelait  saint  lluitiies  du  doux  nom  de  Père 
vénère.  Ku  milieu  des  luttes  qu'il  eut  à  sou- 
tenir contre  l'empereur  Henri  IV,  au  milieu  des 
persérnlion»  qu'il  eut  A  soufTrir,  quand  son  àtne 
■  I  ni  bi  I  ^é.', le  douleur.  (Iréyoire  VII  aimaità  verser 
d  111^  M  '  «purde  saint  Hiiifuessescruelles angoisses 
ei  à  faire  du  «ftiiit  abbé  le  confident  de  ses 
plaintes  éloquenti's  sur  les  mnnx  de  rKulise.  Bien 
lies  fois,  il  eu'  recours  h  son  intermédiaire  pour 
rappeler  au  m.ilheiireu»  prince  ses  devoirs  les 
plus  s.icrés.  L'empereur,  acharn''  rontre  l'Kulise, 
(lécliirait  le  sein  de  sa  mère,  suscitait  des  anti- 
pape», et  le»  sautenait  de  <ie»  armes  souvent 
victorieuses. 

Frappé  des  anathémes  de  l'Eclise,  pressé  pAr 
les  exhortations  de  saint  Hugues,  il  parut  [du- 
^leur»  fois  se  réconcilier  avec  saint  (irécoire  VIL 
Mais  il  ne  concluait  un  traité  que  pour  le  rompre 
bieiiiAt  après:  il  ne  signait  la  paix  qn*»  pntrr  la 
.l'cl'T  et  recommencer  se»  persécutions  avec 
plii^  de  violence.  Cependant,  quand  il  sollicita  le 
!•  ird'iii    de    ses    fautes,    l'cmper'ur     pria    s.iinl 


Hugues  d'intercéder  en  sa  faveur,  le  vénérable 
abbé  y  consentit,  et  obtint  que  l'excomrannica- 
lion  fût  levée.  (Juand  le  prince,  après  [ifusieurs 
jours  d'une  pénitence  publique,  reçut,  à  Canossa, 
l'absolution,  saint  Hugues  se  porta  i/aranl  de  sa 
bonne  foi.  Mais  la  pénitence  de  rein[iereur 
n'était  pas  sincère,  ce  ii'éUiit  iiu'une  ruse  et  une 
hypocrisie,  et  il  continua  bientôt  de  persécuter 
Grésoire  VIL 

Fatii.'ué,  à  la  fin,  de  tant  de  trahisons,  le  saint 
moine  rompit  couraseuseineiit  avec  son  terrible 
filleul,  et  lui  déclara  qu'il  n'y  aurait  plus  de  rap- 
ports entre  eux  tout  le  temps  qu'il  demeurerait 
sous  les  anathèmes  de  l'Ealise. 

L'RBAIN   II  ET  SAI.NT  HUGUES 

Le  monastère  de  Cluny  était  devenu  comme  le 
noviciat  du  Sacré  Collège  et  du  Souverain  Pon- 
tificat. Saint  Hugues  vit  monter,  presque  succes- 
sivement, sur  le  tnine  de  saint  Pierre,  trois  de 
ses  disciples  et  tils  spirituels  :  (iré;;oirc  VII, 
Urbain  11  et  Pascal  II.  Ué-  lu  première  année, 
dans  un  lansage  noble  et  délicat,  Lrbain  II  se 
plaignit  à  saint  Hugues  de  ne  l'avoir  pas  encore 
vu  au  tombeau  des  saints  apùtres  :  «  .le  vous  en 
conjure,  disait-il,  o  le  plus  regretté  des  pères,  si 
vous  n'avei  point  perdu  le  souvenir  de  votre  fils 
et  disciple,  s'il  vous  reste  encore  pour  moi  des 
entrailles  de  charité,  répondeï  au  plus  ardent  de 
mes  Vieux,  venez  me  consoler  par  votre  présence 
et  apporter  à  la  sainte  Eglise  romaine  ,  votre 
mère,  la  joie  si  désirée  de  votre  visite.  » 

(Juel(|ue  temps  après,  quand  l'rbain  II  vint  en 
France  présider  le  Concile  de  Clermont,  exhorter 
les  chevaliers  chrétiens  à  voler  au  secours  de  la 
Terre  Sainte,  exciter  l'enthousiasme  universel 
des  ("roisades,  saint  Hugues  se  trouvait  à  côté  de 
lui.  Il  unit  sa  voix  à  celle  des  chevaliers  pour 
pousser  ce  cri  enthousiaste  qui  retentit  au  loin  : 
Dieu  U:  iritt!  Dieu  le  veul! 

Avant  de  quitter  le  sol  français,  le  Souverain 
Pontife  voulut  revoir  le  berceau  de  sa  jeunesse 
cléricale  et  religieuse.  Depuis  dix  ans,  saint 
Hugues  travaillait  avec  une  aideur  infatigable  à 
la  construction  de  l'église  abbatiale  de  Cluny. 
Des  masses  énormes  de  pierres  furent  employées 
à  cette  u'uvre.  l'n  jour,  il  s'en  trouva  une  si 
lourde  que,  ni  les  ouvriers,  ni  leurs  machines, 
ne  parvinrent  à  la  hisser.  Le  lendemain,  on  fut 
étonné  do  la  trouver  en  place  et  de  voir  la  main 
du  saint  abbé  empreinte  sur  le  bloc  qu'il  avait 
miraculeusement  remué  pendant  la  nuit. 

.MaUré  les  oITrandes  recueillies  dans  toutes  les 
contrées  de  l'Lurope ,  maL'ré  les  sommes  fort 
considérables  envoyées  d'Ksjiagne  par  le  roi 
Alphonse  VI,  le  Vaillant,  les  travaux  étaient  loin  ; 
d'être  terminés  à  l'arrivée  d'irbain  11.  Mais  saint 
Hugues  avait  fait  tout  disposer,  pour  qu'.aU  moins 
le  mailre-aulcl  put  être  consacré  sous  l'invo- 
cation du  prince  des  apiMres,  par  un  pape  légi- 
time successeur  de  saint  Pierre  et  fils  Spirituel 
de  Cluny.  l'rbain  Consacra  le  maitre-autel,  et 
encore  un  autre  appelé  :  Malutinal.  Ce  Saint, 
pour  perpi'tuer  le  souvenir  do  cette  magnifique 
solennité,  décréta  que,  durant  la  vie  du  pontife 
Urbain  II.  oi»chanterait,iii<>iiies  les  messes  con- 
venlii<»lles,lesorai»onsfi»'<j»n/mt'r6niio,el  qu'après 
sa  mort,  les  religieux  de  Cluny  célébreraient  à 
perpétuité  un  service  anniversaire  pour  le  repos 
de  son  .'une.  L'éjulise  fut  ensuite  achevée  peu  a 
fiflt.  1*M««1  ■«•»ti«  RHuinilii|ue  basilicpie.  Tune  dé- 
plus belles  du  monde,  et  la  plus  (.'rande  apr^  - 
Saint-Pierre  de  Home,  a  été  stupidiMiient  i'  i 
versée  par  les  barbares  de  laRévidiition  fraii'  "se. 


Ju<]uasoii  liernier  soupir,  I  ibaiQ  II  porta  la 
plu«  tendre  adectiuii  à  saint  Hupues  et  ne  cessa 
Je  l'appeler  :  Pt-re  vénéré.  Il  était  dii-'ne  d'un 
tel  amour;  et,  dans  toutes  les  circonstances,  il 
se  montra  l'Iiunible  serviteur  du  Saint-Siège,  en 
même  temps  ^lue  son  plus  ardent  défenseur 
contre  les  rois  et  les  princes  (]ui  ne  crai:;aajent 
pas  J'en  violer  les  droits  le<;  plus  sacrés. 

liuillaume  le  Conquérant  voulut  l'attirer  en 
Aufilelerre  et  lui  conlier  la  direction  de  tous  les 
monastères  de  ce  ryyauuie.  Mais  saint  llufiues 
refusa,  pour  ne  pas  paraître  s'associer  aux  vio- 
lences du  roi  contre  le  cler^ié  an^lo-saxon. 

Cependant,  d'autres  >eigneurs  lui  confiaient  les 
monastères  de  leurs  domaines,  en  le  priant  de 
rétablir  partout  la  discipline  religieuse.  Saint 
Hugues  acceptait  avec  joie,  quand  ces  offres  et 
ces  donations  étaient  conformes  atu  droits  de 
l'Eglise. 

Certains  •ieiiïneurs  firent  mieux  que  de  lui 
donner  des  couvents;  ils  se  donnèrent  eui- 
ménies.  Sa  sainteté  et  ses  vertus  lui  attiraient 
tous  les  cœurs.  Le  duc  de  ltour:.'ogne,  le  comte 
de  M.icon  avec  trente  de  ses  chevaliers,  renon- 
cèrent à  la  milice  du  siècle  pour  s'enrôler  sous 
l'étendard  de  Jésus-l'.lirist  et  vivre  sous  la  direc- 
tion de  saint  Hugues.  Il  y  eut,  ù  cette  époque, 
comme  une  sainte  contagion  de  vertu  qui  por- 
tait toutes  les  Ames  a  la  pénitence. 

r.OUllE.NT  S.VI.M  IIICUES  APPRCVO    SA    MORT    PROCHAINE 

l'n  jour,  l'un  des  laboureurs  de'  domaines  de 
Clunv  vintdemanderàparlerau  saintabbé:  ■■  Père, 
lui  dit-il,  je  faisais  ces  jours  derniers  une  plan- 
tation de  Jaunes  vignes  dans  mon  champ ,  lorsque 
je  vi>  apparaître  plusieurs  personnages  dont  la 
gloire  et  la  majesté  semblaient  au-dessus  de  la 
condition  mortelle.  Devant  euv  marchait  une 
daine  dont  je  ne  pus  voir  le  visage,  mais  un 
vénérable  vieillard  s'arrêta  près  de  moi  :  •■  \  qui 
appartient  le  champquetucultives?  medemanaa- 
t-il. 

—  Seisneur,  répondis-je,  c'est  un  domaine  du 
hienhi'iireux  Père  et  seigneur  Hugues,  abbé  de 
Cluny. 

—  Alors,  reprit  l'inconnu,  el  le  champ  et  son 
propriétaire  sont  à  moi.  Je  suis  l'aprtlre  Pierre. 
Iji  dame  ^lui  me  précède  est  la  bienheureuse 
Marie ,  Mère  de  Dieu,  escortée  du  cbu-ur  des 
âmes  saintes.  IhVte-toi  d'aller  trouver  l'abbé  de 
Cluny,  pour  lui  dire  :  >■  Mettei  ordre  à  votre 
maison,  car  vous  aller  entrer  dans  la  voie  de 
toute  chair.  •■  Telle  est  la  mission  quej'ai  reçue, 
ajouta  l'Iioinmc  des  champs.  Je  n'osai  point 
d  abord  m'en  acquitter.  Mais,  la  vision  m'est  de 
nouveau  apparue, me  reprochant  ma  négligence, 
et  je  n'ai  pa»  voulu  différer  davantage.  ■■ 

Saint  liu;:ues  accepta  cet  avi»  a>ec  humilité, 
et  redoubla  d'austérité»  et  de  ferveur  pour  «e 
préparer  à  la  mort.  L'humble  condition  «lu  mes- 
'agcr  n'était  pas  pour  lui  une  raison  do  douter 
de  ses  paroles,  car  Dieu  préfère  les  humbles. 

MORT  DE  SAI.rr  IIUr.lKS 

Malcré  ton  Age  avancé  et  le  déclin  de  »es  forc«(, 
pnidanlle  carême  de  liOV,  saint  Hugur*  porta 


jusqu  au  bout  le  poids  du  travail  el  des  austé- 
rités lucuastiques.  Le  Jeudi  Saint,  le  vénérable 
abbé  se  rendit  au  chapitre  et  ordonna  de  distri- 
buer aux  pauvres  les  aumônes  accoutumées.  On 
le  pria  ensuite  de  donner  l'absolution  générale  à 
la  communauté.  A  ces  mots,  il  fondit  en  larmes, 
et  d'une  vuii  entrecoupée  par  les  sanglots  ; ..  Com- 
ment pourrai-je  \ous  absoudre,  s'écria-t-il,  moi, 
misérable  pécheur,  chargé  devant  Dieu  du  poids 
de  tant  de  fautes?  Tout  indigne  que  j'en  suis,  je 
vais  pourtant  accomplir  les  devoirs  de  ma  charge. 
Que  le  Seigneur,  le  Dieu  qui  délivre  les  captifs 
et  relève  les  cuurs  brisés,  daigne  opérer  dans 
vos  cœurs  l'œuvre  de  sa  grâce  et  de  sa  miséri- 
corde. "  Elevant  ensuite  les  yeux  au  ciel,  il  bénit 
ses  enfants. 

Il  lava  encore  les  pieds  de  ses  frères,  à  l'heure 
du  Maiulatum,  et  leur  adressa,  sur  l'Evangile  du 
iour.  une  exhortation  qui  lit  couler  bien  des 
larmes.  H  assista  à  tous  les  offices  du  Vendredi 
et  du  Samedi  Saint.  Il  eut  encore  assez  de  force 

ftour  cél-^brer  les  ofllces  de  la  solennité  de 
'Aques.  Mais,  après  vêpres,  on  dut  le  mettre  au 
lit  :  '  Je  suis,  disait-il,  un  soldat  inutile.  Le  divin 
Maître  daignera-t-il  in'accorder  la  récompense?  ■' 
.Ses  yeux  se  couvrirent  bientôt  comme  d'un 
nuaje,sa  langue  pouvait  à  peine  articuler  quelques 
sons,  tous  ses  membres  devinrent  rigides.  On  lui 
apporta  le  Corps  sacré  du  Sauveur,  en  lui  deman- 
dant :  "  Le  reconnaissez- vous?  —  Oui,  dit-il;  je 
le  reconnais,  et  je  l'adore.  » 

On  lui  présenta  le  crucifix  et  il  le  baisa  avec 
une  tendre  vénération.  Il  se  fit  encore  apporter 
la  chAsse  renfermant  les  reliques  du  Pape  saint 
.Marcel,  el  il  implora,  avec  effusion  de  larmes, 
l'intercession  de  ce  ;;lorieux  martyr  pour  con- 
duire son  ilrae  au  ciel.  11  perdit  ensuite  la  parole. 
Ses  reli;.'ieuv  le  trau'-porlèrenl,  vers  la  tin  du 
jour,  dans  la  chapelle  de  la  \  ierye  Marie,  oii  ils 
retendirent  sur  la  cendre  et  le  cilice.  •>  Lorsque 
les  derniers  rayons  ilu  soleil  s'éteignirent  à  l'hori- 
zon, nous  dit  llildeberl,  son  biographe,  s'éteiu'nil 
aussi  ce  crand  soleil  de  l'Ordre  monastique. 
L'exilé  entrait  dans  la  patrie.  » 

Siint  liu.'ues  mourut  donc  le  29  avril  ii09;  il 
avait  qualre-vin;;t-cinq  ans. 

Dik'iie  siK-cesseur  de  saint  Odon,  saint  Mayeul 
et  saint  lldiloii,  il  avait  continué,  a;:randi,  con- 
solidé leur  œuvre.  On  peut  dire  que,  sous  sa 
direction,  t'.luny  était  parvenu  à  son  apogée.  Lié 
avec  tous  les  grands  piTsonnoKcs  qui  illustrèrent 
cette  époque,  Hugues  fut  l'ami  de  saint  l'dalric, 
de  saint  Pierre  Dimien,  de  saint  llruno  et  d'une 
foule  d'autres  saints.  Il  se  vit  père  de  plus  de 
trente  nulle  cénobites  qui  furent  de  puissants 
auxiliaires  pour  le  S«iut-Siége,dans  sa  lutte  contre 
la  simonie. 

La  III  >rl  de  saint  lliitnies  fut  révélée  &  plusieurs 
saints  persnniiai'Cs.  FuUence,  abbé  d'AlIlKny,  vil 

les  aiices  porter  au  ciel  deux  lits  ni  i ''  'M-ni-ti! 

ornés  et  crier  d'une  voiv  suave 

reposeront  bientôt  deux  illustres  pi' ..:  

de  Cantorbérv  et  Hjgurs  de  Cluny.  " 

L'ne  reliuieuse  vit  la  Heine  des'cieui,  assi  ' 
d'un  grand  nombre  de  saints,  préparer  un  troue 
siilendide,    iju'on    lui    dit  être    pour    le    grand 
Hugues,  abbé  de  Cluny. 


Iinj.-yfrcj/it.  K    l'rTinir.s»» .  H.  ru--  Kriii     ■ 


I'  II  i« 


SAIM  MMIEN  ET  SAINT  JACOIES,  MARTYRS 


Fête  le  30  avril. 


Saint  Ifarien  et  saint  Jacques  visités  par  Notre-Seigneur  dans  leur  cachot. 
La  mère  de  aaint  Marien  couvre  de  baisers  le  corps  de  son  ûls. 


Miirien  <>l  Jacques  soulfrirent  la  raorl  pour  la 
t"i  PII  >'uinidi<>  Altt'Tio  arluelle),  avec  un  ^rand 
ii<itnlir>-  ilniilrps  rhréliPiis. 

1  II  ami  il<»  nci'^  df-ux  ni.itlyr<»,  (|ui  a  «ardë 
I  aiioiiyni'',  nou^  a  lais"-''  i|Ufli|U'*s  iia*f<'!>  sur 
l"ur'  doriii'T''  momciil'-.  il  •ul.  i-ii  elTi-l,  le  bon- 
heur  d'a««i*l»>r   h   leur    lupplim    p(    df    parlat'T 


rnf'me  leurs-  souffrances.  C'est  à  cette  source  cer- 
tain'- que  nous  puiserons  les  détails  que  nous 
allons  raconter. 

L'NK  OOCRLE   COL'RONNE 

Saint   Marii-n,  que  les  uns   nomment  Marius. 
•  l'autre'^  Marin,  '■«!  la  gloire  inestimable  de  lOil- 


69(J 


fesser  deux  fois  le  luun  de  Je'sus-Cliii>l.  l.'tii<loire 
nous  aiiprend,  en  eITtI,  que,  sous  le  ré^'tie  de  Dèce, 
il  fui  |)i'isfivee  daulres  chrelieus  '}u'il  ijislruiâoit 
des  voilés  de  Ia  religion,  rkrélioiuii»  et  souni» 
au»  plus  aliore-*  torture* ;  m  ti-  l  .rl'<mplia  par 
sa  constance  de  la  rase  de  ses  bourreaux  qui, 
lassf^s  des  coups  iiilliges  à  leurs  iionibieuses  vic- 
times, le  laissèrent  a  demi  mort  au  milieu  du 
San;;  des  martyrs. 

(;'l'^t  ainsi  qu'après  avoir  vu  son  corps  dëcliird 
par  les  oncles  de  fer.  après  avoir  mêlé  son  sanu 
a  celui  de  ses  compagnons  plus  heureu.x,  il  se 
voyait  frustré  dans  son  attente,  et  encore  loin  de 
la  récompense. 

Mais  la  cou  .k  viaiMCft-^fiirlM^ écha^)^ 

maintenant  i<  iiiealtt  avmr  OK  BAMMaB 

lustre  et  un  v  Ul  plus  resplendissant  se.  poser 
d  elle-nv'Tiie  sur  son  fmnt  vii-uinul. 

Kn  attendant,  il  propage  la  loi  chrétienne 
en  ÎSuniidie  im  conipa^'uic  d'uu  diacre  uuuimd 
Jaci|ues. 

.\u  piinlemps  de  Pan  ^39,  ils  arraroient  en  au 
lieu  nommé  Muguos,  à  quelques  nulles  de  CicLba, 
colonie  romaine. 

VAUSBID  |>KHsi:CLTKl"Il 

Valérien  ('tait  alors  empereur.  Ce  prince  avait 
voulu,  aux  d(^l>uts  de  son  rè;;ne,  <*lre  favorable 
aux  cliréliens,  o'esi-à-diie  ne  pas  les  mettre  à 
n)orl;  mais,  poussé  par  un  conseiller  snnuuinairc, 
Macrien,  il  reroirmenea  contre  les  paisibles  ilis- 
ciples  de  Ji-r<us-Chri6t  celle  guerre  cruelle  que 
ses  pn'-décesseurs  avaient  tant  de  ibis  déchoinée. 
sans  réussir  n  les  vaincre. 

I.e  glaive  de  la  persécution  frappa  d'innom- 
brables victimes,  parmi  les'iuelles  on  compte 
l'illustre  évoque  de  Cirtliase,  saiiit  Cyprien  qui 
mourut  le  H  septembre  i'.',H. 

Ul  râpe  (les  païens  tenta  les  pln- 
pour  ri'UN'iMT  la  foi  des  lidéles;  !• 
el  la  nuilliluile  des  chrétiens  lossueul  les  liras 
des  bourreaiu. 

(Juaiiil  Marien  et  Jacques  enln-rent  .i  Cirtlte. 
celle  ville  était  .igitée  comme  les  lloU  d'une  mer 
liouleuse.  Les  centils,  ave«i;;li-s  par  la  furenr. 
faisaient  retentir  <le  Uuite»  paris  lies  cris  île  murt 
contre  les  chrétiens.  Devant  ce  sperUu-le  de 
crtiaulé,  nos  àeax  ninrlyrs  M  les  rhn'Uei»  die 
leur  suite,  biin  de  ^".  'Trivi-r  édroiivèi «-nt  un 
senlinient  de  I 

.  vrement  du  tn  < 

■  (junm  (ifit  liiaiinii*  ■■.-njf-nn  i    ,ii  ; 

Voici  le  jour  qiiM  !••  ^.mcii-'i  »oiis- 

nnus  et  tres'milliw»   <l'.iII>-:;i>-^->i-.    ■ 


I.e  pr'^fet  d* 
parliciilièrr-  «a 

;  ■     !.  .!•■■.  \'m 

'    -    I    |.  le 


■t  tiius  diMlx  reconr 

!•'"      ■   ■■'■' !■■<•      I 

■'<"  du  mnrtyrr. 

iio''.  •<    .vt. lient 

'•nm- 

.      l.-s 


il  l'ur  tardait  d'aller  s'asseoir  au  bauciuet  de  la 
palrii'. 

I^ii  atientlant.  ii&  soutcnaiwil  d»  U  pemle  et 
Je  l'exenple  le  cotm-^  <ea  chrétiens  el  siXTor- 
çaient  d'èdaiter  Tes  païens,  piolltanl  de  toute 
occu'^ii'n  pour  annoncer  la  vé'rité. 

Ci's  pieuses  exiiorlalions  poilèrent  leurs  fruits, 
et  les  deux  saints  évéques  eurent  la  gloire  de  se 
voir  précédés  pardeux  vierges  consacrées  à  Dieu: 
.4ntoiuette  et  Tertulla,  el  par  une  femme,  mère 
de  deux  jumeaux  ipi'elle  vil  immoler  comme 
autrefois  les  Saints  liiiiocenls. 

Le  ciel  (-lail  ouvert.  Agapius  et  Secondiiius 
n'eurent  qu'à   suivie  celte  trace  de  song  qui  les 

OMMlMiOfll^St  aSBMBAUL^kfe^MCt'. 

Sl.%.BIBn  ET  JACOUnS  ASHAIBLW  IBM«  LEUR  VILUk 

Parmi  les  disciples  i(ui  aMMBBf  recueilli  avec 
un  soin  Jaloux  les  parole»  dk»  snints  pontifes, 
se  trouvaient  .Marieu  et  Jacques.  Iiisiruits  par  de 
si  nobles  ixemples.  Ils  lin'iiaii-iit  île  les  suivre. 
I.'lieun-  du  c-ombut  ne  si-  lit  jkls  aiteiidre. 

Ce  n'était  plu>  uu  ou  deux  sulduia  stationnaires, 
mais  une  centurie  entière  qui  Feilierchuit  des 
victimes  à  la  persécution. 

On  appelait,  chez  les  Domain»,  soldats  xlnlion- 
nithes,  des  ap|iariLeui-s  ou  ollleÎHts.  <)ui  étaient 
ré'parlis  par  proviiuM-»,  en  di's  lieux  déierminés, 
pour  avertir  les  iiiiiuiytiuLs  de  eu  qui  si>  passait, 
en  même  ti'iiips  qu,<  pour  ••xii.uier  h'urs  ordres. 
I.eufs*  lunL-iioiis  répondaient  ùi  celles  de  nos 
g'-ndarmes.  - 

ili'tte  bande  fanatique,  escortufe  d'une  populace 
iiiilisciplinée,  se  porLu  sur  la  villa  qu'liabitaienl 
M.iiieu  et  Jacques.  Leur  zèle  opo-loliqne  les 
dfsiL:nail  à  l'i'xéi-ralinn  îles  eniitmiis  du  Christ 
elle  lieu  qii  ils  avaient  choiM  |m>uv  leur  demeure 
était  reaardé  coiiiine  le  puis.saul  Ihuilevarii  de  la 
loi.  I.e>  lieux  m.irlvrs  et  les  uenit  de  leur  suite 
tureiil  traiiiéi  briiUileinenl  de  .Vtiu'iias  dans  la 
oolniiie  det^îrtliu.  Cirlha  sv  IroMvuil  iiie  alors  un 
i-véï-hé  iropiirlant  de  .Nuroidie.  Cflail  là  (|Ue 
si'xercaienl  surtout  la  roue  insvnsée  de»  (ientils 
't  l.i  iTUauté  des  persériileurs. 

.Vinenés  devant  le  Irihunal  du  préfet,  iN  furent 
soumis  à  un  inlerroualotn-  qm  ne  dura  pas 
lon:;lemps.  car  le    pri-lel.  '  iiiébraiilable 

n-suluLion  lies  deux   innr^  ulesser  éncr- 

aiaaamamt  le  nom  du  Christ,  U::s  ht  londuire  en 


Ljk  pnisoN  ar  um  i 


Dans  cet  allHwi  cadhat  en»  I»  «ayon  du  soleil 
ne  pénétrait  jamais.  KtaaiiiMk  téduil  que  se 
di-spuluient  ds&  reytifc^  et  étm  nils.  M.trien  et 
Jimni«i««awi  ' 

'■■an   sin.j.ii,  I-.     I  II 

Sofinlf  sfJffTTTfTtTïnr^  nl^  ^Ui    mttTTT^.lU. 

Marien    '  '  ■         '     hiré.    Le 

ntrmt  <pii  '    non  les 


fil 


•ItT-      ■ 
"      I"" 


1,1.     , 


rs,    de    sort'     ijU^    Ia    rh.i 

■  !•    i>«rl  et  d'auif   "n   ' 

l<~t  n«>rff  étaient  bi 


i,  le»  eutraill 


'«.I   -l  .1^ 


IK- 


il'-    *ri.-ijnr<  imtni.iil  1»^  fin*  crurU 


tourments.  Etendu  sur  le  chevalet,  les  orif;les  de 
fer  Iraçaienl  sur  ses  chairs  de  larpes  sillons,  et  le 
sans  qui  ruisselait  de  ses  plaies  beautés  ne 
pouvait  afwonrir  la  soif  insatiable  de^  païens. 

tn  m^ine  temps  que  le  soldat  stationnawe 
exécutait  les  ordres  d'un  préfet  inhumain,  les 
ma^islrats  de  Cirtha  se  faisaient  les  pnlres  du 
diable  et  essayaient,  par  de  raiiis  arlifices, 
d'ébranler  la  constance  des  martyrs;  mais,  au 
milieu  de  ses  tortures,  Jacques  s'écriait  :  «  Je 
sui>  (liarre  de  rBf,'lise  Romaine  !  •■  et  Mar»€n 
faisait  <?rho  à  sa  Toix  et  répétait  :  "  Je  sui>  lec- 
teur !  »  ils  disaient  vrai  l'un  et  l'autre,  car  telles 
étaient  les  fonctions  qu'ils  remplissaiejit  dans 
rti:lise. 

L'infatigable  bourreaa  se  lassa.  Il  fallut  recon- 
duire en  prison  les  généreux  confesseurs  tout 
enivrés  de  la  joie  du  triimphe.  Là,  Marien  et 
Jacques  unirent  leops  voix  à  celles  des  autres 
frères,  pour  chanter  une  hymne  d'actions  .de 
ericf  au  Seigneur  tout-puissant. 

Ils  pas-sérent  le  reste  de  cette  journée  dans  de 
lontfues  et  ferventes  prières,  ju.-qu"au  moment 
ou,  vaincus  par  la  falijnie  d'un  combat  si  labo- 
rieux, ils  s'eiMtonnirent  tous  d'un  profond 
sommeil. 

TISIOM    DE   )I.\BIE11 

Mais,  tandis  que  leurs  membres  souffrants 
reposent  dans  le  calme  de  la  nuit,  le  Christ  leur 
apparatt.  Il  vient  réparer  leurs  forces  et  leur 
couni^'e  par  ses  ineffables  consolations. 

Kcoiitoiis  le  bienheureux  Marien  raconter  lui- 
m^me  k  ses  glorieux  compagnons  ce  que  la 
divine  bonté  lui  fit  voir  dans  ce  sommeil  répa- 
rateur. 

•  Me^  frères,  s'écria  à  son  réveil  Marien,  j'ai 
vu  se  dr.-sser  devant  moi  un  tribunal  d'un  éclat 
éblouissant  et  dont  le  faite  sublime  semblait 
atteindre  les  nues.  Un  personnage  était  as<is  et 
remplissait  les  fondions  de  juge.  .\ntouT  du  tri- 
bunal se  trouvait  une  estrade  ou  l'on  montait 
par  de  nombreux  degrés,  car  elle  était  fort 
élevée. 

.  Touràtonr,  je  vis  défiler  des  confesseurs  de 
toul'^s  classes.  Ils  s'approchaient  un  à  un  au 
trihunal,  et  recevaient  à  genoux  la  sentence  de 
lijur  moit. 

i>  l(>ut  à  coup,  j'entendis  retentir  une  grande 
voix  :  "  (Ju'on  amèu<'  Marien  .'  »  s'e'cria  le  juge. 

)i  ('.elle  voix,  je  crois  l'enleudre encore  rcsonuer 
à  mon  oreille.  Je  mnnt.ii<  h  l'eslrade,  et  voici 
que, soudain,  àla droite  dujuge,j'aperçn'»Cy|>rien 
fl'évéqui'  de  Cartha^e)  que  je  n'avai»  pas  encore 
vu.  Il  me  l'Midil  la  rn.iin  <t  me  fai-^ant  monter 
sur  k  plus  haut  de;.-ré  de  l'estrade,  il  me  dit  en 
souriant  ;  «  Viens  l'asseoir  avec  moi  1  » 

'I  Kll  iiil<;rrog.itoire  des  autres  confesseurs  con- 
tinua en  Dia  présence.  Quand  il  fut  terminé, 
}>■  |ii(.'e  se  leva  et  nous  le  couduisimes  à  son 
prétoire. 

•<  Le  chemin  que  nous  foulions  aux  pied»  était 
une  prairie  d'une  riche  verilure,  émajHée  de 
Ueurs  aux  Couleurs  les  plu-  vives.  Des  Lois 
touffus  ç4  et  là,  et  de  tiaiils  feuill-'iKes  nous 
oITraienl  .i  l'envi  leiii  frai'lii'ur  et  leur  parure. 
l)e»  cypreH  mijesiit'  u\  et  des  pins  H(!c.ulaires 
lev.iii'iit  llècmenL  la  li^le  ju■^(u'au  ciel.  O  sile, 
en  un  mol,  était  de»  plu--  ecM  hauteurs.  Au  milieu 
d'un  jardin  |aillis«iit  une  soiin'e  abnniianle,  et 
SCS  iiin.  )>liis  puies  que  h' cristal,  renipli^saient 
un  va^li-  Il  lOMii. 

»  Lejuffe  disparutsnbitement  h  nos  yetix.  Alors, 


Cyprien,  prenant  une  coupe  qui  sr  trouvait  par 
hâ>ard  sur  les  bords  de  la  foiiLaiiie,  la  remplit 
et  but;  puîs,  la  remplissant  de  nouveau,  il  me  la 
présenta  et  je  bus  moi-m^me  avec  bonheur.  Et 
comme  j'élevais  la  voix  pour  rendre  grâces  à 
Dieu,  je  me  réveillai  soudain.  » 

DtCX  CEUiTCBES  DE  POORPRE 

En  entendant  ces  mots,  Jacques  comprit  le 
seus  d'une  vision  qu'il  avait  euo  au<^si.  Quand 
Marien  eut  fini  de  parler,  il  exposa  donc  à  son 
tour  comment  Dieu  avait  dai{ni'''  lui  a.aiiifester 
la  couronne  qui  leur  était  réservée. 

«  Mes  frères,  dit-il,  je  me  trouvais  en  votre 
compagnie  sur  un  char.  Tout  à  coup,  je  vis  un 
jeune  homme  à  la  taille  elaucée  et  d'une  beauti' 
remarquable.  Son  viitemenl  était  d'une  blancheur 
si  éblouissaiile  que  mes  yeux  ne  pouvaient  en 
supporter  l'éclat,  il  semblait  n'elfleurer  Ui  terre 
que  du  bout  des  pieds  et  son  front  radieu.x  se 
cachait  dans  les  nues.  Comme  il  passait  rapi- 
dement devant  nous,  il  nous  jeta  deux  ceinture- 
de  pourpre;  l'une  pour  loi,  Marien,  l'autre  pour 
moi,  et  j'entendis  ces  inoL<  :  «  Suive2-moi  ptomp- 
teraent  :  >> 

Un  païen  converti,  Hominé  Emilieu,  partageait 
la  captivité  de  nos  martyrs.  L'n  songe  mystérieux 
lui  révéla  également  son  prochain  triomphe. 

SOBTIES   ET   CONVERSION 

C'est  ainsi  que  ces  vaillants  chrétiens  recevaient 
la  nuit  comme  le  jour  les  consolations  de  la 
grâce. 

Us  demeurèrent  quelque  temps  encore  dans 
les  sombres  horreurs  de  cet  antre  infect.  Tous 
les  jours  cependant,  leur  prison  s'ouvrait  et  lais- 
sait s'échapper  une  âme  que  les  Anges  appelaient 
à  la  félicité  du  ciel.  Le  préfet  voulait  frapper 
d'abord  les  laîcptes  et  les  séparer  des  clercs  pour 
les  soustraire  à  leur  religieuse  influence,  et 
comme  ils  étaient  en  très  grand  nombre,  la  rage 
satanique  des  païens  n'avait  encore  pu  atteindre 
les  deux  chefs  qui  commandaient  ce  corps  d'élite  : 
Marien  et  Jacques.  Ils  sorlaienl,  eux  aii«^si,  de  leur 
cachot  ténébreux,  mai*  c'était  pour  endurer 
devant  la  foule  quelques  supplices  nouveaux,  et 
quand  les  yeux  des  assistants  s'étaient  lepns  et 
fatigués  de  ce  spectacle,  il  restait  à  leur  fureur 
une  ressource  :  les  prisons  de  l.ambèse. 

Toutefois,  ces  sorties  fiéquenlcs  ét.iient  une 
éloquente  pn'><licaiion,  et  de  leur  vivant  m^me. 
les  deux  martyrs  en  recueillirent  les  fruits. 
car  ils  eurent  la  ploirc  de  gagner  par  l;i  au  Christ 
de  nombreux  témoins. 

l'n  Jour,  un  des  spectateurs,  frappé  de  leur 
héroïque  constance,  laissa  la  (zr.lce  pénétrer  dan- 
son  à  me.  Il  venait  de  formuler  au  fond  de  son 
cu?ur  l'acte  de  sa  conversion,  quand,  soudain,  la 
splendeur  du  Christ  illumine  «un  vi<a.e.  Les 
t'Piitils  le  remarquent  et  se  le  montrent  du  doigt: 
mais  lui  sans  se  tronlder  :  "  fui,  j'embrasse  la 
religion  de  ces  martyrs,  s'rciia-l-il  d'une  voix 
claire  et  puissante,  et  je  veux  être  martyr  comnif 
eux!  » 

Une  profession  de  foi  si  inattendue  ne  laissa 
p«s  de  surprendre  les  témoin»  de  cette  sc^iie;  le 
courage  et  la  fermeté  Hii  nouveau  converti  ni 
tardèrent  pas  h  recevoir  lenr  récompense.  Sa 
tète  tomba  sous  b'  1er  du  bourreau.  Il  avait  méril'' 
par  sa  correspnn  lance  à  la  l'nVe  de  partager  la 
cloire  des  confesseurs  de  Jésus-Christ. 


LE  FESTIN  DU  CIKL 

Uarant  cette  longue  attente,  où  Tesprit  desdeux 
martyrs  ('tait  affilé  dans  une  aliematire  de  vie 
et  de  mort,  une  nouvelle  Msion  vint  consoler  le 
cœur  lie  Ju'-ques  et  de  Marien. 

Agapiu'^,  ce   saint  évi^que    dont   nous   avons 

fiarlt^  plus  haut,  avait  depuis  longtemps  remporté 
a  palme  du  martyre.  Or.  par  une  permission  de 
Dieu,  A^-apius  vint  visiter  Jacques  dans  sa  prison 
alors  qu'il  refaisait  s(s  forces  dans  le  repos  de 
la  nuit.  Use  montra  visiblement  à  lui,  au  point, 
qu'ébloui  par  IVclat  de  sa  gloire,  Jacques  ne  put 
s'empt^cher  île  s'écrier  :  «  yue  je  suis  heureux  '. 
Je  vais  rejoindre  Ayapius,  je  vais  m'asseoir  avec 
lui  à  ce  Daii.jui  t  céleste!  »  Et  il  se  réveilla  en 
disant  : ..  Oui,  je  l'ai  vu,  Asapius.  Il  était  entouré 
d'une  année  de  confesseurs  de  la  foi  qui  ontélt- 
enfermés  avec  nous  dans  cette  même  prison,  l'n 
festin  rninmun  les  réunissait,  et  Marien  et  moi, 
emporlé-s  par  un  esprit  de  dilertion  et  de  charité 
que  Je  ne  saurais  définir,  nous  courions  ù  ces 
afiapes  s|iirittielles,  quand  un  enfant  que  je 
reconnus  être  l'un  des  deux  jumeaux,  immolés 
sur  les  bras  de  leur  nién>,  se  présenta  de\ant 
nous  et  nous  dit  :  >  Où  courez-vous  si  vile? 
Héjouissei-vouset  tressai lleid'aliéçresse,  demain 
vous  prendre!  place  avec  nous  a  ce  banquet 
éternel.  » 

DAMS  LA   VALLKK  DE  CIRTHA 

Mais,  déjà,  le  gour  a  lui  ;  l'heure  approche  où 
la  sentence  délinitive  du  préfet  va  réunir  au 
cha-ur  des  palrian'lies  et  des  confesseurs  nos 
deux  {{lorieux  martyrs  et  beaucoup  d'autres  avec 
eux. 

Les  portes  des  prisons  s'ouvTcnl.  .Marien  et 
Jacques,  suivis  d'une  l>-j;ion  de  chrétiens,  sont- 
conduits  sur  le  lieu  du  triomphe,  (^est  une  vallée 
profonde  enloup'e  de  di-ux  collines  i|ui  servent 
de  gradins  à  et  amphilh>'àtre  naturel.  La  vallée 
est  Iraverst'e  jiar  un  lleu\c  qui  roule  doucement 
ses  ondes.  Kiontot,  ce  seront  des  Ilots  de  sang 
qui  couleront  dans  son  lit. 

Les  martyrs  sont  sur  le  lieu  du  supplice;  mai» 
ils  sont  en  si  (.'rand  nonibri'  que  l'exécution  devra 
être  forcément  longue  et  p-'iiiMe.  Le  bourreau  se 
trouve  en  face  de  tout  un  peuple  de  martyrs  dont 
In  léle  est  destinée  au  (.'laive.  (Jue  lera-t-il  iiour 
abréger  ses  coups'/  l.a  barbarie  de  cet  esclave, 
habiliié'  à  verser  le  sang  et  à  abattre  les  télés,  ne 
s'elfraye  pas  dune  aussi  odieuse  besogne.  Il 
imagine  un  ingénioux  système.  Il  fait  ranger  les 
martyrs  en  lile  ù  la  suite  les  uns  des  autres,  et, 
selon  la  coutume,  il  leur  bande  le»  yeux  avant 
d'arroniplir  son  nuel  niiiiisliTe. 

Mais,  Uindis  (iiie  ■•■  bourreau  dérobe  à  ses  vir- 
tjfni'-  Il  .  I.ii  I'  ■lii  i.iir.  le  Christ  qui  les  soutient 
et  -  les  illuniilie  de  SCS  ilief- 

fal!  ''   -  léfc'ions  de  mailyrsel  de 

tainto  viennent  au-devant  d'eux  avec  des  palme», 
et  des  chii'urs  ;iii;;'lir|ui's,  télébraiit  à  l'envi  »ur 
1rs  harpe»  ■■'  '   iir  triiim|die  prorhain. 

Plusieurs  il  iniix  martyrs  rai-onuienl 

aux  témoin»  d<  !■  ur  .supplice  qu'ils  voyaient  des 


COM!-i"r«.    h     1.1    l'IuM'Il 


U 


C'ii 


!•  i-niiiérc,  monli-s  par  de 

robes  plus  éclalantt's  que 

imaient  ent«-nilre  les  fré- 

•  t  le  bruit  d<'  leurs  po*. 

"udain  d'une  inspira- 


tion divine,  il  s'écria  :  «  Païens,  vous  allei  nous 
mettre  à  mort,  mais  l'heure  de  la  vengeance 
céleste  approche.  La  main  de  Uieii  va  s'appe- 
santir sur  VOU--  et  le  jour  n'est  pas  loin  où  vous 
gémirez  tous  sous  le  poids  de  sa  colère.  La  cap- 
tivité, la  famine,  la  peste,  les  tremblements  de 
terre,  tous  les  tléaux  «'iilin,  envoyés  par  le  .Sei- 
gneur pour  cliAtier  les  mécréants,  vous  feront 
expier  les  crimes  que  vous  allei  commettre.  .Mais 
faites  votre  u'uvre.  nous  ne  pouvons  rester  plus 
longtemps  sous  vos  coups.  » 

A  peine  avait-il  achevé  ces  paroles  prophéti- 
ques, que  le  glaive  du  bourreau  lui  trancha  la 
télé.  Les  autres  télés  tombèrent  successiveiiient 
sous  le  fer  meurtrier. 

I.a  victoire  étail  complète. 


LA    MERK  DU  MARTTR 

Or,  la  mère  de  .Marieu  était  présente  au  sup- 
plice. Comme  autrefois  la  mère  des  Machabées, 
elle  éclata  en  transports  de  joie  quand  elle  vil 
son  (ils  bien-àinié  baigné  dans  son  propre  sang. 
Elle  se  précipita  sur  lui  et  couvrit  de  baisers  sa 
chair  qui  palpitait  encore.  Ses  lèvres  étaient  col- 
lées sur  la  plaie  sanglante,  par  où  s'était  échap- 
pée la  vie  du  corps,  et  elle  ne  voulait  pas  quitter 
celui  (|ii'elle  avait  porté  dans  .son  sein  et  nourri 

de  son  lait.  Mais,  sans  resiiect  pour  la  teiidr 

matenielli',  le  bourreau  aéroba  le  corps  a  -■  - 
einbrasseiiienls  et  le  lit  disparaître  ignominieu- 
sement avec  ceux  des  autres  martyrs. 

C'est  le  qualre  des  liones  d'avril,  de  l'an  de 
Jésus-Christ  i'.'t'J,  qu'eut  lieu  cette  hécatombe  de 
chrétiens,  massacrés  ù  lu  fois  dans  la  vallée  de 
Cirtha. 

Cirlha,  grice  à  la  bravoure  de  nos  sold.ii< 
est  devenue  une  terre  franeaise.  En  souï  ■  ii 
du  grand  Constantin,  elle  avait  ehaiigé  son  n 'rn 
en  celui  de  Constantiiie  qu'elle  a  t^ardé  d:-puis. 

Voici, d'après  .M.  Caretlo,  capilainede  génie  et 
incinbre  de  la  (Àminiission  scieiitiliquc  d'.\L   i  ' 
un   document  pn-cieux  qui  nieiitionnc  ce   m  i- 
sacre,  c'est  une   inscription  découverte   r«-ieni- 
ment  à  Constanline,  et  qui  se  trouve  gravée  sur 
le  roc  : 

DIE  lin  NOUAS  APRILIS  PASSIONES  ■ARTiRVI 
SANCTORVM  HORTENSIUM  RARIANI  ET 
lACOBI  DATII  APRI  RUSTICl  CRISPim 
DONATI  iELITVNIS  PASTORIS  SILVANl 

EGPYTII ET  OiMIVi 

OVORVM  NOMINA  SCIT  IS  QVI  FECIT 

f  Le  ((Uatre  des  noue-  d'avril,  p.i 
Mint»  martyr»  de  la  valh'e  :  Mnrien 
nativiis,.\per.  UuKticui.C.rispiiiiiN.Konat,  Mtii:    ii 

Pa^^lor,  SiK.iiti,  Kfvptiu» et  de  Inus  les  aiili •  - 

dont  li-s  noms  sont  '    l'r   m. 


Le  sens  du  mol  / 

'■      lis.  Il  lie  h 

I  ■-.  .Nous  I  • 

j    .1    . .  .      |Ue  celle  v.il. 

pités  le»  miirlyrs   dfvait  éii 

•.en*»   l'.ii    !•  *    i  trilm^    di-    l.i  ^ 
qui   » 


plus 


liTo»  de  la  foi 


Saint  Manrn  et  saint  Jacques,  pne>  |ioU(  uoo»: 


E.  PrriTiiEMRr,  Imp. -ycranl,  H,  rue  Kraiivoi»  I*",  Pari». 


SAINT  PHILIPPE  ET  SAINT  JACQIES,  APOTRES 


Fête  le    /"   mai. 


LA     MULTIPLICATION    DES    PAINS 


Avant  d'opérer  le  miracle,  Jésus  avait  dit  à  Philippe  :  n  Comment  pourrons-nous  acheter  du 
pain  pour  nourrir  ce  peuple?  n  Et  Philippe  avait  répondu  :  «  Pour  en  donner  un  peu  à 
tout  le  monde,  U  en  faudrait  pour  deux  cents  deniers.   » 

(D'après  la  Bible  de  Schnorr.  Paris  A.  \V.  Schulgen.) 


SAINT  PHILIPPE 

Saint  Philippe  f'tail  do  la  ville  de  Betlisaida  en 
•  ialilée,  patrie  de  >aintl'ierre  et  de  saint  André.  Notre 
divin  Sauveur,  d>''S  les  premiers  jours  df  sa  vie  publi- 
que, le  renrnntra  et  lui  dit:  ■■  Suis  moi.  ..  Philippe, 
Ijili'le  àla  L'ràre  de  la  vocation  divine,  laissa  sa  famille 
et  suivit  Jésus-Christ.  Tout  joyeux  d"avoir  reconnu 
en  Jésus  de  Nazareth  le  Messie  attendu  depuis  tant  de 
siéries,  Philippe  se  liAte  de  faire  part  de  cette  bonne 
nouvelle  à  Nathanai'l  son  ami  :  ••  Nous  avons  trouvé 
Celuidontilest  parlé  dan»  la  loi  de  Moïse  elles  écrits 
des  prophètes  :  Jé^us  de  Na/arelh,  fils  de  Joseph.  — 
Peul-il  sortir  quelque  chose  de  hon  de  Naiareth?  » 
ré|iondNiUi.-inai-l,  qui  savait  hien  que  le  Messie  devait 
natre  .1  lli'Mil'cm,  la  ville  de  llavid,  ain'<i  que  l'avait 


annoncé  le  prophète  Michée.<c  Viens  et  vois,  »  reprend 
Philippe,  persuadi^  qu'il  lui  suffirait  de  voir  Jésus 
pour  reconnaître  en  lui  le  Fils  de  Dieu. 

Jésus,  voyant  venirNathanael,  dit  de  lui:  <•  Voici  un 
vrai  Israélite,  au  ca'ur  droit  et  sincère.  —  D'où  me 
cnnnaissei-vous'?  dit  Nathanarl.— Avant  que  Philippe 
ne  vous  appelât,  quand  vous  étiez,  sous  le  linuier,  Je 
vous  ai  vu,  dit  le  Sauveur.  ••  dr,  Jésus  ne  pouvait,  de 
'icience  humaine, connaître  ce  détail. "Maître,  répon- 
dit vivement  Nathanaèl,  vous  êtes  le  Fils  de  Dieu,  vous 
èies  le  roi  d'Israël.  —  Parce  que  je  vous  ai  dit:  je 
vous  ai  vu  sous  le  fieuier,  cela  vous  suffit  pour  croire, 
vous  verrez  de  plus  crandes  choses,  repritle  Sauveur. 
Kii  vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  vous  verrez  le  ciel 
ouvert  et  les  ani'es  de  Dieu  montant  et  descendant 
sur  le  FIU  de  l'homme.  ..  (Saint  Jean.  M 


Trois  jours  après,  Philippe  assistait  aux  noces  de 
Cana,  «t  royait  le  premiT  miracle  de  Jésus,  miracle 
opéré  à  la  pritre  de  Marie.  L'ann<^e  suivante,  il  fut 
choisi  pour  être  du  nombre  des  douze  Apôtres. 

Quand  la  multitude  suivit  Jésus-Christ  au  désert, 
c'est  à  Philippe  que  le  divin  Maître  adressa  cette  pa- 
role :  «  Où  achclerons-nous  du  pain  pour  nourrir 
cette  foule  ?  —  Quand  même  on  achèterait  du  pain 
pour  deux  cents  deniers,  répondit  Philippe,  cel.i  ne 
suffirait  pas  pour  en  donner  &  clirvcun  un  très  [n'iit 
morceau.  »  Ôr,  remarque  l'Evangéliste,  Jésus  lui 
avait  fait  celte  question  pour  éprouver  sa  foi,  car  il 
savait  bien  ce  qu'il  allait  faire.  Ce  qu'il  allait  faire, 
c'était  le  célubrc  miracle  de  la  multiplication  dei 
pains. 

Le  dimanche  Ji'çPiumeaux.aprèsrentrée  solennelle 
de  Jt'siis  a  J'  I.  cleni,  des  Gentils  (qui  venaient  pro- 
bablfuieiil  (I  l'.i  -;:;i)  s'adressèrcnt  a  Philippe  comme 
al  un  des  piiiicip.iux  de  la  suite  du  Sauveur  :  u  Nous 
voulons  voir  Jtisus  m,  lui  dirent-ils.  Philippe  en  parla 
à  André  et  tous  deux  présentèrent  ces  étrangers  a 
Jésus. 

Au  moment  de  la  dernière  cine,  comme  Notre- 
Seigneur  parlait  aux  Apôtres  de  son  Père  céleste,  et 
leur  dis.  '  '  '■  i  ;  le  son  Père  et  qu'il  retour- 
nait a  -  r,  dit  Philippe,  montrez- 
nous  V.,  V  ..  =^.<i  assez.  —  Depuis  si  long- 
temps i|  ivec  vous,  reprit  Jésus,  vous  ne  me 
connais  "■••  '  l'iiilii n.  r.iui  qui  me  voit, 
voil  au-  lime,  qui  nous 
initie  au^  . ■;  ,  iiilé  et  nous  en- 
seigne qne  le  Père  et  le  ïiia  sont  au  seul  et  même 
Dieu. 

SAi!fT  pnairpi  aphAs  u  piimcAn 

Rpropli  de  fnrr-e,delumi^e<»ld'«mourpar  l'Esprit- 

Sài  •.:."'      ;■:'.,     ;;.■  avec 

U-  1 .  ces 

S.i. 

d- 

Ai  L     u  (1  Ll  M  I"  1  1  .    1*1  «Il     '  ■  :  1  I    il 

C'  i  fers,  et  saint  Jacques 

I, 

ipérieure  échu- 

ff-  .  ir-  :  II  /'vaiiL'i'- 

h-  I 

S''  -  .1  ■  ■    .      .  ,     ,  - 

sieur:  auteiim  aiirii-iis  comme  saint  Isidore  de  Séville, 
saint  Julien  de  Tolède,  le  vénérable  Uède  affirment 


qu'il  préclia  dan?  les  Gaules.  D'autres  pensent  qu'il 
s'agit  ici  non  des  danles,  mais  de  la  Galatie,  colonie 
gauloise  d' Asie-Mineure. 

Quoiqu'il  en  soit,  ce  saint  Apôtre  donna  finalement 
à  sa  prédication  le  glorieux  témoisnage  de  son  propre 
sang,  dans  la  ville  d'Hiérapolis  en  Phrygie.  L'une  des 
principales  divinités  de  cette  ville  était  un  gros 
serpent,  le  peuple  l'adorait  et  on  lui  offrait  de  l'en- 
cens et  des  sacrifices.  —  11  n'y  a  guère  d'ailleurs  de 
contrée  où  le  démon,  qui  a  jadis  perdu  l'humanité  en 
prenant  la  forme  du  serpent,  n'ait  pris  un  cruel  plai- 
sir à  se  faire  rendre  hommase  par  le  culte  de  ce  mal- 
faisant reptile.  —  Saisi  de  compassion  pour  ce  peuple, 
saint  Phihppe  se  jette  à  terre  et  supplie  Dieu  ae  déli- 
vrer ces  malheureux  de  la  tjTannie  de  Satan.  Dieu 
exauça  sa  prière  et  le  serpent  expira  aussitôt. 

A  la  vue  du  cadavre  de  sa  vaine  idole,  le  peupl"  se 
montrait  disposé  a  accueillir  la  foi  nu  Dieu  vivaiii  et 
véritable,  mais  les  l'oniifes  pa:  '-, 

endurcis  dans  leur  erreur  et  \  i, 

font  arrêter  l'.^pôtre,  il  c-  u 

prison,  puis  battu  de  vei 
]'.'■•  ■  '  li 


de   la 
,  :  ^  i.iiirir, 

les  conjura  de  ne  pas  le  priver  '    t 

sur  la  croix  comme  son  divin  '.«  ^r 

prié  pour  eux  et  pour  toute  rtfilisi-,  il  remit  son 
àme  entre  les  ninino  de  son  Créateur.  Il  y  avait  viiigt 
ans  qu'il  tr  ii  salut  des  âmes.  Le»  chrétiens 

ensevelirei  ■  ^   avec  respect.  Plus  tard,   une 

partie  fut  r  ....       ^ 

Home  dai: 


,1  :  i|iiM  l'-'-     a      I   i  l'  » 

[ar  les  Crois'*?, 
cath*"-"!--  '••  '1'^'' 

Av.-, 
saint  ' 
qui  (■'. 
On   <i 
Herniioiie. 
Greca  le  4 


-:.     u,...    r-     .,1      (.1."        u>        .„.,,->,. ,.H 

Saint  Philippe  est  le  patron  da    !.: 
^  re  Jésa»-C!  111, 

11'  pll|^i<>ur 
i  ertus   les  pren. 
'    est  lj  mém' 
I-  sous  Adrien  et  IMée  par  les 


SAINT   JACQUES   LE   MLXEUR 

APOTRE,  ÉVÊQUE  DE  JÉRUSALEM  ET  MARTYR 


.Saint  Jacques,  surnommé  le  Mineur,  pour  ledistin- 

;    ■      '  •    >■  ■ l'i      ■  '         ,1 

''iiw.   Il»*    .i   '.,in<i,  rn    Uaiii''*'.   iiiv    u  ■iizainr  u  iiiiiiocs 
avant  Jésus-Cbrist.  11  était  HIs  de  .Varie,  liaiUM  à» 

11. .t.....        .■^.. .......     ........  .»..       aI     n..i>l  ..Ate* 


seph,  Simon  et  Jude,  ce  demierainsi  que  Jacques  furent 
reçus  par  le  Sauveur  au  11      '   '    '- '   t 
les  deux  autres  raMrwit 

avaMd'    '■-■' •■   H'-H>r'' 

la  divi  ■ 


dtres, 

■-«  :    ils 

>■  i.niire  a 

iQ  Sauvew, 

■icbée,  oom- 

•ensée  «awre 

r    vrai 


CI*opha-      •:    ',!•  '■•■       --...-...  . 
■Ame 

Il  éuadonc  d«  la  tribu  d<' 

Seicn'-ur  ^'  I-m  la   ■li/nr.  il  .. 

.).  vien  0k  l•■^ 

l'.il/-  .1,1  i,.  f,.  <ii;  m'tnTTil   tir 

m..i-  ..(    .  .   an  lui  Ui.  •   d'  •  i  n  .i    .in  . 

Maître  rtmauU  au  ciel.  Jacquosavait  trou  IrteM,  io-   1   iic  mau^oi.nl  point  jusiju  n  cr  ^uc  Jenus  fût  <• 


cité.  Le  jour  même  de  sa  glorieuse  résurrection, 
Jésus  lui  apparut  et,  lui  ayant  demandé  du  pain,  le 
bénit,  le  rompit,  et  le  lui  offrit  en  disant  :  «  Ne  fais 
pas  difficulté,  mcm  fri^re,  de  manger,  car  le  Fila  de 
l'homme  est  ressuscité.  » 


SAINT  JACQUES,  évÂQUE  DE  JÉRDSALSII 

Après  la  Pentecôte,  quand  les  Apôtres  se  parta- 
gèrent le  monde  à  conquérir,  saint  Jacques  fut 
établi  érêque  de  la  ville  de  Jérasaiem;  aussi  était-il 
considéré  comme  le  père  de  tous  les  juifs  convertis, 
et  son  autorité  était  grande  dans  la  primitive  Eglise. 
Au  concile  de  Jérusalem,  il  prend  le  premier  la 
parole,  après  saint  Pierre.  II  fut  toute  sa  vie  6dèle 
aux  pratiques  de  la  loi  de  Moïse,  qui  n'étaient  plus 
obligiatoires,  sans  doute,  mais  n'étaient  point  encore 
défendues;  il  fut  l'Apôtre  spécial  des  Juifs  et  l'on  a 
dit  de  lai,  avec  raison,  que  sa  mission  avait  été  de 
conduire  ave 3  honneur  la  synagogue  au  tombeau. 
La  Rédemption  par  Jésus-Christ  et  la  fondation  de 
l'Eglise,  venaient  de  faire  succéder  le  Nouveau  Tes- 
tament à  l'Ancien  ;  mais  l'Ancien  avait  été  la  prépa- 
ration du  Nouveau,  c'est  pour  cela  que  Dieu  l'avait 
établi,  et  il  méritait  un  dernier  hommace.  Au  reste, 
le  Nouveau  Testament  n'est  t>oint  l'ennemi  de 
de  l'Ancien,  mais  il  est  l'Ancien  Testament  lui- 
même,  accompli  et  perfectionné  |'ar  Jésus-Christ, 
ainsi  que  l'avaient  prédit  les  prophètes. 

Saint  Epiphane  alïirmc  que  saint  Jacques  est 
demeuré  vierge  toute  sa  vie,  et  saint  Jértme  le 
propose  comme  on  parfait  modèle  d'innocence  et  de 
piété,  de  pénitence  et  de  charité.  11  passait  fréquem- 
ment de  longues  heures  en  prière,  généralement  i 
genoux,  et  souvent  la  face  contre  terre;  on  rapporte 
m^me,  que,  par  un  privilège  réservé  au  seul  grand 
prêtre  des  Hébreux,  o^  lui  permettait  au  temple  de 
Jérusalem  d'entrer  dans  le  Saint  et  jusc^ue  dans  le 
Saint  des  Saints  pour  offrir  à  Dieu  ses  prières. 

En  sa  qualité  d'évêque  de  Jérusalem,  il  portait 
autour  de  son  front,  dans  les  cérémonies,  une  lame 
d'or,  comme  le  Riand  prôtre  juif. 

Toute  sa  vie,  il  garda  l'abstinence  de  viande,  ne 
mangeant  jamais  rien  qui  eût  eu  vie;  il  ne  buvait 
que  de  l'eau,  et  par  mortification,  il  n'usait  point 
de  parfums,  ni  de  bains,  quoique  cela  fut  ordinaire 
de  son  temps. 

Enfin,  son  incomparable  sainteté  loi  valut,  de  la 
part  de  ses  contemporains,  le  surnom  de  Juste,  titre 
qui  lui  était  donné,  non  seulement  par  les  chrétiens, 
mais  encore  par  les  juifs  infidèles  et  plusieurs  de 
ces  derniers  recard^^rent  plus  tard  la  ruine  de  Jérur 
salem  comme  un  châtiment  de  la  mort  injuste 
((u'ils  avaient  fait  sabir  a  ce  saint  homme. 


L'ÉPITBB    de   saint  JACQUES 

Le  plus  beau  souvenir  qui  nous  reste  de  saint 
Jacques,  c'est  sa  magnifique  épllre,  qui  est  au 
nombre  de  ses  sept  canoniques,  reçues  par  l'Eglise 
comme  inspirées  de  Dieu.  Elle  est  adressée  à  tous 
les  Juifs  convertis  dispersés  sur  la  terre.  Il  leur 
montre  qu'il  ne  suffit  pas  d'avoir  une  foi  stérile  et 
morte,  il  faut  une  foi  véritable  et  conséquente  avec 
elle-même,  c'est-à-dire  une  foi  qui  prouve  qu'elle 
est  vivante  par  les  bonnes  œuvres  qu'elle  produit; 
il  les  console  au  milieu  des  persécutions  de  leurs 
frères  restés  infidèles;  il  les  encourage  à  la  cons- 
tance au  milieu  des  tentations,  &  la  docilité  à  la 
parole  de  Dieu,  à  la  charité  fraternelle  vis-à-vis  de* 
pauvres  et  des  petits;  leur  enseigne  à  bien  gou- 
verner leur  langue,  à  éviter  les  divisions  et  les  div 


cordes.  Il  termine  par  quelques  instructions  sur 
l'Extrêrae-Onction  des  malades,  parle  de  la  confes- 
sion, de  l'efficacité  des  prières  du  juste  et  des 
mérites  de  ceux  qui  convertissent  les  pécheurs. 

SAmr  JACQUES    FIDÈLE   A    JÉSDS-CHRIST   JUSQD'aO  MARTYRE 

Le  saint  évéque  de  Jérusalem  ouvrait  chaque 
année  les  yeux  à  beaucoup  de  ses  compatriotes  et 
les  amenait  à  la  foi  de  Jésus-Christ.  L'an  81,  à 
l'approche  des  fêles  pascales,  solennités  qui  ame- 
naient toujours  à  Jérusalem  un  grand  concours  de 
peuple,  de  nombreux  Israélites  vinrent  consulter  le 
Juste  au  sujet  de  Jésus-Christ.  Jacques  leur  prouva 
par  les  écrits  des  prophètes  que  Jésus  est  le  Messie, 
et  plusieurs,  qui  étaient  des  principaux  de  la  nation, 
se  convertirent. 

Les  Juifs  infidèles,  déjà  furieux  d'avoir  vu  saint 
Paul  échapper  de  leurs  mains  pour  se  faire  conduire 
à  César,  ne  purent  plus  contenir  leur  rage  contre 
saint  Jacques.  Ananus,  fils  de  ce  grand-prêtre  Anne 
qui  avait  fait  amener  Jésus  à  son  tribunal,  fit  com- 
parattre  saint  Jacques  devant  le  sanhédrin,  et  après 
de  vaines  et  hypocrites  louanges,  lui  déclara  qu'il 
confiait  à  sa  haute  sagesse  la  défense  de  la  loi  de 
Moise  et  le  soin  d'éclairer  le  peuple  séduit  par  les 
disciples  de  Jésus  de  Nazareth.  L'évêque  fut  cor- 
duit  sur  le  haut  de  la  terrasse  du  Temple  et  les 
princes  des  prêtres  lui  crièrent  :  •<  Juste  I  nous  avons 
confiance  en  toi,  on  trompe  le  peuple  au  nom  d'un 
imposteur  crucifié  ;  parle  et  dis-nous  la  vérité  sur 
Jésus!  »  Le  majestueux  et  doux  vieillard  contem- 
plant la  foule  immense  qui  se  pressait  sous  ses  yeux, 
éleva  la  voix  et  s'écria  :  ■<  Pourquoi  m'inlerrogez-vous 
sur  Jésus  le  Fils  de  l'homme  '?  Il  siège  dans  les  cieux 
à  la  droite  de  la  Majesté  divine  et  un  jour  il  revien- 
dra sur  les  nuées  du  ciel.  »  A  ces  mots  un  vaste 
frémissement  agita  la  foule  un  momentsilencieuse  : 
«  Hosanna  au  Fils  de  David  !  »  crièrent  ceux  qui 
avaient  embrassé  la  foi.  •  Hélas  I  dirent  avec  dou- 
leur les  Scribes  et  les  Pharisiens,  le  Juste  lui-même 
est  donc  séduit!  »  Et  s'élançant  sur  la  plate-forme 
du  temple,  ils  précipitèrent  Jacques  du  haut  en  bas 
pour  lui  broyer  la  tête  sur  le  pavé. 

Tojt  brisé  de  sa  chute,. le  saint  vieillard  eut 
encore  la  force  de  se  relever  sur  ses  genoux  et  de 
prier  Dieu  pour  ses  bourreaux  :  «  Seigneur,  disait- 
il,  pardinnez-leur,  car  ils  ne  savent  ce  qu'ils  font.  » 
Mais  les  Juifs  voyant  qu'il  vivait  encore  s'écrièrent: 
Lapidons  Jacques  le  juste!  et  déjà  ils  oomnienoaient 
à  lui  lancer  des  pierres,  quand  un  prêtre,  de  la 
race  des  Rechabiles,  s'interposa  :  «  Arrêtez!  dit-il, 
que  faites-vous  ?  n'entendoz-vous  pas  le  Jui^le 
qui  prie  pour  vous'?  •  Mais  pendant  qu'il  pjirlnit,  un 
foulon  asséna  sur  la  tête  de  Jacques  un  grand  coup 
de  son  levier  et  l'étendit  mort.  C'était  le  jour  de 
Pâques,  10  avril.  Je  l'an  60. 

L'évêque  martyr  fut  enseveli  non  loin  du  temple 
dans  un  tombeau  taillé  dans  le  roc.  On  lui  donna 
pour  successeur  son  frère  saint  Simon  ou  Siméon. 
Quant  au  grand  prêtre  Ananus,  il  n'échappa  pas 
mieux  que  son  frère  Anne  à  la  vengeance  divine; 
désapprouvé  par  le  gouverneur  romain,  dépouillé 
du  pontificat  par  Agrippa  roi  le  Chalc.ide  et  arrière 
petit-fils  d'Hérode  l  Iduméen,  il  périt  enfin  étranglO 
par  une  faction  de  ses  compatriotes. 

La  plus  grande  partie  des  relique*  de  saint 
Jacques  le  Mineur  se  trouve  à  Rome  dans  l'église 
dfs  Apôtres  près  de  celles  de  saint  Philippe.  Tou- 
louse, Anvers  et  Compostelle  en  ont  aussi  des  frag- 
ments. L'église  de  Saint-Jacques  du  Haut-Pas  A 
Paris  en  possédait  également,  mais  la  Révolution 
les  a  détruites. 


LE  DIACRE  SAINT    PHILIPPE   ET  SES  QUATRE  FILLES 


Fête  le  6  juin 


Le  diacre  saint  Philippe,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  l'Apôtre  du  même  nom,  eut  l'honneur 
d'être  cboisi  avec  saint  Etienne  pour  être  l'un  des 
sept  premiers  diacres. 

Après  le  martyre  de  son  héroïque  collègue 
saint  Etienne,  il  vint  annoncer  la  divinité  de 
Jésus-Christ  dans  la  ville  de  Samarie.  Sa  parole 
était  appuyée  par  l'éclatant  témoignage  de  nom- 
breux miracles,  guérisons  de  boiteux,  paralytiques 
et  autres  malades.  Les  Samaritains  dont  la  religion 
était  un  mélange  de  judaïsme  et  de  paganisme,  et 
qui  eux  aussi  attendaient  le  Messie,  furent  dans 
une  grande  joie  en  apprenant  ces  bonnes  nouvelles 
prouvées  par  tant  de  prodiees;  beaucoup  se  conver- 
tirent. Simon  le  .Magicien  lui-même  qui  avait  séduit 
la  ville  par  ses  prestiges,  se  faisant  appeler  la 
grande  Puissance  de  Dieu,  reconnut  que  le  mes- 
sager du  Christ  était  accompagné  d'une  puissance 
supérieure  à  la  sienne  et  demanda  le  baptême. 

La  nouvelle  de  ces  conversions  remplit  de  joie 
l'Eglise  de  Jérusalem  persécutée  ;  saint  Pierre  et 
saint  Jean  descendirent  à  Samarie  pour  donner  aux 
nouveaux  baptisés  le  sacrement  de  conlirmation. 
Cette  effusion  de  l'Esprit-Saint  fut  signalée  par 
divers  prodiges.  A  cette  vue,  Simon  le  Magicien,  qui 
songeait  toujours  à  se  faire  passer  pour  un  être 
extraordinaire,  offrit  .1  saint  Pierre  une  grosse 
somme  d'argent  pour  recevoir  lui  aussi  le  pouvoir 
de  donner  l'Espril-Saint.  Le  prince  des  Apôtres 
flétrit  par  des  paroles  sévères  cette  sacrilège  audace, 
invitant  Simon  à  faire  pénitence  s'il  ne  voulait 
attirer  sur  lui  les  châtiments  du  ciel.  Mais  l'orgueil- 
leux Simon  préféra  aller  continuer  ailleurs  ses 
«Tentures  de  magicien,  et  devint  le  premier 
hérésiarque. 

Peu  après  un  ange  ordonna  à  saint  Philippe 
d'aller  sur  le  chemin  qui  conduisait  de  Jérusalem  k 
Gaza.  Le  saint  diacre  y  arrivait  quand  il  aperçut  le 
char  d'un  homme  qui  revenait  de  Jérusalem  par  ce 
même  chemin. 

•  Approche-toi  de  cette  voiture,  lui  dit  l'ange,  et 
mets-toi  près  de  l'homme  qui  est  dedans.  ■  Ce 
voyageur  était  un  des  premiers  mini.'vtres  de  Can- 
l'vx  reine  d'Ethiopie,  u  revenait  de  Jérusalem  oii 
il  était  allé  adorer  le  vrai  Dieu,  et  retournait  en  son 
pays.  Il  lisait  en  ce  moment  ce  passage  des  pro- 
phéties d'isale  :  ■  11  a  été  livré  4  la  mort  comme 


une  brebis  et  comme  un  agneau  qui  ne  crie  point 
entre  les  mains  de  celui  qui  le  tond,  il  n'a  point 
ouvert  la  bouche;  par  son  humilité  on  l'a  jugé  contre 
toute  sorte  de  justice.  Qui  pourra  raconter  sa  généra- 
tion? car  il  a  été  arraché  de  la  terre  des  vivants.  • 

■  Comprenez-vous  ce  que  vous  lisez?  demanda 
saint  Philippe.  —  Comment  le  pourrais-je,  si  per- 
sonne ne  me  l'expliaue  »,  répondit  le  voyageur.  Et 
faisant  asseoir  près  de  lui  ce  passant  qui  lui  parais- 
sait instruit,  il  lui  demanda  :  ■  De  qui  parle  le 
prophète  en  ce  passage?  est-ce  de  lui-même  ou 
d'un  autre?  »  Philippe  lui  expliqua  alors  comment 
le  prophète  annonçait  en  ce  passage  la  passion  de 
notre  doux  Sauveur;  il  (It  connaître  k  l'étranger 
toute  l'histoire  de  Jésus-Christ  et  la  nécessité  de 
recevoir  le  baptême  en  son  nom  pour  être  sauvé. 
La  grâce  toucha  tellement  le  ctpur  droit  du  voyageur, 
qu'étant  arrivés  auprès  d'une  fontaine,  il  dit  à  Phi- 
lippe :  •  Voici  de  l'eau,  qui  empêche  que  je  sois 
baptisé?  —  Si  vous  croyez  de  tout  votre  coeur  en 
Jfsus-Christ,  rien  ne  l'empêche,  dit  le  diacre.  »  Ils 
liescendirent  aussitôt  du  char,  l'illustre  étranger 
fut  baptisé  ;  la  c-'-rémonie  achevée,  il  n'aperçut  plus 
Philippe  que  l'ange  venait  d'emporter;  il  continua 
sa  route  remerciant  Dieu  de  la  grâce  qu'il  venait 
de  recevoir. 

Quant  ti  saint  Philippe,  il  se  trouva  dans  la  ville 
d'Asoth,  ville  de  l'ancien  pays  des  Philistins,  jadis 
célèbre  par  le  séjour  de  l'arche  sainte.  Il  y  continua 
ses    prédications    et   porta   la    bonne    nouvelle    en 
beaucoup    d'autres     lieux;    d'anciennes    traditions 
rapportent  qu'il  alla  jusque  dans  l'Asie-Mineure  et 
même  en  Ettiiopie.  Mais  son  séjour  habituel  était  la 
ville  de  Césarée  en  Palestine,  sa  patrie  où  il  habi- 
tait avec  ses  fllles.  Avant  d'entrer  ilans  la  carrière 
apostolique,  il  avait  vécu  dans  l'élat  du  mari.ije  •t 
avait  été  père  de  quatre   filles.  Toutes  les   iiuiii'. 
devenues  de  ferventes  chrétiennes,  avaient  r. 
leur  virginité  au  Seigheur,  vivaient  dans  une  . 
•sainteté   et   Dieu  les   avaient   honorées  du   d'Hi   île 
prophétie.  L'apôtre  saint  Paul  et  l'évanfléliste  saint 
Luc  revenant  de  (irere  â  Jérusalem  et  ;        ^"  -    - 
(^'•sarée,    reçurent   l'hospitalité    dans    > 
maison.  Elles  furent  ensevelies  â  Césan- 
restes   de   leur   père;   et   sainte    Paule,   ' 
plus  tard,  eut   la  joie  de  visiter  leur  d^_.... 
était  encore  debout. 


iu;|>     jrranl       i'IIl>iit\|i  T.   1,   ruc  trtl.',"ll   I",    i'tXK. 


SAINT  ATHANASE,  DOCTEUR   DE  L'ÉGLISE 


Fête  le  2  mai.  —  iv«  siècle. 


Saint  Athanase  naquit  à  Alexandrie,  métropole 
derEKjrpte,  vers  l"an296.  Ses  parents,  qm  étaient 
chr.Hiens  et  recoramandables  par  leur  pieté, 
relevèrent  dans  la  véritable  doctrine  du  chris- 
tianisme. Lorsqu'il  fut  suHisamment  instruit  dans 
la  f-rammaire  et  les  autres 
sciences  ordinaires,  saint 
Alexandre,  qui  devait  être 
évêque  d'Alexandrie,  le  retira 
d'entre  les  mauis  de  ses  pa- 
rents, et  réleva,  comme  un 
autre  Samuel,  dans  le  temple 
duSeicneur.il  étudia  plusieurs 
années  dans  une  sainte  école 
et  de  vint  parfait  théolof.'ien, en 
lisant  avec  beaucoup  de  soin 
les  écrits  des  anciens  docteurs 
de  l'Ealise. 

.\aé  d'environ  vini-'tans, saint 
Athanase  entendit  parler  de 
saint  Antoine,  dont  la  réputa- 
tion était  dès  lors  répandue 
partout.  Il  alla  le  voir  avec  le 

désir  d'imiter  ses  vertus  si  ra- 
res, demeura  avec  lui  pour  se 

former  à  la  piété  sous  sa  con- 
duite, et  il  se  (il  honneur  de 

lui  avoir  présenté  l'eau  quand 

il    lavait   ses  mains,  comme 

Elisée  faisait  au  prophète  Elie. 

A  son  exemple,  il  embrassa  la 

vif  relieieuse,  qu'il  continua 

même  étant  é»éque. 

En  ce  temps-là,  Pierre,  pré- 
décesseur d'Achillas,  sur  le 

sièi-'e   d'Alexandrie,  par   son 

indulgence  pour  le^  chrétiens 

qui  avaient  offert  de  l'encens 

aux  idoles  pour  éviter  la  mort, 

c\  qui  s'en  repentaient,  avait 

déplu  àMèléce,  évéque  de  Lyco- 

polis;  Mélèce  se  sépara  de  la 

communion  de  Pierre  et  forma 

un    schisme;    ses    partisans 

prirent  le  nom  de  mélèriens. 

Arius,  lyhien  de  naissance  et 

diacre  de  l'Efilise  d'Alexandrie, 

Kc  jnianit  aux  schi^inaliques. 
Ni'-.iiimoins,  par  un  repentir 

hyporrite,  il  parvint  à  yauner 

les  bonnes  ^r.'icps  d'Achillas, 

jialriarche  d'Alexandrie,  qui 

i'éleva  au  sacerdoce  et  le  mit 

a  la  tête  d'une  paroisse  de  la 

ville.  Sous  le  patriarcat  d'A- 
lexandre. .\riiis  inventa  une 

nouvelle  dnclrine  .ur  le  Verbe 
Inr.-irné  afllrmant,  mntre  l'E- 
rrilure  Sainte,  qu'il  n'était 
'lu'une  simple  rréaliire.  Saint 
Mexandre  l'excommiiuii. 

Vers  le  même  temps,  ravi  de 
li-rienceei(le  la  sainteté d' Athanase.  le  patriarche 
I     r.l'.nnadiarreet  le  mena  avei   lui  aiicoiicilede 
\ii  ée,  en  llithynie, composé  de  trois  renldix-huit 
■  vêque».  Quoique  jeune,  il  aida  le  bienheureux 


Saint  Athanase. 

flCaprés  I.T  fre»qu(^  de  Kra  Anf^elico, 

dans  la  cliapelle  de  Saiiit-N  icula9,au  Vatican 


vieillard  de  ses  conseils,  lui  montrant  en  toutes 
choses  le  chemin  qu'il  devait  suivre.  C'est  à  ce 
concile  que,  simple  diacre,  il  renversa,  par  la 
force  de  ses  ari-'uments,  les  subtilités  d  Arius, 
s'attirant  ainsi  l'admiration  des  Pères  du  Concile 
et  la  haine  implacable  des 
ariens,  qui  jurèrent  dés  lors 
de  le  perdre. 

Cin<)  mois  après  le  Concile, 
Alexandre,  chargé  d'années  et 
démérites,  rendilsabelleàme 
à  Dieu,  après  avoir  désigné 
pour  son  successeur  le  diacre 
Athanase,  suivant  l'ordre  que 
Dieu  lui  en  avait  donné.  11 
l'appela  plusieurs  fois,  puis, 
comme  il  ne  paraissait  point, 
parce  qu'il  s'était  enfui ,  il 
ajouta  parespritprophétiquc: 
<•  Tu  fuis,  Athanase,  mais  lu 
n'écliapperas  pas.  »  En  effet, 
tout  lu  peuple  et  le  clerfjé  de 
l'Efilise  d'Alexandrie  le  choi- 
sirent unanimeinenl  pour 
successeur  d' .Alexandre,  et  il 
fut  sacré  en  présence  et  au 
bruit  des  acclamations  de 
tout  te  peuple.  Athanase 
comptait  à  peine  trente  ans. 
Les  ariens  n'avaient  point 
oublié  les  splendeurs  de  sa 
doctrine  qui  avaient  dissipé 
leurs  ténèbres.  Iteiiiplis  do 
fureur,  en  voyant  Athanase 
patriarche  d'.\lexandrie.  ils 
mirent  tout  en  œuvre  pour  le 
faire  déposer. 

Ils  commencèrent  par  l'ac- 
cuser auprès  de  Constantin 
d'avoir  obligé  les  Egyptiens 
à  lui  payer  tribut  en  faisant 
la  visite  de  son  diocèse.  Il  se 
lava  do  ces  calomnies  devant 
l'empereur,  qui  le  renvoya 
vers  son  peuple  en  le  comblant 
d'éloges. 

Comme  il  persistait  à  ne 
point  recevoir  Arius  dans  la 
communion  de  l'Eglise,  mal- 
gré les  menaces  de  l'empereur, 
mais  que,  au  contraire,  il 
avait  persuadé  à  Constantin 
que  l'Eglise  catholique  ne 
pouvait  avoir  aucune  com- 
munion avec  une  hérésie  qui 
déclarait  la  guerre  à  Jésus- 
Christ,  Eusébe  de  Nicomédie, 
Eusébe  de  Césarée,  les  mélé- 
ciens  et  les  ariens  redoublè- 
rent de  ruses  et  d'artilices 
(  auprès  de  Constantin,  qui  se 
laissa  enlln  surprendre  par 
(le  nouvelles  accusations  contre  Athanase.  Il 
piTinit  aux  évê jucs  ennemis  de  sa  doctrine  A'- 
rassembler  un  concile  à  Tyr,  pour  y  examinei 
sa  cause.  .Saint  Athanase  y  vint  sur  l'ordre  de 


11 


l'empereur,  et,  afin  d'Ater  à  ses  ennemis  tout 
yifite^le  àe  If  décrier  di-  nouveau  et  de  dire  qti'il 
refusait  dVA^ir  (lar.'*  qu'il  se  sentait  ooiiftaMe, 
il  ainena  avec  Idiqu.naute-ueufiMéijues  d'K(,'ypte, 
tiilre  autres,  les  illustres  confesseurs,  Paphuce^ 
et  Polamon. 

Quand  •-aint  Athanase  fut  entré  au  Concrle,  on 

1.-  lit  ,1.   .1.  urrr  di'bout.  rniimii' un  areu>('  devant 

i'oUwKin  fti  -t"'  -  •  i-  -  larmes.  Ui,  il  ftit 

ifi   etime  alvinm  iildi';  H.  en  effet,  nti 

a«  miheii  due  ^«xiqitanaBseinWé*  ui»«> 

Mi<i-»nn.'  <ii!'nrn«?e   (>aT  les  ariens,  qui 

'.cria  que   l'-  iiiana^e  avait    arcMnpIi 

mille  aOt«s  épri,  -.et  l'avait  eonihli-e  .le 

liiAsent*  pmir   lui  1  iiitf  i.'«rder  le  silence.  Saint 

Athanase  était  .nerti.   il  avait  rdncerlé  ce  qu'ij 

devait  faire  ti\-*c   Pnn  «l»"   se's    pi 

Timotliee.  Stninié  de  r^^^ndre  .i 

lion.   ^  1  ,  !«•  silmee.  M 

se  t'^i^  '   'f-mmt'.  lin  dit  : 

«4.IIIM,  .       >,-    i.i    lendei  que    \ou!>  m^vez   vu 
cliM  von<  ni(»  ilé^limii-rer  ?  •< 

Lîi  '•  ••" • ''    '"   Miiin 

vers  I  '  dn 

iloiti  -  :...  1    i.,    -      i'lu« 

liant  : 

•  Oai,o*ent  •»ftn«-in*mc!  <• 

Pois  elle  ainuLii  les  ciroflHS- 
tances  de  temps  ei  de  lieu 
ave*  ffrand  Irafat  d»  paroles. 
In  immeti»*  éclat  de  rire 
acoamilil  un*  aerusatinn  ni 
mal  rnnrerlée  «'t  M  habile- 
iiii'nl  d'Iriiile.  t.l  cenx  qui 
,i\a>ent  ftit  vi-uir  lellr  rxmiii* 


■n»a- 

îituulliée. 


ii^e.  iltli   vn«- 

I.,..  ;; autours  de  la 

calnimnie. 

M  al::  ré  i  >  I  (  c  uipmi^re 
liMfile.  l'a  i  en 

lumult''  ért- 

crimes  plus  iiiipnrtanl^a  exa- 
miner, <7u'on  ne  s'en  juntiliait 
pnint  par^ulitilit-,  mais  qu'il 
«iittlsait  d  aviiirilesypux  pour 
en  «>lre  con»  iinm.  Ils  acc4i- 
s.TiPtit  AthamsM  d'nvnir  tué 
Ai-«>énp,  e'  l-<-ifn.qoi  s'était  catdbé 

.iNOiren'-  ue«  rensnres. 

On  avaii  -.r-in.  ■     •  •—  '"^ — ^-rlre  le 

hriiil  de  s.i  inml    (i  :i  Mre 

I  .iBl'nr.    et     laioii     m. m-     .  i.i     ■  -^e 

'  ^  iii.iin-.  (''iir    servir    ii    dr«  (■■ 
.|ii'-^-    IN   f"i   iiien'.  <'n    cflet.   uni     : 
mus-.  p|    Il   •  îil    |i:iTiiln'    «•elte    main    ' 

.1  1 1         ■  .r    .   1     :        I   >        .,       I   'riL't''lli  e-  .    • 


ncment  de  ceux  qui  connaissaient  Arsène  est 
iiapossiMe  à  redire  :  ils  le  croyaient  mort  depuis 
I'  nfttemps  ou  <ki  moins  fort  éloi;.'ni'.  Arsène 
s'ilait  présenté  rouvert  de  son  manteau,  de  sorte 
<T«e  ses  mains  ne  paraissaient  pas.  Saint  Atha- 
nase eji  découvrit  une  en  levant  un  cAté  du  nian- 
teaTi.  On  se  demandait  s'il  montrerait  l'autre. 
•  f^  qu'il  lit  en  levant  l'autre  coté  du  manteau. 
VI  ors  il  s'adressa  àloni  le  concile  :  «  Voila  Arsène 
.ivee.  ses  A^ux  rnains:  l>ieu  m  nous  eu  a  point 
donné  davantate  :  rVsi  à  mes  accusateurs  de 
■liercber  "ù  poufait  être  plaeée  la  troisième,  ou 
a  vous  d'examiner  d'oà  vient  celle  qu'on  vous 
montre.  •  Les  arien*  s'érrièrenl  qu'Atbauase 
(tait  un  raat'icien,  qu'il  IromjMii  lesyeui  par  ses 
prestiges.  Ils  se  jeti  rent  sur  lui  avec  lareur.  et 
l'auraient  mis  en  pièces,  si  le  comte  Arcliélails 
et  les  autres  ofHàers  de  l'empereur  ne  l'avaient 
arraché  de  leurs  mains. 

Lii  victoire  que   •-.•lint  Athanase  remporta  sur 
Ms accusateurs ae  rendit  point  sa  ciiu-"  in.-iii.'ure 
àltrur»  vfioi.  Ils  '  ■lit 

de  lépiscofial  p  .  lot 

duOoiieiie.ct  lui  détendirent 
de  relotn-Mor  h  Aleiandriu, 
de  peur  d'y  exciter  do  nou- 
venrx  troubles.  Pendant 
iin'ils  étaient  occiipésà 
(irosser  1<*ur  Menleiice  iaiquo, 
s.'iint  Athanase  sortit  «ern  te- 
miint  de  Tvr,  et   tint  a  Conv 


tautiii' 

(lereu! 


I  I III  'titi '    I 
lilede  'lyi 
à  CiiP'-t""' 
^on  <!• 


-i-ment    pnr   sniiil 
ils  Hii   inTenl'Teiil 
plus  I 
leur  . 
lent  d<: 
l'avenir  h 
.l'Aie» 
pie    > 


1.1  r 

1    e . 

,,„  I..III 

IIS  dflai 

;idre  rai- 

t .  (.iiiand 

11.   lÉiii- 

II- 

•  II- 

Atiiiiii«!>r; 

un  autre. 


salinn. et  exila  A'" 
lui   faire  prâee  i 
'   l'onupe  «o«s  • 
AttaBMaan  priao 
et  nat.  > 

Sâal  Atbananc  se  rendit  à 
rsça  par  ConiOatin  le  J'hik  . 
reaped,  H  jiar  Mint  Mav 

Tr»-vrv.  ii\r.    lu  iiu.       ni  il  I 


1 1 
«lit 


le  ^eiKiicur  ju;{era  «uln>  »«us 


TrèviM,  fiu  il   fut 

.'iM'i'  heaiiooup  de 

i>  «\«qttC   de 


mil 
II'  m 


I      1 


uni  TOUS  I 

iionfiis.    !■  I  — 

i-ri-  d  liornui.  -es  ami* 

I   rame,  niianilsdinl  Atlia- 

«in    peu    lie   silcnii.,  i| 

■  I  •«•emliléi- cniinin»"»!! 

'    lit    I  II  éinnnt    (|u'ils 

■  •m»n«.    AW-To    «aint 

1   !!■       ' 

mmi 


son  11 
['our 

M  are  iik,  il   n  )    eut 

M  d»  turliitleiit.»  h 
.1  AlcxaUillK    qui  lui  I      ■ 
et  leur  pire   Cepein: 


lui-m-'Hir.  ( 


un  triomphaleur.  Mais  les  ariens  redoublèrent 
de  rage.  S'appuyant  sur  Constance,  empereur 
d'Orient,  qui  prit  leurs  intérêts,  ils  assemblèrent 
un  Concile  à  Anlioctie,  déposèrent  Athanase  une 
seconde  fois ,  et  élurent  à  sa  place  un  prêtre 
égyptien,  nommé  Piste,  pre'cédemraent  condamné 
par  saint  Alexandre  et  le  Concile  de  Nicée. 
Athanase,  de  s^n  côté,  rasseml)la  un  Concile  de 
cent  évêquf~  à  Alexandrie,  ou  sou  innocenre  fut 
reconnue  et  proclamée.  Les  deux  partis  eu  appe- 
lèrent à  Home. 

Suint  Athanase  s'y  rendit  en  personne  pour 
détendra  aa  cause.  C°e«t  là  qu'il  Ct  an  latin  la 
profesMB  de  loi  que  l'E^ilise  cliaule  sous  le  nom 
de  SvBhsfe  de  sain'  Athanase.  Le  pape  Jules  le 
confir«a4ans  la  rnninjuiiion  de  rE;.'lise  etlrtppa 
les  béiiétique*  d'un  nouvel  auatliéme.  Hais  cette 
sentenmse  put  rétablir  le  Saint  but  sou  siège. 
Il  demeara  en'-nre  trois  ans  à  Home,  où  il  fonda 
la  vie  Bonastique. 

La  vie  .le  saint  Atbana^e  n'est  qu'une  repro- 
duction de  ce=  premières  scènes.  Il  est  toujours 
persécuté  et  toujours  vainqueur.  Rétabli  sur  son 
siège  par  Constance,  qui  céda 
à  la  prière  et  aux  menaces  de  —  " 

son  frère  Constant,  il  fut  per- 
sécuté df,  nouveau,  à  la  mort 
de  ce  dernier,  par  les  arieus 
et  l'empereur  Constance  lui- 
m4me,  et  déposé  dans  deux 
Conciles,  à  Arles  et  à  Milan. 

Toutefois,  saint  .\thanase 
était  demeuré  à  Alexandrie, 
où  il  adressait  à  bien  de  fer- 
ventes  prières  pour  le 
triomphe  de  la  vérité.  Cons- 
tance résolut  alors  de  le  faire 
sortir  d'.Alexaiidrie  par  vio-  'J^^f^i! 
lence.  'voici  comment  saint 
Atliana--e  raconte  lui-même 
i'événein''nt  : 

"  Il  ét-iit  nuit  :  le  peuple,  _ 

ns^emljl-dansVédise.  faisait       -p,  ■/ 
Il  veille  pour  la  fête  du  len-      _- / 
demain.    Le    chef   militaire,      y  ;.  -  __y 

Syriacus,  apparuttout  àcnup 
avec  des  snld.its,  au  nombre 
de  plus  de  cinq  mille,  ayant  des  armes  et  des 
épées  nues,  des  arcs,  des  flèches,  des  lances;  il 
les  ranse  autour  de  ré;;lise.  Moi,  qui  ne  trouvais 
pas  juste,  dans  un  si  grand  dé-:ordre,  d'aban- 
donner mon  peuple,  et  qui  préférais  m'exposer 
le  premier  au  péril ,  m'étant  assis  dans  ma 
chaire, j'ordonnai  au  diacre  de  lire  le  psaume  l.'!6', 
el  je  dis  au  peuple  de  répéter  le  refrain,  l'arc- 
'/lie  aa  muèricorde  est  éteiiiflle,  et  de  se  retirer 
ensuite  chacun  dans  sa  maison;  mais  le  chef 
s'étant  élancé  dans  le  temple,  et  les  soldats 
as>-ii'i;eant  de  toute  part  le  sanctuaire  pour  me 
saisir,  le  peuple  et  les  prêtres  me  pressent,  me 
«upplient  de  prendre  la  fuite;  je  refuse  de  le 
f.iire  avant  que  chacun  d'eux  soit  en  sûreté. 
.Métant  donc  levé  et  ayant  prié  le  Seigneur, ^e 
les  conjurai-  île  se  retirer  :  J'aime  mieux,  disais- 
je.éire  en  péril  que  de  voir  maltraiter  quelqu'un 
Je  vous.  Plu<iieurs  étant  déjà  sortis  el  les  autres 
-e  prépar.'int  à  les  suivre,  quelques  solitaires  et 
qiieljue»  [irêtres  montèrent  jusqu'à  moi  el  m'en- 
ti.iin'Tent  ;elaiini,  j'en  atteste  la  supr-'me  vérité, 
m  il;.'r<''  tant  de  soblatt  qui  assaillaient  le  sanc- 
liiiii.  .  m  ilLTé  ceux  qui  entouraient  l'église,  je 
la  conduite  du  >ei:;neur.  et  j'échappai 
VII,  glorifiant  'ui  Inut  le  Seigneur  de  ce 
,ue  je  u  avais  pas  trahi  mon   peuple,  el  do  ce 


que,  l'ayant  mis  d'abord  en  sûreté,  j'avais  pu  être 
sauvé  moi-même  et  me  décober  aux  mains  qui 
voulaient  me  saisir.  »  . 

Pendant  qu'on  donnait  le  soin  de  son  Ealise  à 
un  certain  Geort'es,  homme  d'un  caractère  féroce, 

filus  capable  de  perdre,  de  ravir  el  de  massacrer 
e  troupeau  du  Seùmeur  que  de  le  protéuer  el  île 
le  nourrir,  saint  Athanase  se  retira  dans  les 
déserts  d'Ei'vpte.  On  mit  à  prix  la  tète  de 
l'auguste  hu.'itil,  on  le  chercha  partout,  mais 
aucune  menace  ne  put  arracher  aux  moiBes  le 
secret  de  sa  retraite.  Pour  ne  pas  compromettre 
ses  b6tes  généreux,  qui  aimaient  mieux  mourir 
que  de  livTer  le  saint  docteur,  il  se  r'>!irrt  rdus 
avant  dans  la  solitude,  et  ri 
dans  une  citerne  sans  voir  ?  n 

même   la  lumière  du  soleil,  a  1  exi  ei"ti(m   il  m. 
fidèle  qui  lui  apportait  les  choses  nécessaires  >  t 
les  lettres  qu'on  lui  écrivait,  et  cela  au  péidl  de 
sa  vie,  tant  était  -violente  la  persé'-utianxrienne. 
Constance  vint  à  mourir,  ct  Julien  rAjjo^lal, 
par  ostentation  de  tolérance,  le  rappela  deTexil. 
Kieu  de  merveilleux  comme  la  récefition  que  les 
fldéles  d'.Alexaadrie  lui  fai- 
saient à  chaque  retour  d'exil. 
Ce  n'étaient  que  festins  pu- 
blics, fêtes  solennelles,  can- 
tiques de  louanges  et  d'actions 
de  grâces  à  Dieu;  on  dressait 
partout  des  estrades  pour  le 
voir  passer,   on  montait  sur 
les  arbres  et  sur  les  toits  ;  ses 
triomphes    surpa^^saicnl    les 
triomphes  des  empereurs.de 
sorte   que    pour    dire    qu'un 
prince  avait  été  bien  reçu  en 
Ei'vpte ,  on  disait  qu'on   lui 
avait  fait  autant   d'honneurs 
^  qu'au  grand  Athanase. 

Cessnintesjoieset  la  parole 
du  pontife  causaien  t  tant 
d'émulation  à  la  vertu  parmi 
le  peuple,  que  plusieurs 
jeunes  filles,  destinées  au 
mariage,  faisaient  voeu  de  car- 
der leur  virpinité.  et  un  grand 
nombre  de  jeunes  gens  em- 
brassaient la  vie  monastique.  In  des  premiers 
soins  de  saint  Athanase,  après  son  retour  des 
solitudes  d'Kgypte,  fut  de  travailler  à  rétablir  la 
|iureté  de  la  loi,  en  rassemblant  un  Oucile. 
\  jieine  les  travaux  en  étaient-ils  terminés,  que 
Julien,  lev.nnt  le  masque  de  l'hypocrisie,  envoya 
un  édit  à  Alexandrie,  par  lequel  il  ordonnait  à 
saint  Athanase  de  quitter  son  siège  au  plus  vite. 
L'amour  des  .Mexandrins  pour  leur  évêque  ne 
leur  permit  point  de  le  laisser  enlever  sans  s'y 
opposer.  Ils  écrivirent  à  Julien  qui,  pour  toute 
réponse,  fil  marcher  des  armées  vers  .Alexandrie 
pour  y  prendre  Alhanase. 

()l'li:;e  de  sortir,  te  Saint  essuya  les  larmes  des 
fidèles  qui  venaient  lui  dire  adieu,  en  les  assu- 
rant que  cet  orape  ne  serait  pas  do  longue 
durée,  car  le  règne  de  Julien  ne  devait  avoir  que 
la  durée  d'un  nuace  qui  passe.  Poursuivi  sur  le 
Nil  par  les  émissaires  de  l'empereur,  ceux  qui 
l'accompacnaient  lui  conseillèrent  de  s'enfuir 
dans  le  de'sert.  Il  n'en  lit  rien,  mais  marcha 
droit  vers  celui  qui  avait  ordre  de  le  prendre. 
■•  (Kl  est  Athanase?  lui  demande  l'officier.  —  Il 
n'est  pas  loin  «,  répondit  le  saint  évêque,  el. 
tandis  que  lofficier  continuait  sa  poursuite,  il 
revint  à  Alexandrie. 
Julien  l'Apostat  mourut  bientôt,  comme  l'avait 


Saint  Athanase,  de  retour  de  l'exil,  est  reçu  en  triomphe  par  son  peupîe. 


prédit  Athaiinçe;  pI.  sous  Jovieii  qui  lui  succéda, 
rKylise  compta  qnplques  jours  de  paix. 

Jovien  mourut  moins  d'un  an  après  son  avù- 
iiemcnt  au  trc'iiie.  \  aleiis,  qui  lui  succéda,  porta 
un  édil  parlo(iuel  il  exilait  tous  les  évéques  rap- 
peli's  par  Jovicii.  Kn  conséquence,  les  maf^istrats 
d'E^^yptf  voulun-nt  obliger  Athanase  de  quitter 
^on  Lylise.  Cette  fois,  le  peuple  se  révolta  et 
prit  les  armes.  Athanase,  pour  éviter  de  plus 
:;rands  dt-sorilres, sortit  secrelementd'Alexandrie 
pour  la  cinquième  fois;  il  alla  se  cacher  à  la 
campa^'ne  dans  le  tombeau  de  son  père,  et  y 
demeura  quatre  mois. 

Il  reprit  eiilin  !•'  soin  de  son  E^^lise  après  la 
condamnation  de  \  alens  par  un  Concile  de  Home, 
pour  ne  plU'-  la  quitter  i|u'à  sa  mort. 

Saint  Athanase.  apréh  avoir  (gouverné  l'Eglise 
d'Aleiandiie  penilaiil  quarante-six  ans,  après 
avoir  soutenu  un  nombre  presque  infini  de  com- 
bats pour  la  défende  de  la  vérilabli'  foi  et  rem- 
porté autant  de  victoires,  alla  expérimenter  au 
ciel  la  liéatitudede  ceux  quisoulTrent  persécution 
pour  la  justice. 

Sa  mort  arriva  le  2  niai  de  raniiée  :i"3. 

Voilà  le^xand  >ainl  Athanase,  docteur  du  Verbe 


de  Iiieu.  D'une  foi  profonde  et  inébranlable,  d'une 
admirable  pénélraliou  et  d'une  prudence  (jue  ses 
ennem is  ne  mi rentj.imais  en  défaut,  d'une  fermeté 
que  rien  n'ébranla,  il  parut  comme  tin  soleil, tou- 
jours semblable  à  liii-iiiénie  depuis  sa  première 
apparition  jusqu'à  son  déclin. 

"  Uuand  vous  Irouverei  une  sentence  des  écrits 
de  saint  Athanase,  disait  un  ancien,  si  vous  n'avez 

fdint  de  papier,  il  la  faut  écrire  sur  vos  habits.  • 
1  y  en  a  une  surtout  qui  e«l  comme  le  pro- 
f^rainme  de  toute  sa  vie  et  qui  doit  être  dans  les 
temps  actuels  le  proj-ramme  de  la  nùtre  :  DccW 
nos  uoii  tcmpoii  sci/  Ihuninn  srnire.  Il  convient  que 
nous  soyons,  non  les  esclaves  des  temps  et  des 
circonslaiiie'i,  mais  les  serviteur>  de  Dieu.  0  très 
bon  docteur  Athanase,  lumière  de  lo  Sainte 
l.yli^e,  amant  pa<sioiiiié  de  la  loi  divine,  prieï  le 
Kils  de  Dieu  de  la  jjraver  dans  nos  cu'iirsl 

Le  corps  de  saint  Athanase  fut  d'abord  déposé 
ilans  l'énlise  de  Sainte-Sophie,  à  Oni^tantinople, 
puis  transféré  à  Venise  en  I4l>i.  Cependant,  le 
chef  du  Saint  ne  "-e  trouve  plus  dans  cette  ville. 
I.a  France  a  hérité  île  celle  précieuse  relique. 
(In  la  vénère  à  Scmblanvay,  dans  le  diocèse  de 
Tours, 


\wf.-ceraml,  t.    PrntanniT.  »,  rue  Krançol»  i".  P.iii' 


SAIM    ALEXANDRE,   PAPE  ET  MARTYR 


Fête  le  3  mai. 


Alexandre  et  Eventius,  miraculeusement   préserves  des  flammes  où  les  avait  jetés 
Aurélien,  appellent  Théodule  à  partager  leur  triomphe. 


LE   SEPTIEME    PAPE    ET    LE    PREFET    DE   ROME 

Sainl  Alexandre,  né  à  Rome,  fui  le  sixième 
successeur  de  saint  Pierre.  Plein  de  zèle,  d'intel- 
ligence et  de  vertus,  il  fut  élu  pour  succéder 
à  saint  Calixle,  l'an  108,  sous  le  rè^ne  de  Trajan. 
Pnnlife  d'une  ■<  sainteté  incomparable,  >>  il  était 
jeune  encore,  mais  plus  sage  que  les  vieillards, 
disent  les  Actes  de  son  martyre,  dont  nous 
empruntons  en  partie  la  traduction  à  M.  l'abbé 
Darras  (I;.  Par  sa  parole  et  ses  miracles,  il  fit 
dans  Rome  une  multitude  de  conversions,  spécia- 
Ipmpnt  parmi  les  classes  élevées,  et  conquit 
à  Jésus-Christ  une  partie  du  sénat  romain. 
Hermès,  prdfet  de  Rome,  se  convertit  à  son  tour, 


(I)  llutoire  qéné<alr  de  VÈ^lUe,  t.  VII. 


après  avoir  vu  son  fils  qui  venait  d'expirer  res- 
suscité par  saint  Alexandre.  Hermès  fut  baptisé 
le  jour  même  de  Pâques,  avec  sa  femme,  sa 
sœur,  ses  enfants,  et  12o0  esclaves  qui  leur 
appartenaient;  ces  esclaves  devenaient  en  ce  jour 
leurs  frères  en  Jésus-Christ;  Hermès  leur  donna 
à  tous  la  liberté,  leur  distribua  une  partie  notable 
de  ses  biens,  et  donna  le  reste  aux  pauvres. 

LE   TBIBUN    Ol'IRINL'S    —  UN    ANGE    A    LA    FÏNêTBE   d'iN 
CACHOT   —    UN  BAPTCHK    EN  PRISON 

k  la  nouvelle  de  CvS  conversions,  l'empereur 
Trajan,  alors  en  truerre  avec  les  Parthes,  se  hâte 
d'envoyer  d'Asie  à  Home  le  maître  des  milices, 
Aurélien,  avec  ordre  de  mettre  à  mort  tous  les 
adorateurs  de  Jésus-Chri'-t. 


376 


Aussitùl  arrivé,  Aurélien  fait  arrêter  le  l'ape  et 
le  préfet  de  Rome;  on  les  traîne  en  prison.  Sur 
leur  passade,  la  populace,  ameutéo  par  les  pon- 
tifes idolùlre^,pt>us^aientde!.crisde  morl  :  «  Qu'on 
les  brûle  vifs,  disait-elle;  ce  sont  eux  qui  rendent 
uos  temples  déserts  et  qui  ont  détourné  des  mil- 
liers d'hommes  du  rulte  des  dieux!  » 

Le  préfet  Hermès  fut  conûé  à  laparde  du  tribun 
militaire  (Juiriiius.  c  Comment,  lui  disait  cet 
officier  avec  une  sympathie  sincère,  comment 
un  patricien  tel  que  vous,  un  lieutenant  de  l'em- 
pereur, avei-vous  pu  perdre  à  plaisir  un  poste 
éminent  pour  l'échanyer  contre  des  chaînes 
réservée»  aux  plus  vils  criminels?  "  Hermès  lui 
répondit:  <•  Je  iiai  pas  perdu  ma  préfecture,  je 
n"ai  fait  que  I.i  déplacer.  Ine  dignité  terrestre  est 
soumise  à  toutes  les  vicissitudes  de  la  terre,  une 
divinité  céleste  est  éternelle  comme  Dieu  même! 
^tjuoi!  s'écria  le  tribun,  avec  la  sagesse  que  nous 
admirons  en  vous,  vous  avei  pu  vous  laisser 
séduire  par  une  doctrine  si  insensée  !  Vous  croyei 
qu'il  reste  quelque  chose  d  t  nous,  après  cette 
vie,  quand  notre  corps  est  réduit  en  cendres,  qu'il 
suflit  d'un  souflle  pour  disperser'.'  — Moi  aussi,  dit 
Hermès,  il  y  a  quelques  années,  je  riais  d'une 
telle  espérance  et  n'estimais  que  cette  vie  mor- 
telle. —  Mais,  reprit  Quirinus,  qui  donc  a  pu  vous 
faire  changer  de  sentiment?  Quelles  preuves 
avez-vous  eues  pour  croire?  Faites-les  moi  con- 
naître; je  croirai  peut-être  à  mon  tour.  •■ 

Hermès  répondit  :  <>  Tu  as  en  ce  moment  sous 
ta  garde  le  prisonnier  qui  m'a  convaincu,  c'est 
Alexandre.  » 

A  ces  mots,  (juirinus  éclata  en  malédictions 
contre  Alexandre,  et  s'écria  :  "  Mon  cher  maître, 
illustre  Hermès,  je  vous  conjure,  rentrez  dans 
Totre  grade;  revenez  à  vous-même;  votre  patri- 
moine, votre  famille,  toute  votre  maison  vous 
seront  rendus.  Alexandre  n'est  qu'un  imposteur. 
Aurélien  m'a  chargé  de  vous  dire  que  si  vous 
ronsentei  à  sacrifier  aux  dieux,  rien  n'est  perdu 
jiour  vous.  Je  vous  demandais  quelles  preuves 
avaient  déterminé  votre  résolution,  et  vous  me 
nommez  un  misérable  magicien,  un  scélérat  que 
j'ai  fait  jctir  dans  une  bassr  fo^se!  Ivst-il  bii-ii 
vrai  que  vous  ayez  pu  être  séduit  par  cet  artisan 
de  crimes?  .Mais  un  paysan  serait  ù  peine  le  jouet 
d'un  pari'il  charlatan,  qui  sera  liientAt  hrùlé  vif. 
S'il  est  »i  puissant,  que  ne  se  délivre-l-il  lui  inêinc 
et  vous  avec  lui? —  Les  juiff,  reprit  Hermès,  ont 
dit  la  m''me  parole  à  Jésns-Christ,  mon  Maitr>-, 
quand  il  fut  sur  la  croix  :  "Ou'il  descende,  disaient- 
ils,  et  nous  croirons  en  lui!  ■■  Or,  si  Jésus-t^hrist 
n'avait  pas  eu  horreur  de  leur  perfidie  et  s'il 
n'avait  pas  riiimii  tlairement  leur  mauvaise  foi, 
il  serait  r-'-flIrnient  iles-endu  de  la  croix  en  leur 
'l  leur  serait  apparu  dan»  tonte  sa 
-  Kli  bien!  dit  nuiriiiU'<,  s'il  en  est 
à  votre  Aleiaiidre,  je  lui  dirai  : 
1  .•  |8  rroie  h  ton  Oieu?  Je  vtis  fnire 
'  r   le   n'iiiihru  Je  tes  chaînes;    t.  > 

lu  suuprr  dans   le  CAchol   d  li  "i 

tel  miracle,  je  croirai.  <> 

iMiilil  d.-ini  j.i  |iii.<iiii  irAb  tiiidre. 


I  .  ■  >.M: 

je  voit 

Le  tiil'iiu 
lui  (it  retlr  j 
(■.irH"»  h  «•  ' 


.\1.  i  , 


prières  :  <'  Mon  Seigneur  et  mon  Oieul  vous  qui 
m'avez  fait  asseoir  sur  le  siège  de  Pierre  votre 
apôtre,  vous  m'êtes  témoin  que  je  ne  veux  point 
me  soustraire  à  la  passioii  et  à  la  mort  qui 
m'attendent.  Accordez-moi  seulement  dé  me 
conduire  ce  soir  à  votre  serviteur  Hermès,  et 
faites  que  demain  matin  je  sois  de  retour  dans 
ce  cachot.  >■ 

Or,  à  l'entrée  de  la  nuit,  un  bel  enfant  qui 
paraissait  à  peine  âgé  de  cinq  ans  et  tenait  à 
la  main  une  torche  allumée,  apparut  au  pri- 
sonnier et  lui  dit  :  «  Suis-moi.  »  Puis  il  ouvrit  )a 
fenêtre  scellée,  et  prenant  le  pontife  par  la 
main,  il  le  conduisit  à  la  cellule  d'Hennés  et 
disparut;  les  drux  martyrs  miraculeusement 
réunis  se  mirent  en  prières,  et  Quirinus,  en 
apportant  le  repas  du  soir,  les  trouva  dans  cette 
attitude.  Sa  stupeur,  son  elTroi.ne  lui  permirent 
pasd'articuler  une  parole  :  il  paraissait  foudroyé. 
<<  Tu  as  voulu  un  miracle  pour  croire,  lui 
dirent-ils,  tu  vois  le  miracle.  Crois  donc  à  Jisus- 
Cbrist,  Fils  de  Dieu,  qui  exauce  ses  serviteurs,  et 
qui  a  promis  de  leur  accorder  tout  ce  qu'ils  lui 
demandent.  »  Quirinus  avait  eu  le  temps  de 
reprendre  ses  esprits.  ■■  C'est  peut-être  là,  répon- 
dit-il, un  des  prestiges  de  votre  masie? —  Quoi! 
dit  Hermès,  est-ce  donc  par  noiri^  volonté  que 
nous  aurions  pu  briser,  sans  Kaisser  de  traces, 
les  portes  de  ton  cachot.  Tu  as  triplé  les  jjardes 
et  cependant  nous  voilà  ensemble.  Crois  donc 
enfin,  il  n'y  a  pas  en  ceci  d'autre  magie  que  la 
puissance  de  Jésus-Christ,  ce  Dieu  qui  rendait  la 
vue  aux  aveugles,  guérissait  les  lépreux  et  res- 
suscitait les  morts!  »  Puis  il  lui  raconta  l'histoire 
de  sa  conversion,  comment  il  avait  eu  !a  douleur 
de  perdre  son  fils  malgr-''  les  sacrifices  offert»  pour 
lui  à  Jupiter  Capitolia  et  comment  Alexandre 
avait,  par  la  puissance  du  Christ,  ressuscité  le 
jeune  homme  et  rendu  la  vue  à  sa  nourrice  qui 
était  devenue  sveui;le. 

Au  récit  de  ce*  merveilles,  Quirinus  sentit  son 
ccpur  de  père  s'émouvoir.  «  J'ai,  dit-il,  Ralhinn, 
ma  fille,  que  je  comptais  mari«'r  bient('it.  Il  lui 
est  survenu  un  goitre  au  cou  .  -la  et  je 

croirai   en   Jésus-Cliri^t.        .\r  lui   dit  : 

"  Détache  celle  choJne  dont  un  a  clim  .:i;  uion  cou, 
fais-la  toucher  à  lu  fille  et  elle  sera  ;.'Ui'rie.  >' 
Quirinus  hésitait,  il  ne  savait  s'il  devait  laisser 
les  deux  captif-*  réunis.  ■■  Meferme  la  porte  du 
cachot  à  la  manière  accoutumée,  lui  dit  le  pontife  ; 
demain  matiu  je  serai  dans  ma  prison,  i' 

Le  lendemain,  à  la  première  heure  du  jour, 
Quirinus  ouvrait  la  porte  du  cachot  d'.\lexandrc, 
qui  s  y  trouvait,  en  clTel.  l<u  ^eiilicr  n'était  pas 
seul.  Ilalbiiia  sa  lille,  miraculeusement  guérie, 
I  .1'  <  .iiijp.i^iiail;  il  se  protlerna  aui  pied«  du  s.^inl 
martyr,  et,  f^indont  en  l.xrmi's.  il  dit  :  «  "■' 
je  vous  en  conjure,  inlercé.lei  pour  iii' 
ilu  Dieu  dont  vous  l'IC'   1  ,u  il  m 

pardonn''  mon  incréduli:  ma  fille, 

votre  j'ai  fait  ce  «|u«  vvu»  ui'aTe*  dit, 

elle. 

Quinnu»  était  converti   \  'i 

Combien  y  a-t-ll  de  cay  ■<• 

—  Environ   une   viii|;t4une.  i  tribun. 

—  Ififiinn-'-toi  «il  III  c^t  i|iirl.|'.  ,     riiiii'iix. 


qui  aient  été  incarcérés  pour  le  iiom  du  Christ.  » 
Quirinus  fit  celle  enquête  et  revint  bientôt  dire 
au  pontife:  "Il  y  a  nn  prêtre  àj-'é,  nommé  ETentius, 
et  un  autre   venu   d'Orient,  nommé  Théodule. 

—  Va,  lui  dit  Alexandre,  et  amène-les  moi.  » 
Le    tribun   ne    se    contenta    jias   d'amener   à 

Alexandre  les  deux  prêtres;  il  réunit  autour  du 
successeur  de  saint  Pierre  tous  les  autres  pri- 
sonniers. •  Ceux-ci,  dit-il,  sont  des  voleurs,  des 
adultères,  des  assassins,  tous  char;:és  de  crimes. 

—  C'est  pour  les  pécheurs,  dit  Ale.xandre,  que 
Jésus-Christ  Notre-Seicneur  est  descendu  du  ciel, 
il  nous  appelle  tous  à  la  pénitence  et  au  pardon.  » 
Commençant  alors  à  les  instruire,  il  leur  parla 
avec  tant  de  force  et  J'efficacité  que,  touchés 
de  ses  paroles,  ils  demandèrent  le  baptême- 
Alexandre  char(,'ea  les  prêtres  Eventius  et  Théo- 
dule de  les  recevoir  au  nombre  des  catéchumènes 
et  de  continuer  leur  instruction.  Bientôt,  Quirinus, 
Balbina  sa  fille,  tous  les  membres  de  sa  maison 
et  tous  les  captifs  reçurent  lo  baptême;  la  prison 
semblait  changée  en  une  église. 

COMME.NT   UN    CHRÉTIEN    SAIT     SACBIFIER    LES    DIGNITES 
TERnBSTBBS    FIXTÔI    OIE   DE  RENOiNCBR   A   SA   FOI 

Le  f:;reffier  dénonça  à  Aurélien  tout  ce  qui 
venait  de  se  passer.  Ce  lieutenant  impérial  fit 
immédiatement  appeler  Quirinus  :  >  Je  te  voulais 
du  bien,  lui  dit-il,  tu  m'as  indi{;nement  trompé: 
te  voilà  dupe  de  cet  Alexandre!  —  Je  suis  chré- 
tien, répondit  Quirinus.  \  ous  pouvez  me  flageller, 
me  jeter  aux  llamnies,  me  trancher  la  tête,  je  ne 
serai  jamais  autre  chose.  Tous  les  prisonniers  qui 
étaient  sous  maiiarde  sont  chrétiens  comme  moi. 
J'ai  supplié  le  poctife  Alexandre  et  le  patricien 
Hermès  de  quitter  leur  cachot,  je  leur  en  ai 
ouvert  les  portes,  ils  s'y  sont  refusés;  ils  aspirent 
à  la  mort  comme  un  affamé  à  un  festin;  mainte- 
nant, faites  du  moi  ce  que  vous  voudrez.. 

—  Insolent  dit  le  maftistrat,  demain  je  vais  te 
faire  coupt- r  la  lan^'iie  et  l'ap|iliiiuerà  la  torture.  •> 
Quirinus  eut  en  effet  la  langue  coupée,  et  fut 
étendu  sur  le  chevalet;  après  ce  supplice,  on  lui 
roiipa  sQcessivcmenl  les  mains  et  les  pieds;  enfin 
Aurélien  donna  l'ordre  de  le  décapiter  et  fit  jeter 
son  corps  aux  chiens. 

Durant  la  nuit,  les  Frères  calevèrent  secrète- 
ment ses  précieii.x  restes  et  les  ensevelirent 
ilans  le  cimetière"  de  Prétextât,  sur  la  voie 
Appienne. 

flalliina,  fille  de  Quirinus,  consacra  sa  virginité 
au  Seijjneiir.  l'n  jour,  .\lexandre,  la  voyant  baiser 
respectueusement  ses  chaînes  :  "  Cherche?,  plutôt, 
lui  dit-il,  les  fers  qu'a  portés  le  bienheureux 
Pierre,  voilà  ceux  qui  méritent  votre  vénéra- 
tion. "  Kalbina,  en  effet,  fut  asse».  heureuse  pour 
entrer  en  possession  de  cette  précieuse  relique, 
qu'elle  légua  plus  tard  à  Théndora,  sœur  d'Her- 
mès, et  que  l'on  vénère  encore  à  Rome. 

Hermès  ne  fut  pas  moins  couratieux  que  son 
ami  dans  sa  fiilélité  à  Jésus-Christ  et  eut  la  tête 
tranchée.  Théodora,  sa  sœur,  recueillit  son  corps 
'  t  l'ensevelit  dans  la  catacombc  de  l'ancienne 
'■nie  Salaria,  près  de  Home.  Aurélien  (it  éi;ale- 
iiient   sai-ir   tous  les   prl'ionniers   baptisés   par 


Alexandre,   on   les    embarqua    sur   un    navire 
d-semparé  qui  fut  coulé  en  pleine  mer. 

MARTYRE  DK  SAINT  ALEXANDRE  —  l'K  ANGE  DANS  Lk 
F0CRN.M5B  AHDE.NTE  —  LE  TEMPS  DE  LA  aiSÉRI- 
CORDE    PASSÉ 

Le  saint  pape  Alexandre  remercia  Dieu  de  leur 
tritauphe,  et  se  prépara  lui-même  à  ses  derniers 
combats.  Au  tribunal  d'Aurélien,  il  parla  avec 
une  autorité  et  une  majesté  dignes  d'un  Pape. 
«  Sais-tu  bien,  dit  le  fonctionnaire  étonné,  que 
tu  n'es  point  devant  un  juse  ordinaire,  je  suis  le 
délégué  de  Trajan,  le  maître  du  inonde!  —  Pre- 
nez garde,  reprit  Alexandre,  la  toute-puissauie 
dont  vous  vous  faites  gloire  sera  bientôt  réduite 
à  néant.  »  (Cette  prophétie  ne  devait  pas  tarder 
à  se  réaliser  :  Trajan  mourut  peu  après,  et  Auré- 
lien le  précéda  dans  le  tombeau.) 

Alexandre  fut  étendu  sur  le  chevalet,  les  lic- 
teurs se  mirent  à  lui  déchirer  les  flancs  avec 
des  ongles  de  fer,  et  ils  tourmentaient  les  plaies 
saignantes  avec  des  torches  enllainmées.  Ce  sup- 
plice dura  longtemps,  le  martyr  était  calme  et 
priait  en  silence.  «  Tu  ne  parleras  donc  pas'? 
cria  le  juse  impatienté.  —  Durant  la  prière, 
c'est  avec  Dieu  que  le  chrétien  parle,  répondit 
Alexartdre.  —  Insensé?,  dit  .\urélien,  tu  n'as  pas 
quarante  ans!  pourquoi  perdre  à  plaisir  ton 
existence?  —  Plût  à  Dieu,  dit  le  Pape,  que  vous 
ne  perdiei  pas,  vous-même,  votre  âme  immor- 
telle! „ 

En  ce  moment,  la  femme  d'Aurélien  lui  envoya 
dire  :  «  Mettez  Alexandre  en  liberté,  c'est  un 
saint.  Si  vous  persistez  à  le  torturer,  la  ven- 
geance diùne  éclatera  sur  vous,  et  j'aurais  le 
malheur  de  vous  perdre.  —  Alexandre  est  jeune, 
répondit  Aurélien,  demandez  à  ma  femme  si  ce 
n'est  pas  la  raison  du  tendre  intérêt  qu'elle  lui 
porte.  »  En  réalité  la  femme  d'.Vuréliea  était 
chrétienne,  et  son  mari  l'ignorait. 

Le  pontife,  épuisé  par  la  perte  de  son  sang,  fut 
détaché  du  chevalet,  et  l'on  amena  les  deux 
prêtres  Théodule  et  Eventius.  Aurélien  s'adres- 
sant  à  Alexandre  :  ••  Dis-moi,  lui  demanda-t-il, 
qui  sont  ceux-ci"?  —  Ce  sont  deux  saints,  deux 
prêtres,  répondit  Alexandre.  —  Couinicnt  te 
nommes-tu?  dit  le  magistrat  au  plus  ùgé. —  Mon 
nom  parmi  les  hommes  est  Eventius,  dit  le 
prêtre;  mais  je  suis  chrétien,  et  tel  est  mon  nom 
spirituel.  —  Depuis  quand  es-tu  chrétien,  reprit 
le  juge.  —  Depuis  soixante-dix  ans.  J'ai  été  bap- 
tisé à  l'àj-'e  de  onze  ans;  à  vingt  ans  je  fus 
ordonné  prêtre.  J'ai  maintenant  quatre-vingt-un 
an».  Cette  dernière  année  de  ma  vie  a  été  la  plus 
heureuse  pour  moi,  car  je  l'ai  passi-c  dans  un 
cachot,  pour  le  nom  de  Dieu!  —  Prends  iiitié  de 
ta  vieillesse,  dit  .\urélien.  Abjure  le  Christ, 
j'honorerai  tes  cheveux  blancs,  tu  seras  l'ami  de 
l'empereur,  et  je  te  comblerai  de  richesses.  »  Le 
vieux  prêtre  chrétien  répondit:  «  Je  vous  croyais 
quelque  sagesse,  mais  votre  ccpur  est  aveuglé, 
il  refuse  de  s'ouvrir  à  la  lumière  divine.  Cepen- 
dant il  en  est  temps  encore,  embrassez  la  foi  véri- 
table; croyez  en  Jésus-Christ,  fils  du  Dieu  vivant, 
et  il   vous  sera  fait  miséricorde.  »  Le  matiistiat 


haussa  les  épaules  et  fit  éloigner  Eventius  sans 
lui  répondre. 

Théodule  rerut  l'ordre  d'apprnrhcr  du  tribu- 
nal. <<  Et  toi  aussi,  dit-il,  voudra^-tu  compter 
pour  rien  les  ordres  que  je  te  donne  au  nom  de 
l'empereur?  —  Ni  vous  ni  vos  ordres  ne  sauriei 
m'elTrayer!  s"écria  Théodule.  tjui  (Hes-vo^is, 
vous  qui  torturez  les  saints  de  Dieu"?  Qu'a  fait 
Alexandre,  le  saint  pontife,  pour  mériter  les 
supplices  que  vous  lui  avez  inflipés".'  —  Espères- 
tu  donc  y  éohapper  loi-mèrae?  demanda  .\uré- 
lien.  —  X  Dieu  ne  plaise,  s'écria  Théodule  ;  Dieu 
ne  me  refusera  pas  la  grâce  d'être  associé  à  ses 
martyrs.  » 

Cette  parole  lit  naître  dans  l'àrae  d'Aurélien 
une  pensée  qu'il  crut  merveilleuse.  Il  donna 
l'ordre  d'atlaclier  dos  à  dos  .Vlexandre  et  Even- 
tius, et  les  lit  jeter  tous  deux  dans  une  fournaise 
ardente.  Ouant  àThéodule,  il  voulut  qu'on  le  tint 
prés  du  four  embrasé  pour  y  être  témoin  de  leur 
supidice,  mais  sans  le  partager.  Cependant  le 
miracle  des  i*ompat'nons  de  Oaiiiid  se  renouvela 
en  ce  moment.  Du  milieu  de>  llammes,  ,\lexandre 
s'écria  :  ■•  Théodule,  mon  frère,  viens  à  nous. 
L'ange  qui  apparut  aux  trois  jeunes  Hébreux  est 
ici  à  nos  crttés,  il  te  garde  une  place!  n  A  ces 
mots,  Théodule,  échoppant  aux  soldats,  se  préci- 
pita dans  la  fournaise.  On  entendait  les  trois 
martyrs,  libres  dans  les  llamme.s,  chanter  la 
parole  du  psaume  :  <■  Seigneur,  vous  nous  avez 
éprouvés  par  le  feu,  i-l  il  m-  s'r>t  trouvé  en  ni>u> 
aucune  iniquité!  " 

Aurélien,  furieux  de  ce  |irndi;;e  qu  il  allrilniait 
à  la  magie,  les  lit  retirer  de  la  fournaise.  Even- 
tius et  Théodule  eurent  la  tête  tranchée. 
Alexandre,  réservé  à  un  supplice  plus  doulou- 
reux, eut  tout  le  corps  percé  lentement  par  des 
pointes  d'acier,  jusqu'à  ce  qu'il  rendit  l'Ame 
(3  mai  de  l'année  1  ITi. 

Aurélien  insultait  à  leurs  cadavres  quand  il 
entendit  une  voix  du  ciel  ijui  lui  disait  :  ■•  Ces 
morts  que  tu  outra<;es  sont  maintenant  dans  un 
lieu  d'éternelles  délices,  mais  toi  tu  vas  descendre 
en  enfer!  »•  Saisi  d'horreur,  le  magistrat  rentra 
dans  son  palais,  tremblant  de  tous  ses  membres. 
Il  appela  Sévérina  sa  femme.  "  J'ai  vu,  lui  dit-il, 
un  jfuiie  homme  au  visage  élincelant.  Il  a  jeté 
à  mes  pieds  une  verge  de  fer  et  m'a  dit  :  Auré- 
lien, lu  vas  maintenant  recevoir  la  récompense' 


Un  tremblement  nerveux  s'est  emparé  de  moi, 
la  lièvre  me  dévore,  que  faire!  Invoque  ton  Dieu 
pour  moi,  prie-le  de  me  faire  miséricorde.  » 
Sévérina  répondit:  '■  J'irai  moi-même  ensevelir  les 
saints  martyrs  pour  qu'ils  intercèdent  pour  nous.  - 

Elle  alla  donc,  et  dans  un  de  ses  domaines,  au 
septième  milliaire  de  Rome,  sur  la  voie  Nomen- 
tane,  elle  déposa  de  ses  mains  Eventius  et 
Alexandre  dans  le  même  tombeau.  Théodule  fut 
enseveli  seul  dans  un  sépulcre  à  part.  Les  prêtres 
de  Home  et  tous  les  fidèles  avaient  accompagné 
les  corps  des  martyrs.  Ils  demeurèrent  réunis 
pendant  que  Sévérina  revint  en  toute  bâte  auprès 
de  son  époux.  Aurélien  était  en  proie  au  plus 
violent  délire;  une  lièvre  ardente  le  consumait; 
des  paroles  incohérentes  sortaient  de  ses  lèvres; 
parfois  cependant  il  lui  échappait  des  impréca- 
tions contre  lui-même;  il  se  reprochait  son 
crime,  c  Infortuné,  dit  Sévérina,  vous  avei 
méprisé  mes  conseils!  La  main  de  Dieu  s'appe- 
santit sur  vous.  "  ItienttU  .Aurélien  expira  dans 
des  convulsions  atroces.  Sévérina  se  revêtit  d'un 
cilice;  elle  vint  se  prosterner  sur  la  tombe  des 
martyrs  et  ne  voulut  point  quitter  ce  lieu.  Plus 
tard,  lorsque  le  pontife  Sixte,  élu  pour  succéder 
à  saint  .\lexandre,  fut  arrivé  d'Orient,  elle  obtint 
qu'un  évéque  y  célébrerait  chaiiue  jour  les  saints 
mystères.  Ce  sanctuaire  fut  en  effet  longtemps 
desservi  par  un  évéque. 

Plus  tard,  après  les  persécutions,  i|uand  les 
catacombes  cessèrent  d'être  fréquentées  à  cause 
des  ravages  et  des  incursions  des  barbares,  le» 
reliques  de  saint  Alexandre  et  de  ses  deux  com- 
pagnons furent  transférées  à  Home  dan»  l'église 
de  sainte  Sabine.  Mais  en  notre  siècle,  en  1844, 
des  fouilles  ont  fait  heureusement  découvrir  dans 
les  catacombes,  sous  les  débris  d'un  autel,  le 
tombeau  où  furent  ensevelis,  après  leur  martyre, 
saint  Alexandre  et  saint  Eventius,  et,  dan»  un 
oratoire  à  d'île,  le  tombeau  de  saint  Théodule. 

Saint  Alexandre  avait  occupé  la  chaire  aposto- 
lique durant  huit  ans  et  cinq  moi».  C'est  lui  qui 
ajouta  au  canon  de  la  messe  les  quelques  mois 
(|ui  rappellent  le  souvenir  de  la  Passion  de  Notre- 
Seigneur;  il  a  aussi  recommande  aux  tideles  de 
ne  pas  négli|;er  le  salutaire  usage  de  l'eau  bénite, 
institué  par  les  apiMres,  mais  d'en  emporter  dans 
leur  maison,  pour  éloigner  les  puissances  infer- 
nales. 


r;<T,in.'.  l„  {•i..riiii.Mn.  S,   rur  Kr«nrnj«  I".  l'iri» 


yii.iii     mt ■■!»!  HIBIWI  lM—»g—«»»M 


SAINT  JEAN-BAPTISTE  DE  LA    SALLE 

FU?iDATEUIl  DE  L'IKSUTCT  DES  FRÈRES  DES  ÉCOLES  CHRÉTIENNES 


fêle  le  4  mai. 


Saint  Jean-Baptiste  de  la  Salle  distribue  sa  fortune  aux  pauvres, 
à  la  porte   de  la  première    école    chrétienne,   à  Reims,   sa   ville   natale. 


Dieu  est  admirable  dans  les  dispositions  de  sa 
Providence  :  au  moment  ou  l'enseif-'nement  con- 
gri'saniste  est  devenu  l'objet  d'attaques  passion- 
nées et  de  pers(?culions  incessantes,  et  où  les 
ennemis  de  la  vérité  s'efforcent  de  le  proscrire 
des  écoles  publiques,  Dieu  a  fait  resplendir  sur 
la  terre,  au  milieu  de  l'Eglise  militante,  quelque 
chose  de  la  gloire  immortelle  dont  jouit  dans  le 
ciel  celui  qu'on  peut  bien  appeler  le  patriarche 
des  Concrégalions  enseignantes.  Saint  Jean- Kap- 
tisle  de  la  Salle  l'a  bien  été,  en  effet,  et  si  les 
divers  Instituts  qui,  dans  la  suite,  se  sont  donné 
cette  belle  mission,  ne  l'ont  pas  eu  pour  fonda- 
teur direct,  tous,  en  France  du  moins,  se  sont 
inspirés  de  son  œuvre,  et  lui  ont  emprunté,  en 
grande  partie,  ses  procédés  et  ses  méthodes. 

CE  qu'était  le  fondateur  des  fbfres 

>é  à  Reims,  le  .10  avril  fiîSl,  Jean-napliste  de 
la  Salle  appartenait  à  une  noble  maison  qui 
.irait  donné  à  l'armée  et  à  la  magistrature  des 
hommes  éminents;  il  aurait  donc  pu.  lui  aussi, 
aspirer  à  une  position  élevée  selon  le  monde, 
li'aulant  plus  qu'il  était  l'ainé  de  la  famille. 
Mais  il  tourna  de  bonne  heure  ses  regards  vers 
|f  sanctuaire  et  se  sentit  doucement  incliné  à 
se  donner  à  Dieu. 


'  Dès  l'âge  de  huit  ans,  il  suivit  les  cours  du 
collège  de  l'Iniversité  de  Heims.  Le  zèle  avec 
lequel  il  se  livra  à  l'étude  ne  nuisit  eu  rien  à  sa 
piété,  car  il  se  montrait  parfaitement  assidu  aux 
oftices  de  l'Eglise  et  y  ajoutait  même  de  nom- 
breuses pratiques  de  dévotion  particulière. 

Au  lieu  de  contrarier  sa  vocation,  .ses  parents 
eurent  le  bon  esprit  de  la  favoriser,  tout  en 
l'éprouvant,  comme  c'était  leur  devoir.  Honoré 
de  la  tonsure  dès  l'âge  de  onze  ans,.lean-Hap- 
tiste  ne  tarda  pas  à  attirer  l'attention  et  à  mériter 
l'estime  de  ceux  qui  vivaient  avec  lui.  11  avait  à 
peine  c-eize  ans  lorsque,  selon  un  usage  de 
l'époque,  un  vénérable  chanoine  résigna  sa  pré- 
bende en  sa  faveur;  c'était  Pierre  Dozet,  ancien 
vicaire  général,  chancelier  de  l'L'niversité  de 
Reims  et  archidiacre  de  Champagne.  Jean-Rap- 
liste  prit  possession  de  son  canonicat  dans  l'il- 
lustre Chapitre  de  la  métropole  de  Reims,  qui 
s'honore  d'avoir  compté  parmi  ses  membres 
saint  Rruno,  le  bienheureux  l'rbain  ]l  et  les 
glorieux  pontifes  Sylvestre  II,  Adrieu  IV  et 
Adrien  V. 

'Juoique  placé  sur  la  voie  des  honneurs,  le 
jeune  chanoine  ne  perdit  rien  de  sa  modeste 
simplicité:  il  se  montra  parfaitement  assidu  au 
chœur,  tout  en  continuant  ses  éludes,  rorul  les 
•  irdres  mineurs,  prit  le  Brade  de  maître  rs  arts. 


10 


travailla  à  se  sanctifier,  et  enfin  voulut  aller 
faire  sa  théolof-ie  au  Séminaire  de  Sainl-Sulpice, 
pour  se  fortifier  de  plus  en  plus  dans  le?  vertus 
qui  conviennent  à  un  eccle'sia?tique. 

Il  y  avait  dix-huit  mois  qu'il  e'tail  à  Paris, 
lorsque  la  mort  Je  son  père,  qui  avait  suivi  de 
près  celle  de  sa  mère,  le  fon  a  de  retourner  à 
Reims,  à  cause  de  sa  qualité  de  chef  de  famille. 
If  ,1.  .,.  n  .1  .„s  cette  circoiist.ini-e,  des  preuves 
d'ui  •   remarquable,  veilla  à  IVducatioii 

,If(  •;  -u  m- .  .1;:  i-cileursétudes  et  les 

tel  point  que  deux 
:  !;ins  les  Ordres  et 
qu  une  de  se^  '^use. 

pour  lui.  '!  'If^s  de  théologie 

:\fi  de 


1111  iiH   : 
il  fui  oi 


-•  ..■    Il  j'"vir  .ic   l'ii'iueç.  i, 
<|uise  était  si  grande,  qu':^ 


Iteims.  i: 


lque< 


UQNumrrQtl 


ij|£NT.Itt» 


On  ^■<lrlu  dt)  cette  parolb  duSkuveur:*.  Alitez, 


oei 


M. 


■    ^1  tD\i    >  lu 

llll'lll 


«uetri'x  qui 
au  xvii*  ><it<  ) 

foiidtftions,  en  ruinant  les 
vents  qui  le»  entretenaient. 
juri's,  et  tous  ceux  qui  fai 
lii'T,   nVtnienl    ni    asser. 


l    terribles 
"  au  xv!"  et 

11!    >!.•   ces 


rel 
tii  I 


-It:   liiributiun  qu'ils 

u      .lit  pour  en  éloigner  la 
le  besoin  d'une  Conffr^ialion 


ti'IIlMlllJ. 

Vi:.       iLi.'kllt.-i  t  i.  .tiu     ,-..rr.  lin  rillMi 


!..    SI... 


immenses  services  rendus  à  l'Efilise  et  à  la  oivi- 
lisatiou  par  les  Jésuites,  les  Lazaristes,  les  mis- 
sionnaires, les  Su'urs  Je  Charité  et  même  par  les 
humbles  Ordres  contem|Jatifs,  dont  la  douce  et 
pacifique  mission  se  renferme  dans  la  prière  et 
la  pénitence? 

Au  xvir  siècle,  les  hommes  de  foi  étaient 
comme  tourmentés  de  cette  idée,  qu'il  fallait  J' 
iii'iii.'  ni!H  Coiii.'ré(;ation  spécialfiiirnl  vniéc  .': 
!'  iieul  Ju  peuple.  Le  pie.. 

à  .il:»  L'n  prêtre  qui  aui.. 

Je»  suints  et  du  salut,  se  ferait  moilro  d'éioln  et 
parla  arriverait  à  se  faire  canoniffir.  ■   l.:i  vIIIb 
Je  Moine  venait  d'en  offrir  un 
Josepli  Calazunz.  C'est  sc^s  ce 
Si-  foiraa  à   Paris,  en   lii41t,  uno  .. 
pi'iùres  ayant  pour  but  unique  <h 
Oieu  Thomme  capable  d'une  telle  *-: 
i'l:iit  placée  sous  le  putrona;:e  Je 
;   N  incent  Je  Paul.  .M.   i'' 
I   IlourJoiee  étaient  à  la 
lous  porto,  i  penser  qi.  i.i.in.ii 

nir   résultat    éloigné  1  uiiii    Jea 

''•'^  Hcole»  cl^réti^■uuft^>  ■•■  •■   ■•   .uudaleur 
:^  '  u  Jb  mois  a(irùs,  eiiiaviil  liîSI. 

lUMKMT,  u'AUHÉ  jF.vn<iiAi>Tisre  ni:  u\  suuë.  Earirnub 

SlUl  NUiTB  UK  I.A  l-RUVIlIfLNUli. 

l'ii  II'.—',  vivr.it  r\  Ilnurii  u;i      Ir.uic  MrJllltfnr,, 


|.„i  ii-~  > 
P.  Itarré, 

'•.cV-.'.nl.    h.  ui 
m  IT  .lUX  j' 

■   '•■    ■'■ 

vill. 

lies  Je  chanté  de 
lui»  pour  e.n  ouvi ii  . 
l.lle  lui  remit  une  bltre  pou. 
i-.banoiiir   le  la  métropole  il 
tant  :uel  elle  I 

>'i.  !ll    C"ltli-. 


•Ile 


>ii(r 


I.I11UI'  ,    I    Ultll 


'■  in>  U    voin 

l    il    ■■•     i.ril 


revivre 

'nr",  il 


•i   laiic  >Frtii    a   I 
Ji>»  i^pB«,  \n*  aJ 


ri 


'Ui.   iiui    navAieut 


. Il I ,  '  I  ' ip 

klc     J(!    U 


Salie  réussit  à  lesremflacerpard'autresplus  fer- 
yenls, etcouliiiuades'occuperd'eux  avec  uue sol- 
licitude qu'il  s"ex[)li')uail  d'autant,  moins  qu'elle 
e'tail  accouipiijiue'e  d'uue  répUfruauce  réellepour 
ce  genre  de  Tie.  ilais  euliii,  dil-il  lui-m'>nie, 
je  compiii  que  l>ien  iii'apf^iait.  Ed  couséqueuce, 
eu  I0b2,  ii  quitte  Ibolel  paternel  et  va  hiibiter, 
avec  ses  maîtres  d'école,  la  luaisou  qui  doit 
être  réellemeut  le  berceau  du  nouvel  institut. 

BL'DGKT  DE  LA  NOUVELLE  F<£(DATIDN 

Le  succès  des  EcvUs  chréliemte»  et  oratuitet  de 
Reims  avait  inspiré  à  d'autres  villes  le  désir  d'eu 
posséder  de  semblables  :  t^uise,  Kethel.  Chàteau- 
Porcien  et  Laon  sont  les  premières,  dans  l'ordre 
des  temps,  qui  aient  sollicité  celte  faveur. 

L'araeulil.  Nyel.ei.chanlé  de  répondre  à  leur 
empressement,  s'abseutail  sans  scrupule  et  lais- 
sait peser  toute  la  responsabilité  de  l'éiablisse- 
ment  de  H>-iuiS  sur  noire  Saint,  qui  s'y  dévoua 
plus  que  jamais.  Pour  le  préparer  davaulafie 
encore  à  sa  mission  ï'ublime,  Dieu  lui  demanda 
alors  un  ^raiid  sacritice.  Les  maîtres  d'écoie, 
moins  dévoués  et  moins  ;:énéreux  que  lui, 
n'avaient  pas  renoncé  aux  calculs  intéressés  de 
l'avenir  :  ils  se  demandaieut  parfois  ce  qu'ils 
devicndi  aient  lorsque  l'ù^e  et  los  pratiques  de 
l'enseignement  les  meitiaient  liorsd'élat  de  tra- 
vailler. Us  ajoufaieiil  mt^rae  que  M.  de  la  .Salle 
était  exempt  de  pareilles  inquiétudes,  parce  que, 
j^ràce  à  sa  riche  pri-bende  canoniale,  il  serait 
toujours  à  l'abri  du  behoiu.  Le  viiuérable  pnUre 
se  sentit  soudain  inspiré  de  se  démettre  da  son 
cauouicat,et,pouâsantjusqu'à  l'héroïsme  sa (4éné- 
reu.-erésoluuuu,il  le  r(.-si>;iia>en  ItibiJ,  en  faveur 
d'un  bon  prêtre  qui  ne  lui  était  rien,  plutôt  que 
de  porter  son  cboix,  comme  ou  l'en  pressait, 
sur  un  de  ses  frères,  di'jà  enua^'édans  les  Ordres. 

Ce  n'est  pas  tout.  Suivant  les  conseils  du 
P.  Barré,  qu'il  ne  manquait  jamais  de  consulter, 
il  ne  voulut  pas  bâtir  son  œuvre  sur  un  autre 
fonds  que  sur  la  Providence,  et  il  se  décida  à 
se  dépouiller  de  son  riche  patrimoine  en  faveur 
des  pauvres  et  des  néces>iteux,  que  la  famine 
de  ICiii  et  16.Si>  avaient  multipliés  d'une  manière 
extraordinaire.  Il  distribua  donc  peu  à  peu  une 
partie  de  sa  fortune  au.n  enfants  des  Lcules 
chrétiennes  (u'ratuites  et  à  leurs  familles,  toutes 
indivenl^s.  L'ne  autre  partie  fut  réservée  pour 
l-~  l'auvres  honteux  qu'il  aimait  à  réhabiliter  en 
\i:~  «■••courant  avec  discrétion.  Entin,  le  reste  de 
s.'i  :  ri  lie  alla  aux  nombreux  demandeurs  que 
Il  iii-'ir  amena  sans  -cesse  à  sa  porte  jus- 
qu'où l'.iii    voir  notre  ;;ravure). 

Devenu  ainsi  pauvre-  volontaire,  l'ancien  cha- 
Uiiiiie  <le  la  nétio|<ole  de  Heims  se  trouva  véri- 
'  :  ment  l'homme  des  desseins  de  Dieu,  pour 
;,.'  .  •  r  \  Ijonuellii  l'a-uvre  qui  lui  était  conliée. 
1     .  d'une  retraite  faite  avec  ses  disciple», 

il  ■  '  ii'i.t  parmi  eux  et  embraesa  lui-m^nie  les 
pratiques  qui  sont  devenue»  U  rèule  de  l'insiitut 
de'  Kreres  des  Li:ole8  chrétiennes;  il  détermina 
'•-,'tlemeiit  l'habit  qu'il»  ont  lidèlenient  ^'ardé 
dei'Uii  deux  iii-icles,  ol  qu'ils  oui  reudu  .-^i  popu- 
laire. 


NOYEA   U'Ai.THl.N  DU   BIEHHKURCrX 


I).  U  f.i  : 


moyens  d'action  du  bicnhea^ 

■/ 

■  îiime»  i)u''  •  iiani 

1.  |ii)Ur   V  1  ,|is. 

•  Il',   -e   lit  pauv  I  ••,  m  11  •   per- 


]   sécuta  cruellement  sa  chair;  il  portait  de  rudes 
i    cilices  et  se  donnait  de  fréquentes  disciplines, 
I   oii    le    sang^  coulait  abondamment.  Comme  sa 
délicatesse   native    l'empêchait  de   prendre    les 
I  aliments  grossiers  et  de  mani/er  avec  les  Frères 
sans  rejeter  la  nourriture,  il  s'imposa  de  lontis 
et  cruels  jeûnes  pour  contraindre  son  estomac. 
Sa    vie   deviut   de   plus  en  plus  une   vie   de 
prière,  car  il  aimait  à  répéter  qu't)n  ne  fait  pas 
la  moitié  des  œuvres  qu'on  pourrait  faire  si  l'on 
priait  assez.  Il  y  employait  uue  partie   de   ses 
nuits,  qu'il   passait  à  terre  ou  sur  une  chaise, 
pour  être  plus  prompt  à  interrompre    r-^quem- 
meiit  le  sommeil  ;  à  lieims,  il  se  faisait  ei. fermer 
de  temps  en  temps,  et  ordinairement  la  nuit  du 
venJreji   au  samedi,  dans  l'épli-e   Saint-lieiiii, 
et  demeurait  prosterné  sur  le  tombeau  du  Saint 
1   qui  avait  baptisé  les  Francs. 
,       Souvent    aussi,  il  passait  des  jours,  des  se- 
1   maines,  et  quelquefois  des  mois  entiers  en  re- 
traite, soit  dans  un  petit  jardin  qu'il  avait  loué 
I   dans  ce  but  à  côté  du  couvent  des  .Augustins, 
sur  les  remparts  de   la   ville  de  Reims;  soit  à 
Notre-Dame  de  Liesse,  ou  il  aimait  à  eonduire 
en   pèlerinage  quelques-uns  de   ses  Frères,  ou 
I   dans  le  désert  des  Carmes,  près  de  l.ouviers. 
Ainsi  la  prière,  la  plus  austère  mortilication, 
les  veilles  fréquentes  se   partageaient   tous  les 
instants  que  le  liienbeureux  u'eniployrit  pas  aux 
travaux  du  saint  ministère  et  à  la  direction  de 
son  Institut  :  c'étaient  là  ses  moyens  d'aclicn. 

DÉV£LOPPBMKNTS  DE  L'iNSTlTL'T 

.Nous  nous  sommes,  à  dessein,  étendus  sur  l6s 
premiers  temps  de  l'histoire  du  Rienheureux; 
la  suite  est  l'histoire  du  développement  rapide 
de  son  œuvre,  accomplie  au  milieu  de  contra-' 
dictions  et  de  persécutions  qui  auraient  dû  la 
faire  sombrer. 

Il  vint  à  Paris,  fonda  les  écoles  de  Saiiit- 
Sulpice,  puis  celles  de  Vaugirard,  subit  des 
procès  de  la  part  des  maîtres  d'école,  fut 
calomnié  et  persécuté  de  toutes  façons;  toutes 
ces  attaques  aboutirent  à  un  arrêt  du  Parlement 
lui  interdisant  d'eiisei{»ner  à  Paris,  sinon  les 
enfants   dont   rindi;:eiice  était   bien   constatée. 

C'était  providentiel  ;  l'Institut  se  rap|>r<>chait'' 
de  plus  en  plus  de  sa  voie  déllnitive.  A  la  suite 
d'une  grave  maladie,  le  Hienheureux  avait  pré- 
paré le  Fr.  Henri  Lbeureux  à  lui  surcéder,  lui 
avait  fait  faire  des  éludes  brillantes,  lorsque  ce 
(ils  aimé  fut  enlevé  subitement  [lar  la  mort. 
Dans  son  chagrin,  le  fondateur  comprit  que  son 
projet  d'avoir  des  Frères  prêtres  dan'*  chaque 
maison  amènerait  certainement  de.*  diflliullés, 
el,  pour  conserver  à  l'Institut  sa  consiituiiou 
propi^.  il  y  renonça  déllnilivemenl,  iiiler<ti<ant 
à  ses  religieux  les  études  classiques  qui  con- 
duisent au  sacerdoce. 

A  la  lin  du  xvii'-  siècle,  l'Institut  comptait 
16  écoles  comprenant  plu.»  de  1  "inO  enfants, 
liieiiti'd,  elles  se  inulti|>lièrpiit  en  province: 
Troyes,  Avienon,  .Mirseille,  Darneljil,  lloupii. 
Di)on,  Meiide,  Alais,  i.ipiiobl"',  Saiiit-lt^iiis,  \'er- 
sailb  s.  Mfinlin".  lînulot'iie,  1»»»  \aiis;  toutes  ces 
maisons  furent  ouverte»  de  iîol  h  l"IO. 

Il  faut  riter  nimsi  Home,  où  deox  Frèresavaienl 
été  envoyé-!  des  l'an  1700. 

Kn  1711,  1^  bietibfateux  de  la  S.ill<».  .-Vjé  de 
soixante  et  un  .iii'-,  eiitr"pnt  la  vi«itp  ib-  ses 
écoles  dans  le  midi  do  la  l-'rancp,  et  ceOni  sou- 
vent un  chemin  de  ernix  qu'il  suivit.  Le»  laii'-é- 
iiislei-  lui  >q>p<>9aient  en  elVet  de  ctuel*  cbsiacies, 


faisant  parfois  fermer  ses  maisons,  comme  à 
Marseille;  plus  souvent,  il  triompliail  d>ux.  A 
Calais  notamment,  il  alla,  après  un  sermon  de 
l'Assomption,  se  jeter  aux  pieds  d'un  prédica- 
teur qui  avait  t?vilé  de  parler  de  la  Très  Sainte 
Vierfie  en  ce  jour  de  sa  principale  fête;  il  le  con- 
vertit si  pleinement  cju'il  lit  de  lui  un  ardent 
prédicateur  de  la  vérité;  on  en  eut  la  preuve 
dès  le  dimanche  suivant. 

Le  voya«e  du  Bienheureux  dans  le  Midi  dura 
deux  ans  et  faillit  «Hre  latal  à  l'Institut  naissant 
qui  avait  été  pi  ivé  pendant  ce  temps  de  la  direc- 
tion immédiate  du  saint  fondateur.  Kii  efTel,  des 
personnages  puissants  étaient  intervenus  pour 
lavoriser  des  innovalious  et  des  clian^'ements 
dans  une  u'Uvk»  encore  en  formation;  tout  allait 
être  perdu,  lorsque  les  anciens  Frères,  en  toute 
hAle,  appelèrent  le  fondateur;  il  apparut  et  la 
paix  se  rétablit. 

IIKMISSIUK 

L'Institut  paraissait  bien  affermi.  Le  llienheu- 
reux  de  la  Salle  profita  de  l'alTaiblissement  de 
sa  santé  pour  accomplir  un  dessein  qu'il  avait 
mûri  depuis  longtemps,  et  qu'il  avait  même 
tenté  plusieurs  lois  de  réaliser:  il  supplia  si 
vivement  ses  Krères  de  le  décharger  du  suné- 
rioral,  (lu'ils  durent  y  consentir.  Ils  élurent  pour 
«iénéral  le  l"r.  Ilarlhéleray,  digne  d'ailleurs  de 
lui  succéder.  Cette  élection,  qui  marque  la  lin 
des  fonctions  de  l'abbé  de  la  Salle  comme  Supé- 
rieur général,  eut  lieu  le  23  mai  i'i'. 

Dès  lors  la  vie  du  pieux  fondateur,  qui  avait 
encore  deux  ans  à  passer  sur  la  terre,  fut  con- 
sacrée entièrement  à  la  prière  et  la  pratique  des 
filus  hautes  vertus  d'humilité  ;  il  refusait  abso- 
ument  tout  ce  qui  ressemblait  à  un  vestige 
d'autorité;  il  se  faisait  partout  le  dernier. 

Liant  venu  à  Paris  pour  une  allaire,  il  sut  que 
ses  reli»;ieux  voulaient  lui  faire  honneur,  et  pour 
éviter  qu'on  le  traitAt  ainsi,  il  descendit  au 
Séminaire  Saint-Nicolas  du  Chardoniiet.  qu'il 
édilia  par  ^a  régulant"*;  mais  le  l'r.  Harlhéleiny 
vint  lo  iherrher  au  nom  de  son  autorité,  et  aus- 
silêt  le  serviteur  de  KieU  le  suivit. 

De  là,  il  retourna  à  la  maison  de  Saint-Yon,  à 
lloucn,  on  il  avait  lixé  sa  retraite  et  où  il  habi- 
tait la  plus  humble  cellule,  refusant  absolument 
d'être  mii'UX  logé. 

Il  ne  sortit  guère  de  sa  réserve  Tis-à-vis  de 
ses  religieux  que  pour  féliciter  ceux  d'entre  eux 
qui  ne  rraiunirent  pas  de  se  compromettr.'  dans 
la  résistance  au  jansénisme,  et,  trois  mois  avant 
sa  mort,  il  écrivit  une  forte  déclaration  pour 
affirmer  son  attachement  h  l'orthodoxie  en  lace 
de»  bruits  malveillant»  répandu»  contre  sa  foi.  ft 
cause  du  nom  de  l'un  des  membres  de  sa 
famille  (|ui  ligurait  parmi  les  sik'nalaires  d'une 
pièce  du  parti. 

rniniF..NT  ii.  nourot 

Le  Carême  de  MiO,  dont  il  ne  devait  pas  voir 
U  lin, commença;  il  voulait  en  suivre  toute»  les 

ni—  "  

Il 
Oi 
lu 
d. 
■  Il' 


l.a  victime  p»t  pr'te  à  être 
-ail-il,  il  fautlravaillerà  la  purilier.  " 
-a.  ijuclqu''»  |our»  après,  une  porte 
iibée  sur  la  tête,  occasionna  de»  arci- 
ne»,  que  le  médecin  déclara  le  mal 


.1  'te  de  «aini  Joseph  approchait,  et  avant  de 
mourir,  le  lii'  nlinireux  eut  bien  voulu  encore 
une  fol»   '-''ll'r'r    l.i   me»»e;   mai*   »a  faiblet»e 


extrême  semblait  devoir  le  priver  de  cette  joie, 
lorsque,  dans  la  nuit  du  is  au  !'.•  mars,  ses 
douleurs  disparurent,  pour  ne  reparaître  que  le 
lendemain  au  soir;  il  célébra  donc  «a  dernière 
messe,  et  s'entretint  tout  le  jour  avec  ses  Frères. 

Le  .Mercredi-Saint,  le  curé  lui  porta  le  viatique; 
il  le  reçut  à  genoux  avec  une  dévotion  extraor- 
dinaire; le  lendemain,  Jeudi-Saint,  il  reçut  l'Lx- 
trême-Oiiction,  en  toute  connaissance,  et  ses 
eiifaDts  l'en  ayant  supplié,  il  leva  les  mains  et 
consentit  à  les  bénir. 

L'agonie  commença  à  minuit  du  Vendiedi- 
Sainl,  et  à  4  heures  il  rendit  l'Ame,  le  même 
jour  que  son  Sauveur  ("  avril  1~I9);  il  avait 
soixante-huit  ans. 

SES  HABITS 

La  foule,  qui  se  pressa  bientftt  pour  contem- 
pler une  dernière  fois  les  traits  du  serviteur  de 
bien,  ne  put  résister  au  désir  de  conserver 
quelques  reliques  de  lui,  et  l'on  mit  son  habit 
en  lambeaux. 

Ses  habits  avaient  été  respectés  en  une  autre 
circonstance;  des  voleurs  les  lui  avaient  pris, 
mais,  considérant  leur  pauvreté,  ils  les  lui  ren- 
dirent. 

lue  autre  fois,  visitant  à  la  llastille  un  prêtre 
qu'on  accusait  d'un  crime  d'Klat,  saint  Jean- llnp- 
tiste  de  la  Salle  remarqua  que  les  vêtements  du 
prisonnier  tombaient  en  morceaux  par  la  pour- 
riture. AussilAt,  il  voulut  changer  avec  lui,  et 
sortit  de  la  prison,  portant  la  chemise  pourrie 
du  prisonnier  et  sa  soutane  en  pièces. 

Cette  fois,  ce  sont  les  anges  qui  louchèrent 
ces  vêlements  délabrés  avec  respect,  et  le»  chan- 
gèrent en  un  vêtement  de  gloire,  sous  lequel  il 
brille  maintenant  au  ciel. 

L'iJiSTITUT  DKS  PRKRES   APRKS  H    MOIIT 
I>E   SON  KOMlATEin 

Après  la  mort  du  llienheureux,  sa  ('ongréga- 
tion  jouit  d'une   loncue  période  de  paix  et  de 


oiik'ue  ne 
'obiel  de 


[irospérité,  et  fui  l'oliiet  de  marques  preneuses 
de  haute  sympathie.  Comme  le  fondateur  l'avait 
souhaité,  prévu  et  même  prédit,  de»  lettre»  pa 
lentes  furent  accordée»  à  son  Institut  par  le  roi 
Louis  XV,  qui  lui  donna  ainsi  une  existence  lé- 
cale.  L'ne  bulle  de  Itenolt  XIII  lui  conféra, 
en  172!'),  l'approbation  c.inonique.  Se»  établi»»e- 
ments  s'iilTermirent,  se  développèrent  et  se  mul- 
liplièrenl.  La  Itévolution  française  crut  l'avoir 
détniit.mais  il  s'était  conservé  et  perpétué  dans 
les  communautés  d'Italie. 

Kn  France,  il  reporut  sou»  le  Consulat,  rappelé 

riar  les  population»,  acclamé  par  le»  muiiicipa- 
ilé»,  outonsé  même  par  le  gouvernement 

<tn  »ait  quels  iléveloppemeni»  il  a  pris  depui^, 
et  à  quelle»  attaque»  il  est  en  butte  aujourdl'liui. 
Du  haut  du  ciel,  le  pieux  fondateur  voit  le  com- 
bat que  soutiennent  ses  enfants;  il  les  bénit  et 
le»  protège. 

De  leur  cMt,  il»  n'ont  ce»s<  de  travailler  a 
obtenir  pour  leur  bien-aimé  Père,  le»  honneur» 
de»  autel».  DéjA  h-  I"  novembre  Ih::i,  Pie  IX 
ovait  prorlomé  l'héioicilé  de  ses  vertu». 

Le  l'.l  février  lhs>>,  la  béalifl'-ntion  -olennelle 
du  vénérable  Jean  liapliste  ■! 
hlerdejoietoulson  Institut.  I 
jour  de  rA»cen»ion,  au  aiilieu  .le»  >(dinJeur> 
accoutumée»  en  pareil  ra»,  S.  S.  I.énn  XIII  a 
lUigné  procéder  a  la  canonisation,  dans  la  basi- 
lique de  Saint  Pierre  du  Natr  an. 


Lt  fir ml     !..  I'ITITKI>»T.  —  Ifnprmitric  I'.  k»»u.'>  Vmi,  3  i-l  .S,  rw  lU).ifil,  l'jri.. 


Mil-. 


SAINT    PIE     V,    PAPE 


Seizième  siècle.  —  fcle  le  j  7nai. 


Portrait  de  saint  Pie  V. 
(Ii'nprés  une  gravure  du  Irinps  reproduite  par  la  maison  Didol., 


SA   VOCATION 

Deux  religieux  Dnininicains  cheminaient  un 
jour  à  travers  la  Lomhardie,  distribuant  aux 
pauvres  populations  i|u'ils  rencontraient  le  pain 
de  la  pri^dication  évant'élique. 

S'étanI  arn'^tés  dans  un  villaee.  apfielé  Bosro, 
lU  reiicoiilrèrent  un  jeune   pi'ilre,  dont  la  pliy-   , 
!ti»nnniie  ouverte  et  intelli^'ente  les  frappa  :  il  se   I 
nommait  Miiliel. 

Dès  ses  plus  tendres  aiinf^es,  il  désirait  se 
donner  à  Dieu,  mais  la  pauvreté  de  se»  parentii 
l'en  empêchait.  La  Providence,  qui  en  avait  l'ail 
un  vase  d'élection,  permit  que  la  rencontre  des 
deux  religieux  fût  pour  lui  l'occasiou  d'une 
détermination  délinitive. 

L'enfant  les  accosta  d'une  voix  timide,  et  les 
surprit  par  la  tnalunté  de  son  jugement,  par  ses 
quc'^lions.  par  ses  r'''ponses.  La  vocation,  encore 
inapen  ue  aux  yeux  mi'mes  île  la  plus  tendre  solli- 
citude, allait  se  révéler  .i  son  insu  dans  ce  naif 
enlr'lien,  <i  ce  point  que  le»  relii.'ieux  lui  deman- 
ilnrent  s  il  voulait  continuer  la  mule  avec  eux, 
lui  prometlanl    de    l'initier   à    leurs   études,   et 


même  de  le  faire  entrer  dans  leur  Ordre,  si  plus 
tard  il  s'en  rendait  diyne. 
L'enfant,     ému    de    voir     prévenir     ainsi     l.i 

fiassion  secrète  de  son  jeune  cœu.,  accepta 
eur  offre  avec  joie  :  tous  les  sentiments  de  la 
nature  semblèrent  céder  sans  elfort  a  la  voix 
divine.  Il  courut  vers  son  père  et  sa  n)''re.  s'a^'e- 
noiiilla,  implora  leur  bénédiction,  et  s  attachant 
au  pan  de  la  robe  de  l'un  des  Dominicains.  1rs 
suivit  d'un  pas  ferme  et  lé^-er,  C'est  ainsi  iju'il 
les  accompagna  jusqu'au  couvent  de  Voghcre,  à 
sept  lieues  de  Hosco  ,lj. 

PREMIÈRES  ANNÉES  HE  VI K.  RSLKWF'Jsr 

Tels  furent  les  humbles  commencements  de 
celui  que  Dieu  destinait  à  être  l'immortel  saint 
l'ie  V. 

Il  appartenait  à  la  riche  famille  des  (^hislieri. 
que  les  «ucrres  civiles  du  w  siècle  avaionl 
réduite  à  la  dernière  misère;  mais  il  avait  reçu 
dans  la  maison  paternelle  cette  éducation  forie 


1)  Di  F»ixoix,  Hitloire  df  $ainl  Pu?  V,  t.  I.  p.  4' 


J 


I  \h 


i-l  sainte  qui  prrpare  les  àiiK;.  aux  liiaiider; 
choses.  Le  jeune  entant,  du  reste,  se  ilislin;.'uait 
entre  tous  ses  compagnons  ~par  sa  (liet^  et  son 
intelligence,  mais  surtout  |>ar  une  Icndi-e  dévo- 
tion envers  la  Mère  de  iJieu. 

A  Vo;.'liere,  il  fut  bientùt  apprécié  des  religieux 
qui  l'avaient  accueilli:  sa  dé\otion  pour  les  pra- 
tique<  de  la  vie  relii-'ieuse  et  la  docilité  avec 
laquelle  il  recevait  l''s  cnseitniements  de  ses 
maiUes  le  rendin-nt  >  ti  peu  de  temps  dur  à  la 
coiuniiiiKuilé.  On  lui  donna  l'habit  avec  le  nom 
de  Fr.  Michel,  el  il  commença  son  noviciat. 

Puis,  il  pa.>isa  à  Vi;;é»ane,  célehre  scolastiwil. 
où  il  lit  ses  étude*  littéraires.  Enlin,  il  l'ut  envoyé 
à  Boliiî.'iie,  qui  .  lait  alors  la  pépinière  la  plu>  llo-, 
rissante  de  i'i'riire  Ses  pr^urés  furent  si  rapide^; 
qu'en  pi  iide  temps,  il  devint  capable  d"enseif.'ner 
ce  qu'il  venait  d'apprendre. 

Mai<  les  élude'i,  si  saintes  qu'elles  soient, 
sècli.-nt  l>ienlAt  l'esprit  iiui  n'y  dierclie  qu'une 
>.iii-;  1,  lion  plus  ou  moins  mondaine.  Le-  jeune 
pi. i!.-.*eur  le  savait  :  au^si  répétail-il  souvent  à 
se<  élèves  (|ue  s'ils  voulaient  profiler  utilement 
de  la  science  qu'ils  ari|uéiaieiil,  ils  devaient 
l'as^ai-ionner  du  sel  de  la  pieté.  Il  leur  donii.iit 
lui-m<'-me  l'exemple,  ne  se  dispensant  jamai--, 
quelles  que  fussent  ses  occupations,  de  l'assistance 
au  cliii'ur  c  t  lies  au  très  exercice 'ide«a  communauté. 

Au  terme  de  -a  viii;.'l-quatriiMne  année,  les 
supérieurs  l'appelèrent  à  la  prêtrise.  L'Iiuiiible 
reli;:ieux  lit  toutes  ses  instance*  pour  repousser 
un  fardeau  qu'il  se  ju^ieail  indien'-  de  porter; 
mais  il  dut  céder  à  la  voix  de  l'obéissance. 

Il  cél'lira  sa  première  messe  à  Hosco,  ce  ber- 
ceau de  son  enfance,  qui  lui  rappelait  de  si  doux 
«oiivenir*:  mais  il  ne  le  revit  pas  sans  une 
certaine  tri^te'.'-e. 

Les  armées  de  François  I",  marchant  sur 
l'avie,  avaient  laissé  apri'^s  elles  une  pnifoiidi' 
désolation.  Tout  avait  été  rnv.iré,  les  églises 
mêmes  n'avaient  pa-  été  épargnées  ;  celle  de 
Hosrn  aiait  été  complètement  abattue.  Le 
P.  Mk'Iii'1  reparaissait  au  milieu  de  ce*  infor- 
lune-irnnimernnjedr  la 'onsolation.  Sa  présence, 
en  elTet.  (Il  un  ;{raud  bien  dans  le  pays,  elles 
paroles  de  ré'ijiiation  cpiil  adressa  à  ces  bonnes 
gens  ranimèrent  leur  courage. 

LK  liUlIlI  Dl  SE.«  FHkRES 

lie  kIc.ui  a  sa  chaire  de  tliéolo^^ie,  m  i>"(Uj>a 
avec  le  même  éclat,  jusqu'au  jour  où  il  fut 
appelé  à  exercer  la  cliari.'e  île  supérieur  succes- 
sif ment  a  Viu'évanc,  Soncino  et  Aibn. 

Ui  l'r<>*ideiice  se  plaidait  à  le  faire  passer  par 
ce*  divers  états  pnur  l'acroulumer  peu  à  p^-ii  au 
fardeau  des  responsabilités,  et  le  munir  aussi 
bien  des  annei  de  la  science  que  de  celles  du 
commandenirul. 

Jamais  supérieur  ne  montra  pliin  d'affection 
à  ses  inféiieur»,  mais  .lussi  mil  n'ptiu'eait  d'eux 
une  obéissance  plus  rom]  I  ■  ••  pour  Im- 

méme,  il  savait  ciMidositiid:  irs  besoins; 

mais   sa   cori  uce  ualU  j,imais  jusqu'A 

ti.li-rer  les  ii>  lus. 

MicucL  uiisu»:bi  rauuisiTrua  oe  umibaboik 

frir 
m-- 

IW'i  '  iiilrnduii 

h«'T'  .  ,     j Imd»    peu    :...... 

laiss.iienl  lacilemenl  séduire  par  ces  nouveautés 
impii-s. 
llais.«er  croître  celte  dani:<^rease  hérM*.  c'éUil 


[■i.parei  lies  L'ih  rre~  civiles  •-pinhlaliU-  a  celles 
qui  déchirèrent  I  .Allemagne,  la  France  el  l'.Aii- 
«lelerre.  f.'élait  surtout  exposer  des  nlillicr^ 
d'àmes  à  l'enfer.  11  fallait  un  homme  capable  de 
s'opposer  cninmc  une  diiiue  à  cette  inondation 
salauique.  Miclicll'iliislieri  fut  nommé  inquisiteur. 

Les  lecteurs  instruits  savent  que  l'inquisition 
papale  ne  s'écarlail  pas  des  lois  de  l'Iiumanité  et 
de  la  justice. 

.\rii  VA- M  l;l^me,  le  premier  soin  de  l'inquisiteur  fut 
de  parcourir  tout  le  territoire  de  sa  Juridictiim.. 
Il  voyageait  ordinairement  à  pied,  san<'tiliant  la 
route  par  la  méditation  ou  la  récitulion  des 
prières  vocales,  mettant  autant  de  soin  à  recher- 
cher les  incominodités  et  les  privations  de  tout 
f;enre,  qu'un  autre  en  aurait  mis  A  rechercher 
ses  aises.  Il  voulait  se  rendre  compte  par  lui- 
même  de  toutes  les  maiiu'Uvres  des  h>rétiques, 
et  quand  les  intérêts  de  la  foi  étaient  en  jeu, 
.'lucitii  obstai-le  ne  pouvait  arrêter  sou  zèle,  ni 
tromper  sa  vigilance. 

In  négociant  de  Cdine  avait  convenu  avec  les 
protestants  de  Genève  de  l'envoi  d'une  grande 
quantité  de  livres  calvinistes,  qu'il  se  proposait 
de  vendre  à  bon  prix.  L«'  siège  èpiscopal  était 
alors  vacant.  Ce  malheureux  fut  assez  habile 
pour  se  ménager  des  inlelli:.'ences  jusque  dans  le 
chapitre,  de  sorte  que,  quand  l'inquisiteur, 
informé  du  fait,  voulut  se  saisir  ilu  dépiM  empoi- 
sonné, il  eut.  non  seulement  à  lutter  contre  le 
tiatiqiiaut  sc.'iiiilaleux,  mais  encore  contre  ceux 
mêmes  qui  auraient  dû  le  seconder  dans  son 
niinislfre  apc-lolique. 

Il  n'hésita  pas  cependant  à  déclarer  escum- 
niuniés  tous  ceux  qui  avaient  prêté  leur  con- 
cours li  un  acte  si  abominable.  Les  i  hanoines 
prévaricateurs  en  furent  vivement  irrites,  et  ils 
excitaient  le  peuple  contre  lui.  Iji  pa-sion  alla 
-i  loin  que  sa  vie  même  ne  fut  plus  en  sûreté, 
et  il  dut  en  secret  quitter  le  pays,  jusqu'à  ce  que 
la  fureur  populaire  se  fût  apaisée. 

Le  chanoine  le  plus  compromis  dans 
affaire  porta  plainte  a  Ferdinand  de  (•eiiri.u- 
alors  gouverneur  de  Milan.  Il  lui  représenta  que 
le  zélé  iiitempesUf  de  (ihislieri  avait  été  la  seule 
cause  des  troubles  qui  s'étaient  produits,  et  que 
le  remède  à  y  opposer  serait  de  lui  retirer  une 
char:.'e  dout  il  s  acquittait  arec  si  peu  de  pru- 
dence. 

Va  libéral  du  xix*  siècle  n'aurait  pas  mieux 
dit. 

Le  pourerneur,  soit  surprise,  soit  connivern-v 
accueillit    les    plaintes    du    chanoine    et,  n\i  . 
mandé    rinqui<iteur.     lui    adressa    de    sev.i.v 
reproches.  Mais,  comme  libisheh  ne  s'en  m  ai 
trait  (|ue  médiocrement  ému,  il  lo  menaça  d'   la 
prison. 

•'  Il  en  sera  ce  que  Dieu  voudra,  •  répondit  le 
Saint,  et  il  attendit  en  paix  l'exéculien  de  la 
ni-nare , 

.Mais  Ferdinand   avait   été   tellemen'  ' 
la   prnndeiir   el   de   la   fermeté    de    cjii 
jeune  inquisiteur  qu'il   eraiL'nait  de   ; 
l'alT-iire,  i-l  ne  ibmna  pnt  de  «uitp  A  • 

l'.epeiidanl.  ■ 
fusait   bon  m 

•  iitir  .1 
Il     se    t 

!..   .     .  ,  ..   !i  ■lu'on  lui  fit  f"'   •  •••  -.•...1.I...I-.. 
Tomme  il    illnit  demander  I  i 
■sabme,   <  omenl  d"  «nii   ()ri  ,;.    .  ,    ,. 

ne  le  ronnaiwait  point.  In  prH,  à  non  «lUnour 


négligé,  pour  un  vulgaire  ambitieux  qui  venait 
rneiijier  les  faveurs  dt  la  cour  poulitioale.  Il  lui 
dit  mi'me  d'un  l'ui  railleur: 

«  (jue  veu'^7.-vouâ  chercher  ici.  mon  Père  ? 
Venez-vous  voir  si  le  colléue  des  cardinaux  est 
disposé  à  vous  l'aire  pape? 

—  Je  viens  à  Home,  répondit  fîhislicri.  parce 
que  les  intérêts  de  l'Eglise  m'y  appcllenl;  j'en 
sortirai  aussiti'it  que  ma  tâche  sera  remplie. 
Jusque-là,  je  ne  vous  demande  qu'une  courte 
hospitalité  et  un  peu  de  foin  pour  celte  mule.  « 

Le  prieur,  en  lui  adressant  une  si  étrange 
question,  était  assurément  loin  de  se  douter  que, 
quelques  années  plus  tard,  la  Providence  élcve- 
rail  i'intrépid-;  reliyieux  sur  le  siège  de  saint 
Pierre,  et  le  destinerait  à  ^tre  le  promoteur  le 
plus  ardent  des  décisions  du  concile  de  Trente. 

Cependant,  la  conduite  de  l'inquisiteur  fui 
pleinement  approuvée  à  Rome,  et  les  réclama- 
tions des  chanoines  de  Corne  ne  hronl  que 
tourner  à  leur  confusion  ;  ils  finirent  par  se 
soumettre. 

GHISLIERl     KVÈC'IK    ET    C.*BI)INAL 

Pendant  que  Cbislieri  était  à  Rome,  il  se  lia 
d'amitié  avec  le  cardinal  Caraffa,  fondateur  de 
l'Ordre  des  Théatin«.  Celui-ci,  plus  clairvoyant 
que  le  prieur  de  Sainte-Sabine,  comprit  qu'une 
àme  aux  sentiments  si  élevés  et  si  généreux  était 
destinée  par  Dieu  à  une  mission  de  lutte 
ardente  en  face  de  l'hérésie,  dont  les  progrès 
devenrjienl  de  jour  en  jour  plus  alarmants.  Aussi, 
quand,  au  boul  de  quelques  années,  le  cardinal 
i^rall'a  fut  appelé,  sous  le  nom  de  Paul  IV,  à 
succéder  au  pape  Marcel  II,  il  s'empressa  d'ap- 
peler auprès  de  lui  l'inquisiteur  dont  il  avait  si 
bien  jui.'é  le  mérite. 

Non  content  de  le  maintenir  dans  sa  dignité 
de  commissaire  général  du  Saint-Office,  il  voulut 
le  créer  évéque  de  Népi  et  de  Sutri,  deux  évéchés 
dont  l'investiture  était  échue  à  un  même  titu- 
laire à  cause  de  leur  modique  revenu  et  de  leur 
dépendance  plus  immédiate  du  Saint-Siège,  (ihis- 
iieri,  vivement  alarmé  de  cette  nouvelle,  alla  se 
jeter  aux  genoux  du  pape,  le  suppliant  de  ne 
point  lui  imposer  un  fardeau  si  ri'dnulahle  et  de 
le  laisser  mourir  sous  l'habit  monasli<jue.  Mais 
Paul  IV  ne  répondit  à  ses  instances  qu'en  lui 
enjoii;nant,  au  nom  de  l'obéissance,  de  se  sou- 
mettre à  ses  dispositions. 

Dés  lors,  on  vit  briller  en  lui  toutes  les  vertus 
qui  font  l'aprttre:  >a  vie  était  une  dépense  inces- 
sante de  lui-même  aux  besoins  de  son  troupeau. 
Il  visitait  les  endroits  le?  plus  pauvres  et  les  plus 
isob-s  de  son  diocèse  avec  une  prédilection  toute 
spéciale,  el  ce«  pauvres  Ames,  qui  avaientà  peine 
connu  le  iiriin  d»  ses  prédécesseurs,  étaient  pro- 
fondément Ion.  I|.'>es  de  la  condescendance  avei- 
laquelle  il  sabai'-sail  vers  elles  pour  les  élever 
pisqu'à  Dieu. 

Cependant,  qn<'!lp  que  fût  l'ardeur  de  son 
zèle,  elle  ne  diminuait  rien  de»  ret'rels  (pii  le 
fai^-aient  soupirer  après  les  douceurs  de  la  vie 
relii'ieuse,auxque|lesrobéissanreétail  venue  l'.ir- 
ractier.  Il  essaya  encore  d'obtenir  de  Paul  IV  la 
permission  de  se  retirer.  Celui-ci,  voulant  cnlin 
lui  ("lier toute  espérance,  répondit: 

"  Je  vous  attacherai  au  (lied  une  chaîne  si 
>>r|p  qoe,  après  ma  mort  même,  vous  ne  pourrez 
:  '  I         ii.-er  ail  cloitre.  > 

Il       '   '  'ait  du  cardinalat,  auquel  il  fui  elTec- 

:  rom'i  le  i:i  m.ir"  LIST.  1,'émolion  qui 

«on  cii'ur  et  les  larmes  qui  coulaient 

iT    rcnipiVhi'renl  d'.idre-'^er   .m    P;ipf 


la  moindre  expression  de  remerciement,  de  sorte 
que  les  cardinaux  prirent  eux-mêmes  la  parole 
pour  rendre  uràces  au  Saint-Pére  d'avoir  associé 
;'i  leur  Ordre  un  sujet  si  diyne  d'en  rehausser 
l'é.lat. 

.Mais  Paul  IV  ne  conférait  les  dignités  que  pour 
imposer  de  nouveaux  devoirs.  (Jnelques  jour< 
après  sa  promotion,  le  nouveau  cardinal  fui 
nommé  inquisiteur  souverain  de  la  chrétienté 
et  investi  do  cette  charge  en  plein  Consistoire 
avec  les  cérémonies  les  plus  solennelles;  il  fut 
le  dernier  qui  porta  ce  titre  glorieux. 

Les  exigences  de  la  dignité  cardinalice  répu- 
gnaient naturellement  à  l'austère  vertu  du  lils 
de  saint  Dominique,  mais  il  sut,  sans  manquer 
,i  la  bienséance,  n'en  accepter  que  ce  qui  était 
absolument  indispensable. 

Son  palais  ressemblait  fort  à  un  couvent.  Il 
n'admettait  à  son  service  que  des  domestiques 
disposés  à  entrer  dans  celte  voie  de  recueil- 
lement; mais,  ces  conditions  une  fois  admises, 
il  les  traitait  avec  une  délicatesse  et  des  éyards 
inouïs.  Il  n'interrompait  jamais  leurs  repas  ou 
leur  sommeil  pour  les  appeler,  poussant  le  ména- 
gement jusqu'à  ouvrir  lui-même  la  porte  de  son 
antichambre.  Il  présidait  lui-même  leur  prière 
du  matin  et  du  soir,  et  si  l'un  d'entre  eux  venait 
à  tomber  malade,  il  le  faisait  soiLTier  djin*  une 
des  |p1us  belles  salles  du  palais  et  venait  plusieurs 
fois  par  jour  le  visiter. 

Les  rapports  avec  les  gens  du  dehors  n'étaient 
pas  moins  affables,  et  on  sentait  qu'il  ne  voyait 
dans  son  élévation  qu'un  moyen  défaire  du  bien 
suivant  la  belle  maxime  de  saint  .\ugustin  :  Plus 
prodesse  qiiam  prseefse. 

SAINT    PIE    V  P.KPE 

Après  la  mort  de  Paul  IV,  les  cardinaux  réunis 
en  conclave  songeaient  à  porter  leurs  voix  sur 
deux  des  leurs,  que  leur  science  et  la  mission 
importante  qu'ils  avaient  remplie  au  concile  de 
Trente  semblaient  désigner  tout  naturellement 
à  leurs  suffra.'es,  le  cardinal  Morone  el  le  car- 
dinal Sirkt.  Mais  l'Ksprit-Saint ,  qui  dirige 
rE:;lise,  l'ait  souvent  son  œuvre  de  telle  sorte 
que  les  fiassions  humaines,  dont  ses  chefs  ne 
sont  point  exemple,  ne  servent  qu'à  manifester 
dav.int,i;.'e  son  action  souveraine. 

Ni  Morone  ni  Sirlet  ne  furent  élus,  mais 
rhumble  (ihislieri,  que  les  dignités  semblaient 
[loursuivre  avec  autant  d'acharnement  qu'il  en 
niellait  à  les  repousser. 

Quel  ne  fut  pas  son  élonnemenl,  quand  il  vil 
les  cardinaux  entrer  dans  sa  cellule  pour  lui 
annoncer  >ion  élection!  l'ne  terreur  profonde 
s'empara  de  lui  et,  dans  sa  confusion,  il  ne  put 
balbutier  que  quelques  paroles,  où  il  protestait 
de  son  indignité.  J.es  cardinaux  se  virent  obligés, 
ni.iL'ré  l'intlexibilité  de  ses  refus,  à  l'arracher 
de  sa  cellule  avec  une  sorte  de  violence,  et  ils 
l'er.lralnérent  dans  leurs  br.is  jusqu'à  la  clia- 
jielle  ou  se  pratique  la  première  cérémonie  de 
l'adoration.  La  volonté  de  Ilieu  se  manifestait 
d'une  maiiière  trop  visible  pour  qu'il  persistât 
a  repousser  le  f.irdcau  qu'elle  venait  de  lui 
imposer.  Il  accepta,  non  «ans  verserd'abondanle'- 
larmes,  et  prit  le  nom  de  Pie  V.  Ceux  qui  avaient 
elé  lians  rinlimité  du  nouveau  [mpeconiiaissaieni 
-a  bonté  cl  les  ijualités  de  son  ru-lir  généreux; 
in.iis  le  peuple,  qui  ne  l'avait  connu  que  par  b^ 
.leles  d'autorité  de  sa  charee  d'inqui-'iteiir. 
redoutait  sa  si-vérité.  Comme  on  lui  eipriin.iil 
ces  appréhensions  de»  Romains  à  son  égnrd  : 
l''.iiHon«  l'ii  «orle.  se  i-nnteiit,-|.(-il  •]••  n-jwinilre. 


au'ils  soient  plus  al'llif-'és  de   ma  mort  qu'ils  ne 
1  auront  été  de  mon  avènement.   > 

•iA   SOLLICITUDE  POUI»  LES  IXTÉBÉTS    DE  L'tUiLISE 

Dès  le  dt^but,  il  s'empres?a  d'inaugurer  les 
salutaires  réformes  décrétées  par  le  concile  de 
Trente.  Il  semble,  en  effet,  que  Dieu,  en  relevant 
sur  la  chaire  de  saint  Pierre,  lui  ait  confié  la 
mission  de  faire  accepter  partout  et  mettre  lui- 
même  rigoureusement  en  pratii|ue  les  réformes 
de  cette  illustre  assemblée.  Ce  rôle,  du  reste, 
convenait  parfaitement  à  la  fermeté  de  son  carac- 
tère. 

Les  protestants  avaient  accusé  l'Eglise  d'avoir 
laissa  perdre  la  sève  divine  qui  avait  produit  de 
si  brillants  rejetons  dans  les  premiers  siècles  de 
son  institution  :  le  pontificat  de  saint  Pie  V  allait 
donner  un  éclatant  démenti  aux  invectives  des 
sectaires  impies.  En  effet,  aucun  genre  de  sain- 
teté ne  manque  à  ce  siècle,  d'ailleurs  si  triste. 

1^1  Coiunagiiie  de  Jésus  avait  à  sa  tétc  saint 
François  de  Korgia,  modèle  d'abnégatioij  et  de 
renoncement  aux  grandeur^  du  monde;  saint 
Stanislas  Koslka  et  ^aint  Louis  de  lionzague 
y  répandaient  les  parfums  de  leur  angélique 
pureté.  Saint  Philippe  de  Néri  et  saint  Jean  de 
Dieu  donnaient  à  l'Eglise  deux  nouvelles  familles, 
l'une,  remplie  du  nèle  de  la  doctrine,  l'autre, 
consacrée  plus  spécialement  au  soulagement  des 
membre»  souffrants  de  Jésus-Christ.  Saint  Jean 
l'Aumônier  revivait  sur  le  siète  de  Valence  dans 
saint  Thomas  de  Villeneuve.  Enfin,  sainte  Thérèse 
et  saint  Jean  de  la  Croix  venaient  monlièr 
à  un  siècle  affadi  que  l'Eglise  conservait  encore 
le  secret  d'enfanter  les  plus  austères  comme  les 
plus  héroïques  vertus. 

Tout  ce  mouvement  de  sainteté  partait  du 
Siège  .Vpostoli.|ue  comme  de  sa  source. 

Insensible  à  toute  pensée  d'ambition  pour  sa 
famille  selon  la  chair,  saint  Pie  V  semblait 
n'avoir  de  sollicitude  que  pour  cette  grande 
famille  siiirituelle  rjue  Dieu  lui  avait  confiée,  et 
dont  les  blessures  faisaient  rouler  ses  larmes.  Si 
ses  1  égards  se  portaient  ver-.  l'Orient,  il  n'y  voyait 
que  les  ruines  amoncelées  par  le  fanatisnie  des 
"Turcs,  qui  se  promellaieiit  bien  d^'assujélir 
l'Occident  à  leur  domination.  L'Europe'  ne  pré- 
sentiit  pas  un  specUcle  plus  consolant. 

Saint  Pie  V  se  montra  à  la  hauteur  des  cir- 
roDstonces  et  jamais  pontife  ne  multiplia  son 
action  avec  plus  de  vigilance  et  de  fermeté. 

VICTOIHE  DE  LOFANTE 

Nous  ne  pouvons  éniimérer  ici  tous  les  é\i-iie- 
raents  <|ui  illuslr-Tent  Ih  pontitiratde  saint  Pie  V. 

Il  nous  «iiflira  c|e  ii"-:  ••  '•  r  un  instant  Mir 
le  plus  cé|i  lire  de  ton  ne  de   l.épaiile 

.\ii  xvr  'i-    !■■    '■•-  ■'■  ■.  sultan-  lU 

Coiislantini'  willer  à  la 

faveur  des   >. ,  ..     .       i  x  eut   lEglise, 

<>t   leurs   armées  formidables    vinrent  attaquer 
la  chrétienté. 

Soliman   II    parut  avec-  une    '  .-e 

<U-^nui  nie  de  Malle    i:.i.<.' 
I  11'  >.iliers  de  Jénjsnb-m.   1 
(,|.j  <i..tenl  ce«  ■[u<-l')i|e.  |  i 
du  - 1  iiid-in 
le»    lr"i!i"     I 
al 


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a» 


1'  »* 

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que    lui 

11 

■"ll'llllle 

ut  -1  •  on 

Mie 

«   <lll   «li 

lit 

^.  nui  II 

-  1  II     •■■IIL 

'T 

!  envova  Mohamed,  ua 


renégat,  faire  la  conquête  de  Chypre  I  j'iii;.  Les 
habitants  de  ce  royaume,  attaqués  à  l'improviste, 
se  défendireiil  avec  vi;:ueur,  mais  ils  furent 
bientôt  à  bout  de  forces.  Enlin,  les  Turcs,  maîtres 
de  la  position,  y  exercèrent  de  terribles  refré- 
sailles. 

Ces  nouvelles  attristèrent  profondément  le 
cœur  de  Pic  V.  li  écrivit  aux  divers  prince- 
chrétiens  pour  les  pousser  à  une  alliance  géné- 
rale contre  l'ennemi  commun  de  la  chrétienté, 
mais  il  n'y  eut  guère  que  les  \éniliens  et  les 
Espagnols  qui  répondirent  à  son  appel.  Il  nomma 
généralissime  des  troupes  don  Juan  d'Autriche  et 
lui  prédit  la  victoire,  mais  en  lui  recommandant 
de  s'y  préparer  chrétiennement,  et  de  renvoyer 
de  son  armée  tous  les  gens  de  mauvaise  vie. 

Aussitôt,  un  jeiine  de  trois  jours  fut  indiqué  : 
toute  l'armée  se  confessa,  communia  et  reçut  les 
indulgences  du  Vicaire  de  Jésus-»~.hrisl.  Kniin. 
s'élant  embarqués  à  .Messine,  le  Iti  septembre 
1571,  ils  arrivérrnt  le  samedi  7  octobre,  à  une 
heure  et  demie  après  midi ,  dans  le  golfe  d'- 
Lépaiile,  à  la  vue  des  Turcs,  ilis|>nsésau  combat. 
La  Hotte  des  chrétiens  ne  comptait  que  <leux 
cent  neuf  vaisseaux  de  guerre,  les  Turcs  en 
avaient  trois  cents. 

Les  deux  armées  restèrent  quelque  temps  ù  se 
considérer  l'une  l'autre  avec  une  admiration  réri- 
proque.  Enlin,  l'amiral  turc  en;.'agea  la  bat  i  H 
par  un  coup  de  canon,  et  le  lombat  conini'  i 
de  part  et  d'autre  avec   un    é^al  acharnem 
Les  Turcs  joignaient   à   l'avaiitaL'e    du   mi 
celui  de  la  situation.  Cependant,  en  un  in-'      ' 
tout  sembla  se  tourner  contre  eux.  Plusieiii-    i 
leurs  chefs  succombèrent  dans  la  mêlée    L'oin;  ..' 
ayant   été   bles-é  d'un  boulet  tomba  aux  in 
de?  soldats  espa:;iiols,  >iui  lui  coupèrent  l.i 
et  la  mirent  au  bout  d  une  lance.   Des  lo' 
désordre   le   plus  complet  se  mit  dans  l'aïu.^ 
musulmane  qui  essuya  une  défaite  dont  elle  ne 
s'est  jamais  relevée. 

Cette  victoire  si  extraordinaire  était  dui    , 
aux    prières  de  saint    Pie    V  ipraux   effort-    i' 
l'armée  chrétienne. 

Le  même  jour,  vers  les  cinq  heure»  d>i  soir. 
pendant  que    la  confrérie  du  11  ' 

prières,  le   saint   pape   pié»idait  . 
cardinaux  relative  aux  affaires  de  1  l,_h-.t.   l.iul 
d  un  coup,  il  se  le\e.  ronrl  à  la  fenêtre  de  «on 
a|ipartement,    el,   apr.»   être  demeuré    quelqu«- 
temps  comme  en  cond'inplation  : 

•■  Ijiisson-  la  nos  affaires,  dit-il  «UX  pr  Int' 
d'un  ton  vi-ib1iiiieiii  ému,  cl  courons  !•  ■  !•■ 
grâces  à  Dieu  de  la  victoire  qu'il  vient  d'accoi,t<i 
i  noire  armée  !  . 

C'était,  en  effet,  !■  n" —""i  -réri»  où  la  Croix 
triomphait  dans  le 

(Vesl  en  acii 

tante  qu'il  in-' 
au  premier  du 
dans  lei  litanies  d' 
tion  :    Atiiilium 
Seraui-*  dft  rhi 

Mais  le   sani 
moment  ou  il  si    , 
loirc  remporter  -u. 
la  pierre,  le  I"  ni»4  Ij'.i.  a^e  J* 
ans. 

Sa  mort  fui         '       '      '•'  ' 
Son  corps  rr  | 

Majeure  et  le»  nu'  o-  j-  m-  »•    ■• 
contempler  se*  Irait». 


nI.  t. 


«on  <rii»rp    A>i 


•o|\  |||Ir-l|l|iI 


I     l'tTiiuaiii,  .s,  iti' 


SAINT   JEAN   DAMASCÈNE 


Fit€  le  i  mai. 


_  Au  septième  siècle,  un  empereur  hérétique,  Léon 
ri'aurien  de  Conslantinople,  faisait  briser  les 
•tintes  images,  et  soumettait  à  d'alTreuz  supplice» 
ceux  qui  Toulaient,  avec  l'Eglise,  continuer  à  leur 
rendre  un  ruite.  Cette  persécution  des  iconoclastes 
(briseurs  d'images)  était  nécessaire  pour  montrer 
quel  prix  nous  devons  attacher  au  cuite  des  saintes 
images,  culte  conquis  par  le  sang  de  tant  de  mar- 
tyrs. A  cette  même  époque,  l'empire  de  Mahomet 
grandissant  s'efforçait  d'arracher  la  foi  du  cœur  des 
chrétiens. 

C'est  alors  qu'il  plut  i  Dieu  de  susciter  un  pais- 
sant docteur  au  milieu  de  l'islamisme  qui,  protégé 
par  le  cimeterre  des  infidèles,  combattrait  par  set 
écrits  l'hérétique  couronné,  chef  des  iconoclastes. 
Ce  docteur,  c'était  le  petit  Jean,  né  k  Damas. 

tjiruncM  rr  ioucATion  nikTiiLLiusu 

Le  famille  de  Jean  était  nobU  et  chrétienne  «t 
le  triomphe  des  mabora(:tans,  qui  s'étaient  emparés 
du  pays,  n'altérèrent  pmnt  sa  foi.  Les  nobles  qua- 
lité» et  l'intelliperice  de  Serse-Mansour,  père  de 
Jean,  le  firent  remarquer  par  le  Calife  Abdel-Maick, 
bomme  t«mble  mais  sace  ;  il  l'appela  auprès  de 
loi.    comme    autrefois    Nabucbodonosor     fit    pour 


Daniel,  et  il  l'établit  questeur  général  de  l'empire. 

A  la  cour  de  cet  infidèle,  Serge-Mansour  demeura 
un  fervent  chrétien  ;  il  dépensait  en  œuvres  de 
charité  les  immenses  revenus  de  ses  terres  en 
Palestine,  et  surtout,  il  profilait  de  sa  situation  pour 
racheter  les  captifs. 

Un  jour,  à  Damas,  il  vil  au  sortir  du  palais  une 
troupe  de  ces  malheureux  esclaves  que  la  barbarie 
musulmane  réservait  à  la  mort,  et  tous  se  proster- 
naient devant  l'un  de  leurs  compagnons  pourobtenir 
de  lui  une  dernière  bénédiction. 

Les  musulmans  étonnés  demandèrenti  cet  homme 
de  quelle  autorité  il  était  revêtu  parmi  les  chrétiens? 

—  Aucune,  dit-il,  je  n'ai  ni  l'iionncur  du  sacer- 
doce, ni  d'aucune  dignité,  je  suis  un  moine  inutile; 
ma  vie  s'est  écoulée  dans  l'étude  de  la  philosophie 
chrétienne  et  profane. 

Et  k  ces  mots,  ses  yeux  se  remplirent  de  larmes. 
Le  père  de  Jean  voulant  consoler   ce   chrétien  : 

—  Homme  de  Dieu,  lui  dit-il,  pourquoi  pleurer 
la  peite  d'un  monde  auquel  vous  avei  renoncé  ?; 

—  Ce  n'est  pas  cette  vie  que  je  rep-ette,  puisqut, 
vous  l'tvei  dit,  je  suis  mort  au  monde  ;  ce  qui 
m'afflige,  c'est  d'avoir  inutilement  dépensé  tant 
d'efforts  pour  acquérir  la  sa>;esse.  J'ai  en  effet  par- 
couru en  entier  le  champ  4e  la  science  ;  je  me  suM 


Qu'ils  soient  plus  aflli^'és  de  ma  iiiori  qu'ils  ne 
1  auront  été  de  mon  avènement.   •> 

SA   SOLLICITODE  POUR  LES  INTÉRÊTS    DE  L'fÙJLlî-E 

Dès  le  début,  il  s'empressa  d'inaugurer  les 
salutaires  réformes  décrétées  par  le  concile  de 
Trente.  Il  semble,  en  eiïet,  que  Dieu,  en  l'élevant 
sur  la  chaire  de  saint  Pit-ire,  lui  ait  confié  la 
mission  de  faire  accepter  partout  et  mettre  lui- 
même  rigoureusement  en  pratique  les  réformes 
de  cette  illustre  assemblée.  Ce  r«Me,  du  reste, 
convenait  parfaitement  à  la  fermeté  de  son  carac- 
tère . 

Les  protestants  avaient  accusé  l'Eglise  d'avoir 
laissa-  perdre  la  sève  divine  qui  avait  produit  de 
si  brillants  rejetons  dans  les  premiers  siècles  de 
son  institution  :  le  pontificat  de  saint  Pie  V  allait 
donner  un  éclatant  démenti  aux  invectives  des 
sectaires  impies.  En  effet,  aucun  genre  de  sain- 
teté ne  manque  à  ce  siècle,  d'ailleurs  si  triste. 

l,a  Coiiiuagnie  de  Jésus  avait  à  sa  tète  saint 
François  de  Horgia,  modèle  d'abnégatiou  et  de 
reii'iiicement  aux  grandeurs  du  monde;  saint 
Stanislas  Kostka  et  -saint  Louis  de  lioniague 
y  répandaient  les  parfums  de  leur  ani;èiique 
pureté.  Saint  Philippe  de  Néri  et  saint  Jean  de 
Dieu  donnaient  à  l'Eglise  deux  nouvelles  familles, 
l'une,  remplie  du  lèle  de  la  doctrine,  l'autre, 
consacrée  plus  spécialement  au  soulagement  des 
membres  souffrajits  de  Jésus-Clirist.  Saint  Jean 
l'AuinAnier  revivait  sur  le  sièu'e  de  V.-ilence  dans 
saint  Thomas  de  \  illeuiMsve.  Enfin, sainte  Thérèse 
et  saint  Jean  de  la  l'.roix  venaient  montiér 
à  un  siècle  affadi  que  rE;,'li5e  conservait  encore 
le  81'cret  d'enfanter  les  plus  austères  comme  le» 
plus  héroïques  vertus. 

Tout  ce  minivemi'nt  de  sainteté  partait  du 
Siège  .\postolique  comme  île  sa  source. 

Insensible  a  toute  pensée  d'ambitinn  pour  sa 
famille  selon  la  chair,  saint  Pie  V  semblait 
n'avoir  de  sollii-ilude  que  pour  cette  grande 
famille  si,iritui-lle  que  Dieu  lui  avait  confiée,  cl 
dont  les  blessure-,  faisaient  couler  ses  larmes.  Si 
ses  regards  se  pnrlaienl  vers  l'Orient,  il  n'y  voyait 

?ue  les  ruines  amoncelées  par  le  fanatisme  des 
urcs,  (|ui  se  promettaient  bien  (Passujèlir 
l'Occident  i  leur  domination.  L'Europe'  ne  pré- 
sentait pas  un  specUcle  plus  consolant. 

Saint  Pie  V  se  montra  à  la  hauteur  des  cir- 
nonslancc»  cl  jamais  pontife  ne  multiplia  son 
action  avec  plus  de  vigilance  et  de  fermeté. 

VICTOIRE  OF.  LÂPAMTE 

■^iiiis  ne  pouvons  éiniinérer  ici  tous  b-s  rwn»-- 
iiifiit-,  qui  illiislrerenl  b-  pontificat  de  saint  Pie  V. 

Il  nous  «nflira  cie  nous  arri''ter  un  iii«laiit  *Jir 
le  plus  léb  bre  de  tous  :  la  victoire  de  l.épaiite. 

.\ii  ivi'  sircle,  les  espéranc<-s  de»  sultans  .b' 
Conslanlinopb-  avai<-iit  semblé  se  révnller  h  la 
faveur  des  dissensions  qui  désolaient  l'E^ilise, 
et  b'urs  années  formidables  tinrent  attaquer 
la  chrétienté. 

Sidiman  II  parut  avec  une  llolle  nombreuse 
devant  l'Ile  de  Malle  i:.i.t.\  refinje  >i>„  ancien* 
<  li'vaher»  de  J*nisab'm.  Iji  i.siiiaiiie  que  lui 
(.|.|  .i«.'ipni  ce»  quelque-»  brav».  snu»  la  conduite 
•lu  .1  iiid-iiiiitre  Livalelle,  fut  «i  i  our«i:eii«e  que 
|r«  <r---j-  iiiill.-  luii-'iir"»  <lii  sultan  durent 
al  'cjaianl»-  * 

M  l.llll  poui 

Tur.  -  1.  ■  ,1-   1  -'Il  venuer.  .•»■  uni  II 

avait  «li  m.  Ilenvoya  Mohamed,  uo 


ri'iiégat,  faire  la  conquête  de  (Chypre  Ij'ÎOl.  Les 
habitants  de  ce  royaume,  attaqués  à  l'improvisle, 
se  défendirent  avec  vigueur,  mais  ils  furent 
bientôt  à  bout  de  forces.  Enfin,  les  Turcs,  maîtres 
de  la  position,  y  exercèrent  de  terribles  repré- 
sailles. 

Ces  nouvelles  attristèrent  profondément  le 
cœur  de  Pie  V.  li  écrivit  aux  divers  princes 
chrétiens  pour  les  pousser  à  une  alliance  géné- 
rale contre  l'ennemi  commun  de  la  chrétienté, 
mais  il  n'y  eut  guère  que  les  Vénitiens  et  les 
Espagnols  qui  répondirent  à  son  appel.  Il  nomma 
généralissime  des  troupes  don  Juan  d'.\utriche  et 
lui  prédit  la  victoire,  mais  en  lui  recommandant 
de  .s'y  préparer  chrétiennement,  et  de  renvoyer 
de  son  armée  tous  les  gens  de  mauvaise  vie. 

.\ussitiM,  un  jeune  de  trois  jours  fut  indiqué  : 
toute  l'armée  se  confessa,  communia  et  recul  les 
induL'ences  du  Vicaire  de  Jésus-Christ.  Eiiliii, 
s'étant  embarqués  à  -Messine,  le  U>  septembre 
1571,  ils  arrivèrent  le  .samedi  7  octobre,  h  une 
heure  et  demie  après  midi,  dans  le  golfe  de 
Lépaiite,  à  la  vue  des  Turcs,  disposés  au  combat. 
La  Hotte  des  chrétiens  ne  comptait  que  <leux 
cent  neuf  vaisseaux  de  guerre,  les  Turcs  en 
avaient  trois  cents. 

Les  deux  années  restèrent  quelque  temps  ù  se 
considérer  l'une  l'autre  avec  une  admiration  réci- 
proque. Enfin,  l'amiral  tur<-  en:-'agea  la  bataille 
par  un  coup  de  caiinn,  et  le  i-ombal  commença 
de  part  et  d'autre  avec  un  é^j.il  acharnement. 
Les  Turcs  joignaient  à  ravantaue  du  nombre 
celui  de  la  situation.  Cependant,  en  un  iiisi mi. 
tout  sembla  se  tourner  contri-  eux.  Plusieui-  i- 
leurs  chefs  succombèrent  dans  la  m-'dée  L'ain  •..! 
ayant  été  blessé  d'un  boulet  tomba  aux  lu  : 
des  soldats  espagnols,  iiiii  lui  coupèrent  la  I-  li 
et  la  mirent  au  bout  d  une  lance.  Dés  lors,  le 
désordre  le  plus  complet  se  mit  dans  l'armée 
musulmane  i|ui  essuya  une  défaite  dont  elle  ne 
s'est  jamais  relevée. 

Cette  vicloirc  si  extraordinaire  était  dm-  i  '  .> 
aux  prières  de  saint  Pie  V  ({u'aux  effort-  !■ 
l'armée  chrétienne. 

Le  même  jour,  vers  les  cinq  heure»  du  «oir, 
pendant  que  la  confrérie  du  Hosaire  était  i-ii 
prières,  le  saint  pape  présidait  uiir  réunion  de 
cardinaux  relative  aux  affaires  de  I  Enlise.  Tout 
d  un  coup,  il  se  b-«i'.  court  à  la  fenêtre  de  «on 
appartement,  i-l,  api. s  être  demeuré  quelijtte 
temps  coinm<'  rn  ronli-mplation  : 

.■  l-iissons  la  ii<>.  affair.s,  dit-il  aux  pr  lit» 
d'un  Ion  usibliiiieni  ému,  et  courons  r-'i-' 
urâces  à  Dieu  de  la  victoire  qu'il  vient  d'acci.l.  r 
à  notre  arniéi'!  . 

C'était,  rn  effet,  le  moment  précis  où  U  Croix 
triomphait  dans  le  «olfe  de  Lépante. 

("csl  iii  ai'tions  de  grâce*  de  cette  TÎrtoire  é.  I., 
tante  c|u  il  institua  la  f>'te  du  Saint-Uo- 


au  premier  dimanli 
dans  les  litanies  d 
lion  :   Aiixilium     ■ 
SfriiUi^  d<t  rhTft\fh 
Mais  le  saint  p' 


.r.i.-tôbrn.   et 


fini  «on  «fuvrr. 


Au 


moment  ou  il  se  pu  l'.n. ni  A  profiler 
toirc  remportée  sur  le*  inlldelri.  il    ■ 
la  pierre,  le  I"  nui   i:.71,  â^é  de  soi\  ini.-i,i,,i 
an*. 
Sa  mort  fut  un   !      .......     i      >  -  .       . 

"Non  corps  repo«r 

Majeure  ft  le»  fid>l.  -  j- ,..■  ..■    .•    i ■■"■ 

'  oiitempler  ses  Irait». 


I        l'tllIUUAI, 


I  r 


SAINT    JEAN   DAMASCÈNE 


Fit*  le  S  mai. 


]m^_  ,r.rr^.-.-. ! ^,\ 

f" 


I 

Au  septième  siècle,  un  empereur  hérétique,  Léon 
ri«aurien  de  Conslarilinople,  faisait  briser  les 
•tintes  image5,  et  soumettait  à  d'affreux  supplices 
ceux  qui  Toulaient,  avec  l'Eglise,  continuer  à  leur 
rendre  un  cuite.  Cette  persécution  des  iconoclastes 
(briseurs  d'images)  était  nécessaire  pour  montrer 
quel  prix  nous  devons  attacher  au  culte  des  saintes 
images,  culte  conquis  par  le  sang  de  tant  de  mar- 
tyrs. A  celte  même  époque,  l'empire  de  Mahomet 
grandissant  s'efTorçait  d'arracher  la  foi  du  cœur  des 
chrétiens. 

C'est  alors  qu'il  plut  i  Dieu  de  susciter  un  puis- 
sant docteur  au  milieu  de  l'islamisme  qui,  protégé 
par  le  cimeterre  des  infidèles,  combattrait  par  set 
écrits  l'hérétique  couronné,  chef  des  iconoclastes. 
Ce  docteur,  c'était  le  petit  Jean,  né  i  Damas. 


CNFàNCI    IT  IDUCATION  miTIILLIUSIS 

Le  famille  de  Jean  était  noble  et  chrétienne  «t 
le  triomphe  des  mahora<^tans,  qui  s'étaient  emparés 
du  pays,  n'altérèrent  point  sa  foi.  Les  nobles  qua- 
lités et  l'intelligence  de  Scrsc-Mansour,  père  de 
lean,  le  firent  remarquer  par  le  Calife  Abdel-Ualek, 
homme  t«mble  mais  sape  ;  il  l'appela  auprès  de 
lai.    comme    autrefois    Nabuchodonosor     flt    pour 


Daniel,  et  il  l'établit  questeur  général  de  l'empire. 

A  la  cour  de  cet  infidèle,  Serge-Mansour  demeura 
un  fervent  chrétien;  il  dépensait  en  œuvres  da 
charité  les  immenses  revenus  de  ses  terres  en 
Palestine,  et  surtout,  il  profitait  de  sa  situation  pour 
racheter  les  captifs. 

Un  jour,  à  Damas,  il  vit  au  sortir  du  palais  une 
troupe  de  ces  malheureux  esclaves  que  la  barbarie 
musulmane  réservait  à  la  mort,  et  tous  se  proster- 
naient devant  l'un  de  leurs  compagnons  pourohtenir 
de  lui  une  dernière  bénédiction. 

Les  musulmans  étonnés  demandèrenti  cet  homme 
de  quelle  autorité  il  était  revêtu  parmi  les  rhrétiensT 

—  Aucune,  dit-il,  je  n'ai  ni  l'honneur  du  sacer- 
doce, ni  d'aucune  dignité,  je  suis  un  moine  inutile; 
ma  vie  s'est  écoulée  dans  l'étude  de  la  philosophie 
chrétienne  et  profane. 

Et  à  ces  mots,  ses  yeux  se  remplirent  de  larmes. 
Le   pérc  de  Jean  voulant  consoler   ce   chrétien  .■ 

—  Homme  de  Dieu,  lui  dit-il,  pourquoi  pleurer 
la  perte  d'un  monde  auquel  vous  avez  renoncer 

—  Ce  n'est  pas  cette  vie  que  je  regrette,  puisque, 
vous  l'tvei  dit,  je  suis  mort  au  monde  ;  ce  qui 
m'afQige,  c'est  d'avoir  inutilement  dépensé  tant 
d'efforii  pour  acquérir  la  sagesse.  J'ai  en  effet  par- 
couru en  entier  le  champ  é»  U  science  ;  je  me  sum 


tierce  dans  la  rhétorique  et  l'art  de  bien  dire  ;  j» 
connais  les  rèples  de  la  dialectique  et  ds  l«  démoni- 
tralion,  Tai'  analysé  la  morale  d'Aiislote  et  de 
Platon  ;  j'ai  pénéir»,  autant  qu'il  est  possible  à 
l'homme,  les  stcrets  de  la  nature,  j'ai  approfondi 
les  lois  de  l'arithmétique  et  de  la  géométrie,  les 
proportions  de  la  musique, et  fout  cclaaûn  de  mieux 
connaître  par  la  beauté  des  œuvres  l'excclleuce  et 
la  bori'j^^  du  Créateur.  Mais  il  ne  m'a  pas  été  donné 
de  cni.iiiiuniciuer  à  un  antre  ce  q^ue  j'ai  si  laborieu- 
sement acquis,  je  vais  mourir  sans  avoir  pu 
engendrer  dans  la  sapos^e  un  Dis  semblable  &  moi, 
«ans  avoir  fait  fructilier  à  l'exemple  du  serviteur 
fidèle,  les  talenl-s  que  mon  maître  m'a  confiés.  Ce 
tr.'snr  acqui!)  pour  les  autres  va  être  perdu.  Voilà 
la  cau^e  de  mes  larmes. 

Ces  parole-,  dites  avec  tant  de  conviction,  firent 
tressaillir  d'alléfiresse  le  questeur  de  l'Empire,  il 
découvrait  llioinme  qu'il  désirait  davantape  ren- 
contrer au  milieu  des  trnébres  du  mahomôlisme.  Il 
court  se  j^l^r  aux  pieds  du  (2alife,  obtient  la  grâce 
et  la  lil"rt'-  du  condamné,  puis  revenant  vers  lui  : 

—  (;.'ii-.olei-vous,  lui  dil-il  en  le  comblant  de 
préven.inre»,  désormais  vous  screi  libre  à  Damas 
dans  [lia  maison,  vous  serei  mon  ami  et  mon  rom- 
pa-iioii,  vous  partagerez  les  joies  et  les  douleur» 
de  ma  vie.  Je  ne  vous  demande  qu'une  chose. 

—  Parlei,  maître,  que  j'obéisse. 

—  C'est  de  communiauer  les  trésor»  de  votre 
science  à  Jean,  mon  (ils,  selon  la  nature,  et  à 
Cosme,  un  orphelin  recueilli  k  Jérusalem,  et  dont 
j'ai  fait  mon  lils  ad'<ptif. 

Ce  nom  de  Cosme  était  précisément  celui  du 
moine,  et  il  accueillit  avec  Donbeur  une  mission 
qui  était  l'anibilion  de  toute  sa  vie,  et  sa  joie  fut 
plus  grande  encore  quand  il  connut  la  valeur  de» 
disriples  (jui  lui  étaient  confiés. 
»  'ean.  par  rudmirrfble  Tivacité  de  son  intelligence, 
avait  les  i^lan»  de  l'aiule  ;  0)sme  était  semblable  à 
ces  navires  pesants  qui  arrivent  sûrement  au  port 
mais  avec  le  se>-ours  de  toutes  leurs  voiles  et  d'un 
vent  favorable  Tous  les  deux,  l'un  parla  prompti- 
tude, l'autre  par  un  travail  opiniâtre,  parcoururent 


,,;  '    Ir   rrrrU  de»  i  ludcj  Je   Is  ►;!  jiniuAire, 

i,  ,  'I  |iir,  du  rai<onDemeot  et  de  la  morale; 

,iir    11    parfaite    ronnaits.ince    de     la 

qu  <<a    le»    surnommait    les    nouveaux 

kuclide» 

Kl  ce  <)iii  rti  plu»  admirable,  ajoute  le  cbronl- 

3ueur.  uiir  ><'i«'ne«  «i  profnode  D'enflail  pat  l'etpril 
e«  ilem    ,|..i|.U«:   mil"  romm»  r«rhre  «'«hais»» 


d'autant  plus  qu'il  est  plus  chargé  de  fruits,  ainsi 
l'humilité  de  ces  deux  intelligences  croissait  en 
proportion  de  leurs  connaissances,  parce  qu'elles  les 
considéraient  comme  un  degré  pour  arriver  à  la 
vraie  science  de  la  théologie  sacrée.  Un  jour  le 
moine  dit  à  Serge  : 

—  Vos  vœux  sont  accomplis,  la  sagesse  de  votre 
enfant  surpasse  la  mienne  ;  Dieucoraplùlera  l'œuvre. 
Je  v.ius  demande  Je  me  retirer  au  désert  aûn  de 
vaquer  à  la  céleste  contemplation. 

Serge  fil  la  plus  grande  résistance,  mais  il  dut 
céder  aux  vœux  ardeuls  du  saint  moine,  (jui  se 
retira  en  Palestine  dans  la  laure  de  Saint-babas, 
d'où  son  4me  bienheureuse  émigra  vers  le  ciel. 

SAINT  ilAN  DAVASCiNB  GBAND  VIZIK 

Le  titre  de  ce  chapitre  choquera  sans  doute  plu- 
sieurs qui  ignorent  que  les  grands  viiirs  eux-mêmes, 
comme  les  avocats  et  toutes  les  professions,  ont  un 
patron  au  ciel.  Dieu  a  toujours  réservé  exlraordi- 
n.Airement  quelques  âmes  au  milieu  de  la  genlilité 
pour  servir  de  llambeaux. 

Peu  de  temps  après  la  retraite  de  ce  moine,  qui 
avait  été  préparé  par  les  anges  à  la  mission  qu'il 
venait  d'aicomplir,  le  père  de  noire  Sainl  mourut. 

Le  renom  de  la  sagesse  du  fils  était  venu  maintes 
fois  aux  oreilles  du  calife.  Il  le  fit  appeler  et 
malgré  sa  résistance,  qui  accroissait  d'ailleurs  son 
désir  de  se  l'attacher,  il  le  fil  son  grand  viiir. 

A  ce  moment,  l'empereur  grec  Léon  l'Isaunen 
désolait  l'Eglise  par  ses  fureurs  contre  le  culte  des 
imaijes,  et  les  fidèles  étaient  grandement  troublés. 

Jean  sentit  comme  un  souflle  précurseur  des 
grandes  choses  de  Dieu  passer  en  son  âme  et, 
rempli  d'un  sainl  lele,  il  écrivit  Uois  lettre»  eu  il 
d'monlrail  admirablement  la  néceasité  du  culle  des 
images. 

«  Ce  qu'est  un  livre  â  ceux  oui  savent  lire,disail- 

il,  limage  l'est  à  ceux  qui  ne  le  savent  pis;  ce  que 

la  parole  est  pour  l'ouïe,  l'image  l'est  pour  la  vue. 

Les  saintes  images  sont  un   mémorial  des  œuvres 

!    divines  «  Puis  il  démontrait  la  conformité  de  ce  culte 


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.  lui     ll 
Jr»  Coi. 

I     Si  un  UiK' 

iIp  autre  que 

jiiilliiinr    Pli' 


il  suppliait  ses  amis  fie  donner  à  ses  lettres  la  plus 
grande  diffusion  possible.  Les  lettres  du  grand  vizir 
chrétien  Jean  produisirent  une  sensation  immense; 
des  traductions  latines  en  furent  faites  et  distribuées 
dans  tout  POccident;  et  le  monde  chrétien  entier 
admira  l'éloquence  du  nouveau  docteur.       •> 

Ce  succès  eicita  la  rau'ede  l'Isaurien;  ne  pouvant 
atteindre  le  Saint,  il  eut  recours  pour  se  venger  de 
lai  à  une  trahison  infâme,  dont  Dieu  voulait  se 
servir  pour  élever  son  serviteur  à  une  grande  gloire 

LA  VAIN    COUPÉB 

Voici  le  stratauèrae  grec.  Des  agents  hypocrites, 
sous  prételle  de  piété,  se  procurèrent  un  autographe 
du  Saint  et,  une  fois  en  possession  de  cette  écriture, 
un  habile  faussaire  se  chargea  de  simuler  une  fausse 
lettre  de  Jean  à  l'Empereur,  conçue  en  ces  termes  : 

«  A  l'empereur  de  Cnnslanlinople,  salut.  Je  me 
félicite,  sei^'neur,  de  vivre  d^ns  la  même  foi  que 
votre  Celsitude;  connaissant  votre  sagesse  et  votre 
prudence, je  vous  donne  l'avis  suivant:  notre  cité  est 
mai  cardée,  le  nombre  des  Sarrasins  qui  en  forment 
la  garnison  est  très  restreint;  c'est  pourquoi  je  vous 
supplie  au  nom  du  Sei^'neur  d'avoir  pitié  de  tant  de 
raalneureui  chrétiens,  et  d'envoyer  des  troupes  s'em- 
parer de  la  Tille.  Je  vous  serai  en  cette  circonstance 
d'un  grand  secours,  car  mon  autorité  est  toute- 
puissante  en  ce  pays.  « 

Un  ambassadeur  apporta  cette  fausse  lettre  au 
Calife  avec  une  autre  dans  laquelle  l'Isaurien  disait  : 

«  Je  n'ai  rien  de  plus  à  ctpurque  d'entretenir  avec 
vous  des  relations  amicales;  je  ne  cesserai  de  vous 
être  fidèle, maL'ré  le»  pressantes  sollicitations  d'un 
chrétien  de  votre  cour  cjui  rne  supplie  de  violer  mes 
promesses.  Je  vous  envoie  l'une  de  ses  lettre»,  afin 
que  vous  ne  puis»iei  douter  de  ma  sincérité,  en  vous 
rendant  un  compte  exact  d*  sa  méchanceté.  » 

Le  Calife,  outré  de  colère,  fit  appeler  son  crand 
viiir,  lui  montra  les  deux  lettres,  l'accabla  de 
reproches,  puis  sans  lui  laisser  dire  un  mot  de 
défense,  lui  Gt  couper  la  main  droite,  que  l'on 
exposa  sur  la  place  publique. 

Jean  subit  sans   murmure  cet  horrible  supplice. 

Vers  le  soir,  persuadé  que  la  coli-re  du  Calife  serait 
apaisée, car  il  savait  les  éclats  de  ses  emportements, 
il  envoya  le  supplier  de  lui  rendre  sa  main  pour 
l'enterrer. 

Le  prince  se  laissa  fléchir,  fit  remettre  la  main 
eou|iéc,  mais  aussitôt  que  notre  Saint  l'eut  reçue, 
au  lieu  de  l'enterrer,  il  se  retira  dans  son  oratoire, 
et  se  prn-ternant  devant  uue  image  de  la  Très 
Sainte  Vierge  : 

«  Très  5aiDle  Mère  de  mon  Dieu,  ma  maia  droits 
a  ét<^  coupée,  vous  n'en  ignorez  pas  la  cause. 
GlorieuAe  Vierge,  la  Droite  du  Très  Haut  incarnée 
en  vous  a  fait  par  votre  intercession  d'innombrables 
merveilles;  que  par  vos  prières  eBe  me  rende  cette 
main,  et  désormais  je  ne  l'emploierai  qu'à  écrire 
vos  louanges  et  celles  de  votre  divin  Fils.  » 

Pui*  il  s'endormit;  la  Très  Sainte  Vierge  lui  appa- 
rut alors  et  lui  dit:  •  Vous  êtes  maintenant  guéri  ; 
n'oubliez  pas  votre  promesse.  » 

Notre  Saint  à  «on  réveil  se  souvint  de  son  rêve  et 
vit  sa  main  parf.iiteinenl  réunie  à  son  bras;  une 
liune  rou^e  entourait  seule  le  poignet,  comme  témoi- 
gnage perpétuel  du  miracle 

La  reconnaissance  de  Joan  éclata  dans  an  joyeux 
cantique,  que  toutes  les  manons  d'alentour  enten- 
dirent. La  nouvelle  du  miracle  répandue  dans  toute 
la  ville  parvint  aux  oreilles  du  Calife,  il  crut  d'abord 
à  une  supercherie,  car  lui  ne  connaissait  pas  la 
puissance  de  Marie,  il  le  Ht  appeler;  et  après  avoir 
examiné  la  ligne  rouge  qui  entourait  le  poignet  : 


—  Quel  médecin  t'a  guéri? 

—  La  Mère  de  mon  Dieu,  répondit  Jean. 

Le  Culife,  obligé  de  reconnaître  un  prodice  aassl 
éclannt,  demanda  pardon  au  Saint  de  l'avoir  con- 
dnni'i  •    sans    l'entendre,   et    lui   rendit    toutes   set 


charges;  mais  le  bienheureux  se  jeta  à  ses  pieds  et 
après  de  longues  instances  obtint  de  se  livrer  uni- 
quement au  service  de  Dieu. 

SALTr  JEAN  DAHASCiNI  AD  DCSEBT 

Notre  Saint,  délivré  des  attaches  du  monde, 
afTraii'hilses  esclaves,  vendit  ses  biens,  en  distribua 
le  prix  aux  pauvres,  aux  églises  et  à  ses  parent.-^,  cl, 
acciiiiipiiJiiè  de  Cosme  son  frère  adoptif,  il  se  retira 
eu  l'.ile>iiiie,  dans  la  laure  de  Sainl-Sabas.  L'abbé 
au<|iiel  il  s'adressa  appela  un  vieillard  et  voulut  lui 
coiiliT  la  formation  de  Jeau.  Mais  le  moine  refusa, 
se  reconnaissant  incapable  de  conduire  un  hom  me 
dont  la  sii;;esse  faisait  l'admiration  du  monde.  .La 
m-'iiiH  demande  fut  faite  successivement  à  c'nq 
moiiio  vHuérables,  mais  san;;  plus  ùe  succès. 

L'.ïlibé  lr"uva  euûn  un  vieillard  simple,  illettré, 
mais  de  grande  vertu,  qui  accepta  la  tâche;  ce  soli- 
taire •'miiieua  notre  Saint  dans  sa  cellule,  et  lui 
donna  la  i«;;le  suivante  : 

li  Ne  faites  jamais  votre  propre  volonté,  exercex- 
vou»  à  mourir  à  vous-même  en  toutes  choses;  — 
offrez  à  liu^u  vos  actions  et  vos  peines, ne  vous  enor- 
(.■ueillisseï  pas  de  votre  savoir  et  de  vos  avantage», 
mais  coii^iiltrez  votre  ignorance  et  votre  faiblesse  ; 
prfUfi  conseil  dans  les  choses  difficiles  —  (;ardex 
toujours  le  silence  —  a'écrivet  pas  de  lettres  sans 
la  p^riiii'sion  de  vos  supérieurs  —  ne  contrediseï 
per»ciiiiie.  • 

A  I  aide  de  ces  conseils, Jean  fit  de  grands  progrès 
dans  la  voie  de  la  perfection,  son  directeur  met- 
tait du  reste  sans  cesse  son  humilité  et  son  obéis- 
sance à  l'épreuve. 

Il  l'i-iivoya  un  jour  à  Damas  vendre  de»  corbeille», 
et  il  Un  (l»a  un  prix  exorbitant,  avec  absolue  d'-feiise 
de  Ih-i  ilniiiier  au-dessous.  Noire  Saint,  sous  un  habil 
mis''ralile,  le  visage  pâle  et  défait,  parcourut  cetl»- 
villr  d'iiil  il  avait  été  fiouvemeur  :   mais  connue  If 

firix  de  «es  corbeilles  était  très  élevé,  il  ne  reiueillii 
iiM>.leiu|i»  et  partout  que  moquerie»  et  injures.  L't 
de  se»  ancien»  serviteurs  le  reconnut  enlin.  'pI',  pri- 
de  compassion,  il  lui  acheta  toutes  se»  corbeilles, 
notre  Saint,  victorieux  de  Tépreuve,  retourna  à  soi 
désert. 


Son  obéissanc*  remporta  np  triomphe  pins  écla- 
tant encore  dans  la  circonstance  suivante  : 

Un  moine  Toisin,  inconsolable  de  la  mort  de  son 
frère,  ne  pouvant  parrenir  à  calmer  sa  douleur,  vint 
supplier  Jean  de  lui  composer  quelques  vers  dont 
la  méditation  relèverait  son  courage  et  apaiserait  sa 
souffrance.  Jean  résista  d'abord,  car  il  roulait  res- 
pecter le  silence  imposé  par  le  vieillard, mais  vaincu 
par  les  pressantes  sollicitations  du  moine,  il  lui 
composa  un  vers  dont  le  s^ns  était:  <<  Tout  ce  qui 
est  humain  n'est  que  vanité.  »  Le  vieillard,  au 
retour,  ayant  appris  ce  qui  s'était  passé,  fit  d'amers 
reproches  à  son  disciple,  et  sans  accepter  aucune 
excuse,  il  le  chassa  de  sa  cellule.  Cet  homme  admi- 
rable, ne  sachant  plus  où  se  tourner,  pleura  sa  déso- 
béissance, puis  il  pria  quelques  moines  vénérables 
d'intercéder  pour  lui.  Le  vieillard  accorda  la  crâce, 
mais  à  condition  que  son  disciple  accomplirait  pour 
pénitence  l'action  la  plus  humiliante,  celle  de  vider 
tout>>s  le<i  immondices  de  la  laure.  L'ancien  prand 
Tiiir  fil  ct'tte  pénitence  avec  un  empressement  et 
ane  humilité  qui  ravirent  d'admiration  les  moines. 

Le  vieillard;  heureux  de  l'obéissance  de  son  dis- 
ciple, courut  au-devant  de  lui,  le  reçut  dans  ses 
bras  et  dit  après  l'avoir  embrassé  avec  effusion  : 
•  Quel^énéreui  athléie  de  l'obéissance.j'ai  enpendré 
aa  Cbrisl!  «  Puis  il  le  ramena  à  sa  cellule. 

JBAN  DOCTIM 

Peu  après, le  vieillard  entendit  en  songe  nne  voix 
qui  lui  disait:  •■  Tu  as  asset  lon;;tcmps  retenu  les 
•aux  de  la  fontaine;  permets-lui  maintenant  de 
•u;7re  son  cours  ;  elle  coulera  à  travers  le  monde 
avec  tant  d'abondance  que  les  hérésies  en  seront 
submergées.  » 

Il  appela  aussitdt  le  bienheureux  Jean  et  lui  dit  : 

—  Mon  flis,  fidèle  imitateur  de  l'obéissance  du 
Christ,  ouvrervotre  bouche  et  recevei  le  Saint-Esprit, 
répandez  maintenant  an  dehors  les  trésors  de 
sagesse  et  de  science  que  possède  votre  âme,  et 
pardonnex-moi  si  jusqu'ici  je  n'ai  été  pour  vous 
qn'un  obstarle. 

Dès  cetti>  heure,saint  Jean  Damascéne,se  retirant 
plus  avant  dans  la  solitude,  se  mit  à  composer  ces 
ouvrages  admirables  qui  l'ont  fait  appeler  le  saint 
Thomas  de  l'Orient.  Outre  ses  discours  ou  lettres  en 
faveur  du  culte  des  imaces,  il  conçut  un  vaste 
•nsemble  de  doctrine  dont  les  3  parties  embrassent 
depuis  les  premiers  éléments  du  langage  Jusqu'aux 
points  les  plus  élevés  de  la  doctrine  chrétienne.  La 
1"  partie,  appelée  dialectique,  n'est  que  la  logique 
d'Aristote  modifiée  sur  certains  points.  La  2*  con- 
tient l'histoire  et  la  réfutation  de  toutes  les  hérésies  ; 
il  y  expose  et  réfute  très  au  long  le  mahoroétisme. 
La  3*  partie  comprend  son  grand  ouvrage  sur  la  foi 
orthodoxe.  Il  y  parle  de  Dieu,  de  ses  œuvres,  de  «es 
attributs,  de  sa  Providence,  de  l'Incarnation,  des 
Sacrements  —  sur  chaque  vérité  il  résume  l'Ecriture 
•t  ia  Tradition.  Dieu  l'a  suscité  pour  faire  lôrement 


arriver  jusqu'à  nous  la  Tradition  des  Pères.  Dien, 
en  effet,  prévoyait  que  l'.isae  et  la  Grèce  subiraient 
le  sort  déplorable  de  l'Esypte  et  de  la  Syrie  par 
les  conquêtes  des  Sarrasins;  et  comme  beaucoup 
d'écrits  des  Pères  devaient  être  ensevelis  sous  les 
débris  de  l'empire  d'Orient,  il  forma  ce  Saint  pour 
rassembler  la  doctrine  contenue  dans  un  si  grand 


i. 


v> 


nombre  de  voluiue's  el  U  liaiiMiuellre  à  ia  postérité. 
C'est  le  premier  qui  ait  réduit  la  Théologie  en 
méthode;  il  a  fait  en  Orient  ce  que  Thomas  devait 
faire  plus  tard  en  Occident. 

