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SAINT ANN'S _ '
COLLKGE / ^^^
(*) I. thc undersigned Prefeîff^îfïfdîés
^ inthe Kn-lish Course of Saint .\nn\
C ollciie. cIo ccrtifv thaï
l^'a student in thc 3"^ ^^
ciass ofthis course, meritsthis ^^\.
prizi' in iMl iKnlr of
and that il has bt-cn urantcd hiin at thc
soicnin dJMriUition of Kcwards made
on the
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day
VEC
"^■Qoe-A^^"
SAINT FUIGEKCE, ÉVÊQUE DE RUSP
DE L'ORDRE DES ERMITES DE SAINa^-ATOUSTIN
Fête le i" et le 1 9 janviek
LIBRARY
Saint Fulgenco, revenant de l'exil, est reçu triomphalement à Carthage.
•ON OBICl:(g — gA PliT« FILIALE
Saint Ful^ence était de la première noblesse
de Carihage. Le sénateur Gordien, son aïeul,
chasse avec les autres par Genséric, roi 4e^ Van-
dale», passa en Italie et y mourut. Deux de ses
flis reviurent en Afrique dans l'espérance de
recouTrer leur patrimoine. Mais ils ne purent
demeurer à Carthage, où leur maison avait élé
abandonnée aux praires ariens, et ils allèrent
s'établir i TélepU, dans la Bytacène. L'un d'eux,
nommé Claude, épousa Marianne, femme trèf
sape et très vertueuse, dont, en 468, il eut ce fils
ou'il nomma Fulgence, et qui devait ^Ire une
des gloires de l'Afrique en m^me temps qu'une
des plus •'datantes lumière» de l'Eglise.
Marianne, sa mère, devint veuve de bonne heure,
et, dès lor», elle consacra sa vie à l'éducation
chrétienne de son enfant. Elle-mJ^me se chargea
de lui former le cœur, et pour la culture de son
esprit, elle le confia & des maîtres habiles, qui
lui enseignèrent le grec, le latin et |p« ditTérentes
'J'ù
parties Je la liU>V,i!iire. I.a rapiJil>' ilp ses pro-
grè» fui -'' Miin-'" - il T-T'"' -iirtout une connais-
s ;up, qui lui devint
fiv -Sjteriielle.
/ Ui Aoe à ces heureuses tlispoSilions de son
eipt'lt ft «artiut aux senliraenls d'affeclion
filiale 'S son cœur, Fulgence com-
bieni,.» . Ipfà Jeronder sa mère dans
la coni%n/;, Je ij 4ituillCJ» dans l'adininistration
de» affaires domestiqU'^s. Devenu grand, il fut
y n iveur (général des impôts à Hyzacène;
^j! .-fut-il révéla Je cette liaule fonction
qu u 5.- uvts>ûla du monde et des honneurs ter-
restre». ^_,^'
SA TOCATIOW
I.Vsprit du Saint se tourna bieutAt vers les
rli — s «jiirituelles. Justement alarme des dan-
CT'» qu'il courait au milieu du monde, Fulfjence
forliliait son âme par de pieuses lectures, par
une prière continuelle, par des jpùni-s ritioureux
et par la visite fréquente des monastères. Un jour,
il lut l'exposition de saint Augustin sur le
p«aume xxïvi, et cette lecture acheva de briser
les liens qui rattachaient au siècle, et lui inspira
le drsir d embrasser la vie monastique.
LU <5\'^]ue eiib' pour la foi, nommé Fauste,
trait fiiriJ'- un mona-^lère dans les enviions.
Fui.' •Il -e alla lui ouvrir son cœur; mais le saint
ëvèquc, voyant en lui un jeune homme riche,
noble et l'icvfÇ dans le faste et la délicatesse,
voulut d'abord mettre k l'épreuve sa r>'solu-
lion. <• Allei, lui dit-il, allei premièrement ap-
prendre à mener dans le monde une vie déta-
chée des plaisirs. Est-il croyable qu'ayant été
élevé dans la mollesse et dans les délices, vous
puissiez icul à coup rompre avec vos habitudes
et embrasser notre ynre de vie, vous revêtir de
nos habits firossiers et participer à nos veilles et
i nos jeûnes? » Fulgence, les yeux baissés,
répliqua inoJestement : a Celui qui m'a inspiré
la volonté de le servir peut bi>'ii aussi medooner
le courage ni'cessaire pour tii^mpher de ma fai-
blesse. » Fauste, vaincu par d<> tels sentiments
d<- cnnliaiice en Dieu, consentit A le recevoir.
Slai> .Marianne, sa mère, mnk'ré sa foi et sa
i -lé, fut fort troublée de la retraite de «on (Ils.
Ile vint au monastère, pleurant et se lamentant
comm*- si la mort eût été sur le point de lui ravir
ton enfant. Dans l'ardeur de son angoisse, elle
•"Ha même jusqu'à injurier r<'v(^<iue l'ausle et le
somiiiT lie lui rendre son liU Fulgence, qui
aiiini' '• Il Ircment «a mère, fut sensiblement
l( - mais il demeura ferme, il
rr: . .r et de lui pailer. L'ascen-
dant qu 1 ainnur JiMU avait pr i «r
le rendit supérieur aux mouvei ire
.1 lO-
I;aii''ii, <'' *-.iiitk r«' >|u<' 1 au~^' ii'~ 4ib ^>iu'< ■lu Lillfi
difÛcult' pour radmelLrc daiM ^a coiuuiunauU.
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vT — «r.^ vthTi,'< inîi.ii.iiriis
ne fiit-il •■iili' .m noviciat
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i« otne s oc-
lu • lel. I.e«
■Il
. ne
il t'io-
i.< et ilo
«.
On pensait que la violence du mal l'obligerait Je
relAcher quelque chose de sa sévérité contre lui-
inèine, mais il persista malizré tout dans sa pre-
mière ferveur, disant à ceux qui s'en plaignaient:
" Mes infirmités ne viennent pasde mes austérités,
mais de la volonté de Dieu ipii ra'afllige pour me
consoler et me mortifie pour me vivifier. D'ail-
leurs, ajoutait-il, la vie voluptueuse n'est-elle pas
plu'i sujette aux maladies que la vie I* plus péni-
tente'/ >■ Aussi notre Saint ne diminua en rien
la rigueur de ses pénitences.
LA PBRSIÎCUTIOI»
La persécution se ralluma plus violente que
jamais sous le roi Gondamond. L'évéque Fauste
fut contraint, à i lusieurs reprises, de fuir J iiii la
solitude; saint Fulgence lui-même dut se retirer
dans un monastère voisin, dont l'abbé, nommé
Félix, était son ami depuis de longues années.
Celui-ci voulut céder à F^jlgence le gouvernement
du monastère et, malgré ses résistances, le Saint
se vit obligé d'accepter la charge qu'on lui impo-
sait Toutefois, il ne se considi'rait que cmme le
coadjuteur de son ami, et tandis que Félix avait
soin du temporel, lui-même veillait avec sollici-
tude sur le spirituel.
«Que ceux-là se pouvaient dire heureux, s'écrie
un vieux chroniqueur (1), qui avaient Ful?eii e
pour maître, et que ce monastère devait Ib uiir
duquel Félix e'<taitle dispensateur. » Puis, lai-ant
allusion aux noms des deux amis, il nj>Mii<.' :
a Le bonh^Mir et la clarté se meslaiont dans leur
entretien et dans leur vie, nu-isi bien que parmi
leurs noms; l'un apprenait l'Escriture, 1 autre
s'occupait aux aff,iir''s de la maison c'e-tu\ •
ci travaillait pour iiourr.r l'&me, celui-l.i l< <'<'r|>'-,
et tous deux n'agissaient que pour uiiero"»nie lin.
Fulgence n'entreprenait rien sans Filix, ni
Félix au desceu là l'insujde Fulgence: tous deux
étaient maîtres, tous deux disciples et sembinieiil
vivre avec une seule Ame en deux corps. ■>
Sur ces entrefaites, la province fut envahie par
les barbares, et les religieux, nour évitir I'Mu
fureur et se mettre à couvert de l'orage, se v;;riii
contraints de fuir dan* le» solitudes de l'A fi que
du Nord. Ils arrivèrent ainsi en un linu noininé
Sicca-Véni'ria, où la fertilité du sol et lâchante
des habitants les invitèrent à fixer Inur co irse
fugitive. M.'iis où la vertu ne trouve lejl.' i < 'n
ennemis'? lin prêtre de la secte arier
liait dans b- vi.isinat'e la naroisse de i. i
Il était riche, barbare de nation, cruel et Ir-'s
anim)* contre les ratholii|ues. Il prit saint Ful-
gence pour lin évê.[ue dt'fiiisé en moine, il
gnit qu'il II'- i.iin'iiU bienlAt à la vraie f >
les hi'r'-tiques des environs, et, en effet, I'
travaillait de tontes ses foret à le» rnnveii
l'aille de ton compa;:noD. I.e i' . :.i
arrêter les deux apdttes, et on I • n ' i
présence.
Après les avoir accablés à» mauvais trai-
tements et déchiré leurs rorpt i '
bc'itoiis et de fuuets, il b-ur lit ras<M
d<'risioii •■' "■' ■ '-■••- »*|- -•■ \
hors de
de tout, ni. ...>... ...:
confesser la foi de Jésut-Cbrtit
■ ^ ► — m^ >
Le bru uial<'squ'on n
deux sartitears de Dien parvint à C : s
(1) U P. Salal-IUrti* (IftU).
ariens eux-m^mes en furent indicri'îs, et leur
ëTêque, qui honorait et estimait Kulçeiice, était
prêt àchâtierson subalterne. Mais saint Fulpence
ne voulut jamais lui porter ses plaintes, ni
réclamer le châtiment du coupable hérétique, et
il dit à ceux qui l'y excitaient : « 11 ntst pas
permis à un chri5tien de chercher vengeance eu
ce monde. Dieu sait comment il doit défendre
ses serviteurs, et plusieurs seraient scandalisés
de voir un catholique et un moine demander
jo-stice à un évoque arien.»
Les deux amis, pour se soustraire désormais
à la fureur des hérétiques, se retirèrent à Ididi,
sur les frontières de la Mauritanie. Ils y conti-
nuèrent leur ministère apostolique, et bieutât
une nouvelle commouauté s'y réunit sous leur
direction.
A la même époque, un antre coin de la terre
africaine, l'Egypte, attirait tous les regards : on
y avait vu des "hommes, épris de solitude et avides
de prière, y disputer aux bètes du désert les
anfracluosités des rochers et les cavernes des
montagnes. Le parfum de leur sainteté, qu'ils
avaient voulu ensevelir dans ces retraites silen-
cieuses, s'était répandu malgré eux à travers le
monde. Leurs maximes, recueillies par Cassien,
faisaient les délices des âmes reli::ieuses. Saint
Fiil^eoce les méditait arec entliousiasme et sou-
tiiilaitvivreen la compagniedecessaints.il résolut
d'aller les rejoindre. Il voyait dans ce projet un
.louble profil pour son âme : la possibilité de
fuir les dignités humaines et de se livrer à une
abstinence plus rigoureuse. 11 partit donc pour
('arthage avec un seul religieux, nommé Rédemp-
tns, et s'embarqua dans celle ville sur un vaisseau
qui se rendait à Alexandrie. Le navire aborda en
Sicile.
A SjTacuse, les voyageurs reçurent l'hospi-
talité de l'évoque Eulalins, qui passait avec les
moines tout le temps qu'il pouvait dérober aux
fonctions de l'épiscopat. Le prélat n'eut pas de
peine à découvrir le mérite de l'hôte que la Pro-
vidence lui envoyait : « Vous avez raison de cher-
cher la perfection, leur dit-il, mais il est impos-
sible de plaire & Dieu sans la foi : le pays où
vous allez est séparé de la communion de saint
Pierre, et tons ce? moines dont on admire l'ab-
stinence ne communiqueront point avec vous.
nptoumei,mon fll», de peur de mettre votr« foi
en danger. Moi-mAme, dans ma jeunesse, avant
qu*" 'l'f'-tre évoque, j'ai eu le m'orne dessein :
iii-'i- ^pU-^ rai«ou m'en a détourné. »
I 11 sniiTil évAijne africain, nommé Rufinien, qui
s'élTit aa«si relire en Sicile devant la perséculion,
ilorimàFuI"Pncelem^me conseil qu'Eulalius; et,
d>-vaiit ces avis, le Saint renonça à son voyage
d'Ki'vple et se délormina h rejoindre ses premiers
rnm'nc'.on», après avoir visité la ville de Rome
et T''ii''r' les tombeaux d'-s saints apôtres.
C'était vers l'an 500. Le roi des O^trogoths,
Théodoric, qui s'était emparé de l'Italie, venait
d'entrer pour la première fois dans Rome.
Fulg'nce fut témoin des magnifîrenrts de sa
r.->ijr. Comm<' il passait un jour par la place
i.'ïrnm'e Patina cpirt'i, il aperçut le prince sur un
itôri'- superbemfnl paré ;Théodoric était entoaré
du Sénat et du rorlège leplus brillant.
I' Alil s'é I :'■. iice ala vued" ■-" ■■-"'"'ncle,
coniliini ; ■ *tre la Jéru st?,
j.iiît.iii» I. .1 .!. 1 ■ lioiii- .. • ! Bt
tant d'honneur i
' , ! )ioi>!ieur et <{uclle
g .i ' :<'S saint* qui
di . .
RSTOCR KV AFBIQUB — FULGEI^CE DSVIgNT ^VÉQri DB
ROSPS SES VERTUS ÉP1SC0PALES
Le lendemain, Fulgence s'embarquait pourl'.^-
frique, où son retour iuespéré causa laplusdouie
joie à ses relittieux qui se croyaient orphelins.
Pourtaut l'amour de l'humilité le détermina à
quitter le gouvernement des âmes, et il se retira
dans un petit monastère situé sur le rivage de la
Méditerranée : là il partageait son temps entre
la lecture, la prière et l'exercice de la mortili-
cation; il s'occupait encore à faire des nattes et
des parasols de feuilles de palmier. Il y vivait,
dit le vieux chroniqueur déjà cité, u aussi reclus
qu'une perle dedans sanaque ».
Mais il ne goûta pas longtemps les douceuis
de la solitude. On le découvrit, et lévi'^que FausLe,
qui était son supérieur, l'obligea de quitter sa
retraite pour venir reprendre la direction de son
monastère, et, dans l'espoir de l'attacher plus
forleraentàson diocèse, il lui conféra le sacerdoce.
Or. c'était le temps où l'arien Thrasirannd
empêchait d'ordonner des évêquescalholiques. Les
fidèles, résolusde pourvoir aux besoins des églises
vacantes, n'eurent point égard à l'édit du prince.
Ilschoisirentdenombreux pasteurs parmilcsquels
saintFuleence futchoisi pour l'évèché de Ruspe. un
des principaux de l'Afrique chrétienne. Ce ne
fut pas sans peine qu'on le décida à quitter sa
cellule pour assumer sur ses épaules le fardeau
de l'épiscopat.
Le nouveau pontife avait quarante ans. li con-
serva dans l'épiscopat les pratiques de la vie
monastique, la même simplicité dans le vêtement,
les mêmes austérités dans la pénitence. Il ne
mangeait point de viande, mais se nourrissait <!e
légumes, de racines et d'œufs, sans admettre le
moindre assaisonnement, si ce n'est un peu
d'huile quand la vieillesse l'exigea. Son alfrc-
tion pour les religieux le porta à faire bâtir un
monastère auprès de sa cathédrale, sur un *"iii-
placement qui lui fut concédé par Postbuuii>-n,
un des plus riches et des plas pieux chrétiens
de la ville.
SON KKIL — IL CONrortD SON FBRsicUTBDK
L'impie Thrasimond venait de porter on décret
d'exil contre tous les évêques catholiques de la
province d'Afrique. Plus de soixante prélats furent
arrachés de leurs éelises nar la barbarie de ce
prince et déportés dan» l'ile de Sardaigne. Saint
Fulgence était au premier rang des confesseurs
de la foi. Il prit avec lai les reliques de saiiit
Augustin et s'embarqua sans autres riehe.'-'-es
que la miséricorde de Dieu.
Durant le voyage et sur la terre d'exil, l'évêque
de Ruspe fut la consolation et le soutien de «es
frères dans l'épiscopat. Il était le moins ancien
par l'ordination, et cependant ton^ le coasidé-
raient comme leur chef et d'féi aient à ^es
moindres avis. C'est qu'en eiTct il portait au front
l'auréole de la sainteté, el la renommée de ses
vertus était universelle. « l'est parti-'' — ni
à vous, écrivait le pap" saint Sy: . m
confesseur» de la foi.
de Nolre-S"igneur ;
peau, car il a plu à -
»on royaume Le <■
soldais >lii l'.lii isi cl 11 . .
qac i\: [Il qui lii
Ne 1" ! ■ I"Oir a-.
p,r it» de m;
Si I sur un i
'resseiii
.K'
rien, petit trou-
les
ile
considërei ce saint prêtre qui est parmi vous,
cette hostie viTante, digne d'autant daurëoles
du martrre qu'il soutient de combats : il se ré-
jouit moins a'acquérir des dignités que de pos-
séder les cœurs >
Fulgence ne pouvait se passer de vie religieuse.
N'ayant pu asseï de moines arec lai pour former
une communauté, il leur adjoignit les ecclésias-
tiquei Gui partagaient son bannissement, et tous
ensemble ils pratiquaient la rie commune à
l'exemple des apAtres et selon l'esprit de saint
Augustin.
Cependant le roi Thrasimond se félicitait de la
mesure arbitraire qu'il avait prise contre les
évêques: il espérait que le» fidèles, privés de
leurs pasteurs, seraient bientôt k la merci des
ariens. Pour ruiner leur foi, il lanra dans le
public des objections contre la vraie doctrine de
l'Eglise et mit les catholique* au défi de les
rilfuter. Kn face de ce danger, tous les regards
se tournèrent vers saint Fulgence, le Docteur de
l'Eglise d'Afrique.
On 1» désigna au roi comme un adversaire
digne de lui. et le prince, se flattant d'une vic-
toire plus éclatante parce qu'elle serait remportée
sur un ennemi plus redoutable, fit venir le Saint
k Carthafe. L'évoque de Ruspe n'eut pas de
peine k réduire k néant les arguments de Thrasi-
mond: il composa sur ce sujet un livre que l'on
croit être l'ouvrage intitulé : Riponse aux dix
ohjtetions. Le roi lui-mf me ne put s'empêcher
d ^idmirer la force et la solidité de ses raisonne-
monts, et lei catholiques se réjouirent de leur
victoire.
Mais le prince n'était pas converti. Il revint k
la charge et envoya au saint Docteur d'autres
objections. Et, pour s'épargner la honte d'une
nouvelle défaite, il avait donné l'ordre au porteur
de lei lire seulement à Fulgence sans lui don-
ner le temps ni le moyen d'en prendre copie.
I.e rasé monarque en fut pour son expédient.
I.'évêque, aidé des lumières de l'Ksprit-Saiot,
répondit sans retard par son magnifique ouvrage
sur l'Incarnation, que nous avons encore sous
le titre de : Trois livres au roi Thrasimond. C'est
une réfutation ample et modeste de l'arianisme.
Si elle ne convertit point le prince arien, la toi
étant ane gr&ce qui vient du ciel, elle lui ferma
la bouche, et il n'osa plus se mesurer sur le
terrain de la doctrine avec un tel adversaire.
NOCVtL IXIL » SAUDIISKI
Thrasimond eût désiré retenir le Saint i Car-
thage. Mais les ariens vinrent lui dire : « ('rince,
cet nomme rend votre lèle inutile, il a déjà per-
verti quelques-uns de nos évéques, et li vou»
u't mettez ordre prompterocnt, notre religion
(.•'rira. » Le faible monarque céda devant ces
remoiiliMicos, et un nouveau décret d'exil ren-
voya rn Sardaigne (!j20). Pour empêcher
les iij ons du peuple, Thrasimond fit em-
barquer le ^uiit au milieu de la nuit. Mail une
tompéte l'éleii qui retint plusieurs jours le
vaisseau dans le i ort, et presque toute la ville
l'Ut venir contempler le saint exiM et romma-
iiier de ta main. KuL'<-nre voyant un religieux
appelé Juliat, très .iflli.'^ de son départ, lui dit
■nt : . I ' >.iu», car cette
' sera ps i» durée, et la
I. ri ui- inrj^imona reijui I l'ii-utAt la paix k
I ^ tlise. •
S^nt Fulgence avait reçu de Dieu le don des
minutes, mais son humilité s'en effrayait, et,
quand ou recommandait à ses prières des ma-
lades ou d'autres affligés, il avait coutume de
dire : « Vous saver. Seigneur, ce qui convient au
salut de nos âmes; que votre volonté soit première-
ment accomplie! Les miracles, ajoutait-il, ne
donnent pas la justice, mais la renommée, qui,
sans la justice, ne sert qu'à notre condamnation. »
Son retour en Sardaigne causa une grande
joie A ceux qu'il avait laissés dans cette tie. Il
avait amené avec lui quelques religieux. Avec la
fiermission de Primasius, évéque de Cagliari, il
es établit dans un site pittoresque hors des
murs de cette ville, près d'une éfjlise dédiée k
saint Saturnin, et cette communauté devint bien-
tAt très florissante.
Pendant ce second exil, saint Fulgence écrivit
plusieurs lettres pleines de doctrine. Des moines
de Scythie le consultèrent sur divers points de
dogme, et, pour leur répondre, le Saint publia un
ouvrage remarquable sur la grâce et l'Incarnation.
Il terminait k peine ce travail quand arriva la
fin delà persécution. Le roi Thrasimond était mort
le S7 mai 523, après un règne de près de vingt-
huit ans. Son successeur, Hildéric, se hâta de
rendre aux catholiques leurs églises etde rappe-
ler leurs évSques de l'exil.
arroua TaioMPHÀL — DtaNikats knnita — hoit
Fulgence quitta donc nie de Sardaigne. Quand
le saint évêaue aborda sur le rivage de Carthage,
il fut accueilli par les acclamations et les cris de
joie de tout un peuple qui se pressait pour le
voir, baiser ses vêtements et recevoir de lui une
parole de miséricorde et de bénédiction. On le
conduisit en triom|ihe i l'église Saint-Agilée.
L'afflufnce était si grande qu'on dut faire la haie
pour l'empêcher d'être étouffé. Malgré la plaie
qui tombait avec violence, tous voulurent l'ac-
compagner : quclqut's personnes de qualité se
dépouillèrent de leurs riches manteaux et en
firent une sorte de pavillon pour le couvrir.
Saint Fulgence consacra ses dernières années
k l'instruction de son troupeau et k la composi-
tion de plusieurs ouvrages contre tes hérétiques
et spécialement les Péla(;i>'ns.
Un an avant sa mort, il i|iiilta de nouveau «od
monastère et son diocèse pour aller vivre sur un
rocher de l'Ile de Circina; dans cette solitude, il
•e prépara, par un redoublement d'austérité et
de prière, k sa dernière heure qu'il sentait ap-
procher. Cependant, son peuple ne cessait de
rérlaraer sa présence. C-'dant k ses sollicitations,
Fulgence revint k Huspe, où il tomba malade.
' Seigneur, s'écriaitil sur son lit de douleur,
donnei-moi maintenant dans ce monde la pa-
tience et le pardon dans l'autre. •• Sa maladie
dura deux mois. Dieu lui en révéla le terme.
Alors le saint fit rassembler autour de loi ses
^•'ll^'l<■ux, leur demanda pardon de sa sévérité,
distiibua ses biens aux pauvres et aux monas-
tères et donna A tous une suprême bénédiction.
Il expira le I" janvier 533,4 l'Age de soixante-
quinze ans, après vingt-cinq années d'épiscopat.
L'Ordre de Saint-Augustin célèbre m fét« le
19 janvier sons le rite double-majeur.
tOUaCU CONSDLTiU
Sc«it-t et RoLLAHoi-s, au !•' janvier.
P. SiixT-MàRTiN, de l'Ordre des Ermilei de
Saint-Aui'ii«tia. — llisloirr de la vit du glorieux
saint Au'ju%t\n •( dt plusieurs SS., UB. et mstrts
hommes xllustrts de son Ordrt d«s llermitts. Tou-
louie, 1641.
II, f
V. r>;iiBuiiiT, 8, tu» Krtnf'Jit l", Parli.
SAINT MACAIRE D'EGYPTE
FiHe le 2 janvier.
oaint Macaire et le voleur.
INNOCENCE DE SAINT MACAIRE
Saint Mai-aire naquit dan« la Hante-Egypte, au
commencement du iv« siècle. Le trait suivant
nous prouve qu'il passa son enfance dans une
grande purfté de cœur.
Menant paître des bœuf» avec d'autres enfants
de son âee, ceux-ci volèrent des ligues, et il en
mant'ea une qu'ils avaient lai'»!»'; tomber en
fuyant. Il pleurait depuis avec une vive com-
j" n ii'.n toutes les fois que cette pensée se
• l'i- -'-nLail à sa mémoire, re qui nous montre
li'ii I innfircn'e (h: *on Airn.', 't i|u'il n'av.iit )ioinl
lie faute plus considérable à se reprocher. Quand
Macaire lut un peu plus 1-'', il abandonna tout
à fait le monde, pour '^ ■ !■ i'>ber à sa contagion,
et servir Jésus-Christ r ■ c plus de sûreté. Il
voulut imiter le- ci-rnmencements de saint
Antoine, dont l'éminonte vertu faisait l'admira-
tion de toute l'Kc^ pte, et se relira dans une cel-
lul*', auprès d'un village, pour s'y exercer dans
la pratique de la vie ascétique. Sa ferveur
ardente le fil avancer en peu de temps dans ' i
perfection monastique, on le considéra dè«- 1
non pas seulement comme un jeune homin .i
ilonnait de L'randi's p'pi'ianrrs pdur l'/i ■ inr,
204
mais comme un reli:.'ieux très ox|itrimenté, et
dont les essais ilan? le coml>at spirituel étaient
presque les efforts dus solitaires parfaits.
liKTAr.ll£Ut.NT ADMIRAIILE DE SAINT UACAIRK
Deux faits que nous allons rapporter pourront
nous perniettre de juyer quel l'tail son détache-
ment, et (•oiiiliien sa vertu rtait ayri-able à l>ieu,
pui-.jn'il l'hunora dés lors d>' ses faveurs les plus
~.:.ri Ues. Urntrant un jour dans sa cellule, notre
■^111.' troin't iifi 1 . iiiini' .nii .11 ■ ii!i*\ (it f..i(S 1^5
..i. ■ ■- . : loin
.: . M I- m - •• se
pi — iit.i . lula
III. Mil- .1 >l '", il
voulut pailir, "r;
c'est nlor>; 'jn' - sa
. • Uni- . '' !<'Ur
!, ,1 ..u; I lit :
•■ \ uila. Il ii'H-
dail: » pu. 'lui
1 ' ' ■
1 1 1 1 1 n 1 '. ' . ! I . ; .
et non- ii mo
r.-iviit ,!. .. .,int
11 .111 -. :i . IIP innr-
.1 .•! .1 '"mI
Un de se ijères, du nom d'Evacre, nous raconte
que, se trouvant en sa compatjnie, à l'heure de
midi, il se sentit hrùlé de la soif, et lui JiMnanda
la permission de hoire de l'eau.
'• Contentez-vous, mon (ils, lui répondil-il,
d'être à l'ombre, car à l'heure où nous sommes,
il Y a beaucoup de personnes qui voyagent, pri-
vi'es de ce soulaj;ement. »
Ils s'entretinrent alors de la mortilicalion, çt
le Saint, pour encourager son disciple, lui rap-
porta qu'il avait passé vin:;! ans sans manf;or, ui
noire, ni dormir autant qu'il aurait voulu.
Notre Saint chi-rissait tellement In ("'-nitence
■ [ue deux solitaires, venus pour le \isiler, ne
irouv.Tent dans sa cellule <iue de l'e.iu imanle.
Ils .'Il furent si touchés, qu'ils s'offrirent à le
mener à un villace pourivlahlir ses forces usées.
.< Je vous remercie, leur dit-il, de vos offres obli-
i:eanles, je vais pourvoir à mes besoins. »
-\ llOI»TITir..VTION
I. saint
Vitrie,
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Apr's qninre journées de mnrrhe, »nint
ivasur la montaL'ne où
llictl r-liii-'-i. l'-riti
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lllipo.-.lllt |. \
rép'Ti.Iff i
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que Difu lui donna 1 r~pril Je prupUitu., I.i
grAce di' uucrir les noilade", et le pouvoir de
commander aux démons.
S\ 1 oM.I ITK C?<vmS se* «lUCItl X
Il recommandait le filenc« ao'x
i-r.tr:"-" ■; ''- • '- ■■' i
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l'r ■ , il
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•r'.' lui lirinaod-i
l'ii' \ a-t-il qurlqnv lieu plu*
re. rf*
i^tDS !Mi villule, liilllal U IHIlV, <l
Pour les prémanir •ontre lo* entiais de la soli-
tude, et les porter à Taiiuer tnus les jours
davantîice, il leur citait un exemple qui tendait
à leur mpntrer que le démon la rudoutait extrê-
mement.
Une mère, disait-il, amena à ma cellule son
enfant, possédé du démon. Quand cet enfant fut
arrivé, il ne voulut pas rester, h Levez-vous, dit-
il ù sa mère, et partons d"ii'i.
— Mais je ne puis pas marcher, lui dit-elle.
— lih bien, je vous porterai moi-mt'me. »
C'est alors, ajouta le Saint, que j"adrairai
l'adresse malii-ieuse du démon, cherchant à chas-
ser l'enfaut d'un lieu qu'il abhorrait souveraine-
mon'
COJtTERSION d'cM PRèTRK IDOLATRE
Quand les solitaires allaient deux ou trois
ensemble, ils avaient coutume de s'écarter un peu
les uns des autres, pour s'empt^cher de discourir
vainement, ou pour mieux conserver la présence
de Dieu. L'n jour qu'il se rendait du désert de
.Scélé à la montagne de Nitrie, son disciple qui
l'accompasiiait le devança d'un a^sez Ions espace
de chemin, et rencontra un prêtre idolâtre. Son
ïéle, peu discret, le porta à lui crier : « Où cours-
tu ainsi, démon?» Le païen, irrité de cette apos-
trophe, se jeta sur le solitaire et le battit si
rudement qu'il le laissa à demi-mort. Bieut('jt
après, il rencontra saint Macaire, qui lui dit avec
douceur : << Bonjour, bonjour, je vois que vous
prenei beaucoup de peine, et que vous devez être
tien faliyué. .> L'idolâtre, étonné de sa saluta-
tion, lui dit :
'< Qu'avez-Tous trouvé de bon en moi pour me
saluer ainsi?
— Je l'ai fait, répondit le Saint, parce que j'ai
vu que TOUS vous épuisiez de falipue, sans
prendre ;iarde que cela ne vous servait de rien.
— Je comprends maintenant que vous ''tes un
homme de Mieu, ajouta lidolAlre : quant à ce
méch.Tut solitaire que je viens de rencontrer, il
est loin d'i'ire aussi vertueux que vous. Il s'est
avisé de me lancer une injure, mais ce bAton lui
a fait payer cHérem<^nt son insolence, i. Kn ce
moment, le co-ur de l'idolâtre fut vivement touché
de la l'ràce, il se jeta aux pieds du Saint qu'il
embrassa en di>anl : « Je ne vous quitterai |)as
que vous ne in'aye;, fait moine. » Ils allèrent alors
au lieu où gisait le disciple tout meurtri de coups
et le portèrent à l'étlisc delà mr.ntacne de Nitrie
parce qu'il lui était imiiossiblo de marcher.
Le [>rèire idolâtre y [irit bienti'd l'habit monas-
tique, et, à son exemple, plusieurs païens embras-
sèrent la foi chrétienne.
SA SIMPLICITK
Ml .ire agissait envers les Frères avec tant de
I .iiid' i;r et de ?im|>licilé que quelques personnes
lui en firent des reproches dans une rencontre;
mai» il leur répondit : « J'ai demandé in<-tamment
■ • "■ "ce a Iljeu peiidatit rlouze ans; pourquoi
/-voiii m'v faire renoncer? ■
ur, il obligea un jeune solitaire appelé
/ ■ de lui dire le devoir d'un moine. Zacha-
>' <\né. s'écria : " Hélas! mon père vous me
'il I' 7 cela .i moi?
■ I. mon (Ils, répondit-il, Dieu veut que je
i ij ; [ Il ne de vnus. •>
^1 '■ "•■ «olilaire lui dit ; i. Il parait.
Iiii-là est véritablement moine
,1 'en tout.
SON" rouvoiR snti les DKao.vs
Se trouvant un soir sur le chemin qui condui-
sait du lieu de sa retraite à la solitude fu
demeuraient les autres Frères, Macaire vit le
démon sous la figure d'un homme, couvert d'un
habit de lin, mais percé de trous, et dans chaque
trou il aperçut une liole. <. (m'i vas-ln? lui demanda
le Saint. — Réveiller les Frères, répondit le fati-
l<ime, et je leur porte ces potions dilférentes,
alin que si quelqu'un ne veut pa* de l'une, je
puisse lui en présenter une autre qui lui plaise, i
Quand l'esprit malin fut de retour, Miicaire le
força à lui dire s'il avait séduit qneiqu.- solitaire.
t< Tous vos moines sont intraitables, rèpondit-
il, ils ne me témoignent que du mépris, il n'y en
a pas un qui veuille m'écouter.
— Quoi ! dit le Saint, tu n''as donc pas un seul
ami parmi mes Frères?
— Il y en a pourtant un, ajouta le démon, qui
me croit, c'est Théopempte; quand il me voit, il
tourne comme le vent. »
Saint .Macaire se rendit aussitôt chez les soli-
taires, demanda Théopempte et alla loser dans
sa cellule. Il en fut reçu avec de jn-andes démons-
trations de respect et de joie, comme étant le
Père commun des solitaires, et quand ils furent
seuls, le Saint lui dit : « Eh bien, inon Frère,
comment ètes-vons?
— Fort bien, mou Père, cràce à vos prières,
dit Théopempte.
— .Mais vos pensées, ajouta le Saint, ne vous
font-elles pas de peine? »
Théopempte, n'osant avouer la vérité, dit que
non.
X Pour moi, répliqua Macaire. qui ai déjà passé
tant d'années dans cette vie austère. |c ne vous
dissimulerai pas que je suis tourmenté par mes
pensées. »
Encouragé par l'humble aveu du Saint, le reli-
gieux dit :
" Hélas! mon Père, il faut que je vous confesse
que j'en ai aussi qui me causent bien de la
peine. «
Quand enlin Théopem[>te eut manifesté l'état
de son âme, Macaire l'instruisit de ce qu'il devait
faire et retourna dans sa solitude.
A quelque temps de là, il vit de nouveau le
démon, et lui demanda s'il comptait beaucoup
d'amis parmi les Frères.
<' Ils sont, répondit le malin esprit, tous plus
durs et plus intraitables, mais ce qui est pis.
c'est que celui qui m'obéissait auparavant est ;i
présent tout cban.'è. Je ne sais pourquoi, m.ni^
loin de m'écouter, il me déteste aujourd'hui plus
que les autres. »
AUTRE PREUVE DE SON POUVOIR SUR LES D^MO?»
L'intrépidité de saint Macaire contre les esprits
malins était admirable. File prouve la ttrandeur
de sa foi et de sa contiance en Jésus-Christ, qui
a triomjibé de l'enfer et a lié par sa Passion le
prince îles ténèbres. Il vint une fois à Tèn'niit,
et se trouvant surpris par la nuit, il entra dans
un sépulcre où reposaif nt [dusieurs cadavres de
païens. Le Saint en prit un pour lui servir de
chevet pendant son sommeil, mais les iléinon».
nir|ués de son aiiil.ice, voulurent lui faire peur.
I.'un d'eux fei:-nit d'appeler le mort qui servait
doreiller .'i Macaire, et un autre répondit d.
faion à faire croire que le c.idavrc parlait Im-
méine. C'est .ilors que Ma'.ure. bien loin 'le
■i'efTrayer, donna de t'ran U r.iui's île point' •\ ' e
corps en lui disant : « Lève-toi, si tu peux. >> Les
démons s'enfuirent aussitôt pleins de confusion
et en jetant ce cri : « Tu as vaincu. »
HUMILITÉ OB SAINT MaCAIHE
Ce grand Saint qui brillait au milieu des soli-
taires par ses dons surnaturels et son t'minentc
vertu, t'tait loin de rechercher les louanges des
hommes. Il avait une idée si basse de lui-mi^me
3u'il se dérobait autant qu'il le pouvait aux rcfjards
e ses frores. C'est quand la compassion et la
charité l'exigeaient ou que la i:loire de Dieu y
était intéressée qu'il employait le don des
miracles. Il se regardait d'ailleurs comme le plus
prand pécheur et vivait dans une sainte frayeur
des jugements de Dieu.
E.VEMPLE DE SON DON DE PROPSéTIE
Saint Macaire vivait avec deux disciples : l'un
demeurait dans une cellule séparée, l'autre,
ni>mmé Jean, restait auprès de lui pour le servir
dans «-o.i erniid Age, ou pour rendre les devoirs
de l'hospilalit-'' à i-i'ux qui le venaient voir. Le
Seigneur éclaira noire Saint sur les sentiments
intérieurs de son compagnon et lui découvrit
l'él.it de son Ame. Inspiré par celui qui scrute le
fond des ciriirs. Macaire parla à son Irère en ces
termes : " Kcoiitc/.-inoi. Jean, mon frère, et rece-
vei avec docilité l'avi-; i|ue je veux vous donner,
et qui vous sera d'une grande utilité, si vous en
profllei. Vous êtes tenté, et c'est par le démon
de l'avarice. Si vous recevez l'avertissement que
je vous fais, vous accomplirez avec perfection
l'œuvri- de Dieu. Vous deviendrez célèbre et les
jugements du Seigneur n'approcheront pas de
vous; au contraire, si vous ne vous rendez pas à
ma reiniMilrance. vous finirez par tomber dans
la maladie de Tiiezi, dont vous avez déjà con-
tracté le péché. ..
Le disciple Jean, au lieu de mettre 2t profit cet
avertissement salutaire, s'enfonça de plus en plus
dans son p'^-ché, et la prédiction du Saint s'accom-
plit à la lettre. Quinze ou vingt ans après la
mort de Macaire, son disciple se trouvait si cou-
vert de lèpre, que tout son corps tombait en
pourriture.
COmiBNT IL JUSTIFIE UN INNOCENT
In homme, accusé injustement d'un meurtre,
s'enfuit dans la cellule de .Macaire, mais ceux qui
le poursuivaient y arrivèrent bientôt après, pro-
testant au Saint que leur i>ropre vie était en
danger s'ils n'emmenaient point le coupable.
L'accusé protestait de son innocence, et la pro-
testation, fort vive de part et d'autre, ne flnissait
pas. .Mors, le Saint leur demanda ou le mort
était enterré, et s'y rendit avec eux; là, il mit
les t-'enoux en terre, invo(]ua le nom de Jé*us-
Christ, et dit ensuite aux assistants : .1 Le Sei-
gneur fera connaître si cet homme que vous
accusez est coupable ou innocent. >■ Puis, s'adres-
sant au mort : •■ Je te conjure par Jésus-Christ
de déclarer si cet accusé est ton meurtrier. <■ La
réponse ne se fit pas attendre: le mort dit
aussitôt que cet homme ne lui avait pas ôtè la
vie.
Qu'on ju:.'e à ce récit quelle fut alors l'épou-
vante de tous ceux qui étaient présents à un si
grand miracle !
PERSECUTION ET MORT DE SAINT MACAini.
Tels étaient les effet'* de sa foi vive. Comme il
la confirma par des proili:;es, il cul nii':«t le Imn-
heur de la défi-ndre i-n souffrant ■ ii
la persécution II partageaavec M .
drie la gloire d'être relégué dans une lir li^ - i!.'
sur l'ordre de Lucc, que le< ariens avaient j'ii^ é
sur la chaire de saint Marc.
Kniiii. cet homme -«i célèbre par ses miracles
et qui ne l'était pas moins par se? héroïques
vertus, rendit doucement son Ame à Dieu pour
aller jouir des récompenses étemelles.
Impt.-li/iaHl t. t'ITlTUUKT tt, ru* FrtliruU l", l'âTIl.
SAINTE GENEVIÈVE
VIER.OE ET I>A.TROrN'NE OE PAXIIS
Fite le i janvier
S&uit« CJeneviève gardant ses brebis sur le penchant du mont Valérien. — A gauche, l-ari»
et ses forteresses; au milieu, le mont Valérien; à droite, sainte Geneviève allant priez
au tombeau de saint Denis; plus haut, le village de Nanterre et à droite, est figuré,
surmonté d'une pyramide, le puits où la jeune Sainte puisa l'eau qui guérit les yeux d*
ta mère, devenue aveugle pour s'être opposée à la vocation de son enfsint.
(Peinture lur bois d'ua peintre iaconnu, du xvi> siècle, d&ns l'église de Saiot-Merry, à Paris.)
■ÂJSSAJ1CI IT Pik>K.in DE SAINTK aCNBVIKVI
Sainte Geneviève naquit i Nanterre, petit bourg
situé à trois lieues de Paris, vers l'an 452, :ous
le règne de Clodion, second roi des Francs. La
future capitale de la France faisait encore partie
de l'empire romain, mais cet empire s'écroulait.
Son père. Sévère, et sa mère, (iéronlia, étaient
pauvres des richesses d'ici-bas, mais ils étaient,
ce qui est bien préférable, pleins d'une graude
piété et d'un grand amour pour la religion chré-
tienne qu'ils avaient embrassée, tandis que le
fia^vinisme infectait encore une grande partie de
a <,aule. Au bapl^-nie, l'enfant reçut le nom «ra-
eieux de (icnnvefa (lieneviève), qui, en langue
gauloise, signilie fiUe du ciel.
COin<I.-<T DJKi; ll«MFt^TA DC nO.VNK HEUBS LÀ SÀINTITK
Dl SA StnVAMTI
A ctip ppoqu»-, ane hérésie orsueilleu^p, qui
prétendait qu'on pouvait se sauvr-r sans In grâce
de Dieu, le pélagianisme, tant de fois terrassé par
les docteurs de l'Kglise et par leur prince, saint
Augustin, s'était réfugiée dansla Grande-Bretagne,
d'où elle était sortie.
Le Souverain Pontife, toujours en éveil sur les
maux qui peuvent ravager l'Kglise, prit aussitôt
des moyens pour arrêter le fléau. Par son ordre,
et à la prière des évéques des Gaules, saint
Germain, évf-que d'Auxerre, et saint Loup, évèque
de Troyes, s'acheminèrent, le bAton de pèlerin k
la main, vers la Grande-Brelamie.
Dieu, qui arrive toujours à ses fins, par les
moyens qu'il lui plaît de rhoisir. allait se servir de
rinterraédiaire de ces deux apôtres pour faire
éclater la sainteté de l'humble Geneviève.
tlant arrivés vers le soir au village de Nanterre,
ils résolurent li'y passer la nuit. A leur arrivée,
ils furent entouras d'une foule nombreuse qui
di-maiidait leur bénédiction. Le bienheureu.T
Gfirn.iin. tou.hé de celemiiressemenl qui faisait
ressembler leurvoyace à uni* marche lrinmiili.il'
i:.l-6.'7
niuiiUi sur un tertre dans le bal d'adresser
quelijues paroles à cette foule pieuse.
tu ce moment, ses regards, diri,:;és parTEsprit-
Saint. se portèrent sur une jeune fille d une
dizaine d'années, et, voyant sur son front l'éclat
de la «.iiiileté :
• Quelle est cette enfant? dit-il en s'tdressant
i la foule ; quels sont ses parents?
— C'est (ieuovefa, répondirent aussitôt mille
Toix. » Et fendant la multitude. Sévère et Gérontia
se présentèrent devant le Saint.
•• Béni soit le jour où cette enfant vous fut
donnée, dit Germain; sa naissance fut saluée par
les ai)j.es; le Seigneur la réserve i de grandes
cboMS. m
SAIim GKNE>'lkvi SB CONSACRB A DIBU
roua TOLjoi'Rs kntri lis mains oe saint germain
Puis s'adressant à la jeune enfant :
« Dites-moi, ma fiUe, n'avez-vous pas la vo-
lonté de vous consacrer au Seif.'neur et de devenir
son épouse?
— Père Saint, soyez béni, vous qni liseï dans
«ion cœur ; t«i eiit, en elTet, mon désir, et j'ai
•cuvent prié Diende l'exaucer.
— Ayez confiance, ma lille, demeurez ferme
flans votre vocation, le Seigneur tous donnera
force et cmira^e. "
On chanta unne Ht vêpres à l'épi ise, et pendant
Umt le temps, le bienli>^ureux Gennain tint la
Tnnin droite étendue sur la tête de Genovefa. Le
Ifndeniain, api-ès l'office, le saint prélat appela
l'enfant et lui dit :
« Vous sonvenex-vons, ma QUe, de la proaeme
<|ne vous m'avei faite?
— Père saint, répondit-elle, je l'ai f aite i Dien
et i von», je ne l'oublierai jamais. »
Or. il te trouva à terre un nmiimui d''airmin qui
partait sur l'airt de set faces le signa «aoré 4e la
«nix. GermaiA le nuna^-a et la prMaaMtairt à
Utifaut:
^ « Sa^iendei à Totrs cou ce si^e sacré, ma
OTe, 4i%-il, ^ gardet-la en ménotre de moi,
qu'il vous tienne lien de tous les ornements du
siècle. »
Puis, s'étint recommandé à ses prières, ii la
bénit et re|>rit sa roale.
OOnXB FUT Là T» Dt SAIim eiMItlilVI
iusou'A l'aas di ouatohzi A.NS
Dès ce moment, cil.- n'solul de s'arracher plus
que jamais aux jeux et aux divertissements de
son Age, et de deveuirle modèle et l'édification de
•as compagnes.
Geneviève était ber^re, occupée chaoae jonr
à (tarder le troupeau de son père, et c était sa
lu» Kronde consolation; car, en présence de
••su? qu'elle avait choisi pour époux et df Marie,
sa irii-re, en compagnie de »ou aune gardien, elle
avait tout le loisir de pen^rr aux choses ilu ciel,
•l «11(1 cii'ur était inondé d'une grand<- joie.
I.e loup r|ui rAdait autour lu troupeau, dit nn
auti-ur de '•a vie, lui repréx-nLait ce loup infernal,
qui ne chenbe qu'à nous d>*vorer; le chien qui
aboyait lui mettait en aspnt la vigilance qu'il
faut avoir sur soi-même ; «l les brebis lui prê-
chaient la modestie, la douceur et la simplicité,
si bien que ^anterr• lui était on enfer, at laa
cbaiaps un paradis.
PSniBa MlkACLI DI «UNTS CCMMhvB
Trllr <'t>il la vie ordinaire de la jeune flile, et
U t< inp^ que lui lal^sall'llt «es occupations, elle
r;
allait le passer en compagnie du Uieu qui vit
prisonnier dans nos tabernacles.
Un jour de fête , elle allait se rendre i l'église,
lorsque sa mère survint et le hii défendit ahso-
lumeiil, lui ordonnant de se reposer et de garder
la maison. Comme (îeneviève rappelait la pro-
messe qu'elle avait faite à saint (iermain, de ne
jamais manquer aux oflices, sa mère, irritée, lui
donna un soufllet: mais ce ne fut pas impuné-
ment, car au même instant elle devint avi'uiile.
Après avoir passé deux ans dans un si triste
état, elle se ressouvint des étonnantes prédictions
de saint Germain, et eut un moment de repentir
mêlé d'une grande conHance en la vertu de sa
lille; l'appelant alors :
« Mon enfant, lui dit-elle, h8te-toi, je t'en
supplie, d'aller puiser de l'eou au puits voisin. »
Geneviève obéit et porta l'eau à sa mère.
« Et maintenant, ait celle-ci, fais le signe de
la croix sur cette eau. •>
L'enfant Mt ce qu'où lui demandait. L'areogle
éleva les mains au ciel et pria. Puis, trois fois de
suite, elle mouilla ses yeux avec l'eau, et elle
recouvra U vue. Dès ce moment, tonte liberté
fut laissée à Geneviève de vaquer comaa ella
l'enteudndl à ses «xercices de pieté.
■Xa PROI» LB VOILB DKS Vflar.BS CT T»»t
Dounam a pabu
Afin d'éloigner toute poursuite de mariage elle
résolut, éUmt Agée de qualurxe ans, de prendre
le voile des «Tierces. Elle le re^'ut des maïas de
l'évêque de Pans, a«iac dawi oomy^paas pius
âgées qu'elle.
Les tri>ia postclantaa hiiMit rangeas pi<a« leur
ktie : mais le pontife, in^if^ é» Ma*, fil inter-
vertir l'ordre, et plaçant t^anavMvaia araaière :
» 11 est juiite, dit-îl, qn'aÉe nréoide laa autres
car sa consécrattoa a d^ été «u-egiaU-ée au
ciat. «
Ainsi s« rdahsireat les paroles d« tnenkeu-
reux Orroain. Generière revint à RaataiTa et
continua d'assister aea parents daaa %a«B hmn
besoins. A leur mort, elle quitta ISanterre, et
vint habiter Paris, bien résolue de mener désor-
mais une vie euttèrsment consacrée à Dieu at i
son survice.
■LLB «ST RAVfB BN «ITASB — H»XJ^
APPABAIT SDS LB OALVAIM
lar uji
Elle arrivait k peine chax sa marraine, lorsaue
Dieu, voulant lui montrer combK'ii ce sncrmca
d'elle-niême lui était agréable, lui envoya une
paralysie douloureuse qui lui Ata l'usaite de tous
ses membres. Car Dieu, dit sainte Thérèse, est
de ceux qui payent les craiids services qu'on leur
rend par des morliUcalions ; et ce payeaHMil aat
bien le meilleur, puis qu'il lait acquérir l'amour
de Dieu.
Elle fut tenue pour morte durant les trois jours
que dura la crise. Pendant ce t'-in)», *i>n Ame
C4intcinplail an ciel U jaie deii hirnli»ureui,«t
en enfer les tourments des damnés. è.Ue fnt
aussi Iran^port^a «a esprit sur le Calvaire, ou
Ji'Hns-Cliriol lui apparut attaché 1 U Grnix qu'il
grava dans le fona de son cirur, en de* traits
qui ne «'elTacèreiil •■^•••'•' Il lui |>er'<'> i' >.Mi«er
il.ms le t^é^ur it' < et lui i ti
culièremcnt le 1 nent des • , i' n»
d'une fois, en effit, il lui arriva de prou«^ aux
pécheurs que rien n'<'tnit caché pour rllr dans
les replis de leur iine ; comme nlle le lil à une
lille de llources, qui, aprèi son vu;u de virL'iiiiltf,
s'était laissé violer.
Geneviève la prit à part et Ini ayant marqué le
lien, le jour et l'heure de son offense, la fit pleurer
sur son crime et revenir à Dieu.
eSANDES AUSTÉRITÉS DE GENEMÈVI
La sainte soupirait après l'heureux moment,
où, délivrée des liens du corps, son Ime s'envo-
lerait vers Dieu; si bien qu'elle ne pouvait
regarder le ciel sans verser des torrents de
larmes. Ne pouvant pas se séparer ici-bas de ion
corps, elle l'opprimait du moins par les veilles,
les disciplines, les oraisons et les pèlerinages.
Ainsi son àme montait plus libre vers son Créateur.
A partir de cette époque et jusqu'à l'â^e de
cinquante ans, elle ne mangea que le dimanche
et le jeudi. Sa nourriture se composait d'un peu
de pain d'orge et de quelques légumes coïts
depuis quinze jours.
Jamais, même dans ses maladies, elle ne voulut
nian(,'er de la viande. Elle prenait un singulier
plaisir aux actions humbles, viles et mortiliautes,
comme à balayer la maison, à filer, et à servir
ses compagnes.
Vers cette même époque, Dieu, voulant purifier
davantage son âme par la souffrance, lui envoya
une lèpre qui couvrit tout son corps. Tout le
monde l'abandonna, mais elle resta inébranlable
dans sa contianc* et dans son amour envers le
divin Médecin des &me8. Il ne tarda pas, en effet,
i la guérir de toutes ses infirmités, et l'évêque
la nomma supérieure des vierges et des veuves
de Paris qui étaient en grand nombre. Elle
s'acquitta si dignement de sa charge, que plu-
sieurs de ses compagnes parvinrent, par ses bons
avis, i an détachement parfait de toutes choses
et à une très grande sainteté.
CONSTRUCTION d'ONI É6LISB
en L'BONifKDm 08 SAirrr dents — divers Mre*CLEs
La vierge parisienne avait une grande dévotion
pour l'illustre apôtre de Paris, saint Denys ; elle
allait souvent en pèlerinage i son tombeau et
voulut y faire bdtir une église. Les prêtres aux-
quels elle s'adressa lui représentèrent l'impos-
sibilité d'une telle entreprise, faute de matériaux.
Geneviève ne se rebuta pas, elle persévéra dans
la prière.
Une fois, te vin manqua aux ouvriers ; Gene-
viève s'étant mise en prière, Jésus-Christ renou-
vela en sa faveur le m rracle de Cana ; elle changea
l'eau en vin, et le tonneau qui le contenait fut
saflisant pour toute l'année.
Ce fut dans cette église qu'elle délivra douze
possédés.
Le? prières de la Sainte et de ses compagnes
étaient un supplice pour les démons, au«si s'ef-
forçaient-ils de les tourmenter de toutes les
manières. Un soir qu'elles se rendaient à l'é^-li^e
pour y réciter matines, le diaiile étpiffnil leur
harabean et elles furent plongées dans l'obscurité.
Mais tainte Geneviève le ralluma, et le diable
s'''puisa en vain» efforts pour r''leiniire. Ce cierge
fut gardé comme une prérjeuse relique et larvit
& rendre la santé aux infirmes.
La Sainte passait des journées et des semaines
entières dans une étroite solituile. pour s'y livrer
uiiiriuemenl à loraison et à la p'Mulenre. Depuis
la f''lp des Mois jusqu'au Jeudi-Saint. elle demeu-
rait enfermée d.ins sa chanibro, s'adonnant à
toutes sortes d'austérités, sans nul antre entretien
que celui de Jésus-Christ et des esprits bienheu-
reux.
Dieu lui accordait alors de nfUTçlle» lumières
et de iinijvelles (irices pour «■llf'-rnême et pniir
les autres. On lui apporta nn jour un enfant
mort d'une chute. La Sainte l'enveloppa dans sa
robe, se mit en prières auprès de lui, et l'enfant
revint à la vie. Une autre fois, une femme ayant
eu la curiosité de regarder par une fente ce que
Geneviève faisait dans sa chambre, fut frappée
d'aveuglement. La Sainte prit pitié dé la pauvre
malheureuse, et lui ouvrit les yeux par la vertu
du signe de la croix.
GENEVIÈVE CALOStNiél
Le diable, furieux du bien qu'elle accomplis-
sait, cherchait tous les moyens de lui nuire.
Poussées par ses instigations secrètes, des per-
sonnes, plus remplies d'orgueil que de jugement,
se mirent à répéter à qui voulait l'entendre que
Geneviève n'était qu'une hypocrite, et que, sous
des dehors austères, elle cachait les crimes Ips
plus affreux. Ces bruits, semés avec tout l'arlilice
de l'esprit malin, trouvèrent de nombreux échos ;
les gens de bien finirent par avoir la vierge de
Nanterre en mauvaise estime.
Tel était l'étal des esprits lorsque saint Germain
passa une seconde fois par la cité des Parisiens.
Quand U demanda ce qu'était devenue la ji-une
bergère de Nanterre, le peuple lui répondit :
« C'est une démoniaque! » Le Bienheureux se fit
indiquer la demeure de la vierge et, après avoir
salué Geneviève, comme s'il eut salué un ange,
il dit au peuple: « Voyez cette humble cellule,
son sol est détrempé par les larmes d'une vierge
chère à Dieu, et qui sera on jour l'instrumeDl de
votre salut à tous. »
SAINTE GENEVIÈVE SAUVE LA VIU.E DE PARIS
Attila, surnommé le fléau de Dieu, après avoir
écrasé la moitié de l'Europe, franchit le Rhin, à
la tête d'une armée formidable de six ou sept
cent mille barbares. L'Occident crut que le monde
touchait à sa fin. Le torrent dévastateur ne lais-
sait rien debout sur son passaae : les campasnes
étaient ravagées, les villes pillées, saccagées et
brûlées, les églises renversées, le clergé et le
peuple massacrés. Déjà Reims avait été la proie
des barbares, quand on apprit qu'ils marchaient
sur Paris.
La terreur fut à son comble dans la ville. Les
plus riches bourgeois se hâtaient d'entasser sur
des charrettes ce qu'ils avaient de plus précieux,
tous voulaient s'enfuir etaller chercher un refuRe
dans d'autres villes. Hais sainte Geneviève, animée
de l'esprit de Dieu, s'efforça de les rassurer et
de les retenir : « Si vous voulez faire pénitence
de vos péchés et apaiser la justice du ciel, leur
disait-elle, vous serez plas en sûreté ici que d/iiis
les villes où vous voulez courir. Les ennemis ne
viendront même pas vwis &ssié!.'er. »
Quelques personnes, persuadées par ses dis-
cours, commencèrent à se réunir à elle, afin de
passer lesjours et les nuits en pnère dans l'église.
Mais la plupart la traitèrent de sorcière : par ses
rêveries stupides, elle empêchait, disail-on, ses
concitoyens de sanverleur vie, et allait toutlivrer
aux barbiïres et A la ruine. La populace ameutée
parlait d''jà de massacrer la Sainte, quand arriva
l'archidiacre de saint Germain d'AuierTe,porl.int
à (;eneviève du pain l>fnit que l'évoque mourant
lui avait envoyé en g-ige de bénédiction. An nom
de saint flerm.iin, l'archidiacre ap.iisa le peuple,
Geneviève fui acclamée, et les Parisiens restèrent
dans leur ville.
KientAt ils apprirent qu'Attila, cbsneeant a»
route, avait été battu A Orléans «t 4 Ch'ii
sur-Marne.
Paris n'avait rni"iiii^ pas vu l'ennemi : mais
sans (ù'neviève. qui sait si celle ville. désL-rtée.
ruini'O et peul-<^lre abanilonnée pour loujours,
ne serait pas aujounl'hui une ile maii'ra^jt'usi'.
au lieu d'être une des plus belles capitales do
l'univers.
FAMI.NB — l'ATBlOTISME ET CHABITK DE GENKVIÈVE
Cinq ou six mois après la défaite d'Attila
M(-rovi-e, roi des Francs, vint assiéger Paris,
encnr>> au pouvoir des Koniains. Le siège durait
di-.jà ili'puis quatre ans quand Mérovée s'en ren-
dit iiiailii'. Cette ^.oierre causa dans Paris nne
f-rande famine. Sainte (leni-viève se dévoua une
fois de plus pour ces liommes qui l'appelaient
jadis sorcii'-re et démoniaque. Klle équipa onze
paiids vaisseaux, et, se diiipeant vi'rs la Ohain-
paf-'ne. elle recueillait de Mlle en ville le grain
qu-' lui proi-urait la charité des habilanls. Elle
payait par des miracles et des guérisons pro-
digieuses.
A son retour, deux démons, qui infestaient un
point de la rivière et y renversaient beaucoup
de batiaux, voulurent l'airi' j.érir ceux de (ien<-
viève. Mais ce fut i>n vain.i-l la Sainte leur com-
manda, au nom de Dieu, de quitter ce lieu pour
jamais.
Hivenuc à Paris, elle se mit à cuire elle-même
le pain, et à le distribuer aux pauvres. Dieu,
touché de tant de charité, le multiplia plusieurs
fois rnlre ses mains.
Saint Siméoii, stylite d'Asie, voyant des mar-
chands de Paris aupied de sa colonne, les pria
de saluer la vierge (Jeneviévo de sa part, et de le-
recommander à ses prières.
SAINTE GENEVIÈVE ET LES ROIS DE FRANC!
SAINTE CLOTILDE — GLORIEUSE MORT
Les rois de France, .Méiovée et Cliilpéric, tout
païens qu'ils éUiienl, ne pouvaient >'empécher
• r.Kiiiiirer se^ vertus. Ils l'appelaient une deini-
(I ■ --.-.et iii> lui refusaient jamais rien. Un .jour,
■ I ij;:iiuiit qu'elle ne vint lui demander la gr;lce
de certains prisonniers, le roi fit fermer les
portes de la ville. Mais elles js'ouvriient d'elles-
mêmes quand la Sainte, avertie par Dieu, s'y
présenta. Klle vint se jeter aux pieds du monarque
et obtint la f^ràce des prisonniers, qui promirent
de mieux vivre à l'avenir.
Le grand Clovis, notre premier roi chrétien,
eut encore plus d'alleclion et de vénc^ration pour
• It A sa re<(uèle, il délivrait les pri-.oniiiei ^,
f -. it des lai»'e>ses aux pauvres et bdlissail de
i:, ,. niii.pi '• -. Saint»' Clolilde, sa noble
. j . 1 . .mine un ui iii.l b'aiheur de
I,., wui 1: .... de (iencvieve. Llle eut avec
elle de loiit's entretiens, où les di'ux saintes.
-.'.■iivr.iiil l'intime de leur cu-ur, s'entrelenaienl
iiieiil des moyens de plaire à Dieu et
leur ■-alul ••leiiiel. i;eni-\ii:ve avait été
iilien de Cbilililt- durant les
I . .|e ><>ii maiiak'e, alors i|ue la
1,1111' I > lui cl à convertir'
le f"! Il-
An . ■ ■■ -
roni'
pluie qui rrapêi h.ui lit rticolter la
Elle alla à Tours visiter le tombeau du glorje'*''
saint Martin. Elle sema les miracles sur sa roui''-
rendit la vue aux aveu:;les, délivra les possédé*
et lesiiiua la santé aux inlirmes.
Ce fut son dernier v«iya;;e : de retour i Paris,
elle tomba ilaiis une maladie qui devait la con-
duire au tonibi'au. Elle avait quatre-vingts ans;
cassée de vieillesse, exti'nuee de t<int d'ausl«'rités,
soupirant incessamii'Ciit apiés Celui qui l'avait
(iréveHUe dès son eiilance de tant de i:ràces
si;;iialées, elle lui rendit doucement son Ame et
alla cueillir dans la gloire de l'i-teriiité les fruits
tli' ses bonnes œuvres et de ses nombreux travaux.
Son corps fut inhumé dans l'église de Saint-Pierre
et de Saiul-Paul, que Clovis avait bAtie par sou
conseil et qui, dès lors, porta son nom. — Cette
église, détruite à la lin du siècle dernier, était à
droite de Saint-Etienne-du-Mout (dans la rue
Clovis.) Elle avait loujours été desservie par des
(Chanoines-Réguliers de Saint-.\ugustin, appelés
Génoii^fains du nom de la sainte patronne.
SIERVEII.LKS DE SAINTE GENEVIÈVE APRÈS SA MOUT
Le tombeau de la Sainte devint célèbre par
une iiilinilé de miracles. L'huile de la lampe qui
brûlait devant ses reliques guérissait de nom-
breux malades. — Dans une grand"' inondation de
la Seine, les maisons de la cité' furent remplie»
d'eau jusqu'au premier l'-t.ige, l'eau eii\ahit toute
la chambre où la Sainte était morte, mais le lit
sur lequel elle avait rendu le dernier soupir ne
fut pas même mouillé, les eaux l'eiiloui-èrent
comme un mur sans le toucher. On construisit
en ce lieu une égkse, appelée par le peuple
Sahile-Ciftirt ifie-ta-l't'tiU.
Dans les Iléaux qui menaçaient Paris ou la
monarchie française, toute la capitale allait
implorer sa céleste patronne ; les reliques de la
Sainte étaient portées avec irinrnmp.ii.ibles hon-
neurs dans une procession solennelle, préparée
par une neuvaine, et à laquelle prenaient part
tout le clergé de Paris, la cour, toutes les auto-
rités et tout le peu|ile.
.Vu XII' siècle, sous le règne do Louis VI. une
i-pidémie teiiible, appelée le tiiol de$ nrilenls, feu
intérieur qui dévor.iit ses \i( limes sans que la
médecine pùl y apporter aucun remède, de.solait
Paris. On reenuiul ù l'innocente vierge pour
apaiser la justice divine. Au iiiument de Li pro-
cession, quand les I cliques de la ^aintc entrèrent
dans réélise de Notre-Dame, encombrée de mou-
rants, cent de ces malheureux furent soudaine-
nieiil iruéris aux yeux de tout le peuple et le
lli-au s'arièla. La recoiinai--.iiii f \ ul.in ' <I"iiiia
dès lors à l'église de Saix: !>
nom nouveau <le iiaiiilc-li' • >
L'ancienne église de Siiinle-dein-Mete, située
sur la Colline, et gardienne des reliques de la
Sainte, menaçait ruine au siècle deinior. Le roi
Louis XV en lit construire une nouvelle près de
l'ancienne ; mais survint la Ili'\oluli<'n qui i li,-in-
gea l'i'ulise de la patioiiiie de Pans en piitilhiiiH,
de>liii>' ,iux </if//ii/« hiimiiin que l'on «nil. I.<i
ch.isso de la .''aiiile lut brisée et le» relique»
' ' - sur la plui e de (irève, lieu de l'exécution
'If.iiteurs. — ('.!• i-rime n'a point porté bou-
-dii-Monl, gardienne
>!•■ Il '".lilil' .1 1 4'|i"-
la K'iaiidc viUo, .viutc*-la, cl avec elli; miUVi
Kl.Uli e.
Ugfrn-l I V
1 î 1 1 ir ss t
— luii'rlmrn-- 1' Kkus Vmr. 1 A '•. rur I>>)ir>t. Par!»
LA BIENHEUREUSE AAGÈLE DE FOLIGNO
Fête le 4 janvier.
iai(fi|[iinïnTr
La bienheureuse Angèle de Foligno panse les lépreux.
UM MOT d'avbhtisskiient sur cette vie
iJe loin, dit un pieux auteur it pour l'ignorant,
toutes les étoiles se ressemblent; de ni''nie, ;i
distance, pour l'honirae superficiel ou indifférent,
tous les saints paraissent avoir la même physio-
nomie. Or, rien n'est plus erroné. 1^* étoiles du
ciel différent par leur nature, leur çiandeur ou
leur éclat, elles élus de Dieu, loin d'être coulés
dans un moule uniforme, se diversilient par leurs
vertus, leur vie, leurs miracles et le genre de
leur sainteté.
Cette réHexion s'impose à notre esprit en
abordant la hienheurruse Ançéle de foligno,
dont la vie fut si extraordinaire, que nous devons
touk d'abord avertir le lecteur. Qu'il ne s'attende
point à trouver ici une de ces vies mesurées,
régulières, dont il puisse' étudier ou connaître les
détails. Sur l.i bienheureuse Anfiélo, les détails
bmcrapliiques font défaut. Ses historiens ne
nous ont point dit son â^'e ni l'époque de sa con-
tersion; à peine cousignent-ils celle de sa mort;
((lEnnsTlIcLLo, traducteur du récit du Fr. Arnau'l,
n'icrvi; par les Collandisle».
mais ils nous apprennent à quels éblouissants
sommets l'amour divin sut élever cette Ame,
d'abord pécheresse, mais qui finit par pénétrer
si avant le mystère de la Passion et qui eut de si
redoutables familiarités av«c Jésus au Calvaire.
Voilà ce que nous allons essayer de dire ; voil:'i
ce que fut celte Ame, à laquelle il fut dit par la
Vérité éternelle elle-même : « Ma fille, le point
où lu es montée est inaccessible à la cré.ilure;
il faut quelque «race de Dieu très spécial'.- pour
qu'un être vivant soit transporté là. « Cliap. xii.)
La bienheureuse An^-èle peut être ■ nnsidérée
comme le modèle des veuves; cl si vie, qui a
connu les profondeurs du pérhi', semble nous
avoir été donnée, comme celL- de Madeleine,
pour entretenir l'espérance chez les plus grands
pécheurs.
CNK ÉTOILS DE LA COURONNE M SAINT FRANC0I.4
D ASSISE — NAISSANCE D'aNCÉU — SON HARIAGË —
SA VIE HONOAINB
l.a sainteté liu patriarche d'Assise produisit
sur son siècle et les suivant» une attraction '■i
iiulssantc, qu'elle entraînait à la perfection ni' i"
le- .Imes les plus mondaines. De ce nombre lu'
l'ieiiheurcuse Angèb'.
:;07
Elle naquit à FntiL-no, petite ville à trois lieues
d'Assise, lU se bifuriiue aujourd'hui le clieinin
de fer da Rome à Aii'iine et à Fl')rcii. e. La date
précise de sa naissance ne nous est pus connue,
mai^ nous croyons pouvoir la placer vers 1245. Ses
parents avaient uiiecrnnde fortune et la marièrent
très jeune Vrai-iPinblableinent peu instruite des
devoirs ! .vel état, elle ne prit point au
sérieux - ons d'épouse et de mère. Klle
aimait e' r-ri,ei. liait les plaisirs du monde,
dont, héla-i'. bienl«it, elle connut les excès et les
dékorJri'S.
El!' •ut de nombreux enfants, auxquels elle
adressera plus tard les pof'es les plus touchautes
remplies de salutaires conseils.
CONVXRSION
Au milieu du tourbillon qui l'emporUiit,
Autfèle sentit soudain ljii::iiillon de la sràce. Elle
vil l'inutilité de sa vie mondaine et dissipée et
les daiii-'ers que courait sou salut.
I.a responsabilité qu'elle portait, en face de se-.
nombreux enfants, Teinaya plus que tout le
H'-ie. Elit- coiniirit combien ses exemples pou-
>.ii''nt leur devenir pernicieux, et elle soD^'ea
sérieusement à se convertir.
liais l'ennemi qui l'av.iit st'dnite, et qui sans
I irevoyait la p-rfection au'elle derail
lit tous ses ellniu r>nur la détourner.
■ ■ a:r \n, : ,•- .!■■ , ■ ir
mai •'! 1
sur l"s I
I- ■<•■■ |. ; - i
. elle di'-siiiuila : et ainsi, mal
'. , .. . ilMinl'T It -^ .iiii.- T.^Me,
Itien.qni voulait sauver .ii inmemal-
cr-^rll. , lui .nvoyadesalutain i i^reinorils;
ciel de lui faire trouver un con-
. dans lequel elle piil mettre toute
lieu lui lit encore <■ ine>-
MDl trouver uo Fi ' <ir du
et lui m, à Iravi^rs >f K larmes,
liés. C'est le début obli^'é de
•ijiU ilI, .! iir ut et de toote résnirerlion dans
l'ordre spirituel.
auM<) nE.Tr nt mx
Lb confesseur auquel Aneéle avait remis In soin
(if «on Ame n, - — '(utArunn^ -iix de
1 1 11 lire dti ."". ■!>. Il ■ |>uiv-
' p«i -■ • 111 r'-s à U iii' ■ M
diiin II' rtieiniii <i» la
I , II,. n.ill. .. II,.. I . ,r, I. „ ...
4l<Ml
Au
' , ifiii 1rs a lai
Undistei li.C
« qui va Murre.
- 1 «-oiiveriion, An'.
'•* KV hoi
tine plus "riinde liberté de s'adonner à son amour
de Ja pénitence.
Obligée de garder pour ses enfants le» biens
dont .lie aii-ait le dépiU, elle ne s'en réserva rien
pour l'Ile; et dans sa propre maison, elle vécut
Dientt\t comme une étran:;ère. D'une de ses ser-
Tantt"i, dans laquelle elle avait reinaïqué une
éiniiienle piété, elle lit sa conipa;:ne a>-i.lue.
Ensi-nilde elles se livraient avec ardeur .i leur
soif de sacrifices, mais An^'éle dépassait de beau-
coup sa compajoie. Le souvenir de» péché» de sa
jeunesse, la pensée qu'elle avait mérité l'enfer
la poussait à d'épouvantables austérité*.
hii retour. Dieu lui lit bienll^t des LTices mer-
veilleuses et l'admit insensiblement à une fanii-
liarif- dont la vie des autres saints nous oiTrc
peu d'exemples aussi frappants.
ELLE E-Mtt DANS LE TIERS-ORURK DE .-AI.NT-rHA.tÇOI»
SES piucaiiais intiiiitès avec ihko
Libre par la mort de son mari, Angèle entra
dans le Tiers-Ordre de Saint-François, qui ral-
liait .ilors tant d';\mes généreuses et peuplait le
ciel de nouveaux >-aintj>.
Elle lit en même temps le vœu de chasteté. Sa
déviition la porta bienl<H à entreprendre le pèle-
rinage au toml>eau du Saint dont elle venait
d'einbra>->er la i.'-Ie
Comme dait à Assise, elle eut, un
soir, une > iiise.
Dan* son oraison, elle dit A Dieu : « Je tous ai
déjà tout donné, et toutes me» «rurre» n'ont
qu'un but, relui de vous trouver ! (' nmii Kieu,
TOUS Intuveiai-je bientôt? — tjuo veux-lu? dit
une VOIX près d'elle, — Ni or, ni nu-.nt, ni le
monde entier, vi>u» seul! — Va. repni l.v im^me
Toix, bientiSt la Trunté tout • < i .-m
toi. « Le lendemain, arrivée { ll<'
Sii ■ if la VOIX de la veiiif ijin (ui dit :
'u as prié mon serviteur François,
e-|.' I Mil "bteuir aveo lui et par lui : Franeon
m'a beaucoup nim'sj'ai fait beaucoup en lui,
oui', --i quclqu'autre in'aimait plu^ que 1 -
je ferais encore plus .'ului! Porte
ï':.!.!,.,..!) .1.' II., Il, ..ll;.,i,.-,., car ilésoriii... ...
I II ilu l'ère, du Fils et
il , I l't sur la comii.i-Mi'!
Celle vision eut lieu devant la porte il
d'.\>:«ise, en présence d'une foiib' iu'im
qui voyait .A la vérité les effets de l'exta^r, •»mn
entendre les paroles que nous venons de rap-
porter.
l'eu de tpmp» «pr*« «v» p^leriniife k Assine,
'•lie en fil lin .mire ■ ' ni l'ierre
,^ lt,>me, <iui l'nt un . ii avan-
cement dati» In Tie --ai iiaïuielle.
«.- oniBàn n *u ilraii'VES
l»!eu |,> permet laiil tiinsi pour le plu» (.Tand
'■I' fut ni
ilu
.. .1.
.1. Juli, .
toute» III
(I) T. I", p. IM tl tuiT.
I" ■■ I-
eut de mérite.
l'n joar que son désespoir était plus profond,
elle dit à Dieu : « Quand il serait vrai, Seiffneur,
que vous m'auriez condamnée à 1 enfer que je
mérite,. je ne laisserais pas que de faire pénitence
et de demeurer, s'il vous plait, à votre service!
Ces épreuves ne la détournèrent pas, en effet,
de ses exercices de piété, nnn plus que de sa
charité envers les pauvres et les malades. Elle
aimait à se rendre à un hôpital voisin de la ville,
où Ion recevait les lépreux. Elle épargnait sur sa
chétive nourriture pour soulaiier leurs misères.
Un jour, après avoir lavé le^ mains d'un de ces
lépreux, elle proposa à sa com|)af;ne de boire
l'eau qui leur avait servi. Surmontant toute déli-
catesse naturelle, elle avala toute cette eau fétide :
I Je n'ai jamais, disait-elle, trouvé meilleur sont
à aucune liqueur ; et cependant, ajoutait-elle,
j'avais bien senti dans ma bouche les écailles
qui étaient tombées des mains de ce pauvre de
Jésus-Christ. »
SES RÉCOMPENSES
Un tel héroïsme, de si hautes vertus ne pou-
vaient manquer de toucher le Cœur de celui dont
la sagesse mesure les épreuves d'une Ame aux
dei;rés de sainteté où il a dessein de l'élever. Il
ordonna au démon de laisser en paix sa servante
fidèle. Il la f.ivori-^a du don d'oraison et de paix
si considérable, qu'elle disait : « Si l'on me propo-
sait tous les biens temporels et spirituels, toutes
les délectations bonnes ou mauvaises qu'ont
ressenties tous les hommes, toutes les délices des
saints, en échani'e d'un seul instant du bonheur
que je soMe et des éblouisscmeiits de gloire qui
me sont donnés, je dirais : Non, je n'en veux pas. »
(jCS joies intimes et si merveilleuses avaient
souvent au dehors leur rejaillissement. Quelque-
fois, on la voyait éclatante et resplendissante de
clartés célestes; ses yeux dilatés et immobiles
brillaient comme des t'iambeaux, et parfois cette
joie durait plusieurs jours sans s'épuiser.
Dieu lui donna cette assurance qu'entre elle et
lui, il n'y avait aucun intermédiaire. Souvent,
pi'nd.ml la Messe, Notre-Seisneur se montrait à
ses yeux, sous la forme d'un entant de douze ans.
Chacune de ces visions excitait en elle de tris
transports que, mal;,'ré la sainteté du lieu ou du
moment, elle les manifestait par des cri», des
larmes et des extases prolongées.
SA COX.NAIsSANCB DE LA PASSIOM DU SAUVEUR
1.1 contemplation des souffrances du Sauveur
lui devint tout à fait familière. Klle aimait à dire,
que les richesses et les biens leinporels étaient
les miettes qui tombaient, à la vérité, <le l.\ table
de Dieu, maiscjue le» morceaux délicats de cette
même table étaient les croix et les maladies; que
ceux qui étaient afili-és et souffrants étaient assis
à la table m'^nie de Jésus-Christ,
La vue d'un crucifix la plnnj;eait dans une si
tTande tristesse, provoquait tant de larmes, que
^a compatme avait soin de voiler celle sainte
ima^ie. " Si quelqu'un, disait-elle, mo racontait
la Passion, telle qu'elle fut, je lui dirais: C'est donc
loi f/ui l'as soufferte ! n
" Quand je mcililais sur la Passion, disait-elle
encore, je sentons le supplice de la compassion:
j'éprouvais, dans les os et lesjointures, une dou-
leur épouvantable et une sensation, comme si
)'aTai« éi^ transpercée tout entière, corps et Ame.
Je Toyaii le Sauveur, dont la chair fut emportée
par les clous, jusque dans le bois de la croix ; et
au pied de cette croix, à la place de serviteurs
dévoués, le diable s'infjéniant ;\ rendre le supplice
plus cruel, et inspirant aux bourreaux de refu'er
la *.'outte d'eau que Jésus demandait en criant. »
Ex[diquant une autre fois la prière siipn'mo du
Sauveur sur la Croix, elle disait: " A cause du
crime sans nom, à cause du déicide, peut-être
Dieu le Père allait damner le fienre humain,
comme il rejetait le peuple juif, si Jésus, oubliant
toute autre douleur, n'eût crié et prié dans la
mort, pour nous et vers Dieu : Mon Père, par-
donnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! »
<' Et cependant, concluait-elle avec amertume,
quel est l'homme qui répond à cet amour sans
mesure? La vie, la mort de Jésus sont comme
non avenues, nous les jetons derrière notre dos,
pour ne plus les voir. Venez donc, lils de la béné-
diction : regardez cette Ooix, regardez celui
qu'elle port* et pleurez avec moi, car c'est nous
qui l'avons tué. Plus vous avez» reçu et plus vous
devez rendre. >>
ADMlRAlil.l. DoinKlNK ui; L\ SM.NTE
PUlSÉlE DANS LA PASSION
\(in de mieux faire comprendre les vues
sublimes de la bienheureuse Angele sur la Pas-
sion, qui fut le principal moyen de sa sainteté,
nous allons, dans ce chapitre, la laisser pailer
elle-même. Nos lecteurs n y auivntque du profil.
Nous lraii<c»-ir,.iis, en l'abrégeant, le chapitre
treni'- -cinquième :
« L'n jour, j'étais en prière. Je méditais ax-ec
une douleur profonde, mais intérieure, sur la
Passion ; j'eus l'apparition du Christ crucifié. 11
me montra comment il avait été suspendu h la
Croix, et comment l'Iiomine qui se perd ^sl sans
excuse à jamais, car le saint exit,'e de l'homme
ce que le médecin exi^n du malade. Il faut avouer
son mal et exécuter I ordomi ance. Il n'y a pis
de dépense à faire pour le ti-aitenienL Mon Ame
eut alors l'inlellifience de l'antidote, qui réside
dans le sans du Christ.
>' Conformément à ce que je venais d'apprendre,
je m'efforçai d'étaler devant Dieu toutes les
misères de mon Ame. .Mors, je comptai chaque
misère et \v dis: Seijjneur, ref;ardez ma tcle, .je
lai couverte mille fois des insignes de l'orfjueil,
j'ai donné à mes cheveux des formes contre
nature, ayant dans mon cirur des intentions
coupables Seii'iieur, rei:ardez mes yeux pleins
d'im(iudicité. inj'-ctés d'envie, etc.
Il Je continuais à accuser chacun de mes
membres et à raconter leur lamentable histoire.
I) Jésus écoula avec une (.'rande patience et me
répondit avec une f;rande joie ; il me disait : " Ma
fille, ne crains, ni ne désespère. Je suis puissant
pour le f-'uérir, *!i tu veux appliquer sur ton Ame
et sur ton corps ce que .je te donnerai ; tous les
attenlats que tu as commis sous tes |iariires, la
fierté, ton orf.'ueil, lout cela je lai expié; pour
ces onguents (jui nnt déshonoré ta tète, la mienne
a éti' tirée par la barbe, dépouillée de cheveux,
percée d'épines, ensan^'lanlce, méprisée jusqu'au
couronnement. Ma face a l'tè .ouverte de crachats,
et mes yeux, pour expier les péchés des tiens,
ont été voilés, noyés ,1e larmes et de sang.
.1 Pour les crimes de tes oreilles, j'ai entendu
lei^ fausses accusations, les insultes, les moque-
ries, les rire» et les blasphèmes, la sentence de
mort et le» pleurs de ma mère; j'ai entendu sa
compassion.
Il Pour les plaisirs de la gourmandise, j'ai eu
la bouche desséchée par la soif et le jeûne. Cn
m'a présenté le fiel el le viiiai^.'re. Ton cou s'est
aiîité par les mouvements de la colère, de la
concupiicence et de l'oriiueil. le mien a été
meurtri par les soufllets ; pour les péchés Je tus
mains et de les bras, qui ont f.iil ce que tu sais
bien, mes mains ont été percées de (,'ros clous,
liées au bois et j'étais suspendu par elles. Pour
les péchés de ton cœur, ou se sont déchaînées lu
haine, l'envie, la concupiscence, le mien a été
fiercé du fer de la lance. «'t c'est Je là qu'a coulé
e remède. Les péchés de tes pieds, tes danses
lasciv, s. tes courtes mauvaises, je les ai expiés
par li's blessures de mes pieds, qui furent cloués
et mouillés de tout mon san;:.
" Pour les pécht-s de tout ton corps, le mien,
frappé horriblenieiil. tiraillé à la façon d'une
peau, fut étendu --ur la croix. J'ai été mouillé,
des [>ieds à la léte, parla sueur de san:;, souffrant
d'utrncestortures. criant, pleurant et priant, jesuis
mort dans mon ^'ômissement, tué par ces tigres.
' Pour tes richesses mal acrjuises, j'ai port^ la
pauvreté, *ans abri, ni pour naître, ni pour vivre,
ni pour mourir, et j'aurais été livré aux cbicn^
et aux oiseaux de proie, si, par pitié pour ma
grande misère, on ne m'eût donné un sépulcre
d'emprunt. >•
■ Le Christ parla ainsi et je vis son àme torturée
par la Passion de son corps, par la douleur de sa
mère, par notre refus d'.idorcr et de compatir. Il
ajouta: i- Tu ne trouveras ni péché ni maladie
dont je n'aie porté la peine et oITcrt le remède.
Pour les immenses douleurs que vos Ames misé-
rables devaient subir en enfer, j'ai voulu être
torturé totalement. Ne t'afllipe donc pas; mais
tiens-moi comna^'nie.
" Marie-Madeleine était malade, elle désira
sa délivrance et elle fut délivrée. Celui qui
désirerait serait délivré comme elle. •■
• 1^ Crucifié ajouta :
» Quand mes (ils, abandonnant mon royaume,
se sont faits enfants du diable, s'ils reviennent
au Père, le Père en a une telle joie qu'il leur
donne des consolations «ju'il n'accorde point aux
ueru'es fidèles, car plus grand l'humiiie aura fie
i/oris /«■ pcche. plus grand il pourra Hre aussi itaiis
l'autre abime! »
C'est ce qu'on a tu, en effet, dans certaines con-
versions admirables, comme celles de sainte
Madeleine et de saint .\uf:ustin. .Mais, hélas!
pourquoi sont-elles si rares, ces conversions si
purlotites. •' L'homme qui veut trouver la prAce,
ajoutait Xotre-Seifjneur, doit toujours tenir ma
croix de bois immobile devant ses yeux! ■
SIOHT DE LA UIF-.NBELREl'SE ANGÈLE
Il CEMENT DBS DOCTEI'RS SUR SA VIE ET SES tCRIT-
ijuelque temps avant sa mort, sa coin|>af;ue
vit un jour, auprès d'Angèle endormie, uni' bril-
lante étoile dont les rayons se portaient vers le
(•i>rps de la .Sainte, puis, se repliant sur eux-
iiièmes. ils se redressaient \ers le ciel. Cette
apparition fut comme l'indice de la mort qui
allait l'unir bientôt et pour jamais à son Epoux
céleste.
Cotte mort fut ce que faisait présaper une si
sainte vie. Entourée de ses enfants, des Frères
.Mineurs; fortifiée des sacrements de l'Eylise que
lui donna son confesseur et son historien, Arnaud,
elle s'endormit dans le Seigneur, le samedi soir,
4 janvier de l'an t;tO".l.
Elle fut enterrée dans une chapelle de l'éplise
des Kranciscains de Folipno, ou ses restes sont
encore aujourd'hui l'objet d'une prande véné-
ration.
Le pape Innocent XII autorisa son culte en
10y;i. La fétc qui se célèbre cliei les Franciscains
le .11 mars est fixée par les Uollandistes au
4 janvier, jour de sa bienheureuse mort.
Tous les auteurs mystiques ont puisé il.ins les
révélations de la bienheureuse An;;fle : saint
François de Sales les cite avec respect dans son
Traite itr l'amour 'le lUeu. Voici le jupemeni qu'en
porte un écrivain qui les avait étudiées avec soin:
<• Personne, dit Maximilien Sandée, de In Coinpa-
puie de Jésus, ne lira ces révélation» saii» admirer
comment Dieu ne fait acception de personne. Sa
grAce se répand indislinctrineiit sur b-s Ames
pures et sur les cœurs repentants, tjiiel exemple
dans la bienheureuse An:.'èle, cette sublime
maîtresse (les théolopiens, dmit la doctrine ne fut
extraite (jue de ce livre, écrit nu dehors comme
au dedans, et <jui n'est autre cjue Jésus, vmi Dieu
et vrai homme, qui seul donne aux Ames la
science infuse. •
Im,|. .;'
l \'t TtriM >
I r .11.
K.VISSAM^f ET VOCAIUJ.N UB SAINT .-IMt^N ^TVLIIR
Vers la fm du iv siècle, tandis que l'hérésie
péla;;icmie at(a<|uait la doi-lriiie de la «race, Dieu
consolait si>n Efilise en faisant érlaler, dans la per-
sonne de ses saints, les merveilles que celle mt^me
grâce sait opérer. Saint Siinéon Slylili- fut un de ces
liomines envoyés de Dit'U pour iirotester contre
le pi-layianistne par l'aolion, tandis que d'aulres
prolestaient [lar la doctrine.
SiniL-on naiiuit à Sisan, humble bourgade de
Cilicie, dans 1 Asie Mineure. Ses parents n'étaient
ftas riches; aussi fut-il destiné, daus sa jeunesse, ;\
a ;. irde des troupeaux.
Il ivait treize ans Jorsque, par un jour d'hiver, ne
pouvant vaquer à ses occupations ordinaires à cause
de la neige, il se rendit à l'église pour occuper ses
loisirs. On lut, ce jour-l:\, l'Evangile des Itéatitudes :
•■ Itieriheureu.x ceux qui pleurent, parce qu'ils seront
consolés! Bienheureux ceux qui onl le cu-ur pur,
parce qu'ils verront Dieu. " Ces paroles frappèrent
le jeune berger, n Comment peut-on réaliser sur la
terre la perfection des bienheureux dont parle le
Sauveur? n demanda-t-il à un vénérable prêtre. Celui-
ci ri'pi>ndil que la vie monastique avait été instituée
pour atteindre ce but suprême de la spiritualité.
Siméon n'en demanda pas d'avantage. Désireux
d'embrasser une telle vi"-, il court se prosterner
dans une église voisine, dédiée à de saints martyrs,
et li, faisant un entier sacrifice de lui-même, il
-upplii- Dieu de lui manifester sa volonté, (domine
il jir.dongeait sa prière, le sommeil finit par le >ut-
l'i'.-ndre. Le Seigneur répondit alors à ses supplica-
tions eu lui envoyant un songe.
SONGR DR SlMtolt
" Il me semblait, disait-il lui-même, qae je creu-
sais les fondements d'un édifice, (^luand je crus le
fo'.sé assez, profond, je m'arrêtai." Creuse encore! ■■
me dit alors unt- voix. Je repris mon travail, et
quelque temps après, je m'arrêtai de nouveau. La
\<nx reprit un'- -ieconde fois: •< Creuse eiici>re! ■>
i,>iialre fois je tentai de me reposer, quatre fois la
iii> iio' \oIi stimula uioii ardeur. Kniin, elle nie dit:
Maintenant lu peux élerer un édifice
.11 jii'il te plaira. »
I ]>M> COMME.'HCe A CBKL'SKH LES KO!<OIUIK.'(TS
DK LA rr.HKECTION IIELICIKUSK
I'' lairé par cette vision, dont Dieu lui lit com-
ji'uilre le sens, le pieux bei:j' i n'Iiêsii.i plus. Il
■ irut, des le siiir iii^'ine, s'en ns un iiio-
ii 1 '. re. ! Il' l'i ' - le *^is.'iii .\n I iix années,
tioii, il >e
!• ■ ni qil.Ttre
11. ) !. .
■million mniilrn tant irard*ur qu'il eut hienlAt
lieu de tclraite où il pût, sans préjudice pour per-
sonne, donner libre cours aux élans de sa ferveur.
LA CABANE DE TIÎLA.MSSE
JEl'NE UK QUARANTE JOURS
Siméon sortit donc du nionaslère de Téléda. Tl y
avait passé dix ans. Lriaiit de montagne en luon-
tagiie, il trouva, aux environs de Télanisse, une
petite cabane abandonnée. C'est là qu'il se fixa, la
trouvant asseï misérable pour lui.
Ci-pendant, le carême approchait. Poussé par
une inspiration vraiment siiinaliuelle, Siméon se
]proposa d'imiter le jeune de .Notie-Seigneur. Il
connaissait dans les environs un pieux prêtre,
nommé Itassus: il le pria de faire muier la poile de
son réduit et de l'y laisser, ainsi enfermé, pendant
qiiaraiitejoiirs, sans aucune provision. Iliiiiiainement
parlant, c'était tenter Du u ou se condamner à une
mort volontaire. IIu.->.mis le lui lit entendre. « Kli
bien! mon Père, dit alors Siméon, laissez-moi une
cruche d'eau et dix pains. » Ha-siis lit luurcr la porte
de l'eriuile, et l.iissa les quarante jours s'écouler.
Au bout de ce temps, il lit d< iiiolir la niaionnerie
et pénétra dans la cabane; les dix pain< cl la cruche
d'eau étaient intacts, mais le saint, p.Ue et décharné,
était étendu à terre, privé de -tnlimeiil. Hassus prit
une éponge, lui humecta les lèvres et lu! donna la
Sair.t,. Communion. Le corps vivifiant du Christ
ranima le corps du pénitent. On lui lit prendre
ensuite un peu de laitue et de chicorée, et bientôt
il fut complètement c l.ildi. .Mais c'était un miracle.
Celte terri bl<- expér,. n.e ne découra;;eapas.'siniéon
et, chaque ann'-e, il r. rommenc.i su dure pénitence,
jusque vers la lin de sa vie, où les inlirmilés et l'.Atie
le contraignireiil a plus de mén.'igemeiils. •• Il y a
vin;:t-liuil .ins qu'il p.i-se ainsi tous le» carêmes,
é< riv.iit Théodoret, éveque de Cyr, du vivant mêoïc
du Saint. Le» premières années, s,.s force» s'alTaiblis-
sjiietit par def:ré; la preini> n' semaine, il pouvait se
tenir ilelioul; mais ensuite, il lui fallait s'asseoir,
piiiss'étcnilre à terre; enlin, (|u.iiid la fêlede l'Aques
arrivail, il était à demi mort. L'habitude semble
avoir doublé ses force». A mesure qu'il a a^îg'''»^»'
ses mortifications, li- secours de la ;;rÂce s'e«t au:;-
menté aussi, et tout lui devient facile. »
VlSin bR SAI.Vr-HlLlJkCR — HKNHIIMI^.R DR SIMltuN
Après avoir passé trois ans dans son ermitage,
S •■'" '• .ii.iii I "oiir s'enfiuicer plus a^ "•! .Im- li
1 ; roeher du ciel, vei
, . . ; : . le son Ame. Il *c > ■
I te los de ; au milieu, il fit river au
i,.,|ier l'e' cb.iiiii' de fer, longue de
Mhgt coudées, dont l'autre extrémité serrait sa
j.imbe droite.
Vert ce temps, sainl ^'
«lliiê par le |iarfuui que I
I lîour df lui, w^
[II. Il .. M. .11 fréi
la 11. lin
besoin de
lil.lis II
moyen in.'éuieux pour v? remettre
l:
I..
I , 1 ..Jii lit .Me r 1 :,'i .■> reîi_'ieii i ne vnu-
. «ani
. Il pria
.rdent piinilenl de ie ciiolwr, daas la xoliiude, un
H • -.
la|}Urnaon.ilc I Aip-
>(». \jr >ain( Icarublr-
nuit tout : et plus les f;rd.c«s et les guérisons ::^e
iiiiiltipliuient, plus Taffluence devenait grande.
-lUÉON CONSTIIIUT l'bDIKICK — ODBISSANC.E Di; SOLITAIliK
Ctillf iiriluence imporluiiait le solitaire; ccnV'Iait
|i,is (■(; qu'il ('•lait venu cluTcher au d^^seit. Perp^-
luilleiiiciil i-nl(iurt'; d'une foule avide de loucher ses
\iHernents et do rercvoir sa h^'tiiédiclion, sdii humi-
lité en était lroubl«''e. Uiou vinl à son aide, et lui
inspira un sini-'ulier moyen de s'isoler, du moins,
autant qu'il étail nécessaire. Siuiéon lit construire,
au milieu de son enceinte, une colonne de six
coudées de haut, sur trois pieds de lar^e. Le sommet
éail cnloui'é d'une balustrade, dans laquelle il
s'enlerin.i, résolu de n'en [dus jamais sortir.
Ue celle colonne, en grec stylf, lui vint le surnoia
de Stutite.
Au coninienceraent, les prêtres et les relif,'ieux des
environs parurent alarmés d'un t,'enre de vie si
o.itraordiuaiie. L'un d'eux vint en leur nom si;;riifier
au solitaire d'avoirà descendie immédiatement. Sans
hésiter, Siméon diMuanda une ifclielle et avançait
déjà le pied pour obéir. <• Gouraj^e ! fils de l'obéis-
sance, reprit alors l'envoyé, conrorinémcnt aux
instructions qu'il avait reçues; coura^'e ! les l'éres
du désert NOUS perinetteul de continuer vnlre ;;emi',
de vie; votre soumission est la [ireuve que l'Ivpiil
de Uieu vous dirif,'e. »
BF.GLKMK.NT IIK LA JOUR.NKE DU 3TVLITE
Le Stylite demeura donc sur sa cidonne. Les
heures de sa journée étaient partaf;ées entre la
[prière, la prédication et les œuvre» de charité.
Chaque soir, après le couch(;r du soleil, il se
recueillait et commençait ses cidloques avec Dieu.
Son oraison, à peine interrompue par queb|ues
heures de sommeil, se prolon^;eait jusqu'au lendc-
iiiain, bien avant dans la matinée, l) priait ordinai-
rement debout. Son Ame se pénétrait tellement de
la pré>;eiic.- do Dicii, qu'il l'honorait parde fiéquenles
••i profondes inclinations, au point de toiichei' du
front la pointe île ses pieds. Le peu de nourrilure
qu'il s'accordait donnait à son corps celle souplesse
extraordinaire. Quelqu'un voulut un jour cninplcr
ces irnlinations. Arrivé au nombre de mille di-uv
cent quarante-quatre, il s'arrêta, n'ayant pas la
palien<;e de suivre le Saint plus lont;tecnps.
A la veille des grandes fêtes, quand le soleil avait
disparu derrière les niMiitai^'nes environnantes, on
.(lyail le Stviite se dri"-si;r sur se» pieds, et lever les
mains vers le ciid. Il demeuiait dans cette attitude
pénible jusqu'.iii lever de l'aurore, immobile, infati-
gable, vainqueur des imporlunités du sommeil.
»llléON tT.»lT-II. n'OSB NATURB A PAIIT'/
Celte persévérance que mett.iil le Suint à demeurer
debout avait déterminé une plaie k son pied diMit.
Klle lui caitsait de vives douleurs ; et cependant,
{amaii il n'en avait dit un mot. Il fallut la cirroiis-
tance suivaiile pour la lui faire dévoiler.
In riche Arabe, ayant entendu p.arlir de» mfr-
willci que le Slylile accomplissait, s'en vint, lui
aussi, pour les lontemnler de ses yeux. Arrivé au
pied de la colonne, il s adressa au Saint : «H loi qui
ne dors ni ne niaii^'es, dit-il, qui place» t.i demeure
il.wi^ le^ lies, sans défi-iife contre le veul, sans abri
f'' irdeur» du soleil, dis-le moi, ,iu imni de
ni rpii ,1 rachelé le monde, es-lu un boniiiie
<iu un e^|lrlt '.' » ïj\ Saint, pour tmile r'''pnnse,
l'invild à moriior juiqu'à lui, el découvinul la pl.ile
de Hon pied : " Cmyei-voiis maiiilenaiit que |e
soi* un bornine comme vous? m dit il en souriant.
I ' Irangcr descendit, ravi d'admiralion.
LK STTLITE PHâniOATEUH
Après la prière venait la prédication. L'ancien
ber;^er de Sisan n'avait jamais étudié les leilr.'H
humaines. Aussi s'occupait-il peu do l'a^enceaiont
des phrases. Mais son hmc, sortant de la contem-
plation où elle avait pénétré dans les liiMix et puisé
abondamment à la source de toute vérité, n avait
nu'i s'épancher sur ses lèvres pour se répandre en
Ilots d'une admirable éloquence.
C'est ainsi que Siméon ranimait la ferveur chei les
chrétiens. Sa parole n'était pas moins iflicace sur le
cunir des infidèles. Le solitaire les voyait accourir
sur sa montagne en aussi prand nonibre que les
autres, (iémissant devoir ces pauvresAmes captive.;
dans les (ilets du démon, il s'a|ipliquait à leur mon-
trer la faus'ieté de leurs dieux. On les voyait se
convertir par milliers, briser <le\aiil le, S.iint leurs
idoles, et demander à grands cris le baptême.
L'auditoire était composé de chrétiens et d'infi-
dèles. Aux premiers, le saint prédicateur rappelait
les devoirs de l(!ur sainte relif;ion el les [ireceples
de riivan^ile. Cn n'était pas asseï; il voulait élever
les cii'urs plus haut. Quand il venait à parler de la
vanité des rhoses de la terre, comparées aux trésors
de la vie future, sa parole, comme un aima:it d'une
merveilleuse puissance, enlevait les esprits les plus
charnels aux soucis d'ici-bas, les emportait à sa
suite jusque dans les cicux, pour leur faire coûter
un moment combien le Seigneur est doux.
l'ÉRILLF.IJSE AnlIKDII DES NOl'VKAUX CONVERTIS
L'évéque de Cyr, Théodoret, venait souvent visiter
le Slylile. Un jour, il faillit être étoulTéjiai- une bande
d'Arabes nouvellement convertis.- Le Stylile,' ci it-il
lui-même, leur avait dit que j'étais prêtn;, el leur
avait conseillé de me demander Uia bénédiction, lin
un instant, toute cette inulliludose précipita autour
de moi, montant les uns sur les autres, lendant les
mains pour loucher mon vêlement, ma barbe ou
mes cheveux. Ils allaient in'éciHM'r.ipiand le Slylile,
poussant un cri, arrêta soudain leur l'ouf;ue indi.s-
créte. •>
Iles natures si nrdenles devaient être bien plus
impressionnée par les faits que pai le* jiaroles.
.\ussi Dieu multipliait devaiil eux les niiiacli's par
le moyen du son serviteur.
UIRACLES
Un jour, le chef d'une tribu vinl implorer le Saint
en faveur d'un jeune homme de y;ï suite qu'une
paralysie soudaine avait atteint en route. Le soli-
taire se le lit amener :
<• Oois-tu au Turc, au Fils et au Saiul-lîspril '? •> loi
demanda-t-il.
« J'y crois,» répondit le paralytique
" Kh bien, reprit Siméon, au nom du !•' le, du
Fils el du Saint lvs|irit, lève-loi, preiid> le chef de
ta tribu sur les épaules, el por|e-|e>oiis sa lente. »
Le jeune homme exécuta facilement cet ordre,
qiioi(iue '^on fardeau ne fiM pn- des plus légers, et
liius les nssislanls bénirent le Ihiii des chrétiens.
Un nulle habitant du ib - ri, entraîné par celte
ardeur que donne la i/i'ice du liaptênie nouvellement
reçue, avait promi- "> l liledene plii" nlan^^e^
de viande. Un jour. I, «ucconibanl à la leii-
lation, il aiiprèla m j'our son repas, Il allait
coiiijdéter la violnlioM de son vœu, lorsque, par une
ericordirn ' di position de la Providence, 1 1 .A
mis
sa (^nind
lut jinrill
d< .sa faute.
la chair délicate du petit anirM.il
pie lie la pierri'. Com|U'enai>( ce
I .il I oiiriil porter m -.mil
lUpable, el obliiit le ' i Ion
Le Saint avait aussi la science infuse des divines
Ecritures. Il s'en servait pour confondre les Juifs. Il
en tirait aussi contre le- hérétiques des arguments
<]ui leur fermaient la bouche, et déjouaient leurs plus
subtils supbismes.
AUDIENCES
Quand Siini-nn avait terminé son instruction, les
portes de l'enceinte s'ouvraient, .\lors commençaient
ce que l'on pourrait appeler les audiences.
Les malades venaient réclamer une bénédiction
qui leur rendait la santé. Les pauNces et les oppri-
més acc'uraieiit au Saint, comme à un protecteur
assuré el tout-puissant
l'ne corporation d'artisans d'Antioche se présenta
un jour, au nombre de trois cents, au pied de sa
r.il.inne. Le préfet de la lille venait de leur imposer
une taxe injuste el ruimuse. Siméon, toucbé de leurs
plaintes, adressa de charitables représentations à
l'oppresseur. Celui-ci s'en moi|ua: mais aussitôt,
saisi d'une hydropisie soudaine, il tomba à la ren-
verse et se débattait convulsivement au milieu d'indi-
cibles douleui-s. Des envoyés allèrent de sa part
implorer l'aide de celui qu'il venait de mépriser.
Siméon bénit un vase d'eau, el leur dit : •< ilàtez-
vous de porter cette eau à votre maitre; si Dieu
prévoit qu'il profitera bien de sa puéris'in, queliiues
Ro\ittes jetées sur si>n corps chasseront le mal qui
le torture; sinon vous ne le reverrei pas vivant. ••
L'u exprés fut dépéché pour porter l'eau. Mais il eut
beau fairi- dili:.'ence; au moment où il mettait le
pied sur le seuil du palais, le malheureux expirait
au milieu de ses horriblo soulTraiices.
Voici un eïemple moins terrible : le Saint n'avait
pas à combattre seulement l'injustice des hommes,
on avait aussi recours à lui dans toute espèce de
calamité. Une invasion de rats désolait le territoire
d'Aphsi^n; les habitants vinrent le supplier de les
en délnrer : " Sachet, leur dit-il. que cette calamité
est une punition de vos péchés. Faites donc péni-
tence, priez, célébrez les vigiles, el offrez le Saint
Sacrifice pendant trois jours; puis, avec de la pous-
sière recueillie sur cette moiita;^'ie, faites trois croix
h l'intérieur de chaque maison, et aux quatre coins
des »illes. .. On exécuta ces ordres et le Iléau dis-
parut. Souvent, au pied de la coluiine vénérée, les
créanciers faisaient uén'-reusement à leurs débiteurs
une remise cuiupli-te ou pluti>l chart:eaieiit le soli-
taire de les payer avec les dons du ciel. Les esclaves
-•' •. "Vti-nt affratichis, les ennemis se donnaient le
I ' ' paix et de récomiliation.
^.::i 11 se liNrail ares leuvres de charité jusqu'au
' <>uo4i>'r ilu soleil. Il f.ti-ait alors une seconde ins-
truction .1 II f' tib- et retournait h la prière. Tel
fiait le I journée. (.In le connaissait;
I t .r.iiil Ips en surveillaient l'exécu-
I 1 ■ -I ,, Il it trouver, au milieu du
.■.-iii>.. ■■ i I. ,- iiit de la foule, le recueil-
If iii'iil uéc«»»aire pour vaquer à l'oraison.
INFLL'KNCK IlL- STVLITK
Du haut fU «« colonne, le Stvlit« correspondait
avec le» ; i-.
Il pai i-me
Pendant que l'ancien berger de Sisan faisait res-
plendir en Asie l'éclat de tant de vertus, en France,
une jeune benjére recevait, dans la boui"f.'ade de
Nanterre, la bénédiction prophétique de saint (1er-
maiu. et, devenait, sous le nom immortel de sainte
Geneviève, la sauvegarde de Paris et la patronne
de notre nation. Par un merveilleux effet de la
jirAce, le serviteur etl'épouse du Christ se connurent,
sans avoir jamais pu se voir «les yeux du corps.
Les pèlerins qui venaient des rives de la Seine aux
pieds de la colonne apportaient au solitaire les
salutations de Ceueviéve, el le solitaire se recom-
mandait, par eux, aux prières de la jeune vierge.
MORT DD SilNT
Le Slylite avait successivement élevé sa colonne
à six coudées, puis à douze, à vini;t-deux, et enlin
à quaraute coudées. Le Saint demeura quatre ans
sur la première, treize sur la seconde, autant sur la
troisième, et les vin:;t-deu\ dernières années de sa
vie sur la quatrième. Il resta donc plus d'un demi-
siècle ain^i .-«uspendu entre le ciel et la terre, ne
voulant emprunter à celle-ci que l'espace suftisaut
pour poser le pied. Si la théorie de ceux qui nient
la possibilité du miracle était vraie, la .science
humaine serait ici bien en peine de faire accorder
une telle longévité avec une vie si dure et si peu
projire à ménager les forces corporelles.
I.'.^me de Siméon, piiriliée par tant d'austérités,
n'avait |dus qu'à se détacher de sa prison poui
s'envoler au séjour du bonheur, l'p jour d'orage,
un éclair cntlamina soud.iin la colonne, el le
tonnerre gronda 1^ séparation était faite. L,i
déjionille mortelle du Stylile foudroyé demeura
debout, sur le théAtre du combat, dans l'altitude di'
la prière; comme si. dit le c-hroniqueur, ce vaillant
athlète du Christ, qui n'avait aspiré que vers le-
cieuz, eilt redouté, même après sa mort, le contact
de la terre.
Iji mort subite n'est pas un cliAliment pour le
juste, parce qu'il est toujours prêt. .Mais pour le
méchant qui ne sait pas prévoir l'heure où finiront
ses plaisirs, elle est un arrêt de damnation. Aussi
l'Eglise, dans ses litanies, demande à Dieu d'i'carler
de ses enfants, non pas la mort subite, mais la mort
subite el imprévue.
nONNlUBS nCMIl'S AVX BEMOf W 01' STTLITI
I dépouille sainle demeura plusieurs jours s
une, exposée i la vénération de la foule.
La
colon
les Ilots pressés semblaient augmenter depuis
le S.iint avait émigré d'iri-bas. lue garde surve
le précieux trésor.
Knfin la ville d'Antioche fiil'dr«ini'e pnnrrn
enrichie. Sur le passage du cor
li-s reliques. |ps (niérisons »e m
frappe ' comme !■
ellen'.i, iislapui-
Au «■iiiiiii' 1 liu Tél.o.
basiliipie. au milieu c
s'élaii< ait d.ii
à la Noùte. •
la mort du .-imm.-, m
lien, au jour de sri
ur lu
lonl
que
illait
être
■ • il
ceux qui «vDuenI I invoquer auprv» de
'N^/«url«» l'er-
î.tr.'
une ].-'■
I lieUC«K'<>.
\ui\jci.iiil, rtiiiutM«>. >i, rue liiii.oi I'. IjH»
L'EPIPHANIE DE NOTRE-SEIGNEUR
FHt le 6 janvier
« La Wl« de l'Epinbanie, écrit le pieux et sarant
afcb* de Solesnifs. dom Guéranger, est la suite du
rnv^t^re de lb>tliUf m ; mais elle se présente sur Iiî
eTcle cbr<>tien arec une grandeur qui lui est
fr«pre. Son nom, qui signiQe mantfetlation, indique
a!>sez qu'elle est destinée k honorer rtpparilloi d'oa
Dieu au milieu des hommes.
Ct jour, en elTet, fut coniacré durant plu(i«un
iiècles k fétcr la naissance du Sauveur; et Inniqat,
vers l'an 376, l«t décrets du SaiDt-Sié(« obligér«al
t( lies les Kiilisfs a célébrer d''-f'jrui:Li«, ivcc Rome,
le mvilere de la Natirilé au 25 tiécemln'», le 6. jan-
vier ne fui pas entièrement dé!.lu-rilé de >on antiouft
ploire.^Le nom d' Epijjhanie lui resta a.ec la glo-
rieuse mémoire du baplèoie de Jé5us-(^hrist,^dont
une Ir.iiiilion fixe l'anniversaire à ce jour.
L'.-_ .,.-., -/(n^rable
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la fdta dan» les livres liturgiques de
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'uni, i'-3 y
lit encore celto solennité
ius« du baptême aue l'on
Mur en piémoire au bap-
- le Jourdain. On sait que
ins les Përus illumination,
.inin^^.
,.ous faniil .en France,
Rois en - • 'les Ma<;ps,
iieililéein eslpariicuiiurement Boien-
les fêles de PToêl, de
.1 Pentecôte, l'honneur
■•■■' '■■ la
re-
le
.!iie
'ua
le la ronTPTition fuite, en tfiOl, entra
' l'.aprara
. . i.'lé des
imer un ^r.LSii iiuiiibre. U y eut
!ie furent pas supprimées, mait
au diiiia
subireii
'■ j.iii'iei
«Lardar,
jui
iiit-
et
lie,
11 i-
iid
jour dans lout l'univer |ue
de? jours p!-':i-"'- i"" '.et
3u'iin a»> "es
nul Iii '. ;....^....- _^ .: :-,,■: .jUS a
Se': ',1*.
( . ^ piphanie du Seiun>^ur est donc
Tin ta blâment un grand jour ; et -te dans
laquel'p nous a plnnp^s la ^Jativi' ■; Ktifanl
iloi' '.on-
i.ité de
>u( .ii>; ilu ^ • :."ins
L 1 . et, i«n- lire
,:■ ' ' . Juin i.uiaiii, il
iiTinilé le Sauveur
.1 VOIX de
LB TKoa nttrnmm càiJmàt w a ioua
1 . . nl« r^ltM ne fï'le na» s«uleiiuiil •ii Ce iour
«'■ ■
,1 .t
CAUI
gnage h. son Fils bien-aiuié, et eaUa le miracle des
noces de Cana, où Jésus chantrea l'eau en vin à la
prière d« Marie ; premier miracle par lequel il
manifesta sa divinité à ses disciples.
HISTOIRB DES MACES
u Qnand Jésus fut né à BelhU'em, aux joun tlu. ri
Héma . raconte ^éTangéli^le saint M •'■■ -un
ati< Uet Mayej l'inrerU ii'i.)rient a J-'n. ml
Ou (>( '-f lut qui est né roi 'ic '■■'' ' ii.-
rij Jton t'K'ile en Drirnt H nou r. .
Oui étaient ces Uai/es? (.;uui: ii !) nu
venaient-ils T Qu'eiait cette étoile u
Comment les Maces connurent-ils qu ' un:
la naissance d'un Itui divin donné aus J .tiil
lequel les autres peuples devaient st .■•t '
Voilà bien des questions que notre pinlti eliiutie
curiosité se posent, en lisant ce texte de l'autttiir
inspiré. ÎNous allons tacher d'y répondre à l'aida île
lafradition et dus interprètes des Saintes BuHUins.
I. — Les .Mages n'étaient point de vi ' .n/i-
eteiu voués au service du démon; cbet ' >ui,
luéoialement chez les Perses, on appel, m jin /, mit
Classe d'hommes »i0c-s :( mvants. Ils jouisstuent a
ce titre d'une grande réputation pariii^ i....— ..m i-
tovens et exerçaient une puissante r unif-
ies affaires de leur pays. Les mases lI: o ^e
distinguaient en paiticulier par leur cnnnoisMtn'e
de r.L.^UoiDiiiie et des traditions antiques, llelle
étai: :te aussi la scie«ce de cas Mag«»'qui
vini ' I I Enfant-Dieu.
Uue trri ancienne tradition, ni " dèa le
second siècle par Tartullien, et , ; nr saiiil
Cyprien, saint Jean Chrysost<^me,
Augustin et d'autres P't»«, nn
étaient pr>nce> (>\i
dt Ttuinis et lic l i
roii dci
Cette
Gentils au m.h im.u.
Rédempteur des humiii
jusqu'à Jésus-Cbrist, l ......
deux fractions: d'une part
descendants d'Abr iIimh
conserve la coniia!
naître le Cliii^t,
des autres peuples, prt-
trie, et que les Juifs '.
fentxU c'est-A-dire les >■ <':^l
venu renverser ee mur de > '■•"•
|e> lier une
spii '■ calholi
la telle. Le» b' rgen» de li
appelèrent autour de ta i :
dt
aii:
• lu Sauveur Ujus les i «vu» >•> li^^uie U ui, ••
à la SDite duqu^il l« ] l'or k l'I- nfanl-Koi : M
Père crU.ir ,'',1 «.i.lxi.dia •« voii |HNir madré téiaoi-
1) Dân r, â%Bê tom b*l o ivr*^* d* l''4niUI* . 'a
Utaryifw iio, *■. raa Baaa^sil*. P&nt>. I sai
» • 111 p".n ouin
mort.
II. — d'où venaient LBâ MAGES?
De l'Orient, dit IXvangéliste. — Mais à l'Orient
de Jérusalem il y a place pour bien des royaumes
depuis le Joiirrfain jusqu'er. Chine. On pcn?e géné-
ralement que les Mages venaient du nord de l'AraJjie
et des pays que baigne l'Euphrate; il y avait en
effet dans ces. parapes plusieurs rois, princes ou
chefs de tribus, exerçant une autorité plus ou moins
indépendante dans leurs contrées respectives.
m. — UNECTOILB MERVIILLBUS8 APPàRDTADX ROIS MAGBS
C« a'était point une étoile comme les autres,
puisqu'on La voyait en plein Jour, et que, de iéru-
salem à Bethléem, elle avançait du nord au sad.
Plusieurs commentateurs ont'pen>é que c'était uô
météore lumineux, miraculeusement, formé par
Dieu pour la circonstance; d'autres se ^onl deman-
dé si ce n'était point un ange se mjrtiifestant sous
cette forme aux mages astronomes, pour les coii-
duire à Jésus-Christ.
Ce qui est certain, c'est que les Mages en com-
prirent parfaitement la signification; et sans relard,
comme sans hésitation, ils vinrent offrir leurs hom-
mages au Roi divin qui venait de naître en Judée :
« Oà est celui qui est né Roi des Juifs, disent-ils?
Nous avons vu son étoile en Orient, et nous venons
avec des présents pour l'adorer. »
'%,
K'-
Riche et magnifique cbâase contenant les relique» aes Roia Mages, dans la cathédral» de Cologne
de l .. . .„.
pripp! de 1
nébreui quf
lii-u de ma
non^er luir
il •
Pcut-i^'re Dieu avait-il éclairé miraculens''raenf
leur m', ilijonce ; peut-être aussi connaissaient-ils
par !r r, ou p^i- ig, Livres-Saints, portés à
U;i' r les Juifs captils, la fameuse prophétie
Cf prophète venu de leur pays, à la
iI.K-, roi de Moab, pour maudire les
V ■-« conduisait en Palestine.. Mais au
Dieu obligea Balaani à pro-
n magnifique, dans laquelle
que le Messie, liai du monde, naîtrait
ael : t Ainsi parle BaJaam, (ils de Béor,
ainsi parle l'homme dont les veux
ftermés; ainsi parle celui qui entend les
de Dieu, qui connaît les secrets du IVès
. jui voit les visions du Tout-Puissant, qui
tombe et let y«u» 's'ouvrent. Je le voif, mais pas
•ncore;je le contemple, mais non de pri:9. Une étoile
sortira de Jacob, un teeplre s'éUvera d'Israël. •
Bombrci xiiv.) Cette étoile resplendissante, ce
(eeptre dominateur, c'est Jéius-Chriit, notre lumière
•et notre Roi.
un
%'or-
éta • 1
ptrij I
naut
t-il.
LSI UAGM6 rt Ll ROI HKBOM
Mais au moment de la naissance du Sauveur,
Hérode l'iduméen, usurpateur du trône de David,
régnait en Judée. A la nouvelle de l'arrivée des
Mages, il se iroutUi, dit l'Evangéliste, cl ioul Jéru-
salem avec lui. Hérode, le plus soupçonneux et 1*
plus cruel des rois, qui avait fait mettie a mort son
fils aîné de peur qu'il ne lui ravit la couronne, .-.i^n-
gnit un compétiteur dans la personne de cet Eiilanl.
U n'ignorait pas d'ailleurs que les temps du .Mi^s&ie
prorais étaient arrivés. Au reste, observe un l'ère
de l'Eglise, Hérode ne se troublait pas Uni lui-
même que Satan ne se troublait dans l|.;rodc, dani
la crainte de voir le Messie veuir renverser son
tyrannique empire sur les imes.
« Assemblant tous les princes des prêtre» et !•
scrilies du ppiiple, Hérode leur demanda où de\
naltie le Cliri-t. Or, ceux-ci lui répondirent A
Bethléem, de Juda; car il a > té ainsi écrit par le
prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda. tu n'ei •
pas I& moindre entre les principales villes de Juda,
car c'est de toi que sortira le Chef qui doit régir
li*Taël mon peHple. • j
Ainsi la Synagogue, officiellement consultée, rend
témoignage aui prophéties en présence des gentils;
les Juif:i seront donc inexcusables de n'aroir pat
reconnu le Messie et de n« l'âToir point adoré.
Alors Hérode appelle secrètement les Mages, il
s'informe d'eux avec soin du temps où l'étoile leur
est apparue, et les envoyant à Bethléem, il leur dit :
KlXez., infonnei-voui exactement dtCEnfant, tt lortque
vous l'aurrt trouvé, venez me l'annoncer, afin que moi
aussi j aille l'adorer. — On sait dans quel but homi-
cide le perfide ennemi du Christ demandait ce
service.
LES Mà6IS ÂDX riCM DE jisUS
Cependant les Mages prirent la route de Bethléem,
« et voilà que l'étoile qu Ht avaient vue en Orient les
précédait, jusqu'à ce qu'elle vint et s'arrétitt au-deiius
du lieu où était l'Enfant. En voyant l'étoile, ils furent
remplis d'une immense joie, Entrant dans la mai-
son, ils trouvèrent CEnfant avec Marie, sa mère, et,
se prosternant, ils l'adorèrent ; puis, leurs trésors
ouverts, ils lui offrirent det présents, de l'or, de l'en-
cens et de la myrrh'.
Quelle foi! quelle humilité I Ni la faiblesse de
l'Enfant, ni la pauvreté de sa Mère, ni le dénument
de sa demeure, ni l'absence des populations ne les
ébranlent et ne les font douter ; les Juifs, orgueil-
leux et cupides, attendant un Messie rayonnant de
gloire mondaine et de richesses terrestres, mécon-
naissent Jésus; les Mages, au contraire, illuminés
par la grice, reconnaissent dans son abaissement
inout les merveilles de sa bonté qui s'incline vers
nous, ils se prosternent et adorent, pénétrés d'ad-
miration et d'amour. Jésus reçoit leurs hommages,
doucement assis sur ton trdne, et quel trdnel mille
fois plus beau que le trône d'ivoir* et d'or de Salo-
mon : ce trdne est Marie, sa Mère vierge «t imma-
culée 1
Hérode les attend, mais • avertis par an ange de
ne point retourner cbet Rérode, dit saint Mathieu,
ils retournèrent dans leur pays par un autre che-
min. »
Les anciennes traditions nous apprennent qu'après
la mort et la résurrection du Sauveur, l'apdtre saint
Thomas, dans ses courses apostoliques vers l'Orient,
retrouva les rois mages, leur conféra le baptême, «t
qu'ils consacrèrent & la conversion des Ames les der-
niers jours de leur vieillesse. Ils eurent même, disent
l«s Grecs, la gloire de verser leur sang pour Jésus-
Cbrist, lui offrant ainsi un présent plus beau que
l'or, l'encens et la myrrhe.
Après avoir été portées en diverses villes, leur»
reliijues reposaient K Milan, au m* siècle, quand
I empereur d'Allemagne, le dur Frédéric Barbe-
rousse, ennemi du Pape et de l'Italie, prit et rava-
gea cette ville avec tant de cruauté. Les relies des
rois Mages furent envovés en Allemagne; l'arche-
vêque de Cologne présitfa 4 la translation ; il accom-
pagna les r>'|iques à travers la Suisse, l'Alsace et la
Lorraine, en une procession qui attirail les peuple*.
Après un si'jnur ,i-iei lonRà >illerseiel et au château
d-- (iraramont. le jT.'rieux trésor fut solennellement
déposé kC I 1164. Cette ville derint ainsi U
rentre il'iir ci^lébre, et, au siècle suivant,
on cunslruiiit < riic ' .uliéilrale incomparable, l'un des
plus iplrndides monuments dt l'art gothique, la
gloire de Cologne. Là. dans une chapelle de marbre,
on vénère encore les reliques des saints rois; elles
sont enfermées dans une antique chlsse, jadis d'une
incroyable richesse, mais dépouillée d'une partie de
ses trésors k l'époque de la résolution.
DSACCS ET ailODISSANOS DE l'&PIPBAMI
Les rois et empereurs chrétiens, Théodose, Char-
lemagne, Alfred le Grand, Etienne de Hongrie,
Edouard le Confesseur, Henri 11 d'Allemagne, Fer-
dinand de Castille, Louis W de France, t<nrent le
jour de l'Epiphanie en grande dévotion, dit dom
Guéranger; et leur ambition fut de se présenter avec
les rois Mages aux pieds du divin Enfant et de
lui offrir comme eux leurs trésors. Jadis, à la cour
de France, le roi très chrétien, à U messa de
l'Epiphanie, venait i l'offrande, présentant de l'or,
de l'encens et de la myrrhe, comme un tribut a
rEmm.anuel.
Un autre usage a subsisté plus longtemps, inspiré
aussi par la piété naive des âges de foi. Pour honorer
la royauté des Mages venus de l'Orient vers l'Enfant
de Bethléem , on élisait au sort, dans chaque famille.
un roi pour '-elle fête de l'Epiphanie. Dans un fes-
tin animé d'une joie pure, et qui rappelait celui des
noces de Galilée, on rompait un g&leau, et l'une dr>
parts servait à daigner le convive auquel était échu'
cette royauté d'uh moment. Deux partions du gâ-
teau étaient détachées pour être orfertes à Jésus et
Marie, en la personne aes pauvres, qui se réjouis-
saient aussi, en ce jour, du triomphe du Roi humbli'
et pauvre. Les joies de la famille se confondaient
encore une fois avec celles de la religion ; les lieii<
de la nature, de l'amitié, du voisinage, se resser-
raient autour de cette table des Rois; et ai la fui-
blïsie humaine pouvait apparaître quelquefois dan>
l'abandon d'un festin, l'iaée chrétienne n'était pa'-
loin et veillait au fond des cœurs. (Dnm Guéranger.]
' Heureuses encore aujourd'hui les familles au
sein desquelles la fête des Rois se célèbre avec une
pensée cnrétienne 1 • La vraie piété donne à la joie
une saveur surnaturelle et préserve des écarts par
la vertu de tempérance et cet esprit de mortiOca-
tion, toujours maître d« soi, qu'un disciple de Jésus
crucifié ne doit jamais oublier.
QUE TOTKi «iwift AaarrB
L'humanité cherche des chefs qui la conduisent k
la prospérité et K la paix : Le Chef des chefs, le Roi
des rois, le Souverain légitime nécessaire, sans
lequel il n'y aura jamais qu« désordre, vice et
tyrannie, sans lequel aucune politique ne peut sau-
ver les boulines et les conduire (i leur bonheur
suprême, c'est Jésus-Christ, notre Dieu, noire Sau-
veur et notre Itoi. Sa loi ouvre le chemin de tous les
vrais progrés, donne la clef de toutes les réformes
talulairas, nous délivre de la servitude du mal al
nous met dans la liberté du bien. Lui seul peut con-
duire 1rs hommes parle chemin de la vérité, de la
justice et de la vertu, à travers les sacrifices et les
travaux nécessaires de cette vie, à l'immortalité et
au bonheur parfait. Avec quel amour nous devons,
en cette fête, lui offrir notre ccpur, par les doucea
et pures mains de Marie, sa Merel Avec quelle foi
nous devons le supplier de réuner sur nous, sur
tous les individus, sur toutes les sociétés, sur la
France, sur tous les peuples, aujourd'hui et demain
et dans les siècles des siècles I
Imp •ftrvnl, k. CaT.raaiiat. M, rue Kran^ui* I", Carit.
SAINT LUCIEN, PRÊTRE ET MARTYR
Fét» le 7 janvier.
Saint Lucien, prisonnier, offre sa poitrine comme table, pour qu'on y célèbre les Saints
Mystères, et puis distribue l'Eucharistie à ses compagnous
1. ENFANCS
Samosate, ville de Syrie, fut la patrie de Lucien.
Ses parents, de noble condition et sartout chrétiens
i''lés, prirent un soin allenlif de son enfance, et le
formèrent à la religion et aux vertus quelle en-
seigne.
A douie ans, resté seul après la mort des siens,
il court à une église, se jette aux pieds des autels,
choisit Dieu pour père, pour raère et pour héritage
Docile à la vocation qui l'appelle, il vend tous ses
l'iens et en distribue le prii aux pauvres. Se rendant
ensuite à Edessf, il s'y attache au pieux et savant
Maoaire, qui lui interprète les Ecritures et lui en
fait recueillir le miel le plus suave et le plus par.
II. IL SK FAIT MOIM
Il n'était encore que catéchumène; bientôt l'eau
régénératrice a coulé sur son front, et l'esprit de
Dieu le conduit au désert de la vie monastique. Son
jeûne était presque une privation de toute nourri-
ture : il ne mangeait qu une fois le jour; parfois il
ne faisait qu'un repas dans tout le cours d'une se-
maine.
Tout entier à la contemplation, il disputait h. U
nature un repos qu'il ne prenait qu'à genoux.
Ami du silence, il ne laissait tomber de ses lèvrM
que les paroles de la Sainte Ecriture.
Nous n'avons devant les yeux qu'un enfant, et déjà
nous constatons la mûre gravité d'un saint. Aussi
son adolescence est-elle virile et pure : les rares
combats d'une chair déjà domptée assurent à l'esprit
les plus nobles triomphes.
III. PBftTKK
Le jeune homme accompli avait fait place fi
l'homme parfait: l'œuvre attendait un couronnement
néce'<saire au bien public, surtout en ces temps île
pro'-élytisme et d'mcessantes attaques contre la
vérité. 11 s'attache à l'église d'Antioche, reçoit U
«r(<
sacerdoce et groope autour de lui bcra nombre de
jeunes tiens que sa haute réputation attire à ses
savantes leçons. Sa belle écriture lui fournil de quoi
Tivre et inrhie de quoi subveriir aux besoins de ceux
qui l'entourent : il se serait reproché comme une
injustice de piendre la moindre nourriture avant de
avoir assurée à ceux qu'il en voyait privés.
IV. SKS TBATACX SDH L'ÉCHrrOIlt
Rei-i ■ nt les nombreuses altérations des
livrt - IIS les transcriptions qui s'en faisaient,
et loiJt ;i 1.1 mis dans la perversit/' de bon nombre
de païens qui cherchaient & en dénaturer le vrai
seiis, il en reprend la traduction sur le texte hébreu,
et p Ace à sa parfaite connaissance de cette langue,
il ["■rleà son plus haut point de pureté le précieux
li.jiiM de? révélations divines. Son orthodoxie a été
msf en doute par quelques auieurs. Selon eux, la
réfutation Téhémeiiti' qii il fit des erreurs de Sabel-
liuà, confondant les trois personnes de la sainte
Trinité, l'aurait entraîné dans la doctrini; opposée :
il aurait séparé la substance même de la divinité;
mais saint Jéiâme, tout en mentionnant les écarts
de quelques-uns de ses discipb-s. ne parle de notre
Saint que comme d'un défenseur de la vraie foi. La
«liiie de sa vie ne laisse aucun doute sur son amour
de la vérité.
V. PEItSKCCmOK
Sur ces entrefaites, l'empereur Maximin Daia
nii'tlait sa fureur à poursuivre l'Eglise de Dieu et
voulait effacer de la terre jusqu'au souvenir du nom
clinHien. Toujours fidèle k la tactique de l'homme
eniii^mi, il s'atlaqu>' à tous les noms céU'bres. Celui
de Lucien avait attiré son attention, et il brâle du
>1> MT d« s'emparer de m personne. Ordre est donné
d<- le saisir, mais soit défiance de sa propre vertu,
~oit ménagement pour les fidèles, il a déjà fui la
nlt' pour se retirer a la campagne, quand la basse
jalousie le livre ealr« les mains de ceux qui U
poursuivent.
VL mcoaioiB
On le conduit k Nicomédie où l'empereur faisait
un ind tnr massacre df Ions ci-ux qui m- renonçaient
f 1- a Jesus-tllinst. Déjà Antliime, évéque de cette
'-. avait été mis a mort et sou corps livré aux
: aiiiK'S. Pierre d'Aloxandrie et bon nombre
d 'loinnifs distin;:ués avan-nt fjlorieusi-ment livré
W'iir vie pour >outi!nir I honneur de leur foi. Des
• iifinl» iii\-niénies avairnt miK à bout de res.-ources
\,- k-i'iiie iiiiel du tiran, préléraiit la mort li toutes
»«s plut flatteuses promesses.
VU, LA UABrri
[i
• nn voyaiie Lucien
\ ,-r»»* stations
-e,
iite
'la-
dcs
des
eux
il)
.le»,
j.U-
bliqut> de leur foi, et rachètent, les uns par la mort,
les autres parla torture, la gloire du nom chrétien.
VIII. COURAGS D'UN KIIPEHEUR
A son arrivée à Nicomédie, Lucien trouve plusieurs
de ses amis et de ses disciples que l'amour du maître
y avait amenés. L'un veut lui servir de secrétaire,
tous prétendent le consoler, sinon partager ses
soulTrances. Cependant l'empereur attendait sa vic-
time et s'apprêtait ^ la faire comparaître. On lui
avait dit que le visage du prêtre imposait à tous un
tel respect que sa seule vue pourrait le gagner au
christianisme. C'est pourquoi, voulant se mettre à
l'abri de telles influences, il fait mi-ttre un voile
entre le juge et l'accusé, l'interroge de loin i l seu-
lement par interprète. Il lui promet les biens les
plus considérables : il fera de lui son conseiller, son
associé dans ladignité impériale, un autre lui-même,
À la seule condition d'olTrir un sacrifice aux dieux
de l'empire.
IX. Cl qd'cst un cbk^icii
Le Saint lui répond que la grandeur de ses dons,
que le monde entier avec ses richesses doivent être
comptés pour rien, si on les met en regard de la
piété que nous devons avoir pour le Dieu vivant et
véritable. Alors l'impie le menace des supplices
les plus longs et les plus innuls qu'il lui sera
possible d'imaginer. Mais comme l'athlète n'op-
pose à ce déploiement de ridicules colères qu'un
imperturbable sang-froid, lecourrouxde l'empereur
se promet bien d'en avoir raison par des délais pro-
longés, et il le soumet dans sa pnson à divers genres
de tortures.
Les bourreaux varient les tcurments avec la
double intention de lui causer les plus vives dou-
leurs et tout A la fois de traîner en langueur un
affreux supplice. Quatre ouvertures distantes l'une
de l'autre sont pratiquées dans le milieu d'une
planche; après lui avoir eng.igé les pieds et les
jambes dans les deux premières, on les lui fait pa^^ei
de force dans les deux autres de manière à lui dis-
loquer les membres ;en même temps le dos du martyr
s'étend et se déchire sur des bris de tesson» qui lui
font le lit le plus cruel et le plus snnglant, sur
lequel il ne peut se mouvoir, ses main- étant atta-
chées k une poutre au-dessus de ta tête. A cette
rude épreuve vient s'aioutrr le supplice de la faim;
des viandes sont placées prés de lui, mais ce ^ont
des viandes oITertes aux nloles. Kléaiar, aulref .
préféra la mort tu repas des Ontds. le héros chré-
tien ne pensait pas autrement; quatorze jnurt en-
tiers, il supporte et ces privation* et ces liorreijrs,
trouvant encore le courag' d eilinrter à la persévé-
rance tout ceux qui partageaient ses chaînes, et
oITrantpour leurs imes les plut ferventes prient.
X. L'iririANIB I» PRItOM
Cepend.int la
........... , II..,
it. ri
•1.1 Ir
la ti.
la
q.
.ins lui .' <
In ainl"" '■
' U liillUcmjiiii. • i
lion. I» jour ati
table dans la prison, à l'insu des impies, dont les
unsétaientconstamment présenta, les autres allaient
et venaient sans cesse. « Ma poitrine servira de
table, s'écria-t-il, elle vaudra bien, un-î matière
inerte, et vous tous qui m'entourez, formerez le
temple. »
Par une permission divine les gardiens se rôti-
rent. A la veille de sa mort, le martyr, dégagé de
ses entraves, commence le sacrilice par les prières
d"usa(;e, adresse à ses compagnons ses derniers
ensei(.'nemenls. Les saints Mystères se poursuivont
et se consomment. Tous y participent, même les
absents a qui on porte la sainte Victime ati nom du
Sûcrificateur. C'étaient les joies de la Cène qui
préludaient au deuil du Calvaire.
XI. LE PRÉTOIHK
Reconnaissant l'inutilité de ses efforts, le tyran
fait comparaître de nouveau sa victime expirante,
et sans interrompre son supplice : « Quelle est ta
patrie ? — Je suis ctrétien, répond le patient. —
Quelles sont tes occupations? — Je suis chrétien.
— Qui t'a donné le jour ? — Et toujours de répondre :
< Je suis chrétien. »
Son esprit fécond pouvait imaginer autre chose,
mais sa foi ne veut que ce seul mot : Je suis chré-
tien. El il disait vrai : le chrétien trouve en ce seul
mot et sa patrie, et ses proches, et toute l'occupation
de sa vie.
Etonné de cette constance dans ce mourant, qui
n'avait plus que l'apparence de l'homme, l'eTre-
reur le fait jeter à la mer, après avoir attaci.' --An
bras droit à une énorme pierre qui devait d'/i :(;r
son corps à. toute recherche.
SU. DTKD VEILLK SClt SES BARTTHS
U resta en effet quatorze jours au fond de la mer,
le même temps qu'avait duré son supplice. L»
quinzième, ud dauphin le met à découvert sur le
riva^'e, et les chrétiens qui interrogeaient la pla«
sont heurt'ux de retrouver des restes précieux qu'ils
croyaient a jamais perdus.
Cependant la main droite était détachée du corps,
retenue sans doute par ses entraves au fond im
abimes. Peu de temps après elle revient a tlot et
peut être réunie à. son corps, [{elle et digne récom-
pense du saint et noble travail qu'elle avait accom-
pli dans la transcription et la traduction des
saintes lettres.
Les disciples rendent au martyr les honneurs de
la sépulture, autant du moins que peuvent le per-
mettre les malheurs du temps.
Ils le déposent à Drépane que Constantin devait
bientôt appeler Ilélénopolis.
Dans la suite des âges Charlemagne fait trans-
porter ces saintes reliques dans la ville d'Arles, où
la mémoire du Saint est toujours en honneur, justi-
fiant ainsi ce nom de Lucien qui sifimlie Lumière.
Sa vie a été une lumière de vertu et de doclnne, rele-
vée encore par la splendeur d'un éclatant martyre.
SAINT LUCIEN, PREMIER ÉVÊQUE DE BEAUVAIS
Fêle le S janvier et le troisième dimanche de Carême
Parmi les Romains que le glorieux apdtre saint
Pierre eut la joie de convertir à Jésus-Christ, durant
son premier séjour à Rome, se trouvait un jeune et
noble patricien, nommé Lucius. Le prince des
apôlrps, en lui conférant le baptême, changea la
désinence de son nom et l'appela Lucinnus (Lucien),
nom dérivé de lux, qui veut dire (umtVre.
Lucianus, vraiment illuminé par la grâce, se
donna tout entier à Jésus-Christ et à la vérité;
laissant toutes les espérances mondaines, il s'attai-ha
à saint Pierre, dont il devint l'un des plus vertueux
et des plus fidèles disciples.
Aussi, lors lu'une vinataine d'années plu» tard, le
pape saint Clément, disci[>le et second successeur de
saint Pirrre, continuant l'œuvre du prince des
Apfltres, voulut envoyer une nouvelle ptialange di>
missionnaires à la Gaule, notre antique patrie, il
jeta Ihs yeux sur Lucien et l'ordonna évêqup. Celui-
ci, dans son dévouement tout apostolique, s'empressa
de partir avec plusieur-' compagnons, sous la direc-
tion de laint Denys, chef de celte sainte entreprise.
En route, ils évangélisent l'Italie, spécialement la
ville de Pavie, arrivent à Arles, alors capitale des
Gaules, et y augmentent, par de nombreuses con-
versions, la 1 hrétienlé fondée par siint Trophime.
rte li», ils se dispersent dans diverses provinces.
Marchant vers le nord, saint Denys, saint Lucien,
saint Rieul arrivent jusqu'à Paris. Pendant que
l'illustre saint Denys établit la foi clirélienne dans
retle ville que la Providence ri'servail à de si
grandes destinées, saint Rieul te dirige sur Senlis
ni saint Lucien va porter la douce lumière de
l'Evangile aux habitants de Bellovaeum (Beauvais),
populations énergi<)ues, mais barbares et encore
frémissantes sous le joug que leur avaient imposé
les Romains victorieux.
Là le vieux culte gaulois, vague et sanguinaire,
avec ses sombres forêts, ses druides, son gui sacré,
ses terribles sacrifices humains sur de vastes pierres
qu'on peut voir encore en divers lieux, ce oulte
cruel était encore vivant avec ses violences et ses
superstitions enracinées; et près de lui s'était l'Iabli
le paganisme romain, plus poli, mais peut-iHre
encore plus fertile en dépravations morales. .M.iU'ré
tant d'oD«tacles,saint Lucien annoncele Dieu unique,
Jésus-Chnst, P*re et Sauveur de tous les p>-uples. Il
prêche la paix, la concorde, la chasteté, le sacrifice
immaculé du Christ; il présente à Dieu des prières
ferventes et s'olTre lui-même en vicliiue pour ce
malheureux peuple ; il accable son corps d'austé-
rités; de l'eau, des racines, un peu de pain, voilà
toute sa nourriture.
La arice du Ciel féconde sa parole, les miracles
confirment ses discours, des Ames ouvrent li-s yeux
a la lumière, une cliif'ienté se forme. Parmi les
nouveaux (ideles, l'^v'^jue remarque deux leunes
hommes, qui se dislmiiuenl par leur inlelliaenre et
leurs vertus, Mixi'Mi nu Maximien) et Julien ; il
leur confère l'ordination sacenlotale et les a'sofie i
ses travaux. Par leurs soins, non seulement la ville,
mais les bniitcides, les hameaux, !e» r-ir..!.. ..«
plus isolées entendent tour à tour la p:i
Montmille, Breteuil, Ourcel-Maison se ■■• ni
encore de les avoir eus pour apiMres. Parfois saint
f'enys ou saint Lucien Tenaient encourager, par leur
visite, le premier évêque de Beauvais ; le chemin
qui les amenait était si cher à saint Lucien, (]ue ses
néophytes en gardèrent longtemps le souvenir.
Les enfants spirituels de l'évéque missionnaire
s'élevaient au nombre d'environ trente mille, quand
il fut donné au saint vieillard d'arroser de son sang
le champ de ses labeurs. Déjà le bienheureux Denys
avait eu la fêle tranchée à Paris, quand Lucien
apprit que le préfet de Beauvais venait d'envoyer
une escouade de soldats pour l'égorger à son tour
s'il ne rcnnncailau christianisme. A cette nouvelle,
élevant les mains au ciel, il s'écria : « Je vous
rends «races, ô Jésus-Christ, mon Maître, Fils du
Dieu vivant, qui, après m'avoir associé à l'apostolat
du bienheureux Denys, m'associez maintenant à son
martyre. » Se tournant vers les chrétiens qui l'en-
touraient : Il Frères et (lis bien-aimés, leur dit-il,
Dieu veut que bientôt je me sépare de vous. Demeu-
rez fermes dans voire foi. Que ni les menaces des
puissants, ni leurs flatteries, ni leurs promesses ne
vous fassent oublier la religion sainte que vous avez
embrassée. •
Les émissaires du préfet reioignirent le saitit
évéque sur la colline de Montmille, à une heure de
lleauvais, au moment où il prêchait à une fnule
nombreuse. Ils massacrèrent tous ses yeux les deux
prêtre? saint Maxicn et saint Julien, et le menacèrent
du même sort, s'il n'apostasiait: « Tu violes les dé-
crets des empereurs, lui dir«nt-tls, et tu séduis le
peuple partes maléfices.» — «Je n'use pointde malé-
fices, répond le missionnaire... je montre au peuple
la voie de la vérité ; je lui fais connaître Jésus-
Christ, mon Maître, venu en ce monde pour racheter
sa créature et la détourner du culte des démons...
Jésus-Christ a daigné mourir sur la croix pour le
salut de tous, & lui seul nous devons obéissance,
fidélité et amour.
l'n Dieu mort sur une croix! Cette parole étonne
|fs paiens ; l'évéque s'efforce de leur expliquer les
sublimes beautés du mystère de la rédemption,
mais cos esprits grossiers n'y comprennent rien el,
malgré son titre de citoyen romain, le saint vieil-
lard est battu de verges. En vain on veut lui arra-
cher une parole d'apostasie ; Lucien ne cesse de
répitter: « Je crois de coeur et je confesse de bouche
que Jésus-Christ est Fils de Dieu. » Enfin on lui
tranche la tête. Une voix céleste se fait entendre :
• Courage, bon et fidèle serviteur, viens recevoir la
récompense qui t'est promise. » Le corps du martyr
se relève aux yeux de la foule muette d'admiration,
prend sa tête entre ses mains, franchit la rivière
du Tliérain, 6 Miauroy, et s'arrête à un quart de
lieue de Beauvais. Cinq cents personnes se conver-
tissent. Les fidèles, ayant & leur tête sainte llomaine
qui donnera bientôt son sang pour Jésus-Christ,
ensevelissent les martyrs.
Plus tard une basiliaue, desservie par une commu-
nauté de prêtres, s'éleva sur le tombeau de saint
Lucien. Renversés par les barbares, l'église et le
monastère furent rebâtis par les rois mérovingiens
Childebertet Chilpéric. Saint Eloi fit une belle châsse
pour renfermer les reliques miraculeusement re-
trouvées et source de nombreux prodiccs. « Là, les
aveugles voient, les boiteux niarcnent, les démonia-
ques sont guéris, écrivait saint Odon au ii* siècle et,
ce qui est plus merveilleux encore, les liens des
pécheurs sont brisés. >• Les évéque» de Beauvais
venaient passer en prières auprès du saint tombeau
la nuit qui précédait leur sacre. Au xiii* siècle,
trois nouvelles chAsses splendides reçoivent les
ossements de saint Lucien, de saint Maxien et de
saint Julien. La tran>lation s'opère au milieu d'une
fête solennelle, en présence de nombreux évêc^ues
el du roi saint Louis, accompagné de la première
noblesse de France.
Hélas! le vandalisme sauvage de la Révolution a
détruit les chAsses, la basilique, le monastère et
une grande partie des reliques des saints patrons de
Beauvais. Mais les fidèles vont encore les invoquer
au sanctuaire de .Monimille, enrichi d'indulgences
parle Pape Pie iX et Mgr (iignoux.
Iino -f*r<m(. Piriniimv. S, rut Francuit 1". l'»rii.
SAINT SÉVERIN DU NORIQUE
APOTRE DE LA BAVIÈRE ET DE L AUTRICHE
FêU le S janvier.
Va, mon fils, dit Séverin à Odoacre, va vers l'Italie; tu portes maiciteuant de chétivet
fourrures, mais bientôt tu auras d'immenses trésors à distribuer aux autres »
Au cinquième siècle, le \aste empire romain,
après avoir Inncl'^mp'» persécuta! l'Kplise catholique
au nom du p.if iiiisme ou de l'ai laiiisme, voyait
Uuil''» sfs fioiÉliiic» forcées par lig barbares, et
tombait en ruines sous les coups des eiivahis-ieurs.
l.'Kfjlise, toujours vivante, restait seule debout p'>ur
c "risfilfr les malheureux vaincus, adoucir I.ur»
fiuouches conquérants et sauver la ti^ili- '''■
.if>:i
Le féroce Attila, surnommé e fljau de Dieu, qui
ravageait l'Europe à la tête de ses hoi-de? innombra-
bles, avait été arrêté par le Pape saint Léon le Grand.
Le Noiique (partie de l'Autriche et de la Bavière),
situé au Tiord de l'Italie, était alors le principal
chemin de bandes barbares qui, désertant les climats
du Nord, franchissaient le Danube pour aller, l'épée
i la main, chercher le pillage et la fortune darts les
plaines italiennes : Thuringiens, Alamans. Ituges,
demies et autres barbares se rencontraient dans
cette prorriDce avec les malheureux restes des popu-
lations romaines. Colles-ci cherchaient un dernier
refuge dans les villes et les ch&teaux forts, mal
défendus par les débris des garnisons imnéiiales :
les envahisseur?, inondant et ravageant les cam-
pagnes, traînaient souvent en captivité au-delà du
fleuve las habitants qui étaient (tombés entre leurs
mains.
Au milieu de ces désastres, un saint moine, nomm>-
Séverin, vint s'étiiblir dans la contrée ; les plu?
belles veMus.en particulier une grande force d'âme
et une tendre charité, brillaient en lui. A sa prière.
Dieu opérait des miracles et il lui révélait les secrets
de 1 avenir. C'était bien l'ange de oaix et de conso
lation dont avaient besoin les populations romaines,
c'était bien l'homme divin, seul capable de se faire
respecter des barbares. 11 était prêtre et sa vie éUiit
très austère, raconte son disciple Eugipue.qui a écrit
son histoire.Excepté les jour*, de f.Heg.il ne mangeait
qu'une fois le jour, après le coucher du soleil ; et
pendant le carême, il passait souvent deux ou trois
JOUIS sans manger. Il couchait tout habillé sut un
ciliée étendu sur le pavé Je son oratoire ; il allait
toujours pieds nus, même pendant les temps d'hiver
où le Uanube se gèle sous la rigueur du froid. Il
consacrait de longues heures à s'entretenir seul à
seul avec Dieu, d uis I;i m.'ditation et la prière.
Quel était son ile éUit si patrie? Nul
n>-*li' s.ivait dans 'lo. Ouilqu ■^•un» de ses
^.entreaii i ménius, essayèrent
[Il de l'intcrr. , î ; il éludait laques-
tu'net répondait uu'un |.i . dicuteur de lEv.ingile n'a
d'autre pairie que lo ci' 1 • t d'autre à^;. que l'éternité.
Toui ce qu'on put deM;)i, dans S'S i onversations,
fut qu'il était venu d'iieiil, jious>e [mt une inspi-
ration de Dieu, et qu'il ivail eu a surmonter en
»(>yage bien des pi-ril- >i des obsUn les. Cependant,
ajoute y ' ' . ' r 5 il la
pureté . '■ ""
taient en lui, non un ■ m . [éhu, mn^ tm iioMiaiii Je
noble origine. Il «-tait snn doute allé en Oi ient, se
former 4 U v' ■ ' •'•" - "■' ''"> conduite de tant
d^. sainU m .ni en ic temps
IKglise grpc>ii. , c au Pape de Rome
u MoiMi IT LU popuianoira aoiumu
Séverin l'tfUit d'aboi d dxi aux environt 4'une
Till. iw.inmée A«lurei r'nliAtilriiii-iit '■'■11" q«'"ii
111. II.'.
.. . ma M
I» Joiirt* a
ir ruine i i
!•• Dieu pai 'I j- "!'■•' '•'
M.in ce 11 . ! tt»ido de
'• rendit k Cuman«
d'être prise et incendiée par les barbares, et qu'il
avait échappé i grand peine au massacre des habi-
tauts. Il ajouta : « L'u homme iuconuu était venu
nous prédire ces malheurs, et nous conjurer de les
préveuir par la pénitence et la prière, mais on n'a
pas voulu le croire, et voilà pourquoi ce désastre
est tombé sur nous. » Les regards de la foule se
portèrent aussitôt sur Séverin qui était présent,
et le vieillard, le remarquant à son tour, s'écria :
Il Voici cet homme de Dieu, c'est lui-même, écoute?.-
lo ', •> Alors lûs Cuinauieus lui demandent pardon
do n'avoir pas voulu l'écouter, et commencent avic
lui un triduum de prières, de jeûnes et d'aunu'mes
pour tléchir le ciel. Bientôt voici les barbares qui
ont ravagé Astures et courent sur Cumane comme
sur une nouvelle proie. Ils entourent la ville et
l'assiègent ; mais, vers le soir du troisième jour, la
terre tremble sous leur camp, ils sont saisis itune
terreur panique, leurs bat<tillons s'enfuienl dans
diverses directions, et, se rencontrant au milieu de
la nuit, ils se prennent pour des ennemis et s'eu-
trelucnt dans une lutte épouvantable.
L'ue autre ville, que lo chroniqueur nomme Fa-
vienna (probablement Vienne) était désolée par la
famine, au milieu de l'hiver. On attendait des vivres
qui devaient arriver des pays que traverse la rivière
de riun ; mais celte rivière était gelée, et les bateaux
ne pouvaient avancer. Les habitants, ayant entendu
pailer des miracles du saint moine, lui envoyèrent
une députation pour le prier de venir les secourir
dans leurs angoisses. Séverin arriva et coinnieiu .t
à relever les courages, en les exhortant à la pi nie
et à la pénitence, qui touchent le cœur de Dnu.
Bientôt arrivèrent des bateaux chai\;éi de viri<'~ :
1.1 rivière, miraculeusement dégelée, leur aveit Iivm-
passage.
A Vienne, une veuve riche et aTare, nommée
Piocule, avait caché une grande auanlité de M'- ;
cependant une disette survint et la veuve g.irdaii
son secret, espérant vendre plus cher quand la
misère ■ciait à son comble. Séverin lui reprocha
l'iilili(|aeiii<'nl son avarice sans entrailles : •■ \ Utre
cupidité, lui dit-il, est cause de la nii>rl d'un ^i.init
nombre do pauvres. Ce que vous aimer. Iv plus au
monde, c'est rar;;ent : puisque l'argent csl votre
ilieu, vous n'êtes pa» clireiionne, mais une Id'^l \iie "
l'rocule comprit la gr ui.leur de sa faute. 'Ile 'ii
demanda paidon et, pour la réparer, ouvrit f;ialui-
Icinenl ses greniers.
Il.ilis 1». ni.'nif Ipninn tlt'K b.inil' ■• de Imi liai i">,
nointi:
pill.ili'. ' '. ,
Uiiii^ ou les
diiilàunpi
car il n'y que pa» i» i""' i'
défendre. S n dit à I' n rniimiiii
ili'vaill .S'AellIl.
( , i..,.iiii> fi.i.ilinn lie lei délai liel . tl dc I' ■'
(il
iiigiie». UraconU que ta vilic d Aslure» vcn«»i I «^e» «i qu» p»ot*;jjï
,1.» l,' »' ul :.'. l'iri'
. ! Dieu qui it^ne au
tkviuivur». >
Après aroir assuré les habitants qu'ils n'auraient
plus rien à craindre de l'ennemi, tant qu'ils demeu-
reraient très fidèles à Dieu en toutes circonstances,
le moine se relira dans une solitude, où il se cons-
truisit un petit ermitage, pour ne s'occuper que de
Dieu.
Mais le Seigneur, qui l'avait envoyé' en ce pays
pour le salut de plusieurs, voulait qu'il unît la vie
active à la vie contemplative. 11 l'avertit bientôt
d'aller fonder un couvent près de la ville de Fa-
vienne. Le Saint reparut donc dans cette cité, dont
il était le libérateur ; il se fixa dans les environs ;
de nombreux disciples vinrent se mettre sous sa
direction et :l se trouva à la tête d'une commu-
nauté religieuse. La renommée de sa sainteté lui
attirait de nombreux visiteurs qui venaient lui
demander un conseil dans leurs difficultés, des con-
solations dans leurs peines, ou la santé dans leurs
maladies.
Malgré les faveurs dont Dieu l'honorait et la véné-
ration dont il était entouré par le peuple, Séverin
«ardait une humilité profonde : n Ne pensez pas,
disait-il, que Dieu fasse ces choses à cause de mes
mérites, mais c'est sa miséricorde qui les accomplit
pour le salut de vos âmes. Priez pour moi, atin que
ces dons de Dieu n« servent pas à ma condamnation,
mais à mon avancement dans la vertu. »
Souvent il se retirait à deux lieues du monastère,
pour vaquera la prière, dans une complète solitude ;
et, après avoir ainsi fortifié son âme, il revenait au
milieu de ses moines et allait où l'appelaient la
charité et le zèle des âmes.
" A l'époque où les villes fortifiées du Noriqne
Ripuaire tenaient encore, dit son disciple Eugippe,
et qu'il n'y avait plus aucun château fort isolé qui
fût & l'abri d'un coup de main des barbares, on
avait une telle idée du serviteur de Dieu, que les
habitants de chaque castellum l'appelaient à l'envi à
leur défense, et se croyaient en sûreté quand il
était dans leurs murs. »
Sa présence, en effet, valait une armée, car il
relevait les courages des citoyens, attirait la pro-
tection du ciel et donnait les plus utiles conseils.
S'il ordonnait de r'Sisler ;'i l'ennemi, on était sûr
de la victoire; s'il disait d'abandonner une bourgade
pour aller chercher un refuge ailleurs, c'est que
Dieu l'avait averti d'un désastre inévitable.
Les habitants de Jopia (Salsbourg) l'apprirent à
leurs dépens. Séverin leur envoya un messager,
c'était Moderatus, chantre de l'église de Passau, les
supplier de quitter tous la ville au plus tôt, s'ils
voulaient échapper à la mort. Les uns hésitèrent,
les autres refusèrent de croire. Séverin envoie
aussitôt un second messager, nommé Quintasius :
" Hâte-toi, lui dit-il, et dis-leur que s'ils ne sont
pas partis cette nuit, ils périront certainement.
Avertis surtout le saint prêtre Maxii.ne de se sous-
traire à la mort qui l'attend. » Le nouveau messager
courut à Jopia, mais n'eut pas plus de succès que
le précèdent. Le pr'Ur" Maxime ne voulut pa.s aban-
donner ses paroissiens ; il ne croyait pas, aailleurs,
le danger si pressant, et offrit à Quintasius l'hospi-
talité pour la nuit. Mais celui-ci se garda bien
d'accepter et repartit aussit<M. La nuit m4me, les
H''rules fondirent à l'improviste sur la /ille, la
dévastèrent, emmenèrent captifs ceux que le glaive
«v.iit épargii<*8 et pendirent le pri^tre Maxime.
Plus heureux, r<'v(*que Muxirnin, averti par saint
Séverin d'une invasion qui nienaçaitses diocésains,
ordonna un triduum de prières et de pt'nitences et
fut écouté. Bientôt, des milliers d'Allemands enva-
I -• ' pays, pillant les campagnes et assiégeant
I it.mais ils n'eu purent pieudre aucun et
»i, 1 tkti r:i dit.
On conçoit que dans des temps si troublés, les
pauvres devaient être nombreux et les misères sou-
vent très grandes. C'était un vaste champ ouvert à
la charité de notre Saint, car sa compassion é'aitsi
vive qu'il ne pouvait voir souffrir quelqu'un du
froid ou de la faim, sans ressentir tous ces maux en
son propre cteur. Sa parole fut assez puissante pour
organiser dans tout le Norique le tribut de la cha-
rité. Les habitants versaient chaque année entre
ses mains la dîme de leurs reATenus pour le soula-
gement des pauvres. Ainsi, cet homme qui ne pos-
sédait rien, qui jeûnait et supportait le froid, dis-
tribuait des vivres et des vêtements à des populations
entières. Les prêtres du pays, dont il excitait le
zèle par ses lettres et ses discours, lui servaient d'in-
termédiaires pour faire recueillir ou disliibuer les
aumônes suivant les produits ou les nécessités de
leurs régions.
Les gens de Lorch, qui avaient négligé d'apporter
leur aumône, virent l'année suivante leurs récoltes
presque perdues; ils se plaignaient au Saint : « Si
vous aviez donné fidèlement la dîme des pauvres,
leur répondit-il. Dieu vous aurait réservé une
récompense au ciel et aurait, en outre, béni vos
moissons sur la terre. » Il les exhorta à demander
pardon à Dieu et à prier. Ils s'imposèrent un jeûne
et firent des prières publiques. Dès lors, un temps
excessivement favorable féconda le sol, et la récolte,
qui s'était annoncée si mal, devint abondante. Désor-
mais, ils n'eurent plus peur de se montrer généreux.
L'évêque Maximin, dont nous avons parlé, était
l'un des plus empressés dans cette œuvre de cha-
rité. Il partit une fois, au milieu de l'hiver, à la
tête d'un groupe d'hommes dévoués qui portaient
sur leur dos des ballots de vêtements. U fallut tra-
verser une montagne couverte de neige. La caïa-
vane glissa dans un ravin et désespérait d'en
sortir. Deux des voyageurs s'endormirent de fatigue;
l'un et l'autre virent en songe le saint moine qui
leur disait : « Courage, continuez votre route siuis.
ci-aindre. » Ds se réveillèrent, et comme ils racon-
taien ce songe, on vit passer un ours de grande
taille* habitué aux sentiers de ces montagnes, qui
9 enfuit dans la direction de leur chemin. Us maï-'
chèrent intrépidement sur ses traces pendant près
de deux milles, éditant ainsi les précipices et tra-
versèrent sans autre accident ces dangri eux défilés
Parmi les malheureux les plus à plaindre ii
fallait compter les habitants que les barbares
emmenaient captifs pour en faire leurs esclaves ou
les vendre i d'autres peuplades. Saint Séve.in
s efforçait d en délivrer le plus possible, soit en les
racheUnt, soit en obtenant leur liberté à force
d'instances auprès des vainqueurs. '
Le Saint dit un jour à Maurus, portier du couvent •
.' Ne sortez pas aujourd'hui, sinon il vous arrivera
malheur. .. Mais un habitant de l'endroit pria
Maurus de venir l'aider à recu-illir de< fruits-
Maurus sortit avec lui et s'avança dan^ li .ampapne'
à une demi-heure de la ville f un r" np.; de bar-
bares tomba soudain sur eux et 1- s amena pri-^nn-
niers au-d'-là du Danube. En ce moment, .^aint
t»everin lisait dans sa cellule ; l«ul à coup il fernre
le livre et s'écrie : « Cherrhei Maurus 1 » On m- le
trouve nulle part. Séverin part immédialempiil
traverse le Danube à la poursuite de« brigands ci
jinil par les rejoindre. A la vue de Ihomme'de i
Dieu, les bngauds laissent leurs prisonoiers ei
s'entuieot.
LB MOINB rr LIS ROIS BARBARES
Les barbares, en effet, tout païens ou ariens quili
•Paient, ne pouvaient se défendre d'un respecl
caé\é de crainte, en présence de ce saint homme,
qu'ils savaient en communication avec Dieu, rt
Qont la vertu les étonnait non moin* que ses
miracles. Qui^lques rois d'au-delà du Danube solli-
citaient parfois ses conseils. Les Rupes, peuple venu
des bords de la Baltique, avaient rencontré de
redoutables ennemis dans les Golhs de la Pannonie
inférieure (Hongrie). Flaccité, leur roi, effrayé des
dangers qu'il courait, envoya consulter saint Séverin.
" Si notre foi était commune, répondit le Saint,
vous m'interrogeriez sur la vie éternelle et le salut
de votre <Ame ; mais vous ne songez qu'à la vie
présente. Je vous répondrai cependant : Ne vous
effrayez ni de la multitude, ni de la haine des
Gollis, ils s'éloigneront et vous régnerez tranquille.
" jN'éanmoins, tenez-vous sur vos gardes, surveillez
vo> autres ennemis, confiez-vous en Dieu plus qu'en
vous-même. » En même temps, il l'avertissait d'un
piège qu'on lui tendait. L'événement justifia toutes
les paroles du saint religieux.
Peu après, un Ruge, atteint depuis longtemps
d'une carie des os, souffrait horriblement et n'atten-
dait que la mort. Sa mère le lit placer sur un
chariot et le conduisit à la porte du monastère ;
elle appela le ser\iti'ur de Dieu, le suppliant avec
larmes de guérir son fils. « Pourcjuoi, s'écria Séverin,
me fait-on une réputation que je ne mérite pas ?
Ce n'est pas à un pécheur comme moi d'accomplir
de si grandes merveilles. Faites l'aumône et priez
Dieu. » Alors cette mère affligée commença à ôter
une partie de ses habits pour les partager avec les
pauvres. << dardez vos habits, dit le Saint, votre lils
guérira et vous ferez l'aumAne quand vous serez
chez vous. » Il se mit à prier avec ferveur et le
malade fut guéri. Ce miracle produisit une grande
impression cnez les barbares, surtout chez les Ruge*.
Un jour, un groupe de jeunes gens de cette nation ,
parlant pour l'Italie où ils allaient s'enrôler dans
l'armée romaine, s'arrêta devant la cellule du tliau-
malurge pour lui demander sa bénédiction. Parmi
eux se trouvait un jeune homme pauvrement velu,
mais de si haute Uille qu'il dut se baisser pour
entrer dans la c-ellule du moine : •< Va, mon fil«, va
vurs l'Italie, lui dit Séverin, tu portes maintenant de
rhélives fourrures, niais bientôt tu auras d'immenses
tr r- \ distribuer aux autres. .•
' I' une barbare s'appelait Odoacre, nom alors
11,, "iiiiii, mais qui devait bientôt faire trembler la
vi.'ille Rome. Enrôlé parmi les doryphores iporte-
lin.i*'. sa Uille avantageuse, son intelligence et sa
Il i: lui valurent le grade d'oflicier et la con-
I II ■ i" se» compagnons d'armes. Trois ans après,
• ■n-ri, dans une émeute militaire, le nrorlament
L ii''ral. A leur t'te, Odoacre renverse du trône le
.|i-riiier empereur romain, Romulus Augustule, el
d'vienl maître de toute l'Italie.
D.ins le» spbndiurs de sa nouvelle fortune, il
n oublia pa« le moine romain qu'il avait laissé sur
b s bords du Danube : il lui -nvoya un messager
.-iviT une lettre où il le priait de lui demander tout
'. voudrait. Séverin, ne songeant qu'au bien
' , 'temanda la gr:V •• d'un 'Vil''.
•■: l'iue h''r'-li'iU' ei barbare, respecta
s lois, l>-s ''roles de l'Italie, c'ett
ri .]ii'i>n le il'iit.
I dit à i|u>'l'iu>'s .inii - <iiii lui
iw'i .lin de l'Italie : Odoacre
Il fut ainsi.
1 .\ de fréquent»» incur-
•loiis de* AiicuiiUida, fiia i« saint religieux de Tenir
liabit.>r dans son voisinage. Séverin vint à Passau et
y fonda un couvent. Ouand les Allemands repa-
rurent. Séverin alla intrépidement au-devant de
leur roi (libold, comme saint Loup et .saint Léon
étalent allésau-devant d'Attila. Il parla au roi barbare
avee tant de fermeté et de majesté que ci-lui-ci se
mit à trembler de frayeur, et déclara qu'il lui accor-
dait tout ce «ju'il voulait. Séverin lui lit promettre
d- ne plus ravager le territoire romain el de mettre
en liberté les nombreux captifs que ses soldats
av.iient réduits en esclavage, (jibold liiit parole, el
une foule de malheureux, remis au diacre Amantius
et au prèlro Lucillus, représenlanls de Séverin,
revinrent lihri;s dans leur patrie, en bénissant Dieu
et son serviteur.
La renommée de Séverin allait toujours croissaut;
on racontait comme il avait au'Ti par ses prières
une pauvre femme inouraiite, puis un l<-preux venu
de Milan, tout exprès pour se recommander à lui.
Le prêtre Silvin, un de ses disciples, vint à mourir,
et l'on porta son corps à l'église. Plusieurs personnes,
entre autres une pieuse vierge consacrée à Dit^u,
lui demandèrent de le ressusciter. S.'veriu, ayant
invoqué le Seigneur, dit au mort : Veux-tu que nous
demandions à Dieu de prolonger la vie ? — Et le
mort, se ri.-vcillaiit comme d'un lourd sommeil,
r.-pondit d'une voix distincte: <i Pour l'amour de
Dieu, ne me retenez pas sur cette terre ; déjà j'entrais
dans la bienheureuse paix qui m'attend. » Kt il
exjiira de nouveau.
I.e Saint fonda plusieurs monastères, convertit de
nombreux païens, et soutint beaucoup d'àmes dans
la foi.
Fléthé, appelé aussi Fava, roi des linges, lUs el
successeur de Flaccité, conserva pour notre Saint
l'e-lime dont l'avait honoré son père ; mais ^',\sa ^a
femme, qui était arienne et plus féroce que lui, le
poussait sans cesse à la cruauté. Un jour, Sévei lu
était venu réclamer la liberté de quelques prison-
niers romains, qu'on accablait de travaux, et qu'un
voulait forcer à abandonner la foi calliotiquo ; (•i'-a
lui dit avec mépris : n llommo de Dieu, tiens-loi
tranquille à prier dans ta cellule, et laisse-nous faire
ce que bon nous semble de nos esclaves. » — Aium
la Révolution moderne, qui trompe le peuple et
l'opprime, dit aux prêtres : Restez dans vos sacris-
ties, laissez-moi faire ce que ie veux, el |ne vou>
mêlez point des questions sociales.
Mais le prêtre et moine saint S vérin ne se décou-
rageait pas. Malade et sentant approcher la inorl, il
envoya chercher le roi et la reine. Il leur narla de
Dieu qui les jugerait un jour, puis posant la maiu
sur la poitrine du roi, il dit à disa : •< Ainie>-tu
cette dme plus que l'or el l'iugent î » El commr
(iisa protestait c|u elle nréfé-iail son époux à U.>u» I' -
trésor» : « Eh bien donc, reprit le moine, ce^^. z
d'opprimer le-^ justes, de peur , ' "' ' ur ne
TOUS eli.'ilie. Sur le point de |m Un u,
mon M.iilre, je vous supplie J. . :i ilii
mal. ''l de vous honorer par de boni
•1 i.'liisloire di's invasion", écrit M. ' l.i. n
des seehi'S pallnti(|ues ; mai' je u ■ ; .
de plus instrui live qU' l'i:.-.'!!;' .!.■ .■■ i. r
expirant entre deux i . •'■■
la ruine do l'empire <\<i
Apri?s sa mort, aili-<i >|U il 1 avait piedil, de ii'u
veaux barbares envahirent le pays, cl ses di»i ipl'
furent ronlrainls de se réfugii-r en Italie, en empoi
tant l>'s restes de leur niallie. Cet rcU({UM «oui
T^oérécs ai^ourd'hui à .Napic».
SAINT HONORÉ DE BUZANÇAÎS
Fête le 9 janvier.
Le vertueux marchand Honore aimait à offrir une dot aux jeunes ftlles vertueuses,
mais pauvres de sa paroisse. Joie de sa vieille mère. — Honoré dit adieu A >a mare
pour la dernière fois. — Il est assassiné.
DOUBLE FëTB
La place et l'église de Bu/.anrais reporgenl de
peuple. Les cloches sonnent à triple carillon
pour un double mari.iRe.
Pourquoi ces brillantes sonneries et cet
empressement inusil<^ ? Sans doute, quelques
(?randes maison'» de la province unissent leurs
hIasoDs et l<"urs «Inmaines. Sans doute, la fnul''
épie les riches toilettes des épousées elles largesses
des époux.
Mais non ; le cortège s'aTance, salué par les
sons criards de la cornemuse et de la Tielle.
Voici les mariées : deux pauvres ouvrières, dont
la toilette semble aussi modeste que les visages.
D'ailleurs, ce ne sont pas elles que la mullitud"
atlpndet regarde.
Vni.i lesinariés: deux robustes Ulsdes champâ.
674
tout pnvoisf^s de rubans, qui distribuent d"un
air radieux de rudes poignées de main; mais la
curiiisilé publique cherche un autre aliment.
Tout à coup, les vivats redoublent; les rej;ards
et les bras se tendent vers un nouveau person-
nage qui parait sur le seuil de l'dglise, et dont
l'exiérieur, cependant, ne diffère en rien de celui
des autres invités.
Cet Immine, jeune encore, au visage doux et
presque mélancolique, donne le bras à une res-
pectable vieille, sa mère, sans doute, qui, les
yeux pleins de larmes, sourit à ces acclamations.
La l'oule salisrait« se joint alors au cortège et
le suit avec un redoublement d'enthousiasme
jus(|u°à une petite maison de la grande me où
le cou|ile que l'on TÎeol de décrire s'arWîte,
malgré (es instances des époux et des invités.
I' Excusez-moi, mes amis, dit l'homme, objet
de l'attention générale, je pars demain pour ma
touillée nrdinaire et je dois me préparer par le
repos aux fatigues du.Toyage. Allei, mon cœur
est avec vous. Amusex-Toas décemment, comme
il convient à de braves gens et à d'bonui^tes
chrétien^. Surtout, n'oubliex pas que tous sorte»
de l'église, et que, m'^me dans vos plaisirs, tous
êtes sous l'œil de Dieu. ■
Un dernier cri de sympathie accneille cette
petite allocution, et le cortège reprend sa marche.
UN makcbàhd cuainm
Pendant que la foule court à ses plaisirs, péné-
trons dans la petite maison, et disons mainte-
nant quel est celui qu'entourent de si uuanimes
et de si fervents hommages.
C'est lluiioré, le marchand de bisafs ; Honoré,
riiumiiie lie bien, le serriteorde Dieu, l'ami des
pauvres, dont la légende, peu connue, otTre, avec
de toui-lianti:s particularités, le plus pur modèle
de l'amour lilial, de la charité et de la probité
commerci^iltî.
Né à Ituuinçais, sur la On du xiii* siècle.
Honoré avait été élevé par ses parents dans la
crainte du .Seigneur et l'amour du prochain.
Son père, marchand de bestiaux, allait acheter
en Poitou des birufs qu'il revendait en Berri, et
avait acquis ainsi une asseï belle aisance.
L'enraut s'initia de bonne heure h celte vie
laborieuse en suivant son père dans ses courses,
et, quand celui-ci mourut, il continua le com-
mère -. nii il uogna, à son tour, des sommes con-
, dont une partie était employée à
I l'ais.ince ue sa vieille mère, sur
. '.U se concentraient toutes ses affections, et
1 . ! •■ uu soulagement des malheureux.
Une clés plus grandes jouissances que se don-
nait le diBiie jeune homme, dons ses abondantes
■ t de doter des mariages jiauvres
lit en Vertus, et ce doux acte de
< Mil li' iiii ■ Mtit SI familier qu'il avait rendu son
nom populaire en fait d'unions conjugales.
Il . I -Ndil une ii'iivre sr-mbl.il)le, i{uand nous
.' «orlaiit de l'éghse avec deux nonvenuz
;ui lui devaient leur bonhear et donl
il m. ni 1.1 reconnaissance, pour méditer de
nouveaux bienfaits.
LBS ALARIUM d'oui HiWS
Cependant, sa luère se lameatoit sur ses
«l,.,'i. . « . ..i.iii.ii. 11. .( "or'Qadéc qu'il- avaient
irgement et taire le
I . , • - -<-r près d'elle d'une
mani'T'- delinitive.
Ur, d>-\ (leas^es pliu triAtes qae d'habitude
obsédant son esprit au retour de la cérémonie
à laquelle nous avons assisté, la pauvre vieille
entraîna son fils dans un petit jardin coiitigu au
logis. Là, assise avic lui sous un laurier, la main
dans sa main, les regards tournés vers le ciel,
comme la sainte Monique de uolre peintre
SclielTer, elle lui dit:
.■ Mon cher enfant, je me fais vieille et l'âge
me rend peut-^tre plus timide que de raison.
Tes absences me causent des transes conlinuelles.
Dos que tu n'es plus là, je ne maime plus, je ne
dors plus, je ne vis plus. Pourquoi tant travailler?
Nous sommes assez riches pour nos besoins et
nos goiils. Il est bien temps de te reposer et de
me rendre la tranquillité. Je t'en supplie, renonce
à ce voyage.
— Bonne mère, répondit doucement Honoré,
il me colite de vous peiner et de ue pas vous
obéir & l'instant. Hais, vous le savez, j'ai des
engagements k remplir, des comptes à régler,
des rendei-vous que je ne puis manquer. Nous
sommes asseï riches, dites-vous, pour nos besoins
et pour nos goûts? Pour nos besoins, c'est vrai;
mais vous oubliez nos pauvres. Les pauvres 6onl
un goiît dispendieux, et l'on n'a jamais assez
d'argent pour eux. Laissez-moi donc fairi- encore
ce voyage qui, je le jure, sera le dernier
D'ailleurs, qu'avez-von» à craindre?
— Je crains tout, les fatigues et les dangers de
la route; car la route est si longue de Buzaiirais
à Thénezay. Il ne faut qu'un instant pour loniher
malade ou faire une mauvaise rencontre.
— Grilce à Dieu, je suis jeune et nibuste, et,
loin de nuire à ma santé, l'exercice me réussit.
Quant aux dan;:ers et aux mauvaises rencontres,
je ne les redoute pas davantage. Je ne me con-
nais pas d'ennemis; d'ailleurs, en cas de besMin,
j'ai bon bras et bon cœur, et puis je ne serai
pas seul, les (iabidier m'accompagnent.
— Crois-tu qu'ils te seraient d un grand secours
dans une cirronslance pressante? Je n'aime guère
leurs airs et leurs manières.
— Ils sont un peu rudes, en effet; mais çà n'est
pas un mal, pour leur état
— Enlin.je ne sais pourquoi je sais si triste
aujourd'hui ; je vois tout en noir et ne puis me
faire à la |>ensée de rester encore près d'un mois
sons nouvelles
— Chère mère, reprit Honoré eu montrant
l'arbre «ous lequel ils étaient placés, si vous
voulez avoir k cnauue instant de mes nouvelles,
regardez ce beau laurier, planté par mon père
le jour de ma naissance. Jr in,> siii> i ,.iirs
figuré qae son existence d'
Vous m'avez Tou.s-méme i •■'
durant itne grosse maladie de mon enfance, il se
mit k jaunir et i languir, et qu'il reprit sa
vigueur, dès que je revins i la santé. Ainsi donc,
tant qu'il restera vert et bien portant, n'ayez
aucune inauiétude sar m " '■•; mais, s'il
jaunissait ae nouveau, s'il . .t, s'il venait
k mourir obi alorsl
— Tois-toi, laik-toil
— Oui, oui, je déraisonne à mou tour; allons,
bonne inére, embrassex-moi et chassons les
sombres idées. »
Le lendemain, la digne femme se leva avant te
jour, vérilia les barde» et I — ' - • nie
et se rendit en toute h&tc i ■
un rjer^-e et faire sa prièic ......... .„...i. »c U
Vlel.-e
Ku revL-nant, «lie trouva son UU piJt k usiUi
pour le Poitou, avec SCS deux valets, les Ir^res
(iabidier. A cotl« vue, elU éprouva un aiTriux
serrement de cœur qui se traduisit bientôt par
des «anfïlols.
« Bonne mère, dit Honoré, vous n'êtes pas
raisonnable; je me fâcherai
— C'est vrai, reprit la vieille, mais que veux-
tu? je ne peux m"y faire; chaque fois que tu t'en
vas, il me semble que je ne te reverrai plus.
— Et pourtant, je reviens chaque fois, bien
portant et le gousset plein. Ce sera de m^me
encore ; et d'ailleurs, vous le savez, c'est le der-
nier voyage.
— Ainsi soit-il,» soupira la malheureuse.
Alors, elle s'approcha des deux domestiques,
glissa une pièce d'argent dans la main de chacun,
et dit au plus âgé, dont la physionomie et les
formes n'étaient guère moins sauva^res que celles
des robustes animaux confiés à sa garde :
a Ah çà! Gabidier mon ami, lâchez qu'il ne
lui arrive'aucun mal. Je vous le recommande
— On y veillera, on yveillera », répondit brus-
quement le rustre avec un sourire grimaçant qui,
loin de la rassurer, acheva de décourager la
pauvre femme.
L'heure de la séparation était arrivée. La bonne
vieille embrassa son (ils une dernière fois, et,
quand il eut disparu au détour de la rue, elle
rentra dans sa maison devenue triste, et là,
donna un libre cours à ses larmes.
CN ULUKIEB COmg IL T EN A PID
Cependant, la mère d'Honoré reprit courage
en se rappelant la conversation de la veille.
Elle se leva plus calme, descendit au jardin,
s'installa devant le laurier mystérieux, dont la
destinée semblait liée à celle de son (ils, et resta
jusqu'au soir les yeux fixés sur lui, heureu'^e de
le voir si frais et si vigoureux. Lesjours suivants
se passèrent dans une semblable contemplation,
dont elle ne sortait que pour arroser l'arbuste,
en écarter les insectes, arracher l'herbe de son
pied. Parfois, elle lui parlait d'une voix cares-
sante, lui demandait des nouvelles du voyageur.
Il était d'avenu son confident et son ami. I.a
nuit, elle le voyait en songe; an réveil, sa pre-
mière pensée et s& première visite étaient pour
lui.
Aussi, quelles ne furent pas sa surprise et sa ter-
reur quand, un matin, elle retrouvajaune et fané
son cher laurier, dont, peu d'heures avant, elle
admirait la belle verdure. Elle ne peut en croire
ses yeux. Elle touche une à une ces feuilles, hier
si luisantes, aujourd'hui raidesetcrispées comme
si elles avaient été brûlées par toutes les gelées
de l'hiver. Elle veut courber une branche, qui
éclate avec bruit et montre une moelle desséchée.
Enfin, ne pouvant plus douter de son malheur,
elle s'élance dans la rue, folle de douleur, eu
s'écriant :
» Au secours I gens de Bnzançais, au secours 1
Je n'ai plus d'enfant et vous avez perdu votre
ami ! »
A cet appel, les voisins accourent et pressent
de questions la pauvre mère, qui leur raconte
l'entretien dan'^ lequel Honoré l'a avertie que la
vie du lanrier dépendait de la sienne.
Puis elle les conduit au jardin, où elle leur
montre l'arlipp mort Jusque dans ses racines. Un
instant, les voisins essayent de lui persuader que
«es alarmes sont chimériques, qu'elle <;st victime
des an|>arenres et de tristes pressentiments;
mais, DienlAt, c^nvamcus eux-m''nifs que cet
arbre subilenieut llétri est un avertissement du
ciel, ils se port<>nt «a clocher comme si U feu
•'tait dans la vilU nu l'ennemi aui portes.
La ci té s'émeut, les habitants armés se réunissent
sur la place de l'église, et, en apprenant la
sinistre nouvelle, décident qu'ils partiront au^si-
lôtpour secourir Honoré, s'il en est temps encore,
ou pour rapporter son corps s'il a succombé. En
effet, sans plus tarder, tous ceux qui peuvent se
procurer des moulures se mettent en marche
vers le Poitou, en ayant soin de prendre des
informations dans les endroits où le inarcliand
de bestiaux avait coutume de s'arrêter. Celui-ci,
n'étant pas un hôte ordinaire, sa trace était facile
à retrouver. Chacun se rappelait parfaitement
l'avoir vu passer tel jour, à telle heure, avec se=
deux domestiques, mais personne ne l'avait vu
revenir.
Les cavaliers arrivèrent ainsi en vue du village
de Buiay, à un quart de lieue environ de la
paroisse de Théaezay. En cet endroit, à leur
grand étonnement, les chevaux se cabrèrent, et,
malgré tous les efforts, refusèrent d'aller plus
loin.
Ll CRIVK S?r D^COirVSRT
Alors, quelques hommes mirent pied & Icm,
et gagnèrent une cabane située dans les lc^le^,
où se trouvait une vieille femme qu'ils interro-
gèrent. La paysanne, récemment fixée dan'; cette
maison, qui n'était pas une des étapes d'Honoré,
s'excusa de ne connaître le digne marchand que
de nom, et de n'avoir à donner que des rensei-
gnements peu précis.
Elle raconta pourtant que, trois jours aupara-
vant, un conducteur de bœufs avait quitté sa
bande et ses compagnons, pour venir lui deman-
der à boire, au moment où elle achevait de
pétrir son pain. Ne pouvant le satisfaire, car
elle avait épuisé son eau pour la confection de
sa pâte, elle lui avait indiqué une source cachée
dans un taillis voisin, de l'autre ciMé de la route,
et vers laquelle il s'était dirigé. Elle n'avait plus
revu cet homme; mais, peu d'instants après son
départ, elle avait été grandement surprise et
effrayée en remarquant que sa pâle devenait
toute rouge, comme si du sang y était mêlé.
Alors, jetant un coup d'œil en dehors, pour voir
s'il ne passait personne à qui elle pût faire part
de son aventure, elle avait aperçu la bande de
bœufs qui rebrous.sait chemin ducôlé de Poitiers,
sous la conduite de deux individus seulement,
dans lesquels elle ne reconnaissait pas celui qui
lui avait demandé à boire.
Agités des plus sinistres pressentiments i ces
indications et persuadés qu'elles se rapportent
directement à l'objet de leurs recherches, les
voyageurs rejoignent leurs compagnons et le?
trouvent en conf<-rence avec une autre troupe
de c^ivaliers marchant en sens inverse.
C'étaient les gens et les officiers de justice de
Th'-nezay, également enquête d'Honoré. .Innl la
disp.irilion subite et inexpliquée causait dan« le
pays les plus vives alarmes ; car le vertueux
marchand de bestiaux élail non moins connu,
non moins aimé, non moins vénéré en Poitou
qu'en Berri.
Ils apprennent à ceux de Butançais que la
veille, les valets d'Honor'', les frères Gabidier,
avairnt été vus dnw une foire, nantis d'une
grosse somme d'ar^^'nt qu'ils étaient en train de
dt'priiserfollemeiiletdontils n'avaient pasjuslilié
l'orit'ine; qu'interrogés sur l'ab'-enre de leur
raaitre, ils «valent fourni des explications erobar
rass^e*, qui avaient ao^tmenU- les soupçons et
déterminé leur arrestation. Ce récit, rapprorh»- .1'
celui do la veille, laissait peu d'espoir sur I' i
d'Honoré, qui, sans doute, avait élé victime, dans
ces parages, d'un lâche puet-apens. On prend
donc la résolution de faire sur place de minu-
tieuses recherches, et de se livrer à l'instinct des
chevaux qui, se sentant libres, quittent la grande
route, entrent résolument dans le taillis, et
s'arrêtent bientôt au bord d'une petite fontaine.
Alors, chacun descend de cheval, consalte le
terrain et fouille le bois. On ne tarde pas à
remarquer sur le gazon une longue traînée de
sang, partant de la source et se perdant soas les
arbres.
L'angoisse redouble. Le dénouement approche.
EiiUn, des cris se font entendre ; un des voya-
geurs a découvert parmi les broussailles un
cadavre décapité. La tète se trouve un peu plus
loin et, dans cette triste dépouille, couverte d une
boue sanglante, les deux troupes reconnaissent
les traits d'Honoré 1
Après avoir lavé ces souillures, et donné un
libre cours aux premiers élans de la douleur, on
place le corps sur une litière improvisée et, d'un
commun accord, on se dirige vers Thénezay, ou
l'on doit se procurer un cercueil déceut, rendre
les derniers honneurs au martyr et confronter
les assassins avec leur victime.
L'entrée du cortège dans la ville fut saluée par
une de ces rares explosions de douleur popu-
laire, qui sont le plus bel éloge de l'homme de
bien, et changent une marche funèbre eu une
marche triomphale.
Le clergé, averti à temps, reçut aux portes de
l'église les restes d'Honoré et les déposa dans
une chapelle ardente, où toute la population
vint les voir, les toucher, les vénérer; cai elle
regardait le défunt comme un saint et un martyr
dont l'dme, vivante dans les cieux, pouvait déjà
protéger ceux qui l'invoqueraient.
Les leçons des anciens oflices de lluiançais
et de Théneiay rapportent que beaucoup de
malades atteints de lièvres et de langueurs furent
guéris eu cette occasion par l'attouchement du
corps, et que le premier effet se manifesta sur
trois porteurs qui s'étaient relevés depuis la fon-
taine jusqu'à l'église.
Extraits de la prison et subitement amenés
devant le cadavre, les frères Gabidier perdirent
contenance et tirent des aveux complets. Ils
racontèrent alors comment, ayant introduit
parmi les bœufs dont ils avaient la garde, l.i
vat'hed'un paysan, avec l'intention de se l'appru-
pricr, ils avaient élé sévèrement réprimalidés
. par li'ur maître, et forcés de restituer l'animal,
- ce dont ils avaient conçu un profond ressenti-
ment. Certains d'être renvoyés a la fin du voyage,
ils avaient médité de couvrir leur faute par un
' unie; eiiliii, ils avaient exécuté leur abominable
i|. -si.in en suivant ilouon^ à la fontaine ut eu le
ii.i|i|iaiil par derrière de leurs coutelas, au
moment ou il se penihait pour boire.
' tint, les cérémonies terminées, un grand
l>-va entre les gens de Kuiunçais et ceux
.. Jiay. Les premier* voulaient emporter
en llirii le corp» de leur compatriote, que les
seconde avaient la prétention de garder comme
leur a|i|iai't''iin!it par sa mort et le "aiig >er«é
sur Ifur t<Tti'. ;r.'. Knlin, il fut décid'' que Thé-
' que le chef du martyr, et
l>-u plus tard aux gens de
lUii.iiii dit.
fa députatiou berrir'ionne ne rapporta donc
à flui.tn<'ai9 que des ■ >ii , ■ . ■ ment
trop |ii>'cis sur la lu. i '•■, et
l'asMjianre de posséder uii ,' ui ■<•-'■ i>'liqu-s.
Quant à la mère d'Honoré, je n'essayerai pas
de peindre l'état de son cœur, que pourront
seules comprendre celles qui ont gravi le calvaire
de la vie pour voir mourir un enfant, leur unique
espoir, leur unique amour.
Du reste, sa souffrance ne fut pas longue, car
le ciel lui envoya bientdt la suprême consolation
des grands affligés. Un matin, ses voisins, qui
l'entouraient des soins les plus tendres, la trou-
vèrent endormie dans les bras de la mort, et
devinèrent, au doux sourire errant sur ses lèvres
glacées, qu'elle venait de rejoindre son fils.
Pour terminer, h&tons-nous d'ajouter que,
malgré leurs aveux et leurs protestations de
repentir , les assassins subirent les dernières
rigueurs de la loi, sans que le ch&timent suffit k
expier leur crime. La réprobation qui les accom-
pagna au supplice s'est attachée à leur mémoire,
et vers la fin du siècle passé, on désignait encore
leurs derniers descendants par ces paroles insul-
tantes : « Race Je Gabidier. »
U SAIKT ET LA DEVOTION POPCLAIM
Devançant la sentence du temps et de l'Eglise,
les habitants du Derri, comme ceux du Poitou,
rendirent à Honoré un culte spontané, et l'invo-
quèrent immédiatement comme un saint.
Un siècle plus lard, les prodiges nouveaux qui
s'opéraient journellement sur sa tombe, et l'em-
pressement des fidèles, déterminèrent le seigneur
de rhéneiay et l'évêque de Poitiers à demander
sa canonisation. Une en<|uète solennelle eut
lieu, les pièces furent traiiMnisos à home, gui,
en )i4^, sous le pontificat d'Eugène IV, inscrivit
sur la liste des bienheureux l'humble marchand
de bestiaux, et régularisa les hommages volon-
taires dont il était l'objet....
En lbC2, les bandes calvinistes du comte de
Montgommery, qui avaient brùU à llourges les
corps de saint (iuillaunie et de la bonne duchesse
Jeanne de Valois, se ruèrent sur le Uas-Kerri pour
se rendre en Touraine et passèrent par Buzan-
çois, où elles livrèrent aux flammes les restes
de saint Honoré. Un doigt et un petit os, tombés
pendant qu'on portait le corps au bûcher, échap-
pèrent seuls à ce désastre.
On plaça dans un reliquaire ces précieux
débris recueillis par une main pieuse, et une
firocession expiatoire fut ordonne & perpétuité
e lundi de la Pentecôte. Ce même jour, on
acquitte un vœu de la ville fait, il y a plusieurs
sièi'les, à rocca>ion d'une grosse épidiinle qui
ravageait le pays, et qui cessa miraculeusement
par l'intercession de saint Honoré, comme le
racontent les \ieilles rlirnniqucs.
L'église de 1 hénezay possède encore la léte
et une partie du vêtement du saint martyr.
Ces reliques, déjà reconnues authentiques an
XVII* siècle, Tout été plus réceminentcnrore, par
l'evèquc du Poitiers, J.-U. de Kuuillé, qui les
d'-' 'uile dans une nouvelle châsse. Des
I' . >aiiit sont conservée» aux Carmélites
d.i. ■'!> il misses d'Amiens, et au cou-
vent de Uai l.
Kn IhJii, t . a obtenu une partie de la
relique insigne, que le diocèse de Poilier* a eu
le bonb<-ur de conserver.
l^ f,;énisse dérobée par d'infidèles serviteur*,
et qu il lit rendre à son mallie, est l'AUribul
iconographique de naïut Honoré.
Cr ic'i( r$t emprunté, tau( quelque* Ugtret
retour hr$ de Mgr Huenn et de nou<, d iinléreMont
OUI /'!/>■ de il. Vedlal, wtUuU : Pittsu LiUit.101»
DU lliimi.
liuf).- gérant, t PiriTaft^RT, S, rui Kr&i>(ola I*', PtrU.
SAINT GUILLAUME, ARCHEVÊQUE DE BOURGES
Fête le 1 0 janvier.
Saint Guillaume, abbé de Chablis et plus tard archevêque de Bourges.
COMIiEMT DIEU SE PRERARE DES SAINTS DE BuNNE UEL'RK
Saint Guillaume, issu des anciens comtes de
Nevers, vint au monde vers le milieu du
Tii' siècle. Il fut élevé avec soin dans la crainte
de Dieu; son bon naturel, il est vrai, et sou pen-
chant pour la vertu rendirent son éducation
facile. 1^ Seit'neur lui avait donné toutes les dis-
position-" de la nature et de la tTâce nécessaires
a l'accomnlissement des (.'rands desseins qu'il
avait «ur lui. l'n esprit vif, solide, émiiieiit et
capable de toutes les sciences; un jugement (ipné-
trant et droit, un cœur noble, pZ-néreux et docile,
de« manières (.Tacieuses et [lolies, une horreur
extrême du vice, une haute idée du service de
Dieu et un attrait particulier pour la retraite et
la vie intérieure.
De si belles qualités portèrent son oncle
maternel à «e char(.'er de ses études; c'était
Pierre, archidiacre de Soissons, surnommé l'Kr-
mite, à ciuse de ses grandes austérités. Le jeune
t ' mini- fil des progrès rapides sous un tel maître;
i' !■ nul, en peu de temps, des connaissances
. 1 'US de son âce, et un trésor de sainteté
• r en jour croissant.
GllLLALME, JEUNE ÉTUDIANT,
FAIT UN PREMIER PAS VERS LA SAINTETK
Il apprit dès lors à mépriser tous les avan-
ta).'es que sa naissance, ses brillantes qualité^ et
le monde lui promeltaieni, et, nestimaiil que
les biens éternels, il se destina à l'état ecclésias-
tique.
Il n'eut pas plutôt renoncé au siècle qu'il fut
fait chanoine de l'Kiilise de Soissons, et, peu après,
de TK^Iise de Paris. 11 devint, dans l'une et dans
l'autre, par sa modestie, par sa sagesse et par
son édifiante piété, l'admiration du peuple el le
modèle du clergé.
LA SOLITl'DE DE GHANDMONT
Mais, quelque saint que fût l'état qu'il venait
lieinbrasser. Dieu le roulait plus parfait, el lui
inspirait un ardent désir d'une vie plus retirée,
lui-même ne pouvait se voir dans le monde, au
milieu de tous ses périls, sans Iretnbler. I,' s
dicnités ecclésiastiques lui paraissaient de> tilrcs
bien onéreux, et les bénéfices opulents, de \r.iis
picfies. Depuis longtemps, il ne soupirait qu'.iprès
le désert de Crandmniit. qui l'avail cliarni''.
3ue
Ce nouvel Ordre de relii^ieux, fonde par saint
Etienne, l'aa 1U~6, •.lait encore dani^ toute sa
première ferveur, et la vie austère des moines
rendait cet institut encore plus estimable. Saint
Guillaume renoni-a^'énéreusement aux canonioals
de l'aiis etdeSoi-sons, que ses parents lui avaient
procurés pour lui donner la facilité de tiTre à
l'aise et de tenir son ran^, et se retira dans ce
monastère sans écouter la voix de la chair et
du san^.
Il y fut reçu comme un présent du ciel, et y
vécut dans une si grande n'^'ularité, avec tant
d"édincation, que le supérieur, étonné d'un tel
prodige de vertu, fit son élo^e en plein Concile
devant le pape innocent III cl les prélats de
cette auguste assemblée.
TBOt-BLE DE CHANDHONT
Notre Saint se disposait à faire sa profession
dan« le monastère de l>raadmont, lorsque le
démon, jalou\ des proj^îrès spiritaels de cette
maison de Dieu, y souleva entre les reli^^ieux de
clin'ur et les Frères couver* une furieuse lemp'te
qui faillit perdre l'Ordre tout entier.
L'esprit de discorde en eut bientiM terni
l'éclat, (iuillaume eut beau employer tous ses
soins i-t tout le crédit de sa haute vertu; il eut
beau mettre en u-uvre le» moyens qne sa sagesse,
son zèle et son industrie purent lui sucg^Tcr,
rien ne put rappeler la paix et l'unioa bannies
du couvent.
LE UOINE FERVENT QL'ITTS GIANDHONT
Les esprits et les cœur» s'ai^issaient tous les
jours davantaiie. Le Saint savait bien aue l'esprit
de Dieu ne saurait Jainai> être là où la paix ne
se trouve pcunt; aussi ré«i'lul-il de pas^-r dan»
l'ordre de Citeaux.si célcbre par le nombre de
«e^ '-aints, et dont l'esprit de retraite et de
r.uliiité était alors dans toute sa vigueur.
Il l'nl l'habit à Pontifjny et (It sa profc-sion
avec une ferveur qui, tous les ji.urs de son novi-
ciat, avait pris un nouvel accroissement. liieutiM
il devint un modfle de la perfection reliRieuse. I.es
moines le considéraient comme un aii;;e descendu
du ciel sous une enveloppe mortelle.
ARDENTE DLVOTION DU SAI.NT
Nnii rnntent d'avoir quitté le monde, il en perdit
il. .uvenir; la solitude perfectionna son
I nt intérieur et son attrait sin;.'ulier
j II ne perdit plus la pp'sence de
:ie, "a dévotion, son assiduité h
1 ■ ' ! :-.. ;:>.s fervent*; il
r ou i l'autel
; ' l embrasé du
• •s. Il resseli-
léiuota du cruciliement
lie.
M«R?iT LC^ *kt!m T«iOHrHC?rr n'ct'i-MibiE^
avec une sévérité inûe\ible ses moindres imper-
fections et se re^'ardait comme coupable la on
d'aulres croiraient n'avoir rien à se reprocher.
Que de fois on le vit pleurer à la vue des péchés
d'aulrui, et parce qu'ils oITensaient Itieu, et
parce qu'il craiiriiait en avoir été la cause.
Toujours humble, doux envers les plus petits
comme envers ses supérieurs, il prenait les
mortitications qu'on lui imposait, non comme
une épreuve de sa vertu, mais comme de justes
cliàlimeiits de ses iniquités. Il vivait dan< un
combat perpétuel contre ses sens et ses inclina-
tions : aussi mérita-l-il d'obtenir une admirable
pureté de cœur et le don d'oraison au degré le
plus éminent.
Tant de vertus alarmèrent l'enfer. Pour le
tenter, le démon mit on œuvre ses arlilices et
ses ruses; mais ("■uillaiime trouva dans les exer-
cices de la prière, de la pénitence et de l'humi-
lité de quoi rendre inuiiles le» elforts de l'esprit
malin. Sa tendresse particulière pour la Sainte
Vierge lui servit de bouclier : ■■ .Xprès Jésus-
Christ, toute ma confiance, disait-il, je l'ai mise
en la Mère des Miséricordes. » .Marie fut jus-
qu'à sa mort l'arsenal où il trouvait ses armes
pour le combat.
GUiLLAimt iLVri a la Dia.tiTé abb.vtiale
La solitude fai<ait ses délice»; mais on consulta
moins son inclination que l'estime que l'on
avait conçue de sa sagesse et de sa piété. Il fut
élu Ahhé lie Fontaine-Jean et nlus tanl de Ch:\blis,
où il semblait se consoler de la violence dont
son humilité, son amour pour la retraite étaient
les victimes, par l'espérance de finir ses jours
dans cette affreuse solitude. Mais Dieu, pour sa
propre gloire, en avait di-posé autrement. Après
avoir et'- pendant quinzi' ans le modèle des
plus saints Abbés, le Seitmeur avait voulu qu'il
devint le modèle des plus saints évéqucs.
Saint Cuillaume «.'ouvernait ses reli;;ipux avec
tine douceur aiu-élique. Avec ses inférieurs, il
était comme le dernier de tjius. Il joignait A une
merveilleuse simidicité de u-randes lumière» qu'il
(luisait dans la plus sublime oraison On iK-mn-
vrait à la sérénité de son visage le r,-ili
de son Ame; et, malgré toutes ses I
ne perdit jamais cette sainte et dou' ' i..
paitant du cirur, prête tant de cl. li
vertu.
SAINT ÙL'ILLAUMK EST ADR.VCilK A SA Ollî.HK Sol.lTIDI
«0.1 itLWmOM
vo-
Il ne -•■ ■ - ' qu'à se sanctiller, n .
cieux, ': nie l't l'obscurité d'
lèr<- ' ... ..i..is d- - ■ ' ■■■'•- '
ei.! . •\r Sut!
I.C . . ._ ..; cotte \ilk ,
lat (|ui mérilàl de l'ètra par sa vertu cl
lalenLs.
L'Ordre de CIteaux brillait al
de t'ranl- li''inn)i- d.'iit ! i - ,
ni
"■Il
Va.
Il
lè-
ses
il..
hl«
. .1,
11 ton
I riuidl-
le, m>^m<- l'U t.i» de maladie
.;,.r d
■Ol
I ii>a^'~ vit- la
II *>• reprochait
dit Sainl-E>pnt dans
uiii' .11 • 'II- U -.1111 ■ \ irrk'r, *t mit si'us la
nappe d'autel troi» billet* cachette, où <.Uicol
écrits les noms des trois Ab)ics. Deux hommes
distingués par leur science et surtout par leur
vertu l'assistaient à l'autel : l'un tut depuis
archevêque de Tours et l'autre évéque de Meaux.
Après la célébration des Saints Mystères, Eudes
se prosterna avec eux, priant le Seifjneur avec
larmes de manifester sa volonté; tous trois réci-
tèrent la prière qu'avaient faite les apôtn.'s quand
ils voulurent remplir la place vacante du Collège
apostolique : •< Seiftneur, dirent-ils, vous qui
connaissez le cœur de tous les hommes, montrer-
nous celui que vous avez clioisi. » Puis l'évèque
de Paris prit au hasard sur l'autel l'un des trois
billets et, l'ayant ouvert, il y trouva le nom de
l'Abbé (iuillaume. Les deux assistants furent
les seuls confidents du fait; mais, au même
moment, les chanoines de la cathédrale, assemblés
en Chapitre, l'envoyaient supplier instamment
de préférer (iuillaume à tous les autres. L'évêque,
frappé de cette coïncidence, y crut trouver une
preuve de la volonté de Dieu. Il remercia le Sei-
?;neur et, suivi de tout le clergé et d'une grande
ouïe, il se rendit à l'église métropolitaine de
Saint-Etienne, où il proclama l'Abbé Guillaume
archevêque élu de Bourges, au milieu des trans-
ports de joie de tout le peuple.
RÉSISTANCE DU SAINT
A la nouvelle de son élection, l'humble moine
fut si aflligé qu'il résolut de prendre le fuite; on
l'en empêcha. Mais on ne pouvait triompher de
ses refus. Il alléi'uait que le vœu d'obéissance
fait entre les mains de son supérieur ne lui per-
mettait plus de disposer de sa personne. Sur ce,
les députés de l'Eylise de Bour;,'es eurent recours
au Supérieur général de l'Ordre et au cardinal,
Pierre de Capoue, prélat apostolique en France.
Tous deux ordonnèrent au Saint d'accepter. Il
fallait obéir. Cuillaume quitta donc sa chère soli-
tude en versant des torrents de larmes; il prit la
roule de Bourges, où il fui reçu comme un ange
envoyé du ciel, et sacp- par Elie, archevêque de
bordeaux, en présence de tous les évêques de la
province.
SAINT GUILLAUUE, ARCIIF.\'ftyi;B DE noUnOES
SA VIE PBIVIÎE
Il était persuadé que tout homme et surtout
le les autres doit commencer
par fiahlir en lui-même le rèu'ne de Jésus-Christ ;
jamais abréger le temps qu'il consacrait h la
prière. Chaque jour, il passait plusieurs heures
dans un recueillement profond ; la pensée de la
mort ne le quittait jamais : il la regardait comme
un remède souverain à toutes les maladies de l'àme .
celui
;eiui iiui K<
par établir e
aussi, une fois revêtu de la plénitude du sacer-
doce, son premier soin fut de régler sur les
maximes de l'Eraufile les moindres détails de sa
vie, soit publique, soit privée. Il voulait donner le
premier l'exemple d'une vertu irréprochable :
•< Tel roi, tel» sujets; tels pasteurs, telles brebis, »
répétnit-il. Ni sadi:.'nité,ni ses travaux immenses
ne purent l'obliger à se relùcher de ses excessives
austérités : il ne quitta jamais In haire et conserva
son habit monastique, observa les jeûnes de la
réale. comme s'il eut dté dans son monastère, et
s'interdit l'usage de la viande, bien au'il en fit
servira ceux qui mant;eaienl <\ sa table : «'J'ai à
expier, disait-il, et mes pronre» péchés et ceux
de mon peuple, ■ et comme rap''itre saint Paul :
i< Je rliAtie mon corps et le réduis en servitude,
de peur qu'après avoir prêché aux autre» lo salât,
je ne sois moi-même un rénrnuvé. •• Son palais
épisfopal était ouvert à (ont le monde: les femmes
»<*ule- n'y eniraii'nt pas; rn eas de n''-ces»it«'', il
leur pirlail dans l'éalisr. Plusieurs Irouvéront
, .IIP ■•.•;»érité trop grande; mais il refusa de s'en
d''-pailir.
1.1 multiplicité de ses occupations neini firent
ZELE APOSTOLIQUE DU SAINT PRELAT
MIRACLES
Son tendre amour pour la solitude fit place à
un zèle ardent pour le salut de son peuple. On
le vit parcourir son diocèse avec une charité qui
portait partout le feu divin : il prêchait, instrui-
sait les petits et les humbles; administrait les
sacrements, visitait, consolait les pauvres des
hôpitaux; et, se faisant tout h tous, il les gagnait
tous à Jésus-Christ. Il apprit un jour que plu-
sieurs de ses diocésains avaient été arrêtés pour
avoir soutenu avec trop de zèle les droits de son
Eglise; il fit sur-le-champ d'instantes démarches
auprès des jusc» pour obtenir la mise en liberté.
Ses réclamations demeurèrent sans résultat. Il
vint alors se placer à la porte des prisons : « Je
n'en bougerai pas, dit-il, tant que les captifs ne
seront pas élargis. » Les magistrats, émus d'une
telle charité, ouvrirent les cachots.
Dans ses courses apostoliques, il rencontra nn
prêtre que la paralysie d'un bras empêchait de
célébrer la messe; jusque-là, tous les secours de
l'art étaient restés impuissants. Saint Guillaume
exhorta ce prêtre à s'amender devant le Sei-
?.'neur; puis, ayant fait sur le bras malade le
signe de la croix, il le guérit sur-le-champ.
Des malades, atteints de fièvres mortelles, mais
pleins de foi en la sainteté de l'illustre archevêque
et persuadés de la toute-puissance de ses pm^res,
le conjurèrent de les guérir en leur imposant les
mains. Saint (iuillaume. blessé dans son humilité,
s'efforçait de les dissuader : « Je ne suis, disait-il,
qu'un pauvre pécheur. » Les malades insistaient
en pleurant; alors, son cœur de père ne pouvant
plus résister, il les guérissait tous en leur
imposant les mains.
DÉSINTÉRESSEMENT ET DÉLICATESSE DU SAINT PrAlaT
Ses abondantes aumênes prouvaient son entier
désintéressement des biens de ce monde; il
estimait indigne d'un évêque de thésauriser. Il
appelait les pauvres ses créanciers; en leur dis-
tribuant presque tous ses revenus, il disait
agréablement : " Je paye mes dettes. »
Cette sainte inditférence pour toute richesse
ou question d'argent brilla d'un plus vif éclat
dans les circonstances suivantes. Saint «iuillauiiie
trouva dans l'Eglise gallicane la cnulume d'im-
fioser aux excommuniés, en leur donnant l'ahso-
ution de leurs censures, outre la salisfactinn
canonique, des amendes pécuniaires au profit
de l'évêché, pour prévenir toute rechute, »u
moins par motif il'intérêt. Cette conliime déplai-
sait souverainement h sa délicatesse; toutefois,
des hommes de grand renom lui conseillaient
de la suivre ni de ' iner aux pauvres l'arcent
do ces amendes, s'il avait scrunulo d'en profiler
lui-même. Il trouva moyen de no pas suivre
l'usase conseillé, sans en scan<lalispr les parti-
sans, ni blâmer ouvertement leur conduite : il
ne manquait pas de ilonner l'absolution aiw
excommunié» renenlinls; mai» Il re!u»;iit d'ac-
cepter les amendos péruniaires. Tmitefoio, pniir
maintenir les pênilents dans une crainte «,ilii-
inlre, il les menaçait souvent d'exiger les rétri-
butions ordinaires.
douceur ET HANSuiTUBE
Quelque» gehtilshomraes avaient ijrnvement
ouliagé les receveurs de l'archevêque, ravi ses
biens, et injurié un prand nombre de prêtres.
Il Livrez les coupables au bras séculier, »■ lui
disaient ses conseillers, mais (iuillaume préféra
prier et jeûner pour eux; et il les vit bientôt
a ses pied<, im|>lorant un pardon qu'il leur
accorda de f,'raiid cœur.
Il était cependant des pécheurs plus endurcis
et plus opiniâtres : des hérétiques rava^ieaient
le lierry, le .Nivernais et IWuxerrois. On conseil-
lait au Saint de se mettre à la tête d'une armée
pour aller forcer les rebelles à se soumettre,
selon l'usafie admis à cette époque. L'archevêque,
pour ne point désapprouver ouvertement une
coutume établie par ses pères, dem.inda à réllé-
chir. Il pria Dieu avec ferveur, et promit bientOit
de réduire les coupables. Toutefois, il lui répu-
}.'nait de revêtir l'armure des auerriers du siècle,
et ses moyens de combat ne lurent pa< le fer et
le feu, mais le $;laive à deux tranchants de la
parole de Dieu. Il prenait en particulier les plus
opiniâtres, et, avec une liberté tout apostolique,
leur adressait les plus vils ri-proches, les mena-
çait des flammes éternelles de l'enfer, leur
représentait le royaume de l'éternité bienheu-
reuse qu'ils perilaient, et l'ahime profond où ils
allaient se précipiter, de fjaieté de ca-ur, par la
folie de leur conduite. Douceur et menaces, il
employait tout ce que son xèle apostolique lui
su;.'k'érait.
l'ui*, dans le secret de sa vie cachée, adn d'at-
tirer la clémence divine sur ces pauvres ànies
perdues, il jeûnait et passait des nuits en prières.
Son espérance ne fut pas trompée. Au t'rand
étonnement de tout le peuple, les loups deve-
naient des a>.'neaux, les persécuteurs des amis, les
ravisseur» du bien d'autrui de grands aumôniers.
•;aINT OCILLAUMB au IlILhEU DES ÉPREL'VgS
SA FKRIIGT^. — SO.N ZÈLE
I lie sainteté si éclatante ne le mit cependant
pas ù l'ahri des épreuves dont Dieu se sert pour
épurer la vie de ses serviteurs.
De ()uissants seif;neurs du Derry, offusqués de
son «rand mérite, et forts de I amitié du roi,
prirent occasion de la douceur de (iuillaume
pour attenter aux droits de l'Kylise de Itourues :
>■ I^ Saint n'aura pas le courage de nous résister, "
iiensaiint-ils. Mais ils ne furent pax lon;.'leinps
i s'apercevoir de leur méprise. L'illustre prélat
leur lit voir que douceur et bienveillance
II'' veinaient pas coura^'e et fermeté. Sur le point
1 '• >oir arracher les revenus de son K^'lise. il
ii>-i'iMidit vigoureusement ses droits contre le roi
l'liilippe-Au::ii»le lui-méuie, prévenu par les
■ "■ r-courti «ans. D'après leurs faux rapports,
I le df ll'-urijes troublait le repos public
. :...,. :ait sur les di>in.iincs de la couronne.
I.e prince, irrité, se disposait à tirer vengencc ;
b' S liiil. un III 111' Ml ' Il 1 ii'l" iiix exactions, aux
lis, eut encore
I de son propre
.", iiiai!!, liiiini de ses aimes linbituelles, la
: 1 eur e! l'Iininililé, il (rioinphn de tout et sor-
<Dnantde gloire et
même ne devait pas longtemps leur survivre.
L'se par ses travaux apostoliques et ses austérités
excessives, il succombait aux inlinnités: d'un
moment à l'autre, ses familiers s'attendaient
à un dénouement fatal. Lui s'en souciait fort peu
et continuait tranquillement ses mortifications,
sans se relâcher d'aucune.
Lan 1208, le pape Innocent III, lassé des
mesures de douceur prises sans succès à l'éRard
des manichéens du l.«inauedoc, ennemis de la
religion, de l'Ktat et de la civilisation, lit i>rêcher
une croisade contre eux.
Après avoir lu les lettres apostoliques à son
peuple, saint (Guillaume, toujours brûlant de
lèle pour la «loire de Dieu, prit lui-même le
premier la croix et exhorta les assistants à suivre
son exemple. Tous s'eniratierent de i;rand cu'ur
à combattre les Albi::eois. Mais le ciel réservait
la conversion des uns aux mérites et aux prières,
à la prédication de saint Dominique, s(>écialement
à la récitation du Uosaire, et l'exlermination
des autres aux armes victorieuses de Simon de
Montfort.
Le saint archevêque sut depuis, par révélation,
qu'une «rave maladie s'opposerait à l'accomplis-
sement de son va-u et que Dieu allait l'appeler il
lui. Il se contenta donc de publier la bulle du pape
et de se faire le {.'rand écho des intentions du Saint-
Siège. On sait l'heureuse issue de In croisade, la
défaite délinitive des hérétiques et la délivrance
de la France chrétienne.
LE SAINT PREND CUNG^ DE SO.N ÉOLISI
SES DERNIERS 1I0UE.NTS
Le 5 janvier, la veille de l'Epiphanie, la fièvre
I'obli;;ea à se mettre au lit. Le lendemain, il se
leva piiur prêcher une dernière fois a son peuple
dans ré;.'lise métropolitaine. Dieu lui avait
annoncé l'heureux jour de sa délivrance. II prit
pour texte ces paroles de l'ApAlre : ■■ Voici au'il
est temps de sortir du sommeil. "Ainsi appelait-
il la vie de cette terre. Il exhorta ses auditeurs à
vivre dans la pensée de la mort, à ne pas cesser
de veiller sur eux-mêmes, et de se tenir prêts,
car nul ne sait le jour ni l'heure où le Seigneur
viendra le chercher. Sur la lin du sermon, il
dit lin dernier adieu a tout son peuple. In granu
cri de douleur se lit entendre, et la triste nou-
velle passa bientôt de l'auditoire à la ville entière.
Le deuil devint universel.
(lUillaume rentra chez lui, en proie à une fièvre
croissante : il avait prêché télc nue, malgré le
friùd rigoureux de la saison. Le mal prit en peu
de temps un tel empire que le malade demanda
rUxtrême-ilnclion et le Saint \ialic|ue. Pour le
rccevoiravec plus de respect, il se l-i ■ ■!•■ ^ ■" lit,
allaau-devanl.se mit à :;eiioux,fonil i -.
pri.i liii-liiiips prosterné sur le j. , i i-
éi ' roix, puis il reçut le corpt <lu >au-
\i ,; un' ffTvfur ritraorJinair'--. r'i'tnit le
3uinii lie.llso|.' 11".
ans III '' lie et une . 'iii'
avec Dieu.
Dans la nuit qu'il «avait être la demi*re, il
voulut nnliciper les Matines, qu'il atait '
de réciter à minuit. Apres le si.'ne dr 1
sur le» lèvres et sur la poilri; ' >
prononcé : iMmine lahia, qu'il ' i
I ' ' MU iii' iir uu
ii'l la mort vint
l'ii il" — '■' m iiiiii-. i j'ieinier au mois
d'avril 1208, le second, deux mois après. I.ui-
«iii iri 1 it
rilire ijuil
rendit di>u - . . ■• •• '- -i 1'
lu janvier, jour où l'Cglise cilébre m méjnoira.
jii| jriitnl, h. l'nlllit>Kl. 1 lue trUK"l< I'
SAINT THÉODOSE LE CÉNOBIARQUE
Fête le 1 i janvier.
La pensée de la mort est riche d'enseignements. Saint Théodose ordonna de creuse/ an*
tombe, et appelant ses religieux, il dit : Voici le lieu du repos tout préparé, qui de
nous y entrera le premier ? Frère Basile se mit à genoux et dit : ■• Bénissez-moi, mon
Père, car ce sera moi I En effet, ce fut lui. »
LE BECARD D VU SAINT
Ttaéodose était né dans une petite bourgade de
Cappadoce, appelée Marisse, en 1 an 4(4. Sts parents
l'avaient nommé Th^odose, sans doute en souvenir du
Krand empereur chrétien qui avait illustré ce nom
peu d'annt'es auparavant ; mais ce nom, qui signifle
tion de Dieu, convenait admirablement à cet enfant
béni du Seigneur.
Le jeune homme exerçait dans sa patrie les fonc-
tions de lecteur, quand il crut entendre la voix de
Dieu qui l'invitait, comme Abraham, à quitter <>a
famille et la terre de set pères. Il partit pour la
Palestine afin d'y vénérer les Lieux Saints. En route,
il voulut voir saint Siméon Stylite et le consulter
sur le genre de vie qu'il devait choisir. Siméon le
distingua dans la foule des pèlerins, et l'appelant
par son nom : « Théodose, homme de Dieu, dit-il,
soyez le bienvenu. » Il le fil monter sur la haute
colonne qui lui servait de demeure, le bénit et lui
annonça qu'il serait, lui aussi, le père d'un grand
peuple.
Thi'odose se dirigea lentement vers Jérusalem
Apns avoir satisfait sa dévotion dans tous les lieiii
sanctifiés par le Sauveur, il résolut de se èier
auprès de la ville sainte et se mit sous la cor. luit»
du reclus Longin, qui habitait un obscur Uliiil
dans la tour de David. Sons la direction dt ce
maître habile, il se forma à la science pratique d«
l'oraison et de la sainteté.
489
VIKdX-SKJÛUt — I^ QA0TT8 OiiS VAGKS
Après plusieurs années de cette vie liumble et
cacher, une noble dame du nom de Scilia, qui pos-
sédait sur la cauche de la route de Bethléem une
villa appelée \ieui-Séjour, résolut d'v élever une
chapelle à la Mère de Dieu, et demanda à Longin
son disciple Tbéodose pour en faire le gardien du
nouveau sanctuaire.
Par ordre de son maître, Tb»^odose accepta la
garde de Vieux-Séjour. Mais quel gardien! La plus
grande partie du jour et de la nuit, ?a prière, sou-
vent mêlée de ses larmes, s'élevait vers Dieu comme
un pur incens; en travaillant il continuait à prier,
et il en avait contracté une telle habitude que plus
tard ses lèvres remuaient encore, même dans son
sommeil, son rêve était une prière. Il mangeait
fort peu ; quelques dattes, des légumes ou des
herbes sauvages, ou seulement des noyaux de
dattes détrempés et amollis suffisaient à sa nourri-
ture. — Il vécut trente ans sans user de pain.
Mais bientdt, la renommée de ses vertus lui atti-
rant lie nombreux visiteurs, il se cacha dans une
grotte voisine, qui portait ie nom de C.atbisma, et
qui, d'après la tradition, avait servi d'asile pour la
nuit aux rois liages, lorsqu'ils retournèrent secrète-
ment de [ii'thléem dans leur patrie. La l>'gende était
vraisemblable, car pour éviter Jérusalem il n'est
foint d'autre voie qui conduise de Uelbléem vers
Orient.
Cathisma est le Subiaco du Cénobilisme oriental.
La solitude où s'était réfugié Théodose no put le
dérober longtemps à l'admiration des lideles d'alen-
tour, bientcM un peuple de disciples se pressa au-
tour de lui. Tbéodose les exerçait U la vertu par la
garole et par l'exemide. Pour leur donner toujours
présente la pensée de la mort, il leur lit creuser une
tombe; puis se tenant au milieu d'eux, il dit en
souriant: • Voici tout prêt le lieu du repos, qui de
nous en fera la dédicace ? »
Un prêtre, nommé Basile, fléchit le genoux :
« Veuillez me bénir, mon père, ce r^era moi! •
Théodose lui permit de mourir t'n lut pendant
quarante jours l'offlce des funéraille:*, et au ijuatan-
tiènie jour, sans tie^ru, sans douleur, sans agonie,
Basile sendcrit ■' ! ment du dernier sommeil.
Ilasile ii'.L pourtant pas ses Frères;
chaque 9<>ir il .^,.^,i ..aaister au chant des vêpres. L'n
moine fer. '.'i>t, du nom d'Aétius, dit un jour à Théo-
dose: ■' l-iilendcz-vo'js, mon l'i.n- îiin I. < riuli
ques du soir la voix de notre
tépoti.tit : l'il enlen>lait la
Il ilion merveilleuse; il lui promit de la
1 \ la nuit tombante, les moines ?c réuni-
'aitU, debout et chantant les louanges
oilose le montra du doi:.'* à A<Hius, en
diioiil : .> Uuvrci-lui les yeux, à > ilin qu'il
v.,1.. vos prodiges. " Aétiu», opère île, gcpré-
■■•M lu. |. .i;i 1 ji. hdre entre .-i ^ bras, mais
M • ■ II. il le monde entendit ses
^ . ■. ' ,' ' 1 . ■ ■ ' I . . s vous ne
; l <:hrist a
.1 croit i.n III' '■ : .1 la vie
'>rt. • Il y a t laieillcs
ft.^iiiL'v.^ j'* V ^ <«u u^iceau des graiiw^.;. .koio.
" ■. — Ul TIT»« 01 ci.>'>ril vKvlUB
.:. Ml .ii.isïi n*. Tli«' 1' ■•' Miiilut
Morte. La tlaiurae ne brillait pas dans l'encensoir,
auoon parfum pe s'en échappait ; mais lorsque, reve-
nant sur ses pas, il fut de retour dans le voisinage
de sa grotte, une étincelle miraculeuse jaillit tout
à coup, et la fumée de l'encens monta dans les airs.
Le ciel avait marqué son choix.
C'est donc près de Cathisma que s'éleva le nouveau
monastère : des bâtiments immenses lui donnèrent
l'aspect d'une grande cité; les solitaires, les céno-
bites avaient leurs édifices réservés, les pauvres des
alentours et les voyageurs en pèlerinage v trou-
vaient un asile spécial; des religieux y servaient
les indigents, et souvent en un seul jour plus de
cent tables étaient dressées pour les bêles envoyés
par la Providence. Tous les arts et tous les métiers
étaient représentés dans La cité monastique. Ces
hommes, sortis du monde pour s'attacher aux biens
éternels, venaient exercer au proUt de leurs frères
leurs anciennes professions ennoblies par l'obéis-
sance. Il y avait aussi plusieurs hiipitaux, l'un pour
les religieux malades, deux autrespour les étrangers
fiauvres ou riches qui venaient se faire soigner par
a main des s.iints, un hospice de vieillards pour les
vétérans du facerdoce et de la prière.
Les disriples de saint Théoaose. par une obser-
vation rigide du silence et la flJélité à leur règle,
ne se dissipaient poiut dans les rapports nécessaires
avec les étrangers que la charité les obligeait à
recevoir; ils évitaient avec soin toute relation inu-
tile avec le dehors. Unis par les liens de la paix et
de la charité, ils paraissaient des anges terrestres
aux pèlerins qui avaient le bonheur de les voir.
Il y avait <|uatre églises dans l'enceinte du monas-
tère : la première était pour les religieux et les
fidèles de langue grecque : c'étaient les plus nom-
breux; la seconde était pour les Arméniens, avec'
eux se réunissaient les .\rabes et les Perses; la troi-
sième servait aux liesses, c'est-à-dire A tous ceux
qui venaient dos pays septentrionaux et parlaient
les langues slaves ou sc.>tliiques. Chaque nation
chantait dans son église parlii'uliére In [■ailin de la
messe, appelée messe des citèchuniè ' i clin'
depuis le coinniencemuat jus<|u'a 1 ' Vpics
l'Evangile tous se réunisiiaient duii^ i
(îrecs, le saint sacrifice y était offert et I
participaieii' ' ' '
Christ. La |
de ceux iiui .... U...I, .... .,...,.1-
lialinns du: . le.
I 1 'Ile- !• , t lo thé&tre de» plus
.'S. Lue tttiiiiiic oail vu ju>>iui'-la
: ir «^.iiit ih'' ::.'• ;•• n.-il'rc ; illc >i-
reconn
fois, el
nomma llircici'ui-. ( n* aiuuie du > i
du blé se multiplia jus<|u'Â remplir
Oieiise. A Alexandiie, un aiif
puits profond vil un muiiio le > >
chute et le rep'^ser doucement 4 lu ' m.
et plus tard, conduit par sa mère ' nr. il
r. '"e pour son sauve
su lit de cuirasse n
Ti
C"
Si'
. I
Cl
1'
.lu »u<l-e*i Ue J'iusitleiu u*<|b «u itid({« de U luof i Tlwudujc. Les (»uu|>ic* de rurivnl «VAit'lil i^ttu lu*
deux serviteurs de Dieu une même estime et une
même vénération. Les ignorants et les pauvresappre-
naient d'eux à connaître le chemin de la science
sainte et des richesses véritables; de» riches, des
savants, des puissants selon le monde, comprenaient
a leur école la vanité des espérances du siècle, et
venaient sous leur direction chercher la paix et la
1,'loire durable dans l'humilité, la pauvreté volon-
taire et l'abnésation de soi-même, pour l'amour de
Jésus-Christ et l'espérance du ciel. Salluste, pa-
triarche de Jérusalem, nomma saint Théodose Céno-
biarque, c'est-à-dire supérieur de tous les ctn'jbites
de Palestine 'moines vivant en communauté) et
saint Sabas supérieur de tous les ermites.
SAIM TilBODOSE DEPENSKia DE LA POl CATHOLIQCB
L'empereur Anastase s'était fait le protecteur des
Eutychiens hérétiques qui confondaient la nature
humaine de Jésus-Christ avec sa nature divine), et
avait chassé de Jérusalem le patriarche catholique
pour le remplacer par un Eutychien. Pour attirer
Théodose dans son parti, il lui envoya une somme
considérable pour les pauvres, environ trois mille
écus. Théodose accepta les aumônes impériales,
mais par une lettre courageuse, il protesta de son
attachement inviolable à la foi du concile Je Chal-
cédoine. Il réunit tous les religieux de son monas-
tère, les avertit que le temps de l'épreuve et du
combat était venu, et dans un discours plein de feu
les exhorta à rester fidèles à la vraie foi, même
jusqu'au mart)Te s'il était nécessaire. Grande fut la
colère de l'empereur, il n'osa cependant sévir encore.
Théodose, profitant de sa liberté pour voler au
secours des âmes en péril, se mit, malgré son f;rand
à({e à parcourir en missionnaire les villes et les
campagnes de Palestine, afin de confirmer les
fidèles dans la foi.
L'n jour, il entra dans une des grandes églises de
Jérusalem, accompagné de saint Sabas et du
patriarche Jean III, il monta en chaire et en pré-
sence de la multitude, il prononça avec la majesté
d'un ange de Dieu l'anathème contre ceux qoi
n'estimeraient pas les quatre conciles œcuménique»
au même prix que les quatre évangiles. Ensuite,
comme il traversait la foule étonnée, une femme
atteinte d'un horrible cancer fut guérie en touchant
l'habit du saint prédicateur.
A la nouvelle de cesévénements, Anastase envoya
Théodose en exil ; mais le châtiment de Dieu ne se
fit pas attendre : Anastase mourut en 318, frappé
par la foudre; Justin monta sur le trône et saint
Théodose revint paisiblement à son monastère.
Ephrem, le patriarche d'Antioche, et le Pape de
l'ancienne Home, Agapit, comblèrent plus 'ard Je
leurs louanges ce moine qui défendait si vaillam-
ment la doctrine du Christ et qui s'humiliait alors
aux pieds des religieux ses enfants.
PATIE.NCE ET RÉCOMPKNSB
Enfin saint Théodose fut atteint d'une cruelle
maladie qui n'altéra point sa patience. Un vieillard
l'engageait à demander au Seigneur sa guérison.
«J'ai eu cette même pensée, répondit le cénobiarque,
mais je l'ai chassée comme un piège de l'enfer.
J'ai rencontré dans ma vie assez de gloire et d hon-
neur, il est temps de souffrir pour mériter les conso-
lations éternelles. Il comprit que son heure était
venue, annonça à ses frères les futures destinées du
monastère et du monde, appela près de sa couche
trois évêques, leur fit part de la joie qu'il éprouvait
de sa future délivrance et expira les mains jointes
sur la poitrine, âgé de 105 ans environ. Le biographe
remarque qu'il avait déjà envoyé au ciel six cent
quatre-vingt-treize de ses enfants. Ses funérailles
furent longtemps différées, à cause du concours de
peuple qui se pressait autour de ses reliques. Enfin
le patriarche Pierre ensevelit le bienheureux Théo-
dose, non pas, dit le biographe, que ses restes
mortels fussent un objet à cacher aux regards des
hommes, mais parce que ce trésor ne pouvait être
mis en sûreté que sous la pierre d'un tombeau.
SAINT MACÉDONIUS, ERMITE
l'été le 24 janvier.
Nous n'avons aucun détail sur les commence-
ments de la vie de saint Macédonius. Il était déjà
assez âgé quand il résolut de quitter le monde et
de vivre dans la solitude. Mais voyant l'affiuence
des visiteurs augmenter sans cesse auprès des soli-
taires d'Antioche, il voulut à tout prix éviter cet
inconvénient dangereux pour son humilité.
Dans ce but, il choisit de préférence le sommet
Jus montagnes, n'ayant ni lieu fixe, ni couvert.
f ' - ' '. témoin oculaire, raconte qu'il vécut pen-
iite-cinq ans dans une fosse profonde, ce
'i>^i .' . i rurnommer parles Syriens: Guba, nom
■ |ui sii-'iiili" fosse.
t>n d'vine facilement combien saint Macédonius
dut souffrir du froid et des intempéries des saisons.
Mais Diou qui fournit aux oiseaux leur pâture, et
aux fiours leur vêtement, veilla toujours sur son
«•■rvileur. Il daigna même manifester visiblement
••elle pi'iteclion.
Iri h , • : 1,,rii Ion lir^bi» s'étaient é«arée» vint
int; la nuit était noire et
.1 le sol. I.i; pauvre berger,
Mjt grelottant de froid malgré d'épaisses fourrures.
réfléchissait sur les souffrances que saint Macédonias
devait endurer sur cette montagne oil rien no l'abri-
tait, quand il l'aperçut brillant de lumière et
entouré d'un urand feu que deux hommes velus de
blanc ne cessaient d'entretenir. C'était la rt-alisalion-
des paroles de Notre-Seigneur : • Ne vous mettez
en peine ni de votre nourriture ni de votre vête-
ment, car votre Père qui est aux cieuz sait bien ce
qui vous est nécessaire. »
Devenu vieux, saint Macédonius se bltit une
cabane pour obéir à ses amis. Il y vécut Tin){t-rinq
ans ; mais là encore, malgré son due, il continua
ses mortifications comme auparavant.
Durant toute sa vie, il n'ii^^a jamais de pain ni de
l'''i.'unies. Un peu d'orfje détrempée dms de l'eau.
t)'lle était sa nourriture quotidienne. Celte manière
de vivre lui tit donner le surnom de Cryttiophage,
c'est-à-dire mangeur d'orge.
SAi.M iiAcéuoNius BST OBooNufi pitAmi — SA smrLiriri:
Notre Saint avait beau se cacher; sa renommée
commençait déjà k se répandre partout. Uavien,
patriarche d'Antioche, ple.n d'admiration pour lui,
le jugea digne de gravir les degrés de 1 autel et
Toulat lui conférer le sacerdoce. Mais connaissant
la grande humilité de saint Macédonius et la résis-
tance qu'il opposerait à ces propositions, il résolut
d'employer la ruse. Le patriarche ordonna donc à
notre Saint de se rendre à Antioche pour assister à
une cérémonie. Le solitaire obéit, sans se douter du
piège qu'on lui tendait. Au milieu du Saint Sacri-
fice, il fut saisi et ordonné prêtre. Saint Macédonius
revint dans sa solitude, en proie à une vive afflic-
tion. Le dimanche suivant, le patriarche lui fit dire
de se rendre de nouveau à Antioche pour une nou-
velle solennité ; le Saint refusa. « Eh quoi ! dit-il,
n'êtes-vous pas satisfait de ce qui s'est passé la
semaine dernii-re? Voulez-vous m'ordonner prêtre
une seconde fois? » C'est en vain qu'on essaya de
lui faire comprendre que les ordres sacrés ne se
réitéraient pas.
0 simplicité vraiment merveilleuse 1 0 candeur
admirable I C'est aux dmes simples que Notre-
Seigneur a promis le royaume des cieui. • Si vous
ne devenez semblables à ces petits enfants, disait-
il à ses apôtres, je vous le dis en vérité, vous n'en-
trerez point dans le royaume des cieux. »
Cette simplicité devenait parfois très spirituelle
chez saint Macédonius, ainsi que le montre l'exemple
suivant :
Un colonel chassait dans les environs d'Antioche ;
il rencontra par hasard saint Macédonius, et l'ayant
reconnu, il descendit de cheval pour le saluer. « Que
venez-vous faire ici? lui demanda le Saint en sou-
riant. — Je chasse, répondit le colonel. Et vous,
mon Père, que faites-vous? — Mon fils, lui répondit
le Saint, je fais comme vous. Je suis chasseur
depuis plus de trente ans. » Et comme le colonel le
regardait avec étonnement, il poursuivit : « Je vais
à la chasse de mon Dieu et jamais je ne me lasserai
de le poursuivre jusqu'à ce que je l'aie atteint. »
DUO ACCORDE A SAI.-«T MACftDONICS ^
Ll D0.<( DE MIRACLK ET DE PROPHÉTIE
n Si vous aviez la foi, disait Notre-Seigneur à ses
disciples, vous diriez à cette montagne: Jette-toi
dans la mer ! et elle s'y jetterait. » Nous pouvons
donc juger de la grande foi que notre Saint avait en
Dieu par les prodiges qu'il opéra. Nous empruntons
à Théodon-t les faits suivants:
Le colonel Lupicien attendait en vain depuis
cinquante jours l'arrivée de deux vaisseaux chargés
de provisions. Inquiet, il se dirigea vers saint Macé-
donius et lui confia set craintes. Mon fils, lui
ré|iondit le Saint, l'un de vos vaisseaux a fait nau-
frage, mais le second entrera demain au port de
Séleucie. Le colonel s'en alla et l'év/^nement con-
firma bientôt la prédiction du solitaire.
l'ne femme de noble extraction était affligée de la
faim canine; sa voracité était telle que trente
poules ne suffisaient pas à sa nourriture quoti-
dienne ; saint Macédonius, appelé pour la guérir,
prit un verre d'eau sur lequ'l il fit le signe de la
croix el If 'loiina h boire A ctlc femme qui, désor-
mais, »r .Miit. iila d'une aile de poulet par jour.
Notre Sailli ,.'U' rit de la même fai;on une noble
dame du nom d A*lri>-, atteinte d'aliénation men-
tale. Un peu d'en» hz-nite suffit pour lui rendre la
raison.
Saint Macédonius exerçait le même empire sur
les démons que sur Im ni ilndies.
Un* fille était posséd'*- du démon. Malgré les
ordres réitérés du Saint, celui-ci refusait de sortir
du corps de la malheureuse ; car, disait-il, j'ai été
contraint d'y entrer par les maléfices d'un jeune
homme. Le père de la possédée ne sut pas plus tôt le
nom de ce jeune homme, qu'il alla le dénoncer aux
tribunaux, mais les magistrats refusèrent de croire
à ses paroles. Notre Saint se rendit alors auprès
du juge, fit comparaître la possédée et ordonna au
démon de dire ta vérité. Celui-ci, poussé à bout,
déclara qu'il s'était servi d'une servante pour entrer
en possession de la jeune fille, et après cet aveu,
sortit du corps de la possédée. Les magistrats vou-
laient punir la misérable servante qui avait prêté
son concours au démon ; mais le Saint le leur
défendit afin de laisser à la coupable le temps de
se repentir et de faire pénitence.
RÉVOLTE d'aNTIOCBB — DÉVOnEMENT DU SAlKt
Saint Macédonius se plaisait dans sa chère soli-
tude ; il savait néanmoins l'abandonner quand la
charité le commandait. C'est ce qu'il fit à la
révolte du peuple d'Antioche contre l'empereur
Théodose. Tout le monde connaît ce fait historique;
mais ce que tout le monde ne connaît pas, c'est
le dévouement de saint Macédonius et en général
des solitaires d'Antioche.
Le premier moment d'effervescence passé, l'effroi
succéda à la colère; cette ville naguère révoltée qui,
dans sa fureur, brisait les statues de l'empereur et
les traînait dans les rues, était maintenant accablée
sous le poids de la crainte et de la terreur, à la
pensée des chlliments terribles qu'elle avait mérités.
Ses rues étaient désertes et la ville semblait aban-
donnée. Flavien était déjà parti pour aller demander
grdce, mais oti n'espérait rien de l'empereur; celui-
ci avait déclaré la ville déchue de ses privilèges et
envoyé plusieurs de ses officiers pour commencer les
informations. Saint Macédonius s'offrit pour aller, lui
aussi, demandcrle pardon descoupables, maison crut
3ue ce serait inutile. Le solitaire s'employa du moins
e tout son pouvoir à porter partout des paroles
de consolation, de concert avec saint Jean Chrysos-
tome, alors prêtre d'Antioche, et dont la merveil-
leuse éloquence relevait les courages en convertis-
sant les Ames.
Pendant que saint Macédonius et les solitaires
se dévouaient, les philosophes dont Antioche regor-
geait s'étaient enfuis. " Quel contraste entre les
disciples de Paul et les disciples de ces anciens
sages si vantés, s'écriait saint Jean Cbrysostome,les
disciples font connaître les maîtres: auel courage
et quel dévouement d'un côté! quelle nypoorisie el
quelle faiblesse de l'autre ! «
MORT DE ■Aiirr HACioONIOt
Saint Macédonius vivait depuis soixante-dii ans
dans 1.1 solitude, lorsqu'il passa à un monde meil-
leur. Quel âge avait-il 1 Quelles furent les circons-
tances de sa mort? L'histoire ne nous l'a pas con-
servé. Ses ob5équ<'5 se firent avec gr*:ide j)i>iii|i'
Tout le peuple d'Antioche et un grand n'injli.
d'étrangers étaient accourus pour voir une den • ■■
fo.s le viH.ice (lu Saint. Les magistrats et les plus i. ■
digniiaires regardèrent comme un honneur de ).<>i
ter ce corps affaibli par les austérités de la péni-
tence.
Saint Macédonius fut enseveli auprès de saint
Aplirante et de saint Tbéodose d'Antioche, dans
une • dise consacrée aux saints martyrs. Ceci m
p.issnit vers l'an 430
L'Eglise célèbre m fête le Si janvier.
luip ftranl, l'itiTaisn», ti, rue Kr»ni;iit I", l'arn
SAINT BENOIT BISCOP
ABBÉ BÉNÉDICTIN, PROPAGATEUR DE LA CIVILISATION EN ANGLETERRS
Fête le 12 janvier
Quand, devenu aveugle et paralytique, il ne put plus dire l'office
l«s religieux venaient auprès de lui le chanter en deux chœurs.
U VII* 3IKCLK et ANGLKTKIRS
L« 'II* siècle, si décrié par certains critiques
modernes intéressés à déguiser la Térité h leurs
lecteurs, est, en réalité, une nia).'niflquc période de
paix tranquille entre les invasions barbares de l'Age
prii-^dent et les guerres carlovingiennes ; un temps
de* reconstitution sociale pour le^ divers pays de
l'Europe occidentale; une époque fertile, sinon en
génies littéraires. .111 moins en profonds politiques,
et. ce 'lui »aut mieux, d une exceptionnelle fécon-
dité en grands saints. I.e savant Mabilton n'hésite
pas à le nommer un âge d'or, et d'autres ont pu, à
juste titre, lui appliquer le mot d'un historien :
Sef'tenus numerut pacaiissimus |i).
Récemment convertie au catholicisme, sans passer
comme d'autres par l'intermédiaire de l'hérésie
arienne, la Grande-Krelagne ne restait pas en arrière
(t) On trouvera une étnde iotéret^aole lorle vu* •lèci*
dnns la préface d« la tIc da laiot Ltger, par 1« ear-
dioal binèdielio, dom Pitra.
de ce mouvement d'ensemble. L'heptarchie anglo-
saxonne, gouvernée presque sans exception parties
princes sages et religieux, les saint Elhelbert, les
saint Edwln, les saint Oswald, les saint Oswin,
perdait dans ce siècle ses premiers apôtres,
recevait des lois chrétiennes, et voyait surgir, sur
tons les points du vieux sol breton, d'innombrables
monastères, foyers précieux de civilisation et de
vertu, destinés à parfaire l'œuvre de fuiul Augustin
de Cantorbérj-, et qui lui vaudront l'honneur de
disputer plus tard à l'Irlande le beau nom d'tU des
saints.
Aillant, sinon plus que la France, t'Ancleterre a
él.- ; trie par les moines. A l'époque dont nous
pnri"ns, le noble pays des Angles envoie en foule
sur le continent les anges que désirait voir saint
lïrégoira : une douzaine de princesses saxonnes figu-
rent aux catalogues des saintes premières abbesses
de Chelles, de Jouarre, de Faremoutier. Dans l'Ile
même, vivent saint Félix, l'apôtre de l'Est-Anglie;
saint Erconwald, évoque de Londres; saint Laurent,
saint Mellit, saint Adhelm, saint Adamnan, saint
Théodore, saint Wilfrid, saint Cuthbert, listes glo-
rieuses d'illustrations nationales dont nous ne pou-
vons citer que les noms les plus saillants; magnifique
floraison qui donne à l'Eglise, aux df^buls du siècle
suivant, saint Bède le vénérable Père, saint Willi-
brord, l'apôtre de la Hollande, et saint Boniface,
l'apôtra de l'Allemagne.
ioncATioN rrpasMiBR piLxai.NACi dk saint BKHorr sucer
A MOMK
Saint Denolt Biscop mérite, dans ce catalogue,
une place choisie, par les vertus dont il l,.i un
modèle éminent et par les bienfaits que son pays
reçut de lui.
Biscop Badacing, conna aous le nom de saint Benoit
Biscop, vulgairement en Aiig1<'ti'rre saint Bennet,
naquit en 6z8 dans le reyaunio ik- Nortbumberland,
un lies sept royaumes de l'Heptarchie. Ses parents,
noble» et riches seigneurs saxons, le destinèrent de
bonne heure au métier des armes, carrière ordi-
naire des gens de sa condition. Naturellement
ourngcui, Benoit se fit vite une brillante réputation
(i la OUI •ri»s»y, roi de .N'orlhuiiibi^rland.
Nous Ignorons à la suite de i|Uf|les circonstances
l'dppi I d (iifu se Qt entendre au coeur du jeune
iiflii ;■ 1 .\ l'.lge de vingt-cinq ans, k rii.iirc mi
1 a\< iiL[ I' plu." souriant s offrait a ses ré^ «
vovoiifl .fUripiendre le long et pénible
de h"iii<', .ifin de s'instruire plus compb''
priricipi s de la foi et de la perfection < i.
Benoit savait c)ue le prince des apôtres triait jadis
venu lui-même apporter 1<> preniicr lUi Bretons la
I'" liait qu'on
Ji-sij- i.lir iM .iiiii'urs lu l'ape. ■ '••
ul k' irdien de la tr.i ' l'Eglise,
11.' ' ' ' ' 7 ' '
11' !•■
II. ' ' I 1- I . 1 1 i. t I Ul- i ' ■ i
>'|^ If ou de d>s<iplio<'
11. I ., A r n , I f I ., , ■ p . . ' I , . .
M
lit
.!>
1',. i-i des II
Il i ' it .-r,i;
ir
■vil» ..
pn4u-M et . .
naieol c« p
faisait souvent recommencer une seconde fois,
maU'fé les difficultés et les daiii-'crs d'un si long
voyage {les .Voiiies d'Occident, /ru U). » Parmi les
principaux pèlerins anglais, nvi>.- saint Benoit, nous
d'^vons signaler saint Wilfrid, l'illustre archevêque
d '^ork; et deux rois dont l'un est Ina, le grand
législateur saxon.
U semble que saint Benoit fit son premier pèleri-
nnse à Rome sans être déciiU^ a embrasser la vie
nionaslique. La reine de Northuuibcrland et le roi
de Kent le donnèrent pour compagnon de voyage à
saint Wilfrid qui, ne trouvant pas dans les moines
écossais de Linsdisfame des maîtres assez sûrs dans
les voies de la sainteté, voulait les étudier dans les
monastères d'Italie. L'archevêque de Lyon, saint
Chamond, voulut les retenir auprès de lui; mais ils
poursuivirent leur roule, arrivèrent à Rome où le
pape Martin I" les reçut favorablement, vénérèrent
le sépulcre glorieux des saints apôtres et s'instrui-
sirent de ce qu'ils s'étaient proposé.
En repassant par la Gaule, saint Wilfrid accepta
l'hospitalité de saint Chamond et resta à Lyon jus-
qu'à la mort de ce prélat. Benoit retourna en
Angleterre et passa les cinq ou six années suivantes
à étudier & fond les livres théologiques qu'il avait
rapportés.
NOUVK.\L-X PÉLKRINAC.KS. — SAIM BF-NOIT EUnRASSI LA
VIB UOMASTIQt'B
Le prince Alfred, un des fils du roi Oswy, charmé
sans doute par les descriptions i)ue le Saint lui
faisait des beautés de la Ville éternelle, résolut d'ac-
complir à son tour ce pieux voyage, et !•• pria de
lui servir de cuido et de cniupa;!non. Mais Oswy crut
devoir s'oppiiser au dessein de son llls.
Benoit partit seul. Après avoir visité encore les
sanctuaires et les inoiiastcres de Itoiue et plusieurs
autres en Italie, en retournant dans .-.i n.iti ip par lo
midi de la Krance, il s'arrêta dans ' ibluyt-
de Lérins, fondée depuis deux st> : -mi par
saint Honorât, sous la règle tl icaire.et qui
suivait alors celles 'de saint i i et de saint
Augustin.
Le imble pAlerin liouva I& sa vocation déHnitive.
UdeuianJa et obtint l'habit rfliiiifiix, vécut deux
ans dans l'ohiervance la plus parfail« d« U vie c»^-
nohilique, toute de pi icres, de Ira» morli-
Qcations. Entin, attristé par le r : ou il
voyait ses Frères t<iniber peu h prii l;, il repartit
pour Borne où le poussait un attrait particulier, avec
otion d'y demeurer If reste de sa vie.
1 en avait décidé auirt-mi'nt. Le pape saint
Viiiiirn venait de sacrer ■ ' ■■ ' -'..^ry un
moine gri'c pieux cl sa .'ii'. • l
voulait l'cnvoyi-r dan» la i... ' ' \
réformer certains abus et v i
lions de dis'ioli"'' Il lui ooii »
un aiitri- n
et - uni I'
, I
■i , , , ,1
a Ifeiioll, le Pape, cuuiiaissanl - •., snii
■(iToir rt ses vertus, le jugea plus .if tout
de servir de gnide et d'interpietu a ses deux
<i.
■ETOua m lAïKT anoiT «isoir
'1 ( ."ir-
. M ir
Itie l<^ Anpjli»-
■!• et pTUTr<»i,
.A quelipes ^.j« ur i
|iil y latrodaintt ta-r*fl« <\r
seille, et de là par terre à Arles, où ils demeurèrent
chez l'archevêque jusqu'à ce qu'Eliroin leur eût
envoyé l'autorisation de poursuivre leur voyage. Us
passèrent l'hrver à Sens, à Meaux et à Paris, auprès
(les saints prélats qui gouvernaient alors ces
l-;glises. Le roi de Kent envoya un de ses principaux
seigneurs au devant de Thf'odore qu'il attendait
avec impatience. Théodore et Benoit s'embarquèrent
donc à St-Josse-sur-Mer et arrivèrent heureusement à
(^antorbéry. Quant à Adrien, Ebroin, le soupçonnant
;i tort d'être secrètement chargé de quelque mission
iliplomatique contraire aux int^^rêts de sa politique
onihrageuse, la retint encore deux ans en France.
Théodore donna à Benoit le gouvernement de
l'abbaye de Saint-Pierre et Saint-Paul, près de sa
ville épiscopale. Le Saint y introduisit promptement
une parfaite régularité; mais à l'arrivée d'Adrien, il
se démit de sa charge entre ses mains, et repartit
une quatrième fois pour Rome.
NOUVRAOT PÈLERINAGES — FONDATIO:» Dï DEUX BONAS-
TÊBES — SAINT BENOIT BISCOP APPREND AUX ANGLAIS
A CONSTRUIRE DES BATIVINTS EN PIERRE ET A FABRI-
QL'KRLE VKHRE
Il rapporta de ce voyage bon nombre de livres
ecclésiastiques qu'on lui vendit ou dont on lui fit
présent. Kn passant à Vienne, dans les Gaules, il
en retira encore plusieurs qu'il avait jadis achetés
et laissés en dépôt dans cette ville.
A son retour, le roi Egfrid, autre fils et successeur
(l'Oswy, le même qui persécuta plus tard saint
Wilfrid et saint Willibrord, lui donna, près de
l'endroi où la Wear se jette dans la mer du Nord
Wearmouth), une terre « de soixante-dix charrues, »
c'est-à-dire suffisante pour nourrir soixante-dix
fjmilles. Benoit y bAtit, sous le vocable de saint
Pierre (vers 674|, le monastère de Monkwearmouth
(l'embouchure de la Wear où habitent les moines).
Trois ans après, le même prince lui fit don d'une
s.^conde terre, d'une étendue un peu moins consi-
lérable, an lieu nommé iarrow, sur la Tyne, à
■ leux lieues environ de Monkwearmouth. Le Saint
V construisit un second monastère en l'honneur de
-.Tint Paul ; ce vocable, comme le premier, est évi-
demment un souvenir de ses fréquents pèlerinaces
nu tombeau des bienheureux apôtres.
Jusque-là, les Anglais ignoraient l'art de bâtir en
jiiorre?, ou du moins s'y adonnaient tellement peu
[ijo IVilise même du fameux monastère de Limlis-
: irne était en bois et couverte en chaume et en
jilinche?. Benoit passa en France et en ramena des
niarons habiles pourconstruireson église en pierres
et là voûter à la romaine.
L"" Anglais ne connaissant pas davantage la
!'• fabriquer le verre, Benoit lit aussi venir
; s et mit des vitres aux fenêtres des deux
liioriiit'Tes et de leurs éi^lises.
11 fit •■;.'aleraent apporter des Gaules ou alla lui-
nu' rup y afhi'tpr les inslrunienUi, les vases précieux,
|r', r>rnpiii"i' j sacrés, qu'il ne pouvait trouver ilans le
i'<\-. Iiijpiirlinls service» rendus à la cause de la
■ r. ilisation et du progrès par un moine catholique,
qu'aurait dû, ce semble, oublier moins
■ un peuple connu pour son amour du
]., l'i '■r'mmerce et de l'industrie.
1- ! ;. ■ res de Saint-Pierre et de Saint-
1' .1 ;ii unis, grâce à leur voisinage
ie saint fondateur les avait
■ pp former qu'une seule
rner, [""ii'lant les fré-
lit f n!;r leur procurer
is dit, il mit
: son parent
Estrevin (Easterwinel, et à la fête de celni de- /arrow,
le pieux GeoTroi (CeoU'rid). A la mort .l'Esl. 'vin,
qui arriva peu après, il le remplaça par !<■ di.xre
Sigefroi iSigfrid), et, à la mort dé ce dernier, il
confia à Geoffroi la direction des deux abbayes. Ces
trois abbés sont honorés d'un culte public par
l'Eglise. Quel ne devait pas être le mérite d un
homme dont les disciples brillaient ainsi de tout
l'éclat de la sainteté?
CINOUli'.JIF. PÈLERINAGE A ROME — LK PROTt STAM ISME
cospoNon d'atance
Le saint abbé entreprit un cinquiènio pèlerinage
à Rome, à la fois par dévotion et pour le rèi;lemenl
de quelques affaires ecclésiastiques. 11 en revint
avec de nombreuses retiques; des tableaux repré-
sentant les traits principiux de la vie de .Notre-
Seigneur, de la Bienheureuse Vierge et des saints,
et de nouveaux livres contenant les ouvrages des
Pères.
De chacun de ses pèlerinages, nous apprend le
vénérable Bède, son disciple et son historien, il
rapportait des trésors pareils. Encore une fois, que
disent les anglicans d'Henri VIII de ce zèle d'un
des plus fameux apôtres de leur pays à propager le
culte des reliques et des images des saints'.'
Sans doute nous ne rendons pas aux âmes bien-
heureuses le calte suprême dû à Dieu seul. Il faut
toute la mauvaise foi du protestantisme pour oser
reprocher ce crime à l'Eglise. Mais si nous n'ado-
rons pas les saints, nous les vénérons et nous les
invoquons comme les amis de Dieu, nos avocats et
nos intercesseurs auprès de Lui. La doctrine de
l'Eglise n'a pas varié depuis les temps apostoliques
où de généreux chrétiens s'exposaient au supplice
pour dérober les corps des martyrs aux insultes
des bourreaux.
Saint Benoit Biscop pensait sur cette question
comme les apôtres, comme le Pape, comme l'Eglise
catholique. Il orna ses deux monastères des images,
des tableaux, qu'il avait rapportés d'Italie. Au
fond de l'église de Saint-Pierre, il mit ceux qui
figuraient la Sainte Vierge et les douze apôtres; à
la muraille méridionale, les histoires tirées de
l'Evangile; au côté du Nord, les visions de VApnca-
ly)iie ; de sorte, qu'en entrant dans cette église, dit
le vénérable Bèd'-, moine lui-même à Jarrow, ceux
qui ne savaient pas lire trouvaient de tous côtés des
objets utiles et agréables, voyant Jésus-Ghrist «"t ses
saints, et rappelant en leur mémoire la grâce de
son Incarnation, ou la terreur de son dernier
jui-'ement.
Dans l'église de Saint-Paul, il mit des tableaux
qui marquaient la concorde de l'.^ifieri et du
Nouveau Testament : par exemple, I- ut l**
bois du sacrifice et Jésus-Ghrist por' i .i.x;
le serpent d'airain et Jésus-i'.liriM
De tel» ornements sont-ils rlnn
éplisc, pour que le I ' '
tal>niienl supprini'
aux moines de se Minru-i u • < i
récréation des pauvres; mieux
les murailles nues et lioides i la place des portraits
des saints, et les monuments funèbres dej graniii
hommes modernes à la place des statues 1
bienheureux.
Benoit avait obtenu du Ptpe, qui était alors saint
Airiihon, un privilège qui consacrait la liberté Je
SCS luonasteres.
Mais il avait eu un autre soin pnmre. Il ()pnii; li
au Pap". q'îi I" lui r\r-nT^-i. d'-m'ui-T'cr lui
J<'ai- ti
dp 1 f'-9
lan» une
- ait hni-
' lit alTnirp
I ii'Uiiii et dp la
valent sans dnuip
.i«ux abbayes le chant grégorien et les cérémonies
romaines.
Saint Wilfiid et saint Adrien avaient, au reste,
formé déjà de nombreux et savants élèves, aussi
bien dans la musique et la littérature que dans les
sciences; mais leur école avait cvideranienl influencé
surtout le pavJ qui les entourait, c'est-à-dire le
royaume de Kent.
L'abbé Jean, que le Pape avait chargé aussi d'une
mission auprès des évéques de la (îrande-lfretagne,
arrivé à \\ earnioulh avec plusieurs moines, que lui
«Tait donnés |iour l'aider l'abbé de Saint-Martin de
Tours à Sun passage en France, laissa par écrit
l'ordre de lu célébration des fêtes pour toute l'année :
on en fit plusieurs copies, et le savant maitrc
enseigna de vive voix léchant grégorien, .\vant son
départ, b's plus habiles chantres accoururent île
tous les monastères du pays pour l'entendre, et plu-
sieurs l'invitèrent à venir dans leurs maisons.
Benoit, jaloux de voir fleurir dans sa patrie la
discipline qu'il avait admirée dans les monastères
de France et d'Italie, enseigna à ses moines
toutes les pratiques de la vie de perfection. Il établit
l'ncore une école où il professait publiquement et
vit autour de sa chaire jusqu'à six cents nudi-
t'-urs. C'est a celte école qu on lui amena le vénéra-
ble llède, ilgé de sept ans, et dont il fit à la fois un
savant, un littérateur et un saint.
11 voulait que ses Heligieux fussent les mieux ins-
truits de tout ce qui concerne la célébration de
l'oflice divin et des cerenioniesliturgiques.il composa
lui-même un livre intitulé : Dr la ci'li'hration des fi'tes,
pour les empêcher d'oublier les habiles leçons qu'ils
avaient reçues de l'abbé Jean. D'autres auteurs pen-
sent, il est vrai, que ce livre fut écrit par Jean lui-
même. On a aussi attribué à saint Itenoil Ftiscop une
coneordnnce des r"fgles monastiques, qui est l'œuvre
de son homonyme, saint llenolt d'Aniane, un livre
>ur lf$ jiriviUgts de ses monastères et un autre
d't'zAor(a(ionj à ses moines.
MOar Dl SAI.M BKNOIT DISCoP — SON CULTK
Devenu vieux et accablé d'infirmités, Renolt fut
un rare exemple de patience au milieu de maladies
douloureuses. 11 ne cessait de remercier Dieu de lui
avoir permis d'établir chez se» enfants de si saintes
constitutions. I.c plus grand plaisir qu'on pouvait
lui faire était de l'entretenir des institutions ecclé-
liastiqucs qu'il avait étudiées en divers endroits et
surtout a Home, et des nombreux pèlerinages qu'il
avait arrnmplis.
Le» trois dernières années de sa vie, la paralysie
le priva de l'usage de ses membres et (Init par
l'obliger à ne plus (juitter sa couche. Comme il ne
li,i était plus possible d'assister à l'office, plusieurs
I' 1 ni, partagés en deux cher urs, venaient chanter
! ' lui les psaumes de chaque heure cano-
nial' , .1 les suivait avec attention et jni:.'nait sa voix
aux lellI^ (uand se» forces le lui permettaient.
Avant de mourir, il exhorta te* disciples à garder
fidèlement leur règle, leur vantant l'exacte obser-
vance qu'il avait admirée dans d'autres monastères
et le bonheur de ceux qui aiment leur vocation.
« Mes enfants, leur disait-il, ne croyez pas que les
constitutions que je vous ai données soient une
invention de mon esprit. Après avoir visité dix-sept
monastères bien disciplinés, dont j'ai lâché de con-
naître parfaitement les lois et les usages, j'ai formé
un recueil de toutes les règles qui m'ont paru les
meilleures : c'est ce recueil que je vous ai donné. «
Enfin le bienheureux Père rendit son àme à Dieu
le 12 janvier 690 (ou 703, suivant (juelques hasio-
graphesi, après avoir reçu le saint Viatique. Il fut
aussitôt vénéré comme un saint, au témoignage de
son disciple le plus fameu.\, le vénérable Itède. abbé
de Jarrow, qui a écrit sa vie dans son histoire des
premiers abbés de Wearmoulh. Il en parle aussi avec
de magnifiques éloges dans une de ses éloquentes
homélies. C'est à ces deux sources que les auteurs
plus modernes ont surtout puisé les détails histo-
riques dont nous venons de donner un résumé.
Saint Benoit devint, d'un côté avec saint Pierre,
de l'autre avec saint Paul et saint Bédé, le patron
des deux églises qu'il avait fait construire. C'est
au pied de l'autel dédié sous son nom dans la
cathédrale de Cantorbéry, que fut immolé l'illustre
défenseur des droits de l'Eglise, saint Thomas Beckel.
La congrégation actuelle des Bénédictins anglais
regarde aussi saint Benoit Biscop comme un de ses
protecteurs spéciaux.
En 970, ses reli>|ues, d'après un chroniqueur du
XII' siècle, furent transférées à l'abbaye de Thorney ;
cependant les moines de Glastonburv prétendaient
en posséder une partie.
Les deux monastères fondés par lui furent, comme
tant d'autres couvents bénédictins, l'origine de trois
villes groupées à leur ombre bienfaisante : Wear-
mouth, MonUwearmouth el Jarrow. Ce sont aujour-
d'hui de petits ports de commerce, enrichis par le
transport de la houille et l'expluitalion de nombreuses
industries.
Monkwearmouth fut détruit par les Danois au
X* siècle ; Jarrow à la même époque, ou à l'invasion
normande, vers la fin du xi*. Kel>,llis, au moins en
partie, les deux monastères ne furent plus bientôt ijue
de simples prieurés soumis à l'abbaye de Durliam :
ils disparurent complètement lors de la prétendue
réforme d'Henri VIII (1546). L'ne partie do l'ancienne
église conventuelle de Jarrow est conservée dan*
l'église paroissiale protestante ; on montre même
dans la sacristie le siège du vénérable Bède, con-
servé à titre d'antiquité curieuse.
Plaise A Dieu qu'un jour In vieille Anglrterre,
revenue tout entière à la relii:ion de ceux qui lui
apportèrent avec la foi chrétienne les avantages de
la vie matérielle, à la religion des saint Augustin,
des saint Thomas, des saint Edouard, des saint
Anselme, et de tant d'autres, plaise à Dieu, que
l'Ile brumeuse, l'Ile des laints et des moines,
retrouve avec le chemin de la Home des Papes, le
soleil lie la vérité catholique pour éclairer l'apogée
de sa puissance terrestre.
: ♦ :
fmp -çtrant : rmraijnv, I, m* Krtnçoli l—, firta.
SAINTE JUETTE, VEUVE ET RECLUSE
Féle le 15 ianvier.
Kn nne vision. Marie vient se prosterner devant ion Fils et implorer pardon pour la Sainte i
et le Sauveur touché confie cette âme à sa mère
8KS PaniIKRES ANNÉES — SA VIE DANS LE HO.NDE
luette naquit dans un petit vilUcc du diocèse
de lAf-pe, de parents nobles et riches des biens
de la terre. Fille unique, d'une rare beaut/', elle
était l'idole de ses parents. Malheureusement leur
afTection était peu surnaturelle et ils ne rêvaient
pour leur enfant d'autre avenir que le faux bonheur
de ce monde. A peine atteignait-elle sa treizième
année que déjà ils sonçeaient à la donner en
inariape. Comme on le pense, les partis affluèrent.
)aette les refusa tous, alléguant justement son jeune
àpe : elle supplia même «ei parents de l.i délivrer de
leur' obsessions, mais en vain ; sa famille, les amis
de «.1 famille firent de telles instances que, déses-
pér.ir I ^ U fin d» s'y soustraire, elle consentit, quoique
bien à regret, à donnersa main à un jeune homme
de son village natal. .Malheureux parents qui s'attri-
buent le droit de forcer ainsi la vocation de leurs
enfants ; pauvres enfants qui sont les victimes de
CCS calculs trop humains I Mais Dieu se char^<;ra
lui-même, h. son tour, de juger et de redresser ces
f^ux jugements du monde.
L'extrême répugnance de l'enfant (elle n'avait que
treize ans) à remplir les devoirs de son nouvel état,
le souvenir de son bonheur d'autrefois la jeta dans
un tel découragement qu'elle envint jusqu'àsouhaitT
!a mort de son mari : faute qu'elle pleurera plus
tard, mais qui marque bien l'accablernsnt d uns
âme jetée en dehors de sa voie: toutefois Jnelie
recourut & Dieu; le calne et la résignation liii vin-
rent avec la privrc ; elle put même «n soiivenir
de ton arMien élat, cmirisïer plusieurs prïltinipi
quotidienne? fle charité OU de mortincxtiôh compa-
tiblfs avec ses devoirs d'épouse.
Au Sout de cini] ans de mariasv, elle perdait
son Hiari comrue elle l'avait d>;fir'- dan? un accès
de douleur : ells en ttalt eu trois enfants : l'on était
mort au berceau, elle fil l'éducation des deux aulree.
Cependant, teuTe & dii-huil an», sa piété, sa sa-
ppssp dans le gouTerneroenl de sa petite famille lui
attira de nouveaui parti» ; mais instruite par l'expé-
rience et surtout soutenue de la prince, elle fut
inflexible celtfl fois et sut déiouer toutes le» ruses
le« mieux concertées. El quelles ru»es ! Son p^re osa
faire appel é la médiation de l'Evêque du diocèse
dnnl il administrait les biens. Le prélat qui crut
l'^trilimes le« raisons de la famille manda Juetle pour
I inviter paternellement & s'y rendre. Pendarl qu'ij
pîirl.iil, elle priait. Dieu lui suggéra la réponse qui
fii( brève et concluante : • J'ai, répondit-elle modes-
tement, consacré k Dieu ma riduité; et c'est Dieu
qui l'a voulu ; je ne puis revenir sur un rreu. » Ces
pîtroles produisent un effet magique sr.r l'esprit du
prélat : au lieu d'insister dans le sens de la famille,
il approuve la jeune veuve et veut mi'rae l'aider à
vaincre les dernière» oppositions. L'^bïtacle était
chenpé en moyen ; c'est la façon ordinaire de la
Providence ilivine. Heureux ceux qui mettent en
Dieu toute leur confiance 1
Juetle était définitivement libre dei liens du ma-
riage ; et. «ans oublier «es devoir» de mère, elle
sonfc'e ^surtout k satisfaire les aspirations de sa piété.
Pour épargner toute méprise aux intéressés, elle
coniiiience. suivant le mot de saint François de
Sale», par quitter ien'tignr el dit adieu aux brace-
lets, au» anii.'.iux, aux vêtements luxueux. Du linge
gros«ier, le cilice ou la ceinture de fer, de lourdes
>laqiies de plomb portée» en forme de scnnulaire,
e" ieiiiplac*'iii. Ititr <a table ne figurent plus que
des mets Kro>sier» dont elle »e refuse même le néces-
saire. K,st-e|lt> leule à table, elle se coiilente de
pain de fronienlou de son et d'une e«pece de gAteau
de farine ni«'lé« de cendre pour lui enlever toute
saveur ; si elle donne ou reçoit l'hospitalité elle
deu'uisa sous un viiage épanoui les privations impo-
«ées a '«on pflomac.
Kn dehorrt du temps réservé par ses devoirs
niaterne|<i. c'est ft Dieu Qu'elle consacre en effet
tout son temps et Ses preocriipilions ; tout imur
Dieu, rien que pniir Dieu. Klle estime k bon oroit
que la pnri de monde ou du démon, c'est de n'en
p.iint a»iiir ; rtiai» il» s'en vengeront. La Sainte s'y
ii'r.Ti I. i; .••■t "*.itan qui commence : il es'aie de
II oiibler »e« pi ,»'•• "•>.'. >rr,.. pur (j,>) visions élran-
i:.-« ou des br' 'les. Si, pressée par
l'iiiinur, Joëlle , I aurore la cbeniin de
I ««lllt«. elle i>lkil »i)re de trouver sur son chemin
un lion, 1111 oiir^, un «erp^nt Ou tonte antre t>éle
I.T... e. piirfof un «iiige ou un n'-gr«, employant
■ V. 1 ui. 4ii|i t'''lir>- prirf'CtiîjiT do (»rr>;ur ou de »é4uc-
i . '.'t H Un-ci rugissant,
,•>••, . . inl, jouant oU
p' .«njccs. l.i:.» lu.ic» u'eun iii qu'un
1 •• Juetle re^^nnul vile Sitin. Klla
« -Il 11 . t : !» eroix et n.issail mlr/pide. Le
(1 io.,i II - pour battu ; il alliiina dans le
' '• « llainmes
i>, iil i|'i'una
1 M. ..-
.•Oie, pnur U défendre ; le erlniinel prend U
fuite.
Apr» ' ■
.1- «n
r.
l'on pouTtit exot/âor (^ans «et antour, aimait à en
verfi>r le trop plein dans lè sein de» malheureux.
Sa passion était de donner ; elle allait jusqu'à se
dessaisir, elle et ses enfants, du nécessaire en linge
O'i en nourriture. C'est un excès, si l'on veut, devant
la raison humaine, à courte vue, mais la foi l'ap-
prouve, Dieu le récompense et les saints en sont
coutumiers. Juetle était donc dans l'ordre. Mais la
prudence de sa famille s'en alarme ; on lui enlève
la tutelle de ses enfants, comme étant incapable
d'en remplir les devoirs. L'amour maternel cepen-
dant réclama ses droits : son père dut céder et la
réintégrer.
TLLE Qt'ITTX Ll MORDS
Notre Sainte toutefois désespère de mener au
milieu du monde cette vie entièrement k Dieu qui
est son rêve, cinq années d'expérience le lui ont
app<is ; une solitude voila ce qu'il lui faut. Elle avise
dans le voisinage une léproserie où son amour des
malheureux pourra se donner carrière. Ceux qui
sont, pour le monde, un objet d'horreur et comme le
rebut de la société, seront (>our elle autant d'images
de Jé»us chargé des péchés de ce même monde et
rejeté par lui comme un lépreux : " l'iifirnus eum
?uasi tffirotum. » Son plus jeune fils était mort,
aîné faisait son éducation littéraire; elle crut sa
responsabilité maternelle suffisamment amoindrie
pour se permettre de réaliser son projet et de se
vouer au service des lépreux.
Avec quel saint enipre->seinenl elle les sert à table,
leur lave les pieds et les mains, purifle leur» vêle-
ments, les soulève de leur grabat pour en amollir
la paille, leur rend, en un mot, ce» milles petits
services de détails auxquels ils étaient loin de
s'attendre, dans l'état di>gradé et repoussant où la
maladie les avait réduits, et qu'elle leur fait
accepter moins comme un service pour eux que
comme un honneur et un bonheur pour elle.
II ne suffit point d'un grand cipur suivant le sons
vulgaire du mol, pour atteindre uD tel degré d'hé-
roïsme dans l'abnégation el l«.' dévouement. Le cœur
le plus noble reste ramp'int par nalure; seule, la
frace divine p»iit lui donner son essor. Disons à
honneur de ri'' que de tel» b'^rolsme» n'y
sont point Inci i vu tout n^. ■•iiiiin-nt dans
un pèlerinage de lerr.' >«inle de» dnni'« françaises
de la plus haute distinction servir S lubje, de leurs
main», les malheureux de la léproserie voisine de
Jérusalem.
Juetle, du reste, eut elle-même des admirateur»,
mieux encore, des imitateurs. Ileaucnup aussi se con-
vertirent, terrassés par cet exeniple. Voila l'amour,
voila les effets de l'amour; el nous n'avons pas tout
dit L'amour identiflanl avec l'objet aimé, Juetle
smih lit» d'avoir la l.pre : à cet xff"l. elle mangeait
nve« les b'preux. Se lavait dans leur» eaux ; elle
essaya niéiue de s'inoculer la terrible nialnilic Ce
dernier trait est k admirer pluiAt qu a imiler ;
mais le» saints ont I ■ , eciales.
Toiyour» esl-il iju< .<*^|!alion
el de »oii hunnlit'', i . • >.. r.iir u.t, dix an»
entiers, au service d. - ! j . ux sans coatracler U
lèpre.
■LU MMàMt U nt M aaCLflH
Le nombre de» imitateurs de iueltc s'Atant accru
r... I. ,,...,. t ,| «,' r.iii.1 Kiii.xir d, U l''pto>eri«
lll* df
1 ! "Ui
l'église voisine; une petite fenêtre liaiis le mur de
l'église lui permet de voir le tabernacle et le prêtre
à "autel; une autre sur le cbeaiin lui laisse les
coiumunications indispensables avec le monde. Ainsi
placée sous le regard de Jésus, ea vie devint comme
une contemplation perpétuelle entremêlée d'amou-
reux colloques avec son Pien-Aimé.
Juette cependant n'écliappa psti aux rudes assauts
inséparables d'un si haut état: elle eut des tenta-
tions affreuses contre la sainte vertu; elle en triom-
pha par les armes ordinaires: la prière, le jeCkoe
et les mortifications de toute espèce.
Jt'sus, son Bien-Aimé, l'éprouva à son tour par la
vision extraordinaire que nous allons rapporter. Elle
venait de s'étendre sur son grabat pour prendre son
repos de la nuit; tout îi coup apparaît le Fils de
l'homme dans sa majesté. 11 prend place surson siège
de Souverain Juge. Marie est à sa droite toute resplen-
dissante. Alors commence la discussion des con-
sciences: Juette tremble; son tour approche et elle
se sent coupable d'une grosse faute. Elle se prend à
sancloter et dans sa suprême détresse tourne vers
M«rie dfs bras suppliants et des yeux baignés de
larme». Elle roit alors Marie descendre de son trône,
se prosterner devant son Fils et implorer en sa
farcur la clémence divine. Jésus, irrité, veut détour-
ner sa face: «Elle a pédié gravement, dit-il, il faut
que justice se fasse.» — '.C'est Trai, mon Fils, mais
Toyei le» larmes versées, les jeûnes, les mortillca-
tions endurées pour ce péché; et s'il manque encore
quelque ohose k c«tle expiation, considère», mon
Kils, que son péché n'a été qu'un péché d'icnorance,
dont aujourd'hui même encore, elle ne connaît pas
lout« la gravité. Du moins, remettez-lui la faute «t
la peine à la prière de votre Mère. Pourrez-voiis
bien me refuser cette gr.ice ? 4e ne vous quitterai
point que vous ne me 1 ayez accordée. » — Qu'il soit
fait, ma Mère, ainsi que vous le désire? , mais je
vous confie cette àme et la voue à votre amour. »
Marie vient alors ver» «la protégée, la console et la
conduit ft Jésus. Jésus lui donne le baiser de la
réconciliation et la remets Marie en disant: «Voilà
votre nile, gardez-la, protégez-la, dirigez-la. » St
la vision disparut.
Quel est maintenant le péché qui faillit lui attirer
la colore divine? Sans doute, le désir qu'elle avait
PU de la mort do «on mari. Pourtant elle avait
pas»é dix années au service des lépreux, multiplié
le» macéretion», les jeûnes; elle venait de se vouer
pour la vie aux rigueurs de la reolu'^ion ; tout cela
ne s«mble-t-il pas une expiation surabondante du
passé.
Oui. m.-iis Dieu juge mieux que les hommes. Il
préfère pour le» âmes de prédilection les expiations
tonjoiir-i adftucies de la terre, aux leurnietitj moins
rp(l<-,iii.'« |.<Mil-élrn, mais lnflnini>Mil plusreiloutables
du pi! rt'ii l'aire ; c'est l>xplic,alion de la vision de
nilre S«int«. Au recte , il faut ajouter .pje l>ieu
voulait ainsi aagitienter 9e< mérites, et la maintenir
ilans cette profonde humilité nécenairo aux âme»
(V)nteraplative».
Il lui renouvela une autre fois encore le désir
qu'elle ajoutât de noutelles mortifications aux
.Tn'-icnne». Dan» Son ardeur d'expiations, Juette
f|«ipT««.-i le ilésir du Divin Maître ; Hl'- mesura si
parcimonieusement à son corps la nourriiure de
•hanii» jour qu'il finit par «Koombcr. I,<m Itcligieux,
■•«^ directeurs, l'obligent A j.'rand'peinc h '«' relftoher
lin peu »n lui rapfx'lant qo»; saint Paul (.rc-crivil fc
Timolhée un p^u de vin pour ses rnain fl>sloinao,
\\if saint Augiistin n'impose d'anircs al>*tineiic«»
(tic rHIes qt>e la «anté t>ennet« /jn/tnium valriwUy
;.cin '(./-, qu'en fin, saint J<*rdmen'ofilonne dejefln»»
.iiir. 1 .,.• iloir^? qii" c<-in qu'on peut siippurler. Au
mérite de la mortification, Juelto ajouta donc ceMi
de la discrétion et de l'obéissance.
ELLE CONVBRm SON PÉRB ST SO;« KILS
Tant d'ardeur pour sa sanctification per*ionnelle
ne lui fît point négliger les intérêts spirituels de sa
famille. Ses prières ardentes obtinrent la conver?:on
de son père qui acheva, en un couvent de moi:i"'
cisterciens, dans les douceurs de la paix intérieur'^
et de la pénitence, une vie commencée dans les
agitations et les faux plaisirs du monde. Elle obtint
surtout la conversion de son fils un instant dévoyc
et dont nous allons rapidement raconter l'histoire.
Après avoir achevé son éducation littéraire, il
resta dans le monde au milieu de ses compagnons
d'études; il y dissipa tout son bien dans la ditiauch'^.
et l'orgie ; le voilà réduit au dése.spoir; niais bi>
pauvre mère priait. Echappé, grâce à elle, aux con-
séquences naturelles de son inounduite, il échappera
à cette conséquence extrême du desespoir, qui ouvre
la porte à la damnation éternelle. Sa mère en effet
a tout appris. Alors ce ne sont plus seulement ses
prières, mais ses larmes qui ne se tarissent plus; elle
se voile la tète, se frappe la poitrine et torture, pour
ce ûU coupable, son corps innocent : « Seigneur I
s'écrie-t-elle, la vie. pour mon tils, ou pour moi la
mort ; recouvrez son àme ou prenex la mienne 1 »
Aprjs avoir beaucoup prié et fait prier, elle
mande son fils ; le voilà sous les murs de sa cellule :
pour tout reproche sa mère lui montre sa face
baignée de larmes. Il a compris, son cœur est
touché, il pleure lui aussi et prend pour l'avenir les
plus sérieuses résolutions. Ll rompt à tout jamais
avec ses compagnons de plaisirs et ne tout plus
être que la joie de sa mère.
Résolutions d'un jour, hélasl II revoit ses compa-
gnons de déhanche et retourne à ses hontes. Tant
il est vrai que celui qui veut éviter le mal doit en
fuir les occasions.
Pauvre mère! Les prières ni les larmes ne suffi-
sent plus, il faut des sanglots et des supplications;
plus de simples pénitences, mais des macérations
incessantes ; quoi encore'? Un oosur de mère est
à la hauteur de tous les Bacriflces ; il n'y faillira
point, quand c'est de plus un c«Bur de Sainte. On
veut la consoler, elle refuse toute consolation: pour
elle son fils n'est plus.
Dieu ne pouvait laisser perdre le fil» de tant de
larme*. Juette mande do nouveau son fils et lui
enjoint cette fois, avt'c toute lautorité d'une grande
douleur, de renoncer à son libertmaxe ou de quitter
le pays pour lui épargner la honte de ses scand.iles.
<< Je m'en irai», répon<i le prodigue, et il part.
Cependant l'heurv de Dieu allait sonner. Pris de
sommeil au sortir d'une orK<«. il >• voit en fjnxo
cité au tribunal de Dieu, condamné, et livré a Satan
pour l'éternité ; auJsitdt les dénions arriveiit, armés
de fntirchesetde tenaille^enfininm-'es (>ours'em|>arer
de !<on ftme; le nulheareux qu'il! entrnlnent jette
autour de lui de» regards de deire^se : « Arrêtez I
o<'>m mande tout à coup, aux di^ninnfi, an niessaiter
divin. Dieu lui iic«orde, (ur les pnèros de sa mère,
un délai de tmis ans. • II dit, et la vision disparaît.
I! se révrille sur rot hfT-«ux cauchemar, dont
l'image ne le quitte plm au milieu même de «f
effort.» poor le oh i<«et . k travers le» rue» et le» places
piihlhiiies. Il- n nioide par hasard dans sa courte
éi^arée ans belle dôme qu'il n'a jamais vue; ellet.n
dit : » Voire mère von» ttlue et vous attand ■ ft
di()>AraU.
L" pr«dtMue part aosiilAt; il arrive i^t appell > ; i
raèr'' : « Qui e«t lat — Votre Ois. — Qar v 1 1. <i-
voo«T -^ Faire ce que r«i» iB'iiidiq«'!r(!i • II
raconte sa vision. Jncltc a rf'oiHni le il" -'• dn (lipu
et remercie son immense miséricorcie. Son flh
passe quelques jours près d'elle, attendant une
nouvelle indication de la Proridence divine. Sa
conversion cette fois était définitive ; il ne sonce
plus qu'à expier ses crimes. Juette lui parle au
monastère de Trois-Fonts (Catalogne). Il s'y rend,
devient, de crand pécheur, moine et prêtre ferrent
et meurt enOn en odeur de sainteté.
TelleF sont les voies impénétrables mais toujoun
miséricordieuses de Dieu.
Ravissement; et tisioms
Juette, on s'en souvient, avait: reçu plusieurs fois
l'assistance de Marie en de pressants dangers et
Jésus l'avait donnée en garde à sa mère comme sa
fille de prédilection. La Sainte les paya de retour:
son amour pour Jésus et Marie furent tels qu'à leur
seul nom, à leur seule pensée elle entrait en ex-
tase et son âme était comme bercée d'un ravisse-
ment à un autre. Tantôt c'était Jrsus, tantôt c'était
Marie qu'elle voyait, qu'elle entretenait, dont elle
baisait les pieds et les mains, dans les bras et sur
le sein desquels elle reposait doucement, dont elle
contemplait la gloire. Klle se vil un jour vêtir par
les anges de vêtements somptueux reluisant de
pierres précieuses, et couvrir de bracelets. Ils la
conduisent ainsi ornée devant le trône de l'Agneau
3ui l'a choisie pour son épouse. Comme on lui
emandait au sortir d'une extase, si dans ces
moments d'union intime avec Dieu elle pouvait
prier pour les autres, elle répondit qu'alors son
àme était tellement absorbée en Dieu qu'il lui était
impossible de penser à autre chose qu'à Dieu, de
vouloir autre chose que Dieu, qu'au moment de
revenir à elle-même elle éprouvait un supplice inex-
primable que trailuisaient mal ses cris désespérés, ses
oras suppliants; la vie alors lui semblait à charge,
et en effet elle privait son corps de nourriture
comme pour le punir de l'avoir arrachée aux amou-
reuses étreintes de son époux.
Elle vit, dans un autre ravissement, le châtiment
réservé à une femme pour ses péchés secrets ;
c'était comme un feu qui sortait de son corps et
peu à peu l'enveloppait tout entier. La Sainte fait
venir cette femme, la reprend de ses fautes et lui en
annonce le châtiment. L'effet suivit de prés la pré-
diction : lacoupnble fut envahie d'une lèpre hideuse
qu'elle souffrit (latiemment en expiation de ses pé-
chés, |iassn saintement le reste de sa vie et mourut
dms la paix du Seigneur.
Ln reli^'ieiix demandait un jour à Juette ce qu'elle
disait à Dieu pendant la sainte messe : ■ Que lui
dire, répond-elle, quand il est là par amour sous
les saintes espèces aussi réellement qu'il fut par
amour étendu sur la Croix ? que lui dire ? sinon que
je l'aime, que je voudrais l'aimer infiniment plus.
«'.Miiment ne ooint penser à Lui quand il est là qui
l'i, .i nous? Comment s'ennuyer en sa présence
i|uaii . .1 <r4t consumé d'amour pour nous ? Uh I celui
qui ^(- (>T.iit les suavités du saint sacrifice ne
pourrait v ' n i>nvrr un seul jour ! La messe ! mai*.
[•• - ■ it dire ! La messe" '• t
r ■ ' iboront lesdivinsnr '<
'1 "le de nos miseic- éI.iu» :
r rit. p t
..t un tel désir de s'unir 4
Ji^ t dans 1.1 '«ainte Eucharistie qu'elle
III fiiveur do;! . i« des saints offre peu
d'exeni)>i<-<. celle d'<" mniée deux fois des
mains ni**riies de .Nolf' r.
Bile eut aussi de noiiitif , eiUs<>s qui latrans-
fiort.iient tout à coup pendant le saint sacrifice dans
es bras de son divin Jésus.
(In lui avait adjoint sur la fin de sa vte une jeune
personne pour assister sa vieillesse. Au retour'de la
messe de Noél, ayant trouvé la Sainte souffrante et
.iliiée, elle lui en demande l.i cause : « J'ai eu,
répond-elle, une douloureuse vision; parmi les per-
sonnes qui se sont approchées de la samte table, j'en
ai vu une que les démons y conduisaient en grande
pompe : les uns la précédaient, d'autres l'accompa-
gnaient ou la suivaient, s'empressant tous autour
d'elle; mais au moment où elle reçut la sainte
hostie, j'ai vu Notre-Seigneur en sortir miraculeu-
sement et se diriger au ciel par horreur pour cette
conscience souillée. » La jeune personne se reconnaît
dans cette peinture. Saisie d'effroi et de repentir,
elle demande pardon à Dieu de son sacrilège,
l'avoue à la Sainte et l'autorise à le citer comme
exemple aux âmes que le démon pourrait porter à
le commettre.
SA MORT
Cependant après trente-six ans de réclusion, Dieu
lui révèle qu'elle mourra dans un an. Malgré ses
longues et rigoureuses austérités, elle tremble
encore devant la mort et supplie sainte Madeleine,
le modèle des pénitentes, de lui venir en aide.
.Madeleine lui apparaît et la conduit aux pieds de
Jésus. Juette les arrose de larmes, les couvre de
baisers; et Jésus lui donne, comme à Madeleine,
l'assurance de son pardon : « Ha fille, vx>s péchés
vous sont remis parce que vous avez beaucoup
aimé • et la vision disparaît. Ses pleurs et ses san-
glots redoublent, mais c'est d'amour cette fois, et
non de crainte.
Rassurée ^ur elle-même, elle donne ses dernières
exhortations aux âmes qu'elle a gagnées à Dieu et
qui peuplent la léproserie ou d'autres cellules de
réclusion attenantes à la sienne. Au commencement
de l'octave de l'Epiphanie, Noire-Seigneur lui appa-
raît de nouveau au milieu de la nuit; elle veut, sui-
vantsa coutume, se lever pour l'adorer; mais ses forces
l'abandonnent. Elle mande son confesseur, on rompt
le mur de sa clôture et elle reçoit les sacrements de
Pénitence et d'Eucharistie,
Le mal s'aggravant rapidement faisait pressentir
le moment prochain de sa délivrance : elle n'avait
point encore reçu l'onction des mourants : peut-
être l'accablement de la maladie l'empêchait-il d'y
songer. On lui en suggère l'idée: elle refuse au
grand étonnement dos assistants ; on insiste, igno-
rant le motif de son refus, elle cède et reçoit
l'Extréme-Onction. Puis on lui demande : pour>)iiiii
avei-Tous refusé tout d'abord'.' — C'est, dit-ellr. ijur
le jour fixé n'était point arrivé ; mon fils, infuriné
de ma maladie en son monastère, a recommandé
mon âme à Marie qui devait m'atsister en personne
durant la réception de ce sacrement et m'inlroduire
ensuite au séjour des bienheureux. Je vous ai obéi
craignant de vous déplaire.
Juette vécut en effet jusqu'au jour et à l'heure
3ue Dieu lui avait révélés : ce fut le jour de l'octave
e l'Epiphanie de l'année I2'.!8, vers trou heures du
soir. La bienheureuse expira en disant,: • SeiKiieiir,
{e remets mon âme entre vos mains. ■• Son Ms.tcn
k'orda une légère teinte rose et paraissait en rita»e.
fiani l'intervalle de sa mort à sa st'pulture, qu'i'jue
«li mili.ii de l'huer, une innliiiii.li- .1'.. .. im,
», • poser au bord de mt
!■ irlj avec relui ■!• ■ • r
veilles s« produisirent p> re
que M Bienheurtvx i"M i ■■> U
Seignrur. m
jBf. -gérant, l'sriTasatT, t, r.
.1 1", l'»rn.
SAINT HILAIRE, É^EQUE ET DOCTEUR
Fêle le 14 janvier.
^î^^^^^^^^^3
CONVERSION D HILAIRE
La villp de Poitiers sVnorKUPillit avec raison
d'avoir donné le jour à saint Hilaire, cl d'avoir,
selon l'expression de saint Au^'uslin, tu fe li'rer
en non sein l'cuitri' érlalanl qui devait plus tard illu-
miner l'KsIise de Uieu. Sa Tamillc brillait parmi
toutes les autres, non seulement par la sjilen-
deur de son ranj,', mais encore par la renommée
de sa vaillance. Malheureusement , elle était
païenne : Hilaire fut donc élevt'' au milieu de
l'erreur; mais, parmi la corruption des mceurs
contemporames, il conserva toujours un coeur
droit, et mena toujours une vie honnête el pure,
consacrant son temps à l'étude de la philosophie,
de l'éloquence et de la poésie.
Il était déjà arrivé h Vkge milr, lorsque la
^.TAce divine, qui l'avait éloiuné peu à peu de la
reliL'ion de son enfance, lui fit voir clairement
l'inariil''- des doctrines du pacinisme. Alors, -a
conversion fut complète, et son exemple fut snivi
par sa femme et Abra, sa lille. A partir de ce
lour, il éprouva une horreur si pinfraule pour
les ennemis de la religion calholiiiiie, qu'il refu-
sait de s'asseoir à la même talile qu'eux ; et même
il ne leur rendait pas leur salut (juaiid il les ren-
contrait sur le chemin. D'autre part, il exhor-
tait les fidèles à la pratique persévérante de la
vertu, et ne cessait pas, nous dit son historien
Kortunat, de semer dans le peuple des paroles
de vérité qui faisaient fructifier la foi.
HILAIRE I^.VÉQCE
Sur ces entrefaites, l'évéque de Poitiers mou-
rut. Hilaire, quoique laïque, fut élu pour le rem-
placer, par le sulir.u'e unanime du rler«é et du
peuple, et sacré du consentement de sa femni'
dès lors, tous deux se séparèrent pour vivre eu
continence.
("élail sous le réjne de l'empereur l>nsl«nce.
20Ç
J'hérésie arienne, qui niait la divinité de Jésu?-
Cliri»i, Ibrle àv la j.rotoction impiTiale, éteodait
[uirtout ses rava;.'es, eniiiliUrantmalieicuicnieTil
son vi-nin dans \e ou'ur des lid^los. Constaii^i'
lui-in^^ine était arien, cl persécutait ceux qui
demeuraient inébranlables dan* la pureté de leur
foi. l'Iu^ieurs évéques £ Dbiticux soutenaient
Terreur de leur crédit ; à leur tète on remarquait
principalement l'rsace et V.ilens.
Hilairc saTanra dans la raèlée, comme un vail-
lant i"Ti''-étpnJnrd. et ne quitta plus le diamp
.do biuillr jusqu'à son dernier soupir.
Dans un concile, tenu à .Milan, l'empereur avait
mis tout on oeuvre pour détruire la toi de Nicéc,
qui était celle de l'E^ilise catholique, et extor-
quer aux évéques la condamnation de saint
Athanasp, l'.idversaire le plus terrible de l'aria-
nisme. Li-* légats du Sainl-Sié:.'e lui représenli'-
ri-nt i]u'il était absolument contraire aux lois de
l'Eylise de condamner un absent sans l'entendre.
Il Les lois, répliqua Constance, ce sont mes
volontés. M Mai» les léi.'rits et plusieurs évéques
se laissèrent condamner eux-mêmes k l'exil,
pluli\t que d'accepter une maxime aussi- tyran-
nique, et de trahir d'une manière aussi odieuse
la cause de la justii-e.
Hilaire aurait jiu vivre en repos dans son
éi'lise de l'oitiers : pour cela, il n'avait qu'à
lui--t'r à d'antre» le soin de défendre la vérité
et à parder le silence; par ce moyen, il aurait
eapné la faveur impériale. Mai'^ il n'Iicsita pa^^
un instant sur lo parti qu'il a\.iil à prendre :
" J'adhère, dit-il, au nom de I»ieu et de mon
Seigneur JéMis, dflt une telle confession m'alti-
rer tous les maux; je repou'i^e |.i société d«-s
méchant'- et le parti des inlideles, loi- ni'm»
qu'ils m'olTriraienl lou- l<îs biens. ■■ H ad'
à l'empereur on plaidoyer hardi et c^-^i .
au nijni de tous les évéques des Gaules, contre
la violence des ariens.
I,a fermeté de son lant'ai;e lui mérita toute la
haine des liérélique'^. .^atuinin, én'que d'Arie»,
leur partisan, de concert avec L'rsace it Valens
(jui avaient Mé éneriiiqnenient flétris dan^ la
requ'-te .1 l'empereur, nuvritun concile A Béricr»,
pour V jui'c r ri condamner le-^ évéque-; domeur»'->
fldéjis, lliliiiie .i-'y rendit. Au milieu de celle
asseinl.li-i- iffiinemis, il se leva avec son iiitré-
( i II'' l'riliiiaire, .1 : .le rétuter. séance
'.I, iiiie. leur jieii. rrenr l^e» anen*.
' (l'une p.ii'iiii- ii.icdies^e, crai;niiivnl
Kudns publiquement, et rcfus<;renl de
i ■
HILAÏKK rx>.>Fl:SSEt;B DE LÀ FM
IK ne t'.iii.'i'i. lit 1.1, .1.11^ 1,1 »i.ie deTin!U>.-
,■ il- ■ .. '
iii>-
ireiil
Lu .il .sur le M'-ge iJo l'i-iilier»
11
de I
î
t '
r
il s'appliqua d'abord à se maintenir inébranlable
dans la confession de Jésus-Christ, et ensoiteà
ne re|et«r aucun moyen honnête et raisonnable
de pacilier les cho'^e». Dés lors, il usa de niéna-
t:einenls dans les écrits qu'il composa, et poussa
iiii'nie la condescendance jusqu'à parler avec les
hérétiques et leur donner le salut et le baiser
de paix. Ainsi la conduite austère qu'il avait
tenue à leur éizard, alors (lu'il était simple
laïque, ne provenait on* de la dureté de scn
caractère, puisqu'il reaevint in.luL'ent et misé-
ricordieux, quand cela fut plus uiile à Tliglise et
à son prochain.
I.'kPOIX MYSTIÎBIEni
A cette époque, lo Saint-Esprit révéla miracu-
leusement k Hilaire que la main de sa lille .\bra
était recherchée par un jeune homme de haute
liiniée et d'une rare beauté. I,;i lendrc-se pater-
nelle, s'unissant dans son cu'ur à l'amour surna-
turel du prêtre et de l'évèqu.-, s'alarma à cette
nouvelle. Il lui écrivit aii^vili'^t, du lieu de son
exil, une lettre qui rcspiir le charme le plus
suave et la piété la plus tendre : <i Diffère, je l'en
prie, lui mand.iit-il, l'eiiViiiinn de tes projets
jusqu'à mon retour. Je t'ai clini^i, ma liien-aimée
Abra, un époux dent la noble— e est aussi élevée
que le ciel, dont la beauté surpasse l'éclat du
lis et de la rose, dont les n-.iid» sont brillants
comme des pierres précieuse^, d mil les orneinents
sont d'une splendeur inouïe, il.nt les vêtements
triomphent de la blancheur de Ir neipe, dunt les
richesses ne j>ourraienl être rei!fe.rmée.- dans des
royaumes entiers. Sa sa:.'o^»e est iiicmiipréhen-
Kible, sa «liiuceur laisse bien loin derrière elle
les rayons de miel, sa pudeur est invulnérable,
ses lrésiir>- sont inamis'-iMes.
» Le prince offre k sa liancée une robe dont
le tissu est d'une simnlicilé incomparable, une
perle auprès de laquelle les diauiantsde la terre,
les maimificenc** de la nature, l'astre raynnnant
de» cieux perdent lout leur éclat. Mai' la rob«
n'aurait plus sa vertu le jour où on l'ichanue-
raitcontr»- une . ti.ile |du-'Sonipliien<ke;et la perle
ne saiir.iit • ti.> .i^^o.ii^e aux bijoux de la terre
sans s'évanouir et di»i)araitre.
(ille chérie, li-e;. et relise» «elle lettre;
» Donc
preniz piliè de me-
nn»qnem»^1 pour r
K<'i>onde/-rn ■ • • -
je saurai t '
naître la v ,
■ - : vei-vou»
perle.
lii .',;.. . il M, . (Juand
t'>n. je vou» ferai con-
ui de col il" ••
S.l
1.-
arrivait que votre jeune..se ne pu'
sens de cett.- l.tlri-. J. in iiele;-fr
qui, je le - ir
eiii.eliUrét , i ■ ;ii'-
itid Dieu qui vous a donne Ib viv dsiitiie
.11- ...irder iri-bas ut d«n« reienii'.c •
l.ii Jeune Abra riM ul avpc >. .■ iii'-:-
f.'lble la lettre de «"n p>'Pi- KM- ■•! IIX
el dl-^ »
l'Il M'I
I .rd qui I I I lit ■
HiUiiL- voulait I '.
ii>-il ncuv u ^ui Minl
iiiLJiiaK «r ijk nmint n.(mt!ft!t
L'illustre évoque de foilier* était tm f^il
'■ ' ' '" ' 'il' '''inxlance
Il voqiinr
vîlr
qu'il était dans la disirràce de l'empereur, l'obli-
i>eaà sy troaver et lui l'ournit même un ohar pour
le voyaije. ,
Pas^iiit un jonr de dimanche par une petite
ville d"nt Ihistnire ne nous a pas cnnsexré le
nom, il entra dans l'éçlise des catholiques à
rtieure oii le peuple était rasseoablé pour ia
prière. Tout à coup, du milieu de laloule s'élance
une jeune fille, elle pénètre les ranss pressés,
elle s'écrie qu'un srand serviteur de l>ieu est là
et, prosternée aui pieds d'Uilaire, elle le con-
jure de l'associer au troupeau de Jésus-Christ
par un sinie de Croix.
C'était la jeune pajeniie Florence qu'on moure-
ntent de l'Eprit-Saint poussait ï«rs le prand
doctenr. Hilaire lui donna sa bénédiction, lui
{>roiBettant de l'instruire des mérités de la foi et
de la iMiptiserau nom du Christ. Lapiease enfant
ne jouit pas seule de ce bonheur : tout>^ sa famille,
éclairée par les paroles d'Hilaire, fut régéoérée
arec elle dans l'eau sainte du ba|itf-iBe.
A partir de cet instant, Florence ne quitta plus
celui qu'eJle appelait son père et qui, disait-elle,
lai arait donné une vie mille fois plus précieuse
qne la vie du corps. BUe s'attaciia à tous ses pas
et. soQs sa direction, parvint à une telle sainlelé
qu'elle Baérita d'être élevée sur les autels.
BILAIRE ES FACE DES ÉVÊQtlES AS1E.\S ET DE l'emPERECK
Hitaire put siéser a« concile de Séleucie avec
le^ autres évAqaes. Il eut la douleur d'y entendre
des bl.i=phèmes horribles sortir de la bouche des
ariens, hommes lAchec devant les princes de la
terre, hardi-; contre Pieu seul, refusant au Fils
de D\f» Faltribut d'étemel qu'ib donnaient a
l'empereur.
Les semi-ariens pux-mAmes, animés par
l'e^einyil'- du dri.teur intrépide des (iaules, con-
iii;i:ir ■' !'' i 'tie arienne et déposèrent les
■ v<-';i ;■ ■ it'iil i'-< qui la 7>r*chaient. Mais ces
impies en appelèrent à Constance; les uns et les
autres allèrent ;'i Con^-lantinople, comme si
Notre-Seiiaieur avait dit à ses apAtres : « Lorsque
vous serez embarrassés sur qnebfue point de la
clo.-trine que je voue ai cbarsés d'enseigner, allez
demander la solution à César. »
Saint Hilaire aTompairna ce triste concile à la
cour, afin de pr.-rl.-imer les droits inaliénaldes
de la vérité en face du scrvilisme arien, l/'s
hérpliqiiPs, ie voyant en nombre dan* la capitale
m 'nr- r;iri •m :re qui metlaît '^rm irlaive à leur
!,-; ■ ' t, • •lit l'oi-casion favorablo ponr
t>-hir un ■ '.il. Il - .1" leur façon. On y disputa de
I.T foi : le» ariens l'êbranlërent jn^que dans v«
fondements. Mai*- 1" :.nnd athl-le était là. Hilaire
adrema unereqn"l<- à l'Mmp'-reur II s'y jnstitiait
desacriitsii.!,- I •'. - i-.irilrc lui par se» ennemi'
et dem.i '■ une audifnce où il (ni
fut r>'-rrr ' 'i i-atholiqne devant !<•«
' [ .• r lu peupli- entier.
I' ' i !'.•■ raillait finement la
ir. ' ilfil»?'- rrintradicloire» ffue le'
,1, tou» le« |finr« : « L'aini*e
deriii'it:, .li-ai!-il, ils en ont produit qwatre; la
fnî n'est fkw la fni de« Evanirile*, mat» la foi d«-«
temp». ou plut''>t autant de To1nnt<'>:, antant 4«
*r»rt*« de foi l.e« arien* fr'iit par.iitre ton« les
an- - 1"« ninjs de n^'ti.'-nnx «ymbole»
I^-'-. mciens et anaihémalit-er croï
i'i
I ie« n'os'-rent pas a«v»^er le AfnH
ur. l'our se délivrer d'uti - «-— -r-
• qui les poursuivait i
1 .. . .... TA rctran'-liemenl». i|« y- : . .
à l'emperear de le renvoyer dau.s les Cauiks
comme un homme qui troublait la paix de
l'Orient. Constant*, satisfait i';;aJ'inenk de te
débarrasser d'un accusateur iiii|'<iriiui, refusa
raadieiice«)ueleiioblePonlii'e hiiavaildeimaQdée
avec autant d'iastance que de respect, et lui
douna l'ordre de quitter sur-le-t-hainp la capitale
pour reprendre le ctiemin de l'Octident, L'injus-
tice était criante, la lowrberie du princ* était
visible, Hilaire crut qu'il n'était plus obli;;é à
i-'arder des ménaeemeutis avec lui, il composa un
écrit plein de ri;.'uear poiir dé-noncer à tous les
évèques des Gaules les iurpiétés du tyrau.
« Loup ravisseur, s'écriait-il dans une véhé-
mente apostrophe à l'empereur, nous voyons ta
peau de brebis; tu reçois les évèques parle baiser
avec lerpjel ie'sus-Christ a été trahi ; tu baisses
la t<'te pour recevoir leur bénédiction, mais c'est
pour fouîeF aux pieds leur foi; tu les fais maiwer
avec toi pour les rendre semblables à Judas qui
se leva de table pour aller vendre son Maître.
Voilà la peau de brebis qui te couvre : voyon.s
maintenant les actions du loup. ■■ .\lors, le docteur
trarail un tableau fidèle des cruautés de Cons-
tance envers les catholiques.
LFs stRPfwn; ïT l'u-e «alunaire
Cependant, le bruit du retour d'Hilaire se
répandit dans tout TOccidenl avec rapidité. Saint
Martin, qui avait appris ses vertus et sescoiubals,
voulut se faire son disciple et courut à H'une
jiour se mettre à .sa suite et retnuruer avec lui à
Poitiers, Mais Hilaire n'y était dijà pIu"- : Mai lin,
sans .*e dé<:ourager, prit le chemin des (jaulcs,
tant l'attrait que noire Saint exerçait sur les
âmes était puissant !
Pendant la traversée, le vaisseau qui portait
Hilaire lonyea les côtes de l'île (lallinaire qui
faisait l'épouvante de tous les navi,:;ateiirs. Llle
servait, en effet, de repaire à une multitude incal-
culable de serpents venimeux. Hilaire résolut de
la délivrer de ses terribles babit.iuts.
Il s'amse de la Cjoii et, plein de confiance en
la proteolion de Jésus-Christ, il met oiiriusm-
seracnt pied à terre. Les serpents ne peuvnt
soutenir son resard ; à son approche, ils prennent
la fuite et vont se cacher au fon<l d, l'ilc dans
le creux des pierres. Hilaire. prenant alors un
bâton, le plante en terre et d'-fend aux serpmits
de jamais dépasser cette limite fixe-e à leurs
funestes excursions. Et. depuis ce jour, ces ani-
maux, dociles à la viiix du Saint, ne franchirent
jamais les homes qu'il avait pnséeb.
BETOrR D'iUtAIKE
Enfin, Hilaire aborda aux c(Ntes de la p. '•
l.aiiaule tout entière, dit saint JénVmc, emlu.. --1
un héros qui revenait victorieux du ixiiahat, la
I>alme à la main.
♦ Mais ce fut snrtoot dans I.t v
|uo raUétrressc éclata en tran-i'
l'rvrlunatrarontequecha'un ■ f
-"Il pi re et même -^n patrie. •
ilu p«sl/»ur aimé, la [■'(m i • !• au.\
viu H»" U>uf un li"ii ' imI i !'• Martin,
dont Hilaire rounn-'.T' la ■•âiiiuM'. \if fut pas
Il moindre de s'- .- tiS'Ialiou» daii.s ce rraud
Il ii^niphe.
^ mit Martin avait simialé |p«prrmieri, inetanls
lie SWI «^piur ■ " ■'■ - '■ ■ ■;. I,,,
d'un enfant. ■ ■
,..>i.i tn..rt«ai,. „ ,.,...-.11.,,.. -.
lii condamné d'un 'enl rou|i ;i 1 1 in il
;■ I t à l.i mort •' If'riii'lle. Si m i ■ uni
se jeter aux ^:enoux (l"Hilaire. baii-naiit de ses
pleurs le cadavre de son pauvre enfant : " Martin,
qui est clerc, lui dit-elle, a ressuscité un mort,
et vous, qui été» évéque, oh! je vous en supplie,
rendez mou (ils à mon amour ou du moins ren-
dez-le au baptême ! » L'homme de l»ieu est ému
de la douleur de cette mère. Recourant à ses
armes ordinaires, il se prosterne humblement et
se met en prières. Bienl(>l, la rou:.'eur revient sur
le visaL'ede l'enfant, la chaleur ranime ses petits
nienilires, ses paupières s'ouvrent à la lumière
du j.iur. El, ensemble, le vieillard et l'enfant se
relèvent, l'un du trépas, l'autre de sa prière.
SAI.NTE ABRA
A son retour, Hilaire s'empressa d'appeler sa
fille Abra et lui demanda si elle avait résolu de
se donner à l'Epou-T immortel et divin qu'il lui
avait promis et qui n'était autre que Jésus-
Christ. La jeune vier;:e avait tout compris : son
dessein était conforme aux vu-ux de son père.
Alor> Hilaire, tombant à t;enoux, supplia le Sei-
gneur de cueillir cette fleur encore lirillante et
pure. plutiSt nue de la laisser ici-bas exposée nu
souflle mortel du monde. Quelque leimis après,
sainte .\bra expirait doucement, sans effort, san«
SDUlTrance, entre les bras Je son père, et son
Ame immaculée allait au Paradis contracter une
nouvelle union avec le Hoi des anfies et des
vier:;es. Hilaire ensevelit de ses propres mains
le chaste corps de sa fille.
Li mère d'Abra, jalouse du bonheur de son
enfant, pria son saint époux de lui obtenir la
même faveur. Hilaire y consentit, et bientôt, la
mère suivait sa tille au royaume du ciel. C'est
ainsi que le pieux évéïjue aimait sa famille d'une
charité toute surnaturelle.
DERMERS TBAVAl-.X Ii'hILAIKE
A peine rétabli sur le siéfe de Poitiers, Hilaire,
sachant que le repos n'est pas de celle terre,
mil aussitc'it la main h l'u-uvre. H s'at'issait de
relever les ruines partout amoncelées par les
fureurs des ariens. La douceur et l'induL'ence
furent ses moyens principaux pour ramener les
égarés au piroii de l'Eulise catholique.
C'est lui qui ilélivra les (iaule> des ténèbres
de l'erreur. Même après sa mort, il continua
nupr-s de notre patrie ce ministi-re libérateur.
En elTet, lnr>-c|ue Clovis niarchail contre l'arien
Alaric. roi des liolhs, il vil. nu milieu de l'obs-
curité de la nuit, une grande lumière sortir de
la basilique ron-airée ù .-ainl Hilaire et •> 'avancer
\ers lui l'ii iii'tiie l.riips, une voix l'avertit Je
;: '1 'in i Me et d'aller ensuite au
lui >i. I l'invitation du ciel, et,
tit la Iroineine lieure du jour, il remportait
.irtojre rompb-le sur les troupes ennemies.
\ I I -' -il . I i!ii ne cessait pas même
; i . , 1 1. luhattre le-i héreliiiues.
A. 'Il la foi I Mili'diquo dnn« lei
(;«iil. i en Italie p. .iir délivrer ceti*
Il . le l'erreur. Là, il rencontra uo
la personne d Auxence, éréque
1 ,1 ' ''• iiificreur
■ le trou-
. trompé,
lr« ilill'-l-' cb
repnt ■•■ '' ■""
.'•r. ,.
. ..■ ;. i eiiple par
fut cnlin ren.lu. Il
I . ..Iilirill.i .Il IJill-
quer à son cher troupeau les Saintes Ecritures,
(it un recueil d'hymnes pour être chantées dans
les cérémonies, et introduisit dans son Ettlise
auelques pieux usa;;es qu'il avait rapportés
d'Orient,
11 fonda aussi des monastères, institua sainte
Florence abbesse d'un couvent tle vieryes, et sur
le tombeau; de son épouse et de sa fille, il éleva
une éplise où il aimait à célébrer le Sacrifice de
la .Messe. Saint Martin, d'abord comme acolyte,
plus tard comme diacre, l'assistait à l'autel.
MORT r.t MIRACLES d'hILAIRE
Enfin, épuisé par ses travaux et ses fatigues,
Hilaire tomba malade. A cette nouvelle, les chré-
tiens aci-oururent auprès de sa maison qu'ils
entourèrent, s'informant avec anxiété des pro-
^■rés du mal et pleurant la perte dont ils étaient
menacés.
Au milieu de la nuit, Hilaire demanda si les
fidèles étaient encore proupés autour de sa
demeure ; on lui répondit qu'ils étaient tous
retirés. Alors, une luniièreéblouissanle éclaira la
chambre, ses deux disciples qui veillaient auprès
de son lit en furent d'abord aveiii-'lés. Puis son
éclat diminua peu à peu et disparut tout à fait
à l'instant même où l'àme d'Hilaire. brisant les
chaînes de ses membres, s'envolait vers Dieu.
C'était le l-l janvier :tOH.
In ^'rand nombre de miracles s'opéra sur la
tombe et |>ar l'intercession du saint docteur. Il
convient d'en mentiojiner deux ou trois pour
montrer le crédit immense dont il jouit auprès
du Seigneur.
Il y avait à Poitiers une jeune fille dont le corps
entier était en proie à la paralysie la plus com-
plète. Tous ses membres étaient raidis et immo-
biles, sa lan;:iie était liée, le son de sa voix
était imperceptible, ses pieds, nous dit Fortunat,
ne soutenaient plus <|ue des membres en ruine,
et dans ce cadavre apparent, les yeux seuls indi-
cjuaient que la vie n'était pas tout h fait absente,
.\u jour où l'Eglise céb-brela fêle de saint Hilaire,
on la portail l'église. Si-s p.ireiilo comimncèrent
à demander sa uuérisnn nu pui-saiit évéque qui
avait accompli d-i.-i tant de prodiges. Tout a coup,
l'enfant se levé pleine de mouvenieiit et de
viuueur, ses pieds se consolident, sa langue se
délie. Sn première parole fut pour demander du
lait, ajoute riii->torien. absolument comme si elle
était \enue au nioinle un instant auparavant.
Deux lépreux, remplis de contiance en la pro-
tection .1. s.iiiii Milaire, s'oit'iiireni le corp« avec
la poil- daii" son loinbinu. 1^ première
fois, il- I I iilirent aucun soulagement ! Mai»
ils furent persévérants et renouvelèrent souvent
cet ri.-|i' de ferveur et de foi. Le Saint les en
r' I : Il la fin, les ilaics dont ils étnieni
r. . . iiarureiit compl-t'-menl '•I leur piMu.
hurnlleiiiciit maculée, rept
\jefi deux lépreux, n'Coi, ; i
l'un dia. re, l'autre sou»-dia n , il ~ .ii'pli.pn reiit
liisqu'ii la fin de leur-- jours à exalter leur réleste
bioiifaiteur.
L'Ktilise de Poitiers a, de lemp» immémorial,
II. I T, .'lorieux peie sou« le titre de Docteur.
I' .is, à la demande ilr Mk'r Donnet,
ai de Hordeniix, de .Mi:r Pie, illustre
•. . >le saint Hil.iue, et de» niilre> )'vê.|urs
il' iice d'Aquitaine, Pie 1\ a dér.lnre le
V iiampion de la foi Docteur de 1 t-^liM
loipr.-Oeront, t. PrnTVBmr, «, rue Krau^oU I", Parii.
SAINT MAUR, ABBÉ
l'ite le 15 janvier.
S^int Benoit, averti par révélation du danger (^ue court saint Placide, un de aes
disciples, tombé dans un étang, ordonne à saint Maur d'aller le retirer de 1 eau.
L'obéissance de saint Maur opère ce prodige.
SK3 PBEMIEHIS ANN^KS AVEC SAINT BB.NOIT
Né de parent!) nobles, Maur fut appelé de bonne
heure à quitter le monde et à mettre à couvert
son innocence derrière le rempart de la vie reli-
gieuse. Il fui présenté à saint Benoît, dont les
»ertus héroïque'» attiraient alor» de toutes parts
les hommes à la solitude, et bientôt on le vit
marcher à pas de ^éant à la suite de son maître
dans le chemin de la perfection. Fort jeune
l
encore, il était l'émule de tou', et saint BenofI
renait plaisir, tout en évitant de le nommer, à
e donner comme modelé aux autres religieux.
Ingénieux dans lart de se mortifier, plusieurs
fois il essaya de dorrair debout, appuyé contre
le mur de sa cellule; mais, après plusieurs heurp'
de lutte, vaincu par le sommeil et la fatigue, il
dut céder. Alors il s'asseyait ou bien encor<- «p
couchait, dit son historien, sur un amas de «.ihl''
ou de chaux.
1^*2
IL MARCHE Sl'R L EAU SANS LE SAVOIR
Un jour, pendant que le vénérable Benoît était
en prière dans sa cellule. Placide, ami elconcpa-
gnon de Maur sortit pour aller au lac puiser de
l'eau. En voulant retirer la cruche pleine, il glissa
et tomba la tête la première. Le courant Teut
bient<^t entraîné loin du bord.
Cependant, Thomme de Dieu connut àce moment
même la chute et le danger de Placide, et appe-
lant aussitôt Maur : « Frère, lui dit-il, couns au
lac. Placide Tient d'y tomber et l'eau l'entraîne. »
En parlant ainsi, il avait béni le messager qui prit
sa course, arriva au bord du lac, et sans s'aper-
cevoir qu'il n'était plus sur la terre ferme, con-
tinua d'aTancer sur l'onde. 11 alleisnit l'enTant,
le prit par les cheveux et le ramena au rivage.
Alors seulement, tant son obéissance avait été
prompte, Maur, se retournant, compritqu'il venait,
comme autrefois saint Pierre, de marcher sur
les eaux.
IL FÀrr ON MIBACLB A LA PLACI Dl SJLlKT BBNOIT
Uientdt saint Benoit, émerveillé de la grande
sainteté et des rares qualités de son disciple,
l'associa à ses travaux et le ût prieur claustral.
Un Jour que, pendant l'absence du saint abbé,
il revenait du bois avec plusieurs de ses frères,
il rencontra à la porte du monastère une femme
toute en larmes, portant dans ses bras un enfant
muet et boiteux. Dès qu'elle toit notre Saint, elle
se jette k ses pieds, et le prie en sanglotant de
guérir son enfant. Uaur, pour la première fois de
sa vie, eut k combattre on mouvement de colère;
il faillit s'emporter en invectives contre cette
femme qui lui demandait de faire un miracle, à
lui le plus pécheur des hommes. 11 lui Jeta un
repard sévère et s'éloigna.
Mais, comme cette pauvre femme continuait de
le supplier au nom de liLiiolt. un des Frèris lit
remarquer à Maur que leur bienheureux Pt^re lui
avait ordonné de le r^inplactr en tout pendant
son absence, et qu'il ne pouvait en conscience
renvoyer ainsi cet enfant malade pour qui on
invoquait le secours de Benoit. L'obèi^'iani'e parle,
Maur n'bésite pas un instant, il retourne vers
l'enfant, prie quelques minutes et se levant : ■« Au
•• nom de la Très Sainte Trinité, dit-il, et parles
■ m>rilasde mon maître Benoit, je t'ordonne de
■ te lever en parfaite »ant4. • Et l'enfant fut
entièrement guéri I
Lt:s MOmU lÉNiDICTINS VIENME.HT EN riA.ICI
ADIEUX AO MONT CA9SIN
Mais il convenait qne re disciple, (orme aTee
tant de soins par 1> - de la vie religieuse,
devint lui-nièmc .1 et commençAt &
' '-: indre cet esprit •jui 'luwtit pénétrer par toute
■ rre pour y porter le (.erme delà vie monas-
int Innocent, évéque du Mans, envoya rers
1 " ■ .lu Mont <", ■ , : prin-
' -, afin d> |ues-
1 iu» paKait- iii-' ij'i-— , |iii* qu'il
' :ii (!'■ fonder un niona«tère dans son
Brnolt, apr*« (i''"lrpriéleSei||rnettrde l'éclairer,
ir*l.lli-« V«*llt •.11- ^< ir 1-1 \tt .li.tl..it (i..lirr..t. Vn TMT
ut •«
e MB
àme *, et les religieux »e plaisaient * le ooari-
dèrer comme le successeur naturel de leur saint
fondateur.
11 lui remit un exemplaire de la Règle, écrit
de sa main, et portant pour signature ces paroles
pleines d'humilité: Coiit'xpeccaforiiUenedi'cti.-Code
du pécheur Benoit. Quatre religieux furent dési-
(înès pour le suivre dans sa mission lointaine.
l.e malin du samedi, cinquième jour des fêtes
de l'Epiphanie, Maur et ses compagnons, le b&ton
de voyage à la main, s'agenouillèrent devant
le vénérable alibé. La communauté fondait en
larmes : « Mes chers frères, dit Benoit, si quel-
» qu'un a le droit de s'attrister en cette circons-
» tance, c'est moi, pauvre pécheur, qui vais être
» privé de consolations précieuses et de secours
• bien chers. Mais l'Apdtre nous dit que la cha-
u rite est bienfaisante. Nous devons donc cher-
■> cher moins notre consolation que celle d'autrui.
M Ecoutez la voix de mon amour paternel, re-^sex
» vos gémissements et vos pleurs! Dieu est assez
s puissant pour rendre à cette sainte congrèga-
» tion des ouvriers qui remplaceront ceux qui
» vont partir. La distance ne brise pas les liens
n de la sainte charité. »
Puis, s'adressant à Maur et i ses compa;,'nons:
Il Pour TOUS, Frères très chéris, dit-il, vous que
» nous envoyons dans ces contrées lointaines tra-
> vaillcr à l'œuvre du Seigneur, agissez virilement.
» Ne vous attristez pas quand vous apprendrez la
>■ dissolution de ce corps fragile qui va me quitter.
I. Lorsque j'aurai déposé le fardeau de celte chair
» mortelle, je serai plus présent au milieu de
•• TOUS, et par la grâce de Dieu, je ne cesserai
» d'être votre coopérateur assidu. »
Après ces paroles si tendres, dit Fauste,il nous
donna à tous un baiser, et nous conduisit avec
bonté jusqu'à la porte du monastère, et nous
ayant tous embrassés de nouveau, il nous donna
sa bénédiction. Puis il nous laissa aller.
A leur première halle, dans uue dèpeinlanre du
monastère, nos saints voyageurs furent rerus par
deux de leurs frères que saïut Benoit avait envoyés
d'avance pour leur préparer un gîte. Cette même
nuit ils reçurent un nouveau gage de l'amour de
leur vénérable Père. Deux Frères Tinrent les re-
joindre. Ils apportaient une petite châsse d'ivoire
pleine de reliques, et une lettre adressée par
saint Benoit à son cher (ils Maur.
« Reçois, mon bien-aimè, disait cette lettre,
• reçois ces derniers présents de la main qui
» dirigea ta jeunesse. Ils seront le gage de notre
<• longue amitié. Aujourd'hui même, après ton
» départ, le Soi;.'n<'iir a dauuè mo révéler l'avrnir
» qui vous attend. Quand viendra la soiiantièine
» année de ta profession monastique, tu seras
• introduit dans la joie de ton Sauveur. Le but de
■• votre voyage ne sera pas atteint sans peine;
■ TOUS IrouTcrex difUcileincnt un asile ou vous
• fixer. Mais la miséricorde de Dieu ne tous fera
» défaut nulle part; après de Irii;:» retards, elle
■ TOUS fera trouver dans un lie : ■ ltu
• que nous espérions, un si ui
m convenable. Adieu! sois heunux dan> la pro-
» fcs»ii>n sainte, plus hfiir.Mix encore dans la
• terme qui doit la e . . »
Otte lettre de B >r ne s'en sépara
jamais. Toute sa ne, il m p iia sur sa poitrine;
mort, elle fut déposée dans son tombeau.
aiEACUS DD TOTA6I — ONI TIStM
L* voyage, comme l'avait prédit saint lienotl,
éprriuva de longs retard», Halderalde, envoyé de
iévêque du Mans, toml>a d'une galerie où il
se promenait, et se blessa si dangereusement
qu'après quatorze jours de soins inutiles, les
médecins résolurent de lui couper le bras. Mais
Maur, touché de compassion, se mit en prière,
et, prenant une relique de la vraie Croix, lit, sur
le malade, des signes de croix depuis l'épaule
jusqu'au bout des doigts; et le malade fut entiè-
rement guéri et put continuer sa route le lende-
main.
En passant les Alpes, notre Saint s'arrêta dans
l'église des Martyrs de la Légion thébaine. Il
trouva à la porte im aveugle-né qui demandait
l'aumône.
" Combien y-a-t-il de temps, [lui dit-il, que
tu es ainsi à cette porte?
— Il y a bientôt onze ans.
— Est-ce que ces saints, qui ont versé leur
sang pour Jésus-Christ, n'auraient pas pu lui
demander de te guérir? Assurément, c'est que
tu ne les pries pas bien. Prions ensemble, et tu
Terras qu'ils t'exauceront. »
Pendant au'ils priaient, un flux de sang sortit
des yeux de l'aveugle, et il fut guéri. Mais,
sachant que la reconnaissance est la première
des vertus, il se consacra dès lors au service de
Dieu, dans une vie humble et pénitente.
Maur et ses compagnons passèrent les fêtes de
Pâques à Font-Rouge, où s était retiré le prêtre
Romain qui avait assisté saint Benoît dans les
commencements de sa solitude. Le soir du Ven-
dredi-Saint, notre religieux avertit le vénérable
vieillard et tous ses confrères que le lendemain
le bienheureux patriarche, saint Benoît, devait
Quitter la terre pour aller recevoir la récompense
e ses travaux. Us en furent extrêmement tou-
chés et ne purent retenir leurs larmes; ils pas-
sèrent toute la nuit en prières pour rendre, en
leur absence, à leur saint Père, les mêmes
devoirs qu'ils lui eussent rendus s'ils eussent
été présents à sa mort. Sur les neuf heures du
matin, saint Maur fut transporté en esprit au
Mont Cassin et vit comme une grande rue cou-
verte de tapis précieux, et bordée d'une infinité
de flambeaux, qui s'étendaient depuis la cellule
de saint Benoit jusque dans le ciel ; et un homme
vénérable et resplendissant de lumière lui dit :
« C'est ici la voie par laquelle Benoit, le bien-
aimé de Dieu, est monté au ciel. »
Le Saint fit part de sa vision à saint Romain
et à ses confrères, et changea ainsi leurs plaintes
en des hymnes et des cantiques d'allégresse.
DIEC RBND TOUJOUBS AD CENTUPLE
Arrivés à Orléans, nos saints voyageurs appri-
rent que l'évêque du Mans, qui les faisait venir,
était décédé. Les compa^'nons de Maur en furent
consternés, mais il releva leur courage, leur
rappelant la prophétie et les promeses de leur
vénérable l'ère Uennit.
En etTet, Halderalde, voyant que le nouvel
évêque ne voulait pas les recevoir, et saisissant
l'occasion de prouver sa reconnaissance à celui
qui l'avait miraculeusement guéri, alla les pré-
senter à un de ses parents nommé Florus,
vicomte fort riche, qui n'avait consenti à rester
dans le monde que par amour du roi ThéoJebert,
qui l'aimait comme un fils. Ce seigneur les reçut
avec une joie inexprimable, et s'empressa de
leur offrir un établissement dans ses terres. Le
lieu choisi pour cela fut Glanfeuil, au diocèse
d'Anpers. Mais, non content de leur donner
l'emplaccmcrit, Florus voulut encore avoir l'hon-
neur de bâtir le monastère. Et la première pierre
qu'il y mit fut une pierre vivante, ce fui son
fils unique, Bertulphe, qu'il confia à saint Maur.
RESURRECTION D'UR ARCHITECTE
Pendant qu'on travaillait à la construction cj
monastère, un architecte, envoyépar Floru;- pour
présider aux travaux, tomba d'un échafaudage
sur un tas de pierres et se tua. Maur le Tti aussi-
tôt porter dans une chapelle dédiée à saint Mar-
tin qui était déjà bàlie, et après une ardente
prière, lui ordonna, au nom de saint Benoît, de
se lever et de retourner à l'atelier, exciter au
travail les ouvriers encore effrayés. Floru?.
témoin de ce miracle, porta dès lors au saint abbé
tant de respect qu'il n'osait plus s'approcher de
lui.
SON BIENFAITEUR DEVIENT SO.N FILS
Florus avait donné ses biens et son fils unique
à Dieu, mais il n'était pas encore satisfait; car
il lui restait quelque chose à donner, c'était
lui-môme. Le roi Théodebert eut peine à y
consentir, mais il céda enfin à ses sollicitations
et lui permit de quitter l'èpée pour le froc. Il
désira même assister à sa vôture et vint pour
cela au monastère.
Il s'y rendit, dit Montalembert, avec toute
cette pompe que la race de Clovis avait si
lonfjtemps empruntée aux traditions de l'empire
abattu; mais, tout revêtu de sa pompe, dès
qu'il aperçut Maur, le roi franc se prosterna
devant le moine, en lui demandant de prier pour
lui et d'inscrire son nom parmi ceux do ses
frères. Il présenta son jeune fils à la communaiiié,
se fit désigner spécialement ceux des moines
qui étaient venus du Mont Cassin avec l'abbé,
demanda leurs noms, et les embrassa ainsi que
leurs frères. Puis il parcourut les lieux réguliers,
et mangea avec les moines au réfectoire.
Florus obtint ensuite que le roi servît de témoin
à sa prise d'habit. Après de nouvelles donatious
au monastère, Florus déposa sur l'autel son
baudrier militaire, et s'asjenouilla devant le roi
qui, à la prière de l'abbé, lui coupa une pre-
mière mèche de cheveux: les autres seigneurs
achevèrent de le tonsurer complètement.
Au moment de quitter le monastère, le roi
voulut revoir son ami revêtu du froc, il l'exhorta
à honorer ce nouvel habit comme il avait honoré
la vie séculière, puis se jeta dans ses bras, et y
resta longtemps en pleurant, avant de s'éloigner,
muni de ta bénédiction de l'abbé.
l'arbre qu'il a PLANli 6RAND1T
Florus vécut douze ans sous la conduite du
saint abbé, et y fit de tels progrès dans la vie
spirituelle, qu'il devint un homme consommé
en vertu. Au bout de ce temps, il mourut en
odeur de sainteté.
Un tel exemple ne pouvait manquer d'être
imité. Aussi beaucoup de seii-'iieurs francs aban-
diinnèrent-ils le monde pour venir chercher la
paix dans le silence et l'austérité du cloître,
et Maur vil jusqu'à cent quarante religieux
réunis sous sa direction. Mais, comme de nou-
velles demandes pressaient chaque jour le saint
ablié, il bâtit dp tous côtés de nouveaux moiia--
t' res et on vit la Règle de saint Benoît fleurir
dans toute la France, pour la transformer et en
faire la magnifique France du moyen âge.
XETRAITE DE SAINT HADK
n y avait trente-huit ans qu'il dirigeait sa
sainte communauté. 11 la voyait féconde en ver-
tus non moins qu'en sujets, et il rendait gr&ces
i Dieu des proiTu? de ses chers disciples.
Se souvenant alors de la prophétie du bien-
heureux Benoît, il comprit que sa mort était
proche et voulut s'v préparer par une retraite
absolue dans la cellule qu'il s était construite
près de l'oratoire de Saint-Martin. Il convoqua les
Frères, leur communioua son dessein et les pria
de choisir un abbé qniies gouvernerait à sa place.
M Non, répondirent-ils en pleurant, nous ne le
choisirons pas. Puisque nous avons la douleur
de vous perdre, désignez vous-même celui qui
doit vous remplacer. »
Le Bienheureux se laissa toucher par leurs
prières; il choisit un noble et parfait relisieux.
Bertulphe, son disciple bien-aime,etfils de Floru'-.
Ce choix fut ratitié par les acclamations de la
communauté tout entière.
L'homme de Dieu lit asseoir Bertulphe sur la
chaire abbatiale et lui rappela avec une effusion
paternelle la tendresse et la sollicitude qu'il
devait apporter à sa nouvelle charge. Puis il se
retira dans sa cellule, retenant seulement auprès
de lui deux Frères.
Libre enûn de jouir de la solitude qu'il s'était
préparée, saint .Maur y passa deux ans et demi
dans la contemplation des choses du ciel.
LA PrSTE A GLANFEUIL — MORT DU SAINT
Durant cet intervalle, la peste, qui ravageait
alors le monde entier, sévissait cruellement,
en Gaule, et le terrible lléau ne devait pas
épargner le monastère de Glanfeuil. Saint Maur
fut iniraruleuscinent prévenu de son approcbi'.
Une nuit, comme il voulait, selon sa coutume,
entrer dans l'oratoire de Saint-Martin, pour y
répandre devant Dieu ses supplications et s<'s
larmes, il se vit arrêter par une légion d'e>prils
infernaux.
Leur chef lui dit : « Tu es venu d'une région
étrangère, tu as entrepris de longs voyages pour
nous chasser de ces lieux où notre empire était
llorissant. Bient<it tu verras jusqu'où s'étend
notre puissance de destruction. Je vais sévir
contre tes religieux et les décimer par la mort.
Je triompherai de loi, et la communauté sera
anéantie.
— Dieu te confonde, Satan, répondit le Saint;
tu es menteur dans l'origine ; tu es le père du
mensonge. »
A ces mots, la vision disparut. Le solitaire
pénétra dans l'oratoire et demanda à Dieu, dans
une fervente prière, de lui révéler ce que signi-
fiait la menace du démon. Alors un ange
éclatant de blancheur lui apparut :
« Pourquoi te troubler, âme bénie, à propos
d'événements que le Seigneur a permis dans sa
sasesse? Le diable est le père du mensonge,
néanmoins, par ses conjectures, il peut annon-
cer quelquefois la vérité. Ce qu'il t'a prédit ne
vient pas de lui-même; c'est l'ordre de Dieu.
Les paroles qu'il a prononcées sont vraies dans
une certaine limite. Il est certain que la plus
grande partie de cette congrégation sainte sera
bientdt appelée à paraître devant le Seigneur.
Tel est le décret de la Providence. Mais il est faux
que l'ennemi des Ames doive y trouver aucun
sujet de triomphe. Car tous les moines, fidèles
à tes enseignements, attendront avec joie le
moment de l'appel divin. Tu auras la consolation
de les voir te précéder au ciel, où tu ne tarderas
pas à les rejoindre. >• •
A près a voir parlé ainsi, l'ange disparut. L'homme
de Dieu se rendit au monastère, convoqua tous
les religieux, et leur apprit ce qui venait de se
passer. Il les exhorta à se préparer à la visite
du Seigneur. Tous se préparèrent joyeusement
au dernier combat.
La mort frappa bientdt, et dans l'espace de
cinq mois, cent seize religieux moururent. D'une
congrégation naguère si nombreuse, il ne restait
plus aue vingt-quatre religieux.
Le bienheureux Maur à son tour, fut atteint
d'une pleurésie. Voyant sa lin approcher, il se
fit porter devant I autel de Saint-Martin. Là,
étendu sur un cilice, entouré des vingt-quatre
disciples qui lui restaient, il reçut les derniers
sacrements, bénit encore une fois ses religieux et
émigra heureusement vers le Seigneur.
Il avait soixanle-douie an», dont il en avait
passé vin;;t tant à Subbiaro qu'au .Munt Cassin
et quarante à (ïlanfouil. Saint Hcnotl lui avait
[>rédit qu'il mourrait dans la soixantième année
de sa profession monastique. Cette prophétie se
trouva donc exactement accomplie.
Maur fut enseveli dans l'oratoire da saint
Martin, et de nombreux miracles ne tardèrent
pas à (iloriller Sun tombeau.
iiuLf -tféramt.y PiTirmoiraf. I. ru« Franv^oifl !•' f'âr
SALM HONORAT, ÉVÈOUE D'ARLES
FONDATEUR DE L ABBAYE DE LÉRINS
Féle le i 6 janvier.
Saint Honorât traverse la mer pour aller visiter sa sœur. — A sa prière, de grandes
vagues chassent de l'Ile les serpents qui l'infestaient. — Il fait jaillir une source
miraculeuse. — Il meurt entouré de ses disciples.
Les deux ile» de Le'rin«, jetres au sein des
eaux, sur les cAlc* de Provence, comme deux
iiacelle<> rem|)li<>s de verdure el d'- Heurs, ont
••t<- ap(ii-l<-e* par les poi';tes •■ la mervi-ille de la
ij.iture, la perle des eaux, l'aigrette de la mer, le
l'ir.idii' des lies ».
I iU's de l,'i tirtre pourraii-nt r('vpndii|uer
-, mais Lilrins a une uloire plus bell«- fl
quf nulle autre ne part.ipe, c'est d'avoir demi''
à 1 Kiîlise soix.iiile «niiits inscrits au marlyroloj-T
et plus de rini] cents martyrs.
Or, il est un nom uui plane au-dessus de ces
soiivi^nirs pleins de tiloire : c'est le nom de sain'.
il'Miorat.
Son histoire vraie nous a ''té racontcc p.ir
s.iinl Hilaire, son proclii- par«*nl. son di«ri|'l'- et
C»l
6011 successeur sur 1p sièi.'e i-piscopal d'Arles.
C'est eu le suivant que nous allons esquisser à
prauJs traiu la Vie do " grand saint Honorât ».
LE JEUNE l'ATHIClEN DE TOCL
l.a famille de saint Honorât habitait Tnul, dans
celle piirtie des (iaules ijui s'appela plus lard la
Lorraine. Elle avait coniplé parmi ses membres
des ronsuls et des ma;.'istrals de l'empire. Au
niilien du iv siècle, h l'époque de la naissance
de notre Saint, elle était dans tout l'éclat de sa
jîlnire.
Honorât était le sri'ond de la famille, il avait
nii frère. Vouance, plus ùf!é que lui, et une su'ur,
|dus jeune, du nom de Mnr;.'uerile.
I.e père, paJeii convaincu, r<>vait pour ses
enfants dos positions brillantes qui apporteraient
une illustration nouvelle à sa race.
l.a mère, dont l'histoire ne parle pas, serabl"
avoir été chrétienne. Mar;;uerite fut la i>reniiére
à se convertir à la foi. l.'iauocence et lu pureté
de la relicion chrétienne avaient chaimé son
cœur encore Ti>'ri.'i>.
Veiiance et Honorai l'imitèrent bienliM, maU-ré
l'opposition de leurs parents et de leurs amis,
et Unirent par gagner lear père à la foi du
Chrisl.
Les deux jenne» patriciens marchèrent bienlM
à grands pi» diiiis la voie des saints. Kn vain,
leur père i-hercha à les enpaifer dans le monde;
" Cette vie plait. mais elle trompe. •■ lui répondait
respecluens»>menl Hoiioiat.
Le père multipliait I. s rirhetaes entre leurs
mains ; les deUT frères distribuaient tout aux
pauvres.
(Combien tenr rbarili- fat liiréahle à Dieu! Le
trait sui\aiil l'indique : on ri'Onio qu'un soir,
après .imir «ervi un ^rnnd nombre de pauNres \
la poiie ilii palais. Honorai voii venir un lépreux,
il l'eiiibra—e .ilTeclueusement et lui sert à niaii-
(.•er. An-sili\l, le vi-^au-e du hqireux s'illumine
comme un a«tre, et il disp.ir.tlt : Honorât avait
reçu un ant."f ou le Hoi de» ancres.
Cependant, un projet plus héroïque enthou-
siasme j'AiiH' de Venance .1 .l'Ilonoral : le» n'rits
de saint Atlianase, exilé d.ui~ !•>« (îaules, avaient
ap(ln^ à nos nieux les nwM' ille» de la »ie de
saint .\iitfvine et de ses disciple» dans les dé*4>rls
de l'Kiîvpte. Le» deux ''
lat-'er leurs prpNri'». biu
,el apprendn? d'eux la nui. ni ciei.
»
LC9 AniBl-X
r.e fut une explosion de d"uleur dsns I.t mti-
son pal' •
. O bon
III père, potir
. . . I. I ...
it 11
dell
pni ' - 1 > 1 Ml. ■. ■m ■ ■■ H>il<i«-
Celui ■! ï'iii li'ii v consentir, ei louH les Iroia [ mai» les
se .!•■■ ■ ■ ■ M. M.'. •■
A
sans doute le pèlerina;,'e d'Honorat. car il ne
tartla pas à reprendre la route de sa patrie ;
(nais Uieu lui i eudil un frère dans la personne
de Jacques, ancien ol'licierdu roi de PerSe,Sa|ior,
qui élait venu cbeiclior sur le sol de l'empire
romain la liberté de servir Dieu. Les pèlerins
s'arrêtèrent ((uelque temps sur les ccMes de Tos-
c.ine ; car, près de là, dans ces îles de la mer
Tyrrhénienne, rangées comme les perles d'un
collier, selon saint Ainbroise, s'étaient établis
plusieurs monastères sur le modèle de ceux
d'K^'ypte et de l'alestine.
Honorât ir«-dilla pas moins ses hôtes qu'il n'en
fut édifié lui-nièiiu'. Puis, no- viiya«êuis lepreii-
ueiit la uier et viennent débarquer à Kp'jus où
l'évi^ciue saint Léonce, orit'inaire de .Nimes, les
reçoit comme un pèi-e. Désireux de retenir dans
Sun diocèse de si saillis personnages, il les con-
duit dans une solitude du cap Roux, en face
de In mer.
Honoratcroyait avoirtrouvé enfin son ermitage
Innt souhaité, mais de» visiteurs trop nombreux
viiiieiil bieiilAl en tioubh'r le silence. .Mors, ses
yeux se portèrent sur les Iles Lérins, tian<(uille-
meiit assises là-bas, au milieu des eaux bleues
de la .Méditerranée, et il exprima au saint évéque
le désir de s'y retirer.
Jadis, repaire redouté d'un fameux pirate
iiôMimé l.éro, les Iles l.éiin» étaient désertes au
temps de Pline. Kientât après, elles s'i-laieiit neu-
Slées di' villas romaines et de temples aux dieux
c la iiiei . Mais ces monuments, t4<iiibi-s sans
dont'- sous le fer des barbares, nN-t;iienl (dus
en ce moment qu'un amas de mines solitaires
infestées par les serpents.
C.onduiLs par siiiil Léonce, saint Honorai et
ses pri'iniersdi'^ciplesabo filent dans ce lie nouvelle
Thébaide ver» la lin de l'an ;iT.'i. Honorai prie le
Sei>;neur et les serpent* disp.iraisseiit. La mer,
dit une léoeiide. élevant ses lb>U, balaya pour
lOU|oitrs I. - luLs ri pilles, pendant (pii le
saint moiii sur un palmier, uloriliail la
pnissance iiu lies-Haut.
ynelques cabanes de br,inchaKes ni un oratoire,
telle tut, »an» doute. l'abliT- '■ ' rins.àses pre-
mier» jour«. Honorât, i ire pur s.iinl
Léonce. oITril le preiiiiii : icnlice dans
cet Utiiiue lepaire de la rapine et de l'idolAlrie.
M lis 1,1. ril'.l b- S.iL'iK IIP Ini iiivoie de» dis-
' • iilles. il l.iul 1 oiis-
I iii;.'es le b.'ilissint eu
une nuit, » dit la poétique leucnde du vruni/ .«>iin(
Uoni>i-ai, mar<|uant par 1.^ la rapidili' de celte
fondation.
Ton» ,-.•» iioMve!<nx .Trrivant» trouvent dans le
I un modèle.
il une ubbuye
lit.
IX sont moins purl<(s i
mplation «pie les liomme»
iiiacliiin tes v furent Uiu-
.<ieni<-iii ei n n eoni'
I l'i eut; aussi, les ,
exercices reli);ieux et les travauf se
Vn,
s *ur
Mil A
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' ' ' '
Il . . ttii III 11 n
1
A
fnlilr
*ll ftlt ^<>fl
ml de dr\enir
Jacques, l'apôtre de la Tarentaisc-, saint Loup
fjui sauvera Troyes do la fureur d'Attila, saint
LuchfT et ses deux lils Salonius et Véran qui
deviennent tous trois '-véques, s;iiiit Fauste de
Riez, Salvieii, surnonimé le Jérémie de sou siècle,
et Vincent de L»'rins, célèbres par leurs écrits
littéraires et apoloçoliques, enfin, saint Hilaire,
le parent, l'ami et le disciple bien-aimé d'Honorat.
LES TBAVAirX DE I.ÉRINS
La première occupation d'Honorat et de ses
disciples l'ut la prière. Dans cette éfilise, élevée
par leurs mains, au milieu du silence de la mer,
.es religieux se réunissaient aux différentes
heures de la journée pour y cliauter l'oflice.
C'était un beau spectacle que de voir ces
hommes, autrefois célèbres dans le monde,
cachés sous leuis vêtements ^'rossiers réunis au
pied des autels pour y apprendre la prière et le
travail !
La liturgie de Lérins devint bientiM célèbre
et plusieurs églises des Ciaules demandèrent à la
suivre dans leurs offices.
Après la prière, le travail était la principale
fonction des moines. Les historiens parlent de
la Kègle qu'Honorât donna à ses disciples, mais
aucun document écrit ne nous en a triuismis
les détails. Il est à présumer toutefois qu'elle
devait se rapprocherd'' celle des moines d'K^ypte,
puisque c'était leur vie qu'Honorât voulait intro-
duire en (iaule. Le travail manuel y devait donc
tenir une large place.
Dès lors, l'île chan^'ea de face. Les arbres sau-
vages tirent place aux plantations destinées au
servii-e des moines qui devaient, aut.uit que
possible, se suffire à eux-mêmes.
A la prière du saint fondateur, une fontaine
jaillit du sein d'un rocher, et cette eau limpide
est aujourd'hui encore la seule qu'on trouve
dans l'Ile.
Mais ce qui rendit surtout célèbre le mona.s-
tére de Lérins, ce furent ses saints et ses siivants.
\ cette époque Iroublé-e de la lin du iv siècle,
au moment où les Karbares. déchaînés sur l'Ku-
rope, incendiaient lus t-yliseset renversaient les
écoles, la Providence semblait avoir préparé,
dons cet Ilot de la Méditerranée, un asile à la
science et à la sainteté, pour en rendre ensuite
le trésor aux contrées \oisiiics.
Des barques léiièr.'s, longeant les côtes de la
Provence, d' im-iiinl Mi-s hommeset des enfants:
ils venai<'Ut cheecher auprès d'Honorat un asile
pourleui vieillesse, uu champ [lOiir leurs travaux,
une écolo pour leui s, jeunes années. Le bruit du
monde n'y arrivait que de loin, semblable aux
v.ii.'ii^.,.|.. la mer qui, pur uDJour calme, viennent
1,1 II ■'ans fiacas sur ces grèves tranquilles.
I. le m'>nastiqii<- de Lérins, placi-e sous la
direction de Sahii-n et de saint Vincent an temps
d'Honorat. devint IilmiImI célèbre dans le monde
••utier. On y ensiML'ii.nl, avec la théologie <t
f'K.irilnre Sainte, la lillératurc et les sciencf^.
'la division déjà reçue du tritium i-t du
' "Ih.
' ■ il nue véiiiahle Académie de savants, en
!-mps iju'um école de sainteté.
Il I. I at était liii-raérae très versé dans la
'.,\'j ' ir«, et saint Lucher, faisant allusion aux
- lie rire dont il '^e servait pour
7., disait-il, rendu .1 la cire cas
:' Il tornps. le Mint ahhé prenait avi
iii> <i>i' i>|<i' - religieux, et allait annoncer l.>
parnl" de Dieu dans les vallées des Alpes.
Mais il iious reste à parler d'une iiloire du
patriarche de Lérins, plus humble, mais non
moins heureuse pour le ciel.
l'île des vierges — SALNTE UARGUEItITB
A peine installé dans son île. Honorât, dit la
tradition, avait vu accourir sa sieur Margutrite,
désireuse comme lui de se donner à Dieu.
Honorât l'avait reçue et lui avait assigné pour
demeure, l'île voisine de la sienne où s'étaient
retirées déjà sainte tialla, la femme de saint
Ëucher et ses deux filles, sainte Consorce ei
sainte Tullie. Des jeunes vierges fuyant devant
les Barbares, des matrones échappées au meurtri-
et au pillage ne tardèrent pas à venirles rejoindre,
il s'élalilit bientôt dans l'ile de sainte Marguerite
un monastère de r>^ligieuses, destiné, lui aussi, à
voir Uturir les belles vertus de sacrifice et d'ab-
négation, plus touchantes et plus suaves encore
dans le cœurtimide de la femme que daus l'esprit
assuré de l'homme.
Honorât était l'âme de cette fondation. Une
fois établis dans leurs petits royaumes, séparés
§ar un bras de mer. Honorai et sa sueur ne
evaient plus se voir qu'une fois par an, à
l'époque des cerisiers en Heurs.
Marguerite trouvait ce temps bien long; et
plusieurs fois, elle avait demandé à son frère de
venir la visiter plus souvent, mais Honorât
demeurait inilexible. Marguerite, de son cAté, ne
pouvait aborder à l'île des religieux ; la loi de la
clôture lui en défendait l'entrée.
Dans »a conli.inte piété, dit une gracieuse
légende, elle s'adressa a Dieu : et Dieu, plus sen-
sible qu'Honorât, entendit la prière de la Sainte,
l'nefois par mois, un cerisier, planté sur le rivage
de l'île, lleurissait à la demande de Marguerite.
Honorât, alors, étendait son manteau sur la mer
et venait parler à sa vénérable sœur, trop heu-
reuse de l'entendre, des beautés du ciel et des
voies qui y mènent.
HONORAT, ARCnSVèùL'C D ARLES
Hélas! il fallut un jour dire adieu A ces soli-
tudes embaumées des brises de la m>T.
Parmi les barques nombreuses qui abonlaient
tous les jours au petit port de Lérins, pour y
déposer des jeunes gens pleins d'ardeur ou des
vieillards déjà mûris dans les combats de la vie,
ou vit arriver un jour une n.icelle qui portail les
magistrats et les notables de la ville d'Arles, la
vieille capitale desdaules.
Des divisions déplorables avaient éclaté nu
sein de cette Ktilise. L'évéque Krog avait été
chassé de s<in siège à la suit* de troubles poli-
tiques et envoyé mi exil ; il avait é|i' i im ! , -é
par Patrocle. Mais les partisans d'
dépossédé étaient nombreux ; il» son!'
émeute dans laquelle l'atrocle fni
Pour calmer les esprits irrités, il 1 mi
un hoiniiie assea n^speclé de tous les pailis pour
I amener la paix, «in jeta les yeux sur l'abbi- de
Léiins.
Le nom d'Honorat était pnpiil.iire sur les rivatreo
de la Provence et dans ; ' nlière. l> ch<ii v
ne pouvait manqui-r 1 de tous. Dans
cl espoir, les ,' " 1 I • i.iisp d'Arles se ren-
lir.-Ml à l.eriii l'-rrnt le saint moine de
li-ver '
L' • ours redouté les honneurs et
'■ ' " -'inrat hésii.T* i' •■■■^ ■
Mais la
, . ...< les iiispii..:. ..
tendreMf ? Il <^naulla Di^u au pied des t
et il lui sembla qu'il lallait se sacrilier pour b?
bien de lout un diocèse, pour le bien de cette
vénérable i-glis.» d'Arles, fondée par saint Tro-
phime, di-^ciple do saint Paul, t-t l'un des berceaux
delà foi dans b-s daules. 11 accepta donc la difli-
cile mission (|ue Dieu lui confiait, et se déclara
pr('t à partir.
11 voulut as*i-iter lui-même à l'élection de son
successeur, et remettre aux mains de saint
Maxime, choisi par les religieux, la boulette
abbatiale.
l'uis, il adressa, au milieu de ses larmes, une
dernière exhortation à ses lUs spirituels.
Itieutôl. une barque légère s'éloigna du rivage,
emportant dans ses lianes étroits Honorât et
llilaire, son lidéle dl^^ciple.
(In était à l'automne de 427. Honorât avait passé
plus d'uu demi-siècle à Lérins.
LES MERVEIIXES v'VK SAINT
Saint Honorât fut à Arles ce qu'il avait été à
Lérins : la personnillcation parfaite de la charité,
à tel pcùnt que saint llilaire disait : •' Si la cha-
rité voulait se faire représenter, elle devrait
emprunter les traits d'Honorat. i>
lléjas ! l'église d'.Vrles ne devait pas le garder
Ion;.'tenips. bieu ne le lui avait donné que pour
deux ans. Mais, en deux ans, un saint a le temps
d'opérer de grandes choses.
• Son premier soin, dit saint llilaire, fut
d'apaiser la disiorde qui avait précédé son élec-
tion et de r-'-unir tous les neurs dans une sainte
fraternité. Il cherchait à faire naître dans ses
enfants l'afTertion |>lut'^t que l.i terreur; il gagnait
au devoir plutôt qu'il n'y obligeait. Itii'nt6t,l'é;;lise
d'.\rles fut aus>i lloris>ante que le monastère de
Lérins. ••
LE DEDMIER DISCOURS DE SAI.NT HO.NORAT A SON PEUPLE
L'usurpateur l'atrocle avait amassé de grands
biens. Honorât en proliLi pour secourir les mal-
heureux avec sa charité admirable, et ne réserva
aue ce <jui était nécessaire pour la subsisUmce
fies ministres des autels. A la nouvelle de son
' alion à l'épiscopat, quelques-uns de ses
■ lits accoururent pour le voir; il les reçut
bonté comme il accueillait tout le monde,
:i. .- ne leur accorda rien de plus qu'aux autres,
I et ne voulut en rien, dit saint llilaire, relAcher
les règles ecclésiastiques en leur faveur ••.
Le saint iirihevêque se montra plein de lèle
pour réprimer b's abus (|ui s'étaient t'Iissés dans
le» diocts.s Voisins.
Cependant, il n'oubliait pas sarhùre Lérins. On
r '.cnute qu'il y n-viiit une dernière fois peu avant
1 ni'irt. Il put rontemiiler de ses yeux la ll<i-
...:.-.un merveilleuse de I arbre monastique planté
par ses soins.
II. .lu.iiuj' d'éL'li-.~ i i!.,iiv, V ,!,. Li fortune
' -, dcman-
■ III r formés &
'■ d'Hnnnrat pour remplacer leurs évéqaM
!■ lits.
I»e r'i .ur a .\rle», Honorât pr^V-ha tme der-
nière <■■!' !•• ".Mr de l'Kpiphanie. L'effort qu'il
>ux nombreux qu il avait
-er SCS fori'e>. Il lie pat
' elle de la maladie dtt
■ ' , I
demeurait souriant, parlant à tous des beautés
du ciel et des vanités de la terre.
Dominant sa faiblesse et déjà à moitié elacé
par la mort, il leur disait : >• Vous voyer combien
celte demeure corporelle est fragile ! .V quelque
raii:; que nous soyons montés, la mort nous en
fait bientôt descendre. Rien ne nous arrache à
cette nécessité, ni les honneurs, ni les richesses;
elle est commune aux riches et aux puissants,
aux grands et aux petits.
» .\h ! quelles actions de grâces nous devons à
Jésus-Christ qui, par sa propre mort et sa résur-
rection, a animé notre mort de l'espérance de la
résurrection. Il nous offre une vie immortelle et
nous délivre des craintes de la mort éternelle.
" Vivet donc de manière à ne pas craindre la
ftn de la vie, que nous appelons la mort ; atten-
dez-la comme un passaae à une autre vie. La
mort n'est pas une peine quand elle ne mène
pas au supplice. Sans doute, c'est une chose
dure que la séparation de l'âme et du corps; mais
une chose bien plus dure, ce sera la séparation
éternelle des damnés
» Si l'esprit, n'oubliant pas sa noblesse, sait
déclarer au corps une uuerre salutaire, au lieu
de se laisser souiller par le corps, il le purillera,
et ces deux substances s'uniront dans le ciel
dans une bienheureuse société. Les saints, .<it
l'Ecriture, seront exaltés dans la gloire et se
réjouiront dans leurs demeures, c'est-à-dire dans
leur corps, demeure des âmes. Suivez ces con-
seils, mes chers enfants, c'est l'hérilace que vous
laisse votre père et votre évéque Honorât; de
son dernier souflle, il vous invite au royaume
céleste.
» .Ne vous laissez point séduire par l'amour du
monde, il est bon de mépriser volontairement
ce que la nécessité nous obligera un jour de
quitter. Oue nul d'entre vous ne soit esclave de
I orgent ; que le vain écl.it des richesses ne cor-
rompe personne. Tout ce que Dieu nous offre
sur la terre doit servira notre salut, ce serait un
crime de le faire servir à notre perte. »
Se tournant vers son disci|>le Hilaire, le bin
vieillard dit avec tendres>e : •■ Kxcu-et-moi, je
ne puis pas dire Uiut ce que je voudrais. .•
llilaire fondait en larmes : ■• l'ère bien-aimé,
dit-il au saint évé(|ue, jesais que vous ne m'aban-
donnerez pas et que vous serez mon protect<>ur
au ciel ; mais, ce sont vos cruelles souffrances
présentes qui m'aflligent. — Oh ! répondit le
malade, que sont les souffrances du moindre
de tous les serviteurs de Dieu, en comparaison
des douleurs que tant de saints ont endurées
pour son amour ! ••
'■ .\vantde partir, nous (!■■ •: ■ I! ' ■ r. ,
pour ne rien laisser iii
comme il se l'éLiit propos , , , . i,,,-
cun de nous, nous priant, s'il oubliait quelque
chose.de le lui rappeler. ••
Enllii, il s'cndoimit dans la paix du Soigneur,
le neuvième |our après rKpiphaiiie de l'an 429.
Tous b'o habiUinls accoururent baiser une der-
nière fois son visage, sa main ou -••'^ pieds. On
l'ensevelit ave.- poinpr nu en ■..•» Ali»-
caiiips, et relie nécropole d' 'rr, car
l'MUiMUp voulaient nq^iser, ,■ rooit,
.iu|i' s des reliques iniracub-u .A Hono-
rât. L'an 1392, ce trésor fut tip- Je 1 e(|lise de
.Nolre-llainr île (fr.lie. et rendu aut moinr* de
t ■ .,,!.■
I. ll.llll'Mll.'. 'UMT. l>>l|S|)'S.tSS|S'
ii'^ : I !: !,t en larme > ; seul, le vieillard
Mi-i.i . s - ■ • . .1 I elrou* •
saintes.
Il"* juin '
L.I'M.r.i»--'
1 1.
I-'. I'
SAINT ANTOINE
Féifi le i 7 janvier. •
La tentation de saint Antoine au désert.
(Composition ne Ciapp<iri.)
SON ENFANCE
Saint Antnlnf naquit vprs l'an 2:iO, en Eayple,
dan» une famille rirhf des l)i<'ns >\i' ce monde,
mais ()ui firéférail le don de la foi ri l'or et à
I argent. Son père et sa ni<TP ne con«entirenlà se
d('cbari.'er snr per'.oniie du «oin d'él<'ver leur fils
e( di> former son caractère, mais lui donnèrent
oux-mèmes une éducation forte et sévire !'an>
lui permettre do fréquenter les écoles corrompue--
du paganisme : Antoine ne quittait pas la maison
pali'rnelle sinon pour aller à l'assenililée di^
fidèles, et, pendant lonplcnips, il ne connut qui'
>a demeure cl réalise.
47
Les parents d'Antoine furent donc les artisans
de sa sainlelé, car ils le préparèrent, dès ses pre-
mières années, aux luttes contre le démon en
J"exerçant au sacrifice; ils s* plaisaient à lui
apprendre à n'sister aux tentations de souriuau-
dise ijui assaillent dès l'onfance les fils d'Eve, et
tout jeune encore, rajjporto un auteur, il serait
demeuré a jeun pIut<^t que de toucher aux mets
de la table, ou seulement du les demander; il
attendait qu'on les lui oITiit.
A dix-huit aus, Antoine perdit ses parents et
se trouva possesseur de deux fortunes : l'or et
4a hoiine et forte éducation du chrétien. Nous
::!l"t>< voir eommeul il méprisa la première et
iv.i-ul il sut faire -valuir la seconde, pour
hil lin LTUIliI S.lilll.
Il . consacrer tout entier au
serM :. i I • cupé de celte pensée, U
Si- rendait un j'^ur a réalise, et chemin faisant,
méditait li* pa--sa^e où l'Evangéliste raconte la
vo.alioii des api')li-es, et nous montre ces derniers,
quittant et méprisant tout pour suivre Jésus-
Christ. La raanii-re de Tivrc de> premiers chré-
tiens, leur renoncement à loulr propriété, la
communauté des biens étailie entre eui. lui
revenaient écaleraeut à la
Antoine ■ ' ' ' '■ '
les paroi
dans TLiau-n' . ■ .-i ■ '.
allf?,, veiulei tout ce qU'
en le prix aux pauvres, .^..._
vous aurei un trésor dans le ciel.
ii'iiil |i.i- le .iiiii.iii- d'-Ti-^omplir 1' ^.
1 iij:na de ^
M - A; , , . ia le coi
Maître conàme s il lui eut été adresse persoiutei-
lenient, et, au sortir de l'é^'lise, il parta;:ea une
partie de ise» terres entre ses voisins, Mudit le
reste cl '^e? meul-Ie-, en distribua !•■ proiliiit aux
pauvres, ••rvanl qu'uni- faib''
pour l'ei ■ . K.i lurnr et 1>- ••ii'ii '
devait p'iul s aiT- ' ul et
Difu l'api'^ldit à ui
l'eu ai'iei, comni'' ii i.i.iiint la . i;i' de
rKvan:.'ile, relie autre pande vint fi i. ; ' : ^" -
rr-illrs : . N. ■■ • - :• ••
I •main. >• >
l,.i, '■ • -• — ■
Ull'
inéniiiire. A pfine
' utend lire
.r au riche
pas encore dans les déserts. Ils se contentaient
do se retirer dans des ermitages asseï rappro-
chés des villes ou des villa;;es. Saint .\nloine
lit la rencontre de l'un d'entre eux, vieillard qui
vivait là depuis son jeune àue, et se mil dés
lors en devoir d'imiter son ^eure de vie. Il s'éta-
blit à une petite distance de sa demeure et com-
mença rappientissai:e de la vie solitaire dont il
de \ ait être un des plus illustres rejirésenlants.
Il parla^'cait son temps enlrr le travail des mains,
loiaison et l'étude de l'Eiriture Sainte, dévelop-
pant ainsi son Ame, sgn intelli;:eni-e en même
t> uips qu'il morliliait son corps. Il visitait aussi
les ermites des enviroas, aun de s'édilier de
leurs bons exemyles et s'altachait à reuro-
duirc eu lui la rerta qai éclatait davanla^'e (laus
cliacun d'eux. En peu de temps, les pro^'rès du
nouveau solitaire furent si rapides <|u'il devint
le modèle de ceux qu'il était venu iniitiT et fui
surnommé le Detatle, c'est-à-dire l'adoiuleur de
Dieu, à cMMe de soa émineule piété.
Trn-ATIONS DV DÉMO.N
Mais le démon n'avait pas tu d'un œil indidé-
rent ce jeune homme quitter le monde et enrayer
sa su'ur dans la vie rcli^;ieuse; il prévoyait aussi
qu'une fuule d'àmes, attirées par ces LXriiiples,
(luiltrraient le iikoode pour se livrer à la pratique
des conseils évaii;:éliques. Les saints, en elTet,
ont de tout temps exercé et exerceront toujours
iiiiL attraction puissante et souvent irrésistible
'•■ s âmes qui les entourent. Kt si notre
I'' avait au milieu d'elle quelques ;.Tands
saints, nous ue la verrions pas languir dans les
CiHiviilsions d"» l'ajonie. Saint Anl"tne. à lui seul,
c! !>^sert* de ■ ' III' et de
I. . l'éUMmaiii . .icharne
à le Uiili. et a le persécuter mius toutes les
fnrnirs, pt^ndant plus de quatre-vingts ans. ('elle
II. = ■• : ' ' , ■ ' • . -i
r IM'
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l'il nous
liia il' < . -~...ie pour
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il'is forcrs, ou 11
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Or, h cette *poqi
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Il .'n . ['■•■ »oufTran'--^. I.i ii-jm-iir df l.i
p.ia>r<-lé -. - 'i'
II. luit, el ; I
reli;:i>'ii-^ ; i, '.i
pour
I. .Il
1 pb-ur»
-,•: J'.i
de rvlrail»: ilatix In umuoMMM» «.-t iw- p<FiiririU«ml I Autuin*-, |k.'U ia.->»uré --ui la '.4I1 w dr >> 11' rAiio-
nisation anticipée, deicande au nam de décliner
son nom, «t, apprenant que c'était Tesprit de
fornication, il le fait disparaître subitement en
prononçant uii texte deb psaumes.
SES aûKTU'lCATlOilb — COMBATS OOE LU LIVRE SATAN
Loin de se reposer ou de se relâcher dans la
ferveur, après cette première victoire, notre Saint
ne songea qu'à se préparer à de nouveaux com-
bats et s'adonna à la mortilicatiou avec une
aiduur plus prande; une natte et un cilice, quel-
quefois la terre nue lui servait de couche, souvent
il passait toute la nuit en prière; il ne mani-'eait
qu'unt fois par jour, après le coucher du soleil;
du pain, du sel et un peu d'eau composaient son
repas. 11 passait fréquemment deux ou trois
jours consécutifs sans prendre aucum; nourriture
el ne rompait le jeune que le quatrième jour.
Ju{<eani que .-«a solitude n'était pas assez pro-
fonde, il résolut de se cacher dans un tombeau
et u'tudiqua sa nouvelle retraite qu'à un frère,
char;:e de lui apporter un peu de nourriture à
des jours déteriuinés. Lorsque Antoine fut des-
cendu dans ce sépulcre,le Frère en ferma l'entrée;
mais, bientôt, Satan accabla le solitaire de tant
de coups que celui-ci ne put de quelque temps
faire un eeste ni articuler une parole.
Lu autre jour, l'ami du Saint, venant le visiter,
trouve la porte du tombeau brisée, et dans l'in-
tériiîur, Antoine étendu sans mouvement sur le
soi : il le char;;e sur ses épaules et le transporte
au villai:e. Li:s habitants s'assemblent pour
rendre les devoirs funèbres à leur compatriote
et passent la nuit auprès du corps, selon la
coutume des premiers siècles. Mais, lorsqu'une
paitiii- de la nuit s'est écoulée, tous se laissent
gugnei par le sommeil. Antoine, à ce moment,
revient doucement à lui, s'aperçoit que les assis-
tants sont endormis, à l'exception du Frère qui
l'avait apporté; il failsif;ne à ce dernier d'ajipro-
cber et le prie de le reporter sans bruit et sans
éveiller personne dans son tombeau.
Là, prosterné à terre, car il ne pouvait se tenir
debout, le serviteur de Uieu priait et se raillait
des elTorls du démon.
■' Me voici, disait-il, je suis Antoine; je ne me
carli.' pas, ji; ne fuis pas; Satan, je te défie, et ta
vioK-nre ne me séparerajamais de Jésus-Christ. »
Celui-ci, irrité de la constance d'Antoine,
l'attaque avec une violence nouvelle ; en un ins-
tant, le tombeau est rempli d'une multitude
d'aiiiiiiaux féroces, ours, lions, loups, pautliOres,
serpents, scorpions, taureaux, qui, tous, font un
bruit épouvanlalde. Le corps d'Âutuiue est cou-
vert de blessures et gémit sous les morsures de
■ ;iiaux, mais sou âme reste dans le calme
I x; Il fb'ij lii-ne si-s ennemis et leur dit:
\ ... .ntient
... vous
voulc;: iiielli.i.wi, •' puis il fait le s^^uie de la
Croix, et aussit'H, toute cette bande infernale
s'évanouit. L<;vaiil alors ses re(j;ards vers le ciel,
il voit une giande clarté; le tombeau, démoli
p. Il ' 1,1 celte lutte terrible, est en même temps
!■ 1 les douleurs de son cor(is disparaissent
MilMti-iiieiit. ■' Oii éliez-vous, bon Jésus, s'écrie
amoureusement Antoine, pourquoi ne m'avez-
v"v - •■1 !.. ..im j^.j )(. roinmencement. —
1 1 une voix, mais j'ai attendu,
.' I 11 de ta lutte, et inainlenanl,
:llariim<' lit coin bal lu, je t'aiderai
'' ii^ I ■ . ■ oiiiiailie ton iimii à la terre
entière.
n. SE a£IlBE OA^S LE DESERT
Saint Antoine avait alors trente-cinq ans.
Désireux d'une solitude plus parfaite, il s'enf'Tiii-a
plus avant dans le désert. Sur son chemin, il
trouve un plat d'argent; ne s'expliquant pas la
rencontre d'un pareil objet dans le désert, il
comprend qne c'est encore un piège de Satan,
et lui dit: " Que ton arpenf périsse avec toi .,,
aussitôt, le plat d'argent disparaît; à quelques pas
de là, il se voit en présence d'un inoni;eau d'or,
et, sans examiner d'où le précieux métal pouvait
provenir, il s'en éloigne rapidement, comme d'une
îlamme dévorante , traverse le Nil, gravit une
montagne au sommet de laquelle est un château
en ruines. 11 pénètre à l'intérieur et le trouve
habité par une foule d'animaux sauvages : <-eux-
ci s'enfuient à son arrivée. Le solitaire prend
avec lui de l'eau et du pain pour six mois et
ferme l'entrée de cette masure.
Retranché comme dans une forteresse, il
repoussa pendant vingt ans les assauts du démon,
ne sortant jamais et ne voyant aucun être
humain, si ce n'est les personnes qui venaient
deux fois chaque année renouveler la provision
de pain et d'eau et encore ne leur adressait-il
aucime parole, lorsqu'elles faisaient descendre sa
nourriture par une ouverture pratiquée dans le
toit.
L'n jour, il aperçut dans une vision toute la
terre couverte de lacets et de pièges par la malice
des démons. Et comme il se demandait en lui-
même qui pourrait les éviter, une voix lui
répondit: " Antoine, ce sera la seule humilité. »
Le soir, il se mettait à genoux pour méditer
les souffrances et la mort de notre divin Sauveur.
Toute la nuit se passait souvent dans la contem-
plation et les entretiens avec Dieu; et quand, le
lendemain, le soleil venait le distraire par ses
rayons et sa brûlante chaleur, le solitaire s'en
plaignait parfois : « 0 soleil, disait-il, pourquoi
viens-tu, par ta lumière, m'rHer la clarté de la
véritable et éternelle lumière ? )>
IL QUITTE SA SOLITUDE ET FONDE DBS U0NASTÈBE3
De nombreux visiteurs venaient pour s'entre-
tenir de leur àrae avec saint Antoine, mais celui-
ci refusait de communiquer avec eux. L'ne fois,
cependant, il rompit le silence pour rassurer
plusieurs personnes que le s|iectacle de ses luttes
avec le démon avait effrayées. La charité , en
elïet, est le plus grand et le premier de tous
le& commandements. Une autre fois, un tTind
nombre de personnes gravirent la mont i^
pensant trouver Antoine m^rt; mais, en s",i| j i .-
chant, elles l'entendirent chanter les louaii;:es
de Dieu. Dans l'anleur qu'elles avaient de le voir,
et sans tenir compte des protestations d',\ntoine,
elles se mirent a déniolir le mur. Le solitaire,
voyant que toute r'''-l-tance était inutile, sortit
avec un visage radiaux et plein de fraîcheur,
malgré son à^;e, ses mortifications extraordi-
naires, et ses luttes avec le démon.
A partir de ce tiioment, saint Antoine dut
renoncer à vivre dans la solitude. Des foules
énormes accoururent désoniiais vers lui, ei
Ix'aucoup dem.Tnderent de l'avoir pour maître
(lins la vie rp|i;.'ieii*e et cénobitique. Le Saint
l'i'innut la volonté de Dieu, qiiilla son eriiiiii-'-
pour aller foud'^r des monasl'-res qu'il vi^ii i :
siiiivent, forlifiaiit les âmt-s p.ir -f^ exhorUili .
et leur dévoilant les artili' es de Satan, ; i il
connaissait si bien, n Lesarmcs pour le chasser,
disait-il, sont surtout l'oraison, le jeune, le signe
de la Croix et le mépris. »
ON VIENT DE TOUTES PARTS POUR LB VISITKR
A plusieurs reprises, saint Antoine tenta de se
cacher dans le désert, mais toujours il fut décou-
vert et contraint de renoncer à ses projets. Ce
n'étaient pas seulement les chrétiens qui venaient
le voir, mais les païens eux-mêmes. Ainsi deux
philosophes, comptant se jouer de sa simplicité,
vinrent le trouver, en^'agerent une discussion
avec lui, et furent tout honteux de se voir con-
fondus par relui qu'ils avaient estimé un i>.'norant.
L'empereur Constantin lui envoya des mes!.a?ers
avec une lettre pour se recommander, ainsi que
ses enfant<, à ses prières. Saint Antoine ne
s"enor;.'ueiilit pas de recevoir une pareille amhas-
sade, et écrivit à l'empereur une lettre pleine de
sau'es conseils pour le gouvernement de l'empire.
L'autorité de ce patriarche de la solitude était si
|L.'rande que saint Athanase le manda à .Alexandrie
pour comhaltie les hérétiques, en particulier les
Ariens, et cnniirmer les catholiques dans la foi.
Toutefois, on ne put le retenir lonj-'temps dans la
(jrande ville, parce que, disait-il, un moine loin
de sou monastère est comme un poisson hors de
l'eau.
SES MIRACLES
Dieu, d'ailleurs, avait depuis lonfitemps récom-
pensé sa sainteté, en lui accordant des faveurs
merveilleuse-i et le don des miraclos. A partir
«lu moment où le Saint quitta sa solitude, sa vie
fut une suite de prodiges : 11 ilé|i\ra une quantité
de démoniaques, guérit un nombre incalculalile
de malades, dont quelques-uns étaient éloignés
de iui,ntjaillir des sources miraculeuses, dompta
des animaux féroces. Il avait aussi le don de
discerner l'état des consciences, et conuaissait
l'état des âmes dans l'autre vie.
SA MORT
Arrivé à l'àpe de 10.1
ans, il sentit sa fin
approcher, rassembla ses relipeux, leur donna
ses dernières instructions, leur détendant de
rendre de grands honneurs à son corps, et de
l'ensevelir à la manière des Efiypticns i ceux-ci
gardaient dans leur maison, le visa^'i- découvert,
le cadavre de leurs défunts). Il légua, par tes-
tament, une partie de ses vêtements à saint Atha-
nase, une autre à l'évéque Sérapion. et la troi-
sième aux moines qui rcnti<urai>'nt, et s'endormit
du sommeil des justes, au milieu du concert des
auges.
l'iie partie de ses reliques repose à Saint-
Antoine, prés de Vienne, en France, depuis le
X' siècle. Au siècle suivant, elles ont guéri un
grand nombre de personnes attaipiées du feu
sacre. Cn l'invoque pour les animaux domes-
tiques, sans doute en considération du pouvoir
qu'il exerça sur eux durant sa tie.Dans certains
pays, le jour de sa fêle, on bénit les chevaux et
les bétes de somme, de même que, dans d'autres
contrées, on bénit les chiens le jour de Saint-
Hubert. Le culte de ce grand Saint a toujours été
célèiiie dans l'E^ilise, et l'histoire de sa vie, écrite
par saint Aliianase, a décidé beaucoup d'Ames à
se donner au .service île Dieu.
liJip.-:/cru»i(, b. i'([iiuik.M>i , h, lui I i.iii. .1- I" l'.ui-
LA CHAIRE DE SAINT PIERRE
Fête le 1 S Janvier et le 22 février.
Monnincnt Bli;aot«s<iue AlevA en l'honneur de la chaire de saint Pierre, dans l'abside de la baaillqaa
de Saint-Plerre k Rome. Deux docteurs de l'EglISf Utlne (saint Ambrolso et saint Augustin) deux
de l'ÉKlise irrecque saint Athanase «t saint Jean-Chrv<:ostonae) soutiennent une chaire en forme de
fauteoll. Cette chaire, avec tou» se» ornements, est en hronze doré, elle p»so plus de 10 900 kilos et a
coûté 107|S51 écns. Dans ce reliquaire colossal est renfermée la Traie chaire do Prince des Apôtres,
repréientés dans la graTure salvante
LA ORA.NDF. AiMoiig OR DiRU A LA RAISON HUMAINE lenseignement cl de laulorité de révêque dans ,n>n
ICplise.
Deux fêles onl été instituées en l'honneur dp la
chaire de saint Pierre : la première, le J8 janvier,
Pourquoi fêter une chaire? C'est qup la chaire
«^(«iscopale (ou trône de l'évêquei est le symholc de
469
(■.
Dieu,
<t<inni
Il \ .
l'i-'
t' •
1.
dam
rélèbre le prince def ap6tres fixant à Itome le
siège délinilif de son on-*if;nenient divin; la seconde,
le 22 lévrier, honore son apostolat en Orient et son
séjour à Antioche.
Par celte double fête. l'Eçlise catholique invite
tous les chrétiens h remercier Dieu d'un des plus
grands bienTaits dont sa Providence a honoré et
enrichi riiumanité.
Ce bienfait admirable, qui mérite les plus vives
actions de grâce de la part de tout homme aimant
la vérité, c'est l'institution immortelle au milieu des
hommes d'un docteur infaillible, assisté de Dieu
pour enseigner aux hommes, ses frères, les vérités
néceseairrs À leur vertu, à leur bonheur et à leur
salut éternel.
Hé quoi? Notre raison n'est-elle pas aussi un don
de Dieu ? — Assurément, et un don très noble; mais
son domaine est étroit, mais l'orgueil le veut fran-
chir et tombe dans les ténèbres; mais les passions,
mais l'ipnorance, mais le mensonge, mais les pré-
jugés, dévastent ce domaine. Depuis Adam pécheur,
jusqu'à Jésus-Christ, quatre mille ans se sont passés,
et au bout de ce temps, l'humanité se trouvait dans
un abîme d'incertitudes et d'erreurs, dont nulle
puissance humaine ne pouvait la tirer.
11 y a plus. I.e Dieu tout-puissant, notre Créateur,
dans sa bonté infinie, a voulu traiter les hommes
non comme ses esclaves et ses mercenaires, mais
comme ses flis adoptifs, et les appeler à jouir à
jamais de son propre bonheur dan» les splendeurs
éternelles du ciel. Or voi!.1 une destinée mrnntutetk
(l 'est-.i-dire au-dessus de la naturel, une deslinre
à laquelle la raison nnlurtlle ne peut atteindre par
ses seules forces, il laut donc que Difu ajoute à
notre raison et à notre nature les lumières surna-
turelles do la foi et lu perfection surhumaine de sa
gràcp.
Adam prévaricateur avait perdu, pour lui-même
et pour sa race, cette grAce del'adoplion divine; la
lumière de la révélation primitive s'était obscurcie
chez presque toutes les nations, à l'exception des
Juifs, que Dieu enseignait par «es prophètes. Alors
Dieu a envoyé aux titinimes, non plus des prophètes, l
mais son propre l'ils J.-us-Christ. .'^auesse éternelle |
du l'ère et Fils de la \ !■ i -^i- Marie Immaculée, Jésus- |
Christ auteur de notre raison, et cunsoiiiiuateur .
de notrf foi, Jésus-Christ qui nous a instruits par !
sa parole et nous a rachetés par sa mort sur la
croix.
jK.ns-cHiiisT rr »»int riKuag
Saint Pierre a puisé la vérité à cette source divine.
t> ii:il Pierre a entendu les enseignements du Fils
lie |ii. Il f;ijt homme, il a été témoin de ses miracles,
de sa niorl et de sa résurrection.
C'est l'ierre qui a dit à Jésus : « Saigneur, à qui
<ri<)n.«-n .iM.' i-u» avez U» paroles de la Vie flemciU . »
Et une nuire foi» : .. Vous élet U Chriat, PiU du
l> MIS dit & Pierre : • Tu r.<
' Jean, car et n'ett pa» la
I '■ ' I, I jui : ",- ' ij mon
!'• ' ■ ,'■'■-! 1,11, s U' Tuet
y '•■ r- .• et Ut
I
suffit plus, ils ont besoin d'un chef qu'ils puissent
vilir et entendre. Jésus, Sagesse divine, l'ignorail-il
donc "? Assurément il ne l'ignorait pas. Aussi (n'en
déplaise aux hérétiques de tous les siècles) tout
catholique sait, qu'avant de remonter au ciel, Jésus-
Christ a constitué saint Pierre son vicaire, son
représentant, son plénip6tentiaire, en un mot le
dépositaire visible ae son autorité.
C'est sur Pierre qu'il a bdti i'E'ilise, suivant sa
propre parole. Tout l'édiflce repose donc sur Pierre
et, parce fondement visible, repose sur le fondement
invisible et divin qui est Jésus-Christ lui- même.
Ainsi, en tant que Vicaire de Jésus-C.hrist, Pierre est
vérilalil"ment le Père, la Tète, le Moi, le Législateur,
le Pontife suprême, le Pasteur et l'Kpouxde l'I^glise
universelle.
Voilà pourquoi Jésus-Christ lui a promis l'infail-
libilité, prérogative indispensable à ses fonctions :
<i J'ai prti^ pour loi afin que ta foi ne défaille pas... Con-
firme les frére^. »
Toute Juridiction dans l'Eglise vient de Pierre,
Jésus-Christ ne la donne pas par un antre, car il
ne s'est pas choisi deux vicaires, mais un seul.
Toute la hiérarchie de l'K;;lise repose sur Pierre.
F.t tout pasteur qui ne reçoit pas sa mission de
Pierre est un faux pasteur : il ne vient pas du
Christ, il vient de lui-même, il vient do Satan
l'ennemi du Christ.
S.MNT PIERHE A ANHOOII
Après la Pentecôte, les apAtres, sous la présidence
de saint Pierre, se partaa^-rent le monde 4 évan«é-
liser, suivant l'ordre de Jésus-Christ.
Le prince des aprttres, après avoir le premier
rendu témoignage a Jésus-Christ dans Jérusalem
d'abord, puis dans toute la Judée et la Samari>',
après avoir laissé saint Jacques le Mineur, évéqiie
titulaire de Jérusalem et apAtre plus spécial des
Juifs, baptisa le centurion romain Corneille, le pre-
mier gentil entré directement dans l'E^tlise, sans
passer par la loi mosnlquo.
Saint Pierre . , ensuite la Syrie et l'Asie-
Mineure. .Vnti'i ilon la ville la plus iiiipoi-
tante de toute n de l'Orient; les ili>ciples
lie Jésus-Christ ' multipliés si rapidement
que, dans Petl' mi.-, on conim>' I^'r
r/ir<'(i>ii« du nom du Christ notre h re
prit la haute direction de cette riiifiwi.H' .His-
sante, et Aiiliortie devint pendant sept ans le rentre
de son apostolat et, par suite, le centre de l'K^lise
catholique.
C'est en souvenir de ce fait qoe l'Eglise rélrbre,
le 22 février, la fi't' de la Chaire de tainl l'irri- n
Anii'trhe, alln d'honorer le premier Pape romme
docteur légitime et suprême de l'Urienl aussi bien
que de l'ticei.lonl.
Mais la Providence n'avait pas choisi la c.ipitale
de la Syrie piiur être le siège délliiilifde In P.i{Miiie ;
le séjour de saint Pierre ii Antioche n'4tait qu'une
halte ilans sa marche vers l'Occident.
Antioi'h<-, jadis capitale d'un puissant royaume,
n'était plus i|u'un cbef lieu do prnvinie. dans l'im-
ti !■•■■: ,11
!.■
],,
le Hoi, j.-
■iix imtr,
iir, le
< Jésus
' ' ' Il : or l«»
Il ir 4mc tU
uu corpj, uM chef dc-cdu iiivi»iblc ne laar
^t.
I , - , lac
romain, et il ny avait plus de hairierrs entre
t,(l) Saimlt Oùk tt la SotitU r^moinr.
lesdtff j rents peuples qui vivaient sur ses rivages.
Tous obéissaient au sceptre de Rome. C'est donc à
Home que le cti>!f de l'Eglise devait fixer le centre
de son activité apostolique.
u Quelle nation, en elîot.ne comptait pas de nom-
breux représentants dans cette ville ? dit saint Léon-
le-Grand. Quels peuples eussent jamais pu ignorer
ce que Rome avait appris? C'était la qui; .levaient
être écrasées les opinion.s de la philosopliie; là que
devaient être dissipées les vanités d<3 ta sagesse ter-
restre; la que le culte des démons devait être con-
fondu; là enfin devait être d'-truiterimpiéli' de tous
les sacrifices, dans ce lieu même où une superstition
hahile avait rassemblé Inut ce que les diverses
erreurs avaient jamiis proiiuit. «
Après avoir porté la foi et fondé des chrétientés
dans te Pont, la Galatie, le Cappadoce, la Bithvnie,
saint Pierre revint
à la ville sainte de
Jérusalem, llérode
Asrippa y régnait
et, pour plaire aux
Juifs, venait de faire
mourir par le staive
l'apôtre saint Jac-
ques le Majeur. 11
arrêta de même
saint Pierre, se
proposant de lui
laire subir le même
sort, après \eZ fêles
-le Pàqufs Toute
ri:gli«e, dans la
plus vive an poisse,
priait sans inter-
ruption pour la dé-
li\Tance de son chef.
On sait comment
im ance lira mira-
culeusement de sa
[iri'ïnn l'aususle
.:nptif, malgré les
portes, les serrures
•■t les ^fardes d'Hé-
rode. Saint Pierre
quitta Jérusalem et
prit sa route vers
l'Occident.
I>REMir.ReCHAIRR HF.
Bour.
Chaire sur laquelle «'assit et prActiA saint Pferre à Rome. Ell«
a été orn^e «u moyen-Age d'incrustations d'ivoire et d'or em-
pruntées pour la plupart a d'anciens monuments païens.
- MM piEFinr. A
La seconde année
du récne de l'em
perenr Claude, au printemps de l'année 42, saint
l'ierre arrivait pour la première fois aux portes de
Rome. Il était accompagné de plusieurs disoi|ilps,
parmi lesquels l'évangéliste saint Marc, «.tint Apol-
linaire, futur éréque de Ravenne, et saint Martial,
futur missionnaire d^^ la (inule niériilionale.
Voilà donc le prince de» apôtres, cet bomme
«ans puissance humaine, qui na^niére encore ne
snnceail qu'à gagner ohscurément sa vie en prenant
rios poissons dans on lac de lîalilée, le voilà en pré-
ionr.- de la forteresse du paganisme, forteresse qu'il
doit conquérir à Jésus-Christ au prix de ses falitjues
et de son «an^s, [lour en faire la c.ipilale du monde
rhrélien. Or, il est un point de lliisloire romaine
qu'il ne faut pas oublier : «i le visie empire de
llomf Apportait rrrtaitip» facilités et des cadres
m.itérD'Is à rétaliliss>'m»iii du i liri^^lianisine, il lui
r.r I fi«ail rlu m^me r/mp ilcs obst.n lef fi nombreux
' t'Uhleit qiin 91 1 Kulise cilliolique n'avait
; ivine elle n'en aurait jamais triomphé.
Rome païenne, arrivée au faite de sa puisMoce,
f
était devenue le centre de toutes leq erreurs, de '
toutes les superstitions, de tout^f les passions et de
tous les vices. La constitution même de r»!!!,::^
reposait sur l'idoUtrie, c'est-à-dire le culte ! ^
L'empereur était souverain ponlife delousl-
et il était lui-même le premier dieu dé l'eiûi. :i,.
maître arbitraire des consciences, des biens, de-
âmes et des corps de ses sujets, disposant en un mr '
de ta puissance la plus complète et la plus ab^l.Il..>
qu'un homme ait jamais exercée sur ses sëmblaliî.^r.
Pendant trois siècles, l'enfer va déchaîner con'r..
l'Efflisij de Jésus-Christ toutes les ressources, Ia;i;.-
la puissance de ce colossal empire, qui s'enivrci i
du sang des martyrs, mais la victoire restera a
Jésus-Christ et à son Eglise.
L'arrivée de saint Pierre à Rome est l'un des événe-
ments les plus importants de l'histoire humaine (1).-
Nous ne pouvons
'aconter ici lou) l'S
détails de l'aposto-
lat de saint Pierre
dans la , capitale
du monde ancien.
l)ifons seulement,
pour en signaler les
principaux traits,,
que l'ap'Mre se ren-
dit d'abord chez les
Juifs fes compa-'
triotes. Quelques-
uns , sans doute, -
étaient déjà chré-
tiens. Le nombre;
dos fidèles augmen-
ta peu à peu parmi
les Juifs et surtout
parmi les Romains.
Le centurion Cor-'
neille, baplisé en
Palestine, était de'
la famille Cornélia,'
l'une des plus illus-
tres de Rome ; saint
Pierre baptise bien-
ti'il un autre membre
de cette famill". !•>
sénateur Pudciis • l
son épouse PrifciUe,
puis Pomponia (irœ-
cina (LucinP), l>iii-
me de Plauim-,
conquérant de I i
Grande-Rrelagiie.. t
protecteur de la famille Flavia. La brandi" ojd.ii->
de la famille Flavia, victorieuse de Jérusalem .r. f
Titus, montera bientôt sur le IrAne ; mais It
branche aînée, plus beiirciise encore, enib'
religion chrétienne et donnera au Christ .1
et des martyrs: le con<ul saint Klavius CI. iii.:ii«, l.i ,
vierge sainte Plavia PetroniJla, fille spiriluolle de '
saint Pierre, la vierge sainte Flavia nooMtilla ell
SOS serviteurs Nérée et .Vcbillén. i
En effet, l'Eglise raM../i."<.,> s'adresse à l» '
classes de la société couiine .i l/ius le» peu;
t.-rre, ft dès le temp< de «aniit Pierre, elle r.ui-,
d'S fidèles dans tous les ra nus de la hiérarchie so. i
I"
L-.
■ ■' M» des empereurs et le sénat jusqiji
lare».
naine est fondée. Saint Pierre, érri' '■
(i> Voir
/■L'Itnn. I.
.1 it't l'T''
nrriTaut *
Hiin» Mur G*rh<>t. Pnr-r rhr'",^n
de oe pouvoir le reproduire iei, Inule d'effne».
aui fidèles d'Orient, les salue au nom de cette Eglise.
I,es chrétiens de Rome ensevelissent leurs défunts
dans une catacombe située près de la voie .No-
mentane, et connue sous les noms de CcnnHerium
OttrUuttuH, ubi Pelms baptizabat. Les fidèles s"y
rendant aussi pour leors réunions. Saint Pierre y
baptise et y place sa chaire: C'est la pritriiere chaire
df Saint-Pierre a Hnine. — (Cette caUicombe oubliée
plus lard a été retrouvée de nos jours par Mgr Cros-
tarosa.)
Cependant les Juifs incrédules s'irritent contre les
fidèles, le repos public en est troublé ; Tan 47, un
édit de l'empereur (Claude chasse tous les Juifs de
Ronip. Saint Pierre, Juif d'oriyine, est obligé de
partir et retourne en Orient où il préside le concile
de Jérusalem.
DF.L'XIEIIK CHAIRE DE SAINT PIERHE A ROME
I. an 56, Claude meurt et Néron lui succède. Saint
P.-iul arrive captif à Morne. Saint Pierre y revient
à son tour. Il établit sa chaire dans la maison même
du sénateur Pudens, au Viminal 'ti. I.e christianisme
prend un développement immense, malgré tous les
obstacles.
Saint Pierre évansélise tout l'Occident, tant par
lui-ménie que par les missionnaires qu'il envoie
dans les diverses provinces. Saint Lin, Saint Ciel,
saint Clément, doricine patricienne, sont ordonnés
évèquespar lui et deviennent ses vicaires.
Mais voici la preaMère persécytion générale. Néron,
le plut cruel des empereurs, incendie pour son
plaisir la plus grande partie de Home. Le peuple est
furieux. Néron, pour se disculper, accuse les chré-
li'-ns,il en fait périr des milliers dans des supplices
atroces et inouïs. '
Pour varier les scènes de carnage et divertir le
peuplo, le tvran choisit, pour principal théâtre de
i'exècuiion des chrétiens, ses jardins de la plaine
vaticane qu'il ouvrit au peuple. •< Là, on peut voir
h son aise déchirer à belles dénis par des meules de
chiens furieux les disciples du Christ cousus dans
des peaux de bétes. Mais ce n'était pas assez pour
assouvir la férocité de Tigellin et de son maître; il
leur fallut des tlarabeaux vivants pour éclairer les
jeux que l'empereur donnait dans son hippodrome.
De loneiies file» de martyrs dessinaient l'encrinte
et le contour du cirque, éclairaient les avenues des
jardin". Chacun était vêtu d'une tunique de papyrus
enduite de cire et de poix. Un pal llché en terre, et
se terminant par une pointe aiKue, pénétrait la
gorte (lu iiiartvr, et l'obligeait A garder la tenu»'
dri^it'' .lun llaiiibeau. Au signal donné, les bourreaux
ii.cli'nciil le ffii a la tunique incendiaire, et l'holo-
raiisl'' commpnçait. A l.i lueur de ces torches
humaines, Néron lançait son char et men<liail par
son adresse les applaudissements du peuple. >■ ^Dom
tiiti'rnn'jer.)
Apres avoir fait un nombre immense de martyrs,
o'tte première persécution se ralentit, mais saint
Pierre f t saitil Paul en furent h-s dernières victimes :
saint Pierre sur une croix et saint Paul sous le glaive
donnèrent leur vie pour J>'jiis-Christ, l'an 6T. Le
tr Ilf^■■. 1 îii i-'uTé ou ilispers**, le pa»teur tué, le
liTi.nl 1'. I 'i'Ml ne devait-il p.T rester a jamais
désert ' Il II 'Ml tut rien, car le Christ est Dieu, et
A
U i^ :
liidr. I>
vler. ' :
' de »«inl Pl<Tr.' à RdOie.
<■ \r IHjtlnnT ri I.T ••Tori'le
.. • 'AHi t.imb^r 1-0 'l*Moè«
' ' ^ qur. !• Il jaa-
irrre à Heine, et
, \ ■ . I .
après que les empereurs païens de Rome, pendant
denx siècles et demi encore, auront rassemblé tout
ce qu'ils ont de puissance, à neuf reprises diffé-
rentes, contre la religion chrétienne, leur successeur,
Constantin le Crand, demandera le baptême.
Aujourd'hui la croix s'élève triomphante sur un
obélisque antique, au milieu des anciens jardins de
NiTon, devenus la p/<ic«; Saint-Pierre. Sur le tombeau
du prince des apôtres, vénéré du monde entier,
s'élève la plus incomparable et la plus vaste église
qui soit au monde, de telle sorte qu'aucun homme
depuis Adam n'a eu un tombeau aussi splendide
que ce batelier galiléen dont il a plu à Jésus-Christ
défaire son Vicaire sur la terre. .\ côté de la basi-
lique se trouve le palais du Vatican, la demeure
des Papes, car l'autorité de Pierre n'est pas morte
avec lui; elle est passée toute entière à ses succes-
seurs, et subsistera jusqu'à la un du monde.
I
PIERRE limORTEL DANS LA CBAIBE DR VÉRITÉ
«' Qu'on ne dise point, s'écrie Bossuet, qu'on ne pense
fioint que ce ministère de saint Pierre (Init avec
ui. Ce qui doit servir de soutien n une Eglise
éternelle, ne peut jamais avoir de lin. Pierre vivra
dans ses successeurs, Pierre parlera toujours dans
sa chaire : c'est ce que disent les Pères; c'est ce
que confirment six cent trente évéques au concile
de Chalcédoine... Ainsi l'Eglise romaine est toujours
vierge, la foi romaine est toujours la foi de l'Eglise;
on croit toujours ce qu'on a cru, la même voix
retentit partout; et Pierre demeure, dans ses suc-
cesseurs, le fondement des fidèles. C'est J<'>us-(^hrist
qui l'a (lit ; et le ciel et la terre passeront plutiM
que sa parole. »
« Pierre a parlé par Léon > disait le concile de
Chalcédoine. - Pierre a parlé par Ai;>tlhon, ► répétait
le troisième concile de Constnntinople. Et plus de
mille ans après, de nos jours le concile du Vatican
proclame que • Pierre a parlé et parlera toujours par
te Pnntife Homain. »
Comme on le voit, le Pape n'est pas chargé d'in-
venter de nouvelles croyances ; les vérités révélées,
objet de notre foi, viennent de Dieu, et c'est parce
qu'elles viennent de Dieu que tous les hommes sont
obligés de les croire ; mais le P.ipe a reçu de Jésus-
Christ le dépôt sacré de ces vérités divines, avec la
mission de les garder entières et pures et de les
expliquer au monde sans erreurs. Dieu l'assiste
dans celte fonction admirable, selon la promesse
formelle de Jéius-Christ.
.\insi, ti'iii homme est obligé de croire h l'ensei-
cnement inlaillible du Pape, en tout ce qui conrerne
la foi et la mor.ile, sous peine de d'^tobéir a Dieu et
de s'égarer loin du chemin du salut.
Quel est l'homme dont la conscience n'ait le
devoir d'être soumise k Dieu? Or le i'ape est, dans
le monde, l'interpri-te officiel et infaillible de la loi
de Dieu, la conscience de tout homme vivant rele\e
donc de l'autorité el de rens<-i^'nenienl du Pap-'. li
conscience de tout homme, disons-nou*. quel .|u il
soit : fidèle, prêtre, évêque, cardinal, maire, préfet,
député, ministre, général d'armée, président de
f'-publique, roi ou empereur.
Ain'«i la voulu le Créateur el le Mallra de t*us
le» hommes.
l.k irst le chemin de la vérité et du salât.
Prions Jésus-CtirKt de daigner, p<^>ur le bien du
monde entier, re- • ■ • • vrir sa puissance i-. i ..r.,'..
itilion» dont I lis de la vén' mI
.11] i.iiiil ttilt le ^ l'onllfe et M II
!'•■' Kl" • i
ri Me «oD raliqiitir'- aïooumeaUl.
■ Mcre.
■r y
/>■!>■/ . l'aiiiMt.vm,
rutt 1 i .ti » 1 ' i ,
SAINT KANUT IV, ROI DE DANEMARCK ET MARTYR
Fête le i 9 jani-ier.
Saint Kaaut assiège dans uns église par les ennemis do Olea, attend tranquUlement la mort
•n priant devant l'autel.
Depuis longtemps d(<jà, l'Eglise faisait goûter aux
peuples les fruits de la liberté chrétienne et de la
civilisation, etianation des Danois, féroceetsupersti-
tieuse, gémissait encore dani les ténèbres du paga-
nisme. Au ix* siècle, l'apôtre du. Nord, sain tAnschaire,
évangélisa ces peuples, mais les succès de son apos-
tolat, entravés par les guerres, ne furent pas assez
complets ni asse! durables. La semence évangélique
sembUitrestcren germe jusqu'en 1040. Alors apparut
le premier fruit d« sainteté du pays, le premier mar-
tyr du Danemarck, Kanut IV le Saint.
L( cbcn'alikh
Kanut était (lia de Suénon II. Le roi prit un
grand soin du jeune prince 5on Ûls, et le conna à des
miilres habiles. Kanut avait reçu du ciel des dons
excellents. Elevé dans la religion chrétienne, il l'em-
brassa loyalement et pleinement et y conforma cou-
rageusement sa vie, chose rare parmi les jeunes
seigneurs de son entourage. Ses maîtres étaient ravi?
de ce brillant élève qui oe leur apportait qu« des
consolations. Aux vertus du citoyen, il joignait les
qualités qui font les grands rois. Dès que l'àpe l«
lui permit, il montra quelle ét«it sa bravoure. Com-
prenant qu'il est du devoir d'un prince de défendre
te» sujets, il s'exerçaitsansctsse au mélierdes armes,
il se montra toujours supérieur aux jeunes seigneurs
delà courdeson père ; et bientôt il devint un niailre
consommé dans l'art militaire. A la bataille il était
le premier et il ne rpculait jamais, il faisait envie
aux plus valeureux. Dans la paix, il s'étudiait à habi-
tuer son corps 4 la fatigue, tellement que sa foro*
46 <(
dps eiivifux
C'(:taitiil.l. *
qui cail
nom. il
tloiinail 1«« plus rudes 3*14ats. A ^Oi^ les j.rami«i»
exploita iii jeune prince, les iiei>pli-ss<'cnaip»l d«ja:
M II a liérilé de la valeur de K.iiiiit lo (IramI en
in^me temps que de son nom. >> On en eut plus d'une
orîuve.
De noinbnnix l'irales infp-tjiicnl alors les nier?
du Nord. Us inena<^ lient * chaque instant de ruiner
le nant-inarck et lés oars environnants. Insouciant
des daiifîer? qu'il poarâil courir et ne prenant pas
parde â ^oii àf;e p^u avanc* encore, Eanut résolut
de les exteraiiner. Apres de glorieux combats où il
donna de s;i personne, sa bravoure lui fit remporter
sur les barbares une bnllante victoire. Le peuple
danois lut dar" ' .ti".r;,Mr,n mnis déjà on voyait
•• du jeune prince.
..i leurs, des assassins,
~ les crimes derrière un crand
Ht écarter Eanut du trône parce
qu ils redoutaient ses Tertui et l'austérité de se*
mœurs.
1.1 KonkLi DCS panccs DtTKonKs
A la mort de Soénon II, méprisant la Tolooté du
roi qui avait ckoisi Kanutpour successeur, les sei-
gni-urs, eniiflaia du jeune prince, ameutèrent le
peuple, répaB^innit l'or à pleines mains pour f'a5su-
rerdes partisans, et llaraid, surnommé le Fainéant,
boninie doux et bon. mais sans énergie et sans
aclivilé, fut placé sur le trône. Ce prince était plus
capable dolȎir que de commander. A ces bommes
criniliicls. UB fantôme de roi parut préférable a un
chef ( ournpeox et ferme, mais qui censurerait leur
conduite delestible Se Toyaiil al>andonné de ton
peuple, Kannt équipa trois Taisseaui et se retira
dans les derniers confins du Danemarck. I.à, il
reçut une ambassade de son frère qui l'inriLait k
Tenir partaper la royauté avec lui ; mail Kanut. crai-
gnant un piè|re de la part de ses ennemis, préféra
»'éloi(.'ner do pays. Il reçut un asile en Suéde. Eanut
cependant ne gardait aucun ressentiment contre sa
patrie, bien loin de la. il ne cessait de prier pour
sa prospérité. Toute la noble Tenpeance qu'il tira
fut il'iigrandir les possessions du royaume et de
porter au loin la renommée du peuple danois dans
sa guerre contre les barbares orientaux. Il risqua sa
Tie dans cette lutte, mais il en sortit victorieux. En
ce moment, Barald mourut.
il.SmOI( DI IAKDT
Depuis denx ans le peuple gémissait d« l'inertie
de llarald, il appelait de tous ses «crux le vaillant
Knnut. Ilarald étant mort en 1080, notre héros revint
dans sa patrie où il ceignit la courunne de ses
pères que lewiffrupe des peuples lui rendait. L'uni-
que but du nouvuÂU roi était la gloire de Dieu. La
11 . |.iité matérielle augmentait avec la justice du
"iiii-nient. Il ii«iire d'abnrd la paix extéiieure
I,. 'l;int 1. I ■ l.embes et les Estons
' '.-s Hi( :>(iur sa patrie un fléau
.11 -
ri U r
Afll, .i
\ *
I'»
d'fl.
dii: o:s ciMt)^uie dev;inl un oiistade insurmontable.
;int. t-n in«-iii'' temps qu'il exhortait par la
;1 ne cess ; ' de donner lui-niéiiie I»"? plus
be :ux exemples. Il linit avec la grâce de I):-u par
soumettre à la foi et à la vertu un grand noii:*ire
ib- Il s natures ;;i ii>?i>Tf s el bai bai es. M lis comme
nous le YecTftns, il resta encore asseï à» rebelles
pour susciter plus tard une réTolutio».
Ami de la justice el du bien de ses sujets, le roi
rèflait les imi'ôls et les diminuait; il f«il!ait sur
le> trésors riM aux, supprimait les dépMtses super-
flues et réprimait tous les abus.
VCBTtS OK lANCT
Au milien de l'éclat et des splendeurs d'une cour
royale, quel admirable S[ ectacle de toit ce nionar-
2ue honoré d'être l'humble servi'eur de Jf-sus-
hrist. 11 comprenait que l> • au Roi
étemel était la seule el verilsi eiir, et il
estimait pea sa couronne terrestie en comparaison
de cslle que la pratique de la vertu lui Hériterait
au ciel! La frugalité de sa table, la simplicilé austère
de ses halits contrastaient avec le f.iste et l'abon-
dance du moindre seigneur de sa cour.
Cependant il savait, quand il- le fallait, faire res-
pecter sa dignité et en imposer k tous par sa
majesté et par la crainte de sa juste autorité. En
voici un exemple:
Ln chef danois, nommé Eikill, avait rendu de
grands st'rrices a Suénon et A Kanut liii-inéme ;
celui-ci pour le récomp-'nser Jui avait dru tié la
jouvemupent de l'Ile de Bornbolm. Mais lorgueil-
feui Eik^ trônait dans son Ile coiLiHe un roi et
s'entoura d'un luxe el d'une pompt- sans frein. De
là des dépenses excessives, et pi
de ses finances il ne rougit pas c I
métier de pirite cl de oriitand. Lu juui,le lui Ue
Danemarck apprend que ton Tai*al, comme un
vulgaire larron, avait < . u
poasaé sur le* côtes
marchandises et r
Sans relard, kai..
s'emparer du coi
Il lut convaincu .
a mort malgré Li . .^
de sa famille. Plusieurs ^•
rents ou amis dl .LT.' .jT:
dérables au roi r ii> > .
• Il n'en sera [«a- • .
pas participer t un pareil crime, il ■■
un cnmc capital que de tuer un art
supplice lie mérite pas celui qui en a laii )iiir un
SI gr«f>d nombi* pour t'coiprtrtr dt leurs h r n^ ••
L'esprtt (l'Ut ' oniniander «u ciiifis; mais cului-ci
se révolte scL.«eul et ses convuiliM:t eulrolneut au
mal; il faut donc l'babituer a obéir. NuUe sa nt
monarque l'assujettissait sans ce!>se par de ti rnblei
mortifications. Il jeûnailfréqueniiner- ' - ''■«
festins royaux les pin* somptueux. r
'ils a ses seigneurs, et lui *♦ î,,...< ..>.... v. >.ii
■;iu et de pain.
] lefois, après de longuet "' l«i...i i»i:v»« mur-
II lieu de prendre un i ' t
la r tîit i)-.Tï« i'nrmidn t
' vnyail s<'
'1 inili'u '
inoinea. .Notrr saiiil Lnui» aura la liién
toi qui p.is^e tiTT p.irlie «le sa imil à
■. e ; I
c e«l
Hiipl
-liitri contre U inauvaitr vob.nlir des seigneurs icmps aux pUi'irs cl aux tal*.
L EGLISE KT L ETAT SOCS SAINT t\NlT
Kanut n'épargna rien potrr relever aux yeox de*
peuples la iligiiilé du clpp«ré caiholiqite. C'était
accomplir un acte de foi, et en même temps raelliter
l'influence civilisatrice de l'Fplise. Il ordonna <jue
les évêques eussent toutes les préropalives et tous les
honneurs rendus auiducs du royaume. Lui-même «e
plaisait a les honorer. Il considérait le pr*tre comme
l'ambassadeur de Dieu, et respectait prandement les
ministres des autels. Il était plus susceptible poor
leur honneur que pour le sien propre. Il châtiait
spTér«ment quiconque osait transgresser ses lois il
ce SBJ«t.
En même temps que notre glorieux roi travaillait
à la conversion des âmes, sa sollicitude s'étendait
aussi aux églises matéiielles. Il dépensait ses trésors
a la construction et à l'omenjentalion des temples
saints. Il fil don de la couronne royale qui ornait sa
t4le, â l'église de Roskild en Zélande; Roskild était
alors la capitale du royaume et son église sert encore
au-oiird'hiiide sépulture auxroisde Danemarck. Pour
tout dire en un mot, il apparaissait comme un saint
au milieu du peuple de Dieu.
•
MARIAGE DO ROI — SA GRAXDE CBASmi
Cependant Kanut devait' penser k choisir une
«épouse digne de la haute position de reine par son
intelligence et ses vertus: il crut trouver ce qu'il
chercliait dans Adélaïde, fille de Robert, comte de
Flandre et il s'unit h elle par on mariage chrétien.
La maison royale parut alors un monastère plutôt
qu'un palais mondain. Les deux époux se soute-
naient mutuellement dans la pratique du bien. De
ce mariape naquit saint Charles, surnommé le Bon,
qui succéda à son grand-père mat«rnel dan» le
i-omté de Flandre. Le parfum de la vertu charmait
tous ceui qui approchaient du roi. Pour préserver
ses oreilles de tout discours frivole et malhonnête,
Kanut chassa loin de lui les seigneurs de moeurs
dangereuses. Jamais une parole suspecte ne souil-
lait ses lèvres teintes si souvent du sang de l'Apneau
divin. Oieii, touché des efforts du saint roi, et rie sa
lid^-lil'^ a la crdce, le conduisait dans le chemin de*
vertus parfaites.
LE CONSEIL aoYAX
Peu confiant dans ses propres lumières, le
liienheureui Kanut résolut ne se former un con-
seil sur lequel il put cnmpter dans toutes les occa-
sions. A cette époque, les laies ne sont:eaient guère
a s'instruire solidement. Le roi assembla donc les
ecclésiastiques le» plus saints, les plus éclairés;
leur exposa la mission qu'il voulait leur confier et
'lés lors il «oiimit à leur discussion tout ce qu'il ne
croyait pas pouvoir résoudre par lui-même. Il écou-
tait leurs avis avec attention et déférence.
COMPLOTS ET TBAHISO.'HS
Cependant, l'enferne dormait pas et si Jésus-Christ,
le Hoi des saints, a «oullert, ses serviteurs doivent
s'attendre à passer au»«i par de nombreuse* Iribu-
latmn» ou ils ►■prouveront leur vertu et ajouteront à
I éclat de leur couronne. Kanut était as^ei vaillant
poor les supporter. Cnaltendant, la renom m<^e portait
dU loin à l'admiration des peuples la nom du roi de
lianemnrck. On vantait ses vertus cl l'on félicitait
-<■• «iijet' qui |f>iiit'.,iicnl de la justice et de la pros-
;■■ : Jv «ous un tel prince. Sur ces entrefaites, le
<l .iiois llarold, devenu roi d'Angleterre et parent de
"tre pieux roi, voit ses étals envahis par duillaume
le Conquérant, duc de Normandie. Ra&.<emb!ant
toutes ses forces. Harold livre à son adversaire la
grande bataille d'Hastings et combat en d''.- '^j r'',
mais il est vaincu et reste sur le champ de b.Tai'le.
A ces nouvelles, tristes pour le Danemarck, Kanvl
croit de l'intérêt de son pays de réclamer son Hro'»
d'hérédité à la couronne tombée du front d'Harolri.
Conquérir l'.Ancteterre, où son grand oncle avait
été roi, lui semble une entreprise aussi juste que
glorieuse. Mais tjuillaume le Conquérant prétendait
de son côté avoir un droit légitime au royaume d'Aï -
gleterre; et il faut bien le reconnaître, ses raison»
n'étaient pas vaines. Dans ce conflit. Kanut aurair
donc mieux fait d'en appeler au jugement du Pape,
le père commun des chrétiens. Cette démarche aurait
sans doute prévenu fa guerre et préservé sa patrie
du grand malheur que nous allons raconter.
Mais ne doutant point de la justice de sa ca'i«e,
Kanut ne songea qu'à préparer les moyens de la
soutenir: l'armée avait perdu sa discipline sous
; SnénonII,il fallait d'autres hommesque ceux-là pour
conquérir l'Angleterre. Le rois* mit au.ssitdt à l'œuvre,
il reconstitua une Ootte puissante au prix de nulle
fatigues et de mille sacrifices, il lui donna des chefs
dignes d'elle.
Pendant ce temps, Olaus, le frère même du roi,
le trahissait dans I ombre. II cachait son venin sous
des apparences de respect eld'amour. Cette trahi'on
lui était d'autant plus facile que Kanut, dont le
cœnr débordait de charité, ne pouvait soupçonner
une si noire malice. Le plan du fraticide était de
favoriser tous les projets du roi et puis de le rendre.
par ces mesures qu'on dénaturerait, odieux à. ses
peuples. Ainsi, Olaus se verrait porté sur le trône,
ou bien, pendant que le roi serait parti pour son
expédition, il prendrait en main le sceptre de ses
pères.
Le traître ne garda pas ses desseins pour lui, il
réunit tous les mécontents, les gens perdus de vices
et de dettes, tous ceux que la justice vigoureuse de
son frère gênait, il en fit des conspirateurs. Il leur
soufflait sa malice par les paroles enflammées et
passionnées qu'il leur adressait dans de fréquentes
réunions. On aurait pu croire que le démon prési-
dait en personne ces assemblées, tellement il y
avait de Tureur, de colère, de haine, dans tous les
projets que l'on tramait dans l'ombre. De grands
seigneurs, désireux d'être plus libres dans leyri
tvrannies et leurs vices, s'y donnaient rendez-vous.
paÉPAHATirs
Cependant Kanut réunit tous ses vaisseaux dam
la rad* de Lymliord. Le vent était défjivorable, ce
qui retarda le jour du départ; de plus, il fallait
attendre Olaus qui s'était chargé d'amener la plus
grande partie des troupes. Hais Olaus ne venait pAS
et tous ces retards n'étaient pas de nature k relever
l'enthousiasme des guerriers inoccupés. Cuitlaume,
l'adversaire de Kanut, préparait la lutte avec
ardeur; profitant de tous ces contre-lemps, il en-
voyait des émissaires qui fomentaient la division.
béjà le» troupe» commençaient a se mutiner; elles
ne voulaient plus obéir aux chefs. Sur ces entre-
faites, Kanut apprend qil' - '■' 'l. rp ni;.n« I» lrihl«-
sait. A la tête de quel<]i 1
la forteresse où ton fru' ,- ' ' ' , ' '.
le surprend au milieu de ses complice», le tait
arrêter et juper, et l'envoie prisonnier en l'Iandre
où il le confie a la garde de son beaii-frêre.
Mais pendant ce temps, une grmde partie des
irDiipes avait déserté, et rex|. dition en A: .l'-
Icire était nianquée. Le roi jiu'e i de son d«Tn r de
chdtier les déserteurs par des impôts ou aiii-ades
considérables. On commença à les payer dans quel-
ques provinces, mais ailleurs les rebelles se soule-
vèrent entraînant dans leur révolte une partie
des populations. Devant cet orage, Kanut se retire
à Slcswig, d'oiï il envoie en toute hâte un message
à la reine pour la supplier de se réfugier avec ses
•nfantsen Flandre auprès de son beau-frère.
PERSBCL'TIO.NS
Son cœur de père et dVpouz tranquillisé sur ce
point, Eanut n'oublia pas son devoir de roi. Il ne
tarda pas à reparaître à Odeusée à la tête d'une
petite armée, brave et fidèle. Les chefs des rebelles
avaient des forces bien supérieures, mais craignant
les talents militaires de leur maître ils n'osèrent
l'attaquer. Un d'entre eux nommé Asbiorn s'en
vint trouver le roi et lui déclara, avec force serments,
que le peuple était rentré dans le devoir et récla-
mait son pardon. « Ne le croyez point, répliquait
Benoit, frère du monarque, cet homme est un traître
qui veut vous perdre » .Mais Kanut dont l'àme était
si droite, ne put croire à tant de perfidie, et malgré
l'expérience des années précédentes, il ajouta foi au
messager des rebelles et attendit en paix.
Bientôt il apprit que les chefs révoltes, au lieu de
Tenir faire leur soumission, marchaient sur Odensée
pour l'y surprendre.
Pour comole de malh>Mir, le traître Asbiorn, que
le roi avait reçu à sa table et comblé de présents,
avait profité de son séjour ii Odensée pour nouer des
intrigues en faveur de l'émeute. La résistance était
donc impossible.
DEll.MtK? UOUB.MS
Le glorieux prince se rendit selon sa coutume
à r>^glise de Saint-Alban où il entendit la luesse. il
était accompagné de quelques guerriers restés
fidèles et de ses deux frères, Eric et Benoit. Bien-
tôt bii entend venir des gens armés qui vocifèrent :
•I Mort à Kanut! »Eric conseille i son frère de s'en-
fuir «eorètement pendant que lui et ses amis défen-
dront léglise comme s'il y était encore. ■< .Non, non.
répondit vivement le priniie, je ne fuirai pas. J'aime
mieux tomber entre les mains de mes ennemis que
d'abandonner ceux qui me sont attachés, d'ailleurs
on n'en veut qu'à ma vie. •. Le roi reste en prière
au pied de l'autel, offrant à Dieu le sacrifice de s;i
ne ; il confesse humblement ses péchis, déclare qu'il
pardonne à ses ennemis, reçoit la sainte coL.mu-
nion •■'. récite des psaumes. Pendant ce temps, Eric
et D-'ii"lt. entourés de leurs hommes d'armes, soute-
naient vaillamment aux portes le choc dci envahis-
seurs et s'elTorraient de repousser la force par la
force, en faisant des [>rodiges de valeur.
Une pierre lancée d'une main furieuse, du haut
d'une fenêtre, vol* à tiavers l'église et vient frapper
le rui a la tête. Kanut »•■ coiitrnte d'appuyer la main
sur l:i blessure d'où le >.iii^' A'i^chappail avec abon-
.1 I: . t lontinue sa piieie.
I ' I. bat ne cessait pa<.leschefides rebelless'im-
( ail' . eut de la réiistance des a^'<iéL'és et aussi de
Id II * de l'-urs propre; soldats gui hésitaient a
M'il> ' lieu ^aint. Ils ont de iiou>eau recours à la
u.ili ■ :. BifTi.i, .ippelé aussi Bleipon, se priisenle
en [ Il i-inf nl.nr • r' irinande à p.iilrt an roi. Le
pruu> i:<-:<"i: ic:..';! Je le laisser passer, mais
Kanut, a':li|;e de >u.i le sang couler a/ause de lui,
el touhaitant k loat p:ix la paix, donne ordre de
l'introduire. Le traître s'avance à travers l'église
jusqu'auprès du roi, s'incline profondément comme
pour le saluer. En même temps, il tire un poignard
ae dessous son manteau et le plonge dans la poitrine
de son maître qui s'affaisse sur les marches de
l'autel.
11 cherche aussitôt à grimper à la fenêtre pour
s'enfuir, mais Palmas, l'un des officiers, rejoint
l'assassin et lui porte un vigoureux coup d'épée, la
tête de Biffra tombe dans la rue el son corps ensan-
glante le pavé de l'église. A cette vue la foule des
rebelles pousse des hurlements de fureur, on esca-
lade les murs, on s'acharne aux portes, une grêle
de briques et de pierres descend des fenêtres dans
le sanctuaire, brisant et renversant les objets du
culte et les reliques des saints. Kanut, les bras
étendus devant l'autel, attendait la mort avec rési-
gnation, un javelot lancé du haut d'une fenêtre
acheva son martyre. Son frère Benoit, après avoir
combattu en héros, tomba à son tour percé de coups,
avecdix-septdeses compagnons. C'étaiten juin 1086.
Saint Kanut avait régné six ans.
CULTE DD SAINT MARTTB ,
Ainsi mourut Kanut IV, victime de son zèle pour
la justice et l'observation de la loi de Dieu. .Non
content d'avoir tué leur roi, les parricides voulurent
encore ternir sa mémoire qui était restée chère à
tous les gens de bien. Mais Dieu se chargea de ma-
nifester, par de nombreux prodigci, la sainteté de
son serviteur. Après la mort de Kanut, le Danemarck
tomba sous l'empire d'Olaus, le traître. D'autres
malheurs, la peste, la famine, toutes les contagions
désoléreiit le pays. Les pauvres Dat.ois mouraient en
foule sous les fléaux vengeurs; le roi lui-même n'avait
plus rien à donner aux courtisans qui se pressaient
ï sa table. Tous se rappelèrent avec douleur l'abon-
dance et la joie qui réi^naienldu temps du saint roi
Kanut et on rendit justice a sa mémoire.
Quelque temps après le trépas de son bienheu-
reuxépoux.la reine Adélaïde, revenue en Danemarck,
aurait voulu emporter en Flandre lesprécieux restes d*
Kanut; elle se rendit donc pendant la nuit au sanctuaire
où il reposait ; mais lorsqu'elle approcha du tombeau,
une lumière toute céleste se répandit dans le lieu
saint, la reine en conçut une grande frayeur et
résolut de laisser les reliques dans le tombeau. Le
successeur d'Olaus II, le pieux Kric III, imitateur de
Kanut, envoya des ambassadeurs à h..-.. ...^.ir pré-
senter au Pape les proces-verbaux o;: luira-
clesopérés au tombeau de son hcrolqui ,. cur
Le Souverain Pontife, apn's avoir mùn
miné ces pièces et pris les informations ii'
autorisa le culte du bienheureux Kanut sous le titre
de martyr. Ses reliques furent enfermées dans une
cbisse magnifique et exposées, dans l'églisede Saint-
Alban, à la vénération des fidèles.
Ce reliquaire, œuvre d'art reiiianjuable, fut re-
trouvé le ■.'^janvier 1S82, A l'occnsinn d'une répara-
tion de l'église de Saint-Alban. (in v Usait rin'ii ip-
tion >uivante.' •■ l^ ijhrtfux roi Kunu<, trahi [ oir
Jésus-t^hrist & cause de son zcle pour la relu'ioii
et de son amour pour la justice, par Blancnn, l'un
di" ceux qui mangeaii'nl a sa table, eut le r" — ■'
't tomba contre terre devant l'aiilid, |r« bi
• Il croix. Il mourut pour la Rloire d>- '••"
reposa en lui, le vendredi, 7 de juin
lique de Saint Alban, uiarttr, dont i'
les reliques d'Angleteire en Danemarck. -
Imy frratit , ] . r«titua«Mt. .^, rur ^r.,
SAINT SÉBASTIEN
Fête le 20 janvier.
Saint Sébastien attaché au but des arrhers,
accepte cette mort ignominieuse dans une prière ardente.
(Tableau do Sodoma.)
Sous le régne de DiocliHien. il parvint au prade
do ra[<>taine au premier bataillon de la garde
iini'cri'ilt.
Narbonne cl Milan se disputent la plnire d'aToir
vu naître re h'-m? chrétien. On peut dire qu'il
appartient à la fois à ces deux illustres villes, car
-ou pi;re était un noble gaulois, originaire de Nar-
liônn'-. et »a ii)iTf, une Milanaise.
Il roçul à Milan une <'-(lucation d'autant meilleure
(Il 'lie fut plu- chrétienne.
Il irmbrassa la carrière militaire sous le rôçne de
I empereur i^arinus, et ne tarda pas à se distinguer
par sa loyauté, son intelli^'ence et sa bravoure.
Ll DFFr.N>EL'R DKS CUBETIKMS
Les brillantes qualités de Sébastien l'avaipiit
rendu cher il l'empereur, et il habilaitgénéralcm'nl
le palais du prince. Gelui-fti ignorait que le capi-
taine était chrétien. Sébastien gardait ce secret, non
par manque de coura:;e, mais pour être en mesure
de secourir plus facilement ses frères les chrétiens,
emprisonnés pour la foi. Eu effet, l'an 303, une
çraade tempête s'éleva contre les discipl«t d«
Jésus-Christ. Sébastien, profitant des prérogatives
attachées à son sçrade, s'introduisait sous divers pré-
textes dans les prisons et il ne se passait pas de jour
qu'il ne vînt consoler les captifs et raffermir leur foi.
Au plus fort de la persécution, deux frères d'une
famille sénatoriale, Marc et Marcellien, refusèrent
de sacriQer aux idoles et furent condamnés i mort.
Les parents des deux confesseurs, qui étaient encore
païens, obtinrent du préfet de Rome, Chroma'e,
Un sursis de trente jours pour les faire revenir sur
leur décision. Les condamnés furent donc confiés
à la !,'arde du premier grefûer de la préfecture,
Nicostrate, et ils eurent k soutenir des assauts inces-
sants contre toute leur famille conjurée. La latte
fut terrible.
Déjà les deux combattants, ébranlés par Irs
larmes de leur père, de leurs femmes et de leurs
enfants, commençaient à faiblir, lorsaue Sébastien
parut dans la prison. Sa parole pleine de feu
ranima le courage des deux captifs, et elle produisit
une profonde émotion sur toute l'assistance, étonnée
d'entendre louer le Christ par un officier impérial.
Sébastien n'avait pas achevé son discours que la
femme du greffier Nicostrate, Zoé, se jetait à ses
pieds, et par ses cesles lui faisait comprendre qu'elle
implorait «on secours. Elle était muette di-puis six
ans. Sébastien fit le si^ne de la croix sur sa bouche
et elle employa aussitôt la parole recouvrée à
publier qu'elle professait la foi de Sébastien.
A la vue de ce miracle, Nicostrate, lai auui, se
jette aux pi)>ds du Saint. Demandant pardon aux
deux chrctims dont il a reçu la garde, il les débar-
rasse de leurs chaînes et déclare bien haut <;u'il
veut partager leur martyre. La famille elle-infrine
qui, quelques instants auparavant, s'efforçait d'ar-
racher aux confesseurs un acte d'apostasie, renonre
au culte d'- ' ' -t toute l'assemblée, fondant iMi
larmes, v ■ au Sei-'neur et déplore s.in
infidélité. Le i- lu'.u était vaincu au moment ou il
croyait remporter la victoire, et son œuvre de
perdition se transformait en ueuvre de salut.
Nicostrate pmlestait qu'il n'accepterait aucune
nourritur.! a\anl d'avoir reçu le ba[>ténie, mais
Séba-lu'ii. iiioiliTaut son ardeur, l'engagea à emme-
ner li'S l'iisoiinivrs dans .sa propre maison et lui-
même partit eu toute h&te pour aller chercher le
prêtre l'oly.irpe racliê im »nvirons.
-Nicostr.ii- r les prisonniers
p&r Ia viii« ire, les fit venir
dans - .h- s'étnunait fort
de cet' ' r le prit à part et
.!.■
U .1
'FI"
• C9 UCtJ
f»
guérir.
« l.e baptême seul peut accomplir ce miracle, •
rr; iiilent les convertis; et ri.iiid>', touché par la
^■['' <■ lurl .iveo ses deux enfants dans les rangs
.1
pr< Il
S.l . .
Le» -1. -■■
dans le. II I
du bauUme fut célébrée par le
1 iiis la maison de Nicostrate et
irrain aux nouvaui > iin-Uens.
. i'ie furent plongé» I.. premiers
> .■..rv; ils en sorlirrnt pleins de
force, KU' ris en méiue temps dans leur Ame et d*ns
lear r^rps.
Le père desdeiîT ' .i • Je lafoi.Ti .Vu,
était depui.'< <"■ : i de vioI • «
da goiiUc, et ou I iuii ' i>i,^ iir le porter n rL>i Muf*
de grande» douleur* i|uand on le déshabilla, et
comme le prêtre, pour soutenir son courase, lui
demandait s'il croyait que Jésus-Christ pouvait le
guérir en lui remettant ses péchés:
" Je crois, répondit-il, que mon Sauveur peut
m'accorderle salut du corps et le salut de l'Âme;
mais je n'implore que la remission de mes péchés.
Je suis heureux d'offrir mes douleurs au Christ. »
Les assistants fondfiient en larmes et ils deman-
daient à Dieu de récompenser la foi de son serviteur.
Polycarpe, s'adressant une seconde fois à Tran-
quillin:
« Croyei-Tous an Père, au Kils et au Saint-
EspritT
— Oui », répondit le vieillard, et il descendit d'un
pas ferme dans la fontaine.
U était guéri.
CONFIANCX KT COl'BACt
CONVERSIO.N DU PRKFKT Dl lOHI
Lesnouveaux baptisés demeurèrent dix jours dans
la maison de Nicostrate; sous la direction de Poly-
carpe et de Sébastien, ils chantaient les louanges
du Christ et se préparaient au combat. Embrasés
de l'amour de Jésus-Christ, ils demandaient à Dieu
la grâce du martyre. Les femmes et les enfants
rivalisaient avec les hommes de conllauce et de
courage.
Cependant, le sursis de trente jours s'était écoulé
et Chromace fit comparaître Tranquillin devant son
tribunal. Le sénateur le remercia:
•< Le di'lai que tous m'avei accordé, dit-il, a
conservé les enfants au père et rendu le père aux
enfants. »
Chromace ne comprenait point le sens de ces
paroles, et, croyant que Tranquillin avait triomphé
de la constance de ses llls, ordonna d'annot-i^^ (jg
l'encens afin que Marc et Marcellien pussent sacrifier
aux iilnles.
Mais Tranquillin, se redressant, dissipa les illu-
sions .lu préfet, déclara qu'il était chrétien et
raconta le miracle dont il avait été l'objet.
Chromace était, lui aussi, atteint de la goutte ;
mais comme une nombreuse assistance remplissait
le prétoire, il n'osa |>oiisser ii'"" '"'" '•'■s " '''r.i-
gations, et, fiisanl aiii'ter I r . a
cju'il examinerait sa ■ iu^<- K l.i ; i \ .■.
Le soir, il einoya • liercher serrelcinent le vieil-
lard, et. lnr<'iiie ■fran ;::llin fut intr iliiil dans ses
appai ' i de lui rév.lcrle remède
qui a ri«on. Il e«'Tya même de
le tenter par 1. l'ar^^i-nt.
u Cftt la t(ii -lit ifiii m"a
.r, . t i.j .1 a le
le mêmi- ■ lit. .1
■ ' t i voir ic j'i l'tre qui
uir, comme les caté-
■' "i" ■">.
.111 vint II >>ute hite saint Poly-
III. 1. I .1 . I .• i.r.'.fjii r'*nou-
I r la moitié
•J. ■ , Mr.
" Ce serait un tratic rrimim-l pour n'Hui deui,
répondit le Saint; mais Jé*us-i;iirikt peut éclairer
vos ténèbres et guérir tous vos maux, st tou* cr«yes
en lui de tout votre cuiur. >
Après un jeune de trois jours, Polycarpe al
.s. haslien retouriicrml nuprc* d« ritromace ai,
prenant sujet !. ' .i il> Im
p\rl'rent des • Jfreyé
driii.i: iir ij iiti» des
cali-. ue).
< .4*1 ( ii.i.iiik sa ù' uir-uir ' tai, leiiiplie d'idoles
d'>iiir«tique* Sébastien représenta qu'il ne pou>ail
servir à la fois Dieu et les démons, et il Tengauea
à faire disparaître tous les vestiges du culte de?
faux dieux. Le préfet y consentit et voulut envoyer
ses gens pour accomplir cette œuvre. Mais Sébastien
l'arrêta.
K Vos serviteurs sont encore païens; ils sont sous
la puissance du démon ; vos dieux peuvent encore
leur nuire ; c'est à nous, disciples du Christ, qu'il
appartient de bri-ser vos idoles. «
Il se mit en prière, et. plein d'une force surna-
turelle, il alla dans le palais et renversa toutes les
idoles qu'on y adorait. Elles étaient au nombre d«
deux cents.
Quand il revint, le préfet ne ressentait aucun
soulagement.
« Il vous reste quelque chose à briser, s'écria
Sébastien, votre foi n'est pas encore entière. »
Chromace avoua qu'il avait un cabinet plein d'ins-
truments d'astrolo"ie. Fis avaient été légués par ses
ancêtres à sa famille et on les conservait avec un
respect religieux. Sébastien s'éleva contre cette
nouvelle superstition.et son langage plein d'énergie
et de vigueur décida le préfet à renoncer à tous ces
objet.s qui empêchaient sans doute sa guérison.
Chromacf avait à peine donné son consentement,
que Tiburce son fils se précipitait comme un furieux
dans la salle.
" J'ai fait allumer deux fours, s'écria-t-il d'une
Toix vibrante de colère, et je jure d'y jeter Sébastien
et Poiycarpe si mon père n'est pas guéri. »
Avec cette foi sublime à laquelle Dieu ne refuse
rien, les deux chrétiens acroptèrent l'épreuve qu'on
leur proposait, et sur l'heure, ils se mirent à
d'truire ces derniers signes de la superstition. A
ce moment, un jeune homme éclatant de lumière
apparut à Chromace.
" Le Christ m'envoie, dit-il, pour vous guérir. »
.\ peine avait-il prononcé ces paroles que la goutte
di-paiaissait complèleraent. Le préfet se leva et,
■1 iiis l'élan de sa reconnaissance, il voulut baiser
les pieds du mystérieux médecin. L'inconnu l'arrêta:
•I Vous n'êtes pas digne de toucher l'ange du
Seisneur, vous qui n'avez pas été régénéré par l'eau
du baptême. »
A ces mots, Chromace se jeta aux pieds de Poiy-
carpe et de Sébastien et il les supplia de ne pas
différer plus longtemps son baptême.
Sébastien répondit qu'il devait se préparer à
recevoir un sacrement si auguste par le jeûne et la
prière. Il lui fit également comprendre qu'il allait
être obligé de sacrifier sa char.;e de préfet, l'une
des premières dignités de Home. En ces tristes
tfmps, un préfet devait présider des cérémonies
faiennes et persécuter les chrétiens, pour obéir k
le jpereur: un chrétien ne pouvait accepter de
tnlle-i conditions. Chromace se montra prêt & tous
lc< sacrifices.
Apit s plusieurs jours passés dans la prière et l.i
p'-nitcnce, le i>réfet fut enfin juffé disne d'être reçu
.TU nombre des enfanta de l'Eglise. Toute sa maison
et la plupart de ses nombreux esclave» suivirent
son exemple, et Sébastien servit de parrain à ces
'/uatorze cents convertis. Chromace donna la liberté
aux esclaves, mais la plupart voulurent rester 4 toa
service.
LA eaiNDi nmtéamom
Cependant la persécution augmentait en fureur
d'- jour eu jour; par ordre île l'empereur, on ne
ir. a plus vendre ou acheter sans être obligé
d ' iliir de l'encens aux idoles.
• ;hrnmace avait donné sa démission de préfet;
son vaste palais servait de lieu de réunion aux
chrétiens. Il possédait en outre de grandes pro-
priétés en Campanie; il offrit d'y donner asiK- k
ceux des chrétiens de Rome qui voudraient s'y
réfugier en ces jours de tourrants et d'angoisse.
Le Pape saint Calus désigna le prêtre Poiycarpe
pour les y accompagner.
Tiburce, (Ils de Chromace, devenu un chrétien
admirable, et Sébastien demeurèrent à Home.
L'officier, toujours sur la brèche, ne s'occupait que
de visiter et d'encourager les combattants, et il
parcourait les prisons, portant partout des paroles
d'encouragement et de salut.
Après le départ de Chromace, les chrétiens, tra-
2ués de toutes parts, trouvaient un refuge chei
astule, au palais même de l'empereur. Castule
était l'intendant des bains et des éluves.
Depuis quelque temps déjà, les fidèles tenaient
leurs réunions dans le plus grand secret, à l'abri de
la police, lorsqu'un faux frère surgit au milieu
d'eux. Il portait le nom dé Torquat. "Tout en affec-
tant les dehors de la piété, il menait cependant
une vie bien différente de celle des autres chrétiens :
son élégance, sa mollesse, sa gourmandise contras-
taient avec les jeûnes et les austérités de ses frères.
On le reprit sévèrement de ses défauts. L'hypocrite
promit de se corriger, mais il jura de se venger de
cet affront, et, nouveau Judas, il n'eut pas honte de
recourir à la trahison.
Grâce à ses artifices, les chrétiens ftirent surpris
dans une réunion. Castule, Tiburce, Marc et Marcel-
lien furent arrêtés, et le traître, pour se dérober
aux soupçons, se laissa conduire en prison avec les
martyrs.
Au milieu de ces tristes conjonctures, Sébastien
redoubla de lèle pour visiter ses frères captifs.
Fortifiés par ses exhortations, les confesseurs
supportèrent sans faiblir les tourments les plus
atroces. Tiburce, conduit hors de la ville, eut la tête
tranchée, Castule fut enterré vivcint sous un mon-
ceau de sable; Marc et Marcellieu, attachés à un
poteau, demeurèrent un jour et une nuit exposés
aux outrages de la populace ameutée. On les acheva
à coups de lance.
Trauquillin, leur père, ainsi queNicostrate, Claude
et trois autres chrétiens. Castor, Victorin et Sympho-
rien, furent noyés à l'embouchure du Tibre. Sainte
Zoé, femme de Nicostrate, fut pendue à un arbre
par les cheveux; on alluma sous ses pied» un feu
de fumier, jusqu'à ce qu'elle fût étouffée.
UAHTTRK DB SAINT séBASTIW
Sébastien, qui avait soutenu les athlètes du Christ
au milieu de ces rudes assauts, avait été épar;.'né.
Uai.4 son heure était proche, et Dieu qui avait béni
ses travaux allait lui donner la couronne.
Les délateurs poursuivirent leur œuvre et Sébas-
tien fut dénoncé à son tour. L'empereur Dioclétien,
qui avait une grande affection pour le brillant
officier, refusa d'abord de croire aux accusations
dont on le chargeait; mais sur les instances des
courtisans, il fit comparaître le chef de ses gardes
en s.i présence.
Sé'hastien comprit que l'heure du grand combat
tonnait pour lui.
« On TOUS accas* d'être chrétien, dit le prince ;
est- ce- vrai ?
— Oui, répondit le Saint, j'ai toujours cru qu'il
y avait de la folie à implorer l'appui d'une pierre
inerte que l'homme peut briser iiiijMinpmcnt. ••
A ces mots, l'empereiir bondissant sur son siév'-,
s'écria :
■• Je vuus ai toujours chéri et distingué pnniii les
priucipaux personnages de ma cour, et toici que
vous désobéisseï à mes ordres et insultex les
dieux!
— J'ai' toujours invoqué Jésus-Christ pour votre
salut et lajconservation de l'empire, et j'ai toujours
adoré le Dieu qui est au ciel. »
Le tyran, écuniaut de râpe, jura de punir sur-le-
champ le courai-eux athlète du Christ. Mais Sébas-
tien était ponulairf dans l'armée, et Dinclotien eut
peur (le soulever les soldais en les chargeant de
Icxérution du chef qu'ils chérissaient.
Or, il y avait on ce m^iment à Home, une troupe
d'archers Numides (Kabyles) à la solde de l'empe-
reur, étran;:ers aux sentiments qui remplissaient
l'armée, et capables des coups de mains pénibles
aux autres. Dioclélien eut recours à ces barbares.
Ils obéirent sans scrupules aux ordres du souve-
rain, et ils enchaînèrent comme un malfaiteur, le
brillant ollicier de la «arde, sans avoir égard à son
^.'rade ; puis ils le conduisirent hors du palais, le
dépouillèrent de ses vêtements, et l'altachérentpour
s'en servir comme d'une cible.
Sébastien, calme et intrépide, levait le» yeux vers
le ciel et rendait grâces à Dieu en priant pour ses
bourreaux.
Au sif;nal de leur chef, les Numides le criblèrent
de lléches et il? ne s'arrêtèrent que lorsqu'il leur
parut mort.
Pendant la nuit, la veuve de Castule, Irène, vint
enlever le corps transpercé. Sébastien respirait
encore. La courageuse chrétienne l'emporta secrè-
tement chei elle. Or, elle demeurait dans le palais
de l'empereur. (îrûce à des soins assidus Sébastien
recouvra la santé.
Tout le monde le croyait mort, et il pouvait san'
fieine se dérober à la râpe des persécuteurs. Mais
e noble officier avait assez lon:;temi>s combattu et
il ne voulait pas laisser échapper la palme de la
victoire. Dans l'ardeur de son lèle, il conçut le
généreux dt<^fiii de 'C dévouer une dernière fois
pour ses frérrs et de reprocher à l'empereur l'injuste
i-iuaulé qu'il ilèploy.iit h l'égard des chrétiens.
Aussi malfré les inslance» des fldéics, il alla se
placer sur l'escalier du palais, à l'heure où Dioclé-
tien avait coutume d'y monter.
Effrayé par cette apparition inattendue, l'empe-
reur croyant voir se dresser devant lui l'ombre
vengeresse de Sébastien recula épouvanté.
Il se remit cependant de son émotion, et, inter-
pellant celui qu'il prenait encore pour un fantôme :
Il N'éles-vous pas Sébastien, que .je condamnai,
il y a peu de temps, àétie percé de llèches ?
— Noire-Seigneur Jésus-Christ m'a rendu àla vie;
je viens en son nom vous reprocher tous les maux
dont vous accaiblez les chrétiens. »
Transporté defureur, Dioclélien ordonne d'arrêter
l'insolent qui vient réveiller ses remords et de le
conduire immédiatement à l'hippodrome où il est
assommé à coups de bâton.
Pour einp'Vher les chrétiens de vénérer les
reliques du martyr, on jeta avec mépris son corps
san;.'laiil dans un cloaque, où il resta suspendu à
un clou.
Mais Jésus-Christ voulut glorifier son héros deux
fois martyr. Il permit que Sébastien apparut lui-
même en songe à une sainte dame ae Uome,
nommée Lucinc; il lui révéla l'endroit où était son
corps et lui ordonna de le faire ensevelir prés de
la calacombe où reposaient les restes des Souverains
Pontifes. Cette noble chrétienne exécuta fldiMeiiient
cet ordre, et la calacombe où fut inhumé l'oflicier
martyr est connue sous le nom de Saint-Sébaslieu.
Sur son tombeau s'élùve l'une des sept grandes
basiliques de la ville éternelle. Près du cloaque où
son corps avait été jeté, se trouve la belle église de
Saint-André-della-Valle, où une chapelle lui e^t
dédiée. Saint Sébastien est invoqué avec saint lloch
contre les épidémies.
Au palatin, au milieu des ruines du fameux palais
des empereurs romains, doui la puissance ae>i
lus qu'un lointain souvenir, une chapelle attire
a vénération des fidèles, elle est dédiée à Saint
Sébastien, et occupe la place où il fut criblé de
!léches. — Ainsi disparaissent les ennemis de Dieu
ot ses amis sont dans la gloire sans fin.
r.
3
liUfi. -litrail, E. P<rir4(iaf. 1. rjf Kri:i,iii I", i'àrit.
SAINTE AGNÈS, VIERGE ET MARTYRE
Fêle le il janvier.
(Traduction libre d'une Vie alîribuée à siint Ambroise.)
Sainte Agnès sur le bûcher.
Agnès, l'une de« quatre grandes vier(;es de
l'Eglise romaine, triompha par le martyre &
l'àce de treize ans.
Elle revenait un jour d'une de« ëcoles où les
jeunes Olles étaient élevées (il y avait déjà à
Home des écoles pour les chrétiens); rencontrée
par le (Ils du préfet de la ville, relui-ci en fut
épris, etpour la séduire, il lui envoya des bijoux;
celle-ci le» repoussa comme chose très vile. Le
j»uiie homme revint i la rharc, lui faisant pré-
senter les pierreries les plus précieuses, et lui
proposa, par ses amis, des palais, des villas, une
fortune immense.
On dit qu'Agnès lui Ot répondre : « Retire-loi
de moi, source de péché, entretien de crime,
aliment de mort, je suis déji aimée par quel-
qu'un dont les joyaux snnt autrement beaux que
les tiens; il m'n engagi^e à lui par l'anneau de
sa foi, et sa noblesse, sa race, sa dignité rem-
portent d" hoaucoup sur toi. Il a posé son ■.i-Té'-
8J".);j'J
sur mon front, je n'accepterai jamais d'autre
amant que lui. Déjà, la chambre nuptiale est
pr^le; les concerts déjà se font entendre, et les
chants en sortent d'une société de vierges. Sa
Mère est Tierge, sou Père ne connaît aucune
épouse; les anges le servent, les astres l'admirent;
ses parfums ressuscitent les morts: à son toucher
les malades guérissent. Je lui garde ma foi; je
me suis donnée à lui avec un immense amour.
En l'aimant, je reste chaste; en l'embrassant, je
suis li)Ujours pure; eu le prenant pour époux, je
serai toujours vierge. Après, j'aurai des (ils
enfantés sans douleur, et ma famille s'accroîtra
chaque jour. »
A cette réponse, le jeune homme se sent saisi
d'une aveugle passion ; il en est dévoré, il en
tombe malade. Les médecins viennent dire i «on
père la cause de son mal. De nouvelles proposi-
tions sont faites à la vierge du Seigneur. Agnès
les repousse et déclare que rien ne lui fera
rompre ses engagements avec son premier liancé.
Le père, convaincu que rien ne pourrait résister
k sa dignité, s'enquit par ses espions, appelés
parasites, qui pouvait être le Uaucë d'Agnès. On
lui apprit qu'elle était chrétienne et, dès son
enfance, sous le charme de procédés magiques
qui la forcent i dire que Jésus-Christ est son
époux.
Havi de cette Douvelle, le préfet lui envoie de
nombreux appariteurs pour la sommer de compa-
raître devant sou tribunal. Il fait en secret les
plus belles promesses, à quoi succèdent d'hor-
ribles menaces. La vierge du Christ ne se laisse
séduire ni par les douces paroles, ni par les
discours effrayants; son visage reste impertur-
bable. Que le préfet cherchât à l'attendrir ou à
la terrifier, elle le regardait avec une sorte
d'ironie.
Symphronius, se voyant ainsi méprisé, mande
les parents d'Agnès ; mais comme ils étaient
nobles et qu'il ne pouvait leur faire aucune vio-
lence, il leur parle de leur profession de chrétiens
•t les renvoie.
Le jour suivant, il mande Agnès, la fait com-
paraître devant ton tribunal, et voyant m
persévérance :
. Tu veux, lui dit-il, conserver la virginiléTEh
bien I tu vas ftre obligée d'aller dans le temple
de Vesta, et là lu offriras les vénérables sacrifices
le jour et la nuit. » Agnès répondit: ■ Si j'ai
refusé ton Ois, homme vivant et doué d'intelli-
gence, comment peux-tu croire que je m'incli-
nerai devant des dieux privés de vie ? — J'ai
pillé de ton âge, répliqua le préfet Symphronius;
réilérhis, et ne t'expose pas ainsi k la colère des
dirox. •
Et Agnè»: ■ Dieu ne r«farde pas les années,
maM les s-ntimentade l'iroe. Mais je vui< que ta
cherches à m'arracher ce que tu n'obtiendras
jamai* de moi. Essaye donc tout ce que tu peni
faire envers moi. •
Symphronius, le préfet, dit: « Choisis: on
tacrifle avec les vi. r^.«« d* Vesta, ou bien Ja
t'eavoie avec les ^ dans une maison
publique Tu n'y li ...■ . ,as le^ rhr'<ti»n* qui
t'ont ensorcelée avec leur magie. Ou bien donne-
toi au culte de Vesta, ou bien accepte l'ii;uomiuie
de ton supplice qui va rejaillir sur tes parents. »
Agnès, avec une grande énergie: «Si tu connais-
sais mon Dieu, lu ne t'exprimerais pa;- ainsi. Je
connais la puissance de Jésus-Christ, mon Sou-
verain, et je me ris de tes menaces. J'ai foi que
je ne sacrifierai pas k tes dieux, et je ne serai
profanée par aucune souillure étrangère. J'ai
pour gardien de mon corps l'ange même du
Seigneur. Le fils unique du Dieu que tu ignores
est mon inexpugnable rempart; il m'est une
sentinelle toujours vigilante, un défenseur sans
défaillance. Tes dieux d'airain sont de vrais vases,
comme des marmites, et quant à tes dieux de
pierre, il faudrait les étendre dans les mes pour
éviter la boue. La divinité n'habite pas dans des
pierres inutiles, mais dans les cieux. Quant k
toi et à les semblables, si vous ne changez de
chemin, vous serei tous condamnés au même
ch&timenl, et, de même qu'on jette le métal au
feu pour foudre les statues, de même vous seret
condamnés au feu étemel, où vous subirex une
étemelle confusion. »
A ces mots, le préfet ordonna de la dépouiller
de ses vêlements et de la conduire dans une
maison publique, précédée d'un oricur annon-
çant que la vierge Agnès, sacrilt'ge envers les
dieux, était condamnée i la proslilutlon. A peine
dépouillée, elle avait défait sa chevelure, et voili
que, tout i coup, ses cheveux, poussant avec
abondance, la couvrirent tout entière, et leurs
frani.'oi la protégeaient plus que ces vêtements
mêmes.
Kntrée dans ce lien de bouta, elle y trouva
l'ange du Seigneur prêt i la recevoir et k la
protéger en l'enveloppant d'une lumière si écla-
tante que les yeux en étaient éblouis et que
l'apercevoir était impossible : c'était comme le
soleil dans sa splendeur.
S'étant prosternée pour invoquer le nom de
Dieu, elle aperçut une robe très blanche; elle
s'en revêtit aussitôt en disant : « Je vous remercie,
mon Seigneur Jésus, vous qui, me comptant au
nombre de vos servantes, m'avei envoyé ce vête-
ment. » En effet, il était si bien adapté an petit
corps de la jeune vierge qu'on croyait qu'il avait
été pr<-paré par la main des anges.
La maison de crime était tran.'-fnrmée en une
maison df prière. Quiconque y pén><lrait était
forcé d'adorer cette manifestation luiinneu^r de
la puissance divine. Le fils du préfet, auteur de
cas abominations, voulut venir à son tour avec un
certain nombre de ses compagnons de plaisir,
espérant pouvoir insulter la vierge et «nlisfaire sa
criminelle passion. Mai» il trouve le* jinne» gens,
eiilr»"» avaiil lui , changés, de furieux qu'ils étaient,
en admirateur». Il leur adressa de* reproche»,
les arruse de lâcheté; il entr» en »<• moquant au
lieu ou la vierge priait, il voit l« luiBiére qui
l'entoure; il n'en rend pat bommnite i Kiru. il
«'• ;;iii' e dans la lurniêro m'nie ; mai* »»anl
d iv'ir pu t'iucher Afiiè», il lomt"- '<tniiff<< parle
déni.n et il expirr. In de »•» intime» fniiiilien.
tr..uvi>nl qu'il re«le In-n l^nïtcmp». vut entrer
pour le féliciter de son succès et irouïe ce mal-
heureux sans vie. Aussitôt, il se met à crier :
« Très pieux Romains (oh! la belle piété I), cette
fille publique, par ces eucbantements, a fait périr
le fils de notre préfet. »
Cette nouTelle attira an théâtre près duquel
était la maison de débauche une foule immense
de peuple. Les uns disaient: « Cette fille est une
sorcière. >> Les autres : «.Non, elle est innocente. »
Le préfet, apprenant la mort de son fils, accou-
rut, lui aussi, au théâtre, et, étant entré dans
l'endroit où gisait le corps inanimé de son fils,
il se mit à Tociférer contre Agnès ; « 0 la plus
cruelle des femmes 1 est-ce ainsi que tu as voulu
faire sur mon fils la preuve de ton art sacrilège? »
Agnès répondit: « Celui dont il voulait accom-
plir la volonté, Satan, s'en est pour toujours
emparé. Pourquoi les autres qui ont voulu s'ap-
procher de moi sont-ils en parfaite santé? Parce
qu'ils ont tous honoré le puissant Dieu qui
m'avait envoyé son ange prolecteur, m'avait cou-
verte du vêtement de sa miséricorde et gardé
mon corps offert et consacré au Christ presque
dès mon berceau. Ils voyaient la gloire du Christ,
ils adoraient et se retiraient sains et saufs. Ce
jeune impudent, à peine arrivé, est entré en
fureur; mais, au moment où il étendait vers moi
une main criminelle, l'ange du Seigneur lui a
infligé la mort des damnés, comme tu le vois.
— On verra bien que tu ne t'es pas servie de
maléfices, si, par tes prières, tu rends mon fil»
à la vie. » Et la bienheureuse Agnès : « Bien
que votre absence de foi ne mérite pas une
telle faveur, il est bon que la puissance du
Christ se manifeste. Sortez tous, afin que je paisse
faire mes prières accoutumées. »
On sortit, en effet, et la vierge priant avec une
grande ferveur, l'ange du Seigneur apparut de
nouveau, lui donna un très grand courage et res-
suscita le jeune homme. Celui-ci, à peine rendu
à la vie, se mit à crier : « Il n'y a qu'un seul
Dieu, Maître du ciel, de la terre et des mers; les
temples ne sont rien; les dieux qu'on y adore
sont vains et ne peuvent absolument donner à
personne aucun secours. ->
Entendant de pareils discours, les prêtres païens
et les aruspices s'émeuvent et soulèvent parmi le
peuple une nouvelle sédition. On criait de tous
côtés : « A mort la magicienne 1 A mort la sor-
cière qui bouleverse les idées et rend fous les
espritsl »
Le préfet, voyant toute cette agitation, était
dans la stupeur; mais, craignant d'être compro-
mis s'il faisait quelque acte contre les prêtres
et s'il prenait la défense d'Agnès, il remit l'affaire
i son vicaire Aspasius et se retira.
Aspasius fit aussitôt préparer un grand bûcher
et ordonna qu'on y jetât la Jeune vierge au miliea
des flammes. A peine l'ordre accompli, les
flammes se séparèrent en deux parts. Elles brû-
laient le peuple révolté; quant à Agnès, aucune
ne l'atteignit. On attribuait encore le prodige
non i la protection du riel, mais aux enchante-
ments de la vierge, et l'on poussait d'incessantes
vociférations.
Au milieu des llain mes, A^nès s'écriait: «0 Dieu
tout-puissant, adorable, digne de tout culte ter-
rible, je vous bénis de ce que, par votre Fils
Jésus, j'ai échappé au danger; par lui, j'ai
foulé aux pieds les souillures des hommes et
les attaques du démon. Voilà que, par votre
Saint-Esprit, une rosée rafraîchissante est tom-
bée sur moi; le feu ne m'a pas consumée, et
l'ardeur de l'incendie se retourne contre ceux
qui l'ont allumé. Le feu s'éteint à côté de moi,
les flammes se séparent. Je vous bénis, 6 Père
digne d'être annoncé partout, de ce que vous me
permette! d'arriver avec intrépidité vers vous à
travers ces flammes. Voilà, que, déjà, je vois ce
que j'avais cru, je possède ce que j'avais espéré;
ce que j'ai désiré, je l'embrasse. Je vous confesse
avec mes lèvres, je vous désire de tout mon cœur
et du fond de mes entrailles. Ahl je viens vers
vous, ô Dieu unique qui, avec votre Fils Jésus
et leSaint-Esprit, vivei et régnez au siècle des
siècles. Amen. »
Cette prière finie, le feu était si bien éteint,
qu'on ne ressentait pas la moindre chaleur.
Alors Aspasius, ne pouvant vaincre la sédition
populaire, ordonna qu'on lui perçât la gorge
avec un glaive, et c'est ainsi que le Christ se
consacra Agnès, comme épouse et comme mar-
tyre, avec le sang virginal qu'elle répandit.
Ses parents, sans aucun regret, avec joie au
contraire, transportèrent son corps à leur villa,
près de la ville, sur la voie Nomenlana, et
comme la multitude de chrétiens y accourait, on
eut à subir les attaques des païens.
Presque tous, voyant le peuple infidèle arriver
avec des armes, prirent la fuite : quelques-uns,
pourtant, ne s'échappèrent point sans avoir reçu
des coups de pierre. Cependant, Eraérentienne,
sœur de lait d'Agnès, voulut rester immobile
au milieu des coups. Cette vierge très sainte,
quoique seulement catéchumène, disait aux
païens : « Misérables, cruels, vous tuez ceux qui
adorent le vrai Dieu et vous massacrez des
hommes innocents pour la défense de vos dieux
de pierre. » Tandis qu'elle prononçait ces paroles
et d'autres semblables, elle fut lapidée et rendit
l'âme près du tombeau de la bienheureuse Agnès.
Et l'on peut croire que, étant seulement catéchu-
mène, elle fut baptisée dans son sang, répandu
pour la gloire de Dieu et la foi de Notre-Seigneur
Jésus-Christ.
Au même moment éclata un orage si violent
que la foudre tua un certain nomb'e de ces
hommes impies qui avaient donné la mort à
Emérentienne. La nuit suivante, les parents
d'Agnès vinrent avec des prêtres et donnèrent
la sépulture à cette nouvelle martyre près du
tombeau de leur fille.
Or, ces mêmes parents venaient souvent passer
des nuits entières auprès du tombeau sacré.
Pendant une de ces nuits, ils aperçurent une
légion de vierges, v^ues de robes tissues d'or,
s'avancer, entourées d'une éclatante lumièri'.
Au miliea d'elles se trouvait Agnès , avec un
vêtement d'un éclat merveilleux, et à côté d'elle
un agneau plus blanc que la neige. Ses parenU
euiect dans une stupeur profonde, lorsque
Agnès, ayant prié ses compagnes de s'arrêter
un peu, dit à ceux-ci : " Gardei-vous de me
pleurer comme si j'e'tais morte. Héjouissei-vous
plutôt et félicitei-moi de ce que, avec toutes ces
Tierges, j'ai reçu un trône de lumière. Au ciel,
je sui» unie à celui que, sur la terre, j'ai aimé de
toute la puissance de mon cœur. * Ayant ainsi
parlé, elle s'en alla.
Cette Tisiou était publiée tous les jours par
ceux qui en avaient été les témoins. Après un
certain nombre d'années, elle fut rapportée à la
princesse Constance, vierge très sage, mais dont
le corps était couvert de plaies de la tète aux
pieds. On loi conseilla, pour rétablir sa santé,
de venir au tombeau de la Sainte, ce qu'elle fit
pendant la nuit. Et bien qu'encore païenne, mais
déjà la foi dans l'âme, elle répandait d'ardentes
prières devant le tombeau béni. Cependant, elle
est saisie par un sommeil très doux, et elle voit
en songe la vierge Agnès qui lui dit : « Agis
constamment. Constance, et crois que Notre-
Seigneur Jésus-Christ, (ils de Dieu, est notre
Sauveur; par lui, tu recevras la guérison de
toutes tes plaies. « A ces paroles, Constance se
réveilla entièrement guérie et il ne restait plus ia
moindre trac? de son mal.
Rentrée au palais, elle raconta le prodige à
Constantin Auguste, son père, et aux Césars, ses
frères. La joie fut universelle; l'impiété des
païens était confondue, la foi des chrétiens était
d.ins l'allégresse. Cependant, Constance prie son
père de faire construire une basilique à l'endroit
de la sépulture d'Agnès, alin qu'elle-même y
fasse préparer son tombeau tout auprès.
La foi des chrétiens assurait que ceux qui,
malades, venaient au sépulcre d'Agnès, étaient
guiTi<. Qui peut douter, en effet, que le Christ
ne rende la santé à ceux à qui il lui plail?
Constance resta vierge, ot elle eulraina par
son exemple une foule déjeunes Romaines à se
consacrer au Seigneur.
Les religieuses de Sainte-Agnès sont encore
aujourd'hui chargées de soi;:ner les agneaux
dont la laine sert à préparer les palliums «[ue
les Souverains Pontifes fout remettre aux ari lip-
vêques comme siL'ne de leur juridiction sur
les évêques de leur province ecclésiastique. Ces
agneaux sont bénis le 21 janvier dans la basiliqu-
de la vierge martyre. K. d'Alton.
U itrtnt . E. l'CfitiiWKT. — Ijuitiiikiic I'. Fi-no.» Vmi, 3 A J, rue llivsr.l. l'jn».
SAINT VINCENT, DIACRE ET MARTYR
PATRON DES VIGNERONS
Fête le 22 janvier,
Les anges soignent les blessures de saint Vincent dam sa prison,
et lui présentent la palme. Le ge6lier est saisi d'étonnement à la vue de ce prodige.
rooaouoi saisit vincimt fit dr rapides raosais dans
LIS sciiricu
La Tjlle de Haesca, eo Espaene, se clorifle
■l'aToir TU naître Vincent, que toute l'Eglise
vénère depuis tant de siècles à cause de son
».'lorieux martyre. Il est certain toutefois qu'il
fut élcTé dans la ville de Saragosse.
Ses parent?, Trais chrétien?, sonpiVent avant
tout à conservera Dieu l'enfant qu'ils lui devaient.
Pour se faciliter la tâche, ils le remirent de
bonne heure entre les mains de leur évéqne.
Ainsi préparé et sauvegardé par une vie inno-
cente, l'enfant Qt de rapides pm^ès, son intelli-
gence virginale s'ouvrit sans peine à la vente,
et il n'avait pas encore vingt-deux ans que, d>'-ji,
i , 67Ô
il fié-ieait parmi lesmailres. Il luoiilra, du reste,
qu'il en éUiil vraiment dijjne en renonçant aux
frivolités de ce monde pour s'attacher au seul
bien solide : le service de Dieu.
Le pasteur qui l'avait nouni en fit son diacre,
et se diVliaraea sur lui du soin de rompre au
peuple le pain de la parole de Uieu.
A l'exemple des Apôtres, notre Saint fit ger-
mer par ses sueurs, et plus lard par son sang la
foi de J'''sus-Chrisl qu'il avait semée dans lesàsaes
par ses discour».
C'était au commencement du iv« siècle; les
deux empereurs qui résinaient alors, Dioclétien
et Maximien, jurèrent d'exterminer du monde
entier la religion chrétienne.
LA FOURBBRIt ET LA CRUADTi •( LIOUIIIT CONTM
VINCKHT
Le prec Dacianus avait mérité, par son aver-
sion et sa haine du christianisme, le procousulat
d'EspaKne.
Cl C'était un suppôt de l'enfer, dit Siméon
Métaphraste, que Satan avait pétri d'&stuce et de
sauvai:e impiété. »
Loup cruel, il était venu dans sa province
altéré du sanc des brebis innocentes du Christ.
Il s'attaqua d'abnrd aux bersers. afin de pouToir
ensuite anéantir le troupeau tout entier.
Saint Vincent et son évéque furent arrêtés des
premiers.
Inexpérimenté déji dans l'art des persécuteurs,
Dacianus ne *oalat pas les livrer sur l'heure au
supplice.
<' Si je ne commence pas, se dit-il, par u.ser
leur force et leur volonté dans des travaux
accablants, je suis sûr de ma défaite. »
Il lit donc charger ses captifs de lourdes
chaînes, et voulut qu'on les menât k pied jusqu'4
Valence. Les soldats qui les conduisaient devai<>nt
encore ajouter à leurs souffrantes celle de l<i
faim, de la soif et des mauvais traitements.
Au terme de ce laborieux pèlerinage, le tyran
n'était pas encore satisfait. L'évéque, épuisé, ne
semblait vivre que pour avoir le temps de poser
sur ses cheveux blancs la couronne du martyre.
Vincent, dans la force de l'à^e, arait résisté
davantage, et Dacianus n'osait pas encore se
mesurer avec lui. Aussi ordonna-t-il d'enfermer
les vaillants confesseurs dans une obscure prison,
de les resserrer dans des liens étroits et de
redoubler leurs privations.
CM LONG HIKACU
■OUrraiK ir ne rAs ■ouait
Le proconsul ne voulut pas laisser périr ses
victime* sans leur infliger de nouveaux tour-
ments. Il se fit donc ramener les cjiptifs qu-ind
ils les crut asseï accablés. Cruelle déception t
1rs deux saints sont pleins de force et de santé I
Comme pour Daniel, le jeune a é4é pour eux
plu* -.ilutaire que Ic.t fi'-tiii> !
•• Pourquoi donc, demande le juge en fureur,
t-t-on nourri ces cnminch «lu-.» l'.ibf ridance? ■•
C'est en vain que les g- ' ti-nt de
leur entier» ol.éiiiçance, 1 . •■ pour
Ds' <ii lui dcK Lr l.i Mplendeur
du 1 tait plu.» li>rop* •!<• nruler
sur l'hcuie et que les chrétiens appr>Minent par
ton e.xeinple à respecter nos souverains?
» Pour toi, Vincent, que ta naiss.inoe et ta bril-
lante jeunesse me rendent si cher, crois à mes
sa::es avis. Allons, quel parti prenei-vous, répon-
dei"? Les plus grands honneurs récompenseront
une prompte soumission, sinon les tourments
vaincraient toute folle résistance. »
L'évèque se tut, car, malgré sa profonde
sa;;esse, il avait toujours été il'une grande can-
deur et simplicité, et, de plus, la vieillesse avait
presque glacé sa langue.
<■ Si vous le permette!, mon Père, loi «lit
alors Vincent, je repousserai en votre nom ces
suggestions impies?
— Autrefois, bien-aimé fils, reprit le Pontife,
je t'avais confié le soin de répandre la foi, je
t'arme aujourd'hui pour la défendre. »
Plein de la pensée de l'iinniortalilé qui l'atten-
dait, le bienheureux diacre répondit & Dacianus:
■• Tu as pris trop de peine pour nous faire
apostasier. Kenoncer à sa foi, blasphémer son
Dieu pour sauver sa vie, c'est une prudence qui
nous est inconnue. Sans aller plus loin, je te
déclare que nous resterons chrétiens, serviteurs
et témoins du vrai Uieu, qui vit dans tous les
siècles, et qui nous aide par sa grâce à mépriser
tes promesses, tes menaces et tes supplices. Nous
mourrons joyeusement pour la vérité, car de
telles souffrances nous vaudront le diadème des
élus; le trépas nous ouvrira la véritable vie. Que
cette chair mortelle serve donc de pùlure à ta
rage infernale? Notre &me restera toujours Adèle
à son Créateur.
» C'est Satan l'homicide insatiable qui tous
pousse k nous persécuter. Non content d'avoir
ravi aux hommes la paix de l'immortalité, Il
voudrait encore leur enlever la béatitude que le
Christ est venu leur offrir. Hélas 1 il ne réussit
que trop près de vous! il s'c-t fait votre idole,
car il ne voulait pas qu'une humble o)..'l-m.. ••
vous ramen&t au Dieu dont son orgueil 1
Uais, tandis que vous l'adorei, nous Ic
hoiiteusement du corps des possédés et il ne tous
soulève contre nous que pour venger ses humi-
liantes défaites, a
Dacianusa peine à se contenir tant il est ftarieu x .
• Qu'on emmène l'évèque en exil, s'écrie t il,
mais, quant à ce rebelle qui nous \ient outragir
jusqu'en public, appliquei-le à la torture 1 Pour
iirtlude de ce que je lui réserve, étendei-le sur
le chevalet et briseï tous ses membres. »
Tandis que, sous l'action des cordes et des
roue», tous les nerfs du martyr se rompaient,
tous ses os se disjoignaient, le gouverneur répé-
tait ironiquement :
<' Lh bien! Vincent, dia-moi quelle est tA foi,
maintenant?
— Tu réalises aujourd'hui, répond le généreux
athlète, le plus ardent de ni'-'- v.im iii n, ,
le plus cher des amis. Toi ^
d'- II-. l'I tu ni'élcves au-d'-
pour lesquels tu me doi i n
-ter mon mépris. Je t'i i ■ im-
diiiiiiiuc pas mon triomphe; je sui* préi à tout
|w)ur lainour d' fii'»ti Di'-ii I n--!' (oi donc rm
porter par ton
iw , |-.,„|,. ,lu
ta
qui lliri
mort, w
ordonn
niték au.
la
'•»
•I-
dent à c« tiibunal, obéis 1
C •■si
L" '-, saisit daa vcrite* et lla^ielle
ses li< ii'iii^ . Il l 'lUs 4tri trop lirhc* et trop
tiuiidrs dans votre besogne •>, leur disait-il.
Alors Vincent regardant doucement son juge :
<> Je vous remercie du service d'ami que vous
me rendez, de frapper ceux qui me frappent et de
maltraiter ceux qui me maltraitent. »
C'était jeter de l'huile sur le feu.
Des cris de bête fauve s'échappent de la bouche
dn magistrat. Il grince des dents et déchire le
martyr «le ses coups, tandis que ses satellites,
furieuï du châtiment qu'ils ont reçu, redotiblent
eux-mêmes d'acharnement.
Enfin, ceux-ci s'arrêtent tout essoufûê», à bout
de forces , ruisselants de sueur et tellement
oppressés qu'on les eût plutôt pris pour des
patients que pour des bourreaux.
Pâle, tremblant lui-même, les yeux étincelants,
Dacianus s'écrie :
u Non, je ne vous reconnais plus I Vous avei
triomphé des homicides, vous avez forcé les par-
ricides et les magiciens à dévoiler leurs complots,
les adultères n'ont pu vous cacher leurs secrets
honteux, et vous qui contraignez ainsi les autres
criminels à confesser ce qui doit les conduire à
la mort, vous ne pouvez faire taire un chrétien!
, Reprenez donc votre baleine un instant, mais
recommencez bientôt à déchirer avec des ongles de
fer cet ennemi des dieux, et faites enfin changer
ses bravades en plaintes et en gémissements. i>
Souriant encore, Vincent répondit :
« Oui, certes! les impies ont des yeux, mais
ils ne voient pas ; ils entendent, mais ils ne com-
prennent pas. Quoi ! l'on me persécute parce que
je confesse Jésus-Christ, fils unique du Père tout-
puissant, qui ne forme avec Lui et le Saint-Esprit
qu'un seul et même Dieu"? Voudriez-vous qu* je
cache la vérité"? Je comprendrais vos supplices si
je mentais, si j"adorais vos empereurs. Mais non,
continuez, je vous prie; ma constance tous prou-
vera, malgré vous, la sublimité de ma foi et le
néant de vos divinités. Vos idoles ne sont que
bois et que pierre. Esclaves de la mort, servez, si
vous voulez, ces simulacres inanimés; pour moi,
qui vis par le Christ, je ne sacrifie qu'au Dieu
ïivant,qui est béni dans tous les siècles. — Amen.»
C'en est trop I Dacianus ressemble à un ti;jre.
De son regard enllaramé,il cherche sur le corps
du martyrun endroit où il puisse frapper encore !
C'est en vain : comme ton divin Maître, le servi-
teur n'est plus qu'une plaie « et de la plante des
pieds au sommet de la tête, il n'y a plus en lui
un endroit qui soit sain », ses entrailles sont à
découvert: on aperçoit tous ses os rompus et
disjoints, et son sang coule à flots.
Un tel spectacle parait toucher le tyran lui-
même : •■ We pilié de toi, Vincent, ne méprise
pas ainsi la jeunesse dans sa fleur I Tu n'es encore
qu'à l'entrée de la vie, n'abrèiie pas ta route !
cède enfin ! épargne-toi de plus durschâtiments >.
Le Sauveur avait dit : « Quand vous paraîtrez
devant les tribunaux pour la gloire de mon nom,
l'Esprit-Saint lui-même parlera par votre bouche.»
La réponse du bienheureux diacre fil comprendre
aux chrétiens présents, que cette promesse s'était
réalisée pour lui.
•' langue de vipère, »'écria-t-il, pourquoi ten-
ter davanta;;e mon Seigneur et mon Dieu? Je
crains plus ton poison que toutes les tortures I
Punis-moi donc! épuise sur moi les dernières
ressources de ta cruauté, je le montrerai que la
foi du chrétien lui communique une force invin-
cible, et chance pour lui les amertumes en con-
lolatmn. N'avons-nous pas pour nous soutenir
ces paroles du Kédenipteur : « Ne crai^'nez point
ceux aui tuent le corps, mais ne peuvent rien
sur rime? ■ N'épargne donc rien, afin que tu
puisses avoir la honte d'avoir été vaincu j-i?.-
qu'au bout.
— Oui, reprend Dacianus, donnons-lui tout
ce qu'il mérite, et si sa vie résiste à ces der-
nières épreuves, brisons-lui au moins jusqu'au
dernier des membres.
— Quelle allégresse I répond Vincent. Ces
menaces m'annoncent un triomphe d'autant p\\i'
grand! Oui,Dacianus,plus tu veux être cruel en. ers
moi, plus tu deviens doux et miséricordieux. »
Le gouverneur se retira pour éviter ces invec-
tives qui le couvraient de confusion.
Cependant, on a préparé un immense gril de
fer, dont les barres sont autant de scies aux
pointes acérées. On le place sur un brasier
ardent, et bientôt il lance des étincelles comme
un charbon enflammé. Les bourreaux détaclient
leur héroïque victime du chevalet. Avant qu'ils
aient pu la <aisir, elle se précipite d'elle-même
sur ce lit de tourments inexprimables. Ce n'est
pas tout encore : on promène des lames rout:ies
au feu, sur le côté de son corps qui ne touche
pas à l'instrumeni du supplice, et les verges des
licteurs font voler les chairs brûlées.
Tandis que le sang et la graisse du martyr
excitent la flamme, on jette encore du sel dans
ses plaies, et le sel, sous l'action du feu, va
porter la souffrance jusqu'au plus intime de
«on être. Les blessures s'ajoutent aux blessures,
mais l'homme de Dieu reste toujours souriant,
immobile et les yeux fixés au ciel. Il se réjouit
sans doute d'éviter par là les purifications mille '
fois plus aiguës de l'autre vie.
Dacianus suivait toutes les péripéties de ce
drame et, à chaque instant, il se faisait rapporter
les paroles ou les actes de Vincent.
<i Nous avons essayé tons les tourments en
usage, lui dirent à la fin ses soldats consternés,
le chrétien cependant, toujours ferme et joyeux,
continue à confesser Jésus-Christ.
— Qu'importe, nous ne sommes pas encore
vaincus, répondit le tyran. Cherchez le réduit le
plus étroit, le plus bas, le plus obscur, le plus
fétide, la prison des prisons en un mot. Semez-
la de débris -de pots et de verre et jetez-y ce
rebelle. Qu'il ne puisse pas faire un mouvement
sans se déchirer, qu'il n'évite une douleur que
pour retomber dans mille autres. »
On obéit sur l'heure, et bientôt l'inviucible
athlète est étendu dans le plus horrible des
cachots. Sans crainte de le voir échapper, ses
;'ardes se laissent aller dés la première nuit aux
douceurs du sommeil.
Mais, déjà, les tribulations de Vincent tournent
à sa gloire. Une brillante clarté dissipe les
ténèbres qui l'enveloppent, ses liens se rompent,
sa couche devient douce et moelleuse, et il se
met à chanter des psaumes et des hymnes d'allé-
;;resse. Les voix des anges s'unissent à la sienne,
et, au milieu de ce concerldivin, le bienheureux
diacre entend ces mots: « Réjouis-toi! celui qui
t'a soutenu dans la lutte a préparé la couronne.
Bientôt, ton âme, libre du joug de la chair, va
prendre place parmi nous. »
Au bruit de celte harmonie céleste, les geôliers
se réveillent effrayés, la lumière déborde à
travers les fentes dé la porte qu'ils ont refermne
Mir le captif, et ils le voient, quoique couvcil 1.'
M.--sures, chanter et marcher sans entrav-
^on antre obscur e«t devenu un foyer luniinniT
et. sous ses pieds, Ir» fers brisés sont rhan •
en un tapis verdoyant. Atterré.» par ce pn .!
ils se jettent aux pieds du Saint, lui demaii i.'
pardon d'avoir contribué k ses souffrances, abju-
rent le pa.i-'anisme et confessent que le Dieu des
chrétiens est le seul et vrai Dieu. Merveilleuse
fécondité! le grain de froment n"était pas encore
jeté en terre, et déjà il avait porté ses fruits.
Ces heureuses nouvelles attirèrent les fldèles
et, après les premières effusions de la joie, ils
entonnèrent un cantique d'actions deerâces...
" Oui, réjouissei-Tous! répétait Vincent pour
les animer. Louez le Christ, toujours vainqueur
dans ses Saints I >
00 SOUFFRIR on HOniUR
Au bruit de tant de miracles, Dacianus tomba
presque étouffé de rage. Torturer son captif,
c'était travailler à sa f.'loire. Il le comprit, aus'-i
voulut-il recourir aux bienfaits. « La douceur,
pensait-il, domptera peut-être l'orgueil de ce
misérable. »
Changeant de méthode, il fît placer le martyr
dans un lit moelleux, l'entoura de médecins et
de remèdes. Mais, à peine Vincent eut-il senti cet
adoucissement que son âme victorieuse s'envola
dans les cieux. Elle refusait d'animer plus loni;-
tempsun corps que l'on ne voulait plus par la
souffrance faire servir à la filoire de Jésus-Christ.
Ce trépas inattendu, qui décevait une fois de
plus les espérances du tyran, redoubla sa fureur
et sa folie.
« Si pendant sa vie, s'écria-t-il, cet homme
m'a toujours humilié, je veux au moins me
ven:;er sur son cadavre. Qu'on le jette hors des
murs de la ville, qu'il devienne la pâture des
bétes fauves et des oiseaux de proie. »
Ofl ARGUIIE.M DIVIN CO.NTRB MOI QOI NIWT
LA SAI.-<Tiré DF.S HBLIQnSS
Les précieuses reliques furent donc aban-
données dans la campapne .'et quel^juc^ soldats
«eillérenl à ce qu'on n'allât point les enlever.
Mais la sasesse de Dieu se rit des complots des
méchants. Un corbeau vint s'abattre sur le corps
dt l'illustre victime et s'en fit le défenseur. Il
s'attaquait vaillamment aux vautours, aux ai;.'les,
et les chassait à force d'audace et de coups. Rien
plu«, il se précipita même un jour sur un loup
et lui déchira tellement la tète que la béte cruelle
s'enfuit ensaiik'lniitée. Mais elle cédait moins à
la force miraculeuse de son faible ennemi qu'au
regard menaçant d'un ange qui se tenait tout
près de là armé d'un glaive étincelaiit.
.. Quoi donc! s'écria le gouverneur, ce chrétien
me poursuivra même après sa mort? Ensevelit-
sei-lc au ,'ond des eaux ! Qu'il soit enfermé dans
un sac comme un parricide et jeté à la mer I »
Le courtisan Eumorphius, aussi cruel et impie
que son mattre, se chargea de trouver des mate-
lots que la vue de l'or ferait consentir à cet
infâme sacrilège.
Les restes de Vincent furent placés dans une
barque et précipités dans les Qots après ane
journée de navigation au large.
_ Les marinsrevenaienttoutjoyeaxdansl'attentA
d'une haute récompense, et ils célébraient leur
victoire dans des propos ironiques et impies.
Mais quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils
retrouvèrent, en mettant pied à terre, le corps
de celui qu'ils croyaient avoir submergé pour
toujours.
La main du Christ l'avait ramené afin de
réclamer pour lui les honneurs de la sépulture.
Déjà, en effet, le bienheureux Vincent avait
révélé à un chrétien l'endroit où l'on trouverait
sadépouille mortelle. Celui-ci, craignant la colèra
de Dacianus, n'osait pas recueillir ce dépôt sacré.
Une veuve, d'un grand âge et d'une grande
vertu, se montra plus courageuse. Elle courut à
la pla(^e et trouva les restes du martyr au lieu
qui lui avait été indiqué dans une extase. Elle
les enveloppa dans son manteau et, grâce sans
doute à un secours divin qui la dérobait aux yeux
des hommes, elle put aller les ensevelir dans une
église chrétienne et les offrira la vénération des
fidèles.
Au vi« siècle, les rois de France Childebert et
Clolaire, allant en Espagne délivrer leur sœur
Clotilde la jeune, persécutée par les Wisigoths
hérétiques, s'emparèrent de Saragosse et rappor-
tèrent à Paris une bonne partie des reliques du
saint martyr. Childebert construisit une église
et un monastère, où il déposa la tunique et un
bras de saint Vincent (cette église s'appela plus
tard Saint-Germain-des-i'rés); la léte du martyr
fut donnée à saint Domnole, évèque du Mans.
Meti, Castres, Besançon, Vitry-le-r rançais reçu-
rent aussi plus tard des reliques de saint Vincent.
Ce glorieux martyr a toujours été très vénéré
dans l'Eglise ; saint Augustin et saint Grégoire
ont célébré ses louanges. — Les vignerons l'ont
choisi pour patron ; Vincent y avait quelque
droit, puisqu'en sa qualité de diacre, il présen-
tait à l'autel le vin du sacrifice; et lui-même,
sous le poids écrasant des supplices, comme une
grappe sous le pressoir, il a versé tout son sang
pour l'amour de Jésus-Christ, notre Dieu, & aux
soit louange, honneur et gloire dans let «iècle*
dei siècles. .\men.
L. I'irirHi.<iiiT,Imp y^ronf, b, rue Kran^oi* ■".l'arii.
SAINT RAYMOM) DE PEGNAFORT
DE LORDRE DE SAINT DOMINIQUE
Fête le 23 janvier.
Il étend son manteau sur l'eau, et son bourdon à la main il pose résolument le pied sur son
radeau ; il relève un pan du manteau et l'attache à son bâton pour en faire une voile. Les
matelots le regardent avec étonnement voguer en pleine mer vers Barcelone.
BRILLANT'? «ICCKS DR l-F.' PREMIEHiS ANNEES
LE PROFESSEUR
Saint naymond de Pegnafort, disciple du glo-
rieux n.ilriarclic saint bnminique et Iroisiùme
t'énéral de son Ordre, naquit c\\ Calaloune, au
rbùteau de l'ei;nafnrt, pnts de Barcelone, de
parents riches et nobles, issus des anciens comtes
de Itarr<'lniie. et dignes reielons de la famille
royale d'Arat'on. Dés sa plus tendre enfance, le
petit Kayinoud laissa parailrelesineillpurs indices
d'une l'minentc sainteté. Il parcourut avec un
si grand éclat le cours île ses premières éludes
que tout jr-iine homme, à vingt ans, il fut cliar(!é
d'enseigner dans sa ville natale la philosophie el
les arts hliéraux. Il sacquilla de ses fonctions,
dont il avait compris la haute importance, avec
un dévouement admirable. Il sut joindre à son
eii«("ignpm<'nt l'exemple d'une vie irréprochable;
l.i formation du c.rur le préoccupait bien plus
jue celle de l'esprit : de là ce zèle a inspirer une
solide piété à tous ses disciples. Le temps qu'il
Fouvait dérober à ses occupations ordinaires, il
employait à secourir les malheureux el à ter-
miner les différends dans la ville. Ainsi, l'on ciiii-
serve aux archives de Harcelone un traité d'ac-
commodement fait, en 1201, eutie deux cha-
noines, par la médiation de maître liaymond de
l'egnaforl.
Hésolu de s'adonner à des études plus élevées
et de faire un cours de droit civil el canonique,
à trente ans. il (juilta sa pairie el viiil s'établir
à Hologne pour enlentlre les leions des célèbres
professeurs qui cnseignaieiil dans celte ville. Il
prit en très peu de temps le grade de docteur en
l'un etraulredroil.ct la|>reinière chaire, ,1e droil-
caiion lui fui dévolue avec- acclamation de toute
l'école. D'une générosité, d'im dévouement égal
à sa science, il distribuait chaque jour le pain
de la vérité sans jamais vouloir recevoir la
moindre rémunération. Le sénat de Hologni ,
.idiniraiil Cf vertueux désinléressemeiit. el aii--i
avcf Id <ei'r.te intention Je le retenir ilans li iii-
versité, ilr-ira lui assigner des appointements
sur les deniers publies. Haymond innsentit à ne
pas qnitter 11 niversité, mais ne rt.'iiit les secours
pécuniaiies <|ue pour eu faire béuélicler le curé
de sa i>aroisse cl les pauvres de Jésus-Christ.
Les talents, les vertus du pieux docteur le fai-
saient considérer comme un des plu* beaux
ornements de celte fameuse école, et sa réputa-
tion s'était déjà répandue dauN le- pays éloignés
lorsque l'évéquede Barcelone, liéraiiL'erde Palon,
revenant de Itonie, passa par Hologne 1 12191. Le
dessein du prél.it était d'olitenir de saint Domi-
nique qu<-li|Uf< iiM- lie -Ci ■li-iciples et de solli-
citer Hayniomi .!• l'.-.naioi t .ilin qu'il relournAl
avec lui
la Pro\i
SUjr'-
le 1
Ira
à .,
pou;
.ne. Le saint palriarrlie, à qui
\ ait tous l'-s jours de nouveaux
■ Il état de le satisfaire. .Mais
Il accoutumé à ^aU'Iilier sou
> lié, ue paruissait^xuere disposé
où il travaillait si utilemoat
l>ieu.
Pour I attaquer par le i>Mé le plu» faihie.
révéque lui ri'i r''-rnta le- bt^oins de rt;:lisi> de
Rarcelone, I particulière où il ''tait à
«• pas se relh . l'alrie, et le dan;;er qu'il
devait craiodri' de -écarter de la voie de Dieu
i<n ur- suivant ipie sa volonté propre. Enfm, il lui
lit apprébender l'éclat iu'''iiie de cette réputation
qui lui attirait de si ::rauds applaudis<''iiieDts .\
la lin, l; ' ' t>rsuader. li'après le
rapport us, aux iustaiicM d>'
ltéran;;ei. o- i i'- ii'.iioiin- III ajouta ■^o» coiii-
luandeiui'ut, ol.lii;i'.int le serviteur d-- Dieu h "^e
leu '■- '■■ 1' ' '-n K-payne pour veiller
-ui '' roi d'.XraL'on, Jacquesl",
ooiu~.. .. -U- par l'assemblée iiuiionale
(le Lérida.
HATHO.'tD, CUAMOINB KT ARCHIDIACRE OC
Ce ne fut cependant pas à la formation <le ce
prince, mais au service de-; autels que Uayiuood
voulut d'abord s'appliquer. Pourvu d'un canoui-
cat et bientôt après de la dignité d'arcliidiarre
dans l'Hirlise de liarcelone, il se rendit le modèle
des ministres du Seigneur par l'iuiioceuce de -a
vie. sa régularité et sou exactitude à tous les
ofHcas.
Ue nm:
meiiter
app.' •■
de i
le-
pln
•venus le mirent en état d'au:;-
liti's i-nver- les pauvres qu'il
iiH'iers. ' Le nie de la inai-on
I lit et lui faisait saisir toutes
ii.r...i i..r .1 n- 1- -•■rvice divin
le de r.\n-
.1.11* 1'-
f'ir ses ,
:,1 rllflll .'
pitre de ii'ii
i-i'lti' grande
d"- «e* re\«iiu<<
et .111 proMI ile-i
IV.
lu
RWUOM) .MTIHK
PAR L.K SAINTKIK DE SAINT DOSII.MQUB
.Mais le secret désir de mener une vie plus
parfaite, plus pénitente et moins exposée aux
yeux des honmies dont il crai-'uailles louanges,
ie portait à clian:.'er d'état. Professeur à Bologne,
il avait été témoin des urande- vertus de saint
Dominique et des miracles (pie Dii-u opérait par
ses mains. Il voyait alors avei' le même plai-^ir
la vie tout angélique de ses premiers disciples
établis depuis peu à Barcelone. Comme s'il eût
entendu la voix de Dieu qui l'appelait à la
retraite pour le préparer à l'apostolat, il résolut
de devenirl'iuiitaleur et le frère de ceux qu'il ne
nouvail seiiipèelier d'admirer. Il demanda lium-
Idementrhabitetlereeutle vendredi f'avril I222,
huit mois après la mort du saint fondateur Son
exeuipb- atlita dans le même Hrdre plu-ieurs
$crandis personTiage> encore moins di-tingués iiar
leur nai-sance i)ue par leur doctrine. Bien u'edi-
tîait davauta:.'e que Li profonde humilité et la
simplicité vraiment aiige|i'|ue du nouveau reli-
gieux. Il était dans sa ijuaiairte-sepli-'ine année,
et jamais ou ne le vit ni moins soiiinis <|ue le
iilus jeune des novii-e«. ni ni'.ins .irilent à era-
lira<ser tous les ino' ■ ' in-i
lion de» vertus rel; . m
bl.ible au Kraii'l
iiniterl'huiuil i
il V".,' ■ •
d'un il
de II.
teté
lair'
mi II . . ,
'fs qu'il avait <•'
. , . I ifi lui orl'Min.i
dan» < «t «»piit une s. :
ii.-o jMMir 11 '•"iiim'<'lit" 'I' '
de 1'"
cuta
tant plu- '.juil a lidvi.ll'
ouvroire, " éKaleuienl utile
iiée>'-sair' au\
de Clément Ml'
L'ai-
le?» e
ture .-
Pères et I
lumière-
ne lll>
Il ]'
it.i l'ieut"t b'- .111'
li.|ue. et les reini
qui promettaient ses saiulL.- Ji^pusilion
IL prCchi la croisadi covtrii t» haï rk-
n-
de ■
leiii
te II
Ml
rt I
4 U -
dont l'avait revêtu son
'tèqUf
t'-moin «le «e» entretien» iaimliwr' ^i'<-. l»ieu. le
Bienheureux accepta ce lourd fardeau avec la
joie et le désintéressement d'un véritable apôtre.
Il voulut constamment marcher ù pit-d avec sou
corapafîuon, .et, malpré les plus rudes fatigues,
ne cousentit jamais à s'écarter du régime de sa
communauté. A chaque station, il devançait le
prélat dune ou de deu.x journées, annonçait son
approche, prêchait Tindulyence de la croisade,
écoutait les confesssions et disposait habilement
les cœurs à l'arrivée du cardinal, qui trouvait
des esprits préparés et résolus, des instruments
dociles aux moindres diisirs du Souverain Pontife.
Aussi conçut-il pour le Saiut la plus vive recon-
aiissance. Il aurait voulu le ramener avec lui
à Kome, mais il ue put, cette fois, vaincre sa
résistance. i
BWIIOSD, CONFESSEUB DC P.tPB
Une telle lumière ne devait plus lonjrtemps
demeurer sous le boisseau. A son retour, le lé;,'at
ne manqua pas de conférer avec Sa .Sainteté des
mérites du Saint, des importants services rendus
par lui à riLu'li>e et du zélé apostolique qu'il avait
déployé pour le prompt succès de la mission.
l.e Pape, touché d'un aussi entier dévouement
au Saint-Siéi-'e et adéctionné à l'Ordre de saint
Dominique, lit venir Kaymond à Home et le prit
pour son chapelain, pénitencier et confesseur.
Kn qualité de confesseur, l'homme de Dieu impo-
sait comme pénitence au l'ape d'expédier chari-
lahleinent et sur-le-champ les causes des pauvres
jens sans protecteur. Sa Sainteté, émue, se sou-
mettait volontiers à la pénitence et eujoii.'nait
a l'homme de Dieu de les expédier lui-même. A
i-etlf oicasion, il l'appelait^ le père des pauvres. •>
Pendant le séjour du Hienheureax à Rome,
l'archevêché de tarra^'one vint à vaquer par la
mort il'Espara^'ue, métropolitain de la couronne
d'Arjuion. Le Souverain Pontife le lui conféra
:ivec ordre de l'accepter à bief délai. Saint Hay-
iiii>nd, profoiiiiéinenl attristé, le supplia de ne
pas h' cliariier d'un fardeau trop lourd pour lui.
i>evant l'insuccès de ses supplications, il tomba
dani-'-reusement mal.ide. (iréf;oire I.\, dins la
crainte de perdre un ministre si utile à l'Efjlise,
céda: mais le Saint dut lui-même nommer le
futur archevêque.
Peu après, exténué par ses oraisons, ses veilles,
travaux et m.icérations. Ilaymond retomba dans
un état qui inspira de sérieuses inquiétudes. Les
médecins lui conseillèrent de retourner en
Kspau'ne. Il prit donc concé de tiré^oire IX,
aftliL'é de le voir 3'éloii.'ner; il sortit de Rome
comme il y était entré, sans bénéfices ni pen-
••lous, MUS rien de ce qui aurait pu ternir la
pauvreté d'- sa vie religieuse el démentir sa cons-
tante hiiiiiilité. AccompaL-né de quatre religieux,
il choisit la voie de m<-r et débarqua À Tossa, à
douze lieues de Barcelone.
.:.,.,. .. \ÏJ|ONri liE HBTOLB V BAHCBI.ONF.
l.7(E OE SKS JOI B.NKES
Rentré dans son couvent de Ran^elone, il
reprit l'observance en tous les points de la r-ple.
avec une ri:.'iifur dii;iie de «.i vertu, et crut dés
lors le moment venu pour lui de se recueillir et
de se repoiinr en l)ieu. Mais s.i ' ' ' 'ii de
doctrine ■ l !'• sninletc était si que
t :■ ■ ■ < • ■■•
réserva les pouvoirs qu'en faveur des relif-'ieux
de son Ordre et de celui de saint François. Sur la
demande de plusieurs évèques, il ne put refuser
de composer le cérémonial à observer dans la
visite des églises et de tracer aux •■ominercantf
la liioie de conduite à tenir pour ne pas oifénser
Dieu dans les affaires du négoce, en leur indi-
quant les cas où ils sont tenus à restitution.
C'est en cent endroits de s.i vie qu'il si; inoiilrt
ainsi l'admirable docteur du sacrement de Péni-
tence. L'Eglise, en l'oraison de sa fête, lui fait
décerner ce titre par la bouche de ses enfants et
attire leur attention sur cette mission spéciale
du Bienheureux dans l'Ei-'lise.
Mais lagrande préoccupation do saint Raymond
était toujours de se sanctifier alin de pouvoir
sanctifier les âmes. Induisent pour les autres, il
était, comme tous les serviteurs de Dieu, d'une
rigueur extrême pour sa personne. Tous les
jours, sauf le dim.inche, il ne prenait qu'une
légère collation, et la nuit de san:.'lantes disci-
filines. .Après Coinplies et Matines, il visitait tous
esaulels de l'église el faisait à chacun une pro-
fonde prostration et révérence. Sa prière était con-
tinuelle et presque toujours acconipayuée d'abon-
dantes larmes. Il assistait aux heures canoniales
avec la ferveur d'un séraphin. Nolre-Sei::neur lui
avait même donné pour familier un de ses aiiijes.
In peu avant que la cloche du couvent sonnAl
Matines, ce céleste comp.isiion lui servait d'exci-
tateur et le conviait ;'i venir faire oraison. Après
roflice de Matines, il avait peine à s'arracher
aux charmes que son âme prenait A s'entretenir
avec Dieu dans le profond silence de la nuit et
proloni:eait sa prière jusqu'à ce que son corps
épuisé vint lui imposer impérieusement un peu
de repos, lîientol commençait sa dévote prépa-
tation au saint sacrifice de la messe. 11 ne mon-
tait jamais à l'autel sans avoir conl'essé ses plus
légères fragilités. Il disait souvent liii-raêtne :
<' Les jours ou de :;raves empéclienicnts m'ont
privé de la sainte messe ont été pour moi des
jours de deuil et d'aifliction. '• Sa conversation
était douce, affable, et chacun dfl ses i-ntretiens
une école de vertu pour son entour.i(.»e: il ne
laissa jamais para'tro l'ombre d'une impatiem'c
et n'eût pas toléré le moindre murmure devant
lui ; les esprits détracteurs et ini''chanl5 trou-
vaient en lui un censeur, et les absents un élo-
quent avocat.
.S.»INT R.\VMO,ND ET l'oBDBE DR LA IIEBCI
L'un des plus beaux lémoii-naees de son j.i-]c
ardent, l'un des plus éclatants rayons de sa^'loire
immortelle est sans contredit la jr.inde part qu'il
prit à l'instilulion de V' irdre d^ Notre-Dame delà
Merci, pour la rédemption des captifs, foiidêsous
le roi Jacques I«' le Conqii' raiit, urArf à une
révélation d'en haut, faite siniullan'''m''nt dans
le cours d'une même nuit au monarque. ;i notre
Bienheureux et à Pierre Nolasque. son fils spi-
rituel, saint sentilhomnie fr.inçais, précepteur
du roi Jacques. Nolre-Dini'' leur n|q>anit à Ion»
trois et teiir révéla qii» bi foiidalion d'un Ordre
dont ' " ■ u parli-
1 uli'M ns rele.
nils c,ij>ii:w . [■■■/ ]. « ^irri^m^ s.'i:,it en re
moment spécialement aar^able à «on adorable
l'icrre Nolasque, virement touché du sort de
idement la majeure partie de s,'i charge cl ne se | ne faisait rien ^ans consulter son p'Tc «pin
sailli Uaymoiul. il vint lui r<^initiuuiquer sa
visiou. Sa siirpri>c au-menla en .ipprpiianl que
son direrleiir avail vu la iiii'inc i-ln>sf et reçu de
la Vier;.'e Marie (•oniinaïuioiiifUl «le le forlilier
dans son Jesscin. liés \ot<, sûrs delà volonté de
TMeu, les deux sainlsson^-èienl aux inoyensd'exé-
cutinii. Il fallait I." consentenieut du roi et de
révi'ilue. Ils allèrent d'abord trouver le prince.
Celui-ci les ccoula avec une joie d'autant plus
sensible i|ue la même nuit il avait été favorisé
d'une vision semldaMe à celle de ses interlocu-
teur*; il offrit de grand ca-ur à la sainte entre-
prise le concours de son autiu-ité et de ses tré-
sors, et se rhnriiea même de taire agréer la pro-
position par réïét|ue. Ils conférèrent ensemble
sur la triple apparition de la Sainte Vier;.'e et
l'érection du nouvel Ordre fut résolue en vertu
d'un induit sp'cia'. i|ue les rois d'Arafion avaient
rei'udu Saint-Siéfie.
I.e jour de saint {.aurent, 10 août ii-i'.i, fut
"■lloisi pour l'institution solennelle. !,»• roi, accom-
pagné de toute sa cour et des ma:;istrals de Itar-
celone, se rendit dans l'église cathédrale dite
Sainte-Croix de Jérusalem. I.'év.''(]ue Itéranjer
oflicia pontilicalement. Saint Kaymond monta
en chaire et protesta devant tout le peuple que
llieu avait miraculeusement révélé au roi, à
l'ierre Nojasque et à lui-même >a volonté tou-
cbant l'institution de l'firdre de Notre-Hanie de
la Merci, pour la rédemption des captifs. A l'issue
de l'olTrande, le roi et saint Uaymond présen-
tèrent le nouveau fondateur a l'évéque qui le
revêtit de l'habit de l'Ordre, l'ierre .Noiasque le
donna à son tour à treiie (.-entilshommes dont
les deux premiers étaient liuillaume de lta<>,
seigneur de .Montpellier, et son cousin .\rnaiid
de Carcassonne. l-a messe achevée, le prince
conduisit saint l'ierre .Nolasi)ue, avec ses reli-
gieux, à "on propre |>alais, dans le quartier qu'il
leur avait fait préparer pour leur servir de
monastère.
l'Ius tard, le pape (Irét'oire. sur les instances
de notre .Saint, conlirma solennellement l'Ordre
naissant, à l'érouse. le 16 janvier I23ô. Koué
d'une merveilleuse intuition sur les vues du
SeiKneur et désireux de voir la volonté de Dieu
s'accomplir sur la terre comme elle s'accomplit
dans le ciel, saint Uaymond employa des lors
le re^tedesa vie à répandre, à favoriser la famille
de saint l'ii-rre N'olasque, car il savait combien
elle serait prolliable aux intérêts de la chré-
tienté. Ses espérances ne furent pas trompées ;
1' i-loire eiclésia'-ti(iue l'U fait foi. L'Ordre, en
• l. n'a pas seulement envoyé à une foule in-
ii<-mbral ' 'tiens captifs des sauteur-, aux
Maure» ^ île zélés apôtre-, mais il a
fourni iilii-i'iM- -aints, de grands serviteur» de
Iheu, lie glorieux martyr-, d'inlripides confes-
seurs de la foi et d'illustres prélats.
ir. sr.RMTKO 01 DIEU <'Elintllul-|! Sl'H CM MANTKAl'
Ij's princes les plut i hrèlien- sont toujours
Il ! I I. > et d'autant i'iu> e\ l>os■'^ à de fréquente*
le leur I ' plu* absolu, leur*
moin- •- et l.'iir- ilaisiro
(' ut» un vovBK'e à ■■'
, li.que» I" se i.
' oubliant un iio'ineiil le
i.iil .l'ordinnir-, <lt ■ l-in-
t'
refusa ei défendit secrètement, sous peine de
laort, à tous les mariniers de la côte, de le
laisser embarquer.
i,e ilienheureux. i:;norant la défense, une nuit,
après Matines, demanda la bénédiction du prieur
du couvent, et prit le chemin du port pour mon-
ter avec son conipa;.'non à bord d'un navire qui
remettait à la vmle pour l{aiceb>ne. Hcpoussé
|i.ir tous, il gagna le port de Sedelier, à trois
lieues de là, où il trouva des barques chargées
prèles à partir. Nul ne voulut le recevoir. Alors,
il s'empara du manteau de son coiiipa;;non, vint
sur la pointe d'un i>etit promontoire, di-ant: ■• Un
roi de la terre nous ferme le passage; le roi du
ciel y suppléera. » A ces mots, avec la foi d'Elie
eld'Klisée.il étenditson raanteausur les Ilots, prit
son bourdon à la main, lit le si^'ne de la croix
et piisa résolument le pied sur son radeau. Il
pria son compagnon de le venir rejoindre après
avoir fait un nouveau signe de croix, mais celui-
ci sentit sa loi défaillir et préféra la sécurité du
port aux hasards d'une telle embarcation. Le
Saint releva en haut la moitié du manteau pour
en faire une voile et l'attacha au no-ud du bour-
don planté au milieu eu guise de niAt. I u vent
favorable ne larda pas à se lever et le poussa en
pleine mer pendant que les matelots du rivage
se regardaient, muets d'étonnement. Six heures
après, saint Itayinond, en vue de llarcelone,
avait parcouru 2:i lieues marines. Il débarqua
dans le port, se revêtit de son manteau, aussi
sec que s'il lent tiré de 1 armoire, et reprenant
son bourdon, se dirigea drcil vers le couvent.
Los portes en étaient fermées; né-inmoinsil entra,
apparut soudain au milieu de «f-. frire- et aux
pieds du prieur pour lui demandrrsa bénédic-
tion. Ce |>rodi«e inoui se répandit bicnti'^t dans
toute la ville. Plusieurs personnes avaient assisté
à son débarquement. Le roi, informe de ce qui
s'était pas-é, rentra en lui-inéiiie. et suiMtdepuis
plus tidèlement les avis du Saint.
/KLE rulR I.K .-ALUT DES .^MKS — SA MOKT
Saint haymond sut. par révélation, que llieu
désirait employer ses frères à la conversion de»
inlideles, des Maures et des Juifs dont l'Lspagne
et l'Afrique étaient alors infectées. Il établit
immédiatement de> cours d'hébreu et d'arabe à
Tunis et à .Murcie pour donner aux religieux de
son Ordre versés dans ces laniiues, la faculté
d'adresser a\ec fruit la parole de Dieu h ce»
Ame- égarée-. Lncouragetnents, exemples, au-
mônes, il n'oublia rien pour a—iirer le -nr. ■ -
de lu (jèuéreus" entreprise Le ciel féconda ■
efforts, et, en i'iM, il pouTail écrire lui-même a
son général que 10 (KK) >arrasin- avaient reçu
le baptême, (domine l'orgueilleuse classe des
savants ne voulait pas se rendre, il pria saint
Thomas d'Aqiiin de réfuter leurs erreurs. !>•
docteur angélique obéit, composa sa " .'^nmme
contre les ('lentiN •■.
I.e- trente-riiiq dernière- année* de sa vie,
■ta wiiond les consacra à > e- iruvres aponlolique-,
car, malgré tant de travaux et d'austênté, il par-
vint à une extrême vieille-<e, tant il evt vrni .inc
'leu rend toujoiu"* au centuple le peu
■ pen-é A son service <iii^ riiilr»' in.il
II.
iir. Il 11 jainii r, jnui il
^ Il lieiire!> ilu iiinlin. I
Imp -{/rronl. K. I'rtitiirmiit. x, me Franco)* 1", Psri*»
SAINT TIMOTHÉE
DISCIPLE DE SAINT PAUL, PREMIER ÉVÈQUE D'ÉPHÉSE ET MARTYR
Fête le 24 janvier.
Saint Timothée vient à Rome visiter saint Paul, prisonnier pour Jésus-Chrirt
et, se jetant à ses pieds, il baise ses chaînes.
Timothée était né en Asie-Mineure, probablement
k I,vslre!<, en Lycaonie; son p'ïre était idolâtre, mais
sa m»re était iiiive. L'enfant fut élevé dans la con-
naissance et la crainte du vrai Dieu par sa mère
Eunice et sa grand'ra'-re l.olde, femmes pieuses et
fidèles, dont saint Paul a plus tard loué Tinstruc-
lion religieuse et les vertus. Mais il ne connaissait
pas encore la venue du Mi-s'ie, quand deux envoyés
du divin Sauveur J*?us-r.hn«t, ,-ippnrlant à l'Asie-
Min<>ure la bonne nouvelle du salut, arrivèrent à
I.ystre».
Os d'-ux messagers étaient saint P.iul et saint Bar-
nab"*. Il» commencèrent aussitôt à annoncer l'Evan-
gile a\ix juifs et aux païens de celle ville. On sait
comment Dieu confirma leurs paroles par un éclatant
miracle. Paul, par la puissance du nom de Jésus-
Christ, guérit un homme perclus de ses pieds dèssa
naissance et qui n'avait jamais pu marcher; la
foule, témoin de celle merveille, prit les deaz
ap<^t^es pour des dieux, et voulait absolument lesr
oITrir des sacrifices. Us eurent beaucoup de peine à
l'en empêcher. « Que faites-vous? disaient-ils, noo»
,i,i<si nous sommes des mortels, des hommes sem-
bl.ihles à vous, qui vous exhortons à quitter tonlM
C',"S choses vaines pour le Dieu vivant qui a («il le
••wl. la terre, la mer et tout ce qu'ils renfTni.Tt. .
Ce DiPU, aioutaienl-il», tout on laissant |p» ' irae»
marcher dans leurs voies, pcmlanl i <•? nfriiter»
1-1?"
siècles, n'a pas laissé de nous donner des témoi-
gnages de sotieii>lence et de sa bonté, en répandant
du ciel ses biens, un dispens;int les pluies et les
saisons fécondes, en nous donnant la nourriture en
abondance et en remplissant nos cœurs de joie. »
Que le peuple des villes est changeant et facile à
tromper ! Uurlque temps après, celle m^ me foule
qui voulait «durer les apôtres corunie des divinité»,
trompée cl ftmeiiiée par des juifs perlides survenus
d'Antiodie et .1 l>oiiium, cba-^sa a coups de pierres
les saillis ni>ssat;rrs du Uédempteur, et saint
Paul, tombé tous leur fureur, fui laissé pour mort
aux environs de la ville. Dieu le sauva.
Mais ce sang ne fut pas répandu en Tain, et la
semence que les apôlres avaient eu le temps de
jeter en ce pays ne devait pas être stérile : un asseï
grand nombre de personnes s'éUienl converties à la
foi deJé8us-Chrisl,eutre autresTimolhée elsa famille.
SAINT imOTHÉE ASSOCli * l'aPOSTOLAT DE SAIHT PADL
Plus lard quand saint Paul, accompagné de Silas,
reviiil a L)slre», il remarqua Tiuiotliée, k la foi et
aux vertus duquel tous les chrrliciis de Lvslres et
d'Icoiiiuiu rendaient témoi^-nane. Il résolut de se
l'associer dan» l'aposlolal malfiré sa jeunesse. L'ad-
mirable jeune bonime saciilia avec joie toutes le»
eepérniiies terrestres, et consentit k quitter sa
famil e pour se donner tout entier & Dieu et au salut
des àiins.
L'un des premiers sacriflces que le grand Apôtre
demanda a la fj-nérosilé de son nouv.au disciple,
fut de ffi soumettre a l'initiation judaïque de la
circoncfsion : celte cérémonie n'était plus obliga-
toire, depuis l'iiistiiution du baptême de Jésus-Chhist,
mais elle n'étail pas encore prohibée; or en s'y iou-
metlanl, Timotbée écarUil l'obstacle que sa qua-
lité de (ils de païen aurait mis a son libre acce»
auprès des juifs. luiitanl donc son niallre qui savait
se ^iirc tout à toui, pour Ub ;. ■' à J^sut'
Chri>t, il accepta celte doulour' non.
Tiiiiothée, ordonné diacre, siumi tuuiI Paul à «on
départ de Lystres et parcourut avec lui le reste de
l'Asie. Quels propres ne dut-i! ■• '■"• H"" la
science sacrée et les vertus a| ""
d'un si (.Tand maître, dans le t .-^ ^-<- "
d'une iiiiilie si intime avec i'iiMomparabU Apôtre
des (ienlils!
chrélienn»-, il s'embarque ave,
rope, prèch'" rKva'a'il' .ivcr lui
|.pc, ATI.
, 1rs Irn. I
^ de l'ApoUe il
vaut la furiui
ville Silas et TimuUicc
L'an
<nim I'
,.l
de l'ère
.ur t Ti
.nul r
['f>ur h
ir.>
no
•noth^f. Il ( /
iiveaux rnnvertl^. Arrivi
■ lut '-iMOïi'l Bon lii:" ipifc
M, o taint P"oi i/.....;<....it
il n'avait par
••I se» vertus et i. ; . :,.,:,
I (iv«nt''ti' r'ndii .imï Thosa-
.', .Mkuin cl Ji-
SAINT TmOTIIBR ACCOMPLIT LE PELERINAGE M
JERUSALEM — ASSOUPTION UK MARIE
Saint Timothée accompagna ensuite l'Apôtre dans
son long voyage jusqu'à Jérusalem. C'était sans
doute la première fois que le saint jeune homme
avait la joie de voir celle ville fameuse, oii se sont
accomplis les mystères de notre rédemption. Avec
quelle émotion il dui se faire conduire par les chré-
tiens de Jérusalem, témoins oculaires de la passion,
de la mort, de la résurrection de Jésus-l^tirist, sur
tous les lieux sanctifiés par le Kils -le Dieu.
Mais quel souvenir de notre divin Sauveur pou-
vait-il trouver à Jérusalem plus merveilleux et plus
touchant que l'incomparable Vierge qui avait donné
le jour au Fils de Dieu fait lioiuiiie! Voir Marie sur
la terre, encore vivante parmi les hommes, mais
sur le point d'aller njoindre son divin Fil» dans les
splendeurs du royaume éternel! Entendre de sa
bouche le réril des premières années et de la mort
de Jf'sus! Conliiiipler ce chef -d'œuvre de l'Esprit-
Saint que le ciel enviait à la tt-rre, témoigner à cette
Mère si douce et si puissante son respect et sa ten-
dresse, saluer au nom de ses enfants lointains la
Mère de toute la grande fannilc chrétienne, peut-
on imaginer rien de pluscon-olanl et de plus doux?
Combien grande dut donc être la |oie du disciple de
saint Paul durant le séjour k Jérusalem! Un place
gi'nér.Tlemenl la mort de la Tiès Sainte Vierge
l'aji Si de l'ère chrétienne; or P.nil et Timothée
arrivèrent à la Ville Sainte avant la lin de l'an S3.
Mais le boiih''urdu jeune nr iln aieur de l'Evangile
et! • ■• . f ■ jlenulevaitélresuivid'une
Il i-lle-iiiénie d'une grande
■V-
le son divin
/lie di- voir
diii» cette
|.' mit Ti-
autre
■ s, les
ses plii< ardent* désn
Fil» dans U plolr^
toas les ,1
eirconstan -,
ID'illiée au milifa de tous «s rvep.
disciple de »aint Paul, le célèbre
lui rnipelait plus tard dans son livre dus Nom>
dnin>, adr's»< a Timn'h^f:
. lliéretln'e, noir. (11. dit-il,
brillait entre le» ( inme vous
l'ave/ TU, qn mil TOUS • l i:i 1, a . ..lu d'un grand
noinhrf de tr^ii'S, nous vînmes < nnt'inpler le corps
, • ft< Dieu Là
«. r, et Pierre,
■-■ ^'"Is
apre» I
T
Ml rk le Tnvnii'iil,
:i.' un homme
•> du ciel et comme li' «1 .
vriste de la
'é. Mais a qtim bon •
<•>' qui fut
pnini>iie4 eu cr "
' :' M ll«
inéiiioir'» n»" tv
lu
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ur eu Cl
t i ' ^'•^ .
^' n» ro! !.
Oh ue
wuiuji, àUitul Apijilu, li'.Lj' l ! .>ylr«»
doit pas divulguer aux profanes, et que d'ailleurs
vous connaissez parfaitement (t). »
TBAVa UZ D'IVIRS KM MACBOOIJIB ET SN GRÈCE
Mais il fallait reprendre à travers le monde la
f^rande œuvre de la conversion des imes. S'arra-
chant dune au bonheur d'habiter près des chers
souvenirs de Jérusalem, l'àme remplie de lumières
nouvelles et d'une ardeur plus grande après tout
ce qu'il avait vu, après avoir connu les apôtres
témoins du Christ, et avoir constaté lui-même
l'Assomption de la Très Sainte Vierge, saint Timolhée
repa~til en compagnie de saint Paul.
L'Api^tre ilits Gentils vint prêcher à Ephèse, capi-
tale de l'Asie-Mineure, et y resta deux ans. Son
cher disciple ne demeura pas tout ce temps auprès
de lui, car le maître le chargea de diverses missions
de confiance. Il l'envoya avec Eraste visiter les
Eglises de Macédoine et recueillir, de la chanté des
ndèles, des aumônes pour les chréliens pauvres de
Jérusal-m.
Ecrivant vers cette époque aux Corinthiens, Paul
leur disait : « Si Tiraothée va vous voir, ayez soin
qu'il n'ait rien à craindre chez vous, puisqu'il tra-
vaille comme moi a l'œuvre du Seigneur. Que per-
sonne donc ne le méprise, maùs conduisez-le en
paijt, afin qu'il vieane me trouver, car je l'attends,
lui et nos frères. »
Dans un autre passage, il appelle Timothée « mon
fils bien-aimé et lidèle dans le Seigneur. »
Pendant ce temps l'Apôtre eut de grandes tribu-
lations et de grandes tristesses à Ephèse. Echappé
aui fureurs des paiens, il repassa en Macédoine, où
Dieu le consola par l'arrivée de Tite, un autre de
ses disciples, vrai frère de Timothée par la foi et le
Zfîle. Tiie lui apportait d'excellentes nouvelles des
Corinthiens, surtout du repentir où ils étaient de
divers abus qui avaient affligé le cœur de leur Père
dans la foi. Tiiiinlhée avait-il accompagné son cmI-
lègueTiie dans celte circonstance T .Nous ne savons.
Ce qui rst certain, c'est qu il se trouvait de nouveau
en ce moment auprès de saint Paul; celui-ci en
effet commence en ces termes sa seconde lettre aux
Corinthiens : « iaul, apôire de Jésus-Christ par la
volonli' de Dieu, el Timothée son frère, à i'Eylise île
Dieu qui est a Corinthe, el à tous l>s saints (fidèles)
qui sont '/uns (<ru/e l'Achale. Grdce à vous et paix par
bien notre l'ère et par Noire-Seigneur Jésus-Christ. >•
ÉPISCOPAT DE "AIXT TIMOTHÉE — PBEVliRI ÉPrTRE
OOE LUI ADRESSE SAI^T PAUL
Sur une révélation de l'Esprit-Saint, ainii qu il
nous l'apprend lui-même. (1 Tim. i. 18, et rv J4)
saint Paul avait conféré à Timothée la consécration
■''piscopdle, mais nous ignorons en quelle aonée.
Sans doute il était d^-ja évêque au moment de celte
seconde épUre d)> saint Paul aui Corinthiens. Au
reste il était digne k tous 'rgards de celte charge
par «a science, ton éloquence, sen zèle et sa
«ainl>té.
LA ("'lire de«cendit de Macédoine en Grèce. De
la, il coiiiplaii rembarquer pour la Syrie; mais un
complot de» Juif», qui lui dressaient des emhAchcs
'1. loliiit^ea à r'^t'a^ner la Macédoine,
''poque qu'il confia a Timolhée limpor-
■ 11, If r.^ Il ,1 I pb^;»e? C'e«f ' ' ' . Quoi qu'il en
i-nil, le j-i)iif ■ i-.|iie accf): icore l'Apôtre
desN.itions a lii.adi» el en A -■■ -inm'îure. Peut-éire
le quilla-t-il Sfulrmrnt a Milel, quand saiot Paol
reprit la roii(<> <1» J^ni'alem.
Pour le diiiL'.r din» s-» importantes fonctions
archiépiscopal^;!, le Ji^ciple de saint Paul reçut de
(1) Oiatiyi. Areop. cap. III. — Trxluclion 'leMjçrD.-irbnv.
son incomparable maître une lettre pleine de ten-
dresse paternelle, riche de nombreux el admiraîiies
enseignements :
« Paul, apôtre de Jésus-Christ, selon le commar^de-
ment de Dieu notre Sauveur, et du Christ Jésus notr^
espérance, à Timothée, S'^n fils ihéri diins U ',•.
Grâce, miséricorde et paix par Dieu U Père, el par
Jtsus-Christ Notre-Siigutur. Comme je l'fn ai prié, en.
partant pour la Macédoine, demeur'- a Ephese, c/în
d'avertir certaines personnes de ne p-iint enseigner
une autre doctrine... Voici la recommnndation que j'.
te fais, mon fils Timothée, c'est que, :,uivaiit les pr^,-
phélies faites de toi autrefois, lu combattes, en les ac-
complissant, le bon combat, etc. "
Tel était le début de celle épilre. L'Apôtre aver-
tissait l'évêque d'Epbèse des erreurs qu'il devail
combattre, l'invitait à la prière, source des béné-
dictions de Dieu, insistait sur les vertus à. faire
régner parmi les fidèles confiés a. ses soins, traçait
le tableau des qualités nécessaires a ceux qu'il éle-
vait au sacerdoce, en particulier a ceux qu'il aurait
à sacrer évêques des villes voi.-iiies. Enlin, il lui
rappelait tous les points sur lesquels doit se porter
la sollicitude d'un saint évêque. — Le monde avait
vu jusque-là, bien de prétendus sages confiant à
des hommes le gouvernement d'aulies hommes,
mais quand ces sages avaienl-ils j.tmuis donné a
leurs mandataires des conseils aussi sublimes et
aussi parfaits que les apôtres à leurs disciples, sous
l'inspiration de Dieu '?
Les austérités du jeune évêque d'Ephese, unies à
ses travaux, avaient altéré sa santé; saint Paul s'en
préoccupe : « Use d'un peu de vin, lui écrit-il^ à
cause de la faiblesse de ton estomac. «
« Que personne ne méprise ta jeunesse, dit-il
encore; muis sois l'e-iemple des fiieles, Uuns les dis-
cours, dans la manière d'agir, Uuns la c/mrité, lians
la foi, dans la chasteté. Jusqu'à ce que Je vienne,
applique-toi a la lecture, à l'eihoiiation, a l'enseigne-
ment. iVd néglige pas la grdce qUi e.^( en toi, qui t'a
été donnée en vertu d'une prophétie avec iimposition
aes mains des prétres.'M édite ces choses, sois-y touX
entier, afin que ton avancement soit cimnu de tous.
Veille sur toi-même et sur la doctrine ; veilles-y satis
rel'iche. Car en agissant ainsi, <" te sauveras toi-
même et ci'ux qui t'écoutent. »
DEUlrÈME ÊPriRE — TIMOTHÉE PERD SON MAITRE BiKN-AlMÉ
Deux ans après, le grand Apôlre était captif à
Rome, OÙ il resta deux ans prisonmor. Saint Timo-
thée alla l'y rejoindre, soit de son propre mouve-
ment, soit sur i'inviUlion de saint Paul liii-méiiie il '.
11 est certain qu'il se trouva à Itoiite auprès de s<>n
maître, car Paul associe de nouveau le nom de
Timothée à son propre nom d<iii! sos lettres aux
Philippiens. aux Colossiens, à Pliiiemon. écrites à
cette époque. Oigne imitateur de I A|'>''tre, Timolhée
eut, lui aussi, à souffrir les clialnei i> mr la fui, ainsi
qu'Epaphras, "véque de» Coli>?>ii ri« ; nmis il fut
délivré el saint Paul lannonrait iivec joie dans son
épltre aux Hébreux ; • SacAci, leur di-tail-il, qui'
noire frère Timothée est tn liberté. Sxtamvr bientôt,
j'irai vous voir avec lui. »
Saint Paul vil en effet briser aussi ses rhalnes, et.
api e.s divers voyages apostoliques, visiia les L,glises
d Urienl.
L'an 66, l'Apôlre des Gentils était de nouveau a
I) Plurieiirs p«r»rut ro cOet quir lu M-ronde épllrc
<ie •;(int Paiil À Tiniiiili*» fiilé>Til» p. iii)-i. i la première
iionit mea iiutat. Honum erriomtn ttrliiti, euttum mt-
tummovi.
Home oii Néron venait de déchaîner la plu» ef-
froyable persécution contre les chrétiens. Paul, ar-
rêté à cause des conversions qu'il avait opérées
jusque dans le palais impérial, comparut devant le
tyran ; il échappa encore pour le moment à la mort,
mais son heure ne devait pas tarder.
C'est alors qu'il écrivit la seconde épltre à Timo-
thée, qui est comme le testament de 1 .\pAtre et où
son grand cœur se dévoile tout entier. Elle com-
mence en ces termes :
« Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de
Dieu, félon la promesse de tie 7111 est dans le Christ
Jésu<, A Timothée, son fils Hen-aimé, grâce, miséri-
corde et paix, par Dieu le Père et par le Christ Jésus
Soire-Seigneur. ■■
Il lui déclare qu'il prie sans cesse pour lui, re-
prend et développe sous une autre forme les admi-
rables conseils d(*jà donnés dans «a lettre précédente;
lui apprend comment il a comparu au tribunal de
Néron, lui parle des difficultés de sa situation pré-
sente, de sa confiance inébranlable en Dieu. Enfin
il lui annonce sa mort prochaine, et le prie de venir
à Rome proniptement afin de lui donner la joie de
le voir une dernière fois. « lldle-loi de venir at-anj
l'hiver... Apporte avec toi, en venant, le manteau
que j'ai laissé à Tioade, chez Carpus, et les livres,
et surtout les parchemins. » Telle était la pauvreté
et la simplicité du grand Apôtre. Et il ajoute :
• Eubulus, Pu'/ens. Linus, Claudia et tous no» frères
te saluent. » Linus fut le successeur immédiat de
saint PiiTie et le second pape, Claudia était de la
famille impériale.
Tychicus, messager de cette lettre, en porta une
autre adressée aux Ephésiens, sans doute la même
année.
Si saint Timolhée put s'embarquer sans retard
et accomplir heureusement son voyage, nous avons
lieu de penser qu'il put embrasser encore sur la
terre son maître vénéré, qui couronna sa vie labo-
rieuse par un t'Iorieux martvre, en même temps que
saint Pierre, le 29 juin de Pan 67.
Quelle perte immense pourJ'Ek'lise, en particulier
pour Timothée, que la mort de saint Paul !
SAINT TIMOTHKE KT SAINT JBAN - OBBNIERS COMBATS —
LE MARTYRE
Mais l'Apôtre pouvait-il oublier, dans le repos glo-
rieux du ciel, son (Ils spirituel et le compagnon de
ses travaux sur la terre?
Une do'jce consolation restait d'ailleurs au disciple
bien-aimé de saint Paul : c'était l'amitié et la présence
fréquente du disciple bien-aimé de Jésus, l'apôtre
s.-'tnt Jean. Cet évanuéliste était alors le Père et
la lumière des Egli«es d'Asie et avait choisi Ephèse
pour lieu de ?on «l'ioiir habituel.
Mais quelques années après, nouvelles épreuves ;
la persécution de Komitien prive l'évéque d'Ephése
de son second maître. Saint Jean conduit prisonnier
.1 Home, est condamné K boire du poison et se voit
jeté dans une chaudière d'huile bouillante. Il sort
de o- double supplice plus sain et plus vigoureux
et (>n l'exile k Palhmos, petite Ile de l'archipel
grec.
L'Ame de Tiranthée faiblit-elle un instant devant
ces éprein. ^ et !«> relAcha-t-elle un peu de sa pre-
mière fiTiur' ('/est ce qu'on se demande, à la
lecture d'un [■ i-- icc de V Apocal\fpte que saint Jean
•'■-rivait alor« .1 l' itmios, sous le souftle de l'Esprit-
Ssinl. Voici CCS (.an lr< :
• Ecrii à l'angt iVvéque) (i« CEglif d'F.phise :
Voici •■( que dit celui 7.1 ItenI let sept étoilei dant ta
'naindr il'-, qui murr/i' :■, milieu dfi Kjit rhantflieri
i'or (let sept Eglises o . ,.•« »fpt évèquet d'Asio-
Mineure). Je tai* tes «rucrn, et ton travail H In pa-
tience, et que tu ne pe.ux supporter les méchants ; lu
as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pMnt
et lu les as trouvés menteurs.
« Tu es patient, et tu as souffert pour m'm nom, et
lu n'es point découragé. Mais j'ai contre toi que tu es
déchu de ta charité première. Souviens-toi donc d'où
tu es tombé ; fais pénitence et reprends tes premières
œuvres, sinon je viendrai bientôt à toi ; et si tu nr
fais pénitence , j'ôterai r^n chandelier de sa place.
" Mais tu as cela, que tu hais les actions des Nie»-
laïtes (hérétiques), que moi aussi je hais. (.4/)oc. /I,
I etc.) »
Peut-être ces paroles s'adressent-elles moins à
l'évéque personnellement qu'à l'Eglise d'Ephèse
qu'il représentait; peut-être encore s'appliquent-
elles à Onésime, successeur de Timothée. Plusieurs
cependant pensent qu'elles concernent aussi Timo-
thée lui-même ; d'ailleurs, si elles contiennent un
blâme, les éloges n'y manquent point;'
Mais s'il est vrai que le disciple de suint Paul,
que nous avons vu si héroïque et si sairrt, se soit
relâché un moment, avec l'âge, de sa ferveur pre-
mière, il la reprit bientôt. Soutenu par la grâce de
Dieu, sans laquelle les âmes les plus fortes ne sont
que faiblesse et qu'impuissance, il termina sa car-
rière par un courageux martyre.
La ville d'Ephèse était célèbre dans tout l'Orient
par son superlie temple de Diane et le culte qu'on
y rendait à cette prétendue déesse. Un jour, les
païens célébraient l'une de leurs cérémonies les
plus solennelles à la gloire de Diane, la fêle de la
Catagogie, ainsi appelée parce qu'on y portait les
idoles en procession, procession digne des démons,
qui en recevaient les honneurs. Une multitude
confuse de gens de toute classe, exaltée par le vm
et la débauche, accompagnait les idoles à travers
les rues en poussant des cris sauvages et remplis-
sant les airs de chansons idolâlriques. Keaucoup
allaient, le visage couvert d'un masque, et tenant
des casse-têtes dont ils frappaient les passants
3u'ils tuaient ou blessaient. Ces cruautés étaient
ans le programme de la fête.
A la vue d'une superstition si stupide et si barbare,
le saint évéque d'Ephèse ne put retenir son indi-
gnation.
Il se jette au milieu de ces païens, et s'elTorce de
leur faire comprendre tout ce que leur conduite avait
d'insensé. Mais ses paroles pleines de ilouceur et de
sagesse ne servent qu'à les exaspérer davantage; ils
se précipitent sur le courageux prédicateur, l'acca-
blent de coups de pierres et de massues et le traî-
nent dans les rues.
Les chrétiens le relevèrent à demi-mort et le por-
tèrent sur une moptagne voisine où il ne tarda pas
à expirer entre leur» bras. Son âme héroïque i^lait
allée rejoindre au ciel l'âme victorieuse de saint Paul.
C'était le 22 janvier de l'an 97.
On construisit plus tard une église sur son tom-
beau. Mais au iv* siècle, ses reliques furent portées
à Constanlinople, par ordre de l'empereur Cons-
tance, et déposées, près dos restes de saint André et
de fiaint Luc, dans la srande basilique des Apôtres.
Otte (ranslatiiin fut illustrée par divers mira>'les, et
saint Jean Chrysostômo affirme que les démons
quittaient en rugissant le corps des possédés iiue
I on conduisait au tombeau iln !iaint Timothée.
Do nos jours, le Pape Pie IX a élevé la fête de
saint Timothée au rite double, pour l'église univer-
selle : • C'est, disait le Souverain Pontif"-. pour
ri-ri.lre plus d'homi'iir à ces saints qui, éUililis sur
I'' f'iiidement m'iii-- de» apôtres, ont orgam»*, for-
tilK' l't éclaire l'Eglise naissante par leurs saintas
leçons, les règlements qu'ils lui ont laissés et le
sa> rillre même de leur vie. •
l.ijit.-^eriij%i . <'suiui»M, s, (ul i id
*• i", i'^'.M.
LA CONVERSION DE SAINT PAUL
Fête le 25 janvier.
Saul, le persécuteur, environné soudain de lumière et renversé de cheval,
entend la voix de Jésus qui lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu
Saint (iréynirp lelïrandet saintThnmasd'Aquin
s'accordent à dire que le plus:,'rand miracle que
Dieu puisse faire, c est de rendre la vie surnatu-
relle de latrrAce à une àme mnrte par le pioché;
la conversion d'un pérheur, i-ette lnn*forniation
merveilleuse, qui fait d'un loup une brebis, d'un
esclave de Satan un enfant de l)ieu, d'un homme
destiné aux flammes «'■temelles un ht^ritier du
paradio.est une opération divine où brille davan-
tace l.-t toute-puissance miséricordieuse de Dieu
l'i" '! iti^ la rr-'Mtion de l'univers.
'.'1 iii'l le Créateur fille mond<', il n'eut qu'à le
..■iil"ir. Il dit : Qw In lumii-rr ^oil Kt la Iwnii-ic
fut. Mais il a donné à l'homme le libre arbitre, il
ne l'en prive point pour le convertir et le sauver,
d'où il résulte que le bon plaisir de sa sainte
volonté trouve souvent de la r-'sislance de la part
(le In volonté parfois perverse del'horame.
I,.- salut d'une Ame p.mr l'éteniilé est un^-
.r'ii\re idus belle et plus durable que la terre
eiilii-re et que le firriiain-nl étoile. Aussi, Notre-
S<'i-'neur nous en^<-i.iie que la conversion «ruii
-o\\\ péc-heur cause une immense joie dans
rK;.'li-e du ciel.
ijuelle fiHe durent donc célébrer les anpcs ?.\\
jour de la conversion si extraordinaire cl m
miraculeuse de saint Paul I
Et l'Kglise de la terre, à qui Jésus-Chrisl !ii en
atJl
ce jour un si inai:aili>iuc prvsPnt. tn la Jélivranl
d'un pt'rséôutpur acharné pour lui donner
rin.omparalile Ap''tre des nations, s'associe &•'<•'•
beaui-.iu|' de rai-'u à l'Ki'lisi du «'iel pour offrir
au Seif^in'u. d'- s.'l.iuulles actions de L'ràces,
pour fi^ter le lirand Ap<)lre el inviter quiconi]UP
a lips'iii de I onvorsiou à ne point douter de la
I puissance de Dieu, mais à clian-
_ ; meulet sincèrement de vie comme
celui jui dc\int saint Paul.
Il V a un mois, jour pour jour. l'Eslise célé-
' I la naissance de > .neur. Qu'il est
lantde voir la pui~ 't Lnfant divin
;ii' .i>serdevanl sa crèche i' - ' u ui>les plus impû-
lueusement relielles!
SALL LE PBRSKCITEl'R > tlK JKSIN UTUS RAPAX »
LA riUHRB Df PRKMIER MARTTK
Saul était lié à Tarse, en Cilicie (Asie-Mineurei,
d'un- ri'i'. f .nnllp juive de la triliu de Benja-
niiii. I.i'- - de celle ville, par concession
M... I l, .! du titre de citoyens romains.
■ alors et qui doimnit droit à
- Mais Saul regardait comme
un tilrc lit- nidili-sse l>icn plus firand d'être de
la race d'Abraham et lidéle k la loi île Moise.
Il Mnl à Jérusalem et étudia les Ecritures sous
la direction du céli-hre docteur juifiiamaliel.
l'amii ses condisciples se trouvait Rarnahé.
son luliir cumpasnon dans l'aposUdal chrétien;
il y \oy;iit .iu>-si Eti>iiiie,qui devait éli' ;■
le (iieniier di's diacr>'> et des inartyr-
:;,r- liiul plu' ' " ' -.r tirer la >
,|c vc< |ii !is .-n rec<
1.1 Ml. uni'- de Jésu->.iii i:-i. Mais, en a,.- i. ........
son maître était Moïse, et Saul, son brillant et
impétueux di>riple, aurait icjardé comme le
plus t-raiiil di- .limes d'en siii\re un autre.
Saul était ••iiti'- avec ardeur .I.m- ]>■ n.-irti ciui.
extérieureiii>'nt ilo moins, p
pour la bii <t le plus rit'ide •
ditii'ii< nation. il''^; il était, coinuir il l'a dit lui-
même, I pliari-ifo et fils de pharisien. " Il avait
à peu prés !.. même i;;e que V :ienr.
sauf peut-lire une année de plu--, ; il ne
seiiilile pas avoir connu persniiiKlIcuieiit le
di'iii Mîïitre durant sa vie mortelle, et ne parait
. trouvé i Jérusalem au moment de la
• dr la mort du Sauveur.
ni'Tiiis nùuiirablo : Etieuuc avait prié, dit
saint Auij'ostin, et l'Eglise devait avoir saint
Paul. ..
Lorsque Jacob, sur son lit de mort, avait béni
ses lils el prononcé diverses prophéties sur leurs
destinées, il avait dit de Benjamin : <' Uenjumin
hipiii l'dpox, Hiiiie comeJ'l inudnm et vapcir
tlnUicI spolia : Itenjarain est un loup ravisseur,
le matin il enlève la proie, mais le soir il dis-
tribue la nourriture. " Ce loup ravisseur, c'était
Saul, le descendant de Henjamin; au matin de sa
vie, il ravage l'Eulise. mais, le soir, il distribue
aux 4mes le pain de la vérité et leur ouvre
les trésors de la firàce.
Toutefois, ce matin terrible de la vie de Saul
durait enc>'' I • «upplice d'Etienne, loin d'as-
souvir la r -. n'avait fait que l'auiimen-
ter. " l'ne 1.1 — ; , . ^écullons'éle^a dan-. l'Efilise
de Jérusalem, écrit saint Luc, et tous les tidéles
de cette villi riiiiiii .li^i.rsés dans les rêvions de
la Judée el <
Saul, en ' à main armée dans les
maisons, et quiconque était reconnu pourdisciple
de Jésus-Christ était chargé de diaiiies et trainé
CD prison. >. Hélas! dira plus taril l'.Xpntre, dans
les accents d'uue touchante humilité, m il'-'fé tant
de travaux, de soulTranc»-.; el d i !■
salut desiiue» : ■ Je ne sui.- pas .,
un apôtre, car j'ai persécuté ri..ii~.. Je Ui'.ul
" SAUL, SAIT, l'OraOl'Ol ME PrilSIXl TES-TV ? ••
Non content d'avoir porté la dévastation dans
''- ' ' ' '- Ville Sainte, le loup furieux de
it À poursuivre au loin les brebis
A une cinquantaine de lieaes de Jérusab-m,
sur I.-- li.'.l- .l'i l'i" »^.>ri li.'.Ts »'él<'iait rancieniic
c.c i cèl hreau temps
il - i.:ii .\ntioche,
!il nom-
; cmier
éïciju.- .\naiiie. il ^ y rlail furin. .1 '
rapiletr; 'nf au^nit ulée par le» di-
.! m.
lut d'atteindre josqne-là •"»« victime».
I. culi'i'pnst; n'était pas sons .i
même -^aiis dan;:er : Damas était ,.
nu sceptn d .Vritas. prin
Romain>. aili'- uu roi d'K 1
.M
teci.
1 ■
1 "Ull-
pour
n (ir II r.irrr tu- i i-...j i
iiion de ri-jslise primitive.
• n: il dépl.M.
• l tonte 1.1 M- .1
Une fil
.il , Il
Kureni .
Il el ,1
(lu av.iil
ni polir
ne s il vouUil
de* lettre» du LTind f»r*tr»»
'TOI*
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p«iir
VOI.V
J.-
!• ,1. il approcbail de itâmt». lorv|ii'il
1.1*111 eavimnné d une luinivr^ du cirl.
ut j b;rre, il enten lit uur v»ix <|Ui lui
.111 l'i . 1 11 . 1 .111 t . j .1 w '•il . '
iniMionDon» en «a retrotiver un
Et la Toîx Hponlit : « i« nut icnim qih la par-
s<kutes. Il est dur pour toi de re;^imber contre
l'aii-'uillon. .1
Tremblant, saisi d'effroi, Saul dit : « Seigneur,
que voulez-vous que Je fasse? »
Le Seigneur reprit : <■ Lève-toi, entre dans la
ville, là, on te dira ce qu'il te faut faire. »
Or, les compaf-'nons de Paul restaient debout,
plongés dan» la stupeur; ils entendaient la voix,
sans apercevoir personne.
Sauf se releva et ouvrit les yeux, mais il ne
voyait plus. Ses coin|>aanons le prirent par la
main et le tirent entrer à Damas (i . Il y demeura
trois jours dans une cécité complète, et ne prit
aucune nourriture, ni aucune boisson.
II se préiiarait ainsi, par la pénitence et la
prière, aux ordres de Dieu, et il est probable
que, pendantce temps, Notre-Seianeur commença
à l'instruiri- par révélation de beaucoup de
choses. — 0 modèle de c.onversiou franche et
parfaite, avec quelle droiture il s'attache à la
vérité dés qu'il la connaît !
BArrèUF, ET CO.NFIBUATIO.N
LE LOUP CHA.fOK TM AQNEAC ET Pl'IS E.N P.^STECR
Or, continue l'historien sacré, il y avait à
Damas un disciple nommé .\nanias. Le Seianeur
lui parla dans une vision : " Ananias! lui dit-il.
— Me voii'i Seicneur, répondit celui-ci .
— Léve-toi, dit le Seiunenr, va dans la rue
droite, à la maison de Juda, et demande un
étranjrer, né à Tarse, et nommé Saul. Il est en
prières. » Or, en ce moment même. Saul avait une
vision où lui apparaissait un homme nommé
Ananias. qui entrait dans la maison et lui impo-
sait les mains pour lui rendre la vue.)
Cependant, .\nanias répondit au Seit;neùr : « J'ai
appris, par de nombreuses personnes, tout le
mal que cet homme a fait à vos saints dans Jéru-
salem. Et il vient avec un mandat des princes
des prêtres pour arrêter et charger de chaînes
tous ceux qui invoiiuent votre nom.
— Va san-i crainte, reprit le Seiyneur, car cet
homme est pour moi un vase d'élection qui por-
tera mon nom devant les ^jentils, les rois de la
terre et les enfants d'Israël. El je lui montrerai
tout ce qu'il faut «ourfrir pour mon nom. »
Ananias alla donc et vint à la maison indi-
quée. " Saul, mon frère, dit-il en lui imposant
les mains, le Seii-neur Jésus, qui vous est apparu
sur la route à votre arrivée, m'a envoyé pour
que vous retrouviez la vue et soyei rempli de
l Esi)ril-Saint. -«
Aussit >^t, on vit comme des écailles tomber
(I) Le lipu où saint Paul fut renvers»* pur la voix
f»*!»"!». «lit Ms?r Mi«lin. e»l .1 dix uiiniilrs •!» Ii porte
. '■ ■ licnant le cimpii^rc '• u^
l'ii y .iTsil runslrii;
1. I ,■■ i)il Ullf cliMl7ailP' lie ;,...,.;,, .il
rolonnej, qui «ont toii-t coiidii':» (l.ins le iiurnc 'en<.
r," li"!!, qui '«t l'iut à nMi- rlii chemin, est un pou
un nionliciiln de diTorahr»"!. Les
it ch.nqiic .innce processionnelle-
' onvcriiii'n 'le ».ilnl l'anl.
I entra «l.irn !.i ville, et all.i ilnni
I I ; liroile. dani la iii.ii'on de Jiide.
La porte de aaiiil Paul (l<ah-l)oum,'i) est appelée
porte ririenltle pi<r le» h.ihitin)" l'sneienne porte
....... ' ' ' I l'ï
t..
I.
fh-nilr nh demeura Mini Paul, *'fait dai.
'. F.lle porte encore le m'^me nom
p. m.)
des yeux de Saul ; il recouvra I.1 vue, et, se levant,
il reçut le baptême. Ensuite, il prit de la nnurri-
ture et recouvra ses forces. Il demeura quelques
jours avec les disciple;- qui étaient à Damas.
Et, immédiatement, il se mit à prêcher dans
les synagogues, proclamant que Jésus est le Fils
de Dieu. Or, tous lesjaifs, stupéfaits en l'écoulant,
disaient: « N'est-ce pas cet homme qui persécutait
à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom? N'esl-il
pas venu ici dans l'intention de les arrêter et de
les conduire, chargés de chaînes, aux princes des
prêtres? ■>
Mais Saul, redoublant d'énergie et de courace,
confondait les juifs qui étaient à Damas, procla-
clamanl que Jésus est le Messie.
TBOtS AXS DB.VIE CONTEMPLATTVK
SAINT PAUL VA VOIR PIERRE
Si nécessaire que parût l'entrée immédiate
d'un tel ouvrier dans le champ du Seigneur, cou-
vert d'une moisson si aJiondante, malgré tant
d'àmes qui attendaient leur apôtre. Dieu veut
que cet apêtre prenne le temps de se bien pré-
parer à son incomparable mission, et, dans une
sorte de noviciat ou de retraite de trois ans, il se
sanctilie beaucoup lui-même avant de travailler
à la sanctilicalion des autres et devienne un
docile et digne instrument entre les mains de
riisprit-Saint. Car c'est l'Espril-Saint qui con-
vertit les imes, et non l'ardeur humaine toute
seule. Saint Paul nous apprend lui-même qu'il
se retira durant trois ans en .Arabie.
Dans ces déserts, où il retrouvait les souvenirs
de .Moïse et d'Elie, Paul, avant de parler aux
hommes, «'entretient seul avec Dieu.il y est ins-
truit directement par Jésus-t.'.hrist de la science
de l'Evangile, des mystères du Nouveau Testa-
ment et do leurs relations avec la loi ancienne,
et de toute cette doctrine enlin qu'il exposera
plus tard dans un langage d'une sublimité qu'on
n'a jamais dépassée. C'est évidemment pendant
ces extases et ces révélations qu'il fut ravi Jus-
qu'au troisième ciel et y apprit des choses qu'une
langue humaine ne saurait raconter, ('"est ainsi
que saint Paul, comme les autres apôtres, reçut
sa mission et sa doctrine directement du divin
.Maître lui-même.
Ihiis il rennt à Damas, où il reprit ses prédi-
cations. <i Mais, écrit saint Luc. les juifs de
Damas se concertèrent dans une assemblée pour
faire mourir S.iul. Les embûches qu'ils lui ten-
daient vinrent à sa connaissance. Ils avaient
«posté, aux portes de la ville, des ;.'ardes qui
\ " -• jour et nuit avec ordre de le tuer.
I t, les disciples le descendirent la nuit,
li ui- iior corbeille, du haut des remparts. ><
.^yant si heureusement échappé .a ses enne-
mie au nom du Seigneur, Saul vint à Jéru-
salem pour voir Pienr. ainsi qu'il s'exprime lui-
ni-'ine. ■' I.'^ voir néanmoin', non pour être
instruit, lui que Jésus-Christ in>-lrui'.nt lui-même
par une révélation si expre<si', dit Hossuel,
mais afin do donner la fornie aux siècles futurs,
et qu'il demeurât établi à jamais que, qucl<|ue
dorte, quelque saint qu'on soit, fût-on un autre
saint Paul, il faut voir Pierre, >> c'est-à-dire le
Pape.
Il entra donc diins la Ville Sainte, où il n'avait
pas reparu depuis le jour qu'il l'avait ipiii''
r.'tniesi pleine de menaces, emportant le« 1. ils
'■ p« du t'rand prêtre. Les li ' '
, qui ne l'avaient pln-i revu et
i'U v'Tiiier encore ce qu'il» av.iienl eni
'l'une conversion «i inallcndii' . dei
sur leurs gardes. Toutes leurs maisons, [toute»
leurs assemblées lui restaient interdites, jusqu'à
ce que saint Harnahé, son nnrien condisciple,
qui connaissait mieux la droiture de cette àme,
le re'ùt dans sa ilemeure. HientAl, il put le
présenter à saint Pierre, le chef de l'Eclise,
et à saint Jacques, févéque de Jérusalem, à qui
l'illustre converti exposa les merveilles de la
miséricorde divine à son éyard.
Avec quelle émotion et quelle tendresse
Pierre, à 1 ime si paternelle, dut presser sur son
cœur, en lui donnant le baiser de paix, cet adver-
saire nrliarné d'hier que Hieu lui donnait main-
tenant pour frère d'armes!
<• Cette entrevue de Pierre et de Paul ■< la forme
des siècles futurs. » est un des moments les plus
solennels de l'histoire de l'Ei-'lise, écrit M. l'abl"'
Darras. Entre le premier baiser îles deux apiMn-s
et leur dernier adieu sur la voie d'Ostie, quand
ils se séparèrent pour aller au martyre, les deux
frères auront fondé Rome chrétienne et lait
adorer le nom de Jésus-Christ par tout l'uni-
vers. »
Le nouvel apAtre, désormais reçu en toute con-
fiance par les fidèles de Jérusalem, commença
aussitôt sa mission. " Il parlait avec les pentils
et disputait avec les juils de langue ».'recque, »
dit saint Luc. c'est-à-dire avec ceux dont il faisait
na:.'uère partie, avec ceux dont il avait partagé
et «xcité les passions haineuses.
Mais ceux-ci, tournant contre lui la fureur dont
saint Etienne avait été la ]iroiiiieri> victime,
cherchaient roccasi<in de le mettie à mort. i. L'n
jour que je priais dans le temple. dit-il lui-même,
mon esprit fut ravi en extase. Je vis le Seigneur
et il me dit : « H;Ue-toi, et sors promptement de
Jérusalem, car ils ne recevront point le lémoi-
{.'naçe que tu portes de moi. — Seii:neur. répon-
dis-je, ilS'Savent bien que j'emprisonnais autre-
fois et que je traînais dans leurs svnago^'ues
ceux qui croyaient en vous. El lu-ndant qu'on
versait le sany d'Etienne, voire martyr, j'étais
là, je m'associais de cu-ur à son supplice et gar-
dais les manteaux de ses meurtriers. >< Jésus me
dit alors : <■ Va, parce que je veuxt'envoyer aux
nations lointaines. »
Les lidéles, instruits des complots des juifs,
escortèrent Saul jusqu'à Césarée, d'où il s'em-
barqua pour la Syrie; de là, il passa en Cilicie et
vint à Tarse, sa patrie.
Tarse avait envoyé un disciple à l'école phari-
sienne de lîamaliel, Jésus et saint Pierre lui ren-
vovaient un apolre.
Saint Harnabé ne devait jias tarder à aller le
chercher de nouveau, et alors commencèrent ses
immenses travaux apostoliques dans r.\sie-
Mineure et l'Europe juscju'au jour de son martyre
à Home.
0 (.'lorieux apôtre Paul ! Docteur des nations,
convertissez les ennemis de rE;;lise et ohtenei-
nous à tous d'entrer franchement et résolument
dans la vraie pratique de la vie chrétienne.
t^^
\ . l<.-'j(':::tl, L. l'ITITUl-llil, ■ r.i' I r.ill'^'l» I . l'il
SAINT ALBÉRIC
DEUXIÈME ABBÉ DE CITEAUX
Fête le 26 janvier
Saint Albéric, abbé de Clteaux, reçoite un manteau blanc des mains de la T. S. Vierge.
NAISSANCE KT KOCCATION
Albéric naquit vers laii 1030. Sa famille et ses
premières années ne nou? sont pas connues. Il
semMe que la Providence ait jeté à dessein le
manteau de l'obscurili' sur l'enfance de ce grand
Saint, pour nous apprendre qu'une naissance
illustre, une f^rande fortune, ne sont pas des
motifs suKisarits pour déterminer son appel.
Cependant Dieu, ijui le destinait à de grandes
choses, le comMa de tous ses dons et de toutes
ses faveurs. Tout lui assurait un brillant avenir
dans le monde. Mais, prévenu par la L'ràce, Albéric,
jeune encore, aspirait à des biens plus solides et
[dus dur.Th|p3
PRKMIF.R APPKr.
ALBEBIC AU MONASTERE DK «0LK>MK3
Docile à l'appel d'en haut, Albéric entra dans
la vie religieuse sous la conduite de saint Hnbert
de Molesmes. I,e saint abbé lo reçut avec tous les
témoigiia^;es de la plus palertielle affection.
Bientôt il reconnut dans son jeune disciple uno
Ame marquée du sceau de la plus haute sainteté.
.Animé de l'esprit de-t saints anachorètes et des
Pères du désert, Albéric s'appliqua à retracer
leur vie sainte et pi'nitente. Les Antoine, les PanI,
les Pacrtme semblaient revivre dans les disciples
de Hobert, et la solitude de Molesmes ne le cédait
••n rien aux déserts de la Tliébaide. Pour tculo
Il iliilatiiin.dcsci'llulesfHitesde liraticbes d'arlrr <,
m-z
pour lit, la terre nue, pour nourriture, l'herbe de
la forêt et l'eau claire d'un ruisseau. Heureux et
contents, les solitaires passaient l-->ur vie à louer,
à contempler, à servir Dieu, i-l quand le sommeil,
fermant leurs paupières, venait e.\i^'er d"eux le
repos que réclame la nriltire, ils quittaient avec
peine les exercices de la prii-re, qui sont sur la
terre un faible écbo du "lianl de louan^'e, de
rilosanna des séraphins dans le ciel. Tel fut le
noviciat de saint Albéric.
I<ELACIIF.VIE.\T .\ UOLESMES
Tant de vertus et lant de sainteté ne peuvent
rester longtemps dans l'ombre, la lumière ne dnit
pas rester sous le boisseau. De riches seisneur».
frappés des merveilles de pénitence et des souf-
frances des serviteurs de Di-ni, veulent leur venir
en aide. Les riches aumônes airivent de toutes
parts. Bientôt, à la place des huttes de feuilla^'e,
lin voit s'élever an nia;:nilli|ue monastère; uii'î
nourriture plus forlp et plu-i délicate remplace
les herbes et les racines. .Mais, bêlas! à la faveur
de l'abondance, le piTlidi- t-Mitaleur se glisse dan»
le monastère. Il leur fait adroitement savnurcr
les charmes d'une vie ro''>ins dure, leur iiis|iire
une plus (.'rande pré<>ccu|Mliou des choses de la
terre. l'Iusieur» ^'y laissent [irendre. Itref, la pre-
mière ferveur se refroidit peu à peu.
^F.UXIF.Ml: APPRL l>K LA CBACC
.-Alirr ALBtBlO OflTTE II'JLESIIES iVB<: SAI.NT BOItKHT
Itoberl, le saJnt abbë du monastère. Ut tous
ses efforts jiour réa<;ir rentre la décadence de la
sainteté, résultat trop fréi|ufiil de l'inconflan'e
humaine. Tout fut inutile, l'ourse par ^e^prit de
Dieu, il résolut de quitter le iiionaslire et d'aller
chercher une aatre retraite ou le Si-i«ueur ^.-rait
mieux servi. Ses plus fervrnl» disciples, Albéric,
i'itienne llardings,et plusieurs autres le suivirent.
i>n trouver un refu-»', ou trouv.-r de» ressoiircM
pour vivre dan» on auire séj"ur? Ils g'eu remei-
laient pour ce »oiu a la Pnoideiice divine. Leur
•■spoir me fat p** lroiB|>é. Ije lé::at apostolique,
' " ■ ■ i'Oiitilic.ul''
lixer par-
sjUUl iicilull.
tO.XOATION DC CITKAUX
• •r, le lieu qn<- la
f>nnr <^re le rcitr»' dV.
! un foyer
11-, »'npii' I
C'est ainsi que les riches sei^'neurs des ;\ges
de foi aimaient à honorer le Christ dans ses plus
parfaits imitateurs.
rmsE DE possEssroH de crrEAfx
l.e dimanche des fiameaux tO'.tS, les religieu.x
s'acheminèrent vers leur nouveau séjour, l^ ciel
•■lait serein, le soleil ét^lairait la terre de ses plus
beaux feux, la nature entière semhait prendre
pari au bonheur des moines. Ils s'avancent deux
à deux, la croix à leur tète et font retentir l'air
de leurs chants mélodieux. A l'exemple du Sau-
v.'ur, ils prenaient possession de cette Jérui-ateni
où ils allaient coi, sommer le sacrillce d'une vie
offerte pour le salut de leurs frèrps. tjuel inaAl'i-
flque spectacle etde combien de ^tAcch cette prise
de possession ne fut-elle pas la source t
(AINr ROSnT QUITTI CITC\UX — ALtIiÏRICKgT ÈU> ABUF.
Mais, après le jour, la nuit et ites «ombres
ténèbres ne tardent pat à venir; après le» joies
et les douceurs de la fête, viennent l«» peine* et
le» larmes. Il y avait peu de lemp* que «aint
ltot>ert était à Cileaux iguaud, sur l'ordre du l'ap'',
il dut quitter sa «olitude et lelourner h son
monastère de Molesmes dont les uinine* récla-
maient leur père, proiueltunl d'-tie plus dociles
à l'avenir. (Ils tinrent parole el ivprireul <"*ti» la
direction de leur saint .ibbé leur i'ri<-nr primi-
tive. Mais Hobert u« Imanu pi» "' ~
eafantb de prédilection. Il cboiMt p ■ .1 ,i
ea qui revivait le plus non e»piii. Il ■ n\
sur Albéric, • t comme auirefon i t .<> ni
fait pour Juk«pb, il l't'Lablil pniLi'e de m UMiffii.
tn apprenant cette nouiiuation, doijl lui «eui se
croyait indique, Albéric m jrlle a«( p««da de
liobert : • Ob! l'ère, lui dit-il, nfi fùU* é» iiia
faiblecM, Bc chu-ift pa» me* epaulM d'vn far-
deau M Umrd. ' Mai» la vnix de !>!•-« a'^UÙ! f.iit
eulMidre. Les sutlra^fc* réuui> de ti>u» Ua fr«res
coBflrmèrcnt le cb-i ut Kobrrl. AlMric
fut élu et sacré par I • OhkioMa, 4aM le
diocèae duquel «e Iroutoit (..t^itua.
I-RMIIEIIS TUAVâtà — l«M*4n0il M
M Ml I", ts i I 11 1 \l 1 '\ ' \;
liestuit a li.ilii un
tection du ciel, .ill
1 ili In l'iu-
le-i travaux.
- ■. • 1. I.-'
n r»'li.ll .ill'
ivi fM M pro-
iiM^iiM-
■■•••-firr^
: i iHi
Htl, Fl'rl U/li. 1.41
Reine du ciol voulut récoinpciiàei elle-même ceux '
qui se mettaient sous sa protection. i
LA SAINTE V1BBGB DO.NNE l'hABIT BLANC AVX RELIGIEUX |
DE niTEAUX
En quittant Moiesme<i pour Citeau^, disent les
actes, les r>?li^:ieui portaient le costume noir des
Bénédictins. Or, une uuit, le bienlieureos Albéric ■
et ses reli;.'ieuï chantaient au chœur roflice de
Matiues. Tout à coup ]"éj.'lise s'illumine et se
remplit d"un parfum d'uiie a;;réable odeur. Les !
reli^ùeux lèvent la téli?. u merveille! la Vierge i
Mère de Dieu leur apparait entourée d'une pba- '
lan^e d'esprits célestes. Marie portait dans ses
mains un manteau Llauo resplendissant comme
la neise. Elle s'avance vers le vénérable aJ)be',
lui présente le manteau, accompaiinant ce don
du plus aimable sourire. La vision disparait; et
les religieux, à leur grande joie, se virent tous vêtus
d'habits blancs. La Vierge plus pure que le Us
des vallées venait, en leur donnant ses livrées,
de Uis mettre au nombre de ses serviteurs les plus
chers.
SAINf ALBÉRi:: DONNE DES RÊGLE.S A CITEAUX .
Appuyé sur la protection de la Reine du ciel,
Albéric voulut donner des régies à son Ordre. Il
s'appliqua d'abord à faire revivre la rèïle de
saint Itenoit dans toute sarigueur. lien retrancha
les abus qui, par suite de cir^-onstances particu-
lières, s'y étaient introduits. Pauvreté absolue,
travail san? relâche, mortification continuelle,
renoncement complet à tout ce qui est du monde,
<^and esprit de prière, telles furent les bases sur i
lesquelles le Saint voulut élever l'édifice qui i
devait traverser les siècles. Tel fut l'esprit dans |
lequel il rédifjea les constitutions de Citeaux. i
MORTIFICATIONS ET PF:MTE.NCE.S d'aLBÉRIU I
I
Les nouveaux réj^l^ments furent bien accueillis, i
D'ailleurs, le saint abbé n'imposait pas aux <
épaules de se'! frères de fardeaux dont il n'eut
lui-même senti lepoid". Ses mortifications étaient
incroyables : les veilles, les jeûnes, les souf-
frances du corps étaient comme le besoin de sa
vie. Il s'associait de toute l'éiiert'ie de ses forces ]
et de son L'rand cœur aux souffrances de notre
divin Sauveur pour le salut des âmes. i
Son amour pour les pauvres était immense.
Il avait voulu que la troisième partie des biens
du monastère leur fnt di-tribuée. Un de ses plus
grands bonheurs cl 3'>ii unique délossemenléUit
de les servir .i table. Il les Imnorait comme les
amis particuliers de J''«us-i;i)rist et leur rendait
les services que Marllio • t Marie avaient rendus
au divin Maître. Il l.ivait leurs pieds, pansait
leurs ulcères, et bien souvent, appliquant ses
lèvres sur les plaies de ces malheureux, Il les
rendait à la santé.
LCTTHB OB 9AI.NT ROOKRT A l'aDIIB OK CITIAUX
' i.llt .1U
' -land''
choses que Dieu opérait à Dteaux, écrivit à ses
fils bieu-almés : ■ Si la plume pouvait se fair»
Icingue, si l'encre pouvait suppléer aux larm, s
elle papier retléter lecteur, vos oreilles, v s
yeux, tous vos sens, votre cœur tout entier se-
raient émus pour moi d'une immense comini. ê-
ralion. »
MARIE PROTECTRICE DE l'oRDRE DE CITEACX
l'.N SEL"L NOVICE AU NOVICIAT
Cependant, l'Ordre de Citeaux, malgré l'appro-
bation du Pape et de sympathiques encourage-
ment? venus des plus :.'raiids pr-^Iats, se n-cru-
tait difficilement. Ine vie si austère efTrayriit la
pauvre nature humaine. Le manque de novices
elles persécutions qu'il subissait ah irs semblaient
vouloir l'éteindre dès son berceau. Un jour
Albéric en prière demandait au Seismeur d'en-
voyer des ouvriers à s.i vigne. Il invoquait surtout
Marie, la reine des aprttres et la protectrice de
l'Ealise naissante. La Vierge-Mère lui apparut :
' .Ne crains pas, lui dit-elle ; cet Ordre est appelé
à une l'écondilé merveilleuse. Je le protégerai et
ledéfendrai mni-mêine jusqu'à la lindes siècles. .
.•Vlbérlc se relève le cœur rempli d'une sainte
espérance. La prédiction de Marie allait s'ac-
complir.
A quelque temps delà, un jeune clerc achevait
le cours de ses études. L'ne nuit, dans une vision
admirable, il vit une cité merveilleuse, telle que
l'on décrit avec ses inénarrables splendeurs la
Jérusalem céleste. Le jeune homme aurait voulu
l'atteindre, mais un lleuve larye en «gardait les
abords Tout à coup, il iperçoit douze pauvres
lavant leurs tuniques dans les eaux du lleuve.
Au milieu d'eux se trouvait un jeune homme
aux vêtements dune éclatante blancheur. Cet
inconnu s'approchait tour à tour des pauvres et
les aidait dans leur humble travail. Le clerc
l'aborde. « Quels soiit,deiuande-t-il, ces hommes
que je vois là? — Ce sont de pauvres pénitents,
reprend l'inconnu, ils lavent leurs péchés dans
les eaux du repentir et de la pénitence; et moi
.te suis le Christ; sans mon secours, ni ceux-ci
ni personne ne peuvent faire le bien. Celle belle
cité que tu contemples fst le paradis où je rèyne.
Ceux-là seuls qui ont lavé leurs fautes par la pé-
nitence y sont admis. Tu connais la voie qui
conduit au ciel. Il n'y en a point d'autre. >•
Frappé de celte vivion , le clerc résolut de .
quitter le monde et d'embrasser la vie religieuse. ■
Il vint frapper a la porte de Citeaux. .V ce si;.'nal, ,
le portier ouvre et s'incline profondément devant
lui. Quel ne fui pas rétoiiii«-inent du jeune
homme; il reconnaît «lans i'' l'iereuii des douie
pauvres de la violon. Il demande à parler à
I al>bé, Albéric l^rerfi! iii présence delà cominu-
II iiité. L"étrani.'''r r.' iiiinnit dans chacun des re-
1 i"U\ le^ il 'U' I 11. il qu'il avait vus sur le«
' • l> ilii i:. li. \ii- i.'.i il tombe aux pied* ilu
lit, lui ruioiile < oiiiinent la main de IH'ii
iiduit, et le ciiiijure de le recevoir au nen
«es fils. Ce fut le seul novice qu'Ai'
' :iiiit au noviciat.
J0I8S ET CONSOLATIONS
Si de nombreux disciples ne venaient pas con-
soler son cu'ur de fondateur et de père, Albéric
cependant ajoutait les consolations du ciel. Marie,
pour laquelle le Saint avait un amour tendre et
ûlial, se plaisait à venir le visiter, le consoler,
et se montrer envers lui la plus tendre des
mères.
MORT DR SAI>T ALBKRIC
Déjà la dernière heure avait sonné, la cou-
ronne était prête au ciel. Le Christ allait donner
à son serviteur la palme de la victoire. Ktendu
sur la terre nue <iui lui servait de couche. .Albé-
ric reçut les derniers sacrements. Autour de lui,
ses fils éclataient en sanglots. Seul, au milieu
des larmes et de la tristesse, le Saint gardait un
visa;;e calme et souriant. « Oh! mes Frères, leur
dit-Il, qu'il est bon le Dieu de miséricorde!
comme il sait miicniri<|ueinent récompenser ses
serviteurs. S'il vous était donné de contempler le
spectacle du ciel, la vie présente vous serait en
horreur. "
Le Saint mourant entonne le symbole des
apôtres qu'il récite d'une voix forte et vibrante;
il commence ensuite les litanies de la Sainte
Vierue. Dès qu'il a prononcé l'invocation <• Sainte
Marie, priez pour nous », son visa(.'e s'illumine
comme le soleil, ses yeux se fernifut doucement
et sa belle ime s'envole au ciel, portée dans les
bras de sa Mère, il» janvi.r 1 lO'.i.
ELOGK IIE SAINT ALBERIC
APPARITIO.NS APRES SA MORT
Le bienheureux retienne, disciple et successeur
dWlbéric, fit ainsi son élojje en présence des
Frères: " Pourquoi pleurons-nous"? Heureux est
son sort! plus heureux est celui qui l'a mérité.
Mille fois heureux nous-mêmes d'avoir été
élevés par lui à une telle gloire. .Notre Père a
reçu la récompense, le prix de ses travaux, la
couronne de ses combats. Ne pleurons pas sur
ce généreux vainqueur, pleurons sur nous qui
luttons encore dans la mêlée. »
.\près sa mort, saint .\lbéric apparut bien des
fois à ses frères; il les consolait et les encoura-
geait à marcher dans la voie de la [lerfection
qu'il leur avait tracée.
Les sueurs, les souffrances et les peines de
saint Albéric portèrent leurs fruits après sa mort.
Ses successeurs recueillirent dans la joie ce qu'il
avait semé dans la douleur. Saint Ktienne Har-
dings, qui fut chargé après lui de gouverner la
communauté, dut continuer quelques années
eiicore les ardentes prières de son prédécesseur ;
mais un jour Dieu lui envoya un jeune uentil-
hoinmede ltourgo;.'ne, suivi de trente compai:nons
qu'il avait lui-même arrachés au monde : ce jeune
homme était saint Kernard. A parlir de ce mo-
ment, l'Ordre prit une extension inouïe et Unit
par compter jusqu'à dix-huit cents monastères;
il fut à la tête du mouvement religieux eu Eu-
! rope au xti° siècle.
-^.;
lmp.-t*ttnl, K. PinranuT, fl.ru* Krtn(;«ii 1", Ptrli.
SAINT JEAN CHRYSOSTOME
DOCTEUR DE L'EGLISE
Fête le 27 janvier.
Jean, que son incom-
parable éloquence fit sur-
nommer Chrysostôme ,
c'est-à-dire bouche d'or,
était né à Antioche, l'an
344, de parents chrétiens
et de noble condition.
Son père, appelé Second,
officier distingué de l'ar-
mée de Syrie, mourut
prématurément, laissant
dans les larmes sa jeune
femme Anthusa et son
fils Jean, à peine sorti du
berceau.
Veuve à l'âge de vingt
ans, riche des dons de la
nature et des grâces de
la vertu, Anthusa refusa
de convoler à de nou-
velles noces , pour se
consacrer au service de
Dieu, à l'éducation de
son fils et à la mémoire
de son époux. Le fameux
rhéteur paien Libanius
ne put s'empêcher de
dire un jour, en parlant
d'elle : « Quelles femmes
il y a parmi les chré-
tiens 1 D
Libanius était le plus
célèbre professeur des
belles lettres de son
siècle ; Jean fut son élève
et il dépassa tous ses
condisciples . Il reçut
aussi des leçons de pni-
losophie d'ÀdrManlius;
et, à vingt ans, il débuta
dans la carrière du bar-
reau. Les discours du
jeune avocat firent l'ad-
miration de Libanius et
de tous les amateurs
d'éloquence.
DEUX Awa
Cependant, par un re-
grettable abus, trop fré-
quent alors, Jean n'était
pas encore baptisé. Flatté
parles applaudissements
du monde, séduitpar des
rêves de gloire butnainf,
il aimait les théâlri's, et
<a vio, que Dieu voulait
Saint Jean ChrysoBtôme
(D'«pri'« une fresque ■'<: I r» Au^ji-liro. ilan»
UrhapeUrde Paint-N. ■ 'i« 'm \ nt.f'rin
rendre si utile à son
EL'Iise, semblait devoir
s'écouler dans la vanité.
Heureusement, parmi
les nombreux condisci-
ples, amis du jeune ora-
teur, il s'en trouvait un,
plus cher et plus intime
que tous les autres, qui
se nommait Basile : c'é-
tait un chrétien non
moins vertueux qu'ai-
mable et instruit. « Vint
un jour, dit Chrysos-
tôme, où Basile, ce bien-
heureux serviteur de
Jésus-Christ, résolut
d'embrasser la vraie phi-
losophie de l'Evangile,
la vie monastique... mais
comme il était bon par
excellence, il s'obstina
à rester mon ami. »
L'exemple et les exhor-
tations de Basile déter-
minèrent peu à peu son
anciencondisciple à
s'instruire sérieusement
de la religion chrétienne,
plus belle que toutes les
philosophies païennes ;
et, à l'âge de vinjjt-cinq
ans, Jean reçut le bap-
tême des mains de saint
Mélèce , évêque d'An-
tioche.
« Depuis ce jour, dit
son historien Paladins,
je défie qui que ce soit
de prouver que Jean
Chrysostôme ait pro-
noncéuneparolede blas-
phème, de médisance ou
de mensonge, se soit
livré à un seul moment
de colère, ou ait souf-
fert qu'on tint devant
lui, même sous forme
dn plaisanterie, des pro-
pos injurieux contre le
prochain. » C'est sans
<loute aussi à cette épo-
que que le nouveau chré-
tien fit le pèlerinage de
JfTusalem.
Malgré de si rapides
pr";.'i'-s dit}» la vi-rl'i.
lb-677
Basile n'ôtait pas encore satisfait : il aurait voulu
entraîner son ami à sa suite dans la Toie parfaite
des conseils ëvantréliques. Après bien des ri5sis-
lances, Jean, mesurant la vanité des choses de ce
monde par la prande pensée de l'éternité, réso-
lut de quitter Atitioche pour aller se faire raoine
au désert. <■ Mais les touchantes instances de ma
mère, dit-il, me privèrent du bonheur que Basile
voulait me procurer... Elle me prit la main, me
conduisit dans son appartement, et m'ayant fait
asseoir près du lit où elle m'avait donné le jour,
elle se mit à pleurer. Puis, en sanglotant, elle me
dit des choses plus attendrissantes encore que se«
larmes. » Elle lui rappela la mort prématurée
de son père, tout ce qu elle avait sacrifié et souf-
fert pour son éducation; eHe le supplia enlin
avec tant d'instances de ne point la rendre veuve
une seconde fois, en l'abandonnant, lui, son
unique consolation en ce monde, que Jean se
rtsigua à se faire, pour le moment, une solilud''
dans la maison paternelle, et h ne s'engager
d'abnrd que dans les rangs du clergé séculier.
Il fut ordonné lecteur par saint Mélèce : c'était
le plus important des Ordres mineurs. Pendant
trois an», il vécut dans l'intime société de ce saint
prélat, modelé de douceur et de patience. Mélèce
s'i'prit d'une prande amitié pour un si beaup'-nie;
et, prévojvint ses futures destinées, il se plaisait
à l'iiisliuire dans les sciences sacrées. Jean l'ai-
dait dans ses irav.iux et lui servait de secrétaire.
Mais, l'an 372, l'empereur Valens, protecteur des
hérétiques ariens, et persécuteur de l'Eplise
catholique, envoya saint Mélèce ea exil. Mélècp
partit, lui-i-iant le troupeau lidèle à la carde du
prêtre Flavii-n, que Jean aida avec un grand lèle
dans ci-s trist<^ épreuves. Celui-ci gagnait même
à Jévus-Chrisl plusieurs de ses anciens con-
di'iciples, entre autres Maxime qui fut plus taid
ëvéque de Séleucie.
Jean et Rnsjle, ces deux tiarfait» amis, s'encon-
rape;iienl l'un et l'autre dans le chemin de la
sainteté; le pr'Muier avait trente ans. quand le
bruit 'e r'^paiiclit tout à coup dans Anlioche que
deux villes voisines les avaient Choisis pour
évi^Mues. Jean, comprenant tout le bien que
Ba«ile pourrait faire à la IHe d'un diocèse,
l'envoie an-silAt chercher ; mais, lui-ni*mn
s'enfuit et se cache, pendant que l'on '--
de v)n ami, pour le «airer évèque de
Baoile «e pl.iitMiit vivi;inent à ('.'■•■'
ce qu'il api'i-l.iit sa trahison. A
Jo iii rompn«a son beau traité
1 ■'••ur y développe, d'une niani-re
b (;r.iudeur et le-- d«'Voirs d'une fi au^; ■
lion dont il se croyait indigae.
«oi!» KT pniru
Jean v. r ^
lai««.iit j
]' ...-lit à 1.1 iliaifi- . il 11 1.
1 ri. Sa mère, d'aillear«. ■
ii«. <■ Je nie d'
-.•-■•
' Tl)
|. , . •
>•
■ •»
irir au
: ir. Ce
bois, porter de l'eau et toutes les viles fonctions
d'un mercenaire. »
Mais, en dépit des effrois de la nature, Jean
ChrysostAme venait embrasser la règle reli-
gieuse avec une volonté si sincère, si énergique,
si loyale, que, dès le premier soir de son séjour
au monastère, Dieu remplit son âme de célestes
consolations. 11 ne souhaita plus qu'une chose:
achever sa vie dans cette sainte retraite.
Nul n'a aimé la vie religieuse avec autant
d'enthousia'ime que Chrysostôine. Avec quel
amour il en chante les beautés dans son livre
intitulé : Comparaisntid'un roi et d'un moine. L'em-
pereur Valens , ayant ajouté h. UHii ses crimes
un décret qui ordonnait d'enrôlerdans ses armées
les moines catholiques, Jean prot"-^' ■ " vie
éloquente indignation dans ses Trv- ' ■■
Us ennemis de la rie monastiijue. 11 il : .. mi
parents que nulle école ne valait le monastère
pour former les jeunes gens à la vie chrétienne
et surtout à la vie sacerdotale.
Depuis quatre ans, Jean était le modèle des
moines du mont Casius par sou assiduité & la
prière. àlamédiiation des Ecritures, à 1j pénitence
et au travail.;qnand ses Frères voulurent le choi-
sir pour abbé. Il refusa et se relira dans une
grotte voisine, d'où il ne sortait que le dimanche.
C'est li qu'il acheva d'apprcn Ire toute la Bible
par cu'ftr. Mais en même temps, il s'y livra k
lies austérités au-dessus de ses forces. Au bout
d'' deux ans. «ne grave maladie d'esloninc, com-
pliquée de rhumatismes dus à rhumidité de sa
ca\ erne,|oblipèrent le saint ermite à venir se faire
soigner à Antioche.
Ile» qu'il fut un petl rétilTi snint Mélèce,
revenu de l'exil, «'enipr' -v h son
F.glise en lui conférant l' ' .il •. cinq
ans apK's, son successeur, saint Flavieu, ëlevait
Jean ChrysostAme au sacerdoce.
Le nouveau prêtre avait quarante-deux ans.
Penilaatdonxe années consécuiiv<>«.il fii' TapAtie
de la Tille d'.\ntioche. Une ,-■ '
admirables discours qu'il nou
autres ses lloni''lies sur l'Evanj,'!!''
lliieu et sur les Ejiitres de saint P
site
Av.
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ments. D'jà
pin- 1- in ;viii^nt été jeté' iTi J r ''tl. Tous lr>Tn-
Dliieiii. beaucoup fuyai-nt. I.'évéqup Fl.ivteo
qU'-li|iir dut linuii, l.-'rlief ht U rre, '.Iclir .!iJ I l«
<-I. Iiliiliip..*.
JSA^' PAIEUARCnE DE CO.N'STANTKNOPLE
Dans tout l'empire , on parlait de la rertu et de
l'éloquence du saint prêtre d'Antioche. L'an 397,
mourut Nectaire, évoque de Conslautinople, et
l'on se réunit pour lui choisir un successeur.
A peine Eutrope, ministre de l'empereur Arcadius
eut-il prononcé le nom de Jean Chrysostôme,
que le clergé et le peuple racclamèrent d'une
seule voix.
Restait à arracher à la population d'Antioche
son prédicateur bien-aimé : une émeute terrible
était i craindre; d'autre part, comment vaincre
les humbles résistances de l'élu? On recourut
à la ruse. Astérius, comte d'Orient, vint, sans
esrorle, trouver ChrysostOrae dans sa demeure,
et l'invita à l'accompagner dans une promenade
aux environs de la ville : il avait à l'entretenir de
divpr? sujets. Jean le suivit sans défiance; un
pèlerinai-'p à quelque oratoire de martyr sem-
blait devoir être le but de la promenade. Une
fois hors de la ville, Astérius fit monter son
compagnon dans son char. Alors, fouettant vigou-
reusement ses chevaux, le comte conduisit son
prisonnier jusqu'à la ville de Parga, où il le
remit aux officiers de l'empereur.
Jean fut amené à Constantinople ; le ministre
Entrope y avait convoqué un grand nombre
d'évi'ques, entre autres le patriarche d'Alexandrie,
Théophile, qui, malgré ses propres répugnances,
sacra l'élu de Dieu, au milieu de l'allégresse
universelle. C'était le 26 février 398.
Les difficultés étaient immenses pour un
évéque, dans la capitale de l'Orient. Le nouveau
pontife s'appliqua tout d'abord à ramener le
clergé aux pures et austères vertus de sa sainte
vocation ; il s'informait de la conduite de chacun
de «es pr'Ures; il avertissait, corrigeait et, au
besoin, chassait de l'église.
Lni-m<^fne donnait l'exemple d'une vie tout
apostolique. Sa pauvreté était celle d'un moine.
Tout mets un peu recherché était banni de sa
table; il ne mangeait qu'une fois le jour et ne
prenait jamais de vin, sauf an temps des grandes
chaleurs. 11 ne donnait au sommeil que trois ou
quatre heures par nuit. Le Saint avait une foi
très vive au sacrement de l'Eucharistie, et saint
Nil nous apprend qu'il vit p.irfois des anges
entourfr l'autel pendant le Saint Sacrifice.
Il réorganisa la pieuse Société de ces veuves
consacrées an Seigneur oui, sous le nom de
diaconesses, s'occupaient d'œuvres de r.èle et de
charité. Il mit k leur tAte sainte Olympie, dont
on disait à Constantinople : " L'impératrice Eu-
doxie reçoit les adulations de l'univers, mais la
veuve Olympie entend les soupirs et les bénédic-
tions de l'nnivers. » D'une haute noblesse, et
veuve & vingt-trois ans, Olympie avait refusé de
se remarier ponr consacrer na vie et sa fortune
au service de Dieu et des pauvres. Ses aumônes
étaient prodigieuses. C'est elle qui fournissait
les sfcours nécessaires aux missionnaires que
le saint ëv/^que envoyait en Phénicie, en Syrie,
chei les (ioths et chei les Scythes.
Grice à elle et A d'autres Ames généreuses,
grâce à ses propres largi ssfs, Jean Chrysostôme
multiplia dans Constantinople les asiles de cha-
rité et secourut des milliers d'indi^'ents.
Le 7.élé pontife pr/;chait plu'^ieurs fois par
.temainc et qijejijuefois sept jours de suite,
malgré sa santé presque toujours débile. Le
peuple quittait les cirque» et les théâtres pour
se presser autour de sa chaire. On ne se lassait
pas de l'entendre; souvent on l'interrorapait,
malgré lui, par des acclamations et des batte-
ments de mains. La piété refleurit daus C-i---
tantinople, et l'on ^it des âmes géiiéreu.-;s
s'élever, sous la direction du saint évrquc, a
une haute perfection. 11 y eut des conversioiii
nombreuses, même parmi les hérétiqu-^s et les
païens. Afin de combattre les ariens, Chrysos-
tôme composa, pour les fidèles, des cantiques
populaires, qui eurent un grand succès.
Le ministre Eutrope, tombé du faîte des hon-
neurs et sur le point d'i^tre massacré par la foule
furieuse, se réfugia dans l'église, où Chrysostôme
lui sauva la vie en apaisant le peuple ce jour-là.
Un général goth, nommé Gainas, à qui l'empe-
reur avait confié sou armée , parut sur les
hauteurs de Chalcédoine, à la tète de milliers de
barbares Goths et Grentongues, menaçant de
livrer Constantinople au pillage, si on ne lui
envoyait trois des principaux patriciens de la
capitale, qu'il voulait faire périr. La cour aux
abois ne pouvait opposer aucune résistance. Saint
Chrysostôme s'offrit pour accompagner les trois
prisonniers; il toacna le cœur du barbare, qui
lit agenouiller devant lui ses enfants et pardonna
aux patriciens.
Dans une antre circonstance, ce même Gainas
réclamait impérieusement de l'empereur une
des églises de Constantinople pour les hérétiques
ariens ses coreligionnaires. L'empereur, n'osant
refuser, priait Chrysostôme de la désigner; mais
le saint évi'que résista seul au gém'ral barbare
et ne consentit jamais à livrer une église catho-
lique aux sectateurs de l'hérésie.
PERSÉCOTIOH — SX IL ET MORT
Cependant, la liberté apostolique avec laquelle
Chrysostôme reprenait les vices des grands
commença à lui attirer des ennemis. L'impéra-
trice Eudoxie, avide de richesses, dépouilla injus-
tement plusieurs de ses sujets, entre autres la
veuve Théognoste, dont elle vola la vigne. Les
victimes supplièrent le saint évoque d'intercéder
en leur faveur; Jean Chrysostôme osa adresser
des remontrances paternelles à l'impératrice, qui
s'en montra profondément irritée.
En même temps, le courageux pontife accueil-
lait avec bonté les quatre prinripâux supérieurs
des monastères de Nitrie en Egypte, injustement
persécutés et chnssét par l'indigne patriarche
d'Alexandrie, Théophile. Or, peu après la fonda-
tion de Constantinople qu'on aimait à nommer la
Notwellc Home, le concile général de Nicée avait
formellement déclaré i^ue Tévéque de rancienne
Uonie, successeur de saint Pierre, restait toujours
le premier des patriarches et le chef de l'Eglise.
Innocent 1", qui occupait alors la chaire d«
saint Pierre, ordonna qu'un concile se réunirait
à Constantinople, sous la présidence de sesl^'^-ats,
assistés de Jean Chrysostôme, et que Théophile
irait y répondre de sa conduite envers les moines
de Nitrie.
Théophile, de concert avec Eudoxie, en profita
pour perdre Chrysostôme. A leur descente du
navire, les légats du pape furent arrêtés secrète-
ment et envoyés en exil. Un conciliabule réuni
dans IVglise du rhfnc. près de Cbalcédoiuc, sous
laprésidi-nce de Théophile, cita Jean Chrysostôme
lui-même pour répondre aune série d'accusations
calomnieuses. Le Saint, avec raison, refusa de
s'y rendre. On le déclara coupable et indigne de
l'ép'scopat.
A la nouvelle que son évêque bien-aimé allait
être envoyé en exil, toute la population de Cens-
Saint Jean ChrysostOme meurt 8ur la routa de 1 exii
t&ntinople se souleva. Pecdaut trois jours, elle
défendit hL-roiquemenl son pasieur. Le saint
évoque, pourcvUer l'elTusion du saiip, se livra lui-
même aux soldais qui remmenèrent au riva^-e
durant la nuit, le vibuge caché sous un manleau,
et renibaruuùreat pour l'Asie.
Mais le iendoniain, apprenant son dc'part, le
peuple se précipita en masse vers le palais impé-
rial en poussant des cris d'inJi^'nation. Déià
les portes du palais cédaient sous les cfTorts de
mille bras. L'impératrice, éperdue, s'écria toute
en pleurs : « C'en est fait de nous! Qu'on ranii-ne
Jean, ou l'empire nous échappe! »
Eu ce moment, comme si le ciel lui-même
eût pris parti pour l'innocence persécutée, un
ora^e épouvantable, accompa;;ne de secousses
de tremblements de terre, éclata sur (a cité.
Aux lueurs sinistres de l'oratre, Eudozie écrivit
de sa propre main au Saint exilé pour le supplier
de revenir.
Au retour du vénéré pontiTe, tout Constanti-
nople se porta au-devant de lui ; on baisait les
rraMi.'e8 de sou habit et la trace de ses pas; tous
voulaient le voir et l'acclamer. Arrivé a ré,;lise,
Jean fut porté à la chaire sur les bras de la foule,
et. au milieu de «es larme» d'attendrissement,
il dut adresser à son peuple lidéle un de ces
discours qui ravissaient les imc».
Chrysoslùine écrivit au l'ape Innocent I" pour
le prier do dé' larer nulle la sentence portée
contre lui par lhéophile;le clcrpé de Constanli-
nople écrivit aus»i, pendant que Théophile en-
voyait, de son câté, les a^^ei de son faux concile.
Le Pape, après avoir examiné le procès et inter-
rogé quatre évêques venus exprés d'Orient,
répondit à Chrysostômc et auclerj;cde Constaii-
tinople pour coiiJainiier tout ce qu'avait fait
le conciliabule du Chêne.
Mais i l'arrivée de ces lettres, ChrysoslAme
n'était plus à Constantiiiople. Exilé de nouveau
par la haine de l'impératrice et de ses outres
ennemis, on l'avait Irainé à Cucusc, sur les fion-
tièrcs de I empire, où il eut mille privations à
souffrir. On espérait qu'il serait massacré parles
barbares du voisinage. Mais l'héioique pontife
écrivait à sainte Olympie : « Mon ca'ur goule une
joie inexprimable dans les souffrances ; il y trouve
un trésor caché. Vousdevei vous en réjouir avec
moi et bénir le Seigneur qui m'accorde k un tel
degré la gr^ce de souiïrir pour lui. »
L'an 407, des soldats conduisaient i Comane le
saint vieillard épuisé de fatigues; logé pour une
nuit, dans un oratoire dédié i saint itasilisque,
Jean vit apparaître ce saint martyr qui lui dit:
« Courage, mon frère, demain nous serons
ensemble. » Le lendemain, Chrysostdnie tomba
épuisé sur la route, et expira le même jour,
après avoir reçu la Sainte Communion.
Atticus lui avait succédé à Constantinople,
mais le Pape refusa de le reccnnailre juvqu'ace
qu'il eût inscrit le nom de Jean Clirys>>>li'iine sur
les diptyques de son Eglise, parmi ceux des légi-
times évêques. Los reliques du saint docteur
reposent aujourd'hui à Itome, dans la basilique
de Saint-l'ierre. Las catholiques de Constan-
tinople en possèdent aussi quelques fragnienli.
■'É* ï l'ilITHK^M —
•niurnr I'. l^»i<..> \ rai, 5 A i, ri' IUjr«r.t. l'jrl».
SAINT THYRSE ET SES COr.lPAGNONS. MARTYRS
FéU U MS tanvier.
Cn ange, après avoir brisé les chaînes de Thyrse, le conduit à l'évéque Pbilean.
Thyrse reçoit le baptâme et s'empresse de revenir à sa prison.
C'était en 253, au diocèse du Pont, sous Tempe-
reur Dèce et le gouverneur Cotnbrutius. Ce dernier,
homme brutal et sans mœurs, était surtout grand
adorateur des faux dieux : son zèle outré le poussa
même a s'en faire l'apAtre.
Etant un jour de passage à Césaréede Cappadoce,
il sacriflail, à son ordinaire, aux divinités de l'en-
droit, quand un couragpux chrétien, nommé Lucius,
osa troubler sa prière : •< Penses-tu donc être »u ou
•ntendu de ces idoles, lui dit-il, c'ect le démon que
(u adores et c'est le vrai Dieu que lu outrages. •
Cette parole md le U'\i aux poudres : sans plus
larder, le goiiTprnfur courhp l.puciu» sur le cheralot
et lui fait arracher Ic-songles. Le supplice acheTé.« Je
veux davantage, dit placidement le martyr, achèTe,
il nie Taut la couronne. " 11 est exaucé, à quelques
pas Je là, le gouverneur lui fait trancher la tête.
I,p tyran croit triompher; on va voir qu'il se
trompe. Comme il sort par la porte de la ville dite
de VHcUesponI, il s'entend saluer avec respect :
• — Salut ! illustre gouverneur ! » C'était un athlète
de cirque de haute stature.
• — Salut ! ndèle ami des dieux I • répend ie gou-
»emeur avec bienveillance.
— M° permets-lu de le donner un conseil?
— Volontiers.
— Eh bien, si lu crois à mon amitié, je te le dis,
assez de sans; comme cela. Lucius arait raison; tout
à l'heure eneon', je croyais comme loi; je vois
bien maintenant ce que sont nos prétendus dieui!
un chrétien peut s'en moquer impunétnent, tandis
qu'il aime son Dieu jusqu'à mourir pour I,ui. »
Combrutius bouillonne: •< — Quelle audace I crie-t-
il. — Si je mens, montre-le moi.
— C'est toi.Thyrse, toi, un païen, qui parle ainsi?
— Oui, mais un pafen sage et dont la sagesse
Tient de faire un chrétien.
— Sacrifle oa meurs.
— Eh bien, je mourrai et ce sera pour la vérité.»
Aussitôt les fouets garn'S de plomb sifflent et
retentissent sur les robustes épaules de l'athlète :
<i — C'est ju-tice, dit-il, et ces quelques coups ne
payeront j^uiais tous ceux que j'ai donnés en ma vie.
— Tu n'i s [las au bout de tes peines.
— Je ne crains que les peines étemelles et ta t'j
condamnes en m'y faisant échapper.
— Qu'on lui brise les jambes! »
Les bourreaux s'épuisent; vains efforts. Le dépit
du gouverneur radoucit son lancage : « — Si tu
souffres, c'est bien toi qui l'as voulu.
— Sans doute, tu le sens pour moi, car moi je ne
sens rien : il m'a sufQ pour cela d'invoquer le nom
de Jésus.
— Vil sorcier, il ne se taira que quand j'aurai
donné sa chair en p&tée aux chiens de la rue ! Qu'on
!•< par les pouces! premz des cordes fines
pl : ■< qui lui ("oupent les chairs ! •
C'est fait; mais Thyrse n'est pas prés de se readre :
1 — A d'autres supplices maintenant ; le temps
presse et j'en ai tant encore à subir!
— Esperes-lu le martyre ? n'y compte pas; il faut
du sang chrétien et tu n'es qu'un païen comme moi.
— Erreur, tyran, je suis martyr a cette heure,
sinon & tes yeiu, du moioa devant Dieu, et cela
suffit. »
On lui arrache les paupières : o — Tu n'empêcheras
pas mon Ame d'y voir clair des jenx de la foi et
de l'espérance.
— J'en il" ■ " divinités que tn renies, ta
resteras soii > !
— Tu (•(] r :.:rAi^i plus de confusion que moi de
soQfTr.'inc', icoyn cooiine un autre de prtcber la
vérité I te voila firéilicateor malgré toi.
— Soldats! où sont vos bltons de fer T brisex-
lui les bras. • Ils obéissent : Thyrse pente 4 Dieu et
r>'u'arile le Ciel; les coups retentissent; il paraît
insensible.
I.»s bourreaax sont las : <• Voyez, dit-il, ce que
vo ,4 lm z fait : » et de ces bras que les bourreaux
ri "inpus, le martyr déroule devant eux un
!>'i; 'e dont ils ailmirent l'aisance et la
-T' ; riteur du Christ semble rendre grAcet
a T' '■' iv'c ses bras iniraculeusenient prèser-
■•'■-■ • ■ ■ •• pouvoir, dit-il
l'ii p 1 de vous pour
■■- ' >.'-, tu vii:us de voir la puJs-
'OS ridicules, que ta doctrine,
— Nou, dit le martyr, c'est un «nMignement
.liïin.
— Alors te voilà, depuis un instant, dépositaire
des secrets de la divinité?
— D'autreslefurenl, de qui je tiens cette croyance
— Ils l'oiit inventée.
— Comme toi, sans doute, les ordre? que ta
transmets au nom de ton empereur?
— Quoi, tu oses comparer de vil<i imposteort à
mon auguste empereur, souverain matlre de l'uni-
vi rs !
— S'il est maître souverain de l'univers, qu'il
commande donc aux vents et aux tempêtes, au
soleil, à la lune ou aux étoiles!
— Oui, il commande à tout ce qui est sou» le
soleil!
— Espérons qu'alors, h son commandement, les
ronces et les épines vont rentrer sous terre, les
roses et les moissons en sortir!
— Ironie de sonier I
— De Uieu, plutiit, car c'est Lui qui m'inspire;
avoue que ton empereur ne peut uiéme commandei
à une mouche.
— Il lui suffit de gouverner les hommes.
— Mais il ne gouverne pas la conscience d'un
chrétien!
— Quiconque résiste & l'empereur, mérite la mort.
— Grâce à Dieo, je suis prêt! ■
Combrutius l'est aussi.
Il couche ThvTse 'ur la face et lui verse sur le dos
une abondante quantité de plomb fondu; le liquide
coule inorfensif sur le martyr et rejaillit sur les bour-
reaux en bouillons impétueux et brrthr.'s; plusieurs
ne tardent pas à en mourir. C- ■ Thyrse loue
Dieu et Combrutius mêle ses : nts aux cris
des bourreaux expirants : « — Que faire d'un pareil
sorcier? hurle-t-il aux valets survivants.
— Il faut le couper en mnrceaux ! <> L'un d'eux U-ve
le glaive, le coup frappe la muraille et le fer vole
en éclats I
— Arrétei, dit une voix tremblante; encore un
coup et c'en est fait de nous! les dieux aveuglent
ceux qui, sans droit, manient le glaive.
— Eh bien, mandex des -oMats.
— En voici »: ils lient 1' '>ii
du martyr, et tirent l'éi
ment de terre les renver.M: et Jclivre lli\rse de ses
liens.
Itevenus de leur frayeur, lU le jettent en pri«on :
des anges viennent le consoler; il a peur : e — Ne
crains point, disent-ils, roiira^eus serviteur ; lève-
toi et va ileinandcr le bapli'nie.
— Je SUIS enchaîné et sous 1rs verrous; même
si j'étais libre, oi\ trouver ici un ministre de Dieu'.'
— Secoue tes chaînes et suit-moi. •
Tbyrse obéit; l'ange le conduit k la porte de
l'évèque Philéaa: • Ouvrez, dit-il, c'est un ange <iu-
vous amène un chrétien » f.'évéqiic était à demi-
informé ; Thyrae achève ton histoire et solliriip
!•• baptême: il était prêt, DiV» l'avait instruit,
l.'-'-vêque le baptise, le romniunie, en vue de tes
■ ,; • - I M ■■".■ - t 'le en lai le
! t. I" carac-
trr.- de suldat ae Ji- ii»ii«nt
lui ilil-il, voui avez • '» pou-
tir; être vaincu, ctniiiiKiii ;, 'm pn«
ni.iiiit'-nant ijue vous i*let m- - i . Itxjrtt
ainsi muni retouime à ses chaînes et à sa prison,
c tpable de dt'ii r tous les Combrutius du monde.
i.e nôtre cepî^ndant trouvait Jiflicile dv. aouvorner
etde persécuter à la fois. Pour suflireàlout, ils'adjoint
un persan du non: de Sylvain, àme basse et cruelle
au niveau de .la sienne et qui ne s'ungage. qu'à la
condition exclusive de lui servii de dénicheur de
chrétiens et de pourvoyeur des supplices.
Tliyrse comparait devant lui. Gombrutius préside.
« — Pourquoi, dilSylvain.n'adores-tupoinl les dieux?
' — Lesquels?
— Jupiter, Junon, Minerve, Apollon, etc., c'est-à-
dire les dieux qui gouvernr nt le monde.
— Celui qui gouverne la monde, lu ne le connais
pas; ceux que tu viens de noninaer sont d'insignes
Liiuiinels, morts depuis longtemps, et qui, à l'heure
[Tf^sente, expient aux p!'''t3 la peine de leurs
'limes; à moins qu'il no .-anisse de leurs statues,
'lui, elles, ne gouvernent pas non plus le monde, il
fiiit bien en convenir, puisq'ie tu ne parviens à les
pr.'-server des voleurs qu'en les entourant de bons
chiens de garde.
— Tes parents n'élaient-ils point païens?
— S'ils étaient aveugles an podagres serais-je
obligé de l'être ?
— .\35eï raisonné; menez-le devant Apollon...
.\'Jare. maintenant.
— Qui ? ces dieux de terre, de pierre ou de bois ?
— Ador>, te dis-je !
— Eh bien, j'^aore... un seul OJen Tout-fuissant.
— Ta ado'-j.ras Apollon, » réplique Sylvain, la
ri;;'; aux l-"^ ^.-^s. Tliyrse se recueille et prie. Apollon
?'('croii'j tn r.iill • ^i'^^ces; il en ramasse négligem-
tof.. les a-*bris: » Voyez, dit-il, ce que mon Dieu
vient de faiie du vrttre. •
Sylvain va premlrc sa revanche : il enchaîne
Thyrse avec de gros câbles du fer; les câbles se
t'risent d'eux-méiues. On le suspend la tête en bas
'.'ins une cuve qu'on va remplir d'eau, pour être lla-
^' 'lié dans cette posture; on verse l'eau, la cuve
t-clale et le martyr e.=t sur pied : « Jetez-le du haut
(le cette muraille, commande Sylvain ! » Une main
invisible paralyse tous les efforts; un valet complai-
rant espère mieux faire, il monte et pousse bruta-
lement Thyrse; .<on pied glisse et c'est lui i\m
■ le.scend et va se bris.;-r le criiie sur le pavé. Sylvain,
( .mprendra-t-il enfin? non, la haine l'aveugle. Pour-
lint il faut en finir, de pressantes affaires l'appelh-nt
a. Heurs: • Cooilirutiu-, dit-il, que faire de cet
liorameT « Garrollons-le, il nous suivra partout et
sprvirdd'épouvantail aux fanatiques de son espèce. >
A<lopt4. On part pour Apamée.
Mail «n route, Sylvain éprouve tout à coup de
wûlentes douleurs et se sent paralysé de la moitié
lu corps : impossible d'aller plus loin. Combrutius U
luiosole « Uue les dieux te soient propices, Esculape
le guérira! • Comme il parlait, il éprouve, lui aussi,
<lc violentes et subites douleurs qui le couchent à
'<té de Sylvain; «es dieux avaient san« doute mal
■ ntendii. Vnnement on appelle dfs rai'-deoins, les
.Iniix ». . ]. rit* expirent, après quatre jours d'atroces
il:- . un'! iiii leurs cri» ilé?e*(irrês.
I' >r- i.li.r'>i aussitôt empestant le voiiini(|e;
(ombriilius semble rarbonisé et Sylviin fourmille
■ le vers : on veut se hAter de les jeter en terre ; la
terre refuse de les recevoir et les rejette à sa sur-
face : les oiseaux de proie ne veulent même pas s'en
nourrir, et ces cadavres puants et nauséabonds in-
fectent la contrée de germes pestilonliels : il faut,
pourarrêter l'épidémie, qu'on obtienne parles prières
lie Thyrse que la terre veuille bien se refermer sur
eux.
Baudus recueille intégralement leur héritage de
gouverneur romain at de persécuteur des chrétiens.
S'inspirant de leurs derniers actes, dont il vient de
lire le procès-verbal ; il mande Thyrse à son tribunal ;
il est frappé du contraste de son état llorissant avec
le récit des tourments qu'il vient d'endurer :
« — Le rapport est faux, s'écrie-l-il, j'ai là devant
moi non la victime d'un excès de supplices, mais
d'un excès d'embonpoint.
— Depuis tant de jours, lui fut-il répondu, il n'a
eu d'autre aliment que les tortures, les chaînes et
la prison ; niais il a prié son Dieu.
— .Alors, Thyrse, ce sont nos dieux qui veulent
s'offrir la joie de voir prolonger ton martyre; ils
seront satisfaits, si tu les adores.
— Pauvre gouverneur I où sont Combrutius et
Sylvain? veux- tu finir comme eux?
— J(» te jetterai au fond da la mer.
— Et toi tu descendras au fond des enfers.
— Chien de chrétien I réplique Baudus prenant,
à la Pilate, un air de potentat indigné, oses-tu
parler ainsi à moi qui puis, si je le veux, te faire
couper en morceaux ?
— Chien! c'est en effet ce que signifie en grec, le
nom Baudus, tu peux continuer d'aboyer, je ne ferai
qu'en rire. »
Le gouverneur le fait sceller dans un sac et jeter
à la mer: soudain I des anges apparaissent; les
scellés sont rompus et le martyr revient au rivage,
en marchant sur les eaux et mêlant sa voix aux
voix des anges ! Baudus n'en peut croire ses yeux :
« — Indigne sorcellerie! s'écrie-t-il avec rage.
— Non, reprend Thyrse, c'est la puissance de
mon Dieu, ce Dieu qui submergea Pharaon et qui
t'attend où vont tous les persécuteurs, tes dieux
ne t'en préserveront pas.
— Impudent! ils te préservent toi-même de la
mort! Mieux vaudrait te couper ta langue que du
proférer de pareils blasphèmes!
— Nous verrons bientôt qui des deux a raison,
je t'attends aux arènes! »
Le cruel gouverneur, en effet, fai^^ait, bientôt après,
jeter sa victime en pâture â plusii'urs ours et léo-
pards de l'amphithéâtre, léchés tous a la f jis après
trois jours de jeune; mais, à sa vue, les fauves sont
comme apprivoisées et viennent en signe d'affection
lui prodiguer leurs caresses : • Fatalité ou super-
cheiiel s'écrie Baudus qui refuse encore de cora-
prandre, conduisez-le au temple de Baccbus, broyez-
li- sous les coups, si vons ne pouvez autrement ar-
river à le fléchir. • L'ordre s'exi'cute : Thyrse tait un
-i:;ne aux bourreaux, comme pour leur dire ; •< Ariê-
Iczl... un motl... je veux parler. ■ Les bourreaux
6'i,rr*t''nt : le patient serait-il enfin vnmc.u?... Le
'■ les mains et les yeux au ciel et pru'. Sa
, vée : • Broute, (tuudus, j'ai brisé la sUiliie
<i A|PMllon; elle n'était, il est vrai, que de vnrie et
c-'lle-ci est de bronzp; n'imuortc, Apollon serait
jaloux de Bacchus et mon Dieu a tout autant de
puissance. Il a réduit Apollon en éclats, il va
réduire Bacchus en poussière. » Il dit et le dieu
s'écroule avec fracas, projetant ses débris sur la
foule qui fuit en désordre à la suite de son vailUmt
gouverneur : « — Cet homme fait mon désespoir,
crie-t-il avec rage, mais qui es-tu donc?
— Est-ce au nom de tes dieux que tu m'interroges?
— Non, tu les a vaincus; mais dis-moi comment?
— Penses-tu qu'ils m'aient fourni des armes contre
eux?
- Que veux-tu dire?
— Le diable est l'àme de vos dieux, peux-tu
supposer que je tienne de lui le pouvoir de les
détruire?
— Peu m'importe, d'où sors-tu toi-même?
— J'ai une double origine, l'une de la terre et
que tu connais, l'autre du ciel que tu ne connais
pas, ni ne peux connaître. »
Nouvelle défaite, nouvelle honte du tyran; mais il
s'en vengera. Il reconduit le martyr en prison, pour
méditer sa revanche à loisir. Il décide de quitter
Apamée el part pour Apollonie escorté de sa victime,
qu'il conduit, aussitôt arrivé, nu temple d'Apollon.
Là, il s'acharne Enr elle avec de nouvelles
rigueurs, le sang coule abondamment sous les
verges. Thyrse en recueille quelques gouttes mêlées
de lambeaux de chairs et les présente au tyran :
ti — Ce sang, lui dit-il, c'est ma gloire, en même
temps que pour toi une flétrissure irrémédiable.
— Eh bien! comblons la mesure. »
Et il le fait suspendre par les pieds et les mains,
afec des cdbles retenus violemment aux quatre
angles de l'édifice. C'est le supplice en permanence
de l'écartellement : « Enfin, crie-t-il, mes dieux
sont vengés, que le tien le délivre! » Thyrse mur-
mure une prière et soudain le temple est ébranlé
de fond en comble, les débris des dieux jonchent
le pavé. Thyrse est sur pied et Uaudus se roule
dans d'affreuses convulsions.
• — A ton tour, Baudus,que tes dieux te délivrent.
— Ile me punissent de tes sorcelleries.
— Pauvre aveugle ! <• Puis se tournant vers la
foule : « Voyez vos dieux I II n'y a qu'un seul
Dieu qu'on doive adorer et c'est le mien. »
ueaucoup le reconnaissent et se convertissent,
parmi lesquels le prêtre idoUtre Callinique qui
avait résisté jusque-là à tant de merveilles opérées
sous ses yeux.
Cl' nouveau chrétien essaye de convertir à son
tour Kaudus : « — Thyrse a raison, dit-il, puisqu'il
a vaincu nos dieux prétendus invinciblos.
— Te voilà donc ensorcelé, toi aussi I
— Ne vois-tu pas leur» débris êparsT On ne peut
nier l'évidence.
— Cest moi leur vengeur.
— Alors c'est toi qu'il faut adorer, puisqu'ils ne
peuvent ni sr venger, ni se relever eux-mêmes.
— VII chrétien I
— Que ne l'ai-je été plus tâti
— Tu finiras, comme tu le mérites !
— L'n chrétien ne craint point la mort, mail
avant, Thyrse, apprends-moi une prière. »
Et les deux martyrs épellent ensemble les articles
du Credo.
Quatorze prêtres idolâtres en sont témoins. Le
gouverneur craint de nouvelles défections: « Prêtres,
leur dit-il, je vous confie Callinique, votre ancien
collègue, vouf m'en répondrez sur vos têtes! •
Ils le conduisent au temple d'Esculape et s'épuisent
vainement en insinuations ; ■. Comment! vous
quittez ces dieux dont vous êtes le souverain pon-
tife ! vous, dont le nom est sur toutes les lèvres et
l'image en honneur parmi les dieux domestiques I
Vous, devant qui, prêtres et soldats fiéchissent le ge-
nou ! De plus pourrez-vous souffrir de voir profaner
cette barbe et cette chevelure vierges, sur lesquelles
Raudus est résolu de passer le rasoir et qui, mainte-
nant encore, rayonnent avec tant de grâce et de
dignité autour de votre chef auguste et vénérable ! •
Callinique répond en deux mots : « Que pourriez-vous
apprendre à celui qui vous a tout appris? Je ne sers
plus que le Dieu qui a vaincu nos dieux. »
Le gouverneur lui fait raser la tête. Callinique
recueille les touffes qui tombent et les jetant dédai-
gneusement à la face d'Esculape : ■• Imposteur, dit-
il, reçois les emblèmes de ton imposture ! oui, je te
renie et ne suis plus que le serviteur de Jésus-Christ
dont la Toute-Puissance va bientôt mettre à jour
aussi ton imposture. » Et il invoque le nom de Jésus.
L'efficacité de sa prière ne se fil pas longtemps
attendre; on put bientôt voir Esculape tomber
avec fracas. Pour les quatorze prêtres, ce fut le
coup de grâce ; ils se convertirent comme Callinique.
Baudus et ses dieux sont vaincus sur toute la
ligne, mais il l'avoue moins quejaniais. Pour en finir
avec ces prêtres dont il redoute de nouveaux mal-
heurs, il leur fait trancher la tête. Quant à Thyrse
il lui réserve une mort plus tragique.
Il le conduit à Milct pour s'épargner une dernière
honte en cas d'insuccès, et là l'enferme en une caisse
qu'il fait scier en deux comme on scie un bloc vul-
gaire de chêne ou de hêtre : mais la chair du mar-
tyr émoussc l'instrument : • Tire fort, Sabinut. —
Rude travail ! répond Vitalius. • Et trois heures du-
rant ils usent les dents de leur scie, jusqu'à en tom-
ber de fatigue, mais inutilement Tout à coup la
caisse s'enlr'ouvre, Thyrse apparaît rayonnant :
• Seigneur, dit-il, j'achève enfin ma course, recevei
mon Ame ! m Une voix céleste répond : • Aprét la
lutte, U repos, afiri't U comliat, la vifloire, aprt'i la
vietuire, Ju couronne/ » Et Thyrse expire en louant
Dieu ! Ilaudus, pris d'un nouvel acres, ne tarda pas
à expirer aussi, mais bien différemment, c'est-à-dire
en iiinudissant ses victimes et blasphémant ses
dieux Miurds et impuissants. C'était Dieu qui ren-
dait fk chacun selon ses mérites. Son amour payait
les victimes et sa justice le bourreau.
Louange, honneur et gloire, éternellement, à Ml
amour el à celte justice, Amen I
lii.p -y/rijnf. Pimiiii^rT, s, rue IrninjiMi 1", I'.
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE, DOCTEUR DE L'ÉGLISE
Fitf le i9 janvier.
c
S^ F^AMÇFOÎSZilîE SALES
. £VE QUE ^z- ^rm^iarga: T) y. G e v s\^ e
3
(Portrait authentique du >aint, d'apréi le ItLIeau de Philippe île Clia:n|>aigae.)
Ce grand et aimable Saint naquit le 21 août 1567,
ta ch&teau de Sales, en Savoie. Sa pieuse mère
ra«ail con«arré à Dieu avant qu'il rit le jour, et
il devait ^trc la iilus grande gloire de sa noble
famille. Flaptisf- le lendemain de »a naiîisance,
<lans rt^^lise paroissiale de Thorens, il reçut le*
nom* de Fraoçois-Bonavenlure.
(,«• premiers mots qu'il balbutia furent ceui-
ci : • Le boD Dieu et maman m'aiment bien. "
" Souvisape était (gracieux, dit le P. L* Rivière.
ses yeux doux, son regard aimant et son petit
maintien si modeste, que rien de plu» : il sem-
blait un petit aiiKe. •
A sept ans, François commença les études au
collège de la Hoche, «t fut ensuite envoyé au
collège d'Annecy. Sa piété etsa modestie imp' '•'■-
sioniiaient vivement ses camarades. Dès qu'il-- le
voyaient arriver: « S«yoDS s&Kes, disaient il»,
i&-624
Toici le Saint. » Si l'un d'oui se permettait un
mensonçe ou qnelque mauvaise parole, le saint
enfant le priait si alTectueusement de resset que
le coupable n'osait plus recommencer. On crai-
fuait d'ailleurs de lui faire de la peine, car on
aimait: sa b«até ('tait si prande, qa'im joar il
s'offrit à recevoir le fouet à la place de son
cousin.
A dix ans, il fit sa première Communion et
reçut le sacrement de Confirmation, dans ré(;lise
des Dominicains d'Annecy. Dès ce moment, il
re'sulut de se consacrer k Dieu dans l'état «cclë-
liastique.
irCDBS A TA*.» — TCtTAnOM
L« jeune seigneur savoisieu fat enroyë à
Paris, pour y étadier la rbt'torique et la pliilo-
siiptiie. I'd sai;e précepteur l'accompagnait. La
frande ville ne put dissiper son âme : « Piotre-
eigtipur, disait-il, est mou maître dans la science
de» Saints ; je Tais souvent i lui afin qu'il me
l'apprenne, car je me soucierais fort peu d'être
savant si je ne devenais saint. »
Il s'afliria avec bonbeurà \». CongrégalUm de la
Saiule VierKe, établie au collège des Jésnites,
duut il 'suivait les cours. La dévotion k la Reine
du cirl était la grande force de son â.me. liarie
était la ronlidciitc de ses joies et de ses peines:
« Ali! qui pourrait ne pas vous aimer, ma très
chèrp M>reïs'écriail-il souvent; que je sois éler-
nelleineiit à vous, et qu'avec moi, toutes les
créature- vivent et meurent pour votre amour. »
Le^ tentations ne lui manquérenl pa«, mais,
avec l'aide de Marie, Franrois érli.ippa i tous les
pièces de l'ennemi infernal. Le démon e-saya
alors de le jeter dans le découragement et le
d'-scspoir. La tentation fut si violente que le saint
jeune homme se croyait déjà au nombre des
damnés: ce fut une douloureuse agonie inté-
rieure ; son corps même allait d>'p<Tissaut. Dans
ces mortelles an:.'oisses, François recourut à sa
don ' ■ ■■
de \
il (iii i I M '-Il . « '
malheureux pour i
honorer pendant i— ..... . j ■•>...:. ,
vnu» >eivir en ce iiion.li- et eni|iliivf
gloire tout V- t'mn« nuf vnns irie
vivre. .. '
Marii'.il
• A l'iii-idiil, l;i paii rriilr» iiati'< -
Apr.-« *ix ans d'études à l'ai,
ftneur r<-riDt en Savoie et fut envoyé
père * n'niv<>r<it* d» I*.id ■ii'' »n lUl
élu.'
il r
et.
i I-
dr
lei.
cri' ,.>... „„*-
DU
I it. rn^ ^t
de l,..r. Il A . MIS
e* <l<T:,..r -
d'«tl|..ll/ .|r I'
fourll.ll^>■ Il ,
son v.ru Je rli.i,u«lé.
pi.iir %>ilre
l'.nnerex 4
i
le.
..le sei-
par son
». nil 11
SACHIFICK DC MO.NDt ET OROI.NATIO.N
fyfinjois de Sales rentrait en Savoie à l'âpe de
Tingf-ciuqans: c'était lephis accompli des jeunes
seigneurs de son temps. Justement lier d'un tel
lilS) son père fondait sur lui les plu.s brtlUntes
espérances. Le duc de Savoife lui otTrait la dignité
de sénateur au Sénat de Chambéry ; d'autre part,
le marquis de Sales, son père, voulait le marier
à la nile du seigneur de \égy,qui, Â une gmnde
fortune, joignait les plus belles qualiU'-- de l'es-
prit et du ciBur. Mais Prauçoi» refusa tuus ces
avantages: il était résolu de se coii^.-Yrirr à Dieu.
En vain, son père s'opposa de tout»"- -^es forces
i son dessein; en vain, il multiplia ses proposi-
tions et ses instances, François resta in>'liranlable
dans son Mcritice. Il se jeta aux pi>'d> de son
§ère pour le conjurer de ne plu« contrarier les
esseins de Dieu, et lai (il connaître sou vo-u de
chasteté.
François entra donc dans l'état ecclésiastique,
fut nommé prévôt du chapitre de lit-iievf, et
ordonné prêtre à Annecy, le 18 déceiiibrr \^9'i.
En lai imposant les mains, le vénéra)>le .'V'^que
de (ienève ne put retenir ses l.iriiics, il lui sem-
blait Toir i ses pieds uu s-'r.iplnn plui/^t qu'un
homme. L'émolion gagna toute I ixi-^lanrt-, et la
cérémonie s'acheva au milieu des s.iii;:l.>ls.
Peu de jours après, le nouveau pr-'iip inau-
Cura son minislèro avec un tel)- di^ne de- apiMies.
D prêchait souvent, avec une siinplinu', uiir
onction, une doctrine qui ga^iiai<-ut les ••spnls
et les eoturs. Il passait une partii- de ses iiiuiii'-'^i
au confessionnal, ne se lassant jaiu^ d'accueillir
les pécheurs et les pauvres.
MISSIONS M CBABLAtS
Une notable partie de la Savoie, le ChaMais,
situé sur les bords du beau lai' df '' . i'
été envahi, des l'an 1536, par 1<
' ~:.. lis, qui y avaient implanté U i.'ii.i..ii iiv
I X coups de sabre, (ifii-ve y at.kil fait
!" "alvinisrae.el lesnouvidlos Kéu-'i.iiiuus,
iiis ces erreurs, étaient tri* attachées
Le :
voulu'
des II
une .
jour
Fn
l'ï à l'evèque de «leiievp. C- i
-ile s'il en fut; il fallait cli.i ;
T ' irs des liai» ini ■'
pu» à -'"(trii
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pi.i
l-- leml-iur du «'•t.ihiais
|l/ l.«
>inl ona eo
n : I n • la
les arrpnts de J<'réniie pleurant sur Jérusalem.
« OH>^ i.'iTr autrefois si belle, s"écria-t-il. a été
désol^^p fi.ifp. que ses babitanU ont violé la loi
d« Itieu Ht roiiipii son alliance. Les voies de Sion
pfeMr-fiil. (i«rre qu'H n'y a personne qui vienne
à -fs <olniiiilé>; rennemi a mis la main sur ce
qnVli,- ^iviiii .If- prf'cieui, les pierres du sanctuaire
«Hit •*ti' li-^»»T-"'es... 0 Jérusalem I 6 Chablais I 6
tfrieïe. coriv-rtis-toi an Seigneur ton Dieu et
qnr ta cnutrition devienne grande comme la
mer. •
François allait chaque jour i Tbonon, c'était
là le <ip;.'e de rh''résie, la place foite qu'il fallait
eoiiqu-rir II allait aussi dans les lillaees et les
caiiip<t^iie> Ni la pluie, ai la plare, ni la uei'^e,
ni le~ 'ira^ies les plus terribles ne ponvaifiil
l'aireii-r. l'iiitm- le verglas reiniait les cbeniiiis
si imiiralii-alilH» qu'il devait s'aider des mains et
ées geimux, et liîs crevasses de ses talons et de
ses vlnifit- riiu^-issaient la neige de taches de
sauf.' Il .ill.iil. louant, jeûnant et souffrant. Une
nuit, il fui surpris dans un bois par des loups
«wniraiit à Iriivei» la neige. Pour leur échapper,
il dut se r<*tii^iHr sur un arbre, et pour ne pas
tomber duraut sou sommeil, il s'y attacha avec
sa ceintupp. I.a nuit fut si froide que le lende-
main les paysans l.e trouvèrent à dRini-mnrt.
Une autre fois, le saint missionnaire fut pour-
suivi uuti par un loup de la montagne, mais par
un pruli'^l.iiit armé qui avait jur<' de le tuer.
Os tiMiUitives d'assassinat se renouvelèrent sou-
vent; If «ouverneur des Allingcs supplia François
d'acepter une escorte de soldats, mais celui-ci
n'y voulut jamais consentir, et se ronlia eu la
prol-'ciion dt- Dieu qui le préserva toujours.
Lnlin. après Je longs efforts, les âmes com-
nii^ii ■ i-nt à s'ébranler, la grâce de Dieu fut
viiii'.K-use et, peu à peu, le pays tout entier
revint à la foi de ses pères. Le lele intelligent
du duc de Savoie aida puissamment le saint
ni^^-i iiiiaire. L'Ei.;lise tressaillit d'allégresse en
rci>'.aiit dans ses bras ces milliers d'enfants
im^uere «'^arés.
i'our assurer le triomphe de la vérité, saint
Fraui iiis de Sales fonda a Tbonon, sous le titre
lie .s (mte-.Mai.son, une sorte d'université où
ù' > lu ut être enseignés tous les métiers et toutes
1< - -. ,' ri'-es.
1^ lut prédicateur eut plusieurs conférences
paii.' u'ure» avec le fameux calviniste Théodore
de ti.jz ; celui-ci fut très «^branlé, mais le respect
buinain et des Lieus impurs l'empêchèrent de
romfire avec le protestantisme.
C'
11
encore on fait qui eut un grand reten-
iil.
ivait i Tbonon une femme calviniste qui,
;■ ■ ■nient convaincue par les discours de
11. I-, remettait ii.-pendant toujours le moment
J' 'iiivertii. Kllc eut lui fils et négligea de le
faire baptiif-r : renfant mourut. Inconsolable,
elle If portait ^Ki'. inouïe au cimetière ; mais,
sur «on clicniiii. elle rencontre François, et se
jeLant à ses genoux :
^, i:. ,. I. ,.„.^, ,r,nr, enfant, mon cher Père,
.-• '-. au moins asseï de temps
p • . (Voir la (.'r.ivurc.''
I 1 ; • '-mes à r. ' mère,
il i II >ii :x, et sa p' .ut pas
fini'' { I'' I • I. Ml ouvrit les yeux. On le baptisa
Ti ■■'' . il V. , .it encore deux jours, pendant
ton» ceux qni le voulurent voir purent
; du miracle. I.a mère et toute la tamîTle
I r i!i ni jiies et beaucoup (Taulres sni-
^ ir. ],' !■ ur •■»• mple.
L EVEQUE ET LE DOCTETTR
Frappé de tant de vertu, l'évAque de Genève
voulut s'adjoindre François comme coadjutt-ur,
et, après avoir vaincu non sans ppiiir les n-sis-
tftnçes de son humilité, il le laissa partir pour
Rome, et y rf^uler tout ce qui concernait la mis-
sion du Chablais. Avant sa précoiiisaliou, Ki m-
çois subit, en présence du papi>, un examen
{biologique qui lui valut ces paroles du souverain
pontife ;
• Aucun de ceux que nous avons examinés
jusqu'à ce jour ne nous a satisfait d'une façon
aussi complète, .> et il ajouta cette sentence des
Proverbes : - Burei, mon fils, des eau.t de r«/re
ciUme el de ta source de votre ;/»it. ; failei- yi/e
i~i'—-i d(f 1)0.1 eaux se r^aude sur touhv tes
1 'lyues, afin que tous puissent en buire et
6 .. « cr«rr. «
Le v(i-u du pontife fut exaucé. François répan-
dit largement les lleuves de science ecnlZ-ias-
lique qu'il avait recueillis; et, de uns jour-, le
grand pa|ie Pie IX, coutirmant le jugement .ie
son prédéi-es^eur, l'a inscrit au nombre des
Docteurs de l'Kt'I'se.
Nommé coadjutenr en 159» et devenu, en Ifi02,
par suite de la mort de Claude f, panier, evéï^ne
tilulaire de lienève, François redoubla de ii-le
dans ses travaux apostoliques.
Impossible de raconter ici, m<^iiie en .ilir-i.-é,
ses a-uvres innombrables, soit cnmnre iln ••.•i»ur,
soit comme pasteur des àxues. (Jui ne '-i-ii \ --s
écrits, remplis d'une piété si su«ve et dm,, dii,--
trine si siire, en particulier son Uitvidui-.nvti •/ la
tii« dévote et son Traité de Vavtitui il> th,-u .'
Son dévouement s'exerçail t';:iileiiieiil aupr.>s
de tous, el dans les voyages qu'il lit à l'an-- p^'iir
les affaires reliuieuses de la Savoie, la cour ni-si
bien que la noblesse, la bourgeoisie et le [H>ni<le
eurent part à ses largesses spirituelles.
il conduisait chacun selon son eut, estimant
que la vraie piété consiste, avant tout, à i.imt la
volonté de Dieu, en étant lidele àton^ le- ,i v..ms
de son état; el qu'ainsi il n'y a pa» de ciui.iiiion
ni de vocation où l'on ne pui'^sp et ou I no ue
doive s'employer au service de Dien.
l.,a comte^^e de Ville-Sa\iii disait du !i«int
éïf'que : <• C'est de lui que j'ai appris à servir Dieu
à la /'ranc/ic ^a'.- '• • ■ -'"st-à-dire avec simplicité,
rondeur et san
Ainsi Dieu pi ,...».. ^ l'avance le remède an
Jansénisme.
SAUm JEANNE 01 CBARTAL BT LA .VISITATION
François pri'cha le carême de l'iinn-'.' ifiOi k
Dijon. 1^ Providence l'y avait ccinlint |i>ur la
sanctification d'une pieuse veuve, la baronne de
CbanUl.
Quand celle âme forte el .n ' ' mit «ou»
la conduite de notre Saint. 'i <lç ses
quatre petits enfaii!.s la rct' : '■•■ '<•
monde; mais, lorsqu'elle cui
cet Uiilre •-' libre qui a donné tant d« saintes
inics à rKfjli-p.
Saint Fraiirni? d'
temps à établir un
d'int la vie moins au&tùrc q
couvents, permetlriMt d'y r.
les filles âgées, el in '
que les austérités •
re'i)plcici^;s par une obéissance ».■ luiDUlieuse , uue U D&t«re y
aK tout à suulTrir et la grâce tout & gifner. D« plus, m preonère
p«asëe avait été de ne pas établir de clôture, et <\\ie l«s tilles
ée Sainte-Marie allassent visiter les malades. De là, le n«m de
Visitandines, et letir dévotion spéciale au inyslère de la Vtsitation.
Mais, plus lard, les obstacles apportés à ce dessein parareat i
saint François des indices suflisaiits de la volonté de Dieu; ses
dlles échançèrent donc l'œuvre de .Marthe contre celle de Marie, et
c'est ce quilui faisait dire apréableinmt : ■' Ou m'appelle fondateur
d'Ordre, et cependant j'ai fait ce que je n'ai pas voulu, et je n'ai
pas fait ce que je voulais, a
FORCI rr DOIJCEDR
Dieu avait donné à François un pouvoir absolu sur les esprits
immondes, qu'il chassait souvent par la seule imposition des mains;
de même, il guérissait les malades, et souvent, par «les faveurs
extraordinaires. Dieu fit éclater aux yeux des hommes la sainteté
de son serviteur. Un jour, il parut en chaire tout environné de
lumière; une autre fois, un «lobe de feu céleste totnba sur son
oratoire pendant qu'il priait, et l'environna d'étincelles brillantes qui
l'éolairaient sans le brûler. Pendant qu'il préparait un sermon, il
sentit son cœur s'enllammer d'amour de Dieu, et il vit deux colonnes
de feu se mettre à ses côtés et le suivre à travers sa chambre. Son
entendement ne fut pas moins éclairé que ses yeux, car cette appa-
rition fut accompagnée d'une admirable connaissance dt la beauU
et de la clarté des mystères de notre sainte foi.
.Nous aurions tracé un portrait bien incnniiilel de saint François
de Sales, si nous ne disions pas un mot de sa douceur et de sa bontf
si connues; pourtant, il tenait de la nature un caractère vif el
emporté; mais il sut si bien le souraellre au joug de l'humilité, qu'il
devint le plus doux des hommes, ce qui faisait dire à saint Viaceot
de Paul : « Que Dieu doit être bon puisque M. de (ienèTe, som
ministre, est si bon. »
Dans les affronts, au milieu des impies, François était d'unepabenc*
sans bornes. Un jeune homme l'injuriait un jour grossièrement:
.. Monsieur, dit le Saint, vous m obliperiei beaucoup de me dire
tout bas les injures qu'il vous plair.i, je vous proteste (jue je les
porterai au pied du cruciflx, et que per-^.iniie d en saura rien. »
De même, dans les croix, dans les afllictious, sa soumission était
inaltérable :
• Obi disait-il, que nous soyons i jamais attachés k la cr«ii, et
que cent mille coups de flèches transpercent notre chair, poorru que
le dard enflammé de l'amour de Dieu ait auparavant oi'n^tri noire
cœur! Que cette divine blessure nous fasse mourir de la sainte raoïi
qui v-iut mienx que mille vies! »
|. , fête de saint Jean rF> ' ' ' r- imis
de" lie à l.yon. Il mourut le »
Il a>.iu iiiiiu iiii' 11 ans. Suivant les deiin' i-^ > in^ ■. •■{, ■■lyt
fut transporté À .\iin''ijr dans l'épine de la Visitation ; on l'y »< nèp»
encore aujourd'hui Son cujur fut donné au premier monastère d*
ta Vi>iilatioD de Lyuu.
L» fértit . B. PenraiHBT. — InprtOMrte P. Kai^a-ViiAf, 1 A i, rus HaytH. l'tru, > Ul*.
SAINTE HYACIMHE DE MARTSCOTTI, VIERGE
RELIGIEUSE DU TIERS-ORDRE RÉGULIER DE SAINT-FRANÇOIS
Fête le 50 lanvi. r et le 6 février.
SaiBt« Hyacinthe, au milieu de ses pénitences, ravie en extaa*,
entend le* anges chanter nne snare mélodie.
La Tie de la Sainte, dont nous allons résumer
l'histoire, te diriie en deux parties bien distinctes.
Nous 7 Terrons comment une âme désireuse de le
ïauTer, peut être transformée sous l'inQuence de la
Kràce divine : que ce soit pour noift un encourage-
ment dans l'œuTre de notre conTeriion et de notre
sanctiBcalion.
TAJIITIOtB ET MONDÂinS
Hvacintbe.ou plulAt Claricp <qui fol ion premier
nom . Tint au monde l'an |j>t5, a V|ffnan<>lln. ft
quelques lieuei de Rome. Son grand-père, le comte
Sforza Mariscotti, arait été enTojé i Rome par
Cbarles-Quint pour j traiter d'aiïaires importantes ;
il s'acquitta si bien de cette mission, que le pape,
Paul III, Toulut se l'attacher et lui fit épouser sa
nièce Ilortense Farnèse. Leur Ois, Marc-Antoine
Mariscotti, épousa Octavie Orsini. De ce marias*
noquirent trois tilles : Ginèrre, l'aînée, $e flt reli-
f;ieuse franciscaine à Viterbe sous le nom de siTiir
nnocence; Clarice, la cadette, fut notre Sainte ; la
troisième. Hortense, épousa le marquis de Capiiurbi.
Ces trois enfants reçurent une excellente éduca-
tion,car les parents étaient aussi piaux que riches,
j-.'O
mais en proOtèrenl diversement. Celle qui se montra
la pin? rebelle fut Clarice. Infatuée du haut rant:
où la Providence l'avait fait naître, elle laissa pa-
raître dès l'enfance une Tanilé et un orgueil insup-
portables ; elle était dure pour les domestiques,
intraitable dans ses caprices; ses jours se passaient
dans di? dangereuses rêveries, et la meilleure partie
de son temps était donnée à la toilette.
Jouant un jour au bord d'une citerne, elle y tomba
et se fut infailliblement noyée si une force surna-
turelle ne l'eût soutenue au-dessus de l'eau. Une
protection si merveilleuse de Dieu ne fit aucune im-
pression sur cette enfant volage; l'entrée de sa sœur
aînée dans un couvent ne la toucha pas davantage;
au contraire, elle songeait avec plaisir qu'il lui res-
terait ainsi une plus grande part dans l'héritage
paternel.
Ses p.irents, justement inquiets de l'avenir de
celle enfant, pensèrent modiûerses tendances mon-
daines en l'éloignant quelque temps de leur palais,
pour la mettre en pension dans le couvent de
-i sœur alr.ée. Les exhortation» d'Innocence, ses
• leniples, sa bonté, eurent ppu d'iiitluence sur la
jeune pensionnaire; son corps était au couvent, mais
son esprit était tout ailleurs. Elle n'aspirait qu'à
rentrer dans le monde, et multiplia ses instances
jusqu'À ce que Son père vint la retirer.
Une ani^re déception salua son retour an palais
paternel. Tout y était prêt pour le marinee de sa plus
jeune sœiir. llortense, avec le marquis l'uul Capizuc-
chi. !,-• choix était parfait, et le» fêtes furent bril-
lantes. C.l.irice séchait de jalousie et de dépit : qu'on
eût son ce à établir sa jeune sœur avant elle lui parai-
sait une injustice inqualifiable. Cependant elle dis-
simulait et se taisait, autant par fierté que par obéis-
sance à ses parents. Mais bientôt sa mauvaise humeur
ne perdit aucune occasion de s'afficher ; rien ne lai
plais.iit, elle devenait à charge a elle-même et à
toute la maison. Son père n'avait pas tardé à percer
le motif de son mêronlenteraent ; mais, sans doute
par un île de la Providence qui
iv.iits- '.aucun prétendant digne
de sa C'in ilunn ne se pri'sentail. Le noble comte
finit par s'arn^ter à un projet qui surprendra le lec-
teur : il proposa tout simplement t sa fille d'entrer
dans un couvent comme »,> sœur aînée, <|ui s'y trou-
vait si ■"'■•'■• ■" f-ri'-'- i" |i'-'i A cette propo-
sition il avec énergie
len »'■". • l d*ru II" li.'tlMll
; len, soit!
- ' il-e, et ilr~ ,
Ma;Hii !é d Innocence ;
m"i,j' avec la dii:iiité
qui ('onvittnt 4 une pemuune de ma naissance et de
mon rang. • Le comte ne répondit p?i"
Au reste, «pr'-s avu ■• Cla-
rice, nou« («irion» in; - pas
de SCS ■; ■ ■ " :i cri' t Je l:i ».-i i ■•_■ li- nieii et
de la I' I qu'elle avait leçue, maU'ré
son amour .le j i [.arure, elle ne manquait jamais
lie retenue et de modestie, et se? mœurs furent ft
i-,i. I . ■„. . — ; un ordre .le je? parents la
«sanir; enlin. «llr «vait ut»r
.1 .;4 ....aillé et un prand fond àt foi,
do«t Uiea deTmit te serrir plus tard pour son Mlut.
«■.leiaifl PAK oâPIT AUTAM Ql-I PAl VMITC
Cl-irir.- n '. .1 ' 1 aL.r^ <1 f.rt^1)f aflS* "IL- .'Ijtil .)nn€
'' t d'une he..
j < i * pur
même se dépouiller de ses brillantes parures, un
frisson courut dans la foule, chacun admirait son
courage et son sacrifice ; son père, le comte Marc-
Antoine, tomba en défaillance, et il fallut l'em-
porter loin de ce spectacle attendrissant. Seule,
llyacinthe n'était pas émue; en changeant d'habit
elle ne changeait point les dispositions de son
cœur. Elle le fit bien voir quand son père, remis
de son émotion du matin, vint dans la soirée la
visiter au parloir ; elle lui répéta avec hauteur ce
qu'elle lui avait déjà dit : ■ Me voiU religieuse,
mon père, mais j'y veux vivre selon ma condition >•!
On devine bien que son noviciat ne fut pas fer-
vent, elle s'acquittait des devoirs extérieurs de la
règle, mais hélas! elle n'y trouvait aucune conso-
lation. Elle aurait cru déroger à son rang en se con-
tentant d'une simple cellule comme les autres reli-
gieuses : elle exigea que son père lui en fit làlir
une exprès pour elle. Dédaignant la nourriture
commune, elle se faisait préparer au dehors des
repas choisis.
Au bout d'un an, elle prononça ses vœux, mais
sa profession ne changea rien à sa vie. Dégoûtée de
la chambre que son père lui avait bâtie, elle_ exigea
qu'il lui fit construire une habitation coDiplè'tc dans
le jardin do couvent. Elle la meubla avec un luxe
princier : des tentures splendides, des tableaux de
prix, des bijoux étalés sur une table de marbre, sa
robe précieuse, son voile de soie, montraient que
Saur Ili/acintlie était toujours C'uricc. Sa vie éUit
celle d'une grande dame dans une honnête et pai-
sible retraite, le monde n'aurait rien eu k lui
reprocher ; mais, est-ce là le chemin de la perfec-
tion monaetiqueT Dix ans se pas>crent ainsi.
L'iDEunc Di nnn; — co.n version suRpas^AMi
Cependant, Dieu attendait toujours cette dme.
Saur Hyacinthe tomba dangereusement malade.
PMira-'suréesar l'état de sa conscience, elle demanila
le confesseur du couvent. Le Père Antoine ilian-
chetti, homme d'une vertu austère, rompii-:>ait
dupuis peu de temps ces fonctions, il s'ein{>i'^^e
de venir. (.>n le conduit a la cellule de la uial.ide.
Quand il se voit dans ce salon de princesse, il ^e^te
un m'
sur In
ciel II e-i ,
El il se r*i
• Mon p< , . a ,^, , .t
suis-je donc dnmnAe!
pillé de mui ! > El ui> 1
visage. La gr.lce ava.
•> Oui, reprit le moine.
puis, jetant un regard i>!;\èie
: •' Je n'ai rien à faire ici, le
-j.ioilleux et les superbes ••.
ur.
• ■> relip-""-" 'lisie d'effroi.
Dieu 1 I plus avoir
iirfi.t < :t.iir.<le ^m|i
l
tir
l'autel, itrvant
"0 la «<l «Ilia-
de la gràte de Sieu, et mènent la vie du monde
jusque dans le clullre. Cependant il est temps
encow pour vous d'obtenir ni '. rrpeiitci-
Tons, rhnnceide vie, soyei bui. .*re et mor-
ti' •■! le monde pour ne plus songer qu'au
C. dit, il s'en va.
Il K'v.ni le lendemain, sœur llyacinlhe lit sa con-
fo^smn cénérale avec tant de repentir que les
s.ii-.lulf eiilreroupaient sa voii ' ' : . ^luu,
n<liiiire la bonté de llieu sur i i con-
»■ I ■ ' -- ,,( |j, (Jotin,.,,,,- r,, nirinc lellips
il lucnt ses maurus exeiiii'lr*
i ;
'' *'«rt retiré, la religiroae Hirtnon-
1 de son corps nif^L^'le «e t^vi'l ,i uni*
bure et va .< i
," de» Siriirs. V
toieiil itiii • 1
. I nu milieu le
I 1 >dllr, et, al Hier d u:>« ' a iM
fl.'\:;rllrr ruilrmenl, et h , - i;i>iul.
4
pardon des scandales qu'elle avait donnés. Les
Sœurs, profondément touchées d'une conversion si
soudaine, la consolent et lui promettent de l'aider
de leurs prières. On conçoit tout ce qu'un acte d'hu-
mililé aussi héroïque avait dû coûter à l'âme,
kier encore si hautaine, de la fille des comtes
Mariscotti.
Ce ne fut pas non plus sans de douloureux efforts
qu'elle arriva à se défaire des objets de luxe, des
meubles prk'cieux, des mille futilités auxquelles
son cœur avait été jusque-là si attaché par une
longue habitude. Ce n'est que plusieurs mois après,
à la suite d'une nouvelle maladie, en face de l'éter-
nité où elle s'attendait à entrer peut-être bientôt,
qu'elle prit absolument son parti de se vouer à la
pauvreté parfaite d'une fille de Saint-François:
" Seigneur, c'en est fait, dit-elle enfin, je renonce
à tout ce que je possède. Vous êtes, et vous serez mon
unique bien ! » Et se tournant vers une imaee de
sainte Catherine de Sienne, qui était fixée au
mur: " 0 vierjie glorieuse, dit-elle, soyez ma protec-
trice, et eblenez-moi la grâce d'accomplir ma pro-
messe. » L'ne voix répondit clairement: « Entre
franchement dans cette voie de sacrifice et je te
proté(.'prai toujours. »
En effet, le sacrifice fut désormais complet, irré-
vocable. Elle remit entre les mains de la Supérieure
tout ce qu'elle avait contrairement à l'esprit Je la
règle. La robe la plus usée, la cellule la plus pauvre
et la moins commode, voilà désormais l'objet de son
ambition. Elle balayait les corridors, prenait pour
elle les fonctions les plus répugnantes du couvent,
et s'en aquittait à genoux quand cela était possible.
Elle se couchait parfois sur le seuil d'une porte,
suppliant les Sœurs de passer sur elle comme sur
un objet diyne de tout mépris; d'autres fois, une
corde au cou comme une criminelle, elle baisait
les pieds des Sœurs. Pour tout dire, en un mot, elle
devint plus patiente qu'elle n'avait été irritable, et
plus humble qu'elle n'avait été orgueilleuse.
Elle avait beaucoup aimé les visites et fait vanité
de la noble-^se lie sa famille terrestre; elle consentit
a. ne plus voir ses parents et ses amis que sur un
ordre exprès de la Supérieure. Elle se choisit dans
le ciel une nouvelle famille en harmonie avec ses
aspirations spirituelles: elle prit saint Augustin
pour son père, et la célèbre pénitente sainte Marie
Egyptienne pour sa mère; son frère fut saint Guil-
laume, autrefois duc d'Aquitaine, pécheur converti
par saint Bernard, et fameux par ses austérités ;
sa sreur fut sainte Marguerite de Cortone, pénitente
et tertiaire de Sainl-François ; elle prit pour oncle
l'apâtre saint Pierre et pour neveux les trois enfants
dans la fournaise de Balbjrlone.
AOSliniTBS TBRniBLKS
Ce qui est elTrayant, oe sont les mortifications
dont elle fit désormais sa vie. Elle semblait
éprouver le besoin de réparer les anné^^s perdues.
Elle planta dans sa «edule une grande crois qui
allait ju!iqu'au plafond, et chaque soir elle s'y faisait
»u-penilre avec une grosse chaîne de fer qu'elle
tenait d'un forçai de Civitta-Vecchia. Parfois, la nuit
se passait '^nns autre lit que cet instrument de sup-
plice. Quanti la nature réclamait absolument un pen
de repns, elle dormait sur un fagot de Mrment
avec une pierre pour oreiller.
Kll» *f ll.iL'>'liait av4c sa discipline jusqu'à ensan-
elaiiler l>' l'iimlier de tn cellule. Tous lf>s vendredis,
<'n mi^moirr du la <oif de Ji'-siM sur la croix, elle se
ni' liait une poitrnée de sel ilana la bouclie Elle ne
buvait qii<> lie l'nau, et ne nianKeait que du pain
tri-s dur qu'elle laissait sécher tout eipri*s afin d'y
trouver moins de goût. Pendant l'avent et le carême
elle vivait de salade et de racines cuites à l'eau.
En un mot elle fuyait tout ce qui pouvait ca-
resser les sens et cherchait tout ce qui, en la fai.^ant
souffrir, lui permettait d'expier ses fautes passées,
et de témoii:ner sa reconnaissance et son amour
pour Jésus crucifié, son libérateur et son unique
bien. Loin de s'enorgueillir de ses pénitences, elle
comptait tout cela pour rien et lOontiiiuait à se
regarder comme la plus indigne des religieuses du
couvent
ÉPREUVES pr TENTA.T10NS
Le démon n'avait pu voir sans rase cette âme
d'élite se réveiller si énergiquement du sommeil
perfide et coupable où il la retenait, il n'épargna
rien pour abattre son courage. Le ct)té faible de
Clarice avait été l'orgueil, Satan s'en souvenait; or,
rien ne coûte tant à l'orgueilleux que de se voir
véritablement méprisé. Le tentateur inspira à
quelques Sœurs des doutes sur In sincérit-" de la
convertie, dont l'héroïsme semblait un reproche à
leur tiédeur. Elle n'avait fait que changer de rdle
fiensaient-elles : ne pouvant plus s'attirer les
ouanges par son luxe, elle jouait maintenant à la
sainte, ce n'était qu'une hypocrite qu'il fallait cor-
riger en lui montrant qu'on ne se laissait pas
prendre & ses artifices. Aussi, elles ne se gênaient
pas pour le lui donner souvent à^ulendre, tantôt
par des paroles railleuses, tantôt par des procédés
blessants. Quelques-unes se croyaient plus chari-
tables en pensant qu'elle était devenue plus ou
■moins folle, et riaient de ce qu'elles appelaient ses
extravagances. Sœur Hyacinthe supportait avec
joie ces humiliations; il lui restait d'ailleurs des
unies fidèles et l'appui de la Supérieure.
Mais voilà que l'ennemi s'efforce de la jeter dans
le trouble, la tristesse et le désespoir. 11 lui souffle
la pensée que toutes ses pénitences et toutes ses
prières ne lui serviront de rien : elle a trop
abusé de la patience de Dieu, qui l'abandonnera;
elle ne persévérera pas ; elle sera certainement
damnée. Quoi ! être à jamais condamnée à ne plus
aimer Dieu, à ne pas le voir, à brûler en com-
pagnie des démons et de tous les malfaiteurs impé-
nitents que la terre a portés, et cela pour toujours!
Quelle perspective! Malgré les efforts de sa foi en la
bonté de Dieu, cette pensée désolante la poursuit,
l'obsède : tentation terrible dont le jeune saint
François de Sales a éprouvé, lui aussi, les angoisses.
Un jour que la pauvre religieuse était plus afIliKée
et qu'elle cherchait dans une prière fervente conso-
lation et force, elle entendit une voix qui disait :
« Non, ma fille, espère : tu n'es point damnée, au
contraire, tu es très proche de Dieu. »
Des tentations intérieures, Sutaii passait aux
attaques ouvertes. Une fois, comme elle descendait
l'escalier du couvent, le démon la précipita violeai-
ment en bns, et le coup fut tel qu'elle ne put as
relever qu'avec laide des Sœurs venues à son s»-
cours.
L'ennemi lui tendit bien d'autres pièges, mais la
fiancée du Christ trouvoit toujours force et vic-
toire dans l'amour de Dieu, lu prière, les saintes
lectures, la méditation des eoiiffranres du Sauveur,
«t aussi dans son obéissance à labbesse et aui di-
recteurs de sa conscience. Au lieu de la déooiiraKer,
le démon ne réussissait qu'à lui faire augmenter ses
aiisiérités.
Elle pria une sœur oonvene, douée d'une forer
ciinsidérable, de lui rendre un service que le
monde trouvera sinculier. C'éliiil de lui donner la
discipline pendant ili<s lieiiros piilieres. (<« i «nversa
s'y refusa lon^temp^, mais la servante de ilieu I'«b
conjurait avec tant de persévérance, qu'elle finit
par céder à son désir. A l'exemple de saint Louis, roi
de France, qui, dit Joinville, se faisait donner la
discipline par son confesseur et cela assez lonctenips
et sur ses épaules nues, notre Sainte, dans le
silence et l'oDscurité de la nuit, attachée à un
poteau et les épaules découvertes, tenant dans sa
main le crucifli, recevait les coups que lui appli-
quait vigoureusement la converse, soit avec des
verges, soit avec une discipline armée de pointes
de fer. Quand le sang coulait, auand la pauvre con-
verse, attendrie, la suppliait ae lui permettre de
cesser, la Sainte, de son côté, la priait de continuer,
lui promettant de l'associer à tous les mérites
qu'elle pouvait acquérir.
CHAHiri ADMIRABLE — ZÈLE POUR LA CONVEBSION DES
AMES — INFLl'RNCE IMMENSE
L'amour de Dieu animait toutes ses actions et
allait sans cesse grandissant dans son cœur. Parfois
cette divine flamme l'empêchait de dormir. Llle
passait alors ses nuits dans des transports qui ne
«ont pas de la terre.
Sa charité la porta à surmonter toutes les répu-
gnances de la nature. Il y avait dans le couvent
une pauvre religieuse qui avait au sein un cancer
horrihle et tellement infect que les infirmières
avaient successivement perdu courage à la soigner.
Hyacinthe demanda comme une faveur de prodi;.'uer
ses soins à cette malheureuse abandonnée. Elle le
fit av.c une tendresse qu'une mère eût à peine
trouvée pour son enfant, et qu'une sainte pouvait
seule pousser à ce degré d'héroïsme. Pour se vaincre
elle-même tout d'abord et surmonter toute répu-
gnance d'un mal si horrible, elle commença & em-
brasser la malade et lui demanda à baiser cette
plaio hideuse et infecte. Elle le fit et continua de
la soiL'ner Jusqu'au bout.
Coite charité de Hyacinthe la portait surtout à
di'sirer le salut des âmes; sa prière était inces-
sante pour les pécheurs. Il y avait à Viterbe un
homme qui scandalisait le pays par ses vices.
Notn- Sainte ayant entendu parler de lui, en fut
touchée dp compassion et commença pour son âme
des prières et des mortifications qui durèrent qua-
rant>- Jours; puis elle le fit adroitement venir au
parloir du couvent.
A peine ce libertin eut-il entendu la voix de
Hyacinthe que la grâce pénétra dans son âme; dès
les iiremiers mots qu'elle lui adressa, il se mit à
fondre en larmes et résolut immédiatement de
chanL-er de vie. Le jour même, il alla se confesser
à un Père Carme et retourna vers la Sainte recevoir
ses conseils et un plan de vie nouvelle.
File le fit revêtir d'un simple sac de toile, et, le
dimanche suivant, ce jeune homme, connu par
toute la ville par ses déportements, vint A l'église
des Carmei communier dan« cet humble costume
devant presque tous les hahiinnts de Viterbe. Les uns
admirèrent ce courage, la plupart s'en moquèrent
et crurent qu'il était fou ; mais lui. peu soucieux du
ju^rf-ment des hommes, heureux de suivre les con-
seilt de notre Sainte et de réparer ses scandales,
entra dèi ce Jour dans le chemin dej parfaits. Son
occupation principale fut dès lors de gotcner les
pAuvret de r)ii'>pital, *« contentant des ri'^ttes de
leur» repas.
Impossible de raconter dans cette courte notice la
multitude de conversions analogues qu'elle opéra,
surtout auprM de ces malheureuie* qui vendent leur
irae avec leur corps pour leur honte en ce monde
"t leur malheur en l'autre. Son c«uvent n'étant pas
cloîtré, elle allait visiter l> i pauvres dans leurs
réduits, y amenant avec elle la paix, la joie, l'espiS-
rance et le'soulageraent. Elle réorganisa des con-
fréries, contribua à la réforme et la fondation de
plusieurs couvents. Mais nul ne profita autant de
ses conseils et de ses exemples que son propre
monastère. Toutes ses sœurs avaient fini par l'en-
tourer d'estime et d'affection, et l'avaient choisie,
malgré elle, pour vicaire de l'abbesse et maîtresse
des novices, fonctions qu'elle exerça longtemps pour
la sanctification de beaucoup d'àmes.
SES EXTASES — DO.N DE TROPIIKTIE — SA MORT
K mesure que cet astre descendait vers son déclin,
sa lumière était plus vive et son action plus étendue.
Son oraison était continuelle, ni les offices de sa
charge, ni ses œuvres de charité, ni les maladies
cruelles que Dieu lui envoya ne furent capables de
diminuer l'ardeur de sa prière, rien ne pouvait la
séparer de l'amour de Jésus-Christ. Elle avait lu et
relu la vie de sainte Thérèse, pour laquelle elle
professait autant d'admiration que de tendresse, et
souvent les religieuses l'entendirent converser fami-
lièrement avec la séraphique réformatrice du Curmel.
La Sainte Vierge lui apparut un jour dans le Jardin
du couvent et cette apparition combla la Sainte de
délices. Sa vie ne semblait plus se passer sur la
terre. Un Jour Lucie Aggravi, n'étant encore qu'élère
au couvent, entra dans la cellule d'Hyacinthe
pour lui ofTrir quelques fruits ; elle la trouva les
bras en croix, immobile, ne paraissant pas respirer.
L'enfant surprise de ce spectacle se mit à genoux
derrière la Sainte et y demeura plus d'une li>Mire,
sans que celle-ci fit un seul mouvement; seulement,
une odeur très agréable s'échappait autour d'elle
Plusieurs fois elle fut ravie en extase devant toute la
Communauté, et on la vit élevée à deux et trois
pieds de terre, les yeux fixés vers le ciel, perdant
l'usage des sens extérieurs et tout absorbée en Dieu.
En plusieurs occasions, elle prédit l'avenir avec
des circonstances si précisas que personne, à Viterbe,
ne doutait de ses communications avec Dieu. Une
dame ayant eu ta douleur de voir sa petite fille,
âgée de deux ans, horriblement brûlée, vint trouver
Hyacinthe qui lui dit : h Consolez-vous, votre enfant
guérira et recouvrera même sa beauté, mais peu
après Dieu tous en demandera le sacrifice -, La
pauvre mère fut remplie de tristesse a celte nou-
velle et la Sainte ajouta : '< N'en ayet pas trop de
chagrin, car Dieu vous donnera un fils qui :<era
prêtre et vous assisterez A sa messe. ■• Ce qui se
vérifia K la lettre.
Terminons par un trait charmant. Un jour, son
frère, le comte Sforza Mariscotti, vint la voir avec
ses trois fils, Marc-Antoine, François et Galéas et lui
dit en riant : • Ma Soeur, on parle de votre samlelé
partout, mais je vous en prie, ne vous avi-iez pas
d'être sainte, car le procès de votre canonisation
nous ruinerait. » Hyacinthe répondit à cette plaisan-
terie avec humilité, disant qu'elle n'était qu'une
grande pécheresse, puis elle ajouta simplement :
■ Ne vous en tourmentez pas, monsieur mon frère,
Galéasy pensera. «Ur, ce fut plus tard ce petit (I lU i'^,
devenu cardinal, qui poursuivit le procès de la cauo-
nisation de sa tante.
Ce fut de la bouche d'un crucifix que la bdinte
reçut l'avis de sa mort. (>tte mort fut simple et
tranquille ; elle s'éteignit doucement le 30 jan-
vier 1640, âgée de cinquante-cinq ans. Il yen avait
vingt-quatre qu'elle était convertie. Sitât que sa
mort fut connue dans Viterbe, chacun voulait avoir
quelque souvenir d'elle. De nombreux miracles
eurent lieu près de son corps, nous ne (>■ ' ^
rapporter ici. L'histoire île cotte Sainte n
en Italien par le p. Annihnl de l.atera. i-t iraoïiU-
en français par M. Alliberl, vicaire général de Lyon.
iiup. -y<ran( . l'«Tirii»«T, s, ru» Kr»ni..i» 1". l'ani.
SAINT PIERRE XOLASQUE
FONDATEUR DE LORDRE DE LA MERCI
Fête le S 1 Jawifr.
Apparition de la Sainte Vierge à saint Pierre Nolasque. — Le Saint s'offre en otage
à la place des captifs. — 11 aborde miraculeusement sur les côtes d'Espagne.
PREMIERES ANNEES
G>«1 la France qui donna à TK^Iise cet illustre
fondateur de l'flrdre de la Merri ! Il naquit au
Vi~-Sainlfs-piiellei, près de Caolf-lnaudary, dio-
de (^-irrassoime, d'une famille noble et chr«?-
' I iK I n« nnreiits prirent un soin atteiilif de sa
'■'Il II' eduralion. I)<- bonne heure, ils jetèrent
lu,- -oïl ri;Mjr le ferme de la fiii'l'' et de toutes
je» vertus. Ils veillnient pniir ''rarler de lui tout
■ •■ 'Mil -lurnil pM !l''lrir tiii- (l'Mir »i d<-li' iio '■' ■
fracile. Du reste, l'enfant ri'pondait à tant de sol-
lii-ilude par une dorilil'> toute rélesle.
Il ''tait d'une doiic-ur any^lique et sa bonti^
aimait surtout à s'exiTcer à l'^t'ard des pauvres,
dont les goullrancesel TeUil mis'freux excitaient
sa pitië. Il leur donnait sans compter et, dans
son empressement, il n'alteiulail point qu'ils
vinssent demander l'aumône, il courait à lu
rencontre. La beauli^ de son .Am'' "■■■■>i'i -
l"'iiidre tout entière sur «on v;-
I liil'-l ri'jiii iliili atii;e; «a ci"!' '■'
ttë2
séraphin; il se levait parfois la nuit p.mr aller
l'eL'lisi.' prier et chanter les Iouai)-e.- divines.
rREMrÈBES BPBEIVK? ET VICTOIRE
Il ('lait parvenu à Tadolescence, lorsqu'il perdit
son pèie. Ce liouloureux ''wMieinent le mil à la
tète «l'une l'orlune immense et de biens consid»?-
raMes, mais son esprit n'en fut point troublé: il
détailla son cu'ur de toutes ses richesses et
portii ses alTections ver? les biens eélesles, qu'il
jui:''ait si-iils difjnes d'i'-lrc aiiibitioiiin-s.
Toutefois, sa mère, qui ne savait point ses sen-
tiioenls intimes, avait rOvé pour son lils un bril-
l.uit avenir. Llle lui avait déjà iTioisi une épouse
bi'lleet vertueuse. I.e jeune homme refusa, disant
ipi'il avait (lorté j)lu> haut ses vues et ses pensées.
I.a mère fut afllisée d'une telle réponse: elle le
pressa nver plus d'instanee*; ses parents joi-
sniieiit 'leurs supplications à celles de sa mère :
le vertueux jiuiie homme resta iu>'branlul>le.
Dieu .'ipprouva la résolution de son serrilenr.
I ne nuit, (jifil était agité par toutes ces pensées
et aeiablé par la tristesse, sentant que le démon
faisait les |)Un fcrands efforts pour le persuader
d'obéir aux conseils de ses proches, il se lève, et
se prosternant la face contre terre, il s'écrie :
'■ O llieu, qui m'avez prolécé et i|ui me soutenez
encore, je me donne à vous ! Eh quoi ! je nerdrais
la vie éternelle pour une vie périssable'.' les
riclii-sses éternelles pour les vils plaisirs de la
terr''? Je pri'férerais une épouse terrestre à
votre beauti^ inelTable, A mon Dieu? \ vous seul
i'appai liens! ■• Il avait à peine .k lievé que sa
chambre fut comiiie éclairée d'uin- douce lumière
et remplie d'un parlum d'une suaNité toute divine.
(.iiielcjue temps après, il distribuait aux pauvres
les tiieiiii qui lui appartenaient et s'eii;.'a;:eait
comnif soldat à la suite de Simon de .Moiitrort,
^'énéral de l'armée catholique .coutre les Albif;eois.
LK PRicsPTSun
l'ii-rre, roi d'Aragon, fut tué h la fameuse
bataille ib' .Muret. Il i-tait l'ami du vainqueur,
Siiin'li .If Moiilforl, et laissait un lils A;.'é de six
'aii>. Siiiinii eut pitié de rentaiit; il en prit le |>lus
_ ' •., rorilia sonédurationn Pierre.NiiKisque
\.i tous les deux en Espa^:iie,
i Hait i|ue viiifit-ciuq ans quand il
il! 1 1 r .l.\i a;:on, où il voulut > ivre .avec
i..iii . .1 II. lit.- 1.1 n'uiilanli' d'un reli-
.1 s.in jeune
-mil de lui ins-
'• et de l'exer-
■nnes. Il rher-
! . I . I II- péiiéiierdeliimourde la justice
l.<. loi a\air donné à
l des titres de
I viviit retiré,
I roli-
' aux
. li n'em-
Il iiour-
de i-es infortunés, mais saint Itaymond de Ten-
nal.irt modéra son zèle et sn ferveur.
Dieu, toutefois, qui avait rais une pajeille cha-
rité au cu'ur de Pierre Noiasque, voulait faire,
avec lui et par lui, de grandes choses.
l'ohdhe de la merci
En effet, le zèle de l'apôtre se communiqua à
plusieurs de ses amis qui voulurent imiter celui
qu'ils reiiardaient déjà romine un saint. Pierre
les en;;avea à former une pieuse alliance, sous
le nom de Congrégation de la Sainte Vier;.'e, alin
de travailler de concert au rachat «les l'sclaves.
Ce furent les premières assises de I Ordre de la
Merci, liés le conimencemenl, le saint iDiidaleur
eut à souIVrir les oppositions, les ni-'ilianls pro-
pos, toutes les médisances du monde (|ui a cou-
tume d'entraver ainsi les plus saintes entreprises.
.M.iis Pierre fut soutenu par des visions rélestes.
Puiidant qu'il était en oraison, il vit un niagni-
liiiue olivier chargé de lleui s et de fruits, planta
au milieu même de la cour royale. Piè* de là. se
tenaient deux vieillards véni-ralles qui l'invi-
tèrent à .s'asseoir au pied de l'olivier, à lefjnrder
et à en prendre soin. Il comprit ijue cela dési-
gnait la uetite association qu'il avait fondée dans
la cour au roi.
.Mais la S.iinle Vierge elle-ménie, le jour de la
fête de saint Pierre es Liens, lui a|qiaiut et lui
aullunca que c'était le bon ]>laisir d>' Pieu qu'il
établit une Ongrt'galiou qui. sous le nom de
Notre-Dame de la .Miséricorde, ferait profession
de délivrer les chrétiens captils aux mains des
infidèles. Pierre, étonné et ravi, ri'pli.|ua avec
une saillie audace : « Mais, qui •'■Ii.s-m.us pour
connaître ainsi les secrets de Dieu .' Kl qui suis.je,
moi, pour accomplir un pareil dessein? » l.a
Vierge répondit : ■• Je suis .Marie, la Mère du
Rédempteur, et je veux avoir une nounlle famille
de serviteurs qui fassent à l'égard de li-urs frères
captifs ce quel ai fait inoi-mi*meeuver~ mon Fils...
Pierre, rempli d'allégresse, courut appieiidre
an roi ce qui lui était arrivé; mais qm-lle ne fut
pas sa joie, quand le roi lui dit qii à la nn'-ine
lieure, il avait été favimitë d'> la iii.'iiie \ision,
ainsi que son confesseur, saint Kavmond de
Pennalort.
Le roi donna aussitôt des ordres, et le Jour de
l'tiiil.'
Saint-Laurent
en présen
tout l
de se-
nouvel r
solennels <!.
Irième, pni !
biens et b-ui s
sain-, pour "
d-
dans la cntli
toute 1,1
.Mil. lé !•
lirai- d-
iiii. ilii
1. N .1 ,
disposition
royaux.
ISlIll
a di'livrni
' nie de la ">
■ s arme^
li.i?it dans sii|i ;
une partit'
de
,.l.,.,
i|un-
bnr»
l»i ht
_ leux l'I
-, eu II iiiil à leur
ses app'irlemenls
Krnti \ t.-
Ilieu répandit MMilAt ••>• béné.li.tinn» sur le
1 Mrdre .- le -r ••• '- - ■ ' i.. ....". v
• nno) Ilot
ces faveurs. Ils répandirent, sur le saint fondateur
et ses religieux, les bruits les plus culoinuieax :
ils raccusèreiit auprès du roi. Mais le roi, con-
naissant la sourie de tous ces propos, n'y prêta
aucune attention et, pour prouver davaula$;e
son auiitie' et la haute estime qu'il avait pour
Noiusque, il se lit construire un appartement au-
près du cou\eut de la Merci pour lui servir de
résidence ordinaire.
Saint Pierre îs'olasque attira aussi sur lui les
colères des ^jentibliommes et de toute la noblesse.
Caries fils de famille, charmés par le dévouement
el les vertus des saints relif^ieux, venaient en
foule, soit pour se faire eu.\-nièmes rédemp-
teurs des captifs, soit pour apporter des sommes
considérables nécessaires au rachat des esclaves.
Leurs parents, iudigués, menacèrent pla'^ieurs
fois le saint homme et lui adressèrent les injures
les plus \iolenles. Le Saint répondit avec dou-
ceur : « (ii.lces soient rendues à Dieu, qui per-
met que les eufanls douueut burs biens poui
|ps captifs et les esclaves, tandis que les parents
abandonnent leurs richesses aux démons. •>
Le déinou voulut plusieurs fois entraver lui-
même leur sainte entreprise. 11 apparut un jour
a Pierre .Nola>que peur le dissuadiT de faire un
voyaye qui devait être une source de bénédic-
lion--; mais, au nom de Jésus et de Marie, le
tentateur s'enfuit aussitôt.
Toulelois. une tentation plus délicate et plus
dan^:freuse faillit tout compromettre. Saint Pierre
>'olasque crut, pendant quelque temps, qu'il ne
feiait point son salut en employant son temps
au rachat des enclaves; sou avaiiceinenl spirituel
en soutirait; il ne pouvait donner à l'oraison et
à la rf.ntemplalion que des heures bien courtes.
Il fallait ^urti'Ul qu'il pritexemple sur les anciens
Père> du d'-si-rl, qui laissaient tout, quittaient
le monde, s'enfonçaient dans la solitude, et là,
d.iij-i la paix, le silence et le recueillement, pou-
\ai' ni sans crainlt- travailler à leur perfection et
? itU'iiner à la contemplation de-; vérités divines.
Il s'ouvrit de tout cela a saint Haymond de Penna-
fort, qui n'eut point de peine à découvrir les
ruses du déinou et dissuada absolument son ami
de son dessein.
LKS RÉbEMPTIl'BS
Selon saint Pierre, ce n'était point asset pour
la perfection de sa Conçré^ation de racheter
quelques captif», comme il le faisait, sans sortir
liii royaume de'* princes chrétiens; il voulut
aller jusqu'au sein «les pays inlidèle-i, afin d'ar-
iacli<T les a;.'iieaux, pour ainsi dire, de la dent
des loups. Il assembla ses religieux, et leur repré-
senta son dessein ; apn'"* quoi, on procéda à l'élec-
lioii dp ceux qui feraient ce voyape, car ils ne
pouvaient p,i- y aller tous ensemble. Ceux qui
iiiiinl dési^fués s'appelèrent, pour ce sujet,
/, / lupleur».
-mil Pierre fut lui-même nommé; il rei^mrda
ce choix l'omme un ordre du ciel, et voulant don-
ner l'exemple à ses frères, il se llispo^a à celle
h.'iiv.tl. mission avec toute la ferveur et toute
1,1 I' .'ii.'ii dont il était capalile, bien résolu de
tout consacrer aux captif», jusqu'à sou sang et
!>a vie,
l.en /(. d'abord vers
V.-»lPtiie, ■.*: m.-ii« loin
I b ■ (J!'t:!.CUUi'll .' " ■
lit, il» ne renconi'
deste triomphe, un grand nombre de raalheureu.":
captifs qui bénissaient leur libérateur.
A peine de retour, les HéJemijleurs recueillent
de nouvelles aumônes, et repartent pour le
royaume de Crenade. Ils obtiennent encore un
succès complet. Les barbares eux-mêmes sont
étonnés de tant de dévouement. Pierre Nolasque
en profite pour leur prêcher les vérités et les
mystères de notre sainte religion.
Il aurait souhaité de continuer ses charitables
travaux; mais le roi d'Aragon, ayant porté la
guerre dans le royaume de Valence.'le contraignit
d'interrompre une œuvre si bien commencée.
Dieu favorisa les armées catholiques : (a mon-
tagne d'L'neia fut prise aux Maures. Le roi d'.Vra-
gon donna ce château d'Uneza à Pierre .\olasque,
qui y lit bitir un monastère et une église cmi-
sacrée à la Mère de Dieu, appelée depuis Sainte-
Marie del Pitche. Valence fut prise d'assaut; les
mosquées furent converties en églises, et saint
Pierre Xolasque fonda un couvent de la Merci
dans une des principales.
Il résolut alors de porter plus loin son zèle, de
traverser la mer et d'aliorder en Afrique.
11 vint à Alger et s'occupa activement de
rechercher les esclaves et de les jacheter. Il
découvrit un grand nombre de chrétiens qui
venaient d'être capturés en mer. alors qu'ils reve-
naient de Kome. Parmi eux se trouvait une dame
catalane de haute qualité, Thérèse de Vibaure,
amie de notre Saint.
Pierre Nolasque traita aussitôt du rachat de
ces captifs avec le pirate qui les avait capturés.-
Le marché était conclu lorsque le baibarè ap-
prit qu'il y avait parmi eux une personne de
noble naissance. Il s'écria qu'on l'avait trompé;
il reprit de force les malheureux esclaves et les
jeta dans les fers, demandant une somme énorme
pour leur rançon. Le Saint promit tout; mais
comme il n'avait point assez d'argent, il envoya
un de ses frères près du roi d'.lragon pour lui
demander les sommes nécessaires. Pendant ce
temps, les captifs, perdant patience, s'adressèrent
à un juif, qui, à l'insude samt .Nolxsquè, lesenleva
secrètement de nuit et les lit passer en E-pai:ne.
Le lendemain, les pirates ne retrouvant point
leur butin, se saisirent du bienheureux Père, le
couvrirent d'injures et de coups, le jetèrent dans
un souterrain humide et obscur et le tirent
comparaître devant le juge comme un voleur,
un séducteur et un faussaire, le seul auteur de
la fuite des esclaves. Le juge, ne trouvant aucune
preuve, n'osa le coudainner. Mais, notre Saint
désirant souffrir et s'humilier, s'olfrit en olago
à la place des captifs évadés. .Mais on ne le vou-
lut point; on l'obligea seulement à laisser les
autres Frères qui étaient avec lui, pendant qu'il
paitirait pour l'Espagne chercher le prix de la
rançon.
Les pirates le firent inonter dans une barque qui
faisait eau, en commaudaii taux matelots de l'aban-
donner en pleine mer, sans voile ni gouvernail.
Mais, avec le secours de Dieu, Pierre, déployant
son manteau, s'en servit roinnie de voile, cl
aborda heureusenient siii les ciMes d'Espagne.
Il alla aussitôt, suivi d'une multitude de peuple,
rendre eràces à Iiieu m l'église de Nolre-Uauu:
dcl l'ucne: et feu après,! ayant recueilli des
aumûncs coiisinérables. il délivrait le reate des
chrétiens captifs à A ger.
MN HUHILITl!
A quelque temps de làj iJ as>cii'I
gieux et leur annonça qu il avait lu ■ i.. ., .
se démettre de sa charge de Supérieur général
de rOrilre de la Merci, alin de Nivre le reste de
ses .iour> en «impie religieux. Mais, quelijues
raisons qu'il all''guàl, personne ne voulut con-
sentir à son dessein. Tout ce qu'il put oltenir
par ses prières et ses larmes, ce fut l'élection
d'un vicaire général qui l'aiderait dans ses nom-
breux travau.\. Le sort Intnlia sur le P. Pierre
d'Amour, .\lors le saint fondateur, se voyant plus
libre, s'appliqua avec beaucoup de zèle aux plus
humbles offices de la ue religieuse; il voulut
reprendre les premiers exercices du noviciat. Ce
qu'il aimait par-dessus tout, c'était de distribuer
à la porte du monastère les aumi^nes aux
pauvres, parce que, pendant ce temps, il pou-
vait leur parler, les exhorter à la patience, à la
charité et à l'amour de Dieu.
Il avait coutume de signer au bas de ses lettres
laiitnt l'icrre ?iolasi/ue, serviteur inutile et indiyue,
tantôt l'ierre Solaftjue, balayuie du monde, irai
n^aiit Ul comme ou lui représentait que ces titres
paraissaient ridicules et peu eu rapport avec sa
dignité, il répondait simplement que la signa-
ture était inventée pour exprimer ce que nous
étions, et que, pour lui, il se qualiliait tel qu'il
était à ses yeux, et aussi tel qu'il voulait qu'on
l'estimftt.
FAVEL'BS CÉLESTES
t,e Saint était souvent favorisé de visions célestes
par lesqiu'Ues.Notre-Seigneur le consolait, lui don-
nait de nouvelles forces et un lèle encore plus
ardent. Un samedi qu'il assistait aux offices dd
soir avec ses religieux et qu'il considérait le petit
nombre de ceux qui travaillaient avec lui, il fut
ravi en esprit et d'une voix pleine de soupirs et
de larmes, il s'écria : " 0 Seiyneur, serez-vous
avare envers votre Mère, alors que vous êtes si
libéral envers toutes vos créatures? Si c'est h
cause de mes péchés et de mon insuffisance que
vnu» raéna};pi vos grâces, elTacei-nioi du livre
de vie, mais donnez des serviteurs et des enfants
à .Notre-Oame de la Merci 1 1. .\ussitiSt, on entendit
une voix i|ui prononça distinctement ces paroles :
i< .Ne crait:ni'i pas, petit troupeau, parce rju'il a
plu à votre l'ère de vous donner son royaume. <>
Les assistants furent dans l'admiration et l'iUon-
nenient et constatèrent dans la suite la vérité de
ces paroles.
Saint l'ierre >olasi|ue avait toujours rêvé de
faire le pèlerinage de Konie et d'aller prier sur
; le tomlieau du Prince de' apôtres, dont il por-
tait le nom, et auquel il avait une dévotion sin-
gulière. In jour qu'il pensait à cette entreprise,
il entendit une voix qui lui disait: « Pierre,
puisque tu n'es pas venu me voir, je viens te
visiter. ■• Ll en n;>'me temps, il aperçut l'ap'Mrc
saint Pierre crucilié la tête en bas, qui lui dit:
<i Tous les bons désirs des juste* ne iieuv>-nt point
'U- réalisés ici-bas. >' Il renonça des lors h ipu
1, mais il uarda une K><>nJe dévotion pour
■ " rre. Il avait coutume, cliaqu>- jour, de
t À une croix qu'il avait d.iiis s.i rliambre
• l , ' '■•- heures entière» dans la niéim- posi-
tioi. il vu le Prince des Bpr"ptri's.
Il ' '!!- le couvent de ll.ircelone.
le t ir, surpris par le -iinmeil.
'■' I M iiines, le Siiint SI- r'->tille et
' lel n'est point ^on él4)n-
'11. à la place dei reli-
> lit les psaumes el
H inn« '
iiouk'iit, il .i( ^.
qni faisait le l"ur
garder et protéger ses serviteurs pendant leur
sommeiL Dieu l'avait aussi favorisé du don de
prophétie et de discernement des Imes.
Saint Louis, roi de France, l'avait en grande
vénération. 11 recommandait sans cesse à ses
prièressapersonneetlesintérèts de son royaume.
Il voulut l'emmener avec lui à la conquête des
Lieux Saints, l'ierre .N'olasque, quoique fatigué et
déjà âgé, coinmenca à se disposer à partir; il
mit ordre aux alTaires de ses mona^^tères et se
trouvait tout heureux de visiter ces lieux où se
sont accomplis les grands mystères de la reli-
J;ion. .Mais son corps était usé par l'âye et par les
austérités, et les efforts qu'il fit ne servirent
<)u'à le ré-duire à une extrême faiblesse. Il fut
obligé de se mettre au lit. Les médecins lui di-feii-
direnl de sortir de sa cellule. Mais la nuit de
iNoél il se trouva au milieu de ses religieu.\ â
chanter l'office sans qu'on sut comment il y avait
été porté. Quelque temps après, sentant que sa lin
était proche, il demanda le saint Viatique. Quand
il l'aperçut, i! sauta de son lit et se traîna à
genoux jusqu'aux pieds du prêtre <\M\ lui appor-
tait son Sauveur, en répétant ces paroles : ■• D'où
me vient cet honneur que mon Seigneur vienne
à moi'? >> .'
Il reçut le .ps de son Dieu avec la plus
admirable pitté, puis il lit appeler tous ses reli-
gieux, leur demanda pardon de ses péchés et de
ses négligences el les supplia d'élire à sa place
un (îénéral alin qu'il mourût avec le mérite de
l'obéissance. Les religieux consentirent à son
désir et, sur son avis, désiKnèrenI leFr. (lUillaumu
Bas pour prendre la conduite de l'UriIre.
Dès lors, le saint moiibond ne pensa .plus aux
choses de la terre; son esprit et son cu-ur étaient
sans cesse appliqués â la contemplation : tantôt,
il s'entretenait avec Dieu lui-inême et la Sainte
Vierge; d'autres fois, il parlait à son anue cardien
et au Prince des apôtres. Ses • ' ' ' li'
queutes: un jour qa'il récitait '
iiici, Deii.t, étant arrivé à ces panM'- ■ i,pii~ m"
laverez. Seigneur, et je serai plus blanc ciue la
neife! ■■ il ilemeura «^i lontitenips hors Je lui
que l'on crut à sa mort. Kiilin, la nuit de Noël I2.'i8,
ayant réuni ses religieux autour de lui, après
leur avoir donné une béiiédiciion suprême, il
exj'ira doucement, .'igé dr ^.ii\ mli- sl\ .um.
I.'firdre de la M'Mc'i *e d I
Les chevaliers, portant I Ji r -
vêtus d'une écbarpc el du srapulaire. Ils devaient
farder les côtes el défendre le pays contre les
inlldèles. lU étaient obligés à l'oftlce divin quand
ils n'étaient pas de service. Les religieux suivaient
la refile de saint Augustin; ils rei-evaient les
Ordres sacrés; ils chaulaient l'oflice et s'occu-
paient du rachat des captifs.
L'Ordre île la Merci s'étendit dans toutes les
provinces d'Kspatiie et dan» le» principales villes
d'Italie. Les reli^i>-ux de cet Ordre furent les
premiers à travailler à la conversion de» Indiens.
Beaucoup «t'entre eux subirent d'alTr<'U\ tour-
ments de la part des Turcs et des barbares et
Turent martyrisés pour le nom de Jétus-Cbnst.
SOCRCn CO.^St'LTtfU
IloixtMorsris. Arta Sanrtorum, M jnnMer, L II,
I ''«l-'.e.K). _ IliiLTOt. lU^loirf ^^ K.Irtt rtli-
1. III. p. 2<.6. — liou I' fUmml
: j lie SitinI'. I. I" p. •-"
!.. i ki.iuk.*.,,, 0, rue tiiWtuit i , 1 •!,».
r \
SAINT IGXAŒ, EAEOIE D'AMIOCIIE
Fêle le /" février.
Saint Ignace le Théophore, c'est-à-dire porte Dieu.
Je suis le rroœent de Dieu : je veux /'•Ire moulu sous la dent des Wles féroce», pour devenir
le pain inimacul)' du Christ. ■■ [lettre aux Romains.)
Saint Ipnace, l'un de» plus il1uslr<»s parmi ces
linmnios apostoliques qui surcédèrent imm'^Hiale-
innnt aux Apnlres. aurait m<^me. suivant quelques
•luti'ur», l'onnu nntre divin .Sauveur «ur rfllf terre :
'•'•lait, di«ent-il«., ret enfant «pii |ir<''i''nl.i les cinq
(laiti" d'orce et |e« <leu\ poi««nnoque Noire-Seisneur
rniilliplia iiour nourrir rinq mille liommes. Tou-
Kiur~ e«t-il qu'il fut plus tard, ave,- ..lirit l'rdvrarj»',
l'un des disciples les plus assidus de l'api'ilre saint
Jean, et apprit ;i cette /^cole cet amour brûlant ei
impétueux pour Notre-Seigneur qui renllaninia
tiillle sa vie.
Oiyind saint Pierre avait quitté la ville d"Anlii"lie,
il lui avait donn<î pour évi'quc saint Kvode: saint
Ignace fut rlioi<.i à son tour pour surcéder .i saint
Kvode. Sa :.'iaiide s.iiiileté le rendait ili.ne .le :.ou-
93
\iTner cette Eelise où les fidèles reçurent, pour la
première foi«, fe nom glorieux de chrétiens.
In jour, il eut une vision merveilleuse dans
laquelle il vit une multitude d'an:;es chantant à
deux chœurs. <iui se répondaient l'un à l'autre les
louaiiL'es de la Très Sainte Trinité, l'èiiètrè d'admi-
ration pour ce qu'il avait vu, et voulant que la terre
imitit de quelque façon le ciel, il ètahlit dans son
église rctif manière de chanter l'Office divin. Toutes
les éi.'lises aduptèreut depuis cet usaj-'e ^1 .
SAI.NT IGNACE DIVA.NT l'EKPEREL'R TRAJAN
Le récit du martyre à jamais plorieux de saint
It:naco a été écrit par trois de ses disciples: Hhéus,
.Xyathopode et l'hilon,qui raccompagnèrent à Iloiiie,
et furent témoins de son triomphe.
\ rè|ioque où Trajan monta sur le Irc'ine, disent-
ils 2 ,l;;iiace, disciple de Jean l'èvanEèliste, homme
vraiment apostolique, gouvernait l'Eglise d'.\ntioclie.
Il venait de '.raveiser hcureuseiiienl !a tourinente
de la persécution suscitée par Umnitien. Par --es
prières et ses jeûnes, par son assiduiiè à prêcher
la vraie doctrine, par raclivité incessante où le
lei'ait constamment la crainte de voir se perdre
ipielques âmes plus faihles et plus timides, il avait
écarte tous les dangers de naufrage; liahile et saye
pilote, il avait sauvé son navire. Maintenant donc il
se réjouissait de la tranquillité subitenu^nt rendue
à l'Kglise; et cependant, son grand cirur s'indignait
de n'avoir pas trouvé encore l'occasion de faire écla-
ter, ci.iiime il le voulait, son amour pour le Christ.-
11 aspirait au inartvTe, qui achèverait, disait-il, de le
faire ressembler à son Seigneur et à son .Maître.
Ses vu'u.x ne lardèrent point à être exaucés, fji
neuNième année de son règne (106 , Trajan, vain-
queur des Scythes et des Daces, et attribuant ses
trioniphes à la protection des dieux, crut qu'il man-
'îiuerait quelque ehose à sa j)ropre gloire et à la
reconiiai>i~ ince qu'il devait aux idoles, tant que le»
chr^ lit 11' l 'fuseraient de les adorer. Il renouvela
donc lc:-"idres le- plus rigoureux pour que tous les
fidèles fussent contraints de sacrifier ou de mourir.
L'empereur était alors à Antioche, préparant son
expédition contre les .Arméniens et les l'arthes.
Ignace, c- t:'-né!eux soldat du Christ, se présenta
spontanément devant le prince, qui a\.iit déjà donné
ordre de l'arrêter. En l'apercevant. Ti.m m ^'écria :
' (Jui cs-lu, mauvais démon Kat. ' ('.'e«t
don.- t.-'i ijni oses lrans;.'resser nos • l qui
ei;ii I mort une multitude fanatique '
■• ii'.i jamais appelé Theiqihorc icelui
qui |'"i II dèiiioniaque. Les démons fuient
<!• \.iiit iir-de Dieu. Je suis redoutable aux
<|éiii"ii-, • :. Il lU- . e sens, j'accepte le nom de Ka/ro-
ilitiiiii'n iiKiii\.u'. ,iu démon . l'ar la puissamt' du
rhi ist, mon roi. ' ' 'in, u
— (Jlll est ce I
los ennemis * •
.,,, I.. , ,,„i ..,.•■
: TtODS DOS
' ' tion notis
■•I -l-H pro-
■ mon
.. ..lire du
>éiiai.
— Répandre des bieniaits, dit Ignace, quoi de plus
dijue des cœurs généreux et, en particulier, des
empereurs; mais, en vérité, quelle étrange promesse
est celle-ci : nie faire pontife de Jujùter, moi pontife
de Jésus-Christ, qui oITre tous les jours au seul et
vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, un sacrifice
de louanges, et qui suis prêt àm'immoler moi-inéme
pour sa gloire !
— Ue quel dieu parles-iu donc, reprit l'empereur,
de ce supplicié que Poncc-Pilate lit mourir sur une
croix 1
-■ Oui, répondit Ignace, sur sa croix, Jésus a rni-
citié le péché et son auteur : il a triomphé de toutes
les erreurs et de toute la perversité des dénions. Il les
a ])our jamais asservis au pouvoir de ceux qui portent
le (Christ dans leur cœur.
— Ainsi, lu portes en ton cœur un crucifié !
— Dieu lui-même l'affirme : J'habiterai en eux,
a-l-il dit. Je marcherai au milieu deux. -
Ceux qui étaient présents voulurent alors entrer en
discussion, mais les arguments de l'évéque martyr
les réduisirent ausilence. Enfin, Trajan riiiterrompit
fiar cette sentence : Ignace, i|<li prétend porter en soi
e Crucifié, sera mis aux fers et conduit sous escorte
à Rome, pour y être exposé aux bêtes de l'amplii-
thèAtre. « (irices vous soient rendues, mon Sei:;neilt
el mon Dieu ! s'écria le confesseur. Vous daii:ne/
enfin couronner mon amouj- et me faire partager les
chaines de Pierre, votre ap<Mre 1 • En parlant ainsi,
son visage rayonnait de joie ; il pria ensuite pour son
Eglise, la recommandant à Dieu, avec larmes, el,
conlme une noble victime, se remit aux mains des
soldats.
VOTAGP. — LETTRE AUX ROHAINS
Ce fut dans ces sentiments d'inelTable allé^esse
et de sainte passion pour le martyre, qu'k'nace fut
conduit d'Antioche à Sèleucie. I.â, il fut embarqué,
el.aprèsune navigation laborieuse, le val ' '
.1 Smyrne.Polycar|.e, évéque de celle mI
lui i!i ■: \ ■ ' ■ s.iiiii Jean, recul dans ~ , iii,ii>iii i'
saint ■ .1 Toutes les Eglises (l'Asie lui envoyè-
rent il> ,.!■ - ■'■ - Il êtres et lies diacres, pnur
recevoir ses di i iiédiclious. Ignare li« sup-
pliait tous, et IV.; Il i> Il li. lilii I ili' lui iilifi'iiii
de Dieu, par leurs |
niai tyn-. Tel était 1 ■ .
tion-et di- -es discoiii -. D.'inss.i rliante pour lel.liris;,
il répélait qu'il --erait rede\ ilih- (lésa couronne aux
firiéres el au mérite des ' n lui envoy.iieiit
eufs dépulalioiis. C'est d..i qu'il leur écrivit
à toutes des ji-ltresoù pspiK ni l.i yiAce et l'amour,
et dans |<-si]iii-||).s i| les fortifie dans la fui et dans
la soin leurs pasteurs léviliines.
En I iiiiilliplier pre- de lui le< soins de
Jlftlic ,ll( |||.|||\|>- illl l--.|li <M|\t|l. ,\l| -1. .l^.llli III
(jUiltcrSniyruc, écriMt-il une leltre, aussi touchante
qu'admirable, aux fidèles de l!
Apres avoir salué «a tenu - celle
Eglise illustre et avoir rendu : .. ..:.... .. .sa pu-
ni.mie sur toutes les autres h^lises de la lem-, il
luir««, lltii. (
t.i.'
dtpui^ qii il t-l itl.njrn'.
■n 1'
christianisme n'est pas seulemeut une œu\Te de
silence, il est aussi une œuvre de force et de magna-
nimité. J"r>rris aux Eulises: je leur maude à toutes
que je mourrai de frrand cœur pour notre Dieu,
pourvu que vous ne vous y opposiez, pas. Je vous en
conjure, ne me témoii.'nez plus une bienveillance
inopportune.
■' Laissez-moi devenir la pâture des bètes féroces ;
par elles j'arriverai à Dieu. Je suis le froment de
Dieu: il me faut 4tre moulu sous la dont des bêtes
pour devenir le pain immaculi- du Christ. Caressez
plutc^'t ces lions: qu'ils deviennent mon sépulcre,
qu'ils ne laissent rien de mon corps; ainsi, quand
je serai endormi dans le Seiu'neur, je ne serai plus
à chargea personne. Alors, je serai vraiment le dis-
ciple de Jésus-Christ, ijuand mon corps lui-même
aura disparu de ce monde. Suppliez pour moi |o
Christ, alin que, par de tels instruments, je devienne
une ostie diurne de lui. Pierre et l'aul vous com-
mandaient; moi, je TOUS prie. Ils étaient .\p<5tres, je
ne sui- qu'un condamné; ils étaient libres, jusqu'ici
je ne suis qu'un esclave. Mais quand j'aurai souifert.
je serai l'affranchi de Jésus, et en lui je ressusciterai
libre.
■i En ce moment, dans les fers, j'apprends à ne
rien convoiter de terrestre ni de vain. Dp|iui'i mon
départ de Syrie pour Kome, je combats vraiment
contre les bétes, sur terre, sur mer, la nuit et le
jour, lié que je suis à dix léopards ; ce sont mes iïar-
diens que je nomme ainsi. Les bienfaits mêmes les
rendent (Jus farouches. Leurs injures me servent
de leçon; mais " je ne suis pas ju'^tilié pour cela
I Cor., IV, 4 ". Pnissé-je jouir des autres bétes qui
me sont préparées! Je veux les trouver affamées et
fnricuses; je les tlatterai pour ipi'elles me dévorent
>ans s'éloi;;ncr par respect, comme elles ont fait
jiuur d'autres, (jne si elles s'y refusent^ je les y
contraindrai, l'ardonnez-moi cette parole, je sais ce
qui m'est utile. Je rommencc maintenant à être un
vrai disciple. Oue le'= créatures visibles et mvisibles
•■'■ssent de mi- disputer mon bonheur.
• C'e«t à Jésus-Christ que je vais. Les flammes, la
croix, les meutes de b'^tes farouches, les lacérations,
la torture, la dislocation des os, les déchirements
lies membres coupés en morceaux, que tous ces
tf>urments, invent«?s par l'enfer, tombent sur moi,
|iourvu que j'alteifine Jésus-Christ! A quoi me ser-
viraient, et les plaisirs de ce monde, et le>^ royaume^
du siècle? Mourir pour Jésus-Christ vaut mieux ciuo,
ré:.'ner sur l'univers. Je cherche Celui qui est mort
pour non-», je veux Celui qui est ressuscité pour nous.
l'f\ est le trésor que je vais conquérir.
' Pardonnez-moi donc, frères. Ne me privez pa'^
'II- la vie; ne me rejrtez point dans la mort: no nie
r.-ndez pas au monde quand j'a-^pire à Dieu. Laissez-
moi arriver à celle pure lumière, aux rayons de
liipielleje devi>>ndi'ai l'homme de Dieu. Laissez-moi
devenir l'imitateur de la passion de Jésu-s-Chri'^l.
Ah! si quelqu'un a l'amour de Jésus-t^hrist dans son
cii-nr, il com[irendra mon laiica;.'e, et, «achant l'ar-
deur qui me dévore, il aura pitié de moj. Le prince
dn ce siècle voudrait m'arracber du cœur et cor-
rompre en moi cet amour pour mon Dieu. Vous, du
moins, spectateurs tic la lutte, ne vous constituez
point «es auxiliaires. Prenez parti pour Dieu et pour
moi. Ouand le nom de Jésus-Christ est sur vos lèvres,
vous ne pouvez conspirer avec le monde.
■ S'il m'arrivail jamais de vous tenir un autre lan-
- i_'e, ne m'en croyez point; croyez à celle lettre que
ji' vou« écris, vivant encore, mais brûlant du deair
■ !•■ ninurir.
^^'n amour a él'' crucifié, ni le feu qui m'anime
M I ■ ui «oiidni aiKun aliment lerri-str'". L'espril
ili.iiil qui habile nn mor, et qui parb' .'i mon cu'iir
me dit intérieurement : Viens à ton père! .\ucune
nourriture corruptible, rien de ce qu'on nomme les
délices de la vie n'a de saveur pour moi. Il me faut
le pain de Dieu, le pain céleste, le pain de vie. c'est-
à-dire la chair de Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui, Jans
ces derniers temps, s'est fait Fils de l'homme en
naissant de la race de David et d'.Vbraham. Il me
faut le breuvaf.'e de Dieu, le sang de celui qui est
charité et vie éternelles.
» Je ne veux donc plu.s de la vie des hommes, et
mon vœu sera exaucé, si vous le voulez. Veuillez-le
donc, je vous en supplie : Dieu vous rendra en grâces
la bienveillance que vous m'aurez témoignée. Cette
lettre trop courte vou* le demande, croyez à ses
accents. Jésus-€hrist vous manifestera la sincérité
de mon lan^'atie, Jésus-Christ, le révélateur de la
vérité, en qui le Père nous a parlé. Priez-le de se
donner bientôt à moi. Si je suis admis au martyre,
vous aurez voulu mon bonheur; si je suis rejeté, je
l'attribuerai à votre peu d'affection.
» Souvenez-vous dans vos prières de l'Eglise de
Syrie; en mon absence, Dieu seul est son pasteur.
A la place de l'évêque, Jésus-Christ seul et votre cha-
rité la dirigeront. Je rougis de me voir, malcré mon
indi;;nité, compter au nombre de ces chrétiens d'.\n-
l'oche, moi le dernier de tous, misérable avorton!
Mais, si je puis arrivera Dieu, je deviendrai quelque
chose par sa miséricorde.
» La charité des Eglises qui m'ont accueilli au nom
de Jésus-Christ, moins comme un étranger qui passe
que comme un père, -s'unit à mon esprit pour vous
adresser le salut. Celles qui ne setmuvent point sur
mon passase ont voulu visiter et secourir mes chaî-
nes. Je vous écris de Smyrne. Des Ephésiens dignes
du bonheur d'appartenir à Jésus-Christ vous remet-
tront ma lettre. Crocus, ce nom si cher, est encore
ici avec moi, ainsi que beaucoup d'autres frères.
Vous devez connaître mainlonant ceux qui m'ont
précédé de Syrie à Rome, pour la ;.'loire de Jésus-
Christ. Informez-les de mon arrivée prochaine. Ils
sont tous dignes de Dieu et de vous. — Ecrit le IX des
calendes de septembre (23 aoîit 107). Courage jus-
qu'à la fin dans la patience de Jésus-Christ. Amen. »
LES FIDÈLES DE ROUE — l'aMPUITIIE'.\TRE
LE a.VRTVRE
" .\près avoir ainsi, par cette lettre, prédisposé
en sa faveur les Frères de Home, le Théopliore quitta
Smyrne. Les soldats qui l'escortaient avaient hAle de
le conduire à sa destination pour l'époque des jeux
solennels de l'amphithéâtre. Il aborda en Troade,puis
à Napoli de Thrace. Là, on lui lit prendre la route
de terre; passant donc i)ar Philippi*, il traversa
la Macédoine et l'Epire, juscpTau port d'Epidamno
aujourd'hui Durazzoi,oii il s'enrb.irqna île nouveau.
» Descendant le «olfe Adriatique, il cnlia dans la
mer Thvrrhénienne, lomieant le littoral et v.iyant
passer sous ses yeux les cités et les îles qui bordont
ces rivages. On montra à l'homme de Dieu la ville
de Pniiz/oles. Il souhaitait ardcniiuent qu'on pût y
débarquer. Il aurait, de la sorte, sui>i les traces de
-aint l'aul, et fut entré à Home par le même clii'min
que l'Apôtre. Mais nn vent violent chassa le navire
en pleine mer et déjnua tous les efforts des mate-
b>ls. En s"éloit;nant de Pouzzoles, Imiace salua do
loin cette chrétienté célèbre: Heureux, disait-il. nus
Frères de celle cité illustrée par le uraiid .VpAtie!
" Le terme de notre navigation approchait ; nuis
en ^.'émissions à la pensée de notre sép.Tratinn | i.>-
chaine d'avec ce juste: mais lui ne mim'' -i ut
ipie des sentiments d*allé^;ressc, il lrioni|'liail de
joie en m* di'taelianl du monde pour se ra|iprocher
de Jésus, son bien-aimé.
» Après un jour et une nuil, le vaisseau abordait
lu piirt des Koinains , Porto, près d"Ostie). Les jeux
solennels de i'aiiiphittiéàtre nllnient bientiM finir:
cette circonstance redoublait renipressenieiit des
soldats; l'éviVque obéissait avec joie à leur impa-
tience. 11 la partageait lui-même. On se mit donc
aussitôt en chemin.
" Cependant, la nouvelle de l'arrivée du saint
martyr s'çtait déjà répandue. Les Frères de Home
vinrent au-devant de lui. La joie et la douleur <<■
pei^'naient sur leur visaite ; heureux de contempler
!•• Tbèopliore. la pensée de sa mort prochaine les
consternait. Quelques-uns, dans l'ardeur de leur
zele, formaient le dessein de s'adresser au peuple,
yoxiT lui demander ;:ràce et le conjurer d'éparcner
i.i vie d'un juste. If^nace, averti par l'Esprit-Saint
de leur pensée secrète, après avoir donné le baiser
à tous les Frères, parla en termes si vAiéments de
son ardente soif du martyre, il les supplia avec
l.mt de larmes de ne point lui ravir son bonheur
p.ir une tendresse humaine, qu'il les persuada enfin.
Tous se mirent à penoux sur la route. Ignace pria
à haute voix, invociuant la protection du Fils de
Dieu sur l'E^jUse, lui demandant de mettre un
terme à la persécution, et de maintenir le bien de
la charité parmi les Frères.
■ Le cortège reprit sa marche et Ignace fut conduit
directement a 1 amphilliéàtre. C'était ce Colisée
dont les ruines gigantesques sont encore debout;
selon l'ordre précédemment donné par l'empereur,
il fut de suite exposé aux bètes. Or, c'était le jour
que les Romains désignent dans leur style sous le
noradeXIII des calendesdejanvier 'îOdécembre 107 .
Il était le plus solennel parmi les fêtes publiques de
cette saison, l'ne foub' immense encombrait les
pradiii^. Le saint martyr It'nace fut exposé dans le
■ irque. près de l'autel élevé aux faux dieux. ■>
portant alors ses regards sur la multitude des
••pect.iteurs, il s'écria : •■ Momains, et \ous tous i|ui
assiste! à ce spectacle, sachez que je ne suis point
ici pour expier un sortilège ou un crime quelconque,
mais pour m'iinir à hifii; cette union, je la désire
.ivec une ardeur in-^atiable 1 " Ft. entendant rugir
les li'ins, il ajouta : " Je suis |e froment du Christ,
je dois être moulu sous la dent des bêles pour
devenir son pain très pur. ■
Il Les bêtes exaucèrent le vu-u qu'il avait exprimé
dans son ep((re aux Itoinaitu, de n'être à cliar:;e à
personne après la consominalion de son sacrifice et
d'éviter aux Frères le soin périlleux de rassembler
ses restes. Il fut pre-que enlifremeiil dévoré; les
bvles ne laissèrent que les plus durs ossements, pré-
I rieuses reliques «jui furent soigneusement recueil-
lies et envefoppées de linges, pour être rapportées
à .\ntiorhe comme un trésor inestimable, et rendues
à celte Eglise veuve d'un martyr. " Saint .\ntonin
ajoute que son cu-ur fut laissé intact par les bêles et
qu'on y trouva le nom de Jésus écrit en lettres d'or.
•' Comme nous l'avons dit, ceci se passait le XIII
des calendes de janvier |20 décembres, sous le con-
sulat de Sura et de Cénécion. Nous assistions, les
yeux baignés de larmes, à ce spectacle. La nuit sui-
vante, retirés dans la maison d'un chrétien, nous
laissions couler nos pleurs avec nos |>rières. Fléchis-
sant les genoux, prosternés, nous demandions au
Seigneur de prendre en pitié notre douleur et de
nous révéler quelques signes de la gloire de son
martyr.
■■ Épuisés de fati^'ue. le sommeil nous gagna;
Ignace nous apparut. tjueb|ues-uns d'onlre nous le
virent dans la gloire et leur tendant les bras pour
les serrer sur son cu'ur. A d'autres, il apparut dans
l'attitude de la prière, intercédant auprès du trrtne
de Dieu pour son E;:lise. Enfin, quelques autres le
virent couvert de sueur et comme sortant d'un labo-
rieux combat, se présenter en vaini|ueur devant
Dieu. Ces visions nous remplirent de joie; chacun
de nous racontait celle dont il avait été fa\orisé, et
nous unîmes nos voix pour rendre yloire à l'auteur
de tous les bleus, et proclamer la béatitude dusaiat
évêque.
■ C'est dans ces sentiments que nous vous adres-
sons la relation de son martyre, pour que vous
puissiez en célébrer l'anniveisiaire. et qu'ainsi nous
soyions tous admis à la participation des mérites
de ce généreux athlète de Jésus-Christ, qui a terminé
sa course selon l'ardent désir <iu'il en avait mani-
festé. ..
Hlièus, Auathopode et l'hiloii rapportèrent respec-
tueusement à Aiiti"<'he b- pieux fardeau iju'ils
avaient dérobé à raiiipliithéAtre ri>iiiai!i. Ils Iraver-
sérent les cités de la Macédoine et de r.\sie-.Miiieure,
nous apprend saint Jean Chrysostome, a» milieu
d'un peuple de fidèles qui accouraient sur leur
passagi- et s'agenouillaient pour vénérer les «aintcs
reliques.
(Juelqiies siècles plus tard, quand les Miiiiulmans
envahirent la Syrie, les restes du saint évêque
d'Antioche fiirenî rapportés à Itome.
Il saint l;:nace, ulorieiix martyr de Jésus-Christ,
ramenez à l'unité cathidique les iliréliens d'Ilrient
dont vous fûtes le pasteur, et défendez contre la
révolution les fidèles d'i accident, au milieu de»<|Uels
vous avez con(|uis votre immortelle couronne.
1 i-fTITU>.M<1
jr.l. Cjru. V 111-
LA PURIFICATION DE LA SALNTE VIERGS
File le i février.
\bh
ObJEI 01 (CETTE r^TE
Benoit XIV pense que la fête de la Purifiratioii
de la Sainte Vierge a une ori^'ine apostolique. Il
est certain, du moins, qu'elle «'lait déjà anciunne
au V» siècle. — Elle lut longtemps une fête de
précept'».
L'Kglise grecque et l'Eglise de Milau rangent
la solennité du 2 février parmi les f^tes de Notre-
Sei^tiK'Ur. Mais l'Eglise romaine l'a toujours
eonipti-e dan' |.-« 'Ai, , .(, in < .n.i. V'-.t._'f„<,i,t
dnuU, dit D. ' !
auiourd'liui d^ _ i
i l'occasion de 1^ ijon de il
cette offrande et et . M<ut cumiut. i.i
qaeoce. »
Notre-Seifîneur, eowme le remarque
Paul, en se fui^(Ult homme, a voulu '
la loi; c'est-à-diie qii*, «aii« y *tr*> < i
qu'il était le I
soumettre à i
saint
imposait aux juii;i.
U jr a bLiuiuib êgiU'.iiiKUt sa
Mer*.
Or, il y av , * '
' . . .at les
mères à qui 1
Le preniiei
.1-.0
Il ordonne an
lemeut, de •
mis au inonl
nn» (il!' - 11
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qui devttJl éli
:é en iiolorausle. Un y
ft nue t'oloml'C, .insli-
ajoutait unp ■
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(. niiuvrt-
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xulr» «""lodiJ»». ( •
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U ifUl.l,'. &
Dieu. C .
niait eu même
tenir
1..
iardait que les pre-
mi'i
•<••- ■■ ■ :t
On.'
né-^
son
né.
de
iiu.ibdbel ful relevé le Temple de ses ruines, les
Tieillards, qui avaient tii le Temple de Salomon
dans sa gloire, s'attristaient en lui comparant la
nouvelle constructinn, et le Temple de Zorobal>el
^tait à leurs yeux cnmrae s'il u était pas, dit le
prophète. Apgée le? con.^ola, en leur disant:
" Prends crur;ige, Zcrobahel ; prends courage,
Jésus Mis de Josédec, pontife suprême ; prends
i-ouragp. pt'uple de celle terre. Car voici ce que
dit le Si'igneur, Dieu des années: Encore un peu
de temps, j'ébranlerai le ciel et la terre, la mer
f^t'les continents: j'ébranlerai les peuples; et le
n'-iri! ili- (,iuii<H les nations viendia; et je rem-
ette inaisnD. I.a gloire de cette
1. sera plus grande que relie de ta
premieie. et, dans ce lieu, je donnerai ta paix,
dit le Seigneur, Dieu des armées. »
Maldcliîs, le dernier des prophètes d'Uraul,
'•oiifirnnil \n parole d'Aggée: » Le Dominateur
Met, et l'Ànue du testament que
. ndra anssiiiM dans son temple. Le
viiia qai vient, dit le Seignunr des années. Et
qui puurra connaître le jour de sa venue, et qui
•era 1 . ' « lir .\ son arrivée 'f a
Le ' <'Ut dire qu'Israël, cunime nation,
i.ii.iiiia pas et ne recevra pas son iliessie
l'Iosieurs, cependant, le recevront citeront
heureux fidèles, enfants de la paix et du
'Ont ruprégenlés au T, ninU imr l« vi.-iMard
Il et Anne la proj i.i là
, . 'r wiii . .ti'iii.indait -, > ' ("1-5
deiii ! iges CD éreii pour répondre
au di . e.
Il y avait i J> rii.ah'iii, dit saint Luc, un vieil-
lard nmiimé Si-!v-on. hrntin" ju'le et crHii-'nHnt
Dieu. lI ■ t
l'F'-pnt-S'ii. 'iin-'
ju :! ne vciiail piiiit ia uim l avant
tt-mplé le Cliiist du Seigneur. 11 savait,
1 aillcUf', par I' . ' : . 1.- s.i
Teiiua était an mit
V ■ ;' au
l- mil"
.,...>, il
.' > Et le
. ..i .. j ,.. ,.u jour OÙ
I lui dit : n C'e-t aiiiour-
1 ■ le
^ • .1, , 1 : ..l'-in-
1.. I
San-
tra ■
tiri
leva donc de grand m.ilin. e
1 et f !• v-^tii de set i ! ii-,
.« il .■•■iivf î ' f'our rerti ...s il
ph. fCiprit-
■ i, 1 ita »-i ' iiu' l'a »'i mi-t '• *u 1* 10 j'iu^; liuiuiiianl
de la loi.
vuiu t^»t«rei )>aj'tir
Jotaph.
ACOOHTUMMiKT DU raot-aiTiw *v» ta iiooviao
rsM-Lt - tiaéMi ar «aiia
L'^ntr^ 4» l^a* an Temple de lératêUm
A . {Utnd
t le cri de t'Ancien Xtt-
devanl le Nonveau et f
.1 1.U
ilet
méditant ce mystère, avec sa uaive truidrosse,
s'écrie: « Mais, ce Siménn, n'est-il pns bienheu-
reux d'embrasser cet Enfant divin? Oui, mais
je ne puis lui savoir gré du mauvais tour (ju'il
voulait faire; car, étant hors de lui-même, il le
voulait emporter avei; lui dans l'autre monde !
Maintenant, dit-il, laissez aller votre serviteur
en paix. Hélas I uous eu avions encore besoin,
nous autres I a
Marie et Joseph étaient dans l'admiration à
cause de tout ce qu'on disait de Jc'sus. Sans
doute, ils savaient parfaitement que Jésus était
le Fils bien-aimë de Dieu et le Sauveur promis
au monde; mais ils admiraient la manière mer-
veilleuse dont Dieu avait révélé des secrets que
leur humilité n'avait dévoilés à personne.
Siméon les combla de bénédictions, puis, voyant
prophétiquement dans cet Enfant la victime qui
devait être immolée pour les pécheurs, il dit à
Marie, sa Mère : << Cet Enfant est établi pour la
ruine et la résurrection de beaucoup en Israël,
et pour i^lre un signe de contradiction. Et votre
âme même. sera percée d'un j^laive de douleur,
aûu que les pensées de plusieurs, qui étaient
cachées au fond de leurs cœurs, soit révélées. »
11 y avait aussi à Jérusalem une prophétesse,
nommée Anne, lille de Phanuel, de la tribu
d'Aser. Elle était fort avancée eu âge, et n'avait
vécu que sept ans avec son mari, et elle était
demeurée veuve jusqu'à l'âj-e de quatre-viiiiît-
quutre aus, ne sortant point du Temple, servant
Dieu jour et nuit dans les jeûnes et dans les
prières. Etant donc survenue à la même heure
que Siméon, elle se mit a'ussi à louer le Seigneur,
et, depuis lors, elle parlait de lui à tous ceux qui
atteadaieut la rédemption d'Israël.
COmUHT MARIB s'HUKaU DANS LK TtMPLI
L'Evangile, après avoir parlé de la rencontre
du vieillard Siméon et d'Anne la prophétesse,
ajoute seulement que Marie accomplit tout ce
qui était prescrit par la loi, c'esl-à-dire la céré-
monie de la purilicntinn et le rachat de son
premier-né. Nous emprunterons encore à saint
Vincent Ferrier les pieuses considérations qu'il
fait sur ces deux sujets.
« Il y avait dans le Temple, dit-il, et cet usa^e
s'observe encore aujourd'hui parmi les juifs, un
endroit réservé pour les femmes nobles et riches,
un autre pour les femmes de condition médiocre,
et un troisième pour les vier^'es. Marie, eu entrant,
examina pour voir à quel ^'roupe elle dfv.iil se
joindre. Elle appartenait à la plus haute noblesse,
pui<;qu'elle était ûlle de David; mais aile était
pauvre et simplement velue, car elle avait donné,
pour l'amour de Dieu, tout l'or que lui avaient
apporté les rois de l'Orient, el ne voulait vivre
que du travail de ses mains. Si donc elle était
allée du côté des riches, ces femmes hautaines
auraient pu lui dire : •< Allez à la place qui vous
convient. Quoi I la femme d'un artisan prétend
prendre rang parmi nous! n Elle avait aroit de
s'associer aux vieraoo. étant elle-même la plu»
excellente de> vier:.'-^ Miis celles-ci lui auraient
dit : Il Comment pouve?.-vous venir avec nous,
vous qui avei un époux et un lils? »
» Elle alla donc se mettre aver I.h !>.iiivre8
femmes du peuple. Et ainsi fut i i pro-
phétie du livre des Cantiques : umée
est entre les femmes comme le lis entre les
•'(lines. » Et ce fut là le premier exemple d'humi-
lit'- que Marie donna en ce jour.
• EH" <"n donna un 'erond nmi moin» éton-
nant en se conformant aux proscriptions de la
loi. Car la loi ordonnait que la femme, quaiar.ie
jours après son enfantement, se présentât iu
Temple, et que fléchissant les genoux devant lo
prêtre, elle lui dit : « Voici mon oblatioa, offres
pour moi le sacrilice, afin que Dieu me remette
mes péchés. » Le prêtre offrait le sa^riUce, bénis-
sait ensuite la femme, et celle-ci se retirait.
» La Vierge Marie voulut passer par toutes ces
observances. Elle dit au prêtre : a C'est aujour-
d'hui le quarantième jour depuis que j'ai enfanté
ce Fils; il a été circoncis le huitième jour et a
reçu le nom de Jésus. » Et elle lui remit son
offrande de deux tourterelles et de deux colombes,
en lui demandant de prier pour elle. 0 comble
d'humilité I La Très Sainte Vierge ditau pécheur :
« Priez pour moi. u Et le prêtre ne la connais.^ait
pas. Mais Isaïe la connaissait mieux lorsqu'il
disait : « Voici que la Vierge concevra et enfan-
tera un Fils, et son nom sera ^mmawitl », c'est-
à-dire bïeu avec nous.
Jésus ne le céda pas en humilité à sa Mère
lorsqu'il voulut être présenté à Dieu. Il n'en avait
certes pas besoin, car il n'avait pas quitté son
Père pour venir sur la terre, mais il était des-
cendu comme le rayon qui ne se sépare pas
du soleil pour venir éclairer la terre. 11 voulut
cependant lui être présenté comme un étranger.
Il était né si pauvre, que sa Mère ne put oiTrir
pour lui un agneau au prêtre. Il ne convenait
pas. du reste, qu'elle présentât cet a^^neau figu-
ratif, quand elle portait dans ses bras le véri-
table A».'neau de Dieu, et qu'elle venait offrir au
Père céleste la grande Victime qui devait être
immolée pour le salut de tous les hommes. Marie
se contenta donc d'offrir, comme les pauvres,
deux tourterelles et deux colombes.
LE riLS 01 DlID IST RACHIT^ SBLON LA LOI
Il restait à accomplir la loi du rachat des
premiers-nés.
Il L'enfant premier-né, dit saint Vincent Fer-
rier, appartenait à Dieu et au prêtre. Mais on le
rachetait au prix de cinq sicles d'argent. Si ses
parents ne pouvaient fournir les cinq sicles,
l'enfant restait au prêtre, et il était élevé pour
servir dans le temple.
» Marie remit son tils entre les mains du prêtre,
qui l'offrit au Seigneur. Insensé! S'il l'eût connu.
il se fût prosterne devant lui. Voyant la pauvreté
de la Mère, le prêtre se préparait à le garder.
Mais la Vierge lui dit: •■ Ne le retenez point; voici
cinq sicles que j'ai apportés. »
» Elle les avait gagnés par son propre travail,
et peut-être avait-elle retranché sur sa nourri-
ture, afln de pouvoir racheter f;on Enfant. Elle
ouvrit donc sa bourse, qui n'était pas de soi<'. ni
tissée d'or, et en tira l'argent qu elle remit «û
prêtre selon la prescription de la loi. »
LA B^IfÉDICTION DES CIBROKS
Ainsi furent accomplis les mystères de ce
jour, ainsi la Lumière du monde, destinée à
éclairer toutes les nations de la terre, pénétra
d'iiis le Temple du Seigneur et brilla devant lui.
l'nur figurer cette lumière céleste, l'Eglise a
'Uiiime de faire, au 2 février, une spendule
!■ n Mielinn des cierge*. Celte cérémonie a été
in^titiii-e par le pape saint Célase, ver» la (in d.M
■■• M'cle, et elle a fait donner à la fêle «on nom
populaire de la Chandeleur.
!,'•« liptc"* qn'nn bénit avant In me««e il" la
Parilication sipnilientdonr Motre-Seigneur Jésus-
Christ. Selon Yves de Chartres, la cire qui les
compose, formëe du suc des fleurs par les
abeilles, que l'antiquité a toujours considérées
comme un type de virçinité, signifie la chair
virpinale du divin Enlant, lequel n'a point
altéré, dans sa conception, ni dans sa naissance,
l'int'^jtrité de Marie. Dans la flamme du cierge,
il faut voir le symbole du Christ qui est venu
illuminer nos ténèbres.
Sailli Anselme, développant le m^me mystère,
nous dit qu'il y a trois choses à considérer dans
le cierpe: la cire, la moche et la flamme. La
cire, ouvrage de l'abeille virpinale, est la chair du
Christ; la mèche, qui est intérieure, est l'àme ;
la flamme, qui brille en la partie supérieure,
est la divinité.
Les cierpes bénits par l'Eplise sont portés par
les ministres et par tout le clerpé dans une pro-
cession qui a été instituée par le pape Serpius,
au vil* siècle. Cette procession symbolise la
sainte Eglise qui se met en marche pour aller
à la rencontre de l'Emmanuel, et elle est l'imi-
tation de la merveilleuse procession qui eut
lieu en ce moment même dans le temple de
Jérusalem.
•< Aujourd'hui, dit saint Bernard, la Vierge
.Mère introduit le Seigneur du Temple, dans le
Temple du Seigneur; Joseph présente au Sei-
gneur, non un fils qui soit le sien, mais le Fils
nien-aimé du Seipncur, dans lequel il a mis ses
romplaisances. Le juste reconnaît celui qu'il
attendait; la veuve Anne l'exalte par ses louanges.
Ces quatre personnes ont célébré, pour la pre-
mière fois, la procession d'aujourd'hui, qui, aans
la suite, devait être solennisée dans l'allépresse
de la terr< ^^ntière, en tous lieux et par toutes
les natiopr Ne nous étonnons donc pas que cette
processi .il été si petite, car celui qu'on y
recevait » éiait fait petit. Aucun pécheur n'y
parut: tous étaient justes, saints et parfaits. »
C'est la même pensée quel'Eglise exprimedans
l'antienne qu'elle fait chanter à la procession :
•' Décore ta chambre nuptiale, Sion, et reçois
le Christ-Hoi ; accueille avec amour .Marie, "qui
est la porte du ciel; car elle tient dans ses bras
le ftoi de gloire, celui qui est la lumière
nouvelle, u
Ia procession de la Chandeleur nous apparaît
don^- comme la marche du peuple chrétien & la
lumière du Christ, lipurée par les cierges que
iMM t.- le rii-ii.'.:, 1,-i portion choisie de rE;.lise,
I oinmr Jr^u- mi^me était porté entre les bras de
Marie, entre ceux du saint vieillard Simëou et
(in Pontife qui l'offrit au Seigneur.
Le» cierges de la Chandeleur n'ont pas seu-
hment pour but de représ.nter un jour le mys-
tère du Christ Ils snnt encore un objet bénit
l'Our l'usope de» lidélcs et l'un des plus précieux
a conserver dons une famille chrétienne.
Autrefois, les fidèles ^portaient eux-mêmes
des cierges à l'église le jour de la Purification,
afin qu'ils fussent bénits avec ceux que les prêtres
et les ministres portent à la procession. Cette
coutume existe encore en beaucoup d'endroits, et
il serait bien à désirer qu'elle «e rétablit partout.
Les chrétiens d'aujourd'hui, à force de laisser
de ces anciennes pratiques établies par l'Eglise,
dans sa sollicitude maternelle, se sont trop privés
d'une précieuse sauvegarde contre la malice du
démon et d'un soutien puissant de l'esprit sur-
naturel que beaucoup de dévotions particulières,
inconnues des Saints, ne remplaceront jamais.
Les cierges ainsi bénits à la Chandeleur. gardés
dans les maisons des chrétiens, sont un gace de
la protection divine et un symbole de l'illumi-
nation spirituelle des âmes par l'Esprit-Saint.
C'est ce qui est enseigné par la formule même
de la bénédiction que l'Eglise leur consacre :
n Seigneur Jésus-Christ, vraie lumière qui illu-
minei tout homme venant en ce monde, répan-
dei votre bf'nédiction sur ces cierges et sancti-
fiei-les par la lumière de votre grAce,etderoéiDe
que ces flambeaux, allumés à un feu visible,
chassent les ténèbres, daignez faire que nos
cœurs, allumés d'un feu invisible, c'est-à-dire de
la splendeur du Saint-Esprit, soient délivrés de
l'aveuplement de tous les vices, afin que, l'œil
de notre 4me étant purifié, nous puissions voir
les choses qui vous sont agréables et utiles à
notre salut, et mériter, après les ombres et les
dangers de ce siècle, d'arriver i la lumière qui
ne s'éteint jamais. »
Dans une autre oraison, l'Eglise demande à
Dieu de bénir et de sanctifier les cierges « pour
l'usage des hommes et pour la santé des corps
et des &mes,soit sur la terre, soit sur les eaux. »
Il est dans l'esprit de l'Eglise d'allumer les
cierges de la Chandeleur toutes les fois qu'il
s'agit de repousser les esprits de ténèbres par-
tout répancius dans l'air, comme nous l'enseigne
saint Paul, et qui cherchent sans cesse à nous
nuire dans notre ime, dans notre corps, dans
nos biens.
On tes allume en particulier dans une tempête,
pour l'apaiser; lorsque le tonnerre gronde; pour
obtenir la protection du ciel dans un lieu où la
présence du démon se fait sentir pour l'en chas-
ser; mais surtout auprès du lit d'un mourant,
pour éloigner de lui l'ennemi des hommes qui
fait alors son suprême effort, et souvent un effort
terrible, pour arracher à Dieu l'Ame qui se débat
dans l'agonie. C'est alors, en effet, que non»
devons appeler & notre secours avec plus d'in-
sistance le Hédempteur, dont la vue illumimi de
joie les derniers jour» de Siméon, el la Vierge
secouiable, afin qu'ils nous donnent, avant notre
départ, le baiser de l'éternelle paix. Puissent no»
Ames arriver ainsi i la bienheureuse lumière du
ciel.
L. l'(iiT3i.<<ii,T, Imp. 0«r«n/, 8, rue Kraacoi» I". P«f it.
SAINT BLAISE
BVIÎQUE DE SÉBASTE ET MARTYH
Fête le 3 février.
Saint BlaiM gnérit un enfant dam le gosier duquel était restée une arête de poisson.
§AIMT BLAI3I FAISIUR Dl MIDACLIS
Le culte de «aint Biaise mérite de redevenir aussi
I 'pulairc que par le pas'é. L'n ancien martyrologe
I ippclle ; le faiseur de mirarios.pafrafor miracu/o-
1 >im ; la piété du peuple a cru que Dieu lui avait
conservé dans le ciel la m^me puissance, et, par le
fait, elle n'a pas été déçue. Saint Biaise a mérité, par
le nombre de ses bienfaits et des favsurs qu'il a
obtenues, d"être classé au moyen Age parmi les
s.iint» appelés iecourable.i. On désipnait de ce nom
(-eux qui étaient particulièrement célèbres pour
l'efficacité de leur intercession.
150
SAI>'T BLAISB, MEDECIN IT tfriQL'S
Voici, d'après les Bollandistes, un résumé de l'his-
toire merveilleuse du saint évêque de Sébaste :
Saint Biaise avait d'abord exercé la médecine et
comme il portait dans la pratique de son art un
admirable dérouemenl, il avait ga^né l'afTection de
tout le peuple, qui le réclama pour pasteur. Il fut
donc élu évéque de Sébaste en Arménie.
Dieu, qui avait choisi des pêcheurs pour en faire
des apôlres, avait ddigné tran^fnriner le méd.-rin
des lorjjs en médecin des âmes. Mais, comme pour
démontrer qa« le» dons sornatarels ne détruisent
pas les qualités naturelles et que, au contraire, ils
les développent et les perfectionnent. Dieu laissa au
médecin devenu évêque, une admirable puissance
de guérir.
A qui Ique temps de là. Biaise, poussé par l'esprit
de Dieu, se retira sur une montagne nommée Aryce.
Il y eut pour compagnie les bêtes fauves qui venaient
chaque joar l'entourer et le caresser.
IL (ST ARH^i POCB ta FOI
Agricola, gouverneur de la Gappadoce et de l'Ar-
ménie sous l'empereur Licinius, étant venu à Sébaste,
commença à persécuter les chrétiens. 11 résolut
d'exposer aux bêtei ton» ceux qu'il avait enfermés
dans ses prisons.
Il envoya donc ses gens dans les forêt», traquer
les bétes féroce». Les chasseurs, en courant le mont
Argée, arrivèrent jusqu'à la caverne où se réfugiait
le saint évêque. Us la trouvèrent environnée de lions,
de tigres, d'ours, de loups, qu'ils durent écarter pour
pénétrer dans l'intérieur. Biaise était assis et ravi
dans la contemplation. Ils n'osèrent porter la main
sur lui et revinrent raconter la chose au gouverneur.
Celui-ci envoya des soldats qui escaladèrent la mon-
tagne et trouvèrent le Saint toujour» absorbé dan»
sa prière. Ds lui dirent :
— Biaise 1 le gouverneur Af^cote tous demande.
— Mes ealaittst répondit l'i^véque, toyex le» bien-
venus 1 II y a longtemps que je soupire après votre
arrivée, allons au nom de Jésus-Ohrist !
Ayant ainsi parlé, il partit avec les soldat»,
-niai'-e, chemin faisant, les exhortait à se convertir
aij Ctiri-<t, et de nombreux miracle» confirmaient
sa parole. On apportait de tous cAtés des entanla
pour les loi lkir« bénir. Les place» "> ' ' tr,.,r-,ii
étaient rempli— à» malade» qui <
gii>''i l'-i'ii et In loi demandaient «Tau i>'^
I,. -aint év*<jne, ému 'le pitié, leur ir
iii n<, bénissant les enf.int> et guéi i -.lut i>-s
::;: lit", ce qui déteruiiuail la conversion d'un
grand membre de païens.
Vnj. 1 i ni des miracles opérés par saint Blaiie,
de'. ."t méinorabU du mont Axgée à la prison
de
I , ^ irons avait un nis unique. Cet
Cl.. du poisson, avala une arrête
qui resta dans son gosier et qu'un n'en put arracher.
Il par.Muait prés de mourir, et la mère, folle de
toiili'ur, ne savait plus que devenir. •
Voilà que niaise vint i passer : la panvre mère,
instruite des prodiges qui! opérait, prit son enfant
dans ses bras, courut au saint évi^que et, pleine ds
foi, déposa le pauvre petit à ses pieds, en le suppliant
de le guérir. Saint Biaise, touché de compassion,
imposa les mains au malade, traça sur son gosier
le signe de la croix, en demandant à Notre-Seigneur
de délivrer l'enfant, et de secourir tous ceux qui, dans
des maux de ce gen'e, se recommanderaient d lui.
L'enfant fut aussitôt guéri.
La marche de notre Saint était devenue un vrai
triomphe et le bruit de ses miracles di^vançait ses
pas.
L IIITXliaOeÀTOIRI
Biaise entra à Sébaste avec son escorte de soldats;
il fut aussitôt jeté en prison, et le lendemain A:;ri-
cola flt amener l'évêque devant son tribunal. U
chercha d'abord à le gagner par la douceur et les
flatteries :
— Réjouis-toi ! lui dit-il. Biaise, ami des dieux I
Saint Biaise répondit :
— Béjouis-loi aussi, illustre gouverneur! pourvu
cependant que tu consentes à reconnaître que tes
dieux ne sont que des démons, qui brûleront dans
les llarames étemelles avec leurs adorateurs. Je ne
puis donc, 6 gouverneur 1 être leur ami, parce que
je ne veux pas brdler éternellement avec eux.
Le gouverneur, irrité de ce langage, fit battre de
verges le saint évêqne, puis ordonna de le conduire
dans sa prison.
Quelques jours après, Agricola, pour la seconde
fois, flt comparaître Biaise devant lui et lui dit :
— niaise ! choisis entre ces Jeux partis : ou bi*n
adore nos dieux et tu seras notre ami; ou bien, s* lu
refuses, tu «ems livré aux plu» affreux supplices st
ta périras de mort violente.
Saint Biaise répondit :
— Je t'ai déjà déclaré que ces statues q-, tu
adores ne sont pas des dieux, mais les organes des
démons, je ne puis donc les adorer.
nr^LICI DU CBIVALR
Agricola, le voyant inflexible dans sa résolution,
ordonna de l'attacher à un chevalet, puis il flt
apporter des pei(n>e* de fer dont se sertrent les car-
••'-•■'« de laine, et on lui en déchira le dos et tout le
Déjà le sang rouUit, les chairs s« détaclinient,
tes uourreaux eux-mêmes étaient émus et pleu-
rai'-nt. Pendant ce temp«là, le bienheureux inarlyr,
se tniii liant vers le _ ii, lui dit :
• Voilà ce q«« j' depuia longtemps: à
s.ivoir. mon àme aiim!.- e a la terre et mon corps
■ li-vé en haut. MainlennnI l.i chair et I esprit »niil
■1 accord, et la chair ne c' • t
I) ■•.! voisin du ciel, je ni 'le
• me ris de v. >■<• i>»
ne dureront ■; qus U
e sera élemelie. >•
.1. wiv.ii,t ,:u'' les tortures n« faisaient qns
iLilter If ose, le flt délacbar da che-
?>'.•! »l c II
SAINT BLAISIS MABCHI StlK L KAC
US païens ne PKUVKNT Kt FAIBI APTATT
Au bout de quelques jour». Biaise fut de DOUTeau
tiré de sa prison et traduit derant le tribunal. Le
juge lai dit :
— Je t'ai laissé le temps de délibérer, viens et
lacrifie aux dieux ; si tu ne le fais pas, jen finirai
âvec toi. Ton Christ, que tu dis Dieu, ne te sauvera
pas, si je le fais précipiter dans les profondeurs de
l'étant voisin. 4
— Insensé 1 lui répartit Biaise, toi qui aJor»s les
idoles, tu ne connais pas la puissance de mon Dieu.
Le Christ n'a-t-il pas marché sur la mer comme sur
la terre ferme, et n'a-t-il pas ordonné au prince des
apôtres, Pierre, d'y marcher à sa suite? Ce qu'il a
fait pour son apdtre, il peut le renouveler pour
moi, le dernier île ses serviteurs.
Le gouverneur, piqué au vif, fit conduire Biais»
sur le bord de l'élani,' ; une prande foule suivait.
Le saint évêque traça sur l'eau le signe de la croix
et elle devint solide pour porter ses pas. Alors,
courau< vrrs l'onde comme sur le soi, il Rapna le
milieu de l'étang'. Là il s'assit et interpella ainsi le
gouverneur et tous les assistants :
— Si vos dieux ont quel<]ue puissance, ou si vous
avez en eux quelque confiance, entrez aussi dans
les eaux, et au nom de vos dieux, marchez sur les
Qots, afin de faire éclater leur puissance.
A ces paroles du saint martyr, soixante-cinq
hommes, invoquant le secours des dieux, entrèrent
bravement dans, l'eau, mais ils furent bien vite
•n£;loutis. .
DIKMÂRI PRIÈni DI SAINT BLAISI — SA MORT
Un ange descendit du ciel , environné d'une
lumière éclatante qui éblouit tous les assistants, et
il dit : « Courageux athlète du Christ, sortez de l'eau,
hâtez-vous vers la glorieuse couronne que Dieu
vous a préparée. »
Biaise se leva et, marchant sur les flots, il sortit
de l'étang et tout le peuple qui se pressait sur le
bord le vit éclatant de lumière ■*, rayonnant de
gloire.
Cependant le Rouvernenr ne se convertit pas i la
vue de ces prodiees qu'il attribuait à la mayie. —
Je vois bien, Biaise, lui dit-il, que tu es décidé à
persévérer dans ton obstination et à ne pas adorer
les dieux. Eh bien ! puisque tu as désobéi aux ordres
it l'empereur, je te condamn* i avoir la tête
tranchée.
Le saint martyr, entendant la sentence, se bftta de
gagner avec le bourreau, le lieu ûié p'ur l'exêru-
lion. Arrivé là, il demanda et obtint du hourreaii la
permission de prier. A ceimux, les mains et les
yeux tournés vers le ciel, il fit cette prière:
— Seigneur, mon Dieu, venez en aide à votra
serviteur, écoulez la dernière prière que je vous
adresse avant de mourir pour votre nom : Soyez
propice et exaucez les vœux de tous ceux qui feront
quelque chose pour votre gloire en mémoire du moi.
Si unt ari'tt $e fixe au gosier de quelqu'un, ou ti,
ipufftanl de quelque maladie à la gnrje, il implore
a\tc foi votre ucojirf et rHlame mirt protection,
*enet-lui en aide et dé livret le de i-i dafoer. Si
qneiqu un attfmt <rtme infirmité, ou txpoti d q>ietqvM
danger, se souvient de mon nom et implore votre
secours par mon intercession, guérissez- 1* .ie ta
maladie ou déUvrei-le du péril qu'il court, et daigne»
venir en aide d tous ceux qui, dans leurs trilulatioris,
vous invoqueront avec confiance par mon nom.
Le martyr était encore à genoux, lorsqu'une naée
lumineuse brilla sur lui, et de la nuée sortit une
voix qui disait: « Je suis le Dieu qui t'ai glorifié et
qui te glorifierai ; tout ce que tu as demandé,
je l'accomplirai lelon la foi et les besoins d«
chacun. Tous ceux qui, dans leurs infirmités, dans
leurs périls, ou dam quelque tribulation qu'Os m
Irouvei^t, me prieront par ton intercession, jt les
délivrerai dans le temps, si cela est avantageux pour
j eux, ou je leur donnerai ta vie étemelle dans l'autrt
monde; je les comblerai de biens temporels dans
le présent et je leur accorderai une récompensa
éternelle dans l'avenir. «
La voix se tut et la nuée disparut.
Alors le saint martyr eut la tète tranchée. C'était
le 3 février 316.
CULTE DE SAINT BLAISI
Après la mort du saint évéque, beaucoup de per-
sonnes atteintes de maux de gorce nnt été guéries
par son intercession. C'était un fait tellement publie
et reconnu de tous, qu'un médecin grec de la Un du
v» siècle, Actéon, parmi les remèdes qu'il enseigne
pour ce mal, indique particulièrement l'invocaiion
de saint Biaise.
Dans les siècles de foi, où les prières étaieiA plus
efficaces, parce qu'elles étaient plus ferventes et
surtout plus confiantes, ce moyen de guérison était
connu de l'univers entier. Nous en trouvons un*
preuve dans rflistoire du Japon, où nous lisons
qu'en 1589, une femme ayant une arAte de poisson
au gosier, ne pouvait plus ni parler, ni respirer, aa
point qu'un Père jésuite qu'elle fit appeler, put à'
peine la confesser. Mais avant de la quitter, il lui
ordonna d'invoquer saint Biaise, lui promettant da
lui envoyer de ses reliques. A peine les eut-elle,
qu'elle les baisa trois fois avec respect, les a|>pliqua
sur sa gorge, el, sur le cbamp, elle respira et parla
librement; elle put même manger; elle était guérie.
En 1692, dans le royaume de Napics, une cruelle
maladie, qui consistait en une angine, parcourut
tout le pays, et sévit particulièrement dans la ville
mémo de Naples : attaquant d'abord les enfants
dans l'âge le plus tendre, et ensuite les adultes, elle
déliait toute l'habileté des médecins el causait una
grande mortalité. On implora le secours de saiat
Biaise, et bientôt le mal diminua et finit par dis-
paraître tout à fait. Alors le cardinal-arrhevéque ds
Naples, Bonnompagni, pour reconnaître cette puis-
sante protection, fit érif:rr une magnifique église •■
l'honneur de saint Biaise.
De nos jours encore, à Home, dans l'église Sainl-
blaise, où l'on voit, au-dessus du maître autel, uo
laMeau représentant la scène de l'enfant guéri par
le «aiiit évéque. il est de tradition, quand on soulTra
de la gorge, de se oindre la cou avec de l'huila
bénite le jour de la fête de ce Saint.
A Rome encore, dan* l'église de Saint-Charles et
Sainl-Blaise, an l'on vénère l'anoeau épiscopal do
saint évoque, son autel est richement orné, et sa
chapelle est tapissée dex-voto qui attestent les
faveurs obtenues par son intercession. Le jour de
sa f^te, les mères apportent ou amènent leurs
enfants et font toucher leur gorge à l'anneau du
saint évéque.
Dans les autres églises où l'on vénère saint Biaise,
on prend de l'huile des lampes allumées devant son
autel, et on s'en met sur la gorge. Dans chaque
famille, ou aime à conserver de cette huile merveil-
leuse, appelée huile de saint Biaise.
De nombreux miracles ont été obtenus par l'inter-
cession de saint Biaise, en 18"5, au moment mi
férissailune terrible maladie de «orge, qui a enlevé
un grand nombre d'entanls. Depuis cette époque,
la dévotion au saint martyr s'est accrue et répandue
dans Rome et les environs, particulièrement à
Frascati, et son culte est devenu bien cher surtout
à toutes les jeunes mères qui implorent sa protec-
tion contre la terrible maladie du croup.
Voici un fait tout récent, communiqué, l'année
dernière, à la rédaction du Pclerin de Paray-le-
Monial :
Ma jeune parente, depuis quatre ou cinq ans,
souffrait de la gorge et n'avait plus de vois. Elle
était allée à Paris, plusieurs fois, consulter un spé-
cialiste, mais sans résultat. Cet état durait encore
au mois de juillet dernier. Lors de la translation
des reliques de saint Biaise, je lui donnai un petit
reliquaire, en lui disant de prier le saint martyr
pour sa gorge. Pendant les neuf jours qui précé-
dèrent la fêle de l'.Xssomption, elle pria Marie et
saint Biaise. Au jour de sa fêle, elle s'aperçut tout
d'un coup, à l'oflice, que sa voix était revenue, et
elle s'est mise à chanter sans falii-ue. Depuis ce
temps, sa soix n'a rien perdu, et aujourd'hui elle
est complètement guérie de sa grave infirmité.
Il est bon de dire en passant, pour ceux qui vont
à l'aray-le-Monial, que la basilique possède une
relique insigne de saint Biaise : c'est tout un bras
de notre bienheureux martyr, renfermé dam un
magnifique reliquaire offert tout récemment par de
généreux bienfaiteurs.
Les cultivateurs s'adressent aussi à saint Biaise
pour attirer les bénédictions de Dieu sur leurs
récolt«s, ou éloigner les maladies de leurs bestiaux.
Plusieurs corps de métiers reconnaissent saint
Biaise pour leur patron, tels que les cardeurs et
tisseurs de laine, les ouvriers en bâtiment, les
tailleurs de pierres et les laboureurs.
Dans le nord de la France, particulièrement dans
l'église d'Estrées-Blanche, au diocèse d'Arras, saint
Biaise est honoré sous le nom de saint Lancy. On
l'invoque surtout pour une maladie des bestiaux
appelée le feu de Saint-Lancy.
OBAISON OK l'office PHOPKR DI SAIMT
BLAISI APPAOUVt PAR l'^GLISE
0 Dieu qui avez donné à saint Biaise, pontife et
martyr, une constance admirable au milieu de»
supplices, et l'avez rendu célèbre en lui accordant
le pouvoir de guérir les maladies du prochain,
faites-nous la L,'ràce,dans votre miséricorde, d'imiter
sa constance dans la foi, et d'éprouver les effets de
sa protection dans les dangers. Nous vous en prii'iis,
par Notre-Seiyneur Jésus-Christ qui vit et r. t;ii.-
avec vous dans les siècles des siècles. Ainsi soilil.
(Voir la Vie de saint Biaise, par l'abbé liontbez, chape-
lain de la basilique de Paray-le-Monial. — t fr., s'adresser
a l'auteur.)
.'éiS^'^
Uftr.t. P»ni»t>»t. - Imi» p. roMU-ViAS, 1 M S ras biTinl. f»m.
LE BIENHEUREUX JEftN DE BRITTO. JÉSUITE
MISSIONNAIRE ET MARTYR
Fête le 4 février.
Martyre du bienheureux Père Jean de Britto.
A LA COUR ou ROI ET AU COUVERT UES JOUITES
Le bienheureux Jean de Brilto naquit à Lis-
bonne, le {" mars 16i". A l'âge de trois ans, il
perdit son père , don Salvador, gouverneur de
Rio Janeiro. Néanmoins, son éducation fut di!s
plus brillantes ; ello fut surtout de-* plus chn;-
li«nn''s, gr.1ce aux soins de sa miro doua Hralrix
Percyra. Celle femme, forte et pieuso , voulut
présider elle-mf'me h. l'instruction de ses quatre
enfants, cl elle n'eut pas lieu de s'en repentir.
L'aîné, Cbristoval, donna «on sany à sa patrie
sur le cbamp de bataille d'Amcxi.il; Jean, le plus
jeuno, Tersa le sien pour Diou sur les plapcs do
rilindoustan. Les deux autres vécurent de plus
loiiL'ues années : Fernand se montra digne toute
^a vil! de porter le nom rosporté qu'il avait reçu
(1>- son père; vX l,oui>f, par le charme de sou
rar.iolùre et le parfum do sa vertu, mérita d'em-
liaumer longtemps la solitude où sa mère ense-
v.ht li.'S jours do son vouvago. Mais Jean sembla,
dos ses jilus jeunes années, le mieux dou»', tant
sous le rapport de la nature comme sous celui
d.- la crAce.
Allaché, en qiialil'' de pa^e, à la personne de
(Ion l'odro, tils du roi Jean IV, il devint à nouf
in> 1 ami du prince royal et conquit raffcoli.ti
ri'' tout'- la rour. On le r<?rherf hait et on le f'Mait;
mai'!, au mili'^ Je ces lionn>?ur? iH en face de«
vaiiil'-s Tn.'iHainfs, renfant (i.'iiiMira lonjnurs
moiiesle et réservé. Ses c.^inpagU'Hi^.secrèlemcnt
jal.iux de ses vertus et de la faveur dont il
jouissait, le poursuivirent bientôt de leurs taqui-
neries avec un incroyable acbarnement. Les
seigneurs de l.i cour, témoins de la persécution
qui" subissait le jeune page, lui donnèrent le
surnom prophétique de martyr.
A lis mauvais procédés, Jean ne répondit que
par 1.1 douceur, la patience et la rbarilé. Il vou-
lait iiiiil T en cela la force d":1me de saint
Fraiiiois-Xavier, dont la vie merveilleuse rein-
plissa'it d'enlliou-^iasme son noble cieur.
A IMge df d'iuie ans, atteint d'une maladie
mortelle, abandonné des médecins, il invoque son
patron bien-ainv' et il revient A l.i santé. Kn
témoigii,ii;e de sa reconnaissance et pour accom-
plir un vii'U de sa mère, il porte pendant un an,-
au milieu de la cour, l'habit de la Compagnie de
léf-ii^. — Cette dévotion de f.iire porter aux
enliiils, pendant quelque temps, le costume
reli:;ienx d'un saint patron, n'était pas rare à
cette épixjue.
M.iis Jean de Hritlo Toalut ressembler com-
plètement à son modèle. A peine entré dans sa
quinzième anni'e, il manifeste sa vocation à sa
famille et à la cour. Sa mère l'encourase à
se donner & Dieu. Don Pedro déclare qu'il ne
peut se séparer de son ami: la reine, Louise de
Gu*man , qui l'aime comme son propre (Us,
g"op|>ose elle aussi à son d^'part ; mais le jeune
homme prie s.iint François- Xavier, tous le^
ob'^l.icles s'apl. missent et il entre nu noviciat,
le l"; d'rembre |(;«2. U y brilla par son esprit de
charité et de sacrillce.
Un jour.l'infanl le prince royal) vint le visiter
avec une suite nombreuse, il le tmuva h l'inllr-
m'-rie. (dus hi'ureux de servir de |niivri's malades,
clou'''s sur b-urs grabats, ({u'un puissant roi, assis
sur son IriSne.
J.Mii <\'- llnlto prononça ses virux de rclision
en toi'i». Lnvoy'' au collège d'Kvnra, il s'y livra
àdi-s Ir.iviuK qui mirent s» vie en d.in^'er. Après
sa fil 'ri-on, il poursuivit, & Colinbre, son cours
de II. -Mi'^ lettres et île philosoplii.- Les succès .les
plus bnll.iiits couronnaient ses éludes.
Ill>.P*l<T POUR LCS INDES
Mais M brùliil d'aller, rommi- François- .Xavier,
porlrr II lumière de l'Kvanfil'' dans les Indes.
r . niitrarié dans son dessein, il
Miit au suje'rieur g>-néral, qui
lui .1 M 1 1 il !■■ 1 liiiision désirer.
Il re. iil l'onction sacerdotale 'quelques jour»
aranl l.i ' '•■• '• '^■■el 1072.
Aux 1 s par son ordination sucré-
<l.'r,i,' 1 ^ ir ! - siens b's douleurs de la
II. I) >ii I I II nlenrail encore la
iiialiir •<• (t . n-' Chrivtoval,ne put
dabonl s ■ r'-imilre à piTclie oii»si son pliisjeune
enf'int LU" «'a l' -««i nn provinriil d-s Jésuites
«I 111 nonci- ' crches
f^«i.. r..!,! ^ty A la
Toi ' Il l'idro, r .; ni >': i
dei ' -a 4 «on tour de
an'
di> I
victimes. Des viiigt-si« Msiiiles destinés aux
missions (îps Indes, douze succombèrent au fléau.
Dans ces tristes circonstances, le P. de liiitto fut
ranî;econ«îolatenrctde réquipaf.'cetdespassa;;er3.
Jour et nuit, il ne cessa un seul instant de se
f>rodi;;uer aux malades : les témoins de son
léroîque charité lui décernèrent le titre de nou-
veau .Varier. Lorsque les prières qu'il lit monter
vers le ciel eurent arraché le vuisse.iu à ces
sinistres parapçs, et à l'alTreuse leiiipéle qui
faillit l'eiif-'loulir en face du cap de Boiiii'> ICspé-
rance, ré|iid 'mie disparut tout à coup et bs pas-
sagers survivants purent, en septembre, débarquer
à Ooa pleins de sauté.
PRKMIKItS TtÀTADI AU IUDr«<
La première visite des missionnaires fui poop
le tombeau de Saint-François Xavier : il leur
tardait à tous de marcher sans relard sur le»
traces du grand apôtre de l'Orient. Ciiui mois
suflirent au I*. de Uritto pour compb-ler, à (loa,
ses études tliéologiques : deux autres mois passés
à Ambalacate le mirent à iniMiie de parler cou-
ramment les diverses langues du vaste pays qu'il
devait évan^élis^■r. C'était lu Maduré.
La mission du .Maduré ne comprenait pas seu-
lement le royaume de ce noiii ; elle s'''tendait
encore dans ceux de Cobitnde, de'(iin;;i, de
Velour, de Tanjaour, de .Marava et dans nulle
autres petits Ktats renferni'-s dans runmense
presqu'île de l'Ilindoustan actuel. Celte contrée
était alors tout à fait étrangère è la civilisation.
Sa population se |iarLa;;eait en quatre co'-les piin-
cipiles. Ces ca--tes existent eijcoie: les llialimes
forment la noblesse ilu pays, le» Kcliatiias
suivent le métier des aimes ; les Veissias s'adiMi-
nent au commerce ; !••< Cboulres se livrent aux
professions domestiques. \ cAlé d» ces classes,
vivent les Parias, (<lies avili» et m'-pii>-» par
leurs coin patriotes à l'i-f;.!! des Européens, désigné»
sous le nom de Pran^'ui*.
Tels étaient les Hindous auprès desquels le
P. de Brilto allait exercer son minislèr- I 'li-'iire
qu'il avait app'dée de tous se» \ il
enlin. Il -e tnil à l'iriivre avec joir. i
que de difliculls et '[ue de périls ! ■
sa vie ne fut pi is qu'une lutte ouv. f
homme» et le> I larnls. M 'b-
et rois, lleuves et forêt», m"
tout se trouvait coalis'' : n^iavif ilu
vinct-six ans, frêle et ni lu au milieu
d'un p<-upl- ' ■■ '—• ■ "•■' ■■■ ' '•■ IV»
la dent ib-
Harassé |i... . ..u . ... '
travaux, exl''tiué de fati^'ue.
>os. ili' nourri!
ludes, privi< de
emprisonné, ou'
à fond toutes I
qu'un lioniiiif ,
soulfril pour 1'
C'>'st le 30 jiiilM lii
di«triri de CoMi, ronflé lom
• Il y arriva i
I m s.i'lnt des Al
1 -s chr '
■il alors (!■
I.
lié, m.iriyrisé, il connut
de l.i doiib-iir. fout ce
rir, il le sonifiit ; il le
<■! Pi'ii l'nitla.
.lin
qui
b-
- 1
!.•
I*
II
Ir
SOr'
sou
«t
d«» pa*4ag-«rt «t ht mort frappa de nombreuses I 17 .iu («décembre t416: il b ,
entiora,
m
en compagnie d'affreux serpents, au sommet d'nn
terlre solitaire, assii'gé de toutes parts par lea
eau.x du Coleton débordfî.
Echa|)["î à ce daiiyer, il reprit ses Iraviox arec
une iinm elle ardeur. L' .-mi racles acccm(iigiièreiit
ses |>a« et le> païens ouvrirent les yeux ii la vérité.
Pour les concquerir au Christ, lardiiil mission-
naire re<.'our:iit à loulis les industries qu'un lèle
sans bornes peu! iDspirer.
Pendant le carême de l'an 16"8, il entendit les
confessions de trots mille fidèles, et baptisa
trois cents nouveaux convertis.
Empé hé par les susceptibilités des autres
castes de s'occuper en plein jour des Parias, il
leur consacrait les heures de la nuit.
En I6'Ï8, il bàlil pour eux une chapelle dons le
bois de Siroucaranibour.
CLVQ A.N?IÉKS d'aPOSTOLAT
Les ann'-es qui s'écoulèrent, de 1679 à 1684,
fiir-iit pour le P. de Brilto particuli«';reraeiit
iides, dans les trois royaumes de Uaduré, de
-I et de Tanjaour; il convertit de nombreux
l'.-les; les Urabmes tentèrent souvent de l'as-
---■iiier, mais Dieu le préserva. Un volume ne
-^ufiirail pas à racoaler les courses de l'iafaligable
missionnaire.
Au mois de décembre 1679, surpris par la
nuit, dans uns vaste forêt, transi de froid,
mourant de faim, le courageux Jésuite soûlait
<léjà la vie qui lui échappait, lorsque deux auges
vinrent le délivrer.
La semaine suivante, il rencontra sur sa route
le Maja-NVaikkal, canal large et profond qu'il ne
pouvait traverser ni à gué, ui à la na;,'e. Tandis
[u'il demandait le secours du ciel, il fut saisi
|iar un beau jeune homme qui le transporta sur
[••M'r- li.^rd et disparut: c'était encore un auge.
- I, le P. de Britto parcourut de nouveau
i. M.!,/ et le Tanjaour. Il demeura dix-huit
jours à t'iioucaréiour, saisi d'une lièvre terrible,
privé de la vue elen proie au délire ; saint François-
.\auer le guérit miraculeusement. Aussitôt il
partit pour la ville de Coullour ou le bralinie
Minalrhi voulait, sous peine de mort, for er les
■liréliens à assister aux cérémonies païennes.
Lorsqu'il y arriva, le pers'-cuteur mourut suliile-
rneiil lie retour au l.inai, il pria la clirélienlé de
I' Il de q^tler une bourgade où le fanatisme
I es entravait coiistaiiiinent les pratiques
le l.i I. ii;;ion. Les uéopliytes attachés au\ caban'-s
qu'ils Iciiaieiil de leurs pères refusèrent obsti-
■ 'nr^nt. Dieu les en punit en envoyant un
iidie : es païens n eurent pas une seule
■1 lindée, mais toutes celles" des chrétiens
la proie des llanimes.
^1, le Tanjaour posséda longtemps le
; lire. Ce pays persécuteur des chrétiens
r I •- accablé sous les coups de In justice
divine. Lue inondation, qui le couvrit tout entier,
i-nglouiit ilix mille païens dans la seule province
de lirouvadour.
En |t)H2,le P. de Bnti/> visita le Cingi. Appelé' par
I leur au i >■ lopo, sur lu i:dte de
I > r, il lit S.1 II solennelle et fui,
II, nomm'' 'l:i' t-Lii de t.iiil<' l.i mission
'•. l'ourse veii;.'er il^' li nnleiKe laite à
■ • , ' ' ' 'il, un
Les
m ■■• jNi I' lill lui
i.t Ir fioiii 1 . Il leur
.lyourslesj...,. -, , ..lieux, heu-
reux de se jeter lui-m^rae au plus fort du daager.
C'est ainsi yu'il se n nc'it sur les c^nl rs .iu
Tanjaour et du MarîiTa, où la persécution el.iil
alors plus violente que jamais.
En 1683, il célébra les fêles de Pà<|ue<} à
Conttour. Le çcuvernfur de celle ville donna
l'ordre de l'arrêter et décréta la peint de mort
contre les chrétiens; mais Dieu ne permit pis
l'exéculioD de cet édit. Le perséiuteur moaint
et ses femmes furent jetées sur le bûcher qui
consuma son cadavre. Le gouverneur de Sirou-
carambour, qui tracassait aussi les . hr'-tiens, lui
en m^^^le temps convaincu de bi igaiid.if;e et
disgracié. Celui de Tanrey envoya oiilre le
missionnaire une troupe de soIdaL- qui p.isserenl
près de sa hutte sans l'apercevoir. Aidé de Dieu
qui le protégeait d'une manière si manifeste, le.
Père pénétra dans les royaumes de liolcoiide e»
de Velour. Il revit aussi ceux de Ciiigi et de
Taiijaour inondés du sang des chrétiens.
-IVANT-GOtiTS DU «ARTYKE
n désirait vivement répandre son sans pour la
foi, mais sa vie était précieuse au.x chrélienlv-s
de l'Hindouslan et Dieu veillait sur elle, ^iir la lin
de l'automne 1684, le missionnaire reposait la
nuit dans une chapelle; une bande d'assn<sins,
envoyés par le gouverneur de Siioucaramhour,
approchait secrètement pour le massacrer. Tout
à coup la foudre éclate au milieu du ciel serein,
et les assassins effrayés se hâtent de fuir.
L'année suivante, dans le .Maduré, Jean de
Britto est arrêté par un seigneur du pays,
accablé de coups et d'outrases, jeté dmis une
prison infecte. Deux fois il voit la hache suspi-iulue
sur sa tête; son corps n'est pins qu'une pl.iie, le
bourreau se prépare à mettre un terme à ses
souffrances: il n'ose frapper.
Hcndu à la liberté, le Père vole de nouveau à
la conquête des àraes, La cAle du Coromandel,
et les cinq royaumes qui composaient la vaste
mission du Maduré, jouissent tour h tour de sa
présence. Il entre dans le .Marava. le .H mai 1086.
Le 17 juillet, il est pris avec deux cnlérhl-ites et
trois néophytes par un d'^tachemenl des trmipes
de Coumar.i-Poullei. Sur son relus d adorer
l'idole siven, le cénéral barbare le livre à la
oruautii de ses soldats : on lui met les l'ers aux
pieds, les soufllets ensanglantent ses joues, les
coups de fouet et de rotin déchirent si-s >''p,Tules
en lambeaux. Le soir, on le plonge à plusieurs
reprises dans un étang. Le leiidenmin on l'élend
sur uu rocher, exposé aux suMoraiile» ai\leui-:<du
soleil de l'Inde. Une seconde fois les soldats
viennent lui déchirer les membres à coup» de
cordes et de bitons, et dans leur rase sataiiiipie,
ils foulent son corps sous leurs pieds. I es
chrétiens arrêtés avec lui pnri.ntreiii une pirtie de
ces supplices. L'un d'eux • " 1 1 l*He de»
coups SI violents qu'un d Im pend «iir
la joue. Le bienheureux d'' nm ■• remet cet iril
daiH son orbite et le gU'-rit par li vertu du sij/ii«
de la croix. A la vue de ce j- ' 'ouiniiiii-
l'oullei ne se contient plus ', Il iiaiiie
.,..j ,,.p.i< .1.. vill,. on ville ju- , . ■ ipilale et
1 mort.
'Il roi de Marava. no ratida
I ", mais il exile le»
veux de prali.juer
une religion trop cliàsi«.
VOTACB K< (CBOri
Un an après ce» événements, le P. de nri'lo,
norauiu procureur du Malabar, dut •'embaïquor
pour l'Europe. ArrivJ à Lisliounc, en 1688, il
s'occupa sans retard des alTaires qui l'avaient
forcé ae quillerses chers Hindous. S'il vitquelques
moments ses parents, ce ue fut que lorsqu'ils vin-
rent le trouver ou qu'il les rencontra sur sa roule.
Sa mère, retirée à Porlalègre, n'obtint pas elle-
mt^nie une plus longue visite. Durant son séjour
au l'ortufial, il ne prit par jour qu'un seul repas:
du ih. lîos légumes et de l'eau lui sulTisaient,
coinni.- au .Maduré. Son lit était ou une plaiiche
ou une peau d'ours étendue sur le sol. Le prince
dont il avait été page, devenu roi sous le nom de
Pierre 11, et la reine Isabelle-Marie le comblèrent
des témoignages de Kur bienveillance et de leur
estime. Ils voulurent lui confier l'éducation de
l'infant: mais il refusa. 11 refusa aussi l'anlie-
Téché de Cranganor (Inde). L'humble mission-
naire n'était pas venu chercher des dignités: ce
qu'il denianilaitavanttout, c'étaient de nouveaux
missionnaires. 11 en trouva vint-cinq dans les
collèges d'Evora, de Coimbre et de Sanlarem et
il partit avec eux le 8 avril 1090.
Lorsque le P. de Brilto arriva à Goa, l'archc-
vt^que et le vice-roi s'efforrèrenl de l'y retenir.
Il s'arracha à leurs instances, visita les résidences
du .Malabar et reparut sur le théâtre de ses
anciens travaux. La persécution sévissait encore:
il ri'ussit à l'éteindre sur plusieurs points, mais
non dans le Marava. Pour éviter de plus grands
maux aux fidèles de ce royaume, il vécut durant
deux ans au milieu des bois; les chrétiens et les
catéchumènes connaissaient seuls le lieu de sa
retraite. Le bruit des miracles et des conversions
qu'il opérait finit cependant pai- parvenir aux
oreilles des Itrahmes. Il trouva un refuge contre
leur fureur daus la principauté indépendante de
Mouui.
LK MAHTTHB
A cette époque, Tériadéven, fils de l'ancien
roi de Marava, mis au courant des prodiges du
missionnaire, le supplia dr venir à Ciroupalléi,
où il .se mourait. Converti par un catéchiste, ce
prince reçut le bapti'nie et cuérit subitement. Il
avait cinq femmes, il garda celle qu'il avait
épousée la première et renvoya les autres. Parmi
Ci'S dernières se trouvait la princesse Cadelei:
elle porta plainte au roi KangaiiAdadéven son
oncli'. Tériadéven, mandé à la capitale, afllrma
Doliiemeiit qu'il était chrétien, mais comme il
^tail extrêmement aimé du peuple, le roi n'osa
te mettre h mort. En revanche, il résolut de
venper ~ur le pn^tre des chrétiens l'outrage fait
à sa ni'i !■. Le P. de Uritto, prévenu de l'airivée
des snlillite'., n'uvdva.sous divers prétextes, les
néophyte^ qui aurairnt pu le déffnurc,et se livra
& ses ennemis, h- M janvier 1G93.
Ceux-ci l'accablèrrni de coups et, durant trois
jours, 11' traînèrent en laisse derrière leurs
chevaux. |}ans toutes les \illes situées sur la
! ■' • ■!■ I ' ■ iMitale, II' sailli <■ ~-.i|i dil abreuvé
-lanU. AI '' |nit.'iiit
j i' 'T la pii|.i hiibare.
Il lut, au milieu d< <il>lii|U''5,
''.■■> idoles, l'objet les plus
i>. La Kueur et le niuk luissel.iienl «ur
r tnme le Christ, ou lui euuvril le
' . hats.
la prison de Roma-
I retiens qu'il exhorta
L'heure du !>icn
1 ' ^ "• I ■ 'I es des idoirs,
omis de i .i la si'ulc vcrla
brut il
en f.ii • I
inhuiu.uii
koii ii> m
»i».i.
Il '
des sortilèges: ils appelèrent en vain tous les
m^igiciens du pays à leur secours.
Le 28 janvier, R;mganâdadéven parut à son
tribunîd. Il coudaïuna le missionnaire à l'exil.
Cette sentence était lielive. On venait de donner
au roi la liste de ses sujets chrétiens. Effrayé de
leur nombre et de la puissance dont ils dispo-
saient, il craignit d'exi'.jter une révolte s'il faisait
exécuter leur chef dans la capitale. Parmi les
convertis du P. de Bi itlo, se trouvaient en effet,
outre Tériadéven, des gouverneurs de province
et des officiers chéris de leurs soldats. Rien
n'aurait pu les empêcher de délivrer leur maître;
mais celui-ci leur avait défendu de faire la
moindre démarche en sa faveur.
Les émissaires du tyran publièrent partout que
l'ennemi des dieux du .MaravaétaitexiléàOréiour.
Le Père y arriva le 31 janvier 1C'.'3. 11 était ûgé
de quarante six-ans, moins un mois.
L'exilé fut remis aux mains du prince Ouréiar-
déven, frère du roi, qui avait l'ordre secret de
le faire mourir. Le prince ne s'empressa pas
d'obéir. Il voulait à tout prix acheter un miracle
au missionnaire : la guérison d'une maladie hon-
teuse et mortelle dont il était afiligé' ; ses instances
prolongées auprès du missionnaire restèrent sans
résultat, car il n'avait nulle envie de se convertir.
Partiigé entre l'espérance de voir enlin son désir
satisfait, et la crainte de mettre à mort un homme
qu'il vénérait malgré lui, le prince. passa deux
jours et deux nuits dans le trouble etl hésitation.
La première de ses épouses sollicitait avec larmes
la grâce du prisonnier : son (ils et son ministre
demandaient sa mort à grands cris. Ouréiardéven
pencha vers la cruauté : le 4 février, mercredi
des cendres, il ordonna de procéder sans retard
au sup(ilice.
A nulle pas de la ville, sur les bords du Pain-
baroù, s'élevait une émineiice qui dominait la
rivière et la plaine. Ce monticule était pour le
Bienheureux l'autel du sacrifice. En y arrivant,
il tomba à genoux et, la face tournée vers l'Orient,
les yeux élevés avec amour au dessus de la terre,
il resta quelque temps imiin'bile, souriant,
radieux, l'jîme dans le ciel. La multitude présente
à ce spectacle entourait d'un majestueux silence
la prière muette du martyr; et le bourreau lui-
même tremblait devant sa victime en extase.
Tout à coup retentit une voix stridente : c'est
le fils du gouverneur qui vient presserl'exérution.
Une clameur immense couvre ses paroles, mai»
le Père a compris. Il se lève, fait le signe de la
croix, embrasse le bourreau et retombe àgenoux.
L'n coup de cimeterre, diriRé contre le» relique»
suspendues à son cou, arrache à sa poitrine un
(lot de saiii.'. Il jette, alors un dernier regard ver»
le ciel, puis il s'incline : le cimeterre retombe
une seconde fois et sa tête roule sur le sol.
A la nouvelle de i-e martyre, le Portiiiial tres-
saillit : la vénérable mère du missionnaire,
ilona Healrix, appelée à Lisbonne, leiiitdans le
ji.il 11, 1, - li'iiineuis réserve.. /■ 1 i leim M. ils il.'ià
I ' il un lieu de i • ' >i
I. hé par les clii , i ur
leipiel on I avait sU'-i'eiidii.pieiN et mnin« roupes,
leposait dans un tumbeau glorieux. I-Ji poussière
arrosée de son sang rendait la santé aux inaladei
«lui la mêlaient à leur breiivn:.'e : pre. di- se»
l'Iiques, les mirarl- l'-rs. !.«
\.riié »>n a éié c< :: . ei le
' ^ • 1, pir IX a pla ix Jean
il M les aiiU-l». - il n'y
a ,4 I l.gjise catholique qui pieouise de t«U
hoiiiiiies !
iiii|>.
>i/<i( . !.. Il
• . ^ rue llitleuift 1 , l'Ail»
SAINTE AGATHE
VIEROE ET AIARTYJFIE
fête le 5 février.
Saint Pierre apparaît à la bienheureuse Agathe pendant la nuit qui suivit son supplice.
'I C'est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui m'envoie vers toi, lui dit-il ; je suis son apôtre
Pierre. Et, pendant qn'il étend les mains pour la bénir, Agathe se trouve miraculeu-
sement guérie.
'URACTERES DE LA SEPTIKME PER-ECVTION UE.NKBALE
1^ seplieiiif pers'kulion (.'iMif'rale.fifndanl laquelle
fui marlyris<}c la .Saiiilf ilont nous r.ironl<>iis la vie
(ut, au dire de tous les histuriens, la plus sançlante
et 1.1 plus cnii'llf (]«• inules. Saint Cyprirn nous
apprend qu'elle n'avait plus seulement pour fln la
Minil des clirt-ticus: ou ::raduail la cruauté par utir
si'iie de rafliiieraents, do façon que la victime siir-
vi-i lit aux supplices, (in ne voulait pas lui acconl' i
Irnp ii'it 1.1 couronne. On la fatiguait dans rt'sp"ii
ili' lli'i-liir son courace. et s'il lui arrivait. crAci» à li
iiiioTicorde de Dieu, de mourir avant l'hcui' pré-
vue, les bourreaux ne croyaient trompés. Saint
10,3
Auyuslin ii^us ilnniu' la raison de ces atrocitt's :
les persécuteurs, dil-il, avaient reconnu que, plus
il? nieUnient de chrétiens à mort, plus il en renais-
sait df leur San:.'. Ils craignaient de dépeupler l'em-
pire, s'il eût fallu faire mourir tant de milliers de
lidèles. Les édits ne portent donc plus l'ancienne
formule : (Juiconque se confessera chrétien, sera
mis à mort; mais seulement : sera tournienlé jus-
qu'à ce qu'il renonce à sa foi. Celte tactiijue réussit
souvent aux persécuteurs. Comhien, en elfet, <|ui
eussent soulTert couraj,'eusemenl une prompte mort,
se lai>sérent abattre à la vue lie >;ni'|>li''>^ --i loni;*
el si variés !
SAI.NTE AGATDE EST AUdbrÉS COaMB CaHtfTIE.S](S
<".e fut pendant celte cruelle persécution que la
bienheureuse .\;.'atlie, née à Palerrae, de parents
nobles et riches, mérita de receioir la couronue du
martyre. Ouintianus, ;;i>aTemeur de la province de
Sicilr. ayant eu l'occa-^ion de remarquer la beauté
d'.\i,'athe qui surpassait, disent bs actes de son
martyre, celle de toutos les filles de son temps,
conçut pour elle une yi.ission violente. U cherchait
par tous le; moyens passibles à as'-ouvir ses désirs
criminels" |iirs(|ue païutTédilde l'empereur Pécc,
ordonnant cpie tout chrétien, sans ((iialité de rang ni
de se.\e, fût obligé de sacrifier dans les temples,
(juinlinnus si- liAta de proOter de ce décret ponr
s'emparer de In bienheurease Agathe, et donna
l'rirdre de la faire arrêter.
Les soldats se rendiront à la demeure de la Bien-
heureuse et lui dirent : «'Il vient d'.'-lre publié, par
l'empereur el par le proconsul, un édil de mort
contre quiconque refuserait d'adorer les dieui et
de leur offrir le culte qui leur est dft. Mais nons
espérons que tu vas leur offrir de l'encens daiis
leur temple, afin c|u'en tout honneur et gloire nous
puissions te conduire en pr^ence dti proconsul
L'iiintianus. m
I domine la bienlieuriose vier^'e refusait éneigi-
quement d'offrir de l'encens aux id^iles, les siddals
sf disposèrent à la conduire devant le gouverneur.
Avant ipi'ils eussent mis la main <ur elle, Airuthe
entra <l.iii> sa chnmbr<' et, se jetant i gennux, les
yeux b'»év \crs le ciel, elle (Il celte prière : . Sei-
gneur Jésus, seul vou< ■mnnaisseï les afTi'i-lion» de
mon cuMir, seul vous savez avec quelle joie el quel
empressement je vous ai donné ma foi et mon
amour. Kl mainlen.int, Seisneur, je vons en supplie,
ne permettez pas qu'un homme, livr*' à tous len
viies, puisse faire perdre à tatHk corps la fleor de m
vit.'inilé; liAlez-vous de venir \ mon sei-ours: ne
me livrez pa-< nu dém<iu et a sou satellite, le pro-
coiii-ul, de peur <|u'il ne disi' : Où nsl donc son Dieu?
M ^ - comme une rlrlime, roccvez
I i ine tin '.'ML'i' d'' ni'>>i amour,
sfeul
la Semence de toutes les passions honteuses de la
v.duplé; je l'ai vaincu et je l'ai foulé aux jiieds. J'ai
1 émis ensuite mou ànie enlre les mains du Christ,
■l j'espère qu'il me fera la grAce de perdre ce corps
dans sa virginale beauté. »
ELLE EST LIVREE .\ INE FEUUE DE MAUVAISE VIE
Quintianus, (îdèle aux ordres sataniques de l'em-
pereur, se garda bien de livrer immédiatement la
vierge aux supplices. Mais il commanda de conduire
.\gathe chez une femme de mauvaise vie iiominée
.\pliiodiM.-, i|ui uvail d<uis »a maison sept lilles aussi
corrompues qu'elle, alin que. |>ar les paroles et les
exemples de ces misérables. ALathe fût amenée à
sacrifier aux dieux, el à se rendre aux dt^sirs infâmes
da pro <<u>ul.
Pendant trente jour», la bienheureuse vierge fut
obligée lie vivre en cette odieuse compagnie. Ces
démon> de la luxure, tantiM par des caresses et des
marques de respect, lautAt par des promesses de
jouissances, d'antres fois aus^i par les menaces les
plus cruelles, s'efforçaient nuit el jour, avec une
infernale persévérance, de eorinnipre la chaste
épouse de Jésus-Christ. Mais .|uand, par leurs falla-
cieuses promesses, elles espéraient amollir l'Ame de la
sainte martyre, celle-ci, les yeux baiunés de larmes,
b-iir disait : « Sachet que rien au monde ne pourra
jamais séparer mon .-^me et nus pensées de la cha-
rité du Christ. Vos paroles sont seinMablesau vent,
vos ]iromesses à une pluie d'nr ii;e, vos menaces !{
un lleuve, mais ce fleuve impétueux, vous pou>ez
le déchaîner contre ma maixin, elle n'en sera point
ébranlée, parce i]u"elle est fonilé^^ sur la pierre ferme
qui est le Christ, Fils du Dieu vivant. >>
Elle leur parlait ainsi, pan-c que son Ame, sem-
blable au cerf altéré dont piirle le psalmiste, dési-
rait se df^sallérer aux eaux vivi-« de la souffrance, si
auiéres pour ceux i)ui n'aiment poitil, mais si douces
et si suaves pour ceux qui portent dans leur oeur
le vrai amour de Jésus-Christ.
.^phrodife, la voyant donc ferme et inébranlable
dans sa résolution de mourir pour le iioin du Christ
plutôt ipie de consentir A saiiilier aux idides, alla
trouver le j>roc<insul : " Il serait plus facile, lui dit-
elle, iramollir les rochers, ou de donner au fer la
souplesse du plomb que d'enlever île l'Ame de celle
jeune fille l'amourde Jésus-Christ. Mi's filles et moi,
jour et nuit, ne lui avons laissé aucun nxmienl de
repos, et niaL'ré noire constance, nous ne sommes
arrivées i d'autres résultats que celui de la rendre
pi:: ^ ' '■ et plus inébraalable dans sa résolution.
I liions, les promesses les plus terribles.
ru'ii 11 .1 pu la faire hériter m'
Je lui ai offert moi-même dec ,
y. ■ ■ I
f.lll plus •U- . .!> dt tiUlis , C!
tern- qu'elle foule oux pi'-d«. ■•
ul iiisianl.
ii'usi's. lies
i; -t ,-1 la
ii'a pas
olio»C!> que de la
mur II >1 un fos«é. l'ciidnnt le
•rMfl : iril.'-.. cé|et|e« de la Terlu.
I inLafiii deconservei
• .|. : .i. , |... .■ . , .1 lullé runlre Satan,
a d« mal, qui a jeUdans le ca*ur de l'hemme
KIAIIAIT tH^\
iiiiir>\L ni' paocoNst'i,
Moîiiti.-imi» froniiii' iHns son attente, donna l'ordre
en ierret, et s'élant assi*
,, il,:. ..11..,. ,; iii :
" MiiHIe eut ta condition f
— Sk sui? dune famille noble el illustre et me>
parents possèdent diinmenses richesses.
— Si tu es d'une condition noble et illustre, pour-
quoi vouloir l'abaisser jus(|u"aa rôle de servante ?
— Je suis la servante du Christ et c'est pourquoi
vous me voyez aair en servante.
— Mais tu es vrairaent\libre, Agathe, comment
donc peux-tu te dire esclave ?
— ■ S'otre noblesse à nous et notre plus ^'rande
gloire, c'est de nous courber sous la loi du Christ.
— Nous n'avons donc point pari à la noblesse, nous
qui tous faisons gloire de mépriser le service de ton
Christ ?
— En vérité, vous êtes arrivés à undegrc de servi-
tude telle que, non seulement vous êtes devenus les
esclaves de vos péchés, mais encore les adorateurs
d'une matière insensible. Les honneurs qui ne sont
du« qu'au Dieu vivant, vous les rendez au bois et à
la pierre.
— Les paroles blasphématoires que tu viens de
prononcer recevront chacune le châtiment qu'elles
méritent. Mais, dis-moi pourquoi tu t'obstines à
refuser à nos dieux les honneurs qui leur sont dus.
— .Ne les appelez pas dieux, mais démons, ceux
dont vous faites l'efflpie en airain et dont vous recou-
vrez d'or les tijnires de marbre ou de plAtre.
— Cesse de blasphémer, Agathe, reviens à la rai-
son et sacrifie aux dieux, sinon je te fais subir, avec
les criminels vulgaires, les supplices itmominieux. el
tu seras par là la cause de la honte éternelle qui
retombera sur ta parenté.
— Je souhaite à votre -épouse, repartit .\gathe.
d'i'-tre semblable à votre déesse Vénus, et à vous,
de ressembler en tout ik votre arand dieu Jupiter. »
A ces mots, Quintianus, irril'^, donna l'ordre de
souflleter Agathe. Apres quoi, il lui dit:
" Ne l'avise plus par tes paroles insolentes d'in-
jurier ton juge.
— Comment ! répondit Agathe, vous ne voulec
donc point être compté au nombre de ceux que vous
venez d'appeler des dieux ?
— .\h! lu veux me forcer, par les paroles inju-
rieuses, h l'infliser de cruels supplices !
— Je m'étonne qu'un homme aus«i sase en soit
venu à ce point de folie de ne pas vouloir être sem-
blable à ses dieux et de ne pas vouloir conformer sa
vie n la leur ! Si ce sont \h vos dieux el que von-; l,r<i
honoriez comme teU, je vous ai fait un bon souhait.
Pourquoi donc nvez-vou« pris pour des injures les
paroles par le-iquelles je vous disais de conform'T
votre vie à la leur? Mai«, si leur ressemblance vous
est en horreur, nppele/.-les donc avec moi des êtres
exécrables et pervers.
— Chacune de tes paroles est un blasphème;
sacrifie aux dieux, ou prépare-toi à subir des châti-
ment» terribles.
— Les bêles T'-ro-es iiiTqiiflles vous me livrerei
«'ilouciront au u'itri .le J.^iis-Chrisl. Si vous me
'. dan- !'■ (■ n. I - ui-.s viendront rè|i.indre sur
1 une lii>'nf.ii^.iti'e i.» ... Si vous me fra|iprz de
Verge», l'esprit de vérité qui réside en moi saura me
déli>Ter de vos mains. »
Le proconsul, secouant la tête, donna l'ordre de
concliiire Agathe dans un obscur cach.il. Comm.» on
emmenait la Bienheureuse, Quintianus voulu!
' essayer encore une dernière fois de la lléchir et lui
dit :
>' Réfléchis, Agathe, et vois combien il est avan-
tageux pour toi d'éviter les tourments que je te
prépare.
— C'est bien plutôt à vous de vous repentir, si
vous voulez éviter des supplices éternels. »
-Mors, Quintianus, irrité, laissa conduire la bien-
heureuse vierge en prison. Elle y eulr-a avec l'allé-
gresse de celui qui aurait été invité à un festin de
noces, recommandant à Dieu dans ses prières l'issue
de son combat.
SA CONSTANCE INÉBRANLABLE DA.NS LES TOUSMENTS
Le jour suivant, l'impie Quintianus donna l'ordre
de la faire compaiailre de nouveau devant sou
tribunal el lui dil:
■' Eh bien! qu'as-lu résolu relativement à ton
salut!
— Mon salut c'est le Christ.
— Jusques à quand, insensée, l'obstinera.s-tu à
prononcer de coupables paroles? lienie le Christ, et
commence à honorer nos dieux. Ne désire donc pas
uue mort prématurée.
— Reniez vous-même vos dieux de pierre et de
bois, et servez le vrai Dieu votre Créateur, sinon
vous subirez des supplices sans lin. «
Le président, hors de lui, donna l'ordre de la
frapper de verges, el pendant celle barbare exécu-
tion, il disait à la saiuto martyre : .< Change donc
de résolution et je ferai aussitôt cesser le supplice.
— Vos tourments me sont une source de délices,
et je me réjouis à l'égal de celui à qui ou vient
d'annoncer une bonne nouvelle, et qui découvre un
riche trésor. Ces tourments font ma joie, car tu ne
pourras les faire durer qu'un temps. On n'enferme
avec soin le fniment dans les greniers qu'après
l'avoir débarrassé de la paille. U en est de mèjn' de
mon âme, elle ne peut entrer en Paradis que vos
soldais n'aient, auparavant, fait subir à mon corps
les tourments les plus variés. »
Quintianus, au comble de la fureur, ordonna
qu'après l'avoir tourmentée à la mamelle, on la lui
arr.ii-hdt.
Cet horrible supplice ne pouvant vaincre la cons-
tance de la bienheureuse martyre, le iiouverneur la
fil reconduire en prison, défendant, sous les peines
les plus sévères, qu'aucun médecin ne fut introduit
auprès d'elle, et il défendit en même temps qu'on
ne lui donnât ni pain ni eau.
SAIXT PIERRB LUI APPARAIT ET L ^ C.UÉRIT
Vers le milieu de la nuit, un vieill.ird vénérai. h-.
pi . ■.■.■lié d'un enfant tenant un llambeau, se prè^irnU
devant Agathe et lui dil : » ('e tyran im|>io a fait subir
à Ion corps de cruelles lertures, mais la conslnin-e
dan- les tourments lui en a fait subir h lui de plu-
cruelles encore; c'est pour cela qu'il l'a fait mulil.i
et arracher le sein. .Mais Dieu lui réserve des siip-
plii-e» intolérable» pendant toute l'élernité. J'.'i lis
présent |iendant que tu supportais tous ce-' . m- I-
-iifipli."-, 't j'ai vu qu'il serait possible de te guérir,
' . -I p..Miquoi je viens.
— Je n"ai jamais, lui répondit Ayallie, lait usa:;o 1
pour mon corps d"aucuiie imJeciue, et il serait hon-
teux pour moi d'abandonner en ce moment cette
résolution prise dus mon plus jeune âge.
— Je suis aussi chrétien, reprit le vieillard, aie
coutiance en moi, je puis te fiuérir et ma présence
ici n'a point d'autre motif. Vierpe du Christ, ne
crains rien de ma part.
— Et que pourrais-je craindre? reprit Agathe. Vous
êtes d'un àf.'e très avancé, et moi je suis une enfant
dont le corps entier n'est plus qu'une plaie. Cepen-
dant, je préfère que ces plaies enlèvent à mon àme
jusqu'à son dernier souflle plutôt que de vous les
montrer. Je vous rends firAces pourtant, vénérable
père, d'avoir bien voulu venir me soulaser, mais
sachez que jamais aucun médicament fabriqué de
main d'homme ne touchera mon corps.
— l'ounjuoi une telle résolution'? dit le vieillard à
la Bienheureuse.
— Parce iiue je possède Nolre-SeifineurJésus-Christ
qui. d'un seul siyne, peut fiuérir tous les maux, el
dont la parole seule fait lever les paralytiques et
marcher les boiteux. C'est lui, s'il le veut, qui rendra
la santé à son indi^-'iie servante. »
Alors, le vieillard lui dit en souriant : t< C'est lui-
même qui m'a envoyé vers toi, je suis son apc^tre
Pierre. Hefarde ton corps, il est guéri. » Après avoir
dit ces mots, il disparut.
Puis, la «lorieuse Ayathe fit cette prière : i< Je vous
rends i-ràces, 6 Jésus mon Seifjncur, de vous être
souvenu de moi, et de m'avoir envoyé votre .\pAtre
pour soutenir mon ;\me et guérir les blessures ili'
mon corps. •> Sa prière terminée, elle vit que ses
blessures étaient guéries et que sa mamelle lui avait
été miraculeusement ren<lue. Toute la nuit, une
lumière brillante remplit la prison. Les j.'ardes
effrayés s'enfuirent, laissant les portes ouvertes. Les
compagnons de captivité d'At'atlie lui conseillaient
de s'évader, mais la .Sainte leur répondit : i. Je ne
veux point me priver de la couronne de «loire
réservée aux combats que je dois encore soutenir.
Je ne veux pas être pour mes gardiens un sujet de
châtiment. J'ai pour moi le secours deNc>tre-Sei(,'neur
Jésus-Christ, llls de Itieu. Jusi]u'à la fin, je persé-
vérerai dans la confession de la foi de Celui qui m'a
consolée el guérie. >•
«A r.LORIKUSE «OBT
Ouatre jour* après, le président se la fit conduire
devant son tribunal et lui dit: h Jusques à quand
persévéreras-tu à mépri-er les édils des empereurs?
Sacrillc aux dieux, sinon je te fais endurer des
supplices plus cruels encore ijue les précédent».
— Vaines font vos paroles, répliqua la bienheu-
reuse AL'athe, iniques les édits de vos empercun.
Il,', ui.ii donc, misérable, dépourvu de raison, quel
puis-je attendre de vos dii'ux de pierre et de
Im», .' .Mon Seigneur Jésus ne m'a-l-il pat rendu une
autre mamelle, à la place de celle que vous m'avez
arrachée ? »
tjuintianus, au comble de la fureur, s'écria : '< Qui
a donc osé le guérir '.'
— C'est Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant.
— Ue nouveau tu prononces le nom de ton Christ
dont je ne veux ente'idre parler en aucune façon '.
— Il ne m'est pas permis de taire le nom de Celui
que j'invoque au fond de mon cœur.
— Nous allons voir bientôt s'il te viendra en aide,
Ion Seigneur Jésus; et, en même temps, il donna
l'ordre de parsemer la salle de pots cassés, d'y
répandre des charbons ardents et d'y étendre Agathe,
après l'avoir dépouillée de ses vêtements. Mais, à
peine la sainte martyre fut-elle étendue sur ce lit de
douleur, qu'un tremblement de terre ébranla les
murailles dont une partie écrasa un conseiller du
président, nommé Sylvain, et un autre de ses amis,
nommé Théophile, qui exiitait (.luinlianus à faire
martyriser Agathe. Toute la ville de Catane futé;ja-
lement agitée par le tremblement de terre. Les
citoyens, épouvantés, se rendirent au prétoire; mais
le proconsul, craignant une insurrection du peuple,
doima l'ordre de conduire Agathe en prison et se
retira lui-même dans une salle écartée.
Agathe, entrée dans son cachot, leva les mains au
ciel et dit: <■ Je vous rends grâces, ô Seigneur mon
Dieu, de ce que vous m'avei juKée digne de soutenir
de durs combats l\ cause de voire nom. C'est vous, ô
Jésus mon Sauveur, qui avez donné à mon Ame l'ar-
dent désir de renoncer aux joies du monde* et i|ui
avez conservé mon corps pur de toute souillure.
Kxaucez-moi à cette heure, je vous en supplie, per-
mettez à votre servante de quitter cette terre et de
venir vers vous. » Sa prière terminée, elle rendit
son Ame à cet l%poux céleste pour lequel elle avait
supporté tant de rudes combats.
Les chri-tiens de l'.alane, à la nouvelle de la mort
de la glorieuse martyre, accoururent aussitôt, el sans
crainte du proconsul, prirent ce corps ccmvert de
blessures si glorieuses, el se préparèrent à l'ense-
velir avec de grands honneurs. Or, pendant qu'on
plaçait ces précieuses reliques dans le sarcophai;c
qu'on leur avait préparé, vint un jeune homme d'une
beauté toute céleste, suivi d'un cortège de cent
enfants, revêtus de vêtements magniliques. l'i^rsonnc
n'avait vu auparavant ce jeune homme dans la ville
de Cutané. Il entra dans le lieu ou l'on embaumait
les restes vénérés de l'illustre martyre, el déposa
soussa tête une plaque de marbre sur laquelle élaieiil
Kravés ces mots : ■ Vme suinte, dévouée, honneur ib-
Dieu, protection de la patrie. " Il attendit cpi'on eût
fermé le cercueil, puis il disparut. Personne depuis
ne le revit, et beaucoup pensèrent que c'était un
anuc du Seigneur.
Le bruit de cet événement se répandit bientôt dans
toute la Sicile, si bien que les Gentils et le» Juif»
<-ux-mômes eurent une uramle vénération pour le
tombeau de la glorieuse' martyre.
l'an), lui)'
'<{ Vt :i no s. »
SAIM AMAND, É^^QUE MISSIONNAIRE
Fête le 6 février.
><»Qsagag«ag*g*J»g»gsg>g*g»g9g»«aeagagag*gaeagas»g*g»g^g»gagag*ggg*s*g»s^gas9g»g»g»gag»g»eag»^^
Saint Amand, apôtre de la Flandre, quitta, encore adolescent, le château de ses pères
pour se donner à Dieu dans une lie solitaire de l'Océan. Le démon, irrité de sa précoce
sainteté, l'attaqua un jour sous la forme d'un serpent, mais le Saint le mit en fuite par
un signe de Croix. — A la mort de saint Amand, un de ses religieux vit son âme, écla-
tante de lumière, admise au nombre des Bienheureux.
PHEMIbllE? AN.NEES DE SAIM AVAND
Ce fut le 7 mai '69* que naquit, à Herbau^e, sur
la Loire, saint Amand, l'un de ces évêques mis-
sionnaires qui, suivant le mot du protestant Gib-
bon, lirenl le beau royaume de France comme
les abeilles font une ruche.
Ses parents, les plus puissants du pays, unis-
saient à l'éclat de leur naissance celui de la
vertu.
Son père, Sérénus, était duc de la troisième
Aquitaine; sa mère s'appelait Amantia; tous
'Icux descendaient de ces vieilles familles séna-
(■.n.-\l«'8 (le la (iaule, qui, en dépit des invasions
I .rhir-^. avaient conservé un caractère de
i'ilisalion.
Amand fut reçu par ses parents comme un
don du Seigneur. Il grandit sous leurs regards
vigilants.
Ouels furent pour lui les premiers actes, les
premières paroles qui, d'ordinaire, font présager
l'avenir dans un tout jeune enfant, c'est ce que
nou« ne saurions dire.
Lf-i légendes passent sous silence le» années
(If son enfance, et ne nous le font retrouver que
quinzp ans plus tard dans les écoles épiscopales
de son temps.
AMANn FUIT LE TOU PATERNEL
l'ar leur viailanle sollicitude, Sérénus el
Amantia réalisèrent, comme à leur insu, les des-
seins de Dieu sur leur (Ils.
En effet, parvenu à cet kite de la jeunesse où
ji; monde apparaît sous ses plus riantes couleurs,
U
Aniainl ne rcpirail déjà plus qm r.iranur de
Dieu et m- voulait plus que lui |iour l<«ul liérilatii'.
Viat donc le jour tu, loulTiut ,iun pirtls lies
linniieurs et |i-s ricliesfes qui rallenduient. il-
s'éclia|i(ia du château de son j'ère, pour >e réfu-
gier dans une ile de l'Océan.
Auiand lie jouit pas loti;;temps de la solitude
de i-e iiionastL-re, mais si court que fut sou MJour,
il suflit pour dévoilée à tous la saiuleté de sa
vie.
In jour qu'il travaillait dans l'intf^rieur de
l'île, il vit tout à coup fomlre sur lui un affreux
dra;;i'n;eii ce pre-'-ant daimer, le Jeune moine lit
nu Sei;;neur une ardente piière, et, se tournant
iiiliépideuieiil vers le monstre, il lui ordonna de
s'aller Jeter dans la mer, ce qui fut fait a l'instant.
l'eu de leii |'S après. Aiiiand eut à soutenir
une lutte autrement terrible
Le duc 'on peie, ayant découvert sa retraite,
vo'nlul le ramener ea Aquitaine, pour le faire
liéiilier de ses hien>. Tout ce que I liumme peut
faire. Sérénus le lit pour décider son liN, mais
Aiiiand fut iii'-cnsiliK à la tendresse et aux
prndi'-'n<'*" tour à tour.
m> iiai'es qui lui furent
Toutefois, crai:;nant ■
part de ses parents, il
du lumlienii du ^{loiien
qu'.\niand reçut la ton-
ne plus ri'iilriT dans la iii,ii>
.Mai<, mal;;ié son désir île
auprès du l'alron de la Fran
ses |ia.«, le lit partir poin h
suliir In dernière e|(reu\'
l'attendaient.
h-es de la
irs auprès
itiii. Ce fut là
i'-rcs, et jura de
• n lie «Ofi p.Te.
\iTie et de innarir
"■ " iiii^-nâAMt
1 il devait
.lavaux qai
Déjà vieillard, n'
rite et la sniii
SAI.NT AJtA.NU USOX's
Il ri.ii l'J:2e mais p«r lai
VoKàad vn«liil,
après avoir san i.ia» U pvsliqne
d)' toutes les veitui, fNiaser 1 Afe vml duM la
réclusion.
Saint Auslréirésile, évoque de I' 1
il confia son dessrin, arceptn It-
conduisit so|eniiell> ment dahs une t'Uuilc cellule
sur le» rempnits <li la cité.
Vn-time volonlan
le saint reclus n'ei.
niuniialion qu'avec i'v u ij j.i^- i .jm
df --a vie dan* celte Mililudv, m- \ii.inl que de
p ^ii d'nr;.e ti' r: ' ■ '' rlilianl sa chair
le» plu» • -, el •*« prép»-
I t . ..iiioie u - , aux pkta rod«s
inn^'es
■l'ilil '1* »a ictr.iiii' ;i\c. le» ;tiiîri;i>
des preii
t'i"lice il!
m iT .pi' ;
! .•. il ,:
Ile ItuU» lui tclluu» bl (jlulleusoiurul
siO-IT «a.l.Mi \ lOMC
chasçé pur les L'ardiens qui lerinrrenl les portes
d«-t liere lui. Auiaud se veiiyea eu passant la
mut devant l'entn-e de la basilique. Ce lut alors
«pie saint l'ierre lui apparut sous l'aspect d'un
vénérable vieillaid : ■ La moisson est abondante
» en daule, lui dit-il, .va la recueillir au nom de
!• Dieu c«mnie un bon et vifiilant moissonneur;
" va convertir les .inics des païens. »
Arnaud partit, mais à son retour il se vit con-
traint, lualjjré ses humbles supplications, de rece-
voir l'oui-tion épiscopale; néaiimoin-, ces hon-
neurs ne l'empêchèrent pas d'accomplir de point
en point les ordres de saint l'ierre.
Il s'en allaooiniiii> un simple raii^sionnaire vers
les peuplades les plus farouches du nord des
(•ailles, il parcourut tour à tour le» rives de la
Lys et de l'Kscaut. prêchant rKvani:ile de Jcsus-
Ciirisl jii\ hiJoinptables habitants des Flandres
et d< 1,'. Dieu sait ce qu'il eut alors à
souif 1 1 I lit jias peu de chose, en effet, que
de coiabuilii' le fanali^me Je nos pères et de
renverser Ifs aniels ifudin et de Tentâtes.
Cl- ' -uiaait ce que lil avec succès noire
iniréj . -finaireion le vil même plusieurs
l'i- :. r .1.-» victimes, humaines au.\ iiiains
il. ^ - i . ;i, :,t. ui ». cl faire plierces bêles farouches
9o\t3 le jou.' -ua\>- lia ckristiaiiisme.
Sa:.\T .VJ14,M> AL' PX\:- ut. l.AND
liai» le lieu ou le «aint api'dre eut le plus à
aonffrir p-tr- ' t- '• ' ■: -('.hrisl fut le navs
de l>«iul 1, iiiieles ville» de ^a
(>,-..,,■>,. iiiaines auxquelles
il 'IX.
,Mi^ i.f.iir le cou-
ra_' iirtrirenl
b- » encore
», le jetèrent j>iusieurs fois dans
»ur son serviteur,
l'iyen de llécbir le
■ niw «yani fait périr à la
I litre, un criminel
du roi du ciel, le
il-^ri il II fil
Il 1 1 Ite étin-
l'i' la lumière à
. Il .-i. lipu saint
< il de la
nui ii'i »• •; il cil
- propres
âf* ces
jeuiirs Aimlai», de ip. ii
le même liinps : <
mais des .r
Mil. Oï »> >i ilÉ.>»i. — n,ri..r i.. (■t.llfhl
Lit rni Uai(<>bert, formé k la vertu par saint
CUUi
In
P
1"
rci >i.
l'K ,.
SI'IIM-Ili ip,
fallut |ias '
celle ■;■■
lou» '
Son . ..
Anaand se
Il liflll '■ Il 1 |- i< I I 1 I III V J II . r II
I ce qu'il attendait de lui
I.B «on captUalaiil, li ui 4eruitlTlirt 1 udi
potitt, il »« rsodii ■ i
. c«Riaie
un autre Jean-Baptiste, il reprocha librement au
roi ses prévarirationa. le meuai-ant des ven-
geances du ciel s'il ne chanseait de conduite.
Lesil fut la réponse de ilagobert. 11 lut toute-
fois de peu de durée.
Contrit et repentant, le roi rendit pleine jus-
tice au courasi'ux pontife, il voulut même, comme
gai'e d-; réconciliation, qu'il vînt donner le bap-
tême à son Kls.
Armand ne put résister à ses instances, ainsi
qu aux solliritations d"Eloi et d'Ouen. jeunes
seigneurs de la cour, et il baptisa le futur roi
des Francs.
Or, rapporte la lépende, comme le saint pon-
tife béni-^sait son fil* spirituel au nom du Pi re,
du Fils et du Saint-Esprit, Sicebert, bien qu'il
n'eût encore que quarante jours, répondit d'une
voix claire et distincte : « Amen. » Ce qui lit dire
aai a.isislaiit<, ce que les 4uif' disaient jadis à la
naissame de Jean: » (Jael sera donc plus tard cet
enfant? ■
iAI.NT AMA.no E.N .SLAVOSIE
En ce temps-là, un Franc du nom de Samon,
s'élant rendu dans le pars qu'arrose le Danube,
les Slaves en lin-iit leur roi à cause de son habi-
leté et de sa bravoure à la guerre.
Saint AmaiiJ r'solul de,pro6ter de celte cir-
constance pour aller convertir ce peuple idolâtre
ou du moins obtenir de lui la couronne du
martyre.
II vint donc en Slavonie, mais sa parole tomba
sur unp t»-rrH encore trop inculte, et ne recueillit
pour tout fruit que les perséciilious qu'il avait
déjà soulfertes au pays de Gand.
Il fut impitoyablement chassé parce peuple qui
ne coniiai«saiL et ne voulait que la guerre, et il
dut 'luilter ce pay* sans même obtenir la mort
glorieuse qu'il y était venu chercher.
.Nullement d'-^-ourai-'é par ces insuccès, le bien-
heureux Ain.'iiid partit pour Home, ulin de puiser
(j, - ., r.i n'>uvi>lles au tombeau des .Apôtres.
Il t perilr" la vie dans ce nouveau voyaiie.
Kn etlei, uuh violente lenin<'»te s'éleva tout à coup
sur la mi-r. et menaça depL'Ioutir le vai'seau.
Tous les moyen» humains ayant érhou'', le saint
pontife eut recours à son refui'e habilui-l. a la
pnèri-, et il fut exiiocé. Saint Pierre lui appanit
au"ilfU et lui dit : ■■ .Ne crains rien, mou lidile
servfleur. la nier n'a pas pouvoir sur toi .. ; puis,
ayant commandé aux Ilots irrités comme jadis
le Sauveur, le plus crand calme socréda à la
tempête
SAi.NT AHA.ND, tVtUUE DE HAESTRICUT
Longtemps après les événements que non»
venons de rapporter, le vénérable évèque <!<>
Mae-lrichl él.nit mort, le pieux roi .'iju-eberl
Toulul voir ■■'iii [M-i.< -piriluel saint Amand sur
ce'iéL'f pl.ic- m iiiihi'u des populations les plus
ifi ! il' - de I AU'lrasie.
Il ■ •iti- nouvelle liit-nité, Amand litpourson
" èse ce qu'il avait fait pour les autres
1 lit liriMaiil du • '
Dieu el If -^ pl t .'
Mil' ' ■
Iph conversions et détraire le
une l'iuvre femme
,. u^e de »on inlirmilé.
Ceit Dieu, lai tépoiidil-elle, qui est cau»e
de mon mal; .j"ai rendn un cnlte sacrilèffe aux
arbres de la forêt, et j'ai été punie.
— Allez donc frapper de la bâche l'un di- ces
arbres, reprit saint Amand, vous serez t.-uérie. ..
j Effectivement, cette pauvre femme, ay mt ob-i,
recouvra la vue aussi prom|iteiueot qu'elle l'avait
perdue.
Passant un autre jour par un petit villa^-e, le
saint apôtre rencouira ur. pos.sédé du d>-rann,
criant au milieu des plus effroyabies convuNion» :
" Jésus-Christ, ayez pitié de moi, Jésus-Christ,
ayez pitié de moi ! »
Et Satan qui le tortui-ait ainsi, répétait en
ricanant :
« Quel Jésns-Chrisi ? Quel Jésu-s-G'.rist? »
A ces paroles. Amand s'écria :
« Mou (ils, dites Jésus-Christ crurilié. »
Dus lors, les ricanements firent place aux plus
affreux hurlements, et des que le pau\Te pati'»iit.
se fut écrié : « Jésus-Christ crucifié, ave» pitii-
de moi! » Satan sortit du corps de sa" victime,
pour ne plus y rentrer.
Amand souverna quelque temps enc<ire ce
grand diocèse, puis il s'en démit pour reprendre
la vie de missionnaire qu'il avait quittée ai à
regret, et dans laquelle nous le verrons mourir.
s.vl.NT AUA.Nb FOKDE DES MONASTEHES
Saint .Amand ne se contentait pas de porler
partout la bonne nouvelle, mais H fondait en
même temps de nombreux monastères, qui, tout
en fécondant le grain qu'il avait jeté, rendaient
les plus l'rands services à l'Eglise et aux diverses
sociétés de cette époque.
Le» missions convertissaient les idolâtres au
christianisme, mais les mona-stères, par leurs
travaux, réconciliaient entre eux des peuples
guerriers et farouches. Aussi saint .Amand, qui
n'i:.'norait pas ces grands avantages, iniiltiplia-
t-il ces saintes fondations dans les Pays-Bas et
dans le royaume des Francs. Ce ne fut pas toute-
fois sans luttes et sans obstacles.
Satan, dans sa hnine éternelle contre les
moines, su.scita contre lui tout le mal que son
e'^prit infernal put inventer; il voulut même
a' tenter à sa. Tie, mais son areiiale raue ne
servit qu'à la glorilicalion de iJieii dans son
serviteur.
In certain seigneur, rapportent les légendes,
fort iiiéQontent de ce que saint .\iiiand voulait
établir se> moines dans le pays, donna secrète-
ment l'ordre de le Inc-r. et pour cela il le lit con-
duire dans un lieu solitaire. .Vtais il complaît
saii» le secours du ciel qui |)ril en celte circons-
tance la défense du saint pontife.
En elTel, bien que le ciel lïit pur etsansnuases,
un violent oraue éclata soudainement, accom-
paL'iié de tonnerre et d'éclairs qui aiciiglerenl de
telle sorte les meurtriers, qu'il» se jel>rpntj •
(flacés d'vpou vante, aux pied» de leur vkiiiuc,
demandant pardon de leur crime.
Ainsi. maLT- l'enfer, saint Amand put fonder
un ifi.'ind nombre de res centres ninna«li']iips
qui devaient se per|><Wuer à travers les iuitt^;
r - - ' ntlii» |iiir Satan, mai» remiis-ant
plus de force et de vigueur sou»
MT-. M.iiaïc- ii'Mivelies.
saim a]Ia!<u et la :<oble<sc
Tandis que le saint missionnaire annonçait
KE^an-ile .i«x pauvres et aux petits, il exeiuut
vi il >U' c inilii-ncc sur les plus illusiîes person-
iri^"< du royaume.
Il éclairait de ses conseils les leudes d'
il dirigeait les vierf;e5 et les veuves dans leurs
châteaux, il remplaçait partout réléiueut barbare
par la suavité du iliristiaiiisme.
Parmi les nombreuses familles dont saint
Araand fut le père spirituel, on peut citer celle
desaintMaugerel de t^ainte Waudru, son épouse:
celle du vi-nérable Pépin de Landen,dont il était
l'Ame et riiitiiue conseiller; celle de saint Adal-
baud et de sainte Riolrude dont IKirlise fait
niémnire de tous les membres en ses antiennes.
Sous ce sajîe directeur, on vit des guerriers
francs cl de nobles dames donner au monde le
spectacle de toutes les vertus et de la plus
hér(>ïc|ue abnégation.
Pour ne citer qu'un exemple, sainte Rictrude
ayant perdu saint Adalbaud. son époux, voulut
aussil(U prendre le voile et passer le reste de ses
jours au fond d'un monastère. Mais la politicjue
de Clovis II s'y opposa; ce prince voulait qu'elle
prit un autre époux parmi les leudes de sa cour.
Soutenue par saint .Vmand, la sainte veuve
persista inébranlablement dans son dessein.
Or. un jour qu'elle avait invité le roi et bon
nombre de seif,'iieurs de sa cour à un banquet
.somptueux, au milieu du festin elle lui demanda
s'il lui éuil permis de faire eu sa maison ce
qu'elle voulait.
Le monarque, croyant qu'elle voulait offrir en
son honneur un vin plus généreux, répondit
qu'elle le pouvait.
Hiclruilc, tirant alors un voile noir de son sein,
se le p"^ sur la tête, jurant devant tous de ne
plus l'ôter de sa vie.
Le roi fut si fort en colère de cette action'
qu'il sortit hrusquement du chAteau sans vouloir
rien entendre. Toutefois, saint .\mand, qui le
suivit à la cour, sut si bien calnirr ses ressenli-
ments que Uictrude put se retirer librement pour
le reste de ses jours dans le monastère de
Marcbiennes.
C0N\'BRSI0M DU COMTE BAVOX
La conversion de Bavon, comte d'Hasbanie, fut
l'une des conquêtes les plus f^lorieuses de saint
Amand.
Bavon était la véritable ncrsonniflcation du
barbare, du Sicambre farouche.
Il n'était aucune violence à laquelle ne se
livrAl le terrible comte; le moindre délit »'lait
puni de moit, son nom seul inspirait la terreur
a ses suji'ts et au pays d'alentour.
Kavon eut cependant le bonheur de recevoir
en mariafie une épouse chrétienne, ce fut son
salut. Il s'adoucit peu à peu sous l'inlluence de
sa femme, (jui lit sur lui ce que sainte Clotilde
avait fait sur le roi Clovis, et lorsque Amand
arriva, il n'eut plus qu'à frapper les derniers
coups.
Ilavon, pour la première fois de sa vie, s'hu-
milia devant le pontife <lu Seigneur, il demanda
à uenoiix le pardon de ses crimes.
Il changea <lès lors si bien de vie, qu'ayant un
"litre un de ses serviteurs qu'il avait
il lui ordonna de lui lier les mains et
M- .' iiiluire en prison, ou il vécut trois jours
au l'Sin et ,\ l'eau.
UavoD distribua dans la suite ses biens aux
pauvres e* se fit reclus au milieu du pays qu'il
avait épouvanté par ses violences.
(.uidé par le fjlorieux saint .Amand, il devint le
grand saint Bavon. que les Flandres bel^ies recon-
naissent encore pour l'un de leurs glorieux
patrons.
S.tlST .VMAND A L'aBBAYE d'eLNON
Le plus célèbre des monastères fondés par
saint Amand fut celui d'EInon.
Ce fut là qu'il se choisit une petite cellule pour
y passer dans le silence les dernières années de
sa vie.
Son prand Age et l'épuisement de ses forces ne
lui permettant plus de se livrer à ses travaux
apostoliques, saint Amand se donna tout entier
a la formation des disciples qui devaient le rem-
placer; il devint abbé du monastère d'EInon.
Quelle vie laborieuse et austère ne dut-il pas
mener au fond de son abbaye !
Nous aimons à nous représenter ce vénérable
vieillard, le corps aiïaibli par l'à^je, mais l'Ame
vivante et vigoureuse, comme le type accompli
du moine.
In trait, échappé ù la plume si avare des chro-
niqueurs, justilie ces suppositions et nous montre
en même temps comment il entendait l'obéis-
sance dans ses disciples.
In moine du nom de Chrodobalde ayant reçu
l'ordre de préparer des clercs pour le service de
la communauté, promit, mais ne lit rien de ce
qui lui avait été ordonné.
Or, comme il venait excuser sa comluite auprès
du père abbé, il tomba soudainenicnt frappé d une
paralysie complcle de tous ses membres. Déjà
il était sur le point de rendre le dernier soupir,
lorsque saint Amand, qui ne voulait pas la mort
du pécheur mais sa conversion, le rendit à la
vie, non toutefois sans l'avoir sévèrement repris
de son opiniAtrelé et de sa désobéissance.
Ce très saint pontife fut jusqu'à ses derniers
moments un maître excellent, et ceux qui le
connurent trouvèrent en lui un guide aussi sage
qu'expérimenté.
MmHT PE SAI^T AMAND
Cependant, le temps approchait où le saint
vieillard allait échanger sa solitude d'EInon pour
le royaume du ciel.
Il avait combattu le bon combat, achevé sa
course, et maintenant il allait recevoir la cou-
ronne de justice qui lui était réservée.
Epuisé par l'&ue, par les labeurs de l'aposto-
lat et les .'lustérités de la vie monastique, il
acheva dans la paix son pèlerinage terrestre, au
milieu de ses enfants.
<■ 4e ne crains pas cette heure suj)réme, leur
disait-il, car la vie de l'homme doit être une
préparation continuelle à ce passa;.'?, mais c'est
plulAt pour vous que je crains, mes (Ils bien-
aim^'s, dont le salut m'<'sl si cher. ••
S'iiiant venir la mort, il voulut la recevoir
di'Mint l'autel de la Sainte Vierue; il s'y lit donc
irniivporter, et là, sous les regards de sa divine
Mère, soutenu dans les bras de ses disciples, son
Ame se dégagea sans effort et s'envola vers les
• ieux.
'.; \ l'i
- r ur KrAIioit 1", V.u.l.
SAINT ROMUALD
RÊFORMUTEUR DE LA VIE MONASTIQUE AU X' SIÈCLE — FONDATEUR DE L'ORDRE DES CAMALOOLES
Fête le 7 février.
BDCCATIOH
FRIVOLB
Romuald na-
quit au com-
mencement di:
X' siècle, à Rn-
venne, de la fa-
mille ducale de-
Honesti. Un'-
existence opu-
lente et les dé-
licatesses du pa-
lais paternel fa-
vorisèrent en lui
les passions de
la jeunesse ; ias-
qu'à '*ràge de
vingt ans il ne
connutguèreque
les amusements
et les vains plai-
sirs du monde.
Ses parents
étaient chrétiens
il est vrai, mais
de ces chrétiens
mondains, plus
animés de l'es-
prit du siècle
que de l'esprit
•Je Jésus-Christ,
dont la cons-
cience déloyale
et relâchée cher-
che une alliance
chimérique en-
tre le ciel et
l'enfer, entre le
Christ et Bélial.
Aussi, loin de
la réprimer, ils
favorisèrent une
vie de vanit»-
et de dissipation
dont ils don-
naient euï-mo-
mcs l'exempl'-.
Quelle intluenc
énervante et dé-
sastreuse ce>
demi - chrétiens
n'ont -ils pa-
eïercëe aussi en
notre siècle I
Cependant la
^ràce de Oku
poursuivait d'-
ses invitation?
l'âme de Ho-
muald . Plus
d'une fois, au
milieu des plaisirs de la chasse, la vue d'une soli-
tude avait attiré son cœur et provoqué ses aoupirs.
■' Heureux, s'écriait-ll, heureux les ermites qui
'••^curent dans c«s retraites où nul bruit du monde
x><iiiB la !>(^.i.uuo Ju Cauialdoli, saïut lluiuualU i onteiuple,
dans luie vision, les moines do son Ordre montant au ciel
rTkbIeau de SacUi, à Rome.;
ne venait trou-
bler la paix de
leur âme. »
Parfois aussi
il sentait s'éle-
ver dans son
cœur, naturelle-
ment généreux,
je ne sais quels
désirs vagues,
mais véhéments,
d'accomplir de
grandes choses
pour la gloire
de Dieu. Malgré
les passions et
les violences
d'une civilisa-
tion encore trop
peu avancée, il
v avait dans les
populations de
cette époque un
grand fonds de
foi qui pouvait,
à un moment
donné, produire
des merveilles.
.Nous en verrons
plus d'un exem-
ple dans la suite
du récit. C'est ce
levier de la foi
qui manque trop
souvent aujour-
d'hui ; aussi,
après être tombé
avec moins de
résistance, on a
rarement de ces
magnifiques ré-
veils de l'àme,
comme le x' siè-
cle en donnait
souvent le spec-
tacle.
conversion'
Lecroirait-on?
un duel fut l'oc-
raaion inatten-
due de la con-
version de Ro-
muald. 0 des-
seins cachés de
ra Providenre !
Sergius, père du
jeune homme,
s'était pris de
querelle avec un
parent au sujet
du partage d'un
pré. Suivant le
code barbare de l'époque, il en appela à la iip> i^ion
stupido du duel. Il voulut que son fils lui servit
de second dans le crimin»! combat. Romuald refusa
d'abord ; enfin, vaincu par les instances de son
4 ^,*M4f.^.
A.1Q
père, il consentit à être simple spectateur de la
lutte. La rencontre eut lieu, vive et brutale. Ser-
gius tua son adversaire. A la vue du sang répandu,
le jeune homme fut saisi de douleur et de remords.
Se considt'ranl comme complice du meurtre, il
résolut de faire une rigoureuse pénitence de qua-
rante jours.