Il  composa  une  multitude  d'autres  ouvrages;  les 
Paralltles,  comparaisons  des  sentences  des  Pères 
avec  celles  de  l'Ecriture  sur  les  vérités  de  la  morale; 
des  traités  contre  les  hérésies  de  son  temps,  surtout 
celle  des  Iconoclastes.  L'empereur  hérétique  Cons- 
tantin Copronyme,  dans  sa  fureur,  le  fit  analhéma- 
tiser  publiquement  par  un  conciliabule  iconoclaste, 
et  il  ordonna  que  cette  condamnation  fût  réitérée 
solennellement  chaque  année. 

Sa  dévotion  envers  la  Très  Sainte  Vierge  ét.Mt 
admirable;  il  l'appelait  des  noms  les  plus  doux;  à 
Damas,  son  image  avait  occupé  une  place  d'honneur 
dans  le  palais  du  grand  viiir;|  et  l'on  sait  comment 
il  en  fut  récompensé  ;  les  discours  qu'il  a  compos<  > 
sur  les  mystères  de  sa  vie,  et  en  particulier  sur  »i 
glorieuse  Assomption,  font  asset  voir  combien  l'au- 
teur était  inspiré  par  elle. 

Vers  l'an  740,  le  patriarche  de  Jérusalem,  étant 
venu  visiter  la  laure,  l'obligea  à  recevoir  le  sacer- 
doce ;  cette  dignité  auirmenla  sa  ferveur  et  son 
xele;  il  parcourut  la  Syrie  et  la  Palestine  pour 
raffermir  les  rliré^iens  persécuté». 

Usé  de  pénitences  et  de  travaux,  âgé  de  plus  de 
80  ans.  il  mourut  plein  de  méritet,  au  mois  de  mm 
ver»  l'an  "770. 


la»  r.  r^M  Vus,  I  M  S.  ra*  ll>r*nl,  Pan» 


SAINT  STANISLAS  DE  CRACOVIE.  ÉVÊÛUE  ET  MARTYR 


Fête  te  7  mai. 


A  la  voix  de  Stanislas,  un  mort  se  lève  du  tombeau  pour  rendre  témoignage  à  la  probité 

du  saint  évèque. 

vpQves,  le?   pauvres,   les   orphelind  trouvaient 
chez  eux  un  refupe  assuré. 

Désireux  lie  vivre  de  plus  en  plus  éloisnés  du 
siècle,  les  rlcux  «''poux  firent  bâtir  une  église  sur 
leur  terre,  pour  assister  plus  commodément  aux 
offices  divins  en  dehors  desquels  ils  consacraient 
encore  de  lon^'ues  heures  à  la  prière  elà  l'oraison. 
Leur  vie  rude  et  solitaire  les  lit  regarder  comme 
des  moines  dans  tout  le  pays.  C'est  r  '"""'luoi, 
aux  étrangers  qui  passaient  près  du  cli.'iteau, 
l'on  disait  :  «  Là  vivent  en  solitaires  le  seigneur 
Wielislas  et  son  épouse  Bogna.  » 


FAMILLE  DE  STA.NISLAS 

Vers  la  fin  du  x\'  siècle  vivait,  à  Séiépanow, 
iim  loin  de  Cracovie,  en  Pologne,  une  famille 
\ertueuse  et  sainte. 

Wielislas  et  Bogna  descendaient  d'une  race 
illustre. 

Ils  possédaient  un  domaine  assez  vaste,  et  des 
richesses  considérables. 

Wielislas, guerrier  couraseux  autant  que  fervent  • 
chrétien,  s'était  Miinalé  d.ins  jdusieurs  campagne» 
de?  Polonais  contre  les  Busses. 

Toutefois,  à  la  guerre  contre  les  hommes,  il 
préférait  la  lutte  contre  le  seul  ennemi  de 
Ihumanité,  qui  est  Satan  "  car,  disait-il  avec 
raison,  si  cette  lutte  est  plus  longue,  le?  palmes 
en  sont  aussi  plus  belles  et  plus  durables.  •  En 
-onséquence,  de  concert  avec  son  épeuse,  il 
-  .  hidiait  à     mettre    en    pratique    les   conseils 

i.ingéliques.  Les  biens  de  la  terre  étaient  pour 
eux  une  monnaie  pn^cieuse  avec  laquelle  ils 
.T  li'laient    1'-  domaines  éternels  du  ciel.   Le* 


LE     FRUIT     DE     LONIjLES     PRIERES 
l^>'ERGIE  DU  JBUKR   STA]«ISLAS 

Cependant,  Wielislas  et  Bofn  a  avaneaienlenAiie 
el  n'avaient  pas  d'enfant.  Ilepuis  trente  années 
déjà  le  ciel  semblait  sourd  à  leurs  prières.  Ils 
allaient  donc  être  sans  héritier;  mai?  itieu  donna 
enfin  la  fécondité  à  cette  union  restée  si  lon«- 
temps  «lérile.  Stanislas  naquit  le  i6  juillet  1030, 


■.in 


L'iliniiemeiil  fui  ;.'raiid  dans  St-zn|iaiiPtt.  On 
voit  raremeul  rliose  pareillo  It'autre-  circous- 
taaces  miraculeuses  aui;nien  (aient  rétoiinement 
y^nëral. 

La  mission  que  Dieu  réservait  au  jeune  Sta- 
nislas n'-clau>ait  le  mépris  pl  le  délacheraenl 
absolu  des  choses  de  la  terre.  Il  s'y  prépara  de 
bonne  heure,  l'iaire  à  Dieu  était  l'uuiqut-  préoc- 
cupation de  cet  eufani  béni.  Pour  cela  il  s  adon- 
nait à  la  pratiiiuc  <!<>  la  .  Iiarilé,  du  joinio  et  de 
la  luortilioaliou  il  aiinaii  à  coactaer  sur  la  terre 
tiiT  pins  srands  froids. 
1'^  ses  parents,  pour  des 
-  iinpressait  de  le  distribuer 
;  ainsi  que  Iheu  forme  ceux 
omb&t. 


nue    et    à  s"'- 
1,'argenl  qu"il 
idaisirs  I'-  ' 
aux  pan 

ijU'il  prépai'    . 


STA.MSL&S  Pa&mK   a  CHA.'tOINK 

Qn  .f..l  si.iriislas  eut  atteint  l'àce  nécessaire. 
ecs  li  lirent  étudier  les  belles-lettres  (  t 

1,1  I  :  ^    ir.   l'our  le  perfectionner  eu  retle 

.lenii.re  étude,  il  fat  en»oyé  à  (iuesne,  où  s.- 
Irouvni!  alr.rs  Tl  niversité  la  plus  illustre  de  la 
l'o!  ■.lesne.il  vint  àParis,  pour  s'adonner 

à    I,;  ...•,  car   rL'ni\er>ilé    catholique    de 

■  elle  ulle  éUiil  alors  célèbre  dan<  le  monde 
tnlier.  Durant  les  sept  années  qu'il  fut  en  cette 
ville,  l'attrait  de  ses  vertus  lui  concilia  l'affection 
de  tous  ses  condisciples.  \  son  d>^parl,  rL'iii- 
versité  resta  embaumée  du  souvenir  qu'elles  y 
arait-nt  laissé. 

Durant  son  séjour  à  Paris,  Stanislas  apprit  i 
niépri^r  le  siècle  et  ses  vaiiili'--.  Il  se  plaisait  à 
•  lin-   ■         ...... -s  vers  le '!'"'"     •^"  ■'   i...nir.iit 

-er-  I  bruit  et: 

!•  M-.-, ^•"■■- 

paii  "le  ceux 
attendait-il  I 
s'emparer  de 

En  .-rrct. .  • 

s'él 
d'un 

donna  \e  ^>n\  auJL  pa 
pouvoir  réaliser  au  pi 
iiuand  I^mpert,  été.iue  Je  (.lacovie,  l'appela, 
I  ordonna  prèln-  et  le  lit  chanoine  de  ^a  cathé- 
drale. 


ir  la  Kuer  i, 

par  sa  -  a 

1  son  rrtnur  de  Pologne, 

lU,  maitre 

Inul.  '-t  en 

iors,  il  Pi-pérail 

.•ieu\  dc5»cius. 


Ih. 
la 

trei 
'•ail 
de 

Je    ; 


lie 


fl.    l>fVlK.'<(T    KVK'.M  I    or.  UMACOMa 

'    •int':     de    <• ■■•     I  ■■■ 

nqne  l'év 


el  du  l<i 


.■U    le     l>I;;UJr'J    p'jur      illflll'. 


iie> 


t.", 
lai' 
adii 


-T     -    -    -e»  de 
,   sor- 

'      «'l     u'-iiitM*     Mt 


leciiui-  ,;U  1' i|  0  Alixaiiilie  U,  ,  I  !,■  lîieuhcurcux 
recul  l'ordre  du  \  icairc  de  Jé<u>-l'.hrisl,  comme 
s'il  fût  émané  du  Maitre  lui-même. 

Il  se  croyait  si  indiL-ne  de  la  nouvelle  char^^e 
qui  lui  incombait,  ipi'il  redoubla  d'austéiilés  et 
de  vertus,  atin  d'obtenir  d'en  haut  la  force  néces- 
saire. Il  se  revêtit  d'un  cilice  qu'il  ne  quitta  plus 
.jus(|u'à  la  mort.  Sa  charité  prit  de  jour  en  jour 
dos  proportions  plus  considérable».  Les  pauvres 
étaient  nonibreu.v  à  Ciacovie.  Le  ■-aint  évéqiie 
s'en  lit  doauer  une  li^le  exacte,  el  ordonna  aux 
cens  de  sa  maison  de  ne  rien  refuser  à  personne. 
Au  reste,  lui-même  présidait  souvent  à  la  dis- 
Iribulion  des  aumônes,  donnuiit.  avec  le  pain 
<iui  refait  le  corps,  celui  qui  refait  l'âme.  Il  parai^- 
■^ait  en  ces  circonstances  si  humble  et  si  doui, 
que  tous  ces  malheureux  |>lpuraient  de  joie  de 
rencontrer  on  tel  père. 

ro»«r..Tr  il  se  vE.>ce  des  i.xji'bb 

Malgré  tant  de  bonté,  Stanislas  fut  plus  d'une 
fois  en  butte  aux  injures  les  plu-^  criantes,  mai^ 
sa  Tettu  était  au-dessus  de  toute  épi-eurc. 

l'n  seigneur  vint  un  ji>iir  le  pnerde  venir  con- 
sacrer une  église  dan>  ~a  propriété.  L'évéque  y 
consent  avec  joie.  .\u  jnuriiié.  il  s»- rend,  accoa- 
pagné  de  st-s  clercs,  à  la  maison  dudit  !>ei;;ueur. 
il  arrive  à  la  porte  du  ca>tel.  .\  >ia  »  ue.  le  sei^eur 
>'eraporte    avec   une  incroyable  indolence  el  !•■ 

clia«se    en    l'accablant     '' ' —- : 

même  de  ses  serviteurs  ^ 

qui  entouraient   le    i 

coups.   Le  Saint  n' 

lance  à  ces  traiteiU'  ; ,  . 

t^et  accident  amva  ver^  le  soir.  I.e  prélat  *•■ 
relira  avec  sa  -uile  daus  un  pré  voisin.  Pour 
toute  ven^^eancc,  il  lit  celle  prière  à  Dieu  : 
t  S't'.TK'iir.  on  m'empérbe  de  béuir  le  lieii 
p  que  j'étais  appelé  k  bénir,  doanex  à  crhii 
•  oii  je  me  trouve  votre  saint'*  (••'•n*.li<-tion.  ■ 
Il  passa  la  nuit,  en  pmi.'  aux  'aini 

et  du  froid,  dans  ce  pi-é  qui  :i>  la 

«uite  le  pré  béni,  nom  qu'il  cuu^ltvc  encore 
nujouid'hui. 

Ouelques  jours  après  .  ,"  '    soiga— i. 

confus  de    l'arlion   qu'il  l'iie,    »iiit 

demander  pardon  à  l'éviifu--.  n  lui  |tr«mt  év 
ri-parcr  sa  faute,  en  menant  une  \ie  plus  cbré- 
tieune  à  l'avenir,  (domine  ko^u  «k-  ^a  Mucérité, 
il  lit  présent  du  pré  à  l'église  de  Cracovic. 

STAMSIJ^S    MVAHiT    l'iMPIC   BOUSLAS 

La  Poloene  était  alors  uonveniêe  par  le  roi 
Hitlrala*  IL  Ce  prince,  qui  »'«'l.iil  ni'  ntre  valrti- 
reiiv  dan--  la  t'uerre  contre    1'  ' 

de  hhéralilé  cïuvers  ses  »ujet-. 

qu'il  ••'('•lait  aci|iii-e  par  d' 
-   e4  lUiques    tf'Ul  eli'^eiiibl*'      I 
•  l'abord 
1,  el  l'iliJ 

ndant  n'osait  lui  faire  de  rrprocJtes. 


Irnca. 

I*'    lir.là    «*litrj.    Hnlih    llliii 


lAli   I.      t.. 


ré«M*,  «tncB  n«  poaraii  l«  tmn  c«4er.  t>a  eut  |  comme  voo»,  qui  «l««  indipte  de  lépuco{i«l  el 


luérileriez  déire  jeté  en  pàlure  aux  pourceaux? 

—  Prince,  répondit  Tbomme  de  Dieu,  avec 
une  ûerté  noble  et  calme,  je  sais  le  respect  que 
je  dois  à  votre  autorité,  et,  sur  ce  jKiint.  je  ne 
pense  pas  avoir  failli  à  mon  devoir.  Mai?  je  n'oublie 
pas  davantage  que  la  dignité  apostolique  dont  je 
fuiâ  revêtu  est  de  beaucoup  supérieure  à  celle 
des  rois.  Car,  il  est  d'institution  divino  que  les 
rois  et  les  autres  princes  doivent  se  soumettre  à 
]à  juri-liction  spirituelle  de  l'évèque,  alors  même 
qu'ils  seraient  issus  de  race  moins  noble  que  la 
leur.  Si  donc  vous  avez  souci  du  saluL  de  votre 
àme,  vous  devez  écouter  les  conseils  que  je  vous 
donne.  C'est  le  «eut  moyen  de  vivre  eu  pais  avec 
Dieu,  et  de  régner  avec  gloire  sur  vos  sujets.  » 

Ces  paroles,  loin  d'amener  le  roi  à  résipiscence, 
ne  firent  que  l'endurcir  et  l'enflammer  contre 
celui  qui  se  pre'seiilait  comme  le  médecin  le  plus 
dévoué  de  son  âme  et  son  plus  véritable  ami. 

VENGEV.N'CE     DE    BOLESUkS 
CALOMNIE     CONTRE    LE    SAINT    ÉVÉQUE 

Saint  Stanislas  avait  acheté  à  un  certain  Pierre 
la  terre  de  Piotrawin,  qu'il  avait  adjointe  à  son 
éi,'lise.  Le  prix  convenu  avait  été  entièrement 
payé.  Néanmoins,  par  raégarde  ou  par  suiie  de 
sa  confiance  ordinaire,  il  n'avait  pas  exi^'é  la 
signature  du  vendeur,  la  chose  ayant  été  faite 
devant  plusieurs  témoins.  IJoleslas  appela  ces 
derniers  et  s'efforça,  par  ses  menaces  et  ses 
caresses,  de  les  faire  entrer  dans  ses  vues,  à  quoi 
il  réussit  parfaitement. 

Pierre  était  mort  depuis  quelques  années  déjà. 
It'après  les  instructions  du  roi,  ses  neveux  déda- 
léreutque  ladite  terre  Pioiiawin  avait  été  usurpée 
par  l'évèché.  .\  cette  nouvelle,  le  Saint  se  fit 
f'irt  de  les  confondre  tous  par  l'aveu  même  des 
témoins.  Mais,  liélas!  ces  derniers  parlèrent 
contre  leur  conscience,  et  l'évéquc,  malgré  ses 
elTorts,  voyait  sa  cause  perdue  sans  retour. 

Il  ne  put  supporter  une  telle  injustice. 

Saisi  donc  d  une  sainte  indignation,  il  demanda 
trois  jours  de  délai.  «  Cet  espace  de  temps 
écoulé,  je  vous  amènerai,  comme  témoin  de  la 
vérité,  Pierre  lui-même,  quoiqu'il  soit  dans  la 
terre  depuis  trois  ans.  >•  Un  éclat  de  rire  accueil- 
lit ces  paroles.  L'impie  Boleslas  se  hâta  d'ac- 
corder le  délai  sollicité,  assuré  qu'il  était  d'y 
I  rouver  une  nouvelle  occasion  d'humilier  l'homme 
'le  Dieu. 

LE  réiioic.NAGE  b'cx  REsscscrri 

Le  prélatse  retira  avec  quelques  clercs  et  laïques 
fervents  dans  l'éslise  b;\tie  à  Piotrawin.  11  se 
I  •■  'it  d'un  cilice  et  imposa  aux  siens  un  jeune 
I  ,...;ii''ux.  Il  se  prosterna  ensuite  aux  pieds  de 
l'autel,  où  il  ne  cessa  de  demander  avec  larmes 
■  |ue  le  Seigneur  lui  eoToyil  son  aide. 

Vint  le  troisième  jowr. 

A(>rès  avoir  célébré  le  Saint  Sacrifice,  le  Bien- 
heureux se  revêt  de  ses  ornements  ponlincaux, 
et.  suivi  de  snn  corlê(?e,  s'avance  proce«sioniiel- 
lement  vers  b-  tombeau  de  Pierre.  Arrivé  là,  il 
■rdonn"- d'enifver  la  terre  qui  recouvre  la  tombe. 
I  e  radnvr''  •'■'■■'  •-•■'■■  entièrement  réduit  en 
|,   ll,.|.^r...  -  i.t  à  genoux  et  renou- 

■.■■l!-'---"    •  le  Dieudans  une  prière 

[t'd.  •  rminée.  il  touche  de  la 

iM  II-  ■.  au  nom  du  Père,  dr 

I  il.  f  t'ordonne  de  quitter  la 

iidre  témoiunagc  à  la  vérilé 
des  hommes,  n 
;.'e  !    Pierre  •";    lève   vivant, 


l'évéque  le  prend  par  la  main;  unfrisaou  d'elfr 
aiiite  les  assistants. 

l)es  émissaires  courent  annoncer  le  miracle  à 
Bole>las  en  plein  tribunal.  Il  ne  Mwit  pas  y  croire. 
.Mais  voici  venir  notre  Saint,  accompagné  du 
ressuscité  qu'il  tient  par  la  main. 

11  le  présente  au  roi  :  <■  lYmce,  lui  dit-il,  voici 
le  témoin  le  plus  irrécusable  de  la  vérité  violée 
par  vous  et  vos  complices.  » 

Le  tyran  se  tait,  épouvanté. 

Pierre  alors,  élevant  la  voix,  s'écrie;  "  Voici  que 
Dieu,  touché  des  prières  de  son  serviteur  Stanis- 
las, m'envoie  sur  la  terre  pour  venir  rendre 
témoignage  de  la  vérité  devant  ce  tribunal.  Kn 
présence  de  tous,  je  déclare  que  j'ai  vendu  ma 
terre  à  l'évéque  et  à  son  éslise.  et  que  j'en  ai 
reçu  le  prix  convenu.  Quant  à  mes  neveux^  ils 
n'ont  aucun  droit  sur. elle  :  la  calomnie  seule  a 
pu  les  conduire  à  la  revendiquer.  »  A  ces  mots, 
il  se  tourne  vers  eux  et  leur  dit  :  «  Ouelle  folie 
a  pu  vous  porter  à  commettre  lui  tel  crime,  les 
uns  par  malice,  les  autres  par  timidité?  Si  vous 
ne  faites  pénitence  aussitôt.  Dieu  fera  peser  sur 
vous  son  bras  vendeur  en  celle  vie  et  en  l'autre,  o 

Forcé  par  cet  ar:.'ument  uon  moins  incontes- 
table qu'étrange,  le  de.'po1e  libertin  déclare  le 
droit  du  cùté  du  saint  prélat.  .Mais  sa  fureur 
contre  lui  s'accrut  au  lieu  de  diminuer.  Nous  en 
verrons  bientôt  les  effets. 

PE.NSÉE  d'u.N    ressuscité   SUR    LA    VIE  PRESENTE 

En  sortant  du  tribunal,  la  foule  se  pressait 
autour  du  ressuscité  pour  lui  adresser  diverses 
questions.  Il  y  répondait  le  moins  possible  : 
«  Car,  disait-il,  je  ne  dois  le  faire  que  par  ordre 
de  Stanislas.  » 

Celui-ci  le  reconduisit  à  son  sépulcre,  et  là, 
en  présence  du  peuple  et  de"  clercs,  il  lui  fit 
cette  demande:  "  Pierre,  veur  tu  que.  pour  rendre 
«races  au  Seigneur  du  bienfait  (lu'il  vient  de 
nous  accorder,  je  lui  demande  de  te  laisser 
encore  avec  nous  quelques  années? 

—  Père  saint,  répondit-il,  que  ferais-je  dans 
cette  vie  misérable  de  la  terre,  qui  doit  plutiH 
être  appelée  mort  que  vie  ?  Je  vous  en  supplie, 
ne  m'empêchez  pas  de  demander  celte  vie  vrai- 
ment bienheureuse,  où  l'on  voit  Dieu  face  à 
face.  Jusqu'ici  j'étais  dans  les  llainnies  du  Pur- 
;;aloire,  j'espère  en  sortir  bientôt.  Daignez  donc 
prier  pour  moi  le  Seitmeur.  afin  que  cette  espé- 
rance se  réalise  au  plus  vite,  <m.  si  la  justice  s'y 
oppose,  que  mes  (leines  soient  du  moins  en 
grande  partie  diminuées.  » 

Le  prélat  n'insista  pas.  11  promit  de  prier 
beaucoi^i  pour  lui.  Pierre  descendit  dans  sa 
tonit>e.  et  son  ànrie.  s'échappanl  de  son  corps, 
rentra  dans  rélemité. 

I>e  clerjé  et  le  peuple  récitèrent  les  prières  qui 
ont  coutume  de  se  faire  pour  les  morts.  La  fosse 
fut  comblée,  et  tous  se  retirèrent  émerveillés  et 
résolus  en  même  temps  de  proliler  du  temps 
qui  leur  restait  pour  mener  une  vie  plus  chré- 
tii-nne  et  mériter  la  vie  heuieu>ic  dont  le  ressus- 
cité venait  de  parler. 

l'autel  ensam.lantk 

Holeslas  reçut  encore  du  saint  évêque  plusieurs 
avertissements  au  sujet  de  ses  crimes:  "  C'en  ei-i 
assez,  dit-il  enfin,  il  faut  faire  disparaître  cet 
importun.  •>  La  mort  du  Saint  fut  raéditce  et 
arrêtée  en  conseil  secret. 

Cette  décision,  malgré  les  précautions  prises 
jiour  la  tenir  cachée,  fut  connue  du  peuple.  Sta- 


nislas  en  conçut  une  crande  joie  Mipui?  lnii^- 
teinps,  en  effet,  il  désirait  la  |ialine  du  martyre. 
Toutefois,  le  jour  où  le  crime  devait  (Hre  commis, 
le  ponlife,  voulant  célébrer  la  messe  en  lieu  sur, 
se  relira  dan»  un  sanctuaire  vénéré  des  Polo- 
nais, appelé  réfjlise  Saint-Michel. 

Le  roi  l'v  suivit  de  près  avec  ses  sicaires. 

Quand  ils  arrivèrent,  le  .Saint  avait  commencé 
le  Saint  Sacrilice.  Le  tyran  attendit  linéiques 
instants  à  la  porte  le  moment  où  il  terminerait. 
Mai-  Stanislas  célébrait  plus  lentement  cjuc  de 
coutume.  Les  meurtriers  s'impatientent.  Itoleslas 
envoie  des  soldats  p.^ur  le  tuer  à  l'autel.  Ces 
derniers  entrent,  résolus.  A  peine  sont-ils  au 
pied  de  l'autel,  i|u'uiie  force  divine  les  renverse. 
Impossible  de  taire  un  pas  en  avant.  Ils  ne  par- 
viennent à  sortir  de  1  église  qu'en  se  traînant 
péniblement  par  terre. 

Le  roi  ne  M-ut  pas  croire  ce  qui  leur  est  arrivé. 
Deux  fois  encore  ils  tentent  d'accomplir  le  crime, 
deux  fois  encore  ils  sont  renversés.  Kntin,  Uoles- 
las  se  résout  à  commettre  hii-niéine  le  meurtre. 
Il  marche  donc  vers  l'autel.  Ilien  ne  l'arréti'. 
b'im  coup  d'épée,  il  massacre  le  Itienheureux, 
s'arme  d'un  couteau,  saisit  par  la  tète  le  corps 
qui  palpite,  et,  pour  le  rendre  le  plus  dilTorme 
qu'il  est  possible,  lui  coupe  les  oreilles,  le  nei 
et  les  joues;  puis  le  livre  à  la  brutalité  des  sol- 
dats qui  le  découpent  en  morceaux.  Ces  mor- 
ceaux sont  dispersés  dans  la  campaj^nc  par  ordre 
du  monstre  couronné. 

SKITLTLIVE    MIIWC.LLBUSP.    —   CIIATIMEVT    DE    BOLKSLXi 

Quatre  jours  après,  le  roi  et  ses  conseillers 


v..irent  visiter  le  lieu  où  avaient  été  dispersé>  les 
membres  de  l'évèque  martyr.  Us  pensaient  qu'ils 
auraient  été  dévores  par  les  chiens  ou  lés  oiseaux 
de  proie.  Ils  aperçurent  quatre  beaux  ai;;les  qui 
voltifieaient  autouc  de  ces  reliques  pour  les 
défendre  contre  quiconque  se  serait  approché 
pour  les  ravir. 

La  nuit  suivante,  plusieurs  chrétiens  vertueux 
virent,  au-dessous  de  chaque  morceau  du  corps 
du  martyr,  une  lumière  radieuse  et  très  lumi- 
neuse, que  l'on  pouvait  apercevoir  de  très  loin. 
.\nimés  par  ces  prodiaes,  et  iiidi:;nés  de  la  l;\cheté 
des  parentsde  notre  Saint,  qui  n'osaient  enfreindre 
la  défense  du  bourreau  Itoleslas,  les  chanoines 
de  Cracovie,  accompagnés  de  quelques  laïques 
intrépides,  allèrent  durant  la  nuit  recueillir  et 
réunir  ensemble  les  reliques  vénérées. 

.\  peine  ces  débris  èpars  furent-ils  ra'  proches 
les  uns  des  autres,  que  le  corps  reprit  sa  forme 
ordinaire,  sans  qu'il  restAt  la  moindre  cicatrice, 
comme  si  le  pnnat  était  mort  du  trépas  le  plus 
doux. 

On  l'enterra  dans  l'éplise  de  Saint-Michel. 

Le  prince  n'osa  pas  troubler  les  funérailles  par 
quelque  crime  nouveau,  ll'ailleurs,  le  temps  de  la 
vengeance  divine  était  arrivé,  car,  tandis  que  la 
mémoire  de  saint  Stani>las  était  bénie  par  tous 
les  Polonais,  Hole<-las,  excommunié  et  déclaré 
déchu  du  trc^ne  par  le  pape  liréyoïre  VI!,  fut  en 
telle  exécration  parmi  ses  sujets,  qu'il  se  vit 
obli;;é  de  fuir  en  H">n;;rie,  où  il  se  donna  la  mort 
de  désespoir  :  aiii-i  l'attestent  plusieurs  histo- 
riens. Quant  à  notre  Saint,  il  fut  canonisé  par 
Innocent  IV,  en  I2'.>'.i. 


^^ 


L.-    l'l.itIUl.M>t,   3,      lue     tiaUl 


VÉNÉRABLE    JEANNE    D'ARC 


Délivrance  d'Orléa»s,  le  8  mat. 


~eanne  d'Arc.  (Tableau  d'Inere».  an  Musée  du  Louvre.) 
I.  jorcik'  •|iir.n  dpnn-  julour  de  la  Ute  dans  le  tatiloau  dej4  aneien  du  célèbre  arti<t«,  serait  une  irrégi!.arilc  aujourd  bui. 


KISSIO:*  DE  JKAN.NB  D  ARC  SON   EltFANCR 

Dipu  qui.  «elon  la  parole  de  l'ApiMne.  appelle 
re(/ui  n'e«t  p<u  romme  ce  71/1  efl,  dn  m<^me  que 
jadis  iliivnit  <-hoi3i.  dans  ses  desseins,  D<fhora  et 
Judith  pour  ronfnndrp  \o<i  paissants,  «usrita,  au 
rf>mm''tir('mpnt  duxv  sièrle.  Jeanne  li'Arc  pour 
rflever  |f  s  deotinée^  de  sa  patrie  prpsquo  aliattue, 
et,  en  m'orne  temps,  pour  revendiquer  la  liberté 


et  la  gloire  dp  la  religion  donl  les  int(*ri*ts  l'iaient 
menacés.  (Décret  de  la  Conpr'^gatioii  des  Rites. 

«Que  la  France  devîn'  anglaise,  un  siècle  plus 
Uird,  elle  cessait  d'être  c^'^olique.  ou  bien,  si 
pIIp  résistait  à  ses  dominateii.  "  elle  se  préci- 
piUit,  comme  Tlrlande.  dans  de^  luttes  et  des 
calamités  sans  fin.  La  cause  de  <»  France,  au 
x\'  MiiTJp,  était  la  cause  do  Dieu.  ••  Cardinal  l'ii^) 

Jeanne  naquit  à  Dorarémy  (diocèse  de  Sainl- 


:u 


Die),  Tau  1*12.  Elle  <5lait  la  qualrièmc  des  cinq 
enfants  île  Jacques  d'Arc,  et  d'Isabelle  Homée, 
bumbln  laboureurs  de  bonne  vie  el  de  bon 
renom.  Sa  mère  lui  euseif.'na  le  l'aUr,  l'Ave,  le 
Credo,  les  niysléres  de  la  relij;ion,  elle  lui  apprit 
à  liler  et  à  coudre  le  linge.  Mais  Jeanne  ne  savait 
ni  lire  ni  écrire. 

Elle  assistait  tous  les  jour?  à  la  messe,  se  con- 
fessait wmVBÉ,  ■•  mananait  point  de  saluer  la 
Vierp<>  •■  aaa  4b  VAmgeuu,  coeilUit  des  fleurs 
pour  les  mtttkt  4e  Marie;  oaorvgnae  au  ti^voil, 
loyale,  daaae,«h^§eaBl<e,eneétaitaiiDée  de  tous 
et  spéciiliBBat  4et  pauvres  à  qui  elle  faisait  de 
larges  aaaitoes  et  oMait  parfois  son  lit,  coa- 
cbant  eMe-aaétae  sur  la  tem  noe. 

LES  vo«  Bc  eut  —  oasTACte»  —  L.%  DtriaT 

Jeanne  arait  treiie  ans,  et  avait  déjà  com- 
munié. Cn  jow  d'été,  vers  midi,  elle  entendit 
une  inix  du  oAté  de  réalise.  C'était  la  vois  4e 
t'arcliaiige  sauf  MickeL  L^ieeiaidisait  la  0i^aa4e 
piiic  qui  régnait  aa  *    ~ 

annonçait  ^VHe 
SCS  eniieais  et  le 


4e  Fkvnee,  et  il  Uu 
le  JiMhie  de  tous 
sera  Reims. 

ni  cela  M 
mi  manier 


A  quai  IV 
fera-t-ilfJe  ae  anani 
les  arme*.  —  Wea  t^i 

Après  saiait  Mick«l, 
Mar;.'u<'rite  mmtWÊtm».  i  lajeaM  Hihe; 
inspiratMM^,  JelHBe  tt  TCBB  4e  riijgioité.  et,  ea 
retour,  lee  aHMlea  ^rnpag^rpwt  à  la  coniaire  ea 
paradis,  ce  4aal  èOe  la  mpfti»  ttauamm. 

U  daaœ  calant  n'cMÎt  rien  révéler  à.  nçs 
parents.  Le  ciel  paria  lai-iaMne  i  aaa  pèK,4aae 
la  nuit;  aa  naatia,  au  sortir  4e  «ea  aaaancfl, 
troublé,  a  t'écriait  toot  à  coup  deraat  «ea  lia  : 
«  Si  voire  aoar  4er8it  jamais  partir  avec  4es 
gens  depieire  (comae  je  Pai  vu  en  rKe).iev«tis 
ordonnania  4e  la  Jeter  i  l'eau,  et  je  le  ferais  4e 
mes  prnpics  ■■■•  ai  veaa  refusiei  4e  ai'abew.  •• 

Le  père  a'iecaya  aaaâlM  de  la  faaoer,  4e  la 
marier,  aaia  Jeaaae  retaaa  t'ner^iqaeaaeel  et  sa 
vocation  lUaaavée. 

A  meare  ^aeFeafMl  grandit,  les  v««x4evia- 
rent  [.lusManeaifi  •V«fieaime,4Maieat<Bea. 
Va!  ijuetarAii  ta?» 

Jeanne  a  «eiae  aaa.  «  EBe  est  mmA  keBa,  de 
erande  focce  et  pataaaaee.  »  Elle  s'énftapve  4e 
la  inaisi«  aalei— It  et  se  ^réseï 
du  roi,  Ae  MaMoeaft,  à  \au 

<•   Ca|ataiae,  sadKS  «ae   maa  Sei^ear  m\ 
cominaii4C  4Ûer  vers  le  daopWa.  le 
sacrer  le  4aMkia  ea  4^it  4e 

-  Et  ^aJaatlaaSeiwiear?  -UB« 
«  C'est 

Cepei;  "  ~ 

dit  à  la  iaaae  «Me  :  «  Je 

auprès  <1b  roi 

—  Avi 
plutAi  <|î*ayrèa.  La'ftèvra  »<-  »"*'-   f»-^»-^  -  ne 

traîner  ear  Wh>   r>'wwn«,   '  i. 

Cf-rten,  j'aimcr.ii^  bu  11  mu  i ,  .     ..la 

p.iuvre  iinTe,  p.ircf  que  ce  irc-.t  i>a«  imm  "-tat  ; 
iii.in  il  fnnt  que  j'aille  et  que  je  le  fasse,  parce 
fue  innu  Seigneur  le  vciU.  •• 

..  l>ii  u  1'  <<>iiiiuandait,  dira-t-eUe  i  '.-g  jucet. 
el  qiu^  HO  ''  .1  pères  et  ' 

■   '■  .c  durai,  je  n'ii. 

H«»euoit«  'eal^nMm«,  Jeianne  »«  mit 
lit  i>ur  laoïi 
non   Diru.  •• 

•    j    .ui  1'  '  li-ïjJ  ''l  le  c^>^- 


^an4 
molli» 

A—. 
•n  I 
eb.  1. 


r<ieL. 


tume  militaire  de  Jeanne  la  Pucclle  (la  vierge). 

IKA.NNE  ET  LI  nAOTBIN  — JK.\]|.NE  CXASDiÛ  à.  l>OITIERS 

Le  roi,  modestement  v^tu,  se  tenait  au  milieu 
de  300  cbevaliers;  Jeanne  alla  droit  à  lui. 
M  Dieu  vous  donne  bonne  vie,  gentil  prince 

—  Ce  n'est  pas  moi  qui  suis  le  .oi,  et,  lui  dési- 
gnant un  seigneur  ricboinent  costumé  :  voilà 
le  roi.  —  Eu  mon  Dieui  geulii  pnuce, c'est  vous 
«mi  l'êtes  et  non  pas  aaaolre.  Et  veos  aande  le 
Bai  4es  eieux  par  mai  qae  voas  aerea  sacré  et 
eearaaaé  i  Reims,  et  qae  voas  seres  liaotenaut 
4a  Bai  4es  cteos.  qui  est  Roi  de  Pkaaoe.  » 

Et  die  lai  révéla  un  secret  oonnn  4e  lui  seul. 

Pen4ant  trois  semaines,  à  Poitiers,  des  é\é<|ues 
el  des  doctears  de  l'Liaivcrsité  iaterro^èniit  la 
l*tK«lle  sar  sa  mtation. 

a  Je  ne  sais  ni  k,  ni  B,  leur  dit-elle,  nuis  il  y  a 
ès-livres  de  Kotre-Sci^neur  plus  qae  aax  vôtres. 
Je  suis  venne  de  ta  part  du  Bai  4es  eieux  pour 
lever  le  sièae  dX)rléaus  et  |>aar  eaa4aira  le  rui  à 
Reims,  où  il  sera  consacre  et oaamàaé. 

—  Si  Dieu  vrul  délitrer  le  peuplade  France, 
a-t-il  ilonc  besoin  du  secours  des  aaaa  d'ami  es  ? 
interrugeat  les  iagea.  —  Les  geas  «naas  batail- 
leront et  Diea  daiHMca  ht  victeini.  » 

On  rédaaMst  aa  aigae  de  aa  ■iaaiaa.  "  Je  ne 
suis venae k  IVâtiei'i  pear  faira  ii§Be;aHiduisez- 
aMM  à  Orifaai,  et  je  «aaa  aMatmai  las  signes 


^SSiT' 


«aa  aaix?  deaiandait 
qae  la  voire.» 

raLle  àla  Pnodle:  «  Le  rai  devait  l'eaneyer  sans 

crainte  eoatre  ses 

l^s  («  au  tu») 
(17  jouar  ittv 

Itgr  Ke,  et  Orléans 
Isj  ealae  et  aerte  en 
ioaplw  oeBe  5pa  neat  aa  Baai  da  aeiiiiD-ur. 
C  qacles  ytas  capémacatés  et  lesplas  intré- 
p.'  -is  gaerners  a'inaâMd  pa  fiataca  sept  mois, 
sept  jaara,  aae  dw^e!  feaaaiaandeaaBbatont 
mda\  Iraaaf  pearrinnaflir. 

»  Héralae  laapirfe.  cMe  praaMttaa  la  victoire, 
et  la  victoire  aa  mit,  pas  lai  daaav  la  4éi:ienti. 
»  Ea  aom  Diea,  ^Winia  i  «llii,  il  les  feat  ciun- 
battre;  !<eraieat4b  pcaias  aaa  aaea,  ariis  les 

ckaaips  4e  ntav  «ont  |aacMa  da  ea>lavifs. 
Vmmfii  aai^aise  a  <li^|>ara;  aaa  eMb  1rs  plu< 

lésaaataa^Mtrts,  aacaplifr,  «a  en  imi)'. 

le  aeeaaikatplaa.BMeviAdelrioiii|>lj''-> 
ea  trieaipbea.naee,jplacie  aadaaphia,^!'  c. ai- 
dait haage  de  la  viotawc  !  BeÉMs,  oawa  tea  f  ><>  r  i  •■  ^ , 
poatiie  da  Scipaear,  failea  eo^hr  l'tade  sainte 

te  tém»-CkritL 

is  de  ce  «pi.  - 
%li  !  qae  TalBe  ^i  i- 

h  rtMêm  l'uni'  I. 

ton   saint     !  //  mai'  • '<•  "   '' 

p«in»;  t'ttati  raûen  7m'i<  fiit  a  l'honnevi 

JtANMt  Alt  HÎLII  -   SK    I", 

Sou«rin-r''ntiT  '.nrli  Tnr.  I!r. 


>ltU^  a- 
!     ,|..rl,ir^-| 


ui 


|4!  Ul    l'st  piUï  »ÙX   cl(jlU.'< 

>.■'   Il  •      '      '..II-'-,     f.llî'         !■•  ■  ■ 


cession  et  prières  à  Dieu.  »  Et  se  tournant  vers 
les  soldats  :  <•  tn  avant!  en  avant  1  »  Et  elle  ! 
s'élaucait  la  première.  Le  7  mai,  au  milieu  de 
la  bataille,  un  trait  la  frappe  au  sein  et  la  ren- 
verse. IJu  iustaiil  eflrayée,  elle  pleure  :  ses  saintes, 
qui  lavaient  avertie,  la  consolent;  elle  arrache 
la  flèche  de  sa  propre  main  et  se  met  en  prière. 
Et  comme  Dunois.désespére'.sonnait  la  retraite: 
«  £n  nom  Dieu!  s'écrie-t-elle  en  se  précipitant 
vers  ta  bastille,  tout  est  v6ii'e  et  y  entrez.  .> 

JJa  autre  jour,  à  l'assaut,  une  pierre  énorme 
la  renverse  dans  le  fossé.  L"n  cri  de  triomphe  a 
releuli  sur  le  rempart;  l'épouvante  a  glaoé  les 
FraiMais.  Se  relevant  soudain  plus  tière  et  plus 
terrible  :  <»  Amis,  sus!  sus!  notre  Sire  a  con- 
damné les  Anglais  ;  ils  sont  tous  nôtres.  >>  Les 
Fcancais  se  raniment,  la  place  est  emportée. 

Mais  elle  n'a  jamais  frappé  elle-même  aucun 
ennemi.  Ellle  lient  ordinairement  sa  bannière 
où  sont  inscrits  ces  deux  mots  :  Jésus,  Mana. 

Sur  une  autre  bannière  étnit  peinte  l'image  de 
Jésus  crucifié.  Le  matin  et  le  soir,  les  prêtres 
s'assemblaieutautour  de  celte  bannière,  etJeanne 
entonnait  avec  eux  des  hymnes  en  l'hoimeur  de 
la  Sainte  Vierpe.  Les  soldats  accouraient.  La 
PuoeUe  les  arrêtait  :  «  Confessez-vous  et  vous 
serei  admis  dans  notre  confrérie.  "  Soldats,  chefs, 
princes  se  confessaient  et  communiaient. 

Cl  Actuellement,  disait-elle,  je  ne  crains  pas 
tonte  la  puissance  des  Anglais;  chaque  soldat  est 
préparé ,  bien  confessé ,  pénitent  et  de  bonne 
volonté.  » 

L'HéBOINE  cnBÉTIENNE 

leaime  estîliéroîne  cbr^enne  par  excellence. 
Brare  «omme  T'^p'^e,  elle  est  pudicpie  comme  les 
anges;  une  pwoie  d'outrage  lancée  à  sa  pudicit^ 
fati  couler  se^  larmes,  et  fl  faut  que  ses  frères  du 
ciel  viennent  la  consoler.  En  voyant  Jeanne , 
disait  un  chevalier,  nul  ne  songeait  à  forfaire;  et 
ce,  à  raufe  de  la  ffrancle  bonté  'lui  était  en  elle. 

Ard»^ile  coninve  va  lion,  elle  est  tondre  et  sen- 
sible comme  un  agneau.  •<  Jamais,  disait-elle,  je 
n'ai  m  sang  de  f'rançais  que  les  chereux  ne 
se  dressassent  sur  ma  t*le.  »  Elle  pleure  en  pan- 
sant les  ble^suros  m^me  de  ses  eimemis;  elle 
pleure  s  nrtont  sar  leur  perle  'Hernelle.  "<ilac)dag, 
(ilacidas,  rends-lni  an  Roy  ductel  ,tu  m'as  injuriée, 
mais  j'ai  grand'pitié  de  ton  âme.  -• 

Sur  les  champs  4e  bataille,  «Ile  awirte  les 
moorantfi,  les  consolant  par  de  douces  paroles, 
et  leur  profure  des  pr<Hres  ponr  les  confesser. 

Au  milieu  d^scamp?.  elle  est  pieuse  etrecueH- 
lie  comnae  tme  Carm<'li««>.  assiste  tous  les  .jours 
à  la  messe,  se  confesse  deux  fois  par  semaine, 
communie  fréquemment,  et  souvent  en  rersant 
dos  torrents  de  l.-u-mes,  fait  de  longues  prières, 
prokinE''es  pendant  la  nuit.  Tous  les  soldats  la 
reiraniaieut  c/imme  une  sainte.  Les  populations 
se  pr>'ripil,ii'iil  au-devant  d'elle  au  cri  de:  HvU.' 
tiw'l!  Berne  cftU  qui  vient  mi  nom  du  Seigneur!  On 
ToaJaJt  toucher  ses  habits  ou  son  cheval. 

flUitm  VISPOM  DU    KOTACTn   DK    FltANCE 

Cn  jour  la  Puoelle  pria  le  roi  de  lui  faire  un 
présent.  I^  prière  futagré»^.  Elle  demanda  alors 
comme  dou  le  royaurae  d"  Krance.  Le  roi,  ''tonné, 
le  lui  donna  après  qui-l'jii"  hésitalion.  Elle  vou- 
lut me  l'acte  en  '  'i'^ll>>raent  dre.sté  et  in 
par  los  quatre  ik  ■  in  roi. 

-  Voilà,  dit-elle  al'ji-,  1  plu?  pauvre  chevalier 
de  snn  royaume.  ■>  Iiispr».;uil  en  maitretse  du 
royaume  (le  France,  elle  le  remit  entre  le»  mains 
du  flfu  tnut-piii>'^aiit.  Puis, afn.sgatat  au  nom  de 


Dieu,  elle  investit  le  roi  Charles  du  ruyaume  de 
France,  et  de  tout  cela,  elle  voulut  qu'un  acte 
solennel  fût  dressé  par  écrit. 

«  Je  ne  durerai  qu'un  an  et  guère  ^?  delà, 
disait  souvent  la  Puceile;  il  faut  tâcher  de  nie 
bien  employer  cette  année.  »  —  Hélas!  ce  beau 
mois  de  mai,  qui  l'avait  vue  victorieuse  à  Orléans, 
ne  reparut  que  pour  la  voir  captive  à  Compiègne 
(24  mai  1430)  et  vendue  aux  Anglais. 

Elle  fut  conduite  à  Kouen  et  jetée  dans  une 
prison  affreuse,  les  fers  aux  pieds  et  une  chaîne 
autour  du  corps;  trois  gardes,  lie  de  la  valetaille, 
étaient  enferrai^s  jour  et  nuit  dans  le  cachot 
même,  et  deux  entres  à  l'extérieur  de  la  grille, 
fermée  à  triple  serrure,  tant  les  Anglais  avaient 

fieur  de  la  laisser  échapper!  •<  Le  roi,  déclarait 
e  comte  Warwick,  l'a  chèrement  achetée  et 
payée,  il  ne  veut  pas  qu'elle  périsse  autrement 
que  par  la  sentence  des  juges  et  sur  le  bûcher.» 

PROCÈS    DE   JEA-NNE  SES    RÉPONSBS 

Pour  déshonorer  la  Puceile,  un  tribunal  ecclé- 
siastique est  érigé,  sous  la  présidence  d'un  évêque 
indigne,  Cauchon.  Les  interrogïitoires  durent 
trois  mois.  «O  Dieu,  sojezbéni!  s'écriait  Mgr  Pie, 
ses  ennemis  et  ses  juges  n'ont  pu  découvrir 
une  seule  faiblesse;  sa  vie  intime  est  aussi  pure, 
aussi  resplendissante  que  sa  vie  publique; 
118  témoins  oculaires  ont  révélé  tout  ce  qu'ils 
savaient  sans  pouvoir  révéler  aulre  chose  que 
des  vertus!  Scribes  de  l'Angleterre,  enregistrez 
ces  dépositions  :  c'est  de  vos  mains  ennemies  qu'est 
élevé  le  plus  beau  monument  à  la  gloire  de 
l'envoyée  des  cieux..  j> 

Seule,  sans  avocat,  sans  procureur,  Jeanne 
réclamait  de  Dieu  secours  et  conseil,  les  voix 
venaient  alors  la  consoler.  Plusieurs  fois  elles  lui 
dirent  :  Réponds  hardiment.  Dieu  t'aidera. 

Ecoutons-la  :  «  Vous,  évôqne,  vous  prétendez 
être  mon  juge,  prenez  bien  garde  à  ce  vous  faites; 
car,  en  vérité,  je  suis  envoyée  de  Dieu,  et  vous 
vous  mettez  en  grand  danger.  » 

(A  ses  juges)  :«  Vous  ne  ferez  pas  ce  dont  vous 
me  menacez,  sans  qu'il  vous  en  arrive  mal  et  au 
corps  et  à  l'àme.  » 

'<  Je  sais  bien  que  les  Anglais  me  feront  mourir 
parce  qu'ils  croient  pouvoir  s'emparer  de  la 
France  après  ma  mort;  mais  seraient-ils  cent 

mille  de  plus,  ils  n'auront  point  le  royaume 

Avant  qu'il  soit  sept  ans,  les  Anglais  abandon- 
neront un  plus  grand  gage  qu'ils  n'ont  fait  devant 
Orléans   Paris,  repris  en  l»36i u 

La  sagesse  de  Jeanne  confond  ses  accusateurs. 

<c  Saint  Michel  vous  apparait-il  vêtu? 

—  Eh!  Dieu  n'a-t-Ll  point  de  quoi  le  vêtirl 

—  Croyez-vous  être  eu  état  de  grâce? 

—  Si  je  n'y  suis  pas.  Dieu  m'y  mette;  sij'y«uis. 
Dieu  nj'y  garde. 

MKNACES    DE  TORTURES  —    AFFIRMATION    DE  SA  HISSION 

'<  Voyez,  là,  devant  vous,  lui  dit  le  jug»',  les 
exécuteurs  tout  prêts  à  vous  mettre  à  la  torture. 

—  Vraiment,  répondit-elh^,  quand  vnusdevrei 
me  faire  arracher  les  membres  et  me  lavre  parlir 
l'âme  ducorps.je  ne  vous  dirai  pas  aulre  clic.se; 
el  si  je  vous  disais  autre  chose,  je  vous  dirais 
ensuite  que  vous  me  l'avez  fait  dire  par  force  1 

•>  Je  me  damnerais  si  je  disais  que  Dieu  ne  m'a 
pas  envoyée;  j  aime  mieux  mourir  que  de  renier 
ma  mission  !  Qu'on  fasse  examiiipr  mes  réponses 
par  des  clercs,  et  s  il  y  a  quelque  chose  contre  la 
fni,  je  ne  persuterai  point  à  le  soutenir;  ciir  je 
suis  bonne  chrétienne!  Je  rrnis  )mi  l'EKiur; 
l'Eglise  el  Notre-Seigneur,  c'est  tout  un  1  » 


La  torture  ne  lui  lui  pas  appliqu'-e. 

En  passant  devant  la  porte  close  de  la  cha- 
pelle, elle  s'agenouillait  et  priait  :  (,'y  est  le  Corps 
de  JéstL<-Christ.  Sa  plus  grande  peine  était  d  être 
privée  de  la  communion  et  de  la  messe. 

ABJURATION    —    RELAPSE 

Cependant,  ses  voix  laverlissaient  :  «  Jeanne, 
sois  sur  tes  gardes,  on  va  chercher  à  te  tromper, 
et  Ion  y  parviendra.  ■■  La  l'uoelle  se  laissa  trom- 
per, le  jeudi,  2i  mai,  dans  le  cimetière  Saint- 
Ouen.  Elle  consentit  à  abjurer,  traça  un  rond  au 
bas  d'une  cédulc  d'abjuration  et  s'entendit  con- 
damner à  la  prisnn  perpétuelle. 

■.  Or  cà.  «>  lis  d'E^'lise,  dit  joyeusement  la  con- 
damnée, in<iie7.-moi  à  vos  prisons,  que  je  ne 
sois  plus  .11  la  main  des  Anglais. 

—  MciKï-la  où  vous  l'avet  prise  sdit  le  ju^e. 
On  la  remit  aux  fers  et  on  lui  laissa  ses  ;;ardieiis. 
Elle  accepUi  néanmoins  l'habit  de  femme,  sur 
la  prora-ss.>  i]u'on  lui  lit  de  la  transférer  à  la 
pri>^on  d'Eïlise.  Trois  jours  après,  Jeanne  avait 
repris  l'habit  d'homme.  CoinnuMit  avec  ses  fers 
et  ses  gardts,  obli;^é(!  pour  se  lever  de  se  faire 
déferrer,  avait-elle  pu  reprendre  cet  habit"? 

Les  jui;es  accoururent  à  la  prison  pour  cons- 
tater le  fait  et  déclarer  Jeanne  relapse. 

Jeanne,  avertie  par  ses  voijr,  rétracta  son  abju- 
ration :  "  Ce  qui  ëuit  dans  la  cédulc  d'abjuration 

je  ne  le  comprenais  pas ce  que  j'ai  dit  jeudi, 

e  l'ai  fait  par  crainte  du  feu.  »  Et  elle  reprocha 
ses  jufres  de  l'avoir  trompée. 
Le  mercredi,  30  mai,  Jeanne  est  avertie qu  elle 
serait  brûlée  ce  jour-là  ini^me.  Elle  éclate  en 
sanglots  :  «  Hélas  1  s'écrie-t-elle,  si  j'eusse  été 
dans  la  prison  ecclésiastique,  à  laquelle  je 
m'étais  soumise,  gardée  par  les  gens  de  1  Eglise 
et  non  par  les  .\iiglais,  mes  ennemis,  ic  n'aurais 
pas  fait  celte  misérable  lin!  .\h!  j'en  appelle  à 
Dieu,  le  grand  Juge,  des  grands  torts  et  des 
iiiïravances  qu'on  me  fait.  » 

DKHMKRB   COMIIUNIOM    —    LA    HOBT 

Elle  se  confessa  au  Dominicain  Martin  Ladvcnu. 
puis  elle  demanda  la  Coniniunioii.  On  la  lui 
apporta  avec  lescérémonies  habituelles,  au  chant 
lies  litanies,  et  la  foule,  très  nombreuse,  répondait: 
fric:  pour  elle.  Kr.  Martin,  montrant  la  Sainte 
Hostie,  dit  ii  Jeanne  :  ■<  Croyez  vous  que  c'est  le 
Corps  de  Jésus?  —  Oui.  et  je  demande  qu'il  me 
soit  donné.  >.  Le  reliaieux  la  communia. 

N.  u(  heures  du  malin  allaient  sonner;  Jeanne 
monta,  v^lue  d'une  longue  luiiiciue,  sur  un  lourd 
chariot;  H»H)  soldats  es<  orUiieiit.  Et  ses  nrières 
élai'iilsi  dévoles  qu'elle  arrachait  des  pleurs  à 
tous  les  assiiiants.  Le  sinistre  cortège  s'arrAla. 

Uoueii,  Uoueii.  s'écrie  la  victime,  est-ce  ici 
que  je  dois  mourir?  •■  Jeini]-  -■  iette  à  genoux 
cl  prie  à  voix  haute  :  "  San  'ly:  ;''''<;  <f« 

fiioi,  rar  je  rrots  eu  roinl  J  l'iHi  't'  moi! 

O  Marie,  pries  ■pour  moi!  .S<iiii(  SUihel,  saint  Ga- 
briel, saint'  Catherine,  sainte  Marguerite,  renti  a 
iimn  aille!   Vo'i*  tons  qu    Mes  ici.  pardonnei-mn 

■  ihTif  jr  ION    parftnnne 


Ï 


Voi/<,  pr.'lrr*,  dites  rha 

;ioj  de  mon  àme!  Enroi<. 

I^  mon  roi  /  llmotll  saints 

.1.'» 

i«i- 

Le  misé- 
ijuclques 


jugement  n'a  lieu,  aucun  acte  dressé.  «  Menei, 
menez  »,  dit-il  aux  gardes,  et  au  bourreau  :  "  Fais 
ton  office.  »  Le  bourreau  saisit  l'innocente,  la 
pousse  sur  le  bûcher  et  l'attache  au  poteau.  Elle 
est  coiffée  d'une  mitre  de  papier,  ou  sont  écrits 
ces  mots  :  tlén'tiijue,  relapse,  apostate,  idolaftre. 
Jeanne  demande  une  croix.  Un  .\uglais  joint 
deux  morceaux  de  bois  du  bûcher,  <<  et  dévote- 
ment la  recul  et  la  baisa,  et  mist  icelle  croix  en 
son  sein,  entre  sa  chair  et  son  vêtement.  » 

Puis  elle  réclama  le  crucilix  des  processions. 

Ou  alla  le  chercher  à  la  paroisse.  <■  .\yei  soin, 

dit-elle,  que  je  l'aie  continuellement  devant  les 

yeux  jusqu'à  ma  mort.  >■ 

Soudain,  elle  pousse  un  cri  :  «  Maître  Martin, 

descendez le  feu!  »  Le  confesseur  descend; 

du  pied  du  bûcher,  il  encourage  la  victime,  et 
lui  présente  le  crucilix.  Jeanne,  au  milieu  des 
llammes,  réconfortée  par  ses  visions,  parle  encore  : 
..  Saint  Michel I  saint  Michel!  Non,  mes  roi.T  ne 
m'ont  pas  trorapëe,  ma  mission  était  de  Dieu. 
Jésus I  Jésus!  » 

Ce  fut  le  dernier  cri  d  amour  de  Jeanne.  Elle 
était  Agée  de  dix-neuf  ans. 

Le  bourreau  jeta  dans  la  Seine  les  cendres  et 
le  ctrur  intact  de  la  victime.  La  foule  s'écoulait 
terrifiée;  plusieurs  attestaient  avoir  vu  l'Ame  de 
la  pucelle  s'envoler  au  ciel  sous  la  forme  dune 
colombe,  ou  le  nom  de  Jésus  écrit  au  milieu  des 
llammes.  Lue  malédiction  secrète  plana  sur  les 
meurtriers  et  les  juges. 

JEANNK  s'a   tas    iji  CONOAMNÉe  PAR  l'iSCLISI 

Jeanne,  dit  le  cardinal  LanRénieux,  a  éié 
jugée  et  condamnée  par  la  politique  seule,  poli- 
tique de  vengeance,  et  non  par  l'Eglise. 

Et  qui  donc  le  sait  mieux  que  la  victime  elle- 
même?  Eh  bien!  elle  le  sait.elle  le  dit.  En  dépit 
de  tous  les  sophisnies,  elle  en  appelle  de  se» 
juges  à  ri-:glise,  quelle  ne  reconnaît  point  dans 

le  tribunal  qui   est  devant  elle •■  Menez-moi 

nu  l'ape,  et  je  lui  répondrai,  car  je  tiens  et  je 
crois  que  nous  devo:;s  obéir  à  notre  Saint-I'cre 
le  l'ape  qui  est  à  Home.  » 

Et  comme  le  président,  sentant  toute  la  portée 
de  cet  appel  et  craignant  de  voir  sa  proie  lui 
échapper,  défend  au  greffier  d'écrire  ses  paroles  : 
..  Ah!  reprend  l'innocente  victime,  vous  écrive» 
bien  ce  qui  est  contre  moi,  mais  ce  qui  est  pour 
moi  vous  ne  l'écrivez  pa»  1  »  Jusqu'à  .sa  mort, 
elle  proteste  qu'elle  a  été  soustraite  à  la  jusUre 
de  rkulise,  qu'elle  aurait  mieux  airaë  mourir 
avautue  tomber  aux  mains  des  Anglais. 

LE  VBAI   JUCBMl-NT  01  L'tCLISB  Sf»  JKANN*  d'ARC 

A  la  date  du  II  juin  itr.ri,  le  ;  ' 

ordonna  la  revision  ilu  procès.  !.• 
par  le  Pape  prononçaient  leur  senlcucc  le  .  j"" 
let  14;>6,  4  I  archevêché  de  Uouen. 

f  Nous,  disaieii'  '  '     "      " "''" 

nom  derEfllisc,  •■ 
Dieu  seul  devant  !•  -  >■  ii\,  ■ 
cons.  décrétoiiH  et  (b  rlaron 
seti'  ;-''■■■  ■■:■ 

■u 

■  irr 


l 'Il 

'  lie  tant  d-' 


■  ils 

iK. 


lenteurs. 


1.- 


..     ,  ..        .  ulier,  devait  prononcer  la 
tenlence  délln-.tive  ;  il  Msil«,  «e  trouble  ;  aacan 


l'ahjuralion  suiiUte,  1< 
s'en  est  suivi,  on'  ri, 
tmn  aienus,  »'inj  • 
I  .  21  iiin  nr  I  ' 
„j^  iiinin  !>■  ' 

Ir..  :  ,  .  •  de  la  '  ."'i 

Ihcii,  Jeanne  d'Arc,  t  tergt 


ce  qui 
:i(  nuh. 

l.éonXUI 
n  d'in- 
inle  de 


î  f  g'-rAril      I.     rrilTii» 


—    Imj'rimrrir    V     I  r  » 


^  \  ".,  rnr   |liv>r<l.  l'arl» 


LE    GRAND    SAINT   NICOLAS 

ÉVÉQUE    DE    MYRE 


Seconde  fête   le    "    .na:. 


SA    PATRIK 


SA    NAISSANCE 


l.a  ville  de  Palare.  aujourd'hui  en  ruines,  située 
ilans  la  l.yrie,  |>roviine  de  l'A>ie- Mineure,  fut  le 
lit'U  ou  nai|nil  -aiiil  Nirolas.  I.:i  rondalioii  de  cette 
\ille  remonte  aux  premiers  âfies  helléniques.  Le 
iiille  d'Apollon  et  les  orarles  (|iii  étaient  rendus  en 
sou  nom  en  lirent  une  ri>ule  de  Delphes,  disent 
Ïile-Live  et  Strahoti. 

l'atare  devint  autrement  célèbre  au  m'  siècle  de 
mitre  ère  par  la  naissai^'e  de  saint  Nicolas,  que  ses 
l'iiux  parents,  Kpliemius  et  Anne,  déjà  avancés  en 

■  iiii;  ontinrenl  par  leurs  ahonilantes  aumônes  et 
leurs   ferventes  prières.    ••    Vous  aurez.,  leur  dil  un 

■  iu:ie,  un  lils  qui  s'appellera  Nicolas  i-'esl-;i-dire 
Vilnire  (lu  peuple  \  et  il  sera  uraïul  serviteur  de 
l»]eu!  >■  C'est  le  qu'allirment  Jaiques  de  Vorapne, 
^aint  Vincent  l'erner  et  s.iint  l'ierre  llaniien.  ■•  >'.e 
~aint  enfant  ne  vit  pas  ;ilul(M  la  lumière  du  jour, 
ijoutent    ces    auteurs,    ipie    Dieu    voulut    le    faire 

connaiire  pour  son  'erviteur;  car,  nyani  èlé  placé 
dans  un  Irain,  il  se  tint  dehout,  joi^Mianl  li"<  mains 
cl  ref{3rdant  le  ciel  avec  une  sorte  d 'exln-.e  !  •  Ce 
cpn  a  fait  ilire  à  saict  Kernard  que  s.iint  Nicolas  fut 
élu,  béni  et  éclairé  par  le  Sei:;neur  dès  le  premier 
moment  de  sa  naissance.  (Comment  explicjuer  autre- 
ment le  jei'ine  (|ue  cet  enfant,  aussil()t  entré  dans  la 
M<-,  s'imposa,  les  mercredis  et  vendredis  de  chaque 
-emaine,  selon  les  usa;:es  des  Ktilises  d'tirient,  ne 
pr.  liant  de  nouriiture  qu'une  fois  le  jonr  et  à  l'heure 

■  !•■  None,  heure  ù  laquelle  prirent  fia  les  douleurs 
.!■■  la  passion  de  Notre-Seiuneiir  Jésus-^'hiiNi  ?  Ce 
pi..di;;e  de  pénitence  fil  dire  a  -on  oncle,  sou  prédé- 

■  f-«eur  sur  le  sièye  de  Myie,  les  paroles  suivantes 
iii'-  In  tradition  nniis  a  con-ervèes  :  <■  Voila  qu'il  est 

II'-  en  ces  jours  nu  nouveau  soleil  sur  !a  t'-cie:  il 

illustrera  tout  l'uniters Je  vous  dis  (|ue  le  ::raitd 

Dieu  a  romniuniqiiè  à  l'enfant  Nicolas  de  si  )^r.iii<les 
;;iàces  et  une  puissance  de  miracles  si  merveilleuse, 
qu'on  ne  cessera  jamais  d'en  parler!  •■ 


SAIMT  MCOLAs  si:  phkpark  ac  sacihdock 

Kphemins  permit  à  son  fils  de  choisir  sa  carrière. 
Notre  Saint  consalla  le  Seicneur,  il  sentait  en  lui- 
même  une  inclination  pour  l'étude  des  lois,  et  il 
a\  lit  Je  désir  de  défendre  un  jour  les  inlèièis  des 
p  iiivres  et  du  peuple;  cependant,  il  ronipi  il  qu'il 
■  !■  ail  n-piriT  au  sacenloce  et  que  telle  était  la 
\r<lonlé  du  l'iel. 

Il  étudia  déit  lors  la  théologie,  en  «'imposant  des 
f»nnes  niiillipliés  et  de  rudes  morliflculioii'.,  pour 
Il  •  Ire  point  sujet  à  l'eireiir,  Dieu  I  en  TèrompeiiM 
iri  f.ivon-aiil  m-h  étude-  par  de>  luiiiiere-  paitn'U- 
li.  les  et  en  lui  aci-oril;iiit  le  don  dis  niiracle<<  qui 
i;     -' iiT.iil.lli  i.iiii.'iio.  |(ptii'<'iiii;it.i  iifi  i.>iir,  au  sortir 

i-ipiire»     r 

••  MUi  lui  .: 
'I   iina  rarcent  qu'il  pnriiiil  -iir  lin, 

I'     rre,    il    lui    dit  ■  \ii     r  oui    <\ 

i,e!  •■ 
il  «du  moven  ^ce,  noufk 


une   pauvre 

'm'.oe      il    lui 
lit 

■  iir 


aii.t 
•  fur  . 


I  el  1  Kl,    ont    V 
i1#  ■  li^rii^  ol 


'•1er  le 

o  le,  en 

■  me     (omnie 

inell.'iiil   iiiip 


SAINt  NICOLAS  FAIT   L8    PÈLERINAGE  DE    Jlf.RPSALBIl 

Après  avoir  reçu  l'ordre  de  la  prêtrise,  saint  ' 
Nicolas  fut  chartié  par  son  oncle,  archevêque  de  | 
Myre.  de  diriiier  en  celle  ville  un  monastère  appelé  | 
la  Sainle-SioD.  Il  gouverna  ses  Frères  a»er  prudence  < 
et  humilité,  comme  aurait  fait  un  religieux  avancé  i 
en  Ajie,  en  vertu  et  en  sainteté.  C'est  alors  «ju'il  : 
con«;ut  le  projet  de  visiter  les  l.ieux  Saint*  ;  il  i 
entreprit  ce  nèlerinage  avec  des  sentiments  que  tous  i 
les  auteurs  de  sa  vie  ont  célébrés.  ■<  A  Jérusalem,  il  ' 
chemina  toujours,  disent-ils,  les  pieds  nus,  la  tétei 
découverte,  les  yeux  mouillés  de  larmes,  la  com-j 
passion  dans  le  ca-ur.  Aux  lieux  où  Notre-Seipneur 
avait  fait  quelque  action  particulièrement  remar-; 
quahle,  il  allait  à  gem^ux,  baisant  sans  cesse  la  terre  { 
sanctifiée  par  le  sang,  les  sueurs  et  les  douleurs  de! 
son  divin  Maître  !  •■ 

Il  se  retira  pendant  plusieurs  jours  dans  une! 
pelite  yrolte,  pre.s  de  Kethléem,  où,  d'après  la  tradi- 
tion, s'était  abritée  la  Sainte  Famille  fuyant  en' 
Kgypie  pour  échapper  à  la  persécution  d'Hérode;i 
depuis,  on  a  bAli  en  ce  lieu  une  petite  église  "-ousi 
le  nom  de  Saint-Nicolas,  il  y  est  représenté  en' 
habit  de  pèlerin.  1^  saint  Abbé  fût  volontiers  resté: 
ainsi  i  contenipler  et  h  prier  jusqu'à  la  lin  de  ses 
jours;  mais  Nôtre-Seigneur  lui  ordonna  de  retour-! 
ner  à  son  mona-lére  de  Sion.  Il  quitta  la  l'ales-| 
tine,  priant  Dieu  de  lui  faire  connaiire  ses  desseins' 
sur  lui.  I 

I 

SAI.M  MCOLAS  EST  iul  i\tQVS  DE  MXRK 

\^s  suffra«ants  et  le  clergé  de  Myre,  à  la  vaiaucei 
de  ce  siège,  étant  assemblés  pour  l'élection  d'un! 
nouveau  tilul.iire,  appiirent  (lar  révélation.  aU' 
témuignagtj  du  bieiiheuri'ux  Jacques  de  Vora.;ine,j 
(pie  leur  choix  devrait  se  porter  sur  c«liii  qui,  lej 
premier,  entrerait  dans  l'e^ilise  le  jour  suivant,  cl 
s'appellerait  Nicolas  Ils  passèrent  la  nuit  en  prières. 
A  l'aube  du  jour,  apercevant  saint  Nicolas,  qui,  lel 
premier,  s'était  renau  au  temple  saint  pour  y  prier,! 
suivant  sa  coutume,  ils  le  sacrèrent  et  le  procla-' 
nièrent  leur  éièque. 

1/;  peuple  de  Mvie,  ayant  appris  la  nouvelle,  se 
rendit  en  grande  l'ouïe  à  la  cé*i>moiiie;  par  «n  foi,  ^ 
sa  piété  et  les  élans  île  sa  joie,  il  montra  | 

lats  assemblés  qu'il  approuvait  un  choix  <l  j 

par  Dieu  même.  I 

rarnii  les  assistants,  on  vil  une  jeune  mère  se! 
jeter  aux  pieds  du  nouvel  ai'  , 

der    de    rendre   la    vie   as  ■  | 

bri'ilé  par  sa  propio  néfligem  e. .  ne  le  un  upp'ii  ull 
mort  nan»  -,•>  luai.  I 

Dieu    Voulut,  >ans  doute,   disent    les    |,i.(^..   ...   j 

autoriser    <\ leinent     1  èlerliou     par    un  | 

iiiiiacle;  sninl  Nircdas,  après  avoir  fi'i   ''  ] 

la  cioii    sui   l'eiifaiil,  lui  rendit  la  vu  | 

aux  ac'  lamalious  de  tout   lo  peuple  '', 
Myre. 

r,e  fait  no  nellb  iiT  M  bienl6l  connu  du  I 

le»  iiites  ;  on  apprit  la  >  j 

plar  ont    an-hrv>'|ur;    eii  , 

loiii  'iir  le   n'ir,  I 

<ni\  liir»,   dfins  ii'i 


•m 
i 


K  A._._u;i..;i    1  i j-  .:    .■i.,li..i,.^,.,.     Jrr   It;^    lUti,    ùf     i'.-   •  iiU- 

per  eu  morceaux,  de  saJt-r  cette  cliair  humaine  et 
de  la  consommer,  afin  de  mieux  cacher  sou  crime. 

"  L'archevêque,  informé  par  un  an;^e  de  ce  triple 
homicidf.  vint  aussitôt  trouver  le  meurtrier,  le 
confondit  publiquement,  tout  en  lui  promettant  le 
pardon  de  Dieu  s'il  se  convertissait  et  faisait  péni- 
leHce;  puis,  saint  Nicolas,  étendant  sa  main  >ur  les 
chairs  inanimées  des  trois  victimes,  les  rappplla  à  la 
TÎe.  »  ' 

Ce  miracle,  que  le  témoisuai,'e  des  peuples  nous  a 
transmis  dans  les  nombreuses  peintures  et  trravures 
représentant  saint  Nicolas,  a  été  l'orisine  du  palro- 
naye  ctlèbre  de  ce  Saint,  fêlé  par  les  jeunes  ^'anons 
et  les  écoliers.  Nous  devons  ajouter  que  certains 
historiens  modernes:  Alhan  Butler,  iioutscard  et 
autres.  crai;.'nant  de  paraître  trop  crédules,  ont  passé 
sous  silence  ces  merveilles  admises  universellement, 
ainsi  que  l'on  peut  s'en  convaincre  par  la  lecture 
de  l'office  de  saint  .N'ioolas  dans  l'ancien  Propre  du 
diocèse  de  Langres. 

SAINT  NICOLAS  AU   CONCILE  DE  NICÉE 

Lorsque  le  pape  saint  Sylvestre  eut  donné  son 
coiisentement  à  la  réunion  d'un  Concile  à  Nicée, 
d'accord  en  cela  avec  l'enipereur  Constantin  le 
Crnnd,  saint  Nicolas  s'y  rendit  avec  empressement. 
Il  avait  été  plusieurs  iois  llageilé  et  niaitrailé  par 
les  officiers  de  Licinius,  collègue  de  Constantin  et 
ennemi  acharné  des  chrétiens;  tout  son  corps  était 
couvert  de  cicatrices  et  do  blessures.  C'est  pourquoi 
les  peintres  de  l'antiquité  nous  l'ont  représenté  se 
rendant  au  Concile  œcuménique  tout  mutilé  et  portant 
les  marques  de  ses  souffrances. 

Pendant  une  des  séances  solennelle?  du  célèbre 
Concile,  à  l'énoncé  de  la  doctrine  impie  d'Arius  refu- 
sant à  Notri--Seigneur  Jésus-Christ  le  nom  de  Fils 
étomel  de  Dieu,  on  vit  saint  Nicolas  se  lever  de  son 
siè^e,  et,  dans  un  mouvement  plein  d'indi;.'nalion  et 
d'éloquence,  il  invita  l'hérétique  à  rétracter  sa  doc- 
trine qui  n'était  autre  que  celle  de  Satan,  le  père  du 
meiisonse  ;  son  zèle,  sa  foi  ardente  et  son  courage 
obtinrent  l'admiration  de  toute  l'assemblée. 

Pierre  de  Natalibu'^.  qui  rapporte  cette  anecdote, 
nous  fait  connaître  en  m'-me  temps  la  noble  réponse 
de  Constantin  à  quelque^  amis  secrets  du  novateur, 
oui,  devant  lui,  osaient  prétendre  (|ue  l'archevêque 
de  Myre  avait  été  trop  sévère  en  cette  circonstance  : 

"  1  approuve  rai'clievé(|ue  de  Myre,  s'écria  l'em- 
pereur; et,  d'ailleurs,  il  ne  m'appartient  pa«  de  con- 
trôler les  Pères  du  Concile  :  il  n'appartient  .[u'aux 
évéques  de  Juger  un  évéque. 

SAI.NT    MOOLA.S    FT  C0^9TA^TI^•    LE  GBA.VD 

Peu  aprV's  la  tenue  du  Concile  de  Nicée,  Constan- 
tin, seul  maître  du  monde,  voulut  le  paciljer.  allii 
de  pouvoir  plu~  factlemenl  favoriser  la  prédication 
de  rKvani.'ile.  l)an=  i-e  liul.  il  envoya  une  armée 
ocrujier  la  prnvince  de  la  Plirygie  supérieure, 
agitée  par  des  rebelles. 

I^s  eénéraiix  auxquels  l'empereur  conHa  cette 

expédition  s'appe|iii.-ni  Népotien.  Irsiis  et  Hcrpilio. 

Il«  déployèrent  en  relie  I  il  constance  une  prudence 

extrême,  et  parvinrent  à  faire  cesser  les  troubles 

par  la  persuasion  «-t  en  évitant  de  répandre  le  «nnc. 

Ile    retour   .'i   Coiistmlinople,   |ps   trois   nfllcien- 

néiiéraiii    furent   amiPié'.    rie  conspiration    contre 

'  'I»  par  des  envieux  de  la  faveur  souveraine. 

'lient,  h  l'aide  de  faux  témoit-naL'Ps.  à  les 

'      TTT  à  mort,  hans  leurs  aniioisse»,  les 

»e  HonMureiil  de  la  grande  charité  et 

I i'M  e  de  saint  Nicoli». 

nuit  même  qui  précéda  leur  supplice,  il  priè- 


r.nt  Dieu  de  leur  envoyer  le  eb.iiitai.le  arclievéque 
de  Myre  et  de  l'intéresser  à  leur  soil.  Leur  prière  à 
l'instant  même  fut  exaucée. 

Le  Saint  apparut  à  Constantin  pendant  son  som- 
meil et  lui  enjoi^'nit  de  révoquer  son  inju-le  sen- 
tence. L'empereur,  réveillé  par  cette  apparition  du 
grand  évêque,  lit  amener  devant  lui  les  trois  ollici.  rs. 
leur  accorda  leur  grâce  et  les  chargea  de  porter  à 
saint  Nicolas  d'abondantes  aumrtnes  pour  ses  œuvres 
de  charité,  en  y  joignant  un  encensoir  et  deux  chan- 
deliers d'or  massif,  une  paire  de  gants  pour  la 
messe  pontilicale  et  un  livre  des  Saints  Evangiles, 
enrichi  de  pierres  précieuses. 

Constantin  renouvela  en  cette  circonstance  les 
édits  qu'il  avait  déjà  rendus,  dans  lesquels  il  ordon- 
nait que  les  sentences  des  évoques  seraient  désor- 
mais exécutées  selon  les  lois  de  l'Eglise  romaine, 
sans  jamais  être  soumises  à  l'autorité  des  juires 
séculiers. 

UOBT  DE  SAINT  MCOLAS 

•Saint  Nicolas,  âgé  d'environ  soixante-cinq  ans. 
affaibli  par  la  plus  austère  pénitence,  par  toutes  les 
souffrances  qu'il  avait  endurées  au  temps  de  la  per- 
sécution de  Licinius  et  par  les  labeurs  de  son  èpis- 
copat,  sentit  que  sa  fin  approchait;  Dieu  l'en  avertit. 

II  invita  son  clergé  à  l'assister  de  ses  prières  et  se 
fit  transporter  au  monastère  de  Sion,  où  il  voulait 
mourir,  (^hose  merveilleuse,  écriient  tous  les  auteurs 
grecs,  on  vit  soudain  sa  cellule  remplie  d'anges 
récitant  avec  lui  les  psaumes  qui  pouvaient  le 
mieux  aider  et  fortifier  un  agonisant. 

Le  saint  archevêque  ayant,  avec  les  Esprits  célestes, 
récité  le  psaume  trentième  : /«  te.  Domine,  speravi. 
il  répéta  seul  le  verset  :  In  manux  tuaa  commendo 
.<l)inlum  nieuni  :  redemisti  me,  Domine  Drus  rerilalis. 
et  rendit  au  Seigneur  son  bienheureux  esprit.  C'était 
en  l'an  :i4:t.  un  vendredi,  sixième  jour  de  décembre, 
à  l'heure  de  None.  en  laquelle  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  expira  sur  la  croix  pour  le  salut  du  monde. 

l.'évéque  de  Féliton,  sulTragant  de  l'archevêque 
de  Myre.  ayant  appris,  par  un  avis  direct  de  Dieu, 
la  mort  du  .Saint,  tint  à  honneur  de  présider  à  ses 
funérailles.  A  la  demande  du  clergé  et  sur  les  ins- 
tance? du  peuple  tout  entier,  il  chanta,  non  pas  la 
messe  des  morts,  mais  une  messe  d'actions  de  grâces, 
pour  remercier  le  Seigneur  qui  venait  de  rappeler 
à  lui  ce  bon  et  grand  serviteur. 

C'était  une  canonisation  anticipée;  elle  fut  aussit6( 
ratifiée  par  tous  les  évêques  de  1  .Xsie-Minenre  et  par 
le  pape  saint  Damase,  qui  composd  l'Oflice  chanté 
dans  toutes  les  églises  ou  l'on  célébrait  la  fêle  de 
«aint  Nicolas  de  Myre.  Ainsi,  dès  le  iv  siècle, 
écrit  le  P.  Hibadeneira.  la  fête  de  saint  Nicolas  le 
Grand  fut.  jiour  ainsi  dire,  chêimée  comme  celles  des 
plus  illustres  martyrs,  et  comme  le  fut.  peu  après, 
(a  fête  lie  saint  Martin,  le  thaumaturge  des  i;aules. 

LE-    DEl'X  TOMBEAfX  DE  t'AHCHEvêot-'E  DE  MTIU: 
L'eAV  de  saint  NICOLAS 

Lé  corps  du  saint  archevêque  fut  déposé  en  l'église 
du  monastère  de  Sion.  dans  un  sépulcre  de  maibie. 
Ses  clercs  et  les  moines  ne  tardèrent  pas  à  s'aper- 
cevoir que  la  mort  n'avait  rien  diiiiinué  de  la  vertu 
miraculeuse  dont  il  avait  été  orné  dès  sa. jeunesse. 

Au  moment  de  renaeveli>semonl.  ils  virent 
s'échapper  de  ses  saintes  reliques  une  liqueur  oib.i  i 
férinle,  asser  «emMable  à  l'huile  et.  de  l'extréniil'' 
de  «es  pieds,  uneeauliiiipide  qu'ils  distribuaient  aux 
m.ilrtdes  et  aux  ble«sés  venant  de  toutes  parts  au 
tombeau  du  grand  thaumataïae;  reux-Oi  en  éprou- 
vèrent des  eflels  merveilleux,  ce  qui  a  inspiré  ces 
beaux  vers  au  poète  Santeuil.  que  personne  ne  sau- 


mit   accusfri 
^ul■nalul•el . 


d'avoii    «'II-   néihili'   et  tnp   ami    ilu 


/■ 

;■ 

; .  ■ 

iile  nalulnn.' 

avril  de  l'anni^e  li'.' 


'Still 


lit  i|uaiante- 


<inq  ans  apiiis  la  mort  dv  s-aiiit  .\ii;ulas,  des  uuiia- 
Ii;urs  de  la  ville  de  Ilaii.  rii|iilile  de  la  iirmiiu-e  et 
diich»'  du  l'ouille.  au  i  •v.iiiine  de  Na()It;>.  éluienl 
venus  il  M^ré  ("^111    >    ■    iiMT  le  toiiili«-au  ilu  plus 


iDiieiil  cl  dOoeideitl. 

,itlri!.lés  en  viiyanl  l\';,'li>;e 

.iiid  i:vtMiue  [iiesquc  en  mines; 

Turc?  t'l;iitril   les  inaiires  du  |'a.>-i  ul.  saii^  oser 

lit  les  reliques  du  Sninl,  ils  vou- 

-  |>ùlcriiis  ol  leslaire  oulditi. 

-  euii'iit  liien   vite  |)ii-i  un  |iaili,  et. 


i;^ 


'IMire  des  II 
lU  furent  sin;:ii 
i;t  le  sôpulcre  du 

le    ~ 

l-l'OllUrl 

l.iii  iil  I  II 

i'.oa  ariuiil-ui 
décidés  II  tout  entri.'|>rendre  pour  sauvi-r  les  os-c 
ment»  v-'ii-'n-s  do  saint  Nicolai;,  il»  réussirent  à  s'tii 
emjiarrr  P'IkI.iuI  une  unit  olisrun;  avec  l'aide  de 
quelques  reliifieux  préjxi'^Os  à  la  parde  de  lY^lije. 

Il»  arriM'rcnt  à  Hari  le  9  niai,  et  furent  reçus  par 
la  population  avec  des  transports  de  joie. 

Il  est  fait  mention  de  relie  mémoralile  translation 
lies  reliques  de  saint  Nieolas  dans  le  Itrt^viaire,  le 
C  décenilire.  et  dans  le  M.irlyrolo;;*',  le  0  mai.  File 
a  d.inii"'-  lieu  .'i  l'étaMisseinent  d'une  seconde  fOte, 
fixée  au  jnur  où 'les  saintes  reliques  arrivèrent 
à  llari:  on  l'appelait  autrefois  la  Saint-Nicola?  d'été, 
par  oiiposiiion  à  la  Saint-Nieolas  d'Iiiver. 

Le  duc  lie  l'ouille.  Ho|^er,  oITrit  son  propre  palais 
d'-  Itari  pour  y  h;\tir,  de  concert  avec  les  iialutants. 
une  basilique  d'une  (grande  niagnillccnce  et  ijui  ne 
le  lùdc  en  rien  aux  plus'  belles  éyllses  de  Ja  cbré- 
ticnté. 

\u  milieu  de  ce  superbe  nioDument,  on  a  creusé 
une  crypte,  uurnie  de  marbre  et  suiinonléc  de  la 
statue  de  saiut  Nic<das  le  (ïrand. 

Le  pape  libaiu  FF.  présent  à  la  cérémonie  de  la 
répiisiliou  des  reliques  de  saint  Nicolas,  plaea  de 
-  -  l'iopres  mains  les  ossements  sacj-és  sur  une 
'  !  !■  de  marbre  sous  l.iquelle  se  trouve  un  vuse 
•  .  liment  de  marbre  piécieux. 

Il      'ii;ueur,  s<;mblable  à  de  l'eau,  s'écoule  du 
elle  est  reeueillie  par  les  cbaiioines  de  la 
le  Saint-Niiida-,  ijui  la  distribuent  aux 
I'  )■  uns. 

'est  ainsi  que  l'on  implore,  à  Rari,  comme  on 
luipliiralt  U  Myre,  relui  que  saint  l'ierre  D.nnien 
;i  appelé  l'élu  de  Ili'-ii.  le  nourrisson  de-  la  sainteté, 
l.i  .b'iie  des   |.  ,  riiduneiir  des  vieillaid», 

U  -|i|eudi'ur  (1  et  la  lumière  des  pnulifes. 

Le  luiiacle  que  iiuub  tennus  de  rappeler  e^t  inen- 
tiouné  au  .MaitYrob>;:e  roiuuin;  il  est  dépeint  dan-- 
le-  vitrail  de  Saint-Nic4ilas,  de  la  catliédiule  île 
lUiuryes.  et  reproduit  dans  l'Atlas  de»  l'I'.  tUibier  r  t 
Martin,  de  la  l..ompa^nic  de  Jésu». 

ri  II!  »ii:  T  ,<<icoL\s 

HMiti  lie»  tTond- —  ''  '" 
iil  In   premi'-i' 


On  invoquait  saint  Nicolas  pour  n'être  pas  s'urfiris  : 
par  une  mort  subite  ou  pour  lui  demander  d'être  ', 
préservé  de  la  damnation  éternelle.  L'I^'h^ermiaine,  , 
dans  sa  liturgie,  a  sanctionné  cette  marque  suprême  ! 
do  conliancc  en  faisant  dire  au  prêtre,  a  la  collecte  ; 
de  la  messp  du  saint  Nicidas  :  <i  Seifjneiir,  tuiles,  s'il  ' 
vous  plait.  que,  par  Jes  niériles  el  les  prières  de  ■ 
saint'Sicolas,  nous  soyons  délivrés  d'>s  llumnies  de  | 
l'enfer  1  -i  " 

On  >adresse  à  saint 'Nicolas  dans  Ips  temps  de  ' 
calamités  publiquis,  en  souvenir  de  son  admirable  ; 
cliarilé.  l'iiC  famine  sévissait  en  .X-je-.Mineui'e;  il  I 
apprend  qu'un  cliar;;eiueitt  considérable  de  blé,  ' 
destiné  pourlavilleimnériale.  est  au  p>irt;  il  y  yient,  ; 
en  suppliant,  el  déi'idn  les  maivliaiids,  apn-s  hicn  ' 
des  ollorls.  à  lui  en  «lidei-uue  paHie.  .A  peine  ceux- | 
ci  él{iienl-ils nirivéc-s  ù  ('.onslanliiiMide qn'ils  eonsta-  i 
tent,  il  leur  grande  siirpiisr,  (pie  leur  Me  n'avait  pus  j 
diminué  et  qu'ils  élaiont  ain-'i  réedinppnsés  de  ee  I 
qu  ils  avaient  lait  ii  in  prière  du  ui-and  évi^que.  i 

l.ifs  marins  l'iiivoqui-iil,  de  leur  cAté,  dans  leurs' 
périls.  Il  leur  donna  plusieurs  fuis  iréibilaiils  tènioi-  ' 
giiii^iesdesa  protei'lion,  J.icqiies  de  Vor.ieine  raenute  I 
comuient  siiiiit  Nicolas  sauva,  par  sa  bénédiction  etj 
sa  eonltaiice  en  |)ieu,  un  biltiinciilqui  allait  devenir,  i 
en  pleine  mer,  bi  proie  des  Ibiunnes.  , 

Les  prisonnieis  l'invocpient  en  souvenir  du,  fait  i 
merveilleux  i|ui  a  iliiiiiiè  lieu  à  la  t;iande  dévolioui 
des  Lorrains  envers  saint  Nicolas,  leur  palrou. 

.\u  loiiiuieiiceuient  du  xii'  siècle,  un  ibev.ilier' 
qui  liabiluit  près  de  Naiiey,  dans  un  boiir^  nommé  ; 
le  Port,  résolut  de  se  Joindre  aux  sobbits  qui  allaient  < 
combattre  en  Orieut.  Pendant  la  >;uerre,  les  inll-j 
dèles  le  tirent  pii8"iinier  et,  coitmie  il  se  refusait; 
à  anostasier,  il  fut  eiielialtui  et  mis  on  un  itoiubre  | 
caeliol.  Oans  sa  détresse,  il  «e  souvint  d'un  oratoire  j 
dédié  à  saint  Nieidas,  situé  près  de  l'xrt;  il  adressai 
ù  ce  (.'raii.l  tliauiiialurf;C  une  fervente  prière,  jioiir 
lui  dem.iiider  Mui  secours  et  sa  proleeiion,  Itaiis  lai 
nuit  suivante,  saint  Nirolas  obtint  de  Dieu  de  le  déli-  j 
vrer  et  de  le  transporte»;  miractileusenu'iit  en  Lor- j 
raine  au  seuil  de  la  cbapelle  ipii  lui  était  dédiée.  Le; 
matin,  dit  VHiiloiie  île  In  L'irnhie,  le  sacristiiin, i 
Voyant  ce  pauvre  cbevalier  c  ncluihié  el  .1  peine  1 
éveillé,  r.iiila  à  re^;ii;;ner  sa  demeure,  et  lous  deux' 
bénirent  Dieu  et  piiidièrent  la  puissonce  de  ^iiiut' 
Nicid.is.  Le$  b.ibilaiits  du  bouif;  s'niiirenl  à  leiirsj 
aetiivns  de  ^srAce*  rt  ne  tarilérenl  pas  i'i  donner  lai 
nom  de  saint  Nicola"  à  leur  rommune,  connu«| 
depuis  sous  le  nom  île  Saint-Nicol;i»-du-l"ort.  ' 

Im.  Lorroine  entière  s'ass.-iiaà  ce  mouvement  dci 
piété.  Iles  processions  s'urKanisèn^nt,  el  les  pèleri-| 
na;.e«  à  l'oratoire  de  Saint-Niccdos  dpviiireiil  si  nom-' 
bieiix  qu'on  ne  taid.i  pas  à  ronstiuire  une  de«i 
plus  belb  s  éylises  qui  aient  éid  dédiée»  au  saintl 
évéqui'  lie  Myre.  j 

Les  princes  do  In  maison  de  Lorrain'  -  '  '  :  •  t! 
aux    pofiubilions   pour   enrieliir    <<•    ■ 

idilinreiit  de»  mofisliat»  el  du  cler;;--  <■';   i -iol 

reliqin-  insi;.ne  ilii  Saint  pour  lu  Itclle  /-«lise  de  .SainUj 
Ni...|.is  (In  l'.ol.  [ 

Les  Messins  IIP  resiéreiil  ja.»  indilTérenls  en  resj 
I..  ...  ).|,  i|||ti>  i.iii,    l.i  I  I  ..\  III.  I'    t"  <  iill'    dei 
•  levillt   p. 


I     diill*     In     II 
le  MrlJ     l.i-   1 


de 

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lit    dliaiii|><iuuu    ut 


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>i  11.  p'jul  le  '-'-'Il   aux   dîe  leii' 


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SAIM  AMOMN 

ARCHEVÊQUE    DE    FLORENCE 


Fête  le  i  0  mai. 


Derniers  moments  de  saint  Ântonin,  archevêque  de  Florence. 


l'tlKF ACE    DE   L\    VIE    U  f.N    SAIXT 

Sailli  Antonin  naquit  à  Florence,  en  l'an- 
ii-e  1389. 

Comraeil  était  fils  unique,  ses  vertueux  parents 
-  efforcèrent  de  lui  donner  une  éducation  forte 
ei  chrétienne.  Dans  l'économie  <iu  plan  divin,  la 
lamille  est  appelée  à  jouer  un  ^'rand  rJle  :  elle 
est  comme  le  berceau  de  la  cité  de  Dieu.  C'est 
dans  ce  sanctuaire  intime  de  la  famille  qu'.\nto- 
mn  respira  les  premières  iniluences  de  la  foi. 
Son  c<i-ur  sembla  ■-'épanouir  sur  les  cenoux 
maternels,  sous  les  rayons  de  la  charité  divine 
H  de  la  t'ràce.  De  bonne  heure,  il  apprit  à  mépri- 
ser la  terre  et  à  porter  ses  regards  an^'-liques 
vers  le  ciel.  A  r.'i:.'e  de  dix  ou  on/.e  ans,  l'empire 
que  le  jeune  Antonin  exefçait  sur  lui-ra^me  tenait 
liil  prn(li::e. 

•  Ml  M''  remarquait  en  lui  rien  de  puéril  ou  qui 
i|"n"iii  l'inconslance  d'une  jeunesse  capricieuse. 
l'iUii'iiis  doux  et  affabli',  avenant  et  dni-jle,  il 
■  lait  la  consolation  de  se»  parents,  l'éilifieation 
d^s  eiif.iiit'  lie  son  Aae,  et  bi  jnje  de«  an!.'es  qui 


souriaient  à  sa  candeur  naïve,  quand  ils  le 
voyaient  prier  à  genoux  devant  l'image  de  la 
Très  Sainte  Vieriié.  C'est  à  la  protection  puis- 
sante de  Marie,  comme  plus  tard  il  le  dira  lui- 
mt^me,  qu'il  dut  le  bonheur  inestimable  de  con- 
server intacte,  au  milieu  de  la  corruption  du 
monde,  l'innocence  de  son  baptême. 

DEL"X    AMOURS 

Appliqué  de  bonne  heure  à  l'élude,  Antonin 
fit  de  rapides  progrès  dans  les  sciences  humaines. 

Doué  d'un  esprit  vif  et  pénétrant,  d'une 
mémoire  exlraordinaircment  heureuse  et  d'une 
énergie  rare,  il  ne  tarda  pas  à  occuper  le  pre- 
mier rani!,  je  ne  dis  pas  parmi  ses  égaux,  mais 
même  parmi  des  enfants  i|ui  lui  étaient  bien 
supérieurs  en  àae. 

Mais  cet  amour  de  l'étude  était  loin  d'étaler 
l'amour  du  vrai,  du  bien,  du  beau  surnaturel 
qui  consumait  son  àmc.  Il  aimait  et  recherchait 
avec  soin  les  hommes  sérieux  et  graves;  mai< 
il  rhoi«Nsall  de  préférence  ceux  de  qui  il  pouv.iit 
a|iprendre  quelque  chose  des  secrets  de  la   vie 


32  î 


spirituelle,  car,  il^-  ^e^  plus  teudres  aunées,  il 
s'était  attaché  à  Dieu  de  tout  son  cu?ur. 

PBEUIERs    ATTRAITS   DE   LA    \  OCATIO.S 

Après  un  début  si  saint,  devra-t-on  s'étonner 
si  le  jeune  Autonin  se  sentit  pris.àqainze  ans,  à 
l'heure  <iii  les  passions  s'éveillent  dans  l'ime  de 
l'adolescent, d'un  défient  souverain  pour  le  monde 
et  ses  plaisirs  trompeurs'.'  11  avait  déjà  éprouvé, 
dans  ses  moments  de  lerviur,  un  extraordinaire 
désir  de  se  consacrer  entièrement  à  Dieu,  et, 
lorsque  dans  ses  inelTuliles  alléL-resses,  il  s'était 
pris  à  soupirer  aiirr-  le  bonlnur  dus  élu^,  il 
aimait  à  reposer  en«iiite  ses  regards  sur  le  cloître 
lie  la  vie  d  Ii:.i'  u~'-.  comme  Vasile  qui,  sur  la 
terre,  reproduit  le  mieux  lafélicitéet  la  vieduciel. 

Il  résolut  donc  de  se  faire  religieux,  et,  parmi 
tous  les  Ordres  qui  se  faisaient  alors  1.-  plus 
remarquer  par  leur  ferveur,  leur  austérité  et 
leurièle  apostolique,  celui  des  Frères  PriV-heurs 
loi  parut  ''Ire  le  plus  propre  au  développement 
de  sa  perfection. 

acres  —  l'exa>ie.n  e.>'  droit  caio:i 

Antonin  avait  eu  le  lionheur  d'entendre  sou- 
vent les  prédications  du  liienbeureux  Jean  Domi- 
nique de  Florence,  et  d'être  te'moin  d«s  grands 
exem|>les  de  vertu  qui  le  signalaient  à  l'admira- 
tion de5  peuples. 

Ol.éissanl  à  l'attrait  de  la  «rAce,  le  jeune 
.\ntofiin  s'adressa  au  célèbre  prédicateur.  H  vint 
!rapper  à  la  porte  du  nionastère  de  F'iesnle, 
demandant  à  être  revêtu  du  saint  haliit.  C'était 
vers  l'an  I  «O.i. 

Le  bienheureux  Jean  Dominique  lui  trouve  de 
l'esprit  et  un  bon  natun-l.  Il  est  ch.irmé  de  la 
candeur  de  son  Ame  et  des  désirs  de  son  cu-ur. 
Mais  le  voyant  si  jeune  et  si  délicat,  il  n'ose 
accéder  à  sa  demande.  U  lui  conseille  de  remettre 
son  projet  à  pluH  tard. 

Cependant  il  ^'informe  des  occupations  et  des 
études  auxquelles  il  se  livre,  et  Antonin  lui 
répond  avec  une  touchante  simplicité  :  ••  Je  lis 
volontiers  le  décret  de  (iralien!  —  Eh  bien! 
reprit  le  bienheureux  Jean-Dominique,  quand 
voos  sanrei  tout  le  décret  de  Gratien  par  cceur 
c'csl-4  dire  tout  le  droit  canon  ,je  vous  recevrai 
dans  rurdre. 

La  condition  pouvait  paraître  dure,  irréalisable 
même;  telle  était  du  moins  la  pensée  du  Père 
Dominicain,  qui  n'avait  pri-  au  fond  qu'un  expé- 
dient pour  le  con:.'édier  d'une  manière  honnêlv. 

Mais  Antonin  ne  se  iiut  pas  pour  battu.  Loin 


il  -•'  mil 


ilraire,  à  l'ieuvre 

i<>u  du  ciel.  Llle 

..'linon,  .Vntiiniu 

e  et  de  mèmciire 

1  î'-re    à  la  Un   île 

iiii-  p<ii  ds.ince  du  succès, 

r  «"Il  pxîimeii 

il. 


de  se  pploii' 
avec  /.el' 
ne  lui  II 
avait  rei'U  de 

pour  se   repi 
cette  même 
il  venait  fou' 

1 

deii.  ■!, 

comiui    au  tiojuin.iteur   qui,   -.ouluil   liuuiilier 
iiu  élevf  dont  il   est  mécontent,  le   preise   de 

qimotiiins  et         '■  nr    lui 

lair-'  -lenlir  i 

.  ;i       \  iii.tu  m  I  ■  ("iiii    -.1  .  *    ■■'    n 

1  lui  d<'inniid<'.  et  lin 

lie  est  contraint,  p"u.  .....  , ■<. . 

au  nombre  des  reliKieux. 


1 

toi. 

ne- 
de  I 


Il  dit  adieu  à  son  père  el  à  sa  imre  qui  com- 
prirent aussitiU  le  bonheur  d'avoir  un  lils|>rétre 
et  relifiieux,  et,  sans  verser  une  larme,  le  pireet 
la  mère  comblèrent  de  bénédictions  ce  cher 
enfant  qui  voulait  embrasser  le  genre  de  vie  le 
plus  saint. 

Ils  n'avaient  qu'un  lils  et  ils  étaient  fiers  de 
le  consacrer  à  Dieu.  Ils  tressaillaient  déjà  à  la 
pensée  que  ce  lils  allait  partaitor  la  royauté 
et  le  sacerdoce  de  Jésus-Clirist.  et  une  telle 
dignité  était  bien  de  nature  à  leur  faire  oublier 
leur  propre  noblesse  el  l'espérance  des  grandeurs 
terrestres. 

LE    NOVICE   —   LE    PROFks   —    LE    fllflTRE 

Antonin  franchit  donc  le  seuil  du  monastère 
et  revêtit  l'habit,  et  bienti^t  la  ferveur  du  jeune 
novice  était  un  stimulant  puissant  pour  les  plus 
anciens  profès.  On  avait  craint  tout  d'abord 
qu'il  ne  succombât  aux  rigui-urs  de  la  discipline 
monastique;  mais  ces  cralllte^  ne  lardèrent  pas  à 
se  dissiper.  Dieu  lui  donnait  de  nouvelles  forces, 
à  mesure  qu'il  avançait  dans  les  voies  de  la  per- 
fection. 

Antonin  se  montra  toujours,  et  en  toute  occa- 
sion, le  plus  humble,  le  plus  obéissant,  le  plus 
mortilié  el  le  plus  rèfîulier.  .\roi  du  silence,  de 
la  retraite,  de  l'oraison,  on  le  trouvait  p.irtout 
le  même,  recueilli  et  toujours  attentif  A  rendre 
à  tous  les  mille  petits  <ervi-es  qu  inspire  au  cu'ur 
généreux  la  charité  fratem-lle.  .\ussi,  il  ne  faut 
pas  s'étonner  de  l'ascendant  qu'il  pnl,  sans  le 
vouloir,  sur  l'esprit  de  tous  les  reli^sieux.  Ceux-ci 
le  regardaient  déjà  comme  un  modèle  achevé  de 
perfection. 

Oiiand  vint  le  moment  de  la  profession  reli- 
sieuse,  Antonin  redoubla  de  ferveur  et  de  vigi- 
lance. 

L'onction  sacerdotale  fut  comme  le  si.-n*-  d'une 
vie   nouvelle  de   sainteté.  Ses   bii.  u  «us 

apprennent   que   toutes   les  fois    .  .      le 

Saint  Sacrifice,  on  le  voyait  b., 
larmes  que  le  feu  de  l'amour 
de  ses  yeux. 

C'est  eu  vain  que  ses  supérieurs  essavérent 
de  modérer  la  riguenr  de  ses  -•■  '  -  '       l!  'r  •: 
vait  toujours  l'occasion   de 
coiniiie  bien  portant,  il  coucli..,.    ...   .  .  ......  .  -..» 

vent  sur  la  terre  nue. 

IIL'IlILITk    lil'    V|>|TKUI1    <i|!.\KIUL 

.\ntonin  était  encore  fort  jeune,  quand  i 
choisi  pour  gouverner  le  couvent  de  la  Miiii 


à  Homo.  Mais  chez  lui  la  vertu  supj>lèail  !\  I 
et  dans  cette  cliar(;e.  qui  aiait  tout 


itiordi 


1  fut 
rve, 


de 


son  humilité,  il  t<'-nu>igna  tant 

prudeno',  qu'on  lui  conlia  su 

vernemeiil   d'autres    couveni 

noa»  le  voyons  tour  U  tour  liiii;ui  .i 

Gaeto,  à  Corlone,  à  Sienne,  i  Florence 

à  F'iejole.  Dans  Ci'S  divei 

ou  nfTeruiit    le   régulant 

et  do  l'étude,  en   n  ■ 

liomiiiiqiie  avait  bu 

Mais  le  P.  Aotniiiii  |'i  '  .  u  . 
'|iie  par  la  parole.  Itii  eût  dit 


(T 

l.e-se  e 

lit  le 

llll>'l 


1   .. 

tiou- 
'|lin 


1,,.  I. 


il.l.. 


Il   »er.-ùt  .1,  j      ^     Il   le  la  joie  l«ul« 

'uniatu relie  qui  inondait  l'ime  d'Antonio. 


Seule,  I 

.1  sou  iii'i. 

Parle» 

et    d«     M     , 

-'■U  Ordre. 


iraUiiMit 


LE    SIEGE   KPISCOPAL   PE   FLOIiENXE 
LE    P.    ANTONIN    ET   EUGÈNE    IV 

Mais  tandis  qu'il  parcourait  la  province  de 
Naples  pour  remplir  les  oblij.'alions  de  sa  charge, 
le  sit:ge  archiépiscopal  de  Florence  se  trouva 
vacant. 

Eufiène  TV  élait  alors  assis  sur  la  chaire  pon- 
tificale. Le  choi.x  d'un  difi;ne  sujet  occupait  vive- 
ment le  Souverain  Pontife  qui,  étoulVaiit  la  voi.x 
de  l'ambition  ou  de  rintrij,'ue,  ne  voulait  se 
rendre  qu'aux  marques  d'une  vraie  sainteté.  A 
fieine  eut-il  entendu  parler  du  vicaire  général 
des  Frères  Prêcheurs,  qu'il  mit  fin  à  toute  déli- 
héralion,  et,  sur-le-champ,  le  nomma  archevêque 
de  Florence. 

Saint  Antonin  en  apprit  la  nouvelle  en  reve- 
nant de  la  visite  d'une  des  maisons  de  sa  pro- 
vince. Il  en  fut  si  effrayé,  que,  se  détournant,  il 
quitta  le  chemin  de  Naples,  et  résolut  de  s'em- 
barquer pour  l'île  de  Sardaigne,  où  il  voulait 
aller  passer  dans  l'obscurité  le  reste  de  ses  jours. 

Mais  des  ordres  avaient  été  donnés  pour  lui 
défendre  l'entrée  des  ports,  et  le  Saint  dut 
revenir  à  Sienne. 

C'est  en  vain  qu'il  protesta  et  opposa  avec 
humilité  sa  faiblesse  et  son  ignorance.  Le  pape 
Lu;.'éne  IV  se  montra  iiie.vorable.  Il  lui  dépêcha 
les  bulles  de  sa  nomination,  et  commanda  à  son 
légat  de  l'avertir  en  son  nom  que  s'il  n'obéissait 
il  l'excommunierait.  Il  le  contrait-'nuit  d'acceiiter 
l'archevrché  de  Florence  sous  peine  d'anathème. 
A  de  telles  injonctions,  saiiî'.  Antonin  n'eut  earde 
d"op|)Oser  un  refus.  Il  se  résiyna  humidement  et 
accepta  à  genoux,  les  yeux  baignés  de  larmes, 
cette  nouvelle  dignité  qui  venait  l'accabler  de 
son  poids. 

.\ujour  fixé,  où  il  devait  prendre  possession 
de  son  siège,  la  cathédrale  de  Florence  étinceiait 
de  mille  feux  et  était  remplii-  d'une  foule  com- 
pacte ([ui  se  pressait  au-devant  du  vénéré  pon- 
tife. Saint  .Uitnnin  entra  dans  l'église  pieds  nus. 
Son  visa;.'e  paraissait  assombri  ;  mais  la  joie  et 
l'allégresse  respectueuses  des  pieux  Florentins 
ne  tardèrent  pas  h  dissiper  ces  nuaues  de  tris- 
tesse. Son  cœur  fut  soulagé  et  son  front  s'épa- 
nouit. 

L'ARCHrrêocK  et  le  jioi.'se 

.Saint  .\ntonin  commença  par  régler  sa  maison, 
dans  laquelle  il  sut  concilier  les  nécessités  de 
l''''piscopat  avec  l'austérité  du  cloître. 

Sa  maison,  en  elTet,  ressemblait  à  un  monas- 
t'-re  réformé.  Dame  pauvreté  lui  tenait  lieu  de 
train  et  d'éqiii|ia:ie. 

Son  historien,  un  religieux  du  même  Ordre, 
nous  dit  qu'il  n'avait  point  de  liufTels  dans  ses 
chambres,  ni  de  tapis,  ni  de  drap  de  soie,  ni  de 
vaisselle  d'ari-'enl,  ni  de  chevaux  en  son  écurie, 
ni  de  carrosses.  Il  n'avait  qu'un  mulet  qu'il 
accepta  dans  sa  vieillesse  et  dont  il  ne  se  servait 
que  par  besoin. 

Les  pauvres  étaient  ses  amis  préférés:  il  ne  les 
repoussait  jamais  quand  ils  lui  tendaient  la 
main.  S'il  se  trouvait  sans  argent,  ce  qui  n'était 
pas  rare,  il  vendait  ses  meubles  pour  subvenir 
il  leurs  nécessités.  On  le  vit  plus  d'une  fois  se 
dépouiller  pour  revêtir  les  malheureux  qui 
n'avaient  qu  un  haillon. 

Pour  les  famille',  pauvres  qui  rougissaient  de 
menilier,  il  fonda  une  institution  sous  le  vocable 
de  saint  Martin,  et  dans  lequel  il  él.ildit  douie 
administrateurs  chargés  de  recueillir  et  de  dis-. 
Iribner  !'-«   aumônes.  Celle  ipuvro,  imiqueraent 


basée  sur  le  sacrifice  et  la  charité,  re(  ut  un  grand 
accroissement.  Elle  soutint  jusqu'à  six  cents 
familles  qui  se  trouvaient  réduites  à  la  dernière 
extrémité. 

AMJES    ET    DÉMO.NS 

Mais  saint  Antonin  ne  voulait  que  soulager  la 
misère  du  pauvre  et  nullement  favoriser  sou 
oisiveté. 

Un  jour  de  fête,  le  saint  pontife  parcourait 
les  rues  de  Florence,  distribuant  rà  et  là  des 
secours  et  quelques  bonnes  paroles.  Il  aperçut 
soudain  sur  le  toit  d'une  pauvre  maison  des 
anges  en  prière.  Frappé  de  cette  vision,  il  péné- 
tra dans  l'intérieur  de  cette  demeure,  et  se  trouva 
en  face  d'une  veuve  éplorée  qui  distribuait  à 
trois  jeunes  enfants  le  dernier  morceau  de  pain 
qui  lui  restait.  Toutefois,  malgré  leur  dénue- 
ment, la  mère  travaillait  pour  vivre  honnêtement, 
et  ses  trois  jeunes  filles  partageaient  ses  labeurs. 

Saint  Aninnin;  après  s'être  informé  de  la 
cause  de  leur  douleur,  leur  donna  une  abondante 
aumône  el  se  retira. 

Quelque  temps  après,  passant  par  le  même 
chemin,  le  Saint  aperçut  cette  fois  sur  le  toit  de 
la  pauvre  veuve,  au  lieu  des  ani;es,  des  démons. 
Son  étonnement  fut  grand.  Il  entra  dans  la 
demeure,  et  vit  les  jeunes  tilles  parées  de  bril- 
lantes robes.  Les  romans  et  les  jeux  avaient  rem- 
placé l'aii'uille  et  le  fuseau.  Elles  étaient  deve- 
nues si  paresseuses  et  si  ennemies  de  tout  travail 
qu'ellesn'étaientplus  préoccupées  que  de  paraître 
belles.  J 

Saint  Antonin  les  avertit  ^e  ce  qu'il  avait  vu 
la  première  et  la  seconde  fois,  et  se  retira  après 
leur  avoir  adressé  de  vifs  reproches. 

UN  TRAIT  OBIOINAL 

Il  n'avait  pas  moins  en  horreur  l'avarice  et  la 
cupidité  chez  les  indi^ients. 

Il  y  avait  alors  à  Florence  un  pauvre  homme 
chargé  de  plusieurs  grandes  filles  (|u'il  aurait 
bien  voulu  marier.  Mais,  hélas!  leur  dot  était  si 
modeste  qu'il  ne  se  présentait  pas  de  parti;  et 
cet  homme  malheureux,  qui  se  sentait  vieillir,  se 
trouvait  fort  embarrassé.  Il  vint  confier  ses 
soucis  à  saint  Antonin  qui  lui  conseilla  d'aller 
faire  souvent  oraison  à  Notre-Dame  de  l'Annon- 
ciation, église  très  célèbre  de  Florence. 

Or,  un  jour,  comme  il  allaita  sa  dévotion  ordi- 
naire, le  pauvre  homme  rencontra  sur  sa  route 
deux  mendiants  aveugles,  qui  devisaient  en- 
semble. Ils  se  croyaient  à  l'ahri  de  tonte  indis- 
crétion, et  leur  causerie  n'en  était  que  plus  libre. 
Mais  de  quoi  pouvaient  s'entretenir  deux  pauvres 
mendiants  aveugles?  De  leur  sain  et  de  leur 
recette  à  la  porte  de  telle  enlise. 

Le  premier  disait  qu'il  avait  recueilli  deux 
cents  ecus  d'or  que,  pour  ne  pas  perdre,  il  avait 
cousus  dans  son  capuchon.  Et,  redisant,  il  portait 
la  main  à  la  précieuse  cachette  pour  s'assurer 
qu'ils  y  étaient  encore.  L'autre,  plus  joyeux 
encore,  disait  qu'il  en  avait  amassé  trois  cents, 
et  oubliant  que  son  confrère  était  aveusle,  il 
tirait  son  chapeau  comme  pour  les  lui  montrer. 
Celui-ci,  en  efTet,  avait  caché  dans  son  chapeau 
son  riche  trésor. 

Le  pauvre  homme  qui  n'avait  pas  gerdu  un 
mot  ae  celte  conversation  intéressée  en  fit  part 
à  ''aint  Antonin,  qui  fit  comparaître  devant  lui  les 
deux  aveu«les. 

Il  les  blAma  sévèrement  d'avoir  pris  à  la  charité 
publique  et  aux  nécessités  des  vrais  indigents 
cet  or  qu'ils  avaient  frauduleusement  .iniass<'.  Il 


se  fit  remettre  tout  leur  avoir,  ne  lais^iaiit  au 
)irpiiiipr  que  vinfjl-ciiiq  écus,  au  second  trente, 
il  donna  tout  le  reste  au  pauvre  liomuif  qui  put 
ainsi  doter  honnêtement  ses  i-'randes  filles. 

Les  avcu:;ies  s'en  retournèrent  tout  honteux, 
jurant  qu'on  ne  les  prendrait  plus;  mais  ils 
n'eurent  ijarde  de  divulguer  leur  triste  mésa- 
venture. 

ZÈLE  DE  S.\I.NT  ANTONIN  —  SON  AMOUR  POUR  LA 
TIIÈS  SAl.NTE  VIERGE 

."^on  zèle  égalait  sa  rharilé.  Il  faisait  tous  les 
ans  la  visite  de  son  diocèse,  l'artont  il  réprimait 
les  abus,  conciliait  les  dilTérends,  abolissait  les 
désordres  et  réformait  les  mii'urs. 

Mien  n'éi-liappait  à  sa  vif^ilanle  sollicitude,  l.a 
cupidité  el  l'avarice  avaient  introduit  à  Florence 
des  .j''U\  de  hasard  qui  étaient  la  ruine  des 
ramilles.  I.e  Saint  entreprit  de  les  abolir  et  il  y 
réussit.  Il  allait  Jusqu'à  arracher  quelquefois  des 
mains  îles  joueurs  les  caries,  lès  dés  et  l'argent 
qui  se  trouvaient  sur  le  jeu. 

Il  y  avait  dans  sa  ville  épiscopab-  un  hérélii|ue 
de  mii-urs  isrossières  (|ui  vomissait  contre  la 
Sainte  \ier:;e  les  plus  horribles  blasphèmes.  Il 
exeiçail  la  profession  de  médecin, et  comme  tel, 
il  avait  accès  dans  beaucoup  de  demeures.  Il  en 
profitait  pour  infiltrer  dans  les  esprits  le  venin 
de  ses  doctrines  erronées,  el  quand  on  refusait 
d'embrasser  ses  croyances,  il  faisait  alors  avaler 
aux  moribonds  le  poison  de  ses  remèdes. 

En  apprenant  cela,  saint  .\ntonin  ressentit  une 
vive  douleur.  I.e  pasl<'ur  soulïrait  de  voir  que  le 
loup  avait  pénétré ^ans  son  bercail.  Il  comprit 
<|u'il  fallait  traiter  avec  fermeté  un  homme  qui 
se  faisait  l'homicide  et  le  bourreau  des  dînes  cl 
des  corps. 

Les  Intérêts  de  la  religion  demandaient  une 
punition  exemplaire,  «"est  pourquoi  le  saint 
archevêque  ordonna  que  les  peines  portées  dans 
le.s  siècles  île  foi  contre  les  hérétiques  fussent 
appliquées  ù  ce  malfaiteur. 

I.'e\C0)I1II;N!CATI0.N  ET  UN  l'AI.N  IILANC 

Toutefois  celle  sévérité  à  conserver  dans  leur 
intéyrilé  les  droits  de  la  religion  ne  lui  enlevait 
pas  celte  douceur  qui  llécliit  les  cœurs  les  plus 
endurcis. 

Il  était  1res  réservé  pour  ce  qui  avait  rapport 
à  l'excommunication,  et  il  conseillait  aux  prélats 
de  n'en  user  que  rarement.  "  C'est  le  plus  puissant 
foudre  (|ui  soit  entre  vos  mains,  leur  disaitil.  et 
le  plus  épouvantable  aux  Ames.  •  El  comme  on  se 
plai:.'nait  un>'  fois  devant  lui  de  ce  i|u'il  n'excom- 
muniait pas  un  fidèle  scandab'ux,  il  se  fit  apporter 
un  pain  blanc  sur  lequel  il  prononra  l'anatheme. 
Aussiti'il  le  pain  blanc  se  rbanuea  en  charbon, 
sou»  les  yeux  mêmes  des  témoins.  Il  prononça 
ensuite  les  paroles  de  l'absolution,  et  le  pain 
reprit  sa  preniiére  blancheur. 

l'homiie  de  rniRiiK. 

I.'espril  de  llieu  était  le  eran<l  mobile  de  toutes 

sesaclinn».  et  riiftice  (li\ in,  qu'il  aimait  à  réciter 

liii'ur  avec  se»  chanoines,  Ir  levier  de  sa  per- 

.  >n.  Il  ne  se  démentit   jamais  dan»  sa  con- 

'■        •■■I'     I      !i'interrompirent 

'•ni  intérieur  m 
...  --i.   •  ..;  ..il  qu'il  était  lou- 


P" 

SOI 

joii 


il,  Ill.l 


TCilIf'e»,    il 
l'ofltCe    di-    Il 


.    lU 


liea  de  se  donnrr  encore  un  peu  de  repo»  comme 


il  eût  pu  le  faire,  il  aimait  mieux  se  livrer  à 
l'étude  jusqu'à  l'heure  do  sa  messe  qu'il  célébrait 
chaque  jour  avec  une  tendre  dévotion.  C'est  à 
ce  travail  assidu  et  à  ces  privations  de  sommeil 
que  nous  devons  ces  précieux  ouvrai^es  que  le 
saint  pontife  a  trouvé  le  loisir  d'écrire  dans  une 
vie  si  bien  remplie. 

LA  CLé  DE  SA  CELLULE 

Le  Conseil  souverain  de  Florence  avait  lait 
arrêter,  à  tort  ou  à  raison,  un  envoyé  du  l'ape. 
Le  saint  archevêque  ayant  demandé  vainement 
sa  délivrance,  fit  cesser  l'ollice  divin  dans  sa 
cathédrale  el  mil  ré;;lise  en  interdit.  On  eut  beau 
le  maltraiter,  il  demeura  inflexible:  et  comme  on 
le  menaçait  de  le  chasser  de  la  ville  :  ..  Si  vous 
m"obli:.'e7.  à  sortir  de  Florence,  leur  dil-il,  je 
trouverai  toujours  un  a-ile  pour  me  retirer.  >■ 
\'.\.  il  montrait  une  clé  qu'il  portait  toujours  à  sa 
ceinture.  C'était  la  clé  de  la  cellule  qu'il  avait 
occupée  dans  son  monastère  de  Cortone. 

SAINT   A.NrONlN    ET    LES    PAI'KS 

Le  bruit  de  ses  vertus  s'était  répandu  dans 
toute  l'Italie,  au  point  qu'on  arrivait  de  toutes 
parts  pour  contempbr  les  traits  du  serviteur  de 
liieu  et  recevoir  sa  bénédiction. 

Les  pontifes  romains  ne  le  révéraient  pas 
moins  que  les  peuples  et  les  seigneurs.  Le  pape 
l'.niiène  IV,  qui  l'avait  i>ourvu  de  l'archevêché  de 
Florence,  le  manda  à  Home  et  se  l'attacha  par- 
ticulièrement pour  le  ;;ouvernemenl  de  l'Kglise. 
Depuis  longtemps,  en  elfct,  le  glorieux  arche- 
vêque était  surnommé  .tiifoiim  îles  conaeih.  (tu 
assure  qu'Eugène  IV  l'eût  créé  cardinal  s'il  n'ei'it 
été  lui-même  arraché  si  soudainement  à  la  chaire 
pontificale  qu'il  illustrait  par  ses  mérites  et  ses 
vertus. 

Saint  .\ntonin  assista  Eueéne  IV  dons  ses  der- 
niers moments.  Il  entendit  sa  confession  cl  lui 
administra  le  Saint  Viatique. 

LE   PRKSSENTIIIE.NT    —    LA    MORT 

Saint  Anlonin  sentait  le  poids  des  aiin''- 
accabler  sa  vieillesse,  lixténué  par  de  )iéniM'  - 
labeurs  et  les  austérités  d'une  pénitence  rigou- 
reuse, il  pressentit  que  l'ange  de  la  mort  ne  tar- 
derait pas  à  venir  briser  les  entraves  de  la  chair. 
Il  avait,  du  reste,  soixaiile-ilix  an». 

Il  tomba  malade  d'une  fièvre  li-nte  et  flegma- 
tique qui  le  cloua  sur  un  lit  de  douleur  d'oi'i  il 
ne  devait  plus  se  relever.  Les  seigneurs  de  Flo- 
rence    el     les     princes     de     l'Eglise     romaine 
accourent  h  la  nouvelle  de  «a  m  il. i. Ile    I"  •  iri mt 
loul"'  crainte  d'une  lin  piocl 
de   donner  encore   au  saint 
rance  de  revivre.  .Mais  saint  Antonin  ne  nomi- 
sait  pas  les  même»  illusion»;  et  »aii»  se  lai^-ei 
prendre  à  leur»  paroles,  il  leur  répond  par  ce» 
mots  du  l'snlmiste   :   ■'  Le»  jours  de  notre   vie 
^"iii  -"ix.inte-dix.  » 

Il  II  I  ut  avec  une  grande  lucidité  d'esprit  le» 
^acrenienl»  de  l'Egli»e,  el  «c  fit  lire  une  indul- 
L'Ciice  pléniere  que  le  l'ape  lui  avait  ui  .  ord'c 
pouj-  celte  heure. 

Se  voyant  n  se»  derniers  mnmenls,  il  lera  les 
veux  el  le»  ni:  '  ^  lo  ciel  en  disant  :  Str- 
1  ir    /»i«'M,  c'ffi  '    fut  le   test.inient 

lai»»a  aux    relu.'...   ..-    son   Ordre    et  il 
•  lorinit    doucement    dan»   leur»  bra». 

(||.     i-'.'t.il      !.•      '.'    1M   >i       Vi      il.'      .1.       1      lv...i.c{.. 

l'an   : 

i>«n-    !  .     _       : 

Jésus-Clinsl. 


qu'il 

s  cn- 


liiip  .'jrrttni     t.  fiTniii  M.I.  ».  ru'  KLinri  n  1",  l'an». 


SAINT   FRAXrOTS   DE    (IIROLAMO 

DE     LA    COMPAGNIE     DE     JÉSUS 


Fête  le  1 1   mai. 


Saint  François  de  Girolamo  prêche  la  pénitence  au  pays  de  Naples. 


Il  nest  pas  rare  que  Ftieu,  parmi  les  nombreux 
enfants  dune  m«-me  lamille.en  choisisse  un  plus 
|iarliculièiemeiit  pour  {"élèvera  une  Rraude  sain- 
letô.  Chacun  sait  que  bavid  était  le  septième 
l.armi  ses  fnres  :  et  qui  ne  se  souvient  de  saint 
liernard,  douzième  enfant  d'une  famille  que  sni 
nom  sMul  -uflirait  à  illustrer  ?  Ce  fait,  qui  se 
reproduit  souvent,  a  donné  naissance  à  ladafie 
populaire  contenu  dans  ces  mots  :  •<  Dieu  bénit 
les  grandes  familles.  ..  U  vie  de  saint  François 
de  <.irolamo  en  est  une  nouvelle  preuve.  Né  en 
16*2,  dans  un  petit  villaKe  voisin  de  Tarente,  au 
royaume  des  Deux-Siciles,  François  était  laine 
de  nnre  enfants.  Ses  parents  ne  tardèrent  pas  à 
oncevoir  à  son  sujet  les  plus  douces  espérajfces, 
le  voyant  doué  d'un  jugement  précoce,  porte  aux 
"xercices  de  la  piété  et  animé  déjà  d'une  tendre 

■  haril<5  pour  les   pauvres.  Ces  qualités   étaient 

■  nmm'-    des    «emences    divines   conliées  à  des 
mains  humaines.  Dieu  les  ayant  mises  au  jour, 

nmbien  il  iinport.iil  d'en  suivre  et  d'en  favoriser 
le  développement  '.  Les  parenlsde  François  étaient 
trop   chrétiens  pour   ne   pas   comprendre    le€r 


devoir  dans  celte  occasion  :  aussi  donnèrent-ils 
tout  le  soin  possible  à  l'éducation  de  ce  fils  vrai- 
ment privil.-::ié.  Dieu  lui-même  leur  montra  de 
bonne  heure  ce  qu'il  attendait  de  leur  vigilance 
et  comment  il  la  récompenserait. 

LE  PAIN  VOLÉ 

Le  pieux  enfant  dont  le  cœur  s'émeut  à  la  vue 
de  la  misère  d'autrui  n'a  pas  toujours  dans  les 
mains  les  ressources  nécessaires  pour  soulajjer 
tous  ceux  qui  implorent  sa  charité.  Qu'importe! 
l'enfance  est  toujours  ingénieuse  pour  satisfaire 
sis  (.'oùts.  François,  comme  tant  de  saints,  eut 
s«'s  petites  industries.  Mais  un  jour  il  n'en  sut 
pas  trouver  d'autre  que  de  prendre  sans  permis- 
sion un  pain,  afin  de  le  distribuer  aux  pauvres, 
l'auvre  petit  '.  Il  fut  surpris  en  llayrant  délit  ' 
l'Ius  un  miroir  est  limpide,  plus  vite  il  laisM' 
voir  la  moindre  tache,  fi'it-ce  un  souffle,  qm 
latleinL  Devant  cet  incident  qui  na  aucune  cra 
vite  pour  un  enfant  si  jeune  et  déjà  si  bon.  1 1 
ra'Te  de  François   ne  se  sHUvient   qii>'     If    "■'» 


3-2: 


autorité,  et  adresse  à  rcufant  d'amers  reproches  : 
«  i'onrquoi,  dit-elle,  déptniiller  votre  famille 
en  faieur  des  éti;in;,'erfi'.'  Je  vous  délends  d'en 
user  ainsi  a  l'avenir. 

—  l'ensei-vous.nia  mère,  dit  Kranrois  en  rou- 
{jissaul,  que  l  aumône  nous  laisse  jamais  sans 
pain  •.'  He^:ar.U/.  pluttM  le  l)uHet,  ri-i;ardei  !  » 

Trop  heureuse  mère  !  Elle  ouvre  le  buffet  et 
rien  n  y  niauquait  !  Dieu,  par  ses  anges,  avait 
remplacé  le  pain  que  Icnlant  avait  piis.  (Jue 
ne  présageait  pas  un  miracle  si  éclatant  dans 
un  ;i;,'e  si  tendr.-  .'  AU'^si,  nouveau  Samuel,  fut-il 
aussil('.t  coii^u'  I  ■  m  Seigneur  qu'il  servait  déjà 
avec  une  anuélique  piété  ! 

I-.USIMI  NIONS  ULTBAORDINAIRRS 

François,  que  ses  bonnes  dispositions  recnm- 
waudaient  aatani  que  les  vertus  de  ses  parents, 
a  été  admis  daus  uiit- communauté  du  des  ecclé- 
siastiques zélé- s'appliquent  à  iusliuire  la  jeu- 
nesse. Le  futur  apôtre  ne  tarde  pas  à  faire  à 
J'é;;ard  des  âmes,  pour  leuis  besoins  spirituels, 
ce  qu'il  a  lait  avec  tant  de  t^ràce  et  de  charnte  à 
l'é^^ard  des  pauvres  pour  leurs  nécessités  tempo- 
relles. Ou  le  voit,  sur  l'ordre  de  ses  supérieurs 
qui  ont  reconnu  eu  lui  une  ;:randc  inlelli:.'ence 
tles  vérités  de  la  religion,  faire  le  calécliisiue  a 
ses  petits  camarades,  et  prendre  soin  de  l'èL-lise 
conliée  à  sa  reJigion.  la  plus  ilouce  i 
de  son  zèle  et  de  son  dévouement  fui  r 

la  tonsure  de<  mains d>-  l'archevêque  lie  1  aïeul'. 
François  accomplissait  ainsi  de  sa  propre  voloul»-, 
à  lige  de  seue  an?-,  le  vu-u  de  ses  parents,  il 
renonçait  au  monde  pour  se  donner  à  Uieu. 

Aussi  Dieu,  de  son  coté,  se  hàtait-il  de  donner 
i  son  àme  toutes  les  grâces  nécessaires  pour 
avancer  [>■"!"■■'"■■■- •!  .lU  chemin  des  u-rtus.  V.a 
effet,  ta:  ve  ses    humanités  et  ses 

cour--  (!■  I  de  théoloaie,  il  reçoit  les 

Ordres  :  s-diaconal  et  le  diaconat, 

et  lii'u  I     comble  à  ses   vu-ux.   I.e 

Ih  t  il  e~t  ordonné  prrtre  par  rév>'v|ue 

de  .     i'ouzntlesi.     Comiueut    remercier 

Dieu  et  iui  proater  sou  amour/ 

François  peut  >e  consacrer  d'une  manière 
■pltl^  pnrfaite.  H'-^lorsil  aspire  à  lavierelieipu*e, 
car  il  ne  vent  i  len  oinctlre  de  ce  qui  lui  paraît  le 
meilleur.  .Mais  son  père,  qui  le  donne  debon  cix'ur 
à  Dieu,  voudrait  du  moins  le  garder  au  '^eiii  de 
la  famille  et  reluse  son  consentemenl.  l'Iein  de 
confiance,  le  jeune  prêtre,  qu'on  ne  lar.lera  pa-* 
à  apiieler  <•  saint  prêtre,  >•  remplit  durant  cinq 
ans  les  fonctions  df  préfet  au  colléi-e  des  noble* 
de  la  Conipogiiie  de  Jésus,  avec  nne  piété  Ion 
jours  croissante  et  iiiie.idtnir.iblepatience.  Frap|i 
un  jour  à  rimpr<ivi«le  par  un  leuneliomineirrit'  . 
on  le  vit  se  jeter  .\  'j<-\ii>u\  sans  .tucuii''  '''inotinn 
et  présenter  humblement  l'autre  joue,  indiquant 
par  I&  qae  la  «ertu  poar  lui  n'était  pan  un  vain 
mol. 

Entré  au  noviciat  lie  l'illustre  • 
ne  lui  fut  '•p.ir.'n'    l'    r-     jui  tM.u 
rendre  plu*  ; 
Il  re'i'intn   ' 


!e    in   . .  1.  bni    U 
ii.iine     •'.'.'•i.iit    t<int 
'I   .      dnnt  <•<  •■ 
la  <•  .    !«• 


NAPLES,   LKS  INDKS  ET  LE  JAPON 

Après  un  an,  ou  l'envoyait  en  mission  dans  la 
l'ouille  et  la  terre  d'Otranle.  Le--  succès  de  ses 
prédications  le  tirent  plus  d'une  fois  '-omparer  à 
un  ange  envoyé  de  l>ieu  pour  renouveler  celte 
contrée  :  mais  ce  n'était  là  qu'un  essai.  Encore 
un  peu  de  temps  et  Dieu  indiquera  à  cet  apiUre 
le  peuple  qu'il  doit  évangéliser.  En  attendant,  il 
reprenii  par  obéissance,  à  Naples,  des  études 
qu'il  dil  lui-même  incoinpléles  et  insuflisanles. 
Lui,  que  les  foules  écoutaient  déjà  avec  tani 
d'avidité,  devient,  «luraiit  toute  une  année,  un 
simple  disciple, aussi  humble  auprès  de  ses  frères 
qu'il  consulte  comme  un  i:;norant,  que  docile 
auprès  de  son  |iiofesseur.  ."««Idal  prévoyant,  il 
fourbissait  ainsi  dans  l'humilité  ses  armes  pour 
un  combat  qui  devait  se  poursuivre  pendant 
quarantiï  ans. 

En  elïet,  nommé  à  l'église  appelée  le  desu 
Nuovo,  il  s'y  dépensait  déjàavec  ardeur  au  salut 
des  âmes  par  l'exhortation  à  la  Sainte  l'oinmu- 
nion  qui  se  pratiquait  le  troisième  dimauciie  de 
chaque  mois,  lorsqu'il  apfuit  que  la  mission  du 
Japou  allait  s'ouvrir  de  nouveau.  Désiieui  de 
donner  son  sang  el  sa  vie  pour  la  cause  de  Dieu, 
il  communique  à  ses  supérieurs  son  désir  de 
partir  pour  les  Indes.. 

<'  Les  Indes  et  le  Japon  pour  vous  soatà  Naples 
lui  disent  ses  sUj'érieurs.  Huant  au  martyre,  les 
épines    du  ministeie   apostolique  y   suffiront.  <■ 
Ils  disaient  vrai. 

Ceux  qui  n'ont  pas  ravantai.-e  d'obéir  i  des 
supérieurs  ne  sauront  jamais,  uni  iP— i  ■iiaii't  i 
imparfaite,  les  forces,  la  puissance  à^ction  et 
la  lécoudilé  ou  les  succès  que  procare  l'obus- 
sance  reliiiieuse.  Sa  voie  une  fois  tracée,  Frani  oi~ 
de  <iirolamo  s'y  jeta  avec  un  icle  que  dépassait 
seul  peut-être  son  esprit  de  prière,  à  re  point 
qu'il  put  suffire  seul  à  une  mission  pour  laquelle 
jusqu  ici  deux  avaient  été  ju^  oéoecMirM.  On 
le  vil  alors  profiter  d'une  confrérie  pemr  aidei 
son  ministère.  Sans  nul  doute,  les  membres  de 
cette  confrérie,  qui  assistaient  il  toutes  les  pro- 
cessiim-.,  édillaieiil  déjà  beauc'tup  :  mais  s'ils 
n'élaicnt  pas  -.ainls,  ou  du  moins  bien  fervents, 
celle  édilication  demeurait  stérib-  tant  pour 
eii\-méme8<iuepnnrla  masse  du  peuple  de  Naples. 
(.lue  lait  François  f  II  amené  les  confrère»  à  fré- 
quenter plus  souvent  les  sacrements,  à  faire 
l'iiraison  inenlale.  .i  s'imposer  des  pénilenres.  a 
s'humilier  en  public,  surtout  à  l'occAsioo  des 
puiercii-es  du  i^lniniii  de  la  Croix.  I.ui-méror  les 
instruit  durant  les  visites  aux  sept  ei;lise».  Alors 
''■  l  ■  oiiinie  un  courant  de  jiiélé  fervente  <)ui 
en   laissant  .laiis    les  .•imes  le 

.    ...,  t ni ..  I.-..  1.1  II.  .  Lr  .  Iifiis 


'    ■  pse    la  ville, 
I  .11  liiin  viuli.-i!\''< 

(Jn'il  faisait  ■ 
doNapIps  ou  le 
une    «onnelle    a 
l't''  1. 11  iti.vn    .'i  1.1 


l.i   main  .    b  -i 

*^.init.-   rixnmuii  '1  ■  Il    11' 

l'Ileiiiin,   m  1rs  111- 

■  iiiie    nbi'nianli-. 


;    a    la    1..! 
.   riivre  de  '  ' 

\.k  ruAiac  m  njnn  ai» 

Au  déhot  d'un*»  mi««inn,    l'éL'Iise    nn   pouvant 


cette  chaire  improvisée  il  parle  avec  une  telle 
éloquence  que  ses  auditeurs,  émus  jusqu'aux 
larmes,  se  jettent  à  terre  en  se  frappant  la  poi- 
trine et  appellent  à  itrands  cris  la  miséricorde 
divine.  L'apôtre  avait  trouvé  là  un  moyen  puis- 
sant ;  il  sut  en  profiler  ! 

Ln  jour,  le  Vésuve  laissait  échapper  de  son 
cratère  ces  ilammes  qui  tant  de  fois  ontannoncé 
aux  villes  environnantes  les  redoutables  érup- 
tions dont  plusieurs  d'entre  elles  furent  les 
victimes  au  cours  des  siècles;  la  plus  i.'rande 
émotion  ré^rnait  à  Naples.  L'apotre  '^e  sent 
comme  inspiré,  il  parait  et  jette  au  milieu  de  la 
lou.e,que  la  terreur  rend  plus  docile  à  sa  parole, 
'-es  mots  ou  le  dévouement  se  cachait  sous  un 
reproche  :  >  Naples,  dans  quel  temps  es-tu  ? 
dans  quel  temps  es-tu  ?  »  Il  fut  compris  comme 
il  l'avait  été  en  1688,  au  moment  d'un  tremble- 
ment de  terre,  alors  que,  de  sa  voix  retentissante 
et  toujours  écoutée,  il  criait  au  peuple  consterné  : 

Cessez  de  pécher  si  vous  voulez  que  le  châ- 
timent cesse.  ■>  A  cette  occasion,  en  effet,  beau- 
coup de  pécheurs  se  convertirent  et  donnèrent 
ensuite  le  bonexemple  des  pratiques  religieiises. 

Les  fruits  si  merveilleux  de  ses  prédications 
ne  s'expliquent  que  par  une  jn-ice  spéciale 
méritée  parla  prièreetles  plus  rudes  pénitences. 
.\vant  d'aller  prêcher,  le  missionnaire  passait 
des  heures  en  prière,  déchirait  sa  chair  à  coups 
de  discipline  et  s'entretenait  de  sujets  pieux  : 
i'Uis,  lorsque  son  rceur  débordant  de  charité 
s'était  eullammé  au  pied  du  Crucitix.  il  sortait 
pour  sai'ir  la  meilleure  occasion  de  parler  en 
public.  Baladins  et  charlatans  pouvaient  plier 
leuis  liajtrages,  lorsque  p.iraissait  le  saint  prêtre, 
i:ar  la  foule  s»"  retournuil  vers  lui,  entendait  sa 
parole  et  mêlait  les  larmes  du  repentir  et  les 
accents  de  la  pénitence  aux  macérations  que 
l'apiitre  s'imposait   encore  après   avoir  prêché. 

Kien  ne  résistait  àla  vivacité  de  sa  foi  et  à  l'élan 
de  s.i  parole.  Les  miracles  les  plus  touchants 
comme  les  plus  Ifrribles  donnaient  à  son  zèle 
une  autorité  sans  ê;;ale.  In  jour,  un  petit  enfant 
fut  ému  le  premier  de  sa  prédication.  L'orateur 
aussitôt  fait  comprendre  d'un  mot  que  ce  n'est 
[las  à  l'innocence  à  témir,  mais  aux  pécheurs  à 
laite  pénitence  ;  puis,  éclairé  soudain  d'une 
lumière  d'en  haut,  il  s'écrie  :  e  Mais  ton  père, 
'•nfpiit.  ou  est-il  '!  ■> 

Le  père  avait  tout  vu  et  tout  entendu.  II  se 
convertit  aussitôt  et  plusieurs  avec  lui.  Kansune 
autre  circonstance,  il  fallait  apir  avec  autorité, 
l  u"  voilure  allait  sortir  d'une  maison  malfamée 
au  moment  ou  le  Saint  prêchait.  Le  cocher  reçoit 
l'ordre  d'avancer  -ans  tenir  compte  de  la  céré- 
inoiii.-  .  Seiiineur  Jésus,  s'écrie  François,  le 
la  main.  puis<iueres  déesses  n'ont  pas 
I  pour  vous,  ces  bétes  sans  raison  du 
iiiMiii-  vous  rendront  homma^ie.  ..  En  ell'et,  le- 
fhevaux  tombent  à  b'enoux  et  ne  se  relèvent 
'ju'à  la  tin  du  ili-i'oars. 

Les  mort'-  <'ux -mêmes  entendirent  cette  Toix 

qui  remplis-  ni  !•■-  ru''=   de   Naple'^   des   accent- 

.1p  la  vérité  ,1  ,|j-  ,1  iiij.  urs  df  la  pénitenc*.  Tiip 

lacoiidiiite  avait  été  scandsieu'e. 

if  lemp-  app.'S  avoir  eu  l'nndace 

■    •  nt    dans  une  do   »e<    prédi- 

"  Il      i  ani  -a  mai»on.    Krttirois    ne 

•[••r.   lieux   foi*  il   interpelle 

iiiùiid''  on  eiJeest.  1/3  cadavrr 

■'■  lit  et  d'une  voiK  l.imen- 

•  Km  '-nfer  !  '-n  enfer  ! 

.  ., ...iiit  Dieu  tout-puissant, 

iMeu  terrible'  en  enfer!  "Kt  il  se  retire  consterné. 


Plusieurs  témoins  de  ce  fait  épouvantable  ne 
voulurent  pas  rentrer  dans  leur  demeure  avant 
de  s'être  confessés. 

En  même  temps  que  sa  justice.  Dieu  niontfait 
ainsi  son  infinie  miséricorde  à  l'écard  de  ceux 
qui  n'ont  pas  consenti  à  s'endurcir  dans  le  mal 
et  à  s'aveupler  eux-mêmes  pour  ne  plus  Toir  le 
chemin  ni  les  moyens  du  salut  éternel. 

LE  S\I.NT  SUFFIT  \  TOUT  —  CONVERSIONS  MIXTTPLES 

François  de  Girolarao  ne  cherchait  pas  à  se 
produire  :  on  se  tromperait  Grandement  en 
croyant  qu'il  ne  voulait  travailler  que  dans  les 
fccasions  solennelles  où  son  talent  oratoire 
incontestable  groupait  lésâmes  autour  de  iui. 
•jui  aurait  pu  le  suivre  dans  les  hôpitaux,  dîiii- 
les  prisons,  dans  les  yalères.  l'aurait  vu  dépenser 
dans  ces  divers  lieux  l'activité  de  plusieurs. 

Monastères,  asiles,  maisons  de  refuge,  écoles 
et  confréries  recevaient  de  lui  des  secours, 
comme  s'il  n'avait  à  s'occuperque  de  les  assister. 
Mais  un  religieux  n'a  rien  !  Où  prenait-il  de 
quoi  subvenir  à  la  fois  à  tant  de  be-^oins  ?  la 
prière,  l'austérité, telsétaient  ses  yrands  moyens, 
sans  parler  de  son  amour  pour  Notre-Seieneur. 
cause  première  de  son  action  si  étonnante  sur 
les  âmes.  Uieu  pouvait-il  refuser  quelque  cIp'S'- 
à  un  serviteur  si  dévoué  et  si  désintéressé  ?aussi 
n'attendait-il  pas  que  la  prière  fût  exprimée 
pour  l'exaucer  comme  par  avance  !  Souvent,  en 
effet,  les  inspirations  les  plus  pressantes  de  la 
i-'ràce  ai-'issant  au  dedans  de  son  àme,  le  Saint 
quittait  sa  prière  ou  une  cérémonie  et  partait 
comme  une  Uéche  embrasée  vers  le  lieu  ou  Uieu 
l'appelait. 

Ln  soir,  il  est  sorti  subitement!  Au  coin  d'une 
rue,  il  a  prêché  dans  les  ténèbres,  sans  savoir  si 
quelqu'un  l'écoutail!  Qu'apprend-il  le  lende- 
main"? l'ne  femme  coupable  vient  se  confesser  ; 
Dieu  lui  en  donnait  le  temps.  Mais  son  complice 
est  mort  la  veille  sur  le  coup,  terrassé  par  la 
\oix  qui  a  retenti  soudain,  tandis  qu'il  proferait 
un  blasphème!  Uans  une  autre  occasion,  au 
milieu  d'une  procession,  le  Saint  s'arrête  et, 
Irnppant  à  la  porte  d'une  maison,  s'écrie  : 
<■  Ouvrez,  maîtresse  d'école  d'enfer.  ••  Qu'on  ju;.'e 
de  la  stupeur  des  jùeux  lidèles  lorsqu'ils  virent 
•sortir  de  cette  maison,  à  la  voix  de  leur  [irotec- 
leur  improvisé,  plusieurs  personnes  prèles  à  se 
livrer  au  vice!  En  combien  d'autres  circonsUinf  es 
François  ne  dut-il  pas  paraître  comme  envoyé 
par  liieu  pour  empêcher  des  crimes  et  sauverdu 
damer  lesAmcsqui  s'y  trouvaient  déjà  en^a^ices. 
Du  h.iul  de  la  chaire,  il  inlerpelleun  |our  un  assas- 
sin qui  cherchait  sa  victime,  et.  du  même  coup, 
les  sauve  tous  les  deux.  Ailleurs,  il  fait  rendre 
publiquement  à  une  personne  coupable  ce  téinoi- 
f:nai:e  ipie  le  vice  conduit  a  lami-èie:  "  Qu'avez- 
vou^pai'né? —  Hien.  répondit  l'inlortunée,  rien, 
et  les  vêtements  mêmes  que  je  porte  ne  sont  pas 
les  miens.  » 

Li-ail-il  donc  au  fond  des  cœurs?  Tout  porte 
il  le  rroire.  Si  la  pureté  parfaite  est  la  condi- 
tion nécessaire  pour  voir  Itîeu.nous  savons  d'un 
;iiitr''  rrtlé  qup  Ilifu  donn*'  souvent  à  ses  saints 
cette  connaigsancr  inlime  qui  n-l  le  priiilèpede 
son  étemelle  snne--ie.  Omme  une  personi.e  mal 
li-posée  se  présentait  pour  se  confesser,  notre 
-Éiiit  lui  dit  sêi  beineiit  :  "  Je  nepuis  ni  ne  veux 
,.i,s   <,'<■•''•■      .'   En  elT'''     '■   i.xi-nnn..   vfnail 

Il  -  ■  lis  rontrr  pro^" 

i  11  re:,.  :  ..ivl  cl  si  bi:j: -        rentrer 

iii  elle-même  et  procura  son  ckancement  de  \ie. 


Dieu  lit  connaître  par  le  don  de  prophétie  et   ] 
lieaucoup  d'autres  faveurs  extraordinaires  com-    i 
Lien  il  avait  pour  a:;rénbles  les  vertus  et  l'aposlo-   | 
lat  «Je  François.  Lne  jeune  lille  lui  liul  son  salut 
et  son  entrée  en  reli^'ion.  Consulié  par  elle  pour 
sa\oir  si  elle  devait  rester  dan-  le  monde  ou  se 
retirer  dans  un  couvent,  il  demanda  son  Age.    ! 
«   Dix-sept  ans,  dit   la    jeune    lille.    —   Encore    | 
autant  d"années  et  vous  mue/,  lini  votre  pèleri-    | 
naue.  ■■  Klle  suivit  son  conseil,  entra  en  religion 
et    V  virent  juste  dix-<ept   ans,   après   quoi  elle 
mourut  en  odeur  de  sainteté.  Deux  lois  au  moins, 
liien  qu'éloigné  de  Naples,  il  y  parut  soudaine- 
ment pour  assister  un  malade  et  un  pauvre  qui 
avaient  besoin  de  son  concours.  Il  n'en  demeu- 
rait pas  moins  aumilieudes  frèresciui  l'assistaient 
ou  parmi  leux  qu'il  évanj^élisait  à  plusieurs  lieues 
de  Naples.  (^>  privilé:;e  de  hilocation  ne  doit  pas 
nous   élonnor.   Dieu  l'accorda   à  d'autres  pour 
montrer  que  sa  puissance  se  met  comme  au  ser- 
vice de  la  charité 

Mais  comment  s'étonner  de  la  prodigieuse 
férondilé  d'un  ministère  abrité  sous  tant  de  vm- 
lu-?  On  rapporte  que  toutes  les  provinces  du 
royaume  de  .Naples  furent  évangélisées  par  lui 
et  i|u'ii  donna  plus  .1<^  deux  cents  missions,  llicn 
de  louchant  comme  l'empressement  avec  lequel 
le  clergé  et  le  peuple  des  dilTérentes  paroisses 
venaient  à  la  rencontre  du  missionnaire.  Sans 
nul  doute,  la  renommée  de  ses  miracles  le  pré- 
cédait, mais  les  lidrles  ne  s'y  trompaient  pas, 
instruits  qu'ils  étaient  que  les  miracles  ne  sont 
pas  la  sainteté,  mais  son  éclatante  manifesta- 
tion. 

IL    nKSSU.tClTE    UN    PETIT    ENFANT   RT    CONVERTIT 
U.NR   GRANDE    PIÎCHEHESSB 

Cependant,  on  ne  cessait  de  recourir  à  son 
intervention,  l'ne  pauvre  femme  ayant  perdu  un 
petit  entant  d'un  an  w  pouvait  le  f.nire  enterrer 
à  cause  de  sa  pauvreté.  Ouc  fait-elb''.'  elle  le 
porte,  au  milieu  de  ses  larmes,  au  confessionnal 
du  I'.  François.  Celui-ci.  qu'une  lumière  sur- 
nalunllr  instruit,  demande  aussitiUà  la  célèbre 
pénitente,  Marie-Louise  Carrier,  de  prendre  l'en- 
fant et  de  s'en  charger.  ■■  Mais  il  est  mort,  dit  la 
pénitente.  —  Non,  non.  r>-pond  b'  l'ère,  il  n'est 
qu'''ndormi,"et,  s'approcbanl.  il  fait  avec  de  l'eau 
b(^nite  un  si;.'ne  de  Croix  sur  le  front  île  l'enfant 
qui  commence  à  respirer  et  à  ouvrir  les  yeux. 
.Mors,  comme  étonné  lui-même,  b-  Saint  dit 
hcette  femme  :  •  Appelé/,  la  mère,  qui  estau  bas 
de  l'éylise.  •■ 

Celle-ci,  que  sa  douleur  continuait  de  troubler, 
n'en  voulait  pas  croire  se»  yt-uji,  Dieu  se  servant 
de  son  hésitation  pour  remlre  le  miracle  [>lii>. 
éclatant.  Mais  son  co-ur  tressaillit  lor.squ  «'Ile 
euti-iiilit  de  nouveau  cette  von  d  enfant,  cl,  vive- 
ment émue.  el|p  s  en  alla,  emportant  vivant  et 
souriant  celui  que  la  prière  de  François  avait  si 
prompt*>ment  arraché  à  la  morl. 

Marie-l.ouite  Carrier,  dont  nous  »enon»de  par- 
ler, était  une  nouvellf  .Madeb-ine.  et  elle  portait 
à  bon  droit  le  nom  Ae  néiiilenle.  Klevée  dan»  la 
ri-lifion   catholique,  ••Ile  eut  à  supporter  «le  la 
p  irt  lie -«on  pt-re,  protestant,  toutes  sorte»  de  mau- 
1.  1       traitement».   Klle    Unit  par   s'enfuir,  mai» 
cliar    ■<•  d'un   cnmi'  épouvantable    Aidée  de   sa 
striii .  ■  !!'■  avait,  dnn- 
«eiiliiii -ni  il  dan*  \'<'X 
père.  ' 
au  mil' 
■'-i«tiim.-  I ,         •>.■ 


Dapp'.'lé  à  Naples  avec  sa  compagnie,  ce  soldat 
duii  nouveau  ;;enre  s'entendit,  un  jour  qu'il 
montait  la  yarde,  interpellé  par  Fraïuoi*  qui 
lui  dit  son  nom  véritable,  le  taux  nom  sous  lequel 
il  se  cache  et  le  crime  épouvantable  dont  il  s'est 
rendu  coupable.  Le  soldat,  stupéfait,  veut  nier,  et, 
pour  forcer  le  1'.  François  au  silence,  lui  pro- 
met de  se  confesser  le  lendemain.  Le  démon, 
durant  deux  jours,  parvint  à  emp-S-berrexécution 
de  celte  promesse,  peu  sincère  du  reste.  Mais 
l'Iiomme  de  Dieu  fut  vainqueur.  Il  courut  après 
la  brebis,  la  retrouva,  et  aprè>  l'avoir  confessée 
la  rendit  non  seulement  à  >a  première  oiidition 
mais  aux  vertus  éminentes  .luxquelles  elle  était 
appelée  et  qu'elle  iii'  cessa  ib- pratiquer  ensuite 
jusqu'à  la  lin  de  sa  vie. 

LES    DERNIERS    ClIUU.VTS    KT  LV    VICTOIRE 

l/apôlre  si  connu  à  .Naples.  si  \énéré  et  si 
recherché  à  cause  de  son  dévouement  et  des  pro- 
diges qui'  Dieu  opérait  par  ses  mains,  no  devait 
pas  échapper  pour  cela  aux  poursuites  du 
démon.  .\u  contraire,  la  vertu  irritant  l'ennemi 
de  tout  bien,  celui-ci  s'acharna  en  plusieurs  cir- 
constances à  traverser  les  œuvres  du  pieux  mis- 
sionnaire, à  lui  dresser  des  enibùclieset  à  susci- 
ter contre  lui  les  plus  noires  calomnies. 

François  connaissait  le  prix  de  ces  épreuves  : 
il  en  sortit  victorieux  par  les  moyens  que  les 
saints  ont  toujours  employés  à  la  suite  de  Jésus- 
Christ  :  la  prière,  la  patience  et  le  pardon  des 
injures.  .Mai*  le  démon  qui  n'avait  pu  arrêter 
l'élan  du  missionnaire  ni  décourager  sa  vertu, 
essaya,  au  moment  df  sa  ilernière  maladie,  de  le 
vaincre  déhnitivement.  Ce  fut  en  vain.  Le  FiN  de 
Dieu,  notre  Sauveur,  qui  permettait  ce  dernier 
combat  pour  perfeclioiinerles  dispositions  de  son 
serviteur, soutint  lui-même  son  généreux  atlilèle 
au  milieu  d'une  lutte  i|ui  ne  devait  se  terminer 
()ue  par  des  chants  de  triomphe. 

Le  Saint  avait  indiqué  d'avance  et  plusieurs 
fois  répo(|ue  et  le  jour  même  de  sa  morl.  Iii- 
cruelles  soulfrances  supportées  avec  un  couratie 
héroïque  augmentèrent  encore  son  amour  pour 
Nolre-Seigiii.-ur.  Lui,  qui  tant  de  fois  avait  tbuinè 
au  peuple  l'exemple  des  lla^'ellations  san;.'lante<- 
exercées  sur  un  corps  exténué  de  fatigue,  se 
traitait  alors  de  paresseux  «"t  appelait  de  ti.u'' 
l'ardeur  de  son  Ame  le  surcroît  de  soulfr.iu  ■ 
qu'il  crovait  nécessaire  pour  achever  l'expialKoi. 
Le  H  mai  ITHl,  il  reçut  le  Saint  Viatique  et  six 
jours  après.  l'Kxtrêmc-nnction.  Dès  lor<son  Ami' 
ne  lit  qu'exhaler  les  «enlimenls  les  plus  vifs  de  la 
foi  chrétienne.  Il  parlait  à  .Notri'-Seigneiir. s'en- 
tretenait l'oinin)'  un  petit  enfant  plein  de  con- 
liancf  avec  la  Très  .Sainte  Vierge,  les  anges  et 
les  saints.  Ces  joies  intimes  annonçaient  le  der- 
nier combat. 

On  le  vit  bientiH  s'a;;iler  violemment  commî- 
tes soldats  dan»  la  lutte,  de-  prière»  ardente > 
s'è.-liappaient  di-  se»  Irvrt»».  C<>mme  on  l'inlir- 
r<>jeait,ilrèpondilcoiiraneu«enient.»ou»rélr»Mitr 
violente  qu'il  subissait  :  "  Je  cnmbals.  prier  pour 
moi.»..  Kl,  s'adre»»ant  au  ib^moii  lui  même,  il 
répéta  cette  parole  d'un  'Hit  au  démon  : 

"  Va-t'en,  je  n'ai  rii'n  a  'vec  t<>i.  »  Son 

vi«ace    reprit    alnrs    -n  •.••ri'ini'       on   IVnIciiiltl 
chanter  l«'  Mminifirni  ei  le  Tf  Itrum    pour  l.ru    i 

■■rsa  rccoiit;  ■  •     ••'    ■■"■■     iiiie    d'np^iic 

■  r,\i\  ver»  1  '••Il  mai  171  il 

■  ..-   de    1 : Il»,   l'ie    VII   le 

Il  |H(H>.  Il  rulc4noni»i-  parCîr^oire  XVI 


lmp.-gtr*mt  .  £.  i'aTiTiiBK*i,  »,  fucKraocoii  I",  i'âri*. 


LA   BIENHEUREUSE  IMELDA,  VIERGE 

MODÈLE  DES  ENFANTS  QUI  SE  PRÉPARENT  A  LA  PREMIÈRE  COMMUNION 


Fite  le    12  mai  et  le  i  6  septembre. 


Première  communiou  miraculeuse  d'Imelda 


DANS     LA      ■Al'ïOM     PATKRMILLI 

Implda  v«5cut  peu  d'annffes  en  ce  monde,  mais 
quelles  années!  La  sainteté,  comme  l'euseiene 
le  grand  saint  Thomas,  se  résume  tout  entière 
dans  l'amour  de  Dieu;  or,  cet  amour  fut  assez  rif 
dans  le  cœur  d'Imelda  pour  arracher  son  âme  i 


son  corps  mortel,  et  l'unir  A  Jësus-Christ  pour 
toujours. 

Le  divin  Maître  a  rendu  ce  beau  tëmoignage 
de  sainte  Madeleine:  qu'elle  avait  beaucoup  aimé; 
il  en  fut  ainsi  de  l'angélique  Imelda,  qui  «Tait 
reçu  au  baptême  le  nom  de  Madeleine. 

Madeleine  Lambertini  était  nëe  dans  Im  tUu 


.")"<: 


de  Bologne,  en  Italie,  l'an  1321.  Sa  fiunille,  dëjà 
noble  et  ancienne,  avait  donné  des  hommes 
illustres  par  leurs  exploits  et  par  les  services 
rendus  à  leur  pays.  Pins  tard,  un  des  rejetons 
de  celte  vaillante  race ,  le  cardinal  Prosper 
Lambertini,  deviendra  Pape,  sous  le  nom  de 
aéroent  XIV. 

Dieu  ne  réservait  pas  à  la  petite  Madeleine  une 
ploire  aussi  brillante  aux  yeux  du  monde,  mais 
n  avait  versé  dans  cette  dme  des  dons  si  carea, 
que,  dès  sa  plus  tendre  enfance,  elle  parut  un 
ance  dans  un  corps  mortel. 

Sa  jeune  intelligence  semblait  s'ouvrir  comme 
naturelleoteBl  aux  premiers  eDS«igaemeDls  des 
vt'rités  chrétiennes. 

Si  quelque  arrident  on  quelque  douleur  venait 
&  troubler  la  sérénité  de  son  visage  et  exciter 
ses  larmes  enfantines,  il  suftisait  de  lui  parler 
de  Jésus  et  de  Marie,  de  lui  raconter  quelques 
traits  (le  l'Evangile  ou  de  la  vie  def  Saints,  pour 
captiver  immédiaiement  son  attention,  sécher 
ses  plear»  et  lui  rendre  se»  sourires. 

On  ne  voyait  point  en  elle  ces  caprices,  cette 
inroiislanre,   cet    amour  excessif  du  jeu,  cette 

fieine  à  obéir, qui  porte  tant  d'enfants  a  négliger 
eurs  devoirs  et  à  trouver  la  prière  ennuyeuse. 

Elle  était  sérieuse,  appliquée,  obéissante,  mo- 
deste dans  ses  regards,  grave  dans  son  main- 
tien, ennemie  du  bruit  et  de  la  dissipation.  Son 
plus  agréable  passe-temps  était  de  se  retirer 
dans  un  petit  oratoire,  orné  de  ses  mains,  afin 
d'y  prier  à  son  aise,  et  lie  s'y  livrer  à  divers 
exercices  de  piété,  dans  le  silence  et  le  recaetl- 
lement. 

Elle  prenait  pour  modèle  le  divin  Enfant  Jésus 
et  croissait  en       :  et  en  grâce  devant  Dieu 

et  devant  les  ' 

Dans  ces  »aiiii.-=  ■■i.  ■  '  --»  «>||e  comprenait 
de  plus  en  plu»  que  le  'sent  n'est  que 

vanité  en  présence  de  1  .....  ,  «jne  la  gran.ie 
nITaire  de  la  vie  est  de  sanvfrson  irne,que  Dieu, 
beauté  sans  égale  et  bonté  uilinie,  est  seul  vrai- 
ment digne  d'amour,  et  que  la  ntVsure  de  Taimer 
est  de  l'aimer  sans  mesure,  comme  dit  saint 
Hernard.  Aussi  s'elTorrait-eUe  de  lui  donaer, 
chaqur*  matin,  tout  son  cœut,  et  de  rester  Vile 
toute  la  journée  à  cet  nnique  Biei)-.\imé. 

Les  prénrcupations  de  nmité  et  de  toilaMe, 
qui  se  glissent  si  vile  dans  rimaKiii.ition  des 
jeunes  liUes, n'existaient  point  pour  elle.rar  elle 
s'oubliait  elle-m>^me,  pomr  ne  longer  qu'à  plaire 
à  Di»u.  Les  ricln'sses  de  I*  maison  paternelle  la 
laissaient  indilTérente. 

.Mais  à  mesure  qu'elle  grandissait,  elle  cons- 
tatait combien  l'esprit  du  monde  e-.t  tiilTérenl  de 
l'esprit  de  Dieu.  Elle  se  sentait  attirée  vers  le 
saint  a'<)led'un  cloître  on, renonçant  i  toutes  les 
rbn«e«  de  ce  monde,  par  un  généreux  Mcrifice, 
elle  serait  Inole  à  Jésus-Christ. 

Elle  tapplia  ses  parents  de  la  conduire  en 
quelque  CMlveBl;  et  er«  bins  pnrrnls.  ofTr.int  à 
liw  ii  Ipor 
\!  .  l.-lejr» 

nfle,  mal»    \  c- 
:  'T  Dieu  <.t    ^ 

'      I.lll     .MIt>l. 


Madeleine  avait  i  peine  dix  ans. 

I  rLKlitl  AV  COtnrXRT  —  LA  rKTITB  KILICISDm 

A  xtaacA  da   B(' 

'ti  *rn.  ic'illrvai; 


sous  le  patronage  et  les  sages  Règles  de  saint 
Augustin  et  de  saint  Dominique  {l)''.  C'est  là  que 
se  présenta  la  noble  fille  des  Lambertini.  Par 
sot  brûlant  anioar  divio  et  par  sa  pureté  par- 
faite, la  jeune  Madoleiiie  était  di^e-'  d'être  la 
lille  de  saint  Au:;ustin  au  cœur  d'or,  et  de  l'an- 
géliqjue  saint  Doiuinique. 

Suivant  un  usage  très  ancien  et  encore  fréquent 
à  cette  époque,  l'enfant  fut  reçue  au  monastère, 
malgré  soa  jeune  ûge,  et  revêtue  de  l'habit  reli- 
gieux. Cette  démarche,  d'ailleurs,  n'engageait 
point  l'avenir,  et  la  profession  ne  pouvait  avoir 
lieu  qu'après  l'âge  nubile. 

En  recevaai  rbabit  d«t  épouses  du,  Christ, 
Madeleine  échangea  son  nom  contre  celui  d'JrHe/da, 
marquaut  par  là  qu'elle  voulait  reneiioer  au 
monde,  pour  embrasser  une  carrière  nouvelle. 

Les  enfants  de  son  âge, admis  dans  les  monas- 
tères, n'étaient  soumis  qu'à  nne  partie  de  la 
règle;  la  jeune  sœur  Imelda  voulut  l'observer 
tout  entière.  On  la  voyait  à  tous  les  exercices  de 
la  communauté;  c'était  la  plus  exac'e,  la  plus 
modeste,  la  plus  obéissante.  Elle  cb.]itiBit  son 
corps  délicat  par  de  rades  pénitences,  comme  si 
elle  eût  eu  de  grands  péchés  à  expier;  tar  elle 
désirait  ressembler  à  Jésus  crucifie. 

En  uu  mot,  les  Sa-urs  les  plu.s  anciennes  la 
regardaient, avec  une  secrète  admiratioa, comme 
leur  modèle. 

DEVOTION  AO  SACHI.MK.NT   DC  l'kCCBARUTII 

Mais  le  plus  touchant  était  de  voir  la  merveil- 
leuse dévotion  de  la  sainte  enfant  envers  le  très 
doux   Sacrement  de   I'Km'-''  '■•"'—    Sachant  que 
Jésus  est  là,  Jésus  l'unni  -  sob  ardent 

amour,  elle  éprouvait  un  L< .....  ...     .ins  las>itude, 

à  passer  des  heures  entières  en  adoration  devant 
le  saint  tabernacle.  Dans  ces  suaves  'entretiens 
avec  le  divin  Enfant,  !•  temps  lai  paraissait 
court. 

Chaque  matin,  elle  assistait  an  Saint-f^acrillce 
de  la  m<'''-"e.  Son  ûme  était  .ijnrs  toute  absorbée 
il  ':on  de  cet  '    re  ;  son 

I .  '  t  ses  larii.  iit  de  sa 

f'.-t\t;ur. 

Mais  c'est  surtaatau  moment  de  la  communion, 
■  (uanJ  les  S 
-^   ii'(>nouill' 
^  mite   ne    i  .    .  ■  ■  ■ 
nu'lle  eût  ^.  •!■  n' 
Binié,  l'avoir   U>iii 
Aucun  siu:riflc«  ne  lui  eût  coûté  |' 


I  .■'.  en  ir  ir  i 
■  rerevoir  a. 
j   elle  et  ■ 


■'ur  aller 

1.1  jeune 

lai  mes. 

iii  bien- 

■    à    Lui! 

■  ur  .  ire  admise 


'rf>.  avec  vérité,  qna  la  bianhrurcuie 
>i  4  La  fou  aux  Aagnsttaa*  et  aux 
n    An|r«*tine<.    parce   (pw  lr«  rdi- 


Iraipa  da  Ia 


'lu    l\i«    «irrlc.    —     1.0    Ci'tn  i 

ibard    btMt*    par  ilei    Vti 

«.  <]ui   le  cr<','  t  '  t,(     I    .■<  »    :  '  .1- 
;  i  .in  12.^9    —  In. ri  1.1  iii..iirul 

(..       .  <"«      Itllullt,   t-,    Tll       U'.         ....«ti'll- 

liMiK  ilr   j'ii 


'-■) 


(Votr  le«  BotUmdttm,  ivw  tU  d«  mit. 


à  au  tel  bonheur.  Mais  son  âge  l'en  retenait 
encore  éloignée. 

En  attendant,  à  l'heure  de  la  récréation,  elle 
s'approchait  de  quelqu'une  de  ses  compagnes 
qui  avait  eu  la  grâce  de  communier  le  matin, 
pour  s'entretenir  avec  elle  de  ce  divin  mystère  : 
«  Oh!  je  \x>us  en  prie,  disait-elle,  dans  l'ingénuité 
et  l'ardeur  de  son  amour,  expliquez-moi  comment 
OH  peut  recevoir  Jéius  dans  son  cœur  et  ne  pas 
mourir?  » 

Ne  pouTant  plus  résister  à  l'ardeur  de  ses 
désirs,  elle  alla  prier  le  confesseur  du  couvent 
de  lui  permettre  de  s'approcher  de  la  sainte 
Table.  Mais  c'était  alors  l'usage,  en  ce  pays,  de 
ne  pas  admettre  les  enfants  à  la  première  com- 
munion avant  l'â^ede  quatorze  ans;  le  prêtre  ne 
crut  pas  devoir  faire  une  exception  pour  Iraelda. 
Il  se  borna  donc  à  encourager  les  saints  désirs 
de  l'enfant,  sans  lui  permettre  encore  de  les 
réaliser.  Imelda  se  soumit;  mais  quel  sacrifice! 

PREMIÈRK  COMMUNIO.N  MIRACULEUSE  d'iMELDA 

«  Cependant,  dit  un  des  récents  historiens  de 
la  Bienheureuse,  Dieu,  qui  se  plaît  à  venir  dans 
les  cœurs  humbles  et  purs,  ne  tarda  pas  à  récom- 
penser l'amour  dont  Imelda  brûlait  pour  lui. 

»  L'épreuve  de  la  bienheureuse  enfant  durait 
encore  quand  arriva  la  fête  de  l'Ascension.  On 
était  en  l'année  1333.  Imelda  venait  d'atteindre 
sa  onzième  année.  Pensant  qu'en  un  si  beau 
jour  son  confesseur  se  relâcherait  de  sa  sévérité, 
elle  surmonte  sa  timidité  et  réitère  sa  demande 
avec  plus  d'instances  que  jamais.  Ce  futenvain... 

»  Mais  qu'est  la  volonté  de  l'homme  devant 
celle  de  Dieu?  On  peut  bien,  il  est  vrai,  inter- 
dire à  une  âme  de  s'approcher  de  lui  ;  mais 
•ist-il  au  pouvoir  de  personne  d'empêcher  Dieu 
de  s'unir  à  cette  âme?  Dieu  lui-même  n'a-t-il 
pa3  déclaré  dans  les  divines  Ecritures  que  ceux 
<{id  le  cherchent  le  trouveront  infailliblement  ;  et 
qu'il  rassasiera  d»  ses  bien&  ceux  qui  sont  affamés  ? 

»  Le  cœur  brisé  par  le  nouveau  refus  qu'elle 
venait  d'essuyer,  Imelda  se  rendit  à  l'église  du 
monastère,  pour  assister  à  la  messe  et  unir  son 
sacrifice  à  celui  de  l'adorable  victime... 

»  Quand  le  moment  de  la  coramuniop  fut  venu, 
toutes  les  religieuses  sans  exception  vinrent  se 
ranger,  heureuses  et  recueillies,  autour  de  la 
Table  Sainte. 

■>  Seule,  Imelda  resta  dans  le  bas  du  chœur. 

»  Là,  agenouillée,  la  tête  dans  ses  mains,  elle 
donne  un  libre  cours  à  ses  larmes  en  songeant 
au  bonheur  de  ses  Sœurs;  elle  se  plaint  amou- 
reusement â  son  divin  Kpoux  de  rester  sourd  à 
<a  prière  et  le  conjure  par  de  nouvelles  instances 
de  ne  pas  différer  plus  longtemps  de  combler 
SCS  vœux. 

n  0  Jésus  I  soupirait-fille,  4  mon  céleste  Epou^, 
ainsi  donc  vous  voulez  que  votre  petite  servante 
soil  consumée  par  l'ardenr  de  ses  désira  sans 
qu'ils  soient  jamais  satisfaits?...  Serait-ce  parce 
que  je  ne  suis  qu'une  enfant?  Mais  les  reli- 
gieuses, mes  Mères,  m'ont  souvent  raconté  votre 
prédilection  pour  l'enfance;  n'avez-vous  pas  dit 
à  vos  apôlres  :  «  Laissez  venir  à  moi  les  petits 
•-nfants,  ne  les  éloi;.'nez  pas?  «  PourqUill  tTTsffîi-' 
lenant  ne  voulez-vous  pas  me  laisser  approcher 
•le  vous,  moi  qui  suis  une  enfant,  moi  qui  vous 
aime  si  ardemment?  Oh  I  dominz-moi.  je  vous 
'■n  conjure,  une  seule  miftte  de  ce  Pain  de  vie 
et  jfl  serai  rassasiée...  Et  si  vous  ne  m'en  juge» 
pan  ili:.!!'?,  faites  que  ji>  ni'-iirr',  car  j"  ri"  puis 
plus  vivr"  ".'ins  vims  .' 


»  L'amour  rendait  la  bienheureuse  enfant 
éloquente.  Ses  accents,  à  la  fois  si  puissants  et 
si  tendres,  avaient  ému  le  ciel  tout  entier.  Jésus 
ne  put  supporter  plus  longtemps  l'agonie  de 
celte  jeune  âme  se  mourant  du  désir  de  le 
posséder  (f).  » 

Comme  elle  priait  et  pleurait  encore,  une 
hostie  s'échappe  miraculeusement  du  ciboire, 
s'élève  en  l'air,  franchit  la  grille  du  chœur  et 
vient  s'arrêter,  sans  qu'aucune  main  la  sou- 
tienne, au-dessus  de  la  tête  de  l'enfant.  Imelda, 
agenouillée,  les  yeux  fixés  sur  la  sainte  hostie, 
adorait  son  Dieu,  si  près  d'elle,  et  semblait 
s'unir  aux  anges  dans  un  même  mouvement  de 
respect  et  d'amour.  Les  Sœurs  n'en  peuvetit 
d'abord  croire  leurs  yeux,  cependant  le  miracle 
persistant,  elles  avertissent  le  confesseur.  Celui-ri 
s'cipproche  avec  une  patène  et  l'hostie,  jusqne-Ki 
immobile,  vient  s'y  pincer  elle-même,  Alors,  ne 
doutaut  plus  de  la  volonté  de  Dieu,  le  prêtre 
prend  avec  vénération  l'hostie  miraculeuse  et 
en  communie  la  bienheureuse  enfant... 

Imelda  venaitde  faire  sa  première  communion  I 

«  Enfin  ses  vœux  sont  accomplis!  et,  comme 
si  elle  n'eût  pu  dans  un  corps  mortel  supporter 
une  telle  joie,  elle  s'afîaisse  sur  elle-même, 
abîmée  dans  une  contemplation  profonde  :  ainsi 
la  fleur  s'incline  sous  les  gouttes  de  la  rosée  du 
ciel,  trop  faible  pour  en  soutenir  le  poids.  Les 
mains  toujours  croisées  sur  sa  poitrine,  les  yeux 
doucement  fermés,  Imelda  paraissait  livrée  à 
un  délicieux  sommeil.  Gomme  les  heures  devaient 
s'écouler  rapides  dans  cette  extase  de  l'amour  ! 
A  voir  ses  lèvres  mi-closes,  décolorées,  mais 
comme  éclairées  d'un  sourire  tout  céleste  et 
comme  agitées  d'un  frémissement  léger,  on  eût 
cru  les  entendre  murmurer  ces  paroles  du  can- 
tique :  Mon  Bien-Aimé  est  à  moi,  et  je  suis  à  Lui. 
Il  m'a  introduite  dans  ses  celliers,  il  m'a  enivrée  de 
son  amour...  J'ai  trouvé  Celici  que  mon  cœur  aime: 
je  l'ai  trouvé,  je  le  tiens  el  je  ne  le  laisserai  pas 
aller  I 

>'  Longtempsles  Sœurs  l'admirèrent  eu  silence. 

Elles  ne  se  lassaient  pas  de  la  regarder ni  de 

louer  .Dieu  au  fond  de  leur  cœur,  parce  qu'il  est 
bon,  el  que  sa  miséricorde  s'étend  à  tous  les  siècles. 
Toutefois,  l'oflice  achevé,  la  voyant  toujours 
immobile  et  prosternée,  elles  ne  peuvent  se 
d<'feudre  d'une  vague  inquiétude.  On  l'appelle  ; 
on  la  prie,  on  la  supplie,  on  lui  commande  de  se 
relever  ;  elle,  toujours  si  prompte  en  obéissance, 
cette  fois  n'obéit  pas  ;  elle  n'a  pas  entendu...  on 
la  relève...  elle  était  morte  I 

n  Morte  !  morte  à  douze  ans  I...  Morte  d'amour, 
et  d'amour  pour  son  Dieu  I  au  jour  et  à  l'Iieui  ■• 
de  sa  première  Communion  1  Oh  l'heureuse  mort! 
Trop  heureuse  enfant  1  »  (2). 

Ne  la  plaignons  pas  en  elTet,  mais  félicitons-la 
d'être  entrée  si  saintement  dans  la  vie  qui  dure 
sans  fin,  au  ciel. 

O  Bienheureuse  Imelda,  petite  sœur  des  anges, 
proti'gez  tous  les  enfants  qui  s'approchent  pour  la 
première  fois  de  la  sainte  Eucharistie,  et  obte- 
nez.-leur  la  persévérance  dans  la  foi  et  dans  la 
vertu,  dussent-ils  vivre  sur  la  terre  jusqu'à  une 
extrême  vieillesse. 


fi)  La  Bienheureuse  Imelda.  Au  biircnn  des  œuvrci 
eiich(iristl«iiues,  27,  avenue  Fricdland.  Paris. 

(2)  Vie  de  la  bienheureuse  Imelda  iMmherlini,  suivi» 
il'une  nruviine  en  ion  honneur,  par  le  R.  P.  (.atn<i". 
'■'■'  Fr  !•  -  Pi '' lieurs.  Aux  bureaux  de  l'Anna  rj 
■  ■  ■;  ■■''.   'i,  r  !•■  .lu  Bac,  Paris. 


SES  BELIdUES  Â.    BOLOC.NI 

Le  {%  mai  de  l'an  <566,  les  Dominicaines  de 
Valdipiétra,  ayant  échangé  leur  couvent  contre 
celui. des  Pères  Servîtes  de  Marie,  à  Bologne, 
allèrent  se  fixer  dans  cette  ville,  emportant  avec 
elles  le  corps  de  la  bienheureuse  Imelda  Lam- 
bertini.  En  1622,  elles  reçurent  de  Rome  les 
reliques  de  sainte  Eugénie  et  les  placèrent  dans 
la  m(me  ëglise,  unissant  les  deux  saintes  dans 
une  commune  vénération.  La  noble  famille  Lam- 
bertini  fit  décorer  une  chapelle  en  l'honneur  de 
la  bienheureuse  Inielda,  et  on  y  plaça  une  inscrip- 
tion rappelant  le  miracle  de  sa  mort. 

Le  l'.ipe  Léon  XII,  après  avoir  consulté  la 
Sacrée  Concrégation  des  Rites,  a  approuvé  son 
l'ulte  et  autorisé  l'Ordre  des  Frères  l'rècheurs  à 
réciter  son  office  et  à  célébrer  la  sainte  messe 
en  son  honneur.  Sa  fête  est  lixée  au  16  septembre, 
pour  l'Ordre  de  Saint-Oominique. 


Voici  l'antienne  et  l'oraison  gravées  sur  une 
plaque  de  brome,  l'an  1600,  dans  l'église  du 
couvent  des  Dominicaines  de  Bologne,  près  de 
l'inscription  signedée  ci-dessus. 

«  Glorieuse  vierge,  épouse  du  Christ,  Imelda, 
perle  précieuse  de  virginité,  illustrée  par  les 
dons  du  ciel,  écouteiles  prières  que  nous  répan- 
dons en  votre  présence,  faites  que  nous  soyons 
un  jour  unis  aux  chœurs  célestes,  et  en  atten- 
dant, protégez-nous  au  milieu  des  calamités  qui 
nous  pressent  de  toutes  parts.  —  V.  Priei  pour 
nous,  bienheureuse  Imelda.  R.  Afin  que  nous 
devenions  dignes  des  promesses  de  Jésus-Christ. 

Oraison  :  Seigneur,  que  l'intercession  de  la 
bienheureuse  Imelda,  votre  vierge,  nous  protège 
contre  tout  péril,  et  que  par  son  intervention,  il 
nous  soit  donné  de  recevoir  avant  notre  mort, 
le  Sacrement  du  Corps  et  du  Sang  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  après  une  vraie  pénitence 
et  une  sincère  confession.  Par  le  même  Jésus- 
Christ  Notre-Seicneur.  Ainsi  soil-il. 


SAINT   PANCRACE,   ENFANT    ET    MARTYR 


FUe  le   12  mai. 


LOYAUTE,  COCBACK  ET  «ABTTRl 

Pancrace  naquit  à  Synnade,en  Phrygie,  d'une 
famille  romaine,  riche  et  noble,  mais  païenne. 
(Le  nom  de  Pancrace,  donné  k  l'enfant  et  qui 
paraît  singulier  à  certains  lecteurs  ignorants,  n'a 
pourtant  rien  do  ridicule.  C'est  tout  simplement 
un  mot  grec,  qui  signifie  toul-puissanl.)  A  peine 
âgé  de  dix  ans.  Pancrace  eut  la  douleur  de  perdre 
sa  mère  et  bientôt  après  son  père. 

Son  père,  en  mourant,  avait  recommandé  l'or- 
phelin à  son  frère  Denys.  Trois  ans  après,  Denys 
revint  à  Rome  avec  son  neveu.  En  ce  moment 
la  persécution  était  terrible  contre  les  chrétiens. 
Denys  et  Pancrace,  qui  s'étaient  lixés  au  quariier 
du  ilont-Cœlius,  apprirent  que  le  Pontife  des 
chrétiens,  Caius,  habitait  près  de  là.  Emerveillés 
du  courage  des  disciplcs.de  Jésus-Christ,  et 
poussés  par  la  grice,  ils  voulurent  connaître  cette 
reli;:ion. 

Ils  vinrent  &  la  maison  de  saint  Caius,  furent 
instruits  de  la  foi  chrétienne,  se  convertirent  et, 
après  vingt  jours  de  préparation,  ils  reçurent 
tous  deux  le  baptême  avec  une  grande  joie.  Peu 
après,  Denys  mourut  dans  la  paix  du  Seigneur. 

Pancrace,  plein  de  courace  et  d'ardeur,  rt  qui 
ne  cachait  point  sa  foi,  fut  dénoncé  à  l'empereur 
Diocléticn. 

Arrêt";  cl  conduit  devant  le  tyran,  il  se  présenta 
plein  de  calme  et  d'assurance,  il  avait  quatorze 


ans.  Sa  jeunesse,  la  beauté  et  la  noblesse  de  ses 
traits,  sa  courageuse  attitude  frappèrent  le  prince. 

■<  Mon  enfant,  dit  Dioclétien  d'un  ton  paternel, 
on  t'a  trompé;  écoute  mes  conseils  et  ne  cours 
pas  à  la  mort,  à  la  tleur  de  l'Jge.  J'aimais  ton 
père  Clédonius,  il  t'a  lai«sé  de  grandes  richesses, 
je  t'en  donnerai  encore  davantage.  Renonce  donr 
aux  folies  de  la  secte  des  chrétiens.  Si  tu  refuses, 
je  confisque  tous  tes  biens  et  je  te  fois  brûler 
tout  vivant.  > 

Saint  Pancrace  répondit:  ■  C'est  bien  en  vain 
que  vous  vous  llattez,  seigneur,  de  me  faire 
perdre  la  foi  en  me  menaçant  de  m'ôterla  vie;  car 
SI  ji!  suis  jeune  et  faible  de  corps,  le  Christ  m'a 
animé  d'un  courage  viril  digne  do  ses  soldats. 
Kli  quoi  !  les  dieux  que  vous  m'invil«t  h  adorer 
ne  font-ils  pas  des  imposteurs,  dos  tiummes 
vicieux,  au  point  que ^i  vos  esclaves  commettaient 
les  crimes  qui  souillent  leur  mi'moiro,  vous  les 
feriez  à  l'instant  rigoureusfmcnt  rhûlier'?  >• 

Dioclétien  n'insista  pas  davantage.  Il  craignait 
la  honte  de  so  voir  vaincu  par  cet  enfant;  et, 
dans  sa  colère,  il  le  condamna  h  mort  sans  délai. 

Conduit  sur  la  voie  Aurélia,  le  jeune  héros 
chrétien  s'agenouilla,  eut  la  tête  tranchée,  et  son 
ftme  s'envolaau  ciel  pour  lequel  elle  avait  sacrifié 
tant  d'<'S|iiT.inrcs  sur  la  torre. 

l'ne  sainte  femme,  nommée  Oclavie,  emporta 
secri'lonii'iit  son  corps  pendant  la  nuit,  renihauiiii 
de  parfums  précieux  et  l'cusevclit  avec  honnrur 


'  «  gfr  uni       I. 


'  Il  Iltk^n  T 


r    l  ^.  u?i  V. 


riir   ltj\  jr  1,   I'  irl«. 


SAINT  PIERRE   REGALADO 


Fête  le  1 3  mai. 


Saint  l'ierre  Recalado  naquit  à  Valladniid,  en 
l'an  1390,  de  parents  nobles  et  riches  des  biens 
de  la  terre,  mais  plus  riches  encore  du  bien 
iiie^tiinalde  de  la  vertu.  Il  rer-ut  au  baptême  le 
nom  de  'on  aieul.  LVnfanl  pouvait  a  peine 
rnrinallie  .«es  parents  quand  la  mort  vint  lui  ravir 
•■on  pi-re,  pour  l'introduire  dans  le  céleste 
ifivaurae,  qu'il  avait  mérité  par  une  cbarilé  sans 
limite.  I)fs  lors,  tout  le  soin  de  son  éducation 
iiinmba  sur  «a  mi're,  Marie  CasLauilla. 

Elle  s"en  ac-quilla  avec  le  n-lv  qu'on  pouvait 
iilendre  d'une  femme  aus«i  profondément  rhré- 
ti'  nne  qu'  sincèrement  dévouée  au  bonheur  de 
-'1(1  ills.  Elle  s'applnpiaà  inculquer  à  cette  |eune 
^m'•  le»  principes  dune  piété  solide.  Souvent 
«■11'-  I"  prenait  avec  elle  quand  elle  allait  se  con- 

|. r  au  couvent  de  Saiiit-Fram  <ii».  L'exemple 

.1.    !  1  III   If  déposait  dans  le  nj-ur  de  l'eiifnnt  de 

;  semences  qui  ne  devaient  i>as  larder 

Il    nini.iit    à    la  vnjr    fréqu'^nter    les 


sacrements,  et,  lorsqu'elle  s'approchait  de  la 
Table  Sainte,  il  sentait  dans  son  Ame  innocente 
des  désirs  cnllamniés  ùese  nourrinlu  Pain  de  vie. 

Marie  de  Castanilla  n'oublia  pas  non  )ilus  de 
faire  donnera  son  lils l'instruction  que  réclamait 
sa  noble  orii-'ine,  car  elle  le  destinait  à  une  bril- 
lante carrière.  Mais  Liieu  avait  des  vues  plus 
hautes  sur  le  jeune  Pierre.  Celui-ci  entendait 
parfois  des  voies  intérieures  qui  l'appelaient  à  la 
vie  monastique,  .\yanl  pris  ronseil  de  ses  direc- 
teurs, il  résolut  de  se  mettre  ,iu  nombre  des  lils 
de  saint  Francoi-..  bien  qu'il  n'eût  alors  que  treize 
ans.  Il  était  l'unique  fils  de  sa  mère,  et  c'était  sur 
lui  que  reposaient  les  espérances  d'une  illustre 
famille. 

.Mais  ces  pensées  humaines  ne  furent  pas 
capables  de  loucher  cette  u-rnnde  chréliennf. 
Sai'riliant  son  UN  avec  allégresse  et  générosité, 
elle  fit  elle-ni«''me  toutes  les  démarches  néces- 
saire? r"^iur  faciliter  son  admis--ioii. 


2;'2 


Lt   Jtt.NE  .\0\1CK    —    SA    moi  LS^1"> 

Pierre  prit  bientôt  ITjabit  franciscain,  et  son 
noviciat  coinmençu.  Il  Ot  de  tels  pn^TÙs  que  les 
religieux  ne  furenl  pas  loiiijteinps  à  riconnaitre 
le  pn'-cienx  trésor  dont  il?  .  laiiiit  enrichis  :  ils 
avaient  plus  à  apprendre  du  i.  •\ice  que  le  novice 
de  son  l'ère  maître.  Saint  liunçois  était  la  règle 
et  le  ni'idèle  de  toutes  sc^  aclions.  Pendant  tout 
le  cours  de  son  noviciat,  .|ui  dura  un  an,  jamais 
il  ne  se  relicLa  sur  un  seul  point  de  sa  jireniiere 
ferveur.  Aussi  sou  .-.dtuissiou  à  la  profession  ne 
soulTril-elle  aucuni  dilliculté  ;  il  prononça  ses 
va-u.x  à  rù;;e  de  .]Udli)rze  ans  :  les  rèj^los  cano- 
uiqucs  le  perrn.llaicnl  à  cette  époque. 

l.e  jeune  reli..:ieux  profés  se  considéra  dès  lors 
comme  cliar^''  de  tous  les  emplois  pénibles  et 
dil'liciles.  Il  éprouvait  une  joie  toute  particulière 
à  soi;;ner  ses  frères  malades,  et  si  les  inlirmiiés 
étaient  plus  rebutantes  et  les  malades  plus  exi- 
{jeant-,  c'était  une  nouvelle  raison  de  se  donner 
plus  :;éiiéreuseraenl. 

.Mais,  comme  le  relâchement  inséparable  de  la 
faiblesse  et  de  la  misère  humaine  s'était  intro- 
duit même  dans  le  sévènj  institut  de  syiint  Fran- 
çois, Pierre  ne  trouvait  pas  le  stiniulau'.  ni  Iv- 
nioyens  nécessaires  pour  imit<jr  la  vie  pénitente 
de  son  saint  Patriarclu'.  Il  gémissait  en  secret  de 
cette  situation,  niais  n'osait  entreprendre  une 
vie  plus  austère,  de  peur  de  se  singulariser.  Ilieu 
entendit  les  soupirs  de  sou  cœur.  Depuis  long- 
temps déjà,  il  préparait  i  &on  serviteur  ce  qu'il 
dé>irait  si  ardemment. 

I-IERRB  DE   VILLACRECES    ET   LÀ  REFORME 

En  efTct,  à  I  époque  ou  notre  Saint  se  signalait 
|>ar  de  si  beaux  débuts,  une  noiivrile  lumière  se 
levait  sur  le  monde,  (tétait  la  réfonne  francis- 
caine, entreprise  par  ijuelcjues  relvir-ux  fervents 
et  désireux  de  rétablir  dans  toulr  la  rij.'ueur  pri- 
mitive l'observance  de  la  ré;:le  de  s«iiit  François. 

C'est  pour  celle  raison  qu'on  leur  donna  le 
nom  d'Ub^erTaiitiiis.  Ils  cinnmeucèrent  par  se 
retirer,  dans  les  solitude*  et  le"  forets,  alin  de 
préparer,  dans  une  vie  pénitente,  la  rude  et  diffi- 
cile mission  qa*ils  entreprenaient.  l.e  ulus  célèbre 
d'entre  eux, eu  Kspaj;ne,fut  Pierre  dr  \  illacreces; 
c'était  un  reli;.'ieux  d'une  sainteté  et  d'une 
.«cience  remarquables.  Au  moment  ou  saint  Pierre 
fieuaindii  iironoiicait  se>  vieux,  il  y  avait  dc'jA 
vln«l  an<  '[u'il  vivait  dans  une  caverne,  loin  de 
tout  commerce  hnmnin.  (Jwuiû  il  en  soitil,  il  se 
présenta  au  monde  dons  un  habit  si  pauvre  et 
avec  un  visai^e  si  décharné,  qu'il  n'avait  plus  d'un 
homme  vivant  qu'une  faible  apparence. 

Lue  première  foi»,  il  voulut  s'éUblir  nvec 
quciquci  D'IiJeux  dans  l'eriuitaf-'e  de  Notre- 
Dame  de  la  .'^ob'éda,  qui  lui  paraissait  propre  à 
ses  desseins.  Il  fut  obligé  de  rabaiidonuer,  on 
ne  Mtit  pour  quel  motif.  Il  lui  fallait  donc  cher- 
cher de  i  ni  endroit  convenable.  Dieu  lui- 
même  s  le  l'indiquer. 


CODVIiTr  D  AGCtLCRA 


il  A.iiileia, 
1  in»^  le   dio- 


oiiiljesile  Vill.uleci's.  et  sa  preiiiièn'  pensée  fut 
de  demander  à  l'évéque  d'tiMiia,  son  proche 
parent,  la  cession  de  cet  ermitage.  Le  prudent 
prélat,  qui  connaissait  la  solide  vertu  du  réfor- 
mateur et  le  besoin  que  les  Frères  Mineurs  avaient 
de  la  réforme,  ne  lit  aucune  difficulté,  et  prit 
même  l'entreprise  sous  sa  protection. 

PIERRE  VILLACRECES  ET  PIKRHK  REGALADO 

Pendant  qu'il  négociait  ainsi,  Villacreces  cher- 
chait à  s'attacher  des  religieux  fervents.  Dans  ce 
but,  il  vint  à  Valladolid.  La  vue  de  cet  homme  de 
Dieu  remplit  tons  ceux  qui  le  virent  d'étonue- 
raeiit  cl  d'édilicatioii.  Il  allait  pieds  nus,  pauvre- 
ment vêtu;  il  rappelait  le  temps  de  saint  Fran- 
çois, et  son  exemple  prêchait  plus  que  ses 
paroles  la  réforme  qu'il  désirait  établir.  Dans  les 
couvents,  beaucoup  do  religieux  soulTraient  du 
relâchement  général  et  n'attendaient  qu'une 
occasion  favorable  pour  embrasser  la  réforme. 
Saint  Pierre  Uegalado  éUiit  à  leur  tête. 

Quand  il  sut  que  Villacreces  avait  la  permission 
du  ;;énéral  d'admettre  dans  sa  CoiBpa;;nie  tous 
les  religieux  qui  voudraient  l'innler,  il  alla  le 
trouver;  il  lui  exposa  ses  intentions  et  le  supidia 
aidemnieiit  de  l'emmener  à  l'ermilaye  où  il  se 
rendait.  I-e  réformateur  apprécia  du  premier 
coup  d'u'il  la  grande  vertu  de  ce  jeune  honimi- 
et  conçut  les  plu<  belles  i"-pi-r;inces  au  sujet  des 
eiilre]iiises  qu'il  pouvait  itablir  sur  un  aussi 
solide  fondement;  il  l'admit  >■■•■•■  '"lucoup  de 
joie. 

IL   CNTHE   DA.N>    LA   UFIOKJIB 

Pierre  Ite^'alado  se  mit  en  route  avec  lui,  et, 
peu  de  jour>  après,  ils  ai  liviTent  à  Aguilera  : 
toute  leur  communauté  se  composait  de  quatrt- 
reli-'ieux,  y  c.<impri»  le  P.  Villacreii's.  Celui-ci 
reçut  leur  vu-u  d'obéissance,  et  leur  donna  de  se> 
mains  le  sac  qui  devait  être  le  iiouTel  habit  des 
Kéforiués  :  puis  il»  se  déchaussèrent. 

Le  réforuiuteur  étant  ensuite  allé  rendre  conipt<' 
de  i«-  qui  s'était  pa~sé  à  l'évèqnc  d'tNina,  ca-Iui 
cl  en  demeura  si  édilié  qu'il  lit  .igraiolir  le  petit 
couvent  de  manière  à  ce  (ju'il  put  servir  de  rési- 
dence à  douze  reli:;ieux  C'était  le  nombre  lixé 
par  Villacreces  lui-iiiémc.  Plus  tard,  suint  Pierre 
Itegalado  abolit  celte  règle. 

Notre  Saint  passa  dans  ce  couvent  d'At'uilera 
les  onie  années  siiivanlo-,  .idoiiné  h  l'exi'icice  de 
toutes  les  vertu»  et  pratiquant  d'elTra\  antesausté- 
rites.  Sa  nourriture  se  composait  d'un  piii  de 
lé^'umes  mal  assaisonnés  :  ses  jeiines  étaient 
continuels,  car,  pendant  longtemps,  il  observa  le> 
neuf  carêmes,  dits  de  saint  François,  qui  cmn - 
prenaient  i)re-i)ue  toute  l'année.  Le  re«le  du 
temps,  il  jfiinail  encore  souvent  au  pain  et  à  l'eau, 
et  jamais  il  ne  se  permit  de  prendn'  le  --oir  la 
plus  léj;ère  collation  Le  dimanche  seubiiienl  il 
avalait  deux  bouchées  de  pain,  afin  de  rompr'  b- 
jeune,  par  respect  pour  ce  saint  jour. 

Son  asiiduitû  à  la    prière   n'était  pas  moins 

i<  lu  irqnable.  Il  arriva  ti     '   '         •    '■      ' ' 

'  iiipl.ition  qu<"  les  ri 
■       •;'  familier-    "•• 
11,  Uliec' 
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fols  que   le   ■  ' 

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de  . 
cl  nij 
Le  bruit  de  1  ««oncmeni  luimculeui  orri-aaus 


I    >uu  blur,  puUi  puutuir  lia  CMUyei . 


Cependant,  au  milieu  de  tous  ces  exercices  de 
|iiété.  Pii;rrc  trouvait  encore  le  temps  d'étudier  et 
de  se  préparer  à  recevoir  le  sacerdoce.  La  théo- 
logie lit  ses  pl;is  chères  délices.  Une  fois  prêtre, 
il  maniiest.iau  dehors  toute  l'ardeur  et  la  charité 
qui  consumaient  son  cœur  pour  le  salut  des 
pécheurs.  Sa  parole  opérait  des  merveilles  dans 
les  âmes.  C'est  à  partir  surtout  de  ce  moment  que 
l'on  put  dire  qu'il  vivait  plutôt  au  ciel  que  sur  la 
terre.  Il  n'avait  plus  de  désir  que  pour  la  vertu. 

IL    P.tSSE  AV  COUVENT    D.iBnOJOS 

lia  1415,  saint  Villacreces,  qui  vivait  encore,  le 
prit  avec  lui,  pour  aller  fonder  un  nouveau  cou- 
vent à  Abrojos,  qui  se  trouvait  relativement  assez 
proche  d'.\guilera.  Cette  fondation  se  lit  dans 
une  pauvreté  e.xtrème.  Souvent  on  n'avait  pas 
d'huile  pour  la  lampe  du  Très  Saint-Sacrement: 
on  manquait  aussi  du  livres  pour  chanter  la  messe. 
Villacreces  disait  alors  à  ses  religieu.\  que  la 
pauvreté  est  une  huile  qui  brûle  avec  une  clarté 
l)ii'n  plus  vive  que  celle  de  la  terre,  en  même 
temps  qu'elle  e.xhale  une  odeur  plus  suave  que 
les  parfums;  et  il  ajoutait  que  si  l'on  ne  pouvait 
chanter,  il  fallait  pleurer  et  gémir  en  attendant 
les  célestes  harmonies. 

C'est  dans  ce  couvent  que  Pierre  reçut  l'office 
de  portier.  Comme  sou  cœur  compatissant  ne 
pouvait  voir  une  misère  sans  chercher  à  la  sou- 
lager, il  fit  de  telles  aumônes  que  les  religieux 
finirent  i>ar  murmurer  et  avertirent  le  supérieur. 
L'n  jour,  une  pauvre  veuve,  privée  de  tout  secours 
liuinain,  et  chargée  de  trois  enfants  encore  en 
h,is  àye,  vient  frapper  à  la  porte.  C'était  l'heure 
du  diner.  l'ierie  court  au  réfectoire,  où  étaient 
rassemblés  les  religieux ,  et  prend  précipitam- 
ment de  nombreux  morceaux  di'  pain,  qu'il  met 
dans  le  pan  de  son  habit.  Il  se  dirigeait  déjà 
vers  la  porte  quand  le  supérieur  l'arrêtant  : 
■  Fr.  l'ierie,  lui  dit-il,  vous  êtes  bien  empressé  : 
qu'avez-vous  donc  dans  le  pan  de  votre  habit?  » 
Le  Saint  se  troubla,  mais,  reprenant  aussitôt  son 
calme  habituel  :  "  Mon  l'ère,  ce  .sont  des  roses 
que  je  vais  donner  à  une  pauvre  femme  qui  en 
a  besoin.  —  Montrez-les  de  suite  »,  répliqua  le 
supérieur.  Pierre  ouvrit  alors  modestement  sa 
robe,  et  tous  purent  voir  avec  admiration  des 
roses  plus  belles  que  celles  qui  s'épanouissent 
dans  les  jardins  de  la  terre.  Le  supérieur  lui  dit 
alors  :  i'  Allez,  mon  Frère,  au  nom  du  Seigneur, 
et  donnez  c(;s  roses  à  la  pauvre  femme  :  désor- 
inai-,  distribuez  tout  ce  qu'il  vous  plaira,  car 
c'est  pour  cela  que  la  divine  bonté  est  si  libérale 
k  notre  éuard.  >• 

Cependant,  Villacreces  s'occupait  avec  le  Saint 
iij  T  des  règles  qui  assurassent  la  perma- 
h  ;,  •  .1'  le  Uêforme.  En  1  UT,  Villacreces  put  en 
|M>i  lui  1.1  rédaction  au  Concile  de  Conslaiice.Dcux 
bulle>  fav.ii.ibles  accordèrent  tout  ce  qu'on  avait 
sollicité.  Il  leur  était  permis  de  prendre  les  cons- 
titutions établies  par  saint  Frainois  lui-même  au 
couvent  de  Saiute-Marie-des-Aiiges;  on  devait 
surtout  chercher  la  pauvreté  dans  les  édifices. 
Le  silence,  l'abstinence  devaient  être  perpétuels. 
Les  religieux  jeûneraient  depuis  lu  Toussaint 
pisiprà  l'àques  :  i\-  ne  boiraient  pas  de  vin.  Le' 
vi'iidrcdi  ils  jeûnaient  au  pain  et  à  l'eau  :  les 
Inmli,  mercredi  et  saïucili,  ils  y  ajoutaient 
quelques  léfumes  :  les  autres  jours,  ils  se  per- 
iiiellaieiit  un  pou  de  poissnn.  Le  sel  et  le  poivre 
devaii-nt  être  absents  de  leur  table,  et  le  pain 
qu'iK  maiit'eaienl  dev.iil  avoir  été  quêté  de  porte 
III  l'Oilr.  (juil  îioii  blanc  ou  noir,  dur  ou  tendre, 
disriit  11  s  Constilutiiiiis.  il  faut  le  mani.'er  a\cc 


joie.  Mais,  quand  tout  aliment  manquait  et  que  le 
Frère  économe  venait  déclarer  ses  fonds  épuises, 
ou  avait  recours  à  la  sainte  patience,  jusqu'à  ce 
qu'il  plût  à  Dieu  de  secourir  ses  serviteurs.  Tel 
était  le  régime  de  vie  ordinaire  des  Héfonnés. 
Cette  austérité  forte  et  généreuse  formait  h  s 
saints,  et.  dans  les  deux  couvents  dont  nous  par- 
lons, il  serait  facile  d'en  énumérer  plusieurs  qui 
édifiaient  les  populations  environnantes. 

J  Mnais  saint  Resalado  n'avaitgoûté  plus  douce 
paix  ni  plus  grand  bonheur.  Il  va  sans  dire  qu'il 
savait,  comme  tous  les  saints,  renchérir  sur  ce 
que  la  règle  demandait  à  tous  les  religieux. 

Cependant,  son  frère  spirituel  jouissait  de 
l'œuvre  due  à  ses  travau.x  et  à  sa  ferveur.  Désor- 
mais, la  Réforme  était  fondée,  et  il  avait  de 
dignes  auxiliaires  qui  sauraient  fort  bien  la 
maintenir.  Sa  mission  était  terminée;  Dieu  l'ap- 
pela à  lui  et  récompensa  ses  mérites  en  le  met- 
tant en  possession  de  la  viloire  des  bienheureux. 
Pierre  ressentit  cruellement  la  ])erte  de  son 
Père  spirituel  :  sa  sére'nité  habituelle  se  troubla 
même  quelque  peu.  Sa  vertu  bien  connue,  son 
admirable  prudence,  la  sévérité  avei-  laquelle  il 
gardait  la  rigueur  de  l'Institut,  enfin  tout  l'as- 
semblage des  vertus  nécessaires  pour  poursuivre 
l'œuvre  commencée,  firent  que  tous  les  religieu.x 
jetèrent  les  yeux  sur  lui.  D'un  avis  unanime,  ils  le 
désignèrent  pour  succédera  leursupérieurdéfunt. 
Le  Saint  accepta  le  gouvernement  comme  un  far- 
deau que  Dieu  plaçait  sur  ses  épaules  pour  pro- 
curer le  bien  de  l'Eglise  et  de  ses  frères.  Doux 
et  affable  pour  ceux  qui  pratiquaient  l'humilité, 
il  se  montrait  d'une  sévérité  inexorable  pour  les 
rebelles  et  les  orgueilleux  :  aucun  vice  ne  l'exas- 
pérait autant  que  l'orgueil.  Son  exemple  montrait 
le  chemin  et  rendait  suave  le  joug  du  Seigneur. 

Jamais  il  n'usa  de  chaussures,  et  ses  voyages 
ne  furent  jamais  pour  lui  une  raison  d'omettre 
ses  jeûnes  accoutumés,  ni  de  se  dispenser  de 
l'oraison  :  toujours  il  les  faisait  à  pied.  Il  défen- 
dit avec  une  constante  ardeur  les  droits  de  la 
nouvelle  Réforme,  qui  eut  beaucoup  d'ennemis 
dès  ses  commencements.  Ils  le  firent  beaucoup 
souffrir,  mais  sa  patience  triompha  des  humilia- 
tions comme  des  calomnies  et  des  persécutions. 

SBS    VEBTUS    ET   SES    MIRACLES 

Dieu  savait  aussi  le  récompenser  des  efforts 
généreux  (ju'il  tentait  pour  ]irocurer  sa  gloire.  Sa 
foi  fut  souvent  récompensée  par  d'éclatants  pro- 
diges. Il  était  persuadé  que  Dieu  le  secourrait 
toujours  dans  1  accomplissement  de  sa  charge, 
et  lui  donnerait  les  forces  nécessaires.  In  ven- 
dredi malin,  après  avoir  présidé  l'assemblée  des 
Frères,  il  quitta  Aguileia,  et  avant  midi,  dans 
l'espace  d'une  heure,  il  arrivait  à  Abraj.is  qui  se 
trouvait  à  quatorze  lieues  de  là,  et  convoquait 
le  Chapitre. 

Un  autre  jour,  dans  ses  courses  apostoli(|ueç, 
il  se  touva  arrêté  par  le  Ducro,  dont  les  eaux 
avaient  grossi,  et,  comme  il  n'y  avait  pas  dje 
barque  dans  l'endroit,  il  fit  le  signe  de  la  croix, 
étendit  son  manteau  sur  les  eaux,  et  passa  ain^i 
à  l'autre  bord. 

Ln  jour  qu'il  prêchait  à  Qiiintanas ,  village 
peu  éloigné  du  couvent,  un  jeune  Immiue  vint  le 
trouver  et  lui  demanda  très  huiiiblemeiit  l'Iiabil 
de  son  Ordre.  Le  Saint  y  consentit,  mai»  comme 
il  ne  devait  rentrer  h  Agiiilera  que  plus  lard,  il 
•lilîêra  de  le  recevoir.  <■  Mais,  lui  dit-il,  dès  ce 
moment  vous  pouvez  vous  considérer  comme 
membre  de  la  communauté,  soumis  à  I'oImis- 
s.ince.    >■    Or,   pendant   son    absence,  le   jeun» 


homme  mourut.  A  son  retour,  le  Saint  vint  récla- 
mer son  corps. 

<•  Ce  jeune  homme  est  Frère  de  mon  Ordre, 
dit-il. 

—  Nullement,  répliquèrent  les  parents  :  il  a 
bien  manifesté  le  désir  dV-tre  des  v(Jtres,  mais  il 
n'a  jamais  reçu  votre  habit.  » 

Le  Sailli,  connaissant  combien  l'intention  du 
jeune  homme  avait  été  a;;réable  a  Dieu  leur 
répondit  : 

«  Allez  donc,  ouvrez  le  sépulcre  et  vous  verrez 
vous-mêmes  s'il  n'est  pas  revêtu  de  cet  habit.  » 

On  y  courut,  et,  à  la  grande  stupéfaction  de 
tous,  le  jeune  homme,  qu'on  avait  enveloppé 
dans  un  liiii-enl,  se  trouva  en  effet  revêtu  de 
riiahit  franciscain. 

Parmi  les  vertus  de  ce  ;;rand  serviteur  de  Dieu, 
celle  qui  jila  le  plus  d'éclat  fut,  sans  contredit, 
sa  charit'-.  I,e<  œuvres  merveilleuses  qu'il  opérait 
pour  le  bien  du  prochain  sont  une  preuve  mani- 
feste de  l'incendie  d'amour  ipii  consumait  son 
cu'ur.  Kn  quelque  endroit  qu'il  trouvât  un  néces- 
siteux, il  l'embrassait,  le  consolait,  e!  ne  le  lais- 
sait partir  qu'après  avoir  entièrement  secouru 
sa  misère.  Si,  par  hasard,  il  lencontrait  en  chemin 
un  pauvre  malade,  il  le  relevait  avec  do".ceiir 
et  1  aidait  à  marcher.  Mais  si  les  jambes  lui  refu- 
saient tout  service, alors  le  Saint  leplacaitsurses 
épaules  et  l'emmenait  au  couvent,  où  il  lui  pro- 
dii;uait  les  remèdes  et  les  soins,  jusqu'à  ce  ((u'il 
fût  complètement  rétabli.  F'our  toute  récompense, 
il  ne  demandait  à  l'indi^'enl  que  la  faveur  de  lui 
baiser  les  pieds. 

Il  avait  aussi  une  extrême  compassion  envers 
les  pauvres  lépreux  :  il  les  assist.  il  encore  avec 
plus  de  soin,  il  baisait  leurs  plaies  dé^joùianles, 
et  souvent  le  ciel  récompensa  l'ardeur  de  sa 
charité  en  a(!cordant  la  yuérison  à  plusieurs  de 
ces  malheureux. 

En  récompt'iise  d'une  vie  aussi  sainte,  Dieu  se 
plaisait  à  favoriser  sou  serviteur  du  don  des 
miracles. 

l  ne  nuit,  après  le  chant  de  Matines,  il  ordonna 
aux  religieux  de  revêtir  les  ornements  sa<Tès, 
et  précédés  de  la  croix  et  du  bénitier,  il  les  con- 
duisit au  bord  du  Duero,  qui  coulait  près  de  là. 
Les  reli;.;ieux,  muets  irétonnement,  ne  pouvaient 
s'expliquer  une  détermination  aussi  étran;.'e, 
mais  il  y  avait  à  peine  quelques  instants  qu'ils 
étaient  sur  la  rive,  qu'ils  virent  venir  à  eux  le 
cadavre  d'une  femme  qui  s'était  préripiiée  dans 
le  lleuve  pour  défendre  sa  chasteté.  Leur  sur- 
prise ce»iia  alor-i,  et  P.t  place  à  l'admiration.  (»n 
relira  le  cadavre,  et  on  lui  ilonna  une  sépulture 
honorable,  en  louant  Dieu  d'avoir  révf'le  le  fait 
à  son  serviteur. 

Vn  autre  jour,  la  cloche  appela  les  religieux 
au  réfecloin-  :  c'était  l'heure  du  dîner.  Aussiti'it 
l'économe  court  avertir  le  Saint  i|u'il  n'y  a  plu» 
une  seule  bouchée  de  pain  dans  le  couvent. 
••  Puisque  le  sicnal  d'aller  au  réfectoire  est 
donné,  répondit-il,  qu'on  s'y  rende.  Dieu  pour- 
voira à  nos  besoins.  ..  ()n  venait  cle  bénir  la  nble, 
<•(  les  religieux  étaient  à  peine  assis  qu'on  sonna 
.1  la  ci'nrierKerie.  Le  portier  y  courut,  et  trouva 
111. ■  mule  char;;èp  de  pain  et  de  provisions.  .\pr*ii 
r  apporl'-s  au  réfectoire,  il  n-vinl  a  la 
•  is  il  n'y  rencontra  plus  l'animal  et, 
m  u       '"uteslesrechercbesqu  il  lit,  il  ne  parvint 


jiinais  à  découvrir  le  chemin  i>ar  leiinel  il  était 
venu,  ni  à  connaître  le  conducteur  qui  l'avait 
amené. 

Il  serait  trop  lony  de  raconter  tous  les  prodiges 
que  Dieu  opéra  par  l'inti-rinèdiaire  de  son  ser- 
viteur. Sa  renommée  s'étendit  si  loin  que  les 
personnes  pieuses  des  pays  les  plus  reculés  se 
recommandaient  à  ses  prières  aii  milieu  des  plus 
^'candes  alTaires,  et  que  toujours  le  succès  répon- 
dit à  leur  confiance.  Plein  de  vertus  et  de  mérites, 
le  corps  macéré  par  d'indicibles  pénitences,  l'àme 
enrichi  des  plus  admirables  dons  de  l'Esprit- 
Saint,  Pierre  allait  bientrtt  jouir  de  la  récom- 
pense due  à  ses  f.'Iorieux  travaux.  Il  laissait,  du 
reste,  la  Héforme  bien  alïerinie. 

UORT  DE  SAINT  PIERRE 

.\u  commencement  du  Carême  de  l'an  H:<i>.  il 
tomba  gravement  malade,  et  comprit  facilement 
que  la  maladie  était  mortelle.  La  perle  il'iin  ti  1 
père  jetait  les  reli;;ieux  dans  un  extrême  a'iatle- 
ment  :  lui  seul  conservait  un  visa;:e  joyeux.  Il 
les  consolait  et  les  exhortait  à  toujours  persévé- 
rer dans  la  ri;;ueur  qu'ils  avaient  jusqu'alors 
pratiquée. 

Il  avait  une  invincible  répugnance  pour  toute 
espèce  de  nourriture,  de  telle  sorte  qu  il  lui  était 
impossible  de  prendre  aucun  aliment.  Le  méde- 
cin, désireux  de  lui  offrir  quelque  cliose  qui  pùl 
plaire  à  son  ^joi'it.  lui  demanda  un  jnur  s'il  nian- 
;;erait  bien  une  perdrix.  Il  répondit  que  oui: 
mais  sa  réponse  contrista  tout  le  monde  cur,  ii 
cette  époque,  on  ne  pouvait  facilement  le  satis- 
faire. Or,  le  médecin  (piittait  à  peine  lo  couvent 
qu'une  perdrix,  poursuivie  par  un  milan,  vint  sf 
réfu'.'ier  auprès  de  lui.  Il  la  prit  et  revint  ii>iit 
joyeux  trouver  le  Saint.  Saint  Pierre  reçtt  le 
petit  animal  et,  tout  en  lui  faisant  de  nombii  ue^ 
caresses,  il  arranijea  ses  jdiimes  et  lui  dit:  "Cher 
petit  oiseau.  Dieu  ta  arraché  des  ;;rilTi's  cruelles 
de  ton  ennemi,  sera-ce  une  raison  i«our  que  lu 
meures  de  mes  mains?  Non,  va,  et  loue  par  les 
ehanls  ton  Créateur  et  ton  Sauveur.  ••  ht  il  la 
l'icha,  au  ;;rand  étonnement  de  tous  ses  frères, 
qui  admiraient  la  douceur  de  son  esprit. 

Cependant,  le  mal  empirait  toujours,  el  lirmort 
avamail  à  urands  pas.  Sainl  Pierre  voulut  s'y 
disposer  le  niieui  qu'il  put.  Il  demanda  donc  a 
recevoir  le  Viatique,  (juaiid  !<■  prêtre  eut  apporté 
dans  son  humble  cellule  le  Dieu  de  l'Euchuristie, 
Pierre  se  leva  sur  sa  ccmclie  el,  d'uin'  voix  entre- 
coupée de  sanglot»,  dfinanda  pardon  h  se«  frère» 
de»  scandales  (piil  leur  avait  donnés.  Ceux-ci 
pleuraient  et  proltstaient  qu'eux  seul»  devaient 
inifdorer  l'e  pardon.  Lorsque  le  moribond  eut 
reçu  la  s.Tinle  Hostie,  le»  ridipieux  jncèrcni  que 
le  inomeiitélait  veiiudc  luittdiniiiis(r>'r  riixli  '  uf  ■ 
Onclioii.  '•  Non,  réponililil ,  alli-nde/  pliiNM 
l'évêque  de  Palencia,  c'est  lui  qui  doit  nie  rendre 
ce  dernier  ofllre.  .i  On  lui  obéit,  el,  peu  d'heures 
après,  le  prélal  arrivait  el  avait  le  bonheur  d'as- 
sister un  sainl  à  «u  «lerniére  heure.  Ounnd  il  eut 
reçu  rExlrême-Onclion,  Pierre  lit  ranger  se» 
refiïieux  autour  de  sa  pauvre  couche  el  leur 
ordonna  de  commencer  le»  prières  pour  l<-»  ago- 
nisant», tjuelque»  instant»  npré»,  il  leva  le»  mains 
au  nel  el  expira  doueemenl  en  disant  :  '  Seigneur, 
|p  remet»  mon  esprit  entre  vo»  mnins.  .•  C'était  le 
10  mars  :  il  était  Agé  de  00  ans 


l'fT)     iir-. 


',  nir  Kr.inr.in  I 


SAINT  PACOME,  ABBÉ  DE  TABENNE  (Egypte) 


Féle  le  i4  mai. 


Saint  Pacâme  allant  visiter  ses  moines  au-delà  du  Nil,  montait  sur  un  crocodile 
qui  la  portait  docilement  de  l'autre  côté  du  fleuve. 


DNI  BIUREUSK  Rg>'CO>'THI 

•  Ver»  l'an  de  Jésus-Christ  3i  1 ,  dit  l'abbé  Darras, 
de  jeunes   soldats,    enrôlés    de    force    pendant  la 

fuerre  de  Maxence  et  de  Constantin,  di^barquaient  à 
hèbes,  en  Egypt».  Ils  étaient  enfermés  comme  des 
prisonnier»  et  traités  avec  une  rigueur  eicessire. 
Des  inconnus  les  abordent,  les  saluent  comme  leurs 
enfants,  le»  consolent  et  leur  procurent  tous  les 
secour»  qui  sont  en  leur  pouvoir.  L'n  des  soldats 
demande  quels  sont  ces  hommes  bienfaisants.  On 
lui  apprit  que  c'étaient  des  chrétiens  qui  vivaient 
dans  la  retraite,  la  prière  et  l'exercice  de  la  charité. 
Le  jeune  soldat  se  nommait  Pacôme.  Ce  souvenir 
fut  fécond  dans  son  cœur  et  y  porta  des  fruits  de 
salut.   •         .* 

Au  reste,  Pacôme,  quoique  né  de  parents  paiens, 
avait  pour  l'idolâtrie  une  horreur  instinctive.  Encore 
enfant,  son  père,  qui  mettait  un  grand  soin  à  l'éle- 
ver dans  la  tausse  rellRion,  le  conduisit  un  jour  à  un 
sacrilice  sur  le»  bords  du  .Nil.  Mais  le  sacriflcateur 
eut  beau  évoquer  le  démon,  l'idole  resta  muette  et 
ne  rendit  aucun  oracle.  Se  tournant  alors  ver»  le» 
parents  de  Paciime  :  «  Pourquoi,  leur  dit-il,  avei- 
vous  conduit  ici  un   ennemi  de»  dieux?  Qu'on   le 


chasse.  »  Le  père  et  le  fils  durent  aussitôt  prendre 
la  fuite,  car  la  foule,  craignant  de  s'attirer  la  colère 
de  la  divinité,  s'apprêtait  déjà  à  les  immoler  comme 
des  victimes. 

l'sbuite   paléuon 

Cet  incident  était  toujours  resté  profondément 
gravé  dans  la  mémoire  du  jeune  homme  et  tour- 
mentait son  âme  inquiète  de  vérité.  Mais  l'heureuse 
rencontre  qu'il  fit  des  moines  chrétiens,  dissipa 
toutes  ses  angoisses  et  sa  carrière  militaire  achevée, 
il  voulut  connaître  plu^  complètement  une  religion 
qui  inspirait  de  si  beaux  exemples;  il  se  fit  ins- 
truire et  bientôt  après  rerut  le  baptême. 

Durant  la  nuit  où  il  fut  régénéré  dans  les  eaux  de 
la  grâce,  il  vit  tomber  dans  sa  main  droite  une  rosée 
céleste  qui  se  convertissait  en  miel  et  ilentendit  ces 

fiaroles  :  >•  0  Pacôme,  c'est  la  le  signe  de  la  grâce  que 
e  Christ  te  donne  en  ce  jour.  »  Il  sent  aussitôt  son 
cœur  enflammé  de  l'amour  divin,  et,  dès  le  lende- 
main, il  renonce  à  tous  ses  biens,  quitte  sa  patrie 
et  vient  aux  montagnes  de  la  Thébaide  frapper  à 
la  porte  de  la  cellule  du  saint  ermite  Palémon. 
«  Du  pain  et  du  sel  font  toute  ma  nourriture,  lui 


433 


dit  1»  ▼(•nirAbleTieillard.  Je  passe  la  moitié  de  la 
nuit  à  cha«ler  les  psaumes  ou  à  médiur  les  Saintes 
Ecritan^ï.  >•  Pacônie,  intérieurement  frappé  d'une 
telle  au5l6rité,  répondit  toutefois  :  «  J'etpère  de 
Notre-i^eigneur  Jésus-Christ  que,  soutenu  par  vos 
prières,  je  persévérerai  jusqu'à  la  mort  dans  ce 
genre  de  rie.  >■  frappé  de  celle  réponse,  Palémon 
le  lais'-'»  entrer  et  le  reçoit  comme  novice! 

Paci*iiie,  on  eîTel,  tint  parole,  et. à  partir  de  ce  jour, 
sa  '■:<>  ne  fut  plus  qu'une  suite  de  prières, de  veilles, 
lit  niiii-s  et  d  austérités.  Il  travaillait  des  mains,  cul- 
livaul  la  terre  et  Ircssaiit  des  corbeille»  de  joncs  et 
d'osier,  dont  le  produit  servait  à  la  nourriture  des 
pauvres.  Quand  la  nuit  ne  lui  permettait  plus  de  con- 
tinuerton  Ir.ivail,  il  seretiraitavecPalémon  pourraé- 
diler  et  prier  ~  viarfois  il  arrivait  au  jeune  novice 
de  se  laisser  all'.r  au  sommeil  pendant  le»  lon>;ués 
veilles  de  son  maître,  celui-ci  le  prenait  par  l.i 
mr.in,  descendait  avec  lui  dans  la  plaine  et  lui 
fai3.'il  monter  de  la  terre  dans  des  corbeilles  pour 
vair.cre  la  tentation.  «  Sois  vigilant  et  attentif,  lui 
dis".it-il.  ô  Pacôme,  de  peur  que  le  démon,  venant 
à.  te  séduire, n'anéantisse  tous  no»  efforti.  •  Et  mal- 
gré son  extrême  vieillesse,  Palémon  mettait  le  pre- 
mier la  main  à  l'œuvre  pour  lui  montrer  l'exemple. 

Il  réclamait  aussi  de  son  disciple  la  plu»  entière 
,-,1-  --,-  -,  I  ^  solennité  de  PAnues  étant  arrivée, 
I  e  P.iortme  :  «  Frère,  lui  dit-il,  c'est 

o  .  .,,j  ,.,.,  .  ,,•  pour  tous  les  chrétiens,  va  doue,  et 
apprête  le  repas.  •  Pacôrao  y  court,  el  ayant  égard 
à  la  solennité  du  jour,  il  mêle  un  peu  d'huile  aux 
herbes  sauvaijes  dont  se  nourrissait  son  maître. 
Paieni'.'n  fait  sa  prière  et  se  met  à  table  ;  mais  à  la 
vue  de  l'huile,  il  se  frappe  le  front  et  s'écrie  avec 
larmes  :  "  Mon  Sauveur  a  été  abreuvé  de  vinaigra 
et  de  llel,  et  je  medalterais  au  point  de  manger  de 
l'huile?  "  Il  ne  put  se  résoudre  à  en  goûter. 

AO  D^SCRT 

La  montagne  qu'habitaient  les  deux  serviteurs  da 
Dieu  élalt  couverte  d'épaisses  forets  au-delà  des- 
qi:»!!»,  i'.t.  iidait  un  vaste  déseit.  Lu  jour  qu'il 
é'ait  aile  i  i.ercber  du  bois,  Pacôme  ne  retrouva 
plu»  le  chemin  de  son  ermitage  et  poussa  sa 
marche  Jusqu'au  bourg  de  Tabenne,  au  diocèse  do 
Oendél-an,  lur  les  bords  du  Nil.  Comme  il  y 
f.iisai!  oraison  et  demandait  a  Dieu  ds  le  tirer  de 
?nii  égareincnl,  il  entendit  une  voix  qui  lui  dit  ; 
•  Demeure  en  ce  lieu,  à  Pacôme,  el  élevé  un  monas- 
tère ;  car  beaucoup,  dans  la  désir  de  se  sauver, 
v:,">dront  (e  mettre  sous  ta  direction,  et  tu  les 
.1  la  %ie  éternelle,  suivant  la  règle  que  je 
1  ai.  •  Et  en  même  temps  un  nupr  l.ij 
il  I,  I  1  1  règle  qiie  devaient  suivre  ses  reU;i'  ;x. 
Klihl  i>-ioiirné  ver»  Palémon,  il  lui  lit  p'ir:  le 
celte  merveille,  et  le  8u|>plia  de  l'accompagner  lUns 
celle  nouvelle  colonie  du  déseiL  Le  vieillard, 
Ti  v^iii  liaiis  tout  cela  un  ordre  du  ciel,  quitta  «a 
:ude  pour  se  rendre  a  Talienne,  où  ils 
;  un   et    l'autre   une  petite   clliile;   c'(*tail 

«or»    I  an  i:it 

A'ilnine  .  .  ■        ■  ■:   là 

l'i  lUUlUa  .1  "Ut 

■.Tf.n  de   ■  .      ^   lù 

ail,  k  toQ  tour,  dtiToair  ^^ere  de  aom- 


i.M  Mu-MM  conaan 


qu'«>it    saint    Paci^me    f'.it 
•;   la  n^t'ir",  imi^   qui,  pi- 


Mais  Satan  ne   pouvait  voir  d'un  ipil  indifTérenl 
les  progrès  do   Pacôme,  et  il   lutta   énergiqiieiiuiil. 
pour  étouffer  dans  cette  àme  héroïque  le  dévelopi'e'. 
ment  des  vertus  qui  allaient  en  faire   un   des  plui 
beaux  ornements  de  l'Eglise  et  du  désert. 

D'impurs  fantômes, des  réminiscences  mondaines 
le  désir  de  la  gloire  et  des  plaisirs  revenaient  sani 
cesse  à  la  pensée  du  jeune  anachorète,  qui  s'enfoni  ail 
alors  plus  avant  dans  la  solitude,  en  redoublant  d( 
prières  et  d'austérités.  Quand,  vers  le  soir,  il  reve- 
nait à  ^on  monastère,  comme  des  chiens  qui  aboient 
après  leur  proie  sans  pouvoir   la  saisir,  les  diables' 
venaient  en  troupe,  sous  des  figures  humaines,  au- 
devant  de  lui,  et  faisant  semblant  de  l'applaudir. ils. 
se  disaient  lun  à  l'autre  :  «  Place,  place  à  rhomino 
de  Dieu  I  »  D'autres  fois,  pendant  que  le  Saint  priait^ 
l'esprit  malin,  sous  la  forme  d'un  grand  coq,  »*  pré- 
sentait   à    lui    et   se    mettait    s     chanter    pour    la 
distraire;  puis,  voyant  que   ses  cris  étaient  vains, 
il  lui  sautait  sur  la  tète,  le  frappant  de  son  bec  et  I4 
déchirant  de   ses    ongles;   mais,    sans  s'émouvoir, 
Pacôme  faisait  le  signe  de  la  croix   et  le  coq  dispa- 
raissait aussitôt  dans  un  ahtme  de  feu. 

Ud  soir  qu'il  lortailpour  prier,  notre  Saint  aperçoit 
autour  d'un  grand  palmier  une  rn  '''■'■  le  petits 
démons  qui,  pour  l'exciter  a  rire.  •  violem- 

ment les  branches  de  l'arbre,  metta,  ,;,,  ^  .-ptement 
en  fagots  les  feuilles  qui  s'en  iétachaient  et  essayaient 
ensuite  de  les  traîner  avec  un<"  .itin  wccice  d'in- 
croyables efforts,  comme  s  il  s'.i  remuer 
une  grande  montagne.  Mais  Paci''!.  "ncore  lai 
signe  de  la  croix,  et  toute  cette  fantasmagorie 
diabolique  s'évanouissait  de  nouveau. 