Il se relira dans un monastère voisin de Ravenne,
appelé Classe, où se trouvaient les reliques du saint
martyr Apollinaire, disciple de saint Pierre et pre-
mier i;véque de Ravenne. Là vivait un Frère con-
vers d'une rare vertu; fréquemment il rencontrait
le jeune homme et, par de pieux d'scours, l'exhortait
à rester dans la vie religieuse. Mais Romuald pré-
tendait se contenter d'une pénitence de quarante
jours, et la parole du bon Frère semblait ne pro-
duire aucun effet.
Un jour enfin, comme inspire du ciel, il s'écria
dans son aJmr.'sble simplicité ; • Que me donnerez-
V0U9, si je vous fais voir saint Apollinaire T
— Je vous promets, dit Romuald, de ne plus
jamais retourner dans le monde.
— Eh bien ! reprit le Frère, veillez avec moi,
celte nuit, dans 1 église. • Ils veillèrent ensemble
deux nuit» de suite, et chaque fois, vers le chant
du coq, le bienheureux martyr leur apparut brillant
de lumière. Transformé par cette vision céleste,
Romuald prit la résolution de s'attacher à Jésus-
Christ pour toujours, et, les yeux remplis de larmes,
denanda la faveur d'être reçu parmi les Religieux.
C.eux-ci, craignant la colère de Sergius son père,
n'osaient le recevoir; mais rassurés par l'arche-
vêque de Ravenne, parent du jeune homme, ils
l'admirent avec une grande joie et lui donnèrent
l'habit de saint Rcnolt, fondateur de leur Ordre.
Dès les premiers jours, Itomuald pratiqua la
règle avec une grande ferveur. Il ne craignait
pas de reprendre ceux qui l'observaient mal. Son
zèle, peut-être un peu prématuré, ne teirda pas à
déplaire. Offusqués de ses vertus, jaloux de se voir
repris par un jeune homme, quelques moines, qui
ne s'étaient pas encore dépouillés des mœurs vio-
lentes de leur siècle, résolurent d'ôter la vie à ce
censeur auïlère. La Providence déjoua leurs desseins,
mais Romuald comprit que sa place n'était pas là.
Il obtint du supérieur la permission d'aller ailleurs
servir Dieu avec plus de ^liberté. Il quitta donc ce
moQustc^re, où il avait déjà passé trois ans et se
rendit auprès de l'ermite Marin.
hUllUALU socs LA C0^Dl.'IT( Ul HAIUN
Marin habitait un désert non loin de Venise, et
là se sanctillait dans la prière et la pénitence.
Romuald se mit sous sa conduite et flt de rapides
progrès dans la uiortiQcation et l'humilité. Il accom-
[lat'uait Marin a travers les solitudes et chantait
avi>c lui le^ psaumes; comme il n'avait pas de psau-
tier, il récitait l'ofQce par ctciir comme son maître.
Mais le vieux moine vifrilant ne laissait rien passer
)'t •{ le diw-iple oubliait un iiioi, un coup de baguetta
vil ir > ^''^-'^arroreilli-caurhevenaitau secours
d> ire. Uoinu.'ilii i rcevait la correction
«Il Au bout de quelque temps, ComiBe
il perdait l'oulr du cAté gancbc, il
Mi| it SMn maître de le frappar tur
l'<" ''' •bit alors qu'il corrigMil
ti" d'id mirât ion pour la
pli • il le tint d'^miais
•"n > . ..-c plus de douoenr.
lOHUALD Lt >H*.Nci — IL BiroKitK et ain.nrLa
LU Moisrtaas
Kn M temps-lfc, Pirrr<- Lrséole, dogt do Vaniae,
c'esi-a-dire pr<'ttd.>nt di* cette ilUslra république,
3
quitta son rang, sa splendeur, ses richesses, et pour
être plus tranquille dans son renoncement et son
humilité, il quitta encore sa patrie et s'en vint en
France, au diocèse de Perpignan, embrasser la vie
monastiaue au couvent de Saint-Michel-de-Cusan.
Un président de république se faisant Religieux, cela
ne se voit pas tous les jours; en notre siècle, au lieu
d'imiter les Religieux plusieurs préfèrent les expulser.
Romuald accompagna en France Pierre Ijrséole et
se retira dans un désert voisin de l'alibaye de Saint-
.Michel. Durant trois ans, il s'y prépara Aam une
vie de contemplation, d'austérités et d'- prières aux
œuvres auxquelles Dieu le destinait. Après ce temps.
Dieu lui inspira de se mettre à réformer les couvents
Bénédictins, car beaucoup avaient perdu leur ferveur
primitive.
Malgré les difficultés, les contradictions et les
périls de tout genre, il en ramena un grand nombre
à la parfaite observance de leur sainte rècle; il
bâtit même jusqu'à cent nouveaux monastères tant
en France qu'en Italie.
Réformateur et fondateur, il donnait, le premier,
l'exemple des plus grandes vertus. Il cultivait la
terre et se nourrissait ilu travail de ses mains. La
vie des saints était sa lecture ordinaire; il imitait
leurs jeûnes, leurs veilles, leur prière continuelle.
Sa dévotion pendant l'oflica était extraordinaire ;
I ne souHrait pas que l'on y sonuneillnt, et si quel-
u'un tombait dans cette faute, Romuald lui défen-
ait de célébrer la Messe. « Il vaut mieux, disait-il,
ne réciter qu'un psaume avec ferveur, que d'en dire
c«nt avec nonchalance. >
L'obéissance était la vertu qu'il aimait davan-
tage, il la recommandait sans cesse, et l'un de ses
moines ayant quitté le compagnon qui lui avait été
donné, Romuald ordonna qu'àsa mort on l'ensevelit
en terre profane.
mrrATioNs DO aiitOH
Une perfection si constante, et la sanctification de
tant d'âmes dans de saints monastères, ne pouvaient
qu'exciter la rage de l'ennemi di' tout bien ; Satan
essaya de tout ruiner en perdant Romuald. Il lui
représenta d'abord les joies du monde i]u'il avait
c|uitté, et l'inutilité apparmte de sa vie. A quoi
bon tant de veilles. Je pénitences, de prières, de
fatigues, quand il pouvait nienrr une vie douce et
brillante au sein de sa riche et noble famille?
Etait-ce à un gentilhomme coinnie lui, qui avaitreru
de l'éducation et ceint l'épée, de passer sa vie sous
un froc d)' moine, dans des occupations sans t;l'>ire.
travaillant la terre comme un serf de son père ?
Poursuivi par ces pensées perfides, le saint Reli-
gieux élevait son Ame vers Dieu avec plus de fer-
veur et d'humilité ; il le suppliait de venir à son
secour>, déclarait qu'il préferait son divin amour à
tout If reste, et la tentation était vaincue.
Li fureur de Satan en devint pi;; < -'r.- «nn-
tAt il lui apparaissait sous d'tiori il
I*,. fTr .viit ]r^ T^'r'! P^r H** ■'«"■ .*..■. , [ .,
11. ■ : ; I ' 1 . ' I"*
11. j..-.--. 1 -;il .1 li k' tj.:Lij M. !'.;:: M«,
il prenait la forme d'un honme hideux, se i^iait
sur lui, le renversait à I«it«, le foul.iil aui p^ds,
et s'appesantissait sor lui poar i 'toufT^r.
Pendant riiiq ans, 11 Itit I;rr,-i 1,^ pi i* 'nrienl
rombats, mais Romuald < .'«.
• 0"o*. 4i'nil-ll, tu as é|. n
.1 lontrer ta honte. V.i !<•,
nt ! ■■ I '•••prit d'nt .
I
'I r<i;ipli««au «on «inc de joiet
intérieures inexprimables. C'était comme un avant-
goùt du ciel, qui le déilommageait amplement de
ses sacrifices et lé remplissait d'ardeur pour dcnou-
Yeaux combats.
CONVERSION D'oUB.\N et DE SERGIGS — PIÉTÉ ÉTRANGE
d'une population grossière
Oliban ou Olivier, puissant seipneur catalan, était
tristement célèbre dans le pays, par ses violences
et ses injustices. Romuaiid le convertit si parfaite-
tement que le comte renonça au monde, se retira
dans le monastère du Mont-Cassin, en Italie, et y
acheva pieusement sa vie dans les exercices de la
pénitence.
Le duc Ser'gius, touché à sou tour par les magni-
flques exemples de son fils, se rappela lui aussi
qu'il était chrétien; il fut saisi de repentira la vue
des désordres de sa vie passée et résolut de les
expier par une sincère pénitence. S'arrachant donc
à ses habitudes mondaines et à tout ce qui pouvait
gêner son entière conversion, il se renferma au
monastère de Saint-Sévère, près de Ravenne. D'abord
tout alla bien et le vieux duc était heureux de ses
sacrifices. Mais le démon pouvait-il laisser échapper
ainsi une proie dont il avait été si longtemps le
maître? Sergius devait donc s'attendre à la tenta-
tion, mais il ne connaissait pas assez la malice de
l'ftnnemi. Mille tentations de tristesse et de décou-
ragement vinrent assaillir son âme et il eut le
malheur d'y prêter trop complaisamment l'oreille;
de 1& des regrets de ses festins, de sa splendeur, de
ses plaisirs ; de là le dégoût de la vie religieuse.
Romuald apprit avec douleur que son père son-
geait il rentrer dans la vie mondaine, et annonça
qu'il allait quitter la France pour aller au secours
d'une àme si chère.
A celte nouvelle, les habitants de la localité où il
vivait furent dans la désolation. Regardant Romuald
comme un (.-rand saint et le protecteur du pays, ils
ne pouvaient se résoudre à le laisser partir. Leurs
instances furent inutiles ; alors, par un trait sin-
gulier d'une piité aussi peu éclairée que naïve,
cette population grossière forma le projet de tuer
le Saint, afin de consener au moins ses reliques.
Romuild eut connaissance de leur complot barbare ;
comme autrefois Uavid à la cour d'un roi philistin,
il contrefit l'insensé. A cette vue, les habitants le
méprisèrent et le laissèrent aller où bon lui
semblerait.
U accourut donc auprès de son père, lui repré-
senta vivement le malheur de son àme, s'il aban-
donnait la vie religieuse pour se jeter de nouveau
au milieu des dangers du monde, lui ouvrit les yeux
sur le piège que lui tendait le démon, le consola et
l'encouragea si bien, que le bon vieillard reprit
avec joie ses pieux exercices, persévéra dans la
pénitence et la prière et plus tard mourut en odeur
de sainteté.
Apre» cette victoire, le Saint se relira dans les
marais de Classe et s'y bâtit une petite cellule.
Le démon le suivit dans celte retraite. Il le tenta
d'abord par des pensées de tristesse et de découra-
gement. Puis il recommença h le battre. Un jour
qu'il l'avait accablé de coups, le Saint s'écria : '< Mon
bien-ainié Jésus, pourquoi me délaissez-vous dans
met peines ; pourquoi m'avez-vous livré au pouvoir
de met ennemis : » Vaincu au nom de Jésus, le
démon s'enfuit, mais il excita contre le Saint de
mauvais moines. Ceux-ci lui firent une guerre
longue et cruelle ; Dieu les punit et, voulant prépa-
rer ^"H jervileur à de nouveaux labeurs, il lui
reii'lit -.1 «anlé ':brtnlée par l'austérité et l'air
malftam des marécage?.
INFLCKNCE D UB S.\INT SUR LES GR.IND3 BB CE UONSE
A cette époque, le monastère de Classe était, s^rs
abbé ; l'empereur Olhon III devait y pourvoir, mais
il laissa aux moines la Lberté de l'élection. Leurs
voix se portèrent sur Romuald. L'empereur avait
entendu parler du solitaire; il confirma le choix
des Reliiiieux et voulut voir lui-même celui dont on
louait l'érainente sainteté. Romuald reçut son au-
guste visiteur du mieux qu'il put, lui céda son
pauvre lit de paille, lui donna de sages conseils,
l'édifia par ses vertus et exerça dès lors sur ce
monarque une salutaire influence. U apprit avec
une vive tristesse que le prince voulait le voir
accepter la dignité abbatiale ; il y consentit cepen-
dant pour lui être agréable. Mais bientôt, vciyunt
l'indocilité de ses nouveaux disciples, il donna sa
démission et alla en prévenir l'empereur qui assié-
geait alors Tivoli. Le saint ermite sauva cette ville
que le prince irrité voulait détruire à cause de sa
révolte. A l'occasion de cette guerre, l'empereur
Othon et son favori Tham avaient commis deux
grands crimes, aussi cruels qu'infâmes, le Saint
leur inspira un profond repentir et ils en firent une
pénitence longue et sévère.
Touchés de ces exemples, plusieurs .-eigneurs de
la cour se convertirent, entre autre Busclavin ou
Boleslas, fils d'un prince slave, et Boniface, fils du
roi de Pologne et parent de l'empereur. lisse mirent
sous la conduite de Romuald et devinrent de fer-
vents Religieux.
Boniface alla plus tard en Russie prêcher l'Evan-
gile, et y convertit une multitude d'àraes, entre
autres le grand prince de Russie, mais il fut mis à
mort, l'an 1009, par l'ordre des frères du roi. Plu-
sieurs autres disciples de Romuald souffrirent le
martyre chez les Slaves.
Romuald soupirait après le même bonheur, conver-
tir les païens et verser son sang pour Jésus-Christ,
quelle joie ! mais Dieu avait sur lui d'autres desseins.
Aussi à peine se fut-il mis en route pour la Hon-
grie, qu'il fut arrêté par la maladie. Il revint donc
sur ses pas et continua ses réformes et ses fonda-
tions. Les calomnies et les persécutions des hommes
lui servirent de martyre; en môme temps il se
mortifiait par le silence et une abstinence sans
égale.
Plus tard saint Henri U, successeur d'Othon, vou-
lut s'entretenir aussi avec Romuald. Il l'appela à la
cour, lui témoigna les plus grands égards, le con-
sulta sur des points importants et lui donna le
couvent du mont Araiate, en Toscane, pour y éta-
blir des Religieux formés à son école. La faveur des
finissants ne lui donnait point d'orgueil; son hunii-
ilé était si grande qu il ne pouvait souffrir la
louange. Les disciples qui l'accompagnaient avaient
soin d empêcher qu'on parlât de lui en sa présence;
car le louer était le plus sûr moyen de le chasser
d'une compagnie.
DON DES LARlilS tT DE PROPHÉTIE — MIRACLIS
Nous ne saurions raconter tout ce que lit Romuald
durant les longues années qu'il passa sur la terre :
ses voyages, ses travaux, ses soutirances. ses vertus.
Il jouit à un haut degré du don des larmes. Il ne
pouvait célébrer la m«sse sans pleurer, et pi'iiilant
son oraison, vaincu par l'émotion et ravi en exla^e,
il s'i'i-riait : •• Jésus, mon cher Jésus! 0 doux miel,
iiv^fTible désir, délices des saints, suavité des ange? ! u
11. ' : ■ .s avaientcomiue lui le cidii ■1>'5 lar-
I idez pas trop, disait-il a -■-- moines,
eii' - iii.iii'ii--'iil la vue et font mal à la t''''i^.
Arrivé à une extrême vieillesse, il jeiltian -.icore
tous les jours, et, pendant l*» can'nie, t r 'entait
d'une écuelle de légumes à son unique repas. Ingé-
nieux à se mortifier, il se faisait quelquefois apporter
des mets plus délicats et, quand son appétit était
bien excité par leur présence, il se disait a lui-
même: " Ptomuald. voilà un morceau bien apprêté,
tu le trouverais fort de ton goût... eh bien! gour-
mand, tu n'y toucheras pas. » Et il n'y touchait pas.
Et cependant cet homme austèrej aux épaules
déchirées par de rudes cilices, n'était point triste et
morose, mais plein de douceur et de joie, afTable
envers tous ses Frères.
St>s exemples et ses paroles exerçaient une admi-
rable influence dans les pays qu'il nabilait. Pendant
un séjour dans la province de Camérino, il convertit
beaucoup de pécheurs et transforma le clergé peu
vertueux de I endroit, en lui apprenant à vivre en
communauté comme les Religieux ou les chanoines
rétuliers.
Il eut également le don de prophétie et jouit de
lumières surnaturelles pour écrire sur les psaumes
et comprendre les Saintes-Ecritures. Ses miracles
furent sans nombre. A son ordre on abat un arbre
penché .--ur sa cellule; le Saint y reste enfermé mal-
gré les prières de ses Religieux et l'arbre tombe du
côté opposé. Un chêne roule du haut d'une mon-
tagne entraînant avec lui un paysan; on le croit
écrasé par ce poids immense ; mais Romuald était
là et le paysan se relève sans le moindre mal. Un
Iteligieui est tourmenté d'un violent mal de tête;
le Saint lui souffle au visage et la douleur disparaît.
Un moine incorri|;ible veut attenter à la vie du Saint ;
le démon le saisit à la gorge pendant la nuit et veUt
l'étouffer; le moine invoque l'assistance de celui
qu'il voulait tuer; Romuald apparaît, chasse l'esprit
d'j ténèbres et rend à son ennemi la vie de l'ilme
en lui sauvant celle du corps. Le pain qu'il a tou-
ché, l'eau dont il s'est servi opèrent des prodiges.
Je n'en finirais pas, dit saint Pierre Uamien, son
historien, si je lapporlais toutes les merveilles qu'il
accomplit. Or saint Pierre Uamien fut l'un des plus
savants personnages de cette même époque.
PONOATION DES CAMALDOLIS
L'année 1009, Romuald, âgé de >:enl deux ans,
s'était retiré au sommet des Apennins. Après s'y
étri: promené dans un champ fertile, il s'était en-
dormi auprès d'une fontaine. Il eut alors un songe
extraordinaire : ses Relieicux, vêtus non plus de
n^ir.mais de blanc, montaient au ciel par une échelle
[ii\ s rieuse semblable & celle de Jacob. A son
i> w il, Romuald alla trouver le comte Maldoli, pos-
*f--eur de celte terre cl la lui demanda. Le comte
av.iit eu la même vision; il ac(|uiesça de suite au
.l.'^ir du Saint et bientôt une église et un cloître
- . Irvèrent en ce lieu. Le monastère fut appelé Ca-
-. :l l'ii par abréviation de campn M'if'iofi, c'est-à-dire
: I; Lui|i dr .Maldoli. Romuald prit l'habit blanc et
• iiiiiii'nça, avec queliiucs llt-ligieux, une vie toute
!. -le. Il leur donna la règle de saint Uenoll arec
de lâ'pu'.clles observances.
Tell' ("it l'oricine de l'Ordre àti CamalduU$, rt-
I ! ! t '- ' Mictin.
\ 1.1 vie cénobi-
n'inuald fonda un
\ q.ii voulnii'nt, à son
la VII
. t ,.
avait pour
|.ouvait diri'
U ineiw, » il cl«it piélje, «-t «Ldil eitlouré d'un petit
jardin clos de murs. Au centre de ce village monas- •
tique s'élevait une vaste et belle église. Plus tard, |
l'établissementtout entier fut entouré d'une muraille '
et, à l'entrée, près d'une chapelle dédiée à saint ]
Antoine, le patriarche des Pères du désert, étaient i
les cellules des portiers chargés de recevoir les postu- i
lantsetles hôtes. On apportait du monastère voisin
les choses nécessaires à la subsistance des solitaires. <
Un silence presque perpétuel toute l'année, absolu J
pendant le Carême, favorisait la prière. \\ii. heures ]
fixées par la règle, la grande cloche de l'église reten- \
tissait sur la montagne, et tous les ermites se ren- ■.
daient à l'église pour chanter l'oflice, sans que ni le i
froid, ni la pluie, ni même la neice, fréquente sur ,
ces hauteurs, ne pussent les en empêcher. Un supé- |
rieur, appelé le maieur. avait la direction de tout |
Vermxtage. Ce genre de vie ressemblait assez à celui \
des Chartreux.
Une troisième catégorie de Religieux complétait '
l'institut monastiaue de saint Romuald : c'était celle
des reclus. Le reclus s'enfermait ou même se faisait <
murer dans sa cellule, et n'en sortait plus. Il ne
fiarlait qu'au Père supérieur et au Frère chargé de |
ui porter les choses nécessaires à la vie. Entiè- '
renient séparé du monde et de ses préoccupations,
renfermé comme dans un tombeau anticipé, il j
achevait ses jours dans une grande austérité et
une prière presque perpétuelle. Mais pour vivre en i
reclus, il fallait en obtenir la permission du supé-
rieur, et celui-ci ne l'accordait qu'à des Religieux
éprouvés, qui étaient restés déjà longtemps dans
l'ermitage et qui paraissaient appelés de Dieu à .
une perfection plus grande. '
On voit encore à Camaldoli la cellule de saint
Romuald. 11 y vécut plusieurs années en solitaire et '
en reclus.
I
MORT 0( SAIMT BONUALD A l'aCI DE CENr-VINOT ANS
Enfin, sentant approcher le terme de sa longue |
carrière, il se rendit au monastère du Val-de-
Castro, et s'y fit bâtir une mod<*ste cellule avec un i
oratoire. Vingt ans auparavant, il avait prédit qu'il ,
mourrait en ce lieu. j
K peine eût-il pris possession de ce dernier gite, |
qu'il sentit ses forces décliner rapidement. Malgré '
1 oppression de sa poitrine, le vi-ni-rable vieillard ne i
voulut pas s'étendre sur son lit, ni cesser sesjeûnes. ■
Un soir, après avoir renvoyé les deux moines qui ]
se trouvaient avec lui, il s'endormit dans le Seigneur. :
C'était le t9 juin 1027. il était âgé de cent-vingt"
ans, en avait passé vingt dans le monde, trois au |
monastère, et quatre-vingt-dix-sept dans la vie <
érémitique. Les miracles se multiplièrent a son tom-
beau et cinq ans après sa mort, ' ses Religieux
reçurent du Saint-Siège la permission de lui rendre
un' culte public. Son corps fut retrouvé intact,
4411 ans après, en 1467. — En 1481 set reliques^
furent transportées à Fabriano, dans un couvent de '
M)n Ordre, et c'est au jour de cette tran'>lation, le ,
7 février, que l'Kiilise f.iit sa fête.
L'Ordre des Camaldiiles, fondé par saint Romuald, ,
;an- ;
. .land
t produit beaucoup d'illusiri' ■•' •■
il sul>•>l^te l'iicore, bien que ■
1 lies, et en ce siècle il •• ■•.
Pape, Grégoire XVI. pi \.
I>a vie i!> -.Linl li'ii: t
Oamien.
' '^t l'un '
dus int
|ue l'on
luu de? '' •
IKglise
fleurs que iiuUc ïivUu utgucUlrui pjuiiail luicnvicr
Pierre
-li>e,
1 les^
c«l âge ■
an nii- i
[aif.-gtranl : PiTiiiiuaT, i, rue ti4u^wi* 1*', I'j:.'
SAINT JEAN DE MATHA
FONDATEUR DK I/ORDRE DES TRINITAIRES
Fi^le le 8 février.
Débarqués sur les rivages chrétiens, ils conduisent avec honneur et en procession, leurs
captifs ornés du signe de la croix, dans la maison de l'Ordre qu'ils avaient fondé, et où
ces captifs sont accueillis par les Frères ayec grande joie et charité.
Kuphnme i\v Matlia el sa pieu?e épouse, Marthe
■le Mar'a. j"aflhgeaient praiiflement, en leur
manoir de Faucon, de navnjrpas d'Iii-iilicr La
Sainte Vierge, un jour. ".Vha le- lannes d.' Marthe
'Il lui r(«iélaiil quelle <>erait mère d'un enfant
pur cf.mmo un antre, et qui rendrait la liherl.'- à
lin i-'rand nonihre de ses fri'-re».
l/enfanl vint au monde le 2.1 Juin ll.">4 et
reriii If lendemain, au liapt^tne, le nom de Jean-
Itaplisle, en l'honneur du saint Prérurseur, dont
l 'r'I.nit la fiMe.
A dix ans, le petit Jean, instruit par les ange-,
tu. dans la chapelle du Mateau, le vœu Je
virginité.
■iG
Ses parents s'étant rendus à Marseille, on
rapporte que sa mère voulut, par une inspiration
du ciel, exercer la charitô dt- celui qui serait le
rédempteur des captifs, en lui faisant visiter les
pauvres iialériens; il les aimait et les cousolait
déjà par ses paroles encore enfantines.
A ràiie de faire ses humanités, il fut envoyé à
Aix. ou il lirilla par ses succès dans les études
comme par la pureté de ses mœurs. C'est là que,
fuyant les fau\ plaisirs de ses compai:nons, il
soii;;ea à se rftirijr au désert de la Sainte-Baume,
illustré par Marie -Madeleine; il y lit un assez
Ion;: séjour, adoptant la coutume qu'il s'efforça
de conserver ensuite, de jei'iner quatre fois la
semaine et de s'imposer de rudes pénitences.
C'est au milieu de ces austérités qu'il reçut du
ciel le don d'une f)ureté parfaite et la faveur de
n'être plus jamais tourmenté par l'esprit mauvais.
Cependant son père, contiant dans la promesse
de la .'•ainte Vieine, que son lils délivrerait beau-
coup de ses frères, se représi-ntiil le brillant
héritier de son nom, ceignant l'épée, battant les
musulmans et revenant couvert de (,'loire. Jean
é outait son père en silence, l'ne voix intérieure,
d'autant plus certaine qu'elle se faisait entendre
sans bruit de parole, lui avait dit qu'il raclièterait
ses frères, mais qu'il ne les rachèterait pas à la
pointe de son épOe, comme les chevaliers de la
milice terrestre. Comment donc les rachéterail-
il"? Il riiîiiorail encore lui-même. Rarement Dieu
se révèle complètement, car si les saints voyaient
toujours, s'ils savaient toujours le ]H>itrijuvi de
liieu, où serait leur foi aveuule, leur obéissance
liliale, leur mf'rile surnaturel'.'
Jean ne savait qu'une chose, mais ponr le
inr>iii(>iit il en savait assez : Dieu voulait qu'il
renoiiçAl a la jiloire de ce monde pour se consa-
crer ail service de l'KsIise. Il obéit donc et sup-
plia son père de lui faire apprendre, non le métier
des armes, mai- la tbéolopie. Son père et sa mère
furent atterrés; mais, en parents chrétiens, ils
adorèrent les desseins de Uieu sur leur enfant et
l'envoyèrent, malgré la douleur et les périls du
voyage, à l'ari.s, où s'ensei^Miaient alors avec le
plus d'écht les sciences théolof;iques.
Arrivé k Pari», Jean s'arrêta près du tombeau
de sainte Ceneviève, patronne de l'aris, et lui
conlia le succès de ses études. C'était l'an de
ffràce 118(1, il avait \inpt-six ans.
I.es progrès de Jean furent rapides, car il tra-
vaillait pour l'amour, et par conséquent avec
l'aille de Dieu. Cependant, troublé un jour,
comme le sont parfois les ftmes les plus vail-
l.inl»'», il fut encnurayé par une voix lui disant :
« Ktudiez la sagesse, d mon (Ils, et réjouis.sez
mon cd'ur. •■
Il ■ ■
api
les ùiiii< ijiii
cité et une
furent r.i"
vénéré I
'•ieî» -t
ha.:
I
1 d'elTorls, et un jour qu'il était
■ uir seul une thèse, il résolut toutes
- delà thénlotMi' avec une telle \i\a-
telle préeision que ses maîtres en
.!• ,.l.>.,. .1.,.., Il ,'.iaii, d'ailleurs,
|iii, .'i leur insu et au
-.« premiers auxi-
1 'ciivre de la redi-mplion des captifs.
- lie Jean de .Matli.i lui conseilli;rent
de prendre ses grades et il'enseigiier. Il hésita,
se deni.iiiil.'i oi tell<> était vrninienl la volonté dH
llii'U. Mais <)uand on lui eut fait entrevoir le bien
A ncc<iiii|ilir, il céda et •« prépara, par la prière
encori- pliM que par l'étude, h l'éprcuvi- des
rinmens. il fut r»eii maître es art», baihelier,
licencié, et < ii nr.
Un de se* * dit que, du haut de sa
chaire lie di'i I' nr. i m III autant de lunltre" <■!
de saints qu'il comptait de disciples. Cependant
il n'était [Jas encore prêtre. Il cherchait sa voie,
quand l'évéque .Maurice lui dit de ne point tarder
à entrer dans les Ordres, car il voulait employer
son zèle à l'apostolat des étudiants, l'our obéir,
il se prépara au sacerdoce par un redoublement
de piété, et quand 1 évéque lui imposa les mains,
il plut à Dieu de montrer aux hommes la sainteté
de son serviteur. L'ne colonne de feu reposa sur
la tète du nouveau prêtre et manifesta l'onction
du Saint-Esprit qui opérait dans son àme.
DIEU HÉVÈLB .\ JE.W S.V MlàSIO.N
Le bruit de ce prodige s'étant répandu, une
nombreuse assemblée se réunit dans la chapelle
de l'évéque, pour entendre la |ireniière messe
célébrée par Jean de .Matba. Les abbis de Sainte-
Geneviève et de Saint-Victor étaient présents.
Tout à coup, au moment de la consécration,
lorsque Jean élevait l'Hostie et que tout le peuple
était en prière, on vit le visaye du Saint resplen-
dir d'une lumière surnaturelle et ses yeux se lixor
au-dessus de l'autel sur un spectacle invisible
aux assistants.
L'extase se prolongea longtemps, et le visaee du
Saint ayant enlin recouvré son calme, il continua
le sacritire. Dés qu'il eut achevé, on l'interrogea.
Il dut obéir et parler, mais il le lit avec d'autant
plus de peine que ce qu'il avait à révéler anéan-
tissait les espérance» fondées sur lui pour la
sanctification des étudiants de Paris.
" J'ai vu, dit-il, quand j'élevais l'Hostie, un
ange tout blanc, avec un vêtement brillant, por-
tant sur la poitrine une croix de couleur rou:.'e
et bleue; ses bras se croisaient et il présentait
les mains à deux captifs, l'un chrétien et l'autre
maure. Ils étaient à ses pieds dans la posture de
suiqdiants. »
Jean se souvint des attraits de son enfance, et
des promesses de la Vierge avant sa naissance. Il
comprit quelle était la destinée u'iorieiise à laquelle
Jé-tus le préparait depuis tant d'années, mais il
ignorait encore coninieut il pourrait corres-
pondre à celte prAcr et accomplir les proili^'cs
que lui annonçait cette vision. Sur le conseil de
I évéque el de l'abbé, il partit donc pour Home,
dans l'intention de chercher auprès du Vi.aire
de Jésus-Christ la lumière que Dieu ne >l<>nne
dans toute sa plénitude qu'A son représentant
sur la terre.
Pendant que ces prodiges s'accomplissaient à
Paris, en faveur de Jean de Matlia, Dominique de
Cuzman, à Palentia, en Kspapne, était l'objet de
faveurs semblables, car le rej/ard de Dieu se repo-
sait avec une égale complaisance sur ces deux
Ames pures et dociles.
Dominique ('tait tout proche de '■ ' ■ - lin
des Maures, quand une femme, afili m
de son Irére, tombé entre les mains ... - ■!• l.^,
vint un j.iur se jeter à ses pieds.
' obteiiet-moi de Dieu, disait-elle, la liberté
de mon frère, ou procurez-moi l'argent pour le
ra.|iet>.r. »
Dominique, ému, lui répondit :
■ Je ne puis rien pour >.lt. fr. re. m par m<s
prières, ni par rae» biens. i i
•mais ce que j'- rmi". je »■ in
le Maure a sa place; ditei-li>"i ou Ip Imutei.
— A Dieu ne pl.iisc! repartit la femme je ne
veux que ■ H. n
Dominij terna devant «on Tucinx et
p.irla à Dnu du II I dei captif». Je ' - iM,.
rar la prière ib- 'nint« n'e«l pa ' i
■■iiivent la lo'itre. ïiiif fri'ide i.njen laluie
de mots. Les saints aiment Dieu; ils lui parlent
comme on parle à ceux que l'on aime, et Dieu,
touché de leur amf'Ur, s'abaisse vers eux et
répond à leurs prières ardentes.
Dominique était donc agenouillé, et son cœur
de saint s'épanchait dans une fenente oraison,
demandant à Dieu la faveur d'être employé au
rachat de? captifs. Dieu lui répondit :
« Mon fils, j'ai d'autres desseins sur toi ; je ne
veux point t'eniployer à racheter les esclaves, mais
à convertir les hérétiques. Pour le rachat des
captifs, j'ai choisi un Jeune homme selon mon
cœur et dont le zèle s'^-tendra au loin; c'est un
docteur de Paris appelé Jean, et tu le connaîtras.»
Comme tous les saints, Dominique était un
docile instrument entre les mains de Dieu. Il
renonça aux ambitions de son dévouement, et
son obéissance le prépara, mieux que ne l'auraient
fait ses vœux les plus ardents et les plus saints,
à Iri grande mission que Dieu lui destinait.
Jean de Matha était parti pour Rome, rempli
du désir de suivre la volonté de la Providence.
Cependant, coopérer aux desseins de Dieu, être
employé par lui aux œuvres de sa L'râce, [rendre
part avec lui au salut de ses frères, est une faveur
si (grande que les saints eux-mêmes n'en sont
pas toujours et tout de suite di;;nes. La sainteté
de Jean était srande, mais sans doute elle n'était
pas encore parfaite, car il dut attendre encore
longtemps la récilisation des promesses de Dieu
sur lui.
TKNTATIO.N — SOLITUDE ET PRIÈRE
• SAlîiT FÉLIX DE VALOIS
Le château de Faucon était sur la route de
Rome. Jean aimait tendrement ses parents, il eut
la tentation de les revoir une fois encore sur la
terre et il y alla. Sans aucun doute, cette action
nous paraît bien simple, bien naturelle. Elle le
serait pour toute personne appelée seulement à
la pratique des commandements, mais il est des
:\mes plus privilégiées, que Dieu a réservées pour
lui seul: celles-là surtout doivent se souvenir de
la parole du divin Maître : « Celui qui aime son
père et sa mère plus que moi n'est pas digne de
moi. '•
A Faucon, le jeune docteur devint hésitant.
Son père et sa mère contribuèrent peut-être à
l'ébranler, car les parents, même les plus pieux,
ont parfois un instant de faiblesse quand il s'ai-'it
de la perfection de leurs enfants. La perfection
ne s'acquiert pas sans l'épreuve. Souvenons-nous
de la Très Sainte Vierce Marie, le modèle des
mères, et certainement la seule qui ait accepté,
dans toute la ferveur et l'élan de son cœur, le
sacrifice et les douleurs de son VWs. Elle n'a pas
hésité, mais un glaive de douleur a tran^pené
son âme Les. pauvres mères ont souvent le
tort de ne pas accepter toujours et compl^'lemcnl
ce ylaive de douleur. Il est possible que Mailbe
ait eu ce tort pt que. pour la première fois peiil-
••trp. elU- n'ait pas asspi compris que les enfants
sont à Dieu avant d'être à leurs parents. Sa yénéro-
sit^ n'alla pas probablement jusqu'à vouloir, pour
son cher enfant, les diflirultés, les travaux et les
dancer'ins"'parable«d<- toutes les crande^o'uvres.
Jean reprit donc la roule de Pari- et renonça
au voyaiie de Home. Mai« bi^nlAt. poursuivi par
l'E'pril de UiPii, il s'enfuit dan» le d'->-erl et alla
1^1 ■ r sa vie dans une caverne située dans le
1 ■ de Menux et déjà illustré par la retraite
I' ■- 'il Fiacre. Il y resta six à «epi mois Ayant
.1"!- ippn» qu'un solitaire, rempli de» dons de
|ii<u, vivait dans b-s environ», il sp mit à «ri
I recherche, brûlant du désir de vivre dans sa
I dépendance et d'appreudre de lui la volonté du
I ciel.
Ce solitaire était Félix de Valois-, descendant
des rois de France. Il avait soixante-dix-sept ans
etavait véiu de lon^-ues années sépiii-^ du monde,
quand il entendit une voix lui disant : « Voici
celui que tu attends. » Félix qui, depuis quarante
ans, attendait dans la prière et les austérités la
manifestation de Dieu sur lui, se h.Ua d'aller
au-devant de celui que le divin Maître lui annon-
çait. Les deux Saints se rencontrèrent providen-
tiellement et se reconnurent sans s'être jamais
vus. Ils entrèrent alors tous deux dans l'ermitage
et préludèrent par une fervente oraison aux com-
munications que chacun attendait l'un de l'autre.
Chacun, intérieurement, se croyait disciple et était
heureux d'avoir trouvé un maître.
.\près avoir imploré les lumières de Dieu, les
deux Saints se racontèrent leur vie. Nous coa-
naissons celle de Jean. Quant à celle de Félix, il
la résuma dans ce court récit, qu'il confia à Jean
sous le sceau du secret :
« Je suis, dit-il, prince du sang royal; j'ai
quitté la cour il y a quarante ans; j'ai vécu à
Clairvaux, avec saint Bernard, dont les miracles
et les œuvres out rempli l'Efrlise; j'ai eu de
terribles assauts du démon, je l'ai vaincu, et j'ai
trouvé dans la solitude d'ineffables délices, l'ne
voix m'a annoncé votre venue et m'a dit tout à
l'heure : " Le voici. »
Ainsi parla Félix. Les deux Saints se deman-
dèrent ce qu'ils devaient entreprendre, et tous
deux convinrent qu'il fallait prier et attendre
la manifestation de la volonté de Dieu. Mais,
comme il ne faut jamais attendre pour pratiquer
la vertu, ils se mirent aussitôt à l'œuvre de leur
perfection et établirent une règle pour l'oraisou,
l'office, le repas et les entretiens spirituels.
L'n jour, ils s'étaient réunis à l'écart pour
prendre leur repas commun et arroser les racines
dont ils se nourrissaient avec l'eau jaillissant
d'unesource voisine. Loin du re.ard des hommes,
ils parlaient de Dieu, quand tout à coup ils
aperçurent un cerf d'une blancheur éclatante.
L'animal buvait l'eau de la source, quand soudain,
relevant la tête, il leur montra, encadré dans son
bois, une croix lumineuse aux couleurs bleue et
rouse. C'était la croix inscrite sur la poitrine de
l'antre qui avait paru lors de la première messe
de Jean de Matha.
La même vision se présenta plusieurs fols. Le?
Saints prièrent encore et comprirent qu'il fallait
aller au secours des captifs, dont l'an^'c aux
deux couleurs avait présenté les chaînes. El
comme, un jour, ils s'en retournaient, demandant
à Dieu, dans une fervente prière, s'il ne fallait pas
aller ,i Home, un anee leur enjoignit do ne point
tarder. Ils résolurent donc d'aller soumettre leurs
lumières et leurs visions au Souverain Pontife et
de lui dire : " Nous sommes vos ouvriers, envoyci-
nous où il faut aller. >>
Avant de partir. Ils promirent à leur petite
famille monastique de leur rapporter des ordres
positifs pour le service de Pieu, et nommèrent re
loiivent, formé de cavernes et de cabanes, Ccr-
froid (CtTViif frigiiiuf ', nom qu'il porte encore
aujourd'hui et qui rappelle le prodige du cerf
mimruleux.
Les deux pèlerins accomplirent leur voy.-i_. .
Cependant iU étaient .i pied, mais quand J' :i
«'•■tonnait que Félix de Valois, nialyré sesquaîi'
viii:.'tsan«, supportai si facilement les fati.ui - .iu
' lieniin, ■ eliii-ri répondait : • Je \ois l'an-i .lu
J
S'ii'iieur qui nnus iiiiide et il me Jonue la main
rlia<|ue fois (]ue je vais tomber. »
Us anivéïeut à Koine le i sepleiuhre 1198. Les
deux pèlerins prii.Tent saint Pierre avec ardeur,
et le prince des apôtres ne resta pas sourd à
It'urs supplications, car, la nuit suivante, le Pape,
<|ui était alors Innocent III, vil un an^'e lui annon-
lant que des envoyés de Dieu solliciteraient ses
laveurs.
Kn elTet, le surlendemain, J''an de Mallia et
Félix i-laient à ses pieils, lui l.iis.iiit le r-'-cil des
nierviilleux avertissements qu'ils avaient reçus
du liel et lui exposant leurs espérances.
l.f Pape, loin de les repousser et reconnaissant
d'ailleurs en eux les envoyés annoncés par
l'an^ie, ne voulut ii'pcndant rien promettre avant
d'avoir pris l'avis lirs cardinaux. Ceux-ci, émus
par le discours du Pape, qui leur montra l'arlioii
de la Provid.riice envoyant à cliaque ;;rand mal
un iîcand rciiiéde. décidèrent que la jiensée des
deux Saints ne pouTait venir quo de Dieu, et
iju'il fallait demandera celui qui l'avait inspin'c
les moyens de la réaliser. Le l'ape ordonna
aussitôt des prières publiques et célébra lui-
même solennellement la messe en présence du
Sacré-Collège. La foule était immense.
Au moment où le Pontife, après avoir consacré
l'Hostie, l'éleva pour la faire adorer aux fidèles,
il luisemblaélre environné d'une irrandc lumière,
ei bientôt, au-dessus de l'autel, il distin^-ua un
anfie et deux captifs à ses côtés. L'ange portait
la croix bleue et rouge, et ses bras, croisés vers
le Maure et le chrétien, semblaient signifier qu'il
voulait les échanger.
Les prières publiques étaient exaucées, la
réponse était venue du ciel.
L'oRDHB DF. la Sai.vte TRIMTK POUa LA RÉDKHPTION
IlES CAI'TIKS
Innocent dit aux deux pèlerins :
<< .Maintenant je connais les desseins de Dieu
sur vous Il vous a choisis pour fonder un
nouvel Ordre. Il sera consacré à l'adorable Tri-
nité et aura pour but d'en procurer la gloire chei
les nations barbares. Vous arracherez, de leurs
mains les chrétiens, vos frères, qui |irofesseutce
divin mystère. Ce n'est que parce qu'ils ont été
baptisés' au nom adorable du Dieu trois fois saint
qu'ils endurent tant de cruels touiinenls, et leur
ci.ii^l.ince dans la foi redouble la rage des per-
stciiieurs. »
. Dis le 2 février, jour de la Purification de la
^«inte Vierge, Innocent donna rii.ibil aux deux
nouveaux religieux. D'après l'ordre du Pape, cet
habit était de la forme et de la couleur de celui
que portait l'an^je des apparitions.
Chargés ensuite par le Souverain Pontife de
r'diu'er les constitutions du nouvel Ordre, Jean
' ! I ' lix partirent pour Pans, afin de s'aider des
; lui 1 .^ll(• ceux i|ui avaient été témoins des
lodiges. Kt comme ils racontaient les
qui avaient suivi, deux des anciens
-■lions de Jean voulurent s'enrôler dans le
Ordre de la Trinité. Roger l)é.«, un illus-
. iiii sak'c selon le m<'nde, snuril de
; •• ("unia en dérision les nouveaux
■ ' à la croix lout'-' «'l bleue.
I ut qu'un singulier habit se
Celait la l«-pre.
nie. alla «e leler nux pieds
■ j.- j. in 1 ' ' ■ : ; - : rdre
d" Icmc". • '1 il
sollicita la i.i » cm 'I I i''i',-i' il"...-! !•■ i." l'i «'UX,
nom qu'il garda Jusqu'à sa mort. A sa suite, un
grand nombre de docteurs s'olïrirent à Jean de
Matlia, qui les envoya d Cerfroid apprendre, sous
la conduite de Félix de Valois, l'iiumble pra-
tique des vertus religieuses. Lui-même acheva de
rédiger les constitutions et alla ensuite à Home
les soumettre au Souverain Pontife, puis il revint
à Paris demander à Philippe-Auguste, roi de
France, l'approbation royale. Cette a|>priibation
n'était pas ce que l'on a cherché à la rendre
depuis. Klle n'octroyait pas aux Ordres religieux
le droit d'existence, droit dont le Pape était seul
dépositaire, mais elle conférait des privilèges que
PliiIippe-.Au:;uste fut heureux d'accorder à celte
nouvelle famille religieuse.
Jean, après avoir fondé plusieurs maisons en
France, l'ut apjielé à Home |iar le pape qui lui
donna l'ciilise et la maison de Saint-Thomas de
Foriiiis, dite la Nacelle. Cette communauté devint
bientôt llorissante. Jean aurait voulu alors partir
pour l'.Xfriqiie et se donner lui-même en échange
pour quelque esclave chrétien, mais le Souve-
rain Ponlilè lui coniiiiaiiila de rester auprès de
lui pour le plus yrand bien de l'F:glise.
Jean envoya deux de ses religieux au Maroc.
Ils rachetèrent cent quatre-vingt-six esclaves
chrétiens. Il s'apprêtait une seconde fois à partir
pour l'Afrique, quand le pape l'envoya en Dal-
matie en qualité de légat. Dans cette diiinité, il
s'employa avec zèle à la conversion de la cour,
au rétablissement de la discipline ecclésiastique,
à la réformation des nm-urs. Les fruits de salut
furent immenses. Le pape voulut récompe'nser
par le cardinalat tant de services rendus à
l'Eglise, mais l'humble Jean refusa cette di^-nité
et sollicita seulement la laveur d'aller enfin en
.Vfrique. Le jiape y consentit, et Jean, au comble
de ses vieux et dévoré de la soif du martyre,
faillit se faire égor;ier par les barbares. On le
trouva dans la ville de 'Punis, brisé de coups et
nageant dans son sang. Kt lui était comme saint
Paul surabondant do joie dans ses tribulations,
n'avant qu'un re:;ret, celui de n'être ni mort ni
esclave, pour l'amourd*- Jésus-Christ, son Maître.
Après bien des fatigues, Jean (larlit de Tunis,
avec tous les esclaves «piil avait rachetés. Mais
à peine s'élait-il embarqué que les barbares,
résolus à le taire périr, entrent dans le navire,
enlèvent le gouvernail, brisent les iiiàtsel laissent
le vaisseau aller au :;ré des vents. Plein de con-
fiance en Dieu, Jean mit son manleau et ceux des
frères à la place des voiles, se jeta li teiioux le
crui'ifix à la main, et supplia le Sei-iieur d'être
lui-même le pilote. En elTet, peu de jours après,
ils arrivaii'iit i\ Hslie.
Jean entreprit encore de nombreux v .•, :i_" .< ut
accomplit un l'rand nombre iFci-uvi '■ ^
plus grande :.'l<iirc de Dieu. Il lundu i '
tères, établit l'adoration perpétuelle l'.u la Sainte-
Trinité, délivra, en K«pai'!ie,iin :.'rand nombri'
de fidèles qui ;;émissaienl sous le joug des Sar-
rasiii», et prêcha la [>énilenc<', tant par la parole
qu'' pir la force de l exemple; pendant plusieurs
aiiii'es, il ne vécut que de pain ''t d'eau, et son
oraison était continuelle. Ses travaux él.Ticnl
b'-nis par la Très Sainte Vicrt'- Maiie, en qui il
avait toujours ou une dévotion liliale, voulant
qui- son Ordre fût placé »ou« «a protection spé-
ile. Comblé de mérites, doué du •'. '•• • •■>
rin
|.|ii''tie el de
i- Jl d- '
br. 1 l.i :
de M.iti
miracles,
il reuilii son
• ,1 ,,,i ,|.
.llpri::)T.«'
.vV..
V 1II-.
SAINT CYRILLE D'ALEXANDRIE. ÉVÊQUE ET DOCTEUR
Fête le 9 février.
préjugés de saint ctbille — cohmknt dieu
l'en délivra
Saint Cyrille naquit à Alexandrie, vers 380. Il
"'•tait neveu de Théophile, patriarche de cette
ville, célèbre par ses luttes contre les erreurs
des origéniotes. Malheureusement, la vie de cet
athlète de l'orthodoxie ne correspondait point
à la beauté de ses enseignements ni à la pureté
de sa doctrine.
Des raoinps injustement poursuivis par lui
trouveront un refuire auprès de saint Jean Chry-
"osiome àCopstantinople. Furieux, Théophile se
lii'iia avec l'impératrice Eudoxie, ennemie du
-.iiiit évéqiie, pour le faire chasser de son siège
t l'envoyer mourir en fxil.
Cyrille, ignorant les intrigues de son oncle, par-
ta<îea d'abord son aiitipathli^ pour Chrysosiome.
Théophile moiinil l'an H2. • Au moment oii il
all.iit par.illre devint Dion, il rfconniit, dil
saint Jean Damascène, ses torts vis-à-vis de Chry-
sosiome. En proie à unecruelleaponie, placé dans
un état horrible de souffrances entre la vie qui
l'abandonnait et la mort qui lardait à le saisir,
il demanda le portrait de Jean et l'ayant respec-
tueusement baisé, en signe de réconciliation, il
rendit le dernier soupir. »
Après trois jours d'une élection orageuse
Cyrille, son neveu, fut choisi pour le remplacer
sur le sièce patriarcal. Sa science et sa vertu
l'avaient élevé à ce haut degré d'honneur; mais
les préjugés de sa première éducation parurent,
un moment, triompher de ces grandes qualités.
Il refusa, en effet, a'obèir au pape, qui voulait lui
faire inscrire le nom de saint Jean Chrysostomc
sur les diptyques sacrés de son église, livre d'^r
nii se trouvaient les noms de toas les saints è vèqu'^s.
Kn repoussant la mémoire de Jean, C' rilie
. royait prolèt'er celle de «on oncle. H,ihil,i.' .i's
renf.incp à honocr Théophil.- .•onini'^ un nn 'r'^.
209
à Taimer comme un père, il e?limait une infâme
tralù»ou d« re^ieWr s^sseiitHn^nU après sa mor'..
Q follat, à la TÏriti', bien Jù li)mp< eu«ore p<Hir
traverser cette murhe épaisse Je prêveulions.
Mai> Dieu eut pitié d'une àme noble et pure
dont l;i iitMiôrosilé ne désirait que ie liieu et it
dai:.'na enfin ouvrir les yeux à Cyrille pour le
fortilier et l'atjuerrir, car il le réservait à de
grande combats.
Pour rendre celle préparation plus eOlcace,
Dieu se servit de la Vievi-'Ç Marie, dont le saint
patriarclie sera bienlcM appelé à défendre la
maternité divine.
Ln jour don*", Cyrille eut une vision, dans
laiiuelle il lui j«mt>U voir Jean lançant contre
lui des re:;ar>U i»di-'nés et s"apprètaul à le chas-
ser de p'>n -iicse, patriarcal.
Notre Saint trarnhlait déjà devant celle ju^^te
ven:ioaiice. qiiand il aperçut la Mère de Dieu
s"appri>i-liir deson divin Fils cl intercéder en >a
fn. ut. •Il lais.iiit valoir le zèle que le palriari he
I i ; i pour sa :,'loire et qui devait encore
i._ii. iii'i ivec le-^ années.
Jésus ne put rési-^ter aux prières de sa Mère, et
il répondit <iu'ii parJuiuiaiL
Saint CyrtDe proiiia ii>; raTerlisseraent.il exa-
mina sérieit«cnieiil une cause que se-- préjugés,
antérieurs ne luiavaient pas permis d'approfondir.
Saint Isidore de l'éluse ue contribua pas peu
à lui Taire voir ln vérité. C'était un ascète éminent
et retrardé iromoie la règle viTaute de la perfec-
tion mona--U'iue. Il pouTernait sur le* bords .lu.
Nil un :.'rand mona-^lere où sa science et sa »erlii
attiraient de nombreux risitcurs, empressés i ie
cnn-iuller ■ omnie le plus sur oracle de sajçesse
et de ■•liiilet.- que Inrinit po«- •■* i ''-^r?.
L"- patriarche d'.Vlexaiidrie j la vénéra-
tion unanime de «e* loiihiiip..: , ..r rilluslre
cénoliili-; il aimait à le • nsuller et recueillait
ses [larole* avec le respe.i ,i"un lils et l'humilité
d'un -aint. Isidore, de >on c.Mé. écrivait fréquem-
ini-nl au patriarche pour l'exli-'rter ou le reprt'n-
dre. et toujours avec cette force qu'une foi pro-
fonde et le zèle de la ploire de Dieu donnent
souvent aux plus liunildes. Il u'a en particulier
de toute l'autorité que lui donnaient son expé-
rii-nce i-i sa vertu pour retirer Cyrille de l'abiuie
de préventions où tl le voyait pli>npé à propos d(
:! !■■ 'onie. Il lui écrivit une lettre
"UD.i le dernier coup à toutes
rù
iVpt llll ■ .
pour II'
voir, il ra
' 'im). I r..\ m
111 •!•! Ji' II:
I ivroliiap^
lia attvtitiMaux yeuxda patriarche
■ int. Il po'-sa nii'ine proraple-
"iil h l'admiration, et il se
f .'il f,.i^^.'
it en son pou-
I ij.int . l'ii lin
h. I,: I.. |.!
aux
■: et
il liiin
- f •» -
du
itait tli b 'na-; f
ira et sa s<«uniit aa ki)
t*n
«lA-
1/
li'U
;'■ 1
-, Il
.,'11- r
■ I-
i aa Kl)
ilxe à ir.ni-r' l<-
n.
IIH^IVUKS
•M- '■II. lit fut
I 11) 1 l'-.irxnl»
qui voulaient le ravager. Il fit éiierpiquement
cbr.sser les Juifs. )ui avaient fait, uue nuit, un
S'.jai massacr>i l'.es clirelieBs. .Mai* co qu'il
redoutait le plus, c'était de voir ses brebis con-
duites dans les pâturages empoisonnés de l'héré-
sie. Les Juifs frappaient les corps, le saint évéquo
réiiriina leur audace: mais la secte impie des
rtovalieus voulait tuer les àines, et il s'arma
contre eux de toute la ri:,'ueur de la loi, qui
orduunail l'expul&ioa immédiate des hérétiques,
pour sauveparder Finté;^rité de la loi.
Cyrille eut. en outre, a combattre an Eiiyple les
derniers restes de la superstition çaieiine. Il y
avait, non b^in d'.\lexaiidrie, une peUte bour;.'ade
noMiinéc Manutha. Les paieuss'y él.iienl rélupiés
comme dans un dernier asile. La diimonset leur
culte impie avaient là une l"orlere»!-e au cour
de rE;;yple. Les elTorts du patriarche Théopiiile
avaient échoué contre les paieiisde Maiiullia. Saint
Cy ri I le se préoccupa vivement de ceUesi tuai ion. Lu
jour que, dans sa prière, il demandait à Dieu avec
larmes de lui inspirer le meilleur moyen de triom-
pher d'une si lon;;ue résistance, uu an:;e lui appa-
rut et lui dit: " Porte dans ce village une partie
des reliques du martyr Cyrii> et de saint .Marc
révan;;éliste. » Le bienheureux ëvéqiK' suivit le
conseil céleste. Le 28 juin 'iH, la translation
■solennelle eut lieu à M inutlia et tut accompa-
;;née de nombreux mii.n'lis qui ronvcrtirent
tous les habitants, et la cl- ineuoe do Jésus-(;hrisl
continua à y opérer lon;.'li-iiips dos merveilles
pour alTermirla foi desnouM-au.x cbrétiens.f
OU'^-VIT MBL< IC^IDC^U
Il faut placer Ters celle épooue de la vie de
saint Cyrille un trait qui iioii>. revi-le à la fois sa
douceur, sa priidouce et <^"n liiiintiilé, et qui nous
a été con-iei vé par Jean .Moschus, d-ins les vies
de? Pi le» l n vieil anacliori-le, habitant une soli-
In.l.- \'ibine d'.\lexandrie, s'éiait, ou ne sait trop
couinent, persuadé i|ue le patriarche M>'lchi>é-
dech, dont ou ue connail ni la ;.'éiiéal<>gio. ni la
descendance, était lils de Dieu. L'erreur du soli-
taire tenait à la >implicité de sou esprit, mais
n'allérail en rien la sainteté de sa vie, et le vé-
nérable vieillard continuait à Mr* l°o|>|el des
faveurs diMiies : des grâces - étaient
chaque jiiur obtenues par «on n n.
Saint Cyrille, averti de son eii.-iir, i.-s.dul de
l'en corri(j;er, de peur qu'elle ii'eiil cours sous le
couvert de la vertu du saint homme. Pour arri-
ver à ses Uns, -aus hiiintlicr le cénobite, il lui
députa un de ses prêtres, charjjé d'un messa^'e
ainsi conçu :
" Mon Père, je sui» dans «ti- ■•••!, ,.,.■^ ...t-
plexil''- it'espi it : d'ilUCoté, il m- > I
cliis.-,l. cil ,
n n in-iin-
sei I .'il ;i'-
ll>
!•• i;!-.i. n,
,1,
suji-l le
prendr"
I . tres-liaul. J
Ji- vous coni
.^.^luneur dans >.'
r- |tii Toti» mira
!<•
• * deux
ler il ce
- i-i de m'ap-
.. Je ferai ce
»l. A»n> trais
1' \ " \ .1111
>l*-irni^« ■!'-" :i :i r ui
It
-ni le kKrei-voa«, ni'>ii P<>re, demanda
l'i . •(Ue.
|ji <i»i:7n»'iir, ■lnii«- nu» ritlon. r<'-|Kiiidil I*
vieillard, a fait passer sous mes yeux tous les
patriarches, depuis Adam jusqu'à Melchisédech.
L"aii^e qui me montrait ce dernier l'a désigné en
disant : Celui-ci est Melchisédech. U ne saurait
donc y avoir de doute. Melchisédech no fut qu'un
homme, descendant d'.Vdam comme tous les
autres patriarches. »
Depuis lors, continue l'historien, pour réparer
l'erreur qu'il avait autrefois enseignée, il ne man-
quait jamais de la rétracter en présence de la
foule qui assiégeait constamment sa cellule, et
le bienheureux patriarche remerciait Dieu dans
son cuîur.
LirrrK de saint cii-RitLE contre nestorius
Mais le moment approchait où saint Cyrille
devait remplir dans le monde la mission extraor-
dinaire qui lui avait été confiée.
Le terrible adversaire qni devait lui donner
l'occasion de mériter le titrede saint et de docteur,
au milieu dune lutte acharnée, s'éleva entouré
de la pompe trompeuse et de la plus haute puis-
sance humaine et à la tête d'une des premières
E;;lises du monde coraipc pour renilre le combat
plus pénible et le triomphe plusfjlorieui; c'était
Nestorius. Cet homme superbe, qui cachait sa
malice sous des dehors hypocrites de vertu, était
évèque de l'E^'lise de Constantinoplc. Il trahit à
la fois son Dieu et sa reIi:.'ion par un enseii'ne-
ment pervers qui s'attaquait au fondement même
du christianisme.
Selon lui, la Vierge Marie ne devait pas être
appelée Mère de Dieu, et le lils qu'elle avait mis
au monde, le Christ, n'était qu'uu homme qui.
dans la suite, avait mérité par ses vertus que la
divinité vint habiter en lui. Son orgueil ne pou-
vait imaginer l'abaissement auquel, par amour
pour nous, Jésus s'est réduit. I.e Verbe de Dieu
a voulu prendre, en elTet, toutes les faiblesses et
les iiàlirmités de notre nature, excepté le péché,
afin de notts apprendre que rien, en dehors de
ce mal effroyable, n'est vil ni méprisable.
L'erreur de Nestorius, grâce à l'inlluence du
novateur encore protégé par Théodose le Jeune,
alors empereur, et gr.\ce au'^si à l'amour de*
Orientaux pour les nouveautés, fui proinptemcnt
portée dans toutes les parties de l'empire.
.\ussit(it qu'il l'eut roniiuo, Cyrille écrivit aux
moines d'I:^'ypte uue lettre pour les prémunir
contre la nouvelle hérésie qu'il stigmatisait en
terrae!< éuer;:iques, sans toutefois u^uimer son
auteur. Il d>uiuait ensuite un précis clair et
succinct de la véritable doctriae catholique sur
le point controversé.
C'e^t cette lettre qui servit de base à \a. longue
discussion «pii eut lieu eutre les deux patriarches.
I^ nouvelle erreur avait jeté le trouble dans
I. i!i ^'1 ' chrétien ; cependant, il était encore
ijiri'— :ile de frapper son fauteur, car on ne
savait encore d'wn>' manière certaine quel était
le sentiment de Ne-tonu!'. Saint Cyrille lui écri-
vit et lui dem.tnvla de prouver son orthodoxie en
rétractant les livres qui cu'culaient 90us son
nom.
Nei^torins répondit d'une maniéré insolente et
hiii'inr II te préparait à accabler »on adver-
II 11- le poids d'accusations ineii-on;:éres.
\ ' ,' lit et d'iniriaues. il r<''uuit trois
'I ; d'.Vlexandrie pour leurs criiuf»,
• ' jià.. . --lÉ Insli^Mlimi, »i;;iiére(il un libellé
■ Il 1 iinaloire contre leur palriarciio. Ils l'adres-
I il lu prétoire impéiiil, d'inandarU qa'un
I ''iiménique fùl r^'iini pour leur rendre
' déposer le «aint évi'qup.
Cyrille, informé de ces menées, écrivit à Nesto-
rius : ' J'apprends que d'insii/nes calomniateurs
trompent votre piété en articulant contre moi
des griefs aussi odieux que chimériques. Ils
assiègent les matiistrats de leurs plaintes. Peut-
être en agissant ai usine croient-ils pas absolum'nt
vous déplaire. Quoi qu'il en soit, je n'ai à me
reprocher vis-à-vis d'eux aucune espèce de tyran-
nie ou d'injustice. Ils ont été très réi'uliéreinent
Jugés; leurculpabilitéaété manifestemeni établie.
Ce ^oiit des hommes tellement discrédités que
nul n'aurait le courage de souhaiter à son plu^
grand ennemi la moitié des forfaits dont ils se
sont rendus coupables. Vous permettrez donc que
je ne me préoccupe pas le moins du monde d'ac-
cusations parties de si bas. Abandonnons aux
remords de leur conscience et surtout au jugement
de Dieu ces misérables personnages, et revenons
au point capital de notre correspondance. »
11 l'exhortait ensuite avec de nouvelles ins-
tances à se rétracter.
Cette lettre ne fil qu'exaspérer Nestorius et
envenimer sa haine contre saint Cyrille. A la vue
de cette lulto qui devenait chaque jour plus ar-
dente, certains prudents selon le monde en reje-
taient la faute sur le patriarche d'Alexandrie,
appelant son courage une opiniâtreté coupable
et jalouse. Cyrille leur répondit aue s'il y avait
scandale il fallait l'imputer à celui qui, allant
contre l'Evangile et toute la tradition, refusait
au Christ la nature divine et à la Vierj^e Marie le
titre de .Mère de Dieu. Cette attitude vi^^oureuse
fit comprendre à Nestorius qu'il avait devant lui
uit adversaire invincible. Il vit toute la cravilé
de sa situation et se repentit de l'avoir si témé-
rairement engagée. Il propo-^a au Saint une tran-
saction qui, tout en ramenant la paix, lui per-
mettrait de rester dans l'erreur. Cyrille ne
refusait pas la paix qui était l'unique objet de
ses d'sirs, mais une obligation plus grande s'im-
posait à lui, il devait, avant toui, maintenir l'in-
tégrité de la foi.. Aussi riiponilait-il aux ouvertures
de l'hérésiarque qu'il n'accorderait ni le sommeil
à ses yeux, ni le repos à ses membre», jusqu'à ce
qu'il eût rétabli dans sa totalité la foi véritable.
Cette ré|)onse catégorique coupa coiiit aux
pourparlers, carNe*toriu< n'entendait nullement
se rétracter. Il prit le parti de prévenir les accu-
«ations d'hérésie dont il était l'objet en les ren-
voyant à ses adversaires. Il écrivit au pape une
lettre coutre saint Cyrille, qu'il accusait de con-
fondre en Jésus-Christ les deux natures divine
et humaine; il envoya en même temps toutes les
homélies qu'il avait prononcées et où se trouvait
renfermée toute son hérésie. Crfîtle mamcnvre ne
put tromper l'infaillible succe&seor de Pierre.
Saint Célestin, qui occupait alors le siè;ie ponti-
fical, réunit un Concile qui, à l'unanimité, con-
damna Nestorius.
A la mémo époque, Cyrille envoya à Home na
diacre nommé Poïfidcnius pour présenter au
Souverain Pontife tout ce qu'il avait écrit contre
riiérésie nouvelle.
Le Vicaire du Christ lui répondit en lui mani-
fe'-lant la tri'^te'-'e qu'il c-prouvait à la vU'' des
•■-•.irmnents de Nestorins. et la joie que lui f.ii>-ait
r.-i.'iilir l'ardeur invincible du délenseiir de la
ni.it. ■mité divine de Marie. Il finissait ain^i:
Cn présenc« d'un év(«que qni court à -a
ruine, nous avons le devi»ir d'épuiser toutes le-
Miies de la .(iniles.-.ndaiice. Il s'a;:it de la ;.leiir
du iJhrist incarné'; or, 1« divin pasteur non- ,i
appris par son exemple à quitter tout pour v^d
à la recherrbe de la hrebi= é^-arée et la r.ipp 'rter
U
comme lui sur nos épaules. S'il agissait ainsi
pour une brebis, que ne devons-nous pas essayer
nous-même pour un pasteur, qui a oublié les
devoirs île sa charge, et s'est fait un loup dévo-
rant au milieu du troupeau !
» En l'ace de cette situation, un double devoir
nous incombe : d'un cAté, il nous faut prévenir
la rontasion en coupant le membre gangrené et,
de l'autre, nous devons chercher à guérir notre
frère. C'est pourquoi, usant de l'autonlf! de notre
Siège apostolique, nous vous déléguons pour
faire exécuter dans sa teneur stricte et rigou-
reuse la sentence suivante : Si, dans les dix jours
qui suivront la notification de notre décision, le
coupable ne cm'^ent point <i abjurer ses erreurs
et à souscrire une profession de foi conforme à
la doctrine de l'Eglise romaine et de la catho-
licité tout entière, il sera frappé dexcommuni-
c.ition, déchu de son siège, et vous aurez la
char:.'p de lui faire donner un successeur. »
Saint Cyrille fit parvenir cette sentence à
Ncslorius. Loin de se soumettre, l'hérésiarque
entra dans un transport de colère : il courut
trouver l'empereur et lui demander justice : « Un
Concile œcuménique pourra seul, dit-il, me
faire triompher de mon ennemi. » L'empereur
Tliéodose le Jeune, qui le favorisait encore se-
crètement, promit de réunir ce Concile qui. dans
la pensée du patriarche de Conslanlinople, devait
humilier jusqu'il terre son adversaire. C'est ainsi
que. nouvel Aman, il se préparait à lui-même
l'instrument de «on supjdice ; car ce synode œcu-
ménique, concédé à ses instances, sera le fameux
Concile d'Ephèse, qui condamnera définitivement
son hérésie, et donnera à son contradicteur une
gloire éternelle.
CO>'CILE d'^pbèse
Peu après, 19 décembre 430, Théodose si:.'nait
la lettre impéiiale qui convoquait lou» les évéques
du monde à Ephè^e pour le jour de la Pentecôte
de l'année suivante 7 juin 4HI. L'excommunica-
tion fut suspendue par le pape jusqu'après la dé-
cision des Pi-res; saint (Cyrille fut nommé délèyué
apostolique avec ordre de recevoir la rétractation
de l'iiéré iarque et de le réhabiliter s'il venait à
résipiscence.
Seuls les évéques d'Orient purent répondre à
l'appel de l'empereur. Ils se trouvaient au Con-
cile, au nombre de cent soixante, le jour de son
ouverture. Elle n'avait pu avoir lieu le jour in-
diqué (7 juin à cau'-e des relards calculésde Jean,
i.alriarchf d'Antiortie. Cet évéque, ami secret de
Ncslnriu», prévoyait la condamnation immédiate
de l'hérésiarque. Il inventait toutes sortes de pré-
texte» afin d'arriver à Ephèse après son excom-
munication et de pouvoir ensuite se vencer
en citant saint Cyrille à son tribunal pour le
ju^-i-r sur les griefs formulés contre lui à Cons-
lanlinople.
Après plusieur* jour» d'attente, les Pères ré-
■til d'ouvrir sans lui la première session.
li i» iiroti">I.T contre cette décision. Voyant
sai' ;!■•'! 1 de comiiBraltre, malgré
trniH .1. iii.iuesquon lui lit faire.
\! • ir lie l'assemblée, lecture fui
Nirée, des lettres de Cyrille,
: ' ' i;iiux ptt«-
! n. A la
tiM i lit il il"cirine
de S. - la foi. cl dé-
posèniiî i u'i >'i.ii (!■ •;•• 1.1 •iif.iiÉlé épiscopale.
de l'honneur du sacerdoce et de la communion
catholique : deux cents signatures furent appo-
sées au bas de celte sentence.
La lumière trioinpliait donc enfin des ténèbres
dont un suppôt de Satan l'avait enveloppée, et
cette victoire était due surtout au zèle inébran-
lable de saint Cyrille qui raconte ainsi dans un
de ses écrits la fin de cette journée fameuse:
' La grande séance où fut condamnée l'hérésie
nouvelle avait duré depuis le matin jusqu'au
coucher du soleil. La nuit était venue lorsque les
membres de l'assemblée purent quitter la basi-
lique de Sainte-Marie. Depuis le point du jour,
tout le peuple d'Ephèse n'avait cessé d'entourer
l'édifice sacré, attendant le jugement du Concile.
Aussitôt qu'on eut appris la condamnation de
Nestorius, des acclamations unanimes éclatèrent
au milieu de la foule : (Jloire à Dieu ! honneur au
saint Concile ! L'ennemi du Christ est renversé !
criaient toutes les voix. Au sortir de l'église, on
entoura les évéques et on les escorta jusqu'à
leur demeure avec des flambeaux et des torches.
L'allégresse éclatait partout: les rues étaient
illuminées ; les dames chrétiennes, portant à la
main des cassolettes, nous précédaient et bnV
laient des parfums sur notre passade. Le Sauveur,
dont on avait outragé la tlivinilé, faisait ainsi
éclater sa gloire en cette nuit sainte. >>
NOi:VELLES KPBEUVEf
Mais celte joie devait bientôt être troublée par
de grandes alarmes. Le comte Candidien, repré-
sentant de l'empereur à Ephèse, partisan de
Nestorius, empêchait toute communication du
concile avec l'empereur. Jean il'Antioche, arrivé
sur ces entrefaites, tenait un conciliabule avec
qu.irante de ses partisans, pour excommunier
saint Cyrille.
Le vrai Concile, où les légats du pape venaient
de prendre place, onnula cette injuste sentence.
Mais comment faire connaître celte décision à
l'empereur, qui ne recevait que les décrets du
faux Concile '.' Saint Cyrille envoya un moine
fiorteur d'une lettre, roulé dans le creux d'un
lAlon. l-a vérité brilla aux yeux du prince; il
expédia aussitôt à Ephèse un envoyé pour
exprimer en son nom, aux Pères du concile, son
adiièsion il la sentence portée contre l'hérésiarque.
Mais peu après il fut de nouveau circonvenu par
Jean d'Antioclie, et il ordonna simultanément
l'incarcération de Nestorius et de saint Cyrille.
Il avait pris cette mesure pour contenti-r les deux
partis, mais, cr)mme il arrive toujours en pareil
cis.il ne contenta aucun. Il fut obligé, pour con-
n.iltre la vérité sur tout ce qui s'était passé, de
faire venir, à Chalcèdoine, deux députntions des
deux camp» opposés. Iji fourberie du patriarche
d'Antioche se découvrit aus-itôl h ses yeux, et il
puiilia 1" octobre ♦rtliun édit impérial (lui
envnvail Nestorius en exil et rendait la liberté à
saint Cvrille. Celui-ci retourna au"ilôt à Alexan-
drie, où le peuple le recul en triomphe.
Mais l'heure du repos n'avait pas encore sonné
pour le saint patriarche. Il dut continuera lutter
pour ramener à l'unité de l'EuIisc Jean d'Antioche
qui s'obstinait dans le schisme. Il y arriva à
force de c<iura;;e. de patience et de douceur, et
il eut la roiisolntlon de ne point qiiiiti-r Ix
. Iiamp de bataille p>>ur rerevoir la loiirmiiie diie
,1 ^1 H labeurs sans avoir vu l'Ejlise roinpb leroenl
I ciflèe II mourut dan» le Seigneur le a» jan-
loip.-y<'raii». E. PtnTBiiniT. 8. rue FrMroli I" Parti.
SAINTE SCHOLASTIQUE
Fêle le 10 février.
Saint Deno!t. le patriarche des moines d'Occi-
dent, obligé df fuir les solitudes de Subiaco (voir
sa vie), avait établi le contre de sou iiiiionibrable
famille religieuse aux contins de la terre de
Labour, sur la cime prodestine'e du Mont Cassin.
C'est là que s'éleva alors le monastère le plus
célèbre de l'univers, celui où Benoit écrivit sa
ré(;le. laquelle devait bientôt compb-ter et rem-
placer la règle de saint Augustin et les autres
rè^'les dans presque tous les monastères de
ro.i ident.
Mais celle règle, comme celle de l'évèque
d'lli|ipone, ne fut pas écrite seulement pour les
hfmmes; elle fut aussi celle des religieuses, car
aurun fondateur d'Ordre n'a pu empêcher la
d'volion des saintes femmes de former bien vite,
auprès de la famille des moines, la famille des
religieuses; c'est toujours ainsidenuis que .Notte-
Siipneur a voulu placer la Vier;e Marie et les
maintes femmes auprès de son E.liie naissante.
I,e mniiasièrr- des H'^nédictin'- vit donc, du
vivant de saint Benoit, s'élever ui monastère de
I- ' I 'mes, comme saint Ausust n avait vu un
' le d'Augustines, comme sa ni François
verra, avec saint'' Claire, l.-s Kranri» aines; et
ainsi dans tous les siècles, jusqu'à saint Vincent
de Paul et à nos jours.
.\ou« insistons sur ce fait avant de parler de
«aint« Scbolaslique, car sa TÏ'e est pei- '•onnue,
cl liiiK- i)i>. iii.ir'1'i-' d" <■ 1 tri"!»"'.: n«l 1,. rhi.lx
que Dieu fit d'elle pour être la mère de lagrande
famille des Bénédictines.
Sainte Scholastique, de la noble race des Ani-
cius, était sœur de saint Benoit. Ces enfants,
nés m<'-nie jour, les s'aimaient comme s'aiment
souvent les jumeaux, avec la passion de l'amour
fraternel, et leur destinée devaitf^tre liée comme
il arrive souvent aussi à ceux auxquels Pieu a
donné une même naissance.
Elle se consacra à Dieu comme Benoit, et plu-
sieurs historiens pensent qu'elle le fit la première
et lui donna l'exemple, avant de se ranger sous
sa rèele.
Quand son frère répandait l'éclat de la vie
monastique dans le monde, et que tous veiiair^n.
lui demander les leçons de la perfection, elle se
présenta, à la suite de tant de disciples, au Mont
Cassin, et sollicita une direction pour elle et ses
filles.
Mais Benoit ferma la porte du monastère à sa
sd'ur, une loi inviolable interdisant ce seuil à
toute femme; il lui fixa une solitude au fond
d'une vallée proche de la sainte montagne. I.,i.
il la dirigea de loin, .linsi que les religieuses
d'autres monasières qui se groupèrent autour de
celui de Scholastique. Honolt ne consentait à voir
•-a 'ifur qu'une fois par an, avant le Carême (1 .
'1, On peut le suppo<er d'apri^n la date du ilrr- -
^htrelien qui noim .i M^ rnns'»rv^<» par saint i.i-' '•
b-CJô
el alors, la Sainte sortait de son cloilre, et le
frère, de son e6l<-, allait au-devanl d'elle; ils se
rejoignaient sur le liane de la montigne, et l'on
voit encore le petit sanctuaire érigrf, croit-on,
sur les ruines de la chaumière où saint Benoit
et sainte Scholastique eurent le suprême entre-
tien que nous allons raconter.
Au 9 février 5*3, dès le matin, Benoit était
donc descendu vers Scholastique, comme les
années précédentes, avec les moines qui accompa-
gnaient toujours leur abbé; c'était la quatorzième
et dernière année de son séjour au Mont Cassiu,
il était dans tout le rayonnement de sa gloire
ici-bas.
Le frère et la sœur s'entretinrent des choses
de la sainteté, des vertus divines, des saintes
aspirations de la patrie ; leurs contemplations
réciproques fournissaient un sujet abondant de
communications merveilleuses.
Tout le jour se passa de la sorte.
Le soir venu, les compagnons du Saint et de
la .'^ainte leur proposèrent de rompre le jeûne,
et ils servirent au frère et i la stfur un repas
frugal, qui n'interrompit pas les célestes entre-
tiens dont Scholastique était surtout aOamée.
Jamais ces deux Ames n'avaient éprouvé plu»
de joie à parler de Dieu, et la nuit s'avançait; or,
pendant qu'ils étaient encore à cette table qui
avait été le prétexte de la prolongation de l'en-
tretien, Scholastique dit à son frère :
•< Je l'en prie, ne me quitte pas cette nnit,
aûn que nous puissions parler des joies de la
patrie jusqu'à demain matin. »
Elle sentait, la pieuse vierge, que l'heure d'y
arriver approchait, et elle voulait se munir pour
le voyage d'une provision de pensées pleines de
foi et de sentiments pleins d'ardeurs.
• Que venet-vousme dire! s'écria saint Benoît
avec une sorte d'imlipnation. Impossible à moi
de passer la nuit hors de ma cellule. »
En ce moment, la pureté du ciel était telle, qu'il
ne s'y pouvait découvrir le moindre nuage. 1.A
sainte religieuse, entendant les paroles de son
fri:re, joignit les mains sur la table, les doigts
entrecroisé», et, la l'ie entre ses mains, pria
Dieu en slnclinant. Elle versa un torrent de
larme».
Or, lorsqu'elle releva la tète, les éclairs bril-
!ai'-nl tellement, le tonnerre retentissait avec un
ttl fracas, la |iluie tombait & tels torrents, que ni
le véniTable Benoit, ni les frères qui étaient avec
lui ne purent songer A mettre le pied hors de
r>-i!r retraite.
• 7-vou» fait? dit Ucnolt & sa «teur, non
|Ui' reproche; que Dieu vous le par-
donne 1
- Je voiu ai supplié, vous n'avet pot voulu
ulcr ; j'ai invoqué ?(olre-Sei^'ueur Jésui-
' :,i't tuilà qu'iim'exauce; maiuleuajit, sortei
tis le puuve*. Renvoyci-moi cl reulrcx i
voIk' io<>n<.'-trre. ■
C'était bien impossible; il n'avait pas voulu
1' ' I de hiiii _i''', il resta par forc«. Et ce fut
1 il qu'ils paim niil toute la iiuilà se soutenir
cl a 9'eucourager r>'cj|>ri>quemcnl
Saint ijr'goire, qui nous a conseno ce rccil,
ajoute qu'il ne faut pas s'étonner si la volonté de
Ja somr fut plutôt exaucée que celle du frère, i
paire que, des deu.x, c'est la »«»ur qui avail prié
avec le plus d'amour, et qu'auprès de Dieu, plus
on aime, plus on est puissant.
Le lendemain, la pieuse vierge retourna à son
couvent, et Benoît à son monastère; mais, le
troisième jour, l'homme de Dieu, élevant dans ;
sa cellule les yeux en haut, vit l'Ame de sa sœur
s'élever dans les airs, sous la forme d'une colombe,
et se perdre dans la profondeur du ciel.
Ce que voyant, le bienheureux Benoit se
prosterna en terre et supplia le Tout-Puissant de
protéger, par la vertu de sa droite, l'âme de celte .
sœur aimée et de lui faire franchir les légions '
de démons infernaux qui voudraient s'opposer à
son passage, et ses supplications furent exaucées,
et Dieu accorda l'éternel repos à cette 4me pour
qui Benoît avait tant prié.
Consolé par ce qu'il avail vu. saint Benoît se
leva et, pour remercier Dieu de la gloire accordée
à Scholastique, il clianla plusieurs hymnes d'ac-
tions de gr&ces, et annonça à ses frères le trépas
de cette très douce sœur!..
Il les envoya ensuite au couvent où la vierge
avail rendu le dernier soupir, allii qu'ils rappor-
tassent son corps dans le tombeau qu'il s'était
préparé.
Or, les sorars qui avaient assisté à ses derniers
moments, voyant comme un certain éclat de
gloire jaillirde soncorps,lombèrenllaface contre
terre, et, avec d'abondantes larmes, la conjurèrent
de demander à Notre-Seigneur qu'elles pussent
un jour la suivre l^ où elle les avait précédées.
Leur première douleur passée, elles envelop-
pèrent dans des linges très blancs, avec des aro-
mates précieux, le corps de la vierge, qu'elles
déposèrent dans le cercueil.el. pendant trois nuit»,
elles célébrèrent ses funérailles avec de.« chants
mêlés à leurs sanglots.
Les Frères du monastère de sainl Benoît
vinrent en grand nombre et pleurèrent K leur
tour le passage de la vierge Scholastique, et, de
coacert avec les Sœurs, ils disaient :
« Hélas! hélas! vénérable Mère et m«!tre<«<»
chérie, comment nous avci-vous ainsi quitt
tout à roupi A qui nous remettei-vous? Prier,
pour nou» Notie-Seiiïneur Jésus, vers qui vous
allei, d 4me très sainte. Votre vie a élé douce,
douce votre société, doux votre trépas ; tout a été
très suave en vous. ■
Les crrémoni«'s tenninéos, le corps de Scho-
lastique fut port" au M'-int Cussin.
Saint Benoit le recul ei le Uld'-poMr lul-niAm<'
en son proprf tombeau.
Et c'est ninsi que S.hr,Jisti.iae t'emporl.i
encore en celle rinm ul
dont Benoit lui in.iil , .i^
le passaite.
Or, Undi< .pi- I-. 1 ;—;-t'' (- bien-
lirureux Benoit le* c< * ■
^' ■ • ■ t pas, m<-- ■' • -t
n l'.ir l'ordre (!■ .i
pi •■•l'-, ilin de pouvoir t^'t-^ ti^imt -ii .' .• i^ir
contre tous les elîorls Ju di'mon et nous aidera
demeurer parfaits en toutes choses. »
KÉLNIS AO CIEL ET DANS LE TOMBEAU
Cette mort de sa sœur fut pour saint Benoît
le signal du départ, car ceux qui avaient été unis
dans la naissance devaient l'être dans la mort.
Benoît fut saisi aussitôt dune fièvre aidcnle
qui ne le quitta plus.
Jl avait, cette année même, annoncé sa mort
à plusieurs de ses compagnons, et il est vrai-
semblable qu'il n'avait point caché ce secret à
Scholastique; c'est pourquoi elle le retenait les
jours précédents avec tant d'ardeur.
En ouvrant son tombeau pour sa sœur, Benoit
l'ouvrait pour lui-même ; il vécut encore 40 jours,
et quand le 40« jour fut arrivé, il se fit porter
à l'église, reçut le Corps et le Sang de Notre-
Seigneur, puis, appuyant ses bras défaillants sur
les bras de ses disciples, il se tint les mains
élevées vers le ciel et mourut debout, au milieu
de sa prière et de la prière des siens.
Il avait 63 ans, c'était le 21 mars 343.
I.e même jour, deux moines, disciples de
saint Benoit, eurent la même vision. L'un se
trouvait au Mont Cassin; l'autre, saint Maur, se
dirigeait vers la partie occidentale des Gaules,
pour y porter la règle de son bienheureux Père
et fonder au sein de notre pays de nombreux
monastères. Saint Benoit, en l'envoyant, lui avait
prophétisé que le Mont Cassin serait ruiné et
l'avait assuré que sa dépouille mortelle viendrait
alors reposer dans les contrées lointaines où il
se rendait.
Or, à l'instant même oii l'âme du glorieux
patriarche se détachait de son corps, le moine
du Mont Cassin et saint Maur virent une multi-
tude déloiles former comme un chemin lumineux
qui s'étendait vers l'Orient, depuis le Mont Cassin
jusqu'au ciel, et ils entendirent une voix qui
leur dit : » Cette route lumineuse est celle par
nu Benoît, le bien-aimé du Seigneur, est monté
au séjour de la gloire. » (S. Grég. II,. 37.)
On le plaça dans le tombeau où Scholastique
venait de le précéder.
Ce tombeau était situé dans l'oratoire de Jean
Baptiste, sur l'emplacement de l'autel d'Apollon
que saint Benoît avait renversé en prenant
possession de la montagne.
LA FRAMCB KBÇOIT LIS COkPS DB SAINT BENOIT
rr DI SAINTB SCBOLASTIOl'I
Les Lombards détruisirent bientôt (S30) le
Mont Cassin, selon la prophétie de Benoit, et le
double tombeau demeura sans honneur au milieu
des décombres.
Saint Mummol, ahbë de l'abbaye b«n<>dioUna
de Fli'ury, sur les bords de la Loire, proposa à
.Mgulfe d'aller en lUilie chercher lo corpe â»
saint Benoit. Aiuulfe était un jeuno seigneur
tr.inc qui venait d" r'-noncer au monde et de se
faire moine, en attendant qu'il devienne saint çt
martyr; il accueillit la proposition avec enthou-
siasme et se disposait à partir, lorsque des reli-
gieux du Mans arrivèrent demandant l'hospitalité.
« Nous allons, dirent-ils, au y ont Cassin,
poussés par une vision céleste, atin d'y chercher
le corps de sainte Scholastique. »
Us partirent ensemble, mais, arrivés à Rome,
les Manceaux voulurent visiter la 'ville, taudis
qu".\igulfe, plein d'ardeur, refusait d'attendre ot
arrivait seul sur les ruines de la sainte montagne.
Là, rien ne put lui révéler la place du tom-
beau de Benoît et Scholastique; alors il pleura
amèrement.
Un vieillard se présenta à lui, le rassura :
«Aux approches de la nuit, lui dit-il, restez
attentif, vous apercevrez dans les ténèbres un jet
de vive et blanche lumière. C'est là que vous
le trouverez. »
Le jeune religieux attendit la vision, la lumière
brilla, et aussitôt cette nuit même, il recueillit
dans une même corbeille les précieux ossements
de saint Benoît et de sainte Scholastique ren-
fermés au même tombeau.
Le matin, il s'enfuyait avec le trésor, lorsqu'il
rencontra les -Manceaux qui arrivaient : «"11 est
trop tard, dit-il, les ossements sont mêlés, et
puis on va nous poursuivre, neus séparerons
les os des deux saints à Fleury. u
Ils traversèrent les Alpes au milieu de mille
périls, poursuivis par des soldats armés, car le
pieux larcin avait été vile connu.
On arriva à Fleury en juin 6oo ; le voyage aval;
été un triomphe perpétuel, pendant lequel les
reliques du frère et de la sœur n'avaient cessé
d'opérer prodiges et miracles. Cependant, une
députalion de la ville du Mans réclamait le corps
de sainte Scholastique, et Aigulfe essaya vaine-
ment d'éluder la requête; il fallut céder à la
vivacité de leurs instances.
Comment discerner les os? On pria toute la
nuit, et le matin, deux pauvres familles du voi-
sinage arrivaient à l'église présentant, pour y
être inhumés, les cercueils d'un petit garçon et
d'une petite fille.
Cette circonstance était providentielle. Le corps
inanimé du petit garçon fut déposé sur les grands
ossements; à peine les eut-il touchés qu'il res-
suscita ; le corps de la petite fille, approché
des moindres ossements, fut également rendu ù
la vie.
Des acclamations immenses accueillirent la
nouvelle de cette double résurrection; aucune
preuve plus convaincante ne pouvait être recher-
chée. Les députés du Mans séparèrent donc la
sopur du frère, et leur évoque, saint Bérar, fit
construire, entre les remparts de la ville et la
rivière, une église et une communauté de vierges,
pour recevoir la relique.
Uepuis lors, Bciinit et Schnlasli(]ue , l'un à
KlFury, qui s'appela Sainl-RenoU-»ur-Loirc, 1 1
l'autre au Mans, npo.sciit sur le territoire de
France et en sont devenus les protecteurs.
Leurs tombeaux furent le lieu d'innombrablis
julprin.iees et d'incoinpnuablcs miracli'S.
Le dernier entretien de saint Benoit avec sainte Scholastique. La tempête éclate
à la prière de sainte Scholastique.
(O'aprés la cnllcclion det fretqiics d'Ilalie recii<"illi.'5 par les lill l'P. li, rjmi. iii.s do la
Con^réij.ition de llouron.)
Punérailles de sainte Scbolattiqae.
Saint B«>nolt reçoit sa sœur au Mont Cassin et la fait placer en son propre tombeau.
lUciB** fresques.)
SAINT BENOIT D'ANIANE, ABBÉ
Fête le i i février.
Saint Benoit d'Aniane, auteur do la concordance des diverses règles monastiques d'Orient
et d'Occident. — On le voit au fond éteindre un incendie et guérir un voleur blessé.
(Gravure du Calendrier bénédiclin, xvii' siècle.)
PBEHIÈRK a:«NP'R'< Vit. BENOIT
Sur les rivages do la Méditerranée, non loin de
l'embouchure de l'Hérault, s'i' levait, au vni* siècle,
une célèliro ville épiscopale du nom de Mayue-
lone. Celle ville est aujourd'hui détruite; «es
L'randeurs sont tombées av<^c elle, mais elle con-
scrTe la gloire d'avoir été le herceau de saint
Henoil d'Aniane, de'itiné i devenir, comme celui
ilnnt il portail le nom, un réformateur de la vie
monastique en Oi'cident.
Son père, Ai;;ulfe, G" de Maauelone, cheva-
lier pieux et brave, voulait faire de son fils uu
homme de guerre, habile à manier la pique el li
lance; il voulait, en même temps, en faire un hou
chrétien.
Au"i<i. après avoir pendant les plus ton '
années, façonné son orur i la vertu ei h l,i i
2Q0
il le conduisit à )a cour du roi, au milieu des
jeunes fils des leudes qu'on élevait dans le palais
pour les former aux exercices des armes.
BeaoU apprit à cette école tout ce qa'ua che-
valier de son rang devait savoir, mais il n'ou-
blia pas les enseignements qu'il avait reçus sur
les jjPMoux de sa mère. Les qualités de l'esprit
répnndai-nt aux grâces de son corps, aussi devint-
il bientôt l'ami de tout le monde. Le roi Pépin
le prit en particulière arfeclion; il le lit d'abord
son premier écliansoii : nui-;, ayant reconnu
depuis qu'il avait de ^rauJ-s disposilious pour
les artnes, il lui douua au '<DUuauJeiueul parmi
ses troupes.
Le jeune comte fit paraître, dans toutes les
rencontres, «ju'il navait pas moins de coiira:;o
que son père, dont il imitait la s{^^as^e et la
valeur.
LA CROIX ET L'ÉI'KE
Quand, en 771. Cbarlemngne monta sur le In'ine
de son père, Benoit n'avait que dix-neuf ans. Un
air d'innocence et de sainteté brillait sur son
visage.
Charles ne fut pas lom:temps sans le remarquer
parmi les ;• ' i entourage; il
courut poi. n, et ne cessa
de (e coiubi' r ne n.u.riie-. ii\ -urs : il voulait
l'avoir toujours à ses '-ités.
Mais Uiea lui avait touché le cœar; il lai avait
fait Mijr (jit'il le destinait à être un grand saint
pluli'jl qu'un grand capitaine. .Vussi, reconnais-
sant de jour en jour que la plus haute fortune
à lai|uelle on peut aspirer auprès des grands du
monde e~t toujours fragile, il i«?solut de cher-
cher une ^oxre moins sujette aux caprices du
temps. C'est ce qui le décida à quitter l'épée
pour se charger d»^ la croix.
Et voici dÉns quelle occasion Uiea acheva cette
œuvre :
En 773, (^h.iri s'olliiité par le pape
saint .\dri«i], j . ir l'Italia «lin d'arriter
les dévastations J.; Uuiier. roi d- ' uds.
Saint Hencil J'Ani.uie suivit lu roi -.et
combattit *f>n dernier combat sous le-
la défense de.s droits du Sar
'- ■ ■ 'avait suivi dans j,i
nage la r
-r a
' .1111-
vi>re
■= dangers.
it leiine
ir iiii.iiiil
i'avie. pour
I 11 de ,'■1
paifne, en!
du T
Le I
liomiii .
Oenoit, iji..
en un pai'
violence .: ,
rominiin i
deux frère» soi I
vais pas.
Kenxll reoinuiii I' io.uii dt liico sut lui, il
l}l vu-o de ne plu» diD^r'-r «n retraite. De retour
& la cour, il dccouvi lU mi Charles,
qui ne consentit qu éparer do lui.
c Si vous me quittiez, lui lit-il, pour servir ua
•• autre prince, je ne vous le permettrais pas,
n ,:-que c'est pour servir le roi Jésus, je
■ 1 y opposer, •■
LE deumik aoiii;
I ( r.:t . ..i..!....! .1.. ■/>« t.ft.tj't^
dit adieu aux siens, et annonça qu'il allait
retourner à la cour pour y continuer ses emplois.
11 partit donc avec son équipaae ordinaire atiu
de Kc doQuer aucun soupçon ; mais, arrivé au
monastère de Saint-Seine en Hourgogne, il alla
frapper à la porte et demanda humblement à
être reçu dans cette maison. 11 découvrit alors
sa résolution à ses gens, les récompensa et les
renvoya dans les terres de son père.
Quelques jours après, le jeune comte quittait
son riche costume, revêtait l'habit de moine, et
iucliuait la lèUi sous La, maiu de L'abbé qui lui
coupa la chevelure.
SA VIS A S.\I?rr-Sli.NB
11 commença dès lops à pleurer ses pêches et
à en faire pénitence. Le jeùiio, la prière accom-
pagnée de larmes, la méditation des choses du
ciei abiiorbnient son Ame. Il pralii[uait sur lui
les plus rudes flagellations et ne voulait d'autre
lit que la terre nue. Il ne portait que des habits
usés, et, quand il les fallait raccommoder, il y
mettait lui-nièine des pièces sans examiner de
quelle Couleur elles ét;iient. Durant les nuits les
plus froides de l'hiver, il lui arrivait de rester
debout, les pieds nus, sur les pavés de l'église
pcnd;mt des lieures entières.
lue si extraordinaire mortitication donna lieu
à quelques frères qui ne goûtaient pas sa C(?ii-
duite, parce qu'elle condamnait leur tiédeur, de
le faire passer pour fou; on le niillall, on lo
in.inli.iii iji .Iiii_l, t.Tiiili-. ,)ue le Saint -e réjouis-
se iir qui, lui aussi, fut
ti.< ... 'il mi il damnait des
preuves de son plus grand amour pour les
boinmes.
Mais le i
pas aillai : I '
les voiles d'un.; ',<'•
firp de ■■e||i-rier. l;
c< • Laiil de -
qi, '- du mon
tous, d une .oinmuiift voix, h
leur supérieur. Lo Saint fUt
élection 11 venant on
la retr
roi, il li . >. .
lu monastère n'en ju;.'eait
ni iiiif h. iule «t-'esse sous
,.; : '!'• , il lui d>>nna l'of-
it. ; ! (lit six ans, exerça
' lie douceur,
ut à mourir,
ihisirent pour
surpris de cette
laèiai' temps de
quand on voulait le faire
)>rendro la txuliï.
.K riK-Knr I i.Ki'iii
Il partit donc de Saiiit-.S«in<-, et se i étira dans
ide une
■1 |e Inii
poUl <q>' ni t <' t liali.eliit'lil , il :i.
3iie l'histoire, cnuMacrant ses ti i .1
ésormais : saint Iti-noit d'Aiiiaue.
En effet, de fer\enls ilisciples vinrent bientôt
se , i ' '1 .II. De nouvelle» cel-
'' la sienne, mais le
h
D'Miiiu e ti'"' MH 'ilif
bient'H contraint di
Inde pour COU''"!" ■
I lu-- Kranil. 1-e
p<>rt«r le h'"- '-i
vail son '■
r 1-11. diiraii'
'•■iminuii-
11 !••■. reii
• ■ 'eliii d Aiii.iiie
■ -•Il il«- irirtine».
Ml. niant tm:
imiter celle pi
.. ..Il..iir- ....
■Il
alUrrreiit d« buuv«ll
Le duc Willem, ce irraiid liorame Je guerre, le
vainqueur de Barcelone, vint en 800 se mettre
sous la direction de notre Saint. A quatre milles
d'Aniane, dans une vallée sauvage, Willem,
devenu le moine Guillaume, alla habiter un ermi-
tage en compagnie de quelques frères dont il
faisait l'admiration. " J'ai vu maintes fois, dit le
» chroniqueur, ce guerrier qui' avait conduit des
» armées à la victoire, dirif;er l'âne qui portait
» les vivres aux moissonneurs. »
POUVOIR SlB.NAlUnEL
Les miracles du Mont-Cassin, au temps du
grand patriarche des moines d'Occident, se
renouvelaient à Aniane, sous la main de son
disciple et saint homonyme. Qu'il nous suffise
d'en raconter deux :
Pendant la famine qui affligea la Gaule en 703,
il fit mettre en réscr\"e ce qui était absolument
nécessaire pour la subsistance des moines jus-
qu'à la moisson, ordonnant qu'on distribue le
reste aux pauvres. Les provisions furent bientôt
épuisées. Benoît commanda que les largesses
fussent continuées, et les pauvres trouvèrent,
Jusqu'à la lin de la famine, leur pain de chaque
jour, dans les mains du saint abbé.
Une autre lois, les habitants des environs lui
ayant amené un homme qu'ils avaient déjà cou-
vert de plaies, parce qu'il avait volé des chevaux
dans le monastère, il le prit, banda ses blessures
et le renvoya guéri.
Cependant, de toutes parts, on accourait aux
pieds de saint Benoît; le nombre de ses moines
s'accrut tellement, qu'il lui fallut songer à éta-
blir de nouvelles colonies monastiques. L'une
des premières fut celle de Menât, en Auvergne.
Les Frères étaient si pauvres que les provisions
manquèrent bient'H. Le cellerier, informé de
cette détresse, fit déposer, roninie. à l'ordinaire,
les vases vides sur la table, en disant : « Dieu,
qui nous a envoyés ici pour le servir, aime trop
notre père Benoît pour laisser ses enfants
mourir de faim. » Et ce jour-là, le frugal repas
se trouva miraculeusement servi par le Père de
famille qui est aux cieux. Des prodiges de ce
genre se renouvelèrent partout où saint Benoît
envoya ses Frères. Chacune des abbayes qu'il
restaurait ou fondait le reconnaissait pour père;
on a donc pu dire qu'il avait eu simultanément
jusqu'à douze monastères sous sa direction; mais
il ne faut point l'entendre au sens d'une plura-
lité de bénéfices contraire aux canons de l'Eglise.
Des établissements dirigés par saint Benoît
d'.\niane. comme ceux que le patriarche du
Mont-Cassin avait vu.s se nraltiplierde son vivant,
étaient administrés sous ses ordres par un abbé
qui s'inspirait de sa conduite et prenait exemple
sur ses vertus.
l'adoptiakisme
Voyons maintenant l'ap'Ure du Languedoc
travailler sur un autre terrain à l'exaltation de
la saint/; l,'.;l]«e.
I ne n.^uielie hérésie venait de s'élever en
K-j.wne. Deux évéqiie'*, Elipand de Tolède et
lélu d'I'ri^el, en«(iignaient contre toutes les
Lcriiures et la tradition. •• que Jésus-Christ, en
tant qu'homme, n'était pas le vrai fils, ni.ii- ■-. ii-
lui>-iitle fils adoplif du père. ■• Ch.i
! lit l'œil était ouvert sur toute la fi ,
' niinda des lutteurs pour combattre. Les cham-
! .^ de l'orthodoxie s'élevèrent alors de par-
'. ; saint Paulin d'Aquilée, le moine Alcuin,
H I riu«, plu"< tard ''véquc d'0«ma. répondirent
aux blasphèmes de Félix et d'Elipand par des
traités complets où l'erreur des nouveaux nes-
toriens était explicitement réfutée.
En même temps, Lendrade de Lyon, Nébridius
de Narboune et saint Benoit d'Aniane entre-
prirent une véritable campagne, dans les pro-
vinces méridionales de la Gaule et les cités de
la .Marche hispanique, pour combattre l'erreur
et préserver les peuple» de la contagion.
Quelques lettre? d'.\lcuin, adressées à « son
fidèle ami •• saint Benoît, permettent de croire
qu'il avait lui aussi réfuté, la plume à la raam,
l'hérésie d'Elipand, avant de l'attaquer sur sou
propre terrain par les armes de l'éloquence;
mais les ouvrages qu'il aurait écrits sont aujour-
d'hui perdus. Nous savons qu'il effectua jusqu'à
trois fois le voyage d'Espagne pour étouffer
l'erreur. Les luttes des apôtres de la vérité ne
furent pas stériles, car si Félix et Elipand mou-
rurent dans l'impénitence fmale, l'adoptianisme,
subissant le sort des autres hérésies, finit par
mourir des blessures qu'il avait rerues.
APRÈS LA LUTTB
Saint Benoît revint après le combat reprendre
dans la prière et le silence du monastère des
forces nouvelles pour se préparer aux combats
qu'il lui restait à livrer.
Cliarlemagne voulut alors récompenser son
vieil ami du zèle qu'il avait déployé contre l'er-
reur; il lui fit bâtir à Aniane "un splendide
nionastère, un des plus beaux du royaume, au
témoignage des historiens. Le saint abbé redoubla
d'efforts pour faire toujours régner l'esprit de
pauvreté dans ce somptueux édifice, et on
raconte qu'il mettait en pénitence les religieux
qui laissaient perdre quelques feuilles de choux,
tant il aimait la pauvreté.
II y établit une école de Saintes Lettres, d'où
sortirent des théologiens instruits dans la science
des Ecritures, qui rendirent, sur les sièges épis-
copaux et abbatiaux, de véritables services à
l'Eglise. Aniane fut ainsi pour le Midi de la
France ce que Fulde était pour FAIIemagne, un
asile et un Séminaire pour la littérature chré-
tienne.
LE GRAND RÉFORIIATEUR
Louis le Pieux ayant succédé, en 81 », au elo-
rieux Charles, voulut continuer l'auvre de son
père. Il restait à réformer l'Ordre monastique,
dont les malheui's des temps avaient altéré la
pureté primitive. L'eoapereur, qui avait remarqué
en Aquitaine, les merveilles de sainteté opérées
par saint Benoît, le chargea de cette difficile
entreprise, en lui joignant les abbès les plus
exempl.'ureB de France.
Quoique la plupart des monastères fissent pro-
fession de suivre la règle de saint Benoît, il y
avait néanmoins des variétés sans nombre, intro-
duites par fe rel.-^chemeut et les changements
successifs d'observance*".
Pour parvenir plus facilement à son but, le
Saint assembla à Aix-la-' ' " ■ sous les yeux
de l'empereur, tou": les ~ des monas-
tères de l'empire. Il fit d .„:^., si judicieux
et si conformes à la véritable vie religieuse qu'ils
furent auanimcment rpnis ,1.. l'n«^f.i,ii,i,'r [K
eurent dans la suite prr- .'
que les prcscription.s de :- i ' , n.
fallut rien moins que la persévérance, la douceur
et la prière de l'abbé d'Aniane pour triompher
Je tous les obstacles.
Or, conlintie riiai.'iographe, le très pieux empc-
reur, Louis, avait contracté une sainte amitié
avec Benoit d'Aniane; il l'appela en Alsace pour
étendre à cette contrée et aux provinces de la
Germanie les bienfaits de la réforme. La ferveur
avait diminué , et, dans les monastères où le sou-
venir de saint Boniface était encore récent, le
relâchement s'était introduit comme en France.
Benoit vint d'abord se fixer à Maur- .Munster:
mais l'empereur, trouvant ce lieu encore trop
éloigné de son palais d'Aix-la-Chapelle pour
jouir souvent des colloques du .Saint, choisit,
dans le voisinage de cette ville, un délicieux val-
lon arrosé par la rivière de l'iiidi. Il y (it cons-
truire une abbaye qu'il dédia sous le vocable de
Saint-Corneille et l'olTrit au pieux réformateur.
I,a réputation de Saint-Corneille d'Indi ne
tarda pas à so répandre dans toute les (iaules.
Lne jjenératioa de fervents abbés, formés à celle
école, brillèrent à la fois sur tous les points de
l'empire. Ainsi Dieu préparait une lésion d'Ames
fortes et vaillantes, pour conserver, dans le sein
des cloîtres, les {jerraes de la sainteté et de la
civilisation chrétienne, déjà menacées par l'in-
vasion des Normands.
L'u'uvre de saint Henoîl d'Aniane survécut à
son fondateur; elle s'immortalisa dans les écrits
qu'il nous a laissés et qui prouvent une érudi-
tion et des recherches peu communes. Sous le
litre de <■ Code des rè;^les des moines et des cha-
noines, >• il réunit en un seul corps d'ouvrage
l«sconstitutions monastiques desPères deTEfilise
d'Orient, saint Basile, saint .Xnalhase, et de ceux
de l'Ej^lise d'Occident, saint Augustin saint
Benoît. Il composa ainsi comme une gerbe ma:.'ni-
fique avec les plus beaux épis ;:lanés dans tout
le champ; il montra ensuite l'admirable unité
de toutes ces règles dans un second ouvrat;e :
I' Concorde des règles, » vrai chef-d'u'uvre de
modestie et d'humilité chrétienne. "Je n'ai d'autre
iiul. dit-il, en composant cet ouvrage, que celui
de la charité, d'autre désir que de travailler au
salut i'-ii Ames Et vous, ajoute le Saint, qui
lirez ou entendrez lire ce livre, s'il arrive que
vous y rencontriez parfois l'attrait et la saveur
du miel que j'ai emprunté aux écrits des Pères,
je vous demande en retour, d'invoquer pour moi,
pauvre pécheur, lu miséricorde divine. "
l'avocat dm pauvres
L'amitié dont il jouissait auprès de l'empe-
reur lui faisait obtenir tout ce qu'il voulait: saint
U>-noli ne sut pas mieux employer cette faveur
qu'en la mettant au service des paurres. Louis le
Pieux trouvait bon qu'il se fit leur protecteur,
et lorsqu'il venait le voir en son palais, le prince
allait lui-m'''ni>' au-devant du Saint, et portait,
d'un uir ai:réable, la main dans sa manche pour
• Il tirer la liasse des n^qu^tes qu'il lui venait
i : ciller en leur faveur; il les lisait sur-le-
champ et y répondait le plus t4t qu'il pouvait.
SAi.tT be:«oit d'amiani visrrK tous lES jsituamKti
SES MIKACLtS
Benoit veillait sur tous les monastères de l'em-
pir-, d lit il était le père el le prrraier abbé.
^ il entreprit de long» et
, .lier donner de nouvelles
fur. ' '^ dans la nouvelle profession
qu'il ^ssée.
Sa chanté n'exceptait personne, et, en peu de
temps, il parcourut tous les monastères qui sui-
vaient la réforme: c'était la dernière visite qu'il
rendait à ses enfants: la mort viendra bientôt
trouver cet homme qui, selon l'expression d'un
I biographe, « n'aurait jamais dû mourir. »
L'histoire nous a conservé les souvenirs de
! plusieurs miracles que Dieu opéra en sa faveur
I dans ces occasions.
I II arriva un jour dans un monastère où les
' religieux n'avaient rien à lui offrir: Dieu y pour-
vut en faisant trouver du poisson dans dès eaux
I où il n'y en avait jamais eu.
I Lne autre fois, Notre-Seigneur renouvela en
sa faveur le miracle deCana, chaiiseant, pour le
rafraîchir, de l'eau en un vin excellent. Mais ce
ne sont pas les seules merveilles qui ont illustré
le passage sur la terre du serviteur de Dieu. Il
opéra lui-rat'me un grand nombre de miracles ;
on le vil détruire par sa prière une quantité pro-
digieuse de sauterelles, arrêter des inondations,
éteindre des incendies; ses disciples, animés
de son esprit, faisaient aussi des actions mira-
culeuses.
Ces grandes faveurs que Benoit recevait du
ciel, jointes à l'amitié que lui témoignait l'em-
pereur, excitèrent la jalousie de (juelques
envieux. Ils cherchèrent à indisposer Louis
contre lui; de faux amis lui conseillèrent même
de fuir, sans attendre un exil qu'ils disaient lui
devoir être fort honteux.
.Mais l'empereur connaissait trop la vertu du
vieillard, et, pour vaincre les jaloux, il alla se
jeter dans ses bras la première fois que le Saint
vint le voir.
S\ MORT
11 ne restait plus à Benoit qu'un combat à
livrer pour arriver à la victoire. Dieu sembla
vouloir l'y préparer lui-même : aux travaux de
la charité, il fit succéder le travail de la maladie.
Le Saint fut attaqué d'une fièvre violente; il ne
diminua rien cependant de ses austérités. On le
trouvait souvent prosterné le front dans la pous-
sière, ou les bras levés au ciel, ou recevant dans
ses mains les larmes qui coulaient de ses yeux,
de peur de souiller les pages de la S.iinte Ecri-
ture qu'il avait constamment devant lui.
L'empereur le voulut avoir toujours dans son
palais : ce ne fut ijue quelque temps avant sa
mort qu'il permit aux religieux de le iran'^porter
& Saint-Corneille, afin quf ce digne et aimable
Père pût linir sa vie entre les bras de ses enfants.
l'ne dernière fois, saint Benoit écrivit à son
monastère d'Aniane, exhortant ses frère* i
demeurer fermes au milieu du danger. Son esprit
semblait prévoir les invasions de» barbares,
mais il n'>'Ut pas la douleur d'assister & celte
tempête qui .illait fondre sur l'Europe catho-
lique. Il mourut plein de jours et de saintes
œuvres, le 7 février H21.
Autour de sa couche funèbre, ses disciples
agenouillés reçurent la dernière bénédiction du
patriarche. Il leur imposa les mains, nuis d'une
voix encore vigoureuse, il entonna le verset :
' Juilui e< homine, rt reflum juilirium luum.
^ ous êtes juste Seigneur, et votre juuemcnt est
droit. -'Sa voix s'éteignit, et le Bienlicureux alla
continuer avec le* anges le chant du roi-pro-
phèle.
Itop ytranl . t. l'iiiiutv
Knii
!•■ I'.-»n-
SAINT lAIÉLÈCE. ÉVÊQUE D'AÎVTIÛCIIE
Fétt te 12 février.
-M^.
■1
é/-2
m.
' <'•--''
Saint Mélèce, envoyé en exil, protège sous son manteau le gouverneur civil
que le peuple veut massacrer.
DOUCEUR DE IIKLECE — IL EST ELU EVEyLE DE SKBASTE
Mélèce était de Méliléne.en Arménie. Il descen-
dait d une des [dus nobles familles de ce pays.
Esprit droit et peu ordinaire, il appela de honne
heure sur lui I attention de ses concitoyens. A
ses <]ualilés intell. ■cIupIIps, il unissait la douceur,
une douceur imperturlmble, qui, pareille aux
fleur* odoriférantes, attire comme irrésistihjement
ver>» elle tous ceux qui s'en approchent. Il était
d'un accès facile et attrayant et srandemeiit aimé
de t'iusceux qui le connaissaient. Quoique d'une
foi fi'rme et invincible, commp on aura I occasion
de le voir plus loin, il semblait naturellement
ennemi de» disputes et conlroverse« reli;:ieuses.
Au'-i, les sectateurs d'Ariu', qui ne trouvaient
en lui que bonté et bienvcilLini-e, crurent favnra-
W à leur doririne un homme qui était chari-
' il ]■■ pour leurs personnes : ■■ Cet homme est des
nôtres, disaient-ils, il ne faut pas le laisser dans
l'ombre. »
(■.,.1 <.oiirqtini Ku-itarbe. «emi-arien, ayant h\f-
1 conciliabule arien de Con^tantinople,
; ur attention se porta sans hésiter «ur
<-elui qu'il* ne craignaient pas de proposer comme
leurdéfenseur.lir.iceàla protection de Constance,
ils le lirent monter sur le sié^'e de Sébaste.
Dès les débuts, notre .'>aint eut l'orcasion d'ex-
périmenter le caractère incorri;;ible et léser de
son peuple, tant arien que catholique. Ce peuple
savait aimer et louer le bien, mais il ne voulait
se résoudre à le pratiquer. Mélèce, à la vue du
peu de fruit qu'il recueillait dans cette l'L'lise, se
démit de sa charge et se retira dans la solitude
pour consacrer plus librement à snii Hieu une vie
qu'il pensait devoir être san< fruits au milieu du
I rouble et de la mauvaise disposition des esprits.
IL SE RETIIIK EN SYRIE
IL EST DÉSIG.Ntf PAR COKSTA:<i:EI>0(;R LE SIBGBO'ANTIOnlIK
Il joui.°sait paisiblement de sa solitude. Cepen-
dant le voisinar-'e de Sébaste et d^s autres villes,
ou il était connu, lui faisait redouter qu'on in-
vint d'un jour à l'autre le chercher pour remetfr>'
«ur xes épaules le lourd fardeau de l'épiscopai.
\liii d'éviter le daiiper, il quitta son dé«erl. «'i.
(iiyanl loin du sol qui l'avait vu naître, il alli -p
cacher dan^lp" monlacnesde Itérée enSyrie.Cflle
nouvelle solitude était celle qu'il aurait voulu trou-
ver dé» le commencement de sa vie érémilique.
.Jh»
A son ima;;inalion vive et brillante, sans cesse
occupée Je se représenter les grandeurs ol les
ma^'niûcences de Dieu, il fallait une nature gran-
diose et majpslaease <]ui put lui en oiTrir une
saisissante inia:;e. Cet idéal était ici réalisé mieux
pent-i'ln- que partout ailleurs: vallées situées au
milieu lie niontaj^nes élevées, escarpées, et dont
la cinii jiaraissait toucher les nues, terre ver-
doy.iiit.-, ruisseau dont le murmure s'unissait aux
c.f -iillements d'oiseaux purtii-uliers à ces pa-
r.i- -, tous les êtres enfin chantant leur Créateur
pai des hymnes propres a chacun, invitaient le
serviteur de Dieu à ne pas rester en arriére, en
présence de ce concert universel. En entrant dans
Ces lieux, il se dit : « Vraiment, c'est ici le lieu
de mon repos. » Dieu, cependant, n'aime pas la
pai.i de ceux qu'il a faits pour la guerre. Aussi
ne permit-il pas que Méléce en jouit Inn^'temps.
L'K-'li^e d'Antiochese trouvait dans une situa-
ti'i. I.iuienlahlu depuis l'exil de saint Eustache
{'XM . Les unsetlesaulres voulaient remédiera ce
mal, mais ils voulaient chacun un év.'que de leur
parti, l^s ariens, se souvenant (|ue notre soli-
taire avait été élu évèque de Séhaste, fjràce à
leurs coreligionnaires , le croyaient toujours de
leur parti. Tout-puissant auprès de Constance,
ils sollicitèrent de lui sa promotion il l'évéché
d'Aiitioche. Ce prince, qui appartenait de corps
et d'Ame à l'arianismcse l'élicit^i de pouvoir leur
accorder cette demande. l>es émissaires, envoyés
à la recherche de Méléce, l'amenèrent à la capi-
tale Je la Syrie. Sa .sainteté était connue ; son
entr^'e fut un véritable triomphe, et sa promotion
fut universellement approuvée des catholiques et
des anens. L'acte de son élection fut remis à
saint Kusèbe de Samosale, qui avait assisté à
l'a-sscmblée chargée de ratifier cette élection.
SAGESSE DE 9AINT utlÀCB — SA PROFESSION OB FOI
Saint Mélècc n'i(;norait pas les idées que chaque
parti se faisait sur -mi compte. Il profita donc île
1 ' - bienveillaiiles piiur s'attirer tout
iitn de tous les cœurs, avant d'y
1' 1 la b'iMiie semence de la doctrine
. En conséquence, il commença par
it 1. s inii'ur^, mai- toujours avec l'arme Je
la Jouceur, qui sait amollir les caractères les
plu- dur- et les plus nbelles.
■liiul>l"is, b's lièrétii|ues et les catholiques
eux-mêmes rominençoient à tenir sa foi en sus-
r- I. Les premiers pressaient (instance Je le
Iir. -r à se déilarer sur ce point. L'empereur
reiiiiit plusieurs èvéqucs ariens avec Uélece, et
leur iirdonna ù tous do ciuniuentor ce texte de
I l.ciiturc, dont le^ sectaires se servaient pour
él ' 'T l«-lir Jo'-lrine : .. /kiiuinuj doviso/i/ xif m
' ur ma p"
' 'les. » Il
I . iii- Dieu avait • r^ e i •
\ .1 i .1 de SCS voies, et qu'il
1 I iiii>', ■(11 iiii'- cpalure. I>es ' > ' -•-
i ni i>rdre d>' i>'i m illir ni>'l
I ,\-^ •(•■■•; lies. Les deux ) .• i -
r il. ilnn« !"• sens arien. P«r-
i, i,.ia lo niunde ■■■■ • iT<'i
1 : I lén ol (il
I ' ,ii avec u.-
I'- Ml
. I iilllllie l'a
Il iT 'iiiiin
idairo an Jespolo
e-t le Fil^ de Dieu, consubstantiel au l'ère, seul
d'un seul, Dieu de Dieu. Il termina en -'élevant
avec iudi^oatiou contre la prétention dos héré-
tiques qui voulaient scruter les profondeurs de
la divinité et la connaître comme elle se connaît
elle-même. Cette prolession évidente, manifeste,
d'une foi de la plus pure orthodoxie, soulagea
complètement la conscience des bons, qui avaient
auparavant des doutes sur sa doctrine.
I.NC1BI:.M «F.LATIF AU IMSCOCnS DE MKLiXE
IL SADVE LE COl'Vgn.NEUR — MK EXIL
Des auteurs racontent nue, furieux de le voir
exposer d'une manière si claire la doctrine catho-
lique, son archidiacre qui était arieu. eut l'inso-
lence de venir lui fermer la bouche avec la main.
Méléce, dans l'impossibilité de continuer son dis-
cours, explique par des signes ce que sa bouche
ne pouvait plus proférer. 11 montra au peuple
trois doigts et eu ferma eusuite deux. U voulait
montrer par là qu'il y a en Dieu trois personnes,
mais qu'étant égales ces trois personnes ne font
qu'un seul Dieu.
L'empereur se retira de l'assemblée la haine
et la fureur dons le cœur. Deux jours après, saint
Méléce "'lait jeté dans la voiture du gouverneur,
pour être mené en exil. A cette vue, le peuple
exaspéré se jeta sur cette voiture prêt à massacrer
l'officier public, qui ne dulsun salut qu"à la pro-
tection de notre Saint qui le couvrit de son
manteau. Un comprendra facilement celte tenta
tivc si l'on sait qu'en moins d'un mois le saint
évéque avait gagné à ce point l'affection de son
troupeau que l'on donnait son nom, en signe de
bonheur futur, à tous les nouveau-nés.
Méléce fui envoyé en exil au fond de la petite
Arménie.
R^ONSE COCBAGEOSE DE SAINT ECSÈDE DE SAMOSATt
Cependant, une chose contrislait l'empereur et
les hérétique» : c'est qu'ils avaient remis l'acte
Je rplection de Méléce enlre les main- de -.ainl
1 jisèbe de Samosate. Cet acte, s'ils négli-eaieiil
de le faire disparaître, pouvait leur porter préju-
dice plus tard, aussi Constance se liAl^i-t-il d'en-
voyer des ofliciers chai;.ès de sa part Je lui
réclamer cette pièce : a S'il se refuse k vous la
donner, leur dit-il, menacez-le Je lui couj)er la
main Jroitc. »
Les Jèiiutés accomplirent fidèlement leur
mission; ils présentèrent auSnintl'ordre impérial
par leijucl il était souiiné du reiiJre les pièces
qui lui avaient été remises apre> l'élection Je
Méléce. Comme les officier» Jcvaient s'y attendre,
Eusébc déclara "'nergiquemcnl qu'il iielescéibrait
pas. < Si vous refusez, nous avons ordre de tous
C4>upi'r la main droite, < Jircnt les impériaux,
u Et bien ! répondit Eusébe, coupez-les iiiui toutes
les deux, car je ne rendrai jainai.s ce décret, i|ui
est une pièce de conviction si manifeste de la
' : ' lié des ariens. «>
J il apprit cette rénonsc, l'empereur ne
I 1... J'ndmirer l.'i grande!!' ■■•I" lit)
I aie. Il fil \eiiir l'un
I ,i,..M.- .!. ■■ I. ■
d AnUocbe ce vil usurpateur.
RAPriL M iiAi?rr miiMcM — divim<>^ hk «0:1 m.!.!"!!
SEitOKIi KXIL
.1
di; i Li.riluii ,•! Ui Uii'Iilla i.l.i.ii.lu..lil ijUi. II. N > I L. . ^I^:. Ji, i.^1 L.Clt LiLilu, Jali UUi liit. crabic
cabane de paysans, abandonné de Dieu et des
hommes.
Il eut pour successeur le trop fameux Julien
l'Apostcil. Celui-ci rêvait depuis son enfance le
rétablisseméntdu paganisme. A pein'^ sur le trône,
il s'occupa de rnaliser au plus tôt ses plans con-
çus de si loiiiiue date. Pour arriver plus facile-
ineul à son but, il crut nécessaire d'autoriser
ifabord dans l'empire l'exercice de toutes les
reli;.'ions. On voit par là qu'il ne voulait pas
organiser une persécution sanu'lante, mais uue
pe''S'''cution qui, au lieu d'atteindre le corps,
pém-trerait jusqu'au fond jes cueurs. Aussi, s'ein-
pressa-til de rappeler les exilés. Mélèce revint à
son Eiilise d'Antiocbe.
Hélas ! dans quel état la trouva-t-il ? Divisée et
rongée par le ver de la discorde. Deux partis
luttaient ; les méléciens et les eustathiens. Ces
derniers étaient composés de ceux qui, à la mort
de saint Eu-lallie, n'avaient pas voulu se rani:er
sous la houlette de .Mélèce, sous prétexte que les
ariens avaient pris part à son élection. En con-
séquence, ils avaient nommé, pour succéder à
F.ustathe, Paulin, qui reçut la consécration épis-
• opale de Lucifer de Caiiliari. Ce fut en vain que
le pieux érfque tenta de les ramener à l'unité.
Ses efforts ne tirent qu'envenimer leur colère
contre les habitants fidèles à Mélèce et appelés
pour cette raison méléciens.
Ine autre péril attirait le tèle de l'évéque.
Julien r.Apostats'elTorçaitde transformer Antioche
en cité païenne. Le Saint s'éleva avec force contre
ces desseins perfide>. L'apostat trouva ce prélat
importun, et l'envoya en exil en .Arménie.
RSTOUR sous JOTIEN
VALENS ESSAÏE DK LE CORROMPRE — TROISIÈME EXIL
On connait la mort du tyran Julien, on connaît
également le caractère loyal et franchement
catholique de Jovien, son successeur. Ce prince
avait pu apprécier le mérite du patriarche d'An-
tiocbe. Il ne l'appelait que du nom de confesseur.
Mélèce put donc revenir en son Ef,'Ii-;e. Mais il ne
(levait pas tarder à reprendre le chemin de l'exil,
lovieii ne ré;.'na que huit mois. Valens. disent
les historiens, était l'un des princes les plus inha-
biles qui se soient jamais assis sur un trône. Le
mot de barbare le faisait tremlder comme la
feuille sous le soufllc de la moindre brise. Contre
If-s hommes sans défense, il était plus vaillant;
i-ontre eux il obtenait les plus beaux triomphes.
Parmi ses ennemis, il eut vite remarqué saint
Méle>e. Il aurait voulu le faire son complice dans
son </ Dvi" de deslruetion. A cet effet, il eut une
• îitp ■■ iver lui a .\ntioche. AveuL'Ie tyran, qui
rtny.iii t'iiiies les ;\mes faites comme la sienne,
doubles et capables de changer à tons les vents.
Le vénérable prélat lui reprocha sarruauté et «a
perfidie. La répons<- ne se fit pas attendre, et le
patri.Trehe fut traîné de nouveau vers la petite
Arni'-nie.
l'eMPKRLLR ORACIE.N MKLSCR ESSAIE DE MCTTHE FIX
AUX IIIVISIONS OK S0> EGLISE
Toule ri:.li-e d'f>rient était ib'solée et dévastée
par I.T t'iaiihie cruelle et impie de l'enipHri'ur
ii'r''; ; : La persécution dura plusieurs années.
hi'ii ii' iidail. Vint enfin le jour du châtiment:
\ |^ll . I" 'iMant, dut marrher <^ la tét<> des
I ■! :. I m . iii-s contre l'invasion des <>olhs.
I iiiainc vaincue fut fire^cpie entièrement
I . ri> fut un dé'.ii'-tre inoui. Valens,
l'j'; • ■ ; -e tordant de ib>iib ur. fut relcié par
ses compajjnons d'armes et porté dans la cabane
d'un paysan Bientôt arrivèrent les barbares qui
incendiaient toute la campagne; ignorant la riche
proie qu'abritait la cabane, ils y mirent le feu. et
Valens périt misérablement dans les ilammes
avec les derniers serviteurs fidèles qui l'entou-
raient.
L'empereurd'Occident,(>ratien,excellent catho-
lique et ami de saint Ambroise, restait seul
maître de tout l'empire; il se hùta de rappeler
les catholiques exilés, de rendre la paix à l'Eglise,
et confia le gouvernement de l'Orienta un illustre
général qu'il associa à l'empire, Théodose le
Grand.
Notre doux saint Mélèce, de retour dans sa
chère Eglise d'Antiocbe, eut la douleur d'y
trouver les catholiques en proie à leurs anciennes
divisions. Les méléciens rejetaient les pauliniens.
et les pauliniens rejetaient les méléciens. .'>ur le
conseil de saint Baisile, Mélèce apprit à Paulin un
moyen facile de réconcilier les esprits : « (iou-
vernons ensemble cette Eiilise d'Antiocbe, dit-il,
et à la mort de l'un de nous, le survivant restera
seul évèque. » Paulin, par une mauvaise volonté
qu'on ne saurait excuser, n'accepta qu'une partie
de la proposition, celle de ne pas recevoir de
successeur à sa mort, s'il mourait le premier.
Les troubles continuèrent donc comme par le
passé.
Néanmoins, le véritable pontife conserva tou-
jours avec son adversaire les liens étroits de la
charité. Il s'appliqua, en outre, à cultiver avec
zèle le petit cbamp qui lui était confié. Ses fidèles,
de leur côté, lui vouaient une affection toute
filiale. Voici, du reste, le portraitque nousen trace
saint (îrésoire de Nazianze : <( Mélèce, dit-il, était
un é>èque simple, sincère, plein de Dieu, affable,
généreux, modeste, et en qui l'on voyait briller
le caractère du Saint-Esprit. »
CONCILE A CONSTANTIXOI'LE
En 381, Théodose, pour répondre aux vœux du
pape saint Damase, convoqua tous les évéques
d'Asic-.Mineure et de Syrie pour un Oncile qui
devait être le deuxième œcuménique. L'objet
principal de cette assemblée était de mettre (in
aux divisions des Eglises d'Antiocbe et de Cons-
tantinople. Mais la première question avait été
en partie résolue avant même le Concile, aràee
au zèle de saint Mélèce. Aussi le Saint, en arrivant
à la cité impériale, annortça-t-il aux Pères
qu'ils auraient une querelle de moins à apaiser.
1-1 première séance s'ouvrit au mois de mai de
la même année 381. La présidence fut décernée
àsaint Mélèce par ordre de l'empereur. << l.'évéque
d'.\ntioche s'assit au siège de la présidenre, nous
dit saint (jrégoire, Mélèce dont le visare respirait
le calme de la sainteté, et une contuime modeste.
Sou nom le peif-Tjail tout entier : •■ miel par le
nom, miel par le cŒur. »
On soumit tout d'abord à la délibération des
Pères l'élection d'unévêque pourConstantinople.
S.iinl Mélèce fit prévaloir les mérites de saint
dr. -oire de Naziante. et. malt;ré son refus plii-
sii'urs fois réitéré, le crand docteur qui venait, par
une admirable éloquenre, de rétablir h Con*i.in-
tiiiople le catholicisme, fut obligé d'accepter !■■
lardeauqu'on leju^'eait pluscapabieqii'' personii''
de porter. Diverses autres questions fur<'Tii trai-
tées : le» hérétiques, qui niaient la divinité ibi
Saint-Esprit, furent solennellement condamné- ,
et pour fermer la bouche aux docteur» de m. i,-
sont'e, on fit quelques additions .iii symli'le .le
Nicée.
THEODOSE F.T MKLECB
L'empereur Théodose, pour ne paraître point
gêner I.i liberté de décision du Concile, avait
déclaré qu'il ne paraîtrait pas aux ses^^ions. Mais
il avait exprimé le désir que les évéques vinssent
le visiter ensemble au palais impérial. Le prince,
rapporte Tbéodoret, voulait surtout connaître
Mêlé' e, qu'il n'avait jamais rencontré juM|ue-là.
Touleiois, par une sinj.'ularité dont on ne comprit
que plus tard le motif, il défendit à ses officiers
de lui désigner le saint év.'que quand il se trou-
verait avec ses cent cinquante collègues, à l'au-
dience qu'il leur donnerait.
La vénérable assemblée entra dans la grande
salle et se rangea autour du trône. «Juelle ne fut
pas la surprise générale quand on vit Théodose
quitter son siège, et, perçant la foule, marcher
droit à rillii^lre .Mèlèce. I! le saisit dans ses bras
comme un lils qui revoit le meilleur des pères
après une longue séparation. Il lui baisait les
ycu.\, les lèvres, la poitrine, la tète et la main
droite. .Mélèce interdit, confus, partageait l'élon-
iiemenl universel.
Kniiii. Théodose leur dit : <■ Quelques jours
avant ma proclamation si inattendue au lii>iie
d'Orient, j'eus une vision durant mon sommeil.
Il me semblait être à .\ntioclie. L'homme de Dieu,
le pontife Mèlèce, s'approchant avec majesté,
pinçait sur mes épaules un manteau de pourpre,
puis, de sa main droite, il déposait sur mon
font l.i couriiiiiie impérial*'. Ùr,je viens de recoii-
naitre le patriarche tel qu'il m'apparutdans cette
vision. Voilà pourquoi j'ai baisé avec des trans-
ports de reconnaissance la main au(.'uste qui me
couronna la première au nom du Dieu vivant. "
MOST DE SAINT UKLÈCE
SON ELOGE l'An SAINT l.HÉCOmB DE NYSSE
Constantinople célébrait avec allégresse l'élec-
tion de saint Gréfjoire lorsque, soudain, celte joie
fut obscurcie par un nuage de tristesse qui
assombrit tous les fronts. Le divin Mélèce, car
c'est ainsi qu'on aimait à l'appeler, veuait de
succombera une lièvre de quelques heures.
Les lidèles de la capitale le pleurèrent comme
s'il eut été leur propre pasteur. Les Pères du
Concile, tenant un cierge à la raaiu, conduisirent
sa dépouille à la basilique constantinienue. Là
saint (iréiioire de Nysse, frère du grand saint
Hasile, avec son éloquence tout orientale, célé-
bra les vertus du vénéré défunt, et montra le
vide où celte mort laissait l'Lglise d'Orient et plus
spécialement celle d".\ntioche :
" OPère! c'était l'heure où nous avions le plus
besoin de vos conseils, et voS conseils nous
manquent. C'était l'heure du combat contre l'hé-
résie, vous nous guidiez dans la lutte, et soudain
cette direction nous fait défaut. L'I^glise atten-
dait un remède à ses maux, et le médecin nous
est enlevé Il est doue éteint, ce rei^ard qui
retlétail la lumière céleste; elles se sont fermées,
ce.s oreilles on vibrait l'echo des enseignements
divins, celle bouche qui ne s'ouvrait jamais que
l>our la vérité. 0 l!)i.'lise de Dieu! quelle perle
pour loi! 0 cité d'Antiocbe ! quel deuil et quel
désespoir ! »
Il comparait Mélèce à Salomoii, à David. à Moïse,
,'i Llie, à saint Jean, et enlin à saint i'aiil, dont
il imita si bien l'ardeur et le zèle pour les âmes
et la saine doctrine. Il termina en se consolant
par la pensée que le Saint resterait encore au
milieu de son peuple par les secours et la pro-
tection d">nt il renvironnerail sans cesse.
Le (Concile donna pour successeur à saint
Mélèce le prêtre l'Iavien, iiiakré les justes récla-
mations de saint (iréu'oire de Nazianze, et le pacte
conclu entre saint Paulin et notre Saint, pacte
d'après lequel le survivant devait rester seul
évéque d'.\litloche.
Flavien était digne de l'épiscopat, mais la lutte
entre les partis -.e continua malheureusement jus-
3uà l'année 'UT, où saint .\le.\andrc, patriarche
e la métropole syrienne, eut la joie de sceller
la réconciliation délinitive.
.^^«^
/'
Imp.-fi/ran/. PiiTiiiiiJim. », rue Kr*nri>i« !•', P«n«
SAINT GRÉGOIRE II, PAPE
Fête le 13 février.
Saint Grégoire fait restaurer les remparts de
Cbarles-Martel et les Francs s'engagent à
A l'École des papes
Gr<fcoire naquit à Rom<?, dans la seconde
moitié du vu» ^i.'rle. Sa faniill<î comptait parmi
1"^ plus di'-tinîui'f'i df cotte villo célt-hre. Le
nom do (;r''i;'>irp, qu'on lui donna an bapt<?me,
vcn.iii i|''r.. illii<tri< pnr l'un dos plu» t-rands
• r la chaire dé saint
lovait un jour faire
r.'Tivrn joi voriui f-t i.i gifir- du promior.
Son p*re, Marcel, chrfUien ploin do piKt^, ne I
Rome. — Il sollicite l'alliance de la France,
être les défenseurs armés du Saint-Siège.
tarda pas à remarquer l'intellif-'ence supérieure
de l'enfant que le ciel lui avait donni^ et son
attrait pour les ch.i-.- .!■ ri::jli<e et de Dieu. Il
le présenta au |' iir «enir à l'autel
et l'Ire form-' à I nque.
1.0 Souverain l'ontile s'apenut biontAt îles
vertus et de^ ômironte» analiles de l'enfant
cnnlië à sa Tous les dons de l'esprit
et du ccTur t s'êtro donni- rendci-vou»
dans celle ânio J ililc.
1,'adolescence du jeune Cr^amt^ s'écouli prA»
l.id
des successeurs de saint Pierre, ses bienfaiteurs.
II e'tudiait sous leurs yeux les Saintes Lettres
et la divine théologie ; ses progrès deTinrent
rapides. Aussi, plus tard, le verrons-nous joindre
la science à l'éloquence, quand il s'agira de
défendre les intérêts de Dieu et de son Eglise.
Mais si l'étude lui était chère, comme un
moyen de répandre la sainte doctrine, le sanc-
tuaire l'attirait bien davantage. C'est là, au pied
des saints autels, qu'il aimait à répandre son
cœur devant noire divin M;ulre, dans Vadoration,
la contemplatioD et la prière. C"est 14 que son
âme se reposait des sollicitudes terrestres et
prenait de nouvelles forces pour avancer dans la
vertu ; c'est là que son intelligence s'éclairait de
lumières supérieures à toutes celles des livres.
Chargé de veiller à l'exacte observation de»
cérénuMiifs dans la basilique de Lalran, il ne
néj:li;;i',iil rien de ce qui pouvait relever l'éclat du
culte divin. Le Pape le nomma successivement
sou serrétaire, puis archidiacre de l'Eglise
Iloin.'iine : fonctions dont il s'acquitta avec une
sollicitude admirable. C'est ainsi que Dieu lo
formait i>eu à peu à sa mission future et lui
donnait l'occasion d'acquérir l'expérience des
airaires ecclésiastiques. Grégoire, par sa fidélité
à ce'i diverses obligations, se préparait, sans le
savoir, au souverain ponliûcat.
VOTACB A CONSTANTINOPU
LE DIACRE CR<GOinE BT l'EUPBRBUB JOSTIMBK II
Le pape Constantin, qui le précéda immédia-
tement sur la chaire de saint Pierre, appréciait
son mérite; il l'admit au nombre de ses conseil-
lers intimes et lui runlia le soin de gérer les
affairas les plus im
L''empire de Gon !e était alors gou-
verin- par uu prince tru^:! et fantasiiue, Justi-
nien II, qui avait la ridicule ambition de vouloir
gouverner • ■ ' , que l'Etat. Il réu-
nit un cil .taux, sous prétexte
de coinpli'lir 11- 1 iiujui' iji'- >t le siiii nie concile
œcuménique. Parmi les trislet décret'- dece faux
■ ■ 1 ■ ■•;••; ! .. - I II. Ire sous le nom de
1 avait un autorisant
. .. t qui a été si fatal
à II 'Pticle urrordait aux
n.ili ,le des pouvoirs et
.'les à celles du Pape de
nul Pierre. C'était, on le
oitiscr en deux 1 Lglise de JésUS-Christ et
I l'5 h.i5e< >1u «rhi^me urec. L'empereur
1 ordre de venir à
'Ur lui fair' «iener
les . iicile. Le i
avec . et vint >.
. ■ [U a
m jii'-u reçO
■ ire, avec qui
iicilia, poarle nomml, a*ec le Poiiiife
de Dieu s'il versait ainsi le sang de ses sujets.
Justinieu U, effrayé de leur» paroles, promit le
pardon. A cette nouvelle, la joie fut grande en
Orient. Mais, dès que le Pape fut parti, l'empe-
reur envoya une armée de 100 000 hommes avec
ordre de massacrer, en Chersonèse, hommes,
femmes et enfants. Heureusement, le général com-
mandant l'expédition fut plus humain que son
maître. Celui-ci, par un juste chiliraenl de Dieu,
perdit peu après le trône et la vie.
6RÉG0IRB SOUVBaAIN PONTIFB
Le pape Constantin, après un glorieux ponti-
Qcat, mourut au commencement de l'année 715.
Son di^ne archidiacre, Grégoire, réunit sur sa
tête tous les suffrages ; il devait gouverner
l'Eglise avec celle énergie mêlée de douceur,
qUi caractérise son glorieux homonyme, saint
Grégoire le Grand. Il fut sacré le 19 mai 713,
dans cette même église de Lalran qui l'avait vu
grandir en sagesse et en grice.
A peine monté sur le trône pontiQcal, il donna
des preuves d'uu zèle et d'un dévouement admi-
rables. Nous le voyons surtout travailler à quatre
œuvres principales: la défense de Riuiie et de
l'Italie opprimées par les lîarbares et les Grecs,
la réforme delà vie monastiaae dans cette même
contrée, l'évangélisalion de l'Allemagne, la lutte
contre les hérétiques briseurs d'images.
La troisième année du pontificat de saint Gré-
goire 11, le Tibre, grossi par des pluies abon-
dantes, se répandit dans la cainpasne romaine.
L'inondation n'éparyiia point la Ville éternelle
et, durant une semaine entière, les eaux station-
nèrent dans le» rues. Mais, si les pleurs et le»
cris de désespoir de toute une cité ne purent
arrêter le fléau dévastateur, les prières ordon-
nées par le Pape furent plus puissantes. Non
content de piier lui-même jour et nuit pour son
fieuple, il étendit à toutes les églises de Home
a récitation du prières publiques. Sa confiance
dans la miséricorde du Très-Uaut ne fut point
trompée; le huitième jour, les eaux se retirèrent.
LE PAI-B CKiCOlU II ET l'ITALIB
Let élément^ . leiit pas
Ut seuls eiineiii
An Noid, les tu> ui -«luus des Lombards; au
Midi, le.-i Sarrasins et louviit li^i GrT^ rava-
geaient, pilKtient et <!
vinc»». Au milieu de
II' ■ 1 '"ni souvent dauUcs SI
y :Torts des Souvriaios 1' l
■ , ■ . ■ •. .-t ,.,i I
.... < -■ ■:. .. 1 . i.t
1'
l. ...
di
upa de faire rcstaorer les nm-
JlilMllell.lllt .lU du.- de N.lld<«J
jusquç sur les terres des agresseurs. Il n'est pas
rare, dans l'histoire, d'^ voir des châtiments,
même temporels, atteindre les excommuniés.
LES U0NASTBRK3
La fameuse abbaye du mont Cassin, deuxième
berceau de l'Ordre de saint Benoît, renversée par
les Lombards, n'était plus qu'un monceau de
ruines, depuis cinquante ans. Saint Grégoire II
y envoya le pieux moine Pélronax, avec une
colonie de religieux. Ils y trouvèrent quelques
bons anachorètes, qui s'étaient construit de
pauvres ermitages, au milieu des décombres, et
{es invitèrent à se joindre à eux. Ceux-ci accep-
tèrent avec joie; et la nouvelle communauté,
sous la conduite de Pélronax, ressuscita l'ancien
couvent de saint Benoit.
Grégoire rétablit éçalemeut trois antres monas-
tères supprimés par le malheur des temps : celui
de Saiut-Paul-Lors-les-Murs, un autre près de
Sainte-.Marie-Majeure, et celui de Saint-André. A
la mort de sa mère Honesta, le pieux ponlifc
remplaça sa maison paternelle par un couvent,
sous le'patronage de sainte Agathe; il y établit
une communauté fervente, qui put chanter les
louanges de Dieu le jour et la nuit, comme dans
les monastères précédents.
l'églisb d'jllumagne st lb fap
L'antique Germanie (Allemagne), si longtemps
barbare, recevait, à cette époque, des mission-
naires envoyés par les Papeaet, avec eux, le flam-
beau de la foi et de la civilisation commençait à
illuminer ce vaste pays.
Saint WiUibrord avait évangélisé la Friso. Son
disciple, Winfrid, plus connu sous le nom de
saiiit Boniface. devait, avec ses compagnons, ache-
ver la grande œuvre que son maître avait com-
mencée Comme son prédécesseur, ce moine
ipi'ilre vint à Home demander la bénédiction du
Pape. C'était en 718. Grégoire, qui connaissait sa
sainteté, et tout le bien opéré par son zèle apos-
tolique, le bénit de grand cœur. De plus, il le
munit de pouvoirs extraordinaires. Il ad^-essait
en même temps une lettre de recommandation
en faveur du saint missionnaire au duc d'Aus-
trasie, Charles-Martel. Protégé par ce puis^aIll
prince, saint Boniface convertit, dans l'espace
de cinq ans, plus de cinq mille païens.
Saint Gréjîoire II, en apprenant ces heureuses
nouvelles, 1 amielle auprès de lui, en "23, et veut
«Tilf-ndre de la louche m''ine de Boniface, les
II' 1 vi'illes opéri'i's par son ministère apostolique ;
' '■• sacre évijque, ft lui donne une entière
1 en Germanie et au delà. Le Saint
vers I"- ■'■:•■- i(u'il avait gagnées à
Il ■• ; sa rie, à propaj^er le rtgne de
1 ;u--Clirist, il' iiiiiiiiT par un glorieux
martyre.
ORA.SOg BT HIRACDLBUSK VICTOIHK DU riANÇAIS
À TOULOUtI
La sollicitude de «aint Grégoire II t'étendail
i.ai tout où la chrétienté se trouvait en péril. Les
Ki.uirs continuaient leur lutte béinuni»» contre
-in', mais les gu<Tres ! ' qui
' alors la Gaule compi ,! ce.
.t de le livrer aux
net. Au moia^tit '
■ ■ ;.■....■. ■..Il- ~, vuima paf Charli-- .i.n n-,,
rentrait à Toulouse, cinq cent mille Sarrasins
franchissaient les P,vr''nées. Sans une protection
spéciale du ciel, qui veillait sur la lille ainée de
l'Eglise, elle eiit succombé sous le cimeterre des
infidèles.
Eudes, voyant l'imminence du danger, députa
un message à Charles-.Marlel. son ennemi person-
nel, pour l'engagera s'unira lui pour la défense
commune de la chrétienté. Le duc austrasien,
occupé à combattre les barbares du Nord, lui
envoya des troupes, bien inférieures en nombre
à celles des Musulmans. Il ne fallait donc pas
compter sur la multitude des bataillons, mais sur
la protection d'en haut et sur la valeur des
soldats.
Avant de se mesurer avec les ennemis du nom
chrétien, Eudes demanda, pour lui et son armée,
la bénédiction du Pape, comme un gage de
victoire. Saint Grégoire 11, dont l'activité s'était
déployée en cette circt nstance critique, pour
rallier les défenseurs de la Croix, non seulement
s'empressa de satisfaire le duc, mais il lui envoya
encore des reliques qui avaient touché le tom-
beau des saints Apôtres. Elles furent distribuées
aux combattants.
Les soldats de Jésus-Christ et de la France,
forts de l'encouragement de leur Père, et de la
protection de saint Pierre et de saint Paul qui
planait sur eux, attaquèrent vaillamment les
infidèles aux portes de Toulouse. Leur triomphe
fut aussi complet que, plus tard, à la bataille de
Poitiers. Trois cent mille Sarrasins périrent dans
la mêlée. Le duc se hàla d'écrire au Pape, pour
lui annoncer celte éclatante victoire. Sa lettre
porte que ceux-là seuls avaient été tués dans
l'armée des Francs, qui n'avaient pas reçu res-
pectueusement les reliques et la bénédiction
pontificale. Cette victoire remplit de joie le cœur
de saint Grégoire et k- consola au milieu des
épreuves que traversait alors l'Eglise.
SAINT GRÉGOIRB II DLFEND LA FOI V^RITABLC
CONTRE UMB NOL'VELLR BKaÉSlIi
Cependant, une nouvelle hérésie venait Je sur-
gir dans cet Orient qui en avait déjà produit
tant d'autres. Mais, cette fois, c'était i'empereur
lui-même qui en était l'inventeur et, par suite,
le zélé propagateur. Léon III l'isaurien, ancien
marchand de moutons, devenu soldai, officier,
général et empereur, imbu d'idées juives, con-
sidérait x^omme une idolâtrie le culte des saintes
■ images.
AiTermi sur le IrAnc, il voulut les détruire
dans tout l'empire. En conséquence, Ters
l'année "'26, parut un décret, ordonnant de ne
conserver aucun de ces saints objets, sous peine
de mort. Les fidèles, habitués à ne pas adorer
les images comme des idoles, ra;iisà leur rendre
l'honneur et la vcuér.ition qu'on leur doit, à
cause des saints personnages qu'elles repiésen-
tent, refusèrent d'obéir aux ordres absurdes de
l'empereur. Le sang coula à Uots dans Couslan-
liiiuple. Les iconoclastes ou briseurs d'images
ri p.iiidirent leur doclf il. .'i main armée, et des
centaines decatholiqi i eut martyrs sous
leurs coup». Le pain i ..i. Germain refusa
de ■souscrire h l'impiété des nouveaux hén?liques
et lui exilé.
I.i'iii|iereur envoy.'» au Pape l'ordre de se con-
l'ciiii T à son nouvel édil sous les peines les
de Ravenne, représentant delapiii -
- 111 ■■ (.Ti .jue en liai- " 'irdre de sévir
cas de refus. Mais le de saint Pit!
gardien infaillible de la vraie foi des Apôtres,
refu«a l'nergiquement de souscrire à la nouvelle
hérésie. 11 écrivit une lettre encyclique, pour
prémunir les fidèles contre l'erreur byzantine, et
fiorta une sentence d'excommunication contre
es iconoclastes.
En Halle, il n'y eut qu'une Toix pour con-
damner, avec le Pape, la folie des briseurs
d'imases. Dans sa colère, l'empereur jura la
mort (le saint Grégoire, et ses soldats tentèrent
à plusieurs reprises de l'assassiner, mais ils trou-
vèrent un obstacle invincible dans la fidélité des
rinmains.
ALLUN'CE DE LflIPRAND AVEC EUTTCniDS
SAINT GRÉGOIRE DÉLIVRE ROUE
La Lombardie était alors dans l'époque la plus
brillante de son histoire. Elle avait à sa tAte un
roi conquérant, qui réunissait en lui toutes les
qualités d'un sage administrateur. Il ne négli-
geait rien pour civiliser et christianiser une
nation, encore à demi barbare. Catholique et
pieux, il se régla dans le gouvernement de son
royaume d'après les conseils du Pape; de nom-
breux monastères, ainsi que des églises, étaient
construits par ses ordres. H racheta les reliques
de saint Aucustin, dont les Sarrasins s'étaient
emparés à Cagliari, et Pavie reçut dans ses murs
ce trésor inestimable. Toutes ces choses ne con-
tribuaient pas peu à la formation chrétienne
d'un peuple naguère encore barbare, et saint
(Irépoire II applaudissait au lèle du monarque
lombard.
Mais, l'ambition de I.uitprand vint troubler
cette harmonie. En 728, Il conclut avec l'exarque
de Mavenne Eutychius, iconoclaste acharné, un
traité dont les bases consistaient à livrer Rom'>
aux (Irecs, et, par suite, à remettre le Papo entre
les mains de ceux qui avaient juré sa perte. En
récompense, les Lombards devaient entrer en
ossession de plusieurs duchés dans le midi de
'Italie.
Avec une puissante armée, Luitprand s'avance
sur Home, oubliant ainsi tous ses engagements
envers le Pape. Saint (irégoire II, nouveau Léon,
se rev^t de ses ornements pontificaux, et, après
avoir imploré l'assistance île Jésus-Christ, il va,
suivi du clergé et du peuple, au devant de
l'AttlIa baptisé, mais trallro. Il lui tient un laii-
uAiyi- •.! iiiTstiasif, qu'il le ramène k de inpillcurs
i>. I.uitprand, subju^'iié par la majesté
sur le visage du Pontife, entre dans
l'ioin"", (l.'fiiise sur le tombeau de saint Pierre,
son diadi'iiie et son glaive, puis, se mettant h
genoux, il prèle de nouveau serment de fidélité
au Pape.
Sur la demande du prince lombard, le miséri-
cordieux Pontife p.v.doiiiie à lexart^^ue Euty-
chius et lui permet reiitr«^e de Home. Saint (",ré-
poire venait de sauver l.i Ville éternelle et
d'empêcher l'effusion du san^'. Celte rircons-
Liiire augmenta le dévouement et l'attachement
i' liiiinâins pour leur «aint pasteur.
Ll r*rl SAUTB LA PL'ISSAMCI DBS CkECs £-< .lALlK
irtCRATITl'DI DE l'cMPEREUR
f^i
lin g'
rien, et li
proclama empereur.
1 contre Léon l'Isan-
l'- l'armée d'Italie le
Eutychius, représentant de Léon, était perdu.
Il eut recours au Pape. Saint Grégoire II accueil-
lit avec bonté cet homme, hier encore son
ennemi. Oublieux du passé, il envoya l'armée
pontiticale grossir les troupes de l'exarque.
Grilce à ce subside, l'usurpateur fut vaincu et la
révolte étouffée.
A la cour de Constantinople, on répondit à
tant de générosité par la plus noire ingratitude.
On ne cessa pas de détester le Pape, parce qu'il
défendait la vraie foi. Ses lettres si doctrinales
étaient couvertes de mépris; la persécution con-
tinuait à sévir contre les catholiques. Enfin,
l'empereur ne cherchait que l'occasion de s'empa-
rer du Souverain Pontife pour lui faire expier
sa fermeté.
Grégoire était consolé de ces intrigues en
apprenant qu'au fond de la Syrie, alors soumise
aux musulmans, s'était élevé un admirable défen-
seur de la vérité: c'était Mansour, grand visir
(premier ministre) du calife de Damas, bien
connu depuis dans l'Eglise sous le nom de saint
Jean Damascène.
Pour se débarrasser de ce redoutable adver-
saire, l'empereur Constantin Copronyme, fils et
successeur de Léon, envoya au calife de fausses
lettres, assurant qu'elles avaient été écrites par
Jean Damascène dans le but de trahir son maître.
Le calife le crut, et, dans le premier mouvement
de sa colère, il fit couper la main droite à son
ministre. La nuit suivante, le saint martyr priait
devant une image de la Sainte Vierge. Tout à
coup, la .Mère de Dieu lui apparut et lui rendit
le membre mutilé. Cette faveur céleste servit de
preuve à son iimocence, et saint Jean continua
sa lutte contre les iconoclastes, tandis qu'en
Occident, saint Grégoire II la soutenait avec to
même héroïsme.
SAINT GREGOIRE II FAIT ALLIANCE AVEC LES FRANCS
SA MORT
Le pontifical si glorieux de saint Grégoire II
se termina par un acte d'une importance capi-
tale pour la nation des Francs. Proclamée l.i
■ ant
d'u
la mission de défendre sa Mère. C'est durant les
dernières années de saint Grégoire II qu'elle
l'inaujura.
L'empereur de Constantinople, furieux de se
voir retranché de l'Eclise par son Chef, résolut
d'.Tcir h son égard comme bon nombre de ses
] Mrs, c'est-A-dire de l'emmener caiilif
iiiople, où il se promettait de le plier
pur l.i lorce h sa volonté. Ses émissaires tentcrent
de s'emparer de la personne sacrée du Pape,
mais n'y réussirent pas. Voyant que l'Eglise
n'avait plus de secours k espérer du cAté de
l'Orient, saint Grégoire II tourna ses regards
vers la France. II conclut un traité d'alliance
avec le futur vainqueur de l'Islam, Charles-
Martel; par ce traité, les Francs et leur duc
- l-nt k être les défe>.-..-iir. .rm,'. ,|||
. La France s'est
lldèle k C' II. Puisse-t-etic la
reprendre
Celte alliance lut le dernier
i''iire II, qui alla recevoir au .
de ses travaux et de ses vertu», l« Il iétriur 7Ji.
tille aînée de l'Eglise au baptême de Clovis, elle
n'avait pas encore exercé d'une manière active
I l'iii
liii|> -jf-iint. H, m.' I t. II » !••. l'.iri»
SAINT AUXENCE, MOINE
Fêie le ■14 février.
Saint Auxence au désert-
Ausence naquit, en Syrie, d'une noble famille
persane. Tout ce que l'histoire nous dit sur les
premières années de sa vie, c'est qu'il fit de
rapides progrès dans la vertu en même temps
que dans les sciences.
At'XENCE DANS LA GAIIDE lUI'hRIALK
A peine sorti de l'adolescence, il se livra à la
carrière des armes, dans la milice de Tliéodose
le Jeune. Son inlrèpidil-'- le fil remarquer entre
tous, et bient<'it, il obtint un grade dans les gardes
du prince. Cependant, l'état militaire ne possé-
dait pas complètement le cœurdu jeune soldat.
Dieu était toujours présent à son esprit. Auxence
n'aspirait qu'à le posséder, et son seul désir
était de le servir dans la retraite. Aussi, an
milieu de tous les tracas que comporte la vie de
l'armée, et tout en rendant à César ce qui est à
César, savait-il rendre à Uieu ce qui est à Dieu,
et tous se» moments de loisir étaient coAsa-
'-rés à la prière. Il se lia intimement avec un
~aint moine qui habitait une grotte près de Cons-
l'intinople. Son bonheur était d'aller avec le
solitaire chanter le» louantes de Dieu, et passer
-'■»■ noils dans la contemplation des choses du
■ iel.
A cette prière ardente, il joignait, la niortiii-
ealion des sens, jeûnant tous les jours et portant
continuellement le cilice.
L'héroïsme que ce vaillant militaire déployait
dans la pénitence, il le montra également dans
le soulagement des pauvres. Il considérait en
eux la personne du Christ, et leur donnait tout
ce qu'il avait, ne se réservant absolument rien
pour lui. C'est ainsi qu'il lui arriva un jour de
donner la seule tunique qu'il possédât en dehors
de l'habit militaire.
Pour récompenser tant de charité, Dieu
accorda à son serviteur le (Ion des mir.icles. Dès
ce moment, la vie d'Auxence ne fut plus qu'une
loniîue suite de merveilles.
Comme il se rendait un jour au palais, une
possédée accourut à sa rencontre :
■ Auxence, Auxence, s'écriait-olle, toi qui
mets en fuite les démons, d'où vient ta puissance
contre nous? •>
I. humble soldat continuait son chemin sans
fane attention à ces paroles; mais l'esprit
immonde le suivait toujours en criant :
' Pourquoi donc m'entraincs-lu? je sors.
Li multitude, qui s'était déjà réunie, entoura
le Saint, qui se vit forcé de nionirrr aux vr-ux
105
de toas le don que lui avait fait le ciel. II se mit
eu prières et I<i possédée fut guérie.
AfXE.NCE SE RETIRB AU DliSEnT
Dans toute la capitale, on parlait de la sainteté
d'.\uxeiu-e . Pour échapper aux louaniies du
monJo. Il' jeune soldat quitta précipitaniinent la
cour, tl se retira sur le inontO.xie, en Uiiliynie,
|)onr y servir Dieu dans le silence de la solitude.
Il prit toutes sortes de moyens pour rester
inconnu aux hommes; mais Dieu, qui le desti-
nait à devenir K- Uamheau de l'Orient, fil bientôt
découvrir sa retraite. Voici comment :
Il y avait à peine un mois qu'il s'était retir>'
dans les cavernes du mont Ojie, quaud vinrent
à sa ^'rottc de jeunes pàtre,s, les jeux baisés
de larmes. Ils avaient perdu leur troupeau. A la
Mie il'.Vuxcnce, qu'ils prirent pour une bt^teféron?
ù cause du vêtement de peau dont il s'rtait
recouvert, les enfants s'enfuient épouTantés. Mais
le Saint les appelle doucement, les rassure, et
leur demande la cause de leur présence et de
leurs larmes.
I' Nous cherchons nos brebis, que nous avons
perdues, » répondirent les enfants.
.\uxence a recours à Dieu, et, après avoirbéni
ces jeunes pAtres :
« Allez, mes enfants, leur dit-il, allez, vous
trouverez vos brebis sur le cAté i^anche de la
montagne.
— Mais nous avons déjà fait trois fois le tour
de la monta^'ne, et nous n'avons rien vu.
— Aile/., reprit le Saint avec assurance, au nom
du Christ, vous les trouverez. .. Ils y allèrent
et retrouvèrent leurs mouton».
De retour chez eux, ils s'empressèrent de
rarunter ce qui leur était arrivé. De nombreux
vi*iteurs vinrent, dè« lors, trouver le solitaire, le
su[>i>linnl avec lannes de .«"établir au sommet de
la monla:.'nc, et, \h, de prier pour eux. Aiixenccse
fendit à leur désir. Sur sa demande, les habi-
lanl-i lui hàiiretit une cellule et l'ermite s'y Ht
enfermer afin de vaquer plus facilement à l'orai-
son. Sa retraite fut bient<)t connue de toutes les
province» cnvirnnnantes, et, dès lors, il vit aflhier
;' i;r de «un humble rabane une multitude de
, • r;"nnes qui venaient lui dt-mamliT des con-
seils et recevoir ses instructions. Les malades
liraient de tontes part», et recouvraient près
la tanlé. Pieu se plai<ait \ fairt- éclater
tou- l-« jours la «ainlelé de son serviteur.
I.e d'-mon, irrité de tant de bien, s'efforçait
de nuip. à la réputation du solitaire. Il •'nseila
des in--'-' qui le critiquèrent et le tournè-
rent ' Mais Dieu, jaloax de la f:loir«
' » impunis de tel»
Amener avait lae- •'■ dan* l'arma de« amis
f ' ''■« f.'tin de«t, (|<-ir^nt eji'ln T-r<^:r. ^pr"«
dix ans de séparation, le guerrier d'autrefois
devenu solitaire, crinmuniqua son dessiin à un
autre soldat, et le ju la de l'accompagner.
'■ (Juoi ! reprit celui-ci, aller voir un impiis-
teurqui, pour tromper les peuples, doime quelques
obolesàde mauvaises créatures, et leur demande
à ce prix de faire les malades, et de venir se
faire guérir! >■
Son camarade réussit cependant à l'i ntraîner
avec lui à la grotte d'.Vnxence. Les deux amis
se revirent avec joie et bénirent ensemble le Sei-
gneur, tandis que l'autre visiteur n'eut que des
injurrs pour le Saint. .Mais, de retour à t'.onstan-
linople. le lils de lincréilule se présente à son
père, la tunique déchirée et tout en larmes,
s'écriaiit :
n L'n ^'rand malheur nous est arrivé!
— Qu'est-ce donc ? demande le père efTrayé.
— Votre lllle est horriblement tourmentée par
le démon! »
L'infortuné père, pressé par le remords, fond
en larmes et se frappe la poitrine.
« Malheur, malheur a mon incrédulité '.
— Crois, lui dit son ami, et ta flile seraf^tiéric. •>
AussiliM, lou> hé par la grAce, il se jette à
genoux et s'écri'-:
« Oui, Seigneur,je crois, aidez mon incrédulité.»
Il crut, coudaisit sa fille à Anxence, et sa fille
fut guérie.
Uuehiues jours après vinrent deux lépreux
pour demander leur v'uérison. Le Saint, qui lisait
au fond des cu'urs. i-n les voyant s'ajqirocher-
leur dit :
■< Quel est doue suin: pi-i lié pour que Duu
vous ait ainsi frappés. >•
.\ ces paroles, ce< malheureux se jetèrent à se»
pieds, le suppliant d'avoir pitié d'eux. Mais le
Saint reprit d'un ton sévère :
<i 0 frères, vous êtes punis pai.. .|.i. k..u5
jurez fréquemment. Si vous voulex obtenir lo
pardon et la ;.'U''i ^ez de provoiiuer ainsi
la colère do Noii ,i. ..
Il pria ensuite pour eux,
» Allez , leur dit-il, que Jésus vous (nièrisse
C4r, pour mol, je ne suis qu'un pauvre pécheur. >
Il se levèrent aussitAl parfaitement guéris.
l.'r.RMITK AU CO>rjL> DE CIIALC^DOINE
A la demande du pape saint l>on Ir t,i,iiiil,
l'empereur Marrien. ^uccewenr de Tbéo<loso le
Jeune, réunit un . . .,
ilaniner riiéréliMi. . ' : ' '"'■
qiie'la présence dn saint solitaire nemil utile, In
j'ria de venir au concile; mais le Snliit s'y
refosa. Alor<, Marcien lui rnvojra unedépulation
• I" moii,'-« el de f ler^ h '•oldat*
ivwnl ordre de le cnnduii i iir vou-
lait pas venir llbrentent. Aaxrncc rrsD'ia eacore
\\l\ irblll'» «Upl'lflli"!!- ■I" •■• - .nv.,\,'« )|U|
Saint Auxence s'enferme dans une cellule du mont Siope.
essayèrent alors de l'arracher à sa cellule. Mais
il fut impossible d"en ouvrir la porte. Cependant,
le Saint priait pour connaître la volonté de Dieu.
.\yant fait ensuite le si^ne de la Croix sur la porte
en disant ces mots: '■ Le Seitjneur soit béni! "la
porte s'ouvrit alor~ d'elle-même. I^ joie fut grande
parmi les assistants de pouvoir contempler enfin
les traits du saint vieillard. Mais ils ne virent en
cet autre Job que plaies des pieds jusqu'à la
tète. I,*-s chairs, dévorées par les vers, tombaient
en lambeaui,ct l'on lut obliiié d'emmener sur
un chariot ce martyr de la pénitence, tant ses
forces étaient affaiblies.
Nombreux furent les prodip;es accomplis sur
son pa^sice. Il jmérit tous les malades qui lui
furent présentés et délivra une multitude de
possédés. Ceux qui l'accompagnaient pouvaient
à peine croire ce qu'ils voyaient.
Les pauvres du mont Oxie le suivirent à pied
pendant de longues heures. Leurs larmes témoi-
t'naierit quelle était b-ur vénération pour le saint
vieillard qu'on leur arrachait. Auxenre, touché
de leur afiliction, leur dit :
<< Allc7., mes fils, retournez en paix sur la
monta;.'ne; ils peuvent conduire au loin mon
pauvre corps, mais mon esprit ne vous abandon-
nera jamais. '
Celte promesse les consola, et, obéissants à la
parole du |iérc, ils regaî-'nèrent leur montaisne.
Cependant, le Saint arrivait au monastère de
l'hib', quand il vit venir un possédé, criant de
toutes SCS forces :
•' Malheur, malheur .i 1"!, Ainpiiii', qui ne
m'as pas donné le pouvoir de tuer les impies qui
le reçoivent pour ma perte et la perte des miens.
Ton passage a tout sanctifié, et nous avons été
obligés de fuir en ta présence.
— Au nom du Christ, lais-loi. ■ lui répliqua
le serviteur de Dieu, et le démon se lut.
On conduisit le Saint à l'église de Saint-Jean,
où il pria louglemps en versant d'abondantes
larmes, et, pendant qu'il priait ainsi, le possédé
'ut :.'uéri.
Au monastère de Philé, il étonnait les moines
par ses austérités h ce point qu'ils voulurent
mettre l'homme de Dieu à l'épreuve. Ils mirent
dans sa cellule des racines, des dattes cl autres
fruits (;U3 les solitaires ont coutume de manger,
allumèrent une chandelle, el y enfermèrent un
jeune enfant avec ordre de surveiller tout ce
qu'il ferait. Ils vinrent huit jours après, mais quel
ne fut pas leur ctonneraent quand ils virent que
la chandelle brùlail encore sans s'être nullement
consumée et que tout ce qu'ils avaient mis dans sa
cellule était intact! Ils interrogèrent le témoin
caché sur ce qu'il avait vu.
"J'ai vu, répondit l'enfant, la multitude des
biinhi'ureux venir converser avec lui, el une
i-olombo lui apporter la n<iurrilure. "
11.' ce monastère, on conduisit le saint ermite
à Clialcédoine, oii les religieux du couvent de
Saint-Hypacc le reçurent avec un extrême bon-
heur. Là, les miracles se multiplièrent imi'Oi.
-ous sa main; el les religieux se virent o|)Ii.
.Il- laisser ouvertes les portes du couvent àciuio
i|i' Il mulliliidn ilo piTsnnn»"- qui venaient 1" "ir.
ENTREVUE AVEC L EMPEREUR
Le concile était terminé quand le serviteur de
Dieu arriva à Chalcédoine. L'empereur se le lit
présenter. A la Mie de l'état où son corps était
réduit par ses veilles, ses jeûnes et ses macéra-
tions, il fut saisi d'un prand respect. Il le traita
avec la plus ^'rande bienveillance, et le pria de
vouloir bien souscrire aux actes du concile.
•' Seitîneur, répon.lit le Saint, étant le dernier du
troupeau de Jésus-Christ, je ne mérite pas d'être
mis au rang des princes de l'Eglise. » Cependant»
pressé par l'empereur, il prit connaissance des
actes du concile, et voyant qu'on n'avait rien décidé
de contraire à la foi de Nicée et qu'on avai^
défini que la Sainte Vierge était vraiment la
Mère de Dieu, il protesta au prince qu'il les
approuvait de tout son cœur.
NOUVELLE SOLITUDE SUR LE MONT SlOl'E
Le 'saint vieillard demanda aussitiM à rentrer
dans la solitude, et chercha à gagner la montagne
de Siope parce (ju'elle était plus escarpée et plus
solitaire que le mont Oxie. Il y fut accorapa;.'né
par quelques clercs et par les religieux de Saint-
llypace au chant des hymnes sacrées. Il s'y
enferma dans une petite cellule, n'ayant pour
toute ouverture qu'une fenêtre très étroite, ])ar
où il parlait et bénissait ceux qui venaient le
voir. Après avoir donné le baiser de paix à ceux
qui l'avaient suivi, il les renvoya, et il resta seul
avec son Dieu. Cette montagne est encore appelée
aujourd'hui mont Saint-Auxence.
Les iléraons, ne pouvant plus supporter son
éminente sainteté, s'efforcèrent d'ébranler sa cons-
tance par toutes sortes de moyens, mais ce fut
en vain, l'ne nuit, pendant qu'il était en oraison,
ils se précipitèrent dans sa cellule, et se pré-
sentant à lui sous diverses formes, ils l'acca-
blaient de coups ; mais le Saint les mit en fuite
par le signe do la Croix.
• Comme sur le mont Oxie, il vit bienti'it .'iccou-
rir autour de son humble cabane une foule
immense qui venait i«cevoir ses instructions. Il
le» exhortait principalement à fuir les spectacles,
parce que, dis.iil-il, rien n'est plu» capable de
soulever les mauvaises passions et de corrompre
la pureté de l'Ame. Il leur enseignait aussi à prier,
\ chanter le» louantes du Christ.
Ses exhortations sur le néant des choses de c«
moiide comparées h celle» de la vie future, rem-
plissaient tous les cœurs de componction, et
entraînèrent un bon nombre déjeunes personnes
à renoncer au siècle pour servir le Christ dans
la solitude et la pénitence.
Il se vit obligé de donner l'habit religieux,
consistant en une robe et un urand manteau
de poil, à une noble femme, dame d'honneur
de rimi)ératrice Pulclièrie. Soixante-dix autres
personnes suivirent ce saint exemple, et deman-
dèrent au saint vieillard de les faire toutes reli-
gieuses. Après avoir éprouvé leur vocation, et
voyant qu'elles persistaient dans leur pieux désir,
il accéda à leurs suppliques. Il leur prescrivit
certaines règles pour les faire avancer dans la
voie de la perfection, et il leur lit bitir à un
I mille de sa cellule une petite église autour de
laquelle elles se logèrent. Le dimanche et le
vendredi, elles venaient le visiter, et recevoir de
sa bouche quelques salutaires exhortations. Le
saint vieillard leur parlait tout particulièrement
de lagrandeuret de la beauté de lachasteté.Illeur
indiquait par quels moyens il fallait vaincre le
démon; et il aimait à leur faire sentir combien
il était beau de rester fidèle à Jésus-Christ.
MaL'ré son t:rand Age, ce lidèle serviteur de
Dieu n'avait rien changé à ses terribles austérités
ni à ses longues prières.
Parmi les grandes ^rAces que le ciel lui avait
prodiguées, il ne faut pas oublier le don de pro-
phétie. Il lisait au plus profond des cœurs; il
découvrait les choses les plus cachées, l'ne nuit,
pendant qu'il récitait .Matines, il vit l'àmc bien-
heureuse de saintSiméonStylilei|uitlercctte terre
et s'envoler vers la patrie céleste. Il s'empressa
de l'annoncer aux personnes qui restaient auprès
de sa cellule pour chanter des hymnes au Sei-
gneur. Cette nouvelle fut continuée ijuelques
jours après.
Enlln, l'an 470, à la suite d'une exliortatinn
qu'il lit à ses religieuses sur la néci-s>ilé d'être
lldéles h Dieu, et de conserver toujours pure et
intacte la belle Heur de la virginité, il tomba
malade. Trois jours après, il s'endormit douce-
ment dans le sein de Dieu, et son Ame .illa chanter
au ciel pour l'éternité relui qu'elle n'avait jamai»
cess«' de buier sur la terre. Son corps fut accordé
oux religieuses qu'il avait fondées; et sur son
tombeau, où s'opérèrent un grand nombre du
miracles, s'éleva peu après un monastère sous le
vocable de saint Auxcnce.
iv
l'kTiTut.'iKi.Imp.-tfcianf, li,ruc Kraui.ui» i", l'aris
SALM FAUSTIN ET SAIXT JOVITE, MARTYRS
Fête le 1 5 février.
A la parole des martyrs, la statue du soleil devient noire comme la suie.
LES PBF.DICATKURS ZELES DE JESUS-CHRIST
La ville de Brescia, située aux confins de la
Lnmbardie et de la province de Venise, éclairée
des lumières de la foi dès le temps des api'itres,
eut l'honneur de donner au ciel un grand nombre
de ses enfants martyrs.
Les bietiheureux frères Faustin et Jovite ne
furent pas les moins brillants parmi les joyaux
de sa couronne t'iorieuse.
Issus d'une des plus nobles familles de la cité,
les deux frères prêchaient avec un zèle sans
relâche la fni de Jésus-Christ qu'ils avaient reçue
avec une pieuse avidité, car ils étaient non seu-
lement unis par les liens de la chair, mais
encore, la vertu de l'Esprit-Saint les animait tous
deux d'une m^rae ardeur, en sorte qu'annonçant
avec le m>-me empressement le nom de Jésus,
il» amenèrent au culte de la vraie foi une grande
multitude des habitants de cette contrée.
La ville de Brescia avait à celle époque pour
.'■vZ-qui", un 'aint homme du nom d Apollonius,
<|ue la crainte de la persécution avait contraint
à se cacher dans des lieux retirés. Avant appris
le lèle que les serviteurs de Dieu déployaient
dans la prédication du saint Evangile, il les fit
venir auprès de lui, et les éleva aux Ordres
sacrés de l'Eglise. Il conféra l'onction sacerdotale
à Faustin, parce qu'il était l'aîné, tandis que
Jovite, le plus jeune, reçut seulement l'Ordre du
diaconat.
Les hautes fonctions auxquelles ils avaient été
élevésnefurentqu'un stimulant pourleur ferveur.
Comme chaque jour ils conquéraient à la (oi du
Christ des foules innombrables et que nul ne
pouvait résister à leur enseignement, le bruit de
leur prédication se répandit bientôt dans les
provinces voisines.
18 GOUVEHNBCR PATEX ITALICrS s'ÉMEfT
Or, à celte époque, les peuples des Hhétics
avaient pour aouverneur le comte Italicus, païen
jusqu'au fond de l'dme, et dévoué au delà de
toute expression au culte des démons.
Enseveli dans les ténèbres de son aveuclemrnl,
il ne se contentait pas de refuser pour lui-même
la lumière de la toi, mais il faisait encore tous
ses efforts pour en éloigner ceux de sa rrovin ^t.
C'est pourquoi, lorsque l'empereur Aarien vint
visiter la Li^urie, Italicus alla au-devant de lui
JLi.'
jusqu à l'Adila. el lui adressa sp' plaintes en re^
lenae* : • tlrauJ empereur, inviucitile triompha-
teur, sauvei la répiiblii]ue romaine, sauvez nos
dieux sacrés. Il y a, dans la ville de Kresria. deux
hommes qui pr-^clit-nl je ne sais quel Christ, el
qui ont delà détourné beaucoup de niond-- du
culte de nos urands dieux. Si la réprimande de
votre divine parole ne les arrête, il est hors de
doute 't"e It'urs doctrines subversives ue Cassent
bicDliM 'iiblier le culte de nos dieiu. »
A ce'i paroles, l'empereur .\drien, qui connais-
sait le irle idolâtriquo du L'ouverneur, lui donna,
par un •■cril si:;né de sa propre main, tout pou-
toir pour ramener au culte des divinités de
l'Empire, ou pour exterminer dan» les supplices,
tous les chrétiens en quelque lieu quil les
trouT&t.
Le comte Italicus, aussitôt qu'il eut reçu ce
pouToir. l'objet de ses désirs, partit pour Itrescia,
selon que l'empereur lui avait commandé II ne
fut pas plu» tôt entré dans la ville qu'il envoya
tout A rin'lant son con-^eiller Libère notifier k
Kau'lin et à Jovile les voj.iiités impériale*.
Mai», lorsqu'il apprit que ceui-ci dimcuraieiil
immobiles dans leur foi, rempli d'iiiili;;nation, il
donna ordre à ses soldats de les arrêter et de les
amener en sa présence.
Dés qu'ils furent arrivés, il leur parla ainsi:
« -Notre très invincible empereur a dérrélé par
des ordres sacrés que tou« les chrétiens devaient
retourner & la reliuion de nos dieux, el que tous
ceux qu'on inuiverait rebelles à ces préceptes
expieraient par toutes sortes de supplices leur
réïolle audacieuse. Il est donc juste, Fauslin el
\ous, Jovile, que vous vous soumettiez à d'aussi
.salutaires avis et que. ri-jetant les err>Mirs d'une
suiierstilion nouvelle, vous reveniez au mbux
ruite de nos ilieiix que la république a r^'n^acré. »
Les bienheureux Kanstin et Jovile réponilirent:
" Le temps est vpnii pour nous de nous réjouir
pliUôl que de trembler. Aussi, nous voiilon» que
lu saches avec certitude que nous ne pouvons
d'aucune manière abandnnner la relii.'ion de
Jésus-(;hrisl. h laquelle nous avons été une foi»
initiés, etque nou>ni' [louvons obéira les ordres. >■
A celte réponse, Italiens ordonna qu'on les
^'ardàl en prison, jusqu'à l'arriké- il. rciuiicriMir.
qu'il attendait bientôt.
AI'RirN BF. VOIT VAI>iX V.KU H (M\MA\i.K 1)1. ^ -A ^r^
Kn elTel, le cinquième jour, l'empereur lit son
•entrée à Hre«ria. Le comte Italiens s'empres«a
lie lui p&rliT des di-ux frères, el d» lui dire coiii-
ment ils avai'>nl en l'audace de mépriser ses
commandemi'nts le» plus sacrés^ cl qu en consé-
ni' fic»> il |p<i avait fnil sarcler en prison pour que
'Il Miéme eût la iL'Ioire <\v les amener a compo-
sition.
L'empereur dit alors : <' Mais, ouelle est leur
' ~ '" -"iir qu'on leur accorde d«re jucés par
r lili-m>''mef n
leurs supplices, un :.iaiid nombre de chrétiens
au culte des dieu.v qu'ils ont déserté. »
Il ordonna donc de les tirer de leur prison, se
les lit amener, el lorsqu'ils furent en sa présence,
il leur dit : " Est-il un dieu plus puissant que le
soleil, pour que vous abanaonniez son culte, et
que vous deviez rendre vos hommages à quelque
autre plus ;»rand '.' i>
Lu bienheureux iuvite répondit : « Nou& ado«
rons et honorons le seul vrai Hieu, le Dieu du
ciel, de la terre el de toute créature, qui a l'ail le
soleil lui-roénie. et lui a donné pour oltlce de
briller durant le jour, comme ilu chargé la luue
el les étoiles de luire nu milieu de» nuitii. >■
Adrien dit alor* : Vous aifinei avec plus da
prudence en obéissant k noire volonté, vom
pourriez ainsi devenir le» preininrn dan» notre
palais, au lieu que, si vou« pei - ' ' mu volr«
folie, vous serez frappés de la m I luellu. m
I>esbienlieurenxroarlyrsrt'peii m .mu i-ntemble:
■I Non, jamais nous ne eommeltron» un tel crime,
qui MOUS conduirait & la ni<'it éternelle. " Adiieu
leur dit : " Votre crime, c'est de vou» déclarer
chrétiens el de mépriser la Jouissunce paitible de
no-, bonnes Kr&ces, préférant à cet honneurs la
note de l'infamie. •>
Jovile répondit: « .Nous avons raille fois raison
de confesser et de déclarer que nous sommes
chrétiens car nousdevons fnirtes bonnes yràces,
si nous voulons obtenir celles du Hoi éternel. »
L'em|<ereur reprit: • Vos cieurs sont trop
durs, je le vois, pour que mes paroles les puissent
fléchir; mais nous avons une tendre alTection
pour vou-^, et c'est poucipioi nous désirons, de
tontes manières, vous voir devenir meilleurs,
afin de vous accorder un rang honorable dans
notre milice.
— Le Christ, r<<pnndit Fauslin, nous l't déjà
donné dans ses armées, car votre milice flnirm
avec le temps de cette vie, parce que vous-même
vous finirez avec le temps; mais celle du Christ
dure éi^nipllement.
— (".'est assez, dit Adrien, je vous ai sufflsam-
menl supportés jus.ju'ici. Ou sacrifie» nu «iien
invincible, an soleil, ou je vous ferai souffiir de
nombreux tourments. >■
Kaustin et Jovitc répoudirent: «i .Nous sacrifions
au liieu vivant, qui a créé le soleil pour l'orne-
ment de l'univers, et ce soleil que tu veux nous
faire adorer, Dieu nous l'a donné pour servir à
nos besoins. »
Ui STATUE O'OK OU XOUUL CIlANMtK tK POi MIUK XOIU
Adrien, ému de colère, ordonna de les conduire
devant le temple du soleil, nii ce dieu avait une
statue toute dorée, cl ilonl In léte éiall environ-
née de rayons d'or très pur; et reinppr''iir leur
dit: « Voyez-vous maintenant la t'Ioiieilu soleil
invincible'.' Approchez-vons et sacrifiez lui , ki
tré pour I
•'v ..nt •
vous
elTou
1
1 -
n<
Ire II
ion ) ' '
'ion mure; .\ ,>
!. e
lit
ffH"
Imsl que jeu Jmfs
" n, me sont du é l.iier Ip
pnr 11 oie d»» I im-i.'" A" >•■
i tous Ic'i yeux comme de la poix vile, pour la
coolusinn de tous reui qui t'adore lit i:'>mmedieu. »
Il dit. et aiissildl la ^t.1tue devint, aux yeux de
tout le peuple, noirt- comme de 1 1 suie, et les
rayon* qui iinliaieut autour de sa t te tombèrent
sur ,1e *<*'• •'omme des charbons éteints.
" (Jue vois-je! » s'écria .\drien, devant un tel
prodi^'e. I' Cnmm indez aux ministres du temple,
liii dit le comte II ilicus, de lui rendre son éclat.»
L'empereur ordonna donc à ses ministres de
monter avec des l'ponpes et d'essuyer la sui« qui
recouvrait U statue. Mais, tandis qu'ils font de
vains efforts pour exécuter eel ordre, voilà que la
stBvue tout entière tombe en poussière, en sorte
qu'il en reste à peine quelques traces.
Le bw-oUeureux Faustin dit alors à l'empereur:
" Vois-tu ce qu'il e~t arrivé au dieu que tu adores,
et coiameul il u été anéanti ? "
L'empereur, furieux, I«< eopdanHia aux bétes.
LES liF.fES siiNT ixiS nOlXEs filE I.'eUPEBELR
Lorsque les martyrs furent amenés dans l'am-
iihithé^lre, Adrien dit au comte Italicus : " Qu'on
iaui-e contre eux les animaux les plus cruels,
aliu que leur seule vue les fasse défaillirde peur. ■
l'uis, se tournant vers les martyrs, pour tenter un
ilernier effort, il leur dit; « Faustin et iovite.
voyei la mort qui va vous saisir; la ûu de votre
vie est bien proche. Kiiteiidez donc mes conseils,
et sacxilie-z au dieu Siturue ou à Uiaiie, alin qu'il?
vous délivrent de la dent des Wtes. » Saint
Faustin répondit : ■< Griui que vous ajipelez
Saturne é'.iit un borame sonillé des plijs mous-
trui'U-i- iir imie-i. qui dévorait la cfiair de ses
enfant', et celte Diane étïit une femme de ra<i>urs
trop libres, dont la meilleure occupation était,
ilit-on, de poursuitxe les Ln-les sauvaj^es à la façon
<]•■. . hns^i-ufs. Vous nous ordonnez d'adorer
-es ilicux, pour nous faire outrager Ip Dieu sou-
verain, n
L'empereur reprit: •> Quoi donc? tous /-les
d''>i« dans les lien» de la mort, et vous persévérez
dans vos blasph-^mes? u
.\|ors, il st- tourna ver* les tardes et leur
r/>mmanda d'amener quatre lions contre les
.Tthl'les du Christ. On lâche donc ces béte« fu-
nfiisP5 dont l'aspert inspirait la terreur. Files
ir ..urent avec une grande vitesse et viennent se
■ I- r aux pieds des martyrs, en poussant de»
I i.i-senients si effravaiits que la multitude des
u'iiH en était toutp tremblante. Files abaissaient
'~ superbes et léchaient les vestiites des
le sable.
> ■ ■ 11-, V irien ordonna à ses ministres
II. ids. et ceux-ci, arrivés anjin s
i ■ -rr.il.Mii- il- loeu. se roulèrent également à
■ 1 - pieil«. !/• pnupi", voyant ces prodiite» .
.1.1 : ■. Ua'"n enlevé du milien de nous re»
: 1 1- i.-iens. qui non"» empêchent d'adorer libre-
ment no» dieux ! *
Adrien, de plus en plus aitmillonn'* par la co-
i.r>>. rniiimanda d'envoyer enfin de» oiir"<, en
! de leur ntl.iclier aux Hnncsde» torches
pour les exoil#r par la douleur à dé-
vorer 1»» s»inl> martyrs.
I.r; offlriors et''-ruli;ri'nl l'ordre de l'pmpereur
lit les ours. Mal», lorsoup |p» animtux
■ roui .^v» «»rvit«'nr« H" IhoM. d» conciirt
•rent
ires,
■UUl u ■■.•|l.!i'i.:l.
'IX ^lu> d" liieii, ils se lenninnt. plpinn
<• -oriini'-. au milieu des bétes, Adrien leur dit:
Heniarquet, Fniislin et Jntite, combien e«t
fir.inde encore à votre éaard la miséricorde I''
-Saturne que vous avez outragé, c'est grâce à !■
que les bétes ne vous cnt pas touolHS.
Kouais de honte, répondit Faustin, rt tyran û-<
chrétiens ! ce n'est point ton dieu Saturne qu;
nous a délivrés comme tu le penses, mais c'sst
plutôt ce Dieu véritable que nous servons, et ijui
re».'ne dans le ciel. Mais où sont les meuaees que
tu nous faisais"? Les bétes que tu as envoyées
contre nous oublient leur férocité et, adorain
notre Dieu, se prosternent à nos pieds. Si donc
il te reste d'autres supplices plus puissants, bftte-
toi pourreconnaitretadéfaite sur tous les points. ■
Adrien reprit : ■ Ne soyez pas si empresséti,
car j'ai fait préparer des tourmriits plus durs
encore, et tout à l'heure je vous les ferai subir. "
LE DIEU SATCB.NE EST FOULÉ AU* PIE06 OE.S BKrK-
A ce moment. un prêtre païen appelé Orphétus,
qui était parent de l'empereur, vint lui dire : •• Si
votre clémence le permet, prenant avec nous
notre dieu, l'invin.'ible Saturne, nous descen-
drons vers ces chrétiens, alin de les délivrer des
bétes, et de pouvoir gainer aussi |f urs Ames. —
Faites comme bon vous semble, r^^pondit Adrien. .
Alors, Orphétus ainsi que d'autres prêtres et le
comte Italicus prirent la statue de Saturne et
se dirigèrent vers les saints, qui se tenaient en
paix au milieu des bétes Mais à peine s'en
étaiejil-iU approchés .fu"à l'instant les bétes
furieuses, bondissant sur eux, les mirent tous
en pié<'es, pendant qu'* les païens poussaient des
cris et disaient : " Dieu Saturne, secours tes
ministres! « .Mais le dieu resta insensible à leurs
prières, et même la statue fut foulée aux pieds
des héies^ et resta à terre, souillée du sang de
ses prêtres.
A la nouvelle de la mort d'italicus, son épouse
nommée .Afra, accourut avec empressement à
l'ampliithéàlre, et se mit à crier à haute voix,
devant l'empereur : « Quels sont donc. Adrien,
ces dieux que tu adores, qui n'ont pu ni délivrer
leurs ministres, ni se délivrer eux-mêmes'. FI
moi, malheureuse, me voilà veuve à cause de
ta perfidie ! "
Mais, bien plus, le peuple, voyant ce qui était
arrivé, sloritiait tout d'une voix If Dieu deFaiislin
et de Jovile. et un grand nomlire crurent au
Seii.-neur. Parmi eux l'on vit un ministre de
l'empereur du nom de Calocère, ainsi que beau-
cou|> de ses officiers
.\fra elle-même, l'épouse d'Italiens, abandonna
l'erreur de l'idolAtrie et s'adjoignit au nombre
des li.l.-le-.
L'e*»fl^ereur Adrien dit alors aux martyrs :
" Si le Dieu que vous ,'idorct est véritable, déli-
vrez-Tou" des b*te«. ., El les bienheureux martyrs
répondirent : " Oui. sur c poir' ■ ■ ii'his te
montrerons la puissance de N'o' ir Jésus-
Chrtsl «, et, se retournant, il- > bêtes :
" Au nom du Sei::neur. n'^u- nandous
de «ortir de la ville «-11.- Il, . ^ :-onne. ..
All««il4t, ces ' , oinme de très
douces brehi», - ' ni le.; porte* de
la ville, et gagnent iilncne*.
Adrien, insensible i. . -, di>niia
ordre de ramener en piiton les vaillatils soldats
du l'hrisl.
OtVFXUS-' TtKTATiVIW D'aoUII»
le I ' rt de dres«er
son fr ■ f.iit iiiioiii r
le^ »aml^ 1' iMeu, Il xouli.!
offrir de l'encens à Jupiter
demeurnieul iininobile> dans la foi du Christ,
Adrien lit préparer un iiranil feu et commanda
ensuite de les jeter au milieu.
tl lestruerriers du (Christ se tenaient immobiles
au milieu dos ilauiines, et les mains étendues,
ils rliantaient uneliymne de louau;:e auSeieneur.
Adrien, .i celle vue, ne faisait que s'irriter
davantatje : il les accusait d'tUre des magiciens
et d'iiifiUnes scélérats. Enlin, il les lit reconduire
en prison, avec l'ordre de n'' perinellre à per-
sonne de les y visiter, aliii de les laisser ainsi
mourir de faim.
.Mais, au milieu de la nuit, les anges du Sei-
gneur descendirent vers eux, et la splendeur
i]ui les enviroim.iit dissipa les ténèbres de leur
carhot. ils ne quittèrent les saints martyrs
qu'après les avoir fortiliés.
Cependant, Adrien fait de nouveau préparer
son tribunal devant le temple de Mars, et
ordonne de lui amener Faustiii et Jovile.
Calocère. cliar^é de cette mission, vint avec
tous ses ;;ardes au-devant îles serviteurs de
Jésns-Christ et ils niarrlièrent devant eux Jusqu'au
temple de Mars, en les comblant de marques de
respect.
.Adrien poussa un profond soupir en voyant
tous ses gardes accorder aux cbiétiens tant de
révérence, et pénétré de douleur, il se retira en
son palais, on il se fit amener les bienheureux
martyr* !i l'insu du public. •■ Pensez-vous, leur
dit-il, vous jouer de moi avec vos maléfices,
comme vous avei fait avec le peuple'.' Si vous ne
sacrifiez point, je vous ferai traîner de ville en
ville, et vous périrez dans les supplices les plus
variés. »
Lu bienheureux Faustin répondit : " Quelipie
part (|ue tu nous conduises, sache que tu seras
toujours confondu au nom du Sei;;neur; car
Notre Sauveur qui nous protège est toujours
avec nous. >•
Adrien dit : « Vous nous le prouverez lorsaue
je vous ferai appliquer à des tourments plus
cruels. »
Le bienheureux Jovile répondit : ••• Quels
que soient les cliAlirocnts que tu nous inlliges,
nous ne les craignons pas , Dieu nous sou-
tiendra. ><
.\drien les fit encore remettre en prison jus-
qu'au jour de son départ, avec la défense à
personne de les voir, et il Ht sceller la porte
de la prison , avec le sccbu de son anneau
impérial.
Lr. lUITtliB D'BAI' KT Lr HAPT^JIE DK SA.NG
Cependant, la foule qui avait cru et avec elle
(^loi-ére et ses officiers, Sf mirent à la recherche
du bienheureux Apollonius, qui s'était caché
par crainte des infidi-les; ils le trouvèrent non
loin de la ville de Hrescia.
Quand il sut tout ce qui s'était passé, le saint
évèque en bénit le Seii.'neur et conduisit ces
nouveaux fidèles dans un lieu très retiré sur
une montagne, l^, après leur avoir enseigné,
«eliMi l'usaue, l'enserable de la doctrine chré-
tienne, il les ba(>tisa au nom du l'ère et du Fil»
et lin '^^ifil-K^prii ; puis, les ayant fortifiés dan*
le •.' I.
Il' leurque Calocère et SM
nlli i . liritiens. Cette nouvelle l'irrita
au ■ l'Oint. Il ordonna d'arrêter ce»
liMii- * '-"î <i"ii' * iii|'.ii '■•" il»- i"t, 'i i .1 ff-iiiiii lU
plus Til parmi tous ceux de mon palais? ■< PoU
se tournant \ers les f;ardes : " Lt »ous, victimes
destinées à la mort, '-tes-vous assez insensés
piur abandonner nos dieu\ et croire à l'im-
punité? >'
Et ceux-ci lui répondirent : « Nous ne crai-
gnons pas la mort de ce siècle, parce que Dieu
qui règne dans les cieux est noire soutien. »
Adrien commanda alors de les entourer et de
leur trancher la tète au iiièine lieu.
Le massacre achevé, Apollonius vint avec des
chrétiens et ils enlevèrent les restes précieux
aux<)uels ils donnèient une di::ne sépulture, le
treize des calendes de décembre.
MIL.K.N — BOME — BRBSCIA
L'empereur continua son voyage vers Milan et
Rome.
Pour sedonnerle temps d'inventerdenouveaux
supplices, il faisait traîner à sa suite les trois
autres martyrs char;;ès de chaînes.
tl Ce sera, pensait-il, un exemple salutaire
pour effrayer les autres chrétiens; et puis, les
mille faliiiues du voya;;e finiront bien par épuiser
les forces des deux frères rebelles. "
Cependant, il remit Calocère entre les mains
de Sapricius, un de ses officiers, qui fit expirer
le martyr dans les supplices à Milan.
Les bienheureux martyrs Faustin et Jovile
étaient, pendant ce temps, conduits à Home, et
partout, sur la roule, ils entraînaient à la foi du
Christ une foule de peuple par leurs pri'dications.
Us étaient déjà bien pre.-< de la ville de Home
quand ils virent accourir au-devant d'eux un
chrétien appelé (^alimère. qui leur persuada de
monter sur son char, et entra aiu'-i dans la ville
avec eux. Touchés de voir en ce chrétien une foi
si vive et si coura;;euse, les bienheureux martyrs
obtinrent de leurs f;ardes de voir le Pontife de
Home, qui était, pour lors, le pape saint Sixte I",
et qui se tenait caché dans les catacombes ; ils
lui demandèrent de conférera Calimère l'honneur
de l'épiscopat et de l'envoyer à Milan, pour y
fortifier le peuple qui avait cru au Seigneur; ce
qui leur fut accordé.
La place nous inanaue pour raconter en détail
les soulTiances des deux Saints à Home et le»
merveilles qui en furent la suite, .\drien, voyant
qu'il ne faisait que perdre à cette lutte, finit par
y renoncer et renvoya les martyrs à Hrescia.
.\ la nouvelle de leur retour, les cbrétiens de
la ville, avec ré»éi|ue saint Apollonius à leur
tête, accoururent .lU-de^ant d'eux ; mais leur
joie, lièlas ' èl.iit trop prompte ; car le comte
Aurélien se lit amener les deux frères et voulut
les forcer à sacrilier aux dieux.
Ils lui ré|>oiii||riMit : •■ Nous sommes prêt» h
mourir pour b- nom de .Notre-Seit'neur Jésus-
Christ, plutiM que d'obéir ù te» ordres. ••
A ces paroles, .\uré|ien ordonna de le» con-
duire hors des portes de la ville et de leur tron-
cher la tète. Les généreux martyr» furent donc
traîné» lior» de la ville, tur la voie qui conduit
à Crémone. Ils se mirent à (jenoux, cl le» bour-
reaux leur tranchèrent la tète : c'est ainsi qu'il»
reçurent une mort d'un iaitant, pour acquérir
une vie éternelle.
Quant à leur penéculcur Adrien, empereur,
philoso|ihe, architecle. bel esprit, il '«ublia son»
.l.oile bienl'it 9e» victime-. ; - •••■■r a boire
I l..!!»;-' trait» à la coupe rs de ce
te; mai» il n'v trou • .juc *ide
rlume; il pnt la vie en deyoùt et «e suicida
.... -•ir au milieu de «e» ami» dan» on f^«lin. —
Kt son Amr, où e»t-elle maintenair
1 I rtiriirN
I 1 .1I1....M I". fin»
SAIME JULIENNE DE NICOMEDIE
VIERGE ET MARTYRE
Fite le 1 6 février.
7n démon, transformé en ange de lumière, apparaît à sainte Julienne, dans sa prison, poor
l'engager a céder aux circonstances et à sacrifier aux idoles ; mais la Sainte le reconnaît et
parla puissance de Dieu le tient enchaîné sous ses pieds.
011 LT» (NTIIK LES EriMS — JL'LIKNMK RtrUSI
d'xpodskk l'n Païen
Veri la fin du l'i* siècle, vivait à Nicomédie,
trande ville d'Asi^-Mincurp, une jeune 6lle nommée
Julienne. Niconi''die "^lail alors Id résidence ordi-
naire de» empereurs Diocktien el Galère, qui per-
•écutaient avec acharneni-^nt la reli„'ion chretienoe.
Le p"re de Julienne nommé Africain, païen exalté,
était lui-même un (rrand ennemi dot chrétiens.
Sa mère, femme frivole et timide, désapprouvait
les cruautéa de» paieni, mais n'osait point prendre
larii f>our le* disciples de J<^sus-Cbrist, dont la
morale sainte paraissait d'ailleurs trop sivdre à son
amour des plaisirs.
Elevée dans un pareil milieu, la jeune fille
semblait destinée à n'être toute sa vie qu'une
païenne vulgaire, mais sa fld<'lité et «on courage à
ri[pondre aux miséricordieuseï prévenances de la
gidce de Dieu la firent passer des ténèbres du pa-
|k''inisme aux ?plendeurs du Ciel.
Kncore enfant, elle éprouvait dij&du d"*? ■■*' v r
l'iilolàlrie ; elle se mit en rapport aver les
fut instruite de nos vérités sain tes, et reçut 1' : , c.
i. I insu de son père.
Fidèle à la foi de Jésus-Cbrist , elle grandi! en
Age et en vertu; les Rrice? «le son »isage reflétuient
les chsrmes de son âme, son père, lier de sa flile,
admirait ses qinlilé?, sans en savoir la cause, ot
songeait à lui préjarer un brillant mariafe. Grande
fut sa joie, quand Eleusius, jeune homme riche,
arai des empereurs et déjà membre du sénat de
Nicomédie. vint lui demander la main de Julienne.
L« païen s'empressa de donner sa parole sans même
consulter Fa fille, et le jeune sénateur, qui était
aussi un adorateur de« idoles, prépara ses fian-
çailles.
Il serait difflcile de peindre la surprise et la tris-
toss'^ 1» Julienne h cette nouvelle ; elle ne sonçeait
point '0 ce moment au mariage, mais surtout elle
ne voul-'' •* - — "-ix épouser un païen. Avouer
qi'ell • ^. i-'était exaspérer «on père
et '^«•'1' .. le chemin des supplices. Pour
ri étendant, elle lui déclare qu'elle
n'' Te proposition de sa part avant
qn'il ne soit préfet de Nicomédie.
C'-tte réponse déconcerta d'abord Eleusias, mais
telles étaient son estime «t sa passion pour la jeune
Olle, qu'il mit tout en cruvre pour arriver aux
fonctions préfectorales. A force de démarches et
movennant une gros«e somme d'argent donnée à
propos t l'empereur, il obtint la charça tant désirée.
Aussitôt, il envoie un messaise à Julienne : ■ Vous
ne l'un préfet, je suis préfet!»
t -e préparer au combat.
Jui ' i r ,.. r. ii,;,r.ciJ. Elle supplie le Saicneur,
ilan< In jeAne et la prière, de venir i son aide, et
entre franchement en lice. • Je mis chrétienne,
fait-elle dire à Kleusius, je n'époaserai jamais an
adorateur des idfles, renoncei à ce culte impie des
démon'», adorei mon Dieu, seul véritable, et alors
se"
h-
■ ni ie ,ciii«'ii'irsi nu mariage aiie> »iii:i «ou-
'S corps seraient unia, nos caors
A la lecture de ce message, le préfet appelle
illiraé lt«lement le r*re •!» Jiilienneet le lui commu-
uiqn^. >- re païen: - J'en jure
par ti 1 . *' cela e»l vrai, je
vous la livrerai niiilpré elle. av«« U droit d'en faire
re que vous voiidrei. •
tiei lui, en pr»i» à I» honte et
;.. ' de revoir sa flil* et de lui
,«, <■■ '- • •» -■ - ■'' -"n
•> , 'e
n« répend arec
fTPieie : « Mon ires ooui père, je l'épouserai s'il
*•■ ]t idnrer le ^ei;( Tr^i f> en, Pie-i iin-'-;t:'' en trois
f 'use, ja
1 , , .1. »
Afi'>ain fiéiiiii Jr colère: « Tu ae veux pas
m'<'b/'ir ?... Par Apollon et Diane, si ta persistes
daiM ton •niètsmenl, j« %» fais j«t«r aui bèU«
féroces
■ ' 1 père. Avacl'tide
>!• t, jamais je d«
Ter tant de tr-
III -t '•■ '■•■ ■■•■' '■•
-^ Mais enfin, d mon père, reprend la jeune Qlle,
TOUS ne me conipienex donc pas. Je vous l'ai dit
et je vous le rt'pète en toute vérité: j'affronterai
volontiers tous les tribunaux et tous les supplir.^s
plutôt que de renoncer à l'obéissance que je dois a
mon Oieu et mon Maître Jésus-Christ. Je suis chré-
tienne.
— Tu es chrétienne I. .. » dit .\fricain bondissant
de rage; et oubliant qu'il est père, il appelle d'>s
esclaves, en fait des bourreaui, leur ordonne Je
dépouilller sa fille et de la llaKeller en sa prii^iiue:
• Adore les dieux I • lui dit-il, pendant qi.e les
fouets roupissenl de sang ses innocentes ép.iul' s.
Et Julienne de répondre d'une voix forte: - Des
idoles sourdes et muettes n'auront ni ma !'oi. ni
I mes adorations, ni mes sarrifices, mai» j ..) Te
Notre-Seipneiir Jésus-Christ, qui vil et règne dans
les siècles des siècles.
On la détache toute sanglante et son pèrt l'envoie
an préfet, son prétendu tiancé.
JOLiLMii Diviiirr u pairrr
Dès le lendemain, de grand matin, le préfet
erdonne de l'amener à son tribunal. Julienne arrive
grave et modeste, elle ne parait "" \.e, le
supplice da ta veille n'a pas aller' !'• o»
traits. A sa vue, le préfel sent en Im m-Mn" un rude
combat s'élever entre son amour et sa colère. l.<-
premier l'emporte, et d'une »' • ■ ■■' -"■■ •• Ma
chère Julienne, dit-il, pourq' "ué s
longtemps? Qui donc vous a , ■. -■ ne
divinité inconnue? Rendei-moi votre ■ -i
nos dioux nationaux et épargnei-vous I' - , , es
qui vous attendent si vous refuses de leur offiir des
sacriflces.
— Consentes vous-même à adorer i ■ t,
dit Julienne, et alors je donnerai mon <> :.l
à vos projets de mariage ; sinon, jamais vuu* ne
serez mon maître.
— Julienne, ma r - dame, consente] seu-
lement fc devenir - e cl je vous laisserai
voloii
lerai V'im
— Mai
er tel im>mi jue vous voudrez.
abord le baptême et eniuiU j'tecep-
e dame, je ne puis pas. Si je ne
..^ereur le saura, et il m'enverra
i un successeur avec l'onlre de ae
— Quoi ? vous cr
«ern lir-inAii: itti I" ;
de vos flatterie». [>■
que veut vini.lr'Z ;
naient les proplièle» et les ji
n'on*. r^iïit ^l* <-r.rifr.ndii« Hin« leuf
*s,se7
A
f
; .r I »■■ ■ ill'-r ■;•• ■o.-jiii .le >
cruel ordmine de cesser: • '
^rice.
r.'.nnnd doUCem**"* ''»
■ voir m'a/
I» ohr^-
a [iioiir
lu*a»-lH oMintesiMit d''
I
bourreau:! se succèdenl autour d'elle pour la flageller
avec des veri;es flexibles et des nerfs di> boeurs. Cet
affreux supplice dura plusieurs heures, le san^ ruis-
selait à terre, le visage de la victime était dHiguré,
ses yeux obscurcis, ses sourcils relevés jusqu'au
sommet du front, la peau de la tète et s^s cheveux
arrachés. • Jésiis-Cliritt, Fils de Dieu, venei à mon
secou/sl > murmurait la vierge.
Quand les bourreaux fiirei.t las de la frapper, ils
allumèrent au-dessous d'elle des fagots de paiUe
pour brûler ses plaies, et lui percèrent les mains
avec un fer rouge.
Loc'qu'oo la détacha, après six heures de suspen-
sion, elie vivait encore et conservait sa connaissance.
Eile tourna vers le Ju^'e Sf» veux ensauçlaulés et
dit : « llallieiireux. tu ne pourras pas ait' vaincre
par tes tourraf-nts, oiais oioi, par la puissance de
Jtrsus-Cbrist. Je triompherai de ta cruauté et je te
ferai rou^'ir du diable Ion père. •
Le tyran ordonne de verser un elle de l'eau bouil-
lante, mais elle ne ressent aucun mal de ce supplice.
Alors le préfet commande de l'entourer de chaînes
et de la jeter dans un cachot.
LB PÈaC DV ■E.>l.sO^CE — JCLIUINC KXni
LX DÉMO.V E^CHAI^B.
Quand la Sainte se vit seule, abandonnée, toute
san^ilante rt déchirée de plaies, étendue car le toi
humilie de son obscure prison, elle se tourna vers
Jésus-Christ, le céleste E('Oux de son âme : « Seigneur
Dieu loul-piiissanl, disait-elle, venez à mon secoure
dans ce p<'rilleux passade. C'est pour l'amour de
vous que j'ai été réduite en cet état, ne m'aban-
donnez poirit. Vous qui avei délivré Daniel de la
gueule de» lions et les trois enfants de la fournaise
ardente, soyez mon protecteur, eoyez mon secours
et ma fnrce au milieu des tourments ; donnez-moi
la •■• " -•■•■■■> le préfet, afin que sa cruauté
im lue et que gloire vous toit rendue
da ^fiS siècles. »
I de la sorte, quand tout h coup une
viv it irriter ses yeux malades et éclairer
les murs du cachot ; elle aperçoit devant elle un
bomuie d'où semblait jaillir toute cette lueur et qui
affectait la majestueuse gravité d'un ange du ciel:
u J.ilienne, bieii-aimée de Dieu, dit-il, voici que le
préfet te pr-pare de^ supplices plus airoces encore;
mais d<'ji tu as assez souffert, tu as suffisamment
montré l'in courage. Dieu est content de toi et ne
veut pal que tu affrontes de nouveaux supplices.
Demain, on vit-ndra te chercher pour te forcer i
sacrifier aux id'i|.'5;lu Ob'* iras cette fois, pour éviter
de I loiinuents. •
I extrême s'empara de l'ime de la mar-
idant un pareil langage. > Qui e*-tu7 •
le a l'apiianiion.
M an^'e de Dieu, envoyi pour te sauver
/on te prépare. •
- (lieu ^iii r-in-cille l'apostasie et la
nne ref-onnalt bien
res, tratlreusempnt
aiit'H lie lumière, pour la lrotnp»r et
'•■ pniiste un gémissement et levant ux
eiii pleins lie larmes : > Seigneur, Ro! êa
ciel et J« I-1 terre, dit-f-ll«, oe m'abandonnez pas.
Toute nii ronflance est en vous, ne me lalsseï pas
suci-niiitiiT nux tfntations de l'ennemi, ne laisseï
p;i > M im<-. Kaites-moi connaître quel est
c-\ lie cons'-ille d'adorer les idoles. ■
1 ■ ' ■ ' Jiilitnnf, ■
'Il rjui le
( ■!■■' If, fil ij^iiin r 'ic ir n'iriiiifr ft fit lui
tvr
de
I
là
vil'
tra
ciel
Ces mots pénétrent jusqu'au foiid da l'âoie de
la raartiTP, y portant avec eux la joie et la y. six. ;
en même temps, elle ne sent plus la cruelle douieir
de ses blessures; elle se lève, elle se voit ^uéii.»,
elle est pleine de vigueur et de saule, et elle vvii
son ennemi, le monstre infernal, enchaîné à ses
pieds.
Us perdu maintenant sa feinte beauté et la laideur
de -son corps emprunté est digne de lui. Julienne
fait le signe de la croix et saisissant le dablc p.ir
ses chaînes : « Qui es-tu *? lui deniande-t-elle, .rmi
riens- tu 7 Qui t'a envoyé vers moi ? »
Le démon, forcé de parler et mainti^nu enchainé
comme un esclave coopable sotis la domination ilc
1a Sainte, par la puissance invisible de Jesus-Christ,
répond : a Je suis B''lial, on m'appelle aus^i le S»ir ;
je suis l'un des principaux minisires de Satan. • El
il se mit à se vanter de tout !e mal que lui ou
d'aiitres démons ont fait commettre aux hommes :
« Je n'ai de plaisir, disait-il, que dans les péché» et
les malices des hommes; c'est moi qui pousse à la
débauche et suscite la haine et la guerre. C'est moi
3ui ai trompé E»e, qui ai conseillé a Caîn le meurtre
e son frère, persécuté Job, soulevé des haines
contre les prophètes, encouragé l'orgueil de .N'abu-
chodonosor; j'ai fait massacrer les innocents ; j'ai
poussé Judas à trahir son maître «t les Juifs à cruci-
fier le Christ...
— Qui t'a envoyé ici T
— Satan, mon maître ; car je suis aous sa domina-
tion, et noire métier est de séduire les justes et
d'encourager les pervers. Mais jamais j^ n'avui» été
vaincu comme aujourd'hui. Laisse-moi, .lu as assez
joui de ma défaite... » En disant cela, il vomissait
des imprécations contre Satan son maître. Mais
Julienne, loin de le laisser, se mit à le frap|.er avec
la chalne^el le diable montrait par ses rugissements
qu'il ressentait en son étie les coups qui lui étaient
portés : il se voyait humilié et vaincu par la pureté
de la vieri;e chrétienne, et la puissance de son sang
versé pour Dieu.
u roua litBausK — mcrveuxii ci coMviasions
Le lendemain, le préfet envoie des soldats à la
prison, avec ordre de l-ii rimener Julienne si elle
vit encore. La vie^^e chrétienne les suit avec intré-
pidité, traînant à sa suite son ennemi toujours
• ichalné, au grand élonnement des soldats. Le
di.ibl'-., humilié et furieux de se voir montré dan' s.i
laideur et sa défaite aux palans qu'il tromp.iit, -";
pliait la vierge victorieuse d» le laisser partir v , ^
celle-ci refusait. Alors il se mil à vomir mille inir • s
contre elle, eX'itaiit les sold.its et les autres j ..i as
à mel'r* A mort au plus vile cette miMr,ihle .« •^-
cière. Juli»nne rabamlontia dans un fn-sé en. ombré
d'immondices, et aussitôt le démon diipirut.
La surprise du préfet fut extrême en vnyant sa
'i tiriie pleine de force et de saute. Son visaL-e.si
li- lie 11 ré la veille, rayonnait .l'in.' ne et l'une lie.iutè
€■ le«tes. Le paî'-n n'en fui : Quelle iii i,.'i
Cl- nue, dil-il, ellt) a des • ir mettre a -ni
service les génies inferniui, lriniii|ilior des suppli-
ces et jguérir les blessures. • llites-raoi. Julienne,
qui vous a appris cet «ri mvsIérieuxT
— Mon m.iltre est Jésiis-(".lin»t ; c'esl Lui qui m'a
appris à adorer en vérité le Père et l'E-pi it-S lint.
C est par la puiss.inre du Dieu unique ei viipil il.U
que I ai vaincu le diable ton maître. M,ii- '.■>.
in.^lbeureui. tu ne sais pas les tourments ei,-! >
il 1- t"ii I III , >'■ \i- ' . ii'-i 1 1- . i t; 1'». Il n -1 1 I , I
encore de les éviter »i tu te repens tv>
car Jésus-Christ, miséricordieux et bon, pardonne
au repentir. »
Le préfet ne Toit dans cet aTerlissement que des
injures, et, dans sa colère, ordonne de jeter la jeune
héroïne dan» un four embrasé. Derant cette sen-
tence, la 'ierge ne tremble pas, elle invoque avec
conflance le secours de Jésus-Christ.
A peine est-elle au milieu des flammes, qu'un
ange parait auprès d'elle pour la proléger, le feu ne
consume que se», liens et. comme autrefois les trois
enfants de Babjlone, Julienne, intacte et libre au
milieu du brasier, élève les mains au ciel pour bénir
son Sauveur Jésus.
A la vue de cette merveille le» bourreaux et la
foule s'écrient ensemble : « Il est vraiment tout-
puMsant le Dieu de Julienne, il n'7 a pas d'autre
l)ieu que lui. Préfet, nous aussi nous sommes chré-
tiens, nous voulons partager le sort de Julienne! »
Environ cinq cent» personnes étaient converties.
Comment exprimer la fureur du magistrat ! Il
requiert une compagnie de soldats, fait arrêter sur
le champ plus de cent trente personnes, hommes et
femme», et envoie demander à l'empereur quel
châtiment il convient de leur infliger. Le prince
répond par une sentence de mort, et le préfet
ordonne immédiatement aux soldats de leur tran-
cher la télé. Tous moururent courageusement pour
Jésus-Christ et, par un inslantde souffrances, allèrent
jouir du bonheur sans un.
Julienne enviait leur sort ; ils étaient entrés
après elle dans le combat, ils la précédaient dans
la victoire. Mai» le tyran ne l'avait épargnée que
parce qu'il n'avait pas encore perdu 1 espoir de la
vaincre ou du moins de lui arracher la vie dans un
supplice plus cruel. Les flammes l'avaient respectée,
Eleusius lui prépare un bain : un bain de plomb
fondu. Des que le métal est en ébulliliou dans une
chaudière d'airain, des bourreaux y plongent la
vierge chrétienne avec tant d'empressement qu'une
partie du liquide brûlant rej.iillit sur eux, les
blessant de telle sorte qu'ils ne tardent pas k
expirer dans d'atroce» souffrances. Julienne, au
contraire, loin d'éprouver aucun mal dans la chau-
dière, semblait y puiser de nouvelles forces comme
autrefois l'apôtre kaint Jean dans 1 huile bouillante.
A cette vue, le préfet, dans sa rage, déchirait ses
vêtements, maudissant ses dieux qui ne savaient pas
le venger, ni se défendre eux-mêmes contre Julienne.
Enfin, il ordonne aux bourreaux de le débarrasser
de cette magicienne en lui tranchant la tête.
DlldlKH COMBAT — VICTOlKt ET milORTAUTK
Julienne accueillit sa sentence avec joie : ses
combats allaient donc unir, et au lieu de noces
terrestres avec un p&icD, elle ftlltit célébrer too
jnion éternelle avec l'Agneau divin, et s'asseoir au
bbnquet céleste, ornée de la double palme de la
virginité et du martyre. Elle marcha au supplice
d'un pas assuré; en route, elle exhortait la foule à
quitter le culte des idoles pour adorer le seul vrai
Dieu, créateur du ciel et de la terre. Arrivée au lieu
de l'exécution, elle pria Jésus-Christ son divin Roi
d'agréer le ' icrifice de sa vie qu'elle faisait volon-
tiers par amour de lui : puis, agenouillée, «Ile
inclina la tête et présenta son cou au bourreau qui
lui donna le coup de la mort, i lie avait dix-huit
ans.
Les chrétiens recueillirent son corps et l'enseve-
lirent. Quelques temps après, une vertueuse dame,
nommée Sophie, sur le point de partir pour Home,
prit les précieuses reliques pour les emporter avec
tlle, mais son navire ayant été jeté par la tempête
sur les côtes de la Campanie, elle laissa son trésor
à Pouzzoles.
Quant au préfet Eleusius, la justice divine ne le
laissa pas survivre & sa victime : comme il s'était
embarqué pour aller à une maison de campagne,
située sur la côte d'Asie, son vaisseau fit naufrage,
il périt dans les flots avec tous ceux qui l'accompa-
gnaient, et leurs corps, jetés par le» vagues sur
une plage déserte, furent dévorés par les bêtes sau-
vages.
Le corps de sainte Julienne ne resta pas longtemps
k Pouzioles; par crainte des barbares, il fut trans-
féré a Cumes, et enseveli dans la basilique de saint
Mai:me, diacre et martyr. La ville de Cumes, ayant
été détruite dans une guerre, l'an 1207, l'archevêque
de >aple» envoya chercher les reliques de la basi-
lique. >i Jamais, dit un témoin oculaire, je n'ai senti
un parfum si suave que celui qui s'exhala des
ossements de saint Maxime et de sainte Julienne au
moment de l'ouverture de leur» deux tombeaux, ils
remplissaient tout mon être d'une douceur céleste. ■•
La transl.'^lion iaccomplit au milieu d'un grand
concours de peuple et fut un triomphe pour 1rs
saints. Le corps de sainte Julienne fut déposé dans
l'église du couventde Sainte-Marie de Donnaromata.
à la grande joie des religieuse», et celui de
saint Maxime, dans l'éplise de saint Janvier.
— Le culte desainte Julienne a été célèbre en Orient
et en Occident ; au Val-Saint-l'iermain 1 près Duurdan,
diocèse de Versailles), une église dédiée en l'honneur
de cette Sainte est un ancien lieu de pèlerinage,
source de beaucoup de grâce»; Sens. Heims, Autun,
Soisson», Limoges, Bruxelles, Ajaccio, Pans ont
possédé des reliques de sainte Julienne, ou d'une
autre sainte du même nom; car en dehors de la
Vierge dr .Niaimedie, il y a plusieurs saintes vierges
et martyres du nom de Julienne, entre autres, une t
Rome, une à Plolémals, deut «Cologne.
\mf -téranl : PiTiT»i»»v. I. ru« K>»nç«i» I". Paris
SAINT ALEXIS DE FALCOXIERI
ET LES AUTRES SAINTS FONDATEURS, DE L'ORDRE DES SERVITES
DONT LA FÊTE COLLECTIVE EST CÉLÉBRÉE LE 11 JANVIER
La pic de saint Alexis est le 17 février.
La Très Sainte Vierge apparaît aux sept fondateurs, elle leur donne la Règle de
de Saint-Augustin, qu'ils devront suivre, et l'habit religieux spécial qu'ils devront porter.
Dans la première moitié du \n\' siècle, pen-
dant (|ue la Franre (lorissait sous le sceptre do
sainl Louis, et les autres nations de l'Kurope occi-
dentale sous la conduite do divers princes di^'nes
de leur nom île dirélien, l'Italie était sans cesse
troublée par l'ambition des empereurs allemands
(|ui voulaient se l'assujettir, et déchirée par les
faction» rivales des Guelfes et des fiibelins, par-
tisans les uns du Pape et de l'Italie, les autres
de l'Allemagne et de son empereur. Mais la foi
chrétienne des peuple» et le mouvement de piété
(jue venait de susciter saint Fran^oi-i d'Assise
produisaient des merveilles. A Florence, une
association ou confrérie pleine de ferveur, dans
laquelle entrèrent les meilleurs citoyens de la
ville, «e constitua pour chanter les louances de
la Tr's ^ainlf Vierce et [>rnmnuvnir |f culte de
cette bonne Mère par tous les moyens possibles,
du l'appelait la Fraternité des Laudesi,
VOCATION
I.esassociésseréunissaienlsouvont pour réciter
ensemble l'office do la .Sainte Yierpe et célébrer
leur aufjusle Heine par des hymnes et des can-
tiques. Le I.T août do l'année 1233, ils étaient
rassemblés à cette lin dans la chapelle do leur
confrérie, et leur ferveur était plus grande et
plus ardente que de coutume en cette belle fête
de lAssontplion de Marie. Au milieu d'une mer-
veilleuse clarté, qui ravissait les yeux sans les
faticuer, lafilorieuse Vierye apparut à plusieurs,
les lettard.'i avec une bonté inexprimable, et, de
cette voix harmonieuse qui charme les Séraphins,
les invita à quitter le monde et ses vaincs jiré-
Atà
occupatious pour se cousacrirr fntiùremeut à
Dieu sous sa protection maternelle.
Parmi les lieureiix tf-moins di' cette vision,
était Houlils Moualdi. l'un des principaux de la
confrérie». l.'Ame enivrée de joie et de surprise,
il lie savait ']ue penser de cette grâce else deman-
dait ce qu'il devait faire.
l.'ollice achevé, les confrères sortirent-; sept
seulement restèrent, c'étaient Itontils et six de
ses meilleurs amis. Depuis loni.'ti'inps. ils étaient
liés ensemble comme des frèrfrs tt se soute-
naient mutuellement ilaiis la pratique des vertus
ciirélienues et le service de Marie. Konllls, qui
estimait leur saïf^-^e, leur lit part en toute sim-
plii'ilé de ce lu il venait de voir pour leur
demander conseil, ijuelle ne fut pas sa joie d'ap-
prendre que chacun d'en\ avait eu la même
vi-n>n f I r.i u de la Sainte Vierçe la mi'ine inci-
tation ; \-Miri-s par ce miracle de n'avoir |ias
élf- VI' lime» d'une illusion personnelle, iU réso-
Inr-Tit d i.jiéir tous ensemble et prompteineni à
1 a|'| ••! rie Dieu: ils choisirent unaniment llonnis
pour leur chef et se donnèrent rendei-Tous pour
le h septembre. '■ i- i" la Nativité de la Suinte
Vierfje.
LES ^EI•T -E:.' UFIRS de MAIUE
Voici les noms de ces çf pi serviteurs de Marie :
C"étai»-nt Itontils Monaldi, Jean Mnuetti, Hicover
Lippi, Ht-noit lie l'Antella, t.èrard Sosteeni, l'ar-
tbéleniy Ainidèi et Alexis Falconiéri. Ils appar-
tenaienlaui plus nobles et plus riches familles de
Rorenoe.
B<j>FiLs MoNti-Di. — Les ancêtres de Bonfil*
Monaldi, ou Mnnaldeschi, marchaient de pair
avec les princes. L'un d'eux. Itodriïue Monal-
'' - ' ■ en WJ2, >*it-neur et l'ou-
ne. de la ville d'Orvn-to;
avait entendu au fond de son cour l'appel de
Dieu; ni tendresses, ni menaces, ni suiiplications
ne purent l'ébranler: il abandonna ses biens et
8a maison pour aller se consacrer à Dieu sous
le regard de Marie.
lUiiTinxKMY Amipéi. — Barthélémy (qui voulut
plus tard s'appeler .\midéi , avait eu le bonheur
d'être élevé par une m 're très pieuse, qui l'avait
bercé au chant des cantiques; les noms de Jésus
et de Marie avaient les premiers retenti à son
oreille. Soi^ensemeut tenu à l'ècarl des occa-
sions de pèche par la vi.'iiaiice Je ses parents,
sa jeunesse s'était écoulée dans une angéliqat
innocence.
Alexis Faix:onikbi. — L'illustre famille qui a
donné ce Saint à l'Efilise subsiste encore ; des
princes Falconiéri ont eu l'insigne bonnenr
d'assister aux fêtes de la canonisation du servi-
teur de Dieu ' janiifr ISSSy Cette famille comp-
tait déjà si.x siècles de noblesse et un important
commerce assurait sa fortune, quand naquit
Alexis, l'an li(H). Ses vertus faisaient l'iionneurde
8a maison, quand il la quitta à l'igc de trente
ans pour se faire moine.
Ia- s .septembre, les sept ami*, ayant réplé
leurs alTaires de famille, libres désormai» de tant
SOUCI des choses terrestres, se réunirent aux
pieds de l'èvéque de Florence et. apns a%oir reçu
sa bénédiction, quittèrent la ville. I.a pauvre
denieure choisie pour le lieu de leur retraite -'tait
à quelque distance de la cité: on l'appelait la
Camnriia. A peine arrir<-«. |f« «olit.iire» s'y
dépouillent de tout ce qui • ' r leurs
anciennes riches.»**, rouvi !.re« de
mdes cilices, s« cejenent i ■ ne
de fer, se revêtent d'un hnl e;
le V. Jacqii- ■' ' r..:. le; ■ •t.
célèbre le» - - et ils r^ i
• Flort-nce, Ariliii
.Il 1 -.- . .1. .
Ml
jRA.t .WAMrrti
V ru I.IIT'I. I
.. i;i ,;
■ur.
nom
'■••re.
-e et
r« Marie,
iurant sa
[iil, il a «.lit trouvé
lin soutien et un
" ■«. Choisi par
niiiiuiiunlè uni
I 11» i<Mr 'cn:! ' r !■ ' ; [■
•r sa c^nscieiiie et i ellr
~ ' 'induisit tous à l'év.'giif
pour solliciter son appro-
V ■' - iv.iir tout examiné
I leur projet et les
llCtlIIIIH.
Ml de l<on,ii:iunta ,
. .l'.lll I.-' t.illlill.s
t immense dans ce sacrifice de
;. ..; 'iir l'nniour d» —i-' -Mii vaut
mieux que imII' im ndes ens< : '>ra>ait,
Dieu sera tonti leur riche*^' ■i,-f<%e
inliiii-, qtie nulle créature n- ir.
Jamui^ une telle paix n'avait i- ir
Leurs Jour» s'èconla'ent d.in' la
contemplation et la pnerr- ' le
•ourre qu'ils puisaient \fi ' la
tioB* du d'-roon, contre - ai-
blesi>«s de la ni«tur>-.
Après i|i)r-liin<'« -em.iin^s d» rm ffrare de TÎe,
{«e Ae
i;i ''iliiliii!'- Il ^"11;. m 1 .!•■ lli'nveau ses
I.'. iiid ils reparurfT' ' 's rue» de la ville,
nvrr leurs pauvres . leur démarche
Krave cl inmlestr, I l,.,i ['einle sur IfUrs
viaa.'i'>. ainai;:ris, tout Florenci' lut ému. La
iMif'iil.i' iiii ^* iiri's..'Ml «lir il HT i>.i-<ii r .'i\iii' dn
'■•''•><• famill» tif Hgnnn nr t'A^rrru < Ifrèr*
•• de l'er»'- • 'i df»
il.tmt la I 'Ci'n-
•4ii>-tadrii . i l'irt Un .<-
**rréieuni 4* Varie' <
)ioKé« aux brt* Ar lr(ir> iifre et '
plu* ricli'
I *H 'I»- I llllll II I IJI !■ Il'-W
t"t de 1a cité. Mais ilenoil
i 'l'iiu* |'-T«i''iii'''iiiin"iiii|"i', .ii,l'--ii^itjf
'ipi'nMivu de nouveau l^iir ««nre d» ne et leur
avoir dnaiié les avis qu'il jugeait utiles, il les
congédia.
LE HOT 5E5AR10
Ils revinrent à la Camorzia repreudre Jenrs
austérités et leurs prières. Mais, cliaque jour
amenait à leur ermita^'e de nombreux visiteurs,
poussés, les uijs par la dévotion, les autres par la
cu-riosilé. Ces allées et venues trouLilaient le
recueillement des solitaires et, a.tt bout de quelques
mois, ils se demandèrent s'il n'y avait pas li«n
d'aller cherclier une retraite plus éloignée des
hommes. Ils adressèrent doue à Marie de fer-
ventes prières pour crmiiailre sa volonté. Leurs
su^piiiations ae furent pas vaines : une Duit,
pendant qu'ils priaient cliucun de leur C(3té, la
fieiue du liel li-ur apparut le visaçe rayouuant
de joie, empreint d'une admirable et maternelle
majesté; étendant la main, elle leur indiqua du
jeste le mont Senario, monto^me haute et soli-
taire situé à '.' milles de Florence.
l.e lendemain, le^ Frères se communiquèrent
leur vision et exprimii-ent le désir de partir
iminédialcment. Mais Itontils ju;;ea qu'il ne fal-
lait rien entreprendre de semblable sans l'avis
de révéqoe, leur supérieur. Ils revinrent donc
i Florence poar soumettre ce projet à l'évêque.
Celui-ci af-'réa leurs raisons -et se réjouit des
faveurs d'iiit la Sainte \ ier^jt- les combbtit. Le
sommet du ii}oBt ?enajio appartenait précisé-
ment à l'E^ilis* de f loreiice; dès le lendemain,
31 inai 1324. l'évt^que leur en céda la propriété
par un acte juridiquement dress»; et sijsmé. «C'est
i'u-uvre de la main de ftieo, s'écria Bonfils, mes
frères, adorotis-la." Il voulait donner sa démission
de supérieur, se jugeant iucapalde et indiffne de
c^uiniunder à ses frère* dans leur nouvelle soli-
tU'lc: mais ceux-ci refusèrent et l'obligèrent à
rester à b-nr téJe.
Les e«n)it<s parb-nt joyeux pour le mont
S(>n.-irin. (i.itt.ijil leur banniiTe, l'imaj^e de la
<H:-''r \ rj- . et les objets nécessaires au saint
^ai iih.-f. li'- marchent à pied et ^-ravissent en
cbaniint des pi^aumes les pente? abruptes de la
moiita;me; arrivés shr le plateau, ils se pres-
leriK-nt et bai«ent le sol : '■ O Marie, notre Mère,
dis^nl-il» avec transport, voilà que nous avons
tout quitt-'- ynar »o«s suivre: f.'rni> nos rc/rV/Mi/ni/s
rnnnin »■' isfcuti aimvr te. > Ils iœprovispiit un ora-
rr<»aux de liois bruts, et le
-l'oiif/i. leur r.liapflain, célèbre
•• la messe. C'était le jour de
leur.
•■' enrope rien fait jnsque-
e mettent ii l'u-UTre de
■ irdeur inrroyable. Il
I ii 'alioo sur c«tte bau-
ri, finie ceilule dans
I de l'.^ntolla
•'»Bde à l'ouest
'!<■ donnait .'ir<y>H à vn autre
• ; il «v ''n«''Vf lit rnremc dans
•au el ur; roii' d'IM«ure
iti7<' an' I/- ' ■ 'itMjio-
t r. i ' .
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la. '
1.111
Il y 1 -.1 ' 1 •■'
fl 1 •au i;
turf-. Ilo
r-lianl' r •
^aiiit»- \
urri-
pour
I-- Miiiiifs !<• meu l't de la
rr^T
lUd
pierre et 4^ la leur en*oyer. Mars Ardine» •eafcit
iller en personne visiter ses (ils spiiiluels. U vint
au jnout Senario et y bénit la première pitrrre
du sanctuaire, sur laquelle il fit f»raver ces mots :
« Ce ne stra pas ici autre chose que la maison
de Dieu et la portf du ciel, et, pour vous, Ser-
vîtes, ce lien s'appellera la Cour de Marie. »
Après les avoir eneaees à persévérer avec cou-
raire dans le service de Dieu et de leur céleste
Mère, l'évêque se retira en leur renouvelant l'as-
sirraBce de sa protection. La chapelle terminée,
les solitaires construisû-ent autour du saurtuaii o
des c«llu.leseji bois, séparées les unes des autres.
Huis ils élevèrent une enceinte d'art lr•■^ et dépiiies
pour tn défendre l'accès aux bêles fauves. Le
couveint du mont Senario était fondé.
La reQOTOmée des serviteurs de Mari.' et A".
leur ;nTnide ausiérité comniencait à se r pandie
au loin. Le cardinal Gooflroy de Cliàtiilion, ltu;it
apostolique, ayant peine à y croire, Koolut s'en
rendre compte par lui-mèroe. .\ la vue d^s
efl'rayaates Hiortiûcatiwis que s'imposaient ces
hommes héroïques, il fut si érau de compassion,
qu'il crut de son devoir de prier l'évêque de Flo-
rence d'intervenir et de modérer leur ardeur
dans reiercice de la pénitence.
Confils loi-mème, en qualité de supérienr,
jusea qu'il devait imposer quelque modération
aux jeûnes excessifs de ses frères: l'hirer. d'ail-
leurs, allait les priver des médiocj-es ressources
qu'ils avaient trouvées jusque-lii. Il s<i décida à
tendre humblement la main à la cliarité des
lidèles et délégua à cette fin le FV. Bonapunta
Manetti et le Fr. Alexis Fal(Xiniéri.
Quelle humiliation pour c«s deux personnaees,
nafTière dans la richesse et l'abondaiioe, d'aller
demander du pain, comme de« mendiants, de
porte en porte ! Comment soutieiulrsipiil-ils dan? '
cet état les re^rards de leurs illu-lres famiibs?
N'était-ce pas déshonorer leurs pni^- i.i- ' r , injt
fouler aux pieds l'ori'ueil et la ili
imiter notre divin Sauveur, qui. é la; . ,i ni
riche, s'est fait pauvre pour l'amour de nous.
Les deos nobles Frères quêteurs, heareux die
s'humilier, partirent avec joieetWHrenl demander
l'aumi'ine à Flcn-ence. Ijes petits enfants les
snlucVrent de nouveau par leurs joyeuses accla-
mations ; Voifi /e« fcrritetn's dr Wtih .' Ilsr-^ une
circonstance semblable, quan-! ' la
Caniarzia, le petit P/ii/i;i;ic Iteni : ui'v
in»is, avait dit à sa mère : !tl>'< -t
viWTf lie Marif, faites-leur l'i ni
prédestiné entra plus tard dan- i ■ ■ i
vitfs. dont il fut le principal pi I
derini un trand saint el fut l'un*- u'-
de l'tx'lise; une année, il d«t se ter
plBsienrs mois pour ne pn- ■♦•-» • '■> -
PoBtiiè.
LE HIBACXE DE LA ' i
FOKBAnON J)E l'oBDKF. 1iK~ -illMTKS
Les ermites du mont Senario venaient ainsi
réïuLcrement demander l'aunione à Florence
pour snT'venir h leurs besoins, lis pensaient
:ï'-h«»er de la sorte k-UT vie dan? la »nlit«Mle «* la
■ nfc et n'avaient p»*- oiir»re acc^fAê <ie
■ ttn^i. bien que plusieurs per»onnes
.11 RranJ désir d'emltraMier
• uiun se .
..wi .., ., uils. et k> u).i:.u. -. ..;.... ».
iniration 4ic* bons a«htaim. Il* eni-rtv > ' it
demander à lï-vèque ce que pouvait si,:.'nilier
un tel prodipe. L'évèque, instruit par une révé-
lation, leur répondit que la vigne était une ligure
de la Sainte Vierge, et aussi une image de l'Eglise
et de ses développements. Il leur déclara que la
volonté de la Très Sainte Vieru-e était de les voir
accepter désormais les vocations qu'elle leur
enverrait.
L'HADIT des SERVITES — LA RfcCLE DE SAINT ACGUSTIN
Les solitaires se mirent à prier avec ferveur.
Le 2;. mars, anniversaire de l'Annonciation de la
Sainte Vierge, se trouvait être occupé celle année
par le Vendredi-Saint et les douloureux souve-
nir? des souffrances de Jésus-Clirisl. Les sept Flo-
rentins se trouvaient réunis pour réciter ensemble
des prières en l'honneur des sept douleurs delà
bienheureuse Vierge, lorsque Marie leur apparut
de nouveau.
Assise -ur un trûne resplendissant de lumière,
environnée de nua:.'es, elle était accompagnée
d'uni' multitude d'anges portant les divers ins-
triiiiients de la Passion, des habits de couleur
noire semblables à celui qu'elle tenait dans sa
main virginale, un livre ouvert avec ce titre :
Senites de .WonV. gravé en lettres d'or, et une
palme d'une grande beauté
Les pieux ermites, surpris par celte vision
émouvante, éblouis par sa splendeur inimagi-
nable, étaient doucement ravis en extase.
Marie leur dit alors : ■• Me voici parmi vous,
mes liis bien-aimés, je suis la Mère de Dieu que
par la voix de la prière vous appelei si souvent .
à voire secours. Je vous ai choisis dès le principe
pour mes serviteurs, alin que, sous ce nom que
je vous ai attribué, vous cultiviez la vii;ne de
mon Kils; vovcr quel vêlement je vous ordonne
de porter. Cet habit, par sa couleur noire, sym-
boli>ie la douleur que j'ai endurée à pareil jour
en a-sislanl à la mort de mon Kils unique. Vous
avei dédaicné pour moi les couleurs multiples
des (ostuines mondains; il ne vous sera donc pas
difdcile de porter à l'avenir ces habits ijui vous
rafip'ileront les tortures que mon cn'ur a subies.
Hecevi'/,-|es. Ilerevei aussi cette rè:;le de_ saint
Au;:ustin, conlormei-y votre vie, alln qu'après
avilir été ennoblis du litre de Serviteurs de Marie,
imprimé ici en caractères d'or, vous gagniei en
outre cette palme de la vie éternelle. .■ Après
a»oir dit ces njots, la Sainte Vierge disparut 11 1.
L'évéque de Florence, averti iiur une révéla-
tion, arriva anssitiM npre» les fètc- de Pâques
au mont Senario, qu'il appeloit sa doui-c retraite,
le port où il vivait en paix, libre de tout souci.
Il revèlil les Fnres au nom de TKalise de l'habit
rr|:.-ipux que Marie leur avait laissé et leur
i 1,11.1 la règle de saint Augustin. Ils roinmen-
■ :■ ni un iifvi.-iat rét'ulier, et, un an après, il
..Il i. .\ il leur profession reli;.'ieu>e. L'ordre
d .s. i'l'., > iiu, par aiiréTiation, des SerriUi de
ilarie, était fondé.
DivELOrPMiNT» Dl l'oRDBf Df» Sf.HV|T»S
H" iinmbreuscs vocations vinrent rapidement
la famille des Scrvitet de Marie, dont
I 'l'ii intiTieure se constitua peu i peu
'mn de llonlll», Supérieur t.-énéral.
> , .|c l'évéque de Flnrence, les bien-
; ; -.nreiil nu sacerdoce,
• « par lui, à l'excep-
I. .M.>i , .|iji ieiusa loujour* avec
ti 'Il
(I) lluloirt dl l'Ordrt dtt S^rpittt d» 4f«n«, par
•ml des ixrvitci. — Paris, cboi Bloud et BarraT, l>
un
lue.
une invincible humilité, assurant qu'il n'était
pa< digne d'un si grand honneur.
Divers couvents nouveaux se fondèrent. Les
premiers furent ceux de Sienne et de l'ifernum.
Les Pères qui venaient du mont Senario pour
quêter à Florence, avaient obtenu de la charité
d'un Florentin|un petit picd-à-terre. pour s'y abri-
ter durant la nuit, dans la plaine de Cafagfiia, à
5 kilomètres de Florence. Cette petite demeure
fut transformée en monastère et une belle église y
fut élevée en l'honneur de l'Annonciation deMarie.
.\ la prière des moines, un peintre habile se
chargea de faire gratuitement b' tableau repré-
sentant le mystère de l'.Xnnonciation. que l'on
devait placer dans le sanctuaire. L'artiste se mit
au travail avec ardeur, la fêle de r.Ximonciation
approchait, on le supplia de terminer son leuvre
pour ce jour béni; Itartholoinéo (c'était le nom
du peintre redouble d'activité, il prolonge ses
veilles, enfin tout se trouve heureusement achevé:
il ne reste plus qu'une seule chose, la tête et le
visage de la Vier^'e. L'artiste se recueille pour
chercher son idéal, mais, succombant à lafatigue,
il s'endort. Durant son sommeil, lésantes achèvent
le tableau, et, à son réveil, le peintre voit avec
admiration la ligure de la Ueine du ciel dessinée
avec une perfection que le pinceau des hommes
ne saurait atteindre. Ses cris de joie réunissent
autour du chef-d'œuvre tout le couvent. La nou-
velle de cet événement se répand bientiH dans
la contrée, et les pèlerins arrivent en nombre
immense auprès de l'image miraculeuse qu'ils
nomment. Vt)(re-/tarnc.s'aiH(«. Mûrie. Mrre de ijnices.
Les Servîtes furent d'abord approuvés par
le Souverain Pontile, en qualilé de reliijieux
augustiniens {Fralies .<cni S. M. l'rdinîs S. Aii'jiis-
liitii, et, plus tard, comme un Ordre spécial, sous
le nom d'Ordre dn Frfres St-nilrs dr Marie foiis
la règle de suint Ainjuslin. L'Ordre fut successi-
vement gouverné par saint llonllls Monaldi, par
saint llo(ia:;iunta Manetti, saint Manctto de r.\n-
telia, saint Ainédée, saint Philippe Henni. Les
bienheureux fondateurs s'en albrent l'un après
l'autre recevoir leur récompense au ciel.
Saint .\lexis Falconiéri termina le dernier son
pèlerinaae terrestre; pendant soixante-dix-sept
ans, il fut témoin des progrès de son Ordre qu il
éclairait de ses conseils et édillait par ses vertus.
On admirait surtout son humilité, sa pénitence
et sa charité. Le couvent de <^afa;,'gia fut sa rési-
dence habituelle. Il lorma à la piété sa nièc«
Julienne Falconiéii, qui, sous sa direction, devint
une t'r.inde sainte, et fonda l'Ordre de» Tertiaires
régulières Servîtes. Apé île plus de cent ans, il
était encore lidèle k toutes les prescriptions de
la rèiile. Il %è>'ut jusqu'à l'Av'e de cent du an»,
prédit l'heure de sa mort, reçut les derniers
sacrements au milieu de ses Frères; puis il se mit
h réciter la S-ilutalion nnijelique qu il avait cou-
tume de répéter cent fois chaque jour. Tout èl
coup, il dit avec transport: .< \\i'. mes Frères,
voici les anues, rR;.'ardei, ils sont lA sous la forme
de colombes! Voici rKiifanl Jésus qui me
posft une couronne sur le frnnt! •' Quelques
il .'riiireiit. I : 1 milieu d'oiseaux
Il un bel < I rrrut son .\mc
et .li"|..il lit. n'était Ir 1 '-1 ■ ' '"'
L'Ordre des religieuse'- !
M.irip, fondé par saint" 'mI i.i
.Vlexi» et saint l'hilii ir
I,. ,i.,,.ii- . 1, I r..l,,-.. I ■ :. . . .' , lî
J le ; et le» Fill
Ju. il-menl à Livrv\ 1 n ■-
cese de Versailles, un pensionnat très llorissant
luip -yrrai;/, L. l'niiuiiM.1, S, rue Krsiiij.'H 1", l'»rit.
SAINT THÉOTONE
CHANOINE RÉGULIER DE SAINT AUGUSTIN
/•V^' Ip / s février.
Jérusalem! Jérusalem! — Saint Théotone, pèlerin
prosterne et adore Jésus-Christ qui a voulu être
ilAISSANCE ET PREMIÈBES ANNÉES
Cet enfant de pr^dilectinn naquit vers l'an 1080,
à Tude.en (ialire, de parents lionniUes et pieux. Son
père s'appelait Oveco, et sa mère Eugénie. On lui
donna au l'apti^me le nom de Tht'otone 'ouThéodon ,
qui siuiiilic divin ou don de Dieu; c'i'lait comme
un beureux présa^'c de ce que cet enfant devait
être un jour.
*,Cj parent» prirent un soin extrême de son éduca-
tion, et le coniiérenl, dès sa plus tendre enfance, à
dps maîtres qui devaient avant tout le former à la
vertu et à la piété.
Plu» tard, ils l'envoyèrent chez son oncle Crescon,
.'•■..". Mip lie Coimhre. Ce diune maître dirigea son
Il et le rnnlla au dévouement de Tello,
• re de cette èi;Ii»c, homme d'une prudcnc*
et d une modi"-lii- fxtraordinaire.pour lui apprendre
la lecture et le chant ecclésiastique.
A la mort de »on oncle, Théodon se rendit dan» la
ville d«" Vi«^fi. on. en coii«iiIi'T,Ttion d"- l'i-vf^qni'
de Terre Sainte, arrivant en face de Jérusalem, se
crucifié en cette vilie pour le salut des hommes.
défunt et de son mérite personnel, il fut attaché i
une église de cette ville dédiée à la Sainte Vierce.
Là, le jeune clerc fut admis aux Ordres sacrés dont
il remplit les difTérentes fonction-^ avec une exacti-
tude et une piété pleines d'édiflcalion. \ mesure
qu'il avançait dans la hiérarchie ccclè^i.Tiliqiie, il
croissait aussi en science et en sainteté, mettant un
soin extrême à se préserver de tout vice et à fuir
même les apparences du mal ; ;i Ici P'ini que ceux
qui étaient témoins de sa conduite l'idniiraienl et
le considéraient déj.î comme un sainl. Cédant aux
v.iux lie tous les hahilants et surtout aux ordres de
l'évoque de Coîmbre, fionsahi, il accepta la charce
de prieur ou doyen de cette église, dont il s'acquitta
avec une prudence et une sollicitude vraiment
dii-'nes d'élotes.
Aussi. urAce à son habileté et h son dévouent nt,
il enrichit cette épli^e de bien*^ lemponis, en lui
procurant les objets sacrés nécessaires au u''''
divin, et surtout de biens spirituels, en v alli ' inl
des clercs recommandables par leui' rcgulariiu et
li-iir" vertu».
47'.*
rREMlER l't.LEBl.NAGE A JKIUSALtM
Fort peu «cnsible aux honneurs f-l aux aTanta;;t'«
tempoii-ls que pouvait lui prorurer sa oliirye île
doyen, le sainl pi'ôtre usa d'un pious ptratafiènie
pour se «oustraire à une rhari;? "ju'il croyait au-
dessus dp >;es forces. Prolitant d'un vu-u qu'il avait
fait d'allir visiter les Lieux Saints, il remit les
soios d? ■ette é^ilise ù son coUùtfue llouorius qui, à
son retour, ne put, inal^Ti' les plus vr.es instance»,
lui en faire accepter de iumveau l'adminirtration.
Il refusa également la dii-'iiité épis.opale que )p
comte Henri et la reine rin-rasie voulaient lui offrir,
de concert avec tout le cleryé et le [>euple.
i^oiisidérant les biens et le» ::randeurs de ce
m ! ' ■ I ' viles, éphémères ■ ' .'
.I:i; ■ l'omtne la peste i
lUiK ae n. 11111'' ; le Ijire apprécier et auiiin r i-i
sincère et profonde humilité, dans laquelle il
.lin; ' relran.dier comme diuis une forteresse
in. .le ineltait à l'abri des traits de tous
les ;,.. Je son Ame.
Touiefoi-, il ne faudrait pas croire que l'honinte
de Dieu voulût .*e déihar^er des embiirras et des
sollicitudes pa>t(irales, pour mener uue vie plus
ilouie et plus tran.|uille. Ce n'était m-'-me pas pour
suirre plus librement le lé;:ititue attrait qui le por-
tail à s'entretenir lontiuuellemeut avec Dieu J.iii'^
il |.' "re et la contemplation: mais il voulait, plus
.|. -M-'' des soucis de l'administration, avoir |iliis
lie loi-ir pour se livrer au ministère a|iostolique cl
Imviiller :'i 1.1 L'Ioir*» de IHeii et au salul des aiues.
' -le ré;:ne de Jésus-
' i .isit, par ses prédii-a-
iii;. . > ]IUlt^ Je ^rAces et de sauctiti-
. it. :i auditeurs. Heureux aui pouvait
I •■!: 1 -r la pure doctrine de la foi d'une
11'. 1 . i'^ive. tonner contre 1m vices les
|)|U* riJM!! Ml- I
par la cminl<»
lions p.T- '
il ne I .
iiMlsid- !.. ...
lt*aUÇOU|i de
.e« .11, .-..m s t.I
|ue, terrilierles
ii-nts, et elici.
l'cnses éteriielles ' j,tiii.ii>
et le devoir devant des
p.i tieurs -e laissaient toucher par
•lus d'une onction et d'une force
lu s. et Muaient se jet^r à se» pieds pour
1111. ar pardon ile la mis. i i.orde de Dieu eu
confessant leun» < i componction.
Si M' 1 Mlê--iiii- lit de la i.T,\.-e
et l'-r nue coaduito scandaleuse,
il- i.er sa rencontre et n''>«aient
l'iii ' .li^.iiil lui.
'' e qu'un jour le comlo Ferdinand et Ij
reine lli.i.isie, ijui rivjieul ensemble ■ ■
eiii-iire uni-i par l<»« Ih'M» d'un lécilnn
iisiisi ml à l'une
Ir.iinl» /i se retii .
M rt. de honte. i nii m
lin- I irJ aucun II irriva .i
rriiiiiiiant llieu. L'ayant fiit appeler après l'olihilion
dii Saint Sacrifice, elle tomba à se.* pieds, confessa
sa faute, en demanda avec larmes le pardon et
la péuilence, sollicita le secours de ses prières et
promit d'être désormais plus réservée et plus
respectueuse à l'éjiard des choses saintes.
Saint Théodon était plein d'une tendre compas-
sion [lour les pauvres et les malheureux; il ne
négligeait ricu pour venir en aide à toutes les
misères et infortunes dont il avait connaissance.
Chaque vendredi, il avait la coutume de célébrer le
Saint Sacrifice k l'éi^lise Saint-Michel, au cimetière
de la ville, en faveur des Ames du l*ur;;atoire. Il s'y
faisait un ^rand concours de peuple et de n<^m-
breuses offrandes; l'homme île Dieu ne se rés. r\aii
rien et distribuait toutes les aumone> aux indi;.-ents
immédiatement après la procession qui «aivait sa
messe.
Uue dire de sa chasteté ? Il savait uue cette belle
vertu doit être conservée d'autant plus précieuse-
BBeut qu'elle est plus exi'ellente et renfermée dan-
un vase plus frauile; aus>i, quel *oiu jaloux et iiuelle
délicatesse exquise il apportait dan» sa vi(;ilance
toute atteinte et Ij
L.i beauté et le» .
11. .lit
!..
il I.
.1 patrie
pour la pr
dan-i son
rieures de
avec la pureti- et l'e
nemi du satiil en |.!
de-» 1 et chercher a
quel.) . . mais toujour»
Kuivaiit Id icKoiniiiandatiou du Jr.iii Mu
prêtre sut chaque fois déjouer le»
démon, les tournera son avanta;:e per^.lllIul autant
qu'à la confusion du père du men^onye et de ses
suppôts.
Nous n'en citerons qu'un exemple : Tne femme,
remarquable par les charmes extraordinaires de sa
(lersoiine. cherchait un iour. par des paroles inni-
• ■ ■' " 1 .-r pour elle un''
il il.' Dieu eut-il
II.» s,., ,1, I, pouvant
maîtriser son n. i-<*<{e et
>'enfuil. Il est |.' . • •■ -a...,^ lÉ.a.^ j>ertlde
mondaine ne recommença plus.
Mais notre Saint «onpirait 'i;."
serait donné de nouveau de \
siiuvenirs de l.i i..is-i. n et
Hédenipteur II ;
et sp niit en I ii\ lie
pèlerins. Ils abordèrent uu p
Ban Italie', où lU furent
durant six semaines à cause des »i ni-. . ..iiii.oies.
Théodon, qui ne perdait jamais son temps, prolita
de ce retard torvjî pour «e livrer à toute» les u-inres
de misériiorde en sonpoiivoir'il s'riroreail.en outre,
■l'attirer à ces • ~
de \i>V(u;e qu'il
{•'\enu'< favorable», iN
lehl bv.
l( «i ee
Puissant, le su[i[iliant de -auverdu moin^ leurs âme?
et de les recevoir dans la bienheureuse patrie. »
Théodou. prosterné la !aie cr>ntre terre, abimé
dans la prière et dans les sentiments d'une tendre
compassion, conjurait le SeijL'neur de jeter sur tout
réquipaîie un ref,'ard faïoralde. Après avoir récité
les [waumes et les litanies, il adressa au Maître des
éléments et des Ilots cette touchante supplication :
« Seiffnear Jésus-Christ, fils du Dieu vivant et de
laumiste Vierge Marie, qui, avec le l'ère et le Saint-
Esprit, êtes un seul Dieu en l'ineffable Trinité de
personnes, daignez, nous venir en aide dans ce péril
extrême, afin que, arrivant heureusement au sépulcre
de ?otre ^.-lorieBse Résurrectiou pour lequel nous
venons de l'extrémité du monde, nous puissions le
vénérer et le baiser, en vous rendant de dignes
actions de grâces pour le grand bieufait de notre
re'demption. »
Le saint homme console et encourage les passa-
gers: il les e.xhorti» à se rejicntir de leurs fautes, à
se pardonner mutuellement leurs offenses, à prier
Uieu du fond du cueur et à placer en lui toute leur
confiance. Knfin, il leur promet qu'ils ne larderont
pas à être exaucés par la clémence divine.
En effet, comme II l'avait annoncé, la tempête
s'apaise, le calme se rétablit peu à peu, la nuit, dont
les affreuses ténèbres avaient aui-'menté l'horreur
du péril, fait place à la bienfaisante lumière du jour.
Tous, à l'envi, pleins de joie et d'admiration à la
vue d'une si subite délivrance, éclatent en • hants
de louanges et d'actions de grâces au Liieu Très-Haut
qui les a arrachés si miraculeu-ement à une mort
iiiimiiienle.
Enfin, trois semaines après son départ de Bari.
le Taisseau abordait heureusement àJatîa (l'antique
Joppé. flonquise par la valeur de nos aïeux les
•Iroisés, la Palestine était heureusement, à cette
époque, au fiouvoir des chrétiens.
Après avoir vénéré le tombeau de saint Georges,
non loin de Jop(ié, le pieux pèlerin prit sa route
vers la (îalilée et son cieur tressaillit d'allévresse
en arrivant dans celte douce et ;.Tacieu^e ville de
N.izareth, où vécurent <i loiiiitemps, dans le travail,
l'humilité et la prière, Jésus, Marie. Joseph. De
retli, il monta au Thabor, célèbre par la trans-
ition du Sauveur; et. du haut de cette montagne
• i. v.-p, il put saluer en même temps une foule
d autres lieux de (Jaliléc «ancliliés par la présence
.1 I,, „. — 1., ,jy Sauveur des hommes. Il traverse
i.irie. ni^n sans s",-iriêt,T au puits de
. ' .'.... i.. , prè^ de Naplouse l'antique Sichem;,
ce puit« au bord duquel Jésus s'assit, fatigué, et
convertit une pécheresse.
l)n plus loin ipi'il peut apercevoir Jérusalem, il
Il «lîii'- 'M -• I ff.-f rri m' Ii fjicç contre terre et en
II entre dans la Ville
; '^•tU de recounaipsance
et d
^': '• sen Trrux, oubliant le« fatigues d'un
, l'heureux fi. bTiii n'a rien de plus
«c rendre m r.ilvaire m'i notre bon
e sacrilii
e de notre rédemption,
«ant ce sol «acre avec
il rend «c- hommage»
imenLs aus>i tendres et
'•■ sa douloureuse
' Nse-
r le
venu V;
\\ mort, fut
■ 1' ••:» et
du
ilésaltéier avec une douce volupté aux eauv vives
sorties du côté entr'ouvert de Jésus, et savourait en
même temps les enseignements précieux renfermés
dans c^s scènes mémorables.
Au sortir du Saint-Sépulcre, Théod«n ;-
lieu ou Joseph d'Arimathie.et Nicodenie
le saint Corps pour le couvrir de paifutii- i. .i., d.-
le déposer dans le tombeau. Enfin, il n'eut gardi
d'oublier l'endroit où sainte Hélène découvrit la \ raie
^^roix, et son àme se répandit en actions de grài e~
(iiiur la faveur que Dieu avait faite aux chrétiens en
leur donnant une relique aussi précieuse. Ce lu
alors seulement qu'il consentit à aller prendre un
peu de nourriture et de repos, mais l'Ame fout'-
remplie Mes saintes méditations que lui sui;i.'éraii
ce qu'il venait de voir.
Le lendemain, il continua à visileramoureusemeni
les lieux ot les monuments vénérables de la \ille
Sainte : l'emplacement du temple de Salomon. l.-i
Porte dorée; le mont Sion et le Cénarleoù le Seigneui
lava les pieds à ses apéitres, institua l'aui-'Uste
Eucharistie, apparut plusieurs fois à ses disciples
après su Késurrection, où, enfin, le Saiiit-Esprii
descendit le jour de la Pentecôte. En quittant le
Cénacle, il suivit la voie sacrée par laquelle le>
apôtres portèrent le corps de la Mère de Dieu; vénéra
en passant l'église de Saint-Pierre dite ■> de (ialli
Caiitu •< du chant du coqr et le tombeau de sain'
Jacques, parent de Jé-sus; descendit dans la vall--.
de Josaphat; pria au lieu où fut déposé le corps d>
la Sainte Viertre; pas.'^a de là à l'oratoire de Ceth>v-
mani où le Sauveur, tombant enaconie, adressa an
Père sa touchante prière, et gravit le mont de<
Oliviers d'où .Voire-Seii-neur Jésus-Christ remoiit.i
au ciel. Il se dirigea de là vers Béthanie pai
Bethpliagé, et visita le tombe,-iu où Lazare fui res-
suscité et la maison qu'il habitait avec ses su?ur<
Marthe et .Marie.
Théodon tourna ensuite ses pas ver-: Bethléem,
entra dans l'étable qui vit naître le Sauveur du
monde, où le bœuf reconnut son Maître, et l'Ane la
crèche de son Seigneur, bien différents en cela dr
tant il'liommes ingrats <fui méconnaissant les don'
et les bienfaits sans nombre de leur Crt-att-iir. N'ui
loin de la crèche, il conieiiipla é;;alemenl le lieu "«
le cruel Hérode fit massacrer ii's petits Innocents.
.'Vprès avoir vénéré les autres sanctuaires et les
autres lieux célèbres de la Pale-line. il revint fair»-
ses adieux au Saint-Sépulcre. l.i'sChaïK'inesHéiiUli» r-
qui en étaient alors les gardiens, charmés de s,i
piété, lui offrirent de le n'cevnjr d.ins leui coniniu-
nauté. Nulle proposition ne pouvait ède plu^
agréable au saint prêtre; il s'empressa de lep ■••■
j>our b- l'orlu;.'.!! ;irin cle régler ses nlTair.-- ■
rintenlion bien arrêtée de revenir Unir se? j.-u. - ..
l'ombre du Sépubre du Sauveur, mai" la Providence
avait sur lui d'autres desseins.
K son retour dans son pays, il fut re'Mi ave.- de
:;rande« démonstrations de joie ,| c.iinblé .rbonni-in
par ses compatriotes.
FO,\DATI0N' I>D MONiSTi(«K 01 li U.NTE^CJIOIX
.\prés!« voir mis ordre A ses affaires, saint ■n,,:,>d.iii
sf" ' 1 relouriK-r it Jérusalrin. r^.. i
fn' par un r.iricinrs ili- rjr<'iii-
]•■'■ ' ■ ■
Il \ mt
■ qui le-
■',, , n commiHi m,' . >
lin monastère dans un îles fanf
I.'' b'Iidat'Mii .|" ,-..|l.. ,1.1|1 , . ,, , , .. .r
pieux archidiacre Tello, dont saint Théodon avait
• té autrefois le disciple. Déjà il avait recruté autour
Je lui des rompaL'iions qu'il avait ;.'agnés à cette
sainte entreprise. Celte communauté souhaitait vive-
ment voir Tiiéodon au nombre de ces membres.
Celui-ci hésitait, tout en admirant la ferveur de Tello
et de ses amis. Il objectait sa promesse d"aller con-
sacrer le reste de sa vie au service du tnnibeau de
Notre-Seliineurà Jéru.salem. On lui répondait : <■ Vous
pouvez iir^iuier plus de L'ioire à Dieu et vous rendre
plus utile au prochain par votre paiole et par vos
exemples dans votre pays, qui en a si fjrand besoin,
qu'à J'Tusalem ou le souvenir toujours vivant des
vertus et des mirailes du Sauveur suffit pour entre-
tenir la foi et lu piété parmi les tidéles ». "
.\prés niùre relle.xion, Théodon se rendit à ces
raisons. Il donna une partie de ses biens aux pauvres,
une autre à IV^^lise de Viséo et réserva le reste pour
pouvoir continuer à soulager les indii.'ents. C'uant à
lui, il pieriait pour partage la pauvreté du (Christ,
alîn d>'tie admis uu jour avec lui à rhérilaiie
céleste.
Ce lut le 28 juin de l'an 113i que fut posée la
première pierre du nouveau monastère sous le titre
de la Sainle-Ooi\ et de la Hienheureuse Vierge
.Marie,. Mère de Dieu, et au commencement du Carême
suivant que la congrégation fut constituée avec
l'habit et In rèyle de saint .\ugustin. .-Vussiti'il que
ses membres furent réunis en communauté, ils con-
vinrent nnanimeinent d'en contier le gouvernement
à Théodon. .Mais l'humble prêtre protestait de
toutes ses forces, alléguant son indi^'nité et son
incapacité, il ne céda qu'en vertu de l'obéissance, el
l'autorité ecclésiastique le confirma dans la charge
de supérieur à la iîrande joie de ses frères.
Dieu bénit celte nouvelle famille religieuse toute
dévouée à la gloire de son saint nom, et t'ouveriiée
par un hnmme de si grand mérite; elle ne tarda
|ias à s'enrichir non seulement de Imuis et fervents
r>'ligicux, mais encore de biens temporels qui
venaient s',n|outer aux biens spirituels.
Saint Théodon se distini!uait entre tous par ses
éminentes vertus, en particulier par une haute
priidi'iice.une profonde mnrtiliration el une oraison
''oiitinuelle. Il était plein d'une vigilante sollicitude
l"iur tous les besoins du monastérCjiplein d'attentions
il de bonté pour les vieillards, les'jcunes i;ens, les
malades. Au contraire, il était très dur el impitoyable
I r liii-nième, ju'-quc dans ses maladies.
- ;i rur coni|iatissanl le portait à venir en aide
! i'' - les inforlunes.il s'employa en faveurd'une
Il jupe de .Mozarabes faits prisonniers de tfuerre, et
" blint du i(ii Alphonse leur élargissement. Il per-
mit à ceux <|ui le voulaii'Ut de s'établir autour ilii
iiinnastére et les nourrit durant plusieurs années
.'lUx frais de la communauté. Il guérit l'infant <!•■
l'orlut'al des ardeurs île' la lièvre en l'oiL'naiit avec
de l'huile sainte, el obtint l'heureuse délivrance
de la reine par un signe de cr»ix. Plu« lard, néan-
nioins.il fut l'objet de« iier»éciilions de celle même
reiiM-. pour lui avoir reiusé l'entrée du mona'-tèie.
' riiénienl aux statuts de son couvent qui
fiit d'y ailmettrr le» femmes, de iiuelque
■■' '' fiiss.nl.
' SI éininente (|ue souvent »a seule
' ;■ iir mettre en fuite les démons.
! liinmt ses rcli;,-ieui à rester
. ."i c.r.î.-t i>\ t.-ti iii,.|,t IVibl'i^
le»
■ '•' , - , - -'^n cl
de dcTcnir son rsciare. Lin Krére conrers lit & se*
ue le péché !
le malheur
dépens la triste expérience de l'empire que
donne au démon sur les âmes. .Ayant eu le malheur
de commettre une faute grave, ce Frère tomba tout à
coup au pouvoir du démon qui lui lit soull'rir toutes
sortes de tourments. Il en fut délivré en faisant
l'aveu de son crime à saint Théodon.
In autre Frère, celui-là très fervent, était sujet,
depuis qu'il avait quille le monde, à des tentations
et des olisessionstrés pénibles de la part de l'ennemi
des âmes. Notre Saint, s'élant approché du Frère
ainsi tourmenté, lui prit la main droite, et apos-
tropha l'esprit mauvais en ces termes: "Au nom
de Jésus-Christ el par la vertu du Sainl-Ksprit. je
l'ordonne, esprit immonde, de quitter la place el de
ne plus inquiéter dé.sormais ce serviteur de Dieu. "
Satan quitta aussitôt sa victime el ne reparut plus.
Cherchant à imiter en toutes choses le divin
Maître, il recevait avec une grande bienveillance
tous ceux qui venaient le voir, les pauvres aussi
bieri (|ue les riches et les puissants. Il s'appliquait
à faire du bien à tous : aux heureux du siècle, aux
favoris de la fortune, il recommandait la modéra-
tion et l'aumône ; aux allligés et aux indigents, il
prêchait la patience et la soumission à la volonté
de Dieu en même temps qu'il s'eirorçait de subvenir
à leurs besoins temporels.
l.e roi de Portugal remporta plusieurs succès sur
ses ennemis ei vit ses arméfs victorieuses, prAce
aux prières du serviteur d'- Diou; aussi avait-il
pour lui une profonde vénération ainsi que tous les
princes et les grands de sa cour.
l'ar humilité, il ne conseiilil jamais à porter le
nom d'abbé. .Après avoir i:oiiverné pendant vingt
ans le monastère, à la grande édilication et satis-
faction de tous, sentant ses forces diminuer, il
réunit le chapitre de la coiiiinunaulé, donna sa
ilémission de prieur et désigna ]iour lui succéder le
1>. Jean, religieux ilisliiiLUé par les plus belles
ipialités et les plus éminentes xertus.
Théodon de>ail vivre dix ans encore sous le nou-
veau prieur, avec lequel il garda toujours la plus
grande paix et la plu^ touchanle harmonie. Déchargé
désormais des soucis de radmiiiistralinn, il ne son-
gea plus qu'à s'abnndimiiei à S'Ui attrait pour la ron-
leiiiplatioii cl la prière. Il n'était pas rare de
le voir ravi en exla.-'e en pensant aux joies el aux
délices dont sont remplis les élus dans le Ciel en
la compagnie des anges et des saints.
Il reçut, avant de mourir, une députalion di'
moines qui vinrent lui rendre visite de la part de
saint Iternard. iMi connut par révélation l.i idir.
éminenle qui lui était réser\ée dans le
gloire. On le \'\t portant secours à de» n
milieu d'une violente tempête. Saint l'it-rie lin
apparut pour lui annoncer le monieut de sa mort
et la couronne de gloire oui lui était préparée.
Kiitin, après avoir reçu, ave<- Ins »<>ntimenf« île la foi
In plus vive et la plus leii i i«>iT.enl'-
de l'Kglise, après avoir a il loii-
cliantes exhortations à l "i.- -es Irire^ reunis, il
remit .loucemeiil son Ame intre le» mains de son
(^lê.iteur, cl s'en alla recevoir la r'' '
neriles au srin de la rélesle
laquelle il sou: ' i loii.i, iii|.s. l, .i,,;
Age de plus de ; n->.
l.e monasiir. ■. ■ ■'■ ' ■ '..t.r.. f,,i
bii-nliM à la tête de ' -
II/, iilo r- . Il l'oi'i. iil
de tunt ^ranroi"
Paru. luip. -garant riTimuiiT , 8. r\ic Krwiçoi» I".
SAINT CONRAD DE PLAISANCE
JBFIIMITE: ou TIEftS-OFlORB r>JB SAl^JT-FRANÇOIS»
FMe le i 9 février
Conrad et son épouse renoncent ensemble au monde : sa femme entre dans un couvent de Carmélites et
Conrad se retire dans la solitude.
pécheur converti, et pénitent admirable, le bien-
iieureuz Conrad nous montre la grandeur de la
miséricorde de Dieu, et la puissance de sa grâce,
il nous enseigne par fon exemple à entreprendre
arec confiance et courage ToEUTre de notre salut.
Conrad naquit en 1200, d'une des plus nobles
familles de la ville de Plaisance, en Italie. Héritier
d'une fortune considérable, il fut uni par le m.iriaee
à une chrétienne noble et vertueuse. A la raort de
ses parents, abandonnant jusqu'aux principes reli-
gieux qu'il avait reçus de sa mère, pour s adonner
plus librement aux plaisirs, il négligeait ses de-
voirs de chrétien, et ne rêvait que chasses et
divertiisements.
Cependant, le Père céleste eut pitié de cette
Âme qui gardait, au milieu de ses égarements, quel-
ques restes de justice et de générosité pour les
malheureux. Voici en quelle circonstance.
CONVKRSION DE CONRAD
Il se livrait un jour avec ardeur à son passe-temps
favori, la chasse. Le gibier qu'il poursuit se retire
dans des broussailles, sur la lisière des bois. A
tout prix, l'impétueux chasseur veut s'en r( ndre
raallre ; sur son ordre, les valets mettent le f^u .inx
ronces, pour forcer l'animal à sortir ; mais un coup
de vent pousse la flamme sur les blés voisins;
l'inceodie gagne de proche en proche ; les compagnoni
467
de Conrad se multiplient peur arrêter ses progrès
d'^sa^treui : vain-i efforts, en on instant, plusieurs
cha: i;!* sont embrasés et dévores; le Uéau va
grandissant. Les chasseurs s'enfuient et' rentrent
dans la ville, sans révéler à personne leur triste
aventure.
Cepenii.iiit, les paysans avaient aperçu la fumée,
ils étai' nt accourus sur le lieu ■'■• "'■■«•r*; chacun
s'eni[>i. --.lit pour sauver sos i Tembra-
seiiii^i:' -■•■lierai. Bientôt, tout- , -i_ne et une
çraiiii" ; ai ti." de la fortl ne lorment plus qu'une
fournaise ardente.
Lue enquête est ouverte au-^sitdt, par ordre du
pouvemeor, pour di'couvrir l'auteur du délit. Parmi
toutes les p-T*. innés qui sont emprisonnées, un
pauvre homvi". «lui ramassait du bois, près du
ihé.^tre de 1 se voit charçé des plus vives
accu'ialion-. levant le juse, il nie d'abord
aver f-^nnet ■ le crime qu'on lui impute; mis bientôt
à la qU">lion, la violence des tourments lui arrache
l'aveu d'un crime qu'il n'a pas commis, et sur-le-
rhamp, la sentence de mort est prononcée contre
lui.
On le conduisait an lieu de l'exëcation, quand,
pres-i- par le ren-- •■*- • ' .i • ■--^•.i '■•]■■ c.i.iw,,. ■,<,
de justice que la
s'élan
des m :
est ini
moi au
commf
ili.
Poui
Conrad
de son
éUit. I
.Uili.: . '
de son
à --rii, ■'
Ls, il explique
le fait de son
imprudi-uce, et il s'offre à payer tous les dommaces!
l.'iniincent était sauvé, et !•- coupable trouvait
dans sa faute la source du pardon pour ses égare-
ments pa«5<'«.
'as dommages qu'il avait cau<"'-
'I' tous ses biens, et jusqu'à la dfl
l.e riche gentilhomme de la v. If
in, l'homme le plus pauvre J. : i
■. le fit sérieusement rélléchir sur
■'-' '■« et des félicités mon-
- s'ouvrirent à la pure
saces conseils, ne laissa pas, durant tout le trajet de
Coruara à la Ville étemelle, d'assaillir le disciple de
François des tentations les plus horribles et les plus
violentes. TantAt, prenant la voix de sou épouse, il
l'eiigaireait à rentrer dans le monde ; laniot. sous
l'aspect d'un vieillard vénérsdjle. il lui adressait de
sévères reproches, pour avoir relé(;u>- dans un doitre
une jeune femme, faibled» ■•■><•, ,-y^,-^ "leiiu- d'affec-
tion pour lui, et qui se ; iil6t d'avoir
parlaiîi' un instant ses d -.. _:.
Accablé sous le poids de ces insles pens>'e?, qui
le poursuivaient sans reliche, le novice so sentait
dcfaiUir. Alors il se remit plein de c<>nlian e entre
les mains de Dieu, suppliant sa divine Providence
de lui venir en aiije. La lumière de la ur;ice éclaira
son esprit, et il reconnut dans celte tcmpiUe l'astuce
du tentateur. Satan, honteux de se voir vaincu, lui
prépara des assauts plus terribles ; mais l'humble
moine était arrivé à Rome, et prostei-né sur les tom-
beaux des martyrs, il puisait la force qui lui était
néi-essaire pour les combats à venir.
Sou pèlerinage terminé, Conrad s'embarqua à
("•aete sur un va; -•••■ ' ■•• -•■■ '-■ -lit voile pour
Païenne. Il y e^ l b^s vertus
.1... I 1, liants d . ! I . . ..Mv
■ ' : " Leur
_ discours
retraite dans la Vu I N , recherche
de cotte nouvelle jsiu.'. . >i ! , servir Dieu
dans la solitude et la paix. Le voila à Noto ; sou
cœur est joyeux, mais la marche a l'ié Ionique ; il
tomb>- haïassé ' : ; il a faim et soif. Au
mib-'U do I '. cm ap'»^c(^it u!î" I ■ t .■•^rie, et
• i ■ .'r r.n
a '',i\,iil
I
I
se (■ 1 .: i i^u c:
qui le suivait. !.■
0 ' ' ' ' ■ . . .. ■• ; - . 1 / . - I ; . ■ »..
il ar lui avec Kui.s c|i
Cviii-i et de coups, l.e iiia.n. iii i ni
s'i-nfuit Vr
Il i« i • .l..i.i..i,l ;, r>iAt.il-.l 's.iMit.\!-<ri;.,
pour 1'
Cour
qu'à •
prirr- ■
I À la m<'i
H 'un hir
-Ordre de d
ul.
it donc une jni» poor lai, lorsqu'au bout dt
•i Noto. il obtint Ii faveur
if liuillaum" Itirliier,
i'- I '■ ■ ' l'-iii ae i imvi à«
'•'; la
' 1,1.
r vcuérer les
- ■ k ■ I »,
um .1 l'i'.'u, *'i ' \'ii»-i 1^ I liant'
m».
., l.l^ 1'. .,.. n...i:.,-., .1., ,:.^.. >,....,. I
1 ■
bien (iue cette 4me *p< r»ii par »tj au>;-riit* Il se» j lanci-jn f-dncur O' »f nu ni'>in<-, vuiciit
breuses, et le recueillement de l'ermitage ne lais-
sait pas que d'en souffrir. Le fervent novice se
retira donc dans les i^roltes de Piizoni, à une lieue
de Nolo, et décida d'y achever ses jours. 11 tint
parole et ce lieu s'appelle aujourd'hui: Grolta di
santo Conrado. grotte de saint Conrad.
AVSTÉBITÉS, PRIÈRES, IENTATI0S3
Les seules occupations du solitaire furent la
prière et la pénitence. Il n'épcwi-'nail à son corps
aucun genre d'austérités, aCn d'expier toutes les
débauches et toutes les mollesses de sa vie mondaine.
— La terre nue lui servait de Ut; une pierre, de
chevet; un pain, avec quelques légumes ou herbes
crues, suffisaient à sa nourriture. — 11 allait tous
les neuf jours mendier à Hybla, aujourd'hui Avola,
le peu d'aliments dont il avait besoin. Le seul
meuble de sa caverne était on crucifix fixé sur le
rocher.
Cependant, le démon le suivit justpie dans cette
retraite, tant il est vrai que le disciple de Jésus-
Christ doit toujours se tenir prêt à livrer bataille. —
Parfois, c'étaient d'allreuses tentations de la chair;
d'autres fois, le démon lui remettait dans l'imagi-
nation le souvenir des viandes délicates et des fes-
tins de sa vie mondaine. Quel changement avec ses
jeûnes, ses herbes et son pain grossier d'aujourd'hui!
Hé quoi ! avait-il donc renoncé pour toujours à ces
douceurs? N'y reviendrait-il jamais? En présence
de cet» tentations, l'ermite redoublait ses pénitences,
prolongeait ses veilles et ses prières, renouvelait sa
résolution de rester fidèle à sa vocation, et le démon
se retirait vaincu. — Le Saint arriva à une telle
mortification de gourmandise, que, si ses amis lui
apportaient quelques légumes, il attendait pour y
loucher oue ces mets eussent commencé à prendre
un :;oût désagréable.
';i;n jour d\'l ', à l'époque où les figues mûrissent,
il fut pris d'un ardent désir d'en goûter quelques-
unes; elles paraissaient si bouiies! 11 résista, mais
la tentation le poursuivait au milieu de ses prières.
Que faire? Profilant de sa solitude, il jeta sa
tunique et se roula dans les épines, jusqu'à ce que
la vivacité de la douleur lui eut fait oublier figues
et figuier. Le corps ainsi meurLti. il se remit en
prière, l'^Un'; libre et victorieuse.
On vén Tait dans une église de Noto, un crucifix
miraculeux, très ancien; notre saint ermite allait
presque tous les vendredis prier au pied de cette
image. H acc';(]lail alors l'IiûspiLalité qu'un ami
charitable lui o. Trait, et après avoir pris un frugal
repas, i' ^ lit sa solitude. La première fois
qu'il fi' 'igf, il fut reçu par Antoine Sessa
3ui lui oiii. ,1 i.iiyr; le solitaire y consentit, mais,
c tous les in"U qui lui furent offerts, il se con-
lanta d'à- ^ <' -• ■ > ' .u. , ...u- n n'en récompensa
pas m' Sessa, pri-; d'une
pl'iir^ _._,., , .. .^.. lison aux prières du
sa.;
^ .1 lie rencontrait pas toujours de» «unis
au l'Antoine Se>-a. Qu'lqu-^s jeunes
lijiv. nt. ur. vendredi, s'arau-er à ses
di^peu-*. \\-> I moment oii il sortait de
réjjlisc, cl '. l'une charité sincère, ils
l'iuvitèreut a | tild^jcr l<'ur frugal repas. Le bon
ennit* «• r-u.iit A l^ur dé-ir. Ln I honnpur du
vu ' " de la vi.ii ' I: h
u- '1 avoir ■!
aiu iMli; ■ u I i: ho!. , jui lu .
«nuKer à la «aveur ou à la qu; '
jrv ' • I '■ -. ■' ,,„ <|,||, ,, ,1,11
di: ' à qui ni .x du
rt^i .'V .^s de simj'î. ..' .^ui avait
conduit l'austère ermite i violer la loi de l'Kglise.
Granie fut la surprise de ce dernier: « Mais je n'ai
mangé que du poisson », dit-il, tout étonné, et il
montra les arêtes et les écailles qu'il avait mises
soigneusement à côté de son assiette. Ce fut le tour
des libertins d'être surpris. Dieu avait fait un mi-
racle en faveur de son serviteur, et montré le
respect qu'on doit avoir des préceptes de l'Eclise.
Peu de temps après, le bienheureux solitaire
guérit d'une hernie l'enfant d'une famille do .\Ial-
ulonia, petit bour^ d'Hybla. On ne vit plus repa-
raître ensuite le saint mendiant pendant plusieurs
m.iis, et il avoua lui-même que le ciel s'était chargé,
de pourvoir à son entretien durant ce temps, et
qu'il avait vécu dans un commerce plus intime avec
Dieu.
Le Saint avait aussi reçu le don de lire au fond
des cœurs les pensées les plus secrètes.
Il serait trop long d'éuumérer tous les prodiges
que Dieu opérait continuellement par la main de
son serviteur; les maladies disparaissaient devant
un si^ne de croix fait de sa main. Toutefois, ce qui
le rendait terrible au démon, c'étaient les nom-
breuses conversions qu'il obtenait par ses morti-
fications, ses conseils et ses prières; aussi, confus
et irrité de tant de défaites, Satan lui apparaissait
souvent sous les formes les plus hideuses, l'arcalddil
d'injures, le frappait cruellement, employait t<iiis
les moyens pour le faire tomber dans le péché. Mais
le Saint se livrait alors avec tant d'ardeur à l'oraison
et il macérait tellement sou corps, qu'il forçait
l'esprit de ténèbres à prendre la fuite.
VISITE DE L'ÉV£(}UE OE STRACUSE
La sainteté et les lumières surnaturelles dont il
était favorisé lui attiraient les visites des plus
illustres personnages. L'évêque de Syracuse lui-
même voulut s'assurer si la rumeur publique
n'avait rien d'exagéré. Conrad n'était point à sa
grotte quand le prélat y arriva; eu vniu, ce der-
nier chercha-t-il un meuble ou qnel.jue provision
dans ce pauvre réduit, il ne put trouver autre
chose que le crucifix at'.aché au cjur. Bienl6l, le
solitaire rentra dans son ermjLage, et surpris d'une
rencontre si inattendue, ?td'uu honneur dont il se
croyait indiLiiie, il se jeta aux pieds de son évêque
et s'entretint longuement avec lui des choses du
ciel. Cependant, l'heni e du repas approchait ; les
serviteurs, sur l'ordre d • leur niiitre, pr.'paraient
les provisions qu'ils avaient apportées: « Frère Con-
rad, dit alors le prélat en souriant, vous n'avei rien
à offrir à vos hôtes, vous n'avez aucune provision
dans votre solitude, est-ce ainsi qu'il convient de
recevoir ceux qui viennent tous visiter. » Le Sijint
se lève aussitôt tout joyeux: • Je vais voir, |. partit-
il. -' ' 'l'ii rien à vous oITrir. •• n >;'•■!■ ■• -l rentre
I , tenant dans ses i, ■ petits
;is et délicienx. !,'• ' ,- •■ c rv%-
':ie venant du ciel, les niels que lui offrait
, et, de retour à la ville, il proclama la
- liiiNté du pieux ermite et le bonheur de celui qui
ni' : toute sa confinnc" .^n Dieu.
L.-S visites que Croirai rocev.iient nVlai«nt pa-;
l"U| 'urs aussi neureuse-. lin vendredi qu'il revenait
J jifier devant le crucifix de ^oto, lroi< • r*
aiT.iMi-3 l'as'^.iillirenl et h' (lagollèrent •: it
■s do vei_- qu'il n'avait ricu a leur
r à ma pieux ermite, ^ui ne
•I
Leur
ville .
à l.\
d.ijà
même la sentence était prononcée contre eui, et
ce ne fut qoe grâce à l'intervention charitable de
leur victime qu'ils furent soustraits aux supplices;
mais ils n'échappèrent pas à la justice du Juge
suprême et firent une triste fin.
Cependant les années s'écoulaient et l'admirable
pénitent «entait que l'heure du repos ne larderait
pas à sonner; il voulut, par une confession
générale, affermir la paix de saconseience ; à cet effet,
il vint trouver l'évêque de Syracuse, son confesseur.
Comme il entrait dan? les jandins du palais épis-
copal, une multitude d'oiseaux vinrent prendre leurs
ébats autour de lui ; ces innocentes créatures lui
firent de même cortope a son retour jusqu'à l'ermi-
tape, à la grande admiration de ceux qui virent ce
prodige.
L'nange avertit le Bienheureux du moment précis
de sa mort. Dés lors, le disciple de saint François
n'eut plus d'autre préoccupation que celle de se pré-
parer i paraître devant Dieu ; il fit tailler, dans le
rocher de sa cellule, une sorte d'autel pour y placer
le crucifix et mourir à ses pieds. Les ouvriers, qu'il
avait demandés pour ce travail, étaient impuissants
a faire tomber un gros bloc de pierre qui les gênait.
Le Saint n'y eut pas plutôt porté la main, que le
bloc tombe sans aucune difficulté ; et le petit autel
fut achevé en un instant.
L'un de ces ouvriers voulut partager la vie du
solitaire. Conrad lui lit observer tout ce qu'un pareil
projet avait de dur et de difficile, lui demanda s'il se
sentait le courage d'embrasser le renoncement d'une
manière aussi complète et si contraire au bien-être
de la vie du monde, pour suivre Jésus crucifié dans
la pénitence et la pauvreté volontaire. L'ouvrier
insista pour élre reçu. Conrad le revêtit alors d'un
habil semblable au sien, et l'accepta pour son
disciple. Le nouvel ermite fut d'abord docile aux
enseignements de son maWre; pendant deux ans
tout alla bien; il s'efforçait de marcher sur les traces
du Uienheureiii, mais fallait-il s'attendre à n'avoir
point de tentations? C'eût clé mal connaître le démon.
Les assauts de l'ennemi des imes furent violents.
Frère Conrad ne négligea rien pour fortifier son
disciple; il lui prédit les grands malheurs qui
l'attendaient s'il venait à quitter sa vocation; mais
celui-ci ne voulut rien entendre, sinon la voix per-
fide du tentateur. Il abandonna la solitude et
retourna dans le monde pour se marier. Il n'y trouva
as le bonheur >iue Satan lui avait fait espérer, mais
a prédiction du serviteur de Dieu s'accomplit, et i-a
vie fut remplie de toutes sortes d'adversités.
Dans une famine qui désula la contrée, le bien-
heureux solitaire pourvut à la nourriture d'un grand
nombre de pauvres. — A su prière, les anges lui
apportaient le pain nécessaire à mesure qu'un venait
lui en demander; c'est ain<i qu'il sauva niiracult-u-
jement de la mort des milliers d'alTamés.
Il opéra encore de nombreux miracles, jusuu'a la
veille de sa mort, et fit d'étonnantes prophéties à
plusieurs de ceux qui venaient le voir.
MOkT KT siri'LTUki
Le ^and jour allait enfla paraître pour l'ime
impatiente de notre Saint. La veille, il se rendit h
Noto, y communia avec une ferveur tout anc>''liquc.
fit conii.illr- 4 «on confesseur «.i ni'>rt prorhaiue et
son 4isir d'être • i.'->-vrli dans I ^amt-.NIco-
las, 4 Noto. Il lui )<i' lit nii<^i ! nds qui *'é-
leveraient enlr» !■ » ue ville et ceux
d'Iiybla, au lujet de ■ < «.i mort ; puis
r.
il l'invita k venir l'assister le lendemain à sa der-
nière heure, et il rentra dans sa cellule.
Le prêtre aimait sincèrement le frère Conrad ; il
ne put retenir ses larmes, à l'annonce de sa fin pro-
chaine . Le lendemain il se rend à l'ermitage, et
trouve le Bienheureux en prière, à genoux aux pieds
du crucifix. — Il s'approche, le Saint n'interrompt
pas son oraison, il semble que son àme soit déjà en
possession de son Dieu. — Quelques instants avant
l'heure prédite, la lièvre saisit le solitaire; appuyant
alors sa tête sur l'autel, frère Conrad recommande
à Dieu ses bienfaiteurs, ses amis, et les habitants de
Noto et d'Ilybla. — Soudain la grotte s'illumine
d'une brillante clarté, et l'àmedu Bienheureux s'en-
vole vers le ciel, portée par des anges. — C'était le
19 février de l'an 1351. — Ebloui parcelle céleste
lumière, le prêtre croyait l'ermite encore en vie, car
il ^tait resté à genoux devant l'image de Jésus cru-
cifl'^, comme pendant son oraison. Il >'assure cepen-
dant, en louchant le corps glacé du serviteur de
Dieu, que son àmc est allée recevoir la récompense
de SCS vertus, et il se met à pleurer la perte d'un
ami si cher.
Dans le même instant, les cloches de .Noto et d'Hybla
sonnent d'elles-mêmes. Les habitants comprennent
l'avertissement du ciel et se rendent en foule à la
grotte du saint nénitent pour s'emparer de ses pré-
cieuses dépouilles. Alors éclatent les disputes pré-
dites. Les gens d'Hybla réclament le corps, les gens
de Noto déclarent qu'il leur appartient; la querelle
s'envenime et on en vient aux mains, mais ô pro-
dige! on se lance des flèches, les traits ne partent
pas; on se frappe, nul n'est blessé. Ces mei veilles
arrêtent les combattants. Le prêtre affirme alors que
la dernière volonté du frère Conrad était de reposer
dans l'église de Noto; toutefois il propose d'en appe-
ler au défunt lui-même. — Après avoir déposé avec
respect ses précieux restes dans une bière, il fait
avancer quatre citoyens d'Hybla ; ceux-ci, en dépit de
leurs efforts, ne peuvent souleverle cercueil. Quatre
habitants de Noto viennent à leur tour et l'empor-
tent avec autant de facilité que s'il eût été vide. Ces
vénérables dépouilles furent placées dans une cliAsse
d'argent d'une grande valeur, et déposées dans
l'église de Saint-.Nicolas, à Noto.
De nombreux miracles, opérés sur son tombeau,
ou par son intercession attestèrent la sainteté du
serviteur de Dieu; aussi ne put-on retenir l'enthou-
siasme de la population ; elle lui décerna, sans l'auto-
risation préalable du Saint-Siège, les titres et le» hon-
neurs des bienheureux, par I& encourant les censures
ecclésiastiques. Le pape Léon X, en ISIR, crut devoir
remédier a ces abus, pour la cloire même du saint
fiénilent; il leva les censures encourues, et autorisa
e culte du bienheureux Conrad. — Sa fête fut dès
lors célébrée avec solennité le 19 février, dans la
ville de Noto, jusqu'à ce que Paul V l'étendlt à toute
la Sicile, et Urbain VIII à l'Ordre de Saint-Krançoi»,
en décernant au llienlieureux le titre de Saint.
Ses reliques se conservèrent inlaclrs longtemps
apm sa mort; et chaque fois que l'on ouvrit son
tombeau, un parfum céleste s'en exhala. Saint Conrad
est spécialement invoqué pourlaguérisondeshernits
parce qu'il en a guéri beaucoup durant sa vie et
après sa mort. • Ainsi, conrliit le père Léon dan»
r.4uri'nf<r st'rohhique, le Seigneur qui s'intéresse
.\ la moindre ue nos douleurs, comme la plus tendre
de» mèras, départit souvent, dans un ordre à ses
•ininls, fleurs merveilleuses du ciel, le» propriétés
qu'il a mises dans les plu» humble • • ' de no»
cimpagnes, pour talmer et guérir : '.■;inc«s. •
lnip.-(rffo"(, t. PctiTHiiiiKr, M, rue Kr«n<.<ii« I", |>«n»
SAINT ELCHER, ÉVÉOLE D'ORLÉANS
Péte le 20 février.
Un envoyé du roi vient retrouver saint Eucher.
PB1?VEN<m:ES MEHVElU.BrSES DE LA GRACE DIVINE
Saint Eucher naquit près d'Orléans l'an 6S7,
de parents plus noi.les encore par leuréminpnlp
piété que par le ran« élevé qu'ils occupaient dans
le mond». Leur ^ie sainte attira sur eux de
(.Tandes grâces, et Oieu voulut leur donner un fils
prévenu de ses faveurs dès le hcrceau, qui devait
devenir un jour un urand évéque pour le salut
de |ir<aucoup d'ànies. Sa bonté voulut ini''me leur
faire connaître d'avance le trésor qu'il leur con-
fiait. Il se servit pour cela d'un songe ; car bien
que les sonf;e« ne soient habituellement que pures
iniai!inalion« inutiles et sans portée, Dieu, qui
peut tout pt à qui tout obéit, a voulu quelquefois
s'en servir pour révéler certaines choses et cela
dp telle façon que l'on sAt bien que ces révéla-
tions venaient île lui.
Quelque temp'' avant la naissance de saint
Eucher, sa pieuse mère, après l'heure des Matines,
étant revenue de léslise, où elle passait des jour-
nées pntières en oraison, comme elle prenait
quelque repos, vit en sonsp apparaître près de
son lit un homme vénérable. Il était revêtu d'une
robe plus blanche que la iieite. ses cheveux
étaient d'une beauté remarquable, ses yeux
avaient l'éclat des pierres précieuses. Enfin tout
en lui indiquait qu'il était chareé d'une mission
importante. •< Que Pieu soit avec vous, dit-il. <'>
bieii-aimée du .Seipneur: vous serei la mère d'un
enfant de bénédictjnn, d'un enfant dont le Sii-
eneur a fait l'objet de se« complaisances. Sache?
qu'il a étf^ choisi de Itieu de toute éternité pour
devenir évèaue de cette ville qu'il illustrera . li-
ses vertus. Il sera le bonheur des peuples de cps
contrées, la confusion des méchants et un crand
nombre d'Ames devront leur salut à sa TÏgilance
palprnpllp. »
3U
La vertueuse mère, remplie lout ensemble de
foi et Jailmiration, s'écria : « 0 an^je de Dieu,
puiwiue li; Seiyneur a dai^'iié vous envoyer vers
moi, sou iiuli^nc créature, et gratilier d'une telle
laveur sa pauvre servante, je vous en supplie,
ne vous éloifiuez pas de moi sans m'accoriler, i
mon lils et à moi, votre liénédiction. — Oui,
reprit le messager divin, je suis envoyé pour
vous bénir. »
Il la bénit en effet et disparut, laissant l'heu-
reuse mère dans des consolations inexprimables.
Celle-ci, à sou réveii, til part à aou luaci de ceUa
vision miraculeuse, car elle savait qu'elle venait
certainement de l>ieu. Tous deu.\. pénétrés de
crainte et de reconiiaisBance, tombèrent à ::ennux,
remerciant Dieu d'un si jirand bienfait et altea-
dirent avec conliancc laréalisation dus promesses
de l'ange.
l'eNF*'nT est BAPTIsi tStl SAINT ACSB8HT.
L'enfant naquitet reçut le nom d'Kucher. Pour
le faire baptiser, ses parents attendirent qu'il fût
en état de répondre lui-même : c'était un usage
assez, fréquent en ce temps-là, mais qui n'est
plus conforme à la discipline actuelle de l'E^ilise.
.Min d'bonorer la sublime vocation à laquelle
Dieu l'avait appelé, ils le préseutèreiit à l'évéqus
d'.Auttm, saint Ausbert, et lui racontèrent ce
i|u'ils savaient des desseins de Dieu suc cet
enfant.
Ausbert en fut dans une grande joie et se féli-
cita d'avoir le bonbeur d'introduire dans le sein
de l'LL'Iise mililanto ce futur élu de l'Etjlise
triompbante. Il le prit lui-même dans ses bras,
et, l'élevant vers l<; ciel, rendit ;.'r;\ces à Dieu de
cette insi;;nc faveur. Puis il le plongea dan.s les
eaux réiiénératrioes du hapU^me.
Kn même temps, il lui conféra lu sairrement
de Confirmation, qui rêiLiinlit dans rfimi* dupré-
destiné, avec les s' iint^lCspnl, ce
trésor de grâces qui : tous les jours
de sa vie.
Cette touchante (• ée, saint Aus-
bert bénit les parenlà ei leur proiliuua
de ^iraiides marque-, du l leur permit
de retourner dans b'iuT dammuti.
UN JEINB SAI.M \u
DK SB» rhX'DBP
La sainteté d'EucbeirAdhtaitdéjà dan» un dfu
si tendre et elle auemcntait avec le« année». H
avait sept ans ipiainl si-s parents son;;'r'-iit à lui
donner une éducation tout h fait ecclésiastique.
D s'adonna d'abord à l'étude ile> lullrus. Son
iiit>'lli:.'i-iii;>- précoce, son amour du travail lui
valurent bienti'<t les premières places parmi ses
rondi''<-iple»,
Itientiit il poiwédft à fioad la science de» Eopi-
ture^ •'! .If'h s.tiut!» CiiMin*.
A III I <Uns In cnnn.'iis««no»
de lu i II àme ibilmnliiit dU fBU>
de ton amnur. Iji sctenne, îoia dr l'i-nller de
\.inité. iiélait pour lui ipi'on movi-n .li' -'unira-
l>i' I ivant.iee et d'avanorr II' pli. ium
1- > X iiiiii lie 1.1 vertu. Il ne s.; . , - pas
d'ail): Il ll'>- r.f qui e>it biillu il II' pl.iUipiHtC.
Il 1 i|i;i ■! '.'lit lotm •>»« «iir'CMH ix In lioiiti^ iri-'
lUtirent qu
) -Il il .-M . . •-. • '
1 : 1 ' • • ; 1 n .
I -!• ■iiii-nliT lit . oinini! II!
Iemii»r do» lioinin»^ Jé»u*-
■1. r. . ,.t .1»^ vï
ilul pour
p.il la ;.ili».-«" L'InirO
*on espéranrenn Diva.
Le Saint lepou-^sait les assauts du prince des
ténèbres et résistait à ces tentations avec une
incroyable énergie, puisée dans la prière et dans
les mortiQaations qu'il imposait à son.coDpai
IL SK IMT RBLlùlELX A JIMIÈGES
Euciier entra d'abord dans le clergé, sous
l'évéque Léodebert, et si;.'nala son zèle dans plu-
sieurs fonctions importantes qu'il eut à remplir
à Orléans.
-Mais le Sei;;neur, qui voulait le |voir mener une
vie plus parfaite, lui fournil l'occasion de corres-
pondre à ses désirs. Tandis qu'il cher.hait à
approfondir le sens des Lccilures, il tomba sur
ce passage île l'ApiUre où ii' «si dit que le^ biens
de ce monde ne sont qu'une ligure passa^'ére,
qu'un faiiti^me qui s'évanouit, et que la sa^jesse
de ce siècle e-^l une folie dev,-iiil Dieu.
Cette coiisidériUion de In vanité de ce qui est
emporté par le temps lui: lit aporécier plus qu'il
ne l'avait encore fait iu.s<|Uû-là les biens éternels
réservés au.x élus. Ce ftit comme un trait qui
vint percer son àme pour loi rendre inaccessible
au.\ choses île la terre et renllammer d'un
amour tout divin. Il résolut <lés lors de se don-
ner à Dieu sans réserve. Ayant donc abandonné
le monde et lout ce qui pouvait le lui rappeler,
il alla s'enfermer dans le monastère bénédictin
de Jumieges 71 +;. C'était alors une de< princi-
pales abbayes de France, ^olre Saint avait vingt-
sept ans. et beaucoup d'honneurs semblaient
l'attendre dans sa patrie; il préféra Dieu seul à
tout le reste.
VBIirrs IiONASTI(.>UES
11 devint le modèle de ses frères par sa ferveur
aux offices divins, son inépuisable charité, son
7.èle d.ins levercice de ses devoirs religieux.
Inexorable d^ins «on austi-rit<'-, il ne donnait à In
chair, qu'il regardait comme une source de péché,
aucune commodité, et, pour la dompter, il la
soumettait à toutes sorXi'S de mortifications et de
pénitences.
^oii .iine Irouv.Tit dans In prière et la contem-
plation un aliment qui l'entretenait sans cesse
dons la ferveur, la lumière et la force.
Rempli de ^r'ices extraordinaires dans la Sainte
Communion, il aimait h rester au pied du taber-
niusle et ne pouvait su n'-sniidre a interrompre
se»nnmniunicatinn.i intimes avec le Dieu de l'Ku-
cliarislie. Il f.ill.iit que Inbensaii-e vint mettre
un terme h se» «nmt» tmir>port».
D'une pureté aiijelique, il avait pour la Très
Sainte Viertie une dé\otiou toute particulière. Il
lui demaiiil.iil sans ces--e de lui con>ei\er cette
vertu sublime, par laiiueUe nous appiochun» le
plus près ,1,. Dieu, et, de son roté, il veillait avec
un i/i.inil ^oin sur ce tvésor ioestimulile.
:. DKNÉaicTM. nivau ivâiocK
b'ne ' ' :;.!■:. II. iii ■ r
oaohtV . I .11- !. ' , I ..
divin .Miiilre <li'v,nt |>l»c«»r ute
sur le eli.iiicli'lin -it^r. '^U'- !>
.'imps et' l»~«
Vers- II' m i
Iir pnxteur I'-MI' le lll.'lne ^ ! :. .
1 mourut if»r<'» iinp >•».• «ein' .-e,
■il n-imi pour cil. M'ir un uouvnl
veut -<iir rrofri» *niiif ilmit Iw»
ll« •«■JeUTell
■ . 1 \ . 1 m I
'iH.^t, ret-
larmes, ils lui dirent : " Prince très illustre,
écoutez favorablement notre requête. Vos Qdéies
sujets d'Orléans viennent de perdre leur pas-
teur, le vénérable Suavaric. C'est pourquoi ils
conjurent votre bonté de permettre que son
neveu Euclier devienne leurévèque. ■.
Charles accéda généreusement à leur demande,
et pour montrer combien il la prenait en consi-
dération, il les fit accompagner d'un officier de sa
iiarde. Celui-ci devait s<' rendre à Jumiè^es pour
tirer Eucher, bon are, mal are, de son couvent et
le conduire solennellement à Orléans où il devait
-tre sacré évèque.
A cette nouvelle, l'humble moins ne put con-
tenir sa surprise et l'extrême afiliction de son
âme. Il se présenta devant ses frères et leur dit
en pleurant : " Pourquoi, mes bien-aimés frères.
soulTrez-vous que je m'expose de nouveau aux
piés«s et aux séductions trompeuses du siècle;
j'ai abandonné le monde et s;i aloire, afin de
marcher, libre de toute entrave, sur les traces
de Jésus-Cbrist, mon .Seigneur: faut-il; donc que
je sois encore précipité an milieu de' se» tour-
billon.s? -.
La joie des reiideux était grande de voir que
le Seieneur avait daicné choisir parmi eux un
pasteur des âmes. .Mais, d'un autre côté, ils ne
pouvaient se consoler à la pensée que ce frère
chéri allait s'éloianer. En effet, Eucher s'était
attiré l'alfection de tous par ses vertus. .Son
exemple ranimait les faibles, les stimulait à
l'observance de la règle, si bien que la charité
avait formé entre lui et ses frères comme des
liens indissolubles.
Toutefois, ils ne voulurent point préférer leur
bien particulier à l'intérêt de tout un diocèse, ils
n'insistèrent point pour le retenir et le remirent
aux envoyés d'Orle'ans. Eucher se soumit à la
volonté de Dieu e sacrifia ses répugnances.
Après avoir reçu la bénédiction de l'abbé et
s'être assuré que ses frères l'aideraient par leurs
prières à porter le lourd fardeau de l'épiscopat,
il quitta son cher monastère et se dirigea vers
Orléans.
A la nouvelle de son approche, le clergé et
le peuple se portèrent à sa rencontre ; en
même temps, un grand nombre d'évèques étaient
accourus des cités voisines.
Son entrée dans la ville fut un véritable
triomphe. On baisait ses habits, la trace de ses
pifds; on ne pouvait se rassasier de le voir, tant
était grand le renom de sa sainteté.
GOUVERNEMENT P.4ST0RAL
Ses premiers soins, dès qu'il se vit ''levé sur le
sièfie dTirlêans, furent de visiter les enlises de
son diocèse, de veiller sur le clerRé et de donner
à son peuple d^s instructions pleines de saaesse
pt de prudence. Il llagellaut les vices, avertissait
l'^s criminels publics et s'efforçait, dans ses pré-
dications, de faire aimer partout la vertu aonl
il était rempli lui-même.
l.es monastères étaient pour lui l'objet d'une
srdiicitude toute spéciale ; non content de les
visiter souvent, il en faisait encore construire à
s<>s frais et rénandait autour di- lui l'amour de la
vie religieuse. Le clergé elle peuple étaient animés
pour leur saint pasteur d une vénération sans
••.•aie fil mettaient toute leur joie à observer ses
OIS -aluUiires.
CHARLKS MtATEL s'f.MPABF. DKS HIENS DE» EGLISES
L'esprit du mal, jaloux de sa sainteté et de sa
gloire, résolut d'y mettre un terme. Il en trouva
l'occasion dans l'ambition du duc des Francs.
Celui-ci. pour subvenir aux frais de ses guerres,
ne rougit pas de dépouiller les églises et de mettre
la main sur les biens du clergé. Parfois même,
on le vit distribuer des évôchis et des abbayes
comme récompenses à ses compagnons d'armes.
É-NERCIQUES PROTESTATIONS DE SAINT EUCHER
Saint Eucher et plusieurs autres- évéffiies
réprouvèrent ouvertement cet acte sacrilêL'c.
" CommenI, s'écria le saint prélat, vous que llii^i
a choisi pour i>rotéger l'Ealise et la défendre
con'.re ses ennemis, osei-vous abuser de votre
puissance pour l'opprimer vous-même! Songez,
Il prince I que .lésus-Chri=t, au jour du jugement,
vous demandera compte des mauv que vous
aurez fait souffrir â ses membres. Il considère
comme sou bien propre le bien de ses tidéles,
et malheur à celui qui leur ote ce bien, parce
qu'il s'attaque à Uieu même n
CALO.«.MKS GÛNTBa LE SAl.NT
Les ennemis d'Eucher, dont la vie peu édifiante
était réprouvée par ses vertus, profitèrent de cet
incident pour achever de le di.scréditer auprès
de Charles Martel. Ils inventèrent contre lui les
plus odieuses calomnies. Ils le dépeignirent
comme l'ennemi de sa famille et le partisan di-s
Mérovingiens, et conseillèrent au prince de l'en-
voyer en exil. Ce seul motif suffit pour exaspérer
le duc, déjà irrité de l'opposition de l'évêque.
Mais, ne voulant pas user de violence contre le
Saint, au moment de se mettre en campagne
contre les Sarrasins, il remit à plus tard le soin
de se venger.
SAINT EUCHER EST EXILÉ
A son retour de la fameuse bataille de Poitiers,
Charles Martel, passant par Orléans, ordonna à
l'évêque de le suivre à Paris. Le Saint n'ignorait
pas les embûches qu'on lui tendait; toutefois, il
ne fit aucune difficulté. Dans la prévision <(u'il
ne reverrait pas son cher troupeau, il lui fit de
touchants adieux, dans lesquels il l'exhortait à
demeurer toujours fidèle à ses devoirs et à se
soumettre à la volonté du Seigneur.
Le peuple ne put contenir sa douleur; on n'en-
tendait dans l'église que des pleurs et des gémis-
sements. Il fallut pourtant se séparer, et saint
Eucher, bénissant la main de la divine Providence
qui l'éprouvait, se remit à la discrétion du prince.
Rempli du désir de souffrir pour son divin Maître,
il accepta avec joie tous les maux qui lui venaient
de la nart des créatures. Il avait occupé le sièf,e
d'Orléans pendant seize ans.
Lorsqu'il fut arrivé à Paris, Charles Martel
donna l'ordre de le conduire à Cologne, lieu
désigné pour son exil. Il fut reçu avec autant
d'honneur et de bienveillance par le clergé et
par le peuple de celte ville qpc s'il se fut trouvé
au milieu de son troupeau. On le considérait
comme victime de son devoir et on l'entourait
de grandes marques de vénération.
Le bruit de cette popularité arriva bienldt aux
oreilles du prince franc. .Ne pouvant souffrir
i|u'il jouit d'une si grande considération, et crai-
gnant qu'elle ne causât du |>réjudice à son auto-
rité souveraine, il le fit déporter secrètemeni
dans le pays de Liège et le remit à la garde du
duc Robert.
Celui-ci le reçut avec de grandes démonstra-
tions de joie et de respect. Sa confiance dans le
saint prélat devint telle qu'il déposa entre ses
mains d'abondantes aumAnes. dont l'illusire
.
exilé se servit pour soulaser les pauvres et doter
l.s raonastéres. Au milieu de cette t'-rre d'Eiiypte.
il était comme un autre Joseph chargé de distribuer
à ses frères malbeureux les richesses de Pharaon.
IL SE RETIRE AU MONASTÈRE DE SAINT-TRUDON
Mais comme il préférait par-dessus tout la
solitude du cloître, il demanda au duc la i:ràce
de se retirer dans le monastère de Saint-Trudoii
pour y vaquer à l'oraison dans le silence et le
recueillement, ce qui lui fut accordé.
Il retrouva dans ce sanctuaire de la prière
une paix profonde, sans .lucun mélani-'e de préoc-
cupations terrestres. Il demandait incessamment
au Seicneur de le délivrer de sa prison corporelle
et de le faire jouir de sa vue bienheureuse. Mais
il devait encore rester ici-bas six années, pen-
dant lesquelles il se prépara avec un soin extraor-
dinaire a paraître devant Dieu.
-A UIEXHEIRECSE MORT SES MIR\CLE~
Le jour arriva où il devait s'unir pour toujours
à son Dieu. Sentant approcher sa lin, il demanda
pardon, aux relifiieux qui entouraient son lit de
mort, des mauvais exemples qu'il croyait leur
avoir donnés. .\prés avoir reçu le Pain céleste
qui fortifie les ànies dans le passade de cette vie
à réternité, il se recommanda à la Très Sainte
Trinité, et. en proiionçantces paroles : ■■ Seii;neur,
je remets mon Ame entre vos mains, >. il alla
recevoir la récompense des élus 20 février T43;.
Il fut enterré au monastère de Sainl-Trudon.
Le Seigneur ^{lorifla la sainteté d'Iiuclier par
plusieurs miracles éclatants. Ine reliijieu-ie que
le Saint alTectIonnait beaucoup à cause de la
pureté de sa vie. avait allumé, sur son tombeau,
un cierge de la grandeur d'un homme. Pendant
la nuit, ce cierge tomba sur le drap qui recou-
vrait le tombeau, et tout en le touchant de sa
llamme, il ne lui porta aucune atteinte. Le len-
demain, ceux qui étaient chari-'és de la irarde de
ré;,'lise furent saisis de crainte et d admiration
à la vue de ce prodige qu'ils attribuèrent à la
vertu du saint évéque.
Ln homme que saint Eucher avait converti à
la foi chrétienne remplit une lampe d'huile et la
plaça prés de son tombeau. Le liquide aui-menta
peu à peu jusqu'à ce que le vase iiui le contenait
commença à déborder, de sorte (ju'avec l'huile
de cette lampe on en remplit sept autres.
.\ l'anniversaire de sa mort, coinme une grande
foule, attirée par l'éclat de ses miracles, afiluait
à son tombeau, les vivres vinrent à manquer.
L'abbé de Sainl-Trudon pria Noire-Seianeur de
lui venir en aide par l'intermédiaire de saint
Eucher. Sa prière lut exaucée, car, ayant ordonné
de jeter les filets, il y eut mie telle quantité de
poisson, que toute la miiliitude put être rassasiée.
lin t'rand nombre de t'uérisoiis eurent lieu par
son intercession. De tous les points du royaume,
des pèlerins accoururent à Saiiit-Trudon pour
vénérer les reliques de saint Eucher. Les aveu-
gles recouvraient la vue, les boiteux l'usage de
leurs jambes; des miracles multipliés manifes-
taient la ;;loire du saint évéque, que Dieu exal-
tait après l'avoir proposé aux hommes comme
un modèle de patience et de soumission à sa
sainte volonté.
lui(>.-vf run/, L. l'iiiiiLMiT, k, ru< ï'ruit'v/li I", Paru
SAINT GEORGES D'AMASTRIS, ÉVÊQUE
Fête le 21 février.
Deux inûocents, injustement accusés d'un grand crime, allaient être condamnéi à mort,
quand saint Georges arriva et leur ât rendre la liberté.
COMMKXT DIEU SXAIÇA LES PRIEnES DE THEODOSI
ET DE MKCtTHO
Théodose (don de Dieu), et son épouse Mépétho
(grandeur), noble* et pieux i-hrélion? du bourc de
Cromna, prisd'Amaslris, ville de l'aplilafl;onie (Asie-
Mineure), furent les heureux parents de saint
George», futur évoque d'Amasiris. La naissance de
ce ûls les combla d'une grande joie, car ils avaient
vécu de lonprues années depuis leur mariage sans
avoir d'enfants, Leur vie était exemplaire, mai»
Méfiétho, comme autrefois Sara, semblait vouée à la
vi.irililé ; le* deux ^potix mnllipliaicnlleurs prières
et levirs pi'nitences, et Dieu paraissait sourd à leurs
suppliialions. mais il ne différait de les exaucer
qualiii d'accorder davantage à leur persévérance
pleine de confiance. Enfin, ils promirent au Seicneur
df consacrer à son service, autant que cela d<'-pen-
drait d'eux, l'enfant que Dieu leur donnerait, ce fut
alors que la naissance de Georges vint réjouir leur
foyer domestique Ainsi, remarque l'historien, Dieu
a jilus d'une fois accordé un fils illustre aux prières
de parent» stériles, témoins Samson, Samuel. Jesn-
liaptisle.
Ceci se passait versla moitié du vin* siècle. George»
sera l'un des demiers saints de l'Eflise grecqu", que
o-.:^
l'ambition dp Pbotius ne devait pas tarder à vuuer
à la stérilité en la séjparanl, par un schisme lamen-
table, du centre vivifiant de PEgKse catholique.
LE PETW GEORGES DANS LES FLAUMES — LE MODELE
DES ENFANTS ET DES JEUNES GENS — SACERDOCE
Le démon, dit le vieux chroniqueur grec dont
nous résumons le récit, le démon soupçonnait que
cet enfant était destiné à l'humilier et à le vaincre;
il n'ignorait pas de combien de prières et de bonnes
œuvres il était le fruit, et l'on racontait certains
prodiges qui avaient -'■■ -t naissance. On peut
bien, en ciïet, ajout' auteur, attribuer à
cet ennemi des hou:...- i .lUreux accident qui
faillit coûter la vie au jeune fils de Tbéodose. Le
petit Georf^os avait trois ans et commençait à
marcher avec assurance, quand, un jour, il tomba
dans le foyer. On accoarut le relever, mais l'enfïLiit
.ivait les deux mains et une jambe gravement
brûlées.
Un pensa ses plaies douloureuses, on y appliqua
1.? ninédes les plus utiles, et une heureuse guérison
Mîit consoler le cœur de sa mère.
Dès qu'il fut en &f;e d'étudier, ses pareuts le
confièrent à des maîtres aussi vertueux qu'instruits,
et capables de former son cœur aussi bien que son
intelligence. Il étudia simultanément les sciences
sacrées et les sciences profanes; il s'y appliquait
avec ardeur, docilité et persévérance ; mais sa
piété l'inclinait comme naturellement a approfon-
dir davantage l'instruction religieuse, et l'aidait a
ramener toutes les connaissances humaines à cette
■■'Cience divine.
Lnnemi des passe-temps frivoles, des plaisantent <
grossicres, des plaisirs dangereux et dissipateurs qui
paralysent chez tant de jeunes gens l'essor des
études ; fuyant, par esprit de mortification, la
mollesse et le luxe, il devint l'huiincar de «es maîtres
par ses progrés dans les sciences aussi bien que
dans la vertu. Son application, sa maturité de
jugement, sa gravité étaient bien au-dessus de son
àgc.
Les auiiées de sa jeunesse s'écoulérentainsi calmei>
et fécondes ; et l'auolescent, parvenu à l'&ge viril, se
voyait entouré de l'estime et de l'affection de ses
concitoyens.
Oiilrju.eadigii ^dusaccrduce,
et \v liJcIos le 1 1 [ue d'Aïuaslris,
qui ruidunna prélte.
.Ses vieux et bons parents viraient encore, et
l'Ujent la joie de voir ce (Ils si cher monter à l'autel,
pour accomplir la pliio «.ubliine action qu'il soil
'illIK' u un I.
<J.I llil ,1.1
.L..;,il. I I.'
I II.K 1J< 'I
• i': .-cil
.. :■ ^. J. .
.:.!-U;.c et 1...
ui-bos.
i exemplaire que ^a
lin sembla qu'il devait
l'iutc nouvelle, piiui
• ' 'IL ;.,,i.sja,ut ;
la teire,
. . ■ u .-, devinrent
I oiuumenl de son miniblc-re sacré.
6I0KCU DANS L* SOLITUDI
I iant ton bun
-, -"in désir •:
là montagne silencieuse, errant au hasarda travers
la forêt qui couvre ses ûancs, et priant l,e Seigneur
de le conduire au lieu le plus propice à ses desseins.
Il arrive ainsi jusqu'au faite de la montagne, solitude
profonde, où ne montaient ni le bruit des cités, ni
les pas du voyageur ; ilaperçoit uue grotte naturelle,
propre à lui servir de retraite, et se hâte de diriger
ses pas de ce côté. Il est agréablement surpris de
trouver en cette caverne un vénérable et saint
ermite, qni l'accueille comme un père reçoit son fils.
Le saint vieillard vivait depuis longtemps dans
cette solitude, persévérant dans l'austérité et une
oraison continuelle. Ses communications avec Uieu
étaient arrivées à un tel deiiré d'intimité, que le
Seigneur lui révélait souvent les secrets de l'avenir.
(ieorges se mit comme un humble disciple sous
la direction de ce maître expérimenté dans la science
des Saints, cl l'èdiiice de sa peiteclioD, qu'il avait
assis dans son enfance sur das bases si solides, prit
de rapides développements.
U HONASTÈU DB BONYSSA
Cependant le vénérable vieillard n'avait plus
longtemps à passer sur la terre. Un jour, il dit à son
disciple : « J'ai la certitude (|uo je mourrai bientôt ;
j'ai un dernier cun.seil à vous donner. Quand j'aurai
<|uitté cette terre, retirez-vous au monastère de
bonyssa ; vous y serez accueilli comme un frère et
vous y servirez le Seigneur avec fruit dans les exer-
cices de la vie de communaulo. "
En effet, le saint ermite ne tarda pas à s'envoler
au milieu des chœurs des ange- qu il avait iniilés
par la pureté de sa vie, et le piètre (ieoiges, ayant
donné la sépulture à la dépouille morielie de son
maître, quitta cet eriiiilage et vint au monastère de
Bonyssa.
Il y fut bien reçu, ainsi que le vieillard le lui
avait annoncé; il s appliqua avec ardeur à bien pro-
tltcr pour sa sauctitlcutioii dr tous les avantages de
la vie céuobilique. l'ar sa reculante, sa charité Ira-
ternelle, son esprit de prière et de pénitence, il
devint le modèle des Frères. Il inéditail a^MduIll^Ill
les Saintes Ecriture-:, imn pour la vaine sulisl.i. !k>ii
de son int.l
ceptesct di
la cbasletc de J
^age^•^e de Salnh
ue reuian]:: '
chemeut >:
' y trouver de» prr-
Lé. La foi d'Abraham,
■ idc de David, la
l'Ul son àine. Un
m -M'u.i utr id gloire, m atta-
aux biens terrestres. Il ne
V,.,.. , ■,,,,,,•. .1. , 1,,,,...... ■. .1
lOSé-
àla
-lavir
éternelle du Cicl.
Mai> Dieu m- l'avnit p.i« retiré du inonde pour
«on »eu! ai ;i i]u'il
]iréparait .i ... mont
Agioserica et lu cèuutjilc de l]uu)â:'-a.
lAiM liSoacBs itAcai ivtuui u'a«*st*is
La bonne i' des vertus du iihitii'
i.rorfcs sf i"é| .. au delà du uionableie et
ne le couvent d«)
avaient peiiiu.
,Me Uc la ViKl: eUlii. ii. liu iimouiir, il» cUoi-
unatiimenienl le pidro livorue» pour lui
I 11 .1 tiiiiit
II >lilier uu
Celui-ci ne fut pas médiacrement surpris de leur
arrivée soudaine : « Vénérable prêtre, lui dirent-ils,
la cité qui vous a élevé, l'Eglise qui a éto votre mère
dans la science sacrée, qui, après vous avoir rendu
parfait chrétien, vous a élevé aux honneurs du
sacerdoce, veut maintenant recevoir de vous les
biens qu'elle vous a donnss. \ otre cœur est trop
grand pour ne songer qu'à vous-même, au lieu de
TOUS dévouer au salut de vos frères. Imitez le grand
apdtre Paul, affrontant à travers le monde tant de
travaux, pour conquérir des âmes à Jésus-Christ;
imitez saint Pierre, n'hésitant pas à souffrir les
chaiues et la captivité pour la ménie cause. EnCn,
imitez Notre-Seigneur lui-même, s'exposant, pour
nous sauver, aux travaux, aux humiliations et aux
souffrances de sa passion. »
— Je suis mort au monde et le monde est mort
pour moi, répondit le moine ; conQez donc à un
autre, qui en soit plus digne et les ambitionne
davaatci^'e, le gouvernement du peuple et le minis-
tère sacré. »
Rien ne put vaincre son humilité.
Mais les envoyés étaient bien décidés à ne pas
s'en retourner seuls ; ils s'emparèrent de force de
leur élu, le placèrent sur une mouture et partirent.
Il fallut bien que Georges se soumit à la volonté
de Dieu.
On le conduisit à Constantinople et on le présenta
au patriarche Taxaise. Celui-ci, n'étant encore que
secrétaire impérial, avait eu autrefois l'occasion de
remarquer la piété de Georges enfant; il le reconnut
et agréa le choix que la ville d'Âmastris avait fait de
lui.
Mais soudain un obstacle inattendu s'éleva contre
la consécration du futur évêque. L'empereur avait
jeté les yeux sur un autre candidat et, comme il
arrivait trop souvent aux empereurs bysautins, il
voulait imposer à l'Eglise sa volonté. Taraise résista;
il réunit un synode, et mit les deux candidats en
présence. Les membres de l'assemblée se pronon-
cèrent unanimement pour Georges.
n fut sacré évéque solennellement, et pendant le
peu de temps qu'il passa dans la capitale de l'Orient
il se conquit si bien par ses vertus l'estime de tous
et de l'empereur lui-même, que le prince se réjouit
de voir qu on ra>ait préféré a son propre candidat.
ÀDMIKISTBATIO.N ÉPISCOPALI — LS SXWT ^viQUB SADVI
SO.N PKUPLS DES BAVAGBS DKS SAKBASIN3
Amastris recul son bien-aimé Pontife comme un
ange envoyé du ciel; toute la population, prêtres
et laïcs, hommes et femmes, eufauls et vieillards
se porta au devaut du lui. Les e^'pérances de la ville
ne furent pas trompées. Le saint évéque fut le père
et le modèle >l>i tou~ : simple et austère, doux et
ferme, affable et Ji^^nc, d une charité qui ne se
lassait jamais, rera.;e des pauvres, protecteur des
orphelins et des veaves, 5a;,'e directeur du clergé,
il était plus admirable encore par son amour envers
Liieu, source de toutes ses autres vertus. Les fidèles
aimaient à le voir présider les cérémonies saintes
avec la piété d'un .in::e et la majesté d'un prophète.
Fallait-il p< Ire les intérêts de son peuple
traiter avec I' lu Ose, avec les gouverneurs
ou 1 ' , ai.T au besoin jusqu'au palais des
eiii; n'hésitait pas. Mais de tous les serrices
qu il it;u ~" peuple, l'un des plus remarquables
lut de I contre les barbares. Depuis un
-'■ ''• M ....II-,..,-.'. ..'.!'.. |.. monde civilisé
'^es doctrines.
rs la dévasta-
i le massacre
des provinces
d'Asie-Mineure restées encore au pouvoir des empe-
reurs de Constantinople.
Une année, laPaphlagonie eut beaucoup à souffrir.
A la nouvelle que les hordes sarrasines appro-
chent, l'évêque d'Amastris se hâte de parcourir
les campagnes voisines, en recueille les habitants
et les conduit à l'abri des remparts de la ville.
Cependamt l'ennemi avançait, il fallait s'appr^^ter a
soutenir un siège dont on ignorait le terme et l'issue.
Plein de confiance eu Dieu, dont la puissance est
sans limite, le saint pontife le supplie avec une im-
mense ferveur de sauver son peuple. Il est exaucé.
Les hordes musulmanes, saisies de terreur panique,
s'enfuient d'eUe-mêmes et quittent le ipays.
Amastris était délivrée.
WNOCBNTS SAUVis DE L\ «OBT
Des négociants d'Amastris, qui s'étaient rendus à
Trébizonde pour leurs affaires, y furent arrêtés sous
l'inculpation de crimes très graves et jetés en pris.in
par ordre du préfet. L'accusation était fausse, mais
les calomniateurs poursuivaient audacieuseiuent la
cause, et les prisonniers couraient grand damier
d'être condamnés à mort. Qu'on juge de leurs
angoisses : dans peu de jours peut-être, bien qu'in-
nocents, ils auraient la tète tranchée comme des
crimiuels, ils ne reverraieut plus leur patrie et leurs
parents; leurs familles, qui se préparaient sans
doute à fêter leur retour, apprendraient qu'ils sont
morts, morts de la main du bourreau, sans avoir
pu recevoir leurs adieux!... Pendant qu'ils arro-
saient leur cachot de leurs larmes et le remplis-
saient de leurs gémissements, ils suppliaient le Sei-
gneur, leur unique ressource , de venir à leur
secours.
Dieu révéla à son serviteur le péril où se trou-
vent ces brebis de son troupeau. L'évêque part immé-
diatement, il se dirige vers le Ponl-Euxiu ^nler
Noire), etaJGfrontanlune navigation périlleuse en cette
saison, il s'embarque sur le premier navire allant à
Trébizonde. Un vent favoradde enûe les voiles du
vaisseau, qui glisse rapidement sur les ondes; Dieu
protégeait manifestement le voyage.
Aussitôt débarqué, l'évêque d Amastris se rend
auprès du préfet, tremblant d'arriver trop tard. Les
prisonniers vivaient encore, le procès n'était pas
terminé ; l'évêque s'efforce de prouver l'innocence
des accusés ; mais l'un des magistrats du prétoire,
plein d'animosité contre les prisonniers, soutunt
avec d'autant plus de chaleur les accusations pun./,
contre eux, réclamant au nom des luis un cLidii-
ment prompt et exemplaire. Le juge hésitait.
C'était trop d'aveuglemeut de sa part. Le Seigneur,
que le pieux prélat avait si souveul luvd.juj dans
son vo^'age, intervient par sa puissance : la femme
du préfet devient subitement aveuLjle. Devant ce
malheur, le préfet, au désespoir, éclate à sou tour
en gémissements, il demande i>aiJ u à l'évêque de
n'avoir pas voulu croire à se.-- iir^lis, il le conjure
de prier pour son épouse et pour lui. Le pontife,
q li savait toujours pardonner une injure, se met
e I prières : l'aveude est aussitôt guérie, et le
magistrat, rompant les chaînes des prisonniers, les
remet aux mains de leur libérateur.
Le chroniqueur grec ajoute un autre prodise,
arrivé, dil-il, fjenJ.iat le séjour du Saint a TréLi-
toude. La dame de la maison où l'évêque avait reru
rbospilalité s'était réservé l'honneur de pn-p-.r
le pain et le vin destinés à la messe du pi'
mais tout Plitit'-r.^ .'( (*rnntpr I,-c ca.,,(« .'>c. ..1
pontife, f - ; "
S.iuïeui . il; i ,; ._,. _ , . ,_._ _
du divin sacrifice fui arrivée, le pain et le vin se
trouvèrent miraculeusement préparés.
->:nt ceorcbs devant lbs rois de l* tbkre
et devant le roi du ciel
De semblables événements ne pouvaient qu'aug-
menter la reconnaissance et la vénération de ses
diocésain? pour leur saint évéque; mais sa renommée
avait depuis longtemps dépas>é les limites de son
diocèse. A peine de retour de Trébiionde. il dut
partir pour Constantinople. afin de répondre aux
instances de linipératrice Irène et de son fils Cons-
tantin, qui désiraient vivement le voir.
L'impératrice et le jeune prince le reçurent avec
beaucoup de bienveillance et de respect ; mais il
ne s'attarda pas à la cour ; ennemi du faste et de
l'intrigue, il ne se sentait pas à sa place parmi les
courtisans byzantins.
Le lri.;f>lhéle Nicéphore, préposé aux finances
impériales, imitant la vénération de ses maîtres,
demandait souvent conseil à l'évêque d'Amastris :
un jour il sollicita même son avis sur une affaire
temporelle qui le préoccupait pour son avenir :
'. Ne vous pressai pas, lui dit le prélat ; dans un
temps qui n'est pas bien éloigné, vous hérilerei de
la fortumc d'une très ricbé veuve. » Quelques
années après, Nicéphore montait sur le trône et
recueillait ainsi l'héritage impérial d'Irène. La pro-
phétie du bienheureux Georges était merveilleuse-
ment réalisée. Aussi le nouvel empereur garda-l-il
la plus grande vénération pour la mémoire du saint,
évêque ; il voulut avoir de ?^es reliques, et mettant
un jour sur ses épaules un manteau grossier et usé,
qui avait appartenu au bon prélat, il dit à ses
officiers : « Voilà qui m'est plus précieux et pro-
tège davantage ma puissance que mon manteau
impérial. >•
Mais revenons à notre Saint. En traversant de
nouveau la nier Noire, le navire qui le portait fut
assailli par une violente tempête; à la prière de
son serviteur. Dieu calma la fureur des (lots et le
navire fut sauvé.
Cependant, ajoute l'historien, Georges était homme,
ft la mort devait aussi l'atteindre ; perte immense
pour l'Orient, mais heureuse fortune pour le Saint
qui échangeait les sollicitudes et les peines de cette
vie contre les joies saps trouble de l'éternité
bienheureuse.
Il vit venir la mort sans terreur, remercia le
-;.-ij - qu'il en avait reçus et s'endormit
> paix.
t^r mi m <i> uil gi'uéral, chaque famille semblait
avoir perdu son père.
On l'ensevelit avec honneur dans l'église et un
monument fut élevé sur son tombeau.
I.CS miracles s'y mulli|'li<Tcnt, cl ronsolèrenl U
peuple eo lui moulraul que »od pasteur bien-aïuié
restait son père du haut du ciel. Les malades
affluaient à ce tombeau et un grand nombre de gué-
risons récompensaient leur foi.
LES RVSSBS AU TOMBEAU OB SAI.NT GEORGES
In jour, une terrible nouvelle retentit dans
Amaslris : de nouveaux barbares, accourus des régions
du nord sur des barques légères, païens féroces,
dont le nom était encore à peine connu, les Russes,
venaient de faire irruption sur les côtes de
Papblagonie. Leurs bandes, avides de sang et de
butin, parcouraient les riches campagnes, pillant,
massacrant, incendiant les églises, réduisant en
servitude de nombreux habitants.
Amastris ne fut pas épargnée. Un groupe de ces
pillards pénétra dans l'église où reposaient les restes
de saint Georges. .K la vue du monument qui cou-
ronnait le sépulcre vénéré, les barbares pensent
qu'il doit y avoir là-dedans quelque précieux trésor.
— El, en effet, remarque le ihroniqueur,' il y avait
là un trésor incomparable, mais bien différent de
celui qu'ils cherchaient. — Cependant quelques
barbares s'approchent pour démolir le monument
et ouvrir le sépulcre ; mais à peine ont-ils touché le
tombeau qu'ils demeurent perclus des pieds et des
mains. A cette vue, leur stupeur et leur effroi ne
sont égalés que par leur tristesse.
Le chef de la bande interroge un des habitants
qu'il avait fait prisonnier ; « D'où vient cela dit-il?
Ouelle est celte force invisible?
— C'est la puissance de Dieu, à qui rien ne peut
résister, répond le captif, ni prince, ni roi. ni
armée, ni barbare.
— Nous aussi nous avons nos dieux, répond le
barbare, mais quel sacrifice faut-il offrir pour
calmer la divinité qui préside à ce lieu?
— Il n'y a qu'un seul Dieu véritable, dit le captif, et
c'est à celui-là qu'est élevé ce temple : il ne
demande pas des animaux en sacrifice, mais une
vie innocente, la miséricorde et la pitié pour le
prochain, même pour les vaincus. Dius ce tombeau
reposent les restes d'un homme qui fut grand ser-
viteur de Dieu, cl le Seigneur a puni l'attentat de
ceux qui voulaient les profaner. Offrei de* présents
à i-elle église en réparation de votre faute; rciulrj
la liberlé aux chrétiens que vous avei faits cniiiN
dans cette viUe, ils prieront pour vous et vos soldats
seront guéris. »
Le chef russe se lai'^se persuader, il met au««itôt
en libellé les captifs d'Ama>lris ; ceux-ci se roiiiiiiit
à l'èglise, allument des cierges autour du ^aiul
tombeau et |>a<^sent la nuit à chanter des p'-aumes.
Le lendemain, les soldats paralysés furent guéri''.
Les Dusses conclurent un traité de paix avec l.i
ville d'Amastris, s'engageunl à ne plus l'allaquci
désormais, cl Us te relirereuL
►-•«•
lui|i.>{r<raiil .' PcTiiiiunT, 8, rue rrançult !•', Pan*
SAINT BARADAT, SOLITAIRE
Fête le i2 février.
Saint Baradat, au milieu'de la solitude, rend gloire à Dieu au nom de tous les hommes
et de la nature entière.
LES FLECnS DC DESERT
Dès la On du second siècle de l'ère chrétienne,
des âmes vaillantes, s'arrachanl aux corruptions de
l'empire romain, couraient demander à la solitude
le calrae de la vie et la liberté de servir Dieu avec
tout l'élan de leur ferveur.
Saint Hilarion, formé à l'école du grand saint
Antoine et des moines de la Théhniilp. avait rapporté
en Palestine la preneuse semenie de ces Heurs du
désert qui eniliauninipnt le partcire de l'Kglise. Ce
germe vivifié, fécondé par les eaux de la grâce et
par les rayons du divin Soleil, s'épanouit au milieu
des solitudes de la Syrie et sur les rochers du Liban
en mille Meurs d'héroïque sainteté. C'était comme un
auréable jardin où Jésus-Christ pouvait reposer ses
regards et se dédommager du spectacle des iniqui-
tés du siècle.
SAINT SARADAT AU DÉSERT — SES ADSTÊRITÉS
On ne sait rien des premières années de la vie
di' saint Daradat, moine au vi« siècle. Théodorot,
évi".|ue de Cyr, historien digne de foi pour a\"ir
ronlemplé lui-mémc les admirables vies des ana-
chorètes d'Orient, nous le montre au fond d'une
ISU
solitude, passant sa vie dans une oraison contiiruelle
et dans ries privnlions de tout penre.
Cet histonofrapho.qui avait visité un grand nom-
bre de solitaires afin de leur arracher les pieux
secrets de leur vie pénitente. déclare que saint Bara-
dat fut, plus que tout autre, ingénieux à trouver des
austérités toujours nouvelles. Il s'enferma d'abord
fort lonj:ti'mps dan? une misérable huttr où toute
sa vie s'écoulait en contempl.itinn et en prières. Puis
ce chétif abri lui parut encore trop commode. Il
sngna le sommet d" la roche qui dominait le lieu
de sa rclraile, s'y bâtit à peu di' Irais une loge, ou,
pour mieux dire, une sorte de cofTre, avant bien pris
soin di' la construire assez étroite pour ne pouvoir
s'v tenir que cour!''. Les parois en étaient si peu
jointes que le nouveau domicile de notre solitaire
avide de soiiiïranres présentait l'aspect «l'une cape
ouverte à toutes les ripueiirs du temps. On pense
bien que toute la commodité d'un tel plie était de
n'en avoir nurune, si l'on excepte le précieux avan-
tage d'- satisfaire l'ardeur qu'avait le saint ermite
de s'offrir à Dieu en holocauste pour les péchés
des linnimes.
Il passa de longues années dans un réduit si
pénant.et n'en sortit que pour présenter au Seigneur
un sacrifice plus méritoire encore que les plus
effrayantes austérités, un sacrifice sans lequel tout
le reste est perdu pour le ciel, celui de l'obéissance :
Théodose, patriarche d'.^ntioche, son supérieur, lui
conseilla de descendre de son rocher. Il obéit
aussitiU.
Sa nouvelle demeure ne fut guère plus luxueuse.
I.a plupart du temps, il n'avait d'aulre (oit qur la
voùtr éloilée des cieux, si belle dans les répions
orientales, ou bien les sombre» nuaires delà tempête
ou l'azur brûlant du désert. Gi:ind pontife de la
solitude, pieux interprèle dos vi'ix de la nature, il
se tenait debout, les mains éle vi ■< ver» le ciel, la
plus prande partie di' la journée; il chantait ainsi
les louan:.'es du (^réiiteur de l'univers, «l bénissait
Kieu au nom de toutes les créatures.
In habit de cuir le couvrait de la léle aux pieds
••l ne lui laissait que les veux pour voir, le net et la
boui he libres pour respirir. Une vie si austère
ferait supposer une forte constitution ••hii notie
Saint. Raradnt, au contraire, avait une fait ' t
était sujet à diverses maladies; mais la ai
soutient la faiblesse humaine et les vrait «•Tvileurs
de Dieu peuvent tout en Celui qui les fortifie.
-MMT nAB\l)AT 0£PR.1SErn DB LA FOI — S.\ AÊFO.SSt A
l'cMPKREUR LÉON
,r. I
'<>nd que Raradat avait puisé
les aviT llieu de vastes et de
» Tisiteursatsez
h'ureux débris de l'empire rotnaic. Dans une cir-
constance où il consultait tous les évéques d'Orient
sur le Concile général de Chalcédoine qui avait
condamné Eutychés, il crut devoir envoyer aussi sa
lettre circulaire à trois grands serviteurs de Dieu
qui ne faisaient point partie de l'épiscopat. mais
pouvaient servir puissamment, de leurs lumières,
les intérêts de la foi contre les attaques perfides et
multipliées de l'esprit du menso'npe. Le messager
impérial se mit a la recherche de ces théologiens
sublimes cachés dans le désert. Il trouva saint
Jacques le Syrien dans un affreux vallon prés de
Tyr, saint Simf'on Stylile sur sa colonne et saint
Baradat dans son humble réduit.
Ce dernier donna, dans sa réponse à l'empereur,
une preuve éclatante de l'intégrité de sa foi et de
son inébranlable attachement à la communion de
l'Eglise romaine. Le mystère de l'Incarnation défi-
guré par Eutychés et le dopme eucharistique y sont
traités avec autant de profondeur que de solidité.
Il témoigne d'abord à I aupuste prince la joie qu'il
ressent de son zèle empressé pour assurer la paix
des éplises et conser\er le précieux dépôt de la foi ;
puis, s'rmparant du nom même du César, il joint la
plus brûlante exhortation à la louange la plus déli-
cate et fait comprendre comment on entendait
alors le rôle de la puissance civile dans ses rapports
avec l'Eplise. Saint Itaradat se réjouit de voir en
Léon, comme au siècle jiré.-i-dent saint Melchiade
dans Constantin, l'évéque du dehors, le prince qui
sait avoir reçu le glaive des mains de Dieu pour le
service du droit et de la justice, et ne craint pas de
prêter à la diffusion de ta vérité le prestige de son
bras.
" Nous n'ipnoron» pas. s'é<-rie le vaillant ana-
chorète, que les loups s'attroupent pour attirer les
tendres brebis du Seigneur hors des berperies fi
les égorger sans même c-aindre les pasteurs qu'il*
séduisent ou dont ils trompent la vigilance; mais
vous, dont le zèle répond au nom que vous pnrtr/,
vous vous montrerez, vous pri-ndiez la garde du
troupeau nécligé et vous rugirez comme le lion ;
vos terribles rugissements répandront la tei.i'nr
dans les ranirs de ces ennemis acharnés du 1
de Jésus-Clirisl, cl 'ous saurez bien leur ai.
leurs malheureuses victimes. Partout l'on <
naîtra que votre redoutable ordonnance ré|
votre nom et à la dignité de votre empire ; i'<<u
pourra vous app'^qtier ce mot de l'Ecriture: 0'"
la rnlfre 4u jn ■ ■■■ ,tu lion et !••
Seiviifur toul-| rtout le nom de
Léon qui a dnmpttj le^ lIll:l■^ assez osés pour «f
révolter contre Dieu et eecouer toute crainte de si'-
terribles jupi-ments. »
On ne doit point i'élonner de nom »oir loui i
Raradat de son orthodotie. C'est qu'4 cette l'i ■
de rhi*loire de l'Eplise, le dénion de l'Ii
•■ Ul'-llir
- prand* j
-■ rtti.illutnin^ desdivines clartés, ne
lialer au loin un suave parfum
iv^^iiiiti ....... . n CoDstanlinopIc *ur les nal-
»i''jiiiiiii'ù'i' ii'-'i i 11...... I
restre où avaient jusque-14 fleuri toutes le» vertus
MOIIT DE SAI.^T BAKADAT
Ile», exti'i
iMiil lin
Sei^'neur, laissant ai
.1. <oI tiulc. II" foin .1
' ' liuntjeait lo Uikcrl uunlte le ucl.
SAINTE WlILBURGE, PRINCESSE ANGLAISE. VIERGE ET ABBESSt
Fête le 23 février.
LE BOI MKRWAL ET LA REINE BOMNEVA
Au milieu du septième siècle, un saint prêtre du
Nortburaberland fAnglelerre), nomaié Edfrid, plein
de zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes,
entendit une voix du ciel qui l'envoyait prêcher l'é-
vangile dans le royaume de Mercie encore paTeu. Le
souverain de cette partie de l'Angleterre était alors
le vaillant Merwal. Il accueillit honorablement le
missionnaire et, convaincu par ses discours de la
vérité de la foi catholique, il se convertit et reçut le
baptême, l'an • 60.
Il construisit une église en l'honneur du pre-
mier Pape, le prince des apôtres, et la dota de
nombreux revenus. L'Anj:leierre en effet, aux pre-
miers temps de sa conversion, comme pour pro-
lester à l'avance contre le schisme d'Henri VIII, se
distingua par un amour tout particulifrement filial
envers saint Pierre et les pontifes romains ses suc-
cesseurs.
Merwal, devenu chrétien, épousa Domnèva,
arrière-petite fille de saint Ethelbert, prince de Kent
et premier roi chrétien des Anglais. Les deux époux
pratiquaient arec loyauté la religion chrétienne et
favorisaient de tous leurs efforts sa propagation au
milieu de leurs sujets. Dieu leur donna quatre
enfants : le prince Merfin et les trois princesses,
sainte Milburpe, sainte Mildrède et sainte Milgithe.
.\près la naissance de la dernière, les pieux époux,
d'un commun consentement, résolurent do se vouer
désormais à la continence, afin de travailler plus
efficacement à leur salut et à l'éducation de leurs
quatre enfants. Mais quelle éducation : leurs trois
filles devinrent trois'suintes !
Bientôt, Domnèva, voulant aller jusqu'au bout
dans son sacrifice et dans le don d'elle-même an
Seigneur, fonda un monastère de religieuses dans
l'Ile de Thanet et obtint de son mari la permission
de s'y consacrer à Dieu avec sa fille .Milgithe.
Depuis plusieurs années, Mildrède, sa seconde
fille, était venue en France et avait reçu le voile
des religieuses au monastère de Chelles, près de
Paris. A celte époque, les couvents élanl encore
rares en Angleterre, on voyait des princesses fran-
chir la mer et venir s'enfermer aux abbayes de
Chelles, de Jouarre ou de Farmouliers. .\près la
fondation du couvent de Thanet, placé sous l'invo-
cation de Marie, Domnèva pria sa fille de venir
enseigner à ses religieuses les saintes observances
de Chelles; sainte Mildrède, revenue en Angleterre,
reçut la bénédiction abbatiale des mains de l'évêque
saint Théodore, envoyé par le Pape en Angleterre,
et succéda à sa mcre dans le gouvernement de
l'abbaye. Elle eut la joie de voir réunies sous sa
direction, dans la ferveur du service de Dieu, jus-
qu'à soixante-dix religieuses.
riakurt de sainte milburge a ses vœux
Pendant ce temps, qu'était devenue Milburge?
Celle princesse, l'aînée de ses s<rurs par la vertu
aussi bien que par l'âge, les avait précédées dans
In r.,:i.»r r.iiinn monasti'jue. Des son enfance, son
un ;u[>alion avait été de plaire à Dieu.
M> ;^ : ^ vanités et les plaisirs du monde, au
lieu d orner son corps de futile.'» parures, elle tra-
vaillait a décorer son ilnie d^'s plus belles vertus.
pour plaire uniquement à l'Epoux céleste. De riches
alliances terrestres lui furent offertes, elle les
refusa.
Alors son père, Merwal, et son oncle Wulfhor,
fiour satisfaire a ses désirs et à leur propre pit-ti-,
ui firent construire un couvent à Wenloi-h. Milburcè >
s'y relira avec plusieurs compagnes, dont le nombre
ne tard H pas à s'accroître ; elles choisirent la sainte
princesse pour mère et maîtresse dans la perfection
monastique.
Le démon cependant chercha à troubler la paix
dont elle jouissait dans le cloitre, et essava de ruiner
cette œuvre en renversant celle qui "en était le
fondement. Un jour Milburge s'était rendue à une
maison de campagne, nommée Stokes, qui dé-
pendait sans doute de son monastère. Cn jeune
prince anglais, qui savait combien la fille du roi
.Merwal unissait à un haut degré les charmes de
l'esprit et du corps, se trouvait en ce moment dans
le pays. Il souhaitait vivement l'avoir pour épouse,
mais sachant bien qu'il n'aurait pas son consente-
ment, il résolut de l'enlever de vive force.
Il se met aussitôt à organiser secrètement le
complot. Mais rien n'est caché aux yeux de Dieu ;
la sainte princesse, avertie par une révélation cé-
leste, se hâte de s'enfuir avec les personnes qui
l'accompagnaient. Le prince arrive à la maison, à la
tête d'une escouade de sens armés et ne trouve plus
celle qu'il cherchait. Il se précipite, dit le vieux
chroniqueur, comme un loup furieux à la poursuite
de l'innocente brebis du Seiirneur. Déjà il appro-
chait de la rivière de Corf dont les eaux, alors peu
abondantes, avaient laissi- un passage facile aux
fugitives. Quelle n'est pas sa surprise, en atteignant
ce cours d'eau, d'en voir les oncles grossies se rouler
en tourhillons impétueux et rapide.s, d'une profon-
deur et d'une violence telles que se hasarder à les
traverser était s'exposer à une mort certaine. Ren-
trant en lui-même, à la vue de ce miracle, il recon-
nut sa faute, et renonça à ses desseins.
SAIÎtTE MILBURGE COVUA.NDE AUX OIES SAUVAGES
ET RESSUSCITE U?i ENFANT
La même ferme de Stokes fut témoin d'une autre
merveille. A réjioque des semailles, des volées
d'oies sauvages s'abattaient sur les champs ense-
mencés et les dévastaient. Les serviteurs de la
maison vinrent se plaindre à la bonne supérieure.
Mais quel remède a an pareil mal ".' Milburge, con-
fiante dans la puissance du Créateur, qui est resté
le mailre de toutes ses œuvres, le pria iliiilervenir.
Ensuite, elle commanda hardiment aux oies; ces
volatiles, dont le nom est parfois synonyme de
bêtise, obéirent comme des êtres intelligents, et
non seulement cette année, mais les années sui-
vantes, respectèrent les champs interdits à leur
rapacité.
l ne pauvre veuve avait eu la douleur de voir
mourir son fils. Elle prend entre ses bras le corps
glacé de l'enfant et, tout en le baignant do s. <
larmes impuiî^sanles, elle va droit au nionn-'lere de
Weidoch ; elle entre dans l'oratoire, et y trouve pi--
tement la sainte abbesse en prière. Elle d'po- l,>
petit cadavre à ses pieds, et lui dit : ■■ nend./. li - lo
à mon fils, ayez pitié de moi... — La doiil.ni vous
rend folle, ma pauvre femme, répond Milluir^' , que
me demandez-Tous là ? Allez ensevelir ce mort et
préparez-vous à le suivre peut-être bientôt dans
la tombe, car tout homme naît pour mourir. —
Non, non, reprit la veuve, je ne m'en irai pas avant
que TOUS ne m'avez rendu mon enfant vivant ! »
En présence d'une telle foi, la sainte abbesse
se piosterna devant Dieu prés du petit cadavre et
commença a prier avec une ferveur immense. Pen-
dant qu'elle prolongeait ses supplications, une
lumière cMeste descendit sur elle, et elle parut tout
environnée de feu. A cette vue, une sœur qui était
là, fut saisie d'elTroi: •. Ma mère, s'écria-l-elle, levez-
Tous vile, vous êtes au milieu des llammes. » Sou-
dain toute celle lueur disparut; la servante de Dieu
se releva confiante et calme, prit l'enfant qui était
mort et le remlil vivant à sa mère.
DERNIERS CONSEILS
A l'âge de 60 ans Milburge, dont les forces allaient
s'affaiblissanl, fut prise de la fièvre et sentit que la
fin de son exil terrestre approchait. Elle appela
ses filles spirituelles autour de son lit et leur dit:
• Mes scpurs, je vous ai aimées jusqu'ici comme les
entrailles de mon ;ime, j'ai eu pour vous toutes les
sollicitudes d'une mère; maintenant la divine Provi-
dence met un terme à mon pèlerinage et m'appelle
à la patrie du bonheur et du repos, voici que
j'entre dans la voie de toute chair ; je vais vous
quitter, je vous laisse à la garde de Dieu et de .Marie."
Elle leur donna ensuite de louchants conseils sur
leur sainte vocation, sur la vanité du monde et la
bonté lie Dieu, objet suprême de notre amour que
la mort ne peut nous enlever; puis son dme s'envola
vers le Christ. C'était vers I an T22.
TOyBEAD RETROUVE
Les religieuses ensevelirent avec respect, dans leur
monastère, le corps de leur sainte mère et fondatrice.
.Mais deux siècles plus tard, à l'époque des invasions
danoises, l'abbaye fut renversée et l'on ne sut plus
dans le pays sous quel point de ses ruines désertes
et silencieuses reposaient les restes de Milburge.
.\u xii" siècle, après la conquête de r.\ngleterre par
les Normands, le territoire de l'ancienne abbaye de
de NVenloch fut donné aux bénédictins de Oluny, qui
s'empressèrent de relever l'église et le monastère.
Pendant qu'on rebâtissait l'église, un concours de
circonstances providentielles amena la découverte
du caveau où reposaient oubliées les reliques de
sainte Milburge. A peine le tombeau fut-il ouvert
qu'un délicieux parfum remplit toute l'église. La
nouvelle de la précieuse découverte se propagea
rapidement et les habitants accoururent en foules
nombreuses pour rendre gloir» à Dieu et àsa servante.
De nombreux miracles, en confirmant la découverte,
augmentèrent la joie publique. Deux femmes,
atteintes de la lèpre, furent guéries ; une autre qui
avait perdu la vue et un enfant aveugle de naissance
eurent leurs yeux ouverts à la lumière: une personne,
gravement malade depuis cimi ans. retrouva la santé
aussitôt après avoir bu de l'eau qui arait servi à
laver les saintes reliques.
Le corps de sainte Milbiir^'e fut placé dans un
lieu honorable de la nouvelle église et y resta eu
grande vénération pendant cinq siècles, jusqu'à la
jirétendue réforme protestante d'Henri Vlll, dont les
ravages furent plus funestes a l'abbaye de Wenloch
que l'antique, barbarie des Danois.
\iitp. jrranl. K {'(tithimt, », nie l'r*n<;oi< I" l'»rn.
SAINT PIERRE DAMIEN
DOCTEUR DE L ÉGLISE
Fêle le 2i février.
NAISSANCB ET rRENIÉRE RDUCATION DE SAINT
PIEKHE DAMIEN
Saint Pierre Damiçii naquit ;i Flavenne, l'an 988.
dp p.irpiit? pan vres.qui avaient autrefois joui duno
«-erLiine opulence. Vr. de ses frères aines, en
'■■"yant pour la première fois re septième enfant,
n'écria : ■• Faut-il ilom- tant d'h('rili<'rs pour un si
maiiire liérila«e'? ■. Li mère, que la dureté d'un
[pareil lan^açe attri-laii justement, n'eut pa« la
rnrre de résister en face à re (ils jncrat. Elle
ajiandonna son nouveaii-né.mais pour le reprendre
liionirtt, rar «-Ile «entait toute Vindipnité d'une
p.ireillc ronduile. 1,'enfant . ain«i repoussé en
("iitrant dans |p monde, eut un trait de ressem-
M inrc rie plus aver Jésus-Christ, qui avait voulu
Il iitr»dan<-la pauvre téet. (Il milieudessoulTranres.
l'i' rre était à peine fl«é de rinq ans. lorsqu'il
j • kIiI «on père et «a mère. Il se trouva alors à
Il merri du frère dénaturé qui avait «i durement
.11 rueilli sa naissanre, et il en eut beaucoup à
oulTrir II était trait<- comme le dernier des valets,
sans cesse accablé de coups ou d'injures, et
charRédes travaux les plus vils et les plus pénibles.
Quand ,1e soir, il ramenait son trou|ieau, on lui
disputait souvent un morceau Ai' pain. Mais, son
âme était avec Dieu. Klle se formait sous son
regard paternel, et le Seieneur se plaisait à la
façonner comme de ses mains, pour la préparer
à la f;,'randc mission qu'elle devait remplir plus
tard.
Le trait suivant nous montre quelle était déjà
l'énersie de son caract-'re et la eénérosilé de son
cinir. L'n jour, Pierre mourait de faim ; en menant
paitre son troupeau, il trouva sur le chemin une
[lièce de monnaie. Son premier mouvement fut
lie se livrer à la joie et de sonuer qu'il pourrait
ainsi se procurer du pain; mais, tout à coup,
renonçant h son idée : a \ quoi me servira, sf
■ ilil-il, cette satisfaction d'un instant'.' Il vaiU
mieux porter cet arpenta un prêtre, alin qu'il
offre IcSaint Sacrifice pour l'Amede mon père, i
iJieu ne devait pas tarder à récompenser la pi''f"
du vertueux jeune homme.
SAINT Pl&rUlE bAJIlKN KTL'DIANT ET PROFEâSBL'n
l'ierro avait im frère, arcbipn'^tre de Ravenno.
iiu"il aimait d'une tendresse toute pailiitiliére.
Daiuien [c'était sou nom aimait aus.'-i son plus
jeune frère, et. quand il connut l'i'lal affreux où
il était réduit, il s'offrit à le j'ri'iidre auprès de
lui, et se charfçea de son éducation. L'enfant
reconnaissant ne voulut plus poiler que le nom
de Pierre Daini>-n ([ui lui a été conserv(\
(iràce à réleiiilui' cl .'i la pénétrante vivacité
de son esprit, il lit de rapide» propres dans !«»••
lettres; les écoles d»; Ilmnie, de l''aen/.a et <li-
Parme eurent l>ieiit"M à s'applaudir d'un >i bril-
lant disciple. Elles eurent même le bonheur de
voirensei;;ner d.ms leurs i-|iairesce jeune homme
qui avait déjà illu-Iré leur nom. Il possédait à
fond la jurisprudenoe et l'art oratoire, .\ussi sa
réputatiini naissante eut-elle bientiM assuré une
grande aflluence de disciples autour de sa chaire.
liiclif et honoré comme il l'élail, l'éloquenl
[,int'f sscur ne succomba p.is à des tentations de
vaine gloire qui auraient pu devenir l'écucil de
sa jeunesse. .\u milieu de ses triomphes, il se
disait souvent : ■ n'attacher à des
» biens (|ui pass> i lois un jour les
» quitter, piMirijuni u ,' ' " e
>• dés maintenant'.' » ; s
forces de son àun' ■ •"- il!
ne trouvait aucun' i»
du monde. Kn at:' i... ...
il quitterait la vaiiibi da -iL-cle. il u.-..
choses terrestres c^'Omm u'eij u-.int i ,i~. i; ,
tait un cilice sous de;? boJtii^ di- - jiu
dissimulaient mieu.v S4;s au»téri: ii !
pressé par la coni iipis<;enie. il
intérieur en se ploiii.'eanf 'hms 1
cée de la rivière.
Mi»> \^ i r Ml
séparée d
(BHI.lsi
■■ l il, il
■ mil' 1
I., t.i
eii.\,
Il M.
laarcUa à
■.I..I i.-:;!..
.:t I.
- t.'li
Enlin, le moment asriva de- i|uitt<*r IfoTeniur.
s'arma de courai;e et partit -<•. n-u-nient. Daa»
une solitude pi-rdne duiliiice-eUlùiuiiiiin s'élevait
un monastère tré'
C'est là que noti.
exiueait que le pi'
jours dans une <■•
forma à cet u^a:;i
rations c oipor< ll<
tir d'un cilice, im ; ., ;.,....„, i,
qu'alors la céréinouu: de la véture ue fùl yuiul
sorte, vouloir se dédommager des pénitences
qu'oïl lui inlerdisait. Il livrait à ses Frères le
fruit do ses laborieu.x cffiirld, utda sa ooutempla-
tion assidue. Sa jiarole savait entlaminer leurs
cœurs et il produisit un grand bien, non seule-
ment dans son monastère, mais encore dans les
abbayes einironnantes, qu'il forliliail nar un
enseignement plein de «loctrine et de chaleur, el
qu'il édiliait surtout par sa vie moililiée.
SMM I'IEBUK D.WIKN, ABBF. DR KONTAVELLANB
Pendant qu'il se livniil il In vie apostolique avec
tant de ïèle, la communauté de l-'onlavellane
perdait son .ililié \ .■.•iIm ii,.iivflle, Pierre revint
prier une du Père qu'il avait
toujours ' \prés la cérémi nie
des fuiiéraiiliis iptnnd ili liillut élire un nouvel
abbé, les Frères no prononcèrent qu'un nom :
celui de Pierre Dnmien. D' accepta cette _charue,
et auL:int il avait -u hum obéir, autant il sut bien
gouverner : ses Frères de Fontavellane eurent
les prémices de son .ictinn réformatrice et direc-
trice. Sft^is le zèle dli cet apôtre réclamait un
champ plus vo&te, el il vnuJtil ouvrir de nouvelles
abbayes à toutes les Imes que le monde ne pou-
vait séiluire. Il Imir promira tous les moveiis de
perfection, en son pouvoir, el les maintînt tou-
jours dbnB-hur premier» ferveur.
ktiKP no anrfOB ciirhtir>. piKnnR damien lutte
acnnUK IN SIRCLK lilIl'RAVK
Ptomibiit: quu la vertu Iléui isv.dt ainsi dans le
.lé-eil.Ii' moiure I lirétiioi -e \ovail entraîné vers
Il .avait pas encore
iidalion de l'K^ilise.
lit! cruellement le corps
t : la simonie et l'incon-
•s .leii s. La priiicipak cause de ce mal
•f que le- pniice- laïques voulaient
-1) «t eiichaiiicr sa liberté. Par un
ir iiicri'vribl»'. iN m'ii. (aient et dis-
~ donnant
e et sans
' I' ili'il des Inifu-
iiis vocation n'ap-
••- iiiines (|ui leur
. Il entrant dans la
;• ni m renoncer à leurs
. M préoccuper de leur
Aussi, au bout de peu <le temps, la barbarie de
1.1 I II. lit. <"iiilii<- r.il<i<el1e iiiitit- S.iilif I ■' ^11 i t II
• aux devoirs de leur
dins le bercail par l.i
. uiu.si atiii par b
•~, ne jouis«,ti( d' i
t .se lui
M ■:
leiiL
^.l i|u il iluvuit \aiuciu >i
Val
I
<!■>
hun
poui lu dirccUuu de
élnl.
"t ainsi ({U U «iiiniil ou
iitcinbUii, dq la i Ueuii ul II. {ui lucci-da & tM(Oifi- Vl^^t
apprécier le mérilc dun pareil athlète, et, plus
d"une fois, iL l'appela à sa cour pour l'aider à
porter remède aux maux qui afllijjeai'^iitla Sainte
Eglise. Sur ses conseils, Pierre se mit à écrire des
livres, du fond do sa retraite, pour ti>Hrir, en
termes d'une éloquence indignée, l'inconlinence
des clercs, et pour réclamer contre les usurpa-
lions du pouvoir temporel, qui s'ingérait daiis
les choses spirituelles, sans en avoir reçu mission.
Le mal était signalé, mais non encore guéri;
•''était au i)ape saint Léon IX qu'il était réservé de
donner un remède eflicace.
n avait à sescf'ités le jeune archidiacre Hilde-
hraud, qui devait plus tard couronner l'œuvre,
sous le nom de saint (îri-goire VU. Saint Pierre
Uamien jouissait aussi de la confiance du pape.
Sur le conseil de ces deux hommes émin''uts en
science et en vertu, Léon IX convoqua un concile
à Home pour l'année 1049. Pierre Dumien, eu fa -e
du pape et des évèques fidèles à la bonne cause,
montri le mal avec précision et mit le doigt sur
la plaie, sans se soucier d'une multitude inso-
lente de prélats et de prêtres scandaleux. C'était
la lutte de l'Esprit de Dieu contre la chair et le
••an;:, et il n'était pas étonnant qu'elle exci(/i\t une
formidable résistance de la part des passions bru-
tales. Mais les Pères du Concile s'en souciaient
fort peu. L'anathèmc fut prononcé contre tous
les prêtres qui vivaient dans le uuiriage ; lo
peuple chrétien accueillit cette nouvelle avec ua
immense cri d'allévresse; et i! se tourna, dès lors,
vers l'unique refuge des imes,lt' filet du pécheur
Pierre.
SAI.M PIERRE O.VJIIEN, F.VÉQLE ET C.VRDINAI.
Des wrvices si éclatants valurent à saint Pierre
l>amien l'amitié vive et sincère qui l'attacha tou-
iours à saint Léon IX et à lîildebrand.
Iiliennc .\, qui succéda à saint Léon IX, voulut
le récomp'-nser. Il lui ordonna donc de venir le
trouver à Home, pour recevoir la consé<'ration
• ■piscopale et les insi^-nes du cardinalat. Pierre,
dont rtiuniilité s'elTrayail facilement, répondit
par un r<-fus péremptoire : " J'ai fait vcpu, ilit-il,
• de vivre au désert: les affaires du siècle me
' sont interdites, et je les ai en horreur. ■> Mais
le Pape, ayant commandé au noni de la sainte
iibéissance, il n'insista plus. Il vint recevoir de
•■es mains l'anneau et le bilon pastoral, gages
'symboliques de l'alliance qu'il contractait avec
lE::lise d'Oslie.
«ORT D'itTIEttNE X
liukTlON DR >AI?IT PIERHE OAjnr* \ MILAN
l'eu de jours apri's, le pape raournit prémalu-
rém<»nt li la tleiir de l'iae. Pierre, .i peiiio assis
,111 U «i.. I- .riutj.', .iccourul à Home. D<4jA les
d'un grand tumiille, avaient
, t 11 1- , , [ue Jean de Velletri, .sous I»
nom de 11. ti.pji \. Mai-» saïul Piem? Dauien, à
la ti'le de» Ijoniirns de bien, prolesta <tonlv« celte
' I' tiofi, et eacoamunia tous ceux >^i y avaient
i I I |i;irl.
Il ■ • I ima partout que l'antipape êiait un
il Li i i<\ Ht '-nmaio t'B Uii cun^eillail d'agir
II- !• il' •■ ' Mioiiynie, il répondit ; • L'a fil»
)'■ ! ( s I I ' I '...*» n** «n i'.'ïrh*' prt< pour roia—
outrageât
et raiMVt
i I" i.i 1' I '11 II ■■' i,_ I I II tf-l rouram
ifilin ib'' difii'iili' <. «I liio'itol un pap« lé^
iiiii'-, Niiolas II, fut ê|u p.ii les cardinaux.
Pendanlquc l'Kgli^r Itomainc était ainsi troublée
par les fa':tieux, celle de Milan était en i roie à
de non moins funestes dissensions. La plus
grande partie du clergé de cotte ville était com-
posée d'iioinmes indignes ayant acheté leur
dignité à prix d'argent. Beaucoup les soutenalejU.
Les chrétiens, restés fidèles en face de tant de
maux, cherchèrent un remède auprès du Souve-
rain Pontife. Nicolas U no trouva personne qui
fût plus propre à relever cette malheureuse Eglue
de ses ruines que Pierre Oaniicu.
Le saint légat fut reçu à Milun comme lui ange
envoyé du ciel. Mais à peine a-t-il fait connailrd
ses intentions et l'objet de sa mission, qu'une
révolte écluto. Les cloches sonnent à toute volée
pour appeler lo peuple aux armes. L'émeute
grandit à toute minute, et les cris sauvages par-
viennent jusqu'à saint Pieri-e Damien qui était
renfermé dansTégliseavec toutledergé. L'homme
de Dieu fait porter l'ambon sur les marches exté-
rieures du temple, et de là, il s'adresse à la foule
irritée. Il établit, (l'a[>rés lo témoignage même de
saint Ambroise, le grand évèque de Milan, que
l'Eglise Romaine avait autorité sur toutes les
autres Eglises, pour réf.irmer, quand elle voulait,
les afcus qu'elle y apercevait. Du reste, on ne
voulait pas, en ce moment, enlever à l'Eglise
ambroisienne les privilégies dont elle jouissait,
mais seuibnrent corriger d'injustes abus. Ces
raison», présentées avec une habile éloquence,
calmèrent peu à peu l'effervescence populaire,
et l'ierre Uamien put reprendre la lâche difficile
qu'il avait laissée. .\ force de pruilence, de dou-
ceur et de fermeté, il mit fin à bien des scandales
et prit de sages mesup's pour les prévenir.
Enfin, le légat quitta Milan au milieu des béné-
dictions et des acclamations de tout le peuple
qui l'appelait son sauveur.
SCBISHE DE CADALOUS
L'illustre légat rinl rendre compte de sa mis-
sion au pape, ot se retira ensuite dans sa ville
épiscopale pour y reprendre les soins d'j minis-
tère, qu'il remplissait avec tout le succès dont il
était capable.
In nouvid incident le ramena bientiM à Rome.
Nicolas II venait d'être enlevé à l'amour des
fidèles défenseurs d« l'E^'lise . Les troubles
recommencèrent, mais saint Pierre Damien,
mêlé à l'élection du Souverain Pontife en sa qua-
lité de cardinal, ne négligea rien pour soutenir
.\lexandre II, légitinieirienl élu.
Quelques mois s'étaient à peine ëcouïés, que
l'audacieux évêcpie de Parmi; levait l'étendard
de la revoit»», ot se faisait proclamer Pupi; dans
un' assemblée sfliisiiiatii|ue. H "'appelait Caila-
hih, et «on nom est resté attaché à sa révolte.
Saint Pierre lui écrivit deux lettres extrêmement
flirtes, pour lui reprocher son ambition. Il fe
, menaçait avec une fermeté tout apnstolique, des
foudres prochaines de la vengi'ani e divine : " Je
'• ne vous trompe point, von:- m'^iirrer, auaat un
.1 .iii.. » L'iutru»aeso 1... nouvojr, et il
osa méau* .se diriger à lu ' . < armée sui la
vilb- de Uorae. « Des lorreiiN ,1' Imiues, éi rivait
'1 s.dnt Piei're Diuujen, s'échoppent de uic vf u\ .
•I Je sèche df doul'ur 041 sp">itaclie lies ca.L'iiiiit's
1 d« la Saiule Eulis*. Prions pour ces furieux
•■ afin qii'ibi s* "ni ' •'
La. prière du niai fut nuteudue. Le
I ' ■liW'lui 'i Culnloii [" '
II lavani.. -■ > .mt de ■
,1 1 II. ni i.iil, et le dèp..-. I ■ III il.tn^ une a-- Il ^
solennelle. Ain«i se réalisait la prophétie de
saint Pierre Damien, car, dit le saint docteur,
s'il ne mourut pa? véritablement, son pouvoir,
du moins, était ruiné et subissait une sorte de
trépas.
Mais, comprenant que tôt ou tard i! rplèverail
la tète, le courageux défenseur des droits du
Saint-Sit'^'e voulut que l'erreur fût solennelle-
ment nnutli.'matisée. 11 s'occupa de réunir un
coucil'- à .Maiitoue, et là. de concert avec
Ale^.iridie II, Hildebrand, ot tous les cardinaux,
il lit condamner (^idaloiis, il le pape légitime
tut conlirmé daus la possession de son siège.
SAINT PIERRE DAlllEN RKfOCB.NB DANS SON DÉSERT
Mais, au milieu de ces luttes et de ces triom-
plies, riiumMe cardinal soupirait après la soli-
tude et le ri'pos dont il jouissait jadis à Fonta-
vellanc. \ iiiijt foisil avait demandé à sedèi-har;;er
du poids de l'épiscopat, et toujours ses propo-
sitions avaient été repoussées. Il avait beau allé-
guer son f;rand ûjlîc et ses infirmités. Hildebrand
comprenait trop bien que sa présence était
encore utile à l'Hiilise. Cependant, pour lui per-
mettre de mieux reprendre la lutte, il le laissa
libre, enlin, de j^rendre quelque repos.
Pendant le court moment de répit dont l'Eglise
jouit alors, Pierre put aller retrouver ses reli-
pieux au désert. Il leur demanda la plus pauvre
des cellules. A Home et à ( istie, sauf les jours de
fêtes, où il se permettait un peu de poisson, sa
nourriture <)uotidienne consistait en un morceau
de pain noir : jamais il ne voulait boire que de
l'eau tirée de la veille et (|ui avait perdu toute
sa fraîcheur. Au désert, il rencliéril encore sur
ses pénitences passées : ses jeûnes devinrent
plus rij;oureii.\. Jusqu'à la mort il porta sur sa
chair nue une ceinture de fer armée d'ai^'uil!on<.
Le bassin dans le(|ucl il lavait les pieds aux
pauvres lui servait parfois à délremner son
p'iiri : son lit était une natte de jonc. Il inven-
tait lies raffinements dans sa pénitence : " Il est
>• plus difficile et plus méritoire, disait-il, de
" renoncer à l'usa^je du sel qu'à celui de la
>' viande. »
''••tte effrayante austérité était cependant
l'onnèc dune franche f;aieté, que l'on peut
I dan'<se«. rapports intimes avec Alexandre II
' Hildebrand. I n jour, ce dernier ayant reçu en
• l'i' lu un poisson, en envoya une moilii- au
'•aint cardinal, qui lui lèponilit par ce distique :
•■ Je ne m'rtoiiDe plus que Pierre soit réduit à
" une telle |>auvreté : les fleuves ne produisent
rlus (|ue des demi-poissons. >•
ne autre fni>, dit ••ainl Pierre Damien, le Pape
ayant en(.'ai.'è «an» moi une affaire épineuse, me
■ !• manda d'inleivi-nir pour la terminer. On
lit ainsi entonné I'iI-udi l'alii, cl l'on in'appe-
liit pour dire Hirut erai.
SAtWT PIEKkl DAMIE>, LKi.VT K!l FRANCE
l.'h^mm» de Dipii qui «rsit toujours toute la
'•: '' ■ :t r ■' ; !■ à Home, et charfié,
;ii". d'.iller réprimer
■lie» lie France
i>artit au^^itât
l'illustre
..> (•M.i , „littinenre
l'Onice divin aux
monastique; il p<ialm"diail
heures accoutumées, comme s'il eût été à Fon-
tavellane.
De Cluny, l'homme de Dieu se rendit à l.imoees
au milieu de mille dangers, puis à ChAlons— ui-
Marne. Il y présida un concile dans lequel il ter-
mina heureusement les différends dont il était
jufje. La paix rétablie, il revint à Home auprès
du pape.
SAINT PIERRE DAMIEN RUP^-CIIE LE DIVORCE
DE BE.NBI IV d'aU-EM.VI.NE
A (pielque temps de là, un fait monstrueux se
passa en .\llemaene. Apres les fêtes de la Pente-
côte de l'an ior.9. dans une di^'te tenue à \N orras,
le jeune roi Henri IV, déjà livré aux plus hon-
teux excès, avait ouvfrtemenl déclaré sa réso-
lution de r>'q>uilier la jeune reine Hertlie, qu'il
avait conduite à l'autel peu de mois auparavant.
Il n'avait d'autre raison que la passion. Cette
déclaralion fut accueillie par un sentiment d'hor-
reur et de mépris général, mais nul n'osa
affronter le courroux du jeune libertin cou-
ronné.
Mais les lois de Dieu ont Tin gardien sur la
terre, c'est le pape. Celui-ci envoya en Allema;.'ne
saint Pierre Damien. Dans une assemblée -yno-
dale à Francfort, Pierre prit la jiarole au nom
du Vicaire de Jésus-Christ; il flétrit l'abominable
projet du prince allemand, et déclara que, si
ilenri ne se soumettait aux lois de la morale
chrétienne, il serait exconiniiinié et le Pape refu-
serait de le couronner. D'un ton de ra«e con-
centrée: " J'essayerai, dit Henri, de me faire vio-
» lenre, et de porter romme je pourrai un jouy
1' dont je ne puis in'affranchir. " Il ci<nsentil à
conserver la jeune Herthe, et lui rendit bienItU
son amour. En 1071, Derthe lui donnait un fils.
Saint Pierre Damien avait pu entrevoir les
malheurs dont le rè^ne de ce roi allait être le
signal pour rE;;lise. De retour à Home, il commu-
niqua au pape ses tristes pressentiments. Pour
lui, sa laborieuse carrière touchait à son terme,
car il était déjà plus c|u'oclogénaire. " Plrin de
" jours et de saintes ipuvres, dit l'hagiotiraphc,
" Vatiilète du Christ se préparait à la suiirêine
•■ récompense. »
.Sa dernière mission fut de ramener sa chère
ville de llavcnne sons l'autorité du Pape.
Au retour, il lut arr-'té à Fanita par une fièvre
violente qui dura huit jours.
Le neuvième j'Mir, on célébrait la fête de la
Châtre de saint l'iene. Vers le milieu de la nuit,
sentant qu'il allait quitter ce monde, Pi<rre fit
ran;:er ses c Minpagnons autour de son ht. leur
ordonna tle réciter, comme à l'ordinaire, l'Office
du matin, • voulant, disait-il, célébrer l'fKfice du
!• Priiic- des .\pAtres, ci>mm<- s'il eiil été à Kon-
>. tavell.ine. .• Le» Nooliirnes furent suivies de la
Mes-<- le llienheureux communia au Corp» et au
SaiiL- ilu Seiiineur. ■• Nous le vime« alors, dit un
.• de ses compaKiions, se recueillir dans une
■• méditation qui ressemblait à l'extase : son
\mf se liêtaclia doucement îles liens du corps,
. et il Cf-tn de vivre sur la terre. ■
l)n «e disputa l'honneur de d ■ - '^
iiix re»tes de l'homme de Die'
'"iilul jamais «e d.-faire de «oi, , ,
I e« funérailles i.'-«enililérrnt à
, I. ,1.. I .... < ,,1.. .In (iii'l. !• ■
"■ir.
prodife».
Iiin. -/;r.fi>ir h. Pitiiiit»M, ^, nit hr.in'i» !■
SAINT MATHIAS, APOTRE
Fétf le 24 février
Saint Mathias, l'apôtre qui a remplacé Judas prévaricateur.
Sailli Malhias avait été l'un des plus lijéles
disciples de Notre-Seiyneur depuis le r.ommen-
cemeiil de la vie puldique du divin Maître. Il
n'avait pas encore l'nonneur alors d'i'lre au
nombre des douze apAtres; mais que de foi»
Notre- Seiuneur, qui savait tout, dut arri^ler des
rfi;ards de tendresse sur ce futur messa*<er de
la bonne nouvelle, destiné à remplacer le traître
Judas.
Après la «Inrieuse ascension du Sauveur, pen-
'lanl que les apAlres. réunis autour de la Très
^uiitr \ if^r^f ilan* leur rilriilo du Dénacle, sr
c.
réparaient dans le rerueilloment et la prière n
1 venue de l'IOsprit-Saint, Malhias était là avec
les autres disciples du Sei:.'neur. Saint l'ierm
remplissant, pour la première fois, ses aucusics
fondions de vicaire de Celui qui venait de
remonter au ciel, sa mission de chef visible de
toute TK^lise, jupe convenable de choisir qu^l
qu'un pour prendre la place laissée vacante par
la trahison et le fatal désespoir de Judas. Il con-
venait en effet que les aprttres fussent au nombre
de douie, chiffre auquel s'était arrêté Nnlre-
Seicneur en le; choisissant et qu'avaient liL-iin- •>
.%6..
l'avance les douze patriarches, pères du peuple
d'Israil. les douze princes qui pnrtaient rarch';
du Te^Uinenl. les douze lions du tnlne de Pal"-
mon. etc. Et plus tard, saint Jean, dans ses
sublimes visions de Pathmos. comptera les douze
fondt-nients et les douze portes de la cité céleste.
Mai- laissons la parole à l'auteur inspiré des
Aclef iltS Apîitres :
<• Kn ces jours-là, Pierre se levant prit la
parole au milieu des disciples. (Or le nombre
des assistants était d'environ cent vinpt. Hommes
frères, dit-il, il faut <}u'elle reçoive son accom-
plissement la prophétie inspirée par l'Esprit-
Sainl à David au sujet de Judas qui s'est fait le
puide de ceux <|iii saisirent Jésus. Judas avait vu
son rani' in.iriiué parmi nous, il avait été élu
pour parla^'er notre ministère. Et maintenant il
est en pH<-,»-irin \\ du san;; acheté au prix d^-
l'iiiiquil'' : il s'est pendu; son corps se déchira
par le iiiili>'U, et ses entrailles se répandirent
sur le <^i<\. I.e fait est connu de tous les habi-
tant- di' Jérusalem, qui ont donné le nom
d'ilaccldmia ou champ delà sépulture.
» Il est en elTet écrit au livre des Psaumes :
Que sa maison lUincure abandonnée, 'jui" nul ne
vienne l'habiter. H que ^on ipi^opat ioil confié <i
un nuire. .Mn^^i il faut constituer un de ces homme!!
qui nous ont accompagnée pendant toute la durée
de la vie publique de J'^sus, depuis le baptême
de Jean jas(]u"au jour de l'.Xscension, afin qu'il
soit avec nous témoin de la Résurrection.
>■ Ils en présentèrent deux ; Joseph Harsabas,
surnommé le Juste, et Uathias. Priant ensuite,
ils dirent: ■■ Seigneur, vous qui connaissez le cn-ui
de tous, montrez celui de» deux que vous aurez
choisi pour lui donm-r, dans ce ministère i-l dans
cet apostolat, la place qu'après sa prévarication
Judas a laissée pour aller en •<on lieu. >■
» Ils jetèrent le lort (i). et le sort tomba sur
Mathias, qui fut associé aux onze ap'Ures. » (Actes
des ApAtres. fhap. i", v. 15 et suiv.)
Le jour de la Pentecôte, saint Mathias reçut
donc, an iii'"-iiie titre que ses frères dans l'apos'to-
lal, la |>lènilud>> de l'hsprit-Saint, et comme eux
il'sc mit liardiniant et sans crainte & prêcher
rRvansile et i attester la résurrection de Jésus-
Christ dont il avait été témoin. (Juris furent ses
TovaRes apo-;toli,|ue» et les multitudes d'Ames
qu^l eut le bonheur de conquérir h Jésus-(!hri«t?
(1> Jiiila» le premier fut enseveli dans le champ
irilacrlilniiia. acheté par les Juifs fvec loi trtnté
' •T». pru <le son rriiue.
Apri'< l.i desrente de l'ICsprit-Sainl, quiind
.4 94 marche doliiiltive et réxuli'-re,
1 rtcourir au sort pour le choix de
Le récit n'en a pas été fait ou du moins ue nous
a pas été conservé. .Nous savons seulement, par
les auciennes traditions de l'Eglise grecque, que
la Judée fut le premier théâtre de son apostolat.
Puis, quand les apôtres se partagèrent le monde,
il prit sa route vers le Nord, porta la bonne nou-
velle à travers la Syrie, la Cappadoce, l'Arménie,
le lonf! des rives lointaines de la mer Caspienne,
et jusqu'en Colchide au pied du Caucase, où il
scella sa prédication par un courageux martyre,
di;:ne couronnement des diflicultés sans nombre
qu'il avait vaincues et des victoires qu'il avait
remportées sur l'enfer, llaronius raconte ipi'ilfut
d'abord lapidé, puis relevé tout brisé et saiif-'lant
pour être attaché à une croix et onlin décapité.
La plu- considérable |iarlie de ses reliques se
trouve .lujourd'hui à Home dans la basilique de
Sainte-Marie-Majeure: Trêves, en Allemagne, en
a aussi reçu une partie.
Quelques traits de la doctrine du saint apôtre
nous ont été conservés dans les écrits île (Hément
d'Alexandrie : « Il faut, disaitsaint Mathias, com-
battre la chair, et se servir d'elle sans la tlatter
par de coupables satisfactions: quant à l'ftrae,
nous devons la développer par l.i foi et par l'in-
telli::ence. » Doctrine utile en tout temps, mais
-urtoul quand on se prépare au carême. Avant
le péché originel, de même que l'.Ame de l'homme
• tait parfaitement soumise à Dieu, le corps de
son côté était parfaitement soumise l'Ame, mais
depuis le péché, l'onlro a été brisé, la chair est
révoltée contre l'esprit, et la concupiscence nous
• iitraine an mal; il faut vaincre cl dompter la
chair par la péiiilen<-e et fortilier l'Ame par la
pnrolr de Dieu et les sacrement*.
Nous emjiruntons à Doin (inéranaer ^ .Année
(ittiniiiiiii' la traduction cle (piel(|ues strophes
d'un chant consacré a saint Mathias par la litur-
gie ;.'recque :
•' Apitlrc .Mathias, tu as complété le divin col-
lèi;e après la chute de Judas; la splendeur
célesli'de tes sa^es discours a dissipé les ténèbres
de l'idolAtrio, parla vertu de l'Esprit-Saint: prie
maintenant le Seigneur d'accorder la paix à nos
.'imes, par sa grande miséricorde.
Vénérable Mathias! lu as paru comme un
ciel spirituel cpii raconte la (.'loire du Fils inef-
fable de IliMU. <".élébron» avec joie d'une voix
unanime rei npôtre, éclair de l'Ksprit-Saint,
pécheur des .\in"'s étiar^es. rcllet de la divine
clarté, docteur des iiiy-liTe>i.
Muni de la cfMX comme d'une voile, ô
Kienlieureux. tu as iiaveisé la mer agitée de la
lie, et tu e« arrivé au port tranquille; mainte-
nant, joyeux et iiièjé au clueiir des api'iires,
dai;;ne te présenter au Jiii.'"' -ublime, et implorer
pour nous du Seianeur la miséricorde. ■•
SAINT NESTOR, É^ÊOIE ET MARTYR
Fête U 26 février.
SAUCT NESTOR VICTOHIECX DES HONNBL'BS
ET DES PROMESSES
C'était au milieu du iir siècle, sous le rè«ne de
l'empereur Dece, règne court, mais ensauf-'luiité
par l'une d^s plus terribles et des plus dauf.'e-
reuses persécutions qui aient jamais assailli
rtfilise de Jésus-Clirist, que Pollion, préfet de
la Parapliylie Asie-Mineure), exécutait avec un
lèle aussi ardent qu'intéressé les ordres de son
cruel souverain. Quatre chrétiens d'Attalia, ville
maritime de celte province : Papias, Diodore,
Conon et Claudien venaient de payer par le
martyre leur lidélité à Jésus-Christ et à leur
conscience ; mais leur supplice n'avait point
effrayé leurs frères.
Les fidèles de ce pays avaient alors pour pas-
teur un vénérable et saint évêque nommé Nestor,
dont la sagesse, la bonté, la foi, la charité, l'élo-
quence douce et persuasive avaient conquis le
respect et l'alTection de tous les habitants de la
province.
L'irénau-que l'on appelait ainsi l'ofûcier char^'ê
de maintenir la paix publique : c'e'tait une sorte
de préfet de police) redoutait son iniluence et
n'osait se mesurer avec lui en guerre ouverte.
Enfin, un jour que ses conseillers étaient réunis
pour délibérer sur les mesures à prendre contre
le.- adorateurs du vrai Uieu, il leur dit: " Nous
n'obtiendrons jamais rien des chrétiens tant que
nous n'aurons pas fait arrêter leur évèque : tous
lui obéissent. »
.'Vestor ne tarda pas à être informé des violences
que méditaient les persécuteurs. Crai;.'nant pour
."«s brebis, il ordonna à ceux qui le pouvaient de
se dérober par la fuite aux daijfjers qui le» raena-
caieQt et de chercher un refu^se ailleurs ; pour lui,
l'i resta tranquillement à son poste et ne quitta
point sa demeure. I.à, il passait les jours et les
nuitfc en prières, suppliant Notre-.Seij^neur de
veiller sur sou troupeau.
ARRESTATION VK SAINT
Bienti*it sa maison fut entourée par les persé-
cuteurs, accompa;ai>'s, comme il arrive dans de
pareilles circonstances, de tout ce qu'il y avait
de plus mérb^nt et de plus vicieux dans la \illc.
Opendaiit on (.'ardait une certaine tenue : un
mot d'ordre avait évidemment été donné dans
ce sens. Un homme se détache de la foule, s"a
proche de la porte, frappe violemment et appel
I évèque de» chrétiens. >eslor. Le pontife était
t
occupé à prier dans une chambre intérieure; un
de sf'^ serviteurs s'appmrlie el lui dit : i' Il y a
des hommes a la porte qui vous demandent. .•
L'évéque achevé sa pri>'re, puis, se levant avec
calme, il s'avance à la porte de sa maison et se
firéscnte à la foule avec une majesté simple et
di:.'ne. Tou* les fronts ^'inclinent et on le salue
avec an profond respect. « lies enfants, dit Nes-
tor, quel motif voiik amène ici .' — Tout le Sénat
de cette ville vous appelle, ■■ répondit la foule.
Sans en demander <lnvaiilat;e, le pontife arme
'on front ilii si^-ne de la Croix et se met en
marche II .illail à la mort, et ne devait plus
remettre les pieds dans la maison qu'il venait
de quitter; il le savait bien, mais son àme ne
re(.'retlait pas les choses de la terre, son trésor
était au ciel, où Jésus, le bien-aimo de son àme,
l'aitendait dans la perfection de l'amour et de la
gloire.
INTERB0G.\T01RE ET MEMACBS
Le cortège arriva ainsi au forum (place prin-
cipaje; ou siégeaient publiquement tous les
magistrats de la cité. A l'approche du pontife
des chrétiens, tous se lèvent et le saluent :
« Dieu vous pardonne, dit l'humble Nestor, mais
je ne comprends rien à ces hommages. Nous ne
faisons que vous rendre les honneurs que nous vous
devons, et que méritent votre vie et vos vertus,
répondent les sénateurs. — Assez de louan;;es,
repartit l'évéque, il est temps de me dire pour-
quoi vous m'avez fait appeler. — Connaissez-
vous l'édit de l'empereur'/ — L'édit de l'empe-
reur? non, mais je connais très bien les comman-
dements du Dieu Tout-Puissant. — Laissez-vous
persuader de bonne grâce, dit alors l'iréiianjue,
votre résistance nous obligerait à vous traduire
devant le tribunal. — Je suis très persuadé que
je dois toute obéissance à la volonté et aux
ordres de mon céleste Roi. » L'irénarque perdit
patience : » Vous .'tes un possédé du diable!
cria-t-il. — Plût à Uieu, dit l'évéque en pous-
sant un soupir, que vous ne soyez pas vous-
mêmes les esclaves des démons et que vous ne
les adoriez pas! — Scélérat, dit l'irénarque, vous
o.sez appeler nos dieux des démons? — Non
|Kis moi seulement, mais eux-m.'nies l'avouent
l'iir la bouche des possédés. — Lh bien, moi,
reprit le magistrat en branlant la tète avec
ra^'e, j'agirai auprès du préfet pour que les
tourments t'oblipent à proclamer qu'ils sont de
vrais dieux et non des démons. •<
En présence de ces menaces, le soldat de
Jésus-Christ fit de nouveau le siane de la croix,
't d'uni- voix assurée : Que m'importe vos
menaces, je ne crains ni vos tourments, ni ceux
du préfet, mais ceux ijue l.i iii^ii.p ,\c \V\e\\
réserve aux méchants.
TRRHRLRyBirr DE TERRE — "^AIM NK-IOII liKVVNT lE
TBIRrNAI, DU l'RKKKT
Alors l'irénarque remit le conrt.<iM ur Je la foi
à deux ennemis do la relif;ion chu-h'-iine. >{ par-
tit pour l'ersa, capitale de la province. L'agneau
fut traîné à la suite du loup, écrit l'historien de
notre Uienlieureux. Or, comme l'on (iressait le
voyage, un tremblement de terre agita .•'oudaiu le
sol, et une voix céleste se lit entendre, qui
encourageait le saint martyr : .■ Seigneur evéque,
crièrent les paient effrayés, qu'est-ce que ce
bruit et -que sienifie ce tremblement de terre?
— «".'est une intervention de Jésus-Christ mon
Uieu, " dit le martyr. Ce miracle, l'a^^surant c]uc
Jésii-i était avec lui, remplit son Ame d'une nou-
velle confiance et d'une nouvelle force, mais le»
|iaiens ne profitèrent point de l'avertisseiiieni . l
l'on continua la marche. Arrivés dev.mt !'■
nos voyageurs descendirent dans une \\'i\> \
en dehors de la ville. En nttendant, liréiiarque
alla voir le préfet et lui parla de son prisonnier.
Dés le lendemain, le préfet pi it place sur >on
tribunal, révéque fut présenté, Tirénarque remit
à l'assesseur L'rliaiu le rapport suivant dont le
préfet lit immédiatement donner lecture.
<■ Eu|)ator. Socrate, et tout le S.-nat au très
excellent seigneur préfet, salut : Des que sont
arrivés à la coanaissance de votre celsitnde les
divin'* décrets de 1 emjiereur notre maître,
ordonnant de ramener les rlirétiens de la mau-
vaise doctrine où ils sont eu:.'agés aux sacrifices
de nos dieux, votre liuinanité, au lieu de recou-
rir à la sévérité et ù la violence, a voulu que
tout se fit dans la persuasion et le calme. Mais
cette modération a eu peu de suctés, les chré-
tiens sont trop obstinés à refuser leur obéis-
sance aux décrets de l'empereur. Celui que nous
vous envoyons a été sourd à nos unanimes
prières, et son exemple a mainti'nu dans la
rébellion les autres chrétiens qui lui obéissent
comme ù leur chef. .\u lieu d'aller sacrilier au
temple de Jupiter, comme l'ordonne la lettre di'
l'empereur, il a insulté nos dieux. .Nous n'avons
iias cru devoir tolérer un pareil outrai;e fait à
'autorité de l'empereur et à la vrttre, nous l'avons
envoyé au tribunal de votre celsitude. »
Cette lecture achevée, le préfet prit la parole
et dit il l'accusé :
" Comment vous appelei-vous!
L'eiftiiie. — .Serviteur de Jésus-Christ.
Le préfet. — Ce n'est pas votre profession que
je vous demande, c'est votre nom.
L'i^éi/iie. — Je suis chrétien, voilà mon nom.
.Si toutefois vous voulez cnnnaitre mon nnm
terrestre, on m'apiielle Nestor.
Le pri-fet . — (IITrei de l'encens aux dieux
immortels, et j'écris sur-le-champ à l'empereur
pour qu'il vous fasse i-hef de nos prêtres, qu'il
soumette à votre juridiction tout ce i|ui regarde
le culte, enlin vous comble d'honneurs et de
richesses qui vous permettent de vivre de longues
années dans la splendeur et dans l'alioiidaiire. "
L'évéque détourna la tétc avec dégoût, lit le
signe de la Croix et dit : « (Juand même vous
soumetlriei ce pauvre corps à toutes espèces de
tourment», ipiand même vous le livreriez, aux
chaînes, à la dent des bétes, au tranchant du fer,
tant qu'un reste de souille animera mes membres,
rien ne me fera reni<T le nom de mon Dieu qui
est au-dessus de tout nom.
SAIM NESTOR VAmul'EUR DU TORTURF.--
A cette réponse, le préfet ne penlit plus son
temps en vaines promesses. Il lit iiiimédialem<-nt
étendre le martyr sur le chevalet; les bourreaux
l'entourèrent, armés de crocs de fer et se mil eut
à lui labourer le coip», le saiic ruisselait île
toutes parti, les enlailles étaient si profondes
que les cAtes étaient mises à découvert, .\e-lor
priait, calme au milieu des tortures : Jr bénirai
Ir Seigneur en tout temps, répétait-il avec le l'saJ-
miste, ia touanije iera toujours sur mes leires.
A la vue de tant de patience, le préfet, rempli
d'étonnement, lui dit : <. 0 le plus malheureux
des hommes, nas-lu pas honte de mettre ton
espérancedansuiiliommejadismisà nioi t sur une
croix? — Cette honte-là, reprit le martyr, oh!
assurément, je la désire et pour moi et pour ceux
qui invoquent le nom de Jésus-Christ. »
Cependant, la fouie impatientée criait : « Enle-
ve/.-le, enlevez-le. ■■ .Mors le préfet lit dire au
martyr, par la voix retenti>sante d'un crieur
public : " Veux-tu sacrilier aux dieux"? — Impie
et scélérat enfant du démon, réplii|iia l'évèque,
non seulement tu ne rends aucun culte à ce liieu
dont te vient la puissance (car i-'est par lui que
régnen* lesrois et que les princes commandent .
mais tu voudrais in'obliL'cr, moi aus-^i, à quitter
le vrai Dieu, créateur et Sauveur des hommes,
pour adoier de vaines statues de pierre".' —
Choisis, reprit le préfet, (pie préfères-tu. être
avec nousouavec ton Cbrisf.' .. In éclair de joie
illumina le visage pâli du martyr, qui dit avec
émotion : ■< J'ai toujours été, je suis et je serai
avec Jésus-Christ mon Dieu. »
DERNIERS COMBATS KT VICTOIRE t-rTER.NEIXE
l.e préfet, voyant qu'il fallait renoncer à vaincre
un pareil héroïsme, porta la sentence en ces
termes : i' Puiscpie lu refuses, Nestor, d'obéir à
l'invincible empereur (1 et de sacrilier aux
dieux, pour l'attacher au Christ crucillé sous
l'oine-l'ilate, moi, pour te donner le moyen
de siitislaire ta dévotion à ton Dieu, je te con-
damne à périr sur une croix, » et un sourire
ironique eflleura ses lèvres cruelles.
l.e saint homme l'ut donc attaché à une croix,
et de cette croix, comme du haut d'une chaire
épiscopale, il exhortait les chrétiens présents .
« Mes chers enfants, disait-il. que notre foi en
Dieu soit inébranlable, ne renions pas celui qui
est mort pour nous, et que le démon n'ait pas à
se réjouir de notre perle. SoulTrons avec Jésus-
t^hrist. pour être glorifiés avec lui. .N'ayons pas
peur de le reconnaître pour notre Dieu, alln
qu'un jour il nous reconnaisse piuir ses servi-
teurs. Soiivenei-vous que Dieu l'a envoyé pour
sauver no» Anies, elTacer nos l.iutes, lui ipii
n'avait point fait de péché et qui a -oiilTert |iour
nous. l.e l'ère nous a tous donnés à lui, alin
uu'au nom tie Jesux tout ■••■'■ " • ' w <•;.•/ ...r
lu terri- et aux enfers, c
i/iie \'i)lrr-Sriiineur Jésus ' .;,. .., i,
/'ICI/ le l'rie -n\ui l'aill aux l'Iulippiens, ch. II).
Allons, mes enfants, ujoiiia le -ainl martyr,
prions et adorons Dieu par Jé>u--Chrisl Notre-
Seigneur. >> Tous lléchireut le genou. ■< Amen •>
murmura le saint évéque, cl il s'ondormit
dans le Seigneur.
Il) Avant lu fin de rett»" niéine année (!'•' '
rîhlr piii|MTeiir li<i* penlil le Iroii'- et I
m»' sativlanir di'faite que In i,olli« lui i
• iir len rivet du Danube, bon lil* péril tu*M liaui c«-
ilctaatrr.
Imp-.Uerant, t. l'Eiiiui.fRT, b, rue l-rausoi* I", l'an».
SAIM TAltAISE, PATRIARCHE HE CONSTANTIXOl'LE
Fête le S5 février.
Saint Taraise apparaît en songe à Léon, empereur de Constantinople, qui avait embrassé
l'erreur des iconoclastes, et ordonne à un ange de le frapper de son épée. Six jours
après, l'empereur, insensible à cet avertissement du ciel, perdait l'empire et la vie.
-ES PARENTS — S0.1 EDUCATION
l/hôrésie des iconoclastes ai:itail TEslisf"
d'Orient lorsque saint Taraise vit le jour. Il
naquit à Constantinople de parents nobles. Son
père, appeb' (ieorces, exerçait les fonctions de
juire. mais il lut d'-pouillé de cette chartre pour
nvoir pr-'-fén- la vérité aux croyauces de l'empe-
reur et du peuple.
I.a mère de saint Taraise s'appelait Euthymi'».
Modèle de piété, elle prit un crand soin de faire
croître cette vertu dans le cœur de son fils.
A cité des exeraiiles et des exhortations de ses
parents, le jeune Taraise trouvait pour son Ame
un second aliment dans l'étude de fa Sainte Ecri-
ture, qui illuminaitsonintellicenceetai.'randissail
son rcpur, en le portant vers les choses élevées
et divines. Il joignit à l'élude des choses surna-
turelles celle des sciences humaines, comme
T'-loquence. Aussi, bien jeune encore, il se fil
r-rmrquer de tous par ses talents et par ses
viriii»; l'empereur lui-m^me le prit en estime,
rappela à sa cour, le revêtit de la dienilé consu-
laire et le nomma son secrétaire.
SAIMT TARAISE A LA COUR
Taraise, placé ainsi au milieu de« honneurs
du monde par le teul effet de son mérite, ne leur
donna point ses affections: il conserva au con-
traire l'amour du ciel, le seul trésor qui ne périra
pas, et ii n'eut d'autre ambition que de commu-
niquer à ceux qui le fréquentaient l'esprit surna-
turel dont il était rempli. C'est du milieu de ces
honneurs que Dieu l'appela pour gouverner
l'E^'lise de Constantinople.
ÉTAT DE L'ÉliLISE DB CONSfANTINOPLE
KLECTION DE SAINT TARAISE
Celle Eglise était alors affligée par l'hérésie ico-
noclaste, qui s'acharnait à détruire les choses
saintes, comme les crucifix, les imaces de la
Sainte Vier).'e et des saiiil-^, sous prétexte qtie,
vén'''rer ces objets, c'était renouveler l'idolAlrie.
A la tète de celle impiété, se trouvaient les
empereurs. Plusieurs patriarches, qui se succé-
dèrent sur le sièce de Constantinople, n'osèrent
pas «'opposer aux volontés impériales et allèrent
rn'''me jusqu'à le» favoriser en prononçant l'abo-
lition du culte des images saintes, te peuple,
d abord étonné de ces nouveautés, finit par les
accepter.
Paul, patriarche de Constantinople, venait de
souscrire à I hérésie, mais, éclairé par la ^T.-^e,
louché de repentir, il quitta le tri>ne poniiiic.il,
t'-moin de «on scandale, pour aller sViifcrnur
dans un monastère. L'empereur tenta, niai^ vii-
lOj
nement, de le rappeler auprès de lui. Paul persista
dan» la vie |iénilinle <ju"il avait erubraseée, el il
ir'l'HiJit uns. M'l>iiLlaUons de la cnur: !• Je refus*
dVtrc \i.' pasteur d un troupeau hérélique, el je
préfc-re vivre dans un sépulcre, plutôt que d'en-,
courir les anatliémes du Saiut-Siit;e. » Il fallut
donc nommer uu nouveau patriarche.
Constantin Yl, qui avait reçu de sa raèr'e, l'in»-
jérali ice Irène, une éducation catholique, désirait
^aire leviïre lâuciemic loi, et, pour cela, il voulut
donner au patriarche Paul un successeur qui eut
l
il 'Pabord
cet lii^n-
tr.ivaux
lit, mais
u-'ajser à
"fs|ti il catholique. a(lii qu'avec lui il put ramener
.'Kylise d'Orient dans !»•> sentiers de la vérité.
Leininislre laraise lui parut l'homme le plus
cajiable ih- mener à Imnne (in le rétablissement
do l'an.!, nne foi; il le désigna donc pour Hre
élevé au patriarcat.
Noli' Saint, en apprenant le choix qui venait
d'être f.iil de >a personne, ne vri:':'
y consi'ntir; son humilité s'et
l'ienr. et. d'un autre culé, il pr^
el lus pi-ines de tout i.'enre qu
la iràce de Uieu vint le foiti.. : ,. . ,.-- _
recevoir ce lourd fardeau pour l'amour de Jésus-
Christ. Taraise ac.->pta donc, mais il exhorta en
nit'-Hii- lenii-s la piété du priiic* à poui-suivTe
jusqu'au bout le aessein qu'elle avait conçu de
r<-4ablir la f.>i catholique : ■ tjue l'KsIise d'Orient,
» disait il. .!■ piiuillée par l'impiété lyrannique
)• de son antique beauté, et comme • •• de
» lan;;es déchirés qui sont les do. -ains
» el pernicieux de l'hérésie, que I lu-li^e soit de
" nouveau revêtue par iJii-u et par vous de ses
» ornenicnls aux couleurs ma:.! i
L'élection de Taraise fut a
transport^ de ji r ' •ut le p.iiii'-. ■ i. u'nin'
au ."^ouMiain I' ut .Vdrien 1", elle reçut
sou CntiiTi- .'IpplKÙaiiuil.
Le miuiklre devenu patriarche dépoka les habits
(Im t I. . .111 I . ..'lii I i:ux d<' la ji.iuvrelé évan-
^ ■ sa vie la plus grande
' relie d'un homme mor-
' 1res courl. Ne voulant
1' , il ékitiil autant qu'il
le p. 'lus d'aulrui, disant, à l'exemple
(lu ,1 ; '• Je ne Mii» point mmiu pour
- autres, u St« liabitii
I ! h'» ye.ux. Kn c«la
1 <. un peu trop
I,... I«.s M'ieinenl.s.
AU; Il lum LUI' aïoiu, à la piété,
saint Tni lil une iiiande ihant''. II
• itu d'abord eiiver- bs pauvres.
!■! pour cf* membre» souiTranls
.1 !.. I ,... , f l,ii_ii..'.(i..i I..W
le malheureux, il employa tout son crédit à le
sauver. Il viiU le visiter al, le prenant siius sa
pmteiit|oji,/ir le lit liorlir Je l'église, nKiij lés
soldats I airaclu-rent de ses mains et le rame-
nèrent eu prison. Saint Taraise, indigné, excom-
munia ces audacieu.v, et n'eut point de repos
qu'il n'eût décidé l'empereur à rendre la liberté
au prisonnier.
ZÈLE DE S.VINT T.VBAISE roOR LA FOI CATHOLIQDB
IL FONDÉ VS ÎI0SÂST8rE — COKCILE" DE WIC
Saint Taraise, en montant sur .le siège
patriarcal de Constantinople. s'était déclaré
catholique et enlièrement soumis à la nure doc-
Iriiie de l.i sainte L:;lisi' romaine. Fidèle à son
Slaii qui lui avait été inspiré pai la ;.'ràce, il
éptoya pendant tonl h- cours de sa vie aposto-
lique un /• !•• ri uni- patience exemplaiivs pour
cxlirp'i rtnour du milieu d« sou troui)eau.
L'hérésie iconoclaste était «nracinée en quelque
6«rlc dans le clerfié, de là elle se propageait
parmi le piiiple. C'est pourquoi saint Taraise
travailla ù d.inner aux l'uKIes des ministres
profondément catholiques et lit construire un
monasiére pour y élever de jeunes clercs dans
la connaissanc- et l'amour de la \iaie doctrine.
Celte maison lui bénie de l'ieii; ^P? donna un
;.'rand nombre d'up<^tres is très
attachés à la vraie t»>iella.; ; leinent
contre les atlaqiu» de l erreur; parmi eux,
plusieur'' fureiil élevé» à la dii'nilé épi.*copale.
\ ctMé de l'inllueiice du ilert'é, l'ii i - > . '
eucorc pour se soutenir l'autorité «1
bute qui avait été tenu à '" -••;■■• i un
déliuin- 1 et antre point ■ l'ai aise
voulut assembb r •••• ■ • • ■ po
lequel l'erreur i'
la vérité de l'ont ;■ . , •
obtenu l'approbation du ^
tance (le l'eniper'iir, il ■ "i.
orientaux pour un notir^mi Conril
tinoplc. l'iu:- lU'. 3';o pi'diN i.|..i;. . - I,
appel. Le ."souverain l'oni
ses légats pour présider 1
d'abord ft Con«fantinople, ii
transféré à N'icée A nii«" d.-
[■arle»héréli(jue
le présidèrent;
Taraise y tml la | retui-.ie pi,i
Itinu de raconter ici la p.irt ((u'il prit dans le«
S''..!. ' ' ! ..,...- -| pnver»
J. . H nous
b • . > ■ 'T-
I I - ' cu t U y .1
jui s'ouvrit
ensuite
e\.i|é»
Il -eriu irop
.son KkIi
•^ liiiinl
l'héré-sie ici'iioclaiile et à ecaller le culte d<Js
I tlli" de N.Ire-'sei^Il' ur. ne
ut-.
I II
..- les bon:
UU a 11
gl IL uPiiia U, -
1>«' n-tror \ '■'■T!»'inMi.
travailla avec zèle à faire ré^;ner au milieu de son
troupeau la doctrine que le Concile de .Nicée venait
de proclamer. Parmi les hérétiques, les uns fai-
saient partie du clerpij, les autres étaient du
peuple. Luvers ceux-là il usadune grande misé-
ricorde; il aurait pu les punir en leur enlevant
leurs bénéUces, mais il ne le lit point. Ln ^rand
nninhre d'entre eux revinrent de leurs erreurs,
saint Taraise les reçut comme des frères; les
aulres hésitaient encore, il les ga^ma à force de
7.ele et de charité. Pour le peuple, il multiplia
ses instructions, il ne négligea rien pour l'éclai-
rer et le ramener dans la bonne voie.
Tout en travaillant pour le rétablissement du
doiinie, saint Taraise s'occupa aussi de rétablir
plu.sieurs points de la di.sripline dont l'oubli
était la cause de désordres très graves. La simo-
nie régnait dans le clergé grec; l'argent était le
grand moyen par lequel on arrivait auxdi:;nités
ecclésiasiiques; avec quelques deniers, un scélé-
rat pouvait acheter une dignité qui avjiit coûté le
sang du Sauveur. Saint Taraise remédia à cet
abus en statuant que, désormais, les évèques ne
nourraifut recevoir aucune rémunération pour
les ordinations qu'ils auraient à conférer. Vigi-
lant en toute chose, lélé pour la perfection de ses
clercs, il corrigea plusieurs points de leur vie
qui n'étaient pas conformes à leur vocation. Ils
avaient la coutume d'assister aux. courses de che-
vaux; il leur défendit désormais ce i|iectacle. 11
les exhortait aussi à ne pas prêter l'oreille aux
discours mondains. En un mol, il travaillait à les
rendre conformes en tout au modèle du prêtre,
.Nolre-Sei;:neur Jésus-Christ.
Dieu bénit le zèle de son serviteur en rendant
à l'Eglise de Constantinoplc la paix et la pros-
périté.
SVOT TAR.M^e S"OP?OSE AU niVOR<:E OE L'eMPERBVB
PER»|fCl'TIO."<of'lLENDLRE — OIEr Lt IF.^rT JUSTICE
Mais une nouvelle épreuve vint' traverser cette
paix. L'empereur Constantin VI, que nous avons
vu marrherjusqu'iciilans le droit sentier, se laissa
vaincre par un vice honteux. Pris de passion pour
une femme étrangère, il voulut am«-ner b: saint
patriarche à bénir un mariage illégitime. Saint
Taiaise refu.sa avec éner^rie, et comme l'empe-
reur menaçait de rappeler l'hérésie et la persé-
cution, il lui ré[>oiidit : « Nous ne céderons point
.' à vos menaces: nous subirons les plus cruels
I' supplices, la mort même, plutnt que de nous
■> prêter à vos desseins pervers. >■ l,'em[iereur
persi>.|a dans sa voie criminelle; il paya un
iii'li.'tio pri^tre, appelé Joseph, qui consacra son
divnri-e.
En même temps, pour se venser de la résis-
tance du Sailli, Constantin lui ht subir de
cTUi'lles épreuves. Il envoya en exil ses nmis,lui
enleva ses lid'les serviteurs et les remplaça par
di ^, i.'ens de mu'urs rro'^siéres. Taraise soulVrit
cctli' persécution avec, la pntimcr de-iob; H ne
d'>iiia limais de la Justice de Ldeii.
I.'i'iiipercur, en effet, perdit bientêt l'empire
et la vie, laissant après lui un exemple ilrs chA-
lim^nts que Dieu indige à ceux qui persécutent
■<es élus.
Saint Taraise n'avait pas excommunié le prince
adultère, parce qu'il craignait de rallumer la
|.< I ..rulion. ('p|(«- |.rii(lence fui renardéo par
I lii-i'iii - - il ni' I • 1 un ii;es comme une faiblesse
'' iiii 111 111 \ir ■! ■ M' i.i';; mais le >.iiiit sut se
jii lii'i. Il- 'pnl l'Ut ,i.ii, il excommunia et
cIm r .!■ I inlaiilinuple linilicno (irêlre qui
naît lu III ).■ iii.iriaiji' illé.'itinie; il tiavailla au'-ai
avec zèle à raffermir la foi ébranlée par la yio
scandaleuse de Constantin.
MORT DC S-ITST PXTHI.VJRCHF,
Après avoir gouverné l'Eglise de Constaiili-
nopie pendant vingt-deux ans, après l'avoir
ramenée dans les sentiers de la vérité et l'y avoir
maintenue au prix d'un lèlc, d'une persévéranciî
à toute épreuve, saint Taraise fut appelé au Cid
poury recevoir la couronne que Uieului ré.servail.
yuelqties heures avant de quitter ce monde, il
eut encore une lutte terrible à soutenir contre
les démons.
Ceux-ci lui apparurent et l'accusèrent de
plusieurs crimes. Le Saint, qui sentait sa con-
science parfaitement exempte de ce crimes, com-
battait de la voix ces esprits menteurs, et, la
parole étant venue à lui manquer, il les pour-
suivait du geste. La teutatiou cessa, et Taraise,
ayant recouvré la paix et la parole, s'endormit
dans le Seii^ueur, tandis qu'à l'église on chantait
ce verset du psaume ; « Inclinez-vous, Seigneur,
et écoutez-moi. ^
APP.\RITiOM DC 5Ai:»T A L'EJfPKREUR
Ce Saint, qui avait combattu l'hérésie pendant
sa vie, la combattit encore après sa mort. L'em-
pereur Léon, successeur de Constantin Vl, avait
embrassé les erreurs iconoclastes et avait jeté de
nouveau l'Eglise d'Orient dans l'hérésie. Saint
Taraise lui apparut en songe avec un visage
sévère, ayant à ses colés un personnage appelé
Michel. Celui-ci portait une éjiée; saint Taraise
lui ordonne de la tirer du fourreau et d'en frap-
per l'empereur, ce qui fut fait. Léon voulut
se venger de cette terrible prédiction en tor-
turant les enfanls de saint Taraise, c'est-à-dire
les clercs qui habitaient le monastère fondé par
le Saint,mais il fut bientôt arrêté dans sa cruauté,
car, six jours après l'apparition de saintTaraise,
il fut tué par un soldat nommé Michel, qui devint
ensuite empereur.
SAINT TARAISE ET LA SAINtK VIFRCK
Saint Taraise était animé d'une tendre dévo-
tion envers la Vierge Marie, et voici avec quel
doux enthousiasme il la saluait un Jour dans un
discours à son peuple pour la fête de la Présen-
tation.
" De quelles louanges vous comblerons-nous,
à Marie, 6 Vierye Immaculée, Vieriie sans tache,
ornement des femmes et éclat des jeunes Mlles;
0 Mère et Vier:.'e sainte, vous êtes bénie entre
toutes les femmes, vous êtes célébrée à cause de
votre innocence, vous êtes marquée du sceau de
la viriiiniti".
» Par vous est révoquée la malédiction d'.Vdain;
par vous est payée la dette d'Eve; vous êtes
l'offranile d'Abel, la victime choisie parmi les
nreiiii> rs-nés, le sacrilicc immaculé. Vous êtes
l'eapératirp en Ihen d'Enos, espérance qui ne fut
pnint confondue; vous êtes la grAce que reçut
Enoch transporté dans une vie plus sûre; vous
êtes l'arche de .Noé. et, ^'i Ace à vous, la seconde
famille humaine est réconciliée avec Dieu.
■' Vous êtes la magnifique splendeur du
royaume et du sacerdoce de .Melcbisêdech, l.i
ferme espérance d'.\braham et sa foi nbéissanl''
aux destinées de sa race. Vous êtes le nnineau
sacrilice représenté par Isaac, l'holocauste rai-
sonnable et spirituel; sràcc ;'i vous Ion peut
gravir l'échelle de Jacob, et vous êji's |o type
tris noble de celle féiondité ijui dniiii.i la vie
aux diiu/.c tribus d'Israël.
I
i
•■^HH'IT- I A
1» Vous êtes la Fille de la race de Juda, la chas-
teté de Joseph, et par vous est renversée la
vieille Egypte, je veux dire la synagogue des
Juifs, (S huniarulëe.
.> Vous >Hes le li\Te de Moïse législateur, livre
divinement in^^piré, où est consigné le sacrement
de la ré*;énération ; vous été? la (uble de la loi
écrite par le doiat de Dieu, comme sur un autre
Sinai ou li' nouvel Israël a été vengé des E;.'yptiens
iuvi*il)les, les démons. L'ancien peuple choisi fut
nourri au désert par la manne . et l'eau jaillit de
la pierre pour élancher sa soif; or, la pierre
était le Christ, et il est sorti de votre sein, comme
un époux de sa charalire nuptiale. C'est vous
la verge fleurie d'Aaron, c'est vous la Fille de
liavid, brillante sous son manteau aux franges
d'or et aux ornements variés.
.. Vou' ''les le miroir des prophètes et l'accom-
plissement de leurs prédictions. (,)u"il vous a
bien raraetérisée. Ezéchiel, quand il vous appela
In porte rlose par où nul ne passera si ce n'esl
le Seigneur seul et qu'il laissera fermée. C'est
viius que prophétisait la voix, grande entre toutes,
d Isaie, quand il annonçait la lige de Jessé, cette
ti;,'e d'où devait sortir fa Heur qui est le Christ,
divin semeur qui, après avoir arraché jusqu'aux
racines les rejetons du vice, devait faire germer
dans le champ de nos ;\mes les semences de la foi.
>■ C'est vous qu'annonrail Jérémie, quand il
disait : >■ Les jours viendront, dit le Seigneur,
' dans lesquels je ferai une nouvelle alliance
■' avec la maison d'I«rael et avec la maison de
>■ Juda, non seKm l'alliance que je tls avec leur
" père ". nr<-disant ainsi la venue et la naissance
de votre Fils et appelant tous les peuples de
la terre à l'adoration du vrai Dieu. C'est vous
que Daniel, l'homme dc^ d>'sirs, a appelée la
haute miint.i;.'ned'où dt vail être détache le Christ,
la pierre .mi'ulaire, pour venir renverser et briser
la statue du démon trompeur, c'est-à-dire le
règne de Satan.
» Je vous honore, brebis sans tache, je vous
exalte, o pleine de grâce, je vous chante, habi-
tation pure <•! immaculée de Dieu. Et vraiment,
là on avait abondé le péché, la grâce a sura-
bondé. Par une femme, la mort nous est venue,
par une femme, Jésus-Christ viendra tout répa-
rer: par le serpent, nous avons reçu une nourri-
ture amère; par Jésus-Christ, nous sommes nour-
ris du pain de l'immortalité. Eve, notre première
mère, a mis au jour Cain, le prince de l'envie et
delà méchanceté; votre Fils unique, iN Marie, est le
preraier-né de la vie et de la résurrection. 0 pro-
dige inouï ! ô nouveauté admirable! ô sagesse
que nulle parole ne peut exprimer !
» Nous donc, peuple de Dieu, nation sainte,
assemblée agréjible au Seigneur, lils de la colombe,
enfants de la i:ràce, en cette fête de la Vierge,
avec un cirar pur, avec des lèvres sanctifiées,
que nos langues lui chantent des hymnes d'une
suave harmonie. Pour célébrer cette fête magni-
fique entre toutes, joyeuse pour les anges et
di^'ne des louan;.'es des hommes, répétons avec
un respect mêlé d'une sainte joie l'Ave de
Gabriel.
Il Je vous salue, délices du Père, vous par qui
la connaissance du vrai Dieu a atteint les extré-
mités de la terre; je vous salue, demeure du Fils,
d'où ce Sauveur est sorti revêtu de notre chair;
je vous salue, tabernacle ineffable de l'Espril-
Saint. Je vous salue, ô plus sainte que les chéru-
bins ; je vous salue, à plus glorieuse que les séra-
phins; je vous salue, i\ plus vaste que le ciel,
i>lus splendide que le soleil, plus brillante que la
lune; je vous salue, ériat multiple des astres; je
vous salue, nuée léiière qui nous apporte» la pluie
céleste; je vous salue, brise sainte, qui aver
chassé de la terre les esprits de malice; je vous
salue, noble accent des prophètes; je vous salue,
voix des apôtres, entendue jusqu'aux extrémités
du monde ; je vous salue, témoignage très excellent
des martyrs; je vous salue, parole très ditine de
louange des patriarrhes ; je vous salue, souve-
rain ornement des saints; je vous salue, cause du
salut des mortels; je vous salue, Heine par qui
nous e'it venue la paix; je vous salue, splendeur
immaculée des mères; je vous salue, médiatrice
de tous ceux qui sont sous l.- ciel; je vous salue,
réparation de la terre entière; je vous salue,
pleine de «race, le Sei^ineur est avec vous, qui
existait avant vous, qui est né de vous et qui est
avec nous. A lui soit la louani'e. avec le Père et
l'Esprit très saint et vivifiant, maintenant et tou-
jours et dans les iuQuis des siècles. Ainsi soit-il. •>
rj^JIU-^^
Itof -çéraiH : E. Pcnnsni. b, ru* Krtn^ois I", Pan*.
SAINT PORPHYRE. ÉYÈQUE DE GAZA
I-pIi' It ^<
) iifirirr.
Saint Porphj. ablù par de longues austérités, s'évauouit auprès du Saint-oi-puirre.
Pendant ce temps, Notre-Seigneur crucifié lui apparait et ordonne au bon larron de venir
à son secours. Puis, descendant lui-même de sa croix, le Sauveur lui en confie la garde,
et, au contact du bois sacré, Porphyre se trouve guéri.
NAISSA.NCEET ORIGINE DU SAINT
Porphyre naquit à Thessalonique (aujourd'hui
Saloiiique), l'an Xi'i, de parfints riohes et ver-
tueux. Il i-tudia dans les écoles les plus renom-
mées de Macédoine et devint très habile dans la
littérature grecque et latine. Au milieu de
l'ardeur de la jeunesse, il sut élever son cœur
i>se7. haut pour comprendre que Dieu, à luisent.
\aut mieux que loutes les espérances de la terre;
il dit adieu a sa famille et à sa patrie et se ren-
ilit au désert de Scété, l'un des principaux
rentres monastiques de l'Egypte. Mais, après
I inq années des plus rudes moriilicalions, sa
-anté s'alTaiblit à un tel point que son supérieur
dut lui ordonner de quitter le de'sert.
IL VISITE LES SAINTS LIEUX
Alors, "omme pour se dédommager des péni-
lences volnntaires qu il ne pouvait plu' s'imposer,
il alla m''diiir If s souffrances de son Sauveur sur
\f* lieux qui on avaient été les témoins. Arrivé
.i Jérusalem tout épui«é de falitiucs. il choisit
l'i'ur habitation une caverne, située sur les b^rd»
lu Jourdain, mais ce s»^jour, loin d'être favorable
■ tablissement de sa santé, la ruina romplè-
' : rii Au bout i\o quelqiip temps, il ne mar-
chait qu'avec peine, appuyé sur un bâton et
éprouvant d'horribles souffrances.
Cependant, son amour pour le Christ était plus
fort que la douleur; il se rapprocha de la Ville
Sainte, et chaque jour, on le voyait, le corps à
demi recourbé, se traîner péniblement jusqu'à la
basilique du Saint- Sépulcre pour recevoir la
Sainte Eucharistie. Après de longues actions de
grâces, il regagnait son nouveau gîte, le visage si
rayonnant et si épanoui que l'on eût dit, comme
le rapporte son biographe, qu'il soulTrait dans un
corps qui n'était pas le sien.
IL OISTRIBl'K SES BIENS AU.t PAUVRE»
SA GLfcRISON HIRACULELSE
Il se livrait depuis plusieurs années à celte vie
de pénitence quand il apprit la mort de ses
parents. La successioïKm'il devait recueillir était
immense; mais, pour imiter la pauvreté de Jésus-
Christ, il résolut di" n'y point toucher et lit par-
tir de suite son ilisriple Marc pour Thessaloniqu>',
avec ordre de vendre tous ses biens et d'en dis-
tribuer le prix aux pauvres. I,e disciple lidvl
hésitait à <juilter son maître, la maladie grav
dans laquelle il le laissait lui faisait craindra d
H'' plu« le ri'voir sur la terre.
Il (>artit cependant sur les instances du S.-iint
107
lemeiit ijuand.àsoii i
accourir au-devant
luais, quel n»^ fut pas son tlouuei
retour, liois mois après, il vil ao
de lui F'orjihxrt-, plein Je santé et de viiiueur et
lelleiutiil chiiii;;'' iiu"il iHait à peine reconnais-
saMe. Marc eiuliras>a son maître et le supplia de
lui dire comment s'était opéré un changement si
S'oudain et si ttonnaut.
I' Ne soyez jioint surpris, mon, frère, répondit
le Saint, mais admirei la bonté de Nolre-Seif-'neur
Jésus-Cliri>t. Il y a quarante jours, accablé par
la soullrauce, je me traînais selon mon habitude
jusqu'au tombeau du Sàuv.ur, et là, vaincu par
la douleur, je m'évanoui~. Mes membres étaient
raidis, mon corps semblait mort, mais mon esprit
était plus vivant (iue jamais. Je jouissais delà
vue de mon Sauveur allacbé à la Croix ; à sa
droite •Hait le bon larron, et comme lui, je
m'écriai : Si /./'k '"", sonvenez-voits de moi quaiul
roui fcrct ilaiK- \ utre royaume. Dés que j'eus pro-
nonré ces paroles, Jésus ordonna au bon larron
de venir à mon secours, et celui-ci, descendant de
sa ci.'ix. vint m'embrasser et, me prenant par la
m.iin.me conduisit à Jé<iis. Le divin Maître des-
cendit alors de sa Croix et me dit : Reçois ce bois
et garde-le. Je saisis aussitôt ce précieux dépôt
et, à peine eut-il touché mes épaules, quemon
corps se redressa de luinu'-me et j'étais f.'uéri. »
Marc remit à sonmiître les sommes qu'il avait
rapportée^; celui-ci en lit la distribution aux
monast'Tis pauvres de Jérusalem et soulagea bon
nombre d'indigents.
PORPHYRE OBlio>NK l'HèTRE
Les vertus du saint moine. remplirent Jéru-
salem d'édilicalion et beaucoup accouraient à sa
cellule pour recevoir de lai de salutaires con-
seils. Prayle, év'-que de Jérusalem, apprenant
tout le bien qu'il faisait, l'appela auprès de lui
et lui conféra l'ordination sacerdotale mal;:r'- --es
pleurs et se- protestation». Il lui cnnlia le ni' inv
jour la ;:arde .lu h' ; " le la Croix. Porphyre
>»■ rai'i'cla alc'i- I - <lu Christ dan» sa
vision ; /' ''•> et reconnaissant
la volon! mit huiiiMeinen*. aux
ordres di ,.. . 1. . . :J alors quarante ans.
Li di:.nilé sacerdotale ne lui lit rien chanaer
à sa maniiTe de vivre ni à sa niortilicatioii: il
se permit cependant, >^uf bs conseils d<; l'évèque
l'ravi . uij. (letite quantité de vin pour apaiser
de Inuleurs d'eslniaac, saites de se>
gniii nié:*.
Tn-i- .lll■^ nprii» l'ordination do l'orphyre,
' Eiiéa.<<, év.>.|u« Je (^aia, vml à nH>urir. !,<** i-len-»
et les laii|a<'s se réunirent suivant l'v.
Dominer xin »occi-»>«-ur; mais, ne -
point sur le ihoix. il- i t de
porter ua |ii»rin>'iil d:.
pour le -i' ■
la coiin I
1er les 1 ; "• ■
Jean, » de
., ... ... ,, .1
1 -
^ . . . .ni
jaiii>.
|ii . .lue l'.tipbvre kpprit la de: - J'^n
de (>-..!.'. .1 VI .-ria : •■ One la ■
toit '^<^■ ' Inurnaii! v^
• h 1 M
, I.
H t
Mai
ii.iin. Il fallatr.
cation : • J'ai vu celte nuit, lui dit le Saint, Jésus-
» Christ qui m'a dil : lieti'is le d^i'l que je Coi
>j confié, je veux le donner une épouse humble
I et méprisée, mais que sa foi et sa piété recom-
» mandent ù mon amour; c'est ma sœur de pré-
» dilection que je te conlie; aie soin de l'orner
» de vertus nouvelles. Voilà ce que m'a dit le
> Sauveur, et moi, qui ne pensais qu'à expier
>' mes péchés, je crains bien d'être contraint
I' d'expier aussi ceux des autres. >•
Le maître et le disciple se prosternèrent en
pleurant devant le bois sacré de la Rédemption;
ils prièrent longtemps devant ce trésor qu'ils
allaient quitter pour toujours. Porphyre, après
avoir scellé le reliquaire, en remit la clé à
l'évoque et, le soir même, il se mit en route.
PORPHYRE Éviot^ DE G.VZA
Après plusieurs jours de marche, il arriva
à Césarée. Jean vint à sa tencontre, l'embrassa
elle conduisit dans son palais. Malgré les fatigues
du voyage, le Saint voulut interrompre le som-
meil de la nuit pour a-^sister au chant des
Matines et des Liudes Le matin, après le chaut
des heures canoniales, la messe solennelle com-
mença. .\l..i-s, les députés de Caia, arrivés d.-s
la veille, entourèrent Porphyre, le conduisirent
aux pieds de Jean et prièrent l'évèque de lui
conférer l'onction des Pontifes. Le Saint protes-
tait ue son inexpérience et de son indignité;
mais les députés s'écrièrent suivant l'usage : //
est diijne, il esl diyne, c'eut l'élu de Diev. Craignant
alors de désobéir à la vidonté divine, il se soumit ;
mais, pendant toute la cérémonie, il ne cessa de
verser d'abondantes larmes.
In prétendu oracle s'était alors soudainement
répandu en Kurope, en Afrique et en Asie : .• la
" superstition de Pierre. di>-ail-il, fondée par la
•• ressource d'une déit-siable manie, va tomber:
>' l'an 400 verra se dissiper r<-nchantement. '
Les restes du pacanisme attendaient donr a?ec
impatience le .i.>ur ou il Iciii scr.iit dniiiié de
voir la ruine des chrétiens. Ue I ■ '' - ■ n
uiassacxait des prêtres cl de- clei >
les édit* de l'empereur Arcadiu^, I . ' '
pliisdorissante .|ui' Jamais en l'Iiér
Muand Porphyre approcha <le >.i ..n^ . |.,-. .-
pale, il put juyer de la puissance que le démon
y avait conservée, l.-- ■ ■■•■■■- .^ ■'■^'< ^■' -iir
son passage de larg.
par d'énorme- haies ... I ..-
ne periuettail aux voyageurs de v '•
.iii'.'i 1111. faillie disUme. Porphvi ' ■'■"
' de coiiliaiice en Dieu, 1 1 parvint, non
. jusi|u'à IbuniMc m.ii-'n .[iii .le-.iil
lui Kcrtir d>' palais. Oén 1'
I.T pir- I.- 111 pcuiile, et l>
.leut liicnl.M la «.ii. ^>' u.ou-
liieu leur ai oit en^ iiit.
I X atMCVLKlXI P'iTNI GRANDI S^UiniSSI
oox^««slo^ rr
Ine sérhei.
trée. l.i- 1
• eax de 1'.
I.iirs dieu-
' ! !• ^ i-n .1 ' l II
■\li l'i
-. l.iil 1.1 en-
■lonrn <\^ prière* «p*».
•I on «e r-
>lr la «.
contre terre. Dès que le jour parut, tous allèrent
en procession, pré''^dés «le la Croix, vénérer les
reliques des saints martyrs Timothée, Mûris et
Théa, dans leurs oratoires situés hors de la
ville. Les stations achevées, ils reprirent le
chemin de la ville au chant des hymnes sacrées;
mais, quand ils voulurent entrer, il* trouvèrent
les portes fermées. Les païens avaient voulu
exclure du même coup le pasteur et le troupeau.
Malgré les faliuoies de la nuit et du jour (c était
la neuvième heure, c'est-à-dire trois henros du
.soir), tous les chrétiens tombèrent à genoux et,
le.s mains levées au ciel, redouhlèrent leurs .sup-
plications; ils pri^^rent ainsi pendant deux heures
avec cette foi que Dieu se plaît à récompenser
par des miracles. Cependant, le ciel était pur,
et rien dans la nature n'aunonçait la tin de la
sécheresse.
Tout à coup, le ciel se cou\Te de nuages, le
vent soufUe avec violence et la pluie tombe en
abondance. Des cris de joie s'élèvent de toutes
parts. A la vue du miracle, dt^s païens ouvrent
les portes, et se mêlant aux chrétiens, ils répè-
tent avec eux ; Lf: Christ a vaincu! le Christ a
vaincu! La pluie tomba pendant deux jours, et
en telle abondance que Ion crai;,'nait pour la
solidité des maisons, la plupart construites en
briques. Ce prodifse éclatant détermina la con-
version de plus de deux cents idolâtres.
AITBK HIBACXE, SOOVSLLES CCS VRBSI0N5
Ine femme de haute naissance était en proie
à une maladie que les médecins ne pouvaien'
conjurer. Sa servante vint trouver Porphyre. Dt-
retour chez sa maîtresse, elle lui dit :
u L'évèque des chrétiens connaît un hcibile
médecin ; si ce médecin vous guérit, que lui
Jonnerei-vous?
— Tout ce qu il voudra, dit la famille éprouvée?
— Promettez-vous de ne jamais le renier ?
— Nous le promettons!
— Eli bien! voici ce que dit l'évèque Pofphyre,
reprit la servante en élevant la voix : Que /csks-
Christ, Fils du IHev vicant, vous giutisse; croj/ez
en lui et vous vivrez ! ••
A l'instant, les douleurs cessèrent et la malade
se leva suérie. A celle vue, beaucoup de païens
se convertirent.
UTTE DE POBPIIÏBE CO.NTRE l'UOLATBIK
SON HIJIILITÉ
Sur se» instances, l'empereur .\rcadias avait
fait fermer tous les temples païens; mais cett'-
raejure exasp'-ra à un tel point les idolâtres,
pie la vie des chrétiens était saps cesse menacée.
\\x combbi de la douleur, Porphyrtî alla se jeter
aux pieds de son niflropolilain, se déclarant
indiprie de l'épi^copat et «e donnant comme la
■ du^e unique de.lou'' les malheurs de son peuple.
Perm^ttei-moi, ajnulat-il, de m<' retirer dans
• la solitude et d'y e\|ii<r mes fautes par la péni-
> lence. •• l.e métrniifilil.iin, touché d'une si
;:r.inde humilité, embrassa alTeclueusement le
*-.iint. mais ne voulut point lui pcrmeUrf d'aban-
ilmitK-r son troupeau. Alor<iPori>hyr<' lui expliqua
lu-' les naiens dci;a7.a rcstcr.iieni toujours atta-
li'- ri leur culte, tant qu'ils en verraient le*
• lih.. - .1 ■ if et qu'il était nécessaire, pour
i'ir(i(r I I I l'jiriede son dioc'-se, de renversi.T
|. - (■ m|rl. ~ I iif-ns et de le» remplacer par de»
.Il ■ . lit. ! . irie'i. M.iis il f.TlI.iit pour cela l'au-
' r ■ Il in|i reiir. Lc> ib m évéques convin-
■i Mer Iroiivcr Vrr.idiiis .i Constanti-
nople et partirent accompagnés de deux diacres.
A leur passage à Rhodes, ils visitèrent le
moine Procope dont le nom était connu de
tous, à cause de sa grande .sainteté. Celui-ci ne
les eut pas plus tôt aperçus, qu'il s'ageuouilli
devant eus et leur baisa la main ; ils ne portaient
aucune marque de difuité, mais Dieu lui avait
révélé qu'ils étaient évèques. Les ayant conduit-'
dans sa cellule de branchages, il leur servit a
mauger. Porphyre lui fit le récit des maux qui
pesaient sur les âmes conliées à ses soins, et lo
but de son voyaiie à Constantinople. « Seigneur
» Jésus, s'écrie l'homme de Dieu, faites briller
» siir tant d'âmes encore enveloppées dans les
» ténèbres les lumières de votre foi. » Puis,
s'adressaiit aux évèques : » Allez sanà crainte,
» vénérables Pères, Dieu vous guidera dans ce
n voyage et comblera vos voeux. >• Cette prophéli.'
se vérifia entièrement. Les évèques furent rei us
avec honneur à la. cour; ils virent toutes leurs
demandes accueillies. L'impératrice Eudoxit
voulut se charger elle-même de toutes les
démarches auprès de l'empereur, et Porphyre
lui dit en la remerciant : « Si votre Celsiliide
I. travaille pour le Christ, le Christ travaillera
'• pour elle et vous donnera un (ils que vou>
)i verrez sur le trône tt qui fera votre bonheur. ■■
Quelques semaines aprè* Eudoxie mettait au
monde un fils qui devait être l'empereur Théo-
dose le Jeune.
BETOIR K GAZ.V
CONVERSION En MER
Les évoques, comblés de présents par l'impé-
ratrice, proiitèrent du calme de la mer pour
quitter la ville impériale. Chemin faisant, ils
demandèrent au pilote de proloncer un pôu
son séjour dans l'île de Rhodes, alin de visiter
une seconde fois le moine Procope; mais, crai-
gnant de perdre un vent favorable, le pilote
refusa avec insolence et continua sa route. Deux
jours après, il s'éleva une violente tempête, et
pendant toute la nuit, le vai«seau fut près de
périr. Sur le matin, succombant à la fatiyue.
Porphyre s'endormit. Pendant son .sommeil, il
vit apparaître le moine Procope qui lui dit :
Instruisez le pilote et baptisez-le, faites-lui
• abjurer la doctrine exécrable de l'hérétique
' Arius. et la tempête- cessera. »
Porphyre lit part de sa vision à l'évèque Jean
et appela aussitôt le pilote.
Il Vcu.\-tu sauver ton navire et ton àme? lui
dit-il.
— Qne me demandez-vous là ?
— Abjure donc la doctrine du perfide Arius et
embrasse la foi catholique. •■
Le pilote, déconcerté, balbutia quelques mots
pour demander au Saint qui lui avait révélé sa
religion.
" Puisque vous savez lire dans les c«urs.
s'écrii-t-il. je cmis tciif ce que tous croyei et
j'abjiufl la doctrine d'.Xrui». •>
Le» évèques reçurent l'.ibjuratinn de l'héré-
tique, et les flol» se calmérrul aussitôt. Aucun
iiiciden' ne vint dnns li mile contrarier lu
in.'iicbe du navire et le« èvêque» arrivèrent saii-
entraves à Majaume.oii ils débarquèrent quelque*
jours après.
PLISSAltCE DE LA CROIX — IDOLE I1RISÛ PAR LE OFIION
DBSTRUCTiO.N DES TRMPI.ES PAIg.NS
■ l.es f hrfliens de Majaume firent A leur èïê.|i,
r.irciifil b ip."ltbique; ils vinrent mi
; ir'Ce^MOn i aux portes dp la ïilb S;,,
le parcours se trouvait une statue de Vénus. A
jieine la Croix, portée en tête du corlése, fut-elle
arrivée devant ridole,(|ue le démon, n'en pouvani
soutenirla vue, quitta précipitannineDlsademeurt>
de marbre et précipita à terre la statu»'. L)un>
sa chute, elle causa la mort de deu.x idolâtres
qui. assis sur le piédestal, tournaient en dérision
celte pieuse manifestation. Ce fut dans celte
ville que les deux évéques se séparèrent. Jeau
retourna à sa métropole; l'orphyre continua sa
route vers (iaia, où les envoyés de la cour
chargés de la destruction des édifices païens ne
tardèrent pas à le suivre. En moins d'une jour-
née, huit temples furent réduits en cendres. Les
jiaiens les avaient ;iliandonnés pour concentrer
tous leurs elf.uts sur le plus célèbre et le jilus
solide, celui île Maiiiion.
l'orpliyre, voulant connaître de Dieu le moyen
de délruiii' la demeure île Satan, lixa un jour de
jeune et ordonna des prières extraordinaires. I.o
même jour, un enfant de sept ans, que sa mère
conduisit par hasard devant le temple, s'écria
tout à coup d'un Ion inspiré :
Rrùlez ce tem|de jusqu'au sol, car beaucoup
de crimes y furent accomplis et on y lit beaucoup
de siicrillces humains. Pour y arriver, rai'-lez de
la poix, du soufre et de la ;;raisse, oi^nez-en les
portes et approrhez U llamme ; vous ne pourrie;:
laire autrement. Quand le temple sera consumé,
bAlissez à sa place une •'•t:lise au vrai Dieu. " Et
il ajouta : « Ce n'est point moi qui parle, mais
Jésus-Christ qui parle en moi. »
l'.ondnit devant l'orphyre, l'enfant n'-péla les
mêmes fKirok"- en lanuue (grecque. I.a mère,
interrofii-e par l'évéque, déclara que jamais elle
n'avait parlé à son enfant du. temple des idoles,
et ([lie ni lui ni elle, ni [lersonne dans sa famille
ne connaissait la lan^'ue grecque. Dieu faisait
ainsi voir lui-même combien la conduite dr
l'évéque en celte affaire était sa::ement inspirée.
« Je vous rends grâces, 6 mon Dieu, s'écria alors
le Saint, de ce que vous avez caché ces choses
ain '^avants pour les révéler aux petits et aux
humbles. •>
l.f lendemain, devant les officiers de la cour,
!<• clerijé et le peuple, l'orphyre raconta l'épisode
de la veille. Des ordres furent donnés pour
observer en tout point ce qu'avait dit l'enfant.
On vil bientôt les tlammes entourer l'édillic
païen et les murailles s'écrouler les unes aprts
les autres ; les soldats en remerciaient hautcmi-nl
,1e Seipneur.
Parmi eux se trouvait un tribun, chrétien
de nom seulement et païen endurci dans le fond
de son cieur. La vue du temple en llammes lui
arra<'hait d'horrible» blasphémer. Tout t\ coup,
une poutre enllammée, se détachant de l'édilice.
vint le frapper au front cl la mort le surprit dans
son péché.
Toutes ces manifestations de la puissance
divine produisirent parmi les païens un prnnd
nombre de conversions. Poriiliyre voyait avec
' 'o'ur son troupeau s'accroître et, pour enlre-
' Il pi^lé des nouveaux convertis, il lit bAlir
' nir-rit du temple païen une vaste et
I il put célébrer ave.- pompe le»
II travailla de ses propres main»
n du temple du vrai Dieu et tes
-rent de lole pour contribuer à
l<
de I
en all..i,; - . .
vinrent en loiii
• cnir l'évéque. Porphyre I
accourui et, levant les mains vers le ciel, il
demanda à Dieu de donner aux païens rassem-
blés dans ce lieu une nouvelle marque de sa
toute puissance. Pendant une heure, il pria ainsi ;
après quoi, il lit descendre quelqu'un dans le
puits. Les prières redoublèrent, l'anxiété était
peinte sur tous les visages: seul, celui du Saint
était calme et inspirait la confiance. Tout à coup,
une voix se fit entendre du fond du puits:
•' Louez le Seitineur, les enfants vivent. >> Des
cris d'enthousiasme ac-cueillirenl ces paroles.
Les trois enfants, en elTet, assis sur une pierre,
conversaient et riaient entre eux. (Juand ils
furent retirés, on vit que chacun portait une
croix rouye imprimée, l'un sur la main, l'autre
sur l'épaule droite et l'autre sur le front, en
sif.'ne du miracle.
riMTiON d'inb m.\mciii-!exne
A la même époque, une femme manichéenne
vint d'.Vnlioche à (iaza, et chercha à entraîner
dans son b>-résie Ips nouveaux chrétiens encore
peu instruits dans la foi. Le saint pasteur se bâta
de venir au secours de ses brebis, et pour couper
court ù toutes les mamruvres de l'hérétique, il
lui fil accepter une conférence publique, où il
réfuta vifjoureusement toutes ses erreurs. La
manii'héenne, ne sachant que répondre à ses
ar:.'uments, éclata en injures et en blasphèmes.
Alors Porphyre, indi;.'né de l'injure faite à Dieu
et de la mauvaise foi de cette femme, s'écria :
1. Que Dieu, qui fait toutes choses, qui seul est
» éternel, san> commencement ni (In, qui est
Il glorifié dans la .Mainte Trinité, enchaîne ta
» rantiue et te lerme la bouche en punition de
» les hla-phémes. .i
Os paroles eurent un effet immédiat, la mani-
chéenne, saisie d'un tremblement nerveux, p.ilil
tout à coui) et ouvrit de {jrands yeux. Elle était
muette! Elle vécut plusieurs années dans celle
inlirniité, et mourut sans avoir voulu abjurer ses
erreurs, mais sans faire de nouveaux adeptes de
sa doctrine pernicieuse.
KHEt'TK DES païens — FCITK DE FORPHTRE — SA «OBI
Après cinq années d'un travail incessant,
l'éylisc de Caia fui achevée. La consécration en
fut fnile avec une ponipe inaccoutumée, le jour
de PAques de l'année 417. Plus de mille moines
étaient venus de toutes pari- se joindre au cler);6
de la ville, et les offices furent célébrés avec une
soleiiniié remarquable. (;<• fut un jour de réjouis-
sance pour tous les fidèles de la contrée.
.Mais les joies de la terre sont de courte durée
et la lutte devait recommencer plus vive et plus
opiniâtre. Ceux des païens qui élaicnl restés
jusque-là dan» leur- erreurs et leur vie crimi-
nelle, frémissaient de jalousie; ils épiaient toutes
les occasions de nuire aux chrétiens et surtout
& leur pasteur.
A lu suite d'une discussion intervenue entre
un prêtre el le chef des idolAires, les fils de
.'^ai.in, armés de bâton-, se ruèrent sur la maison
lie l'évéque. Pour échapper aux coup» «l'une mul-
titude effrénée, Porphyre dut ' i ir le loil
lie s.a maison cl demeurer pin i- caché.
Il fut seeouru dans so délres-' ( ii u rphc-
liiie de quatorze ani à qui il donna plus lard le
iMplênie et l'habit religieux.
Porphyre vécut encore ifuelqucs mois durant
' ■■ ' . ■. . .1 <usUnt fut de répandre dan»
i amour pour le résine de
.k ..;..: d'iiilirmile^, il s'endormit
I .iisiblenienl dtnt U paix du SuiKueur, l'an 4SI).
luip. -j/rani, î'iiitUDio, S, rue Krtiii;i>M I' I'
SAINT JEAN DE VANDIÈRES
ABBE DE GORZE
Fête le 27 février.
Saint Jean de Vandières porte un message au nom de l'empereur d'AUemagne
au calife de Cordoue Abdérame.
FAMILLE gT <00CAnON DE SAINT JE^N DE VANDIKRES
Saint Jean Af Vandiirps naquit à l,i fin du
n* si<cle. dans le villase de Vandi^re?, ancienne
Tilla royale, près de Pont-à-Mou-i'on. diocèse de
^mcy. Ses parents jouissaient d une asser, helle
fortune. Son père, disent les Ifollandisles. gou-
verna, jusqu'à lace de rjuatre-vinpl-dix ans ses
l'ienn et sa maison avec une tieureuse «a^'esse,
*f f-tisant aimer de tout le inonde par son éfjuité,'
sa bienveillance, son liospiialilé, sts aumônes,
son îèle pour l'entrelien des enlises et ses
lionnes reuvres.
Jean vint au monde quand son père était déj,!
avancé en Ape; comme autrefois Joseph, il fut
renf.-int de prédilection, élevé dans la maison
paternelle et forin<^ de bonne heure .1 la pratique
dp> vertus. l'Iiis tard, il apprit les vrii-nre-
liumaines dans les écoles de Mel/. et dans le
irmna'^tére de Saint-Miliiel, quoique sa I unille
117
bûuflril avec peine cet ùloigaeinenl. Les pro^rè'^
que fll U'Ure Saint ddli'^ les lettres le mirent en
fieu de temps à nii'ine de comprendre la Bible et
es Livres Sacrés, dunt il faisait sa lecture favorite.
Ses maîtres n'eurent bientôt plus rien à lui
apprendre, «t le cours de ses éludes étant ter-
miné, il revint près de son vieux pure.
DE -AI.NT JKAN AVKC l.t.S
llR SUN TEMPS
KOUUES CKLEBHES
,1lll
,l,.,r-..
monde, il
sût. '
des,
dont 1 i.-.
vivre; en
.\ la m-
son tiiui
Appli'iU'- - ,'• ■ i , . '
un talent sup^neui. li prit counai:<sauce des
diters arts i|ui s v rapportât, àlel point, disent
ses biouraplies, ([ue daiifi îles afTaires de ce
'■y avait fort p«u de choses qu'il ne
-I ration le niit eu relation avec
i-tiiif^uésde TL^lise et de l'Etal.
iiijilc lui apprit la bonue façon d<'
peu de temps, il devint uu parfait
f'enlilboninie. L'évèque de \erduu employa »ou-
M'iii son habileté dans les atTaires et aurait bien
\oiilii se l'utlacher pour toujours. Il reçut deux
bénélio.«s : l'é^îlise de Vaudières et celle de Saint-
Laurent, à Fontenoi, prés de TouL
Ses afTaires l'appelèrent souvent dans cette
dernière ville et lui liront lier connaissane* avec
le diai;re Ilernier, homme de (grande doctrine et
de sainte vi.'. avec lequel il continua l'étude des
Saintes l:)critures, oii il acquit une science prodi-
;.'ieuse. Il entretenait aussi, avec beaucoup de
charité, uu vieux prêtre qui avait fui la Ueauco
pour échapper aux persécution» des Normands :
ce prêtre, qui avait une dtivotion particulière a
la réi'iUilion de l'office divin.»'! !<■ ili.x-re lt'>rnier.
qui M' dislin^'uait par
donii ii<i>Ml
p
JeJiii
des
as-.
II) lui
éd:
,• cir-
COIlsl fil' •
-
à
ii.iiii"
1' aciii:v.i iir 11 11' In miner
tout (i fait
une ^iiil«> vie.
1 OyHBTT Jl
.v^
fiSi .A «MI1H.VSS(R
\ ■au
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dont il était pourvu, Jean
de \ '..1
.' il* .tir 1 .-li.llllli- -flII.-iillM
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marche, mais je n'ai même pas le courage de
me lever de terrent de faire un pas! ■
MOBTinCATIO.NS ET PÉ.NITENCKS DE S.tlNT JB.tN
A partir de ce jour, un chanseraent complet
se lit remarquer en lui et il commença à mener
une vie toute de prière et d'austérité. Il apprit
par cœur l'.Vncien et le Nouveau Testament, les
ollices divins, le chant de l'Hiilise, et se rendit
éi^alement lélebre par sa science du droit cano-
nique et des écrits de.- rùi.;-.
A ee> travaux, il :■ - iveilles,
les prières Iréquonle
Il aspirait à quittai le uioim .stribuer
tous ses biens au.x pauvre-: i. m ^.ivait
■encore où se retirer; <:;ir. pai auii' ii-.
\n discipline monastique éi.iii lori : iu-
les comeills on deçà des Alpes, bu '. il
se mit suus la conduite de deux > /i ~
de grande \<;rtu. l'un, uoinnié liounii, luaitre
(le ctiaiil u Saint-Blienuedeiiel7., rauVt«;ni>miiié
Wariinberl. curé de ."«aiiit-Sauveur.
l'uis, trouvant qu'il ne pouvAit fite encore
assez se mortifier dans la société de oes deux
saiiiLs prêtres, il se retira auprès d'un ©wnite de
Yeiniun, iioniiné Huinbert. auquel il lit une con-
fession (.'énéiale de lniites le- luutes de sa vie.
C'est à partir de ce iiioiueiit qu'il cuuiuiença à
s'abstenir de viande pour le reste ikoMS jours
et à jeiiuer très rigoureusement.
Toiyours avide de fair>- do«. pn 1'
des saints. Juan Alla, dans la fui iiik'.
passer quelque temps auprès tl on •olitairc
appelé l.,ambert. C'était un homme «xtraordi-
uaire, qui ne s'occupait que de coiileaiplatioii,
ue se suucuuil L'u>re de son eorps et ploni^é
continuellement dans l'étudi ' i prière :
il réduisait un iiiuid enliei il' n un seul
pain, qui lui suftisait pour >irii\ moi-, et qui
devenait à la lin <i dur, qu'on ue pouvait eu
avoir des morci ■;• . coups de hache.
Tel lurent i - et modèles de notre
Saint dans la \i< -.. ,^-^.<.clion-
l'KLBKIÎS-^aï- BK SAINT ffAN
Sur le coii>eil d'Iluiiiberl.
liièle- ilitl'
ni ir
>:ia4Jidt Uuvoliuii
de Van-
iite : -on
l'-i et le-
le il'aller
es. Il lut
4»r, clerc
{ue lemp*
11, et ijui
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liari.'<tn.
'Il 11»;' III' m -.iiiiv l""iM'il. il
:i|i' lU pi'il du ninnl Nésuvr pour
•■r »U\ pr - •!•- --1 vil^ur» de
lient lixi' lu voirnii.
illt l'Il I l'.niv 1.
luniherl, il si
, ■ trouver une i
desr».
Kn ait' n<hnt. sa vie était -olle d'un r-lwiiim
«aKrr m iiiItaiili u jionAtriuiK dk co«;
vivait dan> l'union pei ijéluelle ave.- Dieu, el
(]ui, de coQcert uvec lluiiibert de VerJun, cher-
cliait un asile ou une solitude pour y vivre loin
du monde. Ln jour qu'ils examiuaieut (.-nseiuble
quelle? personne:; de leur connaissance étaient
propres au i;enre de vie qu'ils méditaient, Hum-
liert de Verdun nomma Jean de Vandiéres.
Jean fut appela, et ses deux amis lui ayant
exposé de quoi il était question, il acce[)ta avec
enthousiasme et entraîna même à sa suite plu-
sieurs ecclésiastiques vertueux.
Cependant l'évèque .^dalbéron, craignant que
oa.'i hommes d'un si haut mérite ne quittassent
son diocèse, médita loni<tom|<s sur le moyen à
prendre pour les retenir auprès de lui.
Prés lie la ville, existait le monastère de (Jorze,
abandonné et tombant en ruines, à la suite de^
i.'uerres et des d'-prédalious. L'évèque Adalbèron
y était ailé autrefois, nu-pieds, en pèlerina^:e,
poijr obtenir de la pluie, et avait prorais de le
reiUiurer un jour. Il résolut donc d'olîrir le
niiiiiastère en question à tous oes pieux person-
iiaces.
Quand ceux-ci se présentèrent devant lui pour
lui faire connaître leurs projets de retraite, le
prélat les assura de toute sa bienveillance et leur
l>ermit de choisir un lieu convenable dans son
diocèse. Le diacre Bernacer, qui avait reçu secrè-
tement le mot d'ordre, les engai^ea à demander
Gorze.
Comme les autres hésitaient, aimant mieux
s'expatrier, Jean de Vandiéres leur persuada de
s'arrêter à ce choix, parce que les biens du
monastère étant entre les mains d'un homme
violent qui ne consentirait jamais à les rendre,
il était probable qu'on leur refuserait (iorze, el
alors on ne les empêcherait plus de partir.
I '•v.-.Mie les prit au mot, leur accorda le
iij'>naj.t':re à l'instant, .se chargea lui-même des
r-'parations et des Irais uéces.saires pour les éta-
blir, el, quelque temps après, leur lit rendre tous
l"s biens que détenait le O- .Adelbert. Linold fut
nomm'' abbê et Jean de \anili'res procureur et
celiérier.
SAI.NT JEAN I(K \lMiU,RF.- M'.[)II.K DKs MOl.NES
Notre Saint voulut être considéré comme le
dernier de la maison et comme le serviteur de
tous. Il donna aux Frères l'exemple d'une sou-
mission parfaite et de la plus admirable humilité :
c'est ce qu'nn remarqua dans la manière dont il
souffrait les reproches les plus injustes et les
plas faicheux i^fTels de la loauvaisc humeur des
autres, et dont il se chargea, outre ses fonctions
ordinaires, des offices les plus bas et les plus
i.piiitiii - il< I : ' - :' - rie et de la cuisine.
H -• I - it menls les plus lét'i limes
ju>- 1.1 p. J.I.- J...1.1 i.m pour réparer les forcos
de la nature. Après Matines, qu'on récitait au
milieu de la nuit, laniais il ne se recoucli.iil;
■ nr.riific^tioii d'autnit plus méritoire que les pri-
vi'i'iiiscli' sommeil lui étaient très pénibles, .'^on
.(lilié lui 1 11 - iii sur Ce poini la liberté de se faire
vin|,-iir. , mil il employa toute ^on atilorilé pour
lui (air-' nioil^^rer ses abttiiiein es excflssivcs.
I>> iiion.i«l're de («orze devint dès lors une
l'-rnie d. t,,iit< - les vertus, où ceux qui voulaient
'•■ r*r)dr< pi i i.iits dans l'état reliiiieuv venaient
prendre des leçons.
Mtai3SADF. DE SALNT JgA.V HE V V.NniCBRs, A|: >OII 01'
M>l opio,**, PRÉS n'\nuth\Mi.. CAi.n y of. cohdoub
ilmnn de
I de Or-
A a«tte époqu», \'
i.ordoue, envova iiii'
manie, pour lui deinauder son unntié; dans sa
lettre, leprince maliométan avait ^'lissé quelques
termes in,|urieux à la reli:;ion chrétienne.
Othon repondit noblement et courageusement,
et demanda à Liiiold, abbé de (iorze, deux d-
ses moines pour porter son message. Saint Jean
de Vandiéres s'oll'rit avec amour, dans l'espoir
du martyre, et partit avec un de ses Frères.
Quand il fut arrivé à Cordoue, .\bdérame lui
adressa ce messaie aussi sineulier qu'inopiné ;
« Votre roi a retenu mes ambassadeurs en Alle-
magne pendant trois ans, vous attendrez trois
fois plus, cest-à-dire neuf ans avant d'être admis
à mon audience. >
Lt il mit à la disposition du moine et de ses
compagnons une maison de campa:.'ne pour y
attendre ses ordres. Jean de Vandiéres, décidé
à tout soullrir plutdt que de manquer à la mission
qu'il avait reçue, déclara qu'il ne partirait pas
avant d'avoir été présenté au prince musulman.
La raison de ce singulier procédé venait de
l'indiscrétion d'un individu qui avait été pendant
quelques jours le compa^^non de voyage du moine
ambassadeur, mais il l'avait devancé à Cnrdoue
et avait fait courir le bruit que le messaser
d'Othon apportait une lettre de menaces et d'in-
jures à l'adresse des musulmans et de leur roi.
Aussi Jean de Vandiéres voyait-il arriver sou-
vent à la maison où il lo^ieait des musulmans
qui venaient, disaient-ils, de la part du roi, s'in-
former du contenu exact des lettres dont il était
porteur.
■' Nous dirons notre commission au roi. leur
répondait Je.ui: il ne nous est permis de Iji
découvrira d'autres qu'à lui. »
L'n juif, qui connaissait la substance des lettres
d'Othon, fil savoir à notre Hienheureux qu'il
était dangereux de présenter un tel messaije à
Abdérame,à cause de la sévérité des lois musul-
manes.
L'n chrétien du pays lui conseillait de son côté
de se contenter de porter ses présents à Abdé-
rame sans lui remettre aucune lettre.
Saint Jean de Vandi'- lait inébranlable.
" Je suis venu, d;.^if-il, pour apporter les
lettres de mon roi et pour ■■éfuterles hlasplièmes
contenus dans celle du votre, lin chrétien doit
plutdt souffrir la laim et les tourments que de
pactiser avec les iiiGdeles. Je n'irai à l'audience
d'Abdéranie qu'avec mes lettres, sans en retran-
cher un seul trait; et si Abdérame dit quelque
chose contre la foi caiholii|ue, je lui résisterai
en face, dut-il m'en rouler la vie! »
Tout cela fut rapporté en secret au prince
musulman, qui employa toutes les ruses pour
ébranler le noble ambassadeur : -< Si lu m'oblieef-
à le faire mourir, lui écrivit-il un jour, je ne
laisserai pas un chrétien en vie dans toute
l'Espaane.
— Quand vous devriez, répondit le Saint, hm"
faire démembrer peu à peu. me couper anjour-
d liui un doi^t. demain un .iiitre. puis un bras.
un pied, une jambe, el nmsi du reste de jour en
jour, vous ne parviendriez p.is à m'emouvoir. Kl
SI. à cause de moi, vous mrllrt ;i m»rl tous les
riirétieBS, ce ne ser.i point h moi que'Uieu l'im-
putera, mai? à votre rroaulé. >i
La noblesse de ce lant/ace frappa d'admiration
le farourlie inusulm.-in. el lui. diocif le de Maho-
met, il lit demundni lonseil à o>> chrétien sur u
qu'il de v.-iit faire d.inslesrin'.onslancei préjoiil»<..
!,<• servileur de Dieu lui dit d'envoyer un nouvel
.tinbatsadeur à Hibon, qui lui ré|>ondrail cette
fois |iar iiDc lettre courue duiis d<'.- liiniie'- moio»
V :■: et moins durs ijue la première. C'est le qui
eat lieu.
Au retour de cette seconde ambassade, Abd'-
rame consentit à recevoir en audience solen-
nelle Ji-aii de \ andières àccompàj^né du nouveau
nies-ai:rr iluthon. Il y avait trois ans qurf le
courageux moine attendait à Cordoue cette faveur.
SAINT JE»!» DEVANT AIIDKKANB — Si'N RBTOUn
A GORZR — SA MORT
iiii voulait qu'il prit des habit'- mapuifiques
pour paraître devant le roi, suivant la coutume
de la nation. ConiTite il s'en défendait, le roi.
iroyanl que c'était par pauvreté, lui lit donner
de l'arf.'ent. I.e saint nmine, après avoir rélléchi,
reçut cette ollraiide avec actions de urAces, mais
il s'einpres-a de la distribuer aux pauvres et
déclara de nouveau qu'il ne quitterait pas son
habit monastique.
I. Je rei onnais en tout sa fermeté-, dit Abdé-
rame; qu'il vienne, s'il veut, revAtu d'un sac, je
ne len aimerai que davantage. »
l.e jour de l'audience étant venu, les ambassa-
deurs turent conduits et reçus au palais avt'c
une pompe tout orientale. Lé roi, qui était seul
dans sa chambre, assis les jambes croisées sur
un tapis précieux, donna au bienheureux Jean
sa main à bai->fr en dedans, ce qui était le plus
;.'rand honneur. Puis il lui fit siune de s'asseoir
sur un siéye qui lui était préparé.
Après quelque- explications sur les relards de
l'audience. Jean donna les présents de son maître
et demanda aussitôt son congé. Abdérame en l'ut
surpris et dit qu'après une si lon.-ue attente il
ne lallait pas se séparer si promptement. Toute-
lois, il ne voulut pas le retenir de force, et, après
une seconde audience, il le laissa libre de retourner
en France, admirant beaucoup sa fermeté et sa
foi.
Les détails nous manquent sur le reste de la
vie do saint Jean de Vandières. Nous savons seu-
lement qu'il mourut, l'an 07y, abbé du monastère
de tiorze. oii il vécut dans la pratique la plus
parfaite de toutes les vertus relij;ieuses, plein
de sollicitude et de charité pour le bien de ses
Frères.
SAlNTi; AUdUSTA, VIEUGR ET .MAIiTVRi;
Fête le. 'i' nxii!
\ l'époque des invasions barbares en Italie,
uu chef f.'ermain avait lixé sa résidence à Serar
vallo, non loin de Cetena, dans les Marches.
.Matruo, c'était le non» du barbare, habitait avec
ses soldats une petite forteresse sur une mon-
taune, c'était un païen farouche ijui persécutait
souvent les chrétiens du voisinape.
Or, ce chef étranger avait une lille. qui portait
le nom latin d'Aupusla. Klle était auxi douce
que Malruc était féroce et dur. Klle eut la curio-
sité de savoir quelle était celte relicion des chré-
tien' que son terrible père délestait si lorl. Elle
s'en lit instruire secrètement, en admira la
beaulé,et Dieu touchant son cœur, elle demanda
et reçut le bapt'"-me. De temps en temps elle
s'échappait du château, à l'insu de son père, et
s'en allait prier dans quelque église du voisinasse.
Matruc iinit par concevoir des soupçons; un
jour, il orilonna à un de ses afiidés de suivre
secrftement le» pas de sa lille. L'émissaire s'ac-
. quitta poii.'tuellement de sa mission; il vit
• Aiiyusla i-iitrer dans une éslise, s'agenouiller et
prier u la manière des catholiques. Il revint au---
sil''it auprès d'" Matruc raconter ce qu'il avait vu.
Celui-ci envoie l'ordre à sa lille de venir iinmé-
diatenieiit en sa présence. ■' Attendez un petit
juslii.i .111.- l'.i. iii.i ma prière •■, dit Aui;usta
au I . 1 sa prién- avec f.rveur,
supi !i . ' : . la fortifier i-t revint en
tout'- li.ite auprès de son père.
Matruc l'accueillil avec des yeux pleins de
ra:.'f. •' Kst-ce ainsi, lui dit-il. il'une voix terrible,
3ue tu raéprisea la reliuion de trsaicux, l'autorité
c ton père et l'honneur de la famille; est-ce
le cflv ^lU" tu fais de la mod<'stie d'une jeune
liant de la maison sans la permis-
vaii'
dit ' I '~\ Un u
rh" qur j'n :
aUt4iÉti ■j'*.- ;• !■ ('lit-' I. est t^^'^' |t ^ Ilill'l 1 lit :'■ «l»'^
rieux que je «uis albe m'entretenir; tels »odI
mes coulidenls habituels. Et, quant à ma virgi-
nité, je l'ai consacrée intacte et pure au Moi Jé>us-
Chrisl. Vous-même. >'• mon jière, si vous saviez . .■
que c'est que Jésus-Christ, vous tous donnerir/
tout à lui! '
.Matruc donne l'ordre de jeter sa lille dans un
noir cachot, après l'avoir menacée des plus
alïreux cliAtimenls si elle n'apaise .sa colère en
renonrant à la reli;:ion chrétienne.
Le lendemain, il l'interroge encore : i< Persistes-
tu dans ta résolution'.' — Oui, répoml l'enfant, je
reconnais «'t j'ailore Jésus-Clirisi comme seul \rai
Dieu, et je lui obéirai toujours. >•
Le chef païen commande au bourreau de lui
arracher deux dents. Mais la jeune lille n'en
prntecte que plus fort devant son père et devant
' istants qu'elle ne renoncera jamais à
I. -1. Klle est pr-'-le. dit-elle, à souffrir
luus Icb .-upplices pour l'amour de celui qui a
versé son sane pour la sauver.
Matruc n'qioud. qu'en etfel, il n'hésitera pas ù
la chi'itier cruellement, mai» 'lu'il veut bien
cependant lui donner encore du temps pour
réiléchir. "Il la reconduit doue en prison, et, le
reste du Jour, son père continue n mettre tout
en (l'uvre pour la llécnir, l'effrayer et lui persuader
de renoiiiiT à sa foi.
I.,e lendemain, nouvel interrogatoire, sans plus
di" '11. I - l.e barbare ne i-oiiii> ni iIn- >;i colère.
Il -a lille entre li' idessoii»
il llume un i.Tan<i i n'atteint
pus la vierge chrétienne. Alors on inameuvre
contre elle un'' roue -,rm''r de couteaux; mai-"
lin an ' cruelle machine.
, Matrii lonne de trancher
la t''l>' .. .ViiKU^t.i. Un 1 riiUua «ur l.i monla:.-ne.
|'lil« l.ird. •>••• reste» lurent d.'couverl» par le»
■ <•■'■- d'une >
liant» mil
mont Si *
'ruilo en
< I r'-<[ii'ii I • •• par les p-i'-iiii-, i---» luii-'
I xénitieuit y apportent de* et-volo
lni|i
t. l'rTirKu.iiii. ". ru' t r»ii' ■•!« !••, I'«ri»
SALM ROMAIX, ABBÉ DE COADAT
FONDATEUR DU MONASTERE DU MONT-JURA
Ffte Ip ?.< /■'=-'»•'■.■?•.
Saint Romain, en voyage, demande pour une nuit l'hospitalité aux lépreux;
le lendemain, il les guérit et s'en va ; mais les lépreux le poursuivent pour le remercier.
ROMAI.S DANS S* FAMILLE
Saint rtoiiiaiii fut destiné par la l'rovidenre à
.illuiiier, à rexlri;milé orienlalp «lu la (iaiilp, un
nouveau foyer de vie inonasticjiie «l religieuse ;
il fui le fondateur et le premier ablx'- de la cidèbre
ahbaye de Condal, arbre vi^^oureux et fécond
'|ui. pendant Ireiic siècles, rouvrit de ses branches
• t de »on feuillage verdoyant celte partie de
Tinlre pays que Ton a appelle la Tliébaide des
ii'iiil''..
i-'esi à la tin du iv* siècle, vers Tan 390, que
na^iuit Romain, d'une honnête famille, dans j.i
province Séquanaise, qui était limitée par le
Jura et qui comprend aiijourd'liui lo département
de l'Ain. Ses parents, ;ï celle époque troublée par
les invasions barbares, n'eurent pas les moyens
de le faire avancer dans les sciences liuinai'nes,
mais ils s'attachèrent à développer les heureuses
qualités dont était doué cet enfant de prédilec-
tion : la grAce acheva ce travail, et l'Espril-Sainl
s'i'iiipara pleinement d'un cœur si candidf, d'uni-
vcilonlé si droite et si ferme.
La jeunesse de Koinain se passa, comme si>ii
:,.i2
enfaiii-1'. dans la pritie et la vie Je famille, loia
(lu monde, de ses plaisirs et de ses divertis-
semeiii-^ qu'il avait eu horreur. Néanmoius,
comme il était gdeiià de bonté et d'.itTal>ilité, il
s'était u'ai-'ué re-lime et la considération de tous,
même de ceux qui n'avaient jkis le couraj^'e de
l'imiler et qui s'exposaient follement à perdre
leur iunoceuce au uilieu des joies du siècle.
VOCATIO» — CÉ.NOBITE ET SOLITAIRE
Quant à Itomain, il avait entendu la voix
intime de la urAce, qui l'appelait à renoncer a
ti>ul et à vivre uniquement pour Dieu; il priait
le Seif{neur de l'éclairer sur la meilleure manière
de réaliser ce dessein. En vain, ses parents avaient
voulu le contraindre à se marier, il n'y vouliil
Jamais consentir. Son choix était fait; il voulait
être ermite, et se préparait d'avance aux vertus
relii'ieii-es en attendant de pouvoir s'y livrer tout
entier.
liés qu'il fut libre, il s'arracha aux tendresses
de sa famille, et oITrant à Dieu ce douloureux
saerilii-e, il partit pour Lyon. Lyon élait-il donc
le l'hemiD du dèserl'.' Son, .sans doute, mais
Momain savait qu'avant d'aller à la bataille, il
faut apprendre à manier les armes, .\yaiit
entendu parler du vénérable abbé Sabin, supé-
rieur du inona-tered'.'Vinay, il allait bumlilemeiit
se placer sous sa conduite, alin d'apprendre de
lui l'art sublime et diflicile de la perfection
chrétienne. Il avait alors trente-cinq ans.
L'abbé n'eut qu'à se louer de son nouveau
disciple, qui se forma bien vite aux pratiques de
la vie cénobitii]ue et lit de rapides progrès dans
la science des .Saints.
La lecture de la V'i* des Pères du désert faisait
ses délices ; bien loin de l'elTrayer, la pensée de
leurs sacrillces et de leurs pénitences augmen-
tait chaque jour davanta;:e son désir de vivre
comme les l'aul, les Antoine, et les Hilarion.
Uuand il fut suflisainment instruit. Komain se
diri;{ea vers les forêts inhabitées du Jura; la l'rovi-
dence lui désigna comme retraite un endroit
presque inaccessible nommé Condat [^}, placé au
conlliient de deux ruisseaux et resserré entre
trois moiit.'iv'nes. O désert, à cause de son aspect
sauvaue et de sa profonde solitude, avait le plus
Krand charme pour Komain, qui espérait ainsi
se soustraire farilenient aux re;,'ards et à l'atten-
tion des hommes. Il s'y liiadonc avec bonheur
et s'abrita d'abord sous un énorme sapin, dont
. les ép.iis rameaux lui représentaient le p.-'Lnier
3UI s'Tv.iit de lente à l'ennite saint l'aul dans le
ésert de l'Effyptf.
Coiniiie ce saint dont il avait l'ambition de
copier les exemples, il commença immédialenieut
et avec ardeur une vie do prière et de pénitence.
Sel"! ' ■ lu'il s'était tracées, il donnait
un ' : ible à l'oraison; »a con\crsa-
lioii I 11 II 11 111^ Il -M leux, et Dieu bénissait son »or-
viteur en le récréant do sa douce pré«eiicc. Pour
son!'"
Pc
Ici.
mi'
le 1
rit.
de <
lit
cet .
1,1 .!.•
f-i veur, il lis.iil as-iilùmnit la Vie </«
qu'il avait einpoi té. • d'Ainay.Knfln,
Ml <i,>n extrême
ri i-.irps et
; , : iit.'s austé-
III ps, il reçut nni'iurmpnt
«auva^es et n'eut .l'autre
, mais cetl'- pauvreté al
un lieu qui sertaildc i. , ' <
(I) O iiif.l Conilnl
Conjturnl Lot ilrm
cl rn'Irnil »nnl \r ;
Uiiciir r«lti<|ue, flgnili'
«•■ réUDiMent «n
aux bétes féroces, en un mot toutes les souf-
frances et les privations inhérentes à ce j^'enre
do vie lui étaient un sujet de joie : rien ne lui
manquait. Dieu seul lui suflisail! Une partie de
son temps était aussi consacrée au travail des
mains; il s'était muni, en elTet, de quelques
outils, de semences et de btrunies, il se mit donc
à cultiver et à euseiaencer un coin de terre, non
pour se procurer des aliments meilleurs, mais
pour faire à "Dieu le sacrilice de ses membres et
de tout son corps dans cet exercice si conforme
à l'esprit monastique.
OBCX FHiHKS SK DONNANT LA BAIN POUR ALLEU KV CIEL
CnÉLK DE PIERRES — OI-U'AITE ET VICTOIRE
Cependant, Romain avait laissé dans le siècle
un frère tendrement aimé. Lupicin, c'était son
nom, n'avait su résister aux sollicitations [iros-
santes de ses parents; il s'était marié; mais, peu
après le impart de Itomain, il perdit coup sur
coup sa femme et son père : ce fut un avertisse-
ment du ciel.
l'ne ;;i'Ace secrète le poussait à rejoindre son
frère, qui lui apparut une fois en songe, le pres-
sant de partir. Sans plus hésiter, il vint se
jeter aux pieds de Komain et celui-ci l'admit
avec joie en sa coiiipa^rnie.
Les exemples du maître, mieux encore que
ses paroles, étaient un eiiseinnenieiit éloquent pour
le disciple dont la nature niàle et éner;.'ique se
prétait merveilleusement à lu vie austère du
désert. h)nsemble ils priaient, ensemble ils veil-
laient et jeûnaient, eu.-emble ils chantaient les
psaumes et les hymnes sacrées, faisant retentir
la solitude de la louan;.'e du Sei;;neur.
Ils rivalisaient de ferveur et de tfénérosité, leur
paix était profonde. Mais voici l'heure de la ten-
tation. L'ennemi du uenre humain veillait lui
aus^i, et Dieu lui permit de mettre i l'épreuve
la vertu de ses serviteurs.
Tandis qu'ils récitaient leurs prières accou-
tumées, ils se virent assaillis tout & coup par
une prèle de pierres, sans p.iuvoir découvrir la
main qui les lançait. Ils i éprennent leurs prières
et leurs chants; les pierres rei.unbent ave.- plus
de ïif.'Ueur. Ils recommencent encore leurs saints
exercices : mêmes assauts, mêmes atta.|ues ;
chaque fois qu'ils se mettent à ;:enoux, ils sont
fra|>pés cruellement par cet enn.'ini invisible, et
se trouvent souvent meurtris et couverts de
blessures. Cette scène se reproduit pendant
plusieurs jours arec le même acharnement.
Ils supplient le Seiuneur de les défendre, et il
sriuble «ourd h leur requête. Alors, découra>;és,
ils se disent l'un Al'autre:' Peut-être Dieu % eut-il
que nous allions nous Hier ailleure, c'est pour
cela qu'il laisse l'enn.'ini nous tourmenter ici. ..
Ils parlent donc & la recherclie d'une demeure
plus p lisible. En roule, ils >'arrêleiii un soir nu
seuil .l'une pautrc femme, qui leur offre 1 !
(lilalit--, cr.iyant re.-e>oir de simples (^e|. i
laia- ■ - ■!••- fiii^MieN d'un l.uiK voyn^'e. Kn ilM,
leur i raai^'reelallonué,leurtvèteinenls
vieux ..
« Qui êles-vons donc, leur dit-elle, d'oil venet-
vou»?Ouel motif vous am.ne m cetti- . .iiii''-.' ? ■
Le» deux frère» racontent, en i
ce qui leur est ndrenii. Ils lui i ,
i<«nuts du diable et leur fuite.
KM quoil s'écrie cette fi-mme. e'(-ee h \.
inolif de de«erler le »errire '!
' p.»iirr<' f<>miii<>. Ho »ni|«
votre ennemi. Sa fureiu n'a rien qui doive vous
étonner: il voit arec jalousie que vous occuperez
dans le ciel la place qu'il a perdue par son
orgueil et sa malice, et c'est pourquoi il essaye
de vous faire abandonner un çenre de vie qui
vous conduirait à la sainteté. <>
Ces paroles les rouvrent d'humiliation; confus
de leur lâcheté, ils reprennent immédiatement
le chemin de Condat. A peine y sont-ils arrivés,
qu'ils sont en hutte à une attaque plus vigou-
reuse; une nouvelle pluie de pierres s'ahat sur
leurs télés, et le sanu inonde leur visage. Mais,
cette fois, ils tiennent bon, ils se rient des menaces
et des coups de leur asresseur, en y répondant
par le si;.'ne tle la Croix fréquemment répété,
au milieu d'une prière fervente et pleine de
confiance.
Ils eurent encore à livrer plus d'un combat de
ce genre, recourant au.t mêmes armes. Bientôt,
Dieu hénit leur patience et leur énergie, en les
délivrant de cette terrible épreuve.
Ces soldats victorieux étaient maintenant
capables de conduire les autres au combat. Dieu
allait en faire les deux chefs d'une armée sainte.
Xt DÉSKRT FL£UBIT
HUMILITÉ. ET bOLCEL'a DE SAINT ROU.VIN
La sainteté est un parfum qui ne peut manquer
de s'exhaler au loin et dont la suavité attire
mystérieusement ceux qui asfùrent à être
préservés de la corruption du siècle.
L'n jour. Honiain, éclairé d'nne lumière divine,
dit à Lupicin : <• Préparons sur cette colline
voisine une habitation pour les Frères que la
Providence envoie vers nous. >•
Le lendemain, ils virent arriver deux jeunes
ecclésiastiques, qui venaient de ce point de la
Houruoane occupé actuellement par la ville de
Nuits : ils demandèrent aux pieux solitaires
de les guider dans les voies du salut et de la
perfection.
Le chemin du désert était frayé ; il fut bientôt
connu et suivi par d'autres disciples que saint
Homain accueillit avec une extrême charité; le
nombre en devint si considérable, que les deux
frères, reconnaissant la volonté manifeste de
Dieu, se résolurent à construire un monastère
rétiulier. Le terrain fut nivelé, les bois avoisi-
nants furent abattus et l'humble ermilatre se
transforma en un vaste couvent: ainsi fut fondée
ïahhiiye de Cnnd'it. devenue bientôt si célèbre. '
l>e ..ouffle de Dieu élait passé dans cette con-
trée : on accourait de tous côtés pour voir et pour
entendre ces hommes extraordinaires; et comme
on ne doalait pas de leur puissance, on leur
rimenail de« malades, des infirmes, des paraly-
tiques; ils le'- ciiérissaient et redressaient leurs
membres; des [)ossédés leur étaient présentés,
ils les délivraient du démon par le signe de la
l'.i 'ÏT. Alors, ceux .1 qui ils avaient rendu la
-Il I- ne voulaient pas quitter leurs bienfaiteurs;
il luire- qu'ils avaient convertis par leurs exhor-
tations demandaient i rester aujirés d'eux pour
faire pénitence; enfin, le spectacle de ces pro-
diKe-i et de si hautes vertu» en déterminait beau-
coup ,i ne pa* retourner rlans le monde, et à
demeurer à Condat pour devenir eux-mêmes
' e de» novices devint telle, que saint
I lit hAlir, à quelque disUinco. à Ijmi-
' onne [1,, un second monastère, puis un troi-
' 1' « «nr lioiio Hr (JondJil : c'eit
■le Saint-Liipirin.
sièine encore plus vaste. Ces merveilles réjouis-
saient iiraadeinent le ca-ur de saint IJumain,
mais elles Je tenaient, dans la plus proi".»nde
humilité, car il eu rapporlaitttoute la «loire à
Dieu seul, qui se sert des plus misérables ins-
truments pour opérer les plus grande'^ choses;
une des preuves qu'il en donna, c'est qu'il ne
voulut pas accepter le titre d'Abbé, il le lit
décerner à son frère.
Quant à la direction de ces monastères, elle
leur était commune. La rè«lo qu'ils y établirent
était tirée des observances de Lérins et àés Ins-
titutions de Cassien ; ils y introduisirent quel-
ques usa;;es empruntés aux moines orientaux, à
la règle de saint Basile et à celle de saint Pacôme,
en les accommodant au climat du Jura, et au tem-
pérament des l^aulois. Les moines de Condat
cultivaient la terre; la viande leur était interdite,
mais ils man::eaient des œufs et du laitage. Cette
règle fut observée dans toute sa pureté et son
exactitude, grâce à la vigilance des saints fon-
dateurs. Ils visitaient fréquemment, et chacun
à leur tour, les monastères; ils y entretenaient
la ferveur par leurs instructions, leurs encoura-
gements, et surtout par leurs exemples.
Romain brillait par l'éclat d'une suave charité.
En le voyant au milieu de ses fils, on aurait cm
apercevoir le disciple bien-aiiné, disant : « Mes
petits enfants, aimez-vous les uns les antres. >.
lu des plus anciens religieux de Con<lat lui
reprocha aigrement un jour de recevoir trop
facilement ceux qui se présentaient pour être
moines : ■• Bientôt, ajoutait-il, nous n'aurons
plus de place pour coucher.
— Accueillons, mon cher lils, réponditle Saint,
toutes ces brebis que nous envoie le divin Pas-
teur ; ne refusons pas de les défendre contre
l'ennemi acharné à leur perte : mais, par noire
zèle, conduisons-les avec nous aux portes du
Paradis. »
Saint Homain n'était dur que pour lui-même,
et se possédait toujours dans une parfaite égalité
d'iime. Saint Lupicin, très austère, d'un caractère
ardent et impétueux, était sévère dans ses cor-
rections; mais ses efforts, bien qu'inspirés par
un zèle très pur, n'étaient pas toujours aussi
heureux.
Au cours d'une visite dans un des nouveaux
monastères, il entra dans la cuisine : on prépa-
rait différents ragoûts de poisson et de légumes;
le Saint fut indigné de cette prodigalité si con-
traire aux observances. " Est-ce là, s'écria-t-il,
la tempérance qui convient à des moines '? Et
peuvent-ils perdre à de telles inutilités un temps
qu'ils devraient consacrer à l'oftice et au service
divin '? » Saisissant alors une grande chaudière,
il y jeta pêle-mêle ces divers préparatifs, lit bouil-
lir le tout et imposa comme pénitenceaux religieux
de manger ce mets inqualifiable et absolument
insipide. Douie d'entre eux s'y refusèrent en
murmurant, et comme leur imnérieur persistait
a les y contraindre, ils prirent le parti de quitter
le monasière.
• »r, saint Domain avait appris par une révéla-
tion ce qui s'était pas*è. Il en conçut une profonde
désolation. Des que Lupicin fut de retour à Lau-
conne. il lui adressa des reproches sur son exces-
sive rigueur; •• Eh quoi '. mon frère, lui dit-il.
c'est pour un ragoût que vous avez sacrilié l'àme
de ces douze lils I que vont-ils devenir au milieu
des vanités el des plaisirs du siècle '.' • Il se mit
alors en prières, et par ses supplications, ses
larmes et ses pénitences, il obtint de la divine
miséricorde le retour des fugitifs. Ceux-ci. pl.-ins
Je repentii de leur lâcheté et de leur désobéis-
sance, reprirent avec le plus grand zèle la
pratique de la règle, et devinrent d'excellents
religieux ; iU construisirent nièuie chacun un
monastère dont ils furent les supérieurs.
LES LÉPREIX Gl'tHIS
Mais, voici jusqu'où peut aller l'héroïsme de la
charité fraternelle. Saint Romain allait visiter
un nouveau monastère fondé (irès de Genève ^1 >;
il fut attardé et se trouva surpris par la nuit aux
environs de cette ville.
Aucun abri, si ce n'est une maladrcrie qui
renferme neuf lépreux. Il y entre sans hésiter,
heureux de pouvoir témoigner de l'affection à
ces êtres infortunés que la société a bannis <ie
son sein. Kien loin de manifester de la répugnance
à la vue de? horribles plaies qui rongent leurs
corps, il les aborde d'un air souriant et leur parle
avec la plus grande bonté; bien plus, il leur lave
les pieds et mange en leur compagnie. Ensuite,
il demande que l'on dresse un lit commun où
tous passeront la nuit.
Quand il les voit endormis, il se met en
prière comme dans la chapelle de son monastère,
et commence à chanter les saintes hymnes. Puis,
par une inspiialion céleste, il s'approche de l'un
des lépreux et lui ti>uçhe le coté. Le lépreux est
guéri a l'instant; un second est semblablement
touché et spinblahlement guéri.
Tous deux alors de réveiller leiu's compagnons
pour qu'ils sollicitent de leur visiteur la faveur
ditnt ils viennent d'être l'obiel. Mais voici, 6 pro-'
diue surprenant! que, semblable ù un lluide mys-
térieux, la vertu du thuuiiiatur:.'e leur est com-
muniquée; le seul attouchement par lequel ils
s'avertissent a une semblable puissance : ils .se
délivrent ainsi l'un l'autre de leur alîreuse maladie,
et (|uand ils se lèvent, ils constatent (|uela lèpre
a entièrement disparu. Ils poussent alors des cris
de joie et de rei-onnaissance; mais, déjà, l'humi-
lité du .Saint s'était dérobée à leurs actions de
L'ràces. Il avait pris la direction d'Auaune, où il
voulait prier sur le tombeau de saint Maurice.
Lorsque, au retour de son pèlerinage, il repassa
par lienève où la nouvelle du prodige s'était
répandue, le rlerg-'', les magistrats, tous les habi-
tants se portèrent à sa rencontre, et lui llrent
une ovation enthousiaste.
LE MOINE PR^RE — L4 S<XUa DE ROMAIN
IMITE SK< KItKHM
('•■pendant, rhumililé profonde du saint Ahbé
■ !il refusée jusqu'alors aux honneurs du sacer-
. dont il s estimait trop inilit'ne. Mais llieii
voulait que cette auréole brillAt sur le front de
^i>n serviteur. Saint liilaire, évéque d'Arles, étant
— par Itesançoii, entendit parler de ses
, .'.s vertus; il le lit mander par ses clercs, et,
.1 la suite d'une loni;ue convep<ation, il lui dit :
■ Père, l'aulnrité du sacerdoce vous manr|ue
1 acconi[ilir tout le bien (jue Dieu attend de
pr- parci-viius donc à recevoir le^ -aiiits
ironie, je »■ . ' '
.•■UI dut ^
' ■' "'«i^ 1 «IIIO- •• ttt . Il Ittuit
■II» environ.
I 1- ne moditia d'nurane
:■ et d'nii«térit<- ; elle ne
Miour pour le Dieu dont
lient. Klle donna auui
Im III
mi nouvel accroissement à sa charité envers ses
Frères; il gardait \is-a-vis d'eux la même sim-
plicité, la même familiarité, une bonté toute
paternelle; de leur coté, l'amour et la conliance
redoublèrent envers celui qui devenait encore
plus véritablement le Père de leurs âmes.
Plusieurs de ses disciples devinrent très saints
et tirent eux-mêmes des miracles; le pouvoir de
chasser les démons fut spécialement accordé au
diacre Sahiiiien : ce courageux lévite avait con-
quis cette puissance sur les démons, en triom-
phant avec une persévérance héroïque des
plus épouvantables tentations et des obsessions
de l'ennemi infernal, qui alla jusqu'à le souflleter
rudement.
Le sacerdoce donnait à l'apostolat monastique
de saint Itomain une fécondité nouvelle. De tous
côtés, dans les Vosges et jusque dans r.Mlemaunc,
on réclamait sa présence pour de nouvelles
fondations.
Il accéda en même temps au dësir de sa su-ur
qui voulait aussi terminer ses jours dans la
la pe
elle
iidtit pour elle et pour les femmes qui voudraient
la suivre, le monastère de la Kaume : on l'appe-
lait ainsi parce qu'il éUiit situé sur une caverne
c'est la signification du mot balme en langue
celtii)ue'.
Cette communauté fut visiblement bénie de
Dieu: •• Klle devint si nombreuse, dit un historien,
qu'à la mort de saint Komain, on y comptait
cinq cents religieuses. Elles ;:ardaient une clôture
si exacte qu'elles ne sortaient du monastère
que pour être portées en terre. Quoique plu-
sieurs d'entre elles eussent leurs frères ou même
leur^ lils dans le monastère de l^iuconne, qui en
était si proche, elles ne leur parlaient jamais,
les uns et les autres se regardaul déjà comme
n'étant plus de ce monde. »
HOHAl.N APPREND UC'lL VA MOURIR
ADIEUX A SES DISCIPLES
Hoiiiaiii apprit enfin par révélation que ^ou
pèlerinage terrestre allait liiiir. Itientôt, une dou-
loureuse maladie vint achever de purilier son
i\me dans le creuset de la soulTrance. Il la sup-
porta avec une parfaite conformité à la volonté
de Dieu.
Par un sentiment de charité, il envoya préve-
nir sa sii-iir qui était abbcsse, et lui Ut de saints
et touchants adieux.
Il voulut ensuite réunir une dernière ftis tous
les Frères, qu'il l'inbrassa et bénit avec tendresse.
Il embras>a également son frère Lupicin en lui
recoinmandaiit iii>lamment de gouverner -es
chers monastères avec un amour tout paternel.
Ainsi mourut ce Ai'r<« liu ('hri*l , comme
l'appelle son historien. C'était le 2N t-vrier WO.
L'abbaye de Condat a subsisté jusqu'à la Hévo-
lutioii. portant tour a tour le» nonis de saint
Kuk'eiiil ou suint Ovand et de saint Claude, deux
il- ■■ ' ' ' lièrent.
I (ut enseveli au
iidiité y multipliant
vaste église sur son
lin 'Il 1 > i* 1 '■ iif iii è<<iiiiii' .-.i '
!••« miracles, on éleva une
tombeau.
Kn i'yii. le miiiiasti-re de la llaumr fut détruit
par un violent iiiceiiilo'
• leuse» relii|ui-s fut
Il iiiiiiii- llii les a ti
sur 1
1, ■ t .JI11 pi •
Ir li'
•tll fil
r
Mil!
.1.
lit lie i alKirii
de Saint Itomain
pays «oiiins 1rs
Inipr -jtriini, i,. (■iTimtsm, n, r'i<- friU'i'H !• r.iri"
SAINT DOSITHÉE.
Fête le 29 février.
I.A SAU<Tt VIEROK RXPLIQUR A SAI5T OOSITHÉB ".A StOXiriCATIOIf D'uB TABLEAL' REPRÉSIiSTA!»! LES PEIKES DE L EKrEK
Il y a dans la physionomie de chaque saint
un trait caractéristique qui la recommande à
l'attention. C'est ce trait qu'il importe de faire
reesorliret de proposer à l'imitation des lecteurs.
DesainteThérése, on loue l'amourardent; de saint
François de Sales, la douceur; de saint Vincent
•le Paul, la charité. Chei saint Dosithée, nous
^it'nalerons le renoncement et l'abnégatioa
I ninpiète de la volonté.
Le lieu et le temps de sa naissance sont
inconnu». On sait seulement qu'il fut élevé par
un officier de la cour irop'-riale qui, bien qu'il
r.iimàt rnmiiio un fil«. ii'' lui ilnnna qu'une
éducation mondaine. Malgré les plus heureuses
dispositions, le jeune homme courait donc le
danger de faire fausse route, lorsqu'une circons-
tance toute providentielle vint lui montrer sa
voie.
Tandis qu'il parcourait la Palestine, il vit, à
riethsémani.untableaureprésentant les supplici-s
des damnés. Cet objet frappa son esprit d'éton-
ncmint. Il le contemplait avec une curiosité'
mi''lce de terreur, lorsque, tout à coup, uiif>
daine d'une majesté et d'une beauté extraorili-
naires apparut à ses côtés et lui expliqua le
sperLirlp qu'il av.iit =nus les yr>ut.
66
Celte terrible menace des peines de l'enfer !
qu'il entrevoyait pour la première fois, Timpres-
sionna vivement. Réiléchissant à la vanité de sa
vie passée, il (.raignit qu'un pareil sort ne lui
fût réservé. « Que faut-il donc, deminda-l-il, pour
éviter un si grand malheur? — Il faut, répondit
l'inconnue, que vous vous absteniei de maniier
de la chair et que vous vous adonniei à la
prière. » Et, disant ces mots, elle disparut à ses
yeux.
Docile à la voix de cette mystérieuse conseil-
lère, Dosithée chani;e tout à coup de conduite.
Ses compasnons s'en aperçoivent et, comme en
plaisantant, lui conseillent de se retirer dans un
cloître. Le jeune homme ignorait ce qu'il fallait
entendre par ce mot. Lorsqu'on le lui eût
expliqué, il n'hésita pas.
La plaisanterie de ses amis avait été pour lui
un avertissement du ciel, car, le même jour, il
frappait à la porte du monastère de saint Séride,
lun des plus Qorissants de la Palestine.
Le vénérable abbé, en voyant un jeune homme
très bien fait, élevé délicatement et revêtu
dun habit militaire fort riche, craignit tout
d'abord que sa résolution ne fût l'effet d'une
ferveur passagère. Aussi, voulant l'examiner plus
à loisir, il le conrta à la direction toute spéciale
d'un de ses religieux, saint Dorothée.
Celui-ci cul bien vile apprécié Icjeunenéophyte.
Compreiiaulqu'il n'était point enétatd'embrasser
toutes les austérités de la règle, il s'appliqua
surtout à lui inspirer le sacrince entier de sa
volonté.
Il le forma à l'abstinence par degrés. Le jeune
homme consomma tout d'abord un pain et demi.
Peu de jours après, sur l'ordre de son maître, il
en retrancha une partie, et, comme on lui
demandait s'il s'était trouvé |rassasié : « Non,
pas entièrement, répondit-il, mais j'ai été pour-
tant bien. •• Plus tard, en augmcnUnl progressi-
vement la rigueur de ses mortifications, il arriva
à ne manger que six onces de pain par jour et
quelques restes de poisson.
Sou caractère doux le rendant plus que tout
autre propre au service des malades, on le
-chargea de l'infirmerie. H s'acquitta de son
emploi avec une propreté et une charité qui
édifiaient tous les religieux confiés à ses soins. Si,
parfois, par une faiblesse naturelle a l'homme,
il lui échappait quelque parole un peu rude, il
rn concevait une cxlr-'-me douleur et se retirait
dan* »a cellule où, prosterné la face eontoe
terre, il déplorait sa fragilité.
Dans ce* moment», seul, Dorothée pouniit
sécher ses larmes.
,. OiiVivez-vous donc, Dosithée, lui demandait-il.
pou-
irei-TOU» ainsi ?
•ii-i-mni, mon Père, lui répondait
disriple, je me «uis laissé aller à
: e mon fri-re et je lai ni parlé avec
aloi
lar
impatience.
— Hé quoi mon frère, ne »«Tci-vnnt pa*
que ceux que • n^ «crrex «ont les ni
Jésu*-Chri»t et qui 'est lui-même que V
en leur per»onne T Pourquoi donc le faitet-voni li
mal".' Voulez-vous aflli^ier le divin Sauveur qui
prend pour lui tout ce que l'on fait à ses servi-
teurs? »
Noire Saint ne répondait à celle douce correc-
tion que par ses soupirs et ses larmes. Touché
de compussion en face de ce repentir sincère,
Dorothée quittait alors le ton du maître pour
prendre celui du père :
« Levez-vous donc et prenez courai'e. A l'avenir,
t&chez de faire mieux et de ne plus tomber dans
de semblables fautes. J'espère que Dieu, par sa
miséricorde, vous en fera la grâce. »
Ainsi pardonné et réconforté, Dosithée se
levait aussitôt et courait à son travail avec autant
de tranquillité d'esprit que si Dieu lui-même
l'eût assuré de son pardon.
Que d'âmes trop scrupuleuses trouveraient
vite une paix qu'elles désespèrent d'atteindre,
si, imitant notre Saint, elles accueillaient avec sa
foi naive et sa confiance toute filiale les avis d'un
sa^;e directeur.
Saint Dorothée, avons-nous dit, n'imposait
point a son disciple de rudes pénitences corpo-
relles; mais, en revanche, il se plaisait à assouplir
encore davantage son caractère déjà si docile.
Pour cela, il le reprenait continucllemeut ; il
l'humiliait en toutes rencontres et, pour peu
qu'il pût reconnaître en lui quelque attache à
la moindre chose, il l'obligeait à y renoncer.
Dosithée acceptait toutes ces épreuves avec
soumission, bien plus, avec joie.
Un jour que Dorothée visitait la salle de l'in-
firmerie pour voir si tout était en bon ordre, il
lui dit:
M Ne trouvez-vous pas, mon Père, que je fais
les lits des malades avec adresse et propreté?
— Il est vrai, mon frère, répliqua celui-ci,
que vous êtes devenu bon infirmier; mais je ne
Tois pas que vous soyez devenu bon religieux. »
Lorsque notre Saint avait besoin d'une robe,
son maître lui donnait l'étoffe pour la coudre.
Mais, quand il l'avait faite, au lieu de la lui laisser
porter, il lui commandait de la donner & un de
ses frères, et d'en faire une autre pour lui. Et le
saint disciple reprenait tout joyeux sa besogne.
Le procureur du monastère lui ayant une fois
remis un couteau fort bon et fort propre |>our le
service de l'infirmerie, D >iianda â «ou
directeur la peruiis>ion ti r. " Il est 1res
bon, ajoula-l-il, cl me ser^iia lnon pour l'u^n.-'
que j'en veux faire. » A ces mots, saint Doroili >•
crut que ce cadeau lui était agréable et, voulant
arracher de son cœur jusqu'à la moindrij itlache,
il lui répliqua :
« C'est donc ainsi qne vous mettez votre «atis-
faction dam la possession de vaine» bagatelleii.
Voulez-vous être esclave d'un rouleau ou «erviteur
de Dieu? Tavet-Tou» point de honte, 6 Dosithée,
.le faire d'un routf an le mahre de votre c«rurT »
L'humble disciple li.ii««a le< yeux et l^'inoigna
par »on silence (ju'il
" Maintenant, aj<u.
.itcau arec le* aulrct et picnci ^j^rdu d'y
••r. »
Il obéit sur-le-champ, et vil ses frérsa »'ea
servir sans en concevoir la moindre aigreur, ni
le moindre dépit.
A mesurequele jeune novice gagnait en perfec-
tion, les épreuves srandissaientsur sa route sans
que jamais la sénérité de son âme en fût troublée.
On lui avait permis de lire les saintes Écritures,
et, comme il le faisait avec un cœur pur, il com-
mençait à en comprendre le sens caché. Si par-
fois il rencontrait quelque difQculté, il courait
aussitôt en demander l'explication à son père
spirituel. Celui-ci, dans le but d'éprouver son
humilité, le recevait alors avec rudesse, refusant
de satisfaire à sa demande.
Un jour, au lieu de lui répondre, il le renvoya
àsaint Séride. L'abbé, prévenu d'avance, regarda
le disciple d'un œil sévère :
« Il vous appartient bien, dit-il, ignorant que
vous êtes, de parler de choses si relevées. Songez
plutôt à vos péchés et à la vie toute mondaine
que vous avez menée dans le siècle. »
Il ajouta dautes paroles également blessantes
et le congédia en lui donnant deux soufflets.
Dosithée souffrit cette humiliante correction
avec la douceur d'un ange, et retourna tran-
quMemeut à ses occupations.
Une abnégation aussi parfaite ne resta pas
longtemps sans récompense. Au bout de cinq
ans. Dieu jugea bon de rappeler à lui son docile
serviteur. La maladie qui le conduisit au tom-
beau fut un atîaiblissement de poitrine, accom-
pagné d'un crachement de sang continuel. Au
milieu des souffrances les plus aiguës, notre
Saint conserva toujours le même renoncement à
sa volonté.
.Vyant entendu dire que les œufs frais pou-
vaient contribuer à arrêter le sang qu'il perdait
pn abondance, il désirait faire usaaede ce remède.
Toutefoi«, comme ce désir lui revenait trop sovi-
vent à l'esprit, il le con-^idéra comme coupable
et ne voulut point le satisfaire.
« Mon Père, disait-il à Dorothée, à qui il ne
savait rien cacher de ce qui se passait dans son
âme, on m'a parlé d'un rem>'de qu'on croit pou-
voir ra'être saluLiire. J'aurais envie de vous le
proposer, mais je vous conjure de ne point me
le donner parce gu'il me préoccupe trop.
— Dites-moi donc qu^l est ce remède ?
— C'e't de prendre des œufs frais. Mais, je
vous en supplie, au nom de Dieu, n'ayei pimt
é.;ard à celle demande parce que je ne veux rien
recevoir que ce que vous m'auret présenté de
votre propre mouveoient.
— Bien, dit saint Dorothée, je le ferai ainsi, ne
vous troublez pas. »
Cependant, le mal ne cessait d%mpirer. En
proie à de cruelles douleurs, le jeune religieux
n'ouvrait la bouche que pour la prière.
« .Mon Seigneur Jésus-Christ, mon Dieu, répé-
tait-il sans cesse avec une dévotion tendre et
affectueuse, ayez pitié de moi. Fils de Dieu, venez
à mon secours. »
Saint Barnasuphe, un des plus éminents reli-
gieux dumonastère, étant venu le visiter, Dosithée,
déjà agonisant, dit en l'apercevant :
« Mon Père, ordonnez-moi de mourir, parce
que je n'en puis plus.
— Ayez encore un peu de patience, mon fils,
lui répliqua le vieillard, car le moment de la
miséricorde divine approche. »
En effet, peu de jours après, comme le malade
lui disait doucement :
« Mon Père, je ne puis plus vivre, » le saint
religieux lui répondit :
« Allez donc maintenant en paix, mon cher
Ils, vous présenter auprès du trône de la Sainte
Trinité. »
<' Alors, dit la vie des Pères du désert, ce bien-
heureux enfant de l'obéissance s'endormit du
sommeil des justes dans le sein de cette belle
vertu, qui avait été comme sa mère nourricière
dans la perfection... »
Les religieux présents furent étonnés de l'assu-
rance que saint Barnasuphe avait du salut de
leur frère. Quelques-uns en conçurent même un
léger dépit, «car, disaient-ils, comment Dosithée
a-t-il mérité des paroles aussi consolantes ? Où
sont les grandes œuvres qu'il a faites"? »
Dieu ne tarda pas à manifester l'injustice de
leur plainte. Un solitaire, d'une vertu éminente,
passant dans le monastère, vit en songe les reli-
gieux de la maison que Dieu avait rappelés à
lui. Au milieu des vieillards qui composaient
cette céleste assemblée, il distingua un jeune
novice, dont les traits restèrent gravés dans sa
mémoire.
Il en parla avec étonnement, et, sur le portrait
qu'il en fit, il fut impossible de douter que ce ne
fiât saint Dosithée.
Dès lors, les religieux comprirent que l'abné-
gation et le renoncement sont plus méritoires
que le.s mortiflcations extérieures, car, s'il est
difficile à l'esprit de dompter la chair, et les
passions qui naissent de la chair, il lui est plus
difficile encore de se dompter soi-même.
SAINT OSAVALD
FHi; le 29 février.
Un nom à la mode e>l assurément celui
d'Oswald.
Mais un nom de Saint ne doit pas être porli'
comme un olijct à la mode, pour plaire au
monde, il doit i)tre porté pour attirer la protec-
tion du Saint sur TeuTant baptisé, pour exciter
ce dernier à imiter ses vertus.
Saint 0>wald a sa fête le 29 février comme
saint Dnsithée, et nous offrons ici son exemple
particulii-Toment à ceux qui s'appellent comme
lui, plus nombreux que les patronnés de saint
Dosithée.
Le premier bon exemple qu'il donna fat de se
faire moine.
C'était le neveu de saint Odon, archevêque do
Canlorbéry, et ce pn'lat, après l'avoir élevé prés
de r.iutel, et dans l'amour des choses de Dieu,
l'avait pourvu, jeune encore, d'une charfçe dont
son mérite le rendait digne: il l'avait fait doyen
du Chapitre de Winchester.
Au lieu de se laisser éblouir par une dignit'''
que les plus anciens auraient pu ambitionner,
il s'appliqua i en accomplir les devoirs, avec une
scrupuleuse exactitude, et avec une prudenre
au-dessus de son àue.
Mais, au milieu des honneurs, il se sentit attiré
par les saints désirs de la solitude, et il résolut
de se faire moine hors de son pays, sur la terre
bénie de France où tant de saints anglais sont
venus rliercher la bienheureuse auréole.
Il al)andnnna donc son riche bénéfice, et vint
sur les bords de la Loire, à la célèbre abbaye de
Fleury, où repose le corps du (;rand saint Benoit
et que nous connaissons sous le nom de Benolt-
sur-Loire. Klle était alors dans toute la ferveur
.de sa fondation, ferveur qui se renouvelle aujour-
d'hui par les Bénédictins réformés de la Pierre-
qui-vire.
Saint Oswald, heureux de trouver un asile où
ré;mait si complètement la paix du Scit'neur, se
livra, avec toute l'ardeur dont son Ame était
capable, aux mortiflrations et aux lonf,'ues orai-
sons, on sorte que sa vertu et ses désir» de se
cacher, le rendirent plus illu>tre que n'avait fait
la dignité de doyen de Winchester. 1,'K^lisc
d'AuLleicrre le réclama et il dut, pour obéir,
re\«-nii, non pas comme doyen de Chapitre,
mai» i-omme évéque; il avait été désigné, malgré
•«jeunesse, pour le sié;;e de Worrestcr.
A peini' installé, Oswald pensa que le plu»
ifnp ir d'un évéque était de propager
la % MM', par laquelle se conserve le
t^\^• nue et se forment de
nonii • 11. la don<- un couvent
d'hommes « Wfi»llM>ir j, ficelle sainte maison réa-
lisa si heureusement les espérances de l'évêque,
que le puissant duc d'Ayhvine, aldermann, ou
premier homme du royaume, témoin du bien
qui s'y accomplissait, voulut charger Oswald de
fonder le vaste monastère de llamsey à qui des
terres étaient concédées dans le comté de Hun-
tington. Oswald s'acquitta de sa mission avec
tant de zèle, qu'en deux ans il eut mené à bien
celte importante fondation. Au bout de ce temps,
le couvent était peuplé de fervents religieux, et,
en une célèbre consécration, il plaça le monas-
tère sous l'invocation de tous les saints.
Ces grands travaux étendirent encore la répu-
tation d'Oswald.
l/archevéché d'York étant devenu vacant, il y
fut appelé, mais ses diocésains de Worcesler ne
voulaient point qu'on le leur enlevât et lui-même
ne voulait point rompre le lien .qui l'attachait
irrévocablement à cette église; pour trancher
celte difficulté, on le 01 à la fois archevêque
d'York cl de Worcesler, et il gouverna ces deux
églises, suffisant à tous les besoin» de deux
troupeaux qui suivaient sa houlette.
Mais les dignités extraordinaires qui le pour-
suivaient ne pouvaient éteindre en lui l'amour
du cloitrc ; et les rares moments que lui laissaient
ses travaux, il aimait k les passer dans un cou-
vent de Bénédictins qu'ilavait fondé à Worcesler
sur le modèle de celui de Benolt-sur-Loire. 1^,
confondu avec les moines, il se livrait à tous le»
exercices «le la vie cénobiliquc, comme les der-
niers d'entre eux, et il en sortait plus préparé
à diriger les autres.
Tout ce que vom aurei fait aux p/us jiftiU d'-.ntre
Ut homme», c'est à moi-mfme que voua l'aurez fait,
a dit le divin Maître. Fidèle à cette parole, le
Bienheureux avait toujours doute pauvres à sa
table. Après leur avoir lavé les pieds qu'il bai-
sait avec humilité, il les servait lui-même avec
une touchanto prévenance.
Cette existence si active et si sainte en même
temps dura trente-trois an«, comme la vie du
Sauvpiir Jésus, que saint Oswald avait toujours
'! yeux. Au bout de ce temps, il fut
jn de recevoir le prix de se» labeurs.
Il était dans son monastère île Worcesler lors-
qu'il fut attaqué de la maladie qui le conduisit
au tombeau. Ûé» la première atteinte du mal, il
i-omprit que son heure était proche et demanda
le suint Viatique. Il le recul, entouré de ses reli-
gieux, et, tandis cju'il rêpétail. » : Oloire au Père,
.111 Fils et au Sainl-Ksprit, » il s'endormit paiii-
lleinenl dans le Seigneur. Préparons-notti une
piii •rmblable.
K l'iitit»«.sm. \unt.-g*Tait{.», ru» Kr»ni;on I", P«n«
SAINT AUBIN, ÉATQUE D'ANGEllS
FHe h 1" mars.
Saint Aubin guérit un aveugle et délivre un possédé du démon.
Saint Aubin naquit au diocèse de Vannes, en
Hretaffne, l'an du Seigneur 470.
Fliches des biens de ce monde, ses parents
relaient plus encore des vertus chrétiennes, et
ce fut là, sans doute, ce oui leur valut du Sei-
gneur la (/race incomparable de donner le jour à
un saint.
PnRMli^RBS ANNEES d'aUBIN
Aubin fil de bonne heure présager la haute
lintfti' ,i laquelle il s'élèverait un jour. F'révenu
I" Il i-r:,,-o, il devina en quelque Forte, plutôt
ppril, celle scienc divine qui fait les
.!•■ Il LT
luil n'.!
-linli
Kfi pfTpt, dans un ftpe où ■l'nrdinîiir'' les enfant-
n'ont point encore conscience de ce qui est bien
ou mal, et où ils ne cessent d'imporluner leurs
parents de leurs désirs puérils, le jeune Aubin
Tf-nonçait déjà aux récréations et aux jeux de
l'enfance et s'appliquait à mortifier son petit
corps, au point de lui refuser môme le nécessaire.
Dieu s'était déjà révélé à celle jeune ànie, lui
avait fait entrevoir sa beauté incomparable, et,
d>''S lors, elle ne voulait nlus d'autre bien.
Aussi, peut-on dire qu Aubin ne connut point
l'enfance, ses légèretés et ses défauts. Dés ((u'il
fut en état de faire ses premiers pas et qu'il put
joindre se» petites mains, ce fut pour courir à
liieu el prier. Son plus uraiid bonheur était de
•-e retirer dans un endroit écart''', où, loin des
iiL-vinN iinpnrluii'!. il p'mviil ■-•> rrcui-illir .i son
':63
aise,et si les autres pnfant'^de son ;^ ire se moquaient
de ses soiits, Aul'in, tout houreux d'avoir euduré
quelqui- chosf pour Uieu, les reiii' iviaii, oomme
s'il en eût reçu les éloges les plu> llalteurs.
AUniN ENTRE DANS UN MONASTÈBB
De tel< débuts indiquaient asseï qu'Aubin
n'i't;iit p"iiit fait pour le monde. Latirait irrésis-
tible '|iii l'avait toujours porté vers Dieu l'avait
complètement rendu iiulilTiTi'nt aux richesses
et aux honneurs que sa naissance le mellail en
droil d'espérer: mais, non content de les mépri-
ser, il voulut encori> y renoncer eiitiorem>-nt.
Malgré le Hé>-espiir de «es parent«, il se rendit
au mona^le • de Ciucillai-, pre* de Nantes, et «"y
consacra .lU Sei^m ur. Là, cependant, la nnlde'-e
de sa raee pouvait encore lui ■susciter des dan-
cers en le laissant bi'néficier de quel'jues pnvi-
le;:es, mais sa grande sagesse sut bien les lui
faire é»iter.
Se r'L-ardant comme le dernier de ton», il
rechonliait avec une sainte avidité les occ;i-ions
de s'humilier, s'attachait aux Tonctions les plus
pénibles et les plus nies. Enfin, ses veilles, ses
jeunes, ses oraisons r'Ievtrejit bientôt à un
état si sublime de perfection ou'il dépassait de
1" 1 -oup les plus anciens et i« plus fervents
! ' ' -M-UJ.
«'Il remarquait t- -•--
pravité et le profnn
sans cesse enfermé,
pour Dieu; dans le lu n;
tout 1-e qui l'entounni ■
il savait conserver au
un sanctuaire ferme, t .
ses enlrctictig avcciésM-Cbnsi.
DIEU FjkiT icLAm La luxKtml •*m;hin
Dieu, cependant, va#Ht ■>»ife«<pr aux yems
de tous combien ce jeune nocioe lui était
..I ible. In jour Mil était sorti par l'ordre 4e
déchaW toMl à com|> wmK vMtat»
né* 4'tae |4aie si abMidante,
durent *e réfu:;ier
. 1.-
inli«
■ la
i 1'
il«<et
.......
'•n'
' III
, _- - .
■-
II
(••nipéte 'I " ■
qu'.\u!iili
dans un< i....,- .
sur leur pas-are.
Ol 1,1, 1,1, ,1 .', r.,Ml
rh<r, |iai
embrasai!
puui l'oiticui
-, l
. V sf
- ii.ni-
: demeura
iiit le tou-
de la foi qui
SAI?<T AUBIN ARB^ DE SON MONASTiRB
Les relisieux de Cincillac, pleins d'admiration
. ... . . ,.^.. 1 .1,,.^, ,.1 ,,.. ■MMen'^t pour abbé;
. ïii-? I n f vî n'_'t-
[-tlM^
La ville d'.Xnu'ers vint à perdre son pasteur; le
cleri-'é et le peupl'--, par une inspiration du ciel,
demandèrent iinaiiiiuement pour évéq je le véné-
rable .iubin, dont il? avaient entendu iouer les
vertus.
L'effroi du saint abbé fut srand à cette nou-
velle; longtemps il opposa aux plus pressantes
sollicitations son inexpérience des choses du
inonde et son incapacité; entin, voyant que telle
était la volonté de Dieu, il s'y soumit.
Dès ce moment, il se donna tout entier au bien
du troupeau qui lui était coniié. Non content de
rompre à ses lidéles le pain de la divine parole
les dimanches et les jours de fêles, il voulut
prêcher tous les jours, taMMrt viuieque
rime n'a pas OMmsteMiB d'> >n quo-
tidienne <jn'' ' •- ^' 1 1 liu. • .■iilinaire.
Oo put tii«-i. lits de salut opé-
rés par Aiil>i;. . .» ..». „.<,„_ is fut en quelque
toaipa IsaBrionnée.
ABMKABUt: CHAKirri WB SA ITT l'vÉOCE
Mais si la sollicitude da sai
grande vis-à-vis de l'Ame A
ardente charité vou'
leur corps. CnmiBe i.:.
sait Mis souffrances 1 1 aux |
fimfêt. n n'était fMtint de mi
aiwilagrir. gininl ' ' i qu
âtt«m,ÀmmMD r.
tasp
plu* rien «« ^ >
doulw ^«i n<
wejfcnt uAanpl
vivert niwplf <jui — ..;
dait â Itiea d'accomplir ce qu
tai-même.
ni évéque était si
■ ses lidèles, son
les soula;;er dans
;idre, il compatis-.
• mes de tout son
ère qu'il ne vouliU
il ue voulût adou-
rs. pour soulaaer
euves. il donnait
' ' 'm restait
•■ d'une
... par des
.:ait n la foi
le, et deraan-
li oe pouvait faire
kEs PAR Le sAi.vr
OianseaelaiMaj
de
ais vaiii(n>e «n uénérosité :
r se livrait aux arileur»
ylai>ait il à niultiplier les
anise.
Aahtn seMMait Aooé d'une puissance illimitée ;
la %-ie c* la mort ni ' ' à un mol de sa
kondie.
RI.
Il
I ■
pi»d»
ai donnoieul fa
ni. !■
le et
lU U-. t.i<««>'j«ira lin: cette
1 ■ . ■
les uiiieba iitetilùl k me haute perfeclion.
sAtrr ACB» ♦">
p'tur
la Tie«(4t(>
n ordonne ensuite aux assistants de se mettre
en [irières, et lui-m<^nie, se pirosteruaiit auprès
du cadavre, y redite fort longtemps eu oraison.
Tout à coup, an «ri d'admirutiou et de joie
s'échappe de toutes lef- poitrines.
La froide pâkur <iu cadavre a disparu, unirose
tendre colore de nouveau se? traits, eiiliii il se
lève plein de vit, «t le Saint se retire en toute
hâte, pour se soustraire aux bénédictions et aux
horamases qui auraient pu Llesser la délicatesse
de son humiliU'.
Une autre fois, en l'absence de saint Aubin, un
jeune honxne qu'il aimait vint à mourir. Comme
on ne roulait y>oml donner auoorps la sépultiu*,
avsTil qu'il B'ei'it reçu la tiéuédicUon de l'évôqae,
rm atkndit son retour.
Voyant cependant qu'il tardait à Tenir, on
résolut di; ci'léhrer les oiiséques sans lui; mais,
lorsqu'on voulut emporter le corps, il se ti^ouva
si lourd qu'il lut impossible de le soulever.
11 resta ain^j jusqu'au moment où le Saint,
étant enfin arrivé, lui eût donné sa bénédiction,
après quoi, il se laissa emporter fort aisément.
GUERISOK MRACCLEDSE
l'ne femme de la ville d'Anper» était percluse
du hras droit; pleine de confiance en la sainteté
du vénérable évi'-qui', elle va le trouver, eit lui
demnnde, au noni de la charité, :1a ^uéri^oD de
son iiilirmilé.
Aubin, à ce nom de charité, fart uut^sittM Je
si^'ne de la Croix sur le bras malade, el, incon-
tinent, une douce chaleur commence à se répandre
dans la partie insensible. Il n'en fait pas davan-
tatie, et dit seulement à la malade de prier avec
conliance et de revenir le lendemain.
Le jour suivant, cette pauvre iulirme se pré-
sente, en effet; le Saint trace un nouveau sittne
de Croix, et le sans commence à circuler dans
les veines jusqu'alors desséchées. Enfin, le troi-
sième jour, après une nouvelle application du
signe de la Croix, celte femme recouvre l'usage
complet de son bras et peut, tout heureuse,
tracer elle-même sur son corps ci- si;;ne sacré,
en témoi«nage de sa dévotion pour un remède
si efficace.
A l'aide du sij^e de la Croix, saint Aubin
rendit aussi la vue à trois aveugles etgafiskiiB
LTand nombre de paralytiques.
Dieu avait donné à Aubin un pouvoir tout par-
ticulier pour délivrer les prisonniers at nue
_rande puissance sur les démons.
I*lu«ieurs criminels, détenus dans une prison
l'Ant'er-, firent [irier le Saint de vouloir bien
Intervenir pi^ir eux auprès de leur jufe, afin
d'èire rendus à la liberté, lui promettant de
n'user de cette libiTté que pour faire pénitence
de leurs fautes pas>ée«.
Le bienheureux Aubin, plein de joie à la vue
des bons sentiments mil les animent, s'empresse
d'aller trouver le jut'e, et lui demande la «race
de ces prisonniers. Mai* ce juf.'e, homme dur et
il uM'- sévérité outrée, refuse de se rendre aux
d''-iis du Saint. Sans plus le solliciter, Aubin se
riinicnte de lui dire : •■ Kh bien! si votre cœur
est f.-rmé à la pili'', je m'adresserai au Seigneur,
-ùrdo le trouver moins inexorable que vous. »
Sur ce, il quitte le jiiL'e, cl, entrant dans une
'mi milii'u de la nuit
l'iiait ainsi le Sei-
-'■ !■ iiriirde, une grosse
r ■■ ! I -. de la muraille de
I l'j M' il, • i ■■.. .. , ,_■' aii\ '•nri,|.imn<'-.
Frappé* de ce prodiye.ces lioinmes ^-xirainels
qiuilteiit leur prison et se rendent ;'i»l'égli&c pour
rendre grâces au Seigneur d'avoir envoyé «cm
ange pour les délivrer.
Là, iU tjTouvent le saint évè(jufi, toujours en
prières^ ils reconnaissent alors leur vérilaUlo
sauveur, se jettent à ses pieds pour le reanercier
et lui prometleut de nvi'<e d^soruiais âu bou^
chrétiens.
Un jour, une m<!lbeureu»e, saisie j»ar Tesprjt
inalin, se présente devant le saint Pontife et eo
met à l'injurier en poussant des hurlemeJll^
affreux-
La présence de J'bonune de Dieu ex.cite encore
la rage du démon, il se porte dans un œil de
rinfortuBée Tictime, et cet œil de^vient en un
instant seraldable à um; grande vessie gondée
de san^'. Notre Bienbeureu-\, ému depilié et jJein
d'indignation à lu vue de ra^'kii'.ruejBtiut du tualde
contre cette femme, sadres^e û. cet esprit de
malice : " Esprit immonde, dit-il, qui t'a permis
de tourmenter ain-îi une créature de Dieu: au
nom de Jésus-Christ, je t'cirdanue de lois^iei' eu
paix cette servante du Seiuneur. »
A ces mots, accompagnés .du bigne de la C*<oix,
une grande quantité de «aag b'échajtpe de l'œil
de la posfédée, sans qu'asile en ressonUt aucjjujo
douleur, et le démon s'enfuit.
Il serait trop long de rapporter ici tous les
prodiges ojiérés par saint Aubin, et toujours nu
nom de cette charité immense qui remplissait
son cœur et ne lui permettait pas de voir oite
infortune sans la soulager.
S.\INT AUBIN ET LE ROI DES FRAMCS CBILDEBBRT
Ces éclatantes vertus de notre Saint, accom-
pagnées de tant de miracles, portèrent aisément
son nom dans toutes les parties du royaume.
Les princes voulurent entrer en rapport avec un
homme d'une si haute sainteté afin de profiter
de la sagesse de ses conseils.
Le roi de Paris, Childeberl, (lis aîné du «rand
Clovis, l'avait fait prier de venir à sa cour. Le
saint évêque, envisageant le bien qui pouvait
résulter des bonnes dispositions du roi, s'y ren-
dit avec emprcssemeiit, malgré une grave infir-
mité qui le faisait beaucoup souiïiir.
Dès que le roi apprit son arrivée, il voulut, par
respect, aller au-devant do lui. Il lit seller un
dbevaJ et partit en lout'^ hâte sans même s'infor-
mer par quelle voie venait le Saint.
Arrivé dans un endroit où trois routes s'ou-
vraient devant lui, il s'enga^'ea dans une direc-
tion qui n'était pas celle par où venait le saint
év«que.
Mais, après quelques pas, son cheval refuse
d'avancer comme si un mur se fût drossé devant
lui. (^hildcbert le frappe, l'animal n-ste Immobile;
Il clian:.'e de monture, mais en vain, il ne peut
aller plus loin. Cnraprenant alors l'avertissement
du ciel, il tourne bride, laisse aller son cheval
à son gré, et il ne tarde p.iint à reiiroiiln'r le
vénérable prélat.
SMNT ACBIN PROVOQUE LA KFIi'NIO.N d'u» CO.NCII.K
A OBLÉANS
Le saint évéque mit à profit le crédit que Pieu
lui avait ménaué auprès du prince franc, et
l'amena à convoquer tous les évéques do son
l'iyaume en concile, à Orléans, afin de rein.''li.'r
.111 X abus qui s'étaient «lissés chci le cl rt •• et
!■ s fidèles.
Le concile eut lieu; Aubin, par la sagesse de
ses conseils, y fit accepter plusieurs détermina-
tions importantes. On établit cntrr autres clioses :
que les juits. qui troublaient par leurs insultes
les solennités de la Semaine Sainte, devraient
rester enfermés chez eux depuis le JeuJi->aint
jusqu'au lundi de Pâques; que les prêtres d'une
vie peu édifiante seraient renfermés dans des
monastères ; enfin, que les mariages entre parents
seraient déclarés nuls et les contractants frappés
d'anathème. Ces décrets, sanctionnés ensuite par
le prince, comme lois de l'Etat, avaient une
grande importance pour la formation de la France
chrétienne, encore à son berceau.
FKRMBTK DE SAINT AUBIN, SON RESPECT POUR LES
OltSERVANCKS DE L'ÉGLISE
Le saint évéque se montra zélé observateur de
tous ces articles et particulièrement du dernier
qui soulevait le plus de difficultés. Sans avoir
epard à la qualité des iiersonnes ou aux danpcrs
qui pouvaient en résulter pour lui-mi'mc, il fil
observer avec une inilexible fermeté le décret du
concile.
Or, certains évêques, trop complaisants pour
un riche et puissant seifineur <|ui, ayant épousé
une de ses parentes, était, par le fait, tombe sous
le coup de l'excommunication, supplièrent le
saint evéquc de l'absoudre et de lui envoyer-
des eulo;;ies (objets bénits, que le»; évi'ques
envoyaient autrefois en signe d'union et de
bienveillance).
Le vénérable vieillard leur répondit: >< Vous
m'obli^'ez à souscrire à cette absolution, je suis
trop faible pour vous résister, mais Dieu est
assez puissant pour soutenir la cause dont vous
refusez de prendre la défense. »
Il envoya les eulof-'ies; mais, selon sa prédic-
tion, le coupable ne put les recevoir, car la mort
le surprit avant l'arrivée du messager qui les
portait.
REGRETS DU SAINT, SA MORT
Néanmoins, le Saint craignant de n'avoir point
assez résisté à la violence de ces évéques, fut
saisi d'une douleur très vive pour cette prétendue
faute. Il voulut aller consulter lui-même le saint
évêque d'Arles, C.ésaire, sur ce qu'il devait faire
pour expier sa faiblesse.
Mak'ré son grand dite, il entreprit, en effet, ce
long voyage et eut une entrevue avec le Saint.
On ne sait quel avis il en reiul ; mais, à son
retour, ses regrets, joints aux fatigues d'un
voyage de trois cents lieues, achevèrent de
l'épuiser, et il mourut an milieu de son cher
troupeau. Il était ùgé de quatre-vingts ans.
Son peuple coiiservp un pieux et immortel
souvenir de ses vertus.
Bientôt, les miracles se multiplièrent à son
tombeau, de nonibnuses églises s'élevèrent en
son honneur : quantité de liourg<^ et de villages
l'ont pris pour patron et ont tenu à honneur de
porter son nom.
i: I
. Imft.-niiwil, 8. nie FioïK-oi» I*'. IMri»
LE BIENHEUREUX HENRI SUSO
DE L ORDRE DES FRERES PRÊCHEURS
Fête le 2 mars.
r„,iiHiiii.
Le bienheureux Henri Suso reçoit des révélations sur la croix,
signe des mortifications qu'il doit endurer.
Le bienheureux Henri Suso naquit dans la
Souabe, de l'illustre famille des Bergs et des
Saiissen, l'an DOO.
Dès son jeune âge, il entendit la voix de Dieu,
soudaine et pressante, et comme il possédait
une de ces âmes généreuses qui ne reculent pas
devant le sacrilice, il s'ensevelit à l'iKC de
treize ans, [lour naître à Uieii, dans un couvent
de Frères Prèclieurs de la ville de Constance,
nù il recul de ces derniers, avec l'habit de
-aint Dominique, le nom de Fr. Uenri.
Arraché de bonne heure aux séductions du
siècle, le jeune novice en avait néanmoins gardé
le souvenir. C'est ce qui nous explique celte
tiédeur, ce» hésitations dans l'amour de Dieu
qui caractérisèrent les premières années de sa
Me, et qu'il nous révèle lui-m<''m<- dans un écrit
iu'il nous a laissé et qui nous guidera dans ce
iravail. Le Hienheureux raconte que, parfois,
'Lins les commencements de sa vie religieuse, il
I •'tournait, par la pensée, rhenher des conso-
lations au sein des futilités qu'il avait laissées
derrière lui, et qu'il en revenait toujours le
irnr plu* vide que jamais.
Cinq années se passèrent ainsi; mais la divine
Sagesse qui lui avait laissé entrevoir sa beauté
lorsqu'il était encore au milieu du monde et
l'avait attiré au mon.istère, ne laissait pas de
veiller sur lui et de le prédisposer aux grâces de
choix, doit il devait être l'ob.iet.
Il venait d'atteindre sa dix-huitième année,
lorsque, enlin, la lumière se fit. Henri prit la réso-
lution de ne plus partager son cu'ur. mais de le
donnera Dieu tout entier, sans réserve. Le jeune
religieux commença dès lors à goûter une paix
inconnue; toutefois, le démon ne renonçait pas
complètement à sa proie.
COMMKNT IL FAUT VAINXRE UNB TENTATION
Fr. Henri nous a laissé un tableau de ces
tentations par lesquelles Satan s'elTorçail de le
reliMiir au seuil de la vie relitieuse. Mais, loin lie
ralTai|plir,ccs tentations augmentèrent son amour
et stimulèrent son lèle.
>' Fr. Henri, lui disait le démon, pourquoi
chefches-lu avec tant d'emportement a quitter
ton cenrc do vie ?Souviens-loi dmic que rim-
lOH
inencer le Lien est chose facile, mais qu'y persé-
vérer est vraiment impossible.
— Mais, ré|>on(lail le jeune Henri, l'E^pril-Sainl
qui m'appelle el qui est to^lt-pui^>ant peut lairf
en moi re qui e<l diffirile. »
Tnutefni-i, le tentateur ne se tenait point pour
vaincu et il revenait à la cliarye avec une ra^e
d'autant plus f^rande qu'il avait vu ses sug^'estions
perfides déjouées avec plus de sairesse.
V Oui, reprenait-il, on ne peut douter de la
puissance de llieu, mai*-, ce qui est bien incer-
tain, c'est la correspondance à la grâce; peux-tu
donc y compti-r?
— Puisqui- Mieji m'a appelé, c'est qu'il ne veut
pn< m'ab.ind^'iiiier. Je sens qu'il m'invite A le
si-rvir f't qu'il me pronu-t son secours. Comment.
lorsqu'il m'attire, lorsque je me jette dons ses
bras, se retirerail-il pour me laisser tomber? «
M.il;:r'' ces défaites successives, le. tentateur se
rrsnliil ;'i ne làclicr sa proie que lorsqu'il aurait
une CCI titude conipléte de son impuissance et à
continuer jusque-là lu lulle qu'il avait engagée
avec \r Bienheureux. Quant à Fr. Henri, il avait
pris lies résolutions énergiques et s'était jeté
résolument dans les bras de la Providence qui
l'avait appelé et qui Teillait sur lui avec une si
amoureuse sollicitude. Dés lors, il se montrera
à nous sous crite face radieuse d'une âme pas-
sionnée pour la Sagesse éternelle.
LA UIVI.NE SAGESSE
Ijnjour, il entendit lire ces paroles deSalomon ;
•• l.a sa;iesse est plus éclatante que le soleil,
elle est plus belle que l'harmonie des cieux, et
quanil on la compare à la lumière, on la trouve
supérieure,
' Aus»i je l'ai aimée, je ('ai recherchée dès
mon enfance, je suis l'adorateur île se» charmes. •>
Au>sitrtt, il ne nul couteuir lajoiuqui débordait
de son Ame, et il répétait en lui-même :
" Je l'ai année dés mon enfance, je l'ai choisie
pour épousi-.jf suis l'adorateur de ses charmes. ■•
(Sap.. vil, 29.)
Souvent il éprouvait le besoin de traduire celte
aiïectioii au di'iiors de son Ame; c'est ainsi qu'il
se découvre dnUH \ii secret Ue sa cellule, et se
lacère la pi>itrine avec le traïubaul d'itu canif
ju'ii|u'à c" i|u'il y ait ^ravé le nom de Jésus; et
sa passion n'i'sl pa-» encore s.itisfaite.
N G amour unique de mon cirur el de mon
.Am*-. s'éi-rii!-i-il, (\ mon Jésus, voyoi d<>iic l'ar-
<l>'ii' de ma pii-'<iinu pour vous;je w>usiii imprimé
• Il ^ mi rliuir. mais jo no »ui« i
\ . Irais nllir iii-iqu'au reiiln- dr n
piii-. Iliai^ qui
qu'elli- luppl-
ïoun le pi" • ■
rr cu-iir. '
rien i- i
II
l.i I I
■ Ire tendresse aciuiiu'; in.i ; i !■ i .
a re qui ini! niniiqile Ri, pili~qii-'
: ■■: '" • -thl de
• que
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11
!1.-.
'Il
ir lui apparat pour l'avertir
I à sa dit mit" 'pi'i-ii suivant
si>n huiii.i:
iliiuloureU-e lit
lui .iiiinur qui iTi"ti<l lit -
lU t'iitiiir sur >
qu'il fiiidra
i|i' Il l.lLilX ^ui
a vie religieuse.
■ ■ ri HOATOltl
■Ti
.slfibA-
:SS
cation avec elles, elles lui apparaissaient pour
lui révéler leurs peines ou bien leur délivrance
el leur ;:loire.
<• Lue foi.s, parmi beaucoup d'autres Ames, il vit
l'Allie de son père qui avait vécu très attachée au
monde, elle lui apparut toute soulfranle et tout
afiligée, el lui demanda le siTour> de ses prières;
notre Henri n-pandit des larmes si lerventes
qu'il la délivra hieulot, et elle revint le remercier
de son bonheur.
» L'Ame de sa mère, qui avait été une femme
d'une grande sainteté, le visita au-si pour le
consoler et l'entretenir des ineffaales récom-
penses dont elle jouissait en paradis il). »
A table, s'il lui arrivait de iiian;:er ou de boire
avec trop d'empressement ou d'aller au delà du
strict nécessaire, il se mettait en iirésence de
la divine Sagesse, qu'il avait prise pour épouse,
le cba;;rin dans le cœur, la houle sur le visage,
et il lui demandait p.irdon en s'eiu'ageant à
expier sa faute par de rudes pénitences. Frouvait-
il quelque mets désagréabje, il le mellail d'abord
dans le Cu'ur san;;laut de Jésus et le mangeait
ensuite avec courage.
U SERVITEUR DE MARIE
Le premier jour de l'.'m, pendant que les per-
sonnes du monde vont féliciter leurs amis, il
allait se jeter aux pieds de .Marie el la suppliait
d'intercéder [tour lui et de le rendre a;:réalde j
son divin Fils; puis, s'adre-^sanl à la Sayesse
éternelle elle-inènn', « il employait laiiliU les
paroles, tontiU les jiensées et les désirs les plus
ardents; il lui demandait d'être le cbanln- ci-leste
de ses vertus aupri's de tous le* cieurs qui
snveut aimer. Il voulait réunir en lui-même les
pi'Hsées, 1rs paroles, 1rs alTectiuns de toutes les
anies sainii ment passionnérs, pour s'm coin-
Soseruncanlique sublinie d'amour, qui loiierHit
igiiemcnl cette divine Sagesse, sa anble fiancée.
>. Quand le printemps venait, cl que les llcurs
romiiiençaieiit à paraître, il ne voulait pas en
jouir avant d'avoir fait une belle ciuironnc à la
Sagesse élerindle: il y mettait, en l'Iionneur do
la Mérc de IMeu, la première Heur qu'il avait
cueillie; il arraïu'eait ses fleurs en s'entrelenaiit
de pensées pieuses, et quand il avait terminé sa
couronne, il allait au chieur, ù la chapelle de la
Vierge, cl il la nlacait sur la lèle de .Marie,
en la proclamant la plus belle de toutes les llcurs
et la joie la plus douce de sou Ainu; il la coii-
jurail de ue piLs mépriser ces préinii-. s du i.rin-
teinPH que lin présentait son petit
" In .jiuir qu'il avait ainsi bon..!
Vier,;e, il lui «enibla que le ciel était niivcrt et
qu'il viiy ili de beaux ange* revéliii de rnbes
111 -. ()ui volaient d'en hui;' '
Il il exécuter nue miisiqui
: iinlTible. et ilianler à la li.ii.at,;i: de
uie hymne d'une hannunie si ravissaute,
qu II en inour.iii ' '■. .
■Ol te hymne : i A celle que l'on rhnnle
( I > F. rARrtni, CCMrrei du bifnkeurtux Utnri Smm.
'j Ihul.
grandeur de l'acte lu'il accompH'^sait et de
rimmeiise amour du Uiou qui siuiinolait entre
ses mains, tellement qu'uae l'ois, en prononçant
ces paroles de la préface : Sursxan corda, élevons
nos cffurs, il fut ravi en extase.
Crmsidérant que le silence est un crand moyen
de recueilleuient et de vie intérieure, et que la
lan^me nous fait commettre beaucoup di^ fautes,
le bienlieureux Henri se mit à jiratiquer le
silence monastique avec une vi^nlance extrême.
Il se proposa en cette vertu trois :;raTids modèles:
saint Dominique, saint Bernard et saint Arsène,
et quand ses devoirs d'oliéis>ance et de charité
l'obli-'eaienti dire quelque parole, il ne le faisait
jamais avant de leur en avoir demandé humble-
ment la permission au fond de son curur.
HENRI ET LE CARNAVAL
" Quand venait la Septuaçésime, et cfHnmen-
rait !•' carnaval, ce temps où les mondains se
livrent plus que jamais à leurs folies. Fr. Henri
recueillait son àme et commençait dans sa cel-
lule uu carnaval bien différent.
■ 11 peusaitd'atiord combien sont courts, fugitifs
•t pas-a^'ers les plaisii-s du carnaval, es comment
se perdent les âmes qui échangent alors une
jouissance éphémère contre un malheur éternel ;
il pleurait amèrement tous les péchés et les
injures qui se commettent .-ontre Dieu, et réci-
tait avec l'esprit contrit de David le psaume
Ihiwrere mei, Deus. Après avoir ainsi pleuré, il
méditait les consolations célestes que la divine
Sagesse accorde à ceux qui l'aiment, lorsqu'elle
se récrée pour ainsi dire avec eux et fait f.'oùter
a leurs cœurs le? prémices de la vie bien-
heureme
't Cr>mme pendant le carnaval il châtiait son
corps plus ,^u'à l'ordinaire, et se laissait presque
mourir de taira, de soif et de froid, il se sentit
un »oir trembler et billirau point qu'il fut obligé
d'aller te réihauffer près du feu; mais il s'en
éloji'na bientôt en pleurant et en cémissant.
Rentré alors dans sa cellule, il y fut ravi en
extase et un anye d'une merveilleuse beauté vint
le charmer par des chants suaves et le consoler
par SCS encouragements.
VIE CRUCIFIÉE
■ I.e lit sur lequel dormait Fr. Henri était
d'une pxtn'-me dureté ;. il n'avait dans sa cellule
ni matelas, ni couvertures, et ses meubles ron-
si«laient en une vieille porte sur laquelle il éten-
dait une petite natte de jonc qui lui arrivait
seulement aux senoux ; c'est là qu'il reposait,
ou plutôt qu'il se torturait. .\u lieu d'un oreiller,
il mettait à son ■■hevet un sac plein d'avoine et
il se couchait halullé comme il était |i"iid.iiit le
jour; il ne quittait que ^es chaus«uies. \u-si
son repos était loin d'être une jouissance. Il
portait des bas de cria tout hérissés, une chemise
crossiérc et pesante
■• Il avait beau mourir de froid, il se tenait
pendant la nuit. a[irùs b's Matines, plus d'une
heure sur un marbre «lacial. devant le inallre-
auti 1, et il supporta avec tant de ronstaiic(! les
j.ii, ■ I ■'.^■rt-ux hivers quf. [l'iidiiit r>--pa''e de
il|s, il ne s'ap|ii"i m i .lui u- ilu f>ni.
il ne si; peruiil un iii"U\cin 'Ul. qui put
.1 .Mil I II chai-tct.' de son àme ou de son corps.
1' : I .lit qu'un repas 1res frui-'al par jour,
i' de poisson, d" iiaiide, d'iFufs et M
"' de pain, de b'^uiiii -i et de fruits.
• Il observa scrupuleusement son vceu .le ^jau-
vrelé, et ne v.iulut jamais recevoir ou toucher
de KargeDt, qu'il en eût ou qu'il n'en eùt«pas 1 1
permission. Ses vitemenls étaient trvs pauvrt-s
et nous avons dit quels étaient les DieuM.es qui
décoraient sa cellule (1^ »
l'n jour qu'il levait les yeux vers le ciel, il
entendit une voix d'en iKiut qui di-ail ; ♦ Happelle-
» toU Heuri, combien fut terrible ma so il lorsque
)> j'étais sur la Croix, dans les dernières «Biifisses
» de la mort. Quoique je fusse le Créateur de
» toutes les fontaines, je n'ai pu obtenir alors pour
» me soulager que du fiel et du vinairre. Sup-
» porte avec patience la soif que tu éprouves, si
» tu »eux soirre mes traces ». Le Bienheureux, en
effet, s'imposait souvent les douleurs tmiblesde
la soif, au point que sa langue desséchée et brû-
lante se crevassait et qu'il ne pouvait manger.
lia soir qu'il en était réduit à cet étal, la Savule
Vierge lui apparut avec l'Enfaiit Jésus et celui-ci
lui donna à boire une liqueur céleste qui le
lEuérit tout à coup et le consola merveilleuse-
ment.
Il se donnait la discipline deux fois le jour
awc une grande violence; les religieux, efl'rayés,
cherchaient à l'empêcher, il cessait des qu'il était
découvert, mais il lavait alors ses plaies avec du
sel et du vinaigre, ce qui en multipliait all'i euse-
meiit la douleur. 11 se lit également une croix,
lnn;;ue d'une palme, toute garnie de pointes de
fer, il la porta de longues années sur son dos,
cai-hée sous ses habits, sans la quitter ni jour, ui
nuit; cette croix fut l'au de ses plus rigoureux
supplices.
Hais si ses morliOcations étaient grandes, l'ar-
dent amour qui en était la source ét-tit bien plus
grand encore; sa pensée était sinis cesse ave.-
Noire-Seigneur; il passait une partie de ses nuits
à suivre en esprit ce divin Maître dans toutes les
soulTrances de sa Passion, et acconipaunait au
Calvairo sa Saiule Mère, la Vieri;e des li<:iuleurs.
Après Matines, on le voyait quelquefois aller et
venir dans la salle capilulaire pour secouer l'eii-
gourdisseineiit du sommeil, tout absorbé dans la
roédiUition de Jésus crucifié ; c'était là qu'il venait
accroître son amour.
C'est ainsi qu'il porla un cilice et une chaîne
de fer, mais celte ceinture, qui lui déihirait le
corps, lui lit perdre une si L'rande quantité de
sanx, qu'il dut la <léposer pour se revêtir d'un
vêtement tiss'j de cordes, contenant cent cin-
quante pointes qui tenaient sa chair dans une
irritation perpétuelle. 11 ne quiltait cet habit ni
jour, m nuit, et son corps ne fut bientôt plus
qu'une plaie. Fr. Henri, pour s'ôler jusqu'à la
tentaliou de toucher aux endroits malades, se fit
foire un collier, d'o-'' pendaient deux anneaux,
dans lesqui Is il ptaiait ses bras durant la nuit.
Plus tari, il r>'% iii sps mains de gants hérissés
Je poil achetaient de mettre ses
meiiibi \.
I! clix-sept ans ce douloureux
m I 1 qu'a l'avertissi>ineut d'un
ai; Mil 'ic la [lart d"- Dieu de mettre
(n l'-es étran;;es. Devant cet ordre
ili>ii, I. i. i.i crut devoir céder et résolut lie
prendre quelque re[ios. Il se disait en lui-méin<'
qu'il avait assez soulTert et qu'il allait goùti-r un
peu di) paix; mais Dieu remplaça sessoulTraiii • ~
corporelle» par dis li ilmlillriii, suinliiill ■■. il.i.
cruelles encore.
(1) E. <'»nrien. ihul.
Des tenlalious lonlre la loi et le^pérance vin-
rent exercer fa vertu, pendant de longues année?,
Jusqu'au jour où Ecli;ird, son maître en théologie,
rendit la paix à son unie. C'est alors qu'après
l'avoir fait passer par les rudes épreuves d'une
vie mortifiée et s'être donné à son Ame avide de
le posséder. Dieu songea à lerendreau siècle d'où
il l'avait tiré pour qu'il répandît autour de lui la
lumière qu'il avait acquise au contact de l'éter-
nelle Sagesse.
VIE APOSTOLIQUE
1-a haute perfection <iu bienheureux Suso et
celte science ascétique qui ont fait de lui un des
plus grands mystiques du xiv sièile, au inèmf
rang que inaîlre Kchard, (ierson et Taulère lu
Dominicain, le désignaient non moins pour la
direction des âmes que pour la prédication évan-
gélique; aussi, se* supérieur* n"liésitérent-ils pas
à lui confier l'évangélisalion des peuples de
rAIlcmagnc.
L'événement justifia leurs prévisions, car il fut
l'apAtre le plus réié en même temps qu'un des
plus célèbre* prédicateurs de son trm^)s.
On raconte qu'un jour (|u'il prêchait a Cologne,
son visage s'illumina tout à coup d'une lumière
éclatante, au crand ('tonnoinent dr l'auditoire
q>ii l'entourait. .Mais ces miracles extraordinaires
(lont IJieu semblait entourer son mini^lére
n'étaient que l'imaue des prodiges merveilleux
que sa parole accomplissait dans les Ames.
.\ussi le démon, qui avait eu tant à souffrir de
«es progrès spirituels, durant sa préparation
reliaieuse, manifestait-il qui-lquefois hautemenl
le grand déplaisir (|ue lui causaient les prédica-
tions du llieiilieuieux. C'est ainsi qu'il fut aperçu
par une reli;;ieuse de son Ordre, tandis quNi
était en extase, entouré d'une multitude île
démons qui criaient et poussaient îles ruiiis>e-
ineiits au milieu desquels on entendait ces
paroles: « Moine maudit, allons, que fatit-il faire?
Unissons-nous, foulons-le aux pieds, jetons-nous
sur lui et massacrons-le. »
l'ne dame de haute naissance, étant tombée
dans le péché mortel, gémissait de se voir
l'esclave au démon et comme une pâture des-
tinée à l'enfer; et pourtant elle ne se sentait
point lé courage ue se confesser. Dans son
ansoisse, elle recourut à la Mère de miséri-
corde, à Marie, le refuge des pécheurs, et la
supplia de venir à son aide.
La Sait
inte Vierge daigna lui apparaître et lui
Hi' : il Va te confesser au 1'. Henri. — Je ne con-
nais pas ce Père, répondit la dame. » Alors Marie,
eutr'ouvrant son manteau, ajoula : <■ Hegarde,
c'est ce religieux que j'abrite sous mon manteau,
il est mon serviteur; adresse-toi à lui, il est le
père des malheureux et il te consolera. » Celle
dame alla donc s'adresser au P. Henri et, par
une bonne confession, rentra en paix avec Dieu.
Fr. Henri exer«;ail sur les Ames une action
non moins grande par sa direction spirituelle que
par ses prédications. Les monastères d'hommes
et de femmes furent l'objet do sa sollicitude et
l'on vit, à sa voix, revenir à Dieu un nombre
considérable d'àmes pécheresses.
(Juant à ces àme« d'élite que renferment
h toutes les époques les monastères, le Bienheu-
reux les avait toutes sous sa direction. On peut
voir encore dans ses lettres spirituelles avec
quelle siirelé de coup d'iril il les dirigeait toutes
dans les voies si difficiles de la perfection reli-
gieuse.
Il avait tant aimé la Sagesse éternelle, qu'on
sent dans tous ses écrits le besoin intense qu'il
ressentait de communiquer à d'autres àme» ses
enthousiasmes et ses aspirations. Ce fut la
sui)réme occupation d'une vie encore plus grande
devant Dieu que devant les hommes, après
laquelle, le '2~> janvier de l'an IHtiii, Dieu l'attira
à lui comme on enlève un fruit mùr au rameau
qui De le soutient plus.
Iui|> vr'uhi. y. rttiiiiMKi, 1, rur iiuiioit I . I'aii».
SA!\TE CU\ÉGOM)E, DIPÉRATRICE
Fèle le 3 mars.
L'impératrice vierge sainte Cunégonde se consacre solennellement à Dieu après la mort
de son époux, saint Henri.
Sainte Cunégonde eut pour père Sigefroi, pre-
mier comte de Luxembourg, et pour mère Ades-
«ige ou Hedwiçe. Le» ileux époux, d'une pieté
profonde, prirent soin d'élever leurs enfants dans
la crainte de Dieu.
Cunéponde épousa saint Henri, duc de Bavière,
'lui. app."- la mort de l'empereur d'Allemnt'iie,
"thon III, fut <^lu roi des Komains et couronné
.1 M.iyenrp le C juin 1002. Deux mois plus tard.
"u la fr''te de saint Laurent, la pnnressp recevait
■lussi la couronne royale à Paderbnrn. des main»
fl" N\illi«ise, archeviique de Mayence. A celle
"H, la nouvelle reine donna do ma;,'niliques
.ii.iffs de sa pi<'t'^ et distriliu.i d'aliouilanlev
aumfiues aux monastères, aux églises et aux
pauvres. Elle accompagna !^on époux à Home en
1014, et y reçut avec lui la couronne impériale des
mains du pape Benoit Mil.
LES socs DE CHAriRLK BOLGIS AU FEf
Ces deux illustres époux étaient dignes l'un
de l'autre. On ne po\ivail trouver union plus
Htroite et plus heureuse que la leur; cependant
le chaste lien qui les unissait n'avait rien dt
(.•rrestre. Cunégonde, avant son mariage avec
un empereur de la terre, s'était consacr"'" ■ ■
Hoi du cii'l p,-\r le viru de virginit'' perp>'l i
it ri'\,i, du r(ili'.iiilcrn<>l|l cle min fulur '
7 80
'lui, de ^ou cùlé. s'élail ri'solii à vivre liaiis une
coiiUiience parfait*. L"i«i et l'mitrp Jeineuièrent
toute leur vie lidéles à cette sainte résolution,
et leur union, loin deu >Hie alTaiblie, n'en
devint que plus forte et plus intime. Hien, en
effet, ne iortilie l'aïuour roniuie de le saiulilier,
en le rapprochant de sa source, qui est Oien.
Le démon fut bientôt jaloux dun tel bonhe
et il essaya de le tr
but, l'esprit des téU'
il trouva moyen df ^
ombra:;e loue h'
et à Cunéf,'ond.
attaquée. Dieu iieriuil
faire éclater ;uix yeux
sainteté des di-ux
l.'impéralricelulii'
qu'elle reri v.iit .leceii
ur,
ililiT. F'cnir :irriver à son
ilomnie :
. i quelque
, .uile de 1 iiuperalrice,
I. de voir son innocence
..lie épreuve, afin de
de tous les vertus et la
'■nux.
. -e de rbiuuiliation
uiiiiequedu scandale
qui en n'sultait pour sou peuple. Elle savait que
plusl'exeiiii'lf \ieulde liaut, •■! '■■'!> il .-st suivi :
aussi réMilul-ellc de faire <■. ' 'Ule qui
auiait en iii- si fàcbeuses en , s. .\près
avoir iinpliiré, dans une ardenli; prière, le sou-
verain l'rcile. t. m dr' l.i virfzinilé, elle demanda
à se justili. .1 pur les épreuves alors
en usai-'e. - . ■ '' à Idanc. dit-elle à se»
juf^es, douie sues de enarrue; j« marcherai pieds
nus sur ces frr' iril-iiu. •■
Ces épi' '/.étaient
d'un usa;..' ■ e sei.iit
tenter Dieu cjue Jy ii'..)uiii ^au-< une inspiration
spéciale du ciel. Aussi les papes ne tardèrent pas
à les défeiMlre, et elles tuinbèrent bientôt ea-
ilésiiétude.
" SeiUMlei;-
la Kienlieii
virginité n- i
jufie entre nie-
A ces ni"!" <
nieu,inar'
ressentira,.
des caloiiii
mérite île ,
sous la pourpre
L'empereur,
il'un exe
réparer 1
avaient p. i
Ils vécure..
n'ayant cju lui n
• ÏLUK KONDE '■
iiiip'
i.ip|..
iule,
de
'lUtes choses, s'écria
,ue la Heur de ma
'Il parfum, soyez
~ et moi. '
..' .1" '"iiri.iiice eu
,. eu
ilice
prodi|<e, l'accoM
•'lia rien pour
\.< imméril^t
jiiii ui Je su '
dans l'unioa I
et une lu
ur
KT n«" W•■.^^
'. L'esprit de Uieo k«* aniinnil d'au ni<'ise lile
pour 1 .irri- ■ ' ■'■■ '■ ■■■"•• ••' 1.. .'.■.. "I.v-
senieiit d'
de ( Dieei ( , . ..._..:
et (illli-l
IllUlle ru
IIMI
I
la eallieilrale de
lit an princo de*
.ner III. I
qu'il" OH.
à .saint licornes, martyr. i-Ula ue uit
de sollirilU'le à fonder dans la nièiiic
'h.i I' !■ ' Il I lionneur de saint Miiliel,
I -le 'If s., (lit Honolt; de ses propreii
l; • en liAtit un nnlre, quVIle plâwi
r .1. -liofi H» Mini Kiietin». premier
rtlle
tines vinrent chanter les louanj;es Je Dieu dans
oeiiouveaa mona>tèrequi prit le titre de Saiiite-
Crnix. C'est ainsi que ces vrais serviteurs de Dieu,
Henri et Cunéyonde, usaient des richesses et de la
puissance qu'ils avaient reçues du ciel, et trans-
formaient ces biens périssables en les faisant
fructitier pour l'éternité.
MORT IIK l'empereur — CUNIÏGOSDB, MODÈLE
DKS VEfVES
Cependant.Ie saintempereurallaitbientiM rece-
voirlarérompeiisedeses vertus. Tandis que Cuné-
«onde s'occupaitdela fondation du moiiaslère de
Sainte-Croix, Henri tomba gravement malade.
Sur le point d'expirer, il lit venir auprès de lui
les parents de l'impératrice, et, en présence des
seigneurs qui entouraient son lit de SdUlVr.Tiice,
prenant la main de Cuiié;:oiide, il leur dit :
" \ ousni 'aviez conlié cette vier;;e de Jésus-Christ,
je la remets au Seijiueur J'-sus et à vous dans sa
virginité intacte. »
Cette mort, qui lui enlevait le gardien et le
protecteur de sa virginité, affligea profondément
l'impératrice ; mais, soutenue par l'espérance
de le rejoindre un joui dans le ciel, elle conti-
nua de marcher sous la conduite de Dieu et se
livra avec une ardeur toujours croissante à la
pratique des bonnes ouvres.
F.I.LE EHBRASilE LA VII RELICmSK
Déjà l'impératrice avail épuisé ses trésors et
son palriiiioiue à fonder des évèchés, k l>Mir des
mouasl'res, à orner i!' ■ •'- '■ ' '• ■'; > 'iLmer la
iniséie des pauvies; n. i pninl
à >"ii 'une avilie de . ..i ...lUiit se
donner elle-raènie à Dieu et embrasser la iiau-
vreté évaii;;élique. Lu 10:ii, l'année ni.''iiie lie la
moitdc saint Henri, elle s'''Liiit vue d. . liarKéc
du soin des affaires publiques par l'élei tion de
Conrad le Salique, nommé roi de (iemiiiiiie. Ilien
ne -'(-.(iposait plus à raccuuiplissemeiil de son
plus cher : elle ré>oiut de le mettre à
i'>n en renonçantau inonde d'une manière
nulelilielic.
Au jour anniversaire de la mort de l'enipereut ,
on vil arriver à Kaffiinueii un iiombie consi-
dérable d évéques, de pc-lati) et de seitiieurs. Us
étaient accourus de 1"
sur la demande de I
habits
- ■. é..- . .^ mes à
"Ifril sur l'autel un mor-
de la nies^i', ejli'
,1 . s.rci ut 1.1 le ll'--
■ et ve revilil d'une robe très
ar bniUf. (|u'olle arait fatta 4e
di
•M propre» iiiuiiis. On lui coupa ensuite les
cheviMix: .iprès (Hioi. rév'-qn- di- l'ulerboni lui
m.
lableniuul u
.11.
re»
Ainsi l'épouse d'un empereur devint rrf|K»u»«
'lu Chri • • ' - - - i- >i - riu|i«rn-
..iMt ' lllle».
.1), .„
i. i,ii|.- lalrii e n'i'iil
pmitfo'p, "t biMit<vi
Sarde de manquer i 'u
e» religinuke* ll<^ii^die-
ii
''^al^nient Inalentatloa 9t
<:uué|l0Bd<' travalllkll dr «m mnili*, et nulle
u«- pouvait lui élre comparée pour l'Iiabileté ù
coniectionner les vtHenieiits sacrés (luellc ornait
d'or et de pierres précieuses. Voici, du reste,
sous quels traits uii aiiciea hafjiojiraplie nous
dépeint ses vertus pratiquées daus le siluu«e et
lobsourilé du cloitie :
i< Elle s'entretenait avec son divin Epoux par
la prière ou par le chant des psaumes ; elle mul-
tipliait sers visites à l'église, ciiercbait à se déro-
ber à tous les regards pour être seule avec Uieu.
Aimable dans son austérité et pleine de suave
réserve dans son enjouemeut, elle avait toujours
présente à la pensée la brièveté de cette vie. Elle
trouvait son repos dans l'oraisou, et ne ména-
geait point son corps, car elle jugeait inutile de
traiter délicatement une chair destinée à deve-
nir bienti!it la nourriture des vers; on la voyait
souvent lire ou écouter lire les autres. Elle aimait
beaucoup ses compagnes, visitait l'réquemmeiit
les maluilos et se prodiguait pour aller porter
uu.\ pauvres secours et consolation. "
PUISSANCE OU SIGNE DE LA CROIX
Dieu récompensa la sainteté de sa servante
[>ar plusieurs éclatants miracles.
Enenuit, Cuné;.'onde, après une longue et fer-
vente prière suivie d'une lecture pieuse, le sommeil
commençant à l'accabler, s'était jetée sur son lit,
qui n'était qu'une simple paillasse converti; d'un
cilice : la religieuse, qui avait coutume de lui
lire l'Ecriture Sainte quelquefois jusqu'à l'heure
de minuit, avait cédé, elle aussi, à la fatigue et
s'était endormie, quand elle laissa tomber la
chandelle qu'elle tenait à la main. Le feu prit à
la paillasse, et le crépitement des flammes ne
tarda pas à éveiller les autres Sœurs.
Elles poussent des cris d'effroi. Cunégonde,
l'veillée à son tour, se trouve environnée de
llammes. bans ce pressant d;inger, elle se tourne
\ers Uieu avec couiiance, fait le signe de la
i.roix, et l'incendie s'éteint à l'instant : les
llammes n'avaient point touché ses habits.
GANT SUSPENDU A UN RAYON DE SOLEIL
In autre jour, la Hienheureuse assistait au
Saint Sacrifice de la messe. A l'Otfertoire, elle
s'avance, selon la coutume de cette époque, pour
présenter son offrande à l'autel, enlève le gant
qui recouvre sa main droite, et ne trouvant per-
sonne à qui le remettre, elle le jette, pour n'en
être point embarrassée.
En ce moment , un joyeux rayon de soleil
pénètre dans le sanctuaire à travers les vitraux
aux brillantes couleurs. 0 merveille ! le gant s'at-
tache à ce rayon lumineux et y demeure sus-
pi'ndu. C'est là que Cunégonde le retrouve à son
retour et le reçoit comme des mains d'un servi-
teur lidéle.
Le m<^me prodige, fait remarquer l'ancien
biographe, s'était opéré en faveur de saint lioar,
qui, en présence de l'évèque de Trêves, suspen-
liit un jour son manteau à un rayon de soleil.
BIENHEUREUSE MORT
Cunégonde passa ainsi quinie années dans le
iiionaslère de Kalfungen, entouré'^ «lu respect et
de l'amour de toutes les n-lipiouses qui trouvaient
I II elle un parfaitmodèle d'huiiiilit'-, de patience,
de douceur, de détachement ''t de inortiliration.
A la (In, ses grandes austérités alf.-riblirent con-
id'T.iblement «a santé : elle tomba dans une
'ite d<- langueur, qui la conduisit rapidement
m porte» de la mort.
Mais h mesure <|ur ses forces diminuaient au
dehors, elle sentait croitff au deiUuH lu vi^rueur
de son ùiw:. Réduite à celte extr<-mité, elle uivu-
quail le si-cours des anges, dont elle avait iuji!,.
la vie; elie ajipelait à son aide les apotrcs et le?
coulesseurs, dont elle avait toujours j^aid.-. lu toi,
et sadressant aux ïierj,'es du Christ, elle les^riaii
de la recevoir dans leur corlèue glorieux.
A la nouvelle d'î ceUc nialailic, toute la ville
de Cassel s'élait émue aussi bien que le nionas-
lèro de Kalluugeu : on craignait de perdre bien-
lot ce trésor de sainteté. Seule, Cuné^joude con-
servait, en face de la mort, sa paisible sérénité.
Elle était couchée sur un rude cilice.
AVL nioioeiild* rendre le dernier soupir, tandis
quf l'on récitait pour elle les prières des ;ii.'oni-
sants, elle s'aperç.ul que l'on préparait uu drap
mortuaire brodé d'or pour mettre sur son cer-
cueil. Surprise de voir qu'on voulait la traiter
comme uue impératrice, elle qui mourait, comme
elle avait vécu depuis qu'nz.e uns, en pauvre reli-
gieuse, elle eu fut si allectée que son visafje chau-
gea de couleur, .\yaul fait signe de la main, elle
dit:
" Otezcet ornement qui ne me convient point.
Lorsque j'ai épousé un homme mortel, j'ai porté
de riches habits; mais le pauvre habit que j'ai
maintenant est celui d'une épouse de Jésus-
Christ; ne cherchez donc point d'autres orue-
ments pour couvrir mon corps, et enterrez-le au-
près de celui de mon frère et de mon seigneur,
l'empereur Henri, qui m'appelle, je le vois. » Et
son àme s'envola vers le ciel.
C'était le 3 mars de l'an 10 10.
UNIS DANS LA MORT
Son corps fut transporté au milieu d'une foule
immense jusqu'à l'église de Saint-Pierre de Bam-
berg,où reposaient déjà depuis seize ans les restes
vén^'rés de son époux. Sur le parcours, beaucoup
de malades recouvrèrent la santé au contact des
saintes reliques.
A ces guérisons qui attestaient la gloire dont
Dieu avait couronné sa servante dans le ciel,
il faut joindre un prodige non moins admi-
rable mentionné par le biographe ancien de
sainte Cunégonde ;1;. Quandon ouvritle tombeau
de saint Henri pour y placer le corps di' son
épouse vierge, conlorinément aux désirs (ju'clle
avait exprimés de son vivant, il se passa un fait
merveilleux dont les témoins ont proclamé la
vérité. Ine voix se lit entendre qui disait: » 0
vierge, fais place à une vierge. » Aussitôt le corps
du chaste empereur se déplaça de lui-même
dans sa tombe, au grand étonnement de tous les
assistants, et laissa un espace suflisant pour
contenir celui de son angélique compagne.
CULTE ET PRODIGES
Sainte Cunégonde fut canonisée en 1200 par le
pape Innocent III, et sa fêle principale se célèbre
le :t mars. Hamberg conserve toujours |irécieu-
seinent ses reliaues, du moins en grande partie.
Il s'en trouve également quelques pan-elles à
Vienne, en Autriche, au monastère d'.\nderk en
Havière, à Cologne, et à Lisbonne en Portugal.
Le grand nombre de miracles qu'elle opi-ra
(luiant sa vie et après sa mort a rendu sa
iii''moire chère aux peuples de la Cermanie. On
ne compte i)as moins de trois morts rnppeb's à
la vie par son intercession. Citons, pour l'hon-
iieur de Dieu et de saint'- Cunégonde, um- de ces
r'-surreclions merveilleuses, lin petit enfant.
(I) Manuscr. édit. de llruxellcs.
Agé de trois ans, du village de tlninberg. t-lail
tombe dan? un e'tang boueux et y avait trouvé 1 1
mort: depuis le matin jusqu'au soir son petil
corps demeura enseveli sous les gerbes de lin
qui trempaient dans les eaux de l'étang, et ce ne
fut qu'à la tombée de la nuit que des femmes,
l'ayant aperçu, le retirèrent et le rapportèrent
à ses parents éplorés. Qu'on juge dans (|uellc
profonde douleur fut plongi-'e cette pauvre famille!
Tout-' la nuit se passa en lamentations, cl le
malin, le prAtre du lieu, accompapné d'une foule
nombreuse, vint procéder aux funérailles. On ne
parlait alors que des prodiges opérés par la
«ainte impératrice Cunégonde. Le peuple, d'une
commune voix, se mit à invoquer cette céleste
protectrice. Aussitôt l'enfant commença à remuer
les doicls de sa main, et. au bout d'une heure,
devant In ioule frappée d'étonnement et d'admi-
ration, il rinenait à la vie. >■ Ce prodige, ajoute
le bio^ïraphe contemporain des événements que
nous citons, je l'ai recueilli des lèvres mêmes
du prêtre qui se trouvait là, revêtu de son étole,
de iiuit soldats (]ui vinrent me le raconter avec
serment, tandis .[ue le petit enfant lui-même se
trouvait encore au milieu de la foule, témoin de
sa résurrection. »
0 Dieu, parmi vos ouvrages admirables, il faut
compter cette vierge sainte (Cunégonde dont les
vertus ont brillé d'une manière si excellente
dans tous les états de la vie : vous l'avei élevée
à une telle hauteur de sainteté, qu'elle a pu,
dans le mariage, conserver la tleur de sa chasteté
virginale, et, dans la viduité, sous le \ •'•lement de
la religion, devenir pour nous un exemplaire
éclatant de iierfection; faites, nous vous t-n sup-
plions, qu'elle obtienne par son intercission à
notre faiblesse la force d'imiter les exemples de
sa vie, elle dont nous voudrions louer dignement
les mérites. Par Jésus-Christ .Noire-Seigneur.
hii|> ■jrniiil . t. l'tiiiint.i'i, ■• tir tr.^iiriii» I". r.ii
SAINT CASIMIR, PRINCE DE POLOGNE
Fête le 4 mars.
Le jeune duc saint Casimir se plaît à distribuer lui-même les aumônes, et à converser
avec les pauvres, malgré les railleries des seigneurs.
NAISSANCE DE SAINT CASIMlh
La viPKinité, fleur très délicate, ne se trouve
rjinairemeni pas dans les cours des prinres,
u la corruplioii se plisse fort aisément; nôan-
riioin'jelle n"y est pas si rare que Ton n'en puisse
rf;marquer plusieurs exemples dans riiistoireil"--
saints. Nous en voyons de très excellents dans
l's jiersonnes sacrées de sainte Cunéyonde, itnpé-
latric'.'.et de son chaste époux, saint Henri. Saint
IMou.ird a brillé comme un lys sur le trône d"An-
flelf-ire.
Saint Casimir, dont on va lire l'histoire, nous
apprendra, à son tour, comment l'éclat de la
pureté peut s'allier à celui des grandeurs liu-
inaiiies.
(;e prince vint au monde le H octobre de l'an
1 1."«><. Il était le second fils d" Casimir III. roi de
l''l' eue et ^rand duc de Litliiianie. Sa mère,
Lli-ili<-th d'.\ulrii-lie, est appelée par Martin
riir.itri'T. •■•ir.]iic de Wamerland, " très sainte
.1 Iri-s T'Ii-'icu""" princesse ■.
I.a pi'Mise rcinme reconnut liient<H que cet
' lifaril l'I.iil pr''i|psliiii', fl inil un «"in niprvpil-
leux de le faire instruire et élever dans la craintu
et dans l'amour de Dieu.
Casimir avait six frères et six sœurs. Celles-ci
furent mariées dans les maisons de Saxe, de
Bavière et Je Brandebour;.'. l.'aîné de ses frères
fut élu roi de Hongrie et dé Bohi^me, trois autres
furent successivement rois di> Polo;.'ne;le dernier
fut cardinal archevêque de iiuesen et évoque de
Cracovie. Casimir renonça à tous les h'inneurs
et dignités de cette terre, et chercjia à paraître
petit devant les hommes, afin de jouir d'une plus
grande gloire dans les cieux.
SFS PROGRÈS DANS LA SClBr\i-.F. BT DAN* I.A VF.BTU
[.heureux naturel de Crisimir ne laissa presque
rien à faire à l'éducalion, et son esprit vif et
pi'iiètrant lui permit de réaliser, en peu de
temps, de trës grands progrès dans la scieni ".
Il en fit de plus prnmpts et de plus surprenants
l'nrore dans les vertus surnaturelles. Il est dil-
(icile d'imaginer en un jeune prince plusd'in-
iim-enre, plus de modestie et plus de méiil' -.
Prévenu Je la grâce et des bénédictions du
'■•■i'-'upur. il iL'nora, pendant toute sa vio, !■' ii^m
204
même du vice. L'éclat de sa famille, l'une des
plu5 illuslres de rKurope, ne put jamais arrêter
ses regards, liien loin de rt-bloiiir. Fil< et fi^fc
de rois, élu lui-mi*me roi de Hi«n;.'rie, il u"i stima
jamais que lauiLiiste qualité de i-itoyen du ciel.
Dès ses premières auiiées, il niépri'^a les plai-
sirs, les divertissements et les délicilesses que
les mitres enl'anls recln^rclipiit avec passion.
S.^ [ilaisirs les plus doux liaient de passer
plii'i"Ur5 heure» de snile nu pied des autels et
de faire la rnur A Jé<!ii = -i!liri't, le Roi des mis.
ninnd «et pmne ini iirs lui représentaient qu'il
r m de se divcrlir.il répondait acréa-
1 iiil Irniivdil dans résiliée, auprès du
diïin M.iliii'. ' ■i'sements de la prome-
nade, tlii jru 1 ' ve.
'.■lire frêle ri d'Iii'at,
' i|>lliip« fréi|U''iiti*».
ni i>« iMiii- fiiiières sur ladure.
I porte des églises où il priait le
t. l.^rre.
Il I.
>ar
?
M
M-.i
* L'aGS Dt TAtlU AMS, IL B»T tl.V ROI DR nOMGRIE
SOI ritaS Lt MRT A LA TK.nS o'cNK ARUif.
les Honiîrois, mécontent» de Matthias, leur roi,
voulurent le remplacer par le jeune (."."(^iiiiir de
l'oli.jne. en 1741; il» envoyèrent, à re sujet, une
d''jiiiialion au roi de Pologne, son père. Le
ptiu. e, qui n'avait pas enrorê Ircinn ans arcom-
fili», eiM bien désiré rel\l«er la couronne qu'on
ui oITrail ; mais, par eomplai»ance pour son
père, il partit à la léle d'une armée, atln de sou--
tenir le droit de «'«n élei lion. Ettiul arrivé sur
!'■■■■ 'lue .Mal-
' -, et que.
ti .tu M MI ^.le ji ii'i- 'i \ '<" i i s •t.ii I .; ■ •" *"' veur
du souverain ilétr''iné, et avait une
amli-^a.l'- au i.m .le I»olo;^iie, j>..ui im faire
al' l'iliiniuT son inlreprise.
I. nies <os circonstances réunies d'^""" ' -il
on<' joie secrète au jeune priiic-e. Il d'
»oii père la permis-ion de revenir sui , i-,
• •- lui ne lui fut que très diflicijement arrnr.lé;
iii II-, pour ne pas aiisincntcr le chagrin que le
.itin (Casimir ie«eniail d'avoir vu échouer ses
.b --■■MIS. le jeune prini-e évita d'abord de paraître
il i présence. Au lieu d'aller direclemeiilàl>a-
. il se retira a IloliJii, qui eu est k quelque
■ Il ' lice, et y passa trois mois dans la pratique
■ 1 iiii^^ austère péiiiinncp.
. Ayant 1 ' -.uilerin^ ' ' l'ex-
n^dilion i| d'eiilrei iitre
le r^.i ,1- i
c ii'lie à
les Holl^IlM-., 'l I » l.l Ill.4ltl'' I"— ^■illll li(lMl*ll- fi
les ordre» réitérés du roi son (>ire.
k D<T0TfO>
La dévotion
iii\-l--i. .!• 1 . 1
vue. I.
■ le? loin :
•Honi tT AU
• piwr le
.1 J'--us-
. le
cet
Pien souvent, on le rencontrait, de très grand
matin, aux porte> des églises, allendaut patiem-
ment, el en prières, qu'on vint outrir, allii de
pouvoir assister à toulus les messes qui s'y célé-
breraient.
r.OIIIIE.\T IL AIM.MT LA TRÈS S.M.NTE VIERGE
Il n'est pas de prédestiné qui n'ait eu une
grande dévotion à la Très Sainte Vierge. Celle
qu'il porta toute sa vie à celle Iteine démanges, fut
extraordinaire. Il ne l'appelait que sa bonne Mère
et n'en parlait qu'avec une extrême tendresse et
dans les terme* les plus arTeclueiix el le* nlus
capables d'exprimer smi resoect el »on arucnt
amour. Pour »Rti'-l'Bire sa piété envers celle bonne
Mère, il compo«a en «on honneur une hymne
latine, pleine di>s pieux »entimenU qui débor-
daient de son Ame. Mlle commence ainsi :
M
l
.«la
" Chaque jour. <s mon àme, rends tes hommages
fc Marie, so1enni«e ses fêtes, céb'bre ses vertu»
éclatantes. »
Non content de réciter lous les jours cette
hymne en forme d'ornison, il voulut encore être
enterré avec elle, et on la trouva cent vin^.'t ans
apri's sa mort, aupK-s de ses reliques, d t
tombeau.
SA PCntlT^ VIR6IHALR
La pureté et l.-i ' ' ■' ' ■" - •nr.le
Marie, lurent, d^ I
et tout ani'éli(|U'--. ei en- ;..ii ,11-- ueni :,. nùllll-
rablemeiil en se- action», qu'elles rendaient
chastes el continents ceux ipii ronveniaient avec
lui. Mais il prit un soin extrême de If^ conserver
inviolaMi'- iliit.inl ImMI Ir Nmi!.,^ it>- «.t \ie.
Non
huiniip
un miroir «le chasieie. son àin
avait épousé Jé-us-Clirist, et c ■
Epoux que se diri;;eaieiil toutes ,e> .ill<
"■ ■ - '- ' ! '• ir-'iiiité, il prèfii.i la mort,
coiiiiiie la plus ter
■ore les
> omme
'I pure
■ e divin
lions.
Ju momie, à l.l «ani*
une h' I
- qui lui !
III ' I -■ ■ ,iiiii''ei
I - le rui, son
Etant mala'le ri I
t^uc les boie
nble de toi.
et à la vie,
lance les av <
de perdre la v irpitm^ p.
et se uicltrc eu état de
père.
SA «ElItXl't CT SKS ACTRI» VKUTOS AnimARL«!>
Saint Casimir est parliculièremeiil loué pour
avoir été rerni.iiii nu,- A,- Il 111. Il,, iti, o. e( très
modeste el i
Il ne pari ;.: . 'niliers,
des faute» du j I des II
.r,'iiitr li . mii . ■'■■ - a" i
lu ticc tl i!
Il avait d.
.lt Mir l.i
10'! \%nr
i<f)Oiin>mén« <)nand il «Vn-
satisfactions terrestres, les troubles elles remords
les tourmentent continuellement, et les supplices
qui les attendent seront éternels. »
Le palais de notre Saint ëtiiit un lieu de dévo-
tion et comme un temple ou l'on ne faisait que
prier Dieu. En elîet, l'oraison y était aussi par-
faitement pratiquée que dans les monastères et
les maisons religieuses les plus austères et les
plus réformées. Tous ses serviteurs étaient, à
son exemple, si pleins de bonté que lorsqu'ils
étaient à la cour du roi de Pologne ou à celle de
Ladislas, roi de Hongrie, on connaissait plutôt
ceu.î qui étaient de sa maison par l'exercice
des vertus extraordinaires qu'ils pratiquaient,
que par ses couleurs et «es livrées.
Son zèle pour la religion catholique répondait
à sa haute piété. Il empiny* tout son pouvoir à
extirper le schisme des flusses, et porta le roi,
son père, à enlever aux sectaires les églises dont
ils s'étaient emparés. H empêcha qu'on ne rendit
aux schismatiques celles qu'on leur avait Olées.
Ce 7,éle de procurer la ^jloire de Dieu était
accompagné d'une charité inaltérable pour le
prochain, et surtout pour les pauvres. On eut
beau lui représeuler maintes fois qu'il abaissait
son rang et sa personne en se livrant, sans dis-
tinction, à toutes les ipuvres de charité. « Rien
ne fait plus d'honneur aux grands, répondait-il,
rien n'est plus diune du haut ran;; que tiennent
les princes, que d'honorer Jésus-Christ dans la
personne des pauvres. Je mets toute ma gloire
a servir le pauvre le plus abject. »
Les veuves et les or[iheiins de ses terres
étaient particulièrement l'objet de ses libéralités
et des plus tendres affections de son cœur. Aussi
a-t-il mérité, par cette vertu, le beau surnom de
Pcre et défenseur des pauvres et des miswabUs.
IIORT DB SAIXT CAiiHIin
Casimir, ayant mené une vie si pure, si ver-
tueuse, si innocente, ne devait pas rester lon;;-
temps sur la terre. Celait un fruit mùr pour le
ciel, et le monde a'élait pas digne de le posséder.
Une fièvre lente lui donna tout le loisir de se
disposer à la mort qu'il voyait arriver sans aucun
trouble.
Dieu lui fit la pràce de lui révéler le jour et
l'heure de son départ pour l'autre vie. Ce fut
le 4 mars de l'au 1483. Il avait atteint sa vingt-
cinquième année.
.\près avoir reçu avec une grande ferveur le
saint Viatique, en présence de plusieurs prêtres
et relii-'ieux qu'il chérissait et honorait extrê-
mement, il rendit doucement sa belle âme à
Dieu.
Son corps fut porté avec une pompe funèbre
tout à fait royale à l'éijlise cathédrale de Welmes,
capitale de son duché, où il reçut les honneurs
de la sépulture.
MERVEILLES OPÉRÉES SUR SON TOMBEAU — SON CULTE
Quelque temps après sa mort, le grand duc
de Moscovie entra avec une puissante armée
dans la Lithuanie. D'abord, le de'sordre et la
confusion se mirent parmi le peuple ; mais, ayant
eu recours au ciel, ils ûrent un vœu au tombeau
de leur saint duc, et, peu de jours après, une
petite troupe de Lithuaniens tailla en pièces
l'armée des Moscovites; ce qui ne se fit pas sans
miracle, car le Saint parut dans les airs, au plus
fort de la mêlée, combattant pour ses sujets
contre les schismatiques envahisseurs.
Plusieurs personnes atteintes de diverses mala-
dies ont obtenu, à son tombeau, une parfaite
guérison.
Une jeune fille nommée Ursule , qui était
décédée à Vilna, ayant été porte'e par sos parents
au tombeau de saint Casimir, recouvra la vie
devant une grande multitude, et elle vécut encore
plusieurs années.
Ces miracles et un grand nombre d'autres
semblables portèrent le pape Léon X à le décla-
rer Bienheureux surlcs insUinces de Sigismond \ ,
roi de Pologne, et, depuis, le pape Paul V a com-
mandé de célébrer sa mémoire dans toute l'Eglise.
SAINT GUENNOLË OU GUINGALOIS
ABBÉ DE L.\NDÉVENNEC
Ffte In .î mars.
Saint fiucnnnié on Gninerilois, et par abrévia-
tion V.iloy (du Inlin Winwaloens), n'est plus
^mére ronnn en dph^r'; >lu pays de Qnimper et
d<" Brest, mai" il n'rn était point ainsi autrefois.
On l'honorait alnr» cimmo le palriarrhe de la
vie monastique dans l.i llnl.iciii^ française; sa
fi5|e et son p.itronat'e s'éti-nilaient à beaucoup
H*- lieni divers rt mlimt à plusieurs provinces.
!.'>•- m'Tvnillps dnnl su vio «■•■l r»>mplit' lui don-
nant, d iilleurs. plus d'un Irait de ressemblance
-IV..' M■'l^e et plusieurs des plus grands «.aints
.|. 1,1 N'Mivelle Alliance. Voici une légère esquisse
rie relte belle vie :
r.ueiinoli'. n.iqiiil vers !.• milieu du V siècle, h
Plonfrayan, dans les environs de Saint-Wrienc,
mais son père et sa mère étaient originaires de
l'île de Rrel.icne et du pays de fl.illes. L'édnca-
linn du petit (luennolé fut cnnllée à saint Budnr,
qui tenait éeole dès relie l'.poque rernlé^ d.ui'
l'île des Lauriers, aiij.iurd'liui tie ViTle, tout
près de notre \ill'' aiMuelle de Paimpol. (incnnol''
resta jnsqu'.i l'iU'e de vingt ou vinsl-cinq aii'
son» la discipline d'un «i excellent maiire. H il
y fît lc« nln* :.'rands procrès dans le? lettre-.
cliviiip« et liumaines, comme aussi dans la soicii.
ile« «ainis. Il était dès lors»! humble, «i morlili .
•ii adonné h la prière, que Dieu, en releur, com-
mença A le favoriser du don des niir icles. Ainsi,
il remit un jour en son lieu et place un œil qui
en avait ôt^ arraché par un triste accident, l'iie
autre foi', il guérit, par un simple sii^ne de Croix,
la jarahe brisée d'un de ses condisciples. l'Iu?
lard, il rendit à la santé et à la vie l'écuyer Maêl.
Voici dans quelles circonstances :
Ce malheureux avait fait une chute si effroyable
dans une course de chevaux, que tous ses membres
en furent comme brisés et broyés. Quand on le
releva, il ne donnait plus sif;ne de vie: mais
Cueiinolé se trouvait h p'Mi de distance. On le lit
venir. Il pria pour ce malheureux avec une fer-
veur extraordin liie. aprcs ipioi, il lui commanda,
au nom de Jésu'-Cluist. de se relever, et de
reprendre vie. (>r. à l'instant même, ô merveill*"
lie la puissance divine I on vit Maél se redresser
sur ses pieds, ri regagner sa maison plein de
force et de santé comme s'il n'était survenu
aucun accident.
Ce fut vers ce temps que Gaennolé forma le
projet d'.ibandonner son pays cl de se rendre rn
Irlande alin de profiter des e\iniples et des leçons
du f.'rand saint Patrice pour f.iire do plus firands
progrès dans le^ voies de la ])erreclion. Mais
TapAlre de l'Irlande lui a|)parul en son^e et le
dissuada de son dessein en lui annonçant que
Dieu avait d'autres vues sur lui, el qu'i) le ren-
drait père d'une nombreuse postérité spiriluelle.
En conséijuence des ordres reçus, (ïuennolé
quitta son maître et l'île des Lauriers, traversa
la Iioinnonée et la (^ornouailles, et vint établir sa
tente avec onie compagnons sur l'île solitaire de
Tibidy, en fa'-e de CliAleaulin. Ils s'y construi-
sirent un oratoire et quelques cabanes de bran-
chages; mais, quelque envie qu'ils eussent de se
vouer à une vie d'au«térilé et de pénitence,
l'ftpreté du climat de Tibidy et la riyueur des
vents d'Ouesl, (pii y soufllent avec une violence
extrême, les forcèrent, au boni de trois années, à
aller chercher ailleurs un abii i>lu< hospitalier.
Leur sortie fui d'ailleurs si^inaleeiiar un miracle
d'un tel éclat nu'il prouva maniffslement que
Dieu était avec (^nennolé et qu'il avait son dessein
pour airréable. (ïuennolé, nouveau Mojse, com-
manda à la mer de leur ouvrir un passa:.'e ;\
pied sec ù lui et ù ses Frères. La mer obéit,
tiuennolé et ses Frères vinrent aborder à Landé-
vennec, vi'-ril.ible terre promise abritée contre
les \cnts d'Ouesl par des cAleaux boisés, el favo-
risée d'ufie température presque toujours chaude
el printaniùre. C'était le séjour béni que l)i>'n
leur avait préparé, c'est \ti qn'ds devaient plant'M-,
Pn quelque sorte, l'arbri' lii- la vie monastique,
cet arbre dont les rameaux inultiples n'allaient
na- l.irder .'i s'étendre au li>in et à couvrir toute
la llrela;îiii' de |.>ur nmliraL'c >ialutaire.
liuennolè ne i|iiitia plus ilésr)rmais cet asile de
paix. Il y passa les 70 "U KO drrnieres années de
sa vie, entouré de si-s enfants spirituels, (|ui
il'xenaienl de jour en jour plus nombreux, don-
ij iht dans loute sa per'onm- le nioilide du reli-
L'i'iix le plus inortitlé, le plu> ad'inn - à la prière,
<Jii I '-rc de familltt le plus .il taché u tous km
il. I liii'ii II rivi.riH.i du di'ii iT^ miracles à
I. i" le» avi !«>ileiix,
I lient d'un' n d'une
II . n'avnienl qu nier
.1 prit d"- foi di . i imc
1 de lui iin<- Minlé
I' . maux dont iU souf-
fraient. Le roi breton du pays, le lélèbri^ iiiallon,
vint lui-même à Landévennec, attiré par la haute
réputation du serviteur de Jésus-C'hrist, se pros-
ti'ina à ses pieds, implora ses conseils, et en
reçut de si salutaires avis, que, depuis lors, sa
vie fut celle d'un roi selon le' coeur de Dieu,
d'un nouveau roi David.
La mort de (ùiennolé fut, comme sa vie. en-
tourée des cire. instances les plus mémorable^.
Un anf^e descendit du ciel tout brillant de
lumière pour le convier aux joies céle-ites, et lui
annoncer le jour et l'heure de son bienheureux
trépas. (Vest pourquoi le Saint, réunissant alors
autour de lui tous ses enfants, leur donna ses
derniers avis, et voulut recevoir en leur présence
les derniers sacrement", bien qu'il ne ressentit
d'autre inlirmité <iui' celle de son ftge avancé.
A cet effet, il revêtit lui-même les ornements
sacrés, célébra la Sainte Messe en présence de
toute sa famille réunie, et reçut en viatique,
mais de ses propres mains, le Corps el le San;;
de Jésus-Clirisl. La messe linie, on le vit avec
admiration demeurer debout drvani l'autel, les
bras élevés en croix, et continuer à psalmodier
avec les Frères, jusqu'à l'arrivée d'une troupe
d'anpes qui recueillirent son Ame el l'emportè-
rent dans les parvis du ciel. On était au mercredi
de la première semaine de Carême (.3 mars ;>40
ou 550).
l^ corps du saint abbé fut enterré dans son
monastère de Landévennec, et s'y conserva,
entouré de la vénération universelle, jusqu'à
l'époque des invasions normandes. .\ celte dali',
et iirobablement vers le conimencement du
X' siècle, comme il fallait à tout prix mettre en
lieu de sûreté un si préi-ieux dèptM, l'évènue de
tjuimper et l'abbé de Ijindévenner ne voulurent
confier à nul autre ce soin pieux, tant était pro-
fonde la vénération qui s'.iltuchait au fondateur
de l^indévennec. Ces deux personna:;es prirent
donc la roule de la France, emportant avec eux
le corps presque entier du Saint el, de plus, su
chasuble, son aube, son étole, sa clochette, et
enlin le livre de sa vie, récemment composé par
W rdislen, l'un de ses derniers successeurs dans
son abbaye. Ils s'arrêtèrent (juelque temi>s au
.Mans, el v laissèrent une portion si notable des
saintes reliques qu'on en fit ensuite trois parts,
savoir : celle qui, conllée au seipneur llaymet, a
donné lieu h la fondation du prieuré et de la
ville du Ch:Ueau-dii-Loir (palnm saint Cuiiii-a-
lois), celle de Saint-Laud d'Anf;ers, celle de Saint-
Sarya d'Anaers.
Nos voyageurs reprirent ensuite leur route,
probablement à l'occasion d'une nouvelle inva-
sion de Normands, et vinrent drmander asile nu
pieux llel]^''in<l, comti- <le Pontlni'u. Ce sei-
fineur, qui avait la noble ambition de grouper
autour de son cliAleau le plus de corps saints
qu'il pouvait, fil le meilleur accueil à celui de
saint iiiii-niiolé el le mil en dépAi à Monlreuil-
siir-.Mrr, dans l'abbaye di- ■•.iliii-^ une.
Le bienheureux abbé y il .Irtt, sou» le
nom du Valloy, l'un de» ' plus popu-
laires de cette partie de la Kranc<'.
Kxlrail de» BolliindliitP< et de la tic Ulino du
.s.iint par Wrdlsten, abb4 de L«nd<'Trnner au ix'
>i'cle.
\tiip. ■yi'ranl, rcriTUKiKi, b, nie KraU'.ui' I", l'an».
SAINT .IEA\-JOSEPH DE LA CROIX
Fête le 5 mari
Apparition do l'Enfant Jésus à saint Jean-Joseph de U Croix.
V,i
1
SAISSAN'CE DE SAIM JEAN-JOSEPH SON ENFANCE
Saint Jean-Josppli do la Croix naquit dans l'île
d'Ischia, le jour Je l'Assomption de l'an 1654; il
reçnt au bapti^ine le nom de Charles Cajelan. Sa
famille, d'une grande noblesse, se distinguait sur-
tout par sa piété extraordinaire ; son pore s'ap-
pelait don Joseph Calosinlo, et sa mère doua
Laura (îarf,'uilo. Ils eurent le bonheur de voir
cini] de leurs enfants se consacrer à Dieu; Charles
Cajetan les d<?passa tous par ses héroïques vertus
et son éclatante sainteté.
Dès son eiilance, il aimait la retraite, le silence,
la prière; il fuyait les jeux de ses frères et de
ses compagnon^; il consacrait le temps de ses
récréations à visiter les é;;lises et à y prier avec
une prande ferveur. Il avait un culte tout parti-
culier pour .Mdiie, à laquelle il dressa uu petit
autel dans sa chambre; il récitait chaque jour
l'office de la .Mère de Dieu, et Jeûnait au pain et
à l'eau tous les samedis et aux vi;;iles de ses
fêtes. Il aimait aussi d'un amour ardent les
pauvres, sachant que le bien i|u'oii leur fait,
Jésus-Christ le regarde comme fait a lui-même ;
et, malgré le rang élevé de sa famille, il travail-
lait de ses mains et distribuait aux pauvres le
fruit de son lal)eur. Il s'appliiiuait à la mortifi-
cation et 4 la patience. Souflleté un jour par
un de ses frères, Charles se )eta à f^enoux dans
la boue et récita le Pater pour celui qui l'avait
frappé.
COMMENT IL SE DPCTDE A ENTRER
C.nrj, LES BF.Lir.lEL'X DE SAI.NT PIERRE D'aLCANTABA
A peine ft^'é de dix-sept ans, il voulait se con-
sacrer tout entier à Dieu dans une vie austère;
mais il hésitait entre les trois Ordres les plus
sévères des Chartreux, des Minimes ou des Frères
Mineurs de S.iinl-l'icire d'Alcantara.
.\près avoir fait une neuvaine très fervente au
.Saint-Esprit, afin il'obtenir les lumières dont il
avait besoin, il arriva aue Jean de Saint-Bernard,
l'ranciscaiii d«'chaus'-e de la réforme de Saint-
l'ierre d'Alcantara, vi'uu d'EspaRneen Halie pour
y établir ce nouvel Ordre, vint à Ischia. Ses vertus,
la sainteté de ses discours, son habit austère
tr.iiisporlèreiil d'admiration Charles Cajetan qui,
il -iTinais, n'eut plus de doute sur sa vocation.
.■^.uis tarder il.ivaiitaue, il quitta sa famille et se
rendit à Naple» au couvent de Sainte-Lucie-au-
Mr>nl, où il sollicita avec ardeur son admission
Jaii» l'Ordre.
Après neuf mois d'épreuve, il put commencer
son noviciat, et quelques jours après, il reçut
l'habit, le seul qu'il porta pendant les soixaiiti'-
qiiatre ans qu'il vécut en religion. Ce fut alors
qu'il ch.iiuea son nom en celui île Jean-Joseph de
la Croix; il prit le nom de Jean, parce que l'on
' -brait le lendemain l.i f''lc ib- «aint Jenn-llap-
lisle ;celuide Jo-
pour ce ■^aiiit, il
il' iotmii en» ers U ,
^■'ll triiip^ de nov .
I
de son amour
il rnii'e de sa
■ i:.iiour.
irs plus
DU? 1'..- Jours au
portail avec lui.
I
d.u.
•itlii I- I
<l A-
IL EST cmi*ai nu roMMii tt coctext
I M s
A pein' 1 lAme aiin''e,
] que ses supérieurs, convaincus de sa f;rande
sainteté, l'envoyèrent pour dirij;er l'érection
d'un couvent à l'iediraonte d'Alila (le monastère
d'Afila) au pied de r.Vpennin. C'était une cliarse
très difficile; mais, avec la {jràce de Dieu, il s'en
acquitta avec beaucoup de succès. Il fil h;Uer la
construction du couvent, pendant la()uelle il
aidait lui-même les maçons, portant sur ses
épaules des pierres et du mortier. Le monastère
achevé, il lit régner parmi ses reli;:ieux un grand
silence et un profond recueillement. Il lit égale-
ment observer rigoureusement la rè^le et vou-
lut que celle maison, la première de cet Ordre
établie en Italie, non seulement rivalisât avec
celle de Pedroso, établie dans la provinre d'Ks-
tramndure en Espagne, par saint Pierre d'.Vlcan-
lara, mais qu'elle I emportât sur elle par la sévé-
rité de la règle. Son zele fut récompensé par
une preraièie extase, où ses frères le virent
dans la chapelle élevé de terre et touchant le
plafond de la tète.
Il se vil obligé, par obéissance, à son grand
regret, de recevoir la prèlrise et de se livrer
à l'exercice du saint ministère dans le tribunal
de la Pénitence. C'est là qu'il fit paraître sa
science théolo^ique puisée dans l'étude du cru-
cifix, à l'exemple de saint Thomas d'Aiguin <'t
sainte Thérèse, encore plus que dans le» livres.
.\fin de s'adonner avec plus d'ardeur à la prière
et a la méditation, il se relira dans un petit
ermitage près du couvent; il en éleva ensuite
cinq autres dans les environs, où plusieurs de
ses frères se retirèrent et firent de grands pro-
grès dans la sainteté.
IL est NOMSI^ MAITRE DBS NOVICES
Dès qu'il eut vinst-quatrc ans. ses supérieurs
le choisirent pour maître des novice*. Dan« celte
nouvelle charge, il ne se permit jamais la moindre
dispense; toujours as.sidu au chœur, fldele à la
prière et à toutes les ob'-ervances de la règle, il
était un vrai modèle pour ses novices, qui pou-
vaient sans crainic imiter tontes ses actions. Iton
et doux pour ceux dont il était char;:é, il élait
d'nne rigueur extrême pour lui-inème ; il s'elTor-
çail d'enllammer ceux qui étaient sous sa con-
duite d'un amour ardent pour Jé'-us-ChrisI, d'un
grand désir d'imiter ce divin SauM-iii et Marie ■^a
sainte Mère. Nommé ensuite gardien à Piedi-
monlc, il s'acquitta très heurrusi-iiienl de la
charge de supérieur, mais son humilité préférait
l'obéissance au commandement, et il fit tant
d'instances i|u'au bout de deux ans il obtint
d'être déchargé île ce fardeau. Il ne jouit pas
lonKlempsde iille liberté si déjirée , car, en H/Si,
le Chapitre provincial le nomma de nouveau gar-
dien. Noirf-Seiyneur, pour l'éprouver, lui in»M\,i
pendant ce temps des lénibrc», des <
qui eineloppirent son âme et la toi, ni
beaucoup. Il fut récompen'é de sa paln-uce par
la Msiun de l'âme d'un Frère mort di-|>ui» peu dr
ti-iiip-.. qui lui assuri que pas un seul des rili-
-iriix lie Saint-Pierre-d'Ali .inl.iia, »eiiu» a .Naplr-,
III' s'rlail perdu. Il fut telleinenl con*n|i! par
cille apparition, qu'il emliras»n avre joir |ps
i"iii iiniii'i-^ '.nui |-i.nii l'i-. Il A^-
Pierre d'Alcantara, qu'il s'efforçait
■il.
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1 . V mil l'ie*.
Il il II
'■ r*. ou fai*j<nt i
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Piedimonte. Pendant ce temps, il fut appelé
dans son pays natal, afin d'assister aux derniers
moments de sa- mère, qui rendit son âme à Dieu
entre les mains de sou fils bien-aimé.
FBUITS OC'iL OBTIÏNT UIHACULEOSBJIKNT
POUR GIÉRIR UNt MALADE
Saint Jean-Joseph avait une grande confiance
en Uieu, aussi fut-elle souvent récompensée par
des miracles.
En Toici un qui arriva huit ans avant sa mort.
Au mois de lévr ier, romme il rentrait au couvent,
un marchand ii(i|>n|iiHiu s'approcha de lui, le
conjurant de prier pour sa femme qui était en
crand dani-er, désirant ardemment avoir des
pèches qu'on ne pouvait lui procurer à. cette
époque. Le Saint lui dit d'avoir confiance, et que
le leudemaiii, le Seigneur, saint Pierre d'Alcan-
tara et saint Pa«i:al exauceraient son désir.
Apercevant ensuite quelques branches de châtai-
gnier, il dit au Fr. Michel qui l'accompasnait :
« Fr. .MIcliel, prenez trois de ces branches et
plantet-les; si vous le faites, le Seigneur, saint
Pierre d'Alomlara et saint Pascal auront éf;ard
aux hennins de celte fiauvre femme. » Le Frère
convers s'écria, émerveillé : <• (iuoi, mon Père,
des branrhes de châtaignier peuvent-elles donc
produire de» pèches'? — Laissez le tout, reprit
le Saint, entre les mains de Dieu et de saint
Pierre d'Alcanlara. •< Le Frère obéit et planta les
branches de rhàlai({nier dans un pot à fleurs
prés de la ft-nétre du Saint, et le lendemain, on i
les trouva couverte» de feuilles vertes et portant
chacune une superbe pèche. La femme en man-
gea et échappa ainsi à la mort.
SON AMOCR POUa DIEU
ET SA CriARlTÉ POUR LBS PAUVRE-
L'amour de Dieu bnMait si ardemment dans
son âme qu'il éclatait jusque dans ses traits, et
donnait à ses discours une onction particulière :
Quand il n'y niirnil ni ciel, ni enfer, disait-il, je
loudrais néanmoins aimer Dieu loiijours.
Un véritable amour pour Dieu n'est Jamais
séparé d'un sincère amour du prochain et sur-
tout des pauvres. Saint Jean-Joseph se fit un
devoir, pendant toute sa vie, de nourrir les
pauvre» et, lorsqu'il eut été élu supérieur, il
défendit de renvoyer un seul mendiant du monas-
tère sans lui d'inner raumono. Dans un temps
de disette, il cnnsac-ra au soula;;ement des mal-
heureux sa propre nourriture et celle de sa com-
munauté, Sf reposant sur la Providence du soin
de pourvoir aii\ besoins de sa maison.
Sa charité pour les malades le poussa plusieurs
fois à demiiiiler à Dieu de transférer sur lui les
souffrances des antres, et il vit avec bonheur sa
prière souvent exaucée. De même aussi, il se
chargeait de faire prnilencc pour des pécheurs
auxquels il n'iniligeait qu'une léiière satisfaction.
Outre ces vertus ::énérales, il possédait dans
un decré éminent relies qui sont propres à la
vie reli;,'ieu«e. Son obéissance aux ordres de ses
supérieurs ne C"<iinai««ait pas de bornes. Nous
avons déjà vu minmeiit il pratiquait la pauvreté
puisque, peiufnit les °nixnntc-qiiatre ans qu'il
vé<-ul dans l'Ordre, il porta toujours le même
habit.
Il eut le bonheur de conserver sans tache, pen-
dant toute ^a VIP. 1,1 «amie vertu de pureté.
L'humilité, véritable fondement de toutes les
vertus, lui faisait a'-mmiilir av«îc une grande joie
les emplois domestiques ilii iniiii.i-l'T» ; l'esl
son humilité qui l'a empêché aussi de retourner
dans son pays natal plus souvent.
SA MORTIFICATION, FBBMB APPUI DE TOUTES SES VERTUS
Tant do vertus admirables et tant de grâces
dans l'âme de saint Jean-Joseph supposent des
mortifications extraordinaires, tn effet, aux
pénitences et aux iioralireuses austérités pres-
crites par les règles de son Ordre, il ajoutait
toutes celles que sa piéié pouvait ima;.iiier. 11
gardait le silence aussi longienips que possible,
et ne parlait qu'à voi.x ba-se; il allait ttte nue
dans toutes les saisons. So.is ses habits grossiers
et pesants, il portait divers cilices et diverses
chaînes, qu'il avait soin de varier aliu de rendre
la douleur plus intense. Il >e donnait, en outre,
de rudes disciplines; lorsqu'à l'ilge de quarante
ans, ses supérieurs l'obli^-erent de porter des
sandales, il mettait entre elles et ses pieds une
quantité de petits clous.
.Mais le plus affreux instrument de pénitence
qu'il inventa contre lui-même fut une croix
lon;:ue d'un pied environ, f,'arnie de pointes
aiguës, qu'il s'attachait sur les épaules avec une
telle force, qu'il s'y forma une plaie qui ne se
ferma plus depuis. Il en portail une autre du
même genre, mais plus pelilo, sur la poitrine. Il
ne doriuail presque pas, et pendant les trente
dernières aunées de sa vie, il s'abstint non seule-
ment de vin et d'eau, mais même de toute espèce
de liquide.
MIRACLES, EXTASES ET AUTRES FAVEURS CKLESTES
Mais il est doux de soiilTrir pour l'amour de
Jésus-Christ, et ce bon Maître se plait parfois
à faire goûter les joies du Tliabor à ceux qui
l'aiment assez pour le suivre héroïqueinent au
Calvaire. Il aime parfois k leur donner un avant-
goùt de la félicité qu'il leur réserve au ciel.
Saint Jean-Joseph eut souvent des extases pen-
dant lesquelles il ne voyait et n'entendait plus
rien. En outre, il eut le bonheur de recevoir, en
plusieurs circonstances, et en particulier daus la
nuit de Noèl, l'Enfant Jésus dans ses bras. La
Sainte Vierge lui apparut aussi et lui parla,
tomme il l'a déclaré daus uu moment de trans-
port.
Le bon Dieu lui accorda é:.'alement le don de
bilocatioo.L'njour,F'rancisroViveros, domestique
d'une duchesse, vint prier le P. Jean-Joseph
de l'accompauncr chez sa maîtresse qui, très
malade, désirait le voir. Or, le Saint était malade
lui-même et incapable de remuer sur son lit. Le
domestique revint lui rapporter celle triste nou-
velle. Quel ne fut pas son êioimemenl en entrant
dans la chambre de la mafide de trouver le Saint
auprès de son lit et oocnpé à la consoler. Il éclata
en transports d'adinirati«n : " Que vous êtes
simj)le, lui dit le saint moine, dont l'humilité
s'effrayait. Que vous êtes simple, je suis passé
tout près de vous et vous ne m'avez pas vu! •
C'est ainsi qu'il cherchait ;i \oiler ce prodige.
Au don des miracles, Dieu ajouta celui de pro-
[iliétie, ainsi qu'on s'en aperçul en (ilusieurs cir-
constances. Ainsi, il prédit un jour la destinée
future à Irois jeunes f;ens qui s'éiaienl présenlé>
à lui. Au premier, il dit : " IléUs! mon fils, un
Ordre relii'ieux n'est pas la vocation, lu as une
mine de potence. ■■ Au second : ■• Tiens-toi mu
les cardes, mon fils, car tu e« menacé d'un cr.iii.l
péril, .p Enfin, au trojsieum : <. Priez la S.iu.i ■
\ieri;e avec ferveur, faites voire devoir, et lii. u
vnus assistera. » Cello préHiriion s'aemmplil :i I i
lellre.ear le Iroi-lrm", séiml lail ieli:;ieux cIk/.
les Franciscains déchaussés, apprit en passant
près de Pozzuolj que le second avait été tué ui
réduit en cendres sur une montagne voisine.
Vers le m.'me temps, il rencontra le premier,
armé et équipé conjme un brigand; celui-ci avoua
qu'après avi>ir commis un assassinat et avoir été
condamné, il s'était échappé de prison, et que. au
moment m''me, il était poursuivi pour un autre
homicide.
l'ne autre fois, appelé pour assister une reli-
gieuse expirante, il dit en voyant une jeune per-
sonn-, nièce de la religieuse, auprès du lit : «• Vous
m"avez appelé ici jiour assister à la mort de la
tante dont la vie d^it encore se prolonger, tandis
que c'est la ni»re qui est sur le hord de l'éter-
nité. •> Peu après, en elfet, la religieuse futiîuérie
et la jeune personne emportée subitement par
une attaque d "apoplexie. Ajoutons, pour la plnire
de niitre Saint, qu'il avait aussi le don de con-
naitro 1'? c.i-urs, ainsi qu'une grande puissance
sur les démons et la nature.
\
SAIM JE.\N-JOSEPII PRÉDIT SA MOBT
Toutes les faveurs et récompenses accordées
à notre Saint ici-bas ne faisaient iju'augmenler
en lui le désir du ciel. Aussi est-ce avec une joie
immense qu'il reçut de Kieu la nouvelle de sa
mort prochaine. Une semaine avant son départ
pimr le ciel, il pria son frère de ne pa> l'oublier
dans ses prières, le vendredi suivant, qui fut en
effet le jour de sa mort.
DEn.MEHS 3IO)iE.NTS ET MOBT DE SAINT JBAN-JOSEPII
IL APPARAIT APRlis SA MORT
Saint Jean-Joseph surTécul encore pendant
cinq jours, presque sans mouvement et sans sen-
timent. l.elmars,onlui iloiina l'Exlrènie-Onction
en présence de la coininiinaulé tît d'autres per-
sonna;:es de distinction. Pendant la nuit suivante.
il lîi de fréquents et fervents actes de contrition,
de résignation, d'amour et de reconnaissance.
Eutîn, le jour tant désiré pour lui, à une heure
peu avancée du jour, il dit au Frère convers
qui l'assistait : '■ Je n'ai plus que quelques
moments à vivre. » Le Frère courut avertir le
supérieur, qui vint aussitôt avec toute la com-
munauté auprès du malade et tous récitèrent la
recommandation de l'Ame en versant des torrents
de larmes. Seul, le malade restait calme et joyeui.
I.e l'ère f,'ardicn, s'apercevant (ju'il était en auo-
iiie, lui donna la dernière absolution. Le Saint
inclina la tète pourla recevoirella releva aussitôt.
Il ouvrit ensuite les yeux, fixa un dernier regard
plein d'une ineffable tendresse sur l'image de la
bainte Vierge, qui était en face de lui, sourit dou-
cement, puis ferma les paupières et cessa de
respirer. C'était le 5 mars 1734.
A l'heure même où l'àine de notre Saint s'en-
vola vers le ciel, Diego Pignatelli, duc de Monte
Leone, qui se promenait alors dans son appar-
tement, aperçut le P. Jean-Joseph, nui lui parut
en bonne santé et tout environné d une lumière
surnaturelle. Frappé d'éloniiement. le duc, qui
l'avait laissé malade à Najdes peu de jours aupa-
ravant, s'écria : <• (Juoi ! P. Jean-Joseph, ètes-
vous donc si subitement rétabli V » I.e Saint lui
répondit: "Je suis bien et heureux. ■■ Puis il dis-
parut. Il apparut également à Innocent Vabetta,
qui était endormi au moment tlu décès de notre
Saint. '■ .Me reconnais-tu'.' lui ilit celui-ci. — Non,
répondit Innocent. » Le Saint lui dit alors : >• Je
SUIS l'Ame du P. Jean-Jo«epli de la Croix, délivré
à l'instant même des liens de la chair et enroule
pour le Paradis, où je ne cesserai de prier pour
toi et pour ta maison. Si tu désires voir mon
corps, tu le trouveras dans rinlirinerie de Sainte-
Lucie-du-Mont. .> Plusieurs autres personnes,
parmi lesquelles se trouva le I'. Hruno, religieux
de sa communauté, curent le même bonheur.
/lAAv
ito^ Qéanl, t. l'inTgntT, H, rur t-un'Ht I" l'«ri«
SAINTE COLETTE
VIERGE ET RÉFORMATRICE DE LORDRE DE SAINTE CLAIRE
Fêle le 6 mars.
Sainte Colette re8«U8cite, au chœur du couvent de Poligoy, une do ses religieuses, morte
en état de péché et qu'une vision lui a montrée sur le point d'être damnée. La religieuse
ressuscitée ae confesse, a'éteod de nouveau, et va paraître au jugeaient de Dieu.
puriBée d« ses fautes.
l,VJ-(i7»
par l'épouse du duc de Bouriopne, Jean sans
Peur. Au commencement, les religieuses man-
quèrent d'eau. 11 fallait avoir des servantes spécia-
lement chargées d'aller en puiser à la fontaine
publique: ce qui offrait de graves inconvénients
pour le silence et le recueillement.
Un jour du carême où l'on récite à la messe
l'évangile de la Samaritaine qui demande au
Christ la faveur de s'abreuver aux sources jail-
lissant jusqu'à la vie éternelle, Colette supplie
d'abord le divin Maître de lui accorder en aibon-
dance les eaux spirituelles de la grâce. Puis elle
se sent portée à demander aussi Teau matérielle
qui manque au couvent, et dit au Seigneur avec
une foi ardente : ■< Seigneur, donnei-moi de
l'eau. » Elle entend aussitôt une réponse inté-
rieure. Le lieu où elle doit creuser lui est mon-
tré; elle appelle les ouvriers qui ont en vain
sondé le sol de tous côtés. Sur sa parole, ils
creusent de nouveau, et bientôt ils voient avec
admiration jaillir une source abondante qui
fournit une eau claire et limpide.
Après que le monastère de Poligny fut fondé,
Colette retourna dans la ville de Besançon. Or,
pendant son absence, une religieuse de Poligny
tomba malade et mourut. Aussitôt après son
dernier soupir, l'àmede cette infortunée apparut
à la Sainte avec toute la laideur et tous les carac-
tères des damnés : son crime élaitde n'avoir pas
été sincère dans ses confessions.
A cette vue, Colette est saisie d'une poignante
douleur : sa lille perdue pour l'éternité î Elle crie
miséricorde vers le ciel, et, remplie de contiance
en la bonté divine, elle envoie, oar un exprès,
aux religieuses de Poligny l'ordre de différer
l'inhumation. Elle part elle-même, et lorsau'elle
arrive, on expose le cadavre dans la chapelle.
Colette parait au chœur, se prosterne et prie
au pied de l'autel. Elle se relève; puis, au nom
de Noire-Seigneur, elle commande à la défunte
de sortir de son cercueil. Celle-ci, au milieu de la
stupeur générale, obéit, va s'agenouiller et prie
à son tour pendant auelque temps. Le confesseur,
averti, était prêt: elle va le trouver, lui découvre
tous les péchés de sa vie, et après sa confession
accomplit une pénitence, qui sera complétée par
les prières et les macérations de Colette. Se
tournant alors vers les assistants, elle leur dit :
" Mon 4me était déjà portée en enfer par les
démons, lorsqu'elle fut défendue par un ange,
qui me conduisit à notre vénérable abbesse pour
réclamer son secours. C'est à sa prière que
je dois ma délivrance. » Ensuite elle se replaça
elle-même dans son cercueil, et s'y endormit
rptto fois du dernier sommeil dons la paix du
Stigiieur.
Le P. Henri delà Balrae, confesseur de Colette,
aidé par les conseils, les prières et les exemples
de la sainte abbesse, travaillait de son côté à la
réforme des religieux Cranriscains. Le couvent
qu'il fonda à Uôle fut la tige d'une nouvelle bran-
chr de l'Ordre de saint François, celle dos
M. .1 n|,..rvantins, bram-he liientôt vigou-
!■ . h II, qui a priiiliiit des saints remar-
I r '■iite-huit ans aprèn sainte Colcllo, elle
■ nviron trente-quatre mille rolicicux,
'■ : à ranimer la vie chrélicum- dans le
monde.
A t.! Mlil''
I
■{['• lérormo de» ri i
' 'rdre de
lis une V
i 1,1.-
l 11
('rince
• -'> miuion de Colette.
fr.ui',ui*, Jarqu)*» d<« Hourbon, qui
avait été roi de Naples, après avoir travaillé à
propager les Clarisses réformées et leur avoir
donné ses filles, embrassa lui-même la vie reli-
gieuse chei les Observantins.
On vit un grand nombre de filles de rois, de
ducs, de comtes, imiter de si beaux exemples.
Tant de succès n'altéraient en rien la profonde
humilité de Colette, et c'est pour cela que Dieu
s'en servait pour accomplir de çrandes œuvres.
Elle ne cherchait en tout que la gloire de Dieu
et la désirait avec une ardeur incomparable.
C'était pour son àme une poignante douleur
de voir travailler le dimanche et profaner les
jours de fête. Elle conjurait les princes, les pré-
dicateurs, tous les hommes chargés d'exercer,
quelque autorité, de s'employer de tout leur
fiouvoir à faire cesser cette désobéissance à la
oi de Dieu.
Ses couvents ne vivaient que d'aumônes et
pourtant, quand des malheureux venaient à pas-
ser, elle n'hésitait pas à dépouiller sa pauvre
communauté pour les secourir, tant sa charité
était grande.
Plus d'une fois, Dieu multiplia miraculeuse-
ment les ressources dont elle avait besoin pour
ses aumônes.
MORT Dl SAINTS COLBTTI
Le duc de Bourgogne, dont le pouvoir s'éten-
dait sur la Flandre, voyant les bénédictions que
les Colettines attiraient sur les villes où ell< -
étaient, pria notre Sainte d'établir sa réforiiit-
dans le nord de ses Et<its. Elle y consentit et,
prenant avec elle une colonie de religieuses, elle
vint d'abord à Hesdin, puis à Gaiid, cnlin à
Amiens et dota chacune de ces villes d'un couvent
de Clarisses.
Elle commença dès lors à répéter & ses filles
que sa lin était prochaine. Après avoir inuti-
lement essayé une fondation àCorbie, elle revint
à (;and, dont le monastère lui était le plus cher,
parce qu'il était le plus pauvre.
Le 20 février 14*7, la sainte réformatrice fut
prise de douleurs très cruelles et dont la nature
était inconnue aux médecins. Elle envoya cher-
cher son confesseur et reçut la sainte commu-
nion. Le 6 mars, elle expira doucement.
Au même instant, on entendit, dans plusieurs
couvents de Clarisses, des anges chanter une
mélodie inconnue, mais très harmonieuse. Au
monastère d'Orbe, au milieu de ce concert, une
voix céle^te prononça ces paroles: u L^ véné-
rable Suur Colette est allée vers le Seigneur. ••
Plusieurs religieuses eurent le privilège de voir
leur glorieuse Mère couronnée par Jésus-Chrisl.
La population de Cand se porta en foule à sei
obsèques. Une odeur tiès suave s'échappait du
corps île la Sainte et impréunait tous les objets
qu'on lui foisait toucher. Il se lit beaucoup do
miracles à son tombeau, sur lequel on grava
ces mots: « Douce amie de liieu, rose épanouie,
étoile brillante-, souviens-toi de nous à l'heure
lie notre mortl » Ia mère de Charirs-Quint,
11 • ' ■ au, y obtint de Dieu, par
I i.te Colette, la naissance de
I.i-s reliqiii's de la Sainte soDl aujourd'hui i
l'nligny (Jura;. \))
' uni> boDn* i'it de tninlr CoUlIt, ptr
Il > t. riirt doyen dcCorble (Somme). Voium»
in-ti il<> !>uo pa|;et.
i.. riTiTBuai, lii.^. y<ra«<,l, ru* Krki>i;oit I". l'ârit
SAINT THOMAS D'AQUIN
SURNOMME LE DOCTEUR ANGÉLIQUE
Fête le 7 mars.
O&IOWE KT MERVEILLEUSE INFANCB DB SAINT THOMAS
Le dorleur angélique, saint Thomas d'Aquin,
que le Souverain Pontife Léon XIII a soiennel-
lenient (>ropose' comme le raaitre, sur la terre et
le patron dans le ciel, de toutes les écoles catho-
liques, descendait de la noble famille des comtes
d'Aquin, près de Naples. Son père se nommait
Laudulphe, et sa mère, Th'-odora. Tandis qu'elle
portait encore dans son sein ce fruit de tant de
DënëdictioDS, un ermite, nommé Bon, lui dit dans
on esprit prophétique : •' Héjouissex-vous, car
TOUS mettrez au monde un fils qui sera célèbre
par toute la terre à cause de l'exrellenre de sa
Tie et de sa doctrine. » La comtesse répondit :
■ Que la volonté de Dieu ^nit faite. »
Dès le berceau, l'enfant lit pressentir le saint
et le docteur : sou âme prédestinée ne s'ouvrit
que du côté du ciel et semble n'avoir pas vécu
un seul instant pour la terre.
Un jour que sa nourrice se 'disposait aie mettre
au bain, elle aperçut dans sa main un papier
qu'elle essaya de lui enlever; mais Thomas serra
SI fort ses petits doifits et poussa de tels cris
qu'elle dut le lui laisser. La nourrice ayant
raconté ce fait à la comtesse Théodora, celle-ci
résolut de savoir à toute force ce au'il y avait
dans ce merveilleux billet. Elle fit lâcher prise
à l'enfant et y trouva écrites les paroles de l'Ave
Maria. Mais Thomas réclama son trésor avec
tant d'emportement, que sa mère le lui reudit
aussitôt. Il le porta alors à sa bouche, et, le
mâchant peu i peu, il l'avala.
Quand il pleurait, comme font les enfants, il
157
n'y avait qu'un moyeu de l'apaiser, c'était de lui
donner quelque livre à feuilleter, et il se taisait
incoutinent.
Dès qu'il eut cinq ans, ses parents le placèrent
au célèbre monastère du Mont Cassin, où les fils
de saint Benoît élevaient dans la piété et les
bonnes lettres un grand nombre d'enfants nobles.
Dans un âge si tendre, Thomas étonnait ses
maîtres par sa rélleiiou et la vivacité de son
esprit. Sourenl.il adressait aux moinescelte ques-
tion : « Qu'est-ce que Dieu? » tout préoccupé
déjà de ce qui devait être l'étude de sa vie. Et le
petit théologien ne perdait pas un mot des réponses
qu'on lui faisait.
11 fuyait le bruit des jeux, évitait les compa-
enons turbulents, et souvent, déjà, il passait des
neures ratières dans le silence et la contemplation.
A l'âf-'i' Je dix ans, on l'envoya à îiaples pour
y suivre le cours des études, qui comprenait la
k'r.iiniiKiire, la dialectique, la rhétorique et la
pliil.'>i>|'liie. Les matières les plus ardues, qui
elTrayent même des esprits robustes, ne furent
qu'uii jeu pour cet enfant. Sa jeune intelligeme
y respirait à l'aise comme dans son élément
naturel. Il n'avançait pas moins en sainteté qu'en
science. Ses récrealious étaient d'aller prier dans
les églises ou de faire du bien aux pauvres. II
était le modèle des écoles avant d'en devenir le
maître.
C'est à Naples que Dieu lui fit trouver de
bonne heure sa voie. L'n couvent de Frères Prê-
cheurs s'y était établi depuis peu. Thomas fit la
connaissance d'un saint et vénérable reliftieux
nommé Jean de Saint-Julien, avec lequel il con-
versait fort souvent. C'est par son moyen qu'il
entra dans l'Ordre, étant igé seulement de
quatorze ans.
HCDIS ^BBUVU Dl Lk VOCATION DE THOMAS
ET SLOalEUX TBIOMPHI
l.e démon ne pouvait manquer de traverser
une vocation si menai ,inte pour lui, et qui devait
faire resplendir de son plus (glorieux érlat l'Ordre
encore tout nouveau du palriaJ'cbe saint Domi-
nique. Il se servit d'un moyen qui l'a rendu
souvent victorieux : la tendresse ennemie d'une
mère.
Théodora se trouvait alors à son château de
Hocm-'^ir-r-a. Elle vint à Nnpips pour voir «nn
lils, ■ !•■ 'v ■ '■
Ses .... 1 - .,
..«ecrètiiurut partir pour llouiele jeuue itli^icux,
-<>t, ne l'y croyant pas i-ncore en siireté, ils le
' i France, où ce précieux
:ile. La riimlesse.en efTet,
■•(■ [criaii a ii'iii'' i" m le leur arrachi-r; mais,
apprenant qu'il était en route pour la France,
II.. / • .. ... I..... i.i. I ....I, I..),,. „i II..,.
lui lit livrer un assaut plus tenace encore par
ses doux sœurs. Mais, loin de se laisser vaincre,
Thomas leur prêcha avec tant de persuasion le
mépris du monde, qu'une d'elles en demeura
vaincue et se fit relif;ieuse au couvent de Sainte-
Marie de Capoue, où elle vécut saintement et
devint par la suite abbesse.
Les choses en étaient à ce point quand Lan-
duiphe et Arnaud revinrent de la guerre. Trou-
vant leur mère tout al'IliKée, ils résolurent,
comme des soldats, de terminer l'alTaire de vive
force. Ils s'emparèrent de Thomas, le maltrai-
tèrent horriblement, et, eiiiln, mirent en pièces
son habit religieux, atin qu'au moins la honte
l'obligeât d'eu changer. Ttiomas s'accommoda
comme il put avec les lambeaux et persista dans
sa résolution.
Ses frères l'enfermèrent alors dans une tour
du château de Rocca-Secca, et n'eurent pas honte
de recourir contre lui à la ruse la plus infâme.
Persuadés qu'ils auraient tout gagné s'ils par-
venaient à faire snci-omber sa vertu, ils lui
envoyèrent une misérablf femme pourl'enlralner
au mal. Cette effrontée s'approcha du saint jeune
homme avec des manières lascives et des paroles
empoisonnées. Thomas, tout troublé, s'écria:
" 0 Seigneur J''«us, et vous. Vierge Marie, Très
Sainte Mère du Christ, ne perniellei pas que je
me souille d'un tel forfait. » Puis, soudain, sai-
sissant dans le foyer un tison enQammé, il en
poursuivit la mallieureu.se, qui s'enfuit aussitôt.
Demeuré seul, tremblant et honteux, il traça
avec le tison une croix sur la muraille, et se
jetant à genoux, il pria longtemps avec une
grande abondance de larmes, demandant et
vouant h Dieu et à la Sainte Vierge une perpé-
tuelle chasteté.
La nuit suivante, deux anges lui apparurent
fiendant son sommeil, et l'un d'eux lui ceignit
es reins d'un cordon, avec une douleur si vive
qu'il ne put s'emp'^rher de pousser un f:rand cri.
En même temps, l'ange lui dit: « Au nom du
Seieneur, nous te ceigimns dr la ceinture de la
chasteté, qui ne sera jamai* dénouée. " Depuis
c temps, il n'eut plus le moindre combat à
soutenir contre la chair, et vécut comme un
ange dans un rnrp' imiiT"ii'é. — C'est en mé-
moire de Cl - confèrent le
■iTiInti d' ~ i milice angé-
it.' de la chasteté,
Tluu
de R(.
cains
icuiau.', ' r dans la tour
['•■ndant . les Domini-
'.miii a ' jusqu'à
des viUeji filtres.
iiriii'illii dans i.i jiii ir et dans
l'étude, et cette solitude forcée tourna i l'avan-
cains pai »
lui, et lui .1
Pour lui, il
M}.-s et 1.- I- 1
revi'
ui
lit .!
r du voy.i«<>ur. On
iiMit où, fatik-ué du
' ! un puits «TOC
il.
ra quand elle
■nre'.seï et de
' inventer.
iil r'»f)<«et
lit son m», et ses sirurs, qu
I pw sa constance '•! inr m -. ii-
.l<»scrndirenl la nuit dnn ", por la
if-nêtre de ta tour I 's Kr l'.STcr-
lis à l'avance, I' i
des transport» A- ^i
SAINT THOBA* IT *L«nTM.I-«*A!nt
Qwmd Tbama* ■«! I«nnin^ ce rudo noriciat.
Voyant la p-
grand homme : sa joie fut donc bien vive à cette
nouvelle.
Arrivé à cette illustre école, il ne s'y distingua
d'abord que par son humilité et par un silence
continuel. C'était l'effet des profondes médita-
tions par lesquelles il se préparait à parler u»
jour avec tant de justesse et de lumière; mais
ses condisciples crurent y voir la marque d'un
esprit pesant et tardif. Ils l'appelaient par déri-
sion : le bœuf muet de Sicile. Tandis qu'Albert
expliquait le traité difficile des noms divins de
saint Denis, un d'eux s'offrit par charité à répé-
ter au Frère Thomas les leçons du maître, afin
qu'il les pût mieux entendre. Le Saint accepta
ce service avec une humbb» reconnaissance. Mais,
un jour, le répétiteur s'embrouilla tellement dans
une question compliquée, que Thomas ne put
s'empêcher de dire avec modestie : •■ lime semble
que le mciî tre ne l'a pas expliqué de la sorte . »
Puis il se mit à exposer le passage avec plus de
clarté et de profondeur qu'Albeit lui-même. Son
condisciple, comprenant sa témérité, s« jeta à ses
penoux, lui demanda pardon et voulut recevoir
df lui, désormais, le service qu'il avait cru lui
rendre. Saint Thomas ne lit pas d'humilité aux
d'^pens de la charité, et il consentit volontiers à
son désir.
Un autre jour, on apporta à Albert on papier
sur lequel Thomas avait rédi<;é une des leçons dn
maître, et qu'il avait laissé échapper en sortant
de sa cellule. Albert fut frappé de la profondeur
et de la lucidité de cet exposé, et ordonna à Tho-
mas d'expliquer la question devant ses condis-
ciples. L'humble religieux, honteux de cette dis-
tinction, s'en défendit d'abord ; mais il dut céder
par obéissance. Quand il eut uni, Albert s'écria:
" Vous appelez celui-ci un bœuf muet, et moi je
vous dis que bientôt ses mugissements seront
entendus de toute la terre, n
SAIXT THOMAS DOCTBUJl
I-e cour? de théologie terminé, on l'enToya
avec -Uhert-le-Grand -a Paris, où, à vingt-deux
ans, il interpréta les bvres d'Aristote et le maître
des «entences. Il le fit avec tant d'éclat, qu'on
l'obligea, étant âgé seulement de vingt-cinq ans
à prendre le grade de docteur. Mais celui que
tous les docteurs de la plus savante université
du monde regardaient déjà comme leur maître,
se croyait indiu'oe d'être appelé docteur. Il ne
céda que par obéissance et avec beaucoup de
tristesse. Mais Dieu voulut consoler son humble
serviteur.
tne nuit, un vénérable vieillard lui apparut,
et lui demanda pourquoi il s'afUigeait ainsi. Tho-
mas répondit que ses supérieurs le forçaient à
pri-ndre le grade de docteur, et qu'il ne savait
m^me pas quel sujet choisir pour sa thèse. Le
vieillard le consola donrement, et, quant à sa
'.iiese, il lai ordonna de traiter ce texte du
psaume 103 : Arrofint Uf manlaqnes de ses hautes
ini<.( ., la terre sera rafsasiet d>t fruit de ses labeurs.
Thomas, tout con.'olé, remercia le Seieneur; il
ex,-' lua .ivec éclat !► ii.i«-^.ijf indiqué, et pro-
p! même sa i "ire, en exposant
d' que le ■ i , rit semble avoir
dictées Inut r-xirès pour lui.
Saint Thomas enseigna Innatemps k Paris,
pui!« 4 Hcni)- el à Naples. ii ' le composer
jur h rihil" n; i jn, ciir \-\ ' l sur l'Ecri-
ti . ixi luuUt 1.1 doctrine
d' iints Père* se trouve
e.i|<l.'ia't ' olaité, une force et une
iii'lii I- lies. Il n'ab' rde pas une
question sans lui donner toute la lurniere dint
elle est susceptible ; et il n'attaque pas une erreur
sans la détruire jusque dans ses plus profondes
racines; et, ce qui est plus admirable, il n'y a
pas une erreur contre la vérité catholique sou-
tenue depuis son temps qu'il n'ait prévue comme
par une sorte d'esprit prophétique, posée ave-
plus de force que les hérétiques mêmes et réfu-
tée sans réplique. Le protestantisme était réfute
dan5 la Somme théologiij'te longtemps avant qu'il
ne parût. Et Léon XÛl, voulant opposer une
digue aux débordements des erreurs modernes
et indiquer une lumière qui permettait de
résoudre les problèmes si obscurs posés à l'esprit
humain par un état social sans précédent dans
l'histoire, n'a pas trouvé de moyen plus efficace
qu'un retour sincère et complet à l'étude de<
écrits du docteur amgélique. Il n'y a qu'un seul
point sur lequel il se soit trouvé en défaut,
entraîné par l'autorité de plusieurs graves doc-
teurs qu'il n'a pas cru pouvoir co tredire. Malgré
sou tendre amour pour la Saiute Vierge, il n'a
point professé la doctrine, définie depuis, de
l'Immaculée-Couception. Il semble que Dieu,
en permettant cette erreur chei un homme des-
tiné par lui à être le maître par excellence, ait
voulu nous montrer qu'il n'y a qu'une autorité
infaillible, celle de son Vicaire, ici-bas.
Beaucoup de docteurs d'uu grand génie ont
écrit et parlé depuis SEunt Thomas; mais tous lui
ont dii ce qu'ils ont de bon, et quiconque a
voulu s'écarter de lui s'est toujours fatalement
égaré dans des routes sans issue. » Ceux qui
suivent sa doctrine, dit le pape Innocent VI, ne
se trouvent jamais éloignés du bon chemin :
et quiconque l'attaque est toujours soupçonné
d'erreur. » Cent autres témoignages semblables,
rendus par les papes et les conciles nous per-
mettent d'afûrmerque l'Eglise le considère comme
le docteur des docteurs et le maître des m.oîtres.
Or, en même temps qu'il était le plus doi-te, il
était aussi le plus humble de tous. Jamais il ne
hasarda aucune nouveauté, et n'a rien tant à
cœur que de suivre en tout son enseignement
l'autorité des saints. Et c'est ce qui rend ses livres
si précieux pour nous, car, sans cesse occupé à
compulser tout ce que les Pères ont dit, il en a
composé un immense trésor où se trouve rangée
par ordre toute la sa(.esse chrétienne.
Il avait aussi un extrême respect pour les doc-
teurs en renom de son tf^mps, et quand il avait
à les contredire, c'était toujours avec une grande
modestie et une grande charité; jamais il m- se
préféra à personne ni ne prononça une parole
injurieuse. Il ne connaissait d'autre arme que la
simple vérité, mais, dans sa main, elle sulllsait
toujours à remporter la victoire.
Sa modestie, cependant, ne diminuait en rien
sa vigueur contre les ennemis dérlar's de la reli-
gion chrétienne. Quand il combat Avurrhoè^ , le
plus dangereux d'entre eux, il semble se rappeler
qu'il desc;eiid d'une race de chevaliers, et il a,
pour l'honneur de la vérité, la fierté d'un vain-
queur sur un champ de bataille. 11 termine en
ces termes nn opuscule contre le philosophe
arabe : • Voilà ce qu>^ nous avons cru devoir
dire pour réfuter son enenr. Kt maintenant, si
quelqu'un, se glorifiant d'une fausse scieiiei-,
veut dire quelque chose contre ce que nous aTou"
f rit, fj'i il n'uillo piiinl parler dnn« les '■oin'^. m
qui ne ■»
.■ s ; mais i;
M-.nt, s il 1 use , et il trouvera piar lui ii| ii' .
non pas seulement mm. «ïui suis Ir plu-* ; m
de tous, mais beaucoup d'autres encore, qui
aiment la vérité et qui sauront résister à son
erreur ou pourvoir à son ignorance. » (Opusc. 1~.
de Vnitate intellectus.)
l'BOHMB KT LB S.^I!IT
n n'appartient pas à tous les chrétiens de
sonder les inépuisables abîmes de la Somme théo-
logique ou de la Somme contre les Gentils. Mais,
comme il n'en est pas un seul qui n'ait à se
mettre en communication avec la vérité divine,
il est utile à tous de considérer comment saint
Tbomas a pu la contempler dans une si grainde
plénitude. .
11 avait sans doute reçu du Créateur un génie
naturel incomparable. M'ais le secret de la science
est bien plus encore dans les dons surnaturels
qui firent de lui un si grand saint. Les deux vices
qui empêchent l'homme de contempler la vérité
sont le vice de la chair, qui souille les yeux de
l'esprit, et l'orgueil qui ramène le regard sur
soi-même et le détourne des horirons infinis où
brille la vérité. Nous avons déjà vu que Dieu
avait préservé le docteur aneéliqne de toute
atteinte de la concupiscence charnelle; et il est
dit dans le bréviaire dominicain « qu'il ne res-
sentit jamais l'aiguillnii empoisonné de l'orgueil ».
En sorte que son intelligence, naturellement si
sublime, fut un miroir très pur où la vérité natu-
relle et surnaturelle se réfléchit dans tout son éclat
et répandit par lui ses rayons sur tout le monde.
Au reste, son application à l'étude était très
assidue; mais son application à la prière ne
l'était pas moins. « Il priait, dit Ribadeinira,
comme s'il eût vécu d'oraison, et étudiait comme
s'il n'eût fait autre chose. » Après les travaux de
renseignement de la prédication, il passait de
longues heures la nuit dans la contemplation. Il
avait de fréquentes extases, où, plusieurs fois, on
le vil «-oulevé de terre, entraîné corps et âme par
l'attrait de la vérité divine. Il avoue i Réginald,
son compagnon, qu'il avait plus appris aux pieds
du crucifix que dans les livres. C'est là qu'il
recourait dans les difficultés de ses études, et
quand elles étaient excessives, il joignait à C8
moyen les jeûnes el la discipline.
Tandis qu'il expliquait le prophète Isale, il
rencontra un passage si obscur, qu'il ne pouvait
en p''n«-'lrer le sens. 11 jeûna et pria plusieurs
jours. Enfin, une nuit, saint Pierre et saint Paul,
qu'il avait plus particulièrement invoqués, lui
apparurent au milieu de la nuit et lui exposèrent
tout nu long la solution de la difficulté. Thomas
appela iiu«sitôt Héginald et lui commanda d'écrire
le commentaire céleste. Quand il eut achevé,
Réginald se jeta & ses genoux et le supplia, au
nom de Jésus-Chrisl, de lui dire avec qui il
s'était entretenu si longuement. Thomas s'y
refusa, sachant qu'il est bon de cacher le secret
du roi. Mais, comme Réginald redoublait ses
instances, il craignit de mépriser Jésus-Christ
' -ir le nom duquel ou l'adjurait; il répondit
'. < : • Vous savei, mon flU Réginald, combien
fliiié mon corps, ces dernier* jours, i cause
unté de cet endroit d'Isaie; mais la
. plein de bonté, m'a envoyé se* apAtrM
taiiii l'ifrre et saint Paul, qui me l'ont expliqué
clan ''uiriit Hitns un suave entretien. Mais je voot
déf.r,
rien .1
Pour 1) .
il avait ce.
lions »pintu< I.' 1 ip
conférenca» <!>• <■ l'M^n.
[ du Uieu lout-puissant.d'en jamai*
••nnne tant qu^ !<• vivrai. »
,lllt ilH'-liJU'»
1. 'ardeur de
|>."i^'f\ tir»
•■a rharilé
se ranimait bien plus encore dans sa tendre
dévotion pour l'Eucharistie. Devant le taber-
nacle, il était comme la lampe brûlante, et
sa prière resplendissait alors de toutes les
lumières acquises par ses longues éludes. Le
matin, après avoir célébré la messe, il en servait
ordinairement une autre, et on l'y voyait verser
une grande abondance de larmes. 11 a laissé
l'empreinte de sa dévotion aussi tendre que
lumineuse à l'Eucharistie dans l'office du Saint-
Sacrement qu'il composa sur l'ordre du pape
Urbain IV.
En sortant de ses saintes contemplations, il
était pris pour l'apostolat non moins que pour
l'enseignement. Selon sa vocation de Frère Prê-
cheur, il annonçait assidûment la parole de Dieu.
Un jour de l'octave de Pâques, comme il descen-
dait de chaire, une femme qui soulTrait d'un llux
de sang s'approcha de lui à travers la foule et,
comme l'hémorroïsse de l'Evangile, elle fut
guérie en touchant sa robe.
Au milieu de celle préoccupation incessante
de la vérité éternelle qui subju^juail toutes ses
puissances, saint Thomas semblait ne plus vivre
de la vie de ce monde. On aurait dit que son
âme avait oublié son corps. Au<si ses supérieurs
placèrent-ils auprès de lui le frère Réginald, qui
fut pendant de longues années son secrétaire, son
confident, et il faut bien le dire, son gardien.
Une fois, étant à la table de saint Louis,
qui l'affectionnait beaucoup, il se tenait silen-
cieux et tout préoccupé, même devant le roi, de
la réfutation du manichéisme, à laquelle il tra-
vaillait alors. Soudain, frappant sur la table, il
s'écria : « C'est conclu contre les manichéens I
Levei-vous, frère Réginald, el écrive». •> Le prieur
qui l'accompagnait, le rappela au monde réel :
« Sire docteur, lui dit-il, vous êtes à la table
du roi. •> Saint Thomas, bien honteux de cette
saillie, se contenta de dire : •< Pardouiiei-moi,
seigneur roi, je croyais être dans ma cellule. •>
Mais saint Louis, plein d'admiration, fit venir
un secrétaire et lui ordonna d'écrire aussitôt
l'argument, de peur que Tbomas ne l'oubliât.
SAINT THOMAS CBSU o'icniHI — SA MORT
A râ#:e de quarante-neu.' \u», le docteur angr-
lique avait terminé la tâche luiineiise que Dieu
avait confiée à son génie et i «on amour. Un
jour, priant avec ardeur devant du crucifix, au
couvent d'Orviéto. il entcndil sorti- ces paroles
de la bouche du Sauveur : ■< Tu as bian errit de
moi, Thumas ; quelle récompense .lésires-tu
recevoir?" Elle Saint, pénétré d'amoui , «'écria:
« Point d'autre que vous. Seigneur 1 •
Il fut appelé comme théologien par le pape Hré-
goire X, au concile de Lyon (12'74). C'est en «'y
rendant qu'il tomba malade au couvent des Ci»-
tercii-111 de Fosse-Neuve. En y entrant, il su*
qu'il devait y finir ses jours : •< Ce sera ici mon
repos, dil-il, jusau'aux siècles des siècles. » 1..-,
bons religieux I entourèrent de suins. Thoma:)
paya la dette de la reconnaissance en leur expli-
(luaiit, sur son lit de mort, le Cantique des can-
tiques. Il reçut avec une grande dévotion les der-
niers sacrements. Ensuite, comme sa nièce, qui
était présente, lui demandait s'il n'avait besoin
de rien, il lui répondit : « .Non, pas maintenant,
mais j'aurai bienlâl tout, sans qu'il me manque
rien. "
' ! le T mars IS*i, que l'iro* :■ m
|iie s'en alla contrniplrr k
xiiir essentielle pour laquelle s^ir riir aiail
vécu sur la terre.
L l'I. ■ iiii.\ai, Imp y'ui..'. s. I ui 1 iaUt,i'iJ I* , l'ai .
SAINT JEAN DE DIEU
FONDATEUR DE L'ORDRE DE LA CHARITÉ
Fête le 8 mars.
Portrait authentique de saint Jeaoi de Dieu.
NAISSANCE DE JEAN
Jean vint au monde le 8 mars l49o, à Monte-
Major, petite ville clu royaume de Portugal. Ses
parents n'étaient pas des plus riches, mais ils
rnnsidéraienl leur tils unique comme un trésor
inestimable.
Sa naissance, semblable à celle de saint Jean-
Itaptiste, fut pour un ^Tand nombre un sujet de
joie et d'allégresse, car elle fui accompa^^née de
rirconstaiires miraculeuses. 1^ mère venait de
iléposer le nouveau-né dans un berceau, quand,
tout à coup, sa demeure resplendit d'une vive
rlarté, et les cloches de l'éulise se mirent en
Ir.iiile d'elles-mi'mi-s. mue'-, s.insdoute, par l'ance
gardien de Jean, qui annonçait l'arrivée du
martyr de la charité.
IL SE PAIT BF,rti;FR
Jean ^'randit sous le regard maternel. Il fut
élevé, dés ses plus tendres années, dans tous les
exercices de piété dont son enfance était suscep-
tible. Malheureusement, vers l'âge de huit ans,
ayant entendu un voy;i^eur faire une description
enthousiaste des inagnillcences de la ville do
Madrid, l'enfant fui pris d'un vif désir d'aller
voir ces merveilles. Il céda à la tentation, et le
lendemain, de grand matin, sans rien dire à ses
parents, il partit à pied dans la direction dd
rf>pacne.
265
Ses parents le cherchèrent en vain : sa mère
en naoumt de cb;is;nu et son pérp. après avoir
lionne ses biens aux pauvres, se fit reli^'ieuz
franciscain.
Pemlant ce temps, le jeune fudtif, sans autre
nourriture que le peu de pain i|u"il recevait e-n
mendiant, continuait sa route. In jour, harassé
de fatijjue, il s'était assis, pleurant, sur un
rocher, prés d"Oropeza, en Caslille, lorsqu'un
riche propriétaire eut pitié de lui et le prit à sou
service, en qualité de heryer.
Jean i.'ranJit chez cet liomnic. Fidèle, cette fois,
auxinseignemeulsde-aiii' iv.il ^^e nioulraitpieu.\,
vertueux, dévoué. Il av.nt environ viiipt ans,
quand son maître, content de son intellii-'eitce,
lui confia la direction de sa ferme, et, deux ans
après, lui oITrit sa tille en mariage. Mais Jean,
toujours repenlant de sa première faute, crut que
ce serait trop de biens pour lui, et il s'eufait de
nouveau.
SOLDAT
Il s'engasea alors dans l'armée ■--•;■_■■•->, et
coniliatlit dans les troupes de ' ant,
d'alioid à Fontarabie contre k- , et
ensuite contre les Turcs, en lloni.i
Sa vertu résisl.i .lu. !.|iie leiiip- _ nais
pxenifiles de .ides. .Mais le respect
humain et la u des exercices de piété
alT.iililirent peu a peu son courage, et il suc-
conilia auv tentations.
In accident lui ouvrit les yeux.*I'n jour qu'il
allait au fourrage, il tomha de cheval et se
blessa ariévement ; ce qui le mil en donner d'èlre
pris par les ennemis. .Mais il eut recours à la
Sainte Vierge, qui lui apparut l'as-
sister. « Jean, lui dit-elle, tu i. ion
rosaire; voilà pourquoi ce malheur i .m -.uimiiu. "
l'KMTCVrE ET niÎPAB.\TIO.<J
Jean, voyant à quels terribles ennemis était ' au-
expo'-é son salii' -'••tn-i niiH'' ....^i~ .!.■!.. i i.> .>
métier lies arin
l'intention d'y r'.\ i -, _;..
plu". met a couru
Alors, résolu de nlenr'-i -.ilaban- Semneur, m
donne son |iay-. f se loue suivent, lui
à une «lame de i , n- bercer. fou' Au foii
Il .i\ail io ans.
C est daii> la «olitnde qiie r*ieu vonlait le con-
duire l;t lui pai • >• le j l'Ul^.
Peu de temps après, il fut forcé de retourner
civ.l^sfwiin*. Le navire qui. le portait fut surpris
par une ^à furieuse tempête, qu'on crut un
moment qu'il allait sombrer. Jean, attribuant ce
malheur à ses péchés, pria le pilote de le jetir à
la mer, comme avait f.iit Jonas. C'en était fait de
Jean, si .Mario, qu'il avait invoquée comme l'étoile
de la mer, n'était venue calmer les Ilots.
IN PRÉCIEUX FAROEAf — JEAN NE RBOnSRCUE
PLUS LA GLOIRE. Sl.MS LE MÉPRIS
A peine débarqué, Jean songea à se procurer
le«i moyens de subsister, car il était dépourvu
de toute espèce de bien. U se lit marchand
d'ima;;es et ae livres spirituels, surtout de caié-
1 hismes. \ quiconque venait lui acheter cette
pieuse inarcbandise, il donnait graliiiteinut une
bonne parole.
Un joui qu'il allait vendre ses images, il ren-
contra un pelil enfant iiui marchait avec peine et
dont b'S véleiiieiits tombaient en lambeaux; Jean,
ému de compassion, le char;;e aussitôt sur ses
épaules avec son ballot, i;,'noranl qu'il portait
celui qui porte le monde dans sa main. Notre
(;iii ,v',,, 1, ,if chemina bien louiilenips, ployant
anii ieux fardeau. 11 arriva pics d'une
fou ■iit.iiit le besoin de se ilévallérer. il
pria aimablement l'enfant de descfiidre quelques
instants. Jésu> descendit et profita île l'occasion
) .air se laire connaître. Il lui montra une f;re-
n.ide ouverte, au milieu de laquelb- était ll^urée
l.i croix. <■ \oi-., lui dit-il; Grenade sera ta croix, i'
Lt l'euCanl ilisparut.
Jean se rendit ensuite h Grenade, loua une
misérable masure, et continua à vendre des
imuftes, atlcuduut de couiiaitré la volonté de
Uieu.
In jour, assistant an
.l' Avila, en lu !• te de
cil' '■ '• •■ : ' '•• ''
— . n que fais.iit Jean
• stieii, il fut tou-
' -l'a le cd'ur
les sobjats
: Il remplit
ui ret'ret de
. ^uiiit et se
' : " .Miséricorde,
i-ufants le poiir-
>ue, et criant : <• Au
; de crier encore plus
ack du lui Ianc4:r des pierres
• ntl
f...ie
il'- -.1 iierr j lUo' .lu
1' impur du u de son
• 1 il le chi I >.- M- r.c,uirciurs df
veiiaieiil . iii'>|iiit et d'-soler
... . Il aurait \ ,, iiiiiie I enl.iiit pro-
n?louriier ver» s..ii pne et lui demander
Il ; mais >on pire r. ni . (-«..é de tivre. Il
qu'il ne pouvait rieu ' us pour satls-
li iu^li. . diiiiii. , dévouer au
il se mit en route
'in dr semr I»*»
letirn», et d<s le» déllTrer, s'il était
Viii- t
.1. •
■;ti •:
l'iuM
1 I
Il tra-
.nil. et,
ilnl
i.ue'
llllj'l' r.llil .-.ili^ ..--I |[ iiii-'i |. "1 .!■■ umiH' il
pénitre dan- le lieu saint, et, ipiand il s'est jeté
au r ' ' - ' lutel, le S.U-- ' !'• ciicr : ■• Misé-
rii . ui , iiii-
A , qiie|i|ii. , unes .lév.ilrs !.■
mirent, par compassion. & l'bi^pital .
Jc.Oi II. f •^'.. .!>' t t.liti ' (..i: •' l'il.
hoi
I.'l
.l'-ii.iil, iii.ii- -.'Il l'iUler-seul jo
-'(•» le« lmill<'< d'une jll«l«» <l
inl A se« coineils, ce«-.i ili-
I. ••. lai«M)nl le» uardi<*n- tout w.
,U' rison «I soudaine.
Mi- en libcrt/-, J«»«n i
.!'. >"'l|l»T Ir H»~»*in qii
:.'er les pau%Tcs. Il sr mit soiis la pioteclion de
la Sainte Vierge, et, à celte occasion, il alla faire
un peleriaaae à Notre-Dame de la i.uudeloupe,
eu Éstramadare.
De retour à Grenade, il vendit du bois aa
marché et distribua aux malheureux le Kain qui
lui en revenait. Puis il loua une maison poui' les
pauvres malades, pourvut à tous leurs besoins,
et les soii-'oa avec un zèle et une vi::ilance qui
t'-difièrent toute la cité. C'était en l'iio. Tel fut le
début de l'Ordre de la Charité, dont les fonde-
ments, jetés au sein m>'-me de la pauvreté, subsis-
tent >.ucore de nos jours. La Providence a veillé
siu- £on œuvre.
JEAN ET LES PAUVRES
.aussitôt que les pauvres venaient à l'hôpital,
Jean leur lavait les pieds et la<: baisait ; puis il
les mettait lui-m<}mo au lit après avoir pansé
leurs piaies.
Il allait chercher ;'i la ville ce qui était néces-
saire pour leur soula^^ement. Rien de plus
admir.iMe que de le voir traverser les rues de
•irenaJe. tandU un paquet de hardes sur les
épaules, tantôt une corbeille remplie de pains
sur k'> bras.
L'amour des pauvres le rendait in(:énieux. L'n
jour, au milieu de la place publique, il se mit
à crier avec autant de voix que la charité lui en
donnait : " Faites-vous du bien à vous-m^'-mes,
messieurs, faile^-vous du bien à vou>-mémesl «
Tout le monde le comprit et les aumônes furent
abondantes.
Pour le pain quotidien de ses malades, il s'en
remettait à la l*rovidence, car il avait chargé le
Seianeur du .s<iin de leur vie, comme parle le
Psalmiste. et c'est sur la charité qu'il avait assis
son œuvre.
Sa. tiénérosité croissait arec le nombre de ses
protégés. Non mntenl de recevoir ceux qui se
présentaient à lui, il allait jusqu'il chercher dans
les maisons les pauvres retenus chez eux plul<H
par une fausse honte que par leurs infirmités, et
les portait lui-même sur son dos jusqu'à l'hôpital.
JEAX DAX-i U.S tNCF.NDIE
Mais sa tendresse pour les pauvres se déclara
tout entière dans les circonstances suivantes :
le feu s'élail mis à l'hôpital; Jean, bravant la
llamme excitée par un vent vinleni, avec une
promptitude suihumaine, pénétre dans l'inté-
rieur des salles, charte sur son dos les pauvres
inlirmes les uns apré* les autres, et les Iransporle
en lieu sur. Il affronte de nouveau la mort que
les autres croient inévitable, et jelle par les
fenêtres le< meuble* et les lits. Soudain un tour-
billon de llammi's et de fumée l'enveloppe; c'en
est fait : Jean e*l |ierdu. Déjà le bruit de sa mort
se répand dan-» la ville. Mais, ô prodige !
quelques instaut-i après, on voit le Saint sortir
«le la llamme sans aucune lésion, ayant les
sourcils un peu brrilé«, en téinoi^naye du miracle
que Dieu venait d'opérer. 0"" pouvait la llamme
"|ui tournoyait autour de lui contre le brasier
ardent de la charité qui consumait son cwur'.'
SON AHOt'fl lies AME4
Sa charité ne se conrenlrail pa<< .seulement
daii< l'enceinte de son hôpital : elli* était trop
active pour ne pas se produire au dehors.
Il ■ ■ ; dans le~ r les femme»
dél * retirer lu liémon,
et l.i, M j.i--.ii'i- de ces .!■ i.ui.- déjiradées,
les larmes aux yeux, le crucifix à la main, il
prêchait avec une telle onction qut quclqtieâ
unes revinrent à elles-mêmes.
L'n jour, il en avait tiré quatre de ces vesli-
butes de l'enfer; elles lui avaient promis d;
s'amender s'il voulait les conduire à Tolède. L:
.Saint accepte, et se met aussitôt en route. Che-
min faisant, il eut de quoi exercer sa patience,
iîi-àce aux mille injures que lui donnèrent ceux
(jui le voyaient en cette compagnie. U airivaque,
passant par mi village, trois d'entre elles s'éva-
dèrent. Jean, ne perdant poiut courage, dit à son
coiiipaiinou, qui l'injuriait : i Mon frère, ayez
' patience; si vous aviez, quatre charges de marée
>• et qu'il s'en fût gâté trois, vous ne rejetteriez
it pas la quatrième restée bonne. /> U fut heureu-
sement récompensé, car la femme qu'il accoiu-
pa:.'na jusqu'à Tolède mena depuis une vie exem-
plaire.
IL AIME LES I.NJUHES ET LES HUMILIATIONS
Notre Saint était brûlé d'une ardente soif des
humiliations: il les supportait avec joie, et les
cherchait même avec ompressemcnl.
Un jour, un pa;.'e le jeta malicieusement dans
une au^e pleine d'eau; Jean se releva aussitôt et
n'en fil que rire.
L'n autie jour, un seianeur lui déchargea un
rude soufUet, parce que, passant près de lui, il
avait fait tomber par mè^arde son manteau.
« Frappez encore, » lui dit le Saint ; et il lui len-
dit l'autre joue, selon le conseil de Jésus-Christ.
Le sei;;neur, tout confus, lui demanda pardon.
Dans une autre circonstance, une femme
déhanchée lui dit tout bas des injures, le <|uali-
fiant de bisjot, d'hypocrite, etc. Jean lui présenta
de l'arf-'enl : 'i Tenez, lui dit-il, allez crier sur la
^'rande place de la ville les injures que vous me
dites en particulier. .• Ainsi, notre Saint faisait
Ses humiliations ses pluâ chères délices, et,
supérieui à tout comme l'.Xpôtre, il s'estimait
heureux de souffrir des opprobres pour Jésus-
Christ, père des pauvres. C'était bien Jean de
Dieu, comme l'avait appelé l'évéque de Tuy.
UNE ÉPREDVE
A la patience inaltérable qu'il montraitdans ces
sortes d'afllictions, Jean de Dieu jni;.'iiait encore
un prand désintéressement pour tout ce qui tou-
chait les pauvres ou les iulirmes. Il nous l'a mon-
tré plus d'une fois; ne citons qu'un exemple.
Il rencontra un jour le marquis de Tarisa. don
llenricpiez, qui jouait avec d'autres sei^'neurs.
Ils lui donnèrent en aumône jusqu'à vinet-cinq
ducflts. Le soir, le marquis alla le trouver en babil
déguisé, feiananl d'étro un gentillionime tombé
dans le malheur. « Mon père, dit-il, voyez mon
» triste état; la fortune a changé tout à coup de
• visaye, et de grand seigneur me voilà i-'rand
» mendiant. L'ne petite obole, mon père, me ren-
■1 drait la vie. — Ni; désespérez pas de celui
" qui ne désespère personne, lui répondit le
■' Saint; voilà ce qu'on vient de me donner. >•
Kl il lui remit les vinL.'t-cinii ducats. Le marquis
revint, tout édilié d'une pareille générosité, trou-
ver les seigneurs, au.vqnels il raconta sa bonne
aventure. Le lendemain, il alla reporter son
aumône au pauvre île Dieu, et le secourut depuis
dans toutes ses nécessités.
JEAN ET LE TENTATEIr
.Vprès lion Henriquez, le démon si' iim l'ii i ini-
ragiic pour éprouver la vertu de Jean de Dieu.
iii' nuit que le Saint était en prière, il lin
a[qiarut sous une flgure horrible qui jetait le feu
par la bouche. Jean fut si cruellement maltraité
par le monstre cru..-l, qu'il s'écriait en f:éniissant :
" Jésus, secoiiiez-inoi! Jésus, venei à moi! »
Une autre fois, le tentateur se montra sous la
fiv'ure (l'une j'une fille. « Par où es-tu entré"? •>
lui ilemauda le Saint. « Je n'ai que faire de
porte, lui répondit Satan; j'entre par ou je veux. »
.\ quoi Jean répliqua : a II n'est pas possible
«lue tu puisses entrer si tu n'es quelque
démon. ■> Et, tandis qu'il allait voir si sa porte
était l)ien fermée, le faiiti\me s'évanouit.
A quelque temps de là. le démon prit l'appa-
rence d'un naiivri» et lui demanda l'aumône.
Jean refusa Je la lui donner, s'il ne la demandait
au nom de Dieu. Alors, le diable lui déchargea
un si mde coup dans la poitrine qu'il le lit recu-
ler en arriére, mais il était encore vaincu.
\I'1'\HITUpN de notre-seignecr
Pour roncoura;,'er dans les épreuves, Notre-
Seigneur dai^'na se montrer plusieurs fois à son
son serviteur.
l'n jour qu'il priait devant un crucifix, il crut
voir Jésus-(]hrist en compagnie de sa Très Sainte
Mère. Marie tenait une couronne d'épines à la
main, et la lui mettant avec force sur la tête :
" Jean, dit-elle, c'est par les épines et les souf-
» frances i]ue tu dois mériter la couronne que
•• mon Kils te réserve dans le ciel. > Kn même
loinps. il sentit de très cuisantes douleurs, mais
son amour lui fit répondre : •' Ma Mère, vos
" épines sont mes roses, et vos soulîrances mon
■■ paradis. .>
l'ne autre fois, rencontrant un malade à
toute extrémité, il le chargea sur ses épaules, le
porta à l'hi'ipital, le mit dans un lit et lui lava
les pieds. Mais, en voulant les baiser, il remarqua
qu'ils étaient percés comme ceux du Sauveur,
et, jetant les yeux sur le malade, il reconnut que
c'était notre-Seigneur lui-même. .■ Jean, lui dit-il,
» je prends sur mui tout re que tu lais aux pau-
» vres. Leurs plaies sont les miennes, et c'est à
ji moi-mi me que tu laves les pieds, quand tu pra-
I' tiques cet acte de charité envers les malades. »
Aussitôt, la vision disparut. Jean se trouva alors
environné d'une si grande clarté, que les malades
s'écrièrent tout à coup : « Au feu! .\u feu!
L'hdpital brûle! L'hôpital brûle! » Mais le Saint
les assura que ce feu était nlutùt pour embraser
les cœurs que pour brûler la maison.
SA UALADIE
II y avait dix ans que cet amoureux père des
pauvres fatiguait son corps au service des membres
souffrants de Jésus-Clirist. H dissimula tout
d'abord le mauvais état de sa santé ; mais, à la
lin, sa maladie devint si dangereuse qu'il ne lui
fut plus possible de la cacher. Le bruit s'en
fut bientôt répandu dans la ville, l'ne dame
vertueuse le vint voir.LIle le trouva dans un état
pitoyable : couché avec ses habits, dans une
étroite cellule, n'ayant d'autre couverture qu'un
vieux manteau; il avait substitué seulement à
la pierre qui lui servait d'oreiller le panier dans
leauel il recueillait les auniAnes.
La dame obtint de l'archevêque la permission
de le faire conduire en sa demeure, afin qu'il y
fût traité avec plus de soin. <> ne fut pas sans
regrets que le Saint fut obligé d'acquiescer à ses
désirs et de se laisser transporter hors de son
hôpital, loin de ses chers malades.
SX MORT
L'heure suprême approchait, Jean de Dieu
reçut les derniers .sacrement» de la main même
de l'arclievéque. Sentant de plus en plus que ses
forces l'abandonnaient, il recommanda ses pauvres
orphelins aux soins des personnes charitables.
Puis, se levant du lit, il enibrassa son crucifix ;
après un court silence, il dil : " Jésus, Jésus, je
remets mon Aine entre vr>s mains! » Il s'endormit
fiaisiblement en ce monde pour se réveiller dans
e sein de Dieu. C'était le 8 mars lùiiU. Jean
avait 55 ans.
lœp j ri-ii . E l>«Tiriii<ii<T. T-, ru» Ilajrjril. r«H»
SAINTE FRANÇOISE ROMAINE
Fête U 9 mars.
Sainte Françoise, priant avec l'an^^e, reçoit la visite et les instructions
de la Reine du ciel.
Françoise naquit à Rome, d'une famille illustre
ious le'ponlilical d'Urbain VI, l'an de grdce 1384.
Dès sa plus tendre eriTance, on remarqua en
elle les indices de sa future sainlel»?. hllle avait
appris dans les bras de sa mère le petit office
de la Sainte Vierge, et depuis lors, elle le récita
chaque jour.
Douce el humble de caractère, les choses nou-
▼elles et curieuses n'avaient aucun attrait pour
elle, tous sesgoùtsrentralnaient vers la solitude,
et elle expiait ses moindres fautes par de sévères
pénitences.
Elle fr<<quenlait assidûment l'église des Pères
Olivétains, au forum.
Une enfance ain>i pissée dans le recueillement,
dani l'union avec Dieu, dan-* la pratique de la
mortification chrétienne, l'avait disposée à te
consacrer à Jésus-Christ el à n'avoir d'autre
amour que le sien. Le père de Françoise con-
trai;.'iiit la pauvre enfant à une union terrestre.
La Sainte se soumit; mais, contrariée dans ses
aspirations, blessée dans son amour envers le
divin Epoux des âmes, le jour des noces fui pour
elle un jour de deuil. Laurent Poniiani trouva,
il est vrai, en elle une femme tendre, bonne et
df'vouée, mais c'est que l'amour de Dieu avait
jeté dans le cœur de Françoise de trop profondes
rarjncs pour que le devoir ne fut pas la règle de
toutes ses actions.
FRANÇOISI CU^nil PA* SAtirr ALUIS
Peu de temps après son mariage, Françoise
tomba malado. Elle éUul depuisuneannée entière
clouée sur son lit de douleur sans que sa patience
-6. '9
se fût démeulie un insUnt, quand une nuit sa
chambre se remplit d'ane lumière extraordinaire :
toutes les servantes dormaient et Françoise s'en-
tretenait avec Dieu d'ans la prière ; un jeune
homme d'une admirable beauté apparut ; son
Tétement était celui d'un pèlerin, mais sa splen-
deur disait asseï que ce pèlerin t?tait un habitant
des cieux.
— Je suis Alexis, dit-il ; Dieu m'envoie vers
TOUS, fidèle servante du Christ, pour vous rendre
la santé.
tt il étendit sur le lit de la malade une robe
au tissu d'or et disparut...
Aussitôt Fraii'-oise se lève ciarfaitement Ruérie
et court chez \ a'nnoiza, sa belle-soeur, la reveille
en sursaut, (t lui raconte le miracle: « HAtons-
nous, dit-i'lli", d'aller remercier le SainL »
Vannoria s<> leva promptement et toutes deux
se rendirent à l'église de Saint-Alexis où elles
épanchèrent leurs âmes dans une fervente action
de prdces.
A dater de ce moment, Françoise mena une
vie plus sainte encore, et Vaiiuoni devint la
compagne de toutes ses œuvres de piétt; et de
mist^ricorde. Les deux jeunes femmes se cons-
truisirent une retraite au fnud du jardin. Là elles
f lassaient tous les instants de liberté, que leur
aissaient leurs devoirs d''-tal.
Un jour Cécile, leur belle-mère, avait organisé
une joyeuse partie de rarapagne " pour passer
le temps. » Ur Françoise et Vojinoiia, trouvant
le temps de la prière* trop court, se cachèrent si
bien au moment do départ <{u'il fnt impossible
de les trouver.
Seules avec Dieu, elles donnèrent quelquM
heures à l'oraison, puis se récréèrent par de pieux
colloques. Vannoua disait k Françoise : ■< Si Uieu
» nous accorde la grâce d'i"'tre un jour ermites,
•> que ferons-nous, ma sa'ur? Où preudrous-iious
» de quoi nous nourrir'? •> Françoise répondit :
« Lorsque nous serons au désert, nous irons
» chercher des fruits et des racines, et Dieu nous
» fera la grùce d'en trouver asseï pour suflire à
» nos besoins. >>
A cet instant, denx grosses pommes tombèrent
d'un arbre voisin : on était cenendanl au mois
d'avril. Dieu leur montrait par là qu'il avait leur
piété pour agréable, et aussi qu'il n'abandonne
jamais ses serviteurs ; mais il ne les voulait pas
ermites.
Cécile mourut, et Françoise , mal;.'ré son
exlr/'me jeunesse, M vit chargée du suiii de la
maison. Kllr- n'abandonna cependant aucune de
ses pratiques de dtivulion, mais elle veilla à ce
qu'elles n« nuisissent en rien à ses devoirs de
famille. Elle savait au besoin interrompre une
prière pour aller où on l'appi-lait et revenir la
reprenare ensuite. Jamais elle ne perdait un
ri 1.111I WUf tardait la prés<-ncc de Dieu et faisait
: .11'.' s S' s a tious pour lui plaire.
nuKÇOist aArransi de maisor — «a cakuni
Elle avait soin de ses serTit>>nrs, les exhortant
de -
les .
elle y à,..
sur ar!Mi '
1.*» int.-r
trriii rux
1 lie. Alors
.\iut kIo ot leur parlait avec
Il --^-i lliru lui étaient trop cher* pour
que le seiiliment du respoct humain entrât dans
son âme et mit J>-s bornes à son lele. L'n jour,
un ami de son mari lui ayant donné un livre
d-'fendu parl'Eplise (car en dépit des révoltes de
notre siècle d'indépendance, l'Èslise, notre mère,
a le droit d'interdire à ses enfants les lectures
danc»reuses),la Sainte arracha ce livre des majns
de Laurent, et courut le jeter au feu. Laurent
mécontent la reprit avec aiereur ; mais Françoise,
fileine de lèle, lui enlevait pour les brûler tous
es livres mauvais; et plus d'une fois les domes-
tiques entendirent le bruit que faisaient eilors
les démons irrités.
Vaunoiza étant tombée malade, Françoise la soi-
gna avec toute la tendresse qui unissait ces âmes
dont Dieu était le lien. Comme elle se d'^solait
de ne pouvoir trouver un poisson que désirait
94 sœur, ce poisson tomba soudain à ses pieds.
El Vannozïa en ayant mangé recouvra la santé.
Les serviteurs de Françoise avaient ordre de ne
Jamais congédier soit un pauvre, soit un reli-
gieux sans lui être venu en aide, mais une année
où la disette était extième, Laurent craifinit que
la charité de sa femme ne le rt'duisit lui-même
à la mendicité. H lui enleva donc la clef du
cellier , préleva la provision m-cessaire à sa
famille et vendit le reste.
Mais quelques jours après, il trouva dans ce
même grenier quarante mesures d'un froment
magnilique : il laissa dès lors toute liberté à
Françoise Je continuer ses largrsses.
Françoise eut deux lils. Baptiste et Evangéliste,
et une lille nommée Agnès.
Baptiste, l'ainé d^ ses tils, se maria et transmit
à sa postérité l'honneur et la bénédiction d'une
S^iinte.
Lvangéliste, le cadet, vécut comme un ange. Il
était si fidèle à Dieu et si appliqué à l'oraison
que, dès ses plus j-^un^s années, il obtint des
faveurs exceptiouncllfs : entre autres le don de
prophétie. Il ne pensait qu'au tiel et ne parlait
que de Dieu. Ses désirs au reste furent promp-
tement exaucés, car il mourut à l'âge de neuf
ans.
Onlre l'ange gardien que nous avons tons et
Îue Dieu charçe de nous diriger. Dieu avait
onné à Françoise un ange chargé de la punir.
Cet ange était sévère, car, à la moindre faute,
il la frappait, même en public. L'ange restait
invisible, mais les coup* étaient entendus •!••
tous.
Ainsi Françoise était avec ses amies. Quelque
dames étrangères firent tomber la roiivi-rsation
sur des objets de vanité. Dieu inspira à la Sainte
de les interrompre et, comme elle hésitait, elle
reçut sur la juue un rude soufllet.
Oue de soufflets, si toutes les chrétiennes
avaient cet angel
EN COliriCNII d'un AtCHANGI
Une nuit, Agnès dormait profondément; sa
mère vil volligor au-dessus <ie !• '■'■•• '•• i'-"'^y.\
une colombe d'une blancheur
tenant un cierge allumé, l'«j
les sens de l'enfant. ApK'i ;
|iarut. I.a nuit suivante, une
remplit la chambre et le petit i
rut a Françone. Il aviit In» t u:-
1« même taille, le» n- ' de »oii
Mvaiit, uni- «1 he.iul Auprès
lie lai ' uo jruiii! Il iiaiiii- d un aspect
plus rt iicnre. I.a (>auvre mère, ne se
possédant |ilu< '!• joie, roulut «errer son enfant
contre son cœur, mais il était impalpable et elle
dut se contenter de le voir et d'entendre sa voix.
Il Kotre unique occupation, disait le petit saint,
» est de contempler Tabîme inûni de la bonté de
» Dieu, de louer et de bénir sa majesté'... Nous
» ne pouvons avoir aucune douleur ; nous jouis-
'■ sons d'une paix éternelle...
» Celui-ci, dit-il, en montrant le jeune homme
>' qui l'accompagnait, est un archange... Dieu
Il vous l'envoie pour être votre consolation pen-
» dant le reste de votre pèlerinage ; il ne vous
» quittera ni jour ni nuit et vous aurez la conso-
)i lation de le voir constamment... Ma sœur Aj;nès
» mourra bientôt, mais, consolez-vous, elle vien-
» dra s'associer à moi dans la gloire. »
Françoise comprit la vision de la nuit précé-
dente, elle s'efforça d'orner l'àme de sa fille de
toutes les vertus. Agnès mourut peu après.
Depuis lors, sa sainte mère jouit constamment
de la présence de son archange. Une lumière
céleste l'environnait, lumière si resplendissante
que les regards de Françoise en pouvaient à peine
supporter l'éclat, excepté quand son âme, unie à
Dieu par l'oraison, participait elle-même en
quelque sorte à cette gloire céleste.
Si quelqu'un prononçait une parole mauvaise,
l'archanj-'e cachait son visage dans ses mains.
Françoise, avant d'avoir complètement soumis
sa volonté à celle de Dieu, témoignait parfois son
ennui du travail, des soins domestiques ou des
visites importunes. Mais, à la moindre impa-
tience, l'archange s'éloignait. La sainte reconnais-
sait aussitôt sa faute, conjurant cet ami fidèle de
la lui pardonner et l'archange se hâtait de revenir.
HUnLITK ET AUST^RITi
Laurent, témoin chaque jour des vertus de son
épouse et des grâces extraordinaires dont elle
était favorisée, voulut que cette femme privilé-
fiif'e appartint à Dieu seul. Il la considéra désor-
mais comme sa sœur et lui demanda seulement
de ne pas l'abandonner et di continuer à gou-
verner sa maison. Françoise, tout heureuse de
renoncer entièrement au monde, se dépouilla de
ses riches parures, les vendit et en employa le
prix à secourir les indigents; puis elle se fit une
robe d'une étoffe si grossière qu'à peine ses ser-
vantes eussent voulu en porter de semblables.
Quand elle parut ainsi en public, le blâme fut
universel; mais, forte de l'approbation de son
époux, heureuse de l'humiliation que ce costume
lui procurait, elle ne fit aucun cas des jugements
du monde ; et afin de s'humilier davantage, elle
sortait chaque matin, allait dans ses vignes hors
de la ville, et là, ramassant des sarments de bois
mort, elle en faisait un fagot au'elle portait sur
sa tète pour le donner à quelques pauvres de
Home.
Une année la disette sévit; Françoise s'adjoi-
gnit Vannozza, et ces deux saintes femmes allaient
de porte en porte quêter pour les pauvres. On
les recevait d'ordinaire assez mal, on leur disait
des injures, on les frappait, mais elles étaient
heureuses de soulTrir pour Jésus-Christ.
Dieu récompensa leur courage. Une fois, elles
entendent des cris déchirants.' C'était une mère
pleur.intson enfant, mort sans baptême. Françoise
[i''ii':tre dans la maison, reproche vivement à la
mère sa coupable né;.'lii:<;nce, res«uscite l'enfant
''t se sauve pour éi happ'T aux actions de grâces.
Le clerg'- de Rf^rae se n'ndait, un jour de
in'me, à la b.i'iliqne de Saint-Paul. Les fidèles
: ' 'u '• ■;'• Françoise vit à la pnrt" de
l'église, assis sur une longue poutre, des pauvres
qui demandaient l'aumône. Elle prit place parmi
eux, tendit la main comme eux et se sentitpleine
de consolation en pensant qu'il y aurait certai-
nement dans l'assistance beaucoup de personnes
du grand monde romain, vis-à-vis desquelles elle
braverait le respect humain.
A ces humiliations,Françoise joignait de nom-
breuses mortifications. Elle ne buvait pas de vin
et faisait un seul repas. Jamais elle ne mangeait
ni viande, ni œufs, ni laitage, ni poisson. Elle
portait un ciliée sur la chair nue. Un cercle de
fer ceignait ses reins et lui faisait des blessures
sanglantes. Sa discipline était armée de pointes
aiguës, et elle s'en servait sans ménagement.
Elle était couverte de plaies. Pour expier la
moindre imperfection, elle se meurtrissait le
corps, frappant sa bouche jusqu'au sang, quand
elle avait proféré une parole inutile. Si rigou-
reuse envers elle-même, elle était pleine de dou-
ceur envers les autres, toujours sensible à leurs
peines, toujours compatissante à leurs infirmités.
La Passion était le sujet constant de ses médi-
tations et la source de son inconsolable douleur.
Elle pleurait ses fautes et les fautes des pécheurs
dans toute l'amertume de son âme, et Dieu, par
une grâce particulière, l'associa tellement aux
souffrances de la croix, qu'elle en éprouvait des
douleurs physiques très violentes. Si elle con-
templait les plaies des pieds du Sauveur Jésus,
les siens pouvaient à peine la porter. Si elle
élevait son regard vers la couronne d'épines elle
sentait aussitôt sa tête percée de pointes aiguës.
11 se fit même sur son cœur une plaie miracu-
leuse, dont il s'échappait une eau abondante.
Le roi de Naples ayant envahi Rome, Françoise
vit son mari exilé et ses biens confisqués; sa
patience fut héroïque. Enfin son mari revint et
ses biens furent restitués.
Trente années de sa vie furent employées à
servir les pauvres; elle pansait leurs plaies et
lavait leurs ulcères, buvait l'eau qui les avait
lavés ; car elle voyait dans ces pauvres ulcérés
son Seigneur Jésus, qui, par amour pour nous,
s'était rendu lui-même comme un lépreux.
LIS OBLATBS DE SAINTE FRANÇOISE
Les Saints doivent 4tre les coopérateurs de
Jésus-Christ et leur vie surnaturelle doit s'épan-
cher au dehors par le bien opéré dans les âmes.
Françoise le comprit; elle apaisait les dissenti-
ments, combattait la vanité des femmes, prêchait
l'amour de Dieu et des pauvres, et, par sa parole
Sersuasive, convertissait un nombre incroyable
'âmes.
Françoise, un jour, dit à quelques dames de la
société'romaine :
— Je crois, mesdames, que nous ferions une
chose excellente et fort agréable à Dieu, si, nous
consacrant toutes à sa Mère, nous formions une
confrérie en son honneur.
Ces simples mots fructifièrent, et, sans que
Françoise s'en doutât, furent l'origine de la con-
grégation des Oblates, ainsi nommées parce
qu''>lles font ohlation on offrande d'elles-mêmes
à Dieu.
Ce n'était d'abord qu'une association de femmes
dévouées an culte de la Sainte Vierge et travail-
lant à leur propre perf'^ction, sous la conduite
de notre Sainte. Mais, nlus tard. Dieu donni à
«a lldèlc servante des lumières sur l'établisse-
ment d'une ronprégation régulière.
I,.i veille de Noël (1433), l'Enfant Jésus de«-
cenUil Jan6 les bris de la Sainte cl la caressa
lenJremeut.
Piii< saint Pioire apparut, lui donna la sainte
C'iinmunion Je sa main, tandis que saint Paul et
saint llenoit assistaient à l'autel le Prince des
apt'itres. Sainte Madeleine était présente.
Après la messe, saint Pierre reeut la consécra-
tion de Françoise et lui donna des inslruclions
détaillées polir l'établissement de sa congréga-
tion relif-'ieuse.
L"ii jour, Françoise villa Reine céleste entourée
d'une mullitude'd'anges. La Sainte s'approcha de
Marie et lui dit :
!■ Soyez la bienvenue, mon Oblate, singulière-
•> ment aimée de moi et de mon Fils... »
Et Franeois'' vit ses filles spirituelles au pied
du trône de Marie. Elle l'entendit leur dire :
<< .\nie'! liénies du Créateur, il vous a toutes
» acceptéis pour rnesOblates.Tenei-vous prêtes à
» répondre amon appel. Je vous attendrai le jour
» de la Pie de mon .\nnonciation. »
D'autres fois, alors qu'elle était à genoux devant
une statue de la Vier;,'e, son ange s'approcliait,
et lui présentant son livre d'oraisons, continuait
la prière avec elle. C'est à ce mcmcnt que Marie
apparaissait, assise sur un trône d'or, et lui
donnait de tonobants enseignements.
.\insi surnilurellemeut "instruite et guidée,
Françoise, m.ilsré tous les obstacles suscités par
le déiiion, établit la congrégation des Oblales; mais
ce ne fut que trois ans après qu'elle vint demeu-
rer avec ses filles, car Laurent, son mari, vivait
encore.
Quand il mouri^t, Françoise avait cinquante-
deux ans. Le jour de Saint Benoit, elle quitta «a
maison, alla au monastère, et s'élanl présentée
pieds nus devant ses filles, elle se prosterna les
Dras étendus en croix et dit d'une voix entre-
coupée de sanglots :
<• Je TOUS supplie, mes sœurs, et vous conjure
» de me recevoir comme une pécheresse misr-
» rable, qui, aprèsavoir donné au mnndelcs plus
• belles années de sa vie, vient en oITrir à Dieu les
" tristes restes. "
Les Oblales, toutes joyeuses, introduisirent
• leur mère dans le monastère, et la supérieure
voulut aussitAt abdiiiuer toute autorité pour se
soumettre à celle de la sainte fondatrice. Celle-ci
n'étant venue que pour obéir, eut peine à con-
d'>scendre aux vaux de ses filles et le gouverne-
ment resta qiielilue temps encore aux mains de
la première supérieure.
La pauvreté était extrême, car Françoise avait
-laissé toute sa fortune à son (ils. Il arriva donc,
un jour, que la Sn-ur chargée du réfectoire ne
trouva du pain aue pour trois, et elle» étaient
quinze à table, t^ Bienheureuse voulait aller
mendier dans la ville, mais la supérieure lui en
1) iiit refusé la permission, Françoise, toujours
1 .--anle, se rendit nu réfectoire et divisa le
pull ■■Il quinze morceaux. Il plut & Dieu de
renouveler le miracle de la multiplication des
■r .-hez les Oblates comme dan» l'Evan-
- que toutes »e furent rassasiée», on
'••■ r.--l<-» .1-iiis de» corbeilles ri elle»
«'en 1 riiain.
I . i> son confc5»<'ur décida
I r la charge de supérieure, et
I'' ' iifice, car il lui donna pour
coiiii iiMU«e| an«e pris dan» le chu-ur
de» I ■ ■■{ dont la gloire était beauroup
plu» v«;UuuU; encore que celle de l'archange.
S.i protection contre les démons était aussi plus
ei'iioace, son seul regard les mettait en fuite. 11
révélait à Françoise les choses présentes et k
venir, de sorte ([ue la direction de cette saints
femme était pleine de lumière et son zèle sanfc
bornes. Elle se faisait la dernière de toutes, mais
néanmoins elle n'oubliait pas que le principe de
l'autorité est un p'-incipe établi par Dieu lui-
mérae. .\ussi l'autorité entre ses mains n'était
pas un vain mot. Elle corrigeait les imperfec-
tiorss, reprenait les paroles oiseuses, punissait
les moindres infractions à la rè;.'le.
Un jour, elle avait conduit ses (illes dans les
vignes pour y ramasser du bois sec. Une d'elles
lui demanda la permission d'aller boire à une
fontaine voisine :
i< Un peu de patience, lui répondit la Sainte. >•
Et continuant son travail, elle s'éloigna.
Une lie ses filles, Perna, la vit se mettre i
genoux et l'entendit adresser cette prière à Notre-
Seigneur :
"< Mon Seigneur Jésus, vos servantes n'ont rien
ni à manger ni à boire : veuillez les secourir. «
" Elle ferait mieux, se dit Perna, de nous
reconduire au monastère. "
Françoise instruite intérieurement dità Perna:
H Levez les yeux, fille de peu de foi « et Perna
vit des grappes de raisin fort mûres pendant à la
vigne. Les sœurs accoururent et se rassasièrent.
On était au mois de janvier.
COMBATS CONTRK SATM
Tandis que Françoise découvrait i se» sœurs
leurs tentations les plus secrètes et leur ensei-
gnait le moyen de combattre l'esprit du mal,
elle-même sul)is-;ait, de la rage des démons, de
si erui'ls traitements qu'elle l'iait pour toutes
un sujet de compassion. Mais rien n'elTrayait
notre Sainte.
Un jour qu'elle était h genoux au pied du lit
d'une de ses filles malades, le démon la jeta
par terre avec graml bruit, et la traîna rio-
leinment jusqu'à la porte. Françoise se releva,
et se mit aussitôt en oraison ; « Ce n'est rien, dit-
elle; tenez-vous en repos, mu sirur, et priez; le
diable ne peut faire que ce que Dieu lui permet. «
L'ne nuit, Françoise élaiten oraison, le diable
la prit par les cheveux et, la portant sur la ter-
rasse, la suspendit au-dessus de lavoie publique.
Françoise se confia en In bonté de Dieu qui la
remit en sûreté dans sa cellule.
Un jour, elle avait allumé un cierge bénit. Satan
le prit, le jeta par terre et cracha itessus. La
servante de Dieu lui ayant demandé dan» quel
but il profanait ainsi une chose sainte: •■ Parce
que les bénédiction» île l'Fglise me déplaisent
souverainement, " répondit-il.
Pendant une extvse, l'nnge Raphaël Is condui-
sit devant une porte sur laquelle étaient in»crits
cet mots:
Cl Liiu isT l'knfkii ou il :<'t a XI kiros,
NI CO.<«S0LATI0N, NI rsfl!llANCI
Elle fut témoin de» horrible» tourment» d<»
il.imnés. Elle visita ensuite les limbes, puis le
. ii'l où I' ^ .1ML'r^ l'I lis ''aints la conviaient à
venir ]■ ■••»e.
Ce j' '. 1 ■ ia pas, r.ir peu apris
le 9 murs l«40/, l-i ■ts lei
rieux. — Son corps r. , ;■• Père»
iilivétains, qui porte aujuucU hui »uii nuin
i^ frfunl K rr.iirnr..ni — i[n|>riiiirrrr i' I ,,h,\ \ nti , l ^ :,, rilr llavarij, Parlf.
LES QUARANTE MARTYRS DE SÉBASTE
Fête le 10 mars.
La mère de Méliton , le plus jeune des quarante, s'écria : « Mon flls bien-aimé, bientôt
la palme du martyre sera entre tes mains, et je serai la plus heureuse des mères! »
L'empereur Licinius, soldat parvenu, était un
homme de basse origine, avare, cruel et si
icnorant qu'à peine pouvail-il écrire son nom. Il
n'y aTait de vertueux à ses yeux que les imitateurs
de ses débauches et de ses crimes. Il avait
d'abord fait alliance avec Constantin le Tiraiid,
ce dont sa politique s'était bien trouvée. Mais
ensuite, il crut plus conforme à ses >;oùls et à son
ambition de s appuyer «ur le paganisme, f-t il
donna libre cours à ses instincts un moment
comprimés. Il publia un édit qui ordonnait aux
chrétiens, sous peine de mort, de renoncer à la foi
de Jésus-Christ.
At'ricola, f-'ouvemeur de Cappadoce, était diunr
i\f son maître. Il aurait même figuré avec a\aii-
I i-T dans le Conseil de Néron. Il résidait à
*-• lastcoù prenait alors ses quartiers d'hiver la
' i))i'U';'^ L''3ion /'u/minantc, si célèbre parla pliii"
370
miraculeuse qu'elle obtint ilu ciel sous Haro
Aurtlf. Il réunit Jonc la f;arni«on de Sébaste
pour lui donner lei'ture des édils de Liciiiius.
Après cette proclamation, quarante soldats de
celte lé::ion, l"\i< de ditîérenis pay<, mais tous
jeunes, bien faits, braves et disliiisuis jiar leur
coura:.'!' et leurs services, s'avancent vers le tri-
bunal et disent l'un après l'autre, en faisant le
salut militaire : Je suif chrétien.
In mouvement de colère lit frémir le préfet;
il le coiniTima cependant : c Abandonner, leur
dit-il. vaillants guerriers, cette folle résolution de
quilt'-r une vie a^iréable et glorieuse pour une
mort prématurée: Est-il digne de^oldals tels que
vousde mourir comme lavile populace? » Puis, il
leur proposa de l'ar^'eul, des lionneurs et des
di;.'iiités que l'i-in} ereur, en reconnaissance de
leur< servies, av.ilt intention de leur donner.
.Mais vny.int qu'il ne (.'agnait rien par la dou-
ceur, il ' l'IaLa en menaces et leur fil l'effroyable
description des tourments et de la mort qu'il leur
réservait s'ils persistaient à ne pas obéir à l'em-
pereur.
Ce moyen ne lui réassit pas mieux que le pre-
mier. <■ Si. comme vous le dites, répondirent le?
liérns clirèiifus, nous avons si vaillamment com-
battu pour l'empereur de la terre, que penseï-vous
que nous ferons maintenant qu'il est question de
servir remuereur du ciel? Croyez-vous i]ue nous
cesserons de nous comporter en brave*? Des sol-
dais persévèrent quand ils ont pris une noble
résolution. »
AL'ricola, ne sachant par qaels moyens les
vaincre, leur dit avec unu feinte bonté qu'ayant
compa-sion de leur jeunesse, il leur l;ii--ait le
temps de rèlléchir, et il les envoya en prison.
UNE NUIT E.1I PRISON — CONSTA.NCE — DS BRAU
DISCOCHS
C'est là que ces généreux se' '-
cette ardente prière: ■■ Comiu
fn- ! - -. ; .
nt à Dieu
:is aulre-
tre déli-
les com-
• s linsi,
,de
joint
muiiiti-iiant ipi
bataille pour \ . : .
le secours d>>nt nous avons besoin. •■ Ils passèrent
la nuit en cliaiilaiil le psaume : •' (Juicouque est
lu Trcs-Haut, etc. Qui habitai m iidjutnrio
\ ■>!■. ... .. el de^ hymnei eu l'Iioiineur de
'.' ' ' ' ■ !. -lia Si- montrer
. . vc; i.ipri .-nni-
Cei
•rla de joie et d'ardeur.
sant à mille hasards en diverses entreprises, eer-
votis muinl'enani le Hoi du ciel, et sacrifions
notre vie pour S'iu amour: il nous récompensera
par la vie éternelle- jue Lyciuius ne nous saurait
d'iniier. Combien de luis, étant au.\ prises avec les
ennemis, avons-nou< demaudé secours à Dieu?
El il nous l'a donné. (Juoi! penseriei-vous qu'il
voulût -maintenant nous le refuser en cette glo-
rieuse suerre? .\yons recours à l'oraison, implo-
rons la faveur du ciel I Dieu est lidèle. il est 1 ap-
pui de ceux qui souffrent ptfur sa gloire. »
OBEIR A DiBt! PLrroT oi'aix nOMUES
Six ou sept jours après, Lysias, leur général,
étant arrivé, ils furent conduits devant lui. Cyrion
leur disait en chemin, avec une ardeur toute -.'uer-
rière : « .Nous avons trois ennemis : Sat'iu, le
gouverneur et notre général: ou pour mieux
dire, nous n'en avons qu'un, invi>jble. qui se sert
du ministère de ceux-ci pour nou- faire laguerre.
Mais quoi? un seul pourra-l-il terrasser qua-
rante soldats de Ji ~us-Clirisl? Non, non, cela n'est
pas possible? ■>
Le général oerdit beaucoup de temps el de
paroles pour leur persuader de quitter la foi
chrétienne, mais ce lut en vain, car il le» trouva
de plus en plus invincibles.
Les juaes commandèrent qu'on leur brisAI les
dents avec des pierres. Les bourreaux se mirent
aussitôt à l'ii-uvre. Mais, par une permission de
Dieu, la plupart se blessèrent eux-mêmes, et le
sang leur sortait p;ir la bouch--. tandif que les
soldats deJésus-Christ demeuraient sains et vaufs.
Lysias attribua ce nrodiae à quelque opération
de magie. Il sai-^it donc lui-m'im»- une pierre et
■^. mais celte
née, épar.-na
!'• gouverneur
-ni à la bouche.
' l'on renvoya
Il attendant
.- chan:.'érent
la jeta avec force à l'un
fiierre, conduite par une
e martyr, et alla dr-
Ajricola, qu'elle ble--
Cel incideul mil lin ,i i >
les martyrs dans leur
d'aviseri d'autre* moyen-
ce lieu de tristesse en un temple :;lorieux, par
,11;
I,.,
■_,. u: .. : il
et ne uraiirnez
mes qui durent
,, ... .■
■ ]u'il I di
des prières continuelle»
iiraison, Jésus-Christ b-ur.
Ii'is et leur dit : •• Olui
mort, vivra. Ayez
point les tourment^
peu. Cninbattex vailluuiiuent, el vous serez
couronnés. »
Le lendemain matin, ils furent conduits devant
le youverneiir pour y cnleiidre la sentence de
mort qu'il devait iimnoncer centre eux. On les
soiiiiiil il'abord .1 une cruelle flaurllation, après
Il leur lit déchirer li- corps a»rc des
I. I.i-s martyrs di-m>'uii-rent ferme».
I]' Icrai jeter dans I.-
leur dit-il. — Nous ni-
• lui de l'enfer, •> »'é«i
qi.
«I:
r '
• lise
l'idée
I Un .'
it's lin "*
'roee Cou-
inu^ité
.11 ir. ,
!nm^ rvrion.
->nn'\ l'Tflre f^'vcrp'w»^?''» qrifïr.inle
i< H.
I'. :i' mm- ;ii' ri 1, n ni^ rxpn- ;■ .i;j ]'-T'i'r i\'i ti.r tiu
: -lii ■'Il .1 ijiii ii.-rit
à aposta?ier devaient trouver un reméde^à leurs
tourments.
UNE NUIT SL'R CX ÉTANG GLACÉ
Les quarante soldats.se dépouillant eux-mêmes
Je leurs vêtements, coururent prendre place sur
rétans dac^. Ils disaient : « Il est bien difficile
sans doute de supporter un froid si aii.'u. mais ce
sera une douce chose d'aller en Paradis par ce
chemin. Le tourment est de peu de temps et la
gloire sera éternelle; celte mauvaise nuit nous
vaudra une éternité de délices. Remercions
donc Dieu de mourir pour la justice et pour la
confession de la foi. >- Puis, levant les yeux au
ciel, ils firent cette prière : << Seigneur, nous
sommes entrés quarante au combat, faites que
nous soyons encore quarante pour la couronne. »
Cependant. leurs membres nus f.'relottaientsous
râprfté du froid de la nuil; leurs pieds se li^eaient
sur la couclie de fîlace, et les gardes, ranaés
autour dV'ux, leur criaient : « Obéissez aux ordres
de l'empereur. Venez vous réchauffer à la tiède
atmosphi-re du bain. »
In seul de l'héroïque plialanse se laissa vaincre
par la violence du froid. Renoniant à la gloire du
martyre, il abandonna le poste d'honneur et vint
se jeter dans l'eau chaude; mais il y expira à l'ins-
tant m''me. sulToqué sans doute par le brusque
changement de température et perdit à la
fois la vie de la terre et la vie du ciel pour tou-
jours ; tin doublement misérable, avertissement
salutaire qui servit à confirmer les autres dans
l'inébranlable résolution de résister jusqu'au
bout.
En ce moment, l'un des gardiens, qui veillait
sur l'étant; irlacé, vit un ange descendre du ciel,
tenant à la main quarante couronnes, mais il ne
trouvait à en distribuer que trente-neuf. Frappé
de cette vision céleste, le garde appela le com-
mandunl du poste, se déclara chrétien, ôta ses
v.'-lements et courut se joindre aux trente-
neuf martyrs pour obtenir la quarantième
couronne.
Le lendemain, A;;ricola fit retirer de l'étani.'
les corps des martyrs pt, pour pousser sa cruauté
jusqu'au bout, leur fit briser les jambes à coups
de liàton, pour achever ceux qui respiraient
encore. IN épuisèrent leur dernières forces en
soupirant ces mots : ■• Notre Ame, comme un
fassereau, a été retirée des pièges du chasseur.
,e filet s'est rompu et nous avons été délivrés,
parce que le nom du Seigneur est notre aide .«
MÉLITON ET SA HÈRE
On entassa leurs corps ^ur un chariot, pour les
porter au bûcher. L'un d'eux ce|ieTidant, le plus
jeune, nommé .\I''Iiton, respirait encore. Les
bourreaux \<- lai^~aient dans l'espérance qu'on
pourrai! h* faire rliaii;;er de résolution. Mais sa
mère, femme liérnique, remplie de foi et aimant
son fils non pour «Ile mais pour lui, l'aimant
d'un amour véritable, éiait présente. Elle prenil
dans se« liras son rli"r liN tout transi de froid,
t'iul f'ns;iiii.'l ml'' et n lyint plus qu'un souffle de
vie, et lui a '!■ ~e (-■ - '■. !|.s paroles dignes d'une
ni>re ir.iitii' ni -lu ' i : " Mon lils bien-aimé,
prind~ .oMi.i-i . 'i / •' me .-.insolera de ta
perle. \.':iuj<- ]ii l' i 1 i iinnno du ciel
l'ai' ti I i-.iii !■' III'-" . Il ; - •ssion de la
b 'ernellr. Si>u!lii- i ii' <>re un instant,
II! '■: |..ilnie du iii.irlyre sera entr» tes
Il serai la plus heureuse et In plus
I ■ re«. ••
Ll, le pliiçaiii elle-même sur la voilure, elle lui
dit : « Va, achève'avec tes compagnons cet heu-
reux voyage. II ne sera pas dit que tu te sois
présenté à Dieu le dernier. >> Le jeune homme
entendit encore ce maternel adieu, et bit^nlot sou
âme s'envola au ciel, où il alla atteadre sa mère.
Celle-ci, toujours forte, accompagna le chariot
jusqu'au bûcher .sans répandre une larme.
Agricola ne se contenta pas d'avoir brûlé les
corps de ces glorieux martyrs; de p :ur qu'ils ne
fussent honorés par les chrétiens, il en fit jeter
les cendres au vent et les ossements dans la
rivière. Néanmoins, Dieu conserva ces saintes
reliiiues an milieu des Ilots : de sorte qu'elle»
ne furent ni brisés, ni dispersées, mais restèrent
réunies, elles on<les les reportèrent doucement
sur le rivage où les chrétiens les recueillirent
comme un précieux trésor.
« 0 chcfiur de saints, ô bataillon invincible,
s'écrie un vieil historien, rt patrons bien-aimés,
protecteurs du genre humain, fleurs des églises,
la terre ne vous a point gardés prisonniers, mais
le ciel vous a reçus, vous êtes nos ambassadeurs
auprès de Dieu, et de votre séjour bienheureux
vous exaucez nos prières. A la fleur de l'àf-'e,
ils ont méprisé la vie, ils ont aimé Dieu plus
que leur famille de la terre, leur courageuse
victoire, spectacle diiine de l'admiration desanges
et des hommes, a enflammé d'ardeur les bons et
soutenu dans la foi les âmes incertaines, et
maintenant ils jouissent ensemble de la couronne
de justice, avec le Christ Jésus-Christ Noire-
Seigneur à qui soit la gloire daais les siècles des
siècles. ,\men. »
LE CULTE DES QDARA.NTE SIARTTHS
C'était la fin des grandes persécutions du paga-
nisme romain. Lycinius, deux foi» vaincu par la
premier empereur chrétien, ne tarda pas à perdre
le trône, et l'Eglise d'Orient jouit à son tour de
la paix sous le sceptre de Constantin le (îraml.
Diverses villes ambitionnèrent alors l'honneur de
posséder une partie des reliques des quarante
martyrs et élevèrent des ègli«es en leur honneur.
Telles furent les villes de Césaréc et de Nysse,
en Cappadoce; Constantinople. la nouvelle capi-
tale de l'Orient; Rome et Itresc-ia en Occident.
L'historien Sozomène, qui vivait un siècle et
demi plus lard, raconte la façon assez curieuse
dont quelques-unes de ces reliques furent décou-
vertes de son temps à Constantinople.
l'ne femme de cette ville, nommée Eusébie.
appartenanlà lasertedes Macédoniens(héréliques
qui niaient la divinité de l'Esprit-Saint), avait eu
la bonne fortune d'entrer en possession de i>lii-
sieurs ossements des saints héros de Séhasle. Se
sentant près de mourir, elle les remit à des
moines, ses coreligionnaires, qu'elle chargeait
en même temps do sa sépulture. Elle leur lit
jurer de les enfermer secrètement, avec le cas-
selti- qui les contenait, dans son tombeau; elle
voulait dormir près des martyrs et ressusciter au
dernier jour en leur compagnie.
Les moines tinrent pamle, ils enterrèrent la
léfunle dans une [iclite crypte soii; leur oratoire,
ivec le reliquaire, sans en rien dire à personne,
seulemenl. ils allaient y prier de temps en temps,
vhielques années après, on enterra près d'Kusé-
liie une autre dame qui avait été son amie intime
el appartenait -i la même secte.
Or, celle dernière dame avait été |,i femni"
d'un certain Césaire, homme d'une huile posj-
ijiin sociale, qui avaitèté consul et préfetd (trient.
II voulut acheter cet emplacement pour y bAlir
une belle église et s'y méaatier un tiimbeaù près
de sa femme. Les moines hérétiques durent céder,
vendre le terrain, el aller ailleurs.
L"é(.'lise fut bâtie ; le tombeau d'Eusi'bie dispa-
rut sous le pavé, et resta désormais inconnu. De
lont'ues années se pass'érent. Puis vint le règne
(le Théodose le Jeune dont la sœur, sainte Pul-
chérie,édiriaitCouslantinople par ses vertus. Alors,
le martyr saint Thyrsus.sous l'invocation duquel
avait été bAtie l'éRlise dont nous venons de par-
ler, apparut jusqu'à trois fois à la pieuse prin-
cesse lui demandant que les reliques des autres
saint? qui étaient cachées sans honneur dans celle
éfilise fussent placées près des siennes el associées
au même respect et au même culte. Les quarante
martyrs, velus de la chamyde militaire, se pré-
sfiilèVent à leur leur aux rei-'ards étonnés de
l'ulchérie.
Li princesse se hAta de donner des ordres pour
faire rendre aiix martyrs de Sébasle un honneur
si lé^îitime. <irand élonnement des membres du
cler;.'é qui desservaient l'énlisede Saint-Thyrsu-- :
nul d'entre eux n'avait jamais entendu paiJiT
de reiitjues des quarante martyrs conservées
dans leur éf^lise.
En désespoir de cause, un vieux prêtre, nommé
Polycrone, se souvenant que ce lieu avait jadis
été occupé par <les moines macédoniens, alla
demander aux clercs de celle secle ce qu'ils étaient
devenus, n Ils sont tous morts, » lui dit-on. Il
finit cependant par en découvrir un. fort ;\i:é,
dernier survisant de sa communauté. Il lui
demanda ce qu'ils avaient fait des reliques des
ijuarante martyrs. Le vieillai d n'en voulut d'abord
rien dire pour ne pas manquer à la parole don--
née à Eusébie. Mais quand il apprit les visions
de la princesse et les ordres donnés jiar elle, il
eut peur. Il raconta donc comment, dans sa jeu-
nesse, il avait vu les moines ses frères ensevelir
des reliques de ces héros chrétiens dans le tom-
beau d'une dame nommée Eusébie, mais, depui'
que leur mai'^on avait fait place à une é(jli>f, il
i^inorait oii était l'endroit de cette sépulture;
tout ce qu'il savait, c'est que la femme de
Césaire avait jadis été enterrée près du même
tombeau.
Justement, Polycrone avait autrefois assisté à
l'enterrement de l'épouse de Césaire ; sa niémoire
lui fournit des indications assez exactes; on lit
des fouilles, el bientôt l'on mit à découvert un
cercueil, c'était celui d'Eusébie. On l'ouvrit avec
soin. Près de la tète du squelette on trouva une
boîte soigneusement fermée avec des lames de
fer soudées avec du plomb. On brisa les ferme-
tures el on trouva dans la chdsse deux reliquaires
d'argent contenant les précieux restes des mar-
tyrs. Ine odeur suave s'echappant des reliquaires
ouverts embauma l'église.
Sainte Pulchérie, au comble de la joie, fit
rendre à Dieu de solennelles actions de grâces,
el la translation de ces reliques près des restes
de saint Thyrsus donna lieu à une belle fête, à
laquelle assistait l'historien Sozoméne, qui nous
a conservé ces détails.
On voit combien le culle des quarnnte martyrs
était po|)ulaire en ( trient. .Nos pères ne "les
aimèrent pas moins, surloul au moyen âge,
époque à laquelle des croisés rapportèrent de
leurs reliques dans nos riinlrées.
Sébasle est tombée depuis sous la domination
des Turcs; au lieu où furent immolés les quarante
soldats chrétiens, on voit encore les restes d'une
église ruinée, et une fontaine où les musulmans
eux-mêmes boivent avec respect et obtiennent la
uuérison de diverses maladies.
NOVS GLORIEUX
Voici les noms de ces héros; l'antiquité chré-
tienne nous les a heureusement cou'^ervésrCyrion,
Candide, Domnus. Méliton, Domitien, EunOrus,
Sisinnius. Hérarlius, .Mexaiidre, Jean, Claude,
.\lhanase, Valeii-;, Elieii, Erdilius, .\facius, Viliia-
niis, Elie. Théndule, Cyrille, Flavius, Sévérien,
Vah'rius, Chudio, Sacerdos, .\riscus, Eiitychius,
Smaraydus, Philotio, Actius, Nicolas, l.ysimaque,
Théopliile, Xaulhèas, Aggias, Léonce, li.'-y( hius.
Gains et Gorgonius.
Imp.-ff#rm(, E. PmTBcimT, S, ru* Krançolt l", Ptiit.
SAINT EILOGE. PKÈTRE DE CORDOUE, MARTYR
Fête le 1 i mars.
Jeté en prison avec d'autres chrétiens par les musulmans de Cordoue, le saint prêtre
Euloge lisait 1 Ecriture Sainte à ses compagnons de captivité et la leur expliquait. Il sou-
tenait leur constance et leur courage.
LES JlfSL'LJIANS EN ESPAGNE '
Vers le commencement du vin- siècle, les maho-
mélaiis d'Afrique ou Maures avaient envahi
l'Espaçne, après avoir renversé l'empire des
\isigoths, autrefois barbares, puis hérétiques
ariens, mais convertis ensuite au catholicisme |
par saint Léandre, évêque de Séville. Amollis
par un long repos, par les habitudes de l'ari-i-
iiisme et par le gouvernement d'une dynastie
corrompue, ils n'avaient opjiosé qu'une faible
résistance aux envahisseurs; un certain nombre
s'étaient retirés sous la protection de la Sainte
Vierge au milieu des montagnes des Asluries,
d'autres étaient restés méléi à la population vic-
torieuse et pratiquaient leur reli^'ion plus ou
moins ouvertement : car, jusqu'au milieu du
IX' siècle, on avait encore souffert l'exercice
public de la religion dans les églises et les
monastères, à la charKe pour tout chrétien de
payer un tribut déterminé au commencement
de chaque lune.
En 821, Abdérame III, prince des musulmans
d'Afrique, commeiiraà persécuter les chrétiens;
excité par un misérable apostat, nommé Bodon,
qui, de chrétien, s'était fait juif, il voulut obliger
tous les chrétiens d'F.spagne, sous peine de mort,
à se faire juifs ou musulmans.
La SI", Abdérame envoya des ambassadeurs
pour demander la paix au "roi de France Charles
le Chauve; en même temps, tous les chrétiens
d'Espagne adressaient à ce roi une demande de
protection, mais cette protection ne put empê-
cher la persécution qui, en 850, devint presque
générale. Alors souffrirent pour la foi un prêtre
nommé Parfait, de Cordoue, le moine Isaac, du
mnnastère de Tabannes près de Cordoue; un
autre moine nommé Isaao, et um- foule d'autre^
,\'J
I
parmi lesquels deux vier;;eF, iifiniinéos Flore et
Marie, dont nom aumn« à parler dan-- le courant
de celle »ie de saint lîuloae.
SAI.NT EULOGE, 1101^E KT rFIKTIlE UE COlUiOL'E
Euloae élail né à Çordoue, i|ui était alors la
capitale de l'empire des Maures. Sa famille était
une des plus illustres de la ville; il l'ut élevé dés
sa jeunesse parmi le clerfii de saint /.oilt"; il
s'y appliqua à la piété et aux sciences, surtout à
l'élude de l'Ecriture Sainte. Voulant se perfec-
tionner ein-ore dan-: toutes se~ counaissaiires, il
alla se mettre sous la disripliTu^ île rabhé Spera-
in-l)eo, qui t'-lait alors à la t<^lp du monastère .le
l^ule-Clar, au nord-i'MP>l de Cordnue. Il rencontra
lA, parmi sf^ . oinli-iriples, un ei'rlé^iaslique
nomin ■ y :\\.'c lequel il se lia d'une étroite
cl su 1'-. I'' m«'-me cjui l'crivjt sa vie.
Ilui ■■_■ . .lit t'A^uile à Cordoue. i-l il v en-
seigna pondant quelque Icm^^s les lettres, don-
iii.i -rux qui II' ronnais-iaient l'exemple de
vorlus, pn niémr temps qu'il les rem-
I admiration par r'Ieiidue de ses ron-
• «. Puis il t'ut ordonné diacre, et peu
•veau sarerdoceetcliari:é d'pn>-eiRner les
\fiil>-s saintes aux lidéles de ri'i;lise île ilonloue.
I>ès lors, il voulut mener une vie toute de «a-
■ rilii-e et de moi lili.-ation, en s'appliqnant ronti-
nii'llf m<'nl .i l'i'tu.le. siirloni Ao l'Htriture Ssinli-;
il m •
ten>
.-i i-iiit«4 lt lit !• MI^ , ' fin r
tans le «uc df ■liaqiie
■••■■" 'Mir 'Ml i-ompo«er
l>nns se» VI
rt.-iil -<inillli'
•if '
l.n
Jf ■ !■ ni '
i t'iiiti' • : ' ■ ■ , ■
eux
(♦e
ruei II-
dans \c
I un vn<
a de ptas
I, im miel
. - tires, il
1." tous les
■lie, Mvait
• ssanl des
Il lUn* les
-nul p^Mir
qm étaient
■isiton
inc*.
.1 ^>i| I !_•■- Il ' ■ i .1 :• 'j |i:--jil'' 1.1 j.' Il . "Illl'i. .t
ConliiU'', i-iilre. autres, i'Entidc de Virgile, la Ciu
de l)ifu Je saint .Vuifusliii et plu-sieurs liymues
clirélienues.
rependant 1 ,
.1. la vin8t-n<'iivieme nnn'
;m.. III. In.'.' iu. ipiriin ' '
Iiuldiquement el de vous déshonorer; mais sachet
que l'on ne peut nuira à la pureté de votre Ame,
quelque infamie qu'on vous fasse souffrir malfiré
vous. .. Knsuile il décrit ainsi la peisécution :
•I Le fond de la prison est rempli de clercs qui
y chantent les louantes de Dieu, tandis ijuc les
églises sont en silence, désertes el pleines d'arai-
gnées. On n'y offre plus d'encens, on n'v fait
aucun service; de l.iclies chrétiens pour v.mh
ébranler, vous représentent cette solitude de«
éfilises, el l'attribuent à votre opii\iAlreté; ils
disent que. si vous voulez céder pour un temps,
TOUS recouvreret le libre exercice de votre reli-
«ion. Mai>; sache/, que, pour vous, le sacrillce
le plus au'réable ,T fiieu e«Ha contrition du ciriir,
et que vous ne pouvez, plus n-culer ni renonciT
,\ la vérité que vous .ivei confessée. "
.\insiencouraf(ées etfortilli^es, ce* deux vier;:es
fortes el «aijes se présentèrent »an« crainte
devant le jui;p. et se laissèrent inimo'eren l'Iion-
neur de Jé«u"»-('.lirist. .\yant reçu la nouvelle de
leur miiit. <aint Kuloue el les autres ihi. liens
prisonniers en rendirent «rAce à Dieu dans leur
firison. et célébren-nl en l'honneur de» martyre»
es Vêpres, les Matines et la Messe, en «e rerom-
mandant A leurs prién»». Six jours après, ils
furent délivn>s de leur cai^livilé. .Vvant leur mort,
Flore et Marie avaient dit .\ quelques-unes de
leurs amies qu'aiissitiM qu'elles serau-nl en pn?-
' '■ 1- -I, elles le prieraient pour la
les : elles aocom plissaient
• I- ii.>ave m .Il
...lime !..
'Il, .^n mit
lit, il i . 1 >-. j>.'.ii ■
h recevoir aussi
appelait .m» i"
I merle que
dans la t.".
èi-rits; grâce à
tiM que .Ir ce
plus
que 1. -
'isa l'histoire dr ce iilorieux
iirafer les antres chrétiens
la III. me c.>iir.-<nne. si Dieu les
III. .- .'Dinbai-s. Il n'iii.i de ^a
: uire el confirmer ses frère»
I -.•- i..ir..li-. -..il par se»
llp, plu-
ilenl les
■I- tant dfl eoiisinnce,
.V I lies eu étaient touchés.
caax qn «taiciit vnvn
I es musulmans, Oiwmi*» à» »nir tant di* chré-
tiens courir d'eux-inèm*'". 1 ■:•
nne révolte. I.e roi .\|id ■
les pl.i
même
clrilii|> . '..- ' .-.1
avec mépris. .\
la plupart se .1 —
clian;:.'ant souwnt de
surpris. Plu^ieur-, n
n'osant p.is atTronti'
;i Jésiis-Cliri-I .1
d'autres. I'
. .. - . , t.
ré-i.len. e. pouriri'4re poiat
iil.iiit point s'enfuir ou
!i.-es, renuiii èrent
l .1 ■•Il 1 I . itir
Ml' il '. rl-î i il ]'r f^'K ' itn n
('.{■I ! .11. un r. in. -lie
peu l'irritatinn de la population rnusalmane.
Dans ce Concile, un ereflier, qui était in-s riche,
et qui prohaMeraent crai-nait de per.lre «a place,
s'emporta iiautement contre saint Eulo^ie. II
avait toujours blànn' les martyre, et il pressa
les évfiqups fie prononcer anallu-me cmitrp qui-
conque voudrait les imiter, tnflii, lo Concile fit
un décret qui déleiniait de s'offrir désormais au
martyre: mais ce décret était. ex primO f-n termes
amhi^'us et allégorique', suivant le style du
temps, de sorte qu'il paraissait devoir contenter
le roi et le peuple musulman, «ans toutefois
blâmer le- maityrs, quand on pénétrait Bien le
sens des paroles. Saint Euloi.e ne put cacher
comMen il désapprouvait cette dissimulation,
qu'il trouvait contraire à l'esprit de vérité et de
franche liberté qui doit caractériser les véri-
tables enfants de Dieu.
La persécution <lurait encore ; l'évéque de Cor-
doue avait >'fémis pour la seconde fois en prison :
les tersiversations et les réticences n'avaient jiu
calmer la fureur des musulmans: au contraire,
leur rase avait ^'randi encore '-ontre ces chré-
tiens, dont ils avaient paru craindr' un moment
l'iiiiluence et qu'ils voyaient maintenant trem-
bler devant eux et chercher à paoner du temps.
N0L\EAU.\ martyrs — SAINT EUIOGE KCBIVAIN
Ln jour, le roi .Abdérame, étant monté sur une
terrasse de son palais, aperçut les corps des
martyrs attachés encore à des pieux et, ne pou-
vant soutenir cette vue qui lui reprochait sa
cruauté, il ordonna de les jeter sur un bûcher
et de les bn'iler. .\u'-siti'pt. il perdit la parole, on
le porta sur son lit, et la nuit suivante, lesbi'ichers
de!" martyrs n'étant pas encore éteints, il expira.
.Son fils Mohamm<>d lui succéua. Le nouveau
roi était an«si ennemi des chréliens que son
père, et dé« le commencement de son ré;;ne,
il chassa de = ■ ■ ' fous ceux qui professaient
la reliiiion c .>t qui occupaipiit encore
quelque char. .. , ,_,r impo«a un trrand tribut,
chassa de l'rirraéf tous les officif-r' clicf-tir-ns, et
lit [.Miilr V.'- .rcraent tous ceuiqui parlaient mal
du
'j' ' ins, aimant mieux *tre parjures à
leur Lneu que renoncer à leurs charses et à leurs
rcTenus, açKistasiérent et furent comblés d'hon-
neur» : on esp''rail en pervertir un bon nombre
d'autres. Mais dans ce nouveau danser, le ztle
de saint Euloffe lit encore des merveillo^ : il
empêcha .m'nrf infinité de cbrélieii». faibl««
ou trop . iiix biens île la terre, ne renon-
çassent hrist, et l'on vit une nonvcll*'
et mat'niiiji;. ii'rais " lime» immol.ips
pour la fui, llcnrs pai n cmbantniTcnt
|p jardin d" ''" ' - ' r
rK*pn«iie la • :,
ce temps-là, -.■....,,.• iii ,,„i •_• un yntf
moin'» nommé Fandili, Ana^l.Tc et Félix^ tous
deux priUres et ni'.ines. les saintes Dit'ne et
Colombe, du mon.T-ti re de Tabannes.une autre
relifjieuse, sainte l'ompose et quantité d'autres
de toutes conditions : ecclésiastiques, religieux
et personnes mariées.
Saint Kiilofp prit frand ■- ■i:i b- i. ruciil
mêm" le? actes de tous cr, mirivr- : il n i
laiss* leur histoire en trois livres, sous le lilr»
de M'-morial, Mai' il prit «oin au«»i de les
défendre contre les repr'"-li' - <l" ceux qui ne
voulaient pas les reconnaiii'' ■.minr martyrs.
On prenait pour cfl.i div' r- [ r'U \i'-^ qu'il» ne
faisai-'Ut point de mirncl' - "11111;" le- niilris
martyrs, qu'ils naïaienl i -i . u ,. -.niilliii clivers
tourments, mais qu'ils avaient été mis à mort
tout d'un coup, qut ceux qui les f.iisaient m ir
étaient non point des idolâtres, mais des ni
mans qui adoraient le même Dieu et déte-i
ridoli'itiie. enfin, qu'ils étaient allés au-'!'
de la mort sans l'altendre. A toutes ce- 0:
lions, saint Kulose répondit dans son apt I .-
tique que les miracles n'étaient point des mir|,
infaillibles de sainteté, et qu'il' n'étaient r.nin
nécessaires en tous temps, comme ils lHaiei;!
été dans le- premiers siècles de l'Kelise: que 1<-
lournienls de diverses sortes n'étaient point
nécessaires aux martyrs, qu'il ne lallait point
regarder la loni-uenr ni la forme du combat, mai'
la persévérance et la nctoire: que le? musnl-
mans persécutaient les chrétiens en haine île la
reliffion et de Jé^us- Christ, dont ils niaient la
diniiité. yiiant à la dernière objection qui leur
donnait tort de s'^-tre [«résentés eux-m^iiies an
supplice, il la détruisait par l'exemple de beau-
coup d'antres [dus anciens, qui s'étaient aii-'-i
présentés d'eux-mêmes, et que l'EûIise honor-
pourtant comme des saints et de véritnMf-
martyrs. C'est ainsi que le portier de la pii ';
de Sébaste. voyant l'nn des quarante qui étai ,,;
alors martyrisés, [lerdns couraire, s'était mi' en
sa place sans que [.ersonne l'y contraignit et
avait mérité la couronne du triompi.e.
liien des martyrs tirent de même et se présen-
tèrent au supplice, quoiqu'ils pussent l'éviter
saifs commettre le moindre péché, . et ce fut
chez eux, dira plus tard saint François de S -
un acte béroiqùe de la force et delà const m ■
qu'un saint excès d'amour leur donna, n
Saint Euloi-'e, en jiistilianl les martyrs contre
toutes les accusations qu'on portait contre un
zèle qu'on jujreait inofiportun, se justitiiit lur-
méme, puisqu'il avait, par 'esexhortations. excita
le» uns à soutîrir. et approuvé le courage des
autres. 11 allait bienifit d'ailleurs aller au:.'menter
lui-même le nombre de ces l'jorieux athlètes qu'il
avait si bien soutenus et défendus.
DEDMEK» COMBATS
LA \nCrOIIIE FT LA
L'archevêque de Tolède étant mort, le c'e-- •■
et le peuple de cette ville a=?embb-renl
réfier sa succession tous les év'-in ■■- .!'• 1
vince et du voisinaee; et d'un co'
ils jetèrent les yeux sur le saint ;
qu'ils regardaient comme le plu« bel ■
de l'Kelise d'Espagne, tant à cause de '
et de ses vertus, qu'à cause ducouraceux témoi
L'nace qu'il avait rendu à la foi de Jésns-Chrisi.
pendant sa captivité et pendant toute la persé-
cution. Mrii-i Dieu voulut lui accorder la cou-
ronne de L'Ioire, m^nie avant qu'il fi>l s-\.t.'.
Il y aMiit alors, à Cordone, une vierge n'.minép
l>r>critie ou Lacréee, issue d'une iioid
de niusiilmans; elle avait été. dés ini,
élevée dans la reli;.ion chrétienn • par un" 1 - -
parentes, qui l'avait même fiit !■ Lpti-er. Son père
et sa mère l'ayant appris usèrent de toute» sortes
de mauvais traitements pi«ur la contrainilre à
I ..iilr.', Iiteli-l.,ii .!.■ M .i.ninel : [11,-iis elle s'en-
-aiiit Euloce, qui
! ■ni' a .i sa su'Ur
Annaloti, pii-qu a ce quelle I nient in^
truite d" i' us <cs devoirs et 1 dans se-
saintes et . nluiinns.
l'endan! re et la inêre remuaient
i"' l'''"rr. i il I' II". jver celle dont la ilispa-
i;' ni- M (i.iii ,iii lé-espoir : iN »e plaignirent
m -ouverneur de la ville qui lit ••niprisonner et
fouetter plusieurschrétiens, même des religieuses i
et des prêtres. Saint Eulope, sans s'émouvoir, I
veillait sans cesse sur Léocritie. la faisant passer '
continuellement d'une maison à une autre, chez,
des amis dévoués, pour conserver sa foi et avoir
plus de loisir de la préparer au martyre. 11 con-
sacruit toutes ses nuits à la prière, prosterné
dans réalise de Saint-Zoile: elle, de son côté,
veillait, jeûnait, couchait sur la cendre en se cou-
vrant d'un cilice.
L'ne nuit, étant venue voir le Saint pour rece-
voir ses oncouraîjements et ses instructions, elle
fut dénoncée. Aussitùt le f.'ouveriieur lit cerner
la maison par des soldats i|ui emmenèrent Kuloge
et l.éocritie et les jelirent en prison.
Itientot Kulou'c comparaissait devantle tribunal
des musulman^: le ju^-'e lui demanda pourquoi il
avait iloiini- asile à cette jeune tille. Le Saint lui
répondit que les prêtres ne pouvaient refuser
l'inslruclinn à ceux ({xii la leur demandaient; il
lui lit voir qu'il avait eu raison de lui faire pré-
férer Kicu à ses parents, et cela d'après les prin-
cip>'s lie ceux mêmes (|ui per>Hcutaient les chré-
tiens. Il lui offrit en même temps de lui enseii;ner
le vrai chemin du ciel, comme il avait fait pour
l.éocritie, et se mit à exposer avec vigueur les
impostures et les erreurs du faux prophète
Maliomel, à montrer la divinité de Jésus-Christ
et à )irouver ipiu la reli;jion du Sauveur était la
seule voie du salut.
Lf ju:;e. furieux d'une si sainte audace, ordonne
de le frapper à coups de fouet jusqu'à ce qu'il
expire. ■• \ous auriez plus vite fait, répondit le
disciple de Jésus-Christ, de me condamner à-
mourir tout d'un coup par le glaive; je suis prêt
à donner plusieurs vies, si je les avais, pour la
défense de la vérité. •> Alors le ju^e le lit con-
duire uu palais du roi.
l'ii des conseillers, qui le connaissait particu-
lièrement, le prit à part et lui dit : •• Si des
ignorants se précipitent malheureusement à la
mort, un homme savant et vertueux comme toi
ne doit |ias imiter leur folie. Crois-moi, je le
prie, dis seulement un mot à présent, puisqu'il
le faut ; tu reprendras ensuite ta religion, et nous
promettons de ne point te rechercher. ■>
Saint r.ulo;.'e lui dit en souriant : " Ah! si tu
pouvais conniiitre les récompenses qui attendent
ceux qui connaissent notre foi, tu renoncerais à
ta dignité temporelle. » i
bit quand il fut devant le Conseil roval, le saint
prêtre se mit à prêcher hardiment l'kvangile: il i
.proposa .i ces musulmans les vérités de la foi
avec uni- telle force que, pour ne point l'écouter i
davantage, ils le condamnèrent aussitôt à avoir I
la lêli' tranchée. j
Comme on le conduisait au supplice, un des
■ unuques du roi lui donna un snufllct: alors le
Saint, se souvenant des enbei^Miement^ du iliviii
Maître, tendit patiemment l'autre joue, au lieu
de- se plaindre, et t'inTidèle eut l'insolence de le
frapper de nouveau.
Lorsque le Saint, tout heureux de souffrir en
union avec Notre-Seigneur, fut arrivé au lieu du
supplice, il pria à genoux, étendit les mains au
ciel, fit le si;.'ne de la Croix sur tout son corp.';,
pour le rendre invincible par ce divin bouclier
du salut et unir ses soulTrancos et son martyre
aux souffrances et à la mort de Notre-Seignèur
Jésus-Christ sur la croix ; puis, avec une fermeté
et une patience admirables, il tendit la tête au
bourreau et consomma ainsi son glorieux
martyre. C'était le samedi 1 1 mars de l'année H'.i'J.
Après la mort de saint Eulo:;e, on essaya de
faire renoncer Léocritie à la foi : on lui repré-
senta les honneurs, les richesses, les joies qui l'at-
tendaient dans sa famille, mais tout fut Inutile.
Celui qui l'avait si bien instruite et encouragée
sur la terre veillait sur elle du haut du ciel et
elle fut inébranlable. Ni les larmes de ses parents,
ni les promesses du juge, ni ses menaces ne
purent la faire revenirsur la foi qu'elle avait jurée
au céleste Epoux : elle fut décapitée le mercredi
suivant, et son corps fut jeté dans le lleuve Itétis,
(le (iuadalquivir), mais les chrétiens le recueil-
lirent et 1 enterrèrent dans l'église du martyr
saint fienès.
Les lidèles rachetèrent du bourreau la tête de
saint Euloge et l'enterrèrent honorablement
avec son corps dans ré::lise de Saint-Zoïle. Le
premier juin de l'année suivante, on lit une
première translation de ses relii|ues. Puis ses
restes furent transportés à Oviedo, sur les terres
des chrétiens, avec le corps de sainte Lucrèce,
le !'.• Janvier H8;t. et l'on en lit une troisième
translation en l'an LIOO, à Camarasanta.
Saint Lulo:.'e est représenté dehoul. le crAiie
fendu par un glaive, le cn'ur percé d'une énée;
il tient un livre et une palme; à terre, un turc
renversé. Tous ces détails s'expliquent par la
vie et le martyre du Saint. On lui iloniie encore
comme attribut le fouet, parce c|u'il fut cruelle-
ment tiagellé avant sa décollation. On le réunit
quelquefois à sainte Lucrèce, parce ijue leur»
corps furent transportés en même temps à Oviedo,
le l'.t janvier 883.
• In l'invoque à Cordoue, à EIne et à Uviedo.
Les charpentiers d'Espagne l'ontpris pour patron.
on ne sait trop pourquoi.
La vie de saint Euloge a été écrite por Alvar,
son ami, texte d'autant plus précieux i|u'il reste
peu de monuments concernant l'histoire de
l'Eglise d'Espai'iie sous la don)ination et les per-
sécutions des musulmans.
Puissent ce L'rand Saint et les héroïque» imi-
tateurs de son courate, i]ui illustrèrent alors
l'Espak'ne, protéger leurs compatriotes contre
li>'i eimeiins de la foi et de la vérité chrëtienne
^^^
A
%
Imp.-gfrani, K. rrriraivut, H, rue Fr«D(ul* I", l'an*.
SÀIM GIlÉGOmE LE GRAND
PAPE ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE
Ftl>: le 12 mars.
P^BCrre DE (-.RECOIRR — ?0\ F.MHFE EN RELIGION
Saint Grégoire, appelé à si juste titre le Grand,
naquit à Rome, ver» l'an -iV*. Son p'ire, (inrrlien,
^Uiit «^Dateur, mais il «o %-oua dani la ^uilc au
Hervir*" de-* pauvre». Sa mi-re, Sylvip, ron«arra
au^oi la lin rie «;i vie à la mnlomplatinu dans un
petit nr^ilnirp. on elle 'élail flir'".
Son aïeul, le patricien F«i|ix, était devenu
pr<*lro et ensuite pape «nus le nom de Félix III.
Si taille, la vierce Tarsille, méiila d'-^ntendre .1
riieure de «a mort le* ronrerU des anites, et •!'■
vnir Jé<iu<-<',hri<it venir au-devanl de son Ani
hi-nlieureuse.
iiréuoirc apprit aver farililé les lettres divines
•' hiiin.itiips ; ppiidint la vi<' i|f «on p.r- . il fril
•212
part au gouvernemeni de l'Elat, mais il aspirait
à se retirer dans la solitude et à mener une \ic
toute de priéi*-
Ouand (iordjnijn fat mort, GréjSCifi put eiHiri
exécult-r son \u-u le plus cher. Il foii.ia d"aboid
six monastères en Sicilf, et un auVrr à Rome,
dans sa maison paternelle, sous la règle de
saint Benoit. C'est dans o» dernier qu'il prit
l'habit reli;;ieux. à Vii^ie de trente et un ans,
après avoir dislribiié aux pauvres ce qui lui
restait de soii patrimoine.
^T ET LE >IEM>IANT
vi'^ (le tous se? biens
oute k
: Il i-iiii -Il
L F.Cb"F.LLr I'
iJr^'oire n'a-
qu'une écuellr .. ^
lui envoyai! rlHqae jomt 4e»
l'eau pour sm q W^iBnn.
Or, il nrrivi qa'aa MMiihtBJ n*l tranar le
Saint : il lui racvBta «(•'il tfail fait ■•■fr^fe et
perdu toute s.i ftilBiii. IM||mrp. anuilAI, dnina
l'ordre de lui iiwyUi nx ptéce^s de aMaaaif.
Mais le pauvrr awttAMit Et okaeru^r qiic. c«ia
•'tait bii'U peu rk HJn». tm Mt Mtisse. Irf%»ire
lit aussitôt dould. ' ' : i
Ueux jours :,] tnatthamà te pré-
senta de nouve.m ,iu .^.imi, le priHlt '' ;'ili<^
de son extri'nir pAOTTHé. Mais Q Dr' ,'lu3
d'aryeut au irlifiMii t-.;« '~r^, ne iMiii.uii pa*
renvoyer le )i..iii»r» n. l'-i mains vt«Je», il
lui donna s.iU iif "■"
A la suite de i e un urand nombn-
de miracles. Car .nfr ,. ,'• . (ait uil
anj;e envny du .iritè du
Saint comme Doii j>ure.
SON ZÈLE roMi t* (XNnrakHOK »m a.xclais
Passant un ym" par mtmtatr^ ire
\it cic jeunt» pnfhnt» qu'au f \ i.te.
Touché de Uui jeuiit3:.r. il
s'informa •
tjuand on hu . ,i :
" lltla^! pniii,|i|. ,|,
de SI beau.\ tarp-, el le Liieu
n'habite pas '«tu des fr' :ix! •■■ Il
ilemanda fi ■ '- " ic : Ce
^i>nl des A — Dite»
pliit.'.l ,|,.. ■' i.,ir.
- ,_■ - ■ : .,ll.
lui
tioinmi'. re|>i il i .1 Ip
nom; 1 ar un > k u > , , "j à
la louan;;e du Cfnteur. »
l'uis il alh Irtii.TniIrT %n papp Brnolt I" h
permission le m An.
terre. Le pa, lUi». • p< .
i.M.'iii' lui il »<>rti de U .illt, qur tous li -.
I, ;:n<iiv l'ilom^rrat A onnd» rn« •«•n mpprl.
III disant : . S.i. ~ -iT^nieitt
l'fTetiNf «ainl l*»- ';i>fu«; en
^aint el dt le
lAT» — LA rE<T«
tipré», <irii|oir« fui nmini)' '
<-l •'OvoyA r<MUBe •oii<:C a
iiii««i,in i«r ' -.ilr.-*.* i<t r^vi#t
.lo<
Mais le Saint ne voulut pas accepter l'élection.
.*iu- ces entrefaites, la peste éclata. Saint (iré-
2' ne se dévoua pour soulager Us infortunes et
•■■riibattre le Iléau: il (irescrivit des processions
i\pialoires pendant trois jours consécutifs; mais
le premier jour,quatre-vinf;ts personnes mouru-
lenlen une heure avant d'arriver à Sainte-Marie-
Majeure. Alors, le Saint prit dans ses mains
l'image miraculeuse de la Mère de Dieu peinte
par saint Luc, et, nu-pieds, les épaules couvertes
d'un sac de pénitent, il traversa toute la ville
pour se rendre à la basilique de Saint-Pierre. La
foui- .1.1... .-.. le suivit.
I sur le pont (rni faisait face au mau-
atit .^ .:^.ie»,'om tmêtÊmÊt ÛÊtts les airs des
« Mmmm cm ftriarr. R^daiN(z-vou$, •'> Reine
du ciei, allelinm.' parce %ut celai que vous avez
mérifi' de pnrtrr. nlMmim! esl ressuscité, comme
ill
1' et de reconnaissance, le
peu, la. et tîré^mny les yeux fixés
a« ' . :
- lia pru oot'u Dnat, priée Dieu pour nous.
allehiié! »
lu <'e moneiit. na an^te penik sur la cime du
ni.iusolée; il Iniait à la ■•!■ un glaive qu'il
r niraitdaiis le lourcee». Dée Iotv, la peste ne lit
plus ont- seule vicliaie.
S.tlTT ceil !»■■ BV MME l'vrK
Cetéfé— wnt fiiR-aniUni fràidii beaucoup le
presiigede^a l.iis celui-ci. craignant
.!■ voir «on " 'idée i>ar l'empereur
' . parriat à Mrtir de Home sous un
irirnt
On s • t de M dk-p.irition , et ce
fat nn >uraBl trois jours, tous les
bal :eaipliraat 11? églises pour
oh: >' 4e rsIrMIver leur pasteur
bieu aiiuL'.
Le- lettres de ratilirAtion Tenaient précisémcnl
d'arriver df ' lioople. Le suir, toute la
popalation s' 1 dan» la campagne, cher-
chant le fil»;. Cl »Vlail caché dan>< une
caverne. Uai lit décoavTir au uioven
d'un' ' -r- ■ - ••: :trais-ait au dessus
de ' "41 il allait.
Il (numphe h la
111.I111, il fut cou-
: :... j ., . ._ tiii'^ Al- iiiii ilrs
HomaiDs
IL c^viiw f>r- m«-ii>^ - V ■11'- >■ 'it
Ir »aint p.ipc n'av 1 ' ; i 1 . du n-
d évnnué.
' ii\ noiMiTiit
Au.
d.-
M |U .1 .ilUtil !.,iii .
Il i hciillés qui leui
I' Il < < '. i. i:l'<l.l. J
I 1 ■ : 111 ,1 m iiin et envoyèrent
'ifï»- im r«iiint pnj»^ 'I*i " i'mii et&it impOAKÎblr
d'allei plu- loin.
>aiiit (.réf. lire, loin ■' '■■-■ '•• ■ '■ v
i.iiliInMte, el d l'coulei '
hlll' '■ '■ " .iv.lll -Il
Irli UT repr«-
,iu '' Ifs rf
r il ' •■ lion
bien reçus,et firent connaître Jé!as-Cliri«tàEthel-
bert, roi de Cantcrbéry, et à une gi aaJi" partie
de ses sujets.
Dieu bénit tellement leur zèle, qu'ils deman-
dèrent de nouveaux ouvriers évan^t'liques, afin
de faire une mcipson plus abondante.
Le Saint en ressentit une tirande joie, et envoya
d'autre? missionnaires; il nomma Aut-uslin arche-
vêque de l'île, et ordonna douze évèques sufFra-
gants de Cautorbéry. Il recommanda surtoot
à .'^es moines la douceur en tout ce qu'ils faisaient
pour fa conversion des .\nclais et mérita ainsi le
titre glorieo.v d'apôtre de l'Angleterre.
LITCBGIE ET FIAIS CH.iNT
L'action incessante que le hienheureuj pon-
tife e.\er(;ait .-«ur 1rs empires et les royaumes
n'absorbait pas tont son temps; il lui restait
encore des loisirs pour réformer la liturgie, per-
fectionner le (bant ecclésiastique f-t composer
des ouvrages qui lui ont valu justemeat le titre
de docteur.
M II porta, dit Dom Guéran^'er, ses soins éclairés
sur la iitnri;ie de Rome, et par les perfectionne-
ments qu'il y introduisit, prépara d'une manière
sûre, ^)Our un tem|>s plus ou moins éloijmé. son
introduction dans toutes les provinces de l'im-
mense patriarcat d'Occident. »
Nous lui devons l'usajte de chanter b' Ki/r'u;
eleison pendant la messe et celui dédire l'.K/etuia
au.x offices même en dehors du temps pascal. 11
ne se borna pas à saiiclifier les formules litur-
giques et à les compléter; il s'attacha aussi
à donner aux cérémonies du culte une pompe
estérienre qui les rendit plus eflicaces encore
pour l'instruction et l'édilioation du peuple.
Le San/imi'ntairi' de saint (irégoin; avait ré^lé
l'ens«nbte de l'oftlce divin et doté la liturfiie de
plusieurs admiralilcs prières qui en font encore
i'orneraent; mais là ne s'arrêta point l'u-mTC du
saint pontife, il voulut ordonner avec les paroles
le chant qui e"-! di'stiné à en ■•ompléter la siuni-
ficalion. Il consiiiérait que la musique sacrée
n'est pas seulement un accessoirt? appelé à relever
la splendeur du culte; mais qu'elle en fait partie
iotép^nte: qu'elle doit s'unir aux paroles pour
constituer avec elles une expression plus com-
plète '-l plus forte de la prière. D'autres pontifes,
comme saint Damase et <aint tiélase, animés des
mérnes sentiment», avaient fait pouii-<ile partn-
de la litur_'ie dos travaux considérables; saint
•irév'oire devait perfeclionnpr leur • leuvre. Il
publia dans ce bot son Antiphonairr où il a ras-
semblé les mélodies ailmiialiles, composées par
ses devanciers, et que les docteurs ne craisnenl
pas de dire inspirées de Dieu; lui-même en
a ajouté un ^rand nombre de manière à cMta-
pléler le oycle lilnruique, et il a livré ce travail
à la tradition <pji l'a lonuicmps pnrdé avec le
retpect dû à an iiareil ■ompçsileur.
Ce sont ces mélodies qui ont fait l'admiration
duDi'U' ' ' qui lavisHaicnt plus tanl nos
Krand« • musique, (.ds qu'' l'alestrina,
Bu in i el 11 mil s i> dirnier déclare qu elles sont
inimitalitc» nt que le saint pontife a dû âlre
in-ff ■"■ '■ I'"' Uns leur loniposilmn.
I iide nous rapporte, en efTel, que
saK 4 r.t un jniii «ni- vision, l/1'ù.'lise
lai appnnit sous la forme d'une vicrpe m:u;ni-
liqiieincnt parée, qui érinail de-- chants, et
rassemblait en même temps une foule d'anges
sous les plis de son manteau.
Sur ce manteau éUiit n-présenlé tout l'art
musical avec toutes les formes des ton*, de»
no'.os, des nuances, des mètres et des (i:;ures
diverses. (Jré^'oire pria Dieu de lui doiin^!- la
laculté de se rappeler tout ce qu'il voyait; et
après son réveil, une blanche colombe vint j.t
poser sur son épaule et lui ilicia à l'orc-ille los
merveilleuses compositions dont le saint pontife
a enrichi rE)4ise.
Pour conserver le chant qu'il avait si bion
or-'anisé, bï ^rand pape établit à Kome, près de
Saint-Jean de Lalran, une école ou l-'s ent'aiits
destinés au chœur étaient soi^-neusemenl formés
au chant sacré. Saint Gréf^oire pp-sulail lui-
même à leur éducation, et son zèle OLiit si
ardent que, mêcie au milieu des tn^ndcs dou-
leurs que lui faisait éprouver la goutte, ii se
faisait transporter près de ses jeûnes élevés.
Couché sur un lit, il donnait sa leçon, et il tenait
à la main une baguette pour reprendre ceux qui
manquaient. C'est de cette école que sortirent
plus tard les chantres qui, sous Cbarlemai.'ne.
vinrent enseigner aux clercs gaulois les célestes
mélodies de saint tirégoire.
SAl.NT GRÉGOIBE DOCTEUR
La science et les nombreux écrits de Grégoire
et son zèle ardent à défendre la doctrine catho-
lique jostifient pleinement le titre de qualrii-me
docteur de l'Eglise, universellement attribué au
gnind pape.
N'étant encore que diacre, il combattit les
erreurs du patriarche de Coustantinople Kuly-
chius, touchant la résurrection des corps. Il eut
à ce sujet une conférence avec lui en présence
de l'omporeur, et celui-ci, convaincu par les
arsuments de Gré;;oire, condamna au feu un
opuscule que le patriarche avait coinpo.sé sur la
matière controversée. Eutychius toinha malade
à quelque temps de là. Sur son lit d'a,;oiiii', il
disait aux assistants, en leur montrant ^a main
amai;.'rie : n Je confesse que nous ressusciterons
dans celte choir. » Ce fut dans ces sentiments
qu'il mourut, complètement revenu à la loi
orthodoxe.
Ile venu pape, saint Grégoire ramena de l'aria-
nisme à la saine doctrine une multitude de
Lombards, encourai.'ea b's Wisiniiibs d'E«pa);ne
dans leur retour à la foi calholic|uc. Il rétablit
la Juridiction dans l'Eglise d'Afrique, et y porta
le dernier coup aux donatistes. Il convertit les
S'-hisniatiques de l'Istrie; enlin, il ranima bs
arts et les sciences, et les tourna à la jjloire de
l'Eclise de Jésus-Clirist.
Saint (iré^Mire prêchait loi-même à son peuple,
et lorsque les maladies lui lUaient cette conso-
lation, il composait des sernion"^ et des hoinélirs,
et le> faisait prononcer en public par quelque
autre. Knlln, il était si vigilant et si iiifati.'.iblc
i s'acquitter de sa charge de bon pnstrur, qu'il
semble piTsque impossible qu'un seul homme
ait pu faire tant de choses i la bits : proriirer la
paix par sa médiation, traiter avcx D»«-n par
i'orai-oii et »vec les hommes par la ronMTsalion,
-'a|.|'liqiier au gouverni'Mii'ii.1 spiiiluel et teni-
{lorel de l'IySlise, prêcher si souvent, dicter de-
eltres f^i ndmiraliles à tant de personnes de
diviTsc. 1. 111,111 ions, cnmp'iser les beaux ouvrages
qui nous i«>sli?nt d» lui.
Pour snflirf k tant de travaux, il fallait une
a 'tivité prodi/tleoM et un rourasr snmaliirel.
l'arnii les ouvrages de ce saint pontife, il tant
surtout remarquer des commentaires sur le Inre
de Job, sur le Cantique des cantiques, sur 1'"
prnplii-le lùérhici et sur les Evanailes; un Pas-
toral, adressé aux prêtres qui ont à diri;."r les
l
unies; un Sacramentaire , et quatre livres de
Dialoijues, où le Saint rapporte i'"- miracles
arrivés de son temps.
APPARITION DE JKSUS-CBBIST ET d"lN ANGE
La chanté de saint Grégoire pour les pauvres
fut récompensée par plusieurs miracles.
Un jour, il voulut laver lis pieds d'un pau\Te
élerin. Mais, pendant qu'il prenait l'niguiiîre et
e bassin, le pauvre disparut, et la nuit suivante
>totre-Seif.'neur apparut au Saint ! " Vous me
recevez ordinaireineiil >'ii mes membres, dit-il,
mais hier c"esl moi-même que vous avei reçu. »
L'ne autre fois, il ord>Mina à son aumônier
d'inviter ilouze pauvres à dîner. Or, il s'en trouva
treize à lahle. Le saint pontife demanda pour-
quoi on avait dépassé le nombre qu'il avait tixt'.
L'aumi'mier, tout confus, regarde les pauvres
et, les cnmptanl. n'en trouve que douze : le
Saint était seul à voir le treizième. Soupçonnant
quelque mystère en cela, il considérait attenti-
vement ses convives : or, il en remarqua un qui
paraissait tant<)t sous la li;.'urc d'unjeune homme,
tantôt sous celle d'un vieillard.
Quand le repas tut terminé, il permit aux
douze autres de partir, et, prenant le treizième
par la main, il le conduisit dans sa chambre. Là,
il le supplia de lui dire qui il était : " Pourquoi,
répondit le mysli'rieux personna;,'e, voulez-vous
savoir mon ni>m, qui est admirable? liappelez-
vous ce marchand infortuné à qui vous fîtes
autrefois donner douze écus et l'écuelle d'arjent
que vous possédiez. Croyez bien que c'est pour
cette bonne œuvre que bieuia voulu que vous
fussiez successeur de saint Pierre, dont vous
êtes le lidele imitateur, par votre charité à l'éftard
des pauvres.
— Comment savet-vous cela, dit saint (îré-
jjoire'?
— Parce que je suis l'anpe même que Dieu
avait envoyé pour vous éproun-r. Mais, ne crai-
gnez point, je veille -^ur vous et Dieu m'a envoyé
pour vous prolé;;er lusqu'à la lin et vous accorder
tout ce que vous demanderez. »
Kt la vision disparut, laissant le Saint pénétré
d'un profond respect et d'une grande recon-
naissance.
jésus-cuRi!rr visible dans l'euciiabistie
In jour, saint Grégoire rélébrail la messe
dan» léylise de Saint-Pierre : il distribuait la
roiiimuniiin aux assistants, lorsqu'une femme
s'approcha pour communier avec les autres.
Mais, lorscjue saint liré^riire proféra ces p.iroles :
Il Oue le corps de Nolre-Seiiineur Jésus-(>lirist
t-'ardc votre ^m>' pour la vie éternelle ■., cettf
femme se mit h rire ovec un ntr d'incrédulité.
l>n'-;.'nire lui retira le puin eucharistique et le
rpniit au diacre pour le reporter sur l'autel et l'y
;.'arder jusqu'à ce que lu communion des lidéle*
fi'it achevée.
Apres quoi, le. pontife, ^'adressant à r«tl«
feimne :
i|,i.. ii,,.i 1» vous prie, lui demanda-t-il,pnui^
; I lorsque vout étiez sur le point
'Hdit que c'était parce (|ur le pain
' Il |iiK qu'on lui avait présenté était celui
<|ii I ii<' avait pétri elle-même et apporté à
I •'l'IuUOD.
Le saint pontife, se tournant alors vers le
peuple, lui demanda d'unir ses prières à celles du
cleii.'-'- pour conjurer le Seifineur de dissijier l'in-
crédulité decetle femme, -puis il re\int à l'autel.
En ce moment, l'hostie se transHijura, tous les
assistants purent contempler le corps radieux
de Jésus-Christ, et la femme revint de son incré-
dulité, à la vue de ce prodi?;e.
Puis, le Saint, ayant fait une seconde prière,
l'hostie reprit la forme du pain.
COMMENT DIEf SAl'VA SAINT GRÉGOinE d'uN ACC10E.NT
La fermeté de saint Gréaoire à défendre la
pureté des inu'urs mit souvent sa vie en danaer.
Un jour, il excommunia un chevalier romain
qui, étant tombé en adultère, avait répudié sa
femme lé;;itime.
Ce misérable, voulant se venper, eut recours
aux masiciens. Ceux-ci lui promirent qu'un jour
que le Saint irait par la ville, ils feraient entrer
un esprit malin d.iiis le corps de son cheval, alin
que celui-ci, l'ayant jeté par terre, lui marchât
sur le corps et le fit périr.
Ce détestable dessein fut exécuté comme il
avait été projeté. In démon se saisit du cheval,
et lui lit faire de* bonds si étranges qu'il ne put
être arrêté par aucune des personnes qui étaient
auprès du saint pontife.
Mais Grégoire, découvrant, par une inspiration
divine, d'où venait le mal, lit le siane de la Croix
et chassa le démon du corps de son cheval.
Les magiciens, en punition de leur malice, per-
dirent la vue corporelle; mais cet accident leur
ouvrit les yeux de l'Ame, et, leur faisant con-
naître la grandeur de b^iircrime, ils renoncèrent
à tout Commerce avec le démon et demandèrent
le baptême.
Le saint pontife le leur donna, sans néanmoins
leur rendre la vue, de crainte qu'ils ne retour-
nassent à leurs malt'lices et a la lecture des
livres d'enchantement et de magie: aimant mieux
les faire entretenir aux dépens de l'Lalise que de
leur donner un sujet de se perdre.
IlF.RMÉHE-' ANNlf.ES KT MORT DR SAINT GRiiGOinE
Il se montra à la lin de ses jours et dans sa
vieillesse ce qu'il avait été le reste de sa vie,
plein de zèle dans l'exercice du miiiislère ponti-
(Ical et rempli de charité envers les pauvre».
Ayant un jour appris qu'on avait trouvé un
malheureux mort de misère dans un villaae
écarté de Home, il en ressentit une douleur très
graiiile et, craianaiit que cet homme ne fût mort
de faim, tandis <|ue lui pouvait le soulager, il
s'abstint pendant plusieurs joursde dire la messie.
Durant les ilcrnieres anii'
fut ariabl'-de Rouirrancf» .
flcntioiiii|ii'il s'imposait em mi i l .i\.ii> m > \i< nui'.
Ilieii n'elail canuble de le consoler que le d'sir
et l'i-spi-rance u'enlrcr bientôt dan» une vie
meilleure.
.Niilie-SoiiXneur, après avoir purillé le «ainl
poiilite par tant d allt:olsst<^ « I d'aftlictions,
accomplit eliliii le» deMr* de lioii strviteur ri le
di-li»ra de la pri«on du corp», pour lui donner
la couronne dr gloire, qu'il avait »i bien nii-ntée
par se» vertus hérniqne». Sninl Gréaiurr inounit
le M mars l'an 604, âpre» avoir siégé »iir la
Chaire de Saint-Fierr« treixe an», sii moit et
neuf jours.
K. i'tTiTBiA«i,liiip.'0>'iaii(, H, rue trau^ui: i". Pans
SAINTE EUPHRASIE, VIERGE
V' siècle. — Fête le i 3 mars.
Sainte Euphrasie consacrée à Dieu par sa mère. — Elle chasse le démon du corps
d'une possédée.
NAISSANCE DE LA SAINTE
Sous le rétine de l'empereur Tliéodose le Jeune,
on remarquait, à la cour de Constantinople, un
sénateur de haute naissance nommé AnliRone,
connu de tous par sa bonté et sa libéralité
enrers les pauvres. Son (îpouse, Euphrasie,
comme lui de sang royal, se distin^ruait par une
piété, une douceur et une simplicité bien rares
cher, les «rands. Tous deux se rendirent apn-ablfs
à Dieu par leurs bonnes iruvres.et, pour prix de
leur (Idélité, le ciel leur arcorda une flllc qui
devint la Sainte dont nous rapportons ici la vie.
Quelques jours après la naissance de l'enfant,
les deux époux, cédant aux sollicitations de la
RrAce, résolurent de fuir les plaisirs du monde
et de vivre de la vie des an«es. .Mais, après une
année passée dans la continence, Anli^one mou-
rut. L empereur |ileiira un parent et un ami
dévoué, la cour un conseiller fldele et les pauvres
un père véritable.
PBEMIKKKS AN.NBES d'ELPIIRASIE
L'étroite affection de l'empereur pour Anti-
;.oric se reporta sur sa veuve, qui fut entour''o
d'honneurs, et sur sa lille, qu'il liança dès l'.lf;!'
lO'J
Jp cinq ans à un jeune si''iialoiir. Ce dernier,
loatefiiis, j«taiil les yeux ^^ur la lUrre, courut un
vif «It^ii de ré|>oiisor. Il til j'arl de j-on projet à
l'.mp^r.ttrie^ i:ii se char;;ea de le réaliser: inuis
ta veuve >i Aniii;one, fidèle à son vu-u, reru>a
éneri.'ii|uenienl la main qui lui était oITerle, et,
. pour couper court à tout eniliarra«, elle "se retira
en Ei^vptc avec sa Hile, dans lea dooiaiaes de
son mari.
Huraiit son vovil ''- fit d'abondanlps
auiniMies aux roonii- nvres et aux indi-
fients, et denioadail ui des prières pour
l'Ame de son ntàri et pour sa lille.
(>r, il arriva que. dans une ville de TbOl^ide,
Kuplirasie rencontra un monastère de femmes,
alors très en i«uoni. Les reli:.'ieuse9 y étaient
au nomlire de cent trente environ. I.eur nourri-
ture se coin[iosait de lé;;umes cuits a l'eau; elles
ne faisaient jamais usaye île vin, ni d liuile, ni
de fruits. Leur jeune était continuel, elles ne fai-
saient qu'un repa<. après le coucher du soleil,
quelques-unes même jeùuaienl deux oiUioi-ji.urs
entiers. I.'abbesse, pour vaincre de terrililes ten-
tations, était restée une lois durant l'espace de
quarante jours sans prendre aucune nourriture,
miraiiileusement «-oulenue par Dieu.
In tel centre de pi'-'tè lit les délices de la
fervente Luplirasie, qui fixa sa demeure à peu
de di<lancp de là. Ses visites y étaient Iréquentes;
ell's aimait à s'y entretenir de^ douceurs de la
vie l'ontemplative et s'appliqu.iit surtout i faire
prolitcr sa lille di; ces pieux enli-etiens pour
mieux former son co'urà la piatique et à l'amour
de la vertu.
In jour, Tahliesse du couvent eut avec la jeune
Euplirasie une curieuse conversation :
•■ Kuplirasic, Aimei-vous ce couvent et aimez-
vous les reli^;ieuscs?
— Certainement, madame, je les aime de tout
mon cci-ur.
— Si vous nous aimet, il faut demeurer avec
nous et revêtir notre bahit.
— Si je ne crai;.'n.-iis point de contrarier ma
bonne mère, répondit l'enfant, je ne sortirais
jamai' de ce lieu.
— Nous aimex-vous plus que l'époux qui vous
est destiné?
— Je ne le coonais point, cet époux, répondit
naïvement Luphrasie, mais vous, je vous con-
nais et je vous aime. Kt vous, m'aimez-vou.--
aussi'.'
— .Nous v.'iis aiiiion- lendremeul, mou enfant,
.tl noui ai; ',ii>l.
* — Je voi, I aussi JéiOts-Chri'!
de tout mon •u-ur. "
\a jAére écoulait en «ilence ce sinpii...
lien, elle remerciait Hieu. à l'intérieur dt m'u
mur. d'avoir placé de telles paroles sur le".
]■ \iK de son enTanl; puis, romme te
iiK lo .lit à hai-ser, elle interrompit l'eir
di-aiit :
« Itclirons-Dou», mou eofaiit, car il est Urd.
je ï« ux jeslt-r ici, rè|iondit vive-
.■,.\,,- [,■
i<i riiii.ij
toujours, mais ni ses paroles ni celles de l'abbess e
ne purent la Qécbir.
M Vous ne pouvei rester ici aujourJ'lini, lui
dit alors pravenieiil l'abbesse, car il n'y a point
de place pour vous recevoir.
— Où vous resterez, répondit doucement l'eii-
.'ant, je resterai aussi. »
Hien ne put ébranler cette volonté affermie en
un instant par la iLiràce de Jèsus-Cbiist. et la
mère dut s'éloiyner seule.
Plusieurs jours s'écoulèrent ainsi, l^uphrasie
persistait dans son pieux dessein.
Il Si vous voulez devenir reli;;ieuse, lui dit une
deri.ière fois l'abbesse de vaut sa mère, qui la venait
visiter chaque jour, \i us de\ez étudier, tia»ail-
ler, apprendre de mémoire tout le jisautier et
jet'iner tous les joui-s.
— Hien de tout cela ne m'effraye; je ne vous
demande qu'une faveur, celle de m'admettre au
milieu de vous. »
Ueconnaissant alors que sa fille obéissait à
l'appel de Dieu, la mère la conduisit devant
l'inù^'e de Jésus crucilié et, d'une vuix entre-
coupée de san;;lots, elle s'écria : •■ Sei},'neur Jésus!
recevei vous-même cette enfant! elle ne désire
que vou<, elle ne cherche que vous, soyez donc
sou unique récompense. Rt toi, ma fille, que celui
qui aciéé les monta.:iies iiiébranl.ibles sur leur
base te coiilirme dans la crainte île son nom! «
i'uis, r<-mettaiil sa lille aux mains d<' l'abbesse,
la pieuse mère se retira en versant des larmes,
mais le < ceiir inondé de la joie que Jésus-Christ
se plail à répandre dans les :'>mes de ceui qui
savent s'imposer de généreux sacrifices. Dlle fit
de grandes aumônes aux pauvres pour attirer les
bénédictions du ciel sur les résolutions de sa
nile. Peu de jours après, la jeune postulante
recevait, des mains de l'abbesse, la robe f.;rossière
de relif-'ieuse.
VEHTl'S HLUCIEUSES DE SAOTTR EL'PIIHASIE
SKS COUIIATS
L'n coup bien sensible allait l'éprouver : sa
mère q*" - " ' " ' ' ■• ' ■ resta orphe-
line à • -e, elle sun-
Ile nouvelle
I porta ak-' •
oureuve, n
, l'b- '- '
-Ubritl et j« veux tout quit-
ta aoki MuuBCtif tiit A tenir, la min iaMtUU
lis plus qii ,ipres
1 lait rejmndie sa
ni ippiii In mort de
r. a des lettres h la
pour la pi ler de venir a la cour
!■ iir, 'oti lia '•. La jeune vierpe
liii tit ci-ll« biii'- lépoiist : •■ Nous ne nie pcrsun-
dem pa<-. T' eiiipi KiM . île r<'f>uili'T le ('.liri>'l,
I' I. pour m ' mortel
- doit, d.ii X iiiHn
litiuii iliiu' des vers. Ce ijui i-' j.l
aujourd'hui lie sera (jue cendie deiii
' o empereur, ma résolution ç-i ni'li.iii-
i-tribiiez iiii's biens ,in\ pauvres et sou-
VI lu /vous devant liieu d'Anlu'onc, de «on
épouse cl de KB lille. <■
ni
il'
saii» \4'*>t r til. ifUipUr lou» ui). • u.^m'1», m d .i.v.
sister au chant de Toflice. Elle domptait ainsi
son corps, pour dé;:ai;er davantage l'esprit et lui
permettre de s'élever dans les hauteurs de lu
contemplation.
Le d-moii. qui ne ponvait souffrir tant de piété,
ne tarda pas à livrer à la jeune relij-'ieuse de
redoutables assauts. Mais la vertu était si ^'raade
daos cette àme d'élite et son obi'-i~>ance si par-
faite que l'esprit malin ne put rien contre elle.
Iiuplira.sie lévéla tout à l'aLbesse, et l'<sprit de
ténèbres, qui ne redouie rien faut que l'aveu sin-
crre des tentations à une personne éclairée, se
letita honteusement. Néanmoins, pour mieux en
triompher à l'avenir, la Sainte ajouta un jour de
jeiiue aux trois qu'elle pratiquait déjà.
Pour éprouver son obéi.ssance, l'abbesse com-
manda un jour à Euphra?ie de transporter d'un
euilroit du jardin à l'autre d'énormes pierres que
deaxSa'urseu&cmble pouvaient à peine mouvoir.
Toute autre aurait hérité devaut un ordre aussi
i-transie, mais Eupbrasie obéit sur-le-champ.
L'abbesse a parlé, c'est assez; elle saisit les
pierres les unes après les autres et les transporte
sans difticulté au lieu indiqué.
Le leudemaio, elle dut les reporter à leur pre-
mière place. Pendant trente jours, on l'employa
au même travail sans qu'on put apercevoir sur
son visage une seule marque de mécontentement
ou d'impatience.
Elle était unie à Dieu par une oraison conti-
nuelle, et le démon, ne pouvant triompherd'elle
l>endaul le jour, résolut de l'attaquer pendant
son sommeil. Il lui apparut sous la tij^ure du
sénateur qu'elle devait épouser, à la tète de
nombreux soldats qui venaient l'arracher à sa
retraite. Elle poussa un cri, s'éveilla au même
in>t.int, et commença aussitôt à faire oraison
ju.squ'au malin. L'esprit malin revint à plusieurs
reprises, mais la jeune vier^re usa du remède si
puissant et si commun de tout avouer à l'abbesse,
ijui l'eucoura^'C-a pai- des conseils salutaires et
lui permit, sur sa demande, déjeuner huit jours
entiers.
La < ' vierjîe observa lidèlement ce
jeune ^aas rien omettre de ses emplois
journuiii-, i.'s relit;ieu.<es n'avaient que des
paroles d'admiration pour la plus jeune de leurs
Sijuurs; son existence était un miracle perpétuel,
car, mal;.'ré son austérit<} et ses nombreuses
char;;es, elle n'était jamais malade; son t-'int ne
(lerdit pas de sa beauté ni de sa fraicheur,
qii.i m.- [.endant un an, au dire de quelques
r {ui assurèrent l'avoir ri;.oureusenierit
oi Ile ne se fût jamais assise, pas m'-rae
pour prendre ses repas, et qu'elle n'ait jamais
Hdùié d'autre repos que les courtes heures qu'elle
pa-sail la nuit, couchée sur la terre.
Ni'anmoins, le d-inion ne se lassait point de la
tourmenter. Il viul troubler de nouveau son
sommeil eu lui repi'^âenlaul les vanités et les
plaisirs du si-- le. liais Jésus-Christ veillait sur
son épouse Udele. Eujdira^ie, quittant au'^sitol sa
couche, sort du couvent, va faire son oraison en
plein air, maL'ré le froid de la nuit, et, levant
les mains vers le ciel, elle implore avec larmes
le «ecours du Tout-Puissant. Depuis dix jour»
déjà, elle était plongée dans la prière <|uand les
So>ur*, touchées de rompas<-ion, demandèrent
à r-»' I ■ -^- «le l'en retirer, in.ns celle-ci d'^fendit
'I _■ T. Trente |pur^ s'^'i-oulèrent ainsi, et
1' .-e vierge pour-" ' "' ■■i prière sans
{'■ I lurriture ni r' l>-quarante-
cii, , jour, épuisée . _ . , elle tombe
sur le sol, priTée de connaissance, on la porte au
couvent, mais, à ses membres raidis, on aarait
cru porter un cadavre. L'abbesse se présenta à
elle et, faisant le si;:ue de la croix, elle lui dit en
lui donnant un peu de bouillon chaud :
« Au nom de Jésus-Christ, Euphrasie, prenez
cette nourriture. .>
Euphrasie, reprenant aussitôt connaissance,
but ce qu'on lui offrit et ne tarda pas à recouvrer
toutes ses forces.
SATAX VELT LUI OTER LA VIE
De plus en plus irrité, Satan essaya de Itti 6ter
la vie. Un jour que la Sainte puisait de l'eau pour
les besoins de la cuisine, et que, st-lou sa cou-
tume, elle priait tout en travaiilaut, l'esprit malin
la saisit avec violence et la précipita au fond du
puits, la tète en bas. Dés qu'eUe se sentit tomber,
la servante du Chri.sl s'écria : - 0 Christ, venez
à mou aide! » A ce cri, lesreli;iieusesaccourureiil
en toute hâte et la relirèieut à grand'perue du
gouffre.
SiUit qu'elle fut hors de danger, la Sainte tit
le si:;ae de la Croix : « Vive Jésus-Christ ! s'écria-
t-elle toute joyeuse, tu ne me vaincras pas,
Satan, et je ne céderai point. » Et, sans perdre
un instant, elle saisit ses deu.x vases pleins d'eau
et les porta tmoiiiuillement à la euisiue.
Lue autre fois, le démon la jeta du hautd'une
tour très élevée, mais la Sainte ne se fit aucun
mal. Dès qu'elle fut à terre, elle courut au-devaul
des Sa;urs qui pensaient ne relever que son
cadavre, et déclara à l'abbesse qu'elle ne s'était
pas aperçue qu'elle tombait. Celle-ci, considérant
de quelle Irauteur Euphrasie était tombée, reiiarda
c* prodige comme It plus i^raade marque de la
protection de Dieu sur la Sainte, et ordonna de
suite des prières eu actions de «races.
Vaincu tant de fois, Satan essaya une dernière
tentative. Euphrasie faisait cuire des lé:.'uiues
pour le repas des Sœurs. L'esprit du mal proiita
du moment où elle transportait une marmite
pleine d'eau bouillante pour la faire tomber et
lui renverser ainsi une {.Tande quantité d'eau
sur le visase. Les Su-urs, témoins du malheur,
ne purent retenir un cri d'effroi et se reifardert ut
constornéfs: mais quelle ne fut pas leur surprise,
quand elles virent Euphrasie se relever en sursaut,
et la face radieuse. Eupbrasie, voyant leur élou-
nenient, leur dit : ■■ Pourquoi, mes S<iurs, éles-
vous ainsi troublées'? ■• Celles-ci ne surent que
répondre, mais, regardant une seconde fois l'eau
contenue dans la marmite et voyant que le |ieu
quelle contenait bouillait encore, elles s'écrièrent
avec admiration : « Dieu protège Euphrasie, que
son nom soit béni! » La Sainte leur dit alus
qu'elle n'avait pas senti aiilre chose que de l'eau
froide qui lui tombait sur le visave.
Cet é4-bec vint terminer la lonuue série de cens
que le prince des ténèbres avait subis dans ses
luttes contre la Sainte. Di'MI avnit ■■•ron- >■ «a
servante et il téiiioiL-na qu'elb i
son c<i'ur en acc<iini>li3'>ant i i
prnJi-.-s éclatants.
MIIIACLES DK LA SAINTE — fX E.\FAVT ..fi'liî
LE DÉMON CHASSÉ
C'était la coutume, dans la rnnirée, lie p ri<r
au inoiiastère tous les • iif.ints malades ou iiilli in-'s
pour obtenir leur t'uérison. Les religieuse-; 1-s
portao^nt à l'oratoire el adressaient pour l'iix .l"
|.T*erites prières qui. souvent, leur procur.n. n'
Il '.i.'ili'. (In apporta un jour un petit enliii'. a
1,1 l'M'^ soûrd-muet el paralytique, i.'abbes'c ■ nii-
manda à Euphrasie d'aller le recevoir des m liiis
de- la mère. La Sainte obéit aussitôt: mais, iiè«
quelle vit dans ses bras une créature si chétive,
elle fut touchée de compassion et, lui faisant le
signe de la croix sur le front, elle dit : <■ Que
celui qui fa créé te f;uérisse. » Et elle le porta
à l'alibesse. Durant le trajet, l'enfant poussa
quelques cris, puis se débattit si fort que la Sainte
(lut le mettre à terre; mais, à peine fut-il en liberté,
<iu'il partit en courant rejoindre sa mère. On
avertit l'abbesse qui, faisant appeler la mère :
M Pourquoi, ma sœur, lui ait-elle, avei-vous
voulu nous tenter".'
Par Jésus-Christ, répondit cette femme, je
n'ai jamais eu pareille intention, et je vous jure
(jue jamais mon enfant n'a parlé, ni entendu, ni
marché. »
L'abbesse connut alors que Dieu glorifiait son
humble servante. La mère se retira joyeuse en
remerciant Dieu, et Euphrasie retourna humble-
ment à ses occupations.
( »r, il y avait dans le couvent une femme pos-
sédée dû démon dès son enfance. Ses parents,
ne sachant qu'en faire, la conticrent aux reli-
irieuses, qui étaient obli;;ées de la tenir cons-
tamment enchaînée. .\ certains moments, elle
«rinçait des dents, écumail de la bouche et pous-
sait des hurlements affreux, (in lui donnait à
manuer au moyen d'un biton au bout duquel
était placé un pot contenant sa nourriture. Lon^'-
temps. on avait prié pour sa délivrance sans
jamais rien obtenir. Connaissant la sainteté d'Eu-
plirasie, l'abbesse lui conlie le soin de cette mal-
heureuse, et la prie un jour de porter à manger
à cette femme, si, toutefois, elle ne la craicnait
point. <■ Je ne crains rien, dit la Sainte, puisque
vous me le commandei. » Et, prenant aussit(M
quelques légumes, elle se présenta devant la pos-
•iédée qui cria, grinça des dents, et, s'élançant
sur la Sainte, voulut briser le vase qu'elle por-
tait; niai« Euphrasie, lui prenant aussitôt les
mains, lui dit d'une voix ferme : ■ Vivent Dieu
et ses anges ; si tu to révoltes, je t'étends à terre
et je te llaaelle durement. .■ Le démon s'apaisa :
« Asseyei-vous, ma sœur, dit alors la Sainte, ne
vous tourmcnlPi point l't mangez. •>
Dés ce jour, la possédée fut plus douce, et si
parfois le démon reprenait son empire, la seule
présence d'Euphrasie suffisait à le mettre en
fuite.
La Sainte pria beaucoup pour cette malheureuse
cré.iture, et l'abbesse, voyant ouel était son
empire sur b' démon, et avec quelle charité elle
S'acquittait de sa pénible fonction, après avoir
consulté les relifieust-s les plus expérimentées
du couvent, commanda & Euphrasie de chasser
l'esprit infernal.
f. Je sais, lui dit rabbe»se,que le Christ vous a
donné ce pouvoir, ne vous erfrayez donc point et
marchez sans crainte contre le démon.
— Quoi, répondit buinblement la Sainte qui
ne revenait point de sa surprise, vos prières ont
•■t- impuissantes jusqu'ici, et \ous voulez que je
■ .■-■ .-.-la' "
' icadont, toujours obéissaole, elle se retire
fur-le-cbanap à l'oratoire, et, se prosternant
devant l'autel le front contre terre, elle implore
avec la mes le secours du ciel pour accomplir la
mission qui lui était confiée. Elle se relève toute
réconfortée et, sur un signe de l'abbesse, elle va
droit au démon. Elle trace le signe de la croix
sur le front de la malheureuse en disant : " Que
Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui t'a créée, te
guérisse.
_ Quelle folie et quelle audace, ricana le
démon : depuis si longtemps que je suis dans ce
lieu, personne n'a pu m'en chasser et c'est une
lille perdue qui veut le faire aujourd'hui !
— Ce n'est point moi qui te chasse, mais c'est
le Christ, ton Dieu!
— Tu n'as point le pouvoir de me chasser, je
ne partirai point.
— (»béis au Christ! dit avec fermeté la Sainte
en levant une verge sur la tête de la possédée,
ou je te llagelle violemment!
— Si je m'en vais, où irai-je"?
— Au feu éternel préparé à ton père Satan et
à ceux qui l'écoutent! »
Le démon commença à se débattre violemment,
les cris recommencèrent et la malheureuse se
tordit en écumant. Les Sœurs priaient avec fer-
veur. Euphrasie, levant les mains au ciel, s'é'Tia :
■■ SeiL;neur Jésus, n'humiliez point votre servante
à cette heure, et terrassez l'ennemi du itenre
humain! » Jésus entendit cette prière, et le dénioii,
inlUireant les dernières tortures à la malheureuse,
la traîne à terre et s'enfuit en faisant un bruit
infernal. On se rendit de suite à l'oratoire pour
remercier Dieu d'un aussi fjrand bienfait. Quant
;i Euphrasie, elle aui'menta ses jeûnes et ses
mortifications pour se rendre digne de la laveur
que Dieu lui avait accordée.
MOBT DE LA SAIXTB
Quelques an nées après ces événements.l'ahbes-e
connut par une vision le jour de la mort d'Eu-
rhrasie et la (jloire que Jésus lui réserv.iit dans
éternité. Elle en avertit la Sainte, qui fondit en
larmes en a|>prenaiit que son jugement était si
proche et supplia l'abbesse de demander à Dieu
de lui accoraer encore un an de vie pour faire
pénitence de ses fautes. Mais ce fruit était mûr
pour le ciel et Jésus voulait couronner son épouse.
Elle fut tout à coup saisie d'une fièvre violente
et, en peu de temps, on vit qu'il n'y avait plus
d'espoir.
Les Soeurs entourent son lit en pleurant; celle
qui avait été délivrée du démon veut lui embras-
ser^ les mains, et une Su-ur, nui avait toujours
été%a compagne et son amie, lui demanda à ce
moment supr-^me de ne la point laisser lon;;-
temps séparée d'elle. Elle la suivit, en elTet, au
ciel trois jours après. ' iA Sainte recouvra sa con-
naissance pour demander pardon aux Strurs des
peines au'elle avait pu leurcau<er, se recommanda
encore a leurs prières, puis son Ame alla recevoir
dans le ciel la récompense qu'elle avait mérité.'.
C'était en l'an H'i, sous le pontificat de saint
Innocent I".
\iD(i. Gfranl, E. l'cTiTa»ki, 8, rut Fr»n';oli I". P»rn
SAINTE MATHILDE, IMPÉRATRICE DALLEMAGM
Féle le i ■1 mars.
Sainte MathiJde distribuant l'aumône.
NAISSANCE
LE CHEMIN DU TBONE PAR LE DECIL ET LE COLVENT
Le valeureux comte Thierry descendait en droite
lipne de ce fameux Vitikind, chef de» Saxon?,
dont les fréquentes inrurvionsen France inquié-
tèrent si lont'temps Charlomapne. Sa femme,
la noble comtesse Heinhilde. était nilc d un
paissant prince danois : la reli^rion du «'.hrisl
avait fait de celle fille des barbares une des
femmes les plu» accomplies de son temps.
Klle pratiquait en secret de urands actes de
vertu; et c'est «ans doute pour l'en récompenser
que Dieu lui accorda cet an(.'e de douceur qu'on
appela Malhilde ou Mahault, dont la vie devait
ajouter une paj-'e glorieuse ù l'histoire des saints.
Heinhilde se livrait tout entière aux .joies de
cette naissance, lorsque la Providence, qui frappe
ceux qu'elle aime, lui enleva le coinle Thierry.
I.,i comtesse pleura loni,'lcmps son époux bien-
aimé; puis, quand ses yeux n'eurent plus de
larmes, elle dit .idieu au monde, et alla dans le
monastère d'Krforl consacrer pour toujours
à l»i<>u sa chasteté. Klle emmenait sa jeune
M.ithilde, pour l'élever dans le silence du cloitre
in-qu'au moment où Dieu manifesterait sa
voliinté sur elle.
Heinhilde devint abbesse, mais ses nombreuse-
-213
dit-elle. Aucun ministère ne saurait m'ètre plus
aeréable que le vôtre, puisqu'il a plu au Sei;,'neur
deme faire survivreàmon lils bien-aimé, Itruuon,
archevêque de Colofrue. Vous allez donc d'abord
ra'entendre en confession, alin de raabsoudre de
mes péchés, en vertu du pouvoir que vous tenez
de Dieu et de saint Pierre. Ensuite, vous irez
à Pi'glise célébrer la messe pour la n^mission de
mes fautes, pour le repos de l'àine du roi Henri,
mon défunt époux el sei;;neur, et pour les fidèles
du Christ vivants et morts. ■ t,tuand tout fut
accompli selon son désir, Wilhelm n-vlnt près
de sa sainte aïeule, lui donna de nouveau l'abso-
lulinn, lui administra l'onction sainte et la
Communion.
I II resta les quatre jours suivants près d'elle,
puis, comme le danitern'était pas imminent, bien
3ue les souffrances fussent très vives, il lui
emanda, on pleurant beaucoup, la permission
de s'absenter quelques jours pour les besoins de
son ministère èpiscopal. Leur entretien se pro-
longea avec une louchante effusion de part et
d'autre.
.1 Cependant, la pieuse reine fit appeler Rich-
burpa, l'abbossede yuedlimbour;;et lui demanda
s'il restait encore dans les coffres quelque présent
qu'.'lle put offrir à l'anhevéque. •■ Dame très
chère à Dieu, répondit l'abbesse, tout a été, selon
vos ordres, distribué aux pauvres.
— Cherchez alors les palliums que j'ai fait
réserver pour ma si'-pulture. Je veux les offrir à
mon petit-fils comme un dernier paye de ten-
dresse. Il en aura besoin pour le difficile voyage
qu'il entreprend. Après ma mort, il en sera de
moi selon le proverbe populaire: « Les parents
donnent toujours un habit de noces et un linceul
d'enterrement. "
- L'abbesse apporta donc les palliums el la
reiueles présentaà Wilhelm, en disant: » Acceptez-
les comme ma dernière offrande el comme
suprême avertissement. »
>• L'archevi^que lui rendit prAce de celle tou-
chante marcjue d'affertion. lui donna en pleurant
sa bénédiction et prit conyé d'elle.
M Kn s'éloignant, il dit à voix basse aux per-
sonnes qui t-ntouraient l'auguste malade : •■ Je
suis forcé de me rendre à Hadulverotb, mais je
laisse ici un île mes clercs chargé de m'avertirsi
le danger était plus pre^sant, afin que je puisse
liAter mon retour. ■ Ces paroles avaient été pro-
noncées de telle façon cju'il semblait impossible
que la reine <"ùl pu les entendre. Celle-ci pour-
tant releva la tête et dit à rarchevê()ue : •■ Il est
inntilf de laisser ici ce clerc, vous en aurez
!'"- )ii dans votre voynue. Allez, dans la paix du
i!l]ii-l. là où SB volonté vous appelle. »
Wilhelm partit donc et se rendit A lladiilveroih;
mais, qiii'lijues jours après son arrivée, comme
il prenait une potion médicinale. il lomba fioppé
de mort. Des messagers accoururent à (.luedlim-
bourg, porteurs de cette funeste nouvelle. Un n'osa
point l'annoncera la reine, dans la crainte de lui
causer un saisissement mortel. Mais la véné-
rable servante du Christ, illuminée par l'esprit
de prophétie, souriant à travers ses l-irmes, dit :
l' Pourquoi me dissimuler la triste nouvelle"? Je sais
que l'archevêque Wilhelm a émigré de ce monde.
Faites s<mner les cloches de l'église, rassemblez
les pauvres et distribuez-leur des aumônes, afin
qu'ils prient pour l'dme du défunt. "
DERNIERS ENTRETIENS — MORT SUR LA CB.NORE
LES PALLICMS DE LA RtlNE GEROERGA
» Elle survécutencore douze jours à cette épreuvo
sirruelle pour son cQ'ur. Le Samedi-Saint 114 mai>
968! dés l'aube, la servante de Dieu fit appeler
près de son lit de mort les prêtres et les reli-
gieuses. L'ne grande multitude de peuple se joi-
gnit à eux et elle eut encore la force de leur
donner de sages conseils. Elle parla aussi confi-
dentiellement à sa petite-fille, l'abbesse Mathild'-.
et lui remit un nécrolo^e dans lequel étaient in>-
crits, par ordre de date, les noms de ses parenl>
défunts, lui recommandant surtout de prier pour
l'àme du feu roi Henri et pour la sienne propre.
» En ce moment, l'abbesse Itichburga, les yeux
pleins de larmes, vint s'agenouiller aux pied-
de l'auguste reine et les baisant avec vénération :
I' Dame très chérie, dit-elle d'une voix entre-
coupée de sanglots, à qui laissez-vous le soin do
cette Congrégation désolée dont, malgré mon
indignité, vous m'avez constituée abbesse .'Ou'al-
lons-nous devenir sans vous! >
'> Sainte .Malhilde lui dit tendrement qu'elle lui
laissait l'empereur pour protecteur et la cousol.i
autant qu'elle put.
» Puis, faisant rentrer les prêlres et les reli-
gieuses, elle fit sa confession publique, et ayant
reçu l'absolution, entendit une messe à laquelle
on la communia.
Ensuite, elle resla en silence, les yeux el les
mains levés au ciel, jusqu'à trois heures dr
l'après-midi. Elle se fit alors reposer sur un
cilice recouvert de cendres : ■• C'est ainsi, dit-elle,
qu'une chrétienne doit mourir; et, faisant le
signe de la Croix, elle expira.
■• l^s religieuses de Unedlimbourg lavèrent
pieusement son corps el le déposèrent d.iii- b-
cercueil. Au moment où on le purlail à I •
des courriers expédiés en toule liAte par la i. un-
de France, (.erberga, fille de la très sainte
.Malhilde, apportaient un pallium tissu d'or, pour
cettp augu>te ■•èpulturf .
» Ainsi s'accomplirait la prophétie faite par In
servant>-de Di»'U, relalivenuMit aux pnllium'> d»ii
nés A rnr.-hi>vêqu<- Willu-lm cl au linceul dan-
lequel elle devait être elle-même ensevelie.
» Son corps fut déposé dan» le tombeau du r^i
Henri, son époux, ainsi qu'elle l'avait demnnib'
elle-même, voulant reposer là jusqu'au joui du
jugement et de la résurrection bienheureuse. "
SAINT LONGIN, CENTURION
Premier siècle. — Fête le io mars.
Le soldat romain Longin perce le côté de Jésus et ouvre la source de vie. Saint Joseph
d'Arimathio assiste à ce dernier outrage et se prépare à aller réclamer auprès de
PUate le droit d'ensevelir le corps de la Victime du salut. La Très Sainte Vierge,
assistée par sainte Marthe, se détourne et cache son visage dans ses mains.
Ayant reçu du gouverneur la hache qui servait à immoler les victimes, Longin en
frappa l'idole qui fut réduite en morceaux.
Martyre de saint Longin.
Au pifl de la croix, Fra Angclico, ('coulant pluf le* inipirations de «on cœur (juc lei données de
Ibuloire, a représenté saint Dominique en prières.
110
SAliNT LONGLN AU CALVAIRE
Oripinftire de Sardial, çelit village de Cappa-
doce, I.onfon était cenlunon de soldais roraa'ns
au raoïnenl de la Passion. La tradiliin nous le
montre comme le chef de ces infâmes soldats
qui insultèrent le divin Maître durant toute une
nuit et qui le conduisirent au miliou des plus
cruels outrape» d"Anne à Caiphe et ia C.aiphe à
Pilate. Témoin de la bonté et de la patience du
Sauveur, Lonpin devait bientôt sentir son cœur
transformé : le lion devait se chan^-er en agneau.
La sentence de mort venait d'être portée contre
le Fil*» de Dieu; les juifs, avides de san^j;, s'era-
pressérent de charger la divine Victime du bois
de son Mcrifice et de lui faire pravir sons ce
pesant fardeau la montagne du Calvaire. Lonpin
et ses soldats marchaienten ti'te du terrible cor-
tège, éciilant la foule accourue pour assister au
déicide. On atteignit ainsi le sommet du Gol-
polha. Lonpin.avec les siens, fut prépos»* à la
(.'aide du Sauveur. Là encore, il futtiiiuiin d*»la
paticnec du Rédempteur, il entendit ci'lle prière
de pardon sortir de sa bouche divine : ■• Mon l'ère,
pardonnez-leur, car ils ne savent re qu'ils font.»
Descendu du Calvaire quand la foule se fut
écoulée, Lonpin dut bientôt y retourner, sur
l'ordre de Pilate, pourconstater la mort des trois
crucifiés. Arrivés au haut de la monlapno, les
soldats rom|iirent d'abord les jambes des deux
larrons encore vivants. Jésus était déjà mort,
ils ne lui rompirent donc pas les jambes, car la
prophétie devait s'accomplir : " Vous ne briserez
pas un de ses os. » Mais Lonpin, saisissant sa
lance, en pena le côté du Sauveur; c'était l'ac-
complissement d'une autre parole du Prophète :
<c Ils verront en Celui qu'ils ont transpercé, m
Ducôté perréjdu Sauveur emlormi du sommeil
de la mort sortit aussitôt du sanp et de l'eau.
Avec ce sang et cette eau venait de naître l'Kplise,
l'épouse de Jésus-Cliri'^t, fiKurèe autrefois par
Evo sortant du coté d'Adam pendant son soni-
nieil mystérieux. Oi , depuis de longues années,
sans avoir penlu ii'inplftcment la vue, Lon-
pin l'avait faible et peu distincte; au moment
où il perça le crtté du Seigneur, (pii-lques poutti-s
de sani{,qui tombènnl sur ses yeu.\, lui rendirent
aussitôt la vue, et plus perçante iju'il ne l'avait
jamais eue même au temps de sa jeunesse.
.Vvec la lumière du corps, Longin reçut la
lumière de l'Ame; la prière du Sauveur : « .Mon
Pi-re, pard"nnei-leur, car il» ne savent re qu'ils
font ", sembla résonner de nouveau à l'oreille
du centurion romain. Il comprit aue celte parole
de pardon venait de recevoir en lui son premier
accomplissement.
LOM,U« A LA li|!-i;nRBCTIOI«
Après que le corps du Sauveur eut été ense-
veli, Lonpin fut chargé avec »a troupe de garder
le sépiilrre. Au troi^j. me Jour.b nnr , !f ,1,. la
lli-iirifition. ijui ploni,'<'a b'- .s une
•-I CI inde épouvante, le eonfirmfi : •'dans
la tr.ie foi.
iv n r.imour pour le SAOvmir.il a* rewâdés
re' ; • u-r U^ miratlei que Ir J'ils
di> il 'le répéter ce 'lue lui et
»>"■ , ~ ■< /.-le pour la »érilé lui
atli: nf« •■t do» pharisiens,
qni 'Cri- |'nrdi'«
pri .t luirv dire
que, t. Il lit, lei dis-
ciple* ib -on i-orp!<.
.'vlais Lonpin, en dépit de leur haine et de leur
colère, ne cessait de publier la vérité.
A la vue de sa constance, les juifs résolurent
do se veiiper de lui. I.onpin ne tarda i>as à en
être averti; la nuit suivante, accompa:.'né de
deux soldats comme lui convertis à la fol. il se
retira chez les chrétiens de Jérusalem, quittant
ainsi la milice du Siècle pour ne plus combattre
désormais que dans les ranps des serviteurs du
Christ. Instruit et baptisé par les apôtres, il reçut,
nous dit saint Isidore, avec l'imposition des
mains, la charge de l'épiscopat.
SAINT LONGIN liVÂQDS DE CÉSARÉB, B.\' CAPPADOCE
Le soldat du Christ, ainsi prêt pour le combat,
s'élança dans la lice. Suivi de ses deux compa-
gnons, il quitta Jérusalem et se rendit à Césarée,
en (^appadi>ce. Dans cette ville, il trouva déjà
quelques chrétiens convertis par le premier dis-
cours de saint Pierre après la Pentecôte.
Il mena avec ses compagnons la vie raonas-
tinuc, habitant une humble maison hors de la
ville; ils ne dédaignaient pas de travailler la
terre de leurs mains ; mais, pleins de zèle pour
le salut de-, imes, ils s'occupaient surtout d aug-
menter le faible troupeau du Christ. Le Seipneur
bénit le-^ travaux de ces moines-apôtres et l'Eglise
de Césarée devint bientôt llorissaute.
SAI.NT LONGIN DEVANT LE GOUVERNEL-R DF. ciSAR^E
Le démon ne pouvait voir sans colère les tra-
vaux des serviteurs du (Christ; il chercha à les
arrêter en suscitant contre les chréliens une vio-
lente persécution. Par ordre du gouverneur de la
ville, l.oiiiiin fut traîné au prétoire. Le gouver-
neur lui iirdoniia de sacriller aux idoles; puis,
sur le refus du saint évêque, il commanda qu'on
lui brisAt les dents et qu'on lui arrach.'il la langue.
Le- bourreaux exéi'ulêrent sur-le-rhainp cette
atroce sentence; mais, par un miracle éclatant,
saint Lonpin ne perdit point l'usage de la parole.
Malgré ce prodice, le L'ouverneur ordonna île
nouveau à l'évêque do .sacrifier aux idoles et lui
fil mettre entre les mains la hache qui servait à
immoler les victimes. Loiipin prit la hache; mais,
au lieu de frapper la victime, il se retourna vers
les idoles et les réduisit en morceaux en s'écriant:
« Si ce sont des dieux, non*, le verrons. »
Les démons, quittant alors les idoles où ils
avaient établi leurs sièges, entrèrent dans le
corps du gouverneur et de tous les jupe-, qui
commencèrent à aboyer comme des animaux, et
roulèrent dan- la poussière jusqu'aux pieds du
confesseur
LouRiu dit alors aux démons :
« Pourquoi hnbilez-vnn-; d.ins des idoles?
— Nous habitons, répomlirenl les esprit.* infer-
naux, 1.^ où le nom du Christ n'est pas invocjué
et où le sitnp de la Croix ne brille pas. u
r.f (,eii(l.iiii, le piiiivernerii .1 ni .jeveiiu aveuple
et tli.'iiieiii ,'iil toujours pb le délirc ; Lon-
gin, le prenant on pitié, i ir» :
<• Sache que In ne |inurras être guéri qu'après
m.t nmrt, je prierai al^rs pour loj niipres de
Dieu ot ta rrtoouvreraa la santé du mrps el do
l'àlUQ. 'I
U) qui arriva, onefTet, après le martyre du Saint.
«VKTTRI DK SAIKT LON<.l>
Lo démon avait échoué une première fois dans
son eriltepn-i'; plu- furieux encore qu'aupa-
ravant, il suscita bientôt contre le Saint une
seconde persécution.
Saint Longin s'était remis au travail de l'apos-
tolat avec plus de zèle et d'ardeur que jamais; la
foi du Christ croissait et florissait tou> les jours
davantage; la Cappadoce, pres(|ue entière, avait
entendu la bonne nouvelle. La haine des juifs
poussés par Satan s'alluma à cette vue; la nou-
velle des nombreuses conversions parvint bientôt
jusqu'aux pharisiens et aux princes des prêtres.
Ils se rendent aussitôt auprès du lâche Pilate ;
ils lui font peur, le corrompent par des présents
et lui persuadent enfin d'écrire à l'empereur que
Longin, déserteur des armées impériales, prêche
partout un nouveau roi, appelé Jésus, et range
des foules entières sous son commandement. La
lettre fut portée à Rome, et les juifs revinrent
avec une réponse de César, condamnant Longin
à la peine de mort.
Dès qu'il reçut la lettre', Pilate envoya des sol-
dats en Cappadoce pour se saisir de Longin et le
faire mourir comme traître et rebelle. Arrivés
à Césarée, les soldats demandèrent la demeure
de Longin, on la leur indiqua; en arrivant, ils
virent auprès d'une humble maison un vénérable
vieillard occupé à travailler la terre, c'était le
saint évêque; ils l'abordèrent sans savoir qui il
était.
<( Ne connaltrieï-vous pas, lui dirent-ils, un
ancien soldat nommé Lon^-in, serviteur du Christ
et ennemi des dieux '? N'habile-t-il pas en ces
lieux'? Craii:nant qu'il ne nous échappe encore
comme à Jérusalem, nous voudrions le surprendre.
— Suivez-moi, répondit l'évéque d'une voix
douce, et je vous montrerai celui que vous cher-
chez. »
A ces mots, les soldats s'avancèrent, précédés
du saint confesseur qui, plein de joie à la vue
de la palme du martyre qui l'attendait, laissait
échapper de son ca-ur ces paroles : •< Bientôt, je
verrai les rieux ouverts; bientôt, je contemplerai
la s-'loire du Père ; bientôt, je pourrai répéter les
paroles que j'ai entendues sortir de la bouche
d'Etienne, le premier martyr: "Seigneur Jésus,
recevez mon àrae. ■> Bientôt, au milieu des saints
cantiques et du triomphe de la victoire, je mon-
terai vers la Jérusalem céleste, patrie des anges
et des saints. Je vais enfin quitter celte chair
mortelle, je vais quitter cette prison, cette terre
corrompue pour revêtir l'incorruptibilité. Je vais
abandonner ce monde misérable, où tout est
tempête et naufrai;e, et atteindre enfin le port
véritable, où il n'y a plus de tristesse, mais rien
qu'une joie éternelle I »
Cependant, on était arrivé dans l'humble mai-
son. Lonyin fit a^^^eoir les soldats et leur servit
un festin abondant.
" Pourquoi dni'-, leur dit-il après le repas,
recherchez-vous l.ou^'in avec tant de soin?
— Ceci est un secret, mais «i vous nous pro-
mettez de n'en rien dire et de ne pas en avertir
Lonuin, nous vou'< li- di'couvrirons. •>
Le «aint évêque le leur promit et les soldais
lui racontèrent comment Pilate avait écrit à
l'empereur et ce que celui-ci avait répondu :
" Enfin, dirent-ils, nous venonspourmettieà mort
lx)ngin et ses deux compagnons, déserteurs des
armées impériales comme lui et ennemis des
dieux. <>
En apprenant que ses deux compagnons
il«-vaienl aussi mourir pour lafoi.Lonpin envoya
aussitôt ses serviteurs leur porter cette heureuse
nouvelle et presser leur retour. Les généreux
chrétien» étaient alors loin de Césarée, occupés
à prêcher Jésus-Christ aux habitants de la Cap-
padoce, aussi ne furent-ils de retour qu'après
trois jours.
Pendant ce temps, Longin, toujours inconnu,
traita généreusement ses hôtes r en apprenant
enfin que ses Jeux compagnons étaient près
d'arriver, il dit aux soldats :
« Venez , voici que je vais vous montrer
Longin. "
Les soldats le suivent; à peine sont-ils hors
de la maison que le Saint, se tournant vers eux,
leur dit en souriant:
« Eh bien ! c'est moi qui suis Longin, je suis
celui que vous cherchez. »
Les soldats,remplisd"étonnement, ne pouvaient
en croire leurs oreilles.
<' Pourquoi parler ainsi ? lui dirent-ils, nous
vous voyons sourire, nous savons bien que vous
n'êtes pas ce Longin que nous devons mettre
à mort.
— Oui, oui, je suis Longin, l'ancien centurion;
si je souris, c'est que, déjà, je vois les cieux
ouverts. Je suis celui que vous cherchez, me
voilà entre vos mains. »
En entendant ces mots, les soldats se regardent
en silence, tandis que l'évêque, les yeux et les
liras élevés vers le ciel, offre son àme à Dieu.
Puis les soldats éclatent tout à coup en gémis-
sements :
« 0 triste repas, s'écrient-ils, ô hospitalité
qu'il nous faut payer par un crime ! Comment,
ô cher Longin, avez-vous pu recevoir et traiter
si bien chez vous ceux qui étaient venus pour
vous donner la mort? Le.s bourreaux entrent
dans votre demeure et vous-même vous vous
olfrez en victime ! Nous avons reçu chez vous un
accueil favorable, nous sommes maintenant
plus criminels que des voleurs. Qu'avez-vous
l'ait i Prenez la fuite. Pour vous récompenser de
votre hospitalité, nous voulons vous sauver la
vie. Comment pourrions-nous, en effet, porter le
t-'laive contre vous ? nous avons mis la main dans
le plat, cette main se refuse maintenant à vous
donner la mort. Nous préférons encourir la
(••)lère de Pilate plutôt que de blesser notre
cnnscience; nous sommes prêts à tout souffrir
plutôt que de vous remercier par une telle
récompense 1
— Non, non, répond Longin, vous ne me ren-
drez pas malheureux en me donnant la mort.
Frappez, faites ce qui vous a été ordonné. Pour-
quoi ne pas vouloir me mettre en possession des
biens éternels qui m'attendent ? Pourquoi pleurer
ainsi ma mort? Ce n'est pas la mort que vous
allez me donner, mais vous allez m'ouvrir les
portes de la vie éternelle. Je préft-re la mort à
celte vie de la terre, car, ici-bas, je suis éinjf.'né
do mon Dieu, je ne jouis pas de sa vue bienheu-
reuse. Bientôt, ô mes mis, vous serez consolés,
quanti vous saurez que .)e jouis du bonheur
céleste; que cette seule pensée fa<se votre joie
et votre consolation. Ne pleurez pas celui qui
va quitter la lerre, mais félicitez celui qui va
recevoir la récompense des élus. Permettez-moi
de rendre témoiiinage [lar mon sanv à celui que
j'ai vu mourir pour nous sur une Croix. Je crain-
drai'; d'être àcca-^K par la nalure entière si |e ne
rendais pas tëmoi^jnage à celui dont la mort a
plongé le soleil dans le deuil et ébranlé la terre.
Je veux ver«er mon sang- pour celui dimt j'ai
percé le Cipur sacré ! >>
Longin parlait encore quand ses deux compa-
piiou'» arrivèrent enfin auprès do lui. A leur
vue, plein de joie, il s'écria un su jetant à leur
cou : « Salut, tiuerriersdu Christ; salut, héritiers
du royaume crlcste. I.a porte en est déjà ouverte;
les anses snnt là, priHs à ri-"-evoir nos ùnios
pour Tes oinir au Fils de Dieu. Je vois des
lumières élinoelantes; les palmes et les cou-
ronnes sont déjà préparées. »
Puis, se tournant vers les bourreaux _:
« Faites donc, je vous en prie, ce qui tous a
été ordonné. »
Enfin, s'adressant à son serviteur: « Allez,
dit-il, nie chen-her une robe blanche, afin que
j'entre ainsi velu dans la salle du festin nuptial. »
LonRin embrassa alors de nouveau sea deux
compaiïnons, puis ses bourreaux, et leur indiqua
le lieu où il désirait l'tre enseveli. Les troi-; ser-
viteurs duf'.hii't. tombant à «enoui. présentèrent
leur cou aux soldats et eurent la tète tranchée.
MIRACLES DE SAINT LONCIN
Pour obéir à Tordre de Pilate. les bourreaux
prirent alors la tête du saint évéque ; arrivés à
Jérusalem, l»* t-'ouverneur lit plaoer cette tète
vénérable sur une des portes de la ville. Mais
Dieu glorilia encore son serviteur; cette tète
brillait pendant la nuit comme un astre étince-
lant et éclairait tous les ;ilenlours. Furieux de
ce nouveau miracle, les juifs jetèrent à la voirie
la précieuse r.'lique. Les an^-es veillèrent sur
elle en attendant le jour où Dieu l'en fit retirer
d'une manière miraculeuse.
Une femme de Cappadoce, pauvre et avcu:?le,
n'ayant, pour consoler -^on veuva;^e, qu'un lils,
3ui la menait par la main, entreprit le vovau-e
e Jérusalem pour y prier Notre- Sei^-neur de la
délivrer des maux dont elle était accablée. .Mais
à peine ful-elle arrivée que son fils, sa der-
nière espérance et son unique soutien, mourut
entre ses bras.
Ia malheureuse veuve éclata aussitôt en
plaintes et en {.'émissements; accablée enfin par
la fati-'ue et la douleur, elle s'endormit profon-
dément. Pendant son sommeil, saint l.oiipin lui
apparut, la consola en lui montrant que les peines
(jue Jésus-Christ avait soulTertes étaient incompa-
rablement plus grandes que les siennes; puis il
lui raconta son martyre et finit en lui disant:
i( Allei chercher raa tête cachée sous le fumier;
dès que vous l'aurez touchée, vous serez piérie.
Puis, bientôt, je vous montrerai votre enfant, afin
de vous consoler. »
.\ son réveil, la femme, encouraeée par ces
paroles, se fit conduire à l'endroit qui lui était
marqué; elle creusa la terre avec ses mains, et,
au contact de la précieuse relique, recouvra la
vue.
La nuit suivante, saint Loncin lai apparut de
nouveau, et lui présenta son fils revêtu d'une
robe éclatante : " Voilà, ô femme, lui dit-il, celui
que vous pleurez, consolez-vous en voyant sa
ploire et son bonheur; le .Scianeur l'a commis i
ma ^'arde, et il a été reçu dans les raii^s des
saints. Prenez ma tète et ensevelissez-la avec le
corps de votre lils. »
A ces mots, la pieuse femme se leva, prit la
relique et l'ensevelit bonorahleraent avec le corps
de son fils. Son ctrur plein de joie débordait
en paroles de reconnaissance : ■■ Je sai« main-
tenant, disait-elle, que Dieu n'abandonne pas
ceux qui l'aiment. Je suis venue pour demander
la vue du corps et j'ai recouvré en même temps
la lumière de l'àme. La mort de mon fiN causait
ma douleur et voilà que, maintenant, il c<t ma
joie, il prie poiu" moi auprès du trône de Dieu,
au milieu des . rophètes et des martyrs. •■
Saint Longiu, qui recouvra la vue miraculeu-
sement, est surtout invoqué pour les maux
d'yeux.
.».,:.- j J<
jwjpVîy.
«X^J.-J» Jf^î
v%
E. PrnmviiiT, Imp.-iji'rant, 8, rne Frenf oit I", l'arif.
SAINT ABRAHAM, ERMITE
l'été le 16 mars.
Saint Abraham, ayant brisé les idoles, est assailli à coups de pierres par les païens.
Credidil Abraham Deo
Abraham crut à Dieu
, et reputatum est illi ad justitiam.
et sa foi lui fut imputée à justice.
Voici, presque sur la terre du Père des croyants,
une âme t'én<^reuse du iv« siècle, qui porte son
nom et se montre, dans sa vie, le lidèle imita-
teur de sa foi. Abraham était de Childane, en
Mésopotamie, non loin de la ville d'Edesse. Issu
d'i.ne noble et opulente Camille, l'espoir et l'idole
de ^e* parents, il voit bientôt arriver le moment
lie contracter une alliance diene de sa fortune
et de son nom. .Ses parents, plus que lui-même,
avaient fait le choix d'une personne recomman-
.ial.le par son rang et ses richesses. A leurs
prières, à leurs larmes, il se résigne au mariage
••l les noces se cél'brentavec magnificence durant
^\\ jours. Cependant le cœur de l'époux scm-
M.(it épris d'un tout autre sentiment que de la
I 'if bruvanle de ceux qui l'entfiurent : le divin
I i'"ux (fe nos Ames lui avait révélé des noces
plis chastes, et, lui faisant entrevoir des joies
plu« pures, ill'inviieà le suivre dans des sentiers
MKUiis charnels. Iioclle à cet avis, le jeune
tiiimm", que n'iv.iit pu rh.irmTl" brill.ini r^p.i'
du septième jour, se dérobe secrètement de sa
maison, abandonne parants, amis, épouse même,
et se retire sous l'œil deUiçuseul, dans une chau-
mière isolée, à deux railles de la cité, pour y
vivre dans la solitude.
Cependant, son départ, bientôt remarqué, laisse
ses parents dans l'anxiété la (dus vive : ils se
rappellent avec douleur la violence qu'ils ont
exercée sur la détermination de leur tils, et dans
leur désespoir, ils font toute diliçence pour le
retrouver. Théâtre, forum, solitudes, montagnes,
habitations des moines, tout est visité : ce n'est
que le dix-seplièrae Jour qu'on peut le découvrir
avec une stupeur raélée de joie et de tristesse,
car à «es amis qui le pressent de les suivre et
'■ont heureux de le revoir: "Rendez, s'écne-t-il,
rendei plutôt grâces à Dieu et à son ineffable
■ bmence de m avoir, par un heureux privilège,
-éparé de la malice du siècle : demandez-lui pour
luoi la grâce de porter son joug jusqu'au dernier
,|,. rn»» |nur« Il ■l'inand» iil^r" qu'un veuille
267
bien le lai-ser seul, de (leur qu'en Iroublant sou
silence, on cutrave ses projirès dans les voies de
Dieu. 11 proUla il^is premiers ninmeuls de S'>n
isolement pour murer la porte de sa ■■ellule, n'y
laissant i]uuiieouierlure bien étroite i>ar laquelle
on lui passait le pain et feau dont il voulut l'aire
son uiiii)Ue nourriture. Itientùl ce nouveau ;;enre
de vie répandit au loin sa réputation et lui utt;ra
;.'rand nombre de visiteurs désireux d'obtenir de
lui quelques faveurs.
ilON l'S.VGE DES HICHES«BS
Dix ans s'écoulèrent de la sorte et ses parents
vinrent à mourir, le laissant héritier de leurs
immenses possessions. Ayant depuis lon^'tenips
renoncé à de tels soucis, il remet la gestion de
ses alTairesà l'un de ses amis, avec la recomniau-
dalioii de consacrer la plus t:rande partie de ses
biens au soulagement des pauvres, l'our vaquer
plus librement aux choses du ciel, il ne f.Mide
près de lui que l'indispensable, un inaiiteuu, un
cilioe, une paillasse et le vaisseau de terre qui lui
sert de coupe, l'auvre des biens du corps, il
abonde des trésor? de l'unie; riiiiinilité, la cha-
rité brillent en lui du plus vif éclai. ijuel puissant
atlrnit dans les douces paroles qui t'imbent de
«es lèvres! Quelles palernelles exiiorlaliousl
quelle constance et quelle force dans cette iVme
virile ! Durant les cinquante années qu'il mena ce
f?enre de vie, Jamais il ne se reliclia de son
amour pour le travail et pour la mortitication.
Il abordait le combat, le sacrifice, avec la ferveur
du novice qui commence, et chaque jour ajoute
à son ardeur. .Vussi, Hieu ne laissa-l-il pas sous
le boisseau celle verlu solide : cilé radieuse,
placée sur la nvpnta^n-', elle devait illuminer les
ré::ioiis d'alentour.
LE SOLITAIRi: DRVF..M' ArOTRB
l'ré» de là se Irouvail un bnur^ asseï cousidé-
r.ible, du nom de Tu-nia; sa population, encore
païenne, était restée rebelle aux prédications et
au lele des prêtre» et des diacres envoyés pour
sa conversion. Plusieurs d'entre eu.\ s'y étaient
fixés, el, loin de gagner quel.)U''s imes, ils
n'avaient tnoissonn'- que les souifraiices et les
mauvui' Iraitemvnls. L'évéque du diorése, ne
sachant plus ijuel moyen employer pour tirer ce
peuple de l'idobUne, confiait ses embarras aux
jirélre» de sa maison, lorsque le nom d'.\braliam
lui vint à la pensée, et, sans attendre la réiMin-.e
lies siens: « »;royei-moi, très cliers liN, leur dil-
il; de ma vie je n'nivu semblable vertu. .Xhraliuni
est l'homme qu'il nous fuul. •• Kt comme tous
appuyaient iiiianimemeiit cet avis : ■• Vniii,
repreinl-il, l'idée qui m'osl venue à son sujet:
c'est flieu qui me l'envoie. Je veux lui donner
l'onction «icerdolale et lui conller crtlo popula-
tion, l'eul-éire, u\>-. Un à. .■ .1, fii.n. r.nii. nera-l-il
niieb|ues Ames ii I
tlll, se fi'Ve, et,
Iroiner le 1-
«:Ijm-i. il r. I
rilIJUie (le liiiilnK
d'nbor.l ..fî,
h.o
•■ I
di.
de
ttieli
ti-fi lif voir un
Ité. eli
il vient
il salu" dans le
!.■ rr- p«>iip|e et le
' li, tout
■ r S nn
puissante en paroles et en u-uvres. .\ hi-sitez donc
pas à prendre ce fardeau: Dieu vous reiulia iii
b'-nediclions ce que vous ferei pour les iinies. >•
tt coiumâ le solitaire se récriait : « Celui-là, dit
le Pontife, qui vit pour lui seul, travaille à son
seul avantage : mais corriger les autres, avoir le
souci des âmes qui nous sont conliées, quelle
source de mérites, et (luel téinoi;;nage de charité
aux yeux de Dieu! Je n'en veux pour preuve que
ce mot du Maître : " Si tu m'aimes, ô Pierre, pais
mes brebis. » Persuadé par ce langa;,'e, .\hruham
suit l'évéque jusqu'à la ville, se laisse ordonner
prêtre, et, répandant ses larmes et se» prières,
il s'achemine ou Dieu l'envoie.
CE QUE COL'TE.NT LES \»a
Arrivé au milieu de cette population assise i
l'ombre de la mort, il adresse à Uieu cette suppli-
cation : ■ Seigneur bon et clément, qui avei firm--
l'homme, et qui sondez ses pensées et les replis de
son cceur, ne mépriseï pas l'œuvre de vos mains;
mais délivrei-la de la tyrannie de son ennemi
en l'amenant à la conaissance de la vérité. Car
vous savei que ce n'est pas la gloire qui vient
des hommes, mais bien le salul des Ames i|ui
m'amène au milieu de ce troupeau. " .\ < e- mot'-.
il se relève, se met à construire un oi
les ressources que son ami avait i
bientôt il y offre le Saint Sacrifice au Dieu vivant
et véritable, le conjurant d'amener dans son
temple ces brebis infidèles. •■ N'éles-voas pas le
Dieu des miséricordes? Vous ne voulez point la
mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie. ••
Kt son cu'iir s'alTermil, son lele s'enllamme:
il va droit aux statues des . ' ' ' < ■>
les brise et en disperse les
inlidèles,ven.T.nt sacrifier. il. •m «ut u\, /e- ii.nninl
en pièces, et, sans chercher longleinps le cou-
pable, ils s'arment de bAlon* et de pierres, fon-
dent sur lui, l'accablent de coups el se retirent
en lui laissant à peine un souille ilc <■<•■ l'.i,, i-
dant, au milieu de la nuit. l'apAtre. f<
même et recueillant ses forces, se i
fieine et tarne la maison de son Dieu. Ià, eieioiu
a face contre terre, il verse d'abondantes lai ne s
et prie pour la lumière et le snlulde ces pauvre»
païens. I.e lendemain, ceux-i'i, le troutaiil en
prières, ne son;;enl qu'à satisfaire de nouN'.iii
leur rage : ils l'eniliainent, le traînent jusqn'ni
milieu du bourg, font pleuvoir sur lui une . ' '
de pierres el le laissent à <lemi mort. S'éliini
levé au milieu des ténèbres : .. '■^
ra'oublierer-voiis |u«i|u'à la Un
tourner votre face et mépriser •
sent? ■■ A peine a-l-il parle qu'il ^
comme oublieux de ses blessui- . u ■....m ■■
son snneluaire. Ses bourreaux en la veille «e
reproclimt leur modér'ii.'i !■■■ ....ri.ii .1...
coups {dus cruels et I
habitatoiii- Dur ml II <
tir, ce pi
avec la m
répondant par la binn
.-..Il r>' par la doueeiir
i.eni. avertissant, ■
une »o« •nfnnt-, I" ■
. il toii|our<
II, en dépil de'
ijk sovmiAMct Artni •■« joie*
L'heure de la itr^cé apprnrhuil, el U sanrlifl-
11 il'.iit i-rodinr'"
priiplr
sVtaiit réoni et ayant a:;ité diverse? questions, le
nom d'Abraham leur vient à l"e<prit : on se
raconte ses paroles, on en vient à l'admiration.