Toutefois  Satan  ne  se  croit  pas  vaineu.  Cet  ennemi 
des  âmes  attaque  son  adversaire  par  l'aiguillon  de  la 
chair.  s'elTorcant  de  faire  pénétrer  dans  son  esprit 
des  visions  abominables;  et  quand  le  solitaire  pre-j 
nait  son  austère  réfection,  de  jeunes  personne»  immo- 
deste» se  présenlaieiit  a  lui  le  priant  de  les  recevoir 
&  sa    table.    .M.iis    le    soldat    de   Jésus-Chn  ' 
encore  victorieux  de  ce  iiimvcaii  combfit,  é 
insensible  aux  loiianae»,  aux  singeries  et  n 
lions  de  l'esprit  du   mal.  La  rage  de  ce  de 
connut  alors  plus  de  bornes,  et  ses  assauts  i'  > 

plus  fréquents  et  plus  terribles;  mais  le  ci 
ni  pas  défaut  au  généreux  athlète  du  1.!... 
afin  d'être  iuci'ssaiument  îou»  les  armes  pour  ■  ■ 
battre  son  ennemi,  il  demanda  à  Celui   qui   .1      t 
vaincu   Satan   au  désert,    la   grâce  de  n'être  |  <      t 
sujet  au  sommeiL  Et  ainsi,  il  ont  chanter  \  t 

litre  ces  paiol-^  du  Psaume  :  «Jen'ai  point 
ma  (ace,  jii<qu'.i  ce  que  mes  ennemis  aient  •  . 
remant  terranscs.  ■ 


LS  PBCrLk  DIS  SOLITUDES 

C.  le  j'iur  approrhail  où  d'  uiji 

d'il:  t  •  (lîiibaltro  l'ennemi  il  -  el 

eon  1  /'ru  1";  ciel  dans  cette      '  •     • 
Pacôme     les    avait    si    hei 
notre  Saint  en  reçut  une  seci.i   r  nna  i.i  j.i 
ciel.    Une   nuit,  pendant  qu'il   priait,   un 
appT   '  -'.  '■  ■   1''  ■      "  p.-".  —  -    "•-•■  veut  .. 
de 

U   ,  .1    ■■■' 

jours   a, 
de  plut 
mil 
â-  ■ 


1 


Jass  U  'le  rtlig.cuic  el  aoiiailiijuc. 


pour   fa.re   l'auiuôuc,  cjui^muuI  cnli*   eux   I  e«{ 


de  paix,  d'union  et  de  charité.  A  la  vue  de  ces  pieux 
solitaires,  on  peut  s'écrier  de  nouTeau  :  Qu'ils  sont 
magnifiques  vos  tabernacles,  ô  Jacob  !  que  vos  tentes 
sont  belles,  6  Israël  !  Comme  des  vallons  pleins  de 
fraîcheur  et  d'ombre,  comme  des  lies  délicieuses  au 
milieu  d'un  fleuve,  comme  des  pavillons  que  le  Sei- 
gneur a  dress  s  lui-même!  » 

Saint  Pacôme  gouvernait  son  peuple  d'après  la 
THgle  qu'il  avait  reçue  du  ciel  et,  malgré  sa  bonté 
et  sa  douceur,  il  ne  donnait  l'habit  â  personne  qu'il 
ne  l'eût  éprouvé  par  un  long  et  sévère  noviciat  de 
tr«is  ans.  Il  y  avait  là,  on  le  voit,  une  magnifique 
efflorescence  monastique,  et  rien  n'aurait  été  plus 
puissant  sous  le  soleil  que  ces  tribus  pénitentes  et 
contemplatives,  si  elles  avaient  pu  conserver,  avec 
la  ferveur  de  la  vie  religieuse,  la  pure  doctrine  de  la 
vérité.  Malheureusementl'hérési*  trouvera  plus  tard 
d'ardents  et  de  terribles  fauteurs  dans  ces  colonies 
du  désert;  saint  Pacôme  eut  la  douleur  de  la  prédire 
lui-même  â  se<  disciples, à  la  suite  d'une  vision  où 
Dieu  lui  dévoila  l'avenir. 
Toutefois,  il  fit  tout  ce  qui  était  en  son  pouvoir 
our  éloigner  de  ses  enfants  cette  heure  fatale.  Il 
eur  défendit   tout  commerce  avec  les  hi-retiques, 

fiarticulièrement  avec  les  Ariens,  les  Méléciens  et 
es  Ongénistes;  ces  derniers  surtout  lui  inspiraient 
une  horreur  instinctive  :  si  Origène  en  efîet  n'a  pas 
écrit  d'erreurs,  ce  qui  est  contesté,  il  est  certain  que 
Ips  hérétiques,  pour  se  couvrir  de  sa  renommée,  en 
ont  glissé  plusieurs  dans  ses  ouvrages. 

Mais  pour  le  moment  dans  cette  solitude  de  la 
Thébaide  où  les  hommes  ne  semblaient  soupçonner 
que  l'immensité  du  désert,  grandissait,  peu  à  peu 
et  sans  bruit,  un  peuple  au  sein  duquel  Liieu  pren- 
dra pour  un  temps  les  plus  courageux  défenseurs  de 
la  vérité. 


fe 


LE  riEILLàkO  10HX5 


Ll  rieUIÏB   DESSBCHK 


Mais,  outre  ces  faits  qui  se  relient  à  l'histoire 
même  de  Pacdme,  la  large  enceinte  du  monastère  de 
Tabenne  fut,  dès  les  premières  années,  remplie  de 
souvenirs  non  moins  édifiants  se  rattachant  à  la 
mémoire  de  quelques  solitaires,  qui  ajoutent  encore 
par  leur  beauté  au  portrait  déjà  si  sublime  du  saint 
fondateur. 

•  Il  V  avait  à  Tabenne,  dit  l'hagiographe,  un 
vieillard  nommé  Jonas.  Jamais  homme  ne  mena 
une  vie  plus  admirable.  Depuis  quatre-vingt- 
cinq  ans  qu'il  était  entré  au  monastère,  il  avait 
toujours  exercé,  et  lui  seul,  les  fonctions  de  Jar- 
dinier, cultivant  les  fleurs  et  les  arbres,  sans 
avoir  jamais  touché  aucun  fruit;  toute  sa  nourri- 
ture consistait  en  quelques  racines  d'heihes  sau- 
vages qu'il  assaisonnait  d'un  peu  de  vinaigre.  Son 
vêtement  était  une  simple  tunique  de  pf.au  de  bre- 
bis qu'il  t'était  faite  lui-même.  Les  moines  ajou- 
taient à  ce  récit  que  Jamais  l'infirmité  ne  l'avait 
visité,  et  qu'il  ne  lui  était  pas  davantage  arrivé  de 
dormir  à  son  aise;  âpre*  le  coucher  du  soleil,  il  se 
retirait  dans  sa  cellule  et  tressait  des  corbeilles 
jusqu'au  moment  où  la  cloche  l'appelait  à  la  prière 
de  la  nuit. 

•  Quand  arriva  pour  le  vieillard  centenaire  le 
moment  d'entrer  dans  le  silence  delà  mort,  il  s'en- 
ilormit  doucement  sur  sa  chaise  de  travail,  tenant 
fnlre  lei  mains  une  corbeille  deJonc«  que  le  temps 
ne  lui  permit  paj  d'achever.  Les  moines,  instruits 
di'  «*  mort,  vinrent  tous  ensemble  pour  lui  donner 
U  "^puUiire;  mai?  I03  glires  de  rà^;e  avaient  tel- 
Icriieiil  durci  les  membres  du  vieillar.l  qu'ih  avaient 
.ir.jiii;  la  solidité  du  bois,  et  il  fut  impossible  aux 
moines  de  les  courber.  Pleins  d'atdniratiwn  è  la 
vue   d'un  tel   prodige,  ils  creusèrent  plus   profon- 


dément et  déposèrent  dans  la  tombe  le  corps  d-u 
solitaire,  dans  l'attitude  où  la  mort  l'avait  surpris.» 
Or,  tel  était  le  respect  que  Jonas  s'était  attiré  ptir 
la  pratique  de  ses  vertus,  que  saint  Piicôrae  lui- 
même  n'osait  lui  commander.  •  L'n  Jour,  continiM 
l'hagiographe,  comme  le  bienheureux  Père  revenait 
de  visiter  un  des  nombreux  monastères  qui  s'élaietit 
élevés  autour  de  Tabenne,  il  traversa  le  Jardin  de 
Jonas  et  passa  sous  un  grand  figuier,  dont  les  beaux 
fruits  étaient  trop  souvent  un  sujet  de  tentation 
et  de  chute  pour  les  jeunes  novices.  Le  saint  abbé 
en  surprit  plusieurs  ce  jour-là,  et  s'étant  approché 
de  l'arbre  pour  les  faire  rentrer  dans  la  discipline, 
il  découvrit  au  sommet  un  petit  démon,  qui  siégeait 
sur  un  trône  dont  les  marches  étaient  formées  par 
des  fruits  de  toute  couleur  et  de  toute  espèce.  C'était 
le  démon  de  la  goiirmandise  qui  nous  tente  tous, 
mais  surtout  les  enfants.  Pacôme  appelle  alors 
Jonas;  «  Coupez  ce  figuier,  lui  dit-il,  car  c'est  une 
honte  pour  notre  couvent.  »  Jamais  l'austère  vieillard 
n'avaithésité  à  la  voix  de  l'obéissance;  cette  fois,  pour- 
tant, ne  se  sentant  pas  le  courage  d'abattre  un  arbre 
qu'il  avait  lui-même  planté  et  arrosé  de  ses  sueurs, 
il  répondit  :  u  N'en  agissez  pas  ainsi,  6  Père  ;  ce 
figuier  suffit  à  lui  seul  à  nourrir  tout  le  couvent.  » 
De  peur  de  l'attrister,  Pacôme  ne  le  pressa  pas 
davantage;  mais  le  jour  suivant,  Jonas  trouva  son 
figuier  entièrement  sec.  > 


SAINT   PACOXB  ET   SES  DISCIPLES 

Le  plus  célèbre  et  le  plus  cher  disciple  de  saint 
Pacôme  fut  l'abbé  Théodore,  surnommé  le  Sanctifié, 
qui,  à  l'âge  de  quinze  ans,  avait  quitté  ses  biens  et 
sa  famille,  malgré  les  larmes  de  sa  mère,  pour 
servir  Jésus-Christ  dans  la  solitude.  D'une  prudence 
et  d'une  sagesse  consommées  dans  un  âge  si  peu 
avancé,  il  fut  souvent  chargé  par  le  Saint  des  mis- 
sions les  plus  difficiles  et  les  plus  délicates,  aussi 
bien  auprès  des  autres  moines  du  couvent,  qu'auprè.^ 
des  nombreux  étrangers  que  la  renommée  toujours 
croissante  de  Pacôme  attirait  à  Tabenne. 

Les  religieux  se  réunissaient  chaque  soir  pour 
entendre  les  exhortations  du  saint  abbé.  •  Veillons 
et  prions,  leur  disait-il  un  Jour,  car  les  esprits 
malins,  comme  des  lions  rugissants,  rôdent  autour 
de  nous,  cherchant  une  proie  a  dévorer.  Que  le  nom 
du  Christ  nous  garde  et  soit  toujours  notre  bou- 
clier, et  nos  ennemis  seront  dispersés  comm<^  la 
poussière  que  le  vent  emporte.  »  Inspiré  alors  par 
l'Esprit  de  Dieu,  il  appelle  Théodore  :  •  Allez,  lui 
dit-il,  a  la  c«llule  qui  est  devant  vous;  vous  y  trou- 
vrez  un  religieux  qui  est  sur  le  point  de  perdre 
son  àme,  car,  au  lieu  de  s'armer  de  la  prière  pen- 
dant que  son  ennemi  veille  a  ses  côtes,  il  dortd  un 
profond  sommeiL  «  Le  religieux  succomba  en  elTet 
a  la  tentation  et  quitta  le  monastère. 

Les  Kreres  chargés  de  la  boulangerie  manquaient 
un  jour  au  silence.  L'abbé  l'apprend  par  révélitiom 
et  envoie  Théodore  les  réprimander.  «  Que  les  frère? 
ne  s'imaginent  pas,  dit-ll  qu'il  n'y  ait  aucun  danger 
^  uiifreindie  la  Règle  d.ins  les  points  qui  en  eux- 
uiêmes  paraissent  peu  importants.  >■ 

Ce  qui  n'est  pas  moins  merveilleux,  c'est  l'humi- 
lité avec  laquelle  ce  vénérable  vieillard  recevait  les 
rt'rnoniraiicei  des  nioiiiilres  novices.  Un  jour  qu'il 
travaillait  aux  nattes  comme  les  autres,  un  jeune 
frère  étant  venu  le  voir  et  s'apercevant  qu'il  ne  tre4- 
sTit  pas  selon  la  méthode  ordinaire,  lui  dit  libre- 
iii'-nt  :  «  Mon  perc,  vous  ne  faites  pas  bien;  l'abbé 
Théodore  le  veut  d'une  autre  façon.  —  Eh  bion 
donc  I  mon  enfant,  lui  repartit  doucement  le  Saint, 
luonlrM-ffioi  comment  il  faut  faire.  »  Et,  l'ayant 
apprit,  il  changea  sa  manière  de  travailler. 


On  apprend  un  jour  à  l'homme  de  Dieu  qu'un 
frère  Ta  mourir.  Le  Saint  accourt  aussitill;  mais,  à 
peine  a-t-il  fait  quelques  pas,  qu'il  entend  dans  les 
airs  une  suave  mélodie  et  d'harmonieux  concerts. 
11  lève  les  yeux  et  voit  l'âme  du  relifiieux  s'enToier 
loveusement  vers  les  régions  éternelles,  entourée 
des  esprits  angéliques  qui  lui  formaient  un  brillant 
cortège.  Jugez  par  là,  ajoute  l'hagiographe,  combien 
il  est  avantageux  de  vivre  saintement,  puisque  la 
récompense  est  si  grande  et  si  belle  !  » 

Un  moine  fit  une  fois  le  double  de  son  ouvrage 
ordinaire,  deux  nattes  au  lieu  d'une,  et  les  exposa 
ensuite  sur  sa  fenêtre  où  il  savait  qu'elles  seraient 
aperçues  par  l'abbi'.  l'acôme,  qui  avait  l'habitude 
de  se'  reti.-er  au  fon  J  du  jardin  après  le  coucher  du 
soleil  pour  s'y  entretenir  de  suj-'ls  pieux  av«c 
quelques  religieux,  aperçut  en  effet  les  deux  nattes, 
et  devinant  le  motif  du  frère  :  «  Voilà,  dit-il  à  ses 
compagnons,  voilà  bien  du  travail  et  de  la  peine 
pour  le  di-mon.  »  Il  réprima  ensuite  cette  vanité 
par  une  pénitence  salutaire.  En  présence  de  tous  les 
autres  moines,  une  natte  dans  chaque  main,  le 
IBuvre  religieux  dut  demander  pardon  d'avoir  étalé 
comme  sien  un  bien  qui  n'appartenait  qu'à  Dieu. 
En  outre,  il  fut  condamné  à  garder  la  cellule  pen- 
dant cinq  mois,  à  tresser  chaque  jour  deux  nattes, 
sans  autre  nourriture  qu'un  peu  d»  pain,  de  sel  et 
d'eau. 

Une  autre  fois,  comme  il  revenait  à  Tabenne  après 
une  longue  absence,  tous  ses  religieux  étant  venus 
à  sa  rencontre,  un  jeune  novice  lui  dit  en  élevant 
la  voix  du  milieu  de  tous  :  «  En  vérité,  mon  Père, 
depuis  votre  départ,  nous  n'avons  pas  mangé  une 
seule  herbe  cuite.  —  Ne  vous  plaignei  pas,  mon 
fils,  répartit  doucement  le  Saint,  l'y  mettrai  ordre.  » 
Rentré  au  monastère,  il  se  rend  aussitôt  à  la  cui- 
sine, où  il  trouve  le  frère  qui  en  avait  la  charge, 
occupé  à  tresser  des  corbeilles.  ><  Dites-moi,  mon 
frère,  lui  dit  saint  Pacôme,  depuis  combien  de 
temps  ne  faites-vous  plus  cuire  de  légumes? —  De- 
puis environ  deux  mois,  répondit  le  cuisinier.  J'ai 
pensé  en  effet  qu'il  était  peu  raisonnable  de  giter 
inutilement  les  produits  de  notre  jardin,  car,  à  part 
les  jeunes  novices,  personne  ne  touche  aux  légumes 
que  je  cuis.  Telle  est  la  raison  pour  laquelle  j'ai 
cessé  d'allumer  le  feu  de  la  cuisine.  Mais,  pour  évi- 
ter l'oisiveté,  je  m'occupe  à  faire  des  tissus  et  des 
nattes  comme  les  autre».  »  Saint  Pacflme  l'éooula, 
mais  ne  put  s'empêcher  de  s'attrister  en  voyant  la 
facilité  avec  laquelle  le  religieux  s'était  exempté  de 
sa  charge  sans  l'avis  de  son  supérieur.  H  ordonna 
3onc  au  cuisinier  de  lui  apporter  toutes  les  nattes 
qu'il  avait  faites  (il  y  en  avait  pré»  de  cinq  cents), 
et  il  les  jela  toutes  au  feu,  en  disant  :  -  Puisciue,  nour 
épargnt-r  un  peu  d'huile,  vous  av.'i  méprisé  l'obéis- 
sance, votre  travail  ne  mérite  pas  une  plu»  grand* 
considération.  > 

àVTUS    KtBVKILLU 

La  vis  de  saint  Pacôme,  on  peut  le  dire,  est  un 
tissu  de  miracles.  Nous  devons  «n  citer  au  moins 
quelques-uns. 

1  II  jour,  un  pauvre  père  accourt  au  monastère 
t.>ai  en  larmes,  se  jette  à  ses  pieds.  •  Ayez  pitié  de 
mi'i.  ^■icrie-t-ll;  je  n'ai  qu'une  flile,  et  elle  est 
rni.  Il'  'nenl  tourmentée  par  les  esprit»  infernaux.  • 
Coniii.':  il  était  défendu  aux  femmes  d'entrer  dans 
le  inonastrre,  Pacôme  demanda  un  habit  de  la 
poiscdée.   •  Cette  tunique,  dit-il  en  la  voyant,  ne 


lui  appartient  pas.  •  Le  père  ayant  juré  que  c'était 
bien  celle  de  sa  fille  :  «  Je  sais  qu'elle  la  porte, 
répliqua  le  Saint;  mais,  faisant  profession  d'être 
vierge,  elle  ne  garde  cependant  pas  la  chasteté.  • 
La  malheureuse  fille,  apprenant  ces  paroles,  promit 
de  se  corriger,  et  le  Saint  la  guérit  par  un  peu  d'huile 
qu'il  lui  envoya. 

Il  délivra  aussi  une  jeune  possédée  en  lui  faisant 
manger  du  pain  bénit. 

A  la  demande  de  Sérapion,  évéque  de  Dendérah, 
Pacôme  avait  fait  bâtir  une  église  dans  un  village 
voisin  de  Tabenne  en  faveur  des  pauvre»  occupés  à 
la  garde  des  troupeaux.  Mais  des  hérétiques  vinrent 
pendant  la  nuit  et  en  renversèrent  toutes  les  cons- 
tructions. A  la  vue  du  malheur  qui  frappait  les 
pauvres  bergers,  le  Saint  lève  les  yeui  au  ciel  : 
«  Dieu  tout  puissant,  s'écrie-t-il,  vengez-nous  de  ces 
insolents.  »  Le  feu  du  ciel  descend  aussitôt  sur  les 
destructeurs  et  les  foudroie  tous. 

Un  religieux  d'Italie  étant  venu  le  voir  pour  lui 
découvrir  l'état  de  sa  conscience,  saint  Pacôme  ne 
pouvait  l'entendre  parce  qu'il  ne  savait  que  sa  langue 
maternelle,  celle  de  l'Egypte.  Alors  il  a  recour»  à 
Dieu  :  «  Seigneur,  dit-il,  »i  faute  de  savoir  le»  lan- 
gue», je  ne  puis  aider  le»  étrangers,  pourquoi  me 
les  envoyez-vous?  Et  s'il  vous  plal'.  que  je  les  serve, 
donnez-moi  ce  qui  m'est  nécessaire  pour  exécuter 
votre  volonté.  >•  Quelques  instants  après,  un  papier 
écrit  lui  tombe  dans  la  main;  Pacôme  le  lit,  et 
reçoit  ainsi  du  ciel  une  si  pleine  connaissance  et  un 
»i  parfait  usage  du  grec  et  du  latin  qu'il  surpassa 
en  ces  deux  langues  les  plus  habiles  rhéteur». 
L'bagiographe  raconte  encore  que  le  fondateur  mar- 
chait sur  les  serpents  et  foulait  aux  pieds  les  scor- 
pions, sans  en  recevoir  aucun  mal.  Lorsqu'il  voulait 
traverser  le  Nil  pour  visiter  ses  monastères,  les  cro- 
codiles du  Oeuve  se  présentaient  à  lui  et  le  passaient 
sur  leur  dos.  Le  Saint  avait  obtenu  le  même  pouvoir 
sur  le»  animaux  en  faveur  de  son  cher  diiciple 
Théodore."  Un  jour,  raconte  saint  Nil  dans  son  traité 
de  l'Oraison,  le  moine  Théodore  prêchsit  à  «es  reli- 
gieux, lorsque  deux  grosses  vipères  se  glissèrent 
tout  à  coup  sous  ses  pied»  et  enveloppaient  même 
se»  jambe».  Sans  s'émouvoir,  le  moine  les  prend 
dans  sa  main,  les  plie  en  forme  de  cercles,  les  pose 
sur  son  sein  jusqu'à  ce  qu'il  ait  complètement  ter- 
miné son  exhortation.  • 

LA  aicoMPiNsi 

Mais  le  jour  approchait  où  saint  Pacôme  devait 
aller  recevoir  au  ciel  la  récompense  de  ses  travaux. 
L'an  348,  la  peste  ravagea  ses  monastère»  et  lui 
enleva  plus  de  cent  religieux  ;  lui-même  tomba 
malade.  Quand  son  heure  fut  venue,  le  »aint 
patriarche  voulut  parler  une  dernière  fois  à  ses 
enfants  spirituel».  Les  moines  étant  tous  réunis 
autour  de  son  lit  :  «  Me»  bien-airoés,  leur  dit-il,  voici 
que  je  vais  entrer  dans  le  bonheur  de»  élus,  car  je 
vois  déjà  aiiprè»  de  moi  mon  bon  angequi  m'appelle. 
Kils  liien-aimé»,  souvenez-vous  de  mes  en>eigne- 
meiits  et  de  mes  exhortations  :  fuyez  les  hérétiques, 
quels  qu'ils  soient,  et  n'ayez  aucun  commerre  avec 
eux.  Pétronius,  votre  frère,  f»t  plein  de  foi,  de  pru- 
dence et  d'humilité,  prenez-le  pour  pasteur,  car  je  ne 
veux  pas  votis  laisser  orphelins.  "  Le  bienheureux 
anachorète  fit  ensuite  le  signe  de  la  croix,  et.  le 
<4  mai,  il  expira  entre  les  bras  ite  se»  disciple», 
plantation  divine  que,  depui»  tant  d'aonees,  il  arro- 
lait  de  ses  sueurs. 


iiiip    yrraii  :  l'tiiiHi.VK i,  e,  rut  I  ran(»ii  1",  I'i!,i 


SAINT    ISIDORE,    LABOUREUR 


Féle  le  tS  mai. 


VK   ENFANT   DU    PEIPLE 

On  s'imasrme  quelquefois  que  pour  devenir  un 
«aint  il  faut  être  un  personnase  ;  mais  tout 
chrétien  peut,  avec  la  srAce  de  Dieu,  devenir  un 
saint.  Toutefois,  il  est  bien  e'vident  qu'il  ne  le 
deviendra  pas  malgré  lui.  Siint  Isidore,  le 
patron  des  laboureurs,  ce  saint  si  populaire  en 
Espaçne  où  ses  innombrables  miraeles  l'ont 
rendu  ce'lèbre,  naquit  à  Madrid  vers  le  commen- 
cement du  douzième  siècle,  de  parents  très 
pauTres.  Mais  s'ils  étaient  privés  des  biens  de  ce 
monde,  ils  en  avaient  d'autres  qui  valaient  mieux  : 
ils  étaient  riches  en  vertus.  Leurs  instructions 
et  leurs  exemples  inspirèrent  de  bonne  heure  à 
l'enfant  que  Uieu  leur  avait  donné  une  grande 
horreur  du  péché  et  un  ardent  amour  de  Dieu. 
I.pur  pauvreté  ne  leur  permit  point  de  le  faire 
étudier;  l'Esprit  Saint  se  chargea  d'illuminer  de 
ses  célestes  splendeurs,  cette  jeune  âme  simple 
pt  candide  qui  venait  à  Dieu  dans  la  pureté  et 
la  simplicité  de  son  cœur.  Jeune  encore,  il  avait 
déjà  la  maturité  de  jugement  d'un  homme  fait. 

Quand  l'âge  lui  eut  apporté  les  forces  néces- 
saires aux  rudes  travaux  des  champs,  il  se  mit 
au  service  d'un  riche  habitant  de  .Madrid,  Jean 
de  Verpas,  pour  cultiver  sa  terre  de  Curamancha, 
jiiluép  près  de  la  ville. 


Résolu  de  se  marier,  il  arr(*ta  son  choix  sur 
Marie  Torribia.  d'une  condition  aussi  simple  que 
la  sienne.  Marie  Torribia,  alors  servante  dans 
une  honnête  famille  de  .Madrid,  était  vraiment 
digne  de  devenir  l'épouse  d'Isidore.  C'était  une 
de  ces  femmes  fortes,  dont  l'Ecriture  nous  a  tracé 
un  si  magnifique  portrait.  Elle  fut  la  compagne 
fidèle  de  la  vie  et  des  vertus  de  son  époux,  et  la 
catholique  Espacne  l'invoque  aujourd'hui  sous  le 
titre  de  Bienheureuse. 

Elle  vint  s'établir  avec  Isidore  à  Caramancha, 
et  ils  y  vivaient  tous  deux  dans  une  grande  union 
et  une  singulière  piété. 

roi  VIVE,  ESPRIT  DE   PRIÈRE,    AMOtTR  DU  TRAVAIL 

Isidore  était  «n  homme  de  prière.  Que  de  chré- 
tiens, bien  intentionnés  d'ailleurs,  trouvent  à 
peine  dans  le  courant  de  la  journée  quelques 
minutes  à  consacrer  à  Dieu!  Ils  pensent  s'ex- 
cuser en  alléguant  la  mullitudf  de  leurs  affaires, 
comme  si  le  soin  des  choses  qui  passent  devait 
nous  faire  oublier  les  choses  éternelles!  Il  y  a 
ceci  de  merveilleux  dans  la  vie  du  saint  labou- 
reur espagnol,  qu'il  savait  trouver  du  temps  pour 
tout  ;  il  avait  le  secret  d'en  donner  beaucoup  à  la 
prière,  «ans  que  les  devoirs  de  son  état  en  eussent 
le  moins  du  monde  à  souffrir,  tout  au  contraire. 


lb-6',t.< 


Pour  cela,  il  avait  deux  moyens  :  l'un  était  de 
se  lever  de  grand  mutin,  lautro  do  ne  point 
perdre  de  temps  et  de  s'appliiiuer  au  travail 
avec  une  admiralde  ardeur.  —  Par  le  iravail,  on 
fait  péniteure  de  ses  pécliês;  on  se  préserve  des 
tenUilions  <|ue  le  diable  sème  dans  roisiv«t^; 
enlin  on  ^:ai.'ne  des  mérites  (Knir  le  ciel.  Isidore 
savait  cela,  et  c'est  une  (.'i  aiide  science.  Si  aujour- 
d'hui on  s'en  souvenait  luieui,  la  question  sociale 
aurait  fait  un  ;.Tanil  pas. 

Jamais  l'iiifiiliu.'iLil'-  ouvrier  n'abaudouua  les 
exercices  de  piét''  cju  il  s'était  une  loi<  fixés. 
L.'s  .liiiiniirlies  ,>t  .ioui>  de  f^te,  il  les  réservait 
eir  à  Dieu,  a~~istant  avec  beaucoup  de 

re.  ).  i:t    aux   ofliies    de   Téfilise,    prêtant 

une  oreille  .ili'  n'i^e  à  la  parole  de  Dieu  et,  tout 
paysan  i|u'il  ét.iit,  il  donnait  de  longues  heures 
à  l'orai^oii. 

Le  leste  de  la  semaine,  dès  le  point  du  .jour,  on 
le  voyait  visiter  les  principales  éylises  de  .Madrid  : 
et  ce  n'est  qu'après  avoir  prié  Dieu  et  la  Sainte 
Vier:;e  de  tout  son  cœur,  dit  le  diacre  Jean,  son 
historien,  et  avoir  assisté  au  saint  sacrifice  de  la 
m.  s<e.  qu'il  allait  se  mettre  au  travail  des  champs. 

\lois,  pour  retrouver  le  tiMups  employé  à 
sis  exercices  de  piété,  il  travaillait  avec  plus 
d'énert'ie.  Kt  il  arrivait,  avec  l'aide  de  Dieu, 
qu'au  liout  de  la  journée,  il  en  avait  fait  plus  que 
ses  voisins. 

ail 
rai 

VC     ! 

s'il  i 

roi 


^pendant,  pousses  par  le  démon 
u-er  auprès  de  son  maître.  «  Hono- 
ur,  lui  dirent-ils,  cet  Isidore,  que 
our  cultiver  vos  champs  au  lieu  de 
i  selon  son  deroir,  se  lève  avant  l'au- 
,  el,  M)us  prétexte  de  pèlerinases  et  de  dévo- 
tion», s'en  va  visiter  toutes  les  églises  de  .Madrid. 
I.e  jour  est  déjà  fort  avancé  lorsqu'il  revient  el 
il  lie  fait  pas  la  nioitit-  de  son  tiavail.  Si  nous 
disons  i:ela,  ce  n'est  n'est  pas  que  nous  lui  vou- 
lioB'^  du  mal.  au  contraire  ;  mais  c'est  pour  vous 
èti-  ijiiitié  pour  vous.  »'Âh!  les  mau- 

va 

A  iiu.  iiiiuMjle,  Jean  de  Verras  entra  dans 
une  crande  colère;  il  vint  trouver  Isidore  et  lui 
adi-  -  '■  -  '■!"-  v^-vères  reproches.  •■  Cher  et 
hc.  répondil  celui-ci  avec  doucepr, 

je    \ i;l.'    li.l.^Iilé    i\    I,     lii'i'..lilii.'    liiU- 

reux  «t  lionop-  d 
je  m-  l'ui-,  ni  ne  ,    _ 

m<  envert  llieu  el  envers  I  assemblée 

di  -  ^1  vous  rr.iiLii''?  que  mon  retard  au 

tr.i  iniiiue  1'  de  la  moisson, 

je  -  i  coiiipeii  ..le  de  ce  nui  me 

rcviuiil,  liiut  le  dé<  lut,  qu  au  jugement  de  mes 
Toi>iiis  j'aurai  fait  subir  a  la  rérolli-  Je  vous 
prie  donc,  car  J<î  connais  voti.  de   m- 

point  vous  irriter  contre  moi,  |  quq  je 

dc.i  ''  ■  ra  au'  uii  ,  •■ 

I  m  peu  b'  il 

r»*,  :,       r  II.    '  *'|>riiij,ii|  t 

à  -  Il . 


Si'. 

iil. 

10. 

,N 

.i 

d.. 


sans  è|re  vu,  observer  à  loisir  le  travail  de  son 
serviteur.  11  attendit  longtemps,  et  le  sob'il  avait 
déjà  parcouru  un  coilain  espac*  à  l'horiïon. 
lorsque,  enlîn.  Isidore  parut.  Jean  se  précipite 
hors  de  sa  grotte  pour  accad)ler  de  reproches  le 
laboureur  attardé-. 

«  Mais,  qui  sait  les  desseins  de  Dieu,  disait  le 
prophète,  et  qui  a  été  son  conseiller?  »  Pendant 
qu'il  avance,  le  cie.ur  en  proie  à  une  eraiiile 
colère,  il  aperçoit  dans  le  champ  deux  iliarrues 
tirées  l'une  et  l'autre  par  des  ba-ufs  blancs;  cha- 
cun des  deux  attelages  était  dirigé  par  un  Jeune 
homme  aux  longs  vêtements  blancs  et  au  vis:iL.'i' 
merveilleusement  beau  et  serein.  .\u  niili.  n 
avançait  la  charrue  d'Isidore.  Toutes  les  liuis 
glissaient  à  travers  le  sol  avec  une  vigueur  rapide 
et  sûre. 

A  ce  spectacle  inouï,  le  maître 
d'admiration  et  de  stupeur.  11  coll. 
deux  anges  au  service  d'un   homnitl   11  icpiei.l 
sa  marche;  il  regarde   de  nouveau;  mais  ceii.- 
l'ois,  il  ne  voit  plus  qu'Isidore,  labourant  seul, 
comme  à  son  ordinaire... 

11   s'approche    de    lui.   le    salue,    l'n  ' 
«  Cher  ami,  dit-il,  je  l'en  prie,  au  mu 
(|ue  tu  sers  si  lidèlement,  quels  i'      •  .    - 

compagnons  qui,  tout  à  l'heure,  !•  lem 

concours?  J'en  ai  vu. deux  qui  t... .  i  tr.i- 

vaillaient  avec  loi,  mais,  en  un  clin  d'u'il,  ils  nul 
disparu.  "Le  Saint  répondit  simplement:  "  Devant 
Dieu  que  je  m'elTorce  de  ?ervir  de  tout  mon 
pouvoir,  je  n'ai  rien  h  me  reprocher  dans  l'ac- 
complissement de  mes  devoirs  envers  vou-.  'i 
je  vous  assure  c|ue  je  n'ai  appelé  ni  vu  a\. 
moi  d^ns  ce  champ  que  Dieu  seul,  c'est  lui  ■!  !■ 
j'invoque,  c'est  lui  que  j'implore,  et  c'est  lui  ipu 
vient  toujours  à  mon  aide.  » 

Le  maître  était  ému  jusqu'au  plus  profond  de 
son  cu'ur.  11  se  repeiitiiil  maintenant  d'avni: 
ajouté  foi  si  facilement  h  la  calomnie,  "  Tout  •' 

3ue  l'on  est  venu  me  dire  contre  toi.  dit-il  à  l-i 
ore,  je  le   méprl'e  ;  hieii  plus,  tout  ce  qu'-   ]■■ 
possède   dans  cette  cain  i     ..   . 

ton  pouvoir  el  ce  sera   ' 
ta  Vdlonté,  de  tout  ce  q.i  n    .........    .... 

il  le   salua,  el,   de  retour  chez  lui,  il 

!..    .ii.-..)|..      .1>-      i>.-r«.>;i  lit'..      l't'      .Iitlit      l] 


a  Dieu   n  était  jamais    perdu.    Ln  tel  serviteur 

él.iil  un  tri'-.ir  pour  s.in  inaitr.'. 

Sur  d.i.  -  au  tonil"- .1. 

du  Saint  •  •■  tniri'l. 

aper«oil  daii.- 
v-iiail  en  ce  i. 

...aiaU.ili  .1 

le  pieux 

tout 
niaiti'     I  . 

Saisi  d'ui. 

1.    II.... 


.1*) 

une 

u'I  luul  lo  roTiie  »iiU9  («ra 


ilii-il.  —  .\lloas  cii- 
il   le   conitin-it  ^   I 
luoiudre 
itrido  «-t 


in*vnu.ics 


et 


altirés  par  les  nombreux  miracles  que  Dieu  y 
opère  par  l'iiitereession  du  liienlieureox,  et  dont 
cette  eau  est  l'instruinent. 

Le  mailre  d'Isidore  avait  perdu  un  cheval 
dont  il  avait  çrand  besoin,  le  Saint  se  mit  en 
prières  et  l'animal  revint  à  la  vie. 

Le  ni^me  Jean  de  Vergas  vit  sa  fille  unique 
succombfr  à  une  cruelle  maladie.  Isidore,  sui- 
vant lo  léinoianatre  de  Jacques  Itlèda.  obtint  de 
iJieu  sa  résurrection  et  la  rendit  à  son  heureux 
père. 

L'n  jour  de  fête,  comme  il  vaquait  à  l'oraison 
dans  l'e'slise  de  Sainte-Madeleine,  l'une  des 
moins  éloigne'es  de  ses  champs,  des  enfants 
\inrent  en  hâte  le  prévenir:  «  Père  Isidore, 
venez  vile  :  un  loup  vient  de  se  jeter  sur  votre 
ânesse,  et  si  vous  n'apportez  prompt  secours,  il 
va  l'étrancler.  —  Allez  en  paix,  mes  enfants,  dit 
avec  calme  Isidore,  que  la  volonté  de  Dieu 
s'accomidisse.  »  Puis,  quand  il  eutlini  sa  prière, 
il  vint  voir  ce  qu'il  eu  était  :  le  loup  était  mort 
et  yiaait  étendu  par  terre:  Dieu  s'était  occupé  de 
son  serviteur  pendant  que  celui-ci  s'occupait  de 
lui:  ce  dernier,  plein  de  reconnaissance,  retourna 
immédiatement  à  l'église  pour  le  remercier. 

SA  CHARITÉ 

Mais  s'il  aimait  Dieu,  ou  plutôt  parce  qu'il 
aimait  Dieu,  il  aimait  beaucoup  son  prochain, 
surtout  les  pauvres.  Pauvre  lui-même,  il  se  pri- 
vait du  nécessaire  pour  pouvoir  venir  en  aide  à 
de  plus  indi^'ents  que  lui.  Sa  charité  étiiit  telle- 
ment agréable  à  Dieu  que  Dieu  ne  craignit  pas 
de  recourir  au  miraile  plutôt  que  de  laisser  son 
serviteur  dans  l'impossibilité  de  faire  l'aumône. 

Un  samedi,  il  avait  tout  donné,  et  voilà  qu'un 
malheureux  se  pn^sente  encore.  Grande  fut  la 
tristesse  d'Isidore.  Fallait-il  donc  le  renvoyer  à 
l''un  !  il  ne  put  s'y  résoudre.  «  Chère  épouse, 
liit-il  à  sa  femme,  va  voir  s'il  ne  resterait  rien 
dans  la  marmite.  «  Marie  savait  bien  qu'elle  était 
compli'tenient  vide;  elle  le  fait  observer  à  Isidore, 
mais  celui-ci  insiste.  Elle  va  donc  la  chercher 
pour  la  lui  montrer.  Quel  n'est  pas  son  étonne- 
ment  d'y  trouver  une  nourriture  abondante  ! 
Stupéfaite,  elle  ne  sut  d'abord  que  dire;  puis, 
toute  joyeuse,  elle  vint  servir  le  mendiant,  qui  ne 
se  retira  qu'après  un  copieux  repas. 

Voici  encore  uu  trait  qui  révèle  bien  le  cœur 
du  bon  Isidore.  Par  une  froide  journée  d'hiver, 
comme  il  portait  du  blé  au  moulin,  il  rencontra 
sur  sa  route  une  volée  de  colombes  tristi'ment 
[leidiées  sur  les  branches  d'un  arbre;  la  neige 
qui  couvrait  la  campagne,  tenait  les  pauvies 
|ielites  r  réatures  privées  de  tout  aliment.  Cédant 
a  la  pitii'.  il  ouvrit  tout  simplement  son  sac  et 
1.111  aliindonna  autant  de  blé  qu'il  leur  en  crut 
■.  Le  compagnon  du  Saint  se  moqua 
!■  .   de  celte  manitre  de  procéder  etbIAma 

ce  qu  il  appelait  une  perte  inutile.  Dieu  fut  d'un 
autre  avis,  et  quand  on  arriva  au  moulin,  on 
ne  trouva  pas  la  moindre  diminution  au  sac  du 
charitable  laboureur. 

Mais  uu  miracle  qui  eut  un  grand  retentisse- 
ment fut  relui  i|u>' nous  allons  raconter.  Le  Saint 
onfrérie  ;  or,  un  jour  de  fSte, 
i  nt  donné  rendes-vous  pour 

I  i    I    11  n  commun.  Tout  naturelle- 

iiM  iii.  !■    -  '  •  Dieu  fut  invité  comme  les 

lu'  ■  -    Il  icen  route,  mais  étant  entré 

'liM    Mii  II  sa  coutume  pour  y  prier, 

il  ■•    '  ■■mps.  retenu  par  la  douceur 

•1'  ■■<•  Di"U.  Enliii.  il  arriva  à  la 

III   I  '  lit  |i.i>  si'ul  :  il  avait  trouvi-. 


en  traversant  les. rues,  ttn  certain  nombre  d( 
pauvres,  habitués  à  regarder  l'homme  de  Dieu 
comme  leur  Père  et  il  les  amenait  avec  lui. 
Quand  ils  entrèrent,  les  convives  venaient  de 
terminer  leur  repas. 

«  Vraiment,  dirent-ils  à  Isidore,  quelle  i<lée  de 
votre  part  d'arriver  à  cette  heure,  avec  ce  cortèse 
de  mendiants,  alors  qu'il  ue  reste  plus  rien, 
sinon  la  part  que  nous  avons  eu  soin  de  garder 
pour  vous.  —  Eh  bien  !  nous  nous  partiii;erons 
ce  que  vous  voudrez  bien  nous  donner  au  nom  de 
Dieu,  répondit  doucement  Isidore. «  Aussit<'it,  les 
serviteurs  s'empressèrent  d'aller  cheicher  à  la 
cuisine  la  part  mise  en  réserve.  Mais  ce  ne  fut 
plus  une  portion,  ce  fut  un  repas  comme  le  pré- 
cédent qu'ils  trouvèrent  I  Ils  ne  pouvaient  revenir 
de  leur  étonnement.  On  lit  asseoir  les  pauvres. 
Isidore  prit  place  à  table  avec  eux;  non  seule- 
ment il  y  en  eut  assez  pour  tous,  mais  il  eu  resta 
encore  pour  les  indigents  ipii  se  présenteraient. 
Le  repas  terminé,  le  Saint  leva  les  mains  au 
ciel  pour  rendre  grâces  au  Seigneur,  et  après 
avoir  salué  les  assistants,  il  courut  à  l'église  de 
Sainte-Marie- Madeleine  remercier  Dieu  avec  une 
immense  ferveur  d'être  venu  si  miséricordieu- 
sement  à  son  aide  en  temps  opportun. 

IL  OBTIENT  LA  RÉSURRECTION  DE  SON  FILS 

Tel  était  Isidore  avec  sa  charité  si  tendre,  avec 
sa  foi  si  vive,  si  ingénue,  que  toutes  les  fois  qu'il 
s'agissait  d'obtenir  quelque  chose  de  la  bonté  de 
Dieu,  il  ne  doutait  jamais  d'être  exauce.  Quels 
que  fussent  ses  travaux,  il  ne  voulut  jamais  se 
faire  exempter  des  jeûnes  de  l'Eglise.  Observateur 
vigilant  de  la  chasteté  conjugale,  il  vivait  sainte- 
ment avec  son  épouse  et  ils  s'édifiaient  mutuel- 
lement par  leurs  bons  exemples.  Dieu  leu" 
avait  doiiii''  un  fils  qu'ils  élevaient  dans  une 
piété  digne  de  la  leur. 

On  raconte  qu'un  jour,  comme  le  père  travaillait 
aux  champs,  un  horrible  malheur  arri\-a  à  la 
pauvre  demeure:  l'enfant  tomba  dans  un  puits  et 
se  noya.  Isidore, à  son  retour,  trouve  la  malhcu- 
rrusc  mère  en  sanglots  et  apprend  l'affreuse 
nouvelle.  Ici  encore  ce  fut  sa  foi  qui  eut  la 
victoire.  Tous  deux  s'agenouillèrent  sur  la  mar- 
celle  du  puits  et  les  supplications  commencèrent. 
Dieu  sait  si  elles  furent  ardentes  !  Et  voilà  que 
l'eau  se  mit  à  monter,  monter,  port  int  le  précieux 
dépôt  à  sa  surface;  elle  vintjusqu'au  sommet  du 
puits  et  rendit  l'enfant  plein  de  vie  à  ses  parents^ 

MORT  PAISIBLE  —  DEUX  SÉPULTCRES  BIEN  DIFFI?REλTKS 

Enfin,  le  temps  arriva  où  le  serviteur  de  Dieu 
devait  passer  de  ce  monde  à  l'éternité;  toile 
avait  été  sa  vie,  telle  fut  sa  mort.  Quand  il  sentit 
approcher  l'heure  où  Jésus-Christ  allait  le  récom- 
penser de  ses  longs  travaux,  il  se  confessa  hum- 
Llement  de  toutes  les  fautes  qu'il  croyait  avoir 
commises,  reçut  le  saint  Viatique  avec  une 
singulière  dévotion,  exhorta  sa  fenimo  et  son 
fil»  à  persévérer  dans  la  piétt'  et  la  charité  et 
mit  ordre  à  ses  affaires,  toutes  modestes  qu'elles 
fussent.  Puis  il  croisa  les  mains  sur  sa  poitrine, 
ferma  les  yeux  et  s'endormit  doucement  dans 
le  Seigneur,  l'an  de  sa  Nativité  1170. 

Son  corps  fut  enseveli  dans  le  cimetière  de 
r'';:lise  Samt-Aiidré,  celle  que  le  serviteur  de 
llii-u  avait  coutume  de  visiter  la  dernière  avant 
de  se  rendre  aux  champs.  Mais  la  place  de  sa 
s  pullure  fut  fort  mal  choisie, ou  plutôt  je  devrais 
■  lu.'  foi  t  bien  choisie,  puisque  cela  servit  à  faire 
r.-^I^Iiielir  la  s;iiiil"li'  d'I-iil'Te.  1,'i'aii  <bs   pluies 


affluait  à  cet  endroit  et  s'infiltrait  jusque  dans  la 
tombe. 

C'est  là  que  le  corps  du  Bienheureux  demeura 
quarante  ans  sans  que  personne  songeât  à  lui 
rendre  quelque  honneur.  Mais,  alors,  il  plut  à 
Dieu  de  manisfester  la  ploire  dont  son  pieux 
senûteur  jouissait  an  ciel.  Le  Saint  apparut  à 
l'un  de  ses  parents,  attacha?  au  service  de  cette 
église,  lui  indiqua  le  lieu  pr^-cis  où  reposait  son 
corps  et  lui  ordonna  de  la  part  de  Dieu  de  le 
faire  lever  de  terre  el  l'iarer  avec  honneur  dans 
cette  même  église  du  hienheureux  apôtre  André. 
Mais  cet  homnic.  se  souvenant  qu'Isidore  avait 
été  un  pauvre  Liboiueur,  hésita  sur  ce  qu'il  avait 
à  faire;  il  n'os.i  entrrprendre  les  démarches  qui 
lui  étaient  demandées  et  çarda  le  silence.  Sa 
négligence  cl  son  peu  de  foi  furent  punis  :  il  fut 
atteint  d'un  mal  qui  ne  le  quitta  nlus  jusqu'au 
jour  où  se  fit  la  translation  des  reliques. 

Cependant,  le  Saint  apparut  à  une  pieuse  dame 
et  la  rharg''a  de  la  mission  que  son  parent  avait 
refusée.  Celle-ci  se  hâta  d'en  donner  communi- 
cation au  clergé  de  l'église  ainsi  qu'aux  fidèles. 
Tous  se  souvinrent  alors,  les  uns  d'avoir  vu,  les 
autres  d'avoir  entendu  raconter  la  vie  si  humble 
et  si  édifiante  du  Itienheureux.  On  vint,  au 
milieu  d'un  grand  concours  de  peuple,  creuser 
la  terre  à  l'endroit  de  la  tombe.  Le  corps  fut 
retrouvé  intact  et  sans  la  moindre  marque  de 
corruption.  Les  linges  qui  l'enveloppaient  étaient 
eux-mêmes  dans  le  plus  parfait  étal  de  conser- 
vation, l'ne  odeur  suave  et  bien  supérieure  aux 
plus  agréables  parfums  s'exhalait  de  ces  restes 
vénérables.  Un  frémissement  de  joie  et  de 
reconnaissant  enthousiasme  agita  la  foule.  On 
remerciait  Dieu  toujours  admirable  dans  ses 
saints.  Le  corps  fut  levé  de  terre,  porté  dans 
l'église  de  Saint-.^ndré  et  déposé  prés  de  l'autel 
de  l'apAtre  dans  un  nouveau  tombeau  dont  la 
magnilicence  était  digne  du  précieux  déprtt  qu'on 
lui  confiait. 

Or,  pendant  tout  le  temps  oue  s'accomplit 
cette  translation,  toutes  les  cloches  de  la  ville 
sonnèrent  d'elles-mêmes,  sans  le  secours  d'aucun 
bras  humain. 

\  la  nouvelle  de  tous  ces  prodiges,  de  pauvres 
estropiés,  des  aveugles  qui  avaient  l'habitude  de 
se  tenir  dans  les  rues  pour  demander  l'aumAne 
aux  passants,  se  firent  amener  près  de  la  fosse 
eiitr'ouverte  où  avaient  reposé  les  restes  d'Isi- 
dore. Ils  prirent  de  la  poussière  de  ce  lieu,  s'en 
frottèrent  les  membres  et  recouvrèrent  aussitôt 
la  santé. 


Aussi,  quoique  le  procès  de  canonisation  n'ait 
eu  lieu  que  bien  plus  tard,  les  populations 
commencèrent  à  donnerai!  serviteur  de  Dieu  le 
titre  de  saint. 

LE   L&BOCREUR   bbORIFI^   PAR   LES   ROIS 

Quatre  cent  cinquante  ans  après  ces  événe- 
ments, lorsque  l'on  ouvrit  le  sépulcre  du  Hien- 
heureux  devant  les  déb'gués  de  Home,  le  corps 
fut  aussi  retrouvé  dans  le  même  état  d'intégrité 
et  de  conservation,  et  les  suaves  parfums  qui 
s'étaient  manifestés  la  première  fois  se  répan- 
dirent de  nouveau  parmi  les  assi^^tants. 

L'église,  gardienne  des  précieuses  reliques, 
devint  le  centre  d'un  pèlerinage  très  fréquenté 
des  fidèles,  et  d'innombrables  miracles  n'ont 
cessé  d'être  obtenus  par  l'intercession  du  Saint, 
soit  à  son  tombeau,  soit  par  le  moyen  de  celte 
source  miraculeuse,  dont  nous  avons  parlé. 

bien  souvent,  alors  qu'une  sécheresse  extrême 
désolait  le  pays,  les  habitants  recoururent  au 
Saint,  et  obtinrent  la  cessation  du  fléau.  On  expo- 
sait alors  son  corps,  au  chant  des  iisaumes,  au- 
devant  du  chu'ur  de  l'é-glise,  on  le  portait  en 
procession  au  milieu  d'un  grand  concours  de 
lidèles  accourus  pour  implorer  la  miséricorde  de 
Dieu  par  les  mérites  de  son  serviteur,  et  Dieu 
ne  tardait  pas  à  faire  tomber  sur  la  terre  une 
pluie  bienfaisante.  En  1275  et  en  1426,  en  parti- 
culier, des  miracles  de  ce  genre  préservèrent 
Madrid  d'une  grande  disette. 

Les  historiens  du  Saint  ont  relevé  dans  les 
archives  de  l'église  de  Saint-.\ndré  les  relations 
d'un  nombre  immense  de  gui-risons  et  de  favfur> 
de  tout  genre.  Les  personnes  atUichées  au  ser- 
vice de  l'i'glise  entendirent  plus  d'une  fois  une 
musique  céleste  autour  du  saint  tombeau. 

Au  mois  de  novembre  1610,  le  roi  d'Espagne 
Philippe  III  était  dan;;ereusement  malade  à  Ca.sa- 
rubia.  Le  corps  du  ."^aiiit  fut  apporté  de  Madrid 
au  milieu  d'un  ma:.'nilique  cortt-ge  el  déposé  avec 
pompe  dans  la  rhambre  du  roi  qui  recouvra 
miraculeusement  la  santé.  Quelques  jours  apri*. 
il  accompagnait  lui-même  les  reliques  ju-ipi  > 
.Madrid,  où  elles  furent  replaci-es  dans  l'égli-.  !■ 
Saillt-.^nd^é.  C'est  ce  qui  le  porta  ik  faire  les 
dernières  instances  pour  la  canonisation,  et  saint 
Isidore  fut  enfin  canonisé,  le  22  mars  1C22,  par 
un  décret  de  Grégoire  .W,  avec  saint  Ignace, 
saint  Fraïuois-Xavier,  sainte  Thérèse  et  saint 
l'hilippe  de  .N'éri. 


-«-gfefflS^*3e»j» 


L.  l't.;inii..Mi)  ,liiij'.-yiiiiii/,6,i  ut'  li.iii^<'i>  I'  ,l'.iiis. 


SAINT   SIMON   DE   STOCK 

SUPÉRIEUR  GÉNÉRAL  DE  L'ORDRE  DU  CARMEL 


Féle  le  1 6  mai. 


La  Reine  du    ciel  apporte  le  scapnlaire  à  saint  Simon  de  Stock. 


:<âis8ANCK  ni;  saint  —  pbotbction  de  marie 

Simon  de  Stock,  dont  la  mémoire  vivra  au  milieu 
des  hommes  tant  qu'y  régnera  la  dévotion  à 
Marie  et  à  son  scapulair»?.  vit  le  jour.  Tan  IKU, 
iu  ';lii\teau  de  Harford,  dans  le  comté  de  Kent 
dont  son  père  l'tail  gouverneur. 

I  II  prodi(;e  illustra  «a  naissance  :  le  corps  du 

futur   héros  était  de   proportion»   telles  que  sa 

naissance  devait  router  la  vie  à  sa   mère;  mais 

elle-ci  s'éianl  consacrée  à  la  Sainte  Vierce  avec 

■son  ON,  tou=;  deux  furent  heureusement  sauvés. 


Celle  pieuse  mère,  qui  n'avait  pas  voulu  céder 
à  d'autres  le  devoir  si  cher  à  sa  tendresse  de  nour- 
rir son  enfant,  ne  remplissait  jamais  cette  fonc- 
tion sans  réciter,  par  «ralitude  pour  sa  céleste 
bietifailrice,  la  Sahilaiion  aihjrli'/ue:  que  si  elle 
venait  à  oublier  ce  pieux  homina^'e,la  résistance 
de  l'enfant  qui  refusait  la  nourriture  venait  aus- 
sitôt l'en  avertir.  Lui-m>'me,  n'ayant  pas  encore 
un  an  accompli,  récita  plusieurs  fois  la  prière 
dont  nous  venons  de  parler.  L'ne  imafc'e  de  Marie 
suffisait  à  apaiser  ses  va^'issemenls,  le  nom  même 
de  la  Mère   de  Dieu  le  faisait  Ire-vaillir.  Knfln, 


483 


proiiitie  plus  admirable  encore,  iinlre  Hieulieu- 
reux  refusait  le  samedi  le  sein  de  sa  mére.liono- 
rant  ainsi  la  Reine  des  cieux  par  le  ,|iùne,  lui  qui 
savait  à  peine  ce  que  c'est  que  manger. 

JEUNESSE  DC  SAINT  —  IN.NOCK.NCK  ET  PIETÉ 

A  peine  était-il  capable  de  béfjayer  r.4ve  .Varia 
qu'il  se  mit  à  réciter,  avec  une  pràce  enfantine  et 
la  ferveur  d'un  sérapliin,  le  Petit  Office  de  la 
Sainte  Yiei-ge.  Voyant  entre  les  mains  de  son  père 
le  livre  des  Psaumes,  il  supplia  avec  de  telles  ins- 
tances qu'il  en  obtint  un  exemplaire. Dieu  lui  don- 
na-t-il  de  comprendre  cette  lan;nie  latine  (|ue  nul 
ne  lui  avait  on«eij;iiée,  et  de  percer  le  mystère 
des  paroles  inspirées  du  roi-propliète?  Nous  ne 
savons.  Toujoui-s  est-il  qu'on  le  vil,  à  genoux  et 
comme  ravi  ea  extase,  méditer  ces  iienséis 
sublimes  dnnt  se  nourrissent  les  âmes  les  plus 
élevées  dans  la  perfection. 

Le  H""  de  Stock,  loin  de  trouver  un  tel  oflioe 
indi^'iie  de  lui.  eût  cru  manquer  à  ses  devoirs  de 
père  s'il  n'avait  présidé  lui-im^me  l'éducation  de 
son   (ils.  La  précocité    d'esprit  et   de  ju«:ement 

au'il  rencontra  dépassèrent  sou  attente.  BieiilcU, 
se  trouva  impuissant  à  diri;;er  plus  loiu  dans 
l'étude  son  jeune  èleve  :  la  célèbre  Université 
d'Oxford  lui  ouvrit  ses  portes.  Simon  de  Stock 
avoit  alors  sej>t  ans. 

Voilà  donc  cette  Heur,  si  tendre  encore,  trans- 
plantée tout  à  coup  dans  un  milieu  tout  nouveau 
pour  elle.  Que  va  devenir  cette  innocence,  objet 
de  notre  admiration?  (Ju'on  se  ra.ssure,  .Marie 
veille  sur  son  petit  serviteur.  Ce  n'est  pas  au 
milieu  des  plaisirs,  du  tumulte  et  des  jeux  que 
nous  trouvons  Simon  de  Stock,  mais  aux  pieds  des 
autels  ou  des  images  de  Marie,  lisant  avec  piété 
quelque  beau  traité  sur  les  gloires  de  sa  divine 
Mère.  C'est  dans  un  de  ces  moments  d'expansion 
(|ue,  tout  brûlant  d'amour,  il  consacre  à  Dieu  et 
à  .Marie  sa  virrinilé. 

ijue  dire  de  ses  pro^irès  dans  les  sciences 
buinaiiics'.'  .\u  sein  de  cette  nombreuse  et  bril- 
lante jeunesse,  la  Heur  Je  la  noblesse  d',\n(,'le- 
terre,  Simon  de  Stock  sut  conquérir  la  puJme 
de  l'admiration,  non  seulement  par  son  inno- 
cence sans  é:;ale,  mais  au.ssi  par  ses  talents.  Il 
était  savant  à  un  jUie  "u  les  enfants  comiuc-nceut  , 
à  étudier,  nous  dit  son  bistorien. 

Hélas  !  notre  jeune  Saint  trouva  dans  sa  propre    I 
famille    des    épreuves    d'autant    plus    terribles   ! 
((u'elles  étaient  moins  prévue».  Il  avait  un  fr-TC   ' 
nliié  dont  la  louduite  était  loin  d'être  irrépro-    1 
clinble,  et  pour  qui  sa  piété  était  un  muet  mais   | 
continuel  reproclie.  Le  jeune  seigneur  résolut  di;    ' 
venuer  le  prétendu  tort  que   lui  faisait  l'csliine 
que  l'on  portait  &  son  frère.  Cares-os  et  conseils 
perlides,  calomnies,  mauvais    traitement.^,  sar- 
ca«iiii-s,  tout  fut  mi^en  iruvre.  Ce  frère,  m-   i   I 
par  la  jalousie,  ne  rou;:it  pas  de  remplir  I 
lie  Satan  et  lâcha,  avec  une  malice  infernale,  île 
corrompre    r.'ime    innoceiile  de  Simon.    Ce    fut 

...i.i.. .   mais  notre  .Saint,  déj.'oi'itr    d'un 

il  ne   voyait  aue    trop   clairement 
...  ,    ..;.,  eut  recours  a  l'arme  favorite  des 
saïute  :  la  solitude. 

SmOM   DE  STOCI  DA»4  UL  SOUTl'DI 

A  d. 'i/c  .in»,  il  quitte  secrél'inenl  le   n 

palri  I  •  I       t     -'.■ilT'ii' e.     iioih'111     J'.ii.-l!. 
daii 


l'iovisions.  L'n  chêne  bien  des  fois  séculaire,  au 
tronc  creusé  par  le  temps,  lui  offre  un  abri  contre 
les  intempéries  des  saisons.  Des  herbes,  des 
racines  araères,  des  fruits  sauvages  deviennent 
sa  nourriture;  l'eau  d'une  source  voisine,  sa 
boisson.  Mais  Dieu  veillait  sur  ce  nouvel  Klie  : 
il  se  servit  d'un  chien  dont  l'instinct,  miraculeu- 
sement guidé  jiar  le  ciel,  sut  découvrir  la  retraite 
du  jeune  ermite  et  lui  apporter  de  temps  en 
temps  un  pain  que  son  l'ère  du  ciel  lui  envoyait. 
Alors  coniinença  pour  Simon  de  Stock  une  vie 
qui  tenait  plus  dé  l'an^-'e  que  de  l'hoinnie  :  médi- 
tations continuelles,  oraisons  sublimes,  extases 
et  douceurs  ineffables  de  l'àiilc.  il  avait  fait  de 
cette  solitude  affreuse  comme  un  coin  du  ciel. 
Hélas!  cette  paix  tant  désirée  et  qu'il  croyait 
avuir  obtenue  ne  fut  pus  lon;;ue.  Satan,  l'ennemi 
de  notre  salut,  nous  poursuit  partout  sur  la 
terre. 

Tout  à  coup,  il  semble  au  jeune  anachorète  que 
Dieu  s'est  retiré  de  sou  cœur,  une  terrible  aniioisse 
le  déchire.  Son  imagination,  obscurcie  par  la  ten- 
lalion,  se  représente,  daus  la  plus  poignante  réa- 
lité, le  désespoir  de  sa  lamilL-,  (pie  son  brus(|ue 
départ  a  plongée  daus  le  deuil.  Il  croit  >oir  su 
niéie  éiilorée  le  suppliant  de  revenir  dans  ses 
bras.  N  aura-t-il  pas  à  répondie  un  jour  devant 
Dieu  des  terribles  soupçons  (|ui  vont  planer  sur 
la  tête  de  son  malheureux  frère'.' 

La  sereine  lumicre  qui  guidait  sonàme  paisible 
semble  avoir  disparu,  c'est  la  nuit  et  la  tempéle; 
iiue  faire?  quelle  résolution  ineniln?  Simon  lève 
les  yeux  vers  l'Kloile  du  mutin,  vers  .Marie,  sa 
bonne  Mère.  Il  la  supplie,  il  lu  conjure  de  l'éclai- 
rer et  de  le  conduire,  et  l'Immaculée,  dont  le 
pied  virginal  a  écrasé  la  tête  de  l'anliiine  serpent, 
chasse  les  cohortes  infernales,  dissipe  lesténèlpivs. 
rend  à  son  serviteur  l'assuranoe  et  lu  paix;  Simon 
Ile  quittera  pas  su  vot  uLiuu. 

Mais  ce  II  était  lii  c|u'une  trêve  dans  le  combat. 
L'eiiiieiiii,  qui  n'a  pus  craint  ja<lls  de  souflleter 
saint  Paul  lui-niéine  par  raiguillon  de  In  rliair, 
recourut  à  cette  arme  traîtresse  qui  a  immolé 
tant  de  victimes.  Les  mauvaises  pensives,  les 
images  inf.lmes  de  lu  volupté  criminelle  que  s, in 
Irere  a  >'oulu  inspirer  à  notre  Saint,  les  séduc- 
tions du    inonde    qu'il   avoit   fui    n;ii.'uére   avec 

etfroi,  ton'     •     "!■■  I""' '■■  ,1  de  plus  altrnviini 

pour  les  1  ut  avec  vivacité. i   i, 

son  sonvt-'  Il  co'iir.  Son  ima-i 

uatioii  s"'  ont  troublés. 

L'Ame  .i       ■                     -       k,  d'une   innocence 
incomparable,  n'avait  jamais  eu  à  lutter  contre 
ces  tentations  hideuses  qui  font  ici-bas  la  honte 
et  le   toiiriiient    îles   ;lmes  saintes.   Sentant   les 
ardeurs  de  la  chair  l'envahir,  le  pauvre  eiif.iiit  se 
crut  coupable,  une  souffrance  indicible  le  déchira. 
Ce   moment  dut   être   terrible  pour  une  l'ime  si 
lendre,  seule  au  milieu  du  di'scri.  Si   le  ib    ■ 
l'oir  entrait  dans  son  cirur,  c'i-ii  était  fait  dr 
fini*  la  foi  du  jeuiin  homme  était  trop  gt.iiii' 
|Miur   laisser   s'enfuir  l'espérance  :  il   sliiiiiiilii, 
croyant  avoir  lailli,  et  jeta  vers   Marie  un   \<'uu 
cri  d'anuoisse.  (U-lle  qui  n'a  jamais  rebuUi  per- 
sonne délivra  «on  bien-aimé    '   ■ 

l'ourse  préniuiiir  contre  de  i  .ttaqne*. 

il  redouble  de   prière'   et   d  .i  ■    •■-■'■ 

au  milieu  des  épine-,  «e   cou 
il--ii     le    i.iiires    et    .!'..illis 

invoque  I  . 

■  .  .iiii.ii  !; 


II!  Pmiiluf,  tuiU  iiiii   léger  bu^auo  et  luuteii  sok       lui  la  rornnipense  du  jeune  cl  taillant    utiilute. 


5I1I0.N     DE     STOCK     BEc,OIT    LES    ORDRES 
DA.NS  l'apostolat 


SES    SUCCES 


Après  TÏDgl  ans  passés  dans  la  solitude,  notre 
Saint,  pour  obéir  à  Dieu,  reparut  au  château 
d'Harford.  Les  détails  nous  manquent  sur  cette 
époque  de  sa  vie.  Nous  savons  seulement  qu'il 
reprit  ses  études  de  théolo-'ie  à  IT'niTersité 
d'Oxford  où  d'éclatants  succès  le  désii:nèrent  de 
nouveau  à  l'admiration  publique.  Son  humilité 
en  souffrit  cruellement  et  lui  fit  regretter  davan- 
tat-'e  encore  son  désert.  Aussi,  après  avoir  reçu 
avec  crainte  le  fardeau  du  sacerdoce  et  célébré, 
dans  les  sentiments  de  la  piété  la  plus  vive,  sa 
première  messe,  s'empressa-t-il  de  reprendre  le 
chemin  de  sa  chère  solitude. 

Nouveau  Jean-Baptiste,  il  en  sortait  parfois 
pour  tonner  contre  les  vices  du  siècle  et  prêcher 
cette  pénitence  dont  il  étaitle  plus  vivant  modèle. 

Jean  sans  Terre,  roi  des  Anglais,  violateur  des 
droits  de  l'Eglise,  obligea  le  pape  Iimocent  II  à 
jeter  l'interdit  sur  son  royaume.  Ce  fut  un  jjrand 
deuil  pour  toute  l'Angleterre.  Sim^n  parcourut 
le  pays,  semant  la  parole  de  Dieu  et  les  miracles, 
invitant  le  peuple  à  la  pénitence  et  à  la  prière; 
enfin,  il  obtint  du  ciel  la  conversion  du  roi  et  la 
paii  de  sa  patrie.  C'est  dans  ces  circonstances 
qu'il  composa  la  belle  prière  à  Marie  :  Aima 
heJemi'toi-U  ilaler,  que  l'Eglise  chante  encore 
aujourd'hui. 

LE  BIE.NBSL'BEC:S  EMBRASSE  LA  RÈGLE  DL'  CABHEI, 

EnOn  allait  s'accomplir,  après  quinze  ans  d'at- 
tente, la  prédiction  qu'avait  faite  Marie  à  son 
dévot  serviteur.  Quelques  seigneurs  an;;lais, 
revenus  de  la  croisade,  où  ils  avaient  admiré  la 
sainteté  de  vie  des  solitaires  du  mont  Carmel, 
en  amenèrent  quelques-uns  dans  leur  patrie  pour 
y  implanter  cet  Ordre.  Cette  nouvelle  01  tres- 
saillir notre  Saint  qui,  trouvant  la  vie  de  ces  aus- 
tères ermites  conforme  à  ses  désirs,  résolut  de 
l'embrasser.  Lu  des  seigneurs  venus  de  Palestine, 
et  qui  avait  enxbrassé  le  nouvel  Ordre,  Haoul 
Kresburn,  employa  une  partie  de  ses  domaines 
d".An;deterre  à  former  une  Solitude.  Le  sn|)érieur 
df  cette  fondation  provisoire  fut  le  bienheureux 
Alain,  qui  eut  la  gloire  de  revêtir  Simon  de  Stock 
de  l'iialiit  du  Carmel.  Notre  Saint  se  trouvait  au 
comble  de  se»  vmux,  quand  la  volonté  txjiresse 
de  ses  supéri-urs  l'envoya  prendre  ses  grades  au 
c(illc;;e  d'Oxford.  Mais  il  obtini  qu'il  lui  lût  per- 
mi.s  de  se  borner  au  titre  de  bachelier  ou  théo- 
loiiie  et  se  relira  aussitôt  au  désert  de  Norwich, 
dans  le  .Northumbi-rland,  mettant  ainsi  une  plus 
grande  distance  entre  les  honneurs  et  lui . 

Sous  la  conduite  du  P.  ilaoul  Fresburn,  Simon 
fut  le  [dus  humble,  le  plus  soumis,  le  plus  mor- 
tilié  des  novices.  Mais  bientôt  les  grâces  dont  il 
l'tait  comblé  par  le  ciel,  et  cju'il  no  pouvait  déro- 
ber entièrement  à  la  connaissance  de  ses  frères, 
le  firent  i;_.irder  comme  un  saint,  comme  un 
modèle  achevé  de  perfection  religieuse. 

n.  EST  SOMIU^  VICAIRE  OfC^ÉBAL  DE  l'oBDRE 

Sa  rpiiiimm''"  no  sV'tMidit  pa«  seulemenldan» 
)•■  I.  vHiiii-  I  \  l'terTP,  ni  même  en  Europe, 
.  li-  ]irvi[|i  M- :n  i  II  Palestine,  anx  oreilles  de 
»aiiit  Brocjiril,  Mi]>«^ri<"ur  d»  lOrdr--  du  Carmel. 
I,  "Tl'iision  de  r(>rdre  en  OrrlH-'iil.  depuis  le» 

ides.les  incursions  des  Sarrasin»  qui  le  me- 
1 lit  en  Terre  Sainte  d'une  mine   complète, 

lit  fait  naître  dans  le  cœur  du  Supérieur 
-    ;    lal  II-  dé«ir  de  parlat'er  avec  un  autre  la 


charee  ac^.ablante  qui  lui  était  impos-^e.  Son  choix 
tomba  surSiraon  de  Stock,  qui  fut  nommé  vicaire 
général.  Cette  nouvelle  fut  pour  lui  un  cnup  de 
foudre, et  sa  douleur  fut  égale  à  la  joie  qu'é[irou- 
vait  l'Ordre  tout  entier  de  cette  heureuse  nomi- 
nation. Il  ne  fallut  rien  moins  que  les  promesses 
de  .Marie,  le  désir  d'être  utile  à  ses  frères  et  de 
souffrir  pour  eux,  et  surtout  la  sainte  obéissance, 
pour  le  décider  à  accepter  le  fardeau  qu'on  lui 
imposait. 

l)ientôt,éclatent  les  persécutions  contre  l'Ordre 
des  Carmes,  prédites  autrefois  par  Marie  à  son 
dévot  serviteur. 

Leur  succès  hàtc  le  violent  oratre  qui  s'élève 
contre  eux  en  Europe.  Ces  nouveaux  venus  ap[ia- 
raissent  à  plusieurs  comme  des  envahisseurs  et 
des  intrus  qui  viennent  semer  et  moissonner 
dans  le  champ  d'autrui.  N'y  avait-il  déjà  pas 
assez  d'Ordres  relii.'ieu.\  en  Occident  sans  y  ame- 
ner cet  Institut  orientaliste".'  La  j;ilousie,  natu- 
relle au  cœur  de  l'homme,  est  habile  à  trouver 
des  raisons  spécieuses.  Les  récriminations  mises 
en  avant  firent  leur  chemin. et  l'opinion  publique 
se  trouva  déchaînée  contre  les  Carmes.  Ils  se  pré- 
tendent anciens,  disait-on,  et  ils  sont  nouveaux; 
ils  n'ont  pas  même  été  approuvés  par  le  Saint- 
Siège. 

Au  milieu  de  cette  tempête,  Simon  de  Stock, 
calme  et  fort  du  secours  céleste,  ordonne  des 
prières  dans  tout  l'Ordre,  et  sûr  désormais  de  la 
victoire,  envoie  des  messagers  aux  pieds  du  Pape. 
Honorius  m,  éclairé  par  une  vision  miracub'u.se, 
reçoit  de  la  Sainte  Vierae  l'ordre  d'approuver, 
de  confirmer,  de  protéger  l'Ordre  des  Carmes.  Il 
se  hâte  d'obéir,  et  le  Carmel  fête  encore  avec 
solennité  le  jour  où  la  paix  lui  fut  rendue  par 
la  bulle  du  Saint-SièL'e.  grice  au  zele  et  à  la  vigi- 
Isuice  de  Simon  de  Stock. 

LB  niENHEUBEL'X    VISITE    LES    LIEUX  SAI.MS 

Mais  voilà  que  la  Palestine,  cette  terre  arrosée 
du  Sang  du  Sauveur,  et  ou  avait  i.'randi  si  long- 
temps ce  mairnifique  arbre  du  Carmel,  devenait 
un  sol  inhospitalier.  Déjà  le  fer  des  Sarrasins 
avait  fait  plus  d'un  martyr  dans  les  rangs  éclaircis 
des  vaillants  relii-neux. 

In  Chapitre  ;.'énéral  s'ouvre  au  couvent  du 
mont  (Carmel,  sous  les  auspices  du  bienheureux 
Alain,  alors  Cénéral  de  l'Ordre.  Notre  .Saint, 
appelé  à  siéger,  n'hésita  pas  un  instant,  inaliiré 
Sun  grand  Age  et  les  difficultés  d'un  voyat'e  Ion;; 
et  périlleux,  lue  heureuse  navii/ation  le  con- 
duit bientôt  sur  cette  terre  où  Dieu  naquit,  où 
Dieu  vécut,  où  Dieu  mourut.  Il  la  baise  avec 
transport,  uu  torrent  de  larmes  décliarye  son 
cœur  qui  d^'borde  de  joie.  Et  quelle  n'est  pas 
son  émotion  à  la  vue  du  ("armel,  berceau  de  son 
Ordre,  sanriifiô  par  la  vie  toute  céleste  et  les 
miraclos  sans  nombre  d'Elie;  de  co  Carmel  dont 
les  Livres  Saints  vantent  la  beauté  incomparable? 
.Mais  des  lieux  plus  saints  encore  attirent,  comme 
un  aimant  irrésistible,  l'àine  do  Simon  de  Stock; 
il  s'avance  pieds  nu.s  vers  J>'rusaleiu  ;  clia>|uc 
monument  qui  lui  rappelle  le  Sauveur  livre  son 
cœur  anx  plus  douces  émotions.  Enfin,  après 
avoir  satisfait  son  ardente  piété,  il  revient  au 
milipii  df  ses  frère». 

Fniit-il  quitter  ce  berceaude  notre  Ordre,  rette 
terre  où  il  a  poussé  de  si  pui«saiile"«  r.icinfs? 
Kuiroiisiiousdevanll.i  persécution'?  Telbïsciiii  ni 
lr>«  questions  qui  s'a;.'it«ient  au  sein  de  lu  véiié- 
rabb'  asseiiilil''e;  mais  les  avis  étaient  parta«i''s. 
Nolie  S.iint  se  lève  à  son  tour  :  "  C'est  une  con- 
duite louable,  dit-il,  de  fuir  la  persécution  de 


peur  Je  perdre  la  foi  ;  et  un  très  grand  mal  d'ex- 
poser sa  foi  au  dantrer  delà  persécution,  sans  un 
ordre  exprès  du  ciel ,  selon  celte  maxime  de 
l'Evangile  :  Lorfqu'on  toua  persécute  dans  une  ville, 
fuyez  dans  une  antie.  D'ailleurs,  Marie  a  prédit  à 
saint  Cyrille,  (lénéral  de  notre  Ordre,  la  destruc- 
tion future  des  Carmes  en  Terre  Sainte.  »  Ces 
paroles  sont  reçues  de  l'assemblée  comme  un 
oracle  et  plusieurs  reli:.'ieux  se  hâtent  d'en  pro- 
filer. Mais  l'année  suivante,  comme  la  persécution 
redoublait  et  que  les  Sarrasins  infestaient  les 
mers,  le  reste  des  relitiieux  et  Simon  de  Stock 
durent  se  réfugier  dans  Saint-Jean  d'.Xcre,  avec 
l'armée  chrétienne  des  croisés.  Les  fontaines  de 
la  ville,  empoisonnées  par  les  musulmans,  ne 
fournissaient  plus  d'eau  aux  chrétiens  ((ue  dévo- 
rait une  soif  ardente.  Notre  Saint  et  ses  frères, 
escortés  de  soldats,  retournèrent  au  Carmel,  et, 
à  leurs  prières,  la  fontaine  d'Elie  qui,  par  un 
prodiHP  perpétuel,  tarissait  lorsque  les  religieux 
s'éloignaient  de  la  sainte  montagne,  et  jaillissait 
de  nouveau  à  leur  retour,  laissa  couler  ses  eaux 
en  abondance.  .Notre  Saint  prolilade  la  tranquil- 
lité que  rendait  au  Carmel  la  présence  des  croisés 
pourreprendre  la  vie  solitaire  qu'il  avait  en  pré- 
dilection. Il  mena  six  ans,  loin  des  hommes  et 
près  de  Uieu,  visité  par  la  Heine  du  ciel  et  les 
saints  anfies,  celte  vie  toute  céleste  que  nous 
avons  décrite. 

C'est  alors  qu'il  repassa  en  .\iigleterre,  non 
sans  périls,  mais  toujours  visiblement  protégé 
par  sa  bonne  .Mère, avec  le  bienheureux  Alain. et 
presque  tous  les  Carmes  de  Palestine. 

SAINT  SIHO.N   DE  STOCK  GÉ.NÉRAL  DE  L'oRDRE  DU  CARMEL 

Notre  Saint  avait  qualre-vinL'ts  ans,  quand  le 
choix  unanime  de  ses  frères  l'appela,  malgré 
ses  résistances,  ù  succéderau  bienheureux  .Main 
dans  la  charge  de  Supérieur  yénéral.  I.e  Carmel 
n'eut  qu'à  se  féliciter  de  l'heureux  choix  qu'il 
avait  fait.  La  prodi;.'ieuse  extension  de  l'Ordre, 
dans  l'Europe  entière  et  spécialement  en  France 
où  il  recevait  de  saint  Louis  la  plus  gracieuse 
protection,  les  innombrables  monastères  fondés 
ou  agrandis,  l'observance  parfaite  des  règles, 
l'éclat  des  études  sacrées,  les  bulles  nombreuses 

Jue  Simon  de  Stock  obtint  desl'onlifes  suprêmes, 
ont  il  fut  toujours  l'ami  et  le  ronlldenl,  et  par 
lesi|U''lles  il  alferniit  le  Ormel  contre  lesaltiiques 
incessantes  de  l'envie.enlin  les  heureuses  réformes 
qu'il  sut  introduire  dans  les  Con<titutiiins,  pour 
rendre  son  Ordre  plus  utile  au  -alut  des  lldéles, 
si(inali'rent  plus  que  jamais  à  l'admiration  du 
monde  cet  héroïque  et  saint  vieillard. 

API'AIIITION  DE  MARIE  A  SON  StRVITElUH 
LE  SCAPULMRE 

Ici  se  place  un  événement  qui  met  notre  Saint 
au  ranu  de  ces  hommes  dont  la  sainteté  a  été, 
pour  le  monde  entier,  une  source  de  bienfaits  et 
de  bénédictions.  .Nous  voulons  parler  du  scapu- 
laire. 

En  12Si,  Simon  de  Stock,  courbé  sous  le  poids 
des  années,  inaii  plus   encore  sous  relui  de  la 

TM'-cutiou  et  des  contradictions  auxquelles  le 

I  inel   ne   cessait  d'être   en   bulle,  était   allé  à 

l'i  i(i;.-e  présider  à  la  fondation  d'un  nouveau 

lit.   Il  ne   cessait  jour  et  nuil  de    supplier 

\],;l  .{..iiii^r    A    ^o.     ht*    ilii.  I.iiit        ■  r\     ■■    .'     I.illlil 

d'.ii 

..  K|.  .      .1....1.  ...    ..■  ..    :, 


% 


deur  du  ciel,  unique  Vierge-Mère,  .Mère  pleine 
de  douceur  et  toujours  Vierge,  donne?,  à  vosCar- 
mels  un  nouveau  privilège,  Etoile  des  mers!  » 
Telle  était  son  ardente  prière  lorsque,  la  nuil  de 
la  fête  du  Carmel,  au  lever  de  l'aurore,  Marie 
lui  apparaît  entourée  d'anges,  éclatante  de  lu- 
mière, velue  de  l'habit  de  son  Ordre,  le  front 
ceint  du  diadème,  souriant  à  son  dévot  serviteur. 
Dans  ses  mains,  elle  lient  le  scapulaire  de  l'Ordre 
et  l'en  revêt  en  disant  :  "  Heçois,  mon  cher  lils, 
ce  scapulaire  comme  le  signe  distinctif  et  la 
marque  du  privilège  que  j"ai  obtenu  pour  toi  et 
les  enfants  du  Carmel  ;  c'est  un  sii:ne  de  salut, 
une  sauvegarde  dans  les  périls  et  le  gage  d'une 
paix  et  d'une  protection  spéciale  jusqu'à  la  fin  des 
siècles.  Celui  qui  mourra  revêtu  de  cet  habit  sera 
préservé  des  feux  éternels  .  »  Telle  est  la  magni- 
fique promesse  faite  par  Notre-Dame  à  son  ser- 
viteur, publiée  par  lui  dans  une  lettre  adressée 
à  toutes  les  maisons  de  l'Ordre,  et  écrite  sous  sa 
dictée  par  son  secrétaire  le  P.  Swaynglon. 

Nous  ne  raconterons  pas  ici  les  grâces  sans 
nombre,  les  miracles  éclatants  qui  ont  confirmé 
les  promesses  que  Marie  attacha  à  son  scapulaire; 
ce  serait  le  sujet  de  plusieurs  volumes.  Au  reste, 
le  lecteur  peut  voir,  dans  la  notice  sur  Notre- 
Dame  du  Carmel  ,1('>  juillet),  les  conditions  de 
celle  dévotion  salutaire. 

VISITE  DES  COrVENTS  DE  l'oRDRI 
MORT  lIlKNnEUREl'SE 

Accablé  par  les  ans  et  les  infirmités,  Simon 
de  Stock,  dont  l'Ame  était  toujours  pleine  de 
vigueur,  ne  recula  pas  devant  une  entreprise 
qui  eût  semblé  he'roique  à  un  homme  dans  la 
force  de  l'âge;  il  résolut  de  visiter  un  à  un  lous 
les  couvents  de  l'Ordre  et  se  mit  en  chemin. 
L'Europe  vil  avec  admiration  ce  vieillard,  exté- 
nué par  les  pratiques  d'une  vie  austère  dont  il 
ne  voulait  pas  diminuer  les  rigueurs,  mais  dont 
la  faiblesse  disparaissait  sous  l'ardeur  du  lèle, 
pai-courir  avec  un  courage  infatigable  les  monas- 
tères du  (Carmel.  \  sa  voix,  la  ferveur  de  ses 
frères  s'cntlammait  ;  son  exemple  les  transpor- 
tait d'admiration,  une  sainte  émulation  s'empa- 
rait de  leur  cnur.  Sous  ses  pas,  de  noiivellps 
fondations  semblaient  sortir  de  terre, en  Helgii|ue, 
en  Ecosse,  en  Irlande.  Il  semait  le>  merveilb's 
sur  sa  route  avec  l'arme  du  scapulaire.  Il  pro- 
jetait même  de  convoquera  nouveau  un  (".hapitre 
général  et  de  se  démettre  ensuite  du  généralat 
pour  ne  plus  penser  (ju'à  l'éternité  :  mais  le 
moment  était  proche  on  Dieu  allait  couronner 
pour  jamais  son  grand  serviteur.  Une  fièvre 
violente  l'arrête  au  couvent  de  llordeaux  ;  à  la 
nouvelle  de  ce  coup  funeste,  le  Carmel  et  l'Eglise 
entière  sont  alarmés.  Seul,  notre  Saint  reste 
calme,  prédit  l'heure  de  sa  mort,  reçoit  les 
Sacrements  dans  les  sentiments  <le  la  foi  la  plu»- 
vi»e,  adresse  aux  reli:;ieux  présents  une  tou- 
chante exhortotion  et  rend  doucement  s«  belle 
àme  à  Dieu  en  récitant  la  Sabitalion  ijnj/i'/ii/i/c. 
Il  était  ;'igé  de  c>'nt  ans. 

Selon  sa  volonli-  suprême,  son  corps  fut  enterré 
à  la  porte  de  l'ét'lise  pour  être  foulé  aui  pi'  ! 
des  passants  comme  relui  d'un  pèrli>'ur  pull 
mais  d'éclatants  cl  nombreux  mir.i'  le-  iiiaii.- 
te-tiTeiil  bieiitiM  la  tloirr  de  I'IiuiiiI'Im  religieux, 
.iiii. mit  les  foules  A  sou  tombeau,  et, doute  ans 
ird,  le  Saiut-Siige  permit  d'honorer  saint 

,   Slc.k. 


'"  'Ljrsii^^-  A^-  "" 


liiip.-y'"'".j/i/.  \.    l'rtiTiirM'i     "1    ruv  1  i  in' 


SAINT    PASCAL    BAYLON 

RELIGIEUX   CONVERS  DE  LORDRE  DES   FRÈRES   MINEURS  OBSERVANTENS 


Fête   le    17   mat. 


Saint    Pascal,   berger    avant    d'être    moine,    prie    au    milieu    des    champs    en 

gardant    ses    moutons. 


Saint  Pascal  Bavlon  naquit  le  <7  mai  i540,  à 
Torre-Hermosa,  petit  bourg  situé  dans  le  royaume 
d'Aragon,  sur  les  confins  de  la  Castille.  Son  père, 
Martin  Baylon,  et  sa  mère,  Isabelle  Jubéra,  étaient 
d'humbles  cultivateurs,  pauvres  des  biens  de  la 
terre,  mais  riches  du  trésor  des  vertu»  chrétiennes. 

Pascal  lui-même,  prévenu  de  la  grâce  dès  le 
berceau,  savait  a  peine  marcher  et  déjà  il  se 
plaisait  à  aller  fréquemment  à  l'église,  s'entretenir 
avec  J^sus  présent  dans  la  Sainte  Eucharistie. 
Souvent  m^me  on  devait  aller  l'y  chercher  pour  lui 


faire  prendre  de  la  nourriture.  Sa  pieuse  mère, 
heureuse  des  espérances  que  lui  donnait  son  jeune 
fils,  s'efforçait  d'écarter  de  lui  les  mauvais  exemples 
et  de  développer  en  son  cœur  une  piété  forte  et 
loyale. 

PASCAL  Ksr  COMmS   A   LA   GARDE  DES  TROl'PEAUX 

IL  s'exerce  a  la  perfection  CHRÊTIENMB 

Pascal  avait  à  peine  atteint  sa  teptiéroe  année, 
quand  son  père  lui  confia  la  garde  des  troupeaux. 
Le  saint  berger  s'acquitta  de  cet  office  avec  le  plus 


468 


.grand  soin.  Ses  parents  avaient  négligé  de  lui 
apprendre  à  lire,  cependant  Pascal  se  procura 
quelques  livres  et  passa  ses  loisirs  en  pieuses  lec- 
tures ;  on  dit  que  les  anges  eux-mêmes  vinrent  lui 
enseigner  à  lire. 

Tout  en  gardant  les  troupeaux,  le  jeune  berger 
ipriait  beaucoup.  Son  amour  pour  Marie  était  tel, 
jqu'il  alla  jusqu'à  sculpter  sur  sa  houlette  l'iuiaj^e 
.bénie  de  sa  divine  Mère,  alla  de  l'avoir  toujours 
^présente  devant  les  veux.  Aussi  la  Sainte  Vierge 
•daigna-l-elle  récomp  :  .'nement  son  serviteur 

par  de  nombreusi's  i  is. 

Des  lors,  Pascal  s  >  ,v'''|ue  'ont  entier  à  la  prière 
et  au  silène*  ;  If  mensonge,  le»  paroles  vaines  et 
inutiles  sont  ér  i'^!  de  ses  lèvres  avec  le  plus 
grand  soiii.iToui  pénétré  des  flammes  de  l'amour 
de  Dieu,  il  excilnt  ses  amis,  par  ses  paroles  et  par 
.ses  exemples,  à  ainner  >'otre-Seigneur  et  sa  Sainte 
;Mère.  Simple,  ilroit  et  craiftnant  Dieu,  il  grandis- 
»sait  en  .-Itre  et  en  vertus.  Humble,  cli  iste,  modeste, 
de  mœurs  suavos,  il  reprenait  charitablement  ses 
amis  quand  ils  tombaient  dans  quelque  faute,  et  on 
aimait  souverainement  à  converser  avec  lui. 

En  qualité  de  berger,  Pascal  avait  été  mis  au 
service  de  Martin  Garcia,  homme  riche  et  vertueux, 
mais  sans  enfants.  Ce  maître  ajant  voulu  prendre 
son  petit  serviteur  pour  héritier,  notre  Saint  refun* 
préférant  être  Tlirritier  de  Dieu  et  le  cohéritier  de 
Jésus-tlhrist  par  l'humilité  et  la  pauvreté. 

Plein  de  douceur  et  de  charité,  toujours  prêt  à 
rendre  service,  l'humble  pâtre  faisait  l'Admiration 
des  autres  bergers.  D'une  sollicitude  exln^me  pour 
le  troupeau  que  son  maître  lui  avait  confié,  on  ne 
le  vit  jamais  maltraiter  t  avec 

grand  soin  A  ce  que  son  ;i      ,  i  i  [>as  de 

dommaf:e  dans  les  pAturnce»  voisins;  et  si  quel<|ue 
dég;U  se  produisait,  quelque  léger  qu'il  fût,  le 
Saint  indeiiiiiisait  sur  son  propre  salaire. 

Si  bienvt  illant  pour  le*  autres,  Pascal  se  traitait 
durement  lui-même.  Dans  un  Age  si  tenilri>,  il 
n'épargnait  pns  les  ciliées,  les  jeAnes,  les  dis- 
ciplines sanglantes.  Souvent  il  marchait  pieds  nui, 
mémo  ft  traver»  les  {■  '         j^ines  ;  et,  comme 

il    le  déclarait  lui-ni'  ur  l'expiation  de 

qu'il    soulTrait   d  '•■<\» 

-.  .  s.    Kn    retour,    >•  lu- 

'peusati  iou  serviteur  par  de  fréqucnlet  exla^s. 

TOCATIOH   RClieilOM 

Mais  Diea  tn  une  plus 

feclion,  et  lui  ii.  ,  "■  la  vie  i 

Dès  lors,  Paleol  pr*tiil- la  résolution    <  |4 

monde.  I  n  b'rger,  a  qui  le  Saint  avait  l1   ■--  -:> 

Toraliiiii,  [.n'hait  tous  se»  elTorl»  pour  l'en  di» 

|>.  .-  .1    1,,.   I    .,      .   ,.,...-1,    .!,.„,., .,rj„^|gent    ât!  lu    fl  (...• 

rs,   en   frapprinl  Ir 
1    t.  iiniiiriii-,    et    voilà  «|ue   tri>i- 

1},        •  Il  iHrent  des  endroit»  i|o"ll  «▼ait 


nommés  Soccolans,  près  du  bourg  de  Monlfort.  Là 
il  reprend  son  humble  emploi  de  berger  chez  un 
riche  fermier.  Sa  piété,  son  amour  de  la  solitude, 
sa  vie  austère  lui  attirèrent  bientôt  tous  les  cœurs; 
dans  toute  la  contrée,  on  ne  le  désignait  que  sous 
le  nom  de  saint  berger. 

F,e  dimanche,  il  assistait  à  la  messe  et  commu- 
niait dans  le  couvent.  Les  autres  jours,  ne  p»<jvant 
assister  corporellement  au  Saint-Sacrifice,  '.  s'y 
unissait  au  moins  en  esprit,  en  entendant  \t  son 
des  cloches. 

Un  jour,  lorsque  la  cloche  annonçait  l'élévation 
et  que  le  pieux  berger  était  prosterné  avec  un  saint 
respect,  une  hostie  apparut  à  ses  adorations, 
enfermée  dans  une  custode  soutenue  par  deux 
anges.  Pascal  conçut  une  telle  ardeur  pour  la  divine 
Eucharistie  que  l'amour  pour  le  l'ri's  Saint-Sacre- 
ment fut  dès  lors  sa  plus  grande  d>^v(>t!on. 

Enfin,  l'an  1364,  saint  Pascal  Ha^lon  demande 
l'habit  de  saint  François  aux  Observanlins  déchaus- 
sés. Les  Religieux,  qui  connaissaient  déjà  la  réputa- 
tion de  sa  sainteté,  le  reçoivent  avec  joie.  Ses 
supérieurs  veulent  le  faire  Religieux  de  chœur, mais 
ilte  refuse  à  leurs 'lésirs,  se  trouvant  déjà  trop  honoré 
d'être  mis  ao  rang  des  Frères  couvers.  L'année  sui- 
vante, après  le  temps  ordinaire  du  noviciat,  frère 
Pascal  fut  admis  à  prononcer  ses  vtvux  solennels, 
le  jour  de  la  Purification  de  la  Sainte  Vier;.'e.  Dès 
lors  il  fit  de  rapides  progrès  dans  la  sainteté,  et  ne 
tarda  pas  à  surpasser  les  autre*  Religieux  par  la 
pratique  do  toutes  les  vertus. 

On  lui  confiait  ordinairement  les  fonctions  de 
portier  ou  de  réfectorier  ;  quelquefii^  n'usi,  celles 
de    quêteur,  de   cuisinier   ou  de  C'est  à 

partir  de  cette  époque  que  ses  m  le   firent 

souvent  changer  de  couvent.  Pairal  passa  les  der- 
nières années  de  sa  vie  dans  le  couvent  de  Villaréal 
devenu  célèbre  depuis  par  les  prodiges  nombreux 
qui  n'ont  cessé  de  s'opérer  jusqu'à  nos  jours  au 
tombeau  du  Saint. 

Pour  mieux  connaître  la  grande  perfection  à 
laquelle  s'éleva  saint  Pascal  Ravlnn,  disons  un  mot 
des  principales  vertus  auxquelles  il  l'appliqua 
pendant  toute  sa  vie. 

•ON  ■oaii.iTi  —  OBiiM«!«n  niaoïoot 


^ 


1 


Dès  ton  entrée   en  religion,    Pascal    place   pour  ' 
fondement  de  «a  perfection  la  belle  vertu  d'humilité,  j 
'    Il   «eromplil  vnloelien  et  avec  jmr   |(>s  eiiipinis   les 
•uvenl,  il  r  i  es- 

,ui  pourroi.  ifje. 

I  ftous  avons  deja  ilii  c^msne.at  il  prenra  riimiible 
l  «t nation  de  Fnre  collT(■r^  a  celle  de  ■(•'lif.irux  de.,j 
'  liu'ur.   Pendant   toute   sa   vie,  il  ne  voulut  j.nmaiiTl 
'•••>   écouler  ni    rapporter  a   w   prbpp»  l.n.in»..    ' 
.ré  sa    haute    sninieié,    il    oravnit   et 

,.i  il    était   un    grand    t-'  ' '     "  '  ...il 

t4iiJours  comme  le  dei 
cto\^   '    '        ■-  -    ' 


...l 


,n(  fisister  plut  lnn(;t«mp9  à  l'appel  dt       les 


» 


I  I4in'   Auit'-MvVrfrt    >i<-    tnin«iMaiBS-    iin*h.tu**<-<'»,        Ir  tiitHirielMy   <|u<  «uitiail  *>ktH-tt^  lii  ««Mt»!  lit!  f«eu*t, 


lui  fil  une  sévère  réprimande  sur  sa  maladresse. 
Après  le  repas,  quelques  Frères  se  rendirent  auprès 
du  serviteur  de  Djeu  pour  le  consoler:  «  Taisez- 
vous,  leur  répondit-il,  c'est  le  Saint-Esprit  qui  a 
parlé  par  la  bouche  de  notre  supérieur.  »  C'est  ainsi 
qu'il  avait  coutume  de  répondre,  quand  les  Religieux 
venaient  le  consoler  de  la  trop  grande  rigidité  que 
le  supérieur  semblait  avoir  à  son  égard. 

Mais  si  Pascal  portail  à  un  si  haut  degré  l'humilité, 
que  dire  de  la  vertu  d'obéissance  qu'il  professait 
jusqu'à  l'hëroïsme,  à  l'exemple  de  Celui  qui,  pour 
nous,  s'est  fait  obéissant  jusqu'à  la  mort,  et  la 
mOTt  de  la  Croix.  Animé  d'un  profond  respect 
pour  la  Rèplp,  le  saint  Religieux  se  conformait 
parfaitement  à  ses  prescriptions  jusque  dans  les 
moindres  observances.  Aussi  av;iit-il  reçu  des 
lumières  surnatnrelles  sur  l'obéissance  à  la  règle, 
et  plus  d'une  fois  ses  supérieurs  le  consultèrent  à 
ce  sujet.  Reconnaissant  dans  ses  supérieurs  le> 
représentants  de  Dieu,  Pascal  ne  savait  qu'obéir  à 
leurs  volontés,  se  souvenant  toujours  que  le  Saint- 
Esprit  parlait  par  leur  bouche.  Quand  on  lui  faisait 
une  proposition,  il  avait  souvent  coutume  de  dire  : 
(M  Je  ferai  comme  l'obéissanee  dira.  » 

VOICt   nN  TRAIT  DE  CSTTB  OBÉtSSANCB 

Le  supérieur  de  la  Custodie  des  Obsorvantins 
décbau»3és  de  Valence  était  oblifé  d'écrire,  pour 
une  affaire  de  très  grande  importance,  au  général 
■de  l'Ordre  de  Saint- François  qui  était  alors  Chris- 
tophe de  Cheffon.  résidant  à  Paris.  C'était  au 
moment  oit  la T»gedes  calvinistesdévastait  la  France, 
massacrant  les  moines,  pillant  les  couvents  et 
déchiramt  la  patrie  entière  par  la  guerre  civile- 
Porter  celle  lettre  était  une  mission  pleine  de 
dangers.  Qui  oserait  traverser  ainsi  une  partie  de 
l'Espagne  et  la  France  jusqu'à  Paris,  sans  craindre 
de  tomber  aux  marns  de  hordes  huguetiotes? 

Le  proviheial  de  Valence  juge  que  Pascal  aurait 
ce  courag«v  11  lui  fait  part  de  ses  projets  et  l'humble 
Frère  accepte  auseitôt,  joyeux  d'exposer  ainsi  sa  vie 
pour  l'obéissance. 

Sans  attendre  plus  longtemps,  il  se  met  en  roatë, 
nu-pieds,  sans  provisions,  sans  même  s'inquiéter 
des  périls  qu'il  peut  courir.  Après  avoir  passé  les 
Pyrénées,  il  va  frapper  à  la  porte  du  premier 
couvent  de  l'Ordre  qu'il  rencontre.  On  suppose  que 
c'était  à  Toulouse,  car  le  Saint  rapporta  plus  tard 
qu'il  y  avait  là  beaucoup  de  Religieux  savants. 
Après  que  frère  Pascal  eut  ex)Vo*é  le  but  di^  «on 
voyage,  les  Religieux  se  n^unirent  pour  savoir  s'il 
était  bon  d'ex|  oser  ainsi  un  de  leurs  Frères,  sur  la 
simple  obéissance  qu'il  avait  promise  à  son  supé- 
rieur. Ils  décidèrent  que  cela  était  permis  et  le 
laissèrent  partir.  Ils  lui  conseillèrent  cependant  de 
prendre  des  habits  séculiers,  mais  le  serviteur  de 
Dieu  ni'  voulut  jamais  y  consentir. 

Il  continua  donc  sa  route  vers  la  capitale,  mais 
■  ':  sans  courir  d'immenses  dangers.  Plus  d'une 
il  fut  poursuivi  d'un  village  à  l'autre  à  coups  de 
tns  cl  à  coups  de  [i'  ir' -;,  et  reçut  même  à  l'épaule 
bl'--sure  dont  il  re-''^'Milit  les  suites  jui^qu'à  sa 
rt.  l)''ux  fois,  il  fut  arrêté  comnn'  espion  et  ne 
•  uvra  sa  liberté  que  par  une  protection  du  ciel. 
n  jour  entre  autre»,  Pascal,  pressé  par  la  faim 


alla  frapper  à  la  porte  d'un  château.  Le  maître  du 
lieu,  gentilhomme  huguenot,  étai;  à  table,  quand 
on  lui  annonça  qu'un  moine,  mal  vêtu  et  de  mau- 
vaise mine,  demandait  l'aumône  à  la  porte.  Il  fit 
entrer  cet  étranger  et  après  avoir  bien  considéré 
son  visage  basané,  ses  habits  grossiers  et  décliirés, 
il  le  prit  pour  un  espion  espagnol  et  se  préparait 
à  le  mettre  à  mort,  quand  sa  femme  eut  pitié  de  ce 
pauvre  moine  et  le  fit  secrètement  sortir  du  châ- 
teau, sans  même  songer  à  lui  donner  un  morceau 
de  pain.  L'ne  personne  chrétienne  d'un  village 
voisin  lui  flt  cette  charité. 

A  peine  notre  Saint  se  croyait-il  hors  de  danger, 
qu'il  se  vit  de  nouve<iu  exposé  aux  fureurs  de  la 
populace  attirée  par  son  habit.  Maltrailé,  couvert 
d'insultes  par  tous,  Pascal  fut  même  saisi  par  un 
jeune  libertin,  qui  l'enferma  dans  une  écurie.  Il 
passa  toute  la  nuit  en  prières  et  se  préparait  à 
mourir,  quand  celui  même  qui  l'avait  enfermé  la 
veille  vint  lui  ouvrir  les  portes  le  lendemain  matin, 
et  lui  donner  l'aumône. 

Le  saint  Frère  convers  ponrsnivit  sa  roule  jusqu'à 
Paris,  accomplit  fidèlement  sa  mission  et  repartit 
aussitôt  pour  l'Espagne. 

Pascal  cheminait  tranquillement  quand  un  cava- 
lier'fond  tout  à  coup  sur  lui,  pose  le  fer  de  sa  lance 
sur  le  cœur  du  Religieux  en  disant  :  «  Où  est 
Dieu? — ïlestdàris  le  ciel,  «répond  Pascal  aussitôt, 
sans  se  troubler  et  aussi  sans  réfléchir  davantage. 
A  cette  réponse  le  cavalier  retire  sa  lance  et 
s'éloigne  sans  faire  aucun  mal  au  pèlerin. 

Frère  Pascal,  qui  ne  comprenait  pas  d'abord  ce 
que  signifiait  tout  cela,  s'aperçut  bientôt  qu'il  avait 
oublié  de  dire  que  «  Dieu  est  aussi  dans  l'Eucha- 
ristie. »  — 'u  Hélas!  se  dit-il  en  lui-même,  j'ai  perdu 
l'occasion  de  mourir  martyr',  mon  indignité  m'a 
privé  de,  cette  grâce.  »  Mais  s'il  ne  put  remporter 
la  palme  du  martyre,  il  avait  droit'  ai  là  magnifique 
couronne  de  l'obéissance  'héroïque'  prartiquée  pour 
l'amour  do  Dieu.  ,' '  ■      i  .1 

SA  CUARITB  ENVERS  LES  PAUVBS£f  — >■  IL  APAISE 
LES    DISCORDSS 

Rentré  dans  soTi  couvent,  le  saint  Frère  reprit  sa 
vie  humble  et  mortifiée.  En  quTiIlt^  de  portier,  il 
était  chargé  de  dislrtbuer  les  anmôfie»;  aux  pauvres 
qui  se  présentaient  à  la  poi-tS.  'Mais  comme 
l'ardeur  de  son  zèle  nte  connaissait  pas  de  borne?, 
le  charitable  Religieux  ne  savait  jamais  refuser.  1 
.S'il  lui  arrivait  parfois  dé  n'avoir  plus  rien  à 
donner,  il  allait  cueillir  des  fleurs  au  jardin,  et 
les  remettait  joyeusement  entre  les  mains  des 
mendiants. 

Un  jour  que  le  couvent  était  dans  une  grande 
disette,  le  supérieur  reprocha  à  Pascal  de  donner 
toujours  et  de  ne  savoir  jamais  refuser.  «  S'il  se 
présente  douze  pauvres,  lui  répondit  le  Saint,  et  que 
je  ne  donne  qu'à  dix,  qu'arriverait-il  si  Notre- 
Seigneur  était  un  de  ces  deux  pauvres  auxijiiels 
j'aurais  refusé?  »  Aussi  allait-il  jusqu'à  se  privor 
d'une  partie  de  sa  nourriture  pour  augmenter 
d'autant  la  sainte  aumône. 

Cette  Ami;  si  simple  et  si  naïve  savait  cependant 
ramener  la  paix  dans  le«  cœurs  et  éteindre  les; 
haines  les  plus  invétérées.  Nous  n'en  donnerons- 


qu'un  exemple.  Un  fils  était  animé  d'une  haine 
mortelle  contra  le  meurtrier  de  son  père  et  per- 
sonne ne  pouvait  le  ramener  à  de  meilleurs  senti- 
ments. Le  Serviteur  de  Dieu  se  rend  auprès  de  lui 
et  s'efforce  d'en  obtenir  des  paroles  de  pardon.  Mais  le 
jeune  homme  restait  obstiné  dans  sa  haine;  alors  le 
Saint  se  jette  à  ses  genoux  en  disant  :  «  Mon  frère, 
je  TOUS  en  prie,  pardonnez-lui  pour  l'amour  de  Dieu.  » 
Et  le  jeune  homme,  soudainement  frappé  par  cette 
parole,  pardonna  au  meurtrier  de  son  père,  pour 
l'amour  de  Dieu. 

Doué  du  don  de  prophétie,  l'humble  Frère  con- 
vers  annonça  plusieurs  fois  à  des  malades  la  santé 
ou  la  mort.  Plus  d'une  fois  aussi  il  exhorta  des  per- 
sonnes bien  portantes  à  se  préparer  à  paraître 
devant  Dieu  ;  quelques  heures  après  ces  personnes 
expiraient.  Par  le  seul  siiine  de  la  Croix  fait  sur 
des  malades,  il  fit  un  grand  nombre  de  miracles, 
dont  plusieurs  sont  attestés  dans  le  procès  de  sa 
canonisation.  Sur  l'ordre  de  son  supérieur,  et  après 
bien  de^  difficultés,  il  fit  une  fois  le  signe  de  la 
Croix  pur  un  Religieux  qui  souffrait  d'une  hémor- 
ragie, et  le  sang  cessa  aussitôt  de  couler. 

SES  ADSTÉRrrés  —  sa   SCIENCS  profonds  —  SA   MORT 

Comme  tous  les  saints,  Pascal  voulait  que  son 
àme  fût  maltresse  de  ses  passions,  et  pour  cela  il 
châtiait  son  corps  par  de  rudes  austérités.  Il  jeûnait 
presque  continuellement,  souvent  même  au  pain  et 
à  l'eau,  et  encore  ne  prenait-il  que  le  nécessaire  de 
la  nourriture,  réservant  le  reste  pour  les  pauvres. 
Quand  il  pouvait,  il  choisissait  pour  lui  les  mets 
les  plus  vils  et  ce  que  les  autres  avaient  rejeté.  Sa 
grande  piété  lui  faisait  passer  de  longues  veilles 
dans  la  prière  et  la  contemplation.  Le  peu  de  som- 
meil qu'il  se  permettait,  il  le  prenait  sur  la  terre 
nue  ou  sur  quelques  planches,  et  dans  une  posture 
très  gênante.  Son  corps  chargé  de  chaînes  et  recou- 
vert d'un  rude  cilice,  était  encore  affligé  par  de 
longues  et  sanglantes  disciplines. 

Pendant  que  le  corps  était  ainsi  rudement  traité, 
l'Ame  de  l'humble  Frère  s'élevait  aux  plus  sublimes 
hauteurs  dans  la  connaissance  de  Dieu.  Aussi  le 
Seigneur  se  plaisait-il  à  consoler  son  serviteur  par 
de  fréquentes  extases  et  par  de  suaves  ravissements. 
Ces  extases  ne  le  réjouissaient  pas  seulement  au 
chaur,  mais  souvent  aussi  au  réfectoire  et  même  au 
jardin,  la  bêche  à  la  main. 

C'est  dans  ces  communications  avec  Dieu  que  cet 


homme  sans  lettres  acquit  une  très  haute  science  des 
choses  spirituelles  et  des  mystères  de  la  foi,  au  point 
de  pouvoir  composer  des  livres  sur  ces  questions 
élevées.  D'habiles  docteurs  venaient  le  consulter  et 
liaient  émerveillés  de  la  justesse  de  ses  réponses. 
Mais  il  n'aimait  point  à- faire  parade  d'une  science 
dont  il  ne  semblait  pas  se  douter  lui-même. 
L'obéissance,  le  désir  d'instruire  les  ignorants  des 
vérités  du  salut  et  de  faire  aimer  Dieu,  le  détermi- 
naient seuls  à  parler.  Il  fut  plus  d'une  fois  consulté 
sur  divers  doutes  concernant  la  pratique  de  la  règle, 
par  ses  supérieurs  eux-mêmes,  qui  connaissaient 
les  grâces  dont  Dieu  l'avait  favorisé  à  ce  sujet.  Les 
hérétiques,  confondus  par  les  paroles  simples  et 
vraies  qu'il  opposait  à  leurs  mensonges,  le  persécu- 
tèrent souvent  et  le  battirent  parfois;  mais  par  une 
protection  particulière  de  la  Providence,  il  finit 
toujours  par  s'échapper  de  leurs  mains. 

Saint  Pascal  liavlon  professa  toute  sa  vie  un  amour 
ardent  pour  la  très  Sainte  Vierge,  qu'il  priait  avec 
une  confiance  toute  filiale.  Mais  sa  dévotion  prin- 
cipale était,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  l'Eucha- 
ristie. 

Enfin,  comblé  de  mérites,  à  l'heure  qu'il  avait 
prédite  lui-même,  il  s'endormit  paisiblement  dans 
le  Seigneur,  le  dimanche  de  la  Pentecôte  de  l'année 
1392,  au  moment  de  l'élévation  de  la  Sainte  Hostie. 
l'ne  foule  nombreuse  accourue  au  bruit  de  sa  mori 
ne  permit  de  célébrer  ses  obsèques  que  trois  jours 
après  son  trépas.  On  lui  fit  de  pompeuses  funérailles. 
Pendant  la  messe  le  défunt,  qui  avait  les  yeux  fer- 
nus,  les  ouvrit  une  première  fois  au  moment  de 
l'élévation  de  la  Sainte  Hostie,  puis  une  seconde 
fois  pendant  l'élévation  du  calice,  à  la  grande  admi- 
ration de  tous  les  assistants.  Ce  miracle  est  attest-' 
dans  le  procès  de  canonisation  du  Saint. 

Le  corps  du  serviteur  de  Dieu  fut  préservé  de  la 
corruption  du  tombeau:  au  xvii*  siècle  il  existait 
encore  dans  toute  sa  fraîcheur.  De  nombreux  mi- 
racles accomplis  à  son  sépulcre  y  attirèrent  un  graïul 
concours  de  peuple.  Le  pape  Paul  V  béatifia  Pascal 
en  1618;  en  IC80,  Alexandre  Mil  le  canonisa  et 
l'inscrivit  au  catalogue  des  saints. 

Un  miracle  tout  particulier  et  propre  &  ce  Saint, 
ce  sont  des  coups  que  font  entendre  sa  ch&sse,  ses 
reliques  et  même  ses  images.  Les  grands  coups  sont 
le  présage  d'une  calamité  future,  ou  servent  a  don- 
ner quelque  grave  avertissement.  Les  petits  coupr, 
au  contraire,  annoncent  des  événements  heureux 
et  indiquent  aux  fidèles  que  leurs  prières,  adressées 
&  saint  Pascal,  ont  été  exaucées. 


iDip.-yj^an»    I'ititiibirt,  I,  rue  Frto^oii  I"'.  P»r.i 


SAINT  VENANT  DE  CAMÉRINO.  ENFANT  ET  WARTYR 


Fête  le  1S  mai. 


Li«  jeune   saint  Venant  refuse  d'adorei   les  idoles. 


Le  culle  de  ceth^roique  enfant,  qui  souffiit  le 
martyre  à  quinze  an»,  a  toujours  été  fort  popu- 
laire à  Ciimerinf",  sa  pairie,  qui  l'a  choisi  pnur 
[■alron.  Le  récit  d'-laillé  de  sa  vie  ne  nous  a 
iii.ilheur>'U'-emenl  pas  l'té  conservé  d'une  manière 
-uftii'amnieiit  cerlaiiie.  mais  voici  les  principaux 
traits  de  >on  Kl^rieux  martyre,  tels  que  les 
lésume  le  bréviaire  romain. 

LE    J«UNE    APOTHg 

Venant  ou  Venance,  en  latin   Yenanliut,  était 

r  ■    I   *;anii'rino,  en   Italie.  On   raconte  que  ses 


parents  étaient  païens;  mais  dès  qu'il  eut  le 
Donheur  de  connaître  la  vérité  de  la  religion 
chrétienne,  il  l'embrassa  avec  cour:ige,  et  sa 
pif-l''  fit  produire  de  merveilleux  fruits  de  vertus 
aux  erâces  du  snini  bapti'me.  II  se  distingua 
surtout  par  son  lèle  à  répandre  la  foi  de  Jésus- 
Christ  parmi  ses  compatriote?.  Dans  ce  cœur 
d'piifaiil  vibrait  une  âme  d'apôtre. 

DEVANT   LB   JUGB 

L'an  850,  l'empereur  Dèce.l'un  des  plus  furieux 
ennemis  du  christianisme,  décréta  contre    lef^ 


0  l'J 


chrétien?  la  septième  persécution  pénér.ile  ;  elle 
envoya   •  ■•■~  miUiers  (ie  m.Trtyr=.  A  Ciuiio- 

rino,  ic-  .  :r  AUtiochus  or>foiina  d\u  ^ïl•T 

le  jeune  ^  en  im. 

A   cette  nouvelle,  l'intrépide  jeune   hommej^ 
sans  attendre  l'arrivée  des  snldats,  accourt  Tui- 
mf^nie  au-devant  du  gouverneur,  qu'il  rencontre 
aux  portes  de  la  ville. 

M  Les  dieux  que  vous  ad  jrez,  dit-il  au  magis- 
trat, ne  sont  pas  des  dieux,  mais  ée  ?aii>s  siimi- 
lacres  inventés  par  les  d'-mon».  Ce  que  vows 
racontez  de  leur  vie  montre  qu'ils  furent  des 
hommes  et  des  femmes  dont  la  conduite  l'-lait 
pleine  de  viries.  Comment  des  élreS  criminels 
pourraient-ils  ^tre  des  dieux'?  Reconnaisseï  donc 
qu'il  n'y  a  ipi'an  «oui  ni»>u,  celui  ^iii  a  'T'-h  le 
ciel   et  la   terre;  :  ■  i-i^ 

qui,  s'élant  fait  I  is 

a  tirés  de  l'.iblme  au  p-.'ctic-  en  raourarn  [<<aT 
nous  sur  une  croix.  » 

Lajoie  que  le  rruel  t"    "^  '  "it  éprotit^e 

en  voyant  arriter  sa  vif  ■  en  fnrenr 

lorsqu'il  entend  cps  p.tmm.--  m  ..i  ionne  à  se* 
soldats  de  se  saisir  «  l'enfîint  ê1  de  l'accabler 
de  mauvais  traitement*,  jusqu'à  rê  qu'il  ^enol»e« 
i  la  relifiion  chrétienrt*  ou  qn'il  rtèuro. 

suppLicis   rr  moBiéfl 

Les  bouri  ''''B 

avec  toute  l.i  ^■ 

Comme  l'eii  -i  'oi, 

ils  l'attacht'j 
llapeller  av. 
n'aurait  pas  ' 
mais  un  an  t.' 
reaux,  et  bi  • 

Après    un 
païens  endii! 
s'empresseul  «■ 
comme  pour  se  v 
ils   l'utUcheiii    !• 
bas,  puis  lui 
ardentes.  D» 
torches  sous 
fumée.  Cepi- 
<'  Iterionce  au  ' 
cesseront.  •■ 

L'athlète    du  Chiisi   >uulTrait    tètt*   ce»    *up 
plices  avec  une  constance  si  sereine  et  si  calme 
que  les  spectateur»  étaient   dans  1'    ' 
Plusieurs  se  convertirent,  parmi  li'Sj 
niculaire  Anastase   (c'-'T-;'  ' 

tribunal;;  il  vit  un  ai- 
blanche  ,  d<'tr-*--'    ■■ 
marUr.  An.i 

famille,  des  i..^ ;-  f.    '..    '.     . ,  .... ..,--, 

temp'<   après,   ver»»,  lui   aussi,  son  taug 
Jé-ius-t^hrist. 

UN  FAUX  PHÈm 


1  IC 


it  à  le 
la  rictime 
les  coups; 

bour- 


renoncé  "à  la  relieion  des  chrétiens  pour  adorer 

■  itidignation.lespefrijes 

(Miisi-iis  *\r  "■(■  u'.iiire. 

.Mors,  le  tyran  l'appelle  à  son  tribunal.  L'en- 
fanT  y  proclame  la  divinité  de  Jésus-Christ. 
Anlioclius  ordonne  de  lui  casser  les  dents.  I.e 
sanujaillftà  llols  des  :;encives  déchirées.  Ensuit»- 
les  bourreaux  le  Jettent  dans  un  egout.  Un  auge 
l'ftH  4<41tv{>e.  Le»  soldato  1«  ref>r»mimt.  Amené 
au  tribiinWl  À'tm  des  jnges  de  M  Trlle,  \enaut, 
dans  an  laiisa^e  i*»<tpiré,  expose  la  fausseté  du 
Pciymiisme  el  la  vÂnté  de  l'HTangile,  lorsque  le 
ju({*  tombe  soudain  du  sièce  el  expire  sur  le  sol, 
en  disant  :  «  Le  Dieu  de  Venant  ost  le  seul  vrai 
Uieul    » 

à  r  ■  iVelle,  Anfiochus,  de  plus  en  plus 
farj'  "  l'ordre  de  jeter  Venant  en  pAlure 

aox  lioii«.  Mais  ces  bétes  féroces  ne  lui  font 
ancTTf»  Vrial. 

Pendinl  ee  fempS,  le  prf'tre  Porphyre  vient 
trouver  Antttfrhu»  et  lui  dit:  «  Celte  nuit,  le  Dieu 
Téritahle  m'a  moiiffé  les  chrétiens,  récemment 
convertis  nar  Venant  et  baptisés  par  moi,  tout  bril- 
\nui<  .t*  lamiere;  tons,  au  conlmife,  et  ceux 
■K'eiit  vos  erreurs,  éliei  ftdjrés  dans  les 
t  Antiocfrtls  répondit  en  ordonnant  à 

ses  l'ournaux  de  prendre  Porphyre  et  d'aller  lui 
trancher  la  l^'f    r'r<:t  rt-  qnr  .If^etruil  le  martyr. 

Venant'  !-hataille. 

le  lui  utla- 

r  le  reste 

;'ines.    De 

V  de  chair 


lens,  el  tes  lounuents 


L*  Çonrei 

cher  une  cm  Je  aux 
du  iout  h  travers   ' 
lartres  taches  de  -   ' 
si^nalehl  le  il,   m 

Après  ce  biii  ' 
M  (lans   un  i': 
bntjH+aux.Ce:, 
davantage  d'uf 

Le  lendeinaii 
se   présente  A 
puis>4iiie  de  Je-u 
Au   lieu  de  M  vo\ 


<iè  I 


un   Sole 

Leur  n 

et    .11 
enfni 

un 

A    \n  : 
y^Sfli 


mi-mort, 

H-  par  se» 
■  I,  ni  iini..ir  ,i<  s'occuper 

fiiifÂriili^n^prnent  guéri, 
i>nlrer  la 

les  idoles. 

■  lien  s'en 
d'iiilligcr 

.lie. 

.'Ués.SOUS 

1  .x\'A>  :  I  and  soif. 

•lin*»  '  miimi'iit  ; 


pour 


X'ntt'<.*hTi-  frtt  fr*«  «ur^ris  d'nrTrendr»-  la  t*ffn- 

d»- 


Ir»»*,  Vrtrtrti'  fht  frté  «n  fnnfl  6*m 


non     ar'hut. 

l'oUNril    el    111 


i.'ix    -ur 

•eau  vi»e, 

nt    et   se 

onserrée 

plusieurs 

.        :_  -  les  ron- 

,1   avoir   la   lét<'   tranchée.    Venant  les 
;  ..ne  lui-in^me  au  heu  du  martyre  pnur 
soutenir  leur  courage  ;  enlln,  sa  l'ie  tunibr   . 
sous  le  tranchant  du  glaive  et  sou  ime   >.. 
rejoindre  au  ciel. 

i>n  racotite  ■{q'wm  »eroav>t  de  tirmblemi'ni 
.tv  terre  jrta  fii  re  Moment  l.i  t*iT*«ir  d«i  •  I. 
ville  de  tZnmi'rino.  Le  eourernear  Anlio. 'un 
mnnrut  «il  .< 

Le»  elii  honornblement  l«« 


T. 

mi 
tnt 

rai  II 


I  la  pan 

.  1 1 H     1 1 K 


>i,  ivpc  iT«t>»ct,  Im  reli- 


Au  xiii*  siècle,  pendant  qullgolini  tyrannisait 
Came'rino,  au  nom  de  Mainfroy,  roi  des  Deux- 
Siciles,  un  nommé  Pe'raVallo,  s^empara  des  reli- 
ques de  saiïit  Venant  et  les  pôtta  à  ce  prince,  qui 
les  donna  au  château  de  Saint-Suuveur. 

Mais  après  ta  déTailè  de  Ihainfroy  par  (ThaTles 
d'Anjou,  Trèrë  du  roi  de  France  saint  Louis,  ce 
pieux  trf^sor  fu't  restitlïé  à  Gamérino,  Jyar  lés 
oriires  du  pape  O'éYnènt  IV. 

On  le  replaça  "avec  joie  da:ris  l'e'glrse  dnaiVe  aiû 
-aint  maityr.'ÏJa  A^'Votitfh  dû  pct/ple  envers  son 
-liiil  patrôh  r'Pprit  aVor>;  u'n  nouvel  élan,  qui  fut 
r-'compensé  par  de  noTnlireu^es  grâces. 

0  saint  êTifant,  si  merveilleux  dans  votre  rèle 
et  votre  courage  p'oor  conserver  et  défendre  la 
foi  chrétienife,  VeiiaiU,  fidèle  à  Dieu  jusqu'à 
l'olTusion  du  saftig,  soyez  l'e  protecteur  des  jeunes 
ilirétiens  qui  enlrent  dans  les  combats  de  la 
vie,  au  milieu  des  périls  et  &ti  obstacles  du 
temps  présent. 


SAINTE  BUPHRASTE,  M.\RTYRE  A  NICÉE 

Lïelise  greciqTFe  <;é)èbre  aussi,  le  18  mai,  la 
rai^m^frc  dé  saiflte  Buphrasie,  martyre,  gui 
endtiTa,  avec  une  invincible  constance,  de  loiij^'s 
et  affieux  «nppl+ces  pour  le  nom<le  Jésus-Christ. 

Elle  vivait  «u  commencement  du  r\'  sièole, 
d»ri<  la  vi^He  ée  .Nicée,  en  Bithynie.  Arr^bH- 
'■■iiine  clirétienne,  Juiaiit  la  piTsécution  de 
Oin  lotion,  oTIe  r»il  i-rt-ndwile  an  tribunal  du 
pr''(<t  Pri-  ii«a  de  renoncer  à  Jésns- 

C!/M-!  ••'  lit  flagelk-e,  sar  la  poi- 

Invi  ■■■  eu  prison. 

K.iii  i.mt  !e  fB;."e,  elle  montre  la  m^me 

intn-pidil»'  qwe  la  preniicj'e  fois.  On  l'atlncb*  à 
une  cnlrtime  **t  on  lui  déchire  les  lianes  avec 
d<'s  ■  •  ■•■[. 

A(  ;  i^lice.  on  «»t«'nd  son  corps  déchire 

au-J'--  1-  1  un  brasier  ardi-iit.  On  lui  enfonce 
dilMs  les  chairs,  surtout  4tms  les  doigts  et  les 
pieds,  des  alèiios  rou^'ios  au  feu. 


Au  lieu  d'une  acre  odeur  de  chair  brûlée,  il 
s'exhale  de  ses  plaies  un  parfum  c(3este. 

Par  un  secours  divin ,  elle  sur\'i  tA  ces  tourments. 
Pf-ndatit  deux  an^,  elle  endure  les  eiçiuis  de  la 
pri^iou  et  se  voit  sans  cesse  en  butt«  aux  ina\ivais 
(rnilenients. 

Rnlin  les  juges  etles  bourrenirx.âésespérani  >;■ 
la  vaincre, 'se  décident  à  la  noyer.  On  la  conduit 
au  rivage  et  on  la  jette  dans  la«ier. 

11  est  à  regretter  que  les  d'Hails  d'un  si  long  et 
si  édifiant  martyre  ne  n«is  aienl.  point  été  con- 
servés. Prions  néanmoins  sainte  Euphrasie  de 
nous  obtenir  la  patience  et  la  pers<$vérance  dans 
le  service  de  Dieu. 


U  BIE^^^E■DIlEUSE   CAMILLE   GÏNTILI 


La  •viDe  de  San-Severino,  en  itaîre,  féT»ère  épa- 
lement  aujourd'hui  un  autre  m^^ôèlede  pnlieiicc, 
injustPTnent  persécuté ,  c^ee*l  la  bieiiti'cnreii'<e 
CanTÎlle  (îentiîi,  Tictrme  -Aes  gnerrCfi  «l  di-s  dis- 
cordes civiles,  qui  désolèrent  si  souvent  lUfrlic  au 
XIV»  siècle.  Sa  mère  était  d'un  parti  et  smi  mari 
de  l'autre.  Celui-ci  avait  voue  à  sa  helli'-miîTc 
une  haine  aussi  injuï(te  qu'implacable.  (Ju'un  se 
figure  la  triste  position  deCamille  (iilr;  es  deux 
êtres,  si  ennemis,  et  pourtant  tous  .icux  si  chtrcs 
à  sOTi  cœur.  Elle  restait  secrètemwil  on  relation 
avec  sa  raère  ;  son  mari,  l'ayant  un  jour  appris, 
entra  dans  une  si  violente  colèt«  qu'il  tua  sa 
femme. 

.  Cette  TOort  tragiqTie  «mut  vivement  la  contrée, 
et  le  souvenir  des  vertus  de  l'iimoccnte  victime 
resta  prcT'fondément  gravé  dans  la  mémoire  du 
peuple.  On  ne  doutait  pas  que  le  Dieu  souve- 
rainement juste  ne  lui  eût  donné  nu  ciel  une 
couronne  proportionnée  à  ses  soullVanrcs,  et  on 
commença  à  l'invoquer  comme  une  sainte. 

Cil  il'^,  le  |>apc  <irégoire  XViI  a  approuvé  le 
cahe  imméinorial  qui  lui  était  rendu. 


SAINT  ERIC  IX,  ROI  DIZ  SUfiDE 


I-'ri.\  Erric  ou  Henri,  mot  qui  si(;uifie  rwke 
5.ivr'.  «r,  «-»l  le  no»  de  plusieurs  rois  «le  Suède, 
lii^lui  dont  l'I^iliHe  fêle  ak|jour<l'hui  la  mémoire 
H-<1  lt>  niMiviùine  qui  porta  ce  nom  illustre. 

.Né  au  comnieinement  du  xii*  siècle,  il  était 
lils  d'Iward,  l'on  des  plus  puissants  seigneurs 
HU''t1nis.  liés  sa  jeunesse,  il  se  forma  à  l'étude  des 
-.  wri.  is  cl  à  la  prali<]ue  des  vertus  chrétiennes. 
Il  •'p4<usa  ensuite  la  piiucesse  Christine,  iille 
<i'liM(on  IV,  roi  de  Suède. 

L>-  lr6ne  se  trouvant  vacant,  &  ia  mort  de 
Smercher  II,  h's  Suédois,  qui  admiraient  les 
vertus  et  les  belles  qualités  d'Eric,  l'élurent  roi 
d>>    Suède,  conformément  aux  antiques  lois  du 

i;.';s  les  premiers  jours  de  son  rktine,  dit  son 

historien   l«rael,   chanoine   d'Upstfl,  "tP   nmireau 

prince  se  proposa   constamment  un  triple  but  : 

fiiri'    fleurir   dans  ses  Etats  le  culte  divin  et  la 

ilion    chr- tienne,    «ouverncr  son    peuple, 

lustice  et  sagesse,  défendre  la  Suéde  contre 

••s  ennemis. 


C'est  ainsi  qu'il  fit  restaurer  et  agrandir  magni- 
i)queni«ntr<kUse  cailhédiale'd'Upsal,jii>li:>  fondée 
par  .s<^s  iprédécesseura,  el  ia  dota  d'iw  clergé' 
nombreux. 

llvisilnit  les  diverses  provincesde  son  royaume, 
afin  de  se  lendre  compte  par  lui-niènie  des 
besoins  des  peuples  et  des  abus  à  réformer.  11  : 
rendait  à  tous  exacte  et  prompte  justice,  sans  se  ] 
lai«--er  iiillueii'er  par  la  faveur  ou  les  llalteries. 
Il  réforma  la  législation  du  royaume  et  publia  ; 
des  lois  pleines  de  sagesse,  pour  reformer  le« 
abus  et  assurer  la  tranquillité  publique.  (Juiconquc 
se  croyait  victime  d'une  injustice  pouvait,  en  tout 
temps,  recourir  à  lui  el  obtenir  une  sentence 
équitable. 

Par  celte  conduite,  Eric  ga^na  tellcmeiillecu'ur 
de  ses  sujets,  Tfue  ceux-ci  le  prièrent  un  jour  «le 
garder  pour  son  usage  le  tiers  du  produit  des 
amendes  payées  par  les  malfaiteurs.  Mais  h- 
généreux  prini-e,  conlentde  son  propre  patri- 
moine, refusa. 

Se  défiant  du  faste  et  des  grandeurs,  le  pieux 


i.i  veillait  avec  un  prand  soin  sur  son  ùme.  Il 
vaquait  assidûment  a  la  prière  et  à  la  inrdilation 
des  vérités  saintes.  11  domptait  sa  chair  par  la 
pénilouce^t  les  austérités:  sous  ses  viHeinents 
royaux,  un  rude  cilice  lui  servait  d'armure  contre 
les  allaf|ues  de  l'ennemi  infernal.  —  Ce  eilice, 
encore  taché  du  sanjj  ilu  héros  martyr,  fut  long- 
temps conserve'  comme  une  relique  précieuse 
dans  la  cathédrale  d'Cpsal. 

CONQUÊTE  :.E  LA   FI.NLANDE 

Les  Finlandais,  peuple  encore  barbare  elpaien, 
venaient  souvent  piller  les  fronliérns  de  ses  Klals. 
Eric,  quoique  ami  de  la  paix,  se  vit  contraint  de 
lever  une  armée  contre  ces  pirates.  Avant  d'entre  i 
sur  leur  territoire,  il  leur  offrit  le  pardon  et  la 
paix,  s'ils  consentaient  à  embrasser  le  christia- 
nisme. Lc'^  Finlandais  refusèrent  avec  arropance. 
Le  roi  de  Suède  envahit  alors  leur  pays,  et  rem-' 
porta  sur  eux  une  victoire  complète.  A  la  vue  des 
centaine-i  de  cadavres  qui  couvraient  le  chanip 
de  bataille,  le  bon  prince  se  mit  à  jileurer:  i<  lié  ! 
seij-'neur,  lui  dirent  ses  compagnons  d'armes,  une 
victoire  mérite  des  chants  de  joie  et  non  des 
larmes. 

—  Je  me  réjouis  de  notre  triomphe,  répondit 
le  héros,  mais  je  pleure  tant  de  malheureux  qui 
sont  morts  sans  la  çrâce  du  bapli^ine.  » 

Eric  avait  amené  avec  lui,  d'L'psal,  le  saint 
évéque  Henri.  Sous  la  protection  du  prince  vic- 
torieux, celui-ci  commença  immédiatement  à 
instruire  les  Finlandais  dans  la  religion  chré- 
tienne. Quelques  années  plus  tard,  il  devait 
sceller  '^a  prédication  par  le  martyre.  En  atten- 
dant. Eric  lui  adjoignit  d'autres  missionnaires, 
construisit  plusieurs  églises  ou  chapelles,  et  s'en 
letourna  glorieusement  en  Suède.  —  La  Finlande 
resta  nu  pouvoir  des  Suédois  jusqu'en  notre 
siècle. 

LES  REnBLLHS 

Cependant  une  teiripéle  se  préparait  contre  le 
Kén-'reux  monarque.  Un  prince  de  Danemark, 
ue  les  uns  appellent  .Magnus,  d'autres  Henri 
Scateler.  |>arent  par  sa  mère  d'un  des  derniers 
rois  de  Suède,  songeait  à  réclamer  ce  trône 
comme  son  héritage.  Cet  ambitieux  conspirait  de 
loin  contre  Eric;  peu  à  peu,  A  force  d'intrigues 
et  d'argent,  il  se  constitua  un  paili  en  Suède, 
dans  lequel  il  enrôla  tous  le»  mécontents,  en  par- 
ticulier ceux  que  la  piété  et  la  justice  d'Eric 
g/'naient  dans  leurs  vices. 

Quand  il  se  crut  qs^/  fort,  il  convoqua  secrè- 
tement se»  parlis.ii'-  '■>  -'  ivnnça,avec  une  année, 
contre  le  souvernu 

Le  rni,  qui  ne  *•  te  rien,  assistait  tran- 

quilleiii.Mil  à  la  mejsi-  solennelle  du  jour  de 
r.\s-''i,«ion.  quand  un  Snédois  (Idèjo  arrnurut 
en  toute  tiAte  lui  annoncer  l'approche  des 
ennemi». 

«  Ach«'vons  d'entendre  la  messe,  répoirdit  le 
prince,  et  quant  nu  reste  des  oflices.  Dieu  voudra 
bien  nous  permettre  de  le  servir  autrement.  • 


I 


.\ussitAt  la  messe  terminée,  Eric  se  recom- 
manJe  à  Dieu,  fait  le  signe  de  la  croix,  prend 
ses  armes  et,  à  la  tète  d'une  poignée  do  soldats 
lidèles,  marche  intrépidement  au-dewml  des 
rebelles. 

La  rencontre  fut  vive,  la  bataille  impétueuse, 
mais  courte.  Tout  l'elTort  des  ennemis  s'était 
porté  sur  trie,  qui,  malgié  sa  valeur,  se  vit 
environné  d'adversaires  et  tomba  expirant,  cou- 
vert de  blessures.  Les  vainqueurs  s'acharnèrent 
sur  lui  avec  une  cruauté  sauvage  et  (nlin  lui 
tranchèrent  la  tète.  C'éUit  le  18maill5l  ou  1100. 

«  Ainsi,  dit  l'historien,  Eric  perdit  le  tr.'.ne  ter- 
restre, mais  alla  trouver  au  ciej  le  trône  iioinortel 
que  ses  vertus  avaient  conquis.  Dès  ce  moment 
même,  ajoute-t-il.  Dieu  conimonca  à  glorifier 
son  serviteur.  Une  source  jaillit  k  l'endroit  où  il 
avait  rendu  le  dernier  soupir.  » 

Quand  les  ennemis  se  furent  retirés,  quelques 
officiers  Hdèles  vinrent  relever  le  corns  du  roi, 
abandoiMié  sur  le  champ  de  bataille.  Ils  le  por- 
tèrent d'abord,  non  loin  de  là,  dans  la  cabane 
d'une  pauvre  paysanne.  Cette  femme  était  depuis 
longtemps  aveugle  :  poussée  par  un  sentiment 
de  foi,  elle  toucha  le  corps  qu'on  apportait,  et 
porta  à  ses  yeux  ses  doigts,  teints  du  sanç  du 
héros.  Aussitôt,  ses  yeux  s'ouvrirent  à  la  lumière. 

Les  Suédois  commencèrent  dès  lors  à  vénén  r 
le  blejiheureux  Eric  comme  un  martyr,  parce 
qu'il  avait  versé  son  sang  pour  la  cause  de  la 
justice  et  de  la  foi  non  moins  que  pour  la  défense 
de  la  patrie. 

Le  règne  de  l'envahisseur  fut  de  peu  de  durée  ; 
les  anciens  partisans  d'Eric  se  soulevèrent  contre 
lui  et  il  périt,  avec  son  lils,  dans  la  bataille. 

Le  cor[)S  de  s.iint  Eric,  d'aboid  enseveli  dans 
une  chapelle  dédiée  en  son  honneur,  jiui»  dans 
l'église  du  vieil  l'iisal,  fut  solennellement  trans- 
féré dans  la  nouvelle  cathédrale  d'L'psal, l'an  I2':.'l, 
en  présence  du  roi  Waldemar  et  de  l'archevêque 
Fulco,  et  enfermé  dans  un  riche  mausolée  d'ar- 
gent et  de  marbre. 

KeaucouL)  de  guérisoiis  et  d'autres  faveurs 
surnaturelles  étaient  obtenues  à  son  tombeau; 
le  récit  d'un  graml  nombre  a  été  reproduit  dans 
les  Hollnndtstes,  d'apiès  un  ancien  manu'>cfil. 

Le  culte  de  saint  Eric  fut  très  populaire  en 
Suède,  ou  on  le  vénérait  comme  un  des  patrons 
de  In  monarchie;  ce  que  l'onnamme  de  saint 
llenvs  était  en  France,  la  bannière  de  saint  Eric 
l'était  en  Suéde;  plus  d'une  fols,  elle  conduisit 
les  armées  suédoises  à  la  victoire  contre  les 
Russes  de  la  Finlande. 

.Mais  BU  XVI"  siècle,  le»  Suédois  abandonnèrent 
la  religion  de  leurs  pères,  la  religion  catholique, 
(|nl  nvnil  rlvili-^é  leur  patrie,  pour  enilira>>er  le 
chrisli.iiiisme  faUillé  et  ab.\tardl,  inventé  en  ce 
temps  là  par  Luther.  Il  y  eut  de  noble»  !■ 
lance»,  mais  la  force  brûlai»-  le»  étouffa  ii 
lors,  on  re»«a  d'invoi)uer  »nint  Kiic,  le  palinn 
nntii)iinl.  De  no»  jour»,  un  petit  noyau  de  cailio- 
H'iue»  s'est  reformé  en  Suède;  pui«»e-t-il  être  le 
grain  de  sénevé  destiné  à  devenir  bientôt  un 
grand  arbre. 


!..  it.i,.éu.\D,it''ui/.-ifH>uUfb,ia»  Fidiivvi*  l",l'uiis. 


SAINT    PIERRE    CÉLESTIN,    PAPE, 


SOUS    LE   NOM   DE   CELESTIN   V 


Fite   le    i  9    mai. 


Saint  Pierre  Célestln  dans  le  costume  de  ion  Ordre. 


PRUlIBni   ÊDL'CATIOM 
rr    PMMIKRES    MARQUES    Dg   SAI.'VTITB 

Saint  Pierre  Cëlestin  naquit  en  i^t,  au  bour;: 
dlsemie,  sur  les  confins  de  l'Abruzze  et  de  la 
PoaiUe,  de  parents  lumples  et  droits,  cbarilaMes 
et  crai^aot  Dieu.  1^  béu»'-diclion  diriue  descen- 
dit lor  cette  famille,  qui  coiupta  bientôt  douie 
enfanU;  Pierre  fut  le  ontième.  Sa  mère  deman- 
dait tans  cesse  au  !>f>i);neur  que,  parmi  les  douze, 
il  j  eat  au  moins  un  serTitear  de  Uieu  :  toute 
pleine  de  ces  pensées,  elle  lit  entreprendre  au 
second  de   ses   Tils  des  études  qui  devaient  le 


conduire  au  sacerdoce;  mais  le  jeune  homme 
ne  répondit  pas  pleinement  à  son  attente. 

Pierre  avait  alors  cinq  ou  fit  ans,  et  la  grftce 
divine  se  montrait  admirabk'  dans  celle  âme 
ïimple  et  candide;  il  disait  souvent  à  sa  mère  : 
"  Je  veux  bien  servir  Dieu.  "  Charmée  de  ses 
heureuses  dispositions,  celle-ci  se  promit  de  le 
faire  ëludier;  elle  rencontra  de  la  part  de  ses 
amis  et  de  ses  autres  Gis  de  nombreuses  oppo- 
silinns.  Maigre  ces  conlrariétiis,  nia^rë  la  lrisles~<' 
qu'elle  en  ressentait,  la  pauvre  mère  n'en  p'i  - 
sisla  pas  moins  dans  sou  premier  dessein:  >'ll' 
prit  sur  sou  ndcessaire,  elle  donna  à  uu  n1.iit.lL' 


8'.'; 


pour  qu'il  instruisît  son  fils.  Dieu  bf?iiit  une  telle 
persévérance,  et,  bientôt,  l'enfant  répondit  aux 
soins  el  aux  espérances  de  sa  mère.  Il  devint  en 
peu  de  temps  savant  et  pieux,  et  déjà,  dans  ses 
prières,  il  était  honoré  de  la  visite  des  anges,  d« 
leur  Heine  et  de  saint  Jean  l'Evangéliste. 

Sa  mère,  à  qui  il  faisait  de  ces  visions  un  récit 
simple  el  ûdèle,  voulut  éprouver  si  elles  venaient 
vraiment  de  Dieu.  Uans  un  temps  de  grande 
famine,  le  pain  vint  à  manquer.  La  pieuse  mère 
eut  recour»  à  Dieu,  puis  elle  dit  à  Pierre  :  «  Mon 
iils,  prends  une  faux  et  va  me  chercher  du  blé 
dans  les  champs.  »  Or, le  temps  de  la  moisson  était 
très  éluifjné,  et  le  blé  encore  en  herbe.  L'enfant 
obéit  ccpt-ndaiit,  et  revint  bieutdt,  chargé  de  blé 
très  beau  et  très  mùr.  «  Ce  même  jour,  raconte 
le  Saint  lui-même  dans  ses  notes,  je  sciai  le  blé, 
le  battis,  et  lo  portai  au  moulin,  rendant  grâces 
h  Dieu.  " 

IL  VIDT  SI  FAIRR   SOLITAIBX 

Dès  son  jrune  Age,  Pierre  soupirait  après  le 
bonheur  de  servir  Dieu  uniquement,  surtout 
d:ins  la  solitude.  «  Mais  je  ne  savais  pas,  raconte- 
t-il  naivemeiit  lui-même,  qu'on  pût  (^tre  ermite 
avec  un  compagnon.  Je  croyais  qu'il  fallait  ftre 
toujours  seul  ;  j'avais  de  grandes  peurs,  la  nuit 
surtout,  à  cause  des  fantômes.  » 

Que  faire?  Dans  sa  patrie,  pas  un  serviteur  de 
Dieu  de  qui  il  puisse  prendre  conseil.  Cet  élat 
d'incertitude  lui  dure  jusqu'à  l'ftge  de  vingt  ans. 
Poussé  alors  par  la  griice,  il  a  enlin  recours  à  un 
de  ses  compagnons  el  lui  dit  :  «  Sortons  de  notre 
patrie  et  alionsau  loin  -ervir  Dieu. Mais, d'abord, 
allons  à  Home  et  ne  faisons  rien  san.i  b'  consen- 
tement de  l'Eglise.  »  Le  projet  est  actopté,  elles 
voilà  sur  la  route  de  Home.  Après  un  jour  de 
marche,  le  compagnon  de  Pierre,  exténui',  se 
■-eut  pris  de  remords  et  propose  de  rebrousser 
chemin  vers  sa  patrie  et  ses  parents.  <  Si  tu 
m'abandonneii,  répond  le  Saint,  j'ai  aoufiauce  que 
Dieu  ne  m'iibaiidonnera  pas.  » 
■  Il  poursuivit  seul  la  route  encore  l'espace  li'^a 
jour;  mais,  arrêté  par  une  affreuse  tempête,  il 
se  retira  dans  une  église  de  Saint-Nicolas.  Kn 
<■«  lieu  béni,  Dieu  lui  inspira  de  renoncer  à  sou 
\oyage  de  Honie,  et  de  commencer,  sans  plus  lar- 
der, la  vie  ért'inilique.  Non  loin  de  là  était  une 
forêt  où  il  passa  six  jours  dans  une  |>rière  et  dans 
un  jeiine  contianels.  Il  n'en  sortit  que  pour  gravir 
une  alTreusc  montagne  et  se  loger  dan»  une 
caverne  ({ui  ressemblait  à  on  tombeau,  si  petite, 
iju'  '  à    I    iiio   s'y    teiii      '   '      ■       .    -.'y 

'  i  '      -  ans  dans  ml 

b/"t«jutis  iii'ii  '  oiiiiMa  son  àme  >i'-  ?"■'•  nif-ui'  ores 
(.'races.  Le  il'  mon,  de  son  cAté,  lui  liTrait  de  ter- 
ril'- --•'  !  ••'  ■!  '!-'<i)>'ura  pleinement  v.iin- 
•  1  lient  du  ciel  pour  rom- 

1  ..    nui     II    •..lU  d'une 

i .  '  ■■. 

lit  sou- 
V'  'ns 

1  lui 

\Mif  Ir  nacoldipi  e,  uliii  UUe, 

'    dn   saint  ant'l,    il   pui-At 

\e   force  p'  Se 

ré  les  r<'-j   .  de 

'  Rome,  ou  vu  liu  con- 

ré». 


rTkAm  stra  lb  mont  ■ocskoii 


iil- 
-e 


l'autorisation  de  son  abbé,  il  se  retira  bientôt 
dans  une  grotte  du  mont  Mourron,  pi'ès  de  Sul- 
mone,  alin  de  se  livrer  à  une  via  plus  auslèVe. 

U  passa  cinq  années  dans  cette  solitude,  au 
milieu  de  jiijvations  de  toutes  sortes,  auxquelles 
il  joignait  encore  les  plus  dures  morlilicatioiis. 
Mais  Dieu  était  avec  lui,  et  il  goûtait  dans  sa 
retraite  d'ineffables  ronsolalions.  Tous  les  jours, 
il  moulait  à  l'autel;  sa  ferveur  était  celle  d'un 
ange.  Le  démon,  jaloux,  comprit  que  le  Saint 
puisait  là  toute  sa  force  contre  la  tentation;  il 
résolut  de  l'en  priver.  Le  recueillement  de  Pierre 
et  sonliumilité  furent  les  armes  dont  il  se  servit. 
Il  lui  suggéra  que  la  célébration  des  Saints  Mys- 
tères attirait  trop  de  monde  eu  son  i  i  iiiitage,  et 
Su'un  pécheur  aussi  vil  que  lui  n'étail  pas  digne 
'ofTrir  à  Dieu  un  si  auguste  sacrilii:<'. 

Cédant  à  ces  tentations,  le  saint  ermite  allait, 
malgré  la  neige  et  malgré  l'hiver,  se  mettre  eu 
route  pour  consulter  le  Pape,  lorsqu'un''  vision 
l'arri'l a.  Le  pieux  abbé  de  Faifola,  iiioit  depuis 
peu,  lui  apparut  au  pied  de  l'autel  piiidant  son 
sommeil.  Il  lui  disait  :  <>  Priex  pour  iii>>i,  mon  Iils, 
et  demeurez  avec  Dieu.  —  El  que  <lois-je  donc 
faire'.'  répliqua  Pierre.  —  Célébi*/  la  messe, 
mon  Iils,  célébrei.  —  Mais,  saint  lieiioil  el  plu- 
sieurs autres  saints  ne  se  sont  pas  jug<'s  dignes 
d'un  si  auguste  ministère,  comment  c-erais-je, 
moi,  qui  suis  un  si  grand  pécheur.'  --  Digne, 
reprit  l'abbé,  el  qui  donc  en  est  di,:iie'.'  Célébrei, 
mon  (ils,  célébrei  avec  crainte  el  tr"nilili'ment.  » 
l>a  vision  disparut  aussitôt.  Le  même  jour,  il  vit 
son  confesseur  qui  lui  parla  dans  le  im'-mi'  s'-ns. 

Ainsi  rendu  à  la  paix,  le  Saint  continua  sa  vie 
de  contemplation.  A  plusieurs  reprises,  dans  la 
soite,  de  célestes  visions  vinrent  l.-  il'liviiT  li.s 
entreprises  de  l'enfer. 

SA  urritAiTB  su*  u  Moirr  majella 

En  12t)l,  les  forêts  qui  entouraient  sa  grotte 
forent  défrichées.  Saint  Pierre,  qui  cherchait 
toujours  la  solitude,  se  relira  sur  le  inmil  MajcWa. 
Sa  sainteté  commençait  à  lui  attirer  des  disciples. 
Il  en  eut  d'abord  deux.  Ce  nombre  s'accrut  bien- 
tôt, malgré  les  résistances  du  Saint,  qui  aurait 
voulu  demeurer  seul  avec  Dieu.  Telle  lut  l'origiii' 
de  l'iiidre  des  Céletliru. 

Ils  habitaient  des  cabanes  fai!  -  '"•  ines  .1 
de  blanches.  Leur  solitud>'  était  Sou- 
vent, on   leur   conseilln'i    ■<-    I  'l,.,... i.    Le« 

prodi^'i»  nombreux  put              '•  Dieu  se  mani 
lestait  h  eui  les  en  enij      '.  U)ui"urs. 

Pendant  plu~ieuis  années,  uoe  rolombe  toute 
blanche  vint  habiter  au  milieu  d'eux  Elle  pre- 
nait sa  nourriture  A  l'endroit  même  où  devait 
plus  tard  s'élever  le  saint  aul^l.  Partout,  ils  la 
vuyaitiit:  àl'oflico,  à  l'uraikuu,  àU  messe.  Dans 
la  suit",  un  b"l  orJit"ire  fut  construit  en  ce  ln'u 
•ni  iKuprit.   Les   religieux   <i 

le-  l'iili'iidaii'iit  «luvi'ul  ilis 

clo  '.1      ,   .   ~  ■      llli'U. 

C'tl  Mmli- 

Uit    )'     . 
aux   fmi 

les  jour»     'I  Oui. tu 

rieuk  M  faioail  en' 
à  l'tUtrl    1^    '    -'i- 
oui  »'y 
dé»»ri 

a   I  ' 
San 
se  I 

•  SI' 


■ORTfFICAnONS    —  LA   LOTT«   UIBACLES 

On  senUil  de  partout  la  présence  de  Dieu  en 
ce  lien  béni.  La  Tie  des  solitaires  n'avait  plus 
rien  de  terrestre.  Et  cependant,  saint  Pierre  allait 
pins  loin  que  tous  dans  la  Toie  des  austérités.  11 
observait,  par  an,  quatre  Carêmes  de  quarante 
jours,  pendant  lesquels  il  ne  inan;L'eait  que  deux 
fois  la  semaine.  Le  reste  du  temps,  il  jeûnait 
tous  les  jours.  Sa  nourriture  ordinaire  était  un 
pain  &ec  et  moisi  qu'il  fallait,  dit  la  ciu-onique, 
briser  îtcc  un  inarïean. 

Il  portait  on  vêtement  de  laine  erossière  avec 
un  scapulaire  qu'il  avait  fabriqué  lui-même,  et, 
dessous,  il  dissimulait  on  cilice  de  fer  qui  ne  le 
quittait  point.  En  tous  temps,  il  coucbait  sur  one 
planche  Boe  ou  une  pierre. 

Avec  plus  de  rai:;e  que  jamais,  le  démon  con- 
tinuait ses  persécutions.  Un  jour,  le  feu  prenait 
aux  branches  d'arbres  qui  les  protégeaient  du 
froid.  D'autres  fois, des  animaux  de  forme  hideuse 
leur  apparaissaient.  Souvent,  on  entendait  dans  la 
nuit  des  cris  •'ponTau tables.  Mais  toute  cette  fan- 
tasmagorie disparaissait  devant  la  puissance  du 
Saint,  liés  ce  moment.  Dieu  lui  accorda  le  don 
des  miracles  à  un  degré  fort  extraordinaire.  A. 
plusieurs  reprises,  le  Saint  renouvela,  dans  le 
monastère,  les  provisions  épuisées.  On  le  vit  res- 
susciter un  mort.  Il  semblait  joindre  à  chaque 
aumdne  qu'il  faisait  une  grâce  de  conversion 
pour  celui  qui  la  recevait.  Les  pensées  les  plus 
secrètes  de  ceux  qni  l'approchaient  ne  lui  échap- 
paient |>as.  il  prédit  alors  plusieurs  choses  qui, 
toutes,  ee  réeJisèrent  comme  il  l'avait  annoncé. 

AFFROeATlOK    DES    OOMSTITUTIOnS    Dl   SON    ORDRS 

Peu  à  peu,  le  nombre  de  ses  religieux  s'était 
accru.  Il  avait  fallu  fonder  plusieurs  maisons 
qui,  toutes,  furent  richement  dotées  peir  de 
généreux  bienfaiteurs,  tn  1273,  le  pape  Gré- 
goire X,  dcLns  une  première  approbation,  eu 
comptait  déjà  seiie.  l^e  Saint  leur  avait  donné 
la  règle  de  saint  Benoit  avec  quelques  consti- 
tutions particulières. 

A  ce  moment,  l«  bruit  courut  que  le  Concile 
de  Lyon  allait  supprimer  tous  les  Ordres  récem- 
ment fondés.  IHerre  résolut  d'aller  df'fendre  lui- 
même  sa  Congré(>!ition  auprès  du  Concile,  et  il 
partit  à  pied,  malgré  son  ^'rand  âge  et  malgré 
ses  infirmités.  Qnand  il  fut  i  Lyon,  il  plaida  sa 
c«us<:-  moins  par  des  paroles  que  par  des  miracles. 

Le  Pape,  qui  avait  un  profond  respect  pour  sa 
vertu,  voulut  assjslor  à  sa  messe.  Pierre  obéit. 
Mais  le  manteau  dont  il  se  d>'pouilla  pour  revêtir 
les  ornement»  sarr*^,  demeura,  pendant  toute 
la  meRsc,  c<i:  ipndu  en  l'air,  i  un  rayon 

de  soleil  ((Il  iravers  le  vitrail  d'une  ver- 

rière. Puis,  «(u m  i  mi  lui  apporta  les  riches  orne- 
ment* qu'on  «T.iit  |.ré]iarés,  le  Saint,  embarrassé, 
•e  prit  à  ri-trr'  Ht  les  vêtements  plus  simples 
dont  il  se  urnr.i.t  dans  son  ermitage.  Miracle I 
les  .inge=i  do  bieu  les  lui  apportent  soudain  à 
travers  les  airs;  il  s'en  revêt  et  célèbre  devant 
les  prélats  émerveilMs. 

Le  leadioain,  le  Pape  lui  fît  expédier  la  bulle 
é»  rontlrmalion.  Pl'-in  d"  joie,  Pierre  reprit 
AUttitAt  !•  route  de  Mnirjl.i.  A  son  rptonr,  tous 
ceux  qui,  au  moment  dn  Concile,  s'étaient  em- 
parés de  ses  biens,  les  Un  rni  linTit.Seul.révAque 
de  Chieti,M»n  évêqu»,  pers'^vi'rfiil  dan»  son  ons- 
UnatioD.  Une  maladie  terrihle,  qui  faillit  l'em- 
mener, lui  ouvrit  hi^nlAl  l^s  yeux  et  il  r'^para 
tous  les  domrnaKos  qu'il  avait  fxils  aux  relicieiiT. 


DJ  SOLITUDE   EN    SOLITUDE 

L'Ordre  croissait  toujours.  Le  monastère  de 
Faifola,  où  jadis  le  Bienheureux  avait  pris  l'iiabil, 
lui  fut  offert.  Pierre  alla  s'y  établir  avec  quelques 
religieux.  Puis,  lorsque  la  fondation  fut  définiti- 
vement assise,  il  revint  à  .Vlajella.  il  srtnble  qu'en 
1226,  poussé  par  un  désir  plus  grand  de  la  soli- 
tude, il  ait  abdiqué  toute  fonction  dans  l'Ordre. 

A  celte  époque,  il  se  retira  au  monastère  de 
Saint-Barthélémy  de  Logio.  C'est  là  qu'il  changea 
en  vin  l'eau  destinée  au  Saint  Sacrifice  de  la 
Messe.  Après  deux  ou  trois  ans  il  quitta  ce  lieu 
et  se  retira  à  Orfente  oii  il  demeura  jusqu'en  1292. 
Partout,  le  suivaient  le  bruit  de  sa  sainteté  et 
l'éclat  de  ses  miracles.  A  la  Hn,  il  revint  à  Mour- 
ron  qui  avait  été  le  berceau  de  sa  vie  religieuse. 

LB  SOCVERAI.N  PONTIFICAT 

A  cette  époque,  le  pape  Nicolas  IV  était  mort 
depuis  deux  ans  déjà.  Les  disputes  des  cardinaux 
pendant  tout  ce  temps  avaient  laissé  vacant  le 
siège  pontifical.  Pierre  eut  ordre  de  Dieu  de 
leur  écrire  pour  leur  reprocher  leur  conduite. 

A  la  lecture  de  celte  lettre,  une  inspiration 
commune  les  saisit  tous  :  c'était  làle  Pontife  que 
la  Providence  destinait  &  l'Eglise,  Pierre  fut  élu 
à  l'unanimité. 

Les  députés  qui  vinrent  lui  annoncer  son  élec- 
tion l'aperçurent  par  une  fenêtre  grillée  à  tra- 
vers laquelle  il  donnait  audience  aux  pèlerins. 
Us  virent  un  vieillard  à  barbe  blanche,  le  visage 
amaigri,  exténué  par  les  jeiines  et  les  veilles, 
couvert  de  vêtements  grossiers. 

Qnand  il  sut  la  décision  dn  Sacré  Collège, 
Pierre  se  prit  à  pleurer.  Cependant  les  instances 
des  évêques  furent  sévères  et  sans  doute  la 
manifestation  de  la  volonté  divine  était  si  claire 
qu'il  ne  put  refuser. 

Dès  que  cette  nouvelle  fut  connue,  peuple, 
clergé,  princes,  tout  le  monde  accourut  pour  voir 
le  saint  homme  et  l'accompagner  à  la  cathédrale 
d'Aquila,  on  devait  se  faire  son  sacre. 

Pierre  arriva  àAquila,  monté  sur  un  une  que 
conduisaient  par  la  bride  les  rois  de  Sicile  et  de 
Hongrie.  Lorsqu'il  fut  descendu,  un  paysan  y 
mit  son  flls  perclus  des  deux  jambes  :  l'enfant  fut 
aussitôt  euéri. 

n  choisit,  pour  le  jour  de  son  couronnement 
et  de  son  sacre,  la  fêle  de  saint  Jean-Baptiste.  A 
cette  occasion,  il  accorda  avec  profusion  les 
indulgences  et  les  jubilés. 

LB  RÈGNB  DO  PAPE 

Pierre,  !e  jour  de  son  couronnemf  ni,  avait 
pris  le  nom  dt  Célestin  'V.  Ce  fut  (  .lom  qui 
resta  d'^flnitivement  à  son  Institut. 

Pendant  son  séjour  à  Aquila,  le  1'  c  mit  en 
ordre  les  alTaires  de  l'Eglise.  Un  nom'  considé- 
rable de  trônes  épiscopaux  était  vai  :  r.l.  Il  poi;r- 
vnl  A  l'élection  d'évêqnes  pieux  et  savants.  Il  revisa 
roreanisation  du  Conclave  et  créa  d"iiie  nouveaux 
cardinaux,  dont  sept  apjiartenaient  à  la  France. 
Le  sort  des  Ordres  reliFieui  ne  pouvait  le  laisser 
inilifférent,  il  en  reforma  plusieurs  et  combla  de 
privilèges  celui  qu'il  avait  fondé. 

Son  dessein  était  de  se  rendre  à  Rome  après 
son  sacre.  Cependant,  sur  les  instances  du  roi  de 
Sicile,  il  consentit  à  aller  d'abord  i  Naples.  Il 
partit  avec  tonte  sa  cour,  semant  les  miracles  sur 
son  passage. 

Aninur  de  lui,   les  intrl^es  s'agitaient  et  le 


saint  Pape  s'en  aperceyait  :  il  en  paraissait  sou- 
vent. Il  mi  Tenait  des  scrupules  d'avoir  accepté 
une  charge  qu'il  se  croyait  incapable  de  remplir. 
Il  se  reprochait  son  ignorance  du  droit  canon, 
te  peu  de  connaissance  de?  hommes  et  des 
affaires  qu'il  avait  pu  acquérir  dans  sa  solitude. 
Un  sévère  conseiller,  le  Franciscain  Fr.  Jacopone 
de  Todi,  l'entretenait  dans  ses  appréhensions. 

Vaincuparla  crainte  d'offenser  Dieu,  Célestin  V 
résolut  de  donner  sa  démission. 

l'udication 

Quand  le  bruit  s'en  répandit,  le  peuple  de 
Naples  envahit  le  palais  pontifical  pour  supplier 
lesaiotvieiUardde  renoncera  un  projet  sifuuesle 
aux  int-^rôts  de  l'Eiilise.  Les  cardinauijoiguirent 
leurs  instantes  prières  &  celles  du  peuple. 

L'n  instant  ébranlé,  le  Pape  promit  de  prier 
pour  connaître  la  volonté  de  Dieu.  Après  quelques 
jours  passés  dans  la  retraite,  il  réunit  les  cardi- 
naux en  consistoire  secret.  Dans  l'intervalle,  il 
avait  rédigé  une  constitution  où  il  définissait  qu'un 
Pape  peut  abdiquer  pour  le  salut  de  son  &uie. 

Célestin  V  parut  solennellement  revêtu  des 
ornements  pontificaux.  Il  s'assit  sur  la  chaire  de 
Pierre.  Puis,  après  avoir  défendu  aux  cardinaux 
de  l'interrompre,  il  lut  d'une  voix  forte  l'acte  de 
renonoiation  au  trône. 

«  Moi,  Célestin,  mû  par  des  causes  légitimes  qui 
sont  l'humilité,  le  désir  d'une  vie  plus  parfaite 
et  celui  de  ne  point  blesser  ma  conscience,  mon 
défaut  de  science,  et  dans  le  but  de  trouver  je 
repos  et  les  consolations  de  ma  vie  passée,  je 

3uitte  volontairement  et  librement  la  papauté, 
onnant  dès  &  présent  au  Sacré  Collège  des  car- 
dinaux la  faculté  d'élire,  mais  seulement  par  voie 
canonique, un  pasteur  pour  l'Eglise  universelle.  » 

Puis,  an  milieu  des  larmes  de  tous,  il  déposa 
les  insignes  pontificaux  et  se  revêtit  joyeusement 
du  pauvre  vêtement  qu'il  portait  jadis. 

Cette  abdication  fut  fort  discutée.  Dieu  te 
chargea  lui-même  de  justifier  sou  serviteur.  Le 
lendemain  du  jour  où  il  déposa  la  tiare,  Pierre 
Célestin  guérit  un  boiteux,  en  lui  donnant  sa 
bénédiction  k  la  fin  de  la  messe.  Le  don  des 
miracles  ne  l'abandonna  jamais. 

Cinq  mois  s'étaient  écoulés  depuis  son  élection, 
trois  mois  seulement  depuis  le  sacre. 

Saint  Pierre  avait  prédit  que  sou  successeur 
serait  le  cardinal  Benoit  Cajetau.  Cette  prophétie 
se  réalisa.  Quand  on  eut  proclamé  le  nouveau 
Pape,  qui  prit  le  nom  de  Itoniface  VIII,  Pierre 
voulut  être  le  premier  i  lui  baiser  les  pieds. 

CE   OUI    ADVINT   &?Kès    SO»    ABDICATION 

Il  (ardait  au  pieux  vieillard  de   reprendre  le 


soli 


chemin  de  sa  solitude.  Il  en  demanda  la  permis- 
sion au  nouveau  Ponlife,  qui  ne  crut  pas  nouvoir 
la  lui  accorder.  Celui-ci  craignait  que,  dans  un 
cas  si  élrao»:e,  alors  que  tous  n'aceeptaienl  pas 
la  validité  d'une  telle  abdication,  Pierre  Célestin 
ne  devint  un  instrument  de  trouble  pour  l'bulise 
>nitre  les  mains  de  quelques  intri^'aiits.  il  lui 
'!c-iji<inda  donc  de  l'accompagner  à  Homo  où  il 


.1  se  rendre. 


il 

■II' 

M 


t'iurmenté  de  plus  en  plu*  par  !>' 
sa  vie   d'autrefois,  s'enfuit 

(Il   nuit     Ou  iii.I   il   ,iri  l>.i  .. 


,!.t. 


ailleurs   un  reM 
de»  ^eiM  du  roi  .; 


>le. 


11  fut  conduit  auprès  du  Pape  à  Anagni.  Celui-ci, 
pour  éviter  les  dangers  qu'il  craignait,  résolut 
de  tenir  le  Saint  sous  bonne  garde,  tout  en  l'en- 
tourant des  égards  et  des  nouneurs  qui  lui 
étaient  dus. 

Le  lieu  de  la  retraite  qui  lui  fut  assigné  était 
le  chAleau  de  Furaone.  La  sévérité  des  gardes 
transforma  cette  résidence  en  une  véritableprison . 
On  lui  donna  une  cellule  sur  le  modèle  de  celle  de 
Mourron  et  deux  de  ses  Frères  pour  réciter  avec 
lui  l'Office  divin.  La  surveillance  était  étroite. 

Les  craintes  de  Boniface  VllI  ne  sauraient  évi- 
demment justifier  sa  conduite  envers  le  saint 
vieillard.  D'ailleurs,  le  ciel  se  prononça  contre 
le  Ponlife.  Siint  Jean-Baptiste ,  la  veille  de  sa 
fête,  lui  apparut  plein  de  menaces  et  lui  re|>r. -  h  i 
la  captivité  qu'il  faisait  subir  k  son  saint  preJ"- 
cesseur.  Le  Pape,  effrayé,  envoya  à  Fumoue, 
pendant  la  nuit,  pour  s'enquérir  de  la  façon  dont 
on  traitait  l'homme  de  Dieu. 

Les  messagers  arrivèrent  de  grand  matin.  Or, 
ils  aperçurent  le  bienheureux  Pierre  A  l'autel  et 
qui  célébrait  une  messe  de  Htquiem,  bien  que  ce 
fût  le  jour  de  la  fête  de  saint  Jean-Baptiste.  A 
l'élévation,  ils  le  virent  eu  extase  et  soulevé  de 
terre,  ce  qui  dura  jusqu'à  la  fin  de  la  messe. 
Quand  elle  fut  achevée,  le  vieillard,  à  qui  une 
révélation  avait  tout  appris,  confia  aux  messa^'er-^ 
les  paroles  les  plus  consolantes  pour  le  Pape 
Boniface  envers  lequel  il  conserva  toujours  le> 
seiiliiuents  de  la  plus  tendre  vénération. 

Puis  il  consentit  à  leur  expliquer  pourquoi  il 
célébrait  une  messe  de  Htijuiem  un  jour  de  m 
grande  fêle.  Celle  nuit-là  même,  leur  dit-il,  sou 
ami,  le  roi  de  Hongrie,  élail  mort.  Dieu  le  lui 
avait  fait  connaître,  en  même  temps  que  l'arriver 
des  messagers.  Il  avait  célébré  de  si  grand  matin, 
parce  qu'il  ne  voulait  pas  faire  attendre  à  celte 
pauvre  àme  le  fruit  de  ses  suffrages.  A  l'offer- 
toire, il  avait  vu  son  Ime  pénétrer  dans  le  sein 
de  Dieu. 

Les  envoyés  retournèrent,  pleins  de  joie  et 
d'admiration,  raconter  au  Pape  tout  ce  qu'ils 
avaient  vu. 

LA  auHT  DU  9AI.NT  PlULKI  ciLSSTIN 

Depuis  neuf  mois,  le  saint  prisonnier  vivait  à 
Funione,  lorsque  Dieu  lui  révéla  que  l'heure  de 
sa  mort  approchait.  Ce  fut  pour  lui  l'occasion  de 
redoubler  de  rigueur  dans  ses  austérités.  Un 
dimanche,  au  sortir  de  la  Sainte  Messe,  il  se 
sentit  définitivement  atteint.  Quand  il  eut  reçu 
tous  les  sacrements,  il  entra  en  agonie  -""■ 
lèvres  défaillantes  s'essayaient  encore  à  r>  |  •  i  i 
les  paroles  des  psaumes  qu'il  avait  chant>  --.  i 
vie  entière,  au  pied  des  autels.  Ses  dem 
mots  furiMit  les  dernières  paroles  du  d' 
psaume  de  David:  Omiiù  (pirUu$  laudet  Dur. 
Que  toute  créature  loue  le  Seigneur!  i'ii  i 
rendit  son  àino  à  Dieu.  C'était  on  saiiiidi,  U 
la  mai  liM.  Saint  Pierre  Célestin  éUit  Agé  de 
quatre-vingt-un  ays. 

Ses  reliques  sont  conservées  en  l'église  Sainte- 
Marie  de  Cdlleiii.idi  d'Aquila. 

L'Ordre  des   (;c'le5liii5    briM-i    1iiiil1..mi[is    ,I'ui, 
vif  éelal   dans  ^K^Il^^•.  Il    >1 
siècle  dernier  dan»  ce  couru  :  ■ 

qui  envahit  alors  l'Kurope. 

L'n  véii.Wable  reli^irui.  I).n;i  Aurélien  vlei.t 
'.',■,:,.!,.  ^.i  ■      '       ■ 

,,..    ,,    .,.ii,,;i..  ..|.  ■  .  •  ..  .,...,.. 

I    «  Célestin»  de   l'Ordio  du  batul-Ucuoil  vt  du  ii 

I  Coiigr-'galioii  ile  Fraiieo.  ■ 


Inip 


K    i'>TiiM>N>T    »,  rue  hr«ii^"it  l-',  r*ii». 


SÂIXT  BERNARDIN  DE  SIENNE,   FRANCISCAIN 


Fête  le  iO  mai. 


Bernardin,  devenu  brillant  cavalier,  faisait  de  longues  absences;  sa  parente,  Tobie,  inquiète 
pour  sa  vertu,  le  suit  un  jour  et  le  voit  demeurer  longtemps  hors  la  ville,  en  prières  devant 
la  Madone  placée  au-dessus  de  la  porte  de  Sienne.  Ses  inquiétudes  cessent. 


L  riFAttr  Dl  HABIB 


Ce  saint  fut  toute  !<a  vie  l'enfant  chéri  de  la 
Sainte  Vierge.  C'est  donc  par  une  heureuse  coïn- 
cidence que  sa  fête  se  Iroure  placée  an  milieu 
du  mois  consacré  à  celle  qu'il  aima  d'un  amour 
si  tendre  et  si  constant. 


Bernardin  naquit  le  8  septembre  l.'JSO,  le  jour 
de  la  naissance  de  la  Sainte  Vierce,  &  Massa,  en 
Toscane,  où  Toile,  son  père,  Siennois,  de  l'illustre 
famille  des  Albiiesrhi,  Rouvernait  en  qualité  de 
premier  magistrat.  Sa  mère,  Néra,  bien  diif^ne  par 
sa  piété  de  posséder  un  tel  fils,  ne  devait  pas 
joair  du  spectacle  de  ses  vertus,  car  elle  raourat 


67 


r 


jr.aiiii  il  n'avaii  'ine  trois  ans.   Sur   son   lit  de 
'■•-.'  ■  ' latà sa  sœur  DLine,  qui  fut 

t  «ne  seconde  mère.  A  srpt 
,  :~,  !■  . .  ;n.  ;  i  ,  J.t  son  père.  î)ès  lors,  le  soin 
do  sou  éducation  revenait  tout  entier  à  cette 
jiarenlc  qui  l'accepta  avec  joie.  On  vit  éclore  peu 
a  peu,  sous  sa  sase  direction,  les  germes  de  vertu 
que  renfermait  l'ftme  de  l'enfant.  Dans  un  âge  st 
tendre.  Bernardin  6tail  modeste,  doux,  humble, 
pieux  ;  il  faisait  ses  délices  de  la  prière  et  de  la 
visite  des  é^'lises.  Très  attentif  aux  sermons,  il 
répétait  à  ses  compamions  les  paroles  qu'il  avait 
entendues,  et  il  le  faisait  avec  tant  de  fidélité  et 
de  pràce  qu'il  était  facile  de  prévoir  ce  qn'fl 
serait  plus  tard. 

Sa  vive  sensibilité  le  portait  aussi  à  aimer  ten- 
drement le  prochain.  Un  jour,  sa  tante,  ayant 
renvoyi-  un  pauvre  sans  nen  lui  donner,  parce 
qu'il  n'y  avait  qu'un  pain  dans  la  maison  pour 
le  dîner  de  toute  la  famille.  Bernardin  lui  dit, 
les  larmes  aux  yeux: 

"  Pour  l'amour  de  Dieu,  donnons  quelque 
chose  à  ce  pauvre  homme,  autrement,  je  ne 
pourrai  rien  mani-'er  aujourd'hui.  J'aime  mieux 
me  passer  de  dîner  que  de  laisser  jeûner  ce 
malheureux.  » 

Sa  tante,  au  lien  de  s'irriter  de  tant  de  charité, 
satisfit  avec  bonheur  à  son  pieux  désir. 

A  peine  eut-il  atteint  l'ige  de  onze  ans  qnll 
dut  se  séparer  de  celle  qui  avait  guidé  saa«nfance 
pour  se  rondre  à  Sienne  auprès  de  s«8  oncles 
paternels, Christophe  et  Ange -Mbiïe.  ■  "  ci, 
ili^sireux  de  cultiver  ses  heureuses  us. 

le  mirent  sous  la  conduite  de  deux  cch-imt>  pro- 
fesseurs: Onuphre,  le  praramainen,  el  Jean  de 
Spolète.  Hernardin  profita  h  merveille  de  leurs 
doctes  leçons.  Il  fut  bientiM  à  la  tête  de  tous  ses 
condisciples  qu'il  dépassait,  non  seulement  «-n 
intelligence  et  en  savoir,  mais,  ce  qui  vaut  mieax, 
en  docilité  et  en  vertu. 

Il  s'appliqua  surtout  avec  un  soin  extraordi- 
naire à  veiller  sur  la  pureté  de  son  ime.  An 
milieu  de  ce;  écoliers  formés  à  la  vie  desuniver- 
sitt*s,  querelleurs,  libertins,  séditieux.  Bernardin 
conserva  sa  première  inDoc<n<-e.  S'il  entendait 
un  mot  blessant,  son  visage  se  couvrait  au-Mtùt 
d'une  vive  rougeur  qui  témoignait  la  |>«ine  qu'il 
en  ressentait. 

Parfois,  ct|'-ndant,  il  ne  s«  .  ;  pas  de 

rougir.   Un    !<'Ur,   un  homme  -.  ayant 

prononcé  ei  '      'e, 

Bernardin,  .  'S- 

sant  tout  à  <  m  u  utic  -  lmmc  •  "icre, 

lui  ferma  I  i  v.  coup  de  pomg  si  vio- 

lent qu'il  I'  '■•   'i  "'ice.  L*  nolite 

libertin,  dr.  irs,  se  relira 

confu.s.  Mai  .  ,         ;;.ippa  si  vive- 

ment qu'il  ;  de  se  corri;.'er.  Il  tint 

parole,  et,    ;  les  foi»  qu'il  entendait 

prêcher  Iti-i luirdin,  le  s>>u\enir  de  cette  correc- 
tinn  le  feiuit  fondre  «n  Jaruie*. 

!  vertu  nu^'ii   vaillante,  le   vice 

et .  ...s.scr  pavillon.  Des  que  It  Saint 

parai.>s,-iit: 

«  Taisons-nous,  disaient  le*  libertins,  voici 
II-  '  '  »» 

i  le  secret  de  cette  énergie  si  extr«Ar- 
d.  ■      t.'rrf    -   ^  v  rie. 

'   le,  il  avait  pn» l'habi- 

1  ir  '    "f;    ;   ■   b(Mine«r, 

!  «n  lai  daa- 


lu.. 
•t  11 


<i  Laelame  de  mes  pensées  est  la  plus  belle  du 
monde  u,  répondit  Kernardin. 

lit  comme  leur  curiosité  était  piquée,  le  pieni 
ieune  homme  en  prollta  pour  les  conflmrc  devant 
la  statue  de  la  Reine  du  ciel. 

La  pensée  de  la  Sainte  Vierge  remplissait  en 
effet  son  esprit,  et  la  pureté  immaculée  de  Marie 
ravissait  son  cœur. 

Tobie,  une  de  ses  parentes,  tertiaire  de  Saint- 
François,  à  qui  la  piété  et  un  ft'je  avancé  donnaient 
des  dr<^  de  sollicitude  -  voyant  l'enfant 

devenir  un  cavalier  br..  ;iiut  des  séduc- 

tions qne  le  monde  pouvait  e.\ercer  sur  cette 
jeune  âme  et  l'avertit  de  ses  craintes;  il  lui 
répondit: 

«  Je  suis  déjà  pris  par  l'amour,  car  je  sens 
que  je  mouirai  le  jour  même  où  je  ne  pourrai 
voir  celle  qui  m'est  chère.  • 

D'autre'  fois  il  ajoutait: 

<•  Je  m'en  vais  voir  celle  que  j'aime,  qui  est 
plus  belle  et  plus  noble  que  toutes  les  tilles  de 
Sienne.  » 

Tobie,  entendaat  ces  paroles  et  n'en  compre- 
nant pas  le  sens,  était  profoiid«înient  afiligèe  et, 
voulant  une  fois  éclaircir  les  soupçons  qui  la 
désolaient,  elle  le  suivit  secrètement;  elle  le  vit 
de  loin  s'arrêter  de  vaut  l'image  de  Marie,  sculptée 
au  fronton  d'une  des  portes  de  Sienne.  Iji,  à 
genoux  sur  le  sol.  Bernardin  récita  pieusement 
ses  prières,  et  lorsqu'il  les  eut  limes,  il  s'en 
retourna  tout  droit  à  la  maison.  Tobie  connaissait 
dé.sormais  le  secret  de  son  jeune  parent,  et  cessa 
de  trembler  pour  lui. 

Au  milieu  dçs  exercices  de  la  piété,  le  ver- 
tueux jeune  homme  poursuivait  ses  études  avec 
une  ardeur  que  le  ciel  récoiniiensait.  Dès  l'âge  de 
trciie  ans,  il  avait  fini  son  cours  de  philosophie, 
il  étudia  alors  le  droit  civil  et  canonique,  puis 
les  Saintes  Ecritures. 

Dès  «lu'il  eut  goûté  à  celte  dernière  élude, 
toutes  les  autres  sciences  lui  jiarurent  sans 
attrait;  il  employait  le  jour  et  la  nuit  à  lire  et  à 
comprendre  rEva%'ilc,  et  sa  vie  entière  à  le 
mettre  «d  pratique. 

LB  snvrrsca  ses  vauvrks 


Ini 


1  iMir  4« 

■  "•liniP. 


y  « 

une  humble 
Vi^ge,  dc-ti: 
n.irilin,  ses   ■ 
admettre;  il  .oui   ai 
spictacJe  louchant  d 

ciirpi  fri" "•    ' 

de  toute- 

revéïu  il.     -; .;    -■ 

pauvres  d;<(i-   leurs  maladie»    \--> 
santés, -^  Il        .    laisser  rebuter,  i      i 

de  l'am" 
ctiair,  et 

lon«ue»  niéiiil.ilicius  cl  d  ai. 
Kn  K'X).  la  |v-str,  «jul  «v.u 


'""  "    ;tal  delta  Scala, 

lii'iriplinés  ilc  la 

Qi      inai.ides.   Iter- 

*•   li.'ita    lie  s'y   faire 

^-  '   ,iii>.  Ce  fut  un 

nie  homme  au 

■•■      Il 


plus  n'piiiis- 

.11  1    s  nun'irev 

.\r    l.l 


que  le  pers.iiiiwl  de  \'>  \ 

presque  tout  entier  par  lu  U'.au.  te  : 

occasion  que  Bernardin  fit  paraître 

menl  sa  chai     '    '■'   '        i!'-: 

mi^inc  pour  I  il  lit 

Uni  par  «B^  M  11  fn  1  ■  H  • 

a«ar  «e  j«iimii«M  à  li 

cetraaityrt<)ud4von«inri>i,  I»   .1     i'  ,uii  i"-i  <•,■ . 

•'eipa-.vtn-iit  à  la  oontairioti    --itit  an    r^rr\n\r 

.1  i.  m  •    itii  uil<' 


Au  bout  de  ce  temps,  la  peste  ayant  cessé, 
Bernardin,  épuisé  de  fatigues,  tomba  dans  une 
fièvre  violente  qui  l'obligea  quatre  mois  à  (.'arder 
le  lit.  Il  supporta  cette  épreuve  avec  résignation 
et  édifia,  autant  par  sa  patience  et  sa  docilité  qu'il 
l'avait  fait  par  sa  charité. 

C'est  pendant  cette  longue  maladie  qu'il  se 
fortifia  dans  son  projet  de  se  consacrer  entière- 
ment à  Dieu. 

A  peine  fut-il  rétabli  qu'il  se  mit  de  nouveau 
au  service  des  malades.  Une  de  ses  tantes, 
ermite  de  Saint-Augustin, accablée  de  souffrances, 
avait  réclamé  ses  services.  Bernardin  la  soigna 
plus  d'un  an,  comme  l'aurait  fait  le  fils  le  plus 
dévoué  et  lui  ferma  les  yeux. 

BEBNARDIN  PRIE  POCR  SA  VOCATION 

Ce  devoir  accompli,  notre  Saint  se  retira  chei 
un  de  ses  amis,  aux  extrémités  de  Sienne,  et  se 
fixa  pour  clôture  absolue  les  murs  de  son  jardin. 
Dans  cette  solitude,  il  s'appliqua  à  l'oraison  et 
à  la  pénitence,  afin  d'appeler  les  lumières  du 
ciel  sur  la  route  'qu'il  devait  suivre. 

Un  jour  qu'il  répandait  son  cœur  devant  un 
crucifix,  il  entendit  une  voix  qui  lui  disait  :  «  Ber- 
nardin, tu  me  vois  dépouillé  de  tout  et  attaché  à 
une  croix  pour  ton  amour;  il  faut  donc  aussi,  si 
tu  m'aimes,  que  tu  te  dépouilles  de  tout  et  que 
tu  mènes  une  vie  crucifiée.  >> 

Pour  suivre  ces  conseils,  Bernardin  résolut 
d'entrer  dans  l'Ordre  de  saint  François.  Il  prit 
l'bahit  au  couvent  de  Colombière,  a  quelques 
kilomètres  de  Sienne,  le  8  septembre  i404, 
vingt-deuxième  aniiiversaire  de  sa  naissance.  Il 
est  à  remarquer  que,  dans  les  trois  années  qui 
suivirent,  c'est  à  ce  Jour  où  l'Eglise  célèbre  la 
fête  de  la  Nativité  de  Notre-Dame,  qu'il  fit  sa 
profession,  célébra  sa  première  messe  et  prêcha 
son  premier  sermon.  C'est  ainsi  que  la  Sainte 
ViAr:,'e  voulut  présider  à  sa  triple  vocation  de 
reli.ieux,  de  pri^tre  et  d'apOlre. 

Des  son  entrée  dans  la  vie  religieuse,  Bernar- 
din, non  content  de  suivre  la  "règle  de  saint 
François,  déjà  si  austère,  s'appliqua  à  détruire 
en  lui,  à  force  de  veilles,  de  jeunes  et  de  raorti- 
fii-alions,  tonte  attache  au  monde.  Il  recherchait 
avec  empressement  les  mépris,  les  humiliations 
«l  les  mauvais  traitf-meuf-.  Son  plaisir  n'était 
jamais  plus  grand  que  lorsqu'en  marchant  dans 
tes  rues,  les  enfants  lui  disaient  des  injures  et 
lui  jetaient  des  pierres,  à  cause  de  la  pauvreté 
de  «on  habit  et  de  la  nudité  de  ses  pieds  :  «  Lais- 
sons-les faire,  disait-il  à  ceux  qui  laccompa- 
pialent,  ils  nous  fournissent  l'occasion' de  gagner 
te  ciel.  » 

LK    PHBOICATEOa 

Lorsqu'il  eut  fait  sa  profession,  ses  supérieurs 
lui  ordonnèrent  de  faire  valoir  son  talent  pour 
la  prédication  que  nous  avons  vu  s'annoncer 
d'une  manière  si  étonnante  à  l'époque  de  son 
enfance. 

Il  trouva  d'abord  de  grandes  difficultés  dans 
une  faiblesse  de  voix  accompagnée  d'enrouement; 
mais  sa  bonne  M- re  était  là.  A  peine  leul-il 
invoquée,  que  sa  voix  devint  pure  et  éclatante. 
Il  reçut  en  même  temps  toutes  les  qualités 
n-'  c-saires  à  un  pr^'lic^iieur  :  l'inlelligejice  des 
saintes  lettres,  lèlègance  de  la  composiliou,  la 
beaul''  du  geste  et  surtout  un  feu  et  un  lèle 
admiraldes  pour  la  conversion  des  âmes.  Aussi, 
sa  I ndiralion  produisit-elle  en  Italie  des  fruit» 
rnorv-ill'in. 


On  ne  pouvait  entendre  sai:3  émotion  saparole 
toute  brûlante  de  charité.  Les  piciieurs,  pris 
soudain  de  repentir,  fondaient  eu  larmes  et 
retournaient  chez  eux  corrigés.  Les  hommes 
venaient  déposer  entre  ses  mains  les  dés,  les 
cartes  et  autres  instruments  de  jeux  défendus; 
ies  femmes  lui  apportaient  leurs  dorures,  leurs 
cheveux,  leurs  fards  et  tous  ces  objets  de  vanité 
qui  pervertissent  l'àme  en  embellissant  le  corps. 

A  cette  époque,  l'Italie  était  mise  à  feu  et  à 
sang  par  la  guerre  des  Guelfes  et  des  Gibelins  ; 
le  Saint  parvint,  à  force  d'exhortations,  à  adoucir 
les  esprits  et  à  désarmer  des  adversaires  jusque- 
là  irréconciliables. 

Au  reste,  la  punition  ne  tardait  point  lorsqu'on 
méprisait  ses  conseils .  On  assure  qu'ayant 
prêché  quatre  discours  sur  la  nécessité  de  la 
réconciliation  générale,  il  s'écria  à  la  fin  du 
dernier  :  «  Que  tous  ceux  qui  ont  des  sentiments 
de  paix  viennent  se  ranger  à  ma  droite.  »  Un 
jeune  gentilhomme  resta  seul  à  sa  gauche  et 
murmura.  Le  Saint  le  reprit  sévèrement  et  lui 
prédit  une  fin  misérable  ;  ce  qui  se  vérifia  peu 
de  temps  après. 

Si  l'on  ajoute  au  don  de  l'éloquence  celui  des 
miracles,  on  comprendra  quelle  influence  les 
paroles  de  Bernardin  devaient  avoir  sur  les 
peuples  qu'il  évangélisait. 

Une  petite  fille  étant  venue  au  monde  avec 
deux  ulcères  terribles,  dont  un  sur  la  poitrine, 
par  où  sortait  le  souffle  de  ses  poumons,  elle  l'ut 
guérie  par  une  bénédiction  qu'il  lui  donna.  Un 
autre  enfant,  qui  était  presque  mort,  fut  rétabli 
en  parfaite  santé,  et  un  homme  fut  délivré  du 
mal  caduc  par  la  force  de  ses  prières. 

Ses  ennemis  eux-mêmes  avaient  part  à  ses 
bienfaits.  Un  couvreur  se  moquant  de  lui,  comme 
il  passait  dans  la  rue,  tomba  du  toit  sur  lequel 
il  était  monté  et  se  brisa  tout  le  corps;  mais, 
ayant  reconnu  sa  faute,  il  recouvra,  après  la 
bénédiction  du  Saint,  l'usage  de  ses  membres. 

Un  jour,  un  pauvre  lépreux  lui  demanda  l'au- 
mône, Bernardin,  qui  ne  portait  jamais  d'argent, 
lui  donna  ses  souliers.  A  peine  le  malheureux 
les  eut-il  chaussés  qu'il  se  sentit  soulagé  :  il  vit 
disparaître  peu  après  toute  trace  de  sa  terrible 
maladie. 

Souvent,  notre  Saint  parcourait  à  pied  les 
campagnes,  portant  çà  et  là  le  grain  de  la  parole 
divine.  Comme  il  se  rendait  a  .Mantoue,  où  il 
devait  prêcher,  il  arriva  sur  les  bords  d'une 
rivière  que  la  profondeur  de  l'eau  ue  lui  per- 
mettait pas  de  traverser  à  gué.  Un  batelier  se 
trouvait  là  :  le  Saint  lui  demande  de  vouloir  bien 
Je  conduire  à  l'autre  bord,  mais  celui-ci  refuse, 
parce  que  Bernardin  n'a  pas  d'argent  à  lui 
donner.  Confiant  dans  le  ciel  pour  lequel  il  va 
Iravailicr,  le  serviteur  de  Dieu  étend  alors  son 
manteau  sur  les  eaux  et,  sur  ce  frêle  esquif,  il 
traverse  la  rivière  à  pied  sec. 

Ces  prodiges  arrivaient  parfois  au  milieu  dé 
ses  sermons  et  en  augmentaient  l'efTet.  C'est 
ainsi  que,  faisant  lélo^-e  de  la  Sainte  Vierge, 
il  lui  appliqua  ces  paroles  de  l'Apocalypse  : 
<•  Un  ^rand  signe  est  apparu  au  ciel.  »  Au 
même  instant,  une  étoUe,  d'une  admirable 
clarlè.  apparut  au-dessus  de  sa  tête,  aux  yeux  de 
l'auditoire  ébloui. 

Une  autre  fois,  prêcJianl  devant  des  Grecs  qui 
ne  savaient  pas  l'italien,  il  se  fit  comprendr»' 
d'eux  comme  s'il  avait  parlé  leur  langue  mater- 
nelle. 

Bernardin,  apôtre  inspiré  et  thaumaturge, 
possédait  à  un  degré  éminent  une  qualité  sans 


laquelle  les  prédicateurs  ne  sauraient  conquérir 
les  âmes.  A  l'exemple  de  Jésus-Christ,  il  pra- 
tiquait lai-méme  tout  ce  qu'il  enseignait  aux 
autres.  Au  milieu  de  ses  travaux  évangéliques  si 
nombreux  et  si  absorbants,  il  n'omettait  aucun 
des  exercices  de  la  règle  franciscaine.  Toutes  les 
nuits,  il  se  levait  pour  assister  à  l'office,  et  le 
matin,  après  avoir  dit  sa  messe,  il  consacrait 
une  heure  entière  à  l'oraison.  Son  humilité  était 
si  grande  qu'il  ne  marchait  que  la  tête  baissée, 
comme  un  coupable  ;  il  n'entreprenait  jamais 
rien  sans  demander  conseil  à  ceux  qui  l'en- 
touraient. 

Il  eut  souvent  des  combats  à  soutenir  pour  la 
chasteté;  mais  il  en  sortit  toujours  victorieux. 
Un  jour,  tandis  qu'il  faisait  la  quête,  une  dame 
le  pria  d'entrer  chez  elle  pour  lui  donner  son 
aumône.  Lorsqu'il  fut  entré,  elle  lui  découvrit 
effrontément  la  passion  qu'elle  avait  depuis 
longtemps  pour  lui  et  lui  diklara  que,  s'il  n'y 
consentait,  elle  allait  appeler  au  secours  comme 
s'il  lui  faisait  violence,  et  le  couvrir  ainsi  de 
honte .  Un  accident  si  imprévu  embarrassa 
d'abord  saint  Bernardin,  mais,  ayant  invoqué  la 
Sainte  Vierge,  il  reçut  subitement  l'esprit  de  con- 
seil, et,  non  seulement  il  se  lira  avec  une  pru- 
dence admirable  de  ce  danger,  mais  il  excita  un 
vif  repentir  dans  le  cœur  de  cette  dame  qui, 
depuis,  resta  lidèle  à  son  mari. 

Là  ne  se  bornent  pas  les  épreuves  de  notre 
Saint.  La  première  fois  qu'il  prêcha  à  Milan,  le 
duc  Philippe-Marie  Visconti  se  laissa  prévenir 
contre  lui  à  l'occasion  de  certaines  paroles  qu'il 
avait  prononcées  dans  ses  sermons.  11  lui  ordonna 
même,  sous  peine  de  mort,  de  changer  de  lan- 
gage. Bernardin  déclara  généreusement  que  ce 
serait  pour  lui  un  grand  bonheur  que  de  mourir 
pour  la  vérité.  Le  duc  voulut  alors  le  corrompre 
pour  le  décrier  ensuite  et  montrer  au  peuple 
que  ce  prédicateur,  si  désintéressé  en  apparence, 
n'était  pas  insensible  à  l'appât  des  richesses.  Il 
lui  envoya  donc  une  bourse  de  cinq  cents  ducats, 
le  priant  d'en  disposer  pour  ses  propres  besoins. 

'I  Dites  à  votre  seigneur  et  maître,  répondit 
Bernardin  à  l'officipr  chargé  de  lui  remettre  ce 
présent,  que  saint  François  a  pourvu  à  tous  les 
besoins  de  ses  enfants,  et  ne  leur  a  laissé  d'autre 
sollicitude  que  celle  de  servir  Dieu  eld'étre  utile 
au  prochain.  » 

Touché  de  cette  remontrance,  le  duc  fit 
reporter  les  ducats  au  saint  homme,  en  le  priant 
d'accepter  cette  aumâne  pour  la  distribuer  aux 
pauvres.  ••  Si  cela  est,  dit  le  Saint  au  messai-'er, 
suivez-moi  jusqu'aux  prisons,  »  et  là,  en  sa  pré- 
sence, il  délivra  un  grand  nombre  de  prisonniers 
pour  dettes  qui  y  étaient  détenus. 

Une  conduite  aussi  généreuse  acheva  de  désa- 
buser le  duc  de  Milan  :  il  conçut  pour  le  Saint 
une  vénération  profonde  dont  il  ne  se  départit 
jamais. 

L(  SAl:<T  NOM    DE  JRSL'S 

C'est  à  Bernardin  de  Sienne  que  remonte  la 
dévotion  au  saint  nom  de  Jésus.  Il  ne  pouvait 
prononcer  ce  nom  sacré  sans  éprouver  des 
transports  extraordinaires.  Souvent,  k  la  fin  de 
ses  sermons,  il  montrait  au  peuple  un  tableau 
»ur  lequel  le  monogramme  du  Christ  J.H.S.  était 
intcril  en  lettres    d'or  environnco  de  rayons. 


Il  invitait  alors  ses  auditeurs  à  se  mettre  à 
eenoux  et  à  s'unir  à  lui  pour  adorer  le  Rédemp- 
teur des  hommes. 

Cette  dévotion,  taxée  tout  d'abord  de  nou- 
veauté, lui  attira  beaucoup  de  désagréments. 
Certains  termes  qu'il  avait  coutume  d'employer 
furent  interprétés  d'une  façon  maligne.  Averti 
par  des  personnes  envieuses,  le  Souverain  Pon- 
tife Martin  V  envoya  chercher  Bernardin  et  le 
condamna  à  garder  le  silence  pour  toujours. 
L'humble  religieux  se  soumit  sans  chercher  à  se 
justifier.  Mais  le  Pape  ne  tarda  pas  à  découvrir 
la  calomnie. 

Après  avoir  mijrement  examiné  la  conduite  et 
la  doctrine  du  serviteur  de  Dieu,  il  reconnut  son 
innocence,  le  combla  d'éloges  et  lui  permit  de 
prêcher  partout  où  il  lui  plairait.  Il  le  pressa 
même  d'accepter  l'évéché  de  Sienne.  Mais  le 
Saint  trouva  moyen  d'éluder  cette  proposition. 

Eugène  IV,  successeur  de  Martin  V,  lui  offrit 
sans  plus  de  succès  les  évêchés  de  Ferrare  et 
dUrbin.  Un  jour,  il  lui  mit  de  ses  propres  mains 
la  mitre  sur  la  tète  :  ce  fut  en  vain.  Le  Saint 
voulait  mourir  dans  la  robe  du  religieux,  chère 
à  son  humilité,  et  dans  les  fonctions  de  l'apos- 
tolat, auxquelles  il  avait  consacré  sa  vie. 

Non  content  d'être  utile  aux  séculiers,  saint 
Bernardin  de  Sienne  travailla  aussi  à  la  perfec- 
tion de  ses  frères.  Elu  vicaire  général  de  son 
Ordre,  il  rétablit  l'étroite  observance  dans  plu- 
sieurs couvents,  et  il  en  fit  bâtir  un  grand  nombre 
de  nouveaux,  à  la  plupart  desquels  il  donna  le 
nom  de  Sainte-Marie  de  Jtsus,  alliant  ainsi  les 
deux  dévotions  si  chères  à  son  cœur.  Quand  il 
prit  l'habit,  il  n'y  avait  pas  plus  de  vingt  monas- 
tères de  l'étroite  observance  dans  toute  l'Italie, 
et  environ  deux  cents  religieux.  Lorsqu'il  mourut, 
il  y  avait  plus  de  (rois  cents  couvents  et  près  de 
cinq  mille  religieux. 

Trois  ans  après  son  élection,  il  partagea,  avec 
saint  Jean  de  Capislran,  son  disciple,  cette  charge 
devenue  trop  lourde  pour  ses  épaules  alTaililies 
par  toute  sorte  de  travaux.  Puis,  ses  inlirniités 
augmentant,  il  dut  s'en  démettre  tout  à  fait.  Il 
n'en  recommença  pas  moins  ses  courses  aposto- 
liques. Une  lerriule  sédition  ayant  éclaté  à 
Massa,  lieu  de  sa  naissance,  il  rétablit  tout  dans 
l'ordre  par  un  discours  fort  pathétique  sur  l'union 
et  la  charité  chrétienne. 

Ce  fut  son  dernier  bienfait.  Attaqué  par  une 
fièvre  maliiine,  il  fut  averti  par  saint  Pierre 
Célcstin,  qui  lui  apparut  auprès  de  la  ville 
d'Aquila,  que  sa  fin  était  proche.  Une  fois  muni 
des  sacrements,  le  Saint  pria  se»  frères  de 
l'étendre  sur  le  sol  nu  de  sa  cellule, afin  qu'il  lui 
fut  donné  de  rendre  le  dernier  soupir  de  la 
même  manière  que  son  Père  saint  François.  C'est 
ainsi  qu'il  rendit  son  âme  à  Dieu,  la  veille  de 
l'Assomption,  à  l'heure  des  Vêpres,  tandis  qu« 
l'on  chantait  au  chœur  cette  antienne  : 

Mon  Pire,  j'ai  fait  connaitrt  votre  nom  aux 
hommei  que  vous  m'orez  donnés  :  maintenint,  jt 
prie  pour  eux  et  non  pour  U  monde,  parce  que  je 
viens  à  vous. 

Il  éUit  âgé  de  «t  ans.  Il  nom  reste  d»  lui  de 
nombreux    livres   de    piété  qui  ut  i.ii 

riche  trésor  pour  les  prêtre»  et  I  ^e» 

iTUvrei  complètes,  imprimée»  à  l'aii>,  eu  16J6, 
forment  l  volumes  in-folio. 


If  gfrani  .  t.  r«iiTU««"i 


lllijtrilti'-r tr    1"     l»n<>^   \|i«i,    ^\ 


liai  aril,   l'trt». 


SALME    GISELLE    OU   ISBERGUE 

FILLE    DE    PÉPIN    LE    BREF    ET    SŒUR    DE    CHARLEMAGNE 


Fête  le  2 1   mai. 


Sainte  Giselle  letrouve  le  corps  de  saint  Venant. 


DE  LA  JOYEUSE  NAISSANCE  DE  GISELLE  ET  DU  THES 
ILLC9TBE  PARRAIN  QL'eLLE  EUT  AU  SAINT  BAPTÊME 
—  DU  BEAU   >0«    qu'elle  REÇUT 

Ce  fut  vers  l'an  "50  que  naquit  rilluslre  prin- 
cesse, fille  du  roi  Pépin  et  sœur  du  Krand  Charles. 
La  naissance  de  lenlant  fut  pour  la  famille  royale 
une  Rrande  hénédiction  du  Sei;.'neur.  Si  l'èpin 
était  heureux  d'avoir  reçu  du  ciel  une  fille  bénie, 
son  épouse  bien-aimée  éprouvait  une  joie  indi- 
cible d'être  devenue  mère  d'une  enfant  tant 
désirée  et  qui  lui  semblait  ne  pas  devoir  êlre 
une  enfant  ordinaire.  Elle  était  toute  à  sa  (ille, 
et  pour  elle,  elle  oubliait  et  les  félicitations,  et 
les  couronnes,  et  les  trAnes;  c'était  sur  sa  fille 
seule  que  devait  s'épancher  toute  son  affection, 
toute  la  force  de  son  amour  :  aussi,  avec  quelle 
tendresse  la  pieuse  reine  pressait-elle  la  chère 
petite  sur  son  cœur  maternel  ! 

Quelque  temps  auparavant,  la  dynastie  carlo- 
vin|.:ienne  avait  été  puissamment  glorifiée  par 
le  pape,  c'est  pourquoi  le  chef  de  cette  famille 
voulut,  par  une  très  pieuse  reconnaissance, 
elorifier  à  son  tour  le  pape. 

Le  roi  envoya  donc  au  pape  Etienne  II  des 
jépulés  afin  de  lui  demander  de  vouloir  bien  lui- 


même  donner  un  nom  à  sa  fille  chérie  et,  par  ce 
moyen,  affermir  les  bons  rapports  qui  devenaient 
de  plus  en  plus  intimes  entre  la  papauté  et  la 
France. 

Les  affaires  de  l'Eglise  retenaient  impérieu- 
sement le  pape  à  Rome;  il  resretta  beaucoup 
ne  pas  pouvoir  venir  en  personne  à  la  cour  de 
France,  mais  il  se  fit  remplacer  par  un  des 
premiers  dij^nitaires  do  la  cour  pontificale. 

Le  baptême  de  la  chère  enfant  se  fit  au  milieu 
des  plus  grandes  magnificences  et  de  la  pompe 
la  plus  éclatante  :  tous  les  grands  du  royaume  et 
le  haut  clergé  assistaient  à  cette  cérémonie.  Le 
prélat  qui  reçut  l'enfant  à  sa  sortie  du  bain 
surnaturel  lui  donna  le  nom  de  Ghirla. 

Voici  en  deux  mots  l'histoire  de  ce  nom  si 
suave;  Etienne  vient  d'un  mot  grec  qui  signifie 
couronne  ;  Pépin  avait,  peu  auparavant,  reçu  du 
pape  la  couronne  de  France.  Il  était  tout  à  fait 
convenable,  dit  un  auteur,  que  la  fille  spirituelle 
de  celui  qui  sp  nommait  couronne,  la  fille  de 
celui  qui  venait  d'être  couronné,  fût  elle-même 
appelée  d'un  nom  qui  rappelât  à  chaque  instant 
ce  double  fait. 

Or,  (îhirla  est  l'abrégé  de  r.hirlanda,  qui  veut 
dire  couronne  de  Heurs:  on  s'accoutuma,  d.ins  la 


32G 


suite,  à  prononcer  (lliisla.  Après  la  inorl  de  la 
Sainte,  on  donna  à  la  montai-'np  on  repose  sou 
corps  le  nom  île  m<Mitaj£rne  de  (■hy^la  luonta^'ne 
de  (iiselle  ou  rihisle-lierL'.  Pins'  lard,  on  lut 
Isle-berj;,  puis  Is-berg  el  lïbLTf.'ue,  nom  sous 
lequel  est  ordinairement  désignée  la  Sainte). 

LA    VIE  DE   GISELLE   DÉJÀ    PLEINE    DE    GRANDES   CHOSES 
DÈS    SES   TKOiS    ANS 

Tiiselle  était  une  de  ces  Ames  d'élite  que  Dieu 
préser.e  de  la  corruptimi  du  siècle,  aliii  de  les 
iirendre  pnur  ses  épouses.  Dès  son  plus  jeune 
ape.notre  petite  enTant  parut  douée  d'uu  excellent 
esprit  i-t  du  naturel  le  plus  aimable  :  les  impres- 
sions <)r  la  frr.V'e  agissaient  puissamment  sur  ce 
cœur  tendre  encore.  Ainsi  flaéle  à  la  grâce,  Dieu 
n'allait  pas  souffrir  le  partage  de  son  cœur  :  il 
l'attira,  dès  son  enfance,  à  son  amour  par  une 
union  très  intime.  Cet  appel  de  Dieu  se  fera  par 
l'iiiterraédiairc  du  père  commun  des  fldèles.  En 
edct,  le  pape  Etienne  vint  dans  lo  royaume  de 
France,  à  la  cour  de  Pépin  :  le  roi,  la  reine  berlhe, 
leurs  enfants,  les  plus  grands  seit-'ncurs  vinrent 
au-devant  du  pontife,  <|ui  fut  reçu  au  milieu  d'un 
triomphe  spicndide  et  d'une  poroi)e  inusitée.  I,e 
pape  fit  son  cntiée  joyeuse  et  salutaire  à  Paris, 
le  ti  janvier  T.M:  il  demeura  trois  mois  en  France, 
et  son  séjoui  à  la  cour  fut  pour  sa  lilloule  tiiselle 
une  précieuse  faveur  du  ciel. 

Ftienne  II,  persécuté  par  les  ennemis  du  Saint- 
Siéye,  clemanda  du  .«ecours  au  roi  Pépin  :  Giselle 
fut  pour  beaucoup  dans  l'union  de  Itomc  avec  la 
France,  car  elle  rappelait  saus  cesse  à  son  père 
que  le  iiape  était  aussi  son  père  (compater),  et 
qu'il  fallait  défendre  ses  intérêts. 

Pépin  embras-n  sa  fille  ch(5rie  et  partit  pour 
l'expédition  qui  devait  lui  apporter  tant  de  ;.'loire 
et  resserrer  encore  plus  élroitemeiil  les  litns 
d'amour  entre  la  Sainte  Eglise  et  la  Fiance,  sa 
fille  aînée.  "  Ainsi  Dieu  choisit  les  faibles  selon 
le  monde  pour  confondre  les  forts;  et  ce  qui 
n'était  rien  pour  >léiruire  ce  qui  est,  afin  que  nul 
homme  ne  sr  >:lorifie  devant  lui.  "  S.  Paul. 
I"  ép.  aux  Ci'i. 

COMIIENT    LE    BOI     l'ÉPI»    TIJTT  DEOTmCR    A  AIRE,    EN 

ARTOIS;     COMMENT     GISELLE  EST     K.M;OllE  IN      LIE.N 

O'aHOL'R      E.NTHE      HOME      ET  LA     FHA.NCE;  i:OMUIE.N 
AI>UBLJt.S    SONT    SES    VERTUS 

La  ville  d'Aire,  en  Artnis,  doit  son  nom  i^  la 

surfacf  unie  ou  aire  sur  la'pi'-lle  elle  est  hAlie. 
C'est  une  sorl*>  de  vnl  d'or  'Culditidnl  .senibinble 
aux  lieux  qui  diinii'Tent  le  jnur  nu  stand  «pAlre 
di'  l'Artois,  «.uni  «tmer.  t'/^tte  vill^.  «nlour'»»- 
d'une  riant''  ■  <>intiire  de  petites  m'>iilaL'nes. 
arrosée  par  des  rivières  nombtnuses.  eiiirtut>èc 
de  viMi'rs  poistAnn<»ux,  de  jardins  clitirmanls, 
de  for-'-ts  on  F, m  pouvait  chasser  le  icrf  et  le 
«ani.'li»'!.  (ont  «emblail  l'tre  ainsi  disposé  pour 
devenir  la  retraite  la  plus  dnucp  nn  roi,  .•!  le  lieu 
I<-  plusronvenrtlle  pour  rétluciilinn  ililellicliirlle 
et  cutititTe  d«»  ses  (Ils. 

P«Spin,  avei-  Oerthe,  «e«  deu*  fils  Charles  el 
Oiriofnan  n»i»r  t.iœll»',  Tint  <1on<-  liter  sa  il.'mMirr 
fovdl»  it  Air",  i>r*«  <l»  ^>u  parant  Injclborf .  •^n  il 
■  iimi  d'armes  ri 
ujp  »e  lli.'i  ail 
>•  nie  P^piii  nvaii   laii  |i mr 

q«i'  >    int. 

<  •  I  -■11^'',  im  <•»  moment,  pb'urnit  ta 

mi't  .    il;  -fin  «iiccfs ..  ur.  l'nul  I'   ".."  , 

ann "it.  M  ....  km  d«-  Franreitnn  joyeux  avAnoment 
nu  tnVfi^  4e  «anil  l^irre,  en  lui  exprimant  le  rit 


Ji-sir  de  voir  renouveler  entre  le  royaume  <les 
Francs  et  Home  les  mêmes  sentiments  d'amour 
ijui  avaient  uni  Pépin  et  Etienne  II. 

Le  roi  de  France,  charmé  de  cette  délicate 
attention,  envoya  aussitôt  à  Paul  une  noble 
ambassade  pour  le  féliciter  et  aussi  pour  lui 
remettre  la  petite  robe  blanche  que  i.iselle  avait 
portée  au  jour  de  son  baptême:  c'était  prier  le 
nouveau  pape  de  vouloir  bien  se  considérer 
comme  le  parrain  de  la  filleule  de  son  prédéces- 
seur. Paul  !"■  se  fit  une  joie  d'accepter;  et  ainsi 
(iiselle  continuait  d'être  un  lien  de  mulueUe 
affection  entre  Itome  et  la  France;  ainsi  s'accom- 
plissaient les  desseins  de  Dieu  sur  elle. 

Cependant,  (wselle  grandissait  :  et  aveC  l'âge,  la 
sainteté  se  développait  singulièrement  en  elle: 
elle  n'avait  rien  des  enfantillages  des  autres 
jeunes  filles  et  princesse*  de  cour;  Dieu,  qui 
l'avait  prévenue  de  ses  plus  douces  bénédictions, 
l'attirait  déjà  à  lui  par  le  fjoiit  proiimiié  qu'elle 
avait  pour  la  prière.  .\me  tendre  et  recueillie, 
elle  était  comme  une  belle  fleur  odorante,  qui  ne 
trahissait  sa  présence  que  par  le  doux  parfum 
qu'elle  répandait  autour  d'elle. 

LA   PETITE  GISELUt   ET   CHARLSMACNE 

fiiselle  aimait  tendrement  ses  deux  frères 
Carloman  el  Charles,  mais  elle  se  sentait  une 
plus  grande  inclination  pour  Charles.  Lorsque  le 
jeune  prince  était  fatigué  de  ses  exercices  dans  le 
château  avec  les  autres  jeunes  seiijueurs,  quand  il 
avait  asseï  parlé  d'or,  de  grandeur,  de  couronnes 
et  de  tnJnes,  il  venait  se  reposer  près  de  sa  su'ur 
chérie,  (iiselle,  en  maniant  l'aiguille  et  le  fuseau, 
et  en  tissant  des  linges  de  laijie  et  de  soie  pour 
les  ornements  de  l'autel,  était  heureuse  de  voir 
à  ses  côtés  son  frère  Charles.  Klle  apprenait  au 
jeune  prince  à  diriger  ses  petites  mains  et  ses 
yeux  vers  le  ciel;  ensemble,  ils  faisaient  l'offrande 
a  Dieu  de  leurs  cu-urs  innocents  et  purs;  puis  ils 
s'instruisaient  mutuellement  à  n'être  point  orgueil- 
leux, mais  modestes  et  craignant  Dieu,  tiiselle 
enseignait  à  son  frère  la  piété  et  la  vertu,  elle 
faisait  l'éducation  du  cœur  de  Charles,  ••  elle 
fiTmait  pour  la  France  et  l'Eglise  ce  Charles  qui 
devait  être  un  jour  Cbarlcniagne». 

PKI'IN    CONSTBIIT    l'NE    •'«.LISE    A     SAINT    l'IEIll.  ! 
nisELLE  Vlsmt  ET  INSTRllT  LES  OUVRIERS 

lorsque  Pépin  Tut  rendu  à   sa  famille  chdric, 

après  les  nombreuses    expéditions   igui    le  cou- 
vrirent de  ploii-e,  il  résolut  d'olliir  au  Seimeur 
un  uaire  de  son  remerciement  el  de  sa  r.  ~      • 
sance.  Il  lit  construire  une  église  ii  s.i. 
pour  les  int«Tèls  diiqui'l  il  n'avait  rc-ss,   ,..    ,  .,i., 
Iinllre  et  aux   suc<Ys->>urs  duquel  ouNti  il  avait 
voué  un  amour  invinlaMe. 

Ce  temple  fut  billi  sur  la  raontarne  mftne  ou, 
plu-  Inid,  ■■iselle  Tniidra  Mn-  inlium-  •'. 

Alors  que  Ins  ouvriers  lia\ 
Ui.n  de  l'éclise,  la  jeune  iirii; 
soufenl  les  visiter.  Aidei  t 
était  tout  «nn  lionhein:  I. 
iiicénienx  piiiir  bur  porur  tu   wviet    1<-.-   u 
rfn'elle  i-tNervail  du  letijn  roval.  I- ii  .■llmii 
1    l-s   <>u\rii'r*.  Itweile  \ei    ■' 
' 'S  d«  la  fni.  ri  leur  (aiaatt  ri' 
l't    de    r<-  olIii 
•   .ime.Kl  le*  •  1 


A^   mi  1.JI1  (in4v~li  i    uai  ivitit'iv    UHt>' 


honneur. 


GliELLE    FAIT  LA    RENCONTRE    DU  SAINT  EB5IITE  TENANT 

In  serviteur  de  Dieu,  Venant,  du  pays  <!e 
Haynaut.  avait  mis  de  ci^ité  la  pompe  séculière 
et.  regardant  les  plaisirs  comme  pur  néant,  vint 
danslaforèt  de  >Vastelan.  près  d'.Aire,  vaquerau 
jeiine  et  à  la  prière  dans  une  corapl>'te  solitude. 
Le  bruit  de  sa  sainteté  pairint  jusqu'au  château 
de  la  Sale,  à  la  cour  de  Pépin.  .Aussitôt,  (uselle 
brûle  du  désir  de  parler  à  ce  saint  solitaire,  et 
comme  Venant  refusait  de  pailer  au.\  femmes 
D'U  voilées,  la  pieuse  princesse  se  couvre  fa  tête 
d'un  sac  et  les  épaules  d'un  cilice,  et  ainsi  s'ap- 
proche du  saint  ermite.  L'entre\tie  eut  lieu  à  deux 
ou  trois  kilomètres  de  Saint-Pierre  :  parses  exhor- 
tations saintes,  par  ses  discours  insinuants,  le 
pieux  ermite  développa  dans  l'ànie  de  liiselle 
les  élans  d'amour  et  de  sainteté  qii'elle  contenait 
déjà.  <•  Alcuin  et  Pierre  de  Pise  furent  les  maîtres 
de  Charles,  dit  M.  Van  Drivai  :  ils  eurent  aussi 
à  creuser  des  font^'ines  de  science  dans  l'àme 
de  ce  prince;  mais  combien  plus  vive  ne  fut 
point  l'eau  surnaturelle  qui  s'élança  désormais 
de  l'âme  de  la  Sainte,  fontaine  spirituelle  qui  ne 
servit  point  seulement  à  Giselle,  mais  à  laquelle 
vint  souvent  s'abreuver  Charlemntrne  pour 
répandre  ensuite  les  mêmes  eaux  salutaires  sur 
les  peuples,  et  dirii;er  tout  l'empire  d'Occident 
dans  la  voie  du  christianisme.  » 

LA  TUÈs  PIRE  CISELLE  REFUSE  L'aLLIA.NCE  DU  FILS  DE 
l'eMPEBEUR  d'orient  —  ELLE  FAIT  VŒU  DE  VIRGINITÉ 
—  ELLE  DEIIA.^DE  A  DIEU  DE  LUI  ENLEVEn  SA   Bf  AUTÉ. 

L'ext' rieur  de  ("liselle  était  des  plus  séduisants; 
pleine  de  i.T<ice  et  de  noblesse,  douée  des  plus 
brillantes  qualités,  elle  avait  la  taille  assez  élevée; 
ri"-n  n'é?alait  la  pureté  anpélique  de  son  visape, 
la  délicatesse  de  ses  traits  et  la  douceur  de  son 
retard.  Mais  celte  beauté  était  le  moindre  des 
avanîaces  de  notre  Sainte.  Son  admirable  vertu 
allait  consoler  le  Saint-Père  qui  ne  cessait  de  la 
ret'arder  comme  sa  fille  :  sa  renommée  pénétra 
jusque  dans  les  contrées  les  plus  reculées  de  la 
liermanie.  l/emperenr  même  d'Orient,  frappé 
de  ce  qu'il  entendait  dire  sur  la  beauté  de  cette 
jeune  princesse,  voulut  à  tout  prix  obtenir  sa 
main  pour  son  fils. 

C'est  alors  que  Ciselle  courut  risque  de  voir  se 
flétrir  la  Heur  de  sa  virginité  qu'elle  avait  cultivée 
an  prix  de  tant  de  soins. 

I.es  abbé»,  les  évéques,  le  pape  lui-même  écri- 
vai^nl  à  Pépin  pour  lui  persuader  de  refuser  cette 
alliance  avec  la  cour  licenrieuse  et  corrompue 
(If  Hy/ance  :  si  la  pure  (Jiselle  allait  être  emmenée 
an  milieu  de  corruption»  de  la  cour  du  Has-Kmpire, 
l'eiit  été  une  perle  jetée  aux  animaux  immondes, 
niif  chose  sainte  donnée  aux  cliien».  l.'Ame  de 
ftls'-lle  souffrait  beaucoup  un  milieu  de  ces 
préoccupations  ;  elle  résolut  d'aller  consulter  le 
saint  ermite  Venant.  Olui-ci  lui  représente  les 
honteuses  dépravations  de  l'Orient,  les  m<rurs 
c.irrompiies  de  la  cour  m'^me,  il  les  compare 
aux  douces  joies  de  la  famille  du  royaume  de 
Fr.ince.  Puis  il  faji  à  la  jeune  pririce^'-e  un 
mnLTiifiqne  tableau  de  la  virt'inité  dans  une  ,1me 
'  lii'li«iin<-.  b-'.  douceurs  de  l'union  a^^r  Jésa»- 
Ctiri'l,  ITpoux  divin.  Giselle  fondait  en  larmes 
k  os  parr^le»,  el  demanda  à  faire  au"«itrtt  le  vij'u 
de  MT^-inité  pour  éir»?  plus  forte  contre  le«  pièces 
de  SatdU  et  du  monde.  Le  pieux  ermite  rcioit  ce 
vd'ii  qii''  (iisello  prononce  avec  joie  et  dans  toute 
la  liberté  de  son  esprit  iH  de  son  cœur.  La  voici 
donc  entièrement  liée  h  llieu  son  Sauveur,  et 
elle  n'aura  plu»  iPaulre  époiu  que  Lui. 


Pépin  avait  répondu  nésativement  aux  de- 
mandes du  princ*  de  Constântinople,  et  <iiselle 
s'en  réjouissait  grandement  au  pied  de  l'autel. 

Cependant,  la  joie  fut  courte  :  le  fils  du  roi 
d'.Angleterre  vint,  lui  aussi,  demander  la  lille  de 
Pépin  en  mariaiie.  I.e  roi  et  la  reine  de  France 
allaient  donner  leur  consentement;  senle,  (iis,°ll.? 
refusait  l'union.  I.a  pauvre  fille  priait  sans  ces";' 
et  pleurait  en  baisant  le  crucifix  :  •!  Mon  Sauveui 
bien-aimé,  pourquoi  m'abandonnez-rous,  disait-  1 
elle,  vous  savez  que  je  n'ai  choisi  d'autre  époux 
que  vous  :  ah  I  n'abandonnet  pas  celle  qui  ne  veut 
que  votre  amour!  Je  vous  offre  ma  vie.  ô  mon 
Dieu,  ne  permettez  pas  que  je  perde  ma  virf-'inité, 
prenez  soin  de  votre  épouse,  veillez  sur  elle  et 

défendez-la  du  monde »  Alors,  fondant  en 

larmes  aux  pieds  de  son  Sauveur  bien-aimé,  elle 
lui  demande  de  lui  envoyer  une  maladie  qui  la 
rendit  laide  aux  yeux  de  tous. 

Le  Seigneur  exauça  la  prière  de  son  épouse, 
et  aussitôt  le  corps  vir^'inal  de  la  très  belle 
Giselle  se  couvre  d'une  lèpre  hideuse;  sa  beauté 
naturelle  disparait  soudain .  ses  parents  ne  la 
reconnaissent  plus,  et  celui-là  même  qui  lui 
demandait  sa  main,  la  voyant  en  cet  étal, 
s'enfuit  sur-le-champ  dans  sa  maison  dAni;le- 
terre.  Opendaut,  l'àme  de  notre  Sainte  brillait 
d'un  plus  pur  éclat  aux  yeux  de  son  véritable 
Epoux,  Jésus-Christ, 

GISELLE     EST    GUÉRIE    APRÈS    UNE    l'ÈCHE    MYSTÉRIEUSE 
DONT   ELLE   DEVAIT   MANGER    LE    PREMIER    POISSON 

Quelque  temps  après  avoir  donné  une  preuve 
si  éclatante  de  sa  fidélité  à  l'Epoux  divin,  un 
ange  apparut  à  Giselle  :  <■  Vierce  toute  aimée  du 
roi  Jésus,  lui  dit-il,  le  temps  de  l'épreuve  est 
passé.  De  par  Dieu,  irez  sur  les  bords  de  la 
rivière  la  Lys,  et  le  premier  poisson  d'une  labo- 
rieuse pêche,  avec  confiance  maneerez,  et  beauté 
de  corps  vous  sera  rendue.  »  Ce  disant,  le 
céleste  messat'cr  disparut.  .\ussitAt,(;iselle  court 
à  ses  parents  raconter  celte  vision,  et  Pépin,  s'in- 
clinant  sous  les  secrets  desseins  du  ciel,  envoya 
promptement  les  plus  habiles  pêcheurs  du  pays 
d'Aire  jeter  leurs  filets  dans  la  I.ys. 

Durant  plusieurs  heures,  ils  travaillèrent  en 
vain  comme  les  apcMres  sur  le  lac  de  Génésareth  ; 
Giselle  soutenait  leur  patience,  leur  disait  d'aller 
et  venir  dans  les  endroits  les  plus  poi'.isonneux, 
mais  tous  leurs  efforts  étaient  inutiles.  Après 
cinq  et  six  heures  de  travail,  les  pêcheurs 
n'avaient  encore  rien  pris.  Ils  voulurent  retourner 
au  château,  mais  (iiselle  ranima  leur  courape. 
Alors,  ils  continuèrent  à  suivre  le  cours  de  la 
rivière  et  pénétrèrent  jusque  dans  la  fnrêt  de 
Wastelan.  bait'née  par  la  Lys.  Apres  de  nombreux 
efforts,  en  retirant  leur»  filets,  les  pêcheurs  trou- 
vèrent un  cadavre  qu'ils  amenèrent  à  boni.  Quelle 
ne  fut  pas  la  surprise  de  Giselle  lorsqu'elle 
reconnut  le  corps  du  saint  ermite  Venant.  En 
effet,  des  assassins  venaient  de  frapper  le  pieux 
solitaire  et,  pour  cacher  ce  crime,  avaient  jeté 
le  cadavre  dans  le  lleuve. 

Venant  avait  la  t''te  détachée  du  corps,  mais 
il  la  pressait  avec  ses  mains  contre  la  [«oitrine  : 
le  corps  était  recouvert  d'herbes  et  de  plantes 
soulevées  du  fond  de  la  rinère.  et  dans  cet  amas 
d'herbes  était  prise  une  anmiille  :  ce  poisson 
qui  avait  été  désisné  par  l'ance  devint  I  iiistru- 
ineiit  de  la  yuérison  miraculeuse  de  (iiselle. 

1^  princesse,  en  effet,  nian:;ea  de  ce  poisson, 
qui  avait  touché  aux  saintes  relii|ues  du  martyr 
Venant, et  aussitôt  qu'elle  en  eut  maiipé,  un  chan- 
:.'ement  <-ubit  '■'r'p''ra  dans  toute  «a  personne.  Sa 


lèpre  disparut  soudain,  et  sa  peau  reprit  sa 
souplesse  ordinaire,  sans  parder  nul  vestipe  de 
sa  laideur  passée.  Ainsi  Oiselle,  tidèle  a  ses 
promesses  faites  au  Seigneur,  était  récompensée 
et  recouvrait  miraculeusement  la  beauté  qu'elle 
avait  miraculeusement  perdue. 
©Pleine  de  reconnaissance  envers  Dieu  et  envers 
le  saint  solitaire  Venant,  elle  demanda  au  roi 
son  père  de  mapniliques  funérailles  pour  ce 
martyr  qui  avait  été  son  directeur  dans  les  voies 
de  la  perfection  chrétienne.  Pépin  accepta  de 
;:rand  cjeur,  et  l'inhumation  du  bienheureux 
Venant  se  lit  avec  ^rrande  pompe  dans  l'éjilise 
de  Saiûi'Pierre  que  le  roi  avait  tait  édiQer. 

A  LA  MORT  DE  SON  PÈRE,  GISELLB  COURT  UN  TROI- 
SIÈME DA>G£R  OF  PERORE  SA  VIRGIMITÉ;  EIJ.E  EST 
VICTORIEI^E 

En  l'an  768.  le  roi  Pépin  était  revenu  vain- 
qU'-ur  de  son  expédition  d'Aquitaine;  il  alla 
saluer  saint  .Martin  de  Tours  et  saint  Uenis,  puis 
vint  rejoindre  la  famille  royale  à  Saintes,  où  il 
l'avait  laissée  pendant  cette  guerre.  C'est  à  Saintes 
aue  la  rour  royale  célébra  les  bonnes  fêtes  de 
Noi'l  de  celle  année. 

Pépin  tomba  malade.  Aussitôt,  Giselle  s'occupe 
de  préparer  r,\me  de  son  père,  et  ne  quitte  plus 
le  chevet  du  royal  malade;  c'était  un  auf-'e  qui 
ne  cessait  de  su:.'t;'*rer  de  pieux  conseils  à  son 
père.  Kniin,  Pépin,  nnrès  avoir  partagé  son  vaste 
royaume  entre  ses  tleux  lils,  appela  les  évéques 
et  les  abbés,  leur  demanda  une  dernière  béné- 
diction, lui-même  bénit  sa  fainilk  et,  en  parti- 
culier sa  bien-aimée  (iiselle,  et  remit  son  Ame  au 
Dieu,  maître  de  la  vie  du  prince  comme  de  celle 
du  mendiant.  Après  la  mort  de  son  père,  tîiselle 
revint  à  Aire,  au  château  de  la  Salle,  pour  y 
retrouver  sa  vie  de  solitude  et  de  prière. 

Cependant,  elle  rencontra  de  nouveaux  dan- 
«ers  et  ce  fut  sa  mère  elle-même  qui  fut  cause 
des  luttes  nouvelles  <|ue  (jisellc  allait  soutt^nir 
pour  sa  virainité.  La  reine  llerthe  voulut  marier 
Charlema:.'ne  à  la  lille  du  roi  des  Lombards  l'i 
donner  pour  épouse,  au  fils  de  ce  même  roi,  sa 
lllb'  (iiselle.  Le  pape  Paul  I"  s'opposa  énerfi- 
auement  h  ces  alliances.  De  son  ci>té,  (iiselle 
••tail  devenue  ferme  et  pleine  de  coura:.'e;  elle 
lutta  vaillamment  et  ne  cessait  de  répéter  que 
Jè«us  seul  lui  suflisait  et  qu'elle  avait  juré 
n'avoir  jamais  d'autre  époux  que  lui.  Le  pape 
Paul  I"  admira  la  fermeté  de  la  princesse,  et  la 
proclama"  di^ue  d'être  aimée  de  Dieu,  Dfn  aina- 
lilem,  le  lys  blanc  et  tout  en  fleur  du  jardin  de 
rtiflise  ■'.  ■■  Des  ce  moment,  ajoute  l'histurien, 
(Uiarlema;;ne  ne  pouvait  plus  la  regarder  sans 
vénération,  et  lorsque,  emporté  par  sa  nature 
bouillante,  il  avait  commis  quelque  faute,  c'était 
(iiselle  qui  savait  l'amener  au  repentir  et  à  la 
réforme  de  ses  mirurs  violentes.  i.c  pape  savait 
ce  i|ue  valait  (iiselle.  et  quel  était  le  pouvoir  de 
la  Sainte  sur  celui  qu'il  présa^'eait  devoir  être 
un  jour  la  plus  solide  colonne  de  l'Eglise.  •• 

CISIIXB    PRE.>0    LE     VOILE    ET    FONDE    VU    MONAStIrE 

Enfln,  pour  mettre  un  terme  k  ces  sollicita- 
tions au»«i  importunes  i)ue  multipliées,  (iiselle 
r---    lit  d'embrasser  In  vie  relit'ieuse  et  de  vivre 
\.i  lleftle  de  «nint  Kenoil  Klle  fonda,  à  Aire, 
1>       I  '  II' ciule  de  la  seconde  ville  et  vraisem- 


blablement dans  le  château  de  la  Salle,  un 
monastère  où  de  nombreuses  vierses  accou- 
rurent auprès  d'elle  pour  être  dirigées  dans  le 
chemin  de  la  perfection. 