.' Voyez, se disent-ils, quels maux nous avons fait
p>eser sur la tète de cet homme! Avec quelle
patience il les a supportés! Si son Dieu n'avait
de quoi le récompen-;er, eût-il montré un tel
coura:.'e? Tous nos dicu.v. il les a renversés avec
une e.xtréme facilité, et ct^pi-ndant, aucun d'eux
n'a venue sur lui celte injure! A ces réllexions
l't à d'autres du mémei^enre. leur cœur s'échauffe,
la nrùce, sans doute, les travaille: un même cri
>t fait entendre : " .■Vllons tous, tant que nous
sommes, nous Jeter aux genoux de cet homme
;.'Hnéreux, et soumettons-nous au Dieu qu'il
anuoiice. » El tous d'accourir au temple, s'excla-
mant d'une même voix : •< Ijloire à toi. Dieu du
ciel, qui nous a envoyé ton serviteur Abraham,
pour nous arracher au culte des idoles! » Notre
Bienheureux, tout stupéfait d'un retour qui le
sur|iiend, et rempli d'une Joie ineffable : <■ Mes
I" !•■-. s"écrie-t-il, mes fils et mes frères dans le
>'i--iieur, rendons gloire au Dieu qui vient d'ou-
vrir vos esprits et vos cn*urs : approchez de lui
et TOUS serez éclairés. » Et il leur enseigna, dans
la Joie de son àme, la doctrine de vérité, les
••taiilit dans la foi, et, par le baptême, les rend
• nfunls de l'adoption. Ils étaient au nombre de
mille. Chaque Jour, il multiplie les instructions.
les avis; et cette terre nouvelle, arrosée des eaux
de lu f;ràce, donne des fruits sans nombre, l ne
année s'écoule dans ce doux travail.
LE DEVOIR ACCOMPLI
Mais, voyant son troupeau lidéle à la voix du
Sei:.'neur, et redoutant quelque relâchement dans
ses austérités passées, l'apôtre se détermine à
reprendre la vie solitaire. Dieu seul est le confi-
dent de sa résolution, et, la nuit venue, il
recommande son peuple à la protection divine,
conjure le Seigneur de ne pas lui imputer un
départ ou il ne cherche que sa plus grande gloire ;
[pui-, faisant le si:;ne de la croix pour bénir son
troupeau, il se retire en secret dans sa solitude.
.\u point du jour, les brebis fidèles accourent
au temple du vrai Dieu, mais n'y trouvent pas
leur pasteur; la confusion, l'anxiété, le chagrin
les ai^'rit, ils cherchent même bien au loin, et
loujours inutilement. Bientôt, ils sont aux pieds
lie leur évèque, réclamant leur F'ére dans la foi.
I.e Ponlile, ému de leur douleur, ordonne des
recherches qui demeurent infructueuses, car
Abraham se tenait soigneusement caché. Prenant
•ilnrs une partie de son cler::é, le l'ontife vient
au bourg, console ses habitants df la perte qu'ils
(iiii faite, puis, choisissant |iarmi eux les plus
ii'inarquahles [)ar leurs vertu.s, ils les ordonne
pn'lresou diacres, rn con>-titue d'autre'^ dans
d>'« Ordre" divers; enfin, leur ayant donné une
renie de vie, il se retire après leur avoir souhaité
la (laix.
Abraham apprend ce qai vient de se passer,
'•t obtient de son évéque l'alfranchi'sement du
Iten qui rattachait à ce peuple. Au'>sitAt, il se
met à r<eu\ri' : il bâtit une nouvelle cellule à
''"ité de ■ i-lle qu'il avait lon;;lcmps occupée, en
t lit murer l'entrée, et se plonfje de nouveau
lins la plus entière solitude.
RPBKI'VF.S DK L\ SAI.NTITK
i,'-|i'ii'ianl, l'ennemi, jaloux de sa vertu, devait
lui teiidn- lii<»n di'x piet'es, et souvent, durant ses
iiiiil-, !<• prinrp df» lin<tiri'- ■ Inii- fnnm n
ange de lumière, et, lui apparaissant au milieu
d'une auréole de splendeur : ■< Bienheureux es-
tu, lui disait-il, Abraham, d'être arrivé à tant de
perfection. — Garde le silence, lui répondait I-;
serviteur de Dieu, c'est le Christ qui te le com-
mande; retire-toi de moi, qui ne suis que cendre
et poussière. « Et l'illusion se dissipe en vaine
fumée. Peu de temps après, apparaît un homme
qui, une hache à la main, frappe à coups redou-
blés la poutre sur laquelle repose le toit de la
cellule; il appelle à sou aide ses nombreux com-
pactions, comme pour épouvanter le solitaire.
Mais lui, sans s'effrayer : " Les nations m'ont*
environné, et le nom du Seigneur m'a délivré de
leurs coups. >■ Une autre fois, son lit parait s'en-
flammer : aussitôt de s'écrier avec le Psaliniste :
" Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu
fouleras aux pieds le lion et le dragon. » iPs. 90.)
Au moment de prendre son repas, un élégant
serviteur lui présente un peu d'eau seulement,
ou saisissant une lumière : « Bienheureux ceux
qui sont sans tache devant vous, et qui marchent
dans la loi du Seigneur. » Mais notre Saint ;
« S'ils sont heureux, ceux qui servent le Seiirneur.
pourquoi donc ne cesses-tu de les tourmenter? ■>
Mais, laissons ces combats, on toujours son
humilité et sa foi lui assurent le triomphe, pour
arriver à un lémoiiinnge insigne de sa charité el
de son zèle apostolique.
COIIIIE.NT TOMBE l'NE AME
Il avait laissé dans le monde un frère qui venait
de mourir; sa fille, encore enfant, lui avait sur-
vécu. Seule, privée de tous parents, car déj.i elle
avait perdu sa mère, elle est amenée à son oncle
qui la recueille el la place dans la cellule con-
tigui- à la sienne. Par la fenêtre de sa cellule, il
lui enseigne les lettres, la sainte doctrine, et la
forme aux exercices spirituels. L'enfant croissait
chaque jour dans la pratique de la vertu, à la
grande joie de son oncle, qui faisait des vœux
pour sa plus grande perfection. Mais le génie du
mal convoitait cette proie délicate : il lui tend
des embûches, allume dans sa jeune ;\me une
passion charnelle, et lui insjiirel'^imour du monde.
Au lieu de prier, au lieu de drniaiider conseil
à son saini directeur, elle s'enfuit dans la cité
d'Aesus, éloiinée de deux jours de marche. Là,
s'étant revêtue d'un habit séculier, elle se livra
au désordre.
Pendant ce temps. Abraham voyait en sonee un
énorme dragon qui s'avançait des piofondeursde
sa retraite vers sa cellule, dévorait une colombe,
puis re;.'agnait sa retraite en toute bAte.
l'ne fois éveillé, l'homme de Dieu, avec tris-
tesse et inquiétude, soupçonne pour rE;;lise
quelque nouvelle attaque oii persécution qui la
menace. Il prie Dieu de l'éi'lairer davantage.
Le troisième jour, le diagon s'avance Jusqu'à ses
pieds et dépose la colombe qu'il avait eiic'loulie.
Aussitôt, il comprend qu'il s'a^'it de la chute de
quelque àme, et ayant jeté les yeux par la
fenêtre : •< Marie, s'êcrie-t-il, pourquoi donc ce
silence dans la prière ot la louante de Dieu?
Qu'est devenue cetli- avidité des divins cnseitne-
menU? ■ L'ii sib-nce de mort fut sa réponse. Alors
la douleur la plus am>-re s'empara de son cœur,
il pou'sa de profonds soupirs, demandant à Dieu
b' prompt retour de cette âme égarée.
LA FOI M'alblTE PAS
Cependant, un ami vient trouver le Saint, lui
rr'AIrlT ffi 1'- (-ni iliiif.' itr ci ni,' ■ ■ .-! !n |r--; nù
elle s'est retirée. Aussitôt l'apdtre de se lever. Je
quitter ses viHemeiits de moine, de revêtir l'habit
Je soldat: où va-t-il? Quelle conquêtea-t-il rêvée?
Il lui faut enlever au dragon la colombe qu'il a
ravie : suivei-le. il monte à cheval et se met à
la recherche de la brebis perdue. Le patriarche
autrefois n'avait-il pas volé au secours de Loth,
captif des cinq rois, ses ennemis'?
Etant arrivé à l'hôtellerie où se trouvait sa
nièce, il se fait renseianer sur son «enre de vie
et cherche à la rencontrer. .\vec la faveur du
maitre de la maison, il obtient d'être admis à la
table de celle qu'il veut arracher au monde.
L'heure du repas annoncée, on voit entrer dans
la salle du festin uni' jeune lille molle el dissolue,
velue avec luxe. A cet aspect, le vieillard peut à
peine retenir ses larmes : son ca-ur se sent brisé.
Cependant, il échange quelques paroles aimables
et celui qui virait de pain et d'eau ne craiul pas
ce jour-là de toucher aux viandes et Je boire du
vin. Les convives rassasiés se retirèrent dans
une pièce à part pour se livrer au plaisir de la
conversation. Elle languissait un peu, car la cour-
tisane était triste. Abraham s'assura de la porte,
i-t, croyant le moment arrivé, il découvre sa tète,
et poussant un soupir : ■• .Marie, dit-il v'ravenient,
sais-tu qui je suis? Ueconnais-tu ton oncle? Dis-
moi donc, mon enfant, ce qui a pu te conduire à
ta perte? Qu'est devenu cet amour de la vertu?
pourquoi t'éloigner de moi? Pourquoi m'avoir
ainsi oublié comme si j'étais mort dans ton cu-ur?
Que ne me révélais-tu tes combats, je l'aurais
aidée à vaincre l'eimemi, et surtout à te racheter
parla pénitence. Je l'en conjure, par mes cheveux
nlancs, par les peines cruelles (|ue tu m'as cau-
sées, par cette confusion où ton départ m'a
plonye, reviens, mon enfant, reviens au Itieu cjui
pardonne. Procure-lui cette joie, donne-moi cette
satisfaction, alin que Je n'emporte pas ma dou-
leur dans la tombe. >'
La courtisane était restée debout, gardant le
silence: son visage, incliné vers la terre, son
regard lixe indiquaient la réilexiou et l'anxiété. Kt
son oncle de reprendre avec douceur : " Ma lille
tu ne me réponds pas? l;;nores-tu que c'est pour
toi seule que Je suis venu ici, que j'ai quitte ma
solitude et revêtu ces livrées? Ignores-tu qu'il
n'est pas de blessures que le céleste médecin ne
puisse guérir ! Ke|etle sur moi ton péché, j'en
rendrai compte à Jésus-Christ. Viens seulement
avec moi, et retournons ensemble à la solitude. »
Alors la pécheresse d'un ton de voix timide et
embarrassé : <■ Père vénérable, si la honte
m'empêche de lever les yeux sur vous, comment
pourrai-je approcher de Dieu avec les ulcères de
mes iniquités ? — Tes iniquités, ma lille, je
les prends sur moi, retournons seulement à notre
première demeure. » La jeune lille. le cœur brisé,
tombe aux pieds du vieux prêtre et verse des
larmes amères et abondantes.
COMMENT ON SK RELÈVE
Voulant se mettre en devoir de le suivre, elle
ne sait que faire de ses vêlements somptueux;
elle les abandonne, suivant l'avis du saint vieil-
lard, pour revêtir une simple parure, et voler
aux richesses de ^iInpéri^sabIe vie. Tous deux
sortent secrètement de l'iH'itellerie. L'oncle con-
duit à pied sa monture sur laquelle il a placé sa
nièce. .\rrivés;i la monta:.'ne, il> échan:^ent leurs
cellules doni ils murent soieneusenient les portes.
Ue-< lors, la pécheresse connaît toutes les rigueurs
de la pénitence; prières, jeûnes, larmes, rien
n'est épargné pour effacer les souillures de la
vie. Uieu lui donna l'assurance de son pardon
et opéra par elle de nombreux miracles.
Le cii'ur d'Abraham rendait grAces à Dieu qui
n'avait point trompé son espoir, mais avait béni
ses travaux par des fruits au<si doux qu'abon-
dants. Parvenu enlln à une extrême vieillesse,
il passe de cette vie aux tabernacles éternels.
La multitude accourl à «a cellule et se dispute,
comme des trésors, les lambeaux de ses vête-
ments et de son cilire, où elle trouve des remèdes
efiicnces à ses maux. Cinq ans après mourait la
pénitente, (.'ardant. au sein du trépas, cette fraî-
cheur anyélique, rellel de la grAce divine et
symbole d'une vertu recouvrée et rajeunie dans
le sang de l'Agneau.
Quelles sont belles les n-uvres de la foi 1 Que
doux et suaves sont les fruits de la charité !
Imp.-ytrami, K PtnTiinai, g, rue Kranniti I" i'»ri>.
SAINT PATRICE, APOTRE DTRLAxXDE
Fête le i 7 mars.
Au moment où l'ancienne île des Saints est si
cruellement éprouvée, nous voudrions exciter
dans le cœurdes Français qui nous liront quelque
sympathie pour ce pays, où Dieu semble avoir
voulu conserver une foi d'autant plus inébran-
lable qu'elle a été plu'- horriblement persécutée.
Saint Patrice fut l'apôtre de la verte Erin, et
les prodigieux et presque innombrables miracles
qui furent les firands ari;uments de sa prédication
soulèvent d'étranges scandales parmi les descen-
dants des réformés. On a cherché des raisonne-
ments explicatifs du fait. On a dit : Les bardes
lurent les premiers historiens de saint Patrice et
ils ont créé des légendes. Oui, les bardes ont
beaucoup pailé de saint Patrice, mais pour l'at-
Vision du maître de saint Patrice.
taqiier, le persifier, l'accuser, bouleverser son
.lulonté ; les récentes publications des admira-
teurs d'Ossian sont là pour le constater. On a dit
encore, et des évoques anglicans surtout, que
saint Patrice a été le précurseur de la réforme.
Slni^ulier précurseur que celui qui prêche le
contraire de ce que la réforme afiirme. Patrice
affirme, la réforme nie, donc Patrice a préparé
la réfiirme. Admirable logique du protestantisme
troublé par lus miracles du propagateur de lafoi
au milieu d'un peuple païen cl qui s'est fait catho-
lique pour être plus prêt à devenir prolestant !
Cela dit, nous acceptons franchement les
mirarlei de saint Patrice racontés par ses con-
l'-mporain» ou ses successeurs immédiats, et
iinii- ne pouvons nous expliquer l'artinn de ce
t-'anlein de moulons si Dieu ne lui a donné le
(■ luvoir de prouver ses paroles par des actes
•liwn>-. .Mais les actes divins, c'est ce dont ne
veut pa» la science moderne, et c'est pourquoi
il latil les lui jeter à la farr malgré toutes ses
dénégations. Si Voltaire disait : Meniez, mentez,
il en rc^(e toujours quelque chof.e, nous ne crain-
drons pas de dire : il restera toujours quelque
chose de la vérité annoncée. Nous l'annoncerons
donc toujours, même quand il s'agira de miracles.
Uuant à notre Saint, il en eut le don des ses
premières années. Né de parents nobles et pro-
blablement romains, il pouvait se glorifier d'être
neveu de saint Martin de Tours par sa mère. Il
guérit, tout enfant, une de ses sœurs d'une bles-
sure très grave qu'elle s'était faite en tombamt.
Il ressuscita un oncle qui l'avait conduit à une
assemblée publique et qui tomba mort subitement.
A seize ans, il est emmené captif des côtes de la
Bretagne française en Irlande; c'était vers l'an
Bénigne enfant, futur successeur de saint Patrice.
390. Le maître à qui il fut vendu était ilur et
l'envoyait passer les jours et les nuits à garder
les troupeaux dans les bois et sur les collines.
Patrice en profitait pour faire de plus «rands
progrès dans la prière et apprendre la langue
du pays. Son maître le vit en sonee s'approcher
de lui tout entouré de flammes; celui-ci les
repoussait, mais elles consumèrent ses deux
jeunes filles endormies dans un même berceau.
Leurs cendres se répandirent au loin, et les
llammes, portées par les vents, atteignirent
l'extrémité de l'île. A son réveil, Milcho (c'était
le nom du maître* demanda à son esclave l'inter-
prétation d'un sonpe si bi/.arre. Patrice répondit
que la (lammc était la vraie foi dont son intelli-
gence et son c<rur étaient embrasés, que ses deux
fi Iles se feraient chrétiennes et que leurs relique":,
portées au loin, aideraient à l'expansion de la
vérité; que. du reste, l'Irlande l'accepterait dans
toute l'étendue de son territoire.
Après six ans, Patrice, averti par une voix
jour, royapeant le long d'un lac, sou cheval l'y
précipita, et depuis le lac a porté son nom.
Les visions de Patrice étaient incessantes,
surtout i]uand il célébrait la messe ou qu'il lisait
lApocalypst'. L'ange Victor le visitait souvent.
Dans la première partie de la nuit, il récitait
cent psaumes, il faisait en même temps deux
cents yénuflexions. Dans la seconde partie de la
nuit, il se plongeait dans l'eau f;lacee, le cœur,
les yeux, les mains tournes vers le ciel, jusqu'à
ce qu'il eût Uni les derniers cinquante psaumes.
Enfin il donnait au sommeil un temps très court,
étendu sur un roc avec une pierre pour oreiller
première vierge consacrée à Dieu, demanda à
sainte Brigid de lui dire le nom de ce trrand ser-
viteur. Elle lui répondit que c'était le père et
TapOilre de l'Irlande.
baint Patrice se dirigea alors vers le monas-
tère de Saul et aussitôt se mit au lit, sachant '\\ie
la fin de sa vie approchait. De son cAté, saint»-
Itrigid, arrivée à son monastère de Curragh. prit
le suaire qu'elle avait depuis longtemps préparé
pour Patrice, et avec quatre de ses Sœurs,
retourna à Saul; mais à jeuu et écrasées de
fatigue, ni elle ni ses compagnes ne purent
poursuivre leur route. Leur détresse fut révélée
La prière de saint Patrice dans l'eau glacée.
et couvert d'un cilice pour macérer son corp»,
même en donnant. E-t-il étonnant qu'à une
pareille austérité Dieu nci-orde drs dons surna-
turels, i|u'au nom de la Sainte Trinité il ait res-
suscité trente-trois morts, et que sa prédication,
enllaniméc par sa prière, ait produit de si mer-
veilleux effets?
Aillai ()ue saint Elpliin, Patrice renonça à
r. |.|s,npat, mais il axait consacré plu> de trois
cent* <-vt>aue«. On explique ce uomhrc par la
quantité de pontifes qui renoncèrent à leur
b|i _■•'.
Apre» avoir eu la révélation de l'avenir de
rii lande, Patrice fut averti que l'heure de sa fin
était proche. L'n jour que l'homme de Dieu était
assis avec <|iieli]ues-uns de ses com|>a?nons, à
un certain i-ndroit prés de la ville d-- Donn, il
se mit à parler de la ;.'loire des saints. Pendant
qu'il discourait, une grande lumière brilla sur
un point dans le cimi'ti>re voi-.in. Ses compa-
gnons lui tirent leinarqucr le prodifi' et il char-
>.•■ r.'f llriuid de l'expli'"!'" I ■ M.Tfe répon-
<l (.lit la place int i|ueli|ur
Il itfur de Dieu. liuinl.n.i l.i
Le tombeau de saint Patrice.
au Saint sur son lit de mort; il envoya cinq
chariots à leur rencontre et elles purent arrivi-r
à temps pour présenter leur oITrande. Elles bai-
sèrent ses pieds et ses mains et reçurent uiw
dernière fois sa bénéiliction. L'heure de sa mori
approchait. Il reçut le corps de Notre-Seiçneur
des mains de l'év'éque deTassach. D'aprè-. l'aver-
tissement de l'ange Victor, il rendit le dernier
soupir datisia cent vingtième année de son à;.'e.
On l'enveloppa dan» lo linceul préparé par
sainte Hrigid. Les miracles éclatèrent à ses funé-
railles, ses chairs exhalaient une od<'iir suave.
Les habitants d'Aiinacli prétendai<nt avoir droit
à ses reliiiues. Les Llidieiis les réclamaient. Le
corps fut posi' sur un char funèbre, traîné par
deux bii'iifs. Les hommes d'.\rina;;h le suivaient
à ce qu'il leur semblait, marchant du c'.h- do
leur ville, quand il- s'.iperçurcnt qu'ils av. unit
été victimes d'une illusion ei qu'ils n'avaient --iiivi
qu'un fantrtme; tandis (pie le- llidiens, maître»
(lu précieux dép(\l, le porl-Tclil chez, eux et
renterrèrent comme il avait été prédit parmi le»
enfants de Dicbu à Down-Patrick.
E. d'Auom.
SAINT CYRILLE
ÉVÉQUE DE JERUSALEM
Fête le i 8 mars.
SaintCyrille annonce que la tentative sacrilège de Julien l'Apostat
pour reconstruire le tample de Jérusalem tournera à la gloire de l'Evangile.
F.TCDSS Dg SAI.NT CYHILLB
C'est dans la Ville Saidle entro toutes, à Jéru-
salem, que nai|iiit Cyrille vers l'an 315. Nourri
il>s «a plus tendre enfanre des enseifinementsde
1.1 pif'te par ses parents chrétiens, il y fit des
progrès rapiili's. Lorsqu'il fui plus avancé en
■'i:.'c, il professa pour l'étal mnna-iUque une ndmi-
lalion dont on rencontre maintes fois l'expres-
sion sous sa plume. On croit même qu'il fut du
nombre de ces reli:;ieux qui, tout en vivant au
sein de leurs familles, pratiquaient une ronli-
nence perpi-luillo, se livraient aux u'uvres de la
pi'iiilence et, dans les assemblées des fidèles,
occupaient un lieu séparé.
C'uoi qu'il en soit, il s'adonna de bonne heure
à l'élude des lôcritures : il parcourait, les Saints
Livres à la main, le IhéAtre où se déroula l'iii'--
loiro de Dieu, où s'écoula la vie mortelle .le
Nolre-Seicncur, et son ùme se répandait en
21
longues eiVusions d'amour et Je nconnaissan' e
sur ces lieux vénérés, témoins Je tant Je pro-
Jises.
11 mil une telle ardeur à ce travail que, plus
tard, sesdi*cour> ne furent qu'uu tissu composé
des textes de llJoriture auxi|uels il faisait allusion
ou qu'il citiiit eiilierement. Mai* ce n'était pas
assez pour son activité insatiable : il étmlia les
ouvra:.'e« des commenlateurs qui avaient paru
justjue-là et les écrits des Pères qui avaient
dfSfenJu la foi catholique; il apprit même, afin
détre plus en état de combattre les ennemis de
lEalise, la grammaire, la rhétorique, la dialec-
tique, la physique, la médecine, car la science
profane était une arme qu'il voulait mettre au
service Je la vérité.
LE SACERDOCE
Cyrille reçut l'onction sacerdotale vers l'an 345,-
des mains de saint Maxime, évéque de Jérusa-
lem. Kes lors il se dévoua tout entier, coips etàmo,
à la coiivtTsion des païens et à l'instruction des
catéchumènes. Son ardeur riait «ans bornes. Tous
les Jiiiiaiiches, il aiinoiiçail la parole de Dieu,
l/évi'-cpir de Jérusalem, reconnaissant les vertus
et le< ni'Tiles Je Cyrille, le mil bientôt à la télé
dn ses pri'-tres et le constitua comme son vicaire
général. Une autre fnnclion bien importante à
celle époque était celle d'instruire les caléchu-
nirnes; notre Saint en fut é;:alement investi.
On accourait à ses catéchismes de Jérusalem,
des biiiirf,'s voisins et même des autres villes épi*-
copales. ('.vrille exiimiiiait tous ceux qui se pfé-
seniairnl. les inscrivait et recevait leurs confes-
sions. Chaque semaine, outre ses discours du
dim.incbe, il réunissait trois ou quatre fois les
n<''opliyles pour leur enseigner les vérités de la
foi; et il arriva bien souvent qu'emport-- par l'ar-
deur lie son zèle, il prolongeait ses instructions
bien a\aiit dans la nuit.
C.yrilli'. avi«iis-nous dit, «e dévoua principale-
meiil a rriisei:.'nement des iatéclium<-nes. Ceux-ci,
n'ayant pas encore été ri'.'énér'''s par le sacre-
mi-iit du baptême, ne l'ouvaienl entrer dans
l'ét'lise même, ils devaient se tenir sous les por-
tiques extérieur», et c'est là que le jeune prélre
les initiait aux mystères de la foi. 11 nous reste
Je lui viii;^l-lrois catéchèses ou instructions orales
et familière» sur l'ensemble Jes vertus cliré-
lieiines, l« symbole de la foi et les sacrements.
Nous V voyons que l'usace de faire le sit-m- de
la Ci'>ix 'lait praliqii' 'icns des prc-
niMT- SI , |c«. <• Ne dil-il à «es
audili-iirs, de la croix :\" j.-ii~ i.nrist. Impri-
me* la Mir votre front, afin qu<' b'« damons, aper-
ce»anl l'èlendard du roi, s'»- ' 'ii tnmblant.
Faites Cl- sifjne, et quand ■ '. et quand
•■ ' --'i ; ,. is ou J'bout,
lier ou que vous vous
. / I'. II? t.iii illre, en
!<» corjMi
de leur main droite #1
vous biive», et qr ■
ri quauil vous
stntr. \ I
.t'
'irl corn-
r de ce
•7 pour
pnncipal II
'II, ni;
ud lt«l,
l«lis le rriui ae <'i'ii<
i< I \ rille n'obl pa> comme
nous faire ronuallre les
usaijes Je l'h-glise primitive, elles brillent surtout
par la clarté el l'éloquence avec lesquelles les
divmes catholiques y sont exposés, .\ussi, les
protestants se -ont- ils acharnés à vouloir élever
des doulescontre leur aullieiilirité : leurs attaques
sont demeurées vaines. Les catéchèses de Cyrille
sont une de ses gloires les plus pures, car elles sont
on arsenal où les défenseurs de la foi trouvent
à toutes les époques des armes préparées.
CTHILLE ET I.BS ARIENS
Cependant, la Sainte K^lise était déchirée par
les luttes Jes ariens, hérétiques astucieux qui
niaient la Jivinité de Jésus-Christ. Le monde
était parla;.'é en deux camps qui comiitaieiit l'un
et l'autre des évéques : .\rius était le chef des
révoltés, .\thanase le chef des (Idéles. Cyrille,
n'étant pas au courant des événements qui se
passaient sur un ihéiUre assez éloi^'né.ne prit J'a-
DorJ parti ni pour .\lhnnase ni pour Arius. Il se
contentait de féniir sur ces JisrorJes intestines,
qui lui semblaient allumées par l'amour-proprc,
et Je mettre les fiJeles en garJe contre le scan-
Jale ()ue la vue de ces luttes reli^'ieuses pouvait
produire : « Si vous apprenez, leur disait-il avec
larmes, que les évéques se sont levés contre les
évéques, les clercs contre les clercs, les peuples
contre les peuples, ne vous en troublez poini ;
ces choses n'ont-elles pas été prédites? El si moi,
qui vous instruis, ajoutait-il, je venais à périr,
ne périssez pas avec moi, car il esl permis au
disciple d'être meilleur que son maître. »
Mais la lumière ne tarda pas & se faire dans
l'esprit Je Cyrille. .Mliaii.isc, le défenseur de la
vérité, revenant d>'s Cailles où il av.iit été exilé
par l'empereur, traversa la Palesliiic pour se
rendre à son église d'Alexandrie. Lors de son
passajje à Jérusalem, un Concile se réuni! el,
après un mùr examen des faits, proclama d'une
part l'innocence d'Allianasi-. l'intégnlè de sa foi,
et de l'autre, la perversité d'.Vriusct de ses coin-
plicrs. Dès ce jour, Cyrille s'allarba au saint
patriarche d'Alexandrie et coroballil à ses côtés
pour la même cause.
L'K.riSCOrAT — CROIX LmiNKlISItS — COMnXTS
Vers la fin de l'année 3.'iO, saint M.ixime mou-
nit. (>yrille fut élu rnnoniquemeiit par les
évéques de la province pour lui suc édi-r sur le
>iège épiMopal de Jérusalem. C*llc di-iiilé ne lit
3iraiipmciiler »« charité donl |i>s naniiiies étaient
èjà si vives, et l'on vil la sainteté germer et
grandir sou< «on influeiire patinudle.
In événement mirarulnix qui survint
donna plu» d'aiilonié h sa paroii» pi il,- f,-
ik son miiiistrre. En .<.°>l, aux environ, d,'
teciMc, une croix immen»e appiirul
•ni ors
■ n.lilé
l.i 1'. II-
h.i.i.--
1,
'1 .'II.- .uii h
1
,t
i I l'iat est »i vil en tirieut peiiJaul une matinée
d'.lé.
A celle <Tie, tous lei h.ibilnnt» de Jéni~ il i
lioinnies, femiii>«, enfants. rlir<'lirn«, i i ^ .
.i.-ioururenl à r<i;lise iioiir reiidie ti
L'ii'iir Touslomienl d une ronimuii>'
i ils Je Dieu, aul<-ur Je ' '
iii'lil que le_s dotiiien .1
. lion sur t'
mai»
1"'
1
ariii'iooi'oi I, ,i'i, *iii .-'«i 'iii, .ii'i'(t>ii.iii''
tri.-ssai liait en vojraal le» Ji»poMtion» dont »«n
peuple était animé. 11 b'empressa de le raconter
tt l'empereur Ousiance, pour l'ensa^/er à mettre
sa conliaiice dans la<Toix au milieu des liatailles
et à protéi-'er une reli:;ion dont la voracité rece-
vait un semblalile l'-nioii^uape. Or, Constance était
hérétique. Cyrille rappelait donc au prince d'une
manière in^iénieuse les devoirs de son état et la
divinité de la l>>i catholique.
A peine monté sur le sièae épiscopal, Cyrille
entra dans la lice; Acace, archevêque de Césarée,
homme ambitieux et de plus hérétique, fut le
premier a<l»ersaire qu'il eut à combattre.
L"li;;lise de Jérusalem avait un droit de préé-
minence sur toutes les autres Kglises de l'ales-
tine, en raison des souvenirs précieux dont elle
était remplie. Ce droit, en quelque sorte naturel,
lui avait d'ailleurs été confirmé par un canon
du Concile de Nicéc, qui l'avait soustraite à la
juriiliction du métropolitain de Césarée. L'or-
cueilleux Acace résolut d'en contester la légiti-
mité et de reconquérir la part d'autorité qu'on
lui avait enlevée. Mais Cyrille se leva aussitôt
pour défeiidie les droits de l't+'lise de Jérusalem,
son épouse, à laquelle il avait juré, lors de son
élection, une inviolable fidélité.
Acace poussa plus loin l'impudence et. l'au-
dace : il accusa le saint évéque d'avoir corrompu
la sainte doctrine de la foi sur la génération du
Verbe divin, en ('réchanl la consubstantialité du
Fils avec le l'c-re dans le mysiére de la Sainte
Trinité. Lequel de Cyrille ou J'Acaceétail l'héré-
tique en cette circonstance'? Le Concile de Nicée
avail. à l'avance, répondu à cette qm-stion, en
condamnant Arius, qui niait précisément que le
Fils fût consub'tantiel au Père.
Durant deux années entières, Acace, s'arro-
ceant un pouvoir qu'il ne tenait de personne,
appela Cyrille devant son tribunal; mais Cyrille
refusa constamment de comparaître à la barro
de l'hérétique. (,elui-ci, furieux, convoqua lesévé-
quos, ses partisan-, à un Concile provincial : c'est
devant ce tribunal, on l'injustice siéfîeait à crtté
de la faiblesse, que fut introduite la cause du
saint pasteur de Jérusalem.
l'exil
Outre les accusations que nous avons rappor-
tées plus haut, les hûrétiques for;;érciit, pour
donner un semblant d'éiiuité à leur injuste con-
damnation, une nouvelle calomnie diyne de la
malice de Satan qui les inspirait.
L'empereur Constantin avait donné jadis à
.Macaire, évèquede Jérusalem, un ornement pré-
cieux dont l'or ^eul formait le tissu; on ne devait
s'en servir que pour conférer le bapléme aux
solennités de Pâques et de la Pentecôte. Les par-
tisans d'.Acace accusèrent Cyrille d'avoir vendu
.(■ vêtement sacT'- à un coraëdien. « Dieu, disaient-
ils, avait immédiatement puni ce commerce
?.i r ij.gp, car le comédien avail été frappé de
lu -ri subite sur la nceiie où il dansait. »
Cette impiilatinn ralomnieu^e avait une appa-
rence de viTilé. Cyrille, en effet, n'avait pas
craint de vendre une partie de «es meubles et des
oiti' iiienls de «on ''tilise. L'ne famine désolait la
■ '■ t uiirtoiil la «il le de Jérusalem; la misère
inble. If-s pauvre* mouraient de faim.
ie émut l'iUne de Cyrille, qui re^'ardail
(le SOI! ilincese comme ses enlants. Il
donc de ses oriif m. nls le temple de
ir faire subsi'-' l'Ies spirituels
qui sont les Kien de plus
plus louable que cette i onduite, mais
,iic ■ ne cnmprf nnciil point les exc^s de
chanté auxquels s'adonne un cœur vraiment
épiscopal.
Cyrille, par conséquent, fut condamné, déposé
de son siège et chassé par la force de Jérusalem.
Il se retira d'abord à Antioche, ensuite à Tar-e.
Saint Sylvain, évéque de cette ville, le reçiil
comme un confesseur de la foi et lui donna,
mal;.'ré les menaces des ariuns, une généreuse
hospitalité.
(iyrille aurait pu jouir paisiblement du repos
que les hérétiques lui avaient procuré, mais, pour
les saints, le repos n'est pas de la terre. II se mit
donc à prêcher au peuple de Tarse les vérités de
la foi avec un zèle infalisable, et sa parole doc-
trinale et vivante produisit de nouveaux fruits de
salut pour la vie éternelle.
LF. ntiTorR
Cyrille, injustement condamné, en avait appelé
au jugement d'un tribunal supérieur. L'heure de
la justice allait en ellet sonner. L'n Oiicile se
réunissait à Séleucie; Cyrille s'y rendit. Acace y
vint également de son cité, mais, à la vue du
vénérable évéque de Jérusalem, sa fureur se
ralluma et il déclara que lui et les siens n'as'-is-
teraient pas à une assemblée qui admettait à ses
délibérations un évéque déposé.
" 11 est vrai, lui répondit énerïiquementCvrille,
que vous m'avez condamné et expulsé de ma ville
épiscopale, mais je vous accuse à mon tour, et
d'autres évèques ont comme moi des griefs à
porter contre vous. Nos droits, par conséquent,
sont éjiaux : ou bien assistons tous les deux au
Concile, ou bien retirons-nous tous les deux. ■'
Acace n'avait rien à répliquer, il se rendit;
mais le cinquième jour, il relusa, avec ses parti-
sans, sous un prétexte quelconque, de paraître
aux réunions. Les autres Pères n'en poursuivirent
fias moins l'œuvre commencée; ils examinèrent
a cause de Cyrille, et, après avoir reconnu son
innocence, le rendirent à son troupeau, tandis
2u'ils dépouillèrent Acace de la dignité épiscopale
ont il était indigne.
NOUVEL EXIL
Dieu réservait encore d'autres combats et
d'autres épreuves à son valeureux soldat. Les
ariens, qui possédaient la faveur de l'empereur
Constance, réunirent un nouveau conciliabule,
où ils prononcèrent la déchéance du saint évéque
qui avait l'unique tort de leur déplaire parce
qu'il aimait trop la vérité et la jusiii-e. Avec
l'appui de Constance, ils l'exilèrent une seconde
fois; mais son bannissement ne dura point long-
temps, car le successeur de Con'^laiice sur le
troue impérial, Julien, qui mérita plus lard le
surnom d'Apostat, permit à tous les évécjues
exilés, soit hérétiques, soitorlhodoxes, de remon-
ter sur leurs sièt:es.
Cyrille reprit donc en main le (.'ouvernail de
son F^glisp pour la conduire à travers une mer
semée d'écueils et troublée par des ternpiMes
continuelles. Mais il fut délivré des pour'-uiles
d'Acace, qui lui avait voué une haine implacable,
car cet héréti()ue obstiné mourut vers ce lem|is-
là, et rendit compte à Dieu de tous le* malhems
dontson ambition avail été lasourcepourl'bL'liS".
LE TEMPLE DE JKRt'SALF.M
Nolre-Seii-'ncur avait annoncé que le temple do
Jérusalem serait détruit et qu'il n'y resterait
plus pierre sur pierre. Lonjjtemps avant lui, les
prophètes avaient dit que cette dernière dévola-
tion serait sans remède. Pour démentir le Christ
elles prophètes, et ruiner ainsi le christianisme,
Julien l'Apostat entreprit de rt-lever le temple
de Jérusalem et d'y établir le culte judaïque.
Les juifs accoururent de toutes parts à celle
nouvelle. Déjà ils se croyaient les maîtres du
m^nde et menaçaient les chrétiens de les passer
au fil de l'épée. Qu'on se fiiiure la position dilti-
cile de l'évéque de Jérusalem placé entre les
insultes des infidèles et les alarmes des chrétiens
trop Taibles dans leur foi. Pour lui, plein de con-
fiance en la parole de Dieu, il soutint toujours
qu'elle s'accomplirait. 11 dit mi^rae que les juifs,
non seulement le prouveraient par l'insuccès de
leur entreprise, laite pourtant dans les conditions
humainement les meilleures, mai s qu'ils aideraient
encore à l'enlieraccomplissement de la prophétie,
parce que. pour asseoir les fondements de leur
nouveau temple, ils allaient d'abord Oter celles
de l'ancien et en faire disparaître les moindres
vesti;,'es.
Cependant, toutes les apparences étaient contre
lui: jamais travail n'avait marché avec une rapi-
diti' si prodigieuse; on ne l'interrompit ni la nuit
ni le jour. yutWques juifs fanatiques se servaient
de pelles et hottes d'arpent pour marquer leur
joie. Les femmes les plus délicates n'épar-
gnaient pas leurs mains; elles transportaient des
déromlires dans leurs robes les plus précieuses;
elles avaient donné leurs bijoux, leurs pierre-
ries, pour conlriliuer aux Irais de l'entreprise.
XientiM on se pn-para n placer les nouveau.\
fondements. C'était là que Dieu attendait ses
ennemis pour les confondre. rnjour,d'rlTroyaliles
tourliilliins de llammes s'élancèrent du sol, brù-
l-rent les ouvriei-s et rendirent la place inacces-
silile. Ceux qui voulurent prendre la fuite furent
atteints, mutilés ou consumés par le feu vcnf.'eur.
Kn même temps, la foudre tombait, des croix
s'imprimaient sur les h'ibils des assistants, la
terre tremblait, une lumière apparaissait dans
le ciel sous la forme de l'instrument de notre
salut.
Ces chAtiments terribles recommencèrent
toutes les fois qu'on voulut renouveler l'entreprise.
Julien lui-même fut obligé d'ordonner qu'on
abandonnât entièrement les travaux, mais il se
promettait de tirer une venj:eance complète de
saint Cyrille à qui il attribuait ces désastres. Il
n'en cul point le temps, car la mort l'enleva
à tous ses projets criminels.
THOISlicilK EML
Peu après, en 367, l'empereur Valens publia
un édit, par lequel il ordonnait d'expulser tous
les évéques qui, chassés une première fois par
•Constance, avaient été réintégrés ensuite par
Julien r.\postat. Cyrille ne fui pas épargné, et,
pour la troisième fois, il dut s'arracher à ses
iideles et reprendre le chemin de l'exil. L'his-
toire ne nous dit pas en quelle réKif'n il fut relé-
f-'uè; elle nous apprend seulement qu'il passa
dix ans loin de son troupeau.
Durant cet intervalle, l'Efjlise de Jérusalem,
livrée à des intrus, tombait dans un état lamen-
table. La foi s'en allait des Ames, emmenant avec
elle la pureté des mu'Urs; l'adultère et l'inceste
étaient à l'ordre du jour, les hérétiques ensei-
iinaient publiquement leurs erreurs, les fidèles
s'étaient divisés en plusieurs fiiclinus ennemies.
Lorsqu'eii :t78, Cyrille juil rentrer dans son
Kriise, il y trouva la désolation. Le Concile
d'Anlioche, informé de ce triste étal et des riva-
lités localesqui menaçaientde pnral\>erle7.èlede
Cyrille, envoya liréaoire de Ny^se pour l'anler à
fiacilier les esprits et à ré|iriiner Vinimoralité;
mais ses efforts n'eurent aucun succès. Cepen-
dant, le saint patriarche de Jérusalem ne déses-
péra [las un seul instant ni de la (.'rAce de Dieu,
ni de ses travaux, ni même des dispositions de
ses diocésains. A force de patience, d'énergie et
de douceur, il parvint à relever les ruines morales
de son Kglise en rattachant les esprits rebelles à
la saine doctrine, en ramenant les co-urs à la
pureté. Ce travail absorba ses «oins et son temps
jusqu'à «a mort, qui arriva le 1« mars de l'an '.\H6.
L'Orient célébrait depuis |oii;:tpnip<i la lèle du
saint patriarche; le pape Léon Xlll vient de
l'éiemlre à toute l'Kglise catholique en décernant
à Cyrille le litre glorieux de docteur.
iiop •ter/tm, L. iniTHi.iPi, ^. ruf Kr»n';"H t", l'inj.
SAINT JOSEPH
ÉPOUX DE MARIE, DE QUI EST NÉ JÉSUS
Saint Joseph, époux de la Sainte Vicree, père adoptifde
l'Enfant Jésus, lient une place essentielle dans le plan de la
Iti'demption'. Le dernier des patriarches de l'ancienne Loi et
le premier de la Loi nouvelle, sa pense'e remplit l'histoire du
monde depuis le commencement jusqu'à la lin des siècles.
Abraham, père des croyants, le (i^'urait, lorsque, venant en
LiLij'pte, il disait prophe'tiquement de Sara, IV'pouse belle entre
toutes, qu'elle était sa sœur.
Abraham, qui conversait avec les anges, figurait Joseph
lorsqu'il devenait père d'Isaac, la plus parfaite des figures de
Jésus et qu'il chargeait ce fils aimé du fardeau de bois.
L'ancien Joseph, tils de Jacob, exilé en Egypte par la fureur
de ses frères, figurait le nouveau Joseph fuyant la fureur
d'Hérode. Ces deux Joseph portent le même litre d'intendinls
de la maison du Roi, et, pour l'un comme pour l'autre, la cause
de l'élévation est la pureté conservée.
Sous l'ancienne Loi, les biens de la terre étaient promis
aux serviteurs de Dieu, et l'ancien Joseph, exilé en Egypte,
y puisait le froment pour le< peu|des affamés. Sous la Loi
nouvelle, aux générations qui vivent de Jésus, le nouveau
Joseph ramène d'Egypte, le pays du péché, un froment plus
merveilleux.
Citons encore, parmi tant de saints personnages, par les-
quels l'Esprit- Saint a (ignré Joseph, le «ngeMardochée, gardien
et prolecteur d'Eslher, la reine qui sauve son peuple. Mar-
dochée " devint l'intenilant de «on palais » et le ministre du
roi. Saint Joseph est l'intendant de la maison de .Marie où
rèyne Ji-sus.
Les prophètes annonçaient que le Messie devait appartenir
h la race de David, et c'était le père du Messie, quoique père
.Tdopllf. qui devait lui donner sa généalogie |i«gale, mmme
c'élait la .Mère toujours Vimpe qui devait lui donner «a des-
cendance selon le sang. Il fallait donc que Joseph et .Marie
deorendissent chacun de David.
L'Evangile conservé les deux généalogies, w Joseph, dit le
texte sa<Té, descend de David par Salomon. Hoboam, Abia«,
Asa, Josaphat, Joram, Osias, Joalhan, Acha«, Eiérhia»,
M.inrissès, Anion, Josias, Ji'chniiia«, Salalhiel, Zornb.ib.'l,
Abind, Eliacin, Aîor, Sadoc, Acliim. Eliud, Eb'aiar, Mathin
et Jacob, qui l'engendra (<).
(t; Celte n:fnéa\ng\e est donnée par saint Matthieu, celle de Matic
eat donnée par «amt Luc.
r.;f-sM',)
Après la naissance du Sauveur, la distiiictiou
lies famillf»» ft inmbée dans une enlière confu-
sion ; celli' Ji--tinctiou n'avait sans li^iute pour
objet que di marquer les généalogi'- •(>' Marie
et de Josepli.
SAIÎTT JOâtPn rtBIT *C «ONDF — SON (TVT
l.'opinion de beanroup de théologiens, Jeve-
nne ri'pinion commune, est que saint Joseph
eut le privilège, ainsi que Jér^niie et saint Jean-
P.'ipliiite. d'être sau<-tili>- avant sa naissance.
Lorsqu'il Tint au inonde, son iière, Jacob, le
nomma au jour de sa circoncision du nom mys-
térieux de JosKi'u, qui signifie accroifsemenl et
qui renferme l'id'-e de lu (grandeur par excel-
lence. •' Vous pouvei conjecturer, ilit -ami l!er-
nard, quel personnage fut saint Joseph, d'après
la seule iiiti'rpiëtalion de sou nom qui veut dire
ai,,.. ,. ,, M' ,.,,. a
■ grâces dès les premiers moments
li .1 •■liiil préparé uu sublime niinisti-re
(|U il devait exercer auprès >_ Jésus, de Marie
et de l'Eplise. Ce trésor de yrAces est décrit, en
un mot, dans l'Ecriture, lorsqu'elle dit : « Il
"'■lait juste », c'efet-à-dire qu'il avait, selon la
délinitioii de saint Thomas, ■■ cette rectitude
;:énérale de l'Ame, consistant dauH la réunion
de tontes les vertus •>. Il est convenable de pen-
s<'r, ilit Suarez, que saint Joseph a tfiiu le pre-
mier ran(.'dansrétatde f.TAce entre tous lesSaints.
Mais si Jo^eph était comblé de richesses spiri-
tuelles,les autres richesses lui manquaient; car,
en Judée, raboiidaiice des moissons et la fécoh-
dili- des troupeaux étaient l'élément de la con-
sidération et de la fortune, tandis que l'indus-
trie et le commerce, alors peu estimés, étaient
le paitaKe des petit-; or, Joseph était artisan.
Son père l'éb-va dans les travaux modestes du
bois et du fer, faisaiil tout ce qui convenait à son
état de constructeur de maisons (S. .Vufïustin'i;
Joseph tailla avec Jé.sus des jouirs pour les bu'ufs
(S. Ju»tiD.l et il excellait dans d'autres travaux;
mais la tradition universelle est qu'il a été sur-
tout l'ouvrier en bois et que Jésus s'exerça ivar
ses leçons à travailler le bois. Lui qui devait
consommer notre salut sur le boi'» (S. i. Chry-
sostome).
LR MARMGR PE SAi:<T JOSEPH
On
i:iir ■■
n-
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ii'tin'
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p.
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i\ lleur- à deii
I il a'coin['li 'lU
fe-<Lil|i>n:tdiri-i U;s de I
cnrîa yr-
Marie est à
- -m lequel
. *s.
^ maui-
'- l)i«u,ul<'haque
.1 les seciel-s du
leurs proniesM>s
Ihi.iiiI l-Minses,
croit K^nëraleraenl que Joseph était Hfifi. de
' itis et avait fiardé une parfaite conti-
1- Dieu le récompensa en l'arrachant
>.M' et eu lui confiant la Vierge Marie
temple. (Voir le Uariaye de la Sainte
famille que ce Messie naîtrait; mais son humilité
ne pouvait pas lui laisser soupçonner que sa
pauvre maison verrait lo Sauveur attendu.
Or, un Jour où il travaillait enun atelier séparé
de riiabilaliou, l'an^-e (labriel salua la Vierge
pleine de jjrâces, et le Saint-Esprit descendit en
ce sanctuaire devenu le plus auguste de l'univers
et qu'on vétièrc depuis à l.or-Ke. en Italie, où
les an;^es l'ont transporté. Cette maison de
Joseph, bàlie sans doute par lui, b- coiislrucleur
de maisons, est le symbole de rE::lise; (-'est un
des iiiunument- principaux de la ;;loire du sainl
Palriarrhc; mais alors, par la periuissiou de
Dieu, il ignora les mystères accomplis.
Cefrendantla Sairtte Vierge voulait voir sa cou-
sine Elisabeth, dont l'anf^ê lui avait dit qu'elle
avait conçu en sa vieillesse, et Joseph, iiardien
I d'^ .Marie, raccoinpai;iia aiissilôl «uns niunuurer.
j Cette course de ill lieues était alors for" •■ •■■■ i.
I Seloiula coutume d'Orii'iit, saint Jos
I /achat ie. lorsi|uc la Sainte Vierge fui :
sainte Elisabeth dans la partie de la iii.n- •.
réservée aux personnes de son sexe, etil n'a»- ista
pas au Maijnifiiai et aux épanclicincnts de ces
deux mères bénies de Dieu; leurs p.iroles lui
eussent révélé de suite le inyslèro qu'il devait
encore ignorer.
Au retour de cet heureux vovate, la Sainte
Vierge étant au troisième mois de r.Knnonciation,
saint Joseph tomba 'ii un tmuble violent, qui lut
l'épreuve la plus cruelle de sa vie. Il ne sucromba
point, et ne pouvant rien expliquer, il ne voulut
' point douter <le .Marie, mais résolutde la quiilrr
secrètement; c'est alors ipie U- Si^iL-netirent pili'-
de ses angoissesplus cmellesfjuene futlebùclier
d'Isaac pour .\braliam, et un ange lin app.irut
dans le sommeil et lui dit : • Joseph, lils de
David, ne faites pas de diflicullé de garder .Marie,
votre épouse, car Ce qui est né d'elle est l'œuvre
du Saint-Esprit. » (Math., i, 20.)
Cette parole devait sufllre; mais l'ange, conti-
nuant sa ini>sion, apporta en ce sommeil de
Joseph la récompense de sa foi, ft poursuivit :
<• Elle enfantera un (Ils et vous le noainuref.
Jésus (e'est-à-dire Sauveur ; c«lui-ci. en •■!'!■.
sauvera son peuple en le délivrant de se.spéclp
Au réveil, un c.iliuc suave .ivait succ^idé aux
tempêtes dans l'Ame de Joseph:
Il savait que .Marie BT.i' ' ' '
et il lui lit part de II O't
il y eut alors <|iii I m- < uM^iii.iiii -i ci.-
joyux c.iniiiif a 1 i u.
A la Visiialion, :»i •>- ■'■' ' '
du Seigneur à sa cousine, ii>
d.. i . ii.t ii.it 1111 iirn.! IL»»* !«• I .
innnça à pari-
dont le ciel a
qui laissent à .Nnli
fe>ter li'Ur yloirf»! I
Sainte Kniml!
veiir, ne fut |
•rTHI.ilt1l — LA
lA nu sc'
'I. II.,;
UoliU du ."-U-
!«AIM«IIC* M IWrtKT
.!
•nwT jfMurM rr 1. iiçvii'uTiot
plus humble i[ne ' elle caravane
et rien de plus j.'rand. L';ine qui portait la Mère
et TEnlant ficui ait le peuple juif, et le hœuf la
(lentilité; ce bœuf, selon la parole d'Ironie, allait
recnii naître ?ôn maître, bos co'jnoiit pos^estorcm
«Ml/ m.
Il n'y eut point de place dans les hôtelleries
.le" Betbiéem, " les siens ne le reconnurent pas >.
Drtuc, après avoir, rempli les prescriptions du
recensement qui se faisait dans la maison mAme
df la famillo de David, ils marchèrent à l'aven-
ture, vers la campagne. Dieu veillait cependant
-ur son lils, comme il veille sur chacun de nous.
A deuï cents pas de la ville, à l'Orient, ih re-
marquèrent une grotte sous les rochers qui sup-
portent les murs d'enceinte, c'était une de ces
cavernes, nombreuses en Judée, où les bergers
se réfugient dans les nuits d'hiver, le petit ber-
ger David y avait sans doute reposé autrefois,
lorsqu'il garilait les troupeaux de son ptrre et
qu'on ne le jugeait pas digne d'être mis sur les
ranL= avec ses Iriires pour régner.
C'était un «amedi, 2t décembre, Joseph s'en-
dormit à l'entrée; Marie, au fotd de la eroUe
profniide, attendait dan« l'extase les événements
que Dieu prt-parait. Les herbiers, appelés par les
anses, accoururent auprès du Bon Pasteur.
Josppb les accueillit, les conduisit à .Marie, et
leur présenta l'^nfunt couché <ur une mangeoire
rnmiiic un épi rai'ir sur la pbille. Bebléem veat
dire maison du pain.
JOSEPH N'OSUIE JKSC3
Cependant, les huit jours .iccomplis, Jésus fut
circoncis. Joseph, selon les |>rivilèi;es du père,
fut le sacrificateur qui versa les prémires du
sang divin (S. Ephrem,, et pui-, élevant In voix,
il eut l'insigne honneur de donner à l'Enfant le
nom de Jésus qu'avait rév» h- l'ange. Depuis, ce
nom, à la fois doux et terrible, fait lléchir les
i.'enoux au ciel, sur la terre, aux enfers.
LES ROIS MAGES
PHtSE.\T.\T10S AU TEXPLB
Dans \p courant de janvier, une étoile s'arn'ta
au-dessus de l'f-tcble et trois rois mages descen- |
il.iiili de Sem, Cbam et Japhel, demandèrent à ]
l.-'jih à adorer l'Enfant. Ce qu'ils racontèrent ,
. \i .1.1 l'admirnlioii de la Siinte Famille; ils ;
I II- »rent de* présents que Joseph emporta en I
K.ypte ou qu'il distribua aux pauvres. Dans tons i
h-^ cas, lorsque le quarantième jour fut arrivé, I
la Sainte Famille se [irnsenlii au temple alin d'ac-
rnmplir la loi de purilicatinn. et, pour racheter i
le Maître du monde, elle n'offrit que les tourte- i
relies des pauvres et non l'agneau îles riches. ;
Jo<;pph fat témoin au temple du .Vimc dimiUis.
du viiill.ii'l s,,,,'. ,, i! r îi'"iiilit les prophi-ties.
m M- -fii ■' 'Il I-' '■'■■'. , ' Ire percé du glaire
' oMime celui di- Mari"-.
LA FCm E.H ér,TPT«
Après la PuriHi alion '2 février^, la Sainte
Famille fviiii -1 \...-.r.ili s l.uc , et elle croyait
jouir >'ii I dn tous les dons
•le Iii'ii I II»'. laiiKe parla de
! ph en son sommeil : ■• lx;ve-loi,
■ "t t.-i M''re. fui* >ri Kuypie, et
e que je le parie, oar I
1 I finnr !'■ ^lire mourir. Il '
Il I "lit .m'^itôt.
! • '. t •■ la i'unlica-
- 1 ■■' <■" autri- chemin
d M'Tode, et il allait
I I ..rjrf ,i|'r. ui ,!<■ tner tous les enfants
d'' l!>>thb em. Saint Joseph apprit, sur le
chemin de l'exil, le massacre des enfants ac-
compli à cause de Jésus, et il pressa le Sauveur
avec plus d'amour en ses bras.
l.e voyage d'Eeypte a donné lieu à de nom-
breuses légendes où la poésie se mêle à l'histoire;
les anaes servaient la Sainte Famille, le blé pous-
sait eu une heuie pour dissimuler sa fuite, les
arbres s'inclinaient pour leur donn< r des fruits
et grandissaient tout à coup pour l'ombrager,
les sources jaillissaient, les idoles croulaient,
et enfin, au (ils d'un brigand qui le protégea,
Jésus donna, avec la santé, des grâces de repentir
qui le transformèrent plus tard en bon larron,
sur le Calvaire.
Nous ne savons d'authentique sur ce voyage
que la longueur du séjour près d'Ili^liopolis, la
ville du soleil, où l'on voit encore lurbre d'- Jésus
et de Marie ; il s'écoula deux ou trois ans (d'autres
disent sept ans) avant que l'antie ne dise à
Joseph :« Lève-toi, prends l'Enfant et sa .Mire,
et retourne dans la terre d'Israël, car ils ^mt
morts ceux qui recherchaient la vie de l'Enfant. •>
LE BETOUR
Il se leva et partit. Sans doute, en ce long
séjour, l'artisan Joseph, actif et prudent, avait
créé des ressources, organisé sa maison; il qu'tt;i
tout aussitôt, accomplissant l'antique prophétie
d'Osée : « J'ai rappelé mon fil? de rf';;ypte. »
Joseph apprit qu'Archelaùs, héritier de la
cruauté d'H^'rode, accomplissait des massai-res,
et l'ange l'avertit de ne pas aller à Jéiu>alem,
mais de retourner à Nazareth en Calilée. 11 y
lelrouva sa nnaison.
C'est là que Celui qui devait éire appelé le
Nazaréen voulut passer sa vie cachée à l'école de
saint Joseph. On a bâti depuis une église, autre-
fois somptueuse, sur l'atelier distinct de la mai-
son d'habitation où Joseph lit travailler Jésus.
Nous ne redirons pas non plus ici les léyi-iidi-s
poétiques tissées sur la vie de l'Apprenti d«' saint
Joseph, et comment il faisait envoler les oiseaux
que sa main divine avait façonnés avec delà terre.
l'bnpant et la mère condcits a jércsaleu
l.'Evanaile nous rapporte seulement que
lorsque Jésus eut douze ans, Joseph, qui venait
seul à iémsalem aux trois grandes fiâtes, y con-
duisit pour la première fois, suivant l'usage des
Juifs, l'Enfaiil et sa .Mère, et ils assistèrent pen-
dant huit jours près du Calvaire aux cérémonies
pascales qui fiauraient la l'assinn.
I.*i semaine achevée, les pèlerins de Jérusalem
quittèrent la ville sainte par groupes, et, comme
toujours en Judée, les femmes ensemble et les
hommes de leur côté. Les adolciccnts acconipa-
gliaient ou leur père, ou leur niéi'' Vi-n. Hedei,
en sorte que Marie croyait que Jt-i-U'' était avec
Joseph, tandis que Joseph croyait qu'il était avec
.Marie et le groupe des femmes.
Au repus de la première nuit, lorsque Joseph
eut rejoint Matie. la douleur (ul ttraude; J.-sus
• ■tait perdu; il n'y avait point d'aiitois'^es par
lesqui«lles peuvent passer ks |i,ireiil- di' la terre,
dont la S.aiule Famille if dut éire abreuvée.
Ils deman<lent a tou". ritoiiriienl ù Jérusa>m
et entrent au Temple iiiiploriT le secours de
Dii'u; c'est l.i qu'ils retrouvent, le Iroisièiue
|our. Celui qui devait ressusciter du tombeau b-
iim-léme jour. Il était au milii'U îles (ioclini-
.1^ iv l't ' Minis Dii' ' .''ii-ii'i-
111 11.1 1 iiit. IJietI' lit l'i'-
m-'iiai.''*" a --iiiii Joseph qui ii" *i'-\.iii pa.s viur
la V i"' piihlii|ni' du Sauveur. •• Mon lils, dit Marié,
s.irmonlanl la première son flonnemenl. pour-
: .n7a?'î-vou. «B. ni..M? vo.la que voire père et
I Pourquoi me rl.ercl.ie.-vouH-.' w- .aM"-
vou* pas qu .1 faut qu. je sois aux affaires Je
mon Ivre? ■
ME fit JnsCTH CM. A UA V,E CACni!. D« ifof'
,>..r parole .leTQ.l *lre •".^di"';' P'"; J^^'' ^^
, • ii.e fl «•"
i, a I un pl * '
t.iul re qu'on
■'.• pai l.-
111- nous
unie & I
l il leur fiait
I itiim illt*
- iiui s»i-
1,1 Josrph.
qu'au ri'O.
1,1 VU' ii'
,„. , . , ., ..• unie ai ,,
i".u,. a .iemeur. cachée aux I.Pium. « avec elle.
VT»0!« D» tJk BOλ"» "OIT
■ , .le j..ur«. »er» r»«e «••
qua'l^-VmKls au.. -Ur. que «>n IIU le nourns-
saii de .on «ravaiUos-ph venu enco.e uiu- lois
enseveli dans la vallt=e de Josaphal.
SAINT JOMfn fATaON Dl L«CU»t
Trois ans apr-s. au ,raud rri du t-»'^;;"/,,'':
rro.x lors..u' plu.-eurs mo.ls .orh.rnl -lu loi...
I..SIU, il lui iP premier r-
vrux Jésus en croix <l m
il .n Aine, le jour de l'A»'
Kl tandis i|Ur.seul- sUI 1 ,
1 i " ' ' ■ '■ '■'■■ ...lu lui
I .Ip qu'il
', ' .."sur ït ie'rreett païUui de wn
Ton/ <■«• flue 1 ou* I '
Itgtrant V |-«t.ti.»-
SAINT CLTHBERT, ÉVÈQUE
Fèle le S^O mars.
Saint Culhbert est né en An-
gleterre, au vii= siècle.
A l'àfie de huit ans, il se diver-
tissait avec les objets futiles qui
réjouissent les petits, lorsqu'un
bel enfant de trois ans s'appro-
cha, l'exhorta à quitter le jeu
et l'oisiveté et à se sanctifier.
Cuthbert, trop occupé de ses
jouets, n'écouta pas ce langage
sérieux et courut vers ses com-
pagnons de plaisir. Alors, l'en-
tant mystérieux, se couchant
sur la terre, pleura si amère-
ment que Cuthbert et les autres
enfants s'empressèrent de le
consoler. Le petit inconnu, se
relevant, dit à Cuthbert, d'une
voix douce et forte, ces paroles
qui prophétisaient sa vie: «Très
saint prêtre et prélat, pourquoi
l'aites-vous ce qui ne sied pas à
votre dignité ? Pourquoi jouer
avec des enfants, vous que Dieu
réserve
lards. >'
à enseigner des vieil-
Vt-ly.-
IL SE FAIT PATRE
A la suite de cette apparition,
Cuthbert devint sérieux etréllé-
clii, comme un homme sape, et
comprit que Kieu l'appelait à une
iinuvrlle vie. Quittant à huit ans
la maison paternelle, il s'enfuit
sur la montagne où il se loua
comme petit pAlre. Il n'avait
plus de famille, mais son père
du ciel veillait sur lui; un abcès
lui étant survenu au i.'enou, il
ne pouvait plus du tout marcher:
un ange, sous forme humaine,
s'approcha du pâtre, toucha la
plaie et jj fut guéri. Cependant,
Cuthbert n'était point parvenu
encore où Dieu daignait l'appe-
ler. Il priait, cherchant la divine
volonté; sa prière du soir du-
rait presque jusqu'à l'aurore, et,
dans une nuit, il vit comme une
llamme qui s'élevait vers le fiel;
il eut révélation que c'était l'àme
del'évéque deDurliani, Aïdan.Cc
saint évi^que quittait le monde;»
celle heure même pour recevoir
sarécorapi-nse. Culhbert réveilla
ses compaenons, les engagea à
louer Dieu avec lui et, dès le
matin, épris d'un plus praud
désir du ciel, il remetlail ses
troupeaux à son maître et se
dirigeait vers le monastère de
Maiiros pour demander l'habit.
I.e monastère de Maiiros avait
pour alibê saint Kate et pour
prieur saint Boisil. Saint Roisil,
voyant venir ce jeune homme
de' lom, dit à ceux 'lUi l'enlou-
raiiMil, rnmm'^ Nolie- Si i^^iirur
■n
'^4
de Natbanat'i : Voilà un véritable israiilite (laii:^
leffuel il n\v a ]ias de malice.
C'»''tail. en circl, un novice plein de bonté; il
surpassa vite tous ses corapairiions dans l'étude,
les prii-M s. les abstinences. i,e |>iiiiii-. qui avait
l'esprit l'mpliiHique, lui découvrit un jour ce que
Dieu voulait faire de lui daus l'apostolat, et lui
aauoMi a qu'il serait év<?que. Cutlibert repoussa
celte 1 «Misée et, à quclqu< temps de là, le roi
AUlii.l, ayant fondé le monastère de Itippou,
il y fut envoyé.
LES TROIS PA.IKS
Son amabilité l'avait fait choisir pour prendre
soin des liulcs. l-'n jour, il reçut un étran;;er qui,
après avoir exercé niencilleuseineiit sa charité,
le réconipeusa eu laissant sur la table trois pains
d'une admirable blancheur et d un t'oût extra-
ordinaire, et disparut, t'.es pains révélèrent à tous
i\w le Saiut venait d'être honoré de la visite
d'un an,i;e. Ceux qui exercent la charité- reçoi-
vent toujours la visite d'un aiifie, car Dieu enrichit
toujours ceux qui donnent.
Os pains étaient au nombre de trois, chiffre
mystérieux, qui rappelait la Sainte Trinité.
SainI Itojsil étant décédé, Cullilii-rt revint à
Mailro» en qualité de jvrieur. La peste ravafj;eait
r.\n;.'lelerre, elle l'atteignit, et il allait mourir;
mais les religieux prièrent avec tant de ferveur
qu'il leur fut conservé ; cependant, il lui demeura
des inllrmités qui enrichirent de mérites le reste
de sa vie.
AToraK
Outhbert, épris du xële apostolique, se mita
é\an:.'élis«'r les peuples b-s plus délaissés, détrui-
sant le culte de«i dénions par si'> niinirles et
oMi:;iaiit. par la persuasion de s.i parole, les
pf lu ui-s les plus endurcis à venir si; jeter à ses
j>i.-d«. l'ourciuoi ne pas espérer (pfen notre ci\i-
li-.ili Mil, PII proie aux démons, un saint jmisse
iciimneler les prodiyos de convi-ision opérés
par II- moine de Mailros? Deniaiulons a Dieu
qu'il nous envoie des saints. Kt nourquoi chacun
(le nous m- serait-il pas un sainV,'
l.e di-nii'ii, une fois, alluma un feu imaginaire
''n l'air pour détoiim<-r les audili-iirs de Cuth-
bert : l«> Stitit l'-'^'^i^Tiit d'un si-'lii- de croii; le
III ,1 , d'une sainte femme:
il i. . 1--SU. .\ si>ii (tassaiie, les
inal.i4i">, le» peslili fi^ étaient uuéri» avec de
l'rau, de rtiuile. du pain bénit, la tempête s'apai-
^ait, l'incendie s'i'teiuii.iit, il cliaiiiji'ait l'eau en
\iii. Tt'TJlinnt la pande du Maltri' : •■ Vous ferci
b- ■ I ■■ nie moi cl de I 1 : ' ' . •■
1 ri' de Maiiro- te,
av ( I • ' .Uil
\ ;iié-
.!■ .. i
r moine s
- .i ■. il n'y --
it pnnr la conduite de 1 t^liae
I le
iira
I'
'I'
rans prendre un morceau de pain, parce qu'il n'eu
trouvait pas le biisir; il ne trouvait pas non plus
11' teiiqw d'une lo-ure de repos, aliii de prèdiei ,
travailler et prier davantage; aussi, quand un
rell:.'ieux se plai^'nait qu'on l'eût n-veillé mal à
propos, il ne pouvait comprendre celle rée.lama-
liiiu : •' Ce n'rst |ias lui faire tort df l'éveilb-r,
disait-il, car. en rompant le sommeil de quel-
qu'un, on lui donne le moyen de faire quelque
chose de bien, ou d'y penser. '•
Il versait tant de larnu-s à sa messe que ce
spectacle devenait une prédiiation : il avait un
sentimeiil profond de la justice qui l'iudicnail à
la vue des vices; mais il pleurait le pn-iiiicravcc
tant de douleur les péchés qu'on lui accusait,
que les pécheurs étaient épris d'une merveilleuse
coutriliou. »
l'îlot de farne
Après avoir pouverné plusieurs années le
monastère de la cathèdrab- de l.indisfariie, loin
de son::er aux divinités qui rallcndaiont, il supplia
l'évèquc de le laisser se relirri dans la sidilude
pour se sanctifier. L'évé(iue, qui était un saiiil,
ne jint résister à une prière qui était surnaturflle,
el Cutlibert se relira dans um- ilr de l'Oiiau.
alTreusemenl sauva;;e, ou nul n'avait pu liabilrr,
parce que les dénions en faisaient leur retraite et
elTrayaienl les voya^:eurs par les spectres et les
fantômes. I.'honinie de I>ieu savait qu'en éloi-
::nant les démons de la contrée, il servirait les
âmes encore plus que par la pande. 11 réussit, el
les pèlerins accounireiit nonibn-ux. Alors, pour
retrouver la solitude, il éleia près du roc deux
murailles qui enfermaient son oniloire et sa cel-
lule de façon à ne voir que le ciel, ne coiiimu-
niquaut plus avec les hommes que par une petite
fenêtre, qu'il liiiit par boucher, alin de ne plus
converser qu'avec llieu le jour et la nuil.
('A'pcndaiit. il serait mort de fniin et de soil
sur ce rocher, si Dieu ne ti n
messe di
pour le
rent le i
dé.1., •
pr.
Le- ...
pète, une
nourrir ceux qui
-II'-- I
l.r.'
11. .1.
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III'HI, 1111 )"U1 't' l'Ill-
mur.'iille de sa ci Mule;
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t telle qu'il la
l'ius il i'loi:;nait
raient. Il ne pou\
à tiaver- sa liiui >
raalaiti' . i t l'^iii ■
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Saifile Flfl^de, «4i<nr dn pi«n\ roi Kcfnd.
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ipé des
pi il pi- i • 'u > Ml iJeuv "Il ii"i« joum
1 uiiiile
U
3
l
suite de ctr-tte maladie, elle eut une cruelle con-
traction de nerfs. Saint Cutbbert luj envoya sa
ceinture, et J'abbesse fut t'uérie au<sit6t, mais
elle conserva la ceinture, qui servit depuis aune
multitude d'autre? suérisons.
Avec cette Sainte, il parlait des choses de
Dieu ouvertement; il lui dit que son frère, le roi
ELrfrid, mourrait deux ans après, mais que ce
prin'-c lui imposerait au[>aravant révêch*' qu'il
avilit ••-("•rè fuir en venant dans cette île déserte.
En elTft, à la mort de Tèvèque de Lindisfame,
un concile provincial ayant été assemblé en pré-
sence du très pieux roi, on dérida de choisir
^our évèque Termite de l'île de Farne.
Afin de l'obliser à accepter, le roi s'embarqua
avec les prélat*, et ils vinrent tous ensemble
frapper à la porte de Termitai'e. Cutbbert.
instruit df leur arrivée, comfifit qu'il ne pouvait
lu^ fuir davaula;:e un fardeau que Dieu voulait
ui imposer ; il cessa ses résistances et fut sacré.
Le zèle pour le salut des âmes prévalut chez
le vieillard sur la faiblesse de l'àee, et on le vit,
pendant deux années, renouveler les merveilles
de son premier apostolat.
11 jiarcourait les villai'es, s'arrélant cher, le?
pauvres; un jour, il demandsùt au pr'-tre qui
iaccompai'nait s'il n'y avait pas encore en ce
lieu qii'lque personne afllii-'ée qu'il n'eût pas
coiisiibe. et il vit aussitôt une pauvre femme qui
embrassait son enfant sur le point d'expirer;
elle avait perdu l'aîné de la peste. Il fut touché,
baisa cet enfant, le bénit et le rendit guéri à sa
mère.
IL BST NODRRI lli8.VCn.Ei;!;EaB7(T
Il exerça son lèle bien au delà des bornes de
son <linrè«e, dédiant des églises, visiUmt des
I1I"II.1-I' TfS.
I n !■ I-;. sur la mer, la tempête ayant éloifmé
le v.ii-~.- m qui portait les vivres, l'évèque et ses
('•ini|iai.ii'ins n'avaient rien à mant'er. Alors, une
vaAJue, iibéissante, apporta à la surface des eaux
trois tTos morceaux de chair de dauphin, qui
servirent à le nourrir avec sa suite durant trois
jours, après lesquels ils abordèrent. In autre
jour, voyaiKMUt, Kuidé par un enfant, dans une
lonpu'' mi'-^iMii à travers un pays inconnu, il
t'ésara, et lui et son petit fuide surcomliai''iil de
faim et de lalitrue : l'enfant (deurait, l'évèque le
rassura.
•■ Voift-tu cet ai;:le tout là-bas ? si Dieu veut,
il peut n>>u^ faire apporter par lui des aliments. >■
Et l'enfant tomba à iL.'enoux en apercevant
l'aide vMer rapidement vers eux et laisser tomber
sur l'herbe un poisson merveilleux, enleïé aui
flots écumants.
On sait le symbolisme du poisson, qui repré-
sente le Christ et les âmes sauvées.
Saint Cutbbert apprit par révélation la nifr
du roi E:.'frid. tué dans une bataille contre )•.-
Pietés Ecossais,, il en donna avis à la reine el
pria pour lui.
CCTHBERT SE PRÉPARE DANS LA SOLITUDE
A PARAtTHE DEV.ANT DIEU
Une autre vision lui annonça que sa propre
mort était prochaine. Il résolut'donc de retourner
dans la petite île de Farne, afin de se préparer à
paraître devant le Ju;.'e Suprême. Le jour deNi>'-l,
après avoir célébré solennellement les mystères
de la naissance du Sauveur, il i^'embarquà.
In des anciens religieux lui demanda, les
larmes aux yeux :
<> Ouan J reviendrei-vous ?
— Lorsque vous rapporterez mon corps en ce
pays. »
En effet, il ne devait plus quitter son rocher.
Il se livra à des austérités extrêmes, qui ame-
nèrent, au bout de deux mois, une ;.'rave maladie ;
même à cette extrémité, il ne voulut permettre
à aucun relif'ieux de passer la nuit dans l'île, où
les démons lui livraient, comme il arrive à la
mort, de cruels et terribles assauts, sur ce roc
même qu'il leur avait disputé. Ce furent les plus
redoutables tentations de sa vie, dit-il au reli-
(-■ieux qui l'assista à la fin.
La mer étant devenue mauvaise, on ne put
aborder durant cinq jours ; on le retrouva encore
vivant; mais la mort approchait, il se fil étendre
en son oratoire, reçut les derniers sacrements et,
comme il allait mourir, il î.'uérit un desreli;;ieux
qui le servaient et qui était atteint d'une grave
dysenterie.
C'était le 20 mars, son âme monta au ciel,
brillante de charité comme l'àine de ce saint
«■vèqiie qu'il avait vu monter sous la forme d'une
I! iinme et qui lui avait marqué le chemin de la
vie parfaite.
Oue c«ux qui auront lu cette vie de Cuthbert
soient épris du dé-ir de le suivre.
L'attribut ordinaire de saint Cuthbert est un
cyxne ou un oiseau aquatique, à cause de .son
séjour prolonué au milieu des eaux el à cause
aussi de la familiarité qu'on lui attribue pen-
dant son séjour sur l'îlot de Farne avfr des
oiseaux au duvet moelleux qui pullulaient «ur ce
rocher. On le^^ appelait ■• les niveaux d»' saint
Cuthbert < ; aujourd hui, ils sont presque détruits.
lm\i -ff^rant. t.. IVri-ninniT, 8. tvr Fruicoii> H^ Parti.
SAINT BENOIT
Né en 480. — Mort m 51 S. — Fêle le SI
Saint Benoit instruisant ses jeunes disciples.
UJIUNE SOLITAinl DS SCBIACO
 l'âçe de 14 ans, Benoît, fils de la noble race
des Anicias, était (étudiant à Rome. Les d»^bau-
ches de ses compagnons l'effrayèrent, et, au
lieu de s'abandonner aux passions naissantes, il
s'enfuit de la grande ville.
En remontant le cours du Tibre et de l'Anio,
il parvint au di^sert de ?ubiaco, à 40 milles de
Rome, sans savoir comment il y subsisterait.
Dieu y pourvut et envoya au-devant de l'enfant
un religieux, nommé Romain, dont le monastère
était voisin.
Le petit Benoit confla à ce moine ses désirs
de perfection. Romain lui jura le secret et l'aida
& trouver aux flancs abrupts du rocher une
grotte inaccessible, du fnna de laquelle on ne
voyait que le ciel; chaoue jour, ce moine lui
descendait, du haut de l'escarpement, un pain
avec une corde ; une clochette permettait à
Romain d'avertir Benoit de quitter l'oraison et
de détacher la frug.ile provision.
Dans ce nid où il demeura trois ans (I), des
bergers l'aperçurent, le prirent pour une b^le sau-
vage et le poursuivirent; mai s l'ayant reconnu pour
un serviteur de Dieu, ils vinrent se su'^pendre
I) Alon qu'il f^ll^iit fuir le monde habité pour
êf itorliner, U dluripline de l'EuVi^t permettait de
reiij[il'i<'er par la via éréœitique Ici diverses obier-
aux broussailles et écouter ses instructions.
Satan voulut détruire ce sanctuaire naissant;
il lança une grosse pierre sur la clochette et la
brisa pour interrompre les communications avec
Romain. Une autre fois, un affreux merle vint
voltiger, lui rappeler le nom et le souvenir d'une
femme du nom de Merula (merle' qu'il avait vue
à Rome, et une tentation terrible l'obséda, à ce
poiiitqu'il voulait quitter sa solitude. Lejeunesoli-
taire lit un signe de croix, et l'oiseau de Satan
disparut aussitôt; mais, pour se châtier de son
moment d'hésitation, Benoît sortit de la grotte,
trouva au-dessous un buisson hérissé d'''pines,
quitta la robe de bure dont il était reviMu, et se
roula longtemps sur les cruelles épines. Le sang
qu'il versa blessa le corps et guérit l'âme pour
toujours {{).
Le buisson, dit la tradition, se changea en
rosier; il est encore abondant aujourd'hui sur
les flancs de la montagne; ses roses portent un
petit serpent et des taches de sang, et les nom-
breux pèlerins en emportent la poussière comme
une arme, car saint Benoît est toujours un puis-
sant défenseur contre les tentations du Mauvais.
(1) Aujourd'hui, on cél'''bre la messe dans l.i grotte,
et une nlatc-fnrine peroict aux fld^los de l'entendra
l.i où tes bergera écoulaient Benoit; un peu plui
loin, dan» le rorher, un autre autel est drp»»e, la où
Sal.in lirisa la rlochctte et parut snus la forme d'un
merla: on y a figuré la clocbe bris(^c et l'oiseau.
4-631
C'est de celle grotle et de ce buis:~on qu'est
sorli rOrdru be'uédictiu qui a couvert le monde.
ou CO>'DUIT LA oésOHKISSANCK
Des solitaires qui vivaient à quelques milles,
dans les grottes de Vicovaro, situdes comme les
niJs d'un pigeonnier, dans un rocher pcrpendi-
culairi^ uu pied duquel coule l'Anio, vinrent le
supplii'r de les dirif,'er; Benoit assura qu'ils ne
■ 1 ; ils ' '
t>jn-nt, et ii vint.
pourraient point s'entendre avec lui ; ils iusis-
Son gouvernement leur parut trop austère, et,
pour se débarrasser du maitre qu'ils s'élaient
choisi, ils empoisonnèrent son vin; mais avant
df le boire, le Saint bénit la coupe suivant sa
coulurnu: à l'instant, le vase se brisa, et le crime
fut reconnu.
<• Que le Dieu tout-puissant vous pardonne ! »
dit-il. et il retourna i sa cbère grotte de Subiaco.
TKAIS MOINBS
('.' prndant, beaucoup de moines vinrent vers
lui; il leur distribua les solitudes du rocher, et
fonda aux alentours douze monastères de douze
religieux, ayant chacun un abb<*. La place de
chacune de ces maisons est marquée aujourd'hui
par un oratoire.
l'armi ces couvents, il y en avait trois bâtis
au sommet des rochers arides; les moines qui
li's habitaient •'talent obligés de venir chercher
l'eau dans le lac, au bas du ravin, en descendant
une pente dangereuse. Au bout de quelque temps,
ils se lassèrent de cette fatigue. « Père, vinrent-
ils dire à Ik'noit, ne pourrions-nous pas cons-
ti uire notre maison dans un endroit plus com-
mode ? là-haut, il est très onéreux de fournir de
l'oau à la communauté. »
llr-noli les consola paternellement et leur assura
qu'il y penserait.
La nuit suivante, il prit avec lui Placide, un
df ses plus jeunes disciples, et gravit silencieu-
sement la montagne; il s'arrêta près des monas-
tères Mlevés sur la «'ime, s'agenouilla sur le roc
et pria longtemps; puis, ayant marqué cette
I<l3ce avec trois pierres, il redescendit à son
nionaslcre.
Le b'nilomain.les Frères viennent lui demander
sa d''ci<iim. ■' Uemontcz, leur dit-il, jusqu'à tel
endniil, (]ue vous verrez mar<]ué par trois pierres
poséi's l'une sur l'autre, là vous creuserez un
peu; Dieu est assez puissant pour vous donner de
l'eau en cet i^ndroit et vous ëparuner désormais
la pein»" dp il''srendrc au lac. >. Pleins d'obéis-
sance, I mnntèrentjus(|u'au lieu indiqué
•'t trou i- le roc suintait d''jà; ils tail-
lèrent duii^ 1j rocher une petite fontaine qui se
remplit rapidement, et la source devint assez
ni ' ■ i.iur suflire dé>ormais en tout temps
m; de In ronununauté.
1.11.1,- -lait alors au pouvr.- '
nvahle. Un de ces !
,.)... .1.. .M,,. .-,.,.1
ra\aii-nt
I'
a
11
b.
»'
M.
Cl
dr 11 1.
m.iii' Iji
- ' '1 .tht qui
lioinme
- • l.iit
lir
. - ; . ^ illit
nlla des occuoa-
< '■ main* une
1 T, di's bui»-
iil, un i<.iii do terre «ilué
■•t dont on vi'iihit fîiir" uu
iir.
■■, daiiv I.
du
Ifes eaux étaient si profondes qu'on ne pouvait
songer à l'en retirer.
Le novice, tout attristé, vint annoncer sa mésa-
venture au jeune Kr. Maurus, en sollicil;int une
pénileuce. Fr. Maurus avertit le bienlieureux
P. Benoît. Celui-ci se rendit sur le lieu de l'acci-
dent, prit \p manche de la hache, en plongea
l'extrémité dans les eaux du lac, aussitôt le fer
remonta lui-même et revint s'adapter au manche
comme auparavant.
Kendant alors au Goth son instrument, le Père
lui dit : n Voilà, travaille et consol-'-loi : Etre,
tal/ora, et noli conlristari. «Travailler p'>ur l'aniuur
de Jésus-Christ, dans la ioie intérieure et la
paix, voilà bien ce que les moines de celle
époque devaient enseigner aux races barbares,
qui venaient de conquérir l'emiiire romain, races
inquiètes, ennemies du travail et ne respirant
que batailles, caruages et rapines.
I.IS KNFA>TS
En échange des vieux moines indociles de
Vicovaro, le Seigneur envoya au solitaire, non
seulement ces moines fidèles, mais en outre un
gracieux essaim de jeunes enfants doués des
f dus aimables vertus; c'étaient les lils des nubles
tninains. En effet, les pères, apprenant qu'un
étudiant échappé de la corruption de la ville
donnait de si beaux exemples à Subiaco, lui
ciuiliaient leurs enfants, car, à cette époque de
troubles sociaux et de désordres effroyables, on
comprenait qu'il n'y avait que le radicalisme du
bien qui pût sauver la jeunesse.
Parmi ces enfants que nous représentons ici.
il y avait Maur, dont Benoit fera son coadjuteur.
et Placide, (ils du seigneur du territoire de
Subiaco. Nous écrirons leur vie, et cela complé-
tera celle de saint Benoit. Chacun sait le miracle
dont fut récompensée l'obéissance du jeune Maur,
quand, sur l'ordre de Benoit, il marcha sur les
eaux pour aller sauver Placide tombé dans le
lac.
L'alurannt des jeunes néophytes de Subiaco
fut imité depuis, et l'on en fonde aujourd'hui
sur le même modèle dans le nord et dan» le
midi de la France.
On conçoit combien cette œuvre de l'étudinnt
de Home excita la rage infernale, et l'un "-!■ à
peine raconter ce que lenla un suppôt de S il. m,
nommé Florent, qui habitait auprès. Il litdnb' id
porter du pain empoisonné à Ilenott, mais il fi.i
découvert; alors, ne pouvant tuer les cup-,
pour altclndri' les Ames, il envoya près du • n l;ii
où jouaient le» jeunes '
el malhonnêtes jeunes !.. ...
lascives.
Benoit comprit la dangnr que courait l'inno-
cenc ' ■ ; ' ',■ ' ,■..■'..■- l ;.' .-
tioii i
le •'iKii li oii ii'-p'irl ; I . ' iwe
inoii.isleres, il partit, .r.
à II recherche d'une an
Florent éUit kur sa i
de v.iir ti .f ( : r |E, ti.iit '
(lit
resl i
llenuil. L'homme do li;
mort de koii eiineiiil q .
' iple, à qui il impuu i.
iilial.
l il se T'i lut
' 1 1 ti In III . I.
•Ire réjoui
a>.: '
il I
A deux hei
ou re|i'i>,l le
et il Cl
Il .
iCo quand
s'amollit au contact de sou cœur brûlant d'amour,
et quand il reprit le bâton de pèlerin, l'empreinte
de son corps était restée gravée sur le rocher. A
certaines époques, et ordinairement le 21 mars,
depuis quatorze siècles, ce rocher laisse suinter
de l'eau, et les religieux prient alors leur patron
avec plus de ferveur.
LI MONT CàSSlN
Benoît suivit les montcignes vers le Sud et
arriva an Mont Cassin, dans les ruines dune
ville romaine, Cassinum, où étaient les restes
d'un amphithéâtre et où l'on voyait un temple
d'Apollon, encore debout, dans son bois sacré.
Des multitudes de paysans venaient y sacriDer.
Benoit, ému, planta la croi.T en ce lieu et, au
nom du Christ, persuada aux habitants de ren-
verser l'idole et d'élever à la place des oratoires
à saint Jean-Baptiste et à saint Martin de France.
Benoit demeurera quatorze ans au Mont Cassin
et rendra ce lieu tellement illustre, qu'un pape,
dans l'inscription gravée sur l'autel, voudra le
comparer au Siuai.
Saint Benoit (il construire le monastère par
ses di-iciples. mais non sans rencontrer toujours
l'opposiliou de l'ennemi du genre humain. On
rapporte qu'un jour, les discfples ne pouvaient
ébranler une pierre tellement inamovible qu'elle
semblait tenir à la terre par de fortes racines.
Benoît reconnut un artifice du démon, donna sa
béntidiction, mit en fuite l'esprit malin, et la
pierre fut levée si facilement qu'elle semblait
n'avoir rien pesé.
Le démon était plein de rage contre le saint
patriarche qui lui avait enlevé cette montagne, où
cet esprit inH-rnal avait régné jusque-là par l'ido-
lâtrie, pour la damnation de beaucoup d'âmes ;
il était furieux contre le pieux fondateur qui
pri'parait dans ses moines une armée contre lui;
parfois il lui apparaissait, en plein jour, sous
«les ligures horribles, jetant des tourbillons de
flammes par les yeux, la bouche et les narines,
et il l'appelait par son nom : « Benoit 1 Benoit 1 »
En latin Beneaicte I Bénédicte! Or, ce nom veut
dire Béni ; aussi le démon, se reprenant aussitôt
avec race, répétait: « Non, non, pas Béni, Maudit!
■Uaudi</ Qu'es-tu venu faire en ce lieu? Qu'as-tu
à démêler avec moi ? Pourc^uoi prends-tu plaisir
à me persécuter? .> Benoit le laissait crier et
vaquait i ses occupations, sans faùre attention à
lui.
Le Saint s'efforçait de prémunir ses disciples
contre les attaques de cet ennemi de tout bien
qui, ordinairement, nous livre la guerre d'une
manière invisible, alin de nous vaincre plus
facilement.
Cédant aux suggestions cachées du tentateur,
un relipieux prit en dégoût sa sainte vocation, et
demanda à l'abbé la permission de retourner
dans le monde. Benoit essaya de lui faire com-
prendre la folie de son dessein, il lui rappela sa
f'-rveur prér.Mcnte, la su;;os5c de la riisolutiou
qu'il avait prise alors d'embrasser la vie reli-
cieusc, il parla du salut de son âme, de l'excel-
l'iir'! incomparable du service et de l'amour de
lii'u; il lui dit de prier et d'attendre avec
l'aliène- la lin de cette tentation. Mais le religieux
ne voulait rien entendre, déjà son imagination
• tait dans le mnii<le. Pour oblenir pins vite la
tri^le nermission que l'abb'' difTi-railde lui accor-
''■ ' . il se mit à troubler l'ordre de la comma-
. . •■ et à scandaliser les Frères, tellement que
l.ïiioll fut obligé de le chasser. Le malheureux
l'irtit content; mais à peine élait-il sorti du
monastère, qu'il vit accourir à lui un dragon
furieu.x, la gueule béante, prêt à le dévorer. 11
appela à grands cris les Frères au secours. Ceux-
ci s'empressèrent de venir; ils trouvèrent le fugi-
tif en proie à l'épouvante et tremblant de tous
ses membres; ils le ramenèrent au couvent. Il
promit d'être désormais fidèle à sa vocation, et
il tint parole, gardant pour le reste de sa vie une
immense reconnaissance envers son saint abbé
dont les prières lui avaient obtenu la grâce de
voir le dragon infernal qui voulait le dévorer.
Un jour, Benoit sortit avec les Frères pour
travailler aux champs; un paysan vint au monas-
tère, outré de douleur, portant entre les bras le
corps de son fils et demandant le P. Benoît.
Comme on lui dit qu'il était aux champs avec les
Frères, il jette le corps de son enfant devant la
porte, et court chercher le Saint. II le rencontre
qui revenait du travail.
« Père, rendez-moi mon filsl
— Est-ce moi qui vous l'ai enlevé 1
— H est mort, venez le ressusciter.
— Retirez-vous, ce n'est pas notre affaire; cela
appartient aux saints apôtres. Que venez-vous
nous imposer un fardeau insupportable?»
Le père jure dans sa douleur qu'il ne partira
pas avant que le Saint ait ressuscité l'enfaul.
« Où est ce mort?
— Voilà son corps à la porte du monastère. »
Benoît, y étant arrivé, se mil en prière avec
tous ses religieux, s'étendit sur le cadavre comme
Elisée, et puis, élevant les bras au ciel, s'écria :
« Seigneur, ne regardez pas mes péchés mais la
foi de cet homme, et rendez à ce corps l'âme que
vous en avez ôtée. »
A peine a-t-il achevé sa prière que tout le
corps de l'enfant tremble à la vue des assislaiits.
Benoit prend l'enfant par la main, et le rend à son
père plein de vie et de santé. (S. Grégoire, Dial.
L. 11, c. 32.)
En temps de disette, le sous-diacre Agapitvint
quêter au Mont Cassin et supplier afin d'obtenir
un peu d'huile; il en restait à peine au fond
d'une bouteille pour assaisonner la nourriture :
« Qu'on la donne, » dit Benoît. Le cellérier, vaincu
parle démou de la défiance, hésita; ce qu'appre-
nant le Saint, il fil jeter la bouteille au fond du
précipice, et ce verre fragile ne se brisa point.
Alors le cellérier, confus et grondé, exécuta
l'ordre de son père. — Et Dieu renouvella mira-
culeusement la provision d'huile épuisée.
Le bienbeurtux l'ère écrivit pour ses religieux
une Règle, toute remplie d'une admirable sagesse.
Au Mont Cassin, comme à Subiaco, on amenait
de tous côtés la jeunesse à saint Benoit, et
l'aluninat fondé par lui aura un jour pour di:^ciple
saint Thomas d'Aquin.
LK nOI TOTIIA — LES I)ÉN<DICTIH3
Le roi Golh Tolila, prince victorieux de l'empire
romain, s'acheminait vers Naples et entendit
pailer ae l'inlluence extraordinaire du prophète
du Mont Cassin : il voulut savoir si Benoît avait
vraiment l'esprit prophétique et fll revêtir les
ornements royaux à son écuyer Riggo, puis
l'envoya avec une suite de seigneurs au Mont
Cassin comme s'il était le roi.
« Mon fils, lui cria aussitôt Benoît, quittei
l'habit que vous portez, il n'est pas à vous. »
Iliggo, épouvanté d'avoir voulu tromper un tel
liuinnie, se jeta à sesj>icds et bientôt Tolila vint
lui-même et ne fut pas maître d'une terreur sou-
daine. Le serviteur de Dieu cria par trois fois k
Saint Benoit ressuscite un enfant
ce prince terrible : « LeTex-TousI ■ eteulin il dut
le relever lui-m('me.
« Vous avez fait beaucoup Je mal, lui dit-il, vous
•n faites tous les jours; il est temps de cesser
vos iniquitt's. Vous ciitrereiàIlome,vou» régnerex
neuf aniiffes, et la dixième vous mourrez. ■•
Le roi, elTrayi?, se recommanda à ses prières ;
k partir de ce moment, sa nature barbare fut
transform(?e, il proti'gea les peuples roiitre ses
propres soldats, au luilieu même de la victoire,
et les traita comme ses enfanU.
L'annexe ciui pri'< éda sa mort, Benoit pleurait,
on lui en detiiuiida la cause. « Tout ce monas-
tère, dil-il, qu>' j'ai bâti, a ëtë livre aux païens
par un jugement du Dieu tout-puissant ; j'ai i
peine obtenu la vie de mes frères. »
En elTet, 40 ans après sa mort, les barbares
ddtruisircut le Mont Cassin, mais il renaîtra de
ses cendres, et le corps Je l'Iiommc de Uieu sera
transport<! au pays de Krance, où on le vénérera
à Siii: • !' • r l.oire.
I. : iiiers moments de saint Ronolt
est li' i a ■..!-.' .1 ■ Je sasicur sainte Scholastique,
et nous en reportons le louchant récit à la vie
■|
de
I) .
de
divcri
louli'
coni, ■
tuel
un i>
ont < .
rt à la I !>.;. .
i*i la France.
■'■me de saint Benoît, des couvents
commeii' •' r. ni \ «e riil^'r de
ils se II ' par
.. I.e b. •,.. a
Al'
Ordre, divisé en plusieurs branches, subsiste
encore, et tout en étant moins nombreux qu'à
d'autres époques, ses membres continuent i
conserver dans le monde l'esprit de saint Benoit.
LA MJDAILLK DB S.tl.1T P<.>0I7
Nous avons dit comment saint Benoit triom-
ptiail du démon, et employait souvent l'arme
victorieuse de la croix. Ce signe sacré cl l'invo-
cation de saint Benoit peuvent être en nos mains
un puissant boucli'-r contre 1 iimemi infernal.
De là est venue la dévotion à la midaillr de <.ainî
UenoU, dévotion npprouvi-e et enrichie de nom-
breuses indulgences par le pape Benoit XIV.
Cette médaille représente d'un côté saint
Benoit, de l'autre la croix dji Sauveur, avec une
série de lettres, dont voici l'explication. Dans les
ant-les de la croix : C. S. P. B. : Crus Sancti l'atrit
/; ■ -• f P*r# Benof/. — Sur la
il.
Sali' iii .-*u ,^/t'ii t.'i.r ■ fju< '
/umiiVc — Sur la li_n«- tioi
Non llraro Sit i/i/it I'ut.ij
mon chef. — Autour de la m
II- Saint Nom de Jésu^, rv
gramme ordinaire IMS ; puis
N.S. M. V. S. M.Q. I I V n
A'o/i Suii'ltrt iâxhi y
h 't WiCFia Hihas. {{■
nseiller tes vanit<-s. C<-
••■«t le mil ; hoi« l"i-tn'
nUcs ou tviu^urcllet obtenues
a.
C.
s.
s.
M.
roi
D
L. : Crux
X ioit ma
N
S. U.O.:
■r toit pCS
: l'abord
t 1
■ mono-
V. H. S.
< ilanii.
lani.-^ranl . L. faiiiita.'wt, H. iuk ^tûtt^tta i' , iW»,
SAINTE CATHERINE DE SUÈDE
FILLE Dh. SAINTE BRIGITTE
Fétc le '2'i mari.
ENFANCE DE CATHERINE
Catherine naquit dans un palais, et sa naissance
sembla la vouer d'avanre à toutes les grandeurs
de ce monde qui pasoe, mais la piété de ses
parents, en préparant en elle une sainte, la ren-
dirent, en outre, dipncdes;;raiideurs immortelles
du i"iel. Son pore était l'Iphon, prince de Suéde,
et sa mère la ^.-rande sainte Brigitte, si connue
dans l'Église par les révélations dont Dieu la
favorisa.
Encore au berceau, la (llle de sainte Bri;.'ille
fit miraculeusement éclater les grAres de saiiit>'té
par lesquelles Uieu avait prévenu son Ame: ain«i
on la vit repousser de ses. main' une iiourrriro
de vie coupaMe et ne point vouloir de son lait.
Le démon, furieux, s'acharna contre celle âme
d'élite d'-s sa plus tendre i-nfance. l'ne nuit,
l'ahhesse du monastère à qui f-lle avait éié confiée,
'■nl'"ndit se» cris et ses soupirs. Kllese précipite.
<ju'' voit-elle? Le démon qui, bous la forme d'un
taureau furieaz, s'efrorçait de transpercer de ses
(•ornes le corps de la jeune enfant. L'ahl>es»e se
liAt<" dp In di'' livrer, et |o dnmon vaincu fit enti-ndte
ce cri de rage : « Que je l'eusse volontiers ache-
vée, si Dieu me l'eût permi-;! «
Notre-Sei-neur, qui la voulait toute à lui, ne
laissa point cette âme déjà grand.- dès l'enfance,
perdre son temps dans les plaisirs même inno-
cents du jeune âge.
A sept ans, elle jouait un jour aux jonchets,
mais la nuit suivante, les démons s'approchèrent
de sa couch'^ et, prenant les jonchets, ils ne tirent
de tout son corps qu'une plaie. La Sainte com-
prit l'avertissement et renonça pour toujours à
ces récréations.
F.t.LE FAIT LK VŒU DB VIRClNITli DANS LB MM1IAGB
Arrivée à l'âge nubile, Catherine, pour accéder
au désir de son père, se maria avec un riche
seigneur nommé Egard; c'est qu'elle avait, en
e(Tet. non sans raison, l'espérance de pouvoir
amener son éimux à faire avec elle le viru de vir-
ginité. Klle ne fut point trompée dans son attente,
et tous les deux, offrant à Dieu le lis de la clia>-
teté, vécurent dans les liens du mariage comme
deux ances et triomphèrent de la cliair et du
monde par les saintes austérités {\(i \\ pénitence.
317
Il< avaient Jailliiir* sous les yeu.\ un vivant
mniJèle de |iëi'iectii'D dans la personne de sainte
Bri:;ille. Leurs pritVes ferventes se iirolongeaienl
dans la nuit silencieuse, iN ai'i'ouiuniaient leurs
sens à se priver de tout <°e i|ui les llatte et à
alTronler les souffrances volcoilaires ou néces-
saires avec une clin'tiinne éneri;ie qui inain-
teiiiiit la chair dans l'nt'éi'-s.ince à l'esprit. Ils
savaient, en elTel. que la cliusleté est un lis qui
s'épanouit et se conserve à l'abri des épines de
la mortiHcalion.
SAI.VTE I.NKLLE>CE (.ic'eLLE KÏCEBCB SU» l'ÉPOUSB
DK SU.N FHEHK
Catherine avait un frère nommé Charles, 4«nt
la \ie se ronsumait dans les pluitirs. Ce d6nii>'r,
ne pouvant snulTrir les vertueux excinpli-s de >a
sii-ur, qui condamnaient sa iii.iiiiiie il>- vitr». >>>
lais'-a aller contre elle aux rcpriM-lie> Un plus
ainer« et aux injures les pUtu »iiU}{lanlei>. il lui
reprochait entre antres chnst^s. de vouloir désho-
norer sa famille par les vM'meiil» simple» et
pauvres dont elle aimait à se revi^lir. A la vue
du luxe elfréné dont l'aleuittiit futrini* les |»er-
sonne* mondaines, Catheri»« tt'était, en «fliet^
dépouillée de hcs parures de priUL-^-Me, «aas
craindre de faire voir au ■«nde que W »erta<
chn'iiennes sont un i<\i\- \'tt ornement <|ue tous
les atours de la vanité, f lipéc^m dames de 4n-
tinction eurent le courage de flMitM .
In JOUI que »a lielle-sii iir --e Imuvait «T*r elle,
dans une é;:li>.e, en prit res devant «ne iMa^e de
la Vir>i:;e, celte femme, encore amie «hi l«x«,
s'eiiilnrniil i-t vil, pendant son sommeil ^ rimaae
de la Madone qui In resordail d'un visnye sévérei
tandis qu'elle s^uilnit douc4>mrnt h CHillierine.
File compiil, • t dé-r.rniai>. n'eut plus qu'un désiri
sui>re di' pris, ilans l.i voir du renoncement,
relie qui lui donnait d« si tniicbanls e\eniple<
' de pauvreté. A cette vnt, l«k cidère de Charles ne
connut plus de l>ornes, il accourt auprès de Calhc-
nne. lui prodigue les iDiures le« plus ;,'ros.<>ières :
" Vnulex-vou» ' ' t r iU> ma Icmme
l'objet de la ■: Votre '<ainle
ne «e trouble point, elle rccmi tout avec (vitience,
heureuse, par la souflrance, de ruivre de plus
prés celui qu'elle a choisi pour modèle.
OKTAar rora komi
A|ir^ la mort d'ripho«. Miuta llriuitte était
•lié» .1. iiieurer aii(>réis du li>nibe.-iu île* !miut.s
•IK.U*'^ l'ii-rrr »t PaaI. l^iiq an» •'«'latent ikouU^
.1 ■,•■.,■,,
à IC-'anl des bllre-; pleines de mennce> dans les-
qui'lles il s'opposail éper^'iqitepient i ce qu'il
permit à sa sœur <le quitter la Suède.
Par une permission de Dieu, les lettres lurent
remises à Catherine qui. connaissant dès lors les
projets de son frère, put leur échapper, et, favo-
risée par un oncle puissant, quitta la .'^uède sans
obstacle et parvint heureusement â Home et se
jeta dans les bras de sa mère.
Avec quelle joie les deux Saintes visitaient les
églises de Home et les tombeaux des martyrs et
s'adonnaient riisemble à tous leurs exercices de
pénitence et de ferveur.
Le ilémon, jaloux des projjrès de Catherine
dans la voie de la perfection, voulut lui persuader
de retourner dans ^a patrie afin d'y vivre plus à
son aise, mais, excitée par le* e.veinples et les
paroles de sa mère, elle lit le sacrilice complet
de sj patrie et m'orne de •'on époux «[u'elle aimait
si teiidreiiti'Ut. En récompense de ce sacrifice,
nieu la flt participer'aux lumières surnaturelles
dont il éclairait l'inlelli^'ence de sainte llri^'ilte,
' a'elb- pMuvait traiter les que-tion^ les
ji les de la >diiile i;iTiture. Le Souverain
Pooliie lui même, .1 rbain VI, frappé île son é|o-
queuive, ua put s'empédier de lui dire : " Ma Hlle,
vous vous êtes vraiment nourrie du lait de votre
mère. »
•UL llfciaM T»D nCS EMBCCHRS A SA VIRGtNITi'
Après laaort d'Ki-ard son mari, quelques sei-
4e Rome la recherclièrent en mariaj.'e,
elle ne >e laissa captiver par aucnnede leurs
promesses. N'avait-elle pas voué à liieu sa vir(,'i-
nité? Indi|:nés de se» refu«, ils résolurent de se
vcncer et d'arracher de force ce qu'ils n'avaient
pu obtenir par le» vme«de In douceur. Ola leur
'ant plu« facile ijuc la cité .i
.1 i ut ab>is |iri>ér di- von pa-teui
et il ne s'y trouvait personne pour mainicair
l'ordre avec cfiicacilé. Il- «e mettent donc en
embuscade sur le |>as«a;ir de notre Sainte, nifti*,
o prodi;.'e '. un ■ ' "
ils le pour>uiw , ■ .;,
ce temps, Catherine pa>sa s.in
l'ne autre foi», elle se rendu i _ii e Sainl-
Laarent avec sa mère; an riche seigneur •« pré-
cipite sur ■ " ' • ' ; li-
»*n>t! de I'.
Jetant alor> .>u< ''
Jer pardon, il I , '
I défenseur. Calbehne «e met eu prière» ri aiM»i-
■ ■ >u*lili est rendue t'.elte protrdir.n Inule
,|e iir M' manilettii pa« d'une ninnieic moins
ph>
lAii:
>a'°'«'auk J'uQ Kl tniin «oya^ie; il Rnil
- nt.
I il érxivit
I mil
tirnbeau du (.'('^''"ux mui
f .....
.11-.
, ... ..u
iiirercnt
dans une pauvre cabane pour être à couvert de
la nei:.'e. Hais, tout à coup, au milieu d£ la nuit,
elles pont surprises par une ban. le de voleurs;
être dévalisées it'était que le moindre mal quelles
pussent attendre de ces sce'lérats, et déjà, à la
lueur des torches, la beauté de la princesse
suédoise avait frappé leurs re;,'ards. Mais les
saintes voyai.euse< priaient avec ardeur le Dieu
protecteur des ."imes saintes. Tout à coup, un vent
violent rou^'it autour de la cabane, on entend
un cliquetis d"armes comme le bruit d"nne
escouade de soldat», les malTaiteurs, effrayés,
s'eniuient dans toules l«s directions.
Itien résolus de ne pas laisser échapper leur j
jH'oie, les brigands se placèrent le lendemain en
embuscade sur le chemin par où devait passer
Cilherine, mais Dieu le» frappa d'aveuglement;
nos vnyageusfs passèrent devant eux sjins être
aperçues.
VEHTi:S DB SAINTE C.\^THER1.NE
A la vue de tant de prodiges opérés en sa
faveur, Catherine s'efforçait de montrer sa recon-
naissani'e en pratiquant tontes les vertus de la
manière la plus parfaite.
L'humilité était comme le bien-aimé refuge de
son coeur : gnindc était sa joi« de paraître vile
et méprisable aux yeur des hi'inme» et d'être
appeb'e pécheresse. Son esprit il'oraison n'était
pas moins admirable. Chaque .jour, pendant
quatre heures de suite et à genoux, elle s'agipli-
quait à la contemplation des souffrances de
\otre-Sei;;nPur. ICprise .i!i)rs d'un extrême désir
de souffrir, elle lli^ii-llait cruellement son corps
alin de ressembler davantai.;e à son divin .Modèle.
Ouelle ne fut pa« sa patience dans les hôpitaux,
lorsqu'elle soignait les malades et pansait leurs
plaies hideuses! En vain lui objectait-on les
dan;.'ers auxquels elle s'exposait. I?es paroles et
les exemples de sa mi-re étaient profondément
L-ravés au fond de son cujur. La terre nue et
quelques pierre* formaient la couche de sa mère;
elb- s'en .ipprochait pendant la nuit et la faisait
doucement reposer «ur «a poitrine. Pour récom-
penser son amour de la pauvreté, Notre-Seigneur
permit qu'en certaine-- occasions, elle parût riche,
ment vétuc et que le pauvre lit où elle reposait
devint brillant comme un lit de parade. Dans une
promenade aite dan>< la campa;.'ne romaine, ses
vêtement» élinceb r^ iit de pirrres précieuses, au
i-raud étonnemeiit de ■•escompa^jnes i;.'norant les [
faveurs dont le nel h» favorisait. Elle supportait
aussi les injure* du prochain avec «ne merveil-
leuse mansuétude, rendant toujours le bien pour le
ii>at.corame une liilélc épouse deJésu.s-Chrisl.
l|o»IT IlS «AINTB IIRir.ITrK
Vingt-cinq an« s'étaient écoidés depuis le jour
où, sous rinopiralion divine, Catherine était
venue rejoindre sa mure à Itome, lorsque toutes
les <leu.\ résolurent d'aller vi.iiter les lieux
témoius des souffrances de leur Dieu. Malgré
tous les obstacles, elles eureat le bonheur
d'accomplir leur dessein, mais !« moment appro-
chait où Brigitte allait recevc>ir la récompense
de tous ses travaiix. Surprise par la lièvre à
Jérusalem, elle fut oblii;ée de retourner à Rome
où bientôt son àine quitta l'exil «le cette vie.
Catherine fît transporter eo Suède les restes
mortels de sa mère. Due immense multitude se
porta à la rencontre de ce corps vénévé, Iwurense
en même temps de pouvoir admirer de plus près
les vertus de Catherine, vivante image de sa.m.ère.
X Lincopia surtout, le peuple, en la voyant, laissa
éclater des transports d'alJéfiresse. Les cloches
annoncèrent partout sa présence. Les or;,Ties
firent entendre leurs sons harmonieux comme
au jour des grandes soleimilés, et l'évèque lui-
même ne voulut céder à personne rhonneur de
la recevoir. Lsaut alors J'une suinte liberté, elle
lui reprocha de né;;lii:er les devoirs de sa ch.vrite
pastorale, en doiiiianl trop de temps à l'oraison
et en se livrant à des jeûnes trop rigoureux.
Elle arriva enHn au monastère de Watzen qu'elle
devait fjouveriier comme abbesse. Là, près du
tombeau de sa mère, elle apprit à ses religieuses
à pratiquer la re^'le qu'elle-iiiêuie avait pratiquée
si longtemps sous sa sainte direction.
nF.TOL» A BOMK — SIIIIACI.KS
Les"f)iules commencèrent bientiU à aftluer au
tombeau de saillie l!ri;.;itt.c, attirées par les mi racles
qui s'y opéraient. Le roi de Suéde et tous les
priiii'i|iau.\ du royaume s'en émurent et plièrent
Catherine de retourner à Uonie pour demander
la canonisation de sa mère. Ses démarches ne
purent réussir. La cité romaine était alors divisée
par le sclii^me qui venait d'éclater à lu mort de
Grégoire XI : Urbain VI, son légitime successeur.
ne pouvait librement exercer son autorité. Ce
pontife avait pour Catherine une affection toute
paternelle à cause des friands exemples ib' vertu
qu'elle n'avait cessé de donner peiulaiit son
séjour à Home; aussi lui doiiiia-t-il des lettres
apostoliipics, pour qu'à son retour elle lût reçue
avec honneur dans tous les lieux par où elle pas-
serait, et il" lu fit accompagner par un seigneur
de haute autorité jiiKqu'iiitx ,\lpes. En arrivant
en ' lirer aux populations
la Niisi par le sommeil,
un de ses |»arents tombe du haut du char sous
les pieds des du- vaux; il est tellement meurtri
par lei roues, qu'i'U le croit mort. Catherine se
jette aussitr.l ,i ;;eii'>(i\, rlle invoque la Heine du
cii'l et aussitôt ]•■-, blessure» dis|iaruissent sans
laisser aucune trace.
Pendant ion dernier séjour près du tombeau
des apôtres, elle avait opéré plusieurs prodiges
qui tirent resplendir d'un nouvel éclat sa sainteté.
Lne dame romaine, très dancereusement ma-
lade,refusait tous les secours de la reliaion. Notre
Sainle, désireuse de sauver celle Ame. se mit en
oraison et supplia Notre-Seiriieur pour cet te péche-
resse dont la vie n'avait été qu'une suite de
di^ordres. Klle achevait sa prière, lorsqu'il sortit
du Tibre une vapeur noire et épaisse qui environna
la maison de la malade, et en même temps un bruit
(•pouvantable se fit entendre. La malade, épou-
vantée et hors d'elle-même, appela Catherine,
lui promit de se réconcilier avec Dieu, et aussitôt
le bruit cessa.
Pendant la mauvaise saison, le Tibre, ltossI par
les pluies torrentielles, déborda tellementqu'une
Srnnde partie de la ville était sur le point d'-Hre
submergée. Sainte Catherine se met en prières
et supplie le Sei;.'neur d'avoir pitié de son peuple.
.K cette prière, le lleuve rentre dans son cours
naturel, les eaux s'écoulent vers la mer et la
Ville Sainte est délivrée d'un péril imminent.
Le troisième miracle que nous allons rapporter
eut lieu pendant le séjour de la .Sainte à .Naple<.
Une dame d'honneur lui dit que depuis longtemps
un démon tourmentait chaque nuit sa lille déjà
veuve. Heureuse de pouvoir contribuer au salut
d'une Ame, t'.atherine conseilla une confession
pénérale, se livra elle-m''roe h toutes les austé-
rités de la pénitence et parvint à délivrer cette
veuve de l'esprit mauvais et à rendre la paix à
son âme.
iiKRMknEs a:«n*!bs rt mort iir sainte catiikhisr
Depuis son départ de Mome et son arrivée au
monastère de Wntzen, la vie de notre Sainle ne
fut plus qu'un<! suite de douleurs corporelles;
mais sa joie était grande de pouvoir souffrir. Des
soupirs ardints s'exhalaient de son Ame à la
iiensée que liienl<M clic serait délivrée di:s liens
du corps pour vivre avec Jésus-Christ. Avant
qu'elle rendit le dernier soupir. Dieu voulut
manifester encore une fois son émiueiile sain-
teté.
L'un des ouvriers du monastère tomba du haut
des échafaudages, d'une hauteur considérable,
sur des pierres qui lui rompirent les os. Le mal-
heureux ne donnait plus signe de vie. A la nou-
velle de l'affreux accident, Catherine, malgré ses
infirmités, se transjiorte près du blessé, louche
ses membres meurtris, et aussitôt toute douleur
disparait, les plaies se cicatrisent et il peut se
remettre au travail avec les autres. Des prières
d'actions de grâces montèrent alors vers le ciel
pour remercier Notre-Seigneur qui, par l'inler-
cession de sainle Catherine, venait d'opérer un
si grand prodige.
Cependant les forces corporelles de la pieuse
abbesse diminuaient de jour en jour; l'heure
vint enlin où Dieu voulait récompenser sa ser-
vante. Quand elle était avec sa mère, elle avait
coutume tous les jours et bien souvent m^ine
deux ou trois foi* par jour, de se purifier, par le
sacrement de Pénitence, de ces fautes qui peu-
vent surprendre la fra;:ililè humaine. Cuuime
des douleurs d'estomac l'empêchaient de recevoir
son Dieu, son unique bonheur était de le con-
templer sous les espèces sacramentelles.
Ce fut dans un des transports d'amour de
celte contemplation <livine que .son Ame s'exhala
vers le ciel. .\u moment de cette mort, une étoile
apparut au-dessus du monastère le jour ft la
nuit où son corps demeura exposé, l'accompagna
jusqu'à ré;;lise et ne disparut enlin que lorsque
la cérémonie fut achevée.
Des archevêques, des évêque», des abbés, le
Ils du roi de Suède lui-même tinrent à témoigner
par leur présence de leur vénération pour la
servante de Dieu, l'n grand concours de peuple
se m à son tombeau, et par son intercession, il
s'y opéra de nombreux et éclatants miracles.
M
iii
SAINT TURIBE
Fête le 23 mars.
Turibe, miraculeusement sauvé de la férocité de deux énormes caïmans, marche sur
les eaux de la rivière de Chagra. — Il est arrêté au bord d'un affreux précipice
par la main d'un ange vêtu en Indien.
SA >iA:S>A»rE — SA JEL'.NESSB
Turibe naquit à Majorça, en Espapne, le
l*"' novembre 1538.
MiIlt»'- toute» le» séduction? du monde, il sut
ron«erver «a vertu «lans tache, car il mil sa con-
fi.in' e en M.irie. .'vii-i Ir. .I-tii^'er. aiini I^ [■ri-'-re
et rélmje, et châtia «on corps jiar les veilles, les
jeûnes et les llapellalions sanglantes.
Toutes les aspirations de son enfance et de sa
jeunesse le portaient vers le sacerdoce, mais son
père étant mort et sa famille restant sans appui,
il lui consacra cinq années et no reprit le lours
.1.- '■fn élude'* qu'aiiri's avoir t'I.iMi ses sa urs cl
assuré l'existence de sa mère, en lui abandon-
nant son propre patrimoine.
La r(?putaiioii que Turibe s'était acquise par
sa vertu et sa sagesse précoces le firent nommer
inquisiteur à Grenade.
Il nV'tait encore que laïque; mais, consommé
déjà liaiis la science des saints, il employa tout
son ï'-li", toute sa douceur et toute sa docte per-
suasion à ramener les Ames à Dieu.
irniBE EST NOUIIÉ A LARCllEVÈCHK DE LIMA
SON VOYAbE ET SON ARRIVÉE
Los qualit«''sque Turibe déploya dans la charge
d"iiiqui>itoiir tirent jeter les yeux sur lui pour
rarchevt''rlu' de IJma, capitale du l'érou.
Ce |)ays sam"age, couvert do for^'-ts impéné-
trables, avec ses hautes et dangereuses mon-
tagnes, «es fleures rapides et ses marais infran-
chissables, était une pile imai;e des dirficultés
spirituelles qui attendaient l'évèque mission-
naire, car les Péruviens, depuis peu d'années dé-
possédés parles Espa«nnls de leur indépendance
nationale, étaient encore de vrais barbares.
L'attrait des labeurs et des peines à souffrir
pour l'aniour de iésus-Christ décida Turibe. Il
(lit adieu à sa vieille mère qu'il ne devait plus
revoir, se prépara avec soin à la réception des
saints Ordres et partit sans retard.
La llotle royale traversa l'.Xtlantique par un
vent favorable et jeta l'aiKTC dans le port d'EI
nombre de Uios 'le nom de Dieu).
Ou prit alors la route de terre. La distance est
courte, mais le chemin diflicilc. Il faut gravir des
monlat'iies escarpées et passer à pué des marais
faiit-'eux peuplés d'énormes caïmans.
Un jour, Turibe traversait la rivière de Chagra.
Sa mule rerula comme effrayée d'un danger que
lui-riièmo ne pouvait comprendre. Ilient6t désar-
eonné, il t(>mba dans l'eau et, à l'instant, deux
énormes eaimaiis se jetèrent sur lui. mais il
implora le secours divin et aussitôt les monstres,
retenus par une force invisible, s'arn'tèrent,
tandis que l'ai i , ,iux,
romnie j.uiis I •.] ! 1 ;-i iitle
■ fivat'e sain et sauf
Enlln, les voyageurs arrivèrent ÀIJma.Tarite
v fut reru avee enlliDUsiasme : .. Dieu soit béni,
disait-on pnrloot, uous allons avoir un saint
pfiiir nrehi'ïéque. »•
Ln effet, Turibe était un saint, il prati<|uait la
«ainteté et la faisait pratiquer aux Ame* com-
mise! à sa garde.
Le
mièi
on I'
soi.'
1.
par
l-, 1.
KlAT Di rr.ii
nr DAS* l'adu
Pérou est divisé «q trois parties : la pra-
, -■ ■-; ■!, .1- ; ' - ' ■ ;,!,. ., .s
. Je
lit I»
et •!"■• •auka^jes plus crueU i|ue
Quant à la troisième, elle est formée de mon-
tagnes volcaniques qu'on ;;ravit en s'aocrochant
à des cordes et en se faisant hisser par les
naturels du pays. Cette contrée est le repaire de
serpents qui mesurent jusqu'à vingt-cinq pieds
de longueur.
Malgré ces obstacles, Turibe, après avoir
réprimé les abus et organisé la sage administra-
tion de Lima, commença sescourses évanyéliques
par la provinee de (^-tinalia, où les sauvages,
quoique baptisés, vivaient cependant en guerre
continuelle avec les chrétiens du \oisinage.
Turibe leur parla avec bonté. Ils déposèrent
leurs arcs et leurs flèches en signe de respect et •
reçurent presque tous, avec le baptême, le
sacrement de Conlirmation.
L'apdlre s'engagea ensuite plus avant dans les
terres.
Il ne rerul.iit devant aucune fatigue. Quand les
dangers lui paraissaient trop grands, il échappait
à l'affectueuse surveillance de sa suite et par-
tait seul, la nuit, récitant des prières sur sa nmie
sans se préoccuper de» péiil> de la route.
l'ne fois, il cheminait ainsi, tout absorbé en
Dieu. Sa monture quitte le bon chemin et gravit
une roche terminée parmi affreux prèi-ipice. In
pas de plus et Turibe roulait dans l'abiiiie. quand
la bride de l'animal esi saisie par un Indien qui
le remit dans le bon chemin. Turibe veut remer-
cier son bienfaiteur, mais il avait disparu
Dieu, qui lui avait envoyé sou ange, le conduit
sain et .sauf auprès des pauvres Indiens. Il leur
apporte des secours tant spirituels que tem-
porels; c.\r, jiauvre et austère pour lui-même,
Turibe répandait ù profusion ses laraesses.
Le léle, la douceur, la rharité inépuisables de
l'apAtre étaient néeessaire^ pour vaimre les pré-
jugés des sauvages contre les chrétiens. Lu effet,
les Indiens, décimés par la guerre et refoulé» par
les progrès de la conquête espagnole, étaient
exaspérés contre les colons. Forcés d'abandonner
br.rs terres et leurs villages, ils avaient aussi
abandonné riCyangile pour n'avoir rien de com-
innii avec biii'* perséniteurs, et, riMenus aux
I lie leurs aiieiennes superstitions, il*
m ut tous 1p« Kiiropéens qui -'aventu-
raient ju.'-i|u'A eux. I< insqu'ri un '•ertain
point ' rar il< ii<" re. I du <lii isliaiiisnie
i]i - i|ui, loin de regarder
b ■ frère» en Jé-u— Christ,
!!■ Ml fnia faire deux leurs esclave», les
Bc 1'- travaux, de mauvais traitements,
séparant les maris d'avec tours femmes, les
enr.iiits d'avec leur» mères, en un m"' -■ «.rvnni
d'eux eomroe on se sert d'animau>
Turibe promulgua le> peines e,, ,. -..i-;,.,.,. -
les plus sévères, défendant absolunii^iit aux
prêtres d'avoir de» e»cl;i\<>s d menaçant tl'ex-
criinniunication les per-onnafie» le< plus haut
pl.i.é- s'ils enfi " ■ V
|«v |,,|« ,1,. I'Ihiii
aU|>i<'- du
partie -i . i.
.. ^ Ili sllflili
ili«>i ri ii«ii ■!<
i.i |.i-, il eut
•■•Il iniluence
•r ri'Ite
.1 ne ctol
avoir achevé l'œuvre de la réconciliation qu'a-
près avoir développé parmi les peuplades
indiennes le? sentiments chrétiens. Aussi, ne
néyligea-t-il aucun moyen de persuasion. Vou-
lant leur parler désormais sans interprète, il
entreprit l'étude de leur langue. Dieu vint mira-
culeusement en aide à son zèle, car il parla
aussitôt couramment les idiomes de toutes les
JilTérentes peuplades qui, à leur grand étonne-
nient, le comprirent éiralement quand il parlait
soit latin, soit castillan.
Turjbe, pour consolider l'œuvre de ses prédi-
cations, élaWit dans chaque bourgade un caté-
chisme pour les adultes, réunit les sorciers,
magiciens et enchanteurs dans un village séparé
des autres, les fit instruire et exigea des planteurs
espa(.'nol> qu'ils assurassent, dans les fabriques
de sucre et les manufactures de coton, le service
rellsieux des pauvres esclaves.
UISSIOX DANS LES PROVINCES DE GWNACL'M.i
ET DE CHINKAKOKA
Dès que les peuples idolâtres de Guanacuma
eurent appris que Turibc voulait évangéliser
leurs contrées, ils s'armèrent de lances et de
flèches empoisonnées, résolus à défendre éner-
giquement l'entrée de leur pays. Turibe, montrant
son crucifi.v à ceux qui essayaient de le retenir:
•' Là où est le Christ, là se trouve la paix, dit-il.
I^ guerre cessera en sa présence. Marchons sans
crainte. »
Kt il traversa le fleuve.
Les sau\ages se tenaient sur la rive, mcna-
• anls; mais à peine virent-ils venir à eux l'intré-
pide aprtire, que l'épouvante les saisit, et ils
s'enfuirent en désordre comme sL l'ange de Dieu
ii's eût menacés de son épée llamboyante. Turibe
se met à leur poursuite; les plus courageux
tournent la tète , l'écoutent ; les autres ralen-
tissent le pas et enfin, séduits par la bonté de
l'apôtre, consentent à le conduire dans leurs
cavernes et leurs forêts où il fait un long séjour
et ne les quitte qu'après avoir administré les
sacrements à tous.
L'évangélisation des fiers habitants de Ciiin-
Uakoka paraissait plus difficile encore: mais,
( onlie l'attente de tous, ils envoyèrent eux-
mêmes à Turibe une dèputation chargée de lui
offrir des présent» consistant en perroquets,
pommes de pins et fruits de toute espèce. Ils le
supfiiièrcnt humhb ment de les suivre. Turibe
se fit attacher à des cord'^s et glisser le long des
rochers, jusque dans les gorges profondes habi-
tées jiar ces peuplades barbares, et bientôt plu-
sieurs milliers d'infidèles coururent recevoir le
baptême.
TUniBE HFTROCVE DBS TRACES d'ÉVANG^LISATIOI^
Au pied des Cordillères des Andes s'élevait le
l' lit bour;.'d'Andomarca. Turibe yarrivnità peine
piand soixante-douze vieillards, accompagnés
1'' sept femmes et de deux enfants, se présen-
■ rent à lui, disant qu'ils étaient des brebis
irante« k l.i rechTrho de K-ur pasteur.
« Nous avons vu, ajoutèrent-ils, un beau
jeune homme vêtu de blanc et d'une démnr he
toute céleste. Il nous a appris que l'archevêque
de Lima s'était arrêté au pied de nos rocli^ rs
et nous a commandé d'aller à sa rencontre el .1 ■
lui apporter ces objets religieusement conservés
dans nos familles. »
Et ils lui présentèrent un missel, un bréviaire
et une aube.
Turibe recueillit précieusement ces reliques,
indiquant que la foi avait pénétré jadis dans ces
contrées et y fit fructifier la bonne semonce.
MORTIFICATIONS DE TUBIBE
Les fatigues de l'apostolat ne suffisaient pas au
zèle de Turibe. Ses jeûnes étaient continuels,
souvent il ne mangeait que du pain.
A côté du lit splendidement orné, selon l'usn-.'
du temps, il reposait tout habillé sur une plauchc
étroite.
Pendant ses missions les plus fatigantes, il por-
tait constamment une large ceinture garnie de
pointes de fer; el quand il se donnait la disci-
pline, les murs de sa chambre se couvraient de
sang, car l'archevêque meurtrissait sa chair pen-
dant plus de deux heures consécutives. Ses
parent- lui demandaient de mettre fin à tant de
supplices; mais, dans leur cœur, ils remereiaient
Dieu d'avoir mis uu tel saint dans leur làmille.
Le plus souvent, Turibe, pour cacher ces macé-
rations, se retirait la nuit dans quelque lieu soli-
taire où le mugissement des torrents et le hurle-
ment des bêtes féroces amortissaient le bruit di-
ses (la:.'ellations. Elles atteignirent un tel degré
que ses épaules étaient couvertes de larges plaiis ;
il fut obligé d'appeler confidentiellement uu ciii-
rurgien qui tailla dans la chair vive, sans arra-
cher un cri au gén-'reux patient.
LA CHARITÉ 1)K ILHIUK KNVERS LES PAUVRES
Turibe se regardait comme le trésorier des
pauvres de son diocèse. Personne ne l'implorait
en vain. Aux pauvres honteux il faisait apporter
des secours, au.v fille-; sans fortune il fournissait
de? dots,aux ecclésiastiques en détresse, il oITrait,
non plus seulement de son superllli, mais de son
nécessaire.
Ce n'était pas assez pour le charitable prélat;
quand il avait épui.«é sa bourse, il donnait, un
jour, les llambeaux de sa chambre, un antre jour
les plats de sa table, tantôt sa smitaiie, tantôt
ses chemises. Sa sa-ur, chargée de l'administra-
tion de la maison, luien faisait d'amers reproches.
Le Saint l'écoutait en silrnce, heureux d'ajouter
au mérite de la charité celui de la douceur et de
l'humilité.
DIEU MANIFESTE LA SAINTETE DB SON SERVITEUR
MORT DE TURIBE
Comme la plupart des saints, l'apôtre du
Pérou était favorisé de gr.^ces extr.iordin m ■ <
1! posséil.iii ."i un h.iut degré le don de pi'i l. Ii''
Dien (^tait proiliiue envers lui, parce que lui-
même ne refusait rien à Dieu.
Ses miracles rappelaient ceux des premiers
.•\p6tres de l'Evanfiile. Il t-uérissail les malades,
ressuscitait les morts et, plus d'une fois, les élé-
ments, dociles, obéirent à sa voix.
Il conversait habituellement avec les anses, on
••ntendait leurs voix célestes psalmodier ave;
lui le bréviaire. Ouand il priait, une lumière
céleste l'environnait, et un jour, aux yeux des
assistants étonnrs, une étoile brilla au-dessus
de son front humiilonient coût bé devant Ilieu.
Aimé et vénéré de tous, il mourut le 23 mars
I0O6. Ce fut un deuil public tant pour les Indiens
que pour les Espa;;nols. Les foulcs~émues accou-
rurent s'a;;enouillcr devant son tombeau, et ne
se relevaient pas sans y avoir recueilli des
grâces nombreuses.
•«ki»
L. l'»TiTac«iiï,liiip.-i/rr«ir, 8, ru<> FronçoisI". Pari».
SAINT ALDÉMAR, MOINE ET ABBÊ
Fêle le 24 mars
^=^d
Au commencement des matines deux assassins veulent le tuer
aT«c des flèches et des épées; mais l'un d'eux ne peut tirer son épée, son bras se paralyg»
SA RAISSANCB — SBS PREMIÈASS ANNÉES
Aldémar naquit en Italie, terre féconde en saints
et illustre par leurs vertus et leurs miracles. C'était
au X* siècle, alors que les Sarrasins et les Grecs
cherchaient à se partager les dépouilles de ces
riches contrées.
Le père ii<> noire Saint se nommait Jean; sa mère,
Mira, vraiment adm'rable par ?a piéU' el ses bonnes
œuvres. Ils vivaient tous deux du travail de leurs
mains et menaient une vie simple et lionnéte. La
pai\ rdgniit lkiii'>it' modeste demeure, parce
qu'ils aimaient Dieu de tout leur cœur et le ser
vâienl fldelemeal.
Cependant leur bonheur n'était point parfait. Ht
étaient sufrisamraent riches des biens de la terre,
mais ils n'avaient point d'enfant. Dans leur affliction
ils tournèrent leurs regards vers le Seigneur et
levèrent vers lui leurs mains suppliantes, pleins de
confiance, selon celle parole : •< Demandez et vous
recevrez; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on
vous ouvrira. » Le Seigneur ne peut résister aux
priires des humbles. S'il semble ne pas les exaucer
d'abord, c'est qu'il veut les combler de grices plus
abondantes. H en agit de la sorte envers ces pieux
serviteurs. En effet, il leur accorda, non seulement
le fils qu ils dcm indaient, mais un saint.
Dès qu'Aldémar (c'est le nom qu'il r.çul aa
baptême), M en âge d'apprendre, ses parants le
firent étudier avec li»s autres enfants de son âge. U
lit de si lapides profirès qu'il le» surpassa tou» en
peu de temps. Il était animé d'un Tif désir desavoir:
on raconte que, lorsque le maître était absent, il se
retirait à l'écart pour se livrer à l'étude, au lieu de
perdre un temps précieux à s'.imu^er; ses compa-
gnons, étonnes de cette conduite assez rare chez les
écoliers, le surnommèrent le >atant.
Durant ses premières années, il garda son cœur
l'ur de toute souilluir. Fruit de la grâce, Dieu l'avait
rempli de ses lieiiedictions. Il avait une grande
horreur surtout pour tout ce qui peut tlélrirla déli-
cate vertu d>> pureté. Aussi le Saint-Esprit habitait
en son dnie : il s'en était fait son temple où il trou-
vait ses complaisances.
IL SE FAIT MOINE IT DEVItNT ÀBbI
L'amour de Dieu enflammait de plus en plus ce
jeune cœur et la grdce y faisait germer des fruits
éternels de vie. Aldémar n'avait pas encore atteint
sa quinzième année et déjà le monde et ses joies
I' le remplissaient de défioùt. Il forma dès
|. • ~ein de se donner tout à Dieu par un entier
renoncement & toates les choses de la terre. Il
voulait pratiquer à la lettre cette parole de Notre-
Soipneur : • Si quelqu'un veut me suivre, qu'il
luiioiice & soi-même, qu'il prenne sa croix et me
suive. »
Or il r avait, non loiu de Capoue, patrie de notre
Saint, un monastère célèbre par la sainteté et les
vertus de son glorieux fondateur, et qui s'élevait,
cniinue un rempart contre .Satan, sur les hauteurs du
.M'>nt-Cassin.
l'.est la qu'Aldémar voulait terminer ses jours
dans la pratique de la pénitence, loin de tout
ce qui peut distraire l'&me do son union avec Dieu.
Après avoir obtenu la permission de ses parents et
reçu leur l)én*diclion, il se met en rcut»», «eul,
"rniili inl !■: >.
h.).,.-, .i;,. : . _ . ,,Z
d-' foi pour c<iiiaacr<'r au Seigneur ce qui vous est te
plus cher au monde. I.e sacnflce est irrand, la ré-
ronipense sera proportionnée.
••iiil du 111
: ■ ■ ■ leçu parmi
I" -upérieur l'admet avec joie et lui donne l'habit
...,. I .. V . . I . ■•i; il^H lors ft ses prières les
' mortillcalions de la chair,
i:t en plui au Hoi des rois. On
T' .1 lui une si grande sainteté,
I . > I «Tire sacré du diaconat.
t.i i ri-noinmoe de ses vertus franchit
Mt po' < les limites étroites de «la celloU;
l'i ; -.-ret de
•■ ■ «ur le
1 "ni au
\' iurou(
il'àpies. — Une dame éminente de Capoue venait de
faire élever un monastère en cette ville. Elle voulut
en confier la direction à notre Saint. L'abbé du
.Mont-Cassin ne put rejeter une demande si juste et
laissa partir, un peu malgré lui pourtant, le modèle
de ses religieux.
Aldémar, revêtu de cette dignité plus remplie de
travaux que de douceurs, redoubla ses austérités,
afin d'obtenir les gr&ces nécessaires pour bien di-
riger le petit troupeau confié à sa g.irde. 11 macérait
sa chair par les disciplines, les cilices et les jeûnes
assidus; il prolongeait ses veilles fort avant dans la
nuit.
Son ardent amour pour Dieu se manifestait dans
ses actes par une grande charité envers les pauvres,
qui sont les membres souffrants de Jésus-Christ S'il
recevait un vêtement neuf, il se gardait bien de le
mettre, mais aussitôt qu'il rencontrait un malheu-
reux, il le lui donnait. Quant à lui, il ne voulait
pour couvrir son corps que de vieux habits, qui,
bien souvent, ne le garantissaient pas des rigueurs
du froid.
IL SE RITIHB A BOVINO — ON VICT l'aSSASSINRR
Dieu se plaît à manifester sa ploire par le bras de
ses saints : il rend à ces Ames innocentes et pures,
une partie de la puissance que nous avons perdue
par le péché d'Adam. C'est ainsi qu'il voulut favo-
riser son pieux serviteur et montrer aux hommes
combien il lui était agréable, on lui accordant un
pouvoir extraordinaire sur les créatures. Aldémar
s'en servit pour exalter la toute-puissance de Dieu
et secourir ses frères souffrants. Mais ses nombreux
miracles furent bientôt raconté» dans toute l'Italie,
et son nom répété avec respect de bouche en houche
1^ solitude du Mont-Ca.xsin retentit i son tour du
récit de ces merreilles; au reste, le souvenir des
vertus du jeune m<'' ; toujours viwiiil. I.'.ibbé
qui avait ronsunti .ta .«on ili'p.iit voulut
le rappeler et rendr».- celle lumière a son couvent.
De son cùté, la noble dame qui l'avait fait venir
s'opposa de toutes ses foroes à ce projet. De là, des
discussions et des qoerelles.
le Saint fut vivement nftIiL'é de* disputes dont il
•t et résolut il'v en t
I! sortit donc la nuit i !•-
tous, et se dirigea seul vers un petit bourg appelé
llovino. l^ divine Providence le conduisait en ce
lieu pour y terminer un différend et faire éclater s*
sainteté par deux nouveaux mirn-les.
Trois frères étalent depuis lonKleoipe divisés au
sujet d'nae église. L'un deux, ayant appn* larrivée
d'Aldéraar, s'en vint le trouver et lui céda «a part,
ce qui irrita vivement les deux autn-s. Ils mena-
is le Saint de le tuer s'il ne pre-
c«'lui-ei «»ni( '.laeé toute •«
c'>ntiiince en Itieuetn'éî ■' iVpendant
u' e nuit, comme il »r f pour T chan-
ter l'office divin, selon sa coutume, les deux
malheureux le suivirent, armés de flèches, dans
l'exécrable dessein de le tuer. Les Matines étaient à
peine commencées que l'un d'eux, brandissant son
arme s'appu^tait a frapper le Saint. Mais, par un effet
visible de la divine Providence, son bras fut para-
Ivsé tout à coup. Frappé de terreur, l'assassin se
jette aux pieds de celui qu'il voulait tuer et implore
humblement son pardon. Aldémar, dont le cœur
était plein .de chanté, accorda la liberté et le par-
don i celui qui avait voulu lui donner la mort.
Il y avait, a liovino, un clerc gravement malade
depuis UQ long temps; il ne pouvait faire usage de
ses îuembres et son état était désespéré. Il lui fut
révélé, dans une vision, qu'il serait guéri aussitôt qu'il
se serait lavé avec de l'eau bénite par saint Aldémar.
Il envoya bien vite quelqu'un au serviteur de Dieu
pour le prier de lui accorder celte grâce. « .Mais,
répondit le Saint à l'envoyé, je n'ai pas le pouvoir
de bénir de l'eau, car je ne suis pas revêtu de la
dignité sacerdotale : cessez donc d'insister. »
Cependant, [>our se débarrasser des importunités de
rétran;;er, il bénit un peu d'eau qu'il lui remit. Le
malade ne se fut pas plutàt lavé, qu'il recouvra
entièrement la santé.
' Aldémar était de plus en plus honoré de tous
ceux qui le connaissaient. Le clergé de Rovino,
témoin de ses vertus, le priait instamment de
revêtir la dignité sacerdotale. Persuadé que, une
fois prêtre comme Jésus-Christ, ses prières auraient
plus de valeur auprès de Dieu, il se rendit à leurs
vœux et reçut l'imposition des mains.
IL rONOK PLUSIEURS MONASTUIS
Il quitta peu après Bovino où la renommée de sa
vertu et ses nombreux miracles attiraient sur lui les
regards et l'admiration de chacun, pour s'enfoncer
plus avant dans la retraite et se trouver seul a seul
avec Dieu. Il s'en vint donc frapper à la porte du
monastère de Saint-Sauveur. Il y trouva des moines
tout à fait i|;norants des règles de la musique et
dénués des livres nécessaires pour chanter les
louanges de Dieu. Touché de compassion, il com-
posa un antiphonair-, pendant le court espace de
temps qu'il demeura au milieu d'eux. Son œuvre
une fois achevée, il lui vint à l'esprit de retourner
au Mont-Cassin, où il avait été admis à la profes-
sion de la vie religieuse. Mais un homme, nommé
Adam, grand ami du Saint, et non moins grand
admirateur de ses vertus et de ses œuvres, ayant eu
connaissance de ce projet, lui enleva secrètement
son cheval. Aldémar ne put entreprendre un si long
vowiire a pied. Néanmoins, il quitta le monastère
de Saint-Sauveur et se dirigea vers un autre lieu où
il construisit le couvent de Sainle-Euphémie. Il
accepta la charge d'abbi- sur les instantes prière*
de set Religieux.
L'Italie raéridinnale lui doit encore la naissanc
d'autres monastères. Le dernier qu'il fonda fut celui
de Bucciani, où repose sa di^pouille inortelle'. Aldé-
inar n'avait aucune ressource, quand il conçu! le
projet de le construire. Mais il comptait sur Dit u
qui ne lui fît pas défaut. Un noble personnae»; tii
pays lui prêta le concours de sa protection et de s .
fortune. Restait à peupler le monastère. La sainii ' •■
exerce une attraction mystérieuse. On arriva bien-
tôt en foule pour embrasser la vie religieuse sous la
houlette de notre Saint.
Aldémar brûlait d'une immense tendresse pour
les malades. Une pauvre femme vient un jour le
prier de lui rendre l'usage de l'une de ses mains
qu'une maladie avait paralysée. Cette vue lui ar-
rache des larmes. La charité l'emporte sur l'humi-
lité. Après avoir offert le Saint-Sacriûce à son inten-
tion, il appelle la malade, élève au ciel ses yeux
toujours mouillés de larmes et supplie le Seigneur
d'avoir pitié de cette malheureuse. La main para-
lysée fut pleinement guérie et retrouva sa souplesse
d'autrefois.
Cette bonté, notre Saint la témoignait même aux
animaux. Un essaim d'abeilles avait pris domicile
dans une de ses caisses. Plutôt que de troubler le
repos des créatures du bon Dieu, il préféra renon-
cer à l'usage de sa caisse.
MORT DE SAINT A.LDKHAR
Saint Aldémar était allé visiter par charité les
Frères d'un monastère voisin. Au milieu de la nuit
il se lève comme de coutume pour faire oraison ;
Dieu permit que le diable, furieux de le voir inter-
rompre chaque nuit le sommeil pour prier, lui mit
cette fois une entrave aux pieds qui le lit trébucher.
La chute fut si rude que le Saint se fracassa une
jambe ; sur sa demande, on le transporta au monas-
tère d'un bourg voisin, mais une violente lièvre le
saisit. Le dénoùraent fut prompt, le jour même,
Aldémar rendit son âme à Dieu.
A la nouvelle de sa mort, les moines de Bucciani
s'empressent de venir chercher la glorieuse dépouille
(le leur Père. Grand émoi dans le village dont les
-habitants veulent conserver ce riche trésor à leurs
enfants. On en appelle au seigneur du lieu qui se
prononce en faveur des moines. Le corps est porté
en triomphe à Bucciani au milieu d'une foule im-
mense; les moines l'ensevelissent au chant des
hymnes sacrées. La cérémonie ressemble moins à
une sépulture qu'à une fête.
Les miracles ont illustré le tombeau de ?• ml
Aldémar, comme celui des grands serviteur" .Ip
Dieu. Les lépreux semblent avoir été se» privile-
giHS. Sans doute que le dégoût qu'inspire celte
maladie était un niolif de pluK pour lourher le caur
si aimant et si compatissant de notre Saint.
F P r A
SAIKT IREKEE. EYEQUE ET MARTYR DE SIRMIUM
Féle le 25 mars.
Pendant la terrible persécution de Diociétien, la
ville de Sirmiura (aujourd'hui Sirmicli.en Hongrie)
vit un de ses évêques, salut Ircnée, verser son sang
pour Jésus-Chrisl.
Le gouverneur de l'aunonie, Probus, le fait saisir
par ses soldats.
« Obéis aux ordres du divin empereur, lui dit-il,
et sacrifie aux dieux.
— Je sarrilie tous les jours à mon Dieu.
— Ou l'obéissance, ou la mort dans les plus affreux
tourni'-nts, choisis.
— Mon choix est fait: plutdt les supplices que de
renier le vrai Dieu pour sacrifier aux démons. Que
m'importe la soulTrancel Une dis-je? les soulTrauces
feront mes délices, puisqu'elles m'uuironlà la passion
de mon Maitre. »
Furieux, Probus livre l'innocent évêque aux
fureurs d'une soldatesque aveugle, qui le cbar^^e
de coups.
« Eh bien! Irénée, vas-tu sacrifier? » lui crie le
tyran, avec une sorte de ricanement mêlé de ragé.
•I Mais, Probus, répond doucement le martyr,
j'offre à Dieu, en ce moment, un sacrifice des plus
agréables, et j'en suis moi-même la victime. »
Sur ces entrefaites arrivent les parents de notre
Saint. Encore païens, sans doute (l'histoire est muette
sur leur religion), ils se jettent à ses pieds et le
pressent d'obéir à l'empereur.
u Voici les paroles de mon Maître, se contente de
répondre Irénée : Celui qui me reniera devant les
hommes, je le renierai à mon tour devant mon l'ère
citeste. Aussi, pas plus que les menaces des princes,
vos prières et vos larmes n'arriveront à me tléchir.
— l^isse-là tes folies et rélléchis, s'écrie Probus.
— J'airélléchi, et mon choix est fait pour jamais. »
Sur l'ordre du gDUverneur, Irénée est conduit
4ans une étroite prison où des bourreaux, penilanl
plusieurs jours, essayent les tortures les plus raffi-
nées pour triompher de son courage. Mais que
peuvent toutes les forces de la nature contre une
Ame (|ui s'appuie sur la ^-làce de Dieu'/
tulin, Probus mande le martyr au pied de son
tribunal : " Tu as assez souffert, je crois; approche
et brûle ce peu d'encens.
— Je ne sais quel sort vous rn'avex préparé, répond
Il '■•née; quel qu'il soit, je vous le rëpéle encore, mon
parti est pris et je ne sacrifierai jamais.
— Soldats, reprenez vos fouets. Irénée, pour la
.Ion. .•' fois, sacriQe, ou Je prononce U sentence
(le m : I.
— 1^ iu»rll je ne l'onvisa^o qu'avec joie : elle
in'introdtiii i 1 ms la possessiondu bonbeuréternel.»
l'rnbu^ I .' ■! r^ la senleuce :
m Pour d\ n iri pri«é les volontés augustes de
l'empereur, Ir' i la précipité dons les eaux de
la Save.
— Probus, dit l'évéquc en partant pour le lieu du
supplice, apprenez et n'oubliez jamais comment un
cliretien sait mourir pour son Dieu. »
C'en était trop, une telle fierté de langage méri-
tait son châtiment. Probus ajoute qu'il aura la tête
tranchée avant d'être noyé.
Arrivé sur le pont fatal d'où il doit être précipité»
Irénée lève ses mains au ciel et adresse au Seigneur
une dernière prière pour le troupeau qui lui a été
confié ici-bas et qu'il va quitter pour jamais :« Sei-
gneur Jésus, s'écrie-t-il, je ne refuse pas de mourir
pour vous aujourd'hui ! En retour, daifjnez écouter
les supplications que je vous adresse pour la ville de
Sirniiuin: que la foi ne fasse que s'enraciner avec
le temps dans le cœur de mes enfants >
Le bourreau a levé son t'iaive, la tète du martyr
roule sur la poussière et on la jette avec le corps dans
les eaux de la Save.
LES TRENTE-CINQ MARTYRS DE CÉSARÉK
File le H mort.
La ville deCésarée,en Palestine, avait été illuslr«'e
par de nombreux martyrs, durant les persécutions
des empereurs païens. Au iv« siècle, deux empereurs
chrétiens s'étaient déjà succédé sur le trône, quand
Julien l'Apostat entreprit de faire rétrograder le
iiiDude, en rétablissant oftlciellement le paganisme
par un décret impérial.
A cette nouvelle, trente-cinq chrétiens de Césarée
de Palestine, se groupant en phalange compacte,
parcourent les rues de la ville, en criant à haute
voix : " Vive le Clirist, Dieu vivant et vérilablel A lui
seul l'honneur et l'adoration! Périssent les dieux
iinpuissanUs des (icntils, avec tous ceux qui les
adorent! ■
Les païens, furieux, arrêtent les couraseux mani-
festants et les jettent en prison. Ils envoient aulsit<^t
un message à l'empereur apostat pour l'informer
de l'évéïieinent et demander quel chAtiment il fal-
lait inlluer aux coupables. L'apostat répondit par
une c-Miidamnation à mort. Les captifs apprirent
leur seiilcnoe avec une joie extrême, ils marchèrent
& la mort en s'cncourageant les uns les autres; tous
euient la tête tranchée, et leurs .^me» s'envolrrcnl
nu ciel, vers Jésus-ChrisI, qu'ils avaient aimé dès t
leur enfance, afin de régner avec lui dans l'immor- [
talité bienheureuse. ji
Parmi les autres saints dont le mari yroloKe romain i
fait mémoire, le 24 mars, nous trouvons le nom de I
saint Timoihée, prêtre, frère de sainte Praiéde et de 1
sainte Pudentiennc, d'une noble fimille romaine; '
il souffrit la mort avec un autre ihrélien nommé I
Marc, mais les détails de leur mai lyre ne noua ont i
pas êié conservés. i
luij- yciaiii, fc. l'KiiTuLiAT, S, rue t raiiçois I". l'ori».
L'ANNONCIATION
Fite le iô mort.
(laliliiiu Ile (inpliarili.l
IICILl.B.it.a Br OTILITB Du Mi = iE.nii. ut i, AnnuNCIATION
L'Eglise nous recommande de réciter trois fois
le jour ces paroles par lesquelles nous rappelons
le mystère de l'Annonciation et de l'Incarnation
du Sauveur : >' L'Anpe du Seifineur a porté un
message à Marie, et elle a conçu du Saint-Esprit.
Voici la servante du Seigneur,' qu'il me soit fait
sf Ion votre parole. Et le Verbe s'est fait chair, et
il a habité parmi nous. •> Cette prière de VAngelm
a ('t^ instituée par l'Eglise pour implorer le secours
du Ciel en faveur des guerriers chrétiens qui
combattaient en Occident contre l'invasion des
Turcs. Rappeler à Dieu la grande miséricorde
qu'il nous a faite en nous donnant son Fils par
M.irie est, en effet, le moyen le plus efficace d'atti-
rer sa protection sur la chrétienté rachetée par
\f sang du Christ. Et, pour que nous ne perdions
j.irnais le souvenir de ce mystère secourable,
ch.ique jour, le matin, le midi et le soir, l'Eglise
nous invite par neuf sons de cloche à nous unir
aux neuf chœurs des anges pour saluer la Mère
à- notre Sauveur.
L'homme a été crée de Dieu pour accomplir un
^ and travail, celui de mériter le ciel. Il n'en
' lirait venir à bout sans l'aide de Dieu. .Mais, par
' '1 péché, il s'était privé du secours divin, et ne
(•■lUvail plus parvenir à sa fin.
• Il y avait, dit saint Vinrent Ferrier, un grand
roi qui possédait une vigne auprès de son palais.
Il y envoya des ouvriers en leur promettant un
riche salaire s'ils pouvaient le bêcher en un jour,
faute de quoi, ils ne recevraient que des châti-
ments. Ces hommes donc travaillaient avec beau-
coup de diligence, et, cependant, à la tombée du
jour, il leur en restait à faire encore plus qu'ils
n'en avaient fait. Le fils du roi voyant, par une
fenêtre du palais, qu'ils ne pouvaient suffire à la
tâche, eut pitié d'eux et voulut les aider. Quittant
ses ornements royaux, il prit l'habit d'un vigne-
ron, et descendit vers ses serviteurs. Il les aida
si bien qu'ils achevèrent leur travail et reçurent
leur salaire. »
C'est ainsi que le Fils du souverain Roi, voyant
le genre humain suer à la peine, sans pouvoir
venir à bout d'accomplir le travail de son salut,
descendit en ce monde et se revêtit, dans les
entrailles de la Bienheureuse Vierge Marie, de la
forme de l'esclave, pour aider ses esclaves et leur
mériter une part à sa royauté divine. 11 s'abaisi^e
jusqu'à nous pour nous élever jusqu'à lui. Cnr.
comme dit l'Evangile : « >'ul ne peut monter .lu
ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le FiU
df l'homme qui est dans le sein du Père. »''^
Il fit annoncer son arrivée en ce monde par un
ange à la Vierge Marie. >■ Qui aurait vu des yeui
du corps, dil le Père d'Argentan, ce qui se p.i>.
saitinvisiblementlorsquel'archange saint Gabn-I
prononça ces grandes paroles : Ave gratia plen»
Dominus lecum, avouerait que jamais jour n a éti
loi
si célèbre dans toute la durée des siècles, il
avouerait que, comme ce jour était celui de
l'entrée ma;;iiilique de la sr&cc en ce lias monde,
d'où les d''iuMii l'avait bannie dès le commen-
cement, le jour de l'entrée triomphante des vic-
torieux dans l'ile de leur conquête n'était rien
en comparaison. Mais qui aurait fait attention
avec quelle niaanilicenre elle y entrait, n'aurait
TU rien de si au;.'uste. Trois per-onnesla portaient
en triomphe : uu an(:e, une Vierge et un Dieu;
un ange qui l'anuonçalt.une Vierge qui la recevait
et uti Dieu qui la possédait. L'ange la portait sur
ses lèvres, la Vierge la recetait dans son chast«
sein, et Dieu en portait le trésor inépuisable dan*
son C4t;ar. »
rniPABATION DITINI
L'ambassade de l'ange Gabriel auprès de la
Vierge Marie est la contre-partie du funeste entre-
tien du serpent maudit avec Eve, notre première
mère, ligure par opposition de Marie. Eve et
Uarie sont vierges et encore exemptes de tout
péché. A l'une et à l'autre, un ange adresse la
parole. Mais le tentateur fait eiit>'ndre une parole
de doute, de désobéissance et d'orgueil : • Pour-
quoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas man-
ger du fruit de tous les arbres du jardin ? »
(jabriel, qui apporte le salut, parle bien autre-
ment : « Je vous salue, pleine d" gi.\ce, le Sei-
gneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes
les femmes. > Eve discute imprudemment avec
le serpent et boit son venin qui infectera toute
sa race. Marie, la Vierge très prudente, après s'être
assurée qu'elle traite avec un ange de lumière,
obéit humblement et, par son obéissance, lève la
malédii'tion et reçoit le s«lat du monde entier.
Cette humilité de Marie est Ugurée dans l'Ancien
Testament par Abigail, qui mérita d'être l'épouse
de David. L'impie Nabal, son premier époux,
délivré de ses ennemis par l'épée de David, avait
refusé de lui donner aes vivres pour lui et ses
hommes. David, dans sa juste colère, résolut
d'exterminer jusqu'à la dernière âme vivante de
la maison de Nabal. Mais Ahl^-ail détourne le
coup par l'humilité de sa prière. Elle vient k la
rencontre de David, apportant une grande abon-
dance de provisions, et lui dit : • Ne penset plus
i .Nabal, cet homme insensé, mais recevez cette
bénédiction <|ue votre servante piésenle à son
Seigneur, et distribuez ce don & tous les serviteurs
(|ui vous accompagnent. • Dtvid, touché de son
intercession, lui répondit : •• B-'ui soit le Seigneur
Dieu d'Israël qui l'envoie an-devant de moi, bénie
soit la parole que tu as prononcée; et sois bénie
aussi, lu m'as empêché aujourd'hui de verser le
sang et d'accomplir ma vengeance. > Nabal fut
frappé par la main de Dieu, et David couronna
Abigail reine et U lit as-roir sur son troue. —
Toui hante image de la \ lerge Marie qui oblieutle
salut de tout son P'-uple, et, en d'avenant Mère
de Dieu, mérite d'être couronnée Reine sur tout
l'Israël spirituel 1
Marie, libératrice, nous est encore présentée
I ',-•. ^4ui(< livres sous l'imaxe de Débort la
l'>nt il est érril: • La race des fort*
i Im i< I. iii« lu'au iiiiir <iù s'<'lrva
■ le
« de (OU eliliriiii. '
I . s les desseins de Dieu
iiiiitre ses eniieinii. Le
'iniiie lUlac à D>'borm :
: , si lu ne veux point
i>ei
i, ii
Le
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COlubuL .
11 a '
Car Vti
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lier U ••
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Hi'u lii>
d'I.
• :m lu »
venir. jr
LA céLESTE AUBASSAOR
L'archange saint Gabriel fut choisi de Dieu pour
faire à Marie celle proposition d'où dépendait la
victoire de l'hunianité contre le démon.
•Pourquoi cet honneur lui est-il accordé de préfé-
rence aux autres esprits bienheureux? Parce que,
dit saint Hernard, Gabriel était l'ange gardien
de la Saillie Vierge, et que Dieua coutume de nous
communiquer ses gr&ces par l'intermédiaire de
nos anges gardiens.
Saint (irégoire en donne une autre raison :
« C'est que l'Incarnation du Fils de Dieu est un
mystère si sublime et si diflicile que Dieu y a
employé toute la force de son bras. Il ap[>arlenait
donc prlncip.'ilement irenge Gabriel, dont le nom
signide la force de Dieu, d'être le négociateur de
celle grande entreprise. »
Marie, la Vierge Immaculée, depuis son mariage
avec Joseph, habitait k Nazareth, (a t'iffe dti flenn.
dans la maison de son époux. Les deux saints
personnages étaient d'illustre origine. Ils descen-
daient du saint roi David, et avaient des titres à
régner sur tout Israèl. Et, cependant, ils n'étaient
pas eulour<<s d'une brillante cour, ni logés dans
un beau palais. Joseph était un simple artisan,
qui gagnait son pain à la sueur de son front, et
Marie le senait de ses maiu°.
Quoique mariés, pour obéir aux exigences de la
loi et à l'ordre du Pontife, tous deux avaient con-
sacré au S'igneur leur virginité, renonçant ainsi,
selon l'estime qu'en auraient fait les bonini>'S,
i l'espoir de donner le jour au Meseie attendu,
qui devait naître de leur famille.
Quand Marie sortait de sa demeure et parn li-
rait la gracieuse vallée de Nazareth, les leiiiih --
la regardaient sans doute comme la meilleure >'i
la plus douce d'entre elles : mais rien de plus ii''
la distinguait des autres. La iilénitude de grA "
dont sonime était enrichie n'était connue que i-
Dieu et de ses anges. Seuls, les anges dans le
ciel et les fleurs dans la vallée devaient s'incliner
par respect et la saluer k son passage.
C'est sur cette vallée que la Sainte Trinité
llxait sou regard de prédilection. C'est U que le
salut (levait être apporté au monde ; et le' e-jn il ■
bienheureux, commis i U garde dos h <<■■
venaient souvent prier avec Marie, et
cri du Prophète : « Cieux, envoyez vi.i
et que In terre enfante sou Sauveur I ■
L heure lliée dans les décrets de l'éternelle
miséricorde arriva euliu.
C'était le 2ô mars, k rainait: « L« Vierge Marie
veillait dans son oratoire, dit saint Vincent r--i
rier, et elle relisait la parole d'Isale : « \ i .
qu'une Vierge concevra et enfantera un Fils, qui
sera appelé Kinmanuel. » Arr/l.int sa lecture, elle
se mit a méditer sur cette prophétie, et elle p< n
sait dans son cu'ur : • 0 Seuneur, quelb- - j l
Ci-Ile Vierge digne de coiice»(iir le rifs de li ■■>..
dvne d'être la Mère de Dieu cl la Iteiiie du ci'' '
'< Et elle priait le Seigneur de U laisser mvi«
assez longtemiis pour voir cette bi'-nheareuse
Dame et pour la servir; • Seigni-nr .livj.i rllr,
» cnuscrvei'inoi la vue pour la i i i '
» pour l'eutuiidrc, la Uiii.'iir p un
•' mains pour la servir. <
• Vierge. • En parlant >
humble pour --upposer uue les (taivles du
|iio|)bèle s'appliquaient k elle. •
Cest en ce moncut que Vi-
d'iir» rnrp» d'einpr uiit, appan.
' Il entra sans ouvrir le- i urUt, r ■ i-
. avait pris n'était pas dune mal. ne
grossière et opaque comme le nôtre. « 11 entra
en silenre et avec une profonde humilité, dit
d'Aff^entan, parce qu'il ne venait pas pour com-
mauder, mais pour demander, en priant, le
consentement de la Vierfje. » Une grande multi-
tude d'anges raccompaf-'naient invisiblement,
pour rendre hommase au Verbe éternel dans le
premier instant de sou Incarnation, et faire cor-
tège au Hoi de gloire au jour de ses épousailles
avec la nature humaine.
Marie le vit venir a elle, environné d'une bril-
lante lumière, revêtu d'habits éclatants. Elle le
vil des yeux du corps, mais, en même temps, le
regard de son intelligence pénétra sa nature
spirituelle.
L'an^iC lui dit : « Je vous salue, pleine de
grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie
entre les femmes. >> C'était là un langage bien
nouveau. D'ordinaire, quand les anges appa-
raiss.iieiitaux hommes.dans l'Ancien Testament,
ce sont l«8 hommes qui leur donnaient des témoi-
gnages de respect. Ici, au contraire, c'est l'ange
qui pairie avec révérence, quoiqu'il parle comme
repr>'sentaut de Dieu. — Les Espagnols com-
mencent l'Aie Maria en ces termes : « Dieu vous
salue, Marie. •> Le Fils salue sa Mère, le Saint-
Esprit salue son épouse.
.Marie se trouble en entendant ce salot. Ce qui
cause sou effroi, ce n'est pas la vue de l'ange.
Les esprits célestes lui apparaissaùent souvent
dans ses prières, et elle avait l'habitude de traiter
avec eux. Mais son humilité se trouble des paroles
qu'elle entend.
" Au moment où l'ange entra, dit encore saint
Vincent Ferrier, elle songeait à la Vierge prédite
par Isaie et à la sublimité de la grâce qui rem^
plirait sou âme, et voici qu'elle s'entend appeler
plfjiie de grâce, comme s'il disait: C'est vous qui
<Hes celle Vierge favorisée de la grâce. Elle médi-
tait sur les grandeurs de celle qui serait Mère
de Dieo, et elle s'entend dire : « Le Seigneur est
» avec vous. Il est avec toutes les créatures ;
» mais avec vous par une union plus intime. »
Elle pensait à l'excellence de la Vierge M:ère
de Dieu au-dessus de toutes les femmes, et
l'ange lui dit : « Vous êtes bénie eatre toutes les
femmes. »
Si l'ange l'eût abordée comme à l'ordinaire,
Marie n'eût pas été étonnée. Elle tremble & cause
de la nouveauté de son discours.
Mais (iabriel la rassure. C'estle propre desmani-
festations de la grâce divine d'effrayer les patvres
âmes humaines, parce qu'elles leur ouvrent un
monde oii l'on ne pénètre qu'en se renonçant
et en mourant i soi-même. Mais la grâce apporte
avec elle une vertu qui rassure et console ceux
qui l'acceptent.
« Ne rraigiiet rien, Marie, lui dit l'ange, car
vous avez trouvé grâce devant le Seigneur. » Et
quelle ^râce? demande saint Bernard: la paix
entre Oieu et les hommes, la destruction de la
mort, la réparation de la vie; voilà ce que Marie
a trouvé devant le Seigneur.
Ll niAITi K.NTnE DIEU ET LA NATt'KI BDMAINI
RiraéscNTi! par marie
Après avoir ainsi rassuré la Vierge, Gabriel,
au nom de Dieu, lui explique le sujet de son
ambassade et lui propose le merveilli-ux traité,
l'admirable commerce que le Créateur veut
négocier avec sa créature.
« Voirj, dil-il, (iiie vous concevrei et enfanterez
un fils et vous I a| pellerez Jésus. Il sera grand.
et on l'appellera le Fils du Trèf-lhiut. Le Seigneur
lui donnera le trône de David son père, et il
régnera éternellement sur la maison de Jacol>. d
A ce nom de Jésu.s, Marie s'inclina san.s doute
avec un grand respect. P,uis, rélléchissanl à tous
les biens qui devaient accompagner sa naissant,
sa soumission à la volonté de Dieu et sa chai ib"
pour les hommes lui persuadaient de consentir
a la parole de l'ange; mais, d'autre part, se sou-
venant du vœu de virginité qu'elle avait fait,
et ne sachant comment concilier ce vœu avec la
maternité divine, elle voulait i^Le éclaircie sur ce
point, et posa aussi sa coudicro.i au traité qu'il
s'agissait de conclure:
« Comment c«ila se fera-t-il, dit-elle, puisque
je ne connais point d'homme, et que j'ai promis
à Dieu de rester vierge ? »
Or, la condition qu'elle y mettait était préci-
sément le motif qui l'avait rendue digne d'être
choisie de Dieu pour le supn'nn; honneur, l'iiibriel
répondit donc qu'elle siirait à la fois .Mère et
Vierge, par un miracle de la Uiute-puissance de
Dieu :
c< Le Saint-Esprit surviendra eu. vous, dit-il,
et la vertu du 'Très-Haut vous couvrira de son
ombre. Et, à cause de cette vertu inliine, le fruit
saint qui naîtra de vous sera appelé Fils de Dieu. »
L'annonce d'un prodige si nouveau avait besoin
d'être garantie par Dieu même. L'ange en donne
comme gage le miracle par leijuel le SeiHneu.r a
rendu mère une femme stérile : " Et voici,
ajoute-t-il, qu'Elisabeth, votre cousine, a conçu
elle-même un liUdans sa vieillesse. El celle qui
était stérile est maintenant dans le. sixième mois
de sa grossesse. Connaissez par là que rien n'est
impossible à Dieu. »
Marie alors, en pleine connaissance de cause,
informée de tout ce que Dieu voulait d'elle,
résolue avec son aide à porter la grâce incompa-
rable de la maternité divine, donna, son consen-
tement à l'ange en lui disant : « Voici la servante
du Seigneur, qu'il me soit fait selon. votre parole. »
Et l'ange se retira.
Entre cet ange et cette Vierge, dans cette petite
ville obscure de (ialilée, au milieu du silence
de la nuit, venait de se traiter la plus impor-
tante affaire qui aitjamais été trait<^e au monde.
Saint Bernard, méditant sur la part qu'y prit
Marie, s'adresse ainsi à la Bienheureuse Vierge,
au moment où elle va prononcer son fiât :
« Vous avez entendu lance vous annoncer que
vous concevrez et enfanterez un Fils, et que cela
ne sera pas l'œuvre des homme*;, mais bien celle
du Saint-Esprit. L'ange attend votre réponse;
car il est temps qu'il retourne vers celui qui
l'envoie. Et nous aus&i, ô notre Dame 1 nous,
misérablement rourh''s sous une sentence de
damnation, nous attendons de vous une parole
de compassion. Ce qui vous est offert, c est le
prix de notre salut; nous serons délivrés si vous
y conseutez. Nous avons été créés par le Verbe
éternel, et voici que nous mourons; nous serons
réparés par une brève réponse de votre bouche;
votre parole nous rappellcr.» A la vie.
"Cette parole, A miséricordi ''Use Vierge, le triste
Adam, exilé du Paradis, et sa race infortunée
l'implorent; Abraham, David, tous les autres
saillis, vos pères, détenus dans l'ombre de la
mort, la réclament. Le monde entier, prosterné
à vos genoux, l'attend. Et ce n'est pas sans raison;
car de la parole que votre bouche va prononcer
dépend la consolation des malhpurfux.larédemr-
lion des captifs, la délivrance des condamnés, le
salut de tous les enfants d'Adam, vos frères.
Vierge, répondez. hAtez-vous. 0 notre Dame,
répondez ce mot qu'attend la terre, qu'attendent
les cieux et les enfers. Le Roi et le Seigneur de
l'uniTers, qui a soupiré d'une si grande ardeur
après Totre beauté, attend avec la même ardeur
Totre réponse; c'est par elle qu'il se propose de
sauver le inonde...
X Répondez une parole et recevez le Verbe;
proférez votre parole, concevez la parole de
Dieu; prononcer cette parole qui passe, et étrei-
gnez dans votre sein la l'arole éternelle. Pourquoi
tardez-vous? Pourquoi tremblez-vous? Croyez,
bénissez Dieu et acceptez. Que votre humilité
s'enhardisse, que votre crainte se change en
assurance. Ouvrez, 6 Vierge bienheureuse, votre
cœurà la fol, vn? lèvres à la louange, vos entrailles
au Créateur ! Le Désiré de toutes les nations
attend là dehors, debout à votre porte, et il
frappe. Oli ! s'il allait passer outre, tandis que
TOUS hésitez, il vous faudrait recommencer à
chercher en pleurant le bicn-aiméde votre âme.
Levez-vous, courez, ouvrez-lui. Levez-vous par
la foi, courez par la dévotion, ouvrez-lui par
l'aveu de votre désir. — Voici la servante du
Seigneur, dit Marie; qu'il me soit fait selon votre
parole. »
l'i.ncarnation dd fils de dieu
A l'instant m^me où Marie fit à l'ange cette
réponse, la Sainte Trinité opéra en elle la plus
grande des œuvres de Dieu. Par la puissance du
Père, par l'amour du Saint-Esprit, le Verbe,
Sagesse éternelle de Dieu, comme un rayon de
soleil qui pénètre le cristal sans le briser ni
l'altérer, entra personnellement dans le sein de
la Vierge et, de son plus pur sang, se forma un
corps humain. Les trois personnes divines con-
coururent ensemble à revêtir le Verbe de la
nature humaine; mais la seule personne du
Verbe dépouilla à nos yeux l'éclat de la divinité,
prit la forme de l'esclave et devint un homme
en tout semblable à nous par son apparence
extérieure.
Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi
nous. Il n'a point perdu sa divinité, mais il a
prit notre humanité. U est Dieu et homme tout
ensemble, Homme-Dieu. Les deux natures,
humaine et divine, sont véritablement en lui,
non pas confondues en une, mais réellement
distinctes. Et, si distinctes qu'elles soient, leur
union est tellement intime et parfaite qu'il n'y
a point deux personnes, mais une seule, qui est
celle du Fils Je Dieu.
Mystère insondable pour notre raison, et qui
confond notre pensée I La nature divine qui ren-
contre la nature humaine et s'unit à elle pour
former un seul Jésus-Christ ! .Mais, qui consi-
dérera attentivement tout ce mystère : d'un côté
la grandeur de Dieu, éternel, infini, Créateur de
toutes choses; de l'autre, la misère de l'homme,
être d'un jour, borné, dépendant de tout? Qui
mesurera, autant que cela est donné à^l'homme,
la distance qui sépare l'inlini du fini, compren-
dra au moins une chose dans cet incompréhen-
sible mystère, c'est que Dieu nous a aimés d'un
amour au-dessus de toute compréhension, c'est
que notre conliance envers lui ne doit point
avoir de bornes, puisque celui qui n'a pas épar-
gné pour nous son propre Fils ne saurait, après
cela, rien épargner pour notre sanctification, et
qu'enfui notre amour et notre service tout entier
appartiennent & l'Homme-Dieu qui s'est fait notre
serviteur par amour. Il nous a servis pour que
nous le servions ; car, sous la forme de servi-
teur qu'il a revêtue, il est notre Dieu, notre Roi
et notre Juge.
Or, cet incomparable bienfait que Dieu flt à la
terre fut d'abord conGé en dépôt à la Vierge Marie
seule, afin qu'il fût donné au monde tout ensemble
par Dieu le Père et par la Sainte Vierge. Marie
est ce vaisseau béni qui, par le mérite de sa
sainteté, va aiborder aux plages lointaines du
ciel, y reçoit le pain spirituel qui doit alimenter
tout le peuple chrétien par la foi et l'Eucharistie,
et revient vers nous avec sa précieuse cargaison
pour consoler dans leur exil tous les enfants
d'Adam. Si Dieu, d'après saint Paul, ne peut plus
rien nous refuser après nous avoir donné son
Fils pour être notre frère, combien plus, l'aTant
donné à Marie pour être le Fils de ses entrailles,
lui accordera-t-il tout ce qu'elle lui demaudera
pour notre salut I
K. l'mTHi>i»t, Imj' garant, H, rue l-ranjoi* I", l'.iri!i.
SAINT LUDGER
PREMIER ÉVÊQUE DE MUNSTER, EN WESTPHALIE
Fite le 26 mars.
Un officier de Charlemagne vient annoncer et s^lnt Ludger que l'Empereur l'attend;
mais le Saint, Jugeant qao le Roi du ciel passe avant l-!s rois de la terre, achève pieusement
sa prière avant d'aller à l'audience royale.
LA MfaE Dt SAINT LUDGBB
A la lin du vu' siècle le christianisme commençait
à s'introduire dans la Frise, et a civiliser les peu-
plades germaniques ; ce n'était pas toujours chose
facile, et la religion catholique avait bien des cou-
tumes barbares à déraciner. En voici un exemple :
La femme d'un chef chrétien venait de mettre au
jour une fille; à la vue de cette petite Tille, la firand'
mère de l'enfant, pnienne farouche, fut saisie d'une
terrible colère, car c'était un pelit-fils qu'elle aurait
voulu recevoir. Elle commanda aussildl de faire
mourir l'enfant; ces païens, en efTet, croyaient qu'il
tlail permis de tuer les enfants, pourvu qu'ils n'eus-
sent pas encore goi^té de nourriture.
Un domestique saisit donc la pauvre petite pour
aller la plonger la t^te la première dans un grand
vase rempli d'eau. Mais, chose merveilleuse, la
faibl' enfant se cramponna si fort avec ses petites
roam« aux bords du seau que le cruel serviteur ne
pouT.iit ['.irvenir à l'enfoncer dans l'eau. Une femme,
i»tlir<'e par le» cris de la victime, accourut, arracha
l'enfant des mains de l'homicide, laporta chez elle,
et s'empressa de mouiller ses lèvres d'un peu de
miel : désormais les païens ne se croiraient plus per-
mis de la faire mourir.
L'enfant prandit, fut re trouvée avec joie par sa mère
et élevée dans la religion chrétienne, épousa un
seigneur du pays et eut la gloire d'£tre la mère de
deux saints: saint Ludger, évéque de Munster, et
saint Ilildegrin, évéque de Chllons.
ÉDUCATION DR LUDGER SOUS LA DIRBCTION
OK SAinT GRÉGOIIIi; DUTRtCRT BT D'aLCUIN
Elevé par ses parents dans la vertu et la piété,
Ludger donna dès sa jeunesse des signes manifestes
d'une vocation extraordinaire. Grave, recueilli, sans
attrait pour les jeux bruyants des enfants de son
àpe, il passait ses journées dans la récitation des
pri>>res que lui apprenait sa mère, ou bien, ramas-
sant les écorces lisses et les pellicules des aj'brrs, il
en formait un livre, et, au moyen d'un pinceau
trempé dans un Hijuido rolorant, il s'exerçait a imiter
1-2(1
les caractères des manuscrits. Quelqu'un lui deman-
dait quelle aTait été l'occupation desajournée:
« J'ai écrit des livres », rcpondit-il naïvement. " Et
qu'est-ce qui t'a appris à faire cela? — C'est le
bon Rieu. »
Le» parents de Ludger Toulant faire fructifier les
semences de vertu et deseience qu'ils remarquaient
en leur filf. le confièrent à saint Grégoire, abbé du
mon.ist'Ti' de Saint-Jean d'L'lrecht, prêtre remar-
quable par son mérite et son savoir. Les propres du
disciple répondirent aux efforts du maître. Sa vive
intelligence pénétrait les questions les plus difficiles
de la philosophie ; l'Ecriture Sainte surtout faisait
ses plus chères délices ; tous les jours il la m<^ditait,
en nourrissait son esprit, donnant ainsi à sa parole
celle onction suave qui devait ramener plus tard tant
d'àroes a Jésus-Christ.
Pour se livrer plus particulièrement aux éludes et
se débarrasser de toute préoccupation extérieure qui
pourrait le distraire, il entra parmi les religieux de
saint r.répoire. Tous ses efforts se tournèrent dès
lors vers l'acquisition des vertus religieuses. Ses
journées étaient remplies parle travail, la prière ou
l'étude. D'un caractère toujours égal, d'une obéis-
sance exemplaire, d'une charitéadmirablepour tous,
il était le modèle de ses condisciples et l'enfant de
prédilection de sfs maîtres.
Après avoir fait a Saint-Jean d'L'lrecht une grande
partie de ses études «t reçu la tonsure, Ludser
demanda à saint Grégoire la permission d'aller
suivre a York les cours du célèbre Alcuin. Le aaint
prêtre fut vivement attristé k la pensée de se séparer
de ce cher disciple, mais préférant le bien Je son
<lève a sa propre satisfaction, et reconnaissant les
desseins de Dieu sur ce jeune lévite, il le laissa
partir. A York, comme au monastère de Saint-Jean
d'I'trerht, l.udger s'acijuit bientôt par ses mérites et
ses vertus l'estime et la vénération de tous. Son
amour des lettres sacrées, la douceur de ses entre-
tiens, sa conduite édifiante le rendirentspécialement
cher à son nouveau mallre Alouin.
LUDCin iviNCiLISI LA PRIS! —
PAa VITIKIND
IL EST ciAaii
Après quatre ans d'études lérieuse* et fécondes,
Albi'ric. neveu elsuccesseurde saint Grégoire, le rap-
pela en Prise, l'ordonna prêtre et lui confia l'évangé-
iisatinn de la partie du diocèse qui touchait a la Saxe
et qui en adorait les idoles. Ludger, fixé dans le can-
ton il'i i^ir.i.li.t i.ir.ourut toute la conlr/i- i i.'-liant
conti ns du peuple, abatt.: . <s,
con\' .les. Le bruit de ses ^ «a
la Munt-he, et un de ses condisciples d York lui
écrivait, en vers latins : " Krere, chéri d'un amour
plus fort que celui qu'inspire un même snng, Ludger
que j'aime, puisse la grAce du Christ préserver
voire vie. talonne vivante de la foi parmi les raers
de la Frise, no» rivage» d'Occident ont conservé la
rn-'mojrv de votre doctrine, de votre éloquence, de
v 'rc profond et puissant génie. Ministre de Dieu
■ iL'J VOUS curillei des gerbes de nouveauxméritei
• rloire. daii:nei accorder dans vos prières un
- 5 !> S'e poète qui vous destine ces
' *^ irvenir un bAton blanc pareil 4
« s»-rvei dans vos courses apof-
n pour d'humbles vers. ■
,l! 1^ r«i'»*»"ir If"» rnn «. ,1 • |,At|e
- ■ i : U' .- • ■ ■ns
Je
tr»v « r
<t ta :
»•■ y il H»
»ïlis««. I. >, > ,
ne voulaient pas abjurer leur foi, couvrant le pays ]
de carnage, de ruines et de sang. Luid per après avoir i
fait tous ses elTorts pour maii. tenir les fidèles dans-
la foi véritable, après être allé an devant du martyre '
sans avoir pu l'obtenir, se vit obligé de quitter le \
pays en attendant des jours meilleurs.
1
I
LODGia AUX TO HBEADX Dl SAINT PIBBRB KT DB SACTT PADL '<
— CBARLULA6NB LUI CONFIE L'ÉVAMCiuSATION d'uHI ^
PABTIB DB LA fBlSB '
Depuis longtemps Ludger tongeait k établir des
monastères dans les provinces confiées A son zélé;
l'invasion des Saxons lui fournit l'oecasion d'aller^
faire un voyage A Rome pour obtenir du Pape i
les approbations et les encouracemenis nécessaire!
àla réussite de ses projets. Saint Léon 111 gouvernait'
alors l'Eglise; il reçut avec honneur et avec bonté i
le nouvel apôtre de la Prise dont il connaissait les '
rares vertus. 11 approuva sa résolution, lui accorda]
les facilités nécessaires à rétablissement projeta
et le congédia en lui donnant une bénédiction spé- I
ciale pour l'extension de la foi dans les provinces '
du Nord. Avant de retourner en Frise, le mission- '
naire hollandais se rendit au fameux monastère du
Mont-Cassin pour ae former h la règle de saint I
Benoit.
Il donnait depuis trois ans dans cette abbaye
l'exemple de toutes les vertus lorsqu'une grande ;
partie de la Frise Orientale se soumit aux armesj
victorieuses de Charleinagne et demanda le bap- !
téme. L'empereur cherchait un prêtre vertueux i <
qui il pourrait confier ce difficile apostolat. Alcuin, \
qui était alors en France, se ressouvint de son
brillant élève d'York et le désigna i l'attention de j
Charleniagne. Des députés vinrent au nu>nastère<
de saint Renoit et offrirent à Ludi^ir delà part du roi \
de France, l'évangélisatiun de ces peuplades de la
Frise avec le don d'un monastère pour y établir ses
religieux. Le Saint, reconnaissantdans cette offre la '
main de la Providence divine, accepta, quitta les .1
douceurs de sa retraite, et des campagnes de l'Italie
revient près des rives du Rhin. Il réunit sous la i
rigle de saint Benoit des prêtres qui se sentaient!
poussés par l'Esprit-Saint a la conversion de leuri
pays, et, avec eux, il se livra sans ménagement à '
l'apostolat : ni fatigues, ni peines, ni per»<'cutions ]
ne purent l'arrêter; il détruirait les l<-ni|iles des (
idoles, et i leur place il bJtisHait des éplises, mul-
tipliait I* nombre des cbrctiuns, el, par la lumière
de l'Evangile, faisait entrer ces popi:! ■'■-'" ltos-
sières et narbares dans la vraie civi est i
ainsi que l'Eglise catholique par d'i:.: l'.-s et j
longs efforts a fait peu à peu l'éaaeattOB de l'Europe, i
LUnaKB PàiSB DANS l'iu PB ro.'Tro.A.iB
IL raibiT l'invasion du NoaMA.Mw
La Frise ne fut pas la seule k recevoir la parola j
ardente de l'iiifatipable apAtre Ludger voulut faire
cornattre le vrai Dieu aux lies du Nord. Suivi de
quelques disciplej, il s'embarqua, et lors<|iri| fui
en vue de l'Ile de Fositeland, l'un des centre» du
paganisme germanique, il éleva la eroix qu'il
portait sur lui, et prononça d'une voix forte ces
paroles de David : •■ Que Ir S" i »- - -. -
ffinemii tnient Hutipfi ; rJ 7' j
^uirnf de ''• ■•■' ■■! '•'- " < "■ \
ient cim'-
I"! «iir le I
'tle Ile. .1 I , ;
' 4 u n r ■ I ■ _ ^ . 1 .. , I
nfui» a la vue de la croix. Ses »
rent un prmd nombre de con- I
Tersions; le flls du roi reçut le baptême, devint
prêtre, et se consacra à la conversion de ses sujets.
Ludger essaj'a plusieurs fois de passer chez les
Danois ou Normands, mais leur roi y mit toujours
obstacle. Il se trouvait à Werine, petit port sur la
mer du Nord, dans l'intention d'y établir des reli-
gieui afin d'essayer la conversion des Normands,
lorsque Dieu lui fit voir dans une vision que ses
projets n'aboutiraient pas, car il réservait ces peuples
pour châtier les nations chrétiennes de l'Occident.
Il vit s'élever, du côté du Nord, des nuages noirs et
épais, qui s'accrurent peu à peu jusqu'à couvrir le
sole'l. Le Saint effrayé fuyait, lorsque s'étant retour-
né, il vit, à travers ces nuages, les habitants de ce
pays se précipiter sur les contrées voisines qui
furent dans la terreur jusqu'à ce que le retour du
soleil refoulât ces brouillards au-delà de la mer.
Le lendemain, le Saint, en pleurs, racontait cette
terrible vision à sa sœur qui lui en demanda la si-
çniflcation. « Depuis longtemps, répondit-il, mon
désir était de construire un monastère en ces lieuxf
mais nos péchés nous en rendent indignes. Les
nuages épais que j'ai vu s'élever de la mer vers 1«
Nord, représentent les Normands qui se jetteront
sur nous en traversant la mer. Ils viendront tout
d'abord faire des incursions, mais peu à peu leur
nombre s'accroîtra, ils couvriront ces contrées et
réduiront tout à feu et à sang. Oh ! alors ma sœur,
quel tumulte ! quelle désolation ! la joie abandon-
nera tous les foyers, le deuil sera partout ! Mais
Dieu ne repoussera pas toujours les prières de ses
serviteurs. Le soleil de la paix reparaîtra; l'abon-
dance reviendra dans ces pays désolés et les Nor-
mands devront s'enfuir dans leur pays.
— 0 mon frère, reprit sa sœur émue. Dieu, je
l'espère, me fera la grâce de ne pas voir de telles
calamités! — Il n'eu sera pas ainsi, répondit le
Saint. Je n'y assisterai pas, il est vrai, car ma vie
touche à sa' fin. mais toi qui dois me survivre, tu
verras ces tribulations. »
La prophétie du Saint se réalisa en tout point; sa
sœur lui survécut et assista aux désastreuses des-
centes des Normands dans les contrées d'Occident.
COrtVCBSION DBS SAXONS — LDDGER, KV^QUE DE MUNSTER
La soumission des Saxons avait coûté à Charle-
magne beaucoup d'or et de soldats. L'indomptable
Vitikind échappait toujours au vainqueur; se déro-
bant après la di'-raitc, puis reparaissant bientôt
après, il soulevait de nouveau les peuples et les
entraînait dans de perpétuelles révoltes contre
Charlemagne. Ces insurrections continuelles obli-
gèrent le grand empereur à une mesure rigoureuse
mais nécessaire : quatre mille des plus séditieux
furent saisis et passés au fll de l'épée, d'autres
furent transférés au milieu des populations gauloises
et y reçurent des terres à cultiver. Hais cet empe-
reur chrétien mit surtout en œuvre les moyens sur-
naturels qui sont plus paissants que la force des
armes. Et ce qu'il voulait d'ailleurs, c'était moins
de commander aux Saxons que de les civiliser et en
faire un peuple chrétien. Les missionnaires tant de
fois chassés, revinrent planter la croix sur ce sol
barbare et le prép.irer à recevoir la foi par l'efTusion
de leur sang. Vitikind lui-même, converti par un
miracle, vint faire sa soumission â Charlemagne,
reçut le baptême et alla s'adjoindre aux mission-
naires de son pays. Merveille admirable de la grâce
de J<'sus-Chri>ll
Le puissant roi des Francs, connaissant le zèle
apostolique de Ludger, voulut qu'il travaillât aussi
à I <vanc-li = ation de ce nouveau peuple et l'établit
i MimiHTntord; il en fut le premier évéque et le
monastère de chanoines réguliers qu'il établit à
côté de sa cathédrale, fit donner à celte bourgade,
devenue une ville, le nom de Munster, qu'elle porte
encore aujourd'hui.
L'infatigahle apôtre retrouva plus d'ardeur que
jamais pour la nouvelle mission qui s'ouvrait devant
lui. Partout où il passait, il élevait des églises et
dans chacune d'elles il plaçait un de ses religieux.
Pour rendre la propagation de la foi plus facile, i!
recherchait parmi les enfants qu'il catéchisait, ceux
que leur intelligence et leur piété semblaient mar-
quer pour la vocation sacerdotale, et les préparait
lui-même à la prêtrise.
Généreux, détaché de tout pour aimer Dieu par-
dessus toutes choses, il vidait ses trésors dans les
mains des pauvres et les invitait à sa table.
Il était aussi humble et modeste qu'il était habile
et savant. Ses habits étaient propres et soignés
comme il convient à un évéque, mais il portait au-
dessous un rude cilice. Lorsqu'il était invité à
quelque repas, il savait toujours mêler à la conver-
sation, qu'elle fût sérieuse ou enjouée, des paroles
capables d'édifier les convives , et amener l'entretien
sur des sujets utiles et pieux. Le repas et l'action de
grâces terminés, après quelques instants de conver-
sation avec ses hôtes, il se retirait pour lire ou
prier. Il était d'une bonté et d'une affabilité" parfaites,
même à l'égard des plus ignorants et des plus
pau^Tes du peuple. Il savait de même résister avec
une fermeté toute épiscopale, aux entreprise»
injustes et criminelles, quelque puissants et riches
que fussent les auteurs du mal.
DN ÉVâQUK OBVANT UN BMPEilEUS
La prodigalité avec le^quelle il distribuait ses
richesses le fit accuser près de Charlemagne comme
dissipateur des biens du clergé. Sur l'ordri' de
l'empereur, il se rendit à la cour et coninie il
s'était mis en prière en attendant l'audience un
officier l'appela. L'Evêqtie continua sa prière et se
laissa appeler trois fois, et lorsqu'il eut terminé, il
se rendit auprès du roi. L'empereur lui reprocha de
s'être fait attendre : « J'ai toujours cru, reprit
Ludger, qu'il fallait obéir à vos ordres, mais non
pas au point de vous faire passer avant Dieu. Vous-
même me l'avez dit lorsqu'à l'époque de ma consé-
cration épiscopale, vous me recommandiez d'être
tout d'abord un serviteur de Dieu. Ce n'est donc pas
par mépris de l'autorité royale, comme quelques
malveillants le pensent, que j'ai agi ainsi. J'ai
rendu à Dieu les devoirs que je lui devais, mainte-
nant, me voici à vos ordres. »
Le grand empereur, touché de celle noble fran-
chise, l'embrassa en lui disant : « Je vous remercie
de l'exemple que vous me donnez, car je vous trouve
tel que je vous avais cru. Quelques prêtres, jaloux
de votre vertu, ont blâmé certains de vos actes et
en particulier vos largesses envers les pauvres. Mais
je ne poursuivrai pas ces accusations; dès aujour-
d'hui, au contraire, l'amitié de votre roi vous est
acquise d'une manière plus intime et plus solide. »
LUDCS* ouiarr on aviugle. — ptcHi miraculeusi
De retour en Saxe, Ludger continua ses friio-
lueusf's prédications. Comme il voyageait de villat'e
en village, il s'arrêta, un jour, chez une noble daiiii;
qui lui offrait l'hospitalité. Pendant qu'il mang'Mit
avec SCS disciples, on lui amena pourqu'il le guet il,
un aveugle, nommé Bcrnief, très aimé des gens de
la contrée parce qu'il savait bien chanter les récits
des anciens temps et les combats des anciens rois.
Le Saint lui ordonna de venir le trouver le lende-
main dans un endroit qu'il lui désigna. Au lever du
jour, l'aveugle fut au lieu fixé; Ludger eiilendit sa
confession, fit le signe de la croix sur ses yeux et
lui demanda s'il y Toyait. L'aveugle distingua
d'abord la main de l'Evêque, puis les arbres, puis
les toits du hameau. Bernlef ne cessait de lui rendre
grâces de l'insigne faveur qu'il avait reçue : « Re-
merciei-en Dieu, lui répondit le Saint, car c'est
Dieu qui vous a rendu la vue, lui, dont la lumière
éclaire le monde. « Bernlef fut un des plus fidèles
disciples du bienheureux apôtre, il l'accompagna
dans ses missions, allégea son ministère en Dapti-
sant les païens et en leur chantant des psaumes.
Un autre jour il prêchait à des pêcheurs dans un
endroit appelé Hélérisur le fleuve de Lada, lorsque,
pour leur montrer la puissance de son Dieu, il leur
demanda de lui procurer un esturgeon. Les mari-
niers étonnés repondirent que le temps de cette
pêche était passé et qu'il ne fallait pas y compter
•urtout au commencement de l'hiver. Mais Luager
leur dit : « Dieu qui est le créateur du temps ne
passe pas avec le temps. Allez et faites ce que je
TOUS ai dit. Dieu est puissant et il sait satisfaire les
désirs de s«s serviteurs. » Les pêcheurs se prépa-
raient à obéir aux désirs de Ludger lorsque, levant
les yeux au ciel, ils virent un oiseau dont le vol
dimmua peu à peu et qui vint s'abattre dans les
eaux. Voyant dans ce fait quelque chose de provi-
dentiel ils jetèrent avec confiance leur filet à l'en-
droit où l'oiseau était tombé et retirèrent un magni-
fique esturgeon. « Rendez grâces à Dieu de ce
miracle, leur dit le Saint, et ne l'attribuez pas à mes
mérites. Dieu donne, en ouvrant la main, la nourri-
ture à ceux qui ont confiance en lui et répand ses
bénédictions sur toute créature. > Les mariaiers
abjurèrent aussitôt l'idolâtrie et crurent au Dieu
que leur prêchait Ludger.
LUDGiR coinrr un atidcli — sa host
Malgré les elTorts de Ludger pour cacher les
faveurs que Dieu opérait par son entremise, la foule
en était instruite, et le suivait dans ses voyages.
A son entrée dans un hameau, dans une ville, les
malades étaient mis sur «on passage; il les bénis-
sait et beaucoup recouvraient la santé de l'âme
avec la guérison du corps. Los conversions se mul-
tipliaient et le pays se transformait.
L'n jour que le Saint pre-nait un repas chez un de
ses prêtres, à Suderge, pei'jte ville de Saxe, un
pauvre vint frapper à la porte, demandant avec ins-
tance à lui parler. Le portier Cc.-ovant qu'il deman-
dait l'aumône, lui offrit du pain é t de la nourriture,
mais le pauvre refusa répétant qu'.jl était venu voir
l'Evéque pour qu'il le guérit de ta Cv^cilé. Ludger le
fit entier et lui dit avec douceur :■• Qu'avez-vout,
mon frère, et en quoi puis-je vous être'. -itile ? — Je
vous en prie, mon père, rendez-moi la'- vue pour
l'amour de Dieu. — Votre confiance ne se. "-a point
déçue ; recevez la vue pour l'amour de Dieui. >> Et
aussitôt l'aveugle fut guéri. Le Saint rembras'.,^a et
l'admit à sa table. \
Ludger continuait avec une ardeur infatigable .pes
courses à travers la Saxe, sans compter avec le^js
années et les fatigues qui avaient usé son corps,^^
lorsqu'il fut saisi par la maladie â BiUerbuIt. Les ^
douleurs aiguës qu il éprouvait, l'impuissance d'agir ,,
qui tourmentait son âme ardente, le trouvèrent dans ^
une rt'signation complète à la volonté de Dieu, i
Sentant le froid de la mort, il dit à ses disciples en
pleurs : 'i Dieu m'a fait connaître que je dois vous
quitter aujourd'hui. Vous transporterez mon corps
à Werden où se trouve notre monastère, mais
comme le peuple de Munster voudra lui aussi pos-
séder mes restes, attendez jusqu'à ce que le roi
ordonne que je sois transporté dans le lieu que je
vous ai fixé. » A ces mots, le vénérable Evêque leva
sa main tremblante, bénit ses disciples, et son âme
s'envola au ciel recevoir le prix de ses fatigues, le
26 mars de l'an 809. La foule se succéda devant le
corps du Saint; on lui fit toucher des malades et
plusieurs reçurent leur guérison. L'n grand coneour»
de peuple escorta les restes du saint missionnaire
jusqu'à Munster où ils resteront quelque tenip-.
Charlemagne, ayant appris les demiersdésirsde soi>
ancien ami, ordonna que le corps de Ludger f(t\
transporté à Werden; les nombreux miracles opéré»
a l'on tombeau firent connaître clairement aux po-
pulations que leur ancien missionnaire régnait au
ciel. L'église qui conservait ses reliques devint ui>
lieu de pèlerinage célèbre dans toute l'Allemagne
Saint Ludger est le patron de plusieurs villes de
Hollande et d'Allemagne, entre autres de Munster,
de Werden, de IlelmstadI, de Deventcr, de Kaiser-
werlli ainsi que de la Krise orientale.
ItDp.-f traitt, h. rcTTwsxai, 8, rut KraD<;uU I, l'arit.
SAINT ISAAC, MOINE
Fête le 27 mars.
Saiat Isaac, arrêtant l'empereur Valence, cherche à le détourner de son entreprise ot lui
annonce les plus grands châtiments s'il ne cesse de persécuter les chrétiens.
ÉTAT DE l'église A l'ÉPOQUE DE >AI.NT ISAAC
Le grand Constantin venait de descendre dans
1.1 tombe, et sainte Hélène avait retrouvé le pré-
cieux trésor de la Croix enseveli depuis des siècles
dans le sein de la terre, quand le démon reprit
■ le nouveau les armf-s. Valens répnait sur le trône
deConslanlinopli', et, sous sa protection, la secte
arienne se vantait d'anéantir sous peu la religion
rlirélienne. Les disciples lidélesdu Christ étaient
condamnés par d'inif|ues jugements, et ceux qui
refusaient de souscrire aux me'^ures de l'empe-
reur étaient soumis aux plus cruels tourments
't souvent brûlés à petit feu. Des milliers de vic-
times tombèrent ainsi sous le fer de Valens, pen-
dml les vingt années de son répne. Mais, pour
I lu» de sûreté, un édit impérial fut promulgué,
' rdonnant de chasser de leur troupeau les
■v/ques et Ifs prêtres et de former leur église.
• "l ordre impie s'exécutait déjà sur toute la
-urface de l'empire, et le sacrillce de l'hostie
allait cesser de vivifier la terre devenue stérile.
Les églises, fermées, furent bientôt livrées aux
llammes, et celles qu'on épargna se changèrent
en infâmes tavernes où l'empereur se plaisait au
inilieu de ses débauches. Depuis longtemps déjà,
l'édit du César byzantin étaiHen vigueur, et les
larmes des fidèles n'avaient pas encore pu tou-
cher son cœur endurci. Mais les prières mon-
taient ferventes vers le ciel, et l'heure de la jus-
lice allait bientôt sonner.
LE SEIGNEUR SUSCITK LE MOINE ISAAC
En effet, à l'ombre du cloître, était un moine
qui priait sans cesse et expiafl pour les péchés
du monde, demandant à Dieu de venger le sang
de ses enfants. C'était le moine Isaac. Le Seigneur
le destina à rendre la paix au peuple et à l'Ki^lise
d'Orient, comme il avait autrefois choisi Daniel
|iour justilicr et défendre la chaste Suzanne. I!
menait dans sa solitude de Constantinople une
vie angélique, et la grâce de Dieu abondait en
371
sou .u'ur. 11 connaissait les iniquités et les crimes
de Valens, il connaissait surtout sa. croeaté conlro
les serviteurs du (Christ, aivsi drinaiidait-il au
ciel la mi^'-ricorde et la Jusli o. "- i prière l'ut
pleinement exaucée, comme aulreioi* celle de
Moise demandant le châtiment de Pharaon, et
Valens vit s'élever contre son empire une nuée
d'ennemis.
L'kMI'UBBUB VALWS et LtS BARBARES Df DAUCOK
l.e-^ (ioths, fuvant devant les (lèches des Huns,
avaii^nt traversé !•■ liiimlie et étaient venus s'éta-
blir sur les rives d-; C' lleuve, au milieu des jiras
pAtura^ies de la Tliii-e. Valens, qui les avait
d'abord acrueilll-; rouime des auxiliaires qu'il se
proiiosait d'opposer aux i^Tierriers d'Attila, trouva
bienUH en f^itr. d'im|ilacal>l>-s ennemis. Kn effet,
ils se I 'à travers les provinces qu'ils
livrén 11 .-e, et, triomphant des généraux
Trajaiiu> :l. .•"■■b.i.-lien, que l'empereur avait en-
voyés contre eux, ils parvinrent l)ieuti>l juî«iu'ao.x
environs de Conslantinople. Valens, jusque-là
resté inactif, dut, à "ion ;.'rand regret, marcher
liii-m<''mo crn'-- '
une nature >
plu* •.-,.. I
ne :
se
coi:
par
■ir5. C'était, pour
lue la sienne, le
|u'il en >oit, il
. Il partit donc,
. mais il luj arriva
mi de David, il ne cevint
vaille.
IféaOlSIU DB SAINT ISAAC
la
Le II
tète de
iMac viul >« pUiel Jm.iUt r>"-.-.orle impériale ;
« où v.is-tu, ennemi de Mieu, dit-il à Valant-, lu
marches au -' '
Si lu vei|\ \
tu
cati
Wl'
pr.
trP
van
loi.
ma
j:ti
»oi
rai
bii
Chi
{il.:
acl
re.
d*.
de
cl..
.. 1
Ail
la ..
allait .
T'Illiil
■ IIP, le
même
d'une
I .i> pour
'■re. pria le l)i»u
, 10, et, le lende-
• de rarmé«. Il l'altet-
Idals le revirent, ils
mur. mais lui, pf-rrnnt leiin»
i: :i ri»mpiTenr et, sAisilcant la
' M : .. Au nom du
■ iir. îi'avaiK» pas
■ lu
II
mais Isaac attendait patiemment le juste ju;^e-
uient de Uieo.
NOCVBILES TBJITATTVRS ISAAC PUSl DS SON COURAGE
Ouelques jours après, le solitaire vint de nou-
veau au dev.ant de l'empereur, et, pour la troi-
sième fois, saisissant la hride de son rlieval, il
lai dit : • He par llieu .lont je suis le inessaj-'er,
A empereur, je t'ordonne d'écouter ma demaniie.
Ilàte-toi de te soumettre, car bienUMil n'en sera
plus temps. Tu t'es laiss.' séduire par de vils
courtisans et tu as étouffé la v.iix de ta con-
science; prends L-arde, lajusli.e approche. Ouvre
les éfilises des catlioliques et tu retourneras e»
paix dans ton empire. Si tu n abéis |.as, la mam
de Dieu va s'appe.santir sur loi. n Valens. d« plus
en plus terrifié, demeura un inntant iiuninlule
sur son .'iieval sans articuler une parole. M.iis
lescris de sus courtisans anens l'arr.nht'rent liwn-
lAt à sa stupeur. Vaincu une fois .u
sullicilations, il s'écria : « Qu'on
munt cet importan. et (]tl'on
tel accusateur. » Ses ordres
eûtes.
L.IS toW CBARITAHLB — VISITI DE TIOIS A.N'.KS
Or, il y avait en cet endroit de lims buis-.. us
d'épines et de ehnnl.inv ^i .'n ,i- .i -i doiirii- m..
nul animal ne pou'
la vie. On les lit v. u i
jeter l'iuHoleiit solilaim. .\ii
Isiiac disparut bientôt au '
liailiurs, et sons pi rua se n'iiiit
en rout»'. Sânis la i'; lait sur !•> .•..n-
raveux allilèlc. Au lieu de s aliiiner
horrible» buissons, Uaac, porté par
• ■ .-.lit doucpineiii
lie sur un lit ii:
ni, il lier. '
lit i"es pli
-iiairiii 1 ■" * :*T
datent I'
du sailli, et, le prenant |>ar la inaïu.
rérent sain et ^auf. Mais, au inoinenf
all.iit l^s i-emeii-ier de leur bi. • I
di«p.>rur«»iil ».ins qu'on i>'il -mon
Cei'endant. Isaac, .
.jue c'étaient des ai.-
Se prosternant alor-. I.i 1 i !• ire, il
adora le ."«eif^neur qui pr. i\ qui le
craifuenl.
iirsMnm ifi-o«t» — ra<»icn«^ Tmmtii.r
Se sentant fortifii^ de l'e^pril de Dieu comme
r
M ^
S*'
I "■
k-
Va I
dit
igepi I. 1
pnsilioil r| .'
.1, l'I me
, tlH'- f-
le cœur de l'empereur endurci et obstiné. Deux
sénateurs, Victor et Saturnin, furent appelés et
Valens leur dit : «' liardei cet insolent jusqu'à
ce que je revienne triomphant du combat; alors
je châtierai son arrogance. » Isaac fut aussitôt
garrotté et couvert déchaînes. Mais comme un
autre Michée devant un autre Achab, il s'écria :
« Si tu reviens en pais dans ton royaume, ù cruel
empereur, sache que le Seigneur n'a point parlé
par ma bouche. Tu livreras bataille, tes troupes
De pourront résister au choc du l'ennemi, elles
seront mises en fuite, et tonmome tu tomberas
aui mains de.'^ Barbares qui te brûleront vif.
— Insolent ! repartit Valens, tu t'apercevras
bien de mon ivtour. je te ferai couper la lansue
et trancher la ti^te, en rentrant dans cette ville. >i
Puis, s'adressank aux deux sénateurs : ■< Uu'pn
le garde avec soin, il sera le trophée de notre
victoire. » Et les troupes se mirent en marche.
LA B.\T.\1LI-E — l'aRMKE ROSt.M.VK .\NÉ.\NTIE
MOBT tbagiqi:e de V.VLENS
Six lieues plu* loin, à .Mélanthiade, le farouche
empereur reçut la nouvelle d'un engagement
favorable qu'une partie de ses troupes avait eu
avec le. barbares. Ce messa^;© ne fit que le con-
firmer dans se>s espérances et sa' folle présomp-
tion. A marcJie? forcées, il se trajisporta sur le
théâtre de la «uerre, bn'ilant de livrer bataille.
Malfiré lf:s remontrances de ses u'énéraux. il
voulut ennofter le combat; mais là l'attendait la
juUice divine. Les Ugions se portèrent en avant
contre les (lolhs massés derrière .-Vndrinople, au
cri de : " Vive l'emiiereur. •> In premier succès
sui vit l'attaqne. .Mais bientôt les Horaains se virent
entouré» d'une forél d'bonimes ranijés eu bataille,
dans un nonibre tel, que leurs lignes sf refor-
maient à mesure qu'on croyait les avoir enfoncées.
I,a lutte se pmloueea ja«qu'à :i heures du soir.
Mais enfin, débordés d'^ toutes parts, les légion-
naires sentaient les armes toniberde leurs maiiK,
quand, tout .i coup, un vaste cercle de llammes
se des^na à l'horizon. On avait mis le ten aux
broussailles et aux steppes desséchées dont la
plained'Andrinople l'Hait couvei te. Activé parune
séchereftso impil^tyable, l'incendie ce resserrait
tout autour de> Komains consternés. \ partir do
ce moment, le combat se changea en déroute.
Les soldats se minant à fuir, Valens leur en
donnait liii-tn^me l'exemple. Sur son cheval
lancé au iialnp, j| essayait de traverser la bar-
rière fiillamm'^f qiii lé lemait. Mais soudain,
frappa d'une lUrhe lancée par unarcherenutnii.
il tomba à la renverse. Quelques -serviteurs
tidèle.» le ramassèrent et le transportèrent san-
glant di"- haumière ab.indnnnée. Ou .'Lllait
pannei quand l'incendie toujours crois-
s-int - .1 lu toit do la ••haumière. Tons
al -ni l'infortuné Valens qui expira
(1,1 ! liimcs. Sou l'orp», réduit en ivndres,
ne pnL jamai.s élr" lec'iivré. L'armée mmaiui
succomba dans un désastre inouï. — Nousemprou-
fons ces détails de l'abbé Darras, auteur de
l'Hi>(oiie gêrulrale de rEylifc calhoti/ue.
C'est ainsLque se réalisait la prophétie du saint
moine Isaac : « Tu tomberas aux mains de tes
ennemis qui te brilleront vif, et cela, parce que
tu as été rebelle aux ordres du Seigneur, »
DÉLIVR.^XCE d'iSAAG
IL EST ACCUEILLI PAR VICTOR ET SATBHM.N
Comme nous l'avons vu plus haut, le solitaire
Tsaac avait été confié aux sénateurs Saturnin et
Victor, et ceux-ci professèrent dans la suite un
si grand respect pour lui qu'ils l'honoraient
comme un saint et un prophète. Us rivalisaient
d'ardeur pour lui bAlir une demeure digne de sa
hante vertu. Le serviteur de Dieu, ayant eu con-
naissance de leur dessein, les fit appeler et leur
dit: •' Ecoutez-moi, chères brebis du Christ et
cessez vos contestations. Votre zèle est agréable
à Dieu, mais, puisque tous deux vous avez à co-ur
de me bâtir un abri, voici la condition que j'y
pose : celui de vous deux qui le plus tôt aura
terminé son œuvre, celui-là me recevra sous son
toit jusqu'au terme do mes jours. » On redoubla
d'ardeur de part et d'autre, mais la \ictoirc échut
à Saturnin. La dernière pierre était à peine posée
qu'il vint trouver le Saint : « Vénérable Père,
lui dit-il, voici que je vous ai préparé une
demeure, venez donc, et habitez en elle. » Isaac
se rendit aussitôt à sa nouvelle habitation et y
passa le reste de sa vie.
Quelques jours après, Victor, qui avait voulu
bâtir un superbe palais, se rendit auprès du soli-
taire et, se voyant vaincu par Saturnin, il se jeta
aux pieds d'Isaac en disant : " Je vons en prie,
ô Père, recexez aussi le présent que je vous offre,
car c'est au nom du Seigneur que je le fais. —
Mon fils, lui dit le Saint, je dois rester désormais
on Dieu a fixé ma demeure. Mais i|ue votre
maison soit la maison des pauvres et le refuge des
aliandonnés. » Puis il lui donna sa bénédiction.
DBnMTRES AKNHES — MOHT BIEfmTXBWJSK d'iSAAO
•
Sitôt qu'il fut. reclus en sa cellule. Isaac mena
une viean>,'élique.Les3énateursSaturninetVictor
lui taisaient de ::randes aun)<>nes. mais il les
distribuait aussitôt aux indi^'ents. On l'a vu se
dépouiller de ses propres vélnmenU et revenir
presque au au milieu de l'hiver. Il allait parfois
rendre visite à ses deux bienfaileurs, et si, à son
retour, il trouvait les porte* de la ville fermées,
il se mettait en prière, faisait un sijine de Ci-oix^
elles |u«rte-s s'ouvraient d'elles-mêmes.
.\rrivé au dernier jour de sa vie. il réunit ses
disciples, leur donna ses derniers an», appi'la
sur enx la bénédiction du ciel, se d^'-^ipia un
successeur, et son nnae fut cmporli-e par le?
anges au paradis. Ce lut une grandie douleur pour
le monastère et pour toute la vilb» de t^onslanli-
nople. Ses reUques furent l'objet d'une grande
vénération.
SAINT RUPERT
Fête U 27 mars.
BIPERT RvioUE DE WOHM- — SES F.MINEiNTES VERTU?
Tandis que Childtibert lllrésnailsur les Francs,
le très saint confesseur Ju Christ, Rupert, illus-
trait de SCS ômineiites vertus le siè«e épiscopal
de NVorms. Is<u Ju san« des rois de France, il
ri}uni?<ait on lui la noblesse Ju sanp et les plus
brillanti-s 'junlités : siande mansuétude d'Aine.
cliasIiM' i .uiaile. inorlini-ation. zèle inTatigable
pour la iTifie et la louaiu'e de Uieu, charité pour
If prochain qui lui faisait donner aux pauvres
tout ce qu'il avait. Les nombreuses conversions
qu'il opi'rait lui attirèrent la haine des idolAtrcs
do son diocèse. Ln jour il fut surpris, battu de
verges et laissé à demi mort dans un fossé. Mais
voici que la Providence ouvrit alors un champ
plus vaste à son apostolat.
I.E ClimsTI\.NI-«E F.N IIAVIKKK — f AI./.IIOI;Hi.
TlièoJon, duc des Bavarois encore païens et
barbares, ayant entendu parler des miracles et
de la sainteté de llupert, voulut le connaître. Il
lui envoya une députatioii composéf des pre--
niiers de sa nation. le priant de vouloir bien
visiter les ré;;ii>ns bavaroises et y enseif^ner les
vérités de la foi. En entendant l'invitation des
députés étran;;ers, llupert éclata en actions de
L'ràce-i et bènit le Seif-'neur de ce qu'il voulait
bien faire ainioncer par lui l'Kvan^isile aux peuples
cnciire intiilèles.
A la nouvelle que le saint missionnaire arri-
vait, le chef bavarois fut rempli d'une vive alb'-
^.'resse, et convoquant toute la noblesse de son
duché, il \iiit à «(«rencontre iu>qu'à Katisbonnc
011 il le reçut avec de craiids honneurs.
I.'liommi' Je Dieu s'appliqua aussitôt avec un
lèle et une charité aJniirabb's à la conversion
de ces peuples. L'une de ces premières con-
quêtes fut leur chef; Théodon abjura l'idolAtrie
et fut récéiiéré dans les eaux du baptême. Cet
exemple attira les foules et Itupert lit des milliers
de néophytes. Tou«, esclaves et noble», venaient
reci Noir avec joie le jou;.' du christianisme, et il
semblait que les temps apo8toln|ues reparais-
sai)-nt.
Mai-i cela ne contentait pas encore le télé Je
saint llupert; ^ur le conseil du duc Théodon. il
moiii.i sur une barque, <•!, accompagné de ijuel-
c|ii>-« /éb's nii<-ionnaires, il desceixlit les rives du
Ilii:''> • 'ir aller porlir aux contrées les plu»
I 'lambeau de. la foi et de la relifl;ion.
II . 1. iioi, r,, I , , i.|.,i ,fi.^ ..■.-.mraient
.'■ ' avide-
: ; . ., : a\ te fai-
iit Ji- donnfr un •entre à tonlei
< missionnaire
I
.!• '
ti'.'
Jm
a\>'.
J<<dié
débris antiques ; un monastère fut bâti pour les
clercs, et Rupert y construisit sa demeure épis-
copale, «rAce à la fiénérosité de Théodon. Rome
conhrma la création du nouvel évéché. C'est
ain«i, nous dit Korhbacher, >|u'à la voix de son
pontife, l'antique Juvave sortit de ses ruines pour
revivre pendant des siècles sous le nom de
.Sa*lzbourg.
.Mais le saint évéque avait besoin de nouveaux
aprtlres [lour.'^uflireaux besoins de son nombreux
troupeau qui s'accroissait de jour en jour. Il
retourna dans son pays et amena avec lui Jouie
missionnaires. Sa nièce Erentrude avait voulu
parta;:er ses apostoliques travaux et enseigner
fiar sa parole et sl-s exemples aux {emiiies bar-
tares le chemin de la civilisation et de la sain-
teté chrétienne. Rupert bùlit pour elle un monas-
tère dédié à la Sainte Vierge. Ereutrude en fut
la première abbesse. De nombreuses Itavaroises
vinrent se (trouper autour d'elle, et la coura>.'eu-e
supérieure se vit bientôt à la tète d'une commu-
nauté llorissante qui faisait l'édillcation de toute
, la contrée.
i MOIIT DE THÉODON — SON KILS TII^UDKBERT
I Sur ces entrefaites, le duc Théodon tomba
! sravemeni malade; et, sentant approcher sa
dernière heure, il manJa son tils TheoJebert et
I lui dit : 0 Mon lils, voici que le Sei^jneur m'appelli-
à lui, je vous constitue mon successeur, mais
«^coûtez mes derniers avis : soyez en tout point
obéissant au saint évèque Rupert. et prélez-liii
sans cesse votre secours pour l'aider dans la
propa:;ation de la foi. <•
Tnéodebert fut lldt^le A un conseil si sn:;p;»ous
sa protection, la reli:;ion catho! nt Je
plus en plus universrlle parmi . i-i à
mesure i|ue la foi s'implantait dans le peupb',
les mii'urs s'adoucissaient, le pays se civilisait
et le Norique prenait un autre aspect.
Ilup< it N > lii.i; (l, il »a
■Jnn lui donna ce« ruin**
nKR.MBHS MOMFATS DE SAI.NT IIUrRRT — SA MORT
Après aToir continué quelque temps encor»
apostolat si fécond, «aint Ru|>crl, bn-'
et les fatigues, fut averti par l)ieu que
rep. ^ • !■ ■• ; ; -
un I
et s»* jo ' |Mi a .t ■MU il'- 1 • •
PA<|Ues,le ."^aiiil, déjà miné ;
encore le Saint Sa- ■'' " ■'
de paternelles exIi
entre leurs bras. .M.. ,
sépara du corps, une éclatante ■
un
le lieu saint
cantiques d'al
mortelle i •'.
son cori
ritinn .!•
I l'-'lÉ entendit
llupert quittait r<'n>
.ir '' l'éferriité. ut, i
. "Il kil
litanie 1.
> 1 I.
iue<> de l'an '71b.
luip.-ytranl, t. l'iiiTi»<i »
rur KrâiM "H I" Cin»
SAINT ETIENNE HARDING
FONDATEUR DE CITEAUX
Fête le 2ti man
Vu jour de disette, saint Etienne envoie un Frère à la ville sans argent. — La charité
y supplée, et le Frère revient avec une voiture de vivres.
PBEJIIÈRES ANNÉES DE SAIXT ETIENNE
On 'ait peu de chose sur les premières anm'-es
de saint Etienne; cependant, Ie> historiens c<in-
viennent qu'il était Anglais de nation. Son nom
de Hardiivj fait croire qu'il élail issu de la race
saxonne, et l'on dit que sa famille était d'assez
grande noblesse.
Il nous apparaît pour la première fois lorsque,
encore enfant, il était élevé au monastère béné-
dictin de ."^herborne, au comté de Oorsel.
La résie de saint Benoit permettait aux parents
chrétiens d offrir leurs flis avant m«^mc I ipe de
quatorze ans. pour qu'ils appri'^senl à servir Dieu
dann |p rlnitre jusqu'à leur mort. Ces enfants
'es les oUali.
x parents les conduisaient à l'église
• m, les introduisaient dans l^ sanctuaire,
bqpant leurs mains dans la nappe de
|iii recouvrait l'autel ils les consacraient
-i au serrice de Dieu. IN prometUient aussi
de ne leur transmettre aucun liien terrestre; et
ces jeunes entants pouvaient alors courir à la
suite de leur divin Maître, puisque rien ne les
retenait plus à la terre.
Etienne fut donc élevé avec les aulres enfants
du monastère et reçut l'éducation qui était donnée
a tous, sans acception de personnes, aux nobles
comme aux enfants du peuple
Commi' un autre Samuel. Etienne passa ainsi
ses premiers ans dans le temple du Sei^junur;
rariis son esprit actif soupirait h de plus amples
'f'unaissanres. Le monasl.:re de Sbei borne ne
les lui pouvant donner, il partit pour l'Ecosse.
D'Ecosse, Etienne se rendit à Paris.
l'N l'KLEntNKGE V ROME
•Mais Paris ne le retint pas longtemps. Etienne
cli>-rrhait à connaître sa vocation eneore incei-
taini'. Il rrut qu'auprès du tombeau des Apotr. -,
il trouverait la lumière; c'est pourquoi il entr -
pr\t le pèlerinace ntl limina.
2h6
nu lllr>ll I -I
for.l.
aaïuAii-
le» ^r'•l
un ou '1
itlisieui.
,1„,1,
I..-
,,f !..
i. ,l'i
•I Vous
venei •
plu» I ■■
viIIp . ,
|U il I
1-
<l
'jni
n'rut-i |-
■ ■•. •• il 1.»
Le louibeau des Ap''tres fut téiiii'iii »ie se? \
prières ardente?. ( l fi ut les larni' a .le bonheur |
iju'il y répandit : mais il fallut l'ii nl6i quitter j
cette vilK' liriiie. pour reprciidr'' li- «'liemin de
Slierbonie, où »aint Etienne pensait retourner.
LE COrMLVr KE SIOLESME
nif'U, qui conduit tout avec <neess«, en disposa
autrement. Comme il viy.fi.'.-ail à travers une
sombre (orH du di( . i~. .le laiiRre? en Bonr-
|.''i:;ni', il arriva à la | ■ : 1 'i l'H p.unre nninastère,
si l'on pouvait donipi i c im>iii a quelques cabanes
laites oe braii.ln-i darbres, ran>;^e» autour d'un
petit oratniri' Ar boi-^. Aupri-s de ces misérables
cellub-î. ■' ' ' 'it unt> clairière que les moines
avaient . ' l ija'un baron du voisinage
leur ■.i\ (Vêtait dans la culture de ce
terrain c;u<' les reli^-ieux de Mob-snie, ainsi s'ap-
pelait I' couvent, trouvaient leurs seuls moyens
de suh-i-laiice. Molesme, fondé depuis très pou
d>- li'iiip^, i-tait encore aux prises avec les difli-
cullès de toute u'uvre nais^aute, la pauvreté y
ré,;nait en souveraine; et cependant .Molesme
comptait dans sou sein des personnes de haute
naissance et de :::rnnds talents
I.B vertu df" saint Ilobert, qui jiouvernait ab>rs
le couvontdp Saint-Ayoul ou Ai^'ulphe, lixa leurs
resards. Sur un "nirc du l'ape. le saint abbé
reçut la charS" d.^ tonder et diri;.'er le nouveau
moDA'-ttTe qu'il établit dans la forêt de Mole>me,
l'un li)7;i.
Ce fut là qu'Etienni-, à son rtlour de Rome,
trouva la communauté établie. Au tombeau des
saints Ap^'ilrcs, il avait dimandé à l)ieu de pou-
voir le servir toute sa vie dans la pauvreté la
pin» -i\i-rr il .lins la ri.'ii. ur primitive de la
r. un des rel.lclie-
ni' - dans la suite. A
la vue lie, de l.i pauvreté et de la fer-
veur '1 mes, il cunuut bien que Dieu
l'avait exàuoc et l'avait conduit au but de tous
ses désirs.
liie épreiiTp vint aflli::er son cu-ur alTeclueus;
le jeune rlerc qui avait été jusque-là «on lidèle
coropa::u.>n de voyage, son ami, le quitta pnur
continuer sa route; Etienne resta seul a Molesme.
Mais Dieu, qui rend toujours c« qu'on lui donne
avec Usure, au lieu d'un ami i|ii°il perdait, lui
en lit liouvir deux autres : ■..liiit Iii,|.crt et
saiul Albéiic, lun abbé, et laulr» prieur de
Molesme.
Cependant, le besoin se faisait sentir parfoi>
is,
finosa .t Iroves,
'jue l.ani'res, leur
I- des \i\res, bien
. ur diinner. I*«
HEI.AaiK)l£NT DV MO.NASTÈRE
Molesme promettait une ère de ferveur, mais,
hélas I ce fut pour peu de temps; l'au^-'inenlntion
du nombre des reli;.'ieux et l'accroissement des
richesses vinrent troubler celle délicieuse soli-
tude. La libéralité des lidèles lit disparaître la
ni'cessité du travail manuel, et bieDtl^t les reli-
gieux refusèrent d'obéir à saint lloberl. qui vou-
lait conserver cet usaj^e comme un point de la
rèyle. Devant cette opposition, la tésisiancf d.-s
moinea s'accrut et comme la pauvreté et l'obéis-
sance sont l'àme de la vie monastique, Molesme,
ayant perdu cette &me, était tombé dans un
état de lanceur extrême.
Saint Holiert, voyant que sa présence ne fai-
sait qu'irriter les rebelles, quitta le couvent et
se retira dans la solitude voisine.
Etienne vit avec douleur ces malheureuses
scènes de désobéissance; le départ de s&iot
Hobert l'aniiis'ea beaucoup.
La cliar« de prieur, en la place d'.\lh'''iic
devenu .ibbé, ne lit qu'ausmenter sa triste----,
en face de son impuissance à rétablir la fer<eur.
Sa douleur fut au comble quand il vit .\l|.rric
lui-raénie maltraité |iar ses moines incorri-
«ibles et jeté dans un cachot. Aussi s'ompressa-
t il d'imiter la conduite d'.\lbéric, aussitôt sa
délivrance, et de i|uitter .Molesme avec -luelques
autres reli;;ieu\ des plus ferxents.
11 enflamma p.ir ses paroles les co-urs d'un
^O'aud nombre de ses frères, et i.^---.. .| vit le
moment propi. e il'exécuter son .. . -l-à-
dire la fondation d'un n.ini. m i i.
vcrné par la ré>;le de sai
il résolut .1 quitter un.
L'ablie -aint Robert, à '|ui ilscomni
ces plajis, entra de tout son cteur .t
désirs.
Au commencement de l'année low.i|< ^Ib'-rrnt
tous à Lyon, solliciter du c.it <
vèque de celte ville et l-i-
torisation de quitter . .1 en
fonder un autre, ou la i ureu-
sement observée. Ils liieul i.
de n'avoir plus à être inqii
inoii. ' " ' :.ie.
L' I. l'nmi et h* Adèle défenseur
,1.- -,, .. M, VII ■■■ ' ■ ■ ■ ,
d.iUS v-i des-eius i|c i
.1- \ !•" .
1- .le
. . , . ...-lUelil
uue ieilre qui
L'abb'- Hubert alfraiirliit
»es frèn-< qui reslaicTif i M
béisvince qu'ils ;i .1 i-iilie ses iniiii-
pni- b'"- vinu"t Pt i!'i .qiip lesvive» ivii-r
Inli ■-. sortirent du
nu: ' rt
H lui lis ■ ;
-,-»ri pour la .
I lèrent aussi un .t..- m •• > i me
rt ce fut là tout.
m nouvnL s.. ■ •' ' ^ kl \
I .. .. .. .■ .'. I . . t I .. . . • I ' 11 n . il .Mit
T..|
de pain, et de-, vAtementii , .léK'
permit aax relunrux d'en prendre
Sur ces entrefailes, l»Jon, duc de Bourgogne,
que la vue de saint An.~elme avait converti, au
moment qu'il voulait le dépouiller, ayant connu
le dessein des pieux ermites, leur envoya lui-
même des ouvriers pour les aider à construire
leur monastère. Et, le 21 mars 1008, qui se trou-
vait être le dimanche des Rameaux et la f^te de
~ainl Beni^it, on célébra l'inauguration solennelle.
Saint Kobert, élu canoniquement, reçut la
crosse pastorale des mains de Gauthier, évéque
df Chàlons, qui éri^-'ea de la sorte le couvent en
abbaye, sous le nom de Nouveau-Monastère.
Il fut dédié à la glorieuse Vierge Marie, et, dans !
la suite, il en futile même pour toutes les e'glises i
de l'Ordre, qui professa toujours une grande '
dévotion pour la Mère de Dieu.
Tous les religieux firent ensuite voeu d'obéis-
sance entre les mains de saint Robert; l'on |
nomma aux divers offices de la maison. Saint '
.Ubérir reçut la charge de prieur, et saint
Etienne cefle de sous-prieur. Mais saint Robert
ne put ji^uir longtemps de la solitude de Citeaux :
les moines de Molesme le rappelèrent uno
-• ' nde fois parmi eux; ils arrachèrent au pape
I ilain II la permission de lui faire quitter
<;ittaui, et saint Robert, renonçant encore à sa
[iropre volonté, obéit aux invitations du cardi-
nal Hugues, à qui le Pape avait rerais cette
affaire. 11 reprit le chemin de Molesme. Dieu i
bénit son obéissance. car .Molesme sembla relleu- |
rir; il produisitd'autres monastères, entre autres j
■ elui de Juilly, où la sn-ur de Saint Bernard se |
consacra plus tard à Dieu. Dès ce moment, les i
rapports de saint Robert cesséj-enl avec Citeaux.
II mourut l'an 1110.
SAIST ÉTIBNSE, FBIEXR DE OTEAUX
.\près le départ de saint Robert, leur premier
abbé, les moines de Citeaux élurent pour lui
succéder saint .\lb<*ric, et saint Etienne, naturel-
lement, remplaça ce dernier dans la charge de
prieur.
Cette charge, qui l'unissait d'une manière
'•troite à l'abb'-, permit à Etiennt^ d'apprendre à
l'école d'Albc'rJc une prudence admirable, comme
il avait appris à celle de saint Robert l'obéis-
sance et la fermeté dans les épreuves.
D'après la r''gle de saint Benoît, !e prieur
devait «*tre pour ainsi dire l'œil et la main de
l'nhl.ô tniijniirs prêt k exécuter ses ordres. Son
î!' ■ - lit à tenir sa place pendant son
i!'^' li ; '. I m- les exercices ordinaires de la mai-
son; il di'vait surtout veiller au maintien de la
réi.'ularilé dans le couvent. Il présidait encore au
réfectoire, car l'abhé mangeait toujours avec les
li'Hes, comme le prescrit la rèj.'le de saint Benoit.
Ainsi donc, Klieiine partageait pour beaucoup
la sollicitude de s.iinf Mb^ri ■. et tous deux cher-
chaient à donner 1 iK exemples àleurs
frères. I,e premier : i qu'ils llrent fut de
retrancher toute supciUuitc dans l'habit monas-
tique. !U reietèrcnt tons le< V'temenl» dont il
I' ' ' ' 'ion dans la rèyle, ne voulani
"■nt .i larges plis, ni foumire-
1-e «c -imI '-inii-ement au** Citeaux apporta
"" " ■ s ,1e., iii.in- ■ ■ • 'nlors fut de revenir,
1 iioiirrifi. 1 me sévère prescrit
I,. ,i„ , ,.,
' rent aussi d'accepter le-
I i; . t^os possessions,
■ils.
l,rent Menti'jtla
renommée de la ferveur de Citeaux. Mais une
crainte vint saisir l'esprit d'.\lbéric , aucun
novic-nese présentait. La réformeallait-elK»donc
s'évanouir après quelques années seulement'? In
fait merveilleux vint rassurer le saint abbé.
Ine nuit, un clerc, qui étudiait aux écoles J •
Lyon, aperçut dans une Wsion une rille d'un'^
beauté indicible, bAtie sur le penchant d'une
montagne, au pied de laquelle coulait une rivière
aux eaux profonde--. Comme il cherchait nn su,'
pour la traverser, il vit sur les bords douze ou
quatorze pauvres qui lav.nieut leurs viHements
dans le courant Parmi eux se trouvait un per-
sonnage d'une beauté éclatante qui les aidait
tour à tour. Le clerc s'approcha de lui et lui
demanda qui il était. « Ces pauvres, lui fut-il
répondu, font pe'nitence et se puriflent de leurs
fautes: pour moi, je suis le Fils de Dieu, Jésus-
Christ, sans qui ni eux ni personne au monde
ne peut faire de bien. Otte ville qui brille sur
la montagne, c'est le Paradis où n'entreront que
ceux qui auront fait péniteni-e. Pour toi, sache
qu'il n'y a point d'autre voie que celle-là. » .\ces
mots, le clerc se réveilla, et fut lon^-tempe à
réilèchir sur cette vision. Quelque temps après,
de retour chex lui, il en parla à l'évèque de
("h.'tlons qu'il connaissait plus particulièrement.
L'évèqne lui conseilla de quitter le monde, et
lui indiqua le monastère de Citeaux.
Le clerc prit le chemin du couvent. La solitude
sauvase du lien, l'aspect du monastère l'ef-
frayèrent tout d'abord; il frappa néanmoins à la
porte de la maison de Dieu, et quel ne fut pas
son étonnement de reconnaître dans tous les
Frères les pauvres qui lavaient leurs vêtements
dans la rivière. Il fut reçu par tous comme un
gage de la protection du ciel, il devint dans la
suite excellent religieux, et remplaça Etienne
dans la charge de prieur.
SAIMT ETIENNE EST Ô-U ABBÉ
Cinq ans plus tard, en HOO, comme le rap-
portent les annales de (".ileaux, l'homme de Dieu,
.Xlbèric. après s'être exercé à l'école du Christ
par la discipline de la règle pendant neuf ans et
ilemi, retourna vers le Seigneur.
Cette mort afllieea beaucoup le cœur d'Etienne
qui perdait en saint Albéric le meilleur ami: il
se consola en pensant que ses prières lui seraient
désormais d'un aussi utile secours que ses con-
seils et ses avis.
Hieiino fut élu un.mimement par les Frères en
la place d'.Mbéric. L'élection se fit enson.ibsence,
car dans son humilité, redoutant peut-être la pre-
mière place. Il avait cru qu'en quittant Citeaux,
on penserait moins à l'élire.
Etienne rontinna dignement les réformes com-
mencées par ses deux prédécesseurs.
LWDIGETfCK rST AL' COlinLE
I^ cnnvent se trouva bientôt réduit à la plus
iriî" t 1 iî'.once. Ce fut au milieu de cette
r,,-jrut aveo éclat la confuinc,'
|ii I II' une IV lit en Hiru.
Ln j'iur, le cellerier vint l'avertir que les pro-
visions étaient épuisée». Le Saint prit avec lui
un Kr''Te ronvers. et tous deux «e diriL-erent.
,,. ,.. ._ ..,,,■ .\,.^ ,\nf». vers deux villages voisin-»
lie [lorte en porte.
I. , i]iii. . ils trouvèrent que la nii>' le
du fil 1 ure à celb- île 1 il)l>é
(lii '••. ,|, iniiid I Etii'iiiie en
souriant, vous avei slané dans un rhanip plu-
fertile que le mien, r l.e reli^'ieux r'jH-.ndit que
c'était pràce à la -énérosité de tel pr'-tre qu'il
nomma. Or, ro prêtre était enlaili-- il-- simonie.
" A l»ieu n<^ plai«e. s'écria Elienni.-. frémissant
d'h"rrei;r.i|ue nous touchions à l'osaumcines souil-
lées par la main qui les a données. » Il appela
des bpr:,'prs qui se trouvaient là, et versa dans
leurs mains tout ce que le sao contenait.
L'n .nuire jour, la disette fut plus violente
encore, ^tienne vit que c'était l'heure de Dieu.
Il appelle un Krére et lui ordonne de se rendre
au marché de Véielay, d'y acheter trois chariots,
avec trois forts chevaux de trait pour chacun
d'eux, et de les ramener charcés de vi^tements et
lie vivres et d'autres choses nécessaires. Le Frère
se montre tout prêt à partir, mais avec de
Taraient. <■ i»- n'ai trouvé que six sous dans toute
la maison, chi Ltienne, preuoi-les si hon \ous
semhle. ■■ Le Frère partit pour la ville indiquée.
Armé la, il se rendit chez un ami auquel il lit
connaître l'embarras du monastère. Sur ces
••ntr> laites, un homme riche, sur son lit de mort,
'li-!i il'uail ses biens aux pauvres. L'ami du teli-
-i' u\ court ausMtot prés du mourant et lui
lait le récit de la misère de Citeaux. Touché de
ces paroles, cet homme appelle le religieux et
lui lionne tout rar:.'ent nécessaire, l.e moine
revint donc à Citeaux, suivi des trois chariots
cliar;,'i's de provisions, l^i foi d'Ktienneet l'obéis-
sance du reli;.'ieux avaient été récompensées. Ce
fut la dernière épreuve que l'abbé de Citeaux eut
à supporter pour le temporel de son couvent, car'
']•■■< ru jour les aumônes furent plus abondantes.
LA MORT FAIT DES VIDES A CITKAUX
Mais une épweuve plu'< terrible l'attendait. Pen-
dant le-^ années de IIM et 1112, une mortalité
terrible vint lui ravir tour à tour plusieurs de
se'i enfants spirituels.
l'Ius d'une fois, le bruit sourd de la crécelle,
ni'^lé au tintcnient de la cloche, appela les Frères
du louvent au lit d«- mort d'un des leurs, .aussi-
tôt, tout était interrompu, l'ofiice divin lui-même,
! L lin se rendait à la cellule du mourant, en
i.iiil le Cit-ilo. Puis, quand tou* étaient réunis
. ur de li'ur frère couché sur la cendre, car
'lit ainsi que mouraient les moine>, ils fai-
s.ti-iit ensemble la recommandation de l'Ame.
Ia' 1 u'Ui pat'-rnel d'Klienne voyait avec peine
;■'"' -■•' •iifants; et ce qui le tourmentait
' lit de ne voir aucun novice venir
lies que faisait la mort.
Il s'en vint iin'-me à se demander, s'il n'y avait
pa». lieu de voir en cela un ^i».•lle <|ue Dieu
I.' .1 .ni 1. 1- l.-ur (.'enre de vie. Ce» tristes pen-
iii'i'iit I nlin. In Jour que le couvent
: lUtiiunriinreliLjieux mourant, Kliciine
au moribond: ■ Au nom de Jésus-
.1 pour l'amour dui|uel nous sommes entrés
In voie étroite cl diflicile, et en vertu de
■i e que vous m'Oiei luré, je vous com-
' revenir vers ii>>us, au temps et de la
,' \oudra, pour nou'' '
.1 -.1 iiiisénrorde,
jour* après.
LES .NOVn^.ES ARRIVE.VT E.N FOULE
L événement vint bientôt justifier ces prédic-
tions. Kn effet, dans l'année 1113, la porte du
monastère vil pa>ser une troupe de ^enlils-
liomme< des plus nobles familles de Uourf;o;.'ne.
«■'étaient les trente compat-'iions que le jeune et
ardent saint Hernard avait irapnés à la vie reli-
ijieuse. Ce noble jeune hoinrae avait entendu
l'appel de Dieu, et il amenait avec luiàCiteauxson
oncle, ses quatre frères et une foule de sei^^neurs,
-■•« amis.
Saint F.tienne reçut avec de grandes actions de
;;i 'ices les novices que le Seigneur lui envoyait.
l.e monastère se mit donc à lleurir comme
jamais. .\u milieu de ces temps malheureux, où
beaucoup d'abbayes tombaient dans le relAche-
monl. à cause de leurs richesses, Citeaux, par
sa pratique fervente de la pauvreté, édilia le
inonde.
Peu de temps après la venue de Hernard au
monastère, Etienne fut appelé à fonder le nou-
veau couvent <le la Ferté. au diocèse de CliAlims.
Cauthier, évèque de celte ville, et deux ;:entils-
hommes de cette contrée, avaient proposé ce
domaine au bienheureux abbé, qui reçut avec
joie cette oiTre et partit lui-même londor ce
monastère. Celui de Pontipny.au dioi .'•e tir Sens,
fut au>si fondé dès l'année liu. L'année sui\ante
vit également s'établir les abbayes de .Moriinond
et de Clairvaux.
Le jeune Kernard fut envoyé avec douze autres
moines fonder ce dernier couvent. Telles furent
les quatre premières filles de Citeaux, <{ui
devinrent elles-mêmes bientôt mères d'un grand
nombre d'autres monastères.
SAINT KTIRN>E, FO.NOATCUR d'oRDRE
DER.MKHES AN.NKES
Ju<que-là, les abbayes étaient indépendantes
les unes des autres, et n'avaient entre elles
d'autres rapports que ceux <le la charité frater-
nelle. L'abbé d'un mona'-tère i-ouvernait ses
moines, sans dépendre d'aucun autre; c'est pour-
quoi il sutlisait d'un abbé moins saint on plus
faible pour laisser s'introduire la tiédeur ilans
un couvent. Ktienne vil ce dant'er, et tioma I.-
moyen d'v remédier, ce i|ui lui valut le titre
véritable de fondateur de lOrdre cisiercien.
La première mesure qu'il prit alin de cimenter
.1..
les entre eut fui l'ilislîllllioli
Tous les 1
.'•■ Cr^'i». i 'I,-
.1 s y reunir pour
ruiiion
du Ch
l'F.xali
vents Issu-
y traiter d'
Ce fut au (.liupilir ::eiieral de 1 1 11* (|u'Kllenne
f\\i b-s • on>lituiions de l'Ordre noiiveni. d.iii»
p!
I
pouv.iil tisittr li'l 111 il
tour, les abbé» des w
Citeaux, et rha : >■
année, visiter b
..I, ...„
■1 livre. Il se démit de
I ,1 .1.. I I I I .1 lie su:
Il le procttainr
,l.'p..s' ftvfc v'n'ralion attprèt
lU rejoindre
m , puui ré^er avec
liup.-acriinJ, L. l'i.ritiic.<>b>. i>, rui I i..ni,ui» I*'.ra;i:
SAINT JONAS ET SAINT bARAClIlSILS, MAllTÏRS
Fête le 29 mars.
Saints Jonas et Barachisius soutiennent le courage des martyrs.
PEBSECUTION EN PEni-E
La dix-huitième année du règne de Sapor, roi
lie Perse (310-380), une persécution éclata dans
ce pays contre les adorateurs du vrai Dieu. Le
roi ordonna à ses ininislres de détruire les
-ainls temples du Christ et tous les monastères
<le son royaume. Les chrétiens devaient sacri-
lier aux dieux des Perses, et ceux qui s'y refu-
saient étaient soumis aux plus cruels tourments.
Or, il y avait dans un petit village de la Perse
deux frères, Jonas et Uaracliisius, craignant Dieu
(;t oliserva^t ses commandements avec la plus
grande fidélité.
COURAGEtJSg CHARITÉ
Quand ils eurent entendu parler de la persé-
cution de Sapor, les deux frères, abandonnant
leur demeure, se diripèrtMil vers le lieu on l'on
«^vissait contre les cliréiiens avec le plus de
n.iipur. Arrivés au villn(,'(> de Uardiaboch, ils
I' iiiindiTent au fjardien de la prison de leur en
Miif'.lre l'entrée. Neuf chrétiens s'y trouvaient
lius pour avoir ilésohéi aux décrets de
I ; Jonas ft Karachisius, voyant h-urs frères
.1 - \pn tourments, cominenci'renl à les exlior-
ler . " Kn-res, ne crai:.'ne7 riin, leur dirent-ils,
mais soutenons f-nsomlil'' un seul »*l même com-
bat pour le nom du Crucifié, afin d'obtenir la
couronne éternelle, comme nos pères et' nos
frères l'ont obtenue par le martyre. » Affermis
par ces paroles, les chrétiens s'encouraseaient
mutuellement à souffrir tous les supplices avec
patience, et, quelque temps après, ils reçurent
la palme du martyre au milieu des tourments
les plus affreux, et sous les yeux de Jonas et de
Barachisius, qui ne cessaient de les soutenir par
leurs encouragements. Aucun des neuf ne fut
traître à son Dieu.
JONAS ET nABACHISIlS SONT ARRÊTÉS
LEUR PREMIER INTRHROliATUlHE
Les ministres qui venaient de faire mourir les
neuf martyrs dont nous avons parlé, accusèrent
Jonas et Barachisius de ne pas dhéir aux ordres
«lu roi, et de refuser d'adoier le soleil, le feu et
l'eau. Les juues, remplis d'iuili^nation, firent
arrêter les deux chrétiens. « Nous vous adju-
rons, leur dirent-ils, par notre roi Sapor, de nmis
dire la vérité sur ce que nous allons vous
demander : Obéisse/.-viujs à la volonté de Sapor
et A se» décrets'.' ad«rei-vous le, soleil, le feu et
l'eau comme le roi l'ordonne'/
— Nous vous parlerons, répondirent les deux
saints, mais vous, écouteï-nous, comme il sieil à
d''s princes et à de» jufjes du mi Sapor. Il vous
318
a, en effet, cl)oi*is. et a remis son ju;,'ement
entre to« ninins pour que vous fo >■<"/. de» juges
équitables. Ne <i« »ei-voaspas, illii<ires juges, ne
devei-vous |a< |ilulol craindri- ri-lui qui vous a
donné riiililli(;ence et la sagesse, plutôt qu'un
roi de la lerre, et reconnaitre ce Dieu qui com-
mande au ciel, à la terre et à tous les esprits?
C'est lui .lussi qui fait les variétés des saisons et
modrre toutes choses: il vous a abondamment
pourvus lie prndfnie pour ju;.'er ceux qui vous
sont semblables par In cliair. Or, nous vous adju-
rons de nous «lire avec vérité et sincérité' quel
est le Dieu que nous lievons renier, le céleste ou
le terrestre. réUrni-l ou le périssable? Nous
crryon» au liieu qui a fait le ciel et la terre,
mai- non pas a un honirae mortel. Kt, en effet,
nous ne divons pa* nietlre notre ciiriHançe en un
homme qui ne vit qu'un peu de temps, meurt,
est enseveli, et n'est qu'un homme comme nous. »
JONAS CST INTClIROCi SETL rBEyiEHS SDPPUCBS
De telles paroles mirent le comble à l'indisna-
lion des juites, et, dans leur fureur impie, ils
ord.innèrenl que l'on apportât des verces cou-
Terte» d'épines pr>ur fuslii;er le» accusé». Mais,
auparavant, ils décidèrent que les saints seraient
séparé» et tMli'rro:;és veuls, alin de le» rendre
plu* faibles par leur isolement.
Jonas fut appelé le premier : <' F)h bien! lui dit
le jtite en colère, lu as à choisir, que faut-il te
faire? .\dore les ilieux, sacrifie au soleil, au feu
et i l'eau, observe tout <e que I* roi des rois,
Sapor, a ordonné, et tu seras comblé d'honneurs
et mis en liberté; sinon, nou» t'inllifieron» le»
supplices et les tourments les plus iruels. Ne
crois pa-, cependant, que nous soyons tes enne-
mis, car nous ne le ferons aucun mal. à moins
que tu ne t'oppo«es li'i-inème .i ton salut. — Je
n'ai pas r>e»oin d'un tel s.iliit, repartit Jonas, car
il Unit avec ta vir présente qui passe si vite,
*u»«i, je ne reni' :- Nolre-Seii.Tieur, qui
rit dan* le* sied- I'"-. Il iioiisa fait cette
proiii.'s-e qu'il i<iidi,i;t à chacun selon ses
ii'uvre<i. quand il viendra sur les nuée» du ciel
et qu'il reniera devant son P.-re ceux qui l'auront
renié devant les houimes. .Maintenant, faite» de
moi ic <|ue vous v.iudrei. mai» ne pensez pa*
qui- j'.ibaiidonn>' la in.ii'-i>ii de mon Dieu pour on
être un j^'ur chassi'. ..
CIIKSTV.NiK Vt JO.XA» n^XS LRS fttrPLICKS
\ celle couraceuse réponse, le» ju<;e» oppo-
9^r''l< ' 1'-^ I '^( ^ '^1 f"^ li-tli-i V .1! ( ;ii 11.' :'■ Il II Tiii II fijt
fr
qu- . . |. , ■ , !'
le irappnit, le courai'i'ux martyr louait l»ieu :
<• (.l'ire :i -..-.ns .li-ai! il. Hi'-n de nos père».
fl ;■• ce monde
el ic et à votre
saillit- louiiei-nous
la pal. nient tout ce
'jue le .s..i; imu- a i-i.lonhé par la
bouche de I lliivid, ouBiid ce saint roi
di- lit : - Je 11
qu'un • seul
CI-
/■
^
d- - lUe
).. ■ !..
Si
f»
n-:
e!
.sont tous les suppiMs de rinf.'ime Sat.in, j? les
renie tous éaaleinent ; je leur suis élranper, et
je ne veux, en au-une manière, adorer, ni reinlie
aucun culte au soleil, à la lune et aux étoiles,
au feu et à l'eau, toutes matières créées que vous
a[>pelez dieux; mais, je crois fermement au l'ère,
au Fils et au Sainl-Ksprit, vériiable Trinité qui
conserve le monde lout entier par sa seule pui.s-
sance et Providence, et qui a fait ces dieux eux-
méme^ que vous voulez nous forcera adorer, car
il est le Dieu tout-puissant el Créateur de toutes
choses. » Les Ju:;es l'interrompirent et ordon-
nèrent de lui attacher une chalne'aux pieds et de
le traîner sur un ètanii ^.-elé. Le Saint devait pas-
ser toute la nuit au milieu des glaces.
D.(RACIIISIL'S l'AHAIT DEVANT LB TRIDrNAL
NOf VF.U.F. HrsE KT NOUVELLK VICTOIBK
Pendant que Jonas allait au supplice, les
jui-'e*. après avoir [>ris un peu de repos, llreiil
comparaître Harachisius dcv.iut leur tribunal.
'< Eh bien! lui dirent-ils. & quoi le décides-tu?
Kst-ce à immoler au soleil, au feu et à l'eau, et
à adorer et véni-rer ces dieux comme l'a fait
enfin ton frère Jonas, ou bien veux-tu exposer
ton corps aux plus cruels supplices. M Saint Mua
chishis ne pouvant supposer une telle faiM- --■
de la pari de son frère. Ht celte réponse : <• Ce
que mon frère a adoré, je l'adore, je le vénère
et je rtionore éL'ab-ment.l'.eqiie vou» me dite» .1
son sujet est faux, car la divine Vérité ne lui a
pas permis d'afrir de la sorte. (Jui eiit nu, en effet,
lui aveucler lelleinent l'esprit, qu'il en vint à
abandonner relui de qui il a reçu l'èire et l-i
vie, son Créateur, pour rendre ses lininmai-r
et ses adorations à des étn-s matériels, créé-
fiar ce même Dieu pour l'usaiîe el l'utilité de>
lomme»? Si ces choses devaient être adorées, ce
ne seraient pas les hommes qui s'en serviraient.
mai>> ce seraient elles qui se serviraient des
homm'-s. O'iel déshonneur n'y aurait-il pas en
effet jiour le feu, si nous nous en servions poui
un us.i;;e baset vil? Au re»le,il n'y a pas que b-s
riche» et les hommes vertueux qui se si-rvent du
feu; le» pauvres et le» criminels en font ét-al---
ment un usaire très fréquent. Or. puisque le i- n 1
étéroiislitu'- notre servi'
quelle iniquité de non
Itieu a créé pournolri- --iw • . n u- n-us
Iraindre en m'm" temps à renier ce liieu qui a
créé le ciel, la terre. In mer --' '-•••• • - "oi ''v
I trouve! ■■
I
en
COIi
voir leiii^ pande-» et
reli.-ioii chrétienne li-
res,.lurent ,|p ne coiil
qui- peu. Un' U iiiiil II-
el.
ils '
vous m'inlligez maintenant. Le bra\e •jiii inarche
au combat ne dnil-il pas Atre pif-t à mourir à
chaque instant pour la f,'loire et le triomphe de
son roi"? » A ces paroles, les juf.'es,)ous de colère,
ordonnent de verser du [ilomb fondu sur les
yeux, dans la bouche, le nez et les oreilles de
i"liéroique martyr qui, toujours invincible, est
ramené en prison et pendu par un pied.
JONAS PAB.^IT DE NOUVE.Al' DKVAM LES JUUES
COJIME.VT IL A PASSÉ LA NUIT DA.NS l'iîTANG fiLACÉ
Alors les jttses appelèrent de nouveau Jonas
devant eux et lui dirent : •< 0<immeut te portes-
tu? Comment as-tu passé la nuit dans cet étang
i-'lacé? — Croyez moi, b nr répondit .lonas, mon
Dieu ne m'a jamais accordé une nuit aussi tran-
quille, et personne n'a jamais si bien reposé que
je l'ai fait cette nuit.
— Ton frère Barachisius a été sage, reprirent
les ju(j;es iniques, il a renié ton Dieu, et toi,
persistes-tu obstinément d;ins ta démence".' »
Saint Jonas répondit : ■• Je sais que mon frère
a renié le démon et ses ani;es, et qu'il s'est uni
plus inlimeraent à Jésus-Christ. — N'est-il pas
plu< avantai.'eux pour toi de renoncer à ton Dieu
qne de perdre la vie?
— O hommes aveu:.'!es et insensés! comment
osez-vons vanter voire prudence"? Que direz-vous
de cette satiesse : In homme a un amas de fro-
ment; au lieu de le semer dans un champ fertile,
il le fiarde soigneusement à l'abri dan< son
irrenier pour ne pas l'exposer à la pluie et aux
orases, et il compte néantnoins faire une abon-
dante récolle au temps de la moisson! 11 faut que
le grain de froment soit semé et qu'il meure en
terre pour produire ses fruits. Ainsi en est-il des
hommes. Si quelqu'un dans ce monde perd sa
vie pour le nom de Notre-Seisneur Jésus-Christ,
lorsque ce m<^mp Jésus viendra pour ressusciter
les lils des hommes qui croient en lui et accom-
jilissent sa volonté, Il fera revivre cet homme
dans une splendeur immortelle. Ceux, au con-
traire, qui négli;.'ent ses commandements seront
jetés dans un feu qui ne s'éteindra jamais. »
ADMIRABLE BÉPONiK '
Les jupes gardèrent le silence assez longtemps,
ne pouvant s'enipècber d'admirer leî paroles du
iiainl et courageux cnnfe^seur; puis ils lui diront:
Prends garde, Jonas, prends «arde de te laisser
abuser par les livres des chrétiens; beaucoup s'y
■^ont déjà trompés.
— Vous dites vrai, r(<pliqu,i le martyr, il y
1 des livres qui trompent : tels sont les livre»
des philosophes grecs. Kt quoi de plus trompeur
■nussi que la vie du moude"? Mais Jésus-Christ ne
trompe jamais. Quaod une personne riche invite
des amis à sa table, ceux-ci quittent leurs
demeures pour se rendre auprès de celui qui les
invite, car ils savent qu'ils y trouveront la joie;
puis, quand ils sont as>-is et qu"ils mangent, s'ils
'e trouvent bien, iU se réjouissent et boivent
eopieusemenl, et rpiand ils sont ivres, ils ne }§§- j
L'ii' [dus à leur<i niaisoni^, et il faut que leurs |
-' î ileurs viennent les chercher. Aiii'-i en est-il
1' - li'ciple-» du C.brisl lorsqu'ils sont appelés en '
I t -r,i, piir les princi-s : ils n'i^mnrent pas qu'ils
vont an combat et à la torture. (»r, ipiand ils <
sont arrivé», qu'ils ont bu et «alisfait leur soif
iu'à rivres<.e par les tourments et l'amour du
-I, ils ne se siiuvieniienl plus qu'ils ont une
'le et des enfants >.iir la terre. °t ils ne
■luctine atlentioii :i leur renommée; l'or,
1,1 «( t'>l|( re (|in e~l (oprMutri' n'"'t plll<
rien à leurs yeux; ils rae'prisenl les princes et
les rois ennemis de Dieu, pour ne plus porter
leur attention que sur le seul grand lîoi, Jésus-
Christ, dont le royaume n'aura pas de hn, mais
qui demeurera éternellement. »
AFFHELX SUrPLfCES I.NFLIGIÎS A JO.NAS
SA CO.NSTANCS KT SA BOUT
Lesjuges,ùbout de patience, affirmèrent qu'ii-
sanraient punir son bavardaw; ils lui tirent
couper les doigts des mains et des pii'ds, pha-
lange par phalange, et, avec une barbarie inouïe,
ils les semaient de coté et d'autre, ou les lui'
jetaient à la figure en disant : •■ Voici que sui-
vant tes paroles nous avons semé tes doi^jis et
les pieds sur la terre; attends donc, et, quand le
temps de la mois'^on sera venu, lu pourras récol-
ter des pieds et des mains au centuple.
— Je n'ai pas besoin, répondit le bienheureux
Jonas, d'une multitude de nuins et de doigt»,
mais Dieu qui in"a créé saura bien, à la résurrec-
tion, me rendre mon corps intact et ^.dorieux. .
.\ ces mots, les Juges entrèrent dans une n.ouvelle
fureur et fireni fondre de la poix d.uis unescande
chaudière. ICn attendant. Jonas lut mis dans un
sac qui l'enfermait tout entier, à l'exception de
la tète dont on arra<ha la peau. Kn terminant
cette affreuse opération, les bourreaux lui coupè-
rent la langue. Quand la poix fut devenue liquide
et bouillante, le Saint fut ploiiKé tout entier dans
la chaudière. Mais Dieu vint miraculeusement au
secours de son serviteur ; à mesure «[u'ou l'enfon-
çait, le liquide brûlant s'écarlait et s"échap[iait de
la chaudière, lelleiuent que le martyr u"en fut
pas même touché.
Juges et bourreaux ne revenaient pas de leur
élonnement, mais ils avaient trop peur du roi et
aimaient trop le monde pour se convertir. Au
lieu d'adorer le Dieu véritable qui manifestait
ainsi sa puissance, ils recherchaient de nouveaux
tourments pour son héroïque serviteur. Ilslircnt
apporter un pressoir de bois, placèrent Jonas
sous les vis, les bourreaux la liront tourner avec
force et broyèrent tous les membres du martyr
qui expira dans ce supplice. Puis ils retirèrent
son corps brisé et palpitant, le coupèrent ea
morceaux et le jetèrent dans une citerne ilossé-
chée. Et, pour empécberles lidèles de lui donner
la sépulture, ils [ilacérent des gardes près di; la
citerne pour veiller jour et nuit.
MORT [>Ë UAHACHISIU3
.\près tant de combats, Jonas venait donc do
remporter la glorieuse palme du martyre et se
reposait dans la félicite' des cieux. Quand les
juges en eurent ainsi lini avec U; premier, ils
firent comparaître Harachisius. Lor'^qu'il fut en
leur présence, ils parurent le preinlie en pitié
et anèctèrent pour lui beaucoup do tendresse :
« Aie pitié de ton corps. Haï n-hisius, lui dirent-
ils, et ne t'expose pas si mal à propos à le perdre
toi-m^me.
— Ce n'est pas moi qui me suis fait, je ne
me suis pas donné moi-même l.i vie; en me la lais-
sant Ater pour r.imoiirdi' mon Dieu, je ne la perds
pas, mais le Seijneur. Dieu toul-piiissanl, qui
m"a créé et m'a dninn' |,i vie, me ressuscitera p,ir
sa seule puissance; il me retirera de vos mains et
de relies de votre roi, le plus impie el le plus
inique d'entre le" liomme-i, qui refuse de con-
naître le Di-'U qui fut son Cr<?alcur, qui empè -lie
de l'aimer et de le servir, et s'étudie à fuiri- la
volonté du prince de* enfers. »
1,11 eniptidiiii <•'•< pirnb"*, deiiv di's priii.'liiniix
juges se lèvent et tlisenl avec fureui : •■ Nous
faisons injuro au iv>i de» rois, Sapor, ■ n souffrant
(le tels délais dans le châtiment d.< violateurs
de ses lois et d.' ses ordres. Un ne :Ja)ine rien ni
par les tourimnls ni pur les discours avec cette
espèce d'hommes ohslinés. .. l'uis, se tournant
versHaracliisius, en frémissant de ra^e, ils écla-
tèrent en injures contre le Dieu des cliréliens et
contre lui. Sur leur ordre, le martyr fut jeté dans
un buisson d'épines 1res ai(jui-s; on l'en retira
déchiré et ensan:.'linlt-: alors, les juaes lirent
apporter des ros.-aiix qu'ils brisèrent et en piquè-
rent les fragments dans la chair de leur victime;
puis les bourreaux, leurs serviteurs, entourèrent
ses membre^ de rcrdes.et serrèrent violemment
fiour faire |i.'ii>trer profondément dans les chairs
es pointe^ di'> r'>si-aux. Knsuile. pour renouve-
ler le-i douleurs de ce supplice, ils déroulèrent
les cordes et se mirent à arracher les frafîments
des roseaux.
,\u milieu de ces horribles tourments, le bien-
heureux martyr ne laissa pas échapper un*
plainte contre ses ennemis; mais, à l'exemple
de son divin Maître, d priait pour eux.
Tout son corps n'était qu'une plaie, et le sanj?
ruisselait de ses membres di-chirés, mois ses os
«étaient encore intacts. On apporta le pressoir
sous lequel Jonas avait expiré; Barachisius fut
placé à son tour sous la cruelle machine, et, quand
on en relira son corps broyé, il n'avait plus
aucune forme humaine. I.a vicllnie respirait
encore ; on lui versa dans la bouche de la poix
bouillante mêlée de soufre. Dans ce dernier
supplice, Time du héros chrétien s'en^ alla
rejoindre dans la paix éternelle de Jésu«-Christ
r.'.iTi'- d<> son glorieux frère et compagnon d'armes.
ABDISSOTAS nVClIKTK LEI'RS COUP-
Vu de leurs amis, nommé .Vbdissotas, bomme
d'une (grande piété, .lyant appris que Jonas et
ISarachisius avaient reçu la palme du martyre,
s'empressa de si- rendre au lii-u où leurs corps
avaient été jetés. Mais les «ardes, qui veillaient
près de la citerne, l'arrêtèrent. Abdissotas n'igno-
rant pas que l'une des principales divinités des
amis du monde c'est l'arj^ent, leur en oITril. Les
soldats acceptèrent et lui permirent d'enlever
secrètement le corps des martyrs en lui faisant
promettre de garder à ce sujet le plus profond
silence.
KOMIEIR KT COl'RONNB DBS HISSIOKNAIRBS ET DE CEUX
Ol'l, PAR LEURS PRIÈRES ET LEURS BONNES lEl'VRES,
PARTICIPENT A LA CONVERSION DES PKCUEUHS
Jonas et Karachisius, comme nous l'avons vu,
avaient <|uilté leur maison et leur patrimoine
pour aller l'xln'rter les chrétiens persécutés à
souffrir patiemment pour Jésus-Christ, .\ucun
des neuf chrétiens qu'ils rencontrèrent dans la
prison ou ils s'arrêtèrent ne fut parjure à leur
foi, et, du haut du ciel, ces martyrs les protégèrent
ù leur tiiur. Mais quelle joie pour Jonas et Itara-
chisius, quand ils entrèrent dans lacéle>te patrie,
de retrouver ces mêmes frères c|u'ils avaient sou-
tenus dans leurs combats sur la terre. Kt main-
tenant, ils se réjouissent à jamais a>ec eux dau'^
la uloire. .\insi, ceux qui auront travaillé au
salutdes ùines par leur action apostoliijue, leurs
prières et leurs bonnes cruvres. éprouveront
une f.'rande joir, qui s'ajoutera à leur propn-
bonheur, en voyant dans le ciel la félicité de
ceux qu'ils auront aidés à se sauver quand ils
éUieul sur la terre.
I.e martyre des saints Jonas et llaracliisiu'-
arriva le i'.> mars. L'un des ravaln-rs du roi
Sapor, nommé baie, présent aux interrouatoires
et témoin du coura;;e de ces bienheureux
martyrs, a écrit lui-même le récit de leur
triomphe.
Imp. -e^rafl^ t. i'itiiNUio, s, rue |-r«or,uii I". t'«rit
SAINT RIEUL
PREMIER ÉVÉQUE ET PATRON DE LA VILLE DE SENLIS
/" siècle. - Fête le 30
mars.
L'àne de saint Rieul chasse le démon en traçant la Croix sur le
-A 11ktf^\M;v. KT !IA JKUNESÇR
I p fut Hnns la vill»; d'Ar;;ivP. pré* d'Athi^nes.
ijiif ^.linl IlKMil vil II- |(. lie U-ii (!•• fKiToiil" tiolilf-H
et doué"» tic ^randns vprtu» naturelle»!, mais mal-
h''ureuspnirnl fort ndntini''<< au mile des f.mx
dieiix.ln jpiitioUioiill'iit l'Invi-aiispiri dpsrichp'j'sr';
ft mu milif-ii ilf loiiip^ los Mipf radiions ni il.i-
117
trique!^ de son temps. Mais Dieu, qui le destinait
à {■ire un jour son vase d'Olection ( I l'apdtre des
Gaules, le pré\int,dés son j'iuiii- àj^c, de scb
j;râces les plus précieuses. Il i:arda son cœur
pur de toute souillure au sein <]•' c«lle société
grecque, •=! corrompue et si dé^îiadée à l'avène-
ment de Jesus-Christ. Jeune encore, notre Saint
avait une aversion telle jiour le culte des faux
dieuN. qu'il fallait toute l'autorité de son père
pour le déterminer à aller au temole. Ces dieux
merles de mai hre ou de bois ne lui sufGsaient
pas. Son ;\me,pure et vienne, entrevoyait un autre
Dieu, tout-puissant et infiniment bon, créateur
du ciel et de la terre. Ce Dieu, il allait le cou-
nattre.
5A cm.nvbusiok
Notre divin Sauveur venait de racheter les
hommes par sa mort et de prouver sa divinité par
sa n'^urreclinn et son ascension glorieuse. Ses
apdtrt'S s'étaient partofjé le monde : saint Jean
rEvaiif;élisle avait eu l'Asie-Miueure et demeurait
à l'plièse. C'est là que, par la sainteté de sa vie
autant que par les prédications, le disciple bien-
aiiné de Jésus attirait à son divin Maître une mul-
titude d'iines. De nombreux miracles venaient
chaque jour à l'appui de sa doctrine et coD\ertis-
saieut une {>>u\e de païens. Sa réputation fut
lii''nt>)l univen*elle. De toutes parts, un accourait
à Kphèse pour voir cl entendre l'apùtre du C.lirisl.
La Grèce ne demeura pas étrangère à cv beaa
rnoorement vers la foi : elle apprit, elle aussi,
les merveilles de saint Jean. .V cette nouvelle,
l'Ame du jeune Itieul fut inondée d'une ;.'rande
joie qui se traduisit au dehors par un ardent
désir de connaitre la doeti ine et le Dieu que prê-
chait le saint apùlre. Vaint-meiil ses parcntb
g'opposèrent-ils à son dessein : la ;.'rÂco l'emporta
sur la nature, et il partit pour Kphèse.
A son arrivée dans cette ville, >aiiit Jean prê-
chait. Il courut l'entendre et le vit environné d une
multitude d'homnie->. Les paroles de l'apôtre
binn-aimé étaient i'iupreiute> d'une force cl d'une
dnuL-4.-ur qui entraînaient et captivaient tous les
cu-nrs. Son visa;ie r&yonuail d'une candeur et
d'une clarté toute divine. C'en fut assex pour
convaincre une Ame aiis-i bien préparée que celle
du jeune ni<-iil. Il n'nit pas plutôt entendu la
doctrine de J " '-nce fut
éclairée de I l'<tur ce
Di' i. ' Hiis
I..: »I
el.lli >lli'>l''ll, <i l'ii' 'luit iiiid'iii tti. r.t ici,
que saint Jean n'hésita paA à le baptiser ce jour-
la même.
IL ot'rrni todt rou» !<■ paim u disoplc
Dl SAI.XT JKAN
\ i.eiiie .;u.îiiii.-. i.ui^ ^'l'Laielit-ils écoulés
d.
S< I.
■l'uije M
••.i vie
I '
Christ, qui a promis de récompenser le moindre
verre d'eau donné en son nom. Puis il dit adieu
à sa |>atrie, à fe.s amis, et revint à Ephése se
mettre sous la direction de saint Jean.
SKS PROGRis DANS LA SAlNTKTl! SON CARACTÈRE
' IL DEVIENT l'ami DE SAINT JKAN
! Sous la conduite d'un tel maître, saint Rieul
lit d'admirables pro(,'rés dans la voie de la per-
I fection. Fils docile aux enseiu'nements de son père
spirituel, il devint en peu de temps un hoinine
do grande doctrine et d'éminenle sainteté. Suint
Jean, dont l'esprit pénétrait si a van tdan< les secrets
de Dieu, ne douta pas que le Seigu. ir voulait
opérer de grandes choses par l'intermédiaire d<'
son disciple.
Tous deux vierges, tous deux embrasés d'amour
pour Jésus-Christ et pour le prochain, le maître
et le disciple ne lardèrent pas à être unis par les
liens de la plus tendre affection. Siiiiit Jean aimait
saint Itieul comme son lils et se plaisait k l'ap-
peler de ce nom; saint Rieul regardait saint Jean
comme son père et s'appliquait à suivre en tout
ses cooseib.
IL SST SltTARK* DR SAINT JKAN — aARTimi
rr KxiL DP sAiirr Arunc
Mais ce bonheur devait avoir un terme, et le
jour approchait où saint Itieul allait se voir pri w
de son père et de son guide. Titus venait i'
mourir, laissant le trAne et l'empire à son fr i
Domilien. Ce prince avait les instincts de Til>' f
et de Néron. Au<si ne Lardal-il pas & sij-iM i
contre les chrétiens l'édit de la deuxième pei '
cution générale. Saint Jean fut une de se^ |'i'
mières victimes : le proconsul <l' f' ■ ' •
contraindre le (li«riple de Jésus .1
f.'iuie Diane; le ^rand a|>ôtre re.i. .. :. ._. ,
meut, et ce nia;.'istrat le renvoya alors a lloin'
au tribunal de Domilien qui le lit plonger d-m-
une chaudière d'huile bouillante, puis reléguer
dans nie de l'athmos.
IL VA st ■rrmi soii* la Diaccnon
DU ••VINT llf.NVS
L'éloi^-nemenL, le supplice et l'exil
Jean jetèrent l'Aine de son pieux di^ei
une profonde tnste^se. Saint IliruI ).r
Seigneur, nui avait
Vil ver prêcher son
d'ail. •■■ -
son
se I f mil ■ u II' i * >i' , Il 1- . .',1,11, iM 11 ; ■
était évèqur, le reçut avec une grande
le mit au nombre de se» clerc*.
le cl de II.
lire, il ût , . :
.Mon Qls, lui rt pondit
itei-vous ce que dit !•• S«u
. Il'' lii'iiiiiie lii'lii II lit,
'. iii.iuilei ic qui lire
de
saint
pie
daii~
13.
et le
r. 1.
n .!■
jicm
', '
Ul 1 11
bonté (t
IL ACCOMfAl.MI SAlIfT MMT* A ROMt
BT nitçoiT i.t riÉmisr.
Mais notre Saint ne J. nu m 1 |..-is Innctemi'
< Athènes. Lu
• t î] l'il irait
.1 1
fréi .
I : » I .
parfait, i«, wtndê loMi u v'" '<< de -
lll Ul I
ilstique <
i t
»ei.
p.ii.
bien décidé
•'• I I il
pour la gloire de Jésus-Christ, il ne tarda pas
à le prendre en grande afTection. Il conversait
plus fainilièremenl aveo lui qu'aveo les autres,
et, lorsqu'il voulut confier i saint Ueuys et à ses
compagnons la mission de la (taule, re fut à saint
Rieul qu'il s'adressa pour en avertir sps frères.
SON DÉPART POm LA GACLK
FONDATION DE L'kGLISB d'aRLBS
Après avoir séjourné quelque temps à Rome,
saint Oenys el ses disciples allèrent recevoir une
dernière bénédiction du pape saint Clément, qui
It'ur adjoi^'nlt plusieurs autres évi'-ques : tous
j'acbemiiiérent vers la (iaule et arrivèrentàArles.
A partir de ce moment, commence pour saint
Hieul une vie nouvelle : la vie de 1 apostolat,
avec ses sacrifices et ses combats, et aussi ses
Tictoires sur l'enfer et ses consolations divines.
La ville d'Arles t lait encore plongée dans la plus
honteuse i JohUrie. A peino arrivp dans ses murs,
saint Rieul annonça à ses habitants la bonne
nouvelle de l'Evaiigile. Mais ce fut en vain.
Leurs oreilles demeurèrent fermées au langage
Je la vérili\ et leurs yeux refusèrent d'abord
de s'ouvrir à la lumière de la foi. Bien plus, ils
ne voulurent pas recevoir dans leur ville saint
Denys et ses compagnons. Mais le Seigneur
vint en aide à ses serviteurs. Il y avait dans
.\rles un bon nombre de marchands grecs et
romains, qui avaient été à Jérusalem, où ils
avaient entendu les chrétiens parler de la pas-
sion et de la résnrrection de Jésus-Christ. Ils
vinrent au-devant de saint Denys et de ses frères
et leur offrirent, pour passer la nuit, une maison
située non loin d'un temple de Mars. Les saints
acceptèrent et ^c mirent en prières.
Et voilà que, au milieu de la nuit, toute la ville
■ntendil distinctement des voix qui sortaient du
temple el criaient : " Ah! que ferons-nous? Paul,
le serviteur du Clirist, nous a poursuivis; nous
avons passé la mer pour nous réfugier en ce lieu ;
et maintenant nous sommes de nouveau détenus
et chargés de chaînes par ce l'aul et ses compa-
gnons, arrivés hier. « C'était saint Denys et ses
compagnons que le démon jlésignait. Ces paroles
jetèrent l'épouvante dans l'àme des païens.
Au matin, sur l'avis d'un Grec, nommé Ana-
tolius, instruit par saint Paul, mais encore
simple calécJium''ne, saint Denys et ses coinpa-
:;nons se diri^jènnt versTe temple de Mars, près
duquel les habitants s'étaient assemblés pour
sacrifier à Mars et apaiser sa colère. Saint lîieul
précédait ses frères, la Croix à la main. Arrivé
a la porte du temple, saint Denys entonna le
psaume : - Ikimini eut terra et pWniludo ejxi% : La
teri'' rt -■ n étendue appartiennent au Sei;,'neur •>,
' t i"us (-onlinui-rent jusqi;'à ce verset : <• Oomi>iu<
foriis el poiens : l.e Seigneur est fort et puissant. »
A CCS mots, le temple fut renversé et ses idoles
brisées.
De plus en plus terrifié, le peuple n'y tint plus
'l demanda à saint Denys de leur faire connaître
le Dieu dont la puissance venait d'éi-Iater d'une
marih-rc '■i manifeste. L'apôtre du Christ com-
iniMP a alors à lui prêcher le Dieu unique et
vériUilile qui venait de renverser le li'niple de
l''ur^ faui dieuT, puis il lui montra l'ali'iirdité
• lu culte des idnle*- et l'exliorta vivement à adorer
1' l'ère, le Fils el I* Saint-l>[rit. Alor=, Analolios
et une br<nne partie du peuple demandèrent et
rr. urrnt le bapti'me. l'ne chapelle fut élevée sur
I. r,i,i.(-« iJa temple et ron'acr-' ^■" • linl»
•■rre et Paul. Telle fut I n de
\ lies, uned'S plusaurjeni. l.iule.
SAIMT BIKUL, PRIiSnER KVÈijOB B'aHLKS
Saint Denys donna la charge de ce peuple nou-
vellement converti à la foi à saint Rieul el lai
dit, en le sacrant évèque d'.\rles :
« Très cher frère, que .'^otre -Seigneur vcii-
préserve de la persécution des païens, comme ii
a conservé son disciple bien-aimé Jean, votre
précepteur, au milieu des tourments. Je sais que
vous de>-ei être grand tt que vous vivrei dans
l'observance des commandements de Dieu jusqu'à
votre vieillesse, sans encourir aucun mal. ■'
Celte décision surprit fort saint Rieul, et,
comme il faisait entendre à saint Denys l'arTection
qui! lui portait et son désir de le suivre : •' Mon
frère, lui répartit doucement le saint évèque,
je vous dis «e que vous avez à faire pour le pré-
sent : Gouvernez ce peuple selon la loi de Dieu.
Après ma mort, etsi le Sain t-Ksprit vous l'inspire,
acherainei-vous promptement vers la cité rie
Senlis pour y prêcher l'Evangile de Jésus-Christ. »
Toujours doux et humble de cœur et ne comp-
tant pour rien ses satisfactions personnelles,
quand la gloire de Notre-Scignenr et le salut
des âmes étaient en jeu, saint Rieul se soumit à
la volonté de son maître et ne songea plus qu'à
remplir dignement sa mission. De son côté, saint
Denys et ses deux compagnons, saint Rustique
et saint Eleuthère, se rendirent à Paris.
Bientdl, grâce au zèle de son saint évèque,
l'Eglise d'Arles devint très florissante. Comme le
bon Pasteur, il veillait nuit et jour à la garde
de son troupeau, encourageant les forts, secourant
les faibles, relevant ceux qui avaient eu le
malheur de tomber, et repoussant avec '-nergie
les attaques du démon qui se servait des prêtres
païens pour regagner les ;\mes.
Et ce n'était pas sans un dessein tout provi-
dentiel que saint Rieul travaillait avec tant
d'ardeur à la perfection et au salut des fidèles
de son Eglise, car le moment ajiprochait où
Dieu allait ravir à l'Eglise d'.Xrles son pasteur
pour le conduire dans la ville que lui avait dési-
gnée saint Denys, dans la cité de Senlis.
VISION DE SAINT RIKUL IL SK REND A l'ABIS ET DK
LA A SENLIS — GllÉRISON d'UN POSSÉDÉ — LK
OÉMON ET h'.KKE DE SAINT RIEUL
Notre Saint célébrait un jour le Saint Sacrifice.
Arrivé au Memrnto et après avoir prononcé le nom
des apôtres, il ajouta, sans y penser, ces paroles
que lui dictaient l'Esprit-Sainl : Kl hfnlis mnr-
tijribus lui^ Dioivjiio, liustii'o et Eteulherio: puis,
fixant ses regards sur le crucifix de l'aulel, il
aperçut trois colombes sur les bras de la croix.
I*urs ailes étaient teintes de sang et elles por-
taient sur leur sein, écrits avec du sans, les trois
noms : Dionysiu^, Rustirus, Eleutlierius. Il vil
encore auprès de la croix des ansis qui ch.in-
laient ce psaume de David : •> Mon Dien, les Gen-
tils sont venu-- en votre héritago; •> mai», arrivés
0 ces mots : « Et il n'y avait personne qui l'en-
sevelit, •! ils disparurent el s'élevèrent au ciel.
K':lairé d'une lumière «le l'Esprit-Saint, le ser-
vileurdf Jèsu«-Cliri-t comprit anssilftt que saint
Donys et se» compa:;iions avaient souffert le m:ii-
tyre, el que Dieu, psr cette vision, l'averlissut
d'aller é.ans.li-er le peuple de Seiili». Ayaijt
ilonr ,n-hevi'. ii nies-^e, il assembla les piètres et
les fidèles (le son rL'li«e, leur raronUa sa vision
el .innonra son départ. A ces mots, Ions les
.hrélien< fondirent en larmes et siippli'i<nt
leur bienheureux P.'re de n^- pas l<< li^-'C
orphelins. i,e Saint pleurait. Ini .lussi; mai- iiii'.>-
pable de résister à la volonté du Seigneur, il
nomma, pour lui succéder, rév.^que saiiit Félix,
et, après avoir dit aJieu au.\ fidél'îs de son Eglise,
il prit lecheiniudel'aris,accomiiaj.'iiede quelques
chrétiens.
Son premier soin, à son arrivée à Paris, fut
de s'enquérir du lieu où reposaient les restes
sacrés de saint Denys et de ses deux prêtres,
sainl Huslique et saint Eleuthère. Dieu bénit ses
recherches et conduisit ?es pas chei une dame
chrétienne, nommée Catulle, qui le tint caché
dans sa maison lui et ses compagnons, car la
persécution était loin délre apaisée. Elle leur
raconta le martvre des serviteurs de Dieu et les
conduisit de nuit à leur tombeau. Saint Hieul
y pria jusqu'au lever du soleil. Puis il revint dans
la maison de la pieuse dame et y resta caché
juscju'nu loiir ou le préfet Fescenninus retourna
à Home. Alors les chrétiens respirèrent un peu.
Saint Hieul proiila de ce répit pour faire élever
une cliapelle sur le tombeau de saint Denys et se
ren.lie dans la cité de Senlis, encore plongée
daIl^ l'idoliUrie.
Le Sei;.'neur daiu'na signaler l'arrivée de son
serviteur dans celle ville j)ar un miracle éclatant.
Une dame de haut rauij, nommée (Milice et
parente de la pieuse Catulle, avait un fils possédé
du déinnn. .\yuiit appris que saint Hieul appro-
chait de Seniis, elle vint, tout en larmes, lui
présenter son malheureux enfant et le supplier
d'avoir pitié de lui. Touché de compassion à la
vue de celte mère affli;;ée, le Hienlieureux s'ap-
pro'-ha du jeune homme que ."^aUii tourmentait
«Tuellemenl, et. lui imposant, il récita à haute
voix l'ilraison dominicale et le symbol.- des
.^piMres. l'uis, s'adressant nu démon : ■ Esprit
imiiionile, lui dit-il, je t'ordonne, au nom de
Notre-Sei;;iieur Jésus-Christ, di- sortir de cette
créature de Dieu. >• A ces mots, le démon aban-
donna sa \ictime.
\a- démon, chassé par l'exorcisme, demanda
d'entrer dans le corps d'un Ane. C'était sans doute
une rompensalion coiiiine celle des déliions qui,
d'api fs l'Evaiifile. demandèrent à pouvoir habiter
le corps des pourceaux.
Mais, dit la Kj^ende, l'Ane, en béte bien apprise,
fit un si^rne de Croix avec son sabot sur la terre,
et le diable fut réduit à se pourvoir ailleurs.
C'est ce sujet que notre artiste a représenté en
télé de celle vu- comme une leçon donnée |iar
une humble bète aux hommes orgueilleux qui
• effarent le signe précieux de la Croix et se livrent
au démon.
fHEHIF.KCS COMVUSIO.NS
\a: bruit de ce mirai le se ré|iandit bieulAt et
toute la Tille a'iourut pour voir cet homme • si
favorisé des di"U«. •■ comme disait le peuple.
Saint Hieul iir^dita de cette occasion pour lui
annoncer la bonne nouvelle de l'Evanuile.
Dieu bénit ce preim^r ••ITori .le -oii serviteur.
A peine eut-il ai! ■' nin' ;:raiide
Il II lie du peuple, . ii't'iiiinut
-1 ■ lai l'icu 1 1 Ueiiiauda u être
Je
bai
M
don
un
pri
SIIIM
■■• I-
olilr
li'ill
i\ de se V
!<'puis "I
Ver un
tenta
■ .1-
1. nli'
il!
sacrilice pour le lendemain, résolu de contraindre
notre Saint à brûler de l'encensaux idoles ou à mou-
rir. Durant la nuit, saint Denys et ses deux compa-
1,'nons apparurent au préfet et lui dirent d'un ton
plein de sévérité : « Jésus-Christ, dont nous
sommes les serviteurs, nous a envoyés vers toi,
alin de l'avertir que tu aies à quitter le culte des
démons et à embrasser la foi et la religion chré-
tiennes. Dès demain, de grand malin, va-t'en à la
recherche de notre frère Hieul. demande-lui par-
don de tes mauvais desseins contre lui, renonce
au culte de tes faux dieux, et fais tout ce qu'il te
dira 1 Et ils disparurent.
Ijuintilien, tout épouvanté, alla raconter à sa
femme la vision qu'il avait eue. Celte dame, qui
avait vu et entendu à Paris saint Denys et ses
deux saints prêtres, ne douta pas un inslant que
c'étaient eux qui venaient d'apparaître à son
mari. Elle lui conseilla donc de leur obéir.
Au point du jour, saint Hieul se rendit au
temple, où les prêtres préparaient le sacrilice. En
entrant, il invoqua le saint nom de Jésus, et
aussiliU toutes les idoles furent renversées et
réduites en poussière. A cette vue, les prêtres,
transportés de colère, coururent cher le préfet,
réclamant à grands cris la mort du sacrilège qui
avait commis un tel crime.
Mais toutes leurs démarches échouèrent. "Tou-
ché par la grâce et encore tout épouvanté do sa
vision, Ijuintilien se déclara franchement chré-
tien et confessa en présence de tout le peuple
la divinité de Jésus-Christ, l-es prêtres des dieux,
revenus de leurs erreurs, confessèrent, eux aussi,
cette vérité et, avec une grande partie du peuple
ils supplièrent saint Hieul de leur donner le bap-
tême.
LA SOURCE HinACULEL'SR — MORT DU SAINT
L'Eglise de Senlis était fondée : elle devint
bientôt llorissante.
Mais le lèle du saint évéque s'étendait aussi à
tous les lieux circonvoisins. Le ;;rand apiMre s'en
allait prêcher la foi et la bu de l'Evaiiuile dans les
cités, les bourgades, les villa:.'cs et jusque dans
les moindres hameaux. Chacune de ses instruc-
tions était marquée par de nombreuses conver-
sions, souvent même par d'éclnlanls miracles.
Ayant un jour convoqué les lldéles de Senlis et
les villa::es environnants ilan" un lieu situé ù
<|ueli|uu dislaiici: de la ville, il devisait, avec le
préfet et les principaux iiiayislrals. mr la beauté
i-t la commodité du >itc, en .'itlendant i|Ue le
peuple fi1l réuni pour la prédication, i II n'y
manque qu'une seule chose, dit le préfel : une
chose très utile pour tous. — Liquelle? demanda
le Saint. — Ine source d'enu, repartit le préfet.
-- C'est vrai " iliseiil les inaKistral*. Et sur ce,
ils supplièrent le llienheurcux de leur obtenir
de Du u celte faveur.
Saint Hieul, admirant lo trande foi de - ti
peuple, se mil en prière». «ti|'|«li.inl Dieu ■•
I II mes d'fxniicer le Yifii ■■
1 iiisi. ailniirable ! du li
! ' du saint évêqii. , j.iiiiil
eue le cristal et inei
.1. 1 • wii .1 la vu ' t - 1 ■
li'llM' a Inlljolli
• ' lll'Ul
li'linellc, I
1 lii.oii ni i'
au moment ou son ame liiciiheurev
ni i \ ■ r< le» i-|i'H\.
•'•niola
lmf>.-i/tra»t t. PsT:TBi.'<iai,H rue Frauv<»* '"• l'an».
SAIM GUILLAUME
BERGER, PUIS PRIEUR DE CALME
Fête le S I mnrs.
"*"•'■' V"""""cr''
Un ange apparaît à saint Guiliaume, berger, et le guérit de son infirmité.
LB PETIT BEBr.KR
Saint liuillaume a laiss)- dans les monUgnes
Jes Alpes de grands et précieux souvenirs de
sainteté.
II vivait ,111 I niiiiiipiicemenl du xii' siècle. Né
p: ers, lie p.irents pauvres, il
Il idrc dans la vie qu*; priva-
I ^oullrances. Pour surcroit d'infortune,
' vr>mi au monde avec une seule mnin, ce
)ia plus tard de se livrer au travail
ou aux atls ini'oaiiiqup'». Néan-
moins, sa famille ne se laissa point aller au
d"*couraceraent, elle lélcva avec soin dans la
rrainle de Dieu et la pratique des vertus chré-
tiennes.
II fut employé à la garde des troupeaux: ot,
romme il i^tait modesli- ol pieux, le» religieux
l'Iahlis au monastùro de Caliin-, silui- au-dessus
(lu lonlluenl do la Durance et du (iuil, le rerurent
cher, eux.
Le monastère de Notre-Dame de Calme appar-
tenait alors aux chanoines réguliers d Oulx. qui
on avai'Mil pris possession avant le iii" sièi'Iv. Il
8'JI
élait établi, uoii loi» de lu citi- d'Einbruii, dans
la plaiue de Itaibeii, jadis couverte dV-paisses
lorOls, au lénioi;.'iiaf!e de saint (lr'-;:"ir'; de Tours.
Ue là l'.' nom de Calme, qui ^iulllli^, t^elon le
supplément au i;los3aire de DuiMii^e, un terrain
niaij.'ie, inculte, désert et onuveil de bois.
(iidoe aux donations considérables qu'on fai-
sait aux églises et aux moines dans les siècles
de loi, les relicieux de ^olre-I)aI^e de Calme
possédaient d'aoondanls piturafies sur les hau-
teurs, autrement dites Alpes ou Alpajes, et pou-
vaient nourrir <lu noiuiin-ux troupeaux; une
|)artie en ratconliée à noire jeune bercer.
Le saint jeune homm»", pei-dant la saison d'rtâ,
les >;ardaii »iir une luonlajîne, près d'Einbruu,
qui. depuis lury.apris le nom de .Mont-liuillauine.
l.'tiabiliiJ" de la solitude et l'aspect d'une nature
^,'randll>^.• avaient élevé son esprit jusqu'à la plus
sublime eonteniplaliou. Les prairies, les bois, les
rorbers et les astres étaient pour lui rommc u»e
écbelle mystique, et, chaque jour, il montait de
qui'lques deiirés dans cette voie qui mène au ciel.
Détaché de toutes les cho>es ilici-bas, il vivait
de la vie des miKes, a»ec lesquels il avait sou-
vent d'intimes <;t familières conversations. Simple
comme les agneaux qu'il yanl.iit, il recomman-
dait à Dieu d'en prendre soin, et, ainsi qu'à Ja^-ob,
tout lui prospérait; aussi >es maîtres, frappés
d'étonnement, allachaicnl-ils le plus grand prix
à le conserver à leur service.
LA MAIK ANCl'UQUI
il plut bientôt à Dieu, qui, as»ei souvent,
emploie les iustruraenLs ]"s plus faibles pour
accomplir les leuvres les plus admirables, de
tirer le chaste et pieux Guillaume de son obscure
condition.
In jour, un an^e apparut au jeune berger et
lui donna l'ordre d'aller, de la part du Souverain
.Maître, inviter le prieur de Calme i quitter
incessamment son monastère et à fixer sa
demeure au pied du roc de Itoucbet, aujourd'hui
Mont-Dauphin, lui révélant que le débordement
des deux rivières r.MTcrserait le couvent et sub-
mergerait toute la plaine.
(•uiilaume s'acquitta avec empresfiement de
cette mission, d'aulant plus importante, qu'en
:■ ■-■ UT
de
le
d'Ilulx
■t f.
ce niomeiil rnrclie\^i|ui- d'Kiiibruii
général de r.ibb.iyi
Lyoniie, un des ri' •■
cette ni''iii'- coni:
seiu d'.ijoui'T •■''
& l'ancien in tir une ii
maison ilai. n. l'^ur y
une comniii
Le prieui ut la simpli-
cité du pieux brrK«*r, »e délin tl'abnril de l'aver-
lis-Tiirii! .|Tii v<Miait de lui '"tie donné par »oii
hii r.
• kU fni«, OnillKiimo fut f/ivorl«'
de 1., i.
DAs loi
u'iituit m I •• iiu
btiiT'T, ni t
missa : main envoyée du ciel, ou bien encore : main
ahgélitiue.
Guillaume ayant, sansravoirdemandée, obtenu
celle faveur, abiuda son cher maître avec une
plus firaude couliance : << Vous savez, lui dit-il.
que je n'avais qu'une niaiu;eli bien! pour vou~
faire connaître que je viens de sa part. Dieu m'a
donné celte autre main que vous voyez; croyez
donc que je vous annonce la vérité, ■-
D'abord interdit, mais ne pouvant révoquer en
doute la certitude du miracle, le prieur remer-
cia Dieu de ses miséricordes, se mil en devoir
d'obéir à sa voix cl de bûlir une nouv>'lle mai-
son sous le roc de Itouchet. Le nouveau .oiiveul
ou prieuré prit le nom de Chalp, dén\alion ou
corruption de celui de Calme.
Les constructions à peine achevées, l'inonda-
tion arriva au jour prédit, et la Durance, qui,
en se jetant vers la droite, détruisit Rame, envahit,
eu se rapprochant du roc de Bouchât, plus des deux
tiers de la plaine de Calme, cultivée pu les reli-
gieux. Le désastre fut ti'l, que non seulement
l'ancien couvent fut emporté, mais que, depuis
lors, la plaine dévastée ne présenta plus au voya-
f;eur qu un s(i| aride et pierreux, (iii n'essaya
point de rebAlii à la ni^me place; seuleiiieiil on
y mit une croix en bi>is pour ;;arder le souvenir
du couvent primitif, et, dons les temps de >•'. li
resse ou de calamnité publique, l.i par.'. ■
d'Eygliers et les p;iroissis voisines avaient ,...i-
lunie de s'y rendre en procession. Cet usage sub-
siste encore aujourd'hui.
SAINT CtniXAlUB DKVICNT kBUGIEI'X
Le saint ber(.'er, ayant reçu, comme il a été
dit, une main lairaculeuso et parfaitement ailhé-
renle an bras droit, se rendit a Oaix et fut admis
au nombre des ruli;;ieux de c«tle abbaye. Les
rares dispositions qu'un reman]ua en lui pour
les sciences, dès qu'on eut e^^ayé de cultiver
sou esprit et surtout wi tendre piété, détermi-
nèrent les supérieurs à l'iniliT «ux éludes ecclé-
siasticjuo». Cm l'envoya •■' ' un, puis à
Avignon, où l'abbaye d'i l-si'glises
deClararoont,deSninl-l' uii Miillaume,
dont elle percevait les i
Guillaume s'oiTiiiiail a..' um .l'ir |. iir '\ }'■'-
tuile de la philos. .phie et de la lli>-oli..i. ; il . -
quittait avec tant de j.- ' — i
spiritneU, qU'- --es fr. :
ment édifiés, et que !'• . ,,..
mains put dédarrr qu'il n'n.
.riiiimiiir plu* saint, plus
vpur de l.i .".
avait ps'-v.- Il
Pal'
l'el,
(^1111 , >.ar à
Venir du mil
ut. Dt! retour
il ranim.iit
'..iiiniu
!■ tenij
vAl, en cl
hef fMI
à •'
I
p..
ni.
!■
<ii
il
m
prodige opéré eu sa faveur, qu'il fallait y voir,
non ses propres mérites, mais la volonté, la
miséricorde et la toule-paissauce de Dieu.
Il EST ÉTABU PRIEUR — 3A SORT
Quelques années après, Guillaume fut établi
prieur de cette cummuuauté. Il remplit cette
tâche laborieuse avec une pieuse lidélité et une
(.'rande édification. Aucun de ses frères n'était
plus capable que lui de veiller i la direction
eéuérale du monastère et au se.rvice des paroisses,
dont alors ces bons reiigieux prenaient soin; car
l'évêque du diocèse, n'ayant pas asseï de prêtres
séculiers, leur avaùt confié un grand nombre de
cures.
L'histoire n'a pas conservé les édifiants détails
de sa sainte vie, nous savons seulement qu'il lit
construire la nouvelle église de Sainte-Marie de
Calme et qu'il était tout occupé de son pieux
ministère lorsque la mort vint le ravir au monde.
SOUVE.\C P.10DIGE
Bientôt Dieu, par un nouveau prodige, voulut
faire connaître que le bon et (idèle serviteur
avait été reçu dans la joie de son Maître.
Les religieux , disent les mémoires de la
paroisse d'Kyitliers, le lendemain des funérailles
de (iuillaume, virent, en sortant de leur chapelle,
une main s'élever au-dessus de sa tombe: c'était
la main droite, celle donnée au berger par
l'ange. Ils se contentèrent de la recouvrir. Le
jour suivant, le m-^me prodige eut lieu: ils recou-
vrirent la main comme la première fois. Le troi-
sième jour, le mirarle se i-eproduisit. .\lors,
craisuant de résister h la voi.K du ciel, mais
incertains sur le parti qu'ils avaient à prendre,
ib consultèrent l'arohevi'que d'Embrun, qui leur
ordonna de couper la raaiu, de la conserver et
de la transmettre à leurs successeurs comme
une sainte et précieuse relique.
Cette relique, qui opéra un grand nombre
de prodiges, ayant échappé miraculeusement
aux profanations des huguenots au xvi» siècle,
devint, après la suppression du prieuré de
Notre-Dame de Calme, en 1700, la propriété de
réglise paroissiale d'Eygliers; mais on continua
de porter annuellement, le lundi de PAqueset le
dimanche de QuasimoJo, la main nngéli</ue dans
la chapelle de Sainte-Marie, qui avait été cons-
truite auprès de l'ancien monastère et qni est
appelée aujourd'hui la chapelle de Saint-Cuil-
laume.
Le 2 février 1832, M" Depéry, évêque de Gap,
permit d'exposer la sainte relique à la vénéra-
tion des fidèles d'Eygliers et des paroisses voi-
sines.
Cette notice est extraite d'une lirochure publiée
par il" Jean-trèm^e Deprry, n/rjtie <tc Gap en ISoi.
ln-12, Gap, chez Delaplace, P. et 1'.
SAIM PASaïASE, ARCHEVÊQUE DE VIENNE
Fête le 23 février.
Parmi les saints évèques des Gaules, à la tin
des persécutions et an commencement du
triomphe de l'Efilise, saint l'aschase a laissé un
nom gravé plus profondément dans la mémoire
Jes fidèles. Le marlyrolofje romain nous parle
de son érudition et de la sainteté de ses mirurs.
Saint Adon, l'un de ses successeurs, fait mention
lie son éloquence. Erudition, éloquence, sainteté
de la vie, voilà un bel éloge de ce vénéré pon-
tife. Faute de documents authentiques, impos-
sible de dis-siper les unages qui voilent l'origine
et les premières années de saint Pas-ihase. Son
uoin, qui est de physionomie gréco-latine, fait
pcii-er qu'il sortait il'une fainille venue d'Orient
et '■tabli<; dans la ville de Vienne.
COMMKNREHWT IiK L'fCTISCOPtT DE PASCHiSK
Les chroniques de celle époque sont si peu
exHi-te*. qu'il est difdrile de préi-i?er l'année où
-.linl P.i--liase romin'^ni .1 à exercer les fonctions
pnntili' lies. Quelqu»'8-uns font terminer son
''piN.opal en 1114, année où d'autres le font com-
iueii''<'r. D'après la chronique d'Adon et le cata-
logue lie rr^tisede Vienne, P.isch.ise ^urrède, à
Il On ilii r i'''c!e, à saint Simplide, pf'Ul-"Hre
•valle, et a, vers 314, saint
ur.
ution lio ] T m, ,Maxi-
'iit, sari^ une des
plus sanglantes. C'est à celte époque (302) que se
rapporte le martyre de saint Maurice et de ses
compagnons. Le Hhdne servit de sépulture à la
sainte légion. Le martyrologe de Vienne dit que
saint Paschase, averti par un ange, vint avec
son clergé recueillir, sur le rivage, la tète et le
bouclier de saint Maurice que le cours de ce
lleuve rapide avait portés d'Agaane jusqu'auprès
de Vienne.
Paschase fléposa ces précieuses reliques dans
son église, dédiée dès l'origine aux saints
.Machabées. Depuis, la ville fut mise sous l>i pro-
tection de l'illustre martyr saint Maurice. Telle
est la tradition de l'église de Vienne, consignée
dans les hymnes, légendes et monuments du
moyeu Age.
Boson, roi de Vienne et de Bourgogne, donua
un buste de vermeil, garni de pierreries et sou-
tenu par deux anges, pour gardei le chef du
priinicier de la bVion Uiébéeiine. Ce buste avait
cela de particulier qu'il était orné Je clochettes
d'argent; ce c<irillon aniioiiiail le transport ou
l'ostensinn de retle in-ij.he relique. En i;>('i2, le
reliquaire fut fondu par les calvinistes. On far-
dait, en outre, à N'i'Mri' l.i lanre et le bouclier de
saint Maurice. (.' i le P. ••iry,
s'en éUiit si-ivi ,i, , ,.-. Li lance
devint même le - rois de \ leiine et de
liourgogM". I,<*» • d' Vllein.irii". h"ri-
tliTS d' 1' i lut I s. l'i'l, (.
eneore panni U
ronne d'Autrirhe. I.c bouclier, retrouvi- après les
dévastalions des |irotestanls, a (-li'' pei du de nou-
veau pendant la Hévolution; mais U- rlief du glo-
rieux saint Maurice esl toujours ^éuéré dans
l'antique cathédrale qui porte son nom.
DÉDICACE I>'| NK KULISE EN l'iIONNEIII 1>F. SAINT KERBÉOL
Ce ne fut pas seulement dans les Alpes que la
dernière |iersécution Ht dos victiiues, mais encore
dans toute la (!aule. Deux illustres citoyens de
Vienne, Julien et Kern-ol, officiers dans les
légions romaines, olitlnreiit lu palme du mar-
lyre. Les Gdèles inliunièrent saint Ferréol sur
le lieu mOme de son martyre et placèrent
dans son tombeau et entre ses bras lu li'^te
de saint Julien, rachetée par lui et soustraite aux
outrages des païens. Quand la paix fut rendue ù
l'éjilise, nu citoyen de Vienne, Castulus, non
moins illustre par ses ancêtres que par sa nosté-
rilé, lit éli'ver une basilique sur la tombe de
saint Kerréol. Il n'était encore quecutéchuraèiie,
et ce fut pour arriver, pur l'entremise du nmrlyre
à la ^rràce du bii[)t('n)e, qu'il oITrit à Dieu cette
basilique, digne ouvrage de son ardente foi.
Saint Pascliuse Ut la dédicace de ce temple,
>-itué sur la rive occidentale du Rhône. Plus
lard, les précieuses reliijues furent tranférèes,
après les invasions sarrusines, dans l'intérieur
de la ville, où une nouvelle église- fut dédiée à
saint Kerréol. Klle avait titre d'abbaye et de
paruisse. !,es huguenots et les jacobins ont dis-
persé les reliques de saint Ferréol et de saint
Julien. Il ne reste plus iiu'une petite partie du
chef de ce dernier; et l'église où (irégoire de
Tours, Venance Fortunal et tant d'autres étaient
venus en pieux pèlerins est aujouid'hui ruinée.
nÉVÉLATION DES i;oRPS DES SAINTS SÉVERI.N,
EXl'PkilE n FÉLICIEN
Ces trois Saints avaient reçu la couronne du
martyre durant la persécution ijui sévit dans les
liaules sous Mfirc-.\urèle et s'appesantit princi-
talement sur les \illes de Lyon et de \ieiine.
eiirs cori)s, soustraits par la malice des païens
à lu piété des iidèles, restèrent, pendant de longues
années, abandonnés hors des pnrtes de l.i Mlle
de Vienne, dans un lieu nommé llrennier ou les
Itrosses, au delà du faubourg l'ont-Kvéque. Lnlln,
du ti'mps de saint l'ascliuse, les martyrs, iiidiuii>'-s
.le cet injurieux oubli, apparurent plusieurs fois
à Tertius, diacre de ce prélat, et lui révélèrent
eux-'"-'""' - l"Urs noms, l'époque et toutes les
cif de leur l'assioii. C'est à la suiti- de
retli Il que, transférés en grande céré-
monie par saint i'aschase, ils obliiirciit une
sépulture honorable dans une église du voi-
sinage, dédiée déjà ou plus tard ù saint Itoniain
d'Aiilioche, cjui venait de recevoir le martyre.
On croit que la maison de ces saints martyrs,
dont saint l'a»cha»e relevait alors les reliques,
était dans le quartier de saint Martin île Vienne,
sur les bords de la tière, près la place du llacon.
Le deuxième jour des Kocations, le clergé de
ré;;li>it> cathédrale y faisait une station; en
111' ' ~ lionnes de
11' l'une h la
et'' iu\ ' ii.iii>ii-ii<-rH des nco*
Ivl' '"ni, ce m/'me jour, on
nll I de saint Homain, et on
bel, \oisine .i\ei une creix
d'i't ^..I vi .11 .. ]^■ I. . .)|i .1. ( I ... %
de :
»ell' -, .
et I lies daiisrefjliM
qu'il
SAI.VT PASCHASE A DES SAINTS POUK lêuÈV-ES
Après, comme pendant les persécutions, les
évéques se sont toujours vivement préoccupés
du recrutement de leur clergé. Les modestes
l'-coles, fondées à l'ombre des cathédrales, devaient
jdus tard se développer et grandir. Telle fut l'ori-
v'ine des Séminaires. I'aschase s'attacha un cer-
tain nombre de disciples qu'il formait lui-même
à l'étude des Saintes Lettres et à la pratique des
vertus sacerdotales. Il est certain, dit Adoii, que
saint Jusl, archevêque de Lyon, fut élevé sous la
direction de saint I'aschase. Saint .Niiier, plus
lard archevêque de Vienne, avait, lui aussi, suivi
les leçons de sagesse et d'élo<iuence de son pré-
décesseur.
SAINT PASCHASE, JlÉTBOPOLITAlN DES CAILE."
Peu de temps avant sa mort, le saint prélat
reçut du pape saint Sylvestre cette lettre dont
rauthenlicité a été discutée, peut-être à tort :
!■ Sylvestre, pape, ù tous les évéques des (iaules
et àes sept provinces. Il a plu au Siège aposto-
lique que tous les ecclésiastiques des liaules n'en
partent point pour venir à Home sans lettres
formées, par lesquelles le métropolitain de Vienne
attestera de leur sacerdoce ou du rang qu'ils
occupent dans la hiérarchie sacrée Nous
avons accordé ce privilège à notre frère et co-
l'vèque I'aschase et à ses successeurs en consi-
dération de ses mérites. Les sept provinces qui
appartiennent à l'église de \icniie sont, d'après
le catalogue romain : 1° La Viennoise; 2" la pre-
mière >arbonnaise; H" la seconde N'arbonnaise
qui est Aix; 4" la jiremière Aquitaine qui est
Hourges; 5° la deuxième Aquitaine qui est lior-
deaux; fi° laNovempopulanie qui est Auch;"*les
Alpes Maritimes, c'est-à-dire Kinbrun. >•
L'autorité du métropolitain di; Vienne était si
grande que certains liéré-tiques voulurent s'en
prévaloir. Ils fabriquèrent les actes d'un prétendu
Concile qui se serait tenu h Sinuesse contre le
pape saint Marcellin, et y tirent ligurer lu sous-
cription de saint I'aschase ; mais leur supercherie
a été démasquée.
MORT Dl SAINT PASCIIASI
Comme le vieillard Siméou, Paschase, plein de
jours et de mérites, pouvait mourir en paix. Il
a\ait vu l'Kt'lise sortir des caLuiombes et prendre
sa place b-fillme au sideil, édilier des temples,
■'lever des autels au vrai Mieu, piéclier au dehors
la bonne nouvelle appnrti'e par Ji'-sus-Clirisl.
Ce fui au pied de l'autel élevé à lu mémoire
des saints Se-. . i 1 1. L xupère et Félici en (]Ue, d'après
une vieill' lutine, snint I'aschase fut
inhumé. I. i .'.ums que \ i' niie rut tant de
fois à siibii ont Lut perdrelall 1 hquesdu
saint aiclievéque. ijuand se» , ■> entre-
prirent la construction de leui i. '' '
lut mis sous le patronage de saint 'i
u'iiore si ses restes y furent d
lerlnili, c'est que seul avrr
' • ne c iiaj'i M'- iii'ii'j,
d'iiit jouissait sailli
r.lbside de la li' '
' ''l.iil U que I'
\ .. .,111 ri, i,, .
>ie meilleure. M WW ■ été transférée au lende-
iii.iin. y. V.
Imp. grraitt, t. l'tTliUL.Mii C. rue Kran^uu I", l'oru.
SAINT HUGUES, ÉVEOUE DE (iHEXOBLE
Fête le /" avril.
LE PERE ET LA MERE D CN EVEQUE
A Châteauneuf-d"Isère,à deux lieues de Valence,
le vnyaiieur aperçoit, sur une colline, dominant
un bois, les ruinés d"un vieux château : c'est le
château de saint W";/ut's.
Là vivait, au milieu du W siècle, un noble et
pieux sei^'neur, nommé Odilon. 11 s'était illustré
par son coura^'e dans la carrière militaire et
s'était montré, au milieu de l'armée, aussi fidèle
à Dieu qu'à son roi.
Dieu lui donna plu-
sieurs enfants, et l'un
d'eux fut saint Hugues,
né en iO'6'.i. Une tren-
tained'années plus tard,
fidilonse fit moine à la
(irande Chartreuse, et
c'est là qu'il mourut en
saint. à:^é de cent ans,
filtre les bras de «on lils,
devenu évéque de (.re-
noble. Son épouse reçut
aussi avant de mourir
Inu'i les sacrements de
IKf-'lise de la main de
son saint pt illustre fils;
plie partit pour le ciel
fortifiée par sa bénédic-
tion, après une vie pleine
de bonnes d-uvres.
Quelque temps avant
la naissance du futur
évt'que. l'épouse d'iidi-
lon avait eu un sonae
mystérieux : il lui «em-
Mail que son nouveau
lils était pris par saint
Pierre et porté au viel
au milieu d'un cortéi^e
de bienheureux.
Dès son enf.ince. le
leime llutrup» imita la
piélé de ses parenl». II
avait un extn'me d'-'^ir
d apprendre les«cien'-ps
pcclesiasti(|Hes, et après
avoiréhidié avec succès
au collège de Valence,
il alla suivre les cours de la célèbre Université
catholique de Paris.
SAI.TT nUGUn, CHANOI.NE DE VALBNCE
Son ardente piété et son ardeur infalii.'alileau
travail préscrrpreni l'étudiant dp» périls dp la
I <i sein d'une «randp ville. Il revint à
'' imblp, savant et pur.
.|p rpltp ville, apri's l'avoir initié A la
le nomma ch.inoinp dp «a cathédrale,
'■ son ordination au «acerdoce. Hu(;ue»
' luMipnça dès lors à être le modèle des ecclé-
■•I 1-1 ipies.
Il ' i"! on avait crand besoin, à cpKp époque,
■ I m 1 pieux pxemplrs I,a fi'i • l.iit -•' iii'r.iIriiKiif
Saint Iluifiies r
dans le dcscrt lie id
sincère parmi les populations de l'Europe, mais
peu éclairée. On était catholique, mais on igno-
rait trop souvent l'étendue et les obligations de
sa foi. Cette ignorance.jointe aux passions ardentes
de ces populations vigoureuses, amenait des
crimes nombreux.
Une partie notable du clergé' avait été envahie
par cette décadence intellectuelle et morale. La
faute en était principalement aux souverains et
autres seii-'iieurs temporels, qui, opprimant la
liberté de l'Eglise de Jésus-Christ et violant ses
lois saintes, vendaient
les diiniités ecclésiasti-
ques au plus oITrant, et
plaçaient des hommes
indignes à la tète des
évêchés et des monas-
tères.
De là, la ruine du
clerizé et bientôt après
la destruction de la piété
des tidéles.
On afipelail !:imonia-
gucs les prélats qui
avaient acheté leur di-
gnité à prix d'ari;ent.
.Mais Dieu, qui n'ahan-
doiiiie jamais son Ef-'lise,
■ laça alors sur la chaire
11' saint Pierre un vail-
lant moine bénédictin,
qui fut le crand pape
saint (Jrégoire VIL <;ré-
goire consacra sa vie à
lutter pour la liberté de
l'E^-'lise et larélormedes
abus. Le cardinal Hu-
gues, envoyé en France
comme lépat par ce pon-
tilp. connut à Valence le
'•■une chanoine et l'al-
flia à sa personne. Il
I .imena avec lui à Lyon,
puis au concile d'Avi-
;.'non, où l'on s'etTorça
dp porter remède aux
maux de l'Ki'lise.
Pendant ce concile,
des dèpulésdu clerpé de
Crenoble vinrent ilemander saint Hut'iies pour
pv..|iie. Le lèt'at du Pape applaudit à le choix:
mais cette nouvelle fut un coup de foudre pour
riiiiinblerlianoine.Ui responsabilité d'une pareil le
■ li.èrire, en des leiiifis .>i difficiles, l'accablait
«l'épouvante. Il supplia avec larmes le létat ei
|ps évèqiipt d'afirépr «on refus. Il allécuait son
.•^j< il n'avait que vinel-sept ansi et son inca-
p.-|i-ité.
Mais «on humilité ne fit qu'auemenfer l'estinic
qu'on avait de sps vertus. Le léL'al lui dédira
que ce serait résister à l'Espril-Sainl que de
persister dans son refus. Le Saint, qui ne rrai-
i:nail rien tant que d'offenser Dieu, se soumit en
Il < inbl.iiit.
Ormiiie-oiiai lieuse
LE PAPE SAINT CHÉGOIBB SACRE SAINT IIL'GUES
tviQlt. OE r.BE:lOBLE — l-MK TE.MATION
l'ne (|ur-siion délicate se présentait. Réguliè-
rement. If nouvel évoque île (•rriinhlp aurait dû
être ^a>'i>'' parson métropnliiain. l'arclievéque de
VieiiDi". Mais ce prélat, noniraé \arniond, était
arriiM- de simonie par l'opinion puldii]ue, et
lliijues ne roulait rien avoir de commun avec lui
avant que sa rau<i> ri'it été ju:;ée.
I.e lé:iat trouva une solution facile à cette
diiticullé: il iuMta -^on ami n aller se faire sacrer
à lliiine par le l'ai'f lui-même : et. en attendant,
il lui coiiIVra l'onlinatioii sacerdotale.
HiiïU'-- su ii;ndit ilonc à Home. Le-* fatiiiues
du Miv.i.e liaient Mcn ronipensées par la conso-
lation >[>■ vénérer les tombeaux de saint Pierre et
de -sailli l'aul et d'élre béni par le Vicaire de
Jésu--(.liri^l.
.Mais, pciiilant que le pieux pri^tre se préparait
à ^.i lonsécration fpiscopale dans le jrùne et la
pri'ie, Satau, qui ne dort jamais, lui suscita tout
a coup de arandes peines intérieures. Il était
poursuivi .!.■ tfiiL:ilions de lilaspliéme. H y résis-
tait vi.i..iifii~i ment, mais la tentation ne cessait
point et l>.' tmiimeutait sans cesse.
Il s'en ouvrit humblement au cardinal Hu;!ues,
esp,.rant <|ue peut-être celle épreuve le préser-
verait de l'épiscopal. •• Je crains, lui dit-il, que
Dieu ail pt-rmis cette tentation pour me punir de
la pré>ompliou que j'ai eue d'accepter l'évéchéde
lirenobli'. •>
Ije cardinal le consola et, pour lui (Ster tout
«uj'l de crainte, il lui conseilla de découvrir cette
tentation au pape -ainl liri-;.'nire VII, qui était
fort expériiiienle dans bs voies spirituelles.
Hu^iue-t suivit le consi-il en toute humilité et sin-
cérité. >■ Le démon prévoit le ::rand bien que vous
êtes appelé à faire dans l'épiscopal, lui répondit
le pape; il vous a suscité cette éfireiive alln de
vou» jeler dans le décourai-'ement et vous
'^nip.'cber de rien faire. .Mais, ayez confiance, la
• ib- Dieu vous «uflit. \.f Seiuneur a permis
• lie tentation alin que. restant dans riiumilité,
viui> soyez un plus docile instruineut entre ses
main«. "
CcU.en effet, ce qui arriva. Pendant tout son
épis
Hu.
ce»
COpi
1
et jusqu'à
= 11,
IIII
4lll 1
le
J.IMI 11-,
lui-iii>'-ine
tl •
... . _ ..|
sa derm.-re iiinl^di
■■aint
• et à
liit y
le et
Dieu
-MU-i, i'U|"iir- iiiiiiii
il appelait -ans i ••s».-
avec l'aide de sa «race, il
les.
ilissipés en grande partie par des prélats sirao-
iiiaques. en sorte que noire Saint avait i peiue de
qU'U vivre.
Il se mit pourtant résolument à l'a'uvre.
employant tous les moyens ([ue •^a prudence, son
désir de la yloire de Dieu, son /.ele pour le salut
des âmes pouvaient lui su:.rér(>r.
Aux prédications, aux remontrances, aux cen-
sures ecclésiastiques, auxcxliorlalions, il ajoutait
ses larmes, ses prières, ses aumônes, ses jei'ines
et tout ce qui pouvait attirer sur son peuple la
;;r.-\i-e et la miséricorde île Dieu.
t>pendant, au bout de deux ans de travaux,
voyant que ses elforls restaient sans résulUts
apparent--, il se demanda avec elTroisi son défaut
de sainteté n'était pas la cause de la stérilité de
son ministère.
Dans cette pensée, il s'enfuit de Grenoble et
alla se réfugier au inoiia--tere de la Ohaise-Dieu,
de l'Ordre de Saint Keiioit. Son dessein n'était
pas d'abandonner si^n évéïbé sans aulorisalion,
mais de se préparer, par au moins deux ans de
retraite et de vie monastique, aux travaux
difliciles de l'apostolat.
11 voulut recevoir l'babil reli«ieux, et se mit
à observer tiilélement la reiile en toutes chose»
comme le dernier des moines, s'exen-ant sans
cesse à la prière, à l'humilité et à la nénilence.
Cependant, le pape saint Grégoire VU, ayant
apprisquel'évétjuede Cirenobles'était retiré dans
un couvent, lui envoya l'ordre de reprendre
immédiatement le gouvernement de son diocèse.
Ce troupeau abandonné ne pou\ait se passer si
longtemps île son pasteur.
Saint ilu^-ues ne V(^uhil pas désobéir au Vicaire
de Jèsus-Chhst, el ilès qu'il eut reçu l'ordre du
l'ape, il repartit pour lireiioble.
Il n'avait passe qu'un an au monastère: mais
il y avait appris une i:rande science : celb- de
l'oraison et des i-ntreliens intimes de l'Ame
avec Dieu. Ce fut là sa force et sa consolation
durant le reste de sa vie.
Ilu::ues était de\enu un homme de priera et
l'homme de prière triomphe de li>us les obstacles.
F0!(D\TIOM DE LA tiHA.'tlllE<HAnTRKCS(
HL'CrtS ET S\IVr RNlr.NO
Trois ans après son retoirr. il eut un s"o •■
mystérieux. i( lui srmblail que Dira lui-in n
■ ■ . I.ius un déseï 1 de
lui en inonlruient
!■ er en »,i |i •
.>'iit un I. 1
.•!.. i.,' . ' ....I saint llruie>
II te., -l'i.l , l,,i|,'-
"■a ta cérémonie. Kilo oilnl
I évi'.ju'' un.' cro««e. le livre
Il psautier avec
un.
U>T Hl'<.t'B.« A VKItillLe
■ . pour son diocc»»- .
ii>»i»le cDcure
1.0,-1 de l.t «
Mures. M.1I
la
i"arcu=a auprès de saint Firuno de vouloir faire
auprès de lui ta fonction d'un valet.
1, attrait de saint Huja^ues pour la vie humble
et cacliée était si fort, qu'il ne piiuvail se
di><;id<'r à quitter la solitude. S;unt Uruno dut
plusieurs fois prendre la liberté de le renvoyer
M son Ki.'li?e : " Allez à vos ouailles, lui disait-il,
elles ont besoin de vous; rendez-leur ce que
vous leur devez. » Le saint évt;que obéissait à
liruno comme à son supérieur et, quand il avait
passé quelque temps avec son peuple, il venait
reprendre de nouvelles forces dans la solitude.
VERTUS DU SAI.NT ÉVÈQCE
Revenu du désert de la Chartreuse au milieu
de ses travaux apostoliques, saint Huiîues s'effor-
çait de conserver l'esprit de prière et de recueil-
b'meiit. Il passait de lont;ues heures dans la cou-
teinpIatiiMi, et souvent il était ravi en extase. Il
en sortait merveilleusement fortifié contre les
peines intérieures et extérieures, contre lesinlir-
niltés de son corps et contre les difficultés de
son apostolat.
Dans son palais épiscopal, il n'était pas moins
austère qu'a la Chartreuse; ses jeûnes, ses veilles
et ses autres mortifications étaient terribles;
peut-être même dépassa-t-il la mesured'une sa:.'e
discrétion, car son estomac en contracta une
maladie douloureuse et chronique. Toulelois, ses
intentions étaient droites et ces nouvelles dou-
leurs contribuèrent encore à .sa sanitifiration.
Il prêchait souvent, mais sans prétention, sans
souci des applaudissements des hommes, uni-
quement préoccupé d'éclairer les imes, de les
convertir et de les ramener à Uiou. Son cu-ur,
débordant d'amour de Dieu et de zèle pour le
■ialut de ses auditeurs, rendait sa parole vive,
pressante, cnlraînante et pathétique. Il était dif-
licile de l'entendre sans être touché.
En descendant de chaire, il se rendait au con-
fessionnal et les pécheurs se pressaient à ses
pii'ds. l^e serviteur de Dieu versait beaucoup de
larrafs au récit de leurs raiiles;son visaye et ses
vêtements en étaient inondés. Les pauvres
pécheurs, en voyant comiiie*it le saint évèque
pleurait les péchés des autres, se sentaient
remplis eux-inémes de componction pour leurs
propres p«'i-hés.
Ses vertus le rendaient cher à tous ceux qui
avait»nt l'av iiitaife de le connaître, et il y avait
un i;rand ili.irnie à vivre en sa coinpa^'nie. Bien
que tri'.s au-t-'ie et très dur [lour lui-même,
irràre à .sa boulé naturelle, rehaussée par une
i\qui*e clianlé. il était très doux et trèsalTable.
Il était lir~ rnin[iati~sant pour toutes le»; alllic-
lions <lii prochain et s'efforçait d'y reiii-dier
■iiilaiit qu'il dépendait de lui. Les pauvres étaient
^•■< enlanls, et il se privait souvent lui-même du
néce»-.aiie pour les secourir.
Inp année de disette, il alla jusqu'à vendre
-on anneau et son calice d'or pour soulager les
indii«'iits de l.renoble.
Ministre ilu Dieu de paix, il regardait comme
une di's meilleures ii-uvres de charité d'apaiser
I' s dill!'iids et de réconcilier les personnes
• i.i;piiiii La renommée de »a justice et de sa
'lit uraiide. l'eu lui importail que le
î itriche ou pauvre. puissant ou inconnu,
uni ou adversaire; il ne considérait que la jus-
ii.-e de In cause. Jamais il ne reçut de présent
I aucune des parties, car les présents aveuglent
I 'l'il du piKe.
Ifi conite, nommé Guy, qui avait souvent
I ésisli': aux justes remontrances du saint évèque.
tellement, que celui-ci avait été obli^'é de l'i-x-
communier deux fois, n'hésitait cependant pas
à avouer publiquement que jamais mensoiue
n'était sorti de la bouche de cet homme de Dieu.
Beaucoup le choisissaient pour arbitre, et nul
n'aurait osé en appeler de sa sentence.
S'il rencontrait des personnes ennemies qui
refusaient, malgré ses exhortations, de se récon-
cilier ensemble^ il n'hésitait pas, lui évèque, de
se jeter à leurs pieds pour les conjurer de par-
donner, et il ne les laissait partir qu'après les
avoir rétablies dans la paix.
Au milieu de la foule et dans ses relations
avec le monde, sa moilestie était d'une e.xtréme
réserve, jusque dans ses resards. Les iicns de
son entouraj^e furent un jour choqués de voir
une dame se présenter à son audience lians une
mise des plus mondaines; ils se plai:.'nireiit
ensuite au prélat de ce iiu'il n'avait point répri-
mandé cette personne : le bon évé(|ue dut alors
leur avouer qu'il l'avait écoutée sans la rei^arder
et ne s'était pas aperçu de sa toilette.
Le Saint recommandait beaucoup celle modes-
tie des yeux; parce que, disait-il. >ans elle, il est
diflicile de se préserver des pensées mauvaises.
llui.'ues refusait de prêter l'oreille aux conver-
sations médisantes et peu charitables vis-à-vis
du prochain. Il suffit bien à clia<-uii, disait-il, de
savoir ses propres péchés pour les pleurer et eu
faire pénitence, sans se soucier encore de con-
naître ceux des autres, ce qui ne peut servir
qu'à blesser la conscience.
Cet infatij-able pontife mit un zèle tout parti-
culier à faire relleuiir parmi le cler;;é de sou
diocèse les vertus que réclame la sainteté du
ministère sacerdotal.
Après de longues années de travaux, il ent la
consolation de voir ses diocésains revenir eu
grande majorité à une vie vraiment chrétienne.
Ce qui contribua surtout à ce cbaiii;enienl furent
ses prédications et les efforts ipi'il lit pour
ramener les fidèles aux sa^'iemenls de l'énileine
et d'Lucharistie, qui étaient presque abaiidounés
à son arrivée.
Le Dauphiné relevait alors de l'empire d'Alle-
mai.'ne ; mais, lorsque le saint évèque de (ireiioble
a(>piit le crime du lyrannique empereur Henti V
qui s'était emparé traîtreusement du pape
l'ascal II et l'avait accablé de mauvais traite-
ments pour lui arracher des concessions abu-
sives, if réunit un concile à Vienne où il lit
excommunier ce prince.
i( Nous l'anathéniatisons et le séparons du seiu
de l'Eglise, disait-il, jusqu'à ce qu'elle reçoive
de lui uiie pleine salisl'aclion. »
Désireux de finir ses jours dans la solitude,
Huyues alla jusqu'à Home prier le l'ape davréer
sa démission; mais le Souverain l'onlile reliisatle
priverle diocèse deCirenoble d'un si saint pasteur.
SAINT HUGUES ET SAINT lllînNMin
Hentré à Grenoble, saint Hiu-ues y reçut, en
l'an 1123, la visite du saint le pin- illu-tre de ces
temps. Saint Bernard, abbé de i^lairvaux, le res-
taurateur de la vie uionaslique, profitant d'un
voyage que les intérêts de son mona-lère l'obli-
geaient à faire, vint à Grenoble. Hui-ues le
reçut comme un envoyé du ciel, et, nialyré sa
diLinité et son extrême vieillesse, il -e pro'teriia
I devant son saint visiteur qui, alors, était dan- la
trente-deuxième année de son àue. •■ Os .' ix.
enfants de lumière, dit Guillaume de Saint -T lu ré,
ami de saint Bernard, s'unirent de tell.- ~oiie
qu'ils ne formèrent plus dans la suite i^u'un
••n'ur et qu'une àrne, volant att;uli'-s par les
liens indissrilulile< de la chjirité du (llirist. »
Ensenilile, ils visitèrent les solitaires de la
Grande Cliartreuse.
A leur di-hut. ces bons moines n'avaient aucune
rèijle érrile . L'esprit que leur fondateur leur
avait It'pué leur en te-
nait liiu. L'évéque de
(iren<d>le, craignant que
la ferveur venant à di-
minuera rause du:.'r<ind
arcroissemenl de I Ur-
dre, le relAcliemenl ne
s'introduisît parmi les
Frères, pria (iui:.'ues, le
cinquième successeur
de saint Itriino. de met-
tre par èiril li-s usayes
et coutumes que le fon-
dateur avait ètaldis.
C'est ainsi que saint
Hiii:iies, aprèsavoir pris
uni? (.'rande part à la
naissanceet audèvelop-
pem>-nl de Cftte nou-
velle rimille, en assura
l'avenir parsa prudence
prévoyante.
PERNIÈRE MALADIE
l/an ino, une bien
triste nouvelle vint
afllii-'er son Ame. l'n de
ses anciensamis, Pierre
do l.éofi, pou'^'iè par
l'amliitioii, voulut u^llr-
t>or le t^c^ne de saint
l'ierre, et chassa de
Itonie le l'ape légitime,
Innoi-ent II.
Iliii.'ue«, QcraM(5 de
vieillesse et d'inlirmi-
tés, s'empresse d'all<-r au concile du l'uy, où, de
concert avec les évèques des provinces voisines,
il lance une sentence d'e\cnmmunicatii>n contre
l'antipape. Ce fut la dernii-re ai-lion mémorable
du saint év.'-iiue de Crenoble. Son corp» s'alTai-
bli>>-ait liius les jours de plus en plus. Mais «on
âme s'illuminait de clartés nouvelles. Ine ;:rande
paix succéda tout à coup à ses peines intérieures.
Il recul, sur la lin de sa vie, plusieurs (irAces
tout à fait extraordinaires, en premier lieu celle
de pouToir sonder le Tond des consciences. Ainsi
Saint Itnino rei;iiit l'habit ib-s m.iin» de saint Hugues
un comte, étant venu le visiter, le Saint le pria
de ne pas surcliarL'er ses sujets de taille^; et de
tributs énormes, et le menaça de la colère de
llieu s'il désobéissait à cet avis. Le comte, qui
avait, en effet, l'intention de préleverde nouveaux
impôts e.\orbitauts, mais ne l'avait dit à per-
sonne, fut fort surpris
de cette admonestation
du Saint. Il reconnut
qu'il avait été éclairé
jiar Dieu lui-même et
promit de lui obéir.
Les moines de Calais,
monastère que le Saint
avait fondé , se rempla-
cèrent auprès de lui
pendant cette dernière
maladie, pour le servir,
lisse crurent bien payés
de leurs peines par
l'édilicatioD qu'ils re-
çurent.
Ilujues souffrait des
maux atroces, mais il
les supportait avec une
pal ieiic e admirable.
Ouand il s'apercevait
•pie la douleur lui av.iit
arraché <pielc|ue parole
d'impatience, il s'en ac-
cusait avec larmes et
demandait aux Frères
de lui dmiiier In disci-
pline. Mais comme lus
1)0 II s moines ne
croyaient pas devoir
accéder à ses désirs, il
se frappait la poitrine
et récitait le l'uufiteor
pour eu demander par-
don a Dieu.
Ilécii VI tau pape Inno-
cent Il pour l'infor r
du triste état où il se trouvait léiluil, et b- i
de mettre h sa place, sui» le sie;.'e de lireii' I ! .
lin saint religieux de la Chartreuse du nom de
Ihiuiies. Le pape lui aiconla sa demande.
Consolé par celte faveur, llii;;iies ne tarda pas
à aller recevoir ilans la conteniplalinn de Dieu la
récompense de se> travaux. Il mourut le vendredi
1" avril 1132, àyé de plus de qualre-vinyt» ans.
Son corps resta exposé h la vénération des
fidèles jusriuau mardi suivant. Dieu rendit «on
loinbeau glorieux par plusieurs miracles.
^^tu^
SAINT FRANÇOIS DE PAULE
FONDATEUR DE L'ORDRE DES FRÈRES MINIMES
Quinzième siècle. — Fite le 2 avril.
Portrait authentique de saint François de Paule.
(D'aprèi une gravurf cïtcul<^e par les soin-i il'i Religioux Minime' Je Napics.)
Dieu, grandeur (it^.f humbles, qui ai>'ez irn'csti le bienheureux confesseur Fran-
roi.t de la gloire snbliwe de vos Saints, aceordez-nou-i, par ses mérites et son imita-
tion, la grave d'obtenir les rèeoni pennes promises à l humilité : nous vous en sup-
plions par Jéstis-tJhrist Xotre- Seigneur.
Oraison <Ii' In niossi- m <lo l'olliri-.
III
iiuii kl euflfuU
10 roltli de
iiIIl-, et sa
'. ..iLui (k'|iuis loni
Ce fut à l'aiilc-. pi-lite ville de la l!a<~p-Cnlal)re,
que naquit, iii i4ir., r.Mui qui ii a jamais vjjila
l'tre a|ipeli- ([ue le i»!:
du Christ, Fraiii- 'i- !■
Il était le l'iuil
la nature. Son )
ini-re, Vii-mia de 1 uscald
temps eiiseiubie sans avoir Jenfant, lorsqu'un
jour, dans sa douleur. Viiiiiia .•ut ri-cours à Dieu
par it-s mérites de saint I r.inini» d'Assise. Neuf
mois a|irùs, Fran ' "uli' venait nu monde,
tandis que, >nr !• - patents, on voyait,
au milieu d'une ii. . , — ••, briller tout à coup
des jets de llainiip -, aiinoneaut qu'une nouvelle
lumière veiiiil de -^e lever sur lu terre.
Dés sa plii-i tendre enfance, Fi.menis montra
ce qu'd d' i.ni
éUit, il '
cori>s p;ir 1<
levé, on le
des journée-
Dieu, cliantanl
idus tard. Tout jeune qu'il
la de moriider son petit
; les abstinences. .\ussitôt
.rir à l'éiilise où il restait
■ ausant, riant avec le boa
_» louantes, ne ■ ' j'iimiiis
aie lui. Ses pieux parents i. . , . .-nt eu
souriant ses offoits enfantiiis et ils le lai-»(ùeill
faire, bénis-anl le Sei:;ueur de leur avoir accordé
un tel enfant.
Quand il I al atteint Viige de treize: ans, ils le
condui-iii-tit dans un couvent de Franciscains,
alin ira.iouiplir le va-u iju'ils avaient fait autre-
fois, pendant une de >es maladies, de lui faire
porter un an entier l'Iiabit de saint François.
Là, comini! à la mai'-on paternelle, i\ excite
l'admiraiion de tou-. Toujours le premier au
cliu'Ur à nnnuil, !••- re|i:,'ieux les plus robuste>
et les plus7.é|i-> trouvent en lui un modèle.
In joiM' qu'il travaillait auprès du sacristain,
celui-ci l'eiiM'ie chereh.T précipitamment du feu
pour l'encetis-ir l.'eiif ml y c'<Mrl. mii^. 'onimo
on ue lui ai i il
veut cepeinl i-
bons enll.iliiiii :> qu il a
un dans reii.'.jiismr, <
vit que -.e-i MWem«Ul3 n eu awiieui lli'Uie pa- été
endoniniijé-.
L'année .\. ...-.-■ ■ i ., .. .
avec joie du
avait op.-re-
Irop d'Iioiiii le
joi. ', tuais Uieu eu
COMvi ^T
'I VTONXI AU», L« JP" Vf li. i\
Arriv'
vait déj
de son ;
pieds
Il la trouva ilans le coin d'un i:raud rocher
qui s'élevait au-de-sus de la mer. ei c fut dans
Celte étroite caverne que le jeune b>iuiino vint
s'ensevelir tout viv.inl. résolu d'y vive» el d'y
mourir oubli'- les hommes, n
de Dieu, de s- de se« sainl-;. '
six ans, nniqu'iioni "çcupé à conleinpi.r i.ein:
que contemplent sans cesse les an'jes dans le
ciel.
.Xprès ce temps, le monde vint de nouveau
troiibler sa solitude.
.V peine le nom du petit solitaire de Onlabre est-
il connu dans les proviii. f- , .i-iii. - Muiin voit
les peuples aborder de i pied du
rocher où il a établi •■:i ■ foule de
disciples savants el pieux Menneiil -e i
sous sa conduite; son vieux père, iilc:ii:ii:f 1
y accourt le premier, et a
devint le fondateur d'un Ordi .
plus tard par le Sainl-Sièi^c. ■
COHUEN'T, porn la cox-tbuctio.n di son monastîibe,
FKANi,-.01S FIT ENTRER l'LUS IIE MlRAlI.K- i.il K IIK
PIKHUES ET UE PIECES DE UOI-.
Ses imitateurs - iit tous les jour".
François voulut e..i, ,,ii y;rniid luonastère
dans la cou>lruction du pul. dit un i'liroiii(|uenr.
il n'entra pu*' tant de pierres et de bt>i-< que de
miracles.
l'n jour qu'il y travaillait avec ses disciples, on
vint 'i ' ■ ' ! nini.'
c|ui ■!
jaUlt nurnii'''
••I , ta niere ? lui dit
Fran. .•!-, i.i i. ■ ■•■ le la faute. »
Ll, pour sa iiiia d'aiq>orter
seul "I 1. .1.1" |.iutre que deux
bo-u:
•■ ^ i'iil riiilii me. roiii-
meii' . .
je su , , ^ _ . Il
ne pourraient porter avec moi si j'rtais en bonne
s, in'.- "
au ii<
L
qu'.'i I I '
III. lit un
Mliré pni
ipx eu cet OUI '
II
lin lit'- un li-iiiuin iii.
'.XO aïKACLI
M ilv ai 1 .'l.iii>'iii>iis un iiisl.iht A .<• lu .ili-Ii' i .
voyait souvent interrompre son travail et jeter
*e« outils pour entrer en extase.
Il travaillait tout le jour et se livrait aus plus
rudes labeurs; h- soir venu, quand ses religieux
se reposaient des fati;^ues de la journée, il
veillait et priait au pied de l'autel, mêlant géné-
reusement son sany: à ses prières. iJieu venait
alois le fortifier et le consoler par des visions
et des apparitions merveilleuses. Souvent aussi,
quand son pauvre serviteur était accablé de
falii-iie, il envoyait ses animes le récréer par une
niu.-ii(ue admirable, qui le raTissait et le trans-
pcrtait au ciel.
L"n homme du voisinafie, irrité contre lo Saint,
s'en vint furieux au monastère dans l'inieution
de lui dire des injures.
Arrivé à sa cellule, il entend dans les airs une
musi.jue si douri'. et si belle qu'il en est tout
ravi et qu'il reste cloué sur le sol comme haletant
entre la vie et la mort. Son ressentiment fut vite
oublié.
Hiver c-omme été, à travers les rochers, la
neiyp et la boue, François allait toujours nu-pieds.
Le ciliée était son vêlement, le jeûne sa nourri-
ture, la terre son lit. A l'imitation de N'olre-
.Seii;neur, il passa des Carêmes entiers sans
prendre aucun aliment.
Ses austérités étaient telles que le pape, dans
la bulle de sa canonisation, nous dit qu'il sem-
blait rtre un pur e-prit. tt cependant, malgré
ses effroyables mortifications, son visage était
toujours si -.'ai, si rayonnant, si beau, qu'un
çlironi(]ueur [presque contemporain l'appelledaus
son admiration : un dieu morlei auqitel louiez
les rréatuies étaient soumises.
COMUENT LE PLUS HUMBLE DEVINT
LE PLUS ÉLEVÉ
Personne ne fut plus humble que François; il
n'avait point voulu que ses relit.'ieu.x prissent le
nom rie leur fondateur, mais il les avait appelés
Ui/j/Hi.'s, c'est-à-dire les plus petits. Kt l'humble
Kl Ile ois nous apparaît tout à coup comme
l'arbitre du monde ayant entre ses maius les
cb's de la vie et de la mort.
Pendant qu'il était à Paterne, on lui apporte
un pauvre homme qu'un arbre venait d'écraser
dans sa chute, il le ressuscite. Peu de temps après,
ie même Thomas d'Ivres tombait du haut d'un
clocher et se tuait. Ses parents éploréa rappor-
tèrent au Saint son cadavre, et François, ému de
leur douleur et de leur foi, le rend de nouveau
à la vie.
L'n arbre d'une srosseur prodigieuse se trou-
vait dans le irr.md chemin qui conduisait à l'église
ilu monasteie et ;.'ènalt ainsi tout le passage : par
une seule parole, il le divise un jour en ileux
moitiés et sans que ni l'une ni l'autre perdit sa
verdure, il les fait reculer plusieurs pas plus
lein.
Ces deux arbres restèrent lonslemps au même
• ■iiilroil jusqu'à ce que le llux des pèlerins les
. . t. en se retirant, entièrement ruinés : on ne
|i. 11 lit quitter Paule sans emporter un souvenir
I 'du miracle, et il n'en resta bientôt
• ux troncs informes.
avait un neveu qu'il ijinait beaucoup
icté et la '•inipli'it' .1.- v,,i, Ame. Plu-
. b' )euii'' ' ii présenté au
P'iUI ^'- ' 11.
1.1. r,. H'' ■ , . tre privée de
il ai ait dû reua^ner en pleurant
ruelle.
Consumé par une lièvre ardente, il mourut
peu après, et son corps, porté à l'éiîlise, allait être
jeté dans la tombe lorsque le Saint arriva.
'I Hélas! dit-i! en versant des larmes, por'
le plutôt dans ma cellule. »
Dans la nuit mémo, l'oncle ressuscita le neveu.
Kolle de douleur, la more viut le lendeniaic pour
pleurer son ûls.
■' Que n"ai-je consenti, disait-elle, à ce qu'il
me demandait, j'aurais du moins encore le bon-
heur de le voir mais désormais plus ne le
verrai ni reli^'ieux ni séculier.
— Il est encore temps d'y consentir, inter-
rompit François. »
Et le jeune homme, revêtu du costume de
l'Ordre, vint se jeter dans les bras de sa mère.
Depuis ce moment, le neveu ne quitta plus son
oncle.
COMMENT LES MEDECINS SE VENGENT DE FRANÇOIS
Cependant, les guérisons merveilleuses qu'opé-
rait le Saint à \a, face de tous contrariaient visi-
blement les médecins du pays, et lesdéiau:;eaient
dans tous leurs calculs. Il arrivait souvent qu'un
malade, condamné par eux, la veille, à une mort
certaine, venait le lendemain leur demander des
nouvelles de leur santé. De plus, ils voyaient avec
douleur leurs pratiques diminuer de jour en jour.
François les guérissait toutes. .\u désespoir, ils
l'accusèrent do se servir, pour ces guérisons,
(Ptierbes magiques, de poudres mystérieuses et
infernales.
Sollicité par eux, un fameux prédicateur fran-
ciscain osa, le premier, décrier publiquement la
vie et la conduite du Thaumaturiie. Et comme
personne ne croyait à ses paroles, il se rendit un
jour au couvent pour le confondre, persuadé que
lui, le plus irrand théologien du royaume, vien-
drait facilement à bout d'un pauvre moine qui
n'avait jamais étudié.
Le serviteur de Dieu le reçut avec son affabi-
lité ordinaire, il le laissa se décharger de tout
ce qu'il avait à lui dire sans l'interrompre. Quand
il eut achevé ses plaintes, voyant que ti^ut ardent
qu'il paraissait au dehors, il était intérieurement
tout ;.'lacé par défaut de charité, François prit
entre ses mains des charbons ardent-^ qu'il pressa
loni-'temps sans se briMer, puis les lui (ircsentant
aimablement, il lui dit:
" Père Antoine, cbauffei-vous, par charité,
vous en avej, srand besnin. »
Touché de ce miracle, le religieux, se réveillant
comme d'un profond sommeil, se jeta à ses pieds
et lui demanda pardon.
COMMENT, SANS BATEAU, SAINT FRANÇOIS DE PAULK
TllAVEHSA LA MEIl A PIED SEC
Un jour, François voulut passer en Sicile. Mais
le nautonier auquel il s'adressa pour la traversée
le rebuta durement à la vue de sa misère et de
sa p;iuvreté.
Les s.'.iiiirs humains lui manquant, il eut
r<-eours ,i ('.elui qui ne lui avait jamais manqué;
il ni à Dieu uni; .-oiirte prnre, puis, jetant *oii
manteau sur les Ilots, il s'élança intrépidement
ilpssu» avec deux de ses disciples.
!.• T'cintMii r.i.liMii Lli^cer
i:t l'.n Ml
mrrav
.1 .IIV
sur lu
I et ses
,1.1-. I'.
Cliarybdn et le r.
ilrefois chez, les pn.
une inlinité de naufraires, et arrivèrent enfin en
vue lie Messine où ils devaient aborilci .
Mais, en voyant la foule qui enconihr.iit le |>orl,
le petit serviteur Je Kieu craignit de passer pour
un grand saint. Il vira donc de bord, dit un
chroniqueur, et aborda dans une petite ville ù
c<Mé, on il ressuscita un criminel condamné à
mort et exécuté depuis tiois jours, et dont le
cadavre pendait encore au iiibet.
FRANÇOIS A I.A COUR DE LOUIS XI
Un des plus prands princes et des plus calom-
niés de l'hislnire r>'i.'nait alors en France, .\tteint
d"une maladie inortelle et frappé de grandes
terreurs en fa>-e de la mort, Louis XI avait en
vain con-ulté les plus célèbres médecins de son
temps. Sa Un le lit songer alors au Ttiaumafurae
de Calabre. lue ambassade solennelle \int solli-
citer le pauvre ermite à se rendre à la cour île
France.
•I Ce n'est point là la place de François le
minime, » répondit celui-ci, et il refusa.
Mais le papi-, lui ayant ordonné d'accorder
cette satisfai-tinn au roi très chrétien, il quitta
sa Calabre qu'il ne devait plus revoir, dit adieu
en pleurant à «es enfants et parti! aussitôt pour
la nouvelle |iatrie que I>ieu lui avait destinée.
Cette nouvelle remplit Louis de lani de joie
qu'il semblait avoir coni]ui» un nouveau royaume
et qu'il donna dix mille écus à celui qui la lu.i
annonça le premier.
Le dauphin, son lils, alla avec toute la cour
rerevoir le Thaumatiiri-'e à Amboise. Tout
malade qu'il était, le vieux roi, en l'apercevant,
descendit de >-a chaise royale, et le supplia à
genoux de lui rendre la santé.
•< Si c'est la volonté de Dieu, lui répondit le
Saint. .1
Le lendemain, il apprit par révélation que le
roi devait bie^t>^t mourir; lise rendit immédia-
tement auprès de lui, et comme autrefois Isale
à Kzéchias, il lui dit :
« Sire, mettez ordre à vos affaires, car votre
heure est venue. ..
C'était une parole bien dure pour un homme,
à plus forte raison pour un mi et pour u\\ roi
qui craignait tant la mort. Louis, lep^ndant,
reçut cet avis avec un grand calme et une grande
soumission.
Louis M détaché de la vie, ce fut là le miracle.
Depuis ce moment, François de Paule fut son
seul ami. (In le voyait. dit Philippe de t^inmines,
son historien, après avoir passe plusieurs heures
fil conférence avec lui, en sortir les yeux baignés
de larmes.
Il lui lit b;\tir dans son propre parc un grand
monastère pour abriter les religieux de son
Drdre qui allaient se multipliant sans cesse.
C'est ainsi que l'Ordre des .Minimes fut intro-
duit en France, où il fit beaucoup de bien.
Quand le roi mourut, ce fut le saint homme
qui reçut son dernier soupir.
Charles VIII et Louis XII, ses successeurs,
eurent le même respect pour le serviteur de
Dieu et lui rendirent les mêmes honneurs; ils
viuilaieiit l'avoir constamment auprès d'eux.
Certes, c'était un beau spectacle de voir
s'élever au milieu de la inai~on royale cette
humble cellule d'anachorète «lont François avait
lui-même tracé le dessin. C'est là qu'il faisait
sans cesse sa cour au Hoi du ciel, tandis qu'à ses
côtés, on la rendait au roi de la terre; là qu'il
vécut pauvre au milieu de toutes les grandeurs
et des pompes humaines, humble et recueilli au
milieu des distractions de tout genre, jus(]u'au
bienheureux jour où il s'endormit plein de
mérites et d'années dans la joie du Seigneur.
C'était un vendredi, à trois heures de l'après-midi.
Son corps si pur, échappé à la corruption du
tombeau, n'échappa [>oint à la fureur des calvi-
nistes qui, cent cinquante ans plus tord, le
jetèrent dans les llammes avec un grand nombre
d'autres reliques.
De son vivant, le saint religieux avait connu
par révélatii>n l'ignominieux traitement que les
lièrétiijues devaient iiilli:.'er un jour à son corps;
lui qui désirait vivement !<• martyre, accepta
avec joie cette révélation et, lertainement, cet
acte au;:inenta ses mérites auprès de Dieu.
On invoque saint François de Paule pour toutes
sortes de nécessités ou de faveurs spirituelles ou
temporelles.
Kn ir»!!!, une pieuse fille de Calais, nommée
Pèronne Kaiilt, était lellement infirme qu'elle ne
jiouvail se traîner que sur des béquilles cl avec
l'aide d'une servante.
Les médecins déclaraient le mal absolument
incurable. Klle fut miraculeusement guérie |i-
quatrième jour d'une neuvaiiie à saint Frair ;-
de Paule. L'évéque lloiilogne, ai>res avoirconsl.,','
olllciellement le prodige, ordonna une procession
en actions de grâces.
«>->.
impT.-teranl, t HiriTamT, », rue fruçoU 1". P»rU.
LES SAINTES AGAPE, CHIONIE ET IRENE
VIERGES ET MARTYRES
Fête le 5 avril.
1^1 saintes Agspe. Chlonle et Iràaa, pour servir Dieu pla^ llbrecaeat, K l'époque de la persAcutlon,
■• retirent dani la solitude, sar une oloatagae, emportant avec elles les Livres saints.
C'est dans 1« Tille de Tbessalonique que naquirent
ces trois Tierges prudentes, qui, au prix des souf-
frances terrestres enduréespourJésus-Chrisl, gagnè-
rent la couronne de l'immortalité, Thessalonique, dont
le grand apôtre saint Paul a loué la foi et la charité
en ces terme»: « Votre foi au vrai Dieu est connue
partout n, et plus loin: « Je n'ai pas besoin de
Tou» parler de la charité fraternelle qui doit tous
unir, car c'est de Dieu lui-mêmeque tous aTei appris
à TOUS airapr le* uns les autres. " Elles étaient
sœurs, et fille» da parents idolâtres. Leur pre-
mière éducation semblait les vouer h l'erreur, mai»
Diea veillait sur elles et le» avait préTenues de
•es faveurs; elle» connurent la vérité de la religion
chrétienne, grâce surtout* lalecturedes l.ivresSaint»
et deviorant de vertueuse» di»cipl«« de Jésus-Christ.
rUITl ET A»«IST»IION DIS TiOI» VliRGES
I, otnpereur Dioctétien avant défendu, fous peine
de mort, de garder les divines Ecritures, elles trou-
vèrent moyen d'en soustraire plusieurs Tolumes aux
persécuteurs. Lasses de ne pouvoir pratiquer libre-
ment les obligations de la loi évangélique, à cause
des ennemis qu'elles rencontraient jusque dan» leur
famille, elles sortirent de leur patrie avec leur pré-
cieux dépôt, et se retirèrent sur une haute montagne,
k l'abri de la persécution. Là, dans une profonde so-
litude, au milieu du spectacle grandiose de la nature,
elle» se sentaient naturellement portées à louer le
Créateur des merveilles qu'elles avaient sou» les
yeux. Ce désertsauvage, fréquenté seulement par le»
aigles et les bétes fauves, devint bientôt une pieuse
oasis où les trois vierges, sans cesse livrées â la
prière et â la contemplation divine, menaient 1* vie
du ciel »ur la terre.
Cependant l'année suivante, des décrets de m^ri
contre tous les chrétiens du grand empire ror.isin
furent publié» par le» empereurs Dioclèticn el Miii-
mien. Le gouverneur de Thessalonique envny» de»
soldat» à la recherche des Titrgeschrétiennet. Dien,
charmé Jes prière» de «es sefTantes, les i i-ra dignes
• VHre ses lémoin<. de le glorifier par IXTusion de
leur sang et permit que ces émissaires découvrissent
le lieu de leur retraite. Comme elles avaient appris
à aimer la soulTrance, cet événenieiil ne les rendit
que plus joveuses. Toutes trois devaient, jusqu'à la
un de Ifiir vie, demeurer vraini^^nt dignes de leur
nom. Luti. pussédiiil la perfection de la loi, car elle
«imait «on prochain comme elle-même et Dieu de
tout son caur, selon la parole de l'ApAtre: « La fin
de ta loi c'est la chiriti». Aussi l'appelait-on Agapt,
nom par lequel le - ■ cnenl la Chariif. L'autre,
transparente d'r jui avait ronservé bril-
lante et sans ta.liê là ^j.lendeur de son baptême,
avait TU en ell» la comol^le réalisation de celle
..val : <i Vous me laverei et je
que la nei|;e. • tin la nommait
qui signifle neiiy . La Iroi-
manicre toute sp<^ciale le don
■'•'■> «auveur. Jésus en effet
.■I : « Je vous donne
.a,.,.L!.i.l i,,j^,qui «ignifle la paia;.
parole du
deviendrai
SI-
p.l
f
ma ^.liA. ■'
Il IH II fmltOWT COMOAMItiU* iTMlROliM TTTIS
Après lenr aToir fait endurer ane très dure prison,
le go«»erneur les appela devant son tribunal avec
quelques autre» chrétiens. Ouand Dulcetins fut assrt
pour l'iiitcrrngatoire, le greffier Artémisius lui
parla ainsi ; - Voici le rapport envoy* par le station-
naire gendarme) «ur le» personnes qui sont ici pré-
sentes. Si votre Kicellence l'ordonne, j'en ferai la
leitiire. M Lis.je te l'ordonne», répond le président. Le
iireliier lut ce qui suit: •■ C.assandre, le stationnaire,
al. ' • ïcrneur de Macédoine. s.'xliit. J'envoie
à Ml fommes chréliennesetun lio«m«
qui «ui i'-iii!->- .1.1 manger des viandes immolées au»
dieux. Les femmes se nomment Agape, Cbionie,
Irène, Tasia, Philippa.Eutychia, et l'homme qui est
avec elles, Atrathon. •
Le »;nii w n.ur se tournant vers let femmes, leur
dit: « • .pie vous êtes, comment oonvez-
fous p. ' it de réTolte jusqu'à ne vouloir pas
obéir .1 • ordonnances de nos empereurs et
de mu Et loi, ajoiita-t-il en regardant
Agalhon, p.>ur.(ii"ii, a leiemple des antres sujets de
l'empire, ne veux tu pas manger «les viandes offertes
aux dieua 7 — Cost que je suis chrétien, répondit
Aj<athon. — DiiLr.KTji» : l'ernistes-tu 4 l'être emore
n^aintenant? — A«»tiion: Maintenant plu» que ja-
luais. >
Le président se tournant ver» Apape : « Mais toi,
qu'as-tu a répondre'.' — A.aie: Je crois au Dieu
rivant, et je ne veiii pas perdre par une mauvaise
action tout le mérite .lu bien que j'ai pu faire.
Dri.ctTll's ■ F-'t loi l'iii. .nie, que dis-tu? — CBior<i«:
Je cKjis au t c'est pour cette raison
qni- »! n'.n '■ :r ù l'iTii i'-^rniir.
■ toi, Irone,
T M.-r aux ordres ,i
I' ai craint d'offenser liieu.
1 : 9.1 toi, Casia î — C«§i« : I» »«ii «nrer
!" 'rits : VeiiT » nos
r.^ t Jamais ai ea
II. :" '
s., i. . .»
cnrij.'.
I>ru:«nrs : El toi
ment? — Pai-n-r» •
celui de» .li.li . •
, Pbilippa, qoel est ton senti"
V - - • .,,1 1« mêtiiv que
':t motmr i|U8
dis-iu? -
i-, ,., ,,. ,. , , ,. . nnerais IBB
vir j.lutôt que de fonser.tir à ce qu» rou» eilgei da
moi. •
Dulcétius dit aui »oldaU : • Kamenex en prison
i S!athon, Casia, Philippa et liulychia, jusqu'à ce
ru on prenne uii'^ détermination à lenr sujet. »
Le {gouverneur revint fiisuite a Apape et lui dit:
.. Quelle est la dernière résolution? Consentiras-tu
A faire ce que nous-mêmes, en lidèles citoyens, nous
faisons pour obéir à nos Césars et à nos empereurs"?
— AgàI'E : Je ne connais pas le dévouement à Satan ;
jamais men àiiie ne se laissera séduire par les pa-
roles. Dieu l'a rendue inexpugnabïe à tes coups.
DuLciiTius : El loi, Chioiiie, quelle est ta dernière
réponse ? — Cbio?iir : Je persiste toujours dans les
mêmes sentiments. Personne ne pourra pervertir
mon Ame. — DuLririus: N'avpî-vous point quelques-
uns de ces livres ou de ces écrits qui concernent la
doctrine impie des chrétiens. — Chio.nii : Nous n'en
avons [loint. On nous les a tous enlevés par l'ordre
des empereurs. — .Mais encore, qui vous a déter-
minées a donner dans de pareilles rêveries? — Le
Dieu tout-puissant. — .Mais quelles sort les premières
personnes .)ui vous ont conseillé pareille fulie?--
Nous sommes redevables de la sainte doctrine (jue
nous professons au Dieu tout-puissant et à ton Fils
Noire-Seigneur Jésus-Cbrist.
DuucïTius : Il est temps d'en finir avae voas.
Oserez-vous nier, malheureuses, que vous devei à
nos puissants empereurs une oMt^-Tnce filiale et
dévouée? Puisque, depuis si ' ■. après tant
il'âvertissements, d'êails et d -. «ver une
témérité »l une aodace effroyal.l. s, vuii • ' i
ser les ordres de nos Césars, en restant ni
1 ' ui nom impie de 1 1 <-
I hiii, maUré les m -i
ti .iwi.iirps el des premiers '"i-" r.-iiis,«z
il'.'ibiurer par écrit la foi du i ' vei enfin le
cb.Uiment que vous avez si bie,, .... , ;. .
Il lut ensuite la sentence conçue en ceg termes :
• Apape el Cbionie. égarées par l-> • »rv..rsii.. <l» leurs
dsvrs et l'impiété de leurs s. »
piavaes ordonnances des Auk'. "S
maîtres : m.iinlenant encore, elles pratiquent la
religion téméraire et vaine des chrélii-ns, objet
d'eiécralinn pour tous les hommes pieux. J'ordonne
donc qu'elles soient brftlêes vives. > Les bourreaiii
exécutèrent aussitôt l'ordre d-- ' Te, mais le
feu respecta I» rnr|'s i(»« vinr unirent in-
t.ict.'s riai. . is de priées
ut de cont. , "r.
iirreaRoOAToiHi D'inkNi
Quelques instant.H après, Irène, la plus jeune d-'s
trois, fui de nouveau introduite devant le tribunal.
Le jupe lui parla ainsi : >< Ta folie éclate au grand
jour dans tout fn que tu fais. On a tr.'.nvé en t.^
un grand aombrede livres, d<
,|r> tout penrn, conrenant i
! ilile des chrétien»! .^
; , nment dont l'i «• >
le la niui '
«■ilX ? Je .
ni t'i rrttrwt'- A te filtre \iss
I aiuier ju»<{u'a la luuil. Vutl^ i>our<4uai uuu» buus
laissons brûler Tires pIntAt que de liTrer de tels
écrits et de trahir les intérêts de Dieu. — Dulcétics:
Dans la maison où tous habitie:;. quelqu'un savait
sans doute que vous aviez ces Ecriture? ? — Iriîne :
Le Dieu tout puissant qui voit tout le savait, mais
noi autre que Lui. Noos recardions les gens même
de notre maison comme des ennemis, car ils au-
raient pu nous dénoncer. — Dcicérios: L'année
dernière, quand, pour la première fois, la pii»té de
nos Césars et de nos empereurs publia un édit sem-
blable à celui qui t'amène ici derant moi. où vous
cachàtes-vous ■? — InÈNg: Où il plut à Dieu, sur
les itiontaenes, n'ayant d'autre toit que le ciel. —
Dt'LCÉTius: Qui vous nourrissaitalors? — Irène: Dieu
qui nourrit toutes ses créatures — Duicétius : Votre
père était-il instruit de tout cela? — Ir4ni : Non,
je Toui l'assure, notre père ne savait rien. — Dul-
cÉTins : Et parmi vos voisins, qui en avait connais-
sance ? — Ire.ns: Interropei-les tous, et vous verrez
s'il en fût un seul qui connût seulement le lieu de
notre retraite. — Dolcétios : A votre retour de la
montagne, lisiez-vous ces sortes de livres en pré-
sence de quelqu'un? — Irève : Us étaient dans
notre maison et nous n'osions pas les en tirer. Aussi'
nous ressentions une vive douleur de ne pouvoir les
lire nuit et jour, comme nous avions coutume de le
faire avant l'édit. »
SKNTKNCl AnTI-CL«HIC*Ll
Le juge prononça enfin cette inique sentence :
• Tes sœurs ont été punies comme elles le méri-
taient; pour toi, quoique tu sois digne de mort
pour avoir caché ces livres impies, je prétends te
punir d'une autre manière. Tu seras exposée, sans
défense, dans une maison de crimes, et tu y vivras
chaque jour d'un pain qu'on te portera dn.ralais. »
Ayant fait appeler Zozime, le bourreau public, avec
quelques satellites : •■ Sachez, lear dit-il, que si
l'on vient à m'apprendre que cette femme est sortie,
ne fût-ce que pour un instant, du lien où elle va
être retenue, tous serez punis vous-mêmes par le
dernier supplice. » Cette infâme sentence fut rigou-
reusement eïécutée, mais le Dieu tout puissant se
fit le protecteur de la pureté de sa servante. Ella
était gardée pour être offerte comme une victime
intacte au Dieu de l'univers. Personne n'osa s'appro-
cher d'elle, ni hasarder une parole ou une action qui
Dût alarmer sa modestie. Le gouverneur l'ayant
âppns, la tit ramener devant son tribunal et lui
dit : u Persistes-tu toujours dans ta première témé-
rité? — Ihèmî. Ce que tu appelles témérité, je
l'appelle, moi, piété envers Dieu, et je te déclare
que j'y persisterai jusqu'à la mort. — Dllcétil's :
Ta première réponse a montré clairement que lu
ne voulais pas obéir aux ordres des empereurs ;
comme je le vois maintenant persévérer dans la
même opiniâtreté, je vais t'intliger le châtiment dû
à ton crime. •
Après avoir achevé ces mots, Dulcétius écrivit la
sentence suivante : « Irène a refusé d'obéir aux
ordres des empereurs et de sacrifier aux dieux,
et persévère encore aujourd'hui dans le culte et la
société des chrétiens. J'ordonne donc qu'elle soit
brûlée vive, ainsi que l'ont été ses deux sœurs. »
Sa sentence ayant été lue. les satellites s'empa-
rèrent d'Irène, et la condaisirent sur le lieu élevé,
où ses deux sœurs avaient reçu la palme du mar
tyre. Un grand bûcher était dressé non loin des
corps intacts d'Agape et de Chionie. Quand il fut
allumé et que les flammes commencèrent à s'élever
vers les cieui, sur le signe de ses bourreaux,
l'épouse du Christ, impatiente de recevoir la cou-
ronne que le Seigneur lui avait préparée, monta
d'elle-même sur le bûcher en chantant des psaumes
et en louant Dieu de tout son cœur. Elle mourut
en priant au milieu des flammes sans que son corps
fut consumé par le feu. Les Actes ne disent point
ce que devinrent les autres chrétienne? etAgathon;
il est probable qu'ils souffrirent a^ssi le martyrt
peu après : les persécuteurs n'avaient pas coutume
de faire grâce à leurs victimes.
PLUSIEURS AUTRES SAINTES DU NOM D'IRÈNE
SAINTE IRÈNE, MARTYRE EN GRÈCE
Féle le 16 avril.
Cette Sainte fut martyrisée à Corintbe pendant la
persécution de Valéricn. Plusieurs serviteurs de
Dieu venaient d'expirer entre les mains du bourreau,
et la pieuse Irène éUil en prière avec quelques
chrétiens, dans son oratoire privé. Soudain des
païens entrent, la saisissent et la traînent devant
le préfet Venuslus. Interrogée sur sa foi, elle pro-
clama hauten ent que Jésus-Christ est le seul vrai
Dieu, le Maître du monde, le Créateur de l'univers,
le Sauveur et le Rédempteur des hommes. Venustafl
ordonna de la battre cruellement, de la charger de
chaînes et de la jeter en prison.
Quelques jours après, Irène comparut de nouveau
nt le pn-fet. Comme ni les menaces ni les tor-
' no pouvaient obtenir d'elle une parole d'apos-
. on lui coupa la langue, on lui arracha les
H enfin on lui trancha la tête le .'6 avril de
I an 258.
SAINTE IRÈNE DE TOMAR
VIERGE ET MARTYRE
Féle le 20 octobre.
Née à Tomar, dans l'Estraraadure portugaise,
Irène fut élevée avec soin dans un couvent de reli-
gieuses, dont ses deux tantes, Julie et Chaste, étaient
supérieures. Elle devint l'édificalion de la commu-
nauté par ses vertus, et le modèle des religieuses ses
sœurs. Elle ne sortait guère qu'une fois Van, pour
aller visiter avec elles une église de Saint-Pierre, le
jour de sa fête. Le démon, ennemi des âmes virgi-
nales, lui suscita la plus dure épreuve qu'elle pût
redouter. Deux individus s'éprirent pour elle d'un
fol amour. Consacrée à Jésus-Ctirist qu'elle aimait
uniquement, Irène, qui aurait préféré mourir de
mille morts plutôt que d'offenser son Pieu, répon-
dit à ces insensés par la froideur de ses dédain».
Furieux, l'un d'eux, que l'on croyait homme de
bien, se mit à la calomnier outrageusement, et le
iji'mon favorisa si bien la calomnie, que beaucoup
Il crurent coupable. Dans l'angoitiie .ji- «.ui .Ime
Irène suppliait humblementlo Seigneur d'avoir pilip
d'elle. Cependant l'accusation parvient aux oreilles
de l'autre prétendant, aui t'empresse d'y ajouter foi
et, piqué d'une vive jalousie, sans se «ouTeair qu'il
a^ait dû sa cuérison à Irène dans une grave mala-
die, il soudoie un assassin pour la tuer. L'assassin
qui fouettait sa. victime, la surprend un matin en
prière non loin de la rivière de Nadao, il se préci-
pite sur elle, la perce de son épée etjetle son corps
dans la rifière. Le Nadao est un affluent de la
^éze^e, laquelle se jette dans le Tage. Le Tage, aux
eaux profondes, reçut donc le corps de la martyre,
et tout semblait flni pour la terre.
Mais Dieu veillait sur la mémoire de sa servante,
déjà glorifiée dans le ciel : il révèle toute l'histoire
à l'oncle de noire Sainte, Sélio, abbé d'un monastère
voisin de Toniar, et lui apprend où repose le corps
de sa nièce. Sélio convoque un grand nombre de
lidèles , et se rend avec eux sur les rives du Tage. A
leur approche les eaux s'écartent miraculeusement
et laissent apercevoir, dans le plus profond du
lit dv,- fleuve, un tombeau précieux élevé par les
anges. Le corps d'Irène, d'une beauté et d'une
blancheur ravissantes, y reposait ; les assistants
voulaient l'emporter, mais nul ne put le remuer.
Hespectant la voloiitè de Dieu, Siiio se contenta de
couper une mèche de cheveux et un fragment de la
tunique de la vierge martyre, et il se relira avec la
foule, emportant ces d»;ux reliques. Dès qu'ils
furent sur le rivage, les ondes reprirent leur cours
et cachert'iil d-î nouveau le sépulcre. Les deux reli-
uei eni(>ortt-es par Sélio devinrent l'instrument
'une multitude de miracles, et rendirent célèbre la
ville voisine, appelée jusqu'alors Scalabis, mais que
les peuples nommèrent désormais Sun(a-/rc'n>' et
par abréviation Santarem. Sainte Irène de Tomar
est vénérée en Portugal tous le nom de santa Iria.
Santarem est aujourd'hui une ville de 8000 Ames.
SAINTE IRÈNE. VIERGE ET MARTYRE
A CONSTANTINOPLK
3
Fite le S mai.
Irine, fille d'un homme de race royale, mais
païen, appelé Licinius, était d'une beauté surpre-
nante. Au<«i son père, pojr la soustraire aux
reKai'l) du monde, la fit-il enfermer dans une haute
lour, a»fc treize femmes esclaves pour la servir. Dieu
instruisit lui-même cette iine d'élite par le ministère
d'un ange, puis saint Timothée, disciple de saint
Paul, guidé par une inspiration divine, put pénétrer
jusqu'à elle et lui administrer le sacrem>>nt de bap-
tême. Devenue servante de Jésus-I^hrist, la jeane
lille brisa aussitôt tes idolos e'. it-sjeia par la fi'nétre.
Lictoiu* en ■pprenant cetl* deslruclion entra dans
une colère terrible. Il attacha sa fille à un cheval
indompté afin de la faire périr. Mais Dieu veillaii
sur cette enfant. Au lieu de lui nuire, le cheval se
précipita sur Licinius et le mordit si cruellement
qu'il en mourut. Justement affligée, Irène se mit
en prière et obtint la résurrection de son père qui
se releva vivant et guéri. A la vue d'un tel prodige,
toute sa famille et près de trois mille personnes
embrassèrent la foi curétienne. PlustarJ, sur l'ordre
du préfet Ampelianus, Irène fut arrêtée, soumise à
toutes sortes de tortures, mais rien ne put la faire
consentir à renier Jésus-Christ, et on finit par lui
trancher la tête. •
Son culte fut autrefois célèbre dans tout l'Orient.
Constantinople lui dédia trois églises. L'une d'entre
elles, bitie par l'empereur Constantin le Grand,
était, après la basilique de Sainte-Sophie, la plus
vaste de cette ville impériale.
SAINTE IRÈNE
SOEUR DU PAPE SAINT UAMASB, VIERGE
Fite le 2 i février.
Elle naquit «n Espagne et suivit, toute jeune
encore, ses parents a Home. Dès l'Age le plus
tendre, on remarqua en elle une piété forte et géné-
reuse. Souvent elle pas'-ait des nuits en prière avec
sa mère et son frère, dans les catacombes, pros-
ternée au pied des tombeaux des martyrs. Dans sa
maison, elle ne manquait jamais une occasion de
distribuer d'abondante.-^ aumônes aux pauvres.
Ses parents étant morts prématurément, elle fui
confiée A son frère saint Damase. Elle ne tarda pas
& lui découvrir ;on aversion pour les délices du
monde, et le désir ardent qu'elle avait de vivre dans
la retraite, et de consacrer A Dieu sa virginité.
Kempli d'admiration, Dauiase la félicita de sa
généreuse résolution, l'aida de tout ton pouvoir et
composa pour elle un excellent traité sur la virgi-
nité. A l'aide de ce livre qu'elle lisait sans ce<>^e,
elle avança à grands pas dans la voie de l.i p> rfei'-
tion, et sa vie, favorisée des grâces de Dieu, était
plus angélique qu'humaine. '
Quand son frère fut élu Souverain Pontife, Ursicin
avec bon nombre de partisans, refusèrent de le
reconnaître. Aussitôt la pieuse vierge s'adonna a
des jeônes, des veilles, des pénitences extraordi-
naires qu'elle n'interrompit pas, jusqu'à c« que
Dieu, lléchi par ses prières, eût délivre I Enlise de
ce schisme naissant. — Enfin, la douiièiiie année
du pontificat de saint Damase et la vingtième dt
son Age, atteinte de la fièvre, pleine de mérites
devant Dieu, elle t'endormit paisiblement dans It
Seigneur. Son illustre frère fit graver sur son tom-
beau une très belle épi'aphe en vert latins.
Illip -y/rVT'if, y, l'ITITKtMx, H. rnr Kcill'
SAINT ISIDORI-, I-^\È01E DE SÉMLLE, DOCTEIU
Fé(e le 4 avril.
Saint Isidore écrit ses ouvrages pleins de suavité, comme, dès son berceau, l'avait fait pré-
sager un essaim d'abeilles. — Il distribue des aumônes aux pauvres qui se pressent à la
porte du palais épiscopal.
Isidore naquit dans l'Andalousie, de nobles et
l'iciix parents. Son père, le duc Sévérien,
avait été longtemps préfet de Cartha:.'ène, et il
.ivait vu sa tille aînée épouser le roi des
Wisit'olhs Leuvi^'ilde. Deux autres de ses enfants,
Léandre et Kuk'enre, qui se sisiialèrent dans les
rangs de l'épiscopat espai'nol, ont mérité d'être
honorés d'un culte public apn'-s leur mort. Flo-
reiiline. la plus jeune de ses tilles, embrassa
la vie monastique, et «a science, sa vertu, ses
cantiques même ou chants sacrés lui ont valu
l'honneur de fl:.'urer en tête de ces illustres reli-
gieuses que la patrie de sainte Ttiéré«e a données
à l'Ealise. Mais la cloire des uns et des autres
pàlll devant l'érlatante ré()utation de saijesse et
de «.linleié d'I'idore, le dernier né de la noble
famille andalouse.
On rapporte qu'étant encore dans les lances,
-a nourriee l'ayant laiss.' seul dans le jardin,
il fut environné d'un ee'-aim d'abeilles, dont
quelques-unes entraient dans sa bouche et y
faisaientleur miel, et les autres couraient sur son
visai-'e sans lui faire aucun mal; ce qui fut pris
pour un présage de sa douceur et de son admi-
rable éloquence.
isinoRE écoLiF.n
L'enfant, à peine sorti du berceau, fut confié à
son frère aîné saint Léandre, archevêque do Séville.
dont il devait plus tard être le glorieux succes-
seur. Saint Léandre chérissait son jeune frère
comme s'il eût ''té son tils, mais son amour était
éclairé, c'cst-<à-dire qu'il savait mettre les soin>
de l'âme avant ceux du corps; aussi ne se faisait-il
pas faute de fouetter le jeune écolier pour lui
apprendre à vaincre la paresse.
l'.ependant, contrairement A ce que l'on atten-
dait, lintelliiienre de l'enfant ne se développait
qu'avec une lenteur désespérante, et, de plus,
lui-même semblait éprouver le plu"prand dèL-nùt
215
pour toute sorlf ti études. L'n jour, Isidore, décou-
ragé par l'iiisuccés de ses efforts, el iTai|.'uaiit les
corrections que son frère lui appliquait avec une
éneraie trop fréquente, s"enfuit de l'école de
Séïille. Apres avoir erré quelcpic temps dans la
campagne, exténué de soif et de faiii;ue, il s'assit
auprès d'un puits, et se mit à regarder avec
curiosité les sillons qui en creusaient In maryellr.
Comme il se demandait qui avait pu produire re
travail, une femme qui venait puiser de l'eau,
toui-liéede la beauté el de riiii'-iiuité de l'eiifanl,
lui explii)ua comment les gouttes d'eau, en lom-
haiit constamment sar le même endroit, arri-
vaient avec le temps à creuser les pierres les
plus dures.
Isidoreavait re--pritdroit el sincère; ces paroles
le firent rélli'cliir. Si nne fjoutte d'eau, se dit-il,
est asseï forte pour creuser à la lonpue une pierre,
il n'e«l pa'i possitde que. Dieu aidant, je n arrive
pas par mes efforts à acquérir la science, iiial;;ré
l'inlirmité de ma mémoire et de mes autres
facultés. El il rentra à Séville.
S'étant remis à l'œurre aTcc courage. Dieu,
pour le réeoiupen'^er de sa bonne volonté, opéra
un tel clianijcineiit en lui. qu'en peu d'aiiiK'es il
acheva son éducation de faroii à posséder li-
latin, le ^Tcc cl l'Ii' breu, et à aider puissaniuK'iit
son frerc saint b'-andre dans la conversion des
ariens
DANCKHS OC'iL COCKCT
IL BST r.MtKmi D\flS tJJi MONASTÈBR
Cependant le mi Leuvigilde, arien fanatique,
venait de faire assassiner son propre lil>. saint
Herménét'ilde, converti a la foi par saint L<'-aiidre.
On ne sait cnnim>'nl le crand archevêque de
Séville évita le sort de son royal élève, mai»
toujours est-il que le roi se contenta de l'exibr
en même tem|>s que son frère saint Folpeoce,
évi^que d'Ki-ija. lsi<lore, quoique contri>té par cet
événement, n'en fut [loiut abattu, et il continua
la lutte en;.'aL'éH par ses deux frères. C'est alors
que ses talents >e montrèrent en plein, i.es
ariens étaient constamment terras'.è> et lionti-iu
de se voir vaincu^ par un ennemi si jeune; ils
résolurent de s'en d'-barrasser en le poii.-nardaiit.
Ix!ur plan èt.iit .irrèU', et le Saint ne pouvait
manquer de tomber sous leur^ coup», ipiand
Dieu, qui le réservai» à de pliii grands combats
et a voir la • liute de l'arianisme, le •^aiiva en
mettant la confusion dans le-, ranp de« hérétiques.
En re temps-li, lyaneilde. poursuivi par le
souvenir de >on (ll« t|u'il avait tué, sentait la
mort a(>proi-li.T. Pour apai-^'-r le loinroux divin.
il lit rapf>eler de l'eul saint Léandre. et. avant
d'e\pir>-r, lui ronlia la conduite de son jeune
ftui cehHi-ur Mécai'i-de Ce n^lour inattendu mit
le comble & la j»ie de Minl Isidore, qui bnilait
de < exprimer de nniiveaii, ••n travaillant avec non
frère A la ilèfense île la foi. Nhii» ^aint l.i-aiulrr,
nyani appris le* dansnrs qu'il avait r^iiru'-, et
l'-r
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et
t)UI.
penil i;i
années
dément gravées dans sa mémoire et dans son
cœur, comme l'attestent ses écrits sur le mona-
chisme. et notamment une belle réiile en vinijl-
quatre chapitres pour les moines de son pays.
L'histoire, malheureusement, ne nous apprend
presque rien sur saint Isidore moine. Ouoi qu'il
en soit, il était déjà mûri dans l'exercice de la
mortilication et cajable de supporter le fardeau
de lëpiscopat, lorsque saint Léandre mourut,
vers 601, en le désignant comme le seul di;;ne
du siéjre de Séville. Le Saint, en se cachant dans
les ombres du cloître, n'a\ail pas réussi à se
faire oublier, et le peuple parlait toujours avec
enthousiasme du jeune cbTC qui, autrefois,
l'avait si vaillamment défendu contre les ariens.
IL DEVIBIT {vftoUB DE StlVILLK
.\ussi, lorsque le mi Hécarède ordonna à
l'humMe moine d'accepter la cliarpe que venait
dequitlerson frère en mourant, le peuple répondit
par une immense clameur de joie et par d'una-
nimes applaudissement". Pendant que tout le
monde se réjouissait de son élévation, lui seul
pleurait, se déclarait indii-'ne de celte charye el
tremblait devant la responsabilité (]ui allait peser
sur lui. L'humilité est le si^me de la sainteté véri-
table, et, pour l'ordinaire.reiix-là sont plus dignes
d'une faveur qui s'en ju^'ent les plu> indi^'ues.
Le roi Hécar.'di; et le peuple de Séville ne s'y
tronip'-riMit pas, et les larmes d'Isidore ne firent
qu'entlammer l'ardeur de leur désir. Le Saiiil.
reconnaissant enlin la voix de Dieu dans celle
du peuple chrétien, se rèsipia à faire le sacrifice
demandé. Dès qu'il eut ceinl la mitre et pris en
main la boulette du pasteur, dés qu'il se fut li<
à son I^:lise par un mariage spirituel en jurant di-
donner s'il le fallait son >nn|: |iour elle, sa vie ne
fut qu'un |>erpé.tuel sacrifice. ■1 il ne cessa de se
dépenser pour ses brebis bii-n-ainiécs, au point
ooe l'on a j>eine à comprendre comment une vie
d'homme a pu, sans un miraele de la KrAce, être
au^M laborieusement remplie que la sienne.
•> qui aflliceait surtout son re;;ard de père el
de pasteur, c'étaient les dèwndrrs el le* abus qui
j... ........ ^ jQ ,p,„ ,jy (-lené. l'oubli des loi-.
I •«, du droit eanoniqiie, des rite» pres-
»... ,— 1 t:;li"ie. llien n'éoli.ipp.iit sous ce rap-
port a sa MLilanee; il <q. posait la plus èner);ique
fermeté nu mal. «'appliquant, soit à le corriL'er.
soit à le préienir II y léussii pleineuieiit, et il
eut le bonheur de r'tiMir dans leur vipieur, au
sein des chrétien t- les, le> règlements
apostoliques, les il ■ - l'ère», les princi-
pales institutions de U Auinte Eglise romaine.
SE' LNSTITTnOJIS
Non <v>ntMit d'avoir réformé par *» parnli» .-i
par !■ ide les ni'
et 1 qui se !■
inlliieiie. Ile l'arinnisiiie, ,i m. n.i.-. a en,-,,i. ,
leur \ertu et à leur foi un appui et un riemile
■■■-- ' '■ ■: ':- -:■ ■ne' qu'il '• - '.
. n iKiioi
I . . ..; > sont I4 ....... ^,., ... ...
' Is ni<-r!»Mire de* c^ime^
ell.
lllllll >
Il s..,-,èl.
I|lll s'» '-
I
leur
ans qu aujourd hui, o«i
qui b < leiitait au»«i
111 V
en
•'bant:^ de nalur<>
iiii'nies il y a miHi
io<>me ■'■! ' I
n IIS dit II'
s lit le ï ( . 1 . :
I .i.i il l.il
'' que«ou pr4trM hérétt^iw* ei i .
1.1
encore dans les campagnes, voyageant sans bruit
et donnant aux jeunes gens des conférences
secrètes dans tous les lieux où ils s'arrêtaient.
Saint Isidore, à la première nouvelle de ces faits,
tressaillit; car il n'ignorait point que c'est par la
mauvaise éducation de la jeunesse que se pro-
duisent dans la société les plus épouvantables
désastres. Il n'y avait pas à hésiter. Sans calcu-
ler la modicité de ses ressources, il jeta les fon-
dements d'une immense école de doctrine qui
est restée célèbre dans toute l'Espagne et dans
tout l'univers. Ce collège, cette sorte d'Université
catholique, où se formèrent de grands savants et
de grands saints, n'était qu'un vaste monastère. Il
devmt le type d'une multitude d'antres institu-
tions du mf^me genre dans les villes épiscopales.
L'étude dn grec, de l'hébreu, de l'histoire, de
la géographie, de l'astronomie, des mathéma-
tiques y était obligatoire; elle préparait à celle
de la philosophie et de la théologie.
Le iirand évi^que, malgré ses occupations, se
joignait tous les jours à ses chers moines profes-
seurs, et à son tour, il occupait la chaire pour
découvrir à ses e'ièves émerveillés les incompa-
rables beautés des Saintes Ecritures.
C'est pour l'instruction des jeunes gens dans
cette école que le crand docteur dé Sévi Ile com-
Cosa ces nombreux traités, dont l'étendue et
i profondeur effrayent mi'me les plus savants,
et qui embrassent toutes les branches des con-
naissances humaines, depuis la plus sublime
théolosie jusqu'à la science vulgaire de l'agricul-
ture et de l'économie rurale.
Le principal de ses ouvrages, les vingt livres
des Origines ou des Eti/mologia est ce que nous
appellerions de nos jours un « Dictionnaire uni-
versel » où a été conservée toute la science de
l'époque. H suppose chez son auteur une érudi-
tion profonde, des recherches infinies et une
ampleur de vues vraiment extraordinaire.
Dans la pensée de saint Isidore, toute science
vraie doit avoir pour fondement et pour base la
connaissance approfondie de la révélation. Il
était convaincu, écrit son biographe, que les
maux de la société, les discordes civiles, les dis-
sensions des clercs avaient pour cause l'igno-
rance de la Sainte Ecriture. Ce fut pour com-
battre ce lamentable oubli qu'il exigea de ses
disciples l'étude de l'hébreu. Lui-même possé-
dait à fond la langue scripturaire; il nous en a
laissé des preuves dans ses ouvrables exégétiques,
qui forment un véritable cours d'Ecriture Sainte.
L'un de ces évéques vagabonds dont nous
avons parlé plus haut, du nom de Grégoire le
Syrien, homme qui, par son éloquence naturelle
et la subtilité de son esprit, obtenait de grands
succrs et faisait beaucoup d'apostats, proposa à
saint Isidore, qui présidait en ce moment un
Oincilc d'évt'ques, de discuter devant le peuple
sur l'unité de nature, qu'avec les eutychéens,
il admettait en Jèsus-Christ. Le Saint accepta. La
discussion eut lieu dans la grande église de
S''ville en présence d'une foule immense. Après
cinq heures de discussion, Grégoire s'avoua
vaincu, abjura ses erreurs et revint à la com-
munion catholique dans laquelle il persévéra
jusqu'à la mort.
I ne autre institution rouvrit de gloire saint
Isidore et contribua puissamment, dans toutes les
K-i'.i-'ne», où elle se répatidit. à maintenir la
\i_ii' ur de la foi : nous voulons parler de la litur-
:.i' iil'irnrahe. ensemble r : ' ue des iirières
't le- . ■rèmonies. par ■ -aint Isidore
T' Mil il ,111 . iili" divin loti If - , , ~ié. Celli' litur-
gie est ainsi appelée parce qu'elle fut conservée
plus tard par les chrétiens espagnols qui vivaient
au milieu des Maures et des Arabes envahisseurs.
La liturgie romaine, reine des liturgies, a pré-
valu, il est vrai; mais pour ne pas perdre la
mémoire des belles institutions de saint Isidore,
l'église cathédrale de Tolède use encore, avec la
permission du pape, de fa liturgie mozarabe.
Malgré ces immenses travaux, le Saint faisait
une visite annuelle de son diocèse, et même,
poussé par son amour pour les âmes, il parcourait
toutes les provinces d Espagne, " faisant retentir
dans les cités et les moindres bourgades, la
trompette évangélique ». Ce qui le toucha le plus,
ce fut l'aveuglement des Juifs, aJors nombreux
dans ce pays. Sa tendresse envers ces pau\Tes
abandonnés le poussa à leur adresser un traité
pour essayer de les amener à la vérité. Dieu
récompensa son zèle par la conversion de plusieurs
de ces malheureux enfants d'Abraham.
VOYAGE A ROME KT MIRACLES
Saint Isidore avait un grand amour et une
grande vénération pour le pape qu'il appelait,
« le vicaire de Dieu ", et auquel, disait-il, " I obéis-
sance est due en toutes choses .1. Pour mieu.v
s'inspirer des traditions du Siège apostolique et
présenter ses hommages au Souverain l'ontife,
il se rendit à Rome vers 619. Il y fut reçu avec
honneur par Boniface V et le clergé. Le pape le
consulta plusieurs fois sur des choses impor-
tantes, regardant toutes ses paroles comme les
oracles dun Saint. Il eût voulu le retenir auprè-s
de lui, mais les Sévillans souffraient de l'ab-
sence de leur évêque chéri, et le cœur dTsidore
souffrait encore plus de se voir séparé de ses
enfants bien-aimés, aussi le pape dut-il le laisser
aller. Il traversa la Gaule, accueilli partout avec
de grandes démonstrations de joie.
Il arriva à Narbonne pendant une sécheresse
extraordinaire : le peuple, désolé, l'attendait sur
la route; aussitôt qu'il parut, la foule, se préci-
pitant à sa rencontre, le supplia de la sauver,
|)ar ses prières toutes puissantes, des malheurs
qui l'accablaient.
Le Saint, ému, adressa à cette multitude avide
de le voir et de l'entendre, un discours sur la
miséricorde divine ; puis, élevant les niaiiis. il pria
avec ferveur. En ce moment, le tonnerre gronda,
et, chassés par un vent violent, les nun::i's s'amon-
celèrent rapidement dans ce ciel où ils n'avaient
as paru depuis si longtemps, l'ne pluie hicn-
'aisante rendit aux campagnes leur fertilité.
Le retour du grand évéque à Séville fut un
véritable triomphe ; toute la population, hommes,
femmes, enfants, vieillards, clercs, moines et
écoliers allèrent au devant de lui en chantant
des hymnes de joie. Lorsqu'il fut arrivé, ces
inilli<>rs d'hommes se pressèrent autour de lui.
montant sur les murs et sur les arbres pour \r
voir plus facilement et entendre sa voix; reii\
qui étaient à portée de le faire se disputaient
pour tourher la frange de son véteinenl. Au
moment de donner sa bénédiction, la presse fut
si grande qu'une femme enceinte lut étouffée cl
tomba morte. On apporta au-<'iti\l son cadavri'
à saint Isidore qui, le voyant, foiiilil en larmes;
puis se jetant à genoux, il supplia le Seigni'ur
de rendre la vie à celte malheureuse. Après quel-
'jues minuleu, |a fptnme ressuscitée se leva el,
cievanl la foule attendrie, prononça ces parnb^»:
• Iténi sois-tu. Père saint, évéque IsidorR; bétiie
sojl la parole qui tombe rie tes lèvre». C'est à les
prières qu>' reiilaiit que je porti' dans mon sein
l
et moi-même devons d'avoir été renJu'* à la vie
présente et arrachés aux tourments Je l'autre. «
Puis elle raconta qu'au sortir de son corps, les
démons avaient ^aisi son àme en état de pécbé
et que leur? hideuses lésions l'entraînaient vers
les Humilies éternelles, lorsque l'un des an^es
du Seigneur qui accompax'nent toujours Isidore
était apparu et, ayant mis en fuite les démons,
l'avait d'-jivrée.
A re. récit, les acclamations de .joie redou-
blèrent, et ce fut presque porté en triomphe que
le saint év<^que rentra dans son église.
On rapporte qu'en une autre circonstance il
guérit un aveujile par le seul attouchement de
son ^'anl.
Peu de temps avant sa mort, présidant un Con-
cile, dès que les évéques eurent volé les réj;les
3u'il leur avait proposées pour le gouvernement
es K^'lisos d'Ksnai:ne, il se leva au milieu de
l'assemblée, et, d'un ton prophétique, il prédit à
la natinn espagnole que si elle s'écartait des
régies qu'il venait de lui donner et des doctrines
qu'il lui avait ensei:.'nées, elle en serait punie
par la famine, la peste et surtout par le glaive
des oppresseurs. Il ajouta cependant que si ses
malheurs la ramenaient à de meilleurs sentiments,
elle rei-nuvrernit une gloire supérieure à sa gloire
passée et dominerait sur les autres nations. Tout
cela s'est vu : le.s Kspaynols prévaricateurs ont
<^té punis par le glaive des .Maures qui ont occu|)é
leur jiays pendant près de huit cents ans; mais
ensuite l'Espaiine s'est couverte d'une irloire
incomparable sous les règnes de Ferdinand le
Catholique, Charles-Quint et Philippe II qui,
parlant avec or^'ueil de l'étendue de leurs Etats,
disaient « que le soleil ne s'y couchait jamais ».
DER.MEHS HOIIR>TS DE SAINT ISIDORE
SA uoHT iiiE.NHt:i:nr.i'sE
Six mois avant sa mort, le saint évéque en
ressentit les approches par une maladie qui,
tout en alTaiblissant sou corps, fortifiait son
esprit. Il redoulila alors de tendresse pour ses
plus chers enfants qui étaient les pauvres, les
moines et les vierges : tout ce qui lui restait
encore de bien, il le lit distribuer aux indigents.
Ouatre jours avant sa mort, il prévit le moment
de son départ pour le ciel et manda auprès de
lui quelques-uns des évéques voisins pour l'at-
sister; tous accoururent en larmes. Isidore, à
leur arrivée, se lit porter dans l'église de Saint-
Vincent, où il put donner la bénédiction à son
jieuple bien-aimé qu'il allait quitter. S'étant assis
au milieu du chœur, il se dépouilla lui-inènie de
ses habits, tout malade qu'il était, se lit donner
un cilice, et, couché sur la cendre, il lit detant
les évéques et le peuple cette belle prière : ■• O
Dieu qui connaisse! le cu-ur des hommes, (|ui
avei pardonné au publicain ses péchés loi's<|u'il
se frappait humblement la poitrine, éloi::iié par
respect de vos autels, et qui avei rendu la vie à
Lazare, mort depuis quatre jours, recevez main-
tenant ma confession, et détournez vos yeux des
péchés sans nombre que j'ai commis contre votre
majesté. C'est pour moi et non pas pour les justes
3 lie vous avez mis dans l'Kglise le bain salutaire
e la pénitence. » Il demanda ensuite l'absolu-
tion et la Sainte Communion qu'il reçut avec de
;:rands sentiments de contrition et d'huniililé. Il
ilemnnda pardon aui assistants des fautes (pi'il
n'avait jamais commises, et bi-nii encore la iiiiil-
tilude qui ne cessait de se prosterner pour lui bai-
ser les mains. Pour couronner dignemeiil une vie
où il s'était consumé de tendresse pour ses chers
enfants, il lit venir tous ses débiteurs et leur
rendit leurs obliu-ations. Les trois jours suivants,
il se fit de même porter à régli>e, et c\'-l li,
devant l'autel et sur la cendre, qu'il mourut en
donnant une dernière bénédiction à son peuple,
le 4 avril C38.
I II I I ^n
b. PcrriHi»: . Imp i/trant, 8, lue Fr4n' ot» I", Pan».
SAINT VINCENT FERRIER
Fite le 5 avril.
Portrait de saint Vincent Ferrier.
Cet apôtre extraordinaire, qui fut la gloire de
1 EspajBne et la lumière de la Sainte Eglise, naquit
à Nalence, en t3o7. Son père, Guillaume Ferrier
et Constance Miguel, sa mère, vivaient ensemble
dans la pratique des vertus chrétiennes, lorsque
le ciel leur confia ce précieux dépôt, gage des
mentes qu'ils s'étaient acquis par leurs aumônes
et leurs prières. Dieu prit soin de leur en faire
connaître par avance le prix et l'excellence. Un
religieux, revêtu de l'habit de Saint-Dominique,
apparut à Guillaume et lui dit: » Réjouissez-vous,
car, bientôt, vous aurei un fils, qui sera du même
Ordre que moi. Sa vie sera si sainte, sa doctrine
si sublime, son léle si ardent, que tous les
peuples de l'Europe l'honoreront comme un
apôtre, n
Quant à Constance, elle entendait parfois dans
son sein comme les cris d'un petit chien. Effrayée
d'ibord d'un prodige si nouveau, elle en demanda
l'explication à l'archevêque de Valence: " Ne
craignei rien, lui fut-il répondu, car, assurément,
TOUS donnerez le jour à un crand saint, dont la
fiarole fera fuir les loups et ramènera au bercail
es brebis égarées du Seigneur. ..
Quelque temps après, cet élu de Dieu venait
au monde et toute la ville accourait pour le voir,
comme un autre saint Jean-Baptiste.
PRÉDICATEUH A l'aGI DE DIX ANS
De bonne heure, Vincent vérifia ce qui avait été
prédit de lui. On ne pouvait trouver un enfant
plus aimable et plus tranquille. Doux et affable
envers tous, il avait nour les pauvres un amour
de prédilection, et lorsque, plus tard, on lui
donna sa part de l'héritage paternel, il ne mit
que quatre jours pour la leur distribuer. A peine
eut-il atteint l'âge de raison, que ses parents
commencèrent à lui communiquer le goût de
l'étude. Ses progrès furent rapides, et il n'eut
pas de peine à surpasser tous ses condisciples,
par son savoir comme par sa vertu.
Tout jeune qu'il était, le lèle des âmesembra
?ait déjà son cceur. Souvent, il réunissait autour
de lui les petits enfants de son âge, et, après leur
avoir imposé silence, imitant naïvement le ton
et les gestes des prédicateurs qu'il avait enten.lus
à Valence, il leur parlait du bon Dieu et de la
164
Sainte Vierse avec tant d'onction et d'amour que
tous s'en retournaient édifiés.
C'est ainsi que le futur ai'ûtre se préparait, dès
sa plus tendre enfance, aux immenses travaux
qui devaient l'occuper plus tard.
PABS.NT3 ADMIRIBLIS — VOCATION
Lorsque Vincent eut atteint l'âge de dix-sept
ans, son père lui demanda s'il se sentait attiré
vers l'état religieux, ou bien s'il préférait vivre
dans le monde ou aller à Rome pour y faire
valoir les laleuts extraordinaires dont son esprit
était doué. Le saint jeune homme ne délibéra
pas un seul instant. « Depuis longtemps, répon-
dit-il, j'ai renoncé aux plaisirs, aux honneurs et
aux biens île la terre pour n'aimer que Jésus-
Christ, et c'est dans la vie religieuse que je veux
le servir, u A ces mots, les deux époux éclatè-
rent en transports d'allégresse. « Je vous rends
grâces, Seigneur mon Dieu, trésor infini de bonté
et de miséricorde », disait le saint vieillard,
dans l'excès de la joie qui inondait son âme,
tandis que Constance pressait tendrement sur
son cœur le fruit béni ae ses entrailles. Vincent
s'inclina sous la bénédiction paternelle et, le len-
demain, les Dominicains de Valence comptaient
un saint parmi leurs novices.
Au couvent, comme à la maison de son péra,
Vincent excite l'admiration de tous. Fidèle imita-
teur de saint Dominique, il se prépare à la pro-
fession avec tant de ferveur que les religieux les
plus télés trouvent en lui un modèle.
Son noviciat terminé, Vincent s'appliqua
férieusement à l'étude de l'Ecriture Sainte et de
la théologie. Après avoir enseigné quelque temps
la philosonliic aux religieux, ses frères, il fut
envoyé à Barcelone et ensuite à l'Université de
Lérida, où on l'honora du bonnet de docteur.
Rappelé à Valence, Vincent fut chargé par
l'archevf^que d'annoncer au peuple la parole de
Dieu. On accourut de toutes parts pour l'en-
tendre. Les multitudes se pressaient autour de
lui , et l'on ne sortait jamais de ses sermons
«a.i- l'irMiï.r 1>' besoin de se réconcilier avec
lii.ii I.'. -( Mip notre Saint savait où se puise la
vériiaMe r-l.i.iaonce. U n'ignorait pas que c'est
dans les plaies sacrées de Notre->ei;;n'ur qu'il
faut aller chercher le secret d'embraM.T les
cœurs, et c'est aux pieds du divin Crucifié qu'il
se pr.t nr lii f\ la prédication par l'oraisnn et la
eon> a. Le irait suivant nous montrera
que lé de ses paroles procédait bien
plus des lumières qu'il recevait d'en haut que
de son élude particulicre.
Un jour qu'il devait prêcher devant un grand
seigneur, il se pn'para, contre sa coutume, par
le travail et l'étude plutdt que par l'oraison et
U contemplation. Son sermon fut très éloquent.
Mnin le lendemain, prêchant devant le même
sei;menr, suivaul son style ordinaire et après
t'étre prépari< aux pieds du crucini, il p&rlâ
avec beaui-nup plut de chaleur et d'onclion. Lt
y
u I u il uâ . »
Vl^CBVr ADZ PaiSCS AVIC Ll DIAILI
FfTr-i '. ■ d' la sainteté du lerviteur de Dieu, et
furKUi ! -c »ii',r en!' r. r ih.i.iiio |our i!^» inul-
titii ! „.
neiji ,it
per.lre l- y ■ .. voir
ri^.inment il f . i lopfM
ûlem.
Une nuit que le Saint était en prières, il voit
venir à lui un vieillard i l'aspect vénérable, son
vêtement est celui d'un ermite. Sur ses traits
amaigris sont gravées l'austérité et la mortifi-
cation. "Je suis, dit-il, en s'adressant à Vincent,
uu de ces anciens Pères qui ont vécu avec tant
de sainteté dans les déserts de l'Egypte. Pendant
ma jeunesse, j'ai voulu jouir des plaisirs du
monde. Comptant sor la miséricorde infinie de
Dieu, je me réservais de faire pénitence plus
tard. Mes péchés m'ont été pardonnes et les
désordres de ma jeunesse ne m'ont pas empêché
de devenir un grand saint. Maintenant, s'il faut
en croire un vieillard eipérimeut»', je vous
conseille de vous ménager un peu plus; car les
forces vous seront nécessaires pour la prédica-
tion. Laissex donc là les jeûnes et les veilles.
Donnez sans crainte quelques satisfactions à
votre corps : Dieu est toujours prêt à recevoir la
pénitence des pécheurs. »
En entendant ces paroles empoisonnées, Vin-
cent reconnaît bien vite que ce n'est pas li le
langage d'un saint.
" Va-t'en, serpent venimeux, s'écrie-t-il en
armant son front du signe de la croix, tu n'es
pas un ermite, mais un diable de l'enfer. Tu pen-
sais preudre dans tes filets ce mauvais soldat;
mais il est armé de la grâce de Jésus-Christ son
Maître, et, quoique nouveau dans rctle milice, il
ne craindra point de combattre contre toi. »
Aussitôt, le démon, car c'était bien lui, disparut,
comme une ombre devant le soleil.
Une autre nuit, comme le saint religieux priait
la Vierge immaculée de le conserver toujours
chaste et pur, il entendit une voix qui disait:
•< Dieu ne donne pas i tous la grâce de la virgi-
nité, et quant i toi, je ne permettrai pas que tu
te glorifies plus lon:;tenips d'une faveur qui n'est
accordée qu'à quelques grands saints, s On con-
çoit quelle fut la douleur de Vincent, en enten-
dant ces paroles. Mais la Mère de miséricorde
vint au secours de son fidèle serviteur. « Tout
ceci, lui dit-elle, n'est qu'une ruse de l'ennemi
pour vous perdre. Ne craignez rien, car je vous
ai pris sous ma protection, et je ne vous aban-
donnerai pas. n
Le démon fut couvert d'une telle confusion
qu'il n'osa plus se servir des mêmes armes pour
attaquer son adversaire.
Satan eut recours à d'autres moyens; mais il
ne fut pas plu'< heureux. Vincent visitait les
malades tt leur prodiguait ses soins.
Un jour donc, il fut appelé aupn's d'une noble
dame, atteinte d'une maladie ini'onnne aux
médecins. C'était une autre femme de Puliphar,
dont le d''raon voulait se servir pour faire tomber
le Saint dans quelque crime. Mai< ce fut en vain
qu'elle d<''ploya tous les arliflc-e' qti» hii «uBué-
rait sa passion. I.e nouveau J' '•■^\^
son effronterie en terme* •*»•■ ni"
Au'-sitôt, la malheureu.sr,
cée. se met à crier de ■
! serviteur de Ui' u. l'ii i. miri unis
ueur prend soin de ses naints. I.e
ù- ui'.ii -. »-tait déjà emparé du corps de cette
m/'chante feniiii'', et il I agitait aver fureur lors-
qu'on arriva tiii'--"- •'■II- ""^ «,....1,., i«.,, I,.,
exnrcismes, n>
pourra me ' > ......
Drfilé au ti feu -, r< ;
Le» »s«: •'. . \\rn{ ,'i
de c
. Ou. ' ' ; .
eelle femme, il »«ar« c« qu« cela si^i6a. ■ On
alla chercher le Saint, qui vint en la recomman-
dant à Noire-Seigneur.
A peine a-l-il 'mis le pied sur le seuil de la
porte que le diable fait entendre un effroyable
rugissement. « Le Toilà, s"écrie-t-il, cet homme
qui n'a point brûlé au milieu du feu. Je ne sau-
rais rester plus longtemps ici. » En disant ces
mots, il s'enfuit, laissant cette femme à demi
morte.
V1NC8NT KT L'ÉGLISB
Un grand schisme divisait alors l'Eglise. La
France et l'Espagne venaient de se soustraire à
l'autorité légitime du pape Urbain VI, pour obéir
à l'antipape' d'Avignon Clément VII, et à son
successeur, Benoit XIII.
Ce dernier, aussitôt après son élection, appela
Vincent auprès de lui, dans l'espoir de l'attacher
k sa cour et de s'aider de ses conseils. Mais ses
prévisions furent trompées. Arrivé à Avignon, le
saint religieux fut saisi d'une immense douleur
à la vue des maux qui désolaient la Sainte Eglise
de Jésus-Christ. Tout enflammé de zèle pour la
maison de Dieu, il fit des efforts inouïs pour y
rétablir l'unité et la paix. Il ne craignit pas de
représenter à Benoit qu'il était dans l'obligation
de mettre Cn au schisme en abdiquant une
autorité qui paraissait illégitime. « Vous devriez
préférer, lui dit-il, de vivre le reste de vos jours
dans l'indigence, plutôt que de voir régner la
division et la discorde parmi les brebis du Sei-
gneur. » Cette proposition sembla trop dure au
pape d'Avignon. 11 aima mieux conserver sa
dignité usurpée et laisser l'Eglise gémir sur sa
déplorable situation.
La douleur de l'homme de Dieu s'accrut telle-
ment, qu'il fut saisi d'une violente fièvre, qui
le conduisit en quelques jours aux portes du
tombeau.
▼INCBNT rr NOTRE-SEIGNEUR
Déjà, on avait perdu tout espoir de sauver le
Saint, lorsqueNotre-Seigiieur lui apparut, entouré
d'une multitude d'anges, et ayant à ses côtés
saint Dominique et saint François.
" Console-toi, lui dit-il, la paix va être rendue
& rE;;lise. Lève-toi promptement; quille la cour
de Benoit, et va travailler à ma vigne; car
je t'ai choisi pour annoncer ma parole à tous
les peuples de France et d'Espagne. l'arcours
ces contrées dans l'humilité et la pauvreté, en
disant : le jour de la justice et de la vengeance
est proche; pécheur», faites pénitence de vos
crimes. Tu auras beaucoup à souffrir; mais sois
fort et courageux, car je serai toujours avec
toi, et je le délivrerai de tes ennemis, comme je
t'ai délivré des embûches du démon. »
En disant ces mots, Noire-Seigneur toucha
particulièrement de sa main divine la ioue de
son serviteur, et disparut. Au même instant,
Vincent se leva guéu. Il alla aussitôt trouver
Benoit pour lui rendre compte de cette vision
et prendre congé de lui. Celui-ci employa toutes
les caresses imaginables pour le retenir à sa
cour. H lui proposa l'évéché de Lérida, l'arche-
vêché de Valence, lui offrit |f chapeau de car-
dinal. Mais Dieu avait parlé; Vinrent refusa et
se disposa à suivre sa vocation.
TinCRNT IT LES PiCBIURS
Vinc«nl avait quarante ans, lorsqu'il com-
mença les pénibles travaux qui devaient l'occaper
jniqu'à fa mort. Un bâlon A la main, un crucifix
dsn* raiitri, il parcourut h piod presque toutes
les provinces de l'Espagne, de la France et de
l'Italie, instruisant, édifiant, convertissant les
peuples. Il passa en Angleterre, traversa l'Ecosse
et l'Irlande, répandant partout la semence divine.
Sa parole eut un immense retentissement. Les
églises ne suffirent bientôt plus à contenir les
foules qui se pressaient autour de l'envoyé de
Dieu : il prêcha alors dans les places publiques
et en pleine campagne.
Ce divin prédicateur convertit plus de vingt-
cinq mille juifs et autant de Maures. 11 retira
du vice jusqu'à cent mille pécheurs. Le démon
essaya plusieurs fois de troubler sa prédication;
mais il ne réussit jamais qu'à se faire chasser
honteusement.
Noire-Seigneur renouvela en faveur de son
serviteur le miracle de la Pentecôte. Vincent ne
parlait qu'en latin ou en espagnol, et cependant
il était compris de tout le monde. Français,
Italiens, Allemands, Grecs ou Barbares. Sa voix
prenait un tel essor que, malgré la multitude
innombrable de ses auditeurs, qui s'élevait quel-
quefois jusqu'à cent mille personnes, les plus
éloignés l'entendaient très distinctement. Par un
prodige merveilleux, des personnes l'ont même
entendu à plusieurs lieues de dislance.
La parole de l'homme de Dieu, comme unirait
enflammé, pénétrait les plus endurcis, et les
excitait tellement à la contrition, qu'on vil des
pénitents mourir de douleur à ses pieds.
Un jour, un grand pécheur vint lui faire l'aveu
de ses fautes. Le Saint lui ordonna de faire sept
ans de pénitence. « 0 mon Père, s'écria-t-il en
fondant en larmes, pensez-vous qu'une si légère
satisfaction puisse m'obtenir le pardon de mes
crimes?
— Oui, mon fils; jeûnez seulement trois jours
au pain 'et à l'eau, répondit Vincent. »
Le pécheurpleurait amèrement; le Saint, voyant
sa contrition, lui ordonna de dire seulement
trois fois le Pater et l'Ave. A peine eut-il achevé
le premier Paler qu'il mourait de douleur. Au
même instant, il apparut au Bienheureux, tout
rayonnant de gloire et de beauté. « Notre Sau-
veur Jésus, lui dit-il, est si bon, qu'il s'est con-
tenté de ma contrition pour l'expiation de mes
fautes et m'a ouvert les portes de son saint
paradis. »
Les fatigues et let travaux de l'apostolat né
suffisaient pas au léle du saint religieux. 11 lui
fallait de plus rudes austérités. Duranl l'espace
de quarante ans, sa nourriture ne fut qu'un
jeûne presque continuel; son lit, la terre nue ou
quelque fagot de sarments. Dès sa jeunesse, il
prenait toutes les nuits la discipline. S'il était
malade et n'avait pas la force de se frapper, il
priait un de ses compagnons de lui rendre ce
service.
Noire-Seigneur avait ordonné à son envoyé
fidèle d'annoncer aux peuples que le jugement
dernier était proche. C'est avec un grand cou-
ra(je et un zèle infatigable que le saint mission-
naire s'acquitta de ce divin ministère. Comme il
lisait dans le fond des cœurs, il reprenait publi-
quement les péchés delà niullitude, lui en mon-
trant toute la laideur, et lui faisant craindre les
jugements et les peines éternelles.
Un jour qu'il répétait le» paroles de saint
Jérôme : « Levez-vous, morts, et venez au juge-
ment, » un frémissement de terreur parcourut
s')ii auditoire. Les cris et les cémisseraeuts écla-
tèrent de toutes parts. Des pécheurs se proster-
nèrent la face contre terre, avouant haulciaent
leurs crimes, et en demandant pardon.
Lorsqu'il prêchait en quelque > iiJroit, des
marchands venaient s'installer près Je lui, qui
ne vendaient que des disciplines, des liaires,des
cilices, des ceintures de fer, et d'autres instru-
ments de mortiflcation.
Ce divin prédicateur voulait que ceux qui le
suivaient fissent des processions publiques, aorès
le coucher du soleil, en se donnant la discipline
sur les épaules nues. On vit jusqu'à dix mille
personnes dans cette société de pénitents.
Le Dieu de miséricorde eut alors pitié de son
peuple. Il se laissa toucher par les larmes de
ses enfants, comme il l'avait fait pour les Nini-
vitesàla prc'dication de Jonas. La paix fut rendue
à l'Eglise, et la vengeance suspendue.
DO.N Dl FROPH^TII — MIBACLS SANS PAREIL
Le saint apôtre possédait à un très haut degré
le don de prophétie. Partout on le regardait
comme un homme ins-
piré de Dieu. Il prédit
a Alphonse Borgia, en-
core enfant, qu'il serait
pape et lui ferait un
srand honneur. Al-
phonse monta, en
effet, sur le siège de
saint Pierre, et ce fut
lui qui canonisa notre
bienheureux.
Il avertit deux reli-
gieux qui l'accompa-
gnaient de se préparer
i la mort. Ils le firent,
et quelques heure>
après, ils paraissaient
devant Dieu.
Préchant un jour dans
la province de Lotnbar-
die, il s'interrompit tout
à coup et s'écria : " Mes
frères, j'ai une bonne
nouvelle à vous annon-
cer. Sachez que, parmi
vous, il y a un jeune re-
lif;ieux de l'Ordre de
.Saint-François qui, par
sa doctrine et sa sain-
teté, sera la gloire de
toute l'Italie. Quoique
je sois plus Acé que lui,
l'E^'lise l'honorera ce-
pendant avant moi. m
C'était Rernardin de
Sienne. Il fut canonisé
six ans avant notre
Saint.
Iji vie du bienheureux apôtre ne fut qu'une
<uile de prodiges. Il nourrit plusieurs milliers
de personnes avec quelques petits pains seu-
!' ment, déinra une quantité de démoniaques,
lit un nombre incalculable de malades,
I iscita plusieurs morts.
Le miracle suivant mérite surtout d'être
rapjH.it.'.
Ln jciir, une femme entra dans un tel accès
de fr/T^
1 iniiLaliou. V
cet homme, 1> :
[•■ndant »nn al
pi-n hnt que snn mari assistait & la
. !le tua son propre
. t en mit cuire une
..'. iiu k«riuon, le mari pria Vincent
n >•■( maison. 1-e .^«iint ncr^pi»
ne fut pi
i lit ce IJ ,
• !i ■ ' ■ W lut qw i ,1 l'i ; J . :.'-
que le Bienheureux parvint à le rassurer. « Ne
vous troublez pas, lui dit-il ; car Notre-Seigueur a
permis cela,pour montrer ses grandes merveilles
a ceux qui le servent fidèlement. « Il se fil
apporter tous lesmembresde l'enfant, les remit
à leur place, et tombant à genoux, il fit cette
prière: >■ Jésus, Fils de Marie, Maître et Sauveur
du monde, qui\avei créé de rien l'âme de cet
enfant, renvoyer-la dans ce corps, à la louange
et à la gloire de votre saint nom. » Il fit ensuite
le si;;ne de la croix sur le petit corps, qui fut
aussitôt rendu à la vie.
Ce don des miracles fut si grand, qu'il ressus-
cita plusieurs fois des morts, et guérit un nombre
incalculable de malades. Tous les jours après le
sermon, il disait i son compagnon de " sonner
les miracles»: c'était le signal pour qu'on amen&t
les malades.
On recourait à Vincentcomme à un oracle divin.
Les rois, les princes,
les souverains pontifes
le finirent pour arbitre.
Une nuit, que le Bien-
heureux se reposait un
instant des fatigues de
la journée, sa petite
cellule fut tout & coup
remplie d'une lumière
éblouissante; saint
Dominique lui apparut
pour l'encourager dans
son zèle et lui pro-
mettre le ciel.
SAINT VINOLIT MKL'RT
KN RRKTAGNI
Après avoirparcouru
pour la seconde fois les
diverses provinces de
la France, le saint
apôtre s'en alla i Van-
nes, en Bretagne, pour
y continuer les travaux
qu'il y avait commen-
cés. Mais, sentant venir
sa fin, il quitta la ville
pendant la nuit, à la
prière de ses compa-
gnons, et se mit en
route avec eux pour
l'INpagne.
Ils marchèrent jus-
|u'au lendemain , et
croyaient ^Ire déjà i
quelques lieues de la
ville. Mais, lorsiiue le
jour parut, ils lurent
bien étonnés de ne se trou ver encore qu'aux portes.
A la vue de ce prodige, Vincent se tourna vers
ses compagnons:
" Bénirons, mes frères, leur dit-il. Dieu veut
que je meure ici, et jamais Valence n'aura mes
os, parce qu'elle n'a pas voulu suivre les avis que
je lui ai donnés. »
Ils rentrèrent donc dons la ville. Aussitôt, l'on
courut aux églises pour y sonner les cloches, et
le peuple se précipita au-devant du Saint pour
lui baiser les mains.
« Déni soit celui qui vient au nom du Sei-
«neurl M rriait-on de toutes parts.
Mai* U joie fui de courte durée. VJDCCDt
iir» aprAi (S avril
de ce monde et
E. PtnTMtMav, Imp. -gérant, H, me François I", Paris.
SAL\T GUILLAUME DE PARIS
CHANOINE RÉGULIER DE SAINT-AUGUSTIN
féie le 6 avril.
Saint Guillaume, gravement malade, est guéri par sainte Geneviève qui lui dit: h Ne crains
rien, nous avons un bon Maître. »
NAISSANCE ET if.OCCATIO.N Di; SAINT
Tiuillaume, ou Willaume, naquit à Paris, au
commencement du xii' siècle, de parents nobles
et pieux. Il fut mis dès son enfance sous la con-
duite d'un de ses oncles, appelé Hucues et ablié
de Saint-liermain des Prés. Il profila si bien de
se» leçons, et de la compagnie des saints religieux
de cette maison, qu'en très peu de temps, il
amassa un grand trésor de science et de vertu.
Il acquit \p grade de maître es arts et devint
liientrtt tri-« célèbre. En m>'me temps, il se faisait
remarquer par les meilleures qualités de l'esprit
et (lu cii'iir, ce que voyant, son oncle persuada à
• .uillaume d'embrasser rétatecclési.istique. Notre
Saint fut bientôt ordonné sous-diacre et reçut
une prébende en l'église canoniale de Sainle-
iteneviève.
COK^K.XT «AIMT Gl'ILLAUME SE COMPORTA
PARMI ht' ClUriOlNKS DB SAlNTE-i.ENEVlrvB
Les chanoines de Sainle-<;eneviève n'étaient
pas encore constitués sous la règle de saint
Augustin, (iuillaume se distingua parmi eux par
sa pureté de mœurs, sa modestie, sa doucpur.
son assiduité au chœur et son amour de la
retraite. Mais ces vertus furent loin de lui con-
cilier le respect et l'affection de la plupart de
ses confrères. Croyant que la vie de (Iuillaume
était une secrète condamnation de la leur, ils
conçurent contre lui une si grande Jalousie, qu'ils
résolurent de le perdre.
L'un d'eux, moins violent que les autres, se
servit d'un stratagème pour lui faire quitter sa
prébende. Feignant de vouloir se faire reli-ieux,
il pria le Saint dp lui tenir compagnie dans une
si sainte résolution, se promcttantqu'aprés l'avoir
en;.'at'é, il sortirait du monastère et reviendrait
à son église, laissant (iuillaume seul dans son
couvent.
Notre Bienheureux, qui aspirait ardemment
à une vie plus parfaite, condescendit aussitôt
à cette proposition. Ils s'en allèrent donc tous
deux frapper à la porle de l'abbaye de la Charité
en Hour:.'ogne. Mais là, le compagnon de Cuil-
laume refusa d'entrer, prétextant qu'il avnit .
270
réfiliT auparavant quelques affaires. Le Saint
entrevit la fourberie ; ,• .
« Il ne ine conYie.nl pAs, dil-H. «l'entrer seol
en reli:;ion : vous ^tes plus liaè que moi, je dois
donc vous attenilre. » Et il ajouta, en poussant
un profond soupir : " Puisque \ous ne pouvez
venir maintenant, retournons ensemble et atten-
dons un peu de temps encore. ■>
CUILLAIXE. r.H.VNOINF BKr.lLlF.B DE S MNT-AlT.rsTTO
l.'ablté de Stiut-Oermaiu voulut lui faire con-
férer le diaconat: mii< ses ronfrères s'y oppo-
sèrent. Il* allèrent trouver l'évoque de Paris et
le supplièrent de ne [las élever le jeune liorame
à cet Ordre, «ous l'odieux prétexte qu'il s'en
était rendu indii^ne.
Iluifues déjoua le» manœuvres criminelles des
chanoines; il envoya son neveu à l'évAque de
Senlis, qui s'empressa de l'ordonner diacre. La
cérémonie s'accomplit à l'insu des ennemis du
Saint, qui se ;;arda nien de la divuLnier.
(ir, ces hommes reblchés cherchaient une occa-
sion de se débarrasser de leur censeur; ils crurent
l'avoir enfin trouvée. LtapK-s les statuts qui les
ré:.'issaient, nul ne pouvait rester parmi eux. s'il
ne recevait pas les ordres au bout d'un certain
temps. Ce temps ''tait arrivé pour lluillnume. et
il devait, selon la ré:jle, lire l'évani-'ile ;ï Matines,
lors'iue son tour se présenterait. Comme on le
sait, il n'y a que li> diacres et les prêtre» qui
ont la faculté de réciter l'Evanpile pendant
l'olfice. Le Saint fut donc cliaraé de remplir ce
devoir. Il pria qu'on l'-n dispensât: mais on lui
fil l'iitendre 'lu'il lallait s'y soumettre ou bien
se retirer, liuitlaume ne repondit pas. Le moment
venu de lire l'Lvaujile, qui était celui qui con-
tient la narration du miracle de Jésus chassant
le démon muet, U'Ure jeune diacre approche du
pupitre et ainsi qu'on a coutume de faire avant
lai'-' lureitu texte sacré, demande la bénédiction,
par 'es ni' ils : Jult. fktmne. t'ene-lvere
(.itielle surprise pour ces pauvres «ens! .\ucun
ne soniie à prononcer la formule de la bénédic-
tion, et tous »'eiifui>*nt hors de l'église, ('•uillaume
rc-te maître du terrain, seul avec un vénérable
chanoine, du nom d'Alhéric, qui n'avait t-
con-enti au\ perfides menées de ses coll-
Le Imdeniain, le- fuyard- de l.i vcill.' t. i, ,,. ,,.
con«<"il sur ce qu'ils avaient h faire. Alb^nc sur-
vint pendant la d'-libér.ition. et i-rommenra sou
discours à peu près en ces termes : •■ Non- avons
vu lies merwilles celte nuit. Cert<!». le prodi;M
que J>'sus opéra, chassaut un démon muet, ren-
dant à un humine riKiai:e de la parole, a de quoi
nous surprendre; moU je trouve plus étonnant
que liUilliume. p,ir le -impie r-cit de l'Kvansiilp,
ait cUa~
et leur ..
D«s lut .s, '.
put même.
Sj
n'
d
d<
Sa.
de
t.
«tu
son-
de Sainte-Geneviève : il s'aperçut que la vie des
chanuine- n'i^tait pas ce qu'elle aurait dn être,
et il conféra avec le roi sur les moyens à prendre
pour remédier aux désordres qu'il avait décou-
verts. Le résultat fut que le Pape, de concert avec
le roi, décréta l'abolition du Chapitre séculier.
et son remplareinenl par une communauté de
chanoines ré^'uliers de Saint-.\u:;ustin. Comme
le décret ordonnait aux relifiieux de donner aux
anciens chanoines le revenu de leurs prébendes
pendant leur vie, le nouvel abbé, nommé tudes.
manda i saint (lUillaume ce qui se passait, le
priant de venir régler avec lui le payement de
son béiiéllce.
Le Saint vint i Paris, et, profondément édifié
de la vie des relisieux, il se démit de toutes ses
di-'nilés. et embrassa le nouvel Institut.
On reconnut bientiM les trésors de arftces qu'il
renfermait dans son Ame; et, comme il joignait
à une éminente piété, une pnideiice et une dis-
crétion admirable, on ne tarda pas à le nommer
sous-prieur.
zr.LE DE S»ivr GUILLACWIt
rOt'R LA i-RATlOl'K DE LA RE<;LR
Saint Cuillaume était le premier et le pins fer-
vent de tous dans l'observation de la réftie. Lu
sa (|ualilé de sous-prieur, if ne soutTrail point
que les autres se comportassent iiégliuemment,
et que la beauté de la maison de Dieu perdit de
son éclat par la lAchelé de ceux qui éUtient sous
sa direction.
Il arriva qu'un relis.'ieux s'était fait pourvoir
de la diL'nité de prieur par l'autorité immédiate
du roi, contre la pratique régulière qui défenilait
d'avoir recours aux puissances séculières pour
la collation des oflices conventuels. Le courageux
serviteur de Itieu s'opposa & l'intrus et lui ■•la la
corde de la main lorsqu'il vint pour sonner la
cloche de la convnunaulé. Le pape .Alexandre III,
ajrant été informé de cette conduite, approuva
le zèle de liuillaume, et commanda de prorédiT
à l'élection d'un autre prieur selon les re.le-
canoniques.
Tel éi.iit notre Saint. Non seulement il et i,l
'■ ■■«odèle de If-:- ■— - .. i-.i.. — •...,,.. |.
. mais en <
...iiiune- de- . , , ..
de piélé: c>n le »«Tail ton
00 a la prière: la loni. i _
ses plus chères délices: il <>'a|ipliquait aux veilles
et aux jeûnes, alin de réduire son corps en ser-
vitude, et se plaisait fort, dit Surins, à inan;:er
le pain de s>'B et d'orge de la rommunauté avec
des herbes amtires pour tout assaikunncii
Kl
iioinea ses confrères, i
Muèrcnt; le Saiut
. r'cevoir l'onc-
1I4S. la prèviM^ et cure d'Epina
, nvniirt t.o »«isr A l-aOTfH »r« »*'!•
•K «««frit r.rwvTKVr
l.e liruj'
Milite «••'
■MUrr <lll
i< \r i«uo>
pettrciilion» <krn M u*liii-t«>, se rrniUl 4 1 «ifl
. **l le rorp* d»' -mit*' '
r < Il m» -In '■»i"' t- '
.1 l'IeiiU '< Uuiiiut il -"U ■iniliuii. Il
entonn.1 avec une feryeur incroyable le Te Deum
taudamus, qui fut continué par la foule.
Cnniine l'éTèque d'Orléans objectait que ce
pouvait être un autre crâne que celui de sainte
lieneviève, Cuillaume ne consultant que sa piété,
offrit d'entrer avec la relique sacrée dans un four
emlirasé, si les prélats le lui voulaient permettre.
COMMENT NOTBE-SEIGXEUR APPARUT A SAINT r.riLLACXE
POUR LUI OROO.NNER d'aLLER EN DA.NEMARS
Quelque temps après, Notre-Seisneur apparut
à fîiiillaurae au milieu de la nuit, sous la forme
d'un Wtm jeune linmme, et, l'appelant par son
n->m : " (iUillaume, lui dit-il, sache que tu dois
aller pour mon service dans une ile éloignée; tu
auras à y endurer de crandes peines, mais, après
les avoir vaincues par ma faâce, tu viendras
ré:.'ner avec moi dans le ciel. »
Kn effet, Waldemar, roi de Danemark, fils de
saint Canut, roi et martyr, ayant délivré son
royaume des incursions des Vandales, voulut
rétablir la religion dans sa splendeur première.
n était secondé par .\bsalon, évéqui' de Roschild.
prélat d'une vertu éminente, et qui remplissait
admirablement bien tous les devoirs de sa cbarije.
Celui-ii souhaita de remettre en son premier
lustre un monastère de chanoines réguliers de
son diocèse, en l'ile d'Kschil.
l'nur obtenir c^ résultat, il envoya à Paris le
prévôt de son éplise. Saxon le Grammairien, pour
demander à l'abbé de Sainte-fieneviève de lui
envoyer le chanoine ituillaume, dont il connais-
sait le talent et les mérites ; car ils avaient étudié
ensemble dans l'Université de Paris.
L'abbé accéda à la demande qui lui était
adressée, et ayant décidé tiuillaume à entre-
prendre le voyage, il lui adjoignit trois compa-
gnons.
Il fut reçn en Danemark avec beaucoup de
joie et de vénération, tant par le r.pi que par
i'évéque. Il fut aussitiit fait abbé d'tschil, et
comniiuça a y rétablir l'observance régulière,
avec les trois reli::ieux qu'il avait amenés.
PEINES ET tentations DE GtJILLAUME
On ne saurait imaciner, dit le biographe con-
temporain de Guillaume, tout ce que le Saint eut
,i S'iilfrir à Kscliil, ni les combats que le démon
lui livra dans l'oeuvre de la réforme qu'il voulut
établir.
I.a violence du froid qui rèene en Danemark,
la pauvreté du monastère, l'i;;noraiico de la lam:ue
du [lays et d'autres diflicultés, effrayèrent telle-
ment les troi< chanoines qui étaient venus avec
lui qu'il» voulurent absolument s'en retourner.
D'un autre crtté, les religieux du couvent, accou-
tumés de|>uis lon{;temp3 à la licence et au liber-
tinaue, s'ameutèrent contre lui, et employèrent
toutes sortes d'artilice'» et de méchancetés pour
lui faire quitter la [)lace.
Le démon, à son tour, n'épar^-na rien pour le
décourai'er. In jour, ayant éteint la lampe du
doitoir. il mit le feu à de la paille qui (^tait dlam
sa chambre, alin de le consumer dans l'incendie;
mai* (•uillaumc fut miraculeusement proléyé,
eléclnppaàla mort, dont Salaii voulait le frapper.
Vaiii'Mi de cp ci'ilé. le diable tcnla notre Saint
par des pensées d'impureté; il suscil.-i ensuite des
ccni(i|ots et de"i conjiiratioiiH contre sa vie. La
i ■ ' sèculion en vint à ce point que les misér.ibles
iiluieux médit.iient de se défaire de lui. par
qiiebuje moyen <|ue ce fût, soit en le livrant aux
V.indales, soit en l'a'sassinanl. .Mais son humi-
lité, <a patience, sa douceur, sa soumission à
Dieu, sa dévotion, ses prières continuelles et les
austérités incroyables qu'il exerçait sur son corps
le rendirent victorieux de tous ses ennemis, et
réduisirent ses reliaieus à vivre selon l'esprit
de leur Ordre, et à «arder fidèlement les règles
de leur premier Institut.
MIRACLES DE SAINT GUILLAUME
Dieu honora son serviteur, en lui donnant 1-
don des miracles. L'n homme afilipé de dysen-
terie eut une vision qui lui dit : « Si tu veu.v
être délivré de ton mal, maupe les restes de la
taille de l'abbé (iuillaume. >< Cet homme envoya
aussitôt un messager au Saint, mangea les
miettes qu'on avait recueillies après son repas,
et fut guéri subitement.
Une jeune tille qui avait été tenue pour morte,
l'espace de trois jours, après de longues souf-
frances, fut également rappelée à la vie et par-
faitement guérie, grâce au même remède; une
vierge vénérable, vêtue de blanc, était apparue
à sa mère et lui avait dit : « L'état de votre fille
vous afllise, mais envoyez chercher les reste>
de la table de l'abbé (iuillaume, et vous la verrez
guérie. »
La mère, pleine de confiance, obéit sans délai
à la vision; elle va elle-même au monastère, en
rapporte quelques poissons et un breuvage qui
avait été préparé par le Saint. A peine les ali-
ments et la boisson ont-ils été introduits dans
la bouche de la malade, qu'elle ouvre les yeux,
et. se sentant guérie, elle proclame la puissance
et la sainteté de celui à qui elle doii la vie.
Dans un couvent de Cisterciens, un moine souf-
frait depuis plusieurs années de la poitrine, et
; ne pouvait même plus faire entendre sa voix. La
renommée de Guillaume parvint jusqu'à lui; il
\ alla trouver le serviteur de Dieu et lui expliqua,
comme il put. qu'il était venu pour obtenir sa
guérison. (iuillaume traça le signe de la Croix
sur le moine, en disant : v Que le Fils de Dieu
; vous guérisse », et, à l'instant, le moine recouvra
sa voix.
I II arriva que (iuillaume fut lui-même le sujet
d'un miracle. Etant tombé si gravement malade,
que l'on désespérait de sa vie, il pria sainte
(ieneviève de lui rendre la santé, si telle était la
volonté de Dieu. La Sainte, à laquelle (iuillaume
avait une dévHlion toute iiarticulière, lui apparut
1 une nuit, et lui dit : « Ne crains rien, nous avons
un bon Maître. — Quel est ce Maître, demanila
le malade'.' — C'est Jésus, Fils de Dieu, répondit,
sainte Geneviève. »
A ce mot de Jésus. Guillaume se sent tout
réconforté; transporté de joie, il se lève, se sent
guéri, et rend grAces à S'otrc-Seigneur, source
de tout bien, qui sait secourir un saint par un
I saint.
I LONGUE PHÉPARATIOX A LA MORT •
Sept ans avant sa mort, un vénérable vieillard
! aux cheycu,\ blanc* lui apparut une nuit et lui
' 31t T " Tu vivras eîicore sept jours. »
Le Saint, croyant que c'était un avertissement
du ciel, et que sa mort était fort proche, s'y dis-
posa le mieux qu'il put; mais voyant qu'elle ne
venait point au bout de sept jours, il attendit
sept seniaines, et puis sept mois, jusqu'à ce qu'il
i:oiniirit eiilin que ces jours signiliaienl de»
années.
Se voyant donc assuré de sa fin et du nombre
• le se* |ours. il redoubla ses première» ferveur^,
cli.ltiaiit et maltraitant son corps avec tant de
I rigtieur que sa vie passée ne semblait avoir été
que délices à réganl de celle qu'il inenail. En
tout ce temps-là, on ne le vit jamais en prières,
qu"il n'eùlles larmes aux yeux, et ijuand il était
à l'autel, il entrait dans un tel ravissement d'es-
prit, qu'il semblait voir son aimable Sauveur
exposé aux injures et aux coups qu'il a soufferts
pour nous dans sa passion.
Les inventions qu'il trouvait chaque jour pour
s'aflliKerne lirenl qu'un ulcère de tout son corps;
et ces douleurs, donnant de l'exercice à sa patience,
mettaient sa vertu à l'épreuve, et élevaient son
àrae à un très haut dej.Të de perfection : c'est
ainsi qu'il devait mériter la couronne toute
couverte de perles et de pierres précieuses, que
Uicu, douze ans auparavant, avait fait voir à un
bon relieieux. son ami, appelé Gérard, lui disant
qu'il 1.1 disposait pour l'abbé (iuillaume, quand
il l'aurait méritée par ses vertus et par ses souf-
frances.
IlERMEBS MOMENTS ET MORT DB OllLLACME
Enlin, les sept ans écoulés, le mercredi de la
Semaine Sainte, comme le Saint conférait avec
ses reli^'ieux, le prieur dit que la nuit avait été
|iour lui très mauvaise : " Pour moi, tout au con-
traire, répartit (iuillaume, je ne me souviens pas
d'en avoir jamais passé une meilleure, car l'ai
vu Notre-Seigneur Jésus-Christ, assisté de deux
autres personnes, et je me suis entretenu avec
eux, dans des délices ineffables.
— Sans doute, mon l'ère, répondit le prieur,
que Notre-Sei;,'neur Jésus vous .ippelle à son
royaume, par cette visite, comme il vous l'a promis,
en vous envoyant dans ce pays. "
Le saint abbé répliqua avec un soupir d'amour:
« <Ju'il me soit fait selon votre parole'. ■.
Le Jeudi-Saint, il célf'bra la Sainte Messe pour
la dernière fois, communia tous les Frères de ses
propres mains, et, après le Sacrifice, ayant lavé
les pieds aux pauvres, il jirit sa réfection avec
les autres religieux, qui voyaient déjà reluire
sur son visa^-e je ne sais quels indices de la
gloire <|u'il devait bienti'it posséder.
Le repas linl, il se leva de table pour laver les
pieds à ses Frères; mais il en fut empêché par
une douleur de c(Mé qui le tiiurmen ta exlr'''mement
tout le reste du jour et la moitié de la nuit sui-
vante. Il ne lui en resta néanmoins qu'une petite
(lèvre.
La nuit de PAques, le saint abbé, sentant son
heure approcher, appela son inlimiier et lui dit :
« Tu sais bien, mon lils, que cette nouvelle fête
doit être célébrée avec une grande solennité, par
tous les chrétiens; apporte-moi donc l'habit neuf
que tu as en ta chambre? » C'était un cilice neuf
qu'il voulait mettre au lieu de son vieux.
Comme on chantait aux Matines ces paroles
du second répons : " Etant venues pour oindre
le corps de Jésus » il s'écria qu'il était temps
de lui apporter l'Extréme-Oiiclion. Le prieur
quitta le chœur avec quelques Frères pour appor-
ter au Saint les derniers sacrements.
Kl le voyant entrer dans sa chambre, tiuillaume
dit : « Vile, vite! » ^luand la cérémonie fut ache-
vée, il se fil étendre sur un cilice et sur la cendre,
et c'est ainsi qu'il exhala sa belle àine, quand
l'aurore coramemail à poindre, c'est-à-dire à peu
près à l'heure où le Fils de l'homme, triomphant
des enfers, est ressuscité des morts.
Ce fut le 0 avril de l'an de grAce 1202, et de
son Aye le qualre-viiigl-dix-huitiéme : il en avait
passé quarante dans la charge d'abbé.
MIHAIXES iiIKRKS A ^(i.N TOMIlEAl'
i:\.Vc)MSAT10N
•■ L'homme de Dieu fut illustre, même après
sa mort, par les nombreux miracles qui s'opé-
rèrent à son tombeau. De toutes parts, dit son
biographe, on accourait pour voir les merveilles
prodigieuses dont llieu honorait son serviteur.
Les possédés étaient délivrés, les paralytiques
étaient rendus à la santé, les aveugles voyaient,
les boiteux marchaienl. les sourds entendaient,
les muets parlaient, les afilitiés recouvraient
l'usaue de leurs membres, les lépreux étaient
guéris, les morts ressuscitaient, et ceux que la
maladie avait conduits aux portes du tombeau
revenaient subitement à la vie et à la santé. I.e9
animaux eux-mêmes éprouvaient l'effet de sa
puissance, tous ceux qui imploraient >-on inter-
cession en obtenaient tout ce dont ils avaient
besoin, nn le priait dans les temps d'orage et de
tempête, el aussitiM les éléments agités se cal-
maient comme par enchanicment. »
Son corps repose encore de nos jour» en Dane-
mark, au monastère où il mourut.
Les iiiimbreux miracles qu'il opéra décidèrent
le pape llonorius III à l'inscrire au nombre des
saints. Le bienheureux (iuillaume fut solennel-
lement canonisé, le 12 février i:i24.
Sa vie a été écrite par un de ses disciples; elle
est rapportée dans Surius, d'où ce récit a été
lire.
-=32G:GSÙ^OtX='
iinp v"an/ K l'iLTiTiiit<<*i. ", .-ur hr»nriii« I", l'ini.
LE IJIEXHEUREUX HERMXX-JllSEPH
CHANOINE RÉGULIER DE L'ORDRE DE PRÉMONTRÉ
Fête le 7 avril.
Lo petit Hermann offre à l'Enfant Jésus un fruit qu'on lui avait donne.
LE COMPAGNON DE L'e^FANT JÉSUS
était
m.ii^
Peut
df '
II
1m-;
m
'v
ni"n
rmann. qui prit plu« lard i^ nom de Joseph,
n-' à ColoL'iif d"un'; famille aulrnfoi'i rirhe,
alors tomhce dan< une extri'-me pauvrclf!.
^Ire qno llieu donna à ses parents c»- (Ils
'■ '■ 'ion [lour les récompenser de leur
■lans |f malheur.
' second'^ moitii- du m' siècle.
ri' un enfant liniide, d'une ant'''-
d'une slni|ili(;il'- tiaivc et char-
'- d'' con^'i', («••ndanl (jue se»
, les de T'îi-oli' jouaient bruyam-
t dan» 1.1 njo, llcrmann entrait dan» Téfflise
d'un couvent de'dié'^ à Marii-. •i dl lit droit à une
statue de la Sainte Vierg» l^naiit l'Knfant J.-sus
dans ses bras.
Telle était la compa*:nie qui attirait son cipnr.
.\Tec une sinipli<'it>- enlantiiie. il entrait i>n
conversation avec la Mère ou le Fils; et si, par
hasard, il avait en pinin un p>-ude pain ouquelqu"
fruit, il en offrait L'racj.>usernenl ;'i l'Enfant J<->u-.
Il arriva plus d'un»' foi- qu-- la statue de |pierr-'
p.iiut s'animer, et la Nificn. «^tendant la main.
r".ut avec un sourire l'olfrande de son petii
-•■r viliur.
I'ms de la chaire, aune asseï crande hauteur.
- trouvait une autre imac Île Marie, .-iv. .-
fi^nfaiit Jr^s et le ["lit saint Joan. lu jour. 1.-
petit llennaiin â"arri'ta devant ..■e -niupe, et il
rej-'ardait comme .-u ••xlase. Iâi Vitiac lui dit :
« llermann, monte avec uoas. — El comment
le ferai-je? i >'[iliqu.-i l'eDfaiit, je n'ai pas d'échelle.
— Essaye t.jut de m^me, reprit Marie, je t»-
tendrai la main. >>
llennann essava, et, soulève' miraculeusement,
parvint aupW-s des slaluis. 11 joua un moment
avec Ji'sus et le petit saint Jean, puis il rede?
cendit.
■ - -m clou Ini causa nni-
. . et il in souffrit
... .lit-il lui-m^me plus
••[irenves que Dieu me
Mais, dans
•■.•r.iti;.'nure
■ iHrlr|Ui- teiu
tard, un pt
1.
au
M.
monde
l'ànic, r
aii\ ' '
au
d. .. .
re' ••von
Il r.r
le.
H'.
ù 1,1 < i-
r»-.
1
• ]Ui'~-uu'- de ses nailres, raconte snu historien
je lie puis compri'udre comment des hommes,
qui paraissaient d'ailleurs d'excellents rclifiieux,
pouvaient trouver tant de plaisir dans la lecture
des poètes païens, quand il existe tant d'autres
'•crits, basés sur la vcritd et propres à nous con-
duire à Uicu. >■
U est curieux de retrouver, en plein moyen
;lae, cette querelle des classiques, qui a mis aux
--eurs de notre temps.
!'• de nos jours plusieurs
•in-> que les désirait le bien-
journée d'hiver,
rivait pieds uus
' protectrice. La
1 .11' la ft-rveur d<-
' : siiuliraiice Me pouvait décou-
i . ■ l-oiii-' . Von enfant, pour-
' ind froid".'
lUssures, répon-
.;.! lin j.arciilff s-'luient trop paurres
jiour lui r.)
— Va. lui 'lit .Marie, à tel endroit, cherche
sous telle pierre, et tu y trouveras assez d'argent
piu ' • - ' - -ouliers. »
' tout simplement et promp-
ti-iiii 111. . L.III.UV il avait coutume d'obéir & sa
niere.
U trouva rar((«nt l'I revint remercier sa céleste
bi<-nfailrice. •' Oa""'' tu manqueras de quelque
chose, ri-|iril la \ier(;e, lu iras voir sous celtf
m'''me pierre et tu y trouveras l'argent dont tu
auras |ii.>.iiii. ■■
Les c du jeune écolier ne tardèrent
pas à f . •tti- merveilleuse recette. Kux
aussi ail' n-ni ,hfi. hcr sous cette pierre, nais
il» n'y tr"iiM-rent j.iiuais rien.
A l'écoue monastiult.
I.a ^aiiiti! Vierge .iccorda bienUit à son jeune
serviteur une grande f,Tàce : celle de la voca-
tiun reli;;ii'use.
A l'a;:'' 'le douze ans, Hermann, jueeant que le
! ; ' ' . rs pour ! '"■ .le
Il alla ^ ■ r
1 Ordre di- i ■ ■ iiluiu-,
idn» le diocèse m^me
- i.'Us l'ère» île le
, : ... .._ joie. et, quelque
il reçut I habit blanc de* Chanoines
■ ui 1 ■ ir. o\ ''rent ilan» un antre
' ': 1' itii i-ii Hollande , dai>>
ilire de jeunes aspirants
iiiie lui, suivaient un cours
'■ II'- isrda pa» A «^ conrlUer
(ireuve vin'
lèlr fut al
•r ,TU cours
1 hidi'use
'ir .lii'iit
i'iu-
; I ; • > lùen il.
\ liions qu'il
.-. ui.- '
heui •
. Vu ■
de ses études. Sa
maladie de la >•■'■■
et ne lui nii'nai
Lui-mi^me, nat;.
approcher île personne et il se i-egardait comme
le leliut de la communauté.
Knlin, Ilieu eut pitié de ' /.lit. il fut
min •iileusement (îu<-ri. Ses ■;is lurent
'•nt suqiris, le leiidcm^n, d'- ne plus
.; aucune trace de ^ou mal, et ils lui
lemiiitut à l'envi leurs bonnes paroles et leur
amitié.
ra. HEBM\.NM BéFF.CrORIEB
Apr.s ~. ■■ : ' . Il' Fr. llermann fut i,i|q.i u-
au couvi I ifeld, où il lut charte du ser-
vice da I.,.. 1..1I. . préparer les tables el servir
la communauté.
Le jeune reli-.''-"!» ■■' •>! i...iii"ir\ d'obéir, mais
sa joie fulbiei. — e : sa nouvi'lle
charge, avec -• : . lu prenait lnaii-
coup de temps el le pi ivait ainsi. d une parli.
ces heures précieuses ciiril ..ini.iit à coii--.i'i'r
à la prière el à la cx)u' .. L'épi euve lui
paraissait d'autant plu~ , jue c'était pré-
cisément pour va(|uer plu» liiueuient ù la prière
qu'il avait enibrnssi' la vif> r"li;.'ifuse.
La Sainte \ ier»;e dai. ire et consoler
son serviti-ur. lians un> n, eilc lui dit :
<■ Tu ne peux ru-n faire di |.|u.-. a^ré.ible à Dieu
que de servir les frères selon l'obéissance.
Vt
par
san< '
II
Lff...- .-...
pour sertir. Kn i
jusqu'à laver \-~
\.l fr> lirli
I ,.|i,'ii'ii\ tViii.
ITel,
m-
• nroura^ie
if bien se
!'■ Jésii.s-Christ:
" •• -riri, tnaif
- humilié
du jeune
I. . .lit „.ai
coui i her.
Il , .-'i lie sa charr»* pour cncher ses
obsliueii. de mail. 'il
après la . . itè, il SI .1 1 ni
pour sou repu» d un peu de pain ddcau.
FI». IIEnil\!«N SACmsTHIM
llermann fut ensuite nommé !,acri*làin. (ïrandr
M..
a ■■
m,
d
di .
pois, nous di
pr<>Krès dans la langue latiii
1 en parlant de quel- i d autre», à peine ont-ila qaiit« la prière pour les
occupations extërieures qu'ils oublient toutes les
bonnes ptjnsi-es de leur oraison l't no songent
plus qu'aux créatures. L'action doit uousdélasser
de la contemplation et la contemplation de
l'action, et cii.'viune doit nous aider àmieux nous
acquitter de l'autre.
Pendant qu'il e't^tit sacristain, Fr. Hennann fit
de {.'rands profirès dans la vie d'oraison. Non
content de sa journée, où son travail m-'iiie était
comme une prière, il consacrait à s'entretenir
avec Uieu une lionne partie de la nuil. Kn vain,
ses frères l'invitaient à ménager davantaj^e ses
forres ; il répondait que les douceurs de l'oraison
lui faisaient ouldier la fatigue.
L'ne de ses dévotions quotidiennes était d'ho-
liorer par des prières spéciales les cinq princi-
pales allégresses de Marie.
Et le sommeil si court qu'il se réservait, il le
prenait couché sur une planche, avec une pierre
pour oreiller.
A CTtaius jours, il sentait une odeur céleste,
plus délicii'U-e que tous les parfums de la terre,
remplir l'église ou le monastère. Dansles premiers
temp?. il lui arrivait alors de dire à ses voisins ;
<' Ne sentei-vous pas ces merveilleux parfums"? »
.•\ussil''it. la t'aveui- cessait, Dieu lui montrant par
là qui- l'huniililé exige le secret sur ces sortes de
grâces.
Il nous a raconté, dit son historien, qu'un reli-
gieux ce religieux n'était sans doute autre que lui-
mi^rae', assistant à l'oflice des Laudes, vit deux
anges venir au chœur encenser les religieux pen-
dant le cantique Keiwdictus.
Aux uns, ils offraient l'encens avecjoic, en les
saluant d'une aim.'d)le inclination; ils passaient
rapidi-ment comme à regret devant d'autres;
enlin. à quelques-uns, ils n'offraient rien, mais
passaient outre avec horreur. Les premiers étaient
les fei v.-nts, les seconds les tièdes et les distraits,
les troisièmes n'avaient point l'amour de Uieu
dans leur c<eur.
LE NOUVEAU JOSEPH
La dévotion à la Très Sainte Vierge fut tou-
jours le caractère dominant de cette belle vie.
1^ Heine du ciel n'avait pas sur la terre de ser-
viteur plus lidèle, plus assidu à ses louanges.
De son crtté, Marie ne cessa pas d'avoir pour
lui cetti- douce et nialernelle lionté, nous jiour-
rions dire cette mainte familiarité qui avait
emliaumé les premières années du petit llermann.
Klle daignait lui appar.iitre souvent, l'éclairait
dans ses doutes, répondait à ses difficultés,
l'avertissait de ses manquements.
l'n jour, après avoir été saigné, llermann s'était
endormi, appuyé sursonbrasblessé d'uni' manière
qui pouvait être dangereuse. La Sainte Viei te le
réveilla «t l'avertit du péril auquel il s'exposait.
Dans uni! antre circonsUanre, ses supérieurs
l'avaient désit'iié pour alUr n-mplir quelque foin-
tinn du ministère ecclésiastique dans une clia-
[lelle de religieii.ses. Av.ant qu'il n'arriv.U, la
.Sainte Xiirge dit à une des Swur» : " Voici mon
chnjiflnin qui vient ici, recevez-le avec honneur
et confiance. .1
Kniiii, une nuit qu'il priait avec plus dr fer-
veur, sful au milieu 'In - "l'-'imire, la Heine du
fifllui .ip(i;init tout" i ^anle, la couronne
royale »ur la l''te et 1 !■ deux anges. Elle
dit k »on nervileur di' iireiulre déformai* le nom
il.' ]',<., fit., en souvenir de la virginale et trè»
1 ■illié ani l'ayait unie sur la terre au
I I M ier ne J'-sn».
*.•■ iifiii devait r.ippeliT sans cetiie à llermann
que, pour plaire à la Heine de toute pureté, il
devait faire relleurir en lui les admirables vertus
de sailli Joseph. El, en niTme temps, Mai le voulait
bien lui donner ce nom comme un précieux gage
de sa particulière tendresse.
Dans une autre apparition, la .Mère de Dieu
d''|)osa un instant l'Enfant Jésus dans les brus
d llermann, comme saint Joseph avait eu le
bonheur de le porter.
HEBMA.NN-JOSEPIl ET l'eUCHARISTIE
llien n'égalait l'amouc et le respect du saint
religieux pour l'adorable sacrement de l'Eucha-
ristie. Après avoir été élevé au sacerdoce. Il célé-
brait le Saint Sacrilicc avec la piéti- et la dignité
d'un ange. Il avait un soin extrême, dit son his-
torien, à observer exactement les rubriques
jusque dans leurs moindres détails. Tout ce qui
louchait au Corps de Notre-Seigneur était pour
lui digne de vénération.
Souvent, pendant qu'il célébrait la Sainte Messe,
il se trouvait ravi en extase, et alors le temps
s'écoulait sans qu'il s'en aperçût. C'i'-taient des
heures délicieuses, dignes du ciel plutôt que de
la terre.
Il aurait voulu cependant y renoncer lorsque
les fidèles assistaient à sa messe, pour ne pas
décourager leur piété par sa lenteur excessive à
terminer le Saint Sacrilice; mais cela ne dépen-
dait pas de lui.
On l'avait nommé pendant quelque temps
aunn'mier d'un couvent de religieuses. Celles-ci
se plaignirent de la longueur de sa messe qui
nuisait à leurs occupations; d'autres trouvaient
qu'il consommait trop de cierges. Mais le servant
de messe, ayant voulu vérifier ce dernier point,
constata que, pendant les extases du Hienhfu-
reux.les cierges de l'autel ne diminuaient point.
Par un srand froid d'hiver, une reliirieuse des
plus vertueuses s'étonnait de voir le saint prêtre
rester si longtemps à l'autel les bras étendus et
les mains découvertes. Alors, elle aperciil d'un
coté Jésus-Christ et de l'autre la Sainte Vierge
qui réchauffaient les mains de leur serviteur.
Quelquefois, le serviteur de Dieu était dans
son lit, malade et sans forces; mais l'heure du
divin Sacrilice arrivée, il se levait et une vigueur
inattendue soutenait son coi'ps jusqu'à la fin de
la messe.
LES ÉPREUVES DE I.A UALADIE
Dieu ne ménaeea point à Hermann-Joseph les
épreuves de la maladie.
A la suite de ses austérités excessives, son
estomac devint si délabré qu'ilnepouvaltpres(|ui'
plus sujiporter de nourriture, et sa tiHe appe-
santie était aftiipée de continuelles douleurs. Se
voyant devenu incapable de rendre service à la
communauté, il disait aux jeunes religieux de
nr [loiiit l'imiter en cela, mais de soumettre
l^-urs austérités aux conseils de leur supérieur,
afin de se conduire toujours avec la dism-tion
cnvennable.
Enfin, la Sainte Vierge le truérit de cette infir-
mité, et II put reprendre son activité ordinaire
Mais Dieu lui envoya plus tard d'autres
souflrances.
Il lui arrivait souvent, à l'approche des grandes
fèti's, d'iHre saisi de douleurs inaccoulumres:
lue année, la veille de Noi I, Il fut pris de tels
frissons et ressi^ntil le froid d'une m.inière si
ilouloureusp que rien ne pouvait le nV-haiifler
Mais, i minuit, ses soulTranccs cessèrent subit'
ment, et il put rélf^brer avec une grande conso-
lation les trois messes de cette solennité.
SAINTE URSULE ET SES COHPAGNE.S
Le bienheureux Hermann-Joseph avait une
^ande di-votion, pleine d'enlliousiasme, pour
sainte l'rsule et ses nombreuses compapnes
martyrisées à Cologne par les Huns d'Attila, an
v sit-cle. 11 les appelait les peliles colombes de
Jésus-dhrist; il recevait par leur entremise bc.nu-
coup de prAces cl plusieurs d'entre elles dai-
gnèrent lui apparaître.
Le saint religieux eut la dévotion de composer
un oftii-e en leur honneur. Liis diverses hymnes
de cet Oflice forment un petit poème, îésuniaut
l'histoire des vierges martyres. Ouand il eut
achevé d'en composer les parole?, Hermann-Joseph
voulut aussi conipuser la musique, mais la difli-
culté l'elTrayait : alors, il entendit le cliieur des
vieipo>, compagnes de sainte l'rsule, chanter
au-dcs*us de sa ti^te des harmonies suaves, qui
s'ad.iplaient à la mesure de ses vers. Il les nota
avec soin ; et, de cette manière, son travail fut
heureusement achevé. L'historien du Bienheu-
reux aflirme tenir ce détail de la bouche même
d'ilerniann . «' Il nous chantait souvent ces
hymnes, ajoule-l-il, avec une allégresse toute
céleste. "
Vers l'an 1200, on découvrit de nouvelles reli-
ques de ces jeunes martyres, llermann multiplia
ses instances auprès île l'abbesse du monastère
de Sainte-l'rsulo. jusqu'<i ce qu'il eût obtenu le
chef de l'une «l'entre elles, pojir son couvent de
Steinfeld. Il «p|iril ensuite par révélation «[ue la
martyre, dont il avait reçu celte relique insigne,
>e nommait (;ertrude.
Sur l'invitation de la Sainte Vierge, le V. Her-
niaiin s'ëUut mis à composer un commentaire
sur le Canliiiue des canlii/iit-f. lieux Frères, allant
alors le chercher dans sa cellule, ne l'aperçurenl
point: iJieu avait opéré ce miracle pour que son
serviteur ne fût pas trouhh- dans sou travail.
L'an I22;>, saint Lnpelbert. archevi'^que de
Cologne, fut traîtreusement assassiné par ses
sen'ileurs. Ilerm.inn-Joseph, qui était alors en
prière dans son couvent, vil l'Ame de son urclie-
vi^que monter vers le ciel sou.s la forme d'un
astre plus brillant que la lune. Kl il s'étonnait
qu'un si prand prélat, l'éiral des princes, si sou-
vent plonvré ilaiis IfS niTaires et onvalii par le
miMidi', i-ntr^'it tout droit dans le cid. .Mais une
voix lui ilil : ■• Tu doutes de la gloire d'KuBel-
berf? Kii punition de la présomplinn, tes yeux
seront nmiades, et tu ne recouvreras la santé
qu'après avoir promis d'envoyer deux yeux de
cire en ex-voto & son tombeau. »
Kti effet, le saint religieux fut atteint d'une
maladie des yeux. Il promit donc, s'il était guéri,
d'envoyer au lonibi-nu «rKiipt-lberl l'ex-voto
demandé; et, aussit<'<l, lemal le quitta.
IIISTOIHE d'L'.N SOUrKLKT — l.NC HSLIUlEL'St OirrlBltT
A IIRIIXANN KCrr AN.XÂES DE TIE
!l"rmann-Joseph s'estimait le plu» mis)<rable
d" - ! cmmes ei ?riié<jtjiil point à b- déelurer. l'nc
pr- " ' <qiinion i|u'il avait di> lui-
tai . c'est le calmi' et même
la ,■ ,-. . il recevait le» nffronti et
les m- l'ii^.
II l'I.nt ■.urr^iil. iMiaiid lin Frèri lui dit avec
dur. '
qu'a "1 ■ I .:■
cette mjurc.jUKea «juc Ir ^rvre avait rai»oD.
Sa tei.ue el sa démarche n'avaient rien de
prétentieux. ■■ Dans ses vêtements, dit son histo-
rien, il savait éviter à la fois la recherhe et la
malpropreté; pendant de longues années, nous
ne lui avons pas vu porter de manteau neuf. Il
disait, pour cacher son humilité, que les vieux
• •(aient moins lourds, l'ne tunique vieille el
rapiécée lui plaisait plus qu'une neuve. >■
l'n jour, marchani seul à travers la campagne,
il rencontre un paysan el lui dit : » l'ourriez-vous
me rendre un service'.' — Volontiers, si cela
dépend de moi, répond l'homme des chanqis. ■>
.\lors, le P. Hermann, se mettant à penoux, lui
dit : " Uonnez-moi un soufllet; c'est le traite-
ment (jue je mérite. »
Le paysan resta tout interdit. Jamais personne
ne lui avait demandé une faveur de celte nature.
.\ussi rjuand il vit des religieux de Steinfeld, il
ne manqua pas de leur raconter cette aventure.
L'innocence et la chasteté du nouveau Joseph
furent toujours inviolables, c'est une des raisons
qui le rendaient si agréable à la Sainte Vierge.
Il était alTable et dévoué. Ayant appris à cons-
truire de peliles horloges, il niell;tit volontiers
son talent au service de la charité.
Dans ses voyages, il refusait les montures
qu'on lui offrait, et marchait à pieil. .^u lieu de
nroliter du lit moelleux que des hAtes bienveil-
lants lui pri'paraienl jiour la nuit, il couchait
|iar terre sur le tapis. Si on lui demandait pour-
quoi il refusait à ses meihbres fah." ~ , .■. <.ii|.
layenieiils que les autres jugeaient I
se ciuitenlail de répondre :<■ Jésus lii .1
Tombé' gravement malade, loin de son couvent,
le I". llermann reçut une charitable hospitalité,
dans un ch.\teau. Parmi les personnes qui vinre-il
alors lui rendre visite, se trouva une sainte
religieuse. Klle connut que la maladie était
mortelle, et fut afiligée de voir cm'un aussi excel-
lent prêtre allait être enlevé h l'Hulise.
Klle alla donc supplier avec de grandes ins-
tances notre divin Sauveur de lui rendre la santé.
Enlin, le Seigneur lui dit : « J'ai exaucé ta prière
et je lui accorde cinq ans de vie. — Seigneur,
répondit la religieuse, si vous avex exaucé ma
prière, accordei-lui doute ans. Qu'est-ce ■■;
cinc] ans? ce u'i'St pas assez. — .Non, ri-pi '
Seiunetir, je ne veux pas cjue mon si'rvileur i ■ -l^
'•more doute ans sur la terre; néanmoins, jiour
,,. .1.. i..i. ter ronii>lètemeiit t;i demande, je l'y
M nre neuf ans. ••
ilermann put continuer son apostolat
iicore, puis il alla recevoir au ciel »a
I _ i^e.
Inie lenime nommée llildeconde avait une
maladie de la porpe si urave qu'elle ne pouvait
plus avaler aucun aliment, mi''4ne liquide. Se
voyant pré» «le mourir, elle invoqua le bienheu-
reux lli-rmann et but quelques (.•oiitte» dr l'riiu
qui avait servi A laver son corps. Auosili'it, elle
fut t'iH-rie.
Sa hlle Ad^aide s'«<tant vue atteinte d'un<-
douloureuse maladie de» yeux, qui In rendit
aveuule, fut conduite par elle nu tombeau «lu
Itii'nheureiix et retrouva la vue et la ■winl'-. eu s>-
l.ivniil le» yiux avec In nii'ine i-nu.
J«an lie (lUsten, Kr<Te ronver» de Sieindid, fui
ib-livré, p.ir le même moyen, d'un ulii-tc A In
iiitVIif*. I)e<« lntll(ill|tl«' ^ il'.illiri'- IMI.IIIK - lie Inllli'
«■•«père, el
■- ,b ment
Ilermann-Jnseph. Ain«i, l'i^
I l<'s, lui le Miiitre «le tout bnn . ij \ >i
tirut toute gloire dan» le» Mèfiles de» Mècle» .
I rfct:THiMii .lin|..-'^.i.jii', K,rii« l'r.ini ni« I' ,1'irn
SAINT ALBERT
PATRIARCHE DE JÉRUSALEM ET LÉGISLATEUR DES CARMES
Fo/e le S avril.
l
NOBLESSE ET TALENTS DU BIE.NHECRECX ALBERT
Si, dans rantiquilé. on a rei-ardé comme des
oracles les hommes qui donmirent des lois aux
peuples, et si ces hommes furent toujours com-
blés d'honneurs et de ;,'loire. que ne méritera pas
celui qui forma, par ses lois, non pas de siin-
les citoyens d'un royaume terrestre, mais uno
ouïe de saints tels que les Thérèse , les Jean de
la Croix et bien d'autres.
Le bienheureux Albfrt naquit à Castro de Cual-
teri, dans le diocèse de Parme. Tous les historiens
■^'accordent à louer la imblesse de ses parents,
mais sans la préciser. Le plus vraisemblable est
qu'il descendait de la lamille de Pierre l'Ermite,
le prédicateur de la [iremière croisade.
Celle famille, d'origine frau'^aise, passa en
Klandre, et, ayant étendu une de ses branches
'•n Italie, donna dan» le bienheureux Albert un
dp «es meilleur'* fruits.
De très bonne heure, ses parents l'appliquèrent
.1 l'étude des lettres; il y lit de rapide» prostrés,
tl, grâce à son intelligence naturellement vive, à
un trav.iil persévérant, niai^ surtout avec l'aide
fb- Iiiou, qui le pr'-parait à ilf hautes ilestinées, le
l'aune Albert devint un maître consomme dans
1,1 science du droit canonique et civil et dans
l'interprétation des .Saintes Ecritures.
KNTBKE EN RELIGION
IL DONNE l'exemple DE TOC. ES LE'^
VERTIN
.Ses études, loin de l'enorguoiilir, allumèrent en
son àme les ardeurs de l'amoiir divin. A mesure
que la lumière de la vérité s emparait de son
intellifîence, il comprenait î/iieux le néant des
choses périssables, et Dieu lui apparaissait comme
le seul objet digne de fixer sa vie et de remplir
son cii'ur.
Ce fut donc pour échapper aux pièces du
monde et à ses filets que le jeune Albert, sem-
blable à l'oiseau qui est né pour voler vers le
ciel, quitta le siècle et vint se reposer sur le
i^rand arbre de la reli;.'ion.
Il se rendit à cet effet à l'église et au mona"*-
tére de Morlara, fondés par les chanoines répu-
liers, vers l'an l'iso, dans une délicieuse vallée,
oii la nature avait déployé toutes ses «rdces. Ce
'itf charmant s'appelait autrefois Selva llell.i,
belle forêt, mais il prit ensuite le nom di' Mor-
tara mortalité , à cause des innombrables infor-
tunés qui y inoururont durant les ijucrres ilr
<.liarlemagne avec Didier, roi de Lombardie.
'i69
Ce monastère était alurs U''^ llnri'^anl et
Albertlccboisit pourson rcluae.r iinme
un ;:raiid bonheur d'.Hrf '.n un . -i cœur
put être en sûreté, et «a conscience lu jaix.
Il vint au couvent en coDipa;;uip de ses pieu
parent» ijui voulurent aussi c.K.p.'-ror à ce sacri-
lice volonlairi^ Le prélat cl let;ii^i|iitrc, (|ul con-
naissaient déjà ses talents et ses vertus, Taccaeil-
lirent avec le plus prand empressement.
Dés cju'il eut reçut l'iKit'ii, il entra dans la
voie d'une nouvelle f-mur. et se montra bientôt
un parfait p)' i'i'> ''•■]>.issant les espérances
que ses débu iit concevoir.
Dans son :. . 1 essayait de voiler aux
yeux de tous les merveilles de saintel*' 'lue Dieu
avait déposées dans son àme; mais, malgré lui,
l'éclat de sc~ viMlus jaillissait au dehors, et ses
frères étaient unanimes à les proclamer.
On le viivaii louji-urs ponctuel au ri
tir à l'oraison, austère au rélecloir». ;
sa conversation, plein de ferveur '
tioii et d'édilication dans tou< s-
quililés le dési:;nérent bientôt ai; ■h'M\ oe' s<>«
fieies.et malgré son jeune ige.il fut élu prieur
du monastère.
ALBBRT EST FAIT ÉVÊCCE M MWBIO, mS Dl TERCIIL
La renommée de ses rertus était parvenue
' était possédée de ciM'] d'-mons. Le Saint l'exorcisa
j et pna quelque temps poiw elle, et, le jour de
■ l'octave d*! .saint Kasebe, il commanda aux
' 11», qui s'enfuirent aumitôt du corps de la
Jée.
ALBERT APAISE LES niFFÉRfWDs
j L'opinion que l'on avait de sa prudence, de -a
I discrêli.m. de sa droiture et do son habileté
I dans le^ affaires le fit choisir par le pape Clé-
iiieiil III et l'empereur l'rétiéi ic Itarbcrousse,
pour être l'arbitre de leur» dilférends.
I Ce fut en reconnaissance de ses services que
! l'-iiii ei . iir Henri VI. successeur de Frédéric,
si.na pour
■destie
à ces
ultés. Sur
à vaquer :
jusqu'aux oreilles du pape, qui !• ■''
évéque de Bobbio. Ce choix alar
du Saint, et il essaya de se
honneurs en y ojiposant ri
ces entrefaites, le sié^'t de \
levèque de cette ville, liuala, avait éié envoyé
1 omme nonce en .^n;;lcterrp pir l-* papes
l.iicius III et .Vlexaiidre 111
lointain l'ay. «'étant piobi.
delacli' Il diocèse, et ou dtiait procéder
À une II' clion.
Saint .\ii> Il navait point eii ' ' ■t»
évéque de Hobbiii;le pape lui oi'l '-r
le siéfte vacant de Verceil, et .s^ii iiiiiiiiiite dut
céder à l'obéissance.
SA SAINtErt l-aOl-VÏ.E PAR UN MIRACLE
^' voyant à la léle d'une Kvlis'- -■ '""•■■' i ■"••>
Altiert mit tous ses soins et ton'
stiivie le^ Ir.'ï. ' '. lîe ».. Il (l.'l.IIlt
le m
nt
n.iii écTil^menl r^Wo-.
.a titre de prince de rem|>ire, titre qui
- la suite aux évè<|ues de Verceil.
Il iiinins honoré du pape Celestin III,
qui ■ nombreux privilè;;esà son Kî-'lise
a cause de lui. Diî m^rae. Innocent 111
. dan» plusieurs né:;ociatioiis impor-
. 11 le chargea notanimenl d'apaiser une
■ e dissension qui avait éclaté entre les habi-
le Plaisance; cette divi-
Mc à toute l'Italie, et elle
1 laides cariia^ies, comme
1 les guerres civiles. Le
I W-. .avec autant d'eflicafit.-
en cette occasion se vé.ii
! , . • "n, Diniiune prudent oi
pins lit.
AI: , , • de la sainteté des
brebis cnntiée» à sa carde, réunit, en liyJ, un
synode, alln de travailler ù une plus urande
réforme de son iliocése. .Mais, vers l'an lUOIt, le
Se-L-neiir vint l'enlever à son troupeau, pour lui
moins facile à conduire. Il
. iccat de Jérusalem, dans les
uircuustOACCj suivantes.
nt'ISTKNcr. D°ALUE.RT DEVANT LES DlfiNItt-
Le patriarche Monaco, Florentin de naissance.
V--.,-- , levant et vertueux, - - • ' • :
e, était mort au
■ .111 ■-•.. Le cardinal S "■ i -,..,.; .il .
en Palestine en qualit*- i|ios|iiliqu, , . ■
'1 :'"• 'l" '■ ■'' ■ " ,iio de J; . .i ,,.. ;.i par le clii_<
!e consentement du roi et des
.Ml
■ A<..a p>>ur ^ucur«r
I n.
Tell
.!.■ rn ..-liiil fit-'llil \ifiri*ril
I • 7';' le SeifTT'Mr ihirna »>p*r'T p
iiji jnicnj .1 - Il ' i.ir >^iniu 11 rui:ii>'. qu.
1' liie^, Uiu- appliLi a \ i lili;;(i a c- n-
sentir à leurs prières. Gest pourquoi, bien
f|ue noas ayons i^'rand besoin de vous en Lom-
« bardie comme d"un prélat à qui cous confions
» avec sécurité nos pouvoirs dan-! les affaires
a difficiles, toutefois la pressante nécessité, non
■> seulement de l'Eelise de Jérasalera, mais de
" tout rOrient, nous oUifte à nous faire violence
» pour vous conjurer d'accepter celle élection.
» Craijaier. de ré«isler à la volonté (!■■ Dieu. >
Dans le reste de la lettre, le pape s'applique à
persuader au bienheureux Albert d'accepter celte
chart'e. Il lui ra[ipelle que, pour réparer la cliute
du senre humain, Jésus-Christ achoisi Jérusalem,
qu'il y soulfrit, obéissant à Dieu son Péro, jus-
qu'à la mort de la Croix. Le serviteur ne «erait-il
donc pas bien injïrat, s'il refusait de souffrir pour
son .Maître ce que son Maître a soufTert pour lui"?
Il lui cite encore l'exemple de saint Jacques, le
frère du Seigneur. Albert n'osa plus résister
davantage, et il se soumit bumbleraentaux prières
du Souverain l'ontife.
i.LBEBT, P.\niIARCHB DE JÉBCSALEX
Il se rendit à Rome, afin de voir le pape. Inno-
cent III demeura très édilié de sa douceur et de
sa sainteté ; et non seulement il le confirma dans
la disnité de patriarche, mais il lui donna éga-
lement le pnllhim et l'autorité de légat aposto-
lique en Palestine pour quatre ans.
Il écrivit aussi plasieurs lettres en sa faveur.
Premièrement, il recommande aux prélats et à
tons les fidèles de Terre Sainte de le recevoir
avec honneur et soumission, comme si c'était
lui-même. Il lui donne le pouvoir de porter le
pallium en quelque province que ce soit et d'ab-
soudre de r.-xi-oinmunication tous ceux qui vou-
draient traver-^er la mer avec lui, et tous les
habitant' de Terre Sainte.
.Albert, prenant donc la bénédiction du SouTe-
rain l'ontife, retourna à Verceil résler les affaires
de son Eçli^e, et pourvoir à son successeur; de
là. il prit un vaisseau eéiiois, qui le conduisit au
port de Saint-Jean-d' Acre, Ters le mois d'aoùt120.'j.
Il fut reçu par le roi et sa cour, comme un ange
qui venait les délivrer de leurs maux, et pour si
LTsnd que le leur eilt dépeint la renommée, ils
le trouvèrent plus yrand encore dans ses actions.
Il demeura a Saint-Jean-d'.Acre, où se trouvait
la cour rovale elle sié;:e patriarcal de Jérusalem,
et ce fut de là qu'il commença avec soin à tra-
vailler à l'administration de sa charge.
LE MONT CtRMIL IT SCS (ILOIBIS
Prés de là s'élè-e !•■ M. nlCarmel, si célèbre dans
I triture, à rail aulé et de sa ferlilil é.
i.p-l sur ce I i que le prophète Elie
confondil les prêtres du Baal, qu'il établit l'école
des l'riqilitrtes.
Son disripi,- i:ii^ e l'imita ilans son penre de
vie, et leurs -u ..-^eurs donnèrent ainsi nais-
sance à une coinniunaut'- .le suhlaires qui devint
par la «iiitf l'iii.îr.,- ilii (.irmel.
/ es de IViicien Teslainent n'eurent
d lo que les f\emples .i, «.linls el gj
«" t ■ . : ■ u'au
i" -.le.
' .les
ui .1 ,Té-
-ie I 11-
par<'4 à I .n ■Il 'inenl du M.
I" ! I i < ■ f 1 -
.1 t.
t nt
in-
iile
: •• particulière la Bienheureuse Vierse qu'ils
• avaient eu le bonheur de voir et d'entendre
» plusieurs fois. " Office de Notre-Dam.;- du Mont
Carmel. Dés l'an «3 de l'ère chrétienne, les ana-
j chorètes éieTèrent sur le Carmel une ésli.se
dédiée à Marie. Sainte Hélène, dans sa pieuse
vén.-ration pour la Terre Sainte, n oublia pa?
non plus cette montagne et bâtit uue église près
de l'école des Prophètes.
Non contents de travailler à leur salut, les
moines du Carrael, comme le rapporte Joseph
d'Antioche.qui écrivaiteu 130, quittèrent souvent
leur montajine pour aller propager la foi de Jésus-
Christ dan.s la Samarie et la Galilée.
Mais, au temps des empereurs Arcadius et
IIonorius,uiide ces religieux, d'une srande vertu
tt perfection, appeIéJ.2an, qui, par ses érril.s else*
exemples, menait ses frères à la sainteté, fut
élevé à la dignité d'évèque de Jérusalem i4»2i.
Ce fut alors qu'un de ses disciples, Caprasius, '
le supplia de vouloir bien lui donner par écrit,
en un petit livre, tout ce qu'il leur avait déjà
donné de vive voix, sur leur relii-ion, ses fonda-
teurs et la sainteté à laquelle ils de valent tendre.
Jean, patriarche de Jérusalem, se rendit à ses
désirs, et, dans un opuscule de quarante et un
chapitres, composé en grec, il retraça la première
institution des solitaires du Carmel. la sainteté
et les belles actions des prophètes tlie et lilisée,
el de leurs disciples. Au temps des Croisades, le
.couvent du Carmel fut rétabli par sair.l Borthold,
puis par saint Brocard.
.\LBEBT OOK^e S.\ RÈ'iLE AfCARJIEI.
A l'arrivée de saint Albert, saint Brocard,
suivi d'une foule de ses religieux, vint trouver le
légat apostolique pour recevoir sa bénédiction
et traiter avec lui de quelques matières concer-
nant son Institut. 11 lui proposa son dessein, lui
mit entre les mains les règles monastiques obser-
vées sur le .Mont Carmel depuis tant de siècles,
ainsi que les nouvelles ordonnances que lui-
même avait portées; il lui soumit aussi quelques
doutes, et enfin il le supplia, au nom de son
Ordre, de vouloir bien leur donner une rè(.'le
plus courte, plus méthodique et plus substan-
tielle que toutes celles qu'ils avaient eues jus-
que-là, et, en même temps, de les confirmer
plus légalement daus leur dessein.
Le Patriarche de Jérusalem se rendit k ces
désirs, et, pour apporter un t'rnnd soin à l'œuvre
3 uil entreprenait, il lut d'abord la règle de Jean
e Jérusalem, tirée des vies des antiques [iro-
phèles;illut aussi les nouvelles constitutions d<.-
sainl Brocard, tirées des écrits de saint Uanik-,
el des coutumes que saint Berthold .ivait im-
plantées av.ant lui. Beconnaissant que In rejile
de Jean n'était pas asseï impéralive, ni as.sc7,
précise, et que les statuts de saint Brocard
étaient d'un slvle trop diffus. _'uidi- jj! riii--pira-
tion du ciel, il leur donna une r.vle plus .-.jurte.
plus subslantielle, plus précepti\e. qu'il orna dt
nassaues bien clioisi>i de l'K rt'iT'', rt .[ii'il ajusla
bien à la profession el au^ mites,
en sorte que c'est une d.' .-, subs-
tantielles que l'Eirlise ;ut appi.iuw t.~, ro«le .|ui
a iloaiié et qui donnera encore une foule de
sailli^ au ciel.
Mais l'amour du Patriarche pour les reli^eux
du Ormel ne se contenta pa» de leur donner
-'•ul.'uiPiit une r.^le, il leur fa.ilila aii-si le^
rii.iyeiis di' r.>l)<erv.'r, en achevant le iii..ii,i--
|. re du Mont Carmel, et en le dispos;,iit -.L'ii
lu'il avait in.liqué .lan-- sa règle; et t.iute vi w .
par de larges et fréquentes aumônes, il fut le
protecteur de l'Ordre.
l'ius d'une fois, il se retira auCarmcl, aQnde
se divertir des soucis de sa charge, pour donner
plus de temp* aux besoins de son àine.
Tant dt' bif-ufaits lui ont allirt- l'amour de la
famille df^ <"!;irmes, qui le vénèrent comme leur
Patriarche et leur Législateur.
ALBERT BAT MONNAIE POIR LES l'ÈLERIKS
11 y avait en Palestine une foule de pauvres,
parce que, à chaque instant, les Sarrasins venaient
dépriuiller les habitants de leurs maisons et de
leur biens; de plus, un ?rand nombre d'étrangers
accouraient de partout, soit pour visiter les
Saints Lieux, soit pour aider leurs frères à les
conquérir.
Sa charité s'(<tendail à tous; il en donnait des
preuves spéciales en faveur des pèlerins, car.
pour les s'-.'ourir. il lit battre certaines monnaies
où il tit écrire son nom, sa dignité, etc., ainsi
que ces mots : munus peregrinorum, secours des
pèlerins.
Sa charité se fil aussi sentir aux nombreux
captifs qui étaient entre les mains des Sarrasins.
Sur les recommandations du pape Innocent III.
alln de préserver la foi de ces infortunés chré-
tiens, il enij'loya tout son zèle à les racheter de
resclava:;e, soit en payant leur rançon, soit en les
échangeant avec d'autres captifs musulmans; et
il déjiensa dans cette oeuvre sainte tous ses biens
et revenus.
ALBERT, GRA.ND PACIFICATEUR
Le bienheureux Albert reprit encore plusieurs
fois la mission de paix qu'il avait reçue aupara-
vant en Italie.
Le roi de Chypre et le comte Henri, seitrncur
du royaume de Jérusalem, se trouvaient en que-
relle sur des points de juridiction; et comme la
dissension parmi les ihefs est la source de la
destruction «les armée», «urtout dans ces cir-
constances dont les musulman'^ auraient |iro(iié
sans iml doute, il y allait il»- l'avenir de la Terre
Sainti'. Cette affaire donna de prands soucis au
pape Innocent, <|ui écrivit au Patriarche d'arran-
ger le dilTérriid, ce qu'il tU au grand contente-
n.ent des partis.
La même année, il termina heureusement une
autre affaire non moins difficile, ni moins dan-
gereuse; c'était le procès que les Templiers
avaient fait aux chevaliers tcutoniaues, parce
que ceux-ci avaient pris le manteau blanc, signe
distiiictif des chevaliers du Temple.
A la même époque arrivèrenldeux événements
riui mirent en «.'raml crédit l'habileté et la pru-
dence du saint Patriarche.
La reine de Jéru-.alem étant \enue k mourir.
■ -' remplit le loyaurae de douleur et île
A cette nouvelle, le pape Iniiocetit,
•■ ■ • ■ ' ' "' !••, command.i
'I du roi «|ui ne
,11 .'i,..!!..,' l"n
lo l'Vaunie. \ ■ avec lai. .'l de
{•rUiit:, r- ,]ii tr.in les • t tous
e«
s. lin» une autre oeca-
*ioD. il.iJ^i« U U«)v<t t|u'it arail faite atac la
Patriarche d'Antioche, le roi d'Arménie fil inv.v
sion avetf une i-'rande armée «ur le territoire de
celte ville, et y commit d'horribles ravaiies. Ils
arrivèrent aux oreilles du pape, qui résolut de
sévir contre de tels abus. Pour cela, il commanda
au Patriarche .Mbert d'excommunier le roid".\r-
ménie, ainsi qu'un mauvais prêtre qui, dan«
l'espoir d'arriver au patriarcat d'Antioche, avait
été cause de tous ces désordres. Ses vœux
ne furent point déçus. Le bienheureux .\lbert,
avec une adresse admirable, mêlant la douceur
aux rigueurs de la justice, lit descendre l'inlru*
du siège d'.\ntioche, et rétablit le pasteur légi-
time ; de plus, il amena le roi dWrménie à réparer
ses torts, à demander pardon de sa faute, après
quoi il lui donna l'absolution et le rendit à la
communion.
.\lbert montra son courage également en
représentant au roi de Jérusalem qu'il ne devait
point faire de son sceptre un instrument de
tyrannie pour ses sujets, et qu'il devait les traiter
en fils et non en esclaves. D'autre part, il recom-
mandait à ceux-ci l'obéissance et la soumission
filiale envers leur roi.
UORT ou BIENHEUREUX ALlIliRT
Kn l'an 1213, le Souverain Pontife, voulant ten-
ter un grand effort nour arracher la Terre Sainte
aux mains des infidèles, publia la réunion d'un
Concile général à Itoine qui devait se célébrer
en I'2I5. Il en fit part au Patriarche, et lui
ili'inanda d'amener avec lui quelques hommes
pleins de prudence, de savoir cl d'expi'rience,
cjui connussent bien la Terre Sainte, pour exa-
miner par quels moyens les chrétiens pourraient
s'en rendre maîtres avec moins de dif^Rcultés.
Il le chargeait aussi de deux missions impor-
tantes; c'était d'abord de faire arriver A bonne
lin une ambassade qu'il envoyait au sultan de
Damas. Pour celte mission délicate, Albert choi-
sit saint Drocard, qui connaissait parfaitement le
pays et la lan^zue de ses habitants.
En second lieu, le Souverain Pontife recom-
mandait au Patriarche île chercher à larir la
s.iurce des maux qui accablaient la Palestine, eu
remédiant aux péché> et aux désordres des chré-
tiens qui l'habilaienl.
C'était bien, du reste, le plus grand souci du
Patriarche Alliert; mais cette recommandation
du pape activa son lèle cl .sa ■■ollicitndi' à faire ces-
ser les scandales publics, en sorte qu'il provoqua
contre lui-même la colère de certains pèiheurs
malades au point de préférer leur maladie à leur
guérison.
f 1 ■' . - en vint à un tel de.i,'
>■ 'T à considérer la s n'i
1 iiuirurd^ III' .
i-<Miienll' ..,
l.':i II .1. .111 iiiiiii'll d'uilv l'i . '.
le jour de rKxrtltatioii de l.i
■ revêtu des ornement", i : .,.», il
iiédesonrlert'é.dan^l èclise de Saiole-
. -.iinl-Jean-d'.\cre.
■l ainsi i|ue mourut le s.iinl patriarch''
t ■.cil., l'-> I . iii'- il 'il II iii. m II I' r 'lu'll .o.iit
-iii'irnl-il» < "i;
1 eiii qui ont I'
de Jé»u»-Cbrist.
In de ces
de rajc qui-.
ne
Inir>.-v<ran(, E. PciiTtiinaT, 8, rue FrancoU I". Pari»
SAINTE WALTRUDE OU VAUDRU
FONDATRICE ET PATRONNE DE LA VILLE DE MONS (Belgique)
Féle le 9 avril.
^''.t^'.^*t*iT*'"'''^"'r'""'' ^P""** *""'"' "n<"«=é au monde, se rétira dans ia solitude; !e démon se pre-
renrlh» -or^;!»»"" r"f .?*'^'v ""ï"" '^^^^y" «' '» frapper : la servante de Dieu le chasse et lui
reproche 1 orgueU qui l'a fait tomber du ciel dans la misérable condition où 11 se trouve
OKfGI.NE BOTALt DK WALTRUDE — SON «ARIAGB AVgC CN
COMTE DE BAI.NAUT
La cit«; de Mons en Belgique, comme Unt d'autres
Tilles ou TillaRes de l'Europe Occidentale, doit son
origine à un monastère. La Sainte qui en jeta les
fondements, sainte Waldétrude, (par abréviation
populaire Waltrude ou Vaudru), naquit en 626 dans
un bourg du Hainaut. Son père, le comte Walbert. et
ta mère, la princesse Bertile, appartenaient tous
deux à la race royale de France. Tout en s'appli-
quftnt à donner à k-ur fille une éducation distingui'e,
Walbert et Bertileen voulurent faire avant tout une
chrétienne accomplie. De son côte, Waldétrude sut
répondre aux pieuses intentions de ses parents.
La sainteté de son enfance montra bientôt en elle
une âme de choix.
Fuyant avec horreur toute compagnie plus ou
moins dangereuse, elle se retirait à l'écait pour
-rier. ou bien allait a l'église entendre l'offlcedivin.
•"imle otiannh|pÀr>nu«(>pt^i»ni r-<riaH<-|niirfill«>.
r.
Mais quand elle eut atteint 1 âge nubile, ils eussent
bien mieux aimé voir s'arrêter un peu l'élan
d'une telle ferveur. Ils pressentaient qu'une àme
si pure et si amante de la sainteté préférerait
l'alliance de Jésus-Christ aux alliances passagèret
du monde, et comme Waldélrudi: était leur fille
aim-i', ils tenaient à assurer en elle la conservation
de leur race. Il fut donc résolu que la jeune fille
devait se choisir un époux le plus tôt possible. A la
première ouverture qui Is lui firent de leurs inten-
tions bien arrêtées, notre Sfiinte répondit par un
refus dont ils ne tinrent pas compte. Ilsl'engagèrent
dans un mariage auquel elle consentit enfin, moins
par goilt queparohei<<sance. Madeignireou Mauger,
lénoux qu'on avait choisi à Waldétrude, était uo
noble comte du Hainaut et un des principaux sei-
gneurs de la cour du roi Dagobert I"; sa vie était
irréprochable et profondément chrétienne. Pieu
•semblait récompenser sa vertu en l'unissanl i une
épouse qui avait passé, comme lui, le« «nnée« le «a
|pune»se dans la plus parfaite inniMiMir.-.
MÛOELI DI LA FlKliK CrRKTIt?<l«E — CM FAMIt-LK DB
SAINTS — MADELGilBI SB fAITMOIMB
Une fois mariée. Waldétrude flt taire ses rép«-
gnances naturelle? pour se donner avec lèU à ses
deToirs d'épouse chrétienne. Elle ne désirait qu'âne
chose : l'acooraplissement de la volonté de Dieu.
Elle le suppliait avec larmes de réaliser les des-
seins qu'il avait formés sur sou humble servante.
Mais, en attendant le jour d'une nouvelle manifes-
tation des volontés d'en haut, la noble chrétienne,
au lieu de perdre son temps à soupirer inutilement
après un genre de vie qui ne lui était plus possible
•n ce moment, entreprit avec ardeur de se sancti-
fier le mieux qu'elle pourrait, dans l'état où elle se
trouvait, en s'«(Tor anl .l'en remplir les obligations
»Tec toul» la pi>r' Ole- possible.
Les plaisirs .lu iiunJe n'eurent jamais de prise
sur son cœur; tous ses attraits étaient pour la retraite
et la pnere. Elle acceptait avec soumission, patience
et courage toutes les peines et contrariétés qui lui
arrivaietit. Ses mortifications Tolontaires mainte-
naient .railleurs la forte et Taillante énergie de son
âme. Elle jeûnait souvent. Bonni- ot charitable, elle
ne repoussait aucun indigeal, elle donnait toujours
et cela avec les sentiments de la joie la plus
aimable et la pi -ive.
L'œuvre de n; qui fut l'objet de prédi-
lection de toute ».i iir iul le rachat des prisonniers;
œuvre d'une grande importance à ct-tte époque
encore à demi-barbare, oans laquelle les guerres
faisaient de nombreux captifs, nue les vainqueurs
réduisaient ■■• ■"■ i"' es.-lavage. La sainte comtesse
paya la ra:. uullitude de ces malheureux.
Le' comte M _ .e admirait la piété de son
épouse, et s éditiaii tous les jours au «pectacle des
vertus dont elle .loiinait l'exemple.
Le Seigneur leur donna quatre enfantt. Waldé-
trude — ou si l'on préfère, Waltrude — comprit
tout ce qu'elle devait de soin à ce* créatur.-s dont
le Créateur de toutes choses lui conflait la garde et
le salut. Elle s'appliquait à les élever dans la crainte
de Dieu et l'amour de la vertu. Au reste, sa vie
admirable n'étail-elle pas une prédication conli-
nuelle et un stimulant de tous les jours? Les obli-
ga'. i"ii< de la mère ont d'immenses coniéquenccs
po il la socii'té. • C'e^l sur ses genoux, dit M. de
M.ii>tre, que se forme ce qu'il y a de plus excellent
(11' • l" monde : uu h^nn^le kmnme et une h^mnite
/■.:■'.■. .. Waltrude le savait; mais elte ne se con-
ti'i.ia pas de faire de ses enfants des hommes kon-
né e-, f-lie en fit des saints.
; C'er.t, en effet, en grande partie aux soins et aux
exemples admirables de leur mère, que ses enfants
et son époux lui-même doivent l'honneur d'être
insrril» au .-.atalogue d<'S Hienheureui. Saint Landry
I hln.^, devint évéque de Metz. Deux llllei qui le sui-
vaient.««inte AMi'Irude et sainte Madelberte, après
une • . toute entière dans iftie vive
piél»-. ■ •■ des vertus maternelles, pn-
t ' ' e de .Maiibeugc
..mr de Waldé-
t ' <
it peu
■- d»
.1. - .t.
n !.: :. :;. .1.
re» de la ville
cf. ■ . de la mèr« .;
et do ' •■ n'a pat voulu privar ce
petit .1 ' ... .|u elle rend a toute M
ramil.i'.
'.> .«nt au comte Madelgaire, touché des vr>rtue de
%n . r|fli <>< qui lui parlait aoqvent do prix de la
continence', il s'éprii -i son lourdes attraits de cttte
vertu. Un songe ou 1).' j lui ordonna, par l'internié-
didired'un ange, de L.-lir a llautiiiout une église en
l'honneur du prince ^ves apôtres, acheva de le
décider a quitter le monde pour se coosarrer au
Seigneur. Le comte et son épouse firent vœu de
garder la continence perpétuelle. A quelque temps
de là. sur les conseils de saint Aubert, evéque de
Cambrai, Madelgaire allait poser la première pierre
d'une église et d'un monastère à llaulmont, sur la
Sambre, près de Maubeuge. 11 s'y fil moine, sous le
nom de frère Vincent. Oublieux de toutes les
vanités terrestres, il y acheva ses jours dans la pra-
tique des plus excellentes vertus. L'Eglise l'honore
d'un culte public le iK juillet, sous le vocable de
saint Vincent de Soignies, du nom de la Tille qui
possède encore aujourd'hui ses reliques.
caoïx UTiaiKi-aBs — on A.^c■ la co..«soli
La pieuse \Valtrude demeura quelque temps
encori; dans le siècle oi^ elle continua de se livrer k
la prière, aux bonnes cpuvros et aux pénitences cor-
porelles, veillant sur ses fils, et attendant sans doute
une manifestation de la volonté de Dieu.
Une nuit, saint ('■•'ry, ancien évéque de Cambrai,
lui apparut en songe et lui dit de la part du Seigneur :
• Continuel : ces œuvres me sont très agréables. »
Waltrude, en toute siiiiplir-'^ '-nia le fait a quel-
ques-unes de ses connais- hruit s'en répan-
dit bientôt dans la foule. Cl ... I. !.•""■» ffr.ime
une source de railleries et d aè-
rent dans des angoisses indi lie
était en proie à une de ces tristesses po li
étreignent l'âme, un ange lui apparut s<^ij :ua
humaine et lui dit : « Pourquoi étes-vous si abat-
tue?— Hélas I répondit la Sainte, je suis la risée
de tout le monde. — Prenez courage, récliiiua
l'ange; il est écrit : Pas de couronne sans combat
(II. Timothée n, 5). Les prophètes, les apôtres, les
martyrs sont passés .nussi par le creuset des persé-
cutions. Noire-Seigneur l'a dit : Le d;
pas au-dessus du maître >. Fortifiée p:
de l'ange, notre Sainte n'eut plus de peu.. >i
cette tristesse qu'elle comprit être l'œuvre io l>si nt
infernal.
WALTHUOI OUma li monde — rOXDATION DO aONASTSal
DI CBATCAULIIO
Sur les bords de la rivière de llainc, au fond d'une
humble et étroite cellule qui devait être le berceau
du monastère de Celle*, vivait un saint ermite du
nom de (ihislain. Cet ermite était pr-Hre. Sur un
ordre qu'il avait reçu du ciel, l'homme de Dieu
venait visiter souvent notre Sainte qu'il dirice.iit
(iii in.):i<i.
frs^ Mi j...'ir I»'» ï.uiiie^ .,,, ,, , , u-
de se consacrer A Dieu. i.hiAUin lui
„-, «itaé«' a quelques nulles dt .a. ../m. ne
: éminemment propre à la construction
TT
W., dir^c
|. 111 et fit
.1er a la > im . llr
:. dernier u .-t A %r%
•\ prit le cUeuiiii du «l«»«rt. Ll . luiiva »ur
il" U m'i'.int'iio ; mat» I» t.:t|irr<*nl Im
.|m; avait oiilonii" la cotKiry.i on <i un t\uml>le et
pauTF» oratoire. Elle ne vaulut|pas séjourner dan»
ce qu'elle nommait un palais et redescendit de la
montagne. Or, la nuit suivante, celte maison neuve
s'écroula.
L'ermitage fut rebâti celte fois dans des propor-
tions plus conformes à la pauvreté évangélique, dont
Waltrude roulait observer les étroites règUs. Elle
Cl élever tout à côlé un oratoire en l'honneur des
saints ap6tres Pierre et Paul. Le» frais de la cons-
tructio* une fois couverts, Waltru'le distribua son
argent aux pauvres. Enûn. toujours sur les conseil»
df son directeur l'ermite Guislain, elle vint à Cam-
brai recevoir le voile des vierges des mains de ce
même saint Aubert qui avait puissamment contri-
bué à la vocation religieuse de son époux, le bril-
lant comte Hadelgaire, devenu l'humble frère
Vincent.
APPABITIONS DD DUBLB — HONTEUSE DEFAIT»
De retour dans sa cellule, la nouvelle épouse de
Jésus-Christ embrassa résolument le genre de vie
qu'elle avait choisi. Dégagée des entraves du corps
qu'elle domptait au prix de fréquentes macérations,
son âme atteignit bientijt les hauts sommets de la
contemplation. Le dénon jaloux résolut de lui
livrer une guerre à outrance, comme autrefois à
certains Pères du désert. Teiuations contre la foi,
tentations de désespoir; tableau de» horreurs de la
solitude et des austérités de la vie religieuse d'une
part, des plaisirs du monde d'autre part ; souvenirs
de ses richesses, de sa famille, de sa noblesse et de
sesçloires, Satan fltjouer tous les ressorts du monde
et de la chair pour triompher de la pieuse recluse.
Mais Waltrude répondait à ces assauts de l'enferpar
des prières plus ardentes. A bout de ressources, le
démonlui apparaît un |our sous lafigure d'un homme
hideux, et la saisit dans ses bras vigoureux pour la
battre. La Sainte invoque le nom de Jésus avec
amour. A ce nom victorieux le démon lâche sa proie
et s'efforce de disparaître. Mais, comme entravé par
une force supérieure, il nepeutfuirqu'avec peine. La
'-'tinte le poursuit de cAté et d'autre en lui criant
■ >;c dédain : «Tant mieux, si tu es si misérable,
.'it mieux ! Un jour tu t'es exclamé : j'élèverai mon
'me par dessus le» astres du ciel et je serai sem-
ible au Très-Haut. Insolent, ton orgueil n'a servi
i'à te précipiter du haut de ce lr('jne, et maintenant
suffit d'une femme pour te faire la guerre. Quant
celte gloire dont tu t'es rendu indigne, le Seigneur
1 a fait don au genre humain. »
Le diable, si plein d'orgueil, semblait dévoré par
Il honte, plus encore que par le feu de l'enfer. Dès que
la force divine qui l'enchaînait cessa d'agir, il dis-
parut comme un éclair. Il n'osa plus de quelque
temps revenir tenter notre Sainte.
La renommée des vertus de Waltrude ne tarda
pas à se répandre au loin. <in vit bientôt des jeune»
niles, de rare noble pour la plupart, abandonner le
monde et ses faux bien» et venir lui conOer la garde
de leur virginité.
SAI.NTK WALTRUDK ET SAIKTI ALDCGOnOB
Sainte Waltrude avait une Bceur puînée dont
nous avons déjà prononcé le nom. Elle s'appelait
Aldegonde. Af'rès une enfance angélique qui se
1 1 -^cnlit sans doute de rh"ureuse influence des rares
v'i!ti< de sa SŒur, Aldegonde fut éprise comme elle
il<. <l':^ir de se fiancer a Jésus-Christ. .Mais quand
pIIp lut en état d'être mariée elle trouva les même»
r.^, ' i!i.-.s qu'avait rencontrées sa sœur. Celle-ci
'ji. ■'• »e retirer alors a (^hàt^'aiiiieu et cora-
pi le (II il d'une vocation i i;lici.'ii«e. voulait
assurer cette grâce à sa sœur. Dans une lettre qu'elle
écrivit à sa mère, Waltrude la suppliait de lui en-
voyer Aldegonde qu'elle avait hàle de revoir. Elle
ajoutait qu'à la première manifestation d'un désir
maternel, Aldegonde prendrait le chemin de la
maison.
La princesse Berlile consentit enfin an départ de
sa tille. Le séjour d'Aldegonde à Chàteaulieu ne fut
qu'une suite d'entretiens avec sa sœur sur les char-
mes et les avantages d'une vie consacrée à Dieu.
Cependant la princesse Berlile n'était pas rassurée
sur le sort d'Aldegonde. Il lui semblait entrevoir de
loin le voile des vierges sur sa tète. .\u bout de
quelque temps elle rappela sa fille. Fidèle à sa pa-
role, Waltrude congédie aussitôt sa sœur qui l'em-
brassa les yeux pleins de larmes. Notre Sainte la
console de son mieux et l'engage à persévérer dans
sa vocation avec une constance inébranlable. Mais, à
son retour, en dépit de ses refus constants, ses parents
veulent la marier à un jeune seigneur anglais. Celait
abuser de leur autorité. Une nuit, Aldegonde quitte
la maison paternelle et court se réfugier dans un
endroit désert.
Elle put bientôt y construire un monastère, qui
devint une abbaye autour de laquelle se forma,
dans les siècles suivants, la ville de Maubeuge. De
nombreuses compagnes vinrent se ranger sous la
direction de la jeune abbesse. Ses deux nièces,
Aldétrude et Madelberle, filles de sainte Waltrude,
dirent un dernier adieu à leur aïeul le comte 'Walbert
et à leur grand-mère la princesse Bertile, et prirent
la route de Maubeuge où elles achevèrent avec les
conseils de sainte Aldegonde, leur tante, l'œuvre
de leur sanctification si Bien commencée par sainte
Waltrude.
VERTUS DE SAINTE WALTRUDE — MIRACLES
CRALNTK qu'elle INSPIRE AU DÉMON
Mais revenons au monastère de Chàteaulieu con-
templer la vie admirable de notre Sainte. Modèle
achevé d'humilité, de patience et de douceur vis-à-
vis de ses ûlles spirituelles, son exemple entraînait
tous les cœurs. Dieu daigna plusieurs fois montrer
aux hommes combien l'abbesse de Chàteaulieu lui
était agréable.
L'œuvre de prédilection de notre Sainte était,
nous l'avons dit, le i achat des captifs. Un jour qu'elle
pesait sur une balance la somme destinée au rachat
d un prisonnier, une main invisible doubla la rançon
et suppléa ainsi largement au peu d'argent qui
manquait pour le prix convenu. L'humble servante
de Dieu supplia le témoin oculaire de n'en rien dire
à personne de son vivant.
Les maladies ne résistaient pas davantage aux
prières de la sainte abbesse. Elle guérit deux petits
enfants qui semblaient di'jà presque morts, l'un, en
le louchant simplement de sa main, l'autre, en le
marquant du siene de la croix.
Depuis, l'aventure que nous avons rapportée plu»
haut, le diable avait une peur indicible de sainte
Waltrude. Un malheureux, tourmenté par toute une
foule de ces esprits mauvais, n'eut qu'à invoqurr
le nom de l'abbesse de Chàteaulieu pour être immé-
diatement délivré de leurs cruelles vexations.
K.NTRETIBNS DE l'aBBKSSE DE CHATEAULIEU ET DE L ABBFSSK
DE MAUBEUGE — AMOLR DE LA PAUVRETé CHEZ SAINTE
VrALTRUDE
Sainte Aldegonde venait quelquefois de Maubeuge
vi<.iler sa sœur au monastère de Chàteaulieu. Elles
s •■i liraient sur les moyens à prendre pour la di-
[ . > tion do leurs rrlipieufcs. Puis, on parlait de Hi.'u
de ses perfections, du paradis et de ses joies éter-
nelles. Les âmes des deux sœurs, comme celles de
sainte Monique et de son fils Augustin, sur les bords
de la mer, à Oslie, atteignaient alors ces hauteurs
de la contemplation, où l'intelligenre et la volonté
de l'homme sont en contact avec la divinité, et
s'abreuvent aux torrents de lumiire et de force qui
s'épanchent du sein du Père Eternel.
Mais un jour, la bienheureuse Aldegonde, pous-
sée par un sentiment d'alTeclion trop humaine :
« Ma sœur, dit-elle à saintv W.iltrude, ce monastère
eit bien étroit et incominode, ces plages bien
pauvres ; venez plutôt a Maubeuge, vous y trouverez
une abbaye plus belle, plus grande et bien mieux
située. —Ma sœur, répliqua sainte Waltrude, Jésus-
Christ n'a eu qu'une élable au jour de sa naissance;
il a passé toute sa vie dans l'indigence: est-il juste
qu'une créature aussi vile que moi recherche ses
aises ? Au reste, j'espère vivre avec autant de
sûreté dans mon humble couvent que dans les
plus magnifiques abbayes. »
U CA61 DU PAKADIS — «( BT DI SAI.NTK WALTBUDI (686)
Morte depuis longtemps au monde et à la chair,
sainte Waltrude n'avait plus qu'un désir : celui d'aller
au ciel. Un jour que son Ame était toute absorb'^e
dans la contemplation, elle vit un ange descendre
du firmament et s'approcher du lieu où elle priait.
Sainte Waltrude lui demanda si son nom était inscrit
dans le livre de vie, et, mue par un motif de charité
bien digne de son cœur de sainte, elle rinterro:.'.'a
en même temps sur la destinée éternelle de sa sœur.
L'ange lui répondit par ce» paroles que Dieu adres-
Mit jadis au propht'-te Isale : <■ Sur qui porterai-je
mes yeux, sinon sur celui oui qsl pauvre, en qui je
vois l'humilité du cœur et le respect de ma parole.
(Isale, Livi, 2.) ..
Tel est le bel éloge que le ciel lui-même a fait
de la vie pauvre et cachée de notre Sainte. « Et
loin de s'enorgueillir de cette révélation, ajoute ton
historien, Waltrude en prit texte pour s'enfoncer
davantage dans la sainte humilité. > Car elle savait
que tout bien vient de Dieu.
Enfin, après soixante ans passés sur cette terra
d'exil, Waltrude s'endormit dans le baiser du Sei-
gneur. C'était le 3 avril de l'an de J.-C. 686. Beau-
de grâces ont été obtenues par son intercession, et
sainte W'aldétrude est encore très-aiméeen Belgique,
sous le nom de sainte Vautrude ou Vaudra. Cette
dernière année, 1887, les fêtes de la sainte patronne
de Mons ont été magnifiques.
•< Kn 1349, le 7 octobre, dit Monseigneur Guérin,
les reliques de sainte Waltrude furent portées en
procession dans les rues de Mons, pour implorer la
miséricorde de Dieu contre la peste, qui faisait
d'alTreux ravages. Une multitude d'habitants accou-
rut en cette circonstance, pour rendre hommage h
l'illustre patronne de Mons; de telle sorte que, dit
de Boussu, dans son histoire de Mons, c'est il son
culte que cette ville est redevable d'être la capitale
de la province.
• Dans le village de Castiaux, on montre une
fontaine qui porte le nom de Sainle-V'autrude. De
nombreuses guérisons s'y sont opérées de tout
temps. Ce lieu est encore aujourd'hui en grande
vénération.
» Les reliques de sainte Vautrude reposent toujours
à Mons dans une chdsse très riche et d'un merveil'
li'ux travail. Chaque année, le lendemain de U
Sainte Trinité, on fait une procession dans laquelle
res précieuses d>'pouilles sont poitées sur un char
(jue traînent les i>lus beaux chevaux des brasseurs
de la ville. L'église de sainte Vaudru est un des
plus remarquables monuments religieux de la Bel-
gique. Elle fut construite, dans le iv« siècle, sur les
dessins de Jean Dethuin, l'un desplus savauals archi-
tectes de l'époque. ■>
\mf.-t*rttHi: K. Pamaaitai , h, me KraD<;ols I", Paris.
SAINT MACAIRE
PATRIARCHE D'ANTIOCHE
Féle le 1 0 avril
Saint Macaire d'Antioche, dans son voyage en Occident, guérit en Bavière
la femme du seigneur Adalbert. (I) apr.s une gravure de Sodeler jeune.)
l'ARBSTS ET PARR.UN
Ce fui vers le milieu du \' siècle que naquit,
1 une des plus nnhies familles de l'Arménie, celui
i)ui devait plu- lard édilier liinenl et l'Occident
I it 1,1 sainteté de sa vie et étonner le monde
■ par ses nombreux miracles.
I arenls, Michel et Marie, riches des biens
1" 1.1 terre, mai» plu» encore de ceux de la grâce,
rrurent le petit enfant en r<merri,-ini le DIpu
qui le leur donnait. Leur premier soin fut de
faire purifier sa jeune âme dans les eaux du
baptême.
■ .'illustre saint Macaire pouvernait alors l'KiJli'ii'
d'Antioche. Ce fut à lui que fui [lorté l'cnraiit
l," patriarche voulut en être le parrain el lin
<l'inner son nom. Comme il était déjà vieux ri
brisé par des travaux incessants d'un leconii
.ipo^iolat, il demanda qu'on lui conliAI l'eniant
.iii-i'itf'it qu'il pnurr.iit se livrer aux éliil' - l.i
321
proposition fat acceptée, et llirhel «t Marie s'en \
rilcurm-rent joyeux, bénissant Dieu de les con-
soler ainsi d.ius leurs vieux jours
AléBiriON DU JEt'HE MACAinl:
l,i-~ [■rt'mi'Tes années du jeuiie Maraire furent
sjni|'li-s. innoi-enles et pures, hlles se pa^si-renl
au lovi r de la famille, dans les liras maternels,
oii il puisa, à la double sourre des leious et des
exeiuples, le Roiit de la jiiélé et de la vertu. L'en-
fant l'iaii hienjeune encore '|uand il partit, muni
.le la bénédiction de sou père et des sayes avis
de sa mère.
Le saint patrinrrhe le reçut avec joie, et en peu
de tenii i*» la douceur et de l'amabilité
dujeui I l'uiroa comme un (ils. Les suc-
cès du iireiit brillants, surtout dans i
l'éludi lire ."iainte. mais ci- que Uieu
airi. .1 '11 liii. . ' t 1' - 1 iii> ■■ leiidrc ■
et 1 . ■ I ' ;" ur d;iii>
la I < M ^M'ii iir 1 "ail t; (iliili ' iiir- ~mii lllustri'
niaitre, il s'appliquait surloiil à la iiiéditatiou Jer-
choses divines. Le> plui-ifv du monde lui inspi-
raient une souveraine horreur, et aimer Dieu
plus que tout autre était sa seule ambition.
rOMMKN'T IL DITIE^TPATHIARaiE
1.1
au'
ï:
ait j>ri~
Christ,
mon !•>
'ln'lill .
'11-1 loin, i'iii.
leliii 'lui 1 .
là que, prédicateur infatigable, il jetait dans les
iiiirs la semeuct] lécouJc de la parole divine,
. i.iKiil la vitrtusoos les rouleuis les plus sédui-
. lames et taisait croître dans les cu-urs la cha-
nté et la paix.
Ilicn <]u'il ne refusât pas à son corps la nour-
liture né<esssaire, snus ses habits ponlillcaux,
il portail un rude cilicc. et passait sur une
planclie los queli|iii-s heures qu'il consacrait au
ri-pos. Mais nous serions trop lou^ si nous vou-
lions énuuiérer les vertus sacerdotales qui
ornèrent l'àme de Macaire et qui tirent de !ui
ce que doit être le vrai ministre de Jesus-I^hiist;
l'imoce vivante de toutes les vertus. Disons
cependant que quand il priait, il versait une
telle abondance de larmes, qu'il devait toujours
tenir uu mouchoir à la main pour les essuyer.
lit de bénir Dieu de
: iple. De jour en jour,
vers la tombe, il dtivait
r troupeau, an^'i voulait-
lui avoi
il se -
quittei
il «e chiiiMi
avait -randi
ce fut siii lui qii'j sari' Il li- cli'ix du ('jli idicUe.
l'ur ses iirdres. le peuple accourt au pied des
e doutant de rien, accom-
iile son maître bien-aimé.
■•: -lli-H'-e iji; • ' • ■ ' '
■ s bien-ai
, , ,,.. .1.
Je n'ai
r pour
\ olre
■ r votre
<i vous rccuiiimaiider
'•« ' Il ne put l'T-
coMXirNT
VINT MACAint KAIsAITOKs Mlli
s'r* OOITER
1^1 iii,i.-"ii du pieux patriarche c-i.ni "imiu-
aux lulirme» surtout. Il les nourrissait, U-sréchauf-
'"' i'O' ■' ■"< s.". ....I. .'1 -Ml aiUfiit. Les
liniis, et il >e
, , iiiils. l'aiini
' Il V s en trouvait un , rt plus
- 'le la ciuelK* u. ~ autres.
s il >'t lait deiu>iiiUe quci moyen il
lit l'oui- Illettré lin à sei iii,iu\. Kniiu
I 11 Jour,
'd" al'Oii-
C||..|1. I.'
tout mou
cha de bon i"l|i? uncir, ei la lepie ili--ptillli
aussiltit.
''•■■•- •■■• -■-•■.•■- 1 • ' ,1,.,
. ■ t
maiii> avait la vertu de p-uérir toutes les inliruiités.
I.a r'ii'n
M.icnlrc
m en jour.
!!ni« jue po;
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d'
d un 11 il iliquiel 1< ili'l
ri-iioiiimée. Il ne s , n in
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1"
i riarcbe expira peu après, et Uacai i '
•I"
!•■
1,1.
'lit, par ~'
I [, eur, son 1 .
ce haut rauf; dont souili
de pèlerin et de mendiant.
i;t yl'iL »Al!T fAlKI ol»M> ON v\
Ain-i libro .1.- I.nit. p:iiivrr
'Il i-l, tiiiii
I -timl I I
•il
an
Ul'
Il de Dieu U dévorait. U
..,.. 1... I ,.1. . ■,,".
Naïm, 011 l'ut ressuscité le fils de la veuve: Cana,
où l'eau fut échangée en vin; Nazareth, qui vit les
premières années lu Sauveur. Il vénère aussi les
cendres de «ai'ntJean-Baplisle, «l'Elisée ,d"Abdias,
pleure les péch'-s des hommes sur le richer où
Amos pleurait les égarements du peuple irisraël.
Il ne peut éloigner ses pas du Jardin de (îelhsé-
mani; il lui '^emble voir encore la divine Victime
buvant le calice d'amertume et suant de? g.^uttes
de sang pour nos péchés. Enfin il se dirige vers
•lérnsalem où il espère mourir d'amour, comme
son divin Mod'Ie. Sa renommée l'y avait déjà
précédé. Le patriarche vint à sa rencontre et le
retint quelque temps chez lui. Qu'il était heureux
dans cette ville toute parfumée encore du saiig
divin, où l'enfer fut vaincu et le monde racheté!
CRfClKlEMENT DE SAINT MACAIRE
Le pieux pèlerin faisait l'admiration des Sarra-
sins comme des chrétiens, A tous il enseignait
la seule vraie foi, à Lott'^ il parlait du Christ avec
am'iji. Plusieurs se convertirent; eux (jui résis-
l^i' rit à la yràce, animés d'une haine violente
centre lui, s'en emparèrent et le frappèrent tel-
Itiii-nt de verges que la chair du martyr volait
en lambeaux. Et pourtant, au milieu des tour-
ment^, il prêchait encore la vérité.
l'f-u après, les Sarrasins le jettent dans une
pri-nu et, comme Je divin Maître, il se voit clouer
^ur une croi.x. Mais les clous tombent d'eu.v-
m>'iiM:-s, et les barbares, peu touchés de ce pro-
(lii.e. l'ont appel à d'autres supplices. Ils lui lient
les pieds et les mains et posent sur sa poitrine
une pierre brùlantf. Maille feu df l'amour divin
qui embrase son àme est plus véhément que ce
leu matériel, et le bienheureux martyr n'en
ressent aucune atteinte. Du fond du cachot où il
et lelé. il cirante la gloire du divin Crucifié;
- ' ' ' ' url'amourile son Itoi, il demande
v.iiucre l'infldélité.
i''-, un ange lui apparaît:
lui dit-il, lève-toi, serviteur
dii ! 1. "nier de nouveau la parole
de llieu a tes ['"M -''■■iiteur". n
l.f martyr, si; lève auisit'M, les chaînes qui le
retenaient captif sf brisent, les portes de la
I rison s'ouvrent devant lui, et il apparaît au
milieu de ses ennemis, (^eux-ci, étonnés de voir
l'I'in dp f rrp r? il,-' ■. iç celui qu'ils croyaient
i^ . lui demandent pardon
(• Mfrb^ bnpt''me. Ma'-aire
I à leurs désirs, mais avant
1. ir de Jésus-i;hri»t, vrai Dieu
•■l lii .■ï.iuvcur, ut leur enseigne les mystères de
iiolf foi.
i; • :.ie ,à Antioche, les foules accou-
rcii' , idre la parole du serviteur de
Iii-u ' :,mi'' i;ii père au milieu de ses '-nfant»,
il I étiit. -.in«ole. ■^ii-nurage et absout, l'n mol,
tf •■ ■ , un cri d'amour ver* le ciel lai suf-
ïuérir toute» les infirmités.
■! ar-
r . Il
.1 droite dess^-
if l'H I ri"ur
I I lut aus^ilo'
ind nom lire d . ni
' s et reçurpiit le li.iplèine.
'•nrnurs du p"inl'-. '•»ti" ndminlion
"• lui p'M'
blesser !
■I aver *e> l'Hii a-U'iiis elpaitit
I une retraite oîi II pourrait vivre
dans la pénitence, ii-'noré des hommes. Dieu ne
permit pas qu'une telle lumière fût cachée sous
le boisseau.
LES BREBIS A LA RECHERCHE DU BERGER
Cependant, on s'inquiétait à Antioche de la
lon;.'ue absence du saint patriarche, car on avait
espéré qu'il reviendrait bientrtt. Ce n'était plus le
pasteur qui recherchait, inquiet, la brebis égarée,
mais le troupeau tout entier qui pleurait «on pas-
teur. Les parents de saint Macaire envoyèrent à
sa recherche, ordonnant aux émissaires de sup-
plier leur fils de se rendre à leurs vœux ainsi
qu'à ceux du peuple, et d'employer la force s'il
refusait.
Macaire ne tarda pas à être découvert, car qui
ne connaissait ou n'avait entendu parler en Terre
Sainte du pieux pèlerin, derillustrethaumalurL-e!
Mais les prières comme les menaces ne purent
le dissuader de son entreprise. En vain lui repré-
senla-t-on le^ impatients dé«ir< de ses chères
ouailles, les pleurs de ses parents, l'inconsolable
tristesse de ses amis, tout fut inutile. L'homme
de Dieu ne voulut suivre que l'inspiration de son
divin Maître. On en vint aux menaces, puis à la
violence. Mais, du haut dU ciel, Dieu, qui veillait
sur son serviteur, frappa d'aveuglement les mal-
heureux qui osèrent le toucher. Ceux-cj, recon-
naissant leur faute, n'osaient se plaindre; mais
Je Saint, oubliant l'injure qu'ils lui avaient faite,
fit le signe dé la Croix sur leurs yeux et ils furent
guéris aussitôt. Il leur dit alors": <■ Allez, main-
tenant, et dites au peuple d'Antioi be de ne plus
pleurer son pasteur, mais de se réjouir, car il va
bientôt quitter la terre pour les joies de la patrie
céleste d'où il veillera sur vous et vous bénira. »
V'JVAGEET UiR.VCLES DU IMKUX PÈLEAIN
Macaire continua sa route, bénissant Dieu,
annonçant le l^hrist à ceux qu'il voyait et
guérissant les infirmes qui se présentaient à lui.
L'n jour, il rencontra plusieurs chrétiens qui
se rendaient à Jérusalem, conduisant avec eux
un pauvre aveugle. Le Saint s'a)>proclia del'aniigé
et lui : c< Où donc allez-vous'?
— A Jérusalem, seigneur, si Dieu le permet. <>
Et Macaire se mit à pleurer, demandant à Dieu
d'avoir pitié de sa pauvre créature.
■ Frères, dit-il aux pèlerin-:, invoquez le Sei-
vneur avec moi. Vous savez que ce Dieu plein
de bonté se trouve au milieu de ceux qui sont
rëunis eu son nom. Le Christ, lumière véritable,
est donc au milieu de nous et aucun (fil ne peut
rester ferm^ alors que cette lumière bienfaisante
projette ses rayons. Tous se mirent à i.enon\,
une prière ardente jaillit de leurcuur, et lei yeux
de laveu;.de s'ouvrirent. Mai», en même temps
que la lumière corporelle, ce dernier reçut dans
son Ame les divines illumination'^ de là :.TAce ;
plein il'amour pour le Christ, il h.lta son voya:;e
vers le Saint-Sépulcre, et, comme autrefois saint
Jean, y arriva le premier.
I.e saint patriarche poursuivit sa roule au milieu
de terre'* arides, par un sol. l l,r,,l:,,it. Ceuf de
~a «iiite étaient dévorés i et pas nu
iiii 111, pas une fontaine 11 il à leur vue.
1 voir creusé la terre en raainl-^ endroit-^,
iijours en vain, ils se couchèrent sur le
s.ilde en attendant la mort : ce que voyant, Macaire
Tmi touché de compa'isinn et leur dit : « Mes
' iiits, rien ne peut manquer à ceux qui '-rii-
iit Di^u et oiÉt confiance en lui. Ceux (|>ii ■-"îi'
altérés ont de l'eau avec abondance, et ceux qm
croient puisent à la fontaine ifeau vive. .•
Il traça alors une croii sur la terre avec son
crucilix'el l'eau jaillit aussitôt. Dieu permit que la
source ne tarit jamais afin de perp'-tuer dans les
siècles futurs la mémoire de son pieux serviteur.
SAl.NT HACAIHB EN OCCIDE.NT
Saint Macaire alla jusqueu Bavière, puis vint
à Cand, après avoirjpassé par Mayeiice, Coloiine,
Maliiies.CambraietTournai.Uiretouslesniiracles
qu'il opéra pendant ce loii« voya;,'e serait im-
possible. En Bavière, c'est la femme du sei:,'neur
.\dalbert, son hùte, qu'il suèrit d'un mal incu-
rable; à Maliues, c'est un incendie, menaçant la
ville entière qu'il éteiut; à Cambrai, ce sont les
portes de ré_'lise Notre-Uarae, fermées par ses
ennemis, qui s'ouvrent devant lui; à Tournai,
c'est une -éJition qu'il apaise, sédition si grande
que les ^ol Jais de Baudouin ne peuvent s'en rendre
maîtres: à Maubeu^e, un malheureux est frappé
de la lèpre après avoir jeté à la voirie un vase
rempli du sanc que le Saint s'était fait tirer peu
dant une maladie.
11 y avait bien Inngtemps déjà que le bienheu-
reuxpatriarcbe supportait les fatigues de ce Ion;;
et pénible voya^'e, lorsqu'il arriva au monastère
de Saint-BavoM. à (iand. Là, comme partout, on
eut bientôt une haute idée de sa sainteté, be
nombreux malades lui étaient apnorlès, et il les
uuérissait tous. Un simple sicne de la main, dit
son ha:;ioaraphe, lui suffisait pour délier la lan;;ue
aux paralytiques et rendre I ouïe aux sourds.
SAI."»! MAC'IHE MKLRT POUR LE SALUT DES PESTIFÉRÉS
Cependant, saint Macaire, courbé souj le poids
des infirmités, sentait que le moment était bicntrtt
venu de quitter cette terre d'exil pour la véritable
patrie, aussi aurait-il voulu voir une .lernière
fois le cbir troupeau qu'il avait depuis si loni'temps
quitté. Mais Uieu ne permit pas que son serviteur
?uittit la ville qui lui avait donné l'h'ispitalilé.
rappé subitement d'une dangereuse maladie, le
saint vieillard en fut guéri, après une vision qu'il
eut de saint Bavon. de saint Landoald et de plu-
sieurs autres bienheureux.
Cinq mois après, le Saint se disposait de nou-
veau à retourner en .\rménie, lorsqu'une peste
terrible vint désoler les Pays-Bas. A Cand, les
survivants ne suffisaient plus à enterrer les morts.
Déjà, tout espoir humain de salut semblait perdu,
lorsque, par une inspiration du ciel, le peuple se
porte en foule aux tombeaux des saints de la
ville et les conjure d'apaiser la colère de Dieu.
Des processions sont organisées, un jeune public
tant pour les animaux que pour les hommes est
ordonné, et on n'a plus d'espoir qu'en le secours
du Tout-l'uissant.
On était au Iroisième jour. In mort continuait
ses ravages, et pourtant .Maraire était plus joyeux
que de coutume. C'est que Dieu lui avait parlé
au fond du cu'ur, il lui avait dit qu'il le choisissait
pour expier les crimes des pécheurs et qu'il serait
le dernier frappé du terrible lléau. Mourir pour
les pécheurs, être victime pour leurs fautes, c'était
liien là, en elTet, ce qu'avait toujours voulu le
Saint, et, dans cette pensée, il ne pou wiit contenir
sa joie et, pendant que le peuple prévoyait la
mort avec tremblement et désespoir, lui. toujours
si compatissant pour les aflligés, semblait, au
L'rand ètonnement de tous, ne pas soullrir des
maux de ses frères.
Mai"; on cessa de s'étonner quand le saint vieil-
lard, frappé de la maladie, prédit aux reli-ieux
en pleur> qu'il allai! mourir, mais qu'il serait le
dernier frappé. Sur sa demande, on le porta à
l'rglise Notre-Dame où il marqua avec >on biUon
le lieu lie sa sépulture; pui'^, ayant donn''^ au
pfUple une ilerniire bénédiction, on le transporta
dans sa cellule, où sa belle àme, esn.rtée d'une
multitude d'esprits bienheureux, s'envola dans
le ciel. C'était le 10 avril 1012.
Le deuil fut i.rand en Flandre à la nouvelle dr
la mort du Saint. De toutes parts, on accourut
pour vénérer ses reliques, et les miracles se
multiplièrent et se multiplient encore sur son
tombeau.
jil. _ tmtt.-gtranl, t. l'ânt»o»t, S. rue ^rAn•,'■l• r\ r«ri».
PHpe es DOGSeUïî
Bête le IT avril
"v'-VJ vv-T?
à
.^mSÊÊSÊÊimr^
È^
Saint Léon arrêtant Attila (d'après la fresque de Raphaël, au Vatican).
LÉON AVANT SON PONTIFICAT
Sainl Léon le Grand' naquit à Rome : il appar-
tenait à l'une des plus nobles familles de Tos-
cane. Dès sa plus tendre enfance, il lit de brillants
progrès dans l'étude des lettres sacrées. « Dieu,
dit un concile gi-néral, Dieu, qui lavait destiné à
remporter des victoires sur l'erreur, à soumettre
la sajîesse du siècle à la vraie foi. avait tnis dans
ses mains les armes puissantes de la science et
de la vérité. >•
Archidiacre de l'Eglise romaine, il se fit aussi
remarquer par son talent d'administration sous
le pontificat de saint Céleslin et de saint Siite III.
SON ELECTION
Après la mort de l'évêque Sixte, l'Ef^lise
demeura quarante et un jours sans pasteur. Tous
les suffrages s'étaient portes sur Léon. Mais
relui-ci était absent. 11 avait été envoyé dans les
i.aules pour rétablir la p«ix entre le gouverneur
Aéiiu^ et le (général Albinus. Le clergé et le
peuple attendirent son retour dans une paix et
une concorde admirables. 11 semblait que l'éloi-
gnement du pontife élu fit mieux ressortir le
mérite de l'absent et la sagesse des électeurs. Une
ambassade solennelle fut envoyée à saint Léon,
qui fut reçu dans les murs de sa patrie avec des
transports' d'allégresse et sacré évèque de l'Eglise
universelle, le 29 septembre 440.
DISCOURS DB SAINT LÈOti LE JOUR DB SON SACHI
Le jour de sa consécration, Léon élevait, au
milieu du peuple attendri, celte voix majestueuse
et paternelle qui devait, pendant vingt ans,'
retentir jusqu'aux citrémilés de la terre, fou-
droyer l'hérésie, aduucir la férocité des Huns et
des' Vandales, sauver le monde romain de la
barbarie et faire éclore une société nouvelle sur
les ruines d'un empire en décadence.
i< Que ma bouche célèbre la gloire du Sei-
gneur ! disait-il; que mon âme, mon esprit, ma
chair, ma langue bénissent son sainl nom 1 Ce
ne serait point de la modestie, mais de l'ingra-
titude, si je passais sous silence les bienfaits de
Dieu. Je veux donc^ par ce sacrifice de louanges
à la majesté divine, inaugurer le nouveau
ministère de mon pontifical. Le Sauveur s'est
souvenu de nous dans notre bassesse; sa béné-
diction est venue nous chercher. Seul, il a fait
16f.
en moi de grandes choses. Votre afTerlinn me
rendait présent à vos ca'urs, au moment où la
néces!«ité d'un long »ny;ige me retenait loin de
vous. Grâces doni- soient rendues, dans le pré-
sent et dans l'avenir, à notre grand Dieu, pour
toutes les faveurs dont il ra'a cnniblt' ! r.rJces
soient rendues à vous-m^mes pour le jugement
si favorable que votre bienveillance a porté sur
moi, sans aucun mérite procèdent de ma part !
J'aime surtout à y voir le gage de rattachement,
du respect, de l'amour el de la fidélité que vous
porlet à voire nouve.iu pasteur. Il n'a qu'une
ambition, qu'une pensée, qu'un désir. 'veiller avec
une sollicitude infali^-'able au salut de vos âmes.
Je vous en conjure, par les entrailles de la misé-
ricorde de Jésus-Cnrist, aidei de vos prières
celui que vos vœux ont appelé de si loin, afin
que r>'spiit de grâce demeure en moi, et que
vos juffinents soient sans repentan'-e. Que le
Dieii i|ui a inspiré l'unonimité de vos sullr.n^fes
accurde à no» jour» le bienfait inappréciable de
la paix, l'ère Saint, conservez en votre nom ceux
que vous m'avei donnés.
» .Meï bien-aimés, quelle que soit mon insuf-
fisance vis-à-vi» du grand devoir de servitude
que Dieu munpose, n'oublions pas que la pierre
fon.l.im.iii.ile sur laquelle repose rKglise reste
in' : ' au milieu des tempêtes et survit à
loi. unes. Le prince des ApAtres demeure
toujours avec la fenuelé d« la pierre dont il
porte le nom et sur laauelle il a été éUibli; il
n'a jamais abandonné les rAnes du ffouverne-
meiil de l'Eglise. S«n ordination se distincue en
effet de louK's les autres; il est appelé pierre et
fondement; il est établi portier du rcvnume des
cieiix ; il r«t le juge de ce qui doit Atre lié ou
délié; l'autorité de ses jtvements est respectée
m*ine au c\- ' ' ^tère de ses différents titre»
prouve sui l'-'lroite union qui sub-
siste entre Ir <.iiii-i et lui. Un peut dire que le
bienheureux Apâlre, depuis qu'il a pris place
dans le céleste royaunie, poursuit, avec une
plniiiliide de puissance supérieure, la mission
terrestre qu'il avait reçue ici-bas ; il accomplit
maintenant tous les devoirs, toutes les fonctions
de sa charrie sufiréme en celui el avec celui par
qui il a l'-ti glorifié, c'est-à-dire Jésns-Chnst,
Sotre-Seigneur.
• Si doiic nous, ses indignes sncresseor», nom
avons le bouheur d'agir avec aiieli|ue sagesse,
de discerner avec quelijue pénétration, si nous
obtenons par no» supplications quotidiennes et
incessantes quelque» faveur» de la misérirorde
divine, c'est le fruit des u'uvres et des mérites
du glorieux ApAtre dont la puissance vit toujoun»,
dont l'autorité sub»i>te exiellente et préi'mi-
neiite sur !•- - -^ lu'il a fondé. Dans toute
ITglise, cIm , la voix de Pierre r<*p»ie
eiicore sa i- --.-ii de foi: « Vous êtes le
CUrisl, Fil» du Dieu vivant. <•
> To'ii'- 1 11. "•• 1"' i-onfesse le Seigneur a été
formée
Irai,
bi'
la
Âi
P
Bai :
ni I
nent de celte voix mapi»-
■f qui triomphe du démon,
.ne» des captifs de Satan. Telle est
Hive le monde et ouvre te riet aiu
porte» d" Tonfer ne ;
•■'le. » l.a foi de l'ierre .•>
<> il'one fermeté ii.-
de rhér<'»ie, ni
paleb&e uu II u:>>iront jamais à la reuicrscr. •
I L-TtU OV *AINT POKTirl
Quand le n^.>n<au pontife tenait ce tancnAC, ai
plein .1. ■■ ' • - - ', "i ,'t de r.itltîaner
triomphante dans les promesses divines faites à
l'Eglise; quand il parlait à son religieux audi-
toire de la paix comme d'un bien que Dieu seul
pouvait alors donner au monde, son regard ne
rencontrait partout que des champs de bataille
ensanglantés, que des luttes acharnées entre les
catholiques et les hérétiques.
Les Manichéens, les Donatistes, les Ariens, les
Priscilliaiiistes infestaient l'Eglise; les Nesto-
riens et les Eutycbéens surtout, semaient l'ivraie
au milieu du bon grain et entraînaient d'in» leurs
erreurs un nombre considérable de catholiques.
Le saint Pontife, armé du glaive de la pa.-ole
de justice et de vérité, et revêtu de son autorité
de Chef suprême de l'Eglise, combattit avec
vigueur tous les ennemis que Satan avait suscité»
pour attaijuer la religion, faire prévaloir le men-
songe et l'erreur. 11 lit châtier les Mniiirhéens
qui se trouvaient dans Rome, et ordonna de
punir sévèrement tous ceux que l'on pourrait
rencontrer soit en Italie, soitilans les autres pays.
Il favorisa grandementtous ceux qui, en Afrique,
s'élevaient contre les Donatistes, et écrivit aux
évéque» d'Espagne des lettres pour leur recom-
mander de veiller attentivement sur les Priscil-
liaiiistes, qui s'agitaient sans cesse, et jetaient la
trouble parmi les catholiques.
■UTTdlkS — CONCILI Dl C«*LC<DOI.-«l
Enlin , pour couronner glorieusement «on
<puvre, le grand pape rassembla dans la ville
de Chalc'-doine an concile oecum'-nique composé
de plus de six cent» évéque», qui rnndamna
soleiinfllement la funeste erreur d'Eulychè».
Cet imiiie prétendait qu'il n'y avait en Jésus-
Christ qu une seule nature, comme il n'y a qu'une
seule personne; la nature divine ayant comine
ab<>orbé et fait disparaître la nature humaine.
C'était nier le mystère même de rincamalitni,
car si la nature humaine ne subsiste plus dis-
tincte de la divinité dans l'unité de la personne
du Verbe, on ne peut plus dire que le Kils de Dieu
s'est fait homme. C'était renier ainsi toute l'iruvre
de la llédemption. Car si Jésus-I'lirisl est seule-
ment Dieu, il ne peut plu» mourir pour iiou«, el
s'il ne tient plus à nous par son humanité, il ne
peut plus servir de médiateur entre Dieu et
rhoniine, auquel il est étranper. Il faut que J.^sus-
Christ soit liomnie pour représenter l'Iiumme
auprès de Dieu, et Dieu pour faire accepter de la
justice divine, qui ne doit rien à l'homme, aes
mérite» et sou intercession.
L'erreur d'I'ulychès força saint l.éon A «ipli-
3uer ■■ clarté nouvelle la •' ■ ' ' :
isl! - nature» dan» l'un '
en J.'-M'- I iiriMt. C'est k ce sujf-l q'i u
admirable lettre »nr l'Incarnation : tetli
cou. ■• ''• m'aux êvani.'ile» cl qui
été ■• dans l'Ef-lise comme I •
ta pi;. . ... .1-, la plu» noble, la plus .;..,....
la cmyanre rntholique sur le do^ni* A» llncar-
uatiun du Sauveur.
Dan» le Pr/ «;Hrifwrl de Je'u
r.i.'i.i.te iv.ijr • i,t,.|,,Ju \f |.,,
le récit «uivaiil : •• l.re. ■
Home, m'app'it ry\- l"" i ' m
l.eoii, .ipr- < avoir écrit »a I
•» «iir le lomb'fin dit pr<n<"»
: r ' r, f i i ' 1 1
les corrections nécessaires.» Le pape, ayant repris
la lettre sur le tombeau, y remarqua, en elfet, les
corrections exécutées de la main de saint Pierre. >>
Celte lettre produisit un effet admirable au
concile de Ch.ilcédoine. Les six cents évoques,
après en avoir entendu la leclnre, s'écrièrent
d'une Toiz unanime : « C'est Pierre qui a pEirlé
par Léon. »
SAnrr l<on et athi^
Le saint Pontife, après avoir calmé les esprits,
rassuré les catholiques et glorieusement triomphé
d^ tous ses implacables ennemis, se croyait en
sûreté dans la Ville éternelle, quand Attila, le
terrible flt^mi fie Dieu, tomba sur l'Italie avec une
armée formidable de Barbares.
Devenu maîlied'Aqnilée, il larédaisit en cendres
et mit le pays à feu et à sang ; puis, continuant
se» rataçes, il saccasea Milan et s'empara de
Pavie. L'empereur Varenlinien III et sa cour quit-
tèrent précipiiaiiuiient Ravenne et vinrent s'en-
fermer dans les murs de Rome. L'empereur, le
Sénat, le peuple, saisis d'effroi, ne virent qu'un
sauveur nossible : saint Léon.
Une deputation des plus nobles Romains vint
le prier daller au-devant d'Attila et de s'inler-
fioser pour eux. l.a mission était diflicile et péril-
euse : si Dieu lui-mérae n'intervenait, le seul
espoir de .salut était de compter sur la miséricorde
d'un roi sans miséricorde, c'était compter sur un
miracle. Le miracle eut lieu.
Le 1 1 juin 4ii2, accompagné du consulaire Orié-
nus et du sénateur Trigétius, précédé des princi-
paux membres du clergé romain, et suivi par les
vœux, les prières, les larme» de toute la popula-
tion, le noniife quitta Rome pour aller à la ren-
contre d Attila. Le roi des Huns était en ce moment
non loin de Mantoue, sur les bords du Mincio.
Avant de péni'trer dans le camp des Barbares,
saint Léon se reviUit des insifjnes pontilicaux.
Tout son clergé se mit en procession et il se
présenta devant le flcau de Duu.
Attila l'accueillit avec respect, promit de vivre
en paix avec l'empire, moyennant un faible trihut
annuel. 11 fil aussitôt cesser les actes d'hostilité
et, que1q\je temps après, fidèle à sa parole, il
repassait les Alpes.
Les Barbares de mandèrent à leur chef pourquoi,
contre sa coutume, il avait montré tant d(? respect
au pape. « Ce n'est pas, répondit-il, le person-
nage avec lequel j'ai conféré qui m'a subitement
fait changer de résolution. Pendant qu'il me par-
lait, je voyai.s à ses côtés un pontife d'une majesté
surhumaine. Il se tenait debout; des éclairs jail-
lissaient de ses veux ; il portait à la maiu un glaive
nu ; ses regards terribles, son geste menaçant
m'ordonnaient de consentir à tout ce que deman-
dait l'envoyé des Romains. » Ce personnage était
saint Pierre.
Léon ayant donc, par l'intermédiaire de l'A pAtre,
triomphé d'Attila, rentra à Rome aux acclama-
tions du peuple qui, dans son eutbousiasme, lui
décerna le titre de Grand.
inCBATITCOI DU ROMAmS
Le chef de l'Fglise prescrivit aussitôtdes prières
fiubliqnes pour remercier DifU ; mais ce peuple
éger, ingrat et corrompu, après quelques jours
consacrés à ces témoignages île reconnaissance,
se précipita avec plus de fureur aux jeux du cirque,
aux th<-Atres, à la débauche. L'''mpereiir Vaïen-
tini'Ti •liitiiia rex<'tni>l'' •!<■ nllp ib t'radalinn par
les actes de l'immoralité la plus révoltante. Les
beaux esprits du temps, pour se dis|)eiiser de
rendre grâces à Dieu et à ses saints de la retraite
d'Attila, attribuèrent le succès de l'ambassade de
saint Léon à l'inlluence salutaire des astres.
LE S.M.NT PONTIFB LBS ENG.\GB A SAVOIR PROFITKa
DES BIEJVFAITS DE DIEU
Le cœur du pontife fut profondément aflli:.'é
à la vue de ces désordres et de cette coupable
ingratitude. Le jour de la-fête des Apôtres saint
Pierre et saint Paul étant venu, Léon-le-Oand
firononça devant le peuple cette homélie, avec
es accents de la douleur la plus expressive et
d'une sévérité adoucie par une tendresse toute
paternelle :
« Mes bien-airaés, la solennité reli;;ieuse, éta-
blie à l'occasion du jour de notre délivrance où
toute la multitude des fidèles afiluait à l'euvi
pour rendre grâces à Dieu, a été, en dernier lieu,
presque universellement négligée : c'est un fait
qu'a mis en évidence le petit nombre même de
ceux qui ont assisté à cette sainte cérémonie ;
un abandon si général a jeté dans mon cœur une
profonde tristesse et l'a pénétré des plus vives
appréhensions. Car il y a beaucoup de danger
pour les hommes à se montrer ingrats envt-rs
Dieu et à mettre ses bienfaits en oubli, sans être
touché de repentir, malgré les punitions qu'il
inflige, et sans éprouver aucune joie pour le
pardon qu'il accorde. Je crains donc, mes bien-
aimés, qu'on puisse appliquera des espiits aussi
indifférents cette parole du Prophète : « Vous les
avei frappés, et ils ne l'ont point senli; vous les
avez brisés de coups, et ils n'ont poiut voulu se
soumettre au châtiment. »
» Je rougis de le dire, mais je suis obligé de
le déclarer : on dépense plu» pour les dr-nions
que pour les Apôtres; des spctacles insensés
attirent une foule plus pressée que la basilique
des bienheureux martyrs. Qui donc a sauvé cette
ville! qui l'a arrachée à la captivité? qui, enfin,
l'a soustraite aux horreurs du carnage? Est-ce
aux divertissements du clique qu'on en est rede-
vable, ou à la sollicitude des saints ? N'en dou-
tons pas, c'est par leurs prières que la justice
divine s'est laissé fléchir; c'est grâce à leur
puissante intercession que nous avons été réser-
vés à une indulgence miséricordieuse, lorsque
nous ne méritions qu'une colère implacable.
» Je vous en conjure, mes bien-ainiés, laissei-
vous toucher par cette réflexion du Sauveur,
qui, après avoir guéri les dix lépreux, lit obser-
ver qu'il n'y en avait qu'un seul parmi eux qui
fiit revenu pour le remercier : marquant par là
que les neuf autres, qui avaieut aussi recouvré
la santé du corps, sans en témoigner la même
reconnaissance, n'avaient pu manquer à ce
devoir de piété, sans une impiété manifeste.
Ainsi, mes bien-aimés, pour qu'on ne puisse
vous appliquer le même reproche d'in^jratitnde,
revenez au Seigneur; comprenez bien les mer-
veilles qu'il a daigné opérer parmi nous; cardez-
vous d'attribuer votre délivrance à l'influence
des astres, comme l'imaginent les impie», mais
rapportez-la tout entière à la miséricorde inef-
fable d'un Dieu Toul-Puissant, qui a bien voulu
adoucir le» cœurs furieux des barbares. Recueillez
toute l'énergie de votre foi pour graver dans votre
souvenir un si grand bienfait. Une néfili^ienre
rare doit être réparée par une snlisraiiion
plus éclatante encore. Profitons de la doureui ilu
Maître qui nous é|i;ir;.ne pour trav.nller à ih'us
corriger, afin que saiiit Pierre et tous les aulrps
saint*, qui nous ont secourus dans une inlinité
d'aflliclions et d'an;.'oisses, daignent seconder les
tendres supplications que nous adressons pour
vous au Dieu de miséricorde. »
COWIKST SAINT LKON CONVERTIT U.NK STATCK Dl JUPITU
LN L'NK STATUE DB SAINT Pl&BHI
Ce langage prouve ëvidemment que saint Léon
croyait à la délivrance de Rome par un secours
visible de la divine Providence et par la protec-
tion efficace des saints Apôtres.
Aussi, en actions de grâces d'un si grand bien-
fait, le pieux pontife fit'jeter à la fonte le brome
idolâlrique, longtemps adoré sous le nom de
Jupiter Capitolin, et le transforma en une statue
de saint Pierre, qu'il fit placer dans la basilique
Vatirane. Encore aujourd bui,les fldt-les viennent
de tous li-s points du monde en baiser le pied,
visiblement usé par la dévotion de tant de siècles.
INGBATITL-DI DK3 ROMAINS PUNII
Cependant, Rome, si ingrate envers Dieu qui
l'avait sauvée de la fureur du terrible Attila,
devait élre cliAtioe. D'ailleurs, les derniers ves-
tiges de l'empire romain, devenus un obstacle à
la civilisation chrétienne, devaient disparaître.
En 455, (ienséric. roi des Vandales, qui s'était
déjà emparé de l'Afrique, de la Corse, de la
Sicile, marchait sur Rome avec une armée formi-
dable. L'empereur, le Sénat cherchent leur salut
dans la fuite, personne ne songe i se défendre :
les portes de la Ville éternelle sont ouvertes, et
les citoyens, tremblants, attendent la mort.
Saint L'^oii, avec le même courage qu'aux
jours d'Attila, va au-devant du roi barbare, et
obtient de lui qu'il se contentera de piller la ville
sans y verser le sang, sans y mettre le feu. Les
Vandales se retirèrent au bout de quinie jours,
emmenant un immense butin et un grand
nombre de prisonniers. Léon pourvut aux besoins
spirituels et corporel» de ces derniers, en en-
voyant en Afriquedesprftresiéléset desaumânes
considérables; il rendit propres au culte les
églises dévastées, les pourvut de vases et d'orne-
ments sacrés; car on n'avait pu sauver du pillage
que ceux des églises des bienheureux apôtres
Pierre et Paul.
ViaïUS DB SAINT LtoH
L'humanité, la douceur et la charité étaient
les vertus principales de saint Léon-le-Crand.
Ecoutons ce qu'il nous dit 4 ce sujet : « C'est une
maxime fondamentale du christianisme, que 1rs
seules et vraies richesses consistent dans cette
bicuheureiue pauvreté d'esprit, si fortement
recommandée par le Sauveur, c'est-à-dire dans
l'humilité et le parfait détachement de toute
affection terrestre. Plus on est humble, plus on
est grand; plus on est pauvre d'esprit, plus on
est riche. Notre progrès dans celte pauvreté
d'esprit sera la mesure de la part que nous
aurons à la distribution de la grâce et des dons
célestes, u
DBRNifcniS ANNEES DD PAPE
Le vénéré Pontife, après avoir sauvé Rome des
fureurs d'Attila et de (.enséric, employa le reste
de sa vie à réparer les abus qui s'étaient glissés
dans la discipline ecclésiastique, à la suite des
troubles causés par les barbares. 11 écrivit en
m^me temps de nombreuses lettres aux évéques
d'Afrique, de Sicile, d'It&Iie, d Espagne et des
Gaules.
Enfin, il s'endormit dans la paix du Seigneur
le 10 novembre 46) , après avoir siégé vingt et un
ans, un mois et treize jours.
Son corps fut déposé dans la basilique du prince
des Apôtres.
LES teaiTS DE SAINT LlfON-LB-CRANO
Ce grand Pape doit à ses écrits la meilleure
partie de sa gloire. Ils sont, en effet, les monu-
ments les plus authentiques de sa piété, de sa
science et de son génie. Ses pensée» sont vraies,
pleines d'éclat et de force, ses expressions ont
une beauté et une magnificence qui charment,
étonnent, transportent. Il est partout semblable
à lui-même; partout, il se soutient, sans jamais
laisser paraître d'inégalités. Sa diction est pure
et élégante ; son style est concis, clair et agréable.
Ce qui passerait pour enllure dans un écrivain
ordinaire n'est que grandeur dans saint Léon. On
remarque, dans les endroits mi'^mes où il est le
plus élevé, une facilité qui écarte toute apparence
d'affectation, et qui montre qu'il ne faisait que
suivre l'impression d'un génie naturellement
grand, noble et porté au sublime.
La manière dont saint Léon rend se» idées
mérite moins encore l'attention que l'importance
des sujets ou'il a traité». On trouve, dans ses
sermons et aans ses lettres, une piété consommée
et une connaissance parfaite de la théologie, cp
qui fait que le lecteur est tout à la fois instruit t-t
édifié. En un molj on peut les comparer à une
sorte d'arsenal ou l'Eglise trouvera dans tous
les siècles des armes propres à confondre les
hérétique».
.Mais jamais sa parole n'est plus grande et plus
inspirée que quand il parle de l'auguste myslèri-
de rincarnation du Fils de Dieu, qu'il sut défendre
si énergiqucinrnt contre tant d'hérésies ; c'est
pourquoi on lui a donné le titre glorieux de
hoc(rur de ilncamation.
£. FETiniEiiav,|inp.-0<r«n(,e,nie Kraofou l",pBn*.
SAINT SABAS LE GO TH
Fête le 12 avril.
Martyre de saint Sabas.
La nombreux"' nation des Goths, descendue de la
Scandinavie (Suède et Norvèpe, spécialement du
Gnthiand) avait travcrs(* l'Allemagne et était allée
»p fixer jur les bords du Danube et de la mer Noire.
Encore païenne et barbare, elle faisait de nombreu-
se'» incursions sur le Icrriloire de l'empire romain.
De» prisonniers (hrf^liens. ramenés captifs à la suite
de ces expéditions, furent les premiers :ip6tres des
Goths et apportèrent la vraie liberté des enfants
de Dieu aux durs maîtres qui les avaient réduits en
esclavage. De» missionnaires calholiques vinrent
à leur aide, et IKylise de Ji'sus-Chri^t compta de
nnrril.reux fidèles parmi les Golh.«, dès le troisième
!■• df notre ère.
> ni Ai;cu«liii noiiV r.ipporte qu'un grand nombre
de Goths calholiques, alors que l'arien Valens tenait
les rênes de l'empire ronriin, furent honorés de la
couronne du martyre. Parmi ces généreux confes-
Sfurs de la foi, celui dont nous entreprenons
d'écrire ici la vie, Sabas, brille d'un éclat tout par-
ticulier. Il semble, (c'est la remarque qu'ont faite ses
premiers hisloricns)il semble que Dieu, en choisis-
sant, au sein d'un peuple sauvage et grossier, une
(leur aussi délicate et aussi suave pour son parterre
céleste, ait voulu montrer encore une fois qu'il ne
fait point acception de persopnes, mais que dans
li'Utc nation, it suffit, pour lui Hth Of/rt'alile, 'le le
cruintre et d'aimer sa lUifice, selon j.i pai"l'' de
saint Pierre.
C,t> (|iii n'psi pa« moins admirable que cette voca-
•m^M
^/l
lion céleste, c'est le zèle avec lequel noire Saint
correspondit à la gràoe, dès sa plus tendre enfance.
Tel qu'un astre resplendissant au milieu de ce
monde, on voyait briller en lui tous les genres de
vertus: sa foi ^tait pure, son obéissance prompte à
faire le bien. Il était doux et humble; il n'arait
point ciit.' rliiquence qui plaît aux oreilles mon-
daine*. 111, lis il possédait à un haut deiijré la science
oui f.iil lis saints. Affable envers lou«, il savait &
I occasion lerraer, au nom «le l.i vi-rité.la bouche aux
païens. Humble et réservé, il ne ménageait rien
({uand il s'agissait d'un bien à faire. Il mettait son
bonheur à chanter les louanges de Dieu dans l'église,
pour laquelle il avait (i'.ull> urs la plus grande solli-
citude. Sobre et chaste, 'vitant avec soin toutes les
occasions de péché, vaquant chaque jourà la prière et
aux jei^nes, il ne lui suftisuit point de tendre lui-
même à la vertu, mais ilexcitait lesautresà l'aimer;
bien des fois, avant son glorieux triomphe, on le
vit se faire le champion de la vraie doctriue et par-
ticulièrement dans l'occasion suivante :
La persécution venait d'éclater : les cbofs de la
nation forçaient les chrétiens à manger des viandes
•lis, pour sauver
T des viandes .-oi-
(ui, en réalité, ne
Notre Saint s'en
s'opposait à cette
offertes aux id
leurs proches b-
«lisant imnv ' u:,
venaient f ens
aperçut ; i.i ,.< ,. .ane
hypocrisie. S'élançant doue au milieu de la foule
" Si quelqu'un, s'ecrie-t-il, touche à ces viandes, il
cessera d'être chrétien, » et sa fermeté déjoua la
ruse.
Dans une autre occasion, ces mêmes p.i nt
résolu de jurer en présence de» C" .-s
d'Alhanaric, le roi païen des Gotbs, q
tien ne se cachait parmi eux. Sabas, iiii à
la crainte, se présente de nouveau en public : <> Uue
personne, dit-il, ne jure pour moi. car je suischré-
tien. > Un le traîna, lut seul au Iriounal, mais
comme il ne possédait aucun bien, l'inique magis-
trat le renvoya en disant : •• Un pareil homjne ne
saurait nuire ni être utile. »
Enfin éclate une troisième et ' '' • ■-.:^- ■•■ p
Or le saint |0ur de Pâques ap
■' t.r.r celte fête en i ,„,,,...>,.
Mais en chen
\ lui .iiui.iriit :
voulait
nomii
pect II ,
et allez au
à cause de
I it'nnr.iit ■.
clierclie i ■
.ibotlil.lllte
I
lollllx
une d'un as-
:, lui dil-il,
le, qui avait fui
nu : mais Sabas
ilisent. >. et il
^t iiit une neige
luin. A ce signe,
Il obéit, va Irou-
Siml rec«niiaU la «
I' et célèbre ii\cc, lui d^us l'allégresse, les
1 ■ les.
Ml;-, Il in« lanuit du mardi au mercredi, Atharide,
UN d'un prini-e nommé Ithoteste, se jeta sur le vil-
lage avec r ' ' 1 ' '
Kiie» d'un I
un <-har. (j>>'>"> " n-^ir- im . .^^ m..
cIé rent de son lit et le traînèrent nu
i>. '1,'. il II . Il, iiiii. S',,ii . ,,i,l..i,l. .1',..
Is bien di
' il jeté dans
i»ir4-» l'arrap
a travers let
1-1 i.,-^
mais que soutenait la grâce d'en haut. Ils l'attachèrent
par les épaules à un des essieux du char et à
l'autre par les pieds ; alors ils firent manœuvrer le
char et s'amusèrent à le tourmenter une grande
partie de la nuit ; après quoi ils le laissèrent atta-
ché et s'endormirent. Une femme survint et délivra
le martyr: mais notre Saint, loin d'en prolller pour
échapper par la fuite aune mort certaine. aida tran-
quillement cette femme ù préparer des aliments
pour le déjeuner des gens de la maison.
Atharide, furieux en appreii.iut que son (irisonnier
avait échappé aux tourment-, ordonne de le suspendre
à une poutre de la inaisou. Il souffrait cruelle-
ment dans cette fAcheuse posture quand les en-
voyés du persécuteur se présentèrent, chargés de
mets offerts aux idoles : u Voici, dirent-ils aux deux
captifs, voici ce que vous envoie le uraud Atharide;
maugei et vous êtes sauvés. — Nous, chrétiens,
répondit Sansale,nous ne touchons point a ces mets :
notre loi nous le défend. Ainsi donc retournez et dites
à votre luallre qu'il nous dévoue plutdt au gibet ou
qu'il nous fasse périr de telle manière qu'il lui
lui plaira. »
Et Sabas, à son tour: • Qui nous envoie ces cho-
ses? — C'est, répondent les paiens, le seigneur
Atharide. — Il n'y a qu'un Seigneur, réplique Sabas,
c'est le Dieu qui habite dans leCiel. (Juantà ces met»
de perdition, ils sont ith' ■• ■■' — ''iies aussi bien
qne votre maître Athai : le ! •
A ces mots, l'un des eu. . .... ...une do colère,
lance contre la poitrine du Saint, sou juvelot avec
une telle violence que les assistants purent le croire
percé de pari en part. Mais le Saint, dont la dou-
leur (lue devait lui causer cette blessure ne pouvait
affaiblir le courage, s'adressant au meurtrier: «Pen-
ses-tu, lui dit- il, m'avoir tué 1 Sache que ce coup ne
m'a pas causé plus de douleur que ne m'aurait fait
un llocon de luine. > El de fait pas un cri ne lui
avait échappé et, ce qui n'est pus moins niorveilleux,
son corps ne portait aucune trace du coup.
Cet événement poussa le |" r a se débar-
rasser (lu héros chrétien ; p.i' es, Sabns est
-''; -iT-i* Hi' -■ ■ -T^'- :-non ei iiaïui- UU t ■ ' '
! Iiui .Mussovo en \ 1
.1.,,..- .. ...1 .i. .■,„,i.„iÉlé toule (■•■i"-i- ■< .
■• Par quel péché Sansale a-t-il • ne pas
mourir avec moiî » — « Tu n'a*' ' , .JenI ■■'<
barbares, d'ordre ù. donner l,i Alor» ni
ni.utvr. dont r.liiii- était iuo loi.- de 11
" Vous
Kilf est
. Ulull^ qu il iue pioiuru une
.1 de terme. Ainsi vuu'« en usez,
Sei«;iieur, a.ec vus serviteurs, m II pria de la sorte
pendant tout le chemin.
Cependant se» bourreaux > ' >
» Pourquoi ne pas laisser ei
Atharide n'en saura rien. » Mu- i» ^.mn ininw
•• Laissez vos hésitations, I un vous ordonne,
..1... .-..., V...,. ... ._ .,, , .. ... ,1 ...V-. I
1,1
lartyr. Au lever •!
et, it'adresrant t
r dit-il, train* xans véte-
■•r« In n'pf'nl'*» et les ron-
' blessés t
■ Iri^»- des
es. Il neiail af;« que de da an>
chrétiens fidèles, qui le «ardèrent jour et nuit,
jusqu'à ce qu'un noble Romain, nommé Junius
Soranus, l'eût fait enlever et ensevelir sur le terri-
toire de l'empire. Quelque temps après, Junius fit
don de ce précieux trésor à la Cappadoce, sa patrie.
On mit par écrit le récit du martyre de ce glorieux
soldat de Jésus-Christ et on l'envoya aux autres
f'îrlises. « Ne manquez donc pas, nos très chers
frères, disait l'auteur du récit |l), en terminant sa
1 Oo pense que cet écrivaiD était saint Ascholius
évèque de ThessaloDique.
lettre, d'offrir à Dieu le divin sacrifice le jour où le
saint martyr a été couronné ; faites-le savoir aux
autres fidèles, afin que tous ceux qui composent
l'Eglise catholique et apostolique, se réjouissant
saintement dans le Seigneur, unissent leurs voix
pour le louer et le bénir. Saluez de notre part tous
les saints. Ceux qui souffrent ayec nous pour la foi
vous saluent. Gloire, honneur, puissance, majesté,
à Celui qui, par sa volonté et le secours de sa grâce,
peut vous couronner dans le ciel, où il règne avec
son Hls unique et le Saint-Esprit dans le? siècles
des siècles. Amen. »
: > :
SAINT ERKEMBODE, ÉVÊQUE
Fête un avril.
ORIGINE DO SAINT
L'origine de saint Erkembode ne nous n pas été
conservée par les historiens anciens ; elle a donné
lieu à une foule de suppositions que nous ne sau-
rions rapporter ici. .Nous ne citerons que les deux
suivantes qui nous paraissent plus vraisemblables.
La première fait de notre Saint un enfant de la
Morinie (arrondissements de Boulogne et de Saint-
Omer). Sa piété et son zèle pour le service de Dieu
l'auraient porté à se faire en quelque sorte le guide
et le disciple des saints Lugle et Luglien, ces deux
martyrs irlandais, les premiers maîtres d'Erkem-
bode dans la vie spirituelle.
La seconde opinion partagée, entr'autres par le
P. Malbrancq, donne, au Bienheureux l'Irlande pour
patrie. Cette assertion s'appuie sur les preuves sui-
vantes : d'abord, le nom même d'Erkembode, lequel
présente beaucoup d'analogie avec les noms alors
usités en Angleterre. La seconde preuve est tirée
de sa communauté de vie avec Lugle et Luglien
qu'il aurait, selon cette hypothèse, suivis dans leur
voyage en Gaule.
MARTrBB DES SAINTS LD6LB ET LL'GLIE:»
Nous le voyons, en effet, accompagnant ces ser-
viteurs de Dieu àThérouanne, fuyant avec eux cette
ville où leur réputation de sainteté les avait pour-
suivis; enfin, lorsque des brigands, près de Ferfav,
immolent ses deux maîtres dans la vie spirituelle,
Erkembode seul parmi leurs nombreux disciples
ne fuit pas le danger. Laissé pour mort par ces
monstres, il se relevé, puise, dans son cœur dévoué
et profondément religieux, la force de regagner
Tbérouanneet d'annoncer à l'évêque, saint Bain, ce
douloureux événement et ne songe à prendre du
repos qu'après avoir fait ensevelir les deux Irlan-
dais d'une manière digne de leur éminente sainteté.
lAIKT RRIBMBODK A SITBIU
Lecteur de notre Saint dut être brisé par ce coup
funeste (jui lui enlevait son plus grand appui. Néan-
moin» Dieu, qui avait ses vues sur lui, veillait sur
leur. Il le conduisit dans l'abbnye do Sithiu
i(ia an crand saint fiprtin, l'un des plus
(ui illustrèrent ce siècle si
aux voies de la Providence,
!•• lui. i.piii.. «on élude à imiter un IVre si
. et .^ devenir comme un miroir où ne reflé-
V * vertus du fondateur de Sithiu.
SALVT ERKEHBODB ABSi
Mais le plus grand éloge que l'on puisse faire de
notre Saint est certainement de dire qu'il fut abbé
de ce célèbre monastère, quelques années seulement
après la mort du fondateur. Sithiu, en effet, cette
pépinière de saints, était alors, comme le fait
remarquera Légendaire de la Morinie, dans toute la
ferveur de sa première institution. Quelle ne devait
donc pas être la vertu, l'expérience, les talents
d Erkembode, pour que le choix unanime de ses
Frères remit entre ses mains une charge aussi déli-
cate I Erlefride et Rigobert l'avaient précédé dans
cette pénible fonction et tous deux étaient morts du
vivant même du fondateur. Ainsi Erkembode rece-
vait pour ainsi dire, des mains de saint Bertin, la
crosse abbatiale encore toute resplendissante des
vertus inimitables dont ce dernier l'avait ornée.
VERTDS DB l'aBB^ OB SITHID
Sera-t-il à la hauteur d'un tel choix ou trom-
pera-t-il l'espoir de ses Frères T Son historien , son
surcesseur dans la charge abbatiale, va nous
l'apprendre.
■1 Erkembode, dit-il, une fois promu à la dignité
suprême, mit toute son étude à conserver les obser-
vances religieuses dans leur intégrité, à augmenter
les possessions du monastère, à les défendre contre
les agressions du dehors. Il voyait, en effet, dans sa
nouvelle dignité, moins un honneur qu'un fardeau
et désirait moins être appelé abbé que l'être en réa-
lité. Il sullit. pour s'en convaincre, de lire les chartes
et privilèges que ses pressantes sollicitations obtin-
rent de plusieurs rois de France en faveur de son
abbaye. <• — Autour de l'abbaye de Sithiu, s'est
formée peu à peu une ville, aujoiurd'hui importante,
sous le nom de Saint-Omer 'Pas-de-Calais).
SAINT BBKBMBOOB 6rtoUB
Cependant le siège de Thérouanne étant venu à
vaquer par la mort de Havenger, successeur de saint
Bain, la voix du peuple, qui est aussi celle de Dieu,
appela au trône épisropal le pieux et savant !il'\<<-
de Sithiu, qui néanmoins ne laissa pas de ganier
l'administralion de son monastère. Ainsi il unit.
selon la remarque de son historien, la fécondilc de
lia à In beauté de Rachel. la vie active à la rom-
toraplation, sans que lune nuisit à l'autre, mais le»
deux se con«nlidant. El c'est là. sans contredit, l'un
des caractère» les plus remarquables de notre Saint.
Sa Tie, selon la remarque du Légendaire de la
Horinie, fut une vie de paix, de travaux obscurs
mais incessants, une existence passée tout entière
a consolider une œuvre difBcile, celle de l'évangé-
lisation de? Morins, à élever des «'{rlises, à former
des pasteurs, à défendre son Ironj.eau contre les
attaques du dehors.
MOHT DE SA1^T KIULEUBODE
Ainsi s'écoulait celle vie partagée entre la prière
et les œuvres, entre la contemplation et la vie
active, celte vie qui unit la nart Je Marie à roffice
de Marthe, et qui est si agréable aux veux du Sei-
gneur, lorsque la mort vint donner au bon servi-
teur le prix de ses travaux. Ce fut l'an 74i que
notre Bienheureux échangea les biens de la terre
pour les bieni- du ciel, les biens périssables pour
es biens ilernels.
L'hi>torien ne rapporte aucun miracle : « Non
pas, dil-ii, qu'il faille croire que notre Saint n'en
l
ait point accompli, mais il faut accuser de cette
m-gligence les historiens qui ne les ont point trans-
mis à la postérité. »
TOHBUU UE SAI.NT ERKEMBODB
Quoi qu'il en soit, il ne faut rien moins que de
nombreux miracles pour expliquer l'affluence i
travers les siècles, de toutes les générations, au
tombeau du Saint. Ce tombeau se voit encore au-
jourd'hui dans l'église Notre-Dame de Saint-Omer,
au côté de l'Evangile. En plusieurs endroits le grés,
malgré sa dureté extrême, se trouve profondément
usé, résultat du passage d'une longue suite de géné-
rations qui sont venues se frotter avec conllance
contre celte pierre, pour être délivrées de leur* maux
corporels.
Un autre acte de piété et de confiance très fré-
quent consiste à attacher au tombeau du Saint les
petits enfants qui ne peuvent marcher seuls et dont
sa vertu dissipe les craintes.
SAIIST SABAS. GÉPSÏiltAI. l*OMAI>.- l"r MAKTVFt
Fête le 24 avril
Saint Sabas, Goth d'origine, éteit un générai
rumain qui reçut le tribunal militaire des mains
lie l'empereur Aurélien. Partisan secret de la reli-
tion chrétienne, il ne craignait nas de visiter ses
frères plongés dans les cachots de Kome. Cet acte
de courage, non moins aue ses hautes vertus, le
désignaient à la haine de ses envieux. Dénoncé
auprès de l'empereur, il avoua franchement qu'il
adorait Jésui-Chrisi et jeta loin de lui ses insignes.
In ordre du tyran le fit suspendre cruellemenl à
une poutre, puis torturer avec des torche* ardentes.
ICiilin, plonge- dans un bain de poix bouillante, il
en sortit sain et sauf. Ce miracle attira A notre sainte
relicioii soixante-dix nouveaux chrétiens qui furent
bientôt soixante-dix martyrs, car ils payèrent de
leur tète leur cénéreuse confession. Quant h saint
Sabas, il fut jeté dans un QeuTe et mérita ainsi ta
couronne du martyre.
la . ^irnm K PrTimtinT » «• tra»*»" I" •*•"••
SALM JUSTIN, PHILOSOPHE ET MARTV15
Fête le i 3 avril.
Justin, avide de vérité, se promène sur le bord de la mer, quand un vieillard majestueux
lui indique les Saintes Lettres conuue source de la vraie philosophie.
LES PIIIU>SOi-UKS KT LES l'HOPUETCâ
Saint Justin naquit vers l'an 103, dans l'anlique
Siclicm, aujourd'hui Naplouse, près du puits de
Jacoh. Fils et petit-fils île vétérans romains, il
ne suivit pas cependant la carrière des armes.
Iiieu, qui voulait l'attiri-r à la connaissance de la
vérité, lui avait donné un esprit pénétrant, avide
■ lo tout savoir, et porté de préférence à la
r"cherrbe de la science.
l)>s raa premi'-re jeunesse, dit-il lui-même,
" Tuai^pris d un amourardent pourla philosophie.
■ J"» me mis sous la conduite d'un stoïcien.
Mais, après être demeuré longtemps atec lui, je
m'aperçus que je n'apprenais rien sur Dieu, dont
la connaissance, à son avis, était inulile. Je le
quittai donc pour m'adresser à un péripatéticien,
homme d'une çrande finesse d'esprit, il le croyait
ilu moins.
» Anrès quelques jours, il me pria de convenir
avec lui dos honoraires, « afin, disait-il, que ses
leçons nous fussent profitables à tous deux. » Ji-
ne pouvais croire qu'une Ame aussi basse fut ci'lb'
d'un philosophe, car la s;i:;csse ne se vend pas
Sans vouloir en entendre davantage, je m'éloif-'nai
de lui.
» Cependant mon ardeur pour la science était
toujours la même; j'allai trouver an pytbagg.
lU-
ricien, qui était en grande réputation, et n'avait
pas lui-même une moindre idée de son savoir.
Il Lorsque je lui eu? témoii.'né le di'-îir J'élre
son disciple : " Tn's bien, me répiMulit-il, mais
savei-Tous la musique, l'astronomie et la géo-
métrie? Sans ces connaissances préliminaires
qui dégagent l'àme des objets sensibles, vous ne
sauriez prétendre approfondir les secrets de la
philosophie, ni arriver à la cnnti'mpiation de la
Dcauté et de la bonté soureraines. m J'aToaai
humblement que j'itrnnrnis ce» sciences, et il me
confiédia sans plus de formalités.
» Je ne fus pas médiocrement désappointi* de
ma mésaventure, elle m'affligeait d'autant plus
que je croyais quelque mérite à ce docteur. Mais
comme les éludes préalables qu'il exicenit de
moi eusst-nl éié nécessairement trop longues, je
ne me scnlis tioint le courage de subir cette dure
épreuve.
» Dans mou embarras, je songeai aux plato-
niciens. Il y fil avait un dans noln- ville, boraïuc
de bon sens et des plus distingués d'entre eux.
J'eus avec lui plusieurs entretiens qui me nro-
fltèrent beaucoup; déjà je rae flattais d être
devenu sage el, dans mon enthousiasme, j'avai>
coneu la folle espérance de voir Dieu bientôt,
car c'est le but de la philosophie de Platon.
» Cette disposition d'esprit me faisait recher-
cher la solitude. In ^jour que je me promenais
au bord de la mer, je vis un vieillard qui me
suivait pas ù ja». Son exti*ricur était majestueux ;
un air de douceur et de gravité était répandu
sur toute sa personne ; noij« entrâmes en con-
versalion. •• lous les philosobes, dit le vieillard,
se sont étiarén dans les sentiments de l'erreur,
et aucun d'eux n'a bien connu ni Dieu, ni l'Ame
raisonnable.
— Si ceux-là ne peuvent nous enseigner la
vérité, m'écriai-je, quels maîtres devons nous
donc suivre ?
— A une époque très reculée, reprit-il, et bien
avant ceux qu'on a cru philosophes, il y a eu
des hommes justes et chéris de flieii, qui, par-
lant par l'esprit divin, ont annoncé d'avance ce
qui se pusse aujourd'hui dans le monde. On les
appelle prophètes, eux seuls ont connu la vérité,
eux seuls l'ont annoncée aux hommes. Us n'ont
r réelle que re qui leur était révélé d'en haut,
eurs é.rits. que nou- , nous font
très bien roniiallre la ] . et la der-
nière fin de tous les eire'.. ils II iMiiplovaient,
pour établir 11 vérité, ni les disputes, ni fes rai-
soiineni'-r ' t:! 'iN. Ce qui doit faii-e croire A
leurs p
en
sont leur» prédictions qui
joui
est venu,
" <Jtinn
. et de son 1 '. qui
n ce monde, ■: ■ qm v
•ITel.
■•«-iti-. Hit en flni's.inl l'inconnu à
iiij
pour que le»
1 •iiver'ps, car
'.«u et
Son ■
A
reM:
y
»Opi
le utilloj'J Ji>)^Aiui, ut uul ne le
LUS PRBHIÉRES ÉCOLES CURÉTIENNES
Après avoir semé la bonne nouvelle dons une
contrée, les apôtres allaient à d'autres conquêtes,
mais ils laissaient à leurs disciples les plus fer-
vents el les plus instruits le soin de maintenir
la foi dans les cœurs. Les évéques, successeurs
immédiats des apiMres. furent après eux les pre-
miers docteurs auMU.L-N recouraient les lidéles,
mais bientôt le* pontifes s'adjoignirent des prêtres
qui enseignaient publiquement la religion chré-
tienne et démontraient par la raison la fausseté
et l'absurdité du paganisme. Telle fut l'origine
des écoles chrétiennes.
Le philosophe converti en fonda une à Home
même, au pied du tri\ne de Pierre, au centre de
l'idolâtrie. Les chrétiens allaient l'eniendre pour
fortifier leurs Ames, les païens pour tenter de le
convaincre d'erreur, mais chacune des réponses
de Juï-tiii lui valait une victoire, el souvent il
eut le bonheur d'amener ses adversaires dans le
chemin du salut.
Son tèle, cependant, ne pouvait <e contenter de
l'étroite enceinte d'une école, il aurait voulu
annoncer la \érilé au monde entier.
Il pSuiua dans un di«cour», au il ailressa aux
Oec. 1<". principaux point' de la morale et des
! léiiens; pour en faire s.nsir la supério-
1 , il les compara au tissu de mensonges
et d'inlaïuiei qui fai»aionl toute la religion des
païens.
" Ne croyei pas, dit-il, que j'aie renoncé sans
motif h votre croyance cl à votre culte. J'ai dû
les abandonner parce que je n'y ai rien trouvé
de suint, rien qui puisse être apréable à Dieu.
I.es fables imaginées par vo* poêles ne sont
autre i hose que des monuments de déraison et
de véritable folie. Mais vous ferei, peut-être bon
marché de vos poète» et de» fables .|u'ils débitent
sur le» dieiiï V.mis iii'leii.lcf II, in.r la vérité
parmi Ic^ , -moi, qui
lient se II ' , , mêle île
leurs contradictions. Aucun d'eux n'a pu en
amener un autre à son avis; bien plus, ils ne
sontpas d'accord a\ec eux-mêmes; ils ne méritent
donc pas plu» de foi rjue vo.
n'ont fait ;
doni'des . ;
el veiiei p >^c
c. imparer v
" Notre ch. I .\ ii>
à notre tête, ne
membre», ni la • ' ' ' .ng,
de la vie et la ;r.
» Le mot d'oiùK ur I '
c'est la vertu. Arme m
li.ille« le« ;■ ■ - ..ii> I
mourir lei
ni po.'ti ». I ^ ; 1
cla\es (le la mort, elle nou» r'
rh'iiiiiiî • !l. f.iit un Uieu; •:
nous en un ciel mille
.1 vot' •. Vrri'-I li >ni- vn
le;, dont ils
• nt'-. Abjurez
|ue ridicules,
(iii ne se peut
u«, le N ei br divin, qui marche
lemande ni la vij;ueiir de»
■ nais la sainteté
liuUt '
habile
qui «Itirr
,.|lr.
•m l>raTkit la mort.
après les épreuves de cette vie, quand elle sera
réunie au Dieu qui l'a créée. Car c'est de Dieu
qu'elle tient l'existence, et c'est à Dieu qu'elle
doit retourner. «
SAINT JUSTIN ET tES PKRSECCTEL"R^
Au commenceraent du rèpne de l'empereur
Antonin, les chrétien? furent l'objet de? pluf ter-
ribles supplices, et l'I^lise soulTrit cruellement,
car le sang de ses enfants coula à grands flots.
Saint Justin prit sa défense, et la voix éloquente
<lu pliilosoplie converti port;i ses plaintes aa
irône des César*. Il le Ht sans faiblesse, et ne
crai^it pas de se dénoncer lui-même aui persé-
cuteurs, en sif-'nant couraiieusement son Àpolo-
ijêtiqne. qui commence ainsi :
'c A l'empereur Titus, César Auiniste, à Véris-
simus, son (ils, au Sénat et au peuple romain :
eu faveur des hommes qui sont injustement
poursuivis comme chrétiens, moi Justin, fils de
i'riscus, citoyen de la colonie de Flavîa Néapolis,
chrétien aussi, j'adresse cette apologie.»
Au nom de la justice, saint Justin réclame
pour les disciples du Christ le libre exercice de
leur culte, faveur que Kome accordait à tous les
peuples. «Bien plus, dit-il, notre foi est la vérité
.'ibsolue, et dt'S lors c'est un devoir pour tous,
pour les empereurs eui-mi5raes, de lui sacriDer
les traditions erronées des aïeux, les préjugés
populaires, leur vie m^rae. »
Après avoir démontré l'injustice des tourments
que l'on faisait suliir aux chrétiens, l'apoloRiste
prouve la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ
par les prophéties : « Si vous voule?. savoir, dit-
il, comment tout ce qui avait étë prédit sur la
passion de Jésus-Christ s'est accompli, lisez les
Actes de PiUite (relation du procès de Jésus-Christ
envoyée à l'empereur Tibère et conservée dans
les archives do Rome). ■> Il renvoie à ces mêmes
Actes, pour prouver que Jésus-Christ a puéri des
•iveugles et ae» lépreux et ressuscité de<! niort^i.
Il venge ensuite les fidèles de toutes les calom-
nies dont les chart,'oaientleursennemis,et ajoute,
en s'adressanl aux princes :
« .Si notre reli^'ion vous parait conforme à la
raison et à la vérité, respectez-la ; si au contraire
tout cela vous semble un tissu de futilités, dédai-
unez-la. Pour nous, il nous suffit de vous avoir
avertis. Vous n'éviterez pas le jugement du Sei-
::neur.Quellequesoitvotre sentence nous redirons
toujours : Dieu soit béni. ••
Cette noble liberté de lansage toucha l'empe-
reur ; un décret déclara bientôt les chrétiens
innocents et leur donna la liberté de se réunir
I>our louer et adorer leur Dieu.
Mai»; la paix ne fut pas de longue durée. Marc-
Aiirèle, qui succéda à Antonin, renouvelâtes édils
'11- mort contre les fils de rKslise.
L'ne injustice inouïe obligea de nouveau saint
Justin à prendre la plume.
L'ne femme de mauvaise vie, devenue clin'-
lienne, avait essayé de faire entrer son mari avec
'Ile dans la voie du salut, en lui parlant des
(eux éternels réservés à ceux qui vivent dans
linconlincnce et la d'^banche. Ses efforts furent
infructueux. Crni;:nant. dés lors, de participer
à ses crimes et à ses impiétés, elle se sépara
de lui.
Pour se venger, le paien la dénonça aux bour-
reaux, et la malheureuse femme fut mise à
mort pour avoir renoncé à la rompatrnie d'nn
liomme dont elle ne voulait plus partager la cor-
ruption.
i.es accents de celte nouvelle défense n'étaient
pas moins énergiques que les premiers, mais ils
furent sans efîet.
L'-^rapereur avait pour favori un philosophe
cynique, Crescent, que sa mauvaise vie et son
avarice rendaient odieux aux idolâtres mêmes,
efqui.le premier, accusait les chrétiens d''ince3te,
d'adultère et d'homicide.
Souventil avait défié Justin dansdes conférences
publiques, mais toujours il en était sorti couvert
de honte et de confusion, car toujours le Saint
l'avait convaincu de mensonge et d'hypocrisie,
sans qu'il put lui-même le mettre un seul instant
en défaut.
Le paien se vengea de tant de défaites en fai-
sant enfermer son adversaire dans un horrible
cachot.
COMME.Vr LES CHRÉTRNS SAVENT KOURIR
Six autres confesseurs : Charito, Charitana,
Evelpiste, Hiérax, Pœon, et Libérianus eurent
l'honneur do partager la captivité et le glorieux
martyre du défenseur de l'Eglise.
C'était, disent les Actes, le temps où les fana-
tiques adorateurs des démons obtinrent la per-
mission de promulguer des édits de persécution
contre la religion chrétienne dans cnacune des
villes et des provinces de l'Empire. On voulait
forcer tous les fidèles à sacrifier aux dieux.
lustin et ses compagnons furent amenés au
tribunal du préfet de Rome, Rusticus.
i< Sois docile aux décrets des empereurs, dit
le juge au philosophe chrétien, et offre de l'en-
cens à nos dieux.
— J'obi'is aux préceptes du Christ, et nul n'a
le droit de me contraindre à les violer, répondit
l'intrépide témoin de la foi ; après avoir étudié
successivement dans toutes vos écoles do philo-
sophie, j'ai embrassé la foi des chrétiens, car
c'est la seule vraie, quoiqu'elle ait autant d'ad-
versaires qu'il y a d'esclaves de l'erreur.
— Misérable! interrompit le païen, comment
oses-tu te vanter de professer une pareille doc-
trine'?
— Oui, je me fais gloire de partager la religion
de ceux qui n'adorent qu'un seul Dieu, cr('ateur
de l'univers, et professent que Jésus-Christ, son
Fils unique, est veim sur la terre, selon les pré-
dictions des prophètes, pour sauver tous les
hommes dont il sera le juge au dernier jour du
monde.
— Dis-moi où se tiennent vos assemblées'?
— Nous nous réunissons partout où nous pou-
vons; notre Dieu est en tout lieu, et l'on ne sau-
rait le circonscrire dans les limites d'un espace
quelconque; bien qu'il soit invisible, il remplit
l'immensité de la terre et des cieux; nous l'ado-
rons partout, et partout nous chantons sa gran-
deur et sa gloire. <>
Cette réponse ne satisfit pas le préfet, qui
aurait été heureux de surprendre d'un seul
coup de filet, tous les prêtres et tous les fidèles
de ^^'glise de Home. " Je veux savoir, dit-il, où
les chrétien^ se ra>isemblent dans cette ville. »
Mais Justin, loin de trahir ses frères, s'accusa
lui-même : •> J'habite près des thermes de Timio-
tinum; tous ceux qui ont voulu venir m'y trou-
ver ont reçu de moi communication de la doc-
trine, seule véritable, que je professerai jusqu'à
la mort. «
Vaincu par tant de courage, Ru«ficus s'adressa
à Charito, it lui demanda s'il était chrétien :
•' Je le suis par la grâce de Dieu, " répondit b'
confesseur. Interrogée à son tour, Charit.nni.
^ <n épouse, fit la même répoin.o.
« Et toi, demanda le juge à Evelpiste, qui
es-lu?
— Je suis lun des serviteurs de César, mais
le Christ m'a donné la liberté véritable, je suis
chrétien, et, comme tel, je suis entré en partage
de la foi, des privilèges de la trràce et des espé-
rances de ceux que vous venei d'interroger. »
Le magistrat romain se tourna vers Hiérax ;
« Es-tu aussi chrétien?
— Oui, répondit le confesseur, je crois comme
eux à Jésus-Christ et je l'adore.
— Qui vous a instruits dans celte religion,
demanda Rusticus, f?t-re Justin?
— J'étais chrétien avant de connaître Justin,
répondit Hiérax.
— Moi aussi, s'écria Pseon. — Et qui t'a ins-
truit? dit le préfet. — Ce sont mes parents qui
m'ont enseian-'' cette foi divine. ><
Evelpiste prit alors la parole. ■■ J'avais une
grande j"ie à suivre les leçons de Justin; mais
j'étais chrf^tien avant de le connaître, celte reli-
gion est celle de mon père et de ma mère. — Et
où sont tes parents? rejïrit le magistrat. — Kn
Cappadoce >•, répondit Lvelpisle.
1^ môme question fut adressée à Hiérax.
!■ Notre père véritable, dit-il, est le Christ, la foi
que nous avons en lui est notre mère. >•
Quand Libèrianus eut aussi généreusement
confessé sa foi, le préfet de Rome s'adressa de
nouveau à saint Justin, et lui dit : a Ixoule-moi
donc, philosophe dont on vante tant la sagesse
et l'éloquence, crois-tu sérieusement que tu mon-
teras au ciel, quand je t'aurai fait meurtrir le
corps de coups de fouet et trancher la tète?
— Si tels sont les supplices que vous me
réserve», j'espère obtenir la récompense accordée
à tous ceux qui ont confessé la foi du Clirisl.
et j'ai la «erlilude que la grAce divine les con-
servera /•lenifllement dans les joies célestes.
— Ainsi, tu t'imagines vraiment que lu iras au
ciel?
— Je ne me l'imaftine pas, je le sais d'une
science certaine, et je n'ai pas à cet égard le
moindre doute.
— Cessons tous les discours, dit le préfet
irrité aux intrépides confesseurs, il s'agit du
l'iiiiit capital : sacriliei tous aux dieux; >i vous
n'obéissez pas de bonne volonté, les tortures vous
y contraindront. »
Justin alors prit la parole pour ses frères.
<• Loin de redouter tes supplices, dit-il, nous
ambitionnons la gloire de les souffrir pour le
nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur; ce sera
notre immortel honneur devant le tribunal de ce
tuge suprême, quand le monde entier compa-
raîtra devant lui. »
Les six autres martyrs firent entendre la même
réponse, et s'écrièrent : <i .Nous ne sacrilierons
jamais à vos idoles. »
Rusticus rendit alors la sentence en ces termes :
•' Pour n'avoir pas voulu sacrifier aux dieux, ni
obéir aux édils de l'empereur, ces rebelles sont
condamnés, selon les'termes de la loi, à subir
d'abord la peine de la flagellation, et ensuite à
être décapités. «
Les saints confesseurs furent conduits au lieu
ordinaire des exécutions; chemin faisant, ils
chantaient les louanges du Seigneur. Après qu'on
les eut flagellés, la hache du licteur trancha leur
tète, et leur Ame s'envola dans le royaume du
Christ.
Le corps de sainl Justin se trouve à Rome dans
la basilique de Saint-Laurent-hors-les-murs, où
il repose dans le même tombeau qui contient
les restes des martyrs saint Ktieiine et saint
Laurent. La cathédrale de t^uitances possède
aussi quelques reliques du phijosorihe martyr.
Kn 1882, Léon .Mil ordonna ù l'h^lise univer-
selle de célébrer, le 14 avril, la fêle de ce saint.
rnikas
0 Dieu. <|Ui par la folie de la Croix, arei
enseiLiié d'une manière admirable au bienheu-
reux martyr Justin la science sublime de Jésus-
Glirist, faites qu'après ovoir rejeté loin de nous
les liens de l'erreur, nous obtenions la fermeté
de la foi. Par le même Jésus-Christ .Noire-Sei-
gneur. Ainsi soil-il.
iwif .-gérant, k. fr .-nnm . •, ru* Irao^oi* I*', Harii
SAINT BÉNÉZET
FONDATEUR DES FRÈRES PONTIFES D'AVIGNON
Fêle le i4 avril.
Saint Béuézet donne les plans du pont d'Avignon.
LE PETIT BERGER
Un, jour d'automne de l'an 1177, Ponce, évêque
d'Avi;;non, était dans la chaire de sa cathédrale,
expliquant à son peuple la parole de Dieu, quand
on vit un enfant du peuple entrer dans r<-ylise
et l'interrompre en criant d'une voix ferme :
" Ecoutez-raoi et prêtez, l'oreille à ce que je vais
vous dire ; Jésus-Christ m'a envoyé vers vous
pour construire un pont sur le Hhi'me. ■>
L'enfant paraissait âgé d'environ douze ans.
On le prit pour un insolent ou un fou. et le
viguier (premier magistrat de la ville), ordonna
sur-le-champ de le conduire en prison, jusqu'à
ce 'fu'une enqn"'te décidât de son sort.
Le petit inconnu se nommait Bénézet (BenoU).
D'où venait-il?
Il !■; déclara sans doute, mais son historien ne
nous l'apprend pas : deux paroisses se disputent
l'honneur de lui avoir donné le jour : Le Villard,
en Vivarais, et llermillon, en Savoie. Nous n'es-
sayerons pas de trancher la question, et nous
pri'férons laisser chacune des deux localités se
réjouir de ce qu'elle estime, non sans raison, sa
gloire. Cependant, nous sommes oblicés de dire
que la Savoie a un litre plus pesant dans la
balance : c'est la tradition constante d'Hermillon
et de toute la Maurienne, assurant que saint
Bénézet est né dans la commune d'Hermillon,
tradition tellement précise, que l'on montre
encore, en face de l'église, l'emplacement où
était la maison de ses parents.
Ce qui est certain, c'est que les parents du
futur patron des ingénieurs étaient pauvres des
biens de ce monde : mais, chrétiens vertueux,
ils pouvaient donner à leur enfant le plus indis-
pensable des trésors, celui de la foi et d'une
éducation sainte. Bénézet, né l'an llOo, était
encore en bas âye quand il perdit son père, ce
qui augmenta la pauvreté de la famille. La
bonne veuve avait quelques brebis; dès que son
enfant fut en âge de les garder, elle le chargea
de les conduire au pâturage, selon l'usage du
pays.
VOCATIO.N
Le n septembre 1177, Bénézet, âgé do douze
ans, gardait son petit (roupeau, comme à l'ordi-
naire, quand il se produisit une éclipse de
soleil. Au milieu de l'obscurité, le jeune berger
entend tout à coup une voix qui crie par trois
fois : .. Bénézet, mon lils, écoute la voix (!•■
.b'sus-Chnst. — Qui ^tes-vous, Seigneur? répond
1 enfant, j'entends bien votre voix, mais ]o ne
lO
puis vous voir. — Ne craius rii^ii. r't>reuJ Là
voix, je suis Ji>su«-Christ; c'est nu'i iiui, d°UB«
spule parole, ai cr>'é le ci*l, la lerre, la llier«t
tout ce qu'ils renferment. — Et(iUf il>'*irez-Tous
de moi, Sei^îueur? — Je veux qui: tu laisses là tes
brebis il que tu ailles bAtir pour moi un pont
sur le Hlii'me. — Seigneur, reprit l'enfant toui
surpris, je u'ose pas aban^lonniT les brebis de
ma ni-re Tt je ne sais pas où est le Hln'ine. —
Ne t'ai-je pas dit d'avoir ronliance, répondit la
voix : tout obéit à ma puissance, va donc sans
craiHle, je ferai ranirnor les brebis à IVtable et
ji- fenverrai un i^unle pour te conduire au
Ithi'ine. — Mai> il lau.lra beaucoup d'aryenl et
je n'ai que troi* obi^les. — Je te donnerai les
moy«»s né<-es«.aires. >>
Bêttetcl écoutait encore, mais la voix n'ajouta
plus rien.
Obois-^ant, il partit aussitAl.
Il allait devant lui sans trop savoir où. lors-
qu'il reiu-oulra au ptlerin portant un sac de
voy.i-' . t iiii bAton, et dont le visage aux rellels
Inu! inspirait une crande confiance.
Uéja. cite, le jeun<- voy.-u:Pur ouvrait la
bouille pour lui demander -^on chemin, lorsqu'il
fut devancé par la voix de r>-lraii):er. qui lui
dit ; « Mon enl.inl, viens avec moi sai'
Je te conduirai à l'eudroit uu tu dois
le pont de Jësas-Chi ist et je te montrerai ce que
tu n^ k faire, u
Iténéiet reconnaît le guide promis et marche
à SCS côté» d'un cieur joyeux. Uii'-ls édifiants
entretiens ils durent avoir eiisi-mlplel Ce qui
nous est le plus diffiiile de conjecturer en l'ab-
sence de tout docanieiil snr ce point, c'est l'iti-
ni'raire sui\i par les deux voyai^eur^.
Ils arrivèrent sur les bords do Rhône, dit
siinpiement l'historien, et à la vue de la lart.'ear
■ lu n-and lleuve, l'enfaul s'écria : <■ Il est iiupos-
i II' que je fassi- un pont ici! » Le berter
..\.:i\ i" lit ■'tir iMi iioire jusque-là qu'il s'acissait
de qi romnie rfux qui descendent
des 11 Vlaurienne. Mais rau;;e reprit
d'une VOIX ^rate ; <• Ne crains rien, l'Esprit-Saint
est avec toi. Vois-tu celte bariiue, là-bas, qui
attend sur la rive".* Va trouver le batelier, il te
fera passer le Ib-uve; lu entreras dans Aviunou
et ta to pi ' ■■'• et à sou peuple. >•
1^11 uche le disparut soudiiiii.
Sur
pas'-a
vejii
nn (..
qu.:i i-
rctle dif
'.'•
\J^t>\ - tj'l. 1' 1
avait pa«.
Il
lui I : • llh^ne se
mil I ••. ï>i l'eu-
■ ' \ .1 .ii>, Il i.iii 111 ■ ineiil
. et le plus ^ iiIpI.uL
. Mcin loin il . ■ - I' 'ir
la future villi
» .., I ... i- de recourir à 1 il
«•t iui\re les riiute.% di- terre : mais cr
n 1 .'.11. 11. Lui m. il .iii\ il. -fiii^ .11- Pi'U II
plu-« < t'Iiiieiiiilile à i6 J"
rioiii If «ouveiiir devait le sou
lUI.
,|uin He confiance, alla
bilrlier que la Sainte Vierge le réionipenserait
d'un acte de charii'? lait en son honneur. • (Jue
m'importe ta Viert:e Marie! reprit le juif. l-Ue ne
l>eut rien ni au "irl, ni sur terre; cela ne vaut
pas mes trois deniers. »
IJénézet olfrit alors ses trois oboles, que le juif
regarda d'un uil dédaigneux. Oependanl, voyant
que l'enfant n'en avait pas davanUipe, il voulul
i:af.'ner au moins cela; il prit le petit voyageur
dans sa barque et alla le déposer sous les murs
d'Avignon.
Bénézet monte anssilAt dans la ville, denande
où est l'évéque, entre dans la cathédrale et
adresse au ponlile le message de Jésus-Christ.
Nous avons dit ce qu'il lui en coûta.
COallKNT O.N HECONKL'T LA KISSIOM DE S.VI.VT WtnittST
Le visuier. qui avait jeté l'enfant en priMn,
se nomm.iit Kérenuer et était de la faailHt de
Sade. C'était un homme dur et «révère.
Il se hâta de faire amener devant lai le jeane
prisonnier. Des que Itéiiézet atierrut le magistrat.
il lui dit avec assurance : ■< Le Seipieur Jésn^-
Cbrist m'a envoyé en cette ville pour bitiriin
pont sur le Hhi'nie. — Comment, repailil le
viffuier. uu petit nieiuliaiil i-omme loi peiise-l-il
uire un pont qtie ni ( harleni.inie ni aunin
n'ont jamais o-si- entreprendre .' ■ ;Ln flTel.
le lleuve rapide est lrt> larte en cet eu4roiL, et
ses rives, alors privéï-s de digues, se déplaçaient
à chaque grande crue.)
.Mais l'enfant insiste au nom de Diea, à qui
tout est possible et qui l'envoie, k En ce cns,
répond froidement le m.ii^isli'at, écoula ce que
je vais te dire : les pmii^ se fontav»— •'- - ••■.■rr>'-
et de la chaux ; il y a dans mou |>ai i : '
ri, ..mil. si tu peux I' 1 ' l'iii'T et I . ...| .. .^1 , ,•
I lu peux i '<uL '
accepte, l;. ^ . Il avertit l'évéque,
qui vient aa palais do magistral, suivi dnne
grande foule.
La pierre a\ait treize pieds de long sorM^dr
large. Arrivé devant cet immeu.s^ Mor, reâltint
se met à genoax, n-cite une prière, paîl« se
relevant, il lait li- signe de l,i Crmsi sm la pierre,
la saisit de ses jeunes bras, et l'emporte, dit
la chronique, " aussi facilement qu'un simple
caillou. 1 II la porta à travers la foule, ju^quau
lleuve, à l'endroit oii l'on devait jetei les loiida-
tions de la premii-re pile du pont.
A cette vue, le pi-ii|.K' d'.Vvi-non lont entier
pousse des cri» i'- • ' ■■ •' •■ ,-^ bénis-
sant Dieu, pai 1 -a puis-
sance et de >a |.. s.
Le viguier fut le premier à »e rendre k l'évi-
diii. . ,Iii iiiiracle. il se prosterna devant le mes-
1 ■•u, lui liais» les pieds et I
i|i la -somme d'- lroi~ c. nts
I les tiavaux. L.i
e cnniiTiiia nu m '
le p< u
>ll| pelll
■ J..UI .]. s .i\. 1. |r . ; u.
k huit boiteux.
L ACtiK* M: uk rmmrini^c.t
...„,.,.. .1 1. .,1,,,. ... I, ',;.,.../,/./,
« Les coiistruclioiià de routes et de ponts, les
établissements de bacs, ainsi que l'hôtellerie où
les voyageurs, les pèlerins, les marchands, pou-
vaient trouver relu^-'e et main forte, et même les
simples améliorations de grands chemins et de
levées aux endroits submersibles, etc., étaient
devenus au moyen âge des œuvres de piété,
comme les cortstructions d'églises, d'hôpitaux et
de monastères.
-> La charité chrétienne, puissance inconnue
au monde ancien, précéda alors les pouvoirs
sociavx dans le travail de cirilisalion qui, dans
ce temps-là, s'opérait. Les dangers de toutes
sortes auxquels la difTiculté des lieux, ainsi que
la TÎalence des brigands et la cupidité souvent
cruelle et' criminelle des bateliers, dits utricu-
lairet^ exposaient les voyageurs, surtout au pais-
sape des rivières, les Qrent embrasser dans la
m^oae pitié généreuse qu'inspiraient les pauvres
et les malades. »
Et de mArae oue Dieu, dans sa paternelle
bonté pour les nommes, a suscité à diverses
é|>oques, des saints et des corporations religieuses
eu vue de soula;.'er telle ou telle miséie de
I liumanité, d'- nT'me il venait d'envoyer saint
liéu'-7.et à la province d'Avignon pour lui donner
un pont et une congrégation de Frères bâlUfcurs
de ponts ou Fr^ref pontifes. Ce n'était pas d'ail-
l"urs la première association de ce genre que
l'Eglise eût vu naître : d'autres communautés
l'avaient précédée en divers lieux, par exemple:
l'S Hospitaliers de Saint-Jacques du Haut-Pas,
à Paris.
LES FHÈUBS PO.NTIFES D'aVICSO.N
SAIKTETÉ DE BB.NÉZET
Plusieurs jeunes pens, poussés par la grâce de
Dieu, et attirés pai' la sainteté de sou jeune ser-
viU'ur, lui demaudtreut comme une faveur de se
joindre à lui pour travailler à son u'uvre. Sans
■ loute qu'à la nouvelle de l'entreprise, d'autres
Frères pontifes vinrent d'ailleurs apporter leur
expérience dans l'art de construire à la corpo-
ration naissante.
«induisant tout avec sagesse. Dénézet obtint
de plusieurs personnes notables, entre autres de
messire Bertrand de la (jarde, cession complète
de leurs droits sur le port du Hhône. C'était
éparirner des ennemis à l'entreprise. L'année
suivante, le jeune Saint acheta de la dame Val-
burge el de Raymond Malvicini, son fils, une
maison et un jardin situés près de l'endroit où
commençaient à s'élever les fondations de la
firemière pile du pont. Cette maison devait être
a demeure d»; la communauté des Frères pon-
tifes et leur servir en même temps d'hôtellerie
pour loger les voyageurs indigents.
Les travaux du pont avançaient lentement,
mais avec précision d solidité. Bénéiet donnait
i tous l'exemple du travail et de la patience, et
s'efforçait en même temps de former à la vertu
les membres de sa communauté, par humilité,
il ne voulut pas prendre le titre de prieur, et
tant qu'il vécut, ses frères conservèrent l'habit
laiaui', plus commode pour leurs travaux.
Malfré le» nombreux soucis d'une vaste entre-
prise et le gouvernement de sa corporation,
Ilénéiet travaillait avec constance à sa propre
sanctification. Sa foi était si vive, sa piété si
tendre, la pureté de ses mœurs si angélique,
toute «a conduite respirait une telle droiture et
une telle simplicité que tousle vénéraient comme
un saint. <')n lui amenait de« malades en grand
nombre : le serviteur de Iliou appliquait une croix
sur l'infirme, lui donnait le baiser de paix et le
renvoyait guéri. L'n homme perclus di- tous ses
membres envoya prier le Saint de venir le voir :
dès que celui-ci eut touché l'infirme, l'usage des
membres lui fut rendu. Bénézet rencontre un
jour des joueurs qui blasphèment Dieu, il les
reprend etarrêtelejeu. L'un des joueurs, furieux,
répond au Saint par un violent soufllet: le Saint
se tait, mais Dieu le vendre : le coupable sent sa
tête retournée en arrière par une soudaine con-
traction nerveuse qui la retient en cet état. 11 se
traîne aux genoux de l'homme de Dieu, implore
son pardon ; Bénézet prie pour lui et la santé
lui est rendue.
Un jour, les pierres vinrent à manquer. Saint
Bénézet dit aux maçons qui travaillaient avec les
Frères : « Allez creuser en tel endroit, vous en
trouverez en abondance. » On obéit et l'on
découvrit une carrière.
Lue nuit, le Saint priait, avec ses compagnons
dans une église, quand le démon lui lança une
grosse pierre : mais le projectile perdit sa force,
contre les vêtements du saint jeune homme. Au
même moment,' éclairé par une lumière inté-
rieure, Bénézet dit à ses compagnons : " Retour-
nons à Avignon, car l'ennemi a rompu une arch''
ilii pont. Allons larefaire. » Eu présence de l'archi'
ruinée, au lieu de donner victoire au démon
par le murmure et le dépit, les compagnons du
Saint, imitant leur maître, se mirent a l'œuvre
avec ardeur et bientôt le mal fut réparé.
1
LX RECOMPENSE
C.N PATROS
Saint Bénézet n'eut pas la consolation ici-bas
de voir son œuvre achevée : Dieu lui olfrit une
récompense meilleure en l'appelant au ciel, le
14 avril 1184. Il avait dix-neuf ans et avait tra-
vaillé au pont d'Avi^aion pendant sept ans. Il fut
enseveli, selon ses désir*, dans une petite cha-
pelle, dédiée à saint. Nicolas, patron des mariniers,
et placée dans l'avant-bec de la deuxième pile
du pont. Les miracles s'y multiplièrent et, en
KKi'.t, on y retrouva son corps dans un parfait
état de conservation.
Sous Jean Benoît, successeur de Bénézet, la
corporation des Frères pontifes fut définitive-
ment organisée : ils reçurent un costume reli-
gieux, prononcèrent les trois vœux monastiques,
Jean prit le titre de prieur, et enfin le pont fut
achevé en 1188 : il avait vingt-deux arches et
900 mètres de longueur.
L'an 1.118, la congrégation des Frères pontifes
envoya une colonie régir l'hospice du Pont-
Saint-Esprit. Cette branche subsista jusqu'en
1j19; mais celle d'Avignon, àla suite de démêlés
avec les consuls de la ville, qui voulurent la
soumettre à leur autorité administrative, perdit
sa régularité et s'éteignit vers le milieu du
iiV siècle.
Les reliques de saint Bénézet furent trans-
férées, l'an 1674, dans l'église des Céleslins,
d'Avignon. Au mois de juin IT'.U, cette église,
chanfîée en prison, renfermait parmi les con-
damnés des conscrits rêfraclaires. Ln jour, ils
brisèrent la châsse du Saint et n'y trouvèrent
que des ossements qu'ils dispersèrent sur le pavé
de l'église. Mais, durant la nuit, des calholiqiir*
fidèles, détenus avec eux, recueillirent tout cl
qu'ils purent. Rendus plus tard à la liberté, ils
conservèrent leur trésor. L'autorité ecclésias-
tique a pu en recouvrer une parlie.
I)u fameux pont d'Avicnon, il ne reste plu;
aujourd'hui que quatre arches. " Cela ne tien! :<
aucun vice de construction des piles ou d'"s
J
Le pont d'Aviguon.
arrhes, l'cril M. Itunard, dans le Cosmos, ni des
tympan? évidt^s par île petites voùles alli>'ennt
la char;:e et au:.'iuentaiit le d<'bouclii' des hautes
taux. Cela tient à ce (|iie le bas des piles cc!<sa
d"i"-ire couvenaldeinent entretenu dans les temps
trouhl«-s. ••
Terminons par ces paroles du comte de Saint-
Venaut, invitant les ingénieurs, ses collègues, à
f^ler leur patron : « Tous ceux qui voudront invo-
quer saint ili-nt-zet ne seront jamais di'ous dans
leur conliance. Il est le plus aflcctueux des cjima-
rades et le moins intimidant des chefs. .Notre
profession, qui a élr la sienne par ordre de Dieu,
n'est pas seulement belle, elle est sainte. C'est la
l'harité envers les voyageurs, les commerrants,
les missionnaires de toutes les œuvres. »
-j. ■■.'■aul, ^ l'itirnt'h», "■ I l.^ I râli'H I' . l'ii
é
SAINT PIERRE GONZALÈS
DE L'ORDRE DE SAINT DOMINIQUE
Treizième siècle. — Fét* le 15 avril.
Une courtisantj viat trouver saint Pierre Gonz^lèa pour ie séduire. Il entra daus une pièce
voisine pour se préparer, dit-il, à la mieux recevoir. Il allume un grand fou, se place au
milieu, et appelle la pécheresse. A cette vue, elle se rappelle les flammes de l'enfer qui
l'attendent, se jette à genoux et fait pénitence.
C'est à Astort'a que naquit, pn r.in 1 190, d'une
famille illuslre par sa noMo-i'i»'. le hienh'^ureux
l'ierre <irin?.al<>s ou doiualve, dont le nom est «i
(ioiiulaire parmi IfH marins ilE'^pn^.'n»', qu'il
n tant de fois prnléui'-s. fie Imniie hf>ure, ses
parent" l'envnyiTent étudier à l'alenria, auprès
(le «on onrle, alors évoque île rette ville. Il fut
Tiommé rliannine de la ealliédrale, malgré sa
-•rande jeunesse et son manque de çravilé.
l'AB OUILS MOYENS DlKI' INSPiHE AC JKt'NB GON8ALE3
LE DKGOl'T F.T LE XtPRIS DES CIIOSKS DU MCNDB
l.e jeune rliannine élail très vaniteux; il
aimait les liotmciirs et les difinilés. Sa vie toute
mondaine contrastait fort avec celle des autre--
eli.inoines. ses co||é;.'ues, qui étaient scandai i-^'"^
d'une telle conduite. Cependant, son oncle fil d'^
instances auprès du Saint-Siège, dans le l'Ul
d'obli-iiir pour (jniu.iks lii lii^mtr J'- doyen Ju
cbapitre. Sa demande ayant été asrm'e, il ftit
décidé que le iiouM.>au doyen t-nlrirait en pos-
session de sa nouvelle di^'nilé le jour do Noël.
Ce jour étant arrivé, l^oiualùs s'Iiobilla en
jeune seifjneur de la coTir, et, monté sur un
cheval nia;.'niliquenient paré, il traversa les rues
de la ville, au urand scandale de tout le peuple.
Mais Itieu, dont les desseins sont impénétrables,
voulait se servir de la vanité de (ionzalés pour
lui inlliyer une profonde humiliation, et. par là,
le ramener à de meilleurs sentiments, en lui
faisant sentir ronibien les honneurs du monde
sont frivoles et pn-sayem.
Arrivé sur l.i L'rande place de Palencia, Gonxa-
lùs voulut f.iire caracoler gracieusement son
cheval, p'iur exciter l'admiration publique et
provoquer des applaudissements. Il le lâcha à
toute bride, mais le cheval se cabra au milieu
de sa course, fil un faux pas l't Jeta son cavalier
dans une mare pleine de boue. La foule accued-
lit celte chute par des huées et des moqueries.
Comirie on le conçoit, le premier sentiment de
('•onzalès fut la honte .et la confusion. Il o^ail A
peine lever les yeux. .Mais celte confusion lui fut
salutaire: car, étant revenu i lui, il s'écria ti>ut
haut et sur la )dace même, de manière à être
entendu de t..ut le monde :
<■ lié quoi ! ce même monde à qui j'ambition-
nais de plaire se moque de moi? Eh bien ! je
me moqueiai de lui ù mon tour; dès aujourd'hui,
je lui tourne le dos pour mener une vie meil-
leuie.
GO.NZALm SE SÉPARE Di* ao>DE rr PHE^D l'habit
RELICItlX — S0> ZÉLB
Gonialès venait de rompre tout commerce
■lïer le monde pour s'appliqui^r i servir Hieu
ferveur. On vil bientcil que sa conversion
' : cit véritable ; car, renonçant tout à fait aux
Jilai'irs et ;iii\ honneurs du siècle, il entra cher
es IlomiiiicainK de Palencia, au (<rand étonne-
meiil de tous ceux qui l'avaient connu, et lr,-ivailln
ii «a perfection avec une telle ferveur ijii'il fil
(le rapides pro|n'é> dans la sainteté, dès l'année
même de son noviciat.
il pratiquant la rharilé au plus haut dei.'ré,
obéissait awc une «oumi-oinii entière et ab-olne,
■ .• coiiMilri I I . ' ' ' tous, bon
ilité, sa ' pour tous
I <ii\ qui l'aboi 11 lit Ht •
.\iiré* sa piofe-sion.
à l'élude de la théo|o;.^i. ij | i '{u< i i< ii' ,
<-alion et aux confes«ioii~. il remplit c .s ibuv
ministère» avec un i>\>' inrati;:able. IImii ne |,-
retenait qii.ind il s'aiiissnil tie travailler au ».i|ul
lie son piorhain; il quitlail tout, l'étude, le
repos, le boire, le manger, et volait à la conquête
de^ tmea.'
tnire autres rh'
d' lui qu'il ne «<>ii .il
il n eût poiié tous ■ eux de la iii.iiKun A
.-<T. rt\r il leur faisait en entrant une
à la fois di tant d'oncliou et
. leur représeiiianl In »iT»i-
. Iles d." 11
, qu'il II,
1"
si, .ipres ioul Cela, il laisail il aboiulaules mois-
sons d'àines, puisque tout ce qu'il disait, il le
conQrmait par l'e.xeinple de ses vertus.
IL EST .\PriiLK A LA COUR PAR LE ROI
ïAl.NT FERDINAND
Le bruit d'une si éminente sainteté se répandit
bientôt dans toute l'Espanne. Le roi saint Fer-
dinand entendit parler de la vertu extraordinaire
ilu bieiibeureu\ Pierre: il voulut l'avoir auprès
de lui, alin d'attirer par ses prières les béné-
dictions de Dieu sur le royaume, ei de se servir
de ses conseils dans la fjuerre conln- le< .Maures
mahométans, qui occupaient alors la meilleure
partie de l'Espa^'uc.
Gonzalès accompagna le roi dans toutes se!>
expéditions, et eut une grande part à ses vic-
toires par ses prières, ses jeûnes, ses austérités,
par ses conseils sanes et pniileiils_ et surtout
par la réforme des mu'urs parmi les soldats. Il
inspirait une grande crainte aux ennemis.
La prise de Cordoue fut pour lui une occasion
de déployer son lele et son couraue. Il modéra
l'élan des vainqueurs, sauva rinnocence des
vierpes de l'insolence des soldats, i t lit épar^juer
le san^' ennemi. Il purilla les mosi|uées et les
convertit en église».
COHIIENT IL TRIOMPHE d'UNE TB.tTATlOK
Saint Gonialès prollla de la confiance dont
l'honorait le bon roi sainl Fenlinand pour
réformer la cour. Tous les jours, il dislnbuait aux
courtisans et aux seiuneiirs le pain Je la parole
divine et les reprenait de leurs vi.es et de leurs
défauts. Ses exemples donnaient à sa parole une
puissante autorité; car il vivait au milieu du
tumulte et de la lua^niflcence de la cour avec la
même régularité, la même austéril''- que dans le
cloître. C'est alors que su vertu fut soumise à
une terrible épreuve dont elle sortit jdu* écla-
tante et plus forte.
(Juelques seigneurs licencieui, jaloux de la
f.'Keurdout jouissait à la cuur le s.iinl religieux,
cher, hereni un moyen de lepeidr i ilu moins
de ilécner sa >erlu. Ils- promirent une crande
s'iiime d'ar^'eiit n une inallieureii-e courtisane,
qui s', I le séduire. Kllc aborde Con/alès,
et d'i. ,1 parler en secret sur une alfaire
le monde est sorti, el qu'elle se
i-'C lui, elle se jette a ses iiieds el
I .iM'ude ses fautes, en K'p.indanl des
I , ,,. ^ 'oLince, et en poussant des soupirs
et d' imnls, pour se rendre le Saint
(du- : . Mais bienliM, jetant le ma.sqile.
) son intelllloii. et emploie tous les
ai iont elle est capable el qui: le dénion
peut lui Mi^L'érei )>our lédiiirr le saint rcllttieux .
<,ontal>.-« lui dit qii il va se pre|.iier .i In mi' uv
reccvuir dans une rbamli '
nlliiiii"' un k-ratid feu et .
lopjx- de son tii i;
• loyuiil sd «ICI iii .
a la vue de ce pi m'
do l'eiiftir qui I l'i.i
' " " -eiioui I M ii> iii.ilidaiil
lieux qu'il traverMiU il prAr.bait i
«nrlaient de m bourjo-. Il ne faut pass'éUmnei
Les seigneurs, auteurs Ju complot, lurent telle-
ment touchés de ce miracle qu'ils se convertirent
et menèrent désormais une vie édifiante.
GONZAXÈS OCTTTE LA COfR
Mais le sernteur de Dien devait bientôt s'éloi-
gner de la cour, où il avait fait tant de bien, et
où sa pré'^ence n'était plus aussi nécessaire
qu'auparavant. Malfiré les instances et les prières
du saint roi Ferdinand, qui voulait à toute force
le retenir auprès de lui, il s'en alla évangéliser
les pauvres des campagnes.
C est alors qu'on le vit, parcourant les villages
les plus délaissés, pénétrant dans les lieux les
plus inaccessibles, braver toutes les difticultés
pour étendre le rè^ne de Notre-Sei^neur Jésus-
Christ dans les âmes. U avait une singulière
affection pour les matelots qu'il allait chercher
jusque dans les ports et sur les vaisseaux, pour
leur annoncer la parole divine.
Avec un tel zèle, il recueillit des fruits mer-
veilleux, surtiiul dans les diocèses de Tuy et de
Compostrlle.
L'n jour, prêchant sur le Minbo, il aperçut un
grand nombre de pauvres ^ens qui essayaient de
traverser à fiué cette rivière, s'exposant ainsi
chaque jour à la mort. I.e Saint, touché de com-
passion, entreprit d'y bâtir un pont.
L'ouvraae était difficile et aurait semblé impos-
sible à tout autre qu'à tjonzalès. Mais lui, con-
vaincu que le secours de Dieu ne lui ferait pas
défaut, se mit à l'œuvre avec ardeur. Il excita
le roi Ferdinand et plusieurs autres seigneurs à
lui venir en aide, si bien qu'en peu de temps,
l'ouvrafie, qui paraifsait impossible, fut terminé
et les pauvres gens purent désormais traverser
la rivière sans aucun danger.
SES MIRACLES
Noire-Seigneur manifesta la sainteté de son
serviteur par de nombreux miracles. Il convient
que nous en racontions au moins quelques-uns.
Le démon, furieux à la vue de tant d'âmes que
le saint religieux lui ravissait tous les jours,
faisait tous ses efforts et mettait tout en u-uvre
pour lui faire perdre le fruit de ses prédications.
In jour qu'il prêchait dans la ville de Rayonne,
où une urnnde foule était accjiurue de toutes
parts pour entcnilie sa parole, il s'éleva uue
tempête si furieuse que tout le monde abandon-
nait le sermon pour chercher un abri. Alors, le
bienheureux l'ère s'écria :
" Uenifurez, mes amis, ne craignez point;
Dieu dissi(>era devant vous cet orage, sans qu'il
vous soit fait aucun mal. »
Puis, levant les mains vers le ciel, il fit le
signe de la Croix sur les nua^'es, qui se divisè-
rent, et il ne tomba pas une seule )<outtc d'eau
sur toute la foule qui l'entourait.
Pendant iju'il prêchait dans le diocèse de Tuy,
onvint lui aniioncorqu'un deses amis, demeurant
a Bayoïine, éiait sur le point de mourir. A celte
nouvelle, il se met proniplement en roule accom-
pagné d'un prêtre et d'un jeune reli(.'ieux.
Apres quilipie< heures de marche, ils arrivè-
rent .m s<imnicl d'une montagne ; les rompai-'nons
du Sainl commenrerput à être tourmentés par
1.1 fiiin. ce qui les (il murnmrer contre lui. Le
i\ n'en pouvant plus, dit au prêtre :
lion l'ère est si vieu\, qu'un peu de nour-
luri- lui «ufni lareemenl.et il ne sent' point l'iii-
commoilitê d'-s .îulrcs. Il penee sans doute me
traiter à sa tàçon, ce qui ne conviendrait guère
à mon estomac épuisé. »
Le serviteur de Dieu connut le murmure de
son compagnon. Il se retourna et, lui montrant
un rocher à quelques pas du chemin :
« Mon fils, dil-il, si vous avez faim, approchez-
vous de ce rocher, et vous IrouvereE à dîner
pour cette fois. »
Le relii-'ieux et le prêtre ne se le firent pas
répéterunesecondefois; ilsse diri^-'érenlverslen-
droit indi(iué, et y trouvèrent deux beaux pains,
bien blancs, enveloppés dans une serviette, et une
cruche d'excellent vin. Il les portèrent au Bien-
heureux qui leur dit :
« Buvez et maniiez autant qu'il vous plaira, et
reportez le reste où vous l'avez pris. »
Aprns avoir réparé leurs forces, nos voyageurs
continuèrent leur route et arrivèrent à Rayonne.
Ils laissèrent alors le Hienheureux et revinrent à
Tuy parle même chemin. Ils pensaient pouvoir
faire un second repas avec les restes du premier;
mais, à leur grande surprise, ils ne trouvèrent
plus rien.
L'n autre jour, pressé par la soif, saint Con-
zalès entra dans un presbytère et demanda à
boire. Le curé ne possédait plus qu'une petite
fiole de vin qu'il réservait pour les tirandes occa-
sions. Il la donna cependant, et après que le
Saint se fut désaltéré avec tous ses compagnons,
la fiole se remplit d'un vin excellent.
SA MORT — MIRACLES QUI LA SUIVIRENT
Le temps était enfin venu où (îonzalès allait
recevoir la récompense de ses travaux. .■Vverti
par une révélation divine de sa mort prochaine,
il s'y prépara par un redouhlemeiit de ferveur.
A la fin d'un sermon qu'il prononça dans un
monastère de Bénédi.-lins, il dit :
« Désormais, frères bien-aimés, vous ne me
verrez plus en ce lieu: bientdt.le Sei^'neur tout-
puissaul va retirer mon àine de ce monde; c'est
pourquoi je vous supplie de prier pour moi ; car.
bien qu'il me semble avoir vécu parmi vous ,ivec
beaucoup de crainte de vous offenser et un i.'raiid
soin de vous édifier, je ne me lie néanmoins pas
tant à ma vie que je ne sache combien j'ai besoin
de vos prières. »
l.e saint reli;.'ienx prêcha tous les jours de la
Semaine Sainte dans la cathédrale de Tuy, envi-
ronné d'une multitude innombrable qui venait
savourer une dernière fois sa parole si douce et
si suave.
Le jour de P.lqucs, il fut pris subilemenl d'une
grande fièvre, et, désirant mourir enire les bras
de ses frères, il s'achemina lentement vers Com-
postelle.
A Sainle-Colombe, il se trouva si faible qu'il
fut obligé de s'arrêter. Dieu lui fit connaître que
sa mort était proche, ('oinmuni'iuant alors celle
révélation à son coinpa:.'non. il éclata en trans-
ports de joie et de sainte alli'iiieS'^e, et s'écria :
I' Que la volonté de Dieu soil l'aile! et puisque
celle sainte volonté est que je meure à Tuy,
comment ponrrais-je ne pas obéir? »
Il revint donc à Tuy, se confessa, reçut le sainl
Viatique, avec une joie ol un amour incompa-
rables, et, appelant te maître de la maison un il
était lo;.-é, il lui dit :
'■ Mon ami, je m'en vais dans l'autre monde,
où j'ai un Seit'iieur si bon et si libéral qu'il veut
bien me faire mille fois plus d'honneurs (]ue \i-
n'en mérite. Il m'a promis de favoriser c<-i(e
ville pour l'amour de moi, et cb- didivfr l"Uti>
celte contrée de plusieurs châtiments qu elle a
m>Titi's par la multitude de ses pt^chés; de sorte
que je demeurerai parmi vous comme votre ami
et votre patron, pour vous faire voir que c'est
un privili--o immense de servir un si t'rand Sei-
gneur, l'ariloiinei-moi l'ennui que j'ai pu vous
causer par ma maladie; j'espère <iue Dieu vous
en récompensera; pour moi, je suis pauvre, je
n'ai rien a vous donner; mais prenei ma cein-
ture, et ::ardez-la pour l'amour de moi, car vous
pourreï en avoir besoin un jour. »
lin effet. Dieu lit plus tard des miracles par
l'intermédiaire de cotte précieuse relique.
Après avoir prononcé ces paroles, saint tion-
zalés rendit Iranciuillemenl sa belle Ame à Dieu,
le dimanche de (Juasimodo, de l'an l"Ji6.
L'évéquc (le Tuy, qui l'avait assisté dans sa
maladie, le lit enterrer solennellement dans sa
cathédrale.
Uuamt le bruit de la mort du saint religieux
se lut répandu, une foule immense vint prier sur
son tombeau. On apporta des malades qui furent
guéris miraculeusement.
Plus tard, lorsqu'on ouvrit le tombeau, il en
sortit une liuile odoriférante, que l'on recueillit
iivec soin, et qui opéra un j^'rand nombre de
miracles.
Douie ans après la mort du Saint, l'évéque de
Tuy dressaune déclaration constatant cent quatre-
vingts ;.'uérisons miraculeuses opérées sur des
bpreux, des démonia<)ues, des aveugles, des
>-ourds, des muets, et d'autres malades, par
l'intercession du Bienheureux.
Saint Gonialès s'est toujours montré favo-
rable à ce\i\ qui l'ont invoqué dans le danger.
In matelot fut emporté dans la mer un jour de
tempête. Il se recommande au Saint, (jui lui
apparaît, revêtu de l'habit de son Ordre, et le
raménedans le vaisseau déjà très éloigné, en lui
disant :
" Puisque vous m'avet appelé, il est juste que
je vieiiue à votre secours. »
Il délivra miraculeusement des matelots en
j^rand péril, qui implorèrent son secours.
Telle est l'ori^-ine de la dévotion des marins à
saint Pierre (Jonzalés. Dans les ports et les vil-
la^-es m.iritimes d'Kspagne, on célèbre sa fête
avec une ;.Tandc solennité, et on l'invoque sous
le nom de saint Elme ou San Tclmo.
l.-.,T
■tut. ï. l'unuf-M \ 'i, ru- t-r^if't» I*' l'*ri<
SAINT BENOIT-JOSEPH LABRE
Fite le 16 avril.
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SAINT BENOIT, JpSEPH "LABRE *«
"i^
Jean-Boplisle Labre et sa femme, Anne IJarbe
Grausir, habitaient, vers le milieu du siérie
dernier, le village d'Ameltos, au diocèse de fiou-
logne. Leur union fut bénie, et ils eurent quinze
enfants; Benoit-Joseph ëtait l'aîné.
Dieu, qui voulait combler ce prédestine de
grâces extraordinaires, etfaire de toute son exis-
tence une protestation vivante contre les vices du
siècle, semble l'avoir, à dessein, fait naître dans
une famille nombreuse pour marquer combien la
féconditi^ des mariages lui est agroable.
Le Saint fut, dès I âge le plus tendre, nourri de
l'esprit de foi: il corresprmdait merveilleusement
k ces premiers enseianements, et tout ce que
nous savons de son enfance nous révèle une pii'té
précoce, une assiduité exemplaire à ses devoirs
et une soumission parfaite à ses parents. On le
vit «'exercer en cachette â la mortillcation dont,
plus tard, il devait être le héros, et passer des
heures eiilièrcs en adoration à r<'glise.
A l'âge de douze ans, il futplacé chez son oncle,
M. Labre, curé d'Erin, afin d'apurendre le latin
en vue du sacerdoce : ce fut l'époque de sa
Première Communion, il y puisa un nouvel élan
de dévotion et commença à partager strictement
son temps entre l'étude, la prière et la lecture
de-i livres de piété, spécialement celle des Saintes
E rilures. A pareille école, il puisa le sentiment
profond du néant de l'homme en face des redou-
tables jugements de Dieu, de l'absolue uécessilé
du renoncement et de la pénitence. Dès lors,
celte âme pure qui, ccrLainement, ne commit
jamais aucun péché mortel, se mit à soupirer
après le martyre des sens et le supplice de la
croix ; cette jeune et innocente imagination chfr-
chait les règles les plus dures pour obéir à des
95-79)
8ppe)< d.iiit nous aulit'S pi^clipur» m- ?;iiiiiiiip< pas
dii.'ii'"' et que nous n'enleudrious pas s'iU nous
élAieiil faiL^.
DKC FnRjlg BBNOIT^OfEPB A u'HrMILmf ET »0
DF.T4CHEJIE.NT COHPLKT DK TOLTB CHOSK
Eq 1"66, une circonstance iinpr'^vue vint tirer
Beiif>il-Jii*eph de la voie qui diiail le fouituire
i la pr^tri>e : le typhus, à Irlal «^pid'Miii'iue, vint
foiiilif sur la p.iroi-ise d'Kriii : le cun- lui atteint
et le Sailli, qui s'était d^'vnu'^ au soin des malades,
eul la douleur de voir mourir sou oin le et son
bieiirail>-ui ; il dut, au bout de dix ann>'es, retourner
i Aiiietles; sa première parole fut pour sulliriter
de ses parents l'autorisation d'embrasser la vie
reli:.'ieu»e cliei les Trappistes. Les otij--.lions ne
manqueieiil pas, inspirées -îocnine toujours par
une tendresse toute naturelle: ce fut seulement
au mois d'avril 1767, qu'après avoir passi* quelque
temps chez son oncle maternel, le rur»' de Conti-
ville, dans les exeicices de la plus tendre pit^lé,
il eul la liberté do suivre, non pas à la Trappe,
mais chex les Chartreux, une vorulion qu'il croyait
certaine.
Benoit-Joseph se croyait au port, au lieu de
•on salut et de son repos : il se trom(iail et Dieu
lui destinait une voie bien autrement dure: il ne
devra réussir dans aucune de ses entreprises, ni
deiiieuriT nulle part. Jusqu'au jour où il saura
que. dans son pèlerinage en relte vallée de
larmes, il ne lui est pas même réservé une tente
pour s'abriter.
Le Saint frappa d'abord à la porte de la Char-
treuse du Val-b.iinte-Aldi^L'onde, an diorèse de
Saint-Dmer ; ou n'y recevait pas des novices. 11
revient & Amettes: un de ses oncles le voit et
remiiu''ne pour le présenter au monastère de
Neuville, il y trouve un refus moltvé par le défaut
de ronuaissance du chant et de la dialei-tique.
For. e lui fut de rentrer k Amettes encore une
fois: quelques moi» se pa.sséreut cliei le vicaire
de Lit.'ny-les-Aire, après lesquels il se présenta
de nouveau à Neuville où il fut admis en qualité
de postulant, mais bientôt le l'ère prieur, recon-
naissant un manque de vocation, le renvoya.
Kn face derim[>ussibilité de suivre la rècle des
Chartreux, la pensée de la Trappe revint tout
naturellement, et les parents durent se prêter i
sou ilésir d'entrer dans cel Ordre: voilà donc notre
Saint en route pour Morlagne, en Normandie; il
y arrive le 25 novembre, mai» c'est pour trouver
encore un mécompte; il ••»t trop faible de rom-
pleiion et nul, avant viimt-quatre ans, ne peut
fraiirbir le seuil du novjrint. fi faut r>-pri'ii<lre
tristement le chemin d'Amettes, et relrou.er les
an^'oisses, les doutes et les nerplexilé» d'une
Toralion incertaine. M.-il(.'ré l'insucri-s de ses
tentatives h la Chartreuse, Henolt fera un nouvrl
essai : tout le monde le lui conseille, même
l'érêqiie de Roulo^-ne ; il s'y dispose par une
confession générale, dit adieu k si-s parents et,
le 13 B'iitl 1769, il part, se diriceanlver^ Neuville.
Dès le t octobre, il prenait la plume pour
annoncer i Amelles un nouveau iléboire : on ne
l'a pas trouvé propre i r'<lnt_^le l'bartreux, Il va
fi nf.-fj ■ ■
• IlilMl
• et m-'
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• Dl""!!
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dre le chemin de In Trap(>e : • Le bon
j niiiai i"Uj tir' i.| ' l.nir»' tir
yeux, et soq amour dans le
'! V'tre rero i la T'- Fn
que lt)rdre ilr u
1 lin y rp( oit p._. j, _„c.
• mais je serai reco A la Trspp«. ■
Cette e-pérance ne devait pas se réaliser, la
Trappe niaiiiiml sa règle de ne pninl udiueiire
de novice» au-dessous de 24 aii«, il fallut se
rejeter <ur ."sepi-Fonls, au dio'ése d'Auiiiii ; de
(.Tundes épri'uve» l'allendaienl eu re lieu : pt-ines
d'esprit, iii.il.idies et, enfin, crrliludi- de iréiie
pas appelé à i-e peure de vie. r.i'p-iidaiit. après
l'avoir dt'piiuillé de toute vol.mli propr.-, en lui
niontraiil l'iuaiiité de chacun de ses pmjt-ls, Itieu
daiciia ouvrir i son esprit uii hoii^uu nouveau,
lui taisant connaître la voie des piderinnt'es (]ue
ses f.'ueuill'-s de pauvre devaicul trioiuplialemeat
parcuuiir parmi toutes les biuuiliations.
BENOiT-joscpR raouva mfih sa vocation dépinitivi
C'était en premier lieu le chemin de l'Itiilie. A
Rome, il d>-vail trouver le couronnement et l'épa-
nouissemenl de la sainteté, il n'y a pas de saint
sans une ductrine absolument pure. Kii ce temps,
rEf;lise de France était plus ou moins suus
l'iiillucnre rijtoriste du jansénisme; sa foi, qui
devait être lavée dans le san^' de 1793, n'était pas
irréprorliabl-'; atteinte dans sa lécoiidité, pendant
un demi-siecle elle n'avait pas donné un seul
saint. L'élu de Dieu devait respirer un autre air.
L'enfant de lumière était attiré jiar le foyer de la
vérité. Va donc à Home, noble lil- .le la France!
k Hume, ou te nommera le saint français et, pour
la France, tu seras un saint loniaiii; tu seras le
sit'ue, lu porteras l'espérance de l'heureux retour
de ta patrie à la Chaire de Pierre, à riutéprili' de
l'esprit calli.ilique que ta vie admirable lui a peut-
tire mérité 1
A partir de ce jour, dit on des historiens (i)
de llenoit, il obéit à l'inspiration divine, résolu
à ne plus avoir de relation suivie avec personne,
pas même avec ses parents, et à vivre en solitaire
au milieu du monde. Il va toujours k pied, en
prenant les chemins les moins (léqueulés et eu
s'airctant dans les lieux qui r.-i|q>ellenl quelque
souvenir cher k la piété de» liili les ; il est revêtu
d'un habit pauvre et déchiré qu'il ne quitte point,
il porte un chapelet à la main, un autre au cou,
un crucilix «ur la poitrine, et sur les épaules un
sac contenant tout son avoir : son Nouveau
Testament. l'Iiiiitation de Jésus-Christ, quelques
autres livre» de piété et son bréviaire qu'il
récite chaque jour. Ij» pluie, le froid, la neii;e,
la chaleur, rien ne l'arrête; il couche le plu»
souvent en plein air; il t->ite les auberses et le»
hAlelleries, où son recueillement serait troublé
par le bruit, les blasphèmes, les chants de»
voyageurs. Il vit de la charité, au jour te jour,
»ans men.lier et sans rien se réserver pour le
lendemain. Il ne prend que la nourriture indis-
pensable pour soutenir son corps qu'il morlilie
sans cesse ei, s'il reçoit des autnl^nes ab'^ndnntes,
il donne aux iiauvres tout ce qui i..- lui est pas
abs.dumenl nece^.saire pour la j.iu .•••ut
il est le jouet des enfants et de In li
l'insulte, on le maltraite, on le r'
un insensé, et il supporte tout at'
amour.
Dans ces dispositions, il lniv*r*e Innie l'Ilali*
et arrive 4 l.orette où »a ! h
comparai. Ir- relique de 1 > ,;^
' 'Il plein .1 ' n
V l.e 18 r m
I- iiji'. Mil ilii grand | .il
reçoit le cordon qu'i' '
knilu, le H ' < ml» t. , . ,^, u..
.'U«
(I) I'm é* Mtnl B*m»U-J«êtpÂ
l'OEuvr* dt tUiot-Paul.
Ijtirt, publitr par
Rome qui va devenir le centre de toute sa vie. On
le voit dans les églises, aux pieds des madones
véiiérf-es; il prie toujours; pour gîte, il a choisi
l'excavation d'une muraille du Colysf'e.
L'annf'e suivante, il retourne à Loretle en pas
sant par Fabriano où l'on vénère le corps de
saint Komiiald; puis, côtoyant rAilrialii|ue, il
s'arrête au mont (iargan, célèbre pèlii ina^e en
l'honneur de saint Michel. De là il se rend à Bari,
ville illustrée par le tombeau de saint Nicolas
d'où découle aujourd'hui encore une eau mira-
culeuse. Puis, c'est le mont Cassin qui garde le
tombeau de saint Benoit, son patron, ^aples et
saint Janvier.
Il revient ensuite à Lorette et Tent re»oir
Assise, la Portioncule, le mont Alveme, témoin
des stigmates de saint François. Il fait en ce lieu
une confession générale pour se disposer au plus
loni: de tous ses voyages, celui de Saint-Jacques
de Compostelle,en Espagne; il traverse la France
et s'arrête à Paray-le-Monial pour y vénérer le
berceau du culte du Sacré-Cœur.
Celte erande entreprise était terminée en 1774,
malgré des difficultés de toute nature accompa-
gnées de fatigues inouïes. Benoit, de retour à
«onie, retrouva sa vie habituelle jusqu'au jour
où, pour la quatrième fois, il reprit le chemin
de Lorette alin de s'élancer de là vers les sanc-
tuaires de Lorraine, de Franche-Comté et de
Suisse; les citer tous est impossible, il suffit de
nom merSaint-Nicolas-du-Port,Einsiedeln, autre-
ment Notre-Dame des Ermites.
Le grand pèlerin rentra à Rome le 7 sep-
tembre 1775, il y demeura jusqu'au commence-
ment de l'année 1776 qui fut marquée par de
nouvelles courses dans toute l'Italie et en Suisse
jusqu'à Einsiedeln ; Lorette, comme d'haibitude,
en avait été la première station.
Ce fut le dernier grand pèlerinage. A partir
de cette époque, la vie terrestre du Saint se par-
tagea entre les diverses églises de la capitale du
monde catholique et le voyage de chaque année
à Lorette. Malgré sa modestie, sa profonde humi-
lité et son désir d'être ignoré et méconnu, il avait
fixé l'attention de plusieurs personnes. Ses con-
fesseurs, émerveillés des trésorsde saconscience,
le tenainnt en grande estime, le peuple le pro-
clamait bienheureux. "Ce n'est point un homme,
disait-on, c'est un ange. » Ses discours, quand
il se laissait aller à en tenir, le prouvaient autant
que sa coniiuite.
Interrofé sur ce que doit être notre amour pour
DifU, il r>^pond : " Pour aimer Dieu convenable-
n ment, il faut avoir trois cœurs en un seul. Le
» premier doit être tout de feu envers Dieu et
» nous faire penser conliniipllement à Dieu,
> parler habituellement de Dieu, a?ir constara-
» m^nt pour Dieu et surtout supporter avec
» p.itience le mal qu'il lui plall de nous envoyer
Il pendant toute ladurée de uotrevie. Le deuxième
» doit être tout de chair envers le prochain et
• nous porter à l'aider dans ses besoins spiri-
■ tue!» par l'instruction, le conseil, l'exemple et
n la prii-re; il doit surtout s'attendrir pour les
)> pécheurs et plus particuliènjment pour les
» ennemis et demander au Seigneur de les éclai-
» rer pour les amener à la pénitence; il doit
» au«si être plein d'une pieuse compassion pour
. I'« 'nir-s du Purgatoire, afin que Jésus et Marie
1 .1 -rit les introduire au lieu du repos. Le
r • me doit être tout dt bronze poursoi-rnême
•' 11' abhorrer toute sorte de scnsualilë,
r l'T sans relâche à l'amour de soi, abjurer
■• la volonté propre, châtier le corps par le jeune
» et par l'abstinence et dompter toutes les incli-
i> n.itions de la nature corrompue : car plus vous
» vou< h.iïrezet plus vous maltraiterezvotre chair,
» plus grande sera votre récompense dans l'autre
» vie n
Admirables maximes qui, à elles seules, sur-
passent le meilleur livre de spiritualité.
Nul ne saurait exprimer quelles lumière:
étonnantes versait dans cette âme celui qui
aime les humbles. Ce fut en premier lieu le don
de prophétie ; les événements providentiels et
terribles de la Révolution française lui furent
révélés comme u[i châtiment réservé à l'impéni-
tence de la société d'alors.
Benoit-Joseph connaissait l'état intérieur des
âmes; plusieurs fois, l'ardeur de son amour et le
feu de sa prière se révélèrent au dehors par
l'éclat d'une lumière surnaturelle ou par l'éléva-
tion de son corps au-dessus de la terre. 11 fit des
miracles de son vivant, mais ce ne fut pas en
très grand nombre.
Sa sainteté était tout intérieure, toute cachée,
tout ignorée : ce fut son carat tire spécial. Dieu se
plaisait à voiler les sublimités de la grande
victime expiatoire jusqu'au jour où elle irait
recevoir au ciel sa récompense. A ce moment,
tout apparaît, tout se révèle : une foule de témoins
se rappellent d'iu-ombrables circonstances; les
prodiges, les gue. isons se multiplient et, de ces
éléments divers, l'Eglise édifie tin impérissable
monument à la gloire du Saint.
AU BIENHKUBEUX TERME DE SO.N PÈLERINAGE
Cependant,lanature humaine ne pouvaitrésister
indéfiniment à de pareilles austérités; nourri de
la pitance des pauvres qu'il allait mendier à la
porte des couvents et dont il donnait le plus
souvent la meilleure part à d'autres pauvres,
couchant en plein air, couvert de vermine, les
jambes attaquées par des plaies, l'héroïque men-
diant vil détruire sa santé. Ou lui proposa d'entrer
à l'hospice évangélique pour y trouver au moins
un abri pendant les nuits; il accepta et, dans ce
lieu, s'écoulèrent les dernières années de sa vie.
Pendant le jour, il continuaitses longues stations
de prières à Notre-Dame des Monts ou dans
d'autres églises; c'est à quoi il usa le reste de ses
forces; on eût dit un cadavre et, cependant, il ne
voulait rien s'accorder à lui-même.
Le samedi, 12 avril, il parut plus exténué que
jamais. En sortant de l'église, il dut se soutenir
en s'appuyant sur un bâton. Une personne s'ap-
proche et lui dit : « Vous êtes bien mal, mon
brave. — La rolonliide Dieu soit failel o répond-il.
Elle lui dit de prendre soin de lui ; il inrline la
tête comme pour marquer son indifférence.
Benoit pressentait sa mort prochaine; il en
arlait quelquefois, mais sans se troubler. Si on
ui conseillait de se soigner et de ne pas s'exposer
à tomber dans la rue, il disait : « Eh! gue m'im-
porte! «On l'entendait souvent s'écrier: « Appelei-
moi, mon Jésus, afin que je vous voiel »
Le 15 avril, en sortant de l'hospice évangélique,
il eut une première d'^faillance. Malgré sa fai-
blfsse extrême, il se traîna vers l'église Sainte-
Praxède où l'on terminait les Quarante-Heure».
Près de l'église, il acheta du vinaigre, et le
buvant, il dit: i< Il y a quelqu'un qui en a fiu avant
moi et qui, dans celte semnine, a souffert plus <jue
mni pour l'amour di;s hommes. » Il passa la matinée
devant le Saint-Sac •>ni>'nt de l'église de Sainte-
Praxède, auprès de la chapelle de la Sainte-
Colnnne. Le soir, il resta longtemps dans l'élise
de Notre-Dame des Monts, puis il nll.i assister
r.
k la bénédiiUoii à NoUe-Uaiiie de Loittlu ^ur la
place Trajane. Il eut plusieurs syncopes dans la
journée; on le vit près de réf^lise du Pascolo,
étendu par terre, et l'on craignit qu'il ne mourût.
Noussommesau Carême de l'année 1783; depuis
plusieurs jours, il pouvait à peine se soutenir;
enfin, le Mercredi-Saint, on voulut le retenir à
l'hospice tant son état semblait empiré, mais il
se rendit comme d'habitude à l'éfjlise de Notre-
Dame des Monts, il arriva péniblement et entendit
deux messes, puis il demeura quelque temps en
adoration devant le Saint-Sacrement. Vers sept
heures, il se sent défaillir et tombe pour ne plus
se relever, sur les marches de l'escalier.
C'est là qu'un ami, le boucher Zaccarelli, vient
le prendre et l'emmène dans sa maison située à
fieu de distancera huit heures du soir, il rendait
e dernier soupir à l'âge de 35 ans et 21 jours.
Le mendiant sordide, couvert de vermine, avait
terminé sa vie comme il l'avait pa<^sée : aux yeux
du monde, nul n'était plus di^ne de mépris.
Or, aujourd'hui, ce pauvre, ce misérable, ce
méprisé est placé sur les autels et la chrétienté
tout entière proclame, à la face du monde, la
grandeur du saint mendiant et pèlerin Bs.noit-
JosEi'ii Labre.
OIANDK LEÇON
▲ la divine épouse du Christ, seule, il peut
appartenir de s'attaquer ainsi corps k corps à
l'esprit du siècle en exallant le renoncement
complet et le mépris absolu des richesses, de la
considération et des autres biens si aimés des
hommes. Ce grand acte prend une double signi-
fication en ces jours du culte de Mammon, du
règne de l'avarice, de la passion des jouissances
et de la conquête sensuelle des âmes par l'ardeur
de toutes les concupiscences : illauce l'anathème
sur ces choses, en même temps qu'il exalte les
humbles et les pauvret.
Telle est la portée de la canonisation du nou-
veau Saint, tel est le sens do la vie dont nous
avons entrepris d'esquisser quelques-uns des
traits les plus saillants.
Humilité, pauvreté absolue, voilà sa devise:
humilité conseillant la pauvreté volontaire et
sordide, pauvreté volontaire et sordide servant à
son tour d'aliment à l'humilité.
Plusieurs, en son;:eanl à celte vie, se scanda-
lisent, même parmi le» catholiques. Est-il donc
nécessaire d'être sale pour devenir un saint?
demandent-ils. La propreté n'est-elle pa< une
vertu '' Pourquoi s'abaisser de la sorte et se faire
mendiant de gnielé de cieur? Mieux valait, pour
un homme intelligent comme l'était le jeune
Labre, tirer parli d'un naturel heureux.
La réponse est facile : Kn suivant d'une manière
héroïque des conseils évangéliques si opposés à
la nature, le baiiil, ou peut en être assuré, s'est
applique davantage à ceux qui lui coûtaient le
plus; s'il s'est condamné à l'abjection et aux
tourments de la vermine, c'est que, par goût, il
eût voulu être propre et soigné dans sa tenue.
Pendant de longues années, il n'avait qu'un pas
à faire et qu'un mot à dire pour reprendre dans
le monde un rang convenable et, cependant, il sut
accepter sans une plainte d'être abreuvé de toutes
les amertumes , accablé de toutes les hontes
de la pauvreté vraie : c'est là un magnifique
triomphe de la grâce sur les instincts de la nature.
Ici apparaît dans tout son éclat cette pauvreté
d'esprit louée et bénie par le Fils de Uieu
La pauvreté d'esprit c'est le renoncement, c'est
le détachement des liens si forts qui nous enchaî-
nent aux choses d'ici-bas. On peut être roi, dis-
poser d'immenses richesses et cependant être
pauvre : saint Edouard le Confesseur, saint Louis
étaient des pauvres parle cœur et par l'esprit;
le mendiant du coin, dévoré par l'envie et qui
vous importune pour aller boire la pièce d'ar-
gent que vous lui jetez, est, tout au contraire, un
riche par le cœur d'après le sens des paroles de
l'Ecriture.
Benoit-Joseph fut un incomparable pauvre,
parce que, chez lui, cette belle puissance d'aimer
que Dieu met en tout homme, se détourna mer-
veilleusement de la créature pour se porter
comme un torrent impétueux vers le seul Créa-
teur.
llfut un humble sublime, avide d'être méconnu
en tout et de boire le calice du mépris jusqu'à
la lie. L'ne pareille abnégation ne vaut-elle pas
mieux aux yeux de Dieu et n'est-elle pas plus
efficace que tous les efl'urls du talent, même
employé au service de la bonne cause 'l Croyons-
le : si les efforts de ceux qui luttent pour faire
un peu de bien ne sont pas toujours stériles,
c'est le plus souvent grâce aux prières de telle
&me cachée, humble et vraiment généreuse, dont
on ne connaîtra jamais l'action en ce monde.
Saint Labre est, en outre, le modèle des pèle-
rins. Au XVIII* siècle, dans notre pays, la notion
des pèlerinages était perdue, le culte des sainLs,
la fréquentation des sanctuaires, délaissés. Si
nous sommes sortis de ce lamentable état de
choses, ne le lui devons-nous pas ? Visiter les
lieux bénis où la grâce afflue, non dans un esprit
de distraction ou de vaine curiosité, mais par
désir de mortification, voilà ce qu'il faut ap-
prendre de lai. Les grands pèlerinages s'orga-
nisent de tr>utes parts : après Lourdes et La Sa-
lelte, Jérusalem devient l'objectif de centaines
de chrétiens fervents. Puisse saint Labre les
sanctifier de son esprit, les soutenir de sa pro-
tection et leur enseigner à inonder des larmes
de la pénitence cette terre du (îolijotha que le
Sauveur du monde a baignée de son sang.
Jr
il.» ^ a fi, t'^inik
LA BmnEinElSE CLAIRE GAMACORTL VIERGE
PATRONNE DE LA VILLE DE PISE
F-itg le i 7 avril.
Un ohevaiier apporta à la bienheureuse Claire un crucifli miraculeux trouvA daas une «gUse ruinée
PREMIERES TEITCS
SES JOIES ET LES TRISTESSES DU MONDE
La bienheureuse Claire appartient par sa nais-
lance à rilluslrf. famille Garabacorti. Elle vint au
monde en 1362 dans la rille de Pise. Elle reçut au
baptême le nom de Thoraou Théodora : présent de
Dieu. Dès sa plus tendre enfance, Thora témoigna
une grande inclination pour la prière et les exer-
cices de piété. Elle s'habitua de bonne heure au
jeûne et à la pénitence.
Le père de notrejeune fainte, Pietro Gambacorti,
aussi distingué par sa naissance que par les qualités
de son esprit et de son cœur, avait été, après de
longues discordes dont les cités italiennes étaient
le théâtre à celte époque, revêtu du fardeau des
choses publiqii<-s. Le nouveau gouverneur deTise
voulut consolûJer son pouvoir naissant. Il déclara,
devant le peuple assemblé, qu'il fiançait sa jeune
fille Thora, âgée de sept ans, au noSie et illustre
seigneur Simon de Mas-a La foule éclata en applau-
dissements, et Pieiro, au milieu des bruyantes accla-
mations dpf Piii.-ins, plaça la main de son enfant
dans 11 niôiii dr Simon. Thora pâlit : •• Je deman-
derai tu bon Dieu, dit l'enfant au jeune homme,
qu'il me fasse la grâce de t'aimer, si je dois être
un jour ta femme. — Cela te sera donc difficile?
demanda Simon. — Je ne sais si Dieu le veut •,
ajouta Thora.
La jeune fille ne crut pas que sesflançailles avec le
noble seigneur de Massa fussent une raison de
laisser sa piété se refroidir. Elle passait des nuits
entières en oraison. Quand elle se prosternait
devant le tabernacle pour y adorer son Dieu, Thora
avait l'habitude d'enlever de son doigt l'anneau
nuptial que son fiancé j avait déposO : " U mon
Dieu, disait-elle alors, je ne veux pas d'autre époux
que vous. » Les richesses de la terre n'avaient point
d'attraits pour cette âme. Elle aimait à faire l'au-
raône. Sa plus grande récompense, déjà à cette
époque, était de pouvoir aller visiter les pauvres et
les malades. Elle leur apporiait des secours et de
l'or; mais elle avait surtout le secret de ces paroles
consolantes qui faisaient renaître la joie dans ces
ccB'irs affligés.
On raconte i cet égard un trait admirable. Cette
jeune fille, si gracieuse et si belle, qui faisait l'hon-
neur el la joie de deux grandes familles, s'arhfmi-
nnit chaque jour vers une humble mai''f>n. où L-isiit,
abandonnée des siens, une pauvre malade, .^oi, .orps
nélait plus (lu'unc (liait;, -an Tisaj;e, iVU'ie • l iopous-
sanl, iJeToré par un .ilVreux ulc^ r.'. i . iit plus
nconnaissable. La, ii.tre Sainte <• i' la pauTre
aflig-^e. Elle lui pr.parait sa : n-parail
le di^sordre de fa couche et pa:. , laies hor-
rible». Kll.' ne .]iiiUail jamais i . t oh~cur réduit
«ans approcti>>r son frais et ch:i-le visage de ce
vis.i^:- îiiiillo el inTert, pour v déposer un baiser
d'aniirir ei de consolation
ï.ui.-':i de Massa se
eDl»-! 'l.ul faire pari. :
fia.i. '■. Il U r«:.'i
la>'.. il attendais
rail l>pouser. M i'-
lui el Teillail sur <n\i
et ses t
li'j.' -s qu'il
i ii.u'iiianle
jeun»
51! ■ '
■ I irail iQ M If avant
,iuis*e par scsjpùnes
i uiir.i tofn^ — '-.le. Le
: >ui-iii<'ru> Il mal
■ !' ■ ■'■ {•'.i
fa.
Ij.
(•
ri-
t en conTa'csceiice. CoiucDfiil
terrible nouvelle! Les sem-
■ uis »e refust-nl .i li- fiire, el le m.ilheu-
toil se cb.iraiT du douloureux message.
Il > .ipprochc de la roui-hf de sa fille; maisThora l«
prKTieiil : • Mon flanc* est mort, n'est-il pas Trai,
mon père, lui dil-elle 1 Les cloches de Pise, qui
sonnaient a toute» Tolées, m'en uni apporlé U nou-
Tellc Ou-' la volonU de Dieu se fa>-se; ao'il soit
b^'iii en toutes choses ! * Puis elle m^le ses larmes A
cr ; elle pleure son (lancé; mais elle
c, i que ses liens de U terre sont
bn- • i.a 1 I- iiJuTe fois qu'elle put se I"ver, elle
coupa --.i liiiii.'u(> chevelure, déposa ses vi?ti-iuents
Ji - '■ T — C43UTril di' i I 'i"i de 1.1
p. sein de ■ qui
V, le nouvel
lui dit >
autre, au
.: l'ai
le et
au?-i nrli.., le recherche en niari.igi^. el ataiit peu
d: iiims, il te oieii- ra a l'autel ". Tbora secoue la
télé el répond : « Un autre, en effet, m'appelle à
lui, mais ce n'>-sl pas un époux mortel; un autre
rvcbo-. h.< tan •lii.^ni^d. mon [>^re. n« le re|elle pat,
c»r cet ep'Miï, r e-t Ji>>us-Christ in^nie. — Tu veux
t.'
• f — Ou.
votre Wi
\*.|JS k
inll.-.'
qir
<
1
U- ..
»oix qui i!
'S, .lie
. l'ielru
sourd aux vuiux de ta lllle.
■uioim.sa iT rHiM< < - > .
i"'- J''
lit i ceux
Ile. .
plus
mile.
jour
U est
r.t de son
il «errel»-
liilt s est cmeruiee au couvent des Ciansacs. .Nous
l'avons donc perdue. — Calmez voire ilnuleur, mon
père, je vole au couvent et dons un iiifliinl je vous
ramène Thora. • Andr.* lïainbacorli ras:<eiuble aus-
■^itôt ses amij el sis gens df ^-uerre el vole au con-
Tent des Clarisses : i' llendez-moi ma Sipur, leur
crie-lil, ou je livre voire couvent au pillage. ■ Les
religieuses tlTravues, bahlanles, courent a Cla:re.
la prennent el la déposent entre les bras de son
frère. Mais voici que soudain Tbora est frappée
de paraivsie. S.'S jambes se r»'fusent a la porter.
. '-'■.l'i MT ,. .. > 1 i!i ; ,, ■ : ' i-e .< •••nce 4 la
■ - - ' ; > , ut. Elle s'ëcrie :
.' l'ar quel prodige eiunnaul Dieu me frappo-t-il
ainsi? Mellei-vous tous a fsenoux el nHildiis en-
semble, par irois fois, le PattT et VAve en I h(iii:ieur
de la 1res Sainte Trinité, l'nex, alin que llirn me
gu> risse. » I ■"• -• ■rosterneiil. La prière est a |"-ine
ache»' e, <| ,ie se levé et suit son freie au
palais (iam. _ .. ... oon pei e i .-i....» .i<. ^ v.mt et la
fait enfi'i luer duiis une éliuit. . e par
une seule fenêtre, l'.'est la qi. ii jus-
qu'à ce qu'elle cède aux désirs de SA lamille.
Sa prison est sombre et dénuée de tout. Elle n'y
trouve pas même de lit. Elle reste trois jours entiers
dans un abandon complet.
Claire, jojreuse de n'avoir plus à s'occuper des
choses du monde, se livre toute entière a l,i contem-
plation. Dieu l"i: iM-
riluell'S. La Sai ,,-
livité. Son ànie ^oai n,-
le céleste Kpoux veut . i «i»
bienldt a toutes les an. --r- : !•
l'aridité. Son cceur éprouve iir ^i,
et ne Irioi •• »lii< ,!.- r- ■"- •■ .e
sa pre e
cesse , . _.:.
Elle lutte iior
mon corps _ ■ i ,
ne plaise a d aulr«s yeuxqu à cmi de i.
Du fond de son cachot e!|p crt -ru!
pauvre femme remplir I t
de sa détresse. KII" l'ap
peut, se ■'' ' . la
la fenêtre «t lui i
Vodi
Uue
qu'il
,1^'
1'
.1.
de sainte
ttngiUe.
Ce -
fl < .oïl ■\>
Th..,,..
Lu ,
d.
f.
rt
ai ' i .lu Luu nu 1 u». * • i.ii à....rs
' J prit le voile cl vuuiui l'ap-
pct« |MHll « |rai
AUMU Ut* UtuU . - M« ' i* ui«»a«
v4tA^^C4
UlàitS Un* «Al**« U »U.u_4. i id»ia
.1*
. ; .d
I
messe, elle revient ensuite s'enfermer au palais de
de son père.
oitlrBAMCI IT TBIOUPHR
Cependant la fin de cette longue f^pr^uve appro-
chait. La mère de Thora doit quitter Pise pour aller
chercher au loin un remède à ses maux. Mais son
cœur maternel s'émeut de compassion à la »(ie des
souffrances de sa fille. Elle prend la résolution de
ne pas s'éloigner avant d'a»oir obtenu la d(>livrance
de sa chfTe >nfant. André, fils aîné de la famille,
vaincu par tant de constance et de sainteté, unit ses
instances à celles de sa mère, Pietro (ïambacorti se
laisse enfin tléchir et permet à Thora de se retirer
au couTenl des Dominicaines. Toi'tefois, avant de la
leur confier : « Je veux bien, dit-il aux religieuses,
vous donner ma fille, mais J'y pose une cotidiiion :
celle di! pnuvoir vous l'enlever quand je voudrai
lui bâtir un monastère : » Il fut convenu de part et
d'autre que le nouvpau couvent serait établi sous la
règle de saint Dniuinique et que Thora irait le fon-
der avec quatre de ses compagnes.
»<SUn CLAIRS IT LES PARFUMS DU CltL
Thora prend définitivement le voile et l'habit de
saint Dominique. Désormais elle ne s'appellera plus
que sœur Claire : elle a dit au monde un adieu
éternel. Elle commence enfin à goûter ce repos
inexprim ible et cette sérénité délicieuse qui sont le
partage des âmes oonsai-rées à Dieu. Sa principale
joie était de passer de longues hiMjres en oraison
dans un oratoire silencieux. Un jour, sœur Andréa,
chargée de l;i diriger dans les voies de la perfection,
l'y surprit en exiase, et quand la jeune novice reprit
se» sens un suave parfum embauma le monastère;
ce prodige se renouvela plusieurs fois dans la suite
de sa vie.
Sœur Andréa étant tombi^e malade, rien n'égala
la charité de sœur Claire dans les soins qu'elle lui
prodigua. Son exemple inspirait aux t'cpurs l'amour
de leur rècle et la ferveur de la vie religieuse un
peu refroidie parmi elles. Elle était la plus humble
et la plus pauvre.
Elle ne voulait porter que les vêtements aban-
donnas par ses sœurs comme trop us<*s. Pour nour-
riture, elle se contentait souvent de pain et de fruits
sauvage». Parfois au-si, quoique sujette au» défail-
lances d'estomac, elle recueillait les restes de ses
sœura, les couvriiit de cendres, et tnoiiiph.iiit de sa
rf'pugnanre naturelle, en faisait son unique repas.
Sa faible nanlé ne l'empêchait pas de se livrer aux
emplois les plus abjects et les plus fatigants du cou-
vent.
FONDATION DD COUTUTr Dl SAlMT-DOlUrdOUI
Pendant la pr.iiiière année de sa vie religieu»e,
Claire eut la d'ui .-iir de perdre sa mère hien-.iinii'e
et son fr'-re aîné qui lui était si dévoué Elle les
pleura, mais surtout ell« pria pour leurs Ames.
Uuand son père eut achevé le couvant qu'il avait
îr"mig de bâtir, elle s'y enferma avec quatre autres
s parmi les plus fervenle», et
rieure. Elle avait alors vingt ans.
L.i re^le Je saiiil Dnniinique fut appliifuée dans
le nouveau couvent av^c toute sa rigueur et toute sa
'^ ■■ ire était ripoiireiise et même un
du devant la grille, cachait les
ird» des vi»iieur« qui venaient
in^ s'écoulèrent dans cette vie
............ • , .,.,. ,., c. Mais la première supérieure él^nt
iii"rt«, Claire dnt céder aux prières de «et scnurs ,
et accepter la direction du couvent. « Il serait
trop long, dit son biographe, de raconter toutes
les merveilles de l'huaiiiité, de la doueeur, de la
force et de la charité de notre bienheureu-ie mère.
Sa sainteté grandissait chaque jour; elle mettait sa
gloire a servir Dieu. « Servir Dieu, c'est régner, »
disait-t'lle souvent a ses filles. Elle avait le don ds
parler du ciel avec une telle abondance et tant
d'efficacité, qu'elle embrasait tous les cceurs. Per-
sonne ne se retirait de ses entretiens sans être devenu
meilleur.
Malgré la pauvreté du monastère, elle défendait
de renvoyer les indieents sans les siîcourir. Ella
venait souvent elle-même leur distribuer, avec ses
faibles aumônes, des paroles de consolation et
d'amour.
La bienheureuse Claire prolongeait un jour sa
prière au pied de l'aulel, après l'office de Matinée,
quand elle entend une voix lui dire : « Lève-toi et
rends-toi à la porte de l'égli-e. Ton époux attend.
Il veut entrer ici pour y demeurer avec toi et tes
filles. » La Sainte s'étonne tout d'abord, mais se
sachant seule dans le sanctuaire, elle croit êtr«
l'objet de quelque illusii n. Elle continue donc sa
ririere. Mais la voix le fait entendre de nouveau et
ui répète les mêmes ordres. Elle se levé, prend les
clés de l'église, et se rend a la porte, accompagnée
de deux sœurs. Elle ouvre et se Irome en présence
du seigneur Galeati de Sienne, entouré des membres
du chapitre et d'une foule de Pi-ans. (ïaleati portait
en ses main s un cru ci fil dont l'imaee est comme toute
empourprée de sang. A cette vue, Claire se prosterne
et adore son Dieu. Galeati prend alors la parole :
« Vénérables Mères, dit-il. je me rendais à Sienne,
chevauchant au milieu de mes gens, -juand, venant
à passer près des ruines d'une enlise détruite pen-
dant .nos dernières gueiTes, je ra'iii.linai vers les
murs démantelés et vis au fond d'une embrasure
de fenêtre ce crucifix. Je l'entendis aussitôt me
dire : « Prends-moi et porte-moi a l'ise an monastère
de Saint-Dominique. Là mes servantes me rendront
hommage et me vénéreront. » Ce crucilii placé sur
le malire-autel du couvent devint l'instrument de
nombreux miracles.
PARDONS aiBOlOOKS
Claire Tivait heureuse et paisible au fond de son
couvent, mais à celte époque les villes d'Italie
étaient souvent troublées par l'anibition de familles
rivales et des révolutions politiques. Ln jour, la
Bienheureuse priait au fond du sanctuaire quand
des cris séditieux s'élèvent dans les rues voisines
et la font frissonner de crainte. Le.s clameurs popu-
laires deviennerjt de plus en plus menaçantes. Elle
distingue au milieu de ces vonféralinns ce cri
sinistre : « Mort, mort à (iambacorii I Vive Ap-
piano ! » Cet Appiano avait été jusqu'.-ilors l'ami et
le confident du père de Claire, c'est à lui qu'il devait
sa fortune, il venait maintenant de trahir son bien-
faiteur et de se révolter cnnlre lui par ambition.
« O mon père, s'écria notre Sainte, quelle mort
affreuse menace ta léle blanchie ! 0 mon Dieu I mon
Dieu, sauvez-le I... ou, s'il doit tomber sous les
coups de ses ennemis, recevez la victime dans le
ciel et pardonner à tes bourreaux. » l.a Sainte
rejoint ensuite tes sœurs alarmées; au moment où
elle arrive pris d'elles, elle entend de» clameurs
qui redoublent : « Mort, mort! frapp<>t-le I luet-le I
pas de arâce I... » l.a porte du couvent «emble vou-
loir céder, Claire y court et à travers la grille qui
donne sur la rue, elle aperçoit une poimlace 'vre
de fureur et de sang, à la poursuite d un hoiaiua
déjà blessé, qui est parvenu à se cramponnur aux
birreaui de la porte. Elle reconnaît cet homme :
cestsun frère i.oreiizi'. > Asile, s'é^;ri'/t-il d une voix
défiiillanle, et reco:. naissant Clair' : •• Ma sœur,
ajoute-t-il, notre ptr.' vient d'être mass-icri' par les
sicaires d'Appiar.o; un de nos frercf a pi'ri avec lai;
ce peuple ini:r;il me poursuit et veut aussi ma mort.
Asile, ma saur, asile!... » Or, ce couvent n'avait
pas droit d'asile. Ouvrir \ff ; nitcs à LoreniO,
c'était les ouvrir à la populnc^ . ■ xp'ser l'honneur et
la vie de» religieuses conii ■ ? i -a f.'arde, et violer
gravement la règle qui ■!■ :.ci..ii aux hommes de
p^ri.'îrerdansla "■ - teliçieuses.
l,;e lullo terr Haus l'ànic de Claire; sa-
cnlier,i-t elle s-- .^e-' et sa règle, ou bien
laissera-t-elle iJH !!■ t ~ n fr.re"? Son devoir rempurle
sur sa tendresse. » l.oieiuo, dil-elli, il ne ni'est pas
permis d'ouvrir... •• Lorenio comprend; il s'éloigne
et expire â quelques pas du couvent sous les coups
de la piifiil.io'-. A celle vue, Claire tombe comme
morte dnh^ les bras de ses filles. El.e venait dao-
coiuf lir lacté le plus héroïque de sa vie.
ïij santé déjà ébranlée ne put résister à ce choc;
une grave maladie se déclara bienidt. Se croyant
prés de mourir, Claire se confesse en répandant
des torrents de laimes. En présence de la sainte
Eucharistie qu'on lui apporte, elle dit a haute voix:
• Mes sœurs, devant mon Dieu que je vais recevjir
pour la dernière fois sans doute, je déclare que je
pardonne à Appiano et aux siens le mal qu'il a lait
a ma famille... Je lui pardonne de tout mon coeur
et je prie le Seigneur de lui faire miséricorde. •
Quand le prêtre eut déposé la sainte Hostie sur ses
lèvres, ses yeux se rallumèrent, son front brilla
d'un vif éclat, un sourire paisible éclaira tous ses
traits. Elle resta longtemps plongée dans l'oraison
et l'action <le gricrs. Puis la sous-prieure s'ap-
procha d'i-lle et lui demanda si elle ne désirait rien
prendre. • Je prendrais volontiers quelque chose,
ré(.'>r, dit-elle, pour me fortitier, mais j'aurais k cet
égard une prière k vous adresser. — Parlez, ma
chère Mère, vous serei obéie. — Kh bien ! je désire
qu'on aille de ma part chez Jacopo Appiano le
prier de m'envoyer un plat de sa table, ainsi que
le faisait, quand j'étais malade, mon bien-aimé
père. Il me semble que ce mets me guérirait. — Ma
mère, t'écrie la sous-prieur* étonnée, y songez-
vous? Appiano, le meurtrier!... — .Ne renouvelez
pas ces souvenirs, ma sœur, ils n'ont été que trop
vivants dan! mon àme... J'aimais ceux qui ne sont
plus, autant que jamais lille et strur ait aimé. jugez
de ce que j'ai ressenti pour leur as>a!'Sin ! Mais la
crice victorieuse de Jésus a subiugué mon cœur;
je veux, comme notre bon Maître, aimer et par-
donner. Hélas', pourquoi lialr?nous sommes pour
si I' Il 'I' t> iii| s sur la terre. Oui, ma Ulle, le Sei-
gn. 111 s.- r.v.rve la vengeance... Appiano n'y échap-
pera pas... Ah I prions plutôt pour qu'il te repente
et que no(i< «nyont Inu^ réunit au ciel. *
In ' 'i envoyé chez Appiano. 11
y ,irn -l fait partdeson messa^.
t, , •■. Le nouve.'y gouverneur
' pâle et se tait. Sa femme
1! 'v:! ! ■ ■ ' ■■- "
<! '
nolrr
|. .. I« ciel
la vc
p|„. .s de suiU, la pieuse malade envova
deQiaii>i<i( «Ai;U aumOiie, et c« pain du pardon lui
rendit las&nté. Elle priait pour Appiano. mais Dieu
avait décidé de châtier cet ingrat dès '•" monde. Le
peuple se lassa vit,> du nouveau mallri- iin'il s'était
donné, et le poignarda dan< une émeute. •> 0 grand
Oieu, que vos vengeances sont promptes et terribles,
s'écria Claire à cette nouvelle. Je ne vous avais pas
demandé la mort de cet homme, mais sa conversion;
et maintenant. Seigneur, j'implore de vos éternelle^
miséricordes le salut de son dme. • A peine a-t-ell
achevé cette prière qu'elle apprendquela femme ■
les lilles d'.\ppiano sont errantes dans les rues d
Pue: " Elles n'ont plus rien, lui dit-on, leur palai
est pillé, leurs richesses sont dispersées, leurs a!in~
sont en fuite. — Qu'elles vit-nnent ici, s'écrie ('.iain'
les portes du couvent leur seront ouvertes, aile,- l^•^
chercher : la fille de Gambacorti a le droit de sanver
la veuve et les enfants d'Appiano. Allez, au nom du
ciel, allez. •
Deux serviteurs dévoués courent à la recherche
des fugitives, et les amènent bientôt ii'i couvent de
Saint-Dominique. CJaire les attend, e.it- les reçoit
dans ses tiras et leur dit avec une joie inexprimable :
" Ici, vous n'avez rien à craindre. • La colère du
peuple n'osa pas poursuivre ses victimes dans l'asile
sacré. La vengeance s'arrêta devant la vertu de
Claire.
niHNiÈRBS souFTRA.Ncas rr uonr db li bienbburedse
CI.AIRK
Cependant le temps approchait où Claire devait
aller cueillir au ciel la récompense de tes vcrtu<
héroïques. Dieu, pour embellir la couronne de son
épouse, lui envoya de cruelles et longues maladi'-*.
Claire conserva au sein de ses souffrances une p.iii
et une joie inaltérables. Elle eut révélation dujcur
de sa mort, deux ans avant qu'il n'ariivât. Elle dit
alors à tes lllles qu'elle tes quitterait bientôt, sans
toutefois leur préciser l'époque de son lépart. Vers
le milieu du Carême de <«I9, «Ile fut prise d'un
violent accès de fièvre. Sa dernière heure api ro-
chait. Claire demanda a se confesser; elle le fil en
versant d'abomlantes larmes, et le matin de la f 'te
de Pilques, elle reçut son divin Epoux avec de'
transports d allégresse et d'amour que la plume e:>t
impuissante a décrire.
Puis, levant les yeux au ciel, elle ouvre les bras, les
étend vers la croix, et s'écrie : • Seigneur, m"" \<'u >
en croix avec vous. • Sa joie surabonde; ses i .
se portent vers Dieu; elle se tourne vert se« : .
et les bénit une dernière fois. Soudain son visi.
s'illumine d'un reflet céleste. Son Ame rompt ^■
liens et s'envole dans le sein de Dieu, (.i'élait le
17 avril 1419. A peine a-t-elle rendu le dernier sou-
pir, qu'une odeur suave s'exhale de tout ton ror;
de set vêtements et de tous les objets dont elle s '
servie. Ces p.irfumt embaumèrent la cellule dr
Sainte pendant plus d'un mois. Clair* avait 57 n
' ' ' !!e donnait X '.■ '
le des pli
M'a ij> ■ 'ii|i 'ir j I- 1 • •
de la gloire dont '-:
re. Piuifun I;
'•n vi! ].ar'
cl.
ce II
l.i rial rendu à l'humble vierge d*
Pue (ui appioa«c en 1830 par le Papa Pie VIU.
Iinp -y/ron/ .■ l'triiiiiiiiT, S, rur l'rini/'H I", l'«in
SAINT ÉLEUTHÈRE, ÉVÊQUE
ET SA MÈRE SAINTE ANTHIE, MARTYRS
Fête le 1 8 avril.
La mère de saint Éleuthère martyr, embrassant le corps de son fils.
FAMILLE DE SAINT ELEUTHERE
SA NAISSANCE
I-'empereur des Romain?, OJllius Adrien, qui
ré;;na de 1 17 à 138, avait un urand culte pour les
idoles et voulait que tnu"; parlayeassent sa véné-
ration pour les faux dieux. Mais dan? le m^me
temps, TK^-lise. persécutée, devenait néanmoins
de plU' en plus llnrissante, et de vaillants cham-
pions luttaient et répandaient leur saii^ pour
affirmer sa vérité. Saint Eleuthère et sa mère
sainte Anthie sont du nombre de ces heureux
martyrs et confesseurs de la foi.
Siiiil Eleuthère naquit à Rome, sous l'empire
de I rajan, de parent? nobles et illustres. .Son père
avait été trois fois consul, et sa mère, convertie
à la foi chrétienne par les lettres apostoliques de
saint Paul, s'adonnait avec zèle à la vertu et
destinait une crande partie de ses richesses au
culte divin. Ouand Dipu lui i>ni donné nn Tils,
Anthie mit tous ses soins à l'élever dans la crainte
du Seigneur; elle lui donna au baptême le nom
d'Eleuthère.
ORDINATION ET ÉPISCGP.VT
f/éducation chrétienne que rerut le jeune
Eleulhère porta des fruits abondants et le lit
proj;resser rapidement en sainteté. Parvenu à
l'à^e viril, il fut conduit au pape Anaclet par sa
mère, qui avait le désir de consacrer ce (ils chéri
à son Dieu. Eleuthère ne demandait pas mieux.
Le Ponlife s'aperrut bientôt de la vertu extraor-
dinaire de ce jeune homme et lui conl'éra suc-
cessivement le diaconat et la prêtrise, enfin il
l'ordonna évéque, lui confiant la mission (l'évan-
(.'éliser rillyrir. C'est ainsi qu'il fut placé, comme
il est dit dans l'Evan^zile, sur le chaitilclier, imur
è. lairf-r Ir? Amf" par 11 lumière d'^ sa parih.
322
SON 7.ELE — IL Cii>\F.iUIT LK l.KM-H»L vlÉ Mi '
L'ARRèrgn PA« v^nnn u L'wn'KHtia
En lllyrie, Eleulhére prêcha In M avec le
zèle d'un ;ii>"li(>. I.e déninii. atiiiucl il enlevait
chaque lour <ii> millier» d ;\m' ■> } "iir le.'^ consa-
crer a J'jsijf-Cliri«l, (Il de Li^ind* «-fforU pour
arrOler ce [>ro;.'rès de l'Evangile et trouva dans
la ]ier«onne de l'empereur Adiien un ministre
loul disposé à faire sa voloiilé.
L'empereur persécutait, en elTet, les disciples
de Jésus-Chri>l et s'allai|uail de préférence aux
chrétiens dune plus liauie noblesse. Aussi Kleu-
thère ne tanla-l-il pas à frapper son attention.
Il conçut le dessein de l'arrêtera et ordonna à
Félix, l'un ' ' 'taux, de passer en lllyrie
et de lui ■ ■« le saint eTèque.
lie «éii' I 11 .111 .i>e.- une uoiiilneu-'e troupe
de folilat- aiiiié-. et lit cerner de toute» parts
l'i^^'lise nii «e trouvait saint Eleutliére. l.ui-méme,
for-aiit l'entrée, pénétre jusque dans l'assemblée
des lidile^. Le saint év.*ijue, a'si> sur sa chaire,
aniioiii-ait sans se troubler la parole de Dieu à
son peuple. Le général païen se mit i écouter
avec curiosité une doctrine si nouvrlle pour lui.
l'eu à peu, la lumière se faisait dans son esprit,
la beauté des vérités chrétiennes et la sainteté de
la morale évaii^'élique ravissaient son Ame. la
tendresse paternelle et la piété du pontife le
ctiarniaient, ses préju;:és païens tombaient les
uns après les autres, enlin c'en était fait, la
u'rlce de Dieu aidant, le loup était devenu une
brebis Adèle et le perséi'uleur un disciple. Au
lieu de mettre la ronin '•ur Kleuthére pour le
conduire chargé de •■hulii>'S à l'empereur, il va
se jeter à ses pieds. <>elui-ci le reçoit avec la
bonté d'un père, lui adresse des paroles de paix
et rominfuie à l'instruire des tentés de la reli-
(.'ion chrétienne.
soir DV 1IABTT1IB — BA
Saint, dan» I.
les >;r.'ice!i d<
r.'i;
ai.iil en. .11 .■ I.iiili
l'im, l.leu!
Il de te»
I un uxuivau Oivu, qui non
cimme tous !"• homme», n.
ne ,
neii
Chri
la plus
I nrioe d
-e? Uiu
& ce II
Félix ne voulait plu» retourner vers celai fui
l'avait envoyé, mais Eleulhére, dans son ardeur
h donner *a vie pour JéMjs-CbrisI, ne voulut
lias attendre que de uouC-iux énii->saire- de
rrinpereur vin^oent le clienlier. Il avait soif lu
martyre, rumine d'.in(r<>s souhaitent un ferlin.
Il (ibti;:ea donc le nouveau mnverti de le con-
duire à Home m'Imii le« ordres de l'empereur.
l'eiidaiit II- voyaue. Félix fut baptisé par saint
Eleiilb-'iH, r.iinine autrefois l'eunuque d Ethiopie
par saint riiilip|>e.
SAI.NT ELELTIIEIIK DEVANT L'eMPKREUM
L'arrivée de saint Klcuthérc à Rome fit kTainlu
sensation dans toute la ville. L'empereur ordonna
de le faire rninpar.iitre devant -on tribunal. Le
*,.ii
■■imMirai des plus «ranils honneurs; si lu
cluses, je l'tatli;;er»i les supplices les plus
luels. ••
Kleuthère se souvint alors de ces parole* de
Notre-Seij,'neur : IJimnd on tous conduira dev/inl
la juges, ne \ou< luetUz ptis en veine Je ce i/i/c
1 «III réitoiètiiyz : ii tout «'''» ouïr.'' ihnné une
sagesse a laquelle on iit pourra n^sisler. Fcvrt de
cette promesse, il s'écria : " Comment poiirrais-
je consentir à servir de tels dieux".' ne dois-je
pas plutrtl vous conseiller d'abandonner leur
iiille: SI vous n'accédei à ce dé^^ir, je i>leurerni
^nr votre démence, parce que Dieu vous ayant
honoré jusqu'à vous donner la raison, vous êtes
devenu plus vil que le bois et la pierre que vous
prenez pour des dieux, et, pour les adorer, vous
abandonnez Ir seul Dieu qui a créé l'univers; il
est, en elTel, de toute vérité ijue le ciel et la t'rre
sont l'u-uvre de ses mains. .Mais dan- cet uni-
vers, l'u'Uvre la plus parfaite et la plu- précieuse,
c'est riioinnie, c'e-t n'>u--niéme. Ile même que
dans un coniliiit livré la nuit on frappe au basurd.
ami ou ennemi, di' même, dans la nuit de ri:;no-
rau'i', nous combattons outre outre propre Sei-
gneur et .Maître, tandis que nos véi ilables ennemis
sont les di'mons auxquels iihu- rendons de
grands boiineurs pardes s.icrilices inu'imbrables.
>' Pour moi, je le confesse liautemenl, je reste
attacbé.i mon ."^ei^jneur et lui deiiieuri-rai toiijours
fidele. Je servirai le Christ, cl soulîrir pour lui
toutes sortes d'injures et de supplices ne me
sera qu'un jeu il'enfanl. Ainsi que \v dirait le
({rand docteur saint l'aul : " Le monde e-t mort
pour moi. et moi je suis mort pour le inonde:
me- délices et ma joie sont de mourir pour Jésus-
Christ. »
i-:< LIT d'ai*aln imULANT
DiriBKT OOMM UN LIT MoKLLKl'X
Ces paroles d'Kleulhère irritèrent l'empereur,
qui lit ap|>orter un lit d'airain, sous lequel on
plaça un br.isier .-irdeal. Saint Kleuthère fut
étendu sur le lit et les bourreaux aUisérent
encore le feu.
Toute la ville de Moine éi
spectacle rt tou- s'indi^'iiaienl i.r
faire périr, comme le dernier i,i>
bomiiie si illii<(r« p.ir -on raii i •■ .
lui.
i'.ii llll.' le. iiiiJ
deiir des llaiiiiii
r ■ 'ir un li
'III tii,
I
eut rafrairhi ses iiieiiibres.
,ie|.|iie temps ■'•• ■ ■• il' i.ii..'
a''Ien-e
et s.iint
,1.1.
l'empereur, iiu'i'anl que
expii' , la I 1 1 ' iii ■ 1 I '
aui'une I I
Il (iiittn I
. - Je V
-e. I..
liantes de
linirable»
.1 ves U;U> I
1 1 acou
L HiiLi sua Lt m; — xocvtAi' maASU
• ■•'*, ■■*■■• • -•■ii'it .■■i\ -''■i'<i--iiii'i.iijiijit|i,
"acrilie aux dieux imninrleli. 5i tu le fais. Je te
Se tnarnani ensuite vers l'empereur .'"nevarde-
iuoi, lui dil-il, tu c !•■ f.iire >
par le feu? Ueronu < uont cclu
te prêche, mais reconnais en même tetnps Tim-
puissauce de les dieux. "
Adrien se crut insulté par cette courageuse
liberté de lani'aiie, et, craignant les moqueries
du peuple ^il restait vaincu, il imagina un sup-
plice plus violent. Il l'ait apporter un iiril de fer,
on V étend saint Elentlière pour le faire rôtir ou
brûler au-dessus d'un grand brasier dont on
s'efforce d'activer la flamme en y versant de
l'huile en abondAnce. Mais que peut la malice
des hommes contre la puissance de Dieu? Cette
huile se chan!.'e en une douce rosée qui éteint le
feu, et fe martrr se lève de ce lit épouvantable
aussi joyeux et aussi intact que la première fois.
Il semble que de tels miracles auraient dû con-
vaincre l'empereur de la puissance du vrai Dieu.
Il n'en fut rien. Dans l'obstination de son orgueil,
il ne pense qu'à imaginer de nouveaux supplices.
TROISIÈllE SUPPLICE
Les bourreaux placent sur le feu une grande
chaudière qu'ils remplissent de cire, de poix et
de graisse. Quand tout cela fut devenu un liquide
bouillant, .\drieri dit à Eleuthèrc : ■< Voilà ce qui
t'attend, sauve ta vie tandis que tu le peux encore,
ne reste pas ainsi entre la vie et la mort; les hon-
neurs que je t'ai promis, je te les oITre encore.
Vois mon amour pour toi, je t'aime comme un
père aime son fils. Je le jure par nos dieux
immortels, jamais je ne soullrirai qu'un honune
d'une si noble naissance, aussi bon elaussi savant,
d'une beauté aussi ravissante, se jette lui-même
dans le péril et la mort sans aucun autre motif
que son opiniâtreté vaine et inutile. »
Saint Kleuthère, avec une (fratideur d'âme
incomparable, repousse toutes c<'s faveurs mon-
daines et celle compassion traîtresse; il compare
lepersécuteurau loup d'Arabie tendant des pièges
aux brebis du troupeau, et linit en disant : '< Fais
tout ce que tu veux, jamais je ne clianiierai de sen-
timent, jamais je ne renoncerai à Jésus-Christ. »
.Adrien, blessé dans son orgueil, ne répondit
rien, mais il lit sisne aux bourreaux qui s'em-
pressèrent de plon:.'er le saint év.ique dans la
chaudière. Comme autrefois l'apôtre et évangé-
liste «ainl Jean, le martyr sortit de la chaudière
d'huile bouillante comme d'un bain salutaire et
mieux portant.
LA PRIKHE DU NOUvr.L KTIENNE
CONVKIISION AOSUHAllLS
L'empereur restait immobile et muet d* stu-
peur. Le prélet de la ville, nommé Corèlx", était
réputé excellent inventeur de supplices contre les
chrétie[i> dont il n'iunorait pas entièrt-nient les
do^'mes. Il résolut dou' , pour tirer Adrien de
son embarras, d'ima{,'iner un tourment plus cruel
et plu» efllcare que les précédents : •■ l'rince,
dit-il à l'empereur, j'ai trouvé un nioyeii de vous
délivrer de ce jeune homme i|ui méconnaît von
ordre». O"'"" apporte un ("urneau en bronze,
sarni au dedans de pointes de fer très aif.'ucs. ■>
La proposition |dut beaucoup à l'empereur qui
m apporter l'instrument. Le martyr, les yeux
élfvés au ciel et le visaf;e radieux, s'écria : •■ Je
von» rends grâces, f> Seigneur Jésus-Christ, mon
Iheu, de ce que vous dai;.'ne7. me combler de tant
lie faveurs; je vous rends cr^'ires de ce que votre
puissante main m'a revêtu d'une -i grande force.
M.iinteriant, recarde;. <^u haut <lu ciel et voyex
que font contre moi ceux qui vous haïssent.
■ livrc/.-nini de leurs filets; sauvei-moi. vous
qui êtes la bonté même, sauvez-moi J-s mains
de CL'S liommes sanguinaires, que tous recon-
naissent que vous êtes le seul Dieu dans tous
l'unit ers. » Puis, comme faint Etienne premier
martv r, il ajoute une prière (lOuc ses bourreaux :
" touille/, leur cu'ur, ù Seigneur, Dieu de mi-
séricorde, dit-il; fait<.>8 que tous connaissent
votre saint nom et amvnez-les à obéir à votre
volonté, alin que tous s;u'lient que vous êtes le
seul vrai Dieu et qu'ils abandonnent le cuite des
idoles. ■>
l.a prière du se'uéreux martyr monta vers ie
ciel et fut à l'instant exaucée. Corèbe, qui venait
d'enleiulre les touchantes paroles de sa victime,
senlit la cràce descendre en son âme. et, soudain
chan:;é, il se tourne vers l'empereur : « Mais pour
quel crime, s'écrie-t-il, pour quels inalélices
Eleuthere est-il donc condamné à ces supplices'?
Quelle est la cause d'une mort si cruelle"?
— T'ù aussi, Corèbe! dit l'empereur, en jetant
sur le préfet un regard de surprise et de colère.
(Juê t'est-il donc arrivé? Aurais-tu reçu de l'or
tl£ la mère de ce misérable pour clianirersi subi-
tement de résolution? Et qui pourrait te donner
mieux que tu n'as reçu de moi? loi qui n'as de
cousidéralion dans Kome que par mon amitié et
les richesses dont |e t'ai comblé. En d'''sires-tu
davantage? fout r« qui est à moi t'appartient,
tous mes trésors te sont ouverts, viens y puiser
à pleines mains et ne te laisse pas tiaiiuer par
les quelques pièces de monnaie d'une femme, n
Coriîbe, illuminé par les prières du martyr,
lit celte admirable réponse : ' (Jue tes récom-
penses périssent avec toi! Que Ion ari;enl soit
consumé par le feu qui te dévore! Mais ponr-
quoi persister dans ton aveu;,'lement et vouloir
chan:;er ce qui est immortel, et cela quand In
sais par expérience qu'aucun de tes dieux ne pouf
sauver ceux qui sont livrés aux llaiiimes. Au
contraire, le Dieu qu'adore Eleulhère l'a rendu
plus puissant i|ue le feu et que tous les supplices. .>
On a coutume de dire que les fortes amitiés
produisent des inimitiés aussi fortes. Nous en
voyons ici un exemple, car l'empereur, comme
fou de colère, voulu^'unir Corèbe p.*r le sup-
plice même qu'il "ail conseillé d'employer
contre saint Eleulhere. Il le fit donc enfenner
dans le four ^arni de pointes et cliauiïé par un
feu ardent, mais Corèbe en sortit sain et sauf;
et Adrien, faliyué de l'impuissance de ses sup-
plices, ordonna de trancher la tête au préfet.
Corèbe fut ainsi baptisé dans son sang et snana
en quelques instants ce trésor que d'autres
désirent pendant longtemps.
LE mihaci-k nK la focb.vaise de babylo.ne
Adrien revint alors à sa première victime, qui
fut jetie à son tour dans le four embrase, m.iis
ce fut encore iuutileraent. car le feu perrlit sa
force, et les ai;;uilles. respectant les chairs de
saint CIculhère, replièrent leurs pointes, de
sorte que le martyr était libre dans ce four,
comme autrefois les trois jeunes princes. An.inie.
A/.arie et Misaél dans la fournaise de Habylone.
A celle vue, la foule s'écria, ravie d'admiration :
'< Il est grand le Dieu des chrétiens, il est puis-
sant le Dieu que proche Eleulhere. " Jadis
>iabu< hodouosor rer aussi cloire au vrai Dieu,
en voyant les trois j :unes hommes sauvés des
flammes de sa fournaise. Adrien eut moins de
f.T,indeur d'Ame, il se lut dans une muette race.
et lit renvoyer le martyr en prison. Puis, réii-
niss.int les lidèles ministres do ses cruautés, ils
délibérèrent ensemble sur le supplice qu'on
pourrait infliger à paiut Eleuthère.
UNE COLOHGE APPORTE AU MARTYR SA NOUBRITl'aB
CHEVAUI DOMPTA PAR IN ANGE
A bout d'inventions, Adrien eut recours & la
faim. Il (il enfermer le coura^'eux évéque dans
une prison très étroite, dont personne ne pou-
Tait apurocher; mais Dieu, qui avait autrefois
nourri le prophète Klie par le ministère d'un
corbeau, envoya à son martyr une colombe qui
lui apportait chaque jour de quoi vivre dans ce
cachot.
L'empereur s'en étant aperçu, commanda qu'il
fût attaché à une charrue tirée par deux jeunes
chevaux indomptés, et qu'on les hkhât dans la
campQ;:ne alin que ses chairs fussent déchirées
par les pii'rres et les épines et toutes les aspé-
rités des champs.
Le tyran croyait bien que les chairs de sa vic-
time ne larderaient pas a voler en lambeaux et
qu'elle expirerait dans ce supplice. Mais Dieu,
pour le salut de plusieurs Ames, voulut bien
manifester encore sa puissance divine par un
miracle. Ln antie parut, qui dompta soudain ces
chevaux féroces; quand il eut détaché saint
Kleutlière, il le plaça sur la charrue, et les che-
vaux le conduisirent ainsi paisiblement sur une
colline voisine. Là, il ollril un sacnlice de prières
et de louaniies au Tout-Puissant qui l'avait déli-
vré, et le- animaux des forêts accouraient autour
de lui, louant et adorant Dieu à leur manière par
leur docilité et leur obéissance.
SAINT ÉLEUTHkRE EST DEFENDU PAR DBS BètES FÉROCES
CONVERSION DE PLUSIEURS SOLDATS
Après quelque temps de si^jnur sur cette mon-
tapne, le Saint fut découvert par des chasseurs.
Oux-ci. rmerveillés du spectacle des animaux
sauva^-es qui l'entouraient sans lui faire aucun
mal, en allèrent avertir l'empereur. Adrien, plus
cruel que Jes animaux eux-inêmes, envoya des
soldats armés pour s'emp^r d'Eleulhi-re, mais
le-, bètes féroces se jetèrent >ur les ennemis du
Saint et peu s'en fallut qu'ils ne fussent tous
rois en pièces; c'eût été l'aiïaire d'un instant, si
saint Eleuthère n'eût arrêté ses terribles défen-
seurs, et ne leur eût ordonné de retourner dans
leurs forêts.
I.CS soldats purent alors sans crainte exposer
l'objet de leur mission. Le Naillant athlète fut
heureux de le.* suivre, et, durant le voyage, il les
exhortait à pn-ndr»- fxeiiiple sur ces animaux
• r\- raison, qui l'avaient d'^fendii, et à recon-
tre eux-mêmes le Créateur et le Maître de la
ii.ilure entière. Il leur parlait ensuite du ciel et
de l'enfer et les instruisait ainsi le lonc de la
routf avec une ^'rande force et une grande \>Mé,
si bien que beaucoup de ces soldats, illuminés
pnr ses paroles et par la grâce, embrassèrent la
:ci chréiicuxie.
SAINT ÉLEL'THÈRE ET LES LIONS
Dès que saint Kleulhère fut arrivé à Rome,
Adrien assembla son Conseil pour avoir les avis
de ses ministres sur les supplices nouveaux à
infliger au martyr.
Quand tout fut préparé, le peuple accourut en
foule pour être de nouveau témoin de la puis-
sance du Christ. Saiut Eleuthère devait descendre
dans l'arène selon que l'avait décidé le conseil
de l'empereur, l'ne lionne des plus féroces fut
tout d'abord lAchée sur le martyr. L'animal
s'élança avec impétuosité sur sa proie; mais
arrivée près du Saint, loin de le déchirer et dé
lui faire aucun mal, cette lionne le caressait et
lui léchait les pieds. Ce spectacle attendrissant
ne fit rien sur le cu'ur de fer du barbare empe-
reur, qui ordonna de lancer un lion dans l'arène.
Mais celui-ci respecta éfalenieiit saint Eleuthère;
il se coucha à ses pieds et se mit à le caresser
comme un chien lidèle caresse son maître. Les
spectateurs ne purent plus contenir leur admi-
ration, et de toutes parts on s'écria : « (Ju'il est
f,Tand, le Dieu (ju'adore Eleuthère! "Cependant,
d'autres attribuaient ces merveilles à des malé-
jices, mais à ceux-là Dieu n'accorda pas sa grâce
à cause de leur persévérance dans leur aveu-
t;lemeut.
MORT DE SAINT h'i.ECTIlÈRR
L'empereur ne comprenait rien k ce qui se pas-
sait, et son or^îueil confondu ne faisait que le
rendre plus aveugle. Voyant que tout cédait «levant
le martyr, il fut obligé d'user du dernier moyen
et condamna saint Eleuthère à être d>-capité.
Le filaive mit tin à tant <le merveilles qui n'a-
vaient pu ouvrir les yeux de l'empereur, et saint
Eleuthère ayant cueilli la palme du martvre qu'il
avait tant désirée, alla recevoir dans le ciel la
récompense de sa fidélité, le iSavril de l'année I tO.
«\BTTBE DE SAINTE ANTHIE
Sainte Anthie se jeta sur le corps de son (Ils
pour le baiser. (Juflle scène touchante de voir
cette courateiise ni>Te allant au miliru de l'arène
recueillir les dépouilles de son lils. .Mais le cieiir
lies impies est plus dur que l'airain; ils ne crai-
gnent pas il'enlever la vie h une mère qui tient
son enfant dans ses bras. C'est ainsi que sainte
Anthie, saisie par deux ministres de la fureur du
tyran, fut mise à mort par le trnnchanl île l'épèe,
et son corps di-mcnra attaché à celui de son Ois
comme leur» Ames étaient unio« dan» une même
gloire. El ainsi se réalisa A la lettre celte parole
des Saintes Ecriture» : Mulrem pittpler fitium
I.Tl<in(i-m : le fil» fait la joie de sa mère.
Quelques chrétiens de l'Illyrie, qui avaient été
témoins de» combat» de» ilewx martyrs, recueil-
lirent spi-relement leur» dé|ioiiillrs c '
lireiit avec un crand respect. ('..
reliques furent dans la suite lransp>>i :
où elle* sont encore véneries de no* Jours.
Iinp priant L. I ii(iiu.'ai, 9, lue l^r4U^ui< !■ , l'iii»
SAINT LÉON IX. PAPE
Fête le 19 avril.
;w^M\ajtg»gfcgotg<gcg<g«»gtf<g<g^g<»»g^«^g<g^g<^»<»s:»gg*»ca<g<g<gtg<j^g^g^g<g^ftf<g<gft»<gtt»x»J
SAINT LEON IX NAIT EN ALSACE — SON ADOLESCENCE
TERRIBLE AVBNTUBE
Saint Léon IX naquit le 21 juin 1042, sur les
confins de la <> dnure Al-^arp -, de parents nohii's
et verluoux.Son prre était Huaues, comte d'Et'i-^-
heim, cousin germain de l'empereur Conrad
le Saiique, qui gouvernait alors l'AllemaKne. Sa
mère s'appelait Heiwide; il recul au baplOme le
nom df Bruno, et fut consacré par sa mère au
Seit:neur, au moment de sa naissance. Quand
lenfant eut alleini Tàge de cinq ans, la pieuse
Il plaide jugea que l'heure d'accomplir son vceu
'■tait venu el que Ftruno appartenait dès lors à
Dipii. Elle !'■ remit entre les mains du vi'Miérable
év.''rjue de Toul. Herthf>ld, qui dirigeait une école
flon-tsanle dans ^-on palais épisi'opal. Celle é.-ole,
où toute la nolilcsse de Lorraine envoyait ses
flN. était disciplinée comme un monastère, sous
la rètrlp du patriarche saint Hcnoîl; Firuno fut
conri'' particulièrement aux soins d<' son parent
Aililbi-rmi. lll'i du pririre Fri''iW'Ti( 'If I.uxem-
bourg, qui achevait alors le cercle de ses études
scolastiques, et qui était l'exemple vivant de
toutes les vertus. Bruno l'aima bientôt comme
un père, et l'imita comme un modèle. Sous sa
direction, il fit de rapides progrès dans les lettres
humaines en même temps que dans la piété. Ses
études scolastiques terminées, il devint l'égal
d'.\dalbéron par le talent et la science, sans cesser
de le chérir et de le vénérer. Ils s'exerçaient
ensemble aux luttes oratoires du barreau et aux
tournois pacifiques de la poésie. Ce doux com-
merce d'une amitiésainte n'était point interrompu
par la saison des vacances scolaires. IN les pas-
saient ensemble dans les chAteaux de leurs
parents communs, lin soir d'été, comme ils
étaient à Ktrislieim. il advint, dit un chroniqueur
contemporain, qu'après leurs prières acroulu-
inées, les deux ami-* se retirèrent chacun dans
l'appartement qui lui était destiné. Bruno ne
tarda [loiiit à s'emlorniir. Uuranl son sommeil,
un horrible reptile s'introduisit dans la rhambie.
innni.i jinque ^iir le viH,Ti.'e du jeune homin" e(
9 1.1
se mit à FUcer le sana à Jivers enJioii- en per-
• ant la chair vive. Eveillé par une douleur atroce,
lirunopotusann cri et s"flanraliors de ya couche;
d'un coup Tieourfusemenl asséné, il ftl tomber
l'animal sur le ciussin.
Les serviteurs, attirés par le hruit, accoururent
près de kur jeune maître. Il leur fut impossible
de retrouver le hideux reptile, mais les morsures
empoisonnées qu'il avait fait''.- n'étaient que trop
visiMe». Tout le visase. le cru, la poitrine du
jeune homme se laméii'Tont au point de lui
faire perdre l'usat'c de la parole. Il r>sta di'ux
mois en cet état; prndant ce temps, Adalbéron
ne le quittani le jour ni la nuil. I.'endure croissait
toujours, HuLU. f < t Helwide n'attendaient plus
tiu'une issue ialale, Adalbéron redoublait de
prières. Tout à coup, à nn moment on il se trou-
vait seul pri- du malade, il le vit se dresseï sur
son -<'.,ht. .^es lèvres, si longtemps fermées,
s'ouvnn ni sans effort : " Je suis piiéri, dit-il; un
vieillard à cheveux blancs, environné d'une
aun lie céleste et que je. crois être le p.itriarchi-
sailli Henoit, vient de m'ai'parailre. Il a touché
nu- lèvres, mes joues, mon oreille i l'endroit
des morsures, et le venin a disparu. « Adalbéron
appela les pieux p.irenls qui accourorent en
versant des larmes de bonheur. Ix-ur fil» était
coinplèlement ^'uéri. cl l'ieu peimit. pour attes-
ter la vérité du miracle, que les cicatrices
demeurassent toujours marquées sur le visat'c
du Dienbcureux.
naUNO, i:HAPrLAI> de L'gMPERtCH CONBAB,
EST rX.V titQlK DI TOUl
Vers cette époque (IOJR\ Brnnr. perdit son
bien-aimé maître l>i-rtbold, évéquc ue Tonl. Il
fut remplacé sur b ■'• " •'■ ;• ' "" ^'-^
noniiné Ibrman, <{
saint jrunc homme .■..-'■': , : u . .
à entrer dans le Chapitre canonial de cette vilb-.
l'eu après, cédant anx vo-iix île ses parenU,
Uruno alla s'adj(>indrB anx clercs de la chapelle
ini|>èriale dans lo palai* de Conrad le Saliqiie.
L'empereur aiq>r<iia proniptement ses (rrandes
qualités: il estimai! surtout <t donceur cl sa
modestie, et lui donnait par le tilie de
neveu II songea bimt^t a li. -on jeune
Age, pour qui'lqni- siéce il
Au printemps de l'année II'- icsdeTonl
vinrent annoncera rcnipeitui la lU' ri de bur
. évèqiie, Ib-rman, rt le choix, fait par la popola-
li I, cnlit re, de la personne de llriino, pour
ii)>or le siéfiu vacant. (Conrad ri-fm-a d'abord
-'---' !' liant le peu d'importance
;no lui repartit : « Je
. ■ „ .■■11.. - ., .. .•■•liMirs du mon''- ' ■ ■ ■"
i.'ié. le dénuement, Ihumilité dt Ji
. .1. . 11., Il fi II) niiidèb' des pasteurs. I l. .
du peuple de loul
humble et i>1'-<'ur. nui
il. Je rrli
voyei > il.
iino lUMlaliou
M Kn parlant
■ III U l'ilru tjiif lui
T'.lll, r4 ']l|l élail
: p.,UI
pur un
dn cjer^é et
i.f ."i tid iiiirii*-*éi
' pins
•Ile q
qui m e^'
• uo remit '
I (<». hil
Sun iils, elle vous coniure de devenir --on père.
Ici vous pourrez redire la parole ilu bon pasteur:
« Je cannais mes l>rebis et mes brebis uie con-
naissent, M
En achevant la lecture de cette lettre, Conrad
ne put contenir son émotion: il céda et laissa
partir son très doux neveu. Celui-ci fut reçu
à Toul avec enthousiasoie. Son sacre fut retardé
Jusqu'au 0 septembre )(127, parce qu'il n'avait
point encore l'Age canonique: mais il sut. dans
l'administration de sou diocù>e, suppléer à ce
défaut par sa vertu et son talent. Le bien spiri-
tuel et temporel de «on troupeau était -on unique
préoccupation. Il «'y consacra lui-même avec la
plus grande générosité, et é|iulsa en bonnes
o-Hvres l'héritage paternel. Au milieu «les diffi-
cultés sans nombre qui l'environnaient, il allait
chaque année puiser à Rome, auprès du prince
des i.asteurs, le courat^e nécessaire pour ne point
défaillir.
Cette dévotion extraordinaire et les miracles
que Dieu fai«iit par le moyen de son serviteur,
le rendirent populaire à Home et dans toute
l'Italie. C'est ainsi que le !sei;.'neur préparait à
Hruno, sans que celui-ci s'en doiitAt, le chemin
au iiAne pontifical où nous |e verrons monter
bient<)t.
RKCNO DEVIKNT PAIr. Xai.' «r l.l 1
Ivamase 11, qui n'avait fait que passer sur le
siège de saiirt Pierre, étant laort le « août lOWt,
les Komains envoyèrent une députation A l'empe-
reur Henri III, successeur île Conrad le Salique,
pour lui demander de dési^'iier le nouveau
Pontife, Le prince réunit h cet elfet, dans une
diète, k NVomis, tous le» évèques de l'empire
.!i..,>mbre 104S). .\ussitcM qn'on eut mis en déli-
•n le choix d'un futur pape,ti>ules les voix
•tie iii.nien«e a-semolée dési:;iièrent le
digne i 1 Christ, Hruno, évéque de Toul:
Lui riait-(in, s:iuia potier le fardeau
de la cbHr;,'e apostoli.|oe. •
Après de loni:ues resisi.inces, le pieux évoque,
ayant c<insuUé Dieu dans lo jeune et In prii-re,
finit par répondre: •■ I'ui«que von» le voulez, j'irai
;'i Rome. IJi, si le clergé cl le peiipb-, librement
et spr-nlnfiémenl , fnnt choix de ma personne,
j' ipe: siDon, je considérerai
V nulle. ■
I elle ■ "inlili'ii :ui le. Ile .ivec mande joie. On
^tAit «nr, en effet, de lasseiiUmeol des Romains
i|ui coiin.iiss.iient et aimaient Hruno. Celui-ci,
avant de fiMii. Inr les Al]'es. voulut revoir sa
chère éclise de Toul; il r célébra av*r une fer-
veur extraordinaire la fêle de Noël, Il y revêtit
......1 , f , .... ). . I..I ,1,. I .. 1, I î 11 ,1 I. tt If I :'i t.'*'.' ■ '''lir
ll\
Il'
être MU J"lii '
yuand i) 1 I
ni Ile, le peuple entier «e poii
en chantant des hymnes .1
niiiroble èvéque, indilTéreut
.|ui taillaient ••'>n .irriv-e, rn 1
!• b yeux I
pri-re inin
■le pèlrrili ,1 1.1 iltii.ni, l tr I
• Il Ira .1 .'^.iinl-PiiTi» et *
t.'itJ tou» le»
■■ t.l
•ul a èi.
' .. ■ ^ !■! j* lu » I e » Il »«■
urriciire, vous et*» 1 \Vi>rui»
i.l^'ia.. |.'"ji ii'li ■■u. ■■ '|iii •■tiii • ■' .1.11 li
I». Tous lui répoudUrcnt 4 iiae v(i|i uua-
nime: « C'est vnu.> seul que nous voulons pour
souverain pontife. - L"buinWe évoque, porté en
triomphe, fut aussitôt inlrouisé sur la chaire
apostolique, 1« 12 fémer 104V.
Ste LOTTES ebOKMCSt'^
A cette époque, la liberté sacrée de IKelise
Itomaitie était gravement menacée par l'iiiter-
vt-ntiofi abusive des empereurs d"Allema^n'-'. En
iTai^coptant le souverain pontifical qu'apr^i; une
'•Ipction réj-'uliére, suivant le droit autique, P.runo
rendait à rEïli>e un service immense.
Mais ce n'était là que le commencement
d"autre« luttes glorieuses pour la liberté de toute
liyise. fEglise, en ellet, élail alors opprimée
par les princes et les seigneurs, qui, au mépris
de ses lois saintes, vendaient les dignités ecclé-
siastiques à des hommes indignes. Ain^i, les plus
irraves désordres envahissaient le clergé, et la
société ciiri'ticuiie allait à sa ruine.
Le nouveau pape pritle nom de Léon. Il devait
imitiT le lion v.iinqueur de la tribu de Juda et
tcrr-is^er la simonie, le schisme et rimpiélé.
On appelait simomV/io's les clercs indignes qui
aT.iit-iit acheté 4 pri.v d'argent, des princes laïques,
l'invosiiture des charges ecclésiastiques parce que
Simon le Maf;e se rendit le premier coupable de
ce crime. K peiue intronisé, saint Léon IX iias-
>embla un synode à Rome et y fit définitivement
condamner cet abus déplorable.
Au'isitôl après, il se mit en rout«, se faisant le
propagateur iufatiKable de la grande réforme
qu'il voulait établir dans toute l'Eglise en rame-
nant petit à petit évèques, princes et peuples à
(k's sentiments plus conformes à la doctrine de
l'Kvant.'ile.
Il tint successivement trois conciles à Pavie, à
Reims, à Mayence, où il fit accepter pour l'Italie,
la France et "l'All^-magne les décisions du synode
romain. Il s'y montra le redresseur énergique
lie toutes les violences, de toutes les injustices
ecclésiastiques ou civiles, se réservant d'être en
pratique plein de douceur et de miséricorde
envers les pécheurs repeiilanls, autant qu'il était
implacable pour ceux qui s'obstinaient dans le
rn;U.
roU» KVr tES JIOSASTÈBES <A\T.ST RESSUSCITETl
Avant de retourner à Home, Léon IX, se trou-
N.TOt en .\llemai;ne, voulut visiter de nouveau
l'Alsace, »a dou''<- patri»». Son neveu, Adalbert.
'■omte de Calvo. l'niTiia à s'arrêter une semaine
lians son chAtean, «ilu<' au milieu de la forôt.
Noire, dans la iii.a'iiiliqiie vallée de Nasold. Iy«s
alenx du comte avaient fondé dans c«lte posses-
sion nu monastère qu'il» avaient richement
doté. Mais un de leurs descendants, plus avide
<leï biens tempor»-!-* que des spirituels, l'avait
• ompUlemcnt détruit.
In jour. Adallifrt arcompacnait le saint pape
^rm ourle dans un-- excursion sur la montnine
qui domine la vallée de N.î(.'old : tout li rouit,
Léon L\ s'arr'^ia pour contempler la beauté du
payoaee qui s'étendait h «e« pieds :
• Mon fll«, dit-il tm comte, ce lien semble
préde»tini'". O'""! emplaremenf pourrail-on mieux
■ hoiMr pour ri»'Ter un mon.ist*re nu l'on «"han-
■ rait unit et tour les louantes du i>ê.iteiir?
— Tré« bienhfiireux l'ère, répondit Ad.ilbflrt,
iii« anc'-tre"» av-nienl en la mi'me p<'ii'>''e. C'est
Kl qu'il» araieut construit un monfi«iére placé
-OU', le patronai'e de «tint Aiiréle. Mais, dan» la
-rijir. ,|,.s tfinp'. |ri fervr-ur primitiTi> <• rpIVIia,
les religieux oublièrent les sairit\- !■.'« de la
discipline et l'e'tablisseraent fut sup; ; uf. .
Le Pontife ne lit aucune observati n: -v; i.-, à
peinn rentré au château, il se mit à t . I ivr
toutes les chartes du monastère, consul il 1 i
iradiliou et acquit la cei titaide que les aieu.'; ili
comte de Gaivo avaietit détruit l'abbaye parpuic
cupidité.
Le lendemain, il lit venir Adalbert et lui dit
en présence des ctfdinaux de sa »aite, ^uls
admis à cet entretien soleoiiel : " Très cher
neveu, U ruine du monastère de saint Aurète
n'est pas votre fait perfeonnek mais, jusqu'ici,
vous avel joui sans scrupule de biens repris
injustement. Vous avez considéré comme vôtre
ce qui appartient à Dieu et à saint .\iiréle, pt
qui, loin d'être pour vous un élément de pros-
périté, ne fera qti "attirer sur votre famille la
ruine et la désolation. Donc, pour l'intérêt de
votre dnie, par l'autorité de Dieu tout-puissant
et des bienheurea.x ap<Mres l'ierre et Paul, nous
vous enjoignons, sous peine d'atialhème, de réta-
blir en son premier état le monastère de saint
.Vurète. d'y rappeler les moines de saint ISenolt
et de leur rendre tous les biens dont ils jouis-
saient auparavant. ■•
Emu parcelle allocution du pontife, Adalbert
se prosterna, fondant en larmes, à ses genoux;
il déplora sa négliijcnce passée et phnnit de la
réparer. Le pape le releva alîectueusoment et le
bénit.
Le comte se mit aussitôt à l'œuvre, tandis que
Léon IX retournait à Home pour livrer à Satan
de nouveaux combats.
SAINT LKON SOUllKT LES NORMANDS d'aFCLIE
De retour dans sa capitale, le pape-roi se proposa
de réprimer l'audace dc« Normands d'Apulie,
qui ravageaient continuflletnenl le domaine de
saint Pierre el dont le saint pape décrit ainsi,
dans une lettre, la tyrannie :
« Des Till.iges entiers, maisons, éplises, sont
par eux livrés aux llamines et tous les habilnnU
écornés. Certes, je ne veux pas la mort des
Normands, moi qui leur re|>rocho de s'être faits
le« meurtriers et les eitcriiiinaleurs dos popu-
lations italiennes ; je ne désiro la mort d'aucun
homme vivant, mais je veux que les lois divinos
et humaines soient observées sur celte terre. »
Pour arriver au but, le pape ii'épari.'na aucun
labeur. Non content d'écrire, il alla lui-même .'i
la oour de (ierinaiiie rappeler à l'empereur l'obli-
gation de sa charse el demander des secours.
Cédant à ses instance^, Henri III les lui promit.
Mevenu en Italie, en 103.), saint Léon IX p issa
ci Home les fêtes de Pftqoe*, puis se rendit à
l'abbaye du Mont Cas^in pour y attenilr.' l'année
germaine. Mais celle-ci n'arriva point, rar, au
moment où elle franchissait les .\lfie«. les aéné-
raiix qui la commainlaient renirenl l'oiilre de
relourncf on Allemagne. S»3nls, cinq •liiit' gnef-
riers, parents ou amis du i-ape, refusèrent
d'obéir et rnnliniierent leur nu che vers l'Apulie.
Sur la roule, quelque- ll.'ilieip-- <i" joicnirent à
eux. I>» pontife accueillit a"-- joie celle troupe
eénér^Ufe qui ie trouva hi' iii'''l en face des Ner-
iii.miU. CeiiK-ci, crnyiiiit avoir à fomlmllre nue
noiiibreii>e armée, àviiuMil rassemblé tous leurs
hommes d'afnies. l.-\ luMe s'en«{nt.'ea. ce ne fut
qu'un larnfije. \^t (lalieni* s'enfuirent an premier
ihoe,ro,ii» \l•^ ^nlilat^gercnains. ou plniAt lorrains
se firent tuer -.m'» rêiiiler d'nn pas. Ancno n'eùi
-iirvê.'u. ni le rhef norm.ind, Robert 4;ui*carJ,
n'ei'ii fait resK^r l<" maos-irre.
Le? vainqueurs se précipitèrent aussifùtsur la
ville (le Civitelln. 11> i.iioraient que le |iapey fût
enfermé. A leur ;i| i r.che, Léon IN iii iiuvrir les
portes et se pré'-eiii.i itevanteuz. A ptiiiereurent-
ils reconnu que, malgré l'ivresse du coinbat, ils
se prosteriiéiciit devant lui, le suppliant de leur
pardonni-r cl de les bénir. Le ?aiiit pontife leur
parla avi-c >a mansuétude aocouluniée et tous les
cœurs s'ou\Tirent à sa voix. Sa victoire était
conipb 1'. Il fit jurer aux Normands de respecter
désoi mais les droits de i'IiUiiianité et d'être en
tout les fils dévoués de l'Efjlise. Après la ratifi-
ralion solennelle de ce traité, il fut ramené en
triomphe par ses vainqueurs à Hénévenl.
«OBTIFICATIO- FT E~PB!T PE PRIERE DK SAINT L^ON IX
Sa vie était une mortification continuelle. Ln
tapis étendu sur le sol, avec "une pierre pour
chevet, lui servait de lit durant les quelques
instants de sommeil iju'il s'accordait. Chaque
nuit, il ri'citait inté:.'ralement tout le l'sautier
avec un nombre infini de f;énutlcxions. Le Jour lui
suffisait a peine pour recevoir les pauvres qu'il
servait de ses mains et auxquels il lavait les pieds.
In soir, acconijiatiné d'un serviteur fidèle, il
rencontra à la porte de son palais un lépreux
couvert de haillons ; il le prit u.ins ses lira> et le
porta dans le lit de parade, toujours soi^neuse-
meiil oiiii-, de son appartement |iontificaI, bien
qu'il ne s'en servit jamais pour son usaj-'e per-
sonnel. Ayenouillè devant ce lépreux, il s'entre-
tint avec lui comme un père avec le plus aimé
de ses enfants, le couvrit de son manteau, puis,
sortit, ferma la porte, et se relira dans son ora-
toire pour la psalmodie accoutumée. Quand il
revint, le lépreux avait disparu. Klait-ce le Christ
en personne qui voulut peinieltre à son serviteur
de le servir'?.'Sul ne le sut, à rexception du saint
pape qui eut uiic révélation à ce sujet, mais ne
voulut jamais en parler.
Si sa modestie put dissimuler cette faveur
céleste, elle n'arrivait point cependant à cacher
d'autres miracles par lesquels llieu manifestait
chaque jour la vertu de >aint Léon L\.
In paysan lui amena, à liénèvenl, sa lilleatteinte
d'une folii' furieuse, et le supplia de la ^'uérir.
L'humble pontife s'en excusa : •• Je ne suis point
dit-il, un tiiaiiinaturKe; si vous voulez un miracle,
i-ondui^ez votre enfant au tombeau des saints
ApAtres. n
Mai» le père, obstiné dans sa foi, insista telle-
ni'iil qui-, pour se dèbarra-ser de se.s iniportu-
ii;- -, le pape, rencontrant sous sa main du sel,
!■ I 'iiil et en mit quelques grains sur Irs lèvres
de la jeune fille en invoquant le nom duSeinui-ur.
La malade recouvra aussitôt la raison et la santé.
HORT DAKS LA RASIUOCI I>r SAiXT-PIF.HRE
Cependant, la lin du bon combat approchait
pniir ■•■ vaillant soldat du (^hri'-t. Il avait dmit
iiiprn-e, et la maladii', douce II i •■
ir céleste, vint lui annoncer •(
!••. !.,<• 12 février in;i», il i-èl
•• fois les Saint> Mystères, el
iIp i ni Diui.
(/éliii ' initiait rii
fynode le* •»é<|Utk de> dtttr*«k (itutiiue* enri-
ronnantes. Malgré sa maladie, il les convoqua
pour le 17 avril. En ce jour, il les appela près de
lui, el après les avoir suppliés de veiller avec
grande vi|,'ilance sur le troupeau qui leur était
confié, il ajouta : •• Je me recommande à votre
fraternité, car le temps de ma dissolution est
venu. La nuit dernière (du 16 au 17 , dans une
vision, la gloire de la patrie céleste me fut mani-
festée. J'étais plonjjé dans un transport exta-
tique, lorsque je reconnus, parmi les groupes des
martyrs, ceux qui sont morts en Apulie, pour la
ilèfense de l'Eglise : <' Viens et demeure avec
iii'us, me disaient-ils, c'est par toi que nous avons
obtenu la palme des éternelles béatitudes. »
» .Mais une voix se lit entendre qui disait :
(I l'as encore, dans trois Jours seulement tu seras
admis au nombre des élus. •■
" lionc, frères bien-aimés,supporlei-moi encore
trois jours et vous verrei s'accomplir en moi la
volonté du Scif:;neur. «
Après ces paroles, le pape congédia les évo-
ques pour passer la nuit dans la prière. Le lende-
main, 18 avril, il les réunit de nouveau, se
plaça dans une litière, et ses fidèles .Normands
le conduisirent processionnellemenl à la basilique
de Saint-Pierre. Prosterné devant le tombeau
du Prince des .Xprttres, il fil une prière pour
demander à Dieu de protèf-er -son E(.;lise et de
convertir les pécheurs. (Juaiid il eut fini, une
odeur délicieuse, dont le parfum était supérieur
à l'arôme le [dus pur. s'exhala de l'autel du bien-
heureux Pierre. Le pape fut encore près d'une
heure absorbé dans une contemplation silen-
cieuse; puis il se fit apporter du pain et du vin.
Il les bénit, man).'ea trois bouchées de pain, et
lit distribuer le reste aux assistants, qui le
conservèrent comme une relique.
Se levant alors, il se diri^'i>a vers le tombeau
qu'il s'était fait préparer dans la basilique :
<• Voyei, dit-il, frères, combien est misérable,
fragile et éphémère la gloire humaine. Que cet
exemple ne sorte jamais de votre mémoire. Do
rien, je fus un Jour élevé au plus haut faite de
ce qu on appelle la gloire, et maintenant, je vais
être réduit à rien. I.;t cellule que j'habitais
comme simple religieux s'est chaiigi'-e plus lard
en de vastes palais; mainteiianl, je n'aurai pour
diineure que cet étroit cercueil. Aujourd'hui
encore, avec vous, chair et sang; demain, je
serai poussière el crndro. ••
Tous les assistants fondaient en larmes, le
pontife les congédia en disant : •' Frères, je vous
rends yrAce» d'avoir ainsi passé avec moi cette
journée, reliuirnei à vos demeures et rcveneJ
demain reccvnir mon dernier soupir. "
Saint Léon se relira dans le palais épiscop.il
proche de Saint-Pierre. Il passa dan* la prier*
toute la nuit. Le lendemain, soutenu par deux
assisinnls, il rentra dans la basilique, el vint te
prosterner devant le mailre-autel. Son riMse
était baigné de larmes. Il resta d.n. " "i
tude environ une hi'Ure; puis il «'.
' ■ ' 'U avait appnité, fit sien' ' ■
r silence «t adressa au i
' T...1 l.ilion. II .t; • ' ■ ■ •■«•liti- (1 . - .■• Il .•
ques, et leur lit l'ii. .'«urson ordri', l'un
.1 11^ •■•'lèbra la i.- : l'i' •iiiiiinstra Ir lUirp^
iii;; tlu .^''^'iKiir A|'i I dit; "Faite*
. il in<" seinbli- qir ^ 1 unir tl,
ni la t«'-tr, il s'cnd'iinn
pour ne «p révrilbr qu
'.<•»! ain»i qur mourut, drv.iiil I .iiiipj dr >«int-
l'i-rre, le birnhouri'Ui p^'oiii-- l.inn l\ . le
IV arril «le l'an de grAce io:A
liitp -^eranl, \'l:\•,^^l^>^^ a, rue t lAiit,.
SAINT GIRAUD DE SALES
Fite. le iO avril.
Le Bienhaursuï Glraud donne de salutaires conseils è. ceux qui viennent le visiter.
LKS TROIS PILâ DU CHEVALIKB
Giraud fou r.jrald) naquit au p<>tit villai;.» de
Sales, prè'i d.- LerKerac, au dioctso de Péricueux
Ter» l'an 1070.
brave chevalier Foulques, et sa
pieuse mère Ad<=arde, ornaient, par leurs vertus
chrétiennes. |,, rinhles<ie et la rirh.-sse qu'ils
tenaient de leur» aïeux. Trois \\U vinrent siircos-
i>on père, le brave chevalier Foulques, et
pieuse mère Ad<=arde, ornaient, par leurs vert
:hreliennes. |,i iinhles<>e et la rirh>^<isp qu'
Lenaient de leur* aïeux. Trois UU vinrent siircr
Mvement rH|ouir leur foyer domesliqu.-: (niaud
• rnmoardff Fniil,|ucs. leurs ,,.,i.-mI- ^■..flo,. ..n'u»
do l.'s élever dans j.s liiipiimles do foi et de
courape qui faisaient l'hr.i m do leur fninille.
I.'s habitants du pays, dit riM;.'iograplie, oUiieril
vinltMils et belliqueux. Les tiois Ireres i-n eurent
ri'iior«ie sans en avoir la rude.s-o; et, doux dis-
ciples du Christ, ils devaient un jour tous les trois,
victorieux d'cux-ini'ines, renoncer .nu niond-' ei
eiiili.iuiner l,i solitude ,lu [laifuin de leurs verlus.
.\pri"s rddur.-ition niat.Tiioll.-, les lils du clic\.i-
li>r roc III .Mit les soins d'un maître, que lliislorhii
ipp'll" viL'il.int et dorti', mais sans nous dire ou
6-21
qu' Ile ville il enseiunait. Quoi qu'il en soit, ses
disriples répondirent à ses .'ITorls .-l en peu de
temps rt-alisèreiil, dil-il, de rapi.l.- iTORrès dans
IVlude de la « laiipue maîtresse ■■ (li' latin).
Mais Giraiid n'était pas seulement l'ainé de ses
frères par l'Afje, il l'était aussi p.ir l'intellipence
et 1.1 v.-rtu, et la grâce de l'Esi.ril Saint illuminant
son ."11110 pure, il s'assimilait les sciences avec
rapiilii''. , , .^ , ,
Il termina le premier le cycle des études de
son temps, c'est-à-dire des sept arts libéraux.
GIBAUD II LE BIBNHïUREUX BOBKRT D ABBBISELLB
Par quel chemin le brillant jeune homme Ta-
t-il maintenant diriger sa vie? ira-t-il, monté sur
un lapi'lf coursier, lutter de couratie et de vigueur
avec l.'s chevaliers bardés de fer? ira-t-il à l.i
rcchrnlie des fêtes et des plaisirs dans les chU-
teniix nu les grandes villes? ira-t-il se faire un
nom p.irmi les savants de quelque université déjà
fanieu-^e?
Non. Dès son enfance. T.iraud éprouve un
secret attrait pour la solitude. A mesure qu'il
avance en Age, il comprend, dit l'hi-torien, que
n le monde est animé de l'esprit du mal », et il
veut le fuir. 11 veut acquérir une science qui ne
trompe pas, « une logique qui ne craint pas les
obj.'Clioiis de la mort », la science et la logique
des sainLs. Il hésite seulement entre le monastère
cl la vie érémitique.
Or, à cette époque, un célèbre missionnaire
remplissait le centre de la France du bruit de si;s
prédii-alions et de l'éclat de ses vertus, c'était
le bienheureux Hobert d'Arbriselle. Fuyant un
monde corrompu. Bobert s'était d'abord enseveli
dans la solitude, se nerfectionnant sous le regard
de Dieu dans l'austérité et la prière.
l'uis. rempli de lumière et d'ardeur Darl'Esprit-
Saint. d'-voré de lèle pour le salut des Ames, il
avait ronimencé sa vie de inissionnair.v S m- mil
Bouci des intérêts de la terre, uiiiqii- '
<^,i|"' i'- 1 ' l'nirf de Dieu et du salul il'
il,' liés et lescamp.i:.'!!!"*, <'braiiUiiit
l,.v ir sa parole apo-tolique et les
exempbs de sa vie austère. Des jeunes gens, de
nobles vierges, des personnes de toutes condi-
tions, arnichés par sa prédication aux vanités du
monde, abandonnaient leur maison pour lui
demander nn asile où ils pussent, sous s.» direc-
tion. SfTvir Dieu uniquement et s.iuver l^ur Ame.
p.iiii ■ : '; ' ît fonda A Fonlevr.iiill
,1,1 III, .r ,'t un Couvent de reli-
gieuses, iiaiis I un '-i I auiiu régnait une grande
fervi-ur.
Tel . ' ••
\\ .1.. Il
. Il . .|i|i l.ir.ii!,! i iTil
deiiinii .
pour 1
ttobeil
■ s
d<' lui.
w.r
I.
^ ermites;
il lui 1 r'li>clllu lie se
foi
i I.i rie
ri'liri-'use dans une
cniiiini'
us douce. ilirauJ
ol-'il
r les Chanoines
i;
. .S.unl-.^ïil 11-
.> iiK'ur, non loin de
leté.
ital, de vouloir bien le roccToir dans
eau LM CRAHomKs B<etn.itK(
voulu
lils bien -aimé; mais ils se réjouirent de pouvoir
l'offrir à Dieu comme un fruit de prédilection.
tiiraud reçut donc l'habit des Chanoines Régu-
liers, et s'elirorça do faire passer dans son Ame,
avec le délaclie'ment des biens de ce monde, cet
esprit de simplicité et de charité qui caractérise
la Règle de saint Augustin.
Son humilité, son obéissance, son assiduité &
la prière, lui conquérireiit la vénération de ses
frères en religion. Toujours ennemi de l'oisiveté,
il se perfectionna dans les sciences sacrées, et
ses supérieurs l'obligèrent à recevoir successi-
vement le sous-diaconat et le diaconat. Us souhai-
taient vivement le voir élever au sacerdoce, mais
il les supplia avec tant d'iiisUince de ne pas
imposer à son indignité un ministère si sublime,
qu'il fallut renoncer à ce projet: » Je ue veux pas,
disait-il, ajouter cette audace à toutes mes faute»
passées. »
CHB LES ERMITES DE FONTEVRAULT
Cependant, Ciraud n'oubliait nas que Robert
d'Arhrisi-lle l'avait envoyé dans la communauté
de Saint-Sauveur pour se pn=parer, comme dans
une sorte de noviciat, à une vie plus si'vère e
encore plus séparée du monde. Il rrcourait
fréquemment aux conseils du saint missionn.iiie
et lui rendait souvent visite, « ne se lassant
jamais de puiser, à cette source très pure, les
eaux vives de l'amour de Dieu. »
l^iraud devait avoir environ trente ans, quand
son maître spirituel consentit enlln à le recevoir
au nombre des .lustères ermites d<' Foni''vi,iult.
l.e nouveau disciple ne tarda pas 4 dépa-s- r les
plus fervents en austérités.
Déjà pauvre parmi les Chanoines de Saint- Avit,
il trou/a le moyen de pratiquer une nauvreté
encore plus extrême à Fontevi.uilt. 11 n'.ivait
qu'une tunique et un manteau, et ils étaient d'une
étoffe rude et grossière.
Toujours sous le cilice et toujours avec la croix,
on aurait pu dire de lui ce que le Sauveur disait
de saint Jean-llapliste qu'il ne mangeait, ni ne
buvait. Tous les jiiui s de »a vie, hivercomiue • ! .
qu'il fût bien portant ou malade, il no pi' ■ t
jamais rien avant le coucher du soleil. A ' ■
heure tardive, un peu de pain noir et qu'! , !• -
b'gumes, avec un peu d'eau roi: ■' :
un peu de fromage ou de petit poi- i - 1
seule nourriture, ij- inéinr, il lui aiii-
vait de se priver ■!
det^uelqii'
Ainsi . 1'
son '■
sou-
.re repas en faveur
serriteur de Dieu domptait
• ' - r' 'n -'1 -rr -
• •e< .mif nir
les ext.isiîs de l'amour
y^i .111 ' lie riiiit ^ 111^.
dit I
la m
il de l'iUKraliliKie
l.a Sainte Kcritin
ses mains, il en n
lieux oracles et Di
en mieux faire »
beauté».
Aussi, 4 ine«ure
I amour de Dieu et de l'ai
" 'illuminait dovii
,U .1
u ^invi 111 .
•Tt "ntri"
»ir le» (Jpifuuj' m 5 t.1 les
1"
son
'. rasait d«
'.llirs, «on
(eai 1- U
LK MISSIONNAIRB
Au bout de quelques années, le pieax ermite
était mûr pour raposloiat. Il fut donc associé à
son maître Robert d'Arbriselle dans le ministère
de la parole sainte. <• 11 y brilla comme un astre
H'tincelant, dit l'historien; la fournaise la plus
ardente ne .jette ni plu'î de lumière, ni plus de
chaleur; le parfum de la charité, comme le uard
précieux de Marie-MaJelcine, d>^bordait de son
cœur et se répandait de ses lèvres embrasées
sur les multitudes. »
A son tour, il se mit à parcourir en mission-
n.-'ire les villes, les vill.i:.'e';, les châteaux et les
campagnes. Partout, il jetait le lilet de la parole
évangélique et son labeur «"était jamais stérile.
Chacun trouvait en lui un remède aux infirmités
de son âme, il $e faUail tout <i tous pour les gagner
tous à Jésus-Christ, « encourajteant les bons, domp-
tant la résistance des méchants, sans distinction
de rang, de fortune, d'^'ige, de sexe ou de condi-
tion sociale. 11 ne voyait que les âmes, les
embrassant toutes dans |a même communion de
la charité et de la prière. »
Sa renommée s'étendit au loin et les évêques
et les prélats entendaient avec joie les merveilles
que l'on racontait de son apostolat.
Pierre II, évoque de Poitiers, pontife remar-
quable par sa science et ses vertus, lui délégua
son autorité pour l'exercer dans toute l'étendue
de son diocèse. Plusieurs autres évoques lui
confièrent également des pouvoirs de vicaire géné-
ral (comme nous dirions aujourd'hui), pour évan-
e'Iiser leurs peuples, réloriner les cibus, faire
lleurir la foi et les vertus chrétiennes.
•< Il allait donc, reprend le chroniqueur, comme
le soleil dans sa course, et s'avançait a pas de gi'ant,
renversant le vice, reprenant les pervers, rani-
mant les engourdis, réchauiTaiit les tièdes, enfin
préparant au Seigneur un peuple parfait. »
.\près les excursions apostoliques, « comme
rai;,'le qui revient à son nid pour y puiser des
forces nouvelles, il se retirait humblement au
désert. »
SA.IRT GIRACO FONDS NEUF XO.NASTÈRBS
Heureuses les âmes prudentes qui peuvent
s'arracher aux mauvais exemples du inunde pour
servir Dieu librement à l'abri du cloître ; heureux
les ca-urs vaillants, qui, par un généreux sacri-
fice, renoncent à tous les biens de la terre pour
s'immoler eux-mêmes tout entiers à Jésus-Christ
,j,,.^ 1. ,.r. ,f...^iuii religieuse. C'est le bonheur
'! our eux ei pour beaucoup d'autres
, ;ire'liens convertis par notre saint
ire. On lui offrit donc successivement
■ 1 onds et des territoires pour bâtir des
couvents et des abbayes, qui ne tardèrent pas à
iHre remplis de communautés (lorissaiites. G était
d'ailleurs l'époque de la foi héroïque et des croi-
sadi'.-..
Ainsi furent succe<sivement fondés par le
zèle du bienheureux (iiraud, les monastères de
Cui'iiiin (près de fli-n-ern ), de Oand-Selve (au
di'" ':->e actuel de MunUiubau), de Dalon (près
<i l.xideuil, en Dorilnune), du Itournet la Sainte-
\.' r-e (au diocèse d'Ang'iul'''nie), de l'Absie de
iiU.iiej au diocèse de la itochellej, des Alleuds
.111 II - .-« de Poitiers), et celui des Cbàlelliers,
pr. !• .'iiort.
I ni'r es septabb*yes de moines, le Blenheu-
; ■' l'j. il foiid.ilmn d •■ d>ux rouvents de
religieuses : celui de Bibio et celui de Tutio (Le
Tusson, au diocèse d'Angouléraei.
Uans toutes ces maisons fut établie la Règle de
saint Benoit avec sa rigueur primitive, sans
aggravation, mais aussi sans adoucissement soit
pour la nourriture, soit pour le vétemeat.
LA FAMILLE DH SAL-^T GIRAUD
Telle était la magnifique famille spirituelle du
bienheureux missionnaire, mais sa famille selon
la nature ne resta pas en arrière de ce mouve-
ment de foi et de sainteté. Les deux frères de
Giraud le rejoignirent dans la solitude.
Grimoard fut successivementchapelain deTutio,
prieur des Châtelliers, abbé des Alleuds et enfin,
l'an 1141, élevé malgré lui sur le si<'ge épisi-npal
de Poitiers. " Je dis malgré lui, reprend l'histo-
rien, car déjà il avait fallu forcer sa volonté pour
lui faire accepter la bénédiction abbatiale : j'ai-
merais mieux être lépreux qu'abb^ <>, avait-il dit.
.Mais quand il fallut recevoir, non plus seulement
le gouvernement d'un couvent, mais celui d'un
diocèse, il fut épouvanté : « Je pr'-férerais l'exil
ou le martyre à l'épiscopat », répondit-il. Mais il
fallut se soumettre au désir de Dieu.
Toutefois, le Seigneur se contenta de sa bonne
volonté et ne lui laissa pas longtemps porter le
fardeau des sollicitudes ép scopales : il mourut
quelques mois après, consolé dans sa dernière
maladie par des apparitions de -Notre-Seiimeur
et de la Très Sainte Vierge. Il fut enseveli dans
T'-L'llse de Fontevrault; ses funérailles furent
honorées par la présence des archev'que» de
iiordeaux, de Reims et de Tours, des év-qnes de
Soissons, de .Meaux et de Noyon, de r''véque de
llliartres, Geoffroy de Lèves, l"i:at aposloliquë,
du comte d'Anjou et d'une multitude immense
de peuple.
Foulques, le second frère de notre Saint, prit
l'habit religieux dans l'erinitage de Rosrhaud.
au diocèse de P'-riirueux, et, digne émule de son
frère aîné, y acheva saiptenjenl sa vie dans le
silence, la prière et de grandes austérités. L'ne
abbaye remplaça plus tard le modeste ermitaee,
et on voulut transférer dans l'église du monastère
les restes du pieux moine, car les mira' les opérés
à son tombeau lui avaient valu la vénération des
peuples. Quand on ouvrit le sépulcre, on retrouva
son corps dans une intégrit>^ parfaite, et dans un
tel état de conservation, dit l'historien, qu'on
l'eût dit enseveli de la veille.
Le père de ces trois grands serviteurs de D>u,
le brave chevalier Foulques, les avait précédés
dans l'éternité, mais après avoir eu le bonheur
de recevoir, durant sa dernière maladie, l'iiabit
monastique des mains de sou fils aiué, le bienheu-
reux Giraud.
Restée veuve, la pieuse Adéarde, leur mère, prit
le voile des religieuses probablement à Fonte-
vrault) et termina saintement sa vie.
DERNièHEs umits
Le temps approchait an«si pour Giraud d'aller
goûter au ciel le P' ii- par tant de travaux.
Les dernières am > vie n'avaient pas été
moins admirables.
Un racontait de lui divers miracles : A Saint-
Maixcnt, il avait converti ane femme de mauvaise
vie en se couchant au milieu d'un brasier ardent :
« C'est ici, lui dit-il, que je vous donne rende?.-
▼qus. » A ces paroles, au souTenir de l'enfer, A
In vue du tniiaile (jmI r.rot ;.;■ ail riioiinne ■'"
n
Oitu, la malheureuse était rentrée en elle-même
cl, i-enomant à sa vie coupable, était venue au
couvent de Fontpvraull consacrer le reste de sa
vie à la pénitenci^.
On assurait aussi au'un naufragé, en péril au
milieu des llot<;, avait invoqué le Bienheureux,
et celui-ci, apparaissant sur les ondes, l'avait
ramené sain et sauf sur le rivage.
Un homme, qui avait donné l'hospitalité au
saint missionnaire, eut sa maison miraculeuse-
ment préservée dans un incendie qui dévora les
maisons voisines.
Les Religieuses de Fontevraull portaient les
cheveux longs suivant l'usage alors général en
Occident; un jour qu'il prtVbait dans leur mo-
nastère, le Bienheureux leur conseilla JVilïrir
encore à Dieu ce dernier saeriflce; et dociles à
ïes paroles, elles s'empressèrent de faire tomber
leur chevelure sous le ciseau.
l'ermitage des CH\TBLLIER? — OERNIEBS JOURS
l.'ermilage des Chilelliers fut la dernière fon-
dation de saint (liraud (1). 1,'évéque de Poitiers,
riiiillaume II, lui avait permis de choisir le site
nui lui conviendrait le mieux dans les terres
dépendantes de l'évéché. Sur les indications d'un
hnliitant de Sainl-Maixent, un disciple ib- notre
Saint, nommé l'ierre Duvar, conduisit liiraud au
lieu iippelé les Chûtelliers : là était une |>rairie
solitaire, entourée de bois, et arrosée de nom-
breux cours d'eau, merveilleusement propre à
l'établissement d'un eriiiilape.
C""-taitau mois de mai de l'an 1119. Les habi-
tants du bourg voisin accueillirent avec enthou-
siasme le saint missionnaire, il leur prêcha avec
son éloquence accoutumée; dés le lendemain, il
prit possession de la terre où devait s'élever le
futur couvent, et se relira.
Le jour de la fiHe de saint Jean-Baptiste, il
envoya Pierre Duvar et deux autres ermites
coniiiiencer la fondation, fiar la construction île
quelques cellules de l- Le jour de la
fête de saint Bailhédeiii . il leur envoya
quelques autres Frère>, i. m jiiimctlanl d'aller
les rejoindre dès qu'il |aurait achevé la visite de
SCS autres couvents.
Mais la maladie l'arrêta h l'abbaye d'Absie de
O&tines. Saisi d'une lièvre violente, il duts'étendrc
sur un lit,ditrbagiographe, lui qui n'avait jamais
roniiii !•• ri'iin...
I de perdre un tel maître,
mul les pour obtenir dr Dieu
la gui-n>un du »<iint malade. Il sembla un
moment que leurs supplications étaient exaucées
et que leur bienheureux l'éie ne leur serait pas
encore enlevé. In mieux sensible je produisit à
l'approche du printemps, cl le serviteur de Dieu
en profila pour tenir la prome^sf qu'il avait
faite A ses (ils desCb&lellicrs. Il s'y lit iransporter
en brancard.
(I) Nom ilnnnon* nu nrvileur de Dieu Ir Ijire de
x,.i,,^ r iiiiim riilifi iniirr .i i Im.ii-i' I r i.l il i. .■. . ,,,|
•I
ici
r', .4 plupAlt dis > lut liuUIlLlll MUl»-
uifiit le litre d« ifu
C'est au milieu d'eux, dans la pauvreté de
cette fondation nouvelle, qu'il voulait mourir.
11 arriva le dimanche de la Passion (4 avril I I20J.
Son lime, plus vaillante que jamais, triomphait
des défaillances du corps. 11 voulut assister à la
jjrocession des Hameaux, et ne pouvant marcher,
il pria les Frères de le porter. 11 passa en prières
toute lajournée de l';\ques,dans la petite chapelle
de bois qui servait d'.if|lise au nouveau couvent.
.\près sa communion, il fut ravi eu extase et y
resta pendant une heure.
Enlin, il revint à lui, et comme ses disciples
le pressaient de leurs questions respectueuses,
il leur dit : « Jésus-Christ mon Seigneur a daigné
me visiter; il avait à ses ctités l'évéque Pierre
de Poitiers et Robert d'.\rbriselle, mon cher
maître. » Puis il adressa une suprême exhorta-
tion àscslils spirituels, rangés autour de lui, leur
recommandant la sainte obéissance, la charité
fraternelle, l'amour des pauvres et par-dessus
tout une inviolable fidélité à toute la Règle de
saint Rcnoft.
Vers le soir, les Frères le reportèrent sur sa
couche de bois et de paille. A cause de la solen-
nité du jour et de sa faiblesse, ils lui offrirent
un u'uf et un peu de fromage pour son repas.
•I Que faites-vous, malheureux '? dit aussitôt,
l'intrépide vieillard, cette nourriture est trop
recherchée pour des ermites. N'en user jamais. » .
Il vécut encore d»?ux jours, réyla lui-même
l'ordre de ses funérailles, prescrivant la simpli-
cili- cl la pauvreté.
Lnliii, le iiiercrcdi de PAques (20 avril 1120),
à l'aube du jour, il répéta à haute voix cette
prière du divin Mailre : •< Père Saint, conserver
les lils que vous vous êtes choisis par mon minis-
tère (S. Jean XVII, 1.) » et il remit doucement
son Ame à Dieu. Il avait vécu cinquante ans.
La nouvelle de celte mort se répandit rapide-
ment dans la contrée, et une, ininieiisu multitude
accourut aux funérailles, tiuillaume, évêquc de
Poitiers, arriva tout en pleurs : « Uù est mou
ami et mon maître ? » disait-il.
ijuand il aperçut le corps du bienheureux
délunt, revêtu seulementd'uii rillce et d'un inisé-
rable froc de laine : .■ (.lier, dit-il aux Religieux,
ces habits de pi'nilence et décorer-le des insignes
de sa cléricature, des ornements du diaconat. ••
Par son ordre, le corps du sainl missionnaire
resta exposi- le reste de la seniaim- h l.i vénéra-
tion des lidèles qui ne n^- il. ni .l'i. . ourir de
tous ciMés; on lui lit des ' ' iinelles,
et on l'ensevelit dans un !•• nierre
dans l'église du couvent, iienurnup de ndèles
aperçurent dans les airs, au-dessus de l'église,
trois'croix lumineuses, qui ne disparurent qu'A
la lin do la cérémonie.
De nombreuses guérisons s'opérèrent dans la
suite à ce lonibeaii. Au xiii* siècle, Thomas,
obbé des '■' -. lit reconstruire magniil-
quenieiit !■ itiale et l'on procéda àl'élé-
ralion solenm m- ms reliques <tu sjiiiil fondateur.
Les divers couvents fondés par le llienheurnix
furent afilliés A l'Ordre de i.it<-nux par saint
llrrnard et pers<'«'-rèrent loiiyliiiqi» dans la fi-r-
veur. \a Révolution le» a diliuiLi, mai» les
.'^ainta rivent éternellemenl avec Diea.
k rt riTliLsr: 1 , iui^' yfianl.'i, lue t'iau^ul* 1*', k'Uià
SAINT ANSELME
ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY ET DOCTEUR DE L'ÊGLiSE
Fêle le 21 avril.
Depuis quatre ajis, le roi Guillaume le Roux laissait vacant l'archevêché de Cantorbéry.
Tombé gravement malade et craignant la justice de Dieu, il offre cette dignité à
saint Anselme. Saint Anselme refuse, mais les évêques l'obligent à accepter.
C<TRK l'.S MAUVAIS PERB ET UNE BONNE MBDB
Anselme naquit 1033 dans l.i rite d'Aosle,
^ilu'^e sur les cnnliri' du l'i<^mnnt et de la Suisse.
Sa (lieuse m<'rf, Krnient'ardf , lui apiiril de bonne
lieure à aimer le Dieu (T>a|pur et la Mère virgi-
nale du Sauveur J'Hus. Lri jour, l'enfant se vit
traniporté en esprit prés du ^rand Itoi : il en
r'-ful un pain blanc comme la neige et d'une
suarité toute céleste.
Ainsi prévenu des faveurs divines, Anselme
ne voulait vivre que pour Dieu. A quinîe ans, il
frappa à la porte d un monastère de sa ville
natale; mais les rcli|.'ieux. vu son jeune à«e,
craignant surtout les représailles de son p'ri;
(iiiriiliilfe, bnuinii' emporté et mondain, repous-
sèrent le postulant.
Ljncé sans ^'indc au milieu du mondo car
trmenKarde venait de mourir ^ le jeune bonini
céda bientiU au torrent ipii l'entraina; il beu'ia
G3
bien des écueils. car il cherchait loin de Dieu la
paix du cœur qui le fuyait sans ci'.->f.
I.e séjour à lu maison paternel !•• lui (ie>iBt
intolérable, car. li-iMne? on ma!iv;i~o«. tontes ses
actions dé|>l.ii-ai('ut à tioinIiilN ; I liuiiible sou-
mission ini>uie de soti flis rtiiilail. Aiusi, pour
éviliT de plus cruels d'-m^'l'--, le jeune Imnime
s'eiifuil. Il pan-ourul la liiiiri:i;:ne, la France. et
vint enliii se lixer en Nnnniiulie à l'abbaye du
Lee. l'ii tlorissait le r ■l'Ire l.anfrànr, sonconi-
palri..!.-.
(vipiiïé par les leçons dn maître, le jeoneéta-
dianl. ami iias<i<^ijii île la vérité, ne se donnait
ni tri^vp ni r. , -. Je pourrais, se dit-il un
j"tir, s;ii! ■' ■ - lra^aux en me consacrant à
Itieo: !•• j.as plus de mal mais où
nllf :rop sévère ; au Bec, Lanfranc
alla ! I
do rat I
Itir--
Kl.
.1.11,. i, ,
pauvres la fortun
pèr*^ I II Miotii I ri(
on
qui
mi Hri' fais. ut > n
lantcs conquêtes :
;r\ce divine, il comprit que le désir
'.lit indice d'un relijiiux. Aussi
jiier lux L'cuonx de I ' . prieur
e et lui dit, plein de f-n ses
Trois voies s'ouvr' n .i'n.'.iiI moi ;
i\ au Bec, viTre en ermite, ou rester
ude, pour répandre daus le sein des
.pie vient .le me laisser m. m
t, .rli-r '. li.'i. ;.i . I.anfraiic
ii.Mauiille,
! j . • . L'abbave
ce jour une de ses plus bnl-
Anselrae av.-ùl 27 ans.
A.-tyOJiK AU MO.SASTkBB
Sou mérite, s^ «cienre l'élevèreul bientôt; et
en dépit de ses r' -. quand l.anfrànr cul
été promu ft l'ar' : le Caiilorl>éry, il fut
élé prieur.
On Wt, dans Pexercice de cette charce. briller
sa rare pru<lence et
di*sideni-, éliin.lre le-
son" ' 't'tr'' sous
Il it « tous,
de - .. par un
habile était-il .nron-
er II
irsqui
.11 .irl ui'i \('im.
lit les niaU.lies
... , ..1..^
I .lin- .
I
foi .
loBber
ininrir.
;j;:
M ,lil
d.i
w ■
di.
>*, "jUi. maintes-
prieur, vint à
malade, il fut même sur le point de
.•nni't rpr, i' m l.nps lui «rraieut la
1. moD
ii'.iiiti'
~ It'kre» du
Il fuite.
illill ••e
s rrli-
I la pla< >'
i.iurir.
mains la- crosse abbatiale, n Confiance, reprit
doucemeul l'arcbevè.jue, soyez fort, car Dieu
TOUS appelle à de ]'lus rudes 'épreuves. <■
Les actes accomplis jusqu'ici par l'abbé du Bec
n'étaient, en elTei. .[ue le jirélude de combats plus
glorieux.
AHrlIKM.vi 1- "i- ..i.M.'iuii ni
I/e royaume d'.\n:,'leterre, imit.int l'Allemagne,
offrait al.^rs un navrant spe.-ta.Ie. Drs li.>iiiuies
ambitieux et cupides, scap.' ■'•■iiv •-' l.i. I..'«
étaient mis par le roi en po--
ecclésia- tiques. EvéchésflaM ;i
au plus olTinnt; et le désordr.- n-^uait partout.
Le roi, c'était (iulllaume Le Roux, n-fusait in-'m.
souvent de désigner des évéques pour conli^ ;
à son profit les biens des eié.hés. Canli'r! i
étftil >aus évêque depuis quatre ans. Le Tape
réclamait en vain contre ces abu> sacrilé^s au
pouvoir laïque; on ne l'écoulait p.i,s.
Des seinneurs et des évéques deninudèrent au
roi fautoiisalion de faire des prières i ' ' .
pour obtenir du ciel un l'asleur i
réparer le> uiaux de l'K^Ji.se de C.iiii.i r i .
i( rail. s t.'iile- le- prières que vous \ou.li'-.'
répor..lil iluillaiime iudigaé, moi je ne f.rai qu.
ce qu'il Mie plaira »
Qin-l.Mi.'-, T.Mirs après, le roi s'ei.ir.l.'inii .tu-
un .!■ . Libellons : i. En véi
je I.. .- pcrsoniH- d'une sa.
celle lit' l'abbé du Reo, il n'aime que Dieu et
rien ilr n- .pii est terrestre. — Rien ! rej rit (^nil
lauffle avec iriiin.-, pas même l'arcli.
Canlorbéry '? M. us, devant le ciu) qui .
moi --eul en serait le matlrc '. »
r.omme il a.-hevait ces par. des, il fui pri* d^
maladie et mis cd peu de j<>urs aux
tombi-au. ..\verti du daoï^rr, Anselme
détermine le roi à faire une . .
Quel.iue- li..mnies de bi. n
r -, ' •--. t de <".aut..rln-r\ . •.
up liuillaiime. ■• (_■
i...U-l-iI. — D'-^ii'iiei-i. . ,
.'■ .\nselme! •> muruiuia !<• roi <l
!.. 11... :l. . 1 ilT.ili.iii : . ., i.l ;i
de li';ivaiix mi
le farde.ia Tl
brebi» a^
évé.pirs,
vers le fui. •' \<>u^ boulet d'.iiv.' Iilat
le priii'-e • i» <ni«d.iinn<'' "-i je nifiir» •■■
flé.lur.
Mai:« /
i.'piii I.
Anselme s'.i.
Ponr m inm .
.•ri; les ti|uiii.-.
1 .1 i.v
i« : ">n 1
.il II .
l<>Ui> !«• hien«
I.- |.. ».j.4.- .). r I 'I , .•ur fiii'-i;!' .i.ir.
.1. - I
. '■ I : I r. >■•.■» p- ■M' 'Il
est (irojetée ; Les vassaux apportent leur offrande
et Anselme envoie 300 livres (1). Circonvenu par
des llatteur':, le roi repousse lolîre comme
insuffisante. i< Tant mieux, dit larrhevi'-que, on
eût pu dire que c'était de la simonie après coup:
les puuTres en profiteront. )>
Au retour du roi, Anselme insista pour obtenir
raulori«ation d"aller à Rome chercher le pallium
des mains du pontife Urbain II. (Le trône de saint
Pierre était alors disputé paruD intrus, (luibert.)
iiuillaume raille et s'obsline : .< NbI ici n"a le
droit de proclamer lôt'itinie un pape que le roi
n'a pas reconnu. » Mais, Anselme, dans un lan-
;.'a,:e plein de force et de noblesse, expose devant
toute la cour les motifs qui l'oblifient à aller à
Home.
Le roi. pour se tirer d''un embarras qui le cou-
vrait de confusion. eut recours à la ruse. 11 envoya
secrètement à Kome deux de ses chapelains sol-
liciteidu [>ape Irbain II le pallium pour le pri-
mat de Canloibéry; mais ils ne devaient pas
nommer Anselme; le prince espérait pou'oir le
faire déposer en une assemblée, et donner le
pallium à qui bon lui semblerait, moyennant
une large offrande.
Le pape envoya le pallinm. mais par un légat
a laltre, Vaullier, évéque d'Orléan?. (luillaume
voulut remeltro lui-ni''me le pallium à l'arcbe-
vèque, mais il s'y refusa absolument : « C'est
l'insi;:De de mon autorité spirituelle, dit-il, j'irai
moi-ra''me nu-jiieds le prendre à l'autel, comme
si je le recevais des mains mêmes du Souverain
Pootife.
— Au moins, lui manda-t-on,verserez-vousdai]s
le trésor les sommes que votre voyage ei'itootilé;
le roi y compte. — C'est le patrimoine de< pau-
\rep, ré|ioiidit raribevi'que.jene puis l'aliéner. »
La situation 'e tendait de jour en jour..\nselme
crut donc de son devnir d'aller c>'n"=ullerle Sou-
verain Pontife, et renouvela sadeniand<: près du
roi. ■ ?'il va à Honje, Canlorbéry est à moi! »
dit le piince qui alla même jusqu'à cxii-er du
Saint le serment de ne jamais en appeler au pape:
il y a» ait à rboisir entre If serment ouT^xil.
La résolution du Suint était pri.se. quand sur-
vinrent des messa^'prs lui annonçant qu'il pou-
vait partir, mais à la condition à<- ne rien em-
port-'r qui appartînt au roi. ■' Dites à votre maître
que je prendrai mon bien; s'il s'y op(iose, jo
partirai pieds nus, niai« j'irai voir le pape. ><
Pui- Anselme, consommé dans l'art de posséder
-on ,-\nif en paticpre, vint au palais, et, le visage
rayonnant de sérénit<'',dit aurai: .f Seiftncur, je
pars; si cela se pouTail faire de votre jileiu «ré
re '^erait et plus couvenabb- et plus a-Tcable aux
;.'• Il dr lin ... Maintenant donc, ne sachant
ijii l'.'l li fi l'ia peimis de vou.s revoir, je vous
leconiui.iiij* à Dilu ; et comme votre perc spi-
rituel, comme an hevéque, je ^eux. si vous y
, ..I,., 1,1,.^ r,ii« donner ma bénédiction. —
I i.dit (•uillaume. confondu d'une
1 - ' ; cl il lKii»^a U li'tc.
Le lendemain, Anselme prenait sur l'autd le
bâton rt le sac de pèlerin et s'embarquait à
bourres.
' ÏA6K A loar
Il n'éleva [icndanl la traverrée une violente
l'mpi''li' rpif \r S.Tinl afiai^a par ses prière». En
' ml à WissJint, on c'âpcrçut qu'il y atait
I navire une ouverture de plus «la deux
(1; Environ 12 .100 franc* de notre moanaic.
pieds: nulle voied'eaupourtantnes'étiiitdéclarée.
Le passade d'Anselme à travers la tlaule fut
une marche triomphale. A Lyon, il fut reçu avec
de «randes démon<-trations de joie et de respect;
il y passa l'hiver. Mais le pape, par des lettres
pressantes, appelait Anselme. 11 partit donc
habillé en simple moine, s'attirant néanmoins la
vénération de tous, car on accourait en foule
implorer la bénédiction du faim rlranger.
A Rome, Lrbain 11 le lit lof,'er au palais de
Latran. Eu présence des cardinaux, le pape loua
hautement Anselme, <■ héros de do<;lrinc et de
vertu, intrépide dans les combats de la foi o. Puis
il adressa une lettre à (iuillaume, lui enioignant
de rendre la tranquillité aux é^'li>es et de restituer
à l'archevêque tous les domaines usurpés.
Bientôt .\nselme l'ut contraint de quitter Rome;
l'air était contraire à sa santé. 11 se retira chez
les reli:;ieux de Saint-Sauveur, à Sclavia, dont
Jean, ancien moine du Bec, était abbé; et là
lit jaillir une source dont l'eau yuérit plusieurs
malades.
Il se rendit ensuite au concile convoqué parle
Souverain Pontife à Bari dont la superbe basi-
lique sarde les reliques du grand saint Nicolas.
La question doj;matique de la procession du
Saint-Esprit y fut vivement disputée.
Li's Grecs s'obstinaient et demandaient les
raisons des raisons. « Père et maître .\nselme,
dit le pape, où étes-vous? On attaque la foi de
la Sainte Eis'isc, notre Mère, et voua sardez, le
silence! Venez, car Dieu vous a envoyé ici pour
le triomphe de la vérité. » Il lit monter le Saint
prés de lui, et Anselme parla avec force, avec
science, éclaircit les diflicuités, au point que
les Grecs témoignèrent leur repentir d'être
restés si longtemps opiniâtres; tous étaient con-
quis à la vérité.
.\nsL'lme exposa ensuite avec des accents qui
arrachaient des larmes, la désolation des liglises
de la Grande-Bret.igne ; « J'ai vu fouler aux
pieds la loi divine, l'autorité des saints canons
et des décrets apostoliques; et quand j'ai fait
entendre mes réclamations, on m'a répondu que
que tels étaient les usages d'Angleterre et le
bon plaisir du roi. . Surexciti's de tant de crimes,
les évèques, d'une voix, deniand;tiont au Pontife
de luiiier l'anathème contre le roi sacrilège.
Mais Anselme, se jetant aux penoux du pape,
obtint encore un délai.
I^ vain, (juillauine lenla-t-il de justifier sa
conduite auprès du Pape, en vain eul-il recours
à de secrètes iniluences achetées à j>rix d'or, la
sentence fut solennellement rendue six mois
plus lard.
.\n~elme avait obtenu la répression des abus ;
il reprit di^nr le chemin de la l''rane.e, laissant
Rome dans l'admiration de son coiiraqe et de sa
rbarilé. Le Saint lut de nouveau nx u à Lyon
par l'aicbevéïpie, non comme un Iu'fIc. mais
comme un supérieur et un père. C'est là qu'An-
selme apprit la luort trajique de (•uillaume,
traiisperié par une lléche dans uni- partie de
rliassp. ■■ La nuit derni^i e. lui <lis,iit «aint llugiM»,
l'ai vu tinillaume p.ii.iilre devant Dieu; la con-
damnation est pi>'iinii.-ee. " Le fuit fut bientùt
c .■utirnii' par (leuv moines venus rlu Bec: ■< Hélas!
ilit Anselme fondant en laiines, j eu» donné ma
vie pour lui épfugner cette mort terrible 1 >>
L élection des seigneurs porta sur le li-Ane
le trYMDii'inc (ils de tiuillaiinie Ir conquérant,
11' nri I", surnommé 6i au rltrc, qui prit à ti'kche
de réparer les ruines atnonrelées pendant le
rèunc de son frère. La foie publique surtout fut
grande, quand on apprit le rappel du vénérabJe
archevêque de Cantorbéry.
L'envoyé royal avait remis au prtlat une lettre
où Henri prMtc>tait de sa soumission filiale.
L'tiomnip de Dieu bénit la Providence et hftta
6on voya;.'e.
Coninii' souvenir de son passape en France,
Anselme laissait de nombreux miracles: à Vienne,
deux sei;;neurs guéris en mangeant des miettes
de sa table, un autre en r.^sislant à sa messe;
sur If chemin de Cluny, uue jeune fille délivrée
tlu démon; à MAcon, la fin d'une sécheresse dé-
sastreuse ; à la Cbai>e-Dieu, un violent incendie
éteint par un si;;ne de Croix.
Après un exil de trois ans, le primat revoyait
enfin sa chère éiilise, pour laquelle il souffrait
persécution. L'.\nf;leterre tressaillit d'allégresse :
il semblait que l'ère des rébellions était enfin
terminée. La paix s'annonçait d'autant plus
durable que, grâce à l'intervention d'Anselme,
Henri conservait le trône, malgré les revendica-
tions à main armée de son frère aine Hobert. Le
saint archevêque avait, de plus, aplani les difll-
cullés soulevées à propos du mariage de Henri
avec la princesse Matbilde, solennellement béni
cette union et sacré le jeune roi.
Tant de dévouement échoua pourtant devant
l'or^Tieil et la cupidité conjurés.
Henri voulut à tout prix ressaisir le droit
d'investiture tel que le possédait duillaurae, au
mépris des aqathùmes pontificaux. Mais il fallait
briser une volonté de fer et éteindre les foudres
du l.atran.
Anselme reçoit l'ordre de prêter serment
d°hommai;e-lige avec promesse de sacrer les
clercs investis par l'autorité royale. C'eût été
trahir .sa conscience, il refusa, i' (Juiconque ose
contrevenir à mes ordres, dit le prince, n a plus
le droit de résider en mon royaume. » Ces
paroles annonçaient un nouvel exil. Le Saint ne
s'y méprit pas. Il attendit la tourmente.
l-a violence ne servirait à rien, Henri le savait]:
au.ssi eut-il recours à la fourberie.
•BL-X1ÈIIR VOTAGK A HOME — VICTOIRE DEFINITIVE
Des prélats vendus osèrent alors faire mentir
le pape et affirmèrent avec serment qu'ils avaient
< I.N-nu de vive voix du Souverain l'ontife ce qui
•'■lut formellement refusé dans les deux lettres
a<^^e^*èe^ au roi et à l'archevêque. Anselme
demeurait inébranlable. Pour toute concession,
il dilTéru de proimncer l'anatlième contre les
clercs invc>tis, mais il refusa absolument de les
sacrer.
Les grands réunis supplièrent Anselme de se
rendre lui-m>^me auprès du pape; son crédit
ftuiss.int pouvait tout o|)tenir pour la pacifica-
tion de l'Angleterre. C'était l'exil, l'archevêque
le comprit, tnai^ son Ame était brisée & tou-^ les
iwacrinces.
• Je suis vieux et infirme, dit-il, mes forces
(lèfullir'iil peut-être en route; t !' -ti est
Ml lui iii'i'Mie. J'irai à Home; i> - que
> ' Mundrci de moi rien qui , iiurtcr
> mon honneur et h la liberté de la Sainte
)
il .-rrdit trop long de suivre le saint vieillard
dans Cl -e..,iiil MX i.. , il fui If. 11 isirl tilt en
Inoi
rai 1 1
Diaii.' .i.
Au . :i,, ,i,,l il
reçut U dc.'ciiM: Uc lic^iiuitii reiu> lUc !■ » pie<U
en .\ngleferre. c Dieu soit béni ", dit le Saint, et
il alla dans sa chère abbaye du Bec se placer
sous la direction du prieur.
C'était merveille de voir ce vieillard, brisé par
l'Age et les fatii-'ucs apostoliques, suivre comme
un simple novice les moindres détails de la
règle. <i J'ai enfin trouvé, disait-il, le lieu de mon
repos! » et il espérait y mourir. Dieu, pourtant,
attendait de nouvelles preuves de son amour.
L'atbielc allait rentrer dans la carrière, mais en
triomphateur.
De guerre las^se, en effet, le Souverain Pontife
avait lancé l'anatlième contre les perfides con-
seillers qui entretenaient le roi dans sa rébellion,
le glaive de saint PieiTe allait enfin frapper le
prince lui-même, quand, sincèrement repentant,
llenri proposa la paix : il renonçait à ses injustes
prétentions d'investiture; Anselme, de son côté,
consentait à prêter hommage au roi pour les
domaines qu'il tenait de la couronne.
11 reprit le chemin de (Cantorbéry, partout
reçu avec des transports d'allé^;re>se et une magni-
ficence royale, grâce aux largesses de la pieuse
reine Matbilde.
A partir de ce jour, les temps heureux repa-
rurent où saint Edouard tenait le sceptre et
donnait au peuple la première charte de ses
libertés.
|jt concorde entre l'autorité spirituelle et
temporelle ne fut plus troublée. Saint .\nselmc
réprima avec force les abus invétérés; on vit
refleurir les vertus monastiques, la sainteté des
mariages. L'Eglise, en un mot, avait recouvré
tous ses droits. 1^ royaume même, dont Henri
confiait l'administration au primat de Cantor-
béry, dans les moments où il s'absentait, trouva
sous cette sage direction le bonheur et la pros-
périté.
Cenendant, au milieu de ses occupations,
Anselme poursuivait ses recherches théologiques;
il composait ses admirables ouvrables qui lui ont
mérité le litre de hocteur de IKtlise, et l'ont fait
regarder à juste titre comme l'initiateur de ce
trrand enseignement scolastique dont l'éclat
ennoblit les siècles suivants. C'était, à vrai dire,
une Ame d'acier dans un corps d'argile.
L'heure de la récompense était proche; tant
de travaux et de romnats avaient épuisé ses
forces. Il tomba dans une faiblesse extrême, et
(lut, pendant six mois, se faire transporter &
l'è.'iise pour entendre la messe qu'il ne pouvait
plus célébrer.
•' Je suis prêt à paraître devint Dieu, disait-il,
dans ses derniers jour-.; toutefois, j'aurais désiré
écrire sur l'oni/ine de l'âme, question que j'ai
longtemps méditée. » Il donna, au milieu des
pleur'- et des sanglots, une dernier. ' i..ii
a la famille royale, à toute l'An:.'.
sentant sa vie se consumer, le moiil.iij >f lit
lire la Passion selon saint Luc Kt quand on fii
vint A ces paroles : ■■ A vous in; • '
avec moi dans les luttes et I
que je vais vous préparer le i .v.nm iiiin>
mon Père rac l'a preparéàmoi-iiiême . X\II.2H ,
SI if'piration «e ralentit, l^ l'i!"' ■'''•■'■' '-rrf
demanda A être rois sur i.> .'.■'
I usau'e religieux. Dnii^ , f ii.. l
r'filt le Viatique, et i.
.|iiBit, on la vit mil I , . <ni
[.nule.
Peu après, le Taillant servilenr recevait, des
mains <lu Cbri«l Jénus, In t>aliiie i\r% héros.
1. était le 21 avril iiOO; Ansel , \, disciple de
«aint Augustin, avait, comme son maître, 70 ans.
\mp. -gérant, l. l'tTlT1l(^.
LES MARTYRS EN PERSE
LES SALXTS ACCEPSLME, JOSEPH, MILLES. EITHALE,
LES SAL\TES THÈCLE. MARIE. MARTHE. AMA, etc.
icte le i ^ avril.
Un enfant prédit à saint Accepsime que son front recevra la couronne du martyre.
«VRTTRS EN PERSE DANS H PERSECl'TIO^ DE SVI'OK
Les martyrs dont nous allons raconter Thé-
rnjque fidélité h la foi versèrent leur sang pour
l'amour de Jésus-Christ dans la rruelle persf!-
cution qui sévit en l'erse au iv siècle, sous le
ré::ne si lonc de Sapor. Nous avons déjà parlé
dans d'autres livraisons de plusieurs de leurs
IrtTPs dans la souffrance et le triomphe. Bien
')ii>! le récit de ces scènes sani;laates, on la vertu
li'^sarmée fut aux prises avec la force tirutale ,
jiuisse paraître un peu monolone, nous conti-
nuerons encore aujourd'hui une étude si propre
1 MOUS faire connaître l.i lactique, si monotone
'■lle-m''-me, de l'enfer contre le ciel, du méchant
outre !'■ piile. du hoiirreaii contre *a vi< lime.
< Je vous envoie comme des brebis au milieu
des loups. » avait dit le Matlrel El celle parole
va s'accompiissant dans le cours des siècles.
Tantôt les persécuteurs imitent les procédés vio-
lents des Néron et des Uioclélien, tantôt ils ont
recours Al.", tactique pertide des Julien l'Apostat
et des Constance. Aujourd'hui, la maxime qui
prévaut est celle très ancienne des Egyptiens
avant Moïse : Venise, sapicnter opprimamus eum:
unissons-nous pour les opprimer, mais avec
prudence et h.ihilelé'.
SAINT ACOBPSIlig
Au moment où les ministres de Sapor exécu-
laienl le plus activement les ordres de persécu-
linii ul ijue pour ('■Ire plus arréalde'^ i liiir maître,
37»
t
ils en exaf-'éraient encore la risueur. un saint vieil-
lard, du iii>m d'Accepsiinas fut arr-Hé par eux.
Natif d'une petite ville de Perse, appelée Naes-
son.il l'tait parvenu à l'ù^'e de quatre-vingts ans.
D'un aspeit vénérable, .\e.cepsime se recommau-
dait surtnui par son immen«t» rharilé. Sa fortune
pa'-sait au.x mains des pauvr-s de sa ville épisco-
jalc. Son faraud âfre, sa furlune, son induence,
e respect et l'estime d'Mit il était entoure, ne
pouvaient manquer d'attirer sur lui l'attention,
et d'ailleurs Dieu, qui a dit que la vérité sort des
lèvres innocentes, l'en avait averti par la bouche
d'un enfant.
L'n jour iju'il rnr>'ssail un petit enfant, lelui-
ci déposant un l>ai«er sur le front déjà chauve
de l'evi'qu' , -''-rria tout k coup, poussé par une
inspiral !■ Il ^l'udaine • •■ Oh! la bienheureuse tête !
i>h!la bi. iilieureuse léie.qui recevra. pour l'hon-
neur du <^linst, la ronronne du martyre! — il mon
(ils! repartit le Saint, qu'il me soit fait selon
votre parole! » L'éii'ijue d'une cité voisine, qui
se trouvait présent, dit alors eu riant: « Et moi,
mon fll». que m'arrivera-t-il? — Vous, dit l'en-
fant inspiré par Dieu, vous ne rentrere. :
votre ville, mais voii« inoiirrer. en roir
\il|p.- ' ' ■! - ' •■in' Otle double pi >-iiKin>ii,
lapi -le, se vérilia à la lettre. Ceci
se |...--.... . . .. ^.1 s années avant ce qoe :
allons dire.
Quand le saint vieillard fat arrêté, nn de»
\iteurs s'approcha de lui, comme il franchi
le seuil de sa maison, et lui dit en la loi n
trant : " Que faudra-t-il en faire? » Mais le Saint
lai dit : " Klle n'est plus mienne, car voici que
je m'en vais à la maison de mon l'ère céleste? >•
Il fut roniluil dans la célèbre ville d'.\rhelles,
dont saint Al'r.ibam avait été évéque, et il com-
|>arut devant le iiief des in.iL'es, noiiim'' Adrachus
« Est-il vrai, lui demanda ce dniiier, que tu
méprise» les ordres de notre nui.'ii'-te prince et
î-xé les édils, lu persévères dans tes
— Hien n'est plus certain, reprit le
Mcui.ii i .ivec une noble assurance, et c'est pour
nous un devoir d'afTennir la foi de tous ceux qui
non- .... lent! — J'ai entendu vamler ta sa-
_es- Uf-iids la preuve (|ue tu nous dois,
■•n I.; iii\ .idres du roi et on ailorant eo
^oleil ma:.'nili.|ii>' et !•■ feu, principes de t>>ules
ihoses, .iii>' iiou>; adorons tous. — Le royaume
de Perse est tombé, reprit Accepsime, dans une
erreur bien jfrossién-. puisqu'il adore des cp-a-
tures, au mépris du (Créateur lui-même. .Ne
penseï pas que je souille ma vieillesse par une
l.ioheté et que je racheté par une apostasie le
peu de jours qui me restent encore 1 »
.\prc» celte r-'pon-e, Adrachus, voyant que
rien n'ébr.iiiler.iil une telle constance, le lit
1 " iiicnl. qu<- I
'Ur de la .
Il ■ ■ !i«iiitr rharcé
iilt devant I* Ji. I
■ -inio, ou ilonc . >, I' ,•,. ,1
vienne et, s'il le p
I II V ' M i^it I II > Il
et,t
(it
! léle le «listinpuait. et son cœur, attaché dès l'en-
l fance à la foi chrétienne, en pratiquait toutes
les vertus. Il avait soixante-dix ans. Lu diacre,
du bour:; de Itethnoadora, nommé Eilhale, fut
pris avec lui, et les deux confesseurs parurent
en même temps devant Adrachus : <' Race im-
pie, leur cria-t-il, quand cesserez-vous donc de
tromper le peuple et de le détourner de l'adora-
tion du soleil notre dieu? Où donc est la vérité?
Est-elle avec le roi puissant, (|ui est en ce mo-
ment le maître de la terre, ou bien avec quelques
hommes aussi vils et abjects que vous?
— Vils et abjects, nous le sommes, dit Joseph,
selon le précepte de Notre-Seifjneiir et Hoi
Jésus-Christ, car nous ne faisons pas consister
notre ambition à posséder les rirhes-es, mais,
humbles volontairement, donnant aux pauvres
ce que nous possédons, nous f^ardons la vérité
en attendant les trésors du ciel!
— Vous ne les attendrez pas lonylemps, reprit
le jupe en colère, hàtez-vous d'obéir aux orares
du roi ! — Nous u'obéirons qu'aux ordres du Koi
des rois! >. dit Joseph.
Alors le inace cruel le (il jeter à terre et frap-
per lonctemps avec des branches de firenadier
armées .le leurs poinli-s ai^iufs.
« 0 mon Dieu! disait le martyr, pendant que
•es chairs volaient en lambeaux, je tons remercie
de m'avoir iuf:<< di^ne de vous confesser et
d'expier ainsi mes péché»! »
l.es licteurs l'entendant parb'r de la sorte,
redoublèrent leurs coups, ju"^qu'à ce que le Saint
fût impuissant à se faire (iiloiidre. (Juand il-
furent lassés, il» entourèrent de deux chaînes
' cette plaie vivante et le portèrent dans le cachot
où déjà était eiif.^rroé son évéque.
Le ti«ur d'Eitliale Tint ensuite : ■• Et loi, lui dit
l'implacable bourreau, que vas-tu faire? iroi-
j teras-tu la folie de Joseph, ou bien C'insens-lii
à adorir le soleil, en te sauvant ainsi, toi et le-
lien-, d'une mort prochaine et horrible? — Je
suis chrétien! ilit simpiruiriit le diacre, je ne
trahirai jamais mon Sauveur Jésus-Christ! <•
Arraci-x srrri.iCK
I .\drachus inventa pour lui un nouveau sup-
l plice. 11 lui fit .'ittacbi-r l.s ui.iin. , i l.v,.>.,. .(...
jarrets et jiassant en tia ,i
comm.iiid.i i »ii liMiiini _ Irc
chacir lit avec force,
et de 1 • .s du martyr,
l'uis il If lit friippti de vfii:»-» cumme Joseph.
Oepeniliint Eithale demeurait intrépide et ces
é; les tourments ne le tirent pas trembler,
li le jut'C, il lui dit arec ironie : .. Tu
Irouv! > d' ne une irrande jouis-aïuc à repaJlre
tes veUT do mes blessures el de mon sani-. |j>-
' et les ti;.TCS éprouvent llii I ■ ' .'■]
'.■'■. Sache que tes lorluros oc :
Ml ; .iix l'ii inventer de nouvelles, c.ir i"U' > el,i
m e-t indilTérenl. »
' •: '•! ••-! •■- > -•— - Kn
tu adores? (Jn'il
• ,,!,.• .1. •". - ... .
•. fin
i-ut,
|U'll
.1 !,•
rvau le lit jrt«r en pnson.
rpn — «*iM ru lui.»;
J .. |. • ' t irrita un iiitre rieillar-l.
I
renl les Teinr» et 1rs m , ..
'. ne sachant plus que mv
' >nl<, ils Iran «portèrent l<< munr dan» l.i
prt'on qui tt.tiI re^-ii le^ .l'-'iv prrinier»
^i.rt' 'lu tt iii|.l
dan* voire foi
r.i
I
— Ju.
répondirent-ils d'une seule voix. — Qu'on leur
passe sous les aisselles, les reins et les jambes,
de grosses cordes, et sous les cordes, des bois
que l'on puisse tourner avec force. »
On vil alors un affreux spectacle. Les bois, en
tournant, s'enfonçaient dans les chairs, où ils
traçaient de profonds sillons, et Ton cutendait
au loin les os se briser sous l'effort. Commencé
à 3 heures, ce supplice se prolongea jusqu'à 6,
et lorsque les bourreaux furent lassés avant
leurs victimes, celles-ci furent reportées dans
leur cachot. On les y laissa sans vêtement et
sans nourriture, et on avait averti les gardiens que
s'ils étaient aperçus, montrant aux martyrs la
moindre marque de compaission, ils seraient
impitoyablement mis à mort. D'autres chrétiens,
détenus comme eux, réussirent à leur faire par-
venir en secret quelque nourriture.
Ils vécurent trois ans de la sorte, invincibles
dans leur constance. Leurs forces revinrent peu
à peu et leurs blessures se gnérirent. Dieu les
réservait pour un plus dorieux martyre.
Sapor étant venu à Bithmada, ville où se pas-
saient ces atrocités, accompagné du prince des
mai-'es ; celui-ci tenta de nouveau leur courage et
les tit comparaître devant lui. Il usa vainement
de tous les moyens de séduction et finit aussi
par la violence, dernière ressource des tyrans.
Il fit étendre .■\ccepsime à terre les bras en
croix, et le lit frapper sur le dos et sur la poi-
trine jusqu'à ce que ses os fussent à nu. Epuisé,
perdant le sans par mille plaies, le noble vieil-
lard trouva la force de se retourner, et levant
les yeux au cu'l, il remit son àrae à Celui qui
couronne les vainqueurs.
Ivres do fureur, les bourreaux s'acharnent sur
son cadavre qu'ils mettent en pièces, faisant
sévère défense aux habitants de lui donner la
sépulture. Mais trois jours aprè-, comme les
gardiens étalent occupés à la lète qu'on donnait
à l'occasion de l'arrivée de la fille du roi d'.\r-
ménie — envoyée comme otage à Sapor, — les
chrétiens en levèrent et ensevelirent les précieuses
reliques.
Accepsime était mort le 10 octobre. Le même
jour, Joseph fut amené à son tour devauit le
jUfe cruel et. toujours inébranlable dans sa foi,
fut condamné au même supplice que son évéque.
L«s bourreaux le frappèrent tant qu'ils le crurent
mort; mais lassi^s eux-mêmes et voyant qu'il
donnait sit-Tie de vie, ils le reportèrent à la pri-
son. F>ithale eut enfin le même sort, montrant
le même courai:?.
Afin que leur mort fût d'un pins grand exemple
sur l'psprit des chrétiens, le jnce le« tit conduire
à Arbelles. leur patrie. Comme il.s ékiient dans
l'imjiossibilité de s'y rendre, ne pouvant faire
un pas, ils furent chargés sur de» b''tes de
somme.
ADMIRABLE DKVOUWHWT d'lNE FEMME d'aRTIELI.F.s
Transportés & Arbelle» ou ils devaient être
lapidés, les deux martyrs furent jetés on prison,
et le t'nuTf rneur fei:.'nit d<" !<>« oublier.
tv- f.- 1 .,(_ leurs plaie» étaient horribles et
F' ' une insupportable odeur, l'ersonne
d i,.. -.; u avait pprmis'i'in de le< approcher.
Mai» une pieuse femme d" In ville, nommée
i'dandule. obtint, .\ prix d'areent, la faveur de le»
fdiro lran«port<'r cher. elle, ou file les«ni(tna pen-
dant la nuit, ater autant de dévouement qu» de
ri-'-p'-'-t. Klle poussait si loin l'honneur qu'elle
rpiidiit à l<»ur» ^.lorieuscs blessure», qu'elle
r> pandait, comme elle eût fait d'un parfum, sur
sa tête, ses mains et sa figure, l'humeur qui en
découlait.
Avant le point du jour, elle les fit reporter
dans leur sombre cachot. Un nouveau gouver-
neur, plus méchant, ayant remplacé le premier,
condamna les deux athlètes à être lapidés, mais
de la maia des chrétiens, selon le diabolique
système de cette persécution.
On amena donc Joseph sur la place publique,
et on l'enterra dans une fosse jusqu''à la ceinture.
Ce qui restait de chrétiens dans la ville fut
alors forcé de s'armer de pierres contre le Saint.
Les uns, hélas! poussés par la crainte, le faisaient,
quoique avec répui;nance; d'autres s'y refusaient
absolument. De ce nombre fut îsdaniule :
" N'avez-vous pas honte, dit-elle aux bourreaux,
de vouloir forcer une pauvre femme à frapper
des hommes désarmés et si malheureux"? »
Cependant, une montaiine de pierres s'amonce-
laient autour de la tête du martyr. Cette tête véné-
rable émergeait seulf, quand le juge envoya un
de ses licteurs, chargé d'une gros.se pierre, pour
mettre fin à cette horrible tragédie. Saint Joseph
rendit enfin son âme au Dieu qu'il avait si vail-
lamment confessé.
Son corps fut réclamé par les chrétiens, mais
le gouverneur s'y opposa et mit des gardes. Dieu
se chargea lui-même de rendre miraculeusement
ces précieux restes aux chrétiens. Le quatrième
jour, la foudre tomba sur les sentinelles, qui
furent tuées autour de la victime qu'ils gardaient.
Quant à Eithale, il fut conduit à Patras et
lapidé dans les mêmes circonstances que le
prêtre Joseph. Son corps fut, par un pieux lar-
cin, enlevé malgré les gardes et porté dans un
monastère voisin, et Dieu se plut à manifester
la sainteté de son serviteur.
In myrte planté sur son tombeau avait la
vertu de guérir plusieurs maladies, et les chré-
tiens en recueillaient précieusement les feuilles:
mais les païens arrachèrent l'arbre, pensant par
là détruire la puissance du martyr,
APOSTASIE D'fN PBihUE
La persécution qui a pour but, dans les des-
seins de Dieu, d'accroître le nombre des élus,
a pour résultat secondaire de séparer la paille
du bon uraiii. Tandis que des milliers de chré-
Uen* rendaient au Sauveur l'hommage de leur
sang, quelques autres, eu petit nombre, affli-
geaient l'Ealise par de honteuses défections.
Parmi ceux-ci, on remarqua un certain Paul,
prêtre d'une petite ville oii il exerçait le saint
ministère, dans un couvent de vierges. Il fut
dénoncé au gouverneur Narsès-Tarasapor. On
le disait très ri'-he, et celte circonstance ne con-
tribua peut-être pas peu à son arrestation. Les
soldats, cliareés d'exécuter cet ordre, trouvèrent
en effet chez, lui une somme considérable qu'ils
emportèrenL
Eu mémo temps que Paul, on arrêta cinq
vipr;;e3 consacrées à Dieu; Thèole, Maria, Marthe,
une autre Marie et Ama. Eiicliaiiiêes comme le
prêtre, elles furent amenées dan» les prisons
de Tamsapor. Paul fut interrogé le premier :
" .~^l lu veux adorer le soleil, lui dit le gouver-
neur, tu cï)nservera^ tes richesses. »
Le malheureux, qui préférait, comme Judas,
l'araent à son âme, consentit à faire ce qu'on
lui demandait, t'.ette l.icheté, i laquelle les
gouverneurs n'étaient «uere accoutumés, ne
satisfaisait pa» les secrets desseins de Tamsapor,
qui avait moin» en vue rapnsta«ie que la fnrtiiiie
de Paul
' ïl fat donc déconcerté d'abord, mais ayant'
r^Dçchi, il ajouta que la vie ne lui seniil cftin-'
sçrVée que si, Je sa propre uiain, lui prêtre,
ilj^^orgeait les vierges arrêtées avec lui.
•jr espérait qu'une pareille infamie arri^terail
P^yl. Mais il est écrit que le meilleur, quand il
est càté, ne connaît pas de mesure dans le mal.
Le pauvre apostat était parvenu à ces profondeurs.'
Les vierges, dont il avait été, (lotit il était
encore le pasteur. C'imp.iraissent à leur tour,'
et toutes les cinq repoussent avec horreur les
propositions qui leur sont faites de renier leur
foi et de sauver leur vie. Le gouverneur pro-
nonce contre elles la sentence de mort, leur
annoiirant qu'elle sera exécutée par Paul lui-
même.
Elles- se nfusèrenlà croire à tant de perfidie;
mais qudie ne fut pas leur douleur, quand elles
virent se précipiter sur elles, un glaive à la
main, le nouveau Judas i)iii avait été If pasteur
de leurs Ames'.' <■ Liche! lui cria l'une d'elles,
'quoi! c'est vous, qui, par avarice, vous êtes con-
verti en loup, vous préparant ù éfjorger vo<
propres brebis! h;Uei-vous, lils d'iniquité, ne
tardez plus à nous donner le <-oupde la mort,alin
que nos yeux n'aient pas la douleur de voir l'hor-
rible spectacle de votre corps pendu à une
poutre, s'aeitant dans un afTreiix désespoir, jus-
qu'à ce qu'il tombe dans l'enfer. »
Ces coura;;euse8 paroles ne firent aucune
impression sur ce scélérat ; devant une foule
indiL'né», il mit a mort les cinq vierj;es, aux-
qui'lles'il trancha lui-même la tête. Ceci se pas-
sait le^ti juin 3»;;.
Son crime ne lui servit yuère, et la nuit même,
il fut étranglé par ordre du L'ouverneur qui crai-
gnait de perdre les richesses qu'il convoitait par-
cette mort.
-.MNT MILLKS OU HKUSIEUS
Reposons notre esprit de cette horrible scène
et contemplons, avant de linir, la majestueuse
llgurf d'un yrand évêque, qui sciufTrlt comme
tant d'autres la ]iersécution et que l'on honore
le 2'J avril
Saint Milles avait passé sa jeunesse ù la cour
des lois de l'erse , où il avait occupé successi-
vement de hautes fonctions. S'élant converti au
rhrislianism'', il se retira h Elain ou Klym.ii«.
ainsi nommée d'Klam, fils de Sem. Son humilité
fut contrainte de recevoir les honneurs cl les
charges de l'Eglise et il devint évêque de
Suie.
Otie ville, où l'on montre encore le tombeau
de Daniel, était voisine de llabylone et sfs
richesses y avaient amené une corruption qui
rappelait celle de l'antique et coupable cité de
Nemrod. l'eiidant trois ans qu'il en fut ••vêqiK.
.Mil 1rs y déplu \ a un lèle infatiKable, inai^pr'-ique
sléril"'. Ij:* chrétiens, en petit nombr''. n'échap-
paient pas à la corruption de leur' conciloyen»,
et saint Mille», les trouvant iiicnrriitiblps, et
• lias»'- d'ailleurs par l.i persérutioii, résolut
.Il ! ' Mais il ne
Il le terrible
cl 1 ■ iir envoyer.
1 - .'roul'''S di-puis
le - ,..•...„...
ré». • 1-
armc- il.eU.. .:;. ; ... ... .,...;.-■ u
comble et d'y massacrer jusqu'au dernier habi-
I làiit. L'ordre fut e.\éculé ;i la lettre; les maisons
I fifreul rasées et la charrue passa sur cette cité
coupable. '
Saint Milles« ne portant avec lui que le livre
des Evangiles, se rendit à Jérusalem, puis à
.\lexandrie; enfin, en 3'2.'>, il vint à Séirucie, où.
par une permission divine, il frappa de para-
lysie l'ori.'ueilleux évéque de cette ville. Sa
sainteté éclatait partout par d'innonibrables
miracles. A travers les plus célèbres qu« l'histoire
rapporte, nous n'en citerons i|ae deux, opérés
par le Saint dans son pays natal. '
l'ne riche dame avait perdu l'usaue de ses
membres, et depuis neuf ans, elle ne sortait pas
de son lit. .-Vyant entendu parler de la vertu de
saint Milles, elle se lit porter à son logis. L'évèque
lui dit d'espérer en Dieu : ■ tlh! je confesse
bâillement -^a puissance, dit la malade! — Eh
bleni en son nom, le*er-vous et marchez! •• El
la dame se levant, s'en retourna seiib' \ sa mai-
son, en remerciant Dieu et en ^Idniiant son ser-
viteur.
Ueux hommes vinrent i leur tour le trouver.
L'un soupçonnant l'autre de vol lui déféra le
•■•■rment. L'autre ayant accepté sans condition,
.Milles l'avertit de la gravité de cette iiivoiation
solennelle du nom de Dieu. .Malgré cet avertis-
sement, le coupable ne crai^'iiit pas de prendre
a témoin la Vérité éternelle. Mais le Saint,
fixant sur lui un n'il sévère : • Si ton ^lorment
a été conforme <i la droiture, retourne chei toi
^aiii et sanf; si ta as coiniiiiitiin pai'iuiie,iquc In
b'pre bideiisi' t'env.ihisse. - Et l liorrilde maladie
parut à l'instant sur le menttAir.
Le I" octobre 34), ll.irinisdas. gouverneur de
la province, lit arrêter saint Milles avei- ses lUruv
disciples, le prêtre Abrosime et le diacre Sina.
Conduits dans la capitale, ils furent char^'és de
chaiiies et par deux fois, ils subirent une cruelle
llagellation. Enlili, le .'>novemlire, le gouveni'-ur
llormi^das, l'ayanlfaitcomparBitrettun troi«r. ni"
iiiterroyatoire, fut tellement ouïr'* dfs rèpnn-i-
du saint évêque, que perdant toute ili:.'iiité. et
di- jiwe se faisant bourreau, ri perça, daus le
pièioiru même, le Saint dun coup de poignard;
Xarsés, frère du «ouvrrneui. imita cet exi-mple,
et le martyr succoniba sou- leurs coup», non
••iins leur prédire une mort lr>'» prochaine.
Le lendemain, en •■iTet, le- deux Irères, pas-
sionnés pour la i;ha»se, pour-uivant ch.icun de
leur ciMé un cerf qui s'enfuyait, lui décoclièrent
nu passage chacun une lleche qui. les atteignit
en même temps.
Lesdenx disciples de Milles souffrirent avec lui
le "> novembre iH; leurs corps réunis furent
portés au chiUeaa de Malcan, ou lea habitant"
les honorèrent.
\iius pourrions encore rapporter ici le récit
du martyre île deux fn-res cél.-bres. neveux '-l
-uccesseursde saint Siméon, ■•>êi|uc de .Sébu •
à "avoir : saint Sadotli ou Jésn-llust et ll^n •
c y mes; mais, outre <i
nous ne pouvons i
d'héroïque coarai.''' l'i'- *n ->>
l'erse, qu'il fut, tp-las' plus faciie d'
.|iie de vaincre. L|l '
.le cent mille de s
s . |l> iir sut y
qui fit
■ • M lld-le ' , .
lieux même* qui furent le berceau du roou'r
I.,.,
ul. !.. l'ditHKXM, f. lur Kriiiiuit I". i'ui»
SAINT GEORGES, MARTYR
PATRON DES GUERRIERS CHRETIENS
Fête le 23 avril.
avec le dragon qu'il a Taincu.
"labli.llj Ir M •, i.lKi
GEORGES, OFFICIER SUPÉRIECR DANS LA GARDE IVPéRIALE
Saint Georpes naquit, en lan 200, en Cappadoce,
ou. suivant d'autres, dans la ville de Diosnolis ou
LydJa en Palestine, de parents illustres qui
eurent snin de l'élever dans la religion chré-
'i'-nneet de lui donner une instruction conforme
aUx i/rands talents dont il était doué.
Sa jeunesse nous est peu connue, et les vinirt
premières années de sa vie ne semblaient pas
annoncer encore les glorieuses destinées que le
ciel lui réservait.
Georges, dont le père avait été officier dans
1 armée romaine, embrassa la même carrière
i l'àjje de dix-sept ans La beauté de ses traits,
-a distinction, l'intellieence et la bravoure dont
il ne tarda pas à faire preuve dans les combats,
le firent admirer de ses compagnons d'armes, et
lui gafoièrent les faveurs de l'empereur Dioclé-
tien qui l'éleva au crade envié de tribun mili-
taire (coloneT dans sa aarde.
Nul ofticier ne fut plus fidèle à son devoir et
à son chef terrestre, car fout vrai chrétien est
homme de conscience et d'honneur.
Mais, si un sous-officier avait l'audace de don-
ner des ordres contraires à ceux du sénéral, les
soldats devraient-ils obéir à ce révolté? Non,
certes. Ainsi Georçes obéit avec fidélité à son
prince tant que les ordres de celui-ci ne furent
pas contraires à ceux du Roi des rois. Mais,
quand son devoir fut de résister à l'empereur,
ni l'intérêt, ni la peur, ne purent lui faire trahir
sa conscience, son honneur et son Dieu.
3AI.NT GEORGES, VHAI HEROS CHRETrE.N,
NE CRAINT PAS o'aFFIRMER SA FOI
Un jour, l'empereur avait rassemblé son con-
seil, Georges était présent, ainsi que l'exigeait sa
charge. Excité contre les chrétiens par le césar
Galère, qui avait mis deux fois le feu a son palais
pour les accuser de ce crime, Dioclélien proposa
a l'approbation de son conseil, de nouvelles
mesures qu'il voulait prendre contre les disciples
du Christ.
Indiiini'- des blasphèmes que le tyran profé-
rai! contre le Sauveur des hommes, Georges
s'élancp devant son tr<)ne :
" Empereur, dit-il d'une voix vibrante, je suis
chrétien, et je n'ai point peur d'aflirmer publi-
quement ma foi et mon amour au céleste Roi
qu':- vous outraiieï. Quelle élrant'e erreur est la
vrtire de vous avilir dans le culte des idoles et de
vous prosterner devant des blocs de pierre et de
m>'lal. C'est le démon que vous adorez dans les
«•(■'ilues qui remplissent vos temples. Il n'y a
•l'un <eul Dieu véritable, c'est le I)ieu des chri'-
■ns qui a créé le ciel et la terre, lui seul mérite
U"- homm.ipes et nos adorations. '<
îhoi julien fronçait les sourcils avec fureur :
"In-eris»'! répliqua-t-il, apprends que tous le"^
honneurs sont dus à nos puissante-i ilivinités, et
qu'elles sont dignes du respect de tous les mor-
tels; son:.'e .lux bienfaits que nos dieux t'accor-
■\-r.' -Inpi'' |our pir m''= main», "i lu^te-loi rio
.309
ûlt'-rés au iv siècle par les liérélique-i ariens, il
est assez difficile aujourd'liui île d-int'-ler les
détails véridiques d avec les auties.et. Iuen que
I histoire de ce ;;loriem martyr soit imonlestable
dans son ensemble, il est possible que certains
détails soient apocryphes.
(Juoi qu'il en soit, il est peu de saints aussi
populaires que saint (jeorues; lE^'lise linvoque
comm'Mui de ses protocleur- dans les bons com-
bats d. la vérité et de la justice; les (irecs lui
donnent le titre de grand martyr et sa fête est
chii eux de précepte.
Saint Théodore Sicéote, prédisant au comte
Maurice son futur axéneraent à l'empire arec,
lui recommandait une dévotion spéciale à saint
(ieorpe».
La ville de Constanlinople avait autrefois plu-
sieurs éjlises dédif'es sous son invocation; la
pluslréqn<>iilée par les lidéles se trouvait surle>
bord» de rilellespontou détroit des Dardanelles;
ce qui lit donner à ce bras de mer le nom de Itni^
de Saini-detiryeii. la (léorgie le considère comme
un de SOS patrons.
L'Occident prie saint (ieorges comme le patron
des ;;uerriers chréiicns, avec saint .Sébastien et
saint Maurice.
Le culte du héros martyr a été llorissanl dans
nos contrées des les temps anciens : sainte Clo-
tilde. qui l'invoquait souvent, voulut que l'autel
de léfjlise de (".lielles, monastère fondé par elle,
lût dédié sous le nom de saint (;eor;:cs.
Les croisés éprouvèrent souvent sa protection
dans leurs comoats contre les musulmans.
Les Anglais en particulier (alors catholiques)
auî:mentérent alors leur confiance en ce saint
martyr, et un concile national tenu à Uxford,en
1222. statua (|ue sa fête serait de précepte dans
toute l'Angleterre.
Saint (ieorpes était le principal patron dt la
rér)ubli(iue de (lénes.
La ville de Cheviéres,prèsde Compié«ne(Oise\
possède encore de ses reli(|ues, et dans la ville
de Diospolis en Orient, où il fut jadis enseveli, se
voit encore une église bilie par Justinien à la
lîloire de ce célèbre soldat de Ji-sus-Cbrist.
SAINTE GBORGIB OU GEORGKTTE
Sainte Géorgie .ou (iecrgelle) était de Cler-
mont en .Xuversne.
t:ile vivait deux siècles plus tard que saint
Georyes martyr.
Elle consacra à Dieu sa virsinilé malsr^ les
oppositions du monde, et, pour servir plu> libre-
ment son céleste Hoi, elle se retira dans une
solitude près de la ville.
Apres une vie de prière et de mortification ,
elle éclian;.'ea cette terre contre le ciel ; à ses
funérailles, une u'rande troupe de blanches
colombes accoinpai:nérent son cercueil en volli-
iieant tout autour, jusqu'à ce <|u"il fût déposé
dan-i b' loinbi-au, et les assistants étonnés se
demandèrent si ce n et lil point des ani:es ou des
àines \ir;;inales descendue» un instant des cieux,
sous celle forme, pour l'escorter. Sa fêle est lo
i;i février.
.JS
}«\;t -nr/nnl. 1'. Piiiinriin,
tiir l'i.iiiK.K l", Pur.'
LE BON LARRON
Fête le i4 avril.
0 adœiranda Latronis
conversio I CruciCxum
videl et Regem proœdi-
cat. Alléluia.
0 admirable conversion
du larron! il voit le Cruci-
fié et il proclame qu'il est
Boi. Alléluia. (Aut. de
l'office.)
CANONISATION
Le bon larron a été mis au nombre des saints
par Nolre-Sei;;neurlui-m<'me ?ur la croii, lorsque
le Sauveur lui dit : En vérité, je te le déclare, tu
ieras atijourd'hui avec moi en paradis.
Celle raiioiiisalioQ, extraordinaire entre toutes,
doit eïrilerune vive dévotion pour ce voleur péni-
tent. L'Eglise lui a consacré un ofCce et une
messe le 24 avril, et son nom figure au martyro-
lo;;e au jour du 25 mars, qui fut à la foie la date
de l'Incarnation à Nazareth et de la mort du
Sanv.-ur à J-'-rusalem. Nous dirons plus loin les
'- motifs qu'on a de l'invoquer et les
îices où il convient de le faire.
1' la tradition la plus autorisée, le bon
brr"i. j'appcUit Dl^mas et le mauvais larron
a Tbisloire de leur vie
-, lorsqu'ils se retrou»e-
II. <li-Saiiit, à la droite et à
lu _,. . '.■■fois, le pardon du Sau-
M • •■ façon toute royale les
'T.; oudé assemblé ne péaé-
. .,je ce qui lui fait bonaew
._ ■jron*-nons émerreîllés de Toir alors
au milieu de c«tle vie de crimes, des élans de
l'Âme p"Ur r>-[»ondre i la grâce, qui eussent lar-
HeaMMt ««fiG â le eativeriM', si cette gr&ce avait
été aussi «b^adairtc po«r ha «lue pour nous.
'" "i "i ij.iMMi ifù «MdtaiC osa^piérir cette àme,
L>..> a t a 'cunuler«ef«reMer»h«aaBouvemeuti>
paaries iAootder, aa <2il*aîre, 4m aéntes de son
O- nu'une injatiwm aases «itMisée nous rap-
!■( ; ' ii'-s prejBièrea — nftri de SuaiAs nnu* le
lAotilre. ea etfet, 4£* kn aa aHlica même de ses
dé*('rdre«,r«hjet4wpré«e8aaee* de Jésus. Cette
Inbditioa e^ ra^oitec par Miat Anselme, il la
racoute 4 l'uoe 4« te* MNin i propos d'une
■rfidititinii vu T*ai»ac* 4e Jémii, et il la donne
léaeade, «iaon certaine, du laoiot
A'raC DISHA*
rmEHiftaa aaMemi aa .
CéUil i rtf9^fÊit
ioaeph. Marie et
if— I fayateat la calérc d'Bé-
rode, brigand illustre qui usurpait le pouToir
pour commettre de grands crimes.
Lorsque la Sainte Famille eut dépassé la
répion de Bethléem, elle entra sur les terres
d'Egypte. L'Eyypte est, dans l'Ecriture Sainte, le
pays du péché, d'où Dieu relire sou peuple, et
c'est pour cela qu'il convenait que Jésus, portant
la similitude du péché, fût envoyé en Egypte et
vécût au milieu de ce monde ennemi, qu'il
venait rachètera force de pardon.
Or, dans cette fuite vers le p^y* du démon,
Jésus, Maiie et Joseph pénétrèrent en une forêt
où vivaient des brigands, et parmi eux Dismas.
Dismas, déjà dans la force de l'âge, était assas-
sin de profession, dit saint Anselme; ce qui
explique ce malheur, c'est qu'il avait pour père
le chef d'une nombreuse troupe de malfaiteurs
qui vivaient en ce lieu. 11 avait donc été nourri
dans le crime, comme d'autres sont nourris dans
la vertu; mais, semblable à ces âmes que le
soufQe d'une éducation toute mondaine ne par-
vient pas à corrompre complètement, il con-
servait au fond du coeur les grâces cachées du
remords.
Or, un jour, où il se tenait en embuscade,
attendant l'occasion de faire quelque mauvais
coup et de se souiller d'un nouveau méfait, il vit
arriver le vieillard, la jeune femme et le petit
Enfant; ces trois voyageurs portaient quelque
bapase, peut-être les dons des mages, dons
réservés, par la Providence, pour ce lointain
voyage.
Inaaaa ja^ia qne cette faible caravane n'op-
p*e«raitaaoaae résistance; le bâton de saint Jo-
sepliL, qu'on vénère aujourd'hui avec amour i
Florence, ne l'ellrayait guère, et il s'avança
vers les voyaceurs pour les maltraiter et les
dépouiller. Ses compagnons étaient là.
Quand il fut proche de la Sainte Famill<>, son
re_ard rencontra le visase du p<"ti! J-sn';, et
cette physionomie lui apnarut si '■ i-e-
meiit illumim'e de beauté, qu'au I ■ : 'r.
il recula attendri, et, pris de connins^. ration,
non seulement il ne dépouilla pas les [lauvret
voy:;:;eurs, mais, après avoir renvoyé ses com-
pa;.-tions, il leur offrit l'hospitalité dans la
caverne qu'il habitait.
C'est ainsi que le moment d'angoisse auquel
la Sainte Famille venait d'iHre soumise se ter-
minait, comme dans les angoisse» précédente»,
par la consolation. En elTet, la route était
lonme, le soir des'-endail et ils étaient sans
abri; -or, voirj au'au beu d'un an^e, pour les
secourir, "iit un voleur prêt à les
maosacrer. il a coup, ce voleur attendri
M transfomiail en bon anue.
Des qu'ils furent en cette caverne, comme
ua^nére à Bethléem, les doa» afcaadéretit. Dts-
62
wÊ
^^k^i^^^^^l
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S^É
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Sfef,-
¥ ■ * ».J
■w-S.-
Aujourd'hui, tu ««rM »veo mol en paradii.
mas, qui avait renvoyé ses mauvais complice»
sans tenir compte sans doute de leurs blas-
phèmes, se prodiguait à ses hôtes ; cet homme,
armé jusqu'au! dents pour le meurtre, regardait
avec tendresse rEnfant Jésus; celui-ci daignait
se laisser caresser par ce brigand qu'il voulait
sauver , et Marie admirait ce spectacle sans
terreur.
L'hospitalité de l'Orient est frugale, on par-
tagea quelques fruits; c'étaient les fruits de la
forêt, car la Sainte Famille n'a certainement
jamais touché à ce qui devait provenir du vol ;
c'étaient le lait des chèvres et le produit de la
chasse: on étendit les meilleures nattes et l'on
reposa, mais l'empressement de Dismas montrait
qu'il voulait donner, avec sa pauvre caverne, son
cœur, plus pauvre encore.
Le lendemain, Marie, considérant le respect et
l'affection du brigand pour l'Enfant, qu'il ne
cessait de regarder, rendit grâces; puis, elle
l'assura avec solennité, qu'il serait récompensé
avant sa mort. Dismas conserva le souvenir de
cettepromesse, et, au milieu de ses débordements,
il en attendait l'accomplissement avec une
invincible espérance.
Quiconque secourt un pauvre sur la route, lui
sacrifie son repas et sa maison, reçoit Jésus;
et Marie, continuée par l'Eglise, est là pour lui
promettre qu'il sera récompensé avant sa mort.
La Sainte Famille poursuivit sa route vers
l'Egypte, laissant partout des traces de ses bien-
faits et jetant des germes de salut dans les âmes;
mais l'heure de prêcher la vérité n'était pas
venue, et le Sauveur, s'il eût parlé, aurait pu,
comme à Cana, répondre à sa Mère qui pro-
mettait un miracle : « Ne savez-vous pas que
mon heure n'est pas encore venue? »
SICONDI RBNCOMTRI DE JÉSUS AVEC DISMAS
Que se passa-t-il pour le brigand de la forêt
pendant les trente-trois ans qui suivirent? Nous
ne savons rien, sinon que lui, Gestaset Barabbas
se trouvaient l'an 33 dans les prisons de Jéru-
salem comme d'insignes coquins, condamnés
pour leurs crimes innombrables au supplice
infamant de la croix.
Barabbas fut délivré par l'acclamation univer-
selle, et les deux autres portèrent la croix à la
suite de Jésus.
Ces deux larrons furent accolés au cortège de
Jésus pour le couvrir d'infamie ; comme la cou-
ronne d'épines et le sceptre de dérision, ils
étaient des instruments aestinés à grandir le
supplice et ils accomplissaient, dit l'Evangile, la
prophétie d'Isaie : Cum sceleratis reputatus est, il
a été mis au rang des scélérats.
Mais ce fut une bien grande grâce pour eux de
faire ainsi le chemin de la Croix avec Jésus, d'en
suivre toutes les lamentables stations, tandis nue
les Apôtres, en fuite, eurent le regret de n en
avoir pas été les témoins.
Dismas vit le long de ce chemin la tête blonde
du petit Enfant de la forêt couronnée d'épines
sanglantes, elle était plus belle encore qu'en
Egypte; l'innocence de la face divine le toucha
peut-être, mais il ne reconnut ni Jésus ni Marie.
Les crimes avaient épaissi son regard.
Jésus fut cloué sur la croix. Dismas entendit,
avec Marie, les coups de marteau, et les deux
larrons furent attacnés avec des cordes. Ils admi-
raient qu'on les épargnât, tandis que tant de
fureurs, de fla^jellalionset de raffinements étaient
diiiC'''s contre Jésus, et cependant il» se mêlaient
Iru'. le» deux aux blasphémateurs.
Les trois croix furent élevées entre le ciel et la
terre, l'un des larrons adroite, l'autre à gauche,
et le tableau du crucifiement, devant lequell'hu-
manité entière demeure depuis dix-huit siècles
en adoration, apparut dans sa réalité. Dismas en
fait partie.
Du haut de sa croix, durant trois heures,
Dismas fut associé à Jésus pour voirie spectacle
de cette foule qui représentait le monde entier et
qui blasphémait, il vit les soldats se diviser les
vêtements, jouer la robe sans couture ; Marie, qui
avait tissé cette robe, était debout au pied de la
croix.
On attacha le titre : Celui-ci est Jésus, roi des
Juifs, et il y eut un cri de joie ; la foule pleine de
sarcasmes disait, en hochant la tête et en se
moquant :
« Toi qui détruis le temple de Dieu et la
relèves en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu
es fils de Dieu, descends de la croix.
— Descends, et nous croirons I » répétait le
peuple.
Et, chose affreuse I les deux larrons et Dismas
lui-même, entraînés par ce spectacle, disaient
comme le peuple et le maudissaient. (S. Matthieu
et S. Marc.)
Marie, entendant ces blasphèmes, le regarda,
reconnut sans doute Dismas et pria pour lui.
CONVERSION DU LARRON
Cependant, la sixième heure, celle des ténèbres,
approchait, l'ombre de la croix de Jésus s'allon-
geait sur la colline et elle passa sur le corps de
Dismas; à ce moment, l'autre larron blasphémait
avec fureur, disant :
1. Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même et
nous aussi. » (Luc, XXIII, 39.)
Mais l'ombre des plaies divines pénétrait an
cœur de Dismas et on l'entendit répondre :
Il Ne crains-tu pas Dieu parce que tu es con-
damné au même supplice que lui?
» Pour nous, c'est juste, car nous recevons un
châtiment mérité par nos crimes, mais celui-ci
n'a point fait de mal. » {Luc, XXIII, 40-41. )Cestas,
le mauvais larron, fut surpris, Barabbas, s'il
était dans la foule, fut étonné, les pharisiens
sentirent comme une morsure.
Puis cette confession suprême faite avec con-
trition, le larron, devenu le bon larron, prononça
un acte sublime de foi, d'espérance et d'amour
en se tournant vers Jésus :
« Seigneur, dit-il, souvenez-vous de moi,
lorsque vous entrerez dans votre royaume. «(Luc,
XXIII, 42.)
Et Jésus, sur ce tribunal où il siégeait en juge,
quoique les hommes aient cru le mettre parmi
les condamnés, Jésus prononça la sentence et
lui dit :
« En vérité, je t« le déclare, tu seras avec moi
aujourd'hui en paradis. » (Luc, XXIII, 43.)