Le  Sei(.'neur  bénissait  ainsi  son  épouse;  enfant 
de  prédilection,  remplie  de  bénédictions  dés  sa 
naissance  et  ayant  servi  à  resserrer  les  liens  qui 
unissaient  déjà  la  catholique  France  au  Saint- 
Sièfje,  la  voici  maintenant  mère  féconde  d'en- 
fants spirituels,  abbesse  d'un  monastère  où 
Jésus  se  plait  comme  au  milieu  d'un  jardin 
parsemé  de  lys. 

(iiselle  est  comblée  de  bénédictions  et  son 
couvent  grandit  à  l'ombre  de  l'église  Saint-Pierre 
où  elle  a  tant  prié. 

DE  L\     UORT    DIENnEL'RECSE   DE    GISELLS 
DE  SA  SÉPULTURE  PLEI.NE  DE  GLolRE 

Pendant  plus  de  trente  ans,  notre  Sainte  vécut 
dans  ce  pieux  asile  où,  très  souvent,  elle  recevait 
la  visite  de  son  illustre  frère  Charleniagne.  Klle 
ne  cessa  d'exercer  autour  d'elle  la  plus  salutaire 
iniluence  par  ses  exemples  et  ses  inspirations, 
jusqu'au  jour  où  elle  alla,  triomphante,  se  réunir 
à  l'Lpoux  divin  pour  le<|uel  elle  avait  montré 
une  alfeclion  si  pure  et  si  inviolable. 

Ce  jour  heureux  arriva  le  21  mai  SOli  ou  808. 

(juand  Cliarlemagne  apprit  la  mort  de  sa  sn-ur 
chérie,  il  soupira  amèrement,  et.  versant  d'abon- 
dantes larmes,  il  s'écria  :  •<  Hélas,  diselle  est 
morte  !  ce  n'est  point  une  s(rur  que  je  perds, 
c'est  uue  mère.  C  est  par  ses  mérites  que  j'e*père 
le  paradis,  c'est  (iiselle,  oui,  c'est  elle  qui  m'en- 
fantera pour  le  ciel.  » 

Les  funérailles  furent  magnillques;  de  nom- 
breux évêques  et  abbés  vinrent  à  Aire  :  le  corps 
fut  porté  en  grande  pompe  jusque  dans  l'éulise 
Saint-Pierre,  sur  la  monta;;ne  où  elle  voulut  êire 
inhumée.  Lue  longue  procession  de  relii;icuses, 
portant  des  cierges  allumés,  vinrent  illuminer  la 
forêt  de  Wastclan.  Les  chants  de  deuil  semblaient 
déjà  des  chants  de  gloire.  Le  corps  de  (.iiselle 
fut  déposé  dans  la  tombe  de  marbre.  Elle  avait 
une  belle  robe  blanche  semée  de  lys  d'or. 

CULTE    DE    SAl.NTE  ISHEHGt'E   K.N    ARTOIS 
FONTAINE    DE  SAINTE    ISBBRUt'B 

L'église  bAtie  par  Pépin  en  l'honneur  de  saint 
Pierre  est  actuellement  celle  de  la  paroisse 
Sainte-lsliert'ue,  bAtie  surun  monticule  "ber^iue». 
<'  Viens  à  (iysle-Ker(.'ue,  •  disaient  les  paysans, 
c'est-à-dire  à  la  monlavne  de  (iiselle.  C'est  ainsi 
qu'après  sa  mort,  (iiselle  fut  appelée  du  lieu  où 
elle  fut  ensevelie,  Isleberguc  ou  Isbergue. 

Le  culte  de  sainte  Isbergue  est  resté  cher  aux 
chrétiennes  populations  de  l'.Vrtois,  surtout  aux 
habitants  d'Aire,  de  Hen.'uetle,  de  Moquetoire  et 
de  tous  les  environs  :  chaoue  année  de  nombreux 
pèlerins  accourent  en  foule  priera  la  chapelle  et 
a  la  fontaine  <'  Sainte-lsbergue  >>,  ainsi  appelée 
depuis  des  siècles. 

Cette  fontaine  et  celte  chapelle  se  trouvent  à 
l'endroit  même  où  avaient  lii'U  les  saintes  entre  v  ue> 
de  (tiselle  avec  le  saint  ermite  Venant,  sur  les 
bords  de  la  forêt  de  Waslelau  (aujourd'hui 
nommée  forêt  du  Nieppc  . 

I.a  chapelle  est  oinbra;.'ée  par  doux  grands 
arbres  séculaires  au  pied  desquel»  cuule  une 
fontaine  qui  ne  tint  lainais. 


lu  p.  giicnl.  t_   l'unctsi  V  H,  ri:«  Kr»rfoi»  I".  I'»rn 


LA  BlEAHEUREUSE  RITE  DE  CASSIA 

RELIGIEUSE  DE  L'ORDRE  DE  SAINT-AUGUSTIN 


Fèlc  le  22  mai. 


"^[h^y^ê^mm^^^^^^. 


NAISSANCE  DE  LA  DIE.MIEUREUSE 

rtans  rOmbrie,  poétique  patrie  de  saint  Fran- 
';ois  d'Assise,  au  hameau  de  Hocca-Porena,  dépen- 
dant de  la  ville  de  Cassia,  vivaient,  vers  le  milieu 
du  XIV*  siècle,  deux  époux  chrétiens,  servant  Dieu 
dans  la  simplicil*-  de  leur  cœur. 

Ils  conservaient  avec  un  soin  jaloux  les  Iradi- 
linris  fortement  religieuses  qu'ils  avalent  reçues 
de  leurs  ann^lres. 

Ce  qui  les  faisait  surtout  chérir  de  leurs  conci- 
toyens, c'était  le  zèle  qu'ils  mettaient  h  maintenir 
autour  d'eux  la  paix  etlaromorde.  IN  déployaient 
à  r.iin  l,.,n[ie  œuvre  une  telle  ardeur  et  un  tel 
d  ment  qu'on  les  avait  surnommés  les 

pa  1      i     il  -  du  Christ. 

Cependant,  Dieu  avait  éprouvé  ces  fldèles  servi- 


teurs; il  n'avait  point  béni  leur  mariage  et  leur 
avait  refusé  le  bonlieur  d'enpendrer  et  d'élever 
des  enfants  pour  le  Ciirist  et  son  Eglise.  Les 
années  s'étaient  succédé,  la  mère  avait  vu  ses 
cheveux  blanchir  sans  que  le  Seigneur  eût  daigné 
exaucer  ses  prières  et  lui  accorder  la  crâco  de 
la  fécondité.  Dieu  voulait  la  rendre  digne,  par 
une  longue  tristesse,  patiemment  supportée,  de 
recevoir  un  don  précieux. 

Quand  il  jufiea  le  moment  favorable,  il  lui 
arciirda  une  enfant  qui  fut,  par  sa  sainteté, 
la  t'Ioire  de  l'Ei-lise. 

I.a  mère,  élonnèe  de  cette  faveur  singulière, 
alla  aussitcM  ép,incher  aux  pieds  du  Scii;neur 
lotile  sa  reconnaissance.  Cependant,  elle  ne  pou- 
vait s'empêcher  d'une  certaine  stupeur,  ignorant 
encore  les  desseins  de  Dieu.  Un  ange  lui  apparut 


pour  la  rassurer  il  lui  prédire  que  son  enfaut 
serait  chérie  île  Uii-u  et  gloriljée  d;ins  TK^slise. 

ijiiand  te  morjirnl  fit  vena,  ello  iMinBiiiîa  sans 
aur.une  douleur.  Mais  quel  iiinii  donner  à  cette 
lille  si  ntiraculeusement  accoriéi-,.'  Le  ptre  et  la 
mère  étaient  dans  la  plus  ^'raude  anxiété,  n'osant 
s'arrêter  à  prendre  une  détermination.  In  an^-e 
vint  f.iire  cesser  leur  oinbairas  en  leur  apportant 
le  ti'im  de  celte  enfant  |irédestinée.  C'était  celui 
de  .Maryarita  dont  le  peuple  coupa  les  deux  pre- 
mières syllabes  ;^.'ur  en  faire  le  uom  de  Kita  ou 
Hite,  so'iE  lequel  In  Sainte  est  connue. 

La  première  enlam-e  de  la  Bienheuren=ë  fut 
marquée  par  un  prodige  qui  coniirma  les  révé- 
lations d>'j.'i  laites  à  ses  parents  sur  sa  future 
sainteté,  li-  méiue  dont  fut  l'objet  le  ;.Tand  doc- 
leur  saint  Ambroise;  il  e$l  ainsi  nicouté  par  un 
ancien  poète. 

Itile,  n  rinq  jonrs  de  sa  naissance, 
Soinineillait  aii  tirante  du  brrs    berceau) 
Sa  mère  tui  chantait  les  airs 
Dont  on  amuse  cette  enfance. 

Tandis  vnici  qu'un  blanc  essaim 
Vient  piller  les  lys  et  les  roses 
De' ses  lérres  à  deuii  closes 
Et  fait  un  bornai  (1;  de  son  sein. 

Dis  le  vrai,  picoreuse  avelle, 

Ti<>Mva»-tu  jamais  tel  butin 

Sur  la  marjolaine  et  le  lliym 

Qui  couvrent  le  coupeau  d'tlyinetle  7 

O  que  doux  doit  Ure  ce  miel! 
N'en  diplnise  .i  In  poésie. 
Il  se  biura  à  I  auibniisie 
Autre  part  que  dedans  le  ciel! 

Hite  se  laissa  dés  son  plus  jeune  i^fçe  charmer 
par  l'attrait  des  choses  surnaturelles.  Lesjenx 
et  le-  amusements  de  renfaiire  lui  paraissaient 
in'.ipide*,  car  son  cuuir  était  loin  d  eux,  elle  se 
détectait  dans  la  contemplation  de  Dieu  et  d* 
ses  bontés  inllnies.  Aussi  aimait-elle  par-dessus 
tout  la  solitude  et  la  prière  qui  lui  donnaient  le 
moyen  de  s'unir  plus  intim<'ment  avec  le  Sei- 
gneur, source  du  bonheur  parfait. 

UARI.VGR  Oe   L.\   IIIEMIKL-HEISE  niTK 

I^  Rienheareuse  se  sentait  attirée  d'une  ma- 
nière pai  tiruliérc  à  vouer  son  Ame  et  son  corps 
au  Sei):neur  l'n  lui  consacrant  sa  virginité.  Mais 
Dieu  prèf.ra  la  faire  pa-ser  par  le  creuset  d'un 
dur  niaria;.'e,  pour  purifier  sa  hien-aimée  au 
milieu  dc>  tourments  et  opérer  par  son  inter- 
médiaire le  salut  de  pluiiIeur^  ùmes. 

Les  parents  de  Dite  sentant  leur  lin  appro- 
cher, et  craiL'nant  de  laiitser  leur  chère  enfant 
exposée  seule  à  tous  les  daneers  d'un  monde 
corrompu,  résolurent  de  ren;.'a:.'er  dans  les  liiiis 
d'un  luuria^e  bouuèlc,  pour  l'assurer  contre  tout 
péril. 

I.  — rmit  que  leur  choix  tombAtsur 

un  iH-u  d'une    famille  noblv   et 

di-liiLii'  '  ,  m  ..>  d'une  huuieikr  brutale  et  vio- 
lente. Hite   supporta  si   patieniraenl  (ouïes  se- 


Uilesses  (|u> 
ut  avec  I 

■    1     de    se     I  , 

ou»    lu 


bl  I 

tain 

\; 

btri 


clikruic  de 

(>'  Il   .'■    <Ir    II 


fu-huil  années iiu'elle 
ne  lui  donna  I  occa- 

.1    .  Il'-     .11..  le   tint  »i 
qu'elle    le 
i>  '.lnlrnI^ 


^'nant  de  nombreuses  pénitences  atin  d'en  mieux 
asïHirer  le  suc^èf». 

Tous  ces  moyens  suinata-els  accumulés 
iulluérent  sur  Pàine  de  son  époux  et  te  conver- 
tirent au  Seigneur.  Cependant,  ses  habitudes 
violentes  lui  avaient  suscité  parmi  ses  conci- 
toyens de  nombreux  ennetnis.  Sa  conversion  ne 
put  faire  cbanuer  leurs  sentiments  à  son  éjrard. 
Ils  lui  tendirent  une  embuscade  et  le  massa- 
crèrent impitiiyalilement. 

Rite,  frappée  dans  son  alTection  la  plus  chère, 
sut  accepter  furlement  la  volonté  de  Dieu,  et 
t>énir  ces  jneements  s»'crets  du  ciel  qui  lui  enle- 
vaient la  compagnie  de  son  époux  au  moment 
où  son  cbau^'euient  de  vie  semblait  devoir  la 
rendre  plus  douce.  Elle  le  pleura  amèrement, 
mais  eut  le  coura-e  de  pardonner  généreuse- 
ment à  ses  assa-sins. 

l'.ependant,  la  Hienheureuse  «Tait  doux  fils  ado- 
lescents qui  étaiinl  son  unique  consolation.  Klle 
s'ellona  de  leur  insf.irer  l'oubli  du  meurtre  qui 
leur  avait  enlevé  leur  père.  Mais  ses  efforts  furent 
vains.  Son  amour  maternel  tremblait  en  sentant 
aujtmenler  chaque  jour  dans  le  ccrur  de  ces 
enfants  ch<?ris  le  désir  de  la  vengeance. 

Uuand  elle  s'apenut  que  le  mal  devenait  tou- 
jours plus  mcnaiviiii.  elle  arma  son  inie  de  cette 
force  surnaturelle  que  donne  aux  saints  leur 
véritable  amour  pour  leurs  parent--;,  elle  se  jeta 
à  ^'enoox,  sup|. liant  le  Seit:neur  avic  les  accents 
les  plus  toucli.ints  d"enle\rr  ses  entant-,  à  la  vie 
avant  qu'ils  eussent  eu  le  temps  de  souiller  leur 
ùine  par  le  meurtre  .îles  assassins  de  leur  père. 
Sa  prière  fut  exaucée,  cl  ce  double  deuil  vint 
s'ajouter  à  celui  qui  l'avait  frappée  peu  aupara- 
vauL 

COMMET    Ui    BIENHECSSISE     F.NTRB    AD    COUVENT    DES 
•  Alr.L-STLNE»    KS-     DKPIT    Vf.»     C0.N8TItrl10.NS    ET    DR> 
roBT■^  nUUIiLB& 

Si  la  Bienheureuse  avait  été  attachée  au  monde, 
ces  coups  répétés  de  la  Piovidence  eussent  siifli 
pour  l'en  dégoûter.  Mais  nous  avons  vu  qu'elle 
y  était  entrée  inalijré  son  dé-^ir;  elle  en  sortit 
donc  sans  regn'l,  le  cour  profondément  bless.' 
par  les  Imis  mort<  successives  qui  étaient  venue-- 
-nbilcineut  briser  ses  espérances. 

Klle  s'adres-<n  aus-itnt  aux  religieuses  Augus- 
liiics  de  C.assia,  leur  demandant  d'être  admise 
dans  le  monastère.  Mais  cette  ^.'lice  lui  fut  refusée. 
]iarce  qu'on  n'y  leo-vait  que  de<  viert'es. 

Itentrée  dans  .>a   maison,  elle  pleura  el  pria 

aie.:   idus  de  ferveur  auc  jamais,  et  sis  larmes 

.1  le  cii'ur  de  Dieu,  qui  lui  envoya  pour 

I  _  iisbemeut  de  sou  désir  le  secours  de  se- 

patriius. 

llien  qu'elle  ne  manquât  point  d'honor»»r  d'un 
(.•rand  culte  tou^  le--  saïul-  que  Dieu    ■ 
elle  avait  nne  dévotion  ptirliculiére  à  - 
Uaptiste,  à  saint  Augustin  et  à  saint  Mcula^  de 
Toiirntia. 

Dieu,  pour  la  linT  d'>  i   '  '  .'  ■ 

troLs  saint>  qu'elle  avai' 
parrains  :i 
Inu-.ter  a^ 

Elle  enicii'iri  .1  ,i-  i  i 
porte  de  s.i  ib.inibre,  p 
,  ,.  .  .ir^.iir  li^.  Jcjua  .|ui  .  _,  , 


(iiir .  u<e  i-oinprit   au 


»  II t  c  no- 

I 

lent  à  la 

'oi\  du 

, ...  -on  nom  ; 

M    el.  .ians  Lir- 


t,  Htyon  <l<j  dikL 


luèrcnl   comme    IMpinse  du 


J 


Christ  et  la  con<taisireiit  par  des  chemins  inconnus 
jusqu'à  la  porte  du  monasttre  où  on  n'avait  pas 
voulu  la  recevoir.  Ils  l'y  firent  entrer,  malgré 
toute  la  résistance  des  Terrous  et  des  barres  de 
fer  qui  eussent  pu  soutenir  un  sièiie.  mais  qui 
cédèrent  devant  eux.  Ils  prirent  con£;é  de  Rite 
et  disparurent  après  l'avoir  mise  comme  en  pos- 
session de  ce  cher  cloître  qu'elle  de'sirait  depuis 
si  l#nptemps. 

Bient('it  après  les  religieuses  sortirent  de  Matines. 
Pour  retourner  à  leur  cellule  elles  devaient  pas- 
ser par  l'endroit  où  la  Bienheureuse  était  restée 
muttle  d'admiration  à  la  vue  du  jirodipe. 

Les  premières  qui  arrivèrent  vers  elle  et  qui 
étaient  les  plus  jeunes  de  la  communauté  entre- 
voyant, à  la  lumière  blafarde  de  la  lampe  qui 
les  suidait,  une  forme  humaine  dont  on  ne  distin- 
^aitque  la  moitié  du  Wsa!-'e.  l'autre  étant  cachée 
par  un  voile,  furent  saisies  d'une  grande  frayeur. 
Klles  s'arrêtèrent  tout  court  et  déjà  leurs  ii;enoui 
commençaient  à  trembler,  leur  visage  h  pâlir,  leur 
lanLTie  à  se  coller  au  palais,  l.a  vue  de  ce  qu'elles 
croyaient  un  fanti^>me  eût  suffi  pour  les  faire 
pâmer,  si  les  autres  relisieuses,  arrivant  succes- 
sivement, n'eussent  formé  un  f^"oupe  capable  de 
résister  à  la  crainle.  Ce  ne  fut  pourtant  pas  sans 
i'rands  efforts  que  les  plus  hardies  purent  s'en 
défendre;  la  chose  leur  paraissait  si  étrange, 
qu'elles  ne  savaient  qu'en  penser. 

D'ailleurs,  Kile  était  si  étonnée  de  tout  ce  qui 
s'était  passé  qu'elle  avait  perdu  l'usage  de  la 
parole  et  ne  savait  en  quels  termes  les  rassurer. 

Peu  à  peu  cependant,  elle  se  remit  de  sa  frayeur 
et  expliqua  par  quel  miracle  elle  se  trouvait  dans 
le  cloître.  La  prieure  était  si  ravie  qu'elle  ne 
=on;;ea  plus  à  invoquer  les  défenses  des  consti- 
tutions. Toutes  les  religieuses,  revenues  de  lîur 
stupéfaction,  prirent  part  à  cette  joie,  qui  fut 
d'autant  plus  vive  que  leur  effroi  avait  été  plus 
:.'rand.  Elles  accablaient  Rite  de  leurs  questions. 
A  la  fin,  elles  s'assemblèrent  en  chapitre,  et 
décidèrent  sur-le-champ  que  la  sainte  veuve 
serait  reçue  nonobstant  sa  qualité  :  "  Il  est  bien 
juste,  disaient-elles,  que  nous  obéissions  à  la 
volonté  de  Dieu,  si  clairement  manifestée,  et 
que  nos  constitutions  cèdent  on  un  cas  où  les 
portes  de  notre  couvent  n'ont  pu  faire  de  résis- 
tance. »  , 

A  peine  reçue,  la  Bienheureuse  se  mit  au 
travail  pour  acquérir  la  perfection  qu'elle  était 
vf'iiiie  chercher.  Elle  se  proposa  d'abord  de 
réduire  sou  corps  en  servitude  par  de  fréquentes 
llagellationg.  Elle  portait  continuellement  un 
cilice  et,  pour  sentir  san'^  cesse  l'aiguillon  de  la 
mortification,  elle  coasut  dans  son  habit  des 
épines  qui  la  torturaient  à  chaque  mouvemeot. 

Elle  leùnait  tous  les  jours  au  nain  et  à  l'eau 
et  passait  la  plus  grande  i>arlie  de  la  nuit  dans 
la  veille  et  la  prière.  Elle  avait  coutume  de  con- 
■•acrer  à  la  médiUilion  de  la  douloureuse  Passion 
du  Sauveui  le  temps  oui  s'écoulait  depuis  minuit 
ju-^qu'au  levi.T  du  soleil.  Le->  douleurs  de  Jésus 
ra(Teil.aient  tellement  que,  plusieurs  fois,  jes 
compagnes  la  trouvèrent  sans  oonoaissance. 

t.A  BiinnEt7REi;s(.  BiTE  «r.çorr  rxE  rnir  \r  rwo^r 

lu  jour,  après  avoir  entendu  un  discours  du 
bii'ulieureux  Jacque»  d«  la  Marr-be,  elle  »e  mit 

'h    iih'ti'   avec  une    ferveur   extraordinaire  et 
!  '        ■'         :    la  faire  participer  iu\  tour- 

I  liour  H'  lis  «.Hiver.  Pendant 

"  >'ré  iiei-  »on 

1  me  liuniainc 

1  M  .|  ■11  •    ■ ,    .  ■•         .  I -lier  en  fait  de 


douceurs  célestes,  elle  se  sentit  tout  à  coup 
presser  la  tète  d'mie  .-uirlaiide  d" 'pines  très 
piquantes.  Elle  vit  ensi^ite  jaillir  du  Crucifix 
devant  lequel  elle  était  à  genoux,  un  rayon  de 
lumière  qui  lui  marqua  de  sa  pointe  le  niiliiu 
du  front.  Iramédialement  après,  comme  si  ce 
ravon  n'avait  fait  qu'indiquir  le  point  de  mire 
ou  le  divin  Archer  voulait  lancer  le  coup,  une 
épine  se  détacha  effectivement  de  la  couronne  du 
Crucifix  et  s'élanra  à  l'endroit  du  front  marqué 
par  le  rayon,  elle  y  fit  une  plaie  que  la  Bieuheu- 
reuseuse  porta  toute  sa  vie  et  qui  se  voit  encore 
maintenant  sur  sa  tète  restée  intacte  comme  le 
reste  du  corps. 

Cette  blessure  ne  rendit  jamais  de  mauvaise 
odeur,  bien  qu'elle  fût  très.profonde  et  très  dou- 
loureuse, et  qu'on  en  vit  constamment  sortir  des 
vers  que  Rite,  dans  sa  simplicité,  appelait  ordi- 
nairement SCS  petits  anges. 

Il  lui  fallut  dés  lors  renoncer  à  la  vie  commune, 
de  peur  d'incommoder  ses  sœurs.  Cette  circons- 
tance lui  permit  de  s'adonner  encore  davantage 
à  la  prière  et  à  la  pénitence. 

LA   BIENHEUREUSE   BITS  EN   PÈLSBINAGE 

En  ce  temps,  Martin  V  siégeait  sur  le  trrtne 
pontifical.  Ce  grand  pape  réussit  à  faire  cesser 
le  schisme  qui  avait  longtemps  divisé  les  fidèles 
du  Christ.  Pour  rendre  grâce  à  Dieu  de  cette 
faveur,  d'autant  plus  grande  qu'elle  était  moins 
espérée,  il  fit  publier  le  jubilé  pour  l'année  1  +.10. 
Des  chrétiens  de  tous  les  pays  du  monde  accou- 
rurent à  Rome  pour  gagner  cette  indulgence 
extraordinaire.  1/abbesse  du  couvent  où  était  la 
bienheureuse  Rite  résolut  de  ne  point  perdre 
une  si  belle  occasion  :  elle  déclara  qu'elle  se 
rendrait  au  tombeau  du  Prince  des  apiMres  avec 
quelques  autres  religieuses.  Rite  pressa  vaine- 
ment l'abbesse  à  consentir  à  l'y  laisser  aller. 
Celle-ci  n'y  pouvait  acquiescer,  à  cause  de  la 
blessure  que  la  Bienheureuse  avait  au  front. 
Cette  plaie  rendait  son  visai:e  difforme  et  aurait 
jui  attirer  sur  elle  le  mépris  de  ceux  qui  en 
ignoraient  la  cause. 

Rite  ne  se  rebuta  point,  elle  se  mit  en  prière 
avec  ferveur  et  supplia  la  divine  bonté  de  lever 
cet  obstacle  et  de  rendre  sa  blessure  invisible 
pendant  le  voyage  qu'elle  ferait  à  Rome  avec  ses 
autres  Scr-urs.  Elle  n'eut  pas  plut(^t  exposé  sa 
demande  qu'elle  la  vil  exaucée.  l.a  plaie  dispa- 
rut mais  la  douleur  cuisante  dont  elle  était  la 
source  sul)sista,  et  ainsi  la  Bienheureuse  put 
satisfaire  sa  dévotion,  goi'iler  à  Rome  les  plus 
;;randes  délices  spirituelles,  sins  perdre  le  pro- 
fit d"  sa  participation  miraculeuse  aux  trurments 
du  Sauveur. 

Fliins  le  voyage  qu'elle  eut  à  faire  pour  arriver 
à  la  Ville  Eternelle,  elle  montra  clair'^mrnt  com- 
bien ellf  avait  à  coiur  de  conserver  la  précieuse 
vertu  de  pauvreté. 

Chacune  des  religieuses  pèlerines  avait  re<  n 
au  sortir  du  couvent  une  petite  somme  d'arL'ent 
afin  de  pourvoir  à  sa  subsi>;lancc.  Au  premier 
fleuve  qu'elle  rencontra,  Rite  jeta  ce  pécule  à 
l'eau.  Se»  Sa-urs  lui  reprochèrent  cette  impru- 
dence. I.a  Uiinheupeuse  leur  répondit  qii  elle 
n'  lurait  pu  supporter  plus  lonutemp»  cotte  charge 
iDutile;  elle  avait,  suivant  le  conseil  dn  P'al- 
mi^te.  MHifl^  à  Dieu  le  soin  de  pourvoir  h  son 
entretien,  et  elle  ne  voulait  point  faire  injure  .i 
la  divine  Providence  en  ama.<;sant  des  provisions. 

Elle  prnliUi  de  celte  cirer-    -     " 

cer   d'iriculcpier  à    ses   n" 

ser.iieiit  nimée"  de  nieuel  i<    I  •  ■  i   ■      .   -  ..    .    .i.>  ■ 


qu'après  avoir  appris  à  mépriser  tous  les  biens 
du  monde.  L'histoire  ne  ait  pas  si  les  autres 
religieuses  imitèrent  en  cette  circonstance  son 
exemple  d'hèroique  abandon  à  la  divine  Provi- 
dence. De  retour  au  couvent,  le  prodige  qui  lui 
avait  permis  Je  faire  ce  pèlerinage  cessa,  et  la 

filaie  reparut.  Kile  dut  de  nouveau  s'abstenir  de 
a  compagnie  de  ses  Sœurs. 

Klle  profila  joyeusement  de  sa  retraite  forcée 
pour  s'adonner  avec  une  èiiergie  nouvelle  à  la 
prière  et  à  Ib  péniten -e  ;  elle  n'avait  aucune  pitié 
pour  son  corps  et  v,.ulait  à  tout  prix  réprimer 
l'orgueil  de  la  chair.  Pour  éteindre  les  incendies 
des  passions,  elle  se  servait  du  feu  matériel  et 
s'appliquait  souvent  des  tisons  enflammés  tantôt 
sur  les  pied«,  tant^^t  sur  les  mains. 

Par  ces  moyens  héroïques,  elle  préparait  avec 
un  courni.'e  sans  défaillance  le  triomphe  complet 
de  l'esprit  sur  la  chair. 

l.'Kpoux  divin  bientôt  la  jugea  suffisamment 
purifiée,  et  lui  envoya  la  maladie,  messayire 
divine,  qui  vient  annoncer  l'heure  de  la  déli- 
vrance à  ceux  qui  savent  comprendre  son  langage. 

A    LA    PRIÈnE  UK  RITK,    f.N  ROSIER  KLKl'RIT,   U.N  FIGUIER 
OON.NE    DES    FRUITS    .^U    CŒUR    DE    l'iIIVER 

La  llienheureuse  tressaillit  de  joie  à  la  pensée 
qu'elle  pourrait  bientôt  sortir  de  la  prison  du 
corps  pour  jouir  enfin  de  la  liberté  et  de  la  vie. 

Cependant,  elle  dut  attendre  durant  ijuatre 
années  le  moment  marqué  par  Dieu. 

Le  Seigneur  réclamait  encore  de  sa  servante 
un  grand  acte  de  vertu,  c^lui  de  supporter 
patiemment  les  lenteurs  de  la  maladie  qui  lui 
avait  comme  entr'ouverl  la  porte  du  ciel,  pour 
augmenter  ses  aspirations  vers  ce  bien  suprême. 

Plusieurs  miracles  manifestèrent  combien  ses 
désirs  fiillanimés  plaisaient  au  Tout-Pui>sant. 

Une  parente  de  la  Bienheureuse  vint  la  voir  : 
Rite  la  remercia  de  cette  visite  charitable,  mais 
lui  demanda  de  montrer  davantnye  sa  bonté  en 
lui  apportant  quelques  roses  du  jardin  qui  lui 
avait  jadis  appartenu  h  Hocca-I'orena. 

On  était  en  plein  hiver,  au  mois  de  janvier,  la 
gelée  avait  depuis  longtemps  gl.icé  la  sève  des 
rosiers.  On  crut  i|ue  la  lièvre  faisait  délirer  la 
llienheureuse  et  la  parente  ne  se  soucia  nulle- 
ment de  chercher  des  Heurs  qu'elle  croyait 
introuvables. 

Cejieiidanl,  en  passant  prés  du.iardin  de  Hocca- 
Porena,  elle  y  jeta  les  yeux  et  ne  fut  pas  peu 
surpri»"-  d'y  "voir  deux  charmantes  roses,  qui 
venai)-iit  d'éclore  et  si-mblalent,  par  b-urs  cou- 
leurs atréables,  protester  contre  I  abseme  com- 
plète de  toute  autre  végétation.  Frappée  du  pro- 
dige, elle  entra,  cueillit  rrspectuou'-ement  les 
Heurs  et  les  porta  joyeusement  ou  mona.^tère  de 
Cassia.  La  Kienheureusc  les  prit,  en  aspira  le 
doux  parfum  et  les  passa  à  ses  Scrum,  les  reli- 
gieuses, étonnées  de  voir  ainsi  la  divinité  se  plier, 
pour  ainsi  dire,  au  caprice  de  ses  élus,  et  changer 
pour  les  satisfaire  la  marche  ordinaire  d<'s  «aisons. 

Mais  Uilc  n'était  point  encore  sali«fait<>  Dieu 
avait  tran-porl''  le  printemps  au  iinlicu  de  l'hiver 
en  fai'-ant  lleurir  un  rosu-r  malgré  les  frimas. 
Mai  lalleur  prinUnirre  n'estguére  <jue  l'agréable 
m»s«.'\L'''r«'  de  l'automne  dont  les  fruits  sont  la 

fln     '''      >    "<>     !..    liA^.,l     .1,      l'i        ■  f  ii.iii  .li,,i.       Il     In 

lll> 

ht  ,1 

de» 

un  I  -■ 

ciuelqurs  fruits  11  iiilc,  qui  romefcia  Dieu  de  lonl 

ilr  bonté. 


SIORT    DE   L.\    U1E.M1EURBUSE 

Mais  ces  bienfaits  n'étaient  que  l'image  et  le 
prélude  d'autres  plus  grands  et  plus  magnifiques. 

Jésus-Christ,  le  Verbe  incarné,  vint  avec  sa 
divine  Mère  pour  annoncer  à  Hite  que  bientôt 
la  couronne  d'épines  serait  remplacée  sur  sa  tète 
par  une  couronne  de  gloire. 

La  Bienheureuse  reçut  avec  nne  grande  allé- 
gresse le  message  divin,  et  afin  de  donner  à  son 
àine  toute  la  pureté  nécessaire  pour  jouir  de  la 
vue  de  Dieu,  elle  se  munit  des  sacrements  de 
l'Eglise. 

Peu  après,  elle  entrait  dans  la  vie  éternelle. 

Sa  mort  arriva  le  22  mai  lioti.  .■Vu  moment  où 
elle  expira,  la  cloche  du  couvent,  mise  en  mou- 
vement par  la  main  des  auges,  s'ébranla  pour 
annoncer  au  peuple  l'entrée  au  ciel  de  la  servante 
de  Dieu.  En  même  temps,  une  lumière  extraordi- 
naire se  répandit  soudain  dans  la  cellule  oit 
gisait  son  corps  inanimé. 

Mais  cet  instrument  dont  la  Sainte  s'était  servie 
pour  gagner  le  ciel  n'avait  nullement  l'apparence 
d'un  cadavre.  La  mort  n'avait  fait  que  lui  donner 
une  beauté  nouvelle.  11  s'en  exhalait  une  odeur 
délicieuse  qui  semblait  pénétrer  jusqu'à  l'ikme 
pour  la  charmer  et  l'élever  vers  Dieu. 

La  plaiw  du  front,  si  repoussante  auparavant, 
se  chan;:ea  en  un  un  diamant  précieux,  qui  jetait 
les  plus  pures  tlammes. 

Le  lendemain  de  la  mort,  23  mai.  on  exposa  le 
corps  de  la  Bienheureuse  dans  ré:;lise  du  cou- 
vent. Tous  les  habitants  de  la  ville  et  des  alen- 
tours accoururent  pour  vénérer  la  sainte  reli- 
^'ieuse  dont  ils  connaissaient  déjà  le-  vertus 
héroïques,  l'ne  de  ses  parentes,  qui  avait  un  bras 
desséché,  y  vint,  elle  aussi.  N'écoutant  que  xni 
alfertion,  elle  courut  se  jeter  en  pleurant  au  lou 
de  sa  bienheureuse  cousine.  Aussitôt,  elle  sentit 
la  vie  circuler  à  nouveau  dans  son  bras  paralysé. 
Ses  cris  joyeux  de  reconnaissance  divuL'iièrent 
aussitôt  le  miracle,  qui  ne  contribua  pas  peu  à 
répandre  au  loin  le  culte  de  la  Bienheureuse. 

Mais  un  prodiye  plusuraiid  rst  la  conservation 
jusqu'à  nos  jours  du  corps  lui-même.  Les  elTorl» 
de  i|uatre  siècles  n'ont  \>u  corrompre  cette  chair 
purifiée  par  le  pénitence  et  une  vie  toute  céleste. 
.\près  tant  d'années,  se«  membres  conservent 
encore  la  souplesse  que  donne  la  vie. 

MBSSAOÈRE   DE   l'AIX,    MI^IIR   APHi'.>    S\    MORT 

O  corps  saint  fut  dans  le  cours  des  siè<  1.  ■ 
l'instrumenl  de  nombreux  miracles;  mais  le  |.1h-. 
éclatant  arriva  au  monient  de  la  béatillcatiou  de 
la  bienheureuse  Hite,  en  102«. 

Le  jour  où  eurent  lieu,  à  Cassia,  les  fêtes  -oj. n 
nelles  usitées  en  celle  circonstance,  le»  sam'' 
reliques  furent  exposées  i  la  vénération  de  l.i 
foule  immense  qui   était  accourue  de  lous   le» 
points  de  l'Italie. 

Au  moment  où  le  clergé  allait  m  mettre  en 
procession,  il   s'éleva  une  discu*M   r  ,i\r 

entre  le*  clercs   séculiers  et  le»  ,     m 

savoir  à  qui  seroit  donné  le  premi- ■  i  io...|ualid 
on  vit  soudain  la  Bienheureuse  ouvrir  les  yeux 
et  donner  toute*  les  inarnues  de  la  m'- 

Le  rri  :  Miracle!  Miracle!  reirnlii  ilani  toute 
'""••'mbléc  et  apaisa,  en  un  lusi.inl,  toute  la 


mil  .nrlro    -\    exlrnordiiifij 


Ml,  elle  y  trouva 
Ile  rii  rar 


oui  r«-nilii  la 

,      .'        !  ■      Ml 
i    lll^'     Lip  •      ,Jc 

dans  ces  pays: 


Iui)'.->''U>|(,     L      l'iiilHk.'.H, 


ru«   Kr*ii-,oi>  l".  l'ail». 


SAINT  CRISPIN  DE  VITERBE 


Fête  le  23  mai. 


Saint  Crispin,  jardinier  en  son  couvent  des  Capucins  de  Monte-Rotondo, 
organise  au  fond  du  jardin  un  petit  autel  à  la  Sainte  Vierge,  et  y  apporte  des  fleurs. 


PREMIÈRES  ANNI^ES 

<>-  fut  à  Viterbe,  dans   les  Etals  dont  la  sainte 

,'lise  de  Dieu  a  •'■té  natfm-re  si  injustement  d^pouil- 

ée,  que  naquit  le  (iraiid  serviteur  de  Marie,  Fr.  Cris- 

liii,  en  l'an  du  Si'icneur   I60K.  Son   père   était  un 

K'nn^te  nuvrier,  nnminé  Ibald    Finrelli;  sa  mère 

ai'pelait  Marzia.  A   «nn  hapti'-ine,  il  rerul  le  nom 

)p  |'i.'rrp,  qu'il  devait  plus  lard  changer  pour  celui 

oiis  |.'.|uel  il  e«l  connu  ft  lionoré. 

Ili'  hiiime  heure.  Morzia  iii-pira  ,i  son  enfanl  une 

lulri'  d'-voijon  envers  la  Trrs  S.iinle  Mère  de  Hieu. 

>>rsqu"il    "ut  atteint  sa  rinquifUie   année,  elle  le 

■oriduisit   à   l'éjilise   de  Notre-lJame   délia  0"<'i''"'i, 

»ii.    ai'fés    siHre    lonu-ueincnt    prosternée    devant 

'ini  1-'!  inirarulciise  qu'on  y  vénère,  clh.;  l'offrit  et 

e  rf.i|Hai~ra  à   Miri"  :  ■'  It'j.ird".   mon   «Tifinl.   dit- 


elle  au  jeune  Pierre,  voilà  ta  .Mère  :  je  te  donne  à 
elle  pour  toujours;  aime-la  de  tout  ton  cu'ur.  « 

Depuis  lors,  Pierre  n'appela  plus  la  Sainte  Vierce 
que  sa  .Mère  et  sa  Hame.  Il  jeûnait  à  la  vit'ile  de  ses 
fêles  et  tous  les  samedis  en  son  honneur.  Il  l'invo- 
quait fréquemment,  et  Marie  exauçait  ses  prières. 

I  II  jour,  il  tomba  du  haut  d'un  arbre  avec  quel- 
ques-uns de  ses  petits  camarades.  Tous  furent  griè- 
vement blessés,  à  l'exception  de  notre  Itienheureux. 
qui  se  releva  sans  la  moindre  é:.'ratipiiiire.  Il  a\ail 
imploré  le  secours  Je  sa  .Mère,  et  Marie  l'avait 
soutenu  dans  sa  chute. 

A  un  ât-e  si  tendre,  il  se  levait  li  nuit  pour  prier 
Dieu  ou  pour  s'étendre  sur  la  terre  nue  et  morti- 
liait  son  petit  corps  par  de  niiles  disciplines. 

A  di.t  ans,  ses  parents  le  liront  étudier  quelque 

pcii.    Ils  |..   plii-.'TenI    ensuite   .  I|i  /    lui    île    -s   ,111  le-. 


\:\ 


oui  Jt.it  cordonnier.  Toutes  les  semaines,  quaud  il 
ri  'A  satisfait  de  son  lra\ail,  cet  oncU'  lui  donnait 
uii  •  jietite  pièce  id'aiv>'»l.  Le  BieuLtunui:  courait 
l'i'  M  vite  acheter  un  bouquet  de  (leurs.  <■  Donnei- 
i;i'i  les  plus  belles  que  vous  ayez,  disail-il  au  mar- 
I  liand,  c"est  pour  les  offrir  à  une  ^'lande  Dame.  » 
Cette  Dame  était  la  Sainte  Yieri;e,sa  bonne  Mère. 

Il  dépo^uil  II-  bouquet  devant  sa  statue  et  di'iueu- 
rait  là  de  longues  heures  en  prière,  n'euteudant 
que  Jésus,  ne  voyant  que  .Marie. 


LE  niB»Hiîinri\ 
Ine  si  belle  llenr  if 


rnisriN,  c.\pi'Cin 


'lit  pas  destinée  à  se  faner 
TU  contact  du  moud-  :  .N..tre-Sei(.'neur  la  cueillit  et 
1,1  plaça  dans  un  vt-p  |.ri*iicux. 

v_  -' —  .  ,  ;.-es  du  couvent  des  Capucins 

on.  le  Jeune  liouane  lut  pro- 

lulie  de  leur  recueillement  et  de  leur 

[■>rs,  tout  son  désii-  lut  de  le*  imiter.  11 

l'rovincial  qui  lui  permit  d"entrer  au 


In  jour  ij: 
passaient  <i 
I  ndémeiil  ti 
:  I  veur.  Dé^ 
-  olressa  au 
ii'iviciat. 

Ce  ne  fut  |i  is  sans  um-  vive  douleur  que  sa  mère 
1  ■  \il  s'éloii.'!!.  r  pour  lou|our<  du  t^it  paternel.  I.tr 
lii.MlieureUN  '  '    '        ■      x  qu'il  put.' l'onrquoi 

l'Ieiiri'Z-von-  \er.-vous  pas  donné 


■le 


cinq  ans 


V  nu- 


la  Très  SaiiM.    .,.,_.     ,•  - 
driri-vous   au|ourd'lini    lepriMidre   ce  iiue  vous  lui 
avi'z  olTert?  \.>ii«  n'av.'z  l'.ul  aucune  réserve;  jo  ne 
iii'apparticn-  ilonc  pin-.  •• 

Le  !j;ardien  du  couvent,  voyant  sa  petite  taille,  ses 
traits  iiAles  et  amainris.  craiunit  qu'il  ne  p"l  '■'ip- 
porter  les  riu'ueur»  de  la  réyle.  Il  refusa  tout  d'aUord 
de  l'admettre  au  nombre  dés  novices;  mais  le  Pro- 
vincial intervint,  et.  quelques  [ours  après,  le  Itim- 

hi-ureu.x   pouvait  revêtir  Vbabit  de  •■•"'  *■■ 

Il  rhanpea  son  nom  pour  celui  de  C 
venir  du  métoT  «lu'il  avait  exercé 
Il  avait  alor>  »intft-rinq  ans. 

A  l'eicmplt'  de  saint  Félix  de  Canlalice. 
f;lorieu\  souvenir  était  encore  vivant  dans 
des  Capuriii      "  ;    '  /     :      I  ■  '  ,' 

être  que  su 


■nint  François. 
i^'pin.  en  s 
duas  le  monde. 


ne  se  croy.i 
lions  de  I  an 
soi;;iiait  les 
jar<lin. 


I  I  l.llillJT 


i  .1  11  quel. 

-  1  I..IC-.  <  ultivait  1- 


Li  FB.  cRispiM,  cnsinm* 


ot 
Mit. 

(  .m  I 


>ifi.  el  loi 


lit  un  tr '^  ^iiand  umnlir'. 

Ile. 


souflrirla  présence  du  Hienlieureu\.  A  son  a|iprochr. 
les  jeu\  cessaient,  les  disputes  s'apaisaient,  le- 
duella.tes  laissment  tomber  leurs  épées.  Aussi,  un 
missionnaire  s'écriait-il  :  ..  Le  Fr.  Cri>piu  l'ait  plus 
par  sa  seule  présence  que  moi  avec  tous  mes 
sermous.  » 

LK  FK.  <  KISl'lN,    INHHMIF.R 

.Malj-'ré  les  pressantes  sollicitations  du  bon  peupb 
et  les  vives  réclamations  des  maijistrats  de  la  Tolfa. 
le  Bienheureux  tut  envoyé  à  Home  pour  soigner  les 
malades. 

11  entra  dans  la  Ville  Sainte  par  la  porte  la  plus 
rapprochée  de  Saint-l'ierre  :  "  Pouvons-nous,  disait- 
il  a  ses  compagnons,  aller  au  couvent  avant 
d'avoir  été  (irier  au  tombeau  du  prince  des  Apôtres, 
qui  tient  les  clés  du  Paradis  et  doit  nous  en  ouvrir 
les  portes?  •) 

Arrivé  dans  la  basilique,  il  se  prAsterna  la  face 
contre  terre  et  arrosa  de  ses  larmes  ce  sol  béni 
qu'avaient  arrosé  de  leur  sau^  laul  de  iiiailyrs  et 
de  confesseurs.  Il  ne  pouvait  quitter  ce  lieu  si  cher. 
et  ce  ne  ie.l  qu'a  i-'iaiul'peine  que  ses  compa^inoiis 
parvinrent  a  l'en  arracher. 

Le  Hieiilieureiix  ne  i -«sia  pas  li>n4(teni|>s  à  Home. 
Son  litamilité  lui  f.iisait  trouver  -  '  ■  i."-i;.'  d'iulirmiei 
beaucoup  trop  élevée  pour  >■  ) 

.'  Je  ne  suis  pas,  disail-il.  nn  u»  l'on  puisse 

tenir  à  l'ombre  :  je  suis  trop  ■  l'amour  de 

Dieu.  Il  me  faut  de  l.i  fatiiiii'  chaleur,  ou 

le  fou  de  la  cuisine.  "U  le  s,^ii.||  du  jardin;  J'ai  besoin 
de  travailler  pour  me  récliuulVer.  ■< 

I.R  m.  cRispiN,  cuisiNicR  roua  t  k  sbco.ndf  fois 

Les  supérieurs  accueillirent  favorablement  sa 
ilonuiM'te  •■'  l'envoyèrent  à  Albano,  pour  y  rem|dir 

IcVii.-.-  .;r  <  iM-iiiier. 

Il  lin  >-a  :  1.  u  vile  un  petit  iiiil<'l  et  plaça  dans  la 


.\pres  lin  noviciat  pn«s#  Ion*  nsla^iriérc 

I  «il  l'ausléiil.-.  le  Hienbeureux  :  i  faire  pro- 

l'f->i..ii.  l'iii-  •■Il  Veu\  iiv  iji  11.-  la'l'olfn,  on 

il  lui  .Il  u.'.   lie  la  ru  premier  soin  fut  d'y 

élever  un  i.elit  aiitt  1  .i  i.i  -iniic  Vieit'e,  où  il  chaii- 
j  tait  tous  les  soirs,  avec  deux  autre'»  Frères,  les 
1  1,1  .....    I..  It  bonne  .Mtfre. 

lie  epideiiiie  promenait  alors  ses  rnvaues 

■'•■•■    I  !■■    I  I.  T.f-.ili  1.  ,1  du  couvent  en  fut 

I  (le  mourir,  lorsque, 

M  1 .  ni    lui    .-ii\o  V  ,1    b 


1.1  mednilln 
liiiiiidCulAr 


lit 


.ml  laquelle 
.'upations  le 


couvent,  le  Mien- 
uiafie,  et  lui 
.1  consacrée» 


nèi  heur.  Il  faut  qu  il  v  - 
.  •  -;•       nos  cilic 


uisine  une  inut^ie  de  --a  Honn- 
il  venait  I  liautei  el  prier  qu.m 
lui  permettaient. 
Si  .pie|.|u'un  venait  visiter  l"» 
■  ux    le  conduirait    devai, 
iil  les  belle»  slance»  .ju. 
.1  1.1  l'rés  >,iiiite  Vlert-e.  ilan.s  sa  Jùwkilfin  tlelitrci-. 
("omme  un  lelicieux  lui   reprochai!  «li  jour  de  se 
~.i  lîr  l.'-  poète»  profanes  : 

Mon  r.  1.  .  répondit  IhnmhlA  Frère  ronvers,  le 
l'Oisson   ne   va    pas   de  t'iiaiiieçon   du 

U'Iqile  appAt. 
ne  siiiit  ;!uère 
•  n»  du   III  I  -  les  attirent 

ri    I.  .11    !■■. Ulel    le  p.  !..   ...    ■  ■•...   ■     ,■.       ''>      0.- 

Le»  seimieiir»,  les  évoques,  les  c.irdii 
voir  l'aulL-l  du  F'r.  Cri-pin   et  lui  cnti  :.  .. 
ces  vers.  Le  P.ipe  lui-inèine  aimait  h  rend 
à   riiumble   reliL'ii'ii.x   el    à   lui  donner  de   ■ 
des  iieiye»  pour  «a  iii.-nloiie. 

l'ii    i"iir.    un    siiii.'ri.  ur    nppnrtn    iii  Hii-Tibeui     i 
•»  lleur>  I 
).-,  .|tii  .il! 
Ids  lui   «' 
du  peu  ib 


lu  1    du   l'.ipe,    lui 
ux  Ins  nlliiina  sur 


I'.   Il 


Il    1  rt|.  I  1 , 


.1,11-      .  ..iiiiii.  .il',  dit-il, en    «'.•lllr-.'-» 

Vicrjje,  hier  bj»  fleur»,  auionrd'lm 


vr;Miii'^iil .  lua  Mfie.  .  li-  •  Le^  Iroj)  bonne,  ils  voas 
preudi-'iut  linéique  jour  volie  Fils  cfeins  vos  bras,  et 
vous  aoserez  riwi  dire.  Oui.  je  vous  le  dis,  je  vous 
le  répète,  et  le  redirai  mille  fois,  vous  ^tessi  boDoe 
qu'ils  linimnl  par  vous  ealev«ir  votre  Filsi.  » 

Le  P.  Damasréni  écoutai»,  cacbé  en  usa  coin,  ces 
rr-proches  affectueux.  IL  rentra  tout  éina  dans  la 
cui<iine,  prit  le  Bienheureu.^  dansses  bras,  He  couvrit 
de  baisers  et  de  larmes  et  lui  rendit  les  cierges. 

Tant  de  bienveillance  du  la  part  des  seigneurs  les 
plus  distingués,  des  cardinau.x  et  du  Souverain' Pon- 
tife lui-même,  jetiirent  l'alarme  dans  l'âme  du  saint 
relifîieu.''.  Il  craii.'nailde  perdre  le  précieu.\  trésor  de 
l'humilité.  Cette  crainte  s'augmenta  encore  lorsque 
sa  cliarité  l'ayant  contraint  de  faire  quelques 
miracles,  il  devint  l'aiInMration  de  tous. 

l.n  des  caraériiT?  du  Pape  ét;ut  depuis  looateinps 
toijj-raenbé  |iar  des  douleurs  aiguës  contre  l«sqiiell©s 
on  avait  enif>loyé  inutilement  tous  les  secretS'  db 
l'art;  it  alhi  irouvwr  In  bon  Père  cuisinier,  quii  les 
i-'uéril  aus^iiiH  i-n  lui  fai-ianl  prendre  une  des  fleurs 
oU'.rles  sur  snni  potifl  autel.  Le  méilecih  du  Paipe, 
a.yant  appris  c*tle  ^auérison  :  «  Vos  remèdes  ont 
plus  (le  vertu  ((ue  les  nôtres,  dit-il  au  Kr.  Grispin. 
—  .'^oiiseiaiii'ur,  répondit  le  BienlieUreux,  vous  êtes 
un  savant  médecin  et  tout  Rome  vous  reconnaît 
comme  tel  ;  mais  la  Sainte  Vier;:e  e.sl  encore  plus 
savante  que  vous  et  que  tous  les  médecins  du 
monde.  » 

Le  saint  relitiieux  passait  une  grande  partie  de 
son  temps  au  pied  de  sa  bonne  Mère^  la  priant, 
l'invoquant,  implorant  son  secours.  .4ussi  obtenait- 
il  tout  ce  qu'il  demandait.  S'awissaitf-il  de  iiuérir  un 
malade'.'  Il  le  faisait  venir  devant  sa  madone,  et  la 
maladie  disparaissait  promptemenl.  Le  temps  lui 
avait-il  fait  défaut  pour  préparer  le  repas?  Il  dépo- 
sait son  plat  sur  le  petit  autel,  et  le  plaL  était  cuit 
en  lui  instant. 

Cependant,  on  accourait  en  foule  au  couvent  pour 
voir  11."  Hir-iiheureuic  et  prier  devant  son  autel.  Mois 
lui,  craiynunl  de  plus  en  plus  pour  son  liumiliiè,  et 
voulant  se  dérober  aux  louan«es  et  aux  manifesta- 
tions dont  il  était  l'objet,  pria  ses  supérieurs  de  le 
faire  changer  de  monaslére.  Ils  l'envoycrent  dans 
celui  de  Monte-Hciloiido.  .ni  il  fui  iliar::éde  cultiver 
le  jardin. 

i.K    KH.    (:Ul-.|M>,    .J.MUM.Mhtl 

En  arrivant  dans  sa  nouvelle  résidence,  le  Rien-- 
beiireux  trouva  le  l'Vère  •piétenr  inaliide.  Uès  lors, 
tout  le  service,  dli.  couivent  portn  >urlui.  Durant  tout 
le  .|our,  il  qu^tnit,  bècùait,  labourait,  aidait  à  la  <'ui' 
sine:  il  voillait,  pnail,  niediliiil  pendant  la  nuit.  Il 
fai^  I  '   b  tout.  Ouanton  lo  plaifinait 

df  '  lie.  il   c.itait   celte   parole    île 

suiiii  l'iiiijpp"  .n-  M;n  :  "  Le  jiantdis  n'est  pas  fait 
]iiiiir  In  liirhai.  •> 

Il  ébua  dans  son  jardin  un  petit  aulel  à  sa  bonne 
Miif.  qu  il  mit  à  l'alm  sous  inie  mauvaise  cabane 
de  Irrnncliaae*.  fous  !(;.<  jours,  il  venait,  avec  son 
admirable  simplicité,  répandito  des  «raines  devant 
'  tlii:  cabane,  atin  i|ue  lo^  petits  oisuniu  s'y  assem- 
lilas-.eiit  pour  cbatiler  les  louantes  de  leur  Ruine. 

Partout  on  .ill.iit  11'  Iliciihriiir.uK,  Nolrf'-.''cif;neur 
se  plaidait  à  :  té  par  quelquo  mi- 

rai'•.  l'.-nd  II  ■-ItoioMilo.  il  armr» 

ipi  l'firi-r  la  vonlo 

■  le  '  iiello.  s*  brisa 

looifpn  >ur  lemailit—iiiili-l  ri  mil  Kiulersiir  le  pavé. 
l'M  venait  de  le  déposer  presque  sans  vie  dan» 
riiifirm'ri"'  quand  If  l'r    riipiii  i-ntra  : 

"  Krnn<oi«..  dii-il  in  -  ipiirnrbant  douirmcn»  du 
moribond,  c-itéreen  Dieu  et  en  >a  Très  Sainte  Mère: 
daiH  deux  jour*,  lu  «eras  t'iiéri.  »  Pendant  cesdeax 


jours,  le  saint  relipeax  ledMibla  >««  prières  et  ses 
austérités,  ert  François  se  leva  ooinpiètement  gnéri. 

LE  FB.    CalSPLN,   ISFrRlIlBH  POUR  L.V    SE<;ONDF.    FOIS 

Une  épidémie  ravaaeait  le  couvent  do  Krarri.-mo.  •< 
n  fallait  atout  prix  y  envoyer  un  infirmier.  Le  Rien- 
keureux  se  trouvait  à  Borne  lorsqu'on  apprii  ootte 
dnuloureuse  nouvelle  ;  il  s'offrit  aussitôt. 

!<■  Gomme  il  y  a  péril  de  mort,  lui  dit  le  Provincial, 
je  m'entends  pas  forcer  votre  volonté. 

—  Quelle  volonté,,  mon  Pore'?  s'écria  le  Riewheu- 
reux.  Q«and  je  me  sœ»  fait  Capucin,  j'ai  laissé  mTi 
volonté  à  Viterbe.  J'ai  fait  vceu  dobéiss,ince  devant 
Dieu,  la  Sainte  Vierpe  et  notre  Père  saint  Kiançois, 
sans  réserve  ni  pour  les  maJaidies,  ni  pour  la  mort. 
Envoyez-moi. donc  en  vertu  de  l'ofcèissance  et  j  irai 
coaatenL  » 

Le  &roTiocàaMui  donna  Kordpe  qaïL  désirait,  Ir 
bénit  et  le  laissa  partir.  Mais  les  amis  du  Itieivhcii- 
reux,  apprenant  le  dan;.'er  qu'il  allait  courir,  s'cllni 
cèrent  de  le  retenir  :  «  N«  craiirne?,  rien,  leur  dit  il 
je  vais  à  Bracciano  en  compa^inie  d'un  f.Tand  et 
son'aat  médecin,  et  muni  d'un  excellent  préservalit. 
Le  grand  médecin  qui  vient  avec  moi',  reprit-il, 
c'est  notre  Père  saint  François,  et  le  préservatif  qm- 
j'emporte,  c'est  la- sainte  obéissance.  >> 

Il  revint,  en  effet,  sain  et  sauf  qm^biue  temps 
après.  Il  avait  f-méri,  tant  par  ses  soins  que  par  ses 
prières,  tous  les  malades  de  Rracoiano, 

LB  FR.  GRISPIN,  OUÈTEUR 

Au  Chapitre  suivant,  il  fut  décidé  que  le  Bienheu- 
reux irait  au  couvent  d'Orviéto  et  y  exercerait  les 
fonctions  de  quêteur.  Il  eut  bien  vile  f,'aané  tous  les 
cœurs  par  son  humilité  et  sa  simplicité.  .\u  bout  de 
quelques  jours*  toute  la  ville  le  chérissait  ;  tous  le 
respectaient  comme  un  saint,  tous  se  disputaient 
l'honneur  de  remplir  sa  besace.  L'évéque  et  le  irou- 
verneur  faisaient  arrêter  leur  carrosse  pour  s'entre- 
tenir avec  cetbumblo  Frère  dont  les ié|ionses simples 
et  naives  pénétraient  jusqu'au  fond  de  l'àme.  Le 
Rienheureux  en  profitait  pour  obtenir  des_  secours 
aux  malheureux,  aux  veu-ves,  aux  orphelins,  an\ 
prisonniers.  Il  portait^  joie  et  la  paix  dans  loutev 
les  familles  :  aussi  comme  on  l'aimnit  !  ('omnie  on 
écoutait  ses  paroles  !  Plusieurs  fois,  ses  supérieurs 
l'envoyèrent  dans  d'autres  couvents  ;  mais  les 
aumônes  cessaient  aussitôt;  le  Frère  quêteur  qui  le 
remplurait  trouvait  toutes  les  portes  fermées.  Il 
fallait  mourir  do  faim  oU' rappeler  le  Kr.  Grispin. 
Il  revenait  donc  et  toute  lu  ville  accourait  au-devant 
de  lui  et  le  ramenait  en  triomphe  à  son  couvent. 

Tant  de  témoi;,'naa<iS  d'honneur  et  dalTection 
nienllaient  point  b'  cnmr  du  saint  relif-'icux.  Toujours 
petit,  loujoiirs  humble,  toujours  b'  dernier  de  tous, 
il  no  s'appelait  que  l'àm-  des  Capucins. 

(I  .\lliiHs.  nies  enfants,  faites  place  à  l'Ane  des 
Capucins,  s'écriail-il  lorsqu'il  lui  fallait  traverser  la 
foule. 

—  El  où  est-il  df>nc  cet  éne?  lui  demanda  un  jour 
un  homme  qui  ne  le  connnissailpas. 

—  Tu  ne  vois  pas  que  je  porte  le  bAt,  reprit  le 
liienheureux  en  ninntrnnt  sa  besacoi  » 

(In  lui  demandait  une  fois  pourquoi  il  allait  tou- 
joui-s  nu-f^to:  «  G.'est  pan-e  (pl'iin  Ane  ne  porte  pas 
dechaf>eau,  .>réponditiil.ive<'une  aimable  simplirflé. 

L'humble  Frère  n'aimait  rif-n  tant  quo  de  souffrir 
pour  son  divin  Maître,  fhi  voulait  le  délnuincr 
d'.iller  faire  la  qu'^p  dans  une  maison  dont  b- 
inaîtr*  l'ac^-neillhil  par  des  ontrace«:  <•  Mais  jf  n'.ii 
pas  de  meilleur  ami.  ■  répondit-il,  et  incontinent 
il  allait  frapper  h  «a  [lorle.  Inc  aiilfe  personne  ne 
ni.iTi'iuait  jamais,  lorsqu'il  venait  lui  .1»  imnder 
l'aumône,  de  l'accabler  d'injures,  l'appelant  hypo- 


crite,  fourbe,  dévot,  etc.  Le  Bienheureux  l'écoutait 
tr:iicquillenient.  puis,  quand  elle  avait  fini  ;  c  Dieu 
soit  béni  I  s'écriait-il  tuut  joyeux,  de  re  qu'il  y  a  à 
(  irviéto  une  personne  qui  me  connaisse  et  qui  me 
traite  comme  je  le  mérite.    » 

Notre-Sei;.'neur  faisait  resplendir  aux  yeux'  du 
monde  lu  sainteté  de  son  serviteur  par  de  nombreux 
et  éclatants  prodiges.  L'n  jour  que  le  Provincial  était 
venu  diner  au  couvent,  avec  quelques  autres  Pérès, 
le  vin  manqua.  Le  Bienheureux  courut  chez  un  sei- 
f!neur  du  voisina;:e  et  lui  demanda  d'un  certain  vin 
qu'il  désigna.  "  Ce  serait  avec  un  prand  plaisir,  lui 
lut-il  répondu,  mais  le  tonneau  est  vide  ;  on  vous 
en  donnera  d'autre.  —  Non,  non,  c'est  de  celui-là 
que  je  veux,  reprit  le  Bienheureux  :  allons  voir  le 
tonneau.  •>  On  di-srendil  à  la  cave  avec  lui  et,  au 
;;rand  étonnementde  ses  hienfaiteurs,  le  Fr.  Crispin 
remplit  son  vase  au  tonneau  qu'on  savait  vide.  Ce 
tiMineau  fournit  du  vin  louf^temps  encore  sans 
s'épuiser. 

La  ni''Mne  chose  arriva  pour  un  sac  de  farine  qu'on 
avait  piitii-rement  vidé  pour  le  Bienheureux. 

Le  cardinal  (iualieri,  qui  habitait  une  villa  aux 
environs  d'orviéto,  devant  recevoir  le  roi  d'An;.'le- 
lerre,  son  intendant  avait  fait  demander  à  Bome 
des  ileurs  dont  on  maiii|uait  à  Orviéto.  Le  commis- 
sionnaire les  oublia,  ce  qui  déconcerta  fort  l'inten- 
dint.  .Mais  le  Bienheureux  lui  dit  :  "  Ne  vous  inquié- 
tez pas  ;  je  vais  vous  fournir  toutes  les  lleurs  dont 
vous  avez  besoin  pour  la  table  et  les  appartements.  • 
Il  sortit  un  instant  et  revint  bientôt  avec  un  énorme 
bouquet  de  ma;;niliques  lleurs  d'une  espèce  incon- 
nue à  Orviéto  et  dans  les  pays  voisins.  Comme  on 
lui  demandait  d'où  il  les  avait  tirées  :  "  l»ccupons- 
nous  d'abord  de  paiiner  le  ciel,  répondit-il  ;  si  nous 
avons  le  bonheur  d'y  parvenir,  nous  y  verrons  des 
lleurs  bien  plus  belles  et  d'un  parfum  plus  doux.  » 
Cependant,  le  Bienheureux  vieillissait  et  s'atTaiblis- 
sait  de  jour  en  J'-ur:  ses  dernières  années  ne  furent 
qu'une  suite  de  miracles  presque  continuels.  Nolre- 
ï>eii.'neur  lui  ciimnniniuua  ù  un  haut  lienri-  le  don  de 
prophétie,  de  sorte  qu  on  recourait  à  lui  comme  ù 
un  oracle  divin. 

In  jour  c|u'il  visitait  un  pauvre  père  de  famille, 
elouésurson  lit  de  douleur  et  n'attendant  pins  que 
sa  dernière  heure,  sa  femme,  tout  éplorée,  se  jeta 
aux    pieds  du   Bienheureux,  le    suppliant    d'avoir 

titiè  d'elle  et  de  ses  enfants,  et  de  guérir  son  mari, 
e  saint  reli:.'ieux  passa  toute  la  nuit  en  prières. 
Le  lendemain,  il  acrourut  tout  joveux  à  la  maison 
«lu  malade  :  •<  Antoine,  lui  dit-if,  livre  nouveau, 
uiinpte  nouveau.  Dieu  t'accorde  dix  années  .le  vie. 
Mets  dune  ordre  à  tes  affaires,  car,  après  ces  dix  ans, 
lu  retomberas  dans  la  m^-me  maladie  ;  mais,  cette 
fois,  pour  en  mourir.  >■  Antoine  se  leva  puéri,  et  la 
prédiction  du  Bienheureux  s'accomplit  de  point  en 
point. 

UonT    HIE.MIEtmEl'SE  DU    FR.     CRISPIN 

L'humble  Frère  resta  à  Orviéto  près  de  quaranU 
an5.  Il  fut  rappelé  à  Bome  lorsque,  accablé  de  vieil- 
k-sse,  il  ne  pouvait  plus  sortir  pour  faire  la  quétc. 
Cependant,  le»  habitant»  de  la  bonne  ville  d'Orviélo 
'■l''.inrent  une  dernière  fois  qu'il  leur  serait  rendu. 
I  .  ,,,..  ..  rentrant  dans  ses  Ktats,  n'aurait  lias  été 
1  lus   de  mai-'iiiflcence  qu'on  en  déploya 

il  1  l!i'iili'  iireux.  Tout  le  peuple  se  porta 

■I  r    lui    faire   cortège.    Les    crif 

•  Il  le  .Saint  !   yi»e  le  serviteur  de 

II.  !••  toutes  parts.  Mais  le  pauvt- 

>!■  -  lit  d'un  tri  h'-'nn"iir  ilont  il 

.roy.iil  -I  ... 

il,  polir  un        .  N 

tuitunebéte  k  lo.Uic  morlo '/ Alb;z,  .illei  a  l-J^li^c 


vous  prosterner  devant  Notre-Seigneur  et  devant  sa 
Très  Sainte  .Mère,  au  lieu  de  venir  adresser  des 
louanges  au  plus  vil  des  hommes,  à  un  misérable 
pécheur.  » 

Il  passa  encore  quelques  années  au  milieu  de  ce 
peuple  qui  l'aimait  tant,  secourant  les  pauvres,  iiué- 
lissant  les  malades.  Enlin,  Dieu  l'appela  a  Borne,  où 
il  devait  mourir. 

tjuand  il  se  vit  sur  le  point  de  quitter  cette  terre, 
il  tit  ses  adieux  à  ses  amis  et  à  ses  bienfaiteurs.  Il 
n'était  pas  encore  malade;  mais  .Notre-Seiyneur  lui 
avait  fait  savoir  qu'il  recevrait  bientî>t  la  recompense 
de  ses  travaux. 

Il  tomba  malade  à  l'approche  de  la  fête  de  saint 
Félix  de  Cantalice,  pour  lequel  il  avait  une  particu- 
lière dévotion.  Les  reli:.'ieux,  ses  frères,  crurent  <pie 
Dieu  l'appellerait  à  lui  ce  jour-là.  Mais  le  Bienheu- 
reux leur  dit  :  »  Je  ne  mourrai  pas  le  jour  de  saint 
Félix,  mais  le  lendemain.  —  El  pourquoi'.'  lui 
demanda-t-on.  —  Parce  que  ma  mort  troublerait  sa 
fête,  "  répondit-il  avec  une  grande  simplicité. 

Puis,  levSnt  les  mains  vers  le  ciel,  il  s'écria:  >■  0 
mon  Jf^sus!  vous  (jui  m'avez  racheté  par  voire  sana, 
achevez  niaintenant  votre  œuvre  et  assurez  le  salut 
de  mon  i\ine.  Kl  vous,  à  divine  Marie!  mon  soutien, 
mon  refuge,  ma  protectrice,  secourez-moi  dans  ce 
grand  passaye.  » 

Le  démon  essaya  de  troubler  la  ferveur  de  ses 
derniers  instants;  il  lui  apparut  sous  la  forme  d'un 
f^i'os  chien  noir  et  hideux,  rl^dant  autour  de  son  lit 
comme  pour  le  dévorer. 

«  0  méchante  béte!  s'écria  le  Bienheureux,  que 
veux-tu  de  moi'?  Je  n'ai  rien  à  taire  avec  loi  :  mon 
juge  est  Jésus-Christ  et  sa  Sainte  Mère  est  mon 
avocate  :  quant  à  toi,  je  ne  te  connais  pas.  » 

On  l'asper^iea  d'eau  bénite,  ce  qui  mit  en  fuite  le 
monstre  infernal. 

A  la  nouvelle  de  sa  maladie,  latirande  ville  s'émut  : 
les  princes  et  les  seitineurs  vinrent  voir  le  pauvre 
Frère  convers  et  lui  baiser  les  mains. 

Il  reçut  les  derniers  sacrements  avec  une  ferveur 
inexprimable.  Puis,  jetant  encore  un  reganl  sur  les 
imat;<-s  de  .Noli'e-Sei;;neur  etde  la  Très  SainteX  lerye. 
et  levant  les  yeux  au  ciel,  il  remit  doucement  son 
Ame  entre  les  mains  de  son  Créateur,  au  milieu  ib^s 
larmes  et  des  saii:;lots  de  tous  les  asMslanls.  C',-lfiil 
le  lendemain  de  la  l'He  de  saint  Félix  de  l^aiitalice, 
dont  il  avait  si  fidèlement  reproduit  la  vie,  en 
l'année  I7,"i(i. 

.Xjirès  que  sa  belle  Ame  se  fut  envolée  au  ciel,  les 
membres  du  Bienlieureux.raidis  par  les  rhu!n.iti>me«. 
reprirent  leur  souplesse,  ses  plaies  dispariiient,  son 
corps  devint  blanc  et  vermeil  comme  relui  il'un 
petit  enfant.  Il  resta  six  jours,  exposé  à  la  vènèrnlion 
des  (Idéles,  -ans  donner  le  moindre  siyiie  «le  putré- 
faction. Le  pèlerin  qui  va  prier  au  tnnibeau  de'^ 
apôtres  peut  aller  vénérer  ses  pi. 
conservées  intactes  dans  l'ék'lise  d 

A  la  mort   du   Bienheureux,  la  \iio  ' 

remplie   d'un   très   ;;rand    nombre  d'  ' 
étaient    venus  à  Borne   pour  le   Jubile     ii~    m.oi 
tèmoiur.  des  nnracles  qui  s'opérèrent  pendant    ses 
funérailles  et  sur  son  tombeau. 

Le  couvent  fut  bienlAl envahi  parla  foule  :  lix  foi» 

on  changea  les  habits  du   Bieol inn     v,,  1"..!^  ,1. 

furent  mis  en  pièces, et  la  mni 

I'iiiiIm    m  \  .'  1  lis  .111, ■  If  s  L'.il  d'  ' 


e   s  eiTie   dan  'ii  ;  •■  (Juel   loi  u 

s  eu  de  pareil !■ 

vie  du  bienheureux  i.ii-j.iii   n   et 
;  int»  auteurs  ;  celle-  i  ■  si  empruni 
p. Il  lie  à  llibadcnéira. 


rliqne 

lis. 


iiiip  -ytr<int.   l'riwMrsm,   s^  rur   Iraiiroit  ï",  l'.iti 


SAINT  DONATIEN  ET  SAINT  ROGATIEN 

ou     LES    ENFANTS     NANTAIS,    MARTYRS 


Fêle  le  24  mai 


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Saint  Donatien  et  Rogatien  en  prière  dans  la  prison. 


L'empereur  Dioclétien,  le  plus  acharné  des  persé- 
cuteurs, poussé  par  son  gendre  Galère,  se  résolut 
à  lancer  un  nouvel  édit  de  persécution  contre  les 
chrétiens.  11  sévissait  avec  d'autant  plus  de  fureur 
contre  les  disciples  de  Jésus-Christ  que  lui-même 
n'avait  pas  eu  le  rx)urage  de  correspondre  à  la  gracia 
de  la  foi.  Les  historiens  nous  apprennent  en  eflot 
que  plusieurs  de  ses  parents  étaient  chrétiens,  et  le 
pape  saint  Caïus  était  son  cousin.  L'empereur  avait 
choisi  un  de  ses  plus  cruels  ministres  pour  l'en- 
voyer dans  les  Gaules.  Le  couverncur  partit  avec 
l'ordre  de  n'épargner  aucun  de  ceux  qui  refuseraient 
l'encens  à  Jupiter  et  à  Apollon.  De  nobles  victimes 
étaient  prêtes. 

CONVKBSIO.N    ÉCLATASTB 

Pendant  que  beaucoup  tremblaient  à  l'approche 
du  juge,  à  Nantes,  un  jeune  chrétien  se  réjouissait. 
C'était  le  seigneur  Donatien  l'un  des  plus  illustres 
jeunes  gens  de  la  ville.  La  moit  endurée  pour  Dieu 
est  si  sainte  et  si  glorieuse  que  les  vaillants  servi- 


teurs de  Jésus-Christ,  loin  de  la  craindre,  la  défirent 
comme  une  grande  grâce. 

Donatien  descendait  d'une  des  plus  nobles  familles 
de  la  ville  de  iNantes,  mais  celle  gloire  était  peu  du 
chose,  car  le  Christ  ne  l'avait  pas  encore  consacrée. 
En  effet,  les  parents  de  Donatien  étaient  idoldlreset 
lui-même  avait  été  élevé  dans  les  erreurs  grossières 
du  paganisme;  aussi  aimait-il  le  cirque  et  les  jeux, 
et  sa  nature  ardente  le  poussait  vers  les  combats 
sanglants  de  l'amphithéiUre.  Cependant  Dieu  avait 
ses  vues  sur  ce  jeunu  homme  admiré  de  tous;  la 
griice  divine  pénétrait  peu  a  peu  dans  son  dme  en 
même  temps  qu'il  croissait  en  âge.  Dientôt  Donatien 
commença  à  comprendre  l'horreur  de  ces  jeux  ou 
l'on  versait  à  flots  le  sang  humain.  Dans  le  paga- 
nisme il  voyait  des  trahisons,  de  basses  flatteries, 
di.'S  tristesses  sans  consolation.  Les  chrétiens  au 
contraire,  remplis  d'une  inépuisable  charité,  intré- 
piiles  devant  la  mort,  joyeux  dans  les  tortures,  les 
prêtres  chrétiens  en  particulier,  édiflaicnt  son  4me 
amie  de  la  vertu.  Ses  yeux  désillés  commi^nraicnt  à 
apercevoir   une    grandeur   autrement  désirable   et 


a«i 


belle  que  la  richesse  et  la  puissance.  Donatien  se 
iji  piocha  donc  des  chrétiens  et  r.'sofut  4'entrep 
liuis  leurs  rangs.  Dubord  il  s'abstint  des  sacnOces 
i.lolàtriques,  des  Ihiâlres,  des  broyants  fastins;  il 
abandonna  la  compagnie  danjj.  reuse  des  flatteurs 
qui  l'obiédaient  sans  cesse.  EnOn,  tous  les  liens 
étaient  rompus,  il  fut  chrétien. 

Ce  fut  un  \riilable  événi'ment  dans  la  ville.  Les 
païens  ne  pouvaient  concevoir  que  dans  la  fleur  de 
la  jeunesse,  cet  héritier  d'une  grande  maison 
nréprisât  honneur,  beaui/.  richesses  pour  se  vouera 
une  mort  certaine  en  devenant  chrétien.  On  se 
demandait  quel  attrait  l'avait  séduit  par  ses  charmes 
dans  une  religion  abhorrée  par  les  amis  de  la 
volupté.  Mais  llonatien  méprisa  tous  les  discours 
frivoles  du  niùiuie  el  ne  se  laissa  pas  intimider  par 
la  pensée  des  joulTrances  qu'il  aurait  à  subir,  l'ressé 
de  se  donner  tout  entier  a  Jésus-Christ,  il  alla  se 
présentfT  aux  prêtres  pour  être  reçu  au  ranf?  des 
catéchumènes.  Il  était  delà  prêt  à  recevoir  l'eau 
baptismale,  et  il  appelait  de  ses  vœux  le  jour  de  la 
rénovation. 

BAPTÈMi  (rr  FRUITS  d'aïostolat 

Enfin  le  prêtre  admet  Donatien  au  baptême.  Le 
nouveau  chrétien  qui  a  choisi  le  Seigneur  pour  son 
héritage,  ressent  déjà  les  effets  de  la  miséricorde 
divine.  Son  àme  est  inondés  d'aae  aOégrcMe  touU 
céleste.  Il  manque  cependaat  eaew*  qaélqae  chose 
à  ce  bonheur  :  Ftogatien  n'est  pas  •■£  cAws  de  son 
frère,  le  démon  le  tient  encore  soo»  MB  empire. 
C.tle  proie  allait  bienl.it  lui  être  arrachée,  car 
Hogatien  sentait  bien  le  vide  du  culte  de  Jupiter  el 
d'Apollon,  son  àme  n'y  trouvait  poiat  U  repos  et  la 
paix,  et  sans  voir  encore  claireâcat  Ik  lOHèTC,  il 
enviait  le  bonheur  de  son  frère.  Dits  rteMapensa 
une  jalousie  si  sainte,  et  à  la  prière  de  Dsaatien,  sa 
grâce  se  répandit  dans  l'àme  de  ce  jeoa*  païen  qui 
voulait  venir  à  la  connai.ssance  de  son  Créateur. 

UoRiiiii  n  -'-Lait  fait  son  catéchiste,  bien  résolu 
Je  ne  i  qu'il  n'eût  attiré  son  frère  à  la  reli- 

(rjon  en  ■  .  Hof-'alien,  bien  que  l'alné,  écoutait 

avec  une  grande  attc-iition  son  jeune  docteur.  Le 
maître  puisait  ses  en.se.ignements  dans  la  parole  de 
Dieu  et  le  disciple,  apercevant  la  vérité,  renrettail 
de  n'en  avoir  pas  connu  plut.)t  la  beauté  toujours 
ancienne  el  toujours  nouvelle.  Enfin  il  ouvrit  son 
cœur  et  dit  :  "  Donatien,  maintenant  je  suis  tim 
frère  selon  la  foi  et  la  grâce  aussi  bien  que  selon  la 
nature.  ..  Avec  quelle  effusion  de  joie  le  jeune  chré- 
iien  11'  lit  inscrire  sur  la  liste  des  calécliumènes  qui 
se  préparaient  au  baptême. 

LBS  PIliDICATEDU 

A   peine  conTcrti,  RoBnlien   se  fil   «p<^^^e  k  son 

tour.    Apr*-i  avoir  reçu  Vs  instructions  du  prêtre, 

il  s'effonait  de  les  r'êpéi.r  nui  autres  et  d'attirer 

a  Jésus-Christ  !<■*  unies  dont  il  avait  parlajr»  l'er- 

renr.  Mais  lennemi  allul  bi.nlAt  se  dri-ssfr  sur  sa 

,,.iii..  Il, 11  il.'*  liniitH  (11*  persécution  .le  r>'pnndaient 

'tait  pas  la  aainte  de  la  mort 

r   II'  nouveau  converti,  mars  il 

•  •vé    par   la   nersi^cution   «mnt 

I  ■■  dans  l'eau  au  s.iint  baptême. 

I  .■    tt-iilalion    de    l'ennemi.    Il«>i?ntien    en 

!  ins  l'un  d"  •'•s  doux  et  «ainl*  entretiens 

1 , .  .  l'un  par  '' 

1,   .;,  :it  pas  de  1 


pierre  dont  beaucoup  de  païens  eux-mêmes  si 
moquaient  tout  en  leur  offrant  des  sacritieos.  Ces 
discours  pleins  de  feu  entrainaieut  la  multitude  en 
forçant  son  aJraitaliou.  Us  s'étonnaient  en  elTet.ces 
païens,  que  l'on  pût  s'enflammer  d'enthousiasme 
pour  sa  religion,  car  eux-mêmes  n'éprouvaient  point 
d'amour  pour  leurs  dieux  tout  en  les  craignant  un 
peu  et  en  espérant  leur  protection.  Les  deux  saints 
étaient  sans  cesse  à  l'œuvre,  el  quand  ils  avaient 
prêché  les  foules,  ils  tournaient  leurs  efforts  vers  la 
conversion  de  leurs  amis.  Le  parfum  de  leurs  vertus, 
leur  charité  affable,  charmaient  tous  les  coeurs,  et  la 
grâce  remportait  des  victoires  consolantes  par  le 
moyen  de  ses  serviteurs.  Toutefois  ces  conversions 
étaient  plus  le  fruit  de  leurs  prières  que  de  leur 
éloquence. 

DKNONCUnOK 

Cependant  le  persécuteur  approchait  et  répandait 
partout  la  terreur.  Quand  on  sut  qu'il  entrait  dans 
Nantes,  la  foule  se  porta  a  sa  rencontre  pour  honorer 
l'envoyé  de  l'empereur.  Elle  demandait  en  méiur 
temps  des  victimes  pour  ses  jeux  et  ces  vietinii- 
c'étaient  les  du  "tiens.  Mort  aux  chrétiens,  c'était 
le  cri  de  toutes  les  bouches.  Cependant,  an  ailieu  du 
tumulte,  un  païen  s'approcha  du  préfet,  il  venait 
désigner  les  victimes  les  plus  dignes  dé  recevoir 
la  couronne  du  martyre.  «  Maître  très  sa^,  lui  dit- 
il,  en  Qéchissant  le  Kenou,  vous  arrivez  à  temps 
pour  ramener  au  culte  de»  dteox  ceu  q«M  l'on  a 
vus  courir  après  un  crucifié  des  Joifc.  Mcktz  donc 
que  Donatien  est  disciple  de  celte  reKfÏM  et  que 
vous  devez  sévir  contre  lui  avec  vitiuavr.  Jf*u  seu- 
lement il  ne  sert  plus  les  dieux,  mais  par  b  ténacité 
de  ses  vains  discours,  U  m  Mtnlné  IMI  frère  à 
mépriser  Jupiter  et  ApoOo*.  Mm  fêtes  MDt  délais- 
sées! on  nouveau  culte  remplace  Tancien.»  Le  cruel 
gouverneur  comptait  bien  assouvir  sa  cokre  el 
repaître  ses  yeux  de  spectacles  sanglants.  La  loule 
rap[ilaudissait  et  demandait  la  perte  des  chrétiens.  | 
Sur  le  champ,  il  envoie  ses  satellites  avec  ordre  | 
d'amener  devant  le  tribunal  le  seigneur  Donatien.  ; 
Donatien  ne  se  cachait  pus  et  la  demewrs  de  smi 
illustre  famille  était  connue  de  tous.  Les  sttlelliti  s 
it  donc  bienidt  avec  iwir  proM  rwn  la  luule 
et  avide  d«  l 


pour 
IN  iw 


mTKKBOGATnlRB 

Donatien  était  seul,  car  le  cruel  tyran  avait  voulu 
lui  ôter  la  consolation  suprênie  d'élri»  aidé  par  la 
présence  d'nn  compagnon  de  souffrances,  fl  espérait 
Intimider  ce  grand  co-iir  par  la  vue  dr  la  rnMl,-  .mi 
demandait  son  sang.  Les  inslrunients  di' 
entouraient  le  tribunal,  tout  respirait  la  m 
rien  ne  put  troubler  le  calmi-  du  saint  martyr,  li 
comptait  sur  la  cr.Ace  du  Dieu  tout-puissant  qui 
viendrait  k  son  aide  dans  le  combat,  et  dans  le  fond 
di-  son  c<rur.  il  iiivoqu.iil  avec  anmur  son  eéle^ti'  Roi, 
heureux  de  lui  offrir  sa  vie  comme  un  bon  et  lldèie 
vddat. 

..  Donatien,  lui  dit  lo  jnge,  on  prét»'iid  i| 
avci   abandonné  le*    diem  qui  nous  «ni 
vie  et  nous  la  cfi  ^    -i     ' 

pheme,  el  vos  disci' 

persuade!  de  ■  :  '  '"  ''   ■■'""  ■ 

-Vous  dile»  I  'lid    le  jeune 

:;liie  ;   tout  ■•■     ■"  '  '"'-' 

Te  de   l'iii 

I,,.     4...., 


se  venger   cm 


..  „i.  J. 


se  met  à  prêcher  avec  force  et  clarté  la  religion 
chrétienne.  En  vain  le  gouverneur  irrité  le  menace 
d"une  mort  imminente  s'il  ne  cesse  de  pareils  dis- 
cours ;  Donatien  continue  à  montrer  au  peuple, 
attentif  et  étonné,  la  vanité  des  idoles  et  la  grandeur 
du  vrai  Dieu.  C'était  un  triomphe  pour  la  toi,  telle- 
ment que  le  juge  craignant  des  conversions  non»- 
breuses,  donne  ordre  de  jeter  Donatien  dans  un 
cachot  obscur  et  de  le  charger  de  lourdes  chaînes. 
11  fait  ensuite  amener  son  frère  Rogatien. 

Celui-ci  n'était  pas  encore  baptisé,  il  y  avait  plus 
d'espoir  de  le  vaincre,  surtout  en  présence  des 
tourmeiits. 

aOGATIEN    DEVANT   LK   TRIBCT^AL 

Rogatien,  il  est  vrai,  n'avait  pas  reçu  la  grâce  du 
bapténe,  mais  il  avait  prié  et  sa  prière  pénétrant 
le  Ciel  lui  avait  obtenu  la  force  du  Tout-Puissant. 
Il  était  bien  résolu  de  souffrir  plutôt  mille  morts 
que  d'abandonner  Jésus-Christ  au  moment  du  combat 
et  de  la  victoire.  Les  satellites  l'arrachèrent  de  sa 
demeure  et  le  traînèrent  sur  la  place  publique  devant 
le  juge  déjà  furieux  contre  son  frère. 

Mais  dissimulant  sa  haine  et  sa  colère,  le  ministre 
de  Satan  lui  fit  un  paternel  accueil  et  essaya  de  le 
gagner  par  la  douceur  et  la  flatterie  :  il  le  louait  de 
ses  belles  qualités,  de  ses  richesses  et  de  sa  gloire 
que  les  dieux  tout-puissants  lui  avaient  prodiguées. 
'<  Enfin,  lui  dit-il,  puisque  vous  n'avez  pas  encore 
été  infecté  de  je  ne  sais  quel  baptême,  ne  vous 
obstinez  pas  davantage.  Vous  garderez  tout  ce  que 
les  dieux  vous  ont  donné  ;  vous  aurez  la  vie  sauve, 
et  un  accroissement  de  richesses  et  de  dignités  dans 
le  palais  des  empereurs,  et  dans  le  sénat  de  la  Cité.  » 

Rogatien,  rempli  de  l'esprit  de  Dieu,  coupa  court 
à.  ces  vains  discours  et  répondit  au  préfet  :  «  Je  ne 
m'étonne  pas  de  vos  promesses,  car  vous  êtes  aveugle; 
cependant  je  vous  le  demande:  pourquoi  mettre  sur 
les  autels  des  dieux  qui  valent  moins  que  vous"?  Mais 
en  les  adorant  vous  vous  rendez  semblables  à  vos 
idoles,  car  si  vos  dieux  de  pierre  sont  sans  àme  et 
sans  vie,  ceux  qui  \cs  adorent  perdent  l'intelliaencf 
et  le  bon  sens.  »  Rogatien  était  donc  aussi  inébran- 
lable queson  frère.  Jésus-Christ  parlait  par  sa  bouche 
et  mettait  dans  son  âme  une  force  divine  contre 
les  tourments,  la  flattorie  et  toutes  les  ruses  de 
l'Enfer.  Le  juge  comprit  qu'il  était  inutile  d'insister 
davantage  par  des  paroles  et  fit  jeter  le  saint  con- 
fesseur de  la  foi  dans  le  cachot  où  était  enchaîné 
son  frère.  Le  lendemain,  pensait-il,  les  tourments 
devai-'nt'avoir  raison  de  leur  fermeté,  ou  punir  leur 
désobéissance  par  une  prompt*  mort.  En  attendant, 
n  alla  pri'sid<>r  une  fêle,  pendant  que  ses  innocentes 
victimes  souffraient  dans  les  fers. 


Mais  pendant  que  le  préfet  recevait  avec  orimeil 
les  applaudis-»raentsde  la  foule  adulatrice,  combien 
t<-ndre  et  ■.iilliine  était  l'entrfvue  des  deux  frères 
dans  leur  prison  I  Avec  quelle  effusion  ils  s'emhras- 
î>-renl  après  1»;  premier  combat  dont  l'un  et  laulre 
«ortaient  vaiiif)ij.-  it  -  ;  .' mine  il<  fm'Tciaient  Dieu  du 
Un  r>'-unir  (oui  'ju  il  [hi--;  til <nrHi-.ileret  se  fortifier 
I  iir  '  '  Ils  1,11  r'-ii'Unnl  -rires  de  I'îs  avoir 
iu.  lie  souffrir  pour  son  nom,  ils  suppliaient 

!■•■  •    ■   -'     '  ■  'I--   '   ■■'   pro- 

ch.i 

'  -itien, 

c'i  I  nhf.ur  di-  rece- 

V'i'  ,  U,  lui  assurant 

avec  raison  que  le  martvre  lui  ouvnrail  certainement 


le  ciel  et  il  fit  à  haute  voix  cette  prière  :  «  Seigneur 
Jésus,  qui  voyez  dans  le;  désirs  sincères  le  mérite 
de  l'action  elle-même,  que  la  foi  pure  de  Rogatien 
lui  serve  de  baptême  et  si  demain  le  glaive  termine 
notre  vie,  que  son  sang  lui  serve  de  confirmation.  » 
Puis  tous  deux  offrirent  sénéreusement  leur  vie 
au  Seigneur  ;  il  leur  semblait  qu'ils  n'étaient  plus 
de  la  terre,  qu'ils  n'étaient  séparés  du  ciel  que  par 
un  voile  fragile  qui  allait  tomber  dans  quelques 
heures.  La  nuit  entière  se  passa  en  pieux  exercices 
et  en  saints  entretiens. 

■ABTTRE    DES    DEfS    SAINTS  JED.\ES   GEN5 

Le  lendemain,  les  portes  du  cachot  s'ouvrirent, 
et  les  soldats  les  emmenèrent.  Les  deux  enfants 
marchaient  joyeux  et  fermes  quoique  lentement, 
accablés  qu'ils  étaient  par  leurs  lourdes  chaînes; 
leur  visage  rayonnait  d'une  assurance  et  d'une  beauté 
célestes.  Us  traversèrent  la  place  encombrée  par  la 
foule,  et  arrivèrent  devant  le  tribunal  où  siégeait 
le  préfet. 

«  J'ai  usé  de  modération  envers  vous  et  je  vous  ai 
adressé  de  douces  paroles,  leur  dit  le  magistrat 
païen,  mais  il  est  temps  que  la  sévérité  des  lois 
exerce  sur  vous  sa  juste  rigueur,  si  votre  ignorance 
ou  votre  malice  refuse  d'adorer  les  dieux.  »  Les 
deux  héros  répondirent  d'une  commune  voix  : 
«  Vous  nous  accusez  d'ignorance;  et,  quelle  est 
donc  la  science  dont  vous  faites  preuve  en  adorant 
sottement  des  dieux  insensibles  et  sans  "vie  comme 
le  métal  dont  ils  sont  fabriqués;  pour  nous,  nous 
sommes  prêts  à  souffrir  pour  Jésus-Christ  tout  ce 
que  le  bourreau  pourra  inventer  de  tourments. 
Notre  vie  ne  perdra  rien  à  être  rendue  à  Celui  qui 
nous  l'a  donnée,  et  nous  la  retrouverons  mille  fois 
plus  belle  dans  les  splendeurs  du  ciel  qui  nous 
attend.  » 

Le  préfet  en  fureur  ordonne  au  bourreau  d'atta- 
cher sur  le  chevalet  les  deux  innocentes  victimes; 
leurs  membres  sont  déchirés  et  rompus,  mais  la 
force  de  Dieu  soutient  leur  courage,  et  leur  àran 
reste  invincible;  ni  l'apostasie,  ni  même  une  plainte 
ne  s'échappe  de  leur  bouche,  et  Jésus-Christ  devient 
victorieux  dans  ses  serviteurs. 

Mais  il  faut  en  finir,  le  préfet  prononce  la  sen- 
tence de  mort  contre  Donatien  et  Rogatien,  les  ser- 
viteurs du  Crucifié.  On  conduit  les  deux  enfants  sur 
la  place  du  supplice,  et  le  bourreau,  fidèle  à  imiter 
la  fureur  de  son  maître,  transperce  d'abord  d'un 
coup  de  lance  la  gorge  de  ses  victimes,  et  fait 
ensuite  tomber  leur  tète  sous  le  tranchant  de  sa 
hache.  C'était  le  vingt-qualri-'-me  jour  de  mai.  Les 
âmes  bienheureuses  s'envolaient  vers  le  ciel  oii 
elles  étaient  reçues  par  les  phalanges  des  anges,  et 
déjà  sans  doute,  imitant  leur  Maître  divin,  elles 
intercédaient  pour  leurs  bourreaux. 

PROCESSION    CÉLESTE    ET    DÉLIVRANCK 

Plus  tard,  la  ville  devenae  chrétienne  n'oublia  pas 
les  deux  enfants  qui  avaient  autrefois  souffert  le 
martyre  dans  son  enceinte.  Elle  put  souvent  à  »e 
louer  de  leur  protection,  fin  leur  bdtit  une  église, 
et  ils  furent  constitués  patrons  de  la  cité.  Saint 
r,r''Coire  à'i  Tours  nous  rapporte  que  Clovis.  encore 
1  .li'Mi,  vint  assiéger  la  ville  d<'  N.antes,  il  poussa  le 
3ii-a>î  avec  grande  vigueur,  car  il  i^lait  résolu  de  n" 
point  céder.  Depuis  deux  mois,  les  Nantais  résu- 
laienl  'T"  "'■rn.'i  du  roi  des  Francs,  et  il<  iil1.-ii..nt 
enfin  sans   espoir    de  secoiir 

Alor»  L  ours  au  wl  et  à  la  pu)  de 

leurs  saint»  Patrons.  Toute  la  ville  se  jette  a  genoux 


et  se  met  en  prières,  ("est  le  lendemain  que  l'on 
doit  se  rendre.  Dans  le  repos  de  la  nuit.  li;s  portes 
6e  la  basilique  des  saints  Donatien  et  Royatien 
s'ouvrent,  et  des  personnages,  vêtus  de  blanc,  un 
cierce  à  la  main,  sortent  de  l'enceinte  sacrée.  Bien- 
tôt la  môme  chose  se  répète  à  l'église  de  Saint- 
Similin,  il  en  sort  un  semblable  cortège.  Les 
groupes  marchent  en  ordre  de  procession  ;  ils  se 
joignent,  se  donnent  un  salut  gracieux,  et  tombant 
a  genoux,  font  oraison.  1^  prière  terminée,  ils  s'en 
retournent  dans  le  ra'nie  ordre,  et  la  vision  dis- 
paraît. Aussitôt  l'tnne  ni  s'enfuit  en  désordre  et  avec 
lant  de  rapidité,  quj.  la  pointe  du  jour  les  Nantais 
accourus  sur  les  murs,  n'aperçoivent  plus  d'assié- 
geants. A  la  vue  de  ce  prodige,  un  des  capitaines  de 
Clovis,  nommé  Cliilou.  se  convertit  et  reçoit  le  bap- 
lOme,  témoignant  que  Jésus-Christ  est  le  vrai  Fils 
de  Dieu. 

En  lU.'i.une  partie  des  reliques  des  Enfants  San- 
tais  (c'est  le  nom  que  la  ville  de  Nantes  a  donné  a 


nos  deux  jeunes  héros)  fut  transférée  solennelleme'  ' 
a  la  cathédrale  par  Albert,  évêque  d'Ostie,  en  pi 
sence  de  Hugues  archevêque  de  Kouen,  d'un  grai.i 
nombre  d'autres  prélats  et  d'un  immense  concours 
de  tidèles.  La  belle  église  bâtie  sur  le  tombeau  des 
deux  martyrs  a  été  en  partie  ruinée  pai-  la  Révolutii 
mais  en   1806,  deux  dames  pieuses  la  firent  géi 
reuseiuent  réparer  à   leurs  frais;  elle  est  deven 
une  église  paroissiale,  elle  est  située  à  l'extrém; 
de  la  ville  sur  la  route  de  Paris.   On  y   conserve 
encore  des  reliques  des  deux  saints,  mais  celles  qui 
avaient  été  portées  à  la  cathédrale  ont  été  détruites 
par  la  révolution  avec  le  trésor  de  la  cathédrale. 

Nantes  possédait  encore  une  autre  église  dédiée  à 
ses  deux  illustres  enfants,  elle  a  été  également 
renversée  par  la  grande  ouvrière  des  ruines,  la 
barbare  révolution,  mais  le  couvent  de  Chartreux 
dont  elle  dépendait,  devenu  de  nos  jours  un  couvent 
de  la  Visitation,  est  heureusement  encore  un  asile 
de  la  i«rière  et  de  la  vertu. 


SAINT     GÉRARD    DE    LUNEL 


Fête  le  24  mai 


Gérard  (appelé  aussi  Géri)  naquit  dans  la  seconde 
moitié  du  xiii"  siècle,  à  Lunel,  au  diocèse  actuel  de 
Montpellier  dont  le  siège  était  alors  dans  l'ancienne 
ville  de  Magdelonne. 

Son  père  et  sa  mère  étaient  de  deux  familles 
également  illustres  et  pieuses.  Son  père  (lérard 
Amicy.  seigneur  de  Castelnaud.  était  de  la  maison 
de  Sabrait,  l'une  des  plus  anciennes  du  Languedoc 
et  que  les  comtes  de  Toulouse  avaii-nt  honorées  de 
charges  importantes:  sa  mère,  Thérèse  Raymond, 
était  lille  de  Raymond  (iausselin,  baron  de  Lunel. 

A  l'Age  de  cinq  ans,  le  vertueux  petit  Gérard  faisait 
déjà  partie  de  la  confrérie  de  saint  l'ranrois  alors 
récemment  établie  a  Lunel  et  il  en  revêtait  avec  joie 
l'habit  de  pénitence;  mais  sa  pairie  ne  jouit  pas 
longtemps  du  spectacle  de  ses  vertus  naissante». 
Philippe  le  Bel  réynait  alors  en  France,  où  son  gou- 
viTiiement  iip  faisait  guère  revivre  les  qualités  si 
sincèrement  chrétiennes  de  son  aïeul  saint  Louis.  Il 
était  toujours  question  cependant  de  reprendre 
l'œuvre  glorieuse  des  croisades  contre  l'envahisse- 
■tneiit  croissant  de  la  barbarie  musulmane;  pour 
favoriser  cette  chevaleresque  entreprise,  le  Seiuneur 
de  Castelnaud  céda  au  roi  de  France  la  moitié  de 
la  baronic  de  Lum-I  nfln  de  mettre  à  sa  complètr 
disposition  le  nort  d'Aigues-Morti'S.  Il  se  retira  don.- 
avec  sa  famille  au  cliiteau  de  Rocheforl,  près  du 
célèbre  sanctuaire  de  la  sainte  Vierge  si  r.hei 
aujourd'hui  a  la  piété  des  catholiques  du  Gard  et 
d'Avignon. 

Le  jeune  Gérard  grandissait  en  piété  et  en  vertus; 
son  frère  KfTrenauil  partageait  sa  (•■rveur.  Ils  réso- 
lurent de  faire  ensemble  le  pfltTiiiatje  de  Rome  el 
i|.-  Jt-rusalem  et  voulurent  s'y  préparer  dans  la 
1  '1  iilf  <'l  1.1  pénilen.  •■  iiuillinl  1- lu.inoir  paternel, 
I  I.  iiclii  .-lit    a  ■■   de   la,  au 

I  .1,1   1,11,1.   il<   ^  1  une  cellule 

I  >  du  vieil  aqueduc  romain,  et  v  vécu- 

I  I  Piir  vir  «.Tinte  fut  bientôt  l'admi- 

1  ,■  t  pour  échapper  aux 

|,   ,  ,  ' "ni  l'iir  départ. 

Us  ■ -nt 

heurr  ..  .  lu 


de  saint  Pierre.  Après  avoir  prié  h  loisir  dans  t 
les  sanctuaires  do  Rome,  ils  se  dirigèrent   vers 
port  d'Ancône  où  ils  espéraient  s'embarquer   |" 
la  Terre-Sainte.    .Mais    Gérard    tomba    malade    ru 
chemin,  a  Colombaro,  dans  le  diocèse  de  Fermo;  le 
mal  lit  des  progrès  rapides,  et  au  lieu  de  la  Jéru- 
salem terrestre,  ce  furent  les  portes  de  la  Jérusalem 
céleste  qui  s'ouvrirent  devant  lui. 

Les  paysans  de  la  contrée,  miraculeusement 
avertis  de  sa  mort,  accoururent  à  la  pauvre  chau- 
mière où  il  venait  d'expirer  et  obliiirent  de  nom- 
breuses faveurs  en  venant  prier  a  son  tombeau. 
Le  culte  du  serviteur  île  Dieu  fut  a|)prouvé  par 
Benoit  XIV  en  17i-2.  En  llalie,  im  l'invoque  surtout 
contre  l'épilepsie,  et  la  ville  de  .Monte  Saiito  près  de 
Colombaro  a  établi  une  confrérie  en  son  honneur 

Le  diocèse  de  Montjiellier  a  obtenu  de  Pie  IX,  - 
Mgr  Thibaut,  l'autorisation  de  célébrer  aussi  la  : 
de  l'illustre  enfant  de  Lunel.  Elle  fut  soleiiiiisée  jniur 
la    première    fois,    avec    une    grande    pompe,    le 
8  juin  1837.  On  frappa  à  cette  occasion  une  médaille 
conimémorative;   saint  (iérard  y  est  repr/senté  en 
habit  de  solitaire,  priant  dans  sa  retraite  du  pont  du 
(iard;  à  ses  pieds  gisent  les  emblèmes  de  sa  gran- 
deur terrestre  abandonnée  pour  l'amour  de  Dieu  : 
son   épée,  ses   éperons,  la  couronne    de    baron,  les 
armes  de  sa  famille  et  l'écusson  de  Lunel.  On 
représenté  aussi  un  serpent  :  on  raconte,  en  i-: 
que    durant    sa    retraite    au    pont   du   (iard,  il 
sur)iris  par  une  crue  des  eaux  qui  dura  plusi. 
jiiiirs  et  ne  lui  permit  pas  de  quitter  la  pile  du  ) 
où   il  était  réfugié.  Il  y  serait  mort  de  faim,  m 
Providence  qui   envoya  jadis  du  pain  au  propl, 
Elie   par  le  ministère  d'un  corbeau,  ne  lui  cùl  ■ 

(lorter  miraculeusement  du  pain  par  iiii>'  .'itilm., 
lans  son  pèlerinage  en  Italie,  Dieu  mit  en. 
fois  le»  animaux  a  son  survice;  un  jour  qu  j; 
égaré  dans  un  bois,  une  ourM  le  ramena  au  dieiuio 
qu'il  drvnit  suivn". 

ElTreiiaud.  !••  fn-re  de  Gérard,  ai 
lie  son  r<^nit>aunon,  continua  »' 
J<Tu  mourut  saintement  a  iuii  iclour,  daii.'< 

I  Ile 


llllp.-f^""»'  •'   i'ililMlA*!.  S.  ru«  I'l.lll>,.<lt  )■',  r&ti». 


SAINT  GRÉGOIRE  VII,  PAPE 

INVINCIBLE  DÉFENSEUR  DE  LA  LIBERTÉ  DE  L'ÉGLISE 


Fête  le  25  mai. 


L'empereur  Henri  IV  d'Allemagne  aux  pieds  de  saint  Grégoire  VII. 


ETAT    DE    ..  r-..,.-r,    *.r    IlE    l.\    SOCIKTK 
ACX    X'-  ET  XI'    HIKCLES 

Pour  se  faire  une  idée  de  la  mission  civilisa- 
iricf  du  ce  t'raiid  pape,  calomnié  par  les  eune- 
riii«  du  catholici'-ine  et  de  la  vraie  liberté  <le!i 
['fuiiles,  il  f.iul  jelur  un  coup  <i"œil  sur  l't'tat  de 
i  K^'iise  et  de  la  société  à  son  é|)i>i|u.'. 


Le  x«  siècle  fut  pour  l'Eylise  et  l'Europe  vmo 
'■•p'iqiie  de  décadence  iann^iilable,  et  qui  aurait 
l'ti-  lonulemps  irr'''paiable  sans  l'inlluence  des 
^.'linls  que  Uieii  envoya  au  monde,  dans  ce  siècl>> 
iriéine  et  au  siècle  suivant.  Celle  décadence  avuit 
plusieurs  causes. 

Mais  ce  qui  favorisa  surtout  l'abaissement 
moral,  intellei:luel  et  social,  ce  furent  le»  einpié- 


3  y, 


Lcmeutâ  abusifs,  di-sastreux  et  tyrauniques  du 
pouvoir  civil  et  laïque  sur  la  libcrt/'  et  les  droits 
d«?  l'K^lise.  Les  princes  en  étaient  venus  à  nom- 
mer et  à  in-tituer  eux-mi"'nus  les  abbés  des 
monastères  et  les  évéques  suivant  leur  bon  plai- 
sir, sans  se  soucier  de  l'autorité  du  pajie  et  des 
lois  ecclésiastiiiues.  Quand  le  prince  était  bon,  le 
mal  était  moindre;  mais  il  arrivait  souvent  que 
le  prince  distribuait  les  évéchés  et  les  abbayes  à 
ses  courtisans,  à  ses  ofliciers,  à  des  soldats,  à 
des  entants,  parfois  mAme  à  sos  compaj;nons  de 
plaisir  et  de  débauche,  ou  il  les  vendait  au  plus 
offrant.  Les  souverains  temporels  avaient  même 
pris  riiabiluJi'  de  doimer  I  investiture  des  évé- 
chés par  lu  crosse  et  l'anneau,  symboles  du  pou- 
voir spirituel  ()ui  vient  de  Dieu  et  non  de  l'Èlat. 

L'autorité  ipii  aurait  pu  reuT-dier  eflicacement 
h  tant  lie  maux  était  la  papauté.  Mais  —  et  ce  fut 
peut-être  la  plus  terrible  épreuve  que  l'E^-'lise  ail 
jamais  soulïerte,  —  cette  autorité  était  elle- 
même  entravée,  paralysée  par  le  pouvoircivil  ;  la 
papauté  était  alors  indignement  opprimée, d'abord 
par  les  sei;;neurs  italiens,  puis  par  plusieurs 
empereurs  d'Allemafjne  qui  \oulaienl  traiter  le 
sié;;e  de  saint  Pierre  comme  ils  traitaient  les 
autres  évéchés. 

Mais  Dieu  n'abandonna  pas  son  E;;lise,  il  lui 
donna  des  saints,  il  lui  donna  des  papes  qu'il 
arma  de  constance  et  d'énergie,  et  parmi  eux 
brilla  siirtonl  l'incomparable  lii:ure  de  saint  Gré- 
goire VII.  La  papauté  reconquit  peu  à  peu  son 
indépendame,  et,  redevenue  libre,  revendiqua, 
sans  se  lasser,  la  liberté  et  les  droits  de  riit-lise, 
réforma  le  clergé,  et,  aidée  par  de  nombreux 
Ordres  religieux,  spécialement  ceux  de  Cluny  et 
de  Citi-aux,  arrêta  la  décadence  sociale,  restaura 
la  morale  chrétienne,  donna  une  vive  impulsion 
aux  éludes  il  aux  sciences  et  prépara  enlln  les 
splendeurs  chrétiennes  du  siècle  d'Innocent  ill, 
de  l'hilippe-Au^ste  et  d<'  saint  Louis. 

fot'CATIO.t  MONASnOnB  —  BII.DKBHANO  Bl'jfifDICTIN 

llildebratnl,  qui  devint  plus  tard  le  grand  pape 
saint  dré^joiie  VII,  naipiil  en  Italie,  vers  l'an  1020, 
dans  riiumble  demeure  d'un  honnête  charpen- 
tier nonimé  Itoniz»,  dans  la  petite  ville  de  Soano, 
à  dix  lli-ues  de  Sienne.  1^  charpentier  Bonizo 
avait  un  frère  appelé  Ijiurenl,  religieux  Béné- 
dictin, que  son  mérite  avait  fait  nommer  Abbé 
du  monastère  de  Notre-Dame  du  Mont  Aventin, 
à  Borne.  Le  jeune  Hildebrand,  qui  montrait  une 
rare  intelli;.'<>nce,  fut  envoyé  à  son  oncle;  il  eut 
ainsi  l'avantage  inappréciable,  surtout  il  cette 
épo(|ue,  d'être  élevé  dans  un  monastère,  et  il 
en  profita  admirablement.  Formé  k  la  piété  et 
h  l'élude,  il  parcourut  avec  succès,  à  l'école 
du  mona^téii',  le  cycle  des  sept  arts  libéraux, 
proiTamriie  cle  l'éduration  h  celle  époque,  et  >«• 
ht  bient'M  admirer  pir  sa  srience  et  ses  vertus. 

Kn  m»;;,  le  pape  (irégoire  \  I  en  lit  son  secré- 
taire llililrbraiid,  alor»  sou.<diacre.  fut  ain^i 
providentiellement  initié  aux  affaires  de  rKuli--»' 
romaine,  «in'il  devait  Kna*emer  plus  lard  aver 
tant  de  sa|w^»e  et  d«  vigaeiu.  Dans  l'exercice 
(!.■  •<••  iini|t.>||p«    r«ni-ti(ins,    il  eut   le  bonheur 

•'.'  ner    1  un    des     plu-     soints 

r'  l'oipir,  saint  Pierre  Darnien, 

ei  I       ■■        tmif»-  .imiiié. 

I  r.»  VI  linnif  VI  démis- 

*»•"•  ■    -         r-  m  innnas- 

Irr  t  l'y  .irrnm- 

Ttiquc 

y    ■   '  1  •  btrn- 

.   >:hip. 


avait  été  successivement  gouvernée  par  le  ver- 
tueux Ayinard,  puis  par  saint  Odon  el  saint 
Mayeul:elle  était  alors  dirigée  parle  :.'rand  saint 
Odilon,  qui  eut  pour  successeur  saint  llu-ues. 
(irdce  à  celte  série  de  grands  el  saints  Abbés, 
à  la  vertu  et  à  la  science  de  ses  religieux,  au\ 
nombreux  couvents  «jui  relevèrent  de  sa  juridic- 
tion, l'abbaye  de  Cluny,  pépinière  d'hoimnes 
apostoliques,  fut  un  grand  centre  de  lumière  et 
de  foi  qui  eut  une  heureuse  ei  féconde  iniluence 
pour  la  régénération  de  la  société  aux  \' ,  w  el 
.\ir  siècles. 

Ce  fut  là  que  la  grande  Ame  d'ilildebrand 
acheva  de  se  former  et  de  se  préparer  à  la  mis- 
sion que  Dieu  lui  réservait.  11  s'y  perfectionna 
dans  le;  sciences  sacrées  et  marcha  à  ::rand>pas 
dans  les  voies  de  la  sainteté,  (.'uand  saint  llui'ues 
fut  élu  pour  succéder  à  saini  (Idilon,  le  jeune 
moine  vil  Noire-Seigneur  debout  près  du  nouvel 
abbé  inspirer  à  celui-ci  son  discours  aux  Frères. 
Lui-même  fut  nommé  prieur  par  les  religieux. 

En  loi'.',  le  saint  évéque  de  Toul,  Biuno,  élu 
pape  par  l'empereur  Henri  III  d'Allemagne, 
partait  pour  Home.  Saint  Hugues,  accompagné 
d'ilildebrand,  vint  lui  offrir  ses  hommages  à 
Besançon.  Mois  Ilildebrand  ose  reprocher  fran- 
chement au  pontife  l'illégitimité  de  son  élection. 
Bruno,  loin  de  se  fâcher,  s'enipr(>sse  de  l'aire 
connailie  la  droiture  de  ses  intentions  :  c'est 
malgré  lui  qu'il  a  été  élu  par  l'empereur,  el  il 
n'acceptera  le  souverain  ponlillcal  que  biisqu'il 
aura  été  élu  ranoniquement  par  le  clergé  et  le 
peuple  de  Home,  suivant  les  régies  alors  en 
usage.  Ilildebrand  s'incline  devant  ces  raisons, 
mais  Bruno,  frap[>é  du  i  our;ige  el  de  la  sagesse 
du  jeune  prieur,  demande  à  saint  Hugues  de  le 
lui  laisser  et  l'emmène  arec  lui  &  Home. 

mLDBBRAND,  SACF.  BT  INTR^-PIDI  CONSEILLER 
DE  CINQ  PAPES 

Bruno,  arrivé  à  Home,  élu  avec  enthousiasme 
el  suivant  les  lois  canoniques,  s'asseoit  sur  la 
chaire  apostolique  sous  le  nom  de  Léon  1\. 
D'après  le  conseil  que  lui  en  donnent  saint  Pierre 
el  saint  l'aul  dans  une  vision,  il  confie  à  Ililde- 
brand l'administration  temporelle  de  I  Lglise 
romaine  et  le  gouvertiemeiit  du  monastère  de 
.'^aint-l'aul-hors-les-murs.  Le  saint  moine  s'ap- 
plii]ue  aussili'it  à  rétablir  dans  ce  couvent  l'obser- 
vance de  la  règle  el  la  ferveur  mona-ti<iue.  Il  ne 
tarde  pu  à  eu  faire  une  image  de  l'ubbaye  de 
C^lunv- 

Ai^é  par  Hildebr.ind.  '  "i  •  ■  -'-iller  cl  son  bras 
droit,  saint  Léon  1\  en  :  Tec  un  courage 

et  une  énergie  tout  ap. .  ,...  ■•  l.i  réforme  du 

clerué  et  le  rétablikseinenl  des  lois  de  rK;,'lise 
L'n  Concile  convoqué  A  B'inie  en  lOt'.i  condanuM 
séTérement  les  érêqu>'«elle«  prèlressiuionii'in  - 
,c'p*t-à-dire  ceui  qui  aTjiienl  acheté  leurdi.ii  '< 
à  prix  d'argent  et  les  erclè-iastique»  qui  r'  .  ■ 
raient  de  garder  le  célibat  l'Iusieur»  pi  ii'- 
indi.'iies    sont    déposés    et  par    de» 

homme» ▼ertaenx.  Pourfaire.  .sdécrcls, 

saint  l.i^>ii  IX  pai  court  l'ItJilie  el  U  France  rt  fait 
trois  \oyn:;es  en  Alleningiii-.  lliMelTiiid  lui-niêmr. 
en  qualil''  île  létal  ap'>>tMli«ii  i 

un  (^oiirile  qui  conoamne  II 
sorte  de  I  <..!■■ 

Ouand.  et  saini- 

PTI- 


debrand,  alors  léirat  apostolique  en  Allemafme, 
fixa  son  choix  sur  tiuébéhard,  év>-qne  d'Aichstet. 
L"empereur  Henri  11!  n'aiirëait  pas  cette  élection, 
et  l'humble  évtkjue  refusait,  de  son  côté,  cet  hon- 
neur. Lanclen  prieur  de  Clunv  triomphe  de  tous 
les  ob-^tailes  et  (iuébéhard,  devenu  pape  socs  le 
nom  Je  Victor  If  (f05o-l057),  continue  avec  coti- 
ra^e  Tœuvre  de  saint  Léon  IX. 

La  m'^rae  année,  Hildehrand.  fpi'il  fait  son 
lêjat  en  France,  préside  un  Concile  à  Lyon  pour 
jii:.'er  rarclievi-ijue  de  cette  ville  accusé  de  simo- 
nie. Il  n'était  que  trop  vrai  que  Tambitieax 
prélat  était  arrivé  à  la  ditTiité  épiscopale  par 
cette  voie  coufiable,  mais,  après  avoir  acheté  à 
prix  d'ari'ent  le  silence  des  témoins,  il  se  pré- 
sente avec  une  orgueilleuse  assurance  devant  le 
Concile  :  «  Où  sont  donc  mes  accusateurs* 
s'écrie-t-il;  qu'iN  paraissent  ceux  qui  veulent  me 
condamner!  ■>  Nul  ne  parlait  Le  légat,  jetant  un 
profond  soupir,  s'adresse  à  Tévéque  coupable  : 

"  Croyez-voa';,  lai  dil-il,  que  l'Esprtt-Saint. 
dont  vous  êtes  accusé  d'avoir  acheté  le  don,  soit 
de  la  même  substance  que  le  Père  et  le  Fils? 
—  Je  le  crois,  dit  l'évèque.  —  Dites  donc,  reprit 
le  lépat  :  "  filoire  au  Père,  au  Fils  et  au  Saint- 
Esprit.  ..Le  coupable  commença  aussitôt  :•!  Gloire 

au   Père,    au  Fils,  au ,  »  il   ne   put  jamais 

nommer  le  Saint-Esprit,  encore  qu'il  s'y  prit 
à  trois  fois.  Plein  d'effroi,  il  se  jette  aux  pieds 
du  lésât  et  avoue  son  crime.  Il  fut  déposé  de 
l'épiscopat,  remplacé  par  un  dijrne  évèque  et  put 
alors  réciter  eu  entier  le  Gloria  Patri. 

Etienne  X,  successeur  de  Victor  II,  se  voyant 
sur  le  point  de  mourir  en  1038,  recommande  aux 
Romains  de  ne  pas  procéder  à  l'élection  d'un 
nouveau  papeavant  le  retourd'Hildebrand,  alors 
l<l-'at  en  Allemigne.  Le  légat  se  hâte  de  revenir 
p(  fait  élire  Nicolas  II,  sous  la  présidence  duquel 
un  Concile  tenu  à  Home  attribue  désormais  aux 
cardinaux  la  principale  part  dans  l'élection  des 
Souverains  Pontifes,  élection  qui  leur  a  été  depuis 
exclusivement  et  sagement  réservée  afin  de  pré- 
venir divers  abus. 

Son  successeur,  Alexandre  IT,  plein  d'une  juste 
admiration  pour  les  services  rendus  à  la  sainte 
E^'lise  par  llildebrand,  sous  ses  quatre  prédéces- 
seurs, le  nomme  archidiacre  et  chancelier  de 
l'Eglise  romaine,  et  lui  d"nne  une  part  prépon- 
dérante daiis  toutes  les  affaires.  La  plus  difilcile 
fut  la  lutte  contre  le  schisme  de  l'antipape  Cado- 
laû«,  élu  par  b's  évéqnes  simoniaques  de  Lom- 
bardie,  avec  l'appui  de  la  cour  d'.Xllemagne,  et 
qui  e'saya  de  s  intronisera  Rome  à  main  armée. 
.Mexandre  II  linit  lieureuseiuent  par  iiorter  un 
cj)up  décisif  au  parti  du  schisme,  au  Concile  de 
M.iiiioue,  BrAce  aux  efforts  des  deux  cardinaux 
llildebrand  et  saint  Pierre  Damien,  et  de  saint 
Hann>'ii,  archevêque  de  Cologne;  il  continua, 
«ans  faiblesse,  la  guerre  de  «es  courageux  prédé- 
cesseurs contre  les  hommes  indisnes  qui  avaient 
envahi  les  diijniti's  et  les  charyes  ecclésiastiques. 
n  mourut  après  onze  ans  d'efforts  et  de  patience. 

nao0aA.ND  drvrnc  saint  bRÉaoïai  vu  ti0'î3) 

A  peine  les  funéraillos  étaient-elles  achevées 
«OUI  la  direction  d'Ilildebrand  que  l'illustre 
af'  hidiarre  fut  unanimem'Til  élu  par  les  cardi- 
naux et  tout  le  r|er::é.  au  milieu  de»  acclamations 
enthousiastes  du  peuple  qui  criait  :  "  Hildcbrand  '. 
Hildelirand  !  c'est  F'-lu  de  saint  l'ierrel   ■ 

1.-1  sraiide  humilité'  de  notre  Saint,  le«  difll- 
.  ullés  présente»,  qu'il  connaissait  mieux  que 
["i«"nne.  «'unissaient  ji'uir  fffrayer  son  ime  : 
-t-an,'oi','-e'-  furent  une  '■orteil'a^.'onie.n  Imfalln^ 


cei'endaut  céder  devant  la  volonté  de  Dieu.  Le  roi 
d'Ali'  ma;;ne  lui-même,  Henri  IV,  qui  avait  alors 
besoin,  pour  maintenir  son  trône  ébranlé,  de 
ména;;eT  les  catholiques  lidèles,  a:.'réa  l'élection. 
Hildebrand  fut  donc  sacré  et  prit  le  nom  de  firé- 
;.'oii-e  VII;  il  avait  alors  environ  cinquanle-tmis 
ars. 

L'î  fut  une  ^aitde  joie  pour  tous  les  vrais 
enfants  Je  l'Eglise. 

La  sainteté  qu'on  avait  jusque-Là  admirée 
dans  Hildehrand  brilla  d'un  nouvel  e'clal  sur  la 
chaire  apo^loliqne.  Malgré  le  tumulte  d'occupa- 
tions innombrables,  il  continuait  à  puiser  dans 
la  prière  les  lumières  et  la  force  dont  elle  est  '- 
sounre. 

Souvent  son  àme  planait  dans  la  contempla- 
tion des  choses  divines,  ses  larny^s  abondantes 
attestaient  alors  les  .saints  attendrissements  de 
son  cœur,  et,  plus  d'une  fois.  Dieu  le  favoris;i  <le 
réréintiors  particulières. 

Durant  un  été,  il  fut  pris  à  Rome  d'une  fièvre 
si  violente,  qu'au  bout  de  quinze  jours  on  n'at- 
tendait plus  que  sa  mort.  Or,  vers  trois  heures 
de  l'apres-niidi,  la  Sainte  Vierge  apparut  près  de 
son  lit  et  lui  demanda  s'il  avait  assez,  snutfert  : 
n  Glorieuse  Dame,  Té[>ondit-il,  c'est  à  vous  d'en 
jiiser,  »  La  Vierge  le  toucha  légèremnnt  de  la 
main  et  disparut  Le  pontife  était  guéri.  Le  len- 
demain. \  célébra  solennellement  la  messe  dan* 
la  basilique  de  Latran,  en  présence  de  tout  le 
peuple. 

Lui-même  a  guéri  miraculeusement  plusieurs 
malades;  ses  ennemis  l'accnsaient  d'être  magi- 
cien. Il  arrêta  par  ses  prières  un  incendie  qai 
allait  dévorer  la  basilique  de  Saint-Pierre. 

Son  élection  ne  lui  fit  pas  cesser  ses  anciennes 
austérités;  sa  table  était  somptueusement  servie, 
à  cause  des  iit'ttes  illustres  qui  devaient  y  prendre 
place,  mais  Grégoire  VII  ne  mangeait  que  des 
herbes  sauvages  et  quelques  légumes  cuits  à 
l'eau. 

Pour  obtenir  de  Dieu  les  grâces  nécessaires  i 
l'Eglise  dans  ces  temps  difiiciles,  il  ortranisa,  sous 
le  nom  de  Re'iijio  'juadmla  religion  carrée),  une 
immense  association  de  prières,  une  sorte  de 
Tiers-Ordre  qui  eroupait  ensemble,  d'un  ci'ilé  les 
reli;.'ieux  elles  laïques,  de  l'autre  les  religieuses  et 
les  femmes  du  monde.  Les  principaux  chefs  de 
cette  croisade  de  la  prière,  inspirée  par  la  Sainte 
Vierge,  furent  saint  Hu;:ues  de  Cluny,  saint  Alt- 
maiin,  évèque  de  Passaw.  Guillaume,  abbé  d'Hir- 
saus;  et  Si^efrid,  abbé  de  la  Celle-Saint-Sauveur, 
près  de  Schaffouse. 

sOLLlOTUDE   UNIVUaULC 

Dès  les  premiers  jours  de  son  pontifical,  l'infa- 
tigable activité  de  Grégoire  Vil.  soutenu»- par  son 
incomparable  amour  de  l'Eiilise,  s'-'teiiil  à  tout 
ce  qui  intéresse  1'  salut  des  Ames,  les  droits  de 
l'Eclise  et  le  bien  des  peuples,  11  résiste  loiiiiteinps 
à  Robert  GuiscarJ,  chel  des  Nominnils  illliilie, 
qui  veut  enlever  au  Saint-Siège  une  partie  de  ses 
états,  et  il  finit  par  triompher  si  bien,  que  le 
héros  normand  lui  fait  hommage  du  loyaume 
des  Deni-Siciles,  qa'il  vient  de  conquérir,  et  veut 
le  tenir  à  titre  de  vassal  du  Saint-Siège. 

Il  s'efforce  de  rétablir  en  France  la  morab 
chrétienne,  et  menace  d'excommunication  le  roi 
Philippe  l*',qui  «cundalisait  «on  royaimie  p«r  «h 
inaiiTai»e  conduit»,  H  dirige  rillu«tre  Laiifrnn  ■. 
archevêque  de  C.inlorbéry,dan»  la  réorsanisati'  ii 
de  l'Eçlise  d'Angleterre,  poy«  que  »ennil  de  sub- 
juguer Guillaume  le  Onquèrant, 

11  enconri.c  I   «  cj-r^ticn-  d'i;«piii.'fie  ,Lin«  lenr« 


combats  contre  les  Maures  pour  reconquérir  leur 
patrie,  et  hénil  les  chevaliers  fran'-ais  qui  vont 
leur  apporter  l'appui  de  leur  épée.  ' 

Il  exerce  une  action  constante  sur  les  pays  du 
Nord, donne  de  sages  conseils  au  roi  de  Norwése 
pour  civiliser,  par  la  religion  chrétienne,  son 
royaume  à  demi  païen. 

il  l'-crit  de  nièroe  au  roi  de  Danemark  et  au  roi 
de  lloiiiirie:  il  donne  le  titre  de  roi  au  duc  de 
Dalmatie  et  au  duc  des  Slaves  (Serbes),  qui  jurent 
rid<-lilé  inviolable  au  Saint-Siège.  Il  accueille 
avec  bonté  le  fils  du  duc  de  Russie,  venant,  au 
nom  de  son  père  L)i-iiiélrius, mettre  ses  Etats  sous 
la  protection  de  saint  Pierre;  il  s'elTorce,  mais, 
hélas!  sans  succès,  de  ramener  à  l'unité  les  schis- 
matiaues  t'recs;  il  multiplie  ses  avertissements  à 
lJi>le>las,  le  cruel  roi  de  Pologne,  tyran  santiui- 
naire  et  débauché,  linit  par  le  déclarer  indigne 
du  titre  de  roi,  et  permet  à  ses  sujets  de  se 
choisir  un  autre  souverain.  Enfln  il  voulait  orga- 
niser la  première  croisade  contre  les  Turcs,  mais 
\e>  luîtes  dont  nous  allons  parler  l'empêchèrent 
de  réaliser  ce  grand  projet,  qui  fera  la  gloire  de 
son  second  successeur,  l'rbain  II. 

.Mais  la  grande  ipuvre  était  de  continuer  les 
efforts  de  ses  prédécesseurs  pour  la  réforme  du 
clergé  et  de  reconquérir  la  liberté  de  l'épicopat. 
Mais  c'était  là  un  projet  gigantesque, à  cause  des 
diflicultés  à  vaincre:  tous  les  princes  qui  bénéfi- 
ciaient des  abus  introduits,  et  leurs  créatures, 
n'allaient-ils  pas  se  liguer  contre  lui? 

Saint  lirégoirc  VU  n'hésita  pas  :  n  L'Eglise 
catholique,  notre  divine  mère,  dira-l-il  un  jour, 
m'a  placé  jadis,  malgré  mon  inditinité  et  mes 
résistances,  sur  le  In^ne  apostolique.  Depuis,  je 
n'ai  cessé  de  combattre  pour  rendre  à  cette  chaste 
épouse  du  (Christ  sa  liberté,  sa  splendeur,  la  pureté 
de  son-'' .itique  discipline.  ■■  Dans  un  Oncile  tenu 
à  Morne  l'année  suivante  I0':;>  ,  il  dérendil,  sous 
peine  d'anathèmf,  à  toute  personne  séc'ulière, 
(jutlie  que  fût  sa  diunité,  empereur,  marquis, 
prince  ou  roi,  de  conférer  l'inn'slituiv,  et  à  tout 
clerc,  pri'tre,  évèque,  de  la  recevoir  pour  les 
bénélices,  abbayes,  évéchés,  et  divinités  ecclé- 
siastiques de  i|ueli|ue  nature  qu'ils  puissent 
être. 

LVnES  WEl;  LE    mil   d'm.I.FMACNE  IIF.NBI    IV 

Ce  fut  le  sii.'nal  de  luttes  longues  et  terribles, 
surtout  de  1.1  part  d'Ilenii  IV  d'.\ll)-iiiak'iie.  Henri, 
jeune  encor--,  avait  été  déjà  surnommé  [p.ii  ses 
sujets  le  .Néron  de  la  demianie.  (tétait  un  tyran 
nux  niu'urs  mf.\ni«>«,  qui  écra.<>ait  ses  sujets 
d'impi'«ts  fl  |.  niait  par  ses  cruautés,  il 

vemlait  les  ili  lésiastiiiues   à  des  ambi- 

tieii 

I  inlre  ce  monstre,  en  appe- 


1er. 

■■ 

1 

t.  ■  ,          .       • 

va  II 

doiil   !'■>    1  ■  '  'III  •    '1-    l 'i^    1 

ordre,  un  traître  romain,  noi 

les 

...    ,,.i 

iflice"  de  la 

(  siii    11  nfi  - 

•lu  pape,  ' 

n .1  t. m  !. 

lfi-.'.:|. 

foui'-    > 
coin 
(.. 
rile    lie 
inuDier 


Ul 


et  san;.'uinaire,  et  choisit  un  autre  Souverain 
Pontife,  Wibert  de  Ravenne.  X  la  nouvelle  d'un 
pareil  attentat,  saint  dré^'oire  VII  excommunie 
solennellement  le  roi  d'.\llemagne  et  déclare  ses 
sujets  déliés  de  leur  serment  de  fidélité. 

Ceux-ci,  en  effet,  déclarent  à  Henri  que  si 
avant  un  an  il  n'a  fait  sa  paix  avec  le  Souverain 
Pontife,  ils  se  choisiront  un  autre  roi.  Henri, 
se  voyant  abandonné,  a  peur.  .\u  milieu  de 
l'hiver,  il  franchit  les  Alpes  et  vient  trouver  saint 
(■régoire  Vil,  alors  réfugié  dans  la  forteresse 
de  Canossa  en  Lorabardie,  dans  les  Etats  dp  la 
pieuse  comtesse  .Mathilde,  héroïquement  Adèle 
au  Saint-Siège.  Il  accepte  volontairement  trois 
jours  de  pénitence,  se  jette  aux  pieds  du  pape  : 
"  Pardon,  bienheureux  Père,  pardon,  disait-il, 
père  miséricordieux,  faites-moi  grice  entière.  •> 
Le  doux  Pontife,  ému  jusi|u'aux  larmes,  le  relève 
avec  bonté  et  le  rétablit  dans  la  communion  de 
l'Eglise.  Henri,  en  effet,  promettiil  de  tout  répa- 
rer et  bientôt,  dans  une  assemblée  de  seigneurs 
allemands  i>résidée  par  le  pape,  il  devait  se  jus- 
tifier et  être  rétabli  dans  la  di:;nité  royale. 

Hélas!  ce  n'était  là  qu'une  hypocrisie  nouvelle. 
Revenu  au  milieu  de  ses  partisans  lombards, 
Henri,  traître  à  ses  promesses,  recommence  la 
lutte  avec  fureur  et  cherche  à  s'emparer  du 
pape  qui  lui  échappe  à  grand'peiue.  .Mors,  les 
sei;.'neurs  allemands,  réunis  à  rorcheim,  disent 
aux  légats  du  Saint-Siège  :  >■  I.e  pape  lui-même 
a  reconnu  la  légitimité  de  nos  ;:ricfs  contre 
Henri  et  la  réalité  des  crimes  commis  par  ce 
tyran,  soit  contre  l'Etal,  soit  contre  les  particu- 
liers. Il  nous  a  déliés  de  notre  serment  de  Udè- 
lité;  nous  avons  donc  le  droit  de  déposer  un 
monstre  qui  s'est  rendu,  par  mille  forfaits  inouïs, 
indi;:ne  du  nom  de  roi.  Nous  sommes  pleinement 
autorisés  à  lui  donner  un  successeur.  C'est  là 
notre  désir  à  tous. 

Ils  choisissent  pour  roi  le  brave  Rodolphe  de 
Souabe.  Le  pape  blâme  d'abord  cette  élection 
comme  prématurée;  en  effet,  la  guerre  ci»ile 
éclate  entre  les  deux  princes;  niais  enllii,  après 
avoir  longtemps  et  inutilement  essayé  de  lléchir 
Henri  IV,  il  l'excommunie  de  nouveau  en  losti, 
le  déclare  déchu  de  toute  autorité,  et  se  rallie  au 
parti  de  Rodolphe.  Mais  celui-ci  ayant  trouvé  la 
mort  dans  une  de  ses  victoires.  Henri  IV  se  liàte 
d'en  profiter  et,  durant  trois  année-  de  suite,  il 
vient  assiéger  Rome,  intrépidement  défriulni-  par 
les  catholiques  tidclrs.  Lutin,  apri's  un  i|uatriéme 
sit':;e,  en  1084.  il  se  lend  maître  de  presque  toute 
la  ville  et  se  Lut  sacrer  empereur  par  son  anti- 
pape. 

Seul,  le  château  Saint-Ange  tenait  encore  et 
servait  d'abri  à  l'héroïque  saint  tirét'oire  Vtl. 
quand   parut    Robert   duisrard  à  la  télé  di 

■  '  '    !   '    ■  1  le  pape  qui  se  réfi.-i 

(^est  là  >|iril  inoui    ' 

;ii.-    ■    ili'f    .ili-    .    Il    |-l"IIOni     !•    '       • '' 

i.i  justice  il  j'.ii  liai  l'iiii 

"  ■     •■■  ■■!■  1  r.  ..|,  oxil.  ..(. 

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de    U'-'S    tprcu 


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L.  l'tiiTuLsn I,  :,  rae  ti.>ii' 


SAINT  PHILIPPE  DE  NÉRI 


Fête  le  26  mai. 


Le  patron  de  la  ville  de  Rome,  saint  Philippe 
de  Neri,  dont  le  culte  est  si  populaire  eu  Italie, 
naquit  à  Florence,  le  15  juillet  lot  5,  d'un  avocat 
renommé,  François  de  Néri,  etde  Lucrèce  Soldi. 
Dès  sa  plus  tencfre  jeunesse,  ses  vertus  brillèrent 
avec  un  tel  éclat  qu'elles  formèrent  comme  une 
auréole  céleste  autour  de  l'enfant  prédestiné. 
Il  gagnait  tous  les  cœurs  par  la  franchise  et  la 
douceur  de  son  caractère,  et  sa  piété  précoce 
édiflait  déjà  sa  famille.  La  vivacité  de  sa  dévo- 
tion se  manifestait  jusque  dans  ses  impatiences 
d'enfant,  un  jour  même,  elle  lui  Ht  verser  bien  des 
larmes. 

Il  n'avait  que  cinq  ans,  et,  comme  de  coutume, 
il  récitait  les  psaumes  avfc  sa  petite  sœur  Elisa- 
beth, quand  leur  ainép,  Catherine,  vint,  sans 
aucun  respect,  les  troubler  dans  leur  prière.  Indi- 
gné, Philippe,  emporté  par  l'ardeur  de  son  lèle, 
repoussa  1  importune  avec  quelque  rudesse; 
mais  bientôt,   saisi  d'un  profond  ref^entir,  il  se 


mit  à  pleurer,  et  l'on  raconte  qu'il  pleura  lone- 
teraps  celte  faute  de  jeunesse.  Ce  fut  la  seule 
que  son  père  eut  à  lui  reprocher. 

Malgré  celte  impatience  enfantine,  Notre-Sei- 
gneur  n'abandonna  pas  le  Saint  qui  lui  portait 
tant  d'amour,  et  lui  témoigna  bienlAt  sa  protec- 
tion par  un  éclatant  miracle.  L'enfant  (il  avait 
alors  huit  ans),  monté  sur  un  âne  chargé  de 
pommes,  revenait  joyeusement  à  la  maison 
paternelle,  quand  l'anitnal  elTrayé  fit  un  brusque 
mouvement  cl  tomba  du  haut  du  chemin  au  fond 
d'une  cave.  Philippe  disparut  sous  relie  lourde 
masse.  On  le  crut  écrasé  et  on  accourut  en  pous- 
sant des  cris  de  désespoir;  mais  il  se  releva  liien- 
ti'il  plein  de  vie.  Le  Saint  se  souvint  toujours  du 
biriifait  dont  il  avait  été  l'objet,  et  il  ne  cessa 
d'en  remercier  IJieii  jusqu'à  sa  mort. 

Opendant,  Philippe  crandissait  en  âge  et  eu 
vertu;  il  aimait  à  entendre  les  sermons,  à  visit'T 
les  enlise».,   et  il  fréquentait   avec  une   dév.lin 


IG 


toute  particulière  relie  des  Dnminicaln?.  Après 
ses  premières  élude'^,  il  fut  envoyé  à  râ:;e  de 
dix-huit  ans  aupriis  Je  sor  onrJe,  riche  marchand 
qui  le  demandait  pnur  en  faiie  son  successeur 
et  son  héritier.  Mais  radolesccnt  n'avait  aucun 
attrait  pour  les  richesses  de  la  terre,  el,  se  sen- 
tant appel>'  à  une  vie  plu<=  parfaite,  il  abandonna 
l'hérilaije  et  partit  pour  H^ne. 
'  A  peine  iHail-il  arrivé  d.ms  cette  ville  qu'un 
gentilhomme  le  prit  dans  sa  maison  et  le  char- 

Sea  de  l'éducation  de  ses  doux  (11  =  .  Professeur 
e  trraramaire  et  de  rln-torique,  l'Iiilippe  se  mit 
à  étudier  avec  ardeur  la  philosophie,  la  tliT-olo- 
pie  et  les  Saintes  l-crilures,  et  au  milieu  de  tant 
de  travaux,  il  s'appliqua  surtout  à  la  science 
des  saint'. 

Il  ne  l'ac  |uit  pas  sans  combat.  Le  démon  l'as- 
saillit à  celte  époque  par  de  violentes  tentations 
d'impureté,  et,  pour  mieux  frapper  son  imai,'i- 
nation,  il  lui  apparut  plu- 
sieurs fois  sous  des  formes 
borriMes.  Mais  le  Saini 
dédaigna  ces  vaines  me- 
naces qui,  loin  d'abattre 
son  coura^'e,  ne  lireni 
qu'ausnienterson  ardi-ur 

On  le  vit,  au  milieu 
d'une  grande  ville,  prali- 
qu'T  tous  les  l'xercices  ,i, 
la  vie  ér"''niilique,  joindr<- 
lamortilli'utinn  à  la  prirre 
el,  dans  son  amour  p'>ui 
la  pauvreté,  se  dopouillci 
m>'-ine  de  ses  livres  pou 
revélirles  pauvres  d^ 
Jésus-(jhri-t. 

Il  se  donnait  à  la  con 
teniplation  descbosr. 
divines;  souvent  il  y  per 
sévérait  quarante  heur>'- 
de  suite.  Dans  ces  mo 
ments,  rameur  divin  ''ii 
llainiiiait  telleiat-nt  soi, 
cijeur  'ju'il  >'lait  conlraiiii 
de  se  jeter  par  lorn' 
d'enlr'ou  vrir  ses  viMe 
ments  et  de  découvrir  sa 

rioitriiie  pour  lem()rrci 
es  ardeurs  i|ui  le  consu- 
maient. Diirmaiit  peu,  cou- 
ché sur  la  dure,  il  prenait 
presque  chn<|U)>  ji'Ur  la 
discipline  avec  des  chaînes 
de  fer.  Il  visitait  chaque  nuit  les  sept  principales 
ét'Iises  de  Home  et  il  se  retirait  dans  le  cimetière 
de  Sainl-Caliïte.  (in  dit  qu".  p.iidanl  dix  ans,  il 
passa  se"  niiit^  dans  les  cjlj.-i.mbes.  Quand  il 
trouvait  '  '      s  fcrm-'es,    il  faisait  sa  station 

sous  le  ,  fil  ou  le  rencontra  plus  d'une 

fois  y  I,- ■  ,.1  lueur  de   la  lune.  Son  amour 

de  la  pauvreté    lui  faisait    renoncer  &   l'emploi 
d'iiii'    liiri-.^    fin,,  .-■•v  r  . L.riiiaprs  nocliinies,  il 

•  n  et  Dieu  l'inondait 

,      ;       '  riail  souvent  :  <>  C'est 

■iir,  c  est   assi'i!   Arrêtez,   Seifrneur, 

n«  en  prie,  le^  (loi^  de  votre  prAce!» 

■  .  comme  il  sup- 

!■        ...  M^n  lui  accorder 

lu.  il  M  util   son   cu.'ur  s'embraser,  el,  ne 

iiil  «nppnr)»r  r#xcés  de  cet  onihn'emeDt, 

I  ind  il  «e   '  '    porta 

elle  s'ét  u'  <-  d'un 

1  iir    A   sa   !  .],  le» 

I  c4té«l  d  j|  que 


s  I, 

d. 

n-- 
nrr 

I 
f' 

r." 

M   I 

mé  I 


les  deux  fausses  côtes  au-dessus  du  cœur  étaient 
rompues  au  milieu,  et  n'avaient  pu  se  rejoindre. 
Depuis  celte  bieriheureuse  PenifoMe,  le  Saint 
•'■prouva  une  continuelle  palpilalion  de  cu-ur 
toutes  les  fois  qu'il  s'occupa  des  choses  divines. 
Après  celte  elTiision  du  Saint-Esprit,  Philiipe 
■'eviiil  un  vérilahle  apAlre .  Il  parcourait  les 
écoles,  les  boutiiiues,  les  places  les  plus  fréquen- 
tées pour  gagner  des  âmes  à  Dieu.  Ses  prédica- 
tions ne  furent  pas  stériles,  et  beaucoup  de 
noldes  personnai.'es,  stimulés  par  ce  simple 
laïque,  entrèrent  dans  des  Ordres  ri-liirieux.  Aussi 
s.iiiil  L-nace,  qui  le  connaissait,  lui  reprochait- 
jl  fainiliérement  de  demeurerdans  le  siècle,  et  il 
|e  comparait  ,i  la  cloche,  qui  appelle  le  peuple  à 
l'éfilise  el  demeure  elle-niéiiie  sur  la  tour. 

.Au  milieu  de  loules  ces  prédications,  le  Saint 
ne  né;:li;;ea  point  les  œuvres  de  charité,  qu'il  pra- 
tiqua toujours  avec  une  indicihle  horilé;  il  subve- 
nait discrrteinent  à  toutes 
les  misères,  el  surtout  pre- 
nait un  f,'raiid  soin  des 
pauvres  honU'UX. 

L'ne  nuit,  comme  il 
allait,  selon  sa  couiume,  à 
la  maisiin  d'une  iier^oMiie 
iiidile,  mais  ruinée,  p.irter 
uelque  provision  de 
livres,  il  rencMiiira  un 
carrosse  -■ur  s>'ii  chemin, 
et,  voulant  lui  faire  place, 
il  lornha  dans  une  fosse 
assez pr"'f"nde  Mai'-l'anue 
du  pauvre  i)u'il  allait  sc- 
l'ourir  veill.iit  sui  lui;  il 
retint  le  Saint  miraculeu- 
-enn-nl  en  l'air  el  le  relira 
de  la  fosse  sans  aucun 
mal. 

Celte  rbarilé  pour  le 
prochain  poiUi  Philippe, 
avec  un  saint  pr-lre  son 
conles^.-ur,-  l'eisian  Itosa, 
i  fonder  un  asile  pour  les 

Eélerins  conviile-retils. 
e  jour  de  saint  lloch, 
16  aoi'il  \'.<KH,  l'hil';';"' 
réunit     que|i)ues    lai     ..  - 

■  1  voués,  A  l'éj.di'-e  .'-.iii- 
^  .luvel  del  C.am  po.  La 
i  'tile  confrérie,  sous  l'iin- 

iiUiKii    de    noiii-    .saillit, 

■  iilrepril,  A  l'orc.i^i'ii   du 
Jubilé  de   ISÎiO,   de   servir  les    |iauvr«'s   pi-brins. 
L'd'uvre    prit   de    rapides    déveliqi|M'iiieiils      fin 
acheta  d'abord  une  petite  nisisnii,  pni- 
grande;  on  ne  se  borna  pas  A  donner  1'; 

aux  1  'iaii:;ers,  mais  on  .icnieillii  |.  -  .    n 

vale  .  sortant   des  h("'|iilaux,   ii'av,,i.  ni 

ni    ri'iiiit'',   m    nourriture   i. 

rétablir  tout  A  fait.  Enfin,  on  • 

tique  hôpilal  d?  la  Sainlc-Triim .  ,  .jm.  .m  j  .  •  i 

de    lt>00,   nourrit  pendant    trois   Jour;<   plus    Je 

<JUût^^    r.u/     f.i/^    i,.'l..rii.v 

L'  !  tant  «Je  m-  c  N'ille» 

dut   ■  -    I.'    ■  II 

«•ntm  dans  le  > 
sur  l'ordre  .!p 
Irise.  Il  S"  ■ 
de  Sainl-J 
'.ition  de 

llii'.l,     «OT 


X 


ii 


man;:eait  en  son  parti'-ulier  et  pratiquait  les 
jeûnes  proporlinutiés  à  sa  dévotion  et  à  ses 
force*.  Saint  l'iiilippe  de  Néri  fut  spécialement 
char;.'é  des  cnifessions,  et  il  continua,  avec  des 
firàces  nouvelles,  l'apostolat  qu'il  avait  entrepris 
alors  qu'il  était  encore  dans  le  siècle. 

A  celte  époque,  on  parlait  beaucoup  des  mer- 
veilles qu'arcoinpli-isait  la  Compagnie  de  Jésus 
dans  les  Indes,  pour  la  couTersion  des  inlidèles. 
l'Iiilippe  re-senlit  un  grand  désir  de  se  consa- 
crer, avec  quelques-uns  de  ses  compasnons.à  la 
même  œuvre;  mais,  avant  d'entreprendre  une 
raiïsion  aussi  lointaine,  il  consulta  un  saint  reli- 
gieux de  l'Ordre  de  Citeau.\,  Au:;uslin  Chettono, 
fort  versé  dans  les  cho'ies  spirituelles.  Celui-ci, 
après  avoir  prié,  rendit  ci'Ite  re'ponse  :  «  Phi- 
lippe ne  doit  chercher  les  Indes  qu'à  Rome,  et 
c'est  là  que  Dieu  le  destine,  lui  et  ses  fils,  à 
sauver  les  àines.  )> 

Philippe  renonça 
donc  à  son  premier  Je."^- 
sein;  il  se  donna  toui 
entier  à  la  mission  spr- 
riale  qui  lui  était  con- 
fiée, et  il  devint  l'aiiL' 
de  lîoiiie  avant  de  deve- 
nir son  patron.  Il  fil  ui. 
bien  immense  au  tribu- 
nal de  la  pénitence  et 
niainliiit  dans  la  verti; 
uu  sfrand  nombre  dé- 
jeunes ^'ens. 

La  seule  vue  des  juifs 
lui  faisait  verser  des  tor- 
rents de  larme',  et  il 
s'appliquait  de  toutes 
ses  forces  à  obtenir  leur 
conversion.  Un  jour,  i 
(lait  entré  dan«  l'ét'lisc 
J>;Saiiil-Jpan-de-l-atran 
a^ec  un  palri'iea  mila- 
nais. Arrivés  devant  le 
Saint  -  Saoremeiil,  ils 
s'a;.'eDouilléreiit.  Cepen- 
dant, un  tioniine  de 
la  suite  du  patricien 
il'-mfurait  debout  el 
couvert,  an  milieu  de 
ses  compaenoiis  qui 
priaient;  c'était  un  jiiil. 
A  cette  vue,  le  Saint 
alla  vers  lui  et  lui  dit  : 
"  Urave  homme, adore-le 
et  dl^-lul  :  Si  lu  es  le  Christ,  vrai  Fils' de  Dieu, 
éclaire  mon  ànie  afin  que  je  devienne  chrétien. 
—  Je  ne  puis  pas  faire   cela,  répondit  le  juif, 

ire  qu'il  ne  m'est  pas  permis  de  douter  de  ma 
I'  li-i'in.  »  Mais  Philippe,  se  tournant  vers  le 
p.iliicieu  et  «es  serviteurs  :  «  Allons,  mes  frères, 
repril-il,  aidons  cet  homme  par  nos  prières,  car 
ri'!  l.iinemenl,  il  se  fera  chrétien.  »  Le  juif  ne  put 
n  -i-ter  à  ces  prières,  et,  quelques  jours  après, 
il  ii-ci-(.iit  [f.  bapt'^me. 

.MaiH  ^aiiit  l'Iiilippe  de  Néri  ne  se  bornait  pas 
à  priir  pMiir  I  1  ;ui  de- infidèles,  il  s'occu- 

pait..iv.-.  iiiw  Me,  de  cel  le  d'-s  pécheur», 

f'      '■  '    '  m- <■ '|..  Il  entreprit  bis  Co)i/'erf/ic<f 

.  Il  lit  les  premières  dans  sa  chambre, 

1 k   ou  sept  personnes;   l'auditoire  i;ran- 

di-'iiil,  il  fut  obli;:''  de  ib'iiiander  un  local  plus 
v,i~t.     On   lui  donna,  au-d<.>sus  de  l'é^ilise  Saiol» 
le  salle  asseï  v.isU;  qui  fut  transformée 
'  :  ■',  et  c'est  de  la  que  sortit  bientôt  la  Con- 

yrtyaiu/n  dtê  pritret  de  Sainl-Philippe  <U  NérL 


C 'innie  le  nombre  des  assistants  nui'iuentait 
tims  les  jours,  il  s'associa  quebiues-uns  de  ses 
enfants  spirituels  pour  l'aider  dàn-  ses  confé- 
rences. L'n  de  ses  premiers  coopérateurs  fut 
César  de  Baron,  né  l'an  1538,  à  Sora,  dans  la 
Terre  de  Labour,  et  plus  connu  so«s  le  uom  latin 
de  Daronius. 

L'oratoire  restait  ouvert  tou=  les  soirs,  jusqu'à 
cinq  ou  six  heures,  et  les  fidèles  qui  venaient  y 
prier  faisaient  une  demi-heure  d  oraison  men- 
tale, puis  récitaient  les  litanies  de  la  Sainte 
Vierge.  Mais  on  changea  bientôt  de  m>'-lhode  et 
l'on  remplaça  la  méditation  par  une  lecture  spiri- 
tuelle, que  le  président  était  chargé  de  reprendre 
et  d'expliquer. 

Après  ces  exercices,  le  Saint,  avec  un  grand 
nombre  de  ses  disciples,  allait  visiter  les  églises 
ou  assister  les  malades  dans  les  hôfiitaux.  Mais 
c'était  surtout  à  l'époque  du  carnaval  qu'il  redou- 
blait de  prières.  A  ces 


'4 


L 


nioments  où  le  démon 
faisait  tomber  tant 
d'àmes  dans  ses  pièges, 
le  serviteur  de  Dieu  réu- 
nissait autour  de  lui 
tous  ceux  qu'il  pouvait 
rencontrer,  et,  avec  une 
masse  imposante  de 
fidèles,  il  allait  en  pèle- 
rinage aux  sept  basili- 
ques de  Home  pour  pro- 
tester contre  la  licence 
de  ses  roiii'itoyens.  Ces 
manifestations  pieuses, 
entreprises  pour  le  salut 
desàmes.lui  suscitèrent 
bien  des  diiflcultés.  Le 
cardinal  vicaire,  circon- 
venu par  des  envieux, 
•  appeler  le  Saint,  et, 
iirès  lui  avoir  fort  re- 
proché ses  pèlerinages, 
il  lui  interdit  le  confes- 
sionnal pendant  quinze 
jours.  "  Ces'  pour  la 
gloire  de  Dieu  que  j'ai 
commencé  c«s  exer- 
cices, répondit  humble- 
ment le  Saint;  pour  la 
gloire  de  Ui^'U,  je  les 
cesserai.  "  Mais  Dieu, 
jaloux  de  sa  gloire,  ma- 
nifesta sa  volonté  d'une 
manière  terrible.  Le  vicaire  mourut  subitement 
avant  qu'il  eût  levé  l'interdit,  el  le  pape  Paul  IV, 
appelé  à  juyer  de  la  cause,  donna  l'ordre  au  Saint 
de  reprendre  ses  exercices  en  lui  demandant  de 
prier  pour  lui. 

Au  milieu  de  toutes  les  difficultés  de  sa  charge, 
saint  Philippe  veillait  avec  une  tendre  sollicitude 
sur  ses  enfants  spirituels,  el  il  ne  les  abandon- 
nait pas,  même  lorsqu'ils  élaieiil  loin  de  lui.  Un 
de  ses  pénitents,  étanl  parti  de  Home,  contre  son 
avis,  pour  aller  à  Naples,  avait  élé- arrêté  par  des 
corsaires,  et  il  s'était  jeté  à  la  mer  pour  éiliapper 
à  leurs  coups.  Gomme  il  était  sur  le  poiiil  de  se 
noyer,  il  se  rappela  son  l'ère  spirituel,  el'iuvoqua 
son  appui.  Aussitôt,  le  Saint  lui  apparut  entouré 
d'une  auréole  lumineuse,  et,  le  tirant  de  l'eau 
par  les  cheveux,  il  le  conduisit  jusqu'&u  rivage  à 
travers  les  Dois. 

Tant  de  merveilles  attirèrent  sur  le  Saint 
radiulralioo  .éiiérale,  et  les  Florentins,  se»  cora- 
poirioles,  domiciliés   à  Kome,  lui  demandèrent 


il'^  vouloir  bien  desservir  lYglise  de  Saint-Jean- 
Uaplistc  qu'ils  venaient  de  bâtir.  Sur  Tordre  du 
Pape,  saint  Philippe  de  Néri  se  chargea  de  cette 
œuvre,  et,  tous  les  jours,  il  y  envoyait  quelques- 
uns  de  ses  compagnons.  Mais  les  Florentins, 
jaloux  d'attirer  le  Saint  auprès  d'eux,  le  prièrent 
d'y  transférer  ses  exercire».  et.  à  cet  effet,  lui 
bâtirent  un  oratoire  fort  ample.  Comme  le 
nombre  des  lidèles  augmentait  toujours,  le  saint 
fondateur  et  ses  compagnons  jugèrent  k  propos 
d'avoir  une  maison  qui  leur  appartînt  pour  faire 
leurs  exercices  avec  plus  de  liberté.  Sur  le  conseil 
du  pape  Grégoire  XIII,  ils  prirent  l'église  de  la 
Vaticelle,  au  milieu  de  la  ville,  et  c'est  là  que 
s'établitdéfinitivement  la  congrégation  des  prêtres 
de  l'Oratoire. 

Ces  prêtre?  vivaient  dauns  l'union  la  plus  par- 
faite, se  distribuaient  entre  eux  les  offices  de  la 
maison  et  les  remplissaient  tour  à  tour,  joyeux 
de  vaquer  aux  emplois  les  plus  infimes.  Baro- 
nius.  nont  toute  l'Europe  catholique  connaît  et 
étudie  les  ouvrages,  avait  pris  possession  de  la 
cuisine,  et  il  avait  écrit  sur  la  cueminée  en  gros 
caractères  :  Baronius,  cuisinier  perpétuel.  Quand 
les  grands  seigneurs  et  les  savants  venaient  le 
consulter  sur  une  difficulté,  ils  le  trouvaient  avec 
un  tablier,  et  ils  devaient  attendre,  avant  d'obtenir 
une  réponse,  que  leur  maître  eût  récuré  les  chau- 
drons et  lavé  la  vaisselle. 

Dieu  réservait  l'Institut  naissant  pour  de  plus 
grandes  luttes  et  Baronius,  le  cuisinier  perpétuel, 
allait  être  obligé  de  quitter  ses  fourneaux  et 
d'entreprendre,  sur  l'ordre  de  son  Père  spirituel, 
l'œuvre  qui  a  immortalisé  son  nom. 

A  ce  moment,  l'hérésie  de  Luther  couvrait  de 
ruines  toute  une  partie  de  l'Europe.  Les  docteurs 
protestants  s'appliquaient  à  dénaturer  la  tradi- 
tion immémoriale  de  l'Eglise  qui  les  condamnait, 
et,  dans  ce  but,  ils  avaient  entrepris  ces  ouvra;;es 
indigestes  dont  l'Allemagne  a  toujours  eu  le 
monopole.  Les  principaux  chefsduluthérianisme 
avaient  commencé  dans  les  Centuries  de  Magde- 
bourg  cette  campagne  contre  le  dogme  que  les 
historiens  protestants  ou  révolutionnaires  ont 
continuée  jus<|u'à  nos  jours,  et  dont  le  dernier 
mot  a  été  la  nt-tiation  historique  du  Christ. 

Saint  Philippe  de  Néri,  éclairé  par  la  lumière 
d'en  haut,  comprit  toute  la  gravité  du  mal,  et  il 
s'occupa  de  suite  à  y  porter  remède. 

Comme  on  faisait  tous  les  jours  des  confé- 
rences k  l'Oratoire,  le  Saint  décida  qu'un  de 
ceux  qui  s'y  employaient  reprendrait  toute 
l'histoire  de  l'Euli^c,  depuis  Jësus-Christ  jusqu'au 
temps  actuel,  résumant  les  actes  des  martyrs, 
les  vies  des  saints,  les  écrits  des  Pères,  la  suc- 
cession des  Pontifes,  les  ordonnances  des  Con- 
ciles, année  par  année,  afin  de  dissiper  les  fables 
de  Magdebour;:.  11  exhorta  Baronius  à  se  charger 
de  ce  travail,  mais  le  savant  Oralorien  recula 
devant  l'imiiien'^ité  de  la  tAche.  Philippe,  n'écou- 
lant ni  les  excuses  ni  les  prières,  pressa  vivement 
son  fils  spirituel.  Baronius  hésitait  encore.  On  ne 
manquait  pas,  disait-il,  d'hommes  plus  savants 
et  plus  capables,  et  du  reste,  Onuphre  Pavinio 
l'avait  prévenu  en  commençant  une  histoire  de 
IEuIkc.  Philippe  fut  inllexible.  ■<  Faites  ce  qui 
VDU»  p«t  ordonné,  répliqua-t-il,  laisset  le  reste. 
L.  .        irait  difûcile?  Espérei  en  Dieu, 

et  '  I.  u 

I  '   ■-•'•dans  toutes  ces  inquié- 

tU''  '.  il   eut  UDO  Vision.  Il  lui 

if 


lippe  lui  apparut,  et  l'interpellant  d'une  voix 
sévère  :  «  Cessez,  Baronius;  ce  n'est  pas  Pavinio, 
mais  vous-même  qui  dever  écrire  les  annales  de 
rE;.'lise.  »  Le  savant  était  vaincu,  et  le  lendemain 
il  allait  se  jeter  aux  pieds  de  son  Père  spirituel 
pour  lui  annoncer  qu  il  commençait  son  histoire. 
Cependant, Philippe  continuait  sa  vie  de  charité 
et  de  sacrifice.  Prêt  à  secourir  tous  les  malheu- 
reux, il  avait  un  soin  tout  particulier  pour  les 
malades  et  allait  souvent  les  visiter.  Un  jour,  il 
fut  appelé  auprès  d'un  de  ses  pénitents,  Jean- 
Baptiste  Modio,  qui  se  mourait.  Le  Saint,  après 
être  resté  quelque  temps  avec  le  moribond,  se 
retira  dans  une  chambre  voisine  et  il  se  mit  à 
prier.  Au  milieu  de  la  nuit,  comme  l'état  du 
malade  s'ageravail,  un  des  serviteurs  qui  veil- 
laient à  son  chevet  alla  chercher  le  Saint. 

Mais  quel  ne  fut  pas  son  étonnement:  Philippe, 
entouré  d'une  auréole  de  lumière,  soutenu  par 
une  force  mystérieuse,  était  élevé  de  plusieurs 
pieds  au-dessus  du  sol;  il  regardait  le  ciel.  A 
cette  vue,  le  serviteur,  ne  pouvant  contenir  son 
admiration,  se  mit  à  crier:  «  Venei,  venet  tous, 
le  Saint  est  en  extase  !  »  k  ces  cris,  tout  le  monde 
accourut  et  l'on  abandonna  le  malade  ;  mais 
déjà  l'extase  avait  cessé  et  Philippe,  honteux  de 
voir  sa  sainteté  dévoilée  d'une  manière  aussi 
éclatante,  se  rendit,  sans  répondre  aux  réclama- 
tions, auprès  de  Modio,  et,  lui  prenant  les  mains, 
il  lui  dit:  «  Bon  courage,  vous  ne  mourrei  pas.  " 
A  ces  mots,  le  moribond  releva  la  tête;  il  était 
guéri. 

Le  pape  Clément  VIII,  attaqué  lui  aussi  par 
une  maladie  mortelle,  fit  appeler  le  serviteur  de 
Dieu.  A  peine  le  Saint  était-il  entré  dans  sa 
chambre  que  le  mal  avait  disparu. 

Tant  de  miracles  attirèrent  sur  Philippe  la 
vénération  universelle.  Plusieurs  fois,  on  lui 
offrit  des  dignités  ecclésiastiques,  mais  ce  fut  en 
vain,  et  Clément  IX  lui-même  ne  put,  malgré 
tous  ses  efforts,  lui  faire  accepter  le  chapeau  de 
cardinal. 

Accablé  par  les  fatigues  de  son  ministère, 
Philippe,  arrivé  à  un  âge  avancé,  apprit  par  révé- 
lation qu'il  allait  mourir.  Aussitôt,  il  donna  sa 
démission  de  prieur  et  fit  élire  Baronius  à  sa 
place. 

Au  mois  de  mai  1594,  la  fièvre  l'attaqua  avec 
une  grande  violence  et  l'on  crut  que  tout  était 
fini.  Mais,  pendant  que  tout  le  monde  se  déses- 
pérait autour  de  lui,  le  malade,  attiré  tout  à  coup 
par  une  force  inconnue,  était  arraché  de  son  lit, 
et  il  demeurait  quelque  temps  soulevé  entre  U 
terre  et  le  ciel.  I.a  Sainte  Vierye  venait  vi-jii  r 
celui  qui  aimait  tant  ;ï  visiter  les  inlirmes,  et  rlle 
lui  rendait  tout  à  la  fois  la  vie  et  la  santé. 

Cependant,  l'heure  llxèc  pour  sa  mort  appro- 
chait. Un  an  après  ce  miracle,  le  25  mai  I  >'.>:>. 
jour  de  la  fête  du  Saint-Sacreraent,  saint  Philipi'' 
de  Néri  avait  célébré  la  messe  avec  une  «.Tande 
dévotion,  quand  il  fut  suintement  a-^Milll  d'un 
vomissement  de  sang.  En  vain  s'        ■  i     m 

auprès  de  lui,  tous  les  remède»  : 
et  le  Saint,  voyant  sa  mort  approrijci ,  m  unir 
tous  ses  rcli;:icux  et,  au  moment  où  ll.ironius 
achevait  la  prière  des  agonisants,  il  se  «■mli vi 
sur  son  chevet  et  leur  donna  sa  bén<''dirtion  I  n 
ce  moment,  plu-iH'urs  per>oiincs  le  Mrcut  euliui  •• 
de  gloire  et  monter  vers  le  ciel. 

Le  corps  de  saint  Philippe  de  .Néri,  déposé 
dans  l'église  de  la  Vaticelle,  fut  retrouvé  plus 
laril  s  111'   uii  iiii iiiiption. 

C<  Te  par  tes  miracles,  est 

un  .1  !. 


K.  PiriniiioT,  Imp. -virant,  8,  rue  Fruiçoi»  l",  Paru. 


SAINTE  MARIE-MADELEINE  DE  PAZZI 


DE    L'ORDRE   DES   CARMÉLITES 


Fête  le  21  mai. 


NAI93A.NCE  DE    SMNTE    HARIR-MADELKINE    —     SA     PI^TÉ 
PRÉCOCE  —  SES  AUSTÉHITÉS 

Sainte  Marie-Madelfine,  cette  belle  Heur  qui 
embauma  le  Carmel  d'un  parfum  si  suave  et  fi 
délicieux,  naquit  à  Florence,  le  2  avril  de  l'an 
l.'>66,  de  parents  aussi  remarquables  par  leur 
noblesse  que  par  leur  vertu.  .Son  père  s  appelait 
Camille  de  (iéry  de  Pazzi,  et  sa  mure  .Marie-Lau- 
rence de  llliindelmoiili.  Ils  la  firent  baptiser  le 
jour  même  de  sa  naissance,  et  lui  douuereut  le 
nom  de  Catherine. 

Dès  sa  plus  tendre  enfance,  elle  donna  des 
marque»  précoces  de  l'éminente  sainteté  à  laquelle 
llif  u  la  destinait.  Klle  n'avait  pas  encore  atteint 
r.i;.'p  de  raison,  que  déjà  tout  son  boiibeur  était 
di;  réciter  les  prières  <)ue  lui  avait  apprises  sa 
pieuse  mère,  et  de  répéter  fréquemment  les  saints 
noms  d':  Jésus  ft  de  Marie,  noms  si  doux  pour 
un  œur  briMant  d'amour  comme  le  fut  le  sien. 
CUe   passait  des   heures   entières,   ageDouillée 


devant  son  crucifix,  demandant  à  .>'otre-Seif,'neur 
ce  qu'elle  devait  faire  pour  lui  être  acréable. 

A  sept  ans,  elle  e'iait  déjà  formée  a  l'exercice 
de  l'oraison.  Avec  de  telles  dispositions,  ses 
progrès  dans  la  vertu  furent  rapides.  Les  pauvre» 
devinrent  ses  plus  tendres  amis.  Quand  elle 
n'avait  plus  rien  à  leur  donner,  elle  se  privait 
de  nourriture  pour  pouvoir  leur  faire  l'aumAne, 
et  cela  lui  arrivait  si  souvent,  qu'elle  attira 
bii'iitùt  sur  elle  l'altention  de  ses  parents;  ils 
durent  l'observer  avec  une  vigilance  d'autant 
plus«rande,  pour  lui  faire  interrompre  ses  jeûnes, 
qu'elle  mettait  un  plus  firand  s«in  à  dissimuler 
tout  ce  qu'elle  faisait  pour  Jésus-Cbrist.  Elle  se 
retirait  parfois,  loin  de  leurs  regards,  pour  prier 
e(  pour  châtier  son  rorps  plus  à  son  aise,  en  le 
rn.icéranl  par  des  disciplines  sanglantes  et  par 
luus  les  autres  moyen»  que  l'amour  lui  suggérait. 

Voulant  imiter  Notre-Seigneur  dans  ses  souf- 
frances, elle  se  fit  une  couronne  d'épines  qu'elle 
portait  la  nuit  sur  sa  tête,  et  qui  lui   causait 


des  douleurs  inexprimables.  Mai$  uu  désir  ardeut 
ciillaminait  le  «pur  de  Catlierine.  ICIle  ne  soupi- 
rait quaprés  le  jnur  on  elle  pourrrfit  prendre 
pl;i  e  au  banquet  sacré  de  TApiioau,  et  se  nourrir 
du  p.iin  des  Aii::es.  Chaque  (n'i-^  que  sa  mère 
avait  rominuiiié,  elle  s'approrhait  d'elle,  et  ne 
pouvait  plu-  la  quitter,  (ii>aul  qu'elle  était 
altir'-e  par  la  très  dou'e  odeur  de  Jésus-Clirisl. 
<'i>lte  rare  ferveur  d>''lerinina  son  confesseur  à, 
r.-idiip'iire  à  la  Sainte  Talde  avant  le  temps  ordi- 
naire. A  partir  de  ce  inonieiit,  elle  se  sentit 
disposée  à  faire  fi'us  les  sacrifices  que  Dieu 
exi:.'erait  d'elle,  et,  pour  lui  prouver  son  amour, 
renonçant  aux  plaisirs  du  monde,  elle  lit  le  vœu 
de  virginité,  t  résolut  de  n'avoir  jamais  d'autre 
époux  que  Je -us-Christ. 

ELLE    EMBRASSE    L'ÉTAT   RELIGIEl'X 

Cependant,  son  père  ayant  été  nommî"  f;omTer- 
neur  (K-  Cortone,  Catherine  fut  plai-ee  comme 
pensionnaire  chu  les  reli:.'ieuses  de  .Saint-Jeau. 
à  Florence,  où  elle  donfta  l'exemple  de  toutes 
les  vertus. 

Elle  s'appliqua  à  Toraison  avec  arfe  nouvelle 
ferveur.  Cliaque  matin,  elle  faisait  une  médita- 
tion de  quatre  heures. 

Mais  il  lui  fallut  bientôt  quitter  cette  douce 
retraiti'  qu'elle  se  plai'^ait  à  nommer  le  Paradis 
terrestre,  car  ses  parents  la  rjppelvrent  quelque 
lemjis  aj'ré: ,  d  ms  l'intention  de  lui  faire  épousi-r 


lemji 
iuel<. 


tnient,  Klle  prole-^ta  hautement  qu'elle  avait 
consacré  sa  viri-'inité  à  Jésus-ChrisL,  et  qu'elle 
n'aurait  jamais  d'autre  époux  que  lui. 

«  Je  livrerais  plutôt  ma  tète  au  bourreau  que 
ma  chasteté  à  un  homve  >,  répondit-elle  à  son 
père  qui  la  pressait  d'acquiescer  à  sa  demande. 

Enlin,  après  de  lon;.'ues  épreu»es,  qu'elle  tra- 
versa avec  une  patience  héroïque  et  une  cons- 
tnnce  inébranlable,  il  lui  fut  permis  d'embrasser 
l'état  relii-ieux.  .Son  choi.\  se  lixa  sur  l'Ordre  de» 
Carmélites,  parce  qu'on  y  conimuniatt  presque 
tous  les  jours.  Elle  entra  dans  le  inoaaâtère  de 
Sainte-.Marie  des  Anges,  en  Cix2.  la  veille  du 
premier  dimanche  de  l'.Xvent.  Elle  était  alors 
aHée  de  seize  ans.  C'était  l'année  nièi»e  où  sAiiile 
Thén-se,  la  lumière  et  la  réformatrice  dn  Carmel, 
venait  d'échanijer  les  travaux  de  cette  vie  ter- 
restre contre  le  bonheur  éternel  des  saints. 

Le  .'tO  janvier  de  l'année  suivante,  elle  prit 
l'habit  religieux.  Pendant  la  cérémonie,  son 
viva.'  i. Il  lit  tout  illuminé,  et  elle  se  sentit 
ciii  iii  d'-sjr  ardent  de  soulTrir  toute  sa 

Tie  iis-Cliriit. 

1.1'  iiuiii  di'  Catiierine,  qu'elle  avait  reçu  an 
hapti^mc.  lui  iut  choiiL'^  en  colui  de  Marii - 
Maiblejoe.  Ule  ilevait  «''Ire,  en  «■(Tel,  par  -on 
ainnur,  un  portrait  a  ;heTé  de  cette  nainle  péni- 
tente, el  iniiler  Marie  iMir  sa  (Mirelé  nnitélique 

De»  -on  koniciat,  »<l<-  surpï'-vi  la  fir»<ur  des 
plu-  aaci>'niii-«  relik:iiiu<e>-  par  son  hnniilit^,  «a 
patinii'  e,  s.i  dnuceur,  rfui  tu-  ht  démiintirent  pas 


Ufi 

I 
I1..1 
r.f 
loi 

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d 

pai 
pr.  . 

allrai'Uii . 
mai-vl«<,  o 


rit 

11.1  a   robéi<''Uinc4<   lotîtes  nés  dévn- 
li-r»-.  Hisant  ipie  Ir  moindre  exer- 


(■■■1--  Il 


'->'  «alait  aotant  que  la  plu» 


I 


■   !•      i  sirnil    rien    tant    que 

I   11      iM  ht  a  -fin  dmii  Kpoiis 
i|U<dl<>    l'avail 
I  ii<M  quoii  ne  s'y 

[«r.   Plant    tofnlié^    d*lHrBrro««»meiit 
■nir  no  la  croyait  i  rextrA«iit<-,  on 
ne  voulut  pa«  lui  refwer  la  <touc«  coasuUUon 


de  mourir  relisrieuse.  Le  17  mai  lo(J4,  elle  fut 
transporl>ie  devant  l'autel  de  la  Sainte  Vierge, 
où  la  cérémonie  se  lit  solennellemenl. 

Apres  qu'elle  eut  prononcé  ses  vu-ux,  Nolre- 
Sei;;neur  lui  apparut,  en  compagnie  de  sa  frès 
Sainte  Mère,  de  saint  Au;;uslin  et  de  sainte 
Catherine  de  .tienne,  et  lui  remit  au  doiyt  un 
uiineau  précieux,  ^.-aje  de  l'alliance  indestructible 
qu'elle  venait  di'  contiacler  avec  ce  divin  Epoux. 

Ses  soulfrances  étaient  très  vives,  et  Madeleine 
ne  laissait  pas  échapj'er  une  plainte.  "  Comment 
faites-vous,  lui  demanda  uiieSu'ur,  pour  endurer 
tant  de  douleurs?  ><  Madeleine,  lui  moiitrani  un 
crucifix,  réjiondit  :  1.  Voyei  ce  que  l'amour  inlini 
de  Uieu  a  fait  pour  mon  salut;  voilà  ce  qui  me 
donne  du  couraye.  Ceux  qui  pensent  à  Jésus 
crucilié  et  unissent  leurs  soutTrances  aux  siennes, 
les  trouvent  douces  et  af,'réables.  » 

Dès  qu'un  l'eut  reportée  A  l'inlirmerie,  elle  fut, 
pendant  plus  d'une  heure,  ravie  en  extase,  ce 
qui  se  renouvela  chaque  matin  pendant  quarante 
jours  de  suite. 

.\  partir  de  ce  moment,  il  ne  se  passa  puère 
de  jours  pendant  les  deux  années  qui  suivirent 
sa  profession.  <|u'elle  ne  fût  ra\ie  en  llieu;  et  ces 
extases  ne  duraient  pas  seulement  des  heures, 
mais  des  jours  et  quelquefois  des  semaines 
entières.  Le  Saint-Esprit  lui  dictait  alors  des 
choses  si  admirables  qu'on  se  crut  obli(.'é  de  lui 
donner  plusieurs  secrétaires,  chargés  de  recueil- 
lir les  précieux  ensei^'nemenl-  '"li  -''riaient  de 
sa  bouche. 

IU.i.LEMXNT  VLF.  LI'I   TRACR  MlTllE  .-tlùNEUR 

Mais  Notre-Seii.:neur  voulait  élever  son  épouse 
à  un  très  haut  de;;ré  de  perfetion.  A  cet  effet, 
il  lui  inspira  un  praud  désir  île  la  morlillcation 
Cl,  one  prolbiule  humilité.-  In  jour,  Madeleine 
loi  adreasa  ces  parides  de  saint  Paul  :  '■  .^ei^'ncur. 
que  vouleï-vous  que  je  fasse?  ■.  Jésus-t^hnst  lui 
répondit  que.  désormais,  elle-devrait  faire  péni- 
tence pour  les  pécbeurs. 

Il  lui  prescrivit  donc  de  jeûner  continuelle- 
ment an  pain  et  à  l'eau,  à  l'exception  dudimanche 
et  de»  fêles,  ou  elle  pourrait  user  des  mets  de 
(.^aréme,  et  d'aller  toujours  pieds  nus. 

Se»  BUjiérieures  n'approuvèrent  point  tout 
d'abord  celle  sink'ularité;  mai-  elles  virent  bien- 
tôt que  la  volonté  de  Dieu  était  manifeste,  car 
Madeleine  ne  pouvait  r  tenir  aucune  autre  nour- 
riture, et  il  lui  était  inipo>sible  de  faire  uu  pas 
lorsqu'on  l'obliu'eail  à  porter  des  souliers. 

Nolre-SeiL'neiir    lui     prescrivit,  en    outre,  des 
règles  admirables   pour  acquérir  la  Munlelé.  Il 
lui  ordonna  de  conserver  avec  un  itrand  -oui  la 
pureté  du  cieur  et  la  simplicité;  de  con-idérer 
cliai'iine  de  -e«  paroles  comme  si  ce  de \  ail  être 
la  dernière  de  »a  vie;  de  ne  jnmni-  rien  entrr- 
preiidre,  m  donner  un  coii-eil,   ■ 
auparavant  son  crucifix;  d'avoir  n 
nié  enver-  le  1         ' 
ni  lie  consolai I 

'       ''         T-î  •■■  Il      IIIM       I   1 

•  I  de  s'en 
.     . ■'■»■'  ...l.'oùl, cl  Ui<'    i,-„.^ 

RLLi  i»T  lAvoRisiK  nt  n<iK  au  hikaius 
cT  iiK  raorainK 

M.iilel.'ine  fut  faiori-i'ê  du  don  ,Ii  -  iiilrnc1e«  rt 


>nr  w>ii  •■ni 11-,  b 
jeune   bile  qu'il  l<"< 
Vyaoi  fait,  par  oMiaftAiiCC,  le  ^inUo  de  laCroiA  sur 


uu  t 'oneaude  vin,  elle  lui  cimmuniiTTia  tant  de 
vertu  qu'uue  reli«ieuse  malade  se  trouva  subile- 
meiii  yuéiie  après  en  avoir  bn. 

tlle  prédit  an  cardinal  Alexandre  de  Médicis, 
arirlirvéque  de  Florence,  qu'il  serait  un  jour 
pape.  Plus  tard,  elle  renouvela  sa  prédiction 
lor-iiue  ce  l'ardinal  fut  envoyé  par  Glé-nienl  VIII, 
en  i|ualilê  de  lé;;at,  vers  le  mi  Henri  IV  : 

I'  Ce  prélut,  Jii-elle,  poss«;de  maintenant  un 
grand  honneur,  mais  il  en  possédera  encore  un 
plus  |.'rand  :  il  sera  élevé  au  Souverain  Pontificat; 
mais  il  ne  jouira  pas  longtemps  de  cette  suprême 
difînilé.  car.  lor'-qu'il  voudra  Tembrasser,  elle 
pa'^sera  en  un  instant.  » 

En  elfcl.  .Alexandre  de  Médicis  fut  élu  sous  le 
nom  de  Léon  XI,  et  n'occupa  que  vingt-six  jours 
le  si'-i;e  poutilical. 

XXTASB.S   ET   R£VKL.\TIONS 

.\\f\ii  que  nous  l'avons  dit,  Madeleine  était 
pri-^qur-  c.f>nlinuell«-mfciit  en  eïtase. 

Ln  jour  que  ci'tle^'rande  amante  de  Jésus  était 
malade  à  rextrémiU-,  elle  se  leva  de  son  lit,  et, 
courante  l'autel  de  rinlirmeric,  elle  embrasse  le 
cruciti.x,  en  s'écriant  :  ■  O  .4moar  !  Amour!  per- 
sonne ne  vous  connaît,  personne  ne  vousairae." 

Une  autre  fois,  comme  on  lui  disait  qu'une 
Sœur  avait  un  CTand  désir  d'accomplir  la  volonté 
de  Dieu,  elle  répondit  :  "  Elle  a  raison  ;  car  il  n'y 
a  rien  de  'i  ainialde  que  de  faire  la  volonté  de 
Dieu.  •'  Et  là-dessus,  ravie  en  extase,  elle  alla  par 
tout  le  couvent,  en  disant  :  •  Mes  Soeurs!  oh  que 
la  volonté  de  Dieu  est  aimable  !  « 

Elle  s'efforçait  d'être  toujours  et  dans  toutes 
ses  actions  comme  transformée  en  iésus-Christ, 
par  l'union  très  parfaite  de  sa  volonté  avec  celle 
du  divin  Sauveur. 

Le  Jeudi-Saint  de  l'année  1385,  elle  demeura 
en  extase,  durant  l'espace  de  vinpt  heures,  souf- 
frant dans  tout  son  corps  des  douleurs  inrroya- 
hles.  Elle  vit  en  esprit  le  drame  santlant  de 
la  Passioa.  .Vrrivée  au  Calvaire,  elle  demeura 
une  demi-lieuie  les  bras  en  croix,  puis  répéta 
cos  paroles  c^ue  N'otre-Seieneur  avait  prononcées 
avant  d'eipirir  :  ■■  Tout  est  consommé  »,  et 
tomba  raide  sans  donner  plus  aucun  siiine  de 
vie.  .Mais  elle  se  releva  bientôt,  brillante  comme 
Jésiis-Cbri^t  sortant  du  tombeau. 

LU  jour,  il  lui  fut  donné  de  voir  la  gloire  dont 
jouis<^ait  dans  le  ciel  saint  Louis  de  Gonzaiiue. 

.Xu-^ilot.  raxie  en  ext.ise,  elle  s'écria  :  <•  Oh! 
quelle  _'loire  a  Louis,  fils  d'Ijsnare  !  je  ne  l'eusse, 
jamais  rru,  si  mon  Jésus  ne  me  l'eût  montr»?e.  » 

Elle  vit  aussi  dans  l'assemblée  des  bienheu- 
reux une  religieuse,  assise  sur  un  tr<^ne  d'or, 
enrichi  de  pierreries,  et  Xotre-Seigneur  lui  apprit 
que  le  trône  représentait  la  vir;,'iuité  immaculée 
que  cette  religieuse  avait  gardée,  et  les  pierres 
préii(!use«,  les  âmes  qu'elle  avait  attirées  au 
service  de  Dieu. 

ÉPREUVES  ET  TENTATIONS 

Jusqu'à  présent,  Madeleine  a  savouré,  avec  un 
ineffable  bonheur,  les  délices  incomparables  de 
son  Bien-Aimé.  Il  \'n  conduite  à  travers  les  pros- 
périt*-*  et  les  doiir..^  consolations,  et  elle  s'est 
enivrée  de-  sii.i.ii'  -  eé|e«tes.  Mais  le  temps  est 
venu  ..11  l'innocent,  brebis  va  devenir  le  jouet 
il  impurs  au  milieu  desquels  elle  sera 

j.  ■  '  en  vain  qu'ils  épuiseront  contre  elle 

tous  leurs  efforts  :  jamais  ils  n'altéreront  son 
éclaliinle  blancheur. 

pendant  cinq  ans  entiers,  Madeleine  dut  boire 
il  long*  traits  au  calice  d'amertume.  De  violentes 


tentations  nnrent  la  visiter.  D'affreuses  visions 
assiégèrent  son  esprit.  Le  déin.tn  i.nétit  mille 
formes  sensibles,  s'effon  aul  pai  tous  les  moyens 
de  souiller  les  yeux  et  les  oreilles  de  la  vièrire. 
Lorsqu'il  voyait  que  tous  ses  efforts  étiiieni  i.ii- 
tiles  et  lie  tendaient  qu'à  faire  ninerDieu  .lu  m- 
tape,  il  entrait  en  fureur  et  .ir.ablait  de  coup- 
l'épouse  de  Jésus-Christ. 

On  entendait  parfois  la  Bienheureuse  s'écrier, 
au  milieu  de  tant  d'afllictions  :  .<  Non,  je  ne  sais 
pas  si  je  suis  une  créature  raisoiinalile  ou  un 
l'tre  privé  de  raison;  je  ne  vois  riec  i;n  moi  de 
bien  qu'un  peu  de  bonne  volonté  de  ne  j.imajLs 
offenser  la  divine  Majesté.  » 

D'autres  fois,  elle  appelait  de  toutes  ses  forces 
son  divin  Maître  dont  elle  se  croyait  abajidojiuée  : 

"  Où  êtes-vous.  disait-elle,  h  mou  Dieu  !  où 
étes-vous?  Le  soleil  de  votre  grâce  s'est  donc 
obscurci  pour  moi.  Voire  bonté  m 'aurait-elle 
abandonnée  ?  . 

Cependant,  Madeleine  ne  se  découragea  pas  un 
seul  instant.  EUle  eut  recours  i  la  Sainte  Vier^'e. 
Cette  Mère  de  Miséricorde  lui  apparut  mi  jour 
qu'elle  était  violemment  tentée,  et  lui  mit  sur  la 
tète  un  voile  qui  c'uassa  aussiic'it  la  tentation. 

LaSainte  redoublasés  mortifications  et  ses  aus- 
térités. Elle  entoura  son  corps  d'une  ceinture 
armée  de  pointes  de  fer,  qui  pénétraient  bien 
avant  dans  sa  chair.  Elle  se  flaj-'ellait  fréquem- 
ment, |>endaut  des  heures  entières,  et  lorsque 
les  religieuses  la  voulaient  soulager  dans  ses 
souffrances,  elle  leur  répondait  :  •  Liissei-moi 
souffrir  pour  mes  péchés;  c'est  mon  cher  Epoux 
qui  le  veut,  x:  A  l'imitation  de  saint  Benoit,  elle 
se  jeta  dans  un  buisson  d'épiue-,  et  triompha 
ainsi  d'une  violente  teutatiou  par  laquelle  le 
diable  cherchait  à  entrer  dans  son  co'ur. 

Nûtre-Seigneurjugeantles  épreuves  suffisantes, 
ne  voulut  pas  laisser  souffrir  davantage  sa  douce 
et  fidèle  amante.  La  veille  de  la  Pentecôte  de 
l'année  1500,  elle  se  trouva  ravie  en  extase  pen- 
dant que  l'on  cLaiitait  au  chu'Ur  l'Office  divin. 
Après  les  l.iudes,  elle  commença  à  parler  comme 
auparavant  des  merveilles  du  ciel.  Puis,  s'adres- 
sant  aux  religieuses  ; 

"  Le  Seigneur,  dit-elle,  m'a  délivrée  de  mes 
ennemis;  l'hiver  et  le  mauvais  temps  sont  passés  ; 
aidei-moi  à  remercier  mon  Dieu.  » 

Elle  vit  ensuite  tous  les  saints  auxquels  elle 
avait  une  dévotion  particulière  venir  l.i  léliciter 
de  son  triomphe.  Son  aii;:e  gardien  lui  mit  une 
couronne  sur  la  tète  ;  un  autre  l'ornait  d'un  riche 
collier  d'or;  un  troisième  d'une  robe  plus  blanche 
que  la  neige. 

«  0  mon  Dion!  s'écria  alors  la  Sainte,  qu*ai-je 
donc  fait  contre  votre  divine  M'ijesté'.'  il  semble 
que  vous  voulez  me  récompenser  ici-bas.  » 

Il  serait  trop  long  de  raconter  eu  détail  tous 
les  assauts  que  le  démon  lui  livra  et  toutes  les 
victoires  qu'elle  remporta  sur  cet  odieux  ennemi 
de  l'homme,  je  ne  puis  cependant  pas  passer 
sous  silence  ce  qui  arriva  à  la  bienheureuse 
vierge,  au  sujet  de  ses  tentations. 

In  jour  que  le  démon  la  pressait  vivement  de 
quitter  le  saint  habit, elle  pri.i  instamment  Nolre- 
Si'iirneur,  par  l'inlerccssion  de  saint  Albert, 
qu'elle  avait  choisi  pour  un  de  ses  avocats  dans 
le  ciel,  de  l'assister  dans  cette  tentation. 

.Vu  même  inst.int,  saint  Albert  lui  apparut  et 
Il  revêtit  d'un  habit  blanc,  d'un  scapul.iiri-  et 
d'une  ceinture  de  même  couleur,  qu'il  prit  dans 
1."  côté  de  Jésus  crucifié;  la  Sainte  Vierce  lui  mil 
I  ritre  les  mains  un  cierge  allumé  ave.-  un.'  ■  ■  ii- 
r.inne   de   Heurs   sur   la    tête  ;   les    ati-''^    liri-nl 


entendre  une  suave  mélodie,  et  cbanlèrent  les 
ûnlienne?  que  les  re!ii;ieuses  avaieni  coutume  de 
chanter  pour  les  puses  d'habit;  Notre-Seigneur 
Jésus-ChrisI  lui-iu 'me  lui  doniui  de  ses  propres 
mains  la  Sainte  Communion. 

On  conçoit  que  le  diable  ne  dut  pas  rester  à 
celte  céreTaonie,  et  <^u"il  iic  j'oussaplusla  Sainte 
à  quitter  l'habit  religieux. 

CHARITÉ  DE  MAiilE-MADELEINE 
SON     HOBRELIi     PiDH     LE    PÉCHÉ 

Mais  qui  pourra  'X  primer  les  ardeurs  dont  elle 
brûlait  pour  son  .liviii  Epoux"?  son  cœur  était  un 
brasier  ardent,  consumé  par  l'amour.  Pour 
rafraîchir  sa  poitrine  embrasée,  elle  était  obligée, 
à  l'exeniDle  de  saint  Pierre  d'Alcantara,  de  se 
ploni;er  dans  l'eau  elacée. 

"  Si  je  savais,  répélait-elle  souvent,  qu'en 
disant  une  seule  parole  à  une  autre  tin  que  pour 
l'amour  de  Dieu,  encore  qu'il  n'y  eût  point 
d'offense,  dussê-je  devenir  plus  grande  qu'uu 
séraphin,  je  ne  le  ferais  jamais. "Tout  son  bonheur 
éiait  de  souffrir  pour  relui  qui  a  tant  souffert 
[<our  nous,  et  elle  ne  dédirait  vivre  plus  long- 
temps que  pour  souffrir  davanlaae. 

\ji  virginité  qu'elle  lui  avait  consacrée,  elle  la 
conservait  avec  un  u'rand  soin,  et  baisait  les  murs 
de  son  couvent,  qui  l'aidaient  à  garder  une  si 
belle  Heur. 

Le  seul  nom  de  péché  mortel  la  faisait  reculer 
d'horreur  et  d'épouvante,  et  elle  ne  savait  pas 
comment  un  homme  raisonnable  pouvait  com- 
mettre un  péché  mortel. 

i<  Ah!  disait-elle  quelques  jours  avant  sa  mort, 
je  quitte  le  inonde  sans  avoir  pu  comprendre 
comment  la  créature  peut  se  résoudre  à  pécher 
contre  son  Créateur.  •■ 

Hlle  vit  une  fois  l'Ame  d'an  pécheur  condamnée 
aux  llammes  éternelles  : 

"  O  Ame  niiséialde,  s'écriu-t-elle  en  fondant 
en  larmes,  tu  es  donc  devenue  un  tison  d'enfer, 
et  le  plaisir  passé  est  rhan«é  pour  loi  en  des 
peines  cruelles.  Mais.d  Dieu  éternel!  les  hommes 
du  monde  ne  considèrent  pas  ces  choses.  » 


Enlîn,  après  avoir  passé  41  ans  sur  celle  terre. 
Madeleine  alla  jouir  dans  le  ciel  du  bonheur 
éternel.  Dieu  la  prépara  à  la  mort  par  de  très 
grandes  souffrances.  On  ne  pouvait  approcher  ilu 
lit  où  elle  était  étendue,  comme  Jésus-Christ  sur 
la  croix,  sans  lui  causer  des  douleurs  inexpri- 
mable<.  A  ce  moment  suprême,  Diitu  lui  retira 
toute  coDsolaliou  cl  sembla  l'avoir  abandonnée. 


Mais  la  Bienheureuse  ne  se  découragea  pas. 
''.■>inme  son  confesseur  lui  disait  que  ses  souf- 
frances allaient  bientôt  finir  : 

«1  -Non,  mui.  mon  Père,  répondit-elle,  ce  n'est 
pas  la  consolation  que  je  cherche  ;  mais  je  désire 
souffrir  jusqu'au  dernier  moment  de  ma  vie.  ■• 

Elle  reçut  les  derniers  sacrements  avec  des 
transports  d'amour  et  de  joie.  Cette  grande 
Sainte  donna  sur  son  lit  de  inorl  un  magnifique 
exemple  d'obéissance.  Son  confesseur  s'était 
rendu  à  l'é^jlise  pour  dire  la  Sainte  Messe,  lors- 
qu'on vint  l'avertir  que  .Madeleine  n'avait  plus 
qu'un  instant  à  vivre. 

'■  Dites  à  Madeleine,  répondit-il,  que,  si  elle 
veut  être  obéissante  jusqu'à  la  mort,  à  l'exemple 
de  son  divin  Maître,  elle  attende  pour  mourir 
que  j'aie  dit  la  messe.  " 

La  Sainte  obéit.  Vers  trois  heures  du  soir,  elle 
fit  appeler  la  .Mère  Prieure  et  lui  dit  différentes 
choses  au  sujet  du  f;ouvernement  du  monastère. 
Puis,  prenant  con;:é  de  toutes  les  religieuses,  elle 
leur  donna  ce  dernier  avis: 

«  Mes  Uévérendes  Mères  et  mes  très  chères 
Sœurs,  me  voici  sur  le  point  de  vous  quitter  jus- 
qu'à l'éteriiilé,  je  vous  prie,  au  nom  de  .Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ,  de  n'aimer  que  lui  seul, 
de  mettre  toule  \otre  espérance  en  lui,  et  d'être 
continu'dlemeut  embrasées  du  désir  de  souffrir 
pour  son  amour.  C'est  la  dernière  grâce  que  je 
vous  demande.  » 

.\près  avoir  dil  ces  paroles,  sa  belle  âme  s'en- 
vola vers  son  Epoux  pour  jouir  éternellumeut 
du  suprême  bonheur. 

C'était  un  vendredi,  à  l'heure  où  notre  divin 
Sauveur  avait  consommé  son  sacrillce  sur  la 
croix. 

AussiliM  que  la  nouvelle  de  cette  mort  se  fut 
répandue  dans  la  ville  de  Florence,  on  accourut 
de  toutes  parts  pour  voir  le  corps  de  la  Sainte, 
qui  avait  ét^  déposé  clans  ré:;lise. 

(Ir,  il  y  avait  parmi  la  foule  un  homme  adonné 
à  toutes  sortes  de  vices.  .\u  moment  »»  il  s'appro- 
chait de  la  vierye,  poussé  par  un  motif  de  curio- 
sité, elle  se  retourna  de  l'autre  crtlé,  ne  pouvant, 
même  après  sa  mort,  souffrir  un  pareil  spectacle. 
Cet  hommefutlouchédumiracle  et  mena,  depuis, 
une  vie  édiliante. 

Le  corps  de  la  Sainte  fut  enseveli  derrière  le 
:.'rand  autel,  on,  deux  ans  après,  il  fut  trouvé,  non 
seulement  sans  corruption,  mais  répandant  une 
odeur  très  ai;réable. 

De  nombreux  miracles  témoignèrent  de  la 
sainteté  de  Marie-Madeleine,  ce  <|ui  dèleriiiiiia 
le  pape  Clément  IX  à  la  canoniser  !■•  >  mmI  d-- 
l'année  166». 


lin)'  -ijfTjnl,   \..    l'«Tii»if>M 


rn'   t  r»iii  >ii  {•  .  l'an» 


VIE    DE    SAINT    VINCENT    DE    PAUL 

iravures  du  siècle  dernier  présentant,  sous  une  forme  souvent  allégorique,  les  plus  erandes  œmTes  du  Saint 

reproduites  Dour  cette  Vie  des  Saints.) 


:«./:^ 


f- 


.'/ 


tif: 


"■"^k^ 


Saint  Vincent  do  Pau)  est  reçu  dans  le  ciel  par  l'auguste  Trinité.  Sur  la  terre, 
les  miraculés  guéris  par  lui  témoignent  de  sa  sainteté. 

(Ce  (ablofiti  reprrienlc  le»  seize  yrincifiaux  niiracult'!>  du  procès  de  canonJitlioD.) 

94 


rraviiro  du  tpmDS  nui  rppri'st^nti;  la  niorvi'illcus"  firi'ilica-, 

clialeauN    .-l  mHbk.-n  ie!»iii.'lk-s    furent  l.iripr»'   'W-  >Ç-'> 
K-Tiin™.-»  ..■uvns  .  l  r.nousckTiiil  l'ardeur  di-  la  r..i  dan.- 

?  s;„  "t  V.nrènt  .If   l-aul.  cnvoyei-nous  de»  inissiounalrcs 
qui  runouvelleul  aujourd'hui  la  loi  de  la  Franco.   . 


>1.'  Inu;  il:.l  liliiSainl-Uz.irc  di-s  coiifércm  ■ - 
^  ("Pur  Iraili'i    di-    chosi's  ilivini*».  O'»   coiili- 
iiMi('i->,  aux.|Ui-llis  rs  [.relies  lo>  plu^  i.-l<'«   et  lH'luc.|ii|' 
dï'MS|u.>  imreiil   pari,  excrconl  un.' iniluenco  cousid.' 
rallie  >ur  W  rlcriré.  ^  ,. 

•  Sailli  Viiucnl  lie  l'aul.  qui  avei  eu  (trùce  ptuir  ac«TOUr«' 
)(•  ;,.|,.  ,iu  rlT'.'''.  nhl-iH'joiHi*  lieauroup  de  mk-hIiOIis.   • 


8MM  VtBcMI  <ic  Paul  <i»t  D<>aai«  par  l^oi»  Mu.  'l  *  ■• 
itlMIII-  lia  ■.  li-'  i.onli,  «liiiioi  l'-r  Ki'n^ral  '><•»  ii^iU-rr». 
■  da*i«M  ta  [Ki.i't'-ocr  ttri  malhcurcai  c<>u<itmné*  cl 
■M  par  ^andra  merUimmi  la*  tan  4a  Pu  d'aam  aas 

rSal  TtMMl  «a  PauU  a^raMa  *  I»  uril»,   . 
OAbe,  a  (Wnr  laa  plaxa  aa  Uaa  da  Ma  eavairiMer 


M   (^rifM.A  A    im    m 'Il 
oniMi  II  ai  a  la  Toloot' 

««»<■   uni-   «.n»  llr)0»rl    - 

>-i>l  lU  Paal.  •i>ku)UO»ua   au  b«a 

irt 


A  la  mort  de  Lnuis   Mil.  ««int  Vinrent  de  PanI  est  (^Uhli 

inal-T.'  ni,  par  !a  nV-'n!  -  Vnne  O'Vntr  che.  rhef  du  cooteil 
<le  .  r  des  inl*éls  de  la  religîoD  cl 

dp-  rairnt    ippelés  aux  di;;ni|fîs  il'- 

l-Ru-  .  it  ainsi  la  furluni' de  voir  sainl 

ViDcerii  .le  i'dul  a  l'œuvriu 
«  Saint  Vinrent  de  PanL  obtenez-noos  des  saints  dans  les 

COnSiMN    '■•   u'"UV.TnHrii.i.'. 


Saint  Vincent  de  Paul  enlrerire"'!  'ie  rerueiMr  les  vK'iilards 
d«B  deux  st'xe'^  ci  ôt'  loriiM^r  d  imiitensi^s  asil^-s.  Il  fonde 
alors  l"tios|urc  ilu  nom  iW  Jê>us  t-l  la  salii*lrwri-,il  résout 
un  de*  pi.iMrnips  s^x-iaux  alors  iiis"lulili-s  :  riTiieillir  et 
sauviT  ii-s  iiiindants  qni  se  dt  moraliSiiient  entre  eux 
et  menaçaient  In  nu'^. 

•  Saint  Vinrent  de  l'aul.  rendez-nous  des  hùpilaux  chré- 
tiens au  lieu  des  hôpitaux  matérialistes.  » 


Sainl    Vinr.nl     d      V\n' 
eofafrffi  ab^ndiinrit^^  : 

ret"'   "  "    "•   ■    ' 

p..,, 


n,  ;■  r'.i  t     eo    !f>n    manteau    des 

Il  lr-<  r.rihn    anx    (lilen   de  IJianl^. 

'      '  ■  ' — -|   vont   dépose»  le» 

il  le*  «uppllede  ne 

fiLS. 
•  .^•1111  '  ■  il,  rcii^  ryrt.-nnut  dt»  écoitt  pow 

f«eu«tlUr  dn  pe4ii~  enrtnts  d"oi  les  kme»  toai  |4rir  > 


•>Hifii  Vinrent  do  l'aui  mci  'f  ; 
M'r%ice  du  nu   iwjr   prendre 

|>.,ll,,r,l        f     l.>,.r     v.nir    *.  f.     T    ,lf 


«iildatn.  > 


'T     Itihi,     I  rmn*  'iuo    «làui'iUidrs    9    DOS 


>ainl  François  do  Sales  avait  eu  d'abord  la  X'i-méf  de  fon- 
der des  reliiiieuscs  pour  visiter  les  malades:  il  loiida 
les  Visilandines  rliiitri'es.  mais  adiiiini  en  saint  Minent 
eelui  au.i'iel  la  l'ruvidencc  cunllail  l'ieuvre  abandonnée. 
i;  lui  iliiiiiia  lo  soin  de  ses  reli(!l<'uscs. 
Saitd  Viiieent  d.'  l'aul  et  saint  François  de  Sale»,  main- 

Wnii  l'uniiiii  ei  la  |iai\  dans  les  œuvres  .tablies  p'Aur  'e  seul 

ri...(i.'   I  '  ('!•  11. 


I..U1  ir.    M-  fait   Içv.r, 

runiiuunie;   il  rép' li 

e.dre  en  agonie  et  .-  •  - 

4  heures,   heure  sacre- 

lnnu'euri"rse"le"ïîii't  ehanue  jour  depuis  plus  «le  50  ans 

fut  iine  .lerniere  fois  ndele  à  sa  régie.  

.    Sauil   Vineent   de    l'aul,   oblenei-nous    do   mourir   l.  » 
mains  pleines  d'oeuvres.  » 


Saint    \mccnl    'le   l'aul,  m    .^.■[lUii.l    i 
habiller.    purliT   A   la    iiiess>'   ou  il 
fon^do  avec  un.'  gaieli'  >..urianlr 
teint,  assis  en   son   laiiliuil.  a 


11 


toi,   ce  qui   rrpré- 

•orlc  ••-tovtai  Or 


swnl    Ninrent    dr 
Il  MiMloU    «I    dr- 
du    «tel    «u»     it4..ui,.... 
irtivre». 
•  Saint  »iar»rt  df  P»»' 

I1..I 

.1. 


t:   rrriTnOdi.  Itaf  -tirait I   H.  rtif  rrtnroit  i".  •'•ni. 


SAINTE  BONNE  DE   PISE,  VIERGE 

TERTIAIRE    DE    L'ORDRE   DES    CHANOINES    RÉGULIERS   DE   SAINT   AUGUSTIN 


Fête  le  29  mai. 


Sainte  Bonne.en  Palestine, visite  la  montagne  où  Jésus  jeûna  quarante  jours;  le  Sauveur  lui  apparaît 
et  lui  mettant  l'anneau  des  fiançailles  célestes,  la  choisit  pour  son  épouse. 


ou 
içaillt; 

Les   incrédules   défendent  &  Dieu    de   faire  des 
niracles,*  mais    Dieu,    créateur  et   maître    soure- 
•ain  de  Tuniters  et  de  toute  la  nature,  peut  y  faire 
Iclater  ses  merreilles  quand  il  lui  plaît,  sans  avoir 
besoin  de  la  permission  des  incrédules.  II  a  sourent 
isé  de  ce  moyen  pour  se  manifester  aux  hommes 
it  les  attirer  4   loi.  Le  divin  Maître  a  annoncé  sa 
'  '  -ion   en  faisan*  .des    miracles:   il  envoie    ses 
"S  l'annoncer  ci.  leur  donnant  le  oouvoir  d'en 
.  tt  li-'iit  iUit  poUttatpfn  curandi  inUrmotet  eji- 
.1  dxm'^inia.  •  (Marc,  m.  13.)  Des  apiHres.ce  pou- 
i   ..   i'eft  transmis  et  apparaît,  quoique  a  des  inter- 
valles plus  rares,  dans  certaines  émes  d'élite  que 
Dieu  lui-même  a  choisies  entre   mille,  comme  des 
3eur«  plus  belles  dont  il  nrn»  d*5  ici-bas  le  parterre 


de  ses  saints;  telle  fut  la  Sainte  dont  nous  allons 
p«quisser  la  vie,  sainte  Bonne  qui  le  tut  d'efTet  aussi 
bien  que  de  nom. 

t^lle  naquit  à  Pise,  vers  l'an  ll.ïfi,  d'un  honnête 
citoyen  de  cette  ville  et  d'une  mère  ori);inaire  de 
l'Ile  (le  Corse.  Dieo  révéla  sa  naissance  à  un  prêtre 
d"  Paris  du  nom  de  Jean  et  la  lui  recommandai 
Fidèle  à  sa  mission  le  prêtre,  pour  la  mieux  remplir 
vii.t  plus  tard  à  Pise  et  entra  chez  les  chanoinr- 
r''t;iiiiers  de  l'église  Sainl-.Martin,  qui  suivaient  l.i 
!(• '^'le  de  saint  Auf;uslin.  I.a,  un  ange  l'avertit  que 
Bonne,  âgée  de  sept  à  huit  ans,  et  qu'il  n'.i  lamauvue, 
va  venir  vers  lui.  Bonne  arrive  en  edri,,  pi.im.e  ^||e 
aussi  par  une  inspiration  divine,  et  deniandt  au 
relipieux  de  vouloir  bien  se  charger  de  la  direction 


134 


de  son  âme.  Celui-ci,  craignant  de  donner  une  déci- 
sion irréfléchie  à  une  âme  qu'il  rencontrait  pour  la 
première  fois,  se  contente  de  lui  dire  :  «  Faites  ce 
que  Dieu  vous  a  ordonné,  vous  reviendrez  ensuite 
quand  il  lui  plaira.  >  Bonne,  qui  ne  s'attendait  pas 
a  être  congédiée  d'une  façon  si  laconique,  obéit 
toutefois  ponctuellement;  elle  savait  qu'on  est  sûr 
d'obéir  à  Dieu  en  obéissant  à  celui  qui  le  représente. 

L'n  jour,  Notre-Seigneur  lui  apparaît  et  lui  dit 
d'acheter  un  cilice.  «  Uais  je  n'ai  pas  d'argent, 
dit-elle.  —  File  pour  deux  deniers  de  soie,  reprend 
Notre-Seigneur;  tu  trouveras  au  pont  de  l'Amo 
un  marchand  pour  acheter  à  ce  prix  ton  travail.  » 
Ce  qui  se  réalisa  de  point  en  point.  Munie  de  son 
cilice,  Bonne  le  revêt  sous  ses  habits  malgré  son 
âge  tendre  :  il  faut  se  mortifier  de  bonne  heure  pour 
prévenir  la  vice  et  avoir  plus  tard  moins  de  peine 
a  le  combattre.  Le  courage  de  l'enfant  plut  au  divin 
Maître;  à  son  passage  devant  une  église  de  Fise, 
dédiée  au  Saint-Sépulcre,  Bonne  reçut  de  l'image 
même  de  Jésus,  placée  au-dessus  de  la  porte  du 
nord,  un  salut  affectueux  en  échange  du  sien;  le 
fait  fut  raconté  par  plusieurs  témoins  oculaires;  sa 
mère,  s'étant  aperçue  de  l'habit  de  pénitence  que 
portait  sa  lille,  l'en  félicita  à  son  kour;  cette  mère 
ne  ressemblait  point  à  ces  parents  qui,  uniquement 
préoccupés  de  la  vie  du  corps  dans  leurs  enfants, 
ne  songent  point  à  établir  dans  leurs  imes  par  la 
mortilication  et  la  pénitence  les  solides  assises  de 
la  vertu. 

L'n  autre  jour,  dans  celte  mémeéglise,  Bonne  aper- 
çoit tout  à  coup,  près  des  chandeliers  de  l'autel,  le 
divin  Maître  en  personne,  accompagné  de  sa  Mère, 
des  deux  autres  Marie  de  l'Evangile  et  de  saint 
Jac(|ues  lo  Majeur.  L'enfant  effrayée  veut  fuir;  saint 
Jaoïues  la  rassure;  nuis  Jésus  lui  impose  les  mains 
et  après  trois  insufflations,  comme  pour  rappeler 
l'imposition  des  maint  et  les  insufflations  du  prêtre 
au  baptême,  lui  dit  :  «  Reçoit  le  Saint-Esprit.  »  Des 
ce  jour  liiinne  montre  en  elTet  que  le  Saint-Esprit  la 
remplit  et  la  dirige;  et  saint  Jacques,  qui  vient  de 
lui  obtenir  cette  grâce,  noue  avec  elle  les  rapports 
d'une  douce  et  sainte  amitié.  Ainsi  font  toujours, 
quui<|ui'  d'une  manière  invisible,  les  saints  dont  on 
a  mérité  l'affection;  c'est  l'explication  de  certaines 
^'ràces  inattendues  dont  nous  ignorons  la  cause. 

Bonne,  sous  le  mouvement  de  ce  divin  Esprit,  se 
rend  auprès  de  son  directeur  qui  la  fait  recevoir 
comme  tertiaire  augustinienne,  sous  la  direction  des 
chanoines  réguliers  du  couvent  de  Saiiit-.Martin. 
nie  nrcnd  alors,  sur  la  chair,  une  ceinture  de  fer, 
qu'elle  ne  quittera  plus  tard  que  sur  l'ordre  de 
'  Jésus,  revêt  un  habit  conforme  à  son  nouvel  étut, 
fixe  sa  résidence  dans  lu  voisinage  de  l'églinp,  et 
commence  t  y  mener  une  vie  encore  plus  aust>re 
et  plus  sainte,  a(in  de  répondre  aux  desseins  de  Dieu 
sur  elle.  Bonne  n'avait  alors  que  clix  ans. 

L'n  jour  que  sa  mère  était  venue  la  voir,  Jésus  et 
les  saints  qui  formaient  son  cortège  se  présentent  à 
elle  sous  la  forme  de  pèlerins.  Jésus  dit  &  la  mère  : 
-  .Nous  venons  d'au-delà  des  mers  (i)  tn  dire  que 
'.>'v.  mari  vit  et  prospt-re,  mais  il  faut  que   nous  lui 

Il  l'Usions  ta  (llle  ;  veux-tu  nous  la  donner  T  «Sa 
'{ui  ne  les  connaît  point  s'en  rapporte  à  leur 
ur  honnête  et  donne  ton  contentement;  mais 
I.  >'':onnu  les  célestes  voyageurs.  Elle  a  trcite 

-Il  on  lui  adjoint  deux  dames  de  Pise  qui 

il  .'  nt  constamment  «t  dont  le  rAle  prin- 

cipal, nu  i.uurs  de  c«  voyage,  est,  comme  on  le  verra, 

I  D«  ta  Ptl'-atint,  oO  •«  troovalt  le  pèr»  i\f  Hnnii*, 
uDi  dont*  daoa  ao  but  relljtl*»!  ou  eommcrrlal  ;  car 
i'i*'  ttall  aJor*  ea  reUUoat  trtquaolaa  tv»«   la  Terre- 


de  favoriser  son  retour.  La  Sainte  suit  joyeuse  ses 
bienheureux  guides  qui  la  conduisent  par  mer  en 
Terre-Sainte;  là,  des  consolations  et  des  épreuves 
l'attendent;  l'ange  de  la  pèlerine  révèle  à  son  père 
son  arrivée.  Aussitôt  grand  émoi  !  il  avait  eu  d'un 
premier  lit  d'autres  fils  dont  l'un,  patriarche  deJéru- 
salem,  l'autre  chevalier  du  Temple,  un  troisième 
hospitalier,  détestaient  cordialement  les  Corses;  et 
la  mère  de  Bonne  était  Corse.  Au  moment  du  mouil- 
lage du  navire  on  veut  la  saisir  mais  elle  est  invi- 
sible à  ses  agresseurs,  cependant  elle  converse 
tranquillement  avec  ses  compagnes.  Elle  se  sauve 
néanmoins  à  la  première  occasion  h  travers  les 
forêts  et  les  rochers  ;  mais  une  multitude  de  démons 
la  poursuivent  en  hurlant  «  Prenez-li,  prenez-là.  » 
La  vertu  doit  s'attendre  ici-bas  à  être  persécutée; 
et  le  rôle  de  persécuteur  est  toujours  réservé  au 
démon  ou  aux  hommes  qu'il  inspire. 

Bonne  échappe  toutefois  au  danger,  en  se  blottis- 
sant dans  une  fosse  abandonnée.  L'n  ermite  du 
voisinage  en  est  averti  et  envoie  l'appeler.  Sans 
s'être  jamais  vus  tous  deux  se  saluent  de  leur 
propre  nom.  Bonne  reste  neuf  mois  sous  sa  di- 
rection, durant  lesquels  elle  visite,  avec  beaucoup 
de  consolations  et  de  larmes,  les  lieux  sanctifiés 
autrefois  par  la  présence  de  Jésus. 

Elle  visitait  un  jour  la  montagne  où  Jésus  jeûna 
quarante  jours,  quand  le  Sauveur  lui  apparut  et  lui 
dit  :  <<  Ma  fille,  je  veux  quetu  deviennes  mon  épouse, 
et  que  tu  donnes  à  mon  amour  beaucoup  d'enfants 
spirituels  dont  tu  seras  la  mère.  •  En  même  temps, 
il  lui  fit  voir,  sur  une  montagne  élevée,  une  multi- 
tude d'enfants  éclatants  de  blancheur  et  de  pureté  : 

•  Voilà,  dit-il,  ceux  qui  seront  tes  fils.  »  C  était  la 
consolante  image  des  Iraes  que  sa  vertu  et  sa  sain- 
teté devaient  gagner  à  Dieu  :  «  Iteçois  maintenant 
le  symbole  de  notre  alliance  »,  poursuit  Jésus,  et  il 
lui  met  un  anneau  au  doigt.  i<  Et  moi,  reprit 
Bonne,  je  veux  souffrir  pour  vous  et  mes  enfants, 
tous  les  maux  qui  peuvent  accabler  ici-bas  un  être 
vivant. —  J'agrée  et  exauce  ton  désir  »,rép;irtil  Jésus. 
A  partir  de  ce  jour,  jusqu'à  son  dernier  soupir. 
Bonne  soufTrit  en  elTtl  un  martyre  continuel;  et 
chaque  jour  des  douleurs  nouvelles  s'iijoutaient  aux 
anciennes.  Elle  eut  <iiii>i  l'honneur  d  être  la  fidèle 
imitatrice  de  Jésus  souffrant  et  mourant  pour  sauver 
ses  frères. 

Sur  l'invitation  de  Notrc-Seigneur  elle  revint, 
accompagnée  d'unangi',  vert  l'ermite  son  directeur. 
Sept  jours  après,  l'einiitc  lui  dit  :  «  Dieu  veut  que 
vout  retourniez  à  Pise;  mais  avant,  vous  tomberez 
aux  mains  des  Sarrasins  qui  vous  blesseront  et 
vous  emprisonneront.  >'  Sans  hésiter.  Bonne  se  met 
en  route.  Jé>at  et  tes  saints  l'accompagnent;  ils 
passent  par  Jérusalem  et  s'arrêtent  au  Calvaire.  Là, 
lésus  dit  à  sa  servante  :  <r  Donne-moi  la  ceinture  ' 
et,  comme  s'il  viil  pu  ignorer  sa  pieuse  ruse,  Boiiih- 
lui  donne  la  ceinture  île  lame  qui  recouvrait  celle 
de  fer;   mais  à  l'instant  Ji'sut  glorifie  son  humilité 

•  exallaiit  humiUt  »cn  faisant  tomber  à  set  pieds 
la  ceinture  de  fer.  Il  In  plonge  dant  le  trou  de  la 
Ooix,  ilaignr  s'en  ceindre  Lui-même  et  la  rend  à 
la  Sainte.  Elle  t'en  revêt  de  nouveau,  drsrend  du 
Calvaire  et  reprend  la  roule  de  PiM  avec  tes  deux 
compagnes. 

Bientôt  elles  tombent  aux  maint  Jet  Sarratint, 
suivant  la  prédiction  de  l'iTmite.  Bonne  reçoit, 
'.omme  lu  divin  Maître,  une  blesture  au  côté,  dont 
■  Ile  souffrira  le  re>te  de  ta  vie  jus>|ii'fc  rn  «éprouver 
par  inturvaVlcs  des  voniit»emeiilt  d«  sang.  Elle  rettfl 
l>ritonniére,  toufTrante  de  ta  blet^ure  et  delà  fièvre; 
'était  encor*  trop  pea,  au  gié  la  ton  amour  pour 
ton  diviD  Ei>oux  et  lot  Aniat  qu  elle  voulait  tauver. 
Cependant  let  deux  damei  qui  l'ont  ac«ompagnén, 


yant  pu  échapper  aux  Sarrasins  et  porter  a  ses 
ompatriotes  la  nouTelle  d«  sa  captirité,  plusieurs 
l'antre  eux  •'viennent  alors  payer  sa  rançon  et  la 
amènent  àPise. 

Elle  retrouve,  at^ec  le  calme  de  sa  petite  cellule, 
es  austérités  et  ses  ravissements  dans  ses  com- 
aerces  intimes  avec.Notre-Seigneur  et  ses  saints  de 
irédilection.  Ses  carêmes,  en  dehors  de  ses  vovages, 
>e  passent  dans  un  silence  absolu  et  la  plus  ri^ou- 
euse  abstinence  :  elle  ne  vit  que  d'eau  et  de  légu- 
nes.  Quelle  leçon  donne  cette  faible  enfant  à  ces 
brétiens  sans  énergie  et  amis  du  bien-être,  qui  ne 
avent  se  priver  du  moindre  plaisir  par  esprit  de 
énitence  I  «  Telle  personne,  dira-t-on,  est  ver- 
ueuse,  "  —  c'e^t  impossible  et  je  n'y  croîs  point, 
i  elle  n'est  mortiCée. 

Tout  l'extérieur  de  Bonne,  au  milieu  de  ses  soui- 
rances  et  de  ses  mortifications,  reflétait  sa.  vie  in- 
ime  avec  Dieu  :  toujours  aimable  pour  la  foule  de» 
isiteurs  que  sa  réputation  de  sainteté  lui  attire, 
lubliant  ses  propres  douleurs  pour  mettre  un  baume 
ur  celles  qu'on  lui  révèle,  elle  est  dans  sa  cellule 
:omme  dans  une  officine  céleste  où  descendent  les 
inges,  où  Jésus  et  sa  Mère  ne  dédaignent  pas  eux- 
némes  de  venir  souvent. 

11  ne  faut  pas  songer  à  rapporter  dans  un  cadre 
lussi  restreint  tous  les  miracles  que  la  Sainte 
emait  pour  ainsi  dire  sous  ses  pas.  Citons  seule- 
nent,  avec  qaelques  détails,  ceux  qu'elle  accom- 
plit au  cours  de  plusieurs  pèlerinages.  Jésus  lui 
ipparut  un  jour,  avec  ses  saints  privilégiés  :  <i  Je 
eux,  lui  dit-il,  que  tu  visites  le  sanctuaire  du 
>ienheureux  Jacques  qui  t'est  venu  voir  si  souvent 
kvecmoi.  »  Et  la  Sainte  partit  pour  Saint-Jacques  de 
2ompostelle.  Au  retour  de  ce  pèlerinage,  à  un 
nille  environ  au  nord-est  de  Pise,  elle  trouva  une 
chaumière  habité*  par  une  vieille  femme  ;  elle  y 
;ntra  et  saint  Jacques  avec  elle,  comme  pour  de- 
Goander  l'hospitalité  :  «  .N'avez-vous  point  d'autre 
ibri,  dit  saint  Jacques  à  la  vieille  femme.  —  Si  je 
juis  ici,  répond-elle,  c'est  parce  que  j'y  veux  cons- 
truire une  église  ;  mais  j  attends  que  Uieu  m'en 
donne  les  moyens.  —  Si  vous  voulez,  reprend  la 
Sainte,  la  construire  en  l'honneur  et  sous  le  vocable 
Je  saint  Jacques,  ce  vieillard  (elle  indique  le  Saint) 
aime  beaucoup  saint  Jacques,  nous  vous  procure- 
rons les  ressources.  •  La  vieille  femme  y  consent; 
Us  deux  voyageurs  lui  indiquent  alors  les  dimen- 
sions et  la  disposition  de  l'édifice.  Les  secours 
arrivèrent,  en  effet,  jusqu'au  complet  achève- 
ment de  l'entreprise,  suivant  cette  belle  pensée  de 
foi,  formulée  depuis  par  saint  Vincent  de  Paul  : 
•  Quand  vous  louUz  entreprendre  une  œuvre,  ne  cher- 
jfOi  et  qu'élit  coûtera,  maii  %i  elle  est  voulw  de 
:  et  il  voui  la  retonnawet  utile  a  sa  gU>ire,  alUz 
ue  1  avant,  ie$  ressources  tiendront.  » 

L'n  jour,  »nr  la  route  de  Saint-Jacques-de-Com- 
postelle  (Espagne),  elle  trouve  le  pont  d'un  fleuve 
qu'elle  veut  passer  complètement  submergé  par 
une  crue  extraordinaire;  des  montures  sont  la  pour 
aider  les  voyaceurs;  lionne  en  prend  une  que  con- 
duit son  gardien;  au  milieu  du  pont,  l'animal  rétif 
*e  cabre  et,  par  un  mouvement  brusque,  jette  la 
Sainte  et  son  conducteur  dans  les  flots  rapides  du 
fleuve.  Les  autres  voyageurs  sont  saisis  d  effroi  ; 
mai?  quelle  n'est  pas  leur  admiration  en  voyant 
ier  la  religieuse  sur  l'autre  rive,  les  vêtements 
reroent  secs  et  ramenant  k  sa  suite  le  guide 
que  I  on  croyait  perdu  1  Ils  s'empressent  autour  d'elle 
pour  la  fvliciter,  mais  Ibumble  pèlerine  s'éloigne 
•D  toute  hite. 

Dans  un  autre  pèlerinage,  toujours  h  Saint- 
laeques,  Bonne  marchait  avec  Jésus  et  ses  saints 
risibles    pour    elle  leule   et    tous   l'apparence    de 


pèlerins,  quand  elle  arriva  près  d'un  grand  pont  en 
partie  démoli  et  devantlequel  près  de  mille  passagers 
attendaient  désappointés  ;  •  Passe  le  pont  les  mains 
levées  au  ciel,»  dit  Jésus  asa  servante;  la  pieuse  femme 
avance  malgré  les  cris  de  la  foule  épouvantée  et,  le 
succès  répondant  à  sa  foi,  elle  arrive  sans  accident  h 
l'autre  bord.  Alors  Jésus  lui  commande  d'inviter  la 
foule  à  la  suivre  l'assurant  que  personne  ne  périra 
pourvu  qu'elle  tienne  ses  mains  élevées  durant  le  pas- 
sage. Bonne  appelle  les  voyageurs  leur  recommandant 
de  ne  rien  craindre.  Encouragés  par  son  exemple  et 
ses  paroles,  la  foule  se  hasarde  sur  le  pont  branlant, 
et  passe  heureusement.  Mais  un  homme  se  faisant 
jour  à  travers  la  multitude  étonnée,  se  lance  à  la 
poursuite  de  l'étrangère,  qui  s'en  jJlait  rapidement. 
Cet  homme,  par  une  faveur  de  Dieu,  avait  aperçu 
les  célestes  compagnons  de  la  pèlerine;  mais  au 
lieu  d'arriver  à  la  rejoindre,  il  la  perd  de  vue.  11 
rencontre  un  cordonnier  :  ■<  N'auriez-vous  pas  vu, 
demande-t-il,  une  dame  avec  cinq  autres  pèlerins 
vêtus  de  ttile  manière?  —  Non  »,  répond  le  passant; 
mais,  interrogeant  l'horizon,  voilà  qu'il  les  aperçoit 
à  son  tour  par  la  même  avenue,  à  quelque  distance 
de  là  :  ils  entraient  dans  une  hôtellerie,  —  au- 
jourd'hui elles  sont  rîires  celles  que  de  tels  hôte» 
honoreraient  de  leur  visite  :  on  préfère  y  attirer 
le  diable  avec  un  appât  de  mauvais  journaux  qui 
l'aident  dans  sa  besogne.  —  Le  cordonnier  accourut 
à  l'hôtellerie  et  dit  au  maître  du  logis  :  <<  Si  tu 
savais  à  qui  tu  donnes  en  ce  moment  l'hospita- 
lité I  »  puis  s'adressant  à  l'un  des  étrangers  (c'était 
saint  Jacques)  :  "  Veuillez,  dit-il,  prier  cette  dame 
de  me  bénir.  »  Saint  Jacques  dit  à  Bonne  de 
l'exaucer;  mais  celle-ci  de  répondre  que  l'honneur 
en  revient  à  saint  Jacques;  l'apôtre  insiste  et  la 
Sainte  doit  bénir  l'heureux  cordonnier.  A  l'instant, 
comme  les  apôtres  du  cénacle,  il  se  sent  embrasé 
du  feu  de  l'Esprit-Saint  et  veut  suivre  ses  bienfai- 
teurs. «  Retourne  maintenant  en  ta  maison,  dit 
saint  Jacques,  —  Non,  répond  cet  homme,  car  Jésus 
est  avec  vous.  »  Jésus  le  voulait  avec  lui  d'une  autre 
façon.  Il  joint  son  invitation  à  celle  de  saint  Jacques 
et  le  cordonnier  obéit  à  Celui  qui  connaît  mieux 
que  nous  la  voie  que  nous  devons  suivre.  En  route 
il  est  pris  subitement  d'une  fièvre  pernicieuse  et 
meurt.  Au  moment  même  .Notre-Seigneur  révèle  à 
Bonne  sa  sortie  de  ce  monde  et  son  entrée  au  Ciel. 
A  l'occasion  d'un  autre  pèlerinage,  un  pèlerin  qui 
la  devance  sur  sa  route,  s'entend  tout  à  coup  apos- 
tropher :  «  La  bourse  ou  la  vie  I  »  Le  voleur  était 
un  brigand  relapse  qui,  le  matin  même,  sous  une 
impression  de  la  grâce,  s'était  cependant  promis 
de  n'assassiner  personne  ce  jour-là;  le  pèlerin 
résiste;  le  brigand  le  perce  d'un  coup  de  poignard 
et  le  laisse  comme  mort.  Bonne,  qui  a  révélation 
du  crime,  accourt  et  appelle  le  brigand  qui  s'en- 
fuyait; mais  à  sa  voix  il  reste  immobile.  Elle  dit 
d'abord  au  pèlerin  baigné  dans  son  sang  :  •  Malheu- 
reux, quel  pèlerinage  faisais-tu?  tu  as  caché 
deux  péchés  mortels  dans  ta  dernière  confession; 
c'était  te  condamner  par  avance  au  feu  de  l'enfer 
si  tu  étais  venu  à  mourir I  »  Puis  invoquant  la 
Très  Sainte  Trinité,  elle  fait  une  croix  sur  sa  bles- 
sure; aussitôt  les  lèvres  sanglantes  de  la  plaie  se 
ferment  et  toute  trace  du  mal  disparaît.  Le  voleur 
est  obligé  de  rendre  l'argent  au  pèlerin  et  celui-ci 
promet  de  se  confesser  au  premifr  prêtre  qu'il  trou- 
vera. Se  tournant  alors  vers  le  brigand,  elle  lui  rap- 
pelle les  tourments  qui  l'attendent  pour  la  vie  qu'il 
mené  et  le  crime  qu'il  vient  de  commettre  :  <<  Aie 
pillé  de  ton  àme,  dit-elle,  ne  la  laisse  point  périr 
éternellement!  >  Le  brigand  touché,  se  fait  à  l'inilaot 
pèlerin  de  Saint-Jacques  à  la  suite  de  Bonne.  Au 
retour,  quand  ils  arrivèrent  sur  les  confins  de  Sienne, 


la  Sainte  laissa  son  brigand  conTerti  dans  une  cellule 
qu'elle  lui  fit  construire  et  où  il  acheva  paisible- 
ment et  chrétiennement  une  vie  en  partie  passée 
dam  le  crime.  •  Mieux  vauttard  que  jamais,  »  et  Dieu 
est  toujours  prêt  à  pardonner  au  repentir  sincère. 
Un  i»vr  Bonne  sollicite  du  prieur  de  son  couvent 
et  dur»*igieux,  son  directeur,  la  permission  d'aller 
à  Rome.  "  Qui  ira  avec  vous?  lui   demandent-ils. 

—  Mon   Guide  habituel,  sa  Mère  et  saint  Pierre.  » 
La  permission  obtenue,  un  serviteur  du  monastère 

lui  fut  cependant  adjoint;  il  devait  l'accompagner 
j  usqu'à  ce  qu'elle  eût  trouvé  ses  célestes  compacnons. 
Partis  de  grand  matin  dans  la  direction  de  l'Arno. 
le  serviteur  demande  :  •  Qui  nous  aidera  à  le  passer'? 

—  Mon  Guide,  dit-elle,  nous  offrira  sa  barque.  »  En 
arrivant  près  de  la  rivière,  elle  dit  au  serviteur  : 
•  Appelle  le  Guide»;  celui-ci  l'appelle  :  «  Qui  est 
là?  répond  une  voii.  —  Une  dame  qui  veut  passer  le 
fleuvt.  —  Celle  dont  le  père  est  de  Pise  et  la  mère 
de  Corse?  —  Oui,  r(?pond-il  sur  un  signe  de  la 
Sainte.  —  Alors,  je  la  passerai  volontiers.  »  Telles 
sont  les  saintes  familiarités  de  Jésus  avec  les  âmes 
qui  lui  sont  chères. 