HODII HECUH MIS IN PARADISO
Si la légende de l'Egypte est vraie, Jésus, i ce
moment, a rempli la promesse de Marie, et sans
doute, Dismas reconnut enfin la Mère qui lui fit
la promesse lorsque le Sauveur mourant s'adres-
saat à elle lui dit :
Femme, voici votre fils.
Ce fils c'était Jean, mais c'était Ditmas aussi
et tous les pêcheurs convertis.
Il rtait midi ; une nuit de trois heures 'e
répandit snr toute la terre, le voile da temple
se déchira et le désarroi se mit dans la foule
con«lernée.
Geslas entra dans nn affreux dé-^e^poir, Dismas
priait et il entemlil : EU, Eti Inmni f/ibliocthani ;
c'étaient les dernières parole-- Ue Jé-^us; le soldat
lui présenta le vinaiçre, le Sauveur poussa on
grand cri cl il expira.
Aussitôt, la terre trembla, la croix de Pismas
s'apta; une fente lart;e et profonde s'était pro-
duite dans le toi et allait jusqu'aa tombeau
d'Adam.
LA MOBT DD BON LAKBOH
Le solefl éclairait à nouveau la scène de déso-
lation. Les Juifs préparaient le temple et disaient:
C'est demain le grand sal>liat de la l'Aque, il ne
faut pas que ces corps restent sur les croix. Ils
allèrent trouver Pilale et lui demandèrent qu'on
bri'-àl 1rs os des condamnés et qu'on eulev&l les
caJa*i es.
Pe- >olJats arrivèrent donc fc nouveau au
Calvaire, le centurion qui aviit conduit ceux du
crucifiement s'était converti.
Ce» nouveaux soldais lirisèrenl les jambes et
les r"'>-^' - •■!, sans doule, tous les os ae Dismas
et ■' : ils étaient mourants, lorsque ces
solU-. . iirnanl vers Jésus et voyant qu'il
éluit dt-ja uinrt, ne prirent point la peine de les
briser, m.-.is l'un d'eux, Lon».'in, fil au côté droit
une •vaverture arec lu lance.
Li Oa n'tté droit s'ouvrait da c6té du
htfn l^iroii <.iL|>iiant, elle alluil jusqu'aux proi-
landeurs du Cifur de Jésus et elle versa l'e.iu et
le ~ 1. Pismas, puriflé, mourut; il
avB:. ■.uiies delà iléJernption.
I.;i ùii'.x Ju l'U larron, retrouvée [>ar sainte
Hélène, en même lrmp« que relie du S.^iiveur, fut
Ion.' e à Chypre; au|ourd'liui, elle
est •' Croix de Jéru-ah'Uï, sur l'nutel
oti s i'ijih.>m:i.li.i «laie Croix, le clouelles épines.
son PATao.*(*ci
Le boa larron est le patron des condamnés k
mort; mais, à ce titre, il n'aurait pas assex de
clients.
11 e»t de plus le patron deji malheureux dont
le*alIaJreï»oiildf ■ :' ■ •■-" savent comiuetU
re'litu'r et ne mnuiir voleur»
. ira(- '-■' '' •' -le chrétiens
SOI.'. . i'-« !
l. . ... , .lut de tant
da graiuU coupable* qui blkffUit ment Jéaiu et
qui , tombant dans le malheur, se tourneront enfln
vers leur Créateur.
Il y a des pays où, à ce titre, on devrait lui
dresser des autels sur les places public|iies.
Il eslle patron des (rrands pécheurs, de^ enfnnts
prodii-Ties, et il délivre de l'iinpénilen'e tlnale.
« L'impiété de l'impie ne lui nuira point, au
jour quelconque où il sera détourné de son
impiété vt converti. » (Antienne du Magnificat,
à I offti-e du bon larron.)
Le bon larron est aussi le patron des Ames qui
se décourapent, soit parce qu elles ont péché, soit
parce que tout va mal dans leurs entreprises,
soit surtout parce que la persécution triomphe.
« Le bon larron, dit saint Jean Chrysostome
en roffloe de la fête, a vu le Sauveur, non sur le
trône royal, non adoré au temple, tion point
parlant du haut de son ciel et commandant a ses
aniJt's, mais il l'a vu associé au larron dans le
ch&tinient. Il l'a vu dans les lounnent-., et il
l'adore comme s'il était dans la >;loif*: il le voit
sur lacniix et il le prie comme s'il était puissant
au ciel. Il voit le condamné et il invoque le roi,
disant : Seigneur, souvenet-vr»us de moi lorsque
vous arriverei dans votre rovaume. Tu vois
le Crucifié et tu annonces le Roi. Tu le vois sus-
pendu au Kibel, et & ce spectacle, tu penses an
royaume des cieux. 0 admirable conversion du
larron ! (Leçon II de roUice.)
Autrefois, on l'invoquait beauci • ■ Us
vo(eurs, et le moyen If,-» nom a ' une
autienne versifiée que récitaient < n -mi ii-in-
nenr les personnes dont les biens sont exposés
à la rapacité des larrons. Mous en donnons la
traduction :
« Pour des raisons différenles, troî« .-nri.s «ont
suspendus au cibet : Pymas d'un ■ de
l'autre, au milieu, le Ùieu lout-pui ^ nj is
monte aux cieux, Gestas dcgcind aux at>iines. t^ue
la souveraine puissance nous conserve noas et
nos biens. Récite ces vers pour ne pa) perdre,
par le vol, ce qui t'appartient. «
Voici maintenant l'oraison solrnnelled«rE^iM
pour son ofllce :
osAison «0 ao!4 lasbon
Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui jus-
tiflei les impics, nous ^ - : - , ^^ ^(,m
en supplions, diri(.'ei vei ■ iter no»
cœurs a la pénitence, le ■> i» . ' '''
Fils, qui lui pat'na le ca-ur di.
larron ; et dai^inri nou« arrort>r
la cloire élernellc qu'il lui ,
le demandons par le mi'ine j
Seigneur. Ainsi soit-il.
L. rtiiTui.N»», lmi).;yt/ajW, l>,tuel'r*ujv>-'i»l".i''»'i*
SAINT MARC, ÉVANGÉLISTE
Premier siècfe. — Ft'-le le 2.j avril.
:^^
^kwV,,-'-^-l-,U'^^K^^-^^--^'^'-'v
^^J^J..^:x~^^.^.X'J^
f ii/( ,i/t ,iY( ,)/[; r(ï rAfr]i/r,f\iÇ :]ïf;\{C ,iR}fu
vmxaKmtKseaexseaaeaiisgaeMMaiijtsseBesmBeaeaeaexstiaesej^^
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.-r/r-.r-rr
Lxl\XAZ:^^^^'^ '■'T'"^ |
l'rcsque «le Consoni îu Vatican.
LK L10> IIF SAINT llAHi;
Saint M.irr. est une des plu» srande» (ifjures de
Il l"i nniivcile. yiU spirilupl «In saint l'icrre dont
il •'•lait l'intprpri'le et le conlideiit, docteur .rvan-
Bi'-li'pie, ap''itre, martyr, il est un do ce* quatre
aniiiiaiix mystiques qui asi-i^tpnt devant le trAne
df l)i<Mi. Le salut proplnle Kz>^cliiel et le disciple
bien-aimé du Seiyneur le viri'iil l'un et l'autre
sou» le symbole du liou, ly|)e célexte que Marc
.1 iriervi'iilfiispniriir rtaiisi', car il ouvre son
Kvant'ile par le rncit de la prédication de Jean-
Haptiste, rappelant que le rAle de ce précurseur
du Messie avait été annoncé par Isaie. qua.id il
avait parlé «le la voix de celui qui crie dans le
ilé^ert : voi\ ilu lion ipii ébranle les sniiliidcs
par ses rusis-ements
t'.e disciple chéri de l'ierre, ce bnllanl salcl-
lilc du soleil de IKulisc, comme on l'a si ju-i'-
inenl appelé, avait reçu dans son opur un rayon
112
de cette lumière céle«te qui est la splendeur du
Pi're. et il fut i Iiui^'é par le- Vii-airo de Jésus-
Chnst d'alliT r^ (laudre son érlal »ur ce sol
J'Kgypte lïPÙ toui «-tait éieii, exceplé Uieu lul-
11 ne Tallnil rien moins qup la «splendeur d'un
tel llauilieau pnur dissiper les lémbres qui pla-
naient -ur ces contrées. Le Menlieun-ux aprttre
sema la parole sainte dans ces cœurs endurcis:
ses sueurs et son san;; fércinJcrent ce sol ingrat
et le fertilisèrent au pxinl que la moisson s'éle-
vait au ceutupli.' cpiainl il la transporta dans les
celliers du Pcre de famille.
- WNT lUBC KT sAarr PIERRE
â vrai
sa vie .1
sont "
à t.
opii
soi '
*•'' ■ I- •
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A j ' nt»*. ',if_ il
du |iriii'
comluit I
ininiuaidf dan^ la
suivit a Himii'. ou
pai-t •' '■!•
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à li.
la I.
qu'il .
lat, il la
Mar. A -i.
lion |> jr lui de troaver accru
ridci..-.
.iiii]
1 ne
(iirsiimii'
i'a]'iUle du luoiiiie. Marc L-
il eut part à la plu-^ :.'raudt'
^<>n maître ilul s'inipoter
la fi'i de Jésu^-Clirist.
. ou, pour mi'Mix dire,
r : saint Mari' arrosait, et
•'I' tant d'.il'oudaiicc le
. oii iif ().iil lit dans tout
tellement
ui illcr port*;r
• i«iii~. l'eiiiiaiil
df son apo>lo-
Ik- son disripli'
_ii -lande ronsola-
le nombre des
L'iVAMIU ^ILLH>> SAI.NT MARC
Geux-ci M aratant tous !<»« j«Mr« pins embra-
sé» lie la vérité et
1ère» de II |ni n'
rèri 1:11
daii
Mt
1 -
M
^iu^| '• >.>.
immortelle»
.- Marr.dii , : -'..H... Il
ration d<' Mntlliieu ; il I ab:
tem|o> il la coniplit.-. In in
lopp<>inent ticiiiicnl alt>->trr a '
l'i'Ttr. t 'm'iri > t .itidit. ur de
!"•
'• \ ;,
rL
- ni)>-
lii' au
1 • our-
Lui
«oïl iii- .■ iii»ciple
de leur mettre par
iiie ri, i>oUk
i les pAj^e»
!..
• • que
^l de
du monde, et le nom de Marc devint célèbre par
toute la terre. >•
vu APOSTOLUJl'E
La carrière apostolique s'ouvrit devant .Marc
lorsqu'il eut écrit son Evanyile. l'ierre le diri:;oa
d'aliord sur Aquilèe, où il fonda une insigne
éi-'lise, mais c'était liop peu pour un èvanv'élisle.
Le moment était venu où l'Egypte, la mère de
toutes les erreurs, devait recevoir la vérité, où
la superbe cl tumultuou-c .\lexandrie allait voir
s'élever dans ses murs la seconde Kfjlise de la
cbrélientè. le second siéjf* de Pierre; Marc fut
.1
11' --1I1.1
daii> le
•■V Aon maître 4 ce (.■ruud .euvre. l'ar >a
a. la doctrine du salnl ijeriua. Ileurit
il le bon grain .ui-
•• toutes : et !
' ^ : : ; - a ij « » 1 1 e » ■ ' ' ~ ■
-» de l'en Ml
II
à Cyreue dan- la Peu-
'luiil une
à Cvre
1 r I. f.'..
multitude de
.il II uii», les id . 1 .
. iiid cette chrétienté
ip-e dans la foi, Marc
li<~ de la Lybie. PntUmt, I
l'aiiprocbe lie ce cuni^aérani
et la l>.i»»<> KL'vple, l'iUM et 1 ..
le pa;. -loiait difM^i taai ^'
taiii ' ii>, rrroMarrnl le >
- f lire ut
, - >aiTès
nt forti-
; ' . 1 1' -
in*
n
JU»"|Ue-ia
vérité, de- i
tant de saim-
l'univers «Il la
plus li.iie. Il» ,
■~nt» dr i>aiui 'H ilr
I uiiiéc, U »éj<tur de
. ri ta CMltrér di» tout
éraiiKÉttqae douua le>
ifei, exUi far la fuirur
A i>ras At Haricei l'ondiiil
était teuu <!
I -viite, et il a»
.|ui devait
)ui faire
les .Uli ina»e, le» i'aul. Us AntoÙM, ui L<.ii!
d'autre^ de re^ illu»lrc» i'eri-s du détert, qui >e
comptèrent par centaines et par miUtcr».
Marr,
l.l
d'Ilèi
par I
rlios|.
sur elle celte pluie .1
mari|ii>'. la reudre
Ai.itAnDaia — la «ci
rr lu tatsict amuMB
Après avoir défriché ce vaaU champ
. . ..:,..i .1.. l'L'. ..,..< ».....! ..» I....... I. . ..
dit-on, » ..
. . lidrc part
disruBMOUa du jour.
Fort du secours de IMeu, Marc, hnmmr »ati-
-, vint attaquer de front ,.
.iplio» (>( d'ornl<-iir» epri» .1.
trAi
.i»»-f
-.«lui
Dieu ! Il Vraiment, pensa Marc, le Seigneur a
rendu mon voya;;e prospère. Et aussitôt, for-
iiiaiit un peu de boue avec sa sali\«- et de la
terre, il appliqua cet onf;'uent sur la blessure eu
disant :
11 Au non) de Jésu6-Cbrist, qui vit et règne
dans les «iècles des siècles, sois fruéri. » Et la
blessure fut ^ruérie a Tinstanl.
Cet bomiue, qui avait nom Aiiianus, plein
d"adniiralion pour la puissance de ce médecin :
11 Je t'en prie, homme de Dieu, lui dit-il,
vieniï loiier aujourd'hui dans la maison de ton
'erviteur, ne dèdai^ine pas de rompre avec moi
le pain de l'hospitalilé; tu t'assiéias à ma table,
fiarce qu'en ce jour la miséricorde a été grande
envers moi. "
Tout transporté de joie, le bienheureux
apôtre répondit :
" Ou'on récompense de ton hrspilaJité, le
Seigneur te donne le pain de la vie éternelle. "
Arrivé sur le seuil de la demeure de son hôte.
Marc s'écria :
« ijue la bénédiction du Seigneur soit sur
"elte maison. Prions Dieu, mes frères. »
La parole prave de l'apùlre, son extérieur
plein de noblesse en iniposi-rent à tf>ut le
monde. Tous obéissent à sa voix et tombent à
l'enniis. Après la prière, chacun souhaita la
bienvenue à cet étranger qui montrait un tel
respei't pour la Divinité, et Ton se mit à table.
Pendant le repas, Anianus s'adressant à son
hôte :
■• Je TOUS en prie, mon père, lui dit-il, dai-
crnei satisfaire une curiosité bien léfitinie; il
nous serait doux de connaître notre bienlaiteur;
qui êtes- vous, ô mon Père, n'ètes-vous pas
quelque divinité descendue de l'Olympe, et d'où
vient que votre prière a une telle puissance et
une telle eflicacité ?
— Je suis le serviteur du Seigneur Jésus-Christ,
Fils du Dieu vivant.
— Ne pourriez-vous me le montrer ce Dieu
qui opère de si grandes merveilles ? Nulle part
je ne l'ai entendu nommer. Je voudrais cepen-
dant le remercier de la bienveillance qu'il m'a
If^moignée aujourd'hui.
— Je te le montrerai, et ce Dieu tout-puissant
l'aura pour agréable si ta reconnaissance consiste
.'i l'aimer et à le servir le reste de les jours. »
Alor»-, ouvrant le livre des Ecritures, il lui
<\pli']uail les prophéties et lui montrait que
Iiieii avait promis d'envoyer son Fils sur la
terre pour racheter le genre humain qui s'en
.illail dans les voies de 1 erreur.
'1 Mai», quelles sont ces Ecritures ? interrompit
Anianus; je ne crois pas gu'on les enseigne
il.ms nos écoles. Je connais I Iliade et l'Odyssée,
et lout re qu'on a coutume d'api^rendre aux fils
des Ecyplittns, mais jamais je n'ai entendu par-
ler de ces pro[ihétii's que vous m'exposei. ■■
Alors, le saint évani'''liste lui lit voir combien
• l.iit vaine cette sat'"'-e dont le monde se van-
I lit lant. Ensuite, il lui annonça Jcsu.«-Christ et
lui développa les mystères les plus élevés de
noire religion.
En eniinil.uil une <■[ snblime doctrine, Anianus
ru- douta plus que la rérité ne parlAt par la
I' 11' lie de cet homme qui accomplissait li'ailleurs
-i r.r.inds prodi;.'es, et la urAcc, pénétrant
'l'iir, il renonra au culte des idoles et
'it avec toule sa maison.
telle fui la première ronqu'Hc de Marc dans
•Ile L'rande ville, et la foi s'y répandit avec une
'elle rapidité qu'Alexandrie vit s élever dans son
sein la chrétienté la plus llorissanle de l'univers.
Ce même Aniauus, qui passait auparavant sa
vie à raccommoder les vieilles chaussiir. -.. fil de
tels pr<.'i.Tés dans la connaissance et lu pratique
des vérités chrétiennes, que saint Marc le s.icra
évéque d'Alexandrie deux ans après. A ailé du
siège épiscopal s'éleva ce didascalé, cette école
des catéchumènes qui sera le germe de cetL-
fameuse école qu'illustreront plus tard les l'an-
thène, les Clément et les Origène.
La ferveur des nouveaux chrétiens semblait
s'accroiire avec le nombre. Plusieurs, touchés du
désir de s'élever jusqu'au plu-^ haut point de la
perfection chrétienne, s'efiorcérent de joindre
la pratique des conseils de l'Evan^-'ile à l'obser-
vation des préceptes, comme ils le voyaient faire
à Marc lui-même. L'on vit bientôt celle grande
ville et son territoire remplis de ces généreux
chrétiens, qui, renoui-anl à toutes les comniodilés
de la vie, ne s'occupaient plus que de Dieu et
passaient leurs jours dans la pratique des plus
grandes austérités, dans la lecture des Livres
Saints, et dans une continuelle méditation des
vérités éternelles.
Ces fervents chrétiens d'Egypte furent nommés
Thérapeutes, mot qui signifie serviteurs de llieu.
ils furent comme la semence de ce nombre
prodigieux de saints solitaires, qui, quelques
siècles après, peuplèrent l'Egypte et laTbébaide.
Le nombre des fidèles augmentant sans cesse,
les .Alexandrins, furieux, tendirent toutes sortes
de pièges au bienheureux Marc, et cherchèrent
à le faire mourir. I.e Saint, apprenant leurs
mauvais desseins, créa .\nianus évèque en sa
place, ordonna trois prêtres, sept diacres et onze
autres ministres pour le service de l'Eglise, puis
il se relira dans la Pentapole. Il y demeura deux
ans à fortilier les frères qui avaient déjà reçu la
foi; il ordonna aussi des évèques et des clercs
dans ces régions, puis il revint à Alexandrie. A
son retour, il IrofHva que la foi et la (.'race du
Seieneur avait fait de nouvelles conquêtes. Le
Saint s'en réjouit beaucoup, et, lléchissant les
genoux, il rendit gloire à Dieu.
Ce[iendanl, les païens connurent l'arrivée du
Saint. Jaloux de le voir multiplier les miracles,
ils cherchèrent plusieurs fois à s'emparer de lui ;
dans leurs théâtres, leurs festins, ils ne cessaient
de crier : n Cet homme dispose d'un f.'rand
pouvoir! »
TIslON — TRIOMPHE
Il arriva cette année-là que la solennité de
Pilques coïncida avec la fêle du dieu Sérapis.
Hassembléspour la circonstance, les païens se
dirigent vers la demeure du saint évanKéliste.
Ils le trouvent, offrant à Dieu l'hoinniave de ses
prières, .\lors, ils se saisissent de sa personne, lui
passent une corde au cou et le Iraincnt |iar la
ville en criant :
11 Traînons le buflle au quartier du bouvier! »
l'endant ee temps, le bienheureux Marc rendait
grâces à Dieu et disait :
" Soyer, béni, mon Seigneur Jésus-Christ, de
ce que j'ai été jugé digne de souffrir pour votre
nom : "
Sa chair tombait en lambeaux sous les coups,
et le pavé de la roule était teint de son san^. Le
soir venu, le-; idolâtres le jetèrent en prison, en
altendant qu'on imaginât le genre de mort qu'on
lui ferait souffrir.
Vers le milieu de la nuit, comme les portes
étaient fermée» *el les garde» endormis, il se lit
un violent tremblement de terre, car l'Anse du
Seisneur descendit du ciel, toucha le saint
martyr et lui dit :
" Marc, serviteur de Dieu, le premier de ceux
qui ont propagé dans l'Eyypte hi l'^i du Sei?,'neur,
voici que ton nom est écrit au livre de la vie
éternelle, et ta mémoire ne périra, jamais; car
tu as mérité délre uni à la Vertu céleste. Ton
àm<' va être enlevée au rie! pour y jouir de
rétcrucl repos et de la lumière qui ne s'éteint
jamais. »
Pendant cette vision , le bienheureux Marc
élevait les mains et disait :
" Je vous rends t.'ràci's, mon Seigneur Jésus-
Christ, de ce que vous ne m'avez pas délaissé, et
de ce que vous m'avez compté au nombre de vos
saints. Je vous supplie, mon Seif-Tieur Jé^us-
(>hrisl, recevez mon âme dans la paix, et ne
soulTrez i«as qu'elle soit séparée de votre prAce ! "
Sa prière étant linie, le Seij^neur Jésus-(>hrist
vint ;i lui sous les mêmes traits et avec les mêmes
vêtements qu'il avait lor-i(ju'il se trouvait avec
ses disciples, avant sa Passion, et il lui dit :
■ l'fu lihi, Marce. Evniujelista mi. » (La paix
soilavec toi, Marc, mon Evan^'élisle.
A quoi le disciple répondit :
" Seigneur ! «
Sa joie et son amour ne trouvèrent pas d'autres
paroles. Ainsi Madeleine, au malin de PAques,
avait ;.'ardé le silence, après ce cri du cu?ur :
" t'her Maître! »
l.c lendemain, Marc fut immolé parles païens,
mais il avait rempli »a mission sur la terre, et
le ciel s'ouvrait au lion qui allait occuper, atl
pied du trAne de l'Ancien des jours, la place
d'hoiii.eur où le prophète de Pathmos le con-
templa dans sa sublime vision.
A[iré8 l'avoir mi'* à mort, toute celte multitude
de :;eiitil«, transportée de fureur, alluma un i;rand
feu sur le bord de la mer, pour y brûler les
reliques du saint martyr. Mais, par la providence
de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, il s'éleva
une violente tempête et un vent impétueux: le
«oleil cacha ses rayons; de fréquents coups de
tonnerre se firent entendre, et du malin jusqu'au
soir, la pluie tomba par torrents, en telle abon-
dance que les maisons de plusieurs en furent
renversées, et que bon nombre de personnes
furent englouties. Dans leur frayeur, les gardes
abandonnent le saint corps et prennent la fuite.
D'autres disaient en se moquant : •• Notre
^and dieu Sérapis a voulu, dans sa fêle d'au-
jourd'hui, visiter cet homme. »
Cependant, des fidèles vinrent chercher le
corps, et ils le portèrent au lieu où le Saint avait
coutume d'offrir à Dieu ses prières.
Quand la cérémonie fut achevée, les fidèles
l'ensevelirent comme le voulait rusa:;c du p;'y<,
et ils le placèrent dans un petit caveau, creusé
dans le roc. lis honorèrent sa mémoire dans le
jei'ine et la prière, le félicitant d'avoir, le pre-
mier, occupé le trrtne glorieux d'Alexandrie.
LES RELIQUES DB SAINT MARC A VENISE
Au IX' siècle, dit dom (luéranger, l'Eglise
d'Occident s'enrichit de la dépouille mortelle de
.Marc. Ses restes sacré» furent transportés à
Venise, et sous les auspices du lion évangéllque
commencèrent pour cette ville les glorieuses
destinées qui ont duré mille ans. La foi en un
si grand patron opéra des merveilles dans ces
îlots et ces lagunes d'où s'éleva bientAl une cité
aussi puissante que magnifique. L'art bvzantm
construisit l'imposante cl somptueuse église qui
fut le palladium de la reine des mers, et la nou-
velle république frappa ses monnaies à l'efligie
du lion de saint Marc : heureuse si, plus filiale
envers Home et plus sévère dans ses mti'urs,
elle n'ei^l jamais dégénéré de sagra\itè aulique,
ni de la foi de ses plus beaux siècles !
Uiiu.-ttranl, PniTiiMtii», *, ru* Kf*u.ui» l''. l'Jl»».
NOTRE-DAME DE BON CONSEIL
Fêu le s 6 avril.
LA MADOXI DE GENArZANO
Le culte de Notre-Uame de Bon Conseil prit nais-
sance dans la petite ville de (ieiiaz/.ano. Cette ville,
située à peu de di-stance de Rome, sur le pencbant
d'une belle collin»', offre un dos sites les plus
a^'rëables de l'antique Latiuin. Elle était célèbre
»ous le paganisme corame lieu de plaisir. On y
:aisail, le 25 avril, la fête de la Rubigale, en l'bon-
neur de la déesse Rubigo, c'ent-à-dire nielle, qu'on
suppliait d'éloi;.'n''r des bl'''s l.i maladie de ce nom.
On y avait aussi établi des fêtes infâmes en l'honneur
dt Vénus.
l'eu après le iriorophe de la foi sous Constantin,
U pape saint Marc conçut le dessein de purifier
Geriaziano des superstitions idolàlriques et d en dter
le« scandales qui mettaient en dan^-er la foi encore
mal afTcrniie de plusieurs. Il y établit des colons
chrétiens et remplaça la rtul'igate par une fêle solen-
nelle en soiivenii de l'évangéliste saint Marc, son
patron J3.'IC .
Un siècle plu» tard environ, le» chrétiens construi-
sirent, au lieu même où se célébraient les fêtes de
Vénus, un sanctuaire à la Sainte Vier(,'e. Le rendez-
vous de la débauche fut ainsi sanctifié par le culte
de la Vir;;inité. Ce sanctuaire porte le not" de Cha-
pelle de &ainle-Marie. Il est probable quir dès lors
on y vénéra Marie sous le titre du Iton (Conseil. Dans
cette chapelle on plaça une petite statue de marbre,
conservée encore aujourd'hui dans le couvent des
Au^'ustins. Ce fut la première madone de Genariano.
Dans la suite, Genazzano devint un flef de la
famille princière des Colona. Un seiirneur de cette
famille, Pierre Giordano, fit don du sanctuaire,
devenu église paroissiale, aux Ermites de Saint-
Au;,'ustin qui possédaient un couvent dan» le Toisi-
na;;p. C'était I époque oii cesreligieui venalentd'èlri'
réunis en un seul Institut par le pape Alexandre H
et ils s'étaient gagné tous les cœurs par leur rét;w
larité et leurs bonnes œuvres. — L'Ordre de Saini
Auu'uslin devint donc dès lors le gardien et le prop.-i
pâleur de la dévotion k Notre-Dame de Bon l'.on^eil
et c'est encore aujourd'hui l'une de ses gloires et d*
ses protections les plus précieuse».
it;7
PÉTaUCCU. — L'DIAGB lllHACl'LEr««
Vers le milieu du xv« siècle, l'anoienue chapelle
tombait en ruines. Il y avait alors ;i (ienaizano une
pieuse veuve nommé Pélruccia, du tiers Ordre de
Saint-Au;.'uslin, qui édiliait toute la contrée par ses
vertus. Elle avait entendu parler des ravages que les
Turcs faisaient en Europe, depuis leur récente
conquête de Constanlinople. U.-ià ils élendaieni
leurs conquêtes sur les rivages de la mer Adriatique
et s"éUient emparés de l'Albanie, en face de la côte
iLilienne. Toute l'Italie tremblait à ces nouvelles.
l'étruccia, profondément éraue des dun;.'ers que
rourait la foi, priait sans cesse avec une ;;ruude
abondance de larmes, conjurant le Seigneur d'avoir
pitié de son peujile. Une nuit qu'elle avait proloii:;.,-
sa prière, elle eut une extase pendant laquelle la
Sainte Vipr;,'e vint la consoler. Il lui fut révélé que
r!ina;;e célèbre de Notre-Dame de Uon (Conseil,
honorée à Scutari, dans l'Albanie, allait pas>er
mira.-uleusemenl dans un autre pays, et que c'était
(ieiiaiiano qui devait recevoir ce pieui trésor. La
Sainte Vierge lui ordonna en même temps de lui
construire un sanctuaire, assurant que son secours
ne lui manquerait pas.
La bienheureuse Pélruccia crut ne pouvoir rien
faire de mieux (lue d'entn'prendre la reconstruction
de l'éplise des Augustins, ou Marie était déjà honorée
sous le même titre que la Vierge de Scutari. Elle
se mit aussitôt à l'œuvre. Elle vendit sou petit
patrimoine et, avec ce qu'elle en tira, elle commença
la construction. Les contradictions et les railleries
ne lui manqueniil pas. Les gens de Geno^iano la
traitaient de folle et d'imprudente. Il y avait, en
effet, peu d'apparence qu'une pauvre feinine mcn&t
à bon terme une entreprise aussi considérable; car
elle voulait que l'édifice fut digne de la Reine du
ciel. Mais quand on la traitait ainsi, elle répondait
avec douceur: ■> Ne me relardei pas, mes enfants;
avanlque je meure, laSainlc Vierge et saint Augustin
achèveront celle è^'lise. »
Souvent on l'entendait répéter: • Ma foi dans la
Sainte Vierge est si grande, que cette année-ci ne se
passera pas sans que l'église ne soit achevée. » Et
quand on lui demandait pourquoi elle la faisait
ron-truire, elle répondit pleine de joie : « Oh 1
(|uelle grande Dame viendra habiter cette nouvelle
•■t;li'-e I i>
Sa conHance ne fat pas trompée. Au mois
d'avril U67, l'édifice était termine, et Pélruccia
"((•••inlit avec confiance le miracle que la Sainte
Vu ;^c- lui a«ail promis.
L<j lii avril du crlle année ramenait i Gonatiano
ta solennité de saint lljjc. Par une disposition de
1.1 l'r'jTidence, le concours y fut plus grand qu'A
l'ordinaire. Iji fête n'avait plus aJors un cara<'lère
purement religieux ; on t'y occupait de tralic et
d'<i(T<iirrs, et on y méUit des divertissements plus
ou moins profane». Tandis que le^ pèlerins se
. oell« dis>t{mltou, Pélruccia priait avec
vf>ur de son Ame.
tu ir, un spectacle inattendu
vint , ir toute relie multitude.
' ■ 1 le rif I, on
-, et bientôt
T .>,. , , ... ., - inaïus invi-
1 Siinte Vier.,'c, qui vinl
! *> I ( liitn\fllo .. ''i f l'.i**
A
.« furnnt brusquement
•• U inaJtiluJe ■» p«rU
A U ff v- ur du ; r»;iiiT
moment, succéda bientôt uu scutiraent intime de
reconnaissance et d'allégresse, quand on vit la
Vierge animer peu i peu son visage d'un sourire
plein de tendresse, comme pour saluer -e peuple
de sa prédilection. Des larmes coulaient de tous les
yeux ; il n'y avait qu'une voix pour crier au miracle.
Cette acclamation rinl remplacer les chants pro-
fanes. ,
Les pèlerins qui avaient déjà repris la route de
leurs demeures furent bien surpris d'entendre les
cloches retentir de nouveau, comme pour l'annonce
d'une autre fêle. Ils se hâtèrent de revenir sur leurs
pas. La nouvelle du miracle se répandit prompte-
raenl dans toute la contrée, et, comme le lende-
main était un dimanche, le peuple put accourir en
foule de toutes les campagnes voisines pour saluer
la Madone miraculeuse. Les places et les rues de
Genaizano étaient trop petites pour contenir les
pèlerins qui aXIluaient sans cesse. Les vieillards
ne se souvenaient pas d'avoir jamais vu un pareil
concours.
O concours continua. De toutes les parties de
l'Italie on accourait à (Jcnaziano. C'était à qui feiait
les plus belles et les plus riches offrandes pour orner
l'église bâtie par la bienheureuse Pélruccia. LaSamle
Vierge récompensa la pièlé des lidèles par d'écla-
tants miracles. Le nombre en fut si grand que les
Augustins durent bientôt renoncer à les consigner
tous.
Dl SCITAHI k CE.1AZZAN0
Nous avons déjà dit que l'imase merveilleuse
promise à l'ètruccia était précédenimenl honorée à
Scutari Cette ville, par sa situation et par ses
remparts, était le boulevard de toute l'Albanie.
Lors<iu'Amurat II s'empara de l'Albanie, ce prince
la laissa avec sa principauté à Jean le Castriote et à
son ûls Scanderbegh. Ces deux guerriers la défen-
dirent plus de vingt ans el rêvaient de reconquérir
tout le pays. Mais les crimes du peuple raèntairiil
un châtiment et devaient rendre vains leurs efforts.
La protection de Scutari était moins sa forte
citadelle, conliée à la garde des Vénitiens, qu'une
petite église élevée sur une giacieuse colline, à un
mille de distance de la ville. Dans cette église, on
honorait une image cle la Sainte Viergedontl Albanie
avait souvent éprouvé la protection. D'où \eiiait
celte image? l-es uns disaient qu'elle avait été peinte
parle» anges, d'autre» qu'elle éUit venue d'un pays
éloigné dont le trouble causé par les guerres des
Turcs avait fait perdre le souvenir. On l'appelait
SotreDame de lion Conseil. C'est à ses pied» que
Scanderbegh venait déposer son épée avant de
maixber au combat.
Cependant les Turcs faisaient chaque jour d«
nouveaux progrès el le» Albanais s exilaient m
i;r»nd nombre de leur patrie eu ruine», alln de ne
lias loiiilicr sous la domination du Coran. La moit
d.- Srandorbe(;h, en t467, briia leur» JeToiére»
espérances.
oroi pinn ami»
U y avail alors deux pieux ami», Ciorgi et Sclavn,
ui, considérant le mail -^ •!•■ '•'"■ " ■^- ■ ' '« '"''«■
tant de leur» cou
repmdre des larme» et !• ,
fie ScuiAFi. Un jour, ils eurent i
.,M,ii- iMn.'c ulUit bientôt qi.
: tée au n.
. ,:.4iU. U .^ .
: lit cil luéiue lemp» de » ciUer de I
1, .iiivr»- "1^ elle irait.
À , > tout à la foi* par C'
, : «-ni leur» prépïmlif» l
i,
le départ. Mais, avant de se mettre en route, il?
Toulurent faire leurs aJiPux à la Midone. Tandis
qu'ils priaient en la reiiardant avec amour, tout à
coup ils virent une blanche nuée qui semblait sortir
de la muraille. Elle ennronna doucement la sainte
ima^e, qu'on entreïoj'ait comnae au milieu d'une
Tapeur transparente. 1^ Madone se détacha du mur
de l'église et se dirigea vers l'Occident. Ciorgi et
Sclavis se mirent en marche à sa suite, les yeux
attachés sur la nuée, entraînés comme par un doux
aimant.
Ils arrivèrent ainsi sur les bord? de r-i^driatique.
éloig_née de vingt-quatre milles de Scutari. L'image
continua sa course aérienne au-dessus des Oots. Les
deux pèlerins n'hésitèrent pas; la Sainte Vierge
leur avait ordonné de la suivre. Ils s'engagèrent
sans trembler sur les Ilots, comme saini Pierre
quand il vint au-devant de la barque qui portait
son divin Maître. La mer devint un chemin solide
sous leurs pas. Ils allaient sans se fatiguer. La nuée
qui enveloppait la Madone, obscure pendant le
Jour, s'illuminait la nuit et prenait l'éclat du feu,
comme la colonne qui guidait les Hébreux dans le
désert. Klle servait ainsi tour à tour d'aliri contre
le soleil et de Qambeau dans les ténèbres.
Us touchèrent au rivage d'Italie. L'image avançait
toujours, et les deux ami« la suivaient avec foi et con-
fiance. Mais cette foi fui mise à une cruelle épreuve.
Quand ils furent près de Rome, la Madone bien-
aimée disparut tout à coup vers le soir et les laissa
sans guide et sans lumière, an milieu d'un pays
inconnu.
Leur douleur fut grande; pourtant ils ne perdirent
pas l'espoir. Les larmes aux yeux, l'inquiétude dans
le cttur, ils erraient çà et là, demandant des nou-
velles de leur trésor. Enfin, des gens qui revenaient
de Gennztano leur apprirent que l'image e'tail dans
cette ville, (.naérissant les malades, redressant les
boiteux, éclairant les aveugles, soulageant toutes
les infirmités de l'àrae et du corps. A celle heureuse
nouvelle, ils eurent bientôt oublié leur tristesse,
et, soutenus par leur amour, sans songer à la
fatigue, ils coururent pluldt qu'ils ne marchèrent
pour revoir leur sainte image.
Guidés par la foule des pèlerins qui couvraient
les routes, ils arrivèrent bientôt i Genazzano, et,
au milieu des transports de joie de toute l'assis-
tance, ils racontèrent tout ce qui leur était arrivé,
comment l'iraase avait quitté Scutari et le peuple
albanais, en punilion de ses crimes, comment elle
était venue en Italie et comment ils l'avaient suivie
jusqu'auprès de Home et retrouvée à Genaiiano.
Puis, d''ploranl le malheur de leur patrie, ils félici-
taient les heureux clircliens que la Vierge avait
ju-'és dignes de la posséder. I>eur récit fut encore
confirmé par les Albanais réfuf-'iés en Italie, qui
accoururent pour revoir leur chère Madone et qui
forent unanimes à la reconnaître.
Cell'' histnire est tirée d'un livre du P. Ange-
Marie de Orgio, reli:.'ieui au^ustin, et surtout d'un
travail plein d'érudilinn du P. Flapharl lUmuanno,
• le l'oratoire de Naples {D'Ella immagiru dt ilaria
lanctisfima del fiuon Consiglio, che ti ixn^ra in
fïcnazmno), où l'auteur «ocumute les preuves qui
démontrent l'aulLenlicité de sa révélation.
Les deux fidèles serviteurs de Marie qui avaient
suivi sa sainte image ne voulurent plus se séparer
d'ellp. Ts «e fixèrent à Gcnay/ano, ou la famille des
Giorgi existe encore aujourd'hui.
L* «ADOUB OV BON Ctl.tSÏIL
Les historiens i-apportenl que les Uabitantt de
Genazzano honoraient d'abord la Madone miracu-
leuse sous le titre de Xolre-Iiame du l'arwJis. Mais
elle rei'Ut bientôt celui de Sotn-Dame de Bon
ronseil. sous lequel la Sainte Vierge était honorée
ch>'z eux de temps immémorial et que, d'après
plusieurs, elle portait à Scutari.
C'est un tableau de deux palmes de hauteur sur
une palme et demie de largeur. On y voit représentée
la Sainte Vierge inclinant doucement la tête i-ers
l'Enfant Jésus qui,àdemi enveloppé dans le mante\u
de sa mère, la serre tendrement dans ses deux bras
et approche d'elle ses lèvres comme pour lui
donner un baiser. Les deux figures portent une
expression de douceur et de majesté affectueuse
qui saisit l'àme d'amour et de respect. En la con-
templant, on ressent un vif désir de la vertu de
pureté et une tendre affection pour Marie. Tous les
pèlerins qui ont pu la voir en rendent témoignace.
Il y a encore plusieurs particularités merveil-
leuses, relatives à la sainte image. Mous en emprun-
tons la description à un célèbre peintre de Gènes,
Louis Tosi, dont les déclarations ont été recueillies
par les Pères Augustins.
Louis Tosi avait fait une élude spéciale des
images de la Sainte Vierge, anciennes et modernes.
Le H juillet 1747, il vint à Genazzano pour prendre
une copie exacte de la Madone de lion Conseil. Afin
qu'il put étudier plus attentivemi-nt rori;;inal, on
enleva laglace et les divers ornements qui l'entourent.
Assis sur l'autel devant la sainte image, après
l'avoir longuement examinée et étudiée, il a reconnu
et déclaré que de toutes les copies, soit sur toile,
soit sur cuivre ou sur acier qui en avaient été
tirées, il n'en existe pas une seule qui ressemble
parfaitement à l'original ; et, selon lui, il sera
toujours difficile, sinon impossible, de trouver un
[leintre qui puisse réussir à en prendre une copie
très ressemblante, parce qu'il y a dans les traits de
la Sainte Vierge et du divin Enfant une expression
si élevée de douceur et de tendresse que l'image
semble être plutôt l'œuvre d'un ange que d'un
homme.
De plus, L. Tosi a déclaré que la Madone de Genaz-
zano n'a de rapportavec aucune des images jusqu'ici
connues, de style grec, gothique, ancien ou moderne.
Il est impossible, ajoule-t-il encore, de discerner si
l'image est véritablement peinte ou incrustée dans
le mur, et les couleurs en sont plutôt divines que
terrestres. Le peintre est convaincu que ce n'est
point là une œuvre humaine, mais le travail d'un
arliste surnaturel.
Tandis qu'il était assis sur l'autel pour regarder
de plus près l'image et en peindre une copie plus
exacte, son esprit se troubla tout à coup, ses idées
se brouillèrent, il devint incapable de se rendre
compte de ce qui se trouvait devant lui.« Cependant,
dit-il, obéissant à un mouvement secret de mon
coeur, je me jetai à genoux devant l'image de Marie,
et, à peine ma prière achevée, le trouble de mes
sens di--parut; je pus reprendre mon travail que
j'achevai au bout de deux jours, coustarament
agenouillé devant l'image.
Tosi a de plus déclaré que l'image ne reste pas
constamment semblable à elle-inèm*. Quand elle
fut expofée à nos regards, dit le rapport de»
Augustins, nous la vhne« telle qu'elle élail d'habi-
!uJe; pAle de fleure, et cependant joy»use et pleine
.le douceur et d'altrails; une h^iire api >s, son aspect
I li.ingea tout à coup; elle prit une couleur de rouge
ardent, et ses joue» ressemblaient à deux roses
iraiclieroent éclosc». L'éinnlion s'empara de tout
]■■•> spectatetirs. une émotion de fraveiir et d'amour.
T'ius fondirent en larmes, remués jusqu'au fond
de l'Aine. L'artiste fut fori-é de sH«pendn? son tra-
vail; le pinceau lui tomba des mnms. Mais ((nand
les Pi.-res Augu<-tins l'eurent assure que celle appa-
rition était un heureux présage, il se remit à
l'œuvre et acheva heureusement sa copie qui est de
tontes la plu!< confonm- à l'original.
Louis Tosi fait encore remarquer la parfaite con-
servation de rima^e. Malsré snn antiquité, elle a
rardé toute ?a fraîcheur. Et cette riri^onslance ne
lui paraît pa<i non plus pouvoir s'expliquer natu-
rellement.
Enfin, il est une antre merveille très remarquable
que constate Louis Tosi, et qui a été de nouveau
vérifiée lors de la fête centenaire de 1867 : c'est
que l'image est suspendu? an mur sans être attachée
ou pouteDue par quoi que ce soit. Kn sorte que la
Madone du Bon Conseil se tient à la place ou elle
apimrut d'abord pnr l'elTel d'un miracle continuel.
Nous ne pouvons raconter ici l'histoire du culte
rendu à la Vieri.'e de Genaiiano par les saints, par
les pontifes et par les peuples, ni les innombrables
miracles qu'elle a opérés. Il faut sicmaler cependant
la tendre dévotion que saint Aljihonse de Li^ruori
avait pour Notre-Dame de Bon Conseil. La coni'ré-
cation du Saint-Rédempteur, recueillant ce pieux
héritaj-'e de son fondateur, rivalise avec les Aupus-
tins à qui l'honorera avec plus d'amour. Benoît XIV
itisiiiua une confrérie en son honneur. Pie V! con-
céda aux Aogustins le privilège d'en faire la fête au
16 avril.
Pie IX enfin avait une dévotion très spéciale &
Notre-Dame de Bon Conseil. Il fit en 186* un solen-
nel pèlerinage i Genaiinno, et il avait toujours
devant lui, dans son cabinet de travail, une copie
de la sainte image. — Notre-Dame de Bon Conseil
fut aussi le premier vocable de Notr<--I)nme de
Fnurvière, k Lyon.
POURQUOI MARIE EST APPELÉE NOTRE-DAME
DE BON CONSEIL
n est rapporté au second livre des Rois, que Joab,
fénéral des armées de David, étant venu assiéger
a ville d'Abéla, commençait déjà k en saper les
nnirailles, quand une femme sape et prudente cria
aux assiépeants: « Ecoutei, écoutet; dites & Joab:
Approche-toi, car je veux te parler. » Joabs'approrha
fl elle lui dit: " Es-tu Joab? — Oui », rêpondit-il.
Kt elle lui parla ainsi: « Kroute les paroles de ta
«•rvante. On disait dans un ancien proverbe: Que
ceux qui demandent conseil le demandent dans
Abéla, et ils terminaient ainsi leurs questions.
N est-ce point moi, ajouta-t-elle en parlant au nom
de la cite, qui dis la vérité dans Israèl .■V tous ceux
qui me la demandent? Et cependant tu veux ruiner
rotte cité, renverser une ville qui est dans Israèl la
mère des bons conseils. ••
Saluons dans la Très Sainte Vierge Marie la véri-
t.Able Abéla de l'Eplise. la cité du lion Conseil où
i"us les chrétiens peuvent recourir avec a.ssurance
d.-ins leurs doutes et leurs anpoisses.
1^ conseil est une réflexion que fait la raison sur
la conduite i tenir pour la direction de la vie et des
.l 'lions. Il est un acte de la vertu de prudence; car
1 iiomme prudent n'agit qu'avec conseil, et l'on
ai>pelle imprudent celui qui marche sans réQexion
(t -(n* dessein.
I . rdre surnaturel, la prudence de l'homme,
tr par ello-méme, est éclairée et soutenue
p»i conseil .troisième don du Paint-Esprit.
1.C ' 1, qui sert 4 l'homme pour se diriper
soi-ro''n. i.i. sert aussi pour diriger les autres;
car celui <( . - ' i v la lumière devant ses pas éclaire
par le fait in' v. < «-s compaxnoD» de voyage.
Mane e»t d<' l .'.<s Ir* pures créatures la plu»
éclairée pour elle n, ' um . ri elle est, i cause de cela.
à la lumière la plus sûre pour ceux qui marchent
sa suite avec dévotion; la mieux conseillée et la
meilleure conseillère de toute la famille humaine.
ILLB LST LA MIKDI CONSEILLAI
La prudence et le conseil s'éclairent aux rayons
du soleil sans tache et sans ombre de la sagesse
divine. Jésus-Christ, Verbe de Dieu fait homme,
est la sagesse essentielle de Dieu. Celle sapesse
répand ses rayons avec d'autant plus d'inlen-ilé
sur les âmes, qu'elles sont plus rapprochées de lui.
Marie étant donc la plus proche de Jésus, puisqu'elle
est sa Mère, participe à tous ses biens plus parfai-
tement qu'aucune autre créature.
Il est même vrai de dire qu'elle a comme Jésus
la plénitude de la sagesse et de toutes les perfec-
tions; car la Mère a reçu par grâce tous les biens
que le Fils avait par nature, comme le canal reçoit
toute la plénitude de l'eau qui jaillit de la source
avant de la distribuer en ruisseaux.
C'est pourquoi l'Eglise appelle souvent Marie la
sagesse, et lui applique les textes des livres saints
sur la sagesse aivine, qui est par nature Jésus et
par grâce Marie.
Dans l'office consacré à honorer Marie sous le titre
de Notre-Dame de Bon Conseil, on lit ces paroles du
livre des Proverbes: «Moi, qui suis la sagesse, j'habite
dans le conseil de Dieu, et j'assiste aux pensées
judicieuses des hommes. La crainte du Seigneur
hait le mal : je déteste l'insob-nce et l'orsueil, la
voie corrompue et la langue double. C'est de moi
que vient le conseil et l'équité; c'est de moi que
vient la prudence et la force. »
Qu'elle fut bien conseillée la Vierpe très prudente,
dont la raison s'éclaira toujours de si près aux
r«yons de la divine sagesse! Bien conseillée, quand
elle résolut de garder l'humilité et la virpinilé qui
l'ont rendue digne d'être Mère de notre Sauveur;
quand elle conversa si sagement avec l'ange, et
qu'après avoir connu les desseins de la miséricorde
et de la puissance divines, elle prononça son Fiat
qui devait ôtcr la malédiction entrée dans le monde
par l'imprudence d'Kve; quand elle recueillait et
conservait dans son cu-ur toutes les paroles qui
tombaient de la bouche du Fils de Dieu; quand
enlin elle sut connaître la sapesse et le pouvoir des
humiliations et des douleurs de l'Ilomme-Dieu,
scandale pour les Juifs, folie pour la raison de»
Gentils, et au'elte offrit elle-mi^me généreusement
son Fils en holocauste i Dieu pour la rédemption
de tous vTS frères.
LA atlLUlIKS CONSEILLàai
Mane est aussi la meilleure conseillère; car Dieu
n'a pas créé le soleil sans resplendissement et sans
rayons. Les saints non plus ne brillent pas pour
eux seuls. Ce qu'ils ont reçu de biens, c'était pout
les répandre par charité sur leurs fr< res et sur k>ul
le corps mystique de l'Eglise. Leurs mérites, comme
ceux oe Jésus-Christ, sont un trésor ouvert où nous
pouvons tous puiser, et ils nous aident davanta^'e
par les perfections où ils ont le plu' excellé.
Mais cela est bien plus vrai de Marie qui nous
a été donnée pour Mère. Une mère est en parti-
culier la plus sûre et la plus doue» .-. >!.».•. 11. rr .!<•
ses enfants; car pour qui serait « i mii< n
pour ceux qu'elle a portés si Icndi' ; ms ses
riitraillesT
C'est donc avec raison que les chrétiens honorent
M.ine snus le titre plorieux de Noire-Damt d* Roq
C'vfrif Invoquons-la avec confiance dans toutes
il lés, surtout quand nous avons quelque
(•rendre
Uap.-*ié'»Ht. K ftnr««««T. I. rj» Kria;M» I*
P«n«
1
1
SAINTE ZITE
VIERGE ET SERVANTE
Treizième siècle. Fêle le 27 avnl.
Sainte Zite, revenant du pèlerinage de Saint-Pierre-a-Grando, s'assied, épuisée de
fatigue, auprès d'une fontaine. La Sainte Vierge lui apparaît et lui indique de la
main le fort de PontetoUo, dont les portes vont s'ouvrir d'elles-mêmes pour les
laisser passer.
I. KTaiit'ilp nf pr' ch'' pas une égalité chimé-
rique. Sainte Zite n'était qu'une humble servante
et, rependant, on retrouve dan« sa vie lesnn'-ines
Irait» que dans celle de sa contemporaine sainte
Kli ••ifielb, princesse de Hontrrie et comtesse de
Tliurince.
F.NFANCK DE ZITB
C'est en I2I8, sous le pontifical d'Honorius 111,
que /ite vint au inonde, dans une petite chau-
mière située sur un des riants coteaux qui avoi-
«■inf^nl I-U'"qii'"«. Un seuil de l.i mai'^'-'n, on .nper-
cevait la lireiitina dont les eaux lrans|iarentes
retlètent les cimes boisées du mont Catina, du
Marendote et du l.apelia. '
Que de fois le doux rejrtird de la tiainte enfamt
se sera arnHé sur ce spectacle et aura lu les
splendeurs de Dieu dans le i;iaiid livre de la
nature, le seul probablement qu'elle ait jamais
connu.
Le-i parents de Zile élaient pauvres des biens
de la fortune, mais rictus des biens de la ^'ràce.
L'n de ses oncles vécut en ermite sur le mont
l.apelia et sa m>'inoire est restée en vénération
dans la controo. Sa samr aiuéc , Mar).'uerile ,
mourut dans un monastère de l'Ordre de Cileaux.
Les bons ixemples entourèrent donc son enfance
et formèrent son Ame aux vertus qu'elle devait
si courageusement pratiquer.
iionissima furma de bonne beure le ju^'enirnl
et le cuur de sa tille. Le premier mot qu'elle lui
apprit fut celui de Jésus, et le premier exercice
celui de joindre ses petites mains et de lever ses
yeux bleus vers le ciel, en disant : ■ Notre Père,
qui êtes aux cieux, aimci bien votre enfant. «
Elle lui apprenait à rapporter ses actions et
.sa volonté, ses sentiments à la volonté de Dieu,
ne craignant pas de lui [larl-r déjà de l'immor-
lalilé de lime et de la fragilité de la vie.
Honissima faisait mieux eaoore : elle donnait
l'exemple.
Pauvre, elle ne refusait jamais l'aumiNne, au
moins celle d'un service. Su journi^e était un
exemple vivant dune vie chrétiennem<'nt remplie.
y.ile l'aidait dons les soin» du ména;,'e, travail-
lait aux champs et s'acquittait à merveille de
tous ses devoir».
Quand, par suite de sa vivacité naturelle ou
de la légèreté de son à^e, elle allait »o livrer à
quelque a< lion répréhensible, sa mère lui disait
simplement :
•' .Ma tille, ce que ta fais déplaît à Dieu. •
El au.-.sil()t l'enfanl y renonçait.
rr. ovim son viLl.Ar,E
Z.ite élail â peine 4gée de douze ans, quand soo
, père lui ilit :
' " Di. u le veut, ma cbère enfant, il faut nouv
séparer. Ta nurp es* infirme, nous avons besoin
de ton travail; compte sur le sccour» de Dieu.
Il sert ton protecteur. •>
|j pieuse enfant, ignorante encore des périh
du monde, forte aeubment di' sa cand<rur et dr
non iimocencc, partit le lendemain pour Lucques
ZITK StU-it!VTC A IXCOLU
turques était alors une ville forte, très com-
nei..iiileet capitale d'une petite répuTilique.
I. •Mt^nce de l'enfant, qui, jusqu'alors, n'avait
'1 villafje, allait être extérieurement
I
un r.
le nom de son m i
ni ; il tenait un i
l'aiinelii était bon. mais vif et emi>orii' ; néan-
moins, la douceur de la petite servante ne se
démeutit jamait-, cac elle la puisait au pied du
talieniacle.
Parmi toutes les vertus qui brillaient en elle,
une des principales fut sans contredit l'obéis-
sance. La volonté de son père et de sa mère avait
toujours été pour elle l'expression de la volonté
de Dieu. Elle obéit de inémeà Kalinelli, ne mon-
trant jamais la moindre humeur, la moindie
hésitation: que ses maîtres fussent présents pu
absents, sa conduite était toujours aussi exem-
plaire.
La main au travail, U caiir à Dieu, telle était sa
devise.
Elle servait ses maîtres, non par intérêt, mais
par dévouement ; aussi lui abandonnaicnt-iN, sans
contrôle, l'administration des choses les plus
iinportanles: et, plus occupée encore de leurs
intérêts spirituels que de leurs intérêts temporels,
elle élevait sans cesse sa prière vers Dieu pour
lui demander la sanctification de tous.
ZrrE EN DUTTE A LA CALOUMIK
Les serviteurs de Falinelli, peu consciencieux
dans leur service. crai:.'nirent d'être dénoncés
par '/Me, et. ne pouvant l'entraîner au mal. ils
la calomnièrent. Ses actions les plus louables
furent dénaturées, et Dieu permit i|ue ses maîtres
ajoutassent foi au nienson^'e. L'amitié lit place
aux soupçons; au lieu d'encourafiements, on ne
lui adre'ssait que des reproches. Otte épreuve
dura plusieurs années pendant lesquelles Zile,
loin de >e plaindre, bénit Dieu de lui avoir conllû
une parcelle de sa croix.
IIIFi: M.VMriLSTB PAR lit aia*CI.E LA SAINTBTR
DK l'iIL'WHLR SiaVANTE
1 11 j'iur, Zite descendait l'escalier, emportant
du pain dans son tablier. C'étaient des restes
dont >a maîtresse lui avait permis de disposer
et (|u'elle voulait donner i de pauvres familles
du vni-inace. Fatinelli l'avant rencontrée, lui
ileniand.i avec humeur où elle allait et ce qu'elle
c'iiiportail encore de ■ h<'i t» maltrei. Zite abaissa
son tablier et lui répondit «n souriant :
• Ce sont des fleurs, mon bon maître, voyei
(ilutAt. '
r.l, en elTel, le tablier était rrnipli des fleur*
leN plus rharniantes.
Elle (Miiu-uivit foi) clirmin et distribua nux
pauvr*r« «on «umAne, car les fleurs étaient rede-
veDiie« des pains.
» h vue de ftc prodlcc Fntinelfl rendit toute
iiHance h Zite rt lui donna mémo la garde
.1. -1- enfants.
L'humble fille était illettrée: ma». iIÎTlncraont
in>>truito .1 l'écolr de Je»!.
nnil (|uc lé tiiralinn eut m
■• •'nifnrrt d«« fain jeune»
l'im'>tir <!«• Ili"ii I- . r« leur»
■■ > ' 11' -.1 Miu'inili- au
''•'■Kneur et sa tendra dévotion enver* la Heine
des anges était la sauvegarde de sa vertu. Ln
jour, un des serviteurs de Fatinelli ayant voulu
lenlraîner au mal, la jeune Sainte, généralement
si timide, n'hésita point, et de ses ongles déchira
le visage de l'insolent.
LA SuilNU VIKR&B APPARAIT A ZITE
Munie de la permission de ses maître?. Zitepar-
J tit avec une de ses compagnes pour le pèlerinage
de Saiut-Pierre-a-Grando. Elles étaient à jeun,
et la route était longue et difficile, le courage
abandonna son amie. Zite n'en continua pas
moins son chemin.
.arrivée à Saint-Pierre, elle y communia avec
?a ferveur accoutumée, puis elle repartit, refu-
sant les divers abris qui lui furent offerts pour
la nuit. Cependant, épuisée par le jeûne et la
fatiime, elle sentit enfin ses forces défaillir, et,
vers rheiire du chant du coq, disent les biogra-
phes, elle s'assit au bord d'une fontaine.
Elle puisait de l'eau, et la portait à ses lèvres,
quand elle sentit une main se poser doucement
sur son épaule, et, en même temps, une voix
harmonieuse s'éleva :
(1 Voulez-vous venir avec moi à Lacques? »
Loin d'i'-tre troublée, Zite se sentit divinement
fortiliée. La faim, la soif, la lassitude, elle avait
fout oublie', et elle se mit joyeusement en marche.
II fallait traverser un fort appelé Pontetollo;
les portes en étaient fermées; mais, à l'approche
des deux femmes, elles s'ouvrirent d'elles-mêmes
pour les laisser passer.
Zite, arrivée devant la demeure de Fatinelli,
tendit la main à sa compasne incoimue,la priant
de venir prendre un peu de repos, mais elle
avait disparu
L'ne chapelle s'élève maintenant auprès de
la fontaine où Marie Immaculée daigna venir en
aide à son humble servante.
SAI.NTE ZITE XEMBIir DU TIERS-ORDRE DE
SAINT-KBA.NÇOIS
C'est vers celte époque que Zite s'engagea
ilansie Tiers-Ordre de Saint-François. Elle cei:;nit
^es reins de la corde qui en est rinsi;;ne,etlaserra
-i étroitement qu'après sa mort, on la trouva
recouverte par les chairs.
LA VILLE DE LUCQIIES EST MISE EN INTERDIT
CONDUITE DE ZITE KS CETTE OCCASION
La république de Lncques .lyant déclaré la
-uerre nu Saint-Siè<îe, le pape lirépoire I\ pro-
iionra contre elle une sentence interdisant les
■-.'•rémonies publiques du culte.
Plus d'ornements mr les autels, plus de ehants
■acres, plus de cérémonies religieuses; les prO-
'res priaient en silence, la désolation rêi;nait
lins tnus les cœur».
Quelle ne fut pas celle de Zite et combien ses
[irii'TPs moulèrent, ardentes, vers le ciel, pour
obtenir la conversion de la cité!
Elle ne reculait devant aucune fatiane pour
nller fherehT le» «eeour» relit.'ieux dans les lieux
où ne s'étendait pas lioterdit. Ni la terreur
qu'inspiraient les hommes de guerre, ni l'.'ipreté
des chemins, rien n'arrêtait son zèle.
La maison de Fatinelli était souvent un
théâtre de luttes et d'intrigues , mais ThuniMi'
et douce Zite n'était nullement troublée dai]-;
son recueillement.
LES ANGES DE DIEU FONT L OUVRAGE DE ZITE
PENDANT qu'elle EST EN ORAISON
Fidèle à ses devoirs d'état, Zite prenait sur son
sommeil le temps de ses prières. Une fois cepen-
dant, absorbée devant Dieu, elle oublia qu'elle
devait rentrer pour pétrir le pain. Quel ne fui
pas son étonnement de trouver à son retour le
pain pétri et prêt à être mis dans le four.
Elle courut remercier sa maîtresse et les autres
servautei. Personne ne sut ce qu'elle voulait
dire, et comme' ce pain répandait une odeur
suave et céleste, nul ne douta que Dieu lui-même,
se plaisant dans la compagnie de sa servante,
n'eût envoyé ses anges la remplacer dans les
soins du ménage.
DIEU RECOMPENSE l'amOUR DE ZITE POUR LES PACVRK.S
Zite aimait tendrement les pauvTes. Elle se
dépouillait de tout pour leur venir eu aide, et
quand elle n'avait plus rien à leur donner, elle
sollicitait pour eux.
Pendaut une famine, elle obtint de ses maîtres
la permission d'user de leurs provisions et de
distribuer des aumônes si abondantes, quj la
maison de Fatinelli était devenue la providence
de tout le pays. Entre autres choses, elle donna
une grande quantité de fèves sans songer que,
bientôt, la provision serait épuisée. Quand les
colTres furent vides, la pauvre servante se lit
d'amers reproches. Ses maîtres lui avaient
permis d'être généreuse, mais lui avaient-ils
permis d'être prodigue? N'avait-elle pas abusé et
disposé inconsidérément du bien d'autrui
Elle roulait ces pensées dans son esprit quand
elle entendit Fatinelli demander la clé de ses
coffres et dire qu'il avait vendu sa provision de
fèves.
Elle approche, tremblante, mais quelles ne sont
pas sa reconnaissance et sa joie, en voyant les
colTres plus pleins qu'ils ne l'avaient jamais été!
La veille de Noël, pendant un hiver très
rigoureux, Fatinelli s'étant aperçu que la Sainte
était vi't\ie aussi lésèrement qu'en été, lui prêta
un manteau, en lui recommandant de le rap-
porter avec soin. Zite remercia et, étant à peine
arrivée à l'église, elle vil, gisant sur la pierre,
un pauvre grelottant de froid. Elle lui donna le
manteau :
"Je serai à l'éclise tout le temps de l'office, |
lui dit-elle, je le reprendrai en sortant. »
Là-dessus, elle se met à prier avec tant de fer- ,
veur qu'elle tombe en extase. Elle priait encore
quand les premières lueurs de l'aurore l'appe-
lèrent à ses devoirs habituels, mais le pauvre
av.iit diipani.
Fatinelli reprit vivemeiitsa servant-^ ; mais, ii ce |
moment, le pauvre accourut rapporter le manteau
et, à sa vue, tous les assistant'^ furent l'énétrés
d'une telle joie, que pas un iied'iuta qu'il ne fût
un ange envoyé de Dieu.
l'n jour, /ite dlait occupée à sou travail, quand
un pèlerin l'aborda. Il '-lait épuisé de lassitude
et implorait d'elle la charité dun peu de vin.
Zite n'en avait pas; mais, remplie de foi, elle
tira de l'eau du puits, la bénit, et l'olTrit au
pèlerin qui assura n'avoir jamais bu un vin
aussi excellent.
MORT DR SAINTg i'ITE — MIBACLEs vUl LA 91MVIBENT
.\prè5 soixanle ans d'une vie si bien remplie
devant Dieu et devant les hommes, sainte Zilc
alla recevoir su récompense.
Une nouvelle étoile brilla, dit-on, au-dessus de
la ville de I.ucques et répandit un tel éclat qu'il
n'était effacé que parles rayon* du soleil. Chacun
pensa que l'Âme de la Sainte, pareille ù une
brillante étoile, avait paru devant le Soleil de
justice.
Quelques jours après les funérailles, une
lii|uour semblable h du baume s'échappa du
tombeau. On la recueillit et on l'appliqua sur
des inlirmes qui furent ;:uéris, lu mort même
fut re'^^uscilé,
Pierre Fatinelli voya^ieait en Provence. Il
appartenait à la famille cher, qui la Sainte avait
servi et on croit même qu'il avait été élevé par
elle. Etant tombé malad<- et comlamné par tous
les médecins, il invo(|ua sainte Zite, et la nuit
suivante, une douce lumière «'étant répandue
dans la chambre, il vit venir à lui une femme
admirabbiii'-iii vi'iue.
Zit?, pourquoi m'avez-vous abandonné, lui
<iit-il, je vais mourir loin des miens, hàteî-vous
de me secourir. •
I^ Sainte le rassura et disparut, le laissant
ab-:olument f:uéri.
Les miracles opérés auprès du saint tombeau
devinrent si nombreux que la coutume s'établit,
à chaque nouveau prodif<e, de »onner la cloche
de réf;lise de Sainl-Fridieu.
Quelques libres penseurs de l'époque se moquè-
rent de celle qu'ils appelaient l;\ faiseuse lU- mira-
cles, lu d'eux, le batelier .Mandriano Torsello,
voyant un jour un inlirnie cju'on portait auprès
du tombeau de la Sainte.
'■ .Metlez-moi cet homme en terre, dit-il, il
sera |)lus vite iiuéri. ••
('.es paroles étaient à peine )irononcées qu'il
devint subitement lauet et, le lendemain matin,
on le vit entier à Sainl-Fridieii, et. à ;.'eiioux
devant le tombeau de la Sainte, répandre d'abon-
dantes larmes de repentir; puis, les pieds nus,
la corde au cou, visiter successivement les prin-
cipales é.;;lises de la ville.
Hevenu h Saint-Fridien, la parolelui futrendue.
Sainte Zite c^l représentée portant une cruche,
pour rappeler le miracle par lequel elle changea
de l'eau en vin.
Les servantes et les femmes de charge l'invo-
quent comme leur modèle et leur protectrice
spéciale.
Dllo leur a laissé plusieurs maximes parmi
lesquelles nous ne citerons que celle-ci : " l ne
servante paresseuse ne doit pas être appelée
pieuse; une pi'rsoiine de notre condition qui
affecte d'être pieuse, sans être essentiellement
Inli.irj.iii.'. ii'.i i)u"i|iie faii'^se piélé. ..
SAINT PAUL DE LA CROIX
Fêle le 28 avril.
Portrait authentique du Saint.
Paul-François de la Croix, ne le 3 janvier 1694,
f'iil des parents rlirélien». Son p'Te, Luc Danei,
ilcscendait d'une ramillc illustre: mais des mal-
heurs de fortune l'avaient obligé à entrer dans
le négoce.
On raconte qu'au moment de la naictiance de
Paul, une lumière extraordinaire remplit la
' hambre et fit pAlir cf;lle de (lambeaui.
Dès son enfance, Paul eut un Roùt prononcé
pour l'oraison «l toute sa joie était de construire
des petits autels, d'y prier; de faire pénitence
avec son frère Jean-Paptiste, plus jeune que lui
il'utie année. Il fil d'ailleurs de rapides proférés
■ I in' l'élude; mais «on attrait le plu« roiisiant
• lait sa dévotion à Jésus soulTranl et humilié. Il
énrcuvait le besoin de se rendre chaque jour
ii1m~ semblable h «on divin Maître, voulant, selon
la belle expression de saint Paul, compléter dans
sa chair ce qui manque aux sourfrances du
Christ. Il prenait de rudes disciplines et, outre
ses jeûnes fréquents, il ne mangeait le vendredi
qu'un peu de pain et ne buvait que du fiel mêlé
(le vinaigre.
Désirant ardemment accomplir en tous points
la volonté divine, Paul répétait sans cesse: « Sei-
gneur, monlrei-raoi la voie où vous voulez que
je marche. » Mais Dieu le préparait en silence
et quoiqu'il eût été souvent favorisé de grâces
extraorilinaires, il arriva à sa vingt-quatrième
année sans se douter de sa future vocation et.
même alors, Dieu ne lui en donna qu'une idée
bien vague, se réservant do la lui faire connaître
peu à peu. *■
Paul voyageait un jour sur les bords du «i^lfe
de G<*nes. Arrivé près de Sestri, au pied d'une
montagne sur laquelles'élevait une humble église
53
déili'-fl à la Viertie ^arie, il s'arr«Ma loul à coup
et, illuminé par une lumière siirniturelle, il se
trouva pfnétrr' du désir de tout abandonner ponr
l'ainnur de Dif u. Ce désir, venu d'en haut, était
si ardent au'il l'eût mis aussitôt à exécution s'il
n'eilt été le foutien de ses [larents et de leur
nombreii^r famille. Néanmoins, l'Esprit-Saint
n'avait point parié en vain au cœur du jeune
homme; et, tout en se soumettant aux entraves
au)- Dieu mettait k ta vocation, Paul ne cessait
e (>i 1er et se tenait pri't.
Litnnée suivante, il était en orai»on quand,
ravi en extase, il lui sembla voir k Seitçneurqui
tenait d.i'- -^ " i^ripline dont chaque
fouel pli ',- le mot amour. Celte
vision lui ...i.w.. |.w-..iii> fois et lui laissa la
ceriiluile 1(11 il aurait de pra;ides souffrances k
endiiri-r. l'Iu^^i' '"- ->'« aussi, Notre-Seigneur lui
montra une l ire en lui disant distinc-
tement : <• .S! :-, qui s'approche de moi
s'api'rorhe des épines. ■
kiilin, un jour d'été de l'année 1780, Paul-
Fraiii OIS venait de recevoir la divine Eucharis-
tie et, en retournant chet lui, il était encore
tout ati^orbé en Dieu, quand, au milieu même do
la mute, il fut de nouveau ravi en extase. Il se
vit 'revêtu d'une tunique noire, avec une croix
blanrlie sur la poitrine et, sous la croix, le très
saint nom de Jé^us en lellro ' ' ' ■ Une voix
venant du ciel lui disait: ■ C' ■ combien
il faut que soit pur le coeur qui uou purter cravé
sur lui le très saint nom de Jésus. » La même
vision lui apparut une seconde fois. Paul alors
ne douta plu- que la volont'^ de Dieu ne fut qu'il
fondât la roin.! . ijalion des Paurm dr J^su^.
Cependant, •• [■banl que l'obéissance est la
base de toute vertu et do toute p'aiide ouvre,
Paul soumettait ses visions et ses pensées au
directeur de son ftme, et celui-ci, imitant la sa;;e
prudence de l'Eglise, réservait encore son
jugement.
Un jour la Très ^
les aTiL'"ivt»» de -
le.
lot.
tui.
CO-l.
ins.-
ns du ciel ou l<-
il apparut revêtue •
:int en pitié
I 4 suivre
•'S de
■l'une
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Ctiri-I a\ei'
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flx<< sur >
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■ c'est en
Jésn*- II.
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lous il
Ile lui dit
...ill ,l..,,i .,.
ir je.;iis-
1,6 visage
, cl le regard
tiil.; rnv.'tue !
.n de
leiiuuil du la l'ossion et de la mort
•it.
i ar la clarté de rette
i>ar la vertu, l'humilité
'•■iir d» llii-u. son rnnfei»-
■■ ! I
SK-.le, implora du sou père et d.' >a unre la
permission de les quitter pour toujours, reçut à
;:enoux leur sainte béni?diction, se prosterna
devant sa famille réunie et demanda pardon de
tous les mauvais exemples que, dans son humi-
lité, il croyait avoir donnés. Puis il partit. 11 se
renferma âans une petite [-ellule située sous un
escalier, derrière 1 " :it-Ch.irles de Cas-
tellazo. Cette nièce • inement humide et
ne laissait pénétrer la lumière que par une
étroite fenêtre. Un peu de paille étendue sur des
fagots de sarments, voilà nour le lit; un peu de
pain reçu par aumône, telle était sa nourriture.
11 ne prenait que qu. ' ; ' de sommeil,
se levait à minuit p.' i Je rK;^lise
et faisait ensuite, d-m.u... u- ,.inl le Saint-
Sarrement, deux heures d'oraison. Le matin, il
ser\,iit plusieurs messes, communiait et ein-
pl.<y lit le reste du jour à la prière, ou k des
cuer.ires de pénitence.
Suivant l'orJre de son père spirituel, il n'avait
cessé de demander k Dieu la lumière pour rédi-
t;er les constitutions de l'Ordre des Pauvres de
Jésus. Il vit le ciel ouTcrl et la glorieuse Vierf.'e
Marie, les anges et un ^-rand nombre de saints,
prin.'ipalement les fondateur» d'Or.lres, proster-
n. s devant Dieu et priant pour l'élabliasement de
sa congrégation.
Assuré des secoure d'en haut, Paul rédigea ses
règles :
« J'écrivais, a-t-il raconté lui-même, aussi vite
> que si quelqu'un m'eût dicté; ie sentais les
■• paroles me venir du rxrur. Je fais cette dérla-
» ration afin que l'on sache que tout ce que j'ai
• écrit e-l le résultat d'une inspiration p.irlicu-
.' Hère de Dieu; car, pour ce qui me ret'aide, je
u ne «iiisqu'iiiiquité et ignorance. C'est pourquoi
> je m'en rapporte totalement à l'examen de met
» supérieurs. ■
La retraite de quarante jours ordonnée par «es
guides •piritueU étant terminée, Paul comiiiença
sans plus tarder sa vie i la fois conleinplativret
apo'l^li'iue. Retiré dsn* nn enni!!—. il n'en
■ pour fair- .i'«
. r aux llil
11-. Il 1. :ir appr. ■
de la Passion, r'
de nombrruam r
teur. • Si noas i
tructions de oi ih.iuiii. .i.- Ipi.-h, .u^n'-iil >■■»
auditeurs, nous ne le deviendrons jamais. ■■
us MSSIOMSTSS BlNt* PAI LS PAPS
■ k Rome. Paul y fut vu .y
n.-î. it Mil A ,.. . A
I II..W. O '.
Hu- In t.
l-tl. «oit
!i« par tous le* moyens pot-
d« la l'r
avoir rec, I. . • _
veua, en ai^oa de renooccment aux chose* du
ne ic leur eUMenl pas impose comiita uo devoir.
Ils s'y préparèrent dès lors par une étude appro-
fondie de la théologie, reçurent la tonsure le
6 février l'/27, et le 7 juin de la même année,
Benoît XIII voulut lui-même les ordonner prêtres.
Paul-François avait trentre-quatre ans.
Les nouveaux prêtres avaient consacré leur
vie à honorer, la Passion du Sauveur. Leur désir
le plus ardent était de souffrir pour leur Maître.
Dieu ne leur refusa pas cette prâce et, pour
éprouver leur constance, il sembla lui-même
les abandonner, tant leur œuvre rencontra de
difficultés et d'obstacles.
D'abord, les quelques hommes Tenus pour
parlaj-'er leur vie se découragèrent et les aban-
donnèrent. Bienlrtt, la calomnie les attaqua et
l'autorité civile s'opposa à la construction de
leur couvent.
Cependant, parfois, une grâce spéciale leur
apportait un encouragement. Ainsi, ayant enfin
oDtenu l'autorisation de bâtir sur le mont
Argenlaro, Jean-Baptiste s'aflligcait de la diffi-
culté d'aller chercher de l'eau à une très f,'rande
dislance. Il pria et, se rendant processionriel-
lement avec les religieux, la croix en tête, auprès
des constructions, il ordonna de creuser la
terri>. Aussitôt, il jaillit une source d'eau limpide
qui, depuis lors, n'a jamais tari.
Deux fois, des hommes, inspirés par l'esprit
mauvais, voulurent mettre le feu au monastère
et tuer l'architecte ; mais, deux fois, ils s'enfuirent
sans avoir fait aucun mal, car l'archange saint
Michel leur était apparu tenant dans sa main une
épée llatnboyante.
Ces grâces d'encouragement n'étaient d'ailleurs
que des rayons de soleil dans un ciel plein de
nua^'es. Les Passionisles avaient fait leur entrée
solennelle dans leur retraite au mont Argcntaro,
le jiiur de l'Exaltation de la Sainte Croix, et
c'était sans doute par une permission spéciale
de Dieu, comme le disait Paul-François, désor-
mais appelé Paul de la Croix. Notre gloire est
dans la Croix. Aussi avait-il pris pour devise de
sa cnnifréj-'alion: l'n>:sio Domini nostri Jesu-Christi,
fit $eritper in cordibus no^(ris.
Le démon ne se contenta pas d'attaquer les
saints relii,'ieui par des difficultés extérieures.
Il suscita contre eux des hommes perdus qui
allèrent jusqu'à Rome les accuser auprès du
Père commun des fidèles. Ils les traitèrent
'■ d'imposteurs, de loups dangereux cachés sous
la peau des brebis, de gens scandaleux et sus-
pei'tj en matière de reli;.'ion, discréditant la
niérarrliie ecclésiastique, portant le trouble dans
les communautés relisieuses, dépouillant les
séculiers de leurs biens, etc.. n Benoît XIV
n'aioula aucune loi à ces propos ; néanmoins,
dans sa sacesse, il voulut examiner si les Pas-
sionisles n'avaient en rien donné lieu à ces
caloninio", et il députa une Commission de car-
dinnux . Imij.'» de s'informer minutieusement
de leur r<iii.|iiite.
Paul de la Oioji. heureux de souffrir au moins
avec «on Maltie. "xhorta ses enfants â prendre
patience, k se cnriii>-r en la bonté de Dieu et
a prier p"ur leni- [cr ^ècuteurs. ■< I.C Sei;.tieur,
leur disail-il, lireia uu grand bien de cette
épreuve. •■
Kt. eo elTet, les informations rigoureusement
p, ivf.) servirent k faire mniialtre les humbles
i;t iiljde» vertu< pinliquées par le« Passionisles:
leur 'siiiil de dit i liemeni r t dp pmivreté, leur
amour pour la rilraile et la mortificntinn, la
pureté de leur doctrine, leur télé infati^'able
(lour la sanrtificatir.n des âmes et plus spéciale-
ment leur héroïque patience à supporter de bon
cœur les calomnies.
Aussitôt que Benoît XIV connut l'heureux
résultat de l'iniquité, il donna au R. P. Paul de
la Croix, et aux siens, un témoignage solennel
de sa haute estime, en leur confiant l'honneur
de prêcher dans une des églises de Rome le
jubilé de l'année I7."j0.
Les successeurs de Benoît XIV bénirent aussi
l'œuvre naissante, et, dans leur sollicitude pater-
nelle, ils adoucirent un peu la règle par trop
austère que Paul avait imposée à ses disciples.
Toujours humble, le Saint se soumit et il plut
un jour à Dieu de récompenser par un miracle
l'obéissance de son serviteur.
Paul était malade, les médecins ne lui don-
naient plus une semaine à vivre. Le pape, alors
Clément XIV, profondément afiligé, dit aux
Passionistes qui étaient venus lui faire part de
cette triste nouvelle : » Je ne veux pas qu'il
meure encore ; dites-lui que je lui donne un
répit, et qu'il n'oublie pas la sainte obéissance,
je ne veux pas qu'il meure cette fois. >> Et le
Saint, en entendant ces paroles, se souleva sur
sa couche : « Mon Jésus crucitié, dit-il, je veux
obéir à votre Vicaire. » Et, à l'instant même, il se
sentit guéri. Son obéissance était récompensée,
non que la mort ne soit pas un gain pour celui
qui aime Jésus-Christ et méprise le monde, mais
parce qu'il est un gain plus élevé encore, celui
de continuer à souffrir pour mieux prouver à
Dieu son amour.
Ce gain, Dieu le donna à son fidèle serviteur,
car sa vie ne fut plus qu'une longue suite d'infir-
mités et de souffrances. C'était Inen la meilleure
des récompenses pour celui qui avait fait le vœu
spécial de propager la dévotion à Jésus souffrant.
Saint Paul de la Croix enseignait à ses dis-
ciples un grand abandon à la divine Providence.
H ne voulait pas que les discijiles eux-mêmes se
laissassent trop absorber par le soin de pourvoir
aux nécessités temporelles : « Quand nous étions
trois, disait-il, le Seigneur nous envoyait des
provisions pour trois ; quand nous étions dix, il
en fournissait pour dix ; maintonatit que nous
sommes nombreux, il en donne encore pour tous.
Il sulTit que nous soyons bons et que nous
observions les saintes règles ; il ne nous man-
quera jamais rien de ce qui convient à notre
pauvre état. » Aussi appelait-il la sainte pau-
vreté un tjlorieux drapeau ; mur inexpugnable de
la con;,'réf;ation.
« Si vous êtes pauvres, disait-il à ses disciples,
vous serez saints. Les (Ils de la Passion doivent
être dépouillés de tout bien créé ; notre congré-
gation doit être pauvre d'esprit et dénuée de
tout. »
L'humilité, l'obéissance, la pauvreté, toutes les
vertus de saint Paul de la Crnix avaient leur
principe dans l'union avec Die\i, dans la vie
d'oraison. « Si nous sommes de-, hommes d'orai-
son, avait-il coutume de dire. Dieu se servira de
nous malgré notre extr<^nie misère, pour accom-
plir des choses merveilleuses qui feront éclater
sa gloire, n
LSS nRLIGICUSU
(It pa'
ir ijor
Croix d'avoir donné à Notre-Seit'neur une pieuse
légion dhomiiirs consacrés au culte de sa Pas-
sion. Il voulut que les femmes eussent leur part
dan» celte plorieuse mission. \ji Très S.Tinle
Vierge et sainte M.iric-Madeleine n'èlaieiil-cllei
%
Saint Pâul Je U Croix, fondateur des Panioniites, avec la Croix du Sauveur, guérissant les malades,
Tenant en aide à toutes les infortunes et r(<cunforUnt ceux qui tombaient désespérés au chemin de la Tie.
La Croix est l'arcbe de salut pour tous.
pas aussi bien que «ainl Jean au picJ de la Croix
pour compatir aux souffrances de l'Homme-Dicu?
Et le cœur de la femuie, ce ciEur si aimant et si
tendre, ne doit-il pas puiser dans la Croii la force
de se consacrer à celui qui, seul, est infiniment
aimable, et lui donnei tout ce qu'il renferme de
dévouement et d'abnt'-(;ation ?
Cette ttuvrc fut, comme toutes les œuvres de
Dieu, marqut'c au sceau de la souffrance et de»
difdcultis. Un (."''n.Teux bienfaiteur, U. Cons-
lanlini, s'était cbnrgé de b&tir le monastère;
mais, ayant été foricment éprouvé dan» son
négoce, et une di«elle ayant ruiné se» Irrres, il
se vil obligé d'arrêter les constructions. Paul de
la Croix étant venu lui rendre visite, il lui
raconta ses malheurs, ajoutant qu'il n'avait plu»
3ue doute sars de blé, tandis qu'il lui en lau-
rait au I n-squ'à l'époque de U
récolte ; ' monta au ^.-renier,
il ,|U' 1 : 111-1. iiii> 'i l'tnit le grain. Or, ce
I. 1 . i/,i lé moulu, la farine »e multiplia si
!■. Il iju il en restait encore au moi» d'août,
qu l'pie le propriétaire eût abondamment
finur.'i à ton* I" '■ "'■• 'I" sa maison. Depuis
or-, il fi.l i-i ' risé du rid et réussit
daii« ' .' .^iivoi, !l reprit avec
bon) M du monastère.
A] I .iié», le premier
couvent <!'■ - n'outrit enfin le
3 mai 17T1, ^ -, in ilrl.i très Sainte
Croix.
Paul vécut encore plu-^ieurs années, durant
lesquelles son travail constant fut de pronaeer
le lullc et l'amour de la I'a»«ion de Jésus-Chnii
Les derniers mois de sa vie. Dieu lui fit la ji < .
de se préparer & la mort par un redoublcni' ni
dr souffrances. Quand on lui adressait quelques
n.irolcs de commisération, ce fidèle disciple de
Itieu souffrant répondait : « Si mon mal vous
attriste, j'y serai cuniplélement indifférent ; je
me liens en paix dans les plaies de mon Jésus. ••
Averti par une vision du jour de sa mort, il
rendit »on Ame h Dieu le 18 octobre de l'an-
née 1775. Pie VI, en apprenant cette perte,
s'écria : •• Qu'il est heureux ! Mourir en la fête
de saint l.uc, dont il est dit qu'il a porté la
Il 'l'in de la Croix dan
;irm in suo corport
I iiiiiii''iice de saint Paul df i.i i.nui ne iiis-
parut pas avec lui. On l'invoijuait comme un
-iint, on recouroit à' ses rel; -v - ■^•t obtenir
ilcinuérisons extraordinaire- - faveur*.
Il apparut A plusieurs Ame» | ■'■"lit !•»
^allte à beaucoup de malade- . \
\\ dévotion dfs n.li'lct. et L
i-j.ima la sainli-té du fondair .
.Liiit il a lixé la fête au 2« .^
t'icn que font aujourd'hui m> religieux en
Angleterre.
Adre^-'On^-nou» à re f ' '. prinnsie dn
nous communiquer quel ■\r son anmar
• iivrr» In I roix.
L PïtiTiix^aT, ItDf. -gtrant, 8, rue François I", Paris.
SAIM HUCUES, ABBÉ DE CLUNY
Frie le 29 nnil.
Saint Hugues chasse le démon du corps d'un possédé.
SAIS8A>XB ET PREXIÈRES ANNI?E9 DE »Al:«T IIUGI'RS
Saint Hugues naquit en 1024 d'une nolile et
riche famille Je la Houryo^ne. Dalmatius son
|.i;re, cfiinte de Semur, éprouva une prande joie
I 1,1 naissance de ret enfaut. Il espérait trouver
in lin un dipne héritier de ses richesses el de sa
vaillance sur les chamits de . bataille. Aussi
< hercba-t-il, dés ses plus tendres années, à
lenthou^iasmer pour les exploits guerriers. Mais
tels n'étaient pas les desseins de sa pieuse mère,
Arember^^a de Verpy. Avant la naissance de son
(ils, ellr- avait recommandé aux prières d'un saint
pr''lr<' le fruit qu'elle portail en son sein. L'homme
il-' l)i<-u, en oUrant le Saint Sarrillce de la messe,
>|ir-rrut dans |i> calice la rayonnante ima><e d'un
rifant d'une admirable beaulé. La vision fut
rapportée à la pieuse mère et lui lit espérer qu?
son fils serait un jour ministre du Scipiieur.
Cepeiiiiaiil IJalm.iliiis lui lit donner une éduca-
tion nobl>- el niililaire. Mais les chevaux, les
armes et la cliasse, tout ce (jui séduit si facile-
ment le jeune homme, n'avaient aucun charme
pnur lluLiues. Il aimait au contraire à se retirer
a l'écart pour prier, il aimait à visiter les éf,'lises
et se plaisait à la lecture des Saints Livres. A l'Age
de dix ans. tirice à 1 iulervention de la comtesse
sa raére, il obtint de son père la permission de
passer sous la direction de son ^rand oncle,
ilu;.'ues, évéquc d'Auxerre. Il fut admis à l'e'cole
I pi-^copale el »>■ disliiiftua bienliH par l'élévation
lie son esprit et la vivacité de son inlellik'ence. Il
surpassa en peu de temps tous les clercs. L'élude
dt's lettres humaines el divines ravissait .s<^ji
■219
ime : la piiére et la lonteiuplalion seules avuieat
pour lui UD cliariiie supérieur. Ses privés étaieat
eiii'ore plus rapides dans ia vertu que daus la
science.
SAINT HL'CL'ES ENTaB AU HONASTtHE DE CLUKT
Après avoir passé cinq ans sous la direction de
l'évéque d'A^xerre, Hugues quitta l'école épis-
copale et s'en alla frapinr à la porte du monas-
tère de Cluny. Saint Odilou y exerçait alors la
char:;e abbatiale; il ne larda pas à donner l'Iiabit
monastique au vaillant jeune homme. I.a cérë-
monie fut belle et tou -liante. ■• Quel trésor reçoit
en ce jour l'éi-'lise de Cluny! " s'écria l'un des
vénérables vieill ird* qui assistaient le saint abbé,
pendant que (■•■liii-ci remettait l'habit de saint
Benoît au iimii. iii soldaldu Christ. X partir de ce
jour, llu:.'ues i.- Imblade ferveur; en quittant les
vètenienls .lu su-, le, il avait vraiment dépouillé le
vieil hoiiiuie. L iiearAcecélesle.une angélique mo-
destie rayonnaient sur son visa;;e. HieutAt, purifié
au creuset de la discipline, nous dill'lia^'ioyraphe,
sa \erlu brilla d'un éclat resplendissant. .\ peine
eut-il prononcé ses vœux, que saint Odilon le fit
prieur du inoiiasttire de Lluny. Il n'avait que
viii;;t-cinq ans, cl sa charge, loin d'être un écueil
pour sa vertu, ne fil que l'accroître.
S.\I>T lU'Ol'Ei A Ui COl'B Dl L'tlirKBEL'n HE-tBI III
L'empereur Henri III, croyant avoiràseplaindre
d'un manque d'éstards de ia part du |«rieur d'un
monastère qui dép. luî.iii de Cluny, (it i .1 mir
ses plaintes ilsiiii I -ment à- n.
I.e vénérable abb', uit aux lim t&
la sainteté de son jeune collaborateur, envoya
saint Hu;{ues en (iermanie, afin de calmer le
courroux du prince.
Dans cette épineuse négociation, le disciple de
saint Udilon d'>iina des preuves - - de sa
sat'esse. San-, blesser les droits .1 -ur, il
>au»ei:arda toutes les prérogatives Ju lU'iKi-tère,
réconcilia Henri III el le prieur, et rétablit la
paix la plus gr inde. Toute la cour, . ' !e
ses vertu» et de la noblesse de son
l'entourait d'é.ards el le vénérait c.iour ■.11
«ainl. L'einpei 'iir lui fil décerner les plus franls
liomieurs, lui i-iiiil de riches offrandes p. nu le
mona-teri" île Cluny cl pour le vénérable ndilon.
M.i- ..1,. 1,1.1 .{II.. Il , ,.Mi it.iri.'TJ lie se liirail
'Il de saint
l.iiu et les
I ilaiis
itdilon
le ca'ur de
a I
llii
|d,
la
était iiioiii'- au riel
lues de t.l
•nt leur !■■
A celte noutelle
saiiit Hugues fut brisi* de doub-ur. Il —• liM i de
retourner à t'.luiiy alin de rendre I
devoirs au saint abbé, et de mêler -■
e«lles de «es frères.
ixisz Hu«UM oivicvr kvti db clunt
^on relniir fol saloé arec ioie par la c/tinmii
nnnlé de Cln; '' " ' ' - ' ^ '
tomhrail de
m r' ■ ■ ■
et
déjà aux pieds de l'humble prieur, et, malgré ses
elTorts et ses protcsLiilions, le (Mutaient en
triomphe sar le Icfiae abbatial.
.\ cette scène attendrissante et sidennelle
assistait un sous-diacre de rtglise romaine,
moine de Cluny, llildebrand, <|ui plus tard devait
gouverner l'église sous le nom de Créyoïie \ II.
Assis auprès du trône abbatial, au moment ou
saint Hiii'ues prit la parole, llildebrand vit appa-
raître Jésus-Christ, qui se liut à droite du nou-
vel abbé. Il semblait lui dicter chacune de ses
paroles. A cette vue, llildebrand quitta son siège,
et, «lebout, dans l'attitude «lu plus profond res-
pect, il vint se placer à c6té de Jésus. I,' assem-
blée entière remarqua cette particularité. Le
nouvel abbé lui demanda pourquoi il avait quitté
son sièu'e, llildebrand révéla la vision dont le ciel
l'avait favorisé. Les relifieui éclatèrent en actions
de uràces et s'applaudirent de l'heureux choix
qu'ils avaient fait, en mettant saint Hugues à
leur tète.
SADiT UL'GCES I.rn-B COttTBB LA SIMO.ME
Le XI' siècle est resté célèbre dans Thistoiir
ecclésiastique, par les luttes des Souverains l'on-
tifes contre la sinniiit' c'est-à-dire le criiiP' ■!'■
ceux qui achètent ri prix d'ar;;eiit les digiiit> ~ ;
rKL'li.,e . L'Eglise catholKjue tient ses droits Ui
Jésus-Christ son divin fondateur. l'Ktat a donc le
devoir de les lespecler et même de les protéger
.Malheureusement, c'e-.l souvent le conirairi 1.
arrive; à celte époque, les pnnces teiiip'i i~
s'étaient attribué le droit .ibu-^if et tyrnnnique
d'imposer aux évéchés et aux abbayes de» titu-
laires de leur choix, sans que l'autorité
tique et le l'ape lui-même pussent
l'élection. L'ambition et l'avance se t« n.!
alors la aiaiii; cl, au lieu de nommer aux di^i
ecclésiastiques les |diis capables, il arri\ail '
souvent que le prince vendait ces dignil'
': iiit. .\iii«i, le sanctuaire se trouv.ui
des hommes indignes et sans vocation.
au riMii't - ' ' '■ 'idèle*.
L,! Krai ne l'Angleterre el l'Alle-
iiia.ii'-. 11 M (•• .1 cet abus Le pape 'nii'
I. on I\, I y [...rter leméde, se reii ; ' ,
Cluny. II ' •"» l.| personne de-
ux el puissant
-;.. . Il rill ..M
Hugues, m
Secniiibi
qu'ui
jeuii'
!..
dan- •
à puiiic 1 '
A p.iricr u
une lutte qui dc\ail .m puUIsUltre
mort Dii.ind le Souverain t'ontifc I
it II ikni'« .111 C.'ii
LE PARRAIN DE L EMPERfilll
L'empereur Henri III n'avait pas oublié les
hrillanles qualités de saint Hu:.'uc's ; il s'était
ri-joiii (le son élection, et il témoi;:iia, on iOat,
(Combien il l'estimait . Dieu venait de combler les
vœux de l'emperf-ur en lui accordant un fils dont
la naissance fut saluée, par les peuples allemands,
commeuni-'ugede prospérité et d'avenir. Henri III,
au comble de la joie, pria le vénérable abbé de
Cluny de venir lever son fils des fonts baptis-
maux. Saint llutrues accepta l'invitation impériale
et se rendit à la cour. On donna rt l'enfant le nom
de son père, dans l'espoir qu'il en ferait revivre
les vertus. L'Eplise et l'empire, si étroitement
unis, voyaient, dans ce berceau, un sai^e de per-
pétuité pour leur alliance. |Mais, hélas! le jeune
priiic* démentit cruellement plus tard tant d'es-
pérances et , mak'ré les avis et les touchantes
exhortations de saint Hu;,'ues, devint un persécu-
teur acharné de l'Eglise et le fléau de l'empire.
SAIKT HIOCES ASSISTE LE PAPE ETIENNE X
A SES OER.NIKRS MOMENTS
Atblèle généreux, apôtre infatigable, saint
Hugufs est mêlé à tous les grands événements.
Les Souverains Pontifes trouvaient on lui un
auxiliaire puissant. C'est ainsi que nous le voyons
accompairner le pape Ktienne \ dans un voyage
qu'il lit en Toscane. Le Souverain Pontife tomba
malade à Florence et comprit bicntiH que
l'heure de sa mort allait sonner. Saint llujjues
passa des journées entières aux pieds du Sou-
verain Pontife, dans de» entretiens pleins de
iharme et d'onction céleste. Il mérita d'entendre
ces belles paroles de la bouche même du pape :
" Je demande au Sei;,'neur de mourir entre vos
bras. .\ussitiH que vous me quittez, l'ennemi du
l'enre humaiu m'assièiîe de visions terribles;
quand vous rentrez, il disparait. •> Le saint abbé
ne .s'éloisna plus du Souverain Pontife; il reçut
son dernier soupir, lui ferma les yeux, revêtit
son corps des insianes pontillcaux et le déposa
de ses propres mains dans le cercueil.
RAPPORTS INTIHBS OB GHK«OIRB VII
ET IlB SAINT IIUDUGS
Le dévouement de saint Huiiues au Sainl-Sièfie
était déj,*! bien grand, mais il cievait aut;mentpr
encore, quand la tiare fut i>lacée sur la tète
d'Ilildebrand ou riréiroire VII. Ce grand pape
n'avait pas oublié le berceau de sa vie reliL'ieiise;
et il appelait saint lluitiies du doux nom de Père
vénère. Ku milieu des luttes qu'il eut à sou-
tenir contre l'empereur Henri IV, au milieu des
persérnlion» qu'il eut A soufTrir, quand son àtne
■ I ni bi I ^é.', le douleur. (Iréyoire VII aimaità verser
d 111^ M ' «purde saint Hiiifuessescruelles angoisses
ei à faire du «ftiiit abbé le confident de ses
plaintes éloquenti's sur les mnnx de rKulise. Bien
lies fois, il eu' recours h son intermédiaire pour
rappeler au m.ilheiireu» prince ses devoirs les
plus s.icrés. L'empereur, acharn'' rontre l'Kulise,
(lécliirait le sein de sa mère, suscitait des anti-
pape», et le» sautenait de <ie» armes souvent
victorieuses.
Frappé des anathémes de l'Eclise, pressé pAr
les exhortations de saint Hugues, il parut [du-
^leur» fois se réconcilier avec saint (irécoire VIL
Mais il ne concluait un traité que pour le rompre
bieiiiAt après: il ne signait la paix qn*» pntrr la
.l'cl'T et recommencer se» persécutions avec
plii^ de violence. Cependant, quand il sollicita le
!• ird'iii de ses fautes, l'cmper'ur pria s.iinl
Hugues d'intercéder en sa faveur, le vénérable
abbé y consentit, et obtint que l'excomrannica-
lion fût levée. (Juand le prince, après [ifusieurs
jours d'une pénitence publique, reçut, à Canossa,
l'absolution, saint Hugues se porta i/aranl de sa
bonne foi. Mais la pénitence de rein[iereur
n'était pas sincère, ce ii'éUiit iiu'une ruse et une
hypocrisie, et il continua bientôt de persécuter
Grésoire VIL
Fatii.'ué, à la fin, de tant de trahisons, le saint
moine rompit couraseuseineiit avec son terrible
filleul, et lui déclara qu'il n'y aurait plus de rap-
ports entre eux tout le temps qu'il demeurerait
sous les anathèmes de l'Ealise.
L'RBAIN II ET SAI.NT HUGUES
Le monastère de Cluny était devenu comme le
noviciat du Sacré Collège et du Souverain Pon-
tificat. Saint Hugues vit monter, presque succes-
sivement, sur le tnine de saint Pierre, trois de
ses disciples et tils spirituels : (iré;;oirc VII,
Urbain 11 et Pascal II. Ué- lu première année,
dans un lansage noble et délicat, Lrbain II se
plaignit à saint Hugues de ne l'avoir pas encore
vu au tombeau des saints apùtres : « .le vous en
conjure, disait-il, o le plus regretté des pères, si
vous n'avei point perdu le souvenir de votre fils
et disciple, s'il vous reste encore pour moi des
entrailles de charité, répondeï au plus ardent de
mes Vieux, venez me consoler par votre présence
et apporter à la sainte Eglise romaine , votre
mère, la joie si désirée de votre visite. »
(Juel(|ue temps après, quand l'rbain II vint en
France présider le Concile de Clermont, exhorter
les chevaliers chrétiens à voler au secours de la
Terre Sainte, exciter l'enthousiasme universel
des ("roisades, saint Hugues se trouvait à côté de
lui. Il unit sa voix à celle des chevaliers pour
pousser ce cri enthousiaste qui retentit au loin :
Dieu U: iritt! Dieu le veul!
Avant de quitter le sol français, le Souverain
Pontife voulut revoir le berceau de sa jeunesse
cléricale et religieuse. Depuis dix ans, saint
Hugues travaillait avec une aideur infatigable à
la construction de l'église abbatiale de Cluny.
Des masses énormes de pierres furent employées
à cette u'uvre. l'n jour, il s'en trouva une si
lourde que, ni les ouvriers, ni leurs machines,
ne parvinrent à la hisser. Le lendemain, on fut
étonné do la trouver en place et de voir la main
du saint abbé empreinte sur le bloc qu'il avait
miraculeusement remué pendant la nuit.
.MaUré les oITrandes recueillies dans toutes les
contrées de l'Lurope , maL'ré les sommes fort
considérables envoyées d'Ksjiagne par le roi
Alphonse VI, le Vaillant, les travaux étaient loin ;
d'être terminés à l'arrivée d'irbain 11. Mais saint
Hugues avait fait tout disposer, pour qu'.aU moins
le mailre-aulcl put être consacré sous l'invo-
cation du prince des apiMres, par un pape légi-
time successeur de saint Pierre et fils Spirituel
de Cluny. l'rbain Consacra le maitre-autel, et
encore un autre appelé : Malutinal. Ce Saint,
pour perpi'tuer le souvenir do cette magnifique
solennité, décréta que, durant la vie du pontife
Urbain II. oi»chanterait,iii<>iiies les messes con-
venlii<»lles,lesorai»onsfi»'<j»n/mt'r6niio,el qu'après
sa mort, les religieux de Cluny célébreraient à
perpétuité un service anniversaire pour le repos
de son .'une. L'éjulise fut ensuite achevée peu a
fiflt. 1*M««1 ■«•»ti« RHuinilii|ue basilicpie. Tune dé-
plus belles du monde, et la plus (.'rande apr^ -
Saint-Pierre de Home, a été stupidiMiient i' i
versée par les barbares de laRévidiition fraii' "se.
Ju<]uasoii liernier soupir, I ibaiQ II porta la
plu« tendre adectiuii à saint Hupues et ne cessa
Je l'appeler : Pt-re vénéré. Il était dii-'ne d'un
tel amour; et, dans toutes les circonstances, il
se montra l'Iiunible serviteur du Saint-Siège, en
même temps ^lue son plus ardent défenseur
contre les rois et les princes (]ui ne crai:;aajent
pas J'en violer les droits le<; plus sacrés.
liuillaume le Conquérant voulut l'attirer en
Aufilelerre et lui conlier la direction de tous les
monastères de ce ryyauuie. Mais saint llufiues
refusa, pour ne pas paraître s'associer aux vio-
lences du roi contre le cler^ié an^lo-saxon.
Cependant, d'autres >eigneurs lui confiaient les
monastères de leurs domaines, en le priant de
rétablir partout la discipline religieuse. Saint
Hugues acceptait avec joie, quand ces offres et
ces donations étaient conformes atu droits de
l'Eglise.
Certains •ieiiïneurs firent mieux que de lui
donner des couvents; ils se donnèrent eui-
ménies. Sa sainteté et ses vertus lui attiraient
tous les cœurs. Le duc de ltour:.'ogne, le comte
de M.icon avec trente de ses chevaliers, renon-
cèrent à la milice du siècle pour s'enrôler sous
l'étendard de Jésus-l'.lirist et vivre sous la direc-
tion de saint Hugues. Il y eut, ù cette époque,
comme une sainte contagion de vertu qui por-
tait toutes les Ames a la pénitence.
r.OUllE.NT S.VI.M IIICUES APPRCVO SA MORT PROCHAINE
l'n jour, l'un des laboureurs de' domaines de
Clunv vintdemanderàparlerau saintabbé: ■■ Père,
lui dit-il, je faisais ces jours derniers une plan-
tation de Jaunes vignes dans mon champ , lorsque
je vi> apparaître plusieurs personnages dont la
gloire et la majesté semblaient au-dessus de la
condition mortelle. Devant euv marchait une
daine dont je ne pus voir le visage, mais un
vénérable vieillard s'arrêta près de moi : •■ \ qui
appartient le champquetucultives? medemanaa-
t-il.
— Seisneur, répondis-je, c'est un domaine du
hienhi'iireux Père et seigneur Hugues, abbé de
Cluny.
— Alors, reprit l'inconnu, el le champ et son
propriétaire sont à moi. Je suis l'aprtlre Pierre.
Iji dame ^lui me précède est la bienheureuse
Marie , Mère de Dieu, escortée du cbu-ur des
âmes saintes. IhVte-toi d'aller trouver l'abbé de
Cluny, pour lui dire : >■ Mettei ordre à votre
maison, car vous aller entrer dans la voie de
toute chair. •■ Telle est la mission quej'ai reçue,
ajouta l'Iioinmc des champs. Je n'osai point
d abord m'en acquitter. Mais, la vision m'est de
nouveau apparue, me reprochant ma négligence,
et je n'ai pa» voulu différer davantage. ■■
Saint liu;:ues accepta cet avi» a>ec humilité,
et redoubla d'austérité» et de ferveur pour «e
préparer à la mort. L'humble condition «lu mes-
'agcr n'était pas pour lui une raison do douter
de ses paroles, car Dieu préfère les humbles.
MORT DE SAI.rr IIUr.lKS
Malcré ton Age avancé et le déclin de »es forc«(,
pnidanlle carême de liOV, saint Hugur* porta
jusqu au bout le poids du travail el des austé-
rités lucuastiques. Le Jeudi Saint, le vénérable
abbé se rendit au chapitre et ordonna de distri-
buer aux pauvres les aumônes accoutumées. On
le pria ensuite de donner l'absolution générale à
la communauté. A ces mots, il fondit en larmes,
et d'une vuii entrecoupée par les sanglots ; .. Com-
ment pourrai-je \ous absoudre, s'écria-t-il, moi,
misérable pécheur, chargé devant Dieu du poids
de tant de fautes? Tout indigne que j'en suis, je
vais pourtant accomplir les devoirs de ma charge.
Que le Seigneur, le Dieu qui délivre les captifs
et relève les cuurs brisés, daigne opérer dans
vos cœurs l'œuvre de sa grâce et de sa miséri-
corde. " Elevant ensuite les yeux au ciel, il bénit
ses enfants.
Il lava encore les pieds de ses frères, à l'heure
du Maiulatum, et leur adressa, sur l'Evangile du
iour. une exhortation qui lit couler bien des
larmes. H assista à tous les offices du Vendredi
et du Samedi Saint. Il eut encore assez de force
ftour cél-^brer les ofllces de la solennité de
'Aques. Mais, après vêpres, on dut le mettre au
lit : ' Je suis, disait-il, un soldat inutile. Le divin
Maître daignera-t-il in'accorder la récompense? ■'
.Ses yeux se couvrirent bientôt comme d'un
nuaje,sa langue pouvait à peine articuler quelques
sons, tous ses membres devinrent rigides. On lui
apporta le Corps sacré du Sauveur, en lui deman-
dant : " Le reconnaissez- vous? — Oui, dit-il; je
le reconnais, et je l'adore. »
On lui présenta le crucifix et il le baisa avec
une tendre vénération. Il se fit encore apporter
la chAsse renfermant les reliques du Pape saint
.Marcel, el il implora, avec effusion de larmes,
l'intercession de ce ;;lorieux martyr pour con-
duire son ilrae au ciel. 11 perdit ensuite la parole.
Ses reli;.'ieuv le trau'-porlèrenl, vers la tin du
jour, dans la chapelle de la \ ierye Marie, oii ils
retendirent sur la cendre et le cilice. •> Lorsque
les derniers rayons ilu soleil s'éteignirent à l'hori-
zon, nous dit llildeberl, son biographe, s'éteiu'nil
aussi ce crand soleil de l'Ordre monastique.
L'exilé entrait dans la patrie. »
Siint liu.'ues mourut donc le 29 avril ii09; il
avait qualre-vin;;t-cinq ans.
Dik'iie siK-cesseur de saint Odon, saint Mayeul
et saint lldiloii, il avait continué, a;:randi, con-
solidé leur œuvre. On peut dire que, sous sa
direction, t'.luny était parvenu à son apogée. Lié
avec tous les grands piTsonnoKcs qui illustrèrent
cette époque, Hugues fut l'ami de saint l'dalric,
de saint Pierre Dimien, de saint llruno et d'une
foule d'autres saints. Il se vit père de plus de
trente nulle cénobites qui furent de puissants
auxiliaires pour le S«iut-Siége,dans sa lutte contre
la simonie.
La III >rl de saint lliitnies fut révélée & plusieurs
saints persnniiai'Cs. FuUence, abbé d'AlIlKny, vil
les aiices porter au ciel deux lits ni i '' 'M-ni-ti!
ornés et crier d'une voiv suave
reposeront bientôt deux illustres pi' ..:
de Cantorbérv et Hjgurs de Cluny. "
L'ne reliuieuse vit la Heine des'cieui, assi '
d'un grand nombre de saints, préparer un troue
siilendide, iju'on lui dit être pour le grand
Hugues, abbé de Cluny.
Iinj.-yfrcj/it. K l'rTinir.s»» . H. ru-- Kriii ■
I' II i«
SAIM MMIEN ET SAINT JACOIES, MARTYRS
Fête le 30 avril.
Saint Ifarien et saint Jacques visités par Notre-Seigneur dans leur cachot.
La mère de aaint Marien couvre de baisers le corps de son ûls.
Miirien <>l Jacques soulfrirent la raorl pour la
t"i PII >'uinidi<> Altt'Tio arluelle), avec un ^rand
ii<itnlir>- ilniilrps rhréliPiis.
1 II ami il<» nci'^ df-ux ni.itlyr<», (|ui a «ardë
I aiioiiyni'', nou^ a lais"-'' i|Ufli|U'*s iia*f<'!> sur
l"ur' doriii'T'' momciil'-. il •ul. i-ii elTi-l, le bon-
heur d'a««i*l»>r h leur lupplim p( df parlat'T
rnf'me leurs- souffrances. C'est à cette source cer-
tain'- que nous puiserons les détails que nous
allons raconter.
L'NK OOCRLE COL'RONNE
Saint Marii-n, que les uns nomment Marius.
• l'autre'^ Marin, '■«! la gloire inestimable de lOil-
69(J
fesser deux fois le luun de Je'sus-Cliii>l. l.'tii<loire
nous aiiprend, en eITtI, que, sous le ré^'tie de Dèce,
il fui |)i'isfivee daulres chrelieus '}u'il ijislruiâoit
des voilés de Ia religion, rkrélioiuii» et souni»
au» plus aliore-* torture* ; m ti- l .rl'<mplia par
sa constance de la rase de ses bourreaux qui,
lassf^s des coups iiilliges à leurs iionibieuses vic-
times, le laissèrent a demi mort au milieu du
San;; des martyrs.
(;'l'^t ainsi qu'après avoir vu son corps dëcliird
par les oncles de fer. après avoir mêlé son sanu
a celui de ses compagnons plus heureu.x, il se
voyait frustré dans son attente, et encore loin de
la récompense.
Mais la cou .k viaiMCft-^fiirlM^ écha^)^
maintenant i< iiiealtt avmr OK BAMMaB
lustre et un v Ul plus resplendissant se. poser
d elle-nv'Tiie sur son fmnt vii-uinul.
Kn attendant, il propage la loi chrétienne
en ÎSuniidie im conipa^'uic d'uu diacre uuuimd
Jaci|ues.
.\u piinlemps de Pan ^39, ils arraroient en au
lieu nommé Muguos, à quelques nulles de CicLba,
colonie romaine.
VAUSBID |>KHsi:CLTKl"Il
Valérien ('tait alors empereur. Ce prince avait
voulu, aux d(^l>uts de son rè;;ne, <*lre favorable
aux cliréliens, o'esi-à-diie ne pas les mettre à
n)orl; mais, poussé par un conseiller snnuuinairc,
Macrien, il reroirmenea contre les paisibles ilis-
ciples de Ji-r<us-Chri6t celle guerre cruelle que
ses pn'-décesseurs avaient tant de ibis déchoinée.
sans réussir n les vaincre.
I.e glaive de la persécution frappa d'innom-
brables victimes, parmi les'iuelles on compte
l'illustre évoque de Cirtliase, saiiit Cyprien qui
mourut le H septembre i'.',H.
Ul râpe (les païens tenta les pln-
pour ri'UN'iMT la foi des lidéles; !•
el la nuilliluile des chrétiens lossueul les liras
des bourreaiu.
(Juaiiil Marien et Jacques enln-rent .i Cirtlte.
celle ville était .igitée comme les lloU d'une mer
liouleuse. Les centils, ave«i;;li-s par la furenr.
faisaient retentir <le Uuite» paris lies cris île murt
contre les chrétiens. Devant ce sperUu-le de
crtiaulé, nos àeax ninrlyrs M les rhn'Uei» die
leur suite, biin de ^". 'Trivi-r édroiivèi «-nt un
senlinient de I
. vrement du tn <
■ (junm (ifit liiaiinii* ■■.-njf-nn i ,ii ;
Voici le jour qiiM !•• ^.mcii-'i »oiis-
nnus et tres'milliw» <l'.iII>-:;i>-^->i-. ■
I.e pr'^fet d*
parliciilièrr- «a
; ■ !. .!•■■. \'m
' - I |. le
■t tiius diMlx reconr
!•'" ■ ■■'■' !■■<• I
■'<" du mnrtyrr.
iio''. •< .vt. lient
'•nm-
. l.-s
il l'ur tardait d'aller s'asseoir au bauciuet de la
palrii'.
I^ii atientlant. ii& soutcnaiwil d» U pemle et
Je l'exenple le cotm-^ <ea chrétiens el siXTor-
çaient d'èdaiter Tes païens, piolltanl de toute
occu'^ii'n pour annoncer la vé'rité.
Ci's pieuses exiiorlalions poilèrent leurs fruits,
et les deux saints évéques eurent la gloire de se
voir précédés pardeux vierges consacrées à Dieu:
.4ntoiuette et Tertulla, el par une femme, mère
de deux jumeaux ipi'elle vil immoler comme
autrefois les Saints liiiiocenls.
Le ciel (-lail ouvert. Agapius et Secondiiius
n'eurent qu'à suivie celte trace de song qui les
OMMlMiOfll^St aSBMBAUL^kfe^MCt'.
Sl.%.BIBn ET JACOUnS ASHAIBLW IBM« LEUR VILUk
Parmi les disciples i(ui aMMBBf recueilli avec
un soin Jaloux les parole» dk» snints pontifes,
se trouvaient .Marieu et Jacques. Iiisiruits par de
si nobles ixemples. Ils lin'iiaii-iit île les suivre.
I.'lieun- du c-ombut ne si- lit jkls aiteiidre.
Ce n'était plu> uu ou deux sulduia stationnaires,
mais une centurie entière qui Feilierchuit des
victimes à la persécution.
On appelait, chez les Domain», soldats xlnlion-
nithes, des ap|iariLeui-s ou ollleÎHts. <)ui étaient
ré'parlis par proviiuM-», en di's lieux déierminés,
pour avertir les iiiiiuiytiuLs de eu qui si> passait,
en même ti'iiips qu,< pour ••xii.uier h'urs ordres.
I.eufs* lunL-iioiis répondaient ùi celles de nos
g'-ndarmes. -
ili'tte bande fanatique, escortufe d'une populace
iiiilisciplinée, se porLu sur la villa qu'liabitaienl
M.iiieu et Jacques. Leur zèle opo-loliqne les
dfsiL:nail à l'i'xéi-ralinn îles eniitmiis du Christ
elle lieu qii ils avaient choiM |m>uv leur demeure
était reaardé coiiiine le puis.saul Ihuilevarii de la
loi. I.e> lieux m.irlvrs et les uenit de leur suite
tureiil traiiiéi briiUileinenl de .Vtiu'iias dans la
oolniiie det^îrtliu. Cirlha sv IroMvuil iiie alors un
i-véï-hé iropiirlant de .Nuroidie. Cflail là (|Ue
si'xercaienl surtout la roue insvnsée de» (ientils
't l.i iTUauté des persériileurs.
.Vinenés devant le Irihunal du préfet, iN furent
soumis à un inlerroualotn- qm ne dura pas
lon:;lemps. car le pri-lel. ' iiiébraiilable
n-suluLion lies deux innr^ ulesser éncr-
aiaaamamt le nom du Christ, U::s ht londuire en
Ljk pnisoN ar um i
Dans cet allHwi cadhat en» I» «ayon du soleil
ne pénétrait jamais. KtaaiiiMk téduil que se
di-spuluient ds& reytifc^ et étm nils. M.trien et
Jimni«i««awi '
'■■an sin.j.ii, I-. I II
Sofinlf sfJffTTTfTtTïnr^ nl^ ^Ui mttTTT^.lU.
Marien ' ' ■ ' hiré. Le
ntrmt <pii ' non les
fil
•ItT- ■
" I""
1,1. ,
rs, de sort' ijU^ Ia rh.i
■ !• i>«rl et d'auif "n '
l<~t n«>rff étaient bi
i, le» eutraill
'«.I -l .1^
IK-
il'- *ri.-ijnr< imtni.iil 1»^ fin* crurU
tourments. Etendu sur le chevalet, les orif;les de
fer Iraçaienl sur ses chairs de larpes sillons, et le
sans qui ruisselait de ses plaies beautés ne
pouvait afwonrir la soif insatiable de^ païens.
tn m^ine temps que le soldat stationnawe
exécutait les ordres d'un préfet inhumain, les
ma^islrats de Cirtha se faisaient les pnlres du
diable et essayaient, par de raiiis arlifices,
d'ébranler la constance des martyrs; mais, au
milieu de ses tortures, Jacques s'écriait : « Je
sui> (liarre de rBf,'lise Romaine ! •■ et Mar»€n
faisait <?rho à sa Toix et répétait : " Je sui> lec-
teur ! » ils disaient vrai l'un et l'autre, car telles
étaient les fonctions qu'ils remplissaiejit dans
rti:lise.
L'infatigable bourreaa se lassa. Il fallut recon-
duire en prison les généreux confesseurs tout
enivrés de la joie du triimphe. Là, Marien et
Jacques unirent leops voix à celles des autres
frères, pour chanter une hymne d'actions .de
ericf au Seigneur tout-puissant.
Ils pas-sérent le reste de cette journée dans de
lontfues et ferventes prières, ju.-qu"au moment
ou, vaincus par la falijnie d'un combat si labo-
rieux, ils s'eiMtonnirent tous d'un profond
sommeil.
TISIOM DE )I.\BIE11
Mais, tandis que leurs membres souffrants
reposent dans le calme de la nuit, le Christ leur
apparatt. Il vient réparer leurs forces et leur
couni^'e par ses ineffables consolations.
Kcoiitoiis le bienheureux Marien raconter lui-
m^me k ses glorieux compagnons ce que la
divine bonté lui fit voir dans ce sommeil répa-
rateur.
• Me^ frères, s'écria à son réveil Marien, j'ai
vu se dr.-sser devant moi un tribunal d'un éclat
éblouissant et dont le faite sublime semblait
atteindre les nues. Un personnage était as<is et
remplissait les fondions de juge. .\ntouT du tri-
bunal se trouvait une estrade ou l'on montait
par de nombreux degrés, car elle était fort
élevée.
. Touràtonr, je vis défiler des confesseurs de
toul'^s classes. Ils s'approchaient un à un au
trihunal, et recevaient à genoux la sentence de
lijur moit.
i> l(>ut à coup, j'entendis retentir une grande
voix : " (Ju'on amèu<' Marien .' » s'e'cria le juge.
)i ('.elle voix, je crois l'enleudre encore rcsonuer
à mon oreille. Je mnnt.ii< h l'eslrade, et voici
que, soudain, àla droite dujuge,j'aperçn'»Cy|>rien
fl'évéqui' de Cartha^e) que je n'avai» pas encore
vu. Il me l'Midil la rn.iin <t me fai-^ant monter
sur k plus haut de;.-ré de l'estrade, il me dit en
souriant ; « Viens l'asseoir avec moi 1 »
'I Kll iiil<;rrog.itoire des autres confesseurs con-
tinua en Dia présence. Quand il fut terminé,
}>■ |ii(.'e se leva et nous le couduisimes à son
prétoire.
•< Le chemin que nous foulions aux pied» était
une prairie d'une riche verilure, émajHée de
Ueurs aux Couleurs les plu- vives. Des Lois
touffus ç4 et là, et de tiaiils feuill-'iKes nous
oITraienl .i l'envi leiii frai'lii'ur et leur parure.
l)e» cypreH mijesiit' u\ et des pins H(!c.ulaires
lev.iii'iit llècmenL la li^le ju■^(u'au ciel. O sile,
en un mol, était de» plu-- ecM hauteurs. Au milieu
d'un jardin |aillis«iit une soiin'e abnniianle, et
SCS iiin. )>liis puies que h' cristal, renipli^saient
un va^li- Il lOMii.
» Lejuffe disparutsnbitement h nos yetix. Alors,
Cyprien, prenant une coupe qui sr trouvait par
hâ>ard sur les bords de la foiiLaiiie, la remplit
et but; puîs, la remplissant de nouveau, il me la
présenta et je bus moi-m^me avec bonheur. Et
comme j'élevais la voix pour rendre grâces à
Dieu, je me réveillai soudain. »
DtCX CEUiTCBES DE POORPRE
En entendant ces mots, Jacques comprit le
seus d'une vision qu'il avait euo au<^si. Quand
Marien eut fini de parler, il exposa donc à son
tour comment Dieu avait dai{ni''' lui a.aiiifester
la couronne qui leur était réservée.
« Mes frères, dit-il, je me trouvais en votre
compagnie sur un char. Tout à coup, je vis un
jeune homme à la taille elaucée et d'une beauti'
remarquable. Son viitemenl était d'une blancheur
si éblouissaiile que mes yeux ne pouvaient en
supporter l'éclat, il semblait n'elfleurer Ui terre
que du bout des pieds et son front radieu.x se
cachait dans les nues. Comme il passait rapi-
dement devant nous, il nous jeta deux ceinture-
de pourpre; l'une pour loi, Marien, l'autre pour
moi, et j'entendis ces inoL< : « Suive2-moi ptomp-
teraent : >>
Un païen converti, Hominé Emilieu, partageait
la captivité de nos martyrs. L'n songe mystérieux
lui révéla également son prochain triomphe.
SOBTIES ET CONVERSION
C'est ainsi que ces vaillants chrétiens recevaient
la nuit comme le jour les consolations de la
grâce.
Us demeurèrent quelque temps encore dans
les sombres horreurs de cet antre infect. Tous
les jours cependant, leur prison s'ouvrait et lais-
sait s'échapper une âme que les Anges appelaient
à la félicité du ciel. Le préfet voulait frapper
d'abord les laîcptes et les séparer des clercs pour
les soustraire à leur religieuse influence, et
comme ils étaient en très grand nombre, la rage
satanique des païens n'avait encore pu atteindre
les deux chefs qui commandaient ce corps d'élite :
Marien et Jacques. Ils sorlaienl, eux aii«^si, de leur
cachot ténébreux, mai* c'était pour endurer
devant la foule quelques supplices nouveaux, et
quand les yeux des assistants s'étaient lepns et
fatigués de ce spectacle, il restait à leur fureur
une ressource : les prisons de l.ambèse.
Toutefois, ces sorties fiéquenlcs ét.iient une
éloquente pn'><licaiion, et de leur vivant m^me.
les deux martyrs en recueillirent les fruits.
car ils eurent la ploirc de gagner par l;i au Christ
de nombreux témoins.
l'n Jour, un des spectateurs, frappé de leur
héroïque constance, laissa la (zr.lce pénétrer dan-
son à me. Il venait de formuler au fond de son
cu?ur l'acte de sa conversion, quand, soudain, la
splendeur du Christ illumine «un vi<a.e. Les
t'Piitils le remarquent et se le montrent du doigt:
mais lui sans se tronlder : " fui, j'embrasse la
religion de ces martyrs, s'rciia-l-il d'une voix
claire et puissante, et je veux être martyr comnif
eux! »
Une profession de foi si inattendue ne laissa
p«s de surprendre les témoin» de cette sc^iie; le
courage et la fermeté Hii nouveau converti ni
tardèrent pas h recevoir lenr récompense. Sa
tète tomba sous b' 1er du bourreau. Il avait méril''
par sa correspnn lance à la l'nVe de partager la
cloire des confesseurs de Jésus-Christ.
LE FESTIN DU CIKL
Uarant cette longue attente, où Tesprit desdeux
martyrs ('tait affilé dans une aliematire de vie
et de mort, une nouvelle Msion vint consoler le
cœur lie Ju'-ques et de Marien.
Agapiu'^, ce saint évi^que dont nous avons
fiarlt^ plus haut, avait depuis longtemps remporté
a palme du martyre. Or. par une permission de
Dieu, A^-apius vint visiter Jacques dans sa prison
alors qu'il refaisait s(s forces dans le repos de
la nuit. Use montra visiblement à lui, au point,
qu'ébloui par IVclat de sa gloire, Jacques ne put
s'empt^cher île s'écrier : « yue je suis heureux '.
Je vais rejoindre Ayapius, je vais m'asseoir avec
lui à ce Daii.jui t céleste! » Et il se réveilla en
disant : .. Oui, je l'ai vu, Asapius. Il était entouré
d'une année de confesseurs de la foi qui ontélt-
enfermés avec nous dans cette même prison, l'n
festin rninmun les réunissait, et Marien et moi,
emporlé-s par un esprit de dilertion et de charité
que Je ne saurais définir, nous courions ù ces
afiapes s|iirittielles, quand un enfant que je
reconnus être l'un des deux jumeaux, immolés
sur les bras de leur nién>, se présenta de\ant
nous et nous dit : > Où courez-vous si vile?
Héjouissei-vouset tressai lleid'aliéçresse, demain
vous prendre! place avec nous a ce banquet
éternel. »
DAMS LA VALLKK DE CIRTHA
Mais, déjà, le gour a lui ; l'heure approche où
la sentence délinitive du préfet va réunir au
cha-ur des palrian'lies et des confesseurs nos
deux {{lorieux martyrs et beaucoup d'autres avec
eux.
Les portes des prisons s'ouvTcnl. .Marien et
Jacques, suivis d'une l>-j;ion de chrétiens, sont-
conduits sur le lieu du triomphe, (^est une vallée
profonde enloup'e de di-ux collines i|ui servent
de gradins à et amphilh>'àtre naturel. La vallée
est Iraverst'e jiar un lleu\c qui roule doucement
ses ondes. Kiontot, ce seront des Ilots de sang
qui couleront dans son lit.
Les martyrs sont sur le lieu du supplice; mai»
ils sont en si (.'rand nonibri' que l'exécution devra
être forcément longue et p-'iiiMe. Le bourreau se
trouve en face de tout un peuple de martyrs dont
In léle est destinée au (.'laive. (Jue lera-t-il iiour
abréger ses coups'/ l.a barbarie de cet esclave,
habiliié' à verser le sang et à abattre les télés, ne
s'elfraye pas dune aussi odieuse besogne. Il
imagine un ingénioux système. Il fait ranger les
martyrs en lile ù la suite les uns des autres, et,
selon la coutume, il leur bande le» yeux avant
d'arroniplir son nuel niiiiisliTe.
Mais, Uindis (iiie ■•■ bourreau dérobe à ses vir-
tjfni'- Il . I.ii I' ■lii i.iir. le Christ qui les soutient
et - les illuniilie de SCS ilief-
fal! '' - léfc'ions de mailyrsel de
tainto viennent au-devant d'eux avec des palme»,
et des chii'urs ;iii;;'lir|ui's, télébraiit à l'envi »ur
1rs harpe» ■■' ' iir triiim|die prorhain.
Plusieurs il iniix martyrs rai-onuienl
aux témoin» d< !■ ur .supplice qu'ils voyaient des
COM!-i"r«. h 1.1 l'IuM'Il
U
C'ii
!• i-niiiérc, monli-s par de
robes plus éclalantt's que
imaient ent«-nilre les fré-
• t le bruit d<' leurs po*.
"udain d'une inspira-
tion divine, il s'écria : « Païens, vous allei nous
mettre à mort, mais l'heure de la vengeance
céleste approche. La main de Uieii va s'appe-
santir sur VOU-- et le jour n'est pas loin où vous
gémirez tous sous le poids de sa colère. La cap-
tivité, la famine, la peste, les tremblements de
terre, tous les tléaux «'iilin, envoyés par le .Sei-
gneur pour cliAtier les mécréants, vous feront
expier les crimes que vous allei commettre. .Mais
faites votre u'uvre. nous ne pouvons rester plus
longtemps sous vos coups. »
A peine avait-il achevé ces paroles prophéti-
ques, que le glaive du bourreau lui trancha la
télé. Les autres télés tombèrent successiveiiient
sous le fer meurtrier.
I.a victoire étail complète.
LA MERK DU MARTTR
Or, la mère de .Marieu était présente au sup-
plice. Comme autrefois la mère des Machabées,
elle éclata en transports de joie quand elle vil
son (ils bien-àinié baigné dans son propre sang.
Elle se précipita sur lui et couvrit de baisers sa
chair qui palpitait encore. Ses lèvres étaient col-
lées sur la plaie sanglante, par où s'était échap-
pée la vie du corps, et elle ne voulait pas quitter
celui (|ii'elle avait porté dans .son sein et nourri
de son lait. Mais, sans resiiect pour la teiidr
matenielli', le bourreau aéroba le corps a -■ -
einbrasseiiienls et le lit disparaître ignominieu-
sement avec ceux des autres martyrs.
C'est le qualre des liones d'avril, de l'an de
Jésus-Christ i'.'t'J, qu'eut lieu cette hécatombe de
chrétiens, massacrés ù lu fois dans la vallée de
Cirtha.
Cirlha, grice à la bravoure de nos sold.ii<
est devenue une terre franeaise. En souï ■ ii
du grand Constantin, elle avait ehaiigé son n 'rn
en celui de Constantiiie qu'elle a t^ardé d:-puis.
Voici, d'après .M. Caretlo, capilainede génie et
incinbre de la (Àminiission scieiitiliquc d'.\L i '
un document pn-cieux qui nieiitionnc ce m i-
sacre, c'est une inscription découverte r«-ieni-
ment à Constanline, et qui se trouve gravée sur
le roc :
DIE lin NOUAS APRILIS PASSIONES ■ARTiRVI
SANCTORVM HORTENSIUM RARIANI ET
lACOBI DATII APRI RUSTICl CRISPim
DONATI iELITVNIS PASTORIS SILVANl
EGPYTII ET OiMIVi
OVORVM NOMINA SCIT IS QVI FECIT
f Le ((Uatre des noue- d'avril, p.i
Mint» martyr» de la valh'e : Mnrien
nativiis,.\per. UuKticui.C.rispiiiiiN.Konat, Mtii: ii
Pa^^lor, SiK.iiti, Kfvptiu» et de Inus les aiili • -
dont li-s noms sont ' l'r m.
Le sens du mol /
'■ lis. Il lie h
I ■-. .Nous I •
j .1 . . . |Ue celle v.il.
pités le» miirlyrs dfvait éii
•.en*» l'.ii !• * i trilm^ di- l.i ^
qui »
plus
liTo» de la foi
Saint Manrn et saint Jacques, pne> |ioU( uoo»:
E. PrriTiiEMRr, Imp. -ycranl, H, rue Kraiivoi» I*", Pari».
SAINT PHILIPPE ET SAINT JACQIES, APOTRES
Fête le /" mai.
LA MULTIPLICATION DES PAINS
Avant d'opérer le miracle, Jésus avait dit à Philippe : n Comment pourrons-nous acheter du
pain pour nourrir ce peuple? n Et Philippe avait répondu : « Pour en donner un peu à
tout le monde, U en faudrait pour deux cents deniers. »
(D'après la Bible de Schnorr. Paris A. \V. Schulgen.)
SAINT PHILIPPE
Saint Philippe f'tail do la ville de Betlisaida en
• ialilée, patrie de >aintl'ierre et de saint André. Notre
divin Sauveur, d>''S les premiers jours df sa vie publi-
que, le renrnntra et lui dit: ■■ Suis moi. .. Philippe,
Ijili'le àla L'ràre de la vocation divine, laissa sa famille
et suivit Jésus-Christ. Tout joyeux d"avoir reconnu
en Jésus de Nazareth le Messie attendu depuis tant de
siéries, Philippe se liAte de faire part de cette bonne
nouvelle à Nathanai'l son ami : •• Nous avons trouvé
Celuidontilest parlé dan» la loi de Moïse elles écrits
des prophètes : Jé^us de Na/arelh, fils de Joseph. —
Peul-il sortir quelque chose de hon de Naiareth? »
ré|iondNiUi.-inai-l, qui savait hien que le Messie devait
natre .1 lli'Mil'cm, la ville de llavid, ain'<i que l'avait
annoncé le prophète Michée.<c Viens et vois, » reprend
Philippe, persuadi^ qu'il lui suffirait de voir Jésus
pour reconnaître en lui le Fils de Dieu.
Jésus, voyant venirNathanael, dit de lui: <• Voici un
vrai Israélite, au ca'ur droit et sincère. — D'où me
cnnnaissei-vous'? dit Nathanarl.— Avant que Philippe
ne vous appelât, quand vous étiez, sous le linuier, Je
vous ai vu, dit le Sauveur. •• dr, Jésus ne pouvait, de
'icience humaine, connaître ce détail. "Maître, répon-
dit vivement Nathanaèl, vous êtes le Fils de Dieu, vous
èies le roi d'Israël. — Parce que je vous ai dit: je
vous ai vu sous le fieuier, cela vous suffit pour croire,
vous verrez de plus crandes choses, repritle Sauveur.
Kii vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel
ouvert et les ani'es de Dieu montant et descendant
sur le FIU de l'homme. .. (Saint Jean. M
Trois jours après, Philippe assistait aux noces de
Cana, «t royait le premiT miracle de Jésus, miracle
opéré à la pritre de Marie. L'ann<^e suivante, il fut
choisi pour être du nombre des douze Apôtres.
Quand la multitude suivit Jésus-Christ au désert,
c'est à Philippe que le divin Maître adressa cette pa-
role : « Où achclerons-nous du pain pour nourrir
cette foule ? — Quand même on achèterait du pain
pour deux cents deniers, répondit Philippe, cel.i ne
suffirait pas pour en donner & clirvcun un très [n'iit
morceau. » Ôr, remarque l'Evangéliste, Jésus lui
avait fait celte question pour éprouver sa foi, car il
savait bien ce qu'il allait faire. Ce qu'il allait faire,
c'était le célubrc miracle de la multiplication dei
pains.
Le dimanche Ji'çPiumeaux.aprèsrentrée solennelle
de Jt'siis a J' I. cleni, des Gentils (qui venaient pro-
bablfuieiil (I l'.i -;:;i) s'adressèrcnt a Philippe comme
al un des piiiicip.iux de la suite du Sauveur : u Nous
voulons voir Jtisus m, lui dirent-ils. Philippe en parla
à André et tous deux présentèrent ces étrangers a
Jésus.
Au moment de la dernière cine, comme Notre-
Seigneur parlait aux Apôtres de son Père céleste, et
leur dis. ' ' '■ i ; le son Père et qu'il retour-
nait a - r, dit Philippe, montrez-
nous V., V .. =^.<i assez. — Depuis si long-
temps i| ivec vous, reprit Jésus, vous ne me
connais "■•• ' l'iiilii n. r.iui qui me voit,
voil au- lime, qui nous
initie au^ . ■; , iiilé et nous en-
seigne qne le Père et le ïiia sont au seul et même
Dieu.
SAi!fT pnairpi aphAs u piimcAn
Rpropli de fnrr-e,delumi^e<»ld'«mourpar l'Esprit-
Sài •.:."' ;■:'., ;;.■ avec
U- 1 . ces
S.i.
d-
Ai L u (1 Ll M I" 1 1 . 1*1 «Il ' ■ : 1 I il
C' i fers, et saint Jacques
I,
ipérieure échu-
ff- . ir- : II /'vaiiL'i'-
h- I
S'' - .1 ■ ■ . . , , -
sieur: auteiim aiirii-iis comme saint Isidore de Séville,
saint Julien de Tolède, le vénérable Uède affirment
qu'il préclia dan? les Gaules. D'autres pensent qu'il
s'agit ici non des danles, mais de la Galatie, colonie
gauloise d' Asie-Mineure.
Quoiqu'il en soit, ce saint Apôtre donna finalement
à sa prédication le glorieux témoisnage de son propre
sang, dans la ville d'Hiérapolis en Phrygie. L'une des
principales divinités de cette ville était un gros
serpent, le peuple l'adorait et on lui offrait de l'en-
cens et des sacrifices. — 11 n'y a guère d'ailleurs de
contrée où le démon, qui a jadis perdu l'humanité en
prenant la forme du serpent, n'ait pris un cruel plai-
sir à se faire rendre hommase par le culte de ce mal-
faisant reptile. — Saisi de compassion pour ce peuple,
saint Phihppe se jette à terre et supplie Dieu ae déli-
vrer ces malheureux de la tjTannie de Satan. Dieu
exauça sa prière et le serpent expira aussitôt.
A la vue du cadavre de sa vaine idole, le peupl" se
montrait disposé a accueillir la foi nu Dieu vivaiii et
véritable, mais les l'oniifes pa: '-,
endurcis dans leur erreur et \ i,
font arrêter l'.^pôtre, il c- u
prison, puis battu de vei
]'.'■• ■ ' li
de la
, : ^ i.iiirir,
les conjura de ne pas le priver ' t
sur la croix comme son divin '.« ^r
prié pour eux et pour toute rtfilisi-, il remit son
àme entre les ninino de son Créateur. Il y avait viiigt
ans qu'il tr ii salut des âmes. Le» chrétiens
ensevelirei ■ ^ avec respect. Plus tard, une
partie fut r .... ^
Home dai:
,1 : i|iiM l'-'- a I i l' »
[ar les Crois'*?,
cath*"-"!-- '•• '1'^''
Av.-,
saint '
qui (■'.
On <i
Herniioiie.
Greca le 4
-:. u,... r- .,1 (.1." u> .„.,,->,. ,.H
Saint Philippe est le patron da !.:
^ re Jésa»-C! 111,
11' pll|^i<>ur
i ertus les pren.
' est lj mém'
I- sous Adrien et IMée par les
SAINT JACQUES LE MLXEUR
APOTRE, ÉVÊQUE DE JÉRUSALEM ET MARTYR
.Saint Jacques, surnommé le Mineur, pour ledistin-
; ■ ' • >■ ■ l'i ■ ' ,1
''iiw. Il»* .i '.,in<i, rn Uaiii''*'. iiiv u ■iizainr u iiiiiiocs
avant Jésus-Cbrist. 11 était HIs de .Varie, liaiUM à»
11. .t..... .■^.. ....... ........ .».. aI n..i>l ..Ate*
seph, Simon et Jude, ce demierainsi que Jacques furent
reçus par le Sauveur au 11 ' ' '- ' t
les deux autres raMrwit
avaMd' '■-■' •■ H'-H>r''
la divi ■
dtres,
■-« : ils
>■ i.niire a
iQ Sauvew,
■icbée, oom-
•ensée «awre
r vrai
CI*opha- •: ',!• '■•■ --...-... .
■Ame
Il éuadonc d« la tribu d<'
Seicn'-ur ^' I-m la ■li/nr. il ..
.). vien 0k l•■^
l'.il/- .1,1 i,. f,. <ii; m'tnTTil tir
m..i- ..( . . an lui Ui. • d' • i n .i .in .
Maître rtmauU au ciel. Jacquosavait trou IrteM, io- 1 iic mau^oi.nl point jusiju n cr ^uc Jenus fût <•
cité. Le jour même de sa glorieuse résurrection,
Jésus lui apparut et, lui ayant demandé du pain, le
bénit, le rompit, et le lui offrit en disant : « Ne fais
pas difficulté, mcm fri^re, de manger, car le Fila de
l'homme est ressuscité. »
SAINT JACQUES, évÂQUE DE JÉRDSALSII
Après la Pentecôte, quand les Apôtres se parta-
gèrent le monde à conquérir, saint Jacques fut
établi érêque de la ville de Jérasaiem; aussi était-il
considéré comme le père de tous les juifs convertis,
et son autorité était grande dans la primitive Eglise.
Au concile de Jérusalem, il prend le premier la
parole, après saint Pierre. II fut toute sa vie 6dèle
aux pratiques de la loi de Moïse, qui n'étaient plus
obligiatoires, sans doute, mais n'étaient point encore
défendues; il fut l'Apôtre spécial des Juifs et l'on a
dit de lai, avec raison, que sa mission avait été de
conduire ave 3 honneur la synagogue au tombeau.
La Rédemption par Jésus-Christ et la fondation de
l'Eglise, venaient de faire succéder le Nouveau Tes-
tament à l'Ancien ; mais l'Ancien avait été la prépa-
ration du Nouveau, c'est pour cela que Dieu l'avait
établi, et il méritait un dernier hommace. Au reste,
le Nouveau Testament n'est t>oint l'ennemi de
de l'Ancien, mais il est l'Ancien Testament lui-
même, accompli et perfectionné |'ar Jésus-Christ,
ainsi que l'avaient prédit les prophètes.
Saint Epiphane alïirmc que saint Jacques est
demeuré vierge toute sa vie, et saint Jértme le
propose comme on parfait modèle d'innocence et de
piété, de pénitence et de charité. 11 passait fréquem-
ment de longues heures en prière, généralement i
genoux, et souvent la face contre terre; on rapporte
m^me, que, par un privilège réservé au seul grand
prêtre des Hébreux, o^ lui permettait au temple de
Jérusalem d'entrer dans le Saint et jusc^ue dans le
Saint des Saints pour offrir à Dieu ses prières.
En sa qualité d'évêque de Jérusalem, il portait
autour de son front, dans les cérémonies, une lame
d'or, comme le Riand prôtre juif.
Toute sa vie, il garda l'abstinence de viande, ne
mangeant jamais rien qui eût eu vie; il ne buvait
que de l'eau, et par mortification, il n'usait point
de parfums, ni de bains, quoique cela fut ordinaire
de son temps.
Enfin, son incomparable sainteté loi valut, de la
part de ses contemporains, le surnom de Juste, titre
qui lui était donné, non seulement par les chrétiens,
mais encore par les juifs infidèles et plusieurs de
ces derniers recard^^rent plus tard la ruine de Jérur
salem comme un châtiment de la mort injuste
((u'ils avaient fait sabir a ce saint homme.
L'ÉPITBB de saint JACQUES
Le plus beau souvenir qui nous reste de saint
Jacques, c'est sa magnifique épllre, qui est au
nombre de ses sept canoniques, reçues par l'Eglise
comme inspirées de Dieu. Elle est adressée à tous
les Juifs convertis dispersés sur la terre. Il leur
montre qu'il ne suffit pas d'avoir une foi stérile et
morte, il faut une foi véritable et conséquente avec
elle-même, c'est-à-dire une foi qui prouve qu'elle
est vivante par les bonnes œuvres qu'elle produit;
il les console au milieu des persécutions de leurs
frères restés infidèles; il les encourage à la cons-
tance au milieu des tentations, & la docilité à la
parole de Dieu, à la charité fraternelle vis-à-vis de*
pauvres et des petits; leur enseigne à bien gou-
verner leur langue, à éviter les divisions et les div
cordes. Il termine par quelques instructions sur
l'Extrêrae-Onction des malades, parle de la confes-
sion, de l'efficacité des prières du juste et des
mérites de ceux qui convertissent les pécheurs.
SAmr JACQUES FIDÈLE A JÉSDS-CHRIST JUSQD'aO MARTYRE
Le saint évéque de Jérusalem ouvrait chaque
année les yeux à beaucoup de ses compatriotes et
les amenait à la foi de Jésus-Christ. L'an 81, à
l'approche des fêles pascales, solennités qui ame-
naient toujours à Jérusalem un grand concours de
peuple, de nombreux Israélites vinrent consulter le
Juste au sujet de Jésus-Christ. Jacques leur prouva
par les écrits des prophètes que Jésus est le Messie,
et plusieurs, qui étaient des principaux de la nation,
se convertirent.
Les Juifs infidèles, déjà furieux d'avoir vu saint
Paul échapper de leurs mains pour se faire conduire
à César, ne purent plus contenir leur rage contre
saint Jacques. Ananus, fils de ce grand-prêtre Anne
qui avait fait amener Jésus à son tribunal, fit com-
parattre saint Jacques devant le sanhédrin, et après
de vaines et hypocrites louanges, lui déclara qu'il
confiait à sa haute sagesse la défense de la loi de
Moise et le soin d'éclairer le peuple séduit par les
disciples de Jésus de Nazareth. L'évêque fut cor-
duit sur le haut de la terrasse du Temple et les
princes des prêtres lui crièrent : •< Juste I nous avons
confiance en toi, on trompe le peuple au nom d'un
imposteur crucifié ; parle et dis-nous la vérité sur
Jésus! » Le majestueux et doux vieillard contem-
plant la foule immense qui se pressait sous ses yeux,
éleva la voix et s'écria : ■< Pourquoi m'inlerrogez-vous
sur Jésus le Fils de l'homme '? Il siège dans les cieux
à la droite de la Majesté divine et un jour il revien-
dra sur les nuées du ciel. » A ces mots un vaste
frémissement agita la foule un momentsilencieuse :
« Hosanna au Fils de David ! » crièrent ceux qui
avaient embrassé la foi. • Hélas I dirent avec dou-
leur les Scribes et les Pharisiens, le Juste lui-même
est donc séduit! » Et s'élançant sur la plate-forme
du temple, ils précipitèrent Jacques du haut en bas
pour lui broyer la tête sur le pavé.
Tojt brisé de sa chute,. le saint vieillard eut
encore la force de se relever sur ses genoux et de
prier Dieu pour ses bourreaux : « Seigneur, disait-
il, pardinnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. »
Mais les Juifs voyant qu'il vivait encore s'écrièrent:
Lapidons Jacques le juste! et déjà ils oomnienoaient
à lui lancer des pierres, quand un prêtre, de la
race des Rechabiles, s'interposa : « Arrêtez! dit-il,
que faites-vous ? n'entendoz-vous pas le Jui^le
qui prie pour vous'? • Mais pendant qu'il pjirlnit, un
foulon asséna sur la tête de Jacques un grand coup
de son levier et l'étendit mort. C'était le jour de
Pâques, 10 avril. Je l'an 60.
L'évêque martyr fut enseveli non loin du temple
dans un tombeau taillé dans le roc. On lui donna
pour successeur son frère saint Simon ou Siméon.
Quant au grand prêtre Ananus, il n'échappa pas
mieux que son frère Anne à la vengeance divine;
désapprouvé par le gouverneur romain, dépouillé
du pontificat par Agrippa roi le Chalc.ide et arrière
petit-fils d'Hérode l Iduméen, il périt enfin étranglO
par une faction de ses compatriotes.
La plus grande partie des relique* de saint
Jacques le Mineur se trouve à Rome dans l'église
dfs Apôtres près de celles de saint Philippe. Tou-
louse, Anvers et Compostelle en ont aussi des frag-
ments. L'église de Saint-Jacques du Haut-Pas A
Paris en possédait également, mais la Révolution
les a détruites.
LE DIACRE SAINT PHILIPPE ET SES QUATRE FILLES
Fête le 6 juin
Le diacre saint Philippe, qu'il ne faut pas con-
fondre avec l'Apôtre du même nom, eut l'honneur
d'être cboisi avec saint Etienne pour être l'un des
sept premiers diacres.
Après le martyre de son héroïque collègue
saint Etienne, il vint annoncer la divinité de
Jésus-Christ dans la ville de Samarie. Sa parole
était appuyée par l'éclatant témoignage de nom-
breux miracles, guérisons de boiteux, paralytiques
et autres malades. Les Samaritains dont la religion
était un mélange de judaïsme et de paganisme, et
qui eux aussi attendaient le Messie, furent dans
une grande joie en apprenant ces bonnes nouvelles
prouvées par tant de prodiees; beaucoup se conver-
tirent. Simon le .Magicien lui-même qui avait séduit
la ville par ses prestiges, se faisant appeler la
grande Puissance de Dieu, reconnut que le mes-
sager du Christ était accompagné d'une puissance
supérieure à la sienne et demanda le baptême.
La nouvelle de ces conversions remplit de joie
l'Eglise de Jérusalem persécutée ; saint Pierre et
saint Jean descendirent à Samarie pour donner aux
nouveaux baptisés le sacrement de conlirmation.
Cette effusion de l'Esprit-Saint fut signalée par
divers prodiges. A cette vue, Simon le Magicien, qui
songeait toujours à se faire passer pour un être
extraordinaire, offrit .1 saint Pierre une grosse
somme d'argent pour recevoir lui aussi le pouvoir
de donner l'Espril-Saint. Le prince des Apôtres
flétrit par des paroles sévères cette sacrilège audace,
invitant Simon à faire pénitence s'il ne voulait
attirer sur lui les châtiments du ciel. Mais l'orgueil-
leux Simon préféra aller continuer ailleurs ses
«Tentures de magicien, et devint le premier
hérésiarque.
Peu après un ange ordonna à saint Philippe
d'aller sur le chemin qui conduisait de Jérusalem k
Gaza. Le saint diacre y arrivait quand il aperçut le
char d'un homme qui revenait de Jérusalem par ce
même chemin.
• Approche-toi de cette voiture, lui dit l'ange, et
mets-toi près de l'homme qui est dedans. ■ Ce
voyageur était un des premiers mini.'vtres de Can-
l'vx reine d'Ethiopie, u revenait de Jérusalem oii
il était allé adorer le vrai Dieu, et retournait en son
pays. Il lisait en ce moment ce passage des pro-
phéties d'isale : ■ 11 a été livré 4 la mort comme
une brebis et comme un agneau qui ne crie point
entre les mains de celui qui le tond, il n'a point
ouvert la bouche; par son humilité on l'a jugé contre
toute sorte de justice. Qui pourra raconter sa généra-
tion? car il a été arraché de la terre des vivants. •
■ Comprenez-vous ce que vous lisez? demanda
saint Philippe. — Comment le pourrais-je, si per-
sonne ne me l'expliaue », répondit le voyageur. Et
faisant asseoir près de lui ce passant qui lui parais-
sait instruit, il lui demanda : ■ De qui parle le
prophète en ce passage? est-ce de lui-même ou
d'un autre? » Philippe lui expliqua alors comment
le prophète annonçait en ce passage la passion de
notre doux Sauveur; il (It connaître k l'étranger
toute l'histoire de Jésus-Christ et la nécessité de
recevoir le baptême en son nom pour être sauvé.
La grâce toucha tellement le ctpur droit du voyageur,
qu'étant arrivés auprès d'une fontaine, il dit à Phi-
lippe : • Voici de l'eau, qui empêche que je sois
baptisé? — Si vous croyez de tout votre coeur en
Jfsus-Christ, rien ne l'empêche, dit le diacre. » Ils
liescendirent aussitôt du char, l'illustre étranger
fut baptisé ; la c-'-rémonie achevée, il n'aperçut plus
Philippe que l'ange venait d'emporter; il continua
sa route remerciant Dieu de la grâce qu'il venait
de recevoir.
Quant ti saint Philippe, il se trouva dans la ville
d'Asoth, ville de l'ancien pays des Philistins, jadis
célèbre par le séjour de l'arche sainte. Il y continua
ses prédications et porta la bonne nouvelle en
beaucoup d'autres lieux; d'anciennes traditions
rapportent qu'il alla jusque dans l'Asie-Mineure et
même en Ettiiopie. Mais son séjour habituel était la
ville de Césarée en Palestine, sa patrie où il habi-
tait avec ses fllles. Avant d'entrer ilans la carrière
apostolique, il avait vécu dans l'élat du mari.ije •t
avait été père de quatre filles. Toutes les iiuiii'.
devenues de ferventes chrétiennes, avaient r.
leur virginité au Seigheur, vivaient dans une .
•sainteté et Dieu les avaient honorées du d'Hi île
prophétie. L'apôtre saint Paul et l'évanfléliste saint
Luc revenant de (irere â Jérusalem et ; ^" - -
(^'•sarée, reçurent l'hospitalité dans >
maison. Elles furent ensevelies â Césan-
restes de leur père; et sainte Paule, '
plus tard, eut la joie de visiter leur d^_....
était encore debout.
iu;|> jrranl i'IIl>iit\|i T. 1, ruc trtl.',"ll I", i'tXK.
SAINT ATHANASE, DOCTEUR DE L'ÉGLISE
Fête le 2 mai. — iv« siècle.
Saint Athanase naquit à Alexandrie, métropole
derEKjrpte, vers l"an296. Ses parents, qm étaient
chr.Hiens et recoramandables par leur pieté,
relevèrent dans la véritable doctrine du chris-
tianisme. Lorsqu'il fut suHisamment instruit dans
la f-rammaire et les autres
sciences ordinaires, saint
Alexandre, qui devait être
évêque d'Alexandrie, le retira
d'entre les mauis de ses pa-
rents, et réleva, comme un
autre Samuel, dans le temple
duSeicneur.il étudia plusieurs
années dans une sainte école
et de vint parfait théolof.'ien, en
lisant avec beaucoup de soin
les écrits des anciens docteurs
de l'Ealise.
.\aé d'environ vini-'tans, saint
Athanase entendit parler de
saint Antoine, dont la réputa-
tion était dès lors répandue
partout. Il alla le voir avec le
désir d'imiter ses vertus si ra-
res, demeura avec lui pour se
former à la piété sous sa con-
duite, et il se (il honneur de
lui avoir présenté l'eau quand
il lavait ses mains, comme
Elisée faisait au prophète Elie.
A son exemple, il embrassa la
vif relieieuse, qu'il continua
même étant é»éque.
En ce temps-là, Pierre, pré-
décesseur d'Achillas, sur le
sièi-'e d'Alexandrie, par son
indulgence pour le^ chrétiens
qui avaient offert de l'encens
aux idoles pour éviter la mort,
c\ qui s'en repentaient, avait
déplu àMèléce, évéque de Lyco-
polis; Mélèce se sépara de la
communion de Pierre et forma
un schisme; ses partisans
prirent le nom de mélèriens.
Arius, lyhien de naissance et
diacre de l'Efilise d'Alexandrie,
Kc jnianit aux schi^inaliques.
Ni'-.iiimoins, par un repentir
hyporrite, il parvint à yauner
les bonnes ^r.'icps d'Achillas,
jialriarche d'Alexandrie, qui
i'éleva au sacerdoce et le mit
a la tête d'une paroisse de la
ville. Sous le patriarcat d'A-
lexandre. .\riiis inventa une
nouvelle dnclrine .ur le Verbe
Inr.-irné afllrmant, mntre l'E-
rrilure Sainte, qu'il n'était
'lu'une simple rréaliire. Saint
Mexandre l'excommiiuii.
Vers le même temps, ravi de
li-rienceei(le la sainteté d' Athanase. le patriarche
I r.l'.nnadiarreet le mena avei lui aiicoiicilede
\ii ée, en llithynie, composé de trois renldix-huit
■ vêque». Quoique jeune, il aida le bienheureux
Saint Athanase.
flCaprés I.T fre»qu(^ de Kra Anf^elico,
dans la cliapelle de Saiiit-N icula9,au Vatican
vieillard de ses conseils, lui montrant en toutes
choses le chemin qu'il devait suivre. C'est à ce
concile que, simple diacre, il renversa, par la
force de ses ari-'uments, les subtilités d Arius,
s'attirant ainsi l'admiration des Pères du Concile
et la haine implacable des
ariens, qui jurèrent dés lors
de le perdre.
Cin<) mois après le Concile,
Alexandre, chargé d'années et
démérites, rendilsabelleàme
à Dieu, après avoir désigné
pour son successeur le diacre
Athanase, suivant l'ordre que
Dieu lui en avait donné. 11
l'appela plusieurs fois, puis,
comme il ne paraissait point,
parce qu'il s'était enfui , il
ajouta parespritprophétiquc:
<• Tu fuis, Athanase, mais lu
n'écliapperas pas. » En effet,
tout lu peuple et le clerfjé de
l'Efilise d'Alexandrie le choi-
sirent unanimeinenl pour
successeur d' .Alexandre, et il
fut sacré en présence et au
bruit des acclamations de
tout te peuple. Athanase
comptait à peine trente ans.
Les ariens n'avaient point
oublié les splendeurs de sa
doctrine qui avaient dissipé
leurs ténèbres. Iteiiiplis do
fureur, en voyant Athanase
patriarche d'.\lexandrie. ils
mirent tout en œuvre pour le
faire déposer.
Ils commencèrent par l'ac-
cuser auprès de Constantin
d'avoir obligé les Egyptiens
à lui payer tribut en faisant
la visite de son diocèse. Il se
lava do ces calomnies devant
l'empereur, qui le renvoya
vers son peuple en le comblant
d'éloges.
Comme il persistait à ne
point recevoir Arius dans la
communion de l'Eglise, mal-
gré les menaces de l'empereur,
mais que, au contraire, il
avait persuadé à Constantin
que l'Eglise catholique ne
pouvait avoir aucune com-
munion avec une hérésie qui
déclarait la guerre à Jésus-
Christ, Eusébe de Nicomédie,
Eusébe de Césarée, les mélé-
ciens et les ariens redoublè-
rent de ruses et d'artilices
( auprès de Constantin, qui se
laissa enlln surprendre par
(le nouvelles accusations contre Athanase. Il
piTinit aux évê jucs ennemis de sa doctrine A'-
rassembler un concile à Tyr, pour y examinei
sa cause. .Saint Athanase y vint sur l'ordre de
11
l'empereur, et, afin d'Ater à ses ennemis tout
yifite^le àe If décrier di- nouveau et de dire qti'il
refusait dVA^ir (lar.'* qu'il se sentait ooiiftaMe,
il ainena avec Idiqu.naute-ueufiMéijues d'K(,'ypte,
tiilre autres, les illustres confesseurs, Paphuce^
et Polamon.
Quand •-aint Athanase fut entré au Concrle, on
1.- lit ,1. .1. urrr di'bout. rniimii' un areu>(' devant
i'oUwKin fti -t"' - • i- - larmes. Ui, il ftit
ifi etime alvinm iildi'; H. en effet, nti
a« miheii due ^«xiqitanaBseinWé* ui»«>
Mi<i-»nn.' <ii!'nrn«?e (>aT les ariens, qui
'.cria que l'- iiiana^e avait arcMnpIi
mille aOt«s épri, -.et l'avait eonihli-e .le
liiAsent* pmir lui 1 iiitf i.'«rder le silence. Saint
Athanase était .nerti. il avait rdncerlé ce qu'ij
devait faire ti\-*c Pnn «l»" se's pi
Timotliee. Stninié de r^^^ndre .i
lion. ^ 1 , !«• silmee. M
se t'^i^ ' 'f-mmt'. lin dit :
«4.IIIM, . >,- i.i lendei que \ou!> m^vez vu
cliM von< ni(» ilé^limii-rer ? •<
Lîi '• ••" • '' '" Miiin
vers I ' dn
iloiti - :... 1 i., - i'lu«
liant :
• Oai,o*ent •»ftn«-in*mc! <•
Pois elle ainuLii les ciroflHS-
tances de temps ei de lieu
ave* ffrand Irafat d» paroles.
In immeti»* éclat de rire
acoamilil un* aerusatinn ni
mal rnnrerlée «'t M habile-
iiii'nl d'Iriiile. t.l cenx qui
,i\a>ent ftit vi-uir lellr rxmiii*
■n»a-
îituulliée.
ii^e. iltli vn«-
I.,.. ;; autours de la
calnimnie.
M al:: ré i > I ( c uipmi^re
liMfile. l'a i en
lumult'' ért-
crimes plus iiiipnrtanl^a exa-
miner, <7u'on ne s'en juntiliait
pnint par^ulitilit-, mais qu'il
«iittlsait d aviiirilesypux pour
en «>lre con» iinm. Ils acc4i-
s.TiPtit AthamsM d'nvnir tué
Ai-«>énp, e' l-<-ifn.qoi s'était catdbé
.iNOiren'- ue« rensnres.
On avaii -.r-in. ■ • •— '"^ — ^-rlre le
hriiil de s.i inml (i :i Mre
I .iBl'nr. et laioii m. m- . i.i ■ -^e
' ^ iii.iin-. (''iir servir ii dr« (■■
.|ii'-^- IN f"i iiien'. <'n cflet. uni :
mus-. p| Il • îil |i:iTiiln' «•elte main '
.1 1 1 ■ .r . 1 : I > ., I 'riL't''lli e- . •
ncment de ceux qui connaissaient Arsène est
iiapossiMe à redire : ils le croyaient mort depuis
I' nfttemps ou <ki moins fort éloi;.'ni'. Arsène
s'ilait présenté rouvert de son manteau, de sorte
<T«e ses mains ne paraissaient pas. Saint Atha-
nase eji découvrit une en levant un cAté du nian-
teaTi. On se demandait s'il montrerait l'autre.
• f^ qu'il lit en levant l'autre coté du manteau.
VI ors il s'adressa àloni le concile : « Voila Arsène
.ivee. ses A^ux rnains: l>ieu m nous eu a point
donné davantate : rVsi à mes accusateurs de
■liercber "ù poufait être plaeée la troisième, ou
a vous d'examiner d'oà vient celle qu'on vous
montre. • Les arien* s'érrièrenl qu'Atbauase
(tait un raat'icien, qu'il IromjMii lesyeui par ses
prestiges. Ils se jeti rent sur lui avec lareur. et
l'auraient mis en pièces, si le comte Arcliélails
et les autres ofHàers de l'empereur ne l'avaient
arraché de leurs mains.
Lii victoire que •-.•lint Athanase remporta sur
Ms accusateurs ae rendit point sa ciiu-" in.-iii.'ure
àltrur» vfioi. Ils ' ■lit
de lépiscofial p . lot
duOoiieiie.ct lui détendirent
de relotn-Mor h Aleiandriu,
de peur d'y exciter do nou-
venrx troubles. Pendant
iin'ils étaient occiipésà
(irosser 1<*ur Menleiice iaiquo,
s.'iint Athanase sortit «ern te-
miint de Tvr, et tint a Conv
tautiii'
(lereu!
I I III 'titi ' I
lilede 'lyi
à CiiP'-t""'
^on <!•
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lui faire prâee i
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AttaBMaan priao
et nat. >
Sâal Atbananc se rendit à
rsça par ConiOatin le J'hik .
reaped, H jiar Mint Mav
Tr»-vrv. ii\r. lu iiu. ni il I
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le ^eiKiicur ju;{era «uln> »«us
TrèviM, fiu il fut
.'iM'i' heaiiooup de
i> «\«qttC de
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iionfiis. !■ I —
i-ri- d liornui. -es ami*
I rame, niianilsdinl Atlia-
«in peu lie silcnii., i|
■ I •«•emliléi- cniinin»"»!!
' lit I II éinnnt (|u'ils
■ •m»n«. AW-To «aint
1 !!■ '
mmi
son 11
['our
M are iik, il n ) eut
M d» turliitleiit.» h
.1 AlcxaUillK qui lui I ■
et leur pire Cepein:
lui-m-'Hir. (
un triomphaleur. Mais les ariens redoublèrent
de rage. S'appuyant sur Constance, empereur
d'Orient, qui prit leurs intérêts, ils assemblèrent
un Concile à Anlioctie, déposèrent Athanase une
seconde fois , et élurent à sa place un prêtre
égyptien, nommé Piste, pre'cédemraent condamné
par saint Alexandre et le Concile de Nicée.
Athanase, de s^n côté, rasseml)la un Concile de
cent évêquf~ à Alexandrie, ou sou innocenre fut
reconnue et proclamée. Les deux partis eu appe-
lèrent à Home.
Suint Athanase s'y rendit en personne pour
détendra aa cause. C°e«t là qu'il Ct an latin la
profesMB de loi que l'E^ilise cliaule sous le nom
de SvBhsfe de sain' Athanase. Le pape Jules le
confir«a4ans la rnninjuiiion de rE;.'lise etlrtppa
les béiiétique* d'un nouvel auatliéme. Hais cette
sentenmse put rétablir le Saint but sou siège.
Il demeara en'-nre trois ans à Home, où il fonda
la vie Bonastique.
La vie .le saint Atbana^e n'est qu'une repro-
duction de ce= premières scènes. Il est toujours
persécuté et toujours vainqueur. Rétabli sur son
siège par Constance, qui céda
à la prière et aux menaces de — "
son frère Constant, il fut per-
sécuté df, nouveau, à la mort
de ce dernier, par les arieus
et l'empereur Constance lui-
m4me, et déposé dans deux
Conciles, à Arles et à Milan.
Toutefois, saint .\thanase
était demeuré à Alexandrie,
où il adressait à bien de fer-
ventes prières pour le
triomphe de la vérité. Cons-
tance résolut alors de le faire
sortir d'.Alexaiidrie par vio- 'J^^f^i!
lence. 'voici comment saint
Atliana--e raconte lui-même
i'événein''nt :
" Il ét-iit nuit : le peuple, _
ns^emljl-dansVédise. faisait -p, ■/
Il veille pour la fête du len- _- /
demain. Le chef militaire, y ;. - __y
Syriacus, apparuttout àcnup
avec des snld.its, au nombre
de plus de cinq mille, ayant des armes et des
épées nues, des arcs, des flèches, des lances; il
les ranse autour de ré;;lise. Moi, qui ne trouvais
pas juste, dans un si grand dé-:ordre, d'aban-
donner mon peuple, et qui préférais m'exposer
le premier au péril , m'étant assis dans ma
chaire, j'ordonnai au diacre de lire le psaume l.'!6',
el je dis au peuple de répéter le refrain, l'arc-
'/lie aa muèricorde est éteiiiflle, et de se retirer
ensuite chacun dans sa maison; mais le chef
s'étant élancé dans le temple, et les soldats
as>-ii'i;eant de toute part le sanctuaire pour me
saisir, le peuple et les prêtres me pressent, me
«upplient de prendre la fuite; je refuse de le
f.iire avant que chacun d'eux soit en sûreté.
.Métant donc levé et ayant prié le Seigneur, ^e
les conjurai- île se retirer : J'aime mieux, disais-
je.éire en péril que de voir maltraiter quelqu'un
Je vous. Plu<iieurs étant déjà sortis el les autres
-e prépar.'int à les suivre, quelques solitaires et
qiieljue» [irêtres montèrent jusqu'à moi el m'en-
ti.iin'Tent ;elaiini, j'en atteste la supr-'me vérité,
m il;.'r<'' tant de soblatt qui assaillaient le sanc-
liiiii. . m ilLTé ceux qui entouraient l'église, je
la conduite du >ei:;neur. et j'échappai
VII, glorifiant 'ui Inut le Seigneur de ce
,ue je u avais pas trahi mon peuple, el do ce
que, l'ayant mis d'abord en sûreté, j'avais pu être
sauvé moi-même et me décober aux mains qui
voulaient me saisir. » .
Pendant qu'on donnait le soin de son Ealise à
un certain Geort'es, homme d'un caractère féroce,
filus capable de perdre, de ravir el de massacrer
e troupeau du Seùmeur que de le protéuer el île
le nourrir, saint Athanase se retira dans les
déserts d'Ei'vpte. On mit à prix la tète de
l'auguste hu.'itil, on le chercha partout, mais
aucune menace ne put arracher aux moiBes le
secret de sa retraite. Pour ne pas compromettre
ses b6tes généreux, qui aimaient mieux mourir
que de livTer le saint docteur, il se r'>!irrt rdus
avant dans la solitude, et ri
dans une citerne sans voir ? n
même la lumière du soleil, a 1 exi ei"ti(m il m.
fidèle qui lui apportait les choses nécessaires > t
les lettres qu'on lui écrivait, et cela au péidl de
sa vie, tant était -violente la persé'-utianxrienne.
Constance vint à mourir, ct Julien rAjjo^lal,
par ostentation de tolérance, le rappela deTexil.
Kieu de merveilleux comme la récefition que les
fldéles d'.Alexaadrie lui fai-
saient à chaque retour d'exil.
Ce n'étaient que festins pu-
blics, fêtes solennelles, can-
tiques de louanges et d'actions
de grâces à Dieu; on dressait
partout des estrades pour le
voir passer, on montait sur
les arbres et sur les toits ; ses
triomphes surpa^^saicnl les
triomphes des empereurs.de
sorte que pour dire qu'un
prince avait été bien reçu en
Ei'vpte , on disait qu'on lui
avait fait autant d'honneurs
^ qu'au grand Athanase.
Cessnintesjoieset la parole
du pontife causaien t tant
d'émulation à la vertu parmi
le peuple, que plusieurs
jeunes filles, destinées au
mariage, faisaient voeu de car-
der leur virpinité. et un grand
nombre de jeunes gens em-
brassaient la vie monastique. In des premiers
soins de saint Athanase, après son retour des
solitudes d'Kgypte, fut de travailler à rétablir la
|iureté de la loi, en rassemblant un Oucile.
\ jieine les travaux en étaient-ils terminés, que
Julien, lev.nnt le masque de l'hypocrisie, envoya
un édit à Alexandrie, par lequel il ordonnait à
saint Athanase de quitter son siège au plus vite.
L'amour des .Mexandrins pour leur évêque ne
leur permit point de le laisser enlever sans s'y
opposer. Ils écrivirent à Julien qui, pour toute
réponse, fil marcher des armées vers .Alexandrie
pour y prendre Alhanase.
()l'li:;e de sortir, te Saint essuya les larmes des
fidèles qui venaient lui dire adieu, en les assu-
rant que cet orape ne serait pas do longue
durée, car le règne de Julien ne devait avoir que
la durée d'un nuace qui passe. Poursuivi sur le
Nil par les émissaires de l'empereur, ceux qui
l'accompacnaient lui conseillèrent de s'enfuir
dans le de'sert. Il n'en lit rien, mais marcha
droit vers celui qui avait ordre de le prendre.
■• (Kl est Athanase? lui demande l'officier. — Il
n'est pas loin «, répondit le saint évêque, el.
tandis que lofficier continuait sa poursuite, il
revint à Alexandrie.
Julien l'Apostat mourut bientôt, comme l'avait
Saint Athanase, de retour de l'exil, est reçu en triomphe par son peupîe.
prédit Athaiinçe; pI. sous Jovieii qui lui succéda,
rKylise compta qnplques jours de paix.
Jovien mourut moins d'un an après son avù-
iiemcnt au trc'iiie. \ aleiis, qui lui succéda, porta
un édil parlo(iuel il exilait tous les évéques rap-
peli's par Jovicii. Kn conséquence, les maf^istrats
d'E^^yptf voulun-nt obliger Athanase de quitter
^on Lylise. Cette fois, le peuple se révolta et
prit les armes. Athanase, pour éviter de plus
:;rands dt-sorilres, sortit secrelementd'Alexandrie
pour la cinquième fois; il alla se cacher à la
campa^'ne dans le tombeau de son père, et y
demeura quatre mois.
Il reprit eiilin !•' soin de son E^^lise après la
condamnation de \ alens par un Concile de Home,
pour ne plU'- la quitter i|u'à sa mort.
Saint Athanase. apréh avoir (gouverné l'Eglise
d'Aleiandiie penilaiil quarante-six ans, après
avoir soutenu un nombre presque infini de com-
bats pour la défende de la vérilabli' foi et rem-
porté autant de victoires, alla expérimenter au
ciel la liéatitudede ceux quisoulTrent persécution
pour la justice.
Sa mort arriva le 2 niai de raniiée :i"3.
Voilà le^xand >ainl Athanase, docteur du Verbe
de Iiieu. D'une foi profonde et inébranlable, d'une
admirable pénélraliou et d'une prudence (jue ses
ennem is ne mi rentj.imais en défaut, d'une fermeté
que rien n'ébranla, il parut comme tin soleil, tou-
jours semblable à liii-iiiénie depuis sa première
apparition jusqu'à son déclin.
" Uuand vous Irouverei une sentence des écrits
de saint Athanase, disait un ancien, si vous n'avez
fdint de papier, il la faut écrire sur vos habits. •
1 y en a une surtout qui e«l comme le pro-
f^rainme de toute sa vie et qui doit être dans les
temps actuels le proj-ramme de la nùtre : DccW
nos uoii tcmpoii sci/ Ihuninn srnire. Il convient que
nous soyons, non les esclaves des temps et des
circonslaiiie'i, mais les serviteur> de Dieu. 0 très
bon docteur Athanase, lumière de lo Sainte
l.yli^e, amant pa<sioiiiié de la loi divine, prieï le
Kils de Dieu de la jjraver dans nos cu'iirsl
Le corps de saint Athanase fut d'abord déposé
ilans l'énlise de Sainte-Sophie, à Oni^tantinople,
puis transféré à Venise en I4l>i. Cependant, le
chef du Saint ne "-e trouve plus dans cette ville.
I.a France a hérité île celle précieuse relique.
(In la vénère à Scmblanvay, dans le diocèse de
Tours,
\wf.-ceraml, t. PrntanniT. », rue Krançol» i". P.iii'
SAIM ALEXANDRE, PAPE ET MARTYR
Fête le 3 mai.
Alexandre et Eventius, miraculeusement préserves des flammes où les avait jetés
Aurélien, appellent Théodule à partager leur triomphe.
LE SEPTIEME PAPE ET LE PREFET DE ROME
Sainl Alexandre, né à Rome, fui le sixième
successeur de saint Pierre. Plein de zèle, d'intel-
ligence et de vertus, il fut élu pour succéder
à saint Calixle, l'an 108, sous le rè^ne de Trajan.
Pnnlife d'une ■< sainteté incomparable, >> il était
jeune encore, mais plus sage que les vieillards,
disent les Actes de son martyre, dont nous
empruntons en partie la traduction à M. l'abbé
Darras (I;. Par sa parole et ses miracles, il fit
dans Rome une multitude de conversions, spécia-
Ipmpnt parmi les classes élevées, et conquit
à Jésus-Christ une partie du sénat romain.
Hermès, prdfet de Rome, se convertit à son tour,
(I) llutoire qéné<alr de VÈ^lUe, t. VII.
après avoir vu son fils qui venait d'expirer res-
suscité par saint Alexandre. Hermès fut baptisé
le jour même de Pâques, avec sa femme, sa
sœur, ses enfants, et 12o0 esclaves qui leur
appartenaient; ces esclaves devenaient en ce jour
leurs frères en Jésus-Christ; Hermès leur donna
à tous la liberté, leur distribua une partie notable
de ses biens, et donna le reste aux pauvres.
LE TBIBUN Ol'IRINL'S — UN ANGE A LA FÏNêTBE d'iN
CACHOT — UN BAPTCHK EN PRISON
k la nouvelle de CvS conversions, l'empereur
Trajan, alors en truerre avec les Parthes, se hâte
d'envoyer d'Asie à Home le maître des milices,
Aurélien, avec ordre de mettre à mort tous les
adorateurs de Jésus-Chri'-t.
376
Aussitùl arrivé, Aurélien fait arrêter le l'ape et
le préfet de Rome; on les traîne en prison. Sur
leur passade, la populace, ameutéo par les pon-
tifes idolùlre^,pt>us^aientde!.crisde morl : « Qu'on
les brûle vifs, disait-elle; ce sont eux qui rendent
uos temples déserts et qui ont détourné des mil-
liers d'hommes du rulte des dieux! »
Le préfet Hermès fut conûé à laparde du tribun
militaire (Juiriiius. c Comment, lui disait cet
officier avec une sympathie sincère, comment
un patricien tel que vous, un lieutenant de l'em-
pereur, avei-vous pu perdre à plaisir un poste
éminent pour l'échanyer contre des chaînes
réservée» aux plus vils criminels? " Hermès lui
répondit: <• Je iiai pas perdu ma préfecture, je
n"ai fait que I.i déplacer. Ine dignité terrestre est
soumise à toutes les vicissitudes de la terre, une
divinité céleste est éternelle comme Dieu même!
^tjuoi! s'écria le tribun, avec la sagesse que nous
admirons en vous, vous avei pu vous laisser
séduire par une doctrine si insensée ! Vous croyei
qu'il reste quelque chose d t nous, après cette
vie, quand notre corps est réduit en cendres, qu'il
suflit d'un souflle pour disperser'.' — Moi aussi, dit
Hermès, il y a quelques années, je riais d'une
telle espérance et n'estimais que cette vie mor-
telle. — Mais, reprit Quirinus, qui donc a pu vous
faire changer de sentiment? Quelles preuves
avez-vous eues pour croire? Faites-les moi con-
naître; je croirai peut-être à mon tour. •■
Hermès répondit : <> Tu as en ce moment sous
ta garde le prisonnier qui m'a convaincu, c'est
Alexandre. »
A ces mots, (juirinus éclata en malédictions
contre Alexandre, et s'écria : " Mon cher maître,
illustre Hermès, je vous conjure, rentrez dans
Totre grade; revenez à vous-même; votre patri-
moine, votre famille, toute votre maison vous
seront rendus. Alexandre n'est qu'un imposteur.
Aurélien m'a chargé de vous dire que si vous
ronsentei à sacrifier aux dieux, rien n'est perdu
jiour vous. Je vous demandais quelles preuves
avaient déterminé votre résolution, et vous me
nommez un misérable magicien, un scélérat que
j'ai fait jctir dans une bassr fo^se! Ivst-il bii-ii
vrai que vous ayez pu être séduit par cet artisan
de crimes? .Mais un paysan serait ù peine le jouet
d'un pari'il charlatan, qui sera liientAt hrùlé vif.
S'il est »i puissant, que ne se délivre-l-il lui inêinc
et vous avec lui? — Les juiff, reprit Hermès, ont
dit la m''me parole à Jésns-Christ, mon Maitr>-,
quand il fut sur la croix : "Ou'il descende, disaient-
ils, et nous croirons en lui! ■■ Or, si Jésus-t^hrist
n'avait pas eu horreur de leur perfidie et s'il
n'avait pas riiimii tlairement leur mauvaise foi,
il serait r-'-flIrnient iles-endu de la croix en leur
'l leur serait apparu dan» tonte sa
- Kli bien! dit nuiriiiU'<, s'il en est
à votre Aleiaiidre, je lui dirai :
1 .• |8 rroie h ton Oieu? Je vtis fnire
' r le n'iiiihru Je tes chaînes; t. >
lu suuprr dans le CAchol d li "i
tel miracle, je croirai. <>
iMiilil d.-ini j.i |iii.<iiii irAb tiiidre.
I . ■ >.M:
je voit
Le tiil'iiu
lui (it retlr j
(■.irH"» h «• '
.\1. i ,
prières : <' Mon Seigneur et mon Oieul vous qui
m'avez fait asseoir sur le siège de Pierre votre
apôtre, vous m'êtes témoin que je ne veux point
me soustraire à la passioii et à la mort qui
m'attendent. Accordez-moi seulement dé me
conduire ce soir à votre serviteur Hermès, et
faites que demain matin je sois de retour dans
ce cachot. >■
Or, à l'entrée de la nuit, un bel enfant qui
paraissait à peine âgé de cinq ans et tenait à
la main une torche allumée, apparut au pri-
sonnier et lui dit : « Suis-moi. » Puis il ouvrit )a
fenêtre scellée, et prenant le pontife par la
main, il le conduisit à la cellule d'Hennés et
disparut; les drux martyrs miraculeusement
réunis se mirent en prières, et Quirinus, en
apportant le repas du soir, les trouva dans cette
attitude. Sa stupeur, son elTroi.ne lui permirent
pasd'articuler une parole : il paraissait foudroyé.
<< Tu as voulu un miracle pour croire, lui
dirent-ils, tu vois le miracle. Crois donc à Jisus-
Cbrist, Fils de Dieu, qui exauce ses serviteurs, et
qui a promis de leur accorder tout ce qu'ils lui
demandent. » Quirinus avait eu le temps de
reprendre ses esprits. ■■ C'est peut-être là, répon-
dit-il, un des prestiges de votre masie? — Quoi!
dit Hermès, est-ce donc par noiri^ volonté que
nous aurions pu briser, sans Kaisser de traces,
les portes de ton cachot. Tu as triplé les jjardes
et cependant nous voilà ensemble. Crois donc
enfin, il n'y a pas en ceci d'autre magie que la
puissance de Jésus-Christ, ce Dieu qui rendait la
vue aux aveugles, guérissait les lépreux et res-
suscitait les morts! » Puis il lui raconta l'histoire
de sa conversion, comment il avait eu !a douleur
de perdre son fils malgr-'' les sacrifices offert» pour
lui à Jupiter Capitolia et comment Alexandre
avait, par la puissance du Christ, ressuscité le
jeune homme et rendu la vue à sa nourrice qui
était devenue sveui;le.
Au récit de ce* merveilles, Quirinus sentit son
ccpur de père s'émouvoir. « J'ai, dit-il, Ralhinn,
ma fille, que je comptais mari«'r bient('it. Il lui
est survenu un goitre au cou . -la et je
croirai en Jésus-Cliri^t. .\r lui dit :
" Détache celle choJne dont un a clim .:i; uion cou,
fais-la toucher à lu fille et elle sera ;.'Ui'rie. >'
Quirinus hésitait, il ne savait s'il devait laisser
les deux captif-* réunis. ■■ Meferme la porte du
cachot à la manière accoutumée, lui dit le pontife ;
demain matiu je serai dans ma prison, i'
Le lendemain, à la première heure du jour,
Quirinus ouvrait la porte du cachot d'.\lexandrc,
qui s y trouvait, en clTel. l<u ^eiilicr n'était pas
seul. Ilalbiiia sa lille, miraculeusement guérie,
I .1' < .iiijp.i^iiail; il se protlerna aui pied« du s.^inl
martyr, et, f^indont en l.xrmi's. il dit : « "■'
je vous en conjure, inlercé.lei pour iii'
ilu Dieu dont vous l'IC' 1 ,u il m
pardonn'' mon incréduli: ma fille,
votre j'ai fait ce «|u« vvu» ui'aTe* dit,
elle.
Quinnu» était converti \ 'i
Combien y a-t-ll de cay ■<•
— Environ une viii|;t4une. i tribun.
— Ififiinn-'-toi «il III c^t i|iirl.|'. , riiiii'iix.
qui aient été incarcérés pour le iiom du Christ. »
Quirinus fit celle enquête et revint bientôt dire
au pontife: "Il y a nn prêtre àj-'é, nommé ETentius,
et un autre venu d'Orient, nommé Théodule.
— Va, lui dit Alexandre, et amène-les moi. »
Le tribun ne se contenta jias d'amener à
Alexandre les deux prêtres; il réunit autour du
successeur de saint Pierre tous les autres pri-
sonniers. • Ceux-ci, dit-il, sont des voleurs, des
adultères, des assassins, tous char;:és de crimes.
— C'est pour les pécheurs, dit Ale.xandre, que
Jésus-Christ Notre-Seicneur est descendu du ciel,
il nous appelle tous à la pénitence et au pardon. »
Commençant alors à les instruire, il leur parla
avec tant de force et J'efficacité que, touchés
de ses paroles, ils demandèrent le baptême-
Alexandre char(,'ea les prêtres Eventius et Théo-
dule de les recevoir au nombre des catéchumènes
et de continuer leur instruction. Bientôt, Quirinus,
Balbina sa fille, tous les membres de sa maison
et tous les captifs reçurent lo baptême; la prison
semblait changée en une église.
COMME.NT UN CHRÉTIEN SAIT SACBIFIER LES DIGNITES
TERnBSTBBS FIXTÔI OIE DE RENOiNCBR A SA FOI
Le f:;reffier dénonça à Aurélien tout ce qui
venait de se passer. Ce lieutenant impérial fit
immédiatement appeler Quirinus : > Je te voulais
du bien, lui dit-il, tu m'as indi{;nement trompé:
te voilà dupe de cet Alexandre! — Je suis chré-
tien, répondit Quirinus. \ ous pouvez me flageller,
me jeter aux llamnies, me trancher la tête, je ne
serai jamais autre chose. Tous les prisonniers qui
étaient sous maiiarde sont chrétiens comme moi.
J'ai supplié le poctife Alexandre et le patricien
Hermès de quitter leur cachot, je leur en ai
ouvert les portes, ils s'y sont refusés; ils aspirent
à la mort comme un affamé à un festin; mainte-
nant, faites du moi ce que vous voudrez..
— Insolent dit le maftistrat, demain je vais te
faire coupt- r la lan^'iie et l'ap|iliiiuerà la torture. •>
Quirinus eut en effet la langue coupée, et fut
étendu sur le chevalet; après ce supplice, on lui
roiipa sQcessivcmenl les mains et les pieds; enfin
Aurélien donna l'ordre de le décapiter et fit jeter
son corps aux chiens.
Durant la nuit, les Frères calevèrent secrète-
ment ses précieii.x restes et les ensevelirent
ilans le cimetière" de Prétextât, sur la voie
Appienne.
flalliina, fille de Quirinus, consacra sa virginité
au Seijjneiir. l'n jour, .\lexandre, la voyant baiser
respectueusement ses chaînes : " Cherche?, plutôt,
lui dit-il, les fers qu'a portés le bienheureux
Pierre, voilà ceux qui méritent votre vénéra-
tion. " Kalbina, en effet, fut asse». heureuse pour
entrer en possession de cette précieuse relique,
qu'elle légua plus tard à Théndora, sœur d'Her-
mès, et que l'on vénère encore à Rome.
Hermès ne fut pas moins couratieux que son
ami dans sa fiilélité à Jésus-Christ et eut la tête
tranchée. Théodora, sa sœur, recueillit son corps
' t l'ensevelit dans la catacombc de l'ancienne
'■nie Salaria, près de Home. Aurélien (it éi;ale-
iiient sai-ir tous les prl'ionniers baptisés par
Alexandre, on les embarqua sur un navire
d-semparé qui fut coulé en pleine mer.
MARTYRE DK SAINT ALEXANDRE — l'K ANGE DANS Lk
F0CRN.M5B AHDE.NTE — LE TEMPS DE LA aiSÉRI-
CORDE PASSÉ
Le saint pape Alexandre remercia Dieu de leur
tritauphe, et se prépara lui-même à ses derniers
combats. Au tribunal d'Aurélien, il parla avec
une autorité et une majesté dignes d'un Pape.
« Sais-tu bien, dit le fonctionnaire étonné, que
tu n'es point devant un juse ordinaire, je suis le
délégué de Trajan, le maître du inonde! — Pre-
nez garde, reprit Alexandre, la toute-puissauie
dont vous vous faites gloire sera bientôt réduite
à néant. » (Cette prophétie ne devait pas tarder
à se réaliser : Trajan mourut peu après, et Auré-
lien le précéda dans le tombeau.)
Alexandre fut étendu sur le chevalet, les lic-
teurs se mirent à lui déchirer les flancs avec
des ongles de fer, et ils tourmentaient les plaies
saignantes avec des torches enllainmées. Ce sup-
plice dura longtemps, le martyr était calme et
priait en silence. « Tu ne parleras donc pas'?
cria le juse impatienté. — Durant la prière,
c'est avec Dieu que le chrétien parle, répondit
Alexartdre. — Insensé?, dit .\urélien, tu n'as pas
quarante ans! pourquoi perdre à plaisir ton
existence? — Plût à Dieu, dit le Pape, que vous
ne perdiei pas, vous-même, votre âme immor-
telle! „
En ce moment, la femme d'Aurélien lui envoya
dire : « Mettez Alexandre en liberté, c'est un
saint. Si vous persistez à le torturer, la ven-
geance diùne éclatera sur vous, et j'aurais le
malheur de vous perdre. — Alexandre est jeune,
répondit Aurélien, demandez à ma femme si ce
n'est pas la raison du tendre intérêt qu'elle lui
porte. » En réalité la femme d'.Vuréliea était
chrétienne, et son mari l'ignorait.
Le pontife, épuisé par la perte de son sang, fut
détaché du chevalet, et l'on amena les deux
prêtres Théodule et Eventius. Aurélien s'adres-
sant à Alexandre : •• Dis-moi, lui demanda-t-il,
qui sont ceux-ci"? — Ce sont deux saints, deux
prêtres, répondit Alexandre. — Couinicnt te
nommes-tu? dit le magistrat au plus ùgé. — Mon
nom parmi les hommes est Eventius, dit le
prêtre; mais je suis chrétien, et tel est mon nom
spirituel. — Depuis quand es-tu chrétien, reprit
le juge. — Depuis soixante-dix ans. J'ai été bap-
tisé à l'àj-'e de onze ans; à vingt ans je fus
ordonné prêtre. J'ai maintenant quatre-vingt-un
an». Cette dernière année de ma vie a été la plus
heureuse pour moi, car je l'ai passi-c dans un
cachot, pour le nom de Dieu! — Prends iiitié de
ta vieillesse, dit .\urélien. Abjure le Christ,
j'honorerai tes cheveux blancs, tu seras l'ami de
l'empereur, et je te comblerai de richesses. » Le
vieux prêtre chrétien répondit: « Je vous croyais
quelque sagesse, mais votre ccpur est aveuglé,
il refuse de s'ouvrir à la lumière divine. Cepen-
dant il en est temps encore, embrassez la foi véri-
table; croyez en Jésus-Christ, fils du Dieu vivant,
et il vous sera fait miséricorde. » Le matiistiat
haussa les épaules et fit éloigner Eventius sans
lui répondre.
Théodule rerut l'ordre d'apprnrhcr du tribu-
nal. << Et toi aussi, dit-il, voudra^-tu compter
pour rien les ordres que je te donne au nom de
l'empereur? — Ni vous ni vos ordres ne sauriei
m'elTrayer! s"écria Théodule. tjui (Hes-vo^is,
vous qui torturez les saints de Dieu"? Qu'a fait
Alexandre, le saint pontife, pour mériter les
supplices que vous lui avez inflipés".' — Espères-
tu donc y éohapper loi-mèrae? demanda .\uré-
lien. — X Dieu ne plaise, s'écria Théodule ; Dieu
ne me refusera pas la grâce d'être associé à ses
martyrs. »
Cette parole lit naître dans l'àrae d'Aurélien
une pensée qu'il crut merveilleuse. Il donna
l'ordre d'atlaclier dos à dos .Vlexandre et Even-
tius, et les lit jeter tous deux dans une fournaise
ardente. Ouant àThéodule, il voulut qu'on le tint
prés du four embrasé pour y être témoin de leur
supidice, mais sans le partager. Cependant le
miracle des i*ompat'nons de Oaiiiid se renouvela
en ce moment. Du milieu de> llammes, ,\lexandre
s'écria : ■• Théodule, mon frère, viens à nous.
L'ange qui apparut aux trois jeunes Hébreux est
ici à nos crttés, il te garde une place! n A ces
mots, Théodule, échoppant aux soldats, se préci-
pita dans la fournaise. On entendait les trois
martyrs, libres dans les llamme.s, chanter la
parole du psaume : <■ Seigneur, vous nous avez
éprouvés par le feu, i-l il m- s'r>t trouvé en ni>u>
aucune iniquité! "
Aurélien, furieux de ce |irndi;;e qu il allrilniait
à la magie, les lit retirer de la fournaise. Even-
tius et Théodule eurent la tête tranchée.
Alexandre, réservé à un supplice plus doulou-
reux, eut tout le corps percé lentement par des
pointes d'acier, jusqu'à ce qu'il rendit l'Ame
(3 mai de l'année 1 ITi.
Aurélien insultait à leurs cadavres quand il
entendit une voix du ciel ijui lui disait : ■• Ces
morts que tu outra<;es sont maintenant dans un
lieu d'éternelles délices, mais toi tu vas descendre
en enfer! »• Saisi d'horreur, le magistrat rentra
dans son palais, tremblant de tous ses membres.
Il appela Sévérina sa femme. " J'ai vu, lui dit-il,
un jfuiie homme au visage élincelant. Il a jeté
à mes pieds une verge de fer et m'a dit : Auré-
lien, lu vas maintenant recevoir la récompense'
Un tremblement nerveux s'est emparé de moi,
la lièvre me dévore, que faire! Invoque ton Dieu
pour moi, prie-le de me faire miséricorde. »
Sévérina répondit: '■ J'irai moi-même ensevelir les
saints martyrs pour qu'ils intercèdent pour nous. -
Elle alla donc, et dans un de ses domaines, au
septième milliaire de Rome, sur la voie Nomen-
tane, elle déposa de ses mains Eventius et
Alexandre dans le même tombeau. Théodule fut
enseveli seul dans un sépulcre à part. Les prêtres
de Home et tous les fidèles avaient accompagné
les corps des martyrs. Ils demeurèrent réunis
pendant que Sévérina revint en toute bâte auprès
de son époux. Aurélien était en proie au plus
violent délire; une lièvre ardente le consumait;
des paroles incohérentes sortaient de ses lèvres;
parfois cependant il lui échappait des impréca-
tions contre lui-même; il se reprochait son
crime, c Infortuné, dit Sévérina, vous avei
méprisé mes conseils! La main de Dieu s'appe-
santit sur vous. " ItienttU .Aurélien expira dans
des convulsions atroces. Sévérina se revêtit d'un
cilice; elle vint se prosterner sur la tombe des
martyrs et ne voulut point quitter ce lieu. Plus
tard, lorsque le pontife Sixte, élu pour succéder
à saint .\lexandre, fut arrivé d'Orient, elle obtint
qu'un évéque y célébrerait chaiiue jour les saints
mystères. Ce sanctuaire fut en effet longtemps
desservi par un évéque.
Plus tard, après les persécutions, i|uand les
catacombes cessèrent d'être fréquentées à cause
des ravages et des incursions des barbares, le»
reliques de saint Alexandre et de ses deux com-
pagnons furent transférées à Home dan» l'église
de sainte Sabine. Mais en notre siècle, en 1844,
des fouilles ont fait heureusement découvrir dans
les catacombes, sous les débris d'un autel, le
tombeau où furent ensevelis, après leur martyre,
saint Alexandre et saint Eventius, et, dan» un
oratoire à d'île, le tombeau de saint Théodule.
Saint Alexandre avait occupé la chaire aposto-
lique durant huit ans et cinq moi». C'est lui qui
ajouta au canon de la messe les quelques mois
(|ui rappellent le souvenir de la Passion de Notre-
Seigneur; il a aussi recommande aux tideles de
ne pas négli|;er le salutaire usage de l'eau bénite,
institué par les apiMres, mais d'en emporter dans
leur maison, pour éloigner les puissances infer-
nales.
r;<T,in.'. l„ {•i..riiii.Mn. S, rur Kr«nrnj« I". l'iri»
yii.iii mt ■■!»! HIBIWI lM—»g—«»»M
SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE
FU?iDATEUIl DE L'IKSUTCT DES FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES
fêle le 4 mai.
Saint Jean-Baptiste de la Salle distribue sa fortune aux pauvres,
à la porte de la première école chrétienne, à Reims, sa ville natale.
Dieu est admirable dans les dispositions de sa
Providence : au moment ou l'enseif-'nement con-
gri'saniste est devenu l'objet d'attaques passion-
nées et de pers(?culions incessantes, et où les
ennemis de la vérité s'efforcent de le proscrire
des écoles publiques, Dieu a fait resplendir sur
la terre, au milieu de l'Eglise militante, quelque
chose de la gloire immortelle dont jouit dans le
ciel celui qu'on peut bien appeler le patriarche
des Concrégalions enseignantes. Saint Jean- Kap-
tisle de la Salle l'a bien été, en effet, et si les
divers Instituts qui, dans la suite, se sont donné
cette belle mission, ne l'ont pas eu pour fonda-
teur direct, tous, en France du moins, se sont
inspirés de son œuvre, et lui ont emprunté, en
grande partie, ses procédés et ses méthodes.
CE qu'était le fondateur des fbfres
>é à Reims, le .10 avril fiîSl, Jean-napliste de
la Salle appartenait à une noble maison qui
.irait donné à l'armée et à la magistrature des
hommes éminents; il aurait donc pu. lui aussi,
aspirer à une position élevée selon le monde,
li'aulant plus qu'il était l'ainé de la famille.
Mais il tourna de bonne heure ses regards vers
|f sanctuaire et se sentit doucement incliné à
se donner à Dieu.
' Dès l'âge de huit ans, il suivit les cours du
collège de l'Iniversité de Heims. Le zèle avec
lequel il se livra à l'étude ne nuisit eu rien à sa
piété, car il se montrait parfaitement assidu aux
oftices de l'Eglise et y ajoutait même de nom-
breuses pratiques de dévotion particulière.
Au lieu de contrarier sa vocation, .ses parents
eurent le bon esprit de la favoriser, tout en
l'éprouvant, comme c'était leur devoir. Honoré
de la tonsure dès l'âge de onze ans,.lean-Hap-
tiste ne tarda pas à attirer l'attention et à mériter
l'estime de ceux qui vivaient avec lui. 11 avait à
peine c-eize ans lorsque, selon un usage de
l'époque, un vénérable chanoine résigna sa pré-
bende en sa faveur; c'était Pierre Dozet, ancien
vicaire général, chancelier de l'L'niversité de
Reims et archidiacre de Champagne. Jean-Rap-
liste prit possession de son canonicat dans l'il-
lustre Chapitre de la métropole de Reims, qui
s'honore d'avoir compté parmi ses membres
saint Rruno, le bienheureux l'rbain ]l et les
glorieux pontifes Sylvestre II, Adrieu IV et
Adrien V.
'Juoique placé sur la voie des honneurs, le
jeune chanoine ne perdit rien de sa modeste
simplicité: il se montra parfaitement assidu au
chœur, tout en continuant ses éludes, rorul les
• irdres mineurs, prit le Brade de maître rs arts.
10
travailla à se sanctifier, et enfin voulut aller
faire sa théolof-ie au Séminaire de Sainl-Sulpice,
pour se fortifier de plus en plus dans le? vertus
qui conviennent à un eccle'sia?tique.
Il y avait dix-huit mois qu'il e'tail à Paris,
lorsque la mort Je son père, qui avait suivi de
près celle de sa mère, le fon a de retourner à
Reims, à cause de sa qualité de chef de famille.
If ,1. .,. n .1 .„s cette circoiist.ini-e, des preuves
d'ui • remarquable, veilla à IVducatioii
,If( •; -u m- . .1;: i-cileursétudes et les
tel point que deux
: !;ins les Ordres et
qu une de se^ '^use.
pour lui. '! 'If^s de théologie
:\fi de
1111 iiH :
il fui oi
-• ..■ Il j'"vir .ic l'ii'iueç. i,
<|uise était si grande, qu':^
Iteims. i:
lque<
UQNumrrQtl
ij|£NT.Itt»
On ^■<lrlu dt) cette parolb duSkuveur:*. Alitez,
oei
M.
■ ^1 tD\i > lu
llll'lll
«uetri'x qui
au xvii* ><it< )
foiidtftions, en ruinant les
vents qui le» entretenaient.
juri's, et tous ceux qui fai
lii'T, nVtnienl ni asser.
l terribles
" au xv!" et
11! >!.• ces
rel
tii I
-It: liiributiun qu'ils
u .lit pour en éloigner la
le besoin d'une Conffr^ialion
ti'IIlMlllJ.
Vi:. iLi.'kllt.-i t i. .tiu ,-..rr. lin rillMi
!.. SI...
immenses services rendus à l'Efilise et à la oivi-
lisatiou par les Jésuites, les Lazaristes, les mis-
sionnaires, les Su'urs Je Charité et même par les
humbles Ordres contem|Jatifs, dont la douce et
pacifique mission se renferme dans la prière et
la pénitence?
Au xvir siècle, les hommes de foi étaient
comme tourmentés de cette idée, qu'il fallait J'
iii'iii.' ni!H Coiii.'ré(;ation spécialfiiirnl vniéc .':
!' iieul Ju peuple. Le pie..
à .il:» L'n prêtre qui aui..
Je» suints et du salut, se ferait moilro d'éioln et
parla arriverait à se faire canoniffir. ■ l.:i vIIIb
Je Moine venait d'en offrir un
Josepli Calazunz. C'est sc^s ce
Si- foiraa à Paris, en lii41t, uno ..
pi'iùres ayant pour but unique <h
Oieu Thomme capable d'une telle *-:
i'l:iit placée sous le putrona;:e Je
; N incent Je Paul. .M. i''
I IlourJoiee étaient à la
lous porto, i penser qi. i.i.in.ii
nir résultat éloigné 1 uiiii Jea
''•'^ Hcole» cl^réti^■uuft^> ■•■ •■ ■• .uudaleur
:^ ' u Jb mois a(irùs, eiiiaviil liîSI.
lUMKMT, u'AUHÉ jF.vn<iiAi>Tisre ni: u\ suuë. Earirnub
SlUl NUiTB UK I.A l-RUVIlIfLNUli.
l'ii II'.—', vivr.it r\ Ilnurii u;i Ir.uic MrJllltfnr,,
|.„i ii-~ >
P. Itarré,
'•.cV-.'.nl. h. ui
m IT .lUX j'
■ '•■ ■'■
vill.
lies Je chanté de
lui» pour e.n ouvi ii .
l.lle lui remit une bltre pou.
i-.banoiiir le la métropole il
tant :uel elle I
>'i. !ll C"ltli-.
•Ile
>ii(r
I.I11UI' , I Ultll
'■ in> U voin
l il ■■• i.ril
revivre
'nr", il
•i laiic >Frtii a I
Ji>» i^pB«, \n* aJ
ri
'Ui. iiui navAieut
. Il I , ' I ' ip
klc J(! U
Salie réussit à lesremflacerpard'autresplus fer-
yenls, etcouliiiuades'occuperd'eux avec uue sol-
licitude qu'il s"ex[)li')uail d'autant, moins qu'elle
e'tail accouipiijiue'e d'uue répUfruauce réellepour
ce genre de Tie. ilais euliii, dil-il lui-m'>nie,
je compiii que l>ien iii'apf^iait. Ed couséqueuce,
eu I0b2, ii quitte Ibolel paternel et va hiibiter,
avec ses maîtres d'école, la luaisou qui doit
être réellemeut le berceau du nouvel institut.
BL'DGKT DE LA NOUVELLE F<£(DATIDN
Le succès des EcvUs chréliemte» et oratuitet de
Reims avait inspiré à d'autres villes le désir d'eu
posséder de semblables : t^uise, Kethel. Chàteau-
Porcien et Laon sont les premières, dans l'ordre
des temps, qui aient sollicité celte faveur.
L'araeulil. Nyel.ei.chanlé de répondre à leur
empressement, s'abseutail sans scrupule et lais-
sait peser toute la responsabilité de l'éiablisse-
ment de H>-iuiS sur noire Saint, qui s'y dévoua
plus que jamais. Pour le préparer davaulafie
encore à sa mission ï'ublime, Dieu lui demanda
alors un ^raiid sacritice. Les maîtres d'écoie,
moins dévoués et moins ;:énéreux que lui,
n'avaient pas renoncé aux calculs intéressés de
l'avenir : ils se demandaieut parfois ce qu'ils
devicndi aient lorsque l'ù^e et los pratiques de
l'enseignement les meitiaient liorsd'élat de tra-
vailler. Us ajoufaieiil mt^rae que M. de la .Salle
était exempt de pareilles inquiétudes, parce que,
j^ràce à sa riche pri-bende canoniale, il serait
toujours à l'abri du behoiu. Le viiuérable pnUre
se sentit soudain inspiré de se démettre da son
cauouicat,et,pouâsantjusqu'à l'héroïsme sa (4éné-
reu.-erésoluuuu,il le r(.-si>;iia>en ItibiJ, en faveur
d'un bon prêtre qui ne lui était rien, plutôt que
de porter son cboix, comme ou l'en pressait,
sur un de ses frères, di'jà enua^'édans les Ordres.
Ce n'est pas tout. Suivant les conseils du
P. Barré, qu'il ne manquait jamais de consulter,
il ne voulut pas bâtir son œuvre sur un autre
fonds que sur la Providence, et il se décida à
se dépouiller de son riche patrimoine en faveur
des pauvres et des néces>iteux, que la famine
de ICiii et 16.Si> avaient multipliés d'une manière
extraordinaire. Il distribua donc peu à peu une
partie de sa fortune au.n enfants des Lcules
chrétiennes (u'ratuites et à leurs familles, toutes
indivenl^s. L'ne autre partie fut réservée pour
l-~ l'auvres honteux qu'il aimait à réhabiliter en
\i:~ «■••courant avec discrétion. Entin, le reste de
s.'i : ri lie alla aux nombreux demandeurs que
Il iii-'ir amena sans -cesse à sa porte jus-
qu'où l'.iii voir notre ;;ravure).
Devenu ainsi pauvre- volontaire, l'ancien cha-
Uiiiiie <le la nétio|<ole de Heims se trouva véri-
' : ment l'homme des desseins de Dieu, pour
;,.' . • r \ Ijonuellii l'a-uvre qui lui était conliée.
1 . d'une retraite faite avec ses disciple»,
il ■ ' ii'i.t parmi eux et embraesa lui-m^nie les
pratiques qui sont devenue» U rèule de l'insiitut
de' Kreres des Li:ole8 chrétiennes; il détermina
'•-,'tlemeiit l'habit qu'il» ont lidèlenient ^'ardé
dei'Uii deux iii-icles, ol qu'ils oui reudu .-^i popu-
laire.
NOYEA U'Ai.THl.N DU BIEHHKURCrX
I). U f.i :
moyens d'action du bicnhea^
■/
■ îiime» i)u'' • iiani
1. |ii)Ur V 1 ,|is.
• Il', -e lit pauv I ••, m 11 • per-
] sécuta cruellement sa chair; il portait de rudes
i cilices et se donnait de fréquentes disciplines,
I oii le sang^ coulait abondamment. Comme sa
délicatesse native l'empêchait de prendre les
I aliments grossiers et de mani/er avec les Frères
sans rejeter la nourriture, il s'imposa de lontis
et cruels jeûnes pour contraindre son estomac.
Sa vie deviut de plus en plus une vie de
prière, car il aimait à répéter qu't)n ne fait pas
la moitié des œuvres qu'on pourrait faire si l'on
priait assez. Il y employait uue partie de ses
nuits, qu'il passait à terre ou sur une chaise,
pour être plus prompt à interrompre r-^quem-
meiit le sommeil ; à lieims, il se faisait ei. fermer
de temps en temps, et ordinairement la nuit du
venJreji au samedi, dans l'épli-e Saint-lieiiii,
et demeurait prosterné sur le tombeau du Saint
1 qui avait baptisé les Francs.
, Souvent aussi, il passait des jours, des se-
1 maines, et quelquefois des mois entiers en re-
traite, soit dans un petit jardin qu'il avait loué
I dans ce but à côté du couvent des .Augustins,
sur les remparts de la ville de Reims; soit à
Notre-Dame de Liesse, ou il aimait à eonduire
en pèlerinage quelques-uns de ses Frères, ou
I dans le désert des Carmes, près de l.ouviers.
Ainsi la prière, la plus austère mortilication,
les veilles fréquentes se partageaient tous les
instants que le liienbeureux u'eniployrit pas aux
travaux du saint ministère et à la direction de
son Institut : c'étaient là ses moyens d'aclicn.
DÉV£LOPPBMKNTS DE L'iNSTlTL'T
.Nous nous sommes, à dessein, étendus sur l6s
premiers temps de l'histoire du Rienheureux;
la suite est l'histoire du développement rapide
de son œuvre, accomplie au milieu de contra-'
dictions et de persécutions qui auraient dû la
faire sombrer.
Il vint à Paris, fonda les écoles de Saiiit-
Sulpice, puis celles de Vaugirard, subit des
procès de la part des maîtres d'école, fut
calomnié et persécuté de toutes façons; toutes
ces attaques aboutirent à un arrêt du Parlement
lui interdisant d'eiisei{»ner à Paris, sinon les
enfants dont rindi;:eiice était bien constatée.
C'était providentiel ; l'Institut se rap|>r<>chait''
de plus en plus de sa voie déllnitive. A la suite
d'une grave maladie, le Hienheureux avait pré-
paré le Fr. Henri Lbeureux à lui surcéder, lui
avait fait faire des éludes brillantes, lorsque ce
(ils aimé fut enlevé subitement [lar la mort.
Dans son chagrin, le fondateur comprit que son
projet d'avoir des Frères prêtres dan'* chaque
maison amènerait certainement de.* diflliullés,
el, pour conserver à l'Institut sa consiituiiou
propi^. il y renonça déllnilivemenl, iiiler<ti<ant
à ses religieux les études classiques qui con-
duisent au sacerdoce.
A la lin du xvii'- siècle, l'Institut comptait
16 écoles comprenant plu.» de 1 "inO enfants,
liieiiti'd, elles se inulti|>lièrpiit en province:
Troyes, Avienon, .Mirseille, Darneljil, lloupii.
Di)on, Meiide, Alais, i.ipiiobl"', Saiiit-lt^iiis, \'er-
sailb s. Mfinlin". lînulot'iie, 1»»» \aiis; toutes ces
maisons furent ouverte» de iîol h l"IO.
Il faut riter nimsi Home, où deox Frèresavaienl
été envoyé-! des l'an 1700.
Kn 1711, 1^ bietibfateux de la S.ill<». .-Vjé de
soixante et un .iii'-, eiitr"pnt la vi«itp ib- ses
écoles dans le midi do la l-'rancp, et ceOni sou-
vent un chemin de ernix qu'il suivit. Le» laii'-é-
iiislei- lui >q>p<>9aient en elVet de ctuel* cbsiacies,
faisant parfois fermer ses maisons, comme à
Marseille; plus souvent, il triompliail d>ux. A
Calais notamment, il alla, après un sermon de
l'Assomption, se jeter aux pieds d'un prédica-
teur qui avait t?vilé de parler de la Très Sainte
Vierfie en ce jour de sa principale fête; il le con-
vertit si pleinement cju'il lit de lui un ardent
prédicateur de la vérité; on en eut la preuve
dès le dimanche suivant.
Le voya«e du Bienheureux dans le Midi dura
deux ans et faillit «Hre latal à l'Institut naissant
qui avait été pi ivé pendant ce temps de la direc-
tion immédiate du saint fondateur. Kii efTel, des
personnages puissants étaient intervenus pour
lavoriser des innovalious et des clian^'ements
dans une u'Uvk» encore en formation; tout allait
être perdu, lorsque les anciens Frères, en toute
hAle, appelèrent le fondateur; il apparut et la
paix se rétablit.
IIKMISSIUK
L'Institut paraissait bien affermi. Le llienheu-
reux de la Salle profita de l'alTaiblissement de
sa santé pour accomplir un dessein qu'il avait
mûri depuis longtemps, et qu'il avait même
tenté plusieurs lois de réaliser: il supplia si
vivement ses Krères de le décharger du suné-
rioral, (lu'ils durent y consentir. Ils élurent pour
«iénéral le l"r. Ilarlhéleray, digne d'ailleurs de
lui succéder. Cette élection, qui marque la lin
des fonctions de l'abbé de la Salle comme Supé-
rieur général, eut lieu le 23 mai i'i'.
Dès lors la vie du pieux fondateur, qui avait
encore deux ans à passer sur la terre, fut con-
sacrée entièrement à la prière et la pratique des
filus hautes vertus d'humilité ; il refusait abso-
ument tout ce qui ressemblait à un vestige
d'autorité; il se faisait partout le dernier.
Liant venu à Paris pour une allaire, il sut que
ses reli»;ieux voulaient lui faire honneur, et pour
éviter qu'on le traitAt ainsi, il descendit au
Séminaire Saint-Nicolas du Chardoniiet. qu'il
édilia par ^a régulant"*; mais le l'r. Harlhéleiny
vint lo iherrher au nom de son autorité, et aus-
silêt le serviteur de KieU le suivit.
De là, il retourna à la maison de Saint-Yon, à
lloucn, on il avait lixé sa retraite et où il habi-
tait la plus humble cellule, refusant absolument
d'être mii'UX logé.
Il ne sortit guère de sa réserve Tis-à-vis de
ses religieux que pour féliciter ceux d'entre eux
qui ne rraiunirent pas de se compromettr.' dans
la résistance au jansénisme, et, trois mois avant
sa mort, il écrivit une forte déclaration pour
affirmer son attachement h l'orthodoxie en lace
de» bruits malveillant» répandu» contre sa foi. ft
cause du nom de l'un des membres de sa
famille (|ui ligurait parmi les sik'nalaires d'une
pièce du parti.
rniniF..NT ii. nourot
Le Carême de MiO, dont il ne devait pas voir
U lin, commença; il voulait en suivre toute» les
ni— "
Il
Oi
lu
d.
■ Il'
l.a victime p»t pr'te à être
-ail-il, il fautlravaillerà la purilier. "
-a. ijuclqu''» |our» après, une porte
iibée sur la tête, occasionna de» arci-
ne», que le médecin déclara le mal
.1 'te de «aini Joseph approchait, et avant de
mourir, le lii' nlinireux eut bien voulu encore
une fol» '-''ll'r'r l.i me»»e; mai* »a faiblet»e
extrême semblait devoir le priver de cette joie,
lorsque, dans la nuit du is au !'.• mars, ses
douleurs disparurent, pour ne reparaître que le
lendemain au soir; il célébra donc «a dernière
messe, et s'entretint tout le jour avec ses Frères.
Le .Mercredi-Saint, le curé lui porta le viatique;
il le reçut à genoux avec une dévotion extraor-
dinaire; le lendemain, Jeudi-Saint, il reçut l'Lx-
trême-Oiiction, en toute connaissance, et ses
eiifaDts l'en ayant supplié, il leva les mains et
consentit à les bénir.
L'agonie commença à minuit du Vendiedi-
Sainl, et à 4 heures il rendit l'Ame, le même
jour que son Sauveur (" avril 1~I9); il avait
soixante-huit ans.
SES HABITS
La foule, qui se pressa bientftt pour contem-
pler une dernière fois les traits du serviteur de
bien, ne put résister au désir de conserver
quelques reliques de lui, et l'on mit son habit
en lambeaux.
Ses habits avaient été respectés en une autre
circonstance; des voleurs les lui avaient pris,
mais, considérant leur pauvreté, ils les lui ren-
dirent.
lue autre fois, visitant à la llastille un prêtre
qu'on accusait d'un crime d'Klat, saint Jean- llnp-
tiste de la Salle remarqua que les vêtements du
prisonnier tombaient en morceaux par la pour-
riture. AussilAt, il voulut changer avec lui, et
sortit de la prison, portant la chemise pourrie
du prisonnier et sa soutane en pièces.
Cette fois, ce sont les anges qui louchèrent
ces vêlements délabrés avec respect, et le» chan-
gèrent en un vêtement de gloire, sous lequel il
brille maintenant au ciel.
L'iJiSTITUT DKS PRKRES APRKS H MOIIT
I>E SON KOMlATEin
Après la mort du llienheureux, sa ('ongréga-
tion jouit d'une loncue période de paix et de
oiik'ue ne
'obiel de
[irospérité, et fui l'oliiet de marques preneuses
de haute sympathie. Comme le fondateur l'avait
souhaité, prévu et même prédit, de» lettre» pa
lentes furent accordée» à son Institut par le roi
Louis XV, qui lui donna ainsi une existence lé-
cale. L'ne bulle de Itenolt XIII lui conféra,
en 172!'), l'approbation c.inonique. Se» établi»»e-
ments s'iilTermirent, se développèrent et se mul-
liplièrenl. La Itévolution française crut l'avoir
détniit.mais il s'était conservé et perpétué dans
les communautés d'Italie.
Kn France, il reporut sou» le Consulat, rappelé
riar les population», acclamé par le» muiiicipa-
ilé», outonsé même par le gouvernement
<tn »ait quels iléveloppemeni» il a pris depui^,
et à quelle» attaque» il est en butte aujourdl'liui.
Du haut du ciel, le pieux fondateur voit le com-
bat que soutiennent ses enfants; il les bénit et
le» protège.
De leur cMt, il» n'ont ce»s< de travailler a
obtenir pour leur bien-aimé Père, le» honneur»
de» autel». DéjA h- I" novembre Ih::i, Pie IX
ovait prorlomé l'héioicilé de ses vertu».
Le l'.l février lhs>>, la béalifl'-ntion -olennelle
du vénérable Jean liapliste ■!
hlerdejoietoulson Institut. I
jour de rA»cen»ion, au aiilieu .le» >(dinJeur>
accoutumée» en pareil ra», S. S. I.énn XIII a
lUigné procéder a la canonisation, dans la basi-
lique de Saint Pierre du Natr an.
Lt fir ml !.. I'ITITKI>»T. — Ifnprmitric I'. k»»u.'> Vmi, 3 i-l .S, rw lU).ifil, l'jri..
Mil-.
SAINT PIE V, PAPE
Seizième siècle. — fcle le j 7nai.
Portrait de saint Pie V.
(Ii'nprés une gravure du Irinps reproduite par la maison Didol.,
SA VOCATION
Deux religieux Dnininicains cheminaient un
jour à travers la Lomhardie, distribuant aux
pauvres populations i|u'ils rencontraient le pain
de la pri^dication évant'élique.
S'étanI arn'^tés dans un villaee. apfielé Bosro,
lU reiicoiilrèrent un jeune pi'ilre, dont la pliy- ,
!ti»nnniie ouverte et intelli^'ente les frappa : il se I
nommait Miiliel.
Dès ses plus tendres aiinf^es, il désirait se
donner à Dieu, mais la pauvreté de se» parentii
l'en empêchait. La Providence, qui en avait l'ail
un vase d'élection, permit que la rencontre des
deux religieux fût pour lui l'occasiou d'une
détermination délinitive.
L'enfant les accosta d'une voix timide, et les
surprit par la tnalunté de son jugement, par ses
quc'^lions. par ses r'''ponses. La vocation, encore
inapen ue aux yeux mi'mes île la plus tendre solli-
citude, allait se révéler .i son insu dans ce naif
enlr'lien, <i ce point que le» relii.'ieux lui deman-
ilnrent s il voulait continuer la mule avec eux,
lui prometlanl de l'initier à leurs études, et
même de le faire entrer dans leur Ordre, si plus
tard il s'en rendait diyne.
L'enfant, ému de voir prévenir ainsi l.i
fiassion secrète de son jeune cœu., accepta
eur offre avec joie : tous les sentiments de la
nature semblèrent céder sans elfort a la voix
divine. Il courut vers son père et sa n)''re. s'a^'e-
noiiilla, implora leur bénédiction, et s attachant
au pan de la robe de l'un des Dominicains. 1rs
suivit d'un pas ferme et lé^-er, C'est ainsi iju'il
les accompagna jusqu'au couvent de Voghcre, à
sept lieues de Hosco ,lj.
PREMIÈRES ANNÉES HE VI K. RSLKWF'Jsr
Tels furent les humbles commencements de
celui que Dieu destinait à être l'immortel saint
l'ie V.
Il appartenait à la riche famille des (^hislieri.
que les «ucrres civiles du w siècle avaionl
réduite à la dernière misère; mais il avait reçu
dans la maison paternelle cette éducation forie
1) Di F»ixoix, Hitloire df $ainl Pu? V, t. I. p. 4'
J
I \h
i-l sainte qui prrpare les àiiK;. aux liiaiider;
choses. Le jeune entant, du reste, se ilislin;.'uait
entre tous ses compagnons ~par sa (liet^ et son
intelligence, mais surtout |>ar une Icndi-e dévo-
tion envers la Mère de iJieu.
A Vo;.'liere, il fut bientùt apprécié des religieux
qui l'avaient accueilli: sa dé\otion pour les pra-
tique< de la vie relii-'ieuse et la docilité avec
laquelle il recevait l''s cnseitniements de ses
maiUes le rendin-nt > ti peu de temps dur à la
coiuniiiiKuilé. On lui donna l'habit avec le nom
de Fr. Michel, el il commença son noviciat.
Puis, il pa.>isa à Vi;;é»ane, célehre scolastiwil.
où il lit ses étude* littéraires. Enlin, il l'ut envoyé
à Boliiî.'iie, qui . lait alors la pépinière la plu> llo-,
rissante de i'i'riire Ses pr^urés furent si rapide^;
qu'en pi iide temps, il devint capable d"enseif.'ner
ce qu'il venait d'apprendre.
Mai< les élude'i, si saintes qu'elles soient,
sècli.-nt l>ienlAt l'esprit iiui n'y dierclie qu'une
>.iii-; 1, lion plus ou moins mondaine. Le- jeune
pi. i!.-.*eur le savait : au^si répétail-il souvent à
se< élèves (|ue s'ils voulaient profiler utilement
de la science qu'ils ari|uéiaieiil, ils devaient
l'as^ai-ionner du sel de la pieté. Il leur donii.iit
lui-m<'-me l'exemple, ne se dispensant jamai--,
quelles que fussent ses occupations, de l'assistance
au cliii'ur c t lies au très exercice 'ide«a communauté.
Au terme de -a viii;.'l-quatriiMne année, les
supérieurs l'appelèrent à la prêtrise. L'Iiuiiible
reli;:ieux lit toutes ses instance* pour repousser
un fardeau qu'il se ju^ieail indien'- de porter;
mais il dut céder à la voix de l'obéissance.
Il cél'lira sa première messe à Hosco, ce ber-
ceau de son enfance, qui lui rappelait de si doux
«oiivenir*: mais il ne le revit pas sans une
certaine tri^te'.'-e.
Les armées de François I", marchant sur
l'avie, avaient laissé apri'^s elles une pnifoiidi'
désolation. Tout avait été rnv.iré, les églises
mêmes n'avaient pa- été épargnées ; celle de
Hosrn aiait été complètement abattue. Le
P. Mk'Iii'1 reparaissait au milieu de ce* infor-
lune-irnnimernnjedr la 'onsolation. Sa présence,
en elTet. (Il un ;{raud bien dans le pays, elles
paroles de ré'ijiiation cpiil adressa à ces bonnes
gens ranimèrent leur courage.
LK liUlIlI Dl SE.« FHkRES
lie kIc.ui a sa chaire de tliéolo^^ie, m i>"(Uj>a
avec le même éclat, jusqu'au jour où il fut
appelé à exercer la cliari.'e île supérieur succes-
sif ment a Viu'évanc, Soncino et Aibn.
Ui l'r<>*ideiice se plaidait à le faire passer par
ce* divers états pnur l'acroulumer peu à p^-ii au
fardeau des responsabilités, et le munir aussi
bien des annei de la science que de celles du
commandenirul.
Jamais supérieur ne montra pliin d'affection
à ses inféiieur», mais .lussi mil n'ptiu'eait d'eux
une obéissance plus rom] I ■ •• pour Im-
méme, il savait ciMidositiid: irs besoins;
mais sa cori uce ualU j,imais jusqu'A
ti.li-rer les ii> lus.
MicucL uiisu»:bi rauuisiTrua oe umibaboik
frir
m--
IW'i ' iiilrnduii
h«'T' . , j Imd» peu :......
laiss.iienl lacilemenl séduire par ces nouveautés
impii-s.
llais.«er croître celte dani:<^rease hérM*. c'éUil
[■i.parei lies L'ih rre~ civiles •-pinhlaliU- a celles
qui déchirèrent I .Allemagne, la France el l'.Aii-
«lelerre. f.'élait surtout exposer des nlillicr^
d'àmes à l'enfer. 11 fallait un homme capable de
s'opposer cninmc une diiiue à cette inondation
salauique. Miclicll'iliislieri fut nommé inquisiteur.
Les lecteurs instruits savent que l'inquisition
papale ne s'écarlail pas des lois de l'Iiumanité et
de la justice.
.\rii VA- M l;l^me, le premier soin de l'inquisiteur fut
de parcourir tout le territoire de sa Juridictiim..
Il voyageait ordinairement à pied, san<'tiliant la
route par la méditation ou la récitulion des
prières vocales, mettant autant de soin à recher-
cher les incominodités et les privations de tout
f;enre, qu'un autre en aurait mis A rechercher
ses aises. Il voulait se rendre compte par lui-
même de toutes les maiiu'Uvres des h>rétiques,
et quand les intérêts de la foi étaient en jeu,
.'lucitii obstai-le ne pouvait arrêter sou zèle, ni
tromper sa vigilance.
In négociant de Cdine avait convenu avec les
protestants de Genève de l'envoi d'une grande
quantité de livres calvinistes, qu'il se proposait
de vendre à bon prix. L«' siège èpiscopal était
alors vacant. Ce malheureux fut assez habile
pour se ménager des inlelli:.'ences jusque dans le
chapitre, de sorte que, quand l'inquisiteur,
informé du fait, voulut se saisir ilu dépiM empoi-
sonné, il eut. non seulement à lutter contre le
tiatiqiiaut sc.'iiiilaleux, mais encore contre ceux
mêmes qui auraient dû le seconder dans son
niinislfre apc-lolique.
Il n'hésita pas cependant à déclarer escum-
niuniés tous ceux qui avaient prêté leur con-
cours li un acte si abominable. Les i hanoines
prévaricateurs en furent vivement irrites, et ils
excitaient le peuple contre lui. Iji pa-sion alla
-i loin que sa vie même ne fut plus en sûreté,
et il dut en secret quitter le pays, jusqu'à ce que
la fureur populaire se fût apaisée.
Le chanoine le plus compromis dans
affaire porta plainte a Ferdinand de (•eiiri.u-
alors gouverneur de Milan. Il lui représenta que
le zélé iiitempesUf de (ihislieri avait été la seule
cause des troubles qui s'étaient produits, et que
le remède à y opposer serait de lui retirer une
char:.'e dout il s acquittait arec si peu de pru-
dence.
Va libéral du xix* siècle n'aurait pas mieux
dit.
Le pourerneur, soit surprise, soit connivern-v
accueillit les plaintes du chanoine et, n\i .
mandé rinqui<iteur. lui adressa de sev.i.v
reproches. Mais, comme libisheh ne s'en m ai
trait (|ue médiocrement ému, il lo menaça d' la
prison.
•' Il en sera ce que Dieu voudra, • répondit le
Saint, et il attendit en paix l'exéculien de la
ni-nare ,
.Mais Ferdinand avait été tellemen' '
la prnndeiir el de la fermeté de cjii
jeune inquisiteur qu'il eraiL'nait de ;
l'alT-iire, i-l ne ibmna pnt de «uitp A •
l'.epeiidanl. ■
fusait bon m
• iitir .1
Il se t
!.. . . , .. !i ■lu'on lui fit f"' • ••• -.•...1.I...I-..
Tomme il illnit demander I i
■sabme, < omenl d" «nii ()ri ,;. . , ,.
ne le ronnaiwait point. In prH, à non «lUnour
négligé, pour un vulgaire ambitieux qui venait
rneiijier les faveurs dt la cour poulitioale. Il lui
dit mi'me d'un l'ui railleur:
« (jue veu'^7.-vouâ chercher ici. mon Père ?
Venez-vous voir si le colléue des cardinaux est
disposé à vous l'aire pape?
— Je viens à Home, répondit fîhislicri. parce
que les intérêts de l'Eglise m'y appcllenl; j'en
sortirai aussiti'it que ma tâche sera remplie.
Jusque-là, je ne vous demande qu'une courte
hospitalité et un peu de foin pour celte mule. «
Le prieur, en lui adressant une si étrange
question, était assurément loin de se douter que,
quelques années plus tard, la Providence élcve-
rail i'intrépid-; reliyieux sur le siège de saint
Pierre, et le destinerait à ^tre le promoteur le
plus ardent des décisions du concile de Trente.
Cependant, la conduite de l'inquisiteur fui
pleinement approuvée à Rome, et les réclama-
tions des chanoines de Corne ne hronl que
tourner à leur confusion ; ils finirent par se
soumettre.
GHISLIERl KVÈC'IK ET C.*BI)INAL
Pendant que Cbislieri était à Rome, il se lia
d'amitié avec le cardinal Caraffa, fondateur de
l'Ordre des Théatin«. Celui-ci, plus clairvoyant
que le prieur de Sainte-Sabine, comprit qu'une
àme aux sentiments si élevés et si généreux était
destinée par Dieu à une mission de lutte
ardente en face de l'hérésie, dont les progrès
devenrjienl de jour en jour plus alarmants. Aussi,
quand, au boul de quelques années, le cardinal
i^rall'a fut appelé, sous le nom de Paul IV, à
succéder au pape Marcel II, il s'empressa d'ap-
peler auprès de lui l'inquisiteur dont il avait si
bien jui.'é le mérite.
Non content de le maintenir dans sa dignité
de commissaire général du Saint-Office, il voulut
le créer évéque de Népi et de Sutri, deux évéchés
dont l'investiture était échue à un même titu-
laire à cause de leur modique revenu et de leur
dépendance plus immédiate du Saint-Siège, (ihis-
iieri, vivement alarmé de cette nouvelle, alla se
jeter aux genoux du pape, le suppliant de ne
point lui imposer un fardeau si ri'dnulahle et de
le laisser mourir sous l'habit monasli<jue. Mais
Paul IV ne répondit à ses instances qu'en lui
enjoii;nant, au nom de l'obéissance, de se sou-
mettre à ses dispositions.
Dés lors, on vit briller en lui toutes les vertus
qui font l'aprttre: >a vie était une dépense inces-
sante de lui-même aux besoins de son troupeau.
Il visitait les endroits le? plus pauvres et les plus
isob-s de son diocèse avec une prédilection toute
spéciale, el ce« pauvres Ames, qui avaientà peine
connu le iiriin d» ses prédécesseurs, étaient pro-
fondément Ion. I|.'>es de la condescendance avei-
laquelle il sabai'-sail vers elles pour les élever
pisqu'à Dieu.
Cependant, qn<'!lp que fût l'ardeur de son
zèle, elle ne diminuait rien de» ret'rels (pii le
fai^-aient soupirer après les douceurs de la vie
relii'ieuse,auxque|lesrobéissanreétail venue l'.ir-
ractier. Il essaya encore d'obtenir de Paul IV la
permission de se retirer. Celui-ci, voulant cnlin
lui ("lier toute espérance, répondit:
" Je vous attacherai au (lied une chaîne si
>>r|p qoe, après ma mort même, vous ne pourrez
: ' I ii.-er ail cloitre. >
Il ' ' 'ait du cardinalat, auquel il fui elTec-
: rom'i le i:i m.ir" LIST. 1,'émolion qui
«on cii'ur et les larmes qui coulaient
iT rcnipiVhi'renl d'.idre-'^er .m P;ipf
la moindre expression de remerciement, de sorte
que les cardinaux prirent eux-mêmes la parole
pour rendre uràces au Saint-Pére d'avoir associé
;'i leur Ordre un sujet si diyne d'en rehausser
l'é.lat.
.Mais Paul IV ne conférait les dignités que pour
imposer de nouveaux devoirs. (Jnelques jour<
après sa promotion, le nouveau cardinal fui
nommé inquisiteur souverain de la chrétienté
et investi do cette charge en plein Consistoire
avec les cérémonies les plus solennelles; il fut
le dernier qui porta ce titre glorieux.
Les exigences de la dignité cardinalice répu-
gnaient naturellement à l'austère vertu du lils
de saint Dominique, mais il sut, sans manquer
,i la bienséance, n'en accepter que ce qui était
absolument indispensable.
Son palais ressemblait fort à un couvent. Il
n'admettait à son service que des domestiques
disposés à entrer dans celte voie de recueil-
lement; mais, ces conditions une fois admises,
il les traitait avec une délicatesse et des éyards
inouïs. Il n'interrompait jamais leurs repas ou
leur sommeil pour les appeler, poussant le ména-
gement jusqu'à ouvrir lui-même la porte de son
antichambre. Il présidait lui-même leur prière
du matin et du soir, et si l'un d'entre eux venait
à tomber malade, il le faisait soiLTier djin* une
des |p1us belles salles du palais et venait plusieurs
fois par jour le visiter.
Les rapports avec les gens du dehors n'étaient
pas moins affables, et on sentait qu'il ne voyait
dans son élévation qu'un moyen défaire du bien
suivant la belle maxime de saint .\ugustin : Plus
prodesse qiiam prseefse.
SAINT PIE V P.KPE
Après la mort de Paul IV, les cardinaux réunis
en conclave songeaient à porter leurs voix sur
deux des leurs, que leur science et la mission
importante qu'ils avaient remplie au concile de
Trente semblaient désigner tout naturellement
à leurs suffra.'es, le cardinal Morone el le car-
dinal Sirkt. Mais l'Ksprit-Saint , qui dirige
rE:;lise, l'ait souvent son œuvre de telle sorte
que les fiassions humaines, dont ses chefs ne
sont point exemple, ne servent qu'à manifester
dav.int,i;.'e son action souveraine.
Ni Morone ni Sirlet ne furent élus, mais
rhumble (ihislieri, que les dignités semblaient
[loursuivre avec autant d'acharnement qu'il en
niellait à les repousser.
Quel ne fut pas son élonnemenl, quand il vil
les cardinaux entrer dans sa cellule pour lui
annoncer >ion élection! l'ne terreur profonde
s'empara de lui et, dans sa confusion, il ne put
balbutier que quelques paroles, où il protestait
de son indignité. J.es cardinaux se virent obligés,
ni.iL'ré l'intlexibilité de ses refus, à l'arracher
de sa cellule avec une sorte de violence, et ils
l'er.lralnérent dans leurs br.is jusqu'à la clia-
jielle ou se pratique la première cérémonie de
l'adoration. La volonté de Ilieu se manifestait
d'une maiiière trop visible pour qu'il persistât
a repousser le f.irdcau qu'elle venait de lui
imposer. Il accepta, non «ans verserd'abondanle'-
larmes, et prit le nom de Pie V. Ceux qui avaient
elé lians rinlimité du nouveau [mpeconiiaissaieni
-a bonté cl les ijualités de son ru-lir généreux;
in.iis le peuple, qui ne l'avait connu que par b^
.leles d'autorité de sa charee d'inqui-'iteiir.
redoutait sa si-vérité. Comme on lui eipriin.iil
ces appréhensions de» Romains à son égnrd :
l''.iiHon« l'ii «orle. se i-nnteiit,-|.(-il •]•• n-jwinilre.
au'ils soient plus al'llif-'és de ma mort qu'ils ne
1 auront été de mon avènement. >
•iA SOLLICITUDE POUI» LES IXTÉBÉTS DE L'tUiLISE
Dès le dt^but, il s'empres?a d'inaugurer les
salutaires réformes décrétées par le concile de
Trente. Il semble, en effet, que Dieu, en relevant
sur la chaire de saint Pierre, lui ait confié la
mission de faire accepter partout et mettre lui-
même rigoureusement en pratii|ue les réformes
de cette illustre assemblée. Ce rôle, du reste,
convenait parfaitement à la fermeté de son carac-
tère.
Les protestants avaient accusé l'Eglise d'avoir
laissa perdre la sève divine qui avait produit de
si brillants rejetons dans les premiers siècles de
son institution : le pontificat de saint Pie V allait
donner un éclatant démenti aux invectives des
sectaires impies. En effet, aucun genre de sain-
teté ne manque à ce siècle, d'ailleurs si triste.
1^1 Coiunagiiie de Jésus avait à sa tétc saint
François de Korgia, modèle d'abnégatioij et de
renoncement aux grandeur^ du monde; saint
Stanislas Koslka et ^aint Louis de lionzague
y répandaient les parfums de leur angélique
pureté. Saint Philippe de Néri et saint Jean de
Dieu donnaient à l'Eglise deux nouvelles familles,
l'une, remplie du nèle de la doctrine, l'autre,
consacrée plus spécialement au soulagement des
membre» souffrants de Jésus-Christ. Saint Jean
l'Aumônier revivait sur le siète de Valence dans
saint Thomas de Villeneuve. Enfin, sainte Thérèse
et saint Jean de la Croix venaient monlièr
à un siècle affadi que l'Eglise conservait encore
le secret d'enfanter les plus austères comme les
plus héroïques vertus.
Tout ce mouvement de sainteté partait du
Siège .Vpostoli.|ue comme de sa source.
Insensible à toute pensée d'ambition pour sa
famille selon la chair, saint Pie V semblait
n'avoir de sollicitude que pour cette grande
famille siiirituelle rjue Dieu lui avait confiée, et
dont les blessures faisaient rouler ses larmes. Si
ses 1 égards se portaient ver-. l'Orient, il n'y voyait
que les ruines amoncelées par le fanatisnie des
"Turcs, qui se promellaieiit bien d^'assujélir
l'Occident à leur domination. L'Europe' ne pré-
sentiit pas un specUcle plus consolant.
Saint Pie V se montra à la hauteur des cir-
roDstonces et jamais pontife ne multiplia son
action avec plus de vigilance et de fermeté.
VICTOIHE DE LOFANTE
Nous ne pouvons éniimérer ici tous les é\i-iie-
raents <|ui illuslr-Tent Ih pontitiratde saint Pie V.
Il nous «iiflira c|e ii"-: •• '• r un instant Mir
le plus cé|i lire de ton ne de l.épaiile
.\ii xvr 'i- !■■ '■•- ■'■ ■. sultan- lU
Coiislantini' willer à la
faveur des >. , .. . i x eut lEglise,
<>t leurs armées formidables vinrent attaquer
la chrétienté.
Soliman II parut avec- une ' .-e
<U-^nui nie de Malle i:.i.<.'
I 11' >.iliers de Jénjsnb-m. 1
(,|.j <i..tenl ce« ■[u<-l')i|e. | i
du - 1 iiid-in
le» lr"i!i" I
al
Tu
a»
1' »*
' lis
que lui
11
■"ll'llllle
ut -1 • on
Mie
« <lll «li
lit
^. nui II
- 1 II •■■IIL
'T
! envova Mohamed, ua
renégat, faire la conquête de Chypre I j'iii;. Les
habitants de ce royaume, attaqués à l'improviste,
se défendireiil avec vi;:ueur, mais ils furent
bientôt à bout de forces. Enlin, les Turcs, maîtres
de la position, y exercèrent de terribles refré-
sailles.
Ces nouvelles attristèrent profondément le
cœur de Pic V. li écrivit aux divers prince-
chrétiens pour les pousser à une alliance géné-
rale contre l'ennemi commun de la chrétienté,
mais il n'y eut guère que les \éniliens et les
Espagnols qui répondirent à son appel. Il nomma
généralissime des troupes don Juan d'Autriche et
lui prédit la victoire, mais en lui recommandant
de s'y préparer chrétiennement, et de renvoyer
de son armée tous les gens de mauvaise vie.
Aussitôt, un jeiine de trois jours fut indiqué :
toute l'armée se confessa, communia et reçut les
indulgences du Vicaire de Jésus-»~.hrisl. Kniin.
s'élant embarqués à .Messine, le Iti septembre
1571, ils arrivérrnt le samedi 7 octobre, à une
heure et demie après midi , dans le golfe d'-
Lépaiile, à la vue des Turcs, ilis|>nsésau combat.
La Hotte des chrétiens ne comptait que <leux
cent neuf vaisseaux de guerre, les Turcs en
avaient trois cents.
Les deux armées restèrent quelque temps ù se
considérer l'une l'autre avec une admiration réri-
proque. Enlin, l'amiral turc en;.'agea la bat i H
par un coup de canon, et le lombat conini' i
de part et d'autre avec un é^al acharnem
Les Turcs joignaient à l'avaiitaL'e du mi
celui de la situation. Cependant, en un in-' '
tout sembla se tourner contre eux. Plusieiii- i
leurs chefs succombèrent dans la mêlée L'oin; ..'
ayant été bles-é d'un boulet tomba aux in
de? soldats espa:;iiols, >iui lui coupèrent l.i
et la mirent au bout d une lance. Des lo'
désordre le plus complet se mit dans l'aïu.^
musulmane qui essuya une défaite dont elle ne
s'est jamais relevée.
Cette victoire si extraordinaire était dui ,
aux prières de saint Pie V ipraux effort- i'
l'armée chrétienne.
Le même jour, vers les cinq heure» d>i soir.
pendant que la confrérie du 11 '
prières, le saint pape pié»idait .
cardinaux relative aux affaires de 1 l,_h-.t. l.iul
d un coup, il se le\e. ronrl à la fenêtre de «on
a|ipartement, el, apr.» être demeuré quelqu«-
temps comme en cond'inplation :
•■ Ijiisson- la nos affaires, dit-il «UX pr Int'
d'un ton vi-ib1iiiieiii ému, cl courons !• ■ !•■
grâces à Dieu de la victoire qu'il vient d'accoi,t<i
i noire armée ! .
C'était, en effet, !■ n" —""i -réri» où la Croix
triomphait dans le
(Vesl en acii
tante qu'il in-'
au premier du
dans lei litanies d'
tion : Atiiilium
Seraui-* dft rhi
Mais le sani
moment ou il si ,
loirc remporter -u.
la pierre, le I" ni»4 Ij'.i. a^e J*
ans.
Sa mort fui ' ' '•' '
Son corps rr |
Majeure et le» nu' o- j- m- »• ■•
contempler se* Irait».
nI. t.
«on <rii»rp A>i
•o|\ |||Ir-l|l|iI
I l'tTiiuaiii, .s, iti'
SAINT JEAN DAMASCÈNE
Fit€ le i mai.
_ Au septième siècle, un empereur hérétique, Léon
ri'aurien de Conslantinople, faisait briser les
•tintes images, et soumettait à d'alTreuz supplice»
ceux qui Toulaient, avec l'Eglise, continuer à leur
rendre un ruite. Cette persécution des iconoclastes
(briseurs d'images) était nécessaire pour montrer
quel prix nous devons attacher au cuite des saintes
images, culte conquis par le sang de tant de mar-
tyrs. A cette même époque, l'empire de Mahomet
grandissant s'efforçait d'arracher la foi du cœur des
chrétiens.
C'est alors qu'il plut i Dieu de susciter un pais-
sant docteur au milieu de l'islamisme qui, protégé
par le cimeterre des infidèles, combattrait par set
écrits l'hérétique couronné, chef des iconoclastes.
Ce docteur, c'était le petit Jean, né k Damas.
tjiruncM rr ioucATion nikTiiLLiusu
Le famille de Jean était nobU et chrétienne «t
le triomphe des mabora(:tans, qui s'étaient emparés
du pays, n'altérèrent pmnt sa foi. Les nobles qua-
lité» et l'intelliperice de Serse-Mansour, père de
Jean, le firent remarquer par le Calife Abdel-Maick,
bomme t«mble mais sace ; il l'appela auprès de
loi. comme autrefois Nabucbodonosor fit pour
Daniel, et il l'établit questeur général de l'empire.
A la cour de cet infidèle, Serge-Mansour demeura
un fervent chrétien ; il dépensait en œuvres de
charité les immenses revenus de ses terres en
Palestine, et surtout, il profilait de sa situation pour
racheter les captifs.
Un jour, à Damas, il vil au sortir du palais une
troupe de ces malheureux esclaves que la barbarie
musulmane réservait à la mort, et tous se proster-
naient devant l'un de leurs compagnons pourobtenir
de lui une dernière bénédiction.
Les musulmans étonnés demandèrenti cet homme
de quelle autorité il était revêtu parmi les chrétiens?
— Aucune, dit-il, je n'ai ni l'iionncur du sacer-
doce, ni d'aucune dignité, je suis un moine inutile;
ma vie s'est écoulée dans l'étude de la philosophie
chrétienne et profane.
Et k ces mots, ses yeux se remplirent de larmes.
Le père de Jean voulant consoler ce chrétien :
— Homme de Dieu, lui dit-il, pourquoi pleurer
la peite d'un monde auquel vous avei renoncé ?;
— Ce n'est pas cette vie que je rep-ette, puisqut,
vous l'tvei dit, je suis mort au monde ; ce qui
m'afflige, c'est d'avoir inutilement dépensé tant
d'efforts pour acquérir la sa>;esse. J'ai en effet par-
couru en entier le champ 4e la science ; je me suM
Qu'ils soient plus aflli^'és de ma iiiori qu'ils ne
1 auront été de mon avènement. •>
SA SOLLICITODE POUR LES INTÉRÊTS DE L'fÙJLlî-E
Dès le début, il s'empressa d'inaugurer les
salutaires réformes décrétées par le concile de
Trente. Il semble, en eiïet, que Dieu, en l'élevant
sur la chaire de saint Pit-ire, lui ait confié la
mission de faire accepter partout et mettre lui-
même rigoureusement en pratique les réformes
de cette illustre assemblée. Ce r«Me, du reste,
convenait parfaitement à la fermeté de son carac-
tère .
Les protestants avaient accusé l'Eglise d'avoir
laissa- perdre la sève divine qui avait produit de
si brillants rejetons dans les premiers siècles de
son institution : le pontificat de saint Pie V allait
donner un éclatant démenti aux invectives des
sectaires impies. En effet, aucun genre de sain-
teté ne manque à ce siècle, d'ailleurs si triste.
l,a Coiiiuagnie de Jésus avait à sa tète saint
François de Horgia, modèle d'abnégatiou et de
reii'iiicement aux grandeurs du monde; saint
Stanislas Kostka et -saint Louis de lioniague
y répandaient les parfums de leur ani;èiique
pureté. Saint Philippe de Néri et saint Jean de
Dieu donnaient à l'Eglise deux nouvelles familles,
l'une, remplie du lèle de la doctrine, l'autre,
consacrée plus spécialement au soulagement des
membres souffrajits de Jésus-Clirist. Saint Jean
l'AuinAnier revivait sur le sièu'e de V.-ilence dans
saint Thomas de \ illeuiMsve. Enfin, sainte Thérèse
et saint Jean de la l'.roix venaient montiér
à un siècle affadi que rE;,'li5e conservait encore
le 81'cret d'enfanter les plus austères comme le»
plus héroïques vertus.
Tout ce minivemi'nt de sainteté partait du
Siège .\postolique comme île sa source.
Insensible a toute pensée d'ambitinn pour sa
famille selon la chair, saint Pie V semblait
n'avoir de sollii-ilude que pour cette grande
famille si,iritui-lle que Dieu lui avait confiée, cl
dont les blessure-, faisaient couler ses larmes. Si
ses regards se pnrlaienl vers l'Orient, il n'y voyait
?ue les ruines amoncelées par le fanatisme des
urcs, (|ui se promettaient bien (Passujèlir
l'Occident i leur domination. L'Europe' ne pré-
sentait pas un specUcle plus consolant.
Saint Pie V se montra à la hauteur des cir-
nonslancc» cl jamais pontife ne multiplia son
action avec plus de vigilance et de fermeté.
VICTOIRE OF. LÂPAMTE
■^iiiis ne pouvons éiniinérer ici tous b-s rwn»--
iiifiit-, qui illiislrerenl b- pontificat de saint Pie V.
Il nous «nflira cie nous arri''ter un iii«laiit *Jir
le plus léb bre de tous : la victoire de l.épaiite.
.\ii ivi' sircle, les espéranc<-s de» sultans .b'
Conslanlinopb- avai<-iit semblé se révnller h la
faveur des dissensions qui désolaient l'E^ilise,
et b'urs années formidables tinrent attaquer
la chrétienté.
Sidiman II parut avec une llolle nombreuse
devant l'Ile de Malle i:.i.t.\ refinje >i>„ ancien*
< li'vaher» de J*nisab'm. Iji i.siiiaiiie que lui
(.|.| .i«.'ipni ce» quelque-» brav». snu» la conduite
•lu .1 iiid-iiiiitre Livalelle, fut «i i our«i:eii«e que
|r« <r---j- iiiill.- luii-'iir"» <lii sultan durent
al 'cjaianl»- *
M l.llll poui
Tur. - 1. ■ ,1- 1 -'Il venuer. .•»■ uni II
avait «li m. Ilenvoya Mohamed, uo
ri'iiégat, faire la conquête de (Chypre Ij'ÎOl. Les
habitants de ce royaume, attaqués à l'improvisle,
se défendirent avec vigueur, mais ils furent
bientôt à bout de forces. Enfin, les Turcs, maîtres
de la position, y exercèrent de terribles repré-
sailles.
Ces nouvelles attristèrent profondément le
cœur de Pie V. li écrivit aux divers princes
chrétiens pour les pousser à une alliance géné-
rale contre l'ennemi commun de la chrétienté,
mais il n'y eut guère que les Vénitiens et les
Espagnols qui répondirent à son appel. Il nomma
généralissime des troupes don Juan d'.\utriche et
lui prédit la victoire, mais en lui recommandant
de .s'y préparer chrétiennement, et de renvoyer
de son armée tous les gens de mauvaise vie.
.\ussitiM, un jeune de trois jours fut indiqué :
toute l'armée se confessa, communia et recul les
induL'ences du Vicaire de Jésus-Christ. Eiiliii,
s'étant embarqués à -Messine, le U> septembre
1571, ils arrivèrent le .samedi 7 octobre, h une
heure et demie après midi, dans le golfe de
Lépaiite, à la vue des Turcs, disposés au combat.
La Hotte des chrétiens ne comptait que <leux
cent neuf vaisseaux de guerre, les Turcs en
avaient trois cents.
Les deux années restèrent quelque temps ù se
considérer l'une l'autre avec une admiration réci-
proque. Enfin, l'amiral tur<- en:-'agea la bataille
par un coup de caiinn, et le i-ombal commença
de part et d'autre avec un é^j.il acharnement.
Les Turcs joignaient à ravantaue du nombre
celui de la situation. Cependant, en un iiisi mi.
tout sembla se tourner contri- eux. Plusieui- i-
leurs chefs succombèrent dans la m-'dée L'ain •..!
ayant été blessé d'un boulet tomba aux lu :
des soldats espagnols, iiiii lui coupèrent la I- li
et la mirent au bout d une lance. Dés lors, le
désordre le plus complet se mit dans l'armée
musulmane i|ui essuya une défaite dont elle ne
s'est jamais relevée.
Cette vicloirc si extraordinaire était dm- i ' .>
aux prières de saint Pie V ({u'aux effort- !■
l'armée chrétienne.
Le même jour, vers les cinq heure» du «oir,
pendant que la confrérie du Hosaire était i-ii
prières, le saint pape présidait uiir réunion de
cardinaux relative aux affaires de I Enlise. Tout
d un coup, il se b-«i'. court à la fenêtre de «on
appartement, i-l, api. s être demeuré quelijtte
temps coinm<' rn ronli-mplation :
.■ l-iissons la ii<>. affair.s, dit-il aux pr lit»
d'un Ion usibliiiieni ému, et courons r-'i-'
urâces à Dieu de la victoire qu'il vient d'acci.l. r
à notre arniéi'! .
C'était, rn effet, le moment précis où U Croix
triomphait dans le «olfe de Lépante.
("csl iii ai'tions de grâce* de cette TÎrtoire é. I.,
tante c|u il institua la f>'te du Saint-Uo-
au premier dimanli
dans les litanies d
lion : Aiixilium ■
SfriiUi^ d<t rhTft\fh
Mais le saint p'
.r.i.-tôbrn. et
fini «on «fuvrr.
Au
moment ou il se pu l'.n. ni A profiler
toirc remportée sur le* inlldelri. il ■
la pierre, le I" nui i:.71, â^é de soi\ ini.-i,i,,i
an*.
Sa mort fut un ! ....... i > - . .
"Non corps repo«r
Majeure ft le» fid>l. - j- ,..■ ..■ .• i ■■"■
' oiitempler ses Irait».
I l'tllIUUAI,
I r
SAINT JEAN DAMASCÈNE
Fit* le S mai.
]m^_ ,r.rr^.-.-. ! ^,\
f"
I
Au septième siècle, un empereur hérétique, Léon
ri«aurien de Conslarilinople, faisait briser les
•tintes image5, et soumettait à d'affreux supplices
ceux qui Toulaient, avec l'Eglise, continuer à leur
rendre un cuite. Cette persécution des iconoclastes
(briseurs d'images) était nécessaire pour montrer
quel prix nous devons attacher au culte des saintes
images, culte conquis par le sang de tant de mar-
tyrs. A celte même époque, l'empire de Mahomet
grandissant s'efTorçait d'arracher la foi du cœur des
chrétiens.
C'est alors qu'il plut i Dieu de susciter un puis-
sant docteur au milieu de l'islamisme qui, protégé
par le cimeterre des infidèles, combattrait par set
écrits l'hérétique couronné, chef des iconoclastes.
Ce docteur, c'était le petit Jean, né i Damas.
CNFàNCI IT IDUCATION miTIILLIUSIS
Le famille de Jean était noble et chrétienne «t
le triomphe des mahora<^tans, qui s'étaient emparés
du pays, n'altérèrent point sa foi. Les nobles qua-
lités et l'intelligence de Scrsc-Mansour, père de
lean, le firent remarquer par le Calife Abdel-Ualek,
homme t«mble mais sape ; il l'appela auprès de
lai. comme autrefois Nabuchodonosor flt pour
Daniel, et il l'établit questeur général de l'empire.
A la cour de cet infidèle, Serge-Mansour demeura
un fervent chrétien; il dépensait en œuvres da
charité les immenses revenus de ses terres en
Palestine, et surtout, il profitait de sa situation pour
racheter les captifs.
Un jour, à Damas, il vit au sortir du palais une
troupe de ces malheureux esclaves que la barbarie
musulmane réservait à la mort, et tous se proster-
naient devant l'un de leurs compagnons pourohtenir
de lui une dernière bénédiction.
Les musulmans étonnés demandèrenti cet homme
de quelle autorité il était revêtu parmi les rhrétiensT
— Aucune, dit-il, je n'ai ni l'honneur du sacer-
doce, ni d'aucune dignité, je suis un moine inutile;
ma vie s'est écoulée dans l'étude de la philosophie
chrétienne et profane.
Et à ces mots, ses yeux se remplirent de larmes.
Le pérc de Jean voulant consoler ce chrétien .■
— Homme de Dieu, lui dit-il, pourquoi pleurer
la perte d'un monde auquel vous avez renoncer
— Ce n'est pas cette vie que je regrette, puisque,
vous l'tvei dit, je suis mort au monde ; ce qui
m'afQige, c'est d'avoir inutilement dépensé tant
d'efforii pour acquérir la sagesse. J'ai en effet par-
couru en entier le champ é» U science ; je me sum
tierce dans la rhétorique et l'art de bien dire ; j»
connais les rèples de la dialectique et ds l« démoni-
tralion, Tai' analysé la morale d'Aiislote et de
Platon ; j'ai pénéir», autant qu'il est possible à
l'homme, les stcrets de la nature, j'ai approfondi
les lois de l'arithmétique et de la géométrie, les
proportions de la musique, et fout cclaaûn de mieux
connaître par la beauté des œuvres l'excclleuce et
la bori'j^^ du Créateur. Mais il ne m'a pas été donné
de cni.iiiiuniciuer à un antre ce q^ue j'ai si laborieu-
sement acquis, je vais mourir sans avoir pu
engendrer dans la sapos^e un Dis semblable & moi,
«ans avoir fait fructilier à l'exemple du serviteur
fidèle, les talenl-s que mon maître m'a confiés. Ce
tr.'snr acqui!) pour les autres va être perdu. Voilà
la cau^e de mes larmes.
Ces parole-, dites avec tant de conviction, firent
tressaillir d'alléfiresse le questeur de l'Empire, il
découvrait llioinme qu'il désirait davantape ren-
contrer au milieu des trnébres du mahomôlisme. Il
court se j^l^r aux pieds du (2alife, obtient la grâce
et la lil"rt'- du condamné, puis revenant vers lui :
— (;.'ii-.olei-vous, lui dil-il en le comblant de
préven.inre», désormais vous screi libre à Damas
dans [lia maison, vous serei mon ami et mon rom-
pa-iioii, vous partagerez les joies et les douleur»
de ma vie. Je ne vous demande qu'une chose.
— Parlei, maître, que j'obéisse.
— C'est de communiauer les trésor» de votre
science à Jean, mon (ils, selon la nature, et à
Cosme, un orphelin recueilli k Jérusalem, et dont
j'ai fait mon lils ad'<ptif.
Ce nom de Cosme était précisément celui du
moine, et il accueillit avec Donbeur une mission
qui était l'anibilion de toute sa vie, et sa joie fut
plus grande encore quand il connut la valeur de»
disriples (jui lui étaient confiés.
» 'ean. par rudmirrfble Tivacité de son intelligence,
avait les i^lan» de l'aiule ; 0)sme était semblable à
ces navires pesants qui arrivent sûrement au port
mais avec le se>-ours de toutes leurs voiles et d'un
vent favorable Tous les deux, l'un parla prompti-
tude, l'autre par un travail opiniâtre, parcoururent
,,; ' Ir rrrrU de» i ludcj Je Is ►;! jiniuAire,
i, , 'I |iir, du rai<onDemeot et de la morale;
,iir 11 parfaite ronnaits.ince de la
qu <<a le» surnommait les nouveaux
kuclide»
Kl ce <)iii rti plu» admirable, ajoute le cbronl-
3ueur. uiir ><'i«'ne« «i profnode D'enflail pat l'etpril
e« ilem ,|..i|.U«: mil" romm» r«rhre «'«hais»»
d'autant plus qu'il est plus chargé de fruits, ainsi
l'humilité de ces deux intelligences croissait en
proportion de leurs connaissances, parce qu'elles les
considéraient comme un degré pour arriver à la
vraie science de la théologie sacrée. Un jour le
moine dit à Serge :
— Vos vœux sont accomplis, la sagesse de votre
enfant surpasse la mienne ; Dieucoraplùlera l'œuvre.
Je v.ius demande Je me retirer au désert aûn de
vaquer à la céleste contemplation.
Serge fil la plus grande résistance, mais il dut
céder aux vœux ardeuls du saint moine, (jui se
retira en Palestine dans la laure de Saint-babas,
d'où son 4me bienheureuse émigra vers le ciel.
SAINT ilAN DAVASCiNB GBAND VIZIK
Le titre de ce chapitre choquera sans doute plu-
sieurs qui ignorent que les grands viiirs eux-mêmes,
comme les avocats et toutes les professions, ont un
patron au ciel. Dieu a toujours réservé exlraordi-
n.Airement quelques âmes au milieu de la genlilité
pour servir de llambeaux.
Peu de temps après la retraite de ce moine, qui
avait été préparé par les anges à la mission qu'il
venait d'aicomplir, le père de noire Sainl mourut.
Le renom de la sagesse du fils était venu maintes
fois aux oreilles du calife. Il le fit appeler et
malgré sa résistance, qui accroissait d'ailleurs son
désir de se l'attacher, il le fil son grand viiir.
A ce moment, l'empereur grec Léon l'Isaunen
désolait l'Eglise par ses fureurs contre le culte des
imaijes, et les fidèles étaient grandement troublés.
Jean sentit comme un souflle précurseur des
grandes choses de Dieu passer en son âme et,
rempli d'un sainl lele, il écrivit Uois lettre» eu il
d'monlrail admirablement la néceasité du culle des
images.
« Ce qu'est un livre â ceux oui savent lire,disail-
il, limage l'est à ceux qui ne le savent pis; ce que
la parole est pour l'ouïe, l'image l'est pour la vue.
Les saintes images sont un mémorial des œuvres
! divines « Puis il démontrait la conformité de ce culte
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Jr» Coi.
I Si un UiK'
iIp autre que
jiiilliiinr Pli'
il suppliait ses amis fie donner à ses lettres la plus
grande diffusion possible. Les lettres du grand vizir
chrétien Jean produisirent une sensation immense;
des traductions latines en furent faites et distribuées
dans tout POccident; et le monde chrétien entier
admira l'éloquence du nouveau docteur. •>
Ce succès eicita la rau'ede l'Isaurien; ne pouvant
atteindre le Saint, il eut recours pour se venger de
lai à une trahison infâme, dont Dieu voulait se
servir pour élever son serviteur à une grande gloire
LA VAIN COUPÉB
Voici le stratauèrae grec. Des agents hypocrites,
sous prételle de piété, se procurèrent un autographe
du Saint et, une fois en possession de cette écriture,
un habile faussaire se chargea de simuler une fausse
lettre de Jean à l'Empereur, conçue en ces termes :
« A l'empereur de Cnnslanlinople, salut. Je me
félicite, sei^'neur, de vivre d^ns la même foi que
votre Celsitude; connaissant votre sagesse et votre
prudence, je vous donne l'avis suivant: notre cité est
mai cardée, le nombre des Sarrasins qui en forment
la garnison est très restreint; c'est pourquoi je vous
supplie au nom du Sei^'neur d'avoir pitié de tant de
raalneureui chrétiens, et d'envoyer des troupes s'em-
parer de la Tille. Je vous serai en cette circonstance
d'un grand secours, car mon autorité est toute-
puissante en ce pays. «
Un ambassadeur apporta cette fausse lettre au
Calife avec une autre dans laquelle l'Isaurien disait :
« Je n'ai rien de plus à ctpurque d'entretenir avec
vous des relations amicales; je ne cesserai de vous
être fidèle, maL'ré le» pressantes sollicitations d'un
chrétien de votre cour cjui rne supplie de violer mes
promesses. Je vous envoie l'une de ses lettre», afin
que vous ne puis»iei douter de ma sincérité, en vous
rendant un compte exact d* sa méchanceté. »
Le Calife, outré de colère, fit appeler son crand
viiir, lui montra les deux lettres, l'accabla de
reproches, puis sans lui laisser dire un mot de
défense, lui Gt couper la main droite, que l'on
exposa sur la place publique.
Jean subit sans murmure cet horrible supplice.
Vers le soir, persuadé que la coli-re du Calife serait
apaisée, car il savait les éclats de ses emportements,
il envoya le supplier de lui rendre sa main pour
l'enterrer.
Le prince se laissa fléchir, fit remettre la main
eou|iéc, mais aussitôt que notre Saint l'eut reçue,
au lieu de l'enterrer, il se retira dans son oratoire,
et se prn-ternant devant uue image de la Très
Sainte Vierge :
« Très 5aiDle Mère de mon Dieu, ma maia droits
a ét<^ coupée, vous n'en ignorez pas la cause.
GlorieuAe Vierge, la Droite du Très Haut incarnée
en vous a fait par votre intercession d'innombrables
merveilles; que par vos prières eBe me rende cette
main, et désormais je ne l'emploierai qu'à écrire
vos louanges et celles de votre divin Fils. »
Pui* il s'endormit; la Très Sainte Vierge lui appa-
rut alors et lui dit: • Vous êtes maintenant guéri ;
n'oubliez pas votre promesse. »
Notre Saint à «on réveil se souvint de son rêve et
vit sa main parf.iiteinenl réunie à son bras; une
liune rou^e entourait seule le poignet, comme témoi-
gnage perpétuel du miracle
La reconnaissance de Joan éclata dans an joyeux
cantique, que toutes les manons d'alentour enten-
dirent. La nouvelle du miracle répandue dans toute
la ville parvint aux oreilles du Calife, il crut d'abord
à une supercherie, car lui ne connaissait pas la
puissance de Marie, il le Ht appeler; et après avoir
examiné la ligne rouge qui entourait le poignet :
— Quel médecin t'a guéri?
— La Mère de mon Dieu, répondit Jean.
Le Culife, obligé de reconnaître un prodice aassl
éclannt, demanda pardon au Saint de l'avoir con-
dnni'i • sans l'entendre, et lui rendit toutes set
charges; mais le bienheureux se jeta à ses pieds et
après de longues instances obtint de se livrer uni-
quement au service de Dieu.
SALTr JEAN DAHASCiNI AD DCSEBT
Notre Saint, délivré des attaches du monde,
afTraii'hilses esclaves, vendit ses biens, en distribua
le prix aux pauvres, aux églises et à ses parent.-^, cl,
acciiiiipiiJiiè de Cosme son frère adoptif, il se retira
eu l'.ile>iiiie, dans la laure de Sainl-Sabas. L'abbé
au<|iiel il s'adressa appela un vieillard et voulut lui
coiiliT la formation de Jeau. Mais le moine refusa,
se reconnaissant incapable de conduire un hom me
dont la sii;;esse faisait l'admiration du monde. .La
m-'iiiH demande fut faite successivement à c'nq
moiiio vHuérables, mais san;; plus ùe succès.
L'.ïlibé lr"uva euûn un vieillard simple, illettré,
mais de grande vertu, qui accepta la tâche; ce soli-
taire •'miiieua notre Saint dans sa cellule, et lui
donna la i«;;le suivante :
li Ne faites jamais votre propre volonté, exercex-
vou» à mourir à vous-même en toutes choses; —
offrez à liu^u vos actions et vos peines, ne vous enor-
(.■ueillisseï pas de votre savoir et de vos avantage»,
mais coii^iiltrez votre ignorance et votre faiblesse ;
prfUfi conseil dans les choses difficiles — (;ardex
toujours le silence — a'écrivet pas de lettres sans
la p^riiii'sion de vos supérieurs — ne contrediseï
per»ciiiiie. •
A I aide de ces conseils, Jean fit de grands progrès
dans la voie de la perfection, son directeur met-
tait du reste sans cesse son humilité et son obéis-
sance à l'épreuve.
Il l'i-iivoya un jour à Damas vendre de» corbeille»,
et il Un (l»a un prix exorbitant, avec absolue d'-feiise
de Ih-i ilniiiier au-dessous. Noire Saint, sous un habil
mis''ralile, le visage pâle et défait, parcourut cetl»-
villr d'iiil il avait été fiouvemeur : mais connue If
firix de «es corbeilles était très élevé, il ne reiueillii
iiM>.leiu|i» et partout que moquerie» et injures. L't
de se» ancien» serviteurs le reconnut enlin. 'pI', pri-
de compassion, il lui acheta toutes se» corbeilles,
notre Saint, victorieux de Tépreuve, retourna à soi
désert.
Son obéissanc* remporta np triomphe pins écla-
tant encore dans la circonstance suivante :
Un moine Toisin, inconsolable de la mort de son
frère, ne pouvant parrenir à calmer sa douleur, vint
supplier Jean de lui composer quelques vers dont
la méditation relèverait son courage et apaiserait sa
souffrance. Jean résista d'abord, car il roulait res-
pecter le silence imposé par le vieillard, mais vaincu
par les pressantes sollicitations du moine, il lui
composa un vers dont le s^ns était: << Tout ce qui
est humain n'est que vanité. » Le vieillard, au
retour, ayant appris ce qui s'était passé, fit d'amers
reproches à son disciple, et sans accepter aucune
excuse, il le chassa de sa cellule. Cet homme admi-
rable, ne sachant plus où se tourner, pleura sa déso-
béissance, puis il pria quelques moines vénérables
d'intercéder pour lui. Le vieillard accorda la crâce,
mais à condition que son disciple accomplirait pour
pénitence l'action la plus humiliante, celle de vider
tout>>s le<i immondices de la laure. L'ancien prand
Tiiir fil ct'tte pénitence avec un empressement et
ane humilité qui ravirent d'admiration les moines.
Le vieillard; heureux de l'obéissance de son dis-
ciple, courut au-devant de lui, le reçut dans ses
bras et dit après l'avoir embrassé avec effusion :
• Quel^énéreui athléie de l'obéissance.j'ai enpendré
aa Cbrisl! « Puis il le ramena à sa cellule.
JBAN DOCTIM
Peu après, le vieillard entendit en songe nne voix
qui lui disait: •■ Tu as asset lon;;tcmps retenu les
•aux de la fontaine; permets-lui maintenant de
•u;7re son cours ; elle coulera à travers le monde
avec tant d'abondance que les hérésies en seront
submergées. »
Il appela aussitdt le bienheureux Jean et lui dit :
— Mon flis, fidèle imitateur de l'obéissance du
Christ, ouvrervotre bouche et recevei le Saint-Esprit,
répandez maintenant an dehors les trésors de
sagesse et de science que possède votre âme, et
pardonnex-moi si jusqu'ici je n'ai été pour vous
qn'un obstarle.
Dès cetti> heure,saint Jean Damascéne,se retirant
plus avant dans la solitude, se mit à composer ces
ouvrages admirables qui l'ont fait appeler le saint
Thomas de l'Orient. Outre ses discours ou lettres en
faveur du culte des imaces, il conçut un vaste
•nsemble de doctrine dont les 3 parties embrassent
depuis les premiers éléments du langage Jusqu'aux
points les plus élevés de la doctrine chrétienne. La
1" partie, appelée dialectique, n'est que la logique
d'Aristote modifiée sur certains points. La 2* con-
tient l'histoire et la réfutation de toutes les hérésies ;
il y expose et réfute très au long le mahoroétisme.
La 3* partie comprend son grand ouvrage sur la foi
orthodoxe. Il y parle de Dieu, de ses œuvres, de «es
attributs, de sa Providence, de l'Incarnation, des
Sacrements — sur chaque vérité il résume l'Ecriture
•t ia Tradition. Dieu l'a suscité pour faire lôrement
arriver jusqu'à nous la Tradition des Pères. Dien,
en effet, prévoyait que l'.isae et la Grèce subiraient
le sort déplorable de l'Esypte et de la Syrie par
les conquêtes des Sarrasins; et comme beaucoup
d'écrits des Pères devaient être ensevelis sous les
débris de l'empire d'Orient, il forma ce Saint pour
rassembler la doctrine contenue dans un si grand
i.
v>
nombre de voluiue's el U liaiiMiuellre à ia postérité.
C'est le premier qui ait réduit la Théologie en
méthode; il a fait en Orient ce que Thomas devait
faire plus tard en Occident.
Il composa une multitude d'autres ouvrages; les
Paralltles, comparaisons des sentences des Pères
avec celles de l'Ecriture sur les vérités de la morale;
des traités contre les hérésies de son temps, surtout
celle des Iconoclastes. L'empereur hérétique Cons-
tantin Copronyme, dans sa fureur, le fit analhéma-
tiser publiquement par un conciliabule iconoclaste,
et il ordonna que cette condamnation fût réitérée
solennellement chaque année.
Sa dévotion envers la Très Sainte Vierge ét.Mt
admirable; il l'appelait des noms les plus doux; à
Damas, son image avait occupé une place d'honneur
dans le palais du grand viiir;| et l'on sait comment
il en fut récompensé ; les discours qu'il a compos< >
sur les mystères de sa vie, et en particulier sur »i
glorieuse Assomption, font asset voir combien l'au-
teur était inspiré par elle.
Vers l'an 740, le patriarche de Jérusalem, étant
venu visiter la laure, l'obligea à recevoir le sacer-
doce ; cette dignité auirmenla sa ferveur et son
xele; il parcourut la Syrie et la Palestine pour
raffermir les rliré^iens persécuté».
Usé de pénitences et de travaux, âgé de plus de
80 ans. il mourut plein de méritet, au mois de mm
ver» l'an "770.
la» r. r^M Vus, I M S. ra* ll>r*nl, Pan»
SAINT STANISLAS DE CRACOVIE. ÉVÊÛUE ET MARTYR
Fête te 7 mai.
A la voix de Stanislas, un mort se lève du tombeau pour rendre témoignage à la probité
du saint évèque.
vpQves, le? pauvres, les orphelind trouvaient
chez eux un refupe assuré.
Désireux lie vivre de plus en plus éloisnés du
siècle, les rlcux «''poux firent bâtir une église sur
leur terre, pour assister plus commodément aux
offices divins en dehors desquels ils consacraient
encore de lon^'ues heures à la prière elà l'oraison.
Leur vie rude et solitaire les lit regarder comme
des moines dans tout le pays. C'est r '"""'luoi,
aux étrangers qui passaient près du cli.'iteau,
l'on disait : « Là vivent en solitaires le seigneur
Wielislas et son épouse Bogna. »
FAMILLE DE STA.NISLAS
Vers la fin du x\' siècle vivait, à Séiépanow,
iim loin de Cracovie, en Pologne, une famille
\ertueuse et sainte.
Wielislas et Bogna descendaient d'une race
illustre.
Ils possédaient un domaine assez vaste, et des
richesses considérables.
Wielislas, guerrier couraseux autant que fervent •
chrétien, s'était Miinalé d.ins jdusieurs campagne»
de? Polonais contre les Busses.
Toutefois, à la guerre contre les hommes, il
préférait la lutte contre le seul ennemi de
Ihumanité, qui est Satan " car, disait-il avec
raison, si cette lutte est plus longue, le? palmes
en sont aussi plus belles et plus durables. • En
-onséquence, de concert avec son épeuse, il
- . hidiait à mettre en pratique les conseils
i.ingéliques. Les biens de la terre étaient pour
eux une monnaie pn^cieuse avec laquelle ils
.T li'laient 1'- domaines éternels du ciel. Le*
LE FRUIT DE LONIjLES PRIERES
l^>'ERGIE DU JBUKR STA]«ISLAS
Cependant, Wielislas et Bofn a avaneaienlenAiie
el n'avaient pas d'enfant. Ilepuis trente années
déjà le ciel semblait sourd à leurs prières. Ils
allaient donc être sans héritier; mai? itieu donna
enfin la fécondité à cette union restée si lon«-
temps «lérile. Stanislas naquit le i6 juillet 1030,
■.in
L'iliniiemeiil fui ;.'raiid dans St-zn|iaiiPtt. On
voit raremeul rliose pareillo It'autre- circous-
taaces miraculeuses aui;nien (aient rétoiinement
y^nëral.
La mission que Dieu réservait au jeune Sta-
nislas n'-clau>ait le mépris pl le délacheraenl
absolu des choses de la terre. Il s'y prépara de
bonne heure, l'iaire à Dieu était l'uuiqut- préoc-
cupation de cet eufani béni. Pour cela il s adon-
nait à la pratiiiuc <!<> la . Iiarilé, du joinio et de
la luortilioaliou il aiinaii à coactaer sur la terre
tiiT pins srands froids.
1'^ ses parents, pour des
- iinpressait de le distribuer
; ainsi que Iheu forme ceux
omb&t.
nue et à s"'-
1,'argenl qu"il
idaisirs I'- '
aux pan
ijU'il prépai' .
STA.MSL&S Pa&mK a CHA.'tOINK
Qn .f..l si.iriislas eut atteint l'àce nécessaire.
ecs li lirent étudier les belles-lettres ( t
1,1 I : ^ ir. l'our le perfectionner eu retle
.lenii.re étude, il fat en»oyé à (iuesne, où s.-
Irouvni! alr.rs Tl niversité la plus illustre de la
l'o! ■.lesne.il vint àParis, pour s'adonner
à I,; ...•, car rL'ni\er>ilé catholique de
■ elle ulle éUiil alors célèbre dan< le monde
tnlier. Durant les sept années qu'il fut en cette
ville, l'attrait de ses vertus lui concilia l'affection
de tous ses condisciples. \ son d>^parl, rL'iii-
versité resta embaumée du souvenir qu'elles y
arait-nt laissé.
Durant son séjour à Paris, Stanislas apprit i
niépri^r le siècle et ses vaiiili'--. Il se plaisait à
• lin- ■ ...... -s vers le '!'"'" •^" ■' i...nir.iit
-er- I bruit et:
!• M-.-, ^•"■■-
paii "le ceux
attendait-il I
s'emparer de
En .-rrct. . •
s'él
d'un
donna \e ^>n\ auJL pa
pouvoir réaliser au pi
iiuand I^mpert, été.iue Je (.lacovie, l'appela,
I ordonna prèln- et le lit chanoine de ^a cathé-
drale.
ir la Kuer i,
par sa - a
1 son rrtnur de Pologne,
lU, maitre
Inul. '-t en
iors, il Pi-pérail
.•ieu\ dc5»cius.
Ih.
la
trei
'•ail
de
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fl. l>fVlK.'<(T KVK'.M I or. UMACOMa
' •int': de <• ■■• I ■■■
nqne l'év
el du l<i
.■U le l>I;;UJr'J p'jur illflll'.
iie>
t.",
lai'
adii
-T - - -e» de
, sor-
' «'l u'-iiitM* Mt
leciiui- ,;U 1' i| 0 Alixaiiilie U, , I !,■ lîieuhcurcux
recul l'ordre du \ icairc de Jé<u>-l'.hrisl, comme
s'il fût émané du Maitre lui-même.
Il se croyait si indiL-ne de la nouvelle char^^e
qui lui incombait, ipi'il redoubla d'austéiilés et
de vertus, atin d'obtenir d'en haut la force néces-
saire. Il se revêtit d'un cilice qu'il ne quitta plus
.jus(|u'à la mort. Sa charité prit de jour en jour
dos proportions plus considérable». Les pauvres
étaient nonibreu.v à Ciacovie. Le ■-aint évéqiie
s'en lit doauer une li^le exacte, el ordonna aux
cens de sa maison de ne rien refuser à personne.
Au reste, lui-même présidait souvent à la dis-
Iribulion des aumônes, donnuiit. avec le pain
<iui refait le corps, celui qui refait l'âme. Il parai^-
■^ait en ces circonstances si humble et si doui,
que tous ces malheureux |>lpuraient de joie de
rencontrer on tel père.
ro»«r..Tr il se vE.>ce des i.xji'bb
Malgré tant de bonté, Stanislas fut plus d'une
fois en butte aux injures les plu-^ criantes, mai^
sa Tettu était au-dessus de toute épi-eurc.
l'n seigneur vint un ji>iir le pnerde venir con-
sacrer une église dan> ~a propriété. L'évéque y
consent avec joie. .\u jnuriiié. il s»- rend, accoa-
pagné de st-s clercs, à la maison dudit !>ei;;ueur.
il arrive à la porte du ca>tel. .\ >ia » ue. le sei^eur
>'eraporte avec une incroyable indolence el !•■
clia«se en l'accablant '' ' —- :
même de ses serviteurs ^
qui entouraient le i
coups. Le Saint n'
lance à ces traiteiU' ; , .
t^et accident amva ver^ le soir. I.e prélat *•■
relira avec sa -uile daus un pré voisin. Pour
toute ven^^eancc, il lit celle prière à Dieu :
t S't'.TK'iir. on m'empérbe de béuir le lieii
p que j'étais appelé k bénir, doanex à crhii
• oii je me trouve votre saint'* (••'•n*.li<-tion. ■
Il passa la nuit, en pmi.' aux 'aini
et du froid, dans ce pi-é qui :i> la
«uite le pré béni, nom qu'il cuu^ltvc encore
nujouid'hui.
Ouelques jours après . ," ' soiga— i.
confus de l'arlion qu'il l'iie, »iiit
demander pardon à l'éviifu--. n lui |tr«mt év
ri-parcr sa faute, en menant une \ie plus cbré-
tieune à l'avenir, (domine ko^u «k- ^a Mucérité,
il lit présent du pré à l'église de Cracovic.
STAMSIJ^S MVAHiT l'iMPIC BOUSLAS
La Poloene était alors uonveniêe par le roi
Hitlrala* IL Ce prince, qui »'«'l.iil ni' ntre valrti-
reiiv dan-- la t'uerre contre 1' '
de hhéralilé cïuvers ses »ujet-.
qu'il ••'('•lait aci|iii-e par d'
- e4 lUiques tf'Ul eli'^eiiibl*' I
• l'abord
1, el l'iliJ
ndant n'osait lui faire de rrprocJtes.
Irnca.
I*' lir.là «*litrj. Hnlih llliii
lAli I. t..
ré«M*, «tncB n« poaraii l« tmn c«4er. t>a eut | comme voo», qui «l«« indipte de lépuco{i«l el
luérileriez déire jeté en pàlure aux pourceaux?
— Prince, répondit Tbomme de Dieu, avec
une ûerté noble et calme, je sais le respect que
je dois à votre autorité, et, sur ce jKiint. je ne
pense pas avoir failli à mon devoir. Mai? je n'oublie
pas davantage que la dignité apostolique dont je
fuiâ revêtu est de beaucoup supérieure à celle
des rois. Car, il est d'institution divino que les
rois et les autres princes doivent se soumettre à
]à juri-liction spirituelle de l'évèque, alors même
qu'ils seraient issus de race moins noble que la
leur. Si donc vous avez souci du saluL de votre
àme, vous devez écouter les conseils que je vous
donne. C'est le «eut moyen de vivre eu pais avec
Dieu, et de régner avec gloire sur vos sujets. »
Ces paroles, loin d'amener le roi à résipiscence,
ne firent que l'endurcir et l'enflammer contre
celui qui se pre'seiilait comme le médecin le plus
dévoué de son âme et son plus véritable ami.
VENGEV.N'CE DE BOLESUkS
CALOMNIE CONTRE LE SAINT ÉVÉQUE
Saint Stanislas avait acheté à un certain Pierre
la terre de Piotrawin, qu'il avait adjointe à son
éi,'lise. Le prix convenu avait été entièrement
payé. Néanmoins, par raégarde ou par suiie de
sa confiance ordinaire, il n'avait pas exi^'é la
signature du vendeur, la chose ayant été faite
devant plusieurs témoins. IJoleslas appela ces
derniers et s'efforça, par ses menaces et ses
caresses, de les faire entrer dans ses vues, à quoi
il réussit parfaitement.
Pierre était mort depuis quelques années déjà.
It'après les instructions du roi, ses neveux déda-
léreutque ladite terre Pioiiawin avait été usurpée
par l'évèché. .\ cette nouvelle, le Saint se fit
f'irt de les confondre tous par l'aveu même des
témoins. Mais, liélas! ces derniers parlèrent
contre leur conscience, et l'évéquc, malgré ses
elTorts, voyait sa cause perdue sans retour.
Il ne put supporter une telle injustice.
Saisi donc d une sainte indignation, il demanda
trois jours de délai. « Cet espace de temps
écoulé, je vous amènerai, comme témoin de la
vérité, Pierre lui-même, quoiqu'il soit dans la
terre depuis trois ans. >• Un éclat de rire accueil-
lit ces paroles. L'impie Boleslas se hâta d'ac-
corder le délai sollicité, assuré qu'il était d'y
I rouver une nouvelle occasion d'humilier l'homme
'le Dieu.
LE réiioic.NAGE b'cx REsscscrri
Le prélatse retira avec quelques clercs et laïques
fervents dans l'éslise b;\tie à Piotrawin. 11 se
I •■ 'it d'un cilice et imposa aux siens un jeune
I ,...;ii''ux. Il se prosterna ensuite aux pieds de
l'autel, où il ne cessa de demander avec larmes
■ |ue le Seigneur lui eoToyil son aide.
Vint le troisième jowr.
A(>rès avoir célébré le Saint Sacrifice, le Bien-
heureux se revêt de ses ornements ponlincaux,
et. suivi de snn corlê(?e, s'avance proce«sioniiel-
lement vers b- tombeau de Pierre. Arrivé là, il
■rdonn"- d'enifver la terre qui recouvre la tombe.
I e radnvr'' •'■'■■' •-•■'■■ entièrement réduit en
|, ll,.|.^r... - i.t à genoux et renou-
■.■■l!-'---" • le Dieudans une prière
[t'd. • rminée. il touche de la
iM II- ■. au nom du Père, dr
I il. f t'ordonne de quitter la
iidre témoiunagc à la vérilé
des hommes, n
;.'e ! Pierre •"; lève vivant,
l'évéque le prend par la main; unfrisaou d'elfr
aiiite les assistants.
l)es émissaires courent annoncer le miracle à
Bole>las en plein tribunal. Il ne Mwit pas y croire.
.Mais voici venir notre Saint, accompagné du
ressuscité qu'il tient par la main.
11 le présente au roi : <■ lYmce, lui dit-il, voici
le témoin le plus irrécusable de la vérité violée
par vous et vos complices. »
Le tyran se tait, épouvanté.
Pierre alors, élevant la voix, s'écrie; " Voici que
Dieu, touché des prières de son serviteur Stanis-
las, m'envoie sur la terre pour venir rendre
témoignage de la vérité devant ce tribunal. Kn
présence de tous, je déclare que j'ai vendu ma
terre à l'évéque et à son éslise. et que j'en ai
reçu le prix convenu. Quant à mes neveux^ ils
n'ont aucun droit sur. elle : la calomnie seule a
pu les conduire à la revendiquer. » A ces mots,
il se tourne vers eux et leur dit : « Ouelle folie
a pu vous porter à commettre lui tel crime, les
uns par malice, les autres par timidité? Si vous
ne faites pénitence aussitôt. Dieu fera peser sur
vous son bras vendeur en celle vie et en l'autre, o
Forcé par cet ar:.'ument uon moins incontes-
table qu'étrange, le de.'po1e libertin déclare le
droit du cùté du saint prélat. .Mais sa fureur
contre lui s'accrut au lieu de diminuer. Nous en
verrons bientôt les effets.
PE.NSÉE d'u.N ressuscité SUR LA VIE PRESENTE
En sortant du tribunal, la foule se pressait
autour du ressuscité pour lui adresser diverses
questions. Il y répondait le moins possible :
« Car, disait-il, je ne dois le faire que par ordre
de Stanislas. »
Celui-ci le reconduisit à son sépulcre, et là,
en présence du peuple et de" clercs, il lui fit
cette demande: " Pierre, veur tu que. pour rendre
«races au Seigneur du bienfait (lu'il vient de
nous accorder, je lui demande de te laisser
encore avec nous quelques années?
— Père saint, répondit-il, que ferais-je dans
cette vie misérable de la terre, qui doit plutiH
être appelée mort que vie ? Je vous en supplie,
ne m'empêchez pas de demander celte vie vrai-
ment bienheureuse, où l'on voit Dieu face à
face. Jusqu'ici j'étais dans les llainnies du Pur-
;;aloire, j'espère en sortir bientôt. Daignez donc
prier pour moi le Seitmeur. afin que cette espé-
rance se réalise au plus vite, <m. si la justice s'y
oppose, que mes (leines soient du moins en
grande partie diminuées. »
Le prélat n'insista pas. 11 promit de prier
beaucoi^i pour lui. Pierre descendit dans sa
tonit>e. et son ànrie. s'échappanl de son corps,
rentra dans rélemité.
I>e clerjé et le peuple récitèrent les prières qui
ont coutume de se faire pour les morts. La fosse
fut comblée, et tous se retirèrent émerveillés et
résolus en même temps de proliler du temps
qui leur restait pour mener une vie plus chré-
tii-nne et mériter la vie heuieu>ic dont le ressus-
cité venait de parler.
l'autel ensam.lantk
Holeslas reçut encore du saint évêque plusieurs
avertissements au sujet de ses crimes: " C'en ei-i
assez, dit-il enfin, il faut faire disparaître cet
importun. •> La mort du Saint fut raéditce et
arrêtée en conseil secret.
Cette décision, malgré les précautions prises
jiour la tenir cachée, fut connue du peuple. Sta-
nislas en conçut une crande joie Mipui? lnii^-
teinps, en effet, il désirait la |ialine du martyre.
Toutefois, le jour où le crime devait (Hre commis,
le ponlife, voulant célébrer la messe en lieu sur,
se relira dan» un sanctuaire vénéré des Polo-
nais, appelé réfjlise Saint-Michel.
Le roi l'v suivit de près avec ses sicaires.
Quand ils arrivèrent, le .Saint avait commencé
le Saint Sacrilice. Le tyran attendit linéiques
instants à la porte le moment où il terminerait.
Mai- Stanislas célébrait plus lentement cjuc de
coutume. Les meurtriers s'impatientent. Itoleslas
envoie des soldats p.^ur le tuer à l'autel. Ces
derniers entrent, résolus. A peine sont-ils au
pied de l'autel, i|u'uiie force divine les renverse.
Impossible de taire un pas en avant. Ils ne par-
viennent à sortir de 1 église qu'en se traînant
péniblement par terre.
Le roi ne M-ut pas croire ce qui leur est arrivé.
Deux fois encore ils tentent d'accomplir le crime,
deux fois encore ils sont renversés. Kntin, Uoles-
las se résout à commettre hii-niéine le meurtre.
Il marche donc vers l'autel. Ilien ne l'arréti'.
b'im coup d'épée, il massacre le Itienheureux,
s'arme d'un couteau, saisit par la tète le corps
qui palpite, et, pour le rendre le plus dilTorme
qu'il est possible, lui coupe les oreilles, le nei
et les joues; puis le livre à la brutalité des sol-
dats qui le découpent en morceaux. Ces mor-
ceaux sont dispersés dans la campaj^nc par ordre
du monstre couronné.
SKITLTLIVE MIIWC.LLBUSP. — CIIATIMEVT DE BOLKSLXi
Quatre jours après, le roi et ses conseillers
v..irent visiter le lieu où avaient été dispersé> les
membres de l'évèque martyr. Us pensaient qu'ils
auraient été dévores par les chiens ou lés oiseaux
de proie. Ils aperçurent quatre beaux ai;;les qui
voltifieaient autouc de ces reliques pour les
défendre contre quiconque se serait approché
pour les ravir.
La nuit suivante, plusieurs chrétiens vertueux
virent, au-dessous de chaque morceau du corps
du martyr, une lumière radieuse et très lumi-
neuse, que l'on pouvait apercevoir de très loin.
.\nimés par ces prodiaes, et iiidi:;nés de la l;\cheté
des parentsde notre Saint, qui n'osaient enfreindre
la défense du bourreau Itoleslas, les chanoines
de Cracovie, accompagnés de quelques laïques
intrépides, allèrent durant la nuit recueillir et
réunir ensemble les reliques vénérées.
.\ peine ces débris èpars furent-ils ra' proches
les uns des autres, que le corps reprit sa forme
ordinaire, sans qu'il restAt la moindre cicatrice,
comme si le pnnat était mort du trépas le plus
doux.
On l'enterra dans l'éplise de Saint-Michel.
Le prince n'osa pas troubler les funérailles par
quelque crime nouveau, ll'ailleurs, le temps de la
vengeance divine était arrivé, car, tandis que la
mémoire de saint Stani>las était bénie par tous
les Polonais, Hole<-las, excommunié et déclaré
déchu du trc^ne par le pape liréyoïre VI!, fut en
telle exécration parmi ses sujets, qu'il se vit
obli;;é de fuir en H">n;;rie, où il se donna la mort
de désespoir : aiii-i l'attestent plusieurs histo-
riens. Quant à notre Saint, il fut canonisé par
Innocent IV, en I2'.>'.i.
^^
L.- l'l.itIUl.M>t, 3, lue tiaUl
VÉNÉRABLE JEANNE D'ARC
Délivrance d'Orléa»s, le 8 mat.
~eanne d'Arc. (Tableau d'Inere». an Musée du Louvre.)
I. jorcik' •|iir.n dpnn- julour de la Ute dans le tatiloau dej4 aneien du célèbre arti<t«, serait une irrégi!.arilc aujourd bui.
KISSIO:* DE JKAN.NB D ARC SON EltFANCR
Dipu qui. «elon la parole de l'ApiMne. appelle
re(/ui n'e«t p<u romme ce 71/1 efl, dn m<^me que
jadis iliivnit <-hoi3i. dans ses desseins, D<fhora et
Judith pour ronfnndrp \o<i paissants, «usrita, au
rf>mm''tir('mpnt duxv sièrle. Jeanne li'Arc pour
rflever |f s deotinée^ de sa patrie prpsquo aliattue,
et, en m'orne temps, pour revendiquer la liberté
et la gloire dp la religion donl les int(*ri*ts l'iaient
menacés. (Décret de la Conpr'^gatioii des Rites.
«Que la France devîn' anglaise, un siècle plus
Uird, elle cessait d'être c^'^olique. ou bien, si
pIIp résistait à ses dominateii. " elle se préci-
piUit, comme Tlrlande. dans de^ luttes et des
calamités sans fin. La cause de <» France, au
x\' MiiTJp, était la cause do Dieu. •• Cardinal l'ii^)
Jeanne naquit à Dorarémy (diocèse de Sainl-
:u
Die), Tau 1*12. Elle <5lait la qualrièmc des cinq
enfants île Jacques d'Arc, et d'Isabelle Homée,
bumbln laboureurs de bonne vie el de bon
renom. Sa mère lui euseif.'na le l'aUr, l'Ave, le
Credo, les niysléres de la relij;ion, elle lui apprit
à liler et à coudre le linge. Mais Jeanne ne savait
ni lire ni écrire.
Elle assistait tous les jour? à la messe, se con-
fessait wmVBÉ, ■• mananait point de saluer la
Vierp<> •■ aaa 4b VAmgeuu, coeilUit des fleurs
pour les mtttkt 4e Marie; oaorvgnae au ti^voil,
loyale, daaae,«h^§eaBl<e,eneétaitaiiDée de tous
et spéciiliBBat 4et pauvres à qui elle faisait de
larges aaaitoes et oMait parfois son lit, coa-
cbant eMe-aaétae sur la tem noe.
LES vo« Bc eut — oasTACte» — L.% DtriaT
Jeanne arait treiie ans, et avait déjà com-
munié. Cn jow d'été, vers midi, elle entendit
une inix du oAté de réalise. C'était la vois 4e
t'arcliaiige sauf MickeL L^ieeiaidisait la 0i^aa4e
piiic qui régnait aa * ~
annonçait ^VHe
SCS eniieais et le
4e Fkvnee, et il Uu
le JiMhie de tous
sera Reims.
ni cela M
mi manier
A quai IV
fera-t-ilfJe ae anani
les arme*. — Wea t^i
Après saiait Mick«l,
Mar;.'u<'rite mmtWÊtm». i lajeaM Hihe;
inspiratMM^, JelHBe tt TCBB 4e riijgioité. et, ea
retour, lee aHMlea ^rnpag^rpwt à la coniaire ea
paradis, ce 4aal èOe la mpfti» ttauamm.
U daaœ calant n'cMÎt rien révéler à. nçs
parents. Le ciel paria lai-iaMne i aaa pèK,4aae
la nuit; aa naatia, au sortir 4e «ea aaaancfl,
troublé, a t'écriait toot à coup deraat «ea lia :
« Si voire aoar 4er8it jamais partir avec 4es
gens depieire (comae je Pai vu en rKe).iev«tis
ordonnania 4e la Jeter i l'eau, et je le ferais 4e
mes prnpics ■■■• ai veaa refusiei 4e ai'abew. ••
Le père a'iecaya aaaâlM de la faaoer, 4e la
marier, aaia Jeaaae retaaa t'ner^iqaeaaeel et sa
vocation lUaaavée.
A meare ^aeFeafMl grandit, les v««x4evia-
rent [.lusManeaifi •V«fieaime,4Maieat<Bea.
Va! ijuetarAii ta?»
Jeanne a «eiae aaa. « EBe est mmA keBa, de
erande focce et pataaaaee. » Elle s'énftapve 4e
la inaisi« aalei— It et se ^réseï
du roi, Ae MaMoeaft, à \au
<• Ca|ataiae, sadKS «ae maa Sei^ear m\
cominaii4C 4Ûer vers le daopWa. le
sacrer le 4aMkia ea 4^it 4e
- Et ^aJaatlaaSeiwiear? -UB«
« C'est
Cepei; " ~
dit à la iaaae «Me : « Je
auprès <1b roi
— Avi
plutAi <|î*ayrèa. La'ftèvra »<- »"*'- f»-^»-^ - ne
traîner ear Wh> r>'wwn«, ' i.
Cf-rten, j'aimcr.ii^ bu 11 mu i , . ..la
p.iuvre iinTe, p.ircf que ce irc-.t i>a« imm "-tat ;
iii.in il fnnt que j'aille et que je le fasse, parce
fue innu Seigneur le vciU. ••
.. l>ii u 1' <<>iiiiuandait, dira-t-eUe i '.-g jucet.
el qiu^ HO '' .1 pères et '
■ '■ .c durai, je n'ii.
H«»euoit« 'eal^nMm«, Jeianne »« mit
lit i>ur laoïi
non Diru. ••
• j .ui 1' ' li-ïjJ ''l le c^>^-
^an4
molli»
A—.
•n I
eb. 1.
r<ieL.
tume militaire de Jeanne la Pucclle (la vierge).
IKA.NNE ET LI nAOTBIN — JK.\]|.NE CXASDiÛ à. l>OITIERS
Le roi, modestement v^tu, se tenait au milieu
de 300 cbevaliers; Jeanne alla droit à lui.
M Dieu vous donne bonne vie, gentil prince
— Ce n'est pas moi qui suis le .oi, et, lui dési-
gnant un seigneur ricboinent costumé : voilà
le roi. — Eu mon Dieui geulii pnuce, c'est vous
«mi l'êtes et non pas aaaolre. Et veos aande le
Bai 4es eieux par mai qae voas aerea sacré et
eearaaaé i Reims, et qae voas seres liaotenaut
4a Bai 4es cteos. qui est Roi de Pkaaoe. »
Et die lai révéla un secret oonnn 4e lui seul.
Pen4ant trois semaines, à Poitiers, des é\é<|ues
el des doctears de l'Liaivcrsité iaterro^èniit la
l*tK«lle sar sa mtation.
a Je ne sais ni k, ni B, leur dit-elle, nuis il y a
ès-livres de Kotre-Sci^neur plus qae aax vôtres.
Je suis venne de ta part du Bai 4es eieux pour
lever le sièae dX)rléaus et |>aar eaa4aira le rui à
Reims, où il sera consacre et oaamàaé.
— Si Dieu vrul délitrer le peuplade France,
a-t-il ilonc besoin du secours des aaaa d'ami es ?
interrugeat les iagea. — Les geas «naas batail-
leront et Diea daiHMca ht victeini. »
On rédaaMst aa aigae de aa ■iaaiaa. " Je ne
suis venae k IVâtiei'i pear faira ii§Be;aHiduisez-
aMM à Orifaai, et je «aaa aMatmai las signes
^SSiT'
«aa aaix? deaiandait
qae la voire.»
raLle àla Pnodle: « Le rai devait l'eaneyer sans
crainte eoatre ses
l^s (« au tu»)
(17 jouar ittv
Itgr Ke, et Orléans
Isj ealae et aerte en
ioaplw oeBe 5pa neat aa Baai da aeiiiiD-ur.
C qacles ytas capémacatés et lesplas intré-
p.' -is gaerners a'inaâMd pa fiataca sept mois,
sept jaara, aae dw^e! feaaaiaandeaaBbatont
mda\ Iraaaf pearrinnaflir.
» Héralae laapirfe. cMe praaMttaa la victoire,
et la victoire aa mit, pas lai daaav la 4éi:ienti.
» Ea aom Diea, ^Winia i «llii, il les feat ciun-
battre; !<eraieat4b pcaias aaa aaea, ariis les
ckaaips 4e ntav «ont |aacMa da ea>lavifs.
Vmmfii aai^aise a <li^|>ara; aaa eMb 1rs plu<
lésaaataa^Mtrts, aacaplifr, «a en imi)'.
le aeeaaikatplaa.BMeviAdelrioiii|>lj''->
ea trieaipbea.naee,jplacie aadaaphia,^!' c. ai-
dait haage de la viotawc ! BeÉMs, oawa tea f ><> r i •■ ^ ,
poatiie da Scipaear, failea eo^hr l'tade sainte
te tém»-CkritL
is de ce «pi. -
%li ! qae TalBe ^i i-
h rtMêm l'uni' I.
ton saint ! // mai' • '<• " ''
p«in»; t'ttati raûen 7m'i< fiit a l'honnevi
JtANMt Alt HÎLII - SK I",
Sou«rin-r''ntiT '.nrli Tnr. I!r.
>ltU^ a-
! ,|..rl,ir^-|
ui
|4! Ul l'st piUï »ÙX cl(jlU.'<
>.■' Il • ' '..II-'-, f.llî' !■• ■ ■
cession et prières à Dieu. » Et se tournant vers
les soldats : <• tn avant! en avant 1 » Et elle !
s'élaucait la première. Le 7 mai, au milieu de
la bataille, un trait la frappe au sein et la ren-
verse. IJu iustaiil eflrayée, elle pleure : ses saintes,
qui lavaient avertie, la consolent; elle arrache
la flèche de sa propre main et se met en prière.
Et comme Dunois.désespére'.sonnait la retraite:
« £n nom Dieu! s'écrie-t-elle en se précipitant
vers ta bastille, tout est v6ii'e et y entrez. .>
JJa autre jour, à l'assaut, une pierre énorme
la renverse dans le fossé. L"n cri de triomphe a
releuli sur le rempart; l'épouvante a glaoé les
FraiMais. Se relevant soudain plus tière et plus
terrible : <» Amis, sus! sus! notre Sire a con-
damné les Anglais ; ils sont tous nôtres. >> Les
Fcancais se raniment, la place est emportée.
Mais elle n'a jamais frappé elle-même aucun
ennemi. Ellle lient ordinairement sa bannière
où sont inscrits ces deux mots : Jésus, Mana.
Sur une autre bannière étnit peinte l'image de
Jésus crucifié. Le matin et le soir, les prêtres
s'assemblaieutautour de celte bannière, etJeanne
entonnait avec eux des hymnes en l'hoimeur de
la Sainte Vierpe. Les soldats accouraient. La
PuoeUe les arrêtait : « Confessez-vous et vous
serei admis dans notre confrérie. " Soldats, chefs,
princes se confessaient et communiaient.
Cl Actuellement, disait-elle, je ne crains pas
tonte la puissance des Anglais; chaque soldat est
préparé , bien confessé , pénitent et de bonne
volonté. »
L'HéBOINE cnBÉTIENNE
leaime estîliéroîne cbr^enne par excellence.
Brare «omme T'^p'^e, elle est pudicpie comme les
anges; une pwoie d'outrage lancée à sa pudicit^
fati couler se^ larmes, et fl faut que ses frères du
ciel viennent la consoler. En voyant Jeanne ,
disait un chevalier, nul ne songeait à forfaire; et
ce, à raufe de la ffrancle bonté 'lui était en elle.
Ard»^ile coninve va lion, elle est tondre et sen-
sible comme un agneau. •< Jamais, disait-elle, je
n'ai m sang de f'rançais que les chereux ne
se dressassent sur ma t*le. » Elle pleure en pan-
sant les ble^suros m^me de ses eimemis; elle
pleure s nrtont sar leur perle 'Hernelle. "<ilac)dag,
(ilacidas, rends-lni an Roy ductel ,tu m'as injuriée,
mais j'ai grand'pitié de ton âme. -•
Sur les champs 4e bataille, «Ile awirte les
moorantfi, les consolant par de douces paroles,
et leur profure des pr<Hres ponr les confesser.
Au milieu d^scamp?. elle est pieuse etrecueH-
lie comnae tme Carm<'li««>. assiste tous les .jours
à la messe, se confesse deux fois par semaine,
communie fréquemment, et souvent en rersant
dos torrents de l.-u-mes, fait de longues prières,
prokinE''es pendant la nuit. Tous les soldats la
reiraniaieut c/imme une sainte. Les populations
se pr>'ripil,ii'iil au-devant d'elle au cri de: HvU.'
tiw'l! Berne cftU qui vient mi nom du Seigneur! On
ToaJaJt toucher ses habits ou son cheval.
flUitm VISPOM DU KOTACTn DK FltANCE
Cn jour la Puoelle pria le roi de lui faire un
présent. I^ prière futagré»^. Elle demanda alors
comme dou le royaurae d" Krance. Le roi, ''tonné,
le lui donna après qui-l'jii" hésitalion. Elle vou-
lut me l'acte en ' 'i'^ll>>raent dre.sté et in
par los quatre ik ■ in roi.
- Voilà, dit-elle al'ji-, 1 plu? pauvre chevalier
de snn royaume. ■> Iiispr».;uil en maitretse du
royaume (le France, elle le remit entre le» mains
du flfu tnut-piii>'^aiit. Puis, afn.sgatat au nom de
Dieu, elle investit le roi Charles du ruyaume de
France, et de tout cela, elle voulut qu'un acte
solennel fût dressé par écrit.
« Je ne durerai qu'un an et guère ^? delà,
disait souvent la Puceile; il faut tâcher de nie
bien employer cette année. » — Hélas! ce beau
mois de mai, qui l'avait vue victorieuse à Orléans,
ne reparut que pour la voir captive à Compiègne
(24 mai 1430) et vendue aux Anglais.
Elle fut conduite à Kouen et jetée dans une
prison affreuse, les fers aux pieds et une chaîne
autour du corps; trois gardes, lie de la valetaille,
étaient enferrai^s jour et nuit dans le cachot
même, et deux entres à l'extérieur de la grille,
fermée à triple serrure, tant les Anglais avaient
fieur de la laisser échapper! •< Le roi, déclarait
e comte Warwick, l'a chèrement achetée et
payée, il ne veut pas qu'elle périsse autrement
que par la sentence des juges et sur le bûcher.»
PROCÈS DE JEA-NNE SES RÉPONSBS
Pour déshonorer la Puceile, un tribunal ecclé-
siastique est érigé, sous la présidence d'un évêque
indigne, Cauchon. Les interrogïitoires durent
trois mois. «O Dieu, sojezbéni! s'écriait Mgr Pie,
ses ennemis et ses juges n'ont pu découvrir
une seule faiblesse; sa vie intime est aussi pure,
aussi resplendissante que sa vie publique;
118 témoins oculaires ont révélé tout ce qu'ils
savaient sans pouvoir révéler aulre chose que
des vertus! Scribes de l'Angleterre, enregistrez
ces dépositions : c'est de vos mains ennemies qu'est
élevé le plus beau monument à la gloire de
l'envoyée des cieux.. j>
Seule, sans avocat, sans procureur, Jeanne
réclamait de Dieu secours et conseil, les voix
venaient alors la consoler. Plusieurs fois elles lui
dirent : Réponds hardiment. Dieu t'aidera.
Ecoutons-la : « Vous, évôqne, vous prétendez
être mon juge, prenez bien garde à ce vous faites;
car, en vérité, je suis envoyée de Dieu, et vous
vous mettez en grand danger. »
(A ses juges) :« Vous ne ferez pas ce dont vous
me menacez, sans qu'il vous en arrive mal et au
corps et à l'àme. »
'< Je sais bien que les Anglais me feront mourir
parce qu'ils croient pouvoir s'emparer de la
France après ma mort; mais seraient-ils cent
mille de plus, ils n'auront point le royaume
Avant qu'il soit sept ans, les Anglais abandon-
neront un plus grand gage qu'ils n'ont fait devant
Orléans Paris, repris en l»36i u
La sagesse de Jeanne confond ses accusateurs.
<c Saint Michel vous apparait-il vêtu?
— Eh! Dieu n'a-t-Ll point de quoi le vêtirl
— Croyez-vous être eu état de grâce?
— Si je n'y suis pas. Dieu m'y mette; sij'y«uis.
Dieu nj'y garde.
MKNACES DE TORTURES — AFFIRMATION DE SA HISSION
'< Voyez, là, devant vous, lui dit le jug»', les
exécuteurs tout prêts à vous mettre à la torture.
— Vraiment, répondit-elh^, quand vnusdevrei
me faire arracher les membres et me lavre parlir
l'âme ducorps.je ne vous dirai pas aulre clic.se;
el si je vous disais autre chose, je vous dirais
ensuite que vous me l'avez fait dire par force 1
•> Je me damnerais si je disais que Dieu ne m'a
pas envoyée; j aime mieux mourir que de renier
ma mission ! Qu'on fasse examiiipr mes réponses
par des clercs, et s il y a quelque chose contre la
fni, je ne persuterai point à le soutenir; ciir je
suis bonne chrétienne! Je rrnis )mi l'EKiur;
l'Eglise el Notre-Seigneur, c'est tout un 1 »
La torture ne lui lui pas appliqu'-e.
En passant devant la porte close de la cha-
pelle, elle s'agenouillait et priait : (,'y est le Corps
de JéstL<-Christ. Sa plus grande peine était d être
privée de la communion et de la messe.
ABJURATION — RELAPSE
Cependant, ses voix laverlissaient : « Jeanne,
sois sur tes gardes, on va chercher à te tromper,
et Ion y parviendra. ■■ La l'uoelle se laissa trom-
per, le jeudi, 2i mai, dans le cimetière Saint-
Ouen. Elle consentit à abjurer, traça un rond au
bas d'une cédulc d'abjuration et s'entendit con-
damner à la prisnn perpétuelle.
■. Or cà. «> lis d'E^'lise, dit joyeusement la con-
damnée, in<iie7.-moi à vos prisons, que je ne
sois plus .11 la main des Anglais.
— MciKï-la où vous l'avet prise sdit le ju^e.
On la remit aux fers et on lui laissa ses ;;ardieiis.
Elle accepUi néanmoins l'habit de femme, sur
la prora-ss.> i]u'on lui lit de la transférer à la
pri>^on d'Eïlise. Trois jours après, Jeanne avait
repris l'habit d'homme. CoinnuMit avec ses fers
et ses gardts, obli;^é(! pour se lever de se faire
déferrer, avait-elle pu reprendre cet habit"?
Les jui;es accoururent à la prison pour cons-
tater le fait et déclarer Jeanne relapse.
Jeanne, avertie par ses voijr, rétracta son abju-
ration : " Ce qui ëuit dans la cédulc d'abjuration
je ne le comprenais pas ce que j'ai dit jeudi,
e l'ai fait par crainte du feu. » Et elle reprocha
ses jufres de l'avoir trompée.
Le mercredi, 30 mai, Jeanne est avertie qu elle
serait brûlée ce jour-là ini^me. Elle éclate en
sanglots : « Hélas 1 s'écrie-t-elle, si j'eusse été
dans la prison ecclésiastique, à laquelle je
m'étais soumise, gardée par les gens de 1 Eglise
et non par les .\iiglais, mes ennemis, ic n'aurais
pas fait celte misérable lin! .\h! j'en appelle à
Dieu, le grand Juge, des grands torts et des
iiiïravances qu'on me fait. »
DKHMKRB COMIIUNIOM — LA HOBT
Elle se confessa au Dominicain Martin Ladvcnu.
puis elle demanda la Coniniunioii. On la lui
apporta avec lescérémonies habituelles, au chant
lies litanies, et la foule, très nombreuse, répondait:
fric: pour elle. Kr. Martin, montrant la Sainte
Hostie, dit ii Jeanne : ■< Croyez vous que c'est le
Corps de Jésus? — Oui. et je demande qu'il me
soit donné. >. Le reliaieux la communia.
N. u( heures du malin allaient sonner; Jeanne
monta, v^lue d'une longue luiiiciue, sur un lourd
chariot; H»H) soldats es< orUiieiit. Et ses nrières
élai'iilsi dévoles qu'elle arrachait des pleurs à
tous les assiiiants. Le sinistre cortège s'arrAla.
Uoueii, Uoueii. s'écrie la victime, est-ce ici
que je dois mourir? •■ Jeini]- -■ iette à genoux
cl prie à voix haute : " San 'ly: ;''''<; <f«
fiioi, rar je rrots eu roinl J l'iHi 't' moi!
O Marie, pries ■pour moi! .S<iiii( SUihel, saint Ga-
briel, saint' Catherine, sainte Marguerite, renti a
iimn aille! Vo'i* tons qu Mes ici. pardonnei-mn
■ ihTif jr ION parftnnne
Ï
Voi/<, pr.'lrr*, dites rha
;ioj de mon àme! Enroi<.
I^ mon roi / llmotll saints
.1.'»
i«i-
Le misé-
ijuclques
jugement n'a lieu, aucun acte dressé. « Menei,
menez », dit-il aux gardes, et au bourreau : " Fais
ton office. » Le bourreau saisit l'innocente, la
pousse sur le bûcher et l'attache au poteau. Elle
est coiffée d'une mitre de papier, ou sont écrits
ces mots : tlén'tiijue, relapse, apostate, idolaftre.
Jeanne demande une croix. Un .\uglais joint
deux morceaux de bois du bûcher, << et dévote-
ment la recul et la baisa, et mist icelle croix en
son sein, entre sa chair et son vêtement. »
Puis elle réclama le crucilix des processions.
Ou alla le chercher à la paroisse. <■ .\yei soin,
dit-elle, que je l'aie continuellement devant les
yeux jusqu'à ma mort. >■
Soudain, elle pousse un cri : « Maître Martin,
descendez le feu! » Le confesseur descend;
du pied du bûcher, il encourage la victime, et
lui présente le crucilix. Jeanne, au milieu des
llammes, réconfortée par ses visions, parle encore :
.. Saint Michel I saint Michel! Non, mes roi.T ne
m'ont pas trorapëe, ma mission était de Dieu.
Jésus I Jésus! »
Ce fut le dernier cri d amour de Jeanne. Elle
était Agée de dix-neuf ans.
Le bourreau jeta dans la Seine les cendres et
le ctrur intact de la victime. La foule s'écoulait
terrifiée; plusieurs attestaient avoir vu l'Ame de
la pucelle s'envoler au ciel sous la forme dune
colombe, ou le nom de Jésus écrit au milieu des
llammes. Lue malédiction secrète plana sur les
meurtriers et les juges.
JEANNK s'a tas iji CONOAMNÉe PAR l'iSCLISI
Jeanne, dit le cardinal LanRénieux, a éié
jugée et condamnée par la politique seule, poli-
tique de vengeance, et non par l'Eglise.
Et qui donc le sait mieux que la victime elle-
même? Eh bien! elle le sait.elle le dit. En dépit
de tous les sophisnies, elle en appelle de se»
juges à ri-:glise, quelle ne reconnaît point dans
le tribunal qui est devant elle •■ Menez-moi
nu l'ape, et je lui répondrai, car je tiens et je
crois que nous devo:;s obéir à notre Saint-I'cre
le l'ape qui est à Home. »
Et comme le président, sentant toute la portée
de cet appel et craignant de voir sa proie lui
échapper, défend au greffier d'écrire ses paroles :
.. Ah! reprend l'innocente victime, vous écrive»
bien ce qui est contre moi, mais ce qui est pour
moi vous ne l'écrivez pa» 1 » Jusqu'à .sa mort,
elle proteste qu'elle a été soustraite à la jusUre
de rkulise, qu'elle aurait mieux airaë mourir
avautue tomber aux mains des Anglais.
LE VBAI JUCBMl-NT 01 L'tCLISB Sf» JKANN* d'ARC
A la date du II juin itr.ri, le ; '
ordonna la revision ilu procès. !.•
par le Pape prononçaient leur senlcucc le . j""
let 14;>6, 4 I archevêché de Uouen.
f Nous, disaieii' ' ' " " "''"
nom derEfllisc, •■
Dieu seul devant !• - >■ ii\, ■
cons. décrétoiiH et (b rlaron
seti' ;-''■■■ ■■:■
■u
■ irr
l 'Il
' lie tant d-'
■ ils
iK.
lenteurs.
1.-
.. , .. . ulier, devait prononcer la
tenlence délln-.tive ; il Msil«, «e trouble ; aacan
l'ahjuralion suiiUte, 1<
s'en est suivi, on' ri,
tmn aienus, »'inj •
I . 21 iiin nr I '
„j^ iiinin !>■ '
Ir.. : , . • de la ' ."'i
Ihcii, Jeanne d'Arc, t tergt
ce qui
:i( nuh.
l.éonXUI
n d'in-
inle de
î f g'-rAril I. rrilTii»
— Imj'rimrrir V I r »
^ \ "., rnr |liv>r<l. l'arl»
LE GRAND SAINT NICOLAS
ÉVÉQUE DE MYRE
Seconde fête le " .na:.
SA PATRIK
SA NAISSANCE
l.a ville de Palare. aujourd'hui en ruines, située
ilans la l.yrie, |>roviine de l'A>ie- Mineure, fut le
lit'U ou nai|nil -aiiil Nirolas. I.:i rondalioii de cette
\ille remonte aux premiers âfies helléniques. Le
iiille d'Apollon et les orarles (|iii étaient rendus en
sou nom en lirent une ri>ule de Delphes, disent
Ïile-Live et Strahoti.
l'atare devint autrement célèbre au m' siècle de
mitre ère par la naissai^'e de saint Nicolas, que ses
l'iiux parents, Kpliemius et Anne, déjà avancés en
■ iiii; ontinrenl par leurs ahonilantes aumônes et
leurs ferventes prières. •• Vous aurez., leur dil un
■ iu:ie, un lils qui s'appellera Nicolas i-'esl-;i-dire
Vilnire (lu peuple \ et il sera uraïul serviteur de
l»]eu! >■ C'est le qu'allirment Jaiques de Vorapne,
^aint Vincent l'erner et s.iint l'ierre llaniien. ■• >'.e
~aint enfant ne vit pas ;ilul(M la lumière du jour,
ijoutent ces auteurs, ipie Dieu voulut le faire
connaiire pour son 'erviteur; car, nyani èlé placé
dans un Irain, il se tint dehout, joi^Mianl li"< mains
cl ref{3rdant le ciel avec une sorte d 'exln-.e ! • Ce
cpn a fait ilire à saict Kernard que s.iint Nicolas fut
élu, béni et éclairé par le Sei:;neur dès le premier
moment de sa naissance. (Comment explicjuer autre-
ment le jei'ine (|ue cet enfant, aussil()t entré dans la
M<-, s'imposa, les mercredis et vendredis de chaque
-emaine, selon les usa;:es des Ktilises d'tirient, ne
pr. liant de nouriiture qu'une fois le jonr et à l'heure
■ !•■ None, heure ù laquelle prirent fia les douleurs
.!■■ la passion de Notre-Seiuneiir Jésus-^'hiiNi ? Ce
pi..di;;e de pénitence fil dire a -on oncle, sou prédé-
■ f-«eur sur le sièye de Myie, les paroles suivantes
iii'- In tradition nniis a con-ervèes : <■ Voila qu'il est
II'- en ces jours nu nouveau soleil sur !a t'-cie: il
illustrera tout l'uniters Je vous dis (|ue le ::raitd
Dieu a romniuniqiiè à l'enfant Nicolas de si )^r.iii<les
;;iàces et une puissance de miracles si merveilleuse,
qu'on ne cessera jamais d'en parler! •■
SAIMT MCOLAs si: phkpark ac sacihdock
Kphemins permit à son fils de choisir sa carrière.
Notre Saint consalla le Seicneur, il sentait en lui-
même une inclination pour l'étude des lois, et il
a\ lit Je désir de défendre un jour les inlèièis des
p iiivres et du peuple; cependant, il ronipi il qu'il
■ !■ ail n-piriT au sacenloce et que telle était la
\r<lonlé du l'iel.
Il étudia déit lors la théologie, en «'imposant des
f»nnes niiillipliés et de rudes morliflculioii'., pour
Il • Ire point sujet à l'eireiir, Dieu I en TèrompeiiM
iri f.ivon-aiil m-h étude- par de> luiiiiere- paitn'U-
li. les et en lui aci-oril;iiit le don dis niiracle<< qui
i; -' iiT.iil.lli i.iiii.'iio. |(ptii'<'iiii;it.i iifi i.>iir, au sortir
i-ipiire» r
•• MUi lui .:
'I iina rarcent qu'il pnriiiil -iir lin,
I' rre, il lui dit ■ \ii r oui <\
i,e! •■
il «du moven ^ce, noufk
une pauvre
'm'.oe il lui
lit
■ iir
aii.t
• fur .
I el 1 Kl, ont V
i1# ■ li^rii^ ol
'•1er le
o le, en
■ me (omnie
inell.'iiil iiiip
SAINt NICOLAS FAIT L8 PÈLERINAGE DE Jlf.RPSALBIl
Après avoir reçu l'ordre de la prêtrise, saint '
Nicolas fut chartié par son oncle, archevêque de |
Myre. de diriiier en celle ville un monastère appelé |
la Sainle-SioD. Il gouverna ses Frères a»er prudence <
et humilité, comme aurait fait un religieux avancé i
en Ajie, en vertu et en sainteté. C'est alors «ju'il :
con«;ut le projet de visiter les l.ieux Saint* ; il i
entreprit ce nèlerinage avec des sentiments que tous i
les auteurs de sa vie ont célébrés. ■< A Jérusalem, il '
chemina toujours, disent-ils, les pieds nus, la tétei
découverte, les yeux mouillés de larmes, la com-j
passion dans le ca-ur. Aux lieux où Notre-Seipneur
avait fait quelque action particulièrement remar-;
quahle, il allait à gem^ux, baisant sans cesse la terre {
sanctifiée par le sang, les sueurs et les douleurs de!
son divin Maître ! •■
Il se retira pendant plusieurs jours dans une!
pelite yrolte, pre.s de Kethléem, où, d'après la tradi-
tion, s'était abritée la Sainte Famille fuyant en'
Kgypie pour échapper à la persécution d'Hérode;i
depuis, on a bAli en ce lieu une petite église "-ousi
le nom de Saint-Nicolas, il y est représenté en'
habit de pèlerin. 1^ saint Abbé fût volontiers resté:
ainsi i contenipler et h prier jusqu'à la lin de ses
jours; mais Nôtre-Seigneur lui ordonna de retour-!
ner à son mona-lére de Sion. Il quitta la l'ales-|
tine, priant Dieu de lui faire connaiire ses desseins'
sur lui. I
I
SAI.M MCOLAS EST iul i\tQVS DE MXRK
\^s suffra«ants et le clergé de Myre, à la vaiaucei
de ce siège, étant assemblés pour l'élection d'un!
nouveau tilul.iire, appiirent (lar révélation. aU'
témuignagtj du bieiiheuri'ux Jacques de Vora.;ine,j
(pie leur choix devrait se porter sur c«liii qui, lej
premier, entrerait dans l'e^ilise le jour suivant, cl
s'appellerait Nicolas Ils passèrent la nuit en prières.
A l'aube du jour, apercevant saint Nicolas, qui, lel
premier, s'était renau au temple saint pour y prier,!
suivant sa coutume, ils le sacrèrent et le procla-'
nièrent leur éièque.
1/; peuple de Mvie, ayant appris la nouvelle, se
rendit en grande l'ouïe à la cé*i>moiiie; par «n foi, ^
sa piété et les élans île sa joie, il montra |
lats assemblés qu'il approuvait un choix <l j
par Dieu même. I
rarnii les assistants, on vil une jeune mère se!
jeter aux pieds du nouvel ai' ,
der de rendre la vie as ■ |
bri'ilé par sa propio néfligem e. . ne le un upp'ii ull
mort nan» -,•> luai. I
Dieu Voulut, >ans doute, disent les |,i.(^.. ... j
autoriser <\ leinent 1 èlerliou par un |
iiiiiacle; sninl Nircdas, après avoir fi'i '' ]
la cioii sui l'eiifaiil, lui rendit la vu |
aux ac' lamalious de tout lo peuple '',
Myre.
r,e fait no nellb iiT M bienl6l connu du I
le» iiites ; on apprit la > j
plar ont an-hrv>'|ur; eii ,
loiii 'iir le n'ir, I
<ni\ liir», dfins ii'i
•m
i
K A._._u;i..;i 1 i j- .: .■i.,li..i,.^,.,. Jrr It;^ lUti, ùf i'.- • iiU-
per eu morceaux, de saJt-r cette cliair humaine et
de la consommer, afin de mieux cacher sou crime.
" L'archevêque, informé par un an;^e de ce triple
homicidf. vint aussitôt trouver le meurtrier, le
confondit publiquement, tout en lui promettant le
pardon de Dieu s'il se convertissait et faisait péni-
leHce; puis, saint Nicolas, étendant sa main >ur les
chairs inanimées des trois victimes, les rappplla à la
TÎe. » '
Ce miracle, que le témoisuai,'e des peuples nous a
transmis dans les nombreuses peintures et trravures
représentant saint Nicolas, a été l'orisine du palro-
naye ctlèbre de ce Saint, fêlé par les jeunes ^'anons
et les écoliers. Nous devons ajouter que certains
historiens modernes: Alhan Butler, iioutscard et
autres. crai;.'nant de paraître trop crédules, ont passé
sous silence ces merveilles admises universellement,
ainsi que l'on peut s'en convaincre par la lecture
de l'office de saint .N'ioolas dans l'ancien Propre du
diocèse de Langres.
SAINT NICOLAS AU CONCILE DE NICÉE
Lorsque le pape saint Sylvestre eut donné son
coiisentement à la réunion d'un Concile à Nicée,
d'accord en cela avec l'enipereur Constantin le
Crnnd, saint Nicolas s'y rendit avec empressement.
Il avait été plusieurs iois llageilé et niaitrailé par
les officiers de Licinius, collègue de Constantin et
ennemi acharné des chrétiens; tout son corps était
couvert de cicatrices et do blessures. C'est pourquoi
les peintres de l'antiquité nous l'ont représenté se
rendant au Concile œcuménique tout mutilé et portant
les marques de ses souffrances.
Pendant une des séances solennelle? du célèbre
Concile, à l'énoncé de la doctrine impie d'Arius refu-
sant à Notri--Seigneur Jésus-Christ le nom de Fils
étomel de Dieu, on vit saint Nicolas se lever de son
siè^e, et, dans un mouvement plein d'indi;.'nalion et
d'éloquence, il invita l'hérétique à rétracter sa doc-
trine qui n'était autre que celle de Satan, le père du
meiisonse ; son zèle, sa foi ardente et son courage
obtinrent l'admiration de toute l'assemblée.
Pierre de Natalibu'^. qui rapporte cette anecdote,
nous fait connaître en m'-me temps la noble réponse
de Constantin à quelque^ amis secrets du novateur,
oui, devant lui, osaient prétendre (|ue l'archevêque
de Myre avait été trop sévère en cette circonstance :
" 1 approuve rai'clievé(|ue de Myre, s'écria l'em-
pereur; et, d'ailleurs, il ne m'appartient pa« de con-
trôler les Pères du Concile : il n'appartient .[u'aux
évéques de Juger un évéque.
SAI.NT MOOLA.S FT C0^9TA^TI^• LE GBA.VD
Peu aprV's la tenue du Concile de Nicée, Constan-
tin, seul maître du monde, voulut le paciljer. allii
de pouvoir plu~ factlemenl favoriser la prédication
de rKvani.'ile. l)an= i-e liul. il envoya une armée
ocrujier la prnvince de la Plirygie supérieure,
agitée par des rebelles.
I^s eénéraiix auxquels l'empereur conHa cette
expédition s'appe|iii.-ni Népotien. Irsiis et Hcrpilio.
Il« déployèrent en relie I il constance une prudence
extrême, et parvinrent à faire cesser les troubles
par la persuasion «-t en évitant de répandre le «nnc.
Ile retour .'i Coiistmlinople, |ps trois nfllcien-
néiiéraiii furent amiPié'. rie conspiration contre
' 'I» par des envieux de la faveur souveraine.
'lient, h l'aide de faux témoit-naL'Ps. à les
' TTT à mort, hans leurs aniioisse», les
»e HonMureiil de la grande charité et
I i'M e de saint Nicoli».
nuit même qui précéda leur supplice, il priè-
r.nt Dieu de leur envoyer le eb.iiitai.le arclievéque
de Myre et de l'intéresser à leur soil. Leur prière à
l'instant même fut exaucée.
Le Saint apparut à Constantin pendant son som-
meil et lui enjoi^'nit de révoquer son inju-le sen-
tence. L'empereur, réveillé par cette apparition du
grand évêque, lit amener devant lui les trois ollici. rs.
leur accorda leur grâce et les chargea de porter à
saint Nicolas d'abondantes aumrtnes pour ses œuvres
de charité, en y joignant un encensoir et deux chan-
deliers d'or massif, une paire de gants pour la
messe pontilicale et un livre des Saints Evangiles,
enrichi de pierres précieuses.
Constantin renouvela en cette circonstance les
édits qu'il avait déjà rendus, dans lesquels il ordon-
nait que les sentences des évoques seraient désor-
mais exécutées selon les lois de l'Eglise romaine,
sans jamais être soumises à l'autorité des juires
séculiers.
UOBT DE SAINT MCOLAS
•Saint Nicolas, âgé d'environ soixante-cinq ans.
affaibli par la plus austère pénitence, par toutes les
souffrances qu'il avait endurées au temps de la per-
sécution de Licinius et par les labeurs de son èpis-
copat, sentit que sa fin approchait; Dieu l'en avertit.
II invita son clergé à l'assister de ses prières et se
fit transporter au monastère de Sion, où il voulait
mourir, (^hose merveilleuse, écriient tous les auteurs
grecs, on vit soudain sa cellule remplie d'anges
récitant avec lui les psaumes qui pouvaient le
mieux aider et fortifier un agonisant.
Le saint archevêque ayant, avec les Esprits célestes,
récité le psaume trentième : /« te. Domine, speravi.
il répéta seul le verset : In manux tuaa commendo
.<l)inlum nieuni : redemisti me, Domine Drus rerilalis.
et rendit au Seigneur son bienheureux esprit. C'était
en l'an :i4:t. un vendredi, sixième jour de décembre,
à l'heure de None. en laquelle Notre-Seigneur Jésus-
Christ expira sur la croix pour le salut du monde.
l.'évéque de Féliton, sulTragant de l'archevêque
de Myre. ayant appris, par un avis direct de Dieu,
la mort du .Saint, tint à honneur de présider à ses
funérailles. A la demande du clergé et sur les ins-
tance? du peuple tout entier, il chanta, non pas la
messe des morts, mais une messe d'actions de grâces,
pour remercier le Seigneur qui venait de rappeler
à lui ce bon et grand serviteur.
C'était une canonisation anticipée; elle fut aussit6(
ratifiée par tous les évêques de 1 .Xsie-Minenre et par
le pape saint Damase, qui composd l'Oflice chanté
dans toutes les églises ou l'on célébrait la fêle de
«aint Nicolas de Myre. Ainsi, dès le iv siècle,
écrit le P. Hibadeneira. la fête de saint Nicolas le
Grand fut. jiour ainsi dire, chêimée comme celles des
plus illustres martyrs, et comme le fut. peu après,
(a fête lie saint Martin, le thaumaturge des i;aules.
LE- DEl'X TOMBEAfX DE t'AHCHEvêot-'E DE MTIU:
L'eAV de saint NICOLAS
Lé corps du saint archevêque fut déposé en l'église
du monastère de Sion. dans un sépulcre de maibie.
Ses clercs et les moines ne tardèrent pas à s'aper-
cevoir que la mort n'avait rien diiiiinué de la vertu
miraculeuse dont il avait été orné dès sa. jeunesse.
Au moment de renaeveli>semonl. ils virent
s'échapper de ses saintes reliques une liqueur oib.i i
férinle, asser «emMable à l'huile et. de l'extréniil''
de «es pieds, uneeauliiiipide qu'ils distribuaient aux
m.ilrtdes et aux ble«sés venant de toutes parts au
tombeau du grand thaumataïae; reux-Oi en éprou-
vèrent des eflels merveilleux, ce qui a inspiré ces
beaux vers au poète Santeuil. que personne ne sau-
mit accusfri
^ul■nalul•el .
d'avoii «'II- néihili' et tnp ami ilu
/■
;■
; . ■
iile nalulnn.'
avril de l'anni^e li'.'
'Still
lit i|uaiante-
<inq ans apiiis la mort dv s-aiiit .\ii;ulas, des uuiia-
Ii;urs de la ville de Ilaii. rii|iilile de la iirmiiu-e et
diich»' du l'ouille. au i •v.iiiine de Na()It;>. éluienl
venus il M^ré ("^111 > ■ iiMT le toiiili«-au ilu plus
iDiieiil cl dOoeideitl.
,itlri!.lés en viiyanl l\';,'li>;e
.iiid i:vtMiue [iiesquc en mines;
Turc? t'l;iitril les inaiires du |'a.>-i ul. saii^ oser
lit les reliques du Sninl, ils vou-
- |>ùlcriiis ol leslaire oulditi.
- euii'iit liien vite |)ii-i un |iaili, et.
i;^
'IMire des II
lU furent sin;:ii
i;t le sôpulcre du
le ~
l-l'OllUrl
l.iii iil I II
i'.oa ariuiil-ui
décidés II tout entri.'|>rendre pour sauvi-r les os-c
ment» v-'ii-'n-s do saint Nicolai;, il» réussirent à s'tii
emjiarrr P'IkI.iuI une unit olisrun; avec l'aide de
quelques reliifieux préjxi'^Os à la parde de lY^lije.
Il» arriM'rcnt à Hari le 9 niai, et furent reçus par
la population avec des transports de joie.
Il est fait mention de relie mémoralile translation
lies reliques de saint Nieolas dans le Itrt^viaire, le
C décenilire. et dans le M.irlyrolo;;*', le 0 mai. File
a d.inii"'- lieu .'i l'étaMisseinent d'une seconde fOte,
fixée au jnur où 'les saintes reliques arrivèrent
à llari: on l'appelait autrefois la Saint-Nicola? d'été,
par oiiposiiion à la Saint-Nieolas d'Iiiver.
Le duc lie l'ouille. Ho|^er, oITrit son propre palais
d'- Itari pour y h;\tir, de concert avec les iialutants.
une basilique d'une (grande niagnillccnce et ijui ne
le lùdc en rien aux plus' belles éyllses de Ja cbré-
ticnté.
\u milieu de ce superbe nioDument, on a creusé
une crypte, uurnie de marbre et suiinonléc de la
statue de saiut Nic<das le (ïrand.
Le pape libaiu FF. présent à la cérémonie de la
répiisiliou des reliques de saint Nicolas, plaea de
- - l'iopres mains les ossements sacj-és sur une
' ! !■ de marbre sous l.iquelle se trouve un vuse
• . liment de marbre piécieux.
Il 'ii;ueur, s<;mblable à de l'eau, s'écoule du
elle est reeueillie par les cbaiioines de la
le Saint-Niiida-, ijui la distribuent aux
I' )■ uns.
'est ainsi que l'on implore, à Rari, comme on
luipliiralt U Myre, relui que saint l'ierre D.nnien
;i appelé l'élu de Ili'-ii. le nourrisson de- la sainteté,
l.i .b'iie des |. , riiduneiir des vieillaid»,
U -|i|eudi'ur (1 et la lumière des pnulifes.
Le luiiacle que iiuub tennus de rappeler e^t inen-
tiouné au .MaitYrob>;:e roiuuin; il est dépeint dan--
le- vitrail de Saint-Nic4ilas, de la catliédiule île
lUiuryes. et reproduit dans l'Atlas de» l'I'. tUibier r t
Martin, de la l..ompa^nic de Jésu».
ri II! »ii: T ,<<icoL\s
HMiti lie» tTond- — '' '"
iil In premi'-i'
On invoquait saint Nicolas pour n'être pas s'urfiris :
par une mort subite ou pour lui demander d'être ',
préservé de la damnation éternelle. L'I^'h^ermiaine, ,
dans sa liturgie, a sanctionné cette marque suprême !
do conliancc en faisant dire au prêtre, a la collecte ;
de la messp du saint Nicidas : <i Seifjneiir, tuiles, s'il '
vous plait. que, par Jes niériles el les prières de ■
saint'Sicolas, nous soyons délivrés d'>s llumnies de |
l'enfer 1 -i "
On >adresse à saint 'Nicolas dans Ips temps de '
calamités publiquis, en souvenir de son admirable ;
cliarilé. l'iiC famine sévissait en .X-je-.Mineui'e; il I
apprend qu'un cliar;;eiueitt considérable de blé, '
destiné pourlavilleimnériale. est au p>irt; il y yient, ;
en suppliant, el déi'idn les maivliaiids, apn-s hicn '
des ollorls. à lui en «lidei-uue paHie. .A peine ceux- |
ci él{iienl-ils nirivéc-s ù ('.onslanliiiMide qn'ils eonsta- i
tent, il leur grande siirpiisr, (pie leur Me n'avait pus j
diminué et qu'ils élaiont ain-'i réedinppnsés de ee I
qu ils avaient lait ii in prière du ui-and évi^que. i
l.ifs marins l'iiivoqui-iil, de leur cAté, dans leurs'
périls. Il leur donna plusieurs fuis iréibilaiils tènioi- '
giiii^iesdesa protei'lion, J.icqiies de Vor.ieine raenute I
comuient siiiiit Nicolas sauva, par sa bénédiction etj
sa eonltaiice en |)ieu, un biltiinciilqui allait devenir, i
en pleine mer, bi proie des Ibiunnes. ,
Les prisonnieis l'invocpient en souvenir du, fait i
merveilleux i|ui a iliiiiiiè lieu à la t;iande dévolioui
des Lorrains envers saint Nicolas, leur palrou.
.\u loiiiuieiiceuient du xii' siècle, un ibev.ilier'
qui liabiluit près de Naiiey, dans un boiir^ nommé ;
le Port, résolut de se Joindre aux sobbits qui allaient <
combattre en Orieut. Pendant la >;uerre, les inll-j
dèles le tirent pii8"iinier et, coitmie il se refusait;
à anostasier, il fut eiielialtui et mis on un itoiubre |
caeliol. Oans sa détresse, il «e souvint d'un oratoire j
dédié à saint Nieidas, situé près de l'xrt; il adressai
ù ce (.'raii.l tliauiiialurf;C une fervente prière, jioiir
lui dem.iiider Mui secours et sa proleeiion, Itaiis lai
nuit suivante, saint Nirolas obtint de Dieu de le déli- j
vrer et de le transporte»; miractileusenu'iit en Lor- j
raine au seuil de la cbapelle ipii lui était dédiée. Le;
matin, dit VHiiloiie île In L'irnhie, le sacristiiin, i
Voyant ce pauvre cbevalier c ncluihié el .1 peine 1
éveillé, r.iiila à re^;ii;;ner sa demeure, et lous deux'
bénirent Dieu et piiidièrent la puissonce de ^iiiut'
Nicid.is. Le$ b.ibilaiits du bouif; s'niiirenl à leiirsj
aetiivns de ^srAce* rt ne tarilérenl pas i'i donner lai
nom de saint Nicola" à leur rommune, connu«|
depuis sous le nom île Saint-Nicol;i»-du-l"ort. '
Im. Lorroine entière s'ass.-iiaà ce mouvement dci
piété. Iles processions s'urKanisèn^nt, el les pèleri-|
na;.e« à l'oratoire de Saint-Niccdos dpviiireiil si nom-'
bieiix qu'on ne taid.i pas à ronstiuire une de«i
plus belb s éylises qui aient éid dédiée» au saintl
évéqui' lie Myre. j
Les princes do In maison de Lorrain' - ' ' : • t!
aux pofiubilions pour enrieliir <<• ■
idilinreiit de» mofisliat» el du cler;;-- <■'; i -iol
reliqin- insi;.ne ilii Saint pour lu Itclle /-«lise de .SainUj
Ni...|.is (In l'.ol. [
Les Messins IIP resiéreiil ja.» indilTérenls en resj
I.. ... ).|, i|||ti> i.iii, l.i I I ..\ III. I' t" < iill' dei
• levillt p.
I diill* In II
le MrlJ l.i- 1
de
rir. '•
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Ml,
II..,
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Ninol.is
<?ni
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Ml.lJlllli
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lit dliaiii|><iuuu ut
l
>i 11. p'jul le '-'-'Il aux dîe leii'
••ii|
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l".|.U»»|
i
s. f.i" Krani-'iK I", l'«i.
r
SAIM AMOMN
ARCHEVÊQUE DE FLORENCE
Fête le i 0 mai.
Derniers moments de saint Ântonin, archevêque de Florence.
l'tlKF ACE DE L\ VIE U f.N SAIXT
Sailli Antonin naquit à Florence, en l'an-
ii-e 1389.
Comraeil était fils unique, ses vertueux parents
- efforcèrent de lui donner une éducation forte
ei chrétienne. Dans l'économie <iu plan divin, la
lamille est appelée à jouer un ^'rand rJle : elle
est comme le berceau de la cité de Dieu. C'est
dans ce sanctuaire intime de la famille qu'.\nto-
mn respira les premières iniluences de la foi.
Son c<i-ur sembla ■-'épanouir sur les cenoux
maternels, sous les rayons de la charité divine
H de la t'ràce. De bonne heure, il apprit à mépri-
ser la terre et à porter ses regards an^'-liques
vers le ciel. A r.'i:.'e de dix ou on/.e ans, l'empire
que le jeune Antonin exefçait sur lui-ra^me tenait
liil prn(li::e.
• Ml M'' remarquait en lui rien de puéril ou qui
i|"n"iii l'inconslance d'une jeunesse capricieuse.
l'iUii'iiis doux et affabli', avenant et dni-jle, il
■ lait la consolation de se» parents, l'éilifieation
d^s eiif.iiit' lie son Aae, et bi jnje de« an!.'es qui
souriaient à sa candeur naïve, quand ils le
voyaient prier à genoux devant l'image de la
Très Sainte Vieriié. C'est à la protection puis-
sante de Marie, comme plus tard il le dira lui-
mt^me, qu'il dut le bonheur inestimable de con-
server intacte, au milieu de la corruption du
monde, l'innocence de son baptême.
DEL"X AMOURS
Appliqué de bonne heure à l'élude, Antonin
fit de rapides progrès dans les sciences humaines.
Doué d'un esprit vif et pénétrant, d'une
mémoire exlraordinaircment heureuse et d'une
énergie rare, il ne tarda pas à occuper le pre-
mier rani!, je ne dis pas parmi ses égaux, mais
même parmi des enfants i|ui lui étaient bien
supérieurs en àae.
Mais cet amour de l'étude était loin d'étaler
l'amour du vrai, du bien, du beau surnaturel
qui consumait son àmc. Il aimait et recherchait
avec soin les hommes sérieux et graves; mai<
il rhoi«Nsall de préférence ceux de qui il pouv.iit
a|iprendre quelque chose des secrets de la vie
32 î
spirituelle, car, il^- ^e^ plus teudres aunées, il
s'était attaché à Dieu de tout son cu?ur.
PBEUIERs ATTRAITS DE LA \ OCATIO.S
Après un début si saint, devra-t-on s'étonner
si le jeune Autonin se sentit pris.àqainze ans, à
l'heure <iii les passions s'éveillent dans l'ime de
l'adolescent, d'un défient souverain pour le monde
et ses plaisirs trompeurs'.' 11 avait déjà éprouvé,
dans ses moments de lerviur, un extraordinaire
désir de se consacrer entièrement à Dieu, et,
lorsque dans ses inelTuliles alléL-resses, il s'était
pris à soupirer aiirr- le bonlnur dus élu^, il
aimait à reposer en«iiite ses regards sur le cloître
lie la vie d Ii:.i' u~'-. comme Vasile qui, sur la
terre, reproduit le mieux lafélicitéet la vieduciel.
Il résolut donc de se faire religieux, et, parmi
tous les Ordres qui se faisaient alors 1.- plus
remarquer par leur ferveur, leur austérité et
leurièle apostolique, celui des Frères PriV-heurs
loi parut ''Ire le plus propre au développement
de sa perfection.
acres — l'exa>ie.n e.>' droit caio:i
Antonin avait eu le lionheur d'entendre sou-
vent les prédications du liienbeureux Jean Domi-
nique de Florence, et d'être te'moin d«s grands
exem|>les de vertu qui le signalaient à l'admira-
tion de5 peuples.
Ol.éissanl à l'attrait de la «rAce, le jeune
.\ntofiin s'adressa au célèbre prédicateur. H vint
!rapper à la porte du nionastère de F'iesnle,
demandant à être revêtu du saint haliit. C'était
vers l'an I «O.i.
Le bienheureux Jean Dominique lui trouve de
l'esprit et un bon natun-l. Il est ch.irmé de la
candeur de son Ame et des désirs de son cu-ur.
Mais le voyant si jeune et si délicat, il n'ose
accéder à sa demande. U lui conseille de remettre
son projet à pluH tard.
Cependant il ^'informe des occupations et des
études auxquelles il se livre, et Antonin lui
répond avec une touchante simplicité : •• Je lis
volontiers le décret de (iralien! — Eh bien!
reprit le bienheureux Jean-Dominique, quand
voos sanrei tout le décret de Gratien par cceur
c'csl-4 dire tout le droit canon ,je vous recevrai
dans rurdre.
La condition pouvait paraître dure, irréalisable
même; telle était du moins la pensée du Père
Dominicain, qui n'avait pri- au fond qu'un expé-
dient pour le con:.'édier d'une manière honnêlv.
Mais Antonin ne se iiut pas pour battu. Loin
il -•' mil
ilraire, à l'ieuvre
i<>u du ciel. Llle
..'linon, .Vntiiniu
e et de mèmciire
1 î'-re à la Un île
iiii- p<ii ds.ince du succès,
r «"Il pxîimeii
il.
de se pploii'
avec /.el'
ne lui II
avait rei'U de
pour se repi
cette même
il venait fou'
1
deii. ■!,
comiui au tiojuin.iteur qui, -.ouluil liuuiilier
iiu élevf dont il est mécontent, le preise de
qimotiiins et '■ nr lui
lair-' -lenlir i
. ;i \ iii.tu m I ■ ("iiii -.1 . * ■■' n
1 lui d<'inniid<'. et lin
lie est contraint, p"u. ..... , ■<. .
au nombre des reliKieux.
1
toi.
ne-
de I
Il dit adieu à son père el à sa imre qui com-
prirent aussitiU le bonheur d'avoir un lils|>rétre
et relifiieux, et, sans verser une larme, le pireet
la mère comblèrent de bénédictions ce cher
enfant qui voulait embrasser le genre de vie le
plus saint.
Ils n'avaient qu'un lils et ils étaient fiers de
le consacrer à Dieu. Ils tressaillaient déjà à la
pensée que ce lils allait partaitor la royauté
et le sacerdoce de Jésus-Clirist. et une telle
dignité était bien de nature à leur faire oublier
leur propre noblesse el l'espérance des grandeurs
terrestres.
LE NOVICE — LE PROFks — LE fllflTRE
Antonin franchit donc le seuil du monastère
et revêtit l'habit, et bienti^t la ferveur du jeune
novice était un stimulant puissant pour les plus
anciens profès. On avait craint tout d'abord
qu'il ne succombât aux rigui-urs de la discipline
monastique; mais ces cralllte^ ne lardèrent pas à
se dissiper. Dieu lui donnait de nouvelles forces,
à mesure qu'il avançait dans les voies de la per-
fection.
Antonin se montra toujours, et en toute occa-
sion, le plus humble, le plus obéissant, le plus
mortilié el le plus rèfîulier. .\roi du silence, de
la retraite, de l'oraison, on le trouvait p.irtout
le même, recueilli et toujours attentif A rendre
à tous les mille petits <ervi-es qu inspire au cu'ur
généreux la charité fratem-lle. .\ussi, il ne faut
pas s'étonner de l'ascendant qu'il pnl, sans le
vouloir, sur l'esprit de tous les reli^sieux. Ceux-ci
le regardaient déjà comme un modèle achevé de
perfection.
Oiiand vint le moment de la profession reli-
sieuse, Antonin redoubla de ferveur et de vigi-
lance.
L'onction sacerdotale fut comme le si.-n*- d'une
vie nouvelle de sainteté. Ses bii. u «us
apprennent que toutes les fois . . le
Saint Sacrifice, on le voyait b.,
larmes que le feu de l'amour
de ses yeux.
C'est eu vain que ses supérieurs essavérent
de modérer la riguenr de ses -•■ ' - ' l! 'r •:
vait toujours l'occasion de
coiniiie bien portant, il coucli..,. ... . . ...... . -..»
vent sur la terre nue.
IIL'IlILITk lil' V|>|TKUI1 <i|!.\KIUL
.\ntonin était encore fort jeune, quand i
choisi pour gouverner le couvent de la Miiii
à Homo. Mais chez lui la vertu supj>lèail !\ I
et dans cette cliar(;e. qui aiait tout
itiordi
1 fut
rve,
de
son humilité, il t<'-nu>igna tant
prudeno', qu'on lui conlia su
vernemeiil d'autres couveni
noa» le voyons tour U tour liiii;ui .i
Gaeto, à Corlone, à Sienne, i Florence
à F'iejole. Dans Ci'S divei
ou nfTeruiit le régulant
et do l'étude, en n ■
liomiiiiqiie avait bu
Mais le P. Aotniiiii |'i ' . u .
'|iie par la parole. Itii eût dit
(T
l.e-se e
lit le
llll>'l
1 ..
tiou-
'|lin
1,,. I.
il.l..
Il »er.-ùt .1, j ^ Il le la joie l«ul«
'uniatu relie qui inondait l'ime d'Antonio.
Seule, I
.1 sou iii'i.
Parle»
et d« M ,
-'■U Ordre.
iraUiiMit
LE SIEGE KPISCOPAL PE FLOIiENXE
LE P. ANTONIN ET EUGÈNE IV
Mais tandis qu'il parcourait la province de
Naples pour remplir les oblij.'alions de sa charge,
le sit:ge archiépiscopal de Florence se trouva
vacant.
Eufiène TV élait alors assis sur la chaire pon-
tificale. Le choi.x d'un difi;ne sujet occupait vive-
ment le Souverain Pontife qui, étoulVaiit la voi.x
de l'ambition ou de rintrij,'ue, ne voulait se
rendre qu'aux marques d'une vraie sainteté. A
fieine eut-il entendu parler du vicaire général
des Frères Prêcheurs, qu'il mit fin à toute déli-
héralion, et, sur-le-champ, le nomma archevêque
de Florence.
Saint Antonin en apprit la nouvelle en reve-
nant de la visite d'une des maisons de sa pro-
vince. Il en fut si effrayé, que, se détournant, il
quitta le chemin de Naples, et résolut de s'em-
barquer pour l'île de Sardaigne, où il voulait
aller passer dans l'obscurité le reste de ses jours.
Mais des ordres avaient été donnés pour lui
défendre l'entrée des ports, et le Saint dut
revenir à Sienne.
C'est en vain qu'il protesta et opposa avec
humilité sa faiblesse et son ignorance. Le pape
Lu;.'éne IV se montra iiie.vorable. Il lui dépêcha
les bulles de sa nomination, et commanda à son
légat de l'avertir en son nom que s'il n'obéissait
il l'excommunierait. Il le contrait-'nuit d'acceiiter
l'archevrché de Florence sous peine d'anathème.
A de telles injonctions, saiiî'. Antonin n'eut earde
d"op|)Oser un refus. Il se résiyna humidement et
accepta à genoux, les yeux baignés de larmes,
cette nouvelle dignité qui venait l'accabler de
son poids.
.\ujour fixé, où il devait prendre possession
de son siège, la cathédrale de Florence étinceiait
de mille feux et était remplii- d'une foule com-
pacte ([ui se pressait au-devant du vénéré pon-
tife. Saint .Uitnnin entra dans l'église pieds nus.
Son visa;.'e paraissait assombri ; mais la joie et
l'allégresse respectueuses des pieux Florentins
ne tardèrent pas h dissiper ces nuaues de tris-
tesse. Son cœur fut soulagé et son front s'épa-
nouit.
L'ARCHrrêocK et le jioi.'se
.Saint .\ntonin commença par régler sa maison,
dans laquelle il sut concilier les nécessités de
l''''piscopat avec l'austérité du cloître.
Sa maison, en elTet, ressemblait à un monas-
t'-re réformé. Dame pauvreté lui tenait lieu de
train et d'éqiii|ia:ie.
Son historien, un religieux du même Ordre,
nous dit qu'il n'avait point de liufTels dans ses
chambres, ni de tapis, ni de drap de soie, ni de
vaisselle d'ari-'enl, ni de chevaux en son écurie,
ni de carrosses. Il n'avait qu'un mulet qu'il
accepta dans sa vieillesse et dont il ne se servait
que par besoin.
Les pauvres étaient ses amis préférés: il ne les
repoussait jamais quand ils lui tendaient la
main. S'il se trouvait sans argent, ce qui n'était
pas rare, il vendait ses meubles pour subvenir
il leurs nécessités. On le vit plus d'une fois se
dépouiller pour revêtir les malheureux qui
n'avaient qu un haillon.
Pour les famille', pauvres qui rougissaient de
menilier, il fonda une institution sous le vocable
de saint Martin, et dans lequel il él.ildit douie
administrateurs chargés de recueillir et de dis-.
Iribner !'-« aumônes. Celle ipuvro, imiqueraent
basée sur le sacrifice et la charité, re( ut un grand
accroissement. Elle soutint jusqu'à six cents
familles qui se trouvaient réduites à la dernière
extrémité.
AMJES ET DÉMO.NS
Mais saint Antonin ne voulait que soulager la
misère du pauvre et nullement favoriser sou
oisiveté.
Un jour de fête, le saint pontife parcourait
les rues de Florence, distribuant rà et là des
secours et quelques bonnes paroles. Il aperçut
soudain sur le toit d'une pauvre maison des
anges en prière. Frappé de cette vision, il péné-
tra dans l'intérieur de cette demeure, et se trouva
en face d'une veuve éplorée qui distribuait à
trois jeunes enfants le dernier morceau de pain
qui lui restait. Toutefois, malgré leur dénue-
ment, la mère travaillait pour vivre honnêtement,
et ses trois jeunes filles partageaient ses labeurs.
Saint Aninnin; après s'être informé de la
cause de leur douleur, leur donna une abondante
aumône el se retira.
Quelque temps après, passant par le même
chemin, le Saint aperçut cette fois sur le toit de
la pauvre veuve, au lieu des ani;es, des démons.
Son étonnement fut grand. Il entra dans la
demeure, et vit les jeunes tilles parées de bril-
lantes robes. Les romans et les jeux avaient rem-
placé l'aii'uille et le fuseau. Elles étaient deve-
nues si paresseuses et si ennemies de tout travail
qu'ellesn'étaientplus préoccupées que de paraître
belles. J
Saint Antonin les avertit ^e ce qu'il avait vu
la première et la seconde fois, et se retira après
leur avoir adressé de vifs reproches.
UN TRAIT OBIOINAL
Il n'avait pas moins en horreur l'avarice et la
cupidité chez les indi^ients.
Il y avait alors à Florence un pauvre homme
chargé de plusieurs grandes filles (|u'il aurait
bien voulu marier. Mais, hélas! leur dot était si
modeste qu'il ne se présentait pas de parti; et
cet homme malheureux, qui se sentait vieillir, se
trouvait fort embarrassé. Il vint confier ses
soucis à saint Antonin qui lui conseilla d'aller
faire souvent oraison à Notre-Dame de l'Annon-
ciation, église très célèbre de Florence.
Or, un jour, comme il allaita sa dévotion ordi-
naire, le pauvre homme rencontra sur sa route
deux mendiants aveugles, qui devisaient en-
semble. Ils se croyaient à l'ahri de tonte indis-
crétion, et leur causerie n'en était que plus libre.
Mais de quoi pouvaient s'entretenir deux pauvres
mendiants aveugles? De leur sain et de leur
recette à la porte de telle enlise.
Le premier disait qu'il avait recueilli deux
cents ecus d'or que, pour ne pas perdre, il avait
cousus dans son capuchon. Et, redisant, il portait
la main à la précieuse cachette pour s'assurer
qu'ils y étaient encore. L'autre, plus joyeux
encore, disait qu'il en avait amassé trois cents,
et oubliant que son confrère était aveusle, il
tirait son chapeau comme pour les lui montrer.
Celui-ci, en efTet, avait caché dans son chapeau
son riche trésor.
Le pauvre homme qui n'avait pas gerdu un
mot ae celte conversation intéressée en fit part
à ''aint Antonin, qui fit comparaître devant lui les
deux aveu«les.
Il les blAma sévèrement d'avoir pris à la charité
publique et aux nécessités des vrais indigents
cet or qu'ils avaient frauduleusement .iniass<'. Il
se fit remettre tout leur avoir, ne lais^iaiit au
)irpiiiipr que vinfjl-ciiiq écus, au second trente,
il donna tout le reste au pauvre liomuif qui put
ainsi doter honnêtement ses i-'randes filles.
Les avcu:;ies s'en retournèrent tout honteux,
jurant qu'on ne les prendrait plus; mais ils
n'eurent ijarde de divulguer leur triste mésa-
venture.
ZÈLE DE S.\I.NT ANTONIN — SON AMOUR POUR LA
TIIÈS SAl.NTE VIERGE
."^on zèle égalait sa rharilé. Il faisait tous les
ans la visite de son diocèse, l'artont il réprimait
les abus, conciliait les dilTérends, abolissait les
désordres et réformait les mii'urs.
Mien n'éi-liappait à sa vif^ilanle sollicitude, l.a
cupidité el l'avarice avaient introduit à Florence
des .j''U\ de hasard qui étaient la ruine des
ramilles. I.e Saint entreprit de les abolir et il y
réussit. Il allait Jusqu'à arracher quelquefois des
mains îles joueurs les caries, lès dés et l'argent
qui se trouvaient sur le jeu.
Il y avait dans sa ville épiscopab- un hérélii|ue
de mii-urs isrossières (|ui vomissait contre la
Sainte \ier:;e les plus horribles blasphèmes. Il
exeiçail la profession de médecin, et comme tel,
il avait accès dans beaucoup de demeures. Il en
profitait pour infiltrer dans les esprits le venin
de ses doctrines erronées, el quand on refusait
d'embrasser ses croyances, il faisait alors avaler
aux moribonds le poison de ses remèdes.
En apprenant cela, saint .\ntonin ressentit une
vive douleur. I.e pasl<'ur soulïrait de voir que le
loup avait pénétré ^ans son bercail. Il comprit
<|u'il fallait traiter avec fermeté un homme qui
se faisait l'homicide et le bourreau des dînes cl
des corps.
Les Intérêts de la religion demandaient une
punition exemplaire, «"est pourquoi le saint
archevêque ordonna que les peines portées dans
le.s siècles île foi contre les hérétiques fussent
appliquées ù ce malfaiteur.
I.'e\C0)I1II;N!CATI0.N ET UN l'AI.N IILANC
Toutefois celle sévérité à conserver dans leur
intéyrilé les droits de la religion ne lui enlevait
pas celte douceur qui llécliit les cœurs les plus
endurcis.
Il était 1res réservé pour ce qui avait rapport
à l'excommunication, et il conseillait aux prélats
de n'en user que rarement. " C'est le plus puissant
foudre (|ui soit entre vos mains, leur disaitil. et
le plus épouvantable aux Ames. • El comme on se
plai:.'nait un>' fois devant lui de ce i|u'il n'excom-
muniait pas un fidèle scandab'ux, il se fit apporter
un pain blanc sur lequel il prononra l'anatheme.
Aussiti'il le pain blanc se rbanuea en charbon,
sou» les yeux mêmes des témoins. Il prononça
ensuite les paroles de l'absolution, et le pain
reprit sa preniiére blancheur.
l'homiie de rniRiiK.
I.'espril de llieu était le eran<l mobile de toutes
sesaclinn». et riiftice (li\ in, qu'il aimait à réciter
liii'ur avec se» chanoines, Ir levier de sa per-
. >n. Il ne se démentit jamais dan» sa con-
'■ •■■I' I !i'interrompirent
'•ni intérieur m
... --i. • ..; ..il qu'il était lou-
P"
SOI
joii
il, Ill.l
TCilIf'e», il
l'ofltCe di- Il
. lU
liea de se donnrr encore un peu de repo» comme
il eût pu le faire, il aimait mieux se livrer à
l'étude jusqu'à l'heure do sa messe qu'il célébrait
chaque jour avec une tendre dévotion. C'est à
ce travail assidu et à ces privations de sommeil
que nous devons ces précieux ouvrai^es que le
saint pontife a trouvé le loisir d'écrire dans une
vie si bien remplie.
LA CLé DE SA CELLULE
Le Conseil souverain de Florence avait lait
arrêter, à tort ou à raison, un envoyé du l'ape.
Le saint archevêque ayant demandé vainement
sa délivrance, fit cesser l'ollice divin dans sa
cathédrale el mil ré;;lise en interdit. On eut beau
le maltraiter, il demeura inflexible: et comme on
le menaçait de le chasser de la ville : .. Si vous
m"obli:.'e7. à sortir de Florence, leur dil-il, je
trouverai toujours un a-ile pour me retirer. >■
\'.\. il montrait une clé qu'il portait toujours à sa
ceinture. C'était la clé de la cellule qu'il avait
occupée dans son monastère de Cortone.
SAINT A.NrONlN ET LES PAI'KS
Le bruit de ses vertus s'était répandu dans
toute l'Italie, au point qu'on arrivait de toutes
parts pour contempbr les traits du serviteur de
liieu et recevoir sa bénédiction.
Les pontifes romains ne le révéraient pas
moins que les peuples et les seigneurs. Le pape
l'.niiène IV, qui l'avait i>ourvu de l'archevêché de
Florence, le manda à Home et se l'attacha par-
ticulièrement pour le ;;ouvernemenl de l'Kglise.
Depuis longtemps, en elfct, le glorieux arche-
vêque était surnommé .tiifoiim îles conaeih. (tu
assure qu'Eugène IV l'eût créé cardinal s'il n'ei'it
été lui-même arraché si soudainement à la chaire
pontificale qu'il illustrait par ses mérites et ses
vertus.
Saint .\ntonin assista Eueéne IV dons ses der-
niers moments. Il entendit sa confession cl lui
administra le Saint Viatique.
LE PRKSSENTIIIE.NT — LA MORT
Saint Anlonin sentait le poids des aiin''-
accabler sa vieillesse, lixténué par de )iéniM' -
labeurs et les austérités d'une pénitence rigou-
reuse, il pressentit que l'ange de la mort ne tar-
derait pas à venir briser les entraves de la chair.
Il avait, du reste, soixaiile-ilix an».
Il tomba malade d'une fièvre li-nte et flegma-
tique qui le cloua sur un lit de douleur d'oi'i il
ne devait plus se relever. Les seigneurs de Flo-
rence el les princes de l'Eglise romaine
accourent h la nouvelle de «a m il. i. Ile I" • iri mt
loul"' crainte d'une lin piocl
de donner encore au saint
rance de revivre. .Mais saint Antonin ne nomi-
sait pas les même» illusion»; et »aii» se lai^-ei
prendre à leur» paroles, il leur répond par ce»
mots du l'snlmiste : ■' Le» jours de notre vie
^"iii -"ix.inte-dix. »
Il II I ut avec une grande lucidité d'esprit le»
^acrenienl» de l'Egli»e, el «c fit lire une indul-
L'Ciice pléniere que le l'ape lui avait ui . ord'c
pouj- celte heure.
Se voyant n se» derniers mnmenls, il lera les
veux el le» ni: ' ^ lo ciel en disant : Str-
1 ir /»i«'M, c'ffi ' fut le test.inient
lai»»a aux relu.'... ..- son Ordre et il
• lorinit doucement dan» leur» bra».
(||. i-'.'t.il !.• '.' 1M >i Vi il.' .1. 1 lv...i.c{..
l'an :
i>«n- ! . _ :
Jésus-Clinsl.
qu'il
s cn-
liiip .'jrrttni t. fiTniii M.I. ». ru' KLinri n 1", l'an».
SAINT FRAXrOTS DE (IIROLAMO
DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS
Fête le 1 1 mai.
Saint François de Girolamo prêche la pénitence au pays de Naples.
Il nest pas rare que Ftieu, parmi les nombreux
enfants dune m«-me lamille.en choisisse un plus
|iarliculièiemeiit pour {"élèvera une Rraude sain-
letô. Chacun sait que bavid était le septième
l.armi ses fnres : et qui ne se souvient de saint
liernard, douzième enfant d'une famille que sni
nom sMul -uflirait à illustrer ? Ce fait, qui se
reproduit souvent, a donné naissance à ladafie
populaire contenu dans ces mots : •< Dieu bénit
les grandes familles. .. U vie de saint François
de <.irolamo en est une nouvelle preuve. Né en
16*2, dans un petit villaKe voisin de Tarente, au
royaume des Deux-Siciles, François était laine
de nnre enfants. Ses parents ne tardèrent pas à
oncevoir à son sujet les plus douces espérajfces,
le voyant doué d'un jugement précoce, porte aux
"xercices de la piété et animé déjà d'une tendre
■ haril<5 pour les pauvres. Ces qualités étaient
■ nmm'- des «emences divines conliées à des
mains humaines. Dieu les ayant mises au jour,
nmbien il iinport.iil d'en suivre et d'en favoriser
le développement '. Les parenlsde François étaient
trop chrétiens pour ne pas comprendre le€r
devoir dans celte occasion : aussi donnèrent-ils
tout le soin possible à l'éducation de ce fils vrai-
ment privil.-::ié. Dieu lui-même leur montra de
bonne heure ce qu'il attendait de leur vigilance
et comment il la récompenserait.
LE PAIN VOLÉ
Le pieux enfant dont le cœur s'émeut à la vue
de la misère d'autrui n'a pas toujours dans les
mains les ressources nécessaires pour soulajjer
tous ceux qui implorent sa charité. Qu'importe!
l'enfance est toujours ingénieuse pour satisfaire
sis (.'oùts. François, comme tant de saints, eut
s«'s petites industries. Mais un jour il n'en sut
pas trouver d'autre que de prendre sans permis-
sion un pain, afin de le distribuer aux pauvres,
l'auvre petit '. Il fut surpris en llayrant délit '
l'Ius un miroir est limpide, plus vite il laisM'
voir la moindre tache, fi'it-ce un souffle, qm
latleinL Devant cet incident qui na aucune cra
vite pour un enfant si jeune et déjà si bon. 1 1
ra'Te de François ne se sHUvient qii>' If "■'»
3-2:
autorité, et adresse à rcufant d'amers reproches :
« i'onrquoi, dit-elle, déptniiller votre famille
en faieur des éti;in;,'erfi'.' Je vous délends d'en
user ainsi a l'avenir.
— l'ensei-vous.nia mère, dit Kranrois en rou-
{jissaul, que l aumône nous laisse jamais sans
pain •.' He^:ar.U/. pluttM le l)uHet, ri-i;ardei ! »
Trop heureuse mère ! Elle ouvre le buffet et
rien n y niauquait ! Dieu, par ses anges, avait
remplacé le pain que Icnlant avait piis. (Jue
ne présageait pas un miracle si éclatant dans
un ;i;,'e si tendr.- .' AU'^si, nouveau Samuel, fut-il
aussil('.t coii^u' I ■ m Seigneur qu'il servait déjà
avec une anuélique piété !
I-.USIMI NIONS ULTBAORDINAIRRS
François, que ses bonnes dispositions recnm-
waudaient aatani que les vertus de ses parents,
a été admis daus uiit- communauté du des ecclé-
siastiques zélé- s'appliquent à iusliuire la jeu-
nesse. Le futur apôtre ne tarde pas à faire à
J'é;;ard des âmes, pour leuis besoins spirituels,
ce qu'il a lait avec tant de t^ràce et de charnte à
l'é^^ard des pauvres pour leurs nécessités tempo-
relles. Ou le voit, sur l'ordre de ses supérieurs
qui ont reconnu eu lui une ;:randc inlelli:.'ence
tles vérités de la religion, faire le calécliisiue a
ses petits camarades, et prendre soin de l'èL-lise
conliée à sa reJigion. la plus ilouce i
de son zèle et de son dévouement fui r
la tonsure de< mains d>- l'archevêque lie 1 aïeul'.
François accomplissait ainsi de sa propre voloul»-,
à lige de seue an?-, le vu-u de ses parents, il
renonçait au monde pour se donner à Uieu.
Aussi Dieu, de son coté, se hàtait-il de donner
i son àme toutes les grâces nécessaires pour
avancer [>■"!"■■'"■■■- •! .lU chemin des u-rtus. V.a
effet, ta: ve ses humanités et ses
cour-- (!■ I de théoloaie, il reçoit les
Ordres : s-diaconal et le diaconat,
et lii'u I comble à ses vu-ux. I.e
Ih t il e~t ordonné prrtre par rév>'v|ue
de . i'ouzntlesi. Comiueut remercier
Dieu et iui proater sou amour/
François peut >e consacrer d'une manière
■pltl^ pnrfaite. H'-^lorsil aspire à lavierelieipu*e,
car il ne vent i len oinctlre de ce qui lui paraît le
meilleur. .Mais son père, qui le donne debon cix'ur
à Dieu, voudrait du moins le garder au '^eiii de
la famille et reluse son consentemenl. l'Iein de
confiance, le jeune prêtre, qu'on ne lar.lera pa-*
à apiieler <• saint prêtre, >• remplit durant cinq
ans les fonctions df préfet au colléi-e des noble*
de la Conipogiiie de Jésus, avec nne piété Ion
jours croissante et iiiie.idtnir.iblepatience. Frap|i
un jour à rimpr<ivi«le par un leuneliomineirrit' .
on le vit se jeter .\ 'j<-\ii>u\ sans .tucuii'' '''inotinn
et présenter humblement l'autre joue, indiquant
par I& qae la «ertu poar lui n'était pan un vain
mol.
Entré au noviciat lie l'illustre •
ne lui fut '•p.ir.'n' l' r- jui tM.u
rendre plu* ;
Il re'i'intn '
!e in . . 1. bni U
ii.iine •'.'.'•i.iit t<int
'I . dnnt <•< •■
la <• . !«•
NAPLES, LKS INDKS ET LE JAPON
Après un an, ou l'envoyait en mission dans la
l'ouille et la terre d'Otranle. Le-- succès de ses
prédications le tirent plus d'une fois '-omparer à
un ange envoyé de l>ieu pour renouveler celte
contrée : mais ce n'était là qu'un essai. Encore
un peu de temps et Dieu indiquera à cet apiUre
le peuple qu'il doit évangéliser. En attendant, il
reprenii par obéissance, à Naples, des études
qu'il dil lui-même incoinpléles et insuflisanles.
Lui, que les foules écoutaient déjà avec tani
d'avidité, devient, «luraiit toute une année, un
simple disciple, aussi humble auprès de ses frères
qu'il consulte comme un i:;norant, que docile
auprès de son |iiofesseur. ."««Idal prévoyant, il
fourbissait ainsi dans l'humilité ses armes pour
un combat qui devait se poursuivre pendant
quarantiï ans.
En elïet, nommé à l'église appelée le desu
Nuovo, il s'y dépensait déjàavec ardeur au salut
des âmes par l'exhortation à la Sainte l'oinmu-
nion qui se pratiquait le troisième dimauciie de
chaque mois, lorsqu'il apfuit que la mission du
Japou allait s'ouvrir de nouveau. Désiieui de
donner son sang el sa vie pour la cause de Dieu,
il communique à ses supérieurs son désir de
partir pour les Indes..
<' Les Indes et le Japon pour vous soatà Naples
lui disent ses sUj'érieurs. Huant au martyre, les
épines du ministeie apostolique y suffiront. <■
Ils disaient vrai.
Ceux qui n'ont pas ravantai.-e d'obéir i des
supérieurs ne sauront jamais, uni iP— i ■iiaii't i
imparfaite, les forces, la puissance à^ction et
la lécoudilé ou les succès que procare l'obus-
sance reliiiieuse. Sa voie une fois tracée, Frani oi~
de <iirolamo s'y jeta avec un icle que dépassait
seul peut-être son esprit de prière, à re point
qu'il put suffire seul à une mission pour laquelle
jusqu ici deux avaient été ju^ oéoecMirM. On
le vil alors profiter d'une confrérie pemr aidei
son ministère. Sans nul doute, les membres de
cette confrérie, qui assistaient il toutes les pro-
cessiim-., édillaieiil déjà beauc'tup : mais s'ils
n'élaicnt pas -.ainls, ou du moins bien fervents,
celle édilication demeurait stérib- tant pour
eii\-méme8<iuepnnrla masse du peuple de Naples.
(.lue lait François f II amené les confrère» à fré-
quenter plus souvent les sacrements, à faire
l'iiraison inenlale. .i s'imposer des pénilenres. a
s'humilier en public, surtout à l'occAsioo des
puiercii-es du i^lniniii de la Croix. I.ui-méror les
instruit durant les visites aux sept ei;lise». Alors
''■ l ■ oiiinie un courant de jiiélé fervente <)ui
en laissant .laiis les .•imes le
. ..., t ni .. I.-.. 1.1 II. . Lr . Iifiis
' ■ pse la ville,
I .11 liiin viuli.-i!\''<
(Jn'il faisait ■
doNapIps ou le
une «onnelle a
l't'' 1. 11 iti.vn .'i 1.1
l.i main . b -i
*^.init.- rixnmuii '1 ■ Il 11'
l'Ileiiiin, m 1rs 111-
■ iiiie nbi'nianli-.
; a la 1..!
. riivre de ' '
\.k ruAiac m njnn ai»
Au déhot d'un*» mi««inn, l'éL'Iise nn pouvant
cette chaire improvisée il parle avec une telle
éloquence que ses auditeurs, émus jusqu'aux
larmes, se jettent à terre en se frappant la poi-
trine et appellent à itrands cris la miséricorde
divine. L'apôtre avait trouvé là un moyen puis-
sant ; il sut en profiler !
Ln jour, le Vésuve laissait échapper de son
cratère ces ilammes qui tant de fois ontannoncé
aux villes environnantes les redoutables érup-
tions dont plusieurs d'entre elles furent les
victimes au cours des siècles; la plus i.'rande
émotion ré^rnait à Naples. L'apotre '^e sent
comme inspiré, il parait et jette au milieu de la
lou.e,que la terreur rend plus docile à sa parole,
'-es mots ou le dévouement se cachait sous un
reproche : > Naples, dans quel temps es-tu ?
dans quel temps es-tu ? » Il fut compris comme
il l'avait été en 1688, au moment d'un tremble-
ment de terre, alors que, de sa voix retentissante
et toujours écoutée, il criait au peuple consterné :
Cessez de pécher si vous voulez que le châ-
timent cesse. ■> A cette occasion, en effet, beau-
coup de pécheurs se convertirent et donnèrent
ensuite le bonexemple des pratiques religieiises.
Les fruits si merveilleux de ses prédications
ne s'expliquent que par une jn-ice spéciale
méritée parla prièreetles plus rudes pénitences.
.\vant d'aller prêcher, le missionnaire passait
des heures en prière, déchirait sa chair à coups
de discipline et s'entretenait de sujets pieux :
i'Uis, lorsque son rceur débordant de charité
s'était eullammé au pied du Crucitix. il sortait
pour sai'ir la meilleure occasion de parler en
public. Baladins et charlatans pouvaient plier
leuis liajtrages, lorsque p.iraissait le saint prêtre,
i:ar la foule s»" retournuil vers lui, entendait sa
parole et mêlait les larmes du repentir et les
accents de la pénitence aux macérations que
l'apiitre s'imposait encore après avoir prêché.
Kien ne résistait àla vivacité de sa foi et à l'élan
de s.i parole. Les miracles les plus touchants
comme les plus Ifrribles donnaient à son zèle
une autorité sans ê;;ale. In jour, un petit enfant
fut ému le premier de sa prédication. L'orateur
aussitôt fait comprendre d'un mot que ce n'est
[las à l'innocence à témir, mais aux pécheurs à
laite pénitence ; puis, éclairé soudain d'une
lumière d'en haut, il s'écrie : e Mais ton père,
'•nfpiit. ou est-il '! ■>
Le père avait tout vu et tout entendu. II se
convertit aussitôt et plusieurs avec lui. Kansune
autre circonstance, il fallait apir avec autorité,
l u" voilure allait sortir d'une maison malfamée
au moment ou le Saint prêchait. Le cocher reçoit
l'ordre d'avancer -ans tenir compte de la céré-
inoiii.- . Seiiineur Jésus, s'écrie François, le
la main. puis<iueres déesses n'ont pas
I pour vous, ces bétes sans raison du
iiiMiii- vous rendront homma^ie. .. En ell'et, le-
fhevaux tombent à b'enoux et ne se relèvent
'ju'à la tin du ili-i'oars.
Les mort'- <'ux -mêmes entendirent cette Toix
qui remplis- ni !•■- ru''= de Naple'^ des accent-
.1p la vérité ,1 ,|j- ,1 iiij. urs df la pénitenc*. Tiip
lacoiidiiite avait été scandsieu'e.
if lemp- app.'S avoir eu l'nndace
■ • nt dans une do »e< prédi-
" Il i ani -a mai»on. Krttirois ne
•[••r. lieux foi* il interpelle
iiiùiid'' on eiJeest. 1/3 cadavrr
■'■ lit et d'une voiK l.imen-
• Km '-nfer ! '-n enfer !
. ., ...iiit Dieu tout-puissant,
iMeu terrible' en enfer! "Kt il se retire consterné.
Plusieurs témoins de ce fait épouvantable ne
voulurent pas rentrer dans leur demeure avant
de s'être confessés.
En même temps que sa justice. Dieu niontfait
ainsi son infinie miséricorde à l'écard de ceux
qui n'ont pas consenti à s'endurcir dans le mal
et à s'aveupler eux-mêmes pour ne plus Toir le
chemin ni les moyens du salut éternel.
LE S\I.NT SUFFIT \ TOUT — CONVERSIONS MIXTTPLES
François de Girolarao ne cherchait pas à se
produire : on se tromperait Grandement en
croyant qu'il ne voulait travailler que dans les
fccasions solennelles où son talent oratoire
incontestable groupait lésâmes autour de iui.
•jui aurait pu le suivre dans les hôpitaux, dîiii-
les prisons, dans les yalères. l'aurait vu dépenser
dans ces divers lieux l'activité de plusieurs.
Monastères, asiles, maisons de refuge, écoles
et confréries recevaient de lui des secours,
comme s'il n'avait à s'occuperque de les assister.
Mais un religieux n'a rien ! Où prenait-il de
quoi subvenir à la fois à tant de be-^oins ? la
prière, l'austérité, telsétaient ses yrands moyens,
sans parler de son amour pour Notre-Seieneur.
cause première de son action si étonnante sur
les âmes. Uieu pouvait-il refuser quelque cIp'S'-
à un serviteur si dévoué et si désintéressé ?aussi
n'attendait-il pas que la prière fût exprimée
pour l'exaucer comme par avance ! Souvent, en
effet, les inspirations les plus pressantes de la
i-'ràce ai-'issant au dedans de son àme, le Saint
quittait sa prière ou une cérémonie et partait
comme une Uéche embrasée vers le lieu ou Uieu
l'appelait.
Ln soir, il est sorti subitement! Au coin d'une
rue, il a prêché dans les ténèbres, sans savoir si
quelqu'un l'écoutail! Qu'apprend-il le lende-
main"? l'ne femme coupable vient se confesser ;
Dieu lui en donnait le temps. Mais son complice
est mort la veille sur le coup, terrassé par la
\oix qui a retenti soudain, tandis qu'il proferait
un blasphème! Uans une autre occasion, au
milieu d'une procession, le Saint s'arrête et,
Irnppant à la porte d'une maison, s'écrie :
<■ Ouvrez, maîtresse d'école d'enfer. •• Qu'on ju;.'e
de la stupeur des jùeux lidèles lorsqu'ils virent
•sortir de cette maison, à la voix de leur [irotec-
leur improvisé, plusieurs personnes prèles à se
livrer au vice! En combien d'autres circonsUinf es
François ne dut-il pas paraître comme envoyé
par liieu pour empêcher des crimes et sauverdu
damer lesAmcsqui s'y trouvaient déjà en^a^ices.
Du h.iul de la chaire, il inlerpelleun |our un assas-
sin qui cherchait sa victime, et. du même coup,
les sauve tous les deux. Ailleurs, il fait rendre
publiquement à une personne coupable ce téinoi-
f:nai:e ipie le vice conduit a lami-èie: " Qu'avez-
vou^pai'né? — Hien. répondit l'inlortunée, rien,
et les vêtements mêmes que je porte ne sont pas
les miens. »
Li-ail-il donc au fond des cœurs? Tout porte
il le rroire. Si la pureté parfaite est la condi-
tion nécessaire pour voir Itîeu.nous savons d'un
;iiitr'' rrtlé qup Ilifu donn*' souvent à ses saints
cette connaigsancr inlime qui n-l le priiilèpede
son étemelle snne--ie. Omme une personi.e mal
li-posée se présentait pour se confesser, notre
-Éiiit lui dit sêi beineiit : " Je nepuis ni ne veux
,.i,s <,'<■•''•■ .' En elT''' '■ i.xi-nnn.. vfnail
Il - ■ lis rontrr pro^"
i 11 re:,. : ..ivl cl si bi:j: - rentrer
iii elle-même et procura son ckancement de \ie.
Dieu lit connaître par le don de prophétie et ]
lieaucoup d'autres faveurs extraordinaires com- i
Lien il avait pour a:;rénbles les vertus et l'aposlo- |
lat «Je François. Lne jeune lille lui liul son salut
et son entrée en reli^'ion. Consulié par elle pour
sa\oir si elle devait rester dan- le monde ou se
retirer dans un couvent, il demanda son Age. !
« Dix-sept ans, dit la jeune lille. — Encore |
autant d"années et vous mue/, lini votre pèleri- |
naue. ■■ Klle suivit son conseil, entra en religion
et V virent juste dix-<ept ans, après quoi elle
mourut en odeur de sainteté. Deux lois au moins,
liien qu'éloigné de Naples, il y parut soudaine-
ment pour assister un malade et un pauvre qui
avaient besoin de son concours. Il n'en demeu-
rait pas moins aumilieudes frèresciui l'assistaient
ou parmi leux qu'il évanj^élisait à plusieurs lieues
de Naples. (^> privilé:;e de hilocation ne doit pas
nous élonnor. Dieu l'accorda à d'autres pour
montrer que sa puissance se met comme au ser-
vice de la charité
Mais comment s'étonner de la prodigieuse
férondilé d'un ministère abrité sous tant de vm-
lu-? On rapporte que toutes les provinces du
royaume de .Naples furent évangélisées par lui
et i|u'ii donna plus .1<^ deux cents missions, llicn
de louchant comme l'empressement avec lequel
le clergé et le peuple des dilTérentes paroisses
venaient à la rencontre du missionnaire. Sans
nul doute, la renommée de ses miracles le pré-
cédait, mais les lidrles ne s'y trompaient pas,
instruits qu'ils étaient que les miracles ne sont
pas la sainteté, mais son éclatante manifesta-
tion.
IL nKSSU.tClTE UN PETIT ENFANT RT CONVERTIT
U.NR GRANDE PIÎCHEHESSB
Cependant, on ne cessait de recourir à son
intervention, l'ne pauvre femme ayant perdu un
petit entant d'un an w pouvait le f.nire enterrer
à cause de sa pauvreté. Ouc fait-elb''.' elle le
porte, au milieu de ses larmes, au confessionnal
du I'. François. Celui-ci. qu'une lumière sur-
nalunllr instruit, demande aussitiUà la célèbre
pénitente, Marie-Louise Carrier, de prendre l'en-
fant et de s'en charger. ■■ Mais il est mort, dit la
pénitente. — Non, non. r>-pond b' l'ère, il n'est
qu'''ndormi,"et, s'approcbanl. il fait avec de l'eau
b(^nite un si;.'ne de Croix sur le front île l'enfant
qui commence à respirer et à ouvrir les yeux.
.Mors, comme étonné lui-même, b- Saint dit
hcette femme : • Appelé/, la mère, qui estau bas
de l'éylise. •■
Celle-ci, que sa douleur continuait de troubler,
n'en voulait pas croire se» yt-uji, Dieu se servant
de son hésitation pour remlre le miracle [>lii>.
éclatant. Mais son co-ur tressaillit lor.squ «'Ile
euti-iiilit de nouveau cette von d enfant, cl, vive-
ment émue. el|p s en alla, emportant vivant et
souriant celui que la prière de François avait si
prompt*>ment arraché à la morl.
Marie-l.ouite Carrier, dont nous »enon»de par-
ler, était une nouvellf .Madeb-ine. et elle portait
à bon droit le nom Ae néiiilenle. Klevée dan» la
ri-lifion catholique, ••Ile eut à supporter «le la
p irt lie -«on pt-re, protestant, toutes sorte» de mau-
1. 1 traitement». Klle Unit par s'enfuir, mai»
cliar ■<• d'un cnmi' épouvantable Aidée de sa
striii . ■ !!'■ avait, dnn-
«eiiliiii -ni il dan* \'<'X
père. '
au mil'
■'-i«tiim.- I , •>.■
Dapp'.'lé à Naples avec sa compagnie, ce soldat
duii nouveau ;;enre s'entendit, un jour qu'il
montait la yarde, interpellé par Fraïuoi* qui
lui dit son nom véritable, le taux nom sous lequel
il se cache et le crime épouvantable dont il s'est
rendu coupable. Le soldat, stupéfait, veut nier, et,
pour forcer le 1'. François au silence, lui pro-
met de se confesser le lendemain. Le démon,
durant deux jours, parvint à emp-S-berrexécution
de celte promesse, peu sincère du reste. Mais
l'Iiomme de Dieu fut vainqueur. Il courut après
la brebis, la retrouva, et aprè> l'avoir confessée
la rendit non seulement à >a première oiidition
mais aux vertus éminentes .luxquelles elle était
appelée et qu'elle iii' cessa ib- pratiquer ensuite
jusqu'à la lin de sa vie.
LES DERNIERS ClIUU.VTS KT LV VICTOIRE
l/apôlre si connu à .Naples. si \énéré et si
recherché à cause de son dévouement et des pro-
diges qui' Dieu opérait par ses mains, no devait
pas échapper pour cela aux poursuites du
démon. .\u contraire, la vertu irritant l'ennemi
de tout bien, celui-ci s'acharna en plusieurs cir-
constances à traverser les œuvres du pieux mis-
sionnaire, à lui dresser des enibùclieset à susci-
ter contre lui les plus noires calomnies.
François connaissait le prix de ces épreuves :
il en sortit victorieux par les moyens que les
saints ont toujours employés à la suite de Jésus-
Christ : la prière, la patience et le pardon des
injures. .Mai* le démon qui n'avait pu arrêter
l'élan du missionnaire ni décourager sa vertu,
essaya, au moment df sa ilernière maladie, de le
vaincre déhnitivement. Ce fut en vain. Le FiN de
Dieu, notre Sauveur, qui permettait ce dernier
combat pour perfeclioiinerles dispositions de son
serviteur, soutint lui-même son généreux atlilèle
au milieu d'une lutte i|ui ne devait se terminer
()ue par des chants de triomphe.
Le Saint avait indiqué d'avance et plusieurs
fois répo(|ue et le jour même de sa morl. Iii-
cruelles soulfrances supportées avec un couratie
héroïque augmentèrent encore son amour pour
Nolre-Seigiii.-ur. Lui, qui tant de fois avait tbuinè
au peuple l'exemple des lla^'ellations san;.'lante<-
exercées sur un corps exténué de fatigue, se
traitait alors de paresseux «"t appelait de ti.u''
l'ardeur de son Ame le surcroît de soulfr.iu ■
qu'il crovait nécessaire pour achever l'expialKoi.
Le H mai ITHl, il reçut le Saint Viatique et six
jours après. l'Kxtrêmc-nnction. Dès lor<son Ami'
ne lit qu'exhaler les «enlimenls les plus vifs de la
foi chrétienne. Il parlait à .Notri'-Seigneiir. s'en-
tretenait l'oinin)' un petit enfant plein de con-
liancf avec la Très .Sainte Vierge, les anges et
les saints. Ces joies intimes annonçaient le der-
nier combat.
On le vit bientiH s'a;;iler violemment commî-
tes soldats dan» la lutte, de- prière» ardente >
s'è.-liappaient di- se» Irvrt»». C<>mme on l'inlir-
r<>jeait,ilrèpondilcoiiraneu«enient.»ou»rélr»Mitr
violente qu'il subissait : " Je cnmbals. prier pour
moi.».. Kl, s'adre»»ant au ib^moii lui même, il
répéta cette parole d'un 'Hit au démon :
" Va-t'en, je n'ai rii'n a 'vec t<>i. » Son
vi«ace reprit alnrs -n •.••ri'ini' on IVnIciiiltl
chanter l«' Mminifirni ei le Tf Itrum pour l.ru i
■■rsa rccoiit; ■ • ••' ■■"■■ iiiie d'np^iic
■ r,\i\ ver» 1 '••Il mai 171 il
■ ..- de 1 : Il», l'ie VII le
Il |H(H>. Il rulc4noni»i- parCîr^oire XVI
lmp.-gtr*mt . £. i'aTiTiiBK*i, », fucKraocoii I", i'âri*.
LA BIENHEUREUSE IMELDA, VIERGE
MODÈLE DES ENFANTS QUI SE PRÉPARENT A LA PREMIÈRE COMMUNION
Fite le 12 mai et le i 6 septembre.
Première communiou miraculeuse d'Imelda
DANS LA ■Al'ïOM PATKRMILLI
Implda v«5cut peu d'annffes en ce monde, mais
quelles années! La sainteté, comme l'euseiene
le grand saint Thomas, se résume tout entière
dans l'amour de Dieu; or, cet amour fut assez rif
dans le cœur d'Imelda pour arracher son âme i
son corps mortel, et l'unir A Jësus-Christ pour
toujours.
Le divin Maître a rendu ce beau tëmoignage
de sainte Madeleine: qu'elle avait beaucoup aimé;
il en fut ainsi de l'angélique Imelda, qui «Tait
reçu au baptême le nom de Madeleine.
Madeleine Lambertini était nëe dans Im tUu
.")"<:
de Bologne, en Italie, l'an 1321. Sa fiunille, dëjà
noble et ancienne, avait donné des hommes
illustres par leurs exploits et par les services
rendus à leur pays. Pins tard, un des rejetons
de celte vaillante race , le cardinal Prosper
Lambertini, deviendra Pape, sous le nom de
aéroent XIV.
Dieu ne réservait pas à la petite Madeleine une
ploire aussi brillante aux yeux du monde, mais
n avait versé dans cette dme des dons si carea,
que, dès sa plus tendre enfance, elle parut un
ance dans un corps mortel.
Sa jeune intelligence semblait s'ouvrir comme
naturelleoteBl aux premiers eDS«igaemeDls des
vt'rités chrétiennes.
Si quelque arrident on quelque douleur venait
& troubler la sérénité de son visage et exciter
ses larmes enfantines, il suftisait de lui parler
de Jésus et de Marie, de lui raconter quelques
traits (le l'Evangile ou de la vie def Saints, pour
captiver immédiaiement son attention, sécher
ses plear» et lui rendre se» sourires.
On ne voyait point en elle ces caprices, cette
inroiislanre, cet amour excessif du jeu, cette
fieine à obéir, qui porte tant d'enfants a négliger
eurs devoirs et à trouver la prière ennuyeuse.
Elle était sérieuse, appliquée, obéissante, mo-
deste dans ses regards, grave dans son main-
tien, ennemie du bruit et de la dissipation. Son
plus agréable passe-temps était de se retirer
dans un petit oratoire, orné de ses mains, afin
d'y prier à son aise, et lie s'y livrer à divers
exercices de piété, dans le silence et le recaetl-
lement.
Elle prenait pour modèle le divin Enfant Jésus
et croissait en : et en grâce devant Dieu
et devant les '
Dans ces »aiiii.-= ■■i. ■ ' --» «>||e comprenait
de plus en plu» que le 'sent n'est que
vanité en présence de 1 ..... , «jne la gran.ie
nITaire de la vie est de sanvfrson irne,que Dieu,
beauté sans égale et bonté uilinie, est seul vrai-
ment digne d'amour, et que la ntVsure de Taimer
est de l'aimer sans mesure, comme dit saint
Hernard. Aussi s'elTorrait-eUe de lui donaer,
chaqur* matin, tout son cœut, et de rester Vile
toute la journée à cet nnique Biei)-.\imé.
Les prénrcupations de nmité et de toilaMe,
qui se glissent si vile dans rimaKiii.ition des
jeunes liUes, n'existaient point pour elle.rar elle
s'oubliait elle-m>^me, pomr ne longer qu'à plaire
à Di»u. Les ricln'sses de I* maison paternelle la
laissaient indilTérente.
.Mais à mesure qu'elle grandissait, elle cons-
tatait combien l'esprit du monde e-.t tiilTérenl de
l'esprit de Dieu. Elle se sentait attirée vers le
saint a'<)led'un cloître on, renonçant i toutes les
rbn«e« de ce monde, par un généreux Mcrifice,
elle serait Inole à Jésus-Christ.
Elle tapplia ses parents de la conduire en
quelque CMlveBl; et er« bins pnrrnls. ofTr.int à
liw ii Ipor
\! . l.-lejr»
nfle, mal» \ c-
: 'T Dieu <.t ^
' I.lll .MIt>l.
Madeleine avait i peine dix ans.
I rLKlitl AV COtnrXRT — LA rKTITB KILICISDm
A xtaacA da B('
'ti *rn. ic'illrvai;
sous le patronage et les sages Règles de saint
Augustin et de saint Dominique {l)''. C'est là que
se présenta la noble fille des Lambertini. Par
sot brûlant anioar divio et par sa pureté par-
faite, la jeune Madoleiiie était di^e-' d'être la
lille de saint Au:;ustin au cœur d'or, et de l'an-
géliqjue saint Doiuinique.
Suivant un usage très ancien et encore fréquent
à cette époque, l'enfant fut reçue au monastère,
malgré soa jeune ûge, et revêtue de l'habit reli-
gieux. Cette démarche, d'ailleurs, n'engageait
point l'avenir, et la profession ne pouvait avoir
lieu qu'après l'âge nubile.
En recevaai rbabit d«t épouses du, Christ,
Madeleine échangea son nom contre celui d'JrHe/da,
marquaut par là qu'elle voulait reneiioer au
monde, pour embrasser une carrière nouvelle.
Les enfants de son âge, admis dans les monas-
tères, n'étaient soumis qu'à nne partie de la
règle; la jeune sœur Imelda voulut l'observer
tout entière. On la voyait à tous les exercices de
la communauté; c'était la plus exac'e, la plus
modeste, la plus obéissante. Elle cb.]itiBit son
corps délicat par de rades pénitences, comme si
elle eût eu de grands péchés à expier; tar elle
désirait ressembler à Jésus crucifie.
En uu mot, les Sa-urs les plu.s anciennes la
regardaient, avec une secrète admiratioa, comme
leur modèle.
DEVOTION AO SACHI.MK.NT DC l'kCCBARUTII
Mais le plus touchant était de voir la merveil-
leuse dévotion de la sainte enfant envers le très
doux Sacrement de I'Km'-'' '■•"'— Sachant que
Jésus est là, Jésus l'unni - sob ardent
amour, elle éprouvait un L< ..... ... .ins las>itude,
à passer des heures entières en adoration devant
le saint tabernacle. Dans ces suaves 'entretiens
avec le divin Enfant, !• temps lai paraissait
court.
Chaque matin, elle assistait an Saint-f^acrillce
de la m<'''-"e. Son ûme était .ijnrs toute absorbée
il ':on de cet ' re ; son
I . ' t ses larii. iit de sa
f'.-t\t;ur.
Mais c'est surtaatau moment de la communion,
■ (uanJ les S
-^ ii'(>nouill'
^ mite ne i . . ■ ■ ■
nu'lle eût ^. •!■ n'
Binié, l'avoir U>iii
Aucun siu:riflc« ne lui eût coûté |'
I .■'. en ir ir i
■ rerevoir a.
j elle et ■
■'ur aller
1.1 jeune
lai mes.
iii bien-
■ à Lui!
■ ur . ire admise
'rf>. avec vérité, qna la bianhrurcuie
>i 4 La fou aux Aagnsttaa* et aux
n An|r«*tine<. parce (pw lr« rdi-
Iraipa da Ia
'lu l\i« «irrlc. — 1.0 Ci'tn i
ibard btMt* par ilei Vti
«. <]ui le cr<',' t ' t,( I .■< » : ' .1-
; i .in 12.^9 — In. ri 1.1 iii..iirul
(.. . <"« Itllullt, t-, Tll U'. ....«ti'll-
liMiK ilr j'ii
'-■)
(Votr le« BotUmdttm, ivw tU d« mit.
à au tel bonheur. Mais son âge l'en retenait
encore éloignée.
En attendant, à l'heure de la récréation, elle
s'approchait de quelqu'une de ses compagnes
qui avait eu la grâce de communier le matin,
pour s'entretenir avec elle de ce divin mystère :
« Oh! je \x>us en prie, disait-elle, dans l'ingénuité
et l'ardeur de son amour, expliquez-moi comment
OH peut recevoir Jéius dans son cœur et ne pas
mourir? »
Ne pouTant plus résister à l'ardeur de ses
désirs, elle alla prier le confesseur du couvent
de lui permettre de s'approcher de la sainte
Table. Mais c'était alors l'usage, en ce pays, de
ne pas admettre les enfants à la première com-
munion avant l'â^ede quatorze ans; le prêtre ne
crut pas devoir faire une exception pour Iraelda.
Il se borna donc à encourager les saints désirs
de l'enfant, sans lui permettre encore de les
réaliser. Imelda se soumit; mais quel sacrifice!
PREMIÈRK COMMUNIO.N MIRACULEUSE d'iMELDA
« Cependant, dit un des récents historiens de
la Bienheureuse, Dieu, qui se plaît à venir dans
les cœurs humbles et purs, ne tarda pas à récom-
penser l'amour dont Imelda brûlait pour lui.
» L'épreuve de la bienheureuse enfant durait
encore quand arriva la fête de l'Ascension. On
était en l'année 1333. Imelda venait d'atteindre
sa onzième année. Pensant qu'en un si beau
jour son confesseur se relâcherait de sa sévérité,
elle surmonte sa timidité et réitère sa demande
avec plus d'instances que jamais. Ce futenvain...
» Mais qu'est la volonté de l'homme devant
celle de Dieu? On peut bien, il est vrai, inter-
dire à une âme de s'approcher de lui ; mais
•ist-il au pouvoir de personne d'empêcher Dieu
de s'unir à cette âme? Dieu lui-même n'a-t-il
pa3 déclaré dans les divines Ecritures que ceux
<{id le cherchent le trouveront infailliblement ; et
qu'il rassasiera d» ses bien& ceux qui sont affamés ?
» Le cœur brisé par le nouveau refus qu'elle
venait d'essuyer, Imelda se rendit à l'église du
monastère, pour assister à la messe et unir son
sacrifice à celui de l'adorable victime...
» Quand le moment de la coramuniop fut venu,
toutes les religieuses sans exception vinrent se
ranger, heureuses et recueillies, autour de la
Table Sainte.
■> Seule, Imelda resta dans le bas du chœur.
» Là, agenouillée, la tête dans ses mains, elle
donne un libre cours à ses larmes en songeant
au bonheur de ses Sœurs; elle se plaint amou-
reusement â son divin Kpoux de rester sourd à
<a prière et le conjure par de nouvelles instances
de ne pas différer plus longtemps de combler
SCS vœux.
n 0 Jésus I soupirait-fille, 4 mon céleste Epou^,
ainsi donc vous voulez que votre petite servante
soil consumée par l'ardenr de ses désira sans
qu'ils soient jamais satisfaits?... Serait-ce parce
que je ne suis qu'une enfant? Mais les reli-
gieuses, mes Mères, m'ont souvent raconté votre
prédilection pour l'enfance; n'avez-vous pas dit
à vos apôlres : « Laissez venir à moi les petits
•-nfants, ne les éloi;.'nez pas? « PourqUill tTTsffîi-'
lenant ne voulez-vous pas me laisser approcher
•le vous, moi qui suis une enfant, moi qui vous
aime si ardemment? Oh I dominz-moi. je vous
'■n conjure, une seule miftte de ce Pain de vie
et jfl serai rassasiée... Et si vous ne m'en juge»
pan ili:.!!'?, faites que ji> ni'-iirr', car j" ri" puis
plus vivr" ".'ins vims .'
» L'amour rendait la bienheureuse enfant
éloquente. Ses accents, à la fois si puissants et
si tendres, avaient ému le ciel tout entier. Jésus
ne put supporter plus longtemps l'agonie de
celte jeune âme se mourant du désir de le
posséder (f). »
Comme elle priait et pleurait encore, une
hostie s'échappe miraculeusement du ciboire,
s'élève en l'air, franchit la grille du chœur et
vient s'arrêter, sans qu'aucune main la sou-
tienne, au-dessus de la tête de l'enfant. Imelda,
agenouillée, les yeux fixés sur la sainte hostie,
adorait son Dieu, si près d'elle, et semblait
s'unir aux anges dans un même mouvement de
respect et d'amour. Les Sœurs n'en peuvetit
d'abord croire leurs yeux, cependant le miracle
persistant, elles avertissent le confesseur. Celui-ri
s'cipproche avec une patène et l'hostie, jusqne-Ki
immobile, vient s'y pincer elle-même, Alors, ne
doutaut plus de la volonté de Dieu, le prêtre
prend avec vénération l'hostie miraculeuse et
en communie la bienheureuse enfant...
Imelda venaitde faire sa première communion I
« Enfin ses vœux sont accomplis! et, comme
si elle n'eût pu dans un corps mortel supporter
une telle joie, elle s'afîaisse sur elle-même,
abîmée dans une contemplation profonde : ainsi
la fleur s'incline sous les gouttes de la rosée du
ciel, trop faible pour en soutenir le poids. Les
mains toujours croisées sur sa poitrine, les yeux
doucement fermés, Imelda paraissait livrée à
un délicieux sommeil. Gomme les heures devaient
s'écouler rapides dans cette extase de l'amour !
A voir ses lèvres mi-closes, décolorées, mais
comme éclairées d'un sourire tout céleste et
comme agitées d'un frémissement léger, on eût
cru les entendre murmurer ces paroles du can-
tique : Mon Bien-Aimé est à moi, et je suis à Lui.
Il m'a introduite dans ses celliers, il m'a enivrée de
son amour... J'ai trouvé Celici que mon cœur aime:
je l'ai trouvé, je le tiens el je ne le laisserai pas
aller I
>' Longtempsles Sœurs l'admirèrent eu silence.
Elles ne se lassaient pas de la regarder ni de
louer .Dieu au fond de leur cœur, parce qu'il est
bon, el que sa miséricorde s'étend à tous les siècles.
Toutefois, l'oflice achevé, la voyant toujours
immobile et prosternée, elles ne peuvent se
d<'feudre d'une vague inquiétude. On l'appelle ;
on la prie, on la supplie, on lui commande de se
relever ; elle, toujours si prompte en obéissance,
cette fois n'obéit pas ; elle n'a pas entendu... on
la relève... elle était morte I
n Morte ! morte à douze ans I... Morte d'amour,
et d'amour pour son Dieu I au jour et à l'Iieui ■•
de sa première Communion 1 Oh l'heureuse mort!
Trop heureuse enfant 1 » (2).
Ne la plaignons pas en elTet, mais félicitons-la
d'être entrée si saintement dans la vie qui dure
sans fin, au ciel.
O Bienheureuse Imelda, petite sœur des anges,
proti'gez tous les enfants qui s'approchent pour la
première fois de la sainte Eucharistie, et obte-
nez.-leur la persévérance dans la foi et dans la
vertu, dussent-ils vivre sur la terre jusqu'à une
extrême vieillesse.
fi) La Bienheureuse Imelda. Au biircnn des œuvrci
eiich(iristl«iiues, 27, avenue Fricdland. Paris.
(2) Vie de la bienheureuse Imelda iMmherlini, suivi»
il'une nruviine en ion honneur, par le R. P. (.atn<i".
'■'■' Fr !• - Pi '' lieurs. Aux bureaux de l'Anna rj
■ ■ ■; ■■''. 'i, r !•■ .lu Bac, Paris.