Passés  à  l'autre  rive,  ilsparviennent  au  point  du  jour 
dans  une  prairie  où  Bonne  doit  trouver  ses  com- 
pagnons :  "  Regarde  derrière  celte  haie,  dit-elle 
au  serviteur.  —  Je  ne  vois  rien.  —  Regarde  mieux. 

—  Ah  I  les  voilà  qui  sortent  de  la  haie.  » 

Le  serviteur,  qui  les  prend  pour  de  simples 
pèlerins,  dit  à  Bonne  en  désignant  Jésus  :  «  Je  ne 
veux  pas  que  vous  alliei  avec  lui,  peut-être  vous 
arrivera-t-il  malheur  en  route.  »  Jésus  et  les  saint? 
sourient  :  «  Hassure-toi,  lui  disent-ils,  nous  ne  lui 
ferons  aucun  mal.  —  Que  celui-là  alors  (il  indique 
Jésus)  m'en  donne  une  garantie.  ■■  Marie  se  tourne 
vers  Jésus:  <■  Mon  fils,  faites-lui  cette  grice.si  grande 
soit  elle!  »  Sur  l'invitation  de  sa  .Mère,  Jésus  em- 
brasse le  serviteur  et  lui  met  dans  les  mains  deux 
racines  de  gingembre,  l'une  pour  le  directeur  de 
Bonne,  l'autre,  pour  un  religieux  du  même  monas- 
tère du  nom  de  .Marc.  De  retour  au  monastère  le 
serviteur  s'acquitte  de  sa  mission  et  raconte  ce  qui 
s'est  passé  :  •  Tu  as  embrassé  Jésus,  lui  dit  le  direc- 
teur de  la  Sainte,  embrasse-moi  A  ton  tour,  pour 
mecommuniquer  son  parfum.  •  Le  serviteur  répan- 
dait en  effet  autour  de  lui  une  agréable  odeur  d  aro- 
mates qu'ilcommuniquaaureligieuxdansson  baiser. 

Citons  encore,  entre  mille,  quelques  faveurs 
divines.  Sept  jeunes  clercs  de  Pise,  habiles  musi- 
ciens, exécutèrent  un  jour  quelques  morceaux  dans 
Téglise  de  Saint-Jacques.  Le  chant  achevé,  leur 
pensée  s'arrête  tout  à  coup  comme  abîmée  dans  le 
souvenir  de  la  vanité  des  choses  de  ce  monde,  le 
service  de  Dieu  excepté.  Séance  tenante,  ils  pren- 
nent la  résolution  de  se  consacrer  au  service  reli- 
Bieux  de  l'église  Saint-Michel  à  Pise.  Trois  d'entre 
eux  reviennent  le  lendemain  à  Saint-Jacques  ;  y 
ayant  aperçu  de  loin  sainte  Bonne  et  deux  autres 
personnes,  ils  se  disent  :  "  Chantons  au  Seigneur 
un  air  qui  charme  ses  fidèles  »,  et  ils  entonnent 
le  répons  :  /n  ron.<ipfr<u  angrlorum.  A  mesure 
qu'ils  avancent  vers  1  église,  ils  composent  et  adou- 
cissent progressivement  leurs  voix.  Bonne  voit  ap- 
prirallre,  chantant  eux  aussi,  Jésus  et  «es  douze 
apAtr«s,  saint  Jacques  à  leur  tête;  mais  «lie  seule 
les  entend.  Quand  les  jeunes  clerc»  curent  fini  : 
•  1  •  i,r  ihant  a  été  merveilleux,  dit  le  prieur  de  la 
b.i-^  :  !'•.  —  Oui,  mais  nullement  comparable, 
r«pi';.l  I! -une,  à  celui  que  j'entendais  en  même 
tamps.  I  •■  [ii'l  donc?  —  Celui  que  .Noire-Seigneur 
et  les  ônuii:  apùtres  ont  exécuté  sur  l'autel  en 
tign*  de  satisfaction  de  c«lui  des  clerct.  > 


Nous  avons  parlé  plus  haut  d'un  moine  augustin 
nommé  Marc;  c  était  un  prêtre  d'une  grande  pureté 
de  vie  et  à  la  parole  duquel  Dieu  avait  attaché  beau- 
coup de  grâces,  spécialement  au  tribunaJde  la  péni- 
tence. Les  foules  afUuaient  vers  lui;  et  jamais  il  ne 
laissa  pénitent  s'en  retourner  sans  consolations;  c'est 
la  règle  de  conduite  qu'il  avait  reçue  de  Bonne, 
comme  il  en  fit  l'aveu  trois  jours  avant  sa  mort.  Un 
jour,  à  l'issue  des  laudei,  elle  lui  dit  :  «  Une  femme 
chargée  de  crimes  va  venir  s'adressera  vous;  donnez- 
lui  pour  pénitence  de  faire,  revêtue  d'un  cilice,  le 
pèlerinage  de  Saint-Jacques  en  Espagne;  c'est  la 
condition  à  laquelle  lui  sera  remise  la  peine  de  ses 
péchés.  Aussitôt  de  retour,  elle  mourra.  »  L'événe- 
ment justifia  lu  prédiction. 

Notre-Seigneur  apparaît  un  jour  la  Sainte,  c'était 
deux  ans  avant  sa  mort,  et  lui  dit  :  «.  Remets  ta  cein- 
ture de  fer  au  religieux  ton  directeur  pour  qu'il  en 
fasse  une  croix.  »  Bonne  obéit.  Le  religieux  met  sur 
l'enclume  la  ceinture  roupie  au  feu;  mais,  à  mei 
veille  !  elle  prend  d'elle-même  tout  à  coup  la  fornu 
d'une  croix;  une  lumière  éclatante  environne  h 
moine,  et  de  cette  splendeur  s'échappe  sur  la  croii 
une  goutte  de  sang  qu'il  croit  venir  du  corps  même 
de  Notre-Seigneur  :  Dieu  ne  saurait  montrer  mieux 
combien  il  a  pour  agréables  les  mortifications. 

Bonne,  senUint  sa  fin  proche,  sollicite  du  prieur  l,i 
grâce   d'un  dernier  pèlerinage  à  Saint-Jacquet   do 
(.onipostelle  :  ••  Voulez-vous  donc  mourir  en  roule 
répond  celui-ci?  (c'était  une  croyance  générale,  reçue 
sans    doute    par    révélation,   qu'elle  allait    mourir 
nous   voulons  que   vos    restes   reposent  ici.   »  Eli' 
insiste  humblement  :  t  Qu'au  moins,  dit-elle,  voii> 
nie   permettiez  d'aller  jusqu'au  pont    de   Sercliiu'^ 
prêtez-moi  «eulem-nt  votre  cheval  et  me  donnez  un 
serviteur;  là  je  s.-i:rai  In  vérité  sur  l'époque  de  m.i 
mort.  ■    Le  prieur    y   consent  :   Après  avoir   pas»' 
l'église   Saint-Jacques,  Bonne  descend  de  cheval,  I' 
confie  au  serviteur,  en  disant  :  «  Reste  ici  darriér'' 
celte  haie  sans  t'inquiéter  de  moi.  »  Elle  reparai^t.m 
au  bout  d'unederoi-heure,  revenant  de  Saint-Jacqu''  - 
de  Compostelle  :  •  Mon  fils,  dit-elle  alors  au  servi- 
teur, tout  en  larmes,  je  suis  malade.  —  Quelle  r-.: 
est   la   cause?   peut-être   cet    homme?   (il    indiqi  • 
saint  Jacques  qu'il  voit  près  de  la  Sainte).  —  Niui 
c'est  lui  qui  m'a  fait  accomplir  mon  pèlerinage.  -  A 
ce  momenlsainl  Jacques  disparaît.  Bonne  remnnlr  i 
cheval.  Arrivée  près  de  l'église  Saint- Jacq ut •  dePiS'- 
non  loin  de  la  chaumière  de  la  vieille  femme  qui,  oi, 
s'en  souvient,  avait  fait  construire  la  basilique,  ell' 
laisse  son  cheval  au  serviteur,  entre  dans  la  cbaii 
mière  en  disant  :  «  Je  ne  puis  aller  plus  loin,  je  vais 
passer  la  nuit  avec  cette  femme  et  le  vieillard  que 
tu  as  vu   tout  a  l'heure;  va  le  dire  au    prieur;  que 
demain  avant  l'aurore,  lui,  les  fr-Tes  et  le»  cliiinoiiies 
viennent  me  chercher  dans  le  brancard  des  morts, 
je    ne  puis    aller  à  cheval  ;   tout  cela,   ne    le    dis 
qu'au  prieur.  >  Le  serviteur  pari  et   le  lendemain 
Bonne  rentrait  à  Pise  avec  le  cortège  indiqué  «ans 
que  personne  ne  soupçonnât  rien. 

Aussildt  arrivée,  le  Druit  se  répand  que  Bonne  va 
mourir;  une  foule  énorme  «crouri  pour  la  voir  et 
recevoir  d'elle  une  dernière  |ién('dietion  ;  celt»  una- 
nimité de  sympathies,  au  moment  de  In  mort,  est  le 

rivilège  des  saints.  Elle  reçoit  avec  une  sainte 
crveur  les  derniers  sacrements,  puis  eilinle  a  Dieu 
sa  belle  Ame  ;  c'était  le  29  mars  ('2>i7  La  répu- 
l.ition  de  sainleté  dont  elle  jouissait  fit  de  sa  sépul- 
ture, plutôt  un  triomphe  qu'un  cortège  lunebre  ; 
image,  toute  pAlc.  toute  imparfaite  de  la  gloire 
uiipérissnblc  et  coniiiio  infinie  dont  Dieu  venait  H* 
l'enviranntr  tu  ciel. 


l 


.4.    jri,inl,  h.l'STiTHS>si,  ".  lue  ri«ti';ult  I",  l'sns. 


SAINT  FERDINAND,   ROI  DE  CASTILLE  ET  DE  LËON 


Fêle  le   30  mai. 


Saint  Ferdinand,  snr  son  lit  de  mort,  bénit  son  fils  aîné  et  successeur. 


LE3FAG.fl  AVAiNT  SAINT  FEHDIKARD 

A  l'époque  où  les  Francs  et  les  Gaulois  devenaient 
ères  en  prenant  pour  Mère  l'Eglise  catholique  et 
instituaient  par  leur  union  la  nation  française,  la 
lonarchie  espagnole  se  fondait  de  l'autre  côté  des 
^renées  sous  la  domination  des  rois  visigoths. 
e  roi  Récarède,  conTerti  en  586,  entraîne  loya- 
'ment  son  peuple  au  sein  de  l'Eglise  catholique; 
en  résulte  pour  l'Espagne  prés  d'un  siècle  de 
rospérit»^  intérieure  pendant  lequel,  sous  l'inOuence 
e  grandi  et  saints  éTéques,  comme  saint  Léandre, 
lint  Isidore,  saint  lldephonse,  elle  semble  dépasser 
I  France  en  rapidité  sur  le  chemin  de  la  ciTJIisation. 

Mais  des  révolutions  militaires  fréquentes  éhrao- 
!nt  bientôt  les  bases  de  l'édiQce  social  ;  des  princes 


débauchés,  portés  sur  le  t^(^ne,  y  veulent  asseoir 
leurs  passions  et,  s'appuvant  sur  un  certain  levain 
de  corruption  laissé  par  l'hérésie  au  sein  du  peuple 
visigoth,  se  mettent  en  révolte  contre  la  morale  et 
l'autorité  de  l'Eglise.  Les  musulmans,  après  avoir 
subjugué  tout  le  Nord  de  l'Afrique,  se  jettent  sur 
l'Espagne,  gagnent  la  bataille  de  Xérès  et  cette 
seule  défaite  suffit  pour  courber  sous  le  joug  des 
roahométans  toute  l'Glspagne,  depuis  Gibraltar 
jusqu'aux  Pyrénées.  Ce  désastre  arriva  l'an  712. 

Cependant  un  vaillant  catholique,  le  prince 
Pelage,  réfugié  dans  les  montagnes  des  Asturie^ 
.Tvec  une  poignée  de  chrétiens  braves  et  fldèles. 
refusa  de  se  soumettre  aux  ennemis  de  sa  foi  et  de 
sa  patrie.  S'étant  mis  sous  la  protection  de  la  Sainte 
Vierge,  dans  la  grotte  de  Cavadonga,  il  se  défendit 


486 


coi'.lrc  les  musulmans  envoyôs  conlrp  lui,  vit  croître 
rapideiuent  sa  petite  troupe  et  ne  tar.la  pas  à  fonder, 
sur  les  bords  de  l'Atlantique,  le  petit  ro]raume 
il'OTiédo,  de^lint■  à  devenir  un  jour  le  puissant 
royaume  catholique  d'Espagne. 

Ainsi  commença  cette  croisade  qui,  avec  des 
alternatives  de  trêves  et  de  batailles,  de  défaites 
et  de  victoires,  dura  huit  siècles  (712-1402)  et  finit 
par  rendre  aux  Espagnols  leur  indépendance  natio- 
nale et  leur  liberté  relit-'iiuse.  —  Parmi  le  grand 
nombre  de  héros  qui  ^it-Mudèrenl  leur  courage  et 
leur  foi  dans  cette  lonj;ue  période  de  combats,  nul 
ne  mérite  plus  de  louange  et  d'admiration  que  le 
roi  saint  Ferdinand. 


FAIIILLK    DE    SAl.NT    PCRDINAND    :    SON    AIKCL,    SA    MKHB    ET 
SA    TAHTB   —    FRANCS'  KT    CASTILLK 

Saint  Ferdinand  fut  une  des  nombreuses  gloires 
du  XIII'  -ii^cle.  Les  premières  anni^es  de  ce  grand 
siècle  semblaient  préparer  à  l'Espagne  les  plus 
grands  malheurs  :  une  coalition  formidable  des 
musulmans  d'Afrique  et  d'EIspacne  comptait  réta- 
llir  le  r.'f-'ne  du  Croissant  jusqu  aux  Pyrénées.  Mais 
^•race  à  l'active  intervention  du  Père  commun  des 
lidèles,  le  Pape  Innocent  III,  et  de  Rodrigue  Ximé- 
nès,  archevêque  de  Tolède,  les  rois  chrétiens  de 
Castille,  de  Navarre  et  d'Aragon,  oubliant  leurs 
rivalités,  unissent  leurs  armes,  voient  leurs  batail- 
lons fortifiés  par  des  chevaliers  accourus  de  France 
et  d'autres  provinces  de  la  chrétienté,  entin,  par  .la 
protection  de  saint  Jac<jues,  remportent,  l'an  121 2,  la 
victoire  de  Navas  de  Tolosa,  1  un  des  plus  beaux 
triomphes  des  armées  chrétiennes  sur  les  guerriers 
de  l'Islam. 

Après  la  bataille,  le  brave  Diego  Lopez  de  Haro, 
chargé  de  parlacr  le  butin,  donna  aux  rois  de 
Navarre  cl  d'Aragon  toutes  les  richesses  trouvées 
dans  le  camp  des  Maures  vaincus,  puis  se  tournant 
vers  le  roi  de  Castille  son  souverain  :«  Et  pour 
vous,  dit-il,  gardez  la  gloire  et  l'honneur  de  la 
bataille.  ■■  Chacun  fut  content  de  sa  part. 

Ce  roi  de  Castille  était  Alphonse  IX.  Parmi  les 
enfants  auxquels  il  légua  cet  hr-ntage  de  gloire, 
nous  devons  signaler  les  princesses  Bérangere  et 
Blanche,  ses  fliirs.  Bérangere  épousa  le  roi  de  Léon 
et  fut  mt-re  de  saint  Ferdinand;  Blanche  (la  ver- 
tueuse Blanche  de  Castille,,  i^pousa  Louis  VIII,  roi  de 
!'  '  nous  donna  saint  Louis.  Ainsi  Alphonse  IX 

devint  l'oieul  de  deux  saints  rois,  saint 

1  '    nint  Ferdinand  d'Espagne,  éga- 

i.  Il  ■  :  1  es    par   leur    piété,  également 

lii:  •  -  Ji-  !■  wi:.  (.<  ..j.les  dont  ils  furent  les  pères, 
't'.'.'Miriit  braves  dans  les  combats,  quoique  leur 
!"  rhiiir  n'ait  pas  ton  .111 ,  .i.'  I.  nK^nie  dans  leurs 
.■\; ''ilitions  contre  Mais  qui  peut 

i   ■     ii.r    la   gloire  •  ■  par  notre  bien- 

t  Louis  dans  ses  souUrances  d'Egypte  et 

L'infant'   I'         ■•  re,  dont  nous  venons  de  parler, 

iMiil  la  il  .!'■  r    !e  Blin'-he  <i^  Castil!»'    par  ses 

té 

.  .1- 

ct  dti  liilticull'  1.  ïiincée 

apprit  la  mort  de  ce  prince 

:'        '      lUa 

n. 

de 

ir. 

1..  r- 

il,:    .  "  iri, 

a}aul   ■  ■  .  -■       .-    ;  ,--.;    -     -    lie, 

et  trouva  une   rniMa  ^a  il  soabailail  :   ils  4t4i«nt 


cousins  au  troisit-me  degré.  Au  lieu  donc  de  deman- 
der au  Pape  une  dispense  pour  réhabiliter  cette 
union,  il  se  contenta  de  faire  constaterjuridiquement 
par  l'Eglise  la  nullité  de  son  mariage;  cepi'nda::t 
comme  il  avait  été  contracté  de  bonne  foi,  les  enfants 
furent  di'clarés  légitimes. 

Bérangere  revint  en  Castille  auprès  de  son  pèrej 
Celui-ci  mourut  bientôt  après,  laissant  la  couronnet 
à  son  jeune  fils,  Henri,  qui  ne  tarda  pas  à  périr  lui- 
même,  victime  d'un  triste  accident.  Il  jouait  areo 
d'autres  enfants  quand  une  tuile,  se  détachant  du 
toit  du  palais,  tomba  sur  sa  tète  et  le  tua. 

SAWT  FERUIMAND    KOI    Dl    CASTILLI 

Dès  qu'elle  apprit  la  mort  de  son  infortuné  frèi .' 
Bérangere  envoya  secrètement  en  toute  hAte  un  cl,- 
valier  fidèle  demanderau  roi  de  Léon,  Alphonse  1\ 
son  ancien  époux,  de  lui  envoyer  son  fils  Ferdinaii> 
pour  la  défendre. 

Le  jeune  prince,  âgé  alors  de  dix-sept  ans,  était 
un  modèle  de  noblesse  etde  vertu,  et  sa  mère  inquiète 
dut  sentir  son  cœur  s'ouvrir  à  l'espérance  en  baisant' 
son  front  candide  et  pur.  Son  éducation  avait  été  con' 
fiée  à  de  sages  gouverneurs.  Encore  tout  enfant, 
futur  croisé  avait  manifesté  pour  la  croix  une  nalv 
ardeur;  il  la  pressait  dans  ses  petites  mains,  il  la 
baisait  et  courait  la  montrer  aux  seigneurs  qui 
entraient  dans  le  château  paternel.  Lorsqu'il  enten 
dait  parler  des  Maures  qui  blasphémaient  le  Christj 
et  outrageaient  sa  patrie,  il  trépignait  et  pleurait 
d'indignation.  Cœur  non  moins  tendre  qu'impétueux, 
il  aimait  les  pauvres  et  allait  souvent  au  balcon  du 

fialais  voir  si  quelques   malheureux   passjiient  dans 
a  rue;  et  s'il  en  apercevait  sa  joie  était  grande  di 
leurjeter  des  aumônes. 

Ses  qualités  avaient  grandi  avec  l'Age.  Aussi  quan 
Bérangere,  que  les  Castillans  fidèles  voulaient  pro-i 
clamer  reine,  leur  eut  présenté  son   flis,   l'etithou- 
siasme  fut  éclatant.  On  dressa   un  Irène   en    plein 
air,  sous  un  grand  orme,  et  Ferdinand  fut  couronné^ 
roi  de  Castille  aux  acclamations  des  chevaliers 
du  peuple.  Ceci  se  passait  &  Najare,  l'an  1217.  Que 
ques  mois  après,  la  même  cérémonie  fut  renouvelée' 
sur  une   grande   place   de   Valladolid,   en    présence; 
des    Etals  généraux   de   la   nation    convoqués   par} 
Bérangere.  « 

Mais  l'orage  grondait   h 
gneurs  de    Lara   n'étaient 
blée.    Dom  Alvarez  de  I 
la  tutelle  de  Kerdinani! 
jeuni-  -----     '  '    ■  '  ' 

ouvi 

mériù.- .    ..... 

fiarti  le  rui  de  Léon  oui 
e  territoire  de  ('«i-til.. 
Grande  fut  la  doul> 
était  son  père  et  il 

Il  envoya  pour  le  tlecbir  tes  évéques  I 
d'Avila.  «  Seigneur,  mon  p^rc.  lui  éi  i . 
une  lettre  louchan'  -    est  la  ».'iii«- 

vous  me  fn^r-i'-r    m  .    k   moi    voUe  Ul( 

|.a»  que 


aét 

il 

"i 


l'horizon  ;   les   trois  sei-f 
point  venus   k  t'assem- 
'      -ux  de  n'avoir  point' 
avait  eu  celle  du* 
'     '   mettre  en  révollej 
M  ilir.   des  forleresseff 
lic,    il   enlialna    dans    soot 
entra  avec  une  armée   sur' 
e   lî  .'it  liiut  i  feu  et  à«atiff. 
id  :  le  roi  de  L>    n 
lui  livrer  b.itaill    . 


que 


I  J  av.jir  ua  lils  lui  i 
i;ours  honneur;  car  il 
qui,  par  crainte  de  moi 


qiii  ! 

vciu  - 

devrici 

et  qui  vu 

chrétien  m  Mi.inr'- 

attaquer.    Pourquoi    envahir    si 

paysîc^rde  Castille  il  d*  vousvir 

ni  guerre  tant  que  je   vivrai.  • 

Toul"'  ' 1. .,.(...   »!    .-.w  !,„■  ^  „,  trouve 

lin  I  .  >v    Alors    do* 

Ixi^i;;.    .    :i..    ,    •-  „ .  -        --a  I  crdiund,  réu* 

ait  à  ta  bAte  un»  petite  arnu^e  et  vola  au  devua  dt 


Voui 
•  CasUlh 
n'y  a  ml 

ose  vo«l 

funeusemeal   al 

om 


l'enyahisseur  ;  à  cette  nouvelle  le  roi  consentit  à 
rentrer  dans  ses  Etats. 

Le  rebelle  Alvarez,  laissé  à  ses  propres  forces, 
bientôt  vaincu  et  fait  prisonnier,  vint  se  jeter  aux 
pieds  de  Ferdinand.  Le  prince  lui  accorda  un  pardon 
généreux  et  le  combla  de  faveurs.  Mais  le  trop  fier 
seigneur  n'eut  pas  le  courage  de  porter  l'humiliation 
de  sa  défaite,  et  fut  assez  ingrat  pour  lever  une 
seconde  fois  l'étendard  de  la  révolte.  Ferdinand, 
indigné,  ne  lui  laissa  pas  le  temps  de  se  fortifier  et, 
par  une  campagne  aussi  victorieuse  que  rapide,  le 
chassa  du  royaume  Alvarez  alla  mourir  dans  le 
royaume  de  Léon  et  l'un  de  ses  frères  s'enfuit  chez 
les  Maures. 

Le  roi  de  Castille,  par  son  courage  et  sa  bonté, 
rétablit  l'ordre  et  la  tranquillité  dans  ses  Etats  et 
régna  en  père  sur  ses  sujets. 

L'an  1220,  par  le  conseil  de  sa  mère,  Ferdinand 
demanda  en  mariage  Béatrix  de  Souabe,  fille  de 
l'empereur  Philippe,  l'une  des  princesses  les  plus 
accomplies  de  ce  temps.  Le  mariage  fut  célébré  à 
Eurgos  dans  l'éplise  du  fameux  monastère  de  tas 
nuelgas,  au  milieu  de  fêtes  maLgniCques,  dans  les- 
quelles toute  la  Castille  s'unit  à  la  joie  de  son  roi. 

A  celte  occasion  Ferdinand  voulut  être  armé 
chevalier,  suivant  l'usage  de  l'époque.  Et  comme  il 
n'y  avait  personne  dans  l'assemblée  qui  lui  fût 
supérieur  en  noblesse,  il  s'arma  lui-même  et  prit 
sur  l'autel  l'épée  des  chevaliers,  jurant  de  ne  tirer 
ce  elaive  que  pour  la  défense  de  la  justice  et  de  la 
vérité,  pour  la  protection  de  l'innocence  opprimée 
et  du  droit  méconnu. 

U    ROI    CHSBTDtN 

Un  des  traits  de  ressemblance  de  saint  Ferdin&nd 
de  Castille  arec  son  cousin  saint  Louis  de  France, 
c'est  le  respect  et  l'hoaaeur  dont  il  entoura  toujours 
sa  prudente  et  pieuse  mère. 

n  aimait  aussi  à  demander  aide  et  conseil  aux 
évoques;  son  premier  conseiller,  ou  pour  mieux  dire 
son  premier  ministre,  fut  l'archevêque  de  Tolède, 
Rodrigue  ii menés.  Originaire  de  Navarre,  Rodrigue 
Ximénès  avait  étudié  les  sciences  sacrées  à  l'Uni- 
versité de  Paris;  orateur,  théologien,  juriste,  litté- 
rateur, administrateur  habile,  également  bon  con- 

ïpr  dans  la  guerre  et  dans  la  paix,  c'était  le  digne 
-^cesseurdu  prélat  qui  devait  illustrer  ce  même 
loui  deux  siècles  plus  tard. 

La  justice  est  le  fondement  de  La  société. 
Kerdinan<l,  après  avoir  visité  ses  Etats,  s'être  informé 
dès  besoins  du  pavs  et  de  l'état  des  choses,  fil  réviser 
et  perfectionner  les  lois  du  royaume.  U  constitua 
un  tribunal  suprême,  connu  depuis  sous  le  num  de 
i^rand  Conseil  royai  de  Castille,  composé  des  juges 
les  plus  compétents  :  sorte  de  Cour  de  cassation  à 
laquelle  on  pouvait  en  appeler  de  tous  les  autres 
triounaux.  Lui-même  avait  ses  heures  d'audience 
réglées;  il  accueillait  tout  le  aonde,  mém*  Us  plus 
pauvres  df  tes  sujets,  avec  une  patience  et  une  afla- 
bilité  qui  gatfnaieot  tout  les  ccBurs  Les  veuves,  les 
orpbeliaj,  tous  les  malheureux  pouvaient  compter 
sur  M  jiM'ii'''^,  '^a  protection  et  sa  charité. 

L>>  ises  Buerres  qu'il  fut  obligé  d'entre- 

prer  .'  les  M&ures  exigeaient  de»  ressources 

c«iMi<j<3raM«^;  mais  il  ne  voulait  pas  charger  ses 
Mijots  d'impdit  injuste»  et  extraordinaires.  Un  jour 
^'mi  4*  se»  ooBseîllerf  lui  proposiut  un  BMivel 
mpAt  :  "  A  Dieu  ne  plaise,  s'i'-cria  le  prince,  q/m 
l'adopte  jamais  votre  projet.  La  Provideoce  tajira 
m'estistiT  par  A'aulre?<  voi<^:<.  Je.  orains  fiua  les  maié- 
lictioaa  d'une  pauvrt  (eoimc  que  toute  une  armée 
le  Maures.  > 

T'riilpctcur  des  arts   et  dps  science»,    il  transféra 


à  Salamanque  l'Université  de  Palencia,  parce  que  la 
première  de  ces  deux  villes  offrait  plus  de  ressources; 
cette  Université  devint  l'une  des  plus  fameuses  de 
toute  l'Europe. 

Il  fonda  plusieurs  nouveaux  évêchés,  bâtit  des 
églises  et  des  monastères,  en  enrichit  d'autres  d'or- 
nements et  de  vases  sacrés.  U  encourageait  tout 
progrès  religieux  et  social.  Sous  son  règne  furent 
construites  les  cathédrales  d'0.sma,  d'Orense,  de 
Valladolid,  de  Tuy,  de  Zamora,  la  eiande  collégiale 
de  Talavera,  le  cloître  d'Astorga,  le  beau  pont 
d'Orense,  les  merveilleuses  cathédrales  gothiques 
d»^  Burgos,  de  Séville  et  de  Tolède  et  bien  d'autres 
édifices,  dignes  monuments  d'un  grand  siècle. 

La  Castille  donna  alors  à  la  France  et  à  l'Europe 
l'un  de  ses  plus  illustres  enfants,  saint  Dominique, 
fondateur  de  l'Ordre  des  Fi-ères  Prêcheurs. 

Ferdinand,  ce  conquérant  infatigable,  qui  partait 
presque  chaque  printemps  pour  la  croisade,  put 
cependant  goûter  avec  bonheur  les  joies  du  foyer 
domestique.  Fils  respectueux  de  Bérangère,  époux 
tendrement  aimé  de  Béatrix,  père  chéri  de  sept 
princes  et  de  trois  princesses,  il  se  reposait, au  milieu 
de  cette  famille  bénie  de  Dieu,  des  fatigues  de  la 
guerre  et  dea  soucis  du  gouvernement. 

Quand  la  mort  lui  eut  enlevé  sa  chère  Béatrix, 
en  1236,  il  épousa  Jeanne  de  Ponthieu,  princesse 
française,  qui  fit  revivre  les  vertus  de  celle  qu'il 
pleurait. 

Lorsque  son  père  Alphonse  IX,  roi  de  Léon,  mourut 
en  1229,  Ferdinand  lui  succéda  et  réunit  le  royaume 
de  Léon  à  celui  de  Castille,  ce  qui  augmenta  la  puis- 
sance de  l'Espagne  chrétienne. 

Une  des  infantes,  fille  du  saint  roi,  se  fil  reli- 
gieuse à  Burgos,  et  reçut  le  voile  des  mains  de 
f'évèque  d'Osma. 

LB  CaSVAUKB   Dl)  LA  rOI  KT  D(  LA.  PATBiC 

Saint  Ferdinand  ne  voulait  être  roi  que  pour  faire 
régner  Jésus-Christ,  lloi  des  rois,  et  procurer  le  bon- 
heur deses  sujets. iNaturellementami  de  la  paix,  il  sut 
cependant  être  un  guerrier  au  courage  indomptable, 
aussi  souvent  que  le  demajidaient  la  gloire  de  Dieu 
et  le  bien  de  sa  patrie.  «  Mon  Dieu,  disait-il,  au 
milieu  de  ses  victoires,  voua  savez  bien,  vous,  que 
je  ne  fais  pas  ces  conquêtes  pour  agrandir  mes  Etats, 
mais  seulement  pour  votre  gloire  et  l'utilité  de 
l'Eglise.  » 

En  1225,  la  guerre  éclata  entre  la  Castille  et  les 
Maures  d'Andalousie  ;  le  roi  musulman  de  fiit-i^. 
Aben-Mohamed,  incapable  de  résister  à  l'ariiv 
chrétienne,  se  soumet  et  accepte  de  devenir  va.-:.il 
da  roi  de  Castille.  L'année  suivante  Ferdinand 
apprend  que  <"»  roi  maure  a  été  massacré  par  ses 
sujets  révoltés;  il  laarche  aussitôt  contre  eux,  fait 
la  conquête  définitive  de  Baèza,  où  il  rétablit  la  reli- 
aioa  chrétienne,  et  enlève  vingt  places  fortes  aux 
émirs  de  Jaen  et  ds  Cordoue.  y 

En  tSSi,  pendant  qu'il  assiège  et  prend  Ubêda, 
son  frère  l'infant  don  Alonzo,  à  U  tête  de  quinze 
cents  hommes,  bat,  à  Xérès,  l'armée  ferraidable 
d'Abenhut,  roi  de  Séville,  composée  de  sept  corps, 
dont  chacun  était  plus  nomi  ,■■  toute  l'armée 

chrétienne.  L'intervention  .  >  celle  victeire 

est  manifeste.  On  rapport-  -jn  '  i  <■  ne  coûta  aux 
chrétiens  que  onze  morts  :  dix  soldats  et  un  cheva- 
lier qui  avait  refusé  do  pardonner  oae  injun>.  Dp? 
prisonniers    musulmans  et    ées    eoUat*    chr^^iipr^ 

afti «>■-■.•   -ivoiT  vn,  pendant  la  bataille.  l'ap'M. 

sa.  .  patron  de  ITBspa^e,  miinto  ••m    un 

ch-:  --.  .:  et  armé  comne  ua  ahevalier,  j'Oi  tn  \,\ 

terreur  au  milieu  deaeamaiBâdi  U  croix.  -  \>t>-<  ! 
c'était  là  que  jadis  l'Espaune  avait  >té  vaiiiriip  (  .u 


l'invasion  musulmane.  Les  crimes  de  Rodéric 
l'avaient  perdue,  la  croix  la  sauvait. 

Vers  le  même  temps,  le  roi  d'Aragon  enlevait 
aux  musulmans  les  royaumes  de  .Majorque  et  de 
Valence. 

Un  des  premiers  jours  de  février  de  l'an  1236, 
Ferdinand  se  trouvait  &  Bénavente,  près  de  Léon, 
et  allait  se  mettre  à  table  quand  un  cavalier,  arri- 
vant à  bride  abattue,  lui  annonce  qu'une  poignée 
de  chevaliers  espagnols  vient  de  s'emparer  par  sur- 
prise d'un  faubourg  de  Cordoue  :  Cordoue,  la  vieille 
capitale  de  l'empire  musulman  d'Espagne,  riche  et 
populeuse,  fastueuseroent  assise  sur  les  bords  du 
Guadalquivir,  et  peuplée  de  trois  cent  mille  habi- 
tants !  Le  roi  se  lève  aussitôt  et  vole  au  secours  de 
ses  intrépides  soldats.  Uoe  multitude  de  guerriers 
chrétiens  accourent  se  ranger  sous  les  étendards  de 
ta  croix,  autour  des  murs  de  Cordoue;  le  siège  est 
mené  a\ec  vigueur  ;  la  résistance  des  Maures  est 
héroïque.  Maïs  enfin  il  faut  céder,  et  le  29  juin, 
fête  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  l'armée  chré- 
tienne entre  victorieuse  dans  l'ancienne  capitale  des 
califes.  11  y  avait  cinq  cent  quatre-vingts  ans  que 
Cordoue  était  tombée  au  pouvoir  des  infidèles.  A  la 
demande  du  saint  roi,  la  grande  mosquée  fut  pu- 
ritiée  par  Jean,  évêque  d'Osma,  et  convertie  en 
église  sous  l'invocation  de  Marie  Mère  de  Dieu.  Elle 
devint  la  cathédrale  de  Cordoue.  Plus  de  deux 
siècles  auparavant  le  calife  Almanzor,  vainqueur  de 
la  Galice,  avait  fait  apporter  à  Cordoue  les  cloches 
de  Compostelle  sur  les  épaules  des  chrétiens  captifs; 
Ferdinand  ordonna  qu'elles  fussent  reportées  i 
Compostelle  sur  les  épaules  des  musulmans,  et  il 
fut  fait  ainsi. 

Le  Souverain  Pontife  et  toute  l'Europe  chrétienne 
applaudirent  aux  triomphes  de  l'Espagne. 

Ferdinand  était  digne  de  ces  victoires.  Il  veillait 
avec  soin  à  maintenirdans  son  armée  la  piété  chré- 
tienne dont  lui-même  donnait  l'exemple.  Il  avait 
toujours  au  milieu  de  son  camp  un  évéque  (c'était 
ordinairement  l'archevêque  de  Tolède,  Rodrigue 
Ximénètl,  qui  présidait  avec  pompe  les  cérémonies 
religieuses  et  veillait  au  bien  spirituel  des  soldats. 
Sous  son  armure  étincelante,  Ferdinand  avait  une 
cuirasse  d'un  autre  genre  :  un  rude  cilice  en  forme 
de  croix.  Il  jeûnait  strictement.  Il  passait  souvent 
la  nuit  en  prières,  surtout  la  veille  d'une  bataille 
difficile.  Il  attribuait  &  Dieu  tous, ses  succès.  Il  por- 
tait sur  sa  poitrine  une  petite  statue  de  la  Sainte 
Vierge  :  Sotre-Dume  des  Victoires,  et  il  la  fixait  à 
l'arçon  de  sa  selle  quand  il  chargeait  les  bataillons 
impétueux  des  Maures. 

l\  r>'-i'onipen'^ait  magnifiquement  les  chevaliers 
qui  s'étaient  le  plus  distingués  par  leur  bravoure; 
mais  il  avait  pour  tous  la  sollicitude  d'un  père.  On 
le  vit  panser  lui-même  leurs  blessures,  les  appeler 
ses  amis  et  ses  enfants.  Un  jour  que  ses  chevaliers 
lui  reprochaient  de  ne  pas  prendre  le  repos  néces- 
saire, ^  Je  sais,  répondit-il  que  vous  dormex  plus 
que  mol;  mais  si  moi,  qui  suis  votre  roi  et  votre 
père,  ie  ne  veillais  pour  vous,  comment  pourriei- 
tous  dormir  ?  » 

En  \'H0,  rnn  fils  aîné  et  futur  successeur,  le  valeu- 
reux phnce  Alph'inse,  prend  possession  au  nom  de 
•on  père  du  rovaume  de  Murcie,  dont  l'émir  se 
recnrinalt  vassal  du  roi  de  Castille.  En  1241,  à 
r.  I  '  lion  de  la  trêve  conclue  avec  les  Maures,  Fer- 
dii  i  I  r'*nAirr  de  nouveau  en  Andalousie,  et  sou- 
met Il  le  Jarn.Le  roi  de  Grenade,  llcn-al- 
Ahmar.  i'-les  murs  d'Arjona,  vient  se  jeter 
aux  piej?  Ji.  r  I  chrétien  qui  lui  laisse  le  gouver- 
nement de  ses  KtAts,  h.  condition  qu'il  deviendrait 
l'allié   «1  le  vaaaaJ  de  la  Castille. 


Une  seule  ville  importante  résistait  encore  ouver- 
tement à  la  puissance  chrétienne  en  Espagne  ;  c'était 
Séville,  la  perle  de  l'Andalousie,  ville  alors  plus 
prospère  que  Cordoue  elle-même,  ûère  de  ses 
monuments  et  de  ses  gigantesques  remparts,  en- 
richie par  son  commerce,  par  ses  fameux  jardins,  les 
plus  beaux  de  l'Espagne,  et  par  la  fertile  plaine 
qu'arrose  le  Guadalquivir.  Ferdinand  en  commença 
le  siège  au  printemps  de  l'an  1247.  Après  un  an 
d'effortsetde  combats  acharnés, la  ville, incapable  de 
résister  davantage  et  pressée  par  ta  famine,  capitula 
et  rendit  ses  cle^  au  vainqueur.  Dans  son  admirable 
dévotion  pour  la  Sainte  Vierge,  saint  Ferdinand 
voulut  offrir  à  la  Reine  du  Ciel  les  honneurs  de 
l'entrée  triomphale  à  Séville.  Une  immense  pro- 
cession, t  la  fois  militaire  et  religieuse,  fut  orgi 
nisée.  Les  trompettes  de  bataille  ouvraient  i  . 
marche,  venaient  ensuite  les  chevaliers  dont  les 
armes  brillaient  sous  le  soleil  d'Andalousie,  les 
Ordres  militaires  avec  leurs  croix  de  pourpre  et  leurs 
bannières,  les  moines  avec  leurs  robes  de  bure,  les 
évêaues  en  habits  pontificaux;  enfin  un  char  triom- 
phal, splendidement  orné,  portait  la  statue  de  Marie. 
Le  roi  suivait  à  pied,  pleurant  de  joie  et  de  bonheur. 
Après  lui,  le  reste  de  l'armée  et  le  peuple. 

Les  Maures  qui  le  désiraient  eurent  la  liberté  de 
se  retirer  où  ils  voudraient  en  emportant  leurs 
richesses.  Plus  de  trois  cent  mille  émigrèrent  à 
Grenade  ou  en  Afrique;  ils  furent  remplacés  par 
des  Espagnols.  L'émir  Abou-Hassan,  qui  avait 
défendu  la  place,  s'en  alla  libre;  s'arrêtant  sur  une 
colline  d'où  l'on  aperçoit  la  mer  et  la  ville,  il 
regarda  une  dernière  fois  Séville  et  dit  en  pleurant  : 
i  il  n'y  a  qu'un  favori  de  Dieu  qui  ait  pu  avec  si  peu 
de  monde  prendre  une  ville  si  forte  et  si  peuplée. 
C'était  écrit/...  Sans  un  décret  du  ciel,  nulle  puis- 
sance humaine  n'eût  pu  l'enlever  aux  Maures.  • 

Saint  Louis  de  France  félicita  son  cousin  victo- 
rieux en  lui  envoyant  un  fragment  de  la  sainte  Cou- 
ronne d'épines  et  d'autres  reliques  précieuses,  aui 
furent  placées  dans  la  nouvelle  cathédrale  de  Séville. 

Le  grand  monarque  espagnol  voulait  assurer  le 
repos  de  l'Espagne  chrétienne  en  allant  abattre  la 
puissance  des  Maures  chez  eux,  en  Afrique;  mais 
l'heure  du  repos  avait  sonné  pour  lui..\ttcint  d'une 
maladie  mortelle,  il  fit  une  sincère  confession  de 
toutes  les  fautes  de  sa  vie.  A  la  vue  de  la  sainte  Eucha- 
ristiequ'il  avait  lui-même  demandée, il  fit  un  suprême 
effort  pour  se  jeter  &  genoux  par  terre  et,  la  corde 
au  cou,  dans  l'humble  attitude  d'un  pécheur  repen- 
tant, il  reçut  avec  amour  son  Sauveur.  Sa  famille  et 
ses  principaux  chevaliers,  les  yeux  pleins  de  larmes, 
entouraient  son  lit.  Appelant  Alphonse  son  fils  aîné 
et  successeur,  il  lui  recommanda  de  respecter  les 
franchises  et  les  libertés  de  son  peuple  qu'il  avait 
tant  aimé,  d'être  le  père  de  ses  frères  et  d'honorer 
la  reine  Jeanne  de  Ponthieu  comme  sa  mère. 

Il  tenait  le  crucifix  entre  ses  mains,  et  sentant  la 
mort  qui  approchait, il  dit  :  ■•  0  mon  Seigneur,  vous 
avez  tant  souffert  pour  moi,  et  moi,  malheureux, 
qu'ai-je  fait  pour  l'amour  de  vous?  Seigneur  mon 
Dieu,  vous  m'avez  donné  des  royaumes  et  l'honneur 
et  la  puissance  plus  que  je  ne  méritais;  à  présent 
je  vous  rends  tout  cela  avec  mon  Ame,  et  je  vous 
demande  pardon  de  mes  fautes,  à  vous,  et  a  tout  le 
peuple.  •  Ensuite  il  pria  les  évêques  de  chanter  la 
T<  Deum,  et  pemlant  ce  cantique  d'action  d»  griccs, 
il  r«mit  paisiblement  son  Ame  à  Dieu,  le  Jeudi  30 
mai  I2S2. 

Son  tombeau  miraculeai  est  une  dea  gloires  de  la 
c.ithédrale  de  Séville  qu'il  a  fait  hAtir.  Ce  grand  et 
!>aint  roi  a  élé  canonité  par  U  Pape  Clément  X, 
en  1671. 


Iap.-f«r*«4.  K.  PnrraaiBT,  »,  n*  rnmfim  !•',  fwu. 


SAINTE  ANGELE  DE  MERICI 

FONDATRICE    DE    L'ORDRE    DE    SAINTE    URSULE 


/'/■'.'  le  m  mai. 


Portrait  de  la  Sainte,  d'après  des  documents  contemporains. 


LENFAM    rHKDESTINEE 

ADi;èle  naquit  le  2(  ma»  1474,  à  Dezenzano, 
.liocése  de  Vérone,  à  queliiues  lieues  de  Bresci.i. 
Son  pieux  père,  noble,  sinon  par  la  naisfaucedii 
moins  par  la  vertu,  lui  donna  une  éducation  chré- 
tienrn/,  et  voulut  qu'elle  se  lonnàl,  dès  sa  plus 
tendre  enfance,  à  l'école  des  saints.  Aussi,  cba<|ue 
soir,  avant  le  coucher,  lui  lisait-il  quelaues  traits 
de  la  vie  des  Bienheureux  ou  des  Pères  «lu  désert. 
Il  Tallait  voir  alors  Ansèle  écoutant  attentivement 
tous  les  moindres  détails,  et  s'exlasiant,  en 
quelque  sorte,  devant  le  courage  héroïque  du 
cénobite  ou  du  martyr. 

Ell<"  voulut  imiter  les  solitaires  qui  avaient 
tout  quitté  pour  le  Chri.<t;  et,  fuyant  les  jeux 
frivoles  de  se»  compaune»,  elle  aimait  à  s'en- 
fernifT  dan.i  une  petlif  chambre  avec  sa  sn-ur 
alnéc.De  leurs  main^enf.intinfs,  elles  dressèrent 
un  autel,  et  là  elles  ii'.-ii,ii<iil  le?  psaumes  à 
deux  chœur». 


L  ANGE    DE    LA  TERRE 

Douée  d'une  rare  beauté,  An^èle  faisait  peu  de 
cas  des  mille  et  mille  petits  soins  ordinaires  des 
jeunes  lilles,  qui  pouvaient  relever  ses  grdces 
innocentes.  In  jour,  comme  on  vantait  se»  che- 
veux blonds,  dont  les  boucles  d'or  llotlaient  au 
i.'rè  du  vent,  elle  en  pleura  de  dépit;  de  plus,  elle 
(it  bouillir  chaque  malin  de  l'eau  mêlée  de  miel 
pour  y  laver  sa  chevelure  et  lui  enlever  ainsi 
tout  éclat. 

KUe  faisait  ses  premiers  pas  dans  le  sentier  de 
1,1  \ertu.  Mais  bientôt,  hélas!  elle  perdit  succes- 
sivement son  père  et  sa  mère,  ses  deux  maîtres 
dans  la  perfection,  qui  lui  avaient  enseigné  les 
ludiments  de  la  sainteté. 

Le  tendre  cirur  d'An«<'le  fut  déchiré  de  cette 
oriK'lle  séparation,  qui  devait  lui  apprendre  à  ne 
s'.ittacher  qu'à  Dieu;  et  elle  prononça  le  grand 
mot  de  résignation  de  l'Ame  chrétienne  :  IJ"*^' 
votre  volonté  soit  faite! 


L  ORPBEI.I.NE 

Un  de  ses  oncles,  aommc  Biancosi,  l'emmena 
dans  sa  maison  avec  sa  sœur  .linée.  Là  encore 
laltendait  une  épreuve  bien  poiananle,  car  une 
mort  subite  emporta  sa  su'ur.  Ce  coup  si  rapide 
de  la  main  de  Dieu  jeta  l'anxiété  dans  le  c«ur 
d'An^tèle.  I:;ile  aurait  désiré  connaître  le  sort 
éternel  de  celte  àme  si  chérc.  L'n  jour,  se  retirant 
à  la  canif  af;ne,  elle  aperçoit  sur  son  chemin  une 
nuée  resplendissante.  Klle  s'arrête  aussitôt  et, 
ù  bonheur!  elle  voit  sa  sœur  au  milieu  d'un  cor- 
téiie  innombrable  d'an:;es  accompagnant  la  Sainte 
Vierge,  et  une  voix  lui  dit  :  ■•  Angéle,  persévère 
comme  tu  as  commencé,  alors  tu  seras  associée 
à  notre  félicité.  » 

l'eu  de  temps  après,  elle  s'enfuit  avec  son 
jeune  frérc  pour  j'iuir  dans  le  désert  du  silence 
de  la  solitude;  mais  elle  fut  bieulôl  contrainte 
de  retourner  au  foyer,  car  son  frère,  lui  aussi, 
mourut  à  l'aurore  de  ses  jours. 

Ai-'ée  de  Ireiie  an-^,  elle  eut  le  bonheur  de  faire 
sa  Première  Communion.  Dès  qu'elle  eut  goûté 
la  suavité  de  ce  Pain  sacré,  elle  résolut  de  s'en 
nourrir  très  souvent,  malgré  tous  les  préjugés  du 
son  siècle  corrompu  par  Tliérésie. 

Aussi,  pour  s'en  rendre  digne,  vit-on  celte 
enfant  (iélicate  macérer  son  corps  avec  violence; 
ne  lui  donner  pour  tout  lieu  do  repos  qu'une 
mauvaise  chaise  ou  une  simple  natte;  parfois, 
cependant,  quelques  sarments  étendus  sur  le 
sol;  et  pour  toute  nourriture,  qu'un  peu  de  pain, 
de  l'eau  et  quelques  lé;.:umes.  Certains  lia;;io- 
Kraphes  nous  assurent  qu'elle  pas.wil  des  semaines 
cntit'res  sans  prendre  d'autre  aliment  que  la 
manne  eucharistique. 

l'^HELLE  MVSTéaiEUSI 

Son  oncle  étant  décédé,  elle  revint  à  Deienrano 
habiter  la  maison  paternelle,  espérant  y  être 
plus  utile  au  procliain.  Depuis  longtemps,  la 
pensée  de  réprimer  les  désordres  de  la  société 
agitait  son  esprit.  "  Ces  désordres,  disait-elle, 
vii-nnent  de  ceux  de  la  famille;  les  familles 
dépendent  surtout  de  la  mère,  et  il  y  a  peu  de 
mères  chrétiennes  parce  qu'on  néglige  I  éduca- 
tion des  jeunes  lilles.  >'  Hemontaiit  ainsi  ù  la 
source  du  mal,  elle  se  ]iroposait  de  le  déraciner 
un  jour. 

Une  fois,  se  promenant  dans  les  champs  avec 

jilusieurs  de  sps  compagnes,  elle   se   retira  un 

peu  à  l'écart,  selon  sa  coutume,  pour  aller  prier. 

M  .,..  ^..,,1  ,,,,    plie  vil  dans  la  voûte  céleste  une 

l;ible  à  celle  de  Jacob,   l'ne  foule 

...  11.-  .!.■  I  1,111  .  lilrte  ceinte  d'uii'- 

fouronii'  nt   «ur  le  front  uik- 

pierre  ["P'  i   i  cl,  y  montaient  deux 

a    deux;    en    m<'me    temps,    les  anges  faisaient 

«•nlendre   one  douce  musique,  et  une  voix  dit 

h   Auftèle  :   •'    Pri-iid»  rourni'i',  lu  établiras  un 

jour   d«n«    Brescia  une   compacnie   de    vierges 

•  ('loM.iM'M  k  celles  que  tu  viens  de  voir,  u  Et  la 

\ i^ioii  ilMp.'irut. 


L  UUUILITt  SB  CACUl. 


Al 


r  -JT  vision  .i  >.<>» 
Ile  n<<  nt  pas  la 


l'instruir"  des  vérités  de  la  fol;  elle  alla  jusqu'à 
aborder  l'atelier  des  ouvriers  pour  ramener  à 
Dieu  la  plupart  de  ces  ùmes  corrompues.  Elle  en 
convertit  un  grand  nombre  par  ce  seul  mot  : 
<■  Dieu  est  ici!  ■>     • 

l'n  jour,  le  démon  lui  apparut  sous  la  forme 
d'un  ange  de  lumière,  et  lui  dit  :  ■■  Oh!  que  lu  es 
|iieuse,  ma  liUo!  (Juelle  belle  couronne  tu  le 
prépares  pour  rélen.ilé!  >•  Mais  Angèle  découvrit 
.lUssitiHles  ruses  de  Satan.  «  Va-t-en,  monstre,  lui 
r'''pondil-elle  ;  tu  veux  m'inspirer  des  sentiments 
d'orgueil,  mais  je  n'y  consens  pas.  Je  ne  suis 
qu'un  vil  instrument  (|ue  la  grâce  de  Jésus-Christ 
fait  servir  à  sa  gloire.  Va-l-en  et  retourne  dans 
lis  nbimi's  annoncer  la  défaite  et  le  triomphe  de 
mon  Dieu.  »  Et,  à  l'aspect  du  crucilix,  le  démon 
disparut. 

LA    VIË    DANS   LE    r.VLAIS 

nientrtt  le  bruit  de  sa  grande  sainteté  se  répandit 
dans  lîrescia.  De  riches  sei:;neurs  la  prièrent  de 
venir  habiter  dans  leur  villa,  et  dissiper,  par  les 
charmes  de  sa  compagnie,  les  chagrins  (pie  leur 
causait  la  mort  récente  d'un  de  leurs  enfants.  La 
Sainte  condescendit  à  leur  demande,  poussée  par 
un  motif  de  charité. 

Chaque  jour,  elle  entendait  plusieurs  messes, 
visitait  quelques  églises,  et  ne  retournait  au 
palais  qu'après  avoir  di'^lribué  d'abondantes 
auml^nes.  Mie  élait  douce,  charitable  ;  on  ne 
l'appelait  que  "  la  Sainte.  ■> 

SES   C0NNM3SANCP.>    SIR.NATIBELLES 

La  vierge  de  Urescia  fui  encore  favorisée  d'une 
science  surnaturelle.  Ilb  Urée,  elle  commenta  les 
passages  épineux  de  la  Hiblc,  discuta  sur  divers 
points  de  théologie  morale  et  dof;inatique.  l'ne 
érudition  si  merveilleuse  lut  bientiM  c(>iinue  de 
toute  la  ville.  On  vit  accourir  «  la  demeure 
d'.\ngéle  une  foule  de  théoloi.'ieiis  et  de  savants 
avides  de  ses  conseils. 

l'n  homme,  étonné  de  ce  qu'on  rapportait 
d'elle,  voulut  la  consulter.  •  Dites-moi,  lui  dit-il, 
par  quels  moyens  je  puis  me  sanciiiii-r  dans  le 
monde.  >■  La  Sainte,  toute  confuse,  répondit  :  Le 
plu<  fur  titoyen  </c  salut,  c'eut  ilt  Jait(  rhaijue  jour 
(/(■  lu  rie  ce  (ju'im  viiudrnit  mair  fait  nu  tiwinrnt  tic 
lii  mort. 

l'n  élève  de  l'I'niversité,  élégamment  vêtu,  à 
la  pose  superbe,  aux  manières  recherchées,  vint 
un  jour  la  consulter  :  >■  J'étudie,  lui  dit-il,  dans 
le  dessein  d'arriver  A  In  prêtrise;  et  je  désire 
savoir  si  c'est  biin  la  volonté  de  Dieu.  —  Vous 
ave/,  grand  besoin  de  changer,  répondit-elle, 
avant  d'embrasser  un  état  qui  rérl-anc  la 
modestie  ;  car  vous  me  pamisseï  f  >  I  i 

vanité.  >•   Le  jeniie  écolier,  tout  .  ii'  • 

avoua  «08  fautes  et  réfoniin  an»silAl  s,t  condiiile. 

C'est  nin<i  qnc  Dieu  faisait  érUler  sa  i'loip#  *n 
son  humble  servante  :  car  tl  a  rertU  au  •    ■ 
rt  aux  ]ittit*  /<•«  rérilfn  du  mIuI  ipt'il  n  en 
fitiji^  et  aiAT  prudmt%  du  nù-elf. 

l'avkl'ùlk  ut)>  ^OIT  CMIt^ 

Klle  avait  cinquante  ans  (f.iH)  quand  elle 
eiitrrnrit  le  pél.  ■    ■■         ■         ">•        '  "      ' 

uio!    bien  ruil 


r-    de    sa    |"i'-;.i  m  li 

■rt  de  Candie,  elle  i 


Kl 
FrBf 
en  I 
•  m  I 


••  piilra 


par  la  présence  de  mon  Dieu,  du  moins,  je  le 
verrai  des  yeux  de  Tesprit,  et  ma  cécité  même 
m'inspirera  plus  de  recueillement.  >• 

C'uaud  elle  prit  pied  sur  le  rivage  sacré,  elle 
a'agenouilla  et  baisa  amoureusement  la  terre. 
Elle  parla  avec  tant  d  eraotioa  des  Lieux  Saints 
à  ses  compagnes  qu'felle  les  fit  toutes  pleurer. 
Bethléem  et  le  Tliabor,  le  Cénacle  et  le  dolgotha; 
elle  semtilait  les  avoir  vus,  tant  ces  endroits  si 
pleins  de  pieux  souvenirs  lui  inspiraient  de  bons 
sentiments.  Il  fallait  l'arracher,  pour  ainsi  dire, 
de  ces  sanctuaires,  et  sur  la  montagne  du  Cal- 
vaire :  "  Ah!  s'écria-t-elle,  si  mes  yeux  me  refu- 
sent en  ce  moment  la  lumière,  ils  ne  pourront 
au  moins  me  refuser  des  larmes  !  ■■  Et  elle  en 
laissa  échapper  une  grande  abondance. 

LES   FLOTS   SOCMIS 

Le  moment  vint  de  quitter  la  Palestine;  ce  ne 
fut  pas  sans  regrets  que  notre  Sainte  dit  adieu 
aux  Lieux  Saints.  \u  retour,  ayant  demand»- 
pour  la  première  fois  à  Dieu  sa  puérison,  elle 
recouvra  aussit('>t  la  vue.  Ce  prodige  accompli 
soudainemt^nt  frappa  les  passagers  d'une  très 
grande  admiration  ;  ils  rendirent  dès  lors  à 
Angèle  tout  le  respect  dû  à  ses  éminentes  vertus. 

Tandis  que  le  vaisseau  cinglait  vers  Venise, 
une  furieuse  tempête  se  déchaîna  tout  à  coup; 
les  vasues  engloutirent  les  deux  vaisseaux  qui 
précédaient  celui  des  pèlerins;  celui-ci  semblait 
réser»é  au  même  sort.  Mais,  en  dépit  des  cris 
et  des  sanglots  des  passagers,  Angèle  carda  sa 
confianfe  en  Dieu,  et,  grùce  à  ses  prières  conti- 
nues, la  mer  courroucée  s'apaisa  quelques  ins- 
tant» après. 

LV    nE.NOUll^E 

A  peine  est-elle  arrivée  à  Venise,  qu'elle  part 
à  la  dérobée  pour  Brescia,  après  avoir  refusé 
fortgrai:ieusement  la  direction  des  hôpitaux  que 
lui  offrait  le  Patriarche. 

Semblable  à  l'Epouse  des  Cantiaues,  Angèle 
s'occupe  de  son  Epoux  et  le  jour  et  la  nuit.  Car. 
après  l'avoir  cherché  en  Oritnt,  elle  va  en  Occi- 
dent el  court  de  tous  c6tés  à  l'odeur  de  ses  par- 
fums. 

L'année  suivante,  1323, elle  flt  le  pèlerinage  de 
Rome  pour  le  grand  jubilé.  Tanais  qu'elle  se 
rendait  au  tombeau  des  saints  .\polres,  un  camé- 
rier  du  pape  Clément  VII  l'ayant  tort  heureuse- 
ment rencontrée  en  chemin,  la  présenta  au  pape. 
'  Ma  fille,  lui  dit  celui-ci,  qui  était  déjà  instruit 
de  ses  vertus  et  de  ses  miracles,  ma  lille,  je  veux 
\..n-  m-  lire  à  la  tète  d'une  maison  de  filles  hos- 
i  it  >1  •  1  s.  «  ■  Moi!  répliqua  la  Sainte,  moi,  la 
1  -^  mi-prisable  de  toutes!  ■•  Et  elle  expliqua 
■  tant  de  candeur  les  motifs  qui  la  rappelaient 
a  lirescia,  que  le  pa[ie  lui  permit  de  prendre 
congé  de  lui. 

LR   NOTAU  DE  LA   CONGRÉiiATIO.N 

\!i  ■  étiit  toujours  craintive  et  indécise  sur 
■  'i  •  11'-  devait  faire  pour  la  t'Ioire  <lo  Dieu. 
I  IIP  loi-,  au  milieu  du  plus  profond  silence  de 
la  nuit,  elle  vit  un  aniie  aux  regards  menaçants, 
qui  lui  reprocha  '■'•vércment  sa  b-nteiir  et  son 
hésitation.  En  m- me  temps,  s'armanl  d'une 
v<.r  ■••     !<•  i<r    il  luj  (.11   iniligea  quelques  coups 

1  ilp  ■  .".,1  Iiipii    l'ii  le  vi-ul  !  Angèle 

les  rom- 
l'i_ii  1      -  dons  une 

chambre   qu'une   ncbe    reuve   voulut  bien  lai 


donner.  Les  fondements  de  l'édifice  étaient  jetés, 
le  noyau  de  la  Congre'gation  était  formé. 

TR.WAUX   DE  LA    CON'.nÉGATION  NAISSANTE 

Le  13  novembre  la3v>,  on  vit  cette  troupe  de 
vierges,  Angèle  à  leur  tête,  sortir  de  l'oratoire 
comme  jadis  les  apôtres  du  Cénacle  après  la  des- 
cente du  Saint-Esprit,  et  se  répandre  dans  tou- 
les  quartiers  de  la  ville.  Elles  se  mirent  à  visitei 
le  détenu  dans  sa  prison,  le  pauvre  dans  son 
réduit,  le  malade  sur  son  lit  de  douleur.  Elles 
pénétraient  dans  les  maisons  en  habits  ordi- 
naires, car  alors  le  voile  et  la  robe  de  la  reli- 
gieuse n'avaient  point  droit  de  cité. 

Ce  n'était  tout  d'abord  qu'une  simple  associa- 
ciation  :  les  compagnes  d'An::èle  pouvaie:it 
demeurer  sous  le  toit  paternel.  Elles  se  consa- 
craient à  instruire  la  jeunesse,  à  éclairer  les 
filles  et  même  les  femmes  ignorantes.  Leur- 
exemples  propageaient  la  virginité, si  làchenien! 
rejetée  à  cette  époque  par  Luther,  enseignaient 
le  renoncement  à  ses  propres  intérêts,  au  milieu 
d'un  siècle  égoïste. 

Quand  vint  le  moment  de  nommer  la  supé- 
rieure, tous  les  sulTrages  se  réunirent  sur  la  tète 
de  notre  Sainte,  car  tout  le  monde  savait  qu'Aa- 
géle  était  envoyée  de  Dieu  pour  une  grande  mis- 
sion, et  estiniail  que  personne  autre  qu'elle  ne 
pourrait  sagement  diriger  laCongrégation  encuiv 
à  son  berceau.  Quand  elle  eut  connaissance  Je 
sa  nomination, elle  versa  un  torrentde  pleurs.-  Je 
ne  puis, disait-elle, d'uue  voixentrecoupée  par  le* 
sanglots,  je  ne  puis  être  votre  supérieure, attendu 
que  je  dois  expier  à  présent  tous  mes  i<échés  d'or- 
gueil par  une  soumission  plus  complète  à  l'une 
d'entre  vous.  ■>  Mais  ses  tilles  lurent  npiniùtre- 
dans  leur  dessein  ;  et  Ans;ele  dut  recevoir  le  loui  J 
fardeau  du  supériorat  sans  jamais  vouloir  porte  rie 
litre  de  fondatnce."  Car, disait-elle  àses  enfants, 
vous  serez  placées  sous  une  égide  plus  aj-suréL 
que  la  mienne;  nous  prendrons  le  nom  d'I"/»»!- 
lines  ou  de  Fillc^i  rfe  sainte  i'rfule,  de  cette  noble 
vierge  qui  a  daigué  m'appaiaitre  naguère,  toui>' 
rayonnante  de  splendeur.  Je  veux  donc  qu'elK- 
soit  votre  patronne  et  lu  mienne.  » 

LA  MAIN  nu  D!E' 

Dieu  sembla  alors  répandre  à  pleines  niains 
ses  bénédictions.  L'uuvre  êlait  à  peine  coni- 
mencée,  et  déjà  l'on  ne  parlait  qu'en  termes  élo- 
gieux  de  l'humble  association.  \  Brescia,  où 
elle  avait  pris  naissance,  on  la  connaissait  sous 
le  nom  de  Divine  ou  Sainte  Compagnie.  Les  auto- 
rités de  la  localité  applaudirent  aux  conférences 
que  ces  pieuses  chrétiennes  tenaient  chaque 
dimanche. 

Lesûllesd'.\ncéle  s"atlachérenl«urloutik former 
le  cœur  de  l'enfance  aux  principes  de  la  vie  chré- 
tienne, et  à  refaire  ainsi  la  société  dont  les 
membres  avaient  été  corrompus  par  la  doctrine 
luthérienne. 

En  peu  d'années,  elles  prirent  un  Ici  dévelop- 
peraent.mème  dans  les  contrées  lispluslointaines, 
qu'on  vit  vraiment  que  l'iruvie  était  selon  les 
vues  de  la  Providence,  et  que,  si  l'homme  plante 
et  arrose,  Dieu  donne  l'accroisscmenl. 

De  partout  on  rêrlnmait  les  lllli's  il'.Xnijêle, 
c'était  à  qui  proruremi  à  l'enfatire  des  maîtresses 
aussi  industrieuses  dans  Tari  «le  former. 

L'ne  petite  ville,  à  quelques  lieues  d'.Vvifnon. 
fut   la   prenn.r.     lui    t, — ,',i",i    ,11   Frau'-f   un 
maison  «Il  '  irseilb.P  ii  i 

et  cinq  un'  ,  ■■  lardèrent  ;  i- 

à  appeler  dans  leur  sein  de  si  habiles  institu- 


trices.  Les  fondations  étaient  d'autant  moins 
difficiles  que  les  religieuses  se  contentaient  du 
strict  nécessaire  sans  avoir  de  jjouvernement 
provincial;  car  ellps  demeuraient  soumises  à  la 
juridiction  des  ivèques,  partout  où  elles  s'éta- 
blissaient, d'après  un  décret  de  saint  Charles, 
archevêque  de  Milan. 

LE  GBAND  JOCR 

Angèle  voyait  donc  son  œuvre  accomplie,  et 
sa  petite  association  s'énanouir  de  plus  en  plus. 
Mais,  comme  Moise.  elle  ne  vit  que  de  loin  la 
terre  promise,  car  elle  tomba  malade  au  com- 
mencement de  janvier  15*0.  Afin  d'épartiner  à  son 
corps  virf-'inal  la  honte  d'-Hie  découvert  mi^rae 
après  sa  mort,  elle  lava  elle-mt^rae  ses  membres 
malgré  son  extri'me  faiblesse.  Uuel  amour  jaloux 
de  la  virfiinité! 

Avant  de  fermer  les  yeux  à  cette  terre,  elle  se 
démit  de  sf>n  autorité  et  demanda  qu'on  la  revt^- 
tit  de  l'habit  du  Tiers-Ordre  de  saint  François. 
Puis,  réunissant  ses  filles  désolées  autour  ife  sa 
couche  funèbre,  elle  leur  donna  ses  dernier* 
avis  :  «  Mes  filles,  que  la  charité  rèfjne  parmi 
vous.  Vous  êtes  peu  nombreuses,  mais  sache/ 
que  le  nombre  fait  peu,  quand  il  n'y  a  pas  l'union 
engendrée  par  l'amour.  »0n  l'entendait  répéter: 
i<  Oh!  qui  me  donnera  des  ailes  pour  voler  vers 
mon  bien-aimé?  >•  Elle  ouvrit  une  dernière  fois 
la  bouche  pour  prononcer  le  nom  béni  de  Jésus; 
et,  fermant  les  yeux,  elle  rendit  doucement  son 
àme  à  Uieu,  le"28  janvier  1540.  Angèle  allait 
avoir  soixante-sept  ans. 

FÊTES   DU   CIEL   ET    DE   LA    TERRE 

Quand  l'an^'e  de  Hrescia  eut  pris  son  essor  vers 
son  bien-aimé,  llieu  voulut  consoler  la  terre  de 
la  douleur  qu'elle  ressenl;iit  en  perdant  Ansèle. 
Une  brillante  «-toile  apparut  sur  ces  entrefaites; 
elle  demeura  su>^pendue  durant  trois  jours  entiers 
au-dessus  de  la  chapelle  ou  reposait  inanimé  le 
corps  de  la  .Sainte. 

I.es  restes  précieux  d'Anséle  furent  exposés 
pendant  un  mois;  jamais  l'on  ne  vil  la  moindre 
marque  de  corruption  sur  ce  corps  vir;,'inal.  Même 
souplesse,  même  candeur,  même  sérénité;  l'u-il 
le  plus  exercé  aurait  pu  se  méprendre  sur  l'étal 
réel  de  l'illustre  défunte. 


Il  s'éleva  alors  une  ardente  discussion  entre 
les  chanoines  de  la  cathédrale  et  ceux  de  Saint- 
Jean  de  Lalran,  chacun  voulait  posséder  ce  riche 
trésor.  Ceux-ci  s'attribuaient  le  droit  d'inhumer  la 
vierite,  car,  disaient-ils,  l'oratoire  dont  elle  faisait 
sa  principale  demeure  était  situé  dans  l'enceinte 
de  leur  cloître;  ceux-là,  parce  que  la  Sainte  était 
décédée  dans  une  maison  située  sur  la  paroisse 
de  Sainte-Afre,  placée  sous  leur  juridiction. 

Le  procès  juyé,. on  décida  que  l'éfilise  de  Sainte- 
Afre  aurait  l'insigne  honneur  de  contenir  les 
dssemenls  de  celle  qui  embauma  Hrescia  du  par- 
fum de  ses  vertus. 

AU    DELA    DE  LA  TOMUK 

Le  peuple  ne  tarda  pas  à  manifester  aux  yeux 
de  tous  la  profonde  vénération  dont  il  entourait 
la  mémoire  de  la  Sainte.  11  lit  (graver  sur  une  table 
de  marbre  noir  de  pieuses  inscriptions. 

L'n  jeune  étudiant  eut  un  jour  lu  hardiesse  de 
dire  à  l'un  de  ses  condisciples  :  «  Quelles  pom- 
peuses louan^'es:    c'est  beau    sur   la   pierre 

mais c'esttouti    '  .\ussiUU  une  maiii  le  frappa 

de  deux  coups  si  rudes,  qu'il  laissa  échapper 
dans  l'église  un  formidable  cri!  On  accourut;  et 
le  jeune  incrédule  de  demauder  pardon  à  la  foule 
attendrie. 

L'église  souterraine  de  Sainte-Afre,  oii  repo- 
sait la  Sainte,  devint  bienliM  un  centre  de  pèle- 
rinages. On  venait  de  tous  côtés  implorer  la 
protection  de  l'illustre  vierge.  Clément  .Mil 
approuva  le  culte  que  le  peuple  lui  rendait  spon- 
tanément. Quelques  années  plus  lard  \1TIH)I, 
Pie  \l  déclara  solennellement  que  l'on  pouvait 
procéder  à  la  canonisation,  l'ie  VU  termina 
cette  importante  affaire  le  24  mai  Iso".  Ce  l'ut 
une  explosion  de  joie  dans  toute  la  catholicité, 
surtout  en  France  oii  l'on  venait  de  subir  les  tor- 
tures Indicibles  de  la  Hévolution. 

PRIÈRE  A   SAl.NTB  ANoÈLE 

O  Dieu,  qui  avei  daigné  vous  servir  de  la  bien- 
heureuse An;.'èle  pour  former  dans  rE;;lise  un 
nouvel  essaim  de  vier;.'es,  donn^i-nous  par  son 
intercession  de  mener  une  condui  te  anyélimie.alin 
que,  en  échange  des  biens  passagers  de  la  terre 
que  nousaurons  rejetés  oour  vous,  nous  puissions 
goûter  les  délices  éternelles  du  ciel.  Aiusi  soil-ill 


Unft. -gtrani.  E   PiriranniT.  8.  rue  Fruiçoii  I*'.  l'arl* 


SAINT    SIMEON 

MOIIsTE:     et     R.ECLUS     A.     TRÊVES 


Fête  le  1"  jut.t 


Saint  Siméon,  moine  et  reclus. 


•W   mmiÈmli    IKN^ES    —   il   SB    BEND    a    jéRUSALEM 

Siméon  '•lait  né  à  Syracuse  en  Sicile.  Conduit  h 
Constanlinople  dès  l'âge  de  sept  ans,  il  fil,  sous  la 
direction  de  maîtres  clirf'tiens,  de  rapides  progrt'S 
dans  la  connaissance  des  sciences  divines  et  humaines. 

Parvenu  à  l'adolescence,  Siméon  se  sentit  épris 
du  désir  d'aller  Tisiter  les  Saints-Lieux.  Il  abandonna 
aussitôt  ses  bien?,  sa  patrie,  ses  parents,  se  reTêlit 
de  la  sainte  pauvreté  dont  le  Sauveur  a  enrichi  la 
terre  et  se  rendit  à  Jérusalem.  Son  désir  de  mener 
une  vie  plus  parfaite  s'accrut  surtout  après  qu'il  eut 
visité  les  endroits  témoins  de  la  jiassion,  de  la  mort, 
de  la  résurrection  et  de  l'ascension  du  Sauveur.  Il 
résolut  dés  lors  d'aller  s'établir  dans  une  solitude. 
Mais  tout  jeune  encore,  pouvait-il  se  conduire  seul 
dans  cette  voie  difficile  de  la  perfection  ?  .Ne  lui 
fallait-il  pas  un  guide  silr  et  expérimenté? 

Non  loin  des  rives  du  Jourdain,  vivait  un  saint 
ermite  dont  les  vertus  ''ini.Mil  connues  de  tous  les 
hal.ii.inLs  de  la  Palestine.  Smi'onalla  se  placer  sous 
la  direction  du  saint  vieillard  et  partager  sa  douce 
solitude. 


COMMENT     SIJIEON    REÇOIT     LES     ATERTISSEME!«T8 
DE    SON     MAITRE 

La  paix  et  la  tranquillité  que  le  disciple  trouva 
auprès  du  maître  ne  devaient  pas  toujours  durer. 
Un  jour  que  Siméon  regardait  les  personnes  qui 
traversaient  le  fleuve,  lé  vieillard,  illuminé  *par 
l'Espril-Saint  et  découvrant  les  pensées  mondaines 
cachées  dans  le  cœur  de  son  jeune  disciple,  lui  dit 
d'une  voix  toute  paternelle  :  «  Que  te  sert.  6  mon 
flis,  que  te  sert  d'avoir  abandonné  ta  patrie  et  tes 
richesses  si  tu  conserves  dans  ton  cœur  des  désirs 
mondains.  Désires-tu  devenir  le  disciple  du  Christ? 
foule  aux  pieds  les  plaisirs  et  les  vanités  qui  ne 
conviennent  pas  à  un  véritable  serviteur  de  Dieu.  » 
Pour  guérir  la  blessure  que  ce  reproche  mérité  venait 
de  faire  dans  le  cœur  du  ieune  homme,  le  saint 
ermite  reprit  :  «  0  mon  fils,  ne  crains  rien  ;  bientôt 
tu      las  à  livrer  de  grands  combats,  mais  prends 

I iiice,  Dieu  te  soutiendra  de  sa  prAce,  et  en  -on 

nom  je  te  promets  la  victoire...  Pour  moi,  ajor.t.i  le 
saint  vieillard,  jo  ne  puis  supporter  plus  lonj;!'  mps 
la  présence  de  tant  de  personnes,  c'est  pourquoi  je 


HSS^ 


vaif  chercher  un  lieu  plus  retiré  où  je  puisse  me  livrer 
plus  i-omplètement  à  la  prière^  à4a  con^em^tioil^ 
des  choses  célestes.  »  ^      ^       a  -  _        ..  h 


SIHÉOM  ABANDONNÉ   DE  SOI»  GUIDE  STimTCIX  SE  HKTIKI 
Al'    MONASTÈRE    DI'    SINAI 

Le  disciple  ne  se  sérail  jnii'.iif  51'paré  du  mciltre 
fi  celui-ri  n'avait  eu  soin  dp  c  ihi  r  sa  fuite  soudaine. 

Alian'ionné  de  son  jif-re  spirituel,  Siim-on  ne  savait 
plus  quelle  voie  suivre  f(  de  quel  côté  diriger  ses 
pas.  La  lecture  fr.'  -  écrits  des  saints  Pères 

lui  nt  com|)rendi<  \  ivre  seul  au  milieu  des 

déserts  et  mener  up.i:  ml-  uiiiquemenl  conli;mplative, 
il  devait  auparavant  commencer  à  mener  la  vie  active 
dans  un  ninni-!'  i''. 

SinK'i'n  rt  . 
Ciel,  et  •      ■ 
au  Mi''i 
ceti'   U'-'. 
diacre.  Il 


Ile  inspiration  comme  venant  du 
:i  du  joie,  il  se  retira  à  Bethléem, 
iiilc-.Marie.  U  resta  deux  ans  dans 
.    II. aile,  s'acquittant  des  fonctions  de 
il  vint   au  monastère  situé  au  pied  du 
pn^sa  quelques  années   au  service  des 
!:  anlsous  lasagedireclion  d'un  supérieur 

.  v ,  ,  à  renoncer  à  lui-même,  à  se  corriger 

de  SI?  défauts,  à  acquiirir  des  vertus  solides,  à  péné- 
trer les  secrets  de  la  vie  .spirituelle  et  à  bien  s'instruire 
des  véritables  r'-gles  de  la  perfection  chrétienne. 

.Alors  se  sentant  à  m^rae  de  voler  sans  témérité 
.'•  -  -  propres  ailes,  et  toujours  attiré  à  la  vie  con- 
1  inj  ilive,  avec  la  permission  de  l'abbé  du  monas- 
tère, ^iméon  alla  se  .choisir  une  jielite  grotte,  non 
loin  de  la  mer  Rouge.  Un  frère  venaii  chaque  sein.iinc 
lii  j..  rt.T  le  pain  nécessaire,  tandis  qu'une  sourc«, 
;  pant  du  ro.-h'-r,  ioumissait  au  solitaire  une 
ta  I  LJaire  et  abondante. 

Au  bout  de  deux  ans  passés  dans  ce  site  agréable 

,1   VT  MfM' Ni  fiii   pour  la  prière,  Siméon,  voyant  le 

[•'.•■  qu'attirail  l'éclat  de  ses  vertus, 

I      'I    eette    douce   retraite   pour  aller 

leu  plus  caché,  où  séparé  complètement 

<i  -.  il  pu!  se  livrer  entièrement  k  l'oraison 

el  a  la  méditation  des  choses  célestes. 


TENTATION    —   a  TBIOKPHB   DBS    ROSES  DD    oillON 


Sur  le  sommet  du  mont  Sinal,  où  Moïse  vit  la  gloire 


.1.   J  1 


,1.. 
.1,. 


vah,  OÙ  il  reçut  la  loi  qu'il  devait  doimer  au 

luif,    se   trruivnil   un  ancien   monoàlere  qui 

■    dfc.s  nombreuses  incur- 

iil  dan^  le  pays.  C'est  en 

"^  ■    ;iier. 

;■■,  Siméon 


DISETTE  —   CROTECTION   DE    DIED   SUR   SES    SERVITEURS 

Vers  ce  même  temps,  une  grande  disette  régnait 
dans  tout  l'Orient,  mais  principalement  en  Palestine 
ot  CD  Egypte,  où  l'on  comptait  par  milliers  les  vic- 
times que  chaque  jour  le  fléau  venait  frapper.  Dieu, 
qui  protège  tous  ceux  qui  marchent  dans  la  voie  de 
ses  commandements,  veille  surtout  sur  ceux  qui  ont 
.■abandonné  le  monde  pour  vivre  dans  l'humilité,  '?. 
pauvreté  et  l'obéissance, à  l'exemple  du  divin  Crucitii' 
Jésus-Christ.  Tandis  que  le  fléau  croissait  de  plu~ 
en  plus,  seul  le  monastère  du  Sinaï,  par  un  miracb 
de  la  divine  Providence,  n'eut  pas  à  éprouver  le? 
horreurs  de  la  famine.  Comme  le  blé  commençait  à 
diminuer,  l'abbé,  plein  de  confiance  en  la  bonté  du 
Seigneur,  rassembla  tous  les  religieux,  ses  frères,  et 
leur  dit  :  «  Invoquons  et  prions  constamment  le 
Très-Haut  ;  penilanl  quarante  ans  il  a  nourri  les 
Hébreux  d'un  pain  céleste.  Peut-il  Miaintcnanl  laisser 
dans  l'indigence  ses  indignes  serviteurs  ?  »  Cette 
espérance  «lu  saint  abbé  ne  fut  pas  vaine  :  Dieu  fit 
multiplier  si  prodigieusement  le  blé  que  le  grenier 
do  monastère,  ouvert  à  tous  ceux  qui  voulaient  y 
puiser,  ne  diminua  pas  pendant  tout  le  temps  de  ii 
rarnine. 


SAurr  inifcoN  est  ENvorin  france  —  NAOFa^sûiL 

Lorsque  la  disette  eut  cessé,  saint  Siméon  reçut 
de  son  supérieur  la  mission  de  se  rendre  en  Ki.i! 

Hichard   11,   duc   de    Normaiidii'.    faisait    ei;  ..,  . 
année  de  grandes  auinânes  au  monastère  du  Siii.n. 
Les  moines  qui  étaient  allés  en  Fiance  les  reo.iii. 
étant  morts  en  chemin,  saint  Siiiit  on  fu' 
faire  ce  voyage.  Il  partit  donc  du  mon.' 
disant  à  l'abbé  les  nonilireux  oli.->taclc5  qu  n  irn.un- 
Irerait  et  l'insuccès  de  sa  mission. 

Le  vaisseau   qui  devait  le   eonduire  en    France 
allait  mettre  k  la  voile,  lorS(|u'on  vint  avertir  le 
capitaine  du  danger  auquel  il  s'exin-iii  ^'11  l,.v.(ii 
l'ancre  ce  jour-la.  Des  pirates  in.. 
paiaC'-.  il  fallait  leur  donner  le  ten.,  1 

e:  le  départ  de  deux  ou  trois   1  l 

5-1  :.iiit  ses  remontrances  à  cet  a>>  :  la 

pour  décider  le  capitaine  à  attendre  encore  quel- 
ques jours.  «  0  mon  frère,  lui  dit-il,  écoutez  les 
conseils  que  le  Ciel  vous  envoie  par  la  bouche  d'un 
homme  ;  croyei-moi,  relardez  de  trois  jours  votre 
départ,  cl  Dieu  vous  préservera  de  tout  danger.  Si 
vous  n'obéisseï  pas  à  ma  voix,  vous  périrez,  vous  el 
1  !'■■.()  confiant  dans 

1  .dre  ces  conseils 


lll'pil  f^.   «'i   in    ^ 

Le  londemaii. 

I..r.    ■,;.. 


dans  la  haute 

,        l't,      ,-,.,,,l,Tt 


ncbarnee , 


volonté 

■  t   ,111    t""! 


l,e^ 

pher  il 


Ht  Ils  ai 
»ur  le   ^ 


y  ■ 
■•'i 

lo. 

kU     il,     . 

u  directi 


.1  religieux. 


•  n,  le  Saint  retourna 
..al,  et  se  plaça  souf 


traltrcMet  des  nouveaux  venu' 


Les  armes  avaient  été  déposées,  et  la  paix  régnait 
déjà  sur  le  vaisseau,  lorsque  les  pirates  se  jettent 
sur  le  capitaine  qui  les  avait  accueillis,  lui  tranchent 
la  tête,  et  font  sabir  le  même  sort  à  tous  ses  com- 
pagnons d'armes. 

Seul,  le  serviteur  du  Christ  debout  sur  la  poupe, 
invoquait  le  Dieu  des  faibles  qui  se  laisse  toucher 
par  la  prière  humble  et  conûaiite.  Les  barbares 
Élisaient  alors  entendre  des  cris  sauvages  contre 
saintSiméon.ets'avançaientpourle  frapper  du  glaive. 
Le  Saint  fit  à  Dieu  une  dernière  prière,  et  plein  de 
confiance  en  lui  il  se  jeta  à  la  mer.  Après  bien  des 
difficultés  il  parvint  miraculeusement  au  rivage. 

Délivré  de  ce  danger,  saint  Siméon  se  rendit  à 
Antioche,  où  il  reçut  des  chrétiens  un  accueil  plein 
de  générosité.  LàJ  il  se  joignit  à  l'abbé  Richard  de 
Verdun,  qui  revenait  du  pèlerinage  de  Terre-Sainte. 
11  continua  sa  route  avec  lui  jusqu'à  Belgrade  où  le 
seigneur  de  la  ville  refusa  de  lui  livrer  passage  sur 
son  territoire,  et  le  retint  prisonnier. 

Richard  arriva  heureusement  à.  Verdun.  Siméon, 
rendu  à  la  liberté  après  bien  des  prières,  des  sup- 
plications et  des  larmes,  se  rendit  à  Rome  d'où  il 
passa  en  France  avec  un  saint  moine,  nommé  Cosme, 
qu'il  avait  amené  d' Antioche.  Arrivés  en  Aquitaine, 
ils  furent  reçu?  à  la  cour  du  duc  Guillaume  ;  et 
comme  les  esprits  étaient  alors  fort  échauffés  sur  la 
question  de  l'apostolat  de  saint  Martial,  on  ne  manqua 
pas  de  leur  demander  leur  avis  à  ce  sujet.  Les  deux 
religieux  rendirent  témoignage  que  le  saint  évêque 
était  regardé  dans  l'église  d'Orient,  comme  l'un  des 
I   soiiantfcj-douze  disciples  de  Jésus-Christ. 

Le  moine  Cosme  mourut  en  Aquitaine,  de  sorte 
que  saint  Siméon  dut  se  diriger  seul  vers  la  Nor- 
■  mandie;  il  arriva  à  Rouen  en  1027.  Il  trouva  que  le 
duc,  dont  il  venait  de  si  loin  recevoir  les  aumônes, 
était  mort  l'année  pn^cédente.  Il  adressa  sa  requête 
à  son  successeur,  mais  sa  demande  ne  fut  pas 
accueillie. 

Il  resta  quelque  temps  à  Rouen,  et  engagea  le 
comte  Jossclin  à  b.ilir  un  monastère  en  l'honneur  de 
la  "Très  Sainte-Trinité,  sur  la  montagne  proche  de  la 
ville,  et  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Sainte- 
Catherine,  à  cause  des  reliques  de  cette  Sainte  que 
saint  Siméon  y  donna  et  qu'il  avait  apportées  du 
mont  Sina!. 

Siméon  n'ayant  pu  obtenir  d'aumiines  du  duc  de 
Normandie,  ne  voulut  pis  retourner  les  mains  vides 
à  son  lointain  monastère.  Il  alla  trouver  l'abbé 
Richardde  Verdun,  et  il  passa  de  li  à  Trêves.  L'arche- 
vêque de  celte  ville  fut  si  touché  des  mérites  et  de 
la  grande  vertu  de  l'humble  moine,  qu'ayant  eu  la 
dévotion  de  faire  le  pèlerinage  de  Terre-Sainte,  il 
voulut  se  faire  accompagner  par  lui. 

LA    RKCLUSION    DE   SAUTT   SlldOII 

Sairit  Siméon  partit  donc  avec  le  prélat,  mai» 
revenu  de  ce  pèferinace  à  Trêves,  il  souhaita  d'y 
vivre  en  rerlus.  Iliou  lui  avait  fait  voir  par  révélation 
une  tour  qui  portait  le  nom  de  Porle-.'SoIre;  c'est  là 

?|ue  Siméon,  sép.iré  complètement  du  monde,  voulut 
inir  ses  jours.  L'archevêque,  à  la  tête  du  clergé  et 
acrompagné  d'une  foule  nombreuse,  Ht  la  cérémonie 
delà  réclusion  le  jour  de  la  fête  de  saint  André (I02fl)  ; 
c'est-à-dire  qu'il  l'i'nffrma  dans  la  tour  en  murant 
la  porte,  ou  du  moins  en  y  apposant  son  sceau. 

Le  Saint  vécut  dans  celte  solitude  d'un  nouveau 
gpii'  lie  dans  un  tombeau.  Les  raortillcalions 

p;ii  -  il  épuisait  son  corps  étaii'nt  si  grandes, 

qi]'  -ni  ne  voul.irit  pas  voir  en  cela  une 

ini'  1  Providenof.  s'<^lrinnaienl qu'il  n'en 

muuiul  ).'..,.:  .i  le  soupçonnaient  d'être  sorcier. 


EPREln-ES   DE  SACrr  SIMEON 

Le  diable,  jaloux  de  voir  les  progrès  que  le  saint 
reclus  faisait  de  plus  en  plus  dans  la  voie  de  la  perfec- 
tion, ne  le  laissa  pas  longtemps  en  repos.  II  l'i-prouva 
tout  d'abord  intérieurement  par  ses  tentations  et  ses 
suggestions  perfides.  Mais  toujours  le  serviteur  de 
Dieu  sortit  vainqueur  du  combat.  Un  signe  de  croix 
lui  suffisait  pour  déjouer  toutjs  les  ruses  de  son 
ennemi. 

Le  diable  voyant  que  tous  ses  efTorts  resteraient 
vains,  résolut  de  faire  une  dernière  tentative,  et 
cette  fois,  il  excita  contre  saint  Siméon  la  fureurdes 
habitants  de  Trêves,  qui  s'imaginèrent  que  cet 
étranger  était  un  magicien  qui  se  privait  de  la  com- 
pagnie des  hommes  pour  avoir  commerce  avec  le 
démon,  et  l'on  s'en  prit  au  pauvre  moine  de  toutes 
les  calamités  qui  arrivaient  à  la  ville. 

Sur  ces  entrefaites,  une  inondation  fit  à  Trêves 
de  grands  ravages.  La  cause  de  ce  dé-^^astre  fut. 
attribuée  au  reclus  dont  Dini,  disait-on,  voulait  punir 
les  crimes.  Toute  la  population  de  Trêves  s'ameuta, 
elle  se  porta  vers  la  Porte-Noiro,  dans  le  dessein 
arrêté  de  lapider  saint  Siméon.  Cependant  la  toui- 
ne  put  être  forcée,  et  toute  la  fureur  du  peuple  aboutit 
à  en  casser  les  fenêtres  à  coups  de  pierres.  Pendant 
cette  étrange  scène,  le  saint  vieillard  priait  pour  ses 
persécuteurs,  etl'âme  remplie  d'unejoie  toute  oHeste, 
il  remerciait  Dieu  do  ces  épreuves  qui  devai  ;nt  le 
préparer  au  passage  à  une  vie  meilleure.  Le  .Seigneur 
en  effet  achevait  de  purifier  son  serviteur  par  ces 
tribulations.  Le  peuple  qui  passe  facilement  d'une 
extrémité  à  l'autre,  montra  dans  la  suite  autant  de 
vénération  pour  le  saint  homme,  qu'il  avait  fait 
paraître  de  préventions  contre  lui. 

MORT  DE  SAINT  SIMÉOr; 

Saint  Siméon  ayant  eu  comme  un  pressentiment 
de  la  mort  qui  ne  devait  pas  tarder  à  lui  ouvrir  les 
portes  de  la  vie  bienheureuse,  lit  prévenir  l'arche- 
vêque de  Trêves  et  lui  demanda  de  ne  pas  se 
préoccuper  de  ses  funérailles.  11  voulut  que  la  tour 
qui  lui  avait  ?er\'i  de  reirailo  pendant  sa  vie,  lui 
servit  aussi  de  tombeau.  Il  aimait  à  redire  souvent 
ces  paroles  :<■  Désormais  c'est  ici  le  lieu  do  mon  repos; 
ici,  j'attendrai  le  jour  où  le  Seigneur  plein  de  gloire 
et  de  majesté  viendra  juger  tous  les  honimes.  » 

L'abbé  Eberwind  qui  l'assista  dans  sa  dernière  ma- 
ladie et  qui  a  écrit  sa  vie,  rapporte  le  récit  suivant: 
«  Inconnu  de  tout  le  monde,  j'étais  dit-il,  le  dernier 
de<  moines;  Dieu  cependant  me  fit  la  grâce  de  jouir 
des  derniers  entretiens  du  saint  reclus,  qui  me  dicta 
se.s  dernières  volontés,  me  priant  instamment  de  le 
laisser  enseveli  dans  celte  retraite  où  il  avait  passé 
de  longues  années.  Alors  dans  la  cellule  du  solitaire 
se  répandit  comme  une  agréable  od'-ur  plus  douce  et 
plus  suave  que  celle  de  tous  les  parfums  et  aromates 
de  l'Arabie,  et  la  bouche  du  Saint,  qui  ne  s'ouvrait 
que  pour  chanter  au  Seigneur  des  canli(pie3  de 
louanges  et  d'actions  de  grâces,  laissait  érhapperen 
ce  moment  suprême,  des  parolr-s  si  suaves  et  si  su- 
blimes, qu'aucune  langue  humaine  ne  peut  bien  les 
redire.  "  Mais  l'heure  de  la  récompense  avait  sonné. 
L'Ame  du  grand  serviteur  de  Dieu,  délivrée  des  liens 
du  corps,  s'envolait  vers  les  répions  célestes  et  allait 
recevoir  la  couronne  promise  aux  vrais  imitateurs 
de  Jésus-Christ.  C'était  le  premier  jour  do  «uin  de 
l'année  1035. 

PHEiiiRn  miucLR  opini  sdr  son  tombrad 

Le  bruit  de  sa  mort  ne  se  fut  pas  plustét  répandu, 
que  les  habitants  de  Trêves,  revenus  de  leurs  pré- 


Tentions  odieuses  contre  le  saint  ermite,  n'eurent 
plus  qu'une  voix  pour  louer  celui  qui,  peu  de  temps 
auparavant,  ^'tait  l'objet  de  leurs  nialédiclions  ;  et 
l'on  s'empressa  de  tomoigner  d'autant  plus  de  véné- 
ration pour  sa  vertu  que  l'on  savait  qu  elle  avait  été 
plus  cruellement  calomniée.  Le  clergé  de  Trêves,  les 
moines,  le  peuple  entier  se  rendirent  à  sa  cellule 
pour  honorer  ses  funérailles.  Dieu,  qui  avait  voulu 
éprouver  son  serviteur  pendant  de  longues  années, 
se  plut  alors  à  le  justifiiT  et  à  proclamer  son  inno- 
cence par  de  nombreux  miracles  accomplis  sur  son 
tombeau. 

Pendant  que  la  foule  vénérait  avec  respect  les 
restes  sacrés,  une  fuiur  abondante  s'échappait  du 
corps  du  Saint  que  la  vie  semblait  encore  animer. 
L'archevêque  nommé  Poppon,  ne  sachant  trop  à 
quelle  cause  attribuer  ce  prodigf,  ordonna  à  ses 
clercs  de  veiller  le  cercueil  durant  trente  jours.  De 
plus,  il  leur  prescrivit  de  réciter  l'oflice  en  chœur 
dans  la  cillule  où  reposait  le  cori .  du  vénérable 
défunt.  Or  il  arriva  que  l'un  des  clercs,  vaincu  par  la 
fatigue,  se  prit  à  dormir.  Réveillé  bientôt,  comme  par 
une  clameur  qui  venait  d'en  haut,  il  voulut  re- 
pren^lre  la  récitation  de  l'oflice.  mais  sa  langue  fut 
muette  de  telle  sorte  qu'il  ne  put  prononcer  aucune 
parole.  Reconnaissant  la  faute  qu'il  venait  de  com- 
mettre, ce  clerc  se  prosterna  devant  le  corps  du  ser- 
viteur de  Dieu,  et  demanda  le  pardon  de  sa  faute. 
Cet  acte  de  repentir  ne  fut  pas  iilutùt  accompli  que 
le  muet  put  sans  difficulté  conlinuer^la  prière  vocale. 


GCERISON    D  CN   PAIULYTIQCI 

Les  trente  jours  maraués  par  l'archevêque  étant 
écoulés,  une  foule  nombreuse  se  rendit  &  la  cellule 
du  saint  ermite.  Parmi  les  assistants  se  trouvaient 
des  boiteux,  des  aveugles,  des  possédés  du  démon  ; 
et  tous  s'en  retournaient  guéris  après  avoir  imploré 
le  secours  et  la  protection  de  saint  Siméon.  Mais 
parmi  les  guérisons  les  plus  remarquables,  il  faut 
signaler  celle  d'un  pauvre  homme  qui,  privé  de 
l'usage  de  ses  jambes,  avait  été  obligé  de  se  faire 
porter  jusqu'à  la  Porte-.Noire.  Dieu  qui  veut  éprouver 
la  foi  et  la  confiance  de  ceux  qui  l'invoquent,  sembla 
tout  d'abord  ne  pas  exaucer  ce  paralytique  qui  pen- 
dant cinq  mois  se  tint  auprès  du  tombeau  du  Saint 
ne  cessant  d'implorer  sa  protection.  Le  Ciel  restait 
toujours  sourd  à  ses  vœux.  Le  paralytique,  désespéré, 
avait  formé  le  projet  de  se  faire  reconduire  à  sa 
maison,  lorsque  la  nuit  qui  devait  précéder  son 
départ,  une  lumière  plus  éclatante  que  celle  du  soleil 
illumina  subitement  le  lieu  où  étaient  les  reliques; 
une  voix  céleste  se  fit  entendre  et  dit  au  malade  : 
•  Lève-toi,  approche  du  tombeau  du  serviteur  de 
Jésus-Christ.  »  Le  paralytique  se  leva,  et  à  l'instant 
même  il  se  trouva  guéri. 

A  la  vue  des  nombreux  miracles  accomplis  tous 
les  jours  sur  le  tombeau  du  saint  moine,  l'archevêque 
de  Trêves  écrivit  au  Pape  pour  lui  demander  la 
canonisation  de  Siméon.  Llle  lut  prononcéd  l'au  lOi-, 
par  le  pape  Benoit  I.\. 


•    >    j    ) 


Je 


Itof.-yi: aiit  E.  IVuiuiAti,  i,  rue  >rai.i,uis  1",  !l. 


SAINT   POTHiN,  SAINTE   BLANDINE 

ET  LES  AUTRES  MARTYRS  DE  LYON 


Fête  le  2  juin. 


Mort  de  saint  Potbin  dans  sa  prison. 


LES  APOTKKS    nE    LA   FRANCS 

La  terre  des  Gaules,  qui  devait  Htp  un  jour  la 
France,  fille  aini'-e  de  rEcli«e,  a  été  sirmulit-re- 
ment  favnri'-«-e  de  la  Providence,  Ai:*  le*  premiers 
temps  du  christianisme,  llaborii,  Nnlre-Seidiieur 
lui  dojiiie  sps  amis  de  Béthanie,  Iji/.are,  Marthe 
et  Madeleine.  Hientiil,  saint  F'ierre,  le  premier 
pape,  Irai  envoie  sr<>  premiers  év<*qucs  :  saint 
Saturnin  d'Arles,  saint  Fmnlde  Pi''ri»ueux,  saint 
Martial  île  l.iino^-es,  etc.  Ijs  ne  tardent  pas  à  lUrc 
rejoints  pnr  If-?  disciples  de  saint  Paul,  l'aprttre 


des  nations,  saint  Crescent  de  Vienne,  saint  Paul 
deNarbonne  et  leurs  compa^nons. 

Enlin,  vers  le  milieu  du  ii'  siècle,  de  nouveaux 
niiosionuairei,  sortis  de  l'école  de  saint  Jean, 
I"  disciple  ljien-aim<',  arrivent  à  Lyon.  Ils 
venaient  de  Smyrne  ou  saint  Polycarpe  les  avait 
formés  à  l'apostolat. 

.•^aint  Polhin,  dont  le  nom  sicnifte  D/'siré, 
parait  avoir  été  leur  chef  et  fut  le  premier  cvéque 
de  Lyon.  l'ne  chrétienté  llorissanle  ne  tarda  pas 
à  se  formT  dans  l'anlique  Lurjdiinum.  Fiilelc  à  la 
tradition  de  saint  Jnan.qui  avait  reiti  Mario  pour 


M'-re  au  pied  de  la  Croix,  saint  l'ulliin  établit  à 
Lyon  celle  dévotion  (iliale  à  la  Saiule  Viurge  si 
cliere  encore  aujourd'hui  aux  Lyonnais. 

Le  san^'  do*  niailyrs  vint  lùentiM  arroser  ce 
nouvi'l  nilnv  de  la  foi  chn'-lii'nne,  en  sorte  qu'il 
n"a  plus  jamais  cessé  de  porter  des  Iruits.  ( 

l'Sr.  LETTBB 

L'histoire  des  glorieux  combats  soutenus  par 
les  martyrs  lyonnais  et  viennois,  dont  l'Ef^lise 
célélire  aujourd'hui  la  tvte,  nous  a  été  conservée 
par  une  touchante  IctUe  que  les  El^'lises  de  l.vou 
et  de  Vienne  ^rrivirt-nt  aux  Ejilises  d'Asie.  Il  est 
probable  4]u'ollo  fui  n-digée  par  saint  lii-iiee, 
alors  prèlro  de  Lyon,  puis  successeur  de  saint 
l'othin.  Le  prote-ilant  Scaliter  lai-nii^me  disait  de 
cett*-  lettre  •  t.  Peut-on  rien  lire  dans  le»  monu- 
ments de  l'anliquité  chrétienne  qui  soit  plus 
au;;usle  et  plu«  dit'ne  de  respect  ".'  » 

S'oii-  ne  pouvons  mieux  faire  que  d'en  emprunter 
les  principaux  passades.  Elle  comujencr  ainsi  : 

•'  Les  serviteurs  de  Jésus-t'.liri-it  qui  habitent 
Vi.'nne  et  Lyon,  villes  di's  (iaules,  aux  frères 
d'.Asie  et  de  Phrysie  i]ui  ont  la  mi'me  foi  et  qui 
espèrent  au  mi^ine  Uédenipteur,  paix,  friAce  et 
(.'Inire,  de  la  pari  de  l»ieu  le  Père  et  de  Jésus- 
Christ  Niitre-SeiLHieur. 

»  \m  viob  nce  de  la  persécution  et  la  ra^e  des 
(lenlil*  contre  les  saints,  la  variété  et  la  cruauté 
des  su|qilices  qu'ont  supportés  nos  bienheureux 
nnrlvr*.  ont  été  telles  que  nous  sommes  inca- ' 
|,,1  I.  -  il.-  le»  exprimer  do  vive  voix  ou  de  les 
Il  II  11' r  par  écrit.  I.'iiinemi  s'est  jeté  sur  nous 
avec  une  violen  et  les  prélud''s   île   sa 

fureur  nou*  ont  ,  ■ -ut  d'abord  ce  que  nous 

devionsatlendreiU-suiiiiistres  qu'il  avait  instruits 
à  faire  la  t-Tierre  aux  serviteurs  de  Dieu. 

»  On  coMimenra  par  nous  interdire  lentn^c  des 
maisons,  de<  b.iins,  du  forum:  on  nous  traqua 
partout,  (".epen-lant.  la  ):rAce  de  Pieu  nous  soutint; 
elle  tira  le*  faible»  à  l'écart  et  réserva  au  combat, 
des  honimes  qui,  par  leur  cour-  '  vient 
{■tre  connue  autant  de  colonne»    i-  Me». 

Ces  L'éiiéreux  athlètes,  en  étant  ilon.  mhus  aux 
mains,  soulTrirenl  tout»  s  sorte»  iropprobre»;  et 
(l.'s  pi'in'-s,  qui  auraient  semblé  i  d'autr<>s 
iii-ii|  I  'ii.ibles,  furent  r^-card'Vs  par  eu\  comme 
1.  :;. T. -.  il.in»  le   dé»ir  qu''i-    .v.i.i.i   .1..   ".'unir 

flus  l(U  à  Jé»u«-Chri»l.  .\c  ri», 

ir  liiir  exemple,  (lue  le- .  :  ■  vie 

Il  II'  iiiciiiie  proportion  avec  la  gloire  qui  doit 
■  ■■  I  il'  r  1111  jour  en  non*. 

Toutes   les    brutalité»    qui    accomnacnent   les 

énieute»  populaire»,  lesTocifér.ilii'ii«.lesoulratfe«, 

le»  violence»,  le»  emprisonnement'.,  le»  coups  de 

j>i<'rre,  le   pilUiie,  en  un   mol  t'iut   ce    donl  e»t 

'     Ib- une  populace  en  fureur  et  pou»»ée  par 

:  i.e.   ses   craintes  ou   sa   haine,  fut    exerc'' 

ciiiitre  le»  confesseurs;  mai»  leur  coimlance  e»! 

demeurée  invincible.    F.n«uite.  tmlii'-s  ,iii  forum 

'•■  tribun  de»  soldat»  el  1  '    its  delà 

il»  T'-pondirent  aux  qu  i'"ti  leur 

'■'ine  foule   iiniii  •    lUie 

i  de  foi.  Après  nenl 

j.  .  .-,    ,.  ,..  ...i.  j..-.|u'au  retour  du  ^"tt•<  ii.c'ur.  •• 

i^  sfxm  AVOCAT  DIS  cnkiriBM 

T)è»  que  T      .    iiveriieiir    fui   .irrii.'.    'ii    1<«  lui 

It'i  uii  '!•■  I 
un'-  liomi: 


vie  réglée  et  austère  faisait  l'admiration  de  toute 
la  ville.  Il  ne  put  supporter  l'injustice  de  la 
sentence  qu'on  (irononçait  contre  nous,  et.  dans 
le  premier  nnmvement  de  son  indi;;nation,  il 
s'écria  qu'il  voulait  prendre  la  parole,  pour  jUs- 
tilier  nos  frùres  et  prouver  que  les  accusations 
d'athéisme  et  de  sacrilé;:e  dirigées  contre  eux 
étaient  d'absurdes  calomnies. 

l'ne  immense  clameur  poussée  par  la  multi- 
tude accueillit  cette  [iroposilion. 

■'  Es-tu  donc  chrétien,  toi  aussi'?  "  lui  demanda 
le  gouverneur. 

«'  Oui,  je  le  suis,  ..  répondit-il  d'une  voix  qui 
retentit  dans  tout  le  prétoire  el  domina  les  bruits 
de  la  foule. 

.\ussi  tôt,  le  couverneur  donna  l'ordre  de  le  faire 
arrêter,  et,  dès  lor»,  Vettiii»  Hpauatus  prit  rang 
dans  la  phalange  des  bienheureux  martyrs..... 

LES  F«rrrs  catés  tohblyt 

A  partir  de  ce  jour,  l'épreuve  commença  et 
une  distinction  bien  tranchée  s'établit  entre  les 
chrétien».  Ceux  qui  avaient  été  arrêtés  les 
premiers  persévérèrent  avec  une  constance  nilmi- 
rable,  mais  d'autres,  moins  préparé»  ù  la  lutte, 
manquèrent  de  force  pour  soutenir  ce  choc  ter- 
rible, l'ne  douzaine  environ  nous  donnèrent  cet 
afltige,int  spectacle,  qui  eut  pour  effet  de  refroidir 
l'ardeur  de  ceux  qui,  libre»  encore,  quoique 
soumis  à  la  surveillance  In  plus  rit'oureuse, 
n'avaient  pas  cessé  de  prodiguer  leurs  conso- 
lations et  leurs  secours  aux  martyrs,  le»- assistant 
jour  et  nuit  dans  leur»  cachot»,  tous  alors,  nous 
étions  dans  de  conlinucllas  alarmes  sur  l'issue 
du  combat,  non  pas  que  nous  fussions  époinantés 
par  riiorn-ur  des  supplices,  dont  la  perspective 
était  immiiK'iiie.  mais  nous  redoutions  l'apos- 
tasie de  quelques-un»  de»  nrttres. 

Chaque  j'oir,  on  eiii|'risonnait  k  nouveau  des 
chn'-liens  digues  de  remplacer  honorablement 
ceux  qui  avaient  failli  dans  les  torture».  Ilient()t, 
il  ne  resta  plus  un  seul  de  ceuv  que  Ton  pouvait 
appeler  le»  colonne»  de  l'L^^lise,  i  Lyon  et  & 
Vienne,  qui  ne  fi'il  pa»  arn'té. 

.Kvec  eux  on»ai«iliiuelque»-un»deno»  esclaves 
encore  païen»,  car  le  (.'ouTerneur  avait  donné 
un  ordte  L'ènéral  d'emprisonner  lout  ce  qui  se 
troiivail  dan»  le»  maison»  chrélieiine».  (>» 
esclave»,  cITravé»  îles  lorture»  qu'on  intlij'ail  aux 
»aints  '  ! 
impuis  I 
qu  ilsa> 
et  anili' 
me"  •■ 
Sri. 
H)' 
en 

fa"    ,-    -  ■■      ■      •■ '■- 

ration,  poussèrent  eux-mème»  des  cii»  de  morl. 
I»es  lor»,  on  lit  endur^-raux  bienheureux  martyrs 
■b»  tourmenls  que  nulle  expre^sioa  ne  saurait 

rendre. 


l'.ir  les 
;uc   et 


l'U»  font  1 

■  Tîi'ln-"' 


ut 


i>      iioill 

l>osi(ions 

I.  ,„.i,|,.-, 

iii 


T01HHC.'<TS     llF.    hLVNDI.M,    Ot    SÀIICTI'*    IT  DE  BrBtIA* 

>it\  I  r  iii  lir     et    f|«>> 


Le  fureur  du   peuple,  d> 
sclilat»  se   p'  i  la   lout    p.i 
Il  1  !'■     Sanciu*.    »ur   le 

.-,    »ur    Attalu»,   l'une    '!• 
s     1'   n'Ire    Kk'll»e .   .  iit  'i 
lilanJiue 
Mil.  ;  s:i  ■ 


,  .  )  I. 
l'Iu»    Il  nue* 

'ir  iiii'    ;i  une 


qui  était  du  nombre  des  martyrs,  craiiïiiait  que 
cette  enfant  faible  et  d ''licale  ne  sût  point  rô -.ister 
à  la  vue  des  siii)[iliL;es.  Mais  Blandine  nmatra  un 
tel  héroïsme,  que  ks  bourreaux,  qui  se  relayi'.rent 
]>our  la  torturer  depuis  six  heures  du  matin 
lusiiu'à  la  nuit,  finirent  par  s'avouer  vaincus. 
A  leur  i;rand  iHonnemeut,  quoique  tout  son  corps 
ne  fût  ([u'une  plaie,  et  bien  qu'un  seul  dus 
supplices  qui  lui  avaient  été  successiveuiont 
inlli-'és  fût  suffisant  pour  lui  donner  la  mort,  la 
bienheureuse  vicrf,'e  res|iirait  encore.  Elle  éprou- 
vait, au  milieu  de  ses  tortures,  une  consolation 
indicible  en  répétant  sans  cesse  :  «  Je  suis  chré- 
tienne, il  ne  se  passe  rien  de  criminel  dans  nos 
assemblées.  )) 

Le  diacre  Sanctus  vit  de  rnéme  s'épuiser  sur 
lui  toute  l'ingénieuse  cruauté  des  persécuteurs. 
Dans  l'espoir  d'obtenir  de  sa  bouche  un  aveu 
ciimprometlanl  pour  nous,  on  épuisa  en  sa  per- 
sonne toutes  les  ressources  et  tout  l'art  des 
bourreaux.  .Mais  il  déploya  une  telle  fermeté 
d'àrne  qu'on  ne  put  lui  arracher  d'autre  réponse 
que  celle-ci  :  «  Je  suis  chrétien.  »  Les  païens 
n'en  purent  tirer  une  autre  parole,  ce  qui  exas- 
péra lellenn-nt  le  t'ouverneur  et  les  bourreaux, 
qu'après  avoir  inutilement  essayé  tous  les  genres 
de  tortures,  ils  ima^'inérent  de  luiai>pliquer,  aux 
points  les  plus  semibles  du  corps,  des  lames 
d'airain  roupies  au  feu.  Le  Saint  vit  consumer  sa 
chair,  sans  mémo  l'aire  un  mouvement.  (Cepen- 
dant, tou*  ses  membres,  alTreuseinent  mutilés, 
tordus  sur  eux-mêmes,  conservaient  à  peine  la 
forme  humaine. 

Jé-^us-cChi  Ist  lit  alors  éclater  sa  ploire  aux  yeux 
des  païens  mêmes.  Kn  effet,  après  quelques  jours 
pa*«és  dans  la  prison,  les  bourreaux  eurent 
l'idée  de  l'appliquer  de  nouveau  à  la  torture,  au 
moment  où  l'inllammalion  de  ses  plaies  les 
rendait  si  douloureuses  qu'il  ne  pouvait  su|iporler 
même  b'  phn  léf,'er  attouchement.  Mais,  par  un 
prodiye  inouï,  son  corps  reprit  soudain  sa  forme 
première;  la  trace  des  blessures  précédentes 
disparut,  et  l'athlele  se  montra  prêt  à  soutenir 
victorieu-emcnt  un  nouveau  combat. 

Trompé  dans  son  attente,  l'ennemi  reporta  sa 
rase  sur  <les  adversaires  plus  faciles  à  vaincre. 
Mu  nombre  de  ceux  qui  avaient  eu  le  malheur 
de  c^der  à  la  violence  des  tourments,  se  trouvait 
une  femme  nommée  Hiblins.  La  faiblesse  donlello 
.ivait  donné  la  preuve  lit  cspi'rer  aux  persé- 
cuteurs qu'iK  obtiendraient  facilement  d'elle 
l'aveu  <le«  crimes  et  des  abominations  qu'on  nous 
reprochait,  (lii  l'appliqua  donc  à  la  torlure.  Mais, 
lomme  si  l'aiguillon  d'une  douleur  (lassairére  eût 
réveillé  sa  conscience  endormie.  Hiblias  opposa 
les  plus  énergiques  dénégations  à  toutes  les 
instances  des  persécuteurs. 

Kllc  répara  ainsi  couraseusemenl  sa  défection 
préré  lente  et  obtint  l'honneur  d'être  réinléHréc 
au  nombre  des  marlyr'. 

L'inntditf-  des  tourments  ne  découragea  point 
les  perséciileiirs.  INjetèrenl  les  martyrs  dans  un 
.  .irli<,(  r^iroji  et  obscur,  et  leur  mirent  les  chaînes 
.iii\  l'i'  1^.  fin  épuisa  tous  les  raflineineuls  de 
I  11  i  I  '■  I  111  faire  de  leur  vie  même  un  ititolé- 
iil  Mil  II  '  I'lu^icuis<l'<'nlre  eux  moururent, 
|Mi  l'infection  du  racbot;  et  d'autres 
lenl  pas  de  survivre    à   celle  cruelle 


MMiiiHi.  iif;  ■',\i\t  roiBiN 

Le  bienheureux  Polhin.évéque  de  Lyon,  tomba 
lui-même  aux  mains  des  persécuteurs".  C'était  un 


vieillard  plus  que  nonagénaire.  A  la  faiblesse  de 
ràj,'e  élait  venue  se  joindre  celle  d'une  doulou- 
reuse maladie,  en  sorte  qu'on  fut  obligé  de  le 
porter  au  tribunal.  Tous  les  magistrats,  le  [leiiple 
entier  l'escortaient  au  milieu  des  vociférations 
et  des  clameurs. 

<'  (Juel  est  le  Dieu  des  chrétiens  ?  >  lui  demanda 
le  iioiiverncur  : 

"  \ous  le  connaîtrez  si  voas  en  êtes  digae  », 
répondit-il. 

.\  ces  mots  sans  pitié  pour  ses  cheveux  blancs, 
la  multitude  se  rue  sur  lui,  les  plus  proches  à 
coups  de  pied  et  de  poing;  les  plus  éloignés  lui 
lancent  tous  les  projectiles  qui  leur  tombent  sous 
la  main.  Tous  auraient  cru  corameltio  un  s  icii- 
lêge,  s'ils  n'eussent  pas  outragé  l'auguste  vieillard. 

Après  cette  explosion  de  violences,  l'olbiii, 
couvert  de  plaies  et  à  demi  mort,  fut  jeté  dans 
un  cachot  où  il  expira  deux  jours  après.  (On 
peut  vénérer  encore  aujourd'hui,  à  Lyon,  la 
prison  de  saint  Pothia  et  de  sainte  Blandine.) 

LB  SORT  DES  AP0ST.\T3 

D'ordinaire,  les  apostats  sont  relâchés  aussitôt 
qu'ils  ont  publiquement  renié  leur  foi.  Ici,  ils 
furent  retenus  en  prison  avec  les  confesseurs  et 
soumis  aux  mêmes  traitements.  L'apostasie  leur 
fut  donc  complètement  inutile.  Pendant  que  les 
héroïques  prisonniers,  qui  avait  généreusement 
confessé  la  foi,  n'étaient  détenus  que  comme 
chrétiens,  les  apostats  étaient  retenus  dans  les 
chaînes  comme  convaincus  parleur  propre  aveu 
d'homicides  et  de  crimes  de  tout  ^'cnre;  ih  souf- 
fraient doublement  de  l'horreur  de  leur  so.-t. 

Pour  les  confesseurs,  la  sainte  joie  du  martyre, 
l'c-pérance  de  la  béatitude  céleste  et  l'amour  de 
Jésus-Christ  étaient  autant  de  consolation'^  incon- 
nues au.v  apostats.  Dévorés  de  remords,  leur  con- 
science les  tourmentait  encore  plus  que  les  bour- 
reaux. .\ussi,  quand  ils  paraissaient  devant  le 
tribunal  avec  leurs  compa^'nons  de  captivité,  le 
peuple  les  reconnaissait  à  la  tristesse  et  .à  l'abat- 
tement de  leur  visage;  ils  traînaient  péniblement 
leurs  cbaiiieN,  l'œil  morne  elle  front  baissé.  Les 
païens  eux-nn^mes  leur  jetaient  l'épithète  de 
i.lcbes  et  d'iiifàiiies. 


M  VllTïllK  DE  S.XMTTIS   KT  DK  ll.ilURUS 

Maturus  et  ."^anctus  furent  exposés  aux  bêtes 
dans  l'amphithéâtre,  dans  des  jeux  solennels 
qu'on  organisait  exprés  pour  repaître  la  pnuple 
du  carna^'i>  des  chrétiens.  Malgré  les  (oilures 
auxquelles  ils  avaient  di-j.'iéle  soumis,  ils  suppor- 
Icreiil  toutes  celles  qu'on  leur  inlli:.-ea  de  nouveau 
comme  s'ils  n'avaient  encore  rien  soullerl. 

Ils  furent  d'abord  flagellés,  selon  la  coulumo, 
ensuile  abandonnés  à  tous  les  caprices  des 
liélcs  féroces  et  à  tous  ceux  de  la  [lopulace  qui, 
par  des  vociférations  tumultueuses,  réclamait 
a  chaque  instant  une  nouvelle  insulta  ou  un  nou- 
viaii  supplice. (Vesl  ainsi  cpi'on  deniandade  toutes 
parU  la  chaise  de  fer.  On  apporta  cet  instrument 
di-  torture,  et.  quand  il  fut  rougi  par  lu  llanim  , 
on  y  assit  les  martyrs.  Iiie  horrilde  odeur  de 
chair  brûlée  se   répandit  dans  l'aniphithédlro. 

On  ne  put  arracher  à  Sanctus  d'aulre.s  paroles 
qii'-  celles  de  son  premier  interrogatoire  :  •<  Je 
fiii.1  chrétien.  » 

Les  deii\  soldat"  du  •'Christ,  donnés  on  spec- 
tacle au  monde,  fournirent  à  eux  seuls,  pendant 
un  jour  entier,   le  cruel  divertissement  qu'on 


ilemande  d'ordinaire  à  plusieurs  couples  de  «la- 
diateurs.  Après  tant  de  tourments,  ils  respiraient 
encore;  le  confecteur  les  acheva  d'un  coup 
d'épée. 

MARTYRE    DE  SAI.NTE  BLANDISE,    d'aTTALE,    ETC.    ^ 

Ce  jour-là  même,  Blandine  avait  été  suspendue 
à  un  poteau  dans  l'arène,  pour  y  être  dévorée 
par  les  bètes.  Ses  bras  étaient  étendus  en  l'orme 
de  croix;  dans  cette  altitude,  elle  priait  avec 
ferveur.  En  la  contemplant,  les  autres  martyrs 
retrouvaient  dans  leur  liionlieureuse  sœur  une 
imaye  de  celui  qui  avait  été  crucilié  pour  eu.x  : 
cette  pensée  ranimait  leur  courajB;e.  Mais  aucune 
béte  ne  loucha  l'héroïque  vierge.  Elle  fut  déta- 
chée et  ramenée  en  prison. 

Cependant,  le  ppu[ile  avait  vinu-t  fois  demandé 
Altale.  Son  nom  était  dans  toutes  les  bouches. 
Il  parut  avec  une  contenance  intrépide  ;  on 
lisait  <ur  son  visage  cette  nnhle  lierlé  que  donne 
la  vertu.  Il  lit  le  tour  de  l'.imphithéAlre,  pré- 
cédé d'un  licteur  qui  portait  une  inscription 
ainsi  conçue:  ■•  Celui-ci  est  Altale,  le  chrétien.  » 

.\  sa  vue,  la  multitude  éclata  en  exclamatiiins 
frénétiques.  Cependant,  le  gouverneur,  ayant 
appris  qu'Altale  était  citoyen  rninain,  le  lit 
reconduire  en  prison.  Il  crut  devoir  en  référer  à 
César. 

La  réponse  arriva  peu  après.  L'empereur  pres- 
crivait de  mettre  à  mort  ceu.x  qui  persisteraient 
à  s'avouer  chrétiens,  et  de  renvoyer  en  liberté 
tous  les  autres. 

Pour  donner  à  son  jugement  plus  de  solennité, 
le  gouverneur  choisit  un  jour  où,  chaque  année, 
les  marchands  de  toutes  les  provinces  étranf,'éres 
ont  coutume  de  se  réunir  dans  notre  ville.  Ce 
concours  lui  parut  très  favorable  au  coup  de 
théâtre  dont  il  voulait  donner  le  spectacle  au 
peuple. 

Son  tribunal  fut  dressé  au  milieu  du  forum, 
et  les  m.irtyrs  furent  amenés.  Tous  ceux  qui 
fur<'nt  reconnus  comme  citoyei.s  romains  eurent 
sur-le-champ  la  tète  trani-lin-;  U-s  autres  furent 
ré-iervi's  pour  le«  combats  et  les  bétes  féroces 
dans  l'amphithéâtre. 

Ce  fut  alors  que  la  plupart  des  apostats,  récon- 
cillés  avec  l'E^ilise.  m'-iiait'Tenl  un  inaiinilique 
triom]die  à  la  loi  i-t  à  la  ;;loiie  du  Christ. 

On  les  avait  mis  à  part  pour  les  inlerrouer  les 
derniers,  parce  qu'on  se  promettait  d'avoir  à  les 
absoudre.  .Mais  toirs  se  déclarèrent  clirélien>  et 
persévérèreni  dans  leur  ^jén^'-reuse  confession. 

l'einlant  iiu'on  procédait  à  leiirinterroj:aloire. 
un  nii-decin,  originaire  de  riiryjjie,  noiniiiè 
.\lexniidre,  depuis  longtemps  établi  dai'8  b's 
Caiiles.se  tenait  au  pieil  du  tribunal  pourencoii- 
1  iji  r  les  confeiscurs.  Le  peuple,  déjà  furieux  de 
1  I  r  'tractation  do«  apostats,  s'en  prit  u  lui,  comme 
s  il  ci'it  provoipi.'  leur  conversion. 

n  Qui  es-tu'.'  ••  lui  demanda  le  souferneur. 

"  Je  suis  chrétien,  »  répondit  Alexanilre. 

El  sur-le-champ,  il  fut  condamné  aux  bétes. 
,\lialc,  malt'ré  son  titre  de  citoyen  romain,  subil 
b-  m''me  sort. 

I  •      iiiiverneur,  dans  son  ftlTertalion  de  popu- 

iiliit  offrir  '•l>•^   \irtiiiies  aux    instincts 

'    Il  iiniliiliid''.  Le  surlendemain  donc, 

Ab  ;  mirent    fn-rinble    dan» 

l'aiii.  '  rrnt  sufep*«iveii|fnt  l'un 

cl  l'aulfe  i-  Il  ire  de»  tortures. 

Alexandre:.  hajqier  une  plainte; 


il  ne  proféra  pas  même  une  parole,  absorbé  qu'il 
était  dans  son  union  avec  Dieu. 

Quand  Altale  fut  placé  sur  la  chaise  de  fer 
roupie  et  que  l'odeur  de  sa  chair  consumée  rem- 
plissait l'arène,  au  point  d'incommoder  les  spec- 
tateurs, il  s'écria  :  i.  En  vérité,  voilà  que  vous 
nian::e7.  la  chair  humaine.  Pour  nous,  jamais 
nous  n'avons  été  anthropophagie?,  jamais  nous 
n'avons  commis  de  crimes.  » 

Quelqu'un  lui  cria  :  «  Dis-nous  le  nom  de 
Dieu! 

—  Dieu,  répondit-il,  ne  porte  pas  de  nom 
comme  un  mortel.  " 

De  toute  cette  phalan^ie  de  martyrs,  RIandine 
resta  la  dernière,  avec  un  jeune  chrélien  àf;é  de 
quinze  ans,  nommé  Poiilicus.  Chaque  jour,  on 
les  avait  amenés  dans  ramphilhéàlre,  pour  y 
être  témoins  des  supplices  de  leurs  frères. 

Enliii,  le  dernier  jour  réservé  aux  jeux  solen- 
nels, on  les  lit  enlin  prendre  part  au  cbinbat. 
Traînés  en  lace  d'un  autel  de  faux  dieux,  au  milieu 
de  l'arène,  on  voulut  les  contraindre  à  sacrilier. 
Ils  refusèrent  avec  un' peste  de  mépris.  Le  peuple 
éclata  alors  en  imprécations  de  fureur.  Sans  pilié 

fiour  la  jeunesse  Je  Ponticiis,  ni  pour  le  sexe  de 
tiandiue,  on  les  soumit  à  toutes  les  tortures 
ordinaires.  De  temps  en  temps,  les  bourreaux 
s'interrompaient,  criant  à  ces  deux  héroïques 
victimes  de  jurer  par  les  noms  dis  dieux.  Ce  fut 
en  vain.  Itlandinc  exhortait  elle-mènie  Ponlicus 
à  montrer  à  celte  foule  baibare  ce  que  la  foi  de 
Jèsus-Chrisl  peut  acconiplir  de  merveilles  dans 
un  enfant.  Le  jeune  chrétien  résista  avec  un 
couraye  invincible,  et  expira  dans  les  tortures. 

Enlin,  lllandine  la  bienheureuse,  comme  une 
mère  qui  a  vu  triompher  tous  ses  llls,  parcourut 
la  dernière  de  tous  ce  champ  ensan;;Iaiilé.  Elle 
semblait  pressée  d'aller  rejoindre  les  siens;  on 
eût  dit  quelle  courait  à  un  festin  nuptial. 

A|>rès  la  ll.ivellation,  l'exposition  aux  bétes  et 
le  supplice  de  la  chaise  de  fer,  elle  fut  roulée 
dans  un  lilet  el  jetée  à  un  taureau  furieux,  qui 
la  lança  à  plusieurs  reprises  dans  l'arène.  \ji 
Sainte,  tout  entière  à  la  conteinplalion  des 
biens  immortels  qui  allaient  être  so  récompensp, 
paraissait  ne  pas  même  sentir  les  tourments. 
Enlin,  l'èpèe  du  confecteur  lui  donna  le  coup  de 
la  mort,  et  les  païens  eux-mêmes  dis.iirnt  que 
jani.iis  femme  n'avait  tant  ni  si  hèioi.]uemenl 
soulTerl. 

INSULTES  AUX  RELIQUES 

La  ra^'o  des  bourreaux  n'était  pas  encore 
assouvie.  Les  cadavres  de  ceux  (]iii  èt.nenl  niort-S 
dans  la  jirison  furent  exposés  sur  la  voie  piiblimie 
|iour  èlie  dévorés  par  les  chiens.  De»  sol. I. ils  le» 
);ard<'ient  jour  et  nuit  pour  empêcher  qu'oa  les 
ensevelit. 

On  rou|>a  d'abord  en  morceaux  et  on  exposa 
au  peuple  ler>  re^les  saiiKlaiits  échaiipi  >  à  la  ilenl 
des  bêtes  et  aux  tlammi-s  ilu  bûcher.  Tous  les 
troni'ons,  que  dominaient  les  tête»  coupées  par 
le    k'Iaive,    d'-meiinreiil    plusieurs    jours    sans 


'•pulturc,  tardés  par 
foule  venait  repalti"' 
«peclacic.  .Après  avo: 
>ix  jours  aux  outra.' 
lace,  |e«  précieuses    1 
un  bûcher  et  c<msuin 


un  piquet  de  S'dil.iis,  et  la 

in   ■! I   horrible 

pendant 

Kl  popu- 

;il  placées  sur 

,...  , ,.  ,.....-„...  milles.  On  jeta 

b's  irndres  dans  le  lilioiic  uliii  qu'il  u'eo  rctiAt 
pas  une  trace  sur  la  terre. 


\aif.-gfranl,  TintHl-sm,  S.  rue  Krinçuis  I".  Tarn. 


SAIME    CLOTILDE,    REINE  DE   FRANCE 


Fête  le   3  juin. 


Saiote  Clotilde,  réservée  par  Dieu  à  une  grande  mission  pour  le  salut  de  la  France,  a 
été  préservée  daus  le  massacre  de  sa  famille  et  élevée  au  palais  de  l'usurpateur  du  trdne  de 
son  père,  le  roi  de  Bourgogne. 

Elle  consacra  sa  jeunesse  aux  bonnes  œuvres  et  la  renommée  de  son  humilité  vint 
aux  oreilles  du  roi  Clovis,  encore  païen,  qui  voulut  l'épouser,  séduit  par  l'éclat  des  vertus 
chrétiennes. 

Dieu  permit  que  Clovis  envoyât  un  ambassadeur,  déguisé  en  mendiant,  afin  que  la 
grandeur  de  sa  mission  fut  révélée  à  Clotilde  par  un  des  pauvres  qu'elle  secourait  avec 
bonté.  Après  avoir  reçu  le  pain,  l'ambassadeur  mendiant  demanda  à  lui  communiquer  un 
secret  et  lui  remit  l'anneau  de  Clovis;  Clotilde,  considérant  le  pauvre  comme  porteur  d'un 
message  de  Dieu,  lui  remit  son  propre  anneau,  et  bientôt  Clovis,  avec  ce  gage  qui  lui 
donnait  des  droits,  exigea  du  roi  de  Bourgogne  qu'il  laissât  partir  l'orpheline  dfevenue  sa 
fiancée. 


J7; 


Clotilde  comprit  qu'elle  n'avait  été  appelée  auiii  extraordinairement  i  partager  le  trône 
de  ce  généreux  païen  que  pour  remplir  une  miuion.  Clovis  l'écouU  et,  non  «euloment  il 
permit  que  les  offices  divins  fussent  célébrés  dans  sa  maison,  mais  il  accopta  que  son 
premier-né  fût  baptisé. 

CloUldo  mettait  sur  la  t:  to  de  cet  enfant  baptisé  toutes  ses  espérance»  pour  la  conversion 
de  son  peuple,  lorsque  Dieu,  dont  les  desseins  sont  impénétrables,  le  laissa  mourir. 

La  rein»>  obtint  aver  peine  que  son  nouvel  enfant  fût  encore  baptisé  et  voici  qu'il  tomba 
malade  et  il  mourait.  Clovis,  désespéré,  crut  reconnaître  une  vengeance  de  ses  dieux  ot 
blasphéma  le  Dieu  de  Clotilde. 

Dans  rette  oxtrômit^,  la  m/>re  tombe  4  genoux  prés  du  berceau  et  prie  avec  tant  de 
ferveur  que  Dieu  envoie  ses  auRcs  rendre  la  vie  au  petit  agonisant. 

Clotilde,  rlctoriease,  leprtsente  A  son  pérc  comme  le  trophée  delà  prière  chrétienne. 


Bientôt  Clovis,  en  un  grand  péril,  dans  une  bataille,  à  Tolbiac,  d'où  dépendait  sa  cou- 
ronne, voyant  tout  perdu,  inspiré  par  le  ciel  et  soutenu  par  la  prière  de  la  Sainte,  s'écria  : 

DIEU  DE  CLOTILDE,  DONNE-MOI  LA  VICTOIRE;  JE  ME  DONNERAI  A  TOI  1 

Le  Dieu  de  Clotilde  ne  fit  pas  attendre  sa  réponse,  car  la  victoire  revint  aussitôt  et 
Clovis,  fidèle  à  son  serment,  demanda  le  baptême  à  Reims,  avec  trois  mille  guerriers  qui 
voulurent  suivre  leur  roi  dans  le  chemin  du  salut. 

Au  moment  dn  baptême,  une  colombe  mystérieuse  apporta  dans  une  ampoule  le  Saint- 
Cbrème  qui  manquait,  et  l'évéque  saint  Rémi  baptisa  et  sacra  le  roi  avec  l'eau  et  avec  l'huile. 

Le  sacre  conférait  une  action  d'un  ordre  à  part,  dit  un  vieux  légendaire,  ne  pouvait 
être  donné,  comme  les  onctions  des  saints  Ordres,  qu'à  un  homme,  ce  qui  excluait  les 
femmes  du  trône,  mais  c'est  à  la  prière  de  la  femme  que  cette  ampoule  est  descendue. 

Cîovis  fut  proclamé  par  le  Pape  fils  aîné  de  l'Eglise,  car  tous  les  autres  princes  étaient 
alors  séparés  de  leur  Mère. 


Le  fils  aîné  de  l'Eglise  devait  recevoir  par  Clotildo  un  nouveau  présent  du  ciel.  Oa 
rapporte,  en  effet,  qu'un  saint  ermite  que  la  sainte  reine  allait  consulter  dans  la  forêt  de 
Poissy,  lui  remit  un  jour  une  image  de  la  Trinité  :  Tik'^  fleurs  <W  /ys  li  or  ctnidani  i  lui'  une  /«•«(> 
Iroii  l'rnnchfs  sur  un  i  ici  d'/izur. 

Il  Que  cette  image,  dit-il,  soit  marquoo  sur  les  étendards  de  la  France.  - 

Et.  depuis  ce  jour,  selon  la  tradition,  Clovis  out  pour  étendard  cette  image  de  l'anguste 
Trinité  qu  il  laissa  à  ses  successeurs  et  A  la  France. 

Dieu  de  Clotilde,  sauve  la  France  I 

•  >ini]  permit  que  tant  de  ioies  et  de  gloires  fussent  expiées  à  la  fln  de  la  via  do  Clotilde 
i.    veuvage  passe  aans  le  chagrin,  l'iliandon  et  la  solitude.  Elle  en  prolîta  pour 
'^  '■  jOurs  au  oâilieu  des  œuvres  do  pibte  ot  do  charité  de  sa  Jeunesse. 


Iiop.-ffmm/.  l'rnTiii^KT.  8.  rue  Kr»D«n»  I".  I'«ri» 


SAINT  FRANÇOIS    CARACCIOLO 

FONDATEUR    DES    CLERCS    RÉGULIERS    MINEURS 


Fêle  le  4  juin. 


Portrait  de  saint  François  Caracciolo. 


C'est  toujours  au  moment  où  l'Eylise  semhie 
plus  prés  de  succomber  que  le  Seif,'neur  fait 
éclater  davantage  sa  puissance  immortelle.  Le 
\vi'  siècle  paraissait  devoir  l'anéantir  à  force  de 
ruines  et  de  défections,  et  voilà  qu'au  contraire 
elle  étonne  le  monde  par  une  vie  et  une  fécon- 
dit''  merveilleuses. 

Des  prodiKes  de  sainteté  avaient  déjà  signalé 
ce  siécie  qui,  sur  son  déclin,  vit  briller  d'un  éclat 
particulier  le  bienheureux  François  Caracciolo, 
fondateur  des  Clercs  Ké;.'uliers  Mineurs. 

I^  maison  des  Caraccioli  était  une  des  plus 
illustres  du  royaume  de  Naples,  mais  son  plus 
beau  titre  de  gloire  est  d'avoir  donné  à  l'Eglise 
un  nmnd  saint. 

François  naquit  le  13  novembre  I.'j63;  il  porta 
'l'aborif  le  nom  d'Ascanio. 


CnPAKCK 


PREMIERE  JEl'.XESSE 


l'ne  fpndrf  dévotion  envers  la  .'<ainto  Vierpe 
f-t  une  «'tonnante  application  à  rechercher  toutes 
le»  orc.i«ions  de  se  mortifier  laissèrent  prévoir 
de  bonne  h^ure  l»"»  h.iiil»"»  destinées  de  cet 
'•nfani 


Ascai-'np  no  connaissait  point  les  amusements 
frivoles  si  ordinaires  au  jeune  â^'e;  il  trouvait 
son  plaisir  à  réciter  de  lon^'ues  prières,  et,  parmi 
ses  dévotions,  l'office  de  la  Samte  Vieri;e  et  le 
rosaire  avaient  la  première  place. 

Sa  compassion  pour  les  pauvres  avait  surtout 
quelque  chose  de  touchant;  il  trouvait  mille 
expédients  pour  arriver  à  multiplier  ses  aumi'mes, 
et  il  fallait  sans  cesse  veiller  à  réprimer  les 
pieux  excès  de  charité  qui  le  portaienl  à  se 
retrancher  même  le  nécessaire  pour  auamenter 
l.i  part  de  ses  chers  protégés. 

(•n  remarquait  encore  en  cet  enfant  prédestiné 
un  soin  jaloux  de  maintenir  dans  tout  son  éclat 
lu  beauté  et  la  fraîcheur  de  l'innocence  dont  le 
baptême  avait  orné  son  Ame.  Pour  mieux  domi- 
ner sa  chair,  il  l'afTaiblissait  par  des  privations 
<t  des  exercices  fatisants.  Mais  son  amour  de  la 
saint!  vertu  ne  se  bornait  point  là  :  il  s'en  faisait 
l'apiUre  auprès  de  ses  petits  compagnons  et  der 
serviteurs  de  son  père,  leur  en  montrait  la  beauté 
ri  roprenait  énerpiquement  les  plus  légers  man- 
ipiemenls  sur  ce  point. 

Opendanl,  Asca;:ne  était  arrivé  à  la  jfnnpscp, 


27« 


et  il  ignorait  encore  la  voie  que  Dieu  lui  rôsarvaït, 
lorsqu'une  terrible  maladie  vint  lui  révéler  les 
desseins  de  la  miséricorde  di*iiie  à  son  éj^iard. 


KPBEUVES    ET    VOGATIOM 


premii:rks  œuvrss 


A  TAse  de  vinyl-deux  ans,  il  se  vil  atteint  d'une 
li'pre  horrible  qui,  en  peu  île  jours,  lui  ravit 
forces,  jeunesse  et  beauté.  11  coinpril  alors  la 
vanité  de  ces  biens  tant  estimés  du  monde  et  qui 
passent  si  vite  :  puis,  se  lournant  vers  Dieu,  il 
|ura  de  consacrer  à  son  service  le  reste  de  sa  vie 
s'il  lui  rendait  la  sauté.  C'était  là  tout  ce  que 
Dieu  attendait  de  lui  en  l'éprouvant  ainsi,  et 
à  peine  eut-il  Tait  ce  vœu  que  le  mal  disparut 
sans  laisser  de  traces. 

Le  jeune  .\scaj;ne  reconnut  la  main  divine  à 
ces  marques  certaines,  il  ne  voulut  point  difTérer 
d'un  jour  l'accorapliâsement  de  sa  promesse. 
.\|irés  avoir  institué  héritiers  de  ses  biens  les 
pauvres  de  ses  domaines,  il  se  rendit  à  Naples 
pour  y  étudier  la  théologie. 

(irAco  à  sa  piété  extraordinaire  et  à  sa  vive 
intellii.'ence,  le  saint  jeune  homme  futju^é  digne 
d'élre  ordonné  prêtre  au  bout  de  deux  ans.  Il 
porta  à  l'autel  la  pureté  d'un  an$;e,  il  en  descendit 
inec  l'ardeur  d'un  séraphin.  Dans  sa  soif  de  se 
dépenser  pour  son  Dieu  et  pour  le  salut  des 
pécheurs,  il  se  préoccupa  de  se  donner  aussitiH 
aux  bonnes  œuvres.  Il  y  avait  alors  à  Naples  une 
confrérie,  dite  des  Pénitents  Blancs,  ou  l'on  s'oc- 
cupait de  secourir  et  d'évangéliser  les  pauvres  et 
d'assister  les  criminels  condamnés  au  «ihet:  le 
jeune  apôtre  s'y  enriila.  C'est  dans  cet  humble 
mais  lahorieux  ministère  qu'.\scaf;ne  consacra 
les  prémices  de  ce  zèle  ardent  qui  devait  s'ac- 
croître sans  cesse  dans  son  Ame  et  former  le 
cachet  distinctif  de  toute  sa  vie. 

.Mais  ce  n'était  là  qu'un  acheminement  vers 
quelque  chose  i|ui  répondit  mieux  aux  inspira- 
tions de  cette  Ame  généreuse;  et,  après  quelques 
années  d'une  préparation  secrète,  Dieu  allait 
ouvrir  à  son  ardeur  apostolique  des  horizons 
immenses. 

AI'PKL    MERVEILLEUX    OB    DIEU   —   VIR  RELIGIIVSK 
HÈbLR,    BUT    ET    rBEMIBBS    TRAVAl'X 

In  jour,  le  jeune  prêtre  priait  dans  l'oratoire 
de  la  confrérie,  quand  on  lui  remit  de  la  part  de 
don  h'aliri^io  Caracciolo,  son  parent,  un  billet 
portant  'es  mots  :  "  .\  ilon  Ascanio  Caracciolo.  • 
C'élnit  bi^n  A  lui  qu'nn  s'adressait,  il  ouvrit  la 
b'tire  et  vit  qu'on  l'invitait  à  se  rendre  chez  don 
■  I  (ibrizin.  pour  se  cuncerter  .irec  un  noble  Cénoi», 
nommé  Adnrno,  sur  la  fondation  d'un    nouvel 

(ndri-  reluii'UV. 

Don  Ascnnio,  frappé  île  cet  appel  proYidontiel, 
y  reconnaît  tout  de  suite  la  main  de  Ilieu  et  se 
rend  A  l'instant  chez  son  paront.  Il  y  trouve,  en 
r(Tet,  don  Fabrizio  et  Adoi  no,  se  jette  a  leurs  pieds 
et  s'offre  A  les  servir  dans  leur  pii-ux  dessein. 

r.^ni-c.i,  K  la  vue  du  leune  fir-Hre,  sont  étran- 


-;  ils  aval 
de  la  (' 


ll«    ! 


à  un 
'.  qui 

>  III'  >.  I  .1  lit'  ]'!  i*.e  eut 
int  dan*  .;e|ic  ern'Ur 
la  To|i>nt<-  de  llieu, 
>ir  uinii  ri<uni». 

.     ut      <.  Il  ull  I  t     >      .1    I  II..       tf  t^ 


contemp'ative  et  la  vie  active;  l'une  servirait 
à  leur  propre  sanctification;  par  l'autre,  ils  pro- 
cureraient le  salut  du  prochain.  Ils  voulaient 
surtout  rendre  plus  léconde  leur  action  sur  les 
âmes  en  se  raéna;,'eant  dans  la  contemplai  ion 
un  foyer  toujours  incandescent  où  ils  puiseraient, 
avec  le  feu  sacré,  la  llamme  céleste  de  la  vérité 
qu'ils  communiqueraient  ensuite  aux  autres. 

Aux  trois  vœux  ordinaires,  ils  en  ajoutèrent 
un  quatrième  :  celui  de  n'accepter  jamais  aucune 
divinité  dans  l'Eglise,  à  moins  d'un  ordre  formel 
du  l'ape. 

Pour  (juc  la  pénilence'ne  cessât  point  il'attirer 
les  bénédictions  de  Dieu  sur  leurs  œuvres  et 
d'apaiser  sa  colère,  les  Frères,  à  tour  de  rôle, 
devaient  chaque  jour,  l'un  jeûner  au  pain  et  à 
l'eau,  l'autre  prendre  la  discipline,  un  troisième 
porter  le  cilice.  Les  religieux  devaient  aussi  se 
relever  d'heure  en  heure  auprès  du  Très  Saint- 
Sacrement,  alin  que  l'adoration  fût  perpétuelle. 
C'était  le  cœur  brûlant  de  don  .\scanio  qui  avait 
demandé  pour  son  Dieu  ces  témoignages  d'amour. 

Après  cette  retraite  préparatoire,  les  saints 
fondateurs  revinrent  û  Naples,  où  d'autres  com- 
pagnons s'olfrirent  bientôt  à  eux.  Lorsqu'ils  se 
virent  au  nombre  de  douze,  ils  ne  voulurent 
point  aller  plus  loin  avant  d'avoir  obtenu  l'appro- 
nation  du  Sièi-e  Apostolique,  .\dorno  et  don  .\sca- 
nio  furent  charges  d'aller  mettre  aux  jdeds  du 
Pape  l'institution  naissante. 

Les  deux  Saints,  en  vrais  pauvres  de  Jésus- 
Christ,  partirent  pour  Naples  à  jiied,  sans  aucune 
ressource,  mendiant  sur  le  chemin  le  pain  et 
l'abri  de  chaque  jour. 

A.  Rome,  cependant,  1rs  parents  et  les  amis 
des  deux  familles,  qui  y  o<'<'upaicnl  un  rang  dis- 
tini;ué,  préparaient  aux  humbles  voyai'eurs  une 
réception  en  rapport  avec  leur  naissance  illustre. 
.Mais  les  serviteurs  de  Dieu,  prévoyant  ce  dessein, 
firent  un  long  détour,  entrèrent  dans  Home  par 
une  porte  opposée  et  allèrent  demander  l'hospi- 
talité à  un  couvent  de  Capucins.  Ils  y  furent 
reçus  avec  tous  les  pauvres  qui  se  présentaient 
chaque  soir  à  la  porte  du  mouastére.  Don  Asca- 
nio eut  pour  compagnon  de  table  et  de  lit  un 
lépreux  qu'il  pansa  avec  grand  soin,  nettoyant 
et  baisant  ses  plaies. 

Le  lendemain,  les  pieux  pèlerins  commencè- 
rent la  visite  des  sanctuaires  vénérés  de  la  Ville 
Sainte  alln  de  mettre  l'u-uiri'  nouvelle  sous  la 
protection  de  tant  de  sainte  illustres,  qui  font  La 
;.'loir>-  du  l'heurpusn  Konir.  Chaque  jour  ils 
allaient  rfrcevoir  le  pain  de  la  <'barité  à  la  porte 
des  couvents  ou  des  hôpitaux.  C'est  là,  uéU» 
aux  antres  pauvres,  que  leui-s  parents  les  Irou- 
\erent  enOn.  Ceux-ci  voulurent  leur  douuer  une 
lio-pitalitè  du'ne  de  leur  condition,  mais  ces 
xrni»  iinitalcur*  de  Jésus-Christ  paovre  n'en 
acceptèrent  que  b'  seul  service  d'être  introduit!i 
auprès  du  Souverain  Pontife. 

>ixte-ijuint  diri::enil  alors  la  barque  Je  Piarre. 
Il  accueillit  avec  bon'    '  n,  i  i  .i  lui 

-nrtoiil  le  savon  et  ii'  . 

•   ■    '     :-  ■        '  .l-     Mll.t 

U  de  la  'H   iliail- 

|ii  m  ,  II.  '  !■    i  1 .1  .ivre  nais'  >ii  '  .  >'•<  ••  prit  soin 

•  !••  l'en  marquer  forli'inent.  i.a  (:omiBi'«''iou  char- 

■     l'examiner    celte  affaire    repou^-a    unani- 

nt  l'idée  d'approuver  un  nonvel  ordre  de 


d»  I  i 


■n  m^mn  temps  le»  règles  du  nouvi 


|UI    leur 
'.'■uloir 


recourir  ans  moyens  humains,  ils  attendirent 
palienuneiit,  dans  le  silence  et  la  uriore,  que 
Dieu  manifestât  lui-même  sa  volonté.  Au  bout 
de  deux  mois  de  cette  lutte  pacilique,  les  cardi- 
naux, contre  toute  prévision,  examinèrent  à 
nouveau  Tauvre  condamnée,  la  trouvèrent  excel- 
lente et  obtinrent  du  Pape  une  bulle  qui  ériseait 
l'Ordre,  sous  le  litre  de  Clercs  Réguliers  Mineurs. 
Sixté-Quiiil,  ancien  Frère  Mineur  de  saint  Fran- 
çois d  Assise,  avait  voulu  ajouter  ce  dernier 
titre,  afin  de  bien  faire  voir  raffection  qui  unis- 
sait désormais  ces  deux  familles  dans  son  cœur. 

.Après  ces  heureuses  uéf;ociations,  les  saints 
fondateurs  reprirent  en  hâte  le  chemin  de 
Naples.  Ils  y  trouvèrent  le  nombre  de  leurs  Frères 
considérablement  augmenté:  leur  modeste  maison 
élîiit  désormais  trop  étroite  pour  rerevoir  tous 
ceux  qui  désiraient  entrer  dans  TOrdre;  ils 
durent  quêter  un  autre  asile,  on  leur  céda  une 
église  de  la  ville  avec  un  vaste  bâtiment  pour 
résidence.  Ce  fut  là  qu'ils  prononcèrent  leurs 
premiers  voeux,  en  l.')89.  et  c'est  alors  qu'Asca- 
(Tne  changea  son  nom  contre  celui  de  François, 
par  amour  pour  le  séraphin  d'Assise. 

lue  fois  bien  établis,  François  et  Adorno 
pensèrent  à  se  rendre  en  ICspaane ,  afin  d'y 
développer  leur  Institut  :  ils  voulaient  en  cela 
réaliser  un  vœu  que  leur  avait  exprimé  le  Saint- 
Père,  lors  de  son  séjour  à  Rome. 

Toujours  jaloux  d'imiter  de  plus  près  la  pau- 
vreté (les  apôtres,  ils  firent  ce  long  voyaire  à 
pied.  A  Madrid,  cependant,  il  rencontrèrent  une 
telle  opposition  à  la  rourqu'iN  durent  reprendre 
prompteiiient  le  chtiniii  de  l'Italie.  Mais,  avant 
de  quitter  l'Espagne,  Dieu  voulut  les  consoler 
des  refus  qu'ils  y  avaient  essayés,  en  leur  révé- 
lant les  grandes  destinées  de  leur  Ordre  dans  ce 
pays. 

ils  entraient  dans  la  ville  de  Valence,  quand 
un  ermite  étrani-er,  en  grande  vénération  dans 
la  contrite,  les  aborda  avec  respect  et  leur  parla 
du  but  de  leur  voya;;e  comme  s'il  en  eût  connu 
les  moindres  circonstances,  i^  surprise  des  ser- 
viteurs de  Dieu  fut  ^.'rande,  car  ils  n'avaient 
encore  confié  à  personne  l'iSsue  de  leur  mission. 
Leur  •'■tonnement  redoubl.i  quand,  prenant  à 
part  saint  François,  cet  homme  lui  dit  :  •<  (Jar- 
dez-vous  bien  dé  vous  découraaer  dans  la  poar- 
suiti-  i\>-  votre  entreprise,  car  sachez  que  votre 
I  '.Kii'jT'  ;:ation  est  appe  lée  à  faire  un  grand  bien  dans 
toute  l'Kspacne  :  elle  ne  tardera  point  à  prendre 
de  magniliques  développements,  et  c'est  vous- 
m'''inp  qui  en  serez  nommé  le  premier  Supérieur 
.■■■liérril.   .. 

C<,'s  parole»  remnlirentde  consolation  et  d'espé- 
rance les  cii'urs  de  François  et  de  son  compa- 
gnon :  ils  prir'-nt  coni'é  de  l'homme  de  Dieu  en 
se  recommandant  à  se-  prières. 

Sur  le  point  de  «embarquer  «ur  un  vaisseau 
qui  faisait  voile  pour  l'Italie,  saint  François  réunit 
inati-ldi';  et  passairers  aux  pieds  d'tme  Madone 
vénérée,  dans  un  petit  sanctuaire  sur  le  bord  de 
la  m^r,  l'I  le-  exhorta  à  si"  mettre  sous  la  protec- 
tion do  Celle  qui  est  si  justement  appelée  l'Etoile 
la  mer,  parce  que  de  grands  dant'ers  les  atlen- 
<laient  durant  la  traversée.  En  edet,  trois  jours 
.iprés  le  départ,  le  vaisseau  fut  assailli  par  une 
ifinp-'t"  -i  ii'iliile  qu'il  ne  resta  bi<'nlAt  plus 
nul  "'p  'ir  .1  •  '  ipp'^r  aune  mort  imminente.  Au 
milifn  <l''s  lim'  iil.itionH  C'^nérales,  Français  el 
Adorno  conservèrent  «enis  b'  calme  qu»  donne 
toin"iir«  une  conliance  inébranlable  en  la  divine 
l'T'      !   n<-p.  lU  laisaient  réciter  des  prières,  ras- 

!ii  II  h!,    encourageaient,    ron«olaie!it    tout   le 


monde  :  et,  de  fait,  le  navire,  après  avoir  été 
lonetemps  le  jouet  des  vents  et  des  Ilots,  aborda 
heureusement  à  une  plage  inconnue  et  déserte. 

Un  attribua  une  protection  si  visible  de  Dieu 
aux  prières  des  saints  passagers  et  on  leur  pro- 
ditiua  des  témoiffnat'es  de  vénération  el  de 
reconnaissance.  Pour  échapper  à  des  démons- 
trations qui  les  humiliaient,  les  pieux  serviteurs 
de  Dieu  descendirent  à  terre  :  une  vaste  furet 
s'étendait  sur  le  rivage,  ils  s'y  enfoncèrent  pour 
prier.  Vaincus  par  la  fatii;ue,  ils  ne  tardèrent 
point  à  s'endormir,  et.  quand  ils  se  réveillèrent, 
ils  s'égarèrent  en  voulant  rei-'acner  le  navire. 
Pendant  quatre  jours  ils  errèrent  d.ins  cette 
forêt  immense  sans  trouver  la  moindre  nourri- 
ture; à  bout  de  force,  ils  supplièrent  le  ^ei::neur 
de  leur  venir  en  aide  :  au  même  instant,  ils  aper- 
çurent au  pied  d'un  arbre  une  chèvre,  el  tout 
auprès  un  pain  noir.  Us  prirent  le  pain,  frayè- 
rent lelaitde  la  chèvre,  etréconfortéspar  cefru^i.il 
repas,  ils  reprirent  leur  marche.  Ils  atteit:nirenl 
bientôt  la  lisière  de  la  forêt  el  virent  la  mer  à 
leurs  pieds. 

Quelques  pécheurs  raccommodaient  leurs 
filets  sur  la  plage.  Ils  les  interrog«;rent.  Ces 
hommes  leur  apprirent  qu'ils  se  trouvaient  dans 
les  Etats  de  Gènes  :  un  vaisseau  était  iustenienl 
en  partance  pour  >'aples  dans  le  port  voisin. 
Nos  deux  Saints  demandèrent  à  y  être  reçus:  on 
les  accueillit  avec  empressement,  el  ils  arrivè- 
rent à  Naples  beaucoup  plus  tôt  qu'ils  n'auraient 
pu  le  faire  par  les  voies  ordinaires.  Or,  Franiois. 
en  quittant  l'Espapne,  avait  prié  le  Seiiiueur  de 
les  réunir  à  leurs  Frères  le  plus  vite  possible,  et 
il  a^'ait  été  exaucé. 

KRA.NÇOIS    MIS    A    L.V    TÈTE    DE     l'ORDRE    —    NOI.VELLF. 

ARDEUR     DANS     LB     CHEMIN     DE     LA     PERFECTION    

TRAVAUX    DU    S.VINT    —  SA    UORT 

Jusqu'ici,  l'humble  François,  malgré  la  puis- 
sante influence  qu'il  avait  exercée  sur  le  nouvel 
Institut  depuis  sa  fondation,  ne  s'était  considéré 
que  comme  un  simple  instrument  entre  les 
mains  d'Adorno,  qu'il  appelait  son  supérieur  et 
son  père.  C'était  lui  cependant  que  Dieu  avait 
choisi  pour  être  le  ve'rilable  père  et  le  principal 
orsanisateur  de  l'Ordre,  Il  en  fut  averti  prcsijue 
aussit<it  après  son  retour  à  Naples.  En  celte  même 
année  1591,  Adorno,  usé  par  ses  travaux,  était 
appelé  prématurément  à  recevoir  la  récompense 
qu  il  avait  méritée.  Sa  mort  plaçait  François  à 
la  tête  de  l'cruvre  à  peine  née.  Elu  à  l'unanimité 
Supérieur  général,  il  accepta  cette  cbarKc  en 
tremblant,  mais  bien  décidé  à  s'y  donner  tout 
entier. 

Plus  libre,  en  quelque  sorte,  de  satisfaire  le 
zèle  qui  le  dévorait,  il  multiplia  ses  travaux,  ses 
pénitences  et  ses  oraisons.  Trois  fois  la  semaine 
il  jeûnait  au  pain  et  à  l'eau,  portait  habituelle- 
ment le  filice,  s'imposait  cliaqiie  jour  la  di>^ci- 
pline  et  passait  ses  nuits  en  partie  à  étudier,  en 
partie  aux  pieds  du  Saint-Sacrement.  Ouand  le 
sommeil  le  pressai!  trop,  c'était  souvent  sur  les 
marche»  de  l'autel  qu'il  prenait  un  repos  qui  ne 
durait,  d'ailleurs,  jamais  plus  de  trois  ou  (luatre 
heures.. 

Il  ne  pouvait  détacher  son  esprit  de  la  pensive 
de  Jésus  rruciliè:  il  consacrai!  chaque  jour  un 
temps  considérable  \  rontempler  la  douloureuse 
passion  de  son  bien-aim-'"  Sauveur.  Enfin,  -'>n 
amour  de  la  pauvreté  était  tel  qu'il  r'-fii'ait  on-- 
tainment  les  babil-  neufs  qu'on  voulait  lui  laii< 
potier;  il  les  •■chaiiifeail  eonlrc  ceux  déjà  usés 
des  simple-  Frères 


Cependant,  le  désir  d'>'béir  aux  iiileiilioiis 
ruanifestées  par  le  Souverain  Ponlile.  souhaitant 
de  Yoir  le  nouvel  Ordre  se  développer  en  K>pa;;ne, 
l'assurance,  d'ailliurs,  qui  lui  avait  éU-  lionnée 
que  c'était  la  volonté  du  Seigneur,  déterminèrent 
le  Bienheureux  à  tenter  une  nouvelle  démarche 
dans  ce  pays.  Cette  fois,  Philippe  II  accueillit  avec 
bienveillance  les  propositions  du  Saint,  el  une 
maison  fut  fondée  à  Madrid  sous  le  palrona:,'e  du 
cardinal  yuirOi.'a. 

Les  débuts  furent  pénibles,  la  maison  était 
petite  el  pauvre,  mais  la  pràce  de  Dieu  y  était 
abondante  ;  aussi  le  bien  opéré  fut-il  immense, 
les  pécheurs  se  convertissaient  en  foule. 

Ces  succès  étaient  trop  beaux  pour  qu'ils  ne 
fussent  point  traversés  par  Quelques  difficultés. 
Le  démon  indisposa  contre  le  nouvel  établisse- 
ment un  puissant  s eifineur  qui  insinua  au  Conseil 
royal  de  Castille  qu'après  avoir  été  refusée  une 
fois,  l'autorisation  accordée  par  le  cardinal  tjui- 
ropa   était   un  empiétement  sur  les   droits  du 

Conseil. 

Cette  suiîpestion  diabolique  fut  une  <=lincelle 
qui  alluma  un  incendie  terrible.  Le  Conseil  royal 
ordonna  de  fermer  immédiatement  la  maison  et 
li\a  un  délai  de  dix  jours  aux  reli^iieux  pour 
quitter  l'Kspafme. 

Dans  ces  tristes  conjonctures,  le  Saint  eut 
recours  à  ses  armes  favorites  :  la  prière  et  la 
pénitence.  Il  obtint  du  roi  une  prorogation  de 
quinze  jours,  puis  d'un  mois  :  cependant,  le  Con- 
seil tint  bon  et  déclara  qu'il  ferait,  au  besoin, 
reconduire  les  religieux  étrangers  à  la  frontière 
sur  des  charrettes  comme  des  malfaiteurs. 

Cette  fois,  personne  n'osa  plus  intercéder.  Le 
Saint  courut  au  palais  royal  pour  se  jeter  lui- 
même  aux  pieds  du  monarque  :  Notre-Sei;;neur 
avait  ilisposé  favorablement  le  cœur  du  souve- 
rain :  l'autorisation  fut  accordée.  .\u  retour, comme 
François  était  brisé  de  fali:.ue,  un  jeune  homme 
lui  oitril  son  cheval  el  disparut  après  l'avoir  déposé 
&  la  porte  du  couvent. 

Celle  fondation  assurée, le  Saint  revint  en  Italie. 

L'année  suivante,  il  fut  réélu  supérieur  pour 
trois  ans,  mais,  se  jugeant  incapable  de  porter 
vaillamment  un  si  lourd  fardeau,  il  obtint  du 
l'ape,  à  force  d'instances,  d'être  élu  pour  une 
année  soulemenl;  ce  temps  écoulé,  la  maison  de 
Naples  s't-mpr.'ssa  de  le  retenir  encore  en  le 
nommant  raailre  des  novices. 

A  Madrid,  pourtant,  les  haines  n'étaient  point 
éteintes  :  on  semail  partout  les  calomnies  les 
plus  infâmes  contre  les  Clerc*  .Mineurs.  Le»  vexa- 
tion* en  vinrent  à  un  tel  point  que  la  justice  s'en 
émut  el  les  auteurs  furent  condamnés  à  une 
peine  i;.'norainieu»e.  I)aii<une  affaire  aussi  crave, 
on  juL-ea  la  présence  du  Hienheureux  nécessaire. 

François  reparut  à  Madrid  ;  sa  première 
démarche  fui  d'aller  se  jeter  aux  iiieds  du  roi  el 
lui  demander  la  trrAre  des  coupables.  Il  se  ren- 
dit ensuite  chei  celui  de  se»  ennemis  qui  se 
monti  i;l  !•  ilu»  hostile  aux  relicieux.  Cet  homme 
à  l'ascendant  d'une  telle  sainteté, 
don  au  Hienheureux  et  en  devint 
.1  el  le  plus  ardent  défenseur. 
-  lie  conversion  el  h-»  mir.iiies  opé- 
l.iiiili»'ureux  François,  pendant  ce  der- 
;r  A  Mi'lrid  «nnl  innombrables.  f»n  le 
1  y  lie  l'amour  du  in,  tant 

immés  du  feu  divin  qui 


ne  I 
ild. 
le  m 

I 


dev 

M. 
avait  (■•   .i 
la  ."«aintr  \  !■  if. 


•luroililé  le  peindra  mieux.  Il 
I  pasMnt  devant  une  imaue  de 
'le  la  «aluer  par  un  A\r  Mari»; 


or,  une  fois,  emporté  par  la  véhémence  de  son 
amour,  i'i  éleva  la  voi.v  pour  saluer  sa  bonne 
Mère,  dans  un  temps  ou  la  règle  commandait  le 
silence.  Le  supérieur  l'entendit  el,  sortant  de  sa 
cellule  :  «  Père,  lui  dit-il,  vous  oubliez  que  la 
règle  nous  défend  de  parler  en  ce  moment.  » 
Le  Saint  reçut  à  genoux  la  réprimande  de  son 
supérieur  :  il  resta  plus  d'une  heure  dans  cette 
attitude  d'humilité  et  il  fallut  que  le  supérieur 
lui  envoyAl  dire  de  se  relever. 

Après  quelques  années  de  séjour  en  Espagne, 
Franc-ois  revint  en  Italie  où  il  acheva  d'affermir 
l'Ordre  par  l'admirable  exemple  de  ses  vertus. 

Mais  son  n'uvre  était  achevée  :  en  1007,  le 
bienheureux  demanda  la  permission  de  se  ren- 
fermer dans  le  silence  et  la  retraite  afin  de  se 
préparer  à  bien  mourir.  Il  supplia  ses  fils  de  lui 
donner,  pour  y  passer  le  reste  de  sa  vie,  un 
réduit  obscur  el  bas  sous  un  escalier,  dans  la 
maison  de  Naples.  C'est  là  qu'on  vint  plus  d'une 
fois,  de  la  part  du  pape  Paul  V,  lui  offrir  la  mitre 
el  la  crosse;  mais,  à  toutes  les  sollicitations  qui 
lui  étaient  faites,  il  répondit  :  >i  .Ne  voyez-vous 
point  que  je  n'ai  plus  que  peu  de  jours  a  passer 
sur  la  terre;  pourquoi  voulez-vous  troubler  ces 
derniers  instants?  Je  vois  la  mort  venir  à  grands 
pas,  laissez-moi  me  préparer  à  bien  la  recevoir.  ■> 

Le  bienheureux  Père  s'arracha  cependant  à 
ses  chères  préoccupations  pour  se  dévouer  encore 
au  bien  de  ses  enfants,  l'ne  fondation  impor- 
tante à  Agnone  réclamait  les  secours  de  sa 
sagesse,  il  s'y  rendit  en  mai  ItiOS.  Il  voulut  pro- 
fiter de  ce  voyage  pour  visiter  Lorette  et  vénérer 
la  sainte  Maison  où  s'était  accompli  le  grand 
mystère    de    l'Incarnation   du  Fils   de   Dieu.   Il 

fiassa  une  nuit  en  prière  dans  ce  lieu  béni,  appe- 
ant  la  protection  de  Marie  sur  son  Ordre.  Or, 
comme  il  priait  avec  ferveur,  il  se  vil  tout  à 
coup  environné  d'une  grande  lumière;  son  pre- 
mier et  cher  compagnon,  .\dorno,  lui  apparut 
tout  resplendissant  de  gloire  et  revêtu  du  saint 
habit  de  l'Ordre  :  "  Kieu-aiiné  frère,  lui  dit-il, 
Marie  m'envoie  vous  assurer  que  votre  prière  est 
exaucée,  elle  veut  bien  être  elle-iiv^me  la  Mère  el 
la  Protectrice  de  notre  petite  famille,  et,  déplus, 
elle  vous  avertit  de  vous  disposer  à  me  suivre 
sous  peu  dans  la  gloire.  •> 

Le  Saint  continua  son  voyage,  mais,  en  arri- 
vant à  Agnone,  il  répétait  sans  cesse  avec  de  vifs 
transports  de  joie  :  "  Voici  le  lieu  de  mon  repos 
pour  jamais.  >'  Ses  fils  en  étaient  étonnés,  ils  ne 
comprenaient  point  le  sens  de  ses  paroles,  car 
leur  bienheureux  Père  s.-  portait  à  merveille. 

Cependant,  le  premier  jour  de  juin,  il  se  sentit 
atteint  d'une  fièvre,  légère  d'abord,  mais  qui 
devint  bieiitiM  assez  ardente  pour  l'obliger  k 
«arder  le  lit.  Il  comprit  que  c'était  l'heure  mar- 
quée par  .Marie. 

Il  ne  cessait  de  répéter:  «  0  paradis!  ô  para- 
dis! "  Kt  il  se  soulevait  sur  sa  couche  comme 
pour  s'élever  vers  le  ciel. 

La  veille  de  la  fétc  du  Saint-Sacremeni,  fêle 
qu'il  avait  tant  aimée,  il  reçut  avec  une  ferveur 
aiit'éliquc  le  Corps  de  son  Sauveur  pour  la  der- 
nière fois;  prenant  ensuite  «on  crucifix  d'une 
main,  une  im.'ii:e  de  Marie  de  l'autre,  il  |>u«4a 
b'v  dernières  heures  de  sa  vie  ilan*  uih'  douce 
contemplation.  Kniln,  ver»   le    »<>ir,  il   •  rcri»  : 

Allons,  mon  Ame,  allons!  —  El  ou  v.«ulez-vou« 
.iller.  Père".'   lui   ilrmaiidail-on.   —   Au  ii"l  !   au 

ciel!  '■  rèfiondait-il  •! ■ •   ■•     '^■•n   Ame 

ardente  s'etivoln  ver»  Ji.ilans 

Il  iTorl  qu'il  fit  pour  :  !        .  .:  !■    i  lum 

IMIH.  11  n'avait  que  quarante-quatre  an*. 


la.p.-i"-u»(,  K.  l'jTitMiulo»,  «.rue  hr.iiii;..i«  !•',  r»ri. 


SAINT    BONIFACE 

APOTRE  DE  L'ALLEMAGNE 


Fête  le  5  juin. 


MARTYRE   DE   SAINT  BONIFACE 

.p!2:,^::-:;.^:„f^;t',:;"L:;^  ■""'"-  '"  ^'-""■"^•<"'  •■*-'«  "--^e.  repr.e„,e  p.us.e„„ 

Ic^'aéLï.  2:  uïri:»" ''"'"''"  ""'""""  •■"*-"' *'>»«'e'erre  r.pMre  de  rAI.ea,agn..  Ce  ,„„t 

.utri^InH  ir- ""^  ''**'""  '""'  ^«"''">'"«'  »ou.  une  grande  (ente  et  délibèrent  autour  du  Saint.  On  «ail 
ïro^LTaux    °"""""''^'''  "  "  """"^  "•  '^«'"  «'"  Saint-Si^ge.  a  convoqué  et  présidé  p.u.ieur.  Concil"^ 

Enfin,  au  premier  plan,  la  ,cene  du  martyre  e.t  dépeinte  dan,  toute  son  horreur.   Le,  meurtrier,  .ont  en 
e    vre  T7      '""'T'"-  ''  """'''="'•  '""P*  *  '""^''  i''"=  "°  •'""'"  "«"-^  -«"  '«  Cie  .  Sa  cro,.c  " 


69 


Kn  rannée  71S,  un  moine  ani.lo-s;i\i>n  se 
préfentait  à  l'audience  du  pape  Gré;^ciire  II. 
S'aL'en'iiiillant  aux  pieds  du  Souverain  Ponlife, 
l'élran^'er  lirait  de  son  manteau  une  lellre  de 
l'évéque  Daniel,  de  Winchester,  et,  la  remetUut 
au  Vicaire  du  Christ,  il  le  suppliait  d'écouler  sa 
requ(>te. 

{."hiimble  moine,  qui,  sans  Hre  annoncé,  se 
présentait  avec  tant  de  confiance  devant  Gré- 

§nire  II,  portait  le  nom  de  Winfrid.  Né  à  Kirlon, 
ans  le  royaume  de  Wessex,  il  avait  reçu,  dès  sa 
plus  tendre  enfance,  des  marques  éclatantes  de 
prédestination.  I.e  Saint  avait  à  peine  atteint  Tàiie 
de  raison,  lorsqu'à  la  suite  d'une  mission  que  des 
moines  étaient  venus  prêcher  dans  sa  ville  natale, 
il  conçut  le  dessein  de  se  donner  compKlemenl 
à  Dieu  et  doinhrasser  la  vie  monastique.  Le  pure 
de  W'infriil,  jugeant  d'après  les  rè(;les  de  li  pru- 
dence humaine,  traita  cette  généreuse  déter- 
mination de  caprice  d'enfant.et  refusa  de  le  laisser 
partir  pour  le  couvent.  Mais  on  ne  résiste  pas 
impuiii ment  à  la  volonté  du  ciel,  et  une  maladie 
suliile,  qui  le  mit  en  quelques  jours  aux  portes 
du  tomheau,  di'joua  ces  calculs  trop  é;;oisles.  I.e 
malade  comprit  ce  terrible  mais  salutaire  aver- 
lisseinenl,  et,  cessant  de  mettre  obstacle  à  la 
vocation  de  son  fils,  il  le  lit  entrer  au  monastère 
d'Excester.  Le  petit  novice,  que  Dieu  arrachait 
au  motide  d'une  manière  si  extraordinaire,  avait 
à  peinr  sept  ans. 

NVinTiid  se  montra  di^jne  des  grâces  de  choix 
dont  il  avait  été  l'objet,  et  on  le  vit  bientôt,  joi- 
piant  l'application  la  plus  constante  à  la  piété 
la  plus  vive,  se  livrer  avec  ardeur  à  l'étude  des 
lettres  sacrées.  Ses  pro^-rès  rapides  allirèrenl 
sur  lui  l'attention  générale  et,  plus  tard,  le  dis- 
ciple, devenu  maître  i  son  tour,  fut  contraint 
d'ac'cepler  la  chaire  de  théclocie  à  l'abbaye  de 
Nuchlel,  où  il  venait  de  terminer  ses  l'iudes.  I..a 
réputation  du  jeune  professeur  ne  tarda  pas  à  se 
répandre  dans  la  (irande-Dretaf-'ne.  De  tous  côtés, 
les  élèves  accouraient,  et  les  rois  eux-mêmes  ne 
croyaient  pasdéro;;erà  leurdifniité,en  le  prenant 
pour  arbitre  et  en  lui  demandant  des  conseils. 

Le  monde  souriait  au  jeune  religieux  qui  s'était 
dérobé  si  tdt  i  l'importuiiilé  de  ses  sollicitudes. 
Mais  Wiiitrid,  inébranlable  comme  au  premier 
jour,  non  seulement  ne  son^'eait  à  tirer  aucun 
parti  (le  la  contlance  que  lui  témol^naiellt  les 
puissants,  mais  encore  refusait  les  dignités 
ercléviasliques  et,  redoublant  d'austérités,  se 
doiinnit  plus  que  jamais  à  la  prière  et  &  la  con- 
tenipl.itKin. L'homme  de  Dieu  avait, en  etTel, conçu 
un  Kraiid  dessein;  tournant  ses  regards  vers  b-s 
contrée*  encore  païennes  de  la  Germanie,  il  avait 
senti  s'allumer  en  son  cœur  un  zèle  ardent  pr>iir 
la  conversion  des  infidèles,  et  le  céb-bre  pro- 
fe->»eur  n'aspirait  plus  qu'à  devenir  l'apAlre  de 
rAlleiiia;.'iie. 

Ses  rii-ux  purent  enfin  se  réaliser.  Dès  l'an- 
née 718,  Winfrid,  après  avoir  demandé  In  bi'-tié- 
diclion  de  son  «iipéripiir, quittait  le  mona'-tiTe  de 
NuclKel  et  ail  rerht  sninl  WilU. 

l'r-'rd  qui  é>  is.  Mm».  birntiM, 

!•  .  [,er»écuti>'ii»  111  »  I.  ii\  r^i  li.vi  '      '.  '       '    i~^ureut 


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Atlrisiè,  mais  non  il'  j  ir   ce 

intiiccfs,    le    miksioniiuiir    h-muI    au 
fie   Nu'-btel   nii  on   le   reçut  avec    du 


,r-,ii 


lon(.'temp«.  A  la  mort  de 

(i.fc     »  kT  .■r;iiif  In  r..|#.iiir  un 


pél'Tin,  il  dit  adieu  à  ses  Frères,  et  quitta  pour 
toujours  l'Ani'leterre. 

liette  fois,  l'homme  de  Dieu  ne  dirigea  pas  sa 
course  vers  les  plages  de  la  Germanie  ;  avant  de 
commencer  sa  seconde  mission,  il  allait  prendre 
les  ordres  du  Souverain  Pontife  et  demander  au 
tombeau  du  prince  des  .\pôtres  les  grâces  de 
l'apostolat. 

'l'el  était  le  solliciteur  qui  se  présentait  devant 
Gré;,'oire  II.  Le  pape  l'accueillit  avec  bonté  et, 
après  s'être  assuré  de  son  dévouement,  de  sa 
piété,  de  sa  science,  il  lui  conféra  les  pouvoirs 
apostolinues. 

Parti  de  Rome  à  la  On  de  mai  719,  Winfrid 
traversa  la  Lombardie,  la  Bavière,  la  Thuringe. 
Selon  les  instructions  du  Saint-Siège,  il  obser- 
vait les  contrées  qu'il  traversait,  et,  pour  nous 
servir  d'une  expression  de  l'hagiograplie,  il  était 
semblable  à  1  abeille  qui  voltige  autour  des 
Heurs  du  jardin  avant  de  se  reposer  sur  le  calice 
qu'elle  a  choisi.  Poursuivant  sa  marche,  il  vint 
auprès  de  saint  Willibrord  reprendre  les  travaux 
interrompus,  et,  pendant  trois  ans,  il  se  sit^nala 
par  son  zèle  à  déraciner  les  superstitions  païennes, 
a  instruire  les  néophytes,  k  élever  îles  églises  en 
l'honneur  de  Jésus-Christ.  Saint  Willibrord,  heu- 
reux de  trouver  un  apâtre  di;.'ne  de  continuer 
son  œuvre,  voulut  conférer  l'èpiscopat  à  son 
jeune  compagnon.  Winfrid  écoula  sans  mol  dire 
celte  proposition  qui  erfrayail  sa  modestie;  mais, 
la  nuit  suivante  ,  il  se  dérobait  aux  honneurs 
qui  s'obstinaient  i  le  poursuivre  et,  seul,  il 
luenait  le  chemin  de  la  Thuringe.  Le  fu;;itif 
s'arrêta  au  monastère  de  Palaliolum.  Comme  il 
interprétait  devant  la  coininuiiauté  le  passage 
i|u'on  venait  de  lire  pendant  le  repas,  un  jeune 
homme  de  quinze  ans  se  leva  tout  k  coup  cl 
déclara  qu'il  voulait  partager  les  travaux  et  les 
Kiligiies  du  missionnaire.  Le  premier  coiiipa;.-non 
que  Dieu  envoyait  k  son  serviteur  était  (le  i.oe 
royale,  et  portait  le  nom  de  Grégoire.  Il  devait 
se  montrer  digne  de  compter  au  nombre  des 
disciples  d'un  Saint. 

Suivi  de  ce  compagnon, Winfrid  arriva  enfin  en 
Tliurin;.'e.  La  situation  était  déplorable.  Les 
chrétientés  que  saint  Killien  avait  laissrt->  lloris- 
santes  avaient  été  rava;.'ées  par  les  barbares  qui 
dominaient  en  maîtres  dans  celte  [lailie  de 
l'Alleinagne.  Privés  de  tout  secours  spirituel,  les 
chrétiens  oubliaient  peu  à  peu  les  promesses  de 
leur  baptême  et  beaucoup  d'entre  eux  n'hési- 
taient pas  à  sacrifier  aux  idoles.  Mal.:ré  toutes 
les  diflliultés,  en  quelques  mois,  le  missnuinaire 
transforma  le  pays.  Les  païens  quittaient  leurs 
huttes  de  branchages  et  accouiaient  en  :  A' 
rnlriidre  ses  parole*,  et  ceux  qui  avaient  •  :•■ 
baptisé»,  raiïermit  dans  la  foi,  renonçaient  au 
riilie  des  idcdes,  et  reprenaient  les  pratique*  de 
la  vie  cliréiieiine. 

Ces  magnifiques  résultats  ne  furent  pas  obtenus 
sans  labeurs.  Kn  présence  de  la  grossi. 
niaiiique  qui  résistait  obstinément  as. 
le  missionnaire  se  laissait  parfois  aller  au  d. . nu- 
ra.'fmeiil  i-l   à   une   morne   trislesu»     li.ms   ce» 
nioiiient*  d'angoisse,  il  <il   entier 

d  m»  les  lettres  qu'il  éi  i  do  Wm- 

iliesler:  •  C'est  I  b.i!   ':  di«ait-il, 

|..rs(iu'il  leur  arri\  .    tritU  el 

.!'•  pénible,  de  chei  ;  r.*~  Je 

I  em  dont  l'amitié,  i  ; .  •  : 

'.    •  I,,.  .1..    ■..,.(■.  .,, 


la.:.  ,_         _    ,  _       __ _ 

pas   e«l   tiuuiieur,   et,  reprenant  le   bâton    de  i  demeurent  pu   infidonde*:  ccllee  de  Winfrid 


firent  fructifier  la  femence  qu'il  s'efforçait  de 
jeter  parmi  ces  populations  délaissées, et  bientôt, 
des  monastères  s'élevaient  comme  par  enchan- 
tement au  milieu  des  forêts  de  laThuringe,  pen- 
dant que  le  missionnaire,  pénétrant  au  cœur 
même  de  la  Hesse,  convertissait  des  milliers 
d'infidèles.  Une  si  abondante  moisson  imposait 
de  nouveaux  devoirs  à  l'ouvrier  éTanjjélique  qui 
prit  le  parti  d'envoyer  à  Rome  un  délégué,  afin 
de  rendre  compte  aa  Pape  des  progrès  de  la 
foi  et  de  lui  demander  ses  instructions. 

Grégoire  II  ne  se  contenta  pas  de  ce  message. 
Il  ("onna  à  Winfrid  l'ordre  de  se  rendre  sur-le- 
champ  à  Rome,  et  il  le  reçut  dans  la  basilique 
vaticaue,  devantj  la  Confession  de  Saint-Pierre. 
Enfin,  le  jour  de  saint  André,  30  novembre  723, 
il  conférait  au  missionnaire  la  consécration 
épiscopale,  lui  donnait,  en  outre,  une  juridiction 
sans  limites  sur  toutes  les  é^rlises  de  la  Germanie 
et  changeait  le  nom  de  Winfrid,  qu'il  avait  porté 
jusqu'alors,  en  celui  de  Boniface.  Ce  nom  glo- 
rieux donné  par  le  Pape  était  la  louange  la  plus 
éclatante  des  bonnes  œuvres  que  le  missionnaire 
n'avait  cessé  d'opérer.  Dans  sa  sollicitude  pater- 
nelle, le  Souverain  Pontife  ne  voulut  point  le 
laisser  partir  sans  lui  donner  des  lettres  de 
recommandation  pour  Charles  Martel,  dont 
le  nom  redouté  par  toute  l'Europe  inspirait 
le  respect  aux  peuplades  les  plus  sauvages  de 
la  Thuringe  et  de  la  Saxe. 

Charles  Martel  ne  trahit  point  la  confiance 
que  lui  témoignait  saint  Grégoire  il.  0  accueillit 
l'évèque  avec  honneur  et,  dans  un  acte  public 
qu'il  scella  de  son  anneau,  il  enjoignit  à  tous  les 
comtes,  ducs  et  pabtins,  de  respecter  et  de  faire 
respecter  celui  que  Charles  prenait  sous  sa  sau- 
vegarde. La  France,  en  prêtant  son  (ippui  au  mis- 
sionnaire, coopérait  donc  d'uaemauiére  officielle 
à  révan;.'éli«alion  de  l'Allemagne,  et  saint  Itoni- 
face  a  déclaré  que,  sans  la  protection  de  la 
Franre,  il  n'aurait  pu  réussir  dans  sa  mission. 
Mais,  à  celte  époque,  elle  était  chrétienne,  et  sa 
puissance  incontestée  faisait  trembler  les  Bar- 
bares au  delà  du  Khin. 

L'n  jour,  comme  le  Saint  prêchait  dans  le  bourg 
de  Geismar,  ou  vint  lui  dire  qu'il  y  avait  aux 
environs  un  arbie  gigantesque,  qui,  sous  le  nom 
de  cbène  de  Thor,  était  l'objet  d  un  culte  supers- 
titieux. A  cette  nouvelle,  l'homme  de  Dieu  se 
leva  et  marcha  vers  l'idole  redoutée.  Les  paiens 
le  suivin-nt,  et  bientôt,  la  population  en  armes 
se  pressa  autour  de  la  fausse  divinité,  prêle  à 
tirer  une  éclatante  vengeance  des  audacieux  qui 
sonseaient  i  l'outrager.  Le  Saint,  avec  les  clercs 
et  les  quelques  serviteurs  qui  l'accompagnaient, 
se  imuva  entouré  par  la  foule  menaçante;  il  n'y 
avait  d'autre  alternative  que  la  fuite  ou  la  mort. 
|!oip(Trp  n'hésita  pa«  cependant, et  sur  son  ordre, 
■■Il  ;r  .11  le  chêne  avec  une  cognée.  Un  cri  de 
lui  ■jiii  -  leva  aussitôt, et  le  peuple  allait  se  porter 
aux  dernières  violences, lorsque, soudain, il  recula, 
saisi  d'épouvante.  L'arbre,  ployé  par  une  forre 
in  visible,  faisait  eu  tendre  d'horribles  craquements 
et,  tombant  aux  pieds  de  l'évèque,  se  brisait  en 
Miitre  tronçons.  A  la   vue  de  ce  prodige,  les 

i  II»  s'inclinèrent  avec  respect  devant  l'homme 
dont  la  puissance  surpassait  relie  de  leur  dieu, 
et  lou»  ilemandèrcnt  le  baptême.  Le  Christ  avait 
vaincu.  Pour  célébrer  relte  victoire,  Hoiiiface 
fit  "'le^er.  avec  le  bois  de  l'arbre  abattu,  un  ora- 
iniio  PII  l'honneur  du  ('rince  des  Apôtres  .^ainl 
Pi(  rre  prenait  possession  de  la  contrée,  et  bien- 
tôt •  Ip  nombreuse»  églises  s'i'levaienl  à  côté  de 
la  chapelle  qu'on  lui  avait  dédiée. 


LES  C0CrE.VTS    DE   MISSIONKAIRCS 

Les  ouvriers  n'étaient  pas  assez  nombreux  eu 
présence  d'une  si  nbond.inte  moisson.  Boniface 
adressa  un  appel  à  ses  compatriotes,  et,  de  tous 
les  points  de  la  Grande-firelagne,  accoururent 
de  nouveaux  missionnaires. 

La  plus  féconde  méthode  d'apostolat  de  ce 
grand  missionnaire  bénédictin  ■=tait  de  fonder 
des  couvents,  qui  devenaient  des  centres  de 
mission,  d'éducation,  d'exemple  et  dî  prière;  en 
un  mot,  de  vrais  foyers  de  civilisation.  C'est  dans 
ce  but  qu'il  fonda  la  célèbre  abbaye  de  Fulda, 
qui  fut  pour  l'Allemagne  ce  que  le  Mont  Cassin 
était  pour  l'Italie. 

Les  femmes  elles-mêmes  accoururent  des 
cloîtres  d'Angleterre  prendre  leur  part  de  tra- 
vaux apostoliques.  De  saintes  religieuses,  Chuni- 
gilde,  Thécla,  Walburge,  Lioba,  venaient  s'établir 
au  milieu  de  ces  populations  encore  barbares  et 
ces  douces  servantes  du  Christ  parvenaient  à 
fléchir  le  caractère  indompté  des  farouches  Ger- 
maines. Travaillant  dans  la  prière  et  le  silence, 
elles  exercèrent  une  grande  influence  sur  les 
peuplades  à  demi-sauvages  au  milieu  desquelles 
elles  vivaient.  Leur  présence  était  nécessaire,  à 
ce  moment  où  la  civilisation  germanique  com- 
mençait à  éclore,  car,  selon  la  belle  expression 
de  M,  Ozanam,  la  Providence  a  placé  des  femmes 
auprès  de  tous  les  berceaux. 

Ces  exemples  ne  suffisaient  pas  toujours  à 
maintenirla  ferveur  et  la  foi  parmi  les  néophytes. 
Mettant  à  profit  le  manque  de  prêtres  et  l'i^-no- 
rance  des  nouveaux  convertis, des  serfs, échappés 
des  manoirs  de  leurs  maîtres,  n'hésitaient  pas, 
pour  se  couvrir  des  immunités  ecclésiastiques, 
à  prendre  l'habit  et  la  ton>ure  des  clercs,  et  sous 
ces  vêtements  empruntés,  étalaient  partout  le 
scandale,  portaient  partout  la  démoralisation. 
Beaucoup  de  ces  moines  sans  mission  n'avaient 
pas  renoncé  aux  superstitions  du  paganisme  et, 
mêlant  ensemble  tous  les  dogmes  et  tous  les 
rites,  ils  offraient  des  victimes  au  dieu  Tbor 
avant  de  conférer  le  baptême.  Un  imposteur, 
Uildebert, parcourait  les  campagnes  en  montrant 
aux  multitudes  des  lettres  que  Jésus-Christ  lui 
envoyait,  disait-il,  par  l'entremise  des  an;;es, 
et  il  ne  craignait  pas  de  distribuer  ses  propres 
reliques,  &  prix  d'argent.  Les  foules,  séduites  par 
ces  ministres  du  démon,  qui  se  préseiiUiieiit  à 
elles  comme  les  ministres  du  Christ, n'écoutaient 
plus  la  voix  de  leurs  pasteurs  légitimes;  elles 
abandonnaient  les  églises  et  se  livraient  aux 
pratiques  les  plus  abominables,  sous  le  masque 
de  la  religion.  U  fallait  à  tout  prix  mettre  un 
terme  à  ces  parodies  sacrilèges,  et  c'est  dans  ce 
dessein  que  Boniface  se  rendit  à  Rome  en  "3S. 

Le  pape  Grégoire  III  venait  de  monter  sur  le 
trône  pontifical.  Il  accueillit  avec  bonté  l'apôtre 
de  l'Allemajme,  lui  conféra  des  pouvoirs  nou- 
veaux à  l'i/ffet  d'instituer  des  sièg*>s  épisropaux 
et  de  mettre  la  dernière  main  à  l'organisation 
ecclésiastique  dans  ces  contrées  ;  enfin,  il  le 
nomma  légat  du  Saint-Siège.  Avant  son  départ; 
il  lui  adjoignit  un  moine  anglais  du  Mont  Cassin, 
qui  portail  le  nom  de  Willibaud  ;  Willibaud  devait 
suivre  le  Saint  dans  toutes  ses  pérégrinations 
apostoliques,  et  c'est  lui  qui,  le  premier,  nous  a 
donné  l'histoire  de  ses  travaux. 

Muni  des  lettres  pontificales,  Boniface  se  ren- 
dit d'abord  en  Bavii're.  Son  premier  soin  fut  de 
convoquer  un  synode  et  de  créera  côté  de  l'év'- 
rhi'  de  Pa«sau  ceux  de  Sal/.bourg,  Frei'^ing'  ii  «-t 
Ratisbonne.  La  Bavière  se  trouva  donc  canoni- 


queraent  placée  sous  une  juridiction  n'j;ulière 
et  bientôt,  grâce  à  la  vigilance  des  pontifes,  les 
rangs  du  sacerdoce  se  resserrèrent,  et  Ton  par- 
vint enfin  à  chasser  les  loups  ravisseurs  qui,  trop 
longtemps,  avaient  abusé  le  troupeau  en  prenant 
la  houlette  du  pasteur. 

SAINT  BONIFACB  BT  LA  FRANCI 

Le  grand  missionnaire  rendit  le  même  service 
&  la  France  du  Nord.  De  graves  désordres  s'étaient 
glissés  i  la  faveur  des  cuerres  civiles  et  des  dis- 
sensions politiques,  et'  Charles  Martel  les  avait 
trop  favorisés,  lioniface,  nommé  par  le  Pape 
saint  Zacbarie,  archevêque  deMayence,  légat  du 
Pape  en  Allemagne  et  en  France,  convoqua  plu- 
sieurs Conciles  et  rétablit  la  discipline  ecclésias- 
tique suivant  les  instructions  du  Souverain 
Pontife. 

11  était  loyalement  aidé  dans  cette  grande 
œuvre  par  les  ûls  de  Charles  Martel,  Carloman  et 
Pépin. 

C.irloman,  élevé  au  milieu  des  camps,  était 
demeuré  jusque-là,  dit  le  chroniqueur,  bien 
étranger  aux  choses  de  la  religion.  11  se  trans- 
forma sous  l'action  du  Saint,  et  devint  lui  aussi 
un  apôtre.  Toujours  prêt  à  soutenir  les  droits  de 
l'Eglise,  il  n'usait  de  son  pouvoir  que  pour  faire 
respecter  les  lois  canoniques,  fonder  des  monas- 
tères et  peupler  l'Allemagne  de  missionnaires. 
Dieu  récompensa  par  des  grâces  signalées  le 
prince  qui  s  était  voué  à  son  service.  Henonçant 
aux  honneurs  de  la  terre,  Carloman  prit  l'habit 
monastique,  se  retira  au  Mont  Cassin,  et  mérita 
lui  aussi  d'être  compté  au  nombre  des  saints.  La 
famille  bénédictine  célèbre  sa  fête  le  17  août. 

Ce  grand  sacrifice  de  Carloman  prépara  la 
grandeur  terrestre  de  sa  famille.  Son  départ 
laissait  son  frère,  Pépin  le  Bref,  seul  maître  réel 
du  pouvoir.  Il  restait  bien  un  roi  de  la  famille 
de  Clovis,  mais  son  autorité,  purement  nominale, 
était  nulle.  La  France  avait  nesoin  d'un  vaillant 
déf«n^eur  contre  les  Saxons  du  Nord  et  les  Sar- 
rasins du  Midi;  on  résolut  de  donner  à  Pépin  le 
titre  de  roi.  Mais  on  avait  promis  obéissance  au 
descendant  de  Clovis,  devenu  incapable. 

Que  faire?  On  s'adressa  au  souverain  guide  des 
consciences,  au  Vicaire  de  Jésus-Christ.  «  Kst-il 
permis,  dirent  les  Franc»,  de  donner  le  titre  de 
roi  à  celui  qui  en  a  déjà  toute  l'autorité?  —  Cela 
est  permis,  répondit  le  Pape.  •  Et  Pépin  le  Bref 
devint  roi. 

Heureux  les  peuples  qui,  au  lieu  de  se  déchirer 
dans  les  guerres  civiles  et  les  dissensions  poli- 
tique», prennent  le  Pape  pour  juge,  pacificateur 
et  arbitre  I 

Le  sarre  du  nouveau  roi  eut  lieu  à  Soissons. 
En  «a  qualité  de  légat  du  Saint-Sièce,  Bonifacc 
reçut  le  serment  de  Pépin,  versa  1  huile  sainte 


sur  sa  tète  et  le  présenta  au  peuple  qui,  par  trois 
fois,  poussa  l'acclamation:  Vivat  rex  in  xtcrnum! 

La  France  pacifiée  voyait  le  sacerdoce  et  la 
royauté  se  donner  la  main  et  préparer  par  leur 
union  le  règne  de  Charlemagne.  L'Allemagne 
évangélisée  avait  reçu,  avec  le  droit  canonique, 
l'organisation  ecclésiastique,  et  il  n'y  avait  plus 
à  craindre  de  conflit  de  juridiction.  Le  Saint 
avait  rempli  sa  mission.  Il  pensa  qu'il  pouvait 
reprendre  ses  courses  apostoliques  à  travers  les 
nations  infidèles. 

Mais,  avant  d'entreprendre  ce  pénible  voyage, 
il  voulut  régler  les  affaires  de  son  diocèse,  et 
celles  de  ses  suiïragants.  Il  plaça  sur  le  sièse  de 
.Mayence,  son  disciple  Lui,  et'  dans  une  lettre 
touchante,  il  supplia  Pépin  le  Bref  d'accorder  sa 
protection  à  l'immense  troupeau  dont  il  avait 
été  à  la  fois  l'apôtre  et  le  pasteur.  Puis,  accom- 
pagné de  quelques  clercs,  il  se  dirigea  vers  la 
Frise. 

Mais  l'Eglise  triomphante  enviait  ce  héros  de 
l'Eglise  militante,  à  qui  Dieu  ne  réservait  plus 
qu'un  combat. 

Le  S  juin  755,  le  pavillon  de  l'archevêque  avait 
été  dressé  au  bord  de  la  Burda.  Tout  était  dis- 
posé pour  le  sacrifice  et  l'on  attendait  la  mul- 
titude des  néophytes  convoquée  afin  de  recevoir 
l'imposition  des  mains.  Au  lever  du  soleil,  une 
foule  nombreuse  parut  à  l'horiion;  ce  n'était 
point  celle  que  Ion  attendait.  Attirées  par 
l'espoir  du  pillase,  les  peuplades  païennes  ten- 
taient contre  l'évêque  et  sa  suite  un  hardi  coup 
de  main.  Les  serviteurs  coururent  aux  armes, 
mais,  au  premier  tumulte  de  l'attaque,  l'homme 
de  Dieu,  entouré  des  clercs,  soi  lit  de  sa  tente: 
«  Cessez  ce  combat,  mes  enfants,  s'écria-t-il, 
voici  venue  l'heure  de  la  délivrance.  Soyez  forts 
dans  le  Seigneur;  il  sauvera  vos  Ames.  •  Et 
s'a vançant  au-devant  des  Barbares,  il  se  présenta 
à  eux  comme  la  victime  résignée.  Obéissant  à  la 
voix  du  pontife,  les  serviteurs  cessent  d'opposer 
une  résistance  inutile,  et,  martvrs  de  la  foi, 
tombent  avec  leur  maître  sous  les  coups  des 
assassins.  Les  Barbares  ne  jouirent  pas  long- 
temps de  leur  triomphe.  A  la  première  nouvelle 
de  l'attentat, leschrélicnsdes  environs  se  levèrent 
en  armes,  et  se  jetèrent  sur  li!s  meurtriers  qu'ils 
exterminèrent.  Après  le  combat,  on  retrouva  le 
corps  de  saint  Boniface  criblé  de  coups.  A  se* 
côtes,  était  ouvert  un  livre  souille  de  sanu,  tombé 
de  ses  mains  déraillanles  :  il  contenait  l'écrit  de 


Un  lu'ufnil  ilr  la  tnnrt. 

Il  apôtre  dont 
,         .1  Maestricht, 
monastère  de   Fulda.  La 
de  posséder  une  de   ses 
dévots  de  taiiit  Boniface 
euvrnt  aller  la  vénérer  i  l'église  collégiale  do 
aiiit-Quentin. 


saint  K 

L'AI 

le  COI  ; 

Mayence,  et  eniin  au 
France  a  le  bonheur 
reliques  insigvics:  les 


E.  P(TirMU<iT,liap.-04r«iu,  »,  rue  è'ittuyoïs  I",  l'an 


SAINT    NORBERT 

FONDATEUR  DES  PRÉMONTRÉS,  ARCHEVEQUE  DE  MAGDEBOURG 

Fête  le  6  juin. 


I .  Norbert,  né  à  Clèves,  de  la  noble  race  des  Krancs-Saliens, 
fut  engagé  dés  son  jeune  âge  dans  la  eléricature  Mais  il 
fréquentait  plus  la  cour  que  leglise.  Kenversé  un  jour  par 
la  foudre    il  se  convertit. 


3.  De  retour  dans  sa  ville  natale,  il  .^t  idmis  A  l'ordi- 
nation, et,  avant  de  recevoir  lonction  sacerdotale,  il  se 
dépouille  de  ses  habits  mondains  et  se  revêt  d'une  simple 
tunique  de  peau. 


a.  Abandonnant  le»  vanil»'s  du  iiiMude.  il  se  relire  pendant 
qiir-lqiip  li-inp*  a  l'ahliaye  de  Stgelierg.  où,  «mis  la  conduite 
du  hieiilieiireux  alil>é  Cooon,  il  eludic  »•  vocation  et  s'exerce 
A  la  vie  dpiriluelle. 


5.  Dén!.-  A   i^iiiiirn--  .    ipostollque  dans  tonte  M 

perfecliuii,  Nmlirrl   .1.  ;:.:,.:.     ..s  bien»  aux    pauvres,  ne 
voulant  d'autre  héritage  que  le  Seigneur  lui-niénie. 


"S^. 


^    !    F 


|.«ini^(lii  lii.-nlipiirnix  lIii|rn«i.'T"l  «>Ult  i«tt«ch*> 
~  la  mort  de  »r«  ln>j»  (in-iuK-ni  c>>iiipn|;ii<>nii.  il  |>ar- 
.  .ill•^,  1<>  cliilraun  <'l  !<••  lK)iirK«<tnt,  i)Kxliaiit  et 
cwivi.iij»»anl  \t*  pirui>U'»  accouru»  a  6a  roi». 


3.  Sur  on*  rfv^lAtlon  du  innrIjT  Miiiil  <lcr«>n.  U  »••  ' 
A  ColoKnr.  rt  d<-»iKm'  1''  1"™  <"'  rn>'>-  ■  ••"I.  iifriDn-r»  .1 
(«..  au»,  IM  rrliqui^  de  ci-  Suint.  Ix-j.  o.^.  lucuU  iscr. 
ensuite  transporté»  i  Prt-moutPé. 


■n^ 


♦«RïlMjtVWw 


n  ppfwUnt 


Ir  cIk 


i>our  Ir  er»<>i  v 


1ID<-     > 

1  •  rt,  el  lui  <i  "" 
purlcr. 


l'Mm  ceux  qui  U  «ul<ruiU> 


^.  '  i  • 


9.  (>)ntintiant  l'cxorcice  de  la  vie  R)>osioiiqiie.  Norl)erl 
réconcilie  les  eDnemiïï,  convertit  le»  herriii|U4%  t-t  travaille 
ulili'iaent  au  :<alut  <ies  âmes.  ]jn  miracles  ninlirnienl  sn 
paroi   eli  sa  VOIX  le^  ilruKiu»  s«>rirut  des  coqj-.  ik-s  po»*«dcs. 


II.  Le  comte  Godefroy  de  (^appeiiherp  renonce  au  monde 
avec  sa  femme  et  son  fr»TeOll>on.et.  »nrè'<  iMoirfoffdé  trois 
mi>naster»*!*.prend  l'habit  blanc  des  rn-montrrs.Ot  exemple 
est  suivi  par  un  grand  noi]il>re  de  princes  et  seigoeors. 


in   Prévoyant  le  tort  immenM  que  Norbert  el  l'Ordre  des 

f*r*"i -tr-  -  f-r- -      ■" --     1-  -!'>■<-    '^''i  jouer  tttutea 

''  -  III-  d'un  ours 

lucni,    ,  ^  ....  de  Norbert. 


la  Bftint  Nnrliert  obtient  du   pape  Honorivs  11  Tappro- 

Iiati'.i.    '      '  ' î-       ■      •  qu'il   se  livre* 

1  <   .  •  -s.  iiiio  voix  le 


il.  Pour  monlrcr  coiiibii'n  lo  nouvel  Inslitiil  et  srs  œuvres 
lui  -ioiil  .ifcrénlileK.  Dieu  iiiiiltiplie  les  iiiiracle;!  parles  lunin» 
«lu  ri>nilaleiir.  A  \Viirtzlioiir(Ç.  il  rend  la  vue  A  une  fcmjue 
nveiij-le.  (xiiclnnl  la  messe  <lu  jour  <le  IViques. 


IS.  Saint  Norbert,  r^-coneilianl  lV|rlise  de  SnliilMauriee 
apri-s  un  meurtre,  est  assailli  par  une  émeute  iln  peuple  de 
Ma({del>our(t.  Il  va  seul  au-ilevaiit  de»  ^pées;  mais  son  eorps, 
invineihle  enmme  son  couni(,-i-,  n'éprouve  «urune  alleinte. 


^Vi     i 


li     Kir. 

•on   fl" 


■r    rf\\f    ^irlt«f    lui    «llirr    l«    hiilnr    *!<*• 

t     t   iiii|ir<>«   fir   lui  ;   muït 

.<■  c<»u|iablr,  \r  convertit 


.r  I'»  Il  Tiin 


r\r]  par  lf*ft  anirrt 


m  ^  I  r<  iiMM      <  !•      I  iiiiiM'ri 


I  ..  I  I  .1 


ru   Juun    rX|M>«é,    un*    lucun    <il|rn<'    'I** 


l-'.  iMri» 


SAINT  ROBERT.    ABBÉ   DE    NEWMINSTEK 


Fête   le    7   juin. 


Premiers  jours  dans  la  solitude.  —  Fondation  de  l'abbaye  de  Fontaines. 
On  commence  par  bâtir  la  chapelle. 


Robert  naquit  en  Angleterre,  au  diocèse  d'York, 
Ters  la  Qn  du  xi*  siècle.  Set  parents,  vrais  chré- 
tiens, lui  donnèrent  de  bonne  heure  une  éducation 
conforme  à  leur  foi  et  trempèrent  si  bien  son  Ame, 
que,  par  une  précocité  merreilieuse,  il  s'adonna  dès 
1  enfance,  d'une  façon  à  peu  près  eiclusive,  à  l'étude 
«t  à  la  prière.  Ces'  deux  occupations  devinrent  ses 
attraits  de  prédilection. 

Sitôt  que  son  intelligence  eut  le  développement 
convenable,  elle  savoura  bien  vite  les  profonds 
enseiçnemenls  de  la  sainte  Ecriture;  sa  vertu  s'j 
fortifia  graduellement  et  le  Ot  juger  digne  du  sacer- 
doce dés  qu'il  eut  atteint  l'âge  de  le  recevoir;  on 
lui  confia  immédiatement  le  soin  d'une  paroisse. 


IL    DEVUNT    MOINK 

Mais  il  ne  tarda  pas  à  gémir  sous  le  fardeau  des 
âmes,  dont  les  lumières  de  la  sainteté  lui  faisaient 
encore  mieux  sentir  le  poids.  Ses  goûts  solitaires 
le  poussaient  d'ailleurs  vers  la  vie  monastique.  Il 
quitta  donc  une  responsabilité  qui  l'elTrayait.  et  prit 
le  chemin  de  l'abbaye  bénédictine  dé  Wiltebv, 
située  dans  son  diocèse,  sur  la  cùle  de  la  mer  du 
>ord. 
Sa  pi!~té  extraordinaire  fut  déçue  et  ne  trouva 
oint  cette  communauté  assez  régulière  pour  salis- 
aire    ses    hautes    aspirations   de    sainteté.   Robert 


l 


essaya  du  monastère  de  Notre-Dame  d'Tork  :  U 
encore  dans  l'ensemble  la  ferveur  était  languissante. 
Le  saint  abbé  Richard,  qui  dirigeait  cette  commu- 
nauté, faisait  tout  pour  la  raviver  et  prodiguait  les 
exhortations  pressantes,  les  généreux  exemples  :  ta 
parole  avait  peu  d'écho,  ses  exemples  peu  d'imita- 
teurs: lui-même  s'estimait  heureux  de  ne  point 
subir  les  entraînements  contraires. 

Devant  cette  inertie,  Robert  et  Richard  se  détermi- 
nent à  un  dernier  parti  :  c'est  de  Quitter  le  monas> 
tère  et  d'aller  fonder  ailleurs,  avec  la  meilleure  part 
de  la  communauté  qui  n'hésitera  pas  K  les  suivre, 
un  couvent  où  tous  pourront  donner  libre  carrière 
à  leurs  légitimes  désirs  de  perfection. 

Fort  heureusement  le  bon  Dieu  leur  ménagea  une 
puissante  protection.  Turstin,  l'archevêque  du  comté, 
non  seulement  bénit  et  encourage  leurs  projets,  il 
pousse  le  zèle  et  la  bienveillance  jusqu'à  faire  cons- 
truire pour  eux,  de  ses  propres  deniers,  un  couvent 
dans  la  vallée  de  Scheldall. 

Douze  moines,  parmi  lesquels,  Robert,  peuplent 
le  nouveau  monastère,  qui  s'appellera  désormais 
Abbat/e  des  Fontaines.  Richard  en  est  abbé.  On 
adopte  la  règle  et  l'habit  de  Citeaux  et  on  peut 
enfin  courir  à  l'aise  dans  les  sentiers  ardus  de  la 
perfection. 

Ici  le  travail  seul  donne  droit  à  la  nourriture,  la 
fatigue  seule  le  droit  au  repos;  et  encore  doit-on 


quitter  la  table  sans  être  rassasié,  et  le  lit  avant 
d'être  tout  à»  fait  reposé.  Robert  entre  tous  se  dis- 
tingua par  son  ardeur  au  travail,  sa  iVrveur  dans  la 
prière,  son  ïèle  apostolique,  ses  dures  mortifications. 
Il  ressentit  aussi  sa  part  des  persécutions  suscitées 
par  les  anciens  moines  de  .Notre-Oame  d'York 
contre  l'Abbave  des  Fontaines.  Maid  les  souffrances 
sont  l'aliment'  de  la  sainteté,  et  les  moines  fervents 
qui  n'en  reçoivent  pas  du  dehor?,  savent  s'en  créer  de 
volontaires  par  leurs  pénitt-mes.  Hobert  ne  manqua 
ni  des  unes  ni  des  autres,  au  grand  profit  de  sa 
vertu,  dont  le  parfum,  apH>s  avoir  embaumé  le  mo- 
nastère, te  répandit  lien  vile  «a  loia. 

a  DBTiKTr  kBti 

Ranulphe  de  Merley,  seifniear  dTork,  avant 
voulu  fonder  un  monastère  près  de  la  ville  actuelle 
de  M urpelh,  onze  Frères  de  1  Abbaye  des  Fontaine»  y 
forent  appelés,  et  le  renom  de  sainteté  de  Robert  le 
fit  choisir  pour  abbé  (1137).  Telle  est  l'origine  de 
l'abbaye  de  .Newminster  (nouveau  monastère). 

.N"tre  Paint  ne  vit  dans  ta  nouvelle  dienité 
qu'iine  obligation  plus  stricte  i  la  sainteté.  11  n'y 
faillit  point,  frlce  à  Dieu,  et  redoubla  ses  auslé- 
rit'-s.  Son  historien,  Jean  Pappravius,  rapporte  que 
jamais  il  ne  sortit  de  table  si  ce  n'est  avec  un  appétit 
plutdt  ai);uisé  (^ne  satisfait,  et  que  tous  le*  carêmes 
ilj>>ânaitau  pain  et  à  l'eau. 

La  jour,  au  sortir  ilu  carême,  par  suite  sans  doute 
d«  ses  mortifications  excessives,  il  ne  put  goâter 
(faaciiD  des  mets  que  lui  présenta  le  frère  servant  : 
■  WofB  Père,  lui  dit  celui-ci,  pourquoi  ne  mangez- 
vons  pasT  —  Peut-être,  répond  le  Saint,  que  li 
j'avais  un  peu  de  pain  d'avoine  et  de  beurre,  j'en 
pourrais  mant^er.  »  —  Le  pain  d'avoine  était  donc 
une  friandise  pour  ce  bon  moine;  nos  délicats  con- 
temporains, An^jlais  ou  Fiançais,  avoueront  qu'il 
a'elail  pas  difUcile.   —  Le  cliaiilable   frère   s'em- 

f tresse  de  répondre  an  désir  de  son  supérieur,  liais 
ai  croit  avoir  cédé  k  un  mouvement  de  gourman- 
dise qu'il  se  reproche  vivement,  et  veut  s  en  punir 
aussitôt.  Une  touche  pas  au  mets  qu'on  lui  présente 
et  le  fait  di'-poser  &  la  porte,  dans  l'assiette  qui  le 
contenait,  pour  le  premier  meirdiant  de  passage. 
Mais,  6  merveille  !  on  voit  venir,  ao  lieu  d'un  pauvre, 
un  beau  jeune  homme  frais  et  radieux,  qui  emporte 
le  mets  avec  Fassiette  et  disparaît.  Cependant  on 
s'étonne  an  monastère  (fe  la  disparition  de  l'assiette 
de  l'abbé;  mais  an  moment  du  repas  on  la  voit  sou- 
d.iin  suspendue  dans  les  airs  et  venir  se  déposer 
doucement  devant  l'abbé.  L'assiette  était  vide  : 
r.îeu  avait  agréé  le  saerilicc  de  son  ser>-itenr,  et 
qnr|(^iie  bun  anee  avait  porté  le  mets  à  un  pauvre 
inconnu,  (".o  miracle,  nien  capable  d'édtfliT  le 
monastère,  était  d'ailleurs  sans  préjudice  de  la 
[«•compense  à  recevoir  dans  le  ciel,  où  Dieu  doit 
r<'(-iiiiir'nser  même  aa  verre  d'eaa  froid*  donné 
pour  I  amour  de  loi. 

«isnn  BT  afviikiioaa 

Kn  dehor»  des  r-^ernrfs  de  sa  charp»  et  de  ion 
état,  Robert  récitait  ur  les  t^O  psaomef 

du    psautier.  Un  jour  :••■   dam  sa  prière,  il 

•l  r.  ^T^fait  A  fhea  d'atiitr  le  sacriflci*  que  sel 
m  .  ^  i>t  lui  avaient  ftiit  de  leur  existence  ter- 
f'  1   livTP   de  Tie,  il  rn- 

t-  :  t  :  ■•  r.on  (lance,  mon 

01  .       ■  ■       ■    •         '    :i 

"    '  ■  t 


la  communauté  pour  retourner  au  monde  y  périr 
bientiit  misérablement 

Notre  Saint  était  un  jour  de  passage  à  New-Castle, 
port  de  mer  tout  près  de  là  :  Il  avise  au  milieu  «l'une 
foule  de  jeunes  gens  et  de  jeunes  personnes,  un 
jeune  homme  de  mine  éveillée,  à  la  fois  effrontée  et 
aimable,  qui  la  parcout  fiévreusement  comme  pour 
une  importante  affaire.  L'homme  de  Dieu  Oaire  U 
vieil  ennemi  du  genre  humain;  tout  à  coup,  il  lai 
commande  :  •  .allons,  vaniteux  !  ces  jeunes  gtns 
n'ont  nul  besoin  de  toi  ;  quitte-les  et  suis-moi.  • 
Terrassé  par  ce  commandement,  il  obéit  sans  ré- 
plique et  suit  télé  ba.se,  honteux  comme  un  renard 
pris  au  piège.  Arrivés  au  détour  d'un  chemin  en  de- 
hors de  la  ville,  Robert  lui  demande  :  ■  Qui  es-tu  '?  et 
que  faisais-tu  avec  ces  jeunes  gens?  •  —  Tu  sais 
bien  qui  je  suis  et  ce  que  je  faisais.  Deux  familles 
riches  célébraient  une  noce  en  grande  porape  ;  il  y 
fallait  trouver  mon  compte  :  tout  était  près  poar 
que  les  rivaux  de  l'époux  le  missent  à  mort  et  que 
les  convive.i,  aveuglés  de  colère  et  d'ivresse,  usas- 
sent de  représailles,  et  Qssent  un  grand  carnage  : 
cette  querelle  da  famille  eût  dégénéré  en  guerre 
civile.  Ub  I  que  de  sang  répandu!  quel  riche  bu- 
tin d'àmes  pour  noir*  enfer  I  Je  comptais  l'annon- 
cer bientôt  k  mon  maître  Satan  ;  tu  as  déjoué  mon 
plan,  je  vais  rentrer  bredouilla...  « 

Le  Saint  le  maudit  et  lui  commanda,  au  nom  d* 
Dieu,  de  s'en  aller  aux  d<^serts,  et  de  laisser  cas 
familles  en  paix.  Le  démon  obéit,  mais  en  jetant, 
en  guise  d'adieu,  une  telle  épouvante  1  la  nNMie, 
que  les  chevaux  du  cortège  nuptial,  tout  frésiiaaati^ 
hennissent,  pialTent  et  ne  peuvent  qu'a  graad  paaa 
être  maîtrisés  par  leurs  cavalier*. 

Une  nuit.  Dieu  lui  montra  dans  un  songe,  les 
manauvres  de  Satan  :  il  vit  le  diable  assis  à  U  porte 
du  chœur  da  la  chapelle,  où,  malgré  ses  elTorts,  il 
n'avait  pu  entrer,  il  avait  la  forme  d'un  grosaier 
paysan  au  long  buste,  monté  sur  de  grandies  jambes 
dénudées  et  chargé  sur  le  dos  d'une  botte  de  eiuflSHi- 
nier,  retenue  au  moyen  de  cordes  passées  sous  les 
aisselles,  à  une  plaque  de  bois  sur  la  poitrine.  Le  cou 
allongé,  les  yeux  roulants,  il  fait  le  tour  du  cliaur, 
cherchant  d'un  ret,'ard  anxieux  lesreligiciix  qui  pour- 
raient lui  plaire  davantage.  Mais  la  ferveur  des  moines 
redouble.  Itotn-rt  est  là  qui  les  aide  de  ses  exemples 
et  de  ses  paroles  ;  le  rôdeur  infernal  a  beau  observer, 
il  n'y  a  rien  pour  lui.  FI  s'en  va  furieux  vers  le  rhtvur 
de»  convers,  plus  heureirx,  cette  fois,  il  eu  voit  .f\ip|- 
ques-ons  sommeiller  et  rit  aux  éclafs;  d'autres 
laissent  leur  imagination  s'égarer  a  des  p^- 
nuisibles  ou  danjrrrpo^es;  il  applandit  A  en' 
et  en  saule  de  joie.  Il  trouve  eniln  un  jeune  n-  v:.-e. 
présent  de  corps  A  la  prière,  mais  dont  le  cir  ;r  -e 
repaît  de  désirs  illicites  et  clierch»*  di'ja  le  moyen  de 
les  réaliser  en  secrrt.  •  ('.eloi-lA,  <M-il,  c'est  le 
mien  >•,  ce  diinnl.  il  le  saisit  »■"■<•  ■-i  fourche,  lejette 
dans  sa  hotte  et  se  sauve  h  tii:  •<. 

Le  lendemain  t  son  réveil,  I     •  l''-.  in.inirt 

pour  ce  Frère,  le  fait  chercher  arec  dili^-' 
il  avait  fui  pendant  la  noft  et  ne  ■; 
revenir;  on  sut  plus  tard  qu'il  s'enrôla  dans  une 
troupe  do  brigaixl»,  qa'lt  rat  saisi  par  la  justice 
hiiiiiaine  et  romlnmiié  A  mourir  du  dernier  sii|i|ilice. 
Plaise  A  Dieu  qu'a  c  mnm<»tit  suprême,  le  rej.enlir 
(te  son  apo^la'ie  lui  i  le  pardon  et  ouvert 

le  c<rur  de  la  Jivine  le. 

l.'ne  autrt*  foi- 
fice,  il  voit  tout 

ji'Ier  furienses   vii«  te  .lei  u  oti  ei     >  :■ 
(rrns  bouillons  d'i'runie;  au  milieu,  un 


envoie  des  Frères  constater  le  sinistre;  ils  trouvent, 
en  eflet,au  bout  de  quatrejours.à  l'endroit  indiqué, 
des  corps  de  naufragés  jetés  sur  la  côte,  auxquels 
ils  donnent  U.  sépoUiire. 

DSB:«I£aBS   ÉfBEDTSS  —  SA.   MOBT 

Une  dame  convertie  par  le  Saint  s'était  mise  sous 
sa  direction  pour  jr  marcher  dans  les  hautes  voies 
de  la  perfection,  à  l'exemple  de  ces  illustres  matrones 
romaines^  telles  que  Paula  qui,  sous  la  direction  de 
saint  Jérôme,  devint  sainte  Paale.  Le  démon  de  la 
calomnie  ne  tarda  pas  à  jeter  de  noirs  soupçons  sur 
ces  rapports  de  spiritualité  et  d'édidcation;  la  ca- 
lomnie courut  rapidement  suivant  l'usaçeen  pareille 
matière,  et  vint,  à  travers  les  océans,  jusqu'à  Clair- 
vaux,  aux  oreilles  de  saint  Bernard,  qui  était  alors 
la  lumière  et  le  guide  de  l'ordre  de  Citeaui.  Une 
étroite  amitié  avait  jusque-là  uni  les  deux  Saints. 
Robert  prend  le  parti  de  venir  se  justifier  a  Clair- 
vaux.  Saint  Bernard  a  révélation  de  l'innocence  de 
son  ami,  dont  la  haute  sainteté  lui  était  d'ailleurs 
connue  depuis  longtemps;  dès  qu'il  l'aperçoit,  il 
lui  dit  le  premier  et  avant  toute  autre  parole  : 
■  Frère  Robert,  tou»  les  bnrils  dont  on  a  voulu 
ternir  votre  réputation  sont  faux.  »  Et,  en  témoi- 
gnage d'estime  et  d'afTection,  il  lui  remet  sa  cein- 
ture, dont  le  seul  attouchement  opéra  dans  la  suite 
beaucoup  de  guérisons. 

Robert  dirigeait  aussi  la  conscience  d'un  saint 
eraule  nommé  Godric;  ils  eurent  souvent  de  longs 
et  pitux  entretiens,  tantôt  sur  les  communications 
intimes  dont  Dieu  ou  ses  anees  les  favorisaient, 
tantôt  sur  les  misères  de  notre  pauvre  nature,  les 
moyens  de  la  guérir  et  de  la  fortifier  dans  le  bien, 
ou  encore  sur  les  précieux  avantages  de  la  protection 
des  saints,  etc.  Robert  lui  dit  un  jour  inspiré  d'en 
haut  :  «  Souveaez-vous  de  moi,  mon  frère,  car  vous 


ne  me  verrez  plus  dans  cette  chair  de  ccrrrupfion.  » 
Or,  quelques  jours  après,  Godric,  assis  dans  sa 
cellule,  voyait  tout  à  coup  deux  tours  lunnineuses 
s'élever  jusqu'au  ciel  :  sur  l'une  apparaissaient  trois 
anses  emportant  dans  un  globe  brillant  l'àme  du 
bienheureux  Robert;  deux  anges  marchaient  de 
front  derrière  le  troisième  qui  leur  ouvrait  la  marche 
au  sommet  des  nues;  à  l'autre  tour  figurait  une 
autre  sainte  âme,  du  nom  d'Edithe,  reçue  en  même 
temps  dans  le  sein  de  Dieu. 

Godric  voit  les  esprits  infernaux  se  jeter  au-devant 
de  l'âme  d«  Robert  qui  va  leur  échapper  déCnitive- 
ment;  mais  les  anges  luttent  pour  lui  f-.t  le  con- 
duisentvictorieusemeut  dans  l'éternité  bienheureuse. 
C'était  le  7  juin  de  l'an  1(59.  Le  pieux  solitaire  sur- 
vécut onze  ans  à  son  saint  ami. 


Un  muet  de  naissance,  pour  obtenir  sa,  guérison, 
adressait  beaucoup  de  supplications  et  Je  larmes  au 
saint  martyr  de  1  Angleterre,  Thomas  Becket,  mais 
sans  résultats  apparents.  Le  Saint  lui  apparaît  un 
jour  et  lui  dit  :  •  Pars  sans  délai  pour  Newrainster, 
aie  confiance,  Robert  exaucera  ta  prière.  »  Le 
muet  objecte  an  fond  de  son  cœur  :  «  Qui  me  mon- 
trera le  duché  d'York,  qui  m'indiquera  le  cheminT 
—  Celui-là  même  sera  ton  guide  qui  est  non  seule- 
ment le  seigneur  du  duché,  mais  le  Seigneur  et  le 
Créateur  du  monde.  •>  Il  part  et  arrive  sans  erreur  au 
mona^stère.  A  peine  en  a-t-il  louché  le  seuil  qu'il  sent 
sa  langue  se  délier  et  peut  chanter  la  gloire  et 
la  puissance  de  saint  Robert.  Notre  bienheureux 
guérit  encore  un  autre  muet,  redressa  plusieurs 
boiteux,  rendit  la  raison  à.  un  fou.  la  vue  à  unaveu£:le  ; 
ces  faveurs  précieuses  et  beaucoup  d'autres  ren- 
dirent son  culte  populaire  et  son  nom  respecté  et 
glorieux  dans  l'ancienne  Angleterre  catholique. 


SAINTE  POTAMIENNE,  VIERGE  ET  MARTYRE 


Fête  le  7  jvUn. 


R0BLR3!>I    ET    LIBEBri    PAR    JÂSOS-CHRTST 

Quand  Jésus-Christ  env<»ya  ses  apdt.-es  prêcher 
son  Ev.tnirile  au  monde  et  régénérer  les  homra«9 
par  le  Biptéme,  une  grande  partie  de  rhumanité 
était  esclave  de  l'autre.  Dans  cette  fameuse  répu- 
blique d'Athènes,  si  vantée  par  les  litti'rateurs,  il  y 
eut  telle  époque  ofi,  sur  trente  mille  habitants,  il  n'y 
avait  que  dix  mille  citoyens  libres,  les  vingt  mille 
autres  étaient  esclaves.  Beaucoup  de  patriciens  ro- 
mainsavaientàleur service  des  centainesd'esclaves. 

Les  philosophes  païens  se  demandaient  sérieu- 
sement si  un  esclave  avait  une  Ame.  Le  maître 
l'achetait,  le  vendait,  le  tuait  même  quelquefois, 
en  faisait  ce  qu'il  voulait,  comme  si  le*  esclavea 
eussent  été  une  partie  de  son  bétail. 

L'Eglise  de  Jésus- Christ  vint  apprendre  aux 
hommes  la  plus  vraie  et  la  plus  belle  fraternité  en 
leur  enseignant  à  dire  ensemble,  avec  le  Rédemp- 
teur :  X  S'jtte  Père,  qui  êtes  auT  cieux...  » 

Mais,  si  pour  abolir  peu  k  peu  et  sans  secousse 
l'esclavaee,  comme  l'a  fait  l'Eglise,  Il  était  néces- 
saire d'''<-,lairpr  et  d'adoucir  le  cœur  des  maîtres,  il 
n'était  pas  moins  indispensable  de  relever  le  niveau 
moral  de»  esclaves,  car  beaucoup  vivaient  dans  un 
tel  abrutissement  qu'ils  n'étaient  pas  capables  de 
porteries  avantages  de  la  liberté. 


L'aSCLAT»     POTAVIMirB      AfWAÎfCBI»     PA»     jésOS-CIlRIST 
DgVIBMT    PLDS    LIBBB    BT    PLC3    XOBr.R   0"8    ï"iN  MAITHE 

PAisn 

An  commencement  du  troisième  siècle,  quand 
l'empire  romain  persécutait  encore  l'Eglise,  la  jeune 
Polaraienne  fut  un  touchant  exemple  de  ce  que  la 
pràce  de  Jésus-Christ  pouvait  faire  d'une  esclave. 
Née  sans  doute  dans  l'esclavage,  celte  jeune  fille 
était  au  service  d'un  païen  d'Alexandrie,  riche, 
mais  plein  de  vices.  Potaraienne  était  extraordinai- 
rement  belle  de  visage,  mais  son  âme  était  plus 
admirable  encore,  car  elle  était  vraiment  chré- 
tienne. Le  démon  espéra  trouver  en  son  maître  un 
instrument  docile,  pour  perdre  cette  âme  sainte.  Ce 
païen,  en  effet,  croyant  qu'il  avait  tout  droit  sur  ses 
esclaves,  voulut  exiger  que  Potamienne  devint  la 
complice  de  ses  crimes.  La  jeune  chrétienne  s'y  re- 
fusa avec  une  invincible  fermeté. 

Lequel  des  deux  était  le  plus  esclave:  ce  maître 
servilement  courbé  sous  le  joug  dégradant  de  ses 
passions,  ou  Potamionne  libre  et  vaillante  dans  la 
majesté  de  sa  vertu  ? 

Le.]uel  des  deux  était  le  plus  noble,  de  cette  bit,, 
ou  de  cet  ange  f 

Le  païen,  voyant  qu'il  ne  pouvait  obtenir  de  Pota- 
mienne rien  de  ce  que  réprouve  la  conscience  chré- 


tienne,  la  livra  au  préfet  d'Alexandrie  ;  il  promit 
à  ce  magistrat  une  forte  somme  d'argent,  s'il  réus- 
&i«sait  à  vaincre  la  constance  de  l'esclave;  et  si 
Potamienne  persistait  dans  ses  refus,  il  lui  deman- 
dait de  la  livrer  au  dernier  supplice. 

Voilà  donc  ce  macistrat  entre  l'innocent  et  le 
coupable.  Que  va-t-il  faire  ?  En  digne  païen,  il  prend 
en  main  la  cause  du  coupable  contre  l'innocent. 
(Tel  était  lablme  d'où  il  fallait  que  l'Eglise  tirât  la 
société  antique.)  Désireux  de  gagner  la  somme  pro- 
mise, le  préfet  cherche  quelque  arPreux  supplice, 
dont  la  perspective  pût  effrayer  la  jeune  fille.  Il  or- 
donne de  préparer  une  chaudière  d'huile  bouillante 
et  d'exposer  auprès  un  grand  nombre  d'instruments 
de  tortures.  Puis,  appelant  la  jeune  fille,  il  lui 
montre  tout  cet  appareil  effroyable  :  <•  Choisis,  lui 
dit-il,  obéis  à  Ion  maître  ou  voilà  ce  qui  t'attend. 
—  A  Dieu  ne  plaise,  répond  Potamienne,  que  je 
souille  mon  Ame  en  obéissant  aux  ordres  criminels 
de   mon  maître.   —  Bourreaux,  cria   le  magis  trat 


déçu  et  furieux,  dépouillez-la  de  ses  vêtements  et 
plongez-la  dans  l'huile  bouillante.  —  Je  vous  en 
conjure,  par  le  salut  de  l'empereur,  dit  la  pudique 
vierge,  qu'on  me  laisse  mes  vêtements;  qu'on  me 
plonge  plutôt  lentement  dans  la  chaudière  pour 
multiplier  mes  souffrances;  Jésus-Christ,  que  vous 
ignorez,  me  donnera  la  force  de  les  supporter.  » 

Ce  raffinement  de  cruauté  parut  ingénieux,  on  y 
consentit;  on  commença  donc  &  plonger  ses  pieds 
dans  le  liquide  brûlant  et  on  l'y  enfonça  peu  à  peu, 
très  lentement,  de  manière  à  la  cuire  toute  vivante. 
Cette  horrible  supplice  dura  trois  heures,  au  bout 
desauelles  l'innocente  victime  expira.  —  D'esclave 
sur  la  terre,  Potamienne  est  devenue  reine  &  la  cour 
céleste. 

Saint  Antoine  aimait  à  raconter  ce  trait  d'hé- 
roïsme chrétien;  on  pense  qu'il  en  avait  été  lui- 
même  témoin,  car  il  était  venu  à  Alexandrie  sou- 
tenir le  courage  des  fidèles  pendant  cette  persécu- 
tion. 


SAINT  MEKIADEC,  EVÊQUE  DE  VANNES 


Fête  le  7  juin. 


Mériadec,  nom  cher  aux  Bretons,  est  celui  d'un 
prince  de  la  plus  ancienne  famille  royale  de  Bre- 
tasne.  Il  vivait  au  vii«  siècle.  Sa  noblesse  et  ses. 
richesses  ne  servirent,  dès  son  enfance,  qu'à  rendre 
plus  admirables  son  humilité  et  sa  charité.  Telle 
était  sn  bonté,  que  les  maux  du  prochain  le  tou- 
ctment  davantage  que  les  siens  propres. 

Saint  llingueten,  évéque  de  Vannes,  l'éleva  au 
sacerdoce,  malgré  les  résistances  de  son  humilité, 
qui  ne  se  crevait  pas  digne  d'une  charge  si  sublime, 
(juand  Mériadec  se  vil  revêtu  de  ce  caractère  sacré, 
il  se  mit  avec  une  nouvelle  ardeur  à  l'œuvre  de  sa 
sanctification;  il  doubla  ses  austérités  et  ses  prières, 
il  vivait  en  grande  sobriété  et  pauvreté,  distribuant 
aux  clercs  pauvres  se»  revenus  ecclésiastiques,  et 
aux  autres  indigents  le  produit  de  ses  biens  patri- 
moniaux. Illentôt,  dans  toute  la  Bretagne,  on  parla 
avec  ailmiration  des  vertus  du  saint  prêtre.  A  la  vue 
de  cette  renommée  qu'il  n'avait  jamais  cherchée 
Mcriadec  eut  peur;  il  craignit  les  pièges  de  l'orgueil, 
et  s'enfuit  dans  une  solitude  de  Pontivy. 

Là,  seul  avec  Dieu,  il  passait  toutes  ses  heures 


dans  la  prière,  et  s'offrait  lui-même  au  Seigneur 
comme  unehostievivante,  immolée  parla  pénitence  : 
il  n'interrompait  ses  jeûnes  que  par  un  peu  de 
pain,  d'eau  et  de  légumes;  son  vêtement  était  un 
cilice,  un  autre  cilice  lui  servait  de  lit.  Mais  la  re- 
nommée qu'il  fuyait  le  poursuivit  au  désert  :  les 
malades  venaient  à  lui,  et  sa  prière  les   guérissait. 

Aussi,  quand  saint  Hingueten  eut  rendu  le  der- 
nier soupir,  les  habitants  de  Vannes  vinrent 
chercher  le  bon  solitaire  et  l'cnin.  nèrent  de 
force  pour  être  sacré  évêque.  Sur  le  Irùne  épiscopal, 
il  resta  pauvre  et  austère  comme  au  désert,  mais 
sa  situation  lui  permit  d'être  plus  que  jamais  le 
père  des  pauvres  et  des  orphelins  et  la  lumière  des 
prêtres.  Ses  travoux  et  se»  austérités  le  ravirent 
trop  tôt  à  son  peuple  bien-àimé.  Il  fut  enseveli  dans 
la  cathédrale,  et  ses  miracles  continuèrent  à  le 
rendre  cher  aux  Bretons. 

Plusieurs  sanctuaires  sont  dédiés  à  sa  mémoire  ; 
les  trois  plus  fréquentés  sont  :  la  chapelle  du 
chilteau  de  Pontivy,  celle  de  Slivol,  et  une  autre 
dans  la  paroisse  de  Plumergat. 


Iinp    jérant      l'tiiiiifMii,  I*.  rue  Kr/in^fiU  I",  P«n« 


SAINT    MÉDARD 

ÉVÉQUE  DE  NOYOX   (iofl-oiS) 


l'été  le  s   jutii. 


Un  aigle  étend  ses  ailes  sur  Médard  enfant  pendant  un  orage,  et  ce  prodige  manifeste  à 
un  serviteur  et  à  ses  parents  sa  sainteté.  C'était  la  récompense  d'un  acte  de  charité 
généreux. 


Vers  le  milieu  du  v  siècle,  dans  un  petit  vil- 
lage de  Picardie,  à  Salency,  naissaient  deux 
•  iifanU  qui  devaient  être  la  f/loire  de  leur  patrie. 
Mf^dard  et  (iodard.  né*  le  ni(?me  jour,  consaTé' 
i'v<%jue«  le  m<*me  jour,  devaient,  nous  dit  le 
martyroloHe  romain,  s'envoler  au  ciel  ensemble. 
Quoique  leur  vie  ait  et.'  1res  étroilcment  liée, 
nou«  parlerons  surtout  de  -linl  Médard,  dont  le 
nom  est  resté  fi  populaire  dans  notre  France. 


FAUILLB   DE   SAINT    HKDARO 

Neclardus,  père  de  notre  Saint,  était  un  noMe 
leude  franc  de  la  cour  de  Cliilpéric.  Il  était  né 
dans  les  ténèbres  du  pai;anisme,  mais  les  exeni 
pies  et  les  prières  de  «on  épouse    l'rolagia  lui 
tirent  demander  le  baf)téiu''. 

Devenu  chrétien,   .N'eclardus,  bannissant  tout 
respect  humain,  résolut  de  mener  une  rie  con- 


U'J 


foniie  au  caractère  (|u"il  veaait  de  recevoir. 
Au'iii,  toute  super~tiliou  fui  chassée  de  celte 
maison  cbrélieniie,  et  les  deux  «poux  brillèrent 
autant  par  leur  pii-tév  leur  miséricorde  eavers 
les  pauvres  que  pur  la  noblesse  ilo  leur  ranj;  et 
l'érlat  de  leur  fortune.  Dieu,  qui  régnait  dans 
cette  familli'.  y  répandit  si'^  plus  anondanles 
bénédiction'  Les  heureiiï  paients  ne  laissèrent 
pas  une  longue  suite  de  descendants  sur  la  terre, 
mais  il-  turent  rincoinparal'le  honneur  de  don- 
ner uix  Ef^lises  de  Noyon  et  de  Uouen  deux 
évi'ques  qui  ont  r-,iiiiu;-  li  ."loin'  élornelle  des 
saints. 

pneuiÈBKs  ^rooBs  on  héoabd 

Le  jeuiiP  Médard  fut  placé  sout  la  direction 

des  moines. 

Le  (ils  du  Irudo  franc  devint  bienUM  un  savant 

et  un  saint.  Jrune  encore,  il  e6t  l'esprit  de  pio- 

1  I.'i.   i-omnic  le  prouve  un  trait  de  son  adoles- 

>   Il  dit   un  jour  à  un  de  ses  c<indisr.iplM, 

!•■  lilcutlière,  qu'il   aimait   tout    partirnlIA- 

rit  à  cause  de  sa  vertu  :  <  \  ous  •eret  d'altord 

M.^c    franc:   puis,   à    trente   an»,  voiu   mni 

>  vèque.  '  Nous   verrons  plus  loin  comiDMrt  m 

î .'  ,i!»,i  .•■>ite  prophétie. 

>..r.i.     Ill'.COIIPINSR    P.kR    DKS    HIRACLES 
L\    CUARITI-'    DE    UÉOAHD 

Kcole  chrétienne  dit  ccol'' 
les  lerons  de  jes  maîtres,  I 
pieux  parents  inspiraient  à  1  -  Uait>  de 

aéiiérosité  qui   faisaient  pr' i  .randeurs 

futures. 

I  11  jour,  soa  père  le  charaea  de  veillei  à  la 

'  1"   des   eh''  "      '      ■         ";■    -'acquittait 

Ile  fonc'  uii  ::iier- 

ini  liane  poriam  »ui  ^■c!•  ci'uincs  une  selle  et 
une  hrid'-  : 

•'  Pourquoi  voyagei-roos  ainsi,  demanda  l'en- 
fant ■; 

—  Héla'!  répond  le  guerrier,  mon  cheval  \icnt 
de  loinher  in^irl,  et  j'ai  di>  me  charger  de»  har- 
nais, ne  >ai  11  inl  comment  j«  pourrai  me  pro- 
curer une  autre  monture. 

—  Au  nom  du  Sei|.'neur,  répond  le  Jeune  ptar- 
dien.  prenez  un  do  ces  clievanx.  i' 

Le  i.'uerrierhf.«ite;  mais,  pressé  par  Médard,  il 
se  décide  à  nb^ir. 

.    Il  s'était  à  peine  éloigné  qu'un  eervitour  rint 

l'iij placer    l'rnfant.    Vu    violent    oraue    venait 

1  ■    '  itiT   M.'il  ird   élAit  au    milieu  Je   la 

'aux  aile-  ■•   •   ■ 

II-  protéf 

•    m  .•   l'.llllé  'I-  '-    •         ■  Il    II    \.   ■ 

i  «  «on  n. 


pi  aine 


iru'iiii,  retoui  ' 

r  li.'.t.-  il'.ir.  .. 

Il--  romM-'  il  .1  : 

que  le  nombii! 

<tn  interr<>«e 

qui   lui   o-t 


ii'-'i 

loi 


i'oniant  qui  raconte  n 
.iirivé,    't   auvsit'.t,    .ip: 


lé    de    nouveau,  ou    constate   que  pas   un 

'I  ne  manque.  «  Mon  lll«,  lui  dit  alors  .Nec- 

'    M'  "'"   'iiii<    l'ni   .  «I    i  von».  |li«po<fi  df 

'     !:-  --I   11  .    11.-  .•donlé  et  jiriei  Dieu 

■  '        ison»  part  à  lia  grâce  et 

I  II  •    rern  de  -a  mère 

un  m  1  qu'il  psn'it  avec 

i    ■  iii»;. 

'•'  lia; 

[■;    MI"-.  I"  i:i    f,  ■       .     ,';r"-   :•■      ■  ^iTii'"   '!•;  j'-iine 


seisneur  pour  aller  revêtir  le  membre  souffrant 
de  Jésus-Christ. 

Hien  n'afllif.'eait  tant  le  cœur  du  saint  enfant 
que  les  disputes  entre  cUrétiens.  Pendant  qu'il 
était  chez  ses  parents,  il  arriva  que  plusieurs 
haliitanls  de  sou  villa.'e  se  querellèreut  au  sujet 
des  bornes  d'un  champ.  Comme  les  esprits 
s'échaulTaient,  MéJarl  vint  trouver  les  labou- 
reurs. Apercevant  une  pierre  au  milieu  du  champ: 
!•  C'est  ici,  dit-il,  que  se  trouve  la  véritable  borne; 
cesseï  donc  vos  disputes,  »  et,  en  même  temps, 
il  la  louche  léiièremenl  du  pied.  0  miracle!  la 
trace  du  pied  de  l'enfant  re-le  empreinte  sur 
la  pierre  dure  et  les  laboureurs  émerveillés  se 
rendent  à  la  vérité. 

Assidu  à  l'oraison,  aux  veilles,  aux  jeûnes, 
Mèdanl  avançait  tous  les  jours  dans  les  voies  de 
la  sainteté,  il  était,  nous  disent  les  auteurs  de 
sa  Tie,  un  pèlerin  sur  la  terre;  mais  sa  vie  pure 
et  obéissante  le  faisait  passer  pour  un  habitant 
du  oiel. 

aiU>Aao  coHSACiui  *u  skrvicr  dk  iheu 

4  •>-"••!-<>  «rn'll  avançait  en  Aj'e,  l'enfant  nr  -■ 
Si  -  d  attrait  que  pour  la  pi'-ti-.  .Nectardus 

ei  i  .-: .  comprirent  que  Dieu  appelait  leur 

flis  an  service  de  ses  autels. 

Médard  et  son  frère  furent  placés  sous  la  con- 
duite d'Alomer,  évéque  de  Veriiiiiinl.  Kiisemble, 
los  deux  saints  reçurent  la  lonsme  rléncale,  et 
!'!>>,   ils    furent    consacrés    prêtres    pour 
iité.  Leur   su!ur  consacra  sa   viriiinit'-   au 
:»ei«.ueur. 

ItienliM,  une  grande  doalcurvint    afflii-'er   I 
cirur  de  Médard  ;  Nectardus  et  Prolaiiia  allèreni 
recevoir   la    récompense   destinée   aux    |>arents 
chrétiens;  ils  lai-  '  '  '    i  it  ' 

immortelle,  ils 
une  Tieri.0  et  deux  -.mit-  inMiiues. 

SAIM  MI[l.tRO    INSTITCK  LA   ft.Xt  DK  LA  Ri. 

Médard  vint  exercer  à  Salency  les  pi .;    . 

années  de  son  minislèn-,  et  co  fut  vers  celle 
époque  qu'il  institua  cette  félc  -i  (lopulaire, 
connue  sous  le  nom  de  fête  de  la  Uo-lèri'.  .K  cet 
elTel,  il  détacha  de  tes  terres  patnnioniales  un 
petit  domaine  qui  porta  jusqu'à  la  ll-vidution  le 
titre  de  llef  de  la  no'*  et  i!<^nl  les  i.\.-îius,  éva- 
tocl  è  vinL't-cini  ■  chaque 

ann/»  la  illlr  In 

I  "  '  iiii.   la  pre- 

ni  N.  reçut  des 

^  béné- 


*i ' ••   i'-'U*'  . V  1  -..    t.»   1  i «;,<  .    Éi  l'ii '    [1   11   1 1  iii  1  < 

eiiti' reiiii  ni  une    iii<liluli<>n  si  -alul.iire.    Il  es| 
vr  n     me   lo  démon,   re    siiutc    de   ln«ii    .■..n.iii.- 

)••  Terluliif^u,  a  e»»nyé  de  I  • 

111'     SI    l'iiiiihle    iiiiiliiiii'-.   •  1. 
dans  celle  cérémonie  la  le 
Kn  vérité,  cVsl  tenir  bien  i  _  ■  n 

lions  du  pieux  fondateur,  que   défaire  proiiter 
|p  diable  de  la  générosité  d'un  Saint. 


SAI>r  MKDARO  ET  U»  VOLaCR- 

l.e  prêtre  de  S.ilencr  édillaK  font  le  Vermi 
.l'>i«  p.ir  l'e-»         ■      '  ■  ': 

Il   inlirrux    1 
. t  ifide   T'»'piii  i:i  'Il     I»-    *  i:i.i    '        I     11:    '  ii;  '  I   a 


aiTaires  de  son  Père  céleste,  il  abandonna  le 
soin  des  choses  terrestres  pour  retirer  les  âmes 
des  mains  du  fjianJ  voleur,  le  d(?niin. 

Dieu,  cependant,  veillait  sur  les  biens  de  son 
serviteur.  Pendant  une  nuit  d'automne,  un  voleur 
s'introduisit  dans  une  des  vignes  appartenant 
à  Mëdard.  Il  coupe  autant  de  raisins  qu'il  peut 
et,  dès  qu'il  est  asser,  charrie',  il  se  dispose  à 
partir  avec  le  fruit  de  son  vol. 

Mais,  pendant  ce  temps,  nous  rapportent  les 
actes  de  saint  Médard,  le  gardien  ngilant  d'Israël 
ne  dormait  pas,  il  priait  pour  «es  amis  et  pour 
ses  ennemis,  ainsi  qu'il  convient  à  un  homme  de 
bleu.  I.e  voleur  voulait  fuir  avant  l'aube,  mais 
«es  efforts  furent  inutiles.  Toute  la  nuit,  il  ena 
dans  la  vii'ne,  ne  pouvant  en  trouver  l'issue,  ni 
-e  débarrasser  de  son  fardeau  accusateur. 

Arrélè  dès  le  matin  par  les  habitants,  il  avoua 
«r»  faute,  et  il  allait  subir  la  peine  due  à  son 
larcin  lorsque  Médard  apparut.  Kempli  de  l'esprit 
de  mansuétude  et  de  miséricorde,  le  Saint  répri- 
manda le  larron;  lorsqti'il  le  vit  repentant,  il 
lui  donna,  avec  l'absolution  de  son  vol,  une 
abondante  provision  de  raisins. 

Un  autre  voleur  lui  avait  dérobé  ses  ruches; 
mais,  par  une  permission  de  Dieu,  il  fut  tellement 
tourmenté  par  les  abeilles  que,  poussé  autant 
par  l'aifuillon  du  remords  que  par  celui  des 
petites  bêles  vol<?es,  il  fut  contraint  de  venir  se 
jeter  aux  pieds  de  l'homme  de  Uieu  pour  deman- 
der son  pardon  et  sa  délivrance. 

L'ne  autre  fois,  c'était  une  génisse  qui  avait 
tenté  un  homme  désireux  du  bien  d'autrui.  Pour 
cacher  son  larcin,  le  voleur  avait  rempli  de  foin 
la  clochette  suspendue  au  cou  de  l'animal.  Mais, 
rt  merveille,  voilà  que  la  clochette  sonne,  ne  cesse 
de  sonner,  .^insi  découvert,  le  larron  est  conduit 
vers  le  Hienlieureiix  c^ui  lui  montre  la  grandeur 
de  sa  fawte  et  les  dan:.'ers  d'une  vie  coupable. 
Après  lui  avoir  fait  promettre  de  changer  de 
conduite,  il  le  renvoie  avec  une  bonne  aumône 
et  sa  bénédiction. 

Si  Dieu  défendait  par  des  prodiges  les  pro- 
priétés de  son  serviteur,  celui-ci  se  montrait  le 
vaillant  défenseur  des  droits  de  la  Sainte  Eglise. 
L'année  des  Francs,  sous  la  conduite  de  Clotaire, 
après  avoir  pillé  la  forteresse,  les  églises  et  les 
monastères  de  Noyon,  s'avançaient  vers  Salency 
avec  des  chariots  remplis  de  butin.  Tout  à  coup, 
les  chevaux  s'arrêtèrent,  et,  pendant  trois  jours, 
demeurèrent  dans  une  immobilité  complète.  Les 
«oldats  et  les  chefs  vinrent  se  jeter  aux  genoux 
■  le  saint  Médard  qui  leur  parla  arec  tant  de  force 
't  d'éloquence  ^lu  ils  promirent  de  restituer  tous 
les  biens  qu'ils  s'étaient  illicitemeul  appropriés. 

A  la  parole  du  Saint,  les  chevaux  purent 
reprendre  leur  course  interrompue. 

tfPISCOPAT  DE  SAINT  MIÎOARO 

Le  moment  choisi  par  Dieu  pour  faire  briller 
relte  belb'  lumière  était  arrivé.  Alomer,  évoque 
de  Vermand.  venait  de  mourir,  l't,  d'une  voix 
commune,  clergé  et  |>euple  élurent  pour  lui 
succéder  le  pr^Hre  de  Salency. 

Celui-ci,  «e  iu):'eant  incapable  de  porter  un  tel 
fardeau,  refusai  l^ii^'lemps.  La  multitude  conster- 
pi'c  .-rlata  en  r'iin--fmeiils.  Enlin,  la  volonté  de 
Dieu  étant  manilcs('-,  Médard  consentit  à  accepter 
le  red'iulable  honneur  que  son  humilité  voulait 
éloi;.'ner  ot.  quelque«  jour*  plus  lard,  saint  Hemy 
de  fteim»  ronsacr.iit  le  nouveau  pontife. 

!>;«  temps  étaient  diflicile»  et  troublés,  la 
(iauic  avait  été  dévastée  par  les  Vandales  et  le» 


Huns;  la  cité  de  Vermund,  détruite  par  eux,  ne 
s'était  pas  relevée  de  ses  ruines.  Les  Francs, 
maîtres  désormais  du  pays,  commençaient  à  prê- 
ter l'oreille  aux  doux  enseignements  de  l'Eglise; 
mais  il  faudra  longtemps  aux  évêcjues  et  aux 
moines  pour  faire  l'éducation  chrétienne  de  ce 
peuple,  à  peine  sorti  de  la  larbarie  et  appelé 
à  de  si  grandes  destinées.  En  attendant,  Médard 
dut  transférer  le  siège  de  son  évèché  à  Noyon 
dont  la  situation  et  les  remparts  oiTraient  plus 
de  sécurité  dans  cette  période  de  guerres  et  de 
ravages  continuels. 

A  peine  l'huile  sainte  avait-elle  coulé  sur  le 
front  de  saint  .Médard  que  le  siège  de  Tournai 
vint  à  vaquer  par  la  mort  d'Eleuthère,  pasteur 
de  cette  cité  et  ami  de  notre  Saint.  C'était  à  lui 
que  Médard,  encore  jeune,  avait  prédit  (ju'il 
serait  élevé  à  l'épiscopat.  L'évéque  de  Noyon 
voulut  assister  aux  funérailles  de  son  ancien 
condisciple,  et,  dès  qu'elles  furent  terminées, 
un  jeune  de  trois  jours  fut  indiqué  pour  se 
pré|>arer  à  l'élection  nouvelle.  Plusieurs  noms 
avaient  déjà  été  proposés,  lorsque,  par  une  inspi- 
ration subite  de  l'Esprit-Saint,  toutes  les  voix 
se  réunirent  dans  une  acclamation  unanime  : 
«  Médard,  évéque  de  Noyon  et  de  Tournai!  »  Le 
Saint,  alléguant  que  les  canons  s'opposaient 
à  une  telle  nomination,  se  hâta  de  refuser.  Mais 
le  roi,  les  évèques,  saint  Remy  et  le  pontife 
suprême  de  Rome,  considérant  les  besoins  de 
ces  églises,  ratifièrent  l'élection  et  Médard  dut 
accepter  ce  double  fardeau. 

SAINT  GILDARD 

Pendant  que  Médard  montait  sur  le  siège  de 
Noyon,  Godard  ou  Gildard,  son  frère,  était  sacré 
comme  évéque  de  Rouen.  Avec  saint  Remy,  saint 
Médard  et  saint  Vaast,  il  eut  le  bonheur  de  tra- 
vailler à  la  conversion  des  Francs  et  à  leur  affer- 
missement dans  la  foi.  Poussé  par  des  signes 
manifestes  de  la  Providence,  il  conféra  l'onction 
des  pontifes  à  saint  Le,  qui  n'était  ài;é  seulement 
que  de  douze  ans,  mais  qui  avait  la  prudence  et 
la  maturité  d'un  vieillard.  Cildard  termina  son 
laborieux  pontificat  en  même  temps  que  son 
bienheureux  frère  et  tous  les  deux  méritèrent 
par  leurs  vertus  d'être  placés  sur  les  autels. 

TRAVAUX  APOSTOLIQUES  DE  SAINT  UI^DARD 

Le  nouvel  évéque  se  donna  tout  entier  au  salut 
des  âmes  et  à  la  ruine  de  la  pul^^sance  du  démon 
qui  exerçait  sa  tyrannie  sur  les  deux  dincèses. 
On  ne  s'aurait  raconter  ce  que  le  Saint  eut 
à  souffrir  de  la  nart  des  infidèles  :  souvent  il  se 
vit  menacé  de  la  mort,  et  condamné  par  des 
furieux  au  dernier  supplice  ;  mais,  comme  il  était 
inébranlablr  au  milieu  de  ces  persécutions  et 
qu'il  souffruilJous  ces  mauvais  traitements  avec 
mil'  ronslance  qui  ne  se  démentit  jaimis,  il 
dompta  enfin  la  dureté  des  infidèles  et  des  liber- 
tins et,  en  peu  de  temps,  il  fil  lanl  de  conversions 
et  régénéra  tant  d'idolâtres  dans  les  eaux  du 
baptême,  que  la  contrée  changea  de  face  et  qu'on 
y  vit  reluire  avec  grand  éclat  la  lumière  du 
christianisme. 

Forlunat  nous  fait  remarquer  en  sa  vie  qu'il 
lit  spirituellement  tout  ce  que  Notre-Sei»jneur 
promet  dans  l'Evangile  aux  prédicateurs  apo-<lo- 
iiques.  Saint  Médard,  en  effroi,  chassa  les  démons, 
parla  des  langues  nouvelles  en  annonçant  la 
vérité  aux  infidèles:  extermina  les  serpent-  ■  ri 
préparant  les  chrétiens  à  lutter  contre  le- 


bûches  du  serpent  infernal;  il  hul  tlu  poison 
Fans  en  èlre  olîensé,  lorsque,  recevant  la  con- 
fession des  pécheurs,  ii  se  reinplil  Ju  venin  de 
leurs  crimes  !-aus  que  la  puielO  <le  sou  iine  en 
fût  altérée;  eufin,  il  ;;uérit  l.-s  malades  laul  de 
leurs  iiialniiie>  corporfllo^  ■!  !•■  ■!•»  Ifurs  maladies 
spirituelle-. 

SUM  JIICDARD  KT  SAlNft  HADECONDE 

i'endant  que  Méd.ird  occupait  le  siè^e  do 
Noyou,  une  jeune  reine  de  France  fuyait  les 
délices  et  les  danyer?  de  la  cour.  Radegonde, 
c'était  le  nom  de  la  fuj-'ilive,  était  venue  se  jeter 
au\  fjenoux  du  saint  évé.|ue  et  le  suppliait  de 
la  consacrer  au  Seigneur  et  do  lui  donner  le 
voile.  Les  sL-iv'iieurs  francs,  qui  avaient  envahi 
la  basilique,  arrachèrent  violemment  révè<|Uo 
de  l'nulel  't  lui  enjoiijiiirei»*  avec  menace  de 
ne  !  '■  T  aux  désirs  de  l'épouse  de  leur 

roi  •■>itait. 

11.  I  ■  .  ...1.  la  irùs  bienheureuse  Rade^'ondo 
s'éUit  reliréo  dans  le  Sitcrnihim  sacristie  .  Là, 
ollr  I  oupa  elle-même  ses  cheveux,  et  vint, 
ii\élue  d"un  habit  de  religieuse,  se  prosterner 
ilevant  le  Pontife  :  "  Si  vou<!  larde;,  plus  lon;;- 
(emps  à  me  consacrer  au  ;Sei;;neur,  dit-elle,  si 
vous  craiunez  plus  un  homme  que  Dieu,  le  bon 
Pasteur  vous  demandera  comptie  de  l'Ame  de  sa 
brebis.  » 

Ces  paroles  furent  prononcées  avec  une  telle 
majesté  que  toute  l'assemblée  demeura  comme 
interdite.  Le  llienheureux,  voyant  ses  craintes 
se  disniper,  brava  les  menaces  des  sei;:neurs 
francs  et  consacra  Radegonde  à  Dieu. 

Avant  d'aller  dans  le  couvent  de  Poitiers  faire 
pénitence  pour  celte  France  dont  elle  avait  été 
reine,  Rade^'onde  déposa  sur  l'autel  ses  riihes 
l«arures,  son  diadème,  et  distribua  son  trésor 
aux  pauvres. 

.MORT    l>R  S.MNT  UKOARO 

I  ne  ;:rave  maladie  viut  arrêter  l'apAtre  au 
milieu  de  ses  travaux  et  l'avertir  que  le  jour 


des  recompensesapprochait.il  était  alors  àNoyon. 
A  celle  nouvelle,  des  milliers  de  fidèles  vinrent 
recevoir  une  dernière  fois  la  bénédiction  <ie 
leur  père.  Clotaire  vint  incliner  sa  tète  couron- 
née sous  la  main  bénissante  de  l'évéque;  puis, 
se  penchaul  ù  son  oreille,  il  lui  demanda  s'il 
avait  des  ordres  à  donner  :  >■  Roi  des  Francs  et 
vous  tous  qui  m'entourez,  dit  le  mourant,  je 
vous  prends  à  témoin  ijue  je  veu.v  être  enterré 
ici  au  milieu  de  mes  enfants.  »  Le  roi  le  supplia 
de  permettre  que  son  corps  fût  enseveli  à  Sois- 
sons.  Médard  se  rendit  à  ce  pieux  désir,  puis 
conimença  une  prière.  Elle  devait  se  terminer 
au  ciel. 

lue  foule  nombreuse,  tant  du  peuple  que  de  la 
noblesse,  voulut  assister  aux  obsèipies  du  saint 
évi'M|ue.  Les  habiUints  de  Noyon  auraient  bien 
voulu  garder  au  milieu  d'eux  les  restes  de  leur 
Père,  mais  le  roi  tint  ferme  et  voulut  ijue  le 
corps  fût  déposé  à  Crany,  près  Soissons.  CJotaire, 
aidé  des  plus  nobles  seif^neurs,  porta  le  précieux 
fardeau.  Ce  fut  un  vrail  triomphe  rehaussé  par 
de  nombreux  miiacles.  Les  aveugles  recouvraient 
lu  vue,  les  sourds  enlendaienl,  les  captifs  voyaient 
tomber  leur*  chaînes,  en  un  mot,  saint  Slédard 
contihuait  à  proté^'or  son  peuple. 

(Juand  on  fut  arrivé  ù  Crany,  où  le  roi  avuit 
résolu  d'élever  une  éfilise,  le  cercueil  devint 
immobile  cl  nulle  force  humaine  ne  put  le 
remuer.  Aussitôt,  Clotaire  fit  don  à  la  nouvelle 
église  de  la  moitié  du  domaine  et  le  précieux 
fardeau  put  être  Iransporlé.  L'église,  commencée 
par  Clotaire,  fut  achevée  avec  inaf,'niliceiu-e  par 
Ses  successeui-s  el  on  y  vit  jusqu'à  quatre  cent- 
religieux  v  chanter  jour  et  nuit  les  louan^^es  de 
Dieu. 

I)ai;:ne  saint  Médard,  dont  le  nom  est  cher  à 
tous  les  Kraneais,  protéf.'er  les  familles  cbré- 
tieiiues,  préserver  1  enfance  des  mauvaises  doc- 
trines, susciter  îles  saints  qui  viendront  sanclilier 
notre  patrie  qui  fut  aussi  la  sienne,  el  revoir 
un  cortège  de  moines  priant  Dieu  el  édillant  les 
peuples  a  l'ombre  de  son  tombetiu. 


liDp. -«rranl.  PrnmmiT,  t.  me  Krançoii  I".  Paru. 


SAIXT  COLOMBA,  APOTRE  DE  L'ECOSSE 


Fêle  le  9  juin. 


Saint  Colomoa,  apôtre  de  l'Ecosse,  sacritie  à  Dieu  sa  fortune,  ses  goûts,  sa  patrie. 


Colomb  ou  Colomba,  appelé  aussi  Colomkille, 
c'est-à-dire  fondateur  de  cellules,  était  oriyiiiaire 
d'Irlande,  de  la  grande  famille  des  O'Neil,  mai- 
tresse  de  tout  le  nord-ouest  de  l'île.  Il  naquit 
à  Gartan,  dans  une  des  réyinns  les  plus  sauvaj^es 
du  comt»;  .iclucl  de  l)nnej;all,  le  1  décemlire  521. 
On  y  montre  encore  la  dalle  sur  laquelle  repo- 
sait sa  mère  quand  elle  le  mit  au  monde.  Qui- 
conque, disent  les  Irlandais,  passe  la  nuit  sur 
cette  pierre  est  (,'uéri  A  jamais  de  la  nostaL'ie, 
qui  fut.  comme  nous  le  verrons,  la  [ilus  dure 
éjireuve  de  notre  >ainl;  les  Irlandais  du  pays, 
obli^'és  de  s'expatrier,  vont  vénérer  cette  dalle 
pour  éprouTer  sa  saluUiire  inilucnce. 

Di-s  sa  plus  tendre  enfance,  Colomba  fut  confié 
au  prêtre  qui  l'avait  baptisé  et  qui  lui  donna  les 
premiers  rudiments  de  l'éducation  littéraire.  II 


fut  familiarisé  dès  ses  premières  années  avec  les 
visions  célestes  qui  devaient  tenir  une  si  i.'rande 
place  dans  sa  vie.  Son  ange  gardien  lui  appa- 
raissait souvent. 

Un  jour,  il  reçut  de  lui  l'invitation  lie  choisir 
enlre  toutes  les  vertus  celles  qu'il  lui  plairait 
lo  plus  de  posséder.  "  Je  choisis,  dit  le  jeune 
adolescent,  la  virginité  et  la  sagesse.  .>  Kt  aussi- 
lot  il  vit  apparaître  trois  jeunes  filles  d'une  mer- 
veilleuse beauté  qui  se  jetèrent  à  son  cou  comme 
pour  l'embrasser.  Le  pieux  jeune  homme  fronra 
les  sourcils  et  les  repoussa  rudement  : 

••  £h  quoi  !  direiit-ellc«,  tu  ne  nous  recon- 
n.iis  pa"  ?  —  Non,  pas  le  moins  du  mon(i<\ 
répondit  Colomba.  —  Noug  sommes  trois  sniir^ 
que  notre  père  te  donne  comme  fiancées  — 
.Mais  quel  est  donc  votre  père  ?  —  Notre  père, 


17! 


Kii'inii. 

■  liiil.    - 


ff  (li^ 


i|u  un   rliarpenticr.  Colomba,    lui,  ;i   s.HTifii!'   le 
^repli(>  lie  l'IilaiiJe,  qui    pouvait  lui  appartenir 


•î,est  Jésus-Christ,  le  Sauveur  du  monde.  — 
•^ertes,  réplit|ua  l'ad"lescent,  vous  ix\i-i  lu  un 
IV-re  bien  iUu--tre,  mais  quels  sont  vos  noms?  — 
Nous  nous  appelons  Virginité,  Sa^ie^se  et  l'ro- 
j'Iiétie,  et  nous  venons  pour  ne  plus  le  quitter 
et  pour  t'aiiner  à  jamais  d"un  incorruptible 
amour.  " 

COLOMBA  KTLtlIANT 

De  la  maison  du  priMrf  o;'i  il  avait  commence 
son  éducation,  Colomba  pa>sa  dans  une  de  ces 
:ji,aidi'S  écoles  niona-lnjucs  où  ne  se  recrutait 
|i  1-  -iMiIcmi-nt  le  ri- u,-  de  rK:;lise  celtique,  mais 
on  se  rorm.'iieut  aussi  les  jeunes  laïques  de  toutes 
les  coniiili'>ns. 

.Sa  nai'S.ini'c  royale  lui  valait,  au  sein  de  ces 
éro|»s.  ib-  li'iini'iMS  qui  ne  plaisaient  pas  tou- 
jours à  -I-  coiiipa::nons.  L'un  de  ceux-ci,  nommé 
(|ni,  plu-  lard  se  convertit  et  devint  un 
'iiiili.nail  de  la  primauté  que  semblait 
rr  Colomba,  et  la  lui  reprocha  un  jour 
lit .  Mais,  pendant  ipie  les  deux  étudiants 
.1. lient,  surtint  un  messager  céleste  qui 
dposi  devant  Kiéran  une  tarière,  un  rabot  et 
une  roirnée  en  lui  disant  :  •■  Ite^arde  ces  ouliK  et 
i.ippelle-toi  que  c'est  tout  ce  que  tu  as  sacrifié 
pour  l'amour  de  Dieu,  puisque  ton  père  n'était 
n  rbarpi 
lie  de  r 
jiar  le  droit  de  sa  naissance  et  la  ;.'r:iudeur  de 
>a  race.  >•  \  ces  paroles,  le  débat  fui  clos  et  Kié- 
ran  devint  le  plus  ^'raud  ami  de  Colomba. 

COLOUBA  POÈTE  KT  PROPHÈTE 

Colomba  achevait  ses  études  et  avait  déjà 
reeu  le  dia-nuat,  quand  arriva  au  monastère  où 
il  >e  trouvait  un  vieux  barde  chrélien,  nommé 
Gemmain.  Le  jeune  diacre,  qui  fui  toute  sa  vie 
épris  de  la  poésie  traditionnelle  de  sou  pays, 
voulut  se  mettre  à  l'école  du  barde  et  partager 
ses  travaux.  In  jour  qu'ils  étaient  sortis  tous 
deux  de  l'i-nceinledu  couvent  et  (ju'ils  chantaient 
.  )  .  Mil'li  a  une  certaine  dislaiii:e  l'un  de  l'autre, 
.  I  ,  ir  lit  .111  loin  une  jeune  enfant  [loursuivie  par 
un  bri:.'aiiil.  A  la  rue  du  ^ieux  barde,  ello  accou- 
rut de  toute*  ses  forces  vei-s  lui,  espérant  son^ 
!  ■      iver    un-  '       '   •.      '     .!')rité 

'iilenlil  iix. 

.    .    :  >    .  .  .  ^,,.,,,  ^   ,,  ,.|,.,,.  pnur 

il    I  .  ureiie  jeune  (llle. 

<      '  '    •■"  iiifiyen  Af  leurs 

leur  la   rejoi- 
ns, il  lui  (.erra 
I'      'Il    1  .  cl  la  laïAsa   morte  à  Icur^ 

i  !•  1-11  il  il  •-'i-li>i:.'ner,  iiuaiid  le  vieil- 

ii'ird,  il<;v'ile,  -e  tourna  vrr^  (édoniba  et  lui  dit  : 
-  iu<qua  qii  iiid  liirii  lai'.-era-t-il  impuni  ce 
crime  qui  n»ii  le  Y 

—  Ju-qu'à  In  .  répondil  lJ>lomba,  el 

'  ■  phi-.  I.iiil,  (<ii  .1  till<!   heure  même  ou  l'àme 

I     . .  it.-  iniM>r»iii><  in-'iiic  uu  ciel,  l'Ame  de  ooa 

'Il  enfer.  ■  Et  à  l'iustanl 

'in    I  '.-lenlil 
I    loin   la 

■  'Ce,  on  ms,  noir* 


que  moino  pendant  la  première  partie  de  sa  vie. 
Il  en  avait  l'humeur  vagabonde,  agitée  el  ardente. 

LE   PSAUTIER  DE  COLOMBA 

Comme  beaucoup  de  saints  irlandais,  dont  l'Iiis- 
t'iire  a  paidé  le  souvenir,  il  aiiiiail  passionné- 
ment à  voyager.  \  cette  passion  s'en  joiijnit  une 
autre  qui  lui  valut  plus  d'une  mésuvcnlure  :  celle 
des  beaux  manuscrits. 

Les  livres  étaient  alors  très  rares.  Colomba 
allait  partout,  en  qu-He  de  volumes  à  emprunter 
ou  à  transcrire;  il  essuyait  souvent  des  refus 
qu'il  ressentait  avec  amertume.  Cette  passion 
causa  le  plus  ^jrand  événement  de  sa  vie,  ipii  le 
transforma  de  poète  va;:abondet  d'énidit  acharné 
en  missionnaire  el  en  ap'Mre.  Ce  trait  montre 
loinmenl  notre  Suint,  mal;;ré  ses  vertus  et  ses 
miracles,  se  laissait  earore  aller  parfois  à  la 
colère  vindicative  de  sa  race. 

Klant  en  visite  chei  son  ancien  maître,  Finnian, 
nbbé  du  monastère  où  il  avait  étudié,  (.^doinba 
trouva  moyen  de  faire  à  la  h:\te  une  copie  clan- 
destine du  psautier  de  cet  abbé,  en  s'eiifennanl 
la  niiil  dans  PE^jlise  où  le  livre  était  déposé,  el 
en  s'écLairanl  pour  ce  travail  nocturne  d'une 
lumière  miraculeuse  ipii  s'échappait  de  sa  main 
caurhe  pendant  qu'il  écrivait  et  dessinait  de  la 
droite. 

L'abbé  Finnian,  apprenant  ce  qui  s'était  passé, 
s'indigna  de  ce  qu'il  re;:ardait  comme  un  larcin 
et  réclama  la  copie,  dès  qu'elle  fui  lerininée,  eu 
se  fondant  sur  ce  qu'une  copie  faite  suis  per- 
mission devait  appartenir  au  maitre  de  l'a-uvre 
ori;.'inalc,  vu  que  le  livre  transcrit  est  le  llls  du 
livre  original. 

Colomba,  jugeant  sa  paternité  encore  plus 
incontestable,  refusa  de  se  dessaisir  de  son 
uavre.  Iji  cause  lui  portée  devant  le  roi  de  toute 
l'Irlande,  en  son  p;ilaii>  de  Tara. 

Diarinid,  monarque  suprême  de  toute  nie, 
élail  proche  parent  de  Colomba.  Cette  circons- 
luiiC'-  pouvait  le  rendre  suspect  de  partialité  en 
sa  faveur;  cependant,  il  se  prononça  contre  lui. 

Son  luaemeiil  -e  formula  en  un  dicton  rustique 
qui   i'i>sa  en   proverbe   chez  !■  us  :  "  /l 

r/iii<,'(riacA*  sonuroM.'el.parcoi,  > ''liaquc 

livre  la  copie  qui  en  est  tirée.  ..  (^ol'iiil'.i  prolesta 
hnulement  :  "  C'est  là,  dit-il,  une  iienlenre  injuste 
et  Dieu  me  » 

Sur  ce*  •  -,  un  jeune  prince,  llls  d'un 

roi    tribut.i  uivi     comme    autour    d'un 

ineiirlre    in  -,    étant    venu    se    réfui-'icr 

uiprés  de  i  .....,.-. !..  i.(  mettre 

a  mort.  Al  ronnut 

(,l  1-  .!.    II.  ].■  .loiit 

Il  ndaleur 

,M  ;.   lu-,  .-I 


(. 
1. 

!■■ 

a  iii> 
iîiiqii' 


'MJIIlll.     1. 

devant  te*' 


{Nil 

"Il  client,  li  itii-iiac'i  le  rm  li'uut) 
iiire  :  ..  J'irni,  lui  ilil-il  détionrrr 
u    inei-    prorb»i>    i  ■      '  ' 

I.  riMiiinin'l"  d"   i 


inr  rapUf 

... i.ilaaco  de 

i^dooiba  «'évaiU  U  nuil  do  U  oov 


CHACUN  HEf  OIT  I.A   PEINE  DE   SA   lAlTE 

Parvenu  dans  «a  province,  Colnmba  ne  né-'liaea 
rien  pciur*"ul«>vtr  conire  le  roi  Uiannid  le^  clans 
nombreux  ei  puissants  de  ses  [noclies  fl  anïis. 
Se»  elîorls  luivnl  couronnés  de  succès  :  la  nord 
et  louLsl  de  l'Irlande  prirent  les  armes  contre 
le  roi  «uorème.  Celui-ci  uiarclia  au-devant  d'eux, 
mais  il  fut  cora|>lélement  vaincu  et  otili.''!'  de 
rentrer  prei-quc  !^eul  à  Tara.  Ce  succès  fut  attri- 
bué à  Cohinilia.  ijui  avait  jeûné  et  prié  de  toutes 
ses  forces  pour  obtenir  du  ciel  le  châtiment  de 
l'insolence  royale. 

La  cause  de  Colomba  étaitjuste;  mais  il  avait 
mis  trop  dopiniàlreté  dans  la  veneeance.  Aussi 
les  évi^que*,  rassemblés  en  synode  prés  de  Tara, 
l'exi-onimunièreiit  en  son  absence  pour  avoir 
fait  verser  le  san'^'  clirélieii. 

Colomba  voulut  d'-fendre  sa  cause.  Il  se  rendit 
au  synode  qui  Pavait  frappé  sans  l'enlendi-e.  Il 
y  trouva  pour  défenseur  un  abbé  nommé  Bren- 
dan  qui.  à  la  vue  de  son  illustre  ami,  se  leva  et 
alla  l'embrasser  : 

■  Comnifiii,  lui  dirent  quelques  membres  du 
sjmode,  pouver-vous  donner  le  baiser  de  paix  à 
un  ixcomtfiunié? — Vou«  feriez  comme  moi,  leur 
réphq.ia  Itt'-ndan,  et  vous  ne  l'aurier  jamais 
eii'oininuniési  vous  pouviez  voir  ce  que  je  vois: 
une  i-ii|oiitie  de  feu  qui  le  précède  et  des  an;;es 
qui  l'ai-compatmeiit.  J?  n'ose  mépriser  un  bomme 
destin"  par  Uieu  à  élre  le  i-uide  de  tout  un  peuple 
vers  la  vi.>  éiernelle.  .  tiiAce  à  ces  paroles  et  à 
un  examen  [dus  allentif  des  événements,  l'ex- 
coni  m  imi'-al ion  fut  levée,  à  condition  que  Olo.-nba 
s'efTori'er.iit,  par  la  [irédicalion,  de  sauner  au 
Christ  autant  d'àmes  pai>'nnes  qu'il  avait  péri  de 
chrétiens  dans  la  bataille. 

EXH.  DE  COLOMBA 

Depuis  bien  de»  ann-'es,  Oien  appelait  celte 
Ame  vi;;oureiise  à  se  donner  à  lui  s;ins  réserve. 
.M  lis.  jusqu'ici,  elle  avait  comme  oscillé  entre  ce 
ft'^iix  appel  et  l'Apre  iin|iétuosité  de  sa  nature. 
A  celte  époque,  Colomba  songea  à  nne  vraie 
conversion. 

Il  erra  lon;Jemps  de  solitude  en  solitude,  de 
monastère  en  inoiiast'Te,à  la  recherclie  de  saints 
reli-"ieiix,iiiallrf»en  fait  de  pénitence  et  de  vertu 
chréiieiin».  Ie«  inli-rro^ieant  avec  anxiété  sur  ce 
'ji'  il  I  II  'lit   faire  pour  obtenir  de    Dieu  le 

pli'     I   .  !o  meurtre  de  tant  de  victimes. 

L  II  -ami  iii"ine   qu'il  lonsulla  lui  conseilla  de 

t'esilcr  à  jamais  de  l'Irlande,  Maisré  la  blessure 

r      ■      '     (lie  cette  décision  faisait  à  son  âme, 

obéit.  Il   s'eiiiharqua,  emmenant  avec 

lui  1    ■  d''  «''s.di'i-iples   qui   n'avaient   pu  se 

ré'ii'iier.i  s.-  ..     .ir-r  de  h'iir  mallre  i."»*»;!'. 

Il    i'     •         -M-    i  ,     .1..  .Il-,  ,.ti.,     ,  ,111  ilnl  désert. 

ai  ;  •■!  tri-te  r^pn'-- 

-•II  !!  '  dominé  par  un 

qui  ne  sellara  jamais  complètement 

.!•  IIP  :  le  rei-'rel  de  la  p)itri>^  perdue. 

Mai». -1  I  11'  I  •■  [i:  ni  ''lé  la  lri«lesse  dont  l'exil 

inouil.i  I  .■ '■    I    •iMinba,  elle  ne  le  détourna 

pas  un  m  a  mission  expiatoip'. 

l'n»  f'>'-  avec   ses   cnmpa:;nons  dan» 

-eit,«J  "Il  illait  raTonn"r  sur  la  iirande- 

1  n    fni    .-lit.  tienne   avpc    la    vio  monan- 

'  Il  craduel  i  pn's 

■>n    lin     i  plus 


IP  j'ii»-    ir-ii^.   !•     prii*    iiiiiiirii#»    PI    !••    iiiii.   I'  ci'iip 
de»  homme<>.  .iienouillé  devaat  le»  étranger»  ipii 


arrivaient  à  lona  ou  devant  les  relii'ieux  qui  reve- 
naient du  travail,  il  les  déchaussait,  lavait  leui-s 
pieds  et  les  baisait  avec  respect. 

Mais  la  charité  remportait  encore  en  lui  sur 
riiuinilité  :  aucune  nécessité  spirituelle  ou  cor- 
porelle ne  le  trouvait  indill'^rpiit. 

Il  était  aussi  dur  pour  lui-même  que  doux 
envers  les  autres.  Il  passait  tout  le  jour  et  une 
i.'ranile  partie  de  la  nuit  dans  la  prifre,  le  tra- 
vail des  mains  et  la  transcription  de<  manuscrits, 

La  renommée  de  ses  vertus  lui  aiiiia  bientôt 
de  nombreux  visiteurs  qui  venaient  lui  demander 
conseil  ou  vivre  sous  sa  direction.  Le  nombre  de 
ceux  qui  embrassaient  la  vie  reliL-ieuse  était  si 
considérable  que  l'étroite  enceinte  d'iona  devint 
bientôt  trop  restreinte  pourcette  foulecroissaiite. 
Elle  dut  laisser  sU'-cessivemenl  échapper  de  s.  5 
murs  de  nombreux  essaims  qui  allèrentimpinnter 
dans  les  iles  voisines  et  sur  le  conlitient  écos- 
sais des  communautés  soumises  à  l'autorité  de 
Colomba. 

Nnn  seulement  Colomba  envoyait  ses  disciples 
convertir  les  peuples  qui  entouraient  son  île, 
maislui-méme, chaque  année,  quillaitsmi  abbaye 
pour  travailler  à  les  irastner  au  Clirisl.  Ses  efforts 
ne  furent  [>oinl  stériles:  tous  les  habitants  de 
l'Ecosse  du  .Nord  quiltoi-ent,  A  sa  voix,  les  jrros- 
sières  superstitions  de.«  druides,  pour  embrasser 
la  doctrine  évan^lique. 

COLOUBA   RETOm.VE  EN    IHLANDB 

Mais  ces  missions  peu  lointaines  ne  pouvaient 
absorber  toute  son  ardeur;  il  allait  souvent  à 
lowa,  où  le  soin  d'une  colonie  irlandaise,  éi.iblie 
depuis  un  siècle  au  sud  de  son  île,  venait  s'ajouter 
à  ses  anti-es  labenrs.  Prolltanl  de  ce  r.éle,  .\idau, 
élu  roi  de  ce  petit  Etat,  en  ;i74,  voulut  alTermir 
sa  royauté  en  se  faisant  sacrer  pnr  le  saint  abbé. 

Cependant,  celte  colonie  scotiqne  était  encore 
soumise  par  une  redevance  annuelle  aux  monar- 
ques irlandais.  Colomba  prit  la  résolution  de 
proliler  d'-  l'induence  qu'il  avait  dans  sa  patrie 
pour  l'affranchir  de  ce  tribut.  En  consr-queiice.il 
retourna  dans  cette  Irlande,  qu'il  croyait  ne 
jamais  revoir,  en  compai:nie  du  roi  qu'il  venait 
de  sacrer,  pour  s'entendre  avec  les  principaux 
chefs  de  ce  pays, 

Depuisle  départ  de  Oilomba,lesaffaires  avaient 
marché.  Diarraid,  le  persécuteur  du  Saint,  était 
mort  tristeini'iil  dans  un  combat,  et  av;iit  été 
remplacé  sur  le  tr(^lle  suprême  do«  Irlandais  par 
Aidh,  de  la  même  famille  qup  Colomba. 

.^ussilrtt  qu'il  apprit  l'arrivée  de  son  cousin,  ce 
roi  convoqua  on  synode  à  Dnimceilt,  où  fut 
acceptée,  pour  la  colonie  irlandaise,  rimmiinil' 
do  tout  tribut. 

An  sortir  de  cette  assemblée.  Colnniba  visita 
tous  li^s  monastères  qu'il  avait  fond'-s  jadis  avant 
«on  exil,  marquant  son  \oyajepar  d  s  :.'uénson<», 
•  dps  préiliclinns  ou  des  révélations  niiracnleiisp,;. 
Il  reçut  de  Ions  les  rpli^'ieux,  qni  If  revanlaienl 
comme  nn  saint,  l'accupil  le  plus  empiessp. 

"  I  11  .jour, ilit  la  lé-'eiidi'.l°  Saint  «e  troiitait  aa 
milien  des  Frères  d'nn  rn'-.m<.!.'re  qu'il  avait 
l'->i,dé.  lorsqu'un  pauvre  1  r  à  l.i  langue 

•  paissp  0}  i    r^specl  pin-  "rp.  employé 

aux  '1  les  plus  viiçs,  te  ;:lisva  dans    la 

l'oiile.  'liant  du  tTaiid  abb^.  'ans  être 

if'pic  11.  tnut  ho  le  bord  de  sa  robe  par  derri-  P'- 
^I^t■i  l'.olomba  «e  retourna,  et.  prenant  rpnfin' 
l>ar  le  ron,  se  mit  à  l'embrasser.  Les  rp|i  jr.M 
••'pxclamérenl  :  •■  Ij^clier.  donc  cp  petit  iinb<'Tfl  ' 
l'.itierice.dilColAmbn  :  puis,  «"adrï^sani  à  l'en' ml 
qui  tremblait  «Je  pcnr  :  'Mon  fils, ouvre  ta  boiirhe 


et  montre-moi  la  lanL!ue.  »  L'écolier  obéit,  de 
plus  en  plus  inlimiile  ;  l'abbé  fit  le  si^-ne  de  la 
Croix  sur  sa  lall^'ae  et  ajouta:  c  Cet  enfant,  qui 
vous  parait  si  int'prisable,  que  lle^^onlle  ne  le 
méprise  désormais!  il  (,'randira  chaque  jour  en 
sagesse  et  en  mmIu,  il  comptera  parmi  les  plus 
(.Tands  d'entre  vous  ;  Dieu  donnera  à  cette  lan^ue 
que  je  viens  de  bénir  le  don  Je  l'éloquence  et  de 
la   vraie  doctrine.  » 

La  prophétie  se  réalisa  à  la  letti-e  :  l'enfant 
devint  un  grand  saint  il  un  ;.'rand  docteur  placé 
sur  les  autels  et  honoré  .-ous  le  nom  de  saint 
Ernan. 

Colombaparcourut  ainsi  toute  rir)ande,semant, 
pour  ainsi  dire,  li-  miracles  sur  ses  pas. 

De  retour  à  l"na,  il  était  toujours  présent  à 
ceux  qui  lui  étaient  chers,  car  il  lui  était  donné 
d'assister  à  leurs  souffrances,  malgré  les  dis- 
tances, et  de  les  aider  de  ses  prières. 

l'abbk  d'iona 

Malgré  les  incommodités  et  les  faiblesses  que 
la  ^i(■lllesse  apporte  avec  elle,  le  saint  abbé  était 
tnuiours  en  course.  TantiSt  il  allait  affermir  les 
l'ictes  dans  la  foi,  lantùt  il  allait  en  Irlande  ré:;ler 
les  affaires  de  ses  monastères;  bientôt,  accablé 
de  fatigue,  il  se  sentit  obligé  de  rester  à  lona. 

A  ce  moment,  les  apparitions  an;;éliques 
devinrent  plus  fréquentes  qu'elles  n'avaient  été 
jusque-là.  Les  citoyens  de  la  céleste  |)alrie 
venaient  consoler  et  fortifier  leur  futur  conci- 
toyen. Celui-ci  avait  bien  besoin  de  leur  secours 
pour  ne  pasfaiblirdans  les  effroyables  pénitence!; 
qu'il  s'imposait. 

Car,  parvenu  au  terme  de  sa  carrière,  ce  grand 
serviteur  de  Dieu  se  consumait  en  veilles,  en 
jeune'!,  en  macérations.  Sa  vie,  remplie  de  tant 
ide  uénéreu.\  combats,  de  tant  d'épreuves. de  tant 
de  travaux  consacrés  au  service  de  Dieu  et  du 
prochain,  ne  lui  semblait  encore  ni  asseï  pleine 
ni  assez,  pure.  A  mesure  qu'il  approchait  du  but. 
il  redoublait  d'austéi  ités.  ('.haquc  nuit  il  se  pl<>n- 
ccait  d.ins  une  eau  ;;lacée  et  y  restait  pendant  le 
temps  i|u'il  lallait  pour  réciter  un  psautier. 

lin  jour,  il  rencontra  une  pauvre  femme  nui 
ramassait  des  herbes  sauvages  et  même  des 
orties;  il  la  (picstionna  et  apprit  d'i-lle  que  sa 
misère  la  réduisait  à  n'avoir  pas  d'autre  nourri- 
ture. Sur  quoi,  le  *ieil  abbé  se  reprocha  amère- 
ment de  n'en  être  pas  encore  arrivé  là  :  <•  Voilà, 
dit-il,  cette  pauvre  femme  qui  trouve  que  sa 
.  misérable  vie  vaut  la  peine  d'être  prolongée  àce 
-  prix!  Lt  nous  qui  prétendons  mériter  le  ciel  par 
nosaustt'-rites.  nous  vivons  dansie  relâchement.  •' 

Henlré  au  monastère,  il  ordonna  qu'on  ne  lui 
fervll  plus  d'autres  mets  ipie  les  mêmes  herbes 
sauva;;es  et  ameres  dont  la  mendiante  faisait  h.i 
rér*-ction,  et  gronda  son  serviteur  qui  y  avait 
mêlé  un  peu  de  beurre. 

[ji  beauté  de  son  Ame  affranchie  par  tant  de 
mortifications  des  entraves  du  corps  respleu- 
dis«ait  à  l'extêiieur  par  une  lumière  céleste  qui 
le  nuivait  partout. 

O  symptôme  avant-coureur  de  la  délivranit 
.    iii.iniresla  pendant  plusieurs  années  avant  l.i 
.  vie  «pi'il  espérait  voir  arriver  plus  iM. 
reste  d'etistence  dont  il  aspirait  à  être 
lui  était  disputé  par  l'iiioour  filial  de 
les    et   par    le»    ard'-nte»    prières   d<*« 
t  hi  ■   !■  .  s    par  «on   lèle.   Ils  obln      • 

de  11  ■  '  de  leur  l'ère  Serait  prci   : 

de.; 

i:<  .  iitlnua  «M   travaux   apodtnlique^ 

M.ii>,  I I    U  X  luin  aOT,  il  voulut  visiter  une 


dernière  fois  le  monastère.  Appuyé  sur  son  fidèle 
ministre,  Diarmid.  qui  l'avait  suivi  d'Irbinde.  il 
se  rendit  au  grenier  du  couvent  pour  le  bénir.  En 
y  voyant  deux  grands  monceaux  de  blé  provenant 
de  la  dernière  récolle,  il  dit  :  ••  Je  vois  avec  bon- 
heur que  ma  chère  famille  monastique,  si  je  dois 
la  quitter  cette  année,  n'aura  pas  du  moins  à  souf- 
frir de   la  disette. 

—  Père  bien-aimé,  lui  dit  alors  Diarmid.  pour- 
quoi donc  nous  conlrister  en  nous  pailaut  de 
votre  mort  prochaine? 

—  Eh  bien!  répondit  l'abbé,  voici  un  petit 
secret  intime  <]ne  je  le  révèle,  si  tu  veux  me 
jurer  à  «enoux  de  n'en  rien  dire  à  personne 
avant  mon  départ.  C'est  aujourd'hui  samedi,  le 
jour  que  l'Ecriture  Sainte  appelle  le  jour  du  sab- 
liat  ou  du  repos.  Et  ce  sera  bien  véritablement 
le  jour  de  mon  repos,  car  il  sera  le  dernier  de 
ma  laborieuse  vie.  Cette  nuit  même,  du  samedi 
au  dimanche,  j'entrerai  dans  le  chemin  de  mes 
pères.  Tu  pleures,  cher  Diarmid,  mais  console- 
loi,  c'est  mon  Seigneur  Jésus-Chrisl  i|ui  daigne 
m'invitera  le  rejoindre;  il  m'arévèlé  que  ce  serait 
pour  cette  nuit.  <> 

Après  avoir  prononcé  ces  paroles,  le  vieillard 
s'avança  vers  un  monticule  d'où  l'on  pouvait  voir 
toute  l'Ile  d'Iona  et  tout  le  monastère,  et  de  là  il 
étendit  les  deux  mains  pour  prononcer  sur  le 
-aiictuaire  qu'il  avait  élevé  une  bénédiction  pro- 
|diétique:<'  <]e  petit  endroit,  si  bas  et  si  étroit, 
ilit-il,  sera  grandement  honoré,  non  seulement 
par  les  rois  et  par  les  peuples  des  Scots,  mais 
encore  par  les  chefs  étrangers  et  les  nations  bar- 
bares; il  sera  même  vénéré  par  les  saints  des 
autres  E;;lises.  » 

Colomba  alla  ensuite  assister  aux  vigiles  du 
dimanche  dans  l'église;  puis,  rentiant  dans  sa 
cellule,  il  s'y  assit  sur  les  pierres  nues  qui  lui 
servaient  de  lit  et  d'oreiller. V-'esi  alors  i|u'il  fil 
parvenir  à  ses  frères  son  dernier  message,  qui 
est  son  testament  monastique:"  Voici,  rhers 
enfants,  ce  que  je  vous  recommande  par  mes 
paroles  ;tjue  la  paix  et  la  chanté,  une  chanté 
mutuelle  et  sincère, régnent  touiouisentre  vous! 
Si  vous  agissez  ainsi  en  suivant  les  exemples  des 
saints.  Dieu,  qui  fortifie  les  justes,  vous  aidera, 
et  moi,  qui  serai  auprès  de  lui,  je  I  interpellerai 
pour  vous,  et  vous  obtiendrez  de  lui.  non  seule- 
ment toules  les  nécessités  de  la  vie  présente  en 
3uantilé  sufllsanle,  mais  encore  les  réconipenses 
e  la  vie  éternelle  réservées  aux  observateurs  de 
sa  loi.  i> 

A  l'heure  des  Matines,  il  se  leva  et  courut  plus 
vite  que  tous  les  autres  religieux  à  ré;;li»e,  ou  il 
s'agenouilla  devant  l'autel.  Diarmid  le  suivit  ;niais, 
comme  l'i'jlise  n'itait  point  encore  ècl.iirée,il  ne 
put  le  rejoindre  qu'en  mnrchaiit  à  làtons,  et  en 
s'écriant  il'une  toix  plaintive:"  Mon  l'ère,  on 
éles-vous?  ..  Il  le  IroiiVa  courbé  à  se«  ■■■i--  'i 
soulevant  sa  tête  vénérable,  il  la  ]to^  i 
>;enoux. Toute  In  comniunaulé  arriva  bu  n 
des  lumières.  A  la  vue  île  leur  père  mourant,  tous 
l'Ii-iiiaienl.  L'abbé  ouvrit  les  veut  et  promena  à 
■  et  a  b'auche  un  recard  eiiiptenit  d'iiio'joie 
lie  et  rayonnante,  l'uis.aide  par  Diaiiiud,  il 
leiQ  de  son  mieux  sa  main  droite  pour  beinr  en 
silence  tout  le  cliuMir  des  moines .  Sa  inain 
I  ■•tombée,  il  rendit  le  ilTnicr  soupir 

l>?s  miracles  qu'il  nvnii  fait»  («•«•luit  mi  rit  et 


•m  qui  suivirent  sa  moi  i 
1  loin   et  le   lTim  renl    i 

iiii   ont  f  . 
illii-ur»,  ■■ 

11-111'     I   iiii    m   du  icraiid  -  j 


n  culte 

le  cii'iir 
urd'hui, 
'  lie  cela 


l'iip  -jtrani  :  PrimimiiT,  *.  rue  Krm-;!'!!  I".  Piri« 


SAINTE    MARfxUERTTE,    REINE  DtCOSSE 


l-'i-tc  le   10  juin. 


M,u„  ,.lt.lKtï.K. 


Salute  Marguerite,  la  trésorière  des  pauvres,  et  son  époux  le  roi  Malcolm  III,  roi  d'Ecosse, 

distribuant  leurs  aumônes. 


ILU-'TBK  «AIJiSANCE  EX  EXIL 

Saini'   M.ir;:iiPrile  naqiiil  •■ii  liiJH,  on  llonerie. 
Son  pure  n'était  autre  que  !•■  (iniice  Kdouard,  fils 


à'KJmontl,   roi  d'AnylPlcrre.  Sa   mère  étnil   la 

prince»?*;  Ai;atliP,  •■u'ur  de  l.i  reine  de  H(>iii:mi'. 

l'oiir  indiquer  li»   mnlif  de   relie  union    iTuii 

prince  dWnKlctrrri' avec  une  |irinres<e  de  llnncrie. 


384 


il  faut  dirn  qu'à  la  iniirt  d'Edmond  11,  surnorainé 
Cûle  de  f*r,  Caiiul.  roi  de  Dani-niark.  usurpa 
la  cnoronne  d" Anulelerre  ft  eiiv.iya  au  roi  de 
Suède  les  deux  WU  d'Edmond  11. 

Dans  les  ile^seins  de  Canut.  \c  roi  de  Suède 
devait  faire  i"Jrir.les  prin.e<  dôlrônés;  mais 
celui-ci  ne  voulut  pas  tri'iii|"T  ses  mains  dans 
leur  Pan:;,  et  îl  les  fit  passer  secrètement  à  la 
cour  il''  Hongrie,  où  il»  furent  l'objet  de  l'accueil 
le  plii<  liienveillant.  Uoit-on  s'en  étonner  ?  C'était 
un  saint  qui  réyn.iit  en  ce  pays  :  saint  Etienne. 

Après  leur  avair  i';'moi:;ne  toute  «on  alT.'ction, 
le  roi  de  llon^Tiv  •..  uliit  encore  ilonner  la  main 
de  sa  lille  uniqu.-  .i  l'ainé  des  deux  frèr»»».  qui 
s'appelait  Edmond;  il  obtint  en  m-'m*  t^mps 
pour  le  (dus  j.'uii".  r.i.^nar.^  la  m.iin  d'Auathe, 
sœur  de  la  n^ine.  -  •■   Dieu  Wnil  pr>rfi<"u- 

liereraenl  celle  ilerL  _    ion,  car  de  ce  maria;:e 

naquirent,  pour  l'honneur  de  la  royanté  et  la 
gloire  i\>-  l'EijIise,  sainte  Mar^-uerite,  future  reine 
d'Ec.wce;  Christine,  qui  prit  le  voile  de»  rierges. 
et  II'  jirince  Edward. 

\\\Mi  tmCt»  DE  NOBUâSB 

Sainte  Mai    '  'it  an  monde  avec  de  mer- 

\eilleuses  di-  ^our  le   bien.  \ji    divine 

Providence  l;i  •l-'stinail  pour  être  le  modèle  des 
dames  du  monde,  de<i  épouse^  elirétiennes  et  des 
reines  les  plut  «««es;  aus<i  le  Seiijneur  la  pré- 
vint-il, des  son  bercenn,  de  ses  bénédictions  et  de 
ses  «rAces. 

D'un  cœur  JtmI  et  uènèreux,  d'un  esprit  vif  et 
pt^nélranl,  d'i;--  "-'■■-.■|  facile  et  enclin  à  l'a 
vertu,  sainte  ■  faisait  présager,  dès  sa 

plus  tendre  >  i  "  ■  ni.n, ni,,  ^-linlelé. 

Elle  était  I  'illes  de  son 

àfîe  :  mais  c  ;lé   I"    plus 

ma^'nilique  i 

Elle  avait  i   ii:.'ne,  de  la 

bouche  mèni  nne.  «pi  il  n'y  a  pa.s 

de  vice  plus  ij<  ui  il»-  I  oisiveté,  aussi 

voyail-on  la  petite  M;iit.Mi«Tile  tnu|ours  sainte- 
ment occup'-e.  1.»  tr.ivail  et  l'oraison,  telle» 
étaient  les  d'  -  préocriinal ion»  de  cette 

ànie  innocerj  '  n  crenr  «i  divinement  pr*'- 

jiaré,  bn'ilail  d-ja  le  leu  «l'une  ardente  charité 
pour  Jésu«-ll«>stie.  pour  ié-ns  au  tabernacle,  et 
sa  .Mère  Imm  i     '        '     '        .     "' 

lue  dévnli  .  lit  qu'atti 

rer  sur  M   ■  i-  un  l'^t-ulrè»  bon, 

de  i|ui  (I  fut. 

A    CAtr   ...  >    '■■■'    ... •!•■!■  -    •■■l-''. 

son  culte  pfi    ! 

dév'l.l.r..  r  1  • 

dan  I 

d'éi. 

ritre  de*  jtmivm  tU  Jeni%-Ckn»t. 


premier  soin  avait  été  de  rappeler  les  nobles  exi- 
lés, réfuj^'iés  à  la  cour  dn  roi  de  Hontirie. 

I-enrretonr  fut  ctHébré  par  des  chants  de  f^teot 
des  réjouissances  publiques,  qui,  hélas  !  devaient 
bient(M  faire  place  à  des  chants  funèbres  et  aux 
larmes. 

In  nouveau  deuil  vint  les  frapper  :  ce  fut  la 
mort  d'Edouard  III.  - 

Un  second  exil  va  succéder  au  premier. 

Le  prince  Edrard,  son  neveu,  aurait  dû  lui 
succéder  sur  le  trrtne,  si  le  droit  (l'hérédité  eût 
alors  suffi.  Mais  ilèlait  trop  jeune,  disait-on,  pour 
porter  le  sceptre,  et  le  C"  llarold  -e  lit  élire  à 
sa  place. 

Sf.n  ambition  ne  lui  servit  ^juère,  car  il  fut  tué 
lamémeannéeà  la  bataille  d'ila«tin;;s,  qui  donna 
r.\ni;letprre  à  liuillaunie  le  Conquérant. 

I.e  prin.p  F'I  ■  w  I  accepta  tout  d'abord  la  domi- 
nation de  lu  chef,  mais  il  ne  t  irda  pas 
à  s'enfuir                  :   nt  avec  sa  sivur  .Mar;.'uerile. 

Le  vaisseau  sur  lequel  ils  s'embarquèrent  fut 
assailli  par  une  violente  tempête  qui  b'  jeta  sur 
les  cAtes  d'Ecosse.  Le  malheur  «emldait  les  pour- 
suivre sans  merci  ;  mais  Dieu,  qui  sait  toujours 
arriver  ù  ses  fins,  quand  il  lui  plail,  se  servait 
de  ces  revers  pour  conduire  jusqu'au  trône  la 
vertueuse  princesse  déshéritée, 

.«  L4  COl'R  UK  M  M.COLM   lli 

Malcolm  Ml  était  alors  roi  d'Ecosse;  il  lit  aux 
nobles  exilés  l'accueil  le  plus  favorable,  l'.e  prince 
avaitentre  autres  'jualilés  la  mémoire  du  cieiir.  Il 
se  ressouvint  qu'il  devait  s.i  couronne  aux  secours 
que  la  famille  de  sainte  M.ir;;u<!rile  lui  avait 
autrefois  donné>  pour  reconquérir  son  royaume 
usurpé  par  Macbelh.  Au*si,  il  s'estima  très  heu- 
reux de  p.i  \-r  cette  dette  de  reconnais- 
sance .  Il  .  leur  protecteur  et  leur  père, 

et  soutint  me,  ••n  leur  faveur, avec  (iuillauine 

le  Conqiii'raiit,  une  :.'uerre  terrible,  pour  venf.'er 
la  caii-f  de  ses  deux  proléaés. 

Cependant  .Mar:.'uerite,  que  ses  malheurs  gran- 
dissaient de  plu--  en  plus,  doniuit  à  la  cour 
l'exemide  d'uin'  rare  vertu  et  d'une  sainteté  cou- 
ra^'eu-e  et  forte  dan-  lét.ienve. 

M.ilciilin  connut  !  <  plus  hante  estime. 

Eiiii~    I'.- ■  Il  11  iiit  -  .  it .  Mil  drvoir  lui 

ne  sur  le 
--anl  aux 
qu'aux  désirs 
ment,  dans  le 
aistmeiitrextension  du 


Mai»  Dieu,  qni 
cet' 
un' 
nousL'.iu  lu.tiie  .1 

l'-iine   encore. 


lan'  l'ndmirition  de 
'  r  p«r 

..il  un 
.  pur. 
fa    douleur   il 


cnii^ciiN  de  se* 

d'-  ^"11   '•lenr. 


.Mali  iilin  lui  .lu 
couronner  reine 


l. 
ctmkh-  de  la  félicité.  Il  In  lit 
d'B<wsse  en  Kr^o.  .Margueriti' 


.ivait  .i|or«  vini^t-tpHtre  ans. 

<:  keCAL'I    DE  Norjf- 
1  e«  n"c.«s  furent  e^lf'br*»»  .^i  Diiniferlin.  pré* 


ron 


«un 

VtWMt 


■  -  éL'Ilse» 


4»  oxiDiT  sur  le  iTAo*  de  se»  |i^re«   .Sas   ,   ilo  preccnis  difsuM  de  m  mm 


LES    TEBTCS    D  UNE   BEINE 

La  pompe  et  le  faste  de  la  cour  ne  ternirent 

f)oint  la  pureté  de  son  cœur,  et  son  âme  ne  se 
aissa  pas  éblnuir  par  l'éclat  de  la  couronne.  «  La 
lumière  ne  doit  pas  être  mise  sous  le  boisseau, 
mais  sur  le  cliandelier,  afin  quelle  éclaire  tous 
ceux  qui  sont  dans  la  maison,  ■'  nous  dit  TKvan- 
gile.  Dieu,  en  élevant  sainte  Marguerite  sur  le 
trône  d'Ecosse,  voulait  exalter  sans  doute  l'bu- 
mililé  de  sa  servante,  mais  aussi  illumintr  bon 
nombre  d'àiues,  assises  à  l'ombre  de  la  mort,  et 
faire  refleurir  pur  elle  la  religion  dans  eu  pays. 

SON    PREUIEH    APOSTOLAT 

Le  premier  soin  de  Marguerite  avait  été  d'étn- 
dier  le  caractère  de  Malcolm  el  de  ^a^uor  son 
affection  par  une  grande  ouverture  et  une  dou- 
ceur parfaite.  Elle  ne  larda  pas  à  prendre  sur 
lui  un  merveilleux  ascendant,  dont  elle  sut  tirer 
parti  pour  le  bien  de  son  peuple. 

Dieu  permit  qu'elle  rencontrât  en  Malcolm  un 
époux  dont  les  inclinations  naturelles  étaient 
fort  semblables  aux  siennes.  Il  était,  il  est  vrai, 
de  mœurs  un  pou  rudes;  mais,  par  son  alTabilité 
et  sa  condescendance,  Marguerite  parvint  à  se 
rendre  maîtresse  de  son  esprit  et  de  son  cœur. 

Malcolm  écoutait  avidement  les  conseils  de  la 
reine  qui  semblait  lui  ouvrir  un  nouvel  horizon, 
et  il  les  suivait  en  élève  docile. 

Convertir  nn  roi,  c'est  ronvcrtir  un  royaume. 
Mari'uerile  ne  l'isnorait  pas.  II  n'est  donc  pas 
étonnant  de  voir  i'Kccs'ie  tout  entière  se  ressentir 
de  la  tran- format! on  de  son  roi.  Sous  l'inlluenre 
de  la  vertiiensp  reine,  la  religion  et  la  justice 
rellenrirent  dan*;  les  Etats  de  Malcolm.  .\u  reste, 
celui-ci  n'.ivaif  pa«  seulement  laissé  à  sa  sainte 
épouse  l'administration  des  affaires  domestiques, 
il  lui  avait  encore  conlié  les  rênes  du  gouverne- 
ment. L'expérience  prouva  une  fois  de  plas  que 
les  saints  ne  font  jamais  de  li  mauvaise  besogne, 
même  dans  les  affaires  politiques. 

La  «ainle  reine  s'attira  bientôt  le  respect  et 
l'affection  de  ses  sujets.  Personne  n'aurait  osé 
prononcer  en  sa  présence  une  parole  honteuse 
ou  mf'nie  lécére,  et  la  vertu  seule  pouvait  servir 
de  recommandation  pour  avoir  accès  à  la  mur. 

C'est  ain-<i  que  son  [lalais  devint  une  véritable 
école  de  sainteté,  où  se  donnaient  rendez-vous 
les  gentilshommes  les  plus  célèbres  de  l'Kcosse 
et  I.  s  rnmpai-nons  d'/irmex  du  roi  .Malcolm,  pour 
se  fiirmei'  à  la  pratique  des  vertu«  avant  d'aller 
combattre  sur  les  champs  de  bataille.  La  reine 
y  réunissait  ausvi  quelques  jeunes  lilles  de^  idiis 
recommandables  par  leur  virginité,  et  elle  leur 
apprenait  à  broder  des  ornements  d'églises  pour 
doter  les  chapelles  pauvres  de  son  royaume. 

l'rSPRIT    bB    FOI    nA.XIIIii    RN    RC.OSSE 

M  lis  •!on  léle  ne  s'am'ta  pas  à  cette  première 

.•nii.|ii  '  !..  p;||,;  voulut  dès  I or'»  réprimer  les  graves 
al>u-  ;i;i  «'étaient  introduits  parmi  les  Kcossais 
daii-  I  1  j'r.itique  de  la  reli^'ion. 

y.u  fiTi  I. .  oiitmirement  a  la  coutume  d^-  rKirlise 

■'         ■        '    n'obserraii-nl  pno  '■niii'Tement  le 

me.  De  pln«.  il«  profatiMinnl  par 

rvi|.  .  |..  fppns  du  dimancbi-  •■?  des 

'   '•■      '.'  !   l'i  '   ^    iivaieni  an««i   introduit 

'  ■■  '               1     '                 ;,        \,'%     Snii.l.      M.  .1.  r,           Us 

'I  I-    Ci'UX   d                                              1.' 

''  i I  ■    a  va  i I    :           .      ,                 / 
'1'  '                      lirl^ur»  devoir»  rel' 

'    '  ni''me  à  f'Aqiie«, 

r  i'  '■  I "u'uant  comme  excuse  leur  état 

I,  .1.,'  .  :    '.     •■  I  .  , 


'  Sainte  Marguerite  no  connut  pas  de  repos  sur 
le  Irène  tant  qu'elle  ne  sentit  pas  Jésus-Christ 
ré-ner  à  sa  place  sur  ses  fidèles  sujets.  Elle 
appela  donc  de  zélés  (irèdicateurs  et  de  doctes 
prélats  pour  rétablir  dans  son  royaume  la  foi 
avec  sa  pureté  primitive,  iJéraciner  le   vice  et 

raire  aimer  la  vertu. 
I>e  roi  .Malcolm  la  seconda  dans  cette  oeuvre. 
'    et  Ton  peut  dire  qu'en  très  peu  de  temps  l'Ecosse 
I    tout  entière  changea  de  face.  La  simonie,  l'usure, 
les  mariages  incestueux,  la  superstition  et  plu- 
sieurs autres  scandales  en  étaient  victorieusement 
bannis. 


L.t  U£aS  CHRETIIÛNNB 

Tant  de  vertus  et  de  si  belles  œuvres  ne 
pouvaient  qu'attirer  les  resards  de  Dieu  sur  la 
reine  Marguerite  et  son  fidèle  époux.  La  pre- 
mière bénédiction  que  le  Seii.meur  leur  accorda 
fut  certainement  la  lécondité  de  leur  union. 
Comme  une  vigne  abondante,  sainte  Marguerite 
s'entoura  de  hnit  magnifiques  rejetons  qui  porte- 
ront à  leur  tour  les  plus  heureux  fruits. 

Six  princes  el  deux  princesses,  tous  héritiers 
des  vertus  de  la  reine  et  de  la  valeur  du  roi. 
furent,  dès  cette  terre,  leur  plus  belle  couronne. 

Mais  il  faut  dire,  pour  être  dans  la  vérité',  que 
sainte  Mari'uerite  ne  ménagea  pas  ses  efforts. 
lli'S  leur  berceau,  elle  le?  exhortait  à  la  pratique 
de  la  vertu,  elle  leur  faisait  sentir  la  vanité 
des  biens  de  ce  monde,  et  leur  inspirait  l'horreur 
du  péché.  Kn  même  temps,  elle  imprégnait  leur 
cœur  de  cette  cbarité  divine  qui  animait  le  sien 
propre.  Elle  ne  leur  donnait  pour  maîtres  que 
des  hommes  signalés  par  leur  piété.  Et  enfin, 
quand  ses  leçons  maternelles  ne  suffisaient  pas, 
elle  ne  croyait  pas  manquer  à  sa  dignité  ni 
diminuer  son  amour  pour  les  petits  princes, 
en  prenant  en  main  la  verpe.  0"i  pareet'viiq:i\ 
O'Iit  filivm.  disait-elle  avec  l'Esprit-Saint  :  Celui 
qui  épargne  ta  rcrge  liait  son  /ils.  (Prov.  13, 24.) 

LA  TRh.SOniKIlK  DES  PAIVRKS 

j       Nousavonsdéjà  dit  comment,  dèssa  plus  tendre 

enfance,  Marguerite  se  distinguait  par  un  amour 

iinmeii'ie  envers  les  pauvres,  qu'elle  consiilérait 

dé|à  comme  les  membres  souffrants  de  Jésus- 

I   Christ. 

Cet  amour çranditaverelle;  aussi,  parmi  toutes 
les  vertu  s  qui  ennoblissaient  son  àtne.  ce  Ile-ci  était 
pent-ètre  la  plus  agréable  au  Cœur  du  divin 
Maître. 

Elle  eût  voulu  être  panvre  h.  la  plac.>  de^^ 
pauvres,  et,  pour  les  sonlaL-er,  elle  n'en; ployait 
pas  seulement  ses  richesses,  mais  elle  «e  dépen- 
sait elle-même.  ..  \ji  main  des  pauvres,  disait-elle, 
est  la  pliLs  si'ire  garantie  pour  les  tn'sors  du  roi. 
C'est  un  coffre-fort  que  les  voleurs  les  plus 
habiles  ne  parviendront  jamais  à  forcer.  « 

L'on  devine  U  cénérosilé  d'une  reine  qu'ani- 
maient rie  pareils  «entiments.  Elle  si'  fil  plus 
[MiiYre  que  les  pauvre»  eux-niême«  «pii  lui  ten- 
daient la  main,  car  elle  ne  se  privait  pa«  s^ule- 
ni'iit  r|n  superflu,  mais  du  nêcp^saip'  pour  l.'ui 
■•Mier  toute  indi^'enre,  el,  tandis  que  ceux-ri 
désiraient  poiséiler  ce  qu'ils  n'avaient  pas.  la 
-ainte  reine,  au  contraire,  désirait  donner  tout 
ce  qu'elle  possédait,  «e  rendant  .1in»i  vraimeni 
pauvre  d'esprit,  selon  le  conseil  de  l'Evancib- 

I  ..rcTi]'   II.'    ....iliil    ,\n    «.lin    palais,    elle    I  l.iit 
de  pauvres,  de  reilve».  .f   i 
,  :       lient  sur  ses  pas  et  ven  im  ni 
lier  leur  reconnaissance  ou  rere\'  ii«es 
I 


JlALCuLU    ET   MARGUERITE   AU   SERVICE  DES  l'AL'VRKS 

Avant  de  se  mettre  à  table,  sainte  Marguerite 
servait  toujours  de  ses  propres  inaius  neuf 
petites  orpiielim-s  et  vint;t-i|uatie  vieillards.  Sou- 
vent aussi,  elle  taisait  entrer  dans  son  palais  jus- 
qu'à trois  cents  pauvres.  Malcolm  alors  se  faisait 
une  joie  île  s'associer  à  ses  liumbles  services.  Le 
roi  it  la  reine  leur  disliiliuaienl  des  viandes 
semMalilesàcellesdeleurlalile.etilslesservaient 
à  penoux,  par  respect  pour  .Notre-Seigneur  qu'ils 
honoraient  en  eux. 

Tous  les  jours,  au  sortir  de  son  oratoire,  la 
pieuse  reine  Irnuv ait  dans  ses  appartements  six 
pauvres.  Elle  s'inclinait  devant  chacun  d'eux  et 
leur  lavait  h  s  [licJs,  puis  les  congédiait  avec 
une  aumAne.  Klle  vi.-;itait  fréquemment  les  hôpi- 
taux "il  elle  s'estimait  heureuse  de  remplir  les 
plus  humbles  services  de  charité  envers  les 
malades.  .Mais  son  zèle  ne  se  bornait  pas  à 
soula-i  r  les  pauvres  de  son  royaume,  son  cœur 
atlei.iiait  encore  les  malheureux  des  pays 
élr.iii,L;ers,  les  prisonniers  de  ;;uerre,  les  captifs, 
et  le  nombre  de  ceux  qui  leur  doivent  leur 
délivrance  est  illimité. 


HUMILITE    DE   LA    SAINTE 


SES    DERNIERS   JOURS 


Mais,  tandis  que  sa  vertu  la  faisait  admirer  de 
tous  ceux  qui  pouvaient  l'approcher,  seule  elle 
semblait  itmorer  le  bien  qui  était  en  son  unie, 
l-ille  appelait  fiéi|uemment  son  confesseur  et  le 
pressait  de  l'avorlir  sans  détour  de  tout  ce  qu'il 
V  avait  de  ré|irélieiisible  ilans  sa  vie;  et  comjne,' 
ùson  avis,  iHaméiia^'eail  trop,  elle  lui  appliquait 
ces  paroles  du  Roi-I'rophéte  :  -(Juc  te  jtisic  me 
re/irenne  et  me  corrige,  et  ipie  t'Itnite  du  jithlieiir 
(c|u'elle  disait  être  t'iidiilalioii)  ne  vieitiie  point 
oindre  ma  ItHe.  (l's.  140.) 

Cependant,  les  austérités  et  les  pénitences  dont 
nous  avons  parlé  avaient  considérablement  nlTai- 
bli  les  forces  de  sainte  Marpuerite.  Uéja,  depuis 
lon:.'temps,  elle  en  avait  contracté  une  douleur 
d'estomac  qui  la  faisait  s.'UlTrir  cruellement,  sans 
que  pour  cela  elle  ei'il  diminué  en  rien  le  nombre 
de  ses  exercices  de  piété. 

Mais  cette  lois,  elle  se  senUiil  vaincue  par  la 
douleur  ri  elle  dut  se  résigner  à  liarderle  lit.  iiieu 
lui  a\ait  fait  connaître,  piir  une  inspiration  de  sa 
):rAci',  que  le  nionient  de  la  mort  approchait. 

Suinte  Mar;;ueritc  se  jirépara  avec  un  soin 
extrême  ù  paiaitre  devant  le  tribunal  du  Souve- 
"rain  Jiiye.  Kl  jmur  ne  pas  être  confondue  à  ce 
tribunal  san- appil,  elle  maiiclasou  confesseur  et 
lit  devant  lui  une  revue  f/énénile  de  sa  vie.  >•  Sa 
componction  était  si  vive,  écrit  Thierry,  qu'elle 
versait  des  torrents  de  larmes  à  chacune  de  ses 
accusations,  et  je  ne  pouvais  m'empéchcr  de 
pleurer  avec  elle.  •> 

Sainte  Marguerite  <le»ait  vi\re  encore  six  mois. 
Mais  elle  éUtit  tellement  affaiblie  qu'il  lui  fut  à 
peu  pré»  impossible  de  se  lever.  La  verlueuîH! 
princ^-sse,  nu  milieu  même  de  ses  souffrances, 
n'cxhal.i  jamais  une  plainte. 

Comme  l'artiste  qui  donne  nu  marbre  un  der- 
!  iii  pour  parfaire  son  u'uvre,  le 

lu-ver  de  piiriHer  celte  belle 
...   ,.     .  ....  ...,.  ,i.|,.,, 

M  .1  fait  jus- 

qu  .  -  ..    .idiieclion. 

ne  I  ■de  sr  soustraire  & 

1.1   '  it    .'ilb'i    -^«Mil)  ilir  SCS 


soldats.  Il  II  partit  donc,  sans  écouter  les  conseils 
de  sa  sainte  épouse;  mais  il  s'en  trouva  mal.  car 
il  fut  tué  ]iar  trahison  en  assiégeant  la  forteresse 
que  les  .Vnglais  lui  avaient  prise.  Le  prince 
Edouard,  son  fils,  l'ut  également  tué  dans  un 
assaut  qu'il  livra  à  la  place. 

LA    PKLIVRANCE   ET   LE   DEUIL 

  l'heure  où  ils  mouraient  victimes  du  devoir, 
sainte  Marpuerite  était  tombée  dans  son  élat  de 
faiblesse  accoutumé.  Elle  dit  à  ceux  qui  l'entou- 
raient :  Cl  II  est  peut-être  arrivé  aujourd'hui  à 
l'Ecosse  un  immense  malheur.  ■>  (Jualre  jours 
après,  ses  douleuis  étaient  moins  vives.  Elle  se  lit 
conduire  à  son  oratoire  où  elle  entendit  plusieurs 
messes  et  reçut  le  Corps  sacré  de  Notre-Seif;neur 
Jésus-Christ.  .Mais  à  peine  est-elle  du  retoui  dans 
ses  appartements  qu'elle  retombe  dans  une  fai- 
blesse plus  grande  qu'auparavant. 

Elle  demanda  alors  la  relique  ■>■:  la  vraie  Croix 
qu'elle  avaif.  en  prande  vénéialion.  Elle  la  cou- 
vrit de  ses  baisers  et  de  ses  larmes.  ICllela  pres- 
sait sur  son  ca-ur  et  s'en   signait  fréquemment. 

Mais  soudain,  la  |>orte  de  son  appartement 
s'ouvre  :  c'est  son  fils  Edpard  qui  revient  de 
l'armée."  Comment  vont  vnire  péreel  volrefrèrc"? 
lui  demande  la  reine.  —  Ils  jouissent  d'une  excel- 
lente santé,  »  répond  le  jeune  prince. 

Sainte  Maryuerile  pousse  un  profrtnd  soupir. 

<■  Je  vous  en  prie,  mon  lil.s,  ne  me  cachez  pas 
la  vérité  :  je  sais  ce  qu'il  en  est!  >> 

Contraint  d'enfoncer  plus  avant  le  ;;laive  de 
douleur  dans  l'àine  de  sa  mère,  Edward  avoua  la 
vérité.  Il  raconta  toutes  les  péripéties  de  la  méiéu 
et  conimenl  son  père  et  son  frère  avaient  été 
\ictimes  d'une  honteuse  trahison.  Il  y  avait  de 
cela  quatre  jours.  Un  comprit  alors  les  paroles  de 
la  plorieiise  malade  sur  le  malheur  <|ui  venait 
de  frapper  l'Ecosse.  Comme  la  mort  approchait 
de  plus  en  plus,  elle  reprit  :  "  Seigneur  Jésus- 
Christ,  qui,  par  la  volonté  <*ii  Père  et  la  coopéra- 
tion du  Saint-Esprit,  aver  vivifié  le  monde  en 
mourant  [tour  lui,  délivrez-moi.  >■  Ce  furent  ses 
dernières  paroles.  Son  Ame,  alTianrhie  des 
entraves  de  la  chair,  prit  un  libre  essor  vers  les 
cieux.  C'était  le  16  novembre  de  l'an  lO'.iJ. 

LA    CANO.MSATiON     —    L'.V    MOT    d'uISTuIRB 

Sainte  Marguerite  fut  de  son  vivant  plus  admi- 
rable par  ses  vertus  (]ue  par  ses  miracles,  mais 
de  nombreux  prodiu-es  éclatèrent  à  son  tombeau, 
el  permirent  a  l'Efilise  de  lui  décerner  le  litre 
de  Sainte.  Elle  fut  canonisée  en  <2!>l,  par 
Iniiocenl  IV  ;  i  iais  ce  n'e-<t  qu'en  lù'.iil  qu'Innocent 
.M    fixa  sa  fête  nii  10  jutn. 

Lorsque  l'Ei-osse  fut  tombée  dann  l'Iiérésic,  les 
catholiipies  enlevèrent  secrètement  ses  reliques 
avec  celle»  de  son  mari,  qu'on  vénér.iit  aussi 
comme  saint.  I.c  roi  d''^spak'iie,  Philippe  II,  sol- 
lii'ita  l'honneur  •!'  Ijur  oiTrir  un  refui^Ec  dans 
son  palais  de  .'Escurial  et  fil  construire  une 
mn;;nilique  rhâjM  IK  pour  les  recevoir.  Ji  lisait 
sur  I.      '  '  iitcnait  :  Saint  Mal<utm, 

roi,  .•<  Il'- 

Mai-  I  iiii"iiuii' '  Ni  II  IV  Stuart  avait  obtenu  le 
chef  di.  I .  glorieuse  reine.  In  moine  b'nédiclin 
j.  iecouvra,el.poiii  le  sniistrair-'  ■">  '■■  Miialioiis 
il'  -  impies  qui  auraient  pu 
piiila  n  .\nver*  en  l.'i'.'î.  I.e  K  ' 
l'évèijiie  d'Arras  fit  rendre  il 
i!'      ii"ii:ieiii  -  iHil'li'  ~  .'i  •  itl.' 


er.   il    le 

m  liiJl. 
ihédrale 

!    jll'     , 

lu 


TeraiD,  duait-il,  anime  et  soulianl  le  ouura($e  da«   ■    les  l'fic!i  dt:  la  (.oiiipuMine  de  it-su*. 


,'rfj'il       I.       r&IITIlftSii) 


l.n|-> 


rue  lUv  •iiil,  I 


SAINT  BARNABE,  APOTRE 


Fête  le  1 1  juin. 


Saint  Barnabe,  compagnon  de  saint  Pau),  est  lapidé  par   les  Juifs  de  Chypre, 

près  de  la  Synagogue. 


118 


it   parmi   >e>  ancêtres  .Voi> 


A»rc>ii  et 


ni  ses 

-    -  11  de  la 

it  le^   fioMiitr-,  $ou5   la   ix>nduite  de 

■  is 

.1- 


ffnoa  de  saini  faut. 


EAKNABE  PKESEXTX  ACS  ATOTRES  PACL  CONVERTI 


Ouand 


!Aiiï  le»r 


au  J  'u: 
5 -aies  ! 


re. 


V  •     i_i.;j(     iii<.  tiÂjatii'ii    itiï  1 


r^rto. 


-rtr. ♦    ^^^  ^r    t. 


;    -     .    ..      .  ;...-    le 

Uiel.  ce  fameax  doctear  qni.  >elon 
talmudiqnes,  emporta  daâs  ie  tom- 
-4e  la  loi. 

Llllostre  "-ir*^  roui:  tait  r'n?  de  mille  disciples 
dans  s-  ■  a  jeane  Glicien, 

n^mmé  -  sr  «t>Ti   7f-\''.   =« 

science 
le?  JMir- 

qui  def  ^ 

Jé?as-C;  .       _e.- 

U  se  lia  a-ec  éUi  a  uûé  clro^ic  jj^iue. 


JO 


^  ATTAdE  ACX   PAS  OC  DITDE  KAim 


'---  "Tidant,  le  Sanrear  CJ->mir  ' 
e  de   «e?  pr'»diffe<:.   Le 

..._.i~i.-^  de  1'  ■  •   •  -1---  ---1   - 

il  fat  è&ns 


it 


nié,  et 


A  s*    [  ni,   <.t 

cette  «*:i.  -    neur  à 
Jérusalem. 

•    I>è«  |f>r«.  Joseph  ne  ««  çfpsr"  p1n«  'In  divin 


teÛe 

viff- 

Son  c^urace  lui  : 

lai 

-  1 

■    ..        ...        .V  ;..  .i  „i  - 

homme,   leune  encore. 

C 

■ira.-- 

ùaii'; 

lui  : 
de  . 

n<-e«  aT^  Ini. 
poinî,  JeiU^-CtiM^l  ^.    reitTvaal   celle 

t 
ne  r 

■      ■        ■      •    -         .         San'. 

-  ■                      -                                                            ar    la 

Paul. 
à   >e 

:.t.    Il'- 

„i.^ 

Le 

parr\ 

crédit   de    B.                                            .i     -.. 

e.    Paul    fn'.                                                    U-- 

■  ■    t 

iicru'i  «in!  ij-  -  j'.ie>  ae  la  ne»urrecUon. 


josva  tmçan  m  kAin  raau  u  3<oa  m  aAaxAni 


1  dint 


-1, 


-Me,  JoMpk  doana  V 
-tacbeoient  admirv. 
......  .raa  Ghr^WHtocn    - 

^rail  à  •»«  bemnii 
"^liK^t  de*    '  '•  L—*     "   '  ■ 
et  en  a( ' 


PAUL  rr  aAR.NABi!  a  AKnornE 
Cef^ndant,   le»  fid<'l«i,  di«f»«rsfts  par  U   per- 

naro 
dan- 

cil  m. 


■>int*- 


jonns-là.  dit  «linl  I.nr.  de»  proph'  !■ 


•.  Lan   .i.-  - 

vil. 

--.rint:.   -o     ■ 

..V 

■  |*I'■" 

'    ■ 

.  iFr^rnni  m<^<»af<à '«e  r<»-bnteT 

.  p- 


.i    M      U    Tr 


•\n  '•<.iiA< 


_"?nt  iTPC       'y. 


'ilOà, 


Ld  BOIT13S  6CBar —  AJ0TB30SE  —  IJUMUAIION 

par  les 
■  re,  ville 

tout  »iir  f«* 

nfirriH;  m  leva  jmér- 

ia  de  ce  pro(ii::e,  eciaia,  en.  orie 


"ni  noua  sons 
'    ilans   leur 


lii 


Tti  'laî.  T"''TnpTrnn*  'iiz  iriit  ifi»       a 


7j  APonua  X  miGA 


la  •iyna- 


f'iat  -ia  bui:)pà'-ive;f  •■uatre 


■frP'i,   .i'fhi:-Tnt    lt»nr 


mt  (^i 
monde 


.:u.-!irb  daiiiïuri'-tïo  ^ai'  ixboiulance 


.  ircoarus  d'AnliO'the, 
nt  à  s<mIeT?r  la 

^n.'n.l    k.    »^       j^i      l'i 


ictiC  te  lendemain 

t"  - 
aiie  lie'»   ai-DpUytea  et  les 

;  il'»  i'iîmbiir- 


;iirarfr  ■"  ;r4  l«i-!  1,1;^:;.-- 


'     .1*7*».»  /i>.'?    \p*itr** 


LE  LEVITE  JOSEPH  A  L  KCOLB  DE    li.VJlALlF.L 

Saint  Rariiabé  *^ tait  juif,  de  la  Lritni  de  Li'vi.  11 
c'onii>tait  parmi  .^e>  aiictUres  Moîsi'.  Aaron  et 
Samuel. 

Il  reçut  le  jour  dans  l'Ile  de  Chypre  où  ses 
aïeux  s'étaient  réfu^îiés  lors  de  l'invasion  de  la 
Judée  par  les  Itomains,  sous  la  conduite  de 
Pompée. 

Les  iriands  biens  qu'ils  y  avaient  acquis,  jninls 
à  ceux  i|u'ils  possédaient  aux  environs  de  Jéru- 
salem, mettaient  leur  l'uinille  parmi  les  plus 
opulentes  de  ta  iintion  juive.  Rien  n'égalait 
cependant  le  tré'^or  (jue  Kieii  venait  de  conlier 
à  leur  liarde,  en  leur  donnant  un  lils  qui  devait 
un  jour  porter  le  nom  de  Jésus-Christ  devant 
toutes  les  nati  ins  de  la  terre. 

Il  fut  a|'i>!  I.  Joseph,  c'est-à-dire  arcrois.'îpwienf. 

l>e  l("iir'  li'Uie,  il  montra  de  t;randes  dispo- 
sition- I "iir  la  science  et  une  inclination  mer- 
veilleii-'-  [  Kiir  la  vertu. 

Ses  parents  n'épargnèrent  rien  pour  seconder 

un  si  beau  naturel,  et  le  jeune  Jnseph  fut  envoyé 

!' ui    pour   y   faire  ses  éludes  sous   le 

'..iinaliel,  ce  fameux  docteur  qui,  selon 

ir-  ii.iàilions  talmudiqut's,  emporta  dans  le  tom- 

licau  l'honneur  «le  la  loi. 

L'illustre  ral'hi  cuni|itail  plus  de  mille  disciples 
dans  son  école.  A  leur  tête,  un  jeune  Cilicien, 
nommé  Saul,  se  di>lin:.'uail  par  son  zèle,  sa 
science  et  la  pureté  de  sa  vie.  On  le  voyait  tous 
le-;  jours  au  temple  avec  Ktienne,  le  futur  diacre, 
qui  devait  n'-pandre  le  premier  son  sans  pour 
Jésus-Chri-l.  Joseph  était  à  peu  prés  de  leur  â(?e.' 
Il  se  lia  avec  eux  d'une  étroite  aniitié. 

JilSEPB    s'attache  ACS    pas  01'  DIVIN  lUITRB 

Opendant,  le  Sauveur  commençait  h  remplir 
la  Judée  de  ses  prodises.  Le  jeune  lévite  eut 
occasion  de  l'entendre  pnrl<T  ilans  le  temple,  et 
il  fut  ébranlé.  Le  mimcle  de  la  piscine  proba- 
tique  auquel  il  assi-tane  lui  laissa  plus  de  doute, 
il  crut  à  in  mi-rsion  de  Jé-u'-Christ.  et.  se  jetant 
'  !  le  Mipplia  .1  '  '  •  lU  nombre 
-    Jésus    1  bonté,  i.l 

i'-    mil    'III    i.iO..    'If    SCS    plu-    IIIMIIO"-      IIIIIS. 

La  joie  de  Jnseph  fut  trande;  il  rounit  en 
faire  part  A  sa  tante  Mar  e,  mère  de  Jeau-.Marc. 
.•\  sa  parole,  tonte  la  famille  se  convertit,  et 
cette  samte  maison  devint  l'a&ile  du  Sauveur  à 
Jérusal<-m. 

•  Des  lors,  Joseph  ne  se  sépare  plu«i  dn  divin 
Alallre,  il  le  suit  en  (Jalilée,  tl  Jésus-Chri~l,  pour 
lui  t'inoiL'ner  -a  c.-.iiliance,  le  met  à  la  tôle  des 

IX  in''     1  pies.  Vint  en-nile  le  terrible 

■  liiiio  '!•    I  ••!  de  la  mort  du  diriii  Maître, 

bieultil  suivi  de>  juieii  de  la  itésurrection. 

JOMH  uçoiT  DR  KAiirr  nnaB  lb  xoa  de  HAaxAMfi 


■  inier 

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lit   qu'un 

•:.-■  ...    le.  A-Irs. 

iiiH-  ne  le«  fiblu-enit,  ils  tlon- 

'!''•     iwioi      ...'fVir    lilii,.    lihrfS- 


ineni 

Ce  1 


int/'- 


ressée  remplissait  de  consolation  le  cœur  des 
.\pi>lres.  et  aiu'iuenla  leur  affection  pour  Joseph, 
auquel  ils  donnèrent  le  surnom  de  Harnabé, 
c'ist-à-dire  enfant  de  lonsolalinn.  C'est  sous  ce 
beau  titi-e  que  le  monde  entier  vénère  le  coiiipa- 
giion  de  saint  Paul. 

DARNAné  PRÉSENTE  AUX  APOTRES  PAUL  CONVERTI 

Quand  l'Eylise.  animée  du  souffle  de  l'Esprit- 
Saint,  se  fut  manifestée  en  face  de  la  Syna;;oi;ue, 
Barnabe  eut  part  à  toutes  les  tribulations  de  ses 
frères.  Les  Pharisiens  et  les  Sadducéens  du  crand 
conseil,  qui  trouvaient  dans  les  institutions 
mosaïques  la  satisfaction  de  tous  leurs  intérêts, 
ne  pouvaient  entendre,  sans  un  fréniisseinenlde 
raye,  proclamer  la  divinité  de  ce  Jésus  qu'ils 
avaient  crucifié.  Le  diacre  Etienne  n'hésita  pas 
à  imprimer  sur  la  face  de  ces  hypocrites  de  la 
léfîalilé  les  stismales  d'une  (létrissiire  immor- 
telle. Son  courase  lui  mérita  d'être  la  première 
viclinie  de  leur  fureur.  La  populace  se  rua  sur 
lui  et  l'eiitraina  hors  de  la  ville  pour  le  lapider. 
i<  Les  témoins,  disent  les  .tc^'.*,  déposèrent  leurs 
manteaux  auprès  d'un  homme,  jeune  encore, 
dont  le  nom  était  Saul.  » 

C'était  l'ancien  condisciple  d'Etienne.  Carac- 
tère ardent,  il  s'était  laissé  séduire  par  l'aiipareiite 
austérité  des  Pharisiens,  avait  einbrassé  leur 
secle,  et  était  devenu  un  vitdent  persécuteur  de 
rEsl'""  naissante.  Il  entrait  à  force  armée  dans 
les  maisons  des  tldèles,  saisissait  hommes  et 
(einmes  et  les  traînait  en  pri-i>n. 

Hainabé  eut  plusieurs  conlèrences  avec  lui, 
lui  prouva  d'une  mauiure  invincible  la  divinité 
de  Jésus-Christ  et  le  convainquit,  mais  il  ne  le 
convertit  point.  Jésus-Christ  se  réservait  r«lte 
conquête. 

Elle  eut  lien  -nr  le  chemin  de  Damas  où  SanI, 
ne  respirant  que  menaces  et  i  .ima^'e  contre  tes 
disciples  du  Seigneur,  tomba  lomlroyé  par  la 
Crftce.  —  Désormais  nous  l'appellerons  -aint  Paul. 

De  retour  à  Jéru>alem,  Paul  rheriliail  k  se 
joindre  aux  fr«res,  mais  ils  le  rediiilaient,  ne 
p(    .  '     ■  '  '  '    iili- 

\  '  1-, 

son  .11111  .1  eiil.iii 'I  .  iiii  o  ■■m  ijui  mi  l'innt 
sa  demeure,  .^prés  avoir  enterulil  de  s»   bourbe 


.  '  K 


rand 


il  prê- 
le chef 

lusalein. 
;    Kur   sa 

l.'lé    lies 


le  récit  des  mei  •     "  ■ 
senta  le  nouvel 
de  rE;;lise,  cl  à  J... 

1.^  Ciédit  de  Rar: 
parole,  Paul  fut  a  : 
frères,  et  l'ApAlre  ib- (.enliU  coiiin.  i 

l'exercice  de  sa  mission  dans  la  Vili 

l'Al'L  ET  BAHNABK   V     \NT10rnr. 

Cependant,   le»  fliléles,  dispersé*   par  la    per- 

«éciitinii.  s  rii  .illèrenl    de    Ion-  I  i 

parole  évnni'.-lopi»» .    \iitinrhe  ' 
dan-  s(>>  mo 

.  IllIIIO-lie-      '  '. 


ni   'i-  -'  oi .   il     it.lt  ni  I"-     I'  Il  '  'I 

iiinma   Paul;   pemliiit   ii 

iiiiireii'  '■  ■■'  -    ■  ''   .1.1  ,     ,,1 

Imle   il  le-  ili»- 

cM>l'«  ...  ...  „.  .a  ,  .   :_ :  uoni  do 


itirslà,  dit  saint  Lu.-.  de«  prophêl. 


de  Jérusalem  vinrent  à  Antioche.  L"ua  deux, 
nornmé  Apab,  inspiré  par  i'Esprit-Saint,  se  leva 
et  prédit  qu'une  srande  famine  désolerait  bientôt 
Tuuivers.  Elle  arriva,  en  edel,  sous  l'empereur 
Claude.  Tous  les  disriples,  prévoyant  les  besoins 
où  allaient  se  trouv»;r  les  fidèles  de  Judée,  réso- 
lurent d'envoyer,  chacun  selon  ses  moyens,  de 
quoi  les  secourir,  et  prièrent  saint  Barnabe  et 
saint  Paul  de  leur  pnrtereux-mêraes  ces  aumùnes. 
A  leur  retour,  les  deu.v  apùlres  ramenèrent 
à  Antioche  Jean-Marc,  le  cousin  de  Barnabe.  » 

PREMIÈRE  HISSIO.N 

Les  ministres  du  Seiirneur  s'étant  assemblés 
afin  de  célébrer  les  Mystères,  le  Saint-Esprit  leur 
dit  :  «  Sèpareï-raoi  Paul  et  Barnabe  pour  l'œuvre 
à  laquelle  je  les  ai  appelés.  » 

Alors,  après  un  jeûne  solennel  et  de  lonitues  | 
prières,  ils  imposèrent  les  mains  aux  deux  élus, 
lenr   conférèrent   la  diynilé  épiscopale,  et  les 
abandonnèrent  à  la  direction  céleste. 

Les  dt-ux  envoyés  de  l'Esprit-Saint  prirent  avec 
eux  Je.in-Marc  et  se  rendirent  à  Séleucie  d'où 
ils  s'embarquèrent  pour  l'ile  de  Chypre.  Ce  fut 
là  qu'ils  commenièrerit  leur  apostolat;  la  parole 
évam-'f-lique  retentit  dans  cette  île  delà  volupté, 
ébranlant  les  portiques  des  temples  de  Vénus, 
et  renversant  les  immondes  divinités. 

Les  deux  apôtres  prêchèrent  Jésus-Christ  avec 
un  égal  succès  à  Salamine  et  à  Paphos.  Dans 
cette  ville  résidait  If  proconsul  romain,  Serpius 
Panlus,  hommi'  plein  de  sacesse,  disent  les 
Livres  Saints.  Cjlii-i-i  manda  Paul  et  Barnabe 
pour  apprendre  de  leur  bourbe  la  relit-'ion  du 
Christ.  I^n  ma;.'ii'ien  juif,  nommé  Elymas,  qui 
se  trouvait  daus  la  maison  de  Paulus,  cherchait 
à  détourner  le  proconsul  de  la  foi.  Rempli  de 
l'Esprit- Saint,  Paul  fixa  son  regard  sur  lui  : 

«  Esprit  de  mensonge  et  de  perfidie,  fils  de 
Satan,  ne  cesseras-lu  point  de  pervertir  les  voies 
droites  du  Seigneur?  Voici  que  la  main  de  Dieu 
est  sur  toi  :  tu  seras  aveui-le  et.  pendant  un  cor- 
tain  temps,  tu  ne  verras  plus  la  lumière  du  jour.  » 

A  l'instant  même,  les  yeux  d'Elymas  se  voilè- 
rent, et,  témoin  de  ce  miracle,  le  proconsul 
embrassa  la  foi. 

Ce  fut  alors  que  Saul,  s'emparant  du  nom  de 
ce  proconsul  qu'il  Venait  d^'  conquérir  à  Jésus- 
Christ,  échangea  le  nom  juif  qu'il  tenait  do  ses 
aïeux  contre  celui  de  P.iul,  que  portait  ce  pro- 
consul. Celui-ci  persévéra  dan»  la  foi,  et  inonrut 
évéque  de  Narbonne. 

LKK  APornes  a  pbbga 

De  Chypre,  Paul  et  Barnabe  se  rendirent  h 
Perua,  ville  de  Paraidiylie  et  de  la  à  ,\ntioche 
de  Pisidie. 

Ln  jour  de  sabbat,  ils  entrèrent  dans  la  syna- 
ftopue  et  s'assirent  au  milieu  des  juifs.  Après  la 
lecture  de  la  loi  et  des  proph.tes,  les  princes  de 
r  !--•  Mildèe,  apercevant  des  Irères  étrangers,  les 
itiMi'  l'-nt  a  prendre  la  parole.  Paul  fit  une  b">lle 
••xli<u talion  pt  Ii>-  juifs  en  furent  si  satisfaits 
qu'ils  prii  t' m  I  -  i|"itres  de  revenir  au  prochain 
...,1.1.  .1  r.  ,,1  .,■  ,111  ..re  sur  le  m''me  sujet. 

■  liquè,  toute  la  ville  se  trouva  dans 
il  -   ...    ;  les  rabbins  en  conçurent  une  telle  , 

i.il   Ml-  qu  ils  éclatèrent  en  blasphéqjies  contre  | 
le    '       '  iiK'  di'  l'aul.  I 

I  fuse?,  d'enlendre  la  parole  de  ' 

lu.  11.  .  I    r    les  apôtres,  nous  allons  nous 

tourner  »er«  les  Gentils. 


En  effet,  la  parole  du  Seigneur  se  répandit 
comme  une  semeuce  féconde  duiis  tout  le  pays. 
De  plus  en  plus  irri''~,  les  juifs  firent  éclater 
une  persécution  viobi.!'  'ontre  Paul  et  Barnabe 
et  ils  furent  expulsés  de  '  i  province.  Les  apôtres, 
secouant  sur  ces  obstiu'-.-  in  poussière  de  leurs 
pieds.  Tinrent  à  Icône. 

Cependant,  Jean-Marc  comni^riraità  se  rebuter 
des  latit'ues  de  l'apostolat.  I '■-  ]■  rils  continuels 
quecouraientlesapùlresa  litvti  ',1.1  le  l'ébranler, 
et,  quittant  .■-es  compasnons,  il  retourna  auprès 
de  .sa  mère  à  Jérusalem.  L'absence  de  ce  cher 
disciple  de  saint  Barnabe  fut  un  surcroît  de 
peines  pourle?  deux  apôtres  qui,  ne  voulant  être 
à  charee  àpersonne. pourvoyaient  àleurs  propres 
besoins  par  le  travail  de  leurs  mains.  Ils  conti- 
nuèrent leur  voyage; à  travers  l'Asie. 


LE  BOITEUX  GCERI  —  APOTHEOSE  —  UPIOATION 

Dlcone  où  ils  faillirent  être  lapidés  par  le? 
Juifs,  ils  allèrent  porter  l'Evaugileà  Lystre,  ville 
de  l.ycaonie. 

I  II  infirme,  privé  dès  sa  naissance  de  i'usa<?e 
des  jambes,  était  assis  à  l'entrée  de  la  ville  et 
écoutait  la  prédication  de  Paul.  L'npôtrefixa  sur 
lui  son  regard  et  vit  qu'il  avait  la  foi. 

>'  Lève-toi,  lui  dit-il,  liens-i.ii  d-  h'^ii'  -ur  i»s 
pieds.  » 

Et  l'infirme  se  leva  guéri. 

La  foule,  témoin  de  ce  prodige,  éclata  en  cris 
d'enthousiasme. 

«  Des  dieux  sont  descendus  parmi  nous  sous 
une  forme  humaine  »,  difaient-ils  dans  leur 
idiome.  Ils  appelaient  Barnabe,  Jupiter;  et  Paul, 
Mercure,  parce  que  c'était  Paul  qui  avait  portt- 
la  parole.  Un  prêtre  de  Jupiter,  qui  se  trouvait 
là,  apporta  des  couronnes,  fit  amener  des  tau- 
reaux, et  voulait  avec  le  peuple  les  offrir  en 
sacrifice  aux  deux  divinités. 

:\  re  spectacle,  les  apôtres,  déchirant  leur 
tnniqne,  se  jetèrent  parmi  la  foule  en  criant  : 

«  Amis,  qu'aliez-vous  taire  ?  nous  sommes  des 
mortels,  des  hommes  comme  vous! 

■>  .Nous  venons  vous  arracher  à  ces  vaines 
superstitions  et  vous  convertir  au  Dieu  vivant  qui 
a  créé  les  rieiix,  la  terre,  les  mers,  le  monde 
entier!  Du  haut  du  ciel,  il  rép.Tnd  ses  bienfaits, 
dispense  les  jduies  et  les  saisons  fécondes  et 
remplit  nos  cœurs  d'allégresse  par  l'abondance 
dp  ses  dons.  » 

.Malgré  ces  exhortât  ions,  ils  eurent  beaucoup 
de  peine  il  emptclier  la  foule  d'accomplir  un 
sacrilice  en  bnir  honneur. 

Cepeiidiiit, quelques  juifs, accourus d'Anlioche, 
de  pjvidi.i  ..(  d'Icoiie,  réussirent  A  soulever  la 
multiliiile  dans  un  sens  opposé. 

Une  émeute  éclata,  et  Paul,  Irnfné  hors  dr  la 
ville  par  la  populace  furieusi-,  fut  accablé  d'une 
firèle  de  pierres  et  laissé  pour  mort  sur  la  place. 
Les  disciples  vinrent  chercher  son  corps;  mais, 
quand  ils  l'eurent  entouré,  Paul  se  leva  plein  de 
vie  et  revint  à  Lystre,  d'où  il  partit  le  lendemain 
avec  Bariiab''  pour  Herlièe    j  . 

Ils  revinrent  ensuite  sur  leurs  pas,  visitèrent 
l-'s  E;;|isos  qu'ils  avai<'iit  déjà  évan;:élisées,  forli- 
li ml  i>artout  le  courage  dos  néophytes  et  les 
•'xhorlani  '■  r.pi-.'v.'ri'r. 

Ils  arri  -i  à  .\ilalie,  d'où  ils  s'embar- 

quèrent 1  orner  u  Antioche. 


Actfl  det  ApiUrr 


PREMIER    CONCILE    DE    JKRrPALKM   —    SÉPARATION    DE 
PAUL  ET  IIE  BARNABE 

Quelque  temps  oprrs  leur  retour,  Paul  el  Bar- 
nabe durent  se  rendre  à  Jérusalem  pour  assister 
aupremierconcileque  présida  l'oracle  deTE^'lise, 
lapôlre  Pierii^.  Dans  cette  aiu'uste  assemblée, 
les  deux  faillis  racontèrent  puliliquement  les 
pro;;ros  sur|irenants  que  la  ibi  faisait  tous  les 
jours  parmi  les  (ientils.  Au  récit  de  tant  de  mer- 
veille';. Jean-Marc,  cousin  de  saint  Barnabe,  se 
repentit  de  son  inconstance  et  de  sa  lilclielé.  Il 
protesta  qu'il  ne  le  quitterait  plus  et  le  suivit  à 
Antiocbe. 

Là,  Paul  el  Barnahé  se  séparèrent.  Paul,  ayant 
pris  Silas  pour  rompapnon,  tourna  du  cùtc  de 
l'Asie,  tandis  que  Barnabe,  suivi  de  Jean-Marc, 
taisait  voile  pour  l'ile  de  Chypre. 

Ils  l'eurent  bientôt  conquise  en  prande  partie 
à  Jésus-Cliri'it.  Mais  le  «ùle  de  Barnabe  était  trop 
grand  pour  être  lessené  dans  une  île;  conimo 
son  divin  Maître,  il  avait  soif  des  Ames,  et  l'on 
assure  qu'il  vint  jusqu'en  Italie  ;  la  célèbre  Eglise 
de  Milan  se  plorilie  de  l'avoir  eu  pour  son  pre- 
mier apôtre. 

M  prêcha  aussi  l'Evanpile  dans  les  villes  d'alen- 
tour, passa  en  E^'ypte,  annonça  Jésus  crucilié  à 
l 'orgueil It'use  Alexandrie,  et  revint  en  (.Chypre 
pour  y  revoir  encore  une  fois  la  ciirétienlé  qu'il 
y  avait  l'tablie.  Sa  joie  fut  grande  quand  il  \it  le 
nombre  des  chrétiens  aupmeDté.  Il  parcourut  de 
nouveau  l'ile  dans  tous  les  sens,  et  s'arrêta  eiilin 
à  Salamine,  qui  en  était  la  capitale. 


MARTYRE  DE  SAINT  BARNABK 

[I  nn  manquait  plus  à  la  gloire  de  ce  grand 
saint  que  di-  cnurouuer  parle  muj-tyre  les  travaux 
de  son  apostnlal. 

Les  juifs  habitaient  en  grand  nombre  à  Sala- 
mine.  Les  conversions  <|ue  les  apôtres  faisaient 
par  leurs  pré  Jic'Uions,  les  humiliations  qu'ils  inlli- 
geaient  aux  juifs  dans  les  discussions  publiques 
excitèrent  les  haines  de  la  synagogue  qui  résolut 
de  les  mettre  ii  mort. 

Saint  Barnabe  i-ut  connaissance  du  complot; 
aussitôt,  il  réunit  les  lldéles  pour  les  prémunir 
contre  les  faux  docteurs,  el,  après  avoir  célébré 
devant  eux  les  saints  Mystères,  il  prit  la  parole 
el  annonça  au  peuple  assemblé  les  cuinbals  qu'il 
all<iil  soutenir  pour  le  Seigneur  Jésus,  el  l'espé- 
Ance  <)u'il  avait  d'être  bientôt  martyr. 

<i  Je  vaisscellei  de  mon  snii:.',  leur  dil-ll,  la  foi 
que  je  vous  ai  .innoncée.  Ia->  Juifs  m'attendent 
pour  me  faire  mourir.  Tenci-vousprétsà  m'iiniter 
dans  mon  martyre,  coininc  vous  m'aver  imiti; 
dans  ma  croyance,  car  la  fureur  de«  Inups  ne 
s'attaque  d'abord  au  pasteur  qu'alin  de  pouvoir 


ensuite  pluf  aisément  dévaster  le  troupeau.  1^ 
persécution  va  se  déchaîner  sur  cette  Eglise  si 
chère  il  mon  cœur,  mais  j'ose  espérer  la  défaite 
de  l'enfer  quand  je  vois  l'effusion  de  l'Esprit- 
Saint  répandue  sur  vous  dans  sa  plénitude.  Par 
la  foi,  vous  êtes  devenus  des  honimes  nouveaux, 
une  création  <-omplèlcment  neuve  :  que  votre 
cour  soit  toujours  le  temple  do  l'Esprit  de  vie. 
Deux  roules  s'offrent  à  vous  :  celle  de  la  lumière 
et  celle  des  ténèbres. 

)■  L'homme  instruit  par  la  révélation  de  Dieu 
pourrait-il  hésiter  à  suivre  la  voie  de  lumière  et 
à  marcher  dans  les  coinmaiidenieiits  du  Seipneur"? 

'>  La  gloire  attend  le  serviteur  lidele  dans  le 
royaume  céleste,  l'impie  qui  aura  suivi  l'autre 
route  périra  avec  ses  œuvres.  Voilà  pourquoi  il 
y  aura  une  résurrection  el  une  rétribution  finale. 
Je  vous  conjure  donc  de  persévérer  dans  le  bien 
déjà  commencé.  Ne  vous  laisse:',  pas  ébranler 
par  les  tourments;  si  les  tourments  se  présentent, 
soyez  fermes  dans  la  foi  el  dans  l'observation 
des  préceptes  et  vous  obtiendrez  une  récompense 
éternelle.  D'ailleurs,  je  ne  vous  abandonnerai 
pas;  absent,  je  serai  toujours  au  milieu  de  vous, 
je  vous  nrolégerai  du  haut  du  ciel.  » 

Les  chrétiens  fondaient  en  larmes  et  sup- 
pliaient le  saint  apôtre  de  fuir  la  persécution, 
mais  ce  fut  en  vain. 

Barnabe,  loiti(ié  par  la  présence  de  Notre-Sei- 
gncur  qu'il  vient  de  recevoir,  entre  pénéieuse- 
ioent  dans  la  synagogue  pour  y  prêcher  à  son 
ordinaire;  mais,  à  peine  a-l-il  ouvert  la  bouche, 
que  les  juifs,  écumant  de  rage,  se  jettent  sur  lui, 
lui  font  subir  les  traitements  les  plus  ignomi- 
nieux, le  traînent  hors  de  la  ville  et  le  lapident 
comme  un  blasphéinateur. 

Leur  fureur  n'était  pus  encore  satisfaite  ;  vou- 
lant détruire  jusqu'aux  moindres  vestiges  du 
saint  martyr,  ils  le  jetèrent  sur  un  piaml  b'^cher 
pour  réduire  son  corps  en  cendres.  Mais  les 
îlammes  respectèrent  ces  dépouilles  sariées. 

Lu  nuit  venue,  Jean-Mniv,  vint  les  enlever  el 
les  ensevelit  secrètement  dans  une  caverne  aux 
environs  de  Salamine. 

Il  nous  reste  de  saint  Barnabe  une  magnillque 
lettre  aux  chrétiens  de  son  temps,  dans  laquelle 
il  expose  le  caractère  de  la  loi  ancienne  et  celui 
de  la  nouvelle  ;  il  montre  coiniiieiit  la  loi  de 
Mojse  n'était  que  la  préparation  et  la  ligure  do 
la  loi  de  Jésus-Christ.  Puis  il  exhorte  les  lldèles 
à  se  rendre  dignes,  par  une  vie  vraiment  rlir-'-- 
llenne,  du  royaume  éternel  que  Jésus-Chrisi  i 
ron(|uis  pour  eux. 

Plusieurs  siècles  plus  lard,  quand  on  ouvrit 
le  tombeau  «lu  suint  apôtre  pour  transporter 
ses  reliques  à  (".onslantinople,  on  trouva  sur  sa 
poitrine  un  exemplaire  de  l'Evaupile  de  saint 
Matthieu  i|ue  saint  Barnabe  avait  transcrit  de  s| 
piopre  muni. 


t.  I'eti!ii«iit,  luip.-j/^f  jn/.  5.  lur  1  r,»ii'.''H   1".  I'\ri« 


E  PADOUE 


MEMHON 


CE  DU  GRAND  SAINT-BERNARD 


enu  la  lumière  de  l'Ordre  séraphlfiue.  il  fut  employé  à 
cation,  et  les  miracles  qui  accompa^'tjaient  sa  parole  la 
itfédonrteen  roti  version*  In  jour,  uriefeniine.  placée  sur 
4âc  de  sa  niai>  jn,  l'enlendit  de  la  disiance  d'une  lieue, 
qu'il  parlait  dans  l'église.  Une  autre  fois,  nn  l'entendit 
vit,  en  uo  même  inglanl.  prêcher  dans  la  cliaire  et 
au  lutrin.  C'est  ce  que  représente  la  gravure  ci-dessus. 


repaire,  sur  le  Mont-Joux. 

leul,  béni  di'  Dieu,  arandit  dans  une 
d  précoce  qu'angélique,  gardienne  de 
înce. 

LF,    PRKCEPTECR    GEBIIAIN 
•î    ÉROtES    DK    PABIS    —    VOCATION 

.1  eut  sept  ,ins,  ses  parents  lui  don- 
ir  précept''iirun  prt^lre  instrtiit  et  ver- 
nmi^  (ierm.iiii,  qui  l'initia  aux  études, 
la  le  l.itiii  et  les  principes  des  bell('<- 
docilil'"  et  se^  progrès  furent  rem.u 
,  à  qualoni'  an"!,  nn  l'envoya  adi'v.T 
ilion    à    Paris,    iicrnard   accepta    par 


PREMIER    CONCILE    DE    JÉRUSALEM   SÉPARATION    DE 

PAUL  ET  DE  BARNABE 

Quelque  temps  après  leur  retour,  Paul  et  Bar- 
nabe durent  se  rendre  à  Jérusalem  pour  assister 
aupreniierconcileque  présida  l'oracle  deTEfilise, 
l'apôlre  Pierre.  Dans  cette  au^-usle  assemblée, 
les  deux  saints  racontèrent  pul>liquemenl  les 
progrès  surinenants  que  la  loi  faisait  tous  les 
jours  parmi  les  Gentils.  Au  récit  de  tant  de  mer- 
veille*, Jean-Marc,  cousin  de  saint  Harnabé.  se 
repentit  de  son  inconstance  et  de  sa  lùchelé.  Il 
[II  oiM.sla  qu'il  ne  le  quitterait  plus  et  le  suivit  à 
.\iitioche. 

Là,  Paul  et  Barnabe  se  séparèrent  Paul,  ayant 
pris  Silas  pour  compagnon,  tourna  du  c6tè  de 
l'Asie,  tandis  que  Barnabe',  suivi  de  Jean-Marc, 
taisait  voile  pour  l'île  de  Cbypre. 

Ils  l'eurent  bientôt  conquise  en  prande  partie 
à  Jésus-Christ.  Mais  le  zèle  de  Harnaiié  était  trop 
faraud  pour  être  resserré  dans  une  iie;  comme 
son  divin  Maître,  il  avait  soif  des  Ames,  et  l'on 
assure  qu'il  vint  jusqu'en  Italie  ;  la  célèbre  Eglise 
de  Milan  se  glorilie  de  l'avoir  eu  pour  son  pre- 
mier apdlre. 

Il  prèclia  aussi  l'Evangile  dans  les  villes  d'alen- 
tour, passa  on  E;.'ypte,  annonça  Jésus  crucitié  à 
l'orgueilleuse  Alexandrie,  et  revint  en  tlhypre 
pour  y  revoir  encore  une  fois  la  chrétienté  qu'il 
y  avait  établie.  Sa  joie  fut  grande  quand  il  vit  le 
nombre  des  chrétiens  augmenté.  Il  parcourut  de 
nouveau  l'île  dans  tous  les  sens,  et  s'arrêta  enlin 
à  Salamine,  qui  en  était  la  capitale. 

MARTYRE  IIE  SAINT  RARNABÉ 

Il  ne  manquait  plus  à  la  gloire  de  ce  grand 
saint  que  de  couronner  parle  martyre  les  travaux 
de  son  apostolat. 

Les  juifs  habitaient  en  grand  nombre  à  Sala- 
mine.  Les  conversions  <|ue  les  apdtres  faisaient 
parleurs  prédications,  leshumiliationsqu'ilsiiilli- 
geuicnl  aux  juif'i  dans  les  discussions  publiques 
CXI  itèrent  les  haines  de  la  synagogue  qui  résolut 
de  les  mitttre  à  mort. 

.Saint  iJarnabé  eut  connaissance  du  complot; 
aussiliU,  il  réunit  les  (idèles  pour  les  prémunir 
contre  les  faux  docteurs,  et,  après  avoir  célébré 
devant  eux  le<  saints  .Mystères,  il  prit  la  parole 
et  annonça  au  peuple  assemblé  les  combats  qu'il 
allait  soutenir  pour  le  Seigneur  Jésus,  el  l'espé- 
4-ancc  qu'il  avait  d'être  bientôt  martyr. 

.1  Je  vais  sceller  de  mon  saii;.',  leur  dit-il,  la  foi 
que  je  vous  ai  annoncée.  L<;s  Juifs  m'attendent 
pour  me  f.iire  mmirir  Tenet-vouspiélsà  m'imilcr 
dans  mon  martyre,  ■  oininc  vous  m'avez  imité 
daiK  ma  croyance,  car  la  fureur  des  loups  ne 
s'altaquc  d'abord  au  pasteur  qu'alin  de  pouvoir 


ensuite  pius  aisément  dévaster  le  troupeau.  La 
persécution  va  se  déchaîner  sur  cette  Eglise  si 
chère  à  mon  cœur,  mais  j'ose  espérer  la  défaite 
de  l'enfer  quand  je  vois  l'effusion  de  l'Esprit- 
Saint  répandue  sur  vous  dans  sa  plénitude.  Par 
la  foi,  vous  êtes  devenus  des  hommes  nouveaux, 
une  création  -complètement  neuve  :  que  votre 
cieur  soit  toujours  le  temple  de  l'Esprit  de  vie. 
Deux  routes  s'offrent  à  vous  :  celle  de  la  lumière 
et  celle  des  ténèbres. 

»  L'homme  instruit  par  la  révélation  de  Dieu 
pourrait-il  hésiter  à  suivre  la  voie  de  lumière  et 
à  marcher  dans  les  coinmandements  du  Seigneur'.' 

>^  La  gloire  attend  le  serviteur  lidele  dans  le 
royaume  céleste,  l'impie  qui  aura  suivi  l'autre 
route  i>érira  avec  ses  œuvres.  Voilà  pourquoi  il 
y  aura  une  résurrection  et  une  rétribution  finale, 
je  vous  conjure  donc  de  persévérer  dans  le  bien 
déjà  commencé.  .Ne  vous  laissez  pas  ébranler 
par  les  tourments  ;  si  les  tourments  se  présentent, 
soyez  fermes  dans  la  foi  et  dans  l'observation 
des  préceptes  et  vous  obtiendrez  une  récompense 
éternelle.  D'ailleurs,  je  ne  vous  abandonnerai 
pas;  absent,  je  serai  toujours  au  milieu  de  vous, 
je  vous  protégerai  du  haut  du  ciel.  » 

Les  chrétiens  fondaient  en  larmes  et  sup- 
pliaient le  saint  apôtre  de  fuir  la  persécution, 
mais  ce  fut  en  vain. 

Barnabe,  lorlilié  par  la  présence  de  Notre-Sei- 
gneur  qu'il  vient  de  recevoir,  entre  généreuse- 
âiient  dans  la  synagogue  pour  y  prêcher  à  son 
ordinaire;  mais,  à  peine  a-l-il  ouvert  la  bouche, 
que  les  juifs,  écuinanl  de  rage,  se  jettent  sur  lui, 
lui  font  subir  les  traitements  les  plus  ignomi- 
nieux, le  traînent  hors  de  la  ville  el  le  lapident 
comme  un  blasphémateur. 

Leur  fureur  n'était  pas  encore  satisfaite  ;  vou- 
lant détruire  jusqu'aux  moindres  vestiges  du 
saint  martyr,  ils  le  jetèrent  sur  un  grand  Ir'icber 

fiour  réduire  son  corps  en  cendres.  .Mais  les 
lammes  respectèrent  ces  dépouilles  sacrées. 

La  nuit  venue,  Jean-Marc  vint  les  enlever  el 
les  ensevelit  secrètement  dans  une  caverne  aux 
environs  de  Salamine. 

Il  nous  reste  de  saint  Barnabe  une  magnifique 
lettre  aux  clirétiens  de  son  tein|is,  dans  laquelle 
il  expose  le  caractère  de  la  loi  ancienne  et  celui 
de  la  nouvelle;  il  montre  comment  la  loi  de 
Moise  n'était  que  la  préparation  et  la  ligure  de 
la  loi  de  Jésus-Christ.  Puis  il  exhorte  les  lldèles 
à  se  rendre  di^-nes,  par  une  vie  vraiment  chré- 
tienne, du  royaume  éternel  que  Jésus-Christ  a 
conquis  pour  eux. 

Plusieurs  siècles  jdiis  lard,  quand  on  ouvrit 
le  tombeau  du  >aint  apôtre  pour  transporter 
ses  reliques  à  (^onslanlinople,  on  trouva  ^ur  sa 
poitrine  un  exemplaire  de  l'Evangile  de  saint 
Matthieu  que  saint  Barnabe  avait  transcrit  de  sa 
piopie  main. 


h.  l'eiiiiiLxm,  lu>[).yéijnl.  t.  ru--  i  rii....i.   I-  ,  l'n.. 


E  PADOUE 


,enu  la  lumière  de  l'Ordre  Séraphlque.  II  fut  employé  à 
icalion,  et  les  miracles  qui  accoinpat-'naient  sa  parole  la 
nlfiîdondeen  conversions.  In  jour,  uncfemme,  placée  sur 
isse  de  sa  maison,  l'cnlendit  de  la  ilislance  d'une  lieue, 
1  qu'il  parlait  dans  l'église.  Une  autrefois,  on  l'entendit 
vil,  en  uo  même  instant,  prêcher  dans  la  oliaire  et 
au  lutrin.  C'est  ce  que  représente  la  gravure  ci-dessus. 


poire  «ninl  P»»!.  en  t-nrinn' 
ras-p^'    -" 

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r  pi.nr  elle,  ii  ses  cheveu 

>;rti  aux  nioioes. 


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aaid  4'uitr  «i>L' . 

et    Vl'TIfll;!'.     !.■ 

d.    ■ 

•a  cuoUxui'.  de  l'ttrijMiiit  puur  mwiurcr  la  'bvuW  'If  j 
naapuwvue  dv  ilalile. 


Vntrijno  rnmmen 


l'ur  au 

r.T  âOQ 

s'adactii-iii  g.  f'iit  su\  liii-n*  .le  la  terre 
sent  ptus  le  Oéatear  sont,  bi\»i\  fort 


i    j'  dialilc,  i>ri-.-.M'nliiu;  luul  le  bien  Miii'  va  fair.'   v 
/«oiiaiit  li'i^ari^iiii'.  si'irorivsouilainOelVtranKltT.  Saihi  v: 
sf  l'ivi^l  a  ti'ciler  riuiini.'  a  la  Vicrfri':  ii  gl"'-     ■    '■ 
rrrf/jo  tuptr  sidéra,  la  M.Tf  'li'   llirii  \  u-iit  a  - 
Ji'-sus  lui  iliinnc  -Ip  iii>uvcll>'S  (srftces  pour  fair< 

Ùaaiiil  nous  vouloii»  bien  fairr,  la  (K'ui'io  multiiiut'  m  -  >■ 
Trions  la  SainlO  Viert;e. 


I  f  plnrimiT  ^nlnlfi''  mfinrtit  ^  P«  t-inr,  li"  f  tntn  ')«  I' 


i 


t 


b.  l'ciiIiit-NHr,  lJlii>.-^ 


se  liil-il  mort  que  les  ciifanls  de  faouu.-.  sans  y  Otre 
p  rsonoe.sécriercnl  flans  les  rues:  l.eSainlesl  mort, 
I  mnri:  Cela  fit  asSoiiihlcr  toute  la  vtllf,  et  l'on  vil, 
nt,  un  DDiubre  incroyable  d'hommes  cl  Je  femnies 
u  coaivent  pour  honorer  son  saint  corps.  11  y  eut 
Ï5  pour  posséder  sa  gl'irieuse  dépouille.  Ceiiendant, 
Minc-urs  l'cmp.irlerenl.  et  il  fut  déposé  d;ins  l'église 
Uarie,  avec  une  magniQccQce  extraordinaire. 


haMIants  de  P.idnun  ayan 

■ir.  l'on  V  frïin=f'*rn  eP5  reli 

l'.rdi 

■  lOn- 

>  to  e 

.  qu 

lacci 

. . ,.:  ; :    -  ..  jtrtlon. 


I      Paris. 


duni  11  fit  Jra  LiieUts  UikiIoo,  Ju  Uiik»  ra..»»:;ii 


.r-'^'i'       >  rrmfl»  ir«*«a<. 


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mtwtat 


!     I) 


rtsolBt 4t  iiiaiii  nrêre Stïra- 

réACfl  •■  i«^B(  «laaeBHtd.  et  vala  à 

■vre  «es  Branefles  «aasté  for  !■  ywr  ta  pré- 

<ai;it  f>'i''.  '■!  le  rtiBhlo.  coiilralnl  par  cfilc  i-nére, 

.1  m' ik'  luorl  s'il 
.  ■  jusir  ijup  le 
ini.  Ouitos  el 
m.  le  ii'jTicc  viiii  se  jelt-T  aux  pitd-  du  '•aint,  rendit  le 
:>mli'ssï  soa  crune  et  devint  un  tervcn;  ci  fidèle  resligieux. 


et 


3 


SAINT  ANl 


i.  Salnl  Ai/l        , 
a  i5  an>  <liiii^  uiif  iibl>ii>t>  ut' 
novici'  iiuntiil  li'S  ri'li(]iii's  lies  1-; 
oouvi'au  de  Saïul  frBin.111-..  Irni- 
pass.ronl   par  snn  (•i.iiviiit.  Il 
uaïUT  qu'il  riSolut  ilVnlrer  .1  ■ 
avoir,  ouiiiiue  ciix,  l'uccusiuu  ili 


W» 


r 

C«-l 


«■ 


SAIM  BERNARD  DE  MEMHON 

APOTRE  DES  ALPES  ET  FONDATEUR   DE   L-ROSPICE  DU  GRAND  SAINT-BDRNARD 


Fêie   le    15  juin. 


Saint  Bernard  chasse  le  démon  de  son  dernier  repaire,  sur  le  Mont-Joux. 


Cet  h"roique  bienfaiteur  de  l'humanité,  que 
\pi  ï.  ■  ._  \irs  des  Alpes  invoquent  avec  amour 
.1  r-  '  nu  iissance  depuis  bientôt  mille  ans,  na- 
quit fiu  mois  de  juin  de  l'année  Ct-23,  au  cli.iteau 
dp  Mentlion.  bAti  sur  les  bords  du  lac  d'Annecy. 
>on  pcre,  d'une  des  plus  nobles  famille^  de  Sa- 
Toie,  fui  Kicbard,  h.îrf>n  de  Menthon.etlali.ironne 
"n  ro-Te,  nommé  BeriKdme  de  Puin,  était  petite- 
lille  du  viillant  Olivier,  «■omle  de  r.pnève,  ami  et 
compi-ri  in  d'armes  d^  Charlemaime. 

I.'tr-i  I  fut  icu»  sur  le»  fonts  baptismaux  par 
son  '>U'  !•■  paternel  Bernard,  baron  de  Bcaufort, 
arconjpa«n<'  de  la  baronne,  son  épouse. 


Leur  filleul,  béni  de  Dieu,  grandit  dans  une 
piété  aussi  précoce  qu'angélique,  gardienne  de 
son  innocence. 


LE    PRKCEPTEUB 
ÉCOLES    DK    PARIS 


GERIIAI>- 

—    VOCVTIOX 


Quand  il  eut  sept  ans,  ses  parents  lui  don- 
nèrent pour  préceptfurun  prêtre  instruit  et  ver- 
tueux, nommé  (ifrmaiii,  qui  l'initia  aux  étildc'*, 
lui  enseik'na  le  latin  et  les  principes  des  belle-^- 
ietlre».  Sa  docilité  et  ses  procrès  furent  rem.u 
qualités  et,  à  quatorze  ans.  on  l'envoya  achever 
son    éducation    à   Paris.    Bernard   accepta    par 


•k'H 


obéissance  cette  dr.r-    '•'•parution,   et,  muni  de 
la  bénédiction  d^  iits.  il  farlit  sous  1^ 

conduite  de' scHi  |         j     i.i. 

Ce  bon  prétri'.  <li^ne  i  tous  ^iL'ards  de  la  con- 
fiance de  la  faiiùlle  de  MentlK'n,  fut  à  Paris 
lonarne  son  anse  gardien  ^i<iMe,  et  le  jeune 
baron  ?.'ivoi>ien  put  s'y  livrer  durant  trois  ans  à 
l'étude  de  la  iihilosophio  et  ilrs  autre?  arts  libf 


faux  tout  en  érilant  les  - 

L'unique  recherch-   ^l' 

heur  de  consacrer  1 1    :■ 

tout  entière,  ij- 

grande  Ame  • 
Seigneur  l'a] 
son  pri'cepl' 
jours  et  lin' 
le  sacei  ■ 
tôt  sa 


.'ers  de  cette  capitale, 
liens  célestes,  le  bon- 
-  u  ri  lier  à  Dieu  sa  vie 
t,i  r|p  |i)n?  en  plu»  à  «a 
■  min  par  oùNnlrc- 
întlii  il  (lé.lnra  6 
iir  tou- 
.1  ■!  1  '  r  .  I  iieii  dans 
ulait  même  roranioncer  nussi- 
•n  en  se  liant  par  le  va>u  de 
chasteté  p>-r  l'étuelle.  Le  prudent  rierniain  jucea 
quil  Irillait  aUendro  encore;  il  lui  di'fendit  pour 
le  moment  an  pareil  mtti,  mai»  il  consentit 
volontiers  à  lui  faire  suivre  en  mAmn  temps  qu'un 
cours  de  droit,  un  cour»;  d-  ■  .  étude  qui 

pouvait  loujonr»  lui  être  i.  •ufe. 

Cette  lonf-tie  épreuv  j  .uiit  la  réso- 

lution de  llernard.  Se  .iis  et  ses  com- 

munions devinrcut  jilii-  .■  i  >'ute»;  il  donnait 
idus  de  temps  à  la  prière,  à  la  raf^ditation,  à  la 
lecture  des  .Saints  Livres,  il  multipliait  ses  au- 
mi^nes  autant  que  »es  ressource»  le  lui  ]«cniiet- 
taient,  il  ne  iimii  ui  i.i-  I.  .  li  .  .  Enfin,  lorsque 
le  cours  de   '  <  de   son  terme, 

tiermain,  pr  :  toutes  les  per- 

sécutions du  monde,  plutôt  que  de  s'opposer  à 
la  volonté  de  Dieu  et  au  bien  de  son  pieux  dis- 
ciple,accorda  ftlternard  la  permission  tant  désirée. 
Peu  après,  ou  reprit  le  chemin  de  la  Savoie. 

HtTOL'R     A     MB.NTHON 
PHKP.VIkATIFS    DK    MAKIAUK    —  tV\*UlH 

La  joie  fut  immense  au  cL.'iteau  de  Mentbnn  à 
l'arrivée  du  i  '  '"   '" 


vi>;oureux,  pi 
SCS  manière- 
Apres  que! 
famille,  qui 
loii;.'ues  aiiH' 

firend  un  jo 
e  brillant  m 
de    Miol.ins 
épouse  sa  lil 
.  allait  réunir 
■  des  deux  f.ii 
ardeur,  imi 
homme    ' 
s'élnil    ■ 
rc-i 
d'.v 

hi'  ii.ira  11' 
proie  II  une  . 


leiisemenl    leur» 


el 
ri' 
Uter   d<    M 

l'ah^tT-   !-   • 
M 

tnnt 

llerti.ir.l!>t.i.t..  1  1 1  r.  i.i. 


t.  beau, 
Il  dans 

de  repos  et  de  vie  de 

'  i;...     .i„„.w,. I     1..^ 


union 

■  vu  ux 
:t  avec 

■  Jf-iine 


qu  il  se  sentait  peu 
•     de    ".on   lils,  en 

1  une  vive  indi- 


'inir  la 

!••  pro- 

•tller  >«  («are  moine  à 


Richard  de  Menthon  n'en  poursuivait  pas  moins 
ses  projets  de  maria^'e. 

Peu  de  temps  après,  un  splepdide  cortèpe  se 
déroulait  sur  les  bords  du  lac  d'Annecy;  on  ame- 
nait à  Hernard  sa  future  épouse  escortée  de  toute 
la  noblesse  de  la  contrée,  au  milieu  des  accla- 
mations joyeuses  des  populations  accourues  de 
toutes  parts.  La  réception  au  diAteau  de  Menthon 
fut  trioiii|ihale.  Reriiard  parut  se  prêter  de  bonne 
inàce  à  la  fêle  :  tout  se  préparait  pour  la  célé- 
brntiin  du  mariaue  qui  devait  avoir  lieu  le  len- 
demain dans  la  chapelle  du  chAteau. 

Cependant,  le  jeune  baron  a\ail  pins  que  ja- 
mais présent  i\  l'esprit  l'enfa.  'nieTii  .mi  le  liait. 
Le  matin  même,  son  ancien  :  lui  avait 

fait  parvenir  cet  éloquent  lu  n-d.  n'oii- 

hliei  pas  la  proniM.'c  qU$  vous  avn  faite  a  Dieu: 
songez  au  falut  rff  totre  âme.  I,e  aoir,  dés  qu'il 
put  se  dérober- à  l'iriustre  compaftnie  qui  l'en- 
tourait, il  se  retira  dans  sa  chambre.  Prosterné 
la  face  eoritre  terre  :  <  Mon  Sauveur  et  mon  Dieu, 

disait-il,  hAler-vous  de  me  ■recourir av.int  tout, 

je  ne  veux  pas  vous  être  infidèle mais  venez 

a  mon  aide  en  c^s  ririonstances  si  difficiles.  » 
Il  pria  lont't.'mps,  invo'|iiant  tour  à  tour  la  Très 
Sainte  Vieriie  et  son  patron,  saint  Nicolas. Tout  à 
coup,  <!crit  M.  barras  (T,  saint  Nicolas  lui  apparaît 
dans  une  vision  surnaturelle  et  lui  dit  :  >■  Iter- 
n.'ird,  serviteur  de  Dieu,  t" 
élevée  que  les  honiiein 
l'archidiacre  de  la  cati  ■ 
ce  que  tu  dois  faire.  ■  1 
lève  merveilleusement  ■ 
comment  fuir?  les  lourdes  portes  du  cliAteau 
sont  solidement  fermées  et  barricadées  suivant 
l'usaee.  llernard  écrit  un  billet  ainsi  conçu  : 
'■  Très  doux  parents,  réjouis-.e7.-vons  avec  moi, 
je  vous  prie.  Le  Sauveur  m'appelle.  Ne  chercher 
pas  à  connaître  le  lieu  de  ma  retraite.  Je  ne  me 
I  iamiiis,  la  puissance  et  les  lioniifiii  -  •!■ 

■    no  sont  rien   pour  moi,    le  n'.i  ;   n 
'  '.     "    '  .  tte'lettre.i.in-. 

illt  que   liiul  le 
ijpÉ.i.   m  ■••■    '■       r  'inj'* 

et  plie  m  I  II 


l'io  viicatioii  plus 

le.  Va  trouver 

-!■     il  te  dira 

ur  se  re- 

II lié.  Mais 


ville 

I 


111,  dés  1p«  premiers  fetiT  dit  j^nr. 


m    lied  (1:  ■ 

Il  u  cnl' 

t  vide,  1.1 

]•  •    ■  ,  M   ••n   trouve    il 

uiieur  de  Mmllion.  Vw 

'      ::i    «  en  accueillit  la  1 

loi»,  on  entend  ret. 

..    ..I-....I 

1 
temps  apros,  elle  alla  <e 

laire  I 

(Il  //ij/oirt  générale  dt  < 

/ 

1  r    (-1.  •!...    1 1,   .'. 

1   .  ....-..^•v  ^B  ui.-i|...ri-. 


•  riuveiit  près  de  Grenoble   où  elle  pissa  sa  vie 
dans  une  grande  réputation  de  sainteté. 

LES  CQANOLNES  J)"AOSTiî  -r^  SACERDOCE  —    APOSTOLAT 

Après  plusieurs  jours  de  fatigues,  notre 
héroïque  fugitif  entrait  dans  la  ville  d'Aoste.  La 
première  personne  qn"il  rencontra  fut  l'archi- 
diacFf'  de  la  oatliédrale,  le  vénérable  Pierre  de 
la  Val  d'Isère. 

Pierre  le  reçut  comme  un  fils  et  fut  pour  lui 
ce  qu'avait  été  jusque-là  le  prêtre  (ierniain.  Les 
chanoines  d'Aoste,  dont  le  vénérable  archidiacre 
Pierre  était  prévit  supérieur  ,  étaiont  alors  cha- 
noines réguliers  de  saint  Augustin,  c'est-à-dire 
de  vrais  relii^ieui,  vivant  en  communauté  sous 
la  règle  du  grand  l'vêque  d'Hippone.  Bernard  fut 
rei'u  parmi  eux  et  devint  bientôt  un  modèle  de 
toutes  les  vertus  religieuses.  Désormais  tout  à 
llieu,  il  reprit  avec  non  moins  de  succès  que 
d'ardeur  ses  études  théologiques  et  paraît  avoir 
été  ordonné  pr-Hre  à  l'Ane  d'environ  trente  ans. 
Sa  vie  se  partaaeait  entre  les  exercices  de  la  vie 
claustrale  et  les  sublimes  fonctions  du  ministère 
sacré  qu'il  exerçait  en  qualité  de  chanoine 
d'Aoste.  Ses  vertus  et  son  zèle  apostolique,  sur- 
tout pour  la  prédication,  faisaient  l'adminilion 
de  tous,  et  quand,  en  %0,  le  prévùl  Pierre  de  la 
Val  d'Isère  vint  à  mourir,  ses  confrères  l'élurent 
à  l'unanimilèpour  lui  succéder. 

L'Iiuniililé  de  saint  Kernard  de  Menthoo 
s'elfrayait  de  cette  dignité;  il  n'accepta  que  sur 
les  instances  du  nouvel  évèque  d'Aoste,  Suilfroid, 
qui  le  désirait  vivement  pour  archidiacre. 

D'après  les  saints  Canons,  l'archidiacre  devait 
être  l'œil  et  le  bras  droit  de  l'évêque  dans  la 
direction  du  cleri;i'  et  des  fidèles  et  dans  toute 
ladminislratiiin  du  diocèse.  Saint  Bernard  de 
Mciithon,  alors  àiré  de  quarante-trois  ans,  fut  à 
la  hauteur  d'une  telle  charge,  qui  reposait  d'ail- 
leurs presque  entièrement  sur  lui,  à  cause  de  la 
faible  santé  de  Suitfroid,  son  évèque.  Nous  le 
voyons  déployer  une  activité  et  un  zèle  iiicom- 
I  .iiibles;  il  se  met  avec  ferveur  sous  la  protec- 
t  iMn  des  saints  Patrons  de  la  contrée,  fait 
di\ers  pelerinaups  à  cette  intention  et  commence 
le  fécond  apostolat  <|ui  devait  durer  quarante 
an*  et  lui  mérittr  le  glorieux  surnom  d'apôtre 
dcs.VIpes.  Les  Ifinps  étaient  dilflcilfs,  on  était 
■laii'-  ■■••  X'  siècb^  qu'on  a  appelé  le  siècle  de  fer. 
il-  -  I!  1  isins,  dont  les  bandas  avides  de  pillage 
ivai>  lit  «nuvent  remonté  le  Rhc)ne  et  dévasté  la 
Savoie,  le  Piémont  et  la  Suisse  (de  ".>00  à  yîS), 
venai«>ni  d'étrf  définitivement  chassés,  quand 
saint  Kernaril  île  M^ntlion  inau:;urail  ses  nou- 
v.el|ps  fonctions  d'archidiacre.  Mais  que  de  ruines 
matérielles  e'  niomlp-i  .•»  relever,  que  de  désor- 
ilr»"  cc^  troiililoH  sociaux  cl  ces  brigandases  de 
!  ■  -ion  musulmane  avaient  introduits  dans  la 
■  i  mœurs  1  l,e  saint  archidiacre  s'occupe 
lo  1  hord  lie  la  réformr  du  clergé,  qu'il  s'ef- 
: -i  •  (  1'  Hoii  ex'-mpb'  autant  que  par  ses  paroles 
et  «a  M.'ilance,  de  rendre  plus  digne  de  sa  haute 
mission. 

I.'ii    ' 'nit  alors  frut  n"eli:.'ée  dans  les 

Alp'  ird  commeni  e  par  foriiifr  de» 

rnaiii  ir  il  ne  vont  cond'-r  '•  -  ■■  ■■•ifo 

qu  4  il«>»  I  ■lent  la  foi,  l'inslru  i 

l'oii'K    i-,  font  des  corantics  .-..;.    .i.  .s 

.111 X  il  pourvoit  d'écoles  les  tilles 

.t  I 

N  'T    souvent    le     diocèse, 

«.liir  M   n  parrouml  en  mission- 

ii:»ir«>    iMtii!^ible    h'     lio.rses    de    Novare,    de 
Mil  m.     1.     ^1  iii.  d'-    T-iri'iiliise   et    d»-    (iPH^ve  : 


partout  ses  prédications  renouvelaient  la  foi  des 
populations  et  faisaient  un  grand  bien.  Il  délivra 
les  campagnes  de  Novare  d'une  invasion  de  sau- 
terelles, et  s'uiiissant  au  pi-uple  dans  trois  jours 
do  prières  et  de  jeûne,  il  oiilint  la  cessation  de 
la  peste  qui  ravageait  cette  ville. 


LE    MONT-JOOX 


HOSPICE    DU    (JtlAND    .ET    DC    PETIT 
SAINT-BERNAHD 


Les  voyageurs,  en  quittant  la  ville  d'Aoste, 
trouvaient  deux  routes  pour  franchir  les  Alpes, 
l'une  allait  tomber  dans  la  haute  Tarinlaise  en 
passant  par  la  Lolnmna  Jovis  (colonne  de  .lupiteri, 
l'autre  traversait  le  col  terrible  et  élevé  du 
Mont-Joux  imom  Jovis,  montagne  de  Jupiter, 
pour  conduire  dans  le  bas  Valais.  Le  paganisme, 
chassé  de  presque  toute  l'Europe,  avait  trouvé 
sur  ces  hauteurs  un  dernier  asile. 

Les  Sarrasins  qui,  dans  un  but  stratégique, 
avaient  occupé  quelque  temps  le  défilé  du  Mont- 
Joux,  avaient  été  forcés  d'évacuer  en  'tOO. 
L'idole  de  Jupiter  y  était  gardée  alors,  par  un 
fameux  magicien  de  haute  stature,  nommé  Pro- 
cus.  Les  montagnards  abusés  venaient  consulter 
l'idole  et  demander  des  guérisous,  et  Procus, 
caché  dans  la  statue,  rendait  lui-même  les 
oracles  avec  une  voix  simulée.  Dii.'ne  ministre 
du  démon,  qui  l'aidait  de  sa  puissance  et  de  ses 
presti:.'es,  le  géant  magicien  exerçait  toutes 
sortes  de  cruautés  sur  les  voyageurs  égarés  dans 
ces  parages,  les  pillait,  et  parfois  même,  les 
sacrifiait  à  son  Jupiter.  Neuf  voyageurs  français 
arrivèrent  un  jour  à  Aoste,  pleurant  le  dixième 
d'entre  eux,  que  Procus  avait  retenu,  sous  pré- 
texte de  lever  sur  eux  la  dîme.  Ce  n'étiiit  pas  la 
première  fois  que  pareil  fait  se  produisait. 

Saint  Bernard  résolut  de  détruire  ce  dernier 
repaire  du  démon,  et  de  le  remplacer  par  un 
établissement  où  le  vrai  Dieu  serait  désormais 
glorifié  par  l'exercice  de  la  priire  publique  et 
de  la  charité  fraternelle.  Il  indique  à  cette  inten- 
tion des  jeûnes,  des  prières  et  une  procession 
solennelle,  et,  encouragé  par  une  apparition  de 
saint  Nicolas,  qui  lui  prédit  l'heureux  succès  de 
son  entreprise,  il  gravit  le  Mont-Joux,  accom- 
pagné des  neuf  pèlerins  français. 

Ils  atti'iunenl  à  peine  le  sommet  de  la  mon- 
tagne, raconte  un  des  anciens  historiens  du 
Saint,  qu'un  nuage  épais  assombrit  le  jour,  les 
démons  déchaînent  un  ouragan  affreux,  les 
éclairs  sillonnent  les  airs,  le  tonnerre  ébranle 
les  monts,  la  foudre  frappe  de  toutes  parts,  mais 
sans  blesser  personne,  im.  neige  se  mêle  à  la 
grêle.  Les  démons  poussaient  des  hurleracnls  si 
affreux,  que  nous  crûmes  l'archidiacre  et  ses 
conipaguons  perdus.  «  Ne  craiiine/.  pa*,  mes  amis, 
disait  saint  Bernard  à  ses  compagnons,  les  hur- 
lements de  notre  ennemi  sont  un  pressentiment 
de  sa  défaite.  Nous  n'avons  pas  à  le  redouter,  le 
Seigneur  est  avec  nous.  •>  Ils  arrivent  près  de 
l'idole  et  la  trouvent  gardée  par  un  drasmi  mgi">- 
sant  et  épouvantable,  prêt  a  les  dévorer.  Saint 
licmard  fait  le  siune  de  la  croix,  jette  au  cou  du 
monstre  son  êtole  qui  se  cbant'p  en  chaîne  de 
fer,  sauf  les  deux  bfiuls  qu'il  tient  à  la  main. 
Ses  compï^eoonii  oimi  .«ut  ilr  leurs  armes  le  dra- 
i;on,  qui  di  ,  ils  voient,  gisant 

il  terre,  )■■  ,  percé  des  coup' 

qu'ils  avaient  port>s. 

I.id  |.  dn  Moni-Joux  renvprsijc,  Bernard  vn 
dêlni  i"iil  le  cnlte  de  Jupiter  dan^  l»-- 

\\ye~  •  i  'U verse  la  rohimna  Jnrh,  ot  ji'l  •'■'!- 

«iiper^liiioiis    et    adorations  de»   nionta.Tiiids, 
et  il  chasse  le  démon  de  cps  ll>'ux   C'/Lmi  ver-- 


l'an  9T0.  Aidé  des  aunn'nes  du  clert'é  d'Aosle 
et  du  peuple  chn-tien,  Bernard  assura  sa  con- 
quête en  élevanl  un  itablissemenl  de  charité,  sur 
ce  Mont-Jouz,  dont  les  peuples  reci.nnaissanls 
fhanfjèrcnt  depuis  le  nom  en  relui  de  Grand 
Saint-Bernard:  il  en  bâtit  un  autre  à  la  columna 
Jmis,  aujourd'hui  le  Petit  Saint-Bernard. 

Obéissant,  eux  aussi,  à  i'imf'ulsion  de  l'amour 
de  Dieu  et  du  prochain  qui  animait  le  cœur  de 
l'apôtre  des  Alpes,  des  liomuies  dévoués  et 
vi;.'Oureux  se  joif:nirent  à  lui  pour  laider  dans 
snn  ifuvre.  Un  noble  et  riche  Anfjlais,  nommé 
lieuklin,  enlhousiapiué  de  la  sainteté  et  de  la 
charité  de  Bernard,  demande  à  être  reçu  parmi 
ses  disciples,  et  ride  à  la  communauli-  nais- 
sante son  château  d'Angleterre.  Ainsi  commence 
cette  merveilleuse  hospitalité  du  (Irand  Saint- 
Bernard  qui  dure  encore,  et  qui,  à  travers  les 
siècles,  a  servi  dasile  à  des  millions  de  voya- 
geurs et  sauvé  la  vie  à  des  milliers  d'entre  eux, 
qui  auraient  péri  dans  les  neiges  et  les  précipices. 

tes  BARONS  DE   UENTIION  ET  DE  DEAUFORT 
AU   JIONT-JOUX 

Cependant,  la  renommée  du  saint  archidiacre 
d'.\oste  était  prandedans  les  Alpes;  les  pèlerins 
et  les  voyageurs,  si  charitablement  reçus  au 
.Monl-Joux,  ne  tarissaient  pas  en  louanites  sur 
l'admirable  fondateur.  Le  baron  et  la  baronne  de 
.Mentlion  qui  vivaient  encore,  et  pleuraient  tou- 
jours leur  (Ils,  conçurent  le  projet  d'aller  voir 
cet  homme  de  Dieu:  peut-être  ses  prières  leur 
obtiendraient-elles  la  firàce  de  retrouver  Ber- 
nard; dans  tous  le.s  cas,  les  consolations  du  saint 
prêtre  seraient  un  soulafiement  à  leur  douleur. 
Ils  communiquent  leur  projet  au  seiuneur  d>> 
Beaufort.  Celui-ci,  craicnant  pour  leur  «.-rand 
ilt'e  les  fatigues  du  voyage,  s'offre  de  les  suj>- 
iiléer.  Mais  ils  veulent  parler  eux-m<''nies  à 
l'homnie  de  Dieu,  l'rolitant  de  la  bonne  saison, 
ils  partent,  acionipagné^  du  baron  de  Beaufort, 
font  un  pèlerinage  ù  l'abbaye  de  Saint-Maurice 
en  \alai»,  i>u  reiiciseiit  les  reliques  des  martyrs 
de  la  légion  Tliébaine,  et  arrivent  enlln  au 
Mont-Joux.  I.e  baron  tlr>  Beaufort  frappe  à  la 
j>orte  de  l'hospice;  l'archidiacre  lui-m>"-nie  vient 
leur  ouvrir.  Mais  les  années,  les  travaux,  les 
austérités  avaient  altéré  ses  traits,  ils  ne  le 
reconnurent  pas.  Bernard,  r|ui  les  reconnaît  très 
II.  ij.  le-  accueille  avec  celte  hospitalité  empres- 
!.•  •  il  charitable  iiiii  avait  <léjà  émerveillé  tant 
de  voyageurs.  Il  ec.oute  avec  une  bonté  pater- 
nelle le  récit  que  le  baron  de  Menthon  et  îton 
épouse  lui  font  de  leurs  malheurs,  il  s'efforce  de 
les  encourauer  et  de  les  consoler,  i'  Ce  (ils  que 
vous  dites  si  sa^e  et  si  respeitueux,  ajoutaitil. 
n°n  pas  rédé  au  caprice  du  moment,  mais  bien 
à  l'insniration  divine.  Courage  donc  et  rnndaoce, 
llieii  liénira  votre  sacrillce,  et  un  jour  votre 
d'iiiliur  se  rlian;.'era  en  joie.  »  O'pendant,  vive- 
I  l'iil  ému,  il  se  retire  et  va  prier  avec  ferveur 
a  la  <  hapelle.  BientAI,  assuré  par  une  inspira- 
tion de  Dieu  t\w  ses  parents  ne  susciteraient 
lie  iliflicuités  à  sa  voratnin,  il  reparaît 
it  eux  et.  se  jeUiiit  en  leurs  bras,  il  dit  au 

>)•'    .■•'.   Liiliit'^       ..il  ~t    iiiiii    itni    SUIS    \i<lri> 


>es  vieux  parents,   heiirriix 

:  d    il    eut    retrouvé    Joseph, 

,  [S  au   Monl-Joux,  admi- 

11     llrveiius  en  >n»oir,  le 

I  aron  de  ii<  W.  .   u  ■  l  !•    1  aron  de  Beftu'ort  vou- 


lurent doter  de  leurs  deniers  l'église  de  Mont- 
.loux.  Les  parents  de  saint  Bernard  rappelèrent 
:'i  Menthon  le  prêtre  et  moine  Cermain  pour  les 
diriger  dans  la  piété.  Le  château  de  Menthon 
semblait  devenu  un  couvent,  où  ils  achevèrent 
saintement  leursjours.tiermain  termina  lui-même 
sa  vie  dans  un  ermitage  voisin  de  Menthon,  et 
conquit  l'auréole  des  saints. 

Saint  Bernard  continuait  son  œuvre  au  Mont- 
Joux  et  ses  apostoliques  prédications  dans  les 
Alpes  et  en  Italie;  il  passait  chaque  jour  de  lon- 
gues heures  en  prière.  Ses  vêtements  d'étoffe 
grossière  cachaient  un  cilice,  il  dormait  peu; 
deux  ou  trois  planches  formaient  son  lit.  Ses 
jeûnes  étaient  fréquents,  sa  nourriture  se  com- 
posait ordinairement  de  pain  d'orce  et  d'eau 
bourbeuse:  parfois  il  y  joignait  de  l'absinthe 
ou  du  fiel.  Son  humilité  è^-nlait  sa  charité.  On 
montre  encoreau  lirand  Saint-Bernard  une  petite 
grotte  où  il  se  retirait  souvent  pour  méditer, 
prier  et  souffrir.  En  '.»!>■  ou  y.tS,  il  lit  le  pèle- 
rinage de  Home.  Le  pape  Grégoire  \  l'accueillit 
comme  un  (ils  aimé  et  approuva  son  institut  qu'il 
enrichit  de  divers  privilèges. 

IIKRMKIIES    A.NNJ'ES    DE    SAINT  IIKR.NARD 

Malu'ré  tant  de  travaux  et  d'auslérilês,  saint 
Bernard  de  Menthon  parvint  à  une  (:rande  vieil- 
lesse. Toutefois,  de  lOOo  à  1007.  de  nombreuses 
infirmités  vinrent  rainer  son  corps  usé  par  l'Age. 
H  fit  une  dernière  fois  le  pèlerinage  de  Rome; 
mais,  au  retour,  il  dut  s'arrêter,  malade,  à  .Novare. 
On  n'attendait  plus  que  sa  mort,  iiiiand  il  parut 
reprendre  ses  forces,  se  (it  porter  à  réi;lis<>  de 
Novare  et  lit  au  peuple  une  exhortation  sublime. 
Le  lendemain,  muni  des  sacrements  de  l'Eglise, 
et  invité  au  ciel  par  saint  Nicolas,  il  expira  dou- 
cement entre  les  bras  de  «es  religieux  accourus 
de  Mont-Joux  à  la  nouvelle  de  sa  maladie;  c'était 
le  28  mai  lOOh,  il  avait  quatre-vinul-cinq  ans. 

Depui-  neuf  siècles,  les  disciples  di-  saint  Ber- 
nard continuent  à  faire  l'admiralion  des  hommes 
par  leur  vie  de  prière,  d'immolation  et  de  cha- 
rité. Leur  demeure  hospitaln-re  est  ]ilarée  dans 
une  gorge  à  2i:>0  mitres  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer  :  c'est  l'haliilation  la  plu-  élevée  il'Kurope, 
■•I  la  montagne  (|ui  domine  l'hospice  a:ilOO  mètres 
d'altitude.  Dans  celle  gorge  rè^'iie  un  hiver 
jiresque  perpétuel  ;  pendant  neuf  mois  de  l'année, 
la  neiue  couvre  le  sol.  et  renl.inl  le-  autres 
mois,  il  n'est  pas  rare  de  I  le  avec 

une  bise  >;lariale.  (Juelqiii  -  i  ifs,  cul- 

tivés ù  l'abri  des  rochers  plulul  roniiiie  distrac- 
tion que  par  iilililé,  est  tout  ce  qu'y  produit  la 
terre;  il  (aul  aller  chercher  toute-  les  provisions 
fort  loin,  dans  les  vallées  habiice-,  cl  le  boisé 
brûler  lui-même  doil  être  apporté  à  dus  de  mulets 
d'une  distance  de  ilix-huit  à  viii;:!  kilomètres. 
I..es  religieux  y  reslei.'  ■  mt  toute  l'année, 

et  bravant  le  froid.    !■  's  de   ncise.   les 

nvalnnches   '     :  '  '  '     '     r      '•  î 

chiens  et  a^ 
il*  vont  à  la  1  '  '  11'  1  •  !.■ 
leni  et  leur  offrent   i.i 

I  euse  hospitalité,  qui  11-  .    ,..      ■  .   ;.;  .t-;  i  ' 1. 

cl  leur  nationalité. 

Avant  le  pi-rreinenl  .lu  M.iit-CcnU  iH  ■  -Mtn.iit 
de  II  &  l'J  iHNi  le  non. 
au  Saint-Bernard:  j  •  i 
pire    rit  passer  enviri'ii  .lOinsi 

Voilh  f  e  qnr  pnit    riir»-   l'in  ■ 

'jiiand  il  a  I 

.  .lllioliqil»- 
■  liinlê 


\mp. -garant,    }..  CtTiracviiT,  8,  ru»  Krwirnii   (•',  p«rn 


LE  BIENHEUREUX  CHARLES  DE  BLOIS 

DUC  DE  BRETAGNE 


Fête  le  29  septembre. 


Croquis  relevé   par  l'auteur   de  cette   vie,  d'après   un   vieux   dessin. 


MSSANCF.    DU    BIENHEUREUX    CHARLES 

I,e  xiv*  siècle,  sans  Hre  une  époque  féconde 
en  saints  et  en  i.T,in<N  linmme»,  a  cepenilanl 
doniif'  .lu  monde  cl  à  I  ICclise,  Dueuescliii,  sainte 
Catherine  de  Sienne,  -ninte  Itrif/ilte,  pour  ne 
citer  que  i|uclqucs  nom».  Il  a  niém<:'  produit  des 
princes  aussi  remarquaMe'-  par  l'illuslralion  de 


li^iir  naissance  que  par  réminence  de  leur  sain- 
l.'l.'  et  l'éclat  de  leurs  miracles.  Tels  furent  Eliéar 
.le  Sahran,  Louis  de  Toulouse,  Pierre  de  Luxem- 
liourtj  et  Charles  de  Rlois. 

I.n  vie  de  ce  dernier  montrera,  par  un  exemple 
fi.ip|>ant,  que  les  sentiments  d'humilité,  de  dmi- 
<  our  et  de  condescendance  mutuelle,  qui  sont  le 
propre  du  chrétien,  et  surtout  du  chrétien  par- 


243 


Tait,  sont  pleinement  compatibles,  dans  la  jua- 
lique,  avec  la  revendication,  devant  les  tribu- 
naux ou  les  arrai.'>  eu  main,  de  droits,  de 
privilèges,  de  possessions,  auxquels  on  ne  pour- 
rait renoncer  sans  léser  les  iiiléréts  du  prochain, 
d'une  famille,  d'un  peuple. 

Le  bienheureux  Charles  de  Itloisnaquit  en  11)18, 
dans  la  \ille  d'où  il  a  pris  le  nom.  Il  <.ut  pour 
père  (iuy  de  Chàlillon,  comte  de  Blois  et  de 
Charlres,  et  pour  mcre,  Marguerite  de  Valois, 
sœur  de  Philippe  M,  roi  de  France. 

JEt^NF.^-;E   DE  CHARLBS    DE   BLOIS 

Son  enfance  et  sa  premiiTC  jeunesse  se  passè- 
rent à  l'ombre  du  foyer  domestique  et  furent  ce 
qu'elles  sont  d'ordinaire  chez  les  saints.  En  effet, 
il  siKiiala  cette  époque  de  sa  vie  par  tant  de 
Ir.iil-i  de  piété  et  de  charité,  de  patience  et  d'hu- 
niililé,  qu'on  put  dès  lors  présafîer  jusqu'à  quel 
d''f;ré  élevé  de  sainteté  parviendrait,  dans  la 
suite,  cet  enfant  de  bénédiction. 

De  fait,  dés  l'Age  de  cinq  ans,  au  lieu  de  passer 
tout  son  temps  à  jouer  et  à  folAtrer,  comme  on 
fait  d'ordinaiie  à  cet  if;e,  le  jeune  Charles  con- 
sacrait de  longues  heures  h  dire  et  à  répéter  un 
grand  nombre  de  fois  l'Oraison  dominicale  et  la 
Salutation  angéliqne,  en  l'honneur  de  la  Sainte' 
Trinité,  des  cinq  plaies  du  Sauveur,  de  la  Sainte 
Vierge,  des  neuf  clururs  angéliques,  des  douze 
apAtres  et  de  toute  la  cour  céleste. 

Il  y  joiifnit  successivement,  lorsqu'il  fut  plus 
avancé  en  Age,  l'ofllce  de  la  Très  Sainte  Vierge, 
celui  des  morts,  et  beaucoup  d'autres  offices 
votifs,  alors  on  usa;.'o;  enfin,  il  récita  aussi  le 
tTaiid  oflice  des  clercs. 

Plus  tard,  devenu  comte  Je  Uretagne,  il  no 
manqua  jamais  de  s'acquitter  journellement  de 
cet  office,  ou  au  moins  toutes  les  fois  que  ses 
occupations  le  lui  permettaient. 

Son  r.éle  pour  enlendre  la  sainte  messe  n'était 
pas  moindre.  Uès  l'Aire  de  dix  ans,  il  assistai! 
régulièrement  à  toutes  les  messes  qui  se  rélé- 
l)raicnt  au  ch&teau. 

SES    MOKTIFICATIO.XS   ET   SON    ABDEUR   AU   TRAVAIL 

l.e  petit  Charles  d<'  Klois  n'avait  pas  moins  de 
sollicitude  pour  les  veilles,  les  jei'^nes  et  lo« 
autres  austérités  du  niAme  genre.  Muant  aux 
iruvres  de  piété  et  de  miséricorde,  elles  faisaient 
«es  plui  chères  délices.  Son  grand  bonheur  était 
"  priver  pour  le-  pauvre»,  de  les  servir  de 
'  -  propres  mains,  et  de  leur  laver  les  pieds  le 
J'.'Uili  Saint. 

t'ii  ne  s'étonnera  pas,  après  r«s  détails,  d'ap- 

preii'lre  qu'une  vertu  ni  èminente  fut  favorisée, 

dé*  1  1^-.     If   .>eiie  on»,  du  don  do»  miracles  ol 

de   j'.Mi    -■•    Il    n'apporta  rependant   pas  moins 

'    son  aTanceiu>'nt  dans  les  lettres 


d-i 


Il  \'rlii 


Aussi  att«iguit-il  un  très  haut  degré  de  culture 
intellectuelle,  et  lit-il  encore,  sous  ce  rapport, 
l'admiration  de  ses  contemporains. 

IL   EPOUSE    JE.VN.NE    DE    URETAONE 

Telle  fut  la  jeunesse  de  Charles  de  Hlois,  digne 
prélude  de  la  vie  d'un  saint.  Son  père  et  les 
autres  personnes  qui  l'entouraient  s'ima^'incrent 
alors  qu'un  jeune  homme  de  ce  caraclt-ro,  ne 
serait  bon  qu'à  faire  un  moine  ou  un  mission- 
naire. Ils  en  étaient  désolés,  au  delà  de  tout  ce 
qu'on  peut  imaginer. 

Mais  les  pensées  et  les  jugements  de  Dieu  ne 
sont  pas  ceux  des  hommes.  La  Providence  de^^- 
tinait  Charles  de  Hlois  à  jouer  sur  la  scène  du 
monde  un  rôle  des  plus  actifs  et  des  plus  impor- 
tants. <>n  en  eut  comme  l'intuition  dès  le  mois 
de  juin  1837,  lorsque  les  circonstances  l'ame- 
nèrent à  unir  son  sort,  par  les  liens  du  saint 
mariage,  avec  Jeanne  de  Uretagne,  déjà  com- 
tesse de  Penthièvre  et  de  Coello,  cl  de  plus  héri- 
tière préso!n[>live  du  duché  de  Bretagne  et  du 
vicomte  de  Limoges. 

GUEIIHK    liB   IinKTAGNT    ET    MORT   DE   CHABI.ES    DE   IILOIS 

Ce  fut  bien  autre  chose  loi-sque,  (|uatre  ans 
plus  lard,  cet  héritage  élaut  venu  à  vaquer, 
Charles  de  niois  crut  à  bon  droit  qu'il  devait  on 
revendiquer  la  possession.  C'est  que,  en  effet,  en 
vertu  des  us  et  couluines  du  pavs  breton,  les 
droits  de  Jeanne  de  Peiilhièvre  primaient  ceux 
du  comte  de  Monlfort,  propre  frère  du  dernier 
duc  de  Bretagne,  le  père  de  cette  princesse,  autre 
frère  du  même  duc,  étant  l'ainé  et  ayant  transmis 
k  sa  Mlle  tous  ses  droits. 

Ainsi  avait  été  jugée  la  question  lors  du  ma- 
riage de  Charles  de  Blois.  .\insi  ful-elle  de  nou- 
veau tranchée,  en  l.'UI,  après  longue  enquête  et 
mûre  délibération,  par  le  Parlement  de  Paris,  la 
première  Cour  judiciaire  de  tnute  la  France.  Mais 
le  rival  du  comte  de  Bloi-.  ne  <'rai::iiit  pas  d'en 
appeler  au  sort  des  armes,  de  la  sentence  pleine 
d'éijuité  du  suzerain,  dont  il  ovait  !■•  i.irml.'i 
précédemment,  sollicité  l'arbitraue 

t'harle»  de  lllois,  doux  et  pacifiqu'-  par  ciiai- 
lère,  répugnait  à  la  «uerre;  il  avait  en  horreur 
l'ellusioii  du  sani;;  mais  les  droit*  iFun'-  épouse, 
l'avenir  de  ses  enfants,  rh»nnour  de  la  Franco 
et  de  la  Bretagne  étaient  en  cause  et  lui  faisaient 
un  devoir  de  relever  le  gant,  de  ne  pas  refUser 
l.i  lutte  contre  jin  injuste  agrcMour.  C'e»l  c-- 
qu'il  lit  avec  autant  de  généro-lté  i|ue  de  n all- 
iance. Alors  commença  cette  bmgue  cuorri'  de 
la  suoi-ession  de  Rrelacne,  qui  devait  «^  continuer 
pendant  >ingt•t^oi^  années  con*éruti\es,  parmi 
le*  succès  et  los  revers, et  se  terminer  llnalonicnt 
par  la  défaite  et  la  mort  du  vertueux  prince, 
dans  le  champs  d'Auray  (I.V>4,, 

O  n'est  pn»  ici  le  lieu  de  raconter  cette  guerre 
.liiri»  «o»   déinil»    |ii«ni|.   ••■nb  lui'iil   qn'ollo   fut 


presque  toujours  marquée  par  des  victoires  du 
Coté  de  Charles,  tant  qu'il  eut  en  face  de  lui  son 
injuste  compétiteur,  le  premier  comte  de  Mont- 
fort.  Mais,  à  la  mort  de  ee  seigneur,  les  choses 
changèrent  sensiblement  de  face,  et  l'époux  de 
Jeanne  de  Penthiévre  n'éprouva  plus  t;uére  que 
des  revers.  Il  n'y  a  point  lieu  de  s'en  étonner, 
car  Dieu  n'a  point  promis  d'accorder  toujours  la 
victoire  au  bon  droit,  et  l'histoire  n'aurait  plus 
de  moralité  s'il  fallait  admettre,  en  principe, 
que  dans  toute  lutte  armée,  le  succès  suit  fata- 
lement le  pairti  de  la  justice.  D'ailleurs,  ici,  le 
sort  de  Charles  de  Hlois  ne  fut  autre  que  celui 
des  rois  de  France,  dont  il  était  le  protégé, 
comme  le  triomphe  des  Moiitfort  ne  faisait  qu'un 
avec  celui  de  son  protecteur,  tdouard  d'Angle- 
terre, le  vainqueur  de  Crécy. 

L'adversité  et  l'épreuve  prolongée  devinrent, 
en  outre,  le  creuset  où  la  vertu  de  Charles  de 
Blois  s'e'pura.  se  fortifia,  le  rendit  digne  d'entrer 
en  possession  du  llieii  suprême  et  de  la  vision  de 
Dieu.  Aussi  ijuand,  par  un  secret  jugement  de 
Dieu,  il  eut  perdu,  en  même  temps,  la  couronne 
ducale  et  la  vie  dans  la  journée  d'Auray,  l'éclat 
de  sa  vertu  et  la  renommée  ile  sa  sainteté,  qui 
auraient  pu  souffrir  quelque  atteinte  aux  yeux 
des  hommes,  après  un  tel  événement,  n'en  fu- 
rent nullement  diminués. 

HONNEURS    BE.NDUS    AU     6IE.NHEUREUS,     SES    MIH.\CLB.S 

Loin  de  là,  les  pieux  fidèles  ne  lardèrent  pas 
à  venir  prier  sur  sa  tombe,  à  recourir  à  sa  média- 
tion, dans  tous  leurs  besoins  de  l'âme  et  du 
corps.  On  doit  citer,  au  premier  rang  de  ceux 
qui  donnèrent  ce  bel  exemple  de  religion,  Jean 
de  l!>;aumanoir,  l'immortel  vainqueur  du  combat 
des  Trente,  et  plusieurs  de  ses  compagnons 
d'armes.  Les  anciens  familiers  et  serviteurs  du 
prince  s'empressèrent  de  marcher  sur  leurs 
traces.  Aussi  obtinrent-ils  du  ciel,  par  l'entre- 
mise du  Bienheureux,  les  faveurs  les  plus  sicna- 
lées.  Uientrtt  le  bruit  de  ses  prodiges  se  répandit 
de  tous  c(it'''S.  D'autres  personnes  recoururent 
anssi  à  sa  médiation. 

De  là,  l'aflluenre  des  fidèles  que  l'on  vit  se  pres- 
ser autour  de  la  tombe  deGuingamp,  soit  pour 


r.'ndre  grâce  à  Dieu,  soit  pour  implorer  de  nou- 
velles faveurs.  En  i:j:o,  ce  n'était  plus  seulement 
la  Bretagne, mais  aussi  le  Maine,  l'Anjou,  je  Hlai- 
sois  et  la  Touraine,  qui  députaient  chaque  an- 
née vers  le  tombeau  miraculeux  une  foule  de 
pèlerins.  Ln  grand  nombre  li'ex-voto,  représen- 
tant des  bras,  des  jambes,  des  navires,  etc.. 
attestaient  éloquemment  les  guérisons  instanta- 
nées, les  protections  merveilleuses,  les  résurrec- 
tions de  mort  et  les  autres  grâces  dues  au  mérite 
du  Bienheureux. 

En  présence  d'un  tel  état  de  choses,  le  bien- 
heureux L'rbain  V,  qui  gouvernait  alors  avec  tant 
de  sagesse  et  de  piété  l'Église  de  Dieu,  ordonna 
une  enquête  juridique  sur  la  vie  et  les  miracles 
de  Charles  de  Blois,  à  l'effet  de  procéder  à  sa 
canonisation  solennelle.  Mais  la  mort,  qui  le 
frappa  peu  après  (1370),  l'ayant  empêché  de 
donner  suite  à  l'affaire,  son  successeur  la  reprit 
avec  vigueur,  et  mena  l'enquête  à  bonne  fin. 
Toutefois  la  sentence  de  canonisation  fut  ajournée, 
en  raison  des  circonstances  graves  de  la  politique 
et  de  l'influence  dont  jouissait,  à  Rome  et  ailleurs, 
le  roi  d'Ancleterre,  adversaire  déclaré  de  cette 
canonisation.  Depuis  cette  époque,  la  cause  n'a 
pas  été  reprise,  et  demeure  toujours  en  suspens. 
Mais  le  culte  reliîrieux  rendu  à  la  mémoire  et 
aux  reliques  du  bienheureux  Charles  n'a  subi 
aucune  interruption.  Il  n'a  plus,  il  est  vrai,  actuel- 
lement le  même  éclat  ni  la  même  extension 
qu'au  xiv  siècle  et  même  au  xvin'  siècle,  où  le 
diocèse  de  Blois,  récemment  créé,  lui  accordait 
une  fête  double  dans  son  calendrier  particulier. 
Cependant,  les  restes  précieux  du  Bienheureux 
ne  cessent  point  d'être  exposés  à  la  vénération 
des  fidèles.  L'église  de  Graves-les-Cuingamp  les 
possède;  en  187+,  Mgr  David  les  a  honorés  d'une 
nouvelle  châsse  artistement  travaillée,  et  a  présidé 
lui-même  à  l'inauguration  de  cette  châsse,  au 
milieu  d'un  grand  concours  de  clergé  et  de 
fidèles. 

l-^.\trait  de  l'enquête  de  canonisation  du  bien- 
heureux Charles  de  Blois,  et  d'un  mémoire  sur 
son  culte,  dû  au  R.  P.  Dom  Plaine,  moine  béné- 
dictin.) 


LE  BIENHEUREUX  JEAN  DE  GAND 

SURN(  )MMÉ  L  ERMITK  DE  SAINT-CLAUDE 


AVANT    JEAXXE  DABC 


Il  y  eut  un  temps  où  la  France  faillit  périr. 
Aux  défaites  de  Crécy    et  de   Poitiers  s'était 


ajouté  le  désastre  d'Aiincourl,  et  les  Fran<;ni-. 
divisés  en  deux  partis,  les  Bourguignon*  r' 
Armagnacs,  se  faisaient  une   guerre   firiii       i   . 
pendant  que  les  Anglais  victorieux  envahissaient 


le  territoire  de  la  patrie.  Mais,  au  milieu  de  tant 
de  maux,  il  y  avait  sur  le  sol  de  France  des 
àines  qui  expiaient  et  priaient  ;  il  y  avait  des 
saints,  et  ceux-là  devaient  obtenir  le  salul. 

Notre  bienheureux  Jean  de  Gand  était  de  ceux- 
là  :  c'était  un  -entilhorame  qui  avait  renoncé  au 
monde  pooi  se  faire  moine  dans  l'abbaye  de  Saiut- 
Claudc. 

Après  s'être  formé  aux  vertus  monastiques,  il 
se  relira  dans  un  ermitage  du  Jura,  où  il  passait 
les  jours  et  les  nuit-  dans  une  «rande  pureté 
d  àrae,  honorant  Dieu  par  le  jeiiue,  la  méditation 

et  la  prière. 

Les  longues  calamités  qui  désolaient  la  France 
remplissaient  son  àme  de  tristesse;  il  solTrait  à 
Dieu  comme  une  victime  pour  le  salut  du  peuple 
tout  eniiei  :  il  suppliait  le  Seij-'neur  de  rendre  .'i 
la  Fraii -e  la  paix,  l'indépendance  et  la  prospérité, 
de  la  délivrer  des  ambitions,  des  rivalités,  des 
liaiiios  et  des  trahisons  qui  la  perdaient.  Il  priait 
spécialement  pour  la  réconciliation  des  deux 
rois  de  France  et  d'Au«leterre. 

In  jour  (ju'il  était  en  contemplation,  il  fut 
divinement  averti  do  quitter  son  désert,  et  d'aller 
lui-même,  simple  moine,  supplier,  au  nom  du 
ciel,  les  deux  rois  ennemis  de  mettre  un  terme 
au  lléau  de  la  euerre. 

Il  se  rendit  d'abord  à  Poitiers  où  se  trouvait 
en  ce  moment  le  jeune  dauphin  Charles  Vil, 
administrant  les  débris  du  royaume  durant  la 
démence  de  Charles  VI,  son  père. 

1,0  prince  français  le  reçut  avec  bonté,  et 
comme  le  saint  moine  lexhortait  à  rendre  le 
plus  tùl  possible  la  paix  à  son  peuple  : 

..  Plus  que  tout  autre,  répondit  Charles,  je 
suis  afiligé  des  maux  de  la  France,  et  je  souhaite 
de  tout  mon  cueur  la  fin  de  ces  guerres  alTreuses; 
mais  que  puis-je  en  ce  moment  pour  forcer  les 
Anulaisà  la  paix? 

—  Ilieu  bénira  votre  bonne  volonté,  reprit 
le  moine,  et  je  vous  prédis  aussi  que  dans  peu 
+'années  Dieu  vous  donnera  un  llls,  qui  vous 
succédera  un  jour  sur  le  trône  de  France,  s  (Ce 
(ils  fut  Louis  XI 

Ue  la,  le  bienheur(ux  Jean  de  Cand  se  rendit 
en  Normandie,  où  Henri  V,  roi  d'Angleterre,  pour- 
suivait ses  conquêtes  si  fatales  U  la  France. 


Henri  consentit  à  l'admettre  en  sa  présence, 
mais,  dès  que  le  saint  homme  eut  commencé  à 
lui  parler  de  la  paix,  le  lier  monarque,  enor- 
gueilli de  ses  victoires,  le  repoussa  avec  mépris 
et  ordonna  qu'on  le  chassât  de  sa  présence.  Pen- 
dant que  les  serviteurs  s'empressaient  d'exécuter 
cet  ordre  avec  force  mauvais  traitements,  le  moine, 
sans  s'effrayer,  se  retourna  vers  le  prince 
anglais  : 

■■  Bientôt, dit-il, Dieu  vous  appellera  à  son  tri- 
bunal, et  il  fera  sentir  aux  Anglais  le  bras  de  sa 
vengeance  en  les  chassant  du  sol  français.  ■• 
^Vers  1419.) 

En  elTet,  Henri  V  mourut  peu  après  1422),  et 
l'on  sait  comment  Jeanne  d'Arc  ne  tarda  pas  k 
être  envoyée  pour  repousser  les  Anglais  et  sauver 
la  France. 

Le  pieux  ermite,  ayant  accompli  sa  mission, 
reprit  le  chemin  de  sa  solitude  du  Jura.  En 
route,  il  prêchait  aux  populations  qu'il  rencon- 
trait, les  exhortant  au  salut  de  leur  Ame  et  à  la 
conquête  de  la  patrie  célote. 

Au  reste,  son  exemple  en  disait  plus  que  ses 
paroles.  C'était  toujours  le  moine  auf^ère  de 
Saint-Claude,  à  la  fois  plein  d'humilité  et  de 
douceur,  jeûnant  habituellement,  portant  un 
rude  cilice  et  une  ceinture  de  fer,  passant  sou- 
vent la  nuit  en  prières. 

Il  tomba  gravement  malade  eu  arrivant  à 
Troyes,en  Champagne,  llecueilli  dans  l'hiMellerie 
des  Dominicains,  dont  il  aimait  à  suivre  les  exer- 
cices religieux  quand  il  passait  dans  cette  ville, 
il  reçut  les  derniers  sacrements  des  mains  de 
Cautier,  curé  de  Torvilliers,  et,  le  29  septembre 
I41'.i,  il  rendit  joyeusement  son  Ame  à  Hieu,  sur 
un  petit  lit  de  paille,  ne  regrettant  rien  des 
choses  de  ce  monde  et  heureux  d'aller  jouir  de 
son  divin  trésor  dausieciel. 

Tant  que  son  corps  restai  dans  l'hAlelIprie  qui 
venait  de  recevoir  son  dernier  soupir,  on  \itune 
colonne  de  lumière  briller  au-dessus  delà  maison. 
Il  fut  enseveli  dans  l'.v'lisc  des  llorainicains; 
plusieurs  miracles  se  liront  sur  son  tombeau,  et 
Louis  XI,  dont  il  avait  prédit  la  naissance  et  qui 
lui  conservait  une  dévotion  spéciale,  fit  exhumer 
son  corps  en  1482,  pour  le  placer  dans  un  lieu 
plus  di^-ne  <le  lui 


\mp.-g*rm»l  :  t.  I'«titii»!«»».  ».  me  Kr«Bi;oii  I".  r«ri« 


SAINTE  GERMAINE  COUSIN 


Fête  le  15  juin. 


L'FfOMUR    VAIT  Cf.   QU'lL    VAIT   Ali    YEIX   DR  DIEU 

S  il  fut  une  vie  inutile,  triste,  misérable  Sp|on 
le  monde,  ce  fui  celle  de  la  bieiiheureu<'e  (ier- 
inaiiie  Cousin.  Une  main  paralysée,  une  santé 
■iole-^lahle.  aucune  insinirijon,  une  quenouille 
et  une  houlelle,  la  «arde  de  quelques  moutonx 
et  enfin,  la  mort  à  22  ans  :  voila  tout  ce  qui 
composa,  pour  le  monde,  la  vie  de  Germaine! 


Si  Dieu  ne  s'était  plu  à  manifester  par  des 
miracles  nombreux  et  éclatants  combien  cette 
pauvre  nile  lui  avait  été  at-réable,  ignorée  ou 
m'prisée  pendant  sa  vie,  elle  serait  demeurée 
ensevelie  dans  le  plus  profond  niilih  dés  le  len- 
demain de  sa  sépulture  jusqu'au  jour  du  jiite- 
nient.  Et  voilà  que  celte  simple  berbère  a  i^té 
faite,  pendant  sa  vie.  la  dépositaire  de  la  ]'iiis- 
sance  divine;  après  sa  mort, le  refucede'»  infirmes 


71 


et  de?  afilisés.et  qu'aujourd'hui,  elle  est  proposée 
A   toute  KE;,^!?»   comme  -un    modèle   à   imiter,  i 
c«mine  nn  chef-J'uuTre  de  la  ^^T^'•e  ;i  admirer. 

Elle  naquit  l'an  1579,  mourut  l'an  1601,  et 
Pie  IX  la  mit  sur  les  autels  l'au  1867. 

Elle  a  par  conséquent  vécu,  et  elle  a  été 
canonisée  à  des  époques  Hères  «le  leur  science, 
de  leurs  ri.-liesses,  de  leur  bien-être  et  de  leurs 
proi:r'-«  matériels. 

Mais  entrons,  autant  qu'il  nous  sera  possible, 
dans  le  détail  de  cette  vie  qui  peut  bien  paraître 
vile  aux  yeux  du  monde,  mais  qui  a  fait  les 
délices  de  Jésus-Clirist.  Il  fallait  que  cette  fidèle 
servante  du  Clirisi  fût  entièrement  déj;avée  de 
tout  lien,  m-^iue  le  plus  légitime,  qui  eût  pu 
l'alLicher  aux  choses  de  la  terre.  Aussi,  quel 
dénùment  depuis  son  berceau  jusqu'à  sa  tombe  ! 

Si'CFFBANCes  DE  L»  PBTITK  GERMAI^IK 
A   LA  IIAISO.-«  rATEU*(LUi 

Elb^  vient  au  monde  privée  de  l'intécrité  de 
ses  membres  :  elle  est  percluse  de  la  main  droite; 
elle  n'a  pas  non  plus  i«  bienfait  de  la  hanté  si 
estimé  sur  la  terre  :  elle  est  atteinte  de  scrofules  : 
au  moment  où  les  enfants  commencent  à  coûter 
le'boiilieur  d'être  ainn-s  et  le»  plaisirs  léf.'ilimes 
de  la  famille,  sa  mère,  .Marie  Laroche,  lui  e«t 
enlevée  par  la  mort;  la  pauvre  enfant  était  à 
peine  sortie  du  berceau! 

Hieiilùt  après,  son  père  se  remaria;  (iermaisc 
dut  passer  toute  sa  vie  sous  l'autorité  d'une 
manUre  qui  la  détestait,  la  maltraitait  ei  la 
ti-nait  éloiiinée  de  sei  frères  et  de  ses  strurs.  Si, 
du  mi>iiis,    elle   «-l'il  pu  trouver  aupréK  de  snu 

tiere  qurbjue  compeiMalion  à  ses  peiaes!  Mais 
.paiirenl  Cousin  n'avait  pour  sa  lllle  aurun>'  ten- 
ilr>-<se  et  s'iiiquii'lait  fort  peu  de  ses  soutTran>'es. 
I.'étable  ou  un  coin  dans  la  mai>on  :  uu  taudis 
de  cinq  pieil»  de  long  au-de«ious  d'un  e«Cdlifr: 
■  tuclipi'-s  |>r.iiii'l>tr«  de  sartiit-iit  pour  lit.  et  pour 
nourriture  un  peu  de  pain  et  d'eau  :  c'était  bi>-n 
asseï  pour  cell'-  ••cn^fuleuse.  Pendant  le  jour, 
elle  ile>'ait  :;arjer  un  trou|»eau.  c'était  \k  un 
moyen  tout  siininle  de  la  tenir  éloiirni^e  de  la 
maison  et  de  l'uliliwr  <"n  m-'uie  temii-.  Cnmii)" 
on  l'encliaina  kie  l'Iiiu'i 

que  l'été,  le.^  lit  soulTn 

ont  de  i>lu~  rigoureux.  1)  an  autre  col'-,  le&  halii 
laiits   de    l'ibrae  ne    l'éparunaient   pas  :  on   se 
mor|unit  de  s,<        >        ité  et  de  im  d' totjoa. 
K,i(it-il  aj'O.  la  pau^rr-   Ixirui^re,  mal-- 

!  tr.iilèi-  d'un  •  '      '     r  lUtre, 

aban<loniièe  avfc 

un  oorp»  inlir  ■        !>■ 

plaisir  di-  la  I 
ne  savait  pa 
l'alplillirt  qiK 

avalent  -■•'  ■  -i  .     ,  ^..  .   . .; ... 

abè<'>-dai  ai,  on  a  tiouleier^é  tout 

r>-l.i    :   tl  .  J-.    ou   l'on    prit^-nd    tout 

r-n,|rr  .loz  «aMBls,  »n  teuT  lais*e  ik'norer  le 
i.iir  du  salut. 

onaAi?«i  KT  jfefs 

Notn-.Seiuneur  avait  donc  élnicné  de  l'ime  de 

.,.  _.,.,..!..  i^m  çp  qy,   pouvait  la  partJU'er  «t 

I-  trouver  en   lui    seul    loul«ft   aer 

^'nsalion,    qoelt    n. 
Sa  Kràce  lui  fut  ar 
lour   La   rnmplit   e' 
i  fien,  rxct[.té  «on 
•l  aU«  i'aiiaait;  «It*  l'airasit  i>t  aii* 


s'offrait  à  lui  continuellement;  elle  l'adorait, 
«Ile  le  serriit,  elle  lui  pfésentail  nés  souCfrancej  ; 
elle  d-'-eirail  sa  gloire,  Vf  xlenslon  da  sw  rèsne, 
et  elle  pleurait  sur  l'aveuiileiut-nl  des  honiiii'^'^ 
qui  ne  le  servent  pas  ou  qu>  ne  le  servent  i  i- 
assei. 

Elle  se  parda  bien  de  s'attrister  de  ses  souf- 
frances, de  sa  misère,  ou  d'en  demander  à  Dieu 
la  délivrance,  alors  même  que  la  puissance 
divine  en  multipliant  les  miracles  autour  d'elle, 
paraissait  disposée  à  remplir  ses  désirs.  Loin  de 
soufrer  à  demander  ou  à  se  procurer  une  santé 
plus  solide,  elle  s'imposait  des  fati-'ues  et  des 
privations  continuelles.  Elle  retranchait  encore 
au  peu  de  pain  qui  lui  était  accordé  pour  ses 
repas,  et  n  hésitait  pas  à  parcourir  do  longues 
distances  par  des  chemins  malaisés  pour  alltr  .'i 

l'église. 

Sa  patience  était  inaltérable,  elle  n'avait  i>as 
d'autres  réponses  aux  injures  et  aux  mauvais 
traitements  qui  l'attendaient  lorsqu'elle  ramenait 
son  troupeau  à  l'étable,  ipie  de  -n  taire  et  de  se 
retirer  dans  son  petit  réduit.  Elle  ne  lèmoif,-na 
jamais  aucune  aiareur  ni  aucune  jalousie  à  se» 
frères  et  k  ses  sieurs  qui  lui  étaient  préférés;  l'Ile 
les  aimait  tendreint-nt  et  cherchait  a  leur  rendre 
de  petits  services.  .Ne  pense/ pas  qu'>lleail  jamais 
voulu  changer  le  lit  de  sannenls  sur  le'|uel  elle 
pa.saBil  toutes  ses  nuits  :  elle  voulut  le  conserver, 
alors  iii-rae  qu'en  des  temps  m^-ilb-urs  la  liberté 
lui  fut  donnée  de  reposer  sur  un   véritable  lit. 

Nous  avons  déjà  dit  qu'elle  ne  plaisait  pas  au 
villa^^e;  l'éneryie,  la  constance,  raclivitè,  l'allé- 
^Tesse  qu'elle  montrait  au  service  de  Uieu  ne 
sont  pas  du  «oùt  de  cette  multitude  d'àmes 
paresseuses,  tiédes,  alTadies.  qui  n'accordent  à 
Oieu  que  le  strict  nécessaire  et  souvent  lui 
refusent  tout.  On  l'appelait  la  bigoti-  Le  monde 
est  toujours  le  même  sur  beaucoup  de  points  et 
sur  celui-ci  en  particulier,  (iermaiiii'.  •■'inquié- 
tant au«si  peu  que  possible  il-^s  paroles  qui  sor- 
taient de  I  '  ■:  '  ■'  de  ses  compatriotes,  rem- 
plissait te  icicesde  dévotion  avec  une 
fidélité  int-i'i  .uKK'K'.  L'amour  e^t  plus  fort  que 
la  mort,  plus  fort  que  l'enfer.  Eh  quoi!  ce 
' -"■••"I  luelquespar'l-'  ■"'Vinnle»qui  l'aurafiil 
lies  pieu  V 


..i         ...    .l.ilt!  qui  I 

s«nt«>r  au  saint  Inln 
en  nlii^'  'lui  l'aurai' 
1  ■      ■ 

la    lable    .saiiit< 
d'une  sainte  ne  >'• 
maine  trouvait  ses 

(l"«n«  \n  prit-f»».  dai 


<  auiqiK'ls  la  ! 

oècli''.    lie  »e  I  1     - 

de  plus 

,  lorsque 

ui  au  >aiiil  Sacri- 

\imé  l'atlendail  à 

.Non,    .  lan    saint   ou 

'•  tifu'  ir  si  peu.   licr- 

iliiques   délices 

^nt  qui  la  rap- 

'    <|i|o|idieiine 

li>ii  fréquente 

umott  avec  Jësus- 


:l  -   sacremuits,   dans    '. 
Chnil. 

C«Ue  iiBi««  atMffBÏt  «Ih»  Mft  Ame  un  deL-ré 
eilfordtiwilfe  fit  •»  inMliMM  n  dehors  dune 
maiii>r'-  inerwil|i-iise. 

Aussitôt  que  l'heure  du  .Saint  Sacriflce   était 

arrivée,   la    Hienheurctise    pi-- ■-■'    -i 

houlett«  ot  sa  iiuenouille.  .ib.i  '   i 

peau  à  la  ;;nrde  du  dnin  l'a-'  ■  ' 

en    tonte    hAle    la    dislance   ■. 
r.v'li,!-    I»  Smiveur,  dont  !<••  '  '    !    ti' 

\iit<    d'-«    '  iiii'    qne 

•r»  fiM   pr'  i"nt  on  il 

'  «ar  l'aiil'  'ir 

me  un<-  ■  I' 

se>  «artilfurs,  A  la  Uanio  ili-  s.  *  •iiiieiiiis  et  aux 


iiis  nombre  commis  à  cette  époque 
par  lea  piotestants. 

Ui  contiance  de  la  Bienheureuse  ne  fi^t  jamais 
trompée.  C'était  une  lumière  surnatureile  qui 
lui  iu-ipirait  une  confiance  surhumaine,  et  cette 
confi.inoe  était  mise  au  service  d'un  amour 
héroïque.  Le  troupeau  lut  donc  toujours  hien 
gardé,  ni'''me  sur  la  lisière  de  la  forêt  de  Beau- 
côjje  où  il  fut  souvint  lai>?é;  jamais  de  brebis 
égarée  ou  volée,  ni  le  luoiudre  doiftma;:e  tausé 
aux  champs  voisins.  11  y  a  plus,  il  était  floris- 
sant, et  il  n'y  en  avait  point  au  village  de  plus 
beau  ni  de  plus  nombreux. 

Ceci  n'empêchait  pas  que  Germaine  fût,  à  la 
mai^^on,  sévèrement  reprise  de  sa  conduite  par 
celle  qui  la  haïssait.  Mais  rien  n'était  capable 
d'amoindrir  en  son  cœur  la  docilité  aux  divines 
insiiiratiou'^. 

Il  y  a  plus  encore,  car  son  esprit  était  conti- 
nuelleiaeut  absorbé  en  Dieu,  à  ce  point  qu'elle 
oubliait  tout  le  reste.  C'est  ainsi  qu'on  la  vil 
plusieurs  l'ois  tomber  à  genoux,  au  premier  son 
de  VAnijeluLi,  en  quelque  endroit  qu'elle  se  trou- 
vât, d.ins  la  neif;e  ou  dans  la  boue.  Un  jour,  la 
cloche  se  fit  entendre  au  moment  oïi  elle  traver- 
sait le  ruisseau  de  Pibrac  :  elle  se  mit  à  ;;enoux, 
sans  t.irder,  comme  $i  elle  se  fût  trouvée  sur  le 
chemin. 

Un  autre  jour,  deux  paysans  s'étaient  arrêtés 
sur  le  bord  de  ce  même  ruisseau  re^'ardant  la 
berfifrre  \euir  Je  loin;  ils  avaient  le  sourire  sur 
les  lèvres.  C'est  que  Germaine  ne  pouvait  se 
rendre  à  ^é^lise  sans  traverser  le  ruisseau;  elle 
le  faisait  ordinairemeut  à  gué,  mais  celte  fois 
une  longue  pluie  l'avait  lelleinenlgonllé  pendant 
la  nuit,  qu'il  était  devenu  infranchissable.  Les 
Jeux  léiiioiiis  se  tenaient  donc  à  quel(|ue  dis- 
tauce,  attendant  et  se  promettant  de  jouir  de 
son  iii''.om|)te.  liermaine,  empressée  et  unique- 
ment préiji-cupèe  de  la  pensée  Je  son  Seigneur, 
arrl  ve  auprès  du  ruisseau  qui  roulait  ses  eaux 
avec  frar.is  et  impétuosité.  Sans  s'arrêter  un  seul 

instant,  elle  y  met  le  pied et  voilà  que  le  ilol. 

se  relire,  et  l'ait  (lour  l'Iiumble  berbère  de  fibrac 
ce  que  le  Jourdain  avait  fait  autrefois  pour 
l'arche  ssinle  et  les  enfants  d'Israël.  Les  paysans 
étaient  là.  saisis  de  i-rainte.  hors  d'eu.x-mêraes. 
Us  y  dein>-uri;rent  lonuiemps,  les  yeux  (ixés 
tantôt  »nr  liermaine,  qui  s'éloignait  en  toute 
haie,  tanti>l  sur  le  ruiiiseau  qui  continuait  de 
couler. 

Ce  miracle,  qui  se  renouvela  souvent  dans  la 
suite,  et  les  circonstances  qui  raccoinpa;;i;a;ent, 
indiquent  clairement  que  Germaine  était  tout 
entière  a  sou  Oieu,  mais  aussi  que  ce  Dieu  était 
tout  à  elle. 

L'amour  divin  véritable  est  rommunicatif;  Ger- 
maine, qui  en  avait  le  caur  entièrement  rempli, 
devait,  p.ir  consérjuent,  chercher  à  le  déverser 
dans  l'àme  des  autres.  C'est  ce  qu'elle  lit,  et 
je  ciel  put  contempler  cette  humble  bercère, 
i«noraiile  des  sciences  humaines,  réunissant  les 
petits  p.'ilr-s  des  alentours,  pour  laisser  df'bopder 
son  caMir,  leur  parler  de  Dieu,  les  inviter  à  aimer 
et  à  servir  le  bon  Maître  de  leur  mieux.  Klle  ne 
prenait  ce()pnd.Tnt  aucune  part  à  leurs  jeux  et  se 
tenait  bien  Imn  de  leurs  conversations  frivoles. 
Sa  rouversatinn  était  dans  le  ciel  et  sa  joie  avec 
Dieu. 

M  lis  admirons  comment  Dieu  lui-même  fit 
écl.iier  la  complaisance  qu'il  prenait  dan»  les 
a'iioii'-  de  «a  (Idele  servante.  Celle-ci  n'e'iait  pas 
telleineiil  absorbée  par  ses  pieuses  penséesqu'elle 
ne  reraarqu.it  les  misères  de»   pauvres;   et  sa 


charité,  qui  se  signalait  sous  la  forme  de  Ja 
souffrance,  de  la  prière  et  du  zèle,  se  manifesta 
également  sous  celle  de  l'aumône.  Ce  n'est  pas 
qu'elle  eût  du  superllu  à  donner,  puisqu'elle 
n'avait  pas  même  le  nécessaire.  Et  cependant, 
elle  prenait  sur  ce  peu  qu'elle  avait;  elle  don- 
nait, et,  chose  difûcile  à  expliquer,  elle  donnait 
beaucoup. 

Notre-Seigneur  multiplia  le  pain  entre  les 
mains  de  sa  charitable  servante,  comme  il  le 
multiplia  autrefois  entre  ses  mains  divines.  Mais 
cette  explication  ne  vint  pas  à  l'esprit  de  tout  le 
monde.  On  J'acçusa  de  vqler  le  pain  à  la  maison 
de  son  père.  Sa  marâtre  ne  fut  pas  la  dernière 
à  concevoir  de  pareils  soupçons.  L'n  jour,  elle 
s'aperçut  ou  crut  s'apercevoir  que  Germainp 
emportait  dans  son  tablier  quelques  morceaux 
de  pain  qui  ne  lui  avaient  pas  été  donnés.  Aussi- 
tôt, la  voilà  qui  saisit  vivement  un  bâton  et  se 
met  à  la  poursuite  de  (jerinaine.  Sa  fureur  devant 
un  pareil  forfait  lui  fait  vomir  toutes  les  injures 
qui  lui  viennent  à  l'esprit.  Deux  habitants  de 
Pibrac  qui  la  voient,  touibcs  de  pitié  pour  la 
pauvre  fille  menacée,  hâtent  le  pas  dans  le  des- 
sein de  prendre  sa  défense.  On  arrive  vers  la 
ber^;ère,  on  lui  fait  ouvrir  son  talilier.  Il  ne  ren- 
fermait pas  autre  chose  qu'un  mai^nilique  bou- 
quet composé  des  plus  belles  Heurs  et  répan- 
dant un  parfum  délicieux  ;  jamais  les  jardins  >te 
Pibrac  n'en  avaient  produit  de  pareilles,  lit,  du 
reste,  ce  n'était  guère  la  saison  des  (leurs,  on 
était  au  milieu  de  l'hiver. 

Il  y  avait  là  de  quoi  changer  les  cœurs  les  plus 
durs.  Bien  des  cœurs,  en  elle!,  au  récit  de  ce 
qui  s'était  passé,  furent  touchés  profondément. 
Laurent  Cousin  prit  pour  sa  tille  des  .sentiments 
plus  paternels,  détendit  qu'on  la  maltraitai  désor- 
mais, et  voulut  lui  rendre  au  foyer  domesliaue 
la  place  qu'elle  n'aurait  jamais  du  perdre.  L'Iiumble 
bergère,  qui  avait  été  toujours  beweuse  d'avoir 
des  privations  à  offrir  à  S'olre-Seigneur,  s-upplia 
son  père  de  lui  laisser  son  lit  de  safmeats  et 
son  ])etit  réduit. 

GEHUAINE  AU  PALAIS  DE    SON  PKRR  nU  CIEL 

Cependant,  le  temps  de  l'épreuve  et  de  la  souf- 
france était  écrtulé;  l'heure  de  la  délivrance  et 
de  la  jouissance  allait  sonner. 

L'n  soir,  deux  relinieux,  surpris  par  la  nuit, 
avaient  été  obligés  de  s'arrêter  dans  la  forêt  voi- 
sine pour  y  attendre  le  retour  du  jour.  Vers  le 
milieu  de  la  nuit,  ils  furent  éveillés  par  des  can- 
tiques admirables.  Leurs  yeux,  en  s'ouvrant, 
virent  une  lumière  de  plus  en  plus  éclatante 
dissiper  les  ténèbres.  En  quelques  instants,  elle 
devint  plus  brillante  que  le  soleil.  b:nvironnée 
de  cette  lumière,  une  troupe  de  vierties  parut 
au-dessus  de  la  forêt.  Llles  se  dirigeaient  vers 
Pibrac  en  chantant  des  cantiques  ravissants.  La 
vision  ne  disparut  que  pour  reparaître  de  nouveau, 
un  instant  après.  C'étaient  les  mêmes  vierees 
qui  revenaient  sur  leurs  pas.  Klles  entouraient 
une  compàô'né  llôlST^Ile  qui  était  venue  se  joindre 
à  elles  et  qui  portait  sur  la  tête  une  couronne 
de  Heurs  nouvelles.  Kn  disparaissant  une  seconde 
et  dernière  fois,  la  vision  lajssa  les  religieux  ravis 
s'entretenir  de  ce  qu'ils  avaient  vu  et  entendu. 

Le  lendemain  matin.  Laurent  Omsin,  ne  voyant 
pas  paraître,  comme  à  l'ordinaire,  (iermaine,  tou- 
jours matinale  et  active,  se  rend  sous  l'escalier, 

appelle,    s'approche le   beryère   dormait   ilu 

Krand  sommeil.  Ia  voix  de  l'Kpoux  s'était  fait 
entendre  pendant  la  nuit,  voix  pleine  de  doU'eur 
et  d'enivrements  pour  l'àme  de  la  Bienheureuse; 


et  cette  âme  toute  pure  et  toute  belle,  qui  n'avait 
pas  besoin  d'autre  préparation  à  la  mort  que  celle 
de  sa  vie  entière,  •elle  àine  s't-tait  déiacliée  sans 
effort  et  rapidement  de  sa  dépouille  mortelle, 
pour  aller  s  unir  intimement  et  éternellement  à 
son  Bien-Aimé. 

Le  lendemain,  une  foule  niirabreuse  se  pressa 
dans  ré;rli«o  df  Pibrac.  Le  récit  des  deux  relijjieux, 
les  miracles  de  Ijermaine,  que  beaucoup  avaient 
vus  et  que  tout  le  monde  avait  entendu  raconter, 
avaient  remué  la  population  de  Pibrac  et  des 
environs. 

Selon  l'nsase  de  cette  époque,  elle  eut  son 
sépulcre  dans  réalise.  Aucun  siiiiie,  aucune  ins- 
cription n'en  indiquait  l'endroit;  on  savait  seu- 
lement qu'il  était  vis-à-vis  de  la  chaire.  U'un  autre 
côté,  cette  vie  si  simple,  si  humble,  bien  que 
relevée  par  une  ferveur  extraordin.iire  et  par 
des  prodi:.'es  nombreux,  n'était  confiée  qu'à  la 
mémoiro  des  habitants  de  Pibrac.  Ce  souvenir, 
si  suave  qu'il  fût,  s.Mnblait  donc  devoir  s'effacer 
avc'-  les  années.  Mais  il  plut  à  Dieu  de  j^raver 
pour  toujours  dans  la  mémoire  et  dans  le  c<pur 
,[,.  ses  serviteurs  sur  la  lern-  une  vie  qui  lui  avait 
l'-l'-  si  a;;réable;  et  voici  C'immi'nt  : 

Il  y  avait  quarante  ans  que  le  corps  de  Ger- 
maine r''posait  dans  la  terre  sainte.  Le  fossoyeur 
de  Pibrac,  ayant  un  jour  à  préparer  une  fosse 
pour  une  parente  de  (iermaine.se  mit  au  travail 
a  l'endroit  mi'-me  où  on  avait,  quarante  ans  aupa- 
ravant, creusé  celle  de  la  Hienlieureuse.  Au  pre- 
mier coup  de  pioche,  il  soulève  une  dalle;  mais 

immédiatement  il  s'arrête  et  pousse  un  cri 

il  avait  sous  les  yeux  un  cadavre  qui  paraissait 
tout  récent  et  l'instrument  avait  pénétré  dans  la 
chair  vive! 

Des  femmes,  qni  sVlaienf  rendues  à  l'église 
pour  entendre  la  Sainte  .Messe,  accoururent;  la 
nouvelle  se  répand  et  un  ^'raiid  nombre  de 
témoins  se  trouvent  rénnis  en  un  instant.  Il  y 
avait  là  un  corps  qui  semblait  avoir  été  caché 
sous  l<»<  dalles  la  nuit  précédente.  On  l'examine 
de  plus  Lires  :  le  corps  était  inté:;re  et  les  membres 
inta'-t^,  l'épiderme  était  conservé,  les  oreilles 
seule-  étaient  desséchées.  Les  lint-es  et  h-  suaire 
n'avaient  subi  aucune  altération;  les  mains,  qui 
tenaient  un  petit  rieriie.  étaient  entourées  d'une 
L'uirlande  d'u-illcts  et  d'épis  de  seisle.  ^n  cons- 
tata que  ces  épis  renfermaient  encore  leurs  ;:rains  ; 
et  ces  prains  s'étaient  conservés  tels  qu'au  lemp:> 


de  la  moisson.  Une  des  mains  était  difforme  et 
le  cou  portait  encore  des  cicatrices. 

Le  souvenir  de  (iermaine  n'était  pas  tellement 
effacé  qu'il  ne  revînt  à  la  mémoire  de  quelques- 
uns  des  spectateurs.  On  parla  de  l'humble  bergère, 
puis  tous  les  souvenirs  se  réveillèrent  ;  et  tout  le 
monde  .s'accorda  bientôt  à  dire  que  Dieu  avait 
voulu  conserver  les  restes  de  sa  fidèle  servante, 
que  ce  saint  corps  déposé  dans  une  fosse  pro- 
fonde avait  <^té  élevé  à  Heur  de  terre  par  la  puis- 
sance divine  et  que  c'était  là  une  nouvelle  mer- 
veille ajoutée  à  tant  d'autres  opérées  du  vivant 
de  la  Bienheureuse.  Le  corps  fut  placé  debout, 
près  de  la  chaire,  afin  que  tout  le  monde  pût 
être  témoin  du  )irodif;e;  et  ces  restes  bénis, 
placés  ensuite  dans  un  reliquaire  de  plomb,  et 
transportés  à  la  sacristie,  puis  jetés  dans  une 
fosse  et  couverts  de  chaux  par  les  révolution- 
naires, exposés  plus  lard  de  nouveau  dans  l'église, 
et  de  là  dans  une  chapelle  de  Saint-Krancois-de- 
Sales,  se  sont  conservés  jusiju'à  nos  joiirs  dans 
une  intégrité  parfaite,  les  chairs  seules  ayant  été 
consumées  par  la  chaux  vive.  On  vénère  aujour- 
d'hui ces  précieuses  reliques  dans  une  chiisse 
toute  reluisante  d'or  et  de  lumières. 

Mais,  soit  auprès  de  la  chaire,  soit  à  la  sacris- 
tie, soit  même  dans  la  fosse  et  dans  la  chaux  où 
ils  ont  été  jetés,  soit  aux  places  d'honneur  ou  un 
les  a  portés  ensuite,  ces  restes  sacrés  ont  tou- 
jours été  l'instrument  de  miracles  nombreux  et 
é''latants.  Les  profanateurs  eu\-mémes,  châtiés 
d'abord  d'une  manière  évidente,  ont  obt.>nii  leur 
ituérison  de  la  Bienheureuse.  Plus  de  KH(  mi- 
racles furent  attestés  par  des  procès-verbaux  ; 
des  pèlerina^'es  se  sont  or;Kinisés.  (Germaine  a 
été  invoquée  en  faveur  de  Pie  Vil  et,  plus  tard, 
en  fiveur  (!••  Pie  1\:  et  la  double  délivrance  de 
ces  deux  Souverains  Pontifes  a  suivi  de  prés  la 
demande  qni  en  avait  été  faite. 

Knfin,  le  procès  de  canonisation,  tenté  une 
première  fois,  puis  abandonné,  faute  de  res- 
sources, n  élé  repris  sous  le  potitillcat  de  Pie  |X, 
et,  pour  répondre  à  trente  lettres  postulatoires 
d'archevêques  et  d'ëvéques  frain-ais,  l'Kpousc 
de  Jésus-ChrisI,  la  Sainte  Kulise,  a,  par  la  voix 
de  son  représentant,  décerné  à  l'humble  ber- 
fière  de  Pibrac  les  plus  grands  honneurs  qui 
puissent  être  rendus  ici-has  aux  serviteur-  de 
Dieu.  Déelarée  bienheureuse  en  INRt,  (jermaine 
a  été  canonisée  solenuelluinent  en  iH67. 


It  frr»nl     V..  IVriruKtiiT     —   impriinrrir   P    t-'unnvViiAi ,  î  j»  J.  rnr  Ha|<r<l.  r»rH. 


SAINT  JEAN-FRANÇOIS    r.ÉC.IS 

DE   LA    COMPACIME   DE    JÉSUS 


Fvie    If    16  juin. 


CARACTÈRE  DB  LA  SAINTKTIÎ  DE  JEAN-FRA.NÇOIS 

Parmi  le»  nombreux  saints  que  la  Compapnie 
<lo  Jésu«  a  doiiiu'<  à  ^^;î,'lise,  Jean-François  Ré^'is 
^•^1  un  des  plu>  illustres. 

Ce  grand  Saint  est  le  modèle  de  ceux  qui  veu- 
lent «agner  beaucoup  d'Ames  à  Dieu.  Il  se  sanc- 
titi;i  lui-m<-me,  avant  de  sanctifier  les  autres;  il 

Cratiqua  les  vertus  les  plus  héroïques.  Une 
umili'>  profonde,  une  aoiiégation  enlii-re  de 
lui-m''inc.  une  patience  à  toute  épreuve,  une 
fermet'-  qin'  le«  menaies  de  la  mort  ne  purent 
ébranler  lorsiju'il  s'at'issait  de  son  devoir,  un 
amour  de  la  pauvreté  la  plus  absolue,  une 
pureté  d'ance  et  un  désir  ardent  des  sntifTrances 
et  des  humiliations  :  voilà  comment  cet  ap'itre 
faronna  son  âmp,  fi  devint  ensuiti*  entre  les 
main*^  de  Dieu  un  iii«irument  docile  dont  il  se 
servit  pour  ramener  un  K'rand  nombre  d'âmes 
dan«  |f  rhrmin  de  la  vertu. 

Saint  Krnni^ois  Répi«  naipiil  le  .31  janvier  1397 
à  Foni-oinerle,  ilan*  le  dinci-se  de  Narhonne. 


PREHIKRES   ANNEES 

Dès  sa  plus  tendre  enfance,  notre  Saint  connut 
les  douceurs  de  la  piété  et  de  l'amour  de  Dieu. 
Il  descendait  d'une  noble  famille  du  Lanyucdoc. 
Ses  parents  lui  inspirèrent  de  bonne  heure  le 
sentiment  du  bien,  car  leur  illustration  venait 
au  moins  autant  de  leur  vertu  <pie  de  la  distinc- 
tion dont  ils  jouissaient.  Tnilc  ses  frères  fut  tué 
au  siéye  de  Villemur, dans  une  sortie  contre  les 
huguenots,  sa  famille  «"étant  toujours  signalée  par 
une  ;:r.mde  lidélité  à  la  foi  catholique. 

A  l'àiie  de  cinq  ans,  il  entendit  parler  à  sa  mère 
des  peines  de  l'enfer,  et  en  fut  vivement  frappé. 
Il  ne  prenait  pas  de  goût  aux  amusements  des 
enfants  de  son  A».»c ,  il  préférait  les  chose» 
sérieuses,  et  ne  s'occupait  que  d'exercices  de 
piété.  Souvent  il  se  renfermait  dans  une  iba- 
pelle.  et  là,  se  laissant  aller  aux  douceurs  de  la 
mnlemplalion,  il  s'oubliait  dans  la  pr'^^'ine 
de  Noire-Seigneur,  et  y  répandait  des  larmes 
abondante». 


:-.-  ii;ireiit>  lui  ;iv:ii  -nt  donné  un  préceptour  à 
l'humeur  brusque  et  cliagrine;  l'eiifanl  tiiiiiile  et 
niriJesle  eul  beaucoup isouffrirde  celle  ilireclioo, 
mais  il  supporta      -to  épieuve  »ans  munuiirer. 

bientôt,  les  ti-.iiiis  ayant  nuvert  des  classes  à 
liéiiers,  il  leur  lut  confié;  sa  piéié  ne  lit  que 
'e  développer  de  plus  en  plus.  11  avait  une  tendre 
dévotion  pour  la  Sainte  Vierge,  et  fut  prompte- 
ment  roi-u  dans  une  de  ces  pieuses  associations 
ériL''>s  dau«  les  collù^es  relii-'ieux,  et  destinées 
à  I  li  ler  la  Mère  du  Sauveur.  Il  avait  une  ^rrande 
l'i'riiiance  en  son  an;.'e  :;ardien,  à  qui  il  se  crut 
t'Hijours  redevalde  d'avoir  échappé  à  un  grand 
péril. 

H    VOCATION 

Sa  vocation  se  révéla  de  bonne  heure,  dans  la 
douce  et  s:ih!laire  influence  qu'il  sut  prendre  sur 
^e<   compa-'iions   d'études.    Dans    les    proutiers 
moment*,  quelques  railleurs  tournaient  eu  ridi- 
cule se-  piatiques  religieuses,  parce  iiue  la  con- 
duite de  notre  Saint  n'était  pas  en  harnioniA  avec 
la  I  iir;  bientôt,  ils  reconnurent  la  puissaiDce  de 
-,i  ■.  i-rtu,  et  loin  de  s"éloi;;nor  de  leurpieu\  com- 
pa.rion,   ils   s'en    rapprochèrent   si    bien,   que 
lianrois  Hégis  gagna  leurs  Ames.  Six  d'entre  eux 
•..•  réunirent  à  ce  nouvel  ap6lre.  Ils  vivaient  dans 
une  espèce  de  communauté,  réunis  dans  la  inénie 
maison.  François  Mégis  composa  une  ré:.'le  écrite; 
l>-s  heures  d'études  étaient  liiéfs,  les  conversa- 
tiens  inutiles    interdites,  on  lisait  un   livjt;   de 
piété  pendant  lis  repas,  on  faisait  l'ev^ui^iu. d|j 
conscience  le  soir,  et  le  dimanche  •■  "-  — tumli 
la  Sainte  (lommuiiion.  C'est  ain»i  'P'  '"*'- 

préludait  aux  grande--  "M'  '•  ~  ■\'\">^  h. 

plir;  car  les  Ames  pr^ 
du  bien  h  faire,  et  !■  :    ,  .    .....   ,  i  n.. 

de  Nntre-Seigneur,  il  leui'  OaU.  loivi^urv^  pitiskaltip 
de  travailler  à  la  u-loire  du  Dii  u. 

Saint  François  Ité^iis  fn 
d'une    maladie   crave;  il 
rapi>rochaienl  par  sa  patieuLU  ni  put    x»  pi 
discours. -.Vyant  recouvré  la  santé  alprs  qu'.  ,, 
pensait   le  iiioin^.  il  songea  à  se  doilltOi-  ù.  I)luu, 
d'une  manière   plus  entière;  il  lit  une   relroile 
pour  connaître  sa   vocation.  Il  se   sentit   pressé 
d'entrer  dans  la  (>mpn:iiiie   de  Jésus.'  Son  con- 

f. ur,  le  P.  François  Suarez,y  réllécliit,  et  l'en- 

-  !.■  .1  à  suivre  son  inspiration.  Celte  décision  le 
remplit  d'une  sainte  joie,  et  il  entra  au  noviciat 
le  H  décembre  ItilO. 

IJi  SUVjaAT 

Dès  les  premi-rs  jours,  il  se  fit  admirer  de-s 
pins  fertents.  Ri'-n  ne  vi-nunt  plus  Inmlder  -on 
,],'.»ir  .l'iii..  Mi.ioi,  l'oiistanti  avec  Nolre-.^eigneur, 
il  ri'iil  '    pas  un  soûl  iiislunt  In  pensée 

d»   sa  ,  .  Il  s'appliqua    à  pratiquer    tout 

piiticulieremenl  l'huiiiililé,  la  haine  <te  lui- 
11,111  •,  !•'  ni'iri-  'lii  in.  iid''-.  et  \f  plaisir  de  pro- 

dcTiDreut  la 


11,  il  de  .siiMr 
élAil   cerl«i- 

1»  le<i  hApilAUx  le* 


dérer  Jésus-t'.hrist  lui-iii 'lue  dans  la  personne  de 
ceux  qui  soulTrent.  11  traitait  son  corps  très 
duremest.  et  S8v«il  user  de  Biéuagements  et  de 
douceur  pour  les  aulras;  aussi  ses  compagnons 
disaient-ils  qu'il  était  son  propre  persécuteur. 
Mien  n'approchait  de  sa  ferveur  dans  la  prière; 
il  tombait  souvent  dans  une  espèce  de  ravisse- 
ment qui  se  rellétait  sur  son  visage;  aussi  com- 
bien il  savait  communiquer  au.\  àmesl'ainour  de 
Dieu,  tant  par  ses  paroles  (jue  par  ses  exemples. 
Après  deux  ans  de  noviciat,  il  prononça  ses 
vieux.  Ses  supérieurs  l'envoyèrent  à  Cahors  et  à 
Touruou,  pour  faire  sa  rhétnrique  et  sa  philoso- 
phie. Le  goût  des  études  n'affaiblit  en  rien  sa 
piété  et  son  yoùt  pour  l'oraison.  Voulant  se  pré- 
cautionner  contre  ce  danger,  il  eut  soin  de  faire 
une  large  part  aux  exercices  religieux,  et  ses 
ii>klfi)ttâ  qui  furent  biillaiiles  n'en  souffrirenl 
jaiiiiiis.  Sa  lidélitè  à  tous  ses  devoirs  était  si  par- 
laitu  qu'on  ne  trouva  jamais  l'occasion  de  lui 
faire  un  reproche,  et  qu'on  le  surnomma  l'ange 
de  l'écolfi. 

PHEMIER    AP0ST0I.AT 

Pendant  son  séjour  à  Tournon,  Dieu  lui   ins- 
pira d'évangéliser  les  ]iauvres  et    les  serviteurs 
de  la  ville.  Cette   predicatii>n  aux   petits  et  aux 
faibles  convenait  à  sa  nature  humble  et  dévouée. 
Le   dimanche,    il  jiarcourait   les   villages   et  les 
bourgs   d'alentouj':    il   se  taisait  précéder   d'une 
clucbette;  il' réunissait  les  enfants,  leur  faisait  le 
ouléchi6iiiu,   ut;  Ifiui-  apprenait  à  aimer  le  Sau- 
veur Jésub, 
Son  :juiii  pour  r,i|io6lolat  acheva  de  se  montrer 
'      .iilavo  dans  la   sanclilication  du 
Il    y  opéra    des    merveilles  ; 
-     ■  '      rinipiété  y  régnaient 
Il  ni  l'iancois   He^-is  y 
-  -.,.  leiiii-nts,  la  réi-eptioii 
le    l'Kucharistie.  Il  eut  la 

;  ..1    i  inslituer  les  confn'rics  du 

iieitC  11  était  seulement  Agé  de  vingt- 

I  '■si  heureux   et  luie  sainteté  si  pré- 

(-11.  ■  Kiiit  fane   prévoir  ce   que   serait  un 

jour  «»  nnmd  Saint  ;  cependant,  l'heure  de» 
LTands  travaux  n''"tail  pas  encore  venue,  et  se» 
supérieurs  jugeienl  A  propos  de  l'envoyer  dans 
la  ville  du  l'uy,  alln  d'y  enseigner  le»  belles- 
lettres. 


LKJ<rKll..NtXÏ.M 

s  liiil  Pi.i i-  lî'_i-     niiiimé  profe-sem.  '■'li- 

I                                              1  iiire  se»  .i- 

il                                             le  bien     i     ,  i  ut 
.ec    le   plus  ;;rnnd   soin,  el  ne  Irou- 

m  lyrii  plus  sur  île  profi-s«ir  n\rr 
avant  l'heure  de    I  i 
m-  ni    II  L'Ui-nt  l'un 


fn. 
di 


i'VM  rfiuiis,. 

■  ■•  •     ;'rr 


lit 


'iin- 
,ini  .1...  .lia-  .  -.aiidc 
lit  bien   qu'il  MTail  comi- 


I  i  nuit  'l  -'  " 

I  II   atcrlit    '.:      .,    .--  .-i     ,     .        ,  '■    ". 

tépoudtt  :  "  !t*  iroublcf  pnx  le»  rnlretieu»  dt  •  ■  ' 


auge  avec  son  Dieu;  je  suis  bieu  trompé  si  ou  ne 
célèbre  pas  sa  fête  quelque  jour  dans  TEslise. 

ORDINATION 

Au  coniniencement  de  1630,  Régis  eut  ordre  de 
se  préparer  à  la  prêtrise  ;  un  combat  de  Terlu 
s'éleva  alors  dans  son  cœur;  le  zèle  pour  la  gloire 
de  Dieu  et  le  désir  de  sapner  des  âmes  lui  faisait 
désirer  cet  honneur,  tandis  que  son  humilité  le 
remplissait  d"une  suinte  frayeur.  Bientôt  ses  supé- 
rieurs rencouraaèrentel  levèrent  toutes  seshési- 
talions.  Il  se  prépara  à  sa  première  messe  par 
le  jeune,  les  prières  et  les  mortifications.  Ce 
beau  jour  arriva;  il  célébra  avec  une  piété  qui 
fit  l'admiration  de  tous  les  assistants,  car  il  fon- 
dit en  larmes  tout  le  temps  et  paraissait  plutôt 
un  anse  qu'une  pauvre  créature. 

La  peste  décimait  la  ville  de  Toulouse  ;  sur  ses 
instances,  François  Hégis  obtint  la  permission 
d'aller  y  exercer  sa  charité.  Il  se  dévoua  de 
toutes  façons,  sans  compter  ni  avec  le  ûéau,  ni 
avec  sa  jeunesse,  espérant  que  'Dieu  l'attirerait 
plus  tôt  à  lui  ;  mais  il  avait  encore  beaucoup  de 
bien  à  faire,  et  son  pèlerinage  sur  la  terre  devait 
se  prolonger. 

L  ne  dernière  année  passée  au  noviciat,  dans 
laquelle  les  disciples  de  saint  Ignace  s'adonnent 
e.\clusivemenf  aux  exercices  de  piété,  accrut 
encore  ~a  ^iulelé- 

APOSTOLAT   DES   PAir\"BES 

Il  fut  tiré  de  sa  retraite  par  la  ne'cessité  d'un 
voyage  à  Foncouverte,  lieu  de  sa  naissance.  Il  y 
était  allé  pour  ailaires  de  famille  ,  mais  les 
oIjos.-;  de  Dieu  l'occupèrent  bien  plus  que  les 
iii'.'-r  !-  de  ce  monde. 

Voici  comment  il  [>assait  son  temps:  le  matin, 
il  faisait  le  catéchisme  aux  enfants,  puis  il  prê- 
chait, il  entendait  ensuite  les  confessions,  et, 
vers  la  nuit,  il  faisait  une  nouvelle  instruction. 
Dans  le  milieu  du  jour,  il  s'occupait  de  la  Wsile 
.1'  ~  p  luvres,  il  mendiait  pour  eux  chez  les  riches. 
.  t  .riait  ensuite  ses  aumônes  aux  vieillards  et 
au.\  malades. 

Un  jour  qu'il  traversait  les  rues,  portant  sur 
ses  épaules  une  paillasse,  il  fut  hué  par  des  sol- 
dats. Régis  fut  comblé  de  joie  d'être  assimilé  à 
«on  iliviii  Maître  et  de  rerevoir  comme  lui  des 
injures.  Ses  Frères  crurent  devoir  lui  faire  des 

■  1  ■  I  liions  sur  sa  conduite  si  éloignée  de> 
M  11-  du  monde,  et  qui  ne  pouvait  être 
iliiii-i    qui-  i>ar  ceux  qui  comprennent  la   folie 

■  l'-  Il  ■  roix  :  ■■  Exercez,  lui  dirent-ils,  les  œuvres 
'!'■  lui-^ricorde,  mais  faites-le  sans  nous  couvrir 

■  I''  '  'iiifi>Ninn  et  de  ridicule. 

I      ti''  -l  pas  en  s'humiliant,  répondit  Jean- 
Ii  ••  ie*^  ministre»  de  l'Evangile  perdent 

!•  re,  et  pourvu  i}ue  Dieu  ne  soit  pas 

'•'  niporte  I'.";  jugements  des  boniracs  !  ■> 

I  i-iie  rh.irit'-  sans  borne»  lui  concilia 
tou-  le-  <  >i-urs  et  il  eut  la  consolation  de  ramener 
beaucoup  d'Ames  à  Dieu. 

<;.-  -ui'cè»  .«i  consolants  décidèrent  ses  supé- 
!.■  m-  .1  lui  ronfler  exclusivement  la  mission  de 
ri|i  ■-(■•lat.  Il  (oininença  par  la  ville  de  Mont- 
I"   li-i  "U  il  lit  il'"  nombreuses  conversions. 

II  avait  pour  l''->  pauvres  une  véritable  préfé- 
rence ;  souvent  il  rctait  dans  son  coiifi;«sio!inal 
l'p  ir  ■  .  ndre  de  nourriture,  pour 
•  II'  IIS  lies  malheureux,  disant: 

I  -  I-  'i-  ■ju  un'  ip-  manqucmnl  pas  de  con- 
f  --•  !••-  pauvre»,  cette  portion  la  plus  aban- 

1    ■  :,         Il    tr'.iii.<'-tn    ,|..   j...||u.(;|,ri-(,  df.,!  .Mrp 


mon  partage.  »  En  d'autres  circonstances,  on 
['"iitendit  dire  :  »  Venez,  mes  chers  enfants,  vous 
étii-s  mon  trésor  et  les  délices  de  mon  cu;ur.  >•  H 
ne  se  contentait  pas  de  leur  donner  de  bonnes 
paroles,  il  les  secourait,  comme  nous  l'avons 
déjà  vu,  des  aumônes  qu'il  recueillait. 

MULTIPLICA-nON  DU  BLÉ 

Dieu  voulut  le  récompenser  de  sa  charité  par 
un  prodiire  éclatant.  H  avait  une  sorte  de  grenier 
dans  lequel  il  mettait  le  blé  destiné  à  nourrir  ses 
pauvres;  là  on  savait  qu'on  trouvait  toujours  un 
secours,  le  Saint  ne  refusait  jamais. 

Or,  les  temps  étaient  difficiles,  le  blé  rare,  les 
soulTrances  plus  nombreuses,  les  besoins  pKis 
grands.  Une  pieuse  femme  avait  le  soin  de  sa 
provision  de  froment,  elle  distribuait  ses  aumônes 
d'après  ses  ordres.  Un  jour  elle  était  venue  avertir 
le  Saint  qu'il  ne  restait  plus  rien,  pas  de  blé,  et 
plus  d'argent  pour  s'en  procurer.  Sur  ces  entre- 
faites, une  pauvre  femme,  accon.pagnèe  de  ses 
enfants,  vient  lui  demander  un  secours.  Il  appelle 
son  aumônière  et  lui  ordonne  de  satisfaire  au\ 
demandes  de  cette  pauvre  mère.  Marguerite, 
étonnée,  déclare  qu'elle  ne  peut  donner  ce  qu'elle 
n'a  pas. 

«  Allez,  dit  le  Saint,  remplissez  le  sac  de  cette 
pauvre  femme.  » 

Nouvelle  objection. 

"  Allez,  vojis  dis-je  encore  une  fois,  reprit  le 
Saint.  TOUS  l'fouverez  abondamment  du  blé  pour 
elle  et  pour  tous  les  autres.  >. 

En  effet,  les  magasins  étaient  pleins,  et  le  pro- 
dige se  renouvelaplusieursfois  pendant  la  disette. 

MISSIONS    DANS   LE  mill    DK  LA  FBANCC 
PARMI  LES  PROTt'^TAVrs 

n  fut  le  fondateur,  à  Montpellier,  d'une  œuvre 
très  utile  appelée  Maison  de  refu^'e.  lA.  ou 
recueillait  les  .Madeleines  qui,  à  l'exemple  de  leur 
sainte  patronne,  voulaient  arroger  les  pieds  du 
Sauveur  de  leurs  larmes,  et  renoncer  à  leurs 
péchés. 

La  carrière  du  P.  Réeis  dura  dix  ans.  Il  l'exerea, 
non  seulement  à  .Montpellier,  mai>  encore  dans  la 
Vaunase,  dans  le  \  ivarais,  dans  la  ville  du  l'uy 
et  dans  tout  le  Velay. 

Il  séjourna  trois  ans  dans  le  Vivarais  et  renou- 
vela complètement  le  pays  presque  iMitièrement 
protestant.  Deux  conversions  fort  remarquées  en 
entraînèrent  beaucoup  d'autres,  ("e  fui  celle  du 
comte  de  la  .Mothe-Hrinn  qui,  plus  lard,  l'aida 
beaucoup  dans  ses  bonnes  œuvres,  et  d'une  dame 
bérétiiiue  haut  placée  et  connue  pour  !»on  alta- 
cheineut  à  sa  relisioii. 

.\près  cette  mission  frorturn-e.  saint  Fmncois 
Réuis  se  sentit  le  désir  ardent  d'aller  prêcher 
l'Evan^'ile  dans  les  inissinns  du  (^inada,  mais  le 
comte  de  la  Motbe-Brion  insista  tellement  anprès 
des  supérieurs  du  Saint,  qn'il  obtint  une  nouvelle 
mission  dans  la  petite  ville  du  Cheylard,  située 
dans  des  montagnes  couvertes  dcneixe,  où  notre 
.Saint  eut  beaucoup  à  soufl'rirdes  intempéries  de 
la  saison.  Pendant  les  quatre  dernières  années 
de  sa  vie,  il  travailla  à  la  saiictillration  du  Velay. 

Il  commença  SCS  travaux  vers  l'an  l<>36  en  faisant 
simplement  1<'  ratérhisme  dans  l'^i  lise  du  colb  l:- 
d.'s  Jf-suites.  Il  ne  s'adressait  qu  aux  eiifaiil-  •' 
111  peuple;  mais,  hientiM,  tout  c  qu'il  y  a\  i  i' 
plus  distingué  dans  la  ville  accourut  .'i  'i 

rations  de  la  doctrine  chrétienne.  C'r- 
r"-liin;ii-ii'    <~<iinin<'    un    'liiit     ^t    - 


'^'laient  pleins  d'un  feu  céleste  qui  embrasait  les 
ou'urs. 

Il  allait  ensuite  visiter  les  prison^,  les  hôpitaux 
et  lesréduits  di's  pauvres.  D  réuiii^s.iit  les  pauvres 
plusieurs  fois  la  semaine,  en  «rauJ  uoinore,  les 
instruisait,  avec  une  admirable  tendresse,  des 
vérités  de  la  foi  et  de  leurs  devoirs;  il  les  encou- 
raffeait,  les  consolait,  enfin  leur  donnait  une 
gén-Teuse  aumône  qu'il  avait  lui-rai^me  (juètée 
aupri'js  des  riches.  Il  fonda  un  Comité  de  pieuses 
dames  pour  secourir  les  indij^sents. 

SI  i  HA  CLES 

Sesprédicalions  furent  toujours  accompagnées 
de  miracles,  (glorieux  apana^'e  de  sa  sainteté. 
A  Martlies,  une  femme  ayant  obtenu  la  faveur  de 
raccommoder  son  manteau,  en  appliqua  (iuel(|ues 
morceau.x  sur  ses  enfants  malades,  ils  furent 
guéris  jiniiiédiatemont. 

Il  e\posa  plusieurs  fois  sa  vie  pour  combattre 
le  pci'li.-cl  sauverles  âmes,  l'n  homme  de  qualité 
cherrhait  à  séduire  une  jeune  orpheline  par  des 
présents.  Franrois  Hégis  ne  naint  pas  d'aller  le 
trouver,  et  de  lui  reprocher  sa  conduite.  Cet 
homme,  transporté  de  colère,  tire  son  épée  pour 
on  frapper  le  Saint.  Celui-ci,  nullement  effrayé  et 
découvrant  sa  poitrine,  lui  dit  :  n  Krappei,  je 
mourrai  content,  pourvu  que  Dieu  ne  soit  pas 
offensé.  »  Il  convertit  ce  seigneur,  et  la  jeune  flUe 
fut  mise  dans  une  maison  religieuse. 

Trois  jeunes  gens  des  meilleures  familles  du 
l'iiy  résolurent  de  le  tuer  pour  se  ven;jer  des' 
efforts  qU''  faisait  le  S.iint  pour  les  tirer  du  péché. 
Ils  l'attendirent  à  la  nuit  tombante  pour  le  frapper: 
mais  saint  Kiamois  U«'t.'is,  prévenu  par  une 
liiniii'rc  iiitérieiiro,  les  avertit  qu'il  connaissait 
leur  projet,  les  enj.M«pa  à  revenir  à  Dieu,  et 
obtint  d'eux  ce  qu'il  di-sirait 

Deux  aveugles  recouvrirent  aussi  la  vue  par 
l'eflieacilé  de  ses  prières.  Il  guérit  une  feraini.' 
malade  cju'il  était  allé  confesser,  en  mettant  une 
médaille  dans  l'eau  <|u'il  lui  lit  boire,  l'nc  autD- 
fois,  une  pieuse  demoiselle  à  l'extrémité  l'ayant 
fait  demander,  il  se  rontentade  l'exhorter  à  faire 
un  plus  •^aiiit  u-iage  de  sa  santé,  et  l'ayant  appelée 
par  son  nom,  ••Ile  fut  guérie  iinm''-diateinent. 

Dans  une  ville,  un  ri'he  manhand,  impie  et 
d'''bauehé,  avide  de  gains  et  d'arfjeiil,  cherchait  à 
entraver  la  mission  du  saint  religieux. 

i>lui-ci  alla  le  trouver  et,  après  un  cordial 
entretien  ;  ■■  Vous  prodiguez  vos  veilles  et  votre 
santé  pour  am.isser  de  ;.Tands  biens,  lui  dit-il; 
mais  quelle  sera  la  lin  de  toutes  vos  peines'.'  |ji 
inorl  vous  ravira  en  un  instant  le  fruit  de  tous 
vo»  travaux.  Kl  c'est  nour  ces  choses  périssables 
que  vous  oubliez   les  biens  élenii'|s.  .. 

Toute  la  nuit  suivante,  le  marchand  fut  agité 
pat  ces  pensées  et,  le  lundcniain,  il  se  convertit 
sinrèrement. 

Voilà  bien  en  abrutie  <|iielqiips-un'^  des  travaux 
de  saint  François  Kégis;  il  faudrait  une  étude  plus 


lon;.'ue  pour  raconter  tout  le  bien  qu'il  a  fait  ;  tant 
il  est  vrai  que  les  saints  suivent  les  préceptes  de 
Noire-Seigneur  et  se  présentent  devant  le  souve- 
rain Juge  avec  une  mesure  surabondante  de 
bonnes  u-uvres  et  d'actions  héroïques.  Si  cette 
remarque  peut  s'appliquer  à  leurs  travaux,  que 
dire  lorsqu'on  descend  au  détail  de  leur  vertus  ".' 
Eu  ItiiO,  il  supplia  ses  supérieurs  de  le  consa- 
crer exclusivement  aux  missions  des  campagnes. 

VERTUS  DE  SAl.NT  JEAN-FRANÇOIS 

Saint  François  Régis  pratiquait  les  austérités 
les  plus  ri;.'oureuses.  Il  ne  mangeait  qu'une  fois 
le  jour,  jamais  de  viande,  jamais  de  vin.  Il  portait 
toujours  le  cilice,  et  prenait  la  discipline  d'abord 
trois  fois  la  semaine,  ensuite  tous  les  jours, 
jusqu'au  sang. 

In  jour,  en  allant  évangéliser  les  pauvres 
habitants  des  montagnes,  il  tomba  et  se  cassa 
la  jambe;  il  ne  voulut  prendre  aucun  soin,  el  le 
lendemain,  il  était  guéri.  Il  passait  presque 
toutes  ses  nuits  prosterné  dans  les  églises,  sur 
la  pierre  froide,  et  lorsqu'il  ne  pouvait  y  entrer, 
il  restait  à  la  porte  à  genoux  dans  la  neige.  Il 
eut  à  soulfrir  toutes  sortes  de  persécutions,  il 
s'en  réjouissait  et  demandait  à  Dieu  d'augmenter 
ses  souffrances,  disant  que  c'était  sa  seule  con- 
solation. 

(<  Qu'y  a-t-il  au  monde  qui  puisse  attacher 
mon  cu'ur,  disail-il,  si  ce  n'est  vous,  ô  mon 
Dieu.  » 

DERNIÈRE   MALADIE  ET    MORT   OU    SAINT 

Il  mourut  au  champ  d'honneur,  en  mission  à 
Ijj  Louvesc.  Il  prit  froid,  rontracta  une  tluxion 
de  poitrine  et  n  en  continua  pas  moins  à  prêcher 
et  à  confesser;  enlin,  il  toinb.i  en  défaillance,  et 
les  médecins  ju:;èrent  son  état  désespéré. 

Il  reçut  le  Viatique  et  les  derniers  sacrements 
avec  uiie  grande  ferveur;  il  ne  trouvait  de  sou- 
la;;ement  a  se»  souffrances  que  dans  la  vue  du 
crucillx.  l,e  :il  décembre,  il  dit  à  son  rompaiinon: 
••  .\li  !  mon  Frère,  quel  bonheur,  que  je  meurs 
content,  je  vois  Jésus  el  .Marie  <jui  daignent  venir 
au-devant  de  moi.  »  Puis  il  s'écria  :  «<  Seigneur 
Jésus,  je  remets  mon  Ame  entre  vos  mains.  » 
Ce  furent  ses  dernières  paroles .  C'était  le 
31  décembre  1040. 

On  le  proclama  Saint  d'une  vuiz  commune; 
les  miracles  se  succédaient  sur  sa  tombe,  on 
allait  y  prier,  on  était  exaucé. 

Il  fut  (■■ •  l'ii  ITIG  el  canonisé  en  1TS7. 

L'ni  n  pieuse,  d"-slinée  à  régulariser 

les  uni   1.     ...  -iiimes,  a  éiè  placée  sou»  l'invo- 
cation de  sailli  François  Héi;i». 

Ce    t:ranil  Saint,  avant    rendu   la    sanlé   i^    un 
pieux  magistrat,  lui  inspira  cette  bonne   peu-' 
el  perpétua  ainsi  au  delà  du   tombeau   le  bi'  n 
qu  il  ne  cessa  de  faire  peiidaul  son  pèlerina«jc 
sur  la  terre. 


luii!   jjttunt,  V LU tuixti    8,  rue  I  raiHt'i»  I",  i'iri». 


SAINT  HYPACE,  MOINE  EN  BITHYNIE 


Fite   'e  1  7  juin. 


Un  jeune  Frère  offre  sa  vie  pour  la  guérison  d'Hypace,  son  supérieur. 


LX  COnSCL  DE   DIED 

Ce  héros  b^ni  des  peuples  naquit  vers  l'an  380, 
près  des  ruines  de  l'antique  Troie.  Par  une  inspira- 
tion d'en  haut  ses  parents  lui  donnèrent  au  bap- 
tême le  nom  d'Hypace,  qui  signifle  •'  consul  »  ;  il  fut 
digne  de  ce  titre;  toute  sa  vie,  consul  du  Christ, 
il  en  revendiqua  les  droits,  et  lutta  contre  l'enfer. 

Son  père,  chrétien  fervent  et  magistrat  célèbre, 
espérait  revivre  "tout  entier  dans  son  fils.  H  s'ap- 
pliquait à  nourrir  son  àme  des  enseignements  de  la 
foi  et  l'initiait  a  la  science  des  lois  civiles.  Hypace 
pi^nétrait  facilement  les  beautés  de  l'Evangile, "et  en 
pratiquait  les  conseils,  mais  sa  mi''moire  comme 
son  cœur  étaient  rebelles  aux  articles  du  Code 
romain.  A  dix-huit  ans  il  ne  savait  guère  que  les 
lois  de  l'Eglise.  I.e  juge  irrité  leva  un  jour  la  main 
sur  son  fils,  l'enfant  crut  que  sa  présence  au  foyer 
palprnel  serait  une  occasion  de  trouble  et,  obéissant 
a  un-;  secrète  inspiration  de  Dieu  qui  l'appelait  à 
une  vocation  plus  parfaite  que  celle  d'un  magistrat 
civil,  il  s'enfuit  laissant  à  la  Providence  le  soin  de 
diriger  ses  pas. 

IXOBCISTK  —  BERGER  ET  CHA^^rnE 

•  hemin  faisant,  il  arrive  dei^ant  urie  église,  il  y 
're  et  eniend  lire  ce»  paroles:  «  Celui  qui  pour 
l'nmour  de  moi  aura  quill-'  son  père,  sa  mérr,  $es 
frTft,  %e*  tvurs,  ura  récompcmé  au  centuple  et 
pi.^s/  Ura  la  tie  t'ternelle.  »  Hypace  voit  dans  ce» 
mots  le  signe  de  sa  vocation,  la  voix  de  la  grâce 
[■arl»-  rl.iifpment  dans  «on  Am"*  ;  plus  de  doute,  Dieu 
l'appelle  a  se  consacrer  .i  lui  dans  la  vie  relicieuse. 
Cne  caravane  se  diri^>-ait  vers  la  Thrare,  il  le 
joint  h  elle,  paste  le  Bosphore,  traverse  Con^lanti- 


nople  sans  s'y  arrêter,  et  louche  au  terme  du 
voyage.  Un  soir  les  voyageurs,  épuisés  de  fatigue, 
dressent  leurs  tentes  sous  les  arbres  d'une  forêt  ;  à 
peine  sont-ils  endormis  qu'une  troupe  de  démons, 
qui  hantait  ces  lieux,  s'approche  d'eux  pour  troubler 
leur  sommeil  et  les  induire  en  tentation. 

Mais  Hypace  est  là,  son  cœur  pur  et  virginal  est 
un  bouclier  contre  les  traits  de  I  enfer  ;  bientôt  les 
anges  déchus  s'écrient  :  «  En  vain  nous  essayons  de 
séduire  ces  âmes,  car  le  Seigneur  a  donné  à  l'une 
d'elles  toute  puissance  contre  nous  ".  A  ces  clameurs, 
la  caravane  se  réveille  en  sursaut,  et  eniend  les 
esprits  impurs  regagner  leurs  repaires  avec  un 
bruit  sinistre  :  seul  Hypace  dort  paisiblement.  A 
l'aube  ses  compagnons  1  interrogent  :  «  .N'avez-vnuj 
pas  entendu  cette  nuit  ces  bruits  et  ces  spectres  ? 
—  Non  dit  le  jeune  homme,  jamais  je  n'ai  reposé  si 
paisiblement.  >.  Ainsi  Hypace,  encore  dans  la  vie 
séculière,  était  déjà  l'effroi  de  Satan. 

Les  voyageurs  auraient  voulu  conserver  ce  pro- 
tecteur puissant,  et  le  ramener  en  Phryijie,  mais 
malgré  leurs  larmes  ils  durent  le  laisser  suivre  soi 
attrait  pour  la  solitude. 

Le  fils  du  noble  magistrat  se  mit  au  service  d'un 

f'aysan  dont  il  gardait  les  troupeaux.  Cette  charge 
ui  donnait  le  loisir  de  parler  cœur  à  cœur  avec  Dieu  ; 
la  nature  riante  et  grandiose  de  la  Thrace,  son 
troupeau,  image  du  troupeau  du  Christ,  les  paroles 
et  les  exemples  du  Bon  Pasteur  si  tendre  vis-à-vi» 
des  âmes,  tous  les  bienfaits  qu'il  en  avait  reçus,  lui 
fournissaient  des  m»*dilatinn9  pleines  d'amour,  ei 
de  ton  cœur  embrasé,  les  cantiques  d'actions  Je 
f!ràce  montaient  jusqu'à  ses  lèvres.  Les  échos  de  la 
montagne  répétaient  ses  accents  qu'ils  ji^rtaient 
jusqu'au  ciel,  la  nature  tout  entière  cN  hrait  ton 


488 


Seigneur  avec  lui  et  ce  concert  allumait  uii  nouveau 
feu  dans  son  àme. 

Frappé  de  la  voix  harmonieuse  du  jeune  berger, 
le  prêtre  gardien  du  sanctuaire  voisin  résolut  de  se 
l'attacher.  «  Viens  avec  moi,  lui  dit-il,  je  t'enseign'e- 
rai  le  chant  des  psaumes,  et  te  conduirai  dans  un 
monastère,  si  la  vie  monastique  a  pour  toi  des 
attraits.  » 

Ce  salaire  ne  pouvait  manquer  de  séduire  Hypace, 
il  accepte  aussitôt,  et  chaque  jour  la  foule  accourt 
plus  nombreuse  pour  l'entendre  chanter.  Mais  il  n'a 
pas  quitté  le  monde  pour  faire  admirer  sa  belle  voix  ; 
Dieu  seul  est  l'objet  de  ses  désirs,  et  il  répète  après 
saint  Augustin  :  •  Vous  m'avez  fait  pour  vous,  ô 
Seigneur,  l'inquiétude  et  l'angoisse  dévoreront  mon 
:liue  jusqu'à  ce  qu'elle  puisse  se  reposer  en  vous.  >• 

PLUTOT    LE  BUCHER  Ql'B  LK  HONDg 

L'empereur  Arcadius  avait  dans  ses  armées  un 
ofBcier  arménien  dont  la  noblesse  et  la  bravoure 
lui  étaient  si  chères  qu'il  avait  juré  de  ne  jamais 
s'en  sé[)arer.  Un  jour  cependant  le  valeureux  Jonas 
se  charge  d'un  faisceau  de  bois,  s'arme  d'une  torche 
cnd-immée  et  se  présente  devant  son  souverain  en 
disant:  "  Ou  laissez-moi  aller  servir  Dieu,  ou  brùlez- 
moi  sur  le  champ  de  votre  propre  main.  • 

L'empereur  n'avait  pas  prévu  cette  irrésistible 
prière,  il  dut  céder.  Le  guerrier  changea  l'armure 
brillante  contre  l'austère  robe  du  moine,  se  réfugia 
dans  les  déserts  de  la  Thrace,  et  y  bâtit  un  couvent 
avec  les  frères  accourus  sous  son  obéissance.  La 
renommée  des  vertus  pratiquées  dans  ce  monastère 
arriva  jusqu'au  village  où  vivait  Hypace  :  sa  joie  fut 
grande.  >■  Enfin,  dit-il,  j'ai  trouvé  ce  que  je  cherchais 
depuis  longtemps.  »  Il  part  sans  tarder,  demande 
humblement  la  grAce  d  être  reçu  parmi  les  frères, 
et  bientôt  ce  dernier  venu  put  servir  de  modèle  aux 
anciens,  tant  étaient  admirables  sa  modebtie,  son 
obt'i'isance,  sa  mortification. 

L'abbé  Jonas  lui  confia  le  soin  des  religieux 
malades,  mais  le  zèle  de  l'infirmier  ne  trouvant  pas 
à  se  satisfaire  dans  l'enceinte  du  cloître,  il  demande 
et  obtient  la  permission  d'aller  soulager  les  infirmes 
des  villages  voisins.  S'il  en  rencontre  Quelqu'un 
abandonné  par  les  médecins,  il  le  prend  sur  ses 
épaules  et  le  dépose  à  la  porte  du  couvent,  puis, 
agenouillé  comme  un  suppliant  aux  pieds  du  Prieur: 
c  l'ere,  un  pauvre  malade  n  été  laissé  au  seuil  du 
monastère,  ne  me  permettez-vous  pas  de  le  recueil- 
lir? •  L'abbé  :  ourlait,  et  l'infirmier,  heureux  du 
succès  de  sa  pieuse  ruse,  choisissait  la  meilleure 
cellule  et  le  meilleur  lit  pour  son  hôte. 

Quand  les  remèdes  étaient  impuissants  &  guérir 
ses  chers  malades,  il  prenait  leur  main  dans  la 
sienne,  comme  pour  lei  caresser,  et  y  traçait  secrè- 
leiuent  le  signe  de  la  Croix  ;  les  infirmes,  gui'ns 
aussitôt,  voulaient  le  remercier,  le  doigt  sur  les 
lèvres,  il  leur  imposait  silence,  et,  reeardant  le 
ciel,  il  disait  :  ■  C'est  i  Dieu  seul  <|u'il  faut  rendre 
gr&ces.  > 

•icoHPiNM  o'v»  ritkt 

Le  courrier  de  Constantinople  apprend  à  notre 
S'iMl  qu'un  procès  injuste  m<-t  en  péril  les  inté- 
r- '  '  lie  M  famille.  Avec  la  peniii».«ion  de  Jnn«s, 
il  nirt  .\  la  capitale  et  s«  jette  dans  les  bras  4e 

.' ileioenl  surpris  et  heureux  de  le  revoir. 
I  it  désespérait  de  sa  cause,  mais  le  r«li- 

%:  'lie  et  mnoranl  des   ruaes  du   siHcle,  le 

d.  '   conseille   si   bien,  qu'il   en    assure   le 

?u.  ■  •  s. 

Hypace  •  uiuv4  im  hi*n%  temporels  de*  siant;  par 
«••»  pri*r«-«  ■  Ationt  il  va  procwer  leur 

fil'it    Hetu  .X    les    parenla    dont   les 

Iri  lils  •«  (oiit    lUoili.'i: 


Le  cénooite  de  la  Thrace  trouva  des  disciples  dans 
la  ville  impériale;  deux  jeunes  seigneurs,  Tiinothée 
et  Moshion  s'unirent  à  lui  pour  servir  Dieu,  mal- 
gré son  humilité  il  devint  fondateur  d'un  couvent, 
le  premier  peut-être  que  Constantinople  vit  dans 
ses  murs. 

.Mais  le  séjour  des  villes  est  un  obstacle  à  la 
prière;  un  jour  Hypace  dit  à  ses  Frères  :  «  Le  bruit 
du  monde  m'empêche  d'entendre  Dieu,  je  vais 
chercher  le  calme  des  montagnes  et  des  déserts. 
—  .Nous  vous  suivrons  partout  répondent  Timothée 
et  Moshion.  > 

L'humble  communauté  traverse  le  Bosphore, 
aborde  en  Dithynie.ets'arr^te  à  trois  milles  du  rivage, 
a  l'est  de  Chalcédoine,  aujourd'hui  Kadi-Keui.  Dufin, 
préfet  de  la  capitale,  avait  élevé  hi  une  église  en 
l'honneur  des  saints  Apôtres,  et  en  avait  confié  la 
garde  &  des  moines  égyptiens  pour  lesquels  il  avait 
fait  bâtir  un  couvent.  Mais  une  colère  du  peuple 
obligea  les  moines  à  fuir  avec  leur  bienfaiteur, 
l'église  et  le  monastère  de  Itufin  tombèrent  en 
ruines,  et  tous  les  démons  de  la  contrée  s'y  réuni- 
rent. Ilypiice  résolut  de  délivrer  la  maison  de  Dieu 
de  ces  hôtes  impures. 

11  s'arme  du  signe  de  la  Croix  et  pénètre  avec  ses 
disciples  dans  le  sanctuaire  profané.  Les  anges  des 
ténèbres,  comme  des  oiseaux  de  proie  chassés  de 
leur  repaire,  s'éloignent  en  poussant  des  cris  de 
rage.  Chaque  fois  que  les  moines  se  mettent  en 
prière  ils  aperçoivent  un  dragon  de  feu  rôder  autour 
d'eux,  mais  forts  du  secours  céleste,  ils  redoublent 
de  ferveur  et  l'ennemi  est  contraint  de  céder  défi- 
nitivement la  place 

Les  vainqueurs  partagèrent  leur  temps  entre  la 
contemplationf  le  ctiant  des  psaumes  et  le  travail 
des  mains.  L'un  tressait  des  nattes,  l'autre  crdisait 
les  crins  pour  en  faire  des  cilices,  le  troisième  cul- 
tivait un  petit  jardin.  Leur  pauvreté  aidée  par  ces 
petites  ressources  et  les  aumônes  des  fidèles  leur 
permettait  de  secourir  les  pauvres. 

UM    Ql'KRKLLR    UB    HOl.MS    TERMINKI   HKIIEUEBHENT 

Hypace,  Timothée  et  Moshion  rivalisaient  d'union 
avec  Dieu,  de  péiiitenoe  et  d'humilité,  chacun  se 
croyant  toujours  dépassé  par  les  autres  m  reprochait 
sa  l&choté  et  s'inipos.iit  de  nouveaux  elTorls.  Hypace 
crut  que  la  ch.irge  de  supérieur,  devenue  difficile  i 
cause  du  nombm  sans  c«sse  croisnant  îles  reliuieux, 
ne  lui  permettait  pas  de  prier  autant  que  son  d<>voir 
le    lui   imposait,  il  voulut   la  remettre  à    Timothée 

3ui  refusa  éner^-iquement  de  l'acct-pter.  l>>  démon 
e  la  discorde  espéra  un  instant  que  celte  lutte  de 
modestie  lui  ouvrirait  de  nouveau  le  monastère 
d'où  la  prière  l'avait  chassa,  mats  l'humble  pi  leur 
qui  trouvait  son  fardeau  trop  lourd  *o  suuviul  d'' 
la  Thrace  où  il  n'avait  eu  aa'h  obéir  et  jimait  A 
cominandT,  il  quitta  Chalcédoine,  à  la  faveur  des 
tén'-bres,  pour  retourner  au  berceau  de  ta  vie  reli- 
gieuse. C.rande  fut  la  jnie  en  Thracr  k  son  amv''e. 
plus  (fronde  encore  était  la  Inslesse  en  Bithynie  ;  le 
Père  avait  disparu  et  personne  w  Mvail  U  lieu  de 
sa  retraite;  les  agneaux  sans  pasteur  pleurai*  nt  «t 

firiaient;  Dieu  eut  pitié  de  leurs  larmes   •'!  •  vauça 
eur»  prières. 

L'abbé  Jonas,  venu  de  Thrace  4  Constantinople, 
f  tomba  gravement  malade,  et  dans  une  vimoii  il 
entendit  ces  paroles  :  «  l.a  santé  te  »«ra  rendue 
quand  lljpacc  virndra  près  de  toi,  -  Timothée,  qui 
était  accouru  près  dtj  saint  leli^ieux,  apprit  en 
même  temps  cette  r  -l  l"  lieu  "  il 

son   mailr*'.   Il   va  1  '    rt   lui   i 

revenir,  mais  celui-ci  relaie  d<-  lentriiiJrc,  cl  veut 
fuir  encore.  La  veux  de  Dieu  i>  t'iitit  alors  du  ha  l 
des  «eux.    «    Hypace    retoiiro<-    au   mooasler*   d>> 


Hufîn,  je  t'ai  choisi  pour  être  la  lumière  des  peuples 
les  plus  reculés.  »  Tous  adorent  en  silence  la 
volonté  divine,  et  arrivent  vers  Jonas  toujours 
étendu  sur  son  lit  de  douleurs.  Le  fusitif  se  met 
en  prières,  prépare  un  peu  de  nourriture  à  son 
Père  bien-ainié,  et  celui-ci  est  guéri  dès  que  ses 
lèvres  en  ont  touché. 

Quelques  jours  plus  tard,  Hypace  rentrait  à 
Chalcédoine  et  disait  à  ses  moines:  «  Ma  solitude 
m'était  chère  parce  qu'elle  assurait  mon  salut.  Main- 
tenant je  tremble  pour  vous  et  pour  moi,  je  crains 
que  mes  péchés  ne  vous  perdent.  —  Père,  au  désert 
vous  ne  sauviez  que  voire  âme,  répondit  un  Frère, 
ici  vo'is  sauvez  aussi  les  nôtres,  vous  avez  double 
gain  :  soyez  donc  heureux.  )i  Le  Prieur  ajouta  : 
■  Depuis  que  j'ai  quitté  le  monde  je  n'ai  jamais 
entièrement  satisfait  ma  faim,  ni  mon  sommeil, 
imitez-moi  comme  vous  imiteriez  le  forgeron  ou  le 
sculpteur  qui  voudrait  tous  enseigner  son  art.  » 

IL  FADT  CRIER  AD  LOUP  ET  LE  COMBATTRE  SANS  MERCI 

Vers  l'an  430,  un  prêtre  d'Antioche  tristement 
célèbre,  Satorius,  fut  élu  archevêque  de  Constan- 
tinople.  Hypace  priant  pour  le  nouveau  pasteur 
eut  une  révélation  à  son  sujet,  une  voix  lui  dit: 
«  L'Archevêque  sera  intronisé  par  des  laïques, 
avant  quatre  ans  il  tombera  dans  l'hérésie,  et  la 
ville  épiscopale  le  chassera  de  son  sein.  »  Le  Père 
communiqua  ses  craintes  aux  religieux,  et  Dieu 
permit  que  ses  paroles  vinssent,  comme  un  avertis- 
sement salutaire,  aux  oreilles  de  Nestorius.  L'or- 
gueilleux patriarche  en  fut  blessé,  il  passa  à  Chal- 
cédoine sans  daigner  s'arrêter  au  monastère  de 
Rufin,  et  aussitôt  après  son  sacre,  il  envoya  dire  au 
Prieur  :  «  J'ai  été  élu  pour  vingt  ans,  que  signifient 
donc  les  rêveries?  —  Si  les  choses  n'arrivent  pas 
tomme  je  les  ai  annoncées,  répondit  Hypace,  j'ai 
été  le  jouet  d'une  illusion,  si  au  contraire  les  évêne- 
raenls  justifient  mes  paroles,  croyez  que  je  les  tiens 
de  Dieu  même.  » 

Nestorius  accepta  la  gageure.  Trois  ans  s'étaient 
à  peine  écoulés  que  le  venin  de  l'hérésie  souillait 
déjà  ses  discours,  l'impie  niait  l'unité  de  personne 
en  Jésus-Christ,  et  refusait  orgueilleusement  à 
Marie  le  titre  de  Mère  de  Dieu. 

Ces  blasphèmes  ne  purent  pénétrer  au  couvent  de 
Chalcédoine  ;  le  Saint  anathématisa  l'hérétique,  et 
raya  son  nom  des  dyptiques  sacrés.  Eulalius,  évéque 
de  Chalcédoine,  réclama  en  faveur  de  son  métropo- 
litain condamné,  à  son  avis,  trop  rapidement. 
Hypace  se  contenta  de  répondre.  «  Je  n'ai  plus  de 
I  apport  arec  Nestorius  depuis  qu'il  s'attaque  à 
Jésus  mon  Maître  et  mon  Koi,  je  ne  puis  insérer 
son  nom  dans  le  Canon  de  la  Messe,  parce  qu'un 
hérésiarque  n'est  pas  digne  du  titre  de  pasteur 
rlans  l'Eglise  ;  faites  de  moi  ce  que  vous  voudrez, 
le  suis  prêt  à  tout  loufTrir,  et  rien  ne  me  fera  chan- 
ger de  conduite.  > 

Peu  après,  le  concile  général  d'Kphèse condamnait 
l'hérélique  et  acclamait  Marie  Mtc  de  Duu,  aux 
applau<|j«-<^menl8du  monde  chrétien.  Cet  événement, 
heureux  pour  tous  les  fldeles,  dut  l'être  davantage 
encore  pour  le  moioe  intrépide,  qui  avait  refusé,  dè« 
le  commenc^'Uient,  et  avec  tant  de  courage,  de  tfan- 
iiltermc  l'erreur. 

.N'^storius  déposé  alla  expier  ses  crimes  dans 
l'exil  ;  quelque'*  années  après,  de  hauts  personnages 
demandèrent  à  llyjiace  si  l'hérésiarque  obtiendrait 
de  nouveau  le  siège  patriarcal  ;  la  réponse  fut 
sévère.  ><  Si  l'heure  de  l'Antéchrist  a  sonné,  l'exilé 
reviendra,  car  sa  doctrine  est  relie  de  l'enfer,  sinon 
il  ne  sert  jamais  réinléttré  dins  sa  dignité.  Je  rougis 
de  ceux  qui  pactisent  encure  avec  lui  ;  la  colère  du 
S'.'igneor  s'allumera  contre  eux,  et,  s'ils  ne  font  une 


rigoureuse  pénitence,  leur  perte  est  assurée.  Pour 
nous,  gardons  intacte  la  foi  prêchée  par  les  apôtres. 

Les  jeux  olympiques,  abolis  par  les  empereurs 
chrétiens,  allaient  être  célébrés  à  Chalcédoine  grâce 
à  la  munificence  impie  de  Léontius,  riche  habitant  de 
Constantinople.  Tout  était  préparé;  Diane  avait  son 
autel  au  milieu  du  cirque,  les  fêtes  devaient  com- 
mencer par  un  sacrifice  en  son  honneur.  .Mais  le 
consul  du  Christ  ne  peut  tolérer  ce  réveil  du  paga- 
nisme, il  court  au  palais  épiscopal  et  jure  de  mou- 
rir dans  l'amphithéâtre,  plutôt  que  de  permettre 
cette  infamie. 

Le  zèle  prudent  d'Eulalius  redoute  ces  saintes 
indignations;  il  fait  dire  au  Saint:  «  Vous  êtes  moine, 
le  monde  n'est  rien  pour  vous,  laissez-moi  le  soin 
de  cette  affaire.  —  Oui  ce  soin  regarde  Votre  Révé- 
rence, répond  Hypace,  mais  si  elle  l'oublie,  je  l'aver- 
tis que  demain  j'envahirai  le  cirque  avec  mes 
Frères,  nous  renverserons  ''image  de  Satan  de  son 
autel  impur.  »  Après  celte  déclaration,  Hypace  enrôle 
pour  la  sainte  lutte'  les  abbés  et  les  religieux  des 
monastères  voisins. 

Léontius  trembla  devant  cette  nouvelle  armée  ; 
il  prétexta  une  maladie  soudaine,  et  les  jeux  n'eu- 
rent pas  lieu. 

Saint  .\lexandre,  moine  de  l'Asie  Mineure,  était 
venu  s'établir  à  Constantinople  même,  avec  une 
centaine  de  moines  qui  prêchaient  au  peuple,  et 
reprenaient  publiquement  les  grands  de  leurs  scan- 
dales. Les  seigneurs  irrités  lancèrent  leurs  hommes 
d'armes  sur  les  religieux,  qui  furent  couverts  de  bles- 
sures et  condamnés  à  l'exil. 

Hypace  reçoit  les  persécutés  dans  son  couvent  et 
panse  lui-même  leursplaies.  Eulalius  s'effraie  encore, 
et  menace  de  le  chasser  de  Chalcédoine  s'il  retient 
davantage  les  proscrits.  «Les  Religieux  sont  comme 
la  prunelle  de  l'œil  divin,  répond  léSaint,  Dieu  saura 
bien  empêcher  qu'on  les  arrache  de  mes  bras.  " 

Les  paysans  nourris  en  grand  nombre  par  les 
aumônes  du  monastère  s'offrirent  pour  en  défendre 
la  porte,  mais  leur  secours  fut  inutile.  Une  voix 
s'éleva  au  milieu  de  la  foule  qui  assiégeait  le  monas- 
tère :  «  l'Impératrice  charge  les  notaires  publics  de 
prendre  les  noms  des  persécuteurs  des  moines  ».  \ 
ces  mots  la  panique  s'empare  des  assaillants,  jaloux 
des  faveurs  impériales,  et  les  deux  communautés 
sont  laissées  au  bonheur  de  partager  le  même  toit. 

Saint  Alexandre  et  ses  religieux  fondèrent,  a  dix 
milles  de  Chalcédoine,  un  couvent  d'Ascémetesou  des 
moines  tans  sommeil.  On  appelait  ainsi  les  religieux 
de  certains  couvents  qui,divisésen  plusieurs  chœurs, 
se  succédaient  les  uns  aux  autres  dans  l'église  pour 
chanter  les  louanges  de  Dieu  sans  interruption  ni 
jour  ni  nuit. 

POOH  LES  AUTHES  UN  CŒUR  DE  CBAIB  —  POUa  SOI  UN  CCEl'^ 
DE   BBO^'ZE 

Le  plus  cruel  ennemi  des  saints  c'est  la  chair, 
aussi  lui  font-ils  une  guerre  incessante  sans  jamais 
se  lasser  de  combattre,  ni  jamais  désespérer  de 
vaincre. 

Lorsqu'il  sentait  ses  membres  se  révolter  contre 
l'esprit,  Hypace  s'acharnait  &  la  lulte  sans  rien 
pprdre  de  sa  douceur  ni  de  son  calmr-.  •  Si  Dieu  ae 
me  délivre  pas  aujourd'hui,  il  me  délivrera  demain, 
dans  cinq  ans,  dans  dix  ans,  disait-il,  sa  bonté  ne 
m'abandoniwra  jamais.  » 

Cinquante  jours  le  démon  s'obstine  &  arracher  à 
ce  cœur  virginal  un  consentement  à  ses  suggestions 
impures,  cinquante  jours,  pour  dompter  sa  chair 
trop  sensible  malgré  lui  aux  caresses  de  l'eni.'nii, 
le  pénitent  se  refuse  tout  rafralcliissemenl.  iii'  inc 
une  goutte  d'eau  ;  ses  lovres  desséchées  éclai>i,i  et 
se  fendent  comme   un  sol  brûlé  par  le  soleil,   et 


l'athlète  est  toujours  dispos  pour  le  combat  ;  mais 
ses  Frère»  ont  averti  l'Abbé  :  celui-ci  verse  un  peu 
de  vin  dans  une  coupe  qu'il  présente  à  l'héroïque 
religieux.  Hypace  n'a  jamais  goûté  de  vin  dans  sa 
vie,  mais  heureux  d'obéir,  il  ajoute  une  nouvelle 
mortification  à  la  première  en  acceptant  ce  breuvage 
répugnant  pour  lui.  Cet  acte  d'humble  obéissance  lui 
valut  la  victoire.  Toutefois  il  ne  voulut  pas  s'endormir 
dans  une  fausse  sécurité,  et  sachant  que  l'ennemi 
reviendrait  à  la  charge,  il  continua  de  combattre. 

Chaque  carême  il  fait  murer  la  porte  de  sa  ceN 
Iule,  ne  se  réservant  qu'une  étroite  fenêtre  pour 
s'entretenir  avec  les  moines.  Ses  jours  et  ses  nuits 
ne  sont  plus  qu'une  longue  prière,  accompagnée 
d'une  telle  abondance  de  soupirs  et  de  larmes,  que 
tous  ceux  qui  l'entendent  sont  émus  de  pitié.  Il  ne 
prend  son  cbétif  repas  :  un  peu  de  pain,  d'eau  et 
d'herbes,  qu'.ipr^s  s'être  imposé  vingt-quatre  heures 
d'abstinence  complète. 

Le  jour  de  Piques,  H'i'pace  quitte  sa  retraite,  et 
va  célébrer  la  messe  à  î'éplise  des  saints  Apôtres, 
où  tout  le  peuple  accourt  pour  être  témoin  de  sa 
ferveur, entendre  le  merveilleux  éclat  de  sa  voii,  et 
contempler  le  feu  divin  qui  rayonne  autour  de 
son  visage  pendant  l'accomplissement  des  saints 
nivstùres. 

Dieu,  vaincu  par  tant  d'amour,  mettait  en  quelque 
fMPte  sa  toute-puissance  au  service  de  la  charité 
.uidacieuse  et  prodigue  de  son  serviteur. Polychrône, 
habitant  de  Chalcédoine,  souffrait  au  pied  d'un 
ubtre  <iui  ne  lui  laissait  pas  de  repos;  il  vient  se 
jeleraux  genoux  d'ilypace  et  le  supplie  d'avoir  pitié 
de  lui.  Le  thaumaturge  répond  :  «  Fais-loi  extraire 
l'os  du  pied,  je  prierai,  et,  si  tu  es  guéri,  reconnais 
à  ce  signe  que  Dieu  te  veut  dans  un  monastère.  • 
Les  médecins  se  récrient  :  ■■  Si  l'on  extrait  cet  os, 
la  marche  sera  absolument  impossible.  »  Mais  Poly- 
chrône a  plus  de  confiance  aux  paroles  du  moine 
qu'aux  lumières  des  experts;  Dieu,  qui  a  façonné 
.Adam  d'une  poignée  d'argile,  peut  bien,  à  son  avis, 
mouvoir  une  jambe  de  chair  en  dehors  des  règles 
de  la  médecine.  Il  se  soumet  à  l'opération  et  il  est 
guéri  aussitôt.  Il  passa  le  reste  de  sa  rie  au  monas- 
tère de  Rufin. 

Di>â  jaloux  empoisonnent  la  citerne  du  couvent, 
le-  Itelieieux  tombent  successivement  malades  et  à 
l'heure  de  l'office  l'église  est  presque  vide.  Le  cœur 
du  Père  est  afllig<'-,il  prie  ;  trois  vieillards  lui  appa- 
raissent comme  tenant  conseil  entre  eux.  S'arrétant 
en  un  point  du  jardin  ils  disent:  •  C'est  ici  qu'il  fau- 
drait creuser  pour  trouver  une  fontaine  »  puis  la 
vision  disparaît.  Hypace  saisit  une  pioche  et  court 
au  Heu  marqué, au  premier  coup  jaillit  une  eau  douce 
et  limpide  qui  r.'ud  la  santé  &  tout  le  monastère. 

Les  prêtres  grec?  apportent  un  petit  pain  &  l'autel 
et,  avant  de  commencer  la  mctse,  lorsqu'ils  ont  déjà 
revêtu  les  ornements  sacrés,  ils  en  coupent  une 
partie  avec  une  lame  d'or,  pour  la  consécration, 
;>iils  dirisent  le  reste  en  menus  morceaux  pour  les 
d'^trlbuer  au  peuple  :  ce  «ont  les  eulogies  ou  pain 
b'-niU 

Les  eulogies  d'Hypace  avaient  une  vertu  parti- 
culière, rien  n'était  si  efficace  contre  les  maladies 
ou  contre  les  accidents. 

L'n  enfant  dans  une  chute  s'était  meurtri  la  tête, 
l'o-il  nrraché  de   l'orbite  pendait  sur  la  joue  déchi- 
re» ;  i.ii  .-ipplifjue  sur  la  blessure  le  paifTbénit  par  le 
I  tniile  trace  du  mal  disparaît. 
•■•    provisions    abondent   au   monastère  de 
(t'iiiti.  jnelle»  M)ient  insuriisanles  h  l'entretien 

lies  Helii;.-    v    eiix-mêmeii,  les  pauvret  en  r ■ivenl 

Inujour»  leur  [irt  l'ne  fuis  les  celliers  élaienl  vides, 
Ih  pBce  priait  .i  ■■  ■■■■  Inrme*  le  Seinnenr  de  lin  donner 
■I-   quoi  nourrir   <  i  timins  li-«  iiidiftenls;  unangelui 


apparut  et  lui  dit  :  «  Cesse  de  l'attrister,  jamais 
aucun  des  tiens  ne  manquera  du  nécessaire.  » 

Dans  une  de  ses  visites  aux  monastères  do  Bilhynie, 
le  Saint  et  ses  compagnons  sont  abordés  par  un 
pauvre  implorant  l'aumône  au  nom  de  Jésus-Christ. 
il  n'y  a  qu'un  petit  pain  dans  la  besace  des  vova- 
geurs, ce  quatrième  convive  est  de  trop. Hypace,  pour 
lui  céder  discrètement  sa  part  au  fruyal  festin,  feint 
d'avoir  oublié  quelque  chose  au  monastère  voisin, 
retourne  quelque  temps  sur  ses  pas  et  ne  rejoint  les 
voyageurs  qu'après  l'achèvement  de  leur  repas. 

Pendant  qu'ils  gravissaient  le  mont  Olympe,  asile 
aimé  des  solitaires  dont  il  conserve  encore  aujour- 
d'hui le  souvenir,  le  ciel  se  couvre  de  nuages  et  une 
tempête  s'abat  sur  la  contrée:  le  Père,  ému  de  voir 
ses  compagnons  sous  les  coups  de  l'ouragan,  mur- 
mure une  prière  :  les  torrents  de  pluie  comme 
autrefois  ceux  du  Jourdain  restèrent  suspendus  au- 
dessus  de  leur  tête,  et  ils  achevèrent  leur  route  sans 
être  mouillés. 

Les  démons  n'avaient  pas  de  plus  cruel  ennemi 
que  le  Saint  de  Chalcédoine,  il  les  chassait  du  corps 
de  tous  les  possédés,  et  confondait  les  magiciens. 
Les  esprits  impurs,  mis  en  fuite  par  ses  prières,  pous- 
saient des  cris  de  rage  :  •  Voleur,  lui  disaient-ils, 
pourquoi  nous  arraclies-tu  nos  biens?»  Les  échos 
du  monastère  répétaient  ces  clameurs  et  les  Frères, 
confiants  dans  la  puissance  de  leur  Père,  riaient 
de  l'impuissance  et  du  désespoir  de  Satan. 

LA  NAISSANCK  A  LA  VIE  QL'I  NB  FIKIT  PAS 

Hypace  avait  dépassé  quatre-vingts  ans;  son  corps 
épuisé  par  les  jeûnes,  mais  toujours  beau,  malgré 
la  vieillesse,  avait  la  pâleur  et  la  transparence  de 
l'albâtre  ;  son  opulente  chevelure  de  prêtre  grec,  et 
sa  longue  barbe  blanche  couvraient  de  leurs  Ilots 
de  neige  sa  poitrine  et  ses  épaules.  Un  l'aurait  dit 
revêtu  de  la  robe  immaculée  des  élus  pour  entrer 
dans  l'éternité  dont  il  touchait  le  seuil. 

L'ne  fois  déjà,  il  en  avait  salué  l'enivrante 
aurore  dix  années  auparavant;  mais  un  novice  de 
dix  ans,  un  ange,  échappé  de  son  berceau  pour 
venir  partager  la  bure  et  le  grabat  des  moines, 
s'était  jeté  à  genoux  en  s'éeriant  :  "  Seigneur,  la  vie 
de  notre  Piire  est  encore  utile  sur  la  (erre,  prenez 
la  miei.ne  et  rendez-le  à  mes  Frères.»  L'holocauste 
avait  été  accepté,  le  jeune  moine  penchant  la  tête, 
comme  une  fleur  inclinée  sur  sa  tige, s'était  endormi 
pour  toujours,  et  le  vieillard  avait  dû  revenir  des 
portes  du  ciel  pour  y  laisser  entrer  son  lils. 

Enfin  l'exil  d'Hypace  louche  a  son  terme.  Dieu  le 
lui  a  révélé.  Le  Prieur  fc  fait  porter  à  l'autel  et  y 
assemble  ses  Keliuleui,  il  leur  distribue  le  pain  des 
anges,  dont  il  s'est  muni  lui-même  une  dernière  fois, 
il  les  bénit  et  leur  dit  :  "  Mes  fils,  le  temps  de  mon 
épreuve  est  achevé, de  grands  mnliieur»  vont  fcuidre 
sur  ce  pays  infidèle  a  la  foi,  soyez  for(s  dans  la  lulle, 
vivez  pour  mériter  la  vraie  patrie.  Dieu  m'nppelb'. 
je  m  en  vais.»  Le  maître  se  lut,  s'nppiiya  «m 
les  bras  de  ses  disciples,  et  expira.  Hypace,  mort 
pour  la  terre,  venait  de  naître  au  ciel. 

Ses  prédiction»  s'accomplirent  bientôt;  les  Hiiim 
firent  trembler  le  trône  des  princes  de  llvsaiice 
devenu»  hérétiques  et  rav«(;erent  LKnipii»  Lit 
Turc»,  autres  Iléaux  de  Dieu,  vinrent  n(.rc  »  eux. 
et  Conslantinople  schisroatique  gémit  encore  soin 
leurjoug. 

Le  couvent   de  Rufin  «»l  de  nouvenn    tombé  en 
ruine»,  mai»  l'œuvre  des  moine»,  phémi  immnrlel. 
renaît   toujours  de    ses   cendre»:    pie^   de   1  i 
iiionnslère,  deux  autre»  ont  surgi  ;  cumme  an  ' 
d'Hvpace  on  y  travaille  et  l'on  y  prie  |>oiir   I. 
de»    .^nie*   et  le  triomphe  de   I  Kulise,    Epnu 
J''«u«-r,hri'( 


■j/rant  :  PinmiiiKT,  H,  rue  Kr«nç'>l»  I",  P«rn 


SAINT   LEONCE 

ET     SES     COMPAGNONS,      MARTYRS 


Fétu    h  1S    i'iin. 


Hypatiu»  et  Théodule,  éclairés  enfin  par  la  lumière  de  la  grâce,  se  jettent  aux  pieds 
de  saint  Léonce  et  lui  demandent  pardon  d'avoir  persécuté  les  chrétiens 


m  SKNATBUn  ROMAIN  INNEMI   DES  CHRÉTIENS 

Le  monde,  fatigué  des  excès  et  des  folies  de  Néron, 
semblait  se  reposer  un  moment  sous  le  règne  de 
l'erapTeur  Vespasien.  Dieu,  qui  avait  donné  récem- 
ment au  peuple  romain  et  à  l'univers  tout  entier  le 
grand  spectacle  de  la  foi  et  du  courage  des  martyrs, 
venait  de  'lérouler  aux  regards  de  l'empire  étonné, 
un  tableau  d'une  effrayante  vérité,  celui  du  châti- 
ment de  Jérusalem.  Déjà  la  grande  Rome  des  Césars, 
riersécutrice  et  tnivrie  du  sang  des  martyrs,  pouvait 
ire  à  I*  triste  lueur  des  flammes  qui  dévoraient  la 
ville  déicide,  l'arrêt  de  sa' propre  condamnation, 
quan'l  des  (lots  de  sang  chrétien  auraient,  pendant 
trois  siiclei,  inondé  le»  rues  et  les  parvis  de  ses 
temples. 

Cependant,  même  au  sein  de  la  plus  auguste 
•ssemM'^e  qui  régit  alors  le  monde,  même  au  miliea 
du  sénat  de  Home,  on  vit  surgir  des  sénateurs  qui, 
la  glaive  k  U  main,  s'élançaient  h.  la  poursuite  des 


chrétiens  et  ne  craignaient  pas  de  souiller  d'un  sang 
innocent  la  toge  sénatoriale. 

Le  sénateur  Adrien  fut  de  ce  nombre.  C'était  un 
homme  cruel,  à  l'œil  dur,  au  cœur  altéré  de  sang; 
jamais  un  sentiment  de  compassion  ou  de  pitié 
n'avait  trouvé  naissance  au  fond  de  son  âme  ;  comme 
tous  les  païens,  il  était  sans  affection  «  sine  affee- 
t'one»,  selon  le  mot  de  l'Apôtre.  —Une  nature  aussi 
farouche  était  loin  d'aimer  la  religion  chrétienne, 
relicion  d'amour  et  de  charité.  Dès  qu'il  entendait 
parler  des  chrétiens,  ses  fureurs  redoublaient  contre 
ceux  qui,  disait-il,  séduisaient  les  foules,  éloignaient 
le  peuple  des  autels  et  des  sacrifices,  et  les  pous- 
saient à  l'adoration  d'un  seul  Dieu. 

Cette  vérité  de  l'unité  de  Dieu  renversait  tous  les 
calculs  de  la  sagesse  antique,  et  Rome,  le  refupc 
assuré  de  tous  les  faux  dieux,  ou  pour  mieux  dire, 
de  tous  les  démons  de  l'univers,  était  élranBoriicnt 
étonnée  à  la  prédication  d'une  vérité  pourtant  si 
fondamentale. 


DS  ROMB  A    TKIPOU  LE    TRIBUX    BTPATICS  —  H    VISION 

DD  SOLDAT  païen 

Muni  d'an  édit  impérial,  Adrien  ra  au  prétoire. 
Aussitôton  lui  remet  une  compacnie  de  soldats  sous 
les  ordres  du  tribun  Hjpatius,  oflicier  plein  de  cou- 
rage et  d'une  prande  Taleur  guerrière,  et  qui  unissait 
à  ces  Tertus  d'un  vrai  militaire  un  grand  esprit  de 
religion.  Malheureusement  sa  religion  était  fausse. 

Mais,  de  quel  cdté  Adritn  ra-t-il  diriger  sa  troupe? 
Les  soldais  sont  sous  sa  main  ;  un  tribun  à  leur  tête  ; 
ils  attendent  des  ordres.  Vers  quel  point  d«  l'empire 
les  lancera-t-il?  Le  Christ  Tient  à  peine  de  paraître 
et  déjà  lei  adorateurs  de  sa  divinité  couvrent 
riinivert  connu  dfè  anciens.  Le  sénateur,  persé- 
cutr^ur  des  disciples  de  Jésus, a  entendu  parler  d'un 
soldat  chrétirii  du  nom  de  Léonce  qui  habite  Tripoli. 
<•  Tribun,  dit-il,  à  llypatius,  conduisez  vos  hommes 
à  Tripoli;  qu  on  s'y  empare  d'un  certain  Léonce  et 
qu'on  le  jette  dans  les  fers;  j«  tous  suivrai  dans 
quelques  jours  pour  venger  sur  cet  impie  la  vio- 
lation Ap.  nos  décrets  sacrés  et  la  majesté  de  nos 
■   ■    ■      '''nsés.  • 

;us  obéit;  mais  à  peine  avait-il  franchi  la 
pr  ducie  étape  que  soudain  il  se  sentit  atteint  des 
ar'iturs  de  la  fièvre;  bientôt  il  lui  fut  impossible  de 
continuer  sa  route.  On  s'arrête.  Les  soldats,  dans 
l'angoisse  la  plus  grande,  porteut  leur  chef  dans  une 
pauvre  habitation.  Pendant  trois  jours  le  tribun  est 
)  n  proie  a  des  souffrances  horribles.  Quand  la  dou- 
l'ur  lui  donnait  quelques  moments  de  rel&che,  on 
l'entendait  s'écrier  d'une  voix  entrecoupée  de  san- 
(jlols:  «  Oui,  les  dieux  sont  irrités  contre  me-,  mal- 
heureux, j'ai  n'égligé  à  mon  drpnrt  d'offrir  une 
viriime  pour  détourner  leur  indi^iiiation  et  apaiser 
leur  colère.  »  llypatius  ne  pouvait  pas  encore  com- 
prendre que  ces  épreuves  étaient  une  grdce  de 
Dieu.  Il  lui  fallait  de  nouvelles  lumières  pour  péné- 
trer la  profondeur  du  mystère  de  la  souffrance.  Dieu 
ne  pouvait  les  refuser  h  une  dme  aussi  droite. 

La  nuit  suivante,  le  païen,  toujours  en  proie  aux 
anl'  ii>  de  la  fièvre,  se  plaignait  amèrement  en 
liji  ui'  1116  de  son  malheureux  sort.  Tout  k  coup,  un 
'.'•'  •.  un  ange,  revêtu  d'une  longue  tunique 

Il  résente  a  ses  yeux  :  •<  Tribun,  lui  dit-il, 

M  '■■■  'i.-:i'-,  re<  ouvrer  la  santé,  crie  trois  fois  :  uOieu 
.!•  (•'uiicc  le  rliri'tien,  je  t'en  conjure,  viens  à  mon 
•  '.''.'i'ur^«.  •  llvjjalius  se  trouble,  ses  esprits  sont  bou- 
le\ei,,.s.  mais  qup  faire?  Cependant  le  regard  de 
l'cnTuvi'-  céleste  devient  menaçant  ;  le  p.iien  efsoie 
de  répondre  :  •  L«  Dieu  de  Léonce...  le  Dieu  des  cbré- 
tieiw...  mais  je  suis  envoyé  pour  m'emparer  d«  son 
disciple  et  tu  veux  que  je  crie  :  ■  Dieu  de  Léonce 
Tiens  4  mon  secours  et  sauve-moi.  >  Finalement  il 
obéit  et  aussitôt  se  trouva  en  olcine  .tante. 

A  peine  le  soleil  éclairait-il  la  terre  et  déjÀ  llypa- 
tius avait  réuni  ses  soldats.  Leur  raconter  sa  viMon 
fut  son  premier  soin,  son  récit  trouva  des  incrédules. 
Il  résolut  néanmoins  de  se  rendre  a  Tripoli  avAC  un 
se.i  tMM,it.  le  i>nl  <jue  Dieu  ei^t  juf.'é  digne  de  la 
I  iliue  du  martyre  qui.ileur  iosu,  leur  était  préparé* 
u  t  11  cette  ville. 


'-■«co-rma  iii*mi(i>ini 


maan  «ans  li  satoi» 


l^  l'rovidemce  divine  avait  tout  ménaiiié.  Dés  que  les 

•ol  '  - -'•ni  sur  l*  h-' —    ■  •   >-  —  —'-■■•■■    ■•- 

■  n  '-sente  fc  - 

il.  '   ■.-  t-r^ 

•on 

re|.ir 

l'i 

nu  ,  :■,.._ 

ils   venaiant   •'•mparer,    les  deux    soldats    n  osent 


avouer  franchement  le  but  de  leur  voyape  :  «  .Nous 
cherchons,  répondent-ils,  un  certain  Léonce,  on  U 
dit  docte  et  pieux. 

>  Le  préfet  Adrien  viendra  bientôt  pour  le  conduire 
à  Rome;  la  renommée  de  ses  hauts  faits  et  de  son 
amour  pour  les  dieux,  s'est  répandue  jusqu'à  la 
grande  ville,  l'empereur  lui-même  «t  le  Sénat  tout 
entier  désirent  jouir  de  sa  présence.  —  Je  le 
vois,  reprend  Léonce,  vous  êtes  étrangers  dans  cette 
ville,  et  vous  ne  connaisses  pas  le  pays  que  vous  tra- 
versez. Venez  et  reposez-vous  chez  moi;  je  sais  où 
demeure  Léonce,  moi-même  je  vous  le  montrerai  ; 
mais  il  n'est  pas  si  attaché  au  culte  de  vos  faux 
dieux  que  vous  croyez;  je  sais  qu'il  t-st  chrétien  et 
que  son  cœur  est  inébranlablement  hdèle  à  la  foi 
de  Jésus-Christ.  •  Un  tel  discours  étonna  vivement 
les  deux  soldats.  «  Comment,  se  dirent-ils,  cet 
homme  sait-il  que  Léonce  est  chrétien  ?  Serait-il 
un  parent  ou  quelque  connaissance  de  celui  que 
nous  cherchons?  >> 

Théodule,  c'était  le  nom  du  compagnon  d'armes  du 
tribun,  prit  la  parole  :  •  Quel  est  votre  nom,  nubla 
habitant  de  cette  ville?  —  Il  est  écrit  de  mon  nom: 
Tu  fiiulerm  a\ix  pieds  l'aspic  el  le  basilic,  et  tu 
dompteras  le  lion  et  U  drajon.  Ce  lion  et  ea  dragon 
n'est  autre  que  le  préfet  Adrien  dont  ja  foulerai  aux 
pieds  l'orgueilleuse  impiété.  > 

Cet  entretien  devenait  de  plus  en  plus  mystérieux. 
I.e  tribun  hésitait.  Suivrait-il  plus  lonjjtemps  cet 
étranger  que  le  hasard,  pensait-il,  lui  avait  fait 
rencontrer?  Mais  l'alTabilité  et  les  bonne»  :—•<■.<  de 
l'inconnu  les  retinrent.  «  Nous  voilà,  lui  du  i  - 

venus  à  votre  demeure,  h&tez-vous  de  n......  ^u- 

vrir  et  de  nous  indiquer  où  est  Léonce  le  chrétien.  * 

LA    CONVERSION    —    LA    SaANDI    HIStaiCORDa 

Après  ces  paroles,  Léonce  (car  c'était  lui-même) 
crut  que  l'heure  était  venue  de  se  faire  connaître. 
U  lève  les  veux  au  ciel  comme  pour  invoquer  le 
Christ  avant  ce  grand  acte;  puis  il  regarde  les  sol- 
dats et  leur  dit  d'une  voix  ferme  et  assurée  :  •  Ce 
Léonce  que  vous  cherchez,  c'est  moi-même,  je  suis 
ce  soldat  du  Christ  que  poursait  l'impie  Adrien.  • 

Un   coup  de  foudre   énranlant  la   maison  jusque 
dans  ses  fondements  n'eût  pa? 
dats  autant  d'émotion  qu'une 
tombent  à  terre  en  s'écriant  :  ••   .^> 
Très-Haut,   ayez   pitié   de   nous   et 
notre  crime.    Délivrcz-iioiis  île    la   K.,,u 
c'en  est  fait,  nous  sommes  clireticiisl  » 

Léonce  rend  grdce  au  Tout-Puissant  et  le  conjure 
de  conserver  jusqu'à  la  (In  ces  nouveaux  serviteurs 
de  son  divin  Kils. 

LI  SAFrâKE  —  LE  raSMiBa  miracle  —  l'acco  satios 

Après  les  avoir  instruits  de»  mystères  de  notre  foi. 
il  répand  l'eau  sainte  sur  leur  front  et  d 
Amr,  an  nom  du  Père  et  du  Fils  et  du  Saii.'  i 

1'  Mire  de  l'innocence  et  de  la  grlc«.   Uais 

f>  -  !  à  peine  l'eaii   «.leré»  je»  ,i.t-«lle  puri- 


ix  sol- 
».  Ils 
1  Dieu 
■  nous 
kIuIos  ; 


fil  i  ,^u  une  I 
loppe    les    I 


du  Ciel,  rnve- 
leur    cour    la 

iiibrase 


■  ;,t 


.  de  la  Tille.  Il 
venait,  comoe  il  l'aTait  promis,  procéder  à  rarres- 


tation  et  à  l'interrogatoire  du  chrétien  Léonce.  Une 
surprise  plus  grande  l'attendait. 

«  Pourquoi  ce  tumulte,  demanda-t-il  ?  et  qui  peut 
souleTer  ainsi  une  cité  d'ordinaire  si  paisible?  — 
Le  peuple  est  ameuté,  lui  répondit-on,  contre  Léonce 
le  chrétien. 

«  Il  a  séduit  tos  soldats  et  dans  son  irrémédiable 
folie,  il  ne  cesse  de  prêcher  un  Dieu  que  Pilate,  à 
l'instigation  des  Juifs,  attacha  à  un  gibet  infâme.» 

La  fureur  du  préfet  ne  connaît  plus  de  bornes. 
«Qu'on  arrête  aussitôt, s'écrie-t-il, ces  insensés,  qu'on 
les  jette  dans  un  noir  cachot;  je  Teux  dès  demain 
les  assigner  à  mon  tribunal.  > 

LA  PRISO.I  —  LK  COBBAT 
QO'lL  EST  DOUX  OB  SOUFFBIR  POUR  JB8US 

Rien  de  plus  beau,  rien  de  plus  touchant  que  le 
spectacle  qu'offraient  aux  yeux  du  mondepaïen,  les 
martjr»  enchaînés  pour  l'amour  de  Jésus-Christ.  On 
n*".  rencontrait  pas  chez  eux  ce  morne  désespoir  ou  cet 
orgueilleux  dé û  jeté  à  la  mort  par  des  malheureux  qui 
bientôt  ront  tomber  tous  les  coups  de  la  justice  hu- 
maine. Lt  martyr  était  tranquille,  une  immense 
paix  inondait  son  âme,  et  son  front  serein  semblait 
renéter  quelque  chose  de  la  douce  immortalité  dont 
il  allait  bientôt  jouir.  La  prière  toujours  ardente  dans 
son  coeur  et  sur  ses  lèvres  retentissait  sous  les 
lombres  routes  d«  sa  prison  et  les  louanges  qu'il 
adressait  &  Dieu  faisaient  écho  aux  joyeux  accents 
des  séraphins  du  ciel. 

Si  la  Proridence  lui  donnait  de  vaillants  compa- 
gnons de  souffrance,  ce  n'était  alors  que  chants 
d'allégresse  et  d'amour  ;  on  s'entrenait  du  bonheur 
de  la  vie  céleste  et  de  la  gloire  que  le  Christ  a 
réservée  à  ceux  qui  ont  vaillamment  combattu,  on 
jetait  un  dernier  adieu  à  la  terre  qu'on  allait  quitter 
pour  entrer  dans  le  saint  repos  du  ciel.  Tels  furent 
Léonce  et  ses  compagnons  la  nuit  qui  précéda  leur 
interrogatoire. 

A  l'aube  du  jour,  le  préfet,  siégeant  sur  son  tri- 
bunal, fit  comparaître  les  accusés.  Il  interrogea 
d'abord  Léonce.  •■  Qui  es-tu,  lui  dit-il,  pour  oser,  par 
tes  maléfices,  détourner  nos  soldats  du  service  de 
l'auguste  empereur  ?  Quel  est  ton  rang  ?  Quelle  est 
ta  condition? 

—  Je  suis  soldat  du  Christ,  reprend  Léonce,  je 
suis  enfant  de  la  lumière  qui  illumine  tout  homme 
venant  en  ce  monde,  enfant  de  Jésus-Christ.  Hypa- 
lius  et  Théodule  ont  connu  l'inanité  de  vos  dieux 
de  bois,  de  pierre  ou  d'airain,  ils  sont  inébranla- 
blenient  unis  à  cette  lumière  divine  qui  t'est  mani- 
festée à  leurs  yeux.  » 

A  ce  lanj;age,  le  préfet  bondit  sur  son  siège. 
•  Qu'on  le  frapp>;  de  verges,  cria-t-il;  bourreaux, 
saisissez  vos  ongles  de  fer;  déchirez  le  flanc  de  cet 
in^Hiisé,  Qu'il  ariprenne  k  respecter  la  majesté  des 
immortelsl  — "Tu  crois  m'infliger  un  terrible  sup- 
plice, cruel  Adrien,  dit  Léonce,  mais  c'est  &  toi- 
même  que  tu  prépares  d'effroyables  tortures.  » 

LBS  PkKMIERS  COtTRONMis 

nuTTlK  of:  sai:it  rtfatiu!)  rr  db  saint  thkoduli 

Le  préfet  ordonne  alors  aux  deux  soldats  d'appro- 
cher :  »  Pourquoi,  leur  dit-il,  abandonner  les  autels 
qu'ont  vénéré?  vm  pères,  pourquoi  mépriser  les  dieux 
qui  oui  [,roiÂf.<  ïosjeunes  ans?  Songez  àvotre  solde, 
qu:  nouveau,  la  honte  de  la  terre.  • 

I  •  .ri  lui  réi'ondirent:  "  Notre  âme  s'est 

nourri*  du  pain  d'i nimorl,ililé,  du  pain  descendu 
du  rie|,  nos  lèvres  ont  tremp"'?  au  calice  rempli  d'une 
liquoiir  divine.  Loin  de  nous  ces  mets  terrestres  et 
gr/ssM'rs;  Dieu  sfiul,  Dieu  seul  est  notre  nourriture. 


Tu  nous  parles  de  solde;  quelle  récompense  peut 
être   comparée    à  la  possession  de  la  gloire  céleste. 

—  Je  le  vois,  dit  Adrien,  les  folies  de  Léonce  ont 
eu  prise  sur  vous.  Ignorez-vous  les  décrets  de  l'em- 
pereur ;  craignez  la  rigueur  de  son  courroux,  -t- 
Ordonne  ce  que  tu  voudras  ;  nous  ne  combattons  que 
pour  la  milice  céleste.  » 

Ce  calme  en  face  de  la  mort  exaspéra  le  préfet. 
;■  Inutile,  dit-il,  de  prolonger  plus  longtemps  cet 
interrogatoire.  Frappez-les  de  verges  et  tranchez- 
leur  la  tête.  » 

Les  courageux  confesseurs  lèvent  ic-s  yeux  au  ciel 
«  Recevez,  Seigneur,  notre  esprit  entre  vos  mains.  » 

Telle  fut  leur  dernière  prière.  Le  bourreau  accom- 
plit son  triste  office.  Les  tètes  des  courageux  athlètes 
roulent  à  terre,  attestant  encore  une  fois  la  gloire  de 
Jésus  crucifié  qui  sait  si  bien  gagner  les  cœurs  et 
se  donner  des  amis  fidèles.  Et  quel  roi  en  effet  peut 
se  vanter  d'être  aimé  à  ce  point? 

NOUVEL   INTBBROGATOIBB   —    NOUVBADX    SUPPLICES 

Léonce,  le  corps  meurtri  et  tout  couvert  de  94ng, 
est  ramené  au  pied  du  tribunal. 

«  Comprends-tu  maintenant,  s'écrie  le  préfet,  la 
puissance  de  nos  dieux.  D'immenses  honneurs  te 
sont  réservés,  choisis;  préfères-tu  les  tourments 
dans  lesquels  ont  péri  le  tribun  et  Théodule;  ne 
vaut-il  pas  mieux  pour  toi  siéger  dans  le  sénat, 
honoré  du  prince  et  de  Rome  entière? 

—  A  Dieu  ne  plaise,  répond  Léonce;  ton  empe- 
reur est  l'exécrable  ennemi  du  Dieu  vivant.  Mais, 
écoute,  Adrien,  si  tu  devenais  l'ami  du  Christ,  quel 
honneur,  que  de  richesses  immortelles,  quelle  féli- 
cité sans  bornes  inonderaient  ton  imel 

—  Je  comprends,  dit  le  préfet,  avec  un  exécrable 
sourire,  tu  voudrais  me  faire  partager  Vheureitx  sort 
d'Hypatius  et  de  Théodule.  Que  je  préfère  la  mort  à 
la  vie,  des  tourments  affreux  au  bonheur  et  à  la  douce 
paix,  l'ignominie  de  je  ne  sais  quel  Dieu  crucifié  à 
la  splendeur  et  à  la  majesté  de  l'empereur:  y  pen- 
ses-tu ?  Comprends  plutôt  toi-même  la  gloire  de 
Jupiter,  d'.\pollon,  de  Neptune,  et  ne  choisis  pas  une 
mort  honteuse.  —  Les  dieux  des  nations,  répond 
Léonce,  ne  sont  que  des  démons:  comment  oser  se 
confier  à  eux?  Ceux  qui  les  ont  faits  leur  deviendront 
semblables.  » 

Le  préfet  Adrien  n'était  pas  d'humeur  à  prolonger 
plus  longtemps  un  pareil  entretien.  Vaincu  dans 
cette  lutte  par  le  vaillant  champion  du  Christ,  il 
porte  le  combat  sur  un  terrain  plus  assuré  pour  lui 
et  où  dn  moins  son  éloquence  ne  sera  pas  en  échec. 

Sur  son  ordre,  le  martyr  est  saisi  par  quatre 
vigoureux  bourreaux.  Il  est  frappé  avec  dos  fouets 
armés  de  plombs;  on  lui  déchire  les  flancs  avec  des 
crocs;  les  chairs  cèdent  sous  leurs  coups  et  ti^mbent 
en  lambeaux.  Rien  n'arrête  la  rage  du  préfet.  Pen- 
dant ce  cruel  supplice,  il  ordonne  à  un  héraut  de 
publier  la  sentence  de  condamn.ition  :  «  Apprenez, 
peuples,  disait-il,  apprenez  A  respecter  les  décrets  de 
l'empire.  Craignez  les  supplices  qu'endure  mainte- 
nant Léonce  le  chrétien.  Qu'ainsi  périsse  quiconque 
méconnaît  la  puissance  et  la  majesté  de  nos  dieux  I  • 

En  vain,  le  corps  do  saint  martyr  déchiré,  sem- 
blait n'être  plus  qu'une  plaie;  son  àme  n'avait 
rien  perdu  de  sa  force  et  de  sa  vigueur.  «Tu  peux, 
disait-il  au  préfet,  tu  peux,  impie  Adrien,  broyer 
mon  corps  sous  les  coup»  de  tes  bourreaux,  mon 
àme  domine  toujours  en  maltresse,  et  «a  fei  nw-le 
m'est  un  juste  garant  de  la  victoire.  Dieu  me  .lune 
une  force  céleste  pour  souffrir;  continue  mes  tour- 
ments, ne  crains  pas  de  lasser  tes  dignes  minislrrs.  » 

Puis  Léonce,  considérntit  la  gloire  j'ie  possé- 
daient déjA   |p  tribun   et  Théodule.  fil  è  Dieu  cette 


ardente  prière:  «  Mon  Seigneur  Jésus,  qui  avez  sou- 
tenu To»  deux  serTiteurs  dans  la  confession  de  Totre 
nom,  ne  considérez  pas  mon  indignité;  donnez-moi 
force  et  courage  jusqu'à  l'heure  où  s'ou>Tiront  pour 
moi  les  portes  de  l'éiernelle  Jérusalem.  • 
Cependant  le  supplice  se  prolongea  encore.  Enfin 


l'àme  sainte  de  Léonce,  purifiée  par  tant  i'^  cruelles 
souffrances,  se  dépouilla  de  son  eoTeloppi  mortelle 
et  s'enrôla  au  ciel,  prendre  place  au  milieu  des 
saintes  phalanges,  qui  chantent  dans  l'éternité 
l'Acneau  immolé  pour  tous  les  hommes  et  publient 
sa  gloire  dans  les  siècles  des  siècles.  Amen. 


SAINT  LÉONCE,  SURNOMMÉ  L'ANCIEN,  ARCHEVÊQUE  DE  BORDEAUX 

Fite  le  SI   août. 


Devenu  éréque  de  Bordeaux,  vers  l'an  5Î0,  saint 
Léonce  distribua  aux  pauvres  tous  ses  biens  person- 
nels. 11  fit  rebAtir  fur  un  plan  plus  vaste  la  cathé- 
drale devenue  trop  petite  pour  la  population.  Il 
f résida  en  541  un  concile  à  Orléans,  et  mourut 
an  542,  au  monastère  de  Saint-Léons,  n»n  loin  de 
Millau,  au  diocèse  de  Rhodez,  après  avoir  donné 
l'exemple  de  toutes  les  vertus  d  un  saint  pontife. 
Saint  Forlunat,  le  poète  de  la  France  mérovingienne, 
lui  consacra  une  épitaphe  en  vers  latin»  dont  voici 
la  traduction  : 

•  C'est  sous  cette  pierre  que  reposent  les  cendres 
du  vénérable  Léonce,  qui  porta  haut  la  mitre  pon- 
tificale; son  peuple,  par  des  gémissements  et  des 
murmures  confus,  nous  annonce  toute  la  grandeur 
de  sa  perte  ;  l'enfant,  le  jeune  homme,  le  vieillard 
lui  donnent  à  l'envi  des  larmes.  Léonce  ne  le  cédait 
à  personne  sous  le  rapport  de  la  naissance;  la 
pureté  elle-même  avait  formé  ses  mœurs;  on  ne 
chercha  pas  d'autres  titres,  et  en  aurait-on  pu  trou- 
ver de  plus  précieux,  pour  l'élever  K  la  dignité  de 
pontife?  Plus  il  était  distingué  par  son  rang  et  par 
ses  vertus,  plus  il  cherchait  à  s'abaisser  par  use 
humilité  profonde. 
Sa  seule   présence  mettait  la  discorde  «n  fuite. 


elle  cédait  en  frémissant;  l'amour  et  le  respect  lui 
livraient  tous  les  cœurs.  En  le  perdant,  chaque  âge 
a  perdu  son  défenseur.  Qu'est-il  besoin  de  le  dire? 
Leurs  larmes  nous  l'apprennent  avec  tant  d'élo- 
quence. Voit-on  quelqu'un  parler  de  sa  mort  sans 
s'attendrir  ?  On  ne  se  console  qu'en  dressant  dans 
son  cœur  un  temple  à  sa  mémoire.  Passerons-nous 
sous  silence  l'immense  charité  de  ce  généreux  pas- 
teur? Il  prodigua  pour  l'amour  du  Christ  jusqu'à 
l'héritage  de  ses  pères? 

•  Le  pauvre  recourait  i  lui  avec  confiance,  le  captif 
lui  demandait  le  prix  de  sa  rançon,  et  l'indigent  avait 
le  droit  de  disposer  de  ses  richesses. 

•■  Ne  doutons  point  qu'une  si  belle  imen'aitvolé  de 
la  terre  vers  les  cieux.  Léonce  vécut  moins  pour  lui 
que  pour  Dieu.  Il  ne  cessnit  d'étudier  et  de  suivre 
les  vues  de  la  Providence  sur  ceux  qui  lui  étaient 
conflits.  Le  prince  lui-même  rendait  justice  à  son 
ini'rite  ;  enfin,  pour  tout  résumer  en  un  mot,  il  était 
devenu  l'idole  de  son  peuple,  parce  que  toute  son 
ambition  était  de  régner  sur  les  Ames.  Il  vécut  puis- 
sant cinq  lustres  et  sept  ans,  (trente-deux  ans  d'épis- 
copat.)  et  fut  h  la  fin  du  jour  enlevé  de  m  monde.  • 
{France  pontiUcalt.) 


SAINT    LÉONCE   LE    JEUNE,    ARCHEVÊQUE    DE    BORDEAUX 

File  le  1 1  juillet. 


m  Saint  Léonce  le  jeune  fut  le  successeur  de  saint 
Léonce  l'ancien  sur  le  sif'ge  métropolitain  de  Bor- 
deaux. Il  appartenait  à  une  illustre  famille  d'Aqui- 
taine, et  avait  vu  le  jour  dans  la  ville  de  Saintes.  Il 
suivit  d'abord  la  carrière  militaire;  engagé  sous  les 
drapeaux  du  roi  Childebert,  flls  de  Clovis,  il  signala 
son  courage  dans  plusieurs  expéditions  contre  les 
Yisigoths,  dans  la  Gaule  Narbonnaise  et  en  Espa^^ne  ; 
et  nt  voir  que  l'antique  valeur  gauloise  pouvait 
marcher  de  pair  avec  1  aideur  guerrière  des  Francs. 
Il  épousa  ensuite  une  noble  '.hrétienne,  Placidine, 
arrière-petite  fille  d'Avitus,  l'un  des  derniers  tnipe- 
reun  romains. 

Ses  vertus  lui  concihe«ent  tellement  l'affection  de 
tous  les  gens  de  bien,  qu'à  In  mort  de  Léonce  l'an- 
-len,  l'Eglise  de  Kordeaux  jugea  ce  sage  chrétien 
plu»  capable  qu'aucun  autre  de  faire  revivre  le» 
qualités  du  vénéré  pontife  qu'on  venait  de  perdre. 
On  le  supplia  donc  de  se  «acnfler  au  bien  des  âmes, 
d<'  r'-noncer  à  «on  repos  personnel  et  aux  douceur» 
dti  '  \  r  domestique  pour  consacrer  le  reste  de  »a 
vil   1      ^  rvice  de  Dieu  et  de  l'Eslise. 

!./  '  ncrepla  aver  g^n''rn<ilé;  ayant  obtenu  le 
ton»'  ;:  nt  de  sa  femme,  il  se  sépnr»  d'elle;  et 
peri'l  •     de   son  cAI»'    la    pieuse    Placiiliuc     se 

TouAi;  nés  œuvres,  Léonce  entra  dans  létal 

trrU-     .  .  le-jul  le  sacerdoce  et  l'épiscopat,  et 

prit  le  gou>ei:  r':    nt  de  l'Eglise  de  Rordeaux. 

Le  nouvel  é^t\  ''•  ji.itifia  dépassa  même  les  e»pé- 
rancei  des  fidèles;  toutes  le»  vertu»  de  son  prédé- 


cesseur brillèrent  en  lui.  Il  consacra  la»  immense» 
richesses  de  sa  famille  aux  bonnes  œavres,  spécia- 
lement à  la  construction  et  à  l'ornementation  des 
églises.  Il  en  fit  bAtir  h  Bordeaux  une  magnifique 
en  l'honneur  de  la  Sainte  Vierge,  et  ■  il  la  dota  d  un 
si  grand  nombre  de  lampes,  dit  dans  son  admiration 
un  vieux  chroniqueur,  que  la  clarté  de  la  nuit  ne  le 
cédait  pas  à  celle  du  jour.  »  Il  en  éleva  d'autres  sur 
plusieurs  points  di>  son  diocèse.  Il  étendit  aussi  »a 
munificence  A  sa  ville  natale;  c'est  ainsi  qu'il  fit 
achever  à  Saintes  l'église  de  Saint-Vivier,  et  rebAtir 
la  basilique  de  Saint-Eutropc.  Il  assista  à  plusieurs 
conciles  pour  le  maintien  aes  lois  ecclésiastiques. 
«  Il  a  été  le  père  de  la  patrie,  le  soutien  a'e  la 
famille,  le   protecteur  de  ses  amis,  l'ornement  du 

fieuple  et  l'honneur  de  la  cité,  di<ait  plus  tard  de 
ui,  en  composant  son  épitaphe,  le  poète  saint  For- 
tunat,  son  contemporain  et  son  ami.  Plein  de  res- 
pect pour  \rs  temples  saints,  il  répandait  sans  bruit 
s>>s  largesses  dans  le  sein  des  pauvres,  et  acrueillail 
!•■  pèlerin  en  lui  distribuant  de  ses  main^  la  nour- 
riture... Son  esprit  était  nénétranl,  »on  cipur  plein 
de  mansuétude  et  la  sérénité  brillait  toujours  sur 
son  visase.  Et  pour  moi  que  n'étaitil  pas?  Je  ne  le 
dis  que  le  cœur  oppressé  de  larmes.  .  Il  apaisait  les 
rois,  il  rendait  son  administration  douce  à  ses  conci- 
toyens, il  était  la  joie  de  tant  d<<  peuples,  hélas!  un 
seul  jour  nous  a  tout  ravi.  Il  vécut  heureux  pendant 
cinquantcMiuatre  ans,  et  au  lever  de  l'aurore,  il 
nous  fut  enlevé...  •  C'ét4it  en  l'nn  M4. 


.)'!(  .  i'(r-Tii(a>v.  I,  rut  Kriuci'i»  1",  Paru 


SAL\T  DIE,    ËVÊQUE  ET   SOLITAIRE 


Féie  le  19  juin. 


jmgigtangœ<g*g»w*^g<g*g^g<gfcg^g^g<g^g*g*g*g»g*gjc«mtwff<g*^^^»^^^^w^^ 


Saint  Dié,  évëque  et  solitaire. 
(D'après  un?  ancienne  gravure  du  Kalendarium  Benedictinum.) 


SAIST  DIÉ,  É^^<30E  DE  SBVEBS 

Saint  Adeodnlus  (donné  de  Dieui  ou  Deodatm 
(donné  à  Dieu  ,  dont  nous  avons  fait  nar  abré- 
viation «ainl  Dié,  naquit  au  vu'  siècle,  d'une 
illii-ir.'  ririiille  df  Neustrip  ou  France  occidentale. 
Il  .'■  nier  d"  -"f;  rr>res  par  l'àfe,  mais  il 

|...  •   lis  par  lo*  .'loires  si  pures  de  sa 

-iinict'  ,  'in  lis  que  1p  nom  de  ceux-là  est 
t.inl  •  I  il;  1  il. Il,  la  mémoire  de  saint  Dié  est 
iiii: 


temporelles  dont  Dien  avait 
i-au  ne  captivèrent  point  son 
.-.•rtain^  hommes,  oublieux  de 


1  -'?^ 

enl'urit  son  IhT' 
ctpiir.  pt   aiilani 

|,.„.  ■  ■  ....-.-     ,/  .    -,,.- 

a  • 

autim   '••    •  un"  «'i.ri'    .i    n  iiii    n'  l'i"-. -■■ni 

el  de  lld<lit>'  h  conserver  cl  à  augmenter  les  tré- 


sors spirituels  de  la  prAce  que  Dieu  avait  déposés 
dans  son  àme  au  «amt  baptême.  A  mesure  que 
pour  lui  les  année*  s'ajoutaient  aux  anni'es.  les 
vertus  s'ajoutaient  aux  vertus,  et  il  iirandissait 
dans  l'amour  de  Dieu  et  du  prochain. 

Aussi,  quand  il  fut  dans  la  force  de  l'Ape,  le 
clerL'é  et  le  peuple  de  Nevers.  qui  venaient  de 
perdre  leur  evéque,  le  choisirent  unanimement 
pour  pontife,  et  ce  llambeau  lumineux  se  trouva 
ainsi  placé  sur  le  rliandelier  pour  éclairer  ses 
fré«-es  dans  le  chemin  du  salut.  C'était  en  Oriii. 

Tout  entier  au  bien  de  ses  enfants  spirituels,  il 
se  dévoua  avec  amour  à  leur  sanctification.  Il 
s  orrupait  aussi  du  bien  général  de  lEfflise  il'' 
'      :  '       "      (Torts  .\  ceux   de   ce'''- 

-ainis  évéques  qui  li  i- 
.,,,■„,■  i,  -11. i -....■...-.  r  et  à  unir  dans  la  reli- 
fc'ion  de  Jésus-Cbrist  les  (Gaulois  et  les  Francs  et, 


;i-il 


suivant  l'expression  même  d'an  écrivain  protes- 
I ml,  formment  retlp  l*lle  patrie  française, 
(•oinmedpS)ll)eille>ci'nstrQi»ent  leiiriiiche.)tBn 
iN>7,nous  voyons  nuire  Saint  as-ii-ltr  au  Concile 
il>>  Sens,  pré-iilé  par  Emmon  arrlieve'(|ue  île  cette 
ville;  il  a  le  linnheurde  trouver  ilans  leile  assera- 
l)lée,  enire  niities  prélat?  plus  particulièrement 
di;.'nps  de  son  alTection,  saint  Huen,  évi'-ijue  de 
Rouen,  .-^aint  Faron,  évéque  de  .Meau\,  saint  Eloi, 
évi"-que  de  Noyon,  saint  Aniand  de  Maeslricht, 
saint  l'allade  d'Auxerre,  saint  Lençon  de  Troyes. 

L'Kvf.ylE    MOINB   II-    VDSl.KS    Al'    Ml'    Sn'xLE 

Mais  le  temps  ne  devait  pas  tarder  à  venir  on, 
cessant  d'insiruire  «rs  diocésains  par  ses  paroles, 
il  devait  leur  1  ii~si  r  un  !.'rand  exemple  de  déla- 
chemenl,  d'al>ii4^'ation,  d'humilité,  d'ausl^rilé  et 
de  [)rieri\  <;éd,int  à  Un  attrait  surnaturel  pour 
la  vie  poliliire  et  contemplative,  il  renonça  volon- 
tairi'inent  à  son  évéché,  (It  se»  adieux  A  son  clergé 
et  à  son  peuple,  el  les  pria  de  se  choisir  un  autre 
pasl'  iir.  La  douleur  fUt  praiide  à  Nevers;  mais, 
sans  se  laisser  arrêter  par  les  larmes  el  les  prières 
de  ceux  qui  voulaient  le  retenir,  Dfodat  quitta 
les  honneurs  et  sa  demeure  èpiscopale,  et.saivi 
de  quelques  amis,  se  dirigea  comme  un  siiB^ile 
moine  vers  le  nord  ''••  '  i  rrrince. 

•Les   voya^'eurs   -  i-l    d'abord   dans  les 

montagnes  des  Vos-'  .  1  n.'enoist.danslafori^t 
de  Ha^'iienau,  qui  lonr  nlîrnil  une  solitude  propri- 
au  genre  de  vie  qu'ils  méditaient.  Parmi  les 
compagnons  de  l'évétiae  solitaire  hrillaienl  alors 
les  Irlandais  saint  Arlinm-f  it  saint  Horent  qui. 
furent  plus  tard  incnt  élevés  sur  le 

sièiic  épiscopal  de 

■•  Les  Vosges,  fci  it  I'  '' 

jusqu'alors  comme  nn  ■ 
niées  de  lirii-aiids  el  d'oij 
la  Tliéliaide  des(i,iulf  «  : 
réfui'iaient  de  toui' 
sa  cellule,  chaque 
des  prières  s'élenàiir  . 
désert  était  I  iriliaumé   . 
se  transformait  m  ••" 
que  saint  Héodat  > 

soient  donné  rend  ...  ;     ■-... 

et  qu'ils  aii'Ut  \<t\~  ■ii\  pour  '' 

dans  le  désert   nu  iiil.       v.n 

proportions  pi 

Miiinense  {•t:\>  .       , 

-él.  vèrent  presqu»»  5imuHnnpm»»nl  emq  monas- 
t' ris  qui  formaii'iit  une  croix;  .le  t.  tijuis  et 
(linueuses  valloes,  parseni^-es  d'or  '  '  »nii- 

cliies  des  reliqu'-s  dr»  martyrs  el  •  lures 

des  saints,  menaii-nt   de   l'un   &   l'aulri-,  comme 
|os  t'ih'ries  d'une  |iasilii|tie.  .\u  chevet  de  r<'lte 
«'f.'lhe,  l,\   ou   se  pince  o^di'  i 

de   la   Vleroe.  ^nlnt  ilodon. 
lui'  '  ■      ■  ■  ■ 

lac 


Eénitence,  dans  un  vallon  qu'il  décora  du  nom 
ildique  de  Val  de  linlilée. 
Kn  attendant,  forcé  par  les  habitants  du  voisi- 
naye  de  s'éloi^jner  de  sa  première  solitude,  notre 
Saint  hénit  llieu  de  celte  épreuve,  et  reprit  lium- 
Mement  avec  ses  disciples  son  h;\tou  de  pèlerin. 
Ils  s'arrêtèrent  d'almrd  dans  l'ile  de  Novieiituni 
uu  Ebersheim,  iion  loin  de  Strasiiouri;,  où  ils 
lurent  reçus  comme  des  frères  par  les  pieux  soli- 
taires qui  vivaient  en  ce  lieu.  L'ancien  èvèque 
de  .Nevers  fut  oblii.'é  d'accepter  la  direction  de 
la  communauté,  heureuse  de  se  faire  coniluire 
par  un  mailre  aussi  cxpéiimenté,  qui  n'instrui- 
sait pas  moins  par  ses  exemples  que  par  ses 
paroles.  La  sainteté  du  nouvel  abbé  lui  attira 
de  nombreux  disciples,  il  fallut  élever  uu  vaste 
monastère,  el  telle  est  rorii.'ine  de  l'abbaye 
d'Khersheim  ou  Ebersmunster  qui  ne  devait  pas 
tarder  à  trouver  de  fiénéreux  bienfaiteurs  dans 
la  personne  du  roi  d'.Austrasie  Childéric  II,  el  un 
peu  plus  tard  dans  le  père  ile  sainte  Odile,  Adlialric, 
duc  d'Alsace,  d'abord  barbare  farouche  et  in- 
dompté, puis  converti  i>ar  sa  tille  el  devenu  un 
modèle  de  douceur  el  de  charité  chrétienne.  Kn 
même  temps  que  le  monastère,  s'éleva  une  église 
en  l'honneur  de  saint  Pierre  el  saint  Paul.  Déodat 
en  (It  la  di'-dicace  s(dennelle,  et  se  félicita  d'avoir 
pu  mener  A  bonne  tin  celle  fondation  monastique, 
établie  pour  la  ;;loire  de  llieu  el  le  salut  des  âmes. 
Mais  ]'•  voilà  de  nouveau  entouré  de  la  véné- 
ration des  homme'-,  lui  qui  avait  quitté  son  é»é- 
cb'';  pour  venir  chercher  au  désert  la  solitude  et 
l'oubli.  l.aissntit  donc  à  un  religieux  capable  le 
soin  de  cei'  iiite  comniun.iiité,  il  s'en  va, 

suivi  de  i|  .  .-.ciples,  h  la  recherche  d'une 

autro  retraite. 

0.1  KViofr  CHAKPKNTIER 
-MIKT  Oirl  r.T  CRK  MmLK  KAMILLC  alsacib.'sne: 

'"  ,  ■■    1  nié  Itomonl,  les  pèlerin»  de 

cent  le  domaine  d'un  riche 

'    ■'     .   qui    faisait    alors 

M  ;  on  établissait  en 

.-.  i.  ■-  ouvriers  se  Irou- 

lisc  conformation  d'une 

" OUI  te  et  de  l'autre 

I  bien  des  fatimies, 

l'une  manière  con- 

.1   venue  «  l  Ascla» 

ses  charpeiiliers, 

qui,  SI  près  d  uuo  Inrèt,  iiavuiont  pas  SU,  disait- 

il,  taill'T  une  meilleure  pi'Ulie. 

C'étuit  le  moment  où  nos  pieux  moines 
passaient;  instruit  par  uu  enfant  de  l'ennui  des 
constructeurs,  le  charitable  saint  Dié  appelle 
quelques-uns  de  se-^  coii)pn!.'non«  et  monte  sur 
lédilice;   avec    leur  I    surtout   avec 

l'aide  de  Dieu,  il  di-|  ''iil  la  poutre 

I  iru  qu'elle  dv«  m  i^c,  iqnr  il  coiilinae-Mi 


nu  pied  de  oc  (rr, 


il  rl>ï  uiMii  «Taut/d'liubrMur 


ii,  Vi« 


il'<  la  petite  eart'- 

Mille   a.iiv.t  lMi,isM;t!   tic   l.iti.-ue  ilan*  un  liuu 


nommé  Arantelle.  Le  site  était  propre  à  rece- 
voir uu  mona~U-ie.  et  nos  voyaireurs  résolurent 
de  s'y  fixer.  Dôjà  les  murs  du  couvent  commett- 
raient à  s'élever,  mais  les  liabitaiits  de  la  vallée, 
encore  rudes  et  prossiers,  craiirnant  de  voir  ces 
étrangers  se  multiplier  et  usurper  ensuite  leurs 
terres,  se  mirent  à  troubler  par  mille  injures  et 
vexations  la  paix  de  ces  charitables  amis  de  la 
solitude.  Ceux-ci  rédèreiit  à  l'oraw,  et,  laissant 
inaclievée  une  demeure  qui  serait  devenue  pour 
le  pays  une  source  d'aumdiies  et  de  bienfaits, 
allèrent  à  la  recherche  d'une  réaion  plus  hospi- 
talif-re.  Cependant,  la  main  de  Dieu  s'appesantit 
sur  ceux  qui  avaient  persécuté  l«s  serviteurs  de 
Dieu  ;  les  uns  m<iurure«t  prématurément,  d'autres 
devinrent  fous,  et  leur  race  no  tarda  pas  <à 
s'éteindre. 

Saint  Dié  et  ses  compagnons,  après  bfen  des 
détours  dans  des  forces  etdes  vallées,  s'arrôtèrent 
««•fin  à  Vibra,  prés  d'(>ti-'..ille,  au  diocèse  de 
Bâle,  où  ils  se  bAtirent  de  nouvelles  cellules.  Li 
bonne  odeur  de  leur*  vortus  pt  de  leur  piété,  qui 
rayonnait  comme  un  parfum  autour  d'eux,  ne 
tArda  pas  à  leur  attirer  la  vénération  desgens  de 
bien.  L'un  des  principaux  seii-'iieurs  du  pay^. 
Hiinnus  et  sa  pieuse  épouse  llunna,  se  lièrent 
d'uno  sainte  et  respectueuse  amitié  avec  l'ancien 
<'-vi'-.(iif  de  Nevcrs,  et,  crAce  à  ses  sages  conseils, 
il'  tir<^'  t  degrands  progrès  dans  la  vie  chrétienne. 
UifMi  leur  ayant  donné  un  fils,  les  deux  époux 
prièrent  le  saint'  évéqne  do  le  baptiser  et  de 
devenir  ainsi  le  père  spirituel  de  leur  enfaut. 

Cependant,  la  malice  des  hommes  vint  troubler 
une  fois  de  plus  l'homme  deUieu  dans  sa  retraite; 
de  nouveau  en  Imlle  à  la  jalou«je,  aux  insultes 
et  aux  vexations  de  certains  habitants,  Déodat 
réîohit  de  demander  encore  à  la  T'rovidenre  un 
autre  asile.  Hunnus  le  supplia  de  ne  point  s'éloi- 
griT  de  lui,  il  lui  offrit  une  portion  de  ses 
domni'ies  pour  s'y  établir  avec  ses  reliiiieui, 
mai-  fl -odat  persista  dans  son  dessein  :  ••  Voici 
bien  b-n-'lemps,  dit-il,  qup  j'errf  dans  cette  pro- 
vince sans  avoir  pu  trouver  encore  un  coin  de 
terre  assoréoù  je  puisse  vivreen  paix.  Mes  péchés, 
sans  doute,  sont  la  cause  de  cette  persécution. 
Je  viiix  aller  achever  mes  jour*  dans  quelque 
s-,|,tih|.-  ignorée.  Le  Dieu  pour  l'amour  diiipiel 
l'.ii  .en lié  ma  patrie  pour  venir  en  ces  contrées 
~rr:i  mon  ffuide  et  mon  apjini.  »  Le  seigneur 
•ils-icicn,  voyant  qu'il  ne  pouvait  le  retenir,  l'cm- 
hi.i«sa  en  plosrant,  l)i«oilat  le  serra  sur  son 
cipnr,  m'''h  «"«  Iflrmps  aux  sienne*,  lui  dit  adieu 
'■<  ''  de   la  l'rovidence.  Mais 

(I;  imti'  l'inhospitalit'-  de  ses 

'iriM  '      '■  ers  châtiments, 

ft   II  iir  r      f  reyretlabli- dif- 

formité qn  on  a;;"'')!''  !<■  c-niri'. 

I.F.    VAI.  Dr.  GALlLtE  —  ORIf.lNE    DE    L.\    VILLE  DR 
SAIXT-UIK 

!  T'    vi'iU:"-'?    c'.i^ii    ^iri".'    <io   nouveau 

V-        I       ■,  ,11.  \  :  I    -  avoir  erri! 

■•'  •  I  ■     !       I   _i''ns    monta- 

!••    \al  lie  dalilée,  arrosn' 

iilihnfh.  Sur  la  rive  méri- 

11  trouva  une  crotte  Et 

il    "^'v    nrr'fa,   rcmTHa 


.ii..n-il 
h 


M,  ;;i'!.f. 

■uTM.!.  ; 
il  a  vivr 
r'  -'tTi*    I 


I  I  ri'ii'  ■!  ins  \\  [Il 


■I    la 


-  fruit* 
ire  :  et, 

.  boni'- 
parti'' 

.  ini'lâlion. 


Dieu  ne  tarda  pas  à  récompenser  sa  confiance. 
L'ne  nuit,  le  pieux  Hunnus  s'entendit  interpeller 
pendant  son  soninieil  :  "  Pourquoi  laisses-lu  !e 
vénérable  évèque  Déodat  souffrir  la  faim  dans  sa 
solitude,  lui  qui,  pour  l'amour  de  moi,  a  Piuhrzissé 
l'exil  et  la  pauvreté,  et  qui  a  poussé  la  «iélica- 
tesse  jusqu'à  ne  révéler  à  personne  le  lieu  de  sa 
retraite  pour  ne  pas  être  à  charae  à  queluu'un. 
—  M.iis,  Seigneur,  répondit  Hunnus,  j'ignore  où 
il  est  mainteuaiit.  —  Charge  tes  aumônes  sur 
des  bétfs  d'^  somme,  reprit  la  voix,  et  laisse  ees 
animaux  marcher  seuls,  une  main  invisible  les 
conduira  auprès  do  mon  serviteur.  .■ 

A  sou  réveil,  Hunnus  se  liàte  de  faire  connaître 
à  la  bienheureuse  llunna,  son  épouso,  l'ordre 
qu'il  a  reçu  du  ciel.  Celle-ci  le  presse  de  l'ac- 
complir aussitôt.  On  charge  les  montures  "t  on 
les  laisse  aller;  des  serviteurs  les  suivent,  mar- 
chant à  peu  de  distance  après  elles.  Les  mon- 
tures, sans  se  détourner,  vont  droit  au  Val  d>' 
iialilée  et  s'arrêtent  près  de  la  grotte  de  l'évèque 
solitaire,  tirande  fut  la  surprise  de  Déodial. 
"  Qui  vous  a  appris  que  j'étais  ici,  demanda>t-il 
aux  serviteurs  de  son  ami?  comment  avcz-vou* 
su  que  j'avais  besoin  d'aumônes  et  comment 
avez-vous  pu  trouver  le  lieu  de  ma  retraite'.'  '> 
Ceux-ci  s'empressèrent  de  lui  raconter  tout  ce 
qui  venait  do  se  passer.  Déodat,  bénissant  le  ciel, 
reçut  avec  reconnaissance  les  pains  qu'on  lui 
apportait,  offrit  à  manyer  à  ses  hôtes,  pendant 
que  leurs  montures  paissaient  elles-mêmes  dan.s 
la  prairie,  puis  les  renvoya  porter  ses  remercie- 
ments à  leurs  maîtres.  Ueconiiaissant  que  la  l'ro- 
^iJence  le  voulait  en  ce  lieu,  il  se  b'itit  une 
cellule  avec  un  oratoire  dédié  à  saint  Martin. 

Hunnus  se  fit  dus  lors  une  joie  de  pourvoir 
aux  besoins  du  serviteur  de  Dieu;  d autres  per- 
sonnes l'imitèrent,  plusieurs  lui  offrirent  de* 
champs  pour  l'entretien  «l'une  comnim>auté  : 
quelques-uns,  faisant  mieux  encore,  prirent  la 
résolution  de  se  consacrera  Dieu  sou*  sa  direi>- 
linn  et  11-'  prièrent  de  les  re<'evoir  au  nombre  de 
ses  disciples.  Le  roi  Childéric  II, par  un  dipléme 
royal,  lui  donn."  en  toute  propriété  à  lui  el  à  ses 
successeurs  le  Val  de  lialilée,  qu'il  exempta 
d'imp''its,  alin  que  Déodat  y  pill  fonder  un 
monastère  el  y  recevoir  autantde  religieux  qu'il 
voudrait. 

Saint  Dié  se  mit  à  l'iruvre  avec  joie,  heurrax 
d'élever  une  deraenire  mi  Dieu  serait  beaucoup 
aimé  et  servi  de  lonaue*  auuées. 

Cependant  un  de  ses  disciples  av.tit  fraoclii  la 
Me urtlii' pour  survriller  les  ouvrirrs  qni  prépa- 
raient de*  matériaux  sur  la  colline  voisine;  il  ni' 
retint  pas  le  *oir  auprès  de  son  roaitri'  et  n'*l  i 
de  l'autri'  ci^lô  de  lariviénipour  serpniçlln'ilul  ; 
à  l'oiivrasi'  le  lendemiiin  matin.  Pondant  qu'il 
dormait,  il  lui  fut  onb^nné  de  la  part  'l"-  hn  u  de 
construire  au  lieu  «lèine  où  il  se  trouvait  une 
église  en  l'honneur  do  la  Très  SaiiUe  Vif  rjje. 

Li;  lendemain,  le  moine  i-ouint  averlir  son 
pi'ro  spirituel  de  l'ordre  du  ciel  :  il  fut  aussiliM 
H,".id''  iTîU'  î*:iliïtri vo  serait  b.'*ili'  *ii[  î'.mli''  ii\i'. 
:r  de  la  M 

I         ,  I  !  .  ,t,'l    fut     pl.l 

OU  le  moino  iivait  récusa  révèlalion.  hA\r  fui  co«- 
sa-rêe  sous  l'invoralinn  de  la  Heine  du  rtplel  des 
ipniix   saillis   évi'qni'*  de  Trè>cs   :  Eiirher, 
•  !■,  MnlTnu-  fl  VI  irimin.  dont  «niiit  llidnl('b' 


1  II   1  li'iiin-ui    lir    ■..•nul   .M.iiij . 
ilyrsdcla  lèai'Ui  Thélminc  I 
11'    1  ah'inl  I  l'iinii  *oii*  le  nom  d""  i       nu 


à  cause  dp  sa  situation   prés  de  IVudruit    rù   le 
Itotbbacli  joint  «*s  eaux  a  celles  de  la  Meurthe. 

l'amitik  ue  obox  saints 

Saint  Hidulplie,  dont  nous  venons  de  parler, 
•jlail  un  ancien  moine  arraché  à  la  solitude  pour 
aouverner  r-i:li>e  métropolilaine  de  Trêves;  son 
frère,  sainl  Krliard,  évèque-niissionnaire,  évan- 
eélisail  al  ir-  la  Bavière.  Les  licus  d'une  étroite 
et  sairit<-  amitié  ne  tanlereul  pas  à  se  former 
entre  le  solitaire  devenu  évéque  et  l'évêque 
devenu  solitaire.  Saint  Ilidulphe  siyna  avec  douze 
autres  évéques  les  cliarl'-s  et  autres  privilèges 
qui  constituaient,  au  double  point  de  vue  cano- 
nique et  civicpie.  Il  nouvelle  abbaye  de  Jointures. 
Kulln,  iniilaiil  -  ^ini  l'ié,  llldulpbe  descendit  de 
son  tr<\MC  ai'lii  l'i-icopal  et  vint  chercher  uni- 
cellule  île  iii'iii'- non  loin  de  son  ami.  Il  leur  ei'il 
été  doux  'le  diaieurer  ensemble,  car  ils  s'enflam- 
maienl  mutuellement  dans  l'amour  de  Ilieu.  De 
méui.  .  dit  l'haj-'io^'raplie,  qu'un  l'eu  ajouté  a  uii 
aulie  liMi  au:.Tnpnle  la  lumière  d'une  salle,  ainsi 
dans  leurs  entretiens  s'aupmentait  leur  charité. 
Mais  Dieu  les  voulait  tous  deu.x  à  la  tète  d'une 
oiiimuuauté  nombreuse.  Les  deux  saints  con- 
vinrent qu'ils  se  visiteraient  une  fois  chaque 
ann-'e,  et  moins  pour  abré;;er  la  roule  que  pour 
•ie  prévenir  mutuellement  en  allant  au-devant 
l'un  de  l'aulre.  \\<  se  lixérciit  un  rende/.-vou»  com- 
mun à  peu  prés  à  rai-chemin  et  ils  y  h.'itirent  une 
chapelle. 

Chaque  année,  quand  saint  Hidulplie  quittait 
son  ni'iiiaslere  de  .Mnyen-.Moutiers  pour  rendre 
visite  à  son  ami,  celui-ci  allait,  accompa^-né  de- 
ses  disciples,  au-ilevant  de  lui  jusqu'au  rendez- 
vous  ordinaire;  Hidulplie  le  prenait  doucement 
par  la  main,  ils  s'ai;eiiouillaient  un  moment  pour 

fifier  ensemble,  puis  ils  s'embrassaient  et  riva- 
isaient  l'un  vis-à-vis  de  l'autre  de  prévenance  et 
de  téinnii.'na;.'cs  de  fraternelle  alTection.  Saint 
bié  était  un  beau  et  iloux  vieillard,  aux  traits  à 
la  fois  majestueux  et  pleins  de  bonté:  il  était  do 
haute  taille,  mais  il  marchait  un  peu  courbé 
sous  le.  poids  de  rA:;e.  Saint  Hidulplie  était  un 
homme  de  petite  stature  au  visaye  ani.'élique, 
d'une  humilité  profonde,  grand  ami  de  la  pau- 
vreté. Il  étail  plus  jeune  que  son  ami,  mais 
l'é^ialait  en  vertu.  Dieu  lui  accorda  une  lon«ue 
et  verte  vieillesse  qui  lui  permit  jusqu'à  ses  der- 
niers jours  de  k'a;.'iier  sa  vie  par  le  travail  de  «es 
mains.  Il  honorait  s.iint  Dié  comme  son  père 
par  r;\:.'e.  et  saint  Dié  l'honorait  lui-même  comme 
»nii  supérieur  par  la  di::nité  archiépisoqiale.  Ils 
>'  ,;.iit  comme  deux  puissantes  colonnes  établies 
T' Il  Ni>tre-Sei({iieur  pour  soutenir  ce  bel  édillce 
.ipirituel  <{ue  le  vu*  siècle  vit  s'élever  dans  les 
\osyes.  Les  deux  ami»,  après  s'être  entretenus 
l'un  avec  l'autre,  passaient  toute  la  nuit  suivante 
à  prier  ensemble,  et  le  lendemain  chacun  reve- 
nait à  son  couvent. 

LA    SAINTS    LAVANDlklie 

Cependant  llunnu*  et  son  épouse  continuaient 


àédiller  l'.VN 
ils  alb'rent  m 


'us  rlirétifii- 
Dieu    le 
pour  se 
-Ije  hie 

l'ilr.i     •■■ 
leiix 

1  V.,I 


1'  Pour  la  bienheureuse  lluuna,  les  peuples  ont 
oublié  sa  noble  descendance,  ses  ri.  lies  dona- 
tions de  Ligolsheini,  de. Mi  ttelveyer.d'l  ryersliei  m, 
.-^on  vaste  et  beau  manoir  d'Hunnaiieyer.  .Mais  ils 
se  sont  souvenus  de  l'avoir  vue  se  complaire  à 
laver  les  vêtements  des  pauvres;  ils  ont  montré 
la  fontaine  miraculeuse  que  lit  jaillir  saiiil  Déodat, 
afin  que  la  pieuse  dame  n'eût  point  trop  de 
chemin  à  faire  pour  trouver  une  eau  pure;  ils 
ont  environné  son  tombeau  d'hommaj-'es  sécu- 
laires, ils  uni  lidèleraent  conservé  son  corps 
intact  pendant  huit  siècles,  jusqu'à  ce  que 
Léon  X  le  lit  relever  et  proclama  les  droits  de  la 
bienheureuse  Hunna  à  la  canonisation;  et  enlin, 
pour  consacrer  son  souvenir  le  plus  populaire, 
on  lui  donna  le  nom  familier  de  sainte  Lavan- 
dière. >• 

La  bienheureuse  Hunna  fut  canonisée  par 
Léon  X  en  1,'i.JO.  et  son  corps  fut  exposé  à  la 
vénération  publique  le  lii  avril  de  la  même 
année.  Malheureusement,  quelques  années  après, 
les  restes  précieux  de  la  charitable  servante  des 
pauvres  ne  trouvèrent  pas  jjràce  devant  la  fureur 
intolérante  des  protestants  qui  les  détruisirent 
en  lo4<J. 

LE    DKPART    DE   SAINT  DIK    POUR    LA    VÉRITABLE    PATRIE 

Le  temps  de  la  récompense  approchait  pour  le 
saint  fondateur  :  comme  un  voya^teur  [irés  du 
terme  de  sa  course,  il  tournait  ses  regards  vers 
le  lieu  de  l'éteiiiel  repos.  Sa  demeure  ordinaire 
était  son  oratoire  de  Saint-Martin,  sa  première 
construction  dans  le  Val  de  (ialiléc;  àme  contem- 
plative, il  aimait  cette  solitude  dont  le  silence 
et  le  recueilleiient  favorisaient  ses  longs  entre- 
tiens avec  son  Dieu  bieii-aimé.  Il  ne  cessait 
pas  cependant  de  veiller  sur  ses  disciples;  sou- 
vent, il  |iassait  la  .Meurthe,  venait  visiter  chacun 
des  frères  dans  son  travail,  s'assurait  de  la 
marche  régulière  de  la  communauté  et  l'encou- 
ra;;eait  par  ses  paroles  dans  les  voie-;  de  la  per- 
fection relii-'ieuse.  Il  célébrait  la  nie«-e  chaque 
jour  avec  une  ferveur  si  lourbanle  qu  il  sufllsait 
de  le  voir  pour  se  sentir  excité  à  In  piété. 

Kniin,  I  ajqiel  de  Dieu  se  lit  entendre,  une 
maladie  grave  vint  immobiliser  sur  son  lit  le 
vénérable  vieillard.  Ses  disciples  se  pressaient 
aulour  de  lui.  en  versant  îles  larmes  ;  ils  sup- 
pliaient leur  père  de  ne  point  les  quitter  i-iicore. 
.Mais  lui,  les  consolant  avec  bonté,  les  exhorta 
à  rester  toujours  lideles  à  leurs  régies,  à  se 
maintenir  dans  la  ferveur  île  leur  sainte  vocation, 
et  il  se  recommanda  humblement  à  leurs  prières. 

Sur  ces  entrefaites,  arriva  saint  Hidulplie.  Dieu 
l'avait  averti  en  soncc  de  la  mort  imminente  de 
son  ami,  et  il  s'était  empressé  d'accourir  pour 
embrasser  une  dernière  fois  et  assister  dans  se» 
derniers  i-oinbuts  son  vieux  compa:.'non  d'arme». 
Ia  venue  de  lancien  archeviV|ue  de  Trêves  rem- 
plit de  joie  saint  Déodat  qui  en  reiiieiiia  le  Sei- 
gneur avec  elTusion.  Il  recul  de  se»  main»  a»ec 


■^^ 


■  eur  le»  di 
lies,  c'est 
.  .  iieT  -111  la  terre,  • 
Il  direction  d'un  si 
inenl  entre  "■■  '■ 
irituel»,  et  »ii 

.  i  I   .   i  il   ir  ] 


\'. 


bon  mil' 


es,  car  il  mourut  jeune  cl  i-i 


Imp. -gérant,  t..  t'itirHUiit.  «.  rue  Kran^m»  I*',  l'«rii 


SAINT    JEAN    DE    MATHÉRA 


Ftte  l»  MO  ;um. 


/•  •;' 


t^." 


^ 


^iifc  '  -"  7"  *"'^- 


Bùnt  Jean  de  Maïuer;!  ressuscite   an   enfant  dans  l'église  du    monastère 


Jean  naquita  Matliéra.dans  la  i^uille  (Italiei,  dans 
1*  second''  moitié  du  ii*  »ifcle.  Ses  parents,  à  qui 
Dieu  avait  donné  la  richesse,  en  récompense  de  leur 
piété,  nt-  ii-eliKèrent  rien  pour  lui  inspirer  de 
bonne  heur*.-  >Jiie  baine  profonde  du  péché,  et  un 
vif  amour  de  Dk^u.  Jean  «'tait.d'une  taille  élécante  ; 
la  candeur  et  l'innocence  donnaient  de  nouvelles 
gràc»<  à  la  beauti-  naturelle  de  ses  trait<i.  Son  esprit 
prpcore,  son  caractTP  affable,  sa  nature  tendre  et 
délicate  le  recommandaient  à  l'affection  de  tous  ceux 
qui  avaient  le  bonheur  de  l'approcher;  Dieu  se  plut 
à  le  combler  de  tant  de  faveurs  depuis  sqn  berceau, 
que,  dans  un  à({e  où  les  enf.inls  commencent  a  peine 
k  bé^avcr'le  nom  de  leur  mère,  tous  se»  désirs  le 
sortaient  déjà  vert  U  selilude,  le  recueillement  et 
k  prière. 


tL    S'INFCIT     DANS     UN    MONASTIRB 
SUN    ADMIRABLE    PATIENCE 

Son  jeune  cœur  était  consumé  par  les  brûlantes 
llammes  de  l'amour  divin.  Chaque  jour,  il  s'appli- 
quait à  bannir  de  son  âme  le?  pensées  terrestres,  les 
sentiments  humains,  afin  que  bieu  seul  pât  la  poc- 
séder  et  recevoir  son  amour.  Il  connut  oientôt  que 
le  monde  avec  ses  richesses,  ses  plaisirs  mensonger^, 
ses  appâts  séduisants,  allait  dev.nir  le  plus  lerrihl"' 
adversaire  de  son  innocence.  Sans  hésiter  un  seul 
iiisiant,  il  résolut  de  se  soustraire  au  pi'nl  en 
quittant  le  siècle;  mais,  prévoyant  une  funr>st<  oppn- 
-iii  >ii  d>' la  part  de  ses  paprilsqui  l'aimairiit  avec 
une  tendresse  sans  bornes  et  trop  humaine,  il  n'osa 
leur  déclarer  h  résolution,  et  s'armant  de  courafs. 


10  1 


il  proQta  d'un  moment  où  toutes  les  personnes  de 
la  maison  étaient  occupées  à  divers  travaux,  monta 
sur  un  àne,  et  s  enfuit  a  toute  bride  pour  ••chapper 
aux  poursuites.  C'est  qu'il  y  a  un  urand  péril  k 
prêter  l'oreille  aux  suggestions  eln  monde,  quand 
!a  voix  de  Dnu  appelle.  Il  faut  pr.ji;t«r  de  la  pràce 
AU  momeul  où  le  Seigneur  la  lionne.  L'ne  bonne 
entreprise  imprudemment  retardée  est  souvent  une 
entreprise  uanquée  et  plusieurs,  après  avoir  eu  la 
faiblesse  de  renvoyer  à  plus  tard,  ont  renvoyé  pour 
toujours,  et  s'en  sont  repentis  quand  il  ny  avait 
plus  de  remède. 

On  comprend  toutefois  à  quelles  inquiétudes,  k 
quelles  douleurs  se»  l'arents  furent  en  proie,  lors- 
qu  ils  s'apei'ui.  lit  lie  la  disparition  de  leur  enfant 
uien-aiiné  ;  ii'jnuioins  ils  ne  furent  pas  lonctemps 
sans  deviner  la  cause  de  ce  départ  précipité  car, 
plus  d'une  fois  déjà,  le  jeune  homme  leur  avait 
parlé  de  ^es  goûts  pour  la  solitude.  Kvidemment  il 
était  allé  chercher  quelque  retraite  ou  quelque 
monast'  re,  où  il  fût  libre  de  se  consacrer  entière- 
ment à  Dieu.  Mais  où  était-il?  Ils  s'empressèrent 
dciivover  des  messagers  dans  toutes  les  localités  de 
la  province,  et  le  (Irent  longtemps  chercher  pour  le 
ramener  sous  le  toit  paternel.  Ce  fut  inutile.  Le 
leune  homme  ne  s'était  pas  enfui  par  caprice,  mais 
pour  faire  la  volonté  de  Dieu,  et  Dieu  protégea  sa 
fuite. 

Pour  mettre  entre  le  monde  tt  lui  une  infran- 
chissable tiarrière,  le  fugitif  échangea  en  route  ses 
habits  somptueux  contre  les  baillons  d'un  malheu- 
reux. Ainsi  transformé,  il  arrive  à  la  porte  d'un 
monastère  situé  dans  le  golfe  de  Tarente,  et  y 
deaaiiile  aumône  et  asile  au  nom  de  sa  pauvreté. 
Pour  gagner  son  pain,  il  déclare  qu'il  est  berger,  et 
sollicite  comme  une  faveur  de  garder  le  troupeau 
du  monisleip.  Son  jeune  ^ige,  ce  titre  de  mendiant 
dont  il  S"  i.'lonfiait  intérieurement,  ces  haillons  qui 
lui  duiiiiaieiil  l'aspect  d'un  vagabond,  ne  lui  avaient 
pas  mérité  au  premier  abord  la  coalianc*  des  Reli- 
gieux. 

Ils  exaucèrent  néanmoins  sa  demande,  mais  en 
le  menaçant  de  cb&timeuts  exemplaires  si  on  avait 
à  se  plaindre  de  lui.  Ces  menaces  ne  diminuèrent 
pas  la  joie  qu'il  éprouva,  dans  sa  touchante  hunii- 
lit*.  de  se  voir  accepté  comme  le  dernier  serviteur 
Hii  monastère.  Tout  en  gardant  son  troupeau,  il  ne 
cessait  ite  prier  Dieu,  le  souverain  Maître  de  toutes 
choses,  au  milieu  de  cette  pittoresque  et  solitaire 
catuf  agne.  en  face  des  ondes  bleues  de  la  mer  et 
soûl  le  ciel  Kturé  de  l'Italie  méridionale.  Il  son- 
geait, dit  l'hagiotiraphe,  k  Jacob  et  k  David,  jadis 
pasteurs  comme  lui,  et  il  n'aurait  pas  voulu  chan- 
ger la  modeste  charge  qu'il  remplissait  au  monas- 
tère, pour  l'amour  de  Jésusl'.hrist,  ^vec  les  brillantes 
fonctions  d'un  page  au  palais  de  l'empereur. 

Les    mets     du    monastère    n'étaient,    certes,    ni 

recherchés  ni   délicats,    mais  son   ardent  amour  de 

La   ^niteiice    lui  inspirait  le  désir  d'une  nourriture 

•incore  plus  grossière.  Invité  par  les  moines  t  s'ss- 

.  ■     (   k  l»ur  table,  il  refusa.  «Jeux-ci.  qui    ne  con- 

t  pas  sa  vertu,  crurent  >|u'il  ne  trouvait  pas 

:i>.:j  liipn  servie  au  gré  de  sa  gourman- 

i^er  ce  qu'ils  appelaient  les  pré- 

'    d'un    petit  >tgabond,    reçu    par 

ii.i  .>eiit,  ils  ne  lui  donnèrent  plus  que  <lu 

,  a  11  r  :  encx)r«  le  lui  faisaient-ils  attandrr 


pir:. 
I 


une  hnmm*  >t<>iilTrail  de  1*  faim, 

liait 

uns 

-1    de 

elle 

l  .   Il     '      l  liv  an   !■  ne.  Jaillir  enfant. 


aux  caresses, à  l'amour  de  ses  parents,  et  il  se  voyait 
exposé  maintenant  au  mépris  de  ceux  auprès 
de-quels  il  était  venu  s'édifier.  Son  cœur  se  laissa 
dominer  par  ces  considérations  humaines  et  il  se 
mit  à  pleurer.  Pendant  qu'assis  au  pied  d'un  arbre 
il  donnait  libre  cours  à  ses  larmes,  il  entendit  tout 
à  coup  une  voix  céleste  qui  lui  dit  :  •  Jean,  pour- 
quoi t'attrister  ainsi'?  (Juimportent  les  secours 
liumains  à  celui  que  Dieu  protège?  .Ne  crains  rien, 
je  suis  avee  toi.  »  Ces  paroles  relevèrent  son  cou- 
rage, et  pénétrant  jusqu'au  fond  de  son  <tme  I« 
consolèrent  merveilleusement.  Sans  dévoiler  aux 
moines  son  origine,  sa  riche  famille,  et  les  raisons 
(le  sa  venue  parmi  eux.  il  continua  k  les  servir 
humblement.  Mais  on  ne  tarda  pas  k  lui  donner  à 
entendre  qu'on  n'avait  plus  besoin  de  lui. 

rOITI     m    Ctl.lBRl     ST    IN     SICILI 

Tii  soutàiik  dans  un  désut 

Le  jeune  homme  s'étant  rendu  au  rivage  voit  une 
barque  prête  à  faire  voile  vers  la  Calabre;  il  prie  le 
pilote  de  l'accepter  à  son  bord.  Débarqué  sur  les 
câtes  de  Calabre,  il  n'y  reste  pas  longtemps  et  passe 
en  Sicile,  où  il  se  réfugie  dans  un  vaste  di'sert  que 
le  pied  de  l'homme  semblait  n'avoir  jamaisfoulé. Là, 
il  embrasse  un  genre  de  vie  digne  des  anciens  soli- 
taires d'Egypte.  Des  herbes  sauvages  et  des  figues 
ameres  étaient  sa  seule  nourriture  ;  ses  jours,etméme 
set  nuits  presque  entières  s'écoulaient  dans  la  prière, 
et  quand!*  besoin  de  sommeil  devenait  trop  violent, au 
milieu  de  ses  longues  veilles,  il  s'enfonçait  dans  l'eau 
fraîche  jusqu'au  cou  et  continuait  son  oraison.  II 
fallait  pourtant  dormir  quelque  peu  et,  pour  ne  pas 
se  noyer  dans  son  assoupissement  forcé,  il  s'atta- 
chait k  un  arbre  a  laids  d'une  corde. 

EfTrayé  de  tant  d'énergie  et  ds  vertus,  dans  un 
ige  où  les  passions  ont  coutume  de  pousser  avec 
violence  vers  le  mal  et  les  plaisirs,  le  aénion  entre- 
prit contre  le  jeune  solitaire  une  guerre  sans 
tiève.  MaisJean,  humble  autant  que  courageux,  sut 
vaincre  toutes  les  tentations  par  les  armes  spiri- 
tuelles recommandées  par.Notre-Seigneur  lui-inéine: 
la  p.ière,  la  mortification,  et  l'amour  de  Dieu. 
Itepuusse  dans  les  assauts  intérieurs,  le  démon 
l'attaqua  d'une  manière  extérieure  et  visible,  et 
voulut  au  moins  l'épouvanter  par  des  visions 
efTr:\yantes.  Mais  avec  1*  secours  du  Seigneur,  Jean 
entendit  sans  frémir  les  rugissements  des  lions,  les 
sifllements  des  serpents,  les  mugissements  de»  ia%. 
reaux.  et  tout  c«  que  le  démon  pouvait  inventer  pouf 
le  troubler.  Loin  de  l'ébranler,  ces  diverses  tenta- 
tions affermirent  <te  plus  en  plus  sa  vertu.  Deux  ans 
s'étaient  passés  de  la  sorte,  quand  un*  voix  célsst* 
lui  dit  de  revenir  en  Italie. 

mCONNO   DA.NS  SA   rillILLI 

Cependant  ses  parents,  chassés  par  la  guerre- 
avaient  été  contraints  d'abaadonner  leurs  bieni 
pour  aller  s'établir  ailleurs  Jean,  qui  depuis  |ori|- 
teiups  ne  s'occupait  plus  des  bruits  du  moi  ' -, 
arriva  un  jour,  en  demandant  l'auiiidn*,  d.sns  la 
ville  de  Cenosa,  en  Italie.  Le  soir,  il  songea  k 
trouver  un  pauvre  coin  pour  passer  la  nu  1  •■<  Tint 
frapper  à  la  porte  dulie  maison  in  ■tip 

ne  fut  pas  sa  surprise  de  1»  trouver  i  —' 

parents.  Dominant   son  énH>ti'>n  et  '•  «    ■  > 

'If  son  c(nir.  il    implora  humblement   li  .r 

[>our  l'amour  de  Dieu. 

Les  années  i^ui  s'étaient  écoulée*,  et  os  austérités 
trinbles  l'avaient   tellement  ne  le 

irc'innut  pas;  on  se  contenta  r   par 

«■h-inté   le  petit  abri  .)  /  '  U 

ni'ii. liant,    et    nn    lui  '' 

cbaque   soir.  Je*n  ac<  eji»  m^T.  r-i..iiii.4i--iii..-.  ■! 


passait  la  journée  dans  la  solitude,  sans  autre  nour- 
riture que  des  fruits  saurases,  et  quand  la  nuit 
ramenait  les  ténèbres,  il  revenait  inconnu  à  la 
maison  paternelle. 

Craiisnant  Je  révéler  son  sacret  par  une  parole 
indiscrète,  il  ne  disait  jamais  rien  à  personne;  ses 
parents,  du  reste,  le  voyaient  rarement.  Il  vécut 
ainsi  deux  ans  et  demi.  Cependant,  sa  nourrice 
était  là  avec  sa  famille,  et  dans  ce  mendiant  sici- 
lien qui  n'avait  que  la  peau  et  les  os,  il  lui  sem- 
blait retrouver  quelques  traits  de  son  ancien  petit 
Jean,  perdu  et  jamais  retrouvé.  Un  jour,  le  voyant 
seul,  elle  s'enhardit  à  lui  dire:  •  N'es-tu  pas  J'ean, 
que  j'ai  élevé?  •  Jean  ne  voulut  pas  mentir.  «  Oui, 
c'est  moi,  répondit-il  à  voix  basse,  tais-toi.  "  Chose 
admirable,  et  où  l'on  voit  bien  la  grâce  de  Dieu, 
cette  femme,  respectant  la  vocation  de  Jean,  veilla 
sur  sa  langue,  et  garda  fidèlement  c«  dévorant 
secret. 

SCUNCt    INfOSE  —   APOSTOLAT  —  îaLUB    KIBATII 

A  cette  époque,  un  changement  merveilleux  se 
passadans  l'àme  du  jeune  ermite.  Une  nouvelle  phase 
de  sa  vie  allait  commencer.  Dieu  qui  l'avait  préparé 
dans  l'humilité,  la  prière  et  la  pénitence,  pour  en 
faire  un  instrument  docile  en  sa  main,  allait  l'em- 
ployer au  salut  des  âmes,  et  lui  donner  les  dons 
surnaturels  nécessaires  à  sa  mission.  Il  éclaira  son 
intelligence  de  lumières  supérieures,  et  le  doua 
d'une  éloquence  si  vive,  si  suave,  si  persuasive,  si 
savante  en  même  temps,  que  les  hommes  les  plus 
instruits,  qui  eurent  dans  la  suite  l'occasion  de  l'en- 
tendre, étaient  forcés  d'avouer  que  sa  science  ne 
venait  pas  de  la  terre,  mais  du  ciel. 

Alors  l'apâtre  saint  Pierre  lui  apparut  et  lui  dit  : 
«  Courage,  mon  fils,  de  grands  combats  te  sont 
réservés  pour  le  service  de  Jéius-Christ.  Va  à  envi- 
ron un  mille  de  Genosa  ;  tu  y  trouveras  une  église 
dédiée  sous  mon  nom  et  i  moitié  ruinée  ;  je  te 
charge  de  la  rebâtir  et  de  disposer  toutes  choses 
pour  que  le  service  divin  puisse  de  nouveau  s'y 
célébrer  â  la  gloire  de  Dieu  et  en  mon  honneur,  n 
Jean  se  met  aussitôt  â  l'œuvre;  il  va  quêter  auprès 
de  tous  le*  habitants  de  la  contrée,  les  intéresse  â 
cette  pieuse  entreprise,  s'impose  mille  courses  et 
mille  démarches,  brave  les  moqueries  et  les  injures, 
obtient  de  l'argent  des  unt,  des  matériaux  et  des 
bétes  de  somme  de  la  part  des  autres,  le  travail 
volontaire  de  plusieurs,  si  bien  qu'au  bout  de  quel- 
que temps,  l'église  de  Saint-Pierre,  toute  renouvelée 
et  rebâtie,  s'ouvrait  aux  fidèles  pour  le  culte  divin. 

Cette  (Buvre  étonnante,  accomplie  par  un  men- 
diant sans  ressources,  remplit  d'admiration  tout  le 
pay»;  le  bruit  en  vint  iusqu'aux  oreilles  du  comte 
qui  gouvernait  la  province.  Le  mendiant  a  dû  trouver 
quelque  grand  trésor,  lui  dit-on,  et  il  le  dépense, 
sans  que  ni  le  propriétaire  du  lieu  où  il  l'a  décou- 
vert, ni  l'Klat  en  reçoivent  rien.  Jean  fut  arrêté,  et 
somm*^  de  déclarer  où  il  avait  rencontré  le  prétendu 
trésor,  il  affirma  ne  rien  posséder  et  fut  jet''  en  pri- 
son. On  lui  fit  subir  toute  <sp>'ce  de  mauvais 
traitement*.  Mais  un  jour,  un  niige  afiparut  dans 
•ion  cachot  et  lui  dit  :  •  Que  fais-lu  encore  ici,  Jean? 
Tu  a*  donné  des  preuves  suffisantes  de  ta  patience. 
Sors  et  va  où  fli'-u  t'enverra,  nul  ne  t'en  pourra 
'•mp'-cher.  »  A  l'insLint,  ses  chaînes  tombent,  la 
porte  de  son  cachot  ■sinvre.  le  pnsonnier  sort,  tra- 
verse la  f'irteresse  au  ;i]  ln-u  des  soldat?  ft  des  ser- 
viteurs lin  c-.'tn;».  ,1,-  ,:tre  reconnu  par  eux  et 
s'enfuit.  De*  <,  envoyé»  A  la  poursuite  du 

fugitif,  le   r'  ■       '   et  ne   le  reconnais"<enl   pas 

davanta(;e. 

Cependant  une  autre  vision  frappe  son  Ame 
d'épouvante.  Il  aperçoit  deux  démons  furieux  qui 


emportaient  une  âme  :  "  C'est  l'àme  d'un  tel  qui  t'a 
dénigré  autant  qu'il  a  pu,  lui  disent-ils:  mainte- 
nant. Dieu  nous  l'a  abandonnée  pour  le  châtier  de 
tout  le  mal  qu'il  a  fait  à  toi  et  aux  autres.  »  Jean 
se  mit  à  prier  pour  cet  ennemi,  mais  bientôt,  ayant 
demandé  de  ses  nouvelles,  il  apprit  que  cet  homme 
pervers  était  mort,  au  moment  même  où  il  avait  vu 
les  démons  emporter  son  âme. 

UN  MOMASTIRI    IMCKNDIB      —    SAIITT  iXAN    DK  MATHiHA  AL' 
MONT  CASGAN  —   PRBDICATIO.N  A  BABI 

A  peine  délivré  de  sa  captivité,  le  serviteur  de 
Dieu  se  dirigeait  vers  Capoue,  lorsqu'il  fut  inspiré 
de  revenir  sur  ses  pas  et  d'aller  au  mont  Lueno, 
auprès  de  saint  Guillaume  de  Verceil  et  de  ses  Reli- 
gieux. Guillaume  et  ses  bons  moines  le  reçurent 
avec  une  joie  immense.  Mais  Jean  leur  dit  :  n  Mes 
Frères,  un  malheur  vous  menace  ici,  quittez  celte 
demeure  et  transportez-vous  ailleurs.  »  Ces  paroles 
parurent  étranges  aux  cénobites.  Le  couvent 
était  agréablement  situé,  commodément  bâti;  il  leur 
en  avait  coûté  beaucoup  de  travail  et  de  peine  pour 
le  construire  et  le  meubler;  ils  s'y  étaient  attachés, 
et  même  plus  qu'il  ne  conve>*ait  à  la  perfection 
monastique. 

Ils  doutèrent  de  la  prophétie  du  saint  homme  et 
ne  déménagèrent  pas.  Bientôt  un  violent  incendie 
détruisait  les  bâtiments  claustraux,  et  tout  ce  qu'il." 
contenaient  fut  la  proie  des  flammes. 

Les  moines  partirent  alors  pour  une  autre  mon- 
tagne, appelé  Serra-Cognata;  l'homme  de  Dieu  les  y 
accompagna  et  demeura  avec  eux  pour  les  encou- 
rager jusqu'à  ce  qu'ils  se  fussent  construit  des  cel- 
lules habitables.  Aussitôt,  disant  adieu  aux  céno- 
bites et  à  leur  abbé,  il  vint  à  Bari  et  se  mit  à  prê- 
cher aux  foules  avec  un  zèle  et  une  éloijnence  tout 
apostoliques.  Beaucoup  de  pécheurs  se  convertirent 
et  revinrent  à  Dieu  sincèrement,  mais  d  autres, 
jaloux  de  la  vénération  dont  le  Sïini,  était  entouré, 
et  obstinés  dans  leur  orgueil,  méprisèrent  ses  exhor- 
tations; ils  allèrent  même  l'accuser  d'hérésie  auprès 
de  l'évêque. 

Jean  n'eut  pas  de  peine  à  se  justifier.  Au  reste, 
les  miracles  parlaient  pour  lui.  La  fille  du  chance- 
lier du  prince  était  à  toute  extr-'mité,  le  Saint  la 
guérit  miraculeusement  et,  |)Our  se  soustraire  aux 
applaudissements  de  la  foule,  B'empre?se  de  quitter 
le  |iavs.  Il  se  rend  au  célèbre  sanctuaire  de  Saint- 
Michel,  au  mont  Garsan,  et  annonce  la  parole  de 
Dieu  aux  nombreux  pèlerins  qui  s'y  rendent.  Une 
grande  sécheresse  désolait  alors  la  contrée. 

Dès  que  la  foule  eut  deviné  la  sainteté  de  son 
nouveau  missionnaire,  elle  le  supplia  d'obtenir  île 
Dieu  la  cessation  du  Déau.  "  Ce  mnlheur.  répondit 
le  prédicateur,  est  une  punition  des  péchés  qui  se 
commettent  en  ce  pays;  un  de  ceux  qui  sont  atta- 
chés au  service  de  ce  sanctuaire  contribue  pour  sa 
part  à  irriter  Dieu,  au  lieu  de  l'apaiser.  —  Quel  est- 
il?  cria  la  foule,  qu'on  le  brûle.  —  Ce  ne  sont  pas 
des  bûchers  qu'il  vous  faut,  répondit  le  moine,  mais 
des  conversions  sincères.  >  <'.v9  parole'»  eurent  le 
■succès  attendu  et,  après  des  conversions  exem- 
plaires, le  Saint  obtint,  par  linlercession  de  saint 
Michel,  la  pluie  désirée.  Le'  habitants, au  comble  de 
la  loie.  voulaient  à  tout  prix  retenir  le  serviteur  d.> 
Mi<-M  dans  leur  pavs.  mais  il  leur  déclara  que  le 
Seigneur  l'appelait  ailleurs. 

vision   —  PONDATION   d'un  MONAITtkl 

Krhappé,  non  sans  efforl«.  k  ce  peuple  aii<i<iel  n 
ivait  pour  «in<i  dire  rendu  la  vie,  Jean  vi  y.ms. 
lerner  dans  l'église   de  ,Samt-Mirhe|   et  ' 

lumières  du  ciel  afin  d'apprendre  de  q 
doit    diriger    lei   pas.   A   peine  était-il    «u    |>r>«>  " 


qu'une  femme  d'une  merTeilleuse  beauU  (sans 
doute  la  Très  Sainte  Vierge), lui  apparut  et  lui  indi- 
qua du  doigt  le  lieu  où  il  devait  aller  pour  y  b&tir 
une  église. 

Sans  tarder,  Jean  s*  met  en  route  avec  les  quel- 
ques compagnons  qui  déjà  s'étdient  attachés  à  lui, 
et  arrive  au  lieu  nommé  Pulsano.  Il  v  fonde  un  mo- 
nastère aTec  une  église  adjacente,  et  embrasse 
a»ec  ses  six  compagnons  la  rcf  le  de  saint  Benoit. 

Six  mois  ne  s'étaient  pas  encore  passés,  et  le  bruit 
de  l'admirable  ferveur  des  solitaires  s'était  déjà 
tellement  répandu  qu'on  vit  accourir  au  monastèie 
un  (.'rand  nombre  de  personnes  du  siècle  désireuses 
d  arriver  à  la  perficlion,  elles  venaient  se  confier  à 
la  sage  direction  de  notre  Saint. 

Des  enfants  de  nobles  familles  s'arrachaient  aux 
délices  du  monde,  aux  embrassements  de  leurs 
parent!<,  pour  v«nir  recevoir  des  mains  du  pieux 
abbé  les  saintes  livrées  du  Christ. 

Pendant  que  le  nombre  de  ses  Religieux  s'accrois- 
sait, Jean  oénissait  en  même  temps  la  divine 
Providence  qui  lui  envoyait  chaque  jour  d'abon- 
dantes aumônes  pour  subvenir  aux  besoins  du 
monastère.  Son  humilité  ne  pouvait  se  persuader 
que  Dieu  daignât  s'occuper  de  lui;  les  marques  de 
l'spect  et  de  vénération  qu'on  lui  témoignait  ne 
taisaient  qu'augmenter  le  mépris  qu'il  avait  de  sa 
personne.  ^ 

Néanmoins,  plus  il  cherchait  à  s'abaisser,  plus 
Dieu  se  plaisait  à  l'exalter.  Celui-là  s'estimait  heu- 
reux, qui  pouvait  marcher  là  où  il  avait  passé, 
toucher  ses  habits,  eu  même  le  voir  une  fois. 

U.  KESSUSCITI  U.N   ENFANT  ÉCKASK  SOUS  U!^   «OCUm 

Un  enfant  de  noble  famille,  nommé  Orso,  avait 
pris  l'habit  au  monastère.  Un  jour,  quelques  parents 
du  jeune  homme  vinrent  à  l'abbaye  lui  rendre  visite. 
Le  Saint  travaillait  en  ce  moment  de  ses  propres 
mains  à  la  construction  d'un  mur.  Il  avait  désigné 
quelques  enfants  du  monastère  pour  ramasser  des 
pierres  et  les  préparer  près  de  lui,  afin  qu'il  n'eût 
qu'a  choisir  celles  qui  conviendraient.  Tout  à  coup, 
un  énorme  rocher  se  détache  de  la  monla^-ne;  les 
enfants,  avertis  par  le  bruit,  et  frappés  d'épouvante, 
se  précipitent  vers  le  couvent.  Un  seul  n'a  pas  le 
temps  de  fuii  assez  tât,  il  est  atteint  par  le  bloc  de 
iiierre  qui  le  renverse  et  lui  passe  sur  l«  corps  en 
l'écrasant  sous  son  poids. 

Les  témoins  de  cet  affreux  spectacle  restent  un 
instant  muets  d'effroi  et  d'émotion  ;  bientôt  revenant 
de  'leur  stupeur,  ils  accourent  à  la  victime  et  la 
relèvent;  le  malheureux  enfant  ne  donnait  plus 
sitfne  de  vie.  Enfants  et  moines  éclatent  en  sanKlcits. 
A  ce  moment  des  étrangers  arrivent  sur  le  thiatre 
de  l'accident  :  c'étaient  les  parents  de  l'infortuné 
jeune  homme  I  A  la  vue  du  cadavre  livide  et  ensan- 
pUnté  du  doux  et  joyeux  enfant  qu'ils  venaient  voir 
et  embrasser,  ils  sont  pii.->  d'une  douleur  folle,  se 
j'  lient  A  terre,  se  frappent  le  visage,  et  se  tournant 
vers  le  supérieur  du  monastère:  •  Hcnds-nous,  lui 
cri'-rent-ils,  le  fils  que  tu  nous  as  ravi.  »  Le  pauvre 
rieur  n'était  pour  rien  dans  ce  triste  accident. 
-  irriter  de  leurs  injustes  récriminations  et  de 
leui  menaces,  ils  s'efforce  de  relever  leur  courn^ir  et 
if  Uur  recommander  la  soumission  à  la  volonté  de 
Dieu.  Knsuite,il  fait  apporter  l'enfant  dans  l'éijlisi 
de  la  S  unir  Vierge,  ordonne  au  peuple  de  sortir  et 
se  mt'l  •  Il  pruro:  •  Seigneur  Dieu,  qui  avez  tout 
créé  d«  ri'i  ,  d.til,  rendez  cet  enfant  h  la  vie,  el 
-!  i:.Ti'z  le  c(.ii.iri  ver  à  votre  sainte  Kflise,  afin  que 
'  '-UX  qui  le  verront  glorifient  la  puissance  de 
■  om.  • 

\  -l'i^t  tl  s'approche,  prend  l'enfant  par  la  main, 
I'    :t  >c   et  U   met  «ur    (rt   pieds     Puii  il   ouvre  les 


portes  de  l'église  et  le  montre  à  tous,  plein  de  vie 
et  de  santé.  En  même  temps,  il  lui  commande  de 
reprendre  son  travail,  et  l'avertit  de  veiller  désor- 
mais avec  plus  de  prudence  sur  lui-même. 

Un  autre  jour,  le  vénérable  abbé  avait  envoyé 
certains  Frères  dans  la  forêt,  pour  abattre  des 
arbres  destinés  à  la  construction  d'une  maison. 
L'ennemi  de  tout  bien,  voyant  qu'ils  accomplis- 
saient l'ordre  de  leur  Père  avec  beaucoup  d'obéis- 
sance et  d'humilité,  se  présenta  soudain  devant 
eux  sous  la  forme  d'un  chef  de  brigands,  suivi  de 
ses  satellites,  armés  des  pieds  à  la  tête.  A  cette  vue, 
les  Frères  épouvantés  s'enfuient  dans  toutes  les 
directions.  Mais  voici  qu'ils  aperçoivent  leur  bien- 
heureux Père  s'avancer  dans  les  nirs,  environné 
d'une  lumière  éblouissante  :  il  portait  à  la  main  une 
verge  avec  laquelle  il  poursuivit  les  malins  esprits, 
et  les  frappa  d'une  manière  vigoureuse,  jusqu  à  ce 
que  tous  s'évanouissent  comme  une  ombre.  Les 
Frères,  à  qui  la  présence  de  leur  Père  avait  rendu 
le  courage,  accoururent  alors  vers  lui,  comme  des 
entants  pleins  d'amour.  Il  les  exhorta  à  ne  point 
se  tourmenter  des  artifices  du  démon,  leur  dit  de 
continuer  à  vivre  tous  le  regard  de  Dieu,  et  après 
leur  avoir  adressé  quelques  paroles  d'édification,  il 
disparut  à  leurs  veux. 

Le  saint  abbé  fonda  ou  releva  plusieurs  couvents 
de  religieuses  où  ses  instructions  firent  fleurir  la 
perfection  chrétienne. 

MORT    DS   SÀIHT  JEAN    DE    UATHikA 

Le  bienheureux  Jean  était  parvenu  à  un  tel  état 
de  sainteté  que  Dieu  semblait  prendre  plaisir  i 
s'entretenir  familièrement  avec  lui.  Il  voulait  que 
tout  lui  vint  de  la  part  du  Seigneur,  et  n'entrepre- 
nait aucune  œuvre  sans  avoir  reçu  du  ciel  l'as- 
surance   de    son    utilité. 

Quand  la  mort  arriva,  avec  son  long  cortège  de 
souffrances  et  de  séparations  cruelles.  Il  la  vit  sans 
trembler:  que  peut  en  effet  la  mort,  sur  celui  i]ui, 
tous  les  jours,  s'est  efforcé  de  mourir  au  monde  et 
asnire  avec  ardeur  aux  biens  éternels. 

Levant  les  ytux  au  ciel,  le  saint  mourant  dit  aux 
démons:  -Que  cherchez-vous. ouvriers  de  l'iniquité? 
Reconnaissez-vous  en  moi  quelque  chose  qui  vous 
appartienne?  Vous  m'eiili3urez  comme  des  chiens 
allâmes,  attendant  qu'on  leur  jette  pour  pâture  les 
chairs  d'un  cadavre.  Mais  sachez  que  vous  attendez  en 
vain  :  il  n'y  a  rien  en  moi  qui  puisse  devenir  voire 
proie.  Laissez-moi  donc  mourir  en  paix.  ■• 

Devant  ces  paroles  pleines  de  confiance  dans  la 
toute  puissante  honte  de  Dieu,  les  esprits  infernaux 
qui  venaient  troubler  ses  derniers  moments  s'en- 
fuirent, et  le  Saint  vil  s'approcher  de  lui  un  chœur 
angélique,  qui   remplissait  l'air  de  chants  célestes. 

Le  pieux  abbé,  confus  de  tant  de  marques 
d'amour  de  la  part  du  Si-igneiir  envers  une  misé- 
rable créature,  entonna  le  chant  de  sa  délivra  me 
el  de  la  fin  de  son  exil.  >•  Dieu  de  miséricorde, 
arrachez-moi  de  cette  prison  où,  malheureux  captif 
des  le  sein  de  ma  mère,  je  gémis  sur  les  maux  de 
la  nature  humaine.  Brisez  ces  liens  qui  gênent 
lessor  de  mon  âme,  et  m'empêchent  d*  voler  vers 
ma  vérilalilc  patrie.  Saints  anges,  qui  \<nn  m'as- 
sister  dans  mes  derniers  moment»,  daigner  me 
prf'scnter  a  mon  Dieu  comme  une  tioAtie  vivante, 
atin  que  je  puisse  le  chanter  et  le  bénir  pendant 
toute  l'éternité  des  sièrirs.  » 

Ce  furent  ses  dernières  paroles.  Courbant  la  télé, 
il  joignit  les  mains  sur  sa  poitrine,  et  s'endormit 
du  snninieil  de  la  paix  peur  >e  réveiller  daoa 
le  sein  de  Dieu,  I  an  du  salut  \  1.19,  sous  le  pontiflcAl 
d'Innocent   II   tl   le   rè^'nr    d«   Kefer,  roi    de  SieiU. 


\mp.-jéranl,  K.  l'trimwiii.  H,  nie  Kraa<;oli  I",  Paru. 


SAINT  LOUIS  DE  GONZAGUE 

PATRON   DE  LA  JEUNESSE 


Fête   le  21  juin. 


NAISSAKCK  DE  SAIRT  LOUIS  DE  GONZAGUE 

L'aii;.'H|jquc  jpuno  hommo.  «aint  Louis  de  Tion- 
zaffue,  qup  Ip  pape  Benoit  XIII  a  prn|io<<f-  romme 
modèle  d'innorenre  et  de  pureté  et  comme  patron 
à  la  jeunesse  des  «•rôles,  eut  pour  père  Ferdinand 
de  l^ionzafrue,  marquis  de  Castit.'lion'',  prince  du 
Saint-Empire,  et  pour  mère,  Marthe  Tana  San- 
ten.i.  tille  de  Tatio  Santena,  seigneur  de  Chieri, 
en  Piémont. 

I<e  d'i«ir  de  «c  voir  mère  (il  faire  h  la  marquise 
d'ardente»  prières  pour  obtenir  du  Seigneur  qu'il 
lui  donnât  un  flis.  non  pour  être  le  soutien  de 


sa  famille,  mais  pour  servir  Jésus-Christ.  Ses 
v(pux  furent  enfin  exaucés.  Mais  celte  joie  mater- 
nelle fut  hientrtt  traversée  par  rappréhension  de 
perdre,  avant  même  de  le  posséder,  ce  fruit  de 
tant  de  désirs.  I,a  marquise,  en  effet,  soulTrit  de 
si  trrandes  douleurs  dans  ses  couches,  qu'au 
ju;.'ement  des  médecins,  la  mère  ni  l'enfant  ne 
pouvaient  vivre 

Kn  cet  état,  elle  eut  recours  à  In  Sainte  Vierri 
et  fit  vcpu,  si  elle  et  son  rih  échappaient  au  péi  il, 
d'aller  en  pèlerinai:e  à  N'olre-ltame  de  l>ir<'(lf 
'■t  d'y  jiorter  l'enfant  pour  le  lui  consacrer.  Llle 
n'eut  pas  plutôt   achevé   celle  promesse,   que 


iiZ6 


l'enfant  vint  au  inonde,  plein  de  vie,  le  9  mars 
de  l'an  1308.     | 

ADMIRABLES  DI-PO-ITIO.N-  i)t.   i.vi.i-   .t.;    SES 
l'IŒMlkRBS  ANNKES 

Cette  pieuse  mère,  regardant  di's  lors  ce  fils 
comme  un  Jt'pi\t  sacré  qu'elle  devait  remetlre 
un  jiiur  iui.icl  à  la  Mère  de  Dieu,  prit  un  soin 
cxln'iiii-  >le  lui  inspirer  de  bonne  heure  les  sen- 
tiiiieiit<  de  la  plus  1>Mi.iro  piété.  L'an;,'éliiiae 
(Miraiit  montra  bientôt  li,i-in<'>me  iju'il  était  vrai- 
ment l'objet  d'une  aJ-'i'Uou  et  d'une  protection 
toute  paiticuliére  de  li  part  de  la  Heine  du  cieî; 
et  les  dispositions  nui  veilleuses  jui  se  •'  elop- 
jiaient  en  lui  de  jour  en  jour,  dép;ls^  ent  de 
beaucoup  tout  ce  qu'en  aurait  pu  espérer  une 
raére  si  verluiuse.  Il  était  encore  au  berceau,  et 
déjà  sa  tendresse  pour  les  pauvres,  la  corapa-^sion 
(ju  il  téniiii-'Uiiil  à  la  \ue  de  leurs  misères  éton- 
nait tout  le  monde.  S'en  présentait-il  un  devant 
lui,  il  *••  mettait  aussiti)t  à  pleurer,  et  on  ne  pou- 
vait l'apaiser  uu'en  taisant  l'aumAue.  D';s  qu'il 
put  [Lirler.  on  lui  apprit  à  prononcer  les  saints 
noms  de  Jésus  et  de  .Marie,  a  faire  le  si^'ne  de  la 
cfiiix,  ce  qu'il  répétait  avec  une  joie  et  une  fer- 
veur ailmirables.  Son  visasse,  empreint  d'une 
an;.'élique  dimceur,  respirait  un  tel  air  de  piété, 
que  ceux  qui  le  portaient  entre  leurs  bra-^ 
croyaient  t^nir  un  aii;.'e,  à  la  seule  vue  du<piel 
ils  se  seiitarent  intérieurement  animés  à  la  vertu. 
Uuand  il  put  marcher,  il  commença  à  se  ritiier 
seul  on  secret,  pour  y  prier  Dieu  avec  plus  de 
recueillement.  11  inaugurait  ainsi  celte  vie  de 
priérr  (|ui  ilfvait,  en  peu  d'annéeSf  l'élerer  à  une 
si  liaulr  perfe.tion. 

Iji  (lieuse  mar<|uise  était  ravie  de  voir  ces 
inclinations  de  sou  lils  pour  la  )>iété,  mais  le 
marquis  mmi  pi-re  eut  mieux  aimé  lui  voir  de 
l'ardeur  pour  b-y  armes.  Il  le  prit  avec  lui  pi>ur 
all'T  faire  à  Ca^^al  une  revue  de  ses  troupes, 
allii  qu'en  se  tiouv.int  perp'-tuellement  on  con- 
tact avec  les  mo  ur->  milit^iue'*,  il  put  prendre  une 
humeur  yuerri' ce.  l^minie  l'enfant  n'avait  encore 
qui-  ciiii|  ans,  le  mauvais  exemplf  des  p»ns  de 
^■uerre  fit  quelque  inipres-'ion  sur  lui.  Il  >'ii 
ri'tint  des  p.ir.'le-  un  peu  libres  qu'il  répétait 
san<  le<i  comprendre,  mais  son  uouverneur  l'en 
ayant  repris  auxMtiU,  il  en  eut  horreur,  et  évita 
dé-ormais  ceux  qui  les  prononçaient.  Ce  fut  bi 
sa  plus  grande  faute,  qu'il  pleura  et  dont  il  lit 
pénitence  toute  sa  vie. 

PliniEH^  DMUI8  Ul  OL'ITTBH  LR  MOXDIt 

.\  I  '        '  '   ,'       '  ■  '       r.^lait  le  lerans 

tuent  épri--  il-- 

1' 1  .1  i.>nl  <••■    :■•     ' 

on^acrer    uni 


de  Si 

l't -Il ,  '|ii  il  1 1~. 

1!    ilir   aime, 


lui    <i'' 

riur 
eu'  ■ 


sa  laililes»c  serait  trop  grandi . 

r.  r\IT  LOl'IS  A  LA  COfR  IiM  Piii- 

....  .1..  I. ..■,.,  1,..  ,  I,  .11,,  '  .|i  ' 


pro;irés  [surprenants  dansMa  sainteté,  l.a  [uière- 
l'étude  lui  tenaient  lieu  de  tous  leâ  divertisse^ 
inents.  Pourtriiuiipher  pluf  facileinent  du  démon, 
du  monde  et  de  sa^prcuire  nature,  il  se  mit  sous 
la  sauve;;arde  de  la  Très  Sainte  Vierge,  et  lit 
entre  ses  mains  le  vœu  de  virginité  perpétuelle. 
Cél  acte  héroïque  lui  attira  tant  de  grâces  que, 
depuis,  il  ne  ressentit  plus  aucun  mouvemeat 
contraire  à  la  pureté.  Sa  délicatesse,  d'ailleurs, 
pour  cette  admirable  vertu,  allait  jusqu'à  l'excès. 
Tout  jeune  qu'il  (était,  il  se  Ht  une  loi  de  ne 
jamais  regarder  une  femme  en  face,  pas  même 
la  marquise  >.i  mère.  Jam.ais  il  ne  permit  à  son 
valet  de  chambre   de  l'aider  à  s'h.ibiller,  et  sa 

fiudeur  était  si  grande  qu'il  n'osait  pas  même  lui 
aisser  voir  le  bout  de  ses  pieds  nu*. 

Il  avait  onio  ans  lorsqu'il  quitta  l.i  cour  de  Flo- 
ren  ••■  pour  passer  à  celle  du  duc  de  Manloue,  son 
proche  parent.  Ce  nouveau  théâtre  des  ;;randeurs 
et  de  l'éclat  de  sa  maison  n'éblouit  point  le 
jeune  Saint.  Ce  fut  là  qu'il  résolut  déliiiitivement 
de  quitter  le  monde  et  de  céder  à  son  frère 
llodolphe  son  titre  an  inar<|j|iisut  de  Casti:;lione, 
dont  il  avait  déjà  été  iinesli  par  l'empereur. 

L'alTaiblisseinent  de  sa  >anlé  lui  servit  de  pré- 
texte pour  rentrer  d  iiis  la  maison  paternelle. 
D'une  complexion  dé|à  très  délicate,  sa  santé 
>'était  encore  considfrabbiiient  alT.iiblie,  par 
suite  de  ses  pénitences  excessives,  et  il  en  était 
résulté  un  état  de  lougueur  qui  mettait  ses  jours 
en  danuer. 

Ce|>endant,  di  retour  à  C,istii;lione,  loin  d'adou- 
cir en  rien  la  régie  qu'il  -^'elail  impo-ée,  il  con- 
tinua à  travailler  de  plus  en  plus  à  sa  sancti- 
fication. Il  s'enfermait  ordinairement  dans  sa 
chambre  pour  n'élre  point  interroiniiu  dan»  ses 
loni.'iies  oraisons.  Les  serviteurs  du  château  l'ont 
vu  souvent  prost»;rné  devant  son  crucilix,  les 
bras  étendus  t-t  dans  une  altitude  si  fervente, 
que  cette  vue  leur  arrachait  des  larmes. 

D'aiitrrs  fois,  il  était  ravi  en  exta-f,  ses  yeux 
lançait  di-s  llainmes.son  visaae,  rayonnant  comme 
celui  d'un  séraphin,  le  faisait  prendre  pour  un 
anae  du  ciel. 


PHEHIKIIK   CUKKI.'MOK    Ilï   Lons,  SON    AMOUR    POl'h    l.t 
SAI.VTK  EL'CIUUISTII 

Ce  fut  à  cotte  époque,  que  saint  Charles 
llorroiii' '  I  i^".!!!!  PII  Chàtillon.  \il  pour  la 
premi  Le  ::raiid  é\éque  dé- 

couvrit -  ii'-'or- de  yràce  ren- 

fermés dans  celle  .hn^  aii;:idique.  I.ouis  n'avait 
p.'inf  "nfore  rei-u  la  "imi!'-  •'.omiiiiitiion,  saint 
r!  ■  ■  :i«.  Avec 

■  1  lie  iuno- 

-   Il  |ii.u  piiUi   1.1  !oi«,  le» 

ont   pu  le  coinpr>  i    visage 

.1111-,  "ii's  yeux  renii  '  trahis- 

l'ardi'ur  du  f-'ii  di  -.ni  son 

.    ,  ur     I'  '  '  iii'-i," 


tollil    b 


ur 

>1U  il    ~ 

m 

ili-    «y 

pri'li'  n    kouliiii  lit  l'en- 


tendre  sur  ce  sujet  avant  de  montt^r  eux-mêmes 
à  l'autel,  pour  s'exciter  à  la  ferveur. 

MOBTIFICATIPN  EXTRAORDINAIRE  DE  SAI.NT  LOUIS 
DANS  LE  MONDE 

L'étude  des  belles  lettres  à  laquelle  s'appliquait 
alors  noire  Saint  n'ntîaiblit  point  en  lui  l'esprit 
intérieur,  qu'il  nourrissait  par  la  pénitence.  U 
•est  diflic-ile  de  porter  plus  loin  la  haine  de  soi- 
niénie.  Les  pénitences  de  ce  jeune  prince  délicat, 
maladif,  auraient  effrayé  les  reli;.'ieux  les  plus 
inorlifiés,  et  l'on  ne  vit  jamais  tant  d'innocence 
unie  à  tant  d'austérité. 

i\  n'avait  encore  que  treize  ans,  et  déjà,  il 
jeûnait  trois  fois  la  semaine;  le  vendredi,  toute 
sa  nourriture  consistait  en  une  once  de  pain 
trempé  dans  de  l'eau,  qu'il  prenait  à  midi,  le 
soir  il  retranchait  encore  d'une  quantité  si  léiière. 
Son  ordinaire,  d'ailleurs,  était  si  sobre  que,  sans 
un  secours  particulier  de  Dieu,  il  n'eût  pu  sub- 
sister. 

A  cette  rigoureuse  abstinence,  il  ajoutait  la  dis- 
cipline jusi|u'au  sanf,'  :  d'abord  il  ne  la  prenait 
que  trois  fois  la  semaine,  il  la  prit  depuis  tous 
les  jours,  et  enûn  trois  fois  en  vin:;t-quatre 
heures,  et  à  tel  point  qu'on  trouva  souvent  le 
plancher  et  les  murs  de  sa  chambre  teints  de  son 
sans.  Il  glissait  adroitement  une  planche  dans 
son  lit,  et,  faute  de  cilice,  il  mettait  ses  éperons 
sous  sa  chemise  pour  en  être  piqué  à  tout 
moment. 

Jamais  il  ne  se  chauffa,  même  dans  les  plus 
rudes  hivers;  au  milieu  de  la  nuit,  quand  tout 
le  monde  dormait,  il  se  levait  doucement  et,  par 
les  plus  itrands  froids,  à  peine  vêtu,  il  passait 
de  b'U-'ues  heures  en  prières,  jusqu'à  ce  que  le 
froid  le  saisissant,  il  tombât  par  terre  de  faiblesse. 

SAINT  LOUIS  A  LA   COUR  D'eSPAGNE 

L'an  1581,  le  marquis  de  Gonzacue  conduisit 
son  fils  en  EspaL-ne,  à  la  suite  de  l'impératrice 
Marie,  fille  de  Charles-C'uint,  et  bientôt  le  jeune 
Louis  fut  d^nné  pour  paue  au  prince  Jai:ques, 
nls  de  Philippe  II.  Il  semblait  que  Dieu  voulût 
ainsi  montrer  notie  Saint  à  la  plupart  des  cours 
de  l'Europe  pour  faire  voir  que  la  piété  est  de 
toutes  les  conditions  et  l'innocence  de  tous  les 
àae».  En  effet,  mal;;ré  les  di.stractions  qui  se 
rencontrent  à  la  cour  des  princes,  Louis  ne  | 
riMi.Tii'  lia  rien  ni  de  ses  prières,  ni  de  ses  mor- 
iiii.  l'i  .11-^,  il  trouva  même  le  temps  de  s'appli- 
quer à  l'élude  de  la  philosophie. 

IL  REÇOIT  DU  CIEL  l'aSSUBANCE  CIU'iL  EST  APPELÉ  A   LA 
COMPAGNIE  DB  JÉSUS 

Aprè«  un  an  de  séjour  en  Espagne,  iné  alors  de 
-'•i7f  .III s.  il  ju;;eaque  le  moment  était  venud'exé- 
riiter  le  des'-ein  qu'il  avait  formé  d'entrer  daii'^ 
un  Ordre  rclidi'iix.  Mais,  .ommn  il  n'avait  point 
eiii-dpj.  fail  choix  d'une  cont'répation  en  parti- 
culiiT.  il  mit  recours  à  la  .Sainte  Vier:ie,  son 
refiiui-  ordinaire,  et,  le  jour  rie  son  Assomption^ 
il  (il  une  cnramiinion  au  collège  des  Jésuites  de 
Madrid,  avec,  une  dévotion  et  une  préparation 
estraordinnire»,  afin  d'apprendre  ce  que  Dieu 
d'iniii.I  ill  A'-  lui.  '•■,1  iiriére  fut  aus-^ilol  exaucée,  ' 
Cl'  lit  son.nclinn  de  ;.'nlre8,  il   ! 

"Il'  '  an  fond  de  son  cn-ur  une  ' 

'. '<  T    jui  lui  oriiiinnait  d'entrer  dans  la  Coaipa-  | 

.•III        !•■  Jéitus. 

I.PBRUrC3  SUSCITf.R.4  A  lA  VOCATIOM  | 

l.e  jeune  homme  réîiolut  d'obéir  le  plu?'  promp*   ' 
tem'-nl  |ios,i|,|..  -i  l'avl»  du  rir],  m-'ii^  dp  rude»    I 


combats  l'attendaient.  Tout  ce  qu'une  naissance 
illustre  a  de  plus  llatteur,  tout  ce  que  la  ten- 
dresse d'un  père  a  de  plus  séduisant,  fut  mis  eu 
œuvre,  pour  lui  faire  changer  de  résolution.  On 
le  promena  par  les  cour-;  les  plus  brillantes  de 
l'Italie,  on  l'accabla  d'allaires,  on  le  chartjea  de 
néfrociations  importantes  et  extrêmement  épi- 
neuses, on  lui  ménagea  des  enlrelifns  avec  des 
personnages  d'autorité  qui  le  dissuadèrent  de  se 
faire  religieux.  Tout  fut  inutile.  Le  marquis  .son 
père,  après  un  refus  trop  dur  qu'il  venait  de  lui 
faire,  l'ayant  surpris  à  genoux  devant  ^on  crucifi.x, 
mêlant  son  sang  avec  ses  larmes  pour  obtenir 
de  Dieu  ce  que  les  hommes  s'obstinaient  à  lui 
refuser,  se  sentit  si  fort  attendri  qu'il  n'.^ut  pas 
le  courage  de  prolonger  davantage  les  tourments 
de  son  fils,  et  il  consentit  enfin  à  son  départ.  Il 
voulut  cependant,  qu'auparavant,  Louis  allât  à 
Milan  y  terminer  quelques  affaires  de  famille. 
Le  jeune  Saint  ne  montra  que  trop  ses  talents  en 
cette  rencontre  et  peu  s'en  fallut  que  son  habi- 
leté ne  mît  un  nouvel  obstacle  à  son  bonheur. 

«  Vous  vous  êtes  trompé,  mon  fils,  lui  dit  le 
marquis  à  son  retour  de  Milan,  vous  vous  êtes 
trompé,  quand  vous  avez  cru  que  je  consentirais 
à  votre  départ;  non,  cessez  d'y  songer;  votre 
prudence,  vos  talents  indiquent  assez  votre  place 
dans  le  monde.  »  Louis,  frappé  d'une  résolution 
si  inattendue,  se  jeta  aux  pieds  du  marquis,  et 
avec  cet  air  ingénu,  qui  prévenait  toujours  en 
sa  faveur  :  n  A  Dieu  ne  plaise,  mon  cher  père,  lui 
dit-il,  que  je  ne  fasse  jamais  rien  contre  vos 
ordres.  Je  vous  serai  toujours  très  soumis.  Per- 
mettez-moi seulement  de  vous  représenter  que 
je  ne  puis  douter  de  l'appel  de  Jésus-Christ  : 
c'est  donc  vous  opposer  à  la  volonté  de  Dieu  que 
de  m'em pêcher  d'obéir.  ■>  Ces  sages  paroles 
firent  impression  sur  le  cœur  du  marquis  :  il 
embrasse  le  jeune  homme  en  pleurant  et,  après 
un  moment  de  silence:  ■<  Mon  fils,  lui  dit-il, 
vous  m'avez  fait  au  cœur  une  plaie  qui  saignera 
longtemps.  Je  vous  aime  et  vous  le  méritez. 
J'avais  fondé  sur  vous  toutes  les  espérances  de 
famille,  mais  enfin,  puisque  vous  êtes  si  assuré 
de  l'appel  de  Dieu,  je  ne  vous  retiens  plus  :  allez, 
mon  fils,  allez  où  Dieu  le  veut.  » 

A  ces  paroles,  quelque  attendri  que  fût  Louis, 
il  ne  put  cependant  contenir  sa  joie,  et  se  pros- 
ternant devant  son  crucifix,  il  renouvela  son 
sacrifice.  Ayant  fait  ensuite  à  Mantoue  la  cession 
de  son  marquisat  en  faveurde  son  frère  Hodolphe, 
il  prit  con^é  de  ses  parents  et  partit  pour  Lorette. 

Dans  ce  vénéré  sanctuaire,  toute  sa  tendresse 

fiour  Marie  éclata  en  doux  transports  et  en 
armes  d'amour.  Il  y  renouvela  son  viru  de  chas- 
teté, et  s'étant  de  nouveau  consacre  à  la  Mère  de 
Dieu,  il  partit  pour  Rome,  où,  après  avoir  reçu 
la  bénédiction  du  Saint-Père  et  visité  les  car- 
dinaux, ses  parents,  il  entra  au  noviciat  de  la 
Compagnie  de  Jésus,  l'année  tllSo.  Il  n'avait  point 
encore  dix-huit  ans  accomplis. 

FERVBUn  KT    SAlTTErtf    DU  JEUNE    SOVICK 

Les  proffrès  surprenants  que  Louis  lit  dans 
cette  école  du  noviciat  élonnirent  les  plus  par- 
fait*. On  n'eut  besoin  que  de  modérer  sa  ferveur 
et  de  mettre  dos  bornes  au  dè.sir  qu'il  avait  d<' 
faire  pénitence.  Ln  plus  prande  laiile  qu'il  eut  :< 
se  reprocher  durant  les  deu.x  aiinéi.'r  de  '"H 
noviciat,  fut  d'avoir  regardé,  pendant  l-  npi,.. 
h-  Frère  assis  à  ses  cotés.  Il  «tait,  en  «iV.  i.  *, 
modeste  que,  trois  mois  après  son  aim-. 
lunorail  encore  B«mm»'nl  éluil  dispos.    |.-  i .     . 


toire.  Un  jour,  comme  on  l'envoyait  chercher 
un  livre  à  la  place  du  recteur,  il  fut  obligé  de 
s'informer  de  l'endroit  où    il    se  trouvait. 

Il  ne  sut  jamais  s'excuser,  quelque  raison 
qu'il  eût  de  le  faire.  Il  craignit  même  plusieurs 
fois  d'avoir  ressenti  une  joie  trop  sensible  d'une 
réprimanda  qu'il  avait  reçue.  Les  exercices  les 
plus  bas  et  les  plus  rebuiants  lui  causaient  un 
plaisir  extri'me  :  et  il  se  crut  obligé  de  s'accuser 
d'avoir  trop  satisfait  sa  soif  d'humiliation,  en 
allant  par  la  ville  vêtu  d'un  méchant  habit  et 
demandant  l'aumi>ne. 

Nul  n'oublia  mieux  que  lui  son  peuple  et  la 
maison  de  son  père.  C'était  lui  l'aire  une  grande 
l'eine  d'avoir  [Hiiir  lui  l'ombre  de  distinction  : 
un  livre  plu<  richement  relié,  un  rosaire  moins 
commun,  deux  chaises  dans  sa  cellule  blessaient 
la  délicatesse  de  son  amour  pour  la  pauvreté. 
La  maniuise  sa  mère  eut  beaucoup  de  peine  à 
lui  faire  accepter,  pour  orner  sa  cellule,  deux 
imai-'es  en  papier,  l'une  représentant  saint  Tho- 
mas d'Aquin,  l'autre  sainte  Catherine,  saints 
qu'il  aimait  d'une  alTection  singulière. 

SON  BSPRIT   DE  MORTIFICATIO.N  0.\NS  LA  VIE  RELIGIEUSE 

Nous  avons  déjà  vu  l'esprit  de  pénitence  qui 
avait  animé  le  jeune  nnnce  dans  le  monde. 
Devenu  religieux,  sa  soil  de  soulTrir  devint  insa- 
tiable. Il  avait  tellement  niorlilié  tous  ses  sens, 
qu'il  en  avait  comme  pordu  l'usage.  Il  allait 
souvent  dans  un  lieu  sans  pouvoir  dire  où  il  se 
trouvait;  au  réfectoire,  il  ne  faisait  attention  à 
ce  qu'on  lui  servait  aue  pour  prendre  ce  qui  lui 
était  le  plus  désagréaule.  A  ceux  qui  le  bhUuaiont 
de  ses  pénitences  et  lui  en  faisaient  scru|)ule, 
disant  qu'il  .«e  tuait  lui-même,  il  répondait 
qu'après  avoir  obtenu  l'autorisation  de  ses  supé- 
rii-urs,  il  était  rassuré  sur  ce  point.  Le  vrai  temps 
de  la  péuitence,  disait-il  encore,  est  celui  de  la 
jeunesse,  car  alors,  l'homme  possède  toutes  ses 
forces  e(  toute  sa  vigueur,  et  peut  offrir  à  Dieu 
des  sacrifices  plus  énergiques  et  plus  généreux; 
d'ailleurs,  si  Dieu  a  des  droits  sur  toute  notre 
vie,  il  aime  surtout  qu'on  lui  donne  ce  qui  en 
est  comme  les  prémices  et  la  (leur,  c'est-à-dire 
la  jeunesse.  Aussi  déclare-t-il  au  moment  de 
mourir  que  s'il  avait  des  scrupules,  ce  n'était  pas 
pour  les  pénitences  qu'il  avait  faites,  mais  plutôt, 
|>our  celles  qu'il  avait  omises. 

SAINT  LOUIS  ANGE  DE  PAIX 

L'amour  du   [irochoin  le   lira  de   la    solitude 

religieuse    pour    le    conduire    dans    sa    famille. 

("était   pour  y  apaiser  un  vif  différend  survenu 

entre  le  marquis  de  Castiglione,  son  frère,  et  le 

du<°  de  Mantoue.   Arrivé  à  ('hiUillon,  il  fut  reçu 

comme  un  nii:.'e  du  ciel;  on  accourut  en  foule 

pour  contempler  le  Saint,  comme  on  l'apiielait, 

ot  la  marquise  sa  mère  fut  saisie  en  le  revoyant 

d'un  sentiment  de  vénération  qui  lui  (il  mettre 

!<•«  (jenoux  en  terre;    tant  elle  avait  conçu  une 

'   mil-  idée  de  la  sainteté  de  ce  fils  chéri.  (Juelque 

'  ;-.  ((lie  fussent   le»  nrurs,  cet  ange  de  paix 

)l   pas    pluti'it   parlé  à  l'un  et  à  l'autre   que 

les   dilTérends  s'èvinouirent.    l'ne    élmile 

■  rit    la   pince    d'une   haine    implacable. 

iiriliatinn  ine«pérée  fut ret'Ardée  comme 

\,:,  ,      ini'Ts  miracles  de  l>iui«. 

(>  II'  fiit  [loiiil  le  seul  qu'il  opéra  pendant  son 
véli.iii     !  iTi       1   ''iiiiill''    Si  pieu-e  mère,  ayant 

•ilr.iindre  à  pr«".her 

n,  il  le  Ht  n>iT  tant 

de  fnutqa'ily  rut  plan  de  sept  cent*  personne»  qui 


se  confessèrent  au  sortir  du  sermon,  et  le  nombre 
des  réconciliations  qui  suivirent  fut  regardé 
comme  un  grand  miracle. 

Louis  était  encore  dans  sa  famille  quand  Dieu 
lui  fit  connaître  que  l'heure  approchait  où  il 
l'appellerait  à  partager  la  gloire  des  élus.  Il 
revint  aussitôt  à  Hovère,  1591,  rempli  d'une 
sainte  allégresse  à  une  si  agréable  nouvelle. 

SAINT  LODIS  SE  PRÉPARE  A  SA  DERNIÈRE  HEURE 
SA    MOllT  PRKCIEUSE 

Toute  la  vie  du  jeune  Louis  n'avait  été  qu'une 
préparation  à  la  vie  du  ciel;  il  redoubla  cepen- 
dant de  ferveur  dans  cette  dernière  année.  Son 
amour  pour  Dieu  devint  si  tendre  et  si  véhément 
(^u'il  ne  pouvait  entendre  prononcer  ce  nom  trois 
f'>is  saint  sans  qu'une  altération  sensible  se 
manifestât  sur  son  visaye.  l'n  trait,  une  expres- 
sion touchante  dans  la  lecture  que  l'on  faisait 
pendant  le  repas,  l'enipéchail  de  manger,  et  pro- 
duisait une  telle  impression  sur  son  cirur  qu  elle 
se  trahissait  d'abord  par  des  larmes.  Ui  vue  d'un 
petit  agneau,  d'une  étoile,  d'une  fleur,  excitait 
son  émotion,  au-'mentait  son  amour.  On  évita 
même  d'employer  en  sa  présence  certains  termes 
plus  palhétiques,  pour  lui  épargner  une  impres- 
sion qui  pouvait  nuire  à  sa  santé. 

Itevenu  donc  à  Home,  il  trouva  cette  ville 
afiliv'ée  de  la  peste.  Il  importuna  aussitôt  ses 
supérieurs  pour  en  obtenir  la  faveur  de  se  dévouer 
au  service  des  pestiférés.  Mais  sa  charité  aspi- 
rait sans  cesse  à  servir  ceux  (|ui  étaient  le  plus  en 
danger,  et  il  fut  lui-même  bientôt  atteint. 

(Jiiand  il  se  sentit  frappé,  sa  joie  éclata  d'abord 
en  doux  chant  d'action  de  grâces.  Cependant,  les 
soins  qu'il  reçut  le  soulagèrent  pour  un  temps: 
mais  il  lui  en  resta  une  fièvre  lente,  (]ui  devait 
l'emporter  trois  mois  après.  Ces  derniers  mois 
d'attente  furent  iiour  celle  Ame,  avide  de  pos- 
séder entin  son  Dieu,  comme  un  long  martyie 
où  elle  se  consumait  chaque  jour  en  désirs 
ardents  de  quitter  la  terre  pour  k;  ciel.  Enlln, 
Notre-Seigneur  lui  fit  connaître  qu'il  l'appel- 
lerait le  jour  même,  el  dès  lors  les  heures  s'écou- 
lèrent pour  lui  dans  de  vifs  transports  d'amour 
et  de  doux  cantiques  de  reconnaissiince. 

l'n  peu  avant  de  mourir,  il  souhaita  de  prendre 
encore  une  fois  la  discipline,  ou,  ci>mme  il  était 
trop  faible,  qu'un  autre  la  lui  donnât,  et  il  supplia 
le  l'ère  Provincial  de  le  laisser  expirer  par  terre. 

In  moment  après,  pronniiçant  les  noms  bénis 
de  Jésus  et  de  .Marie,  son  Ame  s'envola  joyeuse 
vers  le  ciel.  C'était  vers  la  fin  du  jour  de  l'octave 
du  Très  Saint-Sacrement,  le  20  juin  de  l'an  1S91. 
Il  avait  vingt-deux  ans,  et  en  avait  passé  quatre 
dans  la  Compa;:nie  de  Jésus. 

Trois  ans  aprè.<,  sa  pieuse  mère,  étant  danue- 
reusement  malade,  se  sentit  tout  à  coup  inspirée, 
au  milieu  de  ses  cruelles  douleurs,  d'invoquer 
son  llls  pour  en  obtenir  sn  guèrison.  Klle  le  prie, 
en  effet,  avec  ferveur,  llientot,  un  doux  sommeil 
s'empare  i\'  ;  elle  voit  alors  venir  A  elle 

Louis  tout  1  -aiil  de  gloire;  il  s'approche 

en  souriant,  li  l.i  tniicbe;  et,  se  réveillant  aus- 
sitôt, elle  se  trouve  pnrf.iitcnient  guérie. 

Ce  fut  le  premier  miracle  ipie  Dieu  lit  par  l'in- 
tercession liu  liienlieiireux  l^tui*  npres  sa  mort. 
Le  bruit  s'en  répandit  rapidement,  on  recourut 
,\  lui  de  tous  côtés;  et  bientôt  le  nombre  des 
prodices  ribtenus  fut  considérable 

Sn  mère  vivait  encore  lorsqu'il  fut  béatifié, 
l'an  IA2I,  et  elle  put  invoquer  son  cher  llls  sur 
les  autel*. 


Le  Ociuul     y.    l'KriTiia?inT.  —  Imp.  f.  Finoii'YaAi',  5  «  '>,  rur  Ua)>rJ,  l'uni. 


SAINT  PAULIN 

ÉVEQUE  DE  NOLE 


Fêle  le  li:i  juin- 


Saint  Paulin,  évêque  de  Noie,  se  livre  comme  esclave  pour  rendre  la  liberté 

au  fils  d'une  pauvre  veuve. 


l>    AM.K    SrR    LA    TERBE 

Paulin  naquit  à  Itordeaux,  en  354,  d'une 
ancienne  famille  si'-natoriale  renommée  dans 
IVmpire  entier.  Elle  avait  de  grandes  possessions 
en  Aquitaine,  en  Campanie,  près  de  Noie  et  eu 
E'iiaune. 

[)<?  Imnne  heure,  il  s'adonna  sous  Ausone  à 
réliiJf  'le  la  rhétorique  et  de  la  poésie  et  y  lit 
d'immense»  propres.  Les  helles  qualités  de  son 
esprit  et  île  son  co'ur  s'étaient  heureusement 
ilévelo[ipée«  pendant  le  cours  de  ses  études,  et 
lui  avaient  déjà  fait  un  ;.'rund  nombre  d'amis. 
"  '•  toi  qui  e^  plus  doux  que  le  miel,  lui  écrivait 
Aumône,  plus  <  liarmanl  que  les  grAces  mêmes, 
que  l'Mis  devraient  serrer  dans  leur  bras  comme 
un  •■niant  chéri.  ■• 

l'iiihn  voyait  s'ouviir  devant  lui  une  brillante 
rarti- re.  En  377,  «on  père  mourut,  et  il  hérita 
non  'eiilement  de  ses  biens,  mais  conformément 
aux  lois  romaines,  de  sa   dignité   de   sénateur. 


A  partir  de  celte  époque,  Paulin,  en  signe  dis- 
linctif  de  sa  charfie,  porta  sur  son  manteau  la 
bande  d'étolTe  de  pourpre. 

Peu  après  la  mort  de  son  père,  il  se  rendit  en 
Campanie  pour  y  visiter  ses  possessions  :  parmi 
ses  propriétés  se  trouvait  sa  campagne  de  S'oie  : 
c'est  là  que  Dieu  l'attendait. 

Depuis  longtemps,  le  paganisme  no  le  satisfai- 
sait plus;  le  culte  rendu  aux  idoles  lui  paraissait 
une  folie;  cependant  il  restait  incertain  entre 
les  différentes  religions.  Il  ressemblait  à  un 
homme  ballotté  au  sein  des  Ilots  qu'agite  une 
violente  tempête  et  jeté  tantôt  contre  un  écueil, 
tantAi  contre  un  autre. 

Telles  étaient  ses  dispositions  quand  il  franchit 
le  seuil  du  temple  de  Saint-l'éJix  à  Noio.  Mais 
alors  une  sainte  frayeur  s'empara  de  lui  i  la  vu-' 
des  miracles  obtenus  sur  la  tombe  du  niaii' 

Il  sentit  que  le  tlliri^t  saisissait  le  i.'  ' 
de  son  Ame  et  commandait  aux  vents  dé>  i 
Il  sentit  naître  dans  son  cu-ur  la  foi  du  t.linit 


Jésus,  et  il  s'empressa  de  se  faire  inscrire  au 
nirabre  des  c:^'- ■'""l'^iies;  eu  même  temps, 
l'amour  qu'il  ■  "'  le  Saint  fut  «i  profond 

(]u'il   y  rebta  i.  ^   juà  la  lin  île  sa  vie  et 

qu'il  voulut  toujours  avoir  avec  lui  l'ima^je  du 
bienheureux  martyr.  La  vie  de  Paulin  avait  été 
Jusqu'ici  celle  J'uu  ange. 


rALXlN  CONSUL  ■ 


f.Vl.Nf  MARTIN 


En  T.^.  Paulin,  à  peine  ;ii;é  de  vingt-quatre 
ans,  fut  créé  consul;  il  i  \ci.a  cette  cliarse  avec 
une  grande  modéraliou.  l'tu  après,  il  retourna 
en  .\qaitaine,  pais  se  retira  en  Espagne,  où  il  se 
maria. 

Tbérasia,  npul'ule  patricienne,  par  sa  douce 
it  puissante  in!'.i''ni  e,  contribua  à  faire  |iénélrer 
lie  plus  en  plus  i  amour  de  Ditu  dans  le  cœur  de 
son  époux. 

La  Proi'.iciice  le  conduisit  ainsi  petit  à  petit 
vers  If  1  .11  léme.  Le  moyen  principal  dont  elle 
so  servit  lut  de  le  mettre  en  rapport  avec  les 
saints  personnages  les  plus  ii\llui'nts  de  son 
époque.  Le  premier  que  Paulin  \il  lut  saint  Mar- 
tin, Tillustre  évéque  de  Tours.  1.  Aquitaine  et  la 
Touraine  sont  proches,  et  Paulin  jiut  \i>ir  ài'  ses 
propres  yeux  les  miracles  qui  sijjnalaient  le» 
(.ourses  apostoliques  du  saint  é^éque.  U  éprouva 
lui-même  les  effets  de  la  puissance  du  tbauma- 
turi;e  des  lïaules. 

Il  souffrait  extri^mement  à  un  iril  :  déjà  une 
laie  épais'-r  -s'était  formée  et  rtrouvrail  la  pru- 
nelle. .Martin  lui  impo-^a  les  in.iins,  lui  frotta  les 
yeux  avec  une  éponge  qu'il  mait  trempée  dans 
i'buile  d'une  lampe,  .\ussit(^t.  l'ieil  se  trouva' 
juéri  et  n<'  lui  fil  plus  re-^-^enlir  de  douleur. 

I.a  beauté  de  la  perfection  chrétienne  com- 
mençait à  charmer  son  co-ur,  mais  les  austérités 
qu'elle  impose  le  retenaient  encore  au  bord  du 
sanctuaire  et  il  n'osait  s'approcher  du  sacrement 
<]ai  nou!>  régénère. 

LE  Biniui!  rr  sa  vit  nnjr.iEUst 

Enfin,  nous  apprend  saint  Paulin,  Delphin, 
évéque  «le  Itonleaiix,  jeta  l'hameçon,  et.  heu- 
reux pécheur,  il  le  retira  des  eaux  profondes  et 
ainéres  du  si<*cle:  P.iiiliii  conserva  pour  Delphin 
un  respect  pb'in  de  délicatesse  et  U  amour  (llial. 

Pour  la  priiiiière  foi»,  après  son  baptême,  il 
({oAta  celte  paix  qu'il  cherchait  depuis  si  long- 
ti'inps.  .\prrs  tant  de  teuipétes  qui  ra\aieiit 
ballotté,  ri'lclise  lui  avait  enfin  ouvert  un  port  de 
salut.  Il  a\ait  re.ii  parle  bapti'nii- nne  vir  non- 
"  velle,  il  lui  s'Miiblait  qu'on  avait  enlevé  de  se< 
épaules  un  b'Urd  fardeau.  Sa  vie  |ia«S'''i<  s'ét.iit 
écoulée  UaiM  la  voiiilé,  il  ié'«olul  du  la  reformer 
à  la  lumi'-re  ><uriiatiiit!lle  de  la  foi. 

Pour  arriver  plu«  facilniimnl  ;'i  son  but.  il  --e 
relira  <lu  inoinie,  quill.^  l'AquiLiine  on  il  était 
trop  Connu  pour  mener  une  vie  de  retraite  et 
vint  s  établir  sur  les  terre*  qu'il  possédait  en 
K((>at;ne. 

Ce  fui  l.\  que  I>i  i  "iilln  le»  vœnx  ipi*il 

formait  depuis  >-i  I  -    i'hérasia  lui  donna, 

h  Alcal.i  de  Hénar<->.  nithls  qui  fut  Kipti^é  -un* 

le  nom  de  Olmi'»  :  mai-  la  i'>ie  de»  pieux  parent» 

ne  fut  paf  de  lonsue  dun'-e:  il  moiirnl  au  boni 

.1..  liiiil  )niir*   l'-mlin  lit  enlerp»r  <•«•!  "iifiiit,  «i  lAt 

aupn-s  ■'       1  .   deux 

-lus  el  P.T  1  à  «• 

'  l'il  »er»ii  ji'Hir  lui  un  anjje 

(,.  :' 'I    '-  -■     -'  rr-'    -- 

non 

rite    ii.-  ...  -     ;■  i  ,u- 


des  mérites.  Aussi  longtemps  qu'il  conserva  ses 
t.'rauds  biens,  il  lui  sembla  que,  précipité  au 
iniliea  des  Ilots  oraceux  de  la  vie  avec  de  lourds 
v.'teinents,  il  «levait  les  traverser  à  la  naf:c  pour 
arriver  jusqu'à  Dieu.  Il  résolut  de  se  dépouiller. 
.V  peine  sa  résolution  fut-elle  connue  qu'il  s'éleva 
contre  lui  de  vives  contradictions  ;  ou  le  délaissa, 
ou  l'accabla;  mais  rien  ne  put  l'ébranler.  Il  vou- 
lait vendre  ce  qui  passe  pour  acheter  la  perle 
précieuse  qui  demeure  toujours. 

U  ouvrit  ses  greniers  à  ceux  qui  en  avaient 
besoin  cl  distribua  ses  immenses  possessions  aux 
pauvres  et  aux  mendiants.  Paulin  n'énarfina  rieii, 
pas  même  les  biens  de  son  épouse  Tbérasia  qui 
se  sacrifia  volontiers.  Quand  on  lui  demandait 
de  quoi  il  allait  vivre  ;  ..  Lequel,  selon  vous, 
répondait-il,  est  le  plus  dans  l'abondance,  de 
celui  qui  compte  sur  la  terre  ou  de  celui  qui 
compte  sur  Dieu?  >> 

..  Quoi  lie  plus  précieux  que  ce  que  je  possède'.' 
disait-il  plus  tard.  Si  je  possédais  le  monde  entier, 
ce  que  |i  posséderais  vaudrait-il  mleox  qac  le 
Seigneur  .lésus?  « 

Conr<>rniéinent  à  la  sainteté  de  la  vie  an'il 
avait  embrassée,  Paulin  vécut  avec  Tliérasia  dan- 
la  continence.  Klle  cessa  d'être  s.i  lemme  pour 
devenir  sa  su-ur.  Liée  à  lui  par  lu  plus  parfaite 
union  du  cirur  et  de  la  volonté,  elle  sa.»socia 
fidèlement  à  sa  vie  de  perfection;  bien  plu-, 
c'était  elle  qui,  par  son  influence  puissante,  arail 
fait  arriver  Paulin  à  ce  haut  dejjré  de  vertu. 

LVTTK   DE    LA    POlf.SIE    PAIKKMI   IT   DE  LA 
l'OÉSIE    CHRlb'IF.NsR 

(Juand  on  vil  Paulin  et  Tliérasia  rompre  -i 
complètement  arec  le  monde,  l'empire  entier 
s'en  émut.  Partoni .  dans  la  haute  société,  à  Milan 
et  à  Home,  on  |eta  les  ti.-ini-  ri*  •  un  liomiue 
d'une  telle  famille,  si  di  'ni-. 

parson  éloquence,  aban.l'  "        i,       indi' 

une  maison  aussi  illustre,  c'était  one  chose  qu'il 
n'était  pas  possible  de  supporter. 

Paulin  s'estimait  heureux  >le  liéplaire  à  ceux 
à  qui  Jésus-(;hrist  lui-même  déplail.  S"»  parents, 
ses  amis  s'éloignèrent  de  lui.  Le  poète  Ausotie. 
qui  avait  formé  son  esprit  et  qui  voyait  en  lui 
le  plus  illustre  de  ses  disciples,  lit  tous  ses  elTort- 
pour  l'arracher  à  sa  vie  solitaire.  Il  einpiova 
tout  ce  que  son  art  pouvait  avoir  d'atlrayaul 
pour  le  dissuader.  Paulin  se  servit  de  la  même 
arme,  de  la  poésie,  pour  répondre,  cl,  p.ir  la 
vérité  el  la  grandeur  de-  pensées,  par  la  délica- 
tesse chrétienne  et  la  richesse  du  sentiment,  il 
l'emporta  sur  son  niaitre.  «  Pourquoi,  A  mon 
père,  dit-il  à  .\u-one,  pour(|Uoi  vouloir  ni" 
ramener  aux  muses  auxquelles  j'ai  renon 
Klle  ne  doit  pins  s'ouvrir  à  Apollon,  celle  |)ii- 
tnne  consacrée  h  Jè^ns-Christ.  ■•  ••  Tu  ilevrais  le 
féliciter,  el  non  te  plaindre,  lui  dit  il  en'-ori',  ki 
ce  Paulin  que  lu  a»  formé  par  ta  s.ience  el  p.Ti 
t»-s  exemple»  a  changé  de  di»pnMri..ns  -'il  «'. 
donné  à  Jé»n»-('hn»l.  tout  en 
h  Au»oiie  :  Jésus-Christ  le  d"ii 
fruits  qne  portera  un  arbre  (ju-'  tu  as  culine.  •■ 

Sou»  celte  Inmièr''  «i  doti"-*  "l  »i  piir«  .!<•  la 
foi,  tous  les  senlim'  • 
»n  «léroiiIfTil  .Tvec 
ronle»  le»  corde-  du  Ciiiir  le  , 
!<•»  plus  forfp»  r»*-onn''iil  toin 


t  I»  principe  ib- 
lion. 


toute  beauté  et 


-T3C7r:3r  -.--■j: 


Paulin,  par  sa  générexise  consécration  au  Sei- 
imeur,  était  comme  un  (lalnbeau  qui  répandait 
sa  clarté  dans  l'KL'Iise  tout  entière  :  il  réjouissait 
et  édifiait  le  monde  chrétien.  Saint  Augustin, 
saint  Ami.roise,  saint  Martin,  les  pla^  prands 
hommes  de  son  temps  exaltèrent  à  Tenvi  la 
grandeur  de  son  entreiirise.  Mais,  de  même  qu'il 
avait  autrefois  supporté  avec  constance  les  con- 
tradiction? du  monde,  il  opposa  rhumilité  aux 
louanges  qu'on  lui  adressait. 


OaDINATIO.N  IlE  SlINT  PAULIN 


'  SA    KETRAITE   A    NOLE 


Ainsi,  au  moment  même  où  il  renonce  au  monde, 
il  nous  oflre  en  sa  personne,  à  un  haut  degré, 
l'exemple  de  cette  vertu  d'humilité,  l'une  des  plus 
belles  lleurs  qui  composent  sa  couronne.  Mais 
le  peuple  de  R.ircelone,  où  le  Saint  s'élait  retiré, 
le  présenta  malgré  ses  résistances  à  l'évéque 
pour  qu'il  recul  de  sa  main  les  Ordres  sacrés. 
Paulin  dut  céder,  mais  à  la  condition  qu'il 
demeurerait  libre  de  se  retirer  où  il  voudrait. 
Il  selTrarait  à  la  seule  pensée  d'être  le  ministn.' 
de  Dieu.  A  peine  pouvait-il  se  retrouver  lui-même 
sous  le  poids  de  la  haute  dignité  qu'il  avait  reçue. 
Il  se  considérait  comme  un  chandelier  consacré 
à  Jésus-Christ,  mais  caché  sous  le  boisseau  de 
l'iniquité;  comme  un  vase  d'argile  dans  lequel  il 
avait  plu  à  Uieu  de  déposer  son  trésor. 

Cependant,  Paulin  ne  pouvait  supporter  plus 
lonflemps  d'être  éloigné  du  martyr  saint  1-élix 
qui  l'avait  attiré  à  lésiis-Christ.  Il  résolut  d'aller 
revoir  son  tombeau  et  de  séjourner  auprès.  Dès 
ce  moment,  il  consacra  au  culte  du  martyr  son 
intellii-ence.  son  c(T"ur  et  son  corps. 

Mais  le  jour  du  bonheur  par  excellence  était 
le  i  + janvier,  où  les  peuples  des  environs  venaient 
en  foule  fêter  saint  Félix  et  lui  demander  des 
prodiaes.  Chaque  année,  quand  revenait  ce  jour 
béni.  Paulin  offrait  an  Saint  un  poème  nouveau. 
De  même  qti'au  printemps  les  oiseaux  retrouvent 
leur  voix,  les  hirondelles  et  les  rossiffuols  font 
entendre  leurs  concerts,  aiosi  la  fête  de  saint 
Félix  chasse  l'hiver  de  r:"Éine  du  poète,  réveille 
en  lui  le  printemps  et  met  dans  sa  bouche  des 
chants  nouveaux. 

Paulin  s'était  établi  à  l'ombre  de  l'église  de 
saint  l-élix  :  il  vivait  dans  la  plus  grandi^  pauvreté 
et,  ce|iendanl  Innjoiirs  doux  et  charitable  pour 
ceux  qui  se  préseutaieni  et  avec  qui  il  partageait 
volontiers  le  fruit  du  travail  de  ses  mains.  Mais 
il  ne  s*  contentait  pas  di?  secourir  les  corps,  il 
sefforrait  aussi  de  faire  pénétrer  sa  lumière 
dan-^  les  Aines  au  moyeu  de  ses  écrits,  fl  fit,  en 
3!>i,  un  poème  contré  le  pa;.'anisme  où  il  combat 
avec  l'arme  de  la  raillerie  les  ridicules  de  l'ido- 
l.Urie  et  l'iin-ohéreuce  de  In  philosophie  païenne. 

PAULUI    DOn.NE   A    SA   OEHECRC   LE    NOM    OE   MQ.NASTivRF. 

On  voit,  en  elTel,  qne.  dès  son  arrivée,  il  réunit 
un  rertain  nombre  lie  personnes  consacrées  comme 
lui  h  la  vie  reli'.'ieiise.  Il  est  à  présumer  qu'ils 
viviiieni  H'apn's  iin<'  p-'I"  eommune.  analogue 
à  relie  qiio  suivaient  saint  Autnistin  et  ses  dis- 
ciples, 

ItjfTi  'l'ie  l»»  Saint,  dans  «on  humilité,  se  crtn- 
«id'Tit  ■  i>inm''  cach"»  au  monde  sons  le  boisseau 
!>■  ■;•■-  Il  11  I'  -  Ii.<'tit.\i  le  tbmheau  de  ses  ver- 
'u«  "  d.iiis  tnnt  l'univers.  \'n 

-rni  lies  di-iingiiés  et,  en  parti- 

cuber,  les  plus  r.-lcbrej  dortenrs  de  l'F:.'H»e, 
eh»ri-h<Tnnl  à  entrer  en  rapport»  aver  Ini.  >'ou» 
Ir  vnvmi*  d'abord  Pitlrelenir  correspondance 
avee  saint  Ai|jn«tin:  |f  firemier,  il  lui  écrivit  : 
••  Je  ne  sui»  '-nrore  qu'un  enfant,  qni  ne  sait  pas 


parler  la  parole  de  Dieu  :  instruis-moi  par  tes    ', 
enseignements,   car   mes    lèvres   brûlent  de  se 
coller  à  tes  mamelles,  d'où  sort  l.-  lait  de  la  foi, 
de  la  sagesse  et  dt  la  charité.  >> 

L'évéque  d'Hippoiie  trouva  la  lettre  de  son  i 
aini  si  belle,  qu'il  la  lut  à  ses  moines;  il  lui  ' 
re'pondit  ensuite  :  ft  J'ai  lu  ta  lettre,  il  en  sort 
de»  Ilots  de  lait  et  de  miel  :  mes  frères  l'ont 
également  lue;  ils  ne  sauiaient  dire  la  bonne 
odeur  de  Jésus-Christ  qui  s'en  exhale.  "  L'amitié 
des  deux  Saints  ne  fit  que  s'a'  roître  dans  la 
suite  et  on  croit  que  c'est  sur  la  demande  de  son 
ami  que  saint  Augustin  aurait  entrepris  d'écrire 
ses  Con/e.ssions. 

Ce  fut  à  peu  près  à  la  même  époque  que  com- 
mença sa  liaison  avec  saint  Jérôme.  Leurs  r«la- 
tions  étaient  pleines  d'abandon  et  de  slniplicité. 
Saint  Paulin  lui  envoya  un  jour,  en  présent,  un 
petit  bonnet  de  laine.  Voici  avec  anelle  grâce  le 
solitaire  de  Rethléein  l'en  remercie  :  <  J'ai  reçu 
avec  bonheur,  lui  dit-il.  le  petit  bonnet  que  lu 
m'as  envoyé  pour  réchauffer  ma  pauvre  tête  grise. 
S'il  est  un  peu  étroit,  l'amitié  le  rend  élastique. 
Mais  la  donation  m  est  encore  plus  chère  que 
le  présent.  » 

Du  fond  de  l'.Vquitaine,  Sulpice-Sévèrc  n'avait 
pas  non  plus  oublié  son  vieil  ami.  Il  lui  envoya 
un  JHur  un  cilice  ;  Paulin  répondit  au  présent 
en  lui  offrant  une  tunique  de  laine  :  «  Elle  con- 
vient aussi  bien,  disait-il,  à  l'innocence  de  Sévère 
que  le  cilice  à  la  pénitence  de  Paulin.  » 

Uetiré  dans  sa  solitude,  le  zèle  de  Paulin  s'em- 
ploya tout  entier  à  embellir  le  tombeau  de  son 
saint  protecteur.  Il  fit  réparer  l'ancienne  église 
et  en  construisit  une  seconde  beaucoup  plus 
grande,  qu'il  orna  d'inscriptions  et  de  peintures. 

l'aME    de   PAULIN    —    l-ALXIN    KVKgUE 

Cependant,  malgré  les  études  auxquelles  il  se 
livrait,  malgré  les  alTaires  extérieures  qui  lui 
prenaient  une  grande  partie  de  son  temps,  Pau- 
lin avançait  dans  la  voie  de  la  perfection.  Il  cul- 
tivait son  Ame  "  seinblable  à  une  terre  desséchée 
qui  a  besoin  d'être  arrosée  par  les  paroles  et  les 
jiriéres  des  saints.  «  "  Prie/.,  écrit-il  encore,  que 
le  Seii.'neur  descende  dans  mon  orur  pour  le 
fi'-conder,  afin  qu'au  jour,  où,  étant  venu  dans 
sa  vigne,  il  trouvera  l'arbre  dépourvu  de  fruits,  il 
ne  l'arrache  pas  aussit<'it,  mais  que  dans  sa  misé- 
ricorde et  sa  longanimité,  il  accepte  la  parole 
du  laboureur  suppliant,  promettant  d'arracher 
par  son  travail  des  fruits  au  llguier  stérile.  •  l'a 
grand  esprit  de  pénitence  venait  s'ajouter  à  ses 
autres  qualités  pour  les  perfectionner. 

Les  larmes  que  saint  Paulin  versait  au  souvenir 
de  ses  péchés  étaient  d'ailleurs  en  harmonie  avec 
les  désastres  qui  visitaient  le  monde  el  l'Kglise. 
Des  flots  de  barbares  s'étaient  précipités  sur 
l'Italie.  Après  la  prise  de  ftonie,  Alaric  «e  jette 
avec  ses  bandes  chargées  de  butin  sur  la  Cam- 
panie,  portant  partout  le  meurtre  et  la  désolation. 

C'est  à  cette  époque,  vers  KiO,  qu'il  faut  placer 
'  l'élévation  de  saint  Paulin  au  siét;e  de  Noli 
Il  fut  un  évèque  selon  le  neur  de  Dieu.  In  pri- 
vilège spécial  que  Dieu  lui  accorda,  comme  il 
l'avait  accordé  à  s.nint  Martin,  fut  celui  de  com- 
mander atLx  démous. 

sAinr  PAi'urt  jabdinirr 

Les  hordes  bar'tares  lancées  sur  le  midi   A'- 
l'Italie   arriveront   bienl'"'!   ;'i   Noie,   La   vilb     '  i' 
ravapép  et  saint  Paulin  l'ait  .-.ipiif.  Le  Sain'.  ' 
bant  alors  à  genoux,  ndresi*  à  Dieu  cette  |       i  <■  . 

Seijrneur,  ne  permelier  pas  que  je  «li-  l'iur- 


menlé  pour  l'or  ou  l'argent,  car  vous  saver  où 
5e  trouve  mon  trésor.  »  Cette  parole  timclia  les 
barbares;  ils  laissèrent  l'évèque  pleurer  sur  les 
ruines  de  sa  ville  (iévaslée. 

Cependant  les  (ioths,  en  quittant  l'Italie  pour 
se  rendre  en  Afrique,  emmenaient  captifs  un 
grand  nomlire  d'Iiabitanls.  Parmi  ces  malheureux 
se  trouvait  le  (ils  unique  d'une   veuve  de  Noie. 

La  mère,  désolée,  vint  trouver  saint  Paulin  et 

lui  demanda  de  l'argent  pour  racheter  son  fils. 

Je  n'ai  plus  rien  ;'i  te  d.^niii'r,  répondit  l'évèque, 

mais  prends-moi  moi-même  pour  racheter  ton 

fils,  fais-moi  esclave  à  sa  place.  •> 

En  entendant  ce<  paroles,  la  veuve  les  consi- 
déra comme  une  injure.  Mais  le  Saint  finit  par 
la  convaincre.  Ils  partirent  donc  pour  l'Afrique. 
Arrivés  devant  lo  :;endre  du  roi,  la  veuve  le  pria 
de  lui  rendre  son  fils.  Le  barbare  ne  lui  répondit 
pas.  La  m"re,  désolée,  insista."  Voici  un  homme 
qui  est  disposé  à  prendre  sa  place  :  sois  bon 
pour  moi  et  rends-moi  mon  fils  •> 

Ataulph  hésita.  Trouvant  saint  Paulinde  bonne 
façon  :  <•  Sais-tu  un  métier?  lui  dit-il.  —  ie  ne 
connais  aucun  métier,  mais  je  puis  cultiver  un 
jardin.  » 

Le  prince  se  contenta  de  cette  réponse;  il  remit 
l'enfant  à  la  veuve  ravie,  et  envoya  le  nouvel 
esclave  à  son  jardin  de  campagne. 

Cependant  Àtaulph  se  rendait  souvent  à  son 
jardin,  la  conversation  du  jardinier  le  charmait, 
et  il  s'aperçut  bientiSt  que  c'était  un  homme  d'une 
haute  sa:.'esse.  Chaque  jour,  saint  Paulin  lui 
apportait  des  fruits  et  des  Heurs  nour  sa  table  : 
puis  il  retournait  travailler  au  jardin  après  avoir 
reçu  le  pain  dont  il  devait  se  nourrir.  Longtemps 
les  choses  se  passèrent  ainsi. 

l'n  jour  qu'il  causait  seul  avec  son  maître,  il 
lui  dit  :  <i  Som-'e  à  la  succession  au  tri\ne,  car 
Alarir  ne  tardera  pas  à  mourir.  "  Ataulph,  étonné, 
annonça  au  roi  ce  qu'il  avait  appris,  .\laric  lui 
exprima  le  désir  de  voir  ce  nouveau  prophète. 

"  Ce  n'est  pas  difllcile,  répondit  Alaulj)h.  Il 
m'apporte  des  fruits  pour  mes  repas:  je  lui  ferai 
dire  de   les  servir  lui-mènie  et  tu  le   verras,   i. 

Tout  se  passa  ainsi.  Saint  Paulin  vint  apporter 
les  fruits  de  son  jardin.  Alaric  frémit  en  le 
voyant.  Il  raconta  ensuite  à  snn  gendre  qu'il 
avait  vu  pendant  la  nuit  cet  homme  assis  sur  un 
tribunal  lui  arrachant  son  sceiitre,  et  il  le  jiria 
de  lui  demander  qui  il  était. 

Je  suis  ton  serviteur,  ■■  répondit  saint  Paulin. 

Mais  le  barbare  le  pressa  de  questions  et  le 
Saint  finit  par  répondre  qu'il  était  évéque. 

Ataulph.  effrayé,  lui  dit  humblement  .  "  l>e- 
mande-moi  ce  que  tu  voudra^,  afin  que  lu  puisses 
retourner  dans  ton  pays  chargé  de  me»  présents.  « 

l.e  Saint  lui  demanda  tous  le»  prisonniers  de 
sa  ville  épiscopale.  Le  maître  les  lit  chercher 
dan»  toute  la  province;  il  leur  rendit  la  liberté  et 
les  lit  partir  sur  des  vaisseaux  chargés  de  blé, 
avec  i'aulin.  Au  bout  de  quelques  jours,  la  pro- 
iihétie  du  Saint  s'accom[>lit  :  Alaric  mourut  et 
ie  sceptre  tomba  de  ses  mains. 

r.M    ACTK   01    RECO.NNAlsSAMCK    Ul'l    Ol'RS   Dll'l'is 
UUATORZK    SIÈCLES 

'  1  nouvelle  du  retour  de  leur  évéque,  les 

de  Noie  se  (lorlèrenl  en  foule  au-devant 

I"  reçurent  au  milieu  d'une  jnie  inrom- 

;  I  1   le  couvrant  de  Heurs.  Ce  trinniphe 

1  m«rl  de  *aiiit  Paulin.  Il  dure  en<'orc 

le«. 

Noie  célèbrent  avec  magnifi- 


cence, le  22  juin,  le  retour  de  leur  saint  évèqu^ 
et  de  leurs  compatriotes  délivrés  sur  sa  demande. 

Les  différents  corps  de  métiers  se  réunissent 
pour  élever  au  Saint  des  clochers  de  Heurs  et  de 
lis.  Ces  pyramides  de  verdure  sont  construites 
avec  le  plus  grand  art.  Elles  comptent  plusieurs 
étages  et  dépassent  de  moitié  les  plus  haute- 
inaîsons.  Trente  porteurs  les  soulèvent;  des  son- 
neurs cachés  à  l'intérieur  a;.'itent  des  clochettes 
en  souvenir  de  saint  Paulin  auquel  on  attribue 
l'invention  ou  du  moins  l'iiitroduction  des  cloches 
dans  l'église,  et  aux  balcons  de  chaque  étaye,  des 
enfants,  aux  robes  blanches  et  aux  ailes  déployées, 
jettent  des  Heurs. 

Après  la  messe  célébrée  par  l'évèque,  on  se 
fi^irme  en  procession  pour  parcourir  les  rues  de 
la  ville.  Les  cloches  ou  lis  Oigli)  de  saint 
Paulin  en  font  partie  :  et,  sans  doute,  pour  faire 
pièce  à  la  critique  ijui  ne  veut  pas  que  saint 
Paulin  ait  été  captif  en  Afrique,  on  ne  manque 
pas  d'y  figurer  le  vaisseau  dans  lequel  on  voit 
le  Saint  ayant  à  •«es  ciMés  un  noir  africain.  Le 
peuple  accompagne  le  cortège  avec  des  cris  d'al- 
légresse, et  acclame  le  Saint  comme  s'il  avait 
ramené  la  veille  les  enfants  de  la  patrie. 

C'est  ainsi  que  l'Eglise  conserve  vivant,  à  tra- 
vers les  siècles,  le  souvenir  des  grandes  actions. 

MOBT    ADMIRABLE     DE    SAINT    l'AULI.N 

De  retour  à  Noie,  saint  Paulin  continua  de 
prodiguer  à  son  peuple  et  ses  soins  et  ses  fatigues, 
['ne  dernière  fois  il  s'unit  aux  moines  de  Lérins 
et  à  tous  les  défenseurs  de  la  vérité  pour  com- 
battre le  pélaL:ianisme.  "  Il  était  devenu  comme 
un  arbre  qui.  en  vieillissant,  porte  des  fruits  de 
plus  en  plus  abondants,  et  qui,  arrivé  à  son  plus 
grand  développement,  ramène  ses  branches  vers 
la  terre  comme  pour  engager  les  passants  k 
cueillir  et  à  emporter  ses  fruits.  »  l'ne  nouvelle 
maladie  vinls'ajouteraux  souffrances  nombreuses 

3u'entraine  la  vieillesse.  Le  Saint  fut  attaqué 
'une  pleurésie  aigue.  La  marche  du  mal  lit 
bientôt  désespérer  de  la  guérison.  Paulin  ne  s'en 
émut  pas;  depuis  longtemps  il  désirait  être 
alfranchi  de  ses  liens  et  réuni  à  Jésus -Christ. 

Sentant  que  le  moment  approchait  où  il  devait 
rendre  le  dernier  sounir,  il  lit  disposer  ce  <|ui 
était  nécessaire  pour  la  célébration  des  saint» 
mystères;  et  pour  recoinmauder  son  Ame  à  lHeu, 
il  "offrit  le  Saint  Sacrifice  avec  les  évéque»  qui 
étaient  venus  le  voir.  1^  joie  (|ui  remplit  saint 
Paulin  pendant  la  cérémonie  frappa  tous  les 
assistants. 

Tout  à  coup,  il  s'écria  :  ■•  Où  sont  mes  frères?  >• 

Comme  on  croyait  qu'il  parlait  des  évéque», 
on  lui  dit  :  "  Ils  sont  près  de  vous.  » 

Il  reprit  :  ■•  Non,  je  parle  de  mes  frère»  Janvier 
et  .Martin  <|ui  viennent  de  converser  ovec  moi  et 
i|ui  m'ont  promis  de  revenir  bientiH.  » 

tjuand  il  eut  prononcé  ces  parole»,  il  étendit 
les  bras  et  commença  à  chanter  le  psaume.  : 
<'  J'ai  levé  les  yeux  vers  les  montagnes  d'où  me 
vienilra  le  secours.  Mon  secours  est  don*  le  Sei- 
i/neur  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre.  » 

Le  lendemain,  vers  le  soir,  l'heure  de»  Vêpres 
•  tant  arrivée,  il  parut  sortir  d'un  profonil  som- 
meil; il  étendit  les  bras  et,  d'une  voix  lente,  il 
prononça  ce»  mots  :  >•  ParuM  lurrrirvn  l'hriito 
meo.  J'ai  allumé  ma  lampe  poui  '  t  ist  mon 

Sauveur.  •  Pui»  il  se  lut.  Tous  ■  i  ester  À 

-e»  ci.lés.  Ver»  minuit,  sh  ■  hani  :  ilenienl 

.'I  viA|emM)<*nt  ébr-'inlép.  Au  m  <iil,  saint 

r  ,  i  n     iiii'     .111 

;  ,111.-  ■•  lit 


Inn't  -géiatit,  K.   l'iiitu»»».  .1.  rue  Fr»n<;ei« 


LA    BIENHEUREUSE    MARIE    D'0IGNIE5 


Fite  le  2d   luin. 


Pendant  que  la  bieniieureuse  Marie  est  ravie  en  extase,  les  Anges  achèvent  son  ouvrage. 


DAMR    MAHIR 

Nous  sommes  au   douzième  siècle,  à  Oi(jnic5,  en 

llrab.mt.  Ln"^  humble  cellule  s'.ippuie  au  chevet  de 

I  .tlise,  comme  un  nid  de  colombe  aux  branches  du 

ne  :  c'est  là  que  ril  la  solitaire  connue  et  vénérée 

tous  «nus  le  nom  de  Dnm''  Marie. 

Ses  pieds  sont  nus;  sur  le  rude  cilice  qui  déchire 
la  chair,  elle  revêt  une  robe,  un  manteau  et  un  voile 
lus^i  blanc"  que  la  neiw,  moins  purs  et  moins  blancs 
toutefois  que  le  v<»t4>menl  d'innocence  qui  pare  son 
irae  aux  yeux  de  Dieu. 

Lne  planche  pour  la  nuit,  un  escabeau  pour  le 
iour  :  Toilà  l'ameublement  de  ce   palais;  la  reine 


qui  l'habile  n'y  demeure  jamais  inactire:  ses  doigts 
lissent  la  laine  ou  tournent  le  fuseau  avec  tant  d'art 
et  d'agilité,  que  trois  ouvrières  habiles  sont  incapa- 
bles d'atteindre  la  quantité  et  le  flni  de  son  travail. 

Le  prix  qu'elle  en  retire  est  le  trésor  des  pauvres 
et  des  lépreux  dont  elle  apaise  la  faim  et  panse  les 
plaies  ;  du  pain  noir,  des  herbes  sèches  et  un  peu 
d'eau  suffisent  à  ses  festins.  Aussi  les  indigents 
frappent  en  toute  confiance  à  sa  porte,  ses  lèvres 
ont  toujours  un  sourire  pour  les  ambassadeurs  du 
ci<'l,  et  son  dénùment  un  secours  à  leur  offrir. 

Les  ancfls  ne  sont  pas  étrangers  &  c  prodige  : 
souvent  Itame  Marie  est  arrachée  par  l'i-xtase  au 
souvenir    de    la    terre,    ses    veux    fer  :i'^    lai.'sent 


'•87 


échapper  des  torrent?  de  larmes,  de  lonps  soupirs 
«oulèTent  sa  poitrinf  oppressée  :  son  àme  est  dans 
le  sein  de  Dieu  ;  alors  les  esprits  célestes  hâtent  le 
rouet  et  le  fuseau  pendant  que  leur  sœur  s'enivre 
des  beautés  du  ciel  d'où  elle  revient  toujours  avec 
quelque  chose  de  la  clarté,  de  la  douceur  et  de  la 
puissance  de?  élus. 

L'humble  retraite  n'est  pas  seulement  assiégée 
par  les  petits  de  la  terre,  les  grands  y  viennent 
aussi  et  iU  y  trourent  des  richesses  qu'ils  igno- 
raient 

Un  seigneur  de  Cambrai  passe  un  jour  près 
d'Oi^'nies  :  déjà  il  a  admiré  la  Sainte,  il  veut  la 
revoir  encore  ;  mais  fon  compagnon,  qui  ne  la  con- 
naît pas,  l'en  d^Hourne  en  riant  :  «  Qu'irons-nous 
faire  près  de  celte  femme?  Courrons-nous  à  ses 
discours  comme  des  enfants  aux  mouches  et  aux 
papillons  ?  > 

L'autre,  doux  et  patient,  se  tait,  mais  il  Ta  saluer 
la  servante  du  Christ,  fortifier  son  âme  par  le  spec- 
tacle de  ses  vertus,  lui  demander  le  secours  de  ses 
prières.  L'incrédule,  resté  à  l'écart,  trouve  la  con- 
versation trop  longue,  il  s'approche  pouf  l'inter- 
rompre et  continuer  enfin  le  voyage  ;  à  peine 
aperçoit-il  la  solitaire  que  la  modestie  et  la  can- 
deur de  son  regard,  le  reflet  divin  qui  s'i'-chappe  de 
?nn  visage  le  touchent  malgré  lui  ;  tout  absorbé  dans 
les  splend''urs  du  ciel,  qu'elle  célèbre  avec  l'ardeur 
d'un  séraphin,  il  oublie  son  projet. 

Son  ami  s'adresse  alors  à  lui  :  •  Que  faisons-nous 
ici  ?  Te  laisses-tu  entraîner  à  la  poursuite  des  papil- 
lons comme  un  enfant?  »  Confus  et  retenant  à 
peine  ses  larmes,  le  railleur  s'avoue  vaincu  par  la 
puissance  et  la  vertu  de  Dieu  si  manifestes  dans  la 
Sainte,  et  il  regrette  les  paroles  inconsidérées  de 
tout  à  l'heure. 

L'auteur  auquel  nous  empruntons  ces  détails, 
Jacques  de  Vitry,  plus  tard  évéqiie  d'Acre,  puis 
cardinal  de  la  sainte  Eglise  et  légat  du  Pape  Gré- 
goire IX  pour  prêcher  la  croisade,  embrassa  la  règle 
au'tt're  des  Chanoines  Ré(:ulicrs  d'Oignies,  afin  de 
roiilcrnpler  à  son  aise  ■  cette  perle  du  Christ  > 
et  ri'vélerau  monde  les  merveilles  de  sa  ferveur. 

Obligé  de  la  quitter  pour  obéir  au  Souverain 
Pontife,  il  lui  demanda  le  mouchoir  avec  lequel  elle 
essuyait  ses  larmes,  et  le  savant  cardinal  conserva 
ce  souvenir  comme  une  relique  précieuse. 

QL'ELXI  SINSl'UtnK  FILLE  NOUS  AVo:<sl 

La  solitaire  d'Oignies  avait  vu  le  jour  à  Nivelle, 
dans  le  diocèse  de  Lièg<>.  Avec  le  titre  d'enfant  de 
Dieu  et  d'héritière  du  ciel,  le  baptême  apporta  dans 
son  âme  des  grâces  de  choix  :  -Marie  devait  être  par 
la  sainteté  un  modèle  pour  les  chrétiens  et  une  gloire 
pour  l'EKl'se- 

Avant  même  d'avoir  atteint  l'âge  de  raison,  elle 
aimait  â  prolonjfer,  le  soir,  au  pied  de  son  berceau, 
la  ricilation  de  ses  prières,  et  comme  si  son  som- 
meil innocent  fût  une  injure  aui  droits  du  Jésas  sur 
Sun  cirur,  et  une  rapine  au  saint  amour  qui  la  con- 
sumait, elle  se  levait  encore  la  nuit  pour  lui 
'iinsarrer  les  pr-'""  ■—  •'••  sa  vie. 

.<a  f'Tveur  au.  —c  l'Ane.  Autant  la  p.irure 

.'  ;   '  i»in  util  >><rl»«  petites  filles,  autant 

e  ;  «Ile  pleure  quand 
Il  neuve,  et  ses  sanalet« 
•  .1   lorsqu  OB    veut   la   friser.    Par   un   instinct 

.(■  .  il!'--   rr.rnprfn  1  1"!  paroles  de  l'ApMre:  "  NI 

I"  lat  des    pierreries,  ni  It 

I.!  'iT  n"  par-n(   l«   servante 

du  Cli:  '  T     • 

Si  e:i  fieilx 

surtout  de." 
d«  la  fervi»: 


les  suit  du  regard,  comme  ravie  ea  extase,  aussi  loin 
qu'on  peut  les  apercevoir;  leur  bure  grossière,  leur 
tète  rasée,  leur  maintien  recueilli  excitent  son  envie; 
quand  ils  sont  disparus,  elle  court,  pleine  de  ferveur', 
placer  ses  petits  pieds  dans  les  vestiges  que  leurs 
pas  ont  laissés  sur  la  poussière  ou  la  neige  du 
chemin,  nuis  rentrée  à  la  maison,  elle  s'efforce 
d'imiter  leur  recueillement,  leur  modestie,  la  gra- 
vité de  leur  démarche. 

Ses  parents,  chrétiens  plus  soucieux  du  corps  que 
de  l'âme,   ne   pouvaient  supporter  leur  enfant;  ils 
riaient  de  son  humilité,  de  ses  prières,  de  ses  morti- 
fications et  disaient  en  la  montrant  du  doigt:  •  Vovez    i 
quelle  singulière  Olle  nous  avons  I» 

LE  LIS  AC  MILIEU  DES  ipINBS 

Pour  l'arracher  à  Dieu  qu'elle  aimait  trop,  i  leur 
avis,  les  sages  du  siècle  conseillèrent  de  la  marier 
dès  qu'elle  eut  atteint  sa  ijuatorzième  année. 

Mille  fois  déjà  Marie  avait  supplié  Dieu  d'accepter 
l'holocauste  de  sa  virginité,  néanmoins  il  fallut  se 
soumettre  &  la  volonté  de  ses  parents.  Mais  l'in- 
cendie qui  dévorait  son  âme,  loin  de  s'éteindre, 
s'accrut  de  jour  en  jour,  et  embrasa  ceux  mêmes 
qui  devaient  l'étouffer. 

Par  un  exceptionnel  bienfait  de  la  Providence,  le 
mariage  lui  donna  la  liberté  dont  elle  n'avait  pu  jouir 
sous  le  toit  paternel.  Avec  la  permission  du  noble 
seigneur  qui  lui  a  été  donné  pour  époux,  sa  maison 
devient  un  véritable  monastère:  les  premières  heures 
de  l'aurore  la  trouvent  au  travail,  elle  passe  presque 
tout  le  jour  dans  le  silence  et  la  contemplation,  et 
ses  prières  se  continuent  jusqu'au  milieu  de  la  nuit. 
Alors  elle  va  se  reposer  sur  la  planche  raboteuse 
qu'elle  a  secrètement  placée  &  côté  du  lit  nuptial. 

Son  mari  a  pitié  d'elle,  il  l'invite  doucement  &  la 
modération,  mais  sa  tendresse  est  bientôt  vaincue 
par  la  grâce  que  sa  compagne  sollicite  pour  lui. 
Pressé  par  un  mouvement  d'en  haut,  il  s'agenouille 
un  jour  â  son  côté  pendant  qu'elle  prie,  et  dit  en  lui 
prenant  la  main  :  «  Marie,  tes  exemples  me  l'ont 
appris,  il  faut  fuir  les  joies  terrestres  pour  mériter 
les  joies  divines,  sois  ma  sœur,  je  serai  ton  frère.  » 

Le  ciel  s'ouvrit  un  instant  a  ces  deux  âmes  qui 
s'unissaient  dans  la  pureté,  et  une  voix  murmura  & 
l'oreille  de  l'épouse  :  •  Je  bénis  la  chaste  union  que 
vous  venez  de  contracter,  rien  ne  pourrra  jamais  la 
rompre,  après  la  mort  vous  vous  relrouverei  en- 
semble dans  l'éternité  bienheureuse.  « 

Le  lis  avait  germé  au  milieu  des  épines,  et  les 
avait  embaumées  de  son  parfum  céleste. 

Le  frère  et  la  sœur  distribuèrent  leurs  richesses 
aux  pauvres  pour  se  consacrer  entièrement  au  ser- 
vice des  lépreux.  Le  mépris  atlaihé  d'abord  â  Marie 
retomba  sur  celui  qu'elle  avait  converti,  leur  famille 
les  d    '  t  les  repoussa  tous  les  deux,  mais  ils 

s'en  it  car  Dieu  les  aima  davantage  et  lus 

coml'Ki  11-  ^•■■i  grâces. 

S<>rrir  les  pauvres  ne  suffisait  pas  h  U  aoif  de 
soulTrir  et  de  s'humilier  qui  dévorait  la  Sainte,  elle 
eut  l'ambition  de  devenir  leur  égale.  Un  jour,  elle 
apparut   revêtue  de    haillons,  chn'-"-*»   ■^'•'<    ■»■■  ■  ' 
d  une  écuelle  de  terre  pour   rere* 
elle  éln:t  dispoeée  k  ener  sur  U  r 
porte   en  porte,  ait 
chaque  joui  d«  la  l'i  : .  >   -  ' 

publique. 

Son  mari  et  tout  cent  qui  rraismlent  de  perdre 

:    de  Dieu  de 
e    1)111  avait 


un  si  riche  trésor 

n-'ïter   psrmi   eux 


■  11  re  en 
lui    {'A. 


pourvu  qu'elle  consentit  à  ne  pas  s'éloigner  davan- 
tage de  ses  amis. 

A   oijOI   SEBVENT  LES    ERHITES 

Prier  et  se  mortiGer  fut  désormais  l'unique  pen- 
sée de  la  recluse  ;  mais  Dieu  ne  se  laissa  pas 
vaincre  en  générosité.  Il  révéla  à  sa  servante  les 
secrets  de  l'avenir,  et  illumina  son  âme  des  reflets 
de  la  divine  sagesse  ;  le  monde,  qu'elle  fuyait,  vint 
la  trouver  pour  puiser  dans  ses  conseils  la  lumière 
et  la  force. 

Un  prêtre  de  Liège,  plein  de  science  et  de  sainteté, 
fut  Lommé  successivement  à  deux  bénéfices,  en 
récompense  de  ses  mérites,  et  il  les  avait  acceptés 
tous  les  deux.  Le  remords  cependant  troubla  son 
âme,  il  exposa  sa  conduite  à  la  Sainte  qui  se  mit 
en  prières  et  répondit  :  <  J'ai  vu  un  homme  revêtu 
d'abord  d'un  manteau  blanc  marcber  rapidement 
et  joyeusement  vers  son  but  ;  il  se  couvrit  ensuite 
d'un  manteau  noir,  et,  accablé  sous  ce  poids,  il  ne 
put  continuer  sa  route.  » 

Le  chanoine  comprit  et  se  contenta  d'une  seule 
prébende. 

Liègeavait  été  dévastée  par  une  horde  de  rebelles  ; 
on  tremblait  aussi  à  Villembroc  ;  mais  la  recluse 
sécha  toutes  les  larmes:  «  Consolez-vous,  dit-elle, 
le  Seigneur  vous  épargnera  »  et  l'événement  justi- 
fia ses  paroles. 

Près  de  Villembroc  vivait  une  jeune  solitaire  : 
Marie  résolut  d'être  sa  mère  ;  chaque  jour  elle 
priait  pour  cette  enfant  d'adoption  ;  elle  apprenait 
du  Seignour  les  épreuves  et  les  tentations  qui  lui 
étaient  préparées,  et  la  disposait  à  s'y  soumettre 
religieusement  pour  la  gloire  de  Dieu  et  le  salut  de 
son  âme.  «  Helvide,  lui  faisait-elle  dire,  aujour- 
d'hui l'ennemi  te  dressera  tel  piège  ;  »  l'ennemi  dé- 
voilé était  vaincu  avant  même  d'avoir  livré  bataille. 
Une  autre  fois,  c'était  ce  message:  «  Demain,  Bésèle, 
ton  amie,  le  sera  enlevée;  Dieu  veut  aussi  te  priver 
des  consolations  de  ton  père  spirituel  »,  l'enfant 
offrait  d'avance  les  prémices  de  son  sacrifice,  et  priait 
à  son  tour  pour  sa  mère  adoptive. 

Les  deux  solitaires  de  Villembroc  étaient  deux 
astres  s'enrichissant  mutuellement  de  leurs  rayons, 
deux  encensoirs  mêlant  leurs  parfums  pour  mieux 
les  élever  vers  le  ciel;  leur  parole  éclairait  le  monde 
et  leurs  pénitences  le  défendaient  contre  les  châti- 
ments mérités  par  ses  crimes. 

CN    BRMÉOE    SOCVEBAIN  CO.NTRB    LES   TENTATIONS 

Le  poids  du  corps  est  un  obstacle  à  la  contempla- 
tion, la  chair  accable  l'esprit  et  le  trouble  par  les 
caprices  de  l'imagination;  Marie  sait  trouver  une 
arme  dans  l'obstacle  même;  son  corps  aide  et  favo- 
rise les  élans  de  son  cœur. 

Sa  prière  préférée  est  la  prière  enseiKnée  par  le 
S^int-E«prit  :  le  psautier.  Elle  le  récite  debout, 
mais  après  cbaqne  psaume  elle  s'agenouille  et  redit 
la  SaliiUtion  de  l'Ange  en  l'honneur  de  la  Vierge, 
puis  Irnii"  rents  coup»  de  discipline  gi'néreusement 
appliqii's  entretiennent  et  excitent  sa  ferveur,  aux 
trois  dorniers  elle  concentre  tout»'»  ses  forces,  et  le 
sang  jaillit  .'i  flots  de  ses  épaules  labourées  par  les 
fouets  arm'-s  de  fer. 

Cette  longue  oraison,  où  l'esprit  et  le  corps  ont 
tour  h  tour  leur  part  pour  se  reposer  et  s'emnraser 
mutuellement,  dure  de»  jours,  des  nuit»  et  quelque- 
foin  den  mois  entnrs,  sans  que  le  démon  ou  le  monde 
puissent  interrompre,  nar  leurs  images  impures,  le 
double  holocauste  de  la  viclimc  qui  immole  à  la 
foif  «a  chair  et  son  Ame  sur  l'autel  de  la  prière.  I 

Apr^s  ces  efforts  héroïques,  la  solitairejouil  de  la 
pré'enre  deg  sainte,  de  M.trie,  de  Jéfus  lui-même.       ' 

I  ■■   lil  'rna.lf    n'a  pn^    <[•<   voiles   pour    elle,    les   ' 


mystères  que  l'Eglise  célèbre  dans  ses  fêtes  s'accom- 
plissent réellement  dans  son  humble  cellule,  et  les 
merveilles  de  la  grâce,  opérées  par  les  sacrements, 
sont  sensibles  à  ses  yeux. 

Un  jour  elle  assiste  au  baptême  d'un  enfant  :  le 
démon  lui  apparaît  successivîment  terrifia,  vaincu, 
et  chassé  par  les  exorcismes,  et  le  Saint-Esprit  des- 
cend visiblement  sous  la  forme  d'une  blanche 
colombe  dans  l'âme  purifiée. 

A  l'élévation  c'est  Jésus,  expirant  comme  au  Cal- 
vaire, qu'elle  voit  dans  l'hostie.  1,'î  prêtre  qui  porte 
le  viatique  et  l'huile  sainte  aux  mounnts  disparaît 
à  ses  regards;  à  sa  place  le  Sauvei;'-  lui-même, 
entouré  de  ses  apôtres,  se  donne  au  moribond  et 
oint  ses  membres;  à  ce  contact  divin  le  corps  du 
malade  se  revêt  tout  entier  d'une  clarti^  iV-leste, 
aurore  de  l'immortelle  clarté  des  corps  glorieux  dans 
le  Chel.  Ces  faveurs  sont  le  prix  de  son  ardente  et 
invincible  foi.  Bienheureux  ceux  qui  croient. 

HARIB  CanCIFIE   SA    CHAIR   ET  CBOISrT  POOB  ALLEK  AU  CIEL 

UNE    ROUTE  CCI  NE    PASSE    POINT  PAR  LE  PURGATOIRE 

L'homme  ne  vit  pas  seulement  de  pain,  lejei'iiie 
aussi  doit  être  son  aliment  pour  la  double  sanlé 
de  l'âme  et  du  corps. 

Depuis  son  enfance,  Marie  s'était  interdit  l'usage 
de  la  viande  et  du  vin  :  dans  une  de  ses  maladies, 
les  médecins  la  contraignant  d'en  goûter,  elle  conçut 
une  telle  horreur  de  cette  prétendue  iâeheté,  qu'elle 
s'arma  d'un  couteau,  coupa  des  lambeaux  de  sa 
chair,  et  les  enterra  joyeusement,  heureuse  d'avoir 
pris  sa  revanche  sur  l'ennemi. 

A  Villembroc  elle  attend  le  coucher  du  soleil 
pour  toucher  à  son  modique  repas,  souvent  même 
elle  l'oublie  et  passe,  non  sans  miracle,  trente  ou 
quarante  jours  sans  interrompre  son  jeilne.  Après 
ces  longues  privations,  son  estomac  resserré  ne  peut 
recevoir  le  pain  noir  et  dur  qu'elle  a  choisi  pour  sa 
nourriture,  et  ses  repas  deviennent  un  supplice  plus 
terrible  encore  que  son  abstinence. 

Un  jour  qu'elle  s'efforçait  de  prendre  cet  aliment 
si  horrible,  que  les  chiens  eux-mêmes  l'auraient 
refusé,  dit  le  cardinal  de  Vitry,  le  démon  lui  apparut 
et  lui  dit  :  ><  Gourmande, ta  gloutonnerie  t'étouffera.  » 
Il  espérait,  par  celte  insulte,  la  porter  à  un  excès  de 
jeûne  qui  aurait  terminé  par  une  faute  celle  vie 
insupportable  pour  l'enfer.  Mais  la  Sainte  devina  sa 
ruse,  et  mangea  de  grand  appétit  malgré  ses  dou- 
leurs; Satan  déjoué  disparut,  et  Marie  alla  prendre 
quelques  instants  de  repos  sur  les  sarments  qui  lui 
servaient  de  lit. 

«  Voilà,  dit  le  zélé  prélat  auquel  nous  empruntons 
ce  récit,  la  vie  de  celle  qui  ne  souilla  jamais  ton 
âme  d'un  seul  péché  mortel.  Malheur  à  vous  mon- 
dains! Vous  passez  de  longues  heures  de  la  nuit  et 
du  jour  sur  des  lits  moelleux,  et  nourrissez  votre 
volupté  à  des  tables  chargées  do  Heurs  et  richement 
servies;  vous  préparez  une  demeure  où  la  corruption 
sera  votre  couche,  les  vers  du  tombeau  le  pain  de 
votre  chair,  et  les  flammes  éternelles  l'aliment  de 
votre  âme.  Si  vous  ne  pouvez  suivre  la  solitaire 
d'Oignies  dans  l'héroisme  de  ses  vertus,  imitez-la 
au  moins,  en  vous  privant  de  tout  plaisir  illégitime. 

Marie,  dans  son  amour  pour  la  croix,  trouva  une 
mortification    plus    cruelle    pour    les    filles    d'Eve, 
et  peut-être   même  pour  ses  fils,  que  le  jeûne,  les    [* 
veille»,  elles  disciplines  :  le  silence. 

Pendant  des  mois  entiers,  elle  est  muett«  pour  le 
monde  et  ne  prononce  que  ces  paroles  :  »  Je  v(>ux 
recevoir  le  corps  de  mon  Dieu  »,  puis  quand  J.>»u» 
e.it  descendu  dans  sa  poitrine,  la  terre  n'en^l  •  pliu 
pour  elle,  son  âme  e»l  toute  entière  fixée  'T  hieu.Ses 
amis  respectent  son  recueillement,  son  .ince  gardien 
l'avertit  de  l'arrivr^e  des  visiteur»  importuns,  ot  elle 


fuit  dans  la  forêt  voisine,  afin  que  ses  lèvres  restent 
fTruées  comme  un  tombeau  et  que  son  cœur 
n'entende  et  n'entretienne  que  son  Epoui  divin. 

Ce  sacriQce  si  pur  et  si  généreux  plut  tellement  k 
Dieu  qu'un  jour  il  dit  à  Marie  :  «  Courage  ma  bien- 
aimée,  ton  silence  ta  mérité  de  chanter  les  célestes 
cantiques;  tj  passeras  de  la  terre  aux  joies  du  ciel 
sons  connaître  les  douleurs  dii  purgatoire.  » 

l'ÉTEHÎIKL    VAlNCt; 

Satan  baissait  Marie  :  il  rôdait  autour  de  sa  cel- 
lule comme  le  loup  autour  de  la  bergerie,  et  dès 
que  les  anges  l'avaient  quittée,  il  y  entrait  à  son 
tour.  Un  jour  que  la  Sainte  se  reposait  sur  sa  rude 
couche,  il  parut  la  menace  à  la  bouche  :  «  Dors, 
maudite,  pour  ta  perte,  l'enfer  attend  avec  impa- 
tience le  monienl  lie  te  faire  expier  ton  travail,  tes 
jeûnes,  ton  silence  et  tes  longues  prières.  «  La 
solitaire  n--  put  s'empêcher  de  rire  de  celte  rage 
impuissante  ;  elle  flt  le  signe  de  la  croix,  et  Lucifer 
s'enfuit. 

L'ne  jeune  religieuse  Cistercienne,  après  avoir 
été  rédilication  de  toute  sa  communauté,  fut  assail- 
lie di'  tentations  d'incrédulité  et  de  blasphèmes  si 
terribles,  qu'elle  devint  KelTroi  de  ses  Sœurs.  La 
sainte  solitaire,  par  ses  austérités  surhumaines  et 
«es  prières,  obtint  de  Dieu  la  parfaite  conversion  de 
cette  malheureuse  et  le  pouvoir  de  reléguer  en  enfer 
le  démon  qui  l'obsédait. 

LES  I.NOIGENTS  DK  l'aCTTHE  VIE 

L'n  jour  Marie  est  en'  prière  dans  sa  cellule,  un 
océan  de  feu  l'entoure  soudain,  et  des  mains  sup- 
pliantes se  lèvent  vers  elle  au-dessus  de  l'ablme 
embrasé,  comme  des  mains  de  naufragés  implorant 
secours.  Effrayée,  elle  court  chercher  un  refuge  à 
l'église. 

Le  lendemain  la  vision  reparaît;  la  solitaire  veut 
fuir  encore  mais,  celte  fois,  les  mains  s'attachent  à 
ses  vêtements  et  la  retiennent;  elle  peut  cependant 
s'arracher  à  celte  horrible  étreinte,  et  vient  au  pied 
du  tabernacle  supplier  son  Epoux  divin  de  lui 
révéler  le  mystère  de  cette  apparition.  Jésus  lui 
répondit:  <■  Marie,  les  dmes  de  mes  élus  retenues 
dans  le  purgatoire  réclament  tes  prières,  sauve-les 
pour  l'amour  de  moi.  » 

Dès  tors  un  fleuve  bienfaisant  d'oraisons  et  de 
pénitences  partit  de  la  cellule  d'Oignies  pour  aller 
rafraîchir  les  membres  de  l'Eglise  foufTrante. 

Dieu  même  permet  k  ceux  qui  ont  particulièrement 
besc.'ïi  de  Marie  de  venir  implorer  son  aide  .C'est 
une  pauvre  mondaine  qu'elle  voit  livrée  succes- 
sivement A  toutes  les  tortures  de  la  flamme  et  des 
frimas  pour  expier  son  amour  trop  vif  des  plaisirs 
même  légilinies  et  sa  torpeur  dans  le  bien  ;  ou  une 
pieuse  veuve,  dont  lei  deux  filles  sont  religieuses 
••I  qui  soufTre  cruellement  pour  de  léKères  fraudes 

.    Ile  a  laissé  commettre  dans  sa  maison  sans  pro- 

'  r.  La  solitaire  prie  et  sollicite  les  prières  des 
les  4  celte  intention  :  les  dmes  qui  se  sont 
:iimandéps  &  elle  viennent  la  remercier  dès  que 
>c9  satisfactions  ont  obtenu  leur  déliTrance. 


en   DCBLUSTI  bARS  L  ADTBE    IIONOt 


h' 


.1-    le  Viltembroc  résolurent  de  ter- 

■     '  II'    dans    une    de    ce»    Uches  el 

•  où  deux  aMa»nins  cachent  leur 

n   de   duel  :    l'un  d'eux   fut  tué. 

'.      ■  '••  I'"  •' I  ..^•.  I -pi. 

■\1'       IU1:-  a- 

•    ■■•         Min...  ..  ,_    , .1- 

e«t  mtudit  po«r  i  eumtU.  > 


Lk  DERNIÈRE  ÉTAPE 

La  solitaire  avait  passé  vingt  ans  à  Villembroc, 
mais  ses  vertus  et  ses  miracles  y  attiraient  les 
foules,  elle  résolut  de  chercher  un  asile  plus  caché  ; 
liieu  lui  montra  le  lieu  de  son  repos  déQnitif: 
c'était  Oignies.  Déjà  elle  connaissait  cette  humble 
bourgade,  chaque  année  un  pieux  pèlerinage  l'y 
amenait  à  l'autel  de  Notre-Dame  qu'elle  aimait 
comme  sa  mère.  Plusieurs  fois  les  bûcherons  sur- 
pris avaient  vu  passer  une  vision  merveilleuse.  La 
recluse,  plus  blanche  que  les  colombes  du  bois,  se 
rendait  au  sanctuaire  béni,  elle  chantait  des  can- 
tiques ;  des  anges,  blancs  comme  elle,  mêlaient  leurs 
voix  à  la  sienne,  et,  quand  l'orace  troublait  l'azur 
du  ciel,  la  reine  des  anges  étendait  son  manteau 
au-dessus  de  la  sainte  pèlerine,  pour  la  défendre  de 
la  pluie. 

.Marie  se  mil  donc  en  route  ;  saint  Nicolas,  patron 
d'Oiçnies,  vint  la  saluer  et  l'introduire  dans 
l'église  :«  C'est  laque  je  mourrai,  dit  la  Sainte,  mon 
tombeau  sera  placé  devant  l'autel  de  Notre-Dame.» 

Elle  vécut  deux  ans  dans  son  humble  retraite  ; 
Jésus  lui  apparaissait  sous  la  forme  d'un  petit  enfant, 
d'un  agneau,  ou  d'un  pasteur  conduisant  les  agneaux 
i  leurs  pâturages  ;  au  moment  de  la  passion  il  lui 
cachait  ses  plaies,  car  l'épouse  n'aurait  pu  supporter 
sans  mourir  la  vue  des  douleurs  de  l'Epoux.  Enfin 
le  Sauveur  annonça  à  sa  servante  la  fin  prochaine  de 
son  exil.  La  solitaire  se  prépara  à  la  mort  par  un 
redoublement  de  prières  el  de  jeûnes,  sachant  qu'elle 
quitterait  la  terre  un  lundi,  elle  passait  ce  jour  dans 
une  abstinence  complète. 

Lne  horrible  maladie  s'empara  de  notre  Sainte. 
Les  remèdes  ol  la  nourriture  augmentaient  ses  souf- 
frances, seule  la  sainte  Hostie  apportait  la  joie  dans 
son  Imc  et  un  peu  de  repos  à  son  corps.  Après  qua- 
rante-cinq jours  de  torture,  elle  répondait  aux  larmes 
de  comp!.ssion  arrachées  par  ses  douleurs  :  •  Je 
voudrais  encore  être  au  commencement  de  mon  mar- 
tyre afin  de  l'endurer  plus  longtemps  pour  Jésus.  » 

l'uthnk  des  fiançailles 

Au  milieu  de  la  nuit,  dit  l'Evangile,  retentit  une 
clameur  :  Voici  l'Epoux  qui  approche,  accourei  à  sa 
rencontre  ;  el  les  vierges  sages  qui  l'ont  attendu 
entrent  en  fête  avec  Lui. 

Marie  entendit  aussi  les  chœurs  loyeux  oui  annon- 
çaient l'Epoux .  Les  Saints  vinrent  la  consoler  sur  son 
fit  de  douleurs.  Itavie,  la  mourante  chanta  d'une 
voix  si  douce  et  si  harmonieuse  que  voix  humaine 
ne  pourrait  l'imiter  sur  la  terre;  elle  chanta  la  Tri- 
nité, source  de  toute  splendeur,  le  Christ,  gloire  du 
ciel  et  salut  des  hommes,  les  anges  et  les  saints, 
étoiles  brillantes  des  palais  de  Dieu,  elle  chanta 
l'Egli.'e  que  trois  familles  nouvelles  devaient  enri- 
chir :  les  Auuustins  jusque-là  fleurs  du  désert,  dont 
le  parfum  allail  embaumer  les  villes,  les  fils  de 
saint  Dominique  et  de  snint  François;  elle  pria  pour 
ceux  qui  l'entouraient,  el  ses  prières  et  ses  chants, 
commencés  à  l'aurore  du  samedi  duraient  encore  nu 
crt'puscule,  sans  que  sa  voix  en  par  ' 
prêtre  de  l'église  d  Oignies  en  était  vi . 
pour  la  recluse  qu'il  craignait  d«  voir  p.iMcr  p^ur 
folle  parmi  le  peuple.  Mais  ses  craint»»  »•  Hissipi-rent 
i]uand,  le  lendemain,   la  foule      '  'ta   autour 

il*-  la  cellule  de  Marie,  priant  a  '  mviant 

sa  joie  céleste.  Le  lundi   m   '.  >   j  luil  à  son 

tour;  à  sa  vue,  la  Sainte  ti-  uitlant,  mais 

elli-  flt  le  signe  de  la  croix  >u  ii>-.im>    ■■  Au  nom  de 
J^'us  je  t'ordonne  de    fuir,  lèpre   et   corruption.  • 

l.r- '■•■     1 :<. 

D'*,  Marie  continua  ses  cantiques, 

àc     "f  lut  sur  la  1-1  ri-    rll.- .    uniurncail 

le  cantique  étemel. 


^r'  ,int  .  i'ariTMiL.'^iiT ,  h .  ri 


t  I",   p, 


SAINT  JEAN-BAPTISTE 

PRÉCURSEUR    DU    MESSIE,    PROPHETE    ET    MARTYR 


Fête  de  sa  naissance  le  2i  juin.  —  FHe  de  um  warDjre  le  2.9  nniit. 


(I  Préparez  les  chemins  pour  le  Seigneur.  » 
(Tableau  de  Doici,  d'aprt^s  une  gravure  ayant  appartenu  à  Pie  IX., 


IL  FUT  0:«  HOHUF.  ENVOT*  DE  DIKU,  QUI  S'APPELAIT  JEAN 

In  jnnr  qup  J<^u<.-Christ  prêchait  aux  multi- 
tudes, il  dit  eu  pirlant  «If  Jean  :  Oii'i'fcs-i  ou» 
allés  voir  dam  le  il.^fri.'  In  roseau  agite  par  le 
r.enl.'  c'pst-A-dirc  un  homme  faible,  «ans  carac- 
tère, qui  Innrne  à  tout  vent  d'opinions  .  Mali 
enroie.  qu'flf>-rom  alUa  voir.'  l'n  tiomwf  r-Vii  mol- 
Umeni'   Voii'.    ^nrcz   r/iic  i '.<<  dans    le-.  })nlai'i  def 


roii  qu'on  trouve  cewr  qui  portent  de  riches  habits 
el  qui  virent  dans  les  plaisirs.  Qu'iUes-vous  allés 
voir?  l'n  prnphile'.'  < lui,  je  vous  le  dis,  et  plus  qu'un 
prophHe.  Car  c'est  de  lui  qu'il  a  iHé  écrit  :  ToiVi 
que  j'envoie  mon  ange  devant  ta  face,  afin  qu'il  pré- 
pare ton  chemin  dnant  toi.  En  vérité,  je  mus  le 
di.f,  entre  les  fils  des  femmes,  il  n'en  a  point  paru  de 
plus  qrand  que  Jeanltaptiste.tS.  Mattli.,  xr,7,  etc.) 
Oud   éloRe!   Kt  dans  quelle  bouche  1  sur  les 


'M 


Wjvrf^s  de  la  Vérité  inéuie,  sur  les  lèvres  du  Fils  -. 
Je  Dieu! 

Saint  Jean-Hapliste  occupe  dans  niistoire  de 
riiumaiiité  uiu-  place  unique  Pl  incoiiiparabla,  il 
est  un  trait  il'union  entre  deux  momie*,  il  résume 
en  lui  tout  l'Ancien  Teslanniii  >i  prépare  le  Nou- 
veau. Montrant  le  Messie  proiiiis  déjà  présent  au 
milieu  de  son  peuple,  il  ferme  la  succession  des 
pro|>liites  et  il  ouvre  la  mission  des  apôtres. 
«'  Prophète,  apôtre,  ilocieur,  solitaire,  vier;:e, 
martyr,  il  est  plus  qtir  tout  cela,  dit  le  cardinal 
(le  la  Luzerne,  par.--  .ju'il  est  tout  cela  en  même 
temps.  Il  réunit  tous  les  litres  de  sainteté  et, 
rassemblant  datis  lui  seul  tout  ce  qui  constitue 
les  ditTcrenle*  liasses  des  saints,  il  forme  au 
milieu  d  >  uv  une  classe  particulière.  » 

Par  un  l'rivilcL'e  unique  entre  les  prophètes, 
il  a  eu  I  inniieur  d'être  lui-même  prophétisé, 
plus  •ie  -cpt  siècles  avant  sa  naissance. 

Kt  pourquoi  un  précurseur  à  Jésus-r.lirisf? 
Parce  que  la  di;:nitè  du  Fils  de  Uieu  réclamait 
cet  honneur  et  la  faiblesse  des  hommes  cette 
condescendance. 

LKS    PARKiraS    DE   S.VIN-T   JK*J<-B/IPTISTK 

Il  y  avait  en  Israël  deux  familles  nobles  entre 
toutes,  la  famille  royale  de  llavid,  d'où  devait 
naître  le  .Messie, et  la  famille  sacerdotale  d'.\aron, 
dont  le  s.iii>rdoce  ligurait.  annonçait  et  préparait 
le  vrai  et  iiniqu'-  sacerdoce  de  Jésus-t^hrist.  Marii', 
Mère  de  Jésus,  était  de  la  race  de  hnvid;  Zacharie 
et  son  l'pouse  Elisabeth,  parents  du  saint  Précur- 
seur, étaient  de  la  race  d'.Varon.  Kn  outre,  Eli- 
sabelli,  lille  d'une  strur  de  sainte  Anne,  mère 
de  Marii-,  se  trouvait  être  la  cousine i'ermaine  de 
la  Tr<-s  Sainte  \  ierse.  Elle  était  toutefois  lipan- 
coup  plus  ,\^ée  qoe  Marie.  Klisabcth  et  /.achorie 
avaient  uih'  autre  noblesse,  nolilesse  eii-ellent"' 
et  pi'rsonnelle,  celle  île  la  sainteté  :  n  Tons  les 
dcu.x  étaient  jHsJ«  devant  Dieu,  dit  Tévani-éliste 
saint  l.u<-,  marriiant  nas  reproche  dans  tous  les 
comniartiirroentsetleawtlonnances  du  Seigneur.  » 

Mais,  tn-t'-sse  immaiye  pour  Ifs  deux  époux. 
•'  ils  n'av.iient  point  de  fils  »  et,  humainement, 
ne  pouvaient  plus  ea  eifiérer,  ce  -  lonsi- 

déré  connue  unoppnthreet  une  m  :i  cbec 

les  Hébreux.  I>ir-    ' mettait  ai;  ^-'i 

ver  et    peifeci  ir  vertu. 

que  saint  Jeaii-i-oi-.i-'^'     '    ■■ 

Samuel,  comme  Marie  «M 

Joules  les  créatures,  iU    _..  .        i.i 

'grâce  et  de  la  prière  plus  encore  que  de  la  nature. 

AI'I'VHITIOX    DC    L'AaCHillIbK   blBIlIKL 

Les  deoi-tmdants  d'Aaron  avaient  M  divi>fs 
par  havid  en  cJaaoes  on  familles  qui  ae  saccé- 
daient  h  tour  de  rAle  poor  exercer  leur  nirniulfre 
dans  le  temple  de  iérosalem.  7j\  arte- 

nait  à  la  clas'c  d'Ahia,  c'était   l.i  Le 

temple  n'était  inne  les  syna^ok-ues  •■ 

|"Omme    nos  ,    l'e-l-i-dire    un     v,T.te 

'litie  ou  la  fiiulc  ïc  l'Uiiit  ilans  une  imnieuse 

11-  on  nif.  Ficnrei-vous  d  abord  une  va»te  plact^ 
d  une   encPin'e  e|    •'    1 
1  viT-es.  Knlrei  sur 


iir   d'à 

'  I^UX    !W*i 

lin -m '''Il 

^11    J 


promeut  dit.  Ce  dernier  édilice  est  très  élevé, 
on  y  arrive  par  de  nombreuses  marches;  il  est 
divisé  en  deux  parties,  le  Sm'iif  et  le  ."s(n'ii(  (/,■•! 
.s'<iin/«.  Le  Kraud-prètre  seul,  une  fois  Fan,  peut 
entrer  dans  le  Saint  des  sainte.  Dans  le  Siiinl  on 
voit  l'autel  des  parfums,  petite  table  en  bois  de 
sétim,  couverte  de  lames  d'or. 

Chaque  matin,  à  ;•  heures,  et  chaque  soir,  à 
:i  heures,  l'un  des  prêtres  de  semaine,  désignés 
par  le  sort,  entrait  dans  le  Sainl  et  faisait  brûler 
une  poi;;néc  d'encens  sur  l'autel  des  parfums; 
puis  il  sortait  et,  du  haut  des  de^;rês  du  saintuaire, 
il  bénissait  le  peuple  réuni  dans  les  partis  : 
'■  Que  le  Seipneur,  disait-il  en  croisant  les  mains, 
te  bénisse  et  te  conserve;  que  le  Sei;.'neur  te 
découvre  son  visase  et  ait  pitié  de  toi;  (lue  le 
SeiLTieur  tourne  vers  toi  son  visa;;e  et  te  donne 
la  paix.  »  Triple  invocation  qui  s'adreaf^ait  mysté- 
rieusement à  la  Sainte  Trinité. 

"  t»r,  raconte  révanpéli«ie,  lorsque  /acharie 
remplissait  devant  Dieu  les  Innctioiis  du  sacer- 
doce, s^on  le  ran;;  de  sa  classe,  il  arriva  qu'il 
lui  échut  par  le  sort,  suivant  la  coutnine  observée 
entre  les  prêtre-,  d'entrer  dans  le  temple  du  Sei- 
gneur pour  y  offrir  l'encens.  Kl  toute  la  inulti- 
tiule  était  dehors,  priant,  à  l'Iienre  de  l'encens. 
Kt  uji  an£;e  lui  apparut  debout,  a  droite  de  l'autel 
des  parfacrs.  A  cette  vue,  /.irlmiio  se  troubla  et 
fut  saisi  de  crainte.  Mais  l'aime  lui  dit  :  ■•  Ne 
craiuue/.  point,  7.acharie.  parce  que  votre  prière 
a  été  exaucée,  et  Hlisabelli  \-.(re  épouse  {)  vous 
donnera  un  lils  que  vous  noiuineret  Jean  inom 
qoi  vent  dire  ffràre  de  lUiii  .  Il  '^era  pour  vous 
un  sujet  de  joie  cl  de  ravissement,  et  à  ••a  nais- 
sance beaucoup  se  réjouiront,  (^ar  il  sera  urand 
devant  le  Seifuenr,  il  ne  boira  point  de  vin,  ni 
d'aucune  liqueur  enivrante,  il  sera  rempli  de 
l'Esprit  Saint  dès  le  sein  de  sa  mère.  Il  conver- 
tira  un  LTsnd  nombre  d'enfants  d'Ism'  I  au  Sei- 
enenr  leur  Uien  ;  il  marchera  devant  sa  face  dans 
l'espnt  de  la  vertu  d'Elie,  alln  qu'il  unisse  les 
cu-urs  des  pères  k  ceux  des  (ils  (c'est-à-dire 
apprenne  aux  juifs  d'alors  à  imiter  la  foi  de  leurs 
pères  les  patriarches  anciens  .  qu'il  ramène  les 
étmdiéiiiiiBMt»  à  la   I'  °  s,  pour 


—  A  «fnoi 
voBt  me    dites, 
vieux  et  ma  iéailBe  ^^t  ■ 
rnn:;e  répoa^wwr  n 
qui   me  tiaaa  4c»ani 
pour  voMifarfar  et  von- 

"*  '    qui     > 

_  __  aarlrr  pun-  ,;ii. 

■es  p*rn|n«.  rjui  s  jrf.iiDi' 

•    Ô  ■     I"     peuple 

C^dntii.  ,  lieUieiM     • 

>f  yle  >  Knfin  il  m-i  i 


1  I    .11    1-e   que 

car  je  suis 

■  -     .  Alors 

i.abriel, 

envoyé 

ett<'  heureuse 

niiiit   et  ne 

i:^  u'uvei  pas  cru  à 

.1  ont  en  leur  temps.  » 

nn.ii.l.iit  £ai-|iarie  et 

■  !   Il  lemp  dans  le 

■r  1.1  bénédic- 

.1  parler,  et  ils 
compriimt   <|all  arait  eu   un-.    vi->imi   dans   le 

temple.  Ouaiil  a  lui.  il  leui  fus  il  des  sifrnrs, 
et  il  resta  iiiilel.  /jiiharie  était  ibMenu  «ounl 
et  muet,  sonrd  pour  avmr  cnteiiilii  la   mu 


T  -         II-  croire    k  son    —  - 

mUel   pour 

1  du  par  des  ot 
■  uaiiii    le»   jour»    de    -■  ■. 

riilllpll-.    /nrllirii      leiiill    k    ■ 

'   ■      furent 
.  Insle, 

Itlsain'  l'iiiii"   .i.-iii  .p  ini.i  1.  .■ 

Il     .litis 

«  accr 

11 

iaiiin   ,.  —    .     ;     u 

A 

alM  aarfar 
ooanvai 


firrrioct  d*  l'a»- 
•lu  Noavaau  Ta*- 


deux  lieues  de  Jérnsalera,  située  sur  un  plateau 
incliné,  au  bas  d'une  montagne  et  au-dessus 
d'une  riante  vallée.  Peu  après,  Kli«abeth  eut  la 
certitude  de  donner  le  jour  à  un  lils.  et  tout 
entière  à  la  reconnaissance  qu'elle  devait  à  Dieu, 
elle  se  retira  dans  une  petite  maison  de  cam- 
pagne, située  sur  les  collines  voisines. 


LA    VISITATION 


NAJ3SA.NCE    DE    JEA^-BAPTI-TE 


Six  mois  après,  l'anse  (iabriel  apparaissait  à 
riiurable  et  inrnmparable  Vierge  de  Nazareth,  il 
anLonçait  à  Marie  sa  maternité  virginale  et 
divine.'  et  ajoutait  en  témoimaire  de  ses  paroles  : 
•<  Voilà  qu'Klisabeth,  votre  cousine,  a  elle-même 
conçu  un  lil«  dan?  sa  vieillesse,  et  c'est  le  sixième 
mois  de  celle  qni  était  appelée  stérile,  parce  que 
rien  n'est  impossible  à  Dieu.  ■•  .^insi.  Jean 
semblait  déjà  remplir  son  r<Me  de  précnrsenr: 
mais  cette  hme  d'élite  eémissait  encinre  captive 
SOU3  les  ruines  du  péctié  oriiiinel  ;  une  inspira- 
tion intérieure  apprend  à  Marie  que  la  risite  de 
la  Mère  de  Dieu  sera  le  salut  de  Jean,  non  moins 
que  la  joie  d'Elisabeth. 

."■arie  «élève  donc  et  «e  met  en  route.  Quatre 
on  ciii'j  j"Urs  de  marche  séparent  .\a7.areth  des 
monti-Tifs  de  Judée  où  demeure  sa  cousine,  mais 
la  charit'-  semble  lui  dtmner  des  ailes;  elle 
Toyai*  rapidement,  dit  révan::;éliste,  et  salue 
Enisab'>th.  I.a  Mèrt-  de  Dieu  pr»''vieiit  la  mère  de 
Jean;  Jésus  prévient  son  précurseur;  Jésus  parle 
par  la  bouche  de  Marie,  et  sa  voix,  pén-'trant 
jusqu'à  ITirae  du  fils  d'Elisabeth,  celui-ci  se 
réveille  à  la  vie  de  la  prâce,  il  a  reconnu  son 
Sauveur,  il  tressaille  dans  le  sein  de  sa  mère. 
L"T;spri'-Saint  qui  illumine  l'ùme  du  lils  rejail- 
lissant sur  la  raere,  Elisabeth  s'écrie  d'une  trrande 
voix  (comme  si  elle  parlait  au  nom  de  tous  les 
siècles  k  venir)  :  "  Vous  êtes  bénie  entre  toutes 
les  femmes  et  le  fruit  de  vos  entrailles  e"ït  béni. 
Et  d'où  me  vient  ce  bonheur  que  la  Mère  de  mon 

Sauveur  vienne  me  visiter Vous  >^tes  heureuse, 

vous  qui  avcT.  cru  que  les  choses  qui   vous  ont 
été  dite- de  la  part  du  S<>iL'iiear  s'accompliraient.  " 
Mais  Manc,  r''ponssant  la  lou^n.-e  qui  s'adresse 
à  elle  pour  reporter  à  Dieu  toute  ^.'loire.  s'écrie  : 
.Von  (inie  ijtoriff  le  Seif/ncur  et   tait   entendre, 
pour  la  premi-  re  fois  en   ce  lieu  solitaire,   les 
sublimes  accents   da  Matirrifical.   répété  depuis 
par  tous  les  si'-cles  en  souvenir  d'elle.  Si  cette 
première  rencontre  fut  si  merveilleuse  pour  l'àme 
du  Précurseur,  combien  de  çrAc^s  durent  .icoom- 
pa^mer   le   séjour  de   Marie  auprès   d'Elisabeth 
pendant  environ  troi»  mois? 
f>nsnd  le  temps  fut  arrivé,  Elisabeth  mit  au 
;u   lils:   les   parents   et  les  voisins,   qui 
lit  la  vertueuse  mère,  apprirent  avec  joie 
'      '      •  '  Tiir  avait  n«é  envers 

■nt.  suivant  l'usase, 
■  I   II-  Mil  donnaient  le  nom 
par  *on  pi're.  «  Il  n'en  sera 
■  -..;'pth,  mais  il  s'appellera  Jean.  « 
"  Il   n'y  a   personne  dans  votre 
■  iprii  (-.■  nom.  .  Et  ils  demandaient 
'lient  il   voulait  qu'on  le 
isTiil  donner  cf  qu'il  faut 
•  ir  écnr<  .   l^i   ^  ses  mots:  Jean   csf   son  nom. 
■  '    '  n'^i'-Tt  d      T=  i^tants;  une  r''''v*|ntiriii  nviit 
■    le  nom  •' 
II''.  M.iis  H 
■    .  ;       1      i  ,1  I-  foi  et  d'  .(U  il 

u  I,'    .il       m,  il.  limite    d  'Tne    ' 

1  I  '^jint    d"?     pr<i(h'«-       illiitniii»        .ri 
;ir.:.i|p  «e  d''li',  le  lu. .m     .mli  ^iif  du 
'iiilil   •!'■   sn.i   litres   in'piiè"»  :    ft.  m  «i-w   /■    -n-    | 


gneiir  Dieu  d'hraél,  parée  qu'il  a  vLsilê  et  radielé 

fun  peuple El  toi,  j.ctit  enfant,  lu  <>ras  appelé 

le  prophète  du  Très-Haut .  car  tu  marchera^  devant 
sa  face  pour  préparer  ses  roifS,  etc. 

Les  miracles  s'ajoutaient  donc  aux  miracles 
autour  du  berceau  de  l'eni.int;  ceux  qui  demeu- 
raient dans  les  lieux  voisins  furent  saisis  d'une 
crainte  respectueuse,  l.e  bruit  de  ces  merveilb-s 
se  répandit  sur  toutes  les  montoiines  de  Judée, 
tous  ceux  qui  les  entendirent  ra -onter  les  con- 
servèrent dans  leur  cœur,  et  ils  disaient:  «  Que 
|iensez-vous  que  sera  an  jour  cet  enfant,  car  la 
maiu  du  Sei^-neur  i  tait  avec  lui?  » 

Marie  assistait-elle  à  ces  joyeux  événements? 
Quelques-uns  pensent  qu'elle  était  déjà  retournée 
à  Nazareth,  mais  saint  .\rabroise  et  beaucoup 
d'autres  croient  qu'elle  ne  quitta  la  maison  ,i.> 
Zacbarie  qu'après  la  naissance  de  Jean.  Nous 
aimons  à  nous  représenter  le  petit  saint  Jean, 
toujours  précurseur,  précédant  Jésus  dans  les 
bras  de  Marie  ! 

SAlîTT  JEAW    .KV   BKSEBT 

Bientôt,  le  cruel  Hérode,  usurpateur  du  trOnede 
[tavid,  apprend  la  naissance  du  Messie,  il  craint 
pour  son  autorité,  il  envoie  des  satellites  massa- 
crer tous  les  petits  enfants  do  Hethléem  et  des 
environs;  Jésus,  emporté  en  Egypte  par  Joseph 
et  Marie,  échappe  à  la  mort.  Mais  que  devint  le 
jeune  saint  Jean,  né.  comme  nous  l'avons  dit,  aux 
environs  de  lîelhléern?  Voici  ce  que  racontent 
d'anciennes  traditions  :  Elisabeth  senfuit  dans 
la  montagne  portant  dans  ses  bras  maternels 
son  cher  trésor,  mais  les  bourreaux  d'Hnrode 
parcouraient  le  pays;  voilà  nue  bande  qui 
approche,  Elisabeth  va  être  découverte,  elle  ne 
sait  plus  on  se  cacher  :  tout  h  coup.  If  rocher  qui 
est  devant  elle  s'entr'ouvre,  lui  fait  une  place  et 
se  referme  sur  elle;  les  bourreaux  passent  et 
s'éloignent  :  Jean-Baptiste  était  sauvé.  ifJn  peut 
voir  encore  dan«  l'éslise  de  ëaint-Jean-iii-.Mou- 
tana  un  fragment  de  ce  rocher  avec  l'empreinte 
des  membres  de  l'enfant.)  —  Pendant  ce  temps, 
Zacharie  remplissait  à  Jérusalem  ses  fonctions 
sacerdotales  :  ,.  ou  est  caché  ton  fils?  lui  deman- 
dait-on. —  Parle  Dieu  dont  je  suis  prêtre.  r''pon- 
dit-il,je  ne  sais  ouest  mon  lils.  ..  Et  en  vérité,  il 
ne  le  savait  pas.  Hérode,  furieux,  le  lit  m.assacrer 
entre  le  teiiipl>>  et  l'autel,  et  la  trace  de  sou  sans 
resta  indélébile  sur  le  pavé.  Elisabeth  mourut  à 
«on  tour  dans  le  désert  montieneux,  une  qua- 
rantaine de  jours  après,  et  les  anijes  prirent  soin 
du  petit  orphi-lin.  dmit  la  vie  tout  entière  devait 
être  si  semblable  à  la  leur. 

Jusqu'à  l'i'içe  de  trente  ans,  saint  Jean  vécut 
dans  les  d<^erts.  loin  de  tout  ce  qui  pouvait 
ternir  l'incomparable  pureté  dt>  son  innocenc<e; 
la  prière,  l'adoration,  la  louancc  de  Dieu,  la  con- 
f'-mplation  des  in-andeurs  ilivwies.  voila  l'occu- 
pation de  cet  anse  de  la  tprre  l.e  li<'u  le  plu» 
habituel  dé  son  séjour  était  une  crotte  taillrie 
dans  le  roc.  que  le  pcb'rin  peut  visiter  encore, 
l.'tns  une  valléi-  solitàim.  étroite  et  profonde,  non 
loin  de  l'ancienne  .\in-Karim,  la  ville  n.it.ilc  du 
-aint  Précurseur  N'on  dcpl  lise  à  l'imai-iiialion 
•  les  peintres,  siinl  Je.in-B.ipliste  n'allait  point  à 
demi  couvert  d'une  peau  de  mouton  iiii(>  sorte 
de  robe  ou  tonique  tissée,  en  poil  .m 

scrrée.iulouriles  reinsparuneceinliii  u  r    '  . 

t"l  ''tait  son  vêtement,  tuiiiqu>-  rude  et  par 
^'^rit-tble    cilice   et    inslnmi'-nt   de    per-    '      'le 
nce.  Du  miel  sauv.ite.  de.»  su  ' 
~a  nourriture,   nous  dit   l'év  II 

ju.uil  le  désert,  lui  refusait  ces  m.ii-i  i  -  .tiiinrutt. 


oa  raconte  qu"il  y  puppléait  par  les  fruits  vul- 
^'aires  du  caroubier.  Venait-il  ([uelquefois  au 
temple  de  Jérusalem?  C'est  possible,  mais  saint 
Luc  ne  nous  l'apprend  point. 

JBAN    PBÊCIIB  AUX   FOIXES   ET   BAPTISE 
LK   FILS   DE    DELL- 

Enfin  les  temps  sont  venus.  Jésus,  caché  à 
Naiareth,  va  bientôt  se  manifester  au  monde; 
Jean  a  trente  ans,  c'e^t  l'à^je  qu'on  exi^e  des 
aocleurs  en  Israil  pour  leur  accorder  le 
àioit  d'expliquer  au  peuple  les  Livres  Saints; 
Dieu  l'envoie  annoncer  aux  liouiines  la  grande 
nouvelle  qu'ils  it;noreiit  et  préparer  les  voies  à 
Jésus-Christ.  Joaii  commence  à  prêcher  dans  les 
inuuta;:nes  d>'  Judée,  non  loin  du  lieu  de  sa 
retraite,  et  bientût  il  vient  faire  entendre  sa 
parole  sur  les  rives  du  Jourdain.  Anrés  quatre 
cents  ans  de  silence,  la  voix  des  prophètes  se  fait 
de  nouveau  entendre  en  Isra<l:  toute  la  Pales- 
tine s'émeut,  les  multitudes  s'ébranlent  et  afiluent 
vers  le  Jourdain,  on  admire  la  sainteté  du  Pré- 
ourseur,  son  austérité  extraordinaire;  les  mer- 
veilles qui  ont  jadis  siu'nalé  sa  naissance 
reviennent  sans  doute  à  la  mémoire  de  plusieurs. 
Faites  yénitenrc,  dit  le  nouvel  Elie,  car  le 
royaume  des  eieux  approche;  le  royaume  des 
rieux,  et  non  un  empire  judaïque  terrestre 
comme  le  révent  vos  ima;;inations  orgueilleuses 
et  vuL'aires.  Le  péché  a  fermé  le  ciel,  le  Messie 
apporte  la  rémission  des  péchés,  mais  à  ceux 
qui  mériteront  de  la  recevoir  par  le  repentir  et 
la  pénitenre.  Jean  donne  à  tous  les  conseils  qui 
leur  conviennent,  aux  firands  et  aux  petits,  aux 
pharisiens  ••t  aux  sadducéens,  aux  publicains  et 
aux  soldats.  Ileaucoup  se  repentent  de  leurs 
péché»  et,  comme  témoi:;na(ie  de  ce  repentir, 
reçoivent  de  Jean  le  baptême  de  la  pénitence 
dans  les  eaux  du  Jourdain.  Kntin,  Jean  parait  un 
personiiai.'e  tellement  surhumain,  qu'un  se 
demande  si  peut-i»lre  il  ne  serait  pas  le  Christ. 
Ine  députation  de  prêtres  et  de  lévites  vient  de 
Jérusalem  l'interroyer.  ■'  Je  ne  suis  pas  le  Christ, 
répond  Jean.  Je  suis  la  voix  de  celui  i|ui  l'rie  dans 
le  désert  :    Préparez  le»   chemins  du  Sei^^neur, 

ainsi  que  l'a  prédit  Isaie Moi  je  baptise  dans 

l'eau,  mais  il  en  est  un  qui  a  paru  au  iiiili<'U  de 
vous  et  que  vous  ne  connaisse/  pas;  c'est  lui  qui 
doit  baptiser  dans  rKspril-Saiiit  et  dans  le  feu 
c'est-à-dire  dans  la  pri\ce  saiictiliante  et  la  cha- 
rité). Il  viendra  ai>rés  moi,  mais  il  est  avant  moi 
et  je  ne  suis  pas  digue  de  délier  les  cordons  de  sa 
chaussure.  » 

In  jour,  voici  un  homme  de  Narareth  qui 
arrive  à  son  tour  et  d<'iiiande  à  Jean  >le  le  bap- 
tiser. Jean  a  reconnu  sou  Maître  :  cet  homme  ust 
Jésus;  l'i^me  du  Précurseur  tressaille  de  joie  et 
de  bonheur  :  "  C'est  mui  qui  dois  être  baptisé 
par  vous,  lui  dit-il.  et  c'est  vous  ijui  venei  à, 
moi!  —  Laissez  faire  maintenant,  dit  le  .Sauveur, 
il  nous  faut  accomplir  ainsi  toul<- justice.  ••  Jésus 
!'-si  end  dans  l'nnde,  il  reçoit  le  baptême  de  la 
•  iiilenre.  (>  n'e-t  pas  l'eau  qui  sanclillc  Jé'ius, 
-    '  ■•:■■  ■  tii'lide  l'eau,  et  désormais  le 

le  baptême  de  Jésus-Christ 
'  est  institué.  Le  Fils  de  l>icu 
lU,  les  cieui  «enlr'ouvrenl, la 
-  -■  ;.  ^  -Ail  entendre  ;  CV/ui-ci  e$l  won 


l'Ordret  religieux  ont  tdopt^  l'uMge 

['■  siijiiurd'liui.  «n  Orient,  <lei  tribut 
'  t  p«r  qui  la  ■tulcrelle  eti  mil*  au  nunibr*  det 


Fils  bien-aime  en  yui  j'ai  mis  toutes  mes  complai- 
sances. Le  Saint-tsprit  descend  sous  forme  de 
colombe  et  repose  sur  Jésus.  —  Journée  de  bon- 
heur et  de  ^'loire  pour  Jean,  qui  mérite  désormais 
le  surnom  de  Baptiste  ■^baptiseur\,  car  il  a  baptisé 
le  Fils  bien-aimé  de  Dieu. 

MARTYRE    DE    SAINT   JEAN-DAPIISTE 

Un  autre  jour,  Jean-Haptiste  voit  encore  Jésus 
venir  à  lui  :  "  Voici  r.\«neau  de  Dieu,  s'écrie-t-il, 
voici  celui  qui  efface  le  péché  du  monde.  ■>  Deux 
de  ses  disciples  l'entendent  et  suivent  Jésus: 
c'étaient  .\ndré,  frère  aîné  de  saint  Pierre,  et 
Jean,  le  futur  évan^éliste,  ima^e  vivante  de  Jeau- 
Itaptiste  lui-même. 

liieulot  le  divin  .Maître  commence  ses  prédi- 
cations et  ses  miracles  sans  nombre.  Les  foules 
accourent  autour  de  lui.  Quelques  disciples  de 
Jean  s'en  afiliyent,  mais  le  Précurseur  surabonde 
de  joie  :  '•  .Ne  vous  avais-je  pas  dit  que  je  n'étais 
pas  le  Christ,  mais  que  je  le  précédais.  Il  faut 
qu'il  croisse  et  que  moi  je  diminue.  ■> 

llérode  r.\iicien,  le  bourreau  des  Innocents, 
était  mort  depuis  loii;:temps,  mais  son  lils  llérode 
le  Tétrarque  était  souverain  de  la  Calilée.  Prince 
débauche,  il  avait  enlevé  à  son  frère  Philippe 
sa  femme  llériodade,  pour  l'épouser  lui-même. 
Saint  Jean-Haptiste,  dont  les  persécutions  des 
I  pharisiens  n'avaient  pu  vaincre  le  rourafie  et 
I  l'apostolique  franchise,  osa  également  dire  la 
vérité  à  llérode  :  •■  Il  ne  l'est  pas  permis,  lui 
répétait-il,  d'avoir  la  femme  de  ton  frère.  ■« 
I  llérode  lit  enfermer  le  saint  Précurseur  dans  la 
forteresse  de  Macheroiita,  au  delà  de  la  mer 
Morte,  l'outi^fois,  il  le  craignait  et  l'estimait,  et 
même  lui  demandait  conseil  sur  beaucoup  de 
choses.  Ilérodiade,  nouvelle  Jézabel,  n'en  était 
que  plus  furieuse  contre  le  nouvel  Klie.  ,^u  jour 
anniversaire  de  sa  naissance,  llérode  oITre  un 
urand  festin  aux  principaux  personiiaces  de  ses 
Etats,  la  lille  d'Ilérodiade  vient  danser  devant 
les  convives,  elle  plait  au  prince  :  «  Ik-mandemoi 
tout  ce  que  tu  voudras,  dit-il,  fût-ce  la  moitié  de 
mon  royaume.  ■>  La  danseuse  court  prendre 
conseil  auprès  de  sa  mère,  elle  revient  liienl<\t  : 
"  Je  veux,  dit-elle,  que  vous  me  doiiniei  à  l'ins- 
tant, ici,  dans  ce  bassin,  la  tête  de  Jeaii-Kaplistu.  >> 
llérode  est  attristé,  mais,  par  respi-ct  humain,  il 
n'ose  manquer  à  sa  promesse  devant  ses  invités, 
un  yarde  est  envoyé  dan-  la  nri-on,  coupe  la 
tête  de  Jean,  l'apporte  dans  un  plat  à  la  danseuse, 
et  celle-ci  la  donne  à  sa  mère.  Quelle  atrocité 
dans  un  festin!  .\  cette  nouvelle,  les  disciples  de 
Jean  vinrent  et  ensevelirent  le  corps  du  martyr 
de  la  chasteté. 

i,e  culte  de  saint  Jean-Uapliste  a  toujours  tenu 
une  ;;raiido  place  dans   rKi:li»e;  on  obtient  de 
nombreuses  prAces  par  l'intercession  du  saint 
l'réciirseur;  les  feux  de  joie  allumés  en  l'hon- 
neur lie  sa  naissance  sont  un  auti|         '  '      iM 
usaiie,  pourvu  qu'on  en  écarte  toiii 
tonte  superstition;  saint  Jean-Hapli 
honneurs  spéciaux  dans  une  niultili. 

depuis    Sniiit-Jeiiii-de-|jitran.   la  oui.. .le 

llonie  et  du  inunde,  jusi|u'au  sanctuaire  do 
Heaurepaire,  qui  attire  l.-s  |i.-lcrin>  du  Nord;  il 
est  le  patron  iliin  iioinbr<'  iinnien'p  <l>-  contrée», 
(le  iill.'v  diinli.-,  icM,.  ii\.  ,lr  .  ..r,  «  ,1e  métiers, 
,!•  \ miens  pos- 

,  .  irlniue  pré- 

cieuse entre  toutes. 

Cf.  HiiiiiirriU  <i(iiiitJtan-Bapii%teettUumcull*, 
par  M  labliê  Pardinc.rbei  llour);uel-€ala4,3ti,rtte 
Smiil-Sulpi'  ''.  Paris  1 


iiut'.-yrrunj.  V..   t'*  iiihb^hi  ,  n.  ruv   è-i^tp,!*!!    i'    ,  l"»ri« 


SAINTE  FEBRONIE 


Fête   le   êâ  juin. 


Sar  l'ordre  de  Sélénus,  sainte  Fébronie  est  étendue   sur  un  chevalet.  Un  brasier  a  été 
allumé  sous  ses  entrailles  et  les  bourreaux  la  frappent  à  coups  de  verges. 


li'2 


LE  MONASTÈRE  DE  SIBAPOLIS 

Au  commencement  da  règue  de  Dioclétien, 
alors  que  ce  i)riiice  laissait  encore  à  l'Eglise  une 
paix  relative,  llorî>sait,  à  Siba|'oIi>,  sous  la 
direction  de  sainte  Bryénis,  une  communauté  de 
vieryes  chrétiennes.  Au  nonibro  des  cin-juanle 
religieuses  qui  s'étaient  retir-es  dans  ce  monas- 
tère se  trouvait  uue  jeune  liUe  de  dix-huit  ans. 
comblée  tout  à  la  fois  de-  .luns  de  la  (;ràce  et  de 
la  nature.  Elle  se  nommait  Fébronie. 

Consacrée  au  Sei;;neurdés  rà;;e  le  plus  tendre, 
l'enfant,  à  l'abri  des  soufllcs  empoisonués  du 
monde,  avait  fait  de  rapides  pro^^rés  dans  la  »o»e 
de  la  perfection.  A  son  entrée  au  monastère,  elle 
avait  appris  à  épeler  les  premières  lettres  de 
lalpli  .  la  Bible,  et  ce  livre,  qui  était  lou- 

jour^  outre    ses  mains,  était  devenu 

pour  elle  un  siijel  de  raédilations  constantes.  Le 
lèle  i]uelle  dépb>yait  puur  l'élude  des  sciences 
!  <  s  n'avait  pas  tardé  à  attirer  sur  elle  des 
_:  -  extraordinaires.  Aussi,  mai^iré  son  jeune 
i'U'-.  tébruiiie  avait-elle  été  chari'ée  d''  \ 
le  texte  sacré  à  la  communauté  qui  se  i 
tr.us  les  vendredis,  pour  entendre  un  p.i--,i;.e  u-- 
l'Ecriture.  La  Sainte  s'acquittait  de  celte  fonction 
avec  tant  de  bonheur,  que  l'on  voyait  d'illustres 
matn>ne<.  encore  païennes,  sulliriter  la  faveur 
de  recueillir  de  ses  levres  la  doctrine  du  salai. 

Cependant,  le  charme  même  qu'exerçait  la 
Sainte,  et  l'aflliieii  '■  .lu'.ilii:  li- i.t  autour  d'elle 
ses  leçoos  da  '  -  '*>>  la  mettaiii 

en  cootael  av<><  -         .        >  sa  vertu  à  de 

terribles  ^preoïes.  l'our  se  pi 'munir  contre  ce 
d.iiii:er,  Fébroaje,  sur  le  conseil  de  Bryénis,  sou 
>\  -vw,  eut  recours  à  la  mortilicntinn  la  plus 
..1.  !-;re.  \a  lieu  de   pr^n-lrp    son  repas  loua  les 


suiis  a»ec  les  aui 
rompait   le  jeune 


su:i; 
SuUi> 

pour  ^ 

Li 
.elt. 
remj 
l'ani 
(|ue 
preii'i 
nation  de 
se   lai'-er 


.  la  jeune  vier:;e  ne 

les  deux  jours,  et 

<l  un  peu  de  pain  et  d'un 

:ai    lui   servait  de  lit  ne 

i;  -111   de  pénitence,  et  bien 

,L  celle  couche  trop  moelleuse 

'■•-<•  nue. 

mettait  la  Sainte  d.in-. 
■  n,  d'étii'i.'     ■I"    liii.rn 
l'ureur.   I 

illt  lie-  .1 


-ur- 

iii^ri- 


bideux.  l'antiime- 

eilr.i    iT    (  ,ir    I- 


exécuter  1  édit  impérial  daus  toute  sa  riiiueur. 
Lysimaque  avait  promis  à  sa  mère,  convertie 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  de  ne  jamais 
tremper  ses  mains  dans  le  saii;^  des  chrétien-; 
mais  l'ordre  de  César  était  formel,  et  il  n'osa  pas 
encourir  la  colère  de  Diocletieii. 

Il  partit  doue  pour  la  province  d'Asie,  accom- 
pa^mé  de  Sélèuus,  son  tuteur,  homme  cupide  et 
farouche,  qui  se  lit  un  devoir  de  traquer  les  dis- 
ciples du  Christ  avec  un  acharnement  san-  é;:al. 

Sélénus  connaissait  de  répulalion  le  inonas- 
lère  de  Bryénis,  et  il  avait  entendu  parler  de  la 
beauté  et  de  la  science  de  Kébronie.  Poussé  par 
une  pensée  criminelle,  il  marcha  droit  sur  Siba- 
polis. 

A  la  nouTelle  de  son  arrivée,  la  terreur  se 
répand  dans  U  cité  ;  laïques,  clercs,  moioes, 
s'enfuient  précipitamment,  et  l'évèque  lui-même, 
n'i  ilTrouterroraj^e,croil  devoir  chercher 

ui.  Il  de  la  ville  inho?pitaliere  qu'avait 

abaiiu'im  e  son  troupeau. 

Au  iiniieu  de    ce  désarroi  général,   Bryénis, 

laisser    intimider  par  les   dan;;ers   (]ui 

uni    de    fondre    sur    sa    communauté, 

....ul  de  soutenir  le  coarase  chancelant  de  ses 

Sœurs.   Mais   l'épreuve  était  trop  forte  et  l'ub- 

besse,  ne  voulant  pas  e\p<i,er  ses  compa;uies  à 

desdan^rers  plus;:rand-  eiicivre,  peniiit  à  chacune 

d'elles  de  cuercber  uu  refu;:e  ou  elle  p\>arrail. 

Cependant,  elle  ne  voulut  pas  suivre  le*  auties 

relipeusi-s  daus  leur  fuite,  et  elle  demeura  au 

monastère  avec  Thomais,  la  soas-prieore,  et  av  ec 

Sœur  Fébronie. 

FiBROMR  EST  .«RRAOUC  A  SON  kULM  SJkCMÈ 

A  peine  S<'-Iénas  avait-il  fiit  son  entrée  dans 
la  ville,  qu'il   envoya  au  monastère  une  troupe 
de  soldats  avec  l'ordre  d'..  !       ;.'       :.  "i.- 

buual   <ainle   Fébronie.    I  i      - 

consul,  obéissant  à  la   ■   -  '■ 

donnée,  brisèrent  à  c  'i 

,.,,,,     ..I     ...  -.ii>irenL  >.<.   u  ■..  i_.   ..   ....  ....niil 

ui.  iii  eu.  En  vain  Itryéni*  et  Thomais 

er.-..,     .....elles    de     d.f.  i..i  i  .•     r.iif.ii.l     ,iiii    lelll 

était  coiilii-e,  on  les  1  -   - 

ne  purent  même  nbl'  '•  •  - 

a   leur  tille  spirituelle  dans  le  temble  combat 
qui  lui  allait  être  livré. 

Voyant  que  tou<  ses  efforts  demeuraient  inu- 
tiles, l'abbesse,  sous  le  coup  il'im»-  in-pirntii>n 
divine,   se   tourna    vers  1  -    et    lui 

,i(lre-Hn  s(»«  d^rtior^*  r^r. 


I  ; 


divillir    I.i 
plus  terri. 

T..U 
ince- 


■.c   pour   .-urmuiiUr  les 


'I  • 
ai. 


-iiii   1 
ton 

t' 


ilX       le-. 
.   le  COU- 

:r  T 


11'-    ^'.tinu    1.1     iii.    "i"iiii»  I    t^ii    ij  II  1     un       lijM  -  III'      I 

cumbaU 


r.rraoi  cé'> 

L'empereur  Uiocléljen  ava 

cl.i  ■liiu>  '  n    [i.iii.   M  ii«.   r.i 


«•ypwoiti! 


de 


»•,  tiomni' 

.  nlitr.-    Il- 

T         '■     Vrtble. 

,    .!.•    IVM- 


,. lit    .iv^r    Irll- 

ilr ,   et    ; 

l'eiidaiil  qu'  ,      .  ; 

la  jeune    lllle.   r,clle-ci    niircli 

inal.'iê  les  soulfrancs  que  lui  "• 

'. "   douloureuse  qui  avait  bn.'<é  ke»  l'urc^» 

;ues. 

V  viEUci  luarTK*  —  srrrucEs  ArniEi.x 

COl-«AGg  BT  VICTOial 

>^ê|/-nii«    Klleiidnil  A  «on  tribun.il     l'nc  foule 

.    .  ;  ■'    ;.    •  ite 


kî    âuup^ou-     ;...    [iL-Aitlil    ^ui    lui,  '  u    la,   -iiii    i    I  .■  Il' .  !■     Ml  m.-  I ■■,  n   ■    u 


chaîne,  une  émotion  subite  sagna  les  cœurs  les 
plus  iuililVérents,  et  de  toutes  parts  éclatèrent  les 
pleura  et  les  sauglols. 

Sélénus,  impassible,  fit  cesser  le  tumulte  et 
donna  l'ordre  à  Lysimaque,  qui  siégeait  à  sa 
droite,  de  commencer  l'iiilerrogaloire. 

«  Jeune  lille,  dit  celui-ci ,  es-tu  libre  ou 
esclave  ? 

—  Je  suis  esclave,,  répondit  Fébronie. 

—  De  qui  ? 

—  Du  Christ. 

—  Quel  est  ton  nom  ? 

—  Quoique  indigne  de  porter  ce  titre,  je  suis 
obi-étienne. 

—  Ton  nom,  te  dis-je? 

—  Je  vous  ai  déjà  répondu;  je  suis  chrétienne. 
Si  vous  désirez  en  savoir  davanlape,  nia  mère 
in".nppelail  Fébronie.  » 

Séifiius,  se  levant  alors,  se  tourna  vers  la 
jeune  lille. 

u  l.es  dieux  me  sont  témoins,  dit-il,  que  je 
m'étais  proposé  de  ne  point  t'adresser  la  parole, 
telk-ment  ton  crime  me  remplit  d'indi^'nation. 
Cependant,  je  veux  avoir  pitié  de  toi  et  te  donner 
les  conseil^  que  me  suffsére  une  cbmence  inté- 
ressé'- à  ton  salut.  Jr;  possède,  au  nom  de  mon 
neveu  Ly>imaque,  de  lir.mdes  richesses.  Si  tu 
consens  à  adorer  les  dnu>i  immortels,  je  te  jure 
liar  ces  mêmes  dieux  de  te  mettre  en  possession 
de  tous  ces  biens  en  te  donnant  la  main  de 
Lysimaque.  Tu  siéiieras  à  mes  côtés,  tu  jouiras 
des  faveurs  de  l'empereur,  et  ton  sort  sera  envié 
de  tous.  » 

Mais  Fébronie,  se  redressant  avec  la  majesté 
d'une  vienip  outrau'ée  : 

•<  J"ai  déjà  contracté,  ô  jupe,  une  alliance 
immortelle  avec  un  époux  immortel  qui  me  donne 
pour  dot  les  (gloires  du  Paradis.  Comment  donc 
ion«eiitirais-je  à  lui  manquer  de  foi  pour  accep- 
ter un  époux  mortel?  Hien  qu'en  entendant  une 
telle  proposition,  je  sens  mon  àrae  se  soulever 
d'horreur.  N'espère  donc  pas  me  uai'ner  par  les 
proineiscs,  ni  me  lléchir  par  les  tourments. 

—  Tu  braves  les  supplices!  s'écrie  le  juse  irrité; 
je  vais  châtier  ta  présomption.  Qu'on  étende  sur 
le  chevalet  cette  méchante  femme,  qu'on  apporte 
un  brasier  sous  ses  entrailles;  licteurs,  apprête/, 
vos  verues  !  >• 

Le  sanK  ruisselle  bientôt  sous  les  coups  des 
bourreaux,  tandis  qu'un  fou  ardent,  activé  par 
les  (lots  d'huile  qu'on  y  répandait  sans  cesse, 
dévoi-e  les  chairs  de  la  martyre.  Les  assistants, 
saisis  d'horreur  à  ce  spectacle,  ne  peuvent  con- 
tenir leurs  larmes,  l'n  cri  s'échappe  de  toutes 
les  poitrines  :  «  Assez,  assez,  juye  miséricor- 
dieux, épar(.'nez  cette  jeune  Qlle!  •> 

S>-lénus,  exaspéré,  loin  de  se  rendre  aux 
prières  de  toute  cette  multitude,  ordonne  defrap- 
p'-r  [dus  fort.  Ilientrtt  la  chair  de  la  patiente  com- 
iir'ir  e  ;'i  voler  en  lamlieaux,  c'est  alors  seulement 

qil'    ■  '-^e  le  supplice. 

iju-  le  semble,  Fébronie,  du  commencement 
do  la  lutte?  »  dit  avec  ironie  le  june  qui  croyait 
déjà  triompher  de  la  constance  de  la  martyre. 

A  ces  mol-^Ja  vierue  tressaillit!  et,  se  soulevant 
jiar  un  suprême  effort,  elle  répondit  d'une  voix 
a  qui  rinai;.'natiori  donnait  la  force  de  parler  : 
■  Tu  ne  m'as  pa>  vaincue  !  Je  me  ris  de  tes  tour- 
ment» !  » 

Sélénus  bondit  do  rase  :  "  Suspendez-la  à  un 
uibel,  cria-t-il  aux  suidais;  déchirez  ses  flancs 
avec  des  oncles  de  fer.  approchez  des  torches 
pour  brûler  ses  entrailles  et  calciner  jusqu'à  ses 
os.  i> 


Los  bourreaux  obéirent  et,  s'armant  de  leurs 
instruments  de  supplice  et  de  torches  enllam- 
mées,  ils  s'acharnèrent  sur  ce  corps  déjà  exténué 
par  le  supplii-o  précédent. 

L,i  foule  ne  put  soutenir  ce  spectacle,  la  pitié 
pour  la  victime  se  chaniiea  en  fureur  contre  le 
jui'e.  L'ne  immense  clameur  retentit  de  tous  les 
côtés  de  In  place  :  «  Fassent  les  dieux  que  tu 
sois  dévoré  loi-même  pur  le  feu  !  » 

Sélénus,  comme  tous  les  tyrans,  était  lâche. 
Effrayé  par  ces  menaces  de  mort  dirigées  contre 
sa  personne,  il  fit  suspendre  le  supplice. 

Il  reprit  l'interrogatoire;  mais  la  martyre 
n'avait  plus  la  force  de  parler.  L'n  liourreau 
s'approcha  pour  lui  couper  la  langue;  troublé 
par  les  cris  de  la  foule,  il  se  mit  à  lui  arracher 
les  dents.  Il  en  avait  brisé  dix-sept  lorsque  le 
juae  a[>pela  un  médecin  pour  panser  les  plaies 
de  la  martyre.  Ce  n'''lait  qu'une  trêve;  le  com- 
bat allait  recommencer  avec  un  acharnement 
plus  odieux  encore. 

Des  que  sa  victime  eut  repris  quelque  force  : 
"  Veux-tu  maintenant  obéir?  demanda  le  pro- 
consul ;  veux-tu  sacrifier  aux  dieux  ? 

—  Je  vous  demande  de  hàler  l'heureux  moment 
où,  délivrée  de  ce  corpsterrestre,  mon  àme  pourra 
s'envoler  à  la  rencontre  de  sou  céleste  Epoux  », 
murmura  Fébronie. 

Sélénus,  au  paroxysme  de  la  fureur,  soumet  sa 
victime  au  douloureux  supplice  qui  avait  naj^uère 
immortalisé  le  couraije  de  sainte  Agathe,  et  sur 
ses  deux  plaies  sanglantes,  il  fait  appliquer  des 
torches  enllammées. 

Oppressée  pai-  la  douleur,  la  vierge  poussa  un 
grand  cri,  leva  les  yeux  vers  le  ciel  et  d'une 
voix  mourante  :  •<  Seigneur,  mon  Dieu,  voyez 
mes  souffrances  et  recevez  mon  âme  entre  vos 
mains  !  » 

Ne  pouvant  supporter  plus  longtemps  ce  spec- 
tacle, un  grand  nombre  d'assistants  s'enfuirent 
du  prétoire  en  disant:  <■  Anatbème  à  César  et  à 
ses  dieux!  » 

l'ne  noble  dame,  du  nom  dr  lliéra,  qui  avait 
assisté  plusieurs  fois  aux  instructions  de  Fébro- 
nie, se  leva,  et,  dune  voix  que  l'iniiignatiou  fai- 
fait  vibrer,  adressa  au  proconsul  les  reproches 
les  plus  sanglants. 

Sélénus,  hors  de  lui,  donna  l'ordre  de  saisir 
l'importune.  Il  allait  lui  faire  subir  le  dernier 
supplice;  mais,  troublé  par  l'attitude  menaçante 
de  la  foule  que  ce  nouveau  crime  pouvait  exas- 
pérer, il  recula  devant  cette  mesure  extrême.  Il 
lit  donc  remettre  la  prisonnière  en  liberté;  sa 
rage  n'était  pu«;  cependant  assouvie,  et,  comme 

fiour  se   venger  de  cet  échec,   il  ordonna  aux 
icteurs  de  rompre  les  pieds  et  les   mains   de 
Fébronie. 

Lysimaque,  contraint  d'assister  à  cette  scène 
sanglante,  se  rappelait  le  serment  qu'il  avait 
prêté  au  lit  de  mort  de  sa  mère.  Fii  proie  aux 
remords  les  plu.<  cuisants,  il  ne  cherchait  que 
l'occasion  de  s'éloigner. 

.1  11  est  l'heure  du  repos,  dit-il  à  son  oncle, 
sortons. 

—  Non.  reprit  le  juge,  je  ne  sortirai  pas  d'ici 
que  je  n  aie  arraché  fa  vie  à  cotte  misérable!  » 

Fébronie  respirait  encore.  Sélénus  lui  fit  tran- 
cher la  léle. 

CHATIMENT     DE     Slîl.lf.NCS 
HONNKCBS     HKMirS     .*IIX     HKSTES    DE    FéRROMF 

Lysimaque,  rentré  dans  le  palais,  ne  voulut 
prendre  aucun  aliment;  mais,  se  retirant  dans 
sa  chambre, il  donna  un  libre  cour'  à  se-  ^anulols 


et  à  ses  i;éinissenients.  Sélénus,  en  proie  aux 
plus  puissants  remords,  ne  put  contenir  long- 
temps son  trouble  et  son  aptalion  ;comrae  frappé 
par  une  main  invisible,  il  se  leva  soudain  et, 
jetant  un  regard  de  défi  vers  le  ciel,  il  se  préci- 
pita contre  lîiie  colonne  et  se  bri-a  la  tète. 

Accouru  au  bruit,  Lysima^^ue  se  trouva  en  pré- 
sence du  cadavre  de  son  oiule.  A  la  vue  de  ce 
spectacle,  il  sécria:  "  11  est  urand,  le  Dieu  des 
chrétiens  !  lîéni  soit  le  Dieu  de  Fébronie  I  II  a 
veneé  le  sant:  innocent  !  » 

On  se  précipita  al■1r^  r.u  prf^toire  où  gisaient 
les  meniores  épars  de  la  vieriie  martyre.  Lysi- 
niaque  les  fit  recueillir  avec  respect,  ainsi  que 
1,1  terre  qui  avait  l'U  son  sang,  et  on  transporta 
res  reliques  au  m'^nastère.  Les  soldats,  le  glaive 
nu  à  la  main,  pouvaient  à  peine  repousser  ceux 
qui  s'approchaient  pour  dérober  quelqu'un  de 
ces  précieux  restes. 

Bryéiiis  recueillit  le  corps  mutilé  de  sa  fille 
spiritu.'lie  qui  avait  si  heureusement  vaincu  le 
démon.  On  lava  les  membres  ensanslantés,  et 
on  le  déposa  dans  un  ina^niiique  cercueil  donné 
par  Lysimaque  lui-même.  Pendant  plusieurs 
|.-iurs,  l'oratoire  du  monastère  fut  envahi  par  un 
nombre  prodigieux  de  personnes  païennes  aussi 
tiien  que  chrétiennes  qui  venaient  rendre  leurs 
homma:;es  à  la  couraf:euse  vierpe._  I.'air  était 
embaumé  des  parfums  que  l'on  brûlait  en  son 
honneur. 

CONVERSIONS    ÉCLATANTES 

Auprès  du  vénérable  cercueil,  de  nombreux 
miracles  s'opérèrent  sur  les  corps  et  princi- 
palement sur  les  âmes.  Lysimaque  était  allé 
rejoindre  son  cousin  et  fidèle  ami  l'rimus  : 

■'  Pour  moi,  lui  dit-il,  dés  aujourd'hui  je 
renonce  à  la  relii-ion  de  mes  pères  et  à  toutes 
mes  richesses,  et  je  me  donne  au  Christ. 

—  Je  veux  vous  imiter,  répondit  Primus,  je 
dis  adieu  à  Dioclétien  et  à  ses  divinités.  » 

Obéissant  alors  à  la  f.Tàce,  les  deux  nouveaux 
convertis  vinrent  recevoir  le  baptême  auprès  des 
restes  de  la  martyre;  ils  embrassèrent  ensuite  la 


vie  religieuse  sous  la  conduite  de  l'abbé  ou  archi- 
mandrite Marcellus.  Plusieurs  soldats  et  une 
foule  immense,  à  leur  exemple,  se  lireat  réjié- 
nérer  dans  le  Christ. 

Les  vierges  timides  qui  avaient  fui  la  persécu- 
tion rentrèrent  dans  leur  monastère,  et  rendirent 
leurs  hommages  à  leur  jeune  Sœur  qui  leur  avait 
donné  un  si  bel  exemple. 

FéBRONIE   NE  VEL'T    POINT   QUfTreR   LE  MONASTÈRE 
ÏÊME    APRES    SA    UORT 

Cependant,  le  petit  oratoire  du  monastère  parais- 
sait trop  étroit  et  trop  pauvre  pour  conserver  le 
corps  précieux. 

1.  évêque  de  Sibapolis  jeta  les  fondements  d'une 
vaste  et  riche  église,  qu'il  mit  six  ans  à  cons- 
truire. Il  en  célébra  la  dédicace  avec  une  pompe 
extraordinaire  et  voulut  y  transporter  les  saintes 
reliques. 

Mais, au  momentoii  lesèvéques  convoqués  pour 
cette  cérémonie  approchaient  les  mains  du  sacré 
dépôt,  le  tonnerre  retentit  dans  les  airs  avec  un 
tel  fracas  que  l'assemblée  demeura  frappée 
d'épouvante,  l'ne  seconde  tentative  fut  suivie 
d'un  tremblement  de  terre. 

.Mors,  les  prélats  dirent  à  la  vénérable  abbesse  : 
«  11  est  manifeste  que  la  bienhtureuse  Fébronie 
ne  veut  pas  abandonner  cet  asile;  prenez  vous- 
même  un  des  membres  séparés  du  corps  et  dai- 
gnez nous  le  remettre,  nous  serons  satisfaits 
avec  cette  précieuse  dépouille.  >■ 

Bryénis  voulut  prendre  une  main,  mais  son 
bras  fut  paralysé  soudain.  •<  Ne  t'irrite  pas  contre 
la  mère,  ma  lille  Fébronie,  s'écria-t-elle.  >■  Elle 
remit  la  main  bénie  à  sa  place,  et  son  bras  reprit 
la  vie. 

Klle  essaya  ensuite  de  prendre  une  des  dents 

3 n'avait  brisées  le  bourreau,  elle  y  réussit  sans 
ifficulté. 

L'évéque,  ayant  reçu  celle  précieuse  relique 
dans  un  coffret  d'or,  alla,  plein  d'allégresse,  et 
précédé  du  peuple  chantant  des  psaumes,  la 
déposer  dans  l'église  qu'il  avait  construite. 


uni.    K.  PiTiTHCiiiT,  »,  rue  Krjnrili  I"   Paru. 


SAINTS    JEAN    ET    PAUL,   MARTYRS 


Fête  le  26  juin. 


Martyre  des  saints  Jean  et  Paul. 


2tl 


Apre-  trois  siècle?  de  «souffrances  et  tl'an;.'oisses, 
l'Eiriisi'  du  Clirist  allait  enfin  sortir  de?  cata- 
combes et  celui  qui  devait  bieiitil  lui  permettre 
de  briller  à  la  face  du  roond.-.  •  oustantiii,  que 
],.,  ■'  '  rorlnmerotit  "  Grand  »,  était  déjà  né 
€■'  ;  dans  les  daules. 

-.  .-  cette  époque  que  Dieu  fit  voirie  jour 
à  Jean  et  à  Paul.  Les  Lr.i-.nl.  ~  persécutions  finis- 
saient avec  la  vicloii.  ,!■■  Constantin  et  cepen- 
dant nos  deux  Sain'-  devaient  rendre  à  la  vérité 
le  tûmi>i::ii  IL''-  lu  ■  ii-  ^ous  le  règne  de  l'apostat 
couroii 

\  n<  ut  la  ploire  de  donnera 

l'i  .  <»n  croit  (.'énéralement  que 

1.'  du  Sénat.  Leur  mère  était 

11.  Ui'ieune.  La  fauiille  do  no'<  deux 

'    donc    un   ran;;    élevé   dans    la 
i:  :         et  elle  possédait,  de  plus, 

•  I  r.iui.  a  p>'ino  sortis  de  l'école,  s'enrù- 

'  ilan<  l'armée.  On  y  remarqua  bienliU  leur 

ir  de  la  discipline  et  leur  valeur. 

'  ■ -I  tout  ce  que  nous  savons  de  la  Jeunesse 

•  l'Ut  saint»  frères.  Térentien,  capitaine  des 

-  ;i  le-  de  Julien  l'.Xpostal,  à  (jui  nous  devons  la 

r.        ■  '    ■!■    i-iir  l'iiriyre,  ne  nous  dit  rien  sur 

I  l's.  Ce  récit  d'un  conteni- 

I    --  _^iro  de  la  plupart  des  faits 

qu'il  raconte,  nous  servira  désormais  de  guide. 

JE.»N   ET  PAUL 
D.^.NS  LA  MAISO.N   DE  LA   PRINCESSE   CONSTAXCB 

inlin    venait   de   remporter 
.  i\ence:  il  avait  vaincu  par 

I  .Il  d<  lu  Crui.v.  11  semblait  heureux  alors, 
.;  .  ,,'  hieii  perniil  qu'»  «a  fille,  la  princesse 
I  '.le. 

ir  lone- 


it'lhll  '      tl*-     i  l    III  1111    'T-- 

le  ciel  et  demanda  s.. 
l'intercession   de   la    1 

:iis. 
..I.liiil    .-..    >iit'<.tl..    ,l..iiini 


li.l  ,1. 


au 

1 1 1  ■;  Il  ■  o  use 

>>  et  plus 
u,  elle 
Christ, 
de  lui 

iir.    elle 


I  d.i    ViduUtiels  i>a 
'ion. 

mer  une  mai- 

de    vie,  des 

r  pieté  rendirent 


les  parties  orientales  de  l'Empire  cl,  rava.;eant 
toute  la  Thrace,  mirent  Constantin  dans  la  plus 
f;iande  perideiité  pour  la  conservation  de  Con-- 
taiiliiiople  qu'il  faisait  bâtir  en  ce  moment,  alin 
de  pouvoir  laisser  la  souveraineté  de  Home  aux 
vicaires  de  Jé'us-Christ. 

Ne  pouvant  conduire  lui-même  les  troupes  qui 
devaient  refouler  ces  barbare»,  il  offrit  la  cliame 
de  lieutenant  impérial  à  (iallicaii.  que  ses  vic- 
toires sur  les  Perses  venaient  de  iiioiilrer  coiuiii' 
le  général  le  plus  expérim'Mité  cl  le  plus  lira\. 
de  l'Empire,  liallican  était  païen,  il  avait  déj.i 
été  consul,  et  ses  grandes  qualités  le  faisaient 
aspirer  aux  premières  places. 

Voyant  qu'on  ne  pouvait  se  passer  de  lui  en 
celte  fâcheuse  occurrence,  il  accepta  l'ofTie  .1 
Coii'stantin,  à  la  condition  toutefois,  s'il  revcnai' 
vainqueur,  que  l'empereur  lui  accorderait  la 
main  de  sa  UUe  Constance  avec  le  consulat  pour 
dot. 

Constantin  n'ignorait  pas  le  vœu  de  la  prin- 
cesse, il  savait  aussi  qu'elle  mourrait  pour  l'époux 
qu'elle  s'était  choisi,  pluttltquc  d'en  accepter  uii 
autre. 

l.a  demande  de  ror;:ueilleux  païen  le  jeta  don 
dans  le  plus  f.-rand  cinliarras.  Constance  l'ayani 
appris,  alla  d'abord  se  jeter  aux   pieds  d--  s'i. 
Epoux  céleste,  et  après  une  fervente  prière,  viui 
trouver  son  père  et  lui  dit  : 

Il  Si  je  n'étais  as*^urée,  mmi  'li-ii-  ur  il  m'?.- 
que  hieu  ne  m'abaiidoniiei  > 
.son  que  Je  serais  inquiète  à  ' 
et  fort  en  peine  au  sujet  de  l.i  promesse  (|u  oi 
veut  exiyer  de  vous.  Mais,  si'ire  de  mou  Sauveur  i  ! 
Epoux,  cesser  de  vous  aflliuer  et  me  promette.- 
comme  épouse  à  Gallican  :  dites-lui  que  s'il 
triomphe  je  serai  le  prix  de  sa  victoire. 

)i  Mais  permette/.,  qu'à  mon  tour,  je  pose  mes 
conditions  :  (.allican  laissera  aui         '    i 

3u'au  jour  des  noces  les  deux 
onnées  sa  première  épouse;  il  pi'  mira  avii-  lui 
Jean  et  Paul,  alin  que.  par  eux.  il  puisse  me 
connaître,  et  que,  de  mon  ccMé,  je  m  initie  par 
ses  filles  h  ses  habitudes  et  à  sa  manière  de 
vivre.  •' 

Joyeux  de  cette  ouverture,  Constantin  ■'"em- 
pressa de  répondre  à  Gallicai 
conditions  de  sa  fille.  Elle- 


i-i  11 


I   - 


enipres»!' 
Knoii»   il 
qu'.Xttiq 
tance  la 
premièfi 


ni    :    .le.-i 


I    1" 


Irerçt  cl 
cour. 


devciutîenl  i<' 


CO.■<VEHSI0^  ET  MXV  Dit  viaciM; 


h 


ni'  vit  art  I 
les  M,  >  Ile  ii; 

de  SI  11    lU'  u   'I,    levant   se» 
lui    dein.inda  ardemment  li 


lui  di*ait-<*lle,  qui  m'avez  (luérie  il' 


la 


tmii    en    m  w 


ilPllln,    «>    CIlCI-l.     Il    «MU»,    nii'li 


rial,  non  senleineiit  furent  chrétiennes,  mais 
encore,  renoniant  aux  vanités  du  monde,  vou- 
lurent iiiiii»»r  L'exemple  de  la  princesse  et  consa- 
cnrent  leur  chasteté  au  Seipneur.  Et  dès  lors 
elles  joii;naient  leurs  prières  à  celles  de  leur 
maîtresse  pour  la  conversion  de  leur  père. 

UATAUJ.B  DE  PHILIPPOPOLIS 

Cependant  Gallican  s'avançait  avec  ses  léf;ions 
contre  les  barburPs.  Sa  pensée  le  reportait  sou- 
vent à  Kome,  on  il  se  voyait  déjà  revêtu  de  la 
ponrpre  consulaire  et  pendre  de  l'empereur.  11 
reccontra  les  ennemis  prés  de  l'hilipfiopolis. 

Les  dispositions  pour  le  combat  étaient  bien 
prises,  les  soldats,  exaltés  par  les  assurances 
du  sénéral.  promettaient  le  succès.  Mars  avait 
vu  ciinier  en  son  honneur  de  nombreuses  héca- 
tombes; (iallican  était  certain  de  la  virtoire. 
Mais  les  Scythes  étaient  nombreux  et  ils  étaient 
braves;  ils  résistèrent  au  choc  furieux  des 
Rimains  et  les  attaquèrent  à  leur  tour  avec  tant 
de  vigueur  que,  malf^ré  les  sacrifices  continuels 
offerts  nu  dieu  de  la  frnerre  sur  une  colline  voi- 
sine, les  soldats  ne  songèrent  plus  qu'à  fuir. 

Jean  et  Paul  étaient  à  coté  de  (iallican  et  le 
défendaient  contre  les  coups  de  l'ennemi,  mais 
surtout  contre  le  désespoir  qui  commençait  à 
envahir  son  Ame. 

fjuaiid  ils  virent  les  Romains  tourner  le  dos  et 
toute  espérance  hnmaine  s'évanouir,  ils  lui 
adre«sèreiit  la  parole  :  "  Mars  t'abandonne,  lui 
dirent-ils,  nu  plutAt  il  n'a  jamais  pu  te  servir 
parce  qii  il  n'est  pas  Dieu,  l'romets  au  nom  du 
citi  de  croire  en  lui  et  d'embrasser  la  foi  chré- 
tienne, et  ce  Dieu,  le  seul  vrai,  te  donnera  la 
victoire.  >> 

A  peine  cette  promesse  solennelle  était-elle 
sortie  du  fond  de  son  cœur,  (iallican  vit  à  ses 
C(>lé>  un  jeune  homme  de  haute  stature  et  por- 
tant une  croix  sur  ses  épaules,  qui  lui  dit  : 
'•  l'i  -i;  |s  ton  Klaive  et  suis-moi.  » 

■  lltiommeje  le  suivais,  racontait-il  lui-même 
qni'lques  jours  plus  tard  à  Constantin,  je  ma  vis 
entouré  de  tous  ciités  de  soldats  armés  (|ui 
m'cncnuraeeaient  avec  ces  paroles  :  •<  Nous  te  prê- 
tons notre  secours,  entre  dans  le  camp  ennemi, 
et.  l'ëpêe  au  poing,  ne  t'arrête  qu'à  la  lente  du 
roi.  .1 

>•  J'y  arrivai  enfin,  gr;\çe  aux  coups  qu'ils  frap- 
paient autour  de  moi,  et  le  roi,  prosterné  à  mes 
pied»,  Uf  songea  qu'à  me  demander  la  vie,  se  sou- 
mettant à  toutes  les  conditions.  Touché  de  pitié, 
jo  l'a  ■■  lirdai  à  lui  et  à  tous  ses  soldats. 

(;'<--t  ain«i  que  la  Thrace  s'est  vue  délivrée 
('  ir  ma  main  avec  le  secours  du  Christ  de  tous 
!■  •  Si\|lie>;  barbares,  c'est  ainsi  que  vous  avez 
un  i^euple  de  plus  qui  vous  payera  le  tribut.  -> 

KKTOl'R  A    *.out 

J'^an  et  Paul  venaient  de  faire  remporter  à 
leur  maître  une  grande  virtoire  sur  les  barbares, 
mais  rrlle  qu'ils  lui  avaient  donnée  sur  le  démon 
était  f'Iiis  urandc  encore. 

•  lalli  .m  reforma  son  armée;  il  y  reçut  les 
dAsfTifiit  :i]i  voiilnrent  se  faire  chrétiens,  tan- 
dis f|uii  iix  qui  ne  voulaient  pas  aban- 
drinn-'r  l  leur»  faux  dieux,  et  reprit  la 
roi:<  ■  .\o  Rome. 

I  •  iM|.<>renr,  le  Sénat,  la  noblesse,  tout  le 
peii[>le  enfin  vinrHUt  au-devant  de  lui. 

Mai»,  avant  d'enlmn  dans  la  ville,  il  alla  se 
pt.  ii-rnor  «ur  le  tombeau  des  saints  Aprttres  et 
f' hi' c    ler  le  Dieu  des  rlirc'tietis  de  ses   succès. 

'         'miIim.   qui    ra\ail     mi   avant   •■on    rb''|)ail 


sacrifier  au  Capitole,  s'étonna  de  cette  pieuse 
démarche  et  voulut  en  savoir  la  cause. 

(iallican  lui  raconta  alors  ce  que  nous  savoBS 
déjà,  puis  il  ajouta  :  '  Pour  avoir  la  victoire,  je 
me  suis  fait  chrétien  et  je  veux  l'être  parfaite- 
ment. C'est  pourquoi  j'ai  renoncé  à  un  nouveau 
mariage;  je  vous  prie  donc  de  m'accorder  que  je 
puisse  librement  me  donner  au  ('hrist.  » 

A -ces  mots,  Constantin  se  jita  à  son  cou  et  lui 
raconta  que  ^es  filles  étaient  chrétiennes  comme 
hii,  et  vierges  du  Seigneur;  puis  il  l'emmena  au 
palais.  Hélène,  mère  de  l'empereur,  la  princesse 
Constance,  Attique  et  Artéœice,  les  filles  du  vain- 
queur, se  portèrent  à  sa  rencontre  pleurant  de 
joie  et  louant  l'Auteur  de  si  grandes  merveilles. 

Constantin  ne  permit  pasà  Gallican  do  renoncer 
tout  à  coup  aux  honneurs  que  lui  méritait  si 
victoire.  Mais,  après  un  an  de  consulat  dont  le 
nouveau  chrétien  profita  pour  élargir  ses  esclaves 
au  nombre  de  MOOO,  après  avoir  distribué  la 
plus  grande  partie  de  ses  biens  aux  pauvres, 
il  put  se  retirer  du  monde  suivant  son  désir  et 
s'adonner  à  la  prière  et  aux  bonnes  (cuvres. 

Il  alla  se  fixer  à  Ostie  et  y  exerça  pendant 
longtemps  la  plus  héroïque  charité.  Chassé  de 
cette  ville  sous  Julien  l'Apostat,  il  se  rendit  à 
Alexandrie,  et  c'est  là  qu'il  y  trouva,  pour  prix 
de  sa  vertu,  la  couronne  du  martyre. 

Mais  laissons  Gallican  pour  revenir  à  ceux  qui 
avaient  été  les  inspirateurs  de  sa  conversion. 

NOUVKLLKS    F.WEURS 

Revenus  à  Rome  avec  l'armée,  Jean  et  Paul 
reprirent  leurs  anciennes  fonctions  dans  la  maison 
de  Constance.  La  princesse  qui,  après  Dieu,  leur 
devait  de  pouvoir  vivre  dans  la  virginité,  les 
combla  de  faveurs.  Elevés  à  des  honneurs  que 
bien  d'autres  enviaient,  ils  ne  connaissaient  de 
bonheur  plus  grand  que  celui  d'aller  visiter  les 
pauvres  et  les  malades,  leur  porter  des  secours 
et  les  servir  de  leurs  propres  mains. 

Jouissant  auprès  de  l'empereur  d'un  crédit 
sans  égal,  ils  l'employaient  au  bien' de  ceux  que 
la  naissance  ou  les  revers  de  la  fortune  avaient 
jetés  dans  l'indigence.  Rome  entière  les  bénis- 
sait; les  pauvres  surtout  les  vénéraient  non  seu- 
lement comme  des  protecteurs,  mais  comme 
des  pères. 

Le  grand  Constantin  était  mort,  les  enfants  de 
ce  prince  conservèrent  à  Jean  et  à  Paul  la  faveur 
que  leur  avait  accordée  le  père,  et  ils  purent 
même  garder  leurs  emplois  après  la  mort  de  la 
princesse  Constance. 

DISGRACE  VOLONTAIRE   —   PRKMlflRF,    \VnASS\' 
nE   Jt'LIBN 

Mais  quand  Julien  eut  abaniionn.-  \i-  «;iiri-^l, 
quand,  monté  sur  le  tr'^ne  de  Constantin,  il  voulut 
faire  la  gi''\.t;  aux  chrétiens,  nos  deux  Saints 
quitter^ ..i  la  cour  et  les  honneurs  qui  auraient 
j  pu  les  y  retenir,  et  s'adonnèrent  entièrement 
aux  oeuvres  de  miséricorde. 

L'apostat  n'ignorait  pas  la  vertu  des  deux 
frères,  aussi  avait-il  jure  leur  perte.  Il  dissimula 
cependant  ijuejque  temps,  de  peur  de  «oulevir 
lie?  plaintes  trop  lé^-itimes  de  la  part  du  penpbv 
Mais,  ayant  afipris  le  bien  qu'ils  faisaient  paru  ' 
les  chrétiens  persécutas  à  l'aide  des  riches 
que  leur  avait  laissées  Constantin,  il  leur  en» 
im  ofiiiier  chargé  de  les  inviter  à  venir  remplir 
auiT'-  de  lui  leurs  anciennes  fonclinn». 

Les  deux  saints  frères  répondîrpni  à  Julien  : 
"  Tant  que  Constantin  et  ses  enfants  ont  orné 
je  Ir'ilie  dé  leurs  M  r  lus  et  "-e  sniil  i.'b>r  ilié>  d'èlrc 


le?  serviteur?  du  Christ,  nous  k-s  avons  ?ervis. 
»  Allant  au  pied  des  autels,  ces  prince?  savaient 
y  déposer  leur  couronne,  inclinant  leur  front 
àans  la  poussière,  adorer  celui  par  qui  régnent 
les  rois.  Mais  quand  le  monde  n'a  jdus  été  digne 
d'avoir  de  tels  maîtres,  et  d<  s  que  tu  as  étalé 
sur  le  trône  la  honte  de  ^apo^lasie,  nous  avons 
renoncé  à  tous  les  honneur?  d  une  cour  sacrilège ." 

NOUVELLES   PROPOSITIO.N^    ET  NOUVEAUX    REFUS 

Julien  leur  envoya  un  nouveau  message  pour 
les  attirer  auprès  de  lui  :  «  Kt  moi  aussi,  leur 
disait-il,  j'avais  obtenu  la  cléricature  dans  l'Eglise 
et,  si  j'eusse  voulu,  j'y  serais  au  premier  rang, 
mais  considérant  l'mutilité  de  ces  honneurs,  qui 
ne  peuvent  donner  la  richesse,  j'ai  mieux  aimé 
la  politique  et  la  ^'uerre,  et  j'ai  offert  des  sacri- 
flces  aux  dieux  qui  m'ont  mis  à  la  main  le  sceptre 
du  monde. 

u  Vous  donc,  nourris  à  la  cour  depuis  votre 
jeunesse,  venez  vous  asseoir  à  mes  côtés  et  occu- 
11  r  les  plus  hautes  dignités  dans  mon  palais.  Si 
vous  rejetez  mes  offres,  je  me  croirai  forcé  d'agir 
lie  façon  à  n'être  plus  méprisé.  » 

Jean  et  Paul  répondirent  :  <■  Nous  ne  te  faisons 
pas  l'injure  de  te  préférer  un  homme:  au-dessus 
de  loi,  nous  mettons  le  seul  Seif;ueur  qui  a  créé 
le  ciel  et  la  terre,  la  mi^r  et  tout  ce  qu'ils  renfer- 
ment; nous  refusons  ton  amitié,  homme  mortel, 
pour  ne  pas  encourir  l'Inimitié  du  Dieu  immortel. 

..  Sache  donc  que  nous  ne  viendrons  jamais 
l'honorer  ni  te  servir,  et  que  nous  n'entrerons 
jamais  dans  ton  palais.  ■< 

Julien,  furieux,  leur  donna  dix  jours  pour  réflé- 
chir et  prendre  une  décision  délinitive,  assurant 
que  s'ils  ne  revenaient  de  leur  entêtement,  il 
saurait  punir  leur  résistance. 

Les  courageux  serviteurs  de  Jésus-Chrisl  répon- 
dirent à  l'apostat  :  «  Fais  comme  si  ces  dix  jours 
étaient  déjà  écoulés  et  aciomplis  dès  aujourd'hui 
ce  dont  lu  nous  menaces.  )■ 

Lorsque  Térentien,  ministre  et  interprète  de 
reni|ierour  durant  toute  cette  affaire,  lui  eut  répété 
ces  nobles  paroles,  Julien  s'écria  :  «  Pensent-ils 
que  les  chri'ti..'ns  vont  les  honorer  comme  des 
martyrs".'"  et,  après  ces  mots,  il  se  leva  furieux. 
.1  lis  reviendront  au  palais  dans  dix  jours,  ou 
je  les  traiterai  en  ennemis  de  l'Etat.  » 

nER-NlèBB  TENTATIVE 

Les  deux  saints  frères  ayant  ainsi  la  r.rlitudi' 
qu'après  dix  jours  le  Selt:ni-ur  leur  donnerait  la 
réi'Miiipense  après  laqU'-ll«-'  ils  soupiraient  depuis 
lnnt;t.-Mips,  prolllèrent  de  l'intervalle  (|ue  leur 
1  u-~ail  le  tyran.  Le»  chrétiens,  répomlant  à  leur 
.ippel,  vinrent  les  voir  dans  leur  maison,  et  les 
n.  hesses  dus  deux  serviteurs  du  Christ  passèrent 
dans  les  mains  des  plus  pauvre». 

Le»    dix    jours    se    pa-.'-èrent    ainsi,    partagés 

entre  la  prière  et  la  distribution  de  leur  immense 

f  .ri  III].-.  Le  onzièmejour,  leur  maison  fut  entourée 

.  et  Térentien  arriva  lui-même  avec 

<  l'heure  du  repas  du  soir. 

Il  Ira  dans  leur  chambie  et  les  trouva  pros- 

(lev.Tiit  l'imuftc  du  Christ. 

•  l<'ur  prière,  il  leur  dit  :  ■■  Mon 

iro  Jiilii'n  in'i'iivoic  une  dernière 

(  ■  ; •■  pas  de  venir 

IX  dieux  dans 

1  •i.iii»  •-.  ulcmenl  devant 

r  que  je  vous  apporte; 


vous  conserverez,  à  ce  prix,  vos  biens,  l'honneur 
et  la  vie.  « 

Jean  et  Paul  répondirent  à  ces  paroles  qui 
étaient  comme  la  sentence  de  leur  mort  :  »  Si 
Julien  est  ton  maître,  glorifie-toi  de  le  servir; 
pour  nous,  nous  n'avons  pas  d'autre  maître  qu'un 
seul  Dieu  en  trois  personnes,  l'ère.  Fils  et  Saint- 
Esprit,  c'est  lui  que  ton  maître  n'a  pas  craint  de 
renier.  Et  parce  que  Dieu  l'a  rejeté  de  devant  sa 
face,  il  voudrait  entraîner  les  autres  dans  l'abîme, 
mais  nous  ne  le  suivrons  pas  dans  la  perdition, 
nous  n'adorerons  pas  la  statue  qu'il  nous  envoie, 
nous  n'imiterons  pas  son  apostasie.  » 

MARTYRE  DES  DKUX  FRÈRES 

Ayantenlendu cette  profession  de  foi,  Térentien 
vit  bien  qu'il  ne  pourrait  ébranler  le  courage  des 
deux  frères, et  il  s'apprèlaàexécuter  lesordres  de 
Julien.  A  la  troisième  lieure  de  lanuit,  il  les  lit  déca- 
piter en  sa  présence  et  dans  leur  propre  maison. 

Et  tandis  que  leur  Ame  allait  jouir  de  la  vue 
du  Dieu  qu'ils  n'avaient  pas  voulu  abandonner, 
Térentien  faisait  descendre  leurs  corps  saints 
dans  la  partie  basse  de  la  maison.  Par  son  ordre, 
les  soldats  y  avait  creusé  une  fosse  profonde.  Ce 
fut  là  que,  pour  le  dérober  à  la  vénération  des 
lidéles,  on  cacha  ce  précieux  trésor. 

Le  lendemain,  le  capitaine  des  viardes  de  Julien 
faisait  courir  parmi  le  peuple  le  brull  que  les 
deux  frères,  ayant  désobéi  aux  volontés  de 
l'empereur,  avaient  été  bannis  loin  de  la  ville 
sans  qu'on  pût  savoir  le  lieu  de  leur  exil.  .Mais 
qui  pi-ut  tromper  Dieu  et  s'échapper  de  ses  mains.' 

Ln  an,  jour  pour  jour,  après  le  martyre  des 
deux  saints,  Julien  l'Àposlal  tombait  frap|iè  d'une 
llèciie  lancée  par  une  main  inconnue  pendant  la 
guerre  qu'il  faisait  aux  Perses,  et  laissait  l'Empire 
a  un  empereur  vraiment  chrétien,  Jovinien. 

LES    RELIQUES  RÉVÉLÉES  PAR  LE  DÉMON  —  MIRACLES 

Le  riche  trésor  des  reliques  saintes  ne  oouvait 
rester  longtemps  caché;  Dieu  força  le  démon  à 
les  découvrir  lui-même  et  à  leur  rendre  gloire. 
Dans  la  niai-ion  des  martyrs,  les  possédés 
publiaient  en  hurlant  que  les  Saints  étaient  là  et 
qu'ils  les  touniK-nlaicnt. 

En  conséquence,  ou  chercha  leurs  sépultures 
et  dès  qu'on  les  eut  trouve'es,  le  peuple  aoourut 
de  toute  part,  pour  olitenir  par  leur  intercessiou 
les  grâces  qu'if  désirait. 

Tèrenlien,  exécuteur  du  crime  qui  avait  donné 
à  Jean  et  à  j'aul  la  palme  de  la  victoire,  avait  un 
llls  possédé  du  dèliiun. 

Le  malheureux  père  vint  se  prosterner  aux 
pieds  des  martyrs  et  demanda  la  délivrain'c  de 
son  t-nfant.  Les  bienheureux  frères  entendirent 
la  demande  de  leur  bourreau  et  lui  accordèreul 
ce  au'll  désirait. 

.\lors  ce  pairn  endurci,  aue  la  constance  de  no» 
Saints  n'avait  pa»  terrasse,  demanda  pardon,  se 
convertit  et  voulut  écrire  la  relation  de  leur 
martyre  pour  réparer  ses  loris  et  témoigner  --i 
reconnaissance. 

Le»  reliques  des  deux  frères  furent   ploi-. 
dan»  la  magnifique  éflise  iju'on  1       ' 
ceiuent  de  la  maison  mi  ils  a- 
qui  est  aujourd'hui   l'e^'lisc   de  >.iiii'   J'  u,   i-i  de 
Saint-l'aul,  à  Home,  titre  cardinalice  illuslré  par 
Huronlu'-. 

Leur  mémoire  devint  bientôt  illustre  Jan»  tout 
le  monde,  et  l'I^lise  inȎra  leurs  nomi  dan*  1" 
Canon  de  la  rocstc. 


\ut['  -y^ranl,  K    l'rriTiir^i'i     s,  ni'  l^t»ii'"i"   I"    l'.»r 


SAINTS    JEAN    ET    PAUL,   MARTYRS 


Fête  le  26  juin. 


Martyr©  des  saints  Jean  ot  Paul. 


:^i 


Après  trois  siècles  de  souffrances  cl  d'angoisses, 
l'Eviise  du  Christ  allait  enfin  s.irlir  des  cata- 
combes et  celui  qui  devait  bioul"!  lui  permettre 
de  lirill'''-  Il  fi.-e  du  niondf.  lionstunliii.  que 
les  ~i.  limeront  ■  Grand  »,  était  déjà  né 

et  s'ilU J.ius  les  i.;nile';. 

r.'ost  vers  cette  épnqu''  lue  llieu  fit  voir  le  jour 
à  Jean  et  à  Paul.  l.r<  -i.r.ide<  persécutions  finis- 
saient avec  la  vlcion  ,!>■  Constantin  et  cepen- 
dant nos  deux  '«aiiii-  devaient  rendre  à  la  vérité 
le  ti.-moiçna£.'t'  <lusnng  sous  le  règne  de  l'apostat 
l 'luronuf ,  Juli'ii. 

lue  mt^nie  im^re  eut  la  gloire  de  donner  à 
rE:;li«e  Jerm  et  Paul.  On  croit  généralement  que 
leur  père  !'ai-:iil  partie  du  Sénat.  Leur  mère  était 
fiU'^-i  'if  I  T'e  patricienne.  La  famille  de  nos  deu.v 
-  ■ciipait    donc    un   rann    élevé   dans    la 

■  lie  l'Kmpirc  et  elle  possédait,  de  plus, 
udes  rii'hesses. 

!  et  l'iul,  u  |>eine  sortis  de  l'école,  s'ennS- 

I  'lan«  l'armée.  On  y  remaraua  bient<it  leur 

:r  de  la  disci|dine  et  leur  valeur. 

'     -l  tout  ce  ijne  nous  savons  de  la  jeunesse 

I   -    l'UT  '^aints  frères.  Térentien,  capitaine  des 

i.s  ,\c  Julipu  l'Apostat,  à  «jui  nous  devcns  la 

1    '     (Ml  de  leur  martyre,  ne  nous  dit  rien  sur 

!  l'reniiéies  années.  Ce  récit  d'un  contem- 

■  ru.  témoin  oculaire  tie  la  plupart  des  faits 

1  i-onte.  nous  servira  désormais   de  guide. 

JEA.N   ET  P.^L'L 

ii\>-   LA   Mvir-O.N  DE  LA   TBINCESSE  CONSTANCE 

I '••nipTeur  Constantin    venait  de   remporter 

•'.•■  sur  Maxence:  il  avait  vaincu  par 

I  la  i>oix.  Il  M'Mildait  heureux  alors, 

;:       !    Ii'i    |ii'imil   que   sa    llllc,   la    princesse 

'     II. Il;  ■.      '    illriiite  d'un  ulcère  borrible. 

l'avoir  long- 
'  l.irerent  son 

•■.  n'ayant  aucun 

I  ili's  liomm>'s,  se 

'        .1     .i-  !■:  ■  ..  1  .  i.  .i<.-in>.ii.l,i  sa  ::uérison  au 

I         ',    par    l'intercession   de   la    bienheureuse 

i;       ■  r  0  Agnès. 

~     foi  lui  obtint  ce  qu'elle  deman<lait  et  plus 

!'•.  car.   I.iiclii'.-  .!■•  l;i  :.i  'i  ••   Ai-    Dieu,  elle 

'        !iit  de  .  Christ. 

I   'i'       illa    t:  I    de    lui 

i  iir,  elle 

I  'n  vci-u. 

lué 
sa 

lier  nnn  mni- 


Jes  parties  orientales  de  l'Empire  et,  rava,::eaut 
toute  la  Thrace,  mirent  Constantin  dans  là  |dus 
^.-rande  perplexité  pour  la  conservation  de  Cons- 
taiilinople  (ju'il  faisait  b;\tir  en  ce  moment,  alin 
de  pouvoir  laisser  la  souveraineté  de  Home  aux 
vicaires  de  .lé'^us-Christ. 

Ne  pouvant  conduire  liii-méme  les  troupes  qui 
devaient  refouler  ces  barbares,  il  offrit  la  cliarw 
de  lieutenant  impérial  à  (iallican,  que  ses  vic- 
toires sur  les  Perses  venaient  de  montrer  comme 
le  yénéral  le  plus  expérimenté  et  le  plus  brave 
de  l'Empire,  (iailican  élait  païen,  il  avait  déjà 
été  consul,  et  ses  grandes  qualités  le  faisaient 
aspirer  aux  premières  places. 

Voyant  qu'on  ne  pouvait  <e  passer  de  lui  en 
cette  fAcheuse  occurrence,  il  accepta  l'offre  il. 
•  '.oiistantin,  à  la  condition  toutefois,  s'il  revenait 
vainqueur,  que  l'empereur  lui  accorderait  la 
main  de  sa  (llle  Constance  avec  le  consulat  poui 
dot. 

Constantin  n'isnorail  pas  le  vœu  de  la  prin- 
cesse, il  savait  aussi  qu'elle  mourrait  pour  l'époux 
qu'elle  s'était  choisi,  plutùt-quc  d'en  accepter  un 
autre. 

1^  de'mandc  de  l'orgueilleux  païen  le  jeta  donc 
dans  le  plus  granil  embarras.  Constance  l'ayant 
appris,  alla  d'abord  se  jeter  aux  pieds  de  son 
Epoux  céleste,  et  après  une  fervente  prière,  vint 
trouver  son  nérc  et  lui  dit  : 

'•  Si  je  n'étais  assurée,  mon  sei^-neur  et  père, 
que  Ilieu  ne  m'abandonnera  pas,  c'est  avec  rai- 
son que  je  serais  inquiète  à  cause  do  votre  douleur 
et  fort  en  peine  au  suji-t  de  la  promesse  ((u'on 
veut  exiyor  do  vous.  Mais,  sure  de  mon  Sauveur  et 
Epoux,  cessez  de  vou*  aftli^'or  et  me  promette;, 
comme  épouse  à  ilallican  :  dites-lui  que  s'il 
triomphe  je  serai  le  prix  de  sa  victoire. 

)•  Mais  permette?.,  qu'à  mon  tour,  je  pose  mes 
conditions  :  dallican  laissera  auprèn  de  moi  jus- 
qu'au jour  des  ni  '  l'iix  lilles  que  lu:  a 
données  sa  premi'  ••;  il  prendra  avec  lui 

Jean  et  Paul,  afin  qui'.  i>.ir  eux,  il  |)uiase  me 
connaître,  et  que,  de  mon  coté,  je  m  initie  par 
à  ses  habitudes   et  d  sa  manière  de 


ses  tilles 
vivre.  .■ 

pr< 

Coll 

eni' 
gn 


ii|\i-rlMri'      l''nti..t.i  lit  in 


:  Jean  et  Paul  (te\inrenl  conij  .i- 
dii    lient,  n  ih'    imp.'riTl,   tan.li- 


qu'.Xtlique  et  Artémic. 
tance  la  place  des  deii 
première»  dames  de  la  cuur. 


iil 


UCNSVF.nSIOK  RT   Vtmj    DE    VIRiiLMTE 

I        Dès  qno  Constance  vit  am«-Qr  dans  son  palaii 


II'-  lui 

Paul  étaient  alors  &  son 

-         '    '    -:•     ::■    •  ■    re» 

.r-  la  I 


ir.iciiiiii'iii    ni"  :;.i^iiti    i  is    iiii' 

1...     I-  ...     ..M.. ....'.,.. 


I'  leur  accorda  des  lors  la  plus 


OOWT»«  âTTtOOB  ET  AatiMlCE    )    '    ,,  ,,  p^,  J  g„„  .   ,^„,,,  ^„|, 

i-He  époque,  le»  Scythe»  lltenl  int.iMitu  sur   .    plicuU   u.>,  l)iool<M,  let  lllle>  ,lu  li..iilcii  int  iiiip.' 


rial,  non  seulement  furent  chrétiennes,  mais 
encore,  renonçant  aux  vanités  du  monde,  vou- 
hirent  imiter  lexemple  de  la  princesse  et  consa- 
crérpiit  leur  chaoteté  au  Seisneur.  Et  dès  lors 
ell-'s  joignaient  leurs  prières  ù  celles  do  leur 
martress«  pour  la  conversion  de  leur  père. 

BiTAlLI^   DE  PHILIPPOPOUS 

Cependant  Tiallican  s'avançait  arec  ses  légions 
contre  le«  barhares.  Sa  pensée  le  reportait  sou- 
vent à  Kome,  ou  il  se  voyait  déjà  revêtu  de  la 
povirpre  consulaire  et  gendre  de  l'empereur.  11 
rencontra  les  ennemis  prés  de  (•hilippnpolis. 

Les  disposition^  pour  le  combat  étaient  bien 
prises,  b-s  soldats,  exaltés  par  les  assurances 
dn  iî'^n'^ral.  promettaient  le  succès,  Mars  avait 
vu  ■■,  ,iler  en  son  honneur  de  nombreuses  héca- 
t'nihes;  •iallican  était  certain  de  la  victoire. 
Mais  les  Scythes  étaient  nombreux  et  ils  étaient 
braves:  ils  résistèrent  au  choc  furieux  des 
Humains  et  les  attaquèrent  à  leur  tour  avec  tant 
de  vigueur  (pie,  malfiré  les  sacrifices  continuels 
offerts  au  dieu  de  la  iiuerre  sur  une  colline  voi- 
sine. l«s  sold.its  ne  songèrent  pins  qu'à  fuir. 

Jean  fi  l'aul  étaient  à  c(Ué  de  (Iallican  et  le 
détendaient  contre  les  coups  de  l'ennemi,  mais 
surtout  contre  le  désespoir  qui  commençait  ù 
envalriT  son  ;lme. 

(juaii't  ils  virent  les  Homains  tourner  le  dos  et 
toute  p^pér.ince  humaine  s'évanouir,  ils  lui 
ndr,-s,  HMit  la  parole  :  ■<  Mars  t'abandonne,  lui 
.l;r' n:  -,  OU  plutiM  il  n'a  jamais  pu  te  servir 
p.n.c  qii  il  n'est  pas  Dieu,  l'romets  au  nom  du 
n»>l  de  croire  en  lui  et  d'embrasser  la  foi  chré- 
tienne, et  ce  Dieu,  le  seul  vrai,  te  donnera  la 
victoire.  » 

A  peine  cette  promesse  solennelle  était-elle 
sortie  du  fond  de  son  cu-ur,  (iallican  vit  à  ses 
cotés  un  jeune  homme  de  haute  stalure  et  por- 
tant une  croi.x  sur  ses  épaules,  qui  lui  dit  : 
«  l*rr'n<ls  ton  «laive  et  suis-moi.  » 

'  Klromuie  je  lo  suivais,  racontait-il  lui-même 
quelques  jours  plus  lard  à  Constantin,  je  ms  vis 
cntuur"^  de  tous  cdtés  de  soldats  armés  qui 
m'cnroiiraseaientaveo  ces  paroles  :  "  Nous  te  pro- 
tons notre  secours,  entre  dans  le  camp  ennemi, 
et.  l'épée  au  peine,  ne  t'arrête  qu'à  la  tente  du 
roi.  '• 

.1  J'y  arrivai  enfin,  grâce  aux  coups  qu'ils  frap- 
p.iifiil  autour  de  moi,  et  le  roi,  prosterné  à  mes 
pied»,  ne  soncea  qu'à  me  demander  la  vie,  scsou- 
mf-ttani  .'i  toutes  les  conditions.  Toiuhé  de  pitié, 
.]'■  I  .i'  'iidai  à  lui  et  à  tous  ses  soldats. 

■  (Vct  ain-'i  que  la  Thrnce  s'est  vue  délivrée 
['.ir  ma  main  avec  le  secours  du  Christ  de  tous 
1(»<  Scythes  barbares,  c'est  ainsi  que  vous  avez 
an  peuple  de  plus  qui  vous  payera  le  tribut.  >> 

RRTOUR    A    HOME 

J.  in   et   Paul    venaient  de  faire  remporter  à 

leui  miitre  une  praiide  victoire  sur  les  barbares, 

m  li-  ■ .  ''■•   iii'ils  lui  avaient  donnée  sur  le  démon 

iicore. 

Il   son  armée;  il    y   reçut   les 

voulurent  se  faire  chrélitns,  tan- 

hI  i-i-ux  qui  ne  voulaient  pas  aban- 

ib-niM-r  l«  lullo  de  leur»  faux  dieux,  et  rcpril  la 

mni"  de  Romf. 

I  .  riin<>reur,  le  sétial,  la  noblesse,  tuut  le 
pfM|'li-  enfin  Tinrent  au-devant  de  lui. 

M   ■   .   iranl  d'entrer  d.ins  la  villo.  il   .illJi   «e 

I  I      !■  I  iiir  «.ur  le  tonibi  au  de»  saints  ApiMres  et 

r'ii     ••!   le  Dieu  de«  rlir^liens  de  ses   succès, 

I     M-iuitin,  qui   l'avait    vu  avant  son   départ 


sacrifier  au  Capilole,  s'étonna  de  cette  pieuse 
démarche  et  voulut  en  savoir  la  ciuse. 

(iallican  lui  raconta  alors  ce  que  nous  savons 
déjà,  puis  il  ajouta  :  -  Pour  avoir  la  victoire,  je 
me  suis  fait  chrétien  et  je  veux  l'être  parfaite- 
ment. C'est  pourquoi  j'ai  renoncé  à  un  nouveau 
mariage;  je  vous  prie  donc  de  m'accorder  que  je 
puisse  librement  me  donner  au  (Christ.  » 

A  ces  mots,  Onstantin  se  jeta  à  son  cou  et  lui 
raconta  que  ses  filles  étaient  chrétiennes  comme 
lui,  et  vierges  du  Seifineur;  puis  il  l'emmena  au 
palais.  Hélt-ne,  mère  de  l'empereur,  la  princesse 
Constance,  Attique  et  .\rtémice,les  filles  du  vain- 
queur, se  portèrent  à  sa  rencontre  pleurant  de 
joie  et  louant  l'Auteur  de  .si  {i-randes  merveilles. 
Constantin  ne  permit  pas  à  Gallican  de  reiionrer 
tout  à  coup  aux  honneurs  que  lui  méritait   si 
victoire.  Mais,  après  un  an  de  consulat  dont  b^ 
nouveau  chrétien  profita  iiour  élar;,'ir  ses  esclaves 
au   nombre   de    bOOO,  après    avoir    distribué   la 
plus  grande   partie   de   ses  biens  au.x    pauvres, 
il  put  se  retirer  du  monde  suivant  son  désir  et 
.   s'adonner  à  la  prière  et  aux  bonnes  œuvres. 
I       II  alla  se   fixer  à  Ostie  et  v  exerça  pendant 
longtemps  la  plus  héroïque  charité.  Chassé  de 
cette   ville  sous  Julien  l'Apostat,  il  se   rendit  à 
j   .\lexandrie,  et  c'est  là  qu'il  y  trouva,  pour  prix 
j   de  sa  vertu,  la  couronne  du  martyre. 
j       Mais  laissons  (.allican  pour  revenir  à  ceux  qui 
I   avaient  été  les  inspirateurs  de  sa  conversion. 

I  NOUVELLKS   F.WBCnS 

\  Revenus  à  Rome  avec  l'armée,  Jean  et  Paul 
repri  rent  leurs  anciennes  fonctions  dans  la  maison 
de  Constance.  La  princesse  qui,  après  Dieu,  leur 
I  devait  de  pouvoir  vivre  dans  la  virf-'inité,  les 
I  combla  de  faveurs.  Elevés  à  des  honneurs  que 
bien  d'autres  enviaient,  ils  ne  connaissaient  de 
bonheur  plus  grand  que  celui  d'aller  visiter  les 
pauvres  et  les  malades,  leur  porter  des  secours 
et  les  servir  de  leurs  propres  mains. 

•  Jouissant  auprès  de  l'empereur  d'un  crédit 
sans  éyal,  ils  l'employaient  nu  bien  de  ceux  que 
la  naissance  ou  les  revers  de  la  fortune  avaient 
jetés  dans  l'indigence.  Rome  entière  les  bénis- 
sait; les  pauvres  surtout  les  vénéraient  non  seu- 
lement comme  des  protecteurs,  mais  comme 
des  pères. 

Le  grand  Constantin  était  mort,  les  enfants  de 
ce  prince  conservèrent  à  Jean  et  à  Paul  la  faveur 
que  leur  avait  accordée  le  père,  et  ils  purent 
même  garder  leurs  emplois  après  la  mort  de  la 
princesse  Constance. 

DISGRACE   VOLONTAIRE   —    PREUlÈRB    AliBA3SAJ>E 
DE  JULIE.N 

Mais  quand  Julien  eut  abandonné  le  Christ, 
quand,  monté  sur  le  trrtne  de  Constantin,  il  voulut, 
faire  la  l'Iv  .e  aux  chrétiens,  nos  deux  ,Sninls 
iiuitlér''..i  la  cour  et  les  honneurs  qui  auraient 
pu  b's  y  retenir,  et  s'adonnèrent  entièrement 
aux  II  uvres  de  miséricorde. 

L'apostat    n"if;norait   pas    la    vertu    de«  di-ux 
frères,  aussi  avait-il  jure  leur  perte.  11  dissimula 
•■ependant  quelque  temps,  de  peur  de  souIcm.  i 
ib-  fl  liiites  trop  léiritimes  de  la  part  du  peupi' 
^'  it  appris  le  bien  qu'ils  faisaient  pni' 

I  us   pcrsécutf's   à  l'aide   des  rirb''- 

qui;  leur  avait  laissées  (Constantin,  il  leur  ■  n  i 
un  oflicicr  charpè  de  li-s  inviter  à  venir  i-  ni]  lit 
aujirès  de  lui  leurs  aiii  iennes  fonrtlonf 

Les  deux  saints  fri  res  répondimii  i  Julien  : 
"  Tant  que  C/Oustanlin  et  ses  oufaiits  ont  orné 
\o  lr<'>ne  de  leur»  vertus  et  se  sont  glorifiés  d  être 


les  serviteurs  du  Christ,  nons  les  avons  servis. 
»  Allant  au  pied  des  autels,  ces  princes  savaient 
V  déposer  leur  couronne,  inclinant  leur  front 
ians  la  pousr-ière,  adorer  celui  par  qui  régnent 
les  rois.  Mais  quand  le  monde  n'a  plus  été  digne 
d'avoir  de  tels  maîtres,  et  di?  que  lu  as  étalé 
sur  le  trône  la  honte  de  lapo-lasie,  nous  avons 
renoncé  à  tous  les  honneurs  J  une  cour  sacrilège.» 

NOUVELLES   PROPOSITIO.NS    ET  NOUVX\UX    HXFITS 

Julien  leur  envoya  un  nouveau  message  pour 
les  attirer  auprès  de  lui  :  «  Et  moi  aussi,  leur 
disait-il,  j'avais  obtenu  la  cléricature  dans  l'Eglise 
et.  si  j'eusse  voulu,  j'y  serais  au  nremic-r  rang, 
mais  considérant  l'inutilité  de  ces  honneurs,  qui 
ne  peuvent  d  nner  la  richesse,  j'ai  mieux  aimé 
la  politique  et  la  guerre,  et  j'ai  offert  des  sacri- 
fices aux  dieux  qui  m'ont  mis  à  la  main  le  sceptre 
du  m<'nJe. 

..  \  ous  donc,  nourris  à  la  cour  depuis  votre 
jeunesse,  venei  vous  asseoir  à  mes  côtés  et  occu- 
I'f>r  les  plus  hautes  dignités  dans  mon  palais.  Si 
M. us  rejetez  mes  offres,  je  me  croirai  forcé  d'agir 
.le  façon  à  n'être  plus  méprisé.  » 

Jean  et  Paul  répondirent  :  <•  Nous  ne  te  faisons 
pas  l'injure  de  te  préférer  un  homme  :  au-dessus 
de  toi,  nous  mettons  le  seul  Seigneur  nui  a  créé 
le  ciel  et  la  terre,  la  mor  et  tout  ce  qu'ils  renfer- 
ment; nous  refusons  ton  amitié,  homme  mortel, 
pour  ne  pas  encourir  l'inimitié  du  Dieu  immortel. 

"  Sache  donc  que  nous  ne  viendrons  jamais 
t'honorer  ni  te  servir,  et  que  nous  n'entrerons 
jamais  dans  ton  palais.  » 

Julien,  furieux,  leur  donna  dix  jours  pour  réllé- 
cliir  et  prendre  une  décision  détinilive,  assurant 
que  s'ils  ne  revenaient  de  leur  entêtement,  il 
saurait  punir  leur  résistance. 

Les  courageux  serviteurs  de  Jésus-Christ  répon- 
dirent à  l'apostat  :  <•  Fais  comme  si  ces  dix  jours 
étaient  delà  écoulé"  et  accomplis  dés  aujourd'hui 
ce  d'iil  lu  nous  menaces.  » 

Lorsque  Térentien.  ministre  et  interprète  de 
l'empereur  durant  toute  cotte  affaire,  lui  eut  répété 
ces  nobles  paroles,  Julien  s'écria  :  "  Pensent -ils 
que  les  cliréti'n»  vont  les  honorer  comme  des 
martvrs'? ..  et,  après  ces  mois,  il  se  leva  furieux. 
.■  Ils  reviendront  au  palais  dans  dix  jours,  ou 
je  les  traiterai  en  ennemis  de  l'Etat.  » 

OERMIÈRE  TC^TATIVS 

Les  deux  saints  frères  ayant  ainsi  la  certitude 
i]u'après  dix  joii  '  '  .neur  leur  donnerait  la 
réc-oinpense  app  ils  soupiraient  dcnuis 

l.ii.t.iups,  proiii.i-m  .1-  l'intervalle  que  leur 
1  n--  ut  le  ivran.  Les  chrétiens,  répomlant  à  leur 
PI'  L  Murênl  les  voir  dans  leur  maison,  et  les 
•.  tr  --es  de»  deux  serMleurs  du  Christ  passèrent 
:  m-,  le»  mains  des  plu-  pau>re». 

Le»    dix    jour»    se    pa-»éreul    ainsi,    partagés 

'  'l'r-'  Il  pri-'r<'  <!  Li  distribution  de  leur  immense 

|,  ur,  leur  maison  futentourée 

1  iticn  arriva  lui-même   avec 

!  •-•  du  repas  du  Kiir. 

'.   tir  rli.inibre  et  les  trouva  pro»- 


t' 


t. 


I  c  Julien 

I  tf   v<>u« 


UicUlc  slalU',-    ;■:   Juiner  'iiiej 


Ifiir  dit  :  "  Mon 
iine  dernière 

|..T.   dl-    xellir 
!  IDI 

int 

u"  .iji'ile; 


vous  conserverei,  à  ce  prix,  vos  biens,  l'honneur 
et  la  vie.  " 

Jean  et  Paul  répondirent  à  ces  paroles  qui 
étaient  comme  la  sentence  de  leur  mort  :  «  Si 
Julien  est  ton  maître,  glorilie-toi  de  le  servir; 
pour  nous,  nous  n'avons  pas  d'autre  maître  qu'un 
seul  Dieu  en  trois  personnes.  Père,  Fils  et  Saint- 
Esprit,  c'est  lui  que  ton  maître  n'a  pas  craint  de 
renier.  Et  parce  i|ue  Dieu  l'a  rejeté  de  devant  sa 
face,  il  voudrait  entraîner  les  autres  dans  l'abîme, 
mais  nous  ne  le  suivrons  pas  dans  la  perdition, 
nous  n'adorerons  pas  la  statue  qu'il  nous  envoie, 
nous  n'imiterons  pas  son  apostasie.  » 

MABTYRF.    DES    DEl'I    FRÈRES 

Ayanlentendu  celte  profession  de  foi,  Térentien 
vit  bien  qu'il  ne  pourrait  ébranler  le  courage  des 
deux  frères,  et  il  s'apprêta  à  exécuter  les  ordres  de 
Julien.  A  la  troisième  neure  de  la  nuit,  il  les  lit  déca- 
piter en  sa  présence  et  dans  leur  propre  maison. 

Et  taudis  que  leur  Ame  allait  jouir  de  la  vue 
du  Dieu  (ju'ils  n'avaient  pas  voulu  abandonner, 
Térentien  faisait  Ilescendre  leurs  corps  saints 
dans  la  partie  basse  de  la  maison.  Par  son  ordre, 
les  soldats  y  avait  creusé  une  fosse  profonde.  Ce 
fut  là  que,  pour  le  dérober  à  la  véuéralion  des 
lidèles,  on  cacha  ce  jirécieux  trésor. 

Le  lendemain,  le  capitaine  des  gardes  de  Julien 
faisait  courir  parmi  le  peuple  le  bruit  que  les 
deux  frères,  ayant  désobéi  aux  volontés  de 
l'empereur,  avaient  été  bannis  loin  de  la  ville 
sans  qu'on  put  savoir  le  lieu  de  leur  exil.  Mais 
qui  peut  tromper  Dieu  et  s'échapper  de  ses  mains  .' 

In  an,  jour  pour  jour,  après  le  martyre  de» 
deux  saints,  Julien  l'Apostat  tombait  frappé  d'une 
lléche  lancée  par  une  main  inconnue  pendant  la 
guerre  qu'il  faisait  aux  Perses,  et  laissait  l'Empire 
a  un  empereur  vraiment  chrétien,  Joviuien. 

LES  RKLlOl-'ES  RÈVÉLiBS  PAR  LE  oiMOU  —  MIRACLE- 

Le  riche  trésor  des  reliques  saintes  ne  pouvait 
rester  longtemps  caché;  Dieu  fona  le  démon  à 
les  découvrir  lui-même  et  à  leur  renilre  ;<loire. 
Dans  la  maison  des  martyrs,  les  possédés 
puliliaient  en  hurlant  que  les  Saints  étaient  là  et 
qu'ils  les  tounnentaient. 

En  conséquence,  ou  chercha  !■  .''    ; 

et  dès  qu'on  les  eut  trouvées,  le 
de  toute  part,  pour  obtenir  par  leur  iuiei..e-Mou 
les  «r.kes  qu'il  désirait. 

Térenlieii,  exécuteur  du  rriine  qui  a<ail  donné 
à  Jean  et  à  Paul  la  palme  de  la  victoire,  avait  un 
(ils  possédé  du  démon. 

!>;   malheureux    père  vint   se  prosterner   aux 
pied>  des  marlvrs  et  demanda  la  déli,i;iji.  e  ,!.• 
son  enfant.   Les  bienheureux  frères  ■ 
la  demande  de  leur  bourreau  et  lui  a  i>' 

ce  qu'il  désirait. 

.Vlors  ce  pairn  endurci,  aue  la  constance  de  nos 
Saints  n'avait  pas  terras^/,  demanda  pardon,  se 
convertit  et  voulut  écrire  U  relation  de  leur 
martyre  pour  réparer  ses  torts  et  témoigner  -a 
reconnaissance. 

l.e»  relique»  de»  deux  frère- 
dans  la  ma^-nilique  é-lise  iiu'on  1 
cernent  de  la  inai«on  ou  il»  avi  i'-.  ''i 

qui  est  aujourd'hui   1  ét'lisc   de  ^  el  de 

Saint-Paul,  à  Home,  titre  cardinalne  m  mire  par 
K.ironiu». 

Leur  mémoire  devint  bientôt  illustre  dans  tout 
le  monde,  ri  ILcIise  inséra  leur-  noms  Jant  le 
Canon  de  la  mc»»e. 


linp.-#*roin,  fc.  l'itimmiT   I,  m»  Kr«nron  I".  I'«nt 


SAINT    ÉMILIEN 

ÉVÊQUE   DE  NANTES,    HÉROS   ET    MARTYR 


FMe   le   S7  Juin. 


J  -^ 


Kmilien   entraîne  les  Bretons  au  secours  de  la  Franc*  •nrahl* 
par  les  Sarrasins  barbares  et  infidèles. 


1  mTAnoH 

An  Mmmtnetment  da  tiii*  siècle,  la  France 
faillit  périr,  el  arec  elle  la  civilisalion  de  l'Europe 
occidentale,  en  tombant  sous  le  joug  barbare  de« 
irrtaleun  de  Mahomet.  Après  aT»ir  conquis  l'Espa- 
fnr,  les  Sarrasins  mniulmaDS  franchirent  les  Pyré- 
nées l'an  719,  au  nombre  de  plus  de  trois  cent 
mille  hommes  ;  mais  >jr.-lre  à  la  protection  de  Tanôlre 
laint  Pierre  'Il  ils  furent  Taincus  prés  de  Toulouse 
par  un  prince  français  de  la  race  de  CIotis,  Eudes, 


>S,  Veir  Darru.   flut.  d*  l'EfiiM,  tom*  lYL 


duc  d'Aquitaine,  flis  de  sainte  Odette.  Les  ^arraslna 
ne  renoncèrent  pas  à  leur  projet  de  conquérir  la 
France  ;  obligés  de  repasser  en  Espagne,  ils  sa  prépa- 
rèrent pendant  douze  ans  k  une  inrasion  formidable; 
leurs  armées  furent  grossies  par  un  nombre  immeos» 
de  musulmans  d'Asie  et  d'Afrique.  ■  Au  printemps  d» 
l'année  ~T2,  une  multitude  qu'on  ne  saurait  guère 
éraluer,  dit  M.  Darras,  à  moins  d'un  million  d'àmea, 
se  mil  fn  mouTement  sous  les  ordres  d'Abdéiame, 
émir  de  Cordoue,  el  se  dincea  Ters  la  France  par 
quatre  chemins,  par  la  Mtdilerranée  d'une  part  et 
par  l'Océan  de  l'autre,  par  ItonceTaiix  et  par 
Dayonne.  Se  croyant  assurés  de  la  nctoirt,  les  mu- 


i4l 


«ulmans  tenaient  suivis  de  leur»  familles,  poux 
s'installer  en  France  à  la  place  des  habitants  mas- 
sacres ou  réduits  en  servitude. 

•  C»  fut  une  inondation  deferetdefeu  dontlequa- 
■  Iruple  courant  se  réunit  en  une  seule  masse  dans  le 
territoire  compris  entre  les  Pvri-nics,  le  llhcine, 
l'Océan  aquilaniqueet  la  Méditerriin.e,  depuis  Bor- 
deaux jusqu'à  Marseille.  Lesvillr^du  li.-arn,  Olérnn, 
Auch,  Ail,  Dai,  Baronne,  furfi.:  ~.n-cagéfs  ou  livrées 
auitlammes.  LesSarrasinsIai-  .itntsur  leurpass;i-e 
une  longue  traînée  de  san-'.  Un  compte  un  jçrind 
nombte  d»  m»rtjrrs  que  !•  gUire  enToya  au  ciel  : 
au  diocèse  du  Poy  en  Ni.v,  saint  Théofred  Isaint 
Chaffrej,  abbédu  moni-;  m  aeCarni^ry;  à  Marseille, 
dans  le  couTont  de  Saint-SauTeur,  l'abbesse  sainte 
Eusébie  et  qu»ranie  religieuses  ses  compagnes  qui 
se  défigurèrent  le  visage  et  se  coupèrent  le  nez  pour 
se  fouslraire  aux  outrages  des  musulmans.  Les 
Sarrasins  lua.--  icnjrent  ces  héroiques  vierges  :  elles 
furent  snenées  toutes  ensemble  dans  une  fosse 
,  omni  1  sur  laquelle  on  éleva  une  chapelle.  Le 
mo-  ;  de  Lérins,  sous  la  conduite  de  saint 
Porrh:.ire  U,  compUil  alors  plus  de  cinq  cents 
moines:  ils  furent  massacrés  par  les  hordes  d  Ab- 
d^rame  Quatre  religieux  seulement  échappèrent 
comme  par  miracl-  i  cette  boucherie  ;  ils  revinrent 
après  le  départ  des  mécréanU  inaugurer  de  nouveau 
la  vie  monastique  sur  les  tombes  Je  leurs  frères. 
Saint  Pardoux,  abbé  du  monastère  de  Gaéret,  reçut 
aussi  la  couronne  du  martyre  (l)  ».       ,^.■^^.  _„ 

Pendant  qu«  de  nombreuse,  bande»,  conduites  par 
des  chefs  div.r.,  pillaient  et  dévastaient  toutes  le» 
campagnes,  le  fio»  de  l'invasion  ".«l'V"/"  hC 
,  ouranla  principaux  :  lun.  remontant  le  Rhône, 
envahUUProv.n.-,!*  n^upl.iné.  le  ^70^\^»^\ 
pénétra  jusqu'en   '  .   «prèi  »'Oir    saccag* 

Avignon,   Vivierv  >.*nt.«,   I.>ûn,  Micon 

ChàU-sur-^  ';,*^'ln 

'•'il-^P»"-^»""  ./.J«ux 

personne,  eœpo.lail  d^^'^nl  la  mu-   ue   Itoideaux, 

T  mettait  toot  A  fou  «l  *  •«'««•  ♦«■»♦•»'   '  *«■">*«   "" 

Lrd'A                              ■       '     ■  M  Dordogne.  mon- 

diaifp.',  '*««.   et«»7.hait 

surPoilieiJoo  fue  livrait  an»  ,,,.inm«  U  haailique 
de  Saint-IIilair». 

FATRIOTIIIBK    0»  ÏAlirT  éMlt.ir<  IT  nF<  »RKTOMS 
A  Itr."'*'""  "*'    '"'•  'l*»»»!"»  'i     ''•  !"'!"il 

menaça 
les  pro' 
d'Austrj 
n'él*ili 

La  vil  'e»   »v.nl 

saint  et  •*<;»'•,  pi 

l'amour 

et  la  COI. 

plu»  con»laiile  et  p!"»  drni.. - 

•  an»  broton  q'ii  rcilait  dsnsse^.  veines.  Lot  i-vf^que 
aailEn,  1.     .     u'  .'.    ,    !■  ,    -'.beau. 

•lit  son  "«'• 

.  1  '-ur; 

.   par 


qui   l«l 

lani 

.  duc 

I    All<>magne, 

isseur». 

»liii^   P'>ur    pontife    un 

in  ér  thhnU-  et  de  foi; 

son  e«pur 

juf  rendre 

te  l'arJeur  naturf-lle   du 


[ 


Seigneur.  Pois,  une  foi»  revêtus  de  cette  armure 
ri-ligieu9e,  6  soldats  du  Christ,  prenez  vos  meilleures 
aiiiK-3  de  guerre,  vos  armes  de  fer  les  mieux  forgt^es, 
les  mieux  trempées,  pour  renverser  et  brover  ces 
ennemis  misérables,  qui  semblables  à  des' chien» 
furieux  dévorent  les  chrétiens  nos  frères.  Nous  pou- 
vons succomber  dans  la  lutte,  mais  c'est  le  cas  de 
dire  avecJu'la-»  Macchabée:  Mieux  vat;t  mourir  cou- 
rageusement les  armes  à  la  main,  que  de  voir  le 
désastre  de  notre  patrie,  la  profanation  des  choses 
saintes,  l'opprobre  du  peuple  de  Dieu  et  de  la  loi 
que  nous  a  donnée  le  Seigneur.  » 

Transportés  hors  d'eux-mêmes  par  ce  discours 
laconique,  véritable  modèle  de  harangue  militaire 
et  sacerdotale,  les  .Nantais  répondirent  par  ce  cri 
unanime  :  «  Seigneur,  vénérable  et  bon  Pasteur, 
ordonnez,  commandez,  et  partout  où  vous  irez,  nous 
vous  suivrons.  •• 

L'Evéque  ne  perd  nas  un  instant,  il  voit  dans  cet 
élan  l'expression  delà  volonté  divine,  il  reconnaît 
qu'un  souffle  de  l'Esprit-Sainl  agitant  toutes  ce» 
poitrines  chrétiennes  leur  communique  l'ardeur  du 
sacriQce  et  du  dévouement;  sans  délibérer  davan- 
tage, il  fixe  le  jour  du  départ  et  le  lieu  du  rendez- 
vous.  •  Ici  même,  dit-il,  nons  nous  retrouverons; 
de  cette  cathédrale,  du  pied  de  cet  autel,  nous  par- 
tirons tous  ;  et  j'aurai  l  honneur  de  marcher  k  la 
tétc  des  soldats  de  Jésus-Christ!  »  Un  nouveau  fré- 
missement d'enthousiasme  accueillit  ces  paroles  et 
chacun  courut  aux  préparatifs  du  départ. 

Dans  un  pareil  péril,  alors  qu'il  s'agissait  du 
salut  des  &mes,  non  moins  que  de  celui  de  la  patrie, 
alors  que  la  France  allait  cesser  d'être  chrétienne 
pour  devenir  musulmane,  en  présence  d'ennemis 
qui  massacraient  les  populations  en  masse,  ne  nous 
étonnons  pas  de  voir  un  évéque  prendre,  à  défaut 
d'aatres,  le  commandement  d'une  expédition  mili- 
taire et  devenir  le  chef  d'une  croisade,  mais  admi- 
rons plutôt  son  dévouement  catholique  et  françai-^. 
Au  jour  fixé,  la  cathédrai"  ''  N^tile»  se  remplit 
4e  gaeriier»,  accouru»  de  inls  de  la  pni- 

vince,  di- tout's '•"•  ru.s  i!  i.  évéqje,  reveli; 

de  ses  ornr  aux.   moula  à  l'autel  et 

offrit  le   Saii.  ,    ur    la  France,  pour  les 

Bretons,  pour  tous  ses  compagnons  d'armes  dont  il 
était  le  compatriote  par  le  »ang,  le  p*re  par  la  grâce, 
le  chef  par  le  dévouement.  Il  demanda  aa  Dieu  des 
fort»  de  donner  nz  familles  la  r^sicrnatinn.  aux 
soldats,  la  ff  rce  et  le  courage  ;  i     i 

par  la  dniiie   Victime  du  Ca!> 
bénir  le  sacrifice  de  ceux  uui  . 
la  mort  pour  la  défense  de  la  (v 
freies.  Le  fut  un  beau 
tude    de   vaillants    »," 
»r:. 
I" 

«    Mes    enfants,     dit-il,   remercions    le 
Dieu  du  ciel  -'  ^'  '•  '■•r'-    n^ir .   .m-*»!.. 
bienf.iileur. 
sa  grài e  a 
de  vouloir  I 
p.ir  nous  *  . 

Je   o<'  '">.  mes   enfants,   i  ■■  >'- 

Di.'.Ti'  uire»   dit  S'ign'ur  >      i 

,    vous  »! 

-  f^f.  r 


ne  dr  U  canai^e  du 

1 1  D*  nm.  BUi.  f/  ..'.::«  dt  rtffi**,  tom»  XVtl 


rf*;TVir^  ir<  vniâni*  ar  »«  ini 


li        ^a    v«  L.:> 


m. 


LA  M.VBCHK    DEi  BREVES  —  SAINT  EBBO 

Après  de  telles  paroles,  il  ne  restait  plus  qu'à  par- 
tir (1).  La  sainte  pîalanpe  se  met  en  marche.  Les  gé- 
missements et  les  sanglots  de  la  foule,  les  larmes  des 
mères,  des  neuves  et  des  orphelins  qui  se  pressent 
sur  leur  passage,  répondant  aux  adieux  de»  soldats, 
mais  rien  n'ébranle  la  fermeté  de  ces  volontaires 
de  la  foi.  Us  ont,  dit  l'Uistorien,  l'espérance  pour 
flambeau,  les  sacrements  pour  nourriture,  et  leur 
évéque  pour  chef,  lis  marchent  jour  et  nuit,  au- 
devant  d»"  l'ennemi  redoutable  qu'ils  vont  combattre. 
Qui  sait?  les  Sarrasins  sont  peut-être  sur  le  point 
de  prendre  quelque  nouvelle  ville;  les  atteindre  une 
journée  plus  tôt  sera  sans  doute  le  salut  d'une  po- 
pulation entière. 

En  arrivant  à  Paris,  ils  apprennent  qu'une  armée 
de  Sarrasins  assiège  la  vil.e  de  Sens.  Us  redoublent 
d'ardeur  pour  arriver  à  temps.  Gloire  à  ces  braves; 
ils  n'auront  pas  à  s'en  repentir.  Sens  soutenait 
encore  avec  énergie  l'assaut  des  infidèles.  Cette  ville 
avait  alors  pour  évéque  saint  Ebbo,  un  digne  émule 
de  saint  Eniilien.  D'abord  comte  et  homme  de  guerre, 
Ebbc  avait  ensuite  renoncé  aui  honneurs  du  monde 
pour  se  faire  moine  au  monastère  de  Saint-Pierre-le- 
Vif.  C'est  là  qu'on  était  allé  le  chercher  pour  le  faire 
malgré  lui  évéque  de  Sens.  11  était  depuis  plusieurs 
années  l'exemple,  la  lumière,  le  père  et  le  pasteur 
bi«n-aimé  de  son  peuple,  quand  les  hordes  sarrasines 
vinrent  mettre  le  siège  devant  sa  ville  épiscopale. 

•  Gorgé  de  sang  et  de  rapines,  l'ennemi  parut 
devant  la  cité  sénonaise,  raconte  l'haeiographe  de 
saint  Ebbo;  il  entoura  la  ville  de  ses  logions,  plaça 
aui  portes  des  sentinelles  vigilantes  et  ferma  toutes 
les  ifsnes.  Des  engins  de  guerre,  batistes,  pierriers, 
catapulter,  battaient  les  remparts.  Cependant  les 
eit«yen.=  munissaient  les  points  faibles,  élevaient  des 
tours  de  défense  et  lançaient  des  traits  enflammés 
pour  brûler  les  machines  de  l'ennemi.  Lafureurdes 
assiégeants,  doublée  par  l'énergie  de  la  résistance, 
Tf  connut  bientôt  plus  de  bornes.  Cette  race  barbare 
imagina  un  expédient  époavantable.  De  toutes  parts 
l>-s  arbres  du  pays  furent  coupés  et  quand  le  bois 
eut  été  amoncelé  comme  une  montagne  circulaire 
sur  toute  l'enceinte  de  la  ville,  on  y  mit  le  feu.  1^ 
flamme  s'éleva  bientôt  triomphante;  les  citoyens 
consternés  vinrent  trouver  l'evéque.  L'homme  de 
Dieu  était  ar  -  '  les  yeux  baignés  de  larmes. 
D'une   voix  •  ■  •'.  de  sanglots,  il  suppliait  le 

Seigneur  Jésii--i.iii  j^i  en  faveur  du  peuple  dont  il 
lui  avait  confié  le  soin.  Sa  prière  terminée,  il  se 
releva,  et  désormais  sûr  de  la  protecUon  céleste,  il 
bénit  la  fouie.  •  Les  gros  bataillons  ne  font  pas  la 
victoire,  s'écrii-t-)l,  une  poignf'e  de  soldats  conduits 
pir  le  Seigneur  suffira  à  nous  sauver.  Suivez-moi.  » 

Se  dirigeant  alors  vers  l'une  des  portes  qu'il  fil 
ouvrir,  il  se  pn'npita  avec  les  guerriers,  à  travers 
la  fumée  et  les  (laiiime?,  pour  se  jeter  sur  l'ennemi. 
T''rn'iin  de  celle  héroïque  .lorlie,  le  resie  de  la  popu- 
lalifi'i  «'abandonnait  au  désespoir,  mais  l'homme  de 
Dif  I  ''      ■  Tg^ons  ne  doutèrent  pas  un  instant 

du  SU'  5  a  rimprovi«te  dans  leurs  campe- 

ments, le.-  t'ai  tiares  s'enruirent  en  désordre  ;  la  pani- 
que fut  tell"*  qu'IL^  tournèrent    leurs  armes  les  uns 

'  -,  ils  lombérent 

■   cfldavres  (2).  » 

j,  fille  victoire  fut 

d'  ine  def  Brelons,  qui 

Cu,ii^'i-iit  it:>   1(1 1' -  Il  I  lU'iiiri  cii  Qiftme  tcoips  ffue  IB' 


— ion»  lif  •• 

fêm  II 

1    M.  l'abb*  DinM.  Mgr  Ga*rn. 


n.  BIT    Mut  Pie 

-  l  Èglut.  Ion*  XVB, 


assiégés  tentaient  la  vigoureuse  sortie  commandée 
par  saint  Ebbo.  D'autres  placent  un  peu  plus  tard 
la  délivrance  de  Sens  (1 1.  Il  estcertain  do  moins  que 
l'héroïque  légion  dts  volontaires  de  saint  Emilicn, 
conlinuant  sa  marche  a  travers  la  Bourgocne.  vol4 
au  secours  d'Autun  assitt^ré  par  une  multitude  de 
Sarrasins  sous  les  ordres  d'un  chef  que  le  chroni- 
queur appelle  Eustralégus.  A  la  nouvelle  de  leur 
approche,  le  clief  musulman  envoie  un  corps  de 
troupes  pour  leur  barrer  Je  pafs;.i:s  et  empêcher  leur 
jonction  avec  les  défenseurs  d  Viiinn.  Les  Bretons 
Voient  s  avancer  les  bandes  rausul/i  .sries.  ils  fondent 
sur  elles  avec  impétuosité,  les  i.i.i  .i.i  en  pièces 
dans  les  champs  de  Saint-Forgeot,  et  si-cindes  par 
une  sortie  des  assié«és,  ils  entrent  trir.tupiialement 
dans  .\ulun,  où  les  liabitanls  les  reçoivent  oomm« 
des  sauveurs  envoyés  du  ciel. 

LS  CHAHP  DD  SACRIFICI 

Après  un  légitime  repos,  les  Bretons  se  concertent 
avec  les  E^uene  (Aotunoisi  pour  la  délivrance  de  la 
ville.  On  df'cide  d'attaquer  l'ennemi  dans  ses  campe- 
ments. La  direction  générale  des  troupes  est  confiée 
à  saint  E^iuilien.  L'évoque  réunit  tous  les  guerriers 
dans  la  cathédrale  d'Autun,  il  rend  grâce  à.  Dieu 
des  succès  obtenus,  il  exhorte  EJuens  et  Bretons  à 
faire  bravement  leur  devoir,  promettant  la  palme 
de  la  vicLoire  ou  celle  du  martyre.  Il  rappelle  le 
souvenir  de  saint  Symphorien,  etcomme  la  mère  de 
ce  jeune  martyr  d'Autun,  montre  la  couronne 
préparée  dans  les  cieux.  L'armée  chrétienne  sort  de 
la  ville  et  se  divise  en  trois  corps  :  au  centre  saint 
Eniilien  et  ses  Bretons,  à  droite  et  k  gauche  les 
Eduens.  Elle  attaque  vaillamment  les  barUirt-s,  fran- 
chit la  vallée  sans  s'arrêter,  force  le  camp  des  infidèle» 
sur  le  plateau  de  Saint-Pierre-l'Etrier,  porte  partout 
le  désordre  et  la  mort.  Les  ennemis  lâchent  pied  de 
toutes  parts  et  s'enfuient  péle-méle  dans  la  direction 
de  Chàlon  jusque  dans  les  gorges  de  la  Creuse- 
d'Auxy. 

Le  général  musulman  ne  réussit  à  rallier  ses 
troupes  que  trois  lieu''s  plus  loin,  dans  la  plaine  de 
Saint-Jean-de-Luze.  Il  se  préparait  à  une  vigoureuse 
résistance  quand  il  voit  la  petite  armée  chrétienne 
fondre  de  nouveau  sur  lui.  Bientôt  les  lignes  musul- 
manes commencent  à  plier,  une  seconde  victoire  des 
chrétiens  va  compléter  la  première.  Mais  voici  que 
de  l'extrémité  du  champ  de  bataille  un  cavalier 
accourt  bnde  abattue:  •'  Seigneur,  dit-il  à  saint 
Emilien,  hâtez-vous,  les  infidèles  fondent  sur  nous 
de  toutes  parts  I  »  Un  corps  de  six  mille  cavaliers 
sarrasins,  comn\andés  par  Nymphéus.  après  avoir 
ruiné  Chàlon,  arrivait  dans  la  plaine  de  Luze. 
•  Braves  guerriers,  dit  F^milien  a  ses  compagnons, 
je  vous  félicite  de  voire  vaillance.  Mais  l'houre  est 
venue  où  la  force  n'est  rien,  Dieu  seul  peut  noof 
donner  la  victoire».  Traçant  <  ■■  •'  '»■  signe  de  la 
croix:   «Seigneur,  ajoul/!-t-il.  luon    àme 

entre  vos  mains.  >■  Piil":  il  ^-  i  mileu  des 

Bietonsà  l'attaque  d'  :•  Courage, 

mes  enfants,  criail  i!  ,  .  u'..  ..  Or  le 

chef   sarrasin     ^  -,    dune  i!  une 

stature    extraoi  faisait   <i.  ,;s    un 

carnage  épo;ivan(al<le  el  C/ouvrail  le  sel  de  sang  et 
de  ri'lBvr'^s.  Eîeili",  -«aisi  .le  douleur  et  d'une 
la  vue  du  ma.<^  '       -^ 

r  «ement  )>ur  I"  f 

etdi.i  'I 

il  est  I  s 

et  perce  de  niill'^  coups.  Il  toml'c,  les  cliie:  ':..i  sa 


(1)  D«rra«,  ibid. 


pressent  pour  le  saoTer  :  •  Bretons,  leur  dit  l'Evêque 
mourant,  combattez  jusqu'à  la  mort.  La  mort  pour 
nous,  c'est  la  rie  éternelle.  Vous  êtes  les  «oldats  de 
l'Eglise  et  de  la  foi  :  là-haot,  aTec  le  Christ,  est 
notre  victoire  et  notre  récompense.  >- Ce  furent  ses 
dernières  paroles,  le  capitaine  sarrasin  s'étant  relevé 
de  sa  chute,  blessé  et  furieux,  se  lit  jour  à  travers 
les  combattants  et,  d'un  coup  de  cimeterre,  trancha 
la  tète  de  l'évêque  martyr. 

Les  anpes  invisibles  recueillirent  cette  âme  hé- 
roïque, digne  d'entrer  dans  la  gloire  éternelle 
escortée  de  leurs  phalances  victorieuses.  La  plupart 
de  «e?  compagnons  d'armes  furent  immolés  autour 
de  lui  ;  holocauste  d'expiation  pour  la  France, 
victimes  innocent.^-  et  généreuses  dont  le  sang,  en 
abreuvant  la  plaine  de  Saint-Jtan-de-Luze,  criait 
vers  Dieu  miséricorde  et  pardon  pour  la  patrie.  Ce 
cri  ne  devait  pas  tarder  k  être  exaucé. 

LA  FIUNCI    SADVKI 

Les  barbares  vainqueurs  revinrent  contre  Autun, 
emportèrent  la  ville  d'assaut,  livrèrent  les  édifices 
aux  flammes  et  égorgèrent  la  plupart  des  habitants. 
Ce  fut  leur  dernier  triomphe,  l'n  prince,  qui  sera 
le  grand-pere  de  Charlemagne,  Charles,  duc  d'Ans- 
Irasie  revenait  d'Allemagne  victorieux  après  avoir 
réuni  sous  ses  drapeaux  tous  les  guerriers  qu'il  put 
recruter,  depuis  la  Loire  jusqu'aux  rivages  de  la  mer 
•lu  Nord.  Kudes  d'Aquitaine  était  avec  lui.  Le  prince 
raërovingien,aprèsses  désastres, étaitaccouru  auprès 
de  Charles  pour  le  conjurer  d'activer  ses  préparatifs, 
l'harles  avait  fait  bénir  son  épée  au  sanctuaire  de 
.Saint  Michel,  au  mont  Tumba  (mont  Saint-Michel;. 
Une  vingtaine  d'années,  auparavant,  le  prince  des 
armées  célestes,  prenant  la  France  sous  sa  protec- 
tion, avait,  dans  une  apjiarition  à  saint  Aubert, 
évéque  d'Avranche» ,  demandé  au  saint  évéque 
de  lui  consacrer  cette  montagne.  De  nombreux 
miracles  rendaient  célèbre  le  sanctuaire  bdti  &  celle 
époque  sur  le  mont  Tumba. 

Obligées  de  fuir  devant  la  redoutable  armée  des 
Francs,  les  légions  musulmanes,  qui  avaient  mas- 
sacré saint  Emilien  et  ses  Bretons,  se  replièrent 
vers  l'ouest,  pour  faire  leur  jonction  avec  la  grande 
armée  d'.'Vbdérame,  leur  général  en  chef. 

Au  mois  d'octobre  de  l'année  732,  après  huit 
jours  de  combats  partiels,  se  livra  entre  Tours  et 
Poitiers  une  terrible  bataille,  lune  des  plue  meui- 
Iriéres  dont  notre  histoire  nationale  ait  gardé  le 
j'iuvenir.  C'est  là  que  Charles  d'Austrasie  conquit 
ion  glorieux  surnom  de  Martel,  parce  que,  dit  le 
chrr.ii  |iieur,  "  comme  le  murleau  brise  et  dompte 
t>j«  l-.-  métaux,  ainsi  il  avait  écrasé  les  barbares 
f  nv  ihi»s''urs  de  la  France.  >•  Un  nombre  immense 
(ie  --arr.Kins  restèrent  sur  le  champ  de  bataille; 
Abdérame  leur  --hef  fut  parmi  les  morts,  le  reste 
i'enfuit  en  toute  hAte  ver»  le»  Pyrénées.  La  France 
et  la  chrétienté  étaient  sauvée». 

On  avait  vu  les  musulmans  sur  les  rives  de  la 
Loire,  de  la  'îaronne  et  du  Fth6ne  ;  cinq  siècles  plus 
tard  on  verra  les  Français  sur  les  rives  du  Jourdain, 
dr  iTirr.tit"  ot  (lu  >'il.  k  la  voix  d'un  pape  français, 
11,  les  chrétiens  d'Europe, 
ndri»  <-\\fj.  eux,  iront  au  sé- 
né», ils  iront  déli- 
iiiveur  ressuscité  ; 
.iiii  et  ^allll  Louis  reprendront 
Mnrl"!.  Enfin,  dan»  notre  aiècle, 
'  "  des  Maures  et  de  la 
inrra  sous  la  domina- 
.11  11  .' pour  que  la  France 

.analioo  de  Jésus-Christ, 
i  lis  de  Ltien. 


1' 

n' 

COUI  *   ( 

i.  - 

TrT   ' 

Ll  COLTI  Cl  SAINT  EUIUKN 

.Mais  revenons  à  saint  Emilien.  Quand  les  infidè- 
les eurent  quitté  le  champ  de  bataille  o^  notre  héros 
avait  conquis,  par  sa  mort,  la  victoire  dont  il  jouit 
encore  au  ciel,  les  chrétiens  du  pays  recueillirent 
pieusement  les  restes  de  l'évêque  martyr  et  les  en- 
sevelirent en  ce  lieu.  Plus  tard,  on  éleva  sur  son 
tombeau  un  oratoire  où  s'accomplirent  de  nombreux 
miracles.  .\u  xi'  siècle,  le  saint  corps  fut  levé  de 
terre,  et  placé  avec  honneur  derrière  le  mallre- 
autel  de  l'église  paroissiale.  Saint-Jean-de-Luze 
changea  son  nom  en  celui  de  Saint-Emilien  (et  par 
corruption  Saint-Emiland,  qu'il  porte  encore  au-  . 
jourd  hui).  La  Bourgogne  reconnaissante  n'a  pas 
cessé,  à  travers  les  siècles,  de  vénérer  la  mémoire 
de  son  héroïque  défenseur  d'autrefois,  devenu  un 
de  ses  protecteurs  au  ciel.  Le  village  de  Saint- 
Emilien  a  eu  le  bonheur  de  conserver  ju^^qn'à  ce 
jour  les  reliques  de  son  saint  patron.  La  fête,  qui 
attire  de  nombreux  pèlerins,  se  célèbre  le  dimanche 
dans  l'octave  de  saint  Jean-Baptiste.  —  Au  territuire 
de  Tanlay,  non  loin  de  Tonnerre,  s'élève  une  cha- 
pelle (rebâtie  par  le  marquis  de  Tanlay)  en  l'honneur 
du  saint  évéque  de  Nantes;  en  ce  lieu,  dit  une  tradi- 
tion, saint  Emilien  allant  de  Sens  k.  Autun  rem- 
porta une  victoire  sur  les  infidèles. 

En  1859,  la  ville  de  Nantes  eut  la  joie  bien  légi- 
time d'obtenir  quelques  fragments  des  reliques  de 
saint  Emilien  ;  à  cette  occasion  furent  célébrée»  de» 
fêtes  religieuses  iplendides  au  milieu  d'un  concourt 
immense  de  fidèles.  Plusieurs  évéques  y  assistaient. 
Le  grand  évéque  de  Poitiers,  .Mgr  Pie,  invité  a  pro- 
noncerle  panégyrique  de  saint  Emilien,  fltentendre 
un  des  plus  beaux  discours  qui  soient  tombés  de 
ses  lèvres  si  éloquentes  et  si  doctes.  —  Dans  la  pre- 
mière partie  il  retrac*  la  foi  et  le  courage  du  saint 
prélat,  dans  la  seconde,  s'inspirant  du  texte  de  l'ho- 
mélie d'Emilien  à  ses  volontaire»  :  que  lUre  rdjni 
arrive,  il  parle  en  terme»  admirables  de  la  royauté 
de  Jésus-Christ.  En  voici  quelques  phrases  : 

LB  ROI 

u  Jésus-Christ  est  roi,  nos  très  chers  Frères;  il 
est  Roi,  non  seulement  du  ciel,  mais  encore  de  la 
terre,  et  il  lui  appartient  il'exercer  une  véritable  et 
suprême  royauté  sur  les  sociétés  humaines  :  c'est  un 
point  incontestable  de  la  doctrine  chrétienne.  Ce 
point,  il  est  utile  et  nécessaire  de  le  rappeler  en  ce 
siècle.  On  veut  bien  de  Jésus-Christ  sauveur,  de 
Jésus-Christ  rédempteur,  c'est-à-dire  sacrificateur 
et  sanctificateur;  mais  de  Jéius-Chrisl  roi,  on  s'en 
épouvante;  on  y  soupçonne  quelque  empiétement, 

Quelque  usurpation  de  puissance,  quelque  confusion 
attributions  et  de  compétence. 
.  Jésus-Christ  est  roi  ;  il  n'est  pas  un  des  prophètes, 
pas  un  desivangélisteseldesapAlresquine  lui  a>«'ire 
sa  qualité  et  ses  attributions  de  roi.  Jésus  est  en.  tp 
au  berceau  ctdèja  les  .Maces  cherchent  le  roi  desJulf^, 
VU  ett  qui  natus  at  rrx  Jufiaorum?  Jésus  est  à  U 
veille  de  mourir:  Pilate  lui  demande  :  Vous  étei  donc 
roi  :  Ergo  rtx  tt  tu?  Vous  l'avez  dit,  répond  iésu*. 

>  Elle  date  de  loin,  met  Frères,  et  elle  monte  haut 
cette  universelle  royauté  du  Sauvenr.  En  tant  que 
Dieu,  Jésut-Christ  était  roi  de  toute  éternité;  par 
conséquent,  en  entrant  dan»  le  monde,  il  apportait 
avec  lui  déjà  la  royauté.  Mai»ce  i    '  .^-Christ, 

en  tant  qu'nomme,  a  conquit  m  »  la  sueur 

de  son  front,  au  prix  de  tout  »<>n  '.i  .  i.e  Christ, 
dit  tainl  Paul,  est  mort  et  il  est  rr^vi^cllé  à  ceiu 
On  d'acquérir  l'empire  sur  le»  mort»  et  »or  let 
vivants  :  In  hoc  (  kriilui  mnrtum  ni  tl  rnurrtmxt, 
ut  et  pitrtuorum  et  i  irerwm  deminrtur.  • 


lis;,    j4rant    K    PinTu.N>i,  1,  m*  Tru^t^it   1".  P^ria. 


1 


r         r  r 


SAI.NT  IRENEE,  EVEQUE  DE  LTUX  ET  MARTYR 


FM^.    le   2f<   jnnt. 


Martyre  de  saint  Irénée. 


îHP.»i?is  A   l'kcole  df.  saint  polycaupr 


I  eiifjint  qui  iittail  pas  le  moins  assidu  ni  le  moins 
I  allonlif  à  srs  leçons:  il  s  appelait  \n'-uro. 
Par-    '      -itidi(eurs  qni  recueillaient  les  pieax    |  En  Kramlissant.   Ir'-n'H"    ne    penli'                 l'- 
en»'                     de  saint  l'rilyrarpe,  le  disciple  de    |  souvenir  de   ses    premières  annéi^ 

rA|i                     'Ti".  • rnar'piaii  un  'ont  ji'un''  l'i-.oir   .l'un   l'I    m?!lie.  ei.  lonii'i                    .  i. 


•j'.y 


ri'viujiMit  f'iicore  avec  une  prntunile  i  iiiotinn 
dans  une  lettre  qu'il  écrivait  à  un  de  ses  anus  : 
'■  Mnii  cherFlorinu-i,  lui  disail-il.je  vous  vis  en 
Asie-Mineure,  je  n'étais  alor<  qu'un  enfant.  Vous 
viiiez  dans  la  demeure  de  P^dvcarpe:  il  vous 
donnait  le  spectacle  de  ses  grandes  et  liérnï(]ues 
actions.  Tunles  les  circonst.mcps  de  cette  période 
de  ma  vie, la  plusreculée  punrtanl.sesontgravées 
dans  ma  mémoire  beaucuip  mieux  que  les  évé- 
nements plus  récents.  Je  pourrais  marquer  du 
di'it't  le  lieu  où  le  hienlieureux  l'olycarpe  s'as- 
••eyait  pour  s'entrelitiir  avec  ses  disciples  ;  je 
iTcàs  voir  encore  sa  déniarche,  son  air  vénérable, 
les  trait-,  de  son  visafje  qui  relleUienl  si  hien  la 
pureté  de  sa  vie.  Il  me  semlde  I  entendre,  quand 
il  parlait  h  l'issenildée;  il  racontait  en  quelle 
douce  intiniilé  il  avait  vécu  avec  Jean  et  avec  les 
autres  qui  avaient  vu  le  Seii;neur.  Il  citait  leurs 
paroles  l't  tout  ce  qu'ils  lui  avaient  appris  du 
divin  .M, litre,  de  ses  miracles  et  de  sa  doctrine. 
Avec  quelle  ardeur  je  recueillais  ces  traditions 
aui-'uste-,  dont  il  plut  à  la  lionté  divine  d'ouvrir 
pourmoile  trésor.  Je  les  ri.vais,non  surun  parche- 
min qui  s'efTace,  mais  au  plus  profond  de  mon 
cii'ur,  et  je  les  repasse  conlinm  llement  dans  mon 
e'^prit.  "  Il  aimait  aussi  à  iiiterro;.'er  les  vieillards 
iiui  avaii-^nl  eu  le  bonheur  d'approcher  cl  d'en- 
tendre les  ap6trc<;  il  leur  demandait  des  détails 
sur  tout  ce  qu'ils  avaient  vu  et  appris,  et  ces 
récils  se  pravaienl  dans  son  cœur  non  moins  que 
lesenseiiniemenlsdePolycarpe.Ou  peuldoncdire 
avec  rai-on  que  saint  Ii-énée  fut  de»liiié  par  le 
Seiyneiir  à  lier  les  temps  des  aprtlre^  au  siècle 
qui  devait  les  suivre,  et  .liarL''-  de  transmettre 
aux  .li'o-  poslérieui-s  le*  traditions  apostoliques. 
Saint  INdycarpp,  léraoio  de  la  sagesse  et  de  la 
piét.-  du  jeune  homme.  n'atten<lit  pas  qu'il  eût 
alli-iiil  r.\i;e  ordinaire,  et  il  conf.ra  à  In-née  le» 
•-.iiiil-iirilresjusqu'audiacnnat,  liénéedevinlalors 
II-  liras  droit  de  l'évéque  de  Siiivrne,el  il  remplit 
a  Vf.-  un''  prudence  et  un  lele  au-des-^us  de  tout 
ilo-'i-  les  nombreux  et  difficiles  devoirs  qui 
incoiiilialent  aux  diacres  d.iiis  la  primitive  Ki:lise: 
assist«-r  les  ministres  de  l'autel  au  Saint  Sacrilice, 
veiller  à  l'ordre  des  cérémonies,  exhorter  le 
p'iipic  à  la  prière,  distribuer  le  Corps  et  le  Sanu 
de  Jé»us-i;hrisl,  recueillir  lesauniAnes  des  lldelcs 
et  les  distribuer  ensuite  aux  pauvre»,  aux  orphe- 
lins, aux  veuvi's,  aux  luUrnies  et  surtout  aux 
saints  coiife'-seuis  de  la  foi  retenus  dans  les  fers, 
telles  étaient  le>  multiples  occupations  du  cou- 
r.:$eux  diacre. 

miyiM  DANS  LBS  Girtn 

Sninl  Polyrarpe,  qui  couvemait  IT^elise  de 
Smyrne  en  Orient,  «mt-r.issail  aussi  l'Occident 
dfifi'-  s.iii  amour  n(>o»U>liqiie  ;  mais,  de  toutes  le» 
T'  .'i"ii-  du  Ourhant,  il  y  en  avait  une  qui  avait 

un»*    l'I  "  ♦'   ïin  \  lit-    n' **  lî.'ifis   t.r>fi    riiiir       P<dv.  .irp6 

aimaii  aiit 

il.UlII'  _  '   l<<- 

li   II  l't  <Im  u  sollicitude,  il  delachn  de  «on  eiilou- 

'  '-■•   uiif  pieu«e   rolunlr  de  mi»»ionnaires  qu  il 

I  à  la  conquMi>  •pinluelle  il«  notr«  nKtn#: 

ni     l'olhin,     Ifllée  .      Ilriii.li.'     il     .1  iiiilres 

.  non  moin«  diunesili-  leur  noble  mi*sioa. 

Il,  .-n  rnmpnifiiK-  d  Irénée,  se  lUa  h  l.yim 

ou  li  i-ropnl.  I.e»  deux  aprt- 

tre«  fil  !»  labeur»  :  In  semence 

il>-  la  r  leurs  main»  dan» 

c"  «ni  '  1  de»  (taule»,   pro- 

diii»il  'iiif    i:.   1,  1       .    m  .l'on.  M.ii»  le  vent  de 
■'••preuve  ne  lard/»  pi»  A  »iiu(i|ri  <ur  la  chréUenlé 


naissante;  la  peiseiulioii .  éteinte  depuis  .pi.  I- 
ques  aunées,  se  ralluma  avec  plus  de  violence 
'lue  jamais.  I.e>i  prisons  reKoraerent  de  lid.  I.-. 
le  san:,'  coula  à  torcfuts,  il  y  eut  à  Lyon  tout  un 
peuple  de  martyrs.  Saint  Potliin  lui-méine,  vinl- 
lard  plus  .|up  noiiayéiiaire,  fut  massacré  par  la 
foule  idolAtie.  Iri-uée  échappa  cependant,  on  ne 
sait  comment,  à  la  ra^e  des  persécuteurs. 

LE   VESSACRR  DES  MARTYRS 

ï^n  m''me  ti'mps  que  l'hérésie  vint  asfraver  le 
péril  de  la  inallioureuse  E;;lise  de  Lyon,  du  fond 
de  leur  cachot  où  ils  étaient  retenu»,  i|uaranle- 
huit  conles^ieurs  de  la  foi  résolurent  dans  cette 
extrémité  de  r.'<idresseraupape  Klcutliére,coiniiie 
au  pi-re  commun  de  la  chrétienté,  alin  de  lui 
demander,  à  propos  d'-s  erreurs  qui  venaient  de 
s'élever  parmi  eux,  ce  qu'ils  avaieul  a  croire  et  à 
praliiiuer. 

Pour  transmettre  leur  message  au  chef  suprême 
des  fidèles,  ils  choisirent  le  prêtre  le  plus  dis- 
tingué de  rK:;lise  lyonnaise;  celui, par  conséquent, 
dont  la  présence  eût  élé  le  plus  nécessaire  durant 
cette  affreuse  tourmente  qui  avait  emporlt  déjà 
Pothin,  lour  :.'uide  et  leur  pilote.  Ce  prilre  était 
Irénée.  .Mais  la  prudence  la  plus  mer\eilleu<-e 
avait  dicté  ce  choix  aux  confesseurs  <le  Jésus- 
(;iirist,  car  s'ils  privaient  leur  tt'lise  de  la  pré- 
sence d'un  vaillant  défen-eur,  c'était  pour  que  le 
pape  leur  rendit,  en  la  persunne  d*lréiiée,  un 
second  et  di;.Me  évéque. 

Celui-ci  refusad  abord  cette  roissinn  :  s'éloigner 
de  Lyon,  n'était-ce  point  abandonner  l'espoir  si 
cher  à  son  Ame  de  trouver  le  martyre  avec  ses 
frères?  Mais  les  saints  confesseurs  exi:.'erent  & 
tout  prix  ce  sacrifice,  et,  apn-s  une  vive  résis- 
tance, Irénée  dul  entin  se  n-ndreà  leurs  proies. 
En  conséquence,  il  prit  le  chemin  de  la  \ille 
éternelle,  porteur  d'une  lettre  pour  le  Souverain 
Pontife,  qui  Unissait  par  ces  mots  ilocieiix  : 
•  Celle  épttre  vous  sera  remise  par  noln-  fnre  et 
collègue  In'nèe.  qui  a  cédé  à  nos  instan.es  en 
acceptant  ce  message.  .Nous  vous  safiplions  de 
l'accueillir  rouiine  un  afxUre  zélé  du  le-lnment 
de  Jésus-Christ  et  nous  vous  le  reoonuBandoiis  à 
ce  titre.  .■ 

I.i-  vo'U  des  confesseurs  s'accomplit,  car  Irénée, 
pendant  son  séjour  à  Home,  recul  la  consi'cralion 
episropale  de  la  m  liii  d'Hleulln-re.  Le  pape  lui 
remit  ét-alemenl  uni-  réponsi-  adressée  à  loiitrs 
les  I    '  ,■      t.ii.nt  pour  lafoi  du  •'.lirist 

dni  .n.iir  heureusement  con- 

clu i<-s  ail.iirt-s  .jiii  ,1,  -■  -■  tivé  son  vovt.i-. 
Irénée  se  mit  à  rechei  ■  mnieiil  !•         .  •• 

monie»,  coutume»  et  li.,.. o-  que  les   pnn.  is 

des  ap<>lreR  :  saint  Pierre  et  saint  Paul,  avaient 
enseignées  k  rii::li>c  llomaine  et  qui,  d-  puis,  -'y 
étaient  conservée»  avec  fldflil''-  Son  de»sriii  <''lail 
de  les  implanter  ensuite  dans  l'Kglise  l>  onnaise. 
.\près  une  air  "dans ces  travaux,  il  revint 

dans  les  Ua  .  ■  «ir  sur  le  siei^e  èpiscopal 

d'où   le»  ««t.  lient  arraché  le  vénéraide 

Poihin  pour  i-     .     .    i  au  Inbonal  paiwi. 

i.r  TRAITA  conthk  le»  iuUi^ib-s 

Irénée  reprit  alor«  avec  une  ardeur  nouvelle 

révangéli«ai|,>ii  du  pny»qiie|es.  ,,1 

contlé.  Il   lultn  d'abord   conlrr  - 

gailloi»es,  contre  le  .1  '  I'' 
loul  son    poovoir  à  ■'■ 

rieuse  que  le»  barde»  ■  »•  ,  .  ■.  i  -m  i,..-  ■..  uv 
au  moyen  de  leur»  chants  p  .piiliirrs. 


Un  autre  ennemi  f^e  présenta  devant  lui,  c'était 
l'hérésie  des  (inostiquesqui  venaild  être  importée 
sur  les  rives  du  Kbdne.  Iiénée  lalt^iqua  de  front, 
et  composa  pour  défendre  la  vérité  uti  traité  en 
cinq  livres,  écrit  en  erec,  qu'il  adressa  à  un 
r-vt'que  d  Orient,  son  ami.  Il  s'fxprimf,  au  com- 
men'"ement  de  ret  ou^Tape,  en  termes  qui  nous 
révèlent  'on  humilité  profonde  :  "  J'haltile.  dit-il, 
chei  les  Celles,  et,  la  plupart  du  temps,  ne  parle 
d'aulre  langue  que  leur  barharejdiome.  N'atten- 
de/, doni-  de  raoi  ni  l'art  du  beau  laiitiaRe  que  je 
n'ai  point  appris,  ni  le  talent  de  l'écrivain,  tii  les 
^.T.ices  du  style  que  j  ignore  et  ne  reclienhe  pas. 
(7est  en  inuie  simplicité,  vérité,  rianeté  même, 
qiiej'ai  écrit  cet  ouvraee,  vous  priant  de  l'accueil- 
lir avec  les  sentiments  de  charité  qui  me  l'ont 
fait  entreprendre.  » 

Néanmoins,  la  modestie  du  saint  évéque  n'a  pas 
empêché  toute  l'antiquité  chrétienne  de  rendre 
.justice  à  sa  profonde  érudition  et  même  aux 
charmes  et  à  l'airrément  de  son  style. 

Ce  qui  frappe  surtout  dans  ce  traité,  c'est  la 
clarté  avec  laquelle  il  parle  dufirincipat  suprême 
et  du  ma;.'istire  infaillible  du  Souverain  Pontife. 
Aussi,  en  présence  d'un  témoiiinage  si  éclatant 
de  la  croyance  des  premiers  siècles  à  ce  do:,'me, 
un  profe'-seur  protestant  s'écria  :  "  Si  les  livres 
d'Irén-'e  sont  authentiques,  il  faut  tous  nous  faire 
catholiques  romains.  » 

LA    P.AQCE 

Au  temps  de  saint  Irénée,  une  prave  question 
divisa  les  (ideles  du  monde  catholique  :  quelques 
Enlises  d  <.irieiit  et  plusieurs  firands  personiiaf.'es 
voulaient  qu'on  célébrAt  la  l'été  de  Pâques  au 
qualoriieme  jour  de  la  lune  de  mars,  c'esl-à-dire 
au  jour  même  où  le  Sauveur  la  célébra  suivant 
I  ancienne  loi  etHcoufume  persistante  desjuifs; 
(le  l'autre  c^lé.  le  pape  saint  Victor  commandait 
qu'on  la  célébrât  le  premier  dimanche  qui  suivait 
«e  jour  ou  .N'olre-Seiyneur  était  ressuscité,  aliii 
de  se  conformer  à  l'enseignement  de  saint  Pierre 
sur  ce  point  et  non  à  l'usage  judaïque. 

Cette  coniroverse  s'écbaufla  tellement  que 
saint  Victor  fut  sur  le  point  d'excommunier  tous 
ceux  qui  étaient  d'un  avis  contraire  au  sien. 
Néanmoins,  saint  Irénée  intervint  et  supplia  le 
pape  de  modérer  son  juste  zèle,  lui  représent.mt 
dou'emeiit  i|u'au  lieu  de  retrancher  tout  a  lait  de 

I  t:;lise  îles  mt-mbres  indociles,  il  serait  olus  à 
firopos  de  les  tjuérir  par  la  douceur  du  traitement. 

II  écrivit  alors  aux  évêques  dissidents  pour  les 
prier  il'obéir  au  Pa-iteur  souverain  du  monde,  et 
de  se  soumettre  à  la  décision  de  l'Eali^e  Momaine, 
la  iTîer»*  et  maiiresse  de  toutes  les  autres  Epli*es. 
Son  icle  fut  récompensé  :  il  réussit  a  llcciiir  le 
pape,  à  ranger  le»  rebelles  sous  son  obéissance, 
et  la  tradition  apostolique,  l'usat'e  de  l'Eulise 
Humaine  triomphèrent  de  toutes  les  attaques. 

PROPAGATION    DK  LA   FOI 

Ije  Z'ie  d'Irénée  ne  se  bornait  point  à  son 
l.gljse.  Apiés  avoir  défendu  la  foi  contre  les 
hérétiques,  et  formé  à  la  vertu  et  à  la  science  le 
cl.TL'"'-  d,.  «on  diocèse,  il  voulut  (iropaKer  la 
r<'li::ion  du  (,hri-t  dan»  les  Caules  par  lui-même 
el  par  les  h"niiiiee  apostoliques  qu'il  ''Uvoya  de 
.l'île  et  d'aulie,  tel"  que  le»  sainK  Ferréol  et 
K'-rnilion,  à  Benançon;  le  saint  prêlre  Félix  et 
|p«  diacres  Fortunat  et  Achilb'e,  à  Valence.  Lyon 
a  iniiiour»  été  un  centre  d'apostolat,  et  nous 
voyoïi"  «aint  Irénée  y  commencer  l'ouvre  des 
.Wiv<i',rn  flinvr/rri-f;  il    form.llt.  en   eff.I.des  di»- 


I  ciples,  qui,  avec  le  titre  d'évégues  des  nations, 
!  ahdiinl  preiher  et  d-'fendre  l'Evangile  dans 
toutes  les  parties  du  monde.  Eusébe  de  Césaiée 
nous  parle  de  ces  missionnaires  comme  des 
hommes  admirables,  qui.  imitant  le  ïèle  de  leurs 
mailles,  élevaient  l'éililice  de  la  religion  là  où 
les  ap<Mres  en  avaient  jeté  les  fondements;  ils 
répandaient  par  toute  la  terre  la  semence  de  la 
divine  parole,  fai'^ant  connaître  aux  infidèles  le 
nom  de  Jésus-Ctiri^t.  et  leur  expliquant  sa  sainte 
loi.yuaiul  c>>s  hommes  apostoliauos  avaient  soli- 
,  dément  établi  la  foi  chrétienne  aiii-;  un  pays,  ils 
y  laissaient  des  pasteurs  stables  pour  y  cimtinuer 
le  bien  commencé,  puis,  ils  s'en  aliaimi  dans 
d'autres  contrées  poursuivre  le  cours  de  leurs 
conquêtes  spirituelles.  Dieu  accompagnait  leurs 
pas,  sa  LTdce  di\ine  les  fortifiait  et  le  Saint- 
E-iprit  opérait,  par  leur  moyen,  et  en  faveur  de 
leur  luinisiére,  des  miracles  nombreux  et  éda- 
taiils.  Aussi  les  conversions  étaient  innombrables. 
Cependant,  le  teiniis  était  venu  où  Irénée  devait 
sceller  de  son  sang  cette  foi  pour  laquelle  il  lut- 
tait si  vaillamment:  ce  fut  sous  la  persécution  de 
Septime  Sévère. 

l'avertissement  céleste 

Cet  empereur,  informé  que  la  pieuse  cité  de 
Lyon,  sous  l'inlluence  du  bienheureux  Irénée, 
s'opposait  au  culte  de  ses  dieux,  lait  choix  des 
gladiateurs  les  plus  cruels  et  leur  ordonne  d'en- 
ceindre  la  ville  de  toutes  parts  en  leur  disant  : 
"  Fermez  les  portes,  entourez  les  demeures,  et 
que  quiconque  refusera  de  sacrifier  à  nos  dieux 
soit  immolé  par  le  ;.'laive  vengeur.  » 

Mais  la  bonté  du  Christ  députa  un  ange  au  bien- 
heureux Irénée  pour  l'avertir  du  danger  qu'il  cou- 
rait. Vers  le  milieu  d'une  nuit  que  le  saint  pon- 
tife passait  en  prières  avec  Zacharie,  l'un  de  ses 
prêtres,  tout  à  coup  l'ange  du  Sei^-neur  lui  appa- 
raît tout  brillant  de  luini<re  et  lui  lient  ce  dis- 
cours :  <•  Très  fidèle  soldat  du  chef  de  la  blanche 
milice,  le  Seigneur  t'appelle  au  royaume  céleste 
avec  ton  peuple,  par  le  triomphe  du  martyre. 
Confirme  donc  tes  fceres.  afin  que  leur  fraternité 
soit  intrépide;  le  meurtrier  approche,  et  l'heure 
est  arrivée  pour  eux  du  glorieux  combat  du  mar- 
tyre pour  le  Christ  qu'ils  aiment  dans  toute 
l'intégrité  de  la  foi;  qu'ils  ne  redoutent  point 
les  menaces  de  l'antique  ennemi,  ni  celui  qui 
tue  îe  corps,  mais  ne  peut  tuer  l'àme.  Une  heure 
suffira  à  leurs  tourments,  mais  une  lui  te  pro- 
longée t'est  réservée;  ton  triomphe  en  sera  plus 
glorieux.  .Ne  néglige  rien  pour  soustraire  a  la 
mort  ton  prêtre  Zacharie;  c'est  lui  qui  doit  te 
succéder  et  ralîermir  les  frères  dans  le  t^hrist.  » 

A  ces  mots,  le  bienheureux  Irénée  répondit  : 
«  Seigneur  Jésus-Christ,  lumière  éternelle,  splen- 
deur de  la  justice,  source  et  principe  de  piété, 
je  vous  rends  L'ràces  d'avoir  daigné  me  réjouir 
el  me  consoler  par  le  ministère  de  votre  ange. 
Donnez  à  ce  peuple,  qui  est  le  v(\lre,  la  constance 
qui  empêchera  iju'iurun  ne  défaille  dans  la  con- 
fession de  votre  nom;  soutenus  par  votre  force, 
qu'ils  obliennent  dan»  un  noble  triomphe  le  prix 
annoncé  par  vos  saintes  promesses,  et  qu'ils 
trouvent,  en  mourant,  la  gloire  do  l'immortalité.  •■ 
Apres  celle  prière.  Irénée  s'occupa  à  forlifler  ses 
frères  daus  le  Christ. 

LEMARtrnt 

Alors  se  fit  la  distribution  dep  bii'ns  attt 
pauvres.  I.e  plus  ardent  désir  du  martyre  embras- 


s.iil  les  cu'urs.  Les  jours  et  les  nuits  étaient  con- 
sair.js  à  la  prit  re  et  aux  divins  entretiens,  dans 
l'attente  de  l'heure  que  le  Christ  avait  si^'nalée. 

Le  cruel  César,  après  avoir  investi  la  ville  par 
ses  soldats,  déclara  que  celui  qui  favoriserait  la 
fuite  ou  |p  salut  d'un  cliréti''n  .encourrait  la  sen- 
tence portée  contre  eux.  Tous  étaient  donc  immolés 
rà  et  là.  sans  distinction  de  sexe,  d'Ace  et  de  con- 
dition. Bien  plus, on  les  voyait, prompts  et  joyeux, 
livrer  leur  vie  pour  la  lih^rlé  de  leur  foi  et  tomber 
•-0US  le  glaive  dont  la  fureur  sévissait  dans  toute 
la  ville.  IJes  ruisseaux  d'un  san^'  précieii.T  rou- 
laient sur  les  plai-e^  publiques,  et  allaient  rougir, 
en  s'y  mêlant,  b'-^  Ilots  de  la  Saône  et  du  Khrtne. 

Le  César  ii^r^écuteur  donna  ordre  de  faire 
comparaître  le  bienheureux  Irénf'e  en  sa  pré- 
sence. Mallii'urousement,  le  livfe  de  sa  passion 
qui  rapp'^rtait  l'interrosatoire  et  les  toyrments 
qui-  la  rase  du  tyran  fit  subir  au  saint  évéque  ne 
nous  a  pas  été  conservé. 


.\prés  qu'il  eut  consommé  l'invincible  combat 
de  son  martyre,  le  saint  prêtre  Zacharie  enleva 
son  corps  pendant  la  nuit  et  le  renferma  dans 
une  crypte  secrète.  Ce  qui  augmenta  encore  sa 
«loire,  c'est  que  la  plus  grande  partie  de  son 
peuple  l'ut  martyr  avec  lui  :  en  effet,  une  ancienne 
inscription  qu'on  voit  à  Lyon,  à  l'entrée  de  son 
église,  porte  le  nombre  de  ces  héros  de  la  foi  à 
dix-neuf  mille  hommes,  sans  compter  les  femmes 
et  les  enfants. 

Les  reliques  du  disciple  de  saint  Pothin  et  de 
saint  Polycarpe  furent  conservées  à  Lyon  dans 
une  chapelle  souterraine  de  l'église  dite  de  Sainl- 
Irénée,  sur  la  montagne  de  Kourvières  jusqu'à  l'an 
I5t)â,  époque  où  les  huguenots,  profanant  celte 
auguste  tombe,  les  dispersèrent.  Le  crAne,  jeté 
sur  la  voie  publique  par  ces  misérables,  fut 
recueili  par  des  mains  pieuses  qui  le  déposèrent 
dans  l'éiilise  primatiale  de  Saint-Jean,  où  on  le 
vénère  encore. 


■..'•'..& 


'''■         .       1^     ■*' 


I 


Le  feianl  .  I_  l'iiiint»" 


îripriin- r.r    1" 


r.i'  liivard.  |'«rl<,   \  lllv 


SAINT     PIERRE 

SUR    LEQUEL    JÉSUS     A    BATI    SON    ÉGLISE 


Fête  le  29  juin. 

U  vie  de  Saint  Pierre,  prince  des  Apôtres,  est  présentée  ici  en  gravures  avec  les  admirables 
fresques  de  Canioni  qui  ornent  les  nouveUes  loges  vaticaoes;  cette  vie  fait  d ailleurs,  pour  le  texte, 
l'objet  d'un  autre  fascicule. 


LA      VOCATION      DE    SAINT     PIEBRS 


Le  Sauveur  avait  commencé  sa  vie  publique, 
et  un  jour  que  la  foule,  avid»?  d'entendre  sa  parole, 
le  pressait  sur  les  bords  du  lac  de  Génésareth, 
il  vit  deux  bateaux  de  pècbe  arrêtés  près  du 
riva^ïe. 

Le  Sauveur  entre  dans  une  de  ces  barques  qui 
filait  celle  de  Simon  ;  le  pria  de  s'éloigner  un 
jeu  de  terre,  et  »"as«eyant  magistralement,  il 
pT'Vha  la  foule  de  cette  petite  barque  qui  avait 
nti'      !,  "iiication.puisqu'ellerepréseDtait 

.  I  .  :  .    ■■  par  Pierre. 

I.  >r  i|ii  II  cul  cessé  de  parler,  il  dit  à  Simon: 
"  Vo;;ue  en  pleine  m^r,  et  là  jette  tes  filets.  » 
A  quoi  Siiii"!!  répondit:  ■■  Bien  que  nous  nous 
soyons  fati.'iK's  toute  la  nuit  sans  rien  prendre, 
sur  votre  parole,  je  jetterai  à  nouveau  mon  Tilet.  » 

Saint  Pierre  ne  sav.iit  pas  quelle  sij^nincatioii 
immense  pour  le  monde  avait  la  mission  que  le 
Sauveur  lui  donnait:  "  Va  dans  le  monde  qui  est 
lu  haute  mer.  et  pé.  lie  en  mon   nom     •> 


Et,  ayant  jeté  les  Blets,  ils  prirent,  sur  la 
barque  de  Pierre,  une  quantité  si  considérable 
de  poissons  que  le  poids  rompait  le  fliet;  ils 
appelèrent  alors  leurs  compagnons  de  l'autre 
barque  pour  qu'ils  vinssent  à  leur  aide. 

Ceux-ci  approchèrent,  et  ils  emplirent  les  deux 
barques  tellement  qu'elles  semblaient  sur  le 
point  de  submerger.  Ce  que  voyant  Simon- 
Pierre,  il  tomba  aux  genoux  de  Jésus,  ■  écriant: 
"  Kloignei-vous  de  moi,  Seif;neur,  car  je  'uis  un 
homme  pécheur.  >•  Et  tous  étaient  saisis  d'une 
profonde  admiration  à  cause  de  la  pèche  mer 
veilleuse  qu'ils  avaient  faite,  j  compris  Jenn  et 
Jacques,  les  compagnons  de  Simon,  et  Jésu'-  lit 
à  Pierre:  «  Ne  crains  pas;  à  partir  de  ce  rooment, 
tu  seras  pécheur  d'hommes.  »  Ils  quittèrent  toutes 
choses  et  le  suivirent. 

Telle  fut  la  première  vocation  d«  Pierr*  et  la 

preiniire   pi'rhe  mlra'"uleii«e. 


125 


JAim*,  à  SsUlaÀiii.nii. 
(on  .i^ouitt,  <!-<  ~ 


lui  nrà»  (le  lui  Piorre, 

'^    t'Ms,  |ji-n'ianl 

>      I  "    ^iti««ui'  aiillu  . 


1  Levei-vuus  «t  venet  ;  celui  qui  doit  me  livrar  eti 

,iroi-he.  »  —  Le  imiiia  e;>l  louji'iir»  livré  4  Satan 
à  l'heure  oà  \a»  a|]<'<U'eH,  appesaulis,  >'«adatiBeQt. 


9»fr.  -Mt  l'wfci  ■■—  ;  •».  — «»• *»  ■  ' 

fi«rf  *P*«  '••chée,  frappa  le  •«•rvitcur 

4a  gran<l-pr*tre   Malcbai  et  lai  coupe  loreiUe 


MoM»  !•  1«»  ••^•aob*,  ai  util >i        u'::Arti: 

lArciile.  —  l-«  «lai»',  paf   ■>»    'i"''"'  '' 

p«r«U4«ion  qui  *t  fait  par  roreilli",  n-i  •• ^- 


One  seryante:  «  Tu  étais  un  «le  ceux  qui  sni- 
raient  Jésus?  — Je  ne  sais  ce  qu«  tu  veux  dire.» 
Dne autre  affirme  de  même.  Pierre:  «  Je  ne  con- 


nais pas  cet  homme.  —  TuesGaliléen;  ta  pronon- 
ciation te  trahit;  je  t'ai  vu  au  jardin.  »  Pierre  avec 
serment  :  «  Je  n'ai  jamais  connu  cet  homme.  » 


l^  coq  chanta;  le  Christ  pa"a  pI  jet»  anrfaard 
lur  Pierre  qui  <e  souriat  do  la  parole;  •  Arant 
que  le  coq  chante  deux  fois,  ta  me  nieras  trois 


fni">.  »  H  »<»rtil  el  plenn  ■UDt^rpini'iit.  A»ar<i  4r 
donner  à  l'Apdtrt  les  clé»  rfti  pailon,  le  Sauveur 
roulait  le  mettre  au  rang  des  pénitents. 


ressuscité:  «  Enfants,  avei-vous  pris  dii 
?  —  Non.  —  Eh  bien  !  jelei  à  droite,  vous 
Terei.  »  Ils    n'avaient    pas    la  force  de 


retirer  le  niel  rein  pli.  «  C'est  le  Maître  »,  dit  Jean 
à  Pierre.  A  cette  parole,  Pierre  »e  jette  à  leau 
et  court  à  Jésus. 


r 


■  ...I,,  ,.!,,.  ,i,,^rriii.  I  Tout  ce  que  tu  lierai  sur  la  terre  nere  '<*  •'*•>• 
.i«-  le  riol.  et  tout  ce  que  tu  délierai  Mrs  «l^iié 
' ■'.   i   dan»  le  eiri.   < 


Imp  ir-'fiU  :  y.  r»ifiT«ii»ii».   t»,  rur  Kr»' 


SAINT  PAUL 

APOTRE  ET  DOCTEUR  DES  NATIONS 


Paul,  d'abord 
appelé  Saul,  né  à 
Tarse,  en  iglicie, 
d'une  famil'.  juive 
de  la  tribu  de 
Benjamin,  instruit 
dans  les  Ecritures, 
àme  ardente  et 
noble,  mais  pha- 
risien exalté  et 
persécuteur  achar- 
né de  l'Eglise  nais- 
sante à  Jérusalem, 
fut ,  comme  on 
le  sait,  conTerti 
subitement  par  un 
prand  miracle  sur 
le  chemin  de 
Damas  où  il  se 
rendait  pour  faire 
jeter  en  prison  les 
disciples  de  Jésus- 
Christ  (1). 

Baptisé  par  saint 
Ananias,  premier 
évèque  de  Damas, 
instruit  de  tout 
l'ensemble  de  la 
doctrine  catholi- 
que et  des  plus 
sublimes  mystères 
par  Jésus- Christ 
lui-même,  élevé 
dans  de  merveil- 
leuses extases  jus- 
qu'à entrcToir  les 
splendeurs  ineffa- 
bles du  ciel  et  de 
la  gloire  divine, 
devenu  un  apôtre 
incomparable,  et 
spécialement  en- 
voyé de  Dieu  pour 
la  conversion  des 
Gentils, Saulsemit 
à  prêcher  Jésus- 
Christ  avec  un 
immense  amour 
des  Ames  et  un 
indomptable  cou- 
rage au  milieu  de 
toutes     les    diffl- 


Fête  le  29  et  le  30  juin. 


Saint  Paul  pour  punir  le  maeicien  Elymas 
lai  •DDonce  que  la  main  de  Dieu  s'est  appesantie  sur 
et  qu'il  sera  de  suite  aveugle. 


cultes,  de  tous  les  obstacles,  de  toutes  les  souffrances 
et  de  toutes  les  persécutions. 

Obli;;  •  de  s'enfuir  de  Damas,  puis  de  Jérusalem 
pour  éch.ipper  aux  Juifs  qui,  ne  pouvant  réfuter  sa 
doctrine,  veulent  le  faire  mourir,  il  revient  à  Tarse, 
sa  patrie.  Mais  il  ne  larde  pas  à  y  être  rejoint  par 
son  ancien  condisciple  saint  Barnabe;  celui-ci,  en- 
voyé par  les  api'ares  à  l'église  d'Antioche,  ne  pou- 
vant plus  suffire  1  sa  tâche  à  cause  de  la  multipli- 
cation des  fidèles,  venait  chercher  un  coopérateur 
digne  de  cette  mission.  Il  amena  Paul  à  Aniinche. 
Celle  Eglise  était  de  plus  en  plus  florissante,  l'Es- 


(t)  Voir  la  Notice 
'  Janvier,  d»  3«I. 


•tir   la  converiion    dt  lainl   Paul, 


prit-Saint  y  mul- 
tipliait ses  grâces, 
"lie  avait  des  pro- 
f'h^Hes  et  des  doc- 
teurs, et  les  dis- 
ciples du  Christ 
devenant  par  leur 
nombre  une  por- 
tionimportante  de 
la 'cité,  le  peuple 
commença  à  les 
désigner  sous  le 
nom  de  Chrétien< 
à  cause  de  Jésus- 
Christ  qu'ils  ado- 
raient, nom  glo- 
rieux qui  leur  est 
resté  depuis  à  tra- 
vers tous  les  siè- 
cles. 


PREMIERE  UISSIO.N 
DE  SAINT  PAUL  — 
LE  UAGICIEN  DE 
PAPHOS  —  SAINT 
PAUL  DE  NARBON- 
NE — PORTRAIT  DE 
SAINT  PAUL 

Un  jour  que  le 
clergé  etleslidèles 
d'Antioche,  réunis 
dans  le  jeûne  et 
la  prière,  offraient 
le  Saint  Sacrifice. 
l'Esprit-Saint  fit 
entendre  sa  vo- 
lonté :  «  Séparez- 
moi  Paul  et  Bar- 
nabe pour  l'œuvre 
a  laquelleje  les  ai 
appelés.  »  Alors, 
après  un  jeûne  et 
des  prières  spé- 
ciales, les  chefs  de 
l'Eglise  imposè- 
rent les  mains  aux 
deux  élus  et  les 
abandonnèrent  à 
la  direction  cé- 
leste. 

Les  deux  apôtres  s'embarquèrent  â  Séleucie  pour 
l'Ile  de  Chypre,  qu'ils  parcoururent  toute  entière  en 
annonçant  la  parole  de  Difu.  Dans  la  ville  de  Pa- 
phos,  le  proconsul  (gouverneur)  Sergius  Pautus, 
homme  plein  de  sagesse  et  d'une  illustre  famille 
romaine,  voulut  les  entendre.  Mais  pendant  l'au- 
dience, un  faux  nrophcle  juif,  le  magicien  Elymas. 
se  tenait  à  c<lté  du  proconsul  cherchant  à  le  détour- 
ner de  la  foi. Paul,  rempli  de  l'Eprit-Saint,  fixa  sur  le 
mafiicien  un  regard  sévère  et  lui  dit  :  «  Homn;"  de 
mensonge  et  d'erreur,  fils  de  Satan,  cnn<'i,ii  de 
toute  jusiicp,  quand  ces-ieras-tu  de  corn  upre  les 
voies  droites  du  Seicneurl  Et  maintenant  voni  .|ii.^ 
la  main  de  Dieu  est  a]>pe-^àr<tie  sur  loi,  tu  ^'  r  i- 
aveugle  et  pendant  un  certain  temps  tu  ne  venas 


àao 


plus  la  lumière  du  jour.  »  A  l'instant  iin-me  les 
yeux  d'Elyma>  s'obscurcirent  et  «>■  vfiliuent  de 
if'nt'bres ;  se  ti  niiniit  de  tous  €('<■  •  -linit  une 

main  qui  le  pi  idAi,  A  \u  rve  ■dt  ■  -,  li-  pro- 

consul, I  '  "      !  ,(ion  pour  Kl  d  'Lirino  du  Sei- 

gneur, Il  1. 

N'  ■^r  1.     '      ;;lr  de  saint  Pnnl, 

i.  I.  .1  aux  iir.indi'urs 

1         .       1 '     1     l,.-..!      ..1 


!       ■     ;  i 

1   l'iiii'-    il(>?  plus  illustres    conquMe*   di' 

1   :\ 

-  i|iii  devait  sauver  tant  d'ai 

■  il:: 

Il   de  ce  moment  que  saint  . 

CI'^M-    Uf    1 

"-aul  pour  le  df'sidner  dosnri. 

?OUS    1<-    : 

l'aul,    soit    en    souvenir  de   . 

,;■{■■)■' 

,1..    V,..   ^,|.|,._|>;jlj|,|<;      ..fljl    [,,.,     ■.      ,j.i. 

Cl'  :■' 

.   .!     Il  .<.).. ).!     .onime  memlu'     i-    -l'ii 

>ll 

1.1  l.inidlc  l'aula    soit  que  l'aul  sent 

l.i 

du  iimt  Saul. 

1 

•   ■   •  .1'  1     .  .]iii  a 

iii. 

..  re  : 

a  .1 

;■!  *^i>-'.."lil»     et 

(«ni 

1          sur  Uii-mi-me 

Ot    . 

*  "'■■itié  de  sa 

vil 

.1  iiialo- 

di^ 

.-     it  la  peau 

tin' 

iix  d'une  df>u- 

cei!i 

.    Il-    •-f.iir.-ils 

iii  : 

iihn,  la  1'                     -■■  it 

lui. 

..  T'I  '■«1                    i  que 

I;(  i 

:re. 

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■j""  en  ronti- 

iiii 

!■■  qu'en  a 

II.. 

.    -                             .  duus  !<■» 

Tivrvr    -  .Tirs  »rr  «ENTIls  —  icoNim  —  SAlUTt 
TH»:i:i.K 

Il  (ir   If   continent    asiatique.,    les    deni 

.    ,1     :.     r>...-/.n       .-..i,;!..!..     .1,     1.    T'-'.IiiI.t.il.. 


et  les  héritiers  des  promesses  divines,  puis  appelant 
tous  les  peuples  au  bercail  de  Jésus-Christ  Ôicu  el 
Sauveur  de  tous  les  lionimos. 

Obligés   de  céder  à  l'enK-nte,  ies   deux    apiMres 
viennent  à  Iconium,  et  y  convertissent  beaucoup  de 
Juifs  et  do  Gentils.  Parmi  ces  nouveaux  disciples  de 
saint   l'anl,  se  trouvait  une  âme  délite,  c'était  une 
jeune  lille  de  dix-liuit  ans,  d'une  rare  distinction  il 
'  '""■   i—  T'Ius  riches  familles  de  la  ville,  elle  s'ap- 
.1.  C'est   sainte   Thècle.  si   célèbre    dans 
-i,-,  l..~  il,    I  I  L'iise  et  si  chère  -■  !•'  '■'•  '  ■ 
lin  brillant  m;; 
:  la  preinitTi 
iirnients  et  la    > 
lit  11  -  iiir-""-  T 
.1  la  toi  l'iireiienne  i 
'•s,  elle  résista  noi. 
!..  irlure  et  fut  jetée   aii\    I 

i  ..  -'it:  mais  les  lions  viuît 

Is  et  respe.-li-rejit  son  corjis  virginal;  h 
;  1  i  •  .  ému  de  ce  spectacle,  exigea  qite  la  jeune 
tieinine    lut   mise   en   liberté.    Klie   v.  '    i.i- 

encore  et  niourut  a  l'àce  de  quaire-v  i''  - 

avoir  donné  l'exemple  de  toutes  les  >•  ii.i-. 


LTsrais  —  PAIX  BT  BAa>Aiu  rnis  Pota  du  nnrcx, 

Wt    BNSrlTE    LAPIDKS    D)llllt:     IIKS    MALFAITCV^B* 

Ce{>eiidant    les    converàoMs    se    roulti|iliaient   h 
Ironiom,  l'enfer  s'en  eBr;iya  :  la  populin-e  ameut/-e 
aocahie  les  apiMres  d'injures  et   (es  chn«^e  .t  coups 
yle  pierre.  Paul  et  TtamaiM'-  arment  . 
conmeDcent  a  l'iéeher.  ^arini   ]••< 
aperçoit  un  pain 
sanie  et  qui  n'a 

avei'  bonheur  bi  vei  ii   .  i 

rompant  lui  dit  'i  et  tien- 

tes  l'ieiK!  "  .\u-^u  •!   Il  -iiuta     ' 
X  celte  vn*  la  foule  éclate  en 

»    De>    dieux    '■■•■'    'I"- dus    \..-    . 

forme  liuni.i  ■  iil-iN  daii 

U.'.'..,n:..|.       I  .     I:nll.     1, 


il  p.-!  i'-  :iaij\  nu   iiM   1.11 

lui. 

!  -  I--'    •    •• 


ri  11  I)  \    a  ne  :«uilii  illl  (  il 


■!t«^  si 
r   le 


VBll 

a 


ipii 

rei  ■ 
il 

SOti    • 

donne 


r,'ii....ireiil 


fii:ils   tiiiii 


..■,-li.-i    ! 


d< 

m  (t 


piATlil    I    lUI    la    «lile   il 


J<SlJ^~l,lll.'*l,       IU.IIt.1' 

lions.   Clu»   tard,    il> 


■     i-  -  ,■■ 
li.ir    la*    Il 


contrées,  pour  y  constituer  déûnitivenient  les  Eglises 
et  y  établir  des  éTêques  et  des  prêtres. 

Après  avoir  traversé  de  nouveau  les  provinces  de 
Pisidie  et  de  Pamphylie,  îaint  Pau!  et  saint  Barnabe 
revinrent  dans  la  prande  Antiocbe.  Le?  fidèles 
apprirent  avec  une  grande  joie  les  merveilles  qu'il 
avait  plu  à  Dieu  d'accomplir  par  le  minislère  des 
deux  prédicateurs.  Mais  cette  Eglise  était  alor?  trou- 
blée par  des  Pharisiens  mal  convertis  du  judaïsme, 
qui  voulaient  im- 
poser aux  Gentils, 
devenus  chrétiens, 
la  ci: concision  et 
toute  la  loi  de 
Moise  comme  uih- 
chose  obligatoire 
pour  le  salut.  Paul 
et  Barnabe  en  a|- 
peltent  à  l'autoriic 
de  saint  Pierre  et 
deMMttres  Apôtres, 
ert  le  concile  de 
Jérusalem  rend  la 
paix  aux  âmes 
droites  [>ar  l'afrir- 
mation  de  la  vraie 
doctrine. 

DCCXIEME        M9SI0W 

Dt  SAINT  PAUL 

SAIWT  PAUL  K.N 
BOMOPE  —  LA 
PROPBBTCSSE  OR 
SATAU 

Saint     Paul     et 
saint  Barnabe    se 
séparent   pour  re- 
prendre       leurs 
courses     apostoli- 
ques.   Quelque* 
temps    après   leur 
retour   de  Jérusa- 
lem ,    saint     Bar- 
nabe accompiit"''" 
de  Jean-.Marc  -oi. 
cousin,    s'embar- 
que   de    nouveau 
pour  nie  de  Chy- 
pre.   Saint    Paul, 
suivi  de  Silat.  v  , 
viBiler    les    chr' 
Il  entés  qu'il  avai; 
ff.nd'<;3   en    Asii 
Mineure.    A    Lys 
tre?,  où     il    ava, 
étp  lapidé,  il  s'aii 
joint  comme  cr^u- 
pagDon    un  jeune 
chrétien     d'une 
grande  vprtu  nom- 
mé Tini''ih''<>.  qui 
sera   d>'  armais   l'un    de    »e« 
meilleur.'    di-riples.   A   Tr- 
rejoindre.  I   A;  'ire  des  G' 
en  Bil'nv 
Pien-f.  'i 

permit  jm.-  .  ,.  •  i  ni  i  i  hu'"] 
nanl  apporter  la  bonn^  nouvelle.  Dnns  une  vision, 

un  W  ■      I   .  .«^   I ..     i  ...  suppliant  ;  <■  Passez 

en  '  ii'7-nou5.  » 

^ ..     .     ,.     ...  avec  ses  compagnon» 

et  parcourt  la  Mac/rloine.  Pans  la  ville  de  Philrppcs, 
une  marchande  de  pourpre,  nomro<'e  Lydia,  se  con- 
vertit la  première,  et  donne  l'hospitalité  aux  messa- 


gers du  Christ.  Beaucoup  reçoivent  le  'baptême.  II  y 
avait  à  Philippes  une  esclave  possédée  du  démon; 
beaucoup  venaient  la  consulter  comme  une  prophé- 
tosse,  ce  qui  était  uce  source  de  grands  revenus 
pour  ses  maîtres.  Chaque  fois  qu'elle  voyait  pasaer 
les  apcMres,  elle  les  poursuivait,  et  le  démon  se 
trouvait  forcé  de  dire  par  sa  bouche.  "  Voici  les  sjr- 
vitpurs  du  Dieu  Très-Haut,  qui  vous  a  pporlent  la 
vérité  !  »   Enfin,    Paul   fatigue   de   cette    insistance 

démoniaque,  se 
retourna  un  jour 
.1  dit  à  Salan  : 
<  .'t  te  commande 
au  11  >ni  de  Jésus- 


Saint  Paul  déchire  ses  Têtemonts  à  la  vue  d'an  prdtre 

d«  Jupiter  qui  T«ut  offrir  des  taureaux  et  des  coaroanei 

dans  le  temple 


■plnr. 


:i' 


chers  et  de  ses 

:il   Luc   vint    le 

lit  entrer  alors 

par   saint 

'.  nn  If  lui 

1  u'  -,iil   niainle- 


esclave  ayant  per- 
du son  esprit  de 
divination,  perdit 
aussi  la  clientèle 
qu'elle  abusait. 
Grande  fureurchez 
ses  rsallres,  que 
son  industrie  ^a- 
taniqae  enrichis- 
sait, ilss'em  ,~>arent 
ilePauletdcSilai, 
ics  traîner  t  au 
tribunal  des  ma- 
^.'istrats,  lei  accu- 
sent de  semer  une 
doctrine  perverse, 
de  conspirer  con- 
tre l'empereur  au 
prolit  d'un  nou- 
veau roi  nommé 
Jésus  ;  la  populace 
se  rue  sur  les 
prisonniers,  et  ar- 
rache des  lam- 
beaux de  leurs 
vêtements;  il:  sont 
flagellés  par  ordre 
des  magistrats  et 
jetés  dan»  un  ca- 
chot. 

Les  pieds  pris 
dans  des  entraves 
qui  les  tiennent 
violemment  écar- 
tés ,  chargés  de 
chaînes,  étendus 
sans  pouvoir  re- 
muer sur  le  pavé 
froid  et  humide  de 
la  prison,  Paul  et 
Silas  recitaient  en- 
semble des  psau- 
mes. Vers  le  mi- 
lieu de  la  nuit,  un 
tremblement  de  terre  ébranle  tout  l'édifice,  les  Uent 
descai  '  '  -fntd'eux -mêmes,  et  toutes  les  portes 

s'ouvr  et  r,roy,iTit  que  les  prisonnier»  dont 

il  répfiii'i  !<i)r  ya  tétc  se  sont  échappés,  le  geOlirr 
veut  se  percer  de  son  épée.  «  Ne  te  fais  aucun  mnl, 
1(11  crie  saint  Paul,  nous  sommes  tous  ici.  •  Alor^  le 
goAlier.  prennnt  une  lumière,  vient  se  jeter  aux  piedi 
de?  api'Jres,  il  e.'^t  instruit  dans  la  foi  chréliinuo,  il 
conduit  les  apôtres  dans  sa  demeure,  et  reçoit  le 
bapti^me  avec  toute  sa  famille.  Bientôt  les  magis- 
trats, apprenant  que  Paul  est  citoyen  n  luain,  crai- 
gnent pour  eux-mêmes,  car  la  loi  romaine  défendait 
de  flageller  la»  citoyen*  romains,  et  il»  viennent 


rf  ndre  la  liberté  aux  deux  captifs  avec  beaucoup  de 
respect. 

«AINT  PAUL   à.    ATHENES  ET  A  COMNTHK 

Saint  Paul,  continuant  ses  prf^dications,  fonde  une 
chrétienté  dans  la  viUe  popule«>e  de  Thessalomque, 
«•arrête  ensuite  à  Béroé  et  arrive  enfin  dans  Athènes, 
la  capiUMe  des  arts,  des  scu-uces,  et  de  la  philoso- 
phie dans  le  inonde  païen,  ^-n  dme  apostolique  ne 
peut  s  empêcher  de  fn^mir  en  vovanl  cette  grande 
cité   qu    se   croit  sape,   toute    livrée   à  [erreur    .1 
prêche  à  tout  le  monde,  dispute  avec  les  i-hilosophes, 
et  annonce  avec  ;isMirance  le  Dieu  qu  Athènes  if.-nore 
en  présence  de  l.Vr.opage,  Tassenib  ée  la  pus  sa- 
vante de  toute  la  Grèce.  Les  uns  repondent  à  ses 
parole»  par  .U-  railleries,  dautres  lui  disent  dedai- 
tneuseniiml   qu'ils  lentendronl  là-dessus  une  autre 
fois    niai<=  quelques-uns  embrassèrent  la  foi;  entre 
«ulres  le  satanl  Dcnvs,  membre  de  lAréopage,  qui 
devii  t  sous  linnuence  de  la  grâce  1  une  des  âmes 
les    plus    belles    et   le»    plus   sublimes    oui  furent 
jamais.  Il   fut  dahord   premier  évoque   d  Athènes, 
puis  de  Paris,  où  il  couronna  sa  rie  par  le  martyre. 
D'Athènes,  l'Apôtre  arrive  dans  la  riche  et  vo  up- 
tueuse  Corinthe;  il  T  reste  près  de  deux  ans,  loge 
chez   le  juif  converti  Aquila,  travaillant  avec  lui  a 
fabriquer  des  tentes,  alin  de  n'être  à  charge  a  per- 
sonne,   et   que    nul    ne    put   croire    qu  il    prêchait 
l'EvaiiEile    pour    s'enrichir;    tant   éUit    grande    sa 
délicatesse  vis-à-vis  des  âmes.  Il  eut  beaucoup  de 
dinicultês  à  Corinthe,  de  la  part   des  Juifs  et  de  la 
part  des  Grecs,  il  fut  même  traîné  une  fois  au  tri- 
bunal du   proconsul   Gallion,  frère    de   Sénèque  le 
philosophe.  Mais  Notre-Seigneur  le  soutenait  :  <■  Il 
v  a  dans  cette  ville  un  peuple  nombreux  qui  m  ap- 
partient  ..   lui  disait-il;  en  effet,  il  réussit  a  con- 
vertir beaucoup  d'àmes.  Enfin,  après  v  avoir  écrit 
ses  deux  êpltre»  aux  Thessaloniciens,  il  repassa  en 
Asie-Mineure,   en    Syrie,   à   Jérusalem   et   revint  & 

Antiocbe. 

TÏOlSllMl    III8»I0H    DE   »AINT   PAUL   —  itBÈ»» 
L'INDLSTRI«L    OtMÉTHlUS 

L'infatigable  messager  de  la  vérité  ne  demeura 
pas  longtemps  à  Antioche,  nous  le  retrouvons  bien- 
tôt évangelisant  les  provinces  supérieures  de  1  Asie- 
Mineure,  puis  il  vient  se  fixer  pendant  près  de  trois 
ans  dans  la  grande  ville  d'Ephcse,  l'un  des  pnnci- 
MUX  centres  du  paganisme  en  Asie.  Il  y  endura 
^«ucoup  de  sounrance»  et  physiques  et  moral«s  ; 
il  reçut  de  mauvaises  nouvelles  de  1  Eglise  de 
Corintlie,  qui  se  divisait  conUe  elle-même;  ses 
deux  épures  aux  i:onnl biens  y  ramenèrent  la  paix; 
il  écrivit  aussi,  vers  cette  épouue,  aux  Itomains  et 
aux  Galates.  La  prédication  à  Ephêse  rencontre  de 
grands  ohsUrles,  saint  Paul  est  jeté  un  jour  aux 
Céte»  de  lauiihilheatre,  mai»  Dieu  vient  à  son  aide 
,..,  ,1,.  i,,,iui..iii  miracles,  il  suffisait  de  faire 
'  :   s  les  vêtements  de  l'Apôtre,  et 

,L  guérii.  Aussi,  les    convertions 
SI    Doaibreuscs,    que    l'industriel 
i-(Traya  ;   il   construisait  de  petits 
.ice,  du  célèbre  temple  de  Diane, 
i-ait  un  grand  commerce,  l^rai- 


-  elles 

s'en 


soulu  t . 


aumlfleui    ouïutr»,    u»    jo^ii-uiii. 


il   lu 


ville    en   criant  :  •  La  grande  Diane  d'Ephèse  l  la 
grande   Diane  d'Ephèse!  »  Une  foule  immense  les 
suit;  pendant  deux  heures,  le  tribunal  retentit  de 
ce  même  cri.   Comme  il  arrive  souvent   dans  les 
émeutes  populaires,   plusieurs    parmi   la    fouie   ne 
savaient  même    pas  de  quoi  il  s'agissait,  et  n'en 
criaient  que  plus  fort.  Enfin,  les  magistrats  réus- 
sissent à  rétablir  l'ordre. 

Saint  Paul  visite  de  nouveau  toute  la  Grèee,  spé- 
cialement Corinthe,  retourne  en  Asie,  fait  de  tou- 
chants  adieux    au  clergé  d'Ephèse   &  Milet,  laisse 
saint  Timothée  évêque  d'Ephèse,  et  revient  à  Jéru- 
salem,  n'ignorant    pas   que    de    grands   maux    l'y 
attendent.  En  effet,  les  Juifs  veulent  l'y  massacrer, 
les  soldats  romains  lui  sauvent  la  vie  en  l'arrachant 
aux  mains  des  meurtriers,  il  reste  captif  deux  ans, 
en  appelle  au  tribunal  de  César  (l'empereur  romain) 
arrive  à  Home  après  un  naufrage  dans  la  Méditer- 
ranée, reste  encore  deux   ans  enchaîné  dans  une 
hôtellerie  à  un  soldat  qui  le  garde.  Mai»  sa  parole 
n'est  point  enchaînée,  il  fait  de  nombreuses  conver- 
sions  à  Home,  jusque  dans   le  palais  de  Néron.  11 
écrit   diverses    épltres   magnifiques    aux    chrétiens 
qu'il  a  évangélisés.  Hendu  à  la  liberté,  il  prêche 
en  Espagne,  repasse  en  Orient,  revient  à  Rome  où 
Néron  persécute  les  chrétiens.  U  est  emprisonné  de 
nouveau   et  termine  son  apostolat  par  un  glorieux 
martyre,  le  même  jour  que  saint  Pierre.  Les  deux 
apôtres,  ce»  deux   illustres    compagnons  d  arme», 
ces    deux   fondateurs   de    Rome    chrétienne,  s'em- 
bra'sent  sur  le  chemin  du  supplice  en  se  donnant 
rendez-vous  au  ciel.   Saint  Paul  a  la  tête  tranchée 
pendant  que  saint  Pierre  est  crucifié.  —  Deux  splen- 
dides  basiliques  s'élevèrent  plus  tard  sur  leurs  tom- 
beaux :  Saint-Paul,  hors  le»  murs,  et  Sainl-Pierre. 
au  Vatican.  ...  .. 

Saint  Jean  Chrysostôme  entre  dans  des  transport» 
d'enthousiasme  toutes  les  fois  qu'il  parle  du  graiid 
Apôtre.  Uuel  grand  homme  en  effet  a  plu»  honoré 
l'humanité,  quel  personnage  vanté  par  les  historiens 
et    les    poètes   profanes    atteint   même   de   loin  la 
grandeur   morale  de   saint   Paul!   Quelle   àme  fut 
plu»   noble,   plus   généreuse,  plus  énereique  et  en 
même  temps  plus  douce,  plu»  compali-sante.  plus 
humble,  plus  aimante.  Um  a  tant  souffert  pour  le 
salut  des   âmes  et  la   gloire  de   Dieu  :  longtemps 
avant  sa  mort,  il  pouvait  déjà  écrire  aux   Corin- 
thiens :  ..  A  cinq  fois  différentes,  j'ai  reçu  de»  Juifs 
trente-neuf  coups  de  fouets,  trois  fois  j  ai  été  battu 
de  verges,   lapidé  une  fois,  jai  fait  naufrage  trois 
fois,  j'ai  été  un  jour  et  une  nuit  au  fond  do  la  mer. 
Ft  que  de  dangers  dans  me»  voyages,  péril»  sur  les 
neuve»,   péril»  des   voleur»,    péril»  de  la   part  de» 
Juif»,  péril»  de  la  part  des  païens,  péril»  dan»  le» 
ville»,   péril»   dans  le»  déserts,  pénis  sur  la  mer, 
périls  de  la  part  des  faux  frères;  que  de  travaux  et 
de  fatigues;  des  veille»  fiéqueule»,  la  faim,  la  »oif, 
les  jeûnes  réiterts,  le  froid  et  la  nudité.  Ajoutez  ^ 
ces  fatigue»  extérieures  le  souci  moral  de  toute»  let 

Egli»e».  »  .     .         ,      .     j 

Vraiment,  il  avait  bien  le  droit  de  dire  plu»  tard  . 

.,  J'ai  combattu  le  bon  coni'    '     ' ..-"i-.    ma 

cour»c,  j'ai  gardé  la  foi.  J'ai'  ""' 

de  justice  qur  •       ' --^  '  '   "•'" 

»eul.  mai»  a  i  ''  ," 

Cette  dme  u , ..    ,-  '''  >* 

terre  ■■  J>'sui  \  il  en  moi  »,  »U  mainleuanl  «n  Jé»4U 
dans  U  ciel  &  jamais. 


liLi.   gérant    J»»nv«i»T,  »,  rue  Krançoii  I".  Paru 


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