SES BELIdUES Â. BOLOC.NI
Le {% mai de l'an <566, les Dominicaines de
Valdipiétra, ayant échangé leur couvent contre
celui. des Pères Servîtes de Marie, à Bologne,
allèrent se fixer dans cette ville, emportant avec
elles le corps de la bienheureuse Imelda Lam-
bertini. En 1622, elles reçurent de Rome les
reliques de sainte Eugénie et les placèrent dans
la m(me ëglise, unissant les deux saintes dans
une commune vénération. La noble famille Lam-
bertini fit décorer une chapelle en l'honneur de
la bienheureuse Inielda, et on y plaça une inscrip-
tion rappelant le miracle de sa mort.
Le l'.ipe Léon XII, après avoir consulté la
Sacrée Concrégation des Rites, a approuvé son
l'ulte et autorisé l'Ordre des Frères l'rècheurs à
réciter son office et à célébrer la sainte messe
en son honneur. Sa fête est lixée au 16 septembre,
pour l'Ordre de Saint-Oominique.
Voici l'antienne et l'oraison gravées sur une
plaque de brome, l'an 1600, dans l'église du
couvent des Dominicaines de Bologne, près de
l'inscription signedée ci-dessus.
« Glorieuse vierge, épouse du Christ, Imelda,
perle précieuse de virginité, illustrée par les
dons du ciel, écouteiles prières que nous répan-
dons en votre présence, faites que nous soyons
un jour unis aux chœurs célestes, et en atten-
dant, protégez-nous au milieu des calamités qui
nous pressent de toutes parts. — V. Priei pour
nous, bienheureuse Imelda. R. Afin que nous
devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.
Oraison : Seigneur, que l'intercession de la
bienheureuse Imelda, votre vierge, nous protège
contre tout péril, et que par son intervention, il
nous soit donné de recevoir avant notre mort,
le Sacrement du Corps et du Sang de Notre-
Seigneur Jésus-Christ, après une vraie pénitence
et une sincère confession. Par le même Jésus-
Christ Notre-Seicneur. Ainsi soil-il.
SAINT PANCRACE, ENFANT ET MARTYR
FUe le 12 mai.
LOYAUTE, COCBACK ET «ABTTRl
Pancrace naquit à Synnade,en Phrygie, d'une
famille romaine, riche et noble, mais païenne.
(Le nom de Pancrace, donné k l'enfant et qui
paraît singulier à certains lecteurs ignorants, n'a
pourtant rien do ridicule. C'est tout simplement
un mot grec, qui signifie toul-puissanl.) A peine
âgé de dix ans. Pancrace eut la douleur de perdre
sa mère et bientôt après son père.
Son père, en mourant, avait recommandé l'or-
phelin à son frère Denys. Trois ans après, Denys
revint à Rome avec son neveu. En ce moment
la persécution était terrible contre les chrétiens.
Denys et Pancrace, qui s'étaient lixés au quariier
du ilont-Cœlius, apprirent que le Pontife des
chrétiens, Caius, habitait près de là. Emerveillés
du courage des disciplcs.de Jésus-Christ, et
poussés par la grice, ils voulurent connaître cette
reli;:ion.
Ils vinrent & la maison de saint Caius, furent
instruits de la foi chrétienne, se convertirent et,
après vingt jours de préparation, ils reçurent
tous deux le baptême avec une grande joie. Peu
après, Denys mourut dans la paix du Seigneur.
Pancrace, plein de courace et d'ardeur, rt qui
ne cachait point sa foi, fut dénoncé à l'empereur
Diocléticn.
Arrêt"; cl conduit devant le tyran, il se présenta
plein de calme et d'assurance, il avait quatorze
ans. Sa jeunesse, la beauté et la noblesse de ses
traits, sa courageuse attitude frappèrent le prince.
■< Mon enfant, dit Dioclétien d'un ton paternel,
on t'a trompé; écoute mes conseils et ne cours
pas à la mort, à la tleur de l'Jge. J'aimais ton
père Clédonius, il t'a lai«sé de grandes richesses,
je t'en donnerai encore davantage. Renonce donr
aux folies de la secte des chrétiens. Si tu refuses,
je confisque tous tes biens et je te fois brûler
tout vivant. >
Saint Pancrace répondit: ■ C'est bien en vain
que vous vous llattez, seigneur, de me faire
perdre la foi en me menaçant de m'ôterla vie; car
SI ji! suis jeune et faible de corps, le Christ m'a
animé d'un courage viril digne do ses soldats.
Kli quoi ! les dieux que vous m'invil«t h adorer
ne font-ils pas des imposteurs, dos tiummes
vicieux, au point que ^i vos esclaves commettaient
les crimes qui souillent leur mi'moiro, vous les
feriez à l'instant rigoureusfmcnt rhûlier'? >•
Dioclétien n'insista pas davantage. Il craignait
la honte de so voir vaincu par cet enfant; et,
dans sa colère, il le condamna h mort sans délai.
Conduit sur la voie Aurélia, le jeune héros
chrétien s'agenouilla, eut la tête tranchée, et son
ftme s'envolaau ciel pour lequel elle avait sacrifié
tant d'<'S|iiT.inrcs sur la torre.
l'ne sainte femme, nommée Oclavie, emporta
secri'lonii'iit son corps pendant la nuit, renihauiiii
de parfums précieux et l'cusevclit avec honnrur
' « gfr uni I.
' Il Iltk^n T
r l ^. u?i V.
riir ltj\ jr 1, I' irl«.
SAINT PIERRE REGALADO
Fête le 1 3 mai.
Saint l'ierre Recalado naquit à Valladniid, en
l'an 1390, de parents nobles et riches des biens
de la terre, mais plus riches encore du bien
iiie^tiinalde de la vertu. Il rer-ut au baptême le
nom de 'on aieul. LVnfanl pouvait a peine
rnrinallie .«es parents quand la mort vint lui ravir
•■on pi-re, pour l'introduire dans le céleste
ifivaurae, qu'il avait mérité par une cbarilé sans
limite. I)fs lors, tout le soin de son éducation
iiinmba sur «a mi're, Marie CasLauilla.
Elle s"en ac-quilla avec le n-lv qu'on pouvait
iilendre d'une femme aus«i profondément rhré-
ti' nne qu' sincèrement dévouée au bonheur de
-'1(1 ills. Elle s'applnpiaà inculquer à cette |eune
^m'• le» principes dune piété solide. Souvent
«■11'- I" prenait avec elle quand elle allait se con-
|. r au couvent de Saiiit-Fram <ii». L'exemple
.1. ! 1 III If déposait dans le nj-ur de l'eiifnnt de
; semences qui ne devaient i>as larder
Il nini.iit à la vnjr fréqu'^nter les
sacrements, et, lorsqu'elle s'approchait de la
Table Sainte, il sentait dans son Ame innocente
des désirs cnllamniés ùese nourrinlu Pain de vie.
Marie de Castanilla n'oublia pas non )ilus de
faire donnera son lils l'instruction que réclamait
sa noble orii-'ine, car elle le destinait à une bril-
lante carrière. Mais Liieu avait des vues plus
hautes sur le jeune Pierre. Celui-ci entendait
parfois des voies intérieures qui l'appelaient à la
vie monastique, .\yanl pris ronseil de ses direc-
teurs, il résolut de se mettre ,iu nombre des lils
de saint Francoi-.. bien qu'il n'eût alors que treize
ans. Il était l'unique fils de sa mère, et c'était sur
lui que reposaient les espérances d'une illustre
famille.
.Mais ces pensées humaines ne furent pas
capables de loucher cette u-rnnde chréliennf.
Sai'riliant son UN avec allégresse et générosité,
elle fit elle-ni«''me toutes les démarches néces-
saire? r"^iur faciliter son admis--ioii.
2;'2
Lt Jtt.NE .\0\1CK — SA moi LS^1">
Pierre prit bientôt ITjabit franciscain, et son
noviciat coinmençu. Il Ot de tels pn^TÙs que les
religieux ne furenl pas loiiijteinps à riconnaitre
le pn'-cienx trésor dont il? . laiiiit enrichis : ils
avaient plus à apprendre du i. •\ice que le novice
de son l'ère maître. Saint liunçois était la règle
et le ni'idèle de toutes sc^ aclions. Pendant tout
le cours de son noviciat, .|ui dura un an, jamais
il ne se relicLa sur un seul point de sa jireniiere
ferveur. Aussi sou .-.dtuissiou à la profession ne
soulTril-elle aucuni dilliculté ; il prononça ses
va-u.x à rù;;e de .]Udli)rze ans : les rèj^los cano-
uiqucs le perrn.llaicnl à cette époque.
l.e jeune reli..:ieux profés se considéra dès lors
comme cliar^'' de tous les emplois pénibles et
dil'liciles. Il éprouvait une joie toute particulière
à soi;;ner ses frères malades, et si les inlirmiiés
étaient plus rebutantes et les malades plus exi-
{jeant-, c'était une nouvelle raison de se donner
plus :;éiiéreuseraenl.
.Mais, comme le relâchement inséparable de la
faiblesse et de la misère humaine s'était intro-
duit même dans le sévènj institut de syiint Fran-
çois, Pierre ne trouvait pas le stiniulau'. ni Iv-
nioyens nécessaires pour imit<jr la vie pénitente
de son saint Patriarclu'. Il gémissait en secret de
cette situation, niais n'osait entreprendre une
vie plus austère, de peur de se singulariser. Ilieu
entendit les soupirs de sou cœur. Depuis long-
temps déjà, il préparait i &on serviteur ce qu'il
dé>irait si ardemment.
I-IERRB DE VILLACRECES ET LÀ REFORME
En efTct, à I époque ou notre Saint se signalait
|>ar de si beaux débuts, une noiivrile lumière se
levait sur le monde, (tétait la réfonne francis-
caine, entreprise par ijuelcjues relvir-ux fervents
et désireux de rétablir dans toulr la rij.'ueur pri-
mitive l'observance de la ré;:le de s«iiit François.
C'est pour celle raison qu'on leur donna le
nom d'Ub^erTaiitiiis. Ils cinnmeucèrent par se
retirer, dans les solitude* et le" forets, alin de
préparer, dans une vie pénitente, la rude et diffi-
cile mission qa*ils entreprenaient. l.e ulus célèbre
d'entre eux, eu Kspaj;ne,fut Pierre dr \ illacreces;
c'était un reli;.'ieux d'une sainteté et d'une
.«cience remarquables. Au moment ou saint Pierre
fieuaindii iironoiicait se> vieux, il y avait dc'jA
vln«l an< '[u'il vivait dans une caverne, loin de
tout commerce hnmnin. (Jwuiû il en soitil, il se
présenta au monde dons un habit si pauvre et
avec un visai^e si décharné, qu'il n'avait plus d'un
homme vivant qu'une faible apparence.
Lue première foi», il voulut s'éUblir nvec
quciquci D'IiJeux dans l'eriuitaf-'e de Notre-
Dame de la .'^ob'éda, qui lui paraissait propre à
ses desseins. Il fut obligé de rabaiidonuer, on
ne Mtit pour quel motif. Il lui fallait donc cher-
cher de i ni endroit convenable. Dieu lui-
même s le l'indiquer.
CODVIiTr D AGCtLCRA
il A.iiileia,
1 in»^ le dio-
oiiiljesile Vill.uleci's. et sa preiiiièn' pensée fut
de demander à l'évéque d'tiMiia, son proche
parent, la cession de cet ermitage. Le prudent
prélat, qui connaissait la solide vertu du réfor-
mateur et le besoin que les Frères Mineurs avaient
de la réforme, ne lit aucune difficulté, et prit
même l'entreprise sous sa protection.
PIERRE VILLACRECES ET PIKRHK REGALADO
Pendant qu'il négociait ainsi, Villacreces cher-
chait à s'attacher des religieux fervents. Dans ce
but, il vint à Valladolid. La vue de cet homme de
Dieu remplit tons ceux qui le virent d'étonue-
raeiit cl d'édilicatioii. Il allait pieds nus, pauvre-
ment vêtu; il rappelait le temps de saint Fran-
çois, et son exemple prêchait plus que ses
paroles la réforme qu'il désirait établir. Dans les
couvents, beaucoup do religieux soulTraient du
relâchement général et n'attendaient qu'une
occasion favorable pour embrasser la réforme.
Saint Pierre Uegalado éUiit à leur tête.
Quand il sut que Villacreces avait la permission
du ;;énéral d'admettre dans sa CoiBpa;;nie tous
les religieux qui voudraient l'innler, il alla le
trouver; il lui exposa ses intentions et le supidia
aidemnieiit de l'emmener à l'ermilaye où il se
rendait. I-e réformateur apprécia du premier
coup d'u'il la grande vertu de ce jeune honimi-
et conçut les plu< belles i"-pi-r;inces au sujet des
eiilre]iiises qu'il pouvait itablir sur un aussi
solide fondement; il l'admit >■■•■•■ '"lucoup de
joie.
IL CNTHE DA.N> LA UFIOKJIB
Pierre Ite^'alado se mit en route avec lui, et,
peu de jour> après, ils ai liviTent à Aguilera :
toute leur communauté se composait de quatrt-
reli-'ieux, y c.<impri» le P. Villacreii's. Celui-ci
reçut leur vu-u d'obéissance, et leur donna de se>
mains le sac qui devait être le iiouTel habit des
Kéforiués : puis il» se déchaussèrent.
Le réforuiuteur étant ensuite allé rendre conipt<'
de i«- qui s'était pa~sé à l'évèqnc d'tNina, ca-Iui
cl en demeura si édilié qu'il lit .igraiolir le petit
couvent de manière à ce (ju'il put servir de rési-
dence à douze reli:;ieux C'était le nombre lixé
par Villacreces lui-iiiémc. Plus tard, suint Pierre
Itegalado abolit celte règle.
Notre Saint passa dans ce couvent d'At'uilera
les onie années siiivanlo-, .idoiiné h l'exi'icice de
toutes les vertu» et pratiquant d'elTra\ antesausté-
rites. Sa nourriture se composait d'un piii de
lé^'umes mal assaisonnés : ses jeiines étaient
continuels, car, pendant longtemps, il observa le>
neuf carêmes, dits de saint François, qui cmn -
prenaient i)re-i)ue toute l'année. Le re«le du
temps, il jfiinail encore souvent au pain et à l'eau,
et jamais il ne se permit de prendn' le --oir la
plus léj;ère collation Le dimanche seubiiienl il
avalait deux bouchées de pain, afin de rompr' b-
jeune, par respect pour ce saint jour.
Son asiiduitû à la prière n'était pas moins
i< lu irqnable. Il arriva ti ' ' • '■ ' '
' iiipl.ition qu<" les ri
■ •;' familier- "••
11, Uliec'
. I.Uc était M : 1 .
fols que le ■ '
, I ut iii>' ini .1'
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Le bruit de 1 ««oncmeni luimculeui orri-aaus
I >uu blur, puUi puutuir lia CMUyei .
Cependant, au milieu de tous ces exercices de
|iiété. Pii;rrc trouvait encore le temps d'étudier et
de se préparer à recevoir le sacerdoce. La théo-
logie lit ses pl;is chères délices. Une fois prêtre,
il maniiest.iau dehors toute l'ardeur et la charité
qui consumaient son cœur pour le salut des
pécheurs. Sa parole opérait des merveilles dans
les âmes. C'est à partir surtout de ce moment que
l'on put dire qu'il vivait plutôt au ciel que sur la
terre. Il n'avait plus de désir que pour la vertu.
IL P.tSSE AV COUVENT D.iBnOJOS
lia 1415, saint Villacreces, qui vivait encore, le
prit avec lui, pour aller fonder un nouveau cou-
vent à Abrojos, qui se trouvait relativement assez
proche d'.\guilera. Cette fondation se lit dans
une pauvreté e.xtrème. Souvent on n'avait pas
d'huile pour la lampe du Très Saint-Sacrement:
on manquait aussi du livres pour chanter la messe.
Villacreces disait alors à ses religieu.\ que la
pauvreté est une huile qui brûle avec une clarté
l)ii'n plus vive que celle de la terre, en même
temps qu'elle e.xhale une odeur plus suave que
les parfums; et il ajoutait que si l'on ne pouvait
chanter, il fallait pleurer et gémir en attendant
les célestes harmonies.
C'est dans ce couvent que Pierre reçut l'office
de portier. Comme sou cœur compatissant ne
pouvait voir une misère sans chercher à la sou-
lager, il fit de telles aumônes que les religieux
finirent i>ar murmurer et avertirent le supérieur.
L'n jour, une pauvre veuve, privée de tout secours
liuinain, et chargée de trois enfants encore en
h,is àye, vient frapper à la porte. C'était l'heure
du diner. l'ierie court au réfectoire, où étaient
rassemblés les religieux , et prend précipitam-
ment de nombreux morceaux di' pain, qu'il met
dans le pan de son habit. Il se dirigeait déjà
vers la porte quand le supérieur l'arrêtant :
■ Fr. l'ierie, lui dit-il, vous êtes bien empressé :
qu'avez-vous donc dans le pan de votre habit? »
Le Saint se troubla, mais, reprenant aussitôt son
calme habituel : " Mon l'ère, ce .sont des roses
que je vais donner à une pauvre femme qui en
a besoin. — Montrez-les de suite », répliqua le
supérieur. Pierre ouvrit alors modestement sa
robe, et tous purent voir avec admiration des
roses plus belles que celles qui s'épanouissent
dans les jardins de la terre. Le supérieur lui dit
alors : i' Allez, mon Frère, au nom du Seigneur,
et donnez c(;s roses à la pauvre femme : désor-
inai-, distribuez tout ce qu'il vous plaira, car
c'est pour cela que la divine bonté est si libérale
k notre éuard. >•
Cependant, Villacreces s'occupait avec le Saint
iij T des règles qui assurassent la perma-
h ;, • .1' le Uêforme. En 1 UT, Villacreces put en
|M>i lui 1.1 rédaction au Concile de Conslaiice.Dcux
bulle> fav.ii.ibles accordèrent tout ce qu'on avait
sollicité. Il leur était permis de prendre les cons-
titutions établies par saint Frainois lui-même au
couvent de Saiute-Marie-des-Aiiges; on devait
surtout chercher la pauvreté dans les édifices.
Le silence, l'abstinence devaient être perpétuels.
Les religieux jeûneraient depuis lu Toussaint
pisiprà l'àques : i\- ne boiraient pas de vin. Le'
vi'iidrcdi ils jeûnaient au pain et à l'eau : les
Inmli, mercredi et saïucili, ils y ajoutaient
quelques léfumes : les autres jours, ils se per-
iiiellaieiit un pou de poissnn. Le sel et le poivre
devaii-nt être absents de leur table, et le pain
qu'iK maiit'eaienl dev.iil avoir été quêté de porte
III l'Oilr. (juil îioii blanc ou noir, dur ou tendre,
disriit 11 s Constilutiiiiis. il faut le mani.'er a\cc
joie. Mais, quand tout aliment manquait et que le
Frère économe venait déclarer ses fonds épuises,
ou avait recours à la sainte patience, jusqu'à ce
qu'il plût à Dieu de secourir ses serviteurs. Tel
était le régime de vie ordinaire des Héfonnés.
Cette austérité forte et généreuse formait h s
saints, et. dans les deux couvents dont nous par-
lons, il serait facile d'en énumérer plusieurs qui
édifiaient les populations environnantes.
J Mnais saint Resalado n'avaitgoûté plus douce
paix ni plus grand bonheur. Il va sans dire qu'il
savait, comme tous les saints, renchérir sur ce
que la règle demandait à tous les religieux.
Cependant, son frère spirituel jouissait de
l'œuvre due à ses travau.x et à sa ferveur. Désor-
mais, la Réforme était fondée, et il avait de
dignes auxiliaires qui sauraient fort bien la
maintenir. Sa mission était terminée; Dieu l'ap-
pela à lui et récompensa ses mérites en le met-
tant en possession de la viloire des bienheureux.
Pierre ressentit cruellement la ])erte de son
Père spirituel : sa sére'nité habituelle se troubla
même quelque peu. Sa vertu bien connue, son
admirable prudence, la sévérité avei- laquelle il
gardait la rigueur de l'Institut, enfin tout l'as-
semblage des vertus nécessaires pour poursuivre
l'œuvre commencée, firent que tous les religieu.x
jetèrent les yeux sur lui. D'un avis unanime, ils le
désignèrent pour succédera leursupérieurdéfunt.
Le Saint accepta le gouvernement comme un far-
deau que Dieu plaçait sur ses épaules pour pro-
curer le bien de l'Eglise et de ses frères. Doux
et affable pour ceux qui pratiquaient l'humilité,
il se montrait d'une sévérité inexorable pour les
rebelles et les orgueilleux : aucun vice ne l'exas-
pérait autant que l'orgueil. Son exemple montrait
le chemin et rendait suave le joug du Seigneur.
Jamais il n'usa de chaussures, et ses voyages
ne furent jamais pour lui une raison d'omettre
ses jeûnes accoutumés, ni de se dispenser de
l'oraison : toujours il les faisait à pied. Il défen-
dit avec une constante ardeur les droits de la
nouvelle Réforme, qui eut beaucoup d'ennemis
dès ses commencements. Ils le firent beaucoup
souffrir, mais sa patience triompha des humilia-
tions comme des calomnies et des persécutions.
SBS VEBTUS ET SES MIRACLES
Dieu savait aussi le récompenser des efforts
généreux (ju'il tentait pour ]irocurer sa gloire. Sa
foi fut souvent récompensée par d'éclatants pro-
diges. Il était persuadé que Dieu le secourrait
toujours dans 1 accomplissement de sa charge,
et lui donnerait les forces nécessaires. In ven-
dredi malin, après avoir présidé l'assemblée des
Frères, il quitta Aguileia, et avant midi, dans
l'espace d'une heure, il arrivait à Abraj.is qui se
trouvait à quatorze lieues de là, et convoquait
le Chapitre.
Un autre jour, dans ses courses apostoli(|ueç,
il se touva arrêté par le Ducro, dont les eaux
avaient grossi, et, comme il n'y avait pas dje
barque dans l'endroit, il fit le signe de la croix,
étendit son manteau sur les eaux, et passa ain^i
à l'autre bord.
Ln jour qu'il prêchait à Qiiintanas , village
peu éloigné du couvent, un jeune Immiue vint le
trouver et lui demanda très huiiiblemeiit l'Iiabil
de son Ordre. Le Saint y consentit, mai» comme
il ne devait rentrer h Agiiilera que plus lard, il
•lilîêra de le recevoir. <■ Mais, lui dit-il, dès ce
moment vous pouvez vous considérer comme
membre de la communauté, soumis à I'oImis-
s.ince. >■ Or, pendant son absence, le jeun»
homme mourut. A son retour, le Saint vint récla-
mer son corps.
<• Ce jeune homme est Frère de mon Ordre,
dit-il.
— Nullement, répliquèrent les parents : il a
bien manifesté le désir dV-tre des v(Jtres, mais il
n'a jamais reçu votre habit. »
Le Sailli, connaissant combien l'intention du
jeune homme avait été a;;réable a Dieu leur
répondit :
« Allez donc, ouvrez le sépulcre et vous verrez
vous-mêmes s'il n'est pas revêtu de cet habit. »
On y courut, et, à la grande stupéfaction de
tous, le jeune homme, qu'on avait enveloppé
dans un liiii-enl, se trouva en effet revêtu de
riiahit franciscain.
Parmi les vertus de ce ;;rand serviteur de Dieu,
celle qui jila le plus d'éclat fut, sans contredit,
sa charit'-. I,e< œuvres merveilleuses qu'il opérait
pour le bien du prochain sont une preuve mani-
feste de l'incendie d'amour ipii consumait son
cu'ur. Kn quelque endroit qu'il trouvât un néces-
siteux, il l'embrassait, le consolait, e! ne le lais-
sait partir qu'après avoir entièrement secouru
sa misère. Si, par hasard, il lencontrait en chemin
un pauvre malade, il le relevait avec do".ceiir
et 1 aidait à marcher. Mais si les jambes lui refu-
saient tout service, alors le Saint leplacaitsurses
épaules et l'emmenait au couvent, où il lui pro-
dii;uait les remèdes et les soins, jusqu'à ce ((u'il
fût complètement rétabli. F'our toute récompense,
il ne demandait à l'indi^'enl que la faveur de lui
baiser les pieds.
Il avait aussi une extrême compassion envers
les pauvres lépreux : il les assist. il encore avec
plus de soin, il baisait leurs plaies dé^joùianles,
et souvent le ciel récompensa l'ardeur de sa
charité en a(!cordant la yuérison à plusieurs de
ces malheureux.
En récompt'iise d'une vie aussi sainte, Dieu se
plaisait à favoriser sou serviteur du don des
miracles.
l ne nuit, après le chant de Matines, il ordonna
aux religieux de revêtir les ornements sa<Tès,
et précédés de la croix et du bénitier, il les con-
duisit au bord du Duero, qui coulait près de là.
Les reli;.;ieux, muets irétonnement, ne pouvaient
s'expliquer une détermination aussi étran;.'e,
mais il y avait à peine quelques instants qu'ils
étaient sur la rive, qu'ils virent venir à eux le
cadavre d'une femme qui s'était préripiiée dans
le lleuve pour défendre sa chasteté. Leur sur-
prise ce»iia alor-i, et P.t place à l'admiration. (»n
relira le cadavre, et on lui ilonna une sépulture
honorable, en louant Dieu d'avoir révf'le le fait
à son serviteur.
Vn autre jour, la cloche appela les religieux
au réfecloin- : c'était l'heure du dîner. Aussiti'it
l'économe court avertir le Saint i|u'il n'y a plu»
une seule bouchée de pain dans le couvent.
•• Puisque le sicnal d'aller au réfectoire est
donné, répondit-il, qu'on s'y rende. Dieu pour-
voira à nos besoins. .. ()n venait cle bénir la nble,
<•( les religieux étaient à peine assis qu'on sonna
.1 la ci'nrierKerie. Le portier y courut, et trouva
111. ■ mule char;;èp de pain et de provisions. .\pr*ii
r apporl'-s au réfectoire, il n-vinl a la
• is il n'y rencontra plus l'animal et,
m u '"uteslesrechercbesqu il lit, il ne parvint
jiinais à découvrir le chemin i>ar leiinel il était
venu, ni à connaître le conducteur qui l'avait
amené.
Il serait trop lony de raconter tous les prodiges
que Dieu opéra par l'inti-rinèdiaire de son ser-
viteur. Sa renommée s'étendit si loin que les
personnes pieuses des pays les plus reculés se
recommandaient à ses prières aii milieu des plus
^'candes alTaires, et que toujours le succès répon-
dit à leur confiance. Plein de vertus et de mérites,
le corps macéré par d'indicibles pénitences, l'àme
enrichi des plus admirables dons de l'Esprit-
Saint, Pierre allait bientrtt jouir de la récom-
pense due à ses f.'Iorieux travaux. Il laissait, du
reste, la Héforme bien alïerinie.
UORT DE SAINT PIERRE
.\u commencement du Carême de l'an H:<i>. il
tomba gravement malade, et comprit facilement
que la maladie était mortelle. La perle il'iin ti 1
père jetait les reli;;ieux dans un extrême a'iatle-
ment : lui seul conservait un visa;:e joyeux. Il
les consolait et les exhortait à toujours persévé-
rer dans la ri;;ueur qu'ils avaient jusqu'alors
pratiquée.
Il avait une invincible répugnance pour toute
espèce de nourriture, de telle sorte qu il lui était
impossible de prendre aucun aliment. Le méde-
cin, désireux de lui offrir quelque cliose qui pùl
plaire à son ^joi'it. lui demanda un jnur s'il nian-
;;erait bien une perdrix. Il répondit que oui:
mais sa réponse contrista tout le monde cur, ii
cette époque, on ne pouvait facilement le satis-
faire. Or, le médecin (piittait à peine lo couvent
qu'une perdrix, poursuivie par un milan, vint sf
réfu'.'ier auprès de lui. Il la prit et revint ii>iit
joyeux trouver le Saint. Saint Pierre reçtt le
petit animal et, tout en lui faisant de nombii ue^
caresses, il arranijea ses jdiimes et lui dit: "Cher
petit oiseau. Dieu ta arraché des ;;rilTi's cruelles
de ton ennemi, sera-ce une raison i«our que lu
meures de mes mains? Non, va, et loue par les
ehanls ton Créateur et ton Sauveur. •• ht il la
l'icha, au ;;rand étonnement de tous ses frères,
qui admiraient la douceur de son esprit.
Cependant, le mal empirait toujours, el lirmort
avamail à urands pas. Sainl Pierre voulut s'y
disposer le niieui qu'il put. Il demanda donc a
recevoir le Viatique, (juaiid !<■ prêtre eut apporté
dans son humble cellule le Dieu de l'Euchuristie,
Pierre se leva sur sa ccmclie el, d'uin' voix entre-
coupée de sanglot», dfinanda pardon h se« frère»
de» scandales (piil leur avait donnés. Ceux-ci
pleuraient et proltstaient qu'eux seul» devaient
inifdorer l'e pardon. Lorsque le moribond eut
reçu la s.Tinle Hostie, le» ridipieux jncèrcni que
le inomeiitélait veiiudc luittdiniiiis(r>'r riixli ' uf ■
Onclioii. '• Non, réponililil , alli-nde/ pliiNM
l'évêque de Palencia, c'est lui qui doit nie rendre
ce dernier ofllre. .i On lui obéit, el, peu d'heures
après, le prélal arrivait el avait le bonheur d'as-
sister un sainl à «u «lerniére heure. Ounnd il eut
reçu rExlrême-Onclion, Pierre lit ranger se»
refiïieux autour de sa pauvre couche el leur
ordonna de commencer le» prières pour l<-» ago-
nisant», tjuelque» instant» npré», il leva le» mains
au nel el expira doueemenl en disant : ' Seigneur,
|p remet» mon esprit entre vo» mnins. .• C'était le
10 mars : il était Agé de 00 ans
l'fT) iir-.
', nir Kr.inr.in I
SAINT PACOME, ABBÉ DE TABENNE (Egypte)
Féle le i4 mai.
Saint Pacâme allant visiter ses moines au-delà du Nil, montait sur un crocodile
qui la portait docilement de l'autre côté du fleuve.
DNI BIUREUSK Rg>'CO>'THI
• Ver» l'an de Jésus-Christ 3i 1 , dit l'abbé Darras,
de jeunes soldats, enrôlés de force pendant la
fuerre de Maxence et de Constantin, di^barquaient à
hèbes, en Egypt». Ils étaient enfermés comme des
prisonnier» et traités avec une rigueur eicessire.
Des inconnus les abordent, les saluent comme leurs
enfants, le» consolent et leur procurent tous les
secour» qui sont en leur pouvoir. L'n des soldats
demande quels sont ces hommes bienfaisants. On
lui apprit que c'étaient des chrétiens qui vivaient
dans la retraite, la prière et l'exercice de la charité.
Le jeune soldat se nommait Pacôme. Ce souvenir
fut fécond dans son cœur et y porta des fruits de
salut. • .*
Au reste, Pacôme, quoique né de parents paiens,
avait pour l'idolâtrie une horreur instinctive. Encore
enfant, son père, qui mettait un grand soin à l'éle-
ver dans la tausse rellRion, le conduisit un jour à un
sacrilice sur le» bords du .Nil. Mais le sacriflcateur
eut beau évoquer le démon, l'idole resta muette et
ne rendit aucun oracle. Se tournant alors ver» le»
parents de Paciime : « Pourquoi, leur dit-il, avei-
vous conduit ici un ennemi de» dieux? Qu'on le
chasse. » Le père et le fils durent aussitôt prendre
la fuite, car la foule, craignant de s'attirer la colère
de la divinité, s'apprêtait déjà à les immoler comme
des victimes.
l'sbuite paléuon
Cet incident était toujours resté profondément
gravé dans la mémoire du jeune homme et tour-
mentait son âme inquiète de vérité. Mais l'heureuse
rencontre qu'il fit des moines chrétiens, dissipa
toutes ses angoisses et sa carrière militaire achevée,
il voulut connaître plu^ complètement une religion
qui inspirait de si beaux exemples; il se fit ins-
truire et bientôt après rerut le baptême.
Durant la nuit où il fut régénéré dans les eaux de
la grâce, il vit tomber dans sa main droite une rosée
céleste qui se convertissait en miel et ilentendit ces
fiaroles : >• 0 Pacôme, c'est la le signe de la grâce que
e Christ te donne en ce jour. » Il sent aussitôt son
cœur enflammé de l'amour divin, et, dès le lende-
main, il renonce à tous ses biens, quitte sa patrie
et vient aux montagnes de la Thébaide frapper à
la porte de la cellule du saint ermite Palémon.
« Du pain et du sel font toute ma nourriture, lui
433
dit 1» ▼(•nirAbleTieillard. Je passe la moitié de la
nuit à cha«ler les psaumes ou à médiur les Saintes
Ecritan^ï. >• Pacônie, intérieurement frappé d'une
telle au5l6rité, répondit toutefois : « J'etpère de
Notre-i^eigneur Jésus-Christ que, soutenu par vos
prières, je persévérerai jusqu'à la mort dans ce
genre de rie. >■ frappé de celle réponse, Palémon
le lais'-'» entrer et le reçoit comme novice!
Paci*iiie, on eîTel, tint parole, et. à partir de ce jour,
sa '■:<> ne fut plus qu'une suite de prières, de veilles,
lit niiii-s et d austérités. Il travaillait des mains, cul-
livaul la terre et Ircssaiit des corbeille» de joncs et
d'osier, dont le produit servait à la nourriture des
pauvres. Quand la nuit ne lui permettait plus de con-
tinuerton Ir.ivail, il seretiraitavecPalémon pourraé-
diler et prier ~ viarfois il arrivait au jeune novice
de se laisser all'.r au sommeil pendant le» lon>;ués
veilles de son maître, celui-ci le prenait par l.i
mr.in, descendait avec lui dans la plaine et lui
fai3.'il monter de la terre dans des corbeilles pour
vair.cre la tentation. « Sois vigilant et attentif, lui
dis".it-il. ô Pacôme, de peur que le démon, venant
à. te séduire, n'anéantisse tous no» efforti. • Et mal-
gré son extrême vieillesse, Palémon mettait le pre-
mier la main à l'œuvre pour lui montrer l'exemple.
Il réclamait aussi de son disciple la plu» entière
,-,1- --,- -, I ^ solennité de PAnues étant arrivée,
I e P.iortme : « Frère, lui dit-il, c'est
o . .,,j ,.,., . ,,• pour tous les chrétiens, va doue, et
apprête le repas. • Pacôrao y court, el ayant égard
à la solennité du jour, il mêle un peu d'huile aux
herbes sauvaijes dont se nourrissait son maître.
Paieni'.'n fait sa prière et se met à table ; mais à la
vue de l'huile, il se frappe le front et s'écrie avec
larmes : " Mon Sauveur a été abreuvé de vinaigra
et de llel, et je medalterais au point de manger de
l'huile? " Il ne put se résoudre à en goûter.
AO D^SCRT
La montagne qu'habitaient les deux serviteurs da
Dieu élalt couverte d'épaisses forets au-delà des-
qi:»!!», i'.t. iidait un vaste déseit. Lu jour qu'il
é'ait aile i i.ercber du bois, Pacôme ne retrouva
plu» le chemin de son ermitage et poussa sa
marche Jusqu'au bourg de Tabenne, au diocèse do
Oendél-an, lur les bords du Nil. Comme il y
f.iisai! oraison et demandait a Dieu ds le tirer de
?nii égareincnl, il entendit une voix qui lui dit ;
• Demeure en ce lieu, à Pacôme, el élevé un monas-
tère ; car beaucoup, dans la désir de se sauver,
v:,">dront (e mettre sous ta direction, et tu les
.1 la %ie éternelle, suivant la règle que je
1 ai. • Et en même temps un nupr l.ij
il I, I 1 1 règle qiie devaient suivre ses reU;i' ;x.
Klihl i>-ioiirné ver» Palémon, il lui lit p'ir: le
celte merveille, et le 8u|>plia de l'accompagner lUns
celle nouvelle colonie du déseiL Le vieillard,
Ti v^iii liaiis tout cela un ordre du ciel, quitta «a
:ude pour se rendre a Talienne, où ils
; un et l'autre une petite clliile; c'(*tail
«or» I an i:it
A'ilnine . . ■ ■ ■: là
l'i lUUlUa .1 "Ut
■.Tf.n de ■ . ^ lù
ail, k toQ tour, dtiToair ^^ere de aom-
i.M Mu-MM conaan
qu'«>it saint Paci^me f'.it
•; la n^t'ir", imi^ qui, pi-
Mais Satan ne pouvait voir d'un ipil indifTérenl
les progrès do Pacôme, et il lutta énergiqiieiiuiil.
pour étouffer dans cette àme héroïque le dévelopi'e'.
ment des vertus qui allaient en faire un des plui
beaux ornements de l'Eglise et du désert.
D'impurs fantômes, des réminiscences mondaines
le désir de la gloire et des plaisirs revenaient sani
cesse à la pensée du jeune anachorète, qui s'enfoni ail
alors plus avant dans la solitude, en redoublant d(
prières et d'austérités. Quand, vers le soir, il reve-
nait à ^on monastère, comme des chiens qui aboient
après leur proie sans pouvoir la saisir, les diables'
venaient en troupe, sous des figures humaines, au-
devant de lui, et faisant semblant de l'applaudir. ils.
se disaient lun à l'autre : « Place, place à rhomino
de Dieu I » D'autres fois, pendant que le Saint priait^
l'esprit malin, sous la forme d'un grand coq, »* pré-
sentait à lui et se mettait s chanter pour la
distraire; puis, voyant que ses cris étaient vains,
il lui sautait sur la tète, le frappant de son bec et I4
déchirant de ses ongles; mais, sans s'émouvoir,
Pacôme faisait le signe de la croix et le coq dispa-
raissait aussitôt dans un ahtme de feu.
Ud soir qu'il lortailpour prier, notre Saint aperçoit
autour d'un grand palmier une rn '''■'■ le petits
démons qui, pour l'exciter a rire. • violem-
ment les branches de l'arbre, metta, ,;,, ^ .-ptement
en fagots les feuilles qui s'en iétachaient et essayaient
ensuite de les traîner avec un<" .itin wccice d'in-
croyables efforts, comme s il s'.i remuer
une grande montagne. Mais Paci''!. "ncore lai
signe de la croix, et toute cette fantasmagorie
diabolique s'évanouissait de nouveau.
Toutefois Satan ne se croit pas vaineu. Cet ennemi
des âmes attaque son adversaire par l'aiguillon de la
chair. s'elTorcant de faire pénétrer dans son esprit
des visions abominables; et quand le solitaire pre-j
nait son austère réfection, de jeunes personne» immo-
deste» se présenlaieiit a lui le priant de les recevoir
& sa table. .M.iis le soldat de Jésus-Chn '
encore victorieux de ce iiimvcaii combfit, é
insensible aux loiianae», aux singeries et n
lions de l'esprit du mal. La rage de ce de
connut alors plus de bornes, et ses assauts i' >
plus fréquents et plus terribles; mais le ci
ni pas défaut au généreux athlète du 1.!...
afin d'être iuci'ssaiument îou» les armes pour ■ ■
battre son ennemi, il demanda à Celui qui .1 t
vaincu Satan au désert, la grâce de n'être | < t
sujet au sommeiL Et ainsi, il ont chanter \ t
litre ces paiol-^ du Psaume : «Jen'ai point
ma (ace, jii<qu'.i ce que mes ennemis aient • .
remant terranscs. ■
LS PBCrLk DIS SOLITUDES
C. le j'iur approrhail où d' uiji
d'il: t • (lîiibaltro l'ennemi il - el
eon 1 /'ru 1"; ciel dans cette ' • •
Pacôme les avait si hei
notre Saint en reçut une seci.i r nna i.i j.i
ciel. Une nuit, pendant qu'il priait, un
appT ' -'. '■ ■ 1'' ■ " p.-". — - "•-•■ veut ..
de
U , .1 ■■■'
jours a,
de plut
mil
â- ■
1
Jass U 'le rtlig.cuic el aoiiailiijuc.
pour fa.re l'auiuôuc, cjui^muuI cnli* eux I e«{
de paix, d'union et de charité. A la vue de ces pieux
solitaires, on peut s'écrier de nouTeau : Qu'ils sont
magnifiques vos tabernacles, ô Jacob ! que vos tentes
sont belles, 6 Israël ! Comme des vallons pleins de
fraîcheur et d'ombre, comme des lies délicieuses au
milieu d'un fleuve, comme des pavillons que le Sei-
gneur a dress s lui-même! »
Saint Pacôme gouvernait son peuple d'après la
THgle qu'il avait reçue du ciel et, malgré sa bonté
et sa douceur, il ne donnait l'habit â personne qu'il
ne l'eût éprouvé par un long et sévère noviciat de
tr«is ans. Il y avait là, on le voit, une magnifique
efflorescence monastique, et rien n'aurait été plus
puissant sous le soleil que ces tribus pénitentes et
contemplatives, si elles avaient pu conserver, avec
la ferveur de la vie religieuse, la pure doctrine de la
vérité. Malheureusementl'hérési* trouvera plus tard
d'ardents et de terribles fauteurs dans ces colonies
du désert; saint Pacôme eut la douleur de la prédire
lui-même â se< disciples, à la suite d'une vision où
Dieu lui dévoila l'avenir.
Toutefois, il fit tout ce qui était en son pouvoir
our éloigner de ses enfants cette heure fatale. Il
eur défendit tout commerce avec les hi-retiques,
fiarticulièrement avec les Ariens, les Méléciens et
es Ongénistes; ces derniers surtout lui inspiraient
une horreur instinctive : si Origène en efîet n'a pas
écrit d'erreurs, ce qui est contesté, il est certain que
Ips hérétiques, pour se couvrir de sa renommée, en
ont glissé plusieurs dans ses ouvrages.
Mais pour le moment dans cette solitude de la
Thébaide où les hommes ne semblaient soupçonner
que l'immensité du désert, grandissait, peu à peu
et sans bruit, un peuple au sein duquel Liieu pren-
dra pour un temps les plus courageux défenseurs de
la vérité.
fe
LE riEILLàkO 10HX5
Ll rieUIÏB DESSBCHK
Mais, outre ces faits qui se relient à l'histoire
même de Pacdme, la large enceinte du monastère de
Tabenne fut, dès les premières années, remplie de
souvenirs non moins édifiants se rattachant à la
mémoire de quelques solitaires, qui ajoutent encore
par leur beauté au portrait déjà si sublime du saint
fondateur.
• Il V avait à Tabenne, dit l'hagiographe, un
vieillard nommé Jonas. Jamais homme ne mena
une vie plus admirable. Depuis quatre-vingt-
cinq ans qu'il était entré au monastère, il avait
toujours exercé, et lui seul, les fonctions de Jar-
dinier, cultivant les fleurs et les arbres, sans
avoir jamais touché aucun fruit; toute sa nourri-
ture consistait en quelques racines d'heihes sau-
vages qu'il assaisonnait d'un peu de vinaigre. Son
vêtement était une simple tunique de pf.au de bre-
bis qu'il t'était faite lui-même. Les moines ajou-
taient à ce récit que Jamais l'infirmité ne l'avait
visité, et qu'il ne lui était pas davantage arrivé de
dormir à son aise; âpre* le coucher du soleil, il se
retirait dans sa cellule et tressait des corbeilles
jusqu'au moment où la cloche l'appelait à la prière
de la nuit.
• Quand arriva pour le vieillard centenaire le
moment d'entrer dans le silence delà mort, il s'en-
ilormit doucement sur sa chaise de travail, tenant
fnlre lei mains une corbeille deJonc« que le temps
ne lui permit paj d'achever. Les moines, instruits
di' «* mort, vinrent tous ensemble pour lui donner
U "^puUiire; mai? I03 glires de rà^;e avaient tel-
Icriieiil durci les membres du vieillar.l qu'ih avaient
.ir.jiii; la solidité du bois, et il fut impossible aux
moines de les courber. Pleins d'atdniratiwn è la
vue d'un tel prodige, ils creusèrent plus profon-
dément et déposèrent dans la tombe le corps d-u
solitaire, dans l'attitude où la mort l'avait surpris.»
Or, tel était le respect que Jonas s'était attiré ptir
la pratique de ses vertus, que saint Piicôrae lui-
même n'osait lui commander. • L'n Jour, continiM
l'hagiographe, comme le bienheureux Père revenait
de visiter un des nombreux monastères qui s'élaietit
élevés autour de Tabenne, il traversa le Jardin de
Jonas et passa sous un grand figuier, dont les beaux
fruits étaient trop souvent un sujet de tentation
et de chute pour les jeunes novices. Le saint abbé
en surprit plusieurs ce jour-là, et s'étant approché
de l'arbre pour les faire rentrer dans la discipline,
il découvrit au sommet un petit démon, qui siégeait
sur un trône dont les marches étaient formées par
des fruits de toute couleur et de toute espèce. C'était
le démon de la goiirmandise qui nous tente tous,
mais surtout les enfants. Pacôme appelle alors
Jonas; « Coupez ce figuier, lui dit-il, car c'est une
honte pour notre couvent. » Jamais l'austère vieillard
n'avaithésité à la voix de l'obéissance; cette fois, pour-
tant, ne se sentant pas le courage d'abattre un arbre
qu'il avait lui-même planté et arrosé de ses sueurs,
il répondit : u N'en agissez pas ainsi, 6 Père ; ce
figuier suffit à lui seul à nourrir tout le couvent. »
De peur de l'attrister, Pacôme ne le pressa pas
davantage; mais le jour suivant, Jonas trouva son
figuier entièrement sec. >
SAINT PACOXB ET SES DISCIPLES
Le plus célèbre et le plus cher disciple de saint
Pacôme fut l'abbé Théodore, surnommé le Sanctifié,
qui, à l'âge de quinze ans, avait quitté ses biens et
sa famille, malgré les larmes de sa mère, pour
servir Jésus-Christ dans la solitude. D'une prudence
et d'une sagesse consommées dans un âge si peu
avancé, il fut souvent chargé par le Saint des mis-
sions les plus difficiles et les plus délicates, aussi
bien auprès des autres moines du couvent, qu'auprè.^
des nombreux étrangers que la renommée toujours
croissante de Pacôme attirait à Tabenne.
Les religieux se réunissaient chaque soir pour
entendre les exhortations du saint abbé. • Veillons
et prions, leur disait-il un Jour, car les esprits
malins, comme des lions rugissants, rôdent autour
de nous, cherchant une proie a dévorer. Que le nom
du Christ nous garde et soit toujours notre bou-
clier, et nos ennemis seront dispersés comm<^ la
poussière que le vent emporte. » Inspiré alors par
l'Esprit de Dieu, il appelle Théodore : • Allez, lui
dit-il, a la c«llule qui est devant vous; vous y trou-
vrez un religieux qui est sur le point de perdre
son àme, car, au lieu de s'armer de la prière pen-
dant que son ennemi veille a ses côtes, il dortd un
profond sommeiL « Le religieux succomba en elTet
a la tentation et quitta le monastère.
Les Kreres chargés de la boulangerie manquaient
un jour au silence. L'abbé l'apprend par révélitiom
et envoie Théodore les réprimander. « Que les frère?
ne s'imaginent pas, dit-ll qu'il n'y ait aucun danger
^ uiifreindie la Règle d.ins les points qui en eux-
uiêmes paraissent peu importants. >■
Ce qui n'est pas moins merveilleux, c'est l'humi-
lité avec laquelle ce vénérable vieillard recevait les
rt'rnoniraiicei des nioiiiilres novices. Un jour qu'il
travaillait aux nattes comme les autres, un jeune
frère étant venu le voir et s'apercevant qu'il ne tre4-
sTit pas selon la méthode ordinaire, lui dit libre-
iii'-nt : « Mon perc, vous ne faites pas bien; l'abbé
Théodore le veut d'une autre façon. — Eh bion
donc I mon enfant, lui repartit doucement le Saint,
luonlrM-ffioi comment il faut faire. » Et, l'ayant
apprit, il changea sa manière de travailler.
On apprend un jour à l'homme de Dieu qu'un
frère Ta mourir. Le Saint accourt aussitill; mais, à
peine a-t-il fait quelques pas, qu'il entend dans les
airs une suave mélodie et d'harmonieux concerts.
11 lève les yeux et voit l'âme du relifiieux s'enToier
loveusement vers les régions éternelles, entourée
des esprits angéliques qui lui formaient un brillant
cortège. Jugez par là, ajoute l'hagiographe, combien
il est avantageux de vivre saintement, puisque la
récompense est si grande et si belle ! »
Un moine fit une fois le double de son ouvrage
ordinaire, deux nattes au lieu d'une, et les exposa
ensuite sur sa fenêtre où il savait qu'elles seraient
aperçues par l'abbi'. l'acôme, qui avait l'habitude
de se' reti.-er au fon J du jardin après le coucher du
soleil pour s'y entretenir de suj-'ls pieux av«c
quelques religieux, aperçut en effet les deux nattes,
et devinant le motif du frère : « Voilà, dit-il à ses
compagnons, voilà bien du travail et de la peine
pour le di-mon. » Il réprima ensuite cette vanité
par une pénitence salutaire. En présence de tous les
autres moines, une natte dans chaque main, le
IBuvre religieux dut demander pardon d'avoir étalé
comme sien un bien qui n'appartenait qu'à Dieu.
En outre, il fut condamné à garder la cellule pen-
dant cinq mois, à tresser chaque jour deux nattes,
sans autre nourriture qu'un peu d» pain, de sel et
d'eau.
Une autre fois, comme il revenait à Tabenne après
une longue absence, tous ses religieux étant venus
à sa rencontre, un jeune novice lui dit en élevant
la voix du milieu de tous : « En vérité, mon Père,
depuis votre départ, nous n'avons pas mangé une
seule herbe cuite. — Ne vous plaignei pas, mon
fils, répartit doucement le Saint, l'y mettrai ordre. »
Rentré au monastère, il se rend aussitôt à la cui-
sine, où il trouve le frère qui en avait la charge,
occupé à tresser des corbeilles. >< Dites-moi, mon
frère, lui dit saint Pacôme, depuis combien de
temps ne faites-vous plus cuire de légumes? — De-
puis environ deux mois, répondit le cuisinier. J'ai
pensé en effet qu'il était peu raisonnable de giter
inutilement les produits de notre jardin, car, à part
les jeunes novices, personne ne touche aux légumes
que je cuis. Telle est la raison pour laquelle j'ai
cessé d'allumer le feu de la cuisine. Mais, pour évi-
ter l'oisiveté, je m'occupe à faire des tissus et des
nattes comme les autre». » Saint Pacflme l'éooula,
mais ne put s'empêcher de s'attrister en voyant la
facilité avec laquelle le religieux s'était exempté de
sa charge sans l'avis de son supérieur. H ordonna
3onc au cuisinier de lui apporter toutes les nattes
qu'il avait faites (il y en avait pré» de cinq cents),
et il les jela toutes au feu, en disant : - Puisciue, nour
épargnt-r un peu d'huile, vous av.'i méprisé l'obéis-
sance, votre travail ne mérite pas une plu» grand*
considération. >
àVTUS KtBVKILLU
La vis de saint Pacôme, on peut le dire, est un
tissu de miracles. Nous devons «n citer au moins
quelques-uns.
1 II jour, un pauvre père accourt au monastère
t.>ai en larmes, se jette à ses pieds. • Ayez pitié de
mi'i. ^■icrie-t-ll; je n'ai qu'une flile, et elle est
rni. Il' 'nenl tourmentée par les esprit» infernaux. •
Coniii.': il était défendu aux femmes d'entrer dans
le inonastrre, Pacôme demanda un habit de la
poiscdée. • Cette tunique, dit-il en la voyant, ne
lui appartient pas. • Le père ayant juré que c'était
bien celle de sa fille : « Je sais qu'elle la porte,
répliqua le Saint; mais, faisant profession d'être
vierge, elle ne garde cependant pas la chasteté. •
La malheureuse fille, apprenant ces paroles, promit
de se corriger, et le Saint la guérit par un peu d'huile
qu'il lui envoya.
Il délivra aussi une jeune possédée en lui faisant
manger du pain bénit.
A la demande de Sérapion, évéque de Dendérah,
Pacôme avait fait bâtir une église dans un village
voisin de Tabenne en faveur des pauvre» occupés à
la garde des troupeaux. Mais des hérétiques vinrent
pendant la nuit et en renversèrent toutes les cons-
tructions. A la vue du malheur qui frappait les
pauvres bergers, le Saint lève les yeui au ciel :
« Dieu tout puissant, s'écrie-t-il, vengez-nous de ces
insolents. » Le feu du ciel descend aussitôt sur les
destructeurs et les foudroie tous.
Un religieux d'Italie étant venu le voir pour lui
découvrir l'état de sa conscience, saint Pacôme ne
pouvait l'entendre parce qu'il ne savait que sa langue
maternelle, celle de l'Egypte. Alors il a recour» à
Dieu : « Seigneur, dit-il, »i faute de savoir le» lan-
gue», je ne puis aider le» étrangers, pourquoi me
les envoyez-vous? Et s'il vous plal'. que je les serve,
donnez-moi ce qui m'est nécessaire pour exécuter
votre volonté. >• Quelques instants après, un papier
écrit lui tombe dans la main; Pacôme le lit, et
reçoit ainsi du ciel une si pleine connaissance et un
»i parfait usage du grec et du latin qu'il surpassa
en ces deux langues les plus habiles rhéteur».
L'bagiographe raconte encore que le fondateur mar-
chait sur les serpents et foulait aux pieds les scor-
pions, sans en recevoir aucun mal. Lorsqu'il voulait
traverser le Nil pour visiter ses monastères, les cro-
codiles du Oeuve se présentaient à lui et le passaient
sur leur dos. Le Saint avait obtenu le même pouvoir
sur le» animaux en faveur de son cher diiciple
Théodore." Un jour, raconte saint Nil dans son traité
de l'Oraison, le moine Théodore prêchsit à «es reli-
gieux, lorsque deux grosses vipères se glissèrent
tout à coup sous ses pied» et enveloppaient même
se» jambe». Sans s'émouvoir, le moine les prend
dans sa main, les plie en forme de cercles, les pose
sur son sein jusqu'à ce qu'il ait complètement ter-
miné son exhortation. •
LA aicoMPiNsi
Mais le jour approchait où saint Pacôme devait
aller recevoir au ciel la récompense de ses travaux.
L'an 348, la peste ravagea ses monastère» et lui
enleva plus de cent religieux ; lui-même tomba
malade. Quand son heure fut venue, le »aint
patriarche voulut parler une dernière fois à ses
enfants spirituel». Les moines étant tous réunis
autour de son lit : « Me» bien-airoés, leur dit-il, voici
que je vais entrer dans le bonheur de» élus, car je
vois déjà aiiprè» de moi mon bon angequi m'appelle.
Kils liien-aimé», souvenez-vous de mes en>eigne-
meiits et de mes exhortations : fuyez les hérétiques,
quels qu'ils soient, et n'ayez aucun commerre avec
eux. Pétronius, votre frère, f»t plein de foi, de pru-
dence et d'humilité, prenez-le pour pasteur, car je ne
veux pas votis laisser orphelins. " Le bienheureux
anachorète fit ensuite le signe de la croix, et. le
<4 mai, il expira entre les bras ite se» disciple»,
plantation divine que, depui» tant d'aonees, il arro-
lait de ses sueurs.
iiiip yrraii : l'tiiiHi.VK i, e, rut I ran(»ii 1", I'i!,i
SAINT ISIDORE, LABOUREUR
Féle le tS mai.
VK ENFANT DU PEIPLE
On s'imasrme quelquefois que pour devenir un
«aint il faut être un personnase ; mais tout
chrétien peut, avec la srAce de Dieu, devenir un
saint. Toutefois, il est bien e'vident qu'il ne le
deviendra pas malgré lui. Siint Isidore, le
patron des laboureurs, ce saint si populaire en
Espaçne où ses innombrables miraeles l'ont
rendu ce'lèbre, naquit à Madrid vers le commen-
cement du douzième siècle, de parents très
pauTres. Mais s'ils étaient privés des biens de ce
monde, ils en avaient d'autres qui valaient mieux :
ils étaient riches en vertus. Leurs instructions
et leurs exemples inspirèrent de bonne heure à
l'enfant que Uieu leur avait donné une grande
horreur du péché et un ardent amour de Dieu.
I.pur pauvreté ne leur permit point de le faire
étudier; l'Esprit Saint se chargea d'illuminer de
ses célestes splendeurs, cette jeune âme simple
pt candide qui venait à Dieu dans la pureté et
la simplicité de son cœur. Jeune encore, il avait
déjà la maturité de jugement d'un homme fait.
Quand l'âge lui eut apporté les forces néces-
saires aux rudes travaux des champs, il se mit
au service d'un riche habitant de .Madrid, Jean
de Verpas, pour cultiver sa terre de Curamancha,
jiiluép près de la ville.
Résolu de se marier, il arr(*ta son choix sur
Marie Torribia. d'une condition aussi simple que
la sienne. Marie Torribia, alors servante dans
une honnête famille de .Madrid, était vraiment
digne de devenir l'épouse d'Isidore. C'était une
de ces femmes fortes, dont l'Ecriture nous a tracé
un si magnifique portrait. Elle fut la compagne
fidèle de la vie et des vertus de son époux, et la
catholique Espacne l'invoque aujourd'hui sous le
titre de Bienheureuse.
Elle vint s'établir avec Isidore à Caramancha,
et ils y vivaient tous deux dans une grande union
et une singulière piété.
roi VIVE, ESPRIT DE PRIÈRE, AMOtTR DU TRAVAIL
Isidore était «n homme de prière. Que de chré-
tiens, bien intentionnés d'ailleurs, trouvent à
peine dans le courant de la journée quelques
minutes à consacrer à Dieu! Ils pensent s'ex-
cuser en alléguant la mullitudf de leurs affaires,
comme si le soin des choses qui passent devait
nous faire oublier les choses éternelles! Il y a
ceci de merveilleux dans la vie du saint labou-
reur espagnol, qu'il savait trouver du temps pour
tout ; il avait le secret d'en donner beaucoup à la
prière, «ans que les devoirs de son état en eussent
le moins du monde à souffrir, tout au contraire.
lb-6',t.<
Pour cela, il avait deux moyens : l'un était de
se lever de grand mutin, lautro do ne point
perdre de temps et de s'appliiiuer au travail
avec une admiralde ardeur. — Par le iravail, on
fait péniteure de ses pécliês; on se préserve des
tenUilions <|ue le diable sème dans roisiv«t^;
enlin on ^:ai.'ne des mérites (Knir le ciel. Isidore
savait cela, et c'est une (.'i aiide science. Si aujour-
d'hui on s'en souvenait luieui, la question sociale
aurait fait un ;.Tanil pas.
Jamais l'iiifiiliu.'iLil'- ouvrier n'abaudouua les
exercices de piét'' cju il s'était une loi< fixés.
L.'s .liiiiniirlies ,>t .ioui> de f^te, il les réservait
eir à Dieu, a~~istant avec beaucoup de
re. ). i:t aux ofliies de Téfilise, prêtant
une oreille .ili' n'i^e à la parole de Dieu et, tout
paysan i|u'il ét.iit, il donnait de longues heures
à l'orai^oii.
Le leste de la semaine, dès le point du .jour, on
le voyait visiter les principales éylises de .Madrid :
et ce n'est qu'après avoir prié Dieu et la Sainte
Vier:;e de tout son cœur, dit le diacre Jean, son
historien, et avoir assisté au saint sacrifice de la
m. s<e. qu'il allait se mettre au travail des champs.
\lois, pour retrouver le tiMups employé à
sis exercices de piété, il travaillait avec plus
d'énert'ie. Kt il arrivait, avec l'aide de Dieu,
qu'au liout de la journée, il en avait fait plus que
ses voisins.
ail
rai
VC !
s'il i
roi
^pendant, pousses par le démon
u-er auprès de son maître. « Hono-
ur, lui dirent-ils, cet Isidore, que
our cultiver vos champs au lieu de
i selon son deroir, se lève avant l'au-
, el, M)us prétexte de pèlerinases et de dévo-
tion», s'en va visiter toutes les églises de .Madrid.
I.e jour est déjà fort avancé lorsqu'il revient el
il lie fait pas la nioitit- de son tiavail. Si nous
disons i:ela, ce n'est n'est pas que nous lui vou-
lioB'^ du mal. au contraire ; mais c'est pour vous
èti- ijiiitié pour vous. »'Âh! les mau-
va
A iiu. iiiiuMjle, Jean de Verras entra dans
une crande colère; il vint trouver Isidore et lui
adi- - '■ - '■!"- v^-vères reproches. •■ Cher et
hc. répondil celui-ci avec doucepr,
je \ i;l.' li.l.^Iilé i\ I, lii'i'..lilii.' liiU-
reux «t lionop- d
je m- l'ui-, ni ne , _
m< envert llieu el envers I assemblée
di - ^1 vous rr.iiLii''? que mon retard au
tr.i iniiiue 1' de la moisson,
je - i coiiipeii ..le de ce nui me
rcviuiil, liiut le dé< lut, qu au jugement de mes
Toi>iiis j'aurai fait subir a la rérolli- Je vous
prie donc, car J<î connais voti. de m-
point vous irriter contre moi, | quq je
dc.i '' ■ ra au' uii , •■
I m peu b' il
r»*, :, r II. ' *'|>riiij,ii| t
à - Il .
Si'.
iil.
10.
,N
.i
d..
sans è|re vu, observer à loisir le travail de son
serviteur. 11 attendit longtemps, et le sob'il avait
déjà parcouru un coilain espac* à l'horiïon.
lorsque, enlîn. Isidore parut. Jean se précipite
hors de sa grotte pour accad)ler de reproches le
laboureur attardé-.
« Mais, qui sait les desseins de Dieu, disait le
prophète, et qui a été son conseiller? » Pendant
qu'il avance, le cie.ur en proie à une eraiiile
colère, il aperçoit dans le champ deux iliarrues
tirées l'une et l'autre par des ba-ufs blancs; cha-
cun des deux attelages était dirigé par un Jeune
homme aux longs vêtements blancs et au vis:iL.'i'
merveilleusement beau et serein. .\u niili. n
avançait la charrue d'Isidore. Toutes les liuis
glissaient à travers le sol avec une vigueur rapide
et sûre.
A ce spectacle inouï, le maître
d'admiration et de stupeur. 11 coll.
deux anges au service d'un homnitl 11 icpiei.l
sa marche; il regarde de nouveau; mais ceii.-
l'ois, il ne voit plus qu'Isidore, labourant seul,
comme à son ordinaire...
11 s'approche de lui. le salue, l'n '
« Cher ami, dit-il, je l'en prie, au mu
(|ue tu sers si lidèlement, quels i' • . -
compagnons qui, tout à l'heure, !• lem
concours? J'en ai vu. deux qui t... . i tr.i-
vaillaient avec loi, mais, en un clin d'u'il, ils nul
disparu. "Le Saint répondit simplement: " Devant
Dieu que je m'elTorce de ?ervir de tout mon
pouvoir, je n'ai rien h me reprocher dans l'ac-
complissement de mes devoirs envers vou-. 'i
je vous assure c|ue je n'ai appelé ni vu a\.
moi d^ns ce champ que Dieu seul, c'est lui ■! !■
j'invoque, c'est lui que j'implore, et c'est lui ipu
vient toujours à mon aide. »
Le maître était ému jusqu'au plus profond de
son cu'ur. 11 se repeiitiiil maintenant d'avni:
ajouté foi si facilement h la calomnie, " Tout •'
3ue l'on est venu me dire contre toi. dit-il à l-i
ore, je le méprl'e ; hieii plus, tout ce qu'- ]■■
possède dans cette cain i .. .
ton pouvoir el ce sera '
ta Vdlonté, de tout ce q.i n ......... ....
il le salua, el, de retour chez lui, il
!.. .ii.-..)|.. .1>- i>.-r«.>;i lit'.. l't' .Iitlit l]
a Dieu n était jamais perdu. Ln tel serviteur
él.iil un tri'-.ir pour s.in inaitr.'.
Sur d.i. - au tonil"- .1.
du Saint • •■ tniri'l.
aper«oil daii.-
v-iiail en ce i.
...aiaU.ili .1
le pieux
tout
niaiti' I .
Saisi d'ui.
1. II....
.1*)
une
u'I luul lo roTiie »iiU9 («ra
ilii-il. — .\lloas cii-
il le conitin-it ^ I
luoiudre
itrido «-t
in*vnu.ics
et
altirés par les nombreux miracles que Dieu y
opère par l'iiitereession du liienlieureox, et dont
cette eau est l'instruinent.
Le mailre d'Isidore avait perdu un cheval
dont il avait çrand besoin, le Saint se mit en
prières et l'animal revint à la vie.
Le ni^me Jean de Vergas vit sa fille unique
succombfr à une cruelle maladie. Isidore, sui-
vant lo léinoianatre de Jacques Itlèda. obtint de
iJieu sa résurrection et la rendit à son heureux
père.
L'n jour de fête, comme il vaquait à l'oraison
dans l'e'slise de Sainte-Madeleine, l'une des
moins éloigne'es de ses champs, des enfants
\inrent en hâte le prévenir: « Père Isidore,
venez vile : un loup vient de se jeter sur votre
ânesse, et si vous n'apportez prompt secours, il
va l'étrancler. — Allez en paix, mes enfants, dit
avec calme Isidore, que la volonté de Dieu
s'accomidisse. » Puis, quand il eutlini sa prière,
il vint voir ce qu'il eu était : le loup était mort
et yiaait étendu par terre: Dieu s'était occupé de
son serviteur pendant que celui-ci s'occupait de
lui: ce dernier, plein de reconnaissance, retourna
immédiatement à l'église pour le remercier.
SA CHARITÉ
Mais s'il aimait Dieu, ou plutôt parce qu'il
aimait Dieu, il aimait beaucoup son prochain,
surtout les pauvres. Pauvre lui-même, il se pri-
vait du nécessaire pour pouvoir venir en aide à
de plus indi^'ents que lui. Sa charité étiiit telle-
ment agréable à Dieu que Dieu ne craignit pas
de recourir au miraile plutôt que de laisser son
serviteur dans l'impossibilité de faire l'aumône.
Un samedi, il avait tout donné, et voilà qu'un
malheureux se pn^sente encore. Grande fut la
tristesse d'Isidore. Fallait-il donc le renvoyer à
l''un ! il ne put s'y résoudre. « Chère épouse,
liit-il à sa femme, va voir s'il ne resterait rien
dans la marmite. « Marie savait bien qu'elle était
compli'tenient vide; elle le fait observer à Isidore,
mais celui-ci insiste. Elle va donc la chercher
pour la lui montrer. Quel n'est pas son étonne-
ment d'y trouver une nourriture abondante !
Stupéfaite, elle ne sut d'abord que dire; puis,
toute joyeuse, elle vint servir le mendiant, qui ne
se retira qu'après un copieux repas.
Voici encore uu trait qui révèle bien le cœur
du bon Isidore. Par une froide journée d'hiver,
comme il portait du blé au moulin, il rencontra
sur sa route une volée de colombes tristi'ment
[leidiées sur les branches d'un arbre; la neige
qui couvrait la campagne, tenait les pauvies
|ielites r réatures privées de tout aliment. Cédant
a la pitii'. il ouvrit tout simplement son sac et
1.111 aliindonna autant de blé qu'il leur en crut
■. Le compagnon du Saint se moqua
!■ . de celte manitre de procéder etbIAma
ce qu il appelait une perte inutile. Dieu fut d'un
autre avis, et quand on arriva au moulin, on
ne trouva pas la moindre diminution au sac du
charitable laboureur.
Mais uu miracle qui eut un grand retentisse-
ment fut relui i|u>' nous allons raconter. Le Saint
onfrérie ; or, un jour de fSte,
i nt donné rendes-vous pour
I i I 11 n commun. Tout naturelle-
iiM iii. !■ - ' • Dieu fut invité comme les
lu' ■ - Il icen route, mais étant entré
'liM Mii II sa coutume pour y prier,
il ■• ' ■■mps. retenu par la douceur
•1' ■■<• Di"U. Enliii. il arriva à la
III I ' lit |i.i> si'ul : il avait trouvi-.
en traversant les. rues, ttn certain nombre d(
pauvres, habitués à regarder l'homme de Dieu
comme leur Père et il les amenait avec lui.
Quand ils entrèrent, les convives venaient de
terminer leur repas.
« Vraiment, dirent-ils à Isidore, quelle i<lée de
votre part d'arriver à cette heure, avec ce cortèse
de mendiants, alors qu'il ue reste plus rien,
sinon la part que nous avons eu soin de garder
pour vous. — Eh bien ! nous nous partiii;erons
ce que vous voudrez bien nous donner au nom de
Dieu, répondit doucement Isidore. « Aussit<'it, les
serviteurs s'empressèrent d'aller cheicher à la
cuisine la part mise en réserve. Mais ce ne fut
plus une portion, ce fut un repas comme le pré-
cédent qu'ils trouvèrent I Ils ne pouvaient revenir
de leur étonnement. On lit asseoir les pauvres.
Isidore prit place à table avec eux; non seule-
ment il y en eut assez pour tous, mais il eu resta
encore pour les indigents ipii se présenteraient.
Le repas terminé, le Saint leva les mains au
ciel pour rendre grâces au Seigneur, et après
avoir salué les assistants, il courut à l'église de
Sainte-Marie- Madeleine remercier Dieu avec une
immense ferveur d'être venu si miséricordieu-
sement à son aide en temps opportun.
IL OBTIENT LA RÉSURRECTION DE SON FILS
Tel était Isidore avec sa charité si tendre, avec
sa foi si vive, si ingénue, que toutes les fois qu'il
s'agissait d'obtenir quelque chose de la bonté de
Dieu, il ne doutait jamais d'être exauce. Quels
que fussent ses travaux, il ne voulut jamais se
faire exempter des jeûnes de l'Eglise. Observateur
vigilant de la chasteté conjugale, il vivait sainte-
ment avec son épouse et ils s'édifiaient mutuel-
lement par leurs bons exemples. Dieu leu"
avait doiiii'' un fils qu'ils élevaient dans une
piété digne de la leur.
On raconte qu'un jour, comme le père travaillait
aux champs, un horrible malheur arri\-a à la
pauvre demeure: l'enfant tomba dans un puits et
se noya. Isidore, à son retour, trouve la malhcu-
rrusc mère en sanglots et apprend l'affreuse
nouvelle. Ici encore ce fut sa foi qui eut la
victoire. Tous deux s'agenouillèrent sur la mar-
celle du puits et les supplications commencèrent.
Dieu sait si elles furent ardentes ! Et voilà que
l'eau se mit à monter, monter, port int le précieux
dépôt à sa surface; elle vintjusqu'au sommet du
puits et rendit l'enfant plein de vie à ses parents^
MORT PAISIBLE — DEUX SÉPULTCRES BIEN DIFFI?REλTKS
Enfin, le temps arriva où le serviteur de Dieu
devait passer de ce monde à l'éternité; toile
avait été sa vie, telle fut sa mort. Quand il sentit
approcher l'heure où Jésus-Christ allait le récom-
penser de ses longs travaux, il se confessa hum-
Llement de toutes les fautes qu'il croyait avoir
commises, reçut le saint Viatique avec une
singulière dévotion, exhorta sa fenimo et son
fil» à persévérer dans la piétt' et la charité et
mit ordre à ses affaires, toutes modestes qu'elles
fussent. Puis il croisa les mains sur sa poitrine,
ferma les yeux et s'endormit doucement dans
le Seigneur, l'an de sa Nativité 1170.
Son corps fut enseveli dans le cimetière de
r'';:lise Samt-Aiidré, celle que le serviteur de
llii-u avait coutume de visiter la dernière avant
de se rendre aux champs. Mais la place de sa
s pullure fut fort mal choisie, ou plutôt je devrais
■ lu.' foi t bien choisie, puisque cela servit à faire
r.-^I^Iiielir la s;iiiil"li' d'I-iil'Te. 1,'i'aii <bs pluies
affluait à cet endroit et s'infiltrait jusque dans la
tombe.
C'est là que le corps du Bienheureux demeura
quarante ans sans que personne songeât à lui
rendre quelque honneur. Mais, alors, il plut à
Dieu de manisfester la ploire dont son pieux
senûteur jouissait an ciel. Le Saint apparut à
l'un de ses parents, attacha? au service de cette
église, lui indiqua le lieu pr^-cis où reposait son
corps et lui ordonna de la part de Dieu de le
faire lever de terre el l'iarer avec honneur dans
cette même église du hienheureux apôtre André.
Mais cet homnic. se souvenant qu'Isidore avait
été un pauvre Liboiueur, hésita sur ce qu'il avait
à faire; il n'os.i entrrprendre les démarches qui
lui étaient demandées et çarda le silence. Sa
négligence cl son peu de foi furent punis : il fut
atteint d'un mal qui ne le quitta nlus jusqu'au
jour où se fit la translation des reliques.
Cependant, le Saint apparut à une pieuse dame
et la rharg''a de la mission que son parent avait
refusée. Celle-ci se hâta d'en donner communi-
cation au clergé de l'église ainsi qu'aux fidèles.
Tous se souvinrent alors, les uns d'avoir vu, les
autres d'avoir entendu raconter la vie si humble
et si édifiante du Itienheureux. On vint, au
milieu d'un grand concours de peuple, creuser
la terre à l'endroit de la tombe. Le corps fut
retrouvé intact et sans la moindre marque de
corruption. Les linges qui l'enveloppaient étaient
eux-mêmes dans le plus parfait étal de conser-
vation, l'ne odeur suave et bien supérieure aux
plus agréables parfums s'exhalait de ces restes
vénérables. Un frémissement de joie et de
reconnaissant enthousiasme agita la foule. On
remerciait Dieu toujours admirable dans ses
saints. Le corps fut levé de terre, porté dans
l'église de Saint-.^ndré et déposé prés de l'autel
de l'apAtre dans un nouveau tombeau dont la
magnilicence était digne du précieux déprtt qu'on
lui confiait.
Or, pendant tout le temps oue s'accomplit
cette translation, toutes les cloches de la ville
sonnèrent d'elles-mêmes, sans le secours d'aucun
bras humain.
\ la nouvelle de tous ces prodiges, de pauvres
estropiés, des aveugles qui avaient l'habitude de
se tenir dans les rues pour demander l'aumAne
aux passants, se firent amener près de la fosse
eiitr'ouverte où avaient reposé les restes d'Isi-
dore. Ils prirent de la poussière de ce lieu, s'en
frottèrent les membres et recouvrèrent aussitôt
la santé.
Aussi, quoique le procès de canonisation n'ait
eu lieu que bien plus tard, les populations
commencèrent à donnerai! serviteur de Dieu le
titre de saint.
LE L&BOCREUR bbORIFI^ PAR LES ROIS
Quatre cent cinquante ans après ces événe-
ments, lorsque l'on ouvrit le sépulcre du Hien-
heureux devant les déb'gués de Home, le corps
fut aussi retrouvé dans le même état d'intégrité
et de conservation, et les suaves parfums qui
s'étaient manifestés la première fois se répan-
dirent de nouveau parmi les assi^^tants.
L'église, gardienne des précieuses reliques,
devint le centre d'un pèlerinage très fréquenté
des fidèles, et d'innombrables miracles n'ont
cessé d'être obtenus par l'intercession du Saint,
soit à son tombeau, soit par le moyen de celte
source miraculeuse, dont nous avons parlé.
bien souvent, alors qu'une sécheresse extrême
désolait le pays, les habitants recoururent au
Saint, et obtinrent la cessation du fléau. On expo-
sait alors son corps, au chant des iisaumes, au-
devant du chu'ur de l'é-glise, on le portait en
procession au milieu d'un grand concours de
lidèles accourus pour implorer la miséricorde de
Dieu par les mérites de son serviteur, et Dieu
ne tardait pas à faire tomber sur la terre une
pluie bienfaisante. En 1275 et en 1426, en parti-
culier, des miracles de ce genre préservèrent
Madrid d'une grande disette.
Les historiens du Saint ont relevé dans les
archives de l'église de Saint-.\ndré les relations
d'un nombre immense de gui-risons et de favfur>
de tout genre. Les personnes atUichées au ser-
vice de l'i'glise entendirent plus d'une fois une
musique céleste autour du saint tombeau.
Au mois de novembre 1610, le roi d'Espagne
Philippe III était dan;;ereusement malade à Ca.sa-
rubia. Le corps du ."^aiiit fut apporté de Madrid
au milieu d'un ma:.'nilique cortt-ge el déposé avec
pompe dans la rhambre du roi qui recouvra
miraculeusement la santé. Quelques jours apri*.
il accompagnait lui-même les reliques ju-ipi >
.Madrid, où elles furent replaci-es dans l'égli-. !■
Saillt-.^nd^é. C'est ce qui le porta ik faire les
dernières instances pour la canonisation, et saint
Isidore fut enfin canonisé, le 22 mars 1C22, par
un décret de Grégoire .W, avec saint Ignace,
saint Fraïuois-Xavier, sainte Thérèse et saint
l'hilippe de .N'éri.
-«-gfefflS^*3e»j»
L. l't.;inii..Mi) ,liiij'.-yiiiiii/,6,i ut' li.iii^<'i> I' ,l'.iiis.
SAINT SIMON DE STOCK
SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DE L'ORDRE DU CARMEL
Féle le 1 6 mai.
La Reine du ciel apporte le scapnlaire à saint Simon de Stock.
:<âis8ANCK ni; saint — pbotbction de marie
Simon de Stock, dont la mémoire vivra au milieu
des hommes tant qu'y régnera la dévotion à
Marie et à son scapulair»?. vit le jour. Tan IKU,
iu ';lii\teau de Harford, dans le comté de Kent
dont son père l'tail gouverneur.
I II prodi(;e illustra «a naissance : le corps du
futur héros était de proportion» telles que sa
naissance devait router la vie à sa mère; mais
elle-ci s'éianl consacrée à la Sainte Vierce avec
■son ON, tou=; deux furent heureusement sauvés.
Celle pieuse mère, qui n'avait pas voulu céder
à d'autres le devoir si cher à sa tendresse de nour-
rir son enfant, ne remplissait jamais cette fonc-
tion sans réciter, par «ralitude pour sa céleste
bietifailrice, la Sahilaiion aihjrli'/ue: que si elle
venait à oublier ce pieux homina^'e,la résistance
de l'enfant qui refusait la nourriture venait aus-
sitôt l'en avertir. Lui-m>'me, n'ayant pas encore
un an accompli, récita plusieurs fois la prière
dont nous venons de parler. L'ne imafc'e de Marie
suffisait à apaiser ses va^'issemenls, le nom même
de la Mère de Dieu le faisait Ire-vaillir. Knfln,
483
proiiitie plus admirable encore, iinlre Hieulieu-
reux refusait le samedi le sein de sa mére.liono-
rant ainsi la Reine des cieux par le ,|iùne, lui qui
savait à peine ce que c'est que manger.
JEUNESSE DC SAINT — IN.NOCK.NCK ET PIETÉ
A peine était-il capable de béfjayer r.4ve .Varia
qu'il se mit à réciter, avec une pràce enfantine et
la ferveur d'un sérapliin, le Petit Office de la
Sainte Yiei-ge. Voyant entre les mains de son père
le livre des Psaumes, il supplia avec de telles ins-
tances qu'il en obtint un exemplaire. Dieu lui don-
na-t-il de comprendre cette lan;nie latine (|ue nul
ne lui avait on«eij;iiée, et de percer le mystère
des paroles inspirées du roi-propliète? Nous ne
savons. Toujoui-s est-il qu'on le vil, à genoux et
comme ravi ea extase, méditer ces iienséis
sublimes dnnt se nourrissent les âmes les plus
élevées dans la perfection.
Le H"" de Stock, loin de trouver un tel oflioe
indi^'iie de lui. eût cru manquer à ses devoirs de
père s'il n'avait présidé lui-im^me l'éducation de
son (ils. La précocité d'esprit et de ju«:ement
au'il rencontra dépassèrent sou attente. BieiilcU,
se trouva impuissant à diri;;er plus loiu dans
l'étude son jeune èleve : la célèbre Université
d'Oxford lui ouvrit ses portes. Simon de Stock
avoit alors sej>t ans.
Voilà donc cette Heur, si tendre encore, trans-
plantée tout à coup dans un milieu tout nouveau
pour elle. Que va devenir cette innocence, objet
de notre admiration? (Ju'on se ra.ssure, .Marie
veille sur son petit serviteur. Ce n'est pas au
milieu des plaisirs, du tumulte et des jeux que
nous trouvons Simon de Stock, mais aux pieds des
autels ou des images de Marie, lisant avec piété
quelque beau traité sur les gloires de sa divine
Mère. C'est dans un de ces moments d'expansion
(|ue, tout brûlant d'amour, il consacre à Dieu et
à .Marie sa virrinilé.
ijue dire de ses pro^irès dans les sciences
buinaiiics'.' .\u sein de cette nombreuse et bril-
lante jeunesse, la Heur Je la noblesse d',\n(,'le-
terre, Simon de Stock sut conquérir la puJme
de l'admiration, non seulement par son inno-
cence sans é:;ale, mais au.ssi par ses talents. Il
était savant à un jUie "u les enfants comiuc-nceut ,
à étudier, nous dit son bistorien.
Hélas ! notre jeune Saint trouva dans sa propre I
famille des épreuves d'autant plus terribles !
((u'elles étaient moins prévue». Il avait un fr-TC '
nliié dont la louduite était loin d'être irrépro- 1
clinble, et pour qui sa piété était un muet mais |
continuel reproclie. Le jeune seigneur résolut di; '
venuer le prétendu tort que lui faisait l'csliine
que l'on portait & son frère. Cares-os et conseils
perlides, calomnies, mauvais traitement.^, sar-
ca«iiii-s, tout fut mi^en iruvre. Ce frère, m- i I
par la jalousie, ne rou;:it pas de remplir I
lie Satan et lâcha, avec une malice infernale, île
corrompre r.'ime innoceiile de Simon. Ce fut
...i.i.. . mais notre .Saint, déj.'oi'itr d'un
il ne voyait aue trop clairement
... , ..;., eut recours a l'arme favorite des
saïute : la solitude.
SmOM DE STOCI DA»4 UL SOUTl'DI
A d. 'i/c .in», il quitte secrél'inenl le n
palri I • I t -'.■ilT'ii' e. iioih'111 J'.ii.-l!.
daii
l'iovisions. L'n chêne bien des fois séculaire, au
tronc creusé par le temps, lui offre un abri contre
les intempéries des saisons. Des herbes, des
racines araères, des fruits sauvages deviennent
sa nourriture; l'eau d'une source voisine, sa
boisson. Mais Dieu veillait sur ce nouvel Klie :
il se servit d'un chien dont l'instinct, miraculeu-
sement guidé jiar le ciel, sut découvrir la retraite
du jeune ermite et lui apporter de temps en
temps un pain que son l'ère du ciel lui envoyait.
Alors coniinença pour Simon de Stock une vie
qui tenait plus dé l'an^-'e que de l'hoinnie : médi-
tations continuelles, oraisons sublimes, extases
et douceurs ineffables de l'àiilc. il avait fait de
cette solitude affreuse comme un coin du ciel.
Hélas! cette paix tant désirée et qu'il croyait
avuir obtenue ne fut pus lon;;ue. Satan, l'ennemi
de notre salut, nous poursuit partout sur la
terre.
Tout à coup, il semble au jeune anachorète que
Dieu s'est retiré de sou cœur, une terrible aniioisse
le déchire. Son imagination, obscurcie par la ten-
lalion, se représente, daus la plus poignante réa-
lité, le désespoir de sa lamilL-, (pie son brus(|ue
départ a plongée daus le deuil. Il croit >oir su
niéie éiilorée le suppliant de revenir dans ses
bras. N aura-t-il pas à répondie un jour devant
Dieu des terribles soupçons (|ui vont planer sur
la tête de son malheureux frère'.'
La sereine lumicre qui guidait sonàme paisible
semble avoir disparu, c'est la nuit et la tempéle;
iiue faire? quelle résolution ineniln? Simon lève
les yeux vers l'Kloile du mutin, vers .Marie, sa
bonne Mère. Il la supplie, il lu conjure de l'éclai-
rer et de le conduire, et l'Immaculée, dont le
pied virginal a écrasé la tête de l'anliiine serpent,
chasse les cohortes infernales, dissipe lesténèlpivs.
rend à son serviteur l'assuranoe et lu paix; Simon
Ile quittera pas su vot uLiuu.
Mais ce II était lii c|u'une trêve dans le combat.
L'eiiiieiiii, qui n'a pus craint ja<lls de souflleter
saint Paul lui-niéine par raiguillon de In rliair,
recourut à cette arme traîtresse qui a immolé
tant de victimes. Les mauvaises pensives, les
images inf.lmes de lu volupté criminelle que s, in
Irere a >'oulu inspirer à notre Saint, les séduc-
tions du inonde qu'il avoit fui n;ii.'uére avec
etfroi, ton' • "!■■ I""' '■■ ,1 de plus altrnviini
pour les 1 ut avec vivacité. i i,
son sonvt-' Il co'iir. Son ima-i
uatioii s"' ont troublés.
L'Ame .i ■ - k, d'une innocence
incomparable, n'avait jamais eu à lutter contre
ces tentations hideuses qui font ici-bas la honte
et le toiiriiient îles ;lmes saintes. Sentant les
ardeurs de la chair l'envahir, le pauvre eiif.iiit se
crut coupable, une souffrance indicible le déchira.
Ce moment dut être terrible pour une l'ime si
lendre, seule au milieu du di'scri. Si le ib ■
l'oir entrait dans son cirur, c'i-ii était fait dr
fini* la foi du jeuiin homme était trop gt.iiii'
|Miur laisser s'enfuir l'espérance : il sliiiiiiilii,
croyant avoir lailli, et jeta vers Marie un \<'uu
cri d'anuoisse. (U-lle qui n'a jamais rebuUi per-
sonne délivra «on bien-aimé ' ■
l'ourse préniuiiir contre de i .ttaqne*.
il redouble de prière' et d .i ■ •■-■'■
au milieu des épine-, «e cou
il--ii le i.iiires et .!'..illis
invoque I .
■ . .iiii.ii !;
II! Pmiiluf, tuiU iiiii léger bu^auo et luuteii sok lui la rornnipense du jeune cl taillant utiilute.
5I1I0.N DE STOCK BEc,OIT LES ORDRES
DA.NS l'apostolat
SES SUCCES
Après TÏDgl ans passés dans la solitude, notre
Saint, pour obéir à Dieu, reparut au château
d'Harford. Les détails nous manquent sur cette
époque de sa vie. Nous savons seulement qu'il
reprit ses études de théolo-'ie à IT'niTersité
d'Oxford où d'éclatants succès le désii:nèrent de
nouveau à l'admiration publique. Son humilité
en souffrit cruellement et lui fit regretter davan-
tat-'e encore son désert. Aussi, après avoir reçu
avec crainte le fardeau du sacerdoce et célébré,
dans les sentiments de la piété la plus vive, sa
première messe, s'empressa-t-il de reprendre le
chemin de sa chère solitude.
Nouveau Jean-Baptiste, il en sortait parfois
pour tonner contre les vices du siècle et prêcher
cette pénitence dont il étaitle plus vivant modèle.
Jean sans Terre, roi des Anglais, violateur des
droits de l'Eglise, obligea le pape Iimocent II à
jeter l'interdit sur son royaume. Ce fut un jjrand
deuil pour toute l'Angleterre. Sim^n parcourut
le pays, semant la parole de Dieu et les miracles,
invitant le peuple à la pénitence et à la prière;
enfin, il obtint du ciel la conversion du roi et la
paii de sa patrie. C'est dans ces circonstances
qu'il composa la belle prière à Marie : Aima
heJemi'toi-U ilaler, que l'Eglise chante encore
aujourd'hui.
LE BIE.NBSL'BEC:S EMBRASSE LA RÈGLE DL' CABHEI,
EnOn allait s'accomplir, après quinze ans d'at-
tente, la prédiction qu'avait faite Marie à son
dévot serviteur. Quelques seigneurs an;;lais,
revenus de la croisade, où ils avaient admiré la
sainteté de vie des solitaires du mont Carmel,
en amenèrent quelques-uns dans leur patrie pour
y implanter cet Ordre. Cette nouvelle 01 tres-
saillir notre Saint qui, trouvant la vie de ces aus-
tères ermites conforme à ses désirs, résolut de
l'embrasser. Lu des seigneurs venus de Palestine,
et qui avait enxbrassé le nouvel Ordre, Haoul
Kresburn, employa une partie de ses domaines
d".An;deterre à former une Solitude. Le sn|)érieur
df cette fondation provisoire fut le bienheureux
Alain, qui eut la gloire de revêtir Simon de Stock
de l'iialiit du Carmel. Notre Saint se trouvait au
comble de se» vmux, quand la volonté txjiresse
de ses supéri-urs l'envoya prendre ses grades au
c(illc;;e d'Oxford. Mais il obtini qu'il lui lût per-
mi.s de se borner au titre de bachelier ou théo-
loiiie et se relira aussitôt au désert de Norwich,
dans le .Northumbi-rland, mettant ainsi une plus
grande distance entre les honneurs et lui .
Sous la conduite du P. ilaoul Fresburn, Simon
fut le [dus humble, le plus soumis, le plus mor-
tilié des novices. Mais bientôt les grâces dont il
l'tait comblé par le ciel, et cju'il no pouvait déro-
ber entièrement à la connaissance de ses frères,
le firent i;_.irder comme un saint, comme un
modèle achevé de perfection religieuse.
n. EST SOMIU^ VICAIRE OfC^ÉBAL DE l'oBDRE
Sa rpiiiimm''" no sV'tMidit pa« seulemenldan»
)•■ I. vHiiii- I \ l'terTP, ni même en Europe,
. li- ]irvi[|i M- :n i II Palestine, anx oreilles de
»aiiit Brocjiril, Mi]>«^ri<"ur d» lOrdr-- du Carmel.
I, "Tl'iision de r(>rdre en OrrlH-'iil. depuis le»
ides.les incursions des Sarrasin» qui le me-
1 lit en Terre Sainte d'une mine complète,
lit fait naître dans le cœur du Supérieur
- ; lal II- dé«ir de parlat'er avec un autre la
charee ac^.ablante qui lui était impos-^e. Son choix
tomba surSiraon de Stock, qui fut nommé vicaire
général. Cette nouvelle fut pour lui un cnup de
foudre, et sa douleur fut égale à la joie qu'é[irou-
vait l'Ordre tout entier de cette heureuse nomi-
nation. Il ne fallut rien moins que les promesses
de .Marie, le désir d'être utile à ses frères et de
souffrir pour eux, et surtout la sainte obéissance,
pour le décider à accepter le fardeau qu'on lui
imposait.
l)ientôt,éclatent les persécutions contre l'Ordre
des Carmes, prédites autrefois par Marie à son
dévot serviteur.
Leur succès hàtc le violent oratre qui s'élève
contre eux en Europe. Ces nouveaux venus ap[ia-
raissent à plusieurs comme des envahisseurs et
des intrus qui viennent semer et moissonner
dans le champ d'autrui. N'y avait-il déjà pas
assez d'Ordres relii.'ieu.\ en Occident sans y ame-
ner cet Institut orientaliste".' La j;ilousie, natu-
relle au cœur de l'homme, est habile à trouver
des raisons spécieuses. Les récriminations mises
en avant firent leur chemin. et l'opinion publique
se trouva déchaînée contre les Carmes. Ils se pré-
tendent anciens, disait-on, et ils sont nouveaux;
ils n'ont pas même été approuvés par le Saint-
Siège.
Au milieu de cette tempête, Simon de Stock,
calme et fort du secours céleste, ordonne des
prières dans tout l'Ordre, et sûr désormais de la
victoire, envoie des messagers aux pieds du Pape.
Honorius m, éclairé par une vision miracub'u.se,
reçoit de la Sainte Vierae l'ordre d'approuver,
de confirmer, de protéger l'Ordre des Carmes. Il
se hâte d'obéir, et le Carmel fête encore avec
solennité le jour où la paix lui fut rendue par
la bulle du Saint-SièL'e. grice au zele et à la vigi-
Isuice de Simon de Stock.
LB niENHEUBEL'X VISITE LES LIEUX SAI.MS
Mais voilà que la Palestine, cette terre arrosée
du Sang du Sauveur, et ou avait i.'randi si long-
temps ce mairnifique arbre du Carmel, devenait
un sol inhospitalier. Déjà le fer des Sarrasins
avait fait plus d'un martyr dans les rangs éclaircis
des vaillants relii-neux.
In Chapitre ;.'énéral s'ouvre au couvent du
mont (Carmel, sous les auspices du bienheureux
Alain, alors Cénéral de l'Ordre. Notre .Saint,
appelé à siéger, n'hésita pas un instant, inaliiré
Sun grand Age et les difficultés d'un voyat'e Ion;;
et périlleux, lue heureuse navii/ation le con-
duit bientôt sur cette terre où Dieu naquit, où
Dieu vécut, où Dieu mourut. Il la baise avec
transport, uu torrent de larmes décliarye son
cœur qui d^'borde de joie. Et quelle n'est pas
son émotion à la vue du ("armel, berceau de son
Ordre, sanriifiô par la vie toute céleste et les
miraclos sans nombre d'Elie; de co Carmel dont
les Livres Saints vantent la beauté incomparable?
.Mais des lieux plus saints encore attirent, comme
un aimant irrésistible, l'àine do Simon de Stock;
il s'avance pieds nu.s vers J>'rusaleiu ; clia>|uc
monument qui lui rappelle le Sauveur livre son
cœur anx plus douces émotions. Enfin, après
avoir satisfait son ardente piété, il revient au
milipii df ses frère».
Fniit-il quitter ce berceaude notre Ordre, rette
terre où il a poussé de si pui«saiile"« r.icinfs?
Kuiroiisiiousdevanll.i persécution'? Telbïsciiii ni
lr>« questions qui s'a;.'it«ient au sein de lu véiié-
rabb' asseiiilil''e; mais les avis étaient parta«i''s.
Nolie S.iint se lève à son tour : " C'est une con-
duite louable, dit-il, de fuir la persécution de
peur Je perdre la foi ; et un très grand mal d'ex-
poser sa foi au dantrer delà persécution, sans un
ordre exprès du ciel , selon celte maxime de
l'Evangile : Lorfqu'on toua persécute dans une ville,
fuyez dans une antie. D'ailleurs, Marie a prédit à
saint Cyrille, (lénéral de notre Ordre, la destruc-
tion future des Carmes en Terre Sainte. » Ces
paroles sont reçues de l'assemblée comme un
oracle et plusieurs reli:.'ieux se hâtent d'en pro-
filer. Mais l'année suivante, comme la persécution
redoublait et que les Sarrasins infestaient les
mers, le reste des relitiieux et Simon de Stock
durent se réfugier dans Saint-Jean d'.Xcre, avec
l'armée chrétienne des croisés. Les fontaines de
la ville, empoisonnées par les musulmans, ne
fournissaient plus d'eau aux chrétiens ((ue dévo-
rait une soif ardente. Notre Saint et ses frères,
escortés de soldats, retournèrent au Carmel, et,
à leurs prières, la fontaine d'Elie qui, par un
prodiHP perpétuel, tarissait lorsque les religieux
s'éloignaient de la sainte montagne, et jaillissait
de nouveau à leur retour, laissa couler ses eaux
en abondance. .Notre Saint prolilade la tranquil-
lité que rendait au Carmel la présence des croisés
pourreprendre la vie solitaire qu'il avait en pré-
dilection. Il mena six ans, loin des hommes et
près de Uieu, visité par la Heine du ciel et les
saints anfies, celte vie toute céleste que nous
avons décrite.
C'est alors qu'il repassa en .\iigleterre, non
sans périls, mais toujours visiblement protégé
par sa bonne .Mère, avec le bienheureux Alain. et
presque tous les Carmes de Palestine.
SAINT SIHO.N DE STOCK GÉ.NÉRAL DE L'oRDRE DU CARMEL
Notre Saint avait qualre-vinL'ts ans, quand le
choix unanime de ses frères l'appela, malgré
ses résistances, ù succéderau bienheureux .Main
dans la charge de Supérieur yénéral. I.e Carmel
n'eut qu'à se féliciter de l'heureux choix qu'il
avait fait. La prodi;.'ieuse extension de l'Ordre,
dans l'Europe entière et spécialement en France
où il recevait de saint Louis la plus gracieuse
protection, les innombrables monastères fondés
ou agrandis, l'observance parfaite des règles,
l'éclat des études sacrées, les bulles nombreuses
Jue Simon de Stock obtint desl'onlifes suprêmes,
ont il fut toujours l'ami et le ronlldenl, et par
lesi|U''lles il alferniit le Ormel contre lesaltiiques
incessantes de l'envie.enlin les heureuses réformes
qu'il sut introduire dans les Con<titutiiins, pour
rendre son Ordre plus utile au -alut des lldéles,
si(inali'rent plus que jamais à l'admiration du
monde cet héroïque et saint vieillard.
API'AIIITION DE MARIE A SON StRVITElUH
LE SCAPULMRE
Ici se place un événement qui met notre Saint
au ranu de ces hommes dont la sainteté a été,
pour le monde entier, une source de bienfaits et
de bénédictions. .Nous voulons parler du scapu-
laire.
En 12Si, Simon de Stock, courbé sous le poids
des années, inaii plus encore sous relui de la
TM'-cutiou et des contradictions auxquelles le
I inel ne cessait d'être en bulle, était allé à
l'i i(i;.-e présider à la fondation d'un nouveau
lit. Il ne cessait jour et nuil de supplier
\],;l .{..iiii^r A ^o. ht* ilii. I.iiit ■ r\ ■■ .' I.illlil
d'.ii
.. K|. . .1....1. ... ..■ .. :,
%
deur du ciel, unique Vierge-Mère, .Mère pleine
de douceur et toujours Vierge, donne?, à vosCar-
mels un nouveau privilège, Etoile des mers! »
Telle était son ardente prière lorsque, la nuil de
la fête du Carmel, au lever de l'aurore, Marie
lui apparaît entourée d'anges, éclatante de lu-
mière, velue de l'habit de son Ordre, le front
ceint du diadème, souriant à son dévot serviteur.
Dans ses mains, elle lient le scapulaire de l'Ordre
et l'en revêt en disant : " Heçois, mon cher lils,
ce scapulaire comme le signe distinctif et la
marque du privilège que j"ai obtenu pour toi et
les enfants du Carmel ; c'est un sii:ne de salut,
une sauvegarde dans les périls et le gage d'une
paix et d'une protection spéciale jusqu'à la fin des
siècles. Celui qui mourra revêtu de cet habit sera
préservé des feux éternels . » Telle est la magni-
fique promesse faite par Notre-Dame à son ser-
viteur, publiée par lui dans une lettre adressée
à toutes les maisons de l'Ordre, et écrite sous sa
dictée par son secrétaire le P. Swaynglon.
Nous ne raconterons pas ici les grâces sans
nombre, les miracles éclatants qui ont confirmé
les promesses que Marie attacha à son scapulaire;
ce serait le sujet de plusieurs volumes. Au reste,
le lecteur peut voir, dans la notice sur Notre-
Dame du Carmel ,1('> juillet), les conditions de
celle dévotion salutaire.
VISITE DES COrVENTS DE l'oRDRI
MORT lIlKNnEUREl'SE
Accablé par les ans et les infirmités, Simon
de Stock, dont l'Ame était toujours pleine de
vigueur, ne recula pas devant une entreprise
qui eût semblé he'roique à un homme dans la
force de l'âge; il résolut de visiter un à un lous
les couvents de l'Ordre et se mit en chemin.
L'Europe vil avec admiration ce vieillard, exté-
nué par les pratiques d'une vie austère dont il
ne voulait pas diminuer les rigueurs, mais dont
la faiblesse disparaissait sous l'ardeur du lèle,
pai-courir avec un courage infatigable les monas-
tères du (Carmel. \ sa voix, la ferveur de ses
frères s'cntlammait ; son exemple les transpor-
tait d'admiration, une sainte émulation s'empa-
rait de leur cnur. Sous ses pas, de noiivellps
fondations semblaient sortir de terre, en Helgii|ue,
en Ecosse, en Irlande. Il semait le> merveilb's
sur sa route avec l'arme du scapulaire. Il pro-
jetait même de convoquera nouveau un (".hapitre
général et de se démettre ensuite du généralat
pour ne plus penser (ju'à l'éternité : mais le
moment était proche on Dieu allait couronner
pour jamais son grand serviteur. Une fièvre
violente l'arrête au couvent de llordeaux ; à la
nouvelle de ce coup funeste, le Carmel et l'Eglise
entière sont alarmés. Seul, notre Saint reste
calme, prédit l'heure de sa mort, reçoit les
Sacrements dans les sentiments <le la foi la plu»-
vi»e, adresse aux reli:;ieux présents une tou-
chante exhortotion et rend doucement s« belle
àme à Dieu en récitant la Sabitalion ijnj/i'/ii/i/c.
Il était ;'igé de c>'nt ans.
Selon sa volonli- suprême, son corps fut enterré
à la porte de l'ét'lise pour être foulé aui pi' !
des passants comme relui d'un pèrli>'ur pull
mais d'éclatants cl nombreux mir.i' le- iiiaii.-
te-tiTeiil bieiitiM la tloirr de I'IiuiiiI'Im religieux,
.iiii. mit les foules A sou tombeau, et, doute ans
ird, le Saiut-Siige permit d'honorer saint
, Slc.k.
'" 'Ljrsii^^- A^- ""
liiip.-y'"'".j/i/. \. l'rtiTiirM'i "1 ruv 1 i in'
SAINT PASCAL BAYLON
RELIGIEUX CONVERS DE LORDRE DES FRÈRES MINEURS OBSERVANTENS
Fête le 17 mat.
Saint Pascal, berger avant d'être moine, prie au milieu des champs en
gardant ses moutons.
Saint Pascal Bavlon naquit le <7 mai i540, à
Torre-Hermosa, petit bourg situé dans le royaume
d'Aragon, sur les confins de la Castille. Son père,
Martin Baylon, et sa mère, Isabelle Jubéra, étaient
d'humbles cultivateurs, pauvres des biens de la
terre, mais riches du trésor des vertu» chrétiennes.
Pascal lui-même, prévenu de la grâce dès le
berceau, savait a peine marcher et déjà il se
plaisait à aller fréquemment à l'église, s'entretenir
avec J^sus présent dans la Sainte Eucharistie.
Souvent m^me on devait aller l'y chercher pour lui
faire prendre de la nourriture. Sa pieuse mère,
heureuse des espérances que lui donnait son jeune
fils, s'efforçait d'écarter de lui les mauvais exemples
et de développer en son cœur une piété forte et
loyale.
PASCAL Ksr COMmS A LA GARDE DES TROl'PEAUX
IL s'exerce a la perfection CHRÊTIENMB
Pascal avait à peine atteint sa teptiéroe année,
quand son père lui confia la garde des troupeaux.
Le saint berger s'acquitta de cet office avec le plus
468
.grand soin. Ses parents avaient négligé de lui
apprendre à lire, cependant Pascal se procura
quelques livres et passa ses loisirs en pieuses lec-
tures ; on dit que les anges eux-mêmes vinrent lui
enseigner à lire.
Tout en gardant les troupeaux, le jeune berger
ipriait beaucoup. Son amour pour Marie était tel,
jqu'il alla jusqu'à sculpter sur sa houlette l'iuiaj^e
.bénie de sa divine Mère, alla de l'avoir toujours
^présente devant les veux. Aussi la Sainte Vierge
•daigna-l-elle récomp : .'nement son serviteur
par de nombreusi's i is.
Des lors, Pascal s > ,v'''|ue 'ont entier à la prière
et au silène* ; If mensonge, le» paroles vaines et
inutiles sont ér i'^! de ses lèvres avec le plus
grand soiii.iToui pénétré des flammes de l'amour
de Dieu, il excilnt ses amis, par ses paroles et par
.ses exemples, à ainner >'otre-Seigneur et sa Sainte
;Mère. Simple, ilroit et craiftnant Dieu, il grandis-
»sait en .-Itre et en vertus. Humble, cli iste, modeste,
de mœurs suavos, il reprenait charitablement ses
amis quand ils tombaient dans quelque faute, et on
aimait souverainement à converser avec lui.
En qualité de berger, Pascal avait été mis au
service de Martin Garcia, homme riche et vertueux,
mais sans enfants. Ce maître ajant voulu prendre
son petit serviteur pour héritier, notre Saint refun*
préférant être Tlirritier de Dieu et le cohéritier de
Jésus-tlhrist par l'humilité et la pauvreté.
Plein de douceur et de charité, toujours prêt à
rendre service, l'humble pâtre faisait l'Admiration
des autres bergers. D'une sollicitude exln^me pour
le troupeau que son maître lui avait confié, on ne
le vit jamais maltraiter t avec
grand soin A ce que son ;i , i i [>as de
dommaf:e dans les pAturnce» voisins; et si quel<|ue
dég;U se produisait, quelque léger qu'il fût, le
Saint indeiiiiiisait sur son propre salaire.
Si bienvt illant pour le* autres, Pascal se traitait
durement lui-même. Dans un Age si tenilri>, il
n'épargnait pns les ciliées, les jeAnes, les dis-
ciplines sanglantes. Souvent il marchait pieds nui,
mémo ft traver» les {■ ' j^ines ; et, comme
il le déclarait lui-ni' ur l'expiation de
qu'il soulTrait d '•■<\»
-. . s. Kn retour, >• lu-
'peusati iou serviteur par de fréqucnlet exla^s.
TOCATIOH RClieilOM
Mais Diea tn une plus
feclion, et lui ii. , "■ la vie i
Dès lors, Paleol pr*tiil- la résolution < |4
monde. I n b'rger, a qui le Saint avait l1 ■-- -:>
Toraliiiii, [.n'hait tous se» elTorl» pour l'en di»
|>. .- .1 1,,. I ., . ,.,...-1, .!,.„,., .,rj„^|gent ât! lu fl (...•
rs, en frapprinl Ir
1 t. iiniiiriii-, et voilà «|ue tri>i-
1}, • Il iHrent des endroit» i|o"ll «▼ait
nommés Soccolans, près du bourg de Monlfort. Là
il reprend son humble emploi de berger chez un
riche fermier. Sa piété, son amour de la solitude,
sa vie austère lui attirèrent bientôt tous les cœurs;
dans toute la contrée, on ne le désignait que sous
le nom de saint berger.
F,e dimanche, il assistait à la messe et commu-
niait dans le couvent. Les autres jours, ne p»<jvant
assister corporellement au Saint-Sacrifice, '. s'y
unissait au moins en esprit, en entendant \t son
des cloches.
Un jour, lorsque la cloche annonçait l'élévation
et que le pieux berger était prosterné avec un saint
respect, une hostie apparut à ses adorations,
enfermée dans une custode soutenue par deux
anges. Pascal conçut une telle ardeur pour la divine
Eucharistie que l'amour pour le l'ri's Saint-Sacre-
ment fut dès lors sa plus grande d>^v(>t!on.
Enfin, l'an 1364, saint Pascal Ha^lon demande
l'habit de saint François aux Observanlins déchaus-
sés. Les Religieux, qui connaissaient déjà la réputa-
tion de sa sainteté, le reçoivent avec joie. Ses
supérieurs veulent le faire Religieux de chœur, mais
ilte refuse à leurs 'lésirs, se trouvant déjà trop honoré
d'être mis ao rang des Frères couvers. L'année sui-
vante, après le temps ordinaire du noviciat, frère
Pascal fut admis à prononcer ses vtvux solennels,
le jour de la Purification de la Sainte Vier;.'e. Dès
lors il fit de rapides progrès dans la sainteté, et ne
tarda pas à surpasser les autre* Religieux par la
pratique do toutes les vertus.
On lui confiait ordinairement les fonctions de
portier ou de réfectorier ; quelquefii^ n'usi, celles
de quêteur, de cuisinier ou de C'est à
partir de cette époque que ses m le firent
souvent changer de couvent. Pairal passa les der-
nières années de sa vie dans le couvent de Villaréal
devenu célèbre depuis par les prodiges nombreux
qui n'ont cessé de s'opérer jusqu'à nos jours au
tombeau du Saint.
Pour mieux connaître la grande perfection à
laquelle s'éleva saint Pascal Ravlnn, disons un mot
des principales vertus auxquelles il l'appliqua
pendant toute sa vie.
•ON ■oaii.iTi — OBiiM«!«n niaoïoot
^
1
Dès ton entrée en religion, Pascal place pour '
fondement de «a perfection la belle vertu d'humilité, j
' Il «eromplil vnloelien et avec jmr |(>s eiiipinis les
•uvenl, il r i es-
,ui pourroi. ifje.
I ftous avons deja ilii c^msne.at il prenra riimiible
l «t nation de Fnre collT(■r^ a celle de ■(•'lif.irux de.,j
' liu'ur. Pendant toute sa vie, il ne voulut j.nmaiiTl
'•••> écouler ni rapporter a w prbpp» l.n.in».. '
.ré sa haute sninieié, il oravnit et
,.i il était un grand t-' ' ' " ' ...il
t4iiJours comme le dei
cto\^ ' ' ■- - '
...l
,n( fisister plut lnn(;t«mp9 à l'appel dt les
»
I I4in' Auit'-MvVrfrt >i<- tnin«iMaiBS- iin*h.tu**<-<'», Ir tiitHirielMy <|u< «uitiail *>ktH-tt^ lii ««Mt»! lit! f«eu*t,
lui fil une sévère réprimande sur sa maladresse.
Après le repas, quelques Frères se rendirent auprès
du serviteur de Djeu pour le consoler: « Taisez-
vous, leur répondit-il, c'est le Saint-Esprit qui a
parlé par la bouche de notre supérieur. » C'est ainsi
qu'il avait coutume de répondre, quand les Religieux
venaient le consoler de la trop grande rigidité que
le supérieur semblait avoir à son égard.
Mais si Pascal portail à un si haut degré l'humilité,
que dire de la vertu d'obéissance qu'il professait
jusqu'à l'hëroïsme, à l'exemple de Celui qui, pour
nous, s'est fait obéissant jusqu'à la mort, et la
mOTt de la Croix. Animé d'un profond respect
pour la Rèplp, le saint Religieux se conformait
parfaitement à ses prescriptions jusque dans les
moindres observances. Aussi av;iit-il reçu des
lumières surnatnrelles sur l'obéissance à la règle,
et plus d'une fois ses supérieurs le consultèrent à
ce sujet. Reconnaissant dans ses supérieurs le>
représentants de Dieu, Pascal ne savait qu'obéir à
leurs volontés, se souvenant toujours que le Saint-
Esprit parlait par leur bouche. Quand on lui faisait
une proposition, il avait souvent coutume de dire :
(M Je ferai comme l'obéissanee dira. »
VOICt nN TRAIT DE CSTTB OBÉtSSANCB
Le supérieur de la Custodie des Obsorvantins
décbau»3és de Valence était oblifé d'écrire, pour
une affaire de très grande importance, au général
■de l'Ordre de Saint- François qui était alors Chris-
tophe de Cheffon. résidant à Paris. C'était au
moment oit la T»gedes calvinistesdévastait la France,
massacrant les moines, pillant les couvents et
déchiramt la patrie entière par la guerre civile-
Porter celle lettre était une mission pleine de
dangers. Qui oserait traverser ainsi une partie de
l'Espagne et la France jusqu'à Paris, sans craindre
de tomber aux marns de hordes huguetiotes?
Le proviheial de Valence juge que Pascal aurait
ce courag«v 11 lui fait part de ses projets et l'humble
Frère accepte auseitôt, joyeux d'exposer ainsi sa vie
pour l'obéissance.
Sans attendre plus longtemps, il se met en roatë,
nu-pieds, sans provisions, sans même s'inquiéter
des périls qu'il peut courir. Après avoir passé les
Pyrénées, il va frapper à la porte du premier
couvent de l'Ordre qu'il rencontre. On suppose que
c'était à Toulouse, car le Saint rapporta plus tard
qu'il y avait là beaucoup de Religieux savants.
Après que frère Pascal eut ex)Vo*é le but di^ «on
voyage, les Religieux se n^unirent pour savoir s'il
était bon d'ex| oser ainsi un de leurs Frères, sur la
simple obéissance qu'il avait promise à son supé-
rieur. Ils décidèrent que cela était permis et le
laissèrent partir. Ils lui conseillèrent cependant de
prendre des habits séculiers, mais le serviteur de
Dieu ni' voulut jamais y consentir.
Il continua donc sa route vers la capitale, mais
■ ': sans courir d'immenses dangers. Plus d'une
il fut poursuivi d'un village à l'autre à coups de
tns cl à coups de [i' ir' -;, et reçut même à l'épaule
bl'--sure dont il re-''^'Milit les suites jui^qu'à sa
rt. l)''ux fois, il fut arrêté comnn' espion et ne
• uvra sa liberté que par une protection du ciel.
n jour entre autre», Pascal, pressé par la faim
alla frapper à la porte d'un château. Le maître du
lieu, gentilhomme huguenot, étai; à table, quand
on lui annonça qu'un moine, mal vêtu et de mau-
vaise mine, demandait l'aumône à la porte. Il fit
entrer cet étranger et après avoir bien considéré
son visage basané, ses habits grossiers et décliirés,
il le prit pour un espion espagnol et se préparait
à le mettre à mort, quand sa femme eut pitié de ce
pauvre moine et le fit secrètement sortir du châ-
teau, sans même songer à lui donner un morceau
de pain. L'ne personne chrétienne d'un village
voisin lui flt cette charité.
A peine notre Saint se croyait-il hors de danger,
qu'il se vit de nouve<iu exposé aux fureurs de la
populace attirée par son habit. Maltrailé, couvert
d'insultes par tous, Pascal fut même saisi par un
jeune libertin, qui l'enferma dans une écurie. Il
passa toute la nuit en prières et se préparait à
mourir, quand celui même qui l'avait enfermé la
veille vint lui ouvrir les portes le lendemain matin,
et lui donner l'aumône.
Le saint Frère convers ponrsnivit sa roule jusqu'à
Paris, accomplit fidèlement sa mission et repartit
aussitôt pour l'Espagne.
Pascal cheminait tranquillement quand un cava-
lier'fond tout à coup sur lui, pose le fer de sa lance
sur le cœur du Religieux en disant : « Où est
Dieu? — ïlestdàris le ciel, «répond Pascal aussitôt,
sans se troubler et aussi sans réfléchir davantage.
A cette réponse le cavalier retire sa lance et
s'éloigne sans faire aucun mal au pèlerin.
Frère Pascal, qui ne comprenait pas d'abord ce
que signifiait tout cela, s'aperçut bientôt qu'il avait
oublié de dire que « Dieu est aussi dans l'Eucha-
ristie. » — 'u Hélas! se dit-il en lui-même, j'ai perdu
l'occasion de mourir martyr', mon indignité m'a
privé de, cette grâce. » Mais s'il ne put remporter
la palme du martyre, il avait droit' ai là magnifique
couronne de l'obéissance 'héroïque' prartiquée pour
l'amour do Dieu. ,' ' ■ i .1
SA CUARITB ENVERS LES PAUVBS£f — >■ IL APAISE
LES DISCORDSS
Rentré dans soTi couvent, le saint Frère reprit sa
vie humble et mortifiée. En quTiIlt^ de portier, il
était chargé de dislrtbuer les anmôfie»; aux pauvres
qui se présentaient à la poi-tS. 'Mais comme
l'ardeur de son zèle nte connaissait pas de borne?,
le charitable Religieux ne savait jamais refuser. 1
.S'il lui arrivait parfois dé n'avoir plus rien à
donner, il allait cueillir des fleurs au jardin, et
les remettait joyeusement entre les mains des
mendiants.
Un jour que le couvent était dans une grande
disette, le supérieur reprocha à Pascal de donner
toujours et de ne savoir jamais refuser. « S'il se
présente douze pauvres, lui répondit le Saint, et que
je ne donne qu'à dix, qu'arriverait-il si Notre-
Seigneur était un de ces deux pauvres auxijiiels
j'aurais refusé? » Aussi allait-il jusqu'à se privor
d'une partie de sa nourriture pour augmenter
d'autant la sainte aumône.
Cette Ami; si simple et si naïve savait cependant
ramener la paix dans le« cœurs et éteindre les;
haines les plus invétérées. Nous n'en donnerons-
qu'un exemple. Un fils était animé d'une haine
mortelle contra le meurtrier de son père et per-
sonne ne pouvait le ramener à de meilleurs senti-
ments. Le Serviteur de Dieu se rend auprès de lui
et s'efforce d'en obtenir des paroles de pardon. Mais le
jeune homme restait obstiné dans sa haine; alors le
Saint se jette à ses genoux en disant : « Mon frère,
je TOUS en prie, pardonnez-lui pour l'amour de Dieu. »
Et le jeune homme, soudainement frappé par cette
parole, pardonna au meurtrier de son père, pour
l'amour de Dieu.
Doué du don de prophétie, l'humble Frère con-
vers annonça plusieurs fois à des malades la santé
ou la mort. Plus d'une fois aussi il exhorta des per-
sonnes bien portantes à se préparer à paraître
devant Dieu ; quelques heures après ces personnes
expiraient. Par le seul siiine de la Croix fait sur
des malades, il fit un grand nombre de miracles,
dont plusieurs sont attestés dans le procès de sa
canonisation. Sur l'ordre de son supérieur, et après
bien de^ difficultés, il fit une fois le signe de la
Croix pur un Religieux qui souffrait d'une hémor-
ragie, et le sang cessa aussitôt de couler.
SES ADSTÉRrrés — sa SCIENCS profonds — SA MORT
Comme tous les saints, Pascal voulait que son
àme fût maltresse de ses passions, et pour cela il
châtiait son corps par de rudes austérités. Il jeûnait
presque continuellement, souvent même au pain et
à l'eau, et encore ne prenait-il que le nécessaire de
la nourriture, réservant le reste pour les pauvres.
Quand il pouvait, il choisissait pour lui les mets
les plus vils et ce que les autres avaient rejeté. Sa
grande piété lui faisait passer de longues veilles
dans la prière et la contemplation. Le peu de som-
meil qu'il se permettait, il le prenait sur la terre
nue ou sur quelques planches, et dans une posture
très gênante. Son corps chargé de chaînes et recou-
vert d'un rude cilice, était encore affligé par de
longues et sanglantes disciplines.
Pendant que le corps était ainsi rudement traité,
l'Ame de l'humble Frère s'élevait aux plus sublimes
hauteurs dans la connaissance de Dieu. Aussi le
Seigneur se plaisait-il à consoler son serviteur par
de fréquentes extases et par de suaves ravissements.
Ces extases ne le réjouissaient pas seulement au
chaur, mais souvent aussi au réfectoire et même au
jardin, la bêche à la main.
C'est dans ces communications avec Dieu que cet
homme sans lettres acquit une très haute science des
choses spirituelles et des mystères de la foi, au point
de pouvoir composer des livres sur ces questions
élevées. D'habiles docteurs venaient le consulter et
liaient émerveillés de la justesse de ses réponses.
Mais il n'aimait point à- faire parade d'une science
dont il ne semblait pas se douter lui-même.
L'obéissance, le désir d'instruire les ignorants des
vérités du salut et de faire aimer Dieu, le détermi-
naient seuls à parler. Il fut plus d'une fois consulté
sur divers doutes concernant la pratique de la règle,
par ses supérieurs eux-mêmes, qui connaissaient
les grâces dont Dieu l'avait favorisé à ce sujet. Les
hérétiques, confondus par les paroles simples et
vraies qu'il opposait à leurs mensonges, le persécu-
tèrent souvent et le battirent parfois; mais par une
protection particulière de la Providence, il finit
toujours par s'échapper de leurs mains.
Saint Pascal liavlon professa toute sa vie un amour
ardent pour la très Sainte Vierge, qu'il priait avec
une confiance toute filiale. Mais sa dévotion prin-
cipale était, ainsi que nous l'avons dit, l'Eucha-
ristie.
Enfin, comblé de mérites, à l'heure qu'il avait
prédite lui-même, il s'endormit paisiblement dans
le Seigneur, le dimanche de la Pentecôte de l'année
1392, au moment de l'élévation de la Sainte Hostie.
l'ne foule nombreuse accourue au bruit de sa mori
ne permit de célébrer ses obsèques que trois jours
après son trépas. On lui fit de pompeuses funérailles.
Pendant la messe le défunt, qui avait les yeux fer-
nus, les ouvrit une première fois au moment de
l'élévation de la Sainte Hostie, puis une seconde
fois pendant l'élévation du calice, à la grande admi-
ration de tous les assistants. Ce miracle est attest-'
dans le procès de canonisation du Saint.
Le corps du serviteur de Dieu fut préservé de la
corruption du tombeau: au xvii* siècle il existait
encore dans toute sa fraîcheur. De nombreux mi-
racles accomplis à son sépulcre y attirèrent un graïul
concours de peuple. Le pape Paul V béatifia Pascal
en 1618; en IC80, Alexandre Mil le canonisa et
l'inscrivit au catalogue des saints.
Un miracle tout particulier et propre & ce Saint,
ce sont des coups que font entendre sa ch&sse, ses
reliques et même ses images. Les grands coups sont
le présage d'une calamité future, ou servent a don-
ner quelque grave avertissement. Les petits coupr,
au contraire, annoncent des événements heureux
et indiquent aux fidèles que leurs prières, adressées
& saint Pascal, ont été exaucées.
iDip.-yj^an» I'ititiibirt, I, rue Frto^oii I"'. P»r.i
SAINT VENANT DE CAMÉRINO. ENFANT ET WARTYR
Fête le 1S mai.
Li« jeune saint Venant refuse d'adorei les idoles.
Le culle de ceth^roique enfant, qui souffiit le
martyre à quinze an», a toujours été fort popu-
laire à Ciimerinf", sa pairie, qui l'a choisi pnur
[■alron. Le récit d'-laillé de sa vie ne nous a
iii.ilheur>'U'-emenl pas l'té conservé d'une manière
-uftii'amnieiit cerlaiiie. mais voici les principaux
traits de >on Kl^rieux martyre, tels que les
lésume le bréviaire romain.
LE J«UNE APOTHg
Venant ou Venance, en latin Yenanliut, était
r ■ I *;anii'rino, en Italie. On raconte que ses
parents étaient païens; mais dès qu'il eut le
Donheur de connaître la vérité de la religion
chrétienne, il l'embrassa avec cour:ige, et sa
pif-l'' fit produire de merveilleux fruits de vertus
aux erâces du snini bapti'me. II se distingua
surtout par son lèle à répandre la foi de Jésus-
Christ parmi ses compatriote?. Dans ce cœur
d'piifaiil vibrait une âme d'apôtre.
DEVANT LB JUGB
L'an 850, l'empereur Dèce.l'un des plus furieux
ennemis du christianisme, décréta contre lef^
0 l'J
chrétien? la septième persécution pénér.ile ; elle
envoya • ■•■~ miUiers (ie m.Trtyr=. A Ciuiio-
rino, ic- . :r AUtiochus or>foiina d\u ^ïl•T
le jeune ^ en im.
A cette nouvelle, l'intrépide jeune hommej^
sans attendre l'arrivée des snldats, accourt Tui-
mf^nie au-devant du gouverneur, qu'il rencontre
aux portes de la ville.
M Les dieux que vous ad jrez, dit-il au magis-
trat, ne sont pas des dieux, mais ée ?aii>s siimi-
lacres inventés par les d'-mon». Ce que vows
racontez de leur vie montre qu'ils furent des
hommes et des femmes dont la conduite l'-lait
pleine de viries. Comment des élreS criminels
pourraient-ils ^tre des dieux'? Reconnaisseï donc
qu'il n'y a ipi'an «oui ni»>u, celui ^iii a 'T'-h le
ciel et la terre; : ■ i-i^
qui, s'élant fait I is
a tirés de l'.iblme au p-.'ctic- en raourarn [<<aT
nous sur une croix. »
Lajoie que le rruel t" "^ ' "it éprotit^e
en voyant arriter sa vif ■ en fnrenr
lorsqu'il entend cps p.tmm.-- m ..i ionne à se*
soldats de se saisir « l'enfîint ê1 de l'accabler
de mauvais traitement*, jusqu'à rê qu'il ^enol»e«
i la relifiion chrétienrt* ou qn'il rtèuro.
suppLicis rr moBiéfl
Les bouri ''''B
avec toute l.i ^■
Comme l'eii -i 'oi,
ils l'attacht'j
llapeller av.
n'aurait pas '
mais un an t.'
reaux, et bi •
Après un
païens endii!
s'empresseul «■
comme pour se v
ils l'utUcheiii !•
bas, puis lui
ardentes. D»
torches sous
fumée. Cepi-
<' Iterionce au '
cesseront. •■
L'athlète du Chiisi >uulTrait tètt* ce» *up
plices avec une constance si sereine et si calme
que les spectateur» étaient dans 1' '
Plusieurs se convertirent, parmi li'Sj
niculaire Anastase (c'-'T-;' '
tribunal;; il vit un ai-
blanche , d<'tr-*--' ■■
marUr. An.i
famille, des i..^ ;- f. '.. '. . , .... ..,--,
temp'< après, ver»», lui aussi, son taug
Jé-ius-t^hrist.
UN FAUX PHÈm
1 IC
it à le
la rictime
les coups;
bour-
renoncé "à la relieion des chrétiens pour adorer
■ itidignation.lespefrijes
(Miisi-iis *\r "■(■ u'.iiire.
.Mors, le tyran l'appelle à son tribunal. L'en-
fanT y proclame la divinité de Jésus-Christ.
Anlioclius ordonne de lui casser les dents. I.e
sanujaillftà llols des :;encives déchirées. Ensuit»-
les bourreaux le Jettent dans un egout. Un auge
l'ftH 4<41tv{>e. Le» soldato 1« ref>r»mimt. Amené
au tribiinWl À'tm des jnges de M Trlle, \enaut,
dans an laiisa^e i*»<tpiré, expose la fausseté du
Pciymiisme el la vÂnté de l'HTangile, lorsque le
ju({* tombe soudain du sièce el expire sur le sol,
en disant : « Le Dieu de Venant ost le seul vrai
Uieul »
à r ■ iVelle, Anfiochus, de plus en plus
farj' " l'ordre de jeter Venant en pAlure
aox lioii«. Mais ces bétes féroces ne lui font
ancTTf» Vrial.
Pendinl ee fempS, le prf'tre Porphyre vient
trouver Antttfrhu» et lui dit: « Celte nuit, le Dieu
Téritahle m'a moiiffé les chrétiens, récemment
convertis nar Venant et baptisés par moi, tout bril-
\nui< .t* lamiere; tons, au conlmife, et ceux
■K'eiit vos erreurs, éliei ftdjrés dans les
t Antiocfrtls répondit en ordonnant à
ses l'ournaux de prendre Porphyre et d'aller lui
trancher la l^'f r'r<:t rt- qnr .If^etruil le martyr.
Venant' !-hataille.
le lui utla-
r le reste
;'ines. De
V de chair
lens, el tes lounuents
L* Çonrei
cher une cm Je aux
du iout h travers '
lartres taches de - '
si^nalehl le il, m
Après ce biii '
M (lans un i':
bntjH+aux.Ce:,
davantage d'uf
Le lendeinaii
se présente A
puis>4iiie de Je-u
Au lieu de M vo\
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un Sole
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et .11
enfni
un
A \n :
y^Sfli
mi-mort,
H- par se»
■ I, ni iini..ir ,i< s'occuper
fiiifÂriili^n^prnent guéri,
i>nlrer la
les idoles.
■ lien s'en
d'iiilligcr
.lie.
.'Ués.SOUS
1 .x\'A> : I and soif.
•lin*» ' miimi'iit ;
pour
X'ntt'<.*hTi- frtt fr*« «ur^ris d'nrTrendr»- la t*ffn-
d»-
Ir»»*, Vrtrtrti' fht frté «n fnnfl 6*m
non ar'hut.
l'oUNril el 111
i.'ix -ur
•eau vi»e,
nt et se
onserrée
plusieurs
. :_ - les ron-
,1 avoir la lét<' tranchée. Venant les
; ..ne lui-in^me au heu du martyre pnur
soutenir leur courage ; enlln, sa l'ie tunibr .
sous le tranchant du glaive et sou ime >..
rejoindre au ciel.
i>n racotite ■{q'wm »eroav>t de tirmblemi'ni
.tv terre jrta fii re Moment l.i t*iT*«ir d«i • I.
ville de tZnmi'rino. Le eourernear Anlio. 'un
mnnrut «il .<
Le» elii honornblement l««
T.
mi
tnt
rai II
I la pan
. 1 1 H 1 1 K
>i, ivpc iT«t>»ct, Im reli-
Au xiii* siècle, pendant qullgolini tyrannisait
Came'rino, au nom de Mainfroy, roi des Deux-
Siciles, un nommé Pe'raVallo, s^empara des reli-
ques de saiïit Venant et les pôtta à ce prince, qui
les donna au château de Saint-Suuveur.
Mais après ta déTailè de Ihainfroy par (ThaTles
d'Anjou, Trèrë du roi de France saint Louis, ce
pieux trf^sor fu't restitlïé à Gamérino, Jyar lés
oriires du pape O'éYnènt IV.
On le replaça "avec joie da:ris l'e'glrse dnaiVe aiû
-aint maityr.'ÏJa A^'Votitfh dû pct/ple envers son
-liiil patrôh r'Pprit aVor>; u'n nouvel élan, qui fut
r-'compensé par de noTnlireu^es grâces.
0 saint êTifant, si merveilleux dans votre rèle
et votre courage p'oor conserver et défendre la
foi chrétienife, VeiiaiU, fidèle à Dieu jusqu'à
l'olTusion du saftig, soyez l'e protecteur des jeunes
ilirétiens qui enlrent dans les combats de la
vie, au milieu des périls et &ti obstacles du
temps présent.
SAINTE BUPHRASTE, M.\RTYRE A NICÉE
Lïelise greciqTFe <;é)èbre aussi, le 18 mai, la
rai^m^frc dé saiflte Buphrasie, martyre, gui
endtiTa, avec une invincible constance, de loiij^'s
et affieux «nppl+ces pour le nom<le Jésus-Christ.
Elle vivait «u commencement du r\' sièole,
d»ri< la vi^He ée .Nicée, en Bithynie. Arr^bH-
'■■iiine clirétienne, Juiaiit la piTsécution de
Oin lotion, oTIe r»il i-rt-ndwile an tribunal du
pr''(<t Pri- ii«a de renoncer à Jésns-
C!/M-! ••' lit flagelk-e, sar la poi-
Invi ■■■ eu prison.
K.iii i.mt !e fB;."e, elle montre la m^me
intn-pidil»' qwe la preniicj'e fois. On l'atlncb* à
une cnlrtime **t on lui déchire les lianes avec
d<'s ■ • ■•■[.
A( ; i^lice. on «»t«'nd son corps déchire
au-J'-- 1- 1 un brasier ardi-iit. On lui enfonce
dilMs les chairs, surtout 4tms les doigts et les
pieds, des alèiios rou^'ios au feu.
Au lieu d'une acre odeur de chair brûlée, il
s'exhale de ses plaies un parfum c(3este.
Par un secours divin , elle sur\'i tA ces tourments.
Pf-ndatit deux an^, elle endure les eiçiuis de la
pri^iou et se voit sans cesse en butt« aux ina\ivais
(rnilenients.
Rnlin les juges etles bourrenirx.âésespérani >;■
la vaincre, 'se décident à la noyer. On la conduit
au rivage et on la jette dans la«ier.
11 est à regretter que les d'Hails d'un si long et
si édifiant martyre ne n«is aienl. point été con-
servés. Prions néanmoins sainte Euphrasie de
nous obtenir la patience et la pers<$vérance dans
le service de Dieu.
U BIE^^^E■DIlEUSE CAMILLE GÏNTILI
La •viDe de San-Severino, en itaîre, féT»ère épa-
lement aujourd'hui un autre m^^ôèlede pnlieiicc,
injustPTnent persécuté , c^ee*l la bieiiti'cnreii'<e
CanTÎlle (îentiîi, Tictrme -Aes gnerrCfi «l di-s dis-
cordes civiles, qui désolèrent si souvent lUfrlic au
XIV» siècle. Sa mère était d'un parti et smi mari
de l'autre. Celui-ci avait voue à sa helli'-miîTc
une haine aussi injuï(te qu'implacable. (Ju'un se
figure la triste position deCamille (iilr; es deux
êtres, si ennemis, et pourtant tous .icux si chtrcs
à sOTi cœur. Elle restait secrètemwil on relation
avec sa raère ; son mari, l'ayant un jour appris,
entra dans une si violente colèt« qu'il tua sa
femme.
. Cette TOort tragiqTie «mut vivement la contrée,
et le souvenir des vertus de l'iimoccnte victime
resta prcT'fondément gravé dans la mémoire du
peuple. On ne doutait pas que le Dieu souve-
rainement juste ne lui eût donné nu ciel une
couronne proportionnée à ses soullVanrcs, et on
commença à l'invoquer comme une sainte.
Cil il'^, le |>apc <irégoire XViI a approuvé le
cahe imméinorial qui lui était rendu.
SAINT ERIC IX, ROI DIZ SUfiDE
I-'ri.\ Erric ou Henri, mot qui si(;uifie rwke
5.ivr'. «r, «-»l le no» de plusieurs rois «le Suède,
lii^lui dont l'I^iliHe fêle ak|jour<l'hui la mémoire
H-<1 lt> niMiviùine qui porta ce nom illustre.
.Né au comnieinement du xii* siècle, il était
lils d'Iward, l'on des plus puissants seigneurs
HU''t1nis. liés sa jeunesse, il se forma à l'étude des
-. wri. is cl à la prali<]ue des vertus chrétiennes.
Il •'p4<usa ensuite la piiucesse Christine, iille
<i'liM(on IV, roi de Suède.
L>- lr6ne se trouvant vacant, & ia mort de
Smercher II, h's Suédois, qui admiraient les
vertus et les belles qualités d'Eric, l'élurent roi
d>> Suède, conformément aux antiques lois du
i;.';s les premiers jours de son rktine, dit son
historien l«rael, chanoine d'Upstfl, "tP nmireau
prince se proposa constamment un triple but :
fiiri' fleurir dans ses Etats le culte divin et la
ilion chr- tienne, «ouverncr son peuple,
lustice et sagesse, défendre la Suéde contre
••s ennemis.
C'est ainsi qu'il fit restaurer et agrandir magni-
i)queni«ntr<kUse cailhédiale'd'Upsal,jii>li:> fondée
par .s<^s iprédécesseura, el ia dota d'iw clergé'
nombreux.
llvisilnit les diverses provincesde son royaume,
afin de se lendre compte par lui-niènie des
besoins des peuples et des abus à réformer. 11 :
rendait à tous exacte et prompte justice, sans se ]
lai«--er iiillueii'er par la faveur ou les llalteries.
Il réforma la législation du royaume et publia ;
des lois pleines de sagesse, pour reformer le«
abus et assurer la tranquillité publique. (Juiconquc
se croyait victime d'une injustice pouvait, en tout
temps, recourir à lui el obtenir une sentence
équitable.
Par celte conduite, Eric ga^na tellcmeiillecu'ur
de ses sujets, Tfue ceux-ci le prièrent un jour «le
garder pour son usage le tiers du produit des
amendes payées par les malfaiteurs. Mais h-
généreux prini-e, conlentde son propre patri-
moine, refusa.
Se défiant du faste et des grandeurs, le pieux
i.i veillait avec un prand soin sur son ùme. Il
vaquait assidûment a la prière et à la inrdilation
des vérités saintes. 11 domptait sa chair par la
pénilouce^t les austérités: sous ses viHeinents
royaux, un rude cilice lui servait d'armure contre
les allaf|ues de l'ennemi infernal. — Ce eilice,
encore taché du sanjj ilu héros martyr, fut long-
temps conserve' comme une relique précieuse
dans la cathédrale d'Cpsal.
CONQUÊTE :.E LA FI.NLANDE
Les Finlandais, peuple encore barbare elpaien,
venaient souvent piller les fronliérns de ses Klals.
Eric, quoique ami de la paix, se vit contraint de
lever une armée contre ces pirates. Avant d'entre i
sur leur territoire, il leur offrit le pardon et la
paix, s'ils consentaient à embrasser le christia-
nisme. Lc'^ Finlandais refusèrent avec arropance.
Le roi de Suède envahit alors leur pays, et rem-'
porta sur eux une victoire complète. A la vue des
centaine-i de cadavres qui couvraient le chanip
de bataille, le bon prince se mit à jileurer: i< lié !
seij-'neur, lui dirent ses compagnons d'armes, une
victoire mérite des chants de joie et non des
larmes.
— Je me réjouis de notre triomphe, répondit
le héros, mais je pleure tant de malheureux qui
sont morts sans la çrâce du bapli^ine. »
Eric avait amené avec lui, d'L'psal, le saint
évéque Henri. Sous la protection du prince vic-
torieux, celui-ci commença immédiatement à
instruire les Finlandais dans la religion chré-
tienne. Quelques années plus tard, il devait
sceller '^a prédication par le martyre. En atten-
dant. Eric lui adjoignit d'autres missionnaires,
construisit plusieurs églises ou chapelles, et s'en
letourna glorieusement en Suède. — La Finlande
resta nu pouvoir des Suédois jusqu'en notre
siècle.
LES REnBLLHS
Cependant une teiripéle se préparait contre le
Kén-'reux monarque. Un prince de Danemark,
ue les uns appellent .Magnus, d'autres Henri
Scateler. |>arent par sa mère d'un des derniers
rois de Suède, songeait à réclamer ce trône
comme son héritage. Cet ambitieux conspirait de
loin contre Eric; peu à peu, A force d'intrigues
et d'argent, il se constitua un paili en Suède,
dans lequel il enrôla tous le» mécontents, en par-
ticulier ceux que la piété et la justice d'Eric
g/'naient dans leurs vices.
Quand il se crut qs^/ fort, il convoqua secrè-
tement se» parlis.ii'- '■> -' ivnnça,avec une année,
contre le souvernu
Le rni, qui ne *• te rien, assistait tran-
quilleiii.Mil à la mejsi- solennelle du jour de
r.\s-''i,«ion. quand un Snédois (Idèjo arrnurut
en toute tiAte lui annoncer l'approche des
ennemi».
« Ach«'vons d'entendre la messe, répoirdit le
prince, et quant nu reste des oflices. Dieu voudra
bien nous permettre de le servir autrement. •
I
.\ussitAt la messe terminée, Eric se recom-
manJe à Dieu, fait le signe de la croix, prend
ses armes et, à la tète d'une poignée do soldats
lidèles, marche intrépidement au-dewml des
rebelles.
La rencontre fut vive, la bataille impétueuse,
mais courte. Tout l'elTort des ennemis s'était
porté sur trie, qui, malgié sa valeur, se vit
environné d'adversaires et tomba expirant, cou-
vert de blessures. Les vainqueurs s'acharnèrent
sur lui avec une cruauté sauvage et (nlin lui
tranchèrent la tète. C'éUit le 18maill5l ou 1100.
« Ainsi, dit l'historien, Eric perdit le tr.'.ne ter-
restre, mais alla trouver au ciej le trône iioinortel
que ses vertus avaient conquis. Dès ce moment
même, ajoute-t-il. Dieu conimonca à glorifier
son serviteur. Une source jaillit k l'endroit où il
avait rendu le dernier soupir. »
Quand les ennemis se furent retirés, quelques
officiers Hdèles vinrent relever le corns du roi,
abandoiMié sur le champ de bataille. Ils le por-
tèrent d'abord, non loin de là, dans la cabane
d'une pauvre paysanne. Cette femme était depuis
longtemps aveugle : poussée par un sentiment
de foi, elle toucha le corps qu'on apportait, et
porta à ses yeux ses doigts, teints du sanç du
héros. Aussitôt, ses yeux s'ouvrirent à la lumière.
Les Suédois commencèrent dès lors à vénén r
le blejiheureux Eric comme un martyr, parce
qu'il avait versé son sang pour la cause de la
justice et de la foi non moins que pour la défense
de la patrie.
Le règne de l'envahisseur fut de peu de durée ;
les anciens partisans d'Eric se soulevèrent contre
lui et il périt, avec son lils, dans la bataille.
Le cor[)S de s.iint Eric, d'aboid enseveli dans
une chapelle dédiée en son honneur, jiui» dans
l'église du vieil l'iisal, fut solennellement trans-
féré dans la nouvelle cathédrale d'L'psal, l'an I2':.'l,
en présence du roi Waldemar et de l'archevêque
Fulco, et enfermé dans un riche mausolée d'ar-
gent et de marbre.
KeaucouL) de guérisoiis et d'autres faveurs
surnaturelles étaient obtenues à son tombeau;
le récit d'un graml nombre a été reproduit dans
les Hollnndtstes, d'apiès un ancien manu'>cfil.
Le culte de saint Eric fut très populaire en
Suède, ou on le vénérait comme un des patrons
de In monarchie; ce que l'onnamme de saint
llenvs était en France, la bannière de saint Eric
l'était en Suéde; plus d'une fols, elle conduisit
les armées suédoises à la victoire contre les
Russes de la Finlande.
.Mais BU XVI" siècle, le» Suédois abandonnèrent
la religion de leurs pères, la religion catholique,
(|nl nvnil rlvili-^é leur patrie, pour enilira>>er le
chrisli.iiiisme faUillé et ab.\tardl, inventé en ce
temps là par Luther. Il y eut de noble» !■
lance», mais la force brûlai»- le» étouffa ii
lors, on re»«a d'invoi)uer »nint Kiic, le palinn
nntii)iinl. De no» jour», un petit noyau de cailio-
H'iue» s'est reformé en Suède; pui«»e-t-il être le
grain de sénevé destiné à devenir bientôt un
grand arbre.
!.. it.i,.éu.\D,it''ui/.-ifH>uUfb,ia» Fidiivvi* l",l'uiis.
SAINT PIERRE CÉLESTIN, PAPE,
SOUS LE NOM DE CELESTIN V
Fite le i 9 mai.
Saint Pierre Célestln dans le costume de ion Ordre.
PRUlIBni ÊDL'CATIOM
rr PMMIKRES MARQUES Dg SAI.'VTITB
Saint Pierre Cëlestin naquit en i^t, au bour;:
dlsemie, sur les confins de l'Abruzze et de la
PoaiUe, de parents lumples et droits, cbarilaMes
et crai^aot Dieu. 1^ béu»'-diclion diriue descen-
dit lor cette famille, qui coiupta bientôt douie
enfanU; Pierre fut le ontième. Sa mère deman-
dait tans cesse au !>f>i);neur que, parmi les douze,
il j eat au moins un serTitear de Uieu : toute
pleine de ces pensées, elle lit entreprendre au
second de ses Tils des études qui devaient le
conduire au sacerdoce; mais le jeune homme
ne répondit pas pleinement à son attente.
Pierre avait alors cinq ou fit ans, et la grftce
divine se montrait admirabk' dans celle âme
ïimple et candide; il disait souvent à sa mère :
" Je veux bien servir Dieu. " Charmée de ses
heureuses dispositions, celle-ci se promit de le
faire ëludier; elle rencontra de la part de ses
amis et de ses autres Gis de nombreuses oppo-
silinns. Maigre ces conlrariétiis, nia^rë la lrisles~<'
qu'elle en ressentait, la pauvre mère n'en p'i -
sisla pas moins dans sou premier dessein: >'ll'
prit sur sou ndcessaire, elle donna à uu n1.iit.lL'
8'.';
pour qu'il instruisît son fils. Dieu bf?iiit une telle
persévérance, et, bientôt, l'enfant répondit aux
soins el aux espérances de sa mère. Il devint en
peu de temps savant et pieux, et déjà, dans ses
prières, il était honoré de la visite des anges, d«
leur Heine et de saint Jean l'Evangéliste.
Sa mère, à qui il faisait de ces visions un récit
simple el ûdèle, voulut éprouver si elles venaient
vraiment de Dieu. Uans un temps de grande
famine, le pain vint à manquer. La pieuse mère
eut recour» à Dieu, puis elle dit à Pierre : « Mon
iils, prends une faux et va me chercher du blé
dans les champs. » Or, le temps de la moisson était
très éluifjné, et le blé encore en herbe. L'enfant
obéit ccpt-ndaiit, et revint bieutdt, chargé de blé
très beau et très mùr. « Ce même jour, raconte
le Saint lui-même dans ses notes, je sciai le blé,
le battis, et lo portai au moulin, rendant grâces
h Dieu. "
IL VIDT SI FAIRR SOLITAIBX
Dès son jrune Age, Pierre soupirait après le
bonheur de servir Dieu uniquement, surtout
d:ins la solitude. « Mais je ne savais pas, raconte-
t-il naivemeiit lui-même, qu'on pût (^tre ermite
avec un compagnon. Je croyais qu'il fallait ftre
toujours seul ; j'avais de grandes peurs, la nuit
surtout, à cause des fantômes. »
Que faire? Dans sa patrie, pas un serviteur de
Dieu de qui il puisse prendre conseil. Cet élat
d'incertitude lui dure jusqu'à l'ftge de vingt ans.
Poussé alors par la griice, il a enlin recours à un
de ses compagnons el lui dit : « Sortons de notre
patrie et alionsau loin -ervir Dieu. Mais, d'abord,
allons à Home et ne faisons rien san.i b' consen-
tement de l'Eglise. » Le projet est actopté, elles
voilà sur la route de Home. Après un jour de
marche, le compagnon de Pierre, exténui', se
■-eut pris de remords et propose de rebrousser
chemin vers sa patrie et ses parents. < Si tu
m'abandonneii, répond le Saint, j'ai aoufiauce que
Dieu ne m'iibaiidonnera pas. »
■ Il poursuivit seul la route encore l'espace li'^a
jour; mais, arrêté par une affreuse tempête, il
se retira dans une église de Saint-Nicolas. Kn
<■« lieu béni, Dieu lui inspira de renoncer à sou
\oyage de Honie, et de commencer, sans plus lar-
der, la vie ért'inilique. Non loin de là était une
forêt où il passa six jours dans une |>rière et dans
un jeiine contianels. Il n'en sortit que pour gravir
une alTreusc montagne et se loger dan» une
caverne ({ui ressemblait à on tombeau, si petite,
iju' ' à I iiio s'y teiii ' ' ■ . -.'y
' i ' - ans dans ml
b/"t«jutis iii'ii ' oiiiiMa son àme >i'- ?"■'• nif-ui' ores
(.'races. Le il' mon, de son cAté, lui liTrait de ter-
ril'- --•' ! ••' ■! '!-'<i)>'ura pleinement v.iin-
• 1 lient du ciel pour rom-
1 .. nui II •..lU d'une
i . ' ■■.
lit sou-
V' 'ns
1 lui
\Mif Ir nacoldipi e, uliii UUe,
' dn saint ant'l, il pui-At
\e force p' Se
ré les r<'-j . de
' Rome, ou vu liu con-
ré».
rTkAm stra lb mont ■ocskoii
iil-
-e
l'autorisation de son abbé, il se retira bientôt
dans une grotte du mont Mourron, pi'ès de Sul-
mone, alin de se livrer à une via plus auslèVe.
U passa cinq années dans cette solitude, au
milieu de jiijvations de toutes sortes, auxquelles
il joignait encore les plus dures morlilicatioiis.
Mais Dieu était avec lui, et il goûtait dans sa
retraite d'ineffables ronsolalions. Tous les jours,
il moulait à l'autel; sa ferveur était celle d'un
ange. Le démon, jaloux, comprit que le Saint
puisait là toute sa force contre la tentation; il
résolut de l'en priver. Le recueillement de Pierre
et sonliumilité furent les armes dont il se servit.
Il lui suggéra que la célébration des Saints Mys-
tères attirait trop de monde eu son i i iiiitage, et
Su'un pécheur aussi vil que lui n'étail pas digne
'ofTrir à Dieu un si auguste sacrilii:<'.
Cédant à ces tentations, le saint ermite allait,
malgré la neige et malgré l'hiver, se mettre eu
route pour consulter le Pape, lorsqu'un'' vision
l'arri'l a. Le pieux abbé de Faifola, iiioit depuis
peu, lui apparut au pied de l'autel piiidant son
sommeil. Il lui disait : <> Priex pour iii>>i, mon Iils,
et demeurez avec Dieu. — El que <lois-je donc
faire'.' répliqua Pierre. — Célébi*/ la messe,
mon Iils, célébrei. — Mais, saint lieiioil el plu-
sieurs autres saints ne se sont pas jug<'s dignes
d'un si auguste ministère, comment c-erais-je,
moi, qui suis un si grand pécheur.' -- Digne,
reprit l'abbé, el qui donc en est di,:iie'.' Célébrei,
mon (ils, célébrei avec crainte el tr"nilili'ment. »
l>a vision disparut aussitôt. Le même jour, il vit
son confesseur qui lui parla dans le im'-mi' s'-ns.
Ainsi rendu à la paix, le Saint continua sa vie
de contemplation. A plusieurs reprises, dans la
soite, de célestes visions vinrent l.- il'liviiT li.s
entreprises de l'enfer.
SA urritAiTB su* u Moirr majella
En 12t)l, les forêts qui entouraient sa grotte
forent défrichées. Saint Pierre, qui cherchait
toujours la solitude, se relira sur le inmil MajcWa.
Sa sainteté commençait à lui attirer des disciples.
Il en eut d'abord deux. Ce nombre s'accrut bien-
tôt, malgré les résistances du Saint, qui aurait
voulu demeurer seul avec Dieu. Telle lut l'origiii'
de l'iiidre des Céletliru.
Ils habitaient des cabanes fai! - '"• ines .1
de blanches. Leur solitud>' était Sou-
vent, on leur conseilln'i ■<- I 'l,.,... i. Le«
prodi^'i» nombreux put '• Dieu se mani
lestait h eui les en enij '. U)ui"urs.
Pendant plu~ieuis années, uoe rolombe toute
blanche vint habiter au milieu d'eux Elle pre-
nait sa nourriture A l'endroit même où devait
plus tard s'élever le saint aul^l. Partout, ils la
vuyaitiit: àl'oflico, à l'uraikuu, àU messe. Dans
la suit", un b"l orJit"ire fut construit en ce ln'u
•ni iKuprit. Les religieux <i
le- l'iili'iidaii'iit «luvi'ul ilis
clo '.1 , . ~ ■ llli'U.
C'tl Mmli-
Uit )' .
aux fmi
les jour» 'I Oui. tu
rieuk M faioail en'
à l'tUtrl 1^ ' -'i-
oui »'y
dé»»ri
a I '
San
se I
• SI'
■ORTfFICAnONS — LA LOTT« UIBACLES
On senUil de partout la présence de Dieu en
ce lien béni. La Tie des solitaires n'avait plus
rien de terrestre. Et cependant, saint Pierre allait
pins loin que tous dans la Toie des austérités. 11
observait, par an, quatre Carêmes de quarante
jours, pendant lesquels il ne inan;L'eait que deux
fois la semaine. Le reste du temps, il jeûnait
tous les jours. Sa nourriture ordinaire était un
pain &ec et moisi qu'il fallait, dit la ciu-onique,
briser îtcc un inarïean.
Il portait on vêtement de laine erossière avec
un scapulaire qu'il avait fabriqué lui-même, et,
dessous, il dissimulait on cilice de fer qui ne le
quittait point. En tous temps, il coucbait sur one
planche Boe ou une pierre.
Avec plus de rai:;e que jamais, le démon con-
tinuait ses persécutions. Un jour, le feu prenait
aux branches d'arbres qui les protégeaient du
froid. D'autres fois, des animaux de forme hideuse
leur apparaissaient. Souvent, on entendait dans la
nuit des cris •'ponTau tables. Mais toute cette fan-
tasmagorie disparaissait devant la puissance du
Saint, liés ce moment. Dieu lui accorda le don
des miracles à un degré fort extraordinaire. A.
plusieurs reprises, le Saint renouvela, dans le
monastère, les provisions épuisées. On le vit res-
susciter un mort. Il semblait joindre à chaque
aumdne qu'il faisait une grâce de conversion
pour celui qui la recevait. Les pensées les plus
secrètes de ceux qni l'approchaient ne lui échap-
paient |>as. il prédit alors plusieurs choses qui,
toutes, ee réeJisèrent comme il l'avait annoncé.
AFFROeATlOK DES OOMSTITUTIOnS Dl SON ORDRS
Peu à peu, le nombre de ses religieux s'était
accru. Il avait fallu fonder plusieurs maisons
qui, toutes, furent richement dotées peir de
généreux bienfaiteurs, tn 1273, le pape Gré-
goire X, dcLns une première approbation, eu
comptait déjà seiie. l^e Saint leur avait donné
la règle de saint Benoit avec quelques consti-
tutions particulières.
A ce moment, l« bruit courut que le Concile
de Lyon allait supprimer tous les Ordres récem-
ment fondés. IHerre résolut d'aller df'fendre lui-
même sa Congré(>!ition auprès du Concile, et il
partit à pied, malgré son ^'rand âge et malgré
ses infirmités. Qnand il fut i Lyon, il plaida sa
c«us<:- moins par des paroles que par des miracles.
Le Pape, qui avait un profond respect pour sa
vertu, voulut assjslor à sa messe. Pierre obéit.
Mais le manteau dont il se d>'pouilla pour revêtir
les ornement» sarr*^, demeura, pendant toute
la meRsc, c<i: ipndu en l'air, i un rayon
de soleil ((Il iravers le vitrail d'une ver-
rière. Puis, «(u m i mi lui apporta les riches orne-
ment* qu'on «T.iit |.ré]iarés, le Saint, embarrassé,
•e prit à ri-trr' Ht les vêtements plus simples
dont il se urnr.i.t dans son ermitage. Miracle I
les .inge=i do bieu les lui apportent soudain à
travers les airs; il s'en revêt et célèbre devant
les prélats émerveilMs.
Le leadioain, le Pape lui fît expédier la bulle
é» rontlrmalion. Pl'-in d" joie, Pierre reprit
AUttitAt !• route de Mnirjl.i. A son rptonr, tous
ceux qui, au moment dn Concile, s'étaient em-
parés de ses biens, les Un rni linTit.Seul.révAque
de Chieti,M»n évêqu», pers'^vi'rfiil dan» son ons-
UnatioD. Une maladie terrihle, qui faillit l'em-
mener, lui ouvrit hi^nlAl l^s yeux et il r'^para
tous les domrnaKos qu'il avait fxils aux relicieiiT.
DJ SOLITUDE EN SOLITUDE
L'Ordre croissait toujours. Le monastère de
Faifola, où jadis le Bienheureux avait pris l'iiabil,
lui fut offert. Pierre alla s'y établir avec quelques
religieux. Puis, lorsque la fondation fut définiti-
vement assise, il revint à .Vlajella. il srtnble qu'en
1226, poussé par un désir plus grand de la soli-
tude, il ait abdiqué toute fonction dans l'Ordre.
A celte époque, il se retira au monastère de
Saint-Barthélémy de Logio. C'est là qu'il changea
en vin l'eau destinée au Saint Sacrifice de la
Messe. Après deux ou trois ans il quitta ce lieu
et se retira à Orfente oii il demeura jusqu'en 1292.
Partout, le suivaient le bruit de sa sainteté et
l'éclat de ses miracles. A la Hn, il revint à Mour-
ron qui avait été le berceau de sa vie religieuse.
LB SOCVERAI.N PONTIFICAT
A cette époque, le pape Nicolas IV était mort
depuis deux ans déjà. Les disputes des cardinaux
pendant tout ce temps avaient laissé vacant le
siège pontifical. Pierre eut ordre de Dieu de
leur écrire pour leur reprocher leur conduite.
A la lecture de celte lettre, une inspiration
commune les saisit tous : c'était làle Pontife que
la Providence destinait & l'Eglise, Pierre fut élu
à l'unanimité.
Les députés qui vinrent lui annoncer son élec-
tion l'aperçurent par une fenêtre grillée à tra-
vers laquelle il donnait audience aux pèlerins.
Us virent un vieillard à barbe blanche, le visage
amaigri, exténué par les jeiines et les veilles,
couvert de vêtements grossiers.
Qnand il sut la décision dn Sacré Collège,
Pierre se prit à pleurer. Cependant les instances
des évêques furent sévères et sans doute la
manifestation de la volonté divine était si claire
qu'il ne put refuser.
Dès que cette nouvelle fut connue, peuple,
clergé, princes, tout le monde accourut pour voir
le saint homme et l'accompagner à la cathédrale
d'Aquila, on devait se faire son sacre.
Pierre arriva àAquila, monté sur un une que
conduisaient par la bride les rois de Sicile et de
Hongrie. Lorsqu'il fut descendu, un paysan y
mit son flls perclus des deux jambes : l'enfant fut
aussitôt euéri.
n choisit, pour le jour de son couronnement
et de son sacre, la fêle de saint Jean-Baptiste. A
cette occasion, il accorda avec profusion les
indulgences et les jubilés.
LB RÈGNB DO PAPE
Pierre, !e jour de son couronnemf ni, avait
pris le nom dt Célestin 'V. Ce fut ( .lom qui
resta d'^flnitivement à son Institut.
Pendant son séjour à Aquila, le 1' c mit en
ordre les alTaires de l'Eglise. Un nom' considé-
rable de trônes épiscopaux était vai : r.l. Il poi;r-
vnl A l'élection d'évêqnes pieux et savants. Il revisa
roreanisation du Conclave et créa d"iiie nouveaux
cardinaux, dont sept apjiartenaient à la France.
Le sort des Ordres reliFieui ne pouvait le laisser
inilifférent, il en reforma plusieurs et combla de
privilèges celui qu'il avait fondé.
Son dessein était de se rendre à Rome après
son sacre. Cependant, sur les instances du roi de
Sicile, il consentit à aller d'abord i Naples. Il
partit avec tonte sa cour, semant les miracles sur
son passage.
Aninur de lui, les intrl^es s'agitaient et le
saint Pape s'en aperceyait : il en paraissait sou-
vent. Il mi Tenait des scrupules d'avoir accepté
une charge qu'il se croyait incapable de remplir.
Il se reprochait son ignorance du droit canon,
te peu de connaissance de? hommes et des
affaires qu'il avait pu acquérir dans sa solitude.
Un sévère conseiller, le Franciscain Fr. Jacopone
de Todi, l'entretenait dans ses appréhensions.
Vaincuparla crainte d'offenser Dieu, Célestin V
résolut de donner sa démission.
l'udication
Quand le bruit s'en répandit, le peuple de
Naples envahit le palais pontifical pour supplier
lesaiotvieiUardde renoncera un projet sifuuesle
aux int-^rôts de l'Eiilise. Les cardinauijoiguirent
leurs instantes prières & celles du peuple.
L'n instant ébranlé, le Pape promit de prier
pour connaître la volonté de Dieu. Après quelques
jours passés dans la retraite, il réunit les cardi-
naux en consistoire secret. Dans l'intervalle, il
avait rédigé une constitution où il définissait qu'un
Pape peut abdiquer pour le salut de son &uie.
Célestin V parut solennellement revêtu des
ornements pontificaux. Il s'assit sur la chaire de
Pierre. Puis, après avoir défendu aux cardinaux
de l'interrompre, il lut d'une voix forte l'acte de
renonoiation au trône.
« Moi, Célestin, mû par des causes légitimes qui
sont l'humilité, le désir d'une vie plus parfaite
et celui de ne point blesser ma conscience, mon
défaut de science, et dans le but de trouver je
repos et les consolations de ma vie passée, je
3uitte volontairement et librement la papauté,
onnant dès & présent au Sacré Collège des car-
dinaux la faculté d'élire, mais seulement par voie
canonique, un pasteur pour l'Eglise universelle. »
Puis, an milieu des larmes de tous, il déposa
les insignes pontificaux et se revêtit joyeusement
du pauvre vêtement qu'il portait jadis.
Cette abdication fut fort discutée. Dieu te
chargea lui-même de justifier sou serviteur. Le
lendemain du jour où il déposa la tiare, Pierre
Célestin guérit un boiteux, en lui donnant sa
bénédiction k la fin de la messe. Le don des
miracles ne l'abandonna jamais.
Cinq mois s'étaient écoulés depuis son élection,
trois mois seulement depuis le sacre.
Saint Pierre avait prédit que sou successeur
serait le cardinal Benoit Cajetau. Cette prophétie
se réalisa. Quand on eut proclamé le nouveau
Pape, qui prit le nom de Itoniface VIII, Pierre
voulut être le premier i lui baiser les pieds.
CE OUI ADVINT &?Kès SO» ABDICATION
Il (ardait au pieux vieillard de reprendre le
soli
chemin de sa solitude. Il en demanda la permis-
sion au nouveau Ponlife, qui ne crut pas nouvoir
la lui accorder. Celui-ci craignait que, dans un
cas si élrao»:e, alors que tous n'aceeptaienl pas
la validité d'une telle abdication, Pierre Célestin
ne devint un instrument de trouble pour l'bulise
>nitre les mains de quelques intri^'aiits. il lui
'!c-iji<inda donc de l'accompagner à Homo où il
.1 se rendre.
il
■II'
M
t'iurmenté de plus en plu* par !>'
sa vie d'autrefois, s'enfuit
(Il nuit Ou iii.I il ,iri l>.i ..
,!.t.
ailleurs un reM
de» ^eiM du roi .;
>le.
11 fut conduit auprès du Pape à Anagni. Celui-ci,
pour éviter les dangers qu'il craignait, résolut
de tenir le Saint sous bonne garde, tout en l'en-
tourant des égards et des nouneurs qui lui
étaient dus.
Le lieu de la retraite qui lui fut assigné était
le chAleau de Furaone. La sévérité des gardes
transforma cette résidence en une véritableprison .
On lui donna une cellule sur le modèle de celle de
Mourron et deux de ses Frères pour réciter avec
lui l'Office divin. La surveillance était étroite.
Les craintes de Boniface VllI ne sauraient évi-
demment justifier sa conduite envers le saint
vieillard. D'ailleurs, le ciel se prononça contre
le Ponlife. Siint Jean-Baptiste , la veille de sa
fête, lui apparut plein de menaces et lui re|>r. - h i
la captivité qu'il faisait subir k son saint preJ"-
cesseur. Le Pape, effrayé, envoya à Fumoue,
pendant la nuit, pour s'enquérir de la façon dont
on traitait l'homme de Dieu.
Les messagers arrivèrent de grand matin. Or,
ils aperçurent le bienheureux Pierre A l'autel et
qui célébrait une messe de Htquiem, bien que ce
fût le jour de la fête de saint Jean-Baptiste. A
l'élévation, ils le virent eu extase et soulevé de
terre, ce qui dura jusqu'à la fin de la messe.
Quand elle fut achevée, le vieillard, à qui une
révélation avait tout appris, confia aux messa^'er-^
les paroles les plus consolantes pour le Pape
Boniface envers lequel il conserva toujours le>
seiiliiuents de la plus tendre vénération.
Puis il consentit à leur expliquer pourquoi il
célébrait une messe de Htijuiem un jour de m
grande fêle. Celle nuit-là même, leur dit-il, sou
ami, le roi de Hongrie, élail mort. Dieu le lui
avait fait connaître, en même temps que l'arriver
des messagers. Il avait célébré de si grand matin,
parce qu'il ne voulait pas faire attendre à celte
pauvre àme le fruit de ses suffrages. A l'offer-
toire, il avait vu son Ime pénétrer dans le sein
de Dieu.
Les envoyés retournèrent, pleins de joie et
d'admiration, raconter au Pape tout ce qu'ils
avaient vu.
LA auHT DU 9AI.NT PlULKI ciLSSTIN
Depuis neuf mois, le saint prisonnier vivait à
Funione, lorsque Dieu lui révéla que l'heure de
sa mort approchait. Ce fut pour lui l'occasion de
redoubler de rigueur dans ses austérités. Un
dimanche, au sortir de la Sainte Messe, il se
sentit définitivement atteint. Quand il eut reçu
tous les sacrements, il entra en agonie -""■
lèvres défaillantes s'essayaient encore à r> | • i i
les paroles des psaumes qu'il avait chant> --. i
vie entière, au pied des autels. Ses dem
mots furiMit les dernières paroles du d'
psaume de David: Omiiù (pirUu$ laudet Dur.
Que toute créature loue le Seigneur! i'ii i
rendit son àino à Dieu. C'était on saiiiidi, U
la mai liM. Saint Pierre Célestin éUit Agé de
quatre-vingt-un ays.
Ses reliques sont conservées en l'église Sainte-
Marie de Cdlleiii.idi d'Aquila.
L'Ordre des (;c'le5liii5 briM-i 1iiiil1..mi[is ,I'ui,
vif éelal dans ^K^Il^^•. Il >1
siècle dernier dan» ce couru : ■
qui envahit alors l'Kurope.
L'n véii.Wable reli^irui. I).n;i Aurélien vlei.t
'.',■,:,.!,. ^.i ■ ' ■
,,.. ,, .,.ii,,;i.. ..|. ■ . • .. .,...,..
I « Célestin» de l'Ordio du batul-Ucuoil vt du ii
I Coiigr-'galioii ile Fraiieo. ■
Inip
K i'>TiiM>N>T », rue hr«ii^"it l-', r*ii».
SÂIXT BERNARDIN DE SIENNE, FRANCISCAIN
Fête le iO mai.
Bernardin, devenu brillant cavalier, faisait de longues absences; sa parente, Tobie, inquiète
pour sa vertu, le suit un jour et le voit demeurer longtemps hors la ville, en prières devant
la Madone placée au-dessus de la porte de Sienne. Ses inquiétudes cessent.
L riFAttr Dl HABIB
Ce saint fut toute !<a vie l'enfant chéri de la
Sainte Vierge. C'est donc par une heureuse coïn-
cidence que sa fête se Iroure placée an milieu
du mois consacré à celle qu'il aima d'un amour
si tendre et si constant.
Bernardin naquit le 8 septembre l.'JSO, le jour
de la naissance de la Sainte Vierce, & Massa, en
Toscane, où Toile, son père, Siennois, de l'illustre
famille des Albiiesrhi, Rouvernait en qualité de
premier magistrat. Sa mère, Néra, bien diif^ne par
sa piété de posséder un tel fils, ne devait pas
joair du spectacle de ses vertus, car elle raourat
67
r
jr.aiiii il n'avaii 'ine trois ans. Sur son lit de
'■•-.' ■ ' latà sa sœur DLine, qui fut
t «ne seconde mère. A srpt
, :~, !■ . . ;n. ; i , J.t son père. î)ès lors, le soin
do sou éducation revenait tout entier à cette
jiarenlc qui l'accepta avec joie. On vit éclore peu
a peu, sous sa sase direction, les germes de vertu
que renfermait l'ftme de l'enfant. Dans un âge st
tendre. Bernardin 6tail modeste, doux, humble,
pieux ; il faisait ses délices de la prière et de la
visite des é^'lises. Très attentif aux sermons, il
répétait à ses compamions les paroles qu'il avait
entendues, et il le faisait avec tant de fidélité et
de pràce qu'il était facile de prévoir ce qn'fl
serait plus tard.
Sa vive sensibilité le portait aussi à aimer ten-
drement le prochain. Un jour, sa tante, ayant
renvoyi- un pauvre sans nen lui donner, parce
qu'il n'y avait qu'un pain dans la maison pour
le dîner de toute la famille. Bernardin lui dit,
les larmes aux yeux:
" Pour l'amour de Dieu, donnons quelque
chose à ce pauvre homme, autrement, je ne
pourrai rien mani-'er aujourd'hui. J'aime mieux
me passer de dîner que de laisser jeûner ce
malheureux. »
Sa tante, au lien de s'irriter de tant de charité,
satisfit avec bonheur à son pieux désir.
A peine eut-il atteint l'ige de onze ans qnll
dut se séparer de celle qui avait guidé saa«nfance
pour se rondre à Sienne auprès de s«8 oncles
paternels, Christophe et Ange -Mbiïe. ■ " ci,
ili^sireux de cultiver ses heureuses us.
le mirent sous la conduite de deux cch-imt> pro-
fesseurs: Onuphre, le praramainen, el Jean de
Spolète. Hernardin profita h merveille de leurs
doctes leçons. Il fut bientiM à la tête de tous ses
condisciples qu'il dépassait, non seulement «-n
intelligence et en savoir, mais, ce qui vaut mieax,
en docilité et en vertu.
Il s'appliqua surtout avec un soin extraordi-
naire à veiller sur la pureté de son ime. An
milieu de ce; écoliers formés à la vie desuniver-
sitt*s, querelleurs, libertins, séditieux. Bernardin
conserva sa première inDoc<n<-e. S'il entendait
un mot blessant, son visage se couvrait au-Mtùt
d'une vive rougeur qui témoignait la |>«ine qu'il
en ressentait.
Parfois, ct|'-ndant, il ne s« . ; pas de
rougir. Un !<'Ur, un homme -. ayant
prononcé ei ' 'e,
Bernardin, . 'S-
sant tout à < m u utic - lmmc • "icre,
lui ferma I i v. coup de pomg si vio-
lent qu'il I' '■• 'i "'ice. L* nolite
libertin, dr. irs, se relira
confu.s. Mai . , ;;.ippa si vive-
ment qu'il ; de se corri;.'er. Il tint
parole, et, ; les foi» qu'il entendait
prêcher Iti-i luirdin, le s>>u\enir de cette correc-
tinn le feiuit fondre «n Jaruie*.
! vertu nu^'ii vaillante, le vice
et . ...s.scr pavillon. Des que It Saint
parai.>s,-iit:
« Taisons-nous, disaient le* libertins, voici
II- ' ' »»
i le secret de cette énergie si extr«Ar-
d. ■ t.'rrf - ^ v rie.
' le, il avait pn» l'habi-
1 ir ' "f; ; ■ b(Mine«r,
! «n lai daa-
lu..
•t 11
<i Laelame de mes pensées est la plus belle du
monde u, répondit Kernardin.
lit comme leur curiosité était piquée, le pieni
ieune homme en prollta pour les conflmrc devant
la statue de la Reine du ciel.
La pensée de la Sainte Vierge remplissait en
effet son esprit, et la pureté immaculée de Marie
ravissait son cœur.
Tobie, une de ses parentes, tertiaire de Saint-
François, à qui la piété et un ft'je avancé donnaient
des dr<^ de sollicitude - voyant l'enfant
devenir un cavalier br.. ;iiut des séduc-
tions qne le monde pouvait e.\ercer sur cette
jeune âme et l'avertit de ses craintes; il lui
répondit:
« Je suis déjà pris par l'amour, car je sens
que je mouirai le jour même où je ne pourrai
voir celle qui m'est chère. •
D'autre' fois il ajoutait:
<• Je m'en vais voir celle que j'aime, qui est
plus belle et plus noble que toutes les tilles de
Sienne. »
Tobie, entendaat ces paroles et n'en compre-
nant pas le sens, était profoiid«înient afiligèe et,
voulant une fois éclaircir les soupçons qui la
désolaient, elle le suivit secrètement; elle le vit
de loin s'arrêter de vaut l'image de Marie, sculptée
au fronton d'une des portes de Sienne. Iji, à
genoux sur le sol. Bernardin récita pieusement
ses prières, et lorsqu'il les eut limes, il s'en
retourna tout droit à la maison. Tobie connaissait
dé.sormais le secret de son jeune parent, et cessa
de trembler pour lui.
Au milieu dçs exercices de la piété, le ver-
tueux jeune homme poursuivait ses études avec
une ardeur que le ciel récoiniiensait. Dès l'âge de
trciie ans, il avait fini son cours de philosophie,
il étudia alors le droit civil et canonique, puis
les Saintes Ecritures.
Dès «lu'il eut goûté à celte dernière élude,
toutes les autres sciences lui jiarurent sans
attrait; il employait le jour et la nuit à lire et à
comprendre rEva%'ilc, et sa vie entière à le
mettre «d pratique.
LB snvrrsca ses vauvrks
Ini
1 iMir 4«
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Vi^ge, dc-ti:
n.irilin, ses ■
admettre; il .oui ai
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revéïu il. -; .; -■
pauvres d;<(i- leurs maladie» \-->
santés, -^ Il . laisser rebuter, i i
de l'am"
ctiair, et
lon«ue» niéiiil.ilicius cl d ai.
Kn K'X). la |v-str, «jul «v.u
'"" " ;tal delta Scala,
lii'iriplinés ilc la
Qi inai.ides. Iter-
*• li.'ita lie s'y faire
^- ' ,iii>. Ce fut un
nie homme au
■•■ Il
plus n'piiiis-
.11 1 s nun'irev
.\r l.l
que le pers.iiiiwl de \'> \
presque tout entier par lu U'.au. te :
occasion que Bernardin fit paraître
menl sa chai ' '■' ' i!'-:
mi^inc pour I il lit
Uni par «B^ M 11 fn 1 ■ H •
a«ar «e j«iimii«M à li
cetraaityrt<)ud4von«inri>i, I» .1 i' ,uii i"-i <•,■ .
•'eipa-.vtn-iit à la oontairioti --itit an r^rr\n\r
.1 i. m • itii uil<'
Au bout de ce temps, la peste ayant cessé,
Bernardin, épuisé de fatigues, tomba dans une
fièvre violente qui l'obligea quatre mois à (.'arder
le lit. Il supporta cette épreuve avec résignation
et édifia, autant par sa patience et sa docilité qu'il
l'avait fait par sa charité.
C'est pendant cette longue maladie qu'il se
fortifia dans son projet de se consacrer entière-
ment à Dieu.
A peine fut-il rétabli qu'il se mit de nouveau
au service des malades. Une de ses tantes,
ermite de Saint-Augustin, accablée de souffrances,
avait réclamé ses services. Bernardin la soigna
plus d'un an, comme l'aurait fait le fils le plus
dévoué et lui ferma les yeux.
BEBNARDIN PRIE POCR SA VOCATION
Ce devoir accompli, notre Saint se retira chei
un de ses amis, aux extrémités de Sienne, et se
fixa pour clôture absolue les murs de son jardin.
Dans cette solitude, il s'appliqua à l'oraison et
à la pénitence, afin d'appeler les lumières du
ciel sur la route 'qu'il devait suivre.
Un jour qu'il répandait son cœur devant un
crucifix, il entendit une voix qui lui disait : « Ber-
nardin, tu me vois dépouillé de tout et attaché à
une croix pour ton amour; il faut donc aussi, si
tu m'aimes, que tu te dépouilles de tout et que
tu mènes une vie crucifiée. >>
Pour suivre ces conseils, Bernardin résolut
d'entrer dans l'Ordre de saint François. Il prit
l'bahit au couvent de Colombière, a quelques
kilomètres de Sienne, le 8 septembre i404,
vingt-deuxième aniiiversaire de sa naissance. Il
est à remarquer que, dans les trois années qui
suivirent, c'est à ce Jour où l'Eglise célèbre la
fête de la Nativité de Notre-Dame, qu'il fit sa
profession, célébra sa première messe et prêcha
son premier sermon. C'est ainsi que la Sainte
ViAr:,'e voulut présider à sa triple vocation de
reli.ieux, de pri^tre et d'apOlre.
Des son entrée dans la vie religieuse, Bernar-
din, non content de suivre la "règle de saint
François, déjà si austère, s'appliqua à détruire
en lui, à force de veilles, de jeunes et de raorti-
fii-alions, tonte attache au monde. Il recherchait
avec empressement les mépris, les humiliations
«l les mauvais traitf-meuf-. Son plaisir n'était
jamais plus grand que lorsqu'en marchant dans
tes rues, les enfants lui disaient des injures et
lui jetaient des pierres, à cause de la pauvreté
de «on habit et de la nudité de ses pieds : « Lais-
sons-les faire, disait-il à ceux qui laccompa-
pialent, ils nous fournissent l'occasion' de gagner
te ciel. »
LK PHBOICATEOa
Lorsqu'il eut fait sa profession, ses supérieurs
lui ordonnèrent de faire valoir son talent pour
la prédication que nous avons vu s'annoncer
d'une manière si étonnante à l'époque de son
enfance.
Il trouva d'abord de grandes difficultés dans
une faiblesse de voix accompagnée d'enrouement;
mais sa bonne M- re était là. A peine leul-il
invoquée, que sa voix devint pure et éclatante.
Il reçut en même temps toutes les qualités
n-' c-saires à un pr^'lic^iieur : l'inlelligejice des
saintes lettres, lèlègance de la composiliou, la
beaul'' du geste et surtout un feu et un lèle
admiraldes pour la conversion des âmes. Aussi,
sa I ndiralion produisit-elle en Italie des fruit»
rnorv-ill'in.
On ne pouvait entendre sai:3 émotion saparole
toute brûlante de charité. Les piciieurs, pris
soudain de repentir, fondaient eu larmes et
retournaient chez eux corrigés. Les hommes
venaient déposer entre ses mains les dés, les
cartes et autres instruments de jeux défendus;
ies femmes lui apportaient leurs dorures, leurs
cheveux, leurs fards et tous ces objets de vanité
qui pervertissent l'àme en embellissant le corps.
A cette époque, l'Italie était mise à feu et à
sang par la guerre des Guelfes et des Gibelins ;
le Saint parvint, à force d'exhortations, à adoucir
les esprits et à désarmer des adversaires jusque-
là irréconciliables.
Au reste, la punition ne tardait point lorsqu'on
méprisait ses conseils . On assure qu'ayant
prêché quatre discours sur la nécessité de la
réconciliation générale, il s'écria à la fin du
dernier : « Que tous ceux qui ont des sentiments
de paix viennent se ranger à ma droite. » Un
jeune gentilhomme resta seul à sa gauche et
murmura. Le Saint le reprit sévèrement et lui
prédit une fin misérable ; ce qui se vérifia peu
de temps après.
Si l'on ajoute au don de l'éloquence celui des
miracles, on comprendra quelle influence les
paroles de Bernardin devaient avoir sur les
peuples qu'il évangélisait.
Une petite fille étant venue au monde avec
deux ulcères terribles, dont un sur la poitrine,
par où sortait le souffle de ses poumons, elle l'ut
guérie par une bénédiction qu'il lui donna. Un
autre enfant, qui était presque mort, fut rétabli
en parfaite santé, et un homme fut délivré du
mal caduc par la force de ses prières.
Ses ennemis eux-mêmes avaient part à ses
bienfaits. Un couvreur se moquant de lui, comme
il passait dans la rue, tomba du toit sur lequel
il était monté et se brisa tout le corps; mais,
ayant reconnu sa faute, il recouvra, après la
bénédiction du Saint, l'usage de ses membres.
Un jour, un pauvre lépreux lui demanda l'au-
mône, Bernardin, qui ne portait jamais d'argent,
lui donna ses souliers. A peine le malheureux
les eut-il chaussés qu'il se sentit soulagé : il vit
disparaître peu après toute trace de sa terrible
maladie.
Souvent, notre Saint parcourait à pied les
campagnes, portant çà et là le grain de la parole
divine. Comme il se rendait a .Mantoue, où il
devait prêcher, il arriva sur les bords d'une
rivière que la profondeur de l'eau ue lui per-
mettait pas de traverser à gué. Un batelier se
trouvait là : le Saint lui demande de vouloir bien
Je conduire à l'autre bord, mais celui-ci refuse,
parce que Bernardin n'a pas d'argent à lui
donner. Confiant dans le ciel pour lequel il va
Iravailicr, le serviteur de Dieu étend alors son
manteau sur les eaux et, sur ce frêle esquif, il
traverse la rivière à pied sec.
Ces prodiges arrivaient parfois au milieu dé
ses sermons et en augmentaient l'efTet. C'est
ainsi que, faisant lélo^-e de la Sainte Vierge,
il lui appliqua ces paroles de l'Apocalypse :
<• Un ^rand signe est apparu au ciel. » Au
même instant, une étoUe, d'une admirable
clarlè. apparut au-dessus de sa tête, aux yeux de
l'auditoire ébloui.
Une autre fois, prêcJianl devant des Grecs qui
ne savaient pas l'italien, il se fit comprendr»'
d'eux comme s'il avait parlé leur langue mater-
nelle.
Bernardin, apôtre inspiré et thaumaturge,
possédait à un degré éminent une qualité sans
laquelle les prédicateurs ne sauraient conquérir
les âmes. A l'exemple de Jésus-Christ, il pra-
tiquait lai-méme tout ce qu'il enseignait aux
autres. Au milieu de ses travaux évangéliques si
nombreux et si absorbants, il n'omettait aucun
des exercices de la règle franciscaine. Toutes les
nuits, il se levait pour assister à l'office, et le
matin, après avoir dit sa messe, il consacrait
une heure entière à l'oraison. Son humilité était
si grande qu'il ne marchait que la tête baissée,
comme un coupable ; il n'entreprenait jamais
rien sans demander conseil à ceux qui l'en-
touraient.
Il eut souvent des combats à soutenir pour la
chasteté; mais il en sortit toujours victorieux.
Un jour, tandis qu'il faisait la quête, une dame
le pria d'entrer chez elle pour lui donner son
aumône. Lorsqu'il fut entré, elle lui découvrit
effrontément la passion qu'elle avait depuis
longtemps pour lui et lui diklara que, s'il n'y
consentait, elle allait appeler au secours comme
s'il lui faisait violence, et le couvrir ainsi de
honte . Un accident si imprévu embarrassa
d'abord saint Bernardin, mais, ayant invoqué la
Sainte Vierge, il reçut subitement l'esprit de con-
seil, et, non seulement il se lira avec une pru-
dence admirable de ce danger, mais il excita un
vif repentir dans le cœur de cette dame qui,
depuis, resta lidèle à son mari.
Là ne se bornent pas les épreuves de notre
Saint. La première fois qu'il prêcha à Milan, le
duc Philippe-Marie Visconti se laissa prévenir
contre lui à l'occasion de certaines paroles qu'il
avait prononcées dans ses sermons. 11 lui ordonna
même, sous peine de mort, de changer de lan-
gage. Bernardin déclara généreusement que ce
serait pour lui un grand bonheur que de mourir
pour la vérité. Le duc voulut alors le corrompre
pour le décrier ensuite et montrer au peuple
que ce prédicateur, si désintéressé en apparence,
n'était pas insensible à l'appât des richesses. Il
lui envoya donc une bourse de cinq cents ducats,
le priant d'en disposer pour ses propres besoins.
'I Dites à votre seigneur et maître, répondit
Bernardin à l'officipr chargé de lui remettre ce
présent, que saint François a pourvu à tous les
besoins de ses enfants, et ne leur a laissé d'autre
sollicitude que celle de servir Dieu eld'étre utile
au prochain. »
Touché de cette remontrance, le duc fit
reporter les ducats au saint homme, en le priant
d'accepter cette aumâne pour la distribuer aux
pauvres. •• Si cela est, dit le Saint au messai-'er,
suivez-moi jusqu'aux prisons, » et là, en sa pré-
sence, il délivra un grand nombre de prisonniers
pour dettes qui y étaient détenus.
Une conduite aussi généreuse acheva de désa-
buser le duc de Milan : il conçut pour le Saint
une vénération profonde dont il ne se départit
jamais.
L( SAl:<T NOM DE JRSL'S
C'est à Bernardin de Sienne que remonte la
dévotion au saint nom de Jésus. Il ne pouvait
prononcer ce nom sacré sans éprouver des
transports extraordinaires. Souvent, k la fin de
ses sermons, il montrait au peuple un tableau
»ur lequel le monogramme du Christ J.H.S. était
intcril en lettres d'or environnco de rayons.
Il invitait alors ses auditeurs à se mettre à
eenoux et à s'unir à lui pour adorer le Rédemp-
teur des hommes.
Cette dévotion, taxée tout d'abord de nou-
veauté, lui attira beaucoup de désagréments.
Certains termes qu'il avait coutume d'employer
furent interprétés d'une façon maligne. Averti
par des personnes envieuses, le Souverain Pon-
tife Martin V envoya chercher Bernardin et le
condamna à garder le silence pour toujours.
L'humble religieux se soumit sans chercher à se
justifier. Mais le Pape ne tarda pas à découvrir
la calomnie.
Après avoir mijrement examiné la conduite et
la doctrine du serviteur de Dieu, il reconnut son
innocence, le combla d'éloges et lui permit de
prêcher partout où il lui plairait. Il le pressa
même d'accepter l'évéché de Sienne. Mais le
Saint trouva moyen d'éluder cette proposition.
Eugène IV, successeur de Martin V, lui offrit
sans plus de succès les évêchés de Ferrare et
dUrbin. Un jour, il lui mit de ses propres mains
la mitre sur la tète : ce fut en vain. Le Saint
voulait mourir dans la robe du religieux, chère
à son humilité, et dans les fonctions de l'apos-
tolat, auxquelles il avait consacré sa vie.
Non content d'être utile aux séculiers, saint
Bernardin de Sienne travailla aussi à la perfec-
tion de ses frères. Elu vicaire général de son
Ordre, il rétablit l'étroite observance dans plu-
sieurs couvents, et il en fit bâtir un grand nombre
de nouveaux, à la plupart desquels il donna le
nom de Sainte-Marie de Jtsus, alliant ainsi les
deux dévotions si chères à son cœur. Quand il
prit l'habit, il n'y avait pas plus de vingt monas-
tères de l'étroite observance dans toute l'Italie,
et environ deux cents religieux. Lorsqu'il mourut,
il y avait plus de (rois cents couvents et près de
cinq mille religieux.
Trois ans après son élection, il partagea, avec
saint Jean de Capislran, son disciple, cette charge
devenue trop lourde pour ses épaules alTaililies
par toute sorte de travaux. Puis, ses inlirniités
augmentant, il dut s'en démettre tout à fait. Il
n'en recommença pas moins ses courses aposto-
liques. Une lerriule sédition ayant éclaté à
Massa, lieu de sa naissance, il rétablit tout dans
l'ordre par un discours fort pathétique sur l'union
et la charité chrétienne.
Ce fut son dernier bienfait. Attaqué par une
fièvre maliiine, il fut averti par saint Pierre
Célcstin, qui lui apparut auprès de la ville
d'Aquila, que sa fin était proche. Une fois muni
des sacrements, le Saint pria se» frères de
l'étendre sur le sol nu de sa cellule, afin qu'il lui
fut donné de rendre le dernier soupir de la
même manière que son Père saint François. C'est
ainsi qu'il rendit son âme à Dieu, la veille de
l'Assomption, à l'heure des Vêpres, tandis qu«
l'on chantait au chœur cette antienne :
Mon Pire, j'ai fait connaitrt votre nom aux
hommei que vous m'orez donnés : maintenint, jt
prie pour eux et non pour U monde, parce que je
viens à vous.
Il éUit âgé de «t ans. Il nom reste d» lui de
nombreux livres de piété qui ut i.ii
riche trésor pour les prêtre» et I ^e»
iTUvrei complètes, imprimée» à l'aii>, eu 16J6,
forment l volumes in-folio.
If gfrani . t. r«iiTU««"i
lllijtrilti'-r tr 1" l»n<>^ \|i«i, ^\
liai aril, l'trt».
SALME GISELLE OU ISBERGUE
FILLE DE PÉPIN LE BREF ET SŒUR DE CHARLEMAGNE
Fête le 2 1 mai.
Sainte Giselle letrouve le corps de saint Venant.
DE LA JOYEUSE NAISSANCE DE GISELLE ET DU THES
ILLC9TBE PARRAIN QL'eLLE EUT AU SAINT BAPTÊME
— DU BEAU >0« qu'elle REÇUT
Ce fut vers l'an "50 que naquit rilluslre prin-
cesse, fille du roi Pépin et sœur du Krand Charles.
La naissance de lenlant fut pour la famille royale
une Rrande hénédiction du Sei;.'neur. Si l'èpin
était heureux d'avoir reçu du ciel une fille bénie,
son épouse bien-aimée éprouvait une joie indi-
cible d'être devenue mère d'une enfant tant
désirée et qui lui semblait ne pas devoir êlre
une enfant ordinaire. Elle était toute à sa (ille,
et pour elle, elle oubliait et les félicitations, et
les couronnes, et les trAnes; c'était sur sa fille
seule que devait s'épancher toute son affection,
toute la force de son amour : aussi, avec quelle
tendresse la pieuse reine pressait-elle la chère
petite sur son cœur maternel !
Quelque temps auparavant, la dynastie carlo-
vin|.:ienne avait été puissamment glorifiée par
le pape, c'est pourquoi le chef de cette famille
voulut, par une très pieuse reconnaissance,
elorifier à son tour le pape.
Le roi envoya donc au pape Etienne II des
jépulés afin de lui demander de vouloir bien lui-
même donner un nom à sa fille chérie et, par ce
moyen, affermir les bons rapports qui devenaient
de plus en plus intimes entre la papauté et la
France.
Les affaires de l'Eglise retenaient impérieu-
sement le pape à Rome; il resretta beaucoup
ne pas pouvoir venir en personne à la cour de
France, mais il se fit remplacer par un des
premiers dij^nitaires do la cour pontificale.
Le baptême de la chère enfant se fit au milieu
des plus grandes magnificences et de la pompe
la plus éclatante : tous les grands du royaume et
le haut clergé assistaient à cette cérémonie. Le
prélat qui reçut l'enfant à sa sortie du bain
surnaturel lui donna le nom de Ghirla.
Voici en deux mots l'histoire de ce nom si
suave; Etienne vient d'un mot grec qui signifie
couronne ; Pépin avait, peu auparavant, reçu du
pape la couronne de France. Il était tout à fait
convenable, dit un auteur, que la fille spirituelle
de celui qui sp nommait couronne, la fille de
celui qui venait d'être couronné, fût elle-même
appelée d'un nom qui rappelât à chaque instant
ce double fait.
Or, (îhirla est l'abrégé de r.hirlanda, qui veut
dire couronne de Heurs: on s'accoutuma, d.ins la
32G
suite, à prononcer (lliisla. Après la inorl de la
Sainte, on donna à la montai-'np on repose sou
corps le nom île m<Mitaj£rne de (■hy^la luonta^'ne
de (iiselle ou rihisle-lierL'. Pins' lard, on lut
Isle-berj;, puis Is-berg el lïbLTf.'ue, nom sous
lequel est ordinairement désignée la Sainte).
LA VIE DE GISELLE DÉJÀ PLEINE DE GRANDES CHOSES
DÈS SES TKOiS ANS
Tiiselle était une de ces Ames d'élite que Dieu
préser.e de la corruptimi du siècle, aliii de les
iirendre pnur ses épouses. Dès son plus jeune
ape.notre petite enTant parut douée d'uu excellent
esprit i-t du naturel le plus aimable : les impres-
sions <)r la frr.V'e agissaient puissamment sur ce
cœur tendre encore. Ainsi flaéle à la grâce, Dieu
n'allait pas souffrir le partage de son cœur : il
l'attira, dès son enfance, à son amour par une
union très intime. Cet appel de Dieu se fera par
l'iiiterraédiairc du père commun des fldèles. En
edct, le pape Etienne vint dans lo royaume de
France, à la cour de Pépin : le roi, la reine berlhe,
leurs enfants, les plus grands seit-'ncurs vinrent
au-devant du pontife, <|ui fut reçu au milieu d'un
triomphe spicndide et d'une poroi)e inusitée. I,e
pape fit son cntiée joyeuse et salutaire à Paris,
le ti janvier T.M: il demeura trois mois en France,
et son séjoui à la cour fut pour sa lilloule tiiselle
une précieuse faveur du ciel.
Ftienne II, persécuté par les ennemis du Saint-
Siéye, clemanda du .«ecours au roi Pépin : Giselle
fut pour beaucoup dans l'union de Itomc avec la
France, car elle rappelait saus cesse à son père
que le iiape était aussi son père (compater), et
qu'il fallait défendre ses intérêts.
Pépin embras-n sa fille ch(5rie et partit pour
l'expédition qui devait lui apporter tant de ;.'loire
et resserrer encore plus élroitemeiil les litns
d'amour entre la Sainte Eglise et la Fiance, sa
fille aînée. " Ainsi Dieu choisit les faibles selon
le monde pour confondre les forts; et ce qui
n'était rien pour >léiruire ce qui est, afin que nul
homme ne sr >:lorifie devant lui. " S. Paul.
I" ép. aux Ci'i.
COMIIENT LE BOI l'ÉPI» TIJTT DEOTmCR A AIRE, EN
ARTOIS; COMMENT GISELLE EST K.M;OllE IN LIE.N
O'aHOL'R E.NTHE HOME ET LA FHA.NCE; i:OMUIE.N
AI>UBLJt.S SONT SES VERTUS
La ville d'Aire, en Artnis, doit son nom i^ la
surfacf unie ou aire sur la'pi'-lle elle est hAlie.
C'est une sorl*> de vnl d'or 'Culditidnl .senibinble
aux lieux qui diinii'Tent le jnur nu stand «pAlre
di' l'Artois, «.uni «tmer. t'/^tte vill^. «nlour'»»-
d'une riant'' ■ <>intiire de petites m'>iilaL'nes.
arrosée par des rivières nombtnuses. eiiirtut>èc
de viMi'rs poistAnn<»ux, de jardins clitirmanls,
de for-'-ts on F, m pouvait chasser le icrf et le
«ani.'li»'!. (ont «emblail l'tre ainsi disposé pour
devenir la retraite la plus dnucp nn roi, .•! le lieu
I<- plusronvenrtlle pour rétluciilinn ililellicliirlle
et cutititTe d«» ses (Ils.
P«Spin, avei- Oerthe, «e« deu* fils Charles el
Oiriofnan n»i»r t.iœll»', Tint <1on<- liter sa il.'mMirr
fovdl» it Air", i>r*« <l» ^>u parant Injclborf . •^n il
■ iimi d'armes ri
ujp »e lli.'i ail
>• nie P^piii nvaii laii |i mr
q«i' > int.
< • I -■11^'', im <•» moment, pb'urnit ta
mi't . il; -fin «iiccfs .. ur. l'nul I' ".." ,
ann "it. M .... km d«- Franreitnn joyeux avAnoment
nu tnVfi^ 4e «anil l^irre, en lui exprimant le rit
Ji-sir de voir renouveler entre le royaume <les
Francs et Home les mêmes sentiments d'amour
ijui avaient uni Pépin et Etienne II.
Le roi de France, charmé de cette délicate
attention, envoya aussitôt à Paul une noble
ambassade pour le féliciter et aussi pour lui
remettre la petite robe blanche que i.iselle avait
portée au jour de son baptême: c'était prier le
nouveau pape de vouloir bien se considérer
comme le parrain de la filleule de son prédéces-
seur. Paul !"■ se fit une joie d'accepter; et ainsi
(iiselle continuait d'être un lien de mulueUe
affection entre Itome et la France; ainsi s'accom-
plissaient les desseins de Dieu sur elle.
Cependant, (wselle grandissait : et aveC l'âge, la
sainteté se développait singulièrement en elle:
elle n'avait rien des enfantillages des autres
jeunes filles et princesse* de cour; Dieu, qui
l'avait prévenue de ses plus douces bénédictions,
l'attirait déjà à lui par le fjoiit proiimiié qu'elle
avait pour la prière. .\me tendre et recueillie,
elle était comme une belle fleur odorante, qui ne
trahissait sa présence que par le doux parfum
qu'elle répandait autour d'elle.
LA PETITE GISELUt ET CHARLSMACNE
fiiselle aimait tendrement ses deux frères
Carloman el Charles, mais elle se sentait une
plus grande inclination pour Charles. Lorsque le
jeune prince était fatigué de ses exercices dans le
château avec les autres jeunes seiijueurs, quand il
avait asseï parlé d'or, de grandeur, de couronnes
et de tnJnes, il venait se reposer près de sa su'ur
chérie, (iiselle, en maniant l'aiguille et le fuseau,
et en tissant des linges de laijie et de soie pour
les ornements de l'autel, était heureuse de voir
à ses côtés son frère Charles. Klle apprenait au
jeune prince à diriger ses petites mains et ses
yeux vers le ciel; ensemble, ils faisaient l'offrande
a Dieu de leurs cu-urs innocents et purs; puis ils
s'instruisaient mutuellement à n'être point orgueil-
leux, mais modestes et craignant Dieu, tiiselle
enseignait à son frère la piété et la vertu, elle
faisait l'éducation du cœur de Charles, •• elle
fiTmait pour la France et l'Eglise ce Charles qui
devait être un jour Cbarlcniagne».
PKI'IN CONSTBIIT l'NE •'«.LISE A SAINT l'IEIll. !
nisELLE Vlsmt ET INSTRllT LES OUVRIERS
lorsque Pépin Tut rendu à sa famille chdric,
après les nombreuses expéditions igui le cou-
vrirent de ploii-e, il résolut d'olliir au Seimeur
un uaire de son remerciement el de sa r. ~ •
sance. Il lit construire une église ii s.i.
pour les int«Tèls diiqui'l il n'avait rc-ss, ,.. , .,i.,
Iinllre et aux suc<Ys->>urs duquel ouNti il avait
voué un amour invinlaMe.
Ce temple fut billi sur la raontarne mftne ou,
plu- Inid, ■■iselle Tniidra Mn- inlium- •'.
Alors que Ins ouvriers lia\
Ui.n de l'éclise, la jeune iirii;
soufenl les visiter. Aidei t
était tout «nn lionhein: I.
iiicénienx piiiir bur porur tu wviet 1<-.- u
rfn'elle i-tNervail du letijn roval. I- ii .■llmii
1 l-s <>u\rii'r*. Itweile \ei ■'
' 'S d« la fni. ri leur (aiaatt ri'
l't de r<- olIii
• .ime.Kl le* • 1
A^ mi 1.JI1 (in4v~li i uai ivitit'iv UHt>'
honneur.
GliELLE FAIT LA RENCONTRE DU SAINT EB5IITE TENANT
In serviteur de Dieu, Venant, du pays <!e
Haynaut. avait mis de ci^ité la pompe séculière
et. regardant les plaisirs comme pur néant, vint
danslaforèt de >Vastelan. près d'.Aire, vaquerau
jeiine et à la prière dans une corapl>'te solitude.
Le bruit de sa sainteté pairint jusqu'au château
de la Sale, à la cour de Pépin. .Aussitôt, (uselle
brûle du désir de parler à ce saint solitaire, et
comme Venant refusait de pailer au.\ femmes
D'U voilées, la pieuse princesse se couvre fa tête
d'un sac et les épaules d'un cilice, et ainsi s'ap-
proche du saint ermite. L'entre\tie eut lieu à deux
ou trois kilomètres de Saint-Pierre : parses exhor-
tations saintes, par ses discours insinuants, le
pieux ermite développa dans l'ànie de liiselle
les élans d'amour et de sainteté qii'elle contenait
déjà. <• Alcuin et Pierre de Pise furent les maîtres
de Charles, dit M. Van Drivai : ils eurent aussi
à creuser des font^'ines de science dans l'àme
de ce prince; mais combien plus vive ne fut
point l'eau surnaturelle qui s'élança désormais
de l'âme de la Sainte, fontaine spirituelle qui ne
servit point seulement à Giselle, mais à laquelle
vint souvent s'abreuver Charlemntrne pour
répandre ensuite les mêmes eaux salutaires sur
les peuples, et dirii;er tout l'empire d'Occident
dans la voie du christianisme. »
LA TUÈs PIRE CISELLE REFUSE L'aLLIA.NCE DU FILS DE
l'eMPEBEUR d'orient — ELLE FAIT VŒU DE VIRGINITÉ
— ELLE DEIIA.^DE A DIEU DE LUI ENLEVEn SA Bf AUTÉ.
L'ext' rieur de ("liselle était des plus séduisants;
pleine de i.T<ice et de noblesse, douée des plus
brillantes qualités, elle avait la taille assez élevée;
ri"-n n'é?alait la pureté anpélique de son visape,
la délicatesse de ses traits et la douceur de son
retard. Mais celte beauté était le moindre des
avanîaces de notre Sainte. Son admirable vertu
allait consoler le Saint-Père qui ne cessait de la
ret'arder comme sa fille : sa renommée pénétra
jusque dans les contrées les plus reculées de la
liermanie. l/emperenr même d'Orient, frappé
de ce qu'il entendait dire sur la beauté de cette
jeune princesse, voulut à tout prix obtenir sa
main pour son fils.
C'est alors que Ciselle courut risque de voir se
flétrir la Heur de sa virginité qu'elle avait cultivée
an prix de tant de soins.
I.es abbé», les évéques, le pape lui-même écri-
vai^nl à Pépin pour lui persuader de refuser cette
alliance avec la cour licenrieuse et corrompue
(If Hy/ance : si la pure (Jiselle allait être emmenée
an milieu de corruption» de la cour du Has-Kmpire,
l'eiit été une perle jetée aux animaux immondes,
niif chose sainte donnée aux cliien». l.'Ame de
ftls'-lle souffrait beaucoup un milieu de ces
préoccupations ; elle résolut d'aller consulter le
saint ermite Venant. Olui-ci lui représente les
honteuses dépravations de l'Orient, les m<rurs
c.irrompiies de la cour m'^me, il les compare
aux douces joies de la famille du royaume de
Fr.ince. Puis il faji à la jeune pririce^'-e un
mnLTiifiqne tableau de la virt'inité dans une ,1me
' lii'li«iin<-. b-'. douceurs de l'union a^^r Jésa»-
Ctiri'l, ITpoux divin. Giselle fondait en larmes
k os parr^le», el demanda à faire au"«itrtt le vij'u
de MT^-inité pour éir»? plus forte contre le« pièces
de SatdU et du monde. Le pieux ermite rcioit ce
vd'ii qii'' (iisello prononce avec joie et dans toute
la liberté de son esprit iH de son cœur. La voici
donc entièrement liée h llieu son Sauveur, et
elle n'aura plu» iPaulre époiu que Lui.
Pépin avait répondu nésativement aux de-
mandes du princ* de Constântinople, et <iiselle
s'en réjouissait grandement au pied de l'autel.
Cependant, la joie fut courte : le fils du roi
d'.Angleterre vint, lui aussi, demander la lille de
Pépin en mariaiie. I.e roi et la reine de France
allaient donner leur consentement; senle, (iis,°ll.?
refusait l'union. I.a pauvre fille priait sans ces";'
et pleurait en baisant le crucifix : •! Mon Sauveui
bien-aimé, pourquoi m'abandonnez-rous, disait- 1
elle, vous savez que je n'ai choisi d'autre époux
que vous : ah I n'abandonnet pas celle qui ne veut
que votre amour! Je vous offre ma vie. ô mon
Dieu, ne permettez pas que je perde ma virf-'inité,
prenez soin de votre épouse, veillez sur elle et
défendez-la du monde » Alors, fondant en
larmes aux pieds de son Sauveur bien-aimé, elle
lui demande de lui envoyer une maladie qui la
rendit laide aux yeux de tous.
Le Seigneur exauça la prière de son épouse,
et aussitôt le corps vir^'inal de la très belle
Giselle se couvre d'une lèpre hideuse; sa beauté
naturelle disparait soudain . ses parents ne la
reconnaissent plus, et celui-là même qui lui
demandait sa main, la voyant en cet étal,
s'enfuit sur-le-champ dans sa maison dAni;le-
terre. Opendaut, l'àme de notre Sainte brillait
d'un plus pur éclat aux yeux de son véritable
Epoux, Jésus-Christ,
GISELLE EST GUÉRIE APRÈS UNE l'ÈCHE MYSTÉRIEUSE
DONT ELLE DEVAIT MANGER LE PREMIER POISSON
Quelque temps après avoir donné une preuve
si éclatante de sa fidélité à l'Epoux divin, un
ange apparut à Giselle : <■ Vierce toute aimée du
roi Jésus, lui dit-il, le temps de l'épreuve est
passé. De par Dieu, irez sur les bords de la
rivière la Lys, et le premier poisson d'une labo-
rieuse pêche, avec confiance maneerez, et beauté
de corps vous sera rendue. » Ce disant, le
céleste messat'cr disparut. .\ussitAt,(;iselle court
à ses parents raconter celte vision, et Pépin, s'in-
clinant sous les secrets desseins du ciel, envoya
promptement les plus habiles pêcheurs du pays
d'Aire jeter leurs filets dans la I.ys.
Durant plusieurs heures, ils travaillèrent en
vain comme les apcMres sur le lac de Génésareth ;
Giselle soutenait leur patience, leur disait d'aller
et venir dans les endroits les plus poi'.isonneux,
mais tous leurs efforts étaient inutiles. Après
cinq et six heures de travail, les pêcheurs
n'avaient encore rien pris. Ils voulurent retourner
au château, mais (iiselle ranima leur courape.
Alors, ils continuèrent à suivre le cours de la
rivière et pénétrèrent jusque dans la fnrêt de
Wastelan. bait'née par la Lys. Apres de nombreux
efforts, en retirant leur» filets, les pêcheurs trou-
vèrent un cadavre qu'ils amenèrent à boni. Quelle
ne fut pas la surprise de Giselle lorsqu'elle
reconnut le corps du saint ermite Venant. En
effet, des assassins venaient de frapper le pieux
solitaire et, pour cacher ce crime, avaient jeté
le cadavre dans le lleuve.
Venant avait la t''te détachée du corps, mais
il la pressait avec ses mains contre la [«oitrine :
le corps était recouvert d'herbes et de plantes
soulevées du fond de la rinère. et dans cet amas
d'herbes était prise une anmiille : ce poisson
qui avait été désisné par l'ance devint I iiistru-
ineiit de la yuérison miraculeuse de (iiselle.
1^ princesse, en effet, nian:;ea de ce poisson,
qui avait touché aux saintes relii|ues du martyr
Venant, et aussitôt qu'elle en eut maiipé, un chan-
:.'ement <-ubit '■'r'p''ra dans toute «a personne. Sa
lèpre disparut soudain, et sa peau reprit sa
souplesse ordinaire, sans parder nul vestipe de
sa laideur passée. Ainsi Oiselle, tidèle a ses
promesses faites au Seigneur, était récompensée
et recouvrait miraculeusement la beauté qu'elle
avait miraculeusement perdue.
©Pleine de reconnaissance envers Dieu et envers
le saint solitaire Venant, elle demanda au roi
son père de mapniliques funérailles pour ce
martyr qui avait été son directeur dans les voies
de la perfection chrétienne. Pépin accepta de
;:rand cjeur, et l'inhumation du bienheureux
Venant se lit avec ^rrande pompe dans l'éjilise
de Saiûi'Pierre que le roi avait tait édiQer.
A LA MORT DE SON PÈRE, GISELLB COURT UN TROI-
SIÈME DA>G£R OF PERORE SA VIRGIMITÉ; EIJ.E EST
VICTORIEI^E
En l'an 768. le roi Pépin était revenu vain-
qU'-ur de son expédition d'Aquitaine; il alla
saluer saint .Martin de Tours et saint Uenis, puis
vint rejoindre la famille royale à Saintes, où il
l'avait laissée pendant cette guerre. C'est à Saintes
aue la rour royale célébra les bonnes fêtes de
Noi'l de celle année.
Pépin tomba malade. Aussitôt, Giselle s'occupe
de préparer r,\me de son père, et ne quitte plus
le chevet du royal malade; c'était un auf-'e qui
ne cessait de su:.'t;'*rer de pieux conseils à son
père. Kniin, Pépin, nnrès avoir partagé son vaste
royaume entre ses tleux lils, appela les évéques
et les abbés, leur demanda une dernière béné-
diction, lui-même bénit sa fainilk et, en parti-
culier sa bien-aimée (iiselle, et remit son Ame au
Dieu, maître de la vie du prince comme de celle
du mendiant. Après la mort de son père, tîiselle
revint à Aire, au château de la Salle, pour y
retrouver sa vie de solitude et de prière.
Cependant, elle rencontra de nouveaux dan-
«ers et ce fut sa mère elle-même qui fut cause
des luttes nouvelles <|ue (jisellc allait soutt^nir
pour sa virainité. La reine llerthe voulut marier
Charlema:.'ne à la lille du roi des Lombards l'i
donner pour épouse, au fils de ce même roi, sa
lllb' (iiselle. Le pape Paul I" s'opposa énerfi-
auement h ces alliances. De son ci>té, (iiselle
••tail devenue ferme et pleine de coura:.'e; elle
lutta vaillamment et ne cessait de répéter que
Jè«us seul lui suflisait et qu'elle avait juré
n'avoir jamais d'autre époux que lui. Le pape
Paul I" admira la fermeté de la princesse, et la
proclama" di^ue d'être aimée de Dieu, Dfn aina-
lilem, le lys blanc et tout en fleur du jardin de
rtiflise ■'. ■■ Des ce moment, ajoute l'histurien,
(Uiarlema;;ne ne pouvait plus la regarder sans
vénération, et lorsque, emporté par sa nature
bouillante, il avait commis quelque faute, c'était
(iiselle qui savait l'amener au repentir et à la
réforme de ses mirurs violentes. i.c pape savait
ce i|ue valait (iiselle. et quel était le pouvoir de
la Sainte sur celui qu'il présa^'eait devoir être
un jour la plus solide colonne de l'Eglise. ••
CISIIXB PRE.>0 LE VOILE ET FONDE VU MONAStIrE
Enfln, pour mettre un terme k ces sollicita-
tions au»«i importunes i)ue multipliées, (iiselle
r--- lit d'embrasser In vie relit'ieuse et de vivre
\.i lleftle de «nint Kenoil Klle fonda, à Aire,
1> I ' II' ciule de la seconde ville et vraisem-
blablement dans le château de la Salle, un
monastère où de nombreuses vierses accou-
rurent auprès d'elle pour être dirigées dans le
chemin de la perfection.
Le Sei(.'neur bénissait ainsi son épouse; enfant
de prédilection, remplie de bénédictions dés sa
naissance et ayant servi à resserrer les liens qui
unissaient déjà la catholique France au Saint-
Sièfje, la voici maintenant mère féconde d'en-
fants spirituels, abbesse d'un monastère où
Jésus se plait comme au milieu d'un jardin
parsemé de lys.
(iiselle est comblée de bénédictions et son
couvent grandit à l'ombre de l'église Saint-Pierre
où elle a tant prié.
DE L\ UORT DIENnEL'RECSE DE GISELLS
DE SA SÉPULTURE PLEI.NE DE GLolRE
Pendant plus de trente ans, notre Sainte vécut
dans ce pieux asile où, très souvent, elle recevait
la visite de son illustre frère Charleniagne. Klle
ne cessa d'exercer autour d'elle la plus salutaire
iniluence par ses exemples et ses inspirations,
jusqu'au jour où elle alla, triomphante, se réunir
à l'Lpoux divin pour le<|uel elle avait montré
une alfeclion si pure et si inviolable.
Ce jour heureux arriva le 21 mai SOli ou 808.
(juand Cliarlemagne apprit la mort de sa sn-ur
chérie, il soupira amèrement, et. versant d'abon-
dantes larmes, il s'écria : •< Hélas, diselle est
morte ! ce n'est point une s(rur que je perds,
c'est uue mère. C est par ses mérites que j'e*père
le paradis, c'est (iiselle, oui, c'est elle qui m'en-
fantera pour le ciel. »
Les funérailles furent magnillques; de nom-
breux évêques et abbés vinrent à Aire : le corps
fut porté en grande pompe jusque dans l'éulise
Saint-Pierre, sur la monta;;ne où elle voulut êire
inhumée. Lue longue procession de relii;icuses,
portant des cierges allumés, vinrent illuminer la
forêt de Wastclan. Les chants de deuil semblaient
déjà des chants de gloire. Le corps de (.iiselle
fut déposé dans la tombe de marbre. Elle avait
une belle robe blanche semée de lys d'or.
CULTE DE SAl.NTE ISHEHGt'E K.N ARTOIS
FONTAINE DE SAINTE ISBBRUt'B
L'église bAtie par Pépin en l'honneur de saint
Pierre est actuellement celle de la paroisse
Sainte-lsliert'ue, bAtie surun monticule "ber^iue».
<' Viens à (iysle-Ker(.'ue, • disaient les paysans,
c'est-à-dire à la monlavne de (iiselle. C'est ainsi
qu'après sa mort, (iiselle fut appelée du lieu où
elle fut ensevelie, Isleberguc ou Isbergue.
Le culte de sainte Isbergue est resté cher aux
chrétiennes populations de l'.Vrtois, surtout aux
habitants d'Aire, de Hen.'uetle, de Moquetoire et
de tous les environs : chaoue année de nombreux
pèlerins accourent en foule priera la chapelle et
a la fontaine <' Sainte-lsbergue >>, ainsi appelée
depuis des siècles.
Cette fontaine et celte chapelle se trouvent à
l'endroit même où avaient lii'U les saintes entre v ue>
de (tiselle avec le saint ermite Venant, sur les
bords de la forêt de Waslelau (aujourd'hui
nommée forêt du Nieppc .
I.a chapelle est oinbra;.'ée par doux grands
arbres séculaires au pied desquel» cuule une
fontaine qui ne tint lainais.
lu p. giicnl. t_ l'unctsi V H, ri:« Kr»rfoi» I". I'»rn
LA BlEAHEUREUSE RITE DE CASSIA
RELIGIEUSE DE L'ORDRE DE SAINT-AUGUSTIN
Fèlc le 22 mai.
"^[h^y^ê^mm^^^^^^.
NAISSANCE DE LA DIE.MIEUREUSE
rtans rOmbrie, poétique patrie de saint Fran-
';ois d'Assise, au hameau de Hocca-Porena, dépen-
dant de la ville de Cassia, vivaient, vers le milieu
du XIV* siècle, deux époux chrétiens, servant Dieu
dans la simplicil*- de leur cœur.
Ils conservaient avec un soin jaloux les Iradi-
linris fortement religieuses qu'ils avalent reçues
de leurs ann^lres.
Ce qui les faisait surtout chérir de leurs conci-
toyens, c'était le zèle qu'ils mettaient h maintenir
autour d'eux la paix etlaromorde. IN déployaient
à r.iin l,.,n[ie œuvre une telle ardeur et un tel
d ment qu'on les avait surnommés les
pa 1 i il - du Christ.
Cependant, Dieu avait éprouvé ces fldèles servi-
teurs; il n'avait point béni leur mariage et leur
avait refusé le bonlieur d'enpendrer et d'élever
des enfants pour le Ciirist et son Eglise. Les
années s'étaient succédé, la mère avait vu ses
cheveux blanchir sans que le Seigneur eût daigné
exaucer ses prières et lui accorder la crâco de
la fécondité. Dieu voulait la rendre digne, par
une longue tristesse, patiemment supportée, de
recevoir un don précieux.
Quand il jufiea le moment favorable, il lui
arciirda une enfant qui fut, par sa sainteté,
la t'Ioire de l'Ei-lise.
I.a mère, élonnèe de cette faveur singulière,
alla aussitcM ép,incher aux pieds du Scii;neur
lotile sa reconnaissance. Cependant, elle ne pou-
vait s'empêcher d'une certaine stupeur, ignorant
encore les desseins de Dieu. Un ange lui apparut
pour la rassurer il lui prédire que son enfaut
serait chérie île Uii-u et gloriljée d;ins TK^slise.
ijiiand te morjirnl fit vena, ello iMinBiiiîa sans
aur.une douleur. Mais quel iiinii donner à cette
lille si ntiraculeusement accoriéi-,.' Le ptre et la
mère étaient dans la plus ^'raude anxiété, n'osant
s'arrêter à prendre une détermination. In an^-e
vint f.iire cesser leur oinbairas en leur apportant
le ti'im de celte enfant |irédestinée. C'était celui
de .Maryarita dont le peuple coupa les deux pre-
mières syllabes ;^.'ur en faire le uom de Kita ou
Hite, so'iE lequel In Sainte est connue.
La première enlam-e de la Bienheuren=ë fut
marquée par un prodige qui coniirma les révé-
lations d>'j.'i laites à ses parents sur sa future
sainteté, li- méiue dont fut l'objet le ;.Tand doc-
leur saint Ambroise; il e$l ainsi nicouté par un
ancien poète.
Itile, n rinq jonrs de sa naissance,
Soinineillait aii tirante du brrs berceau)
Sa mère tui chantait les airs
Dont on amuse cette enfance.
Tandis vnici qu'un blanc essaim
Vient piller les lys et les roses
De' ses lérres à deuii closes
Et fait un bornai (1; de son sein.
Dis le vrai, picoreuse avelle,
Ti<>Mva»-tu jamais tel butin
Sur la marjolaine et le lliym
Qui couvrent le coupeau d'tlyinetle 7
O que doux doit Ure ce miel!
N'en diplnise .i In poésie.
Il se biura à I auibniisie
Autre part que dedans le ciel!
Hite se laissa dés son plus jeune i^fçe charmer
par l'attrait des choses surnaturelles. Lesjenx
et le- amusements de renfaiire lui paraissaient
in'.ipide*, car son cuuir était loin d eux, elle se
détectait dans la contemplation de Dieu et d*
ses bontés inllnies. Aussi aimait-elle par-dessus
tout la solitude et la prière qui lui donnaient le
moyen de s'unir plus intim<'ment avec le Sei-
gneur, source du bonheur parfait.
UARI.VGR Oe L.\ IIIEMIKL-HEISE niTK
I^ Rienheareuse se sentait attirée d'une ma-
nière pai tiruliérc à vouer son Ame et son corps
au Sei):neur l'n lui consacrant sa virginité. Mais
Dieu prèf.ra la faire pa-ser par le creuset d'un
dur niaria;.'e, pour purifier sa hien-aimée au
milieu dc> tourments et opérer par son inter-
médiaire le salut de pluiiIeur^ ùmes.
Les parents de Dite sentant leur lin appro-
cher, et craiL'nant de laiitser leur chère enfant
exposée seule à tous les daneers d'un monde
corrompu, résolurent de ren;.'a:.'er dans les liiiis
d'un luuria^e bouuèlc, pour l'assurer contre tout
péril.
I. — rmit que leur choix tombAtsur
un iH-u d'une famille noblv et
di-liiLii' ' , m ..> d'une huuieikr brutale et vio-
lente. Hite supporta si patieniraenl (ouïes se-
Uilesses (|u>
ut avec I
■ 1 de se I ,
ou» lu
bl I
tain
\;
btri
clikruic de
(>' Il .'■ <Ir II
fu-huil années iiu'elle
ne lui donna I occa-
.1 . Il'- .11.. le tint »i
qu'elle le
i> '.lnlrnI^
^'nant de nombreuses pénitences atin d'en mieux
asïHirer le suc^èf».
Tous ces moyens suinata-els accumulés
iulluérent sur Pàine de son époux et te conver-
tirent au Seigneur. Cependant, ses habitudes
violentes lui avaient suscité parmi ses conci-
toyens de nombreux ennetnis. Sa conversion ne
put faire cbanuer leurs sentiments à son éjrard.
Ils lui tendirent une embuscade et le massa-
crèrent impitiiyalilement.
Rite, frappée dans son alTection la plus chère,
sut accepter furlement la volonté de Dieu, et
t>énir ces jneements s»'crets du ciel qui lui enle-
vaient la compagnie de son époux au moment
où son cbau^'euient de vie semblait devoir la
rendre plus douce. Elle le pleura amèrement,
mais eut le coura-e de pardonner généreuse-
ment à ses assa-sins.
l'.ependant, la Hienheureuse «Tait doux fils ado-
lescents qui étaiinl son unique consolation. Klle
s'ellona de leur insf.irer l'oubli du meurtre qui
leur avait enlevé leur père. Mais ses efforts furent
vains. Son amour maternel tremblait en sentant
aujtmenler chaque jour dans le ccrur de ces
enfants ch<?ris le désir de la vengeance.
Uuand elle s'apenut que le mal devenait tou-
jours plus mcnaiviiii. elle arma son inie de cette
force surnaturelle que donne aux saints leur
véritable amour pour leurs parent--;, elle se jeta
à ^'enoox, sup|. liant le Seit:neur avic les accents
les plus toucli.ints d"enle\rr ses entant-, à la vie
avant qu'ils eussent eu le temps de souiller leur
ùine par le meurtre .îles assassins de leur père.
Sa prière fut exaucée, cl ce double deuil vint
s'ajouter à celui qui l'avait frappée peu aupara-
vauL
COMMET Ui BIENHECSSISE F.NTRB AD COUVENT DES
• Alr.L-STLNE» KS- DKPIT Vf.» C0.N8TItrl10.NS ET DR>
roBT■^ nUUIiLB&
Si la Bienheureuse avait été attachée au monde,
ces coups répétés de la Piovidence eussent siifli
pour l'en dégoûter. Mais nous avons vu qu'elle
y était entrée inalijré son dé-^ir; elle en sortit
donc sans regn'l, le cour profondément bless.'
par les Imis mort< successives qui étaient venue--
-nbilcineut briser ses espérances.
Klle s'adres-<n aus-itnt aux religieuses Augus-
liiics de C.assia, leur demandant d'être admise
dans le monastère. Mais cette ^.'lice lui fut refusée.
]iarce qu'on n'y leo-vait que de< viert'es.
Itentrée dans .>a maison, elle pleura el pria
aie.: idus de ferveur auc jamais, et sis larmes
.1 le cii'ur de Dieu, qui lui envoya pour
I _ iisbemeut de sou désir le secours de se-
patriius.
llien qu'elle ne manquât point d'honor»»r d'un
(.•rand culte tou^ le-- saïul- que Dieu ■
elle avait nne dévotion ptirliculiére à -
Uaptiste, à saint Augustin et à saint Mcula^ de
Toiirntia.
Dieu, pour la linT d'> i ' ' .' ■
troLs saint> qu'elle avai'
parrains :i
Inu-.ter a^
Elle enicii'iri .1 ,i- i i
porte de s.i ib.inibre, p
, ,. . .ir^.iir li^. Jcjua .|ui . _, ,
(iiir . u<e i-oinprit au
» II t c no-
I
lent à la
'oi\ du
, ... -on nom ;
M el. .ians Lir-
t, Htyon <l<j dikL
luèrcnl comme IMpinse du
J
Christ et la con<taisireiit par des chemins inconnus
jusqu'à la porte du monasttre où on n'avait pas
voulu la recevoir. Ils l'y firent entrer, malgré
toute la résistance des Terrous et des barres de
fer qui eussent pu soutenir un sièiie. mais qui
cédèrent devant eux. Ils prirent con£;é de Rite
et disparurent après l'avoir mise comme en pos-
session de ce cher cloître qu'elle de'sirait depuis
si l#nptemps.
Bient('it après les religieuses sortirent de Matines.
Pour retourner à leur cellule elles devaient pas-
ser par l'endroit où la Bienheureuse était restée
muttle d'admiration à la vue du jirodipe.
Les premières qui arrivèrent vers elle et qui
étaient les plus jeunes de la communauté entre-
voyant, à la lumière blafarde de la lampe qui
les suidait, une forme humaine dont on ne distin-
^aitque la moitié du Wsa!-'e. l'autre étant cachée
par un voile, furent saisies d'une grande frayeur.
Klles s'arrêtèrent tout court et déjà leurs ii;enoui
commençaient à trembler, leur visage h pâlir, leur
lanLTie à se coller au palais, l.a vue de ce qu'elles
croyaient un fanti^>me eût suffi pour les faire
pâmer, si les autres relisieuses, arrivant succes-
sivement, n'eussent formé un f^"oupe capable de
résister à la crainle. Ce ne fut pourtant pas sans
i'rands efforts que les plus hardies purent s'en
défendre; la chose leur paraissait si étrange,
qu'elles ne savaient qu'en penser.
D'ailleurs, Kile était si étonnée de tout ce qui
s'était passé qu'elle avait perdu l'usage de la
parole et ne savait en quels termes les rassurer.
Peu à peu cependant, elle se remit de sa frayeur
et expliqua par quel miracle elle se trouvait dans
le cloître. La prieure était si ravie qu'elle ne
=on;;ea plus à invoquer les défenses des consti-
tutions. Toutes les religieuses, revenues de lîur
stupéfaction, prirent part à cette joie, qui fut
d'autant plus vive que leur effroi avait été plus
:.'rand. Elles accablaient Rite de leurs questions.
A la fin, elles s'assemblèrent en chapitre, et
décidèrent sur-le-champ que la sainte veuve
serait reçue nonobstant sa qualité : " Il est bien
juste, disaient-elles, que nous obéissions à la
volonté de Dieu, si clairement manifestée, et
que nos constitutions cèdent on un cas où les
portes de notre couvent n'ont pu faire de résis-
tance. » ,
A peine reçue, la Bienheureuse se mit au
travail pour acquérir la perfection qu'elle était
vf'iiiie chercher. Elle se proposa d'abord de
réduire sou corps en servitude par de fréquentes
llagellationg. Elle portait continuellement un
cilice et, pour sentir san'^ cesse l'aiguillon de la
mortification, elle coasut dans son habit des
épines qui la torturaient à chaque mouvemeot.
Elle leùnait tous les jours au nain et à l'eau
et passait la plus grande i>arlie de la nuit dans
la veille et la prière. Elle avait coutume de con-
■•acrer à la médiUilion de la douloureuse Passion
du Sauveui le temps oui s'écoulait depuis minuit
ju-^qu'au levi.T du soleil. Le-> douleurs de Jésus
ra(Teil.aient tellement que, plusieurs fois, jes
compagnes la trouvèrent sans oonoaissance.
t.A BiinnEt7REi;s(. BiTE «r.çorr rxE rnir \r rwo^r
lu jour, après avoir entendu un discours du
bii'ulieureux Jacque» d« la Marr-be, elle »e mit
'h iih'ti' avec une ferveur extraordinaire et
! ' ■' : la faire participer iu\ tour-
I liour H' lis «.Hiver. Pendant
" >'ré iiei- »on
1 me liuniainc
1 M .| ■11 • ■ , . ■• . I -lier en fait de
douceurs célestes, elle se sentit tout à coup
presser la tète d'mie .-uirlaiide d" 'pines très
piquantes. Elle vit ensi^ite jaillir du Crucifix
devant lequel elle était à genoux, un rayon de
lumière qui lui marqua de sa pointe le niiliiu
du front. Iramédialement après, comme si ce
ravon n'avait fait qu'indiquir le point de mire
ou le divin Archer voulait lancer le coup, une
épine se détacha effectivement de la couronne du
Crucifix et s'élanra à l'endroit du front marqué
par le rayon, elle y fit une plaie que la Bieuheu-
reuseuse porta toute sa vie et qui se voit encore
maintenant sur sa tète restée intacte comme le
reste du corps.
Cette blessure ne rendit jamais de mauvaise
odeur, bien qu'elle fût très.profonde et très dou-
loureuse, et qu'on en vit constamment sortir des
vers que Rite, dans sa simplicité, appelait ordi-
nairement SCS petits anges.
Il lui fallut dés lors renoncer à la vie commune,
de peur d'incommoder ses sœurs. Cette circons-
tance lui permit de s'adonner encore davantage
à la prière et à la pénitence.
LA BIENHEUREUSE BITS EN PÈLSBINAGE
En ce temps, Martin V siégeait sur le trrtne
pontifical. Ce grand pape réussit à faire cesser
le schisme qui avait longtemps divisé les fidèles
du Christ. Pour rendre grâce à Dieu de cette
faveur, d'autant plus grande qu'elle était moins
espérée, il fit publier le jubilé pour l'année 1 +.10.
Des chrétiens de tous les pays du monde accou-
rurent à Rome pour gagner cette indulgence
extraordinaire. 1/abbesse du couvent où était la
bienheureuse Rite résolut de ne point perdre
une si belle occasion : elle déclara qu'elle se
rendrait au tombeau du Prince des apiMres avec
quelques autres religieuses. Rite pressa vaine-
ment l'abbesse à consentir à l'y laisser aller.
Celle-ci n'y pouvait acquiescer, à cause de la
blessure que la Bienheureuse avait au front.
Cette plaie rendait son visai:e difforme et aurait
jui attirer sur elle le mépris de ceux qui en
ignoraient la cause.
Rite ne se rebuta point, elle se mit en prière
avec ferveur et supplia la divine bonté de lever
cet obstacle et de rendre sa blessure invisible
pendant le voyage qu'elle ferait à Rome avec ses
autres Scr-urs. Elle n'eut pas plut(^t exposé sa
demande qu'elle la vil exaucée. l.a plaie dispa-
rut mais la douleur cuisante dont elle était la
source sul)sista, et ainsi la Bienheureuse put
satisfaire sa dévotion, goi'iler à Rome les plus
;;randes délices spirituelles, sins perdre le pro-
fit d" sa participation miraculeuse aux trurments
du Sauveur.
Fliins le voyage qu'elle eut à faire pour arriver
à la Ville Eternelle, elle montra clair'^mrnt com-
bien ellf avait à coiur de conserver la précieuse
vertu de pauvreté.
Chacune des religieuses pèlerines avait re< n
au sortir du couvent une petite somme d'arL'ent
afin de pourvoir à sa subsi>;lancc. Au premier
fleuve qu'elle rencontra, Rite jeta ce pécule à
l'eau. Se» Sa-urs lui reprochèrent cette impru-
dence. I.a Uiinheupeuse leur répondit qii elle
n' lurait pu supporter plus lonutemp» cotte charge
iDutile; elle avait, suivant le conseil dn P'al-
mi^te. MHifl^ à Dieu le soin de pourvoir h son
entretien, et elle ne voulait point faire injure .i
la divine Providence en ama.<;sant des provisions.
Elle prnliUi de celte cirer- - "
cer d'iriculcpier à ses n"
ser.iieiit nimée" de nieuel i< I • ■ i ■ . - .. . .i.> ■
qu'après avoir appris à mépriser tous les biens
du monde. L'histoire ne ait pas si les autres
religieuses imitèrent en cette circonstance son
exemple d'hèroique abandon à la divine Provi-
dence. De retour au couvent, le prodige qui lui
avait permis Je faire ce pèlerinage cessa, et la
filaie reparut. Kile dut de nouveau s'abstenir de
a compagnie de ses Sœurs.
Klle profila joyeusement de sa retraite forcée
pour s'adonner avec une èiiergie nouvelle à la
prière et à Ib péniten -e ; elle n'avait aucune pitié
pour son corps et v,.ulait à tout prix réprimer
l'orgueil de la chair. Pour éteindre les incendies
des passions, elle se servait du feu matériel et
s'appliquait souvent des tisons enflammés tantôt
sur les pied«, tant^^t sur les mains.
Par ces moyens héroïques, elle préparait avec
un courni.'e sans défaillance le triomphe complet
de l'esprit sur la chair.
l.'Kpoux divin bientôt la jugea suffisamment
purifiée, et lui envoya la maladie, messayire
divine, qui vient annoncer l'heure de la déli-
vrance à ceux qui savent comprendre son langage.
A LA PRIÈnE UK RITK, f.N ROSIER KLKl'RIT, U.N FIGUIER
OON.NE DES FRUITS .^U CŒUR DE l'iIIVER
La llienheureuse tressaillit de joie à la pensée
qu'elle pourrait bientôt sortir de la prison du
corps pour jouir enfin de la liberté et de la vie.
Cependant, elle dut attendre durant ijuatre
années le moment marqué par Dieu.
Le Seigneur réclamait encore de sa servante
un grand acte de vertu, c^lui de supporter
patiemment les lenteurs de la maladie qui lui
avait comme entr'ouverl la porte du ciel, pour
augmenter ses aspirations vers ce bien suprême.
Plusieurs miracles manifestèrent combien ses
désirs fiillanimés plaisaient au Tout-Pui>sant.
Une parente de la Bienheureuse vint la voir :
Rite la remercia de cette visite charitable, mais
lui demanda de montrer davantnye sa bonté en
lui apportant quelques roses du jardin qui lui
avait jadis appartenu h Hocca-I'orena.
On était en plein hiver, au mois de janvier, la
gelée avait depuis longtemps gl.icé la sève des
rosiers. On crut i|ue la lièvre faisait délirer la
llienheureuse et la parente ne se soucia nulle-
ment de chercher des Heurs qu'elle croyait
introuvables.
Cejieiidanl, en passant prés du.iardin de Hocca-
Porena, elle y jeta les yeux et ne fut pas peu
surpri»"- d'y "voir deux charmantes roses, qui
venai)-iit d'éclore et si-mblalent, par b-urs cou-
leurs atréables, protester contre I abseme com-
plète de toute autre végétation. Frappée du pro-
dige, elle entra, cueillit rrspectuou'-ement les
Heurs et les porta joyeusement ou mona.^tère de
Cassia. La Kienheureusc les prit, en aspira le
doux parfum et les passa à ses Scrum, les reli-
gieuses, étonnées de voir ainsi la divinité se plier,
pour ainsi dire, au caprice de ses élus, et changer
pour les satisfaire la marche ordinaire d<'s «aisons.
Mais Uilc n'était point encore sali«fait<> Dieu
avait tran-porl'' le printemps au iinlicu de l'hiver
en fai'-ant lleurir un rosu-r malgré les frimas.
Mai lalleur prinUnirre n'estguére <jue l'agréable
m»s«.'\L'''r«' de l'automne dont les fruits sont la
fln ''' > "<> !.. liA^.,l .1, l'i ■ f ii.iii .li,,i. Il In
lll>
ht ,1
de»
un I -■
ciuelqurs fruits 11 iiilc, qui romefcia Dieu de lonl
ilr bonté.
SIORT DE L.\ U1E.M1EURBUSE
Mais ces bienfaits n'étaient que l'image et le
prélude d'autres plus grands et plus magnifiques.
Jésus-Christ, le Verbe incarné, vint avec sa
divine Mère pour annoncer à Hite que bientôt
la couronne d'épines serait remplacée sur sa tète
par une couronne de gloire.
La Bienheureuse reçut avec nne grande allé-
gresse le message divin, et afin de donner à son
àine toute la pureté nécessaire pour jouir de la
vue de Dieu, elle se munit des sacrements de
l'Eglise.
Peu après, elle entrait dans la vie éternelle.
Sa mort arriva le 22 mai lioti. .■Vu moment où
elle expira, la cloche du couvent, mise en mou-
vement par la main des auges, s'ébranla pour
annoncer au peuple l'entrée au ciel de la servante
de Dieu. En même temps, une lumière extraordi-
naire se répandit soudain dans la cellule oit
gisait son corps inanimé.
Mais cet instrument dont la Sainte s'était servie
pour gagner le ciel n'avait nullement l'apparence
d'un cadavre. La mort n'avait fait que lui donner
une beauté nouvelle. 11 s'en exhalait une odeur
délicieuse qui semblait pénétrer jusqu'à l'ikme
pour la charmer et l'élever vers Dieu.
La plaiw du front, si repoussante auparavant,
se chan;:ea en un un diamant précieux, qui jetait
les plus pures tlammes.
Le lendemain de la mort, 23 mai. on exposa le
corps de la Bienheureuse dans ré:;lise du cou-
vent. Tous les habitants de la ville et des alen-
tours accoururent pour vénérer la sainte reli-
^'ieuse dont ils connaissaient déjà le- vertus
héroïques, l'ne de ses parentes, qui avait un bras
desséché, y vint, elle aussi. N'écoutant que xni
alfertion, elle courut se jeter en pleurant au lou
de sa bienheureuse cousine. Aussitôt, elle sentit
la vie circuler à nouveau dans son bras paralysé.
Ses cris joyeux de reconnaissance divuL'iièrent
aussitôt le miracle, qui ne contribua pas peu à
répandre au loin le culte de la Bienheureuse.
Mais un prodiye plusuraiid rst la conservation
jusqu'à nos jours du corps lui-même. Les elTorl»
de i|uatre siècles n'ont \>u corrompre cette chair
purifiée par le pénitence et une vie toute céleste.
.\près tant d'années, se« membres conservent
encore la souplesse que donne la vie.
MBSSAOÈRE DE l'AIX, MI^IIR APHi'.> S\ MORT
O corps saint fut dans le cours des siè< 1. ■
l'instrumenl de nombreux miracles; mais le |.1h-.
éclatant arriva au monient de la béatillcatiou de
la bienheureuse Hite, en 102«.
Le jour où eurent lieu, à Cassia, les fêtes -oj. n
nelles usitées en celle circonstance, le» sam''
reliques furent exposées i la vénération de l.i
foule immense qui était accourue de lous le»
points de l'Italie.
Au moment où le clergé allait m mettre en
procession, il s'éleva une discu*M r ,i\r
entre le* clercs séculiers et le» , m
savoir à qui seroit donné le premi- ■ i io...|ualid
on vit soudain la Bienheureuse ouvrir les yeux
et donner toute* les inarnues de la m'-
Le rri : Miracle! Miracle! reirnlii ilani toute
'""••'mbléc et apaisa, en un lusi.inl, toute la
mil .nrlro -\ exlrnordiiifij
Ml, elle y trouva
Ile rii rar
oui r«-nilii la
, .' ! ■ Ml
i lll^' Lip • ,Jc
dans ces pays:
Iui)'.->''U>|(, L l'iiilHk.'.H,
ru« Kr*ii-,oi> l". l'ail».
SAINT CRISPIN DE VITERBE
Fête le 23 mai.
Saint Crispin, jardinier en son couvent des Capucins de Monte-Rotondo,
organise au fond du jardin un petit autel à la Sainte Vierge, et y apporte des fleurs.
PREMIÈRES ANNI^ES
<>- fut à Viterbe, dans les Etals dont la sainte
,'lise de Dieu a •'■té natfm-re si injustement d^pouil-
ée, que naquit le (iraiid serviteur de Marie, Fr. Cris-
liii, en l'an du Si'icneur I60K. Son père était un
K'nn^te nuvrier, nnminé Ibald Finrelli; sa mère
ai'pelait Marzia. A «nn hapti'-ine, il rerul le nom
)p |'i.'rrp, qu'il devait plus lard changer pour celui
oiis |.'.|uel il e«l connu ft lionoré.
Ili' hiiime heure. Morzia iii-pira ,i son enfanl une
lulri' d'-voijon envers la Trrs S.iinle Mère de Hieu.
>>rsqu"il "ut atteint sa rinquifUie année, elle le
■oriduisit à l'éjilise de Notre-lJame délia 0"<'i''"'i,
»ii. ai'fés siHre lonu-ueincnt prosternée devant
'ini 1-'! inirarulciise qu'on y vénère, clh.; l'offrit et
e rf.i|Hai~ra à Miri" : ■' It'j.ird". mon «Tifinl. dit-
elle au jeune Pierre, voilà ta .Mère : je te donne à
elle pour toujours; aime-la de tout ton cu'ur. «
Depuis lors, Pierre n'appela plus la Sainte Vierce
que sa .Mère et sa Hame. Il jeûnait à la vit'ile de ses
fêles et tous les samedis en son honneur. Il l'invo-
quait fréquemment, et Marie exauçait ses prières.
I II jour, il tomba du haut d'un arbre avec quel-
ques-uns de ses petits camarades. Tous furent griè-
vement blessés, à l'exception de notre Itienheureux.
qui se releva sans la moindre é:.'ratipiiiire. Il a\ail
imploré le secours Je sa .Mère, et Marie l'avait
soutenu dans sa chute.
A un ât-e si tendre, il se levait li nuit pour prier
Dieu ou pour s'étendre sur la terre nue et morti-
liait son petit corps par de niiles disciplines.
A di.t ans, ses parents le liront étudier quelque
pcii. Ils |.. plii-.'TenI ensuite . I|i / lui île -s ,111 le-.
\:\
oui Jt.it cordonnier. Toutes les semaines, quaud il
ri 'A satisfait de son lra\ail, cet oncU' lui donnait
uii • jietite pièce id'aiv>'»l. Le BieuLtunui: courait
l'i' M vite acheter un bouquet de (leurs. <■ Donnei-
i;i'i les plus belles que vous ayez, disail-il au mar-
I liand, c"est pour les offrir à une ^'lande Dame. »
Cette Dame était la Sainte Yieri;e,sa bonne Mère.
Il dépo^uil II- bouquet devant sa statue et di'iueu-
rait là de longues heures en prière, n'euteudant
que Jésus, ne voyant que .Marie.
LE niB»Hiîinri\
Ine si belle llenr if
rnisriN, c.\pi'Cin
'lit pas destinée à se faner
TU contact du moud- : .N..tre-Sei(.'neur la cueillit et
1,1 plaça dans un vt-p |.ri*iicux.
v_ -' — . , ;.-es du couvent des Capucins
on. le Jeune liouane lut pro-
lulie de leur recueillement et de leur
[■>rs, tout son désii- lut de le* imiter. 11
l'rovincial qui lui permit d"entrer au
In jour ij:
passaient <i
I ndémeiil ti
: I veur. Dé^
- olressa au
ii'iviciat.
Ce ne fut |i is sans um- vive douleur que sa mère
1 ■ \il s'éloii.'!!. r pour lou|our< du t^it paternel. I.tr
lii.MlieureUN ' ' ' ■ x qu'il put.' l'onrquoi
l'Ieiiri'Z-von- \er.-vous pas donné
■le
cinq ans
V nu-
la Très SaiiM. .,.,_. ,• -
driri-vous au|ourd'lini lepriMidre ce iiue vous lui
avi'z olTert? \.>ii« n'av.'z l'.ul aucune réserve; jo ne
iii'apparticn- ilonc pin-. ••
Le !j;ardien du couvent, voyant sa petite taille, ses
traits iiAles et amainris. craiunit qu'il ne p"l '■'ip-
porter les riu'ueur» de la réyle. Il refusa tout d'aUord
de l'admettre au nombre dés novices; mais le Pro-
vincial intervint, et. quelques [ours après, le Itim-
hi-ureu.x pouvait revêtir Vbabit de •■•"' *■■
Il rhanpea son nom pour celui de C
venir du métoT «lu'il avait exercé
Il avait alor> »intft-rinq ans.
A l'eicmplt' de saint Félix de Canlalice.
f;lorieu\ souvenir était encore vivant dans
des Capuriii " ; ' / : I ■ ' ,'
être que su
■nint François.
i^'pin. en s
duas le monde.
ne se croy.i
lions de I an
soi;;iiait les
jar<lin.
I I l.llillJT
i .1 11 quel.
- 1 I..IC-. < ultivait 1-
Li FB. cRispiM, cnsinm*
ot
Mit.
( .m I
>ifi. el loi
lit un tr '^ ^iiand umnlir'.
Ile.
souflrirla présence du Hienlieureu\. A son a|iprochr.
les jeu\ cessaient, les disputes s'apaisaient, le-
duella.tes laissment tomber leurs épées. Aussi, un
missionnaire s'écriait-il : .. Le Fr. Cri>piu l'ait plus
par sa seule présence que moi avec tous mes
sermous. »
LK FK. < KISl'lN, INHHMIF.R
.Malj-'ré les pressantes sollicitations du bon peupb
et les vives réclamations des maijistrats de la Tolfa.
le Bienheureux tut envoyé à Home pour soigner les
malades.
11 entra dans la Ville Sainte par la porte la plus
rapprochée de Saint-l'ierre : " Pouvons-nous, disait-
il a ses compagnons, aller au couvent avant
d'avoir été (irier au tombeau du prince des Apôtres,
qui tient les clés du Paradis et doit nous en ouvrir
les portes? •)
Arrivé dans la basilique, il se prAsterna la face
contre terre et arrosa de ses larmes ce sol béni
qu'avaient arrosé de leur sau^ laul de iiiailyrs et
de confesseurs. Il ne pouvait quitter ce lieu si cher.
et ce ne ie.l qu'a i-'iaiul'peine que ses compa^inoiis
parvinrent a l'en arracher.
Le Hieiilieureiix ne i -«sia pas li>n4(teni|>s à Home.
Son litamilité lui f.iisait trouver - ' ■ i."-i;.' d'iulirmiei
beaucoup trop élevée pour >■ )
.' Je ne suis pas, disail-il. nn u» l'on puisse
tenir à l'ombre : je suis trop ■ l'amour de
Dieu. Il me faut de l.i fatiiiii' chaleur, ou
le fou de la cuisine. "U le s,^ii.|| du jardin; J'ai besoin
de travailler pour me récliuulVer. ■<
I.R m. cRispiN, cuisiNicR roua t k sbco.ndf fois
Les supérieurs accueillirent favorablement sa
ilonuiM'te •■' l'envoyèrent à Albano, pour y rem|dir
IcVii.-.- .;r < iM-iiiier.
Il lin >-a : 1. u vile un petit iiiil<'l et plaça dans la
.\pres lin noviciat pn«s# Ion* nsla^iriérc
I «il l'ausléiil.-. le Hienbeureux : i faire pro-
l'f->i..ii. l'iii- •■Il Veu\ iiv iji 11.- la'l'olfn, on
il lui .Il u.'. lie la ru premier soin fut d'y
élever un i.elit aiitt 1 .i i.i -iniic Vieit'e, où il chaii-
j tait tous les soirs, avec deux autre'» Frères, les
1 1,1 ..... I.. It bonne .Mtfre.
lie epideiiiie promenait alors ses rnvaues
■'•■•■ I !■■ I I. T.f-.ili 1. ,1 du couvent en fut
I (le mourir, lorsque,
M 1 . ni lui .-ii\o V ,1 b
1.1 mednilln
liiiiiidCulAr
lit
.ml laquelle
.'upations le
couvent, le Mien-
uiafie, et lui
.1 consacrée»
nèi heur. Il faut qu il v -
. • -;• nos cilic
uisine une inut^ie de --a Honn-
il venait I liautei el prier qu.m
lui permettaient.
Si .pie|.|u'un venait visiter l"»
■ ux le conduirait devai,
iil les belle» slance» .ju.
.1 1.1 l'rés >,iiiite Vlert-e. ilan.s sa Jùwkilfin tlelitrci-.
("omme un lelicieux lui reprochai! «li jour de se
~.i lîr l.'- poète» profanes :
Mon r. 1. . répondit IhnmhlA Frère ronvers, le
l'Oisson ne va pas de t'iiaiiieçon du
U'Iqile appAt.
ne siiiit ;!uère
• n» du III I - les attirent
ri I. .11 !■■. Ulel le p. !.. ... ■ ■•... ■ ,■. ''> 0.-
Le» seimieiir», les évoques, les c.irdii
voir l'aulL-l du F'r. Cri-pin et lui cnti :. ..
ces vers. Le P.ipe lui-inèine aimait h rend
à riiumble reliL'ii'ii.x el à lui donner de ■
des iieiye» pour «a iii.-nloiie.
l'ii i"iir. un siiii.'ri. ur nppnrtn iii Hii-Tibeui i
•» lleur> I
).-, .|tii .il!
Ids lui «'
du peu ib
lu 1 du l'.ipe, lui
ux Ins nlliiina sur
I'. Il
Il 1 rt|. I 1 ,
.1,11- . ..iiiiii. .il', dit-il, en «'.•lllr-.'-»
Vicrjje, hier bj» fleur», auionrd'lm
vr;Miii'^iil . lua Mfie. . li- • Le^ Iroj) bonne, ils voas
preudi-'iut linéique jour volie Fils cfeins vos bras, et
vous aoserez riwi dire. Oui. je vous le dis, je vous
le répète, et le redirai mille fois, vous ^tessi boDoe
qu'ils linimnl par vous ealev«ir votre Filsi. »
Le P. Damasréni écoutai», cacbé en usa coin, ces
rr-proches affectueux. IL rentra tout éina dans la
cui<iine, prit le Bienheureu.^ dansses bras, He couvrit
de baisers et de larmes et lui rendit les cierges.
Tant de bienveillance du la part des seigneurs les
plus distingués, des cardinau.x et du Souverain' Pon-
tife lui-même, jetiirent l'alarme dans l'âme du saint
relifîieu.''. Il craii.'nailde perdre le précieu.\ trésor de
l'humilité. Cette crainte s'augmenta encore lorsque
sa cliarité l'ayant contraint de faire quelques
miracles, il devint l'aiInMration de tous.
l.n des caraériiT? du Pape ét;ut depuis looateinps
toijj-raenbé |iar des douleurs aiguës contre l«sqiiell©s
on avait enif>loyé inutilement tous les secretS' db
l'art; it alhi irouvwr In bon Père cuisinier, quii les
i-'uéril aus^iiiH i-n lui fai-ianl prendre une des fleurs
oU'.rles sur snni potifl autel. Le méilecih du Paipe,
a.yant appris c*tle ^auérison : « Vos remèdes ont
plus (le vertu ((ue les nôtres, dit-il au Kr. Grispin.
— .'^oiiseiaiii'ur, répondit le BienlieUreux, vous êtes
un savant médecin et tout Rome vous reconnaît
comme tel ; mais la Sainte Vier;:e e.sl encore plus
savante que vous et que tous les médecins du
monde. »
Le saint relitiieux passait une grande partie de
son temps au pied de sa bonne Mère^ la priant,
l'invoquant, implorant son secours. .4ussi obtenait-
il tout ce qu'il demandait. S'awissaitf-il de iiuérir un
malade'.' Il le faisait venir devant sa madone, et la
maladie disparaissait promptemenl. Le temps lui
avait-il fait défaut pour préparer le repas? Il dépo-
sait son plat sur le petit autel, et le plaL était cuit
en lui instant.
Cependant, on accourait en foule au couvent pour
voir 11." Hir-iiheureuic et prier devant son autel. Mois
lui, craiynunl de plus en plus pour son liumiliiè, et
voulant se dérober aux louan«es et aux manifesta-
tions dont il était l'objet, pria ses supérieurs de le
faire changer de monaslére. Ils l'envoycrent dans
celui de Monte-Hciloiido. .ni il fui iliar::éde cultiver
le jardin.
i.K KH. (:Ul-.|M>, .J.MUM.Mhtl
En arrivant dans sa nouvelle résidence, le Rien--
beiireux trouva le l'Vère •piétenr inaliide. Uès lors,
tout le service, dli. couivent portn >urlui. Durant tout
le .|our, il qu^tnit, bècùait, labourait, aidait à la <'ui'
sine: il voillait, pnail, niediliiil pendant la nuit. Il
fai^ I ' b tout. Ouanton lo plaifinait
df ' lie. il c.itait celte parole île
suiiii l'iiiijpp" .n- M;n : " Le jiantdis n'est pas fait
]iiiiir In liirhai. •>
Il ébua dans son jardin un petit aulel à sa bonne
Miif. qu il mit à l'alm sous inie mauvaise cabane
de Irrnncliaae*. fous !(;.< jours, il venait, avec son
admirable simplicité, répandito des «raines devant
' tlii: cabane, atin i|ue lo^ petits oisuniu s'y assem-
lilas-.eiit pour cbatiler les louantes de leur Ruine.
Partout on .ill.iit 11' Iliciihriiir.uK, Nolrf'-.''cif;neur
se plaidait à : té par quelquo mi-
rai'•. l'.-nd II ■-ItoioMilo. il armr»
ipi l'firi-r la vonlo
■ le ' iiello. s* brisa
looifpn >ur lemailit—iiiili-l ri mil Kiulersiir le pavé.
l'M venait de le déposer presque sans vie dan»
riiifirm'ri"' quand If l'r riipiii i-ntra :
" Krnn<oi«.. dii-il in - ipiirnrbant douirmcn» du
moribond, c-itéreen Dieu et en >a Très Sainte Mère:
daiH deux jour*, lu «eras t'iiéri. » Pendant cesdeax
jours, le saint relipeax ledMibla >«« prières et ses
austérités, ert François se leva ooinpiètement gnéri.
LE FB. CalSPLN, ISFrRlIlBH POUR L.V SE<;ONDF. FOIS
Une épidémie ravaaeait le couvent do Krarri.-mo. •<
n fallait atout prix y envoyer un infirmier. Le Rien-
keureux se trouvait à Borne lorsqu'on apprii ootte
dnuloureuse nouvelle ; il s'offrit aussitôt.
!<■ Gomme il y a péril de mort, lui dit le Provincial,
je m'entends pas forcer votre volonté.
— Quelle volonté,, mon Pore'? s'écria le Riewheu-
reux. Q«and je me sœ» fait Capucin, j'ai laissé mTi
volonté à Viterbe. J'ai fait vceu dobéiss,ince devant
Dieu, la Sainte Vierpe et notre Père saint Kiançois,
sans réserve ni pour les maJaidies, ni pour la mort.
Envoyez-moi. donc en vertu de l'ofcèissance et j irai
coaatenL »
Le &roTiocàaMui donna Kordpe qaïL désirait, Ir
bénit et le laissa partir. Mais les amis du Itieivhcii-
reux, apprenant le dan;.'er qu'il allait courir, s'cllni
cèrent de le retenir : « N« craiirne?, rien, leur dit il
je vais à Bracciano en compa^inie d'un f.Tand et
son'aat médecin, et muni d'un excellent préservalit.
Le grand médecin qui vient avec moi', reprit-il,
c'est notre Père saint François, et le préservatif qm-
j'emporte, c'est la- sainte obéissance. >>
Il revint, en effet, sain et sauf qm^biue temps
après. Il avait f-méri, tant par ses soins que par ses
prières, tous les malades de Rracoiano,
LB FR. GRISPIN, OUÈTEUR
Au Chapitre suivant, il fut décidé que le Bienheu-
reux irait au couvent d'Orviéto et y exercerait les
fonctions de quêteur. Il eut bien vile f,'aané tous les
cœurs par son humilité et sa simplicité. .\u bout de
quelques jours* toute la ville le chérissait ; tous le
respectaient comme un saint, tous se disputaient
l'honneur de remplir sa besace. L'évéque et le irou-
verneur faisaient arrêter leur carrosse pour s'entre-
tenir avec cetbumblo Frère dont les ié|ionses simples
et naives pénétraient jusqu'au fond de l'àme. Le
Rienheureux en profitait pour obtenir des_ secours
aux malheureux, aux veu-ves, aux orphelins, an\
prisonniers. Il portait^ joie et la paix dans loutev
les familles : aussi comme on l'aimnit ! ('omnie on
écoutait ses paroles ! Plusieurs fois, ses supérieurs
l'envoyèrent dans d'autres couvents ; mais les
aumônes cessaient aussitôt; le Frère quêteur qui le
remplurait trouvait toutes les portes fermées. Il
fallait mourir do faim oU' rappeler le Kr. Grispin.
Il revenait donc et toute lu ville accourait au-devant
de lui et le ramenait en triomphe à son couvent.
Tant de témoi;,'naa<iS d'honneur et dalTection
nienllaient point b' cnmr du saint relif-'icux. Toujours
petit, loujoiirs humble, toujours b' dernier de tous,
il no s'appelait que l'àm- des Capucins.
(I .\lliiHs. nies enfants, faites place à l'Ane des
Capucins, s'écriail-il lorsqu'il lui fallait traverser la
foule.
— El où est-il df>nc cet éne? lui demanda un jour
un homme qui ne le connnissailpas.
— Tu ne vois pas que je porte le bAt, reprit le
liienheureux en ninntrnnt sa besacoi »
(In lui demandait une fois pourquoi il allait tou-
joui-s nu-f^to: « G.'est pan-e (pl'iin Ane ne porte pas
dechaf>eau, .>réponditiil.ive<'une aimable simplirflé.
L'humble Frère n'aimait rif-n tant quo de souffrir
pour son divin Maître, fhi voulait le délnuincr
d'.iller faire la qu'^p dans une maison dont b-
inaîtr* l'ac^-neillhil par des ontrace«: <• Mais jf n'.ii
pas de meilleur ami. ■ répondit-il, et incontinent
il allait frapper h «a [lorle. Inc aiilfe personne ne
ni.iTi'iuait jamais, lorsqu'il venait lui .1» imnder
l'aumône, de l'accabler d'injures, l'appelant hypo-
crite, fourbe, dévot, etc. Le Bienheureux l'écoutait
tr:iicquillenient. puis, quand elle avait fini ; c Dieu
soit béni I s'écriait-il tuut joyeux, de re qu'il y a à
( irviéto une personne qui me connaisse et qui me
traite comme je le mérite. »
Notre-Sei;.'neur faisait resplendir aux yeux' du
monde lu sainteté de son serviteur par de nombreux
et éclatants prodiges. L'n jour que le Provincial était
venu diner au couvent, avec quelques autres Pérès,
le vin manqua. Le Bienheureux courut chez un sei-
f!neur du voisina;:e et lui demanda d'un certain vin
qu'il désigna. " Ce serait avec un prand plaisir, lui
lut-il répondu, mais le tonneau est vide ; on vous
en donnera d'autre. — Non, non, c'est de celui-là
que je veux, reprit le Bienheureux : allons voir le
tonneau. •> On di-srendil à la cave avec lui et, au
;;rand étonnementde ses hienfaiteurs, le Fr. Crispin
remplit son vase au tonneau qu'on savait vide. Ce
tiMineau fournit du vin louf^temps encore sans
s'épuiser.
La ni''Mne chose arriva pour un sac de farine qu'on
avait piitii-rement vidé pour le Bienheureux.
Le cardinal (iualieri, qui habitait une villa aux
environs d'orviéto, devant recevoir le roi d'An;.'le-
lerre, son intendant avait fait demander à Bome
des ileurs dont on maiii|uait à Orviéto. Le commis-
sionnaire les oublia, ce qui déconcerta fort l'inten-
dint. .Mais le Bienheureux lui dit : " Ne vous inquié-
tez pas ; je vais vous fournir toutes les lleurs dont
vous avez besoin pour la table et les appartements. •
Il sortit un instant et revint bientôt avec un énorme
bouquet de ma;;niliques lleurs d'une espèce incon-
nue à Orviéto et dans les pays voisins. Comme on
lui demandait d'où il les avait tirées : " l»ccupons-
nous d'abord de paiiner le ciel, répondit-il ; si nous
avons le bonheur d'y parvenir, nous y verrons des
lleurs bien plus belles et d'un parfum plus doux. »
Cependant, le Bienheureux vieillissait et s'atTaiblis-
sait de jour en J'-ur: ses dernières années ne furent
qu'une suite de miracles presque continuels. Nolre-
ï>eii.'neur lui ciimnniniuua ù un haut lienri- le don de
prophétie, de sorte qu on recourait à lui comme ù
un oracle divin.
In jour c|u'il visitait un pauvre père de famille,
elouésurson lit de douleur et n'attendant pins que
sa dernière heure, sa femme, tout éplorée, se jeta
aux pieds du Bienheureux, le suppliant d'avoir
titiè d'elle et de ses enfants, et de guérir son mari,
e saint reli:.'ieux passa toute la nuit en prières.
Le lendemain, il acrourut tout joveux à la maison
«lu malade : •< Antoine, lui dit-if, livre nouveau,
uiinpte nouveau. Dieu t'accorde dix années .le vie.
Mets dune ordre à tes affaires, car, après ces dix ans,
lu retomberas dans la m^-me maladie ; mais, cette
fois, pour en mourir. >■ Antoine se leva puéri, et la
prédiction du Bienheureux s'accomplit de point en
point.
UonT HIE.MIEtmEl'SE DU FR. CRISPIN
L'humble Frère resta à Orviéto près de quaranU
an5. Il fut rappelé à Bome lorsque, accablé de vieil-
k-sse, il ne pouvait plus sortir pour faire la quétc.
Cependant, le» habitant» de la bonne ville d'Orviélo
'■l''.inrent une dernière fois qu'il leur serait rendu.
I . ,,,.. .. rentrant dans ses Ktats, n'aurait lias été
1 lus de mai-'iiiflcence qu'on en déploya
il 1 l!i'iili' iireux. Tout le peuple se porta
■I r lui faire cortège. Les crif
• Il le .Saint ! yi»e le serviteur de
II. !•• toutes parts. Mais le pauvt-
>!■ - lit d'un tri h'-'nn"iir ilont il
.roy.iil -I ...
il, polir un . N
tuitunebéte k lo.Uic morlo '/ Alb;z, .illei a l-J^li^c
vous prosterner devant Notre-Seigneur et devant sa
Très Sainte .Mère, au lieu de venir adresser des
louanges au plus vil des hommes, à un misérable
pécheur. »
Il passa encore quelques années au milieu de ce
peuple qui l'aimait tant, secourant les pauvres, iiué-
lissant les malades. Enlin, Dieu l'appela a Borne, où
il devait mourir.
tjuand il se vit sur le point de quitter cette terre,
il tit ses adieux à ses amis et à ses bienfaiteurs. Il
n'était pas encore malade; mais .Notre-Seiyneur lui
avait fait savoir qu'il recevrait bientî>t la recompense
de ses travaux.
Il tomba malade à l'approche de la fête de saint
Félix de Cantalice, pour lequel il avait une particu-
lière dévotion. Les reli:.'ieux, ses frères, crurent <pie
Dieu l'appellerait à lui ce jour-là. Mais le Bienheu-
reux leur dit : » Je ne mourrai pas le jour de saint
Félix, mais le lendemain. — El pourquoi'.' lui
demanda-t-on. — Parce que ma mort troublerait sa
fête, " répondit-il avec une grande simplicité.
Puis, levSnt les mains vers le ciel, il s'écria: >■ 0
mon Jf^sus! vous (jui m'avez racheté par voire sana,
achevez niaintenant votre œuvre et assurez le salut
de mon i\ine. Kl vous, à divine Marie! mon soutien,
mon refuge, ma protectrice, secourez-moi dans ce
grand passaye. »
Le démon essaya de troubler la ferveur de ses
derniers instants; il lui apparut sous la forme d'un
f^i'os chien noir et hideux, rl^dant autour de son lit
comme pour le dévorer.
« 0 méchante béte! s'écria le Bienheureux, que
veux-tu de moi'? Je n'ai rien à taire avec loi : mon
juge est Jésus-Christ et sa Sainte Mère est mon
avocate : quant à toi, je ne te connais pas. »
On l'asper^iea d'eau bénite, ce qui mit en fuite le
monstre infernal.
A la nouvelle de sa maladie, latirande ville s'émut :
les princes et les seitineurs vinrent voir le pauvre
Frère convers et lui baiser les mains.
Il reçut les derniers sacrements avec une ferveur
inexprimable. Puis, jetant encore un reganl sur les
imat;<-s de .Noli'e-Sei;;neur etde la Très SainteX lerye.
et levant les yeux au ciel, il remit doucement son
Ame entre les mains de son Créateur, au milieu ib^s
larmes et des saii:;lots de tous les asMslanls. C',-lfiil
le lendemain de la l'He de saint Félix de l^aiitalice,
dont il avait si fidèlement reproduit la vie, en
l'année I7,"i(i.
.Xjirès que sa belle Ame se fut envolée au ciel, les
membres du Bienlieureux.raidis par les rhu!n.iti>me«.
reprirent leur souplesse, ses plaies dispariiient, son
corps devint blanc et vermeil comme relui il'un
petit enfant. Il resta six jours, exposé à la vènèrnlion
des (Idéles, -ans donner le moindre siyiie «le putré-
faction. Le pèlerin qui va prier au tnnibeau de'^
apôtres peut aller vénérer ses pi.
conservées intactes dans l'ék'lise d
A la mort du Bienheureux, la \iio '
remplie d'un très ;;rand nombre d' '
étaient venus à Borne pour le Jubile ii~ m.oi
tèmoiur. des nnracles qui s'opérèrent pendant ses
funérailles et sur son tombeau.
Le couvent fut bienlAl envahi parla foule : lix foi»
on changea les habits du Bieol inn v,, 1"..!^ ,1.
furent mis en pièces, et la mni
I'iiiiIm m \ .' 1 lis .111, ■ If s L'.il d' '
e s eiTie dan 'ii ; •■ (Juel loi u
s eu de pareil !■
vie du bienheureux i.ii-j.iii n et
; int» auteurs ; celle- i ■ si empruni
p. Il lie à llibadcnéira.
rliqne
lis.
iiiip -ytr<int. l'riwMrsm, s^ rur Iraiiroit ï", l'.iti
SAINT DONATIEN ET SAINT ROGATIEN
ou LES ENFANTS NANTAIS, MARTYRS
Fêle le 24 mai
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■ ■ ■: ■;€
/A
Saint Donatien et Rogatien en prière dans la prison.
L'empereur Dioclétien, le plus acharné des persé-
cuteurs, poussé par son gendre Galère, se résolut
à lancer un nouvel édit de persécution contre les
chrétiens. 11 sévissait avec d'autant plus de fureur
contre les disciples de Jésus-Christ que lui-même
n'avait pas eu le rx)urage de correspondre à la gracia
de la foi. Les historiens nous apprennent en eflot
que plusieurs de ses parents étaient chrétiens, et le
pape saint Caïus était son cousin. L'empereur avait
choisi un de ses plus cruels ministres pour l'en-
voyer dans les Gaules. Le couverncur partit avec
l'ordre de n'épargner aucun de ceux qui refuseraient
l'encens à Jupiter et à Apollon. De nobles victimes
étaient prêtes.
CONVKBSIO.N ÉCLATASTB
Pendant que beaucoup tremblaient à l'approche
du juge, à Nantes, un jeune chrétien se réjouissait.
C'était le seigneur Donatien l'un des plus illustres
jeunes gens de la ville. La moit endurée pour Dieu
est si sainte et si glorieuse que les vaillants servi-
teurs de Jésus-Christ, loin de la craindre, la défirent
comme une grande grâce.
Donatien descendait d'une des plus nobles familles
de la ville de iNantes, mais celle gloire était peu du
chose, car le Christ ne l'avait pas encore consacrée.
En effet, les parents de Donatien étaient idoldlreset
lui-même avait été élevé dans les erreurs grossières
du paganisme; aussi aimait-il le cirque et les jeux,
et sa nature ardente le poussait vers les combats
sanglants de l'amphithéiUre. Cependant Dieu avait
ses vues sur ce jeunu homme admiré de tous; la
griice divine pénétrait peu a peu dans son dme en
même temps qu'il croissait en âge. Dientôt Donatien
commença à comprendre l'horreur de ces jeux ou
l'on versait à flots le sang humain. Dans le paga-
nisme il voyait des trahisons, de basses flatteries,
di.'S tristesses sans consolation. Les chrétiens au
contraire, remplis d'une inépuisable charité, intré-
piiles devant la mort, joyeux dans les tortures, les
prêtres chrétiens en particulier, édiflaicnt son 4me
amie de la vertu. Ses yeux désillés commi^nraicnt à
apercevoir une grandeur autrement désirable et
a«i
belle que la richesse et la puissance. Donatien se
iji piocha donc des chrétiens et r.'sofut 4'entrep
liuis leurs rangs. Dubord il s'abstint des sacnOces
i.lolàtriques, des Ihiâlres, des broyants fastins; il
abandonna la compagnie danjj. reuse des flatteurs
qui l'obiédaient sans cesse. EnOn, tous les liens
étaient rompus, il fut chrétien.
Ce fut un \riilable événi'ment dans la ville. Les
païens ne pouvaient concevoir que dans la fleur de
la jeunesse, cet héritier d'une grande maison
nréprisât honneur, beaui/. richesses pour se vouera
une mort certaine en devenant chrétien. On se
demandait quel attrait l'avait séduit par ses charmes
dans une religion abhorrée par les amis de la
volupté. Mais llonatien méprisa tous les discours
frivoles du niùiuie el ne se laissa pas intimider par
la pensée des joulTrances qu'il aurait à subir, l'ressé
de se donner tout entier a Jésus-Christ, il alla se
présentfT aux prêtres pour être reçu au ranf? des
catéchumènes. Il était delà prêt à recevoir l'eau
baptismale, et il appelait de ses vœux le jour de la
rénovation.
BAPTÈMi (rr FRUITS d'aïostolat
Enfin le prêtre admet Donatien au baptême. Le
nouveau chrétien qui a choisi le Seigneur pour son
héritage, ressent déjà les effets de la miséricorde
divine. Son àme est inondés d'aae aOégrcMe touU
céleste. Il manque cependaat eaew* qaélqae chose
à ce bonheur : Ftogatien n'est pas •■£ cAws de son
frère, le démon le tient encore soo» MB empire.
C.tle proie allait bienl.it lui être arrachée, car
Hogatien sentait bien le vide du culte de Jupiter el
d'Apollon, son àme n'y trouvait poiat U repos et la
paix, et sans voir encore claireâcat Ik lOHèTC, il
enviait le bonheur de son frère. Dits rteMapensa
une jalousie si sainte, et à la prière de Dsaatien, sa
grâce se répandit dans l'àme de ce jeoa* païen qui
voulait venir à la connai.ssance de son Créateur.
UoRiiiii n -'-Lait fait son catéchiste, bien résolu
Je ne i qu'il n'eût attiré son frère à la reli-
(rjon en ■ . Hof-'alien, bien que l'alné, écoutait
avec une grande attc-iition son jeune docteur. Le
maître puisait ses en.se.ignements dans la parole de
Dieu et le disciple, apercevant la vérité, renrettail
de n'en avoir pas connu plut.)t la beauté toujours
ancienne el toujours nouvelle. Enfin il ouvrit son
cœur et dit : " Donatien, maintenant je suis tim
frère selon la foi et la grâce aussi bien que selon la
nature. .. Avec quelle effusion de joie le jeune chré-
iien 11' lit inscrire sur la liste des calécliumènes qui
se préparaient au baptême.
LBS PIliDICATEDU
A peine conTcrti, RoBnlien se fil «p<^^^e k son
tour. Apr*-i avoir reçu Vs instructions du prêtre,
il s'effonait de les r'êpéi.r nui autres et d'attirer
a Jésus-Christ !<■* unies dont il avait parlajr» l'er-
renr. Mais lennemi allul bi.nlAt se dri-ssfr sur sa
,,.iii.. Il, 11 il.'* liniitH (11* persécution .le r>'pnndaient
'tait pas la aainte de la mort
r II' nouveau converti, mars il
• •vé par la nersi^cution «mnt
I ■■ dans l'eau au s.iint baptême.
I .■ tt-iilalion de l'ennemi. Il«>i?ntien en
! ins l'un d" •'•s doux et «ainl* entretiens
1 , . . l'un par ''
1, .;, :it pas de 1
pierre dont beaucoup de païens eux-mêmes si
moquaient tout en leur offrant des sacritieos. Ces
discours pleins de feu entrainaieut la multitude en
forçant son aJraitaliou. Us s'étonnaient en elTet.ces
païens, que l'on pût s'enflammer d'enthousiasme
pour sa religion, car eux-mêmes n'éprouvaient point
d'amour pour leurs dieux tout en les craignant un
peu et en espérant leur protection. Les deux saints
étaient sans cesse à l'œuvre, el quand ils avaient
prêché les foules, ils tournaient leurs efforts vers la
conversion de leurs amis. Le parfum de leurs vertus,
leur charité affable, charmaient tous les coeurs, et la
grâce remportait des victoires consolantes par le
moyen de ses serviteurs. Toutefois ces conversions
étaient plus le fruit de leurs prières que de leur
éloquence.
DKNONCUnOK
Cependant le persécuteur approchait et répandait
partout la terreur. Quand on sut qu'il entrait dans
Nantes, la foule se porta a sa rencontre pour honorer
l'envoyé de l'empereur. Elle demandait en méiur
temps des victimes pour ses jeux et ces vietinii-
c'étaient les du "tiens. Mort aux chrétiens, c'était
le cri de toutes les bouches. Cependant, an ailieu du
tumulte, un païen s'approcha du préfet, il venait
désigner les victimes les plus dignes dé recevoir
la couronne du martyre. « Maître très sa^, lui dit-
il, en Qéchissant le Kenou, vous arrivez à temps
pour ramener au culte de» dteox ceu q«M l'on a
vus courir après un crucifié des Joifc. Mcktz donc
que Donatien est disciple de celte reKfÏM et que
vous devez sévir contre lui avec vitiuavr. Jf*u seu-
lement il ne sert plus les dieux, mais par b ténacité
de ses vains discours, U m Mtnlné IMI frère à
mépriser Jupiter et ApoOo*. Mm fêtes MDt délais-
sées! on nouveau culte remplace Tancien.» Le cruel
gouverneur comptait bien assouvir sa cokre el
repaître ses yeux de spectacles sanglants. La loule
rap[ilaudissait et demandait la perte des chrétiens. |
Sur le champ, il envoie ses satellites avec ordre |
d'amener devant le tribunal le seigneur Donatien. ;
Donatien ne se cachait pus et la demewrs de smi
illustre famille était connue de tous. Les sttlelliti s
it donc bienidt avec iwir proM rwn la luule
et avide d« l
pour
IN iw
mTKKBOGATnlRB
Donatien était seul, car le cruel tyran avait voulu
lui ôter la consolation suprênie d'élri» aidé par la
présence d'nn compagnon de souffrances, fl espérait
Intimider ce grand co-iir par la vue dr la rnMl,- .mi
demandait son sang. Les inslrunients di'
entouraient le tribunal, tout respirait la m
rien ne put troubler le calmi- du saint martyr, li
comptait sur la cr.Ace du Dieu tout-puissant qui
viendrait k son aide dans le combat, et dans le fond
di- son c<rur. il iiivoqu.iil avec anmur son eéle^ti' Roi,
heureux de lui offrir sa vie comme un bon et lldèie
vddat.
.. Donatien, lui dit lo jnge, on prét»'iid i|
avci abandonné le* diem qui nous «ni
vie et nous la cfi ^ -i '
pheme, el vos disci'
persuade! de ■ : ' '" '' ■■'"" ■
-Vous dile» I 'lid le jeune
:;liie ; tout ■•■ ■" ' '"'-'
Te de l'iii
I,,. 4....,
se venger cm
.. „i. J.
se met à prêcher avec force et clarté la religion
chrétienne. En vain le gouverneur irrité le menace
d"une mort imminente s'il ne cesse de pareils dis-
cours ; Donatien continue à montrer au peuple,
attentif et étonné, la vanité des idoles et la grandeur
du vrai Dieu. C'était un triomphe pour la toi, telle-
ment que le juge craignant des conversions non»-
breuses, donne ordre de jeter Donatien dans un
cachot obscur et de le charger de lourdes chaînes.
11 fait ensuite amener son frère Rogatien.
Celui-ci n'était pas encore baptisé, il y avait plus
d'espoir de le vaincre, surtout en présence des
tourmeiits.
aOGATIEN DEVANT LK TRIBCT^AL
Rogatien, il est vrai, n'avait pas reçu la grâce du
bapténe, mais il avait prié et sa prière pénétrant
le Ciel lui avait obtenu la force du Tout-Puissant.
Il était bien résolu de souffrir plutôt mille morts
que d'abandonner Jésus-Christ au moment du combat
et de la victoire. Les satellites l'arrachèrent de sa
demeure et le traînèrent sur la place publique devant
le juge déjà furieux contre son frère.
Mais dissimulant sa haine et sa colère, le ministre
de Satan lui fit un paternel accueil et essaya de le
gagner par la douceur et la flatterie : il le louait de
ses belles qualités, de ses richesses et de sa gloire
que les dieux tout-puissants lui avaient prodiguées.
'< Enfin, lui dit-il, puisque vous n'avez pas encore
été infecté de je ne sais quel baptême, ne vous
obstinez pas davantage. Vous garderez tout ce que
les dieux vous ont donné ; vous aurez la vie sauve,
et un accroissement de richesses et de dignités dans
le palais des empereurs, et dans le sénat de la Cité. »
Rogatien, rempli de l'esprit de Dieu, coupa court
à. ces vains discours et répondit au préfet : « Je ne
m'étonne pas de vos promesses, car vous êtes aveugle;
cependant je vous le demande: pourquoi mettre sur
les autels des dieux qui valent moins que vous"? Mais
en les adorant vous vous rendez semblables à vos
idoles, car si vos dieux de pierre sont sans àme et
sans vie, ceux qui \cs adorent perdent l'intelliaencf
et le bon sens. » Rogatien était donc aussi inébran-
lable queson frère. Jésus-Christ parlait par sa bouche
et mettait dans son âme une force divine contre
les tourments, la flattorie et toutes les ruses de
l'Enfer. Le juge comprit qu'il était inutile d'insister
davantage par des paroles et fit jeter le saint con-
fesseur de la foi dans le cachot où était enchaîné
son frère. Le lendemain, pensait-il, les tourments
devai-'nt'avoir raison de leur fermeté, ou punir leur
désobéissance par une prompt* mort. En attendant,
n alla pri'sid<>r une fêle, pendant que ses innocentes
victimes souffraient dans les fers.
Mais pendant que le préfet recevait avec orimeil
les applaudis-»raentsde la foule adulatrice, combien
t<-ndre et ■.iilliine était l'entrfvue des deux frères
dans leur prison I Avec quelle effusion ils s'emhras-
î>-renl après 1»; premier combat dont l'un et laulre
«ortaient vaiiif)ij.- it - ; .' mine il< fm'Tciaient Dieu du
Un r>'-unir (oui 'ju il [hi--; til <nrHi-.ileret se fortifier
I iir ' ' Ils 1,11 r'-ii'Unnl -rires de I'îs avoir
iu. lie souffrir pour son nom, ils suppliaient
!■•■ • ■ -' ' ■ 'I-- ' ■■' pro-
ch.i
' -itien,
c'i I nhf.ur di- rece-
V'i' , U, lui assurant
avec raison que le martvre lui ouvnrail certainement
le ciel et il fit à haute voix cette prière : « Seigneur
Jésus, qui voyez dans le; désirs sincères le mérite
de l'action elle-même, que la foi pure de Rogatien
lui serve de baptême et si demain le glaive termine
notre vie, que son sang lui serve de confirmation. »
Puis tous deux offrirent sénéreusement leur vie
au Seigneur ; il leur semblait qu'ils n'étaient plus
de la terre, qu'ils n'étaient séparés du ciel que par
un voile fragile qui allait tomber dans quelques
heures. La nuit entière se passa en pieux exercices
et en saints entretiens.
■ABTTRE DES DEfS SAINTS JED.\ES GEN5
Le lendemain, les portes du cachot s'ouvrirent,
et les soldats les emmenèrent. Les deux enfants
marchaient joyeux et fermes quoique lentement,
accablés qu'ils étaient par leurs lourdes chaînes;
leur visage rayonnait d'une assurance et d'une beauté
célestes. Us traversèrent la place encombrée par la
foule, et arrivèrent devant le tribunal où siégeait
le préfet.
« J'ai usé de modération envers vous et je vous ai
adressé de douces paroles, leur dit le magistrat
païen, mais il est temps que la sévérité des lois
exerce sur vous sa juste rigueur, si votre ignorance
ou votre malice refuse d'adorer les dieux. » Les
deux héros répondirent d'une commune voix :
« Vous nous accusez d'ignorance; et, quelle est
donc la science dont vous faites preuve en adorant
sottement des dieux insensibles et sans "vie comme
le métal dont ils sont fabriqués; pour nous, nous
sommes prêts à souffrir pour Jésus-Christ tout ce
que le bourreau pourra inventer de tourments.
Notre vie ne perdra rien à être rendue à Celui qui
nous l'a donnée, et nous la retrouverons mille fois
plus belle dans les splendeurs du ciel qui nous
attend. »
Le préfet en fureur ordonne au bourreau d'atta-
cher sur le chevalet les deux innocentes victimes;
leurs membres sont déchirés et rompus, mais la
force de Dieu soutient leur courage, et leur àran
reste invincible; ni l'apostasie, ni même une plainte
ne s'échappe de leur bouche, et Jésus-Christ devient
victorieux dans ses serviteurs.
Mais il faut en finir, le préfet prononce la sen-
tence de mort contre Donatien et Rogatien, les ser-
viteurs du Crucifié. On conduit les deux enfants sur
la place du supplice, et le bourreau, fidèle à imiter
la fureur de son maître, transperce d'abord d'un
coup de lance la gorge de ses victimes, et fait
ensuite tomber leur tète sous le tranchant de sa
hache. C'était le vingt-qualri-'-me jour de mai. Les
âmes bienheureuses s'envolaient vers le ciel oii
elles étaient reçues par les phalanges des anges, et
déjà sans doute, imitant leur Maître divin, elles
intercédaient pour leurs bourreaux.
PROCESSION CÉLESTE ET DÉLIVRANCK
Plus tard, la ville devenae chrétienne n'oublia pas
les deux enfants qui avaient autrefois souffert le
martyre dans son enceinte. Elle put souvent à »e
louer de leur protection, fin leur bdtit une église,
et ils furent constitués patrons de la cité. Saint
r,r''Coire à'i Tours nous rapporte que Clovis. encore
1 .li'Mi, vint assiéger la ville d<' N.antes, il poussa le
3ii-a>î avec grande vigueur, car il i^lait résolu de n"
point céder. Depuis deux mois, les Nantais résu-
laienl 'T" "'■rn.'i du roi des Francs, et il< iil1.-ii..nt
enfin sans espoir de secoiir
Alor» L ours au wl et à la pu) de
leurs saint» Patrons. Toute la ville se jette a genoux
et se met en prières, ("est le lendemain que l'on
doit se rendre. Dans le repos de la nuit. li;s portes
6e la basilique des saints Donatien et Royatien
s'ouvrent, et des personnages, vêtus de blanc, un
cierce à la main, sortent de l'enceinte sacrée. Bien-
tôt la môme chose se répète à l'église de Saint-
Similin, il en sort un semblable cortège. Les
groupes marchent en ordre de procession ; ils se
joignent, se donnent un salut gracieux, et tombant
a genoux, font oraison. 1^ prière terminée, ils s'en
retournent dans le ra'nie ordre, et la vision dis-
paraît. Aussitôt l'tnne ni s'enfuit en désordre et avec
lant de rapidité, quj. la pointe du jour les Nantais
accourus sur les murs, n'aperçoivent plus d'assié-
geants. A la vue de ce prodige, un des capitaines de
Clovis, nommé Cliilou. se convertit et reçoit le bap-
lOme, témoignant que Jésus-Christ est le vrai Fils
de Dieu.
En lU.'i.une partie des reliques des Enfants San-
tais (c'est le nom que la ville de Nantes a donné a
nos deux jeunes héros) fut transférée solennelleme' '
a la cathédrale par Albert, évêque d'Ostie, en pi
sence de Hugues archevêque de Kouen, d'un grai.i
nombre d'autres prélats et d'un immense concours
de tidèles. La belle église bâtie sur le tombeau des
deux martyrs a été en partie ruinée pai- la Révolutii
mais en 1806, deux dames pieuses la firent géi
reuseiuent réparer à leurs frais; elle est deven
une église paroissiale, elle est située à l'extrém;
de la ville sur la route de Paris. On y conserve
encore des reliques des deux saints, mais celles qui
avaient été portées à la cathédrale ont été détruites
par la révolution avec le trésor de la cathédrale.
Nantes possédait encore une autre église dédiée à
ses deux illustres enfants, elle a été également
renversée par la grande ouvrière des ruines, la
barbare révolution, mais le couvent de Chartreux
dont elle dépendait, devenu de nos jours un couvent
de la Visitation, est heureusement encore un asile
de la i«rière et de la vertu.
SAINT GÉRARD DE LUNEL
Fête le 24 mai
Gérard (appelé aussi Géri) naquit dans la seconde
moitié du xiii" siècle, à Lunel, au diocèse actuel de
Montpellier dont le siège était alors dans l'ancienne
ville de Magdelonne.
Son père et sa mère étaient de deux familles
également illustres et pieuses. Son père (lérard
Amicy. seigneur de Castelnaud. était de la maison
de Sabrait, l'une des plus anciennes du Languedoc
et que les comtes de Toulouse avaii-nt honorées de
charges importantes: sa mère, Thérèse Raymond,
était lille de Raymond (iausselin, baron de Lunel.
A l'Age de cinq ans, le vertueux petit Gérard faisait
déjà partie de la confrérie de saint l'ranrois alors
récemment établie a Lunel et il en revêtait avec joie
l'habit de pénitence; mais sa pairie ne jouit pas
longtemps du spectacle de ses vertus naissante».
Philippe le Bel réynait alors en France, où son gou-
viTiiement iip faisait guère revivre les qualités si
sincèrement chrétiennes de son aïeul saint Louis. Il
était toujours question cependant de reprendre
l'œuvre glorieuse des croisades contre l'envahisse-
■tneiit croissant de la barbarie musulmane; pour
favoriser cette chevaleresque entreprise, le Seiuneur
de Castelnaud céda au roi de France la moitié de
la baronic de Lum-I nfln de mettre à sa complètr
disposition le nort d'Aigues-Morti'S. Il se retira don.-
avec sa famille au cliiteau de Rocheforl, près du
célèbre sanctuaire de la sainte Vierge si r.hei
aujourd'hui a la piété des catholiques du Gard et
d'Avignon.
Le jeune Gérard grandissait en piété et en vertus;
son frère KfTrenauil partageait sa (•■rveur. Ils réso-
lurent de faire ensemble le pfltTiiiatje de Rome el
i|.- Jt-rusalem et voulurent s'y préparer dans la
1 '1 iilf <'l 1.1 pénilen. •■ iiuillinl 1- lu.inoir paternel,
I I. iiclii .-lit a ■■ de la, au
I .1,1 1,11,1. il< ^ 1 une cellule
I > du vieil aqueduc romain, et v vécu-
I I Piir vir «.Tinte fut bientôt l'admi-
1 ,■ t pour échapper aux
|, , , ' "ni l'iir départ.
Us ■ -nt
heurr .. . lu
de saint Pierre. Après avoir prié h loisir dans t
les sanctuaires do Rome, ils se dirigèrent vers
port d'Ancône où ils espéraient s'embarquer |"
la Terre-Sainte. .Mais Gérard tomba malade ru
chemin, a Colombaro, dans le diocèse de Fermo; le
mal lit des progrès rapides, et au lieu de la Jéru-
salem terrestre, ce furent les portes de la Jérusalem
céleste qui s'ouvrirent devant lui.
Les paysans de la contrée, miraculeusement
avertis de sa mort, accoururent à la pauvre chau-
mière où il venait d'expirer et obliiirent de nom-
breuses faveurs en venant prier a son tombeau.
Le culte du serviteur île Dieu fut a|)prouvé par
Benoit XIV en 17i-2. En llalie, im l'invoque surtout
contre l'épilepsie, et la ville de .Monte Saiito près de
Colombaro a établi une confrérie en son honneur
Le diocèse de Montjiellier a obtenu de Pie IX, -
Mgr Thibaut, l'autorisation de célébrer aussi la :
de l'illustre enfant de Lunel. Elle fut soleiiiiisée jniur
la première fois, avec une grande pompe, le
8 juin 1837. On frappa à cette occasion une médaille
conimémorative; saint (iérard y est repr/senté en
habit de solitaire, priant dans sa retraite du pont du
(iard; à ses pieds gisent les emblèmes de sa gran-
deur terrestre abandonnée pour l'amour de Dieu :
son épée, ses éperons, la couronne de baron, les
armes de sa famille et l'écusson de Lunel. On
représenté aussi un serpent : on raconte, en i-:
que durant sa retraite au pont du (iard, il
sur)iris par une crue des eaux qui dura plusi.
jiiiirs et ne lui permit pas de quitter la pile du )
où il était réfugié. Il y serait mort de faim, m
Providence qui envoya jadis du pain au propl,
Elie par le ministère d'un corbeau, ne lui cùl ■
(lorter miraculeusement du pain par iiii>' .'itilm.,
lans son pèlerinage en Italie, Dieu mit en.
fois le» animaux a son survice; un jour qu j;
égaré dans un bois, une ourM le ramena au dieiuio
qu'il drvnit suivn".
ElTreiiaud. !•• fn-re de Gérard, ai
lie son r<^nit>aunon, continua »'
J<Tu mourut saintement a iuii iclour, daii.'<
I Ile
llllp.-f^""»' •' i'ililMlA*!. S. ru« I'l.lll>,.<lt )■', r&ti».
SAINT GRÉGOIRE VII, PAPE
INVINCIBLE DÉFENSEUR DE LA LIBERTÉ DE L'ÉGLISE
Fête le 25 mai.
L'empereur Henri IV d'Allemagne aux pieds de saint Grégoire VII.
ETAT DE .. r-..,.-r, *.r IlE l.\ SOCIKTK
ACX X'- ET XI' HIKCLES
Pour se faire une idée de la mission civilisa-
iricf du ce t'raiid pape, calomnié par les eune-
riii« du catholici'-ine et de la vraie liberté <le!i
['fuiiles, il f.iul jelur un coup <i"œil sur l't'tat de
i K^'iise et de la société à son é|)i>i|u.'.
Le x« siècle fut pour l'Eylise et l'Europe vmo
'■•p'iqiie de décadence iann^iilable, et qui aurait
l'ti- lonulemps irr'''paiable sans l'inlluence des
^.'linls que Uieii envoya au monde, dans ce siècl>>
iriéine et au siècle suivant. Celle décadence avuit
plusieurs causes.
Mais ce qui favorisa surtout l'abaissement
moral, intellei:luel et social, ce furent le» einpié-
3 y,
Lcmeutâ abusifs, di-sastreux et tyrauniques du
pouvoir civil et laïque sur la libcrt/' et les droits
d«? l'K^lise. Les princes en étaient venus à nom-
mer et à in-tituer eux-mi"'nus les abbés des
monastères et les évéques suivant leur bon plai-
sir, sans se soucier de l'autorité du pajie et des
lois ecclésiastiiiues. Quand le prince était bon, le
mal était moindre; mais il arrivait souvent que
le prince distribuait les évéchés et les abbayes à
ses courtisans, à ses ofliciers, à des soldats, à
des entants, parfois mAme à sos compaj;nons de
plaisir et de débauche, ou il les vendait au plus
offrant. Les souverains temporels avaient même
pris riiabiluJi' de doimer I investiture des évé-
chés par lu crosse et l'anneau, symboles du pou-
voir spirituel ()ui vient de Dieu et non de l'Èlat.
L'autorité ipii aurait pu reuT-dier eflicacement
h tant lie maux était la papauté. Mais — et ce fut
peut-être la plus terrible épreuve que l'E^-'lise ail
jamais soulïerte, — cette autorité était elle-
même entravée, paralysée par le pouvoircivil ; la
papauté était alors indignement opprimée, d'abord
par les sei;;neurs italiens, puis par plusieurs
empereurs d'Allemafjne qui \oulaienl traiter le
sié;;e de saint Pierre comme ils traitaient les
autres évéchés.
Mais Dieu n'abandonna pas son E;;lise, il lui
donna des saints, il lui donna des papes qu'il
arma de constance et d'énergie, et parmi eux
brilla siirtonl l'incomparable lii:ure de saint Gré-
goire VII. La papauté reconquit peu à peu son
indépendame, et, redevenue libre, revendiqua,
sans se lasser, la liberté et les droits de riit-lise,
réforma le clergé, et, aidée par de nombreux
Ordres religieux, spécialement ceux de Cluny et
de Citi-aux, arrêta la décadence sociale, restaura
la morale chrétienne, donna une vive impulsion
aux éludes il aux sciences et prépara enlln les
splendeurs chrétiennes du siècle d'Innocent ill,
de l'hilippe-Au^ste et d<' saint Louis.
fot'CATIO.t MONASnOnB — BII.DKBHANO Bl'jfifDICTIN
llildebratnl, qui devint plus tard le grand pape
saint dré^joiie VII, naipiil en Italie, vers l'an 1020,
dans riiumble demeure d'un honnête charpen-
tier nonimé Itoniz», dans la petite ville de Soano,
à dix lli-ues de Sienne. 1^ charpentier Bonizo
avait un frère appelé Ijiurenl, religieux Béné-
dictin, que son mérite avait fait nommer Abbé
du monastère de Notre-Dame du Mont Aventin,
à Borne. Le jeune Hildebrand, qui montrait une
rare intelli;.'<>nce, fut envoyé à son oncle; il eut
ainsi l'avantage inappréciable, surtout il cette
épo(|ue, d'être élevé dans un monastère, et il
en profita admirablement. Formé k la piété et
h l'élude, il parcourut avec succès, à l'école
du mona^téii', le cycle des sept arts libéraux,
proiTamriie cle l'éduration h celle époque, et >«•
ht bient'M admirer pir sa srience et ses vertus.
Kn m»;;, le pape (irégoire \ I en lit son secré-
taire llililrbraiid, alor» sou.<diacre. fut ain^i
providentiellement initié aux affaires de rKuli--»'
romaine, «in'il devait Kna*emer plus lard aver
tant de sa|w^»e et d« vigaeiu. Dans l'exercice
(!.■ •<•• iini|t.>||p« r«ni-ti(ins, il eut le bonheur
•'.' ner 1 un des plu- soints
r' l'oipir, saint Pierre Darnien,
ei I ■■ tmif»- .imiiié.
I r.» VI linnif VI démis-
*»•"• ■ - r- m innnas-
Irr t l'y .irrnm-
Ttiquc
y ■ ' 1 • btrn-
. >:hip.
avait été successivement gouvernée par le ver-
tueux Ayinard, puis par saint Odon el saint
Mayeul:elle était alors dirigée parle :.'rand saint
Odilon, qui eut pour successeur saint llu-ues.
(irdce à celte série de grands el saints Abbés,
à la vertu et à la science de ses religieux, au\
nombreux couvents «jui relevèrent de sa juridic-
tion, l'abbaye de Cluny, pépinière d'hoimnes
apostoliques, fut un grand centre de lumière et
de foi qui eut une heureuse ei féconde iniluence
pour la régénération de la société aux \' , w el
.\ir siècles.
Ce fut là que la grande Ame d'ilildebrand
acheva de se former et de se préparer à la mis-
sion que Dieu lui réservait. 11 s'y perfectionna
dans le; sciences sacrées et marcha à ::rand>pas
dans les voies de la sainteté, (.'uand saint llui'ues
fut élu pour succéder à saini (Idilon, le jeune
moine vil Noire-Seigneur debout près du nouvel
abbé inspirer à celui-ci son discours aux Frères.
Lui-même fut nommé prieur par les religieux.
En loi'.', le saint évéque de Toul, Biuno, élu
pape par l'empereur Henri III d'Allemagne,
partait pour Home. Saint Hugues, accompagné
d'ilildebrand, vint lui offrir ses hommages à
Besançon. Mois Ilildebrand ose reprocher fran-
chement au pontife l'illégitimité de son élection.
Bruno, loin de se fâcher, s'enipr(>sse de l'aire
connailie la droiture de ses intentions : c'est
malgré lui qu'il a été élu par l'empereur, el il
n'acceptera le souverain ponlillcal que biisqu'il
aura été élu ranoniquement par le clergé et le
peuple de Home, suivant les régies alors en
usage. Ilildebrand s'incline devant ces raisons,
mais Bruno, frap[>é du i our;ige el de la sagesse
du jeune prieur, demande à saint Hugues de le
lui laisser et l'emmène arec lui & Home.
mLDBBRAND, SACF. BT INTR^-PIDI CONSEILLER
DE CINQ PAPES
Bruno, arrivé à Home, élu avec enthousiasme
el suivant les lois canoniques, s'asseoit sur la
chaire apostolique sous le nom de Léon 1\.
D'après le conseil que lui en donnent saint Pierre
el saint l'aul dans une vision, il confie à Ililde-
brand l'administration temporelle de I Lglise
romaine et le gouvertiemeiit du monastère de
.'^aint-l'aul-hors-les-murs. Le saint moine s'ap-
plii]ue aussili'it à rétablir dans ce couvent l'obser-
vance de la règle el la ferveur mona-ti<iue. Il ne
tarde pu à eu faire une image de l'ubbaye de
C^lunv-
Ai^é par Hildebr.ind. ' "i • ■ -'-iller cl son bras
droit, saint Léon 1\ en : Tec un courage
et une énergie tout ap. . ,... ■• l.i réforme du
clerué et le rétablikseinenl des lois de rK;,'lise
L'n Concile convoqué A B'inie en lOt'.i condanuM
séTérement les érêqu>'«elle« prèlressiuionii'in -
,c'p*t-à-dire ceui qui aTjiienl acheté leurdi.ii '<
à prix d'argent et les erclè-iastique» qui r' . ■
raient de garder le célibat l'Iusieur» pi ii'-
indi.'iies sont déposés et par de»
homme» ▼ertaenx. Pourfaire. .sdécrcls,
saint l.i^>ii IX pai court l'ItJilie el U France rt fait
trois \oyn:;es en Alleningiii-. lliMelTiiid lui-niêmr.
en qualil'' île létal ap'>>tMli«ii i
un (^oiirile qui conoamne II
sorte de I <..!■■
Ouand. et saini-
PTI-
debrand, alors léirat apostolique en Allemafme,
fixa son choix sur tiuébéhard, év>-qne d'Aichstet.
L"empereur Henri 11! n'aiirëait pas cette élection,
et l'humble évtkjue refusait, de son côté, cet hon-
neur. Lanclen prieur de Clunv triomphe de tous
les ob-^tailes et (iuébéhard, devenu pape socs le
nom Je Victor If (f05o-l057), continue avec coti-
ra^e Tœuvre de saint Léon IX.
La m'^rae année, Hildehrand. fpi'il fait son
lêjat en France, préside un Concile à Lyon pour
jii:.'er rarclievi-ijue de cette ville accusé de simo-
nie. Il n'était que trop vrai que Tambitieax
prélat était arrivé à la ditTiité épiscopale par
cette voie coufiable, mais, après avoir acheté à
prix d'ari'ent le silence des témoins, il se pré-
sente avec une orgueilleuse assurance devant le
Concile : « Où sont donc mes accusateurs*
s'écrie-t-il; qu'iN paraissent ceux qui veulent me
condamner! ■> Nul ne parlait Le légat, jetant un
profond soupir, s'adresse à Tévéque coupable :
" Croyez-voa';, lai dil-il, que l'Esprtt-Saint.
dont vous êtes accusé d'avoir acheté le don, soit
de la même substance que le Père et le Fils?
— Je le crois, dit l'évèque. — Dites donc, reprit
le lépat : " filoire au Père, au Fils et au Saint-
Esprit. ..Le coupable commença aussitôt :•! Gloire
au Père, au Fils, au , » il ne put jamais
nommer le Saint-Esprit, encore qu'il s'y prit
à trois fois. Plein d'effroi, il se jette aux pieds
du lésât et avoue son crime. Il fut déposé de
l'épiscopat, remplacé par un dijrne évèque et put
alors réciter eu entier le Gloria Patri.
Etienne X, successeur de Victor II, se voyant
sur le point de mourir en 1038, recommande aux
Romains de ne pas procéder à l'élection d'un
nouveau papeavant le retourd'Hildebrand, alors
l<l-'at en Allemigne. Le légat se hâte de revenir
p( fait élire Nicolas II, sous la présidence duquel
un Concile tenu à Home attribue désormais aux
cardinaux la principale part dans l'élection des
Souverains Pontifes, élection qui leur a été depuis
exclusivement et sagement réservée afin de pré-
venir divers abus.
Son successeur, Alexandre IT, plein d'une juste
admiration pour les services rendus à la sainte
E^'lise par llildebrand, sous ses quatre prédéces-
seurs, le nomme archidiacre et chancelier de
l'Eglise romaine, et lui d"nne une part prépon-
dérante daiis toutes les affaires. La plus difilcile
fut la lutte contre le schisme de l'antipape Cado-
laû«, élu par b's évéqnes simoniaques de Lom-
bardie, avec l'appui de la cour d'.Xllemagne, et
qui e'saya de s intronisera Rome à main armée.
.Mexandre II linit lieureuseiuent par iiorter un
cj)up décisif au parti du schisme, au Concile de
M.iiiioue, BrAce aux efforts des deux cardinaux
llildebrand et saint Pierre Damien, et de saint
Hann>'ii, archevêque de Cologne; il continua,
«ans faiblesse, la guerre de «es courageux prédé-
cesseurs contre les hommes indisnes qui avaient
envahi les diijniti's et les charyes ecclésiastiques.
n mourut après onze ans d'efforts et de patience.
nao0aA.ND drvrnc saint bRÉaoïai vu ti0'î3)
A peine les funéraillos étaient-elles achevées
«OUI la direction d'Ilildebrand que l'illustre
af' hidiarre fut unanimem'Til élu par les cardi-
naux et tout le r|er::é. au milieu de» acclamations
enthousiastes du peuple qui criait : " Hildcbrand '.
Hildelirand ! c'est F'-lu de saint l'ierrel ■
1.-1 sraiide humilité' de notre Saint, le« difll-
. ullés présente», qu'il connaissait mieux que
["i«"nne. «'unissaient ji'uir fffrayer son ime :
-t-an,'oi','-e'- furent une '■orteil'a^.'onie.n Imfalln^
cei'endaut céder devant la volonté de Dieu. Le roi
d'Ali' ma;;ne lui-même, Henri IV, qui avait alors
besoin, pour maintenir son trône ébranlé, de
ména;;eT les catholiques lidèles, a:.'réa l'élection.
Hildebrand fut donc sacré et prit le nom de firé-
;.'oii-e VII; il avait alors environ cinquanle-tmis
ars.
L'î fut une ^aitde joie pour tous les vrais
enfants Je l'Eglise.
La sainteté qu'on avait jusque-Là admirée
dans Hildehrand brilla d'un nouvel e'clal sur la
chaire apo^loliqne. Malgré le tumulte d'occupa-
tions innombrables, il continuait à puiser dans
la prière les lumières et la force dont elle est '-
sounre.
Souvent son àme planait dans la contempla-
tion des choses divines, ses larny^s abondantes
attestaient alors les .saints attendrissements de
son cœur, et, plus d'une fois. Dieu le favoris;i <le
réréintiors particulières.
Durant un été, il fut pris à Rome d'une fièvre
si violente, qu'au bout de quinze jours on n'at-
tendait plus que sa mort. Or, vers trois heures
de l'apres-niidi, la Sainte Vierge apparut près de
son lit et lui demanda s'il avait assez, snutfert :
n Glorieuse Dame, Té[>ondit-il, c'est à vous d'en
jiiser, » La Vierge le toucha légèremnnt de la
main et disparut Le pontife était guéri. Le len-
demain. \ célébra solennellement la messe dan*
la basilique de Latran, en présence de tout le
peuple.
Lui-même a guéri miraculeusement plusieurs
malades; ses ennemis l'accnsaient d'être magi-
cien. Il arrêta par ses prières un incendie qai
allait dévorer la basilique de Saint-Pierre.
Son élection ne lui fit pas cesser ses anciennes
austérités; sa table était somptueusement servie,
à cause des iit'ttes illustres qui devaient y prendre
place, mais Grégoire VII ne mangeait que des
herbes sauvages et quelques légumes cuits à
l'eau.
Pour obtenir de Dieu les grâces nécessaires i
l'Eglise dans ces temps difiiciles, il ortranisa, sous
le nom de Re'iijio 'juadmla religion carrée), une
immense association de prières, une sorte de
Tiers-Ordre qui eroupait ensemble, d'un ci'ilé les
reli;.'ieux elles laïques, de l'autre les religieuses et
les femmes du monde. Les principaux chefs de
cette croisade de la prière, inspirée par la Sainte
Vierge, furent saint Hu;:ues de Cluny, saint Alt-
maiin, évèque de Passaw. Guillaume, abbé d'Hir-
saus; et Si^efrid, abbé de la Celle-Saint-Sauveur,
près de Schaffouse.
sOLLlOTUDE UNIVUaULC
Dès les premiers jours de son pontifical, l'infa-
tigable activité de Grégoire Vil. soutenu»- par son
incomparable amour de l'Eiilise, s'-'teiiil à tout
ce qui intéresse 1' salut des Ames, les droits de
l'Eclise et le bien des peuples, 11 résiste loiiiiteinps
à Robert GuiscarJ, chel des Nominnils illliilie,
qui veut enlever au Saint-Siège une partie de ses
états, et il finit par triompher si bien, que le
héros normand lui fait hommage du loyaume
des Deni-Siciles, qa'il vient de conquérir, et veut
le tenir à titre de vassal du Saint-Siège.
Il s'efforce de rétablir en France la morab
chrétienne, et menace d'excommunication le roi
Philippe l*',qui «cundalisait «on royaimie p«r «h
inaiiTai»e conduit», H dirige rillu«tre Laiifrnn ■.
archevêque de C.inlorbéry,dan» la réorsanisati' ii
de l'Eçlise d'Angleterre, poy« que »ennil de sub-
juguer Guillaume le Onquèrant,
11 enconri.c I « cj-r^ticn- d'i;«piii.'fie ,Lin« lenr«
combats contre les Maures pour reconquérir leur
patrie, et hénil les chevaliers fran'-ais qui vont
leur apporter l'appui de leur épée. '
Il exerce une action constante sur les pays du
Nord, donne de sages conseils au roi de Norwése
pour civiliser, par la religion chrétienne, son
royaume à demi païen.
il l'-crit de nièroe au roi de Danemark et au roi
de lloiiiirie: il donne le titre de roi au duc de
Dalmatie et au duc des Slaves (Serbes), qui jurent
rid<-lilé inviolable au Saint-Siège. Il accueille
avec bonté le fils du duc de Russie, venant, au
nom de son père L)i-iiiélrius, mettre ses Etats sous
la protection de saint Pierre; il s'elTorce, mais,
hélas! sans succès, de ramener à l'unité les schis-
matiaues t'recs; il multiplie ses avertissements à
lJi>le>las, le cruel roi de Pologne, tyran santiui-
naire et débauché, linit par le déclarer indigne
du titre de roi, et permet à ses sujets de se
choisir un autre souverain. Enfln il voulait orga-
niser la première croisade contre les Turcs, mais
\e> luîtes dont nous allons parler l'empêchèrent
de réaliser ce grand projet, qui fera la gloire de
son second successeur, l'rbain II.
.Mais la grande ipuvre était de continuer les
efforts de ses prédécesseurs pour la réforme du
clergé et de reconquérir la liberté de l'épicopat.
Mais c'était là un projet gigantesque, à cause des
diflicultés à vaincre: tous les princes qui bénéfi-
ciaient des abus introduits, et leurs créatures,
n'allaient-ils pas se liguer contre lui?
Saint lirégoirc VU n'hésita pas : n L'Eglise
catholique, notre divine mère, dira-l-il un jour,
m'a placé jadis, malgré mon inditinité et mes
résistances, sur le In^ne apostolique. Depuis, je
n'ai cessé de combattre pour rendre à cette chaste
épouse du (Christ sa liberté, sa splendeur, la pureté
de son-'' .itique discipline. ■■ Dans un Oncile tenu
à Morne l'année suivante I0':;> , il dérendil, sous
peine d'anathèmf, à toute personne séc'ulière,
(jutlie que fût sa diunité, empereur, marquis,
prince ou roi, de conférer l'inn'slituiv, et à tout
clerc, pri'tre, évèque, de la recevoir pour les
bénélices, abbayes, évéchés, et divinités ecclé-
siastiques de i|ueli|ue nature qu'ils puissent
être.
LVnES WEl; LE mil d'm.I.FMACNE IIF.NBI IV
Ce fut le sii.'nal de luttes longues et terribles,
surtout de 1.1 part d'Ilenii IV d'.\ll)-iiiak'iie. Henri,
jeune encor--, avait été déjà surnommé [p.ii ses
sujets le .Néron de la demianie. (tétait un tyran
nux niu'urs mf.\ni«>«, qui écra.<>ait ses sujets
d'impi'«ts fl |. niait par ses cruautés, il
vemlait les ili lésiastiiiues à des ambi-
tieii
I inlre ce monstre, en appe-
1er.
■■
1
t. ■ , . •
va II
doiil !'■> 1 ■ ' 'III • '1- l 'i^ 1
ordre, un traître romain, noi
les
... ,,.i
iflice" de la
( siii 11 nfi -
•lu pape, '
n .1 t. m !.
lfi-.'.:|.
foui'- >
coin
(..
rile lie
inuDier
Ul
et san;.'uinaire, et choisit un autre Souverain
Pontife, Wibert de Ravenne. X la nouvelle d'un
pareil attentat, saint dré^'oire VII excommunie
solennellement le roi d'.\llemagne et déclare ses
sujets déliés de leur serment de fidélité.
Ceux-ci, en effet, déclarent à Henri que si
avant un an il n'a fait sa paix avec le Souverain
Pontife, ils se choisiront un autre roi. Henri,
se voyant abandonné, a peur. .\u milieu de
l'hiver, il franchit les Alpes et vient trouver saint
(■régoire Vil, alors réfugié dans la forteresse
de Canossa en Lorabardie, dans les Etats dp la
pieuse comtesse .Mathilde, héroïquement Adèle
au Saint-Siège. Il accepte volontairement trois
jours de pénitence, se jette aux pieds du pape :
" Pardon, bienheureux Père, pardon, disait-il,
père miséricordieux, faites-moi grice entière. •>
Le doux Pontife, ému jusi|u'aux larmes, le relève
avec bonté et le rétablit dans la communion de
l'Eglise. Henri, en effet, promettiil de tout répa-
rer et bientôt, dans une assemblée de seigneurs
allemands i>résidée par le pape, il devait se jus-
tifier et être rétabli dans la di:;nité royale.
Hélas! ce n'était là qu'une hypocrisie nouvelle.
Revenu au milieu de ses partisans lombards,
Henri, traître à ses promesses, recommence la
lutte avec fureur et cherche à s'emparer du
pape qui lui échappe à grand'peiue. .Mors, les
sei;.'neurs allemands, réunis à rorcheim, disent
aux légats du Saint-Siège : >■ I.e pape lui-même
a reconnu la légitimité de nos ;:ricfs contre
Henri et la réalité des crimes commis par ce
tyran, soit contre l'Etal, soit contre les particu-
liers. Il nous a déliés de notre serment de Udè-
lité; nous avons donc le droit de déposer un
monstre qui s'est rendu, par mille forfaits inouïs,
indi;:ne du nom de roi. Nous sommes pleinement
autorisés à lui donner un successeur. C'est là
notre désir à tous.
Ils choisissent pour roi le brave Rodolphe de
Souabe. Le pape blâme d'abord cette élection
comme prématurée; en effet, la guerre ci»ile
éclate entre les deux princes; niais enllii, après
avoir longtemps et inutilement essayé de lléchir
Henri IV, il l'excommunie de nouveau en losti,
le déclare déchu de toute autorité, et se rallie au
parti de Rodolphe. Mais celui-ci ayant trouvé la
mort dans une de ses victoires. Henri IV se liàte
d'en profiter et, durant trois année- de suite, il
vient assiéger Rome, intrépidement défriulni- par
les catholiques tidclrs. Lutin, apri's un i|uatriéme
sit':;e, en 1084. il se lend maître de presque toute
la ville et se Lut sacrer empereur par son anti-
pape.
Seul, le château Saint-Ange tenait encore et
servait d'abri à l'héroïque saint tirét'oire Vtl.
quand parut Robert duisrard à la télé di
■ ' ' ! ' ■ 1 le pape qui se réfi.-i
(^est là >|iril inoui '
;ii.- ■ ili'f .ili- . Il |-l"IIOni !• ' • ''
i.i justice il j'.ii liai l'iiii
" ■ •■■ ■■!■ 1 r. ..|, oxil. ..(.
iiliiuiérei: I '
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■ t.-
IllK
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l'-niiinatil
: I n>««mblo un 0«n-
de U'-'S tprcu
>l ^ III lac-
ilii I'
L. l'tiiTuLsn I, :, rae ti.>ii'
SAINT PHILIPPE DE NÉRI
Fête le 26 mai.
Le patron de la ville de Rome, saint Philippe
de Neri, dont le culte est si populaire eu Italie,
naquit à Florence, le 15 juillet lot 5, d'un avocat
renommé, François de Néri, etde Lucrèce Soldi.
Dès sa plus tencfre jeunesse, ses vertus brillèrent
avec un tel éclat qu'elles formèrent comme une
auréole céleste autour de l'enfant prédestiné.
Il gagnait tous les cœurs par la franchise et la
douceur de son caractère, et sa piété précoce
édiflait déjà sa famille. La vivacité de sa dévo-
tion se manifestait jusque dans ses impatiences
d'enfant, un jour même, elle lui Ht verser bien des
larmes.
Il n'avait que cinq ans, et, comme de coutume,
il récitait les psaumes avfc sa petite sœur Elisa-
beth, quand leur ainép, Catherine, vint, sans
aucun respect, les troubler dans leur prière. Indi-
gné, Philippe, emporté par l'ardeur de son lèle,
repoussa 1 importune avec quelque rudesse;
mais bientôt, saisi d'un profond ref^entir, il se
mit à pleurer, et l'on raconte qu'il pleura lone-
teraps celte faute de jeunesse. Ce fut la seule
que son père eut à lui reprocher.
Malgré celte impatience enfantine, Notre-Sei-
gneur n'abandonna pas le Saint qui lui portait
tant d'amour, et lui témoigna bienlAt sa protec-
tion par un éclatant miracle. L'enfant (il avait
alors huit ans), monté sur un âne chargé de
pommes, revenait joyeusement à la maison
paternelle, quand l'anitnal elTrayé fit un brusque
mouvement cl tomba du haut du chemin au fond
d'une cave. Philippe disparut sous relie lourde
masse. On le crut écrasé et on accourut en pous-
sant des cris de désespoir; mais il se releva liien-
ti'il plein de vie. Le Saint se souvint toujours du
biriifait dont il avait été l'objet, et il ne cessa
d'en remercier IJieii jusqu'à sa mort.
Opendant, Philippe crandissait en âge et eu
vertu; il aimait à entendre les sermons, à visit'T
les enlise»., et il fréquentait avec une dév.lin
IG
toute particulière relie des Dnminicaln?. Après
ses premières élude'^, il fut envoyé à râ:;e de
dix-huit ans aupriis Je sor onrJe, riche marchand
qui le demandait pnur en faiie son successeur
et son héritier. Mais radolesccnt n'avait aucun
attrait pour les richesses de la terre, el, se sen-
tant appel>' à une vie plu<= parfaite, il abandonna
l'hérilaije et partit pour H^ne.
' A peine iHail-il arrivé d.ms cette ville qu'un
gentilhomme le prit dans sa maison et le char-
Sea de l'éducation de ses doux (11 = . Professeur
e trraramaire et de rln-torique, l'Iiilippe se mit
à étudier avec ardeur la philosophie, la tliT-olo-
pie et les Saintes l-crilures, et au milieu de tant
de travaux, il s'appliqua surtout à la science
des saint'.
Il ne l'ac |uit pas sans combat. Le démon l'as-
saillit à celte époque par de violentes tentations
d'impureté, et, pour mieux frapper son imai,'i-
nation, il lui apparut plu-
sieurs fois sous des formes
borriMes. Mais le Saini
dédaigna ces vaines me-
naces qui, loin d'abattre
son coura^'e, ne lireni
qu'ausnienterson ardi-ur
On le vit, au milieu
d'une grande ville, prali-
qu'T tous les l'xercices ,i,
la vie ér"''niilique, joindr<-
lamortilli'utinn à la prirre
el, dans son amour p'>ui
la pauvreté, se dopouillci
m>'-ine de ses livres pou
revélirles pauvres d^
Jésus-(jhri-t.
Il se donnait à la con
teniplation descbosr.
divines; souvent il y per
sévérait quarante heur>'-
de suite. Dans ces mo
ments, rameur divin ''ii
llainiiiait telleiat-nt soi,
cijeur 'ju'il >'lait conlraiiii
de se jeter par lorn'
d'enlr'ou vrir ses viMe
ments et de découvrir sa
rioitriiie pour lem()rrci
es ardeurs i|ui le consu-
maient. Diirmaiit peu, cou-
ché sur la dure, il prenait
presque chn<|U)> ji'Ur la
discipline avec des chaînes
de fer. Il visitait chaque nuit les sept principales
ét'Iises de Home et il se retirait dans le cimetière
de Sainl-Caliïte. (in dit qu". p.iidanl dix ans, il
passa se" niiit^ dans les cjlj.-i.mbes. Quand il
trouvait ' ' s fcrm-'es, il faisait sa station
sous le , fil ou le rencontra plus d'une
fois y I,- ■ ,.1 lueur de la lune. Son amour
de la pauvreté lui faisait renoncer & l'emploi
d'iiii' liiri-.^ fin,, .-■•v r . L.riiiaprs nocliinies, il
• n et Dieu l'inondait
, ; ' riail souvent : <> C'est
■iir, c est assi'i! Arrêtez, Seifrneur,
n« en prie, le^ (loi^ de votre prAce!»
■ . comme il sup-
!■ ... M^n lui accorder
lu. il M util son cu.'ur s'embraser, el, ne
iiil «nppnr)»r r#xcés de cet onihn'emeDt,
I ind il «e ' ' porta
elle s'ét u' <- d'un
1 iir A sa ! .], le»
I c4té«l d j| que
s I,
d.
n--
nrr
I
f'
r."
M I
mé I
les deux fausses côtes au-dessus du cœur étaient
rompues au milieu, et n'avaient pu se rejoindre.
Depuis celte bieriheureuse PenifoMe, le Saint
•'■prouva une continuelle palpilalion de cu-ur
toutes les fois qu'il s'occupa des choses divines.
Après celte elTiision du Saint-Esprit, Philiipe
■'eviiil un vérilahle apAlre . Il parcourait les
écoles, les boutiiiues, les places les plus fréquen-
tées pour gagner des âmes à Dieu. Ses prédica-
tions ne furent pas stériles, et beaucoup de
noldes personnai.'es, stimulés par ce simple
laïque, entrèrent dans des Ordres ri-liirieux. Aussi
s.iiiil L-nace, qui le connaissait, lui reprochait-
jl fainiliérement de demeurerdans le siècle, et il
|e comparait ,i la cloche, qui appelle le peuple à
l'éfilise el demeure elle-niéiiie sur la tour.
.Au milieu de loules ces prédications, le Saint
ne né;:li;;ea point les œuvres de charité, qu'il pra-
tiqua toujours avec une indicihle horilé; il subve-
nait discrrteinent à toutes
les misères, el surtout pre-
nait un f,'raiid soin des
pauvres honU'UX.
L'ne nuit, comme il
allait, selon sa couiume, à
la maisiin d'une iier^oMiie
iiidile, mais ruinée, p.irter
uelque provision de
livres, il rencMiiira un
carrosse -■ur s>'ii chemin,
et, voulant lui faire place,
il lornha dans une fosse
assez pr"'f"nde Mai'-l'anue
du pauvre i)u'il allait sc-
l'ourir veill.iit sui lui; il
retint le Saint miraculeu-
-enn-nl en l'air el le relira
de la fosse sans aucun
mal.
Celte rbarilé pour le
prochain poiUi Philippe,
avec un saint pr-lre son
conles^.-ur,- l'eisian Itosa,
i fonder un asile pour les
Eélerins conviile-retils.
e jour de saint lloch,
16 aoi'il \'.<KH, l'hil';';"'
réunit que|i)ues lai .. -
■ 1 voués, A l'éj.di'-e .'-.iii-
^ .luvel del C.am po. La
i 'tile confrérie, sous l'iin-
iiUiKii de noiii- .saillit,
■ iilrepril, A l'orc.i^i'ii du
Jubilé de ISÎiO, de servir les |iauvr«'s pi-brins.
L'd'uvre prit de rapides déveliqi|M'iiieiils fin
acheta d'abord une petite nisisnii, pni-
grande; on ne se borna pas A donner 1';
aux 1 'iaii:;ers, mais on .icnieillii |. - . n
vale . sortant des h("'|iilaux, ii'av,,i. ni
ni ri'iiiit'', m nourriture i.
rétablir tout A fait. Enfin, on •
tique hôpilal d? la Sainlc-Triim . , .jm. .m j . • i
de lt>00, nourrit pendant trois Jour;< plus Je
<JUût^^ r.u/ f.i/^ i,.'l..rii.v
L' ! tant «Je m- c N'ille»
dut ■ - I.' ■ II
«•ntm dans le >
sur l'ordre .!p
Irise. Il S" ■
de Sainl-J
'.ition de
llii'.l, «OT
X
ii
man;:eait en son parti'-ulier et pratiquait les
jeûnes proporlinutiés à sa dévotion et à ses
force*. Saint l'iiilippe de Néri fut spécialement
char;.'é des cnifessions, et il continua, avec des
firàces nouvelles, l'apostolat qu'il avait entrepris
alors qu'il était encore dans le siècle.
A celte époque, on parlait beaucoup des mer-
veilles qu'arcoinpli-isait la Compagnie de Jésus
dans les Indes, pour la couTersion des inlidèles.
l'Iiilippe re-senlit un grand désir de se consa-
crer, avec quelques-uns de ses compasnons.à la
même œuvre; mais, avant d'entreprendre une
raiïsion aussi lointaine, il consulta un saint reli-
gieux de l'Ordre de Citeau.\, Au:;uslin Chettono,
fort versé dans les cho'ies spirituelles. Celui-ci,
après avoir prié, rendit ci'Ite re'ponse : « Phi-
lippe ne doit chercher les Indes qu'à Rome, et
c'est là que Dieu le destine, lui et ses fils, à
sauver les àines. )>
Philippe renonça
donc à son premier Je."^-
sein; il se donna toui
entier à la mission spr-
riale qui lui était con-
fiée, et il devint l'aiiL'
de lîoiiie avant de deve-
nir son patron. Il fil ui.
bien immense au tribu-
nal de la pénitence et
niainliiit dans la verti;
uu sfrand nombre dé-
jeunes ^'ens.
La seule vue des juifs
lui faisait verser des tor-
rents de larme', et il
s'appliquait de toutes
ses forces à obtenir leur
conversion. Un jour, i
(lait entré dan« l'ét'lisc
J>;Saiiil-Jpan-de-l-atran
a^ec un palri'iea mila-
nais. Arrivés devant le
Saint - Saoremeiil, ils
s'a;.'eDouilléreiit. Cepen-
dant, un tioniine de
la suite du patricien
il'-mfurait debout el
couvert, an milieu de
ses compaenoiis qui
priaient; c'était un jiiil.
A cette vue, le Saint
alla vers lui et lui dit :
" Urave homme, adore-le
et dl^-lul : Si lu es le Christ, vrai Fils' de Dieu,
éclaire mon ànie afin que je devienne chrétien.
— Je ne puis pas faire cela, répondit le juif,
ire qu'il ne m'est pas permis de douter de ma
I' li-i'in. » Mais Philippe, se tournant vers le
p.iliicieu et «es serviteurs : « Allons, mes frères,
repril-il, aidons cet homme par nos prières, car
ri'! l.iinemenl, il se fera chrétien. » Le juif ne put
n -i-ter à ces prières, et, quelques jours après,
il ii-ci-(.iit [f. bapt'^me.
.MaiH ^aiiit l'Iiilippe de Néri ne se bornait pas
à priir pMiir I 1 ;ui de- infidèles, il s'occu-
pait..iv.-. iiiw Me, de cel le d'-s pécheur»,
f' '■ ' ' m- <■ '|.. Il entreprit bis Co)i/'erf/ic<f
. Il lit les premières dans sa chambre,
1 k ou sept personnes; l'auditoire i;ran-
di-'iiil, il fut obli;:'' de ib'iiiander un local plus
v,i~t. On lui donna, au-d<.>sus de l'é^ilise Saiol»
le salle asseï v.isU; qui fut transformée
' : ■', et c'est de la que sortit bientôt la Con-
yrtyaiu/n dtê pritret de Sainl-Philippe <U NérL
C 'innie le nombre des assistants nui'iuentait
tims les jours, il s'associa quebiues-uns de ses
enfants spirituels pour l'aider dàn- ses confé-
rences. L'n de ses premiers coopérateurs fut
César de Baron, né l'an 1538, à Sora, dans la
Terre de Labour, et plus connu so«s le uom latin
de Daronius.
L'oratoire restait ouvert tou= les soirs, jusqu'à
cinq ou six heures, et les fidèles qui venaient y
prier faisaient une demi-heure d oraison men-
tale, puis récitaient les litanies de la Sainte
Vierge. Mais on changea bientôt de m>'-lhode et
l'on remplaça la méditation par une lecture spiri-
tuelle, que le président était chargé de reprendre
et d'expliquer.
Après ces exercices, le Saint, avec un grand
nombre de ses disciples, allait visiter les églises
ou assister les malades dans les hôfiitaux. Mais
c'était surtout à l'époque du carnaval qu'il redou-
blait de prières. A ces
'4
L
nioments où le démon
faisait tomber tant
d'àmes dans ses pièges,
le serviteur de Dieu réu-
nissait autour de lui
tous ceux qu'il pouvait
rencontrer, et, avec une
masse imposante de
fidèles, il allait en pèle-
rinage aux sept basili-
ques de Home pour pro-
tester contre la licence
de ses roiii'itoyens. Ces
manifestations pieuses,
entreprises pour le salut
desàmes.lui suscitèrent
bien des diiflcultés. Le
cardinal vicaire, circon-
venu par des envieux,
• appeler le Saint, et,
iirès lui avoir fort re-
proché ses pèlerinages,
il lui interdit le confes-
sionnal pendant quinze
jours. " Ces' pour la
gloire de Dieu que j'ai
commencé c«s exer-
cices, répondit humble-
ment le Saint; pour la
gloire de Ui^'U, je les
cesserai. " Mais Dieu,
jaloux de sa gloire, ma-
nifesta sa volonté d'une
manière terrible. Le vicaire mourut subitement
avant qu'il eût levé l'interdit, el le pape Paul IV,
appelé à juyer de la cause, donna l'ordre au Saint
de reprendre ses exercices en lui demandant de
prier pour lui.
Au milieu de toutes les difficultés de sa charge,
saint Philippe veillait avec une tendre sollicitude
sur ses enfants spirituels, el il ne les abandon-
nait pas, même lorsqu'ils élaieiil loin de lui. Un
de ses pénitents, étanl parti de Home, contre son
avis, pour aller à Naples, avait élé- arrêté par des
corsaires, et il s'était jeté à la mer pour éiliapper
à leurs coups. Gomme il était sur le poiiil de se
noyer, il se rappela son l'ère spirituel, el'iuvoqua
son appui. Aussitôt, le Saint lui apparut entouré
d'une auréole lumineuse, et, le tirant de l'eau
par les cheveux, il le conduisit jusqu'&u rivage à
travers les Dois.
Tant de merveilles attirèrent sur le Saint
radiulralioo .éiiérale, et les Florentins, se» cora-
poirioles, domiciliés à Kome, lui demandèrent
il'^ vouloir bien desservir lYglise de Saint-Jean-
Uaplistc qu'ils venaient de bâtir. Sur Tordre du
Pape, saint Philippe de Néri se chargea de cette
œuvre, et, tous les jours, il y envoyait quelques-
uns de ses compagnons. Mais les Florentins,
jaloux d'attirer le Saint auprès d'eux, le prièrent
d'y transférer ses exercire». et. à cet effet, lui
bâtirent un oratoire fort ample. Comme le
nombre des lidèles augmentait toujours, le saint
fondateur et ses compagnons jugèrent k propos
d'avoir une maison qui leur appartînt pour faire
leurs exercices avec plus de liberté. Sur le conseil
du pape Grégoire XIII, ils prirent l'église de la
Vaticelle, au milieu de la ville, et c'est là que
s'établitdéfinitivement la congrégation des prêtres
de l'Oratoire.
Ces prêtre? vivaient dauns l'union la plus par-
faite, se distribuaient entre eux les offices de la
maison et les remplissaient tour à tour, joyeux
de vaquer aux emplois les plus infimes. Baro-
nius. nont toute l'Europe catholique connaît et
étudie les ouvrages, avait pris possession de la
cuisine, et il avait écrit sur la cueminée en gros
caractères : Baronius, cuisinier perpétuel. Quand
les grands seigneurs et les savants venaient le
consulter sur une difficulté, ils le trouvaient avec
un tablier, et ils devaient attendre, avant d'obtenir
une réponse, que leur maître eût récuré les chau-
drons et lavé la vaisselle.
Dieu réservait l'Institut naissant pour de plus
grandes luttes et Baronius, le cuisinier perpétuel,
allait être obligé de quitter ses fourneaux et
d'entreprendre, sur l'ordre de son Père spirituel,
l'œuvre qui a immortalisé son nom.
A ce moment, l'hérésie de Luther couvrait de
ruines toute une partie de l'Europe. Les docteurs
protestants s'appliquaient à dénaturer la tradi-
tion immémoriale de l'Eglise qui les condamnait,
et, dans ce but, ils avaient entrepris ces ouvra;;es
indigestes dont l'Allemagne a toujours eu le
monopole. Les principaux chefsduluthérianisme
avaient commencé dans les Centuries de Magde-
bourg cette campagne contre le dogme que les
historiens protestants ou révolutionnaires ont
continuée jus<|u'à nos jours, et dont le dernier
mot a été la nt-tiation historique du Christ.
Saint Philippe de Néri, éclairé par la lumière
d'en haut, comprit toute la gravité du mal, et il
s'occupa de suite à y porter remède.
Comme on faisait tous les jours des confé-
rences k l'Oratoire, le Saint décida qu'un de
ceux qui s'y employaient reprendrait toute
l'histoire de l'Euli^c, depuis Jësus-Christ jusqu'au
temps actuel, résumant les actes des martyrs,
les vies des saints, les écrits des Pères, la suc-
cession des Pontifes, les ordonnances des Con-
ciles, année par année, afin de dissiper les fables
de Magdebour;:. 11 exhorta Baronius à se charger
de ce travail, mais le savant Oralorien recula
devant l'imiiien'^ité de la tAche. Philippe, n'écou-
lant ni les excuses ni les prières, pressa vivement
son fils spirituel. Baronius hésitait encore. On ne
manquait pas, disait-il, d'hommes plus savants
et plus capables, et du reste, Onuphre Pavinio
l'avait prévenu en commençant une histoire de
IEuIkc. Philippe fut inllexible. ■< Faites ce qui
VDU» p«t ordonné, répliqua-t-il, laisset le reste.
L. . irait difûcile? Espérei en Dieu,
et ' I. u
I ' ■-•'•dans toutes ces inquié-
tU'' '. il eut UDO Vision. Il lui
if
lippe lui apparut, et l'interpellant d'une voix
sévère : « Cessez, Baronius; ce n'est pas Pavinio,
mais vous-même qui dever écrire les annales de
rE;.'lise. » Le savant était vaincu, et le lendemain
il allait se jeter aux pieds de son Père spirituel
pour lui annoncer qu il commençait son histoire.
Cependant, Philippe continuait sa vie de charité
et de sacrifice. Prêt à secourir tous les malheu-
reux, il avait un soin tout particulier pour les
malades et allait souvent les visiter. Un jour, il
fut appelé auprès d'un de ses pénitents, Jean-
Baptiste Modio, qui se mourait. Le Saint, après
être resté quelque temps avec le moribond, se
retira dans une chambre voisine et il se mit à
prier. Au milieu de la nuit, comme l'état du
malade s'ageravail, un des serviteurs qui veil-
laient à son chevet alla chercher le Saint.
Mais quel ne fut pas son étonnement: Philippe,
entouré d'une auréole de lumière, soutenu par
une force mystérieuse, était élevé de plusieurs
pieds au-dessus du sol; il regardait le ciel. A
cette vue, le serviteur, ne pouvant contenir son
admiration, se mit à crier: « Venei, venet tous,
le Saint est en extase ! » k ces cris, tout le monde
accourut et l'on abandonna le malade ; mais
déjà l'extase avait cessé et Philippe, honteux de
voir sa sainteté dévoilée d'une manière aussi
éclatante, se rendit, sans répondre aux réclama-
tions, auprès de Modio, et, lui prenant les mains,
il lui dit: « Bon courage, vous ne mourrei pas. "
A ces mots, le moribond releva la tête; il était
guéri.
Le pape Clément VIII, attaqué lui aussi par
une maladie mortelle, fit appeler le serviteur de
Dieu. A peine le Saint était-il entré dans sa
chambre que le mal avait disparu.
Tant de miracles attirèrent sur Philippe la
vénération universelle. Plusieurs fois, on lui
offrit des dignités ecclésiastiques, mais ce fut en
vain, et Clément IX lui-même ne put, malgré
tous ses efforts, lui faire accepter le chapeau de
cardinal.
Accablé par les fatigues de son ministère,
Philippe, arrivé à un âge avancé, apprit par révé-
lation qu'il allait mourir. Aussitôt, il donna sa
démission de prieur et fit élire Baronius à sa
place.
Au mois de mai 1594, la fièvre l'attaqua avec
une grande violence et l'on crut que tout était
fini. Mais, pendant que tout le monde se déses-
pérait autour de lui, le malade, attiré tout à coup
par une force inconnue, était arraché de son lit,
et il demeurait quelque temps soulevé entre U
terre et le ciel. I.a Sainte Vierye venait vi-jii r
celui qui aimait tant ;ï visiter les inlirmes, et rlle
lui rendait tout à la fois la vie et la santé.
Cependant, l'heure llxèc pour sa mort appro-
chait. Un an après ce miracle, le 25 mai I >'.>:>.
jour de la fête du Saint-Sacreraent, saint Philipi''
de Néri avait célébré la messe avec une «.Tande
dévotion, quand il fut suintement a-^Milll d'un
vomissement de sang. En vain s' ■ i m
auprès de lui, tous les remède» :
et le Saint, voyant sa mort approrijci , m unir
tous ses rcli;:icux et, au moment où ll.ironius
achevait la prière des agonisants, il se «■mli vi
sur son chevet et leur donna sa bén<''dirtion I n
ce moment, plu-iH'urs per>oiincs le Mrcut euliui ••
de gloire et monter vers le ciel.
Le corps de saint Philippe de .Néri, déposé
dans l'église de la Vaticelle, fut retrouvé plus
laril s 111' uii iiii iiiiption.
C< Te par tes miracles, est
un .1 !.
K. PiriniiioT, Imp. -virant, 8, rue Fruiçoi» l", Paru.
SAINTE MARIE-MADELEINE DE PAZZI
DE L'ORDRE DES CARMÉLITES
Fête le 21 mai.
NAI93A.NCE DE SMNTE HARIR-MADELKINE — SA PI^TÉ
PRÉCOCE — SES AUSTÉHITÉS
Sainte Marie-Madelfine, cette belle Heur qui
embauma le Carmel d'un parfum si suave et fi
délicieux, naquit à Florence, le 2 avril de l'an
l.'>66, de parents aussi remarquables par leur
noblesse que par leur vertu. .Son père s appelait
Camille de (iéry de Pazzi, et sa mure .Marie-Lau-
rence de llliindelmoiili. Ils la firent baptiser le
jour même de sa naissance, et lui douuereut le
nom de Catherine.
Dès sa plus tendre enfance, elle donna des
marque» précoces de l'éminente sainteté à laquelle
llif u la destinait. Klle n'avait pas encore atteint
r.i;.'p de raison, que déjà tout son boiibeur était
di; réciter les prières <)ue lui avait apprises sa
pieuse mère, et de répéter fréquemment les saints
noms d': Jésus ft de Marie, noms si doux pour
un œur briMant d'amour comme le fut le sien.
CUe passait des heures entières, ageDouillée
devant son crucifix, demandant à .>'otre-Seif,'neur
ce qu'elle devait faire pour lui être acréable.
A sept ans, elle e'iait déjà formée a l'exercice
de l'oraison. Avec de telles dispositions, ses
progrès dans la vertu furent rapides. Les pauvre»
devinrent ses plus tendres amis. Quand elle
n'avait plus rien à leur donner, elle se privait
de nourriture pour pouvoir leur faire l'aumAne,
et cela lui arrivait si souvent, qu'elle attira
bii'iitùt sur elle l'altention de ses parents; ils
durent l'observer avec une vigilance d'autant
plus«rande, pour lui faire interrompre ses jeûnes,
qu'elle mettait un plus firand s«in à dissimuler
tout ce qu'elle faisait pour Jésus-Cbrist. Elle se
retirait parfois, loin de leurs regards, pour prier
e( pour châtier son rorps plus à son aise, en le
rn.icéranl par des disciplines sanglantes et par
luus les autres moyen» que l'amour lui suggérait.
Voulant imiter Notre-Seigneur dans ses souf-
frances, elle se fit une couronne d'épines qu'elle
portait la nuit sur sa tête, et qui lui causait
des douleurs inexprimables. Mai$ uu désir ardeut
ciillaminait le «pur de Catlierine. ICIle ne soupi-
rait quaprés le jnur on elle pourrrfit prendre
pl;i e au banquet sacré de TApiioau, et se nourrir
du p.iin des Aii::es. Chaque (n'i-^ que sa mère
avait rominuiiié, elle s'approrhait d'elle, et ne
pouvait plu- la quitter, (ii>aul qu'elle était
altir'-e par la très dou'e odeur de Jésus-Clirisl.
<'i>lte rare ferveur d>''lerinina son confesseur à,
r.-idiip'iire à la Sainte Talde avant le temps ordi-
naire. A partir de ce inonieiit, elle se sentit
disposée à faire fi'us les sacrifices que Dieu
exi:.'erait d'elle, et, pour lui prouver son amour,
renonçant aux plaisirs du monde, elle lit le vœu
de virginité, t résolut de n'avoir jamais d'autre
époux que Je -us-Christ.
ELLE EMBRASSE L'ÉTAT RELIGIEl'X
Cependant, son père ayant été nommî" f;omTer-
neur (K- Cortone, Catherine fut plai-ee comme
pensionnaire chu les reli:.'ieuses de .Saint-Jeau.
à Florence, où elle donfta l'exemple de toutes
les vertus.
Elle s'appliqua à Toraison avec arfe nouvelle
ferveur. Cliaque matin, elle faisait une médita-
tion de quatre heures.
Mais il lui fallut bientôt quitter cette douce
retraiti' qu'elle se plai'^ait à nommer le Paradis
terrestre, car ses parents la rjppelvrent quelque
lemjis aj'ré: , d ms l'intention de lui faire épousi-r
lemji
iuel<.
tnient, Klle prole-^ta hautement qu'elle avait
consacré sa viri-'inité à Jésus-ChrisL, et qu'elle
n'aurait jamais d'autre époux que lui.
« Je livrerais plutôt ma tète au bourreau que
ma chasteté à un homve >, répondit-elle à son
père qui la pressait d'acquiescer à sa demande.
Enlin, après de lon;.'ues épreu»es, qu'elle tra-
versa avec une patience héroïque et une cons-
tnnce inébranlable, il lui fut permis d'embrasser
l'état relii-ieux. .Son choi.\ se lixa sur l'Ordre de»
Carmélites, parce qu'on y conimuniatt presque
tous les jours. Elle entra dans le inoaaâtère de
Sainte-.Marie des Anges, en Cix2. la veille du
premier dimanche de l'.Xvent. Elle était alors
aHée de seize ans. C'était l'année nièi»e où sAiiile
Thén-se, la lumière et la réformatrice dn Carmel,
venait d'échanijer les travaux de cette vie ter-
restre contre le bonheur éternel des saints.
Le .'tO janvier de l'année suivante, elle prit
l'habit religieux. Pendant la cérémonie, son
viva.' i. Il lit tout illuminé, et elle se sentit
ciii iii d'-sjr ardent de soulTrir toute sa
Tie iis-Cliriit.
1.1' iiuiii di' Catiierine, qu'elle avait reçu an
hapti^mc. lui iut choiiL'^ en colui de Marii -
Maiblejoe. Ule ilevait «''Ire, en «■(Tel, par -on
ainnur, un portrait a ;heTé de cette nainle péni-
tente, el iniiler Marie iMir sa (Mirelé nnitélique
De» -on koniciat, »<l<- surpï'-vi la fir»<ur des
plu- aaci>'niii-« relik:iiiu<e>- par son hnniilit^, «a
patinii' e, s.i dnuceur, rfui tu- ht démiintirent pas
Ufi
I
I1..1
r.f
loi
\
d
pai
pr. .
allrai'Uii .
mai-vl«<, o
rit
11.1 a robéi<''Uinc4< lotîtes nés dévn-
li-r»-. Hisant ipie Ir moindre exer-
(■■■1-- Il
'->' «alait aotant que la plu»
I
■ !• i sirnil rien tant que
I 11 iM ht a -fin dmii Kpoiis
i|U<dl<> l'avail
I ii<M quoii ne s'y
[«r. Plant tofnlié^ d*lHrBrro««»meiit
■nir no la croyait i rextrA«iit<-, on
ne voulut pa« lui refwer la <touc« coasuUUon
de mourir relisrieuse. Le 17 mai lo(J4, elle fut
transporl>ie devant l'autel de la Sainte Vierge,
où la cérémonie se lit solennellemenl.
Apres qu'elle eut prononcé ses vu-ux, Nolre-
Sei;;neur lui apparut, en compagnie de sa frès
Sainte Mère, de saint Au;;uslin et de sainte
Catherine de .tienne, et lui remit au doiyt un
uiineau précieux, ^.-aje de l'alliance indestructible
qu'elle venait di' contiacler avec ce divin Epoux.
Ses soulfrances étaient très vives, et Madeleine
ne laissait pas échapj'er une plainte. " Comment
faites-vous, lui demanda uiieSu'ur, pour endurer
tant de douleurs? >< Madeleine, lui moiitrani un
crucifix, réjiondit : 1. Voyei ce que l'amour inlini
de Uieu a fait pour mon salut; voilà ce qui me
donne du couraye. Ceux qui pensent à Jésus
crucilié et unissent leurs soutTrances aux siennes,
les trouvent douces et af,'réables. »
Dès qu'un l'eut reportée A l'inlirmerie, elle fut,
pendant plus d'une heure, ravie en extase, ce
qui se renouvela chaque matin pendant quarante
jours de suite.
.\ partir de ce moment, il ne se passa puère
de jours pendant les deux années qui suivirent
sa profession. <|u'elle ne fût ra\ie en llieu; et ces
extases ne duraient pas seulement des heures,
mais des jours et quelquefois des semaines
entières. Le Saint-Esprit lui dictait alors des
choses si admirables qu'on se crut obli(.'é de lui
donner plusieurs secrétaires, chargés de recueil-
lir les précieux ensei^'nemenl- '"li -''riaient de
sa bouche.
IU.i.LEMXNT VLF. LI'I TRACR MlTllE .-tlùNEUR
Mais Notre-Seii.:neur voulait élever son épouse
à un très haut de;;ré de perfetion. A cet effet,
il lui inspira un praud désir île la morlillcation
Cl, one prolbiule humilité.- In jour, Madeleine
loi adreasa ces parides de saint Paul : '■ .^ei^'ncur.
que vouleï-vous que je fasse? ■. Jésus-t^hnst lui
répondit que. désormais, elle-devrait faire péni-
tence pour les pécbeurs.
Il lui prescrivit donc de jeûner continuelle-
ment an pain et à l'eau, à l'exception dudimanche
et de» fêles, ou elle pourrait user des mets de
(.^aréme, et d'aller toujours pieds nus.
Se» BUjiérieures n'approuvèrent point tout
d'abord celle sink'ularité; mai- elles virent bien-
tôt que la volonté de Dieu était manifeste, car
Madeleine ne pouvait r tenir aucune autre nour-
riture, et il lui était inipo>sible de faire uu pas
lorsqu'on l'obliu'eail à porter des souliers.
Nolre-SeiL'neiir lui prescrivit, en outre, des
règles admirables pour acquérir la Munlelé. Il
lui ordonna de conserver avec un itrand -oui la
pureté du cieur et la simplicité; de con-idérer
cliai'iine de -e« paroles comme si ce de \ ail être
la dernière de »a vie; de ne jnmni- rien entrr-
preiidre, m donner un coii-eil, ■
auparavant son crucifix; d'avoir n
nié enver- le 1 '
ni lie consolai I
' '' T-î •■■ Il IIIM I 1
• I de s'en
. . ■'■»■' ...l.'oùl, cl Ui<' i,-„.^
RLLi i»T lAvoRisiK nt n<iK au hikaius
cT iiK raorainK
M.iilel.'ine fut faiori-i'ê du don ,Ii - iiilrnc1e« rt
>nr w>ii •■ni 11-, b
jeune bile qu'il l<"<
Vyaoi fait, par oMiaftAiiCC, le ^inUo de laCroiA sur
uu t 'oneaude vin, elle lui cimmuniiTTia tant de
vertu qu'uue reli«ieuse malade se trouva subile-
meiii yuéiie après en avoir bn.
tlle prédit an cardinal Alexandre de Médicis,
arirlirvéque de Florence, qu'il serait un jour
pape. Plus tard, elle renouvela sa prédiction
lor-iiue ce l'ardinal fut envoyé par Glé-nienl VIII,
en i|ualilê de lé;;at, vers le mi Henri IV :
I' Ce prélut, Jii-elle, poss«;de maintenant un
grand honneur, mais il en possédera encore un
plus |.'rand : il sera élevé au Souverain Pontificat;
mais il ne jouira pas longtemps de cette suprême
difînilé. car. lor'-qu'il voudra Tembrasser, elle
pa'^sera en un instant. »
En elfcl. .Alexandre de Médicis fut élu sous le
nom de Léon XI, et n'occupa que vingt-six jours
le si'-i;e poutilical.
XXTASB.S ET R£VKL.\TIONS
.\\f\ii que nous l'avons dit, Madeleine était
pri-^qur- c.f>nlinuell«-mfciit en eïtase.
Ln jour que ci'tle^'rande amante de Jésus était
malade à rextrémiU-, elle se leva de son lit, et,
courante l'autel de rinlirmeric, elle embrasse le
cruciti.x, en s'écriant : ■ O .4moar ! Amour! per-
sonne ne vous connaît, personne ne vousairae."
Une autre fois, comme on lui disait qu'une
Sœur avait un CTand désir d'accomplir la volonté
de Dieu, elle répondit : " Elle a raison ; car il n'y
a rien de 'i ainialde que de faire la volonté de
Dieu. •' Et là-dessus, ravie en extase, elle alla par
tout le couvent, en disant : • Mes Soeurs! oh que
la volonté de Dieu est aimable ! «
Elle s'efforçait d'être toujours et dans toutes
ses actions comme transformée en iésus-Christ,
par l'union très parfaite de sa volonté avec celle
du divin Sauveur.
Le Jeudi-Saint de l'année 1385, elle demeura
en extase, durant l'espace de vinpt heures, souf-
frant dans tout son corps des douleurs inrroya-
hles. Elle vit en esprit le drame santlant de
la Passioa. .Vrrivée au Calvaire, elle demeura
une demi-lieuie les bras en croix, puis répéta
cos paroles c^ue N'otre-Seieneur avait prononcées
avant d'eipirir : ■■ Tout est consommé », et
tomba raide sans donner plus aucun siiine de
vie. .Mais elle se releva bientôt, brillante comme
Jésiis-Cbri^t sortant du tombeau.
LU jour, il lui fut donné de voir la gloire dont
jouis<^ait dans le ciel saint Louis de Gonzaiiue.
.Xu-^ilot. raxie en ext.ise, elle s'écria : <• Oh!
quelle _'loire a Louis, fils d'Ijsnare ! je ne l'eusse,
jamais rru, si mon Jésus ne me l'eût montr»?e. »
Elle vit aussi dans l'assemblée des bienheu-
reux une religieuse, assise sur un tr<^ne d'or,
enrichi de pierreries, et Xotre-Seigneur lui apprit
que le trône représentait la vir;,'iuité immaculée
que cette religieuse avait gardée, et les pierres
préii(!use«, les âmes qu'elle avait attirées au
service de Dieu.
ÉPREUVES ET TENTATIONS
Jusqu'à présent, Madeleine a savouré, avec un
ineffable bonheur, les délices incomparables de
son Bien-Aimé. Il \'n conduite à travers les pros-
périt*-* et les doiir..^ consolations, et elle s'est
enivrée de- sii.i.ii' - eé|e«tes. Mais le temps est
venu ..11 l'innocent, brebis va devenir le jouet
il impurs au milieu desquels elle sera
j. ■ ' en vain qu'ils épuiseront contre elle
tous leurs efforts : jamais ils n'altéreront son
éclaliinle blancheur.
pendant cinq ans entiers, Madeleine dut boire
il long* traits au calice d'amertume. De violentes
tentations nnrent la visiter. D'affreuses visions
assiégèrent son esprit. Le déin.tn i.nétit mille
formes sensibles, s'effon aul pai tous les moyens
de souiller les yeux et les oreilles de la vièrire.
Lorsqu'il voyait que tous ses efforts étiiieni i.ii-
tiles et lie tendaient qu'à faire ninerDieu .lu m-
tape, il entrait en fureur et .ir.ablait de coup-
l'épouse de Jésus-Christ.
On entendait parfois la Bienheureuse s'écrier,
au milieu de tant d'afllictions : .< Non, je ne sais
pas si je suis une créature raisoiinalile ou un
l'tre privé de raison; je ne vois riec i;n moi de
bien qu'un peu de bonne volonté de ne j.imajLs
offenser la divine Majesté. »
D'autres fois, elle appelait de toutes ses forces
son divin Maître dont elle se croyait abajidojiuée :
" Où êtes-vous. disait-elle, h mou Dieu ! où
étes-vous? Le soleil de votre grâce s'est donc
obscurci pour moi. Voire bonté m 'aurait-elle
abandonnée ? .
Cependant, Madeleine ne se découragea pas un
seul instant. EUle eut recours i la Sainte Vier^'e.
Cette Mère de Miséricorde lui apparut mi jour
qu'elle était violemment tentée, et lui mit sur la
tète un voile qui c'uassa aussiic'it la tentation.
LaSainte redoublasés mortifications et ses aus-
térités. Elle entoura son corps d'une ceinture
armée de pointes de fer, qui pénétraient bien
avant dans sa chair. Elle se flaj-'ellait fréquem-
ment, |>endaut des heures entières, et lorsque
les religieuses la voulaient soulager dans ses
souffrances, elle leur répondait : • Liissei-moi
souffrir pour mes péchés; c'est mon cher Epoux
qui le veut, x: A l'imitation de saint Benoit, elle
se jeta dans un buisson d'épiue-, et triompha
ainsi d'une violente teutatiou par laquelle le
diable cherchait à entrer dans son co'ur.
Nûtre-Seigneurjugeantles épreuves suffisantes,
ne voulut pas laisser souffrir davantage sa douce
et fidèle amante. La veille de la Pentecôte de
l'année 1500, elle se trouva ravie en extase pen-
dant que l'on cLaiitait au chu'Ur l'Office divin.
Après les l.iudes, elle commença à parler comme
auparavant des merveilles du ciel. Puis, s'adres-
sant aux religieuses ;
" Le Seigneur, dit-elle, m'a délivrée de mes
ennemis; l'hiver et le mauvais temps sont passés ;
aidei-moi à remercier mon Dieu. »
Elle vit ensuite tous les saints auxquels elle
avait une dévotion particulière venir l.i léliciter
de son triomphe. Son aii;:e gardien lui mit une
couronne sur la tète ; un autre l'ornait d'un riche
collier d'or; un troisième d'une robe plus blanche
que la neige.
« 0 mon Dion! s'écria alors la Sainte, qu*ai-je
donc fait contre votre divine M'ijesté'.' il semble
que vous voulez me récompenser ici-bas. »
Il serait trop long de raconter eu détail tous
les assauts que le démon lui livra et toutes les
victoires qu'elle remporta sur cet odieux ennemi
de l'homme, je ne puis cependant pas passer
sous silence ce qui arriva à la bienheureuse
vierge, au sujet de ses tentations.
In jour que le démon la pressait vivement de
quitter le saint habit, elle pri.i instamment Nolre-
Si'iirneur, par l'inlerccssion de saint Albert,
qu'elle avait choisi pour un de ses avocats dans
le ciel, de l'assister dans cette tentation.
.Vu même inst.int, saint Albert lui apparut et
Il revêtit d'un habit blanc, d'un scapul.iiri- et
d'une ceinture de même couleur, qu'il prit dans
1." côté de Jésus crucifié; la Sainte Vierce lui mil
I ritre les mains un cierge allumé ave.- un.' ■ ■ ii-
r.inne de Heurs sur la tête ; les ati-''^ liri-nl
entendre une suave mélodie, et cbanlèrent les
ûnlienne? que les re!ii;ieuses avaieni coutume de
chanter pour les puses d'habit; Notre-Seigneur
Jésus-ChrisI lui-iu 'me lui doniui de ses propres
mains la Sainte Communion.
On conçoit que le diable ne dut pas rester à
celte céreTaonie, et <^u"il iic j'oussaplusla Sainte
à quitter l'habit religieux.
CHARITÉ DE MAiilE-MADELEINE
SON HOBRELIi PiDH LE PÉCHÉ
Mais qui pourra 'X primer les ardeurs dont elle
brûlait pour son .liviii Epoux"? son cœur était un
brasier ardent, consumé par l'amour. Pour
rafraîchir sa poitrine embrasée, elle était obligée,
à l'exeniDle de saint Pierre d'Alcantara, de se
ploni;er dans l'eau elacée.
" Si je savais, répélait-elle souvent, qu'en
disant une seule parole à une autre tin que pour
l'amour de Dieu, encore qu'il n'y eût point
d'offense, dussê-je devenir plus grande qu'uu
séraphin, je ne le ferais jamais. "Tout son bonheur
éiait de souffrir pour relui qui a tant souffert
[<our nous, et elle ne dédirait vivre plus long-
temps que pour souffrir davanlaae.
\ji virginité qu'elle lui avait consacrée, elle la
conservait avec un u'rand soin, et baisait les murs
de son couvent, qui l'aidaient à garder une si
belle Heur.
Le seul nom de péché mortel la faisait reculer
d'horreur et d'épouvante, et elle ne savait pas
comment un homme raisonnable pouvait com-
mettre un péché mortel.
i< Ah! disait-elle quelques jours avant sa mort,
je quitte le inonde sans avoir pu comprendre
comment la créature peut se résoudre à pécher
contre son Créateur. •■
Hlle vit une fois l'Ame d'an pécheur condamnée
aux llammes éternelles :
" O Ame niiséialde, s'écriu-t-elle en fondant
en larmes, tu es donc devenue un tison d'enfer,
et le plaisir passé est rhan«é pour loi en des
peines cruelles. Mais.d Dieu éternel! les hommes
du monde ne considèrent pas ces choses. »
Enlîn, après avoir passé 41 ans sur celle terre.
Madeleine alla jouir dans le ciel du bonheur
éternel. Dieu la prépara à la mort par de très
grandes souffrances. On ne pouvait approcher ilu
lit où elle était étendue, comme Jésus-Christ sur
la croix, sans lui causer des douleurs inexpri-
mable<. A ce moment suprême, Diitu lui retira
toute coDsolaliou cl sembla l'avoir abandonnée.
Mais la Bienheureuse ne se découragea pas.
''.■>inme son confesseur lui disait que ses souf-
frances allaient bientôt finir :
«1 -Non, mui. mon Père, répondit-elle, ce n'est
pas la consolation que je cherche ; mais je désire
souffrir jusqu'au dernier moment de ma vie. ■•
Elle reçut les derniers sacrements avec des
transports d'amour et de joie. Cette grande
Sainte donna sur son lit de inorl un magnifique
exemple d'obéissance. Son confesseur s'était
rendu à l'é^jlise pour dire la Sainte Messe, lors-
qu'on vint l'avertir que .Madeleine n'avait plus
qu'un instant à vivre.
'■ Dites à Madeleine, répondit-il, que, si elle
veut être obéissante jusqu'à la mort, à l'exemple
de son divin Maître, elle attende pour mourir
que j'aie dit la messe. "
La Sainte obéit. Vers trois heures du soir, elle
fit appeler la .Mère Prieure et lui dit différentes
choses au sujet du f;ouvernement du monastère.
Puis, prenant con;:é de toutes les religieuses, elle
leur donna ce dernier avis:
« Mes Uévérendes Mères et mes très chères
Sœurs, me voici sur le point de vous quitter jus-
qu'à l'éteriiilé, je vous prie, au nom de .Notre-
Seigneur Jésus-Christ, de n'aimer que lui seul,
de mettre toule \otre espérance en lui, et d'être
continu'dlemeut embrasées du désir de souffrir
pour son amour. C'est la dernière grâce que je
vous demande. »
.\près avoir dil ces paroles, sa belle âme s'en-
vola vers son Epoux pour jouir éternellumeut
du suprême bonheur.
C'était un vendredi, à l'heure où notre divin
Sauveur avait consommé son sacrillce sur la
croix.
AussiliM que la nouvelle de cette mort se fut
répandue dans la ville de Florence, on accourut
de toutes parts pour voir le corps de la Sainte,
qui avait ét^ déposé clans ré:;lise.
(Ir, il y avait parmi la foule un homme adonné
à toutes sortes de vices. .\u moment »» il s'appro-
chait de la vierye, poussé par un motif de curio-
sité, elle se retourna de l'autre crtlé, ne pouvant,
même après sa mort, souffrir un pareil spectacle.
Cet hommefutlouchédumiracle et mena, depuis,
une vie édiliante.
Le corps de la Sainte fut enseveli derrière le
:.'rand autel, on, deux ans après, il fut trouvé, non
seulement sans corruption, mais répandant une
odeur très ai;réable.
De nombreux miracles témoignèrent de la
sainteté de Marie-Madeleine, ce <|ui dèleriiiiiia
le pape Clément IX à la canoniser !■• > mmI d--
l'année 166».
lin)' -ijfTjnl, \.. l'«Tii»if>M
rn' t r»iii >ii {• . l'an»
VIE DE SAINT VINCENT DE PAUL
iravures du siècle dernier présentant, sous une forme souvent allégorique, les plus erandes œmTes du Saint
reproduites Dour cette Vie des Saints.)
:«./:^
f-
.'/
tif:
"■"^k^
Saint Vincent do Pau) est reçu dans le ciel par l'auguste Trinité. Sur la terre,
les miraculés guéris par lui témoignent de sa sainteté.
(Ce (ablofiti reprrienlc le» seize yrincifiaux niiracult'!> du procès de canonJitlioD.)
94
rraviiro du tpmDS nui rppri'st^nti; la niorvi'illcus" firi'ilica-,
clialeauN .-l mHbk.-n ie!»iii.'lk-s furent l.iripr»' 'W- >Ç-'>
K-Tiin™.-» ..■uvns . l r.nousckTiiil l'ardeur di- la r..i dan.-
? s;„ "t V.nrènt .If l-aul. cnvoyei-nous de» inissiounalrcs
qui runouvelleul aujourd'hui la loi de la Franco. .
>1.' Inu; il:.l liliiSainl-Uz.irc di-s coiifércm ■ -
^ ("Pur Iraili'i di- chosi's ilivini*». O'» coiili-
iiMi('i->, aux.|Ui-llis rs [.relies lo> plu^ i.-l<'« et lH'luc.|ii|'
dï'MS|u.> imreiil pari, excrconl un.' iniluenco cousid.'
rallie >ur W rlcriré. ^ ,.
• Sailli Viiucnl lie l'aul. qui avei eu (trùce ptuir ac«TOUr«'
)(• ;,.|,. ,iu rlT'.'''. nhl-iH'joiHi* lieauroup de mk-hIiOIis. •
8MM VtBcMI <ic Paul <i»t D<>aai« par l^oi» Mu. 'l * ■•
itlMIII- lia ■. li-' i.onli, «liiiioi l'-r Ki'n^ral '><•» ii^iU-rr».
■ da*i«M ta [Ki.i't'-ocr ttri malhcurcai c<>u<itmné* cl
■M par ^andra merUimmi la* tan 4a Pu d'aam aas
rSal TtMMl «a PauU a^raMa * I» uril», .
OAbe, a (Wnr laa plaxa aa Uaa da Ma eavairiMer
M (^rifM.A A im m 'Il
oniMi II ai a la Toloot'
««»<■ uni- «.n» llr)0»rl -
>-i>l lU Paal. •i>ku)UO»ua au b«a
irt
A la mort de Lnuis Mil. ««int Vinrent de PanI est (^Uhli
inal-T.' ni, par !a nV-'n! - Vnne O'Vntr che. rhef du cooteil
<le . r des inl*éls de la religîoD cl
dp- rairnt ippelés aux di;;ni|fîs il'-
l-Ru- . it ainsi la furluni' de voir sainl
ViDcerii .le i'dul a l'œuvriu
« Saint Vinrent de PanL obtenez-noos des saints dans les
COnSiMN '■• u'"UV.TnHrii.i.'.
Saint Vincent de Paul enlrerire"'! 'ie rerueiMr les vK'iilards
d«B deux st'xe'^ ci ôt' loriiM^r d imiitensi^s asil^-s. Il fonde
alors l"tios|urc ilu nom iW Jê>us t-l la salii*lrwri-,il résout
un de* pi.iMrnips s^x-iaux alors iiis"lulili-s : riTiieillir et
sauviT ii-s iiiindants qni se dt moraliSiiient entre eux
et menaçaient In nu'^.
• Saint Vinrent de l'aul. rendez-nous des hùpilaux chré-
tiens au lieu des hôpitaux matérialistes. »
Sainl Vinr.nl d V\n'
eofafrffi ab^ndiinrit^^ :
ret"' " " "• ■ '
p..,,
n, ;■ r'.i t eo !f>n manteau des
Il lr-< r.rihn anx (lilen de IJianl^.
' ' ■ ' — -| vont dépose» le»
il le* «uppllede ne
fiLS.
• .^•1111 ' ■ il, rcii^ ryrt.-nnut dt» écoitt pow
f«eu«tlUr dn pe4ii~ enrtnts d"oi les kme» toai |4rir >
•>Hifii Vinrent do l'aui mci 'f ;
M'r%ice du nu iwjr prendre
|>.,ll,,r,l f l.>,.r v.nir *. f. T ,lf
«iildatn. >
'T Itihi, I rmn* 'iuo «làui'iUidrs 9 DOS
>ainl François do Sales avait eu d'abord la X'i-méf de fon-
der des reliiiieuscs pour visiter les malades: il loiida
les Visilandines rliiitri'es. mais adiiiini en saint Minent
eelui au.i'iel la l'ruvidencc cunllail l'ieuvre abandonnée.
i; lui iliiiiiia lo soin de ses reli(!l<'uscs.
Saitd Viiieent d.' l'aul et saint François de Sale», main-
Wnii l'uniiiii ei la |iai\ dans les œuvres .tablies p'Aur 'e seul
ri...(i.' I ' ('!• 11.
I..U1 ir. M- fait Içv.r,
runiiuunie; il rép' li
e.dre en agonie et .- • -
4 heures, heure sacre-
lnnu'euri"rse"le"ïîii't ehanue jour depuis plus «le 50 ans
fut iine .lerniere fois ndele à sa régie.
. Sauil Vineent de l'aul, oblenei-nous do mourir l. »
mains pleines d'oeuvres. »
Saint \mccnl 'le l'aul, m .^.■[lUii.l i
habiller. purliT A la iiiess>' ou il
fon^do avec un.' gaieli' >..urianlr
teint, assis en son laiiliuil. a
11
toi, ce qui rrpré-
•orlc ••-tovtai Or
swnl Ninrent dr
Il MiMloU «I dr-
du «tel «u» it4..ui,....
irtivre».
• Saint »iar»rt df P»»'
I1..I
.1.
t: rrriTnOdi. Itaf -tirait I H. rtif rrtnroit i". •'•ni.
SAINTE BONNE DE PISE, VIERGE
TERTIAIRE DE L'ORDRE DES CHANOINES RÉGULIERS DE SAINT AUGUSTIN
Fête le 29 mai.
Sainte Bonne.en Palestine, visite la montagne où Jésus jeûna quarante jours; le Sauveur lui apparaît
et lui mettant l'anneau des fiançailles célestes, la choisit pour son épouse.
ou
içaillt;
Les incrédules défendent & Dieu de faire des
niracles,* mais Dieu, créateur et maître soure-
•ain de Tuniters et de toute la nature, peut y faire
Iclater ses merreilles quand il lui plaît, sans avoir
besoin de la permission des incrédules. II a sourent
isé de ce moyen pour se manifester aux hommes
it les attirer 4 loi. Le divin Maître a annoncé sa
' ' -ion en faisan* .des miracles: il envoie ses
"S l'annoncer ci. leur donnant le oouvoir d'en
. tt li-'iit iUit poUttatpfn curandi inUrmotet eji-
.1 dxm'^inia. • (Marc, m. 13.) Des apiHres.ce pou-
i .. i'eft transmis et apparaît, quoique a des inter-
valles plus rares, dans certaines émes d'élite que
Dieu lui-même a choisies entre mille, comme des
3eur« plus belles dont il nrn» d*5 ici-bas le parterre
de ses saints; telle fut la Sainte dont nous allons
p«quisser la vie, sainte Bonne qui le tut d'efTet aussi
bien que de nom.
t^lle naquit à Pise, vers l'an ll.ïfi, d'un honnête
citoyen de cette ville et d'une mère ori);inaire de
l'Ile (le Corse. Dieo révéla sa naissance à un prêtre
d" Paris du nom de Jean et la lui recommandai
Fidèle à sa mission le prêtre, pour la mieux remplir
vii.t plus tard à Pise et entra chez les chanoinr-
r''t;iiiiers de l'église Sainl-.Martin, qui suivaient l.i
!(• '^'le de saint Auf;uslin. I.a, un ange l'avertit que
Bonne, âgée de sept à huit ans, et qu'il n'.i lamauvue,
va venir vers lui. Bonne arrive en edri,, pi.im.e ^||e
aussi par une inspiration divine, et deniandt au
relipieux de vouloir bien se charger de la direction
134
de son âme. Celui-ci, craignant de donner une déci-
sion irréfléchie à une âme qu'il rencontrait pour la
première fois, se contente de lui dire : « Faites ce
que Dieu vous a ordonné, vous reviendrez ensuite
quand il lui plaira. > Bonne, qui ne s'attendait pas
a être congédiée d'une façon si laconique, obéit
toutefois ponctuellement; elle savait qu'on est sûr
d'obéir à Dieu en obéissant à celui qui le représente.
L'n jour, Notre-Seigneur lui apparaît et lui dit
d'acheter un cilice. « Uais je n'ai pas d'argent,
dit-elle. — File pour deux deniers de soie, reprend
Notre-Seigneur; tu trouveras au pont de l'Amo
un marchand pour acheter à ce prix ton travail. »
Ce qui se réalisa de point en point. Munie de son
cilice, Bonne le revêt sous ses habits malgré son
âge tendre : il faut se mortifier de bonne heure pour
prévenir la vice et avoir plus tard moins de peine
a le combattre. Le courage de l'enfant plut au divin
Maître; à son passage devant une église de Fise,
dédiée au Saint-Sépulcre, Bonne reçut de l'image
même de Jésus, placée au-dessus de la porte du
nord, un salut affectueux en échange du sien; le
fait fut raconté par plusieurs témoins oculaires; sa
mère, s'étant aperçue de l'habit de pénitence que
portait sa lille, l'en félicita à son kour; cette mère
ne ressemblait point à ces parents qui, uniquement
préoccupés de la vie du corps dans leurs enfants,
ne songent point à établir dans leurs imes par la
mortilication et la pénitence les solides assises de
la vertu.
L'n autre jour, dans celte mémeéglise, Bonne aper-
çoit tout à coup, près des chandeliers de l'autel, le
divin Maître en personne, accompagné de sa Mère,
des deux autres Marie de l'Evangile et de saint
Jac(|ues lo Majeur. L'enfant effrayée veut fuir; saint
Jaoïues la rassure; nuis Jésus lui impose les mains
et après trois insufflations, comme pour rappeler
l'imposition des maint et les insufflations du prêtre
au baptême, lui dit : « Reçoit le Saint-Esprit. » Des
ce jour liiinne montre en elTet que le Saint-Esprit la
remplit et la dirige; et saint Jacques, qui vient de
lui obtenir cette grâce, noue avec elle les rapports
d'une douce et sainte amitié. Ainsi font toujours,
quui<|ui' d'une manière invisible, les saints dont on
a mérité l'affection; c'est l'explication de certaines
^'ràces inattendues dont nous ignorons la cause.
Bonne, sous le mouvement de ce divin Esprit, se
rend auprès de son directeur qui la fait recevoir
comme tertiaire augustinienne, sous la direction des
chanoines réguliers du couvent de Saiiit-.Martin.
nie nrcnd alors, sur la chair, une ceinture de fer,
qu'elle ne quittera plus tard que sur l'ordre de
' Jésus, revêt un habit conforme à son nouvel étut,
fixe sa résidence dans lu voisinage de l'églinp, et
commence t y mener une vie encore plus aust>re
et plus sainte, a(in de répondre aux desseins de Dieu
sur elle. Bonne n'avait alors que clix ans.
L'n jour que sa mère était venue la voir, Jésus et
les saints qui formaient son cortège se présentent à
elle sous la forme de pèlerins. Jésus dit & la mère :
- .Nous venons d'au-delà des mers (i) tn dire que
'.>'v. mari vit et prospt-re, mais il faut que nous lui
Il l'Usions ta (llle ; veux-tu nous la donner T «Sa
'{ui ne les connaît point s'en rapporte à leur
ur honnête et donne ton contentement; mais
I. >'':onnu les célestes voyageurs. Elle a trcite
-Il on lui adjoint deux dames de Pise qui
il .' nt constamment «t dont le rAle prin-
cipal, nu i.uurs de c« voyage, est, comme on le verra,
I D« ta Ptl'-atint, oO •« troovalt le pèr» i\f Hnnii*,
uDi dont* daoa ao but relljtl*»! ou eommcrrlal ; car
i'i*' ttall aJor* ea reUUoat trtquaolaa tv»« la Terre-
de favoriser son retour. La Sainte suit joyeuse ses
bienheureux guides qui la conduisent par mer en
Terre-Sainte; là, des consolations et des épreuves
l'attendent; l'ange de la pèlerine révèle à son père
son arrivée. Aussitôt grand émoi ! il avait eu d'un
premier lit d'autres fils dont l'un, patriarche deJéru-
salem, l'autre chevalier du Temple, un troisième
hospitalier, détestaient cordialement les Corses; et
la mère de Bonne était Corse. Au moment du mouil-
lage du navire on veut la saisir mais elle est invi-
sible à ses agresseurs, cependant elle converse
tranquillement avec ses compagnes. Elle se sauve
néanmoins à la première occasion h travers les
forêts et les rochers ; mais une multitude de démons
la poursuivent en hurlant « Prenez-li, prenez-là. »
La vertu doit s'attendre ici-bas à être persécutée;
et le rôle de persécuteur est toujours réservé au
démon ou aux hommes qu'il inspire.
Bonne échappe toutefois au danger, en se blottis-
sant dans une fosse abandonnée. L'n ermite du
voisinage en est averti et envoie l'appeler. Sans
s'être jamais vus tous deux se saluent de leur
propre nom. Bonne reste neuf mois sous sa di-
rection, durant lesquels elle visite, avec beaucoup
de consolations et de larmes, les lieux sanctifiés
autrefois par la présence de Jésus.
Elle visitait un jour la montagne où Jésus jeûna
quarante jours, quand le Sauveur lui apparut et lui
dit : << Ma fille, je veux quetu deviennes mon épouse,
et que tu donnes à mon amour beaucoup d'enfants
spirituels dont tu seras la mère. • En même temps,
il lui fit voir, sur une montagne élevée, une multi-
tude d'enfants éclatants de blancheur et de pureté :
• Voilà, dit-il, ceux qui seront tes fils. » C était la
consolante image des Iraes que sa vertu et sa sain-
teté devaient gagner à Dieu : « Iteçois maintenant
le symbole de notre alliance », poursuit Jésus, et il
lui met un anneau au doigt. i< Et moi, reprit
Bonne, je veux souffrir pour vous et mes enfants,
tous les maux qui peuvent accabler ici-bas un être
vivant. — J'agrée et exauce ton désir »,rép;irtil Jésus.
A partir de ce jour, jusqu'à son dernier soupir.
Bonne soufTrit en elTtl un martyre continuel; et
chaque jour des douleurs nouvelles s'iijoutaient aux
anciennes. Elle eut <iiii>i l'honneur d être la fidèle
imitatrice de Jésus souffrant et mourant pour sauver
ses frères.
Sur l'invitation de Notrc-Seigneur elle revint,
accompagnée d'unangi', vert l'ermite son directeur.
Sept jours après, l'einiitc lui dit : « Dieu veut que
vout retourniez à Pise; mais avant, vous tomberez
aux mains des Sarrasins qui vous blesseront et
vous emprisonneront. >' Sans hésiter. Bonne se met
en route. Jé>at et tes saints l'accompagnent; ils
passent par Jérusalem et s'arrêtent au Calvaire. Là,
lésus dit à sa servante : <r Donne-moi la ceinture '
et, comme s'il viil pu ignorer sa pieuse ruse, Boiiih-
lui donne la ceinture île lame qui recouvrait celle
de fer; mais à l'instant Ji'sut glorifie son humilité
• exallaiit humiUt »cn faisant tomber à set pieds
la ceinture de fer. Il In plonge dant le trou de la
Ooix, ilaignr s'en ceindre Lui-même et la rend à
la Sainte. Elle t'en revêt de nouveau, drsrend du
Calvaire et reprend la roule de PiM avec tes deux
compagnes.
Bientôt elles tombent aux maint Jet Sarratint,
suivant la prédiction de l'iTmite. Bonne reçoit,
'.omme lu divin Maître, une blesture au côté, dont
■ Ile souffrira le re>te de ta vie jus>|ii'fc rn «éprouver
par inturvaVlcs des voniit»emeiilt d« sang. Elle rettfl
l>ritonniére, toufTrante de ta blet^ure et delà fièvre;
'était encor* trop pea, au gié la ton amour pour
ton diviD Ei>oux et lot Aniat qu elle voulait tauver.
Cependant let deux damei qui l'ont ac«ompagnén,
yant pu échapper aux Sarrasins et porter a ses
ompatriotes la nouTelle d« sa captirité, plusieurs
l'antre eux •'viennent alors payer sa rançon et la
amènent àPise.
Elle retrouve, at^ec le calme de sa petite cellule,
es austérités et ses ravissements dans ses com-
aerces intimes avec.Notre-Seigneur et ses saints de
irédilection. Ses carêmes, en dehors de ses vovages,
>e passent dans un silence absolu et la plus ri^ou-
euse abstinence : elle ne vit que d'eau et de légu-
nes. Quelle leçon donne cette faible enfant à ces
brétiens sans énergie et amis du bien-être, qui ne
avent se priver du moindre plaisir par esprit de
énitence I « Telle personne, dira-t-on, est ver-
ueuse, " — c'e^t impossible et je n'y croîs point,
i elle n'est mortiCée.
Tout l'extérieur de Bonne, au milieu de ses soui-
rances et de ses mortifications, reflétait sa. vie in-
ime avec Dieu : toujours aimable pour la foule de»
isiteurs que sa réputation de sainteté lui attire,
lubliant ses propres douleurs pour mettre un baume
ur celles qu'on lui révèle, elle est dans sa cellule
:omme dans une officine céleste où descendent les
inges, où Jésus et sa Mère ne dédaignent pas eux-
némes de venir souvent.
11 ne faut pas songer à rapporter dans un cadre
lussi restreint tous les miracles que la Sainte
emait pour ainsi dire sous ses pas. Citons seule-
nent, avec qaelques détails, ceux qu'elle accom-
plit au cours de plusieurs pèlerinages. Jésus lui
ipparut un jour, avec ses saints privilégiés : <i Je
eux, lui dit-il, que tu visites le sanctuaire du
>ienheureux Jacques qui t'est venu voir si souvent
kvecmoi. » Et la Sainte partit pour Saint-Jacques de
2ompostelle. Au retour de ce pèlerinage, à un
nille environ au nord-est de Pise, elle trouva une
chaumière habité* par une vieille femme ; elle y
;ntra et saint Jacques avec elle, comme pour de-
Goander l'hospitalité : « .N'avez-vous point d'autre
ibri, dit saint Jacques à la vieille femme. — Si je
juis ici, répond-elle, c'est parce que j'y veux cons-
truire une église ; mais j attends que Uieu m'en
donne les moyens. — Si vous voulez, reprend la
Sainte, la construire en l'honneur et sous le vocable
Je saint Jacques, ce vieillard (elle indique le Saint)
aime beaucoup saint Jacques, nous vous procure-
rons les ressources. • La vieille femme y consent;
Us deux voyageurs lui indiquent alors les dimen-
sions et la disposition de l'édifice. Les secours
arrivèrent, en effet, jusqu'au complet achève-
ment de l'entreprise, suivant cette belle pensée de
foi, formulée depuis par saint Vincent de Paul :
• Quand vous louUz entreprendre une œuvre, ne cher-
jfOi et qu'élit coûtera, maii %i elle est voulw de
: et il voui la retonnawet utile a sa gU>ire, alUz
ue 1 avant, ie$ ressources tiendront. »
L'n jour, »nr la route de Saint-Jacques-de-Com-
postelle (Espagne), elle trouve le pont d'un fleuve
qu'elle veut passer complètement submergé par
une crue extraordinaire; des montures sont la pour
aider les voyaceurs; lionne en prend une que con-
duit son gardien; au milieu du pont, l'animal rétif
*e cabre et, par un mouvement brusque, jette la
Sainte et son conducteur dans les flots rapides du
fleuve. Les autres voyageurs sont saisis d effroi ;
mai? quelle n'est pas leur admiration en voyant
ier la religieuse sur l'autre rive, les vêtements
reroent secs et ramenant k sa suite le guide
que I on croyait perdu 1 Ils s'empressent autour d'elle
pour la fvliciter, mais Ibumble pèlerine s'éloigne
•D toute hite.
Dans un autre pèlerinage, toujours h Saint-
laeques, Bonne marchait avec Jésus et ses saints
risibles pour elle leule et tous l'apparence de
pèlerins, quand elle arriva près d'un grand pont en
partie démoli et devantlequel près de mille passagers
attendaient désappointés ; • Passe le pont les mains
levées au ciel,» dit Jésus asa servante; la pieuse femme
avance malgré les cris de la foule épouvantée et, le
succès répondant à sa foi, elle arrive sans accident h
l'autre bord. Alors Jésus lui commande d'inviter la
foule à la suivre l'assurant que personne ne périra
pourvu qu'elle tienne ses mains élevées durant le pas-
sage. Bonne appelle les voyageurs leur recommandant
de ne rien craindre. Encouragés par son exemple et
ses paroles, la foule se hasarde sur le pont branlant,
et passe heureusement. Mais un homme se faisant
jour à travers la multitude étonnée, se lance à la
poursuite de l'étrangère, qui s'en jJlait rapidement.
Cet homme, par une faveur de Dieu, avait aperçu
les célestes compagnons de la pèlerine; mais au
lieu d'arriver à la rejoindre, il la perd de vue. 11
rencontre un cordonnier : ■< N'auriez-vous pas vu,
demande-t-il, une dame avec cinq autres pèlerins
vêtus de ttile manière? — Non », répond le passant;
mais, interrogeant l'horizon, voilà qu'il les aperçoit
à son tour par la même avenue, à quelque distance
de là : ils entraient dans une hôtellerie, — au-
jourd'hui elles sont rîires celles que de tels hôte»
honoreraient de leur visite : on préfère y attirer
le diable avec un appât de mauvais journaux qui
l'aident dans sa besogne. — Le cordonnier accourut
à l'hôtellerie et dit au maître du logis : << Si tu
savais à qui tu donnes en ce moment l'hospita-
lité I » puis s'adressant à l'un des étrangers (c'était
saint Jacques) : " Veuillez, dit-il, prier cette dame
de me bénir. » Saint Jacques dit à Bonne de
l'exaucer; mais celle-ci de répondre que l'honneur
en revient à saint Jacques; l'apôtre insiste et la
Sainte doit bénir l'heureux cordonnier. A l'instant,
comme les apôtres du cénacle, il se sent embrasé
du feu de l'Esprit-Saint et veut suivre ses bienfai-
teurs. « Retourne maintenant en ta maison, dit
saint Jacques, — Non, répond cet homme, car Jésus
est avec vous. » Jésus le voulait avec lui d'une autre
façon. Il joint son invitation à celle de saint Jacques
et le cordonnier obéit à Celui qui connaît mieux
que nous la voie que nous devons suivre. En route
il est pris subitement d'une fièvre pernicieuse et
meurt. Au moment même .Notre-Seigneur révèle à
Bonne sa sortie de ce monde et son entrée au Ciel.
A l'occasion d'un autre pèlerinage, un pèlerin qui
la devance sur sa route, s'entend tout à coup apos-
tropher : « La bourse ou la vie I » Le voleur était
un brigand relapse qui, le matin même, sous une
impression de la grâce, s'était cependant promis
de n'assassiner personne ce jour-là; le pèlerin
résiste; le brigand le perce d'un coup de poignard
et le laisse comme mort. Bonne, qui a révélation
du crime, accourt et appelle le brigand qui s'en-
fuyait; mais à sa voix il reste immobile. Elle dit
d'abord au pèlerin baigné dans son sang : • Malheu-
reux, quel pèlerinage faisais-tu? tu as caché
deux péchés mortels dans ta dernière confession;
c'était te condamner par avance au feu de l'enfer
si tu étais venu à mourir I » Puis invoquant la
Très Sainte Trinité, elle fait une croix sur sa bles-
sure; aussitôt les lèvres sanglantes de la plaie se
ferment et toute trace du mal disparaît. Le voleur
est obligé de rendre l'argent au pèlerin et celui-ci
promet de se confesser au premifr prêtre qu'il trou-
vera. Se tournant alors vers le brigand, elle lui rap-
pelle les tourments qui l'attendent pour la vie qu'il
mené et le crime qu'il vient de commettre : << Aie
pillé de ton àme, dit-elle, ne la laisse point périr
éternellement! > Le brigand touché, se fait à l'inilaot
pèlerin de Saint-Jacques à la suite de Bonne. Au
retour, quand ils arrivèrent sur les confins de Sienne,
la Sainte laissa son brigand conTerti dans une cellule
qu'elle lui fit construire et où il acheva paisible-
ment et chrétiennement une vie en partie passée
dam le crime. • Mieux vauttard que jamais, » et Dieu
est toujours prêt à pardonner au repentir sincère.
Un i»vr Bonne sollicite du prieur de son couvent
et dur»*igieux, son directeur, la permission d'aller
à Rome. " Qui ira avec vous? lui demandent-ils.
— Mon Guide habituel, sa Mère et saint Pierre. »
La permission obtenue, un serviteur du monastère
lui fut cependant adjoint; il devait l'accompagner
j usqu'à ce qu'elle eût trouvé ses célestes compacnons.
Partis de grand matin dans la direction de l'Arno.
le serviteur demande : • Qui nous aidera à le passer'?
— Mon Guide, dit-elle, nous offrira sa barque. » En
arrivant près de la rivière, elle dit au serviteur :
• Appelle le Guide»; celui-ci l'appelle : « Qui est
là? répond une voii. — Une dame qui veut passer le
fleuvt. — Celle dont le père est de Pise et la mère
de Corse? — Oui, r(?pond-il sur un signe de la
Sainte. — Alors, je la passerai volontiers. » Telles
sont les saintes familiarités de Jésus avec les âmes
qui lui sont chères.
Passés à l'autre rive, ilsparviennent au point du jour
dans une prairie où Bonne doit trouver ses com-
pagnons : " Regarde derrière celte haie, dit-elle
au serviteur. — Je ne vois rien. — Regarde mieux.
— Ah I les voilà qui sortent de la haie. »
Le serviteur, qui les prend pour de simples
pèlerins, dit à Bonne en désignant Jésus : « Je ne
veux pas que vous alliei avec lui, peut-être vous
arrivera-t-il malheur en route. » Jésus et les saint?
sourient : « Hassure-toi, lui disent-ils, nous ne lui
ferons aucun mal. — Que celui-là alors (il indique
Jésus) m'en donne une garantie. ■■ Marie se tourne
vers Jésus: <■ Mon fils, faites-lui cette grice.si grande
soit elle! » Sur l'invitation de sa .Mère, Jésus em-
brasse le serviteur et lui met dans les mains deux
racines de gingembre, l'une pour le directeur de
Bonne, l'autre, pour un religieux du même monas-
tère du nom de .Marc. De retour au monastère le
serviteur s'acquitte de sa mission et raconte ce qui
s'est passé : • Tu as embrassé Jésus, lui dit le direc-
teur de la Sainte, embrasse-moi A ton tour, pour
mecommuniquer son parfum. • Le serviteur répan-
dait en effet autour de lui une agréable odeur d aro-
mates qu'ilcommuniquaaureligieuxdansson baiser.
Citons encore, entre mille, quelques faveurs
divines. Sept jeunes clercs de Pise, habiles musi-
ciens, exécutèrent un jour quelques morceaux dans
Téglise de Saint-Jacques. Le chant achevé, leur
pensée s'arrête tout à coup comme abîmée dans le
souvenir de la vanité des choses de ce monde, le
service de Dieu excepté. Séance tenante, ils pren-
nent la résolution de se consacrer au service reli-
Bieux de l'église Saint-Michel à Pise. Trois d'entre
eux reviennent le lendemain à Saint-Jacques ; y
ayant aperçu de loin sainte Bonne et deux autres
personnes, ils se disent : " Chantons au Seigneur
un air qui charme ses fidèles », et ils entonnent
le répons : /n ron.<ipfr<u angrlorum. A mesure
qu'ils avancent vers 1 église, ils composent et adou-
cissent progressivement leurs voix. Bonne voit ap-
prirallre, chantant eux aussi, Jésus et «es douze
apAtr«s, saint Jacques à leur tête; mais «lie seule
les entend. Quand les jeunes clerc» curent fini :
• 1 • i,r ihant a été merveilleux, dit le prieur de la
b.i-^ : !'•. — Oui, mais nullement comparable,
r«pi';.l I! -une, à celui que j'entendais en même
tamps. I •■ [ii'l donc? — Celui que .Noire-Seigneur
et les ônuii: apùtres ont exécuté sur l'autel en
tign* de satisfaction de c«lui des clerct. >
Nous avons parlé plus haut d'un moine augustin
nommé Marc; c était un prêtre d'une grande pureté
de vie et à la parole duquel Dieu avait attaché beau-
coup de grâces, spécialement au tribunaJde la péni-
tence. Les foules afUuaient vers lui; et jamais il ne
laissa pénitent s'en retourner sans consolations; c'est
la règle de conduite qu'il avait reçue de Bonne,
comme il en fit l'aveu trois jours avant sa mort. Un
jour, à l'issue des laudei, elle lui dit : « Une femme
chargée de crimes va venir s'adressera vous; donnez-
lui pour pénitence de faire, revêtue d'un cilice, le
pèlerinage de Saint-Jacques en Espagne; c'est la
condition à laquelle lui sera remise la peine de ses
péchés. Aussitôt de retour, elle mourra. » L'événe-
ment justifia lu prédiction.
Notre-Seigneur apparaît un jour la Sainte, c'était
deux ans avant sa mort, et lui dit : «. Remets ta cein-
ture de fer au religieux ton directeur pour qu'il en
fasse une croix. » Bonne obéit. Le religieux met sur
l'enclume la ceinture roupie au feu; mais, à mei
veille ! elle prend d'elle-même tout à coup la fornu
d'une croix; une lumière éclatante environne h
moine, et de cette splendeur s'échappe sur la croii
une goutte de sang qu'il croit venir du corps même
de Notre-Seigneur : Dieu ne saurait montrer mieux
combien il a pour agréables les mortifications.
Bonne, senUint sa fin proche, sollicite du prieur l,i
grâce d'un dernier pèlerinage à Saint-Jacquet do
(.onipostelle : •• Voulez-vous donc mourir en roule
répond celui-ci? (c'était une croyance générale, reçue
sans doute par révélation, qu'elle allait mourir
nous voulons que vos restes reposent ici. » Eli'
insiste humblement : t Qu'au moins, dit-elle, voii>
nie permettiez d'aller jusqu'au pont de Sercliiu'^
prêtez-moi «eulem-nt votre cheval et me donnez un
serviteur; là je s.-i:rai In vérité sur l'époque de m.i
mort. ■ Le prieur y consent : Après avoir pas»'
l'église Saint-Jacques, Bonne descend de cheval, I'
confie au serviteur, en disant : « Reste ici darriér''
celte haie sans t'inquiéter de moi. » Elle reparai^t.m
au bout d'unederoi-heure, revenant de Saint-Jacqu'' -
de Compostelle : • Mon fils, dit-elle alors au servi-
teur, tout en larmes, je suis malade. — Quelle r-.:
est la cause? peut-être cet homme? (il indiqi •
saint Jacques qu'il voit près de la Sainte). — Niui
c'est lui qui m'a fait accomplir mon pèlerinage. - A
ce momenlsainl Jacques disparaît. Bonne remnnlr i
cheval. Arrivée près de l'église Saint- Jacq ut • dePiS'-
non loin de la chaumière de la vieille femme qui, oi,
s'en souvient, avait fait construire la basilique, ell'
laisse son cheval au serviteur, entre dans la cbaii
mière en disant : « Je ne puis aller plus loin, je vais
passer la nuit avec cette femme et le vieillard que
tu as vu tout a l'heure; va le dire au prieur; que
demain avant l'aurore, lui, les fr-Tes et le» cliiinoiiies
viennent me chercher dans le brancard des morts,
je ne puis aller à cheval ; tout cela, ne le dis
qu'au prieur. > Le serviteur pari et le lendemain
Bonne rentrait à Pise avec le cortège indiqué «ans
que personne ne soupçonnât rien.
Aussildt arrivée, le Druit se répand que Bonne va
mourir; une foule énorme «crouri pour la voir et
recevoir d'elle une dernière |ién('dietion ; celt» una-
nimité de sympathies, au moment de In mort, est le
rivilège des saints. Elle reçoit avec une sainte
crveur les derniers sacrements, puis eilinle a Dieu
sa belle Ame ; c'était le 29 mars ('2>i7 La répu-
l.ition de sainleté dont elle jouissait fit de sa sépul-
ture, plutôt un triomphe qu'un cortège lunebre ;
image, toute pAlc. toute imparfaite de la gloire
uiipérissnblc et coniiiio infinie dont Dieu venait H*
l'enviranntr tu ciel.
l
.4. jri,inl, h.l'STiTHS>si, ". lue ri«ti';ult I", l'sns.
SAINT FERDINAND, ROI DE CASTILLE ET DE LËON
Fêle le 30 mai.
Saint Ferdinand, snr son lit de mort, bénit son fils aîné et successeur.
LE3FAG.fl AVAiNT SAINT FEHDIKARD
A l'époque où les Francs et les Gaulois devenaient
ères en prenant pour Mère l'Eglise catholique et
instituaient par leur union la nation française, la
lonarchie espagnole se fondait de l'autre côté des
^renées sous la domination des rois visigoths.
e roi Récarède, conTerti en 586, entraîne loya-
'ment son peuple au sein de l'Eglise catholique;
en résulte pour l'Espagne prés d'un siècle de
rospérit»^ intérieure pendant lequel, sous l'inOuence
e grandi et saints éTéques, comme saint Léandre,
lint Isidore, saint lldephonse, elle semble dépasser
I France en rapidité sur le chemin de la ciTJIisation.
Mais des révolutions militaires fréquentes éhrao-
!nt bientôt les bases de l'édiQce social ; des princes
débauchés, portés sur le t^(^ne, y veulent asseoir
leurs passions et, s'appuvant sur un certain levain
de corruption laissé par l'hérésie au sein du peuple
visigoth, se mettent en révolte contre la morale et
l'autorité de l'Eglise. Les musulmans, après avoir
subjugué tout le Nord de l'Afrique, se jettent sur
l'Espagne, gagnent la bataille de Xérès et cette
seule défaite suffit pour courber sous le joug des
roahométans toute l'Glspagne, depuis Gibraltar
jusqu'aux Pyrénées. Ce désastre arriva l'an 712.
Cependant un vaillant catholique, le prince
Pelage, réfugié dans les montagnes des Asturie^
.Tvec une poignée de chrétiens braves et fldèles.
refusa de se soumettre aux ennemis de sa foi et de
sa patrie. S'étant mis sous la protection de la Sainte
Vierge, dans la grotte de Cavadonga, il se défendit
486
coi'.lrc les musulmans envoyôs conlrp lui, vit croître
rapideiuent sa petite troupe et ne tar.la pas à fonder,
sur les bords de l'Atlantique, le petit ro]raume
il'OTiédo, de^lint■ à devenir un jour le puissant
royaume catholique d'Espagne.
Ainsi commença cette croisade qui, avec des
alternatives de trêves et de batailles, de défaites
et de victoires, dura huit siècles (712-1402) et finit
par rendre aux Espagnols leur indépendance natio-
nale et leur liberté relit-'iiuse. — Parmi le grand
nombre de héros qui ^it-Mudèrenl leur courage et
leur foi dans cette lonj;ue période de combats, nul
ne mérite plus de louange et d'admiration que le
roi saint Ferdinand.
FAIIILLK DE SAl.NT PCRDINAND : SON AIKCL, SA MKHB ET
SA TAHTB — FRANCS' KT CASTILLK
Saint Ferdinand fut une des nombreuses gloires
du XIII' -ii^cle. Les premières anni^es de ce grand
siècle semblaient préparer à l'Espagne les plus
grands malheurs : une coalition formidable des
musulmans d'Afrique et d'EIspacne comptait réta-
llir le r.'f-'ne du Croissant jusqu aux Pyrénées. Mais
^•race à l'active intervention du Père commun des
lidèles, le Pape Innocent III, et de Rodrigue Ximé-
nès, archevêque de Tolède, les rois chrétiens de
Castille, de Navarre et d'Aragon, oubliant leurs
rivalités, unissent leurs armes, voient leurs batail-
lons fortifiés par des chevaliers accourus de France
et d'autres provinces de la chrétienté, entin, par .la
protection de saint Jac<jues, remportent, l'an 121 2, la
victoire de Navas de Tolosa, 1 un des plus beaux
triomphes des armées chrétiennes sur les guerriers
de l'Islam.
Après la bataille, le brave Diego Lopez de Haro,
chargé de parlacr le butin, donna aux rois de
Navarre cl d'Aragon toutes les richesses trouvées
dans le camp des Maures vaincus, puis se tournant
vers le roi de Castille son souverain :« Et pour
vous, dit-il, gardez la gloire et l'honneur de la
bataille. ■■ Chacun fut content de sa part.
Ce roi de Castille était Alphonse IX. Parmi les
enfants auxquels il légua cet hr-ntage de gloire,
nous devons signaler les princesses Bérangere et
Blanche, ses fliirs. Bérangere épousa le roi de Léon
et fut mt-re de saint Ferdinand; Blanche (la ver-
tueuse Blanche de Castille,, i^pousa Louis VIII, roi de
!' ' nous donna saint Louis. Ainsi Alphonse IX
devint l'oieul de deux saints rois, saint
1 ' nint Ferdinand d'Espagne, éga-
i. Il ■ : 1 es par leur piété, également
lii: • - Ji- !■ wi:. (.< ..j.les dont ils furent les pères,
't'.'.'Miriit braves dans les combats, quoique leur
!" rhiiir n'ait pas ton .111 , .i.' I. nK^nie dans leurs
.■\; ''ilitions contre Mais qui peut
i ■ ii.r la gloire • ■ par notre bien-
t Louis dans ses souUrances d'Egypte et
L'infant' I' ■• re, dont nous venons de parler,
iMiil la il .!'■ r !e Blin'-he <i^ Castil!»' par ses
té
. .1-
ct dti liilticull' 1. ïiincée
apprit la mort de ce prince
:' ' lUa
n.
de
ir.
1.. r-
il,: . " iri,
a}aul ■ ■ . -■ .- ; ,--.; - - lie,
et trouva une rniMa ^a il soabailail : ils 4t4i«nt
cousins au troisit-me degré. Au lieu donc de deman-
der au Pape une dispense pour réhabiliter cette
union, il se contenta de faire constaterjuridiquement
par l'Eglise la nullité de son mariage; cepi'nda::t
comme il avait été contracté de bonne foi, les enfants
furent di'clarés légitimes.
Bérangere revint en Castille auprès de son pèrej
Celui-ci mourut bientôt après, laissant la couronnet
à son jeune fils, Henri, qui ne tarda pas à périr lui-
même, victime d'un triste accident. Il jouait areo
d'autres enfants quand une tuile, se détachant du
toit du palais, tomba sur sa tète et le tua.
SAWT FERUIMAND KOI Dl CASTILLI
Dès qu'elle apprit la mort de son infortuné frèi .'
Bérangere envoya secrètement en toute hAte un cl,-
valier fidèle demanderau roi de Léon, Alphonse 1\
son ancien époux, de lui envoyer son fils Ferdinaii>
pour la défendre.
Le jeune prince, âgé alors de dix-sept ans, était
un modèle de noblesse etde vertu, et sa mère inquiète
dut sentir son cœur s'ouvrir à l'espérance en baisant'
son front candide et pur. Son éducation avait été con'
fiée à de sages gouverneurs. Encore tout enfant,
futur croisé avait manifesté pour la croix une nalv
ardeur; il la pressait dans ses petites mains, il la
baisait et courait la montrer aux seigneurs qui
entraient dans le château paternel. Lorsqu'il enten
dait parler des Maures qui blasphémaient le Christj
et outrageaient sa patrie, il trépignait et pleurait
d'indignation. Cœur non moins tendre qu'impétueux,
il aimait les pauvres et allait souvent au balcon du
fialais voir si quelques malheureux passjiient dans
a rue; et s'il en apercevait sa joie était grande di
leurjeter des aumônes.
Ses qualités avaient grandi avec l'Age. Aussi quan
Bérangere, que les Castillans fidèles voulaient pro-i
clamer reine, leur eut présenté son flis, l'etithou-
siasme fut éclatant. On dressa un Irène en plein
air, sous un grand orme, et Ferdinand fut couronné^
roi de Castille aux acclamations des chevaliers
du peuple. Ceci se passait & Najare, l'an 1217. Que
ques mois après, la même cérémonie fut renouvelée'
sur une grande place de Valladolid, en présence;
des Etals généraux de la nation convoqués par}
Bérangere. «
Mais l'orage grondait h
gneurs de Lara n'étaient
blée. Dom Alvarez de I
la tutelle de Kerdinani!
jeuni- ----- ' ' ■ ' '
ouvi
mériù.- . .....
fiarti le rui de Léon oui
e territoire de ('«i-til..
Grande fut la doul>
était son père et il
Il envoya pour le tlecbir tes évéques I
d'Avila. « Seigneur, mon p^rc. lui éi i .
une lettre louchan' - est la ».'iii«-
vous me fn^r-i'-r m . k moi voUe Ul(
|.a» que
aét
il
"i
l'horizon ; les trois sei-f
point venus k t'assem-
' -ux de n'avoir point'
avait eu celle du*
' ' mettre en révollej
M ilir. des forleresseff
lic, il enlialna dans soot
entra avec une armée sur'
e lî .'it liiut i feu et à«atiff.
id : le roi de L> n
lui livrer b.itaill .
que
I J av.jir ua lils lui i
i;ours honneur; car il
qui, par crainte de moi
qiii !
vciu -
devrici
et qui vu
chrétien m Mi.inr'-
attaquer. Pourquoi envahir si
paysîc^rde Castille il d* vousvir
ni guerre tant que je vivrai. •
Toul"' ' 1. .,.(... »! .-.w !,„■ ^ „, trouve
lin I . >v Alors do*
Ixi^i;;. . :i.. , •- „ . - --a I crdiund, réu*
ait à ta bAte un» petite arnu^e et vola au devua dt
Voui
• CasUlh
n'y a ml
ose vo«l
funeusemeal al
om
l'enyahisseur ; à cette nouvelle le roi consentit à
rentrer dans ses Etats.
Le rebelle Alvarez, laissé à ses propres forces,
bientôt vaincu et fait prisonnier, vint se jeter aux
pieds de Ferdinand. Le prince lui accorda un pardon
généreux et le combla de faveurs. Mais le trop fier
seigneur n'eut pas le courage de porter l'humiliation
de sa défaite, et fut assez ingrat pour lever une
seconde fois l'étendard de la révolte. Ferdinand,
indigné, ne lui laissa pas le temps de se fortifier et,
par une campagne aussi victorieuse que rapide, le
chassa du royaume Alvarez alla mourir dans le
royaume de Léon et l'un de ses frères s'enfuit chez
les Maures.
Le roi de Castille, par son courage et sa bonté,
rétablit l'ordre et la tranquillité dans ses Etats et
régna en père sur ses sujets.
L'an 1220, par le conseil de sa mère, Ferdinand
demanda en mariage Béatrix de Souabe, fille de
l'empereur Philippe, l'une des princesses les plus
accomplies de ce temps. Le mariage fut célébré à
Eurgos dans l'éplise du fameux monastère de tas
nuelgas, au milieu de fêtes maLgniCques, dans les-
quelles toute la Castille s'unit à la joie de son roi.
A celte occasion Ferdinand voulut être armé
chevalier, suivant l'usage de l'époque. Et comme il
n'y avait personne dans l'assemblée qui lui fût
supérieur en noblesse, il s'arma lui-même et prit
sur l'autel l'épée des chevaliers, jurant de ne tirer
ce elaive que pour la défense de la justice et de la
vérité, pour la protection de l'innocence opprimée
et du droit méconnu.
U ROI CHSBTDtN
Un des traits de ressemblance de saint Ferdin&nd
de Castille arec son cousin saint Louis de France,
c'est le respect et l'hoaaeur dont il entoura toujours
sa prudente et pieuse mère.
n aimait aussi à demander aide et conseil aux
évoques; son premier conseiller, ou pour mieux dire
son premier ministre, fut l'archevêque de Tolède,
Rodrigue ii menés. Originaire de Navarre, Rodrigue
Ximénès avait étudié les sciences sacrées à l'Uni-
versité de Paris; orateur, théologien, juriste, litté-
rateur, administrateur habile, également bon con-
ïpr dans la guerre et dans la paix, c'était le digne
-^cesseurdu prélat qui devait illustrer ce même
loui deux siècles plus tard.
La justice est le fondement de La société.
Kerdinan<l, après avoir visité ses Etats, s'être informé
dès besoins du pavs et de l'état des choses, fil réviser
et perfectionner les lois du royaume. U constitua
un tribunal suprême, connu depuis sous le num de
i^rand Conseil royai de Castille, composé des juges
les plus compétents : sorte de Cour de cassation à
laquelle on pouvait en appeler de tous les autres
triounaux. Lui-même avait ses heures d'audience
réglées; il accueillait tout le aonde, mém* Us plus
pauvres df tes sujets, avec une patience et une afla-
bilité qui gatfnaieot tout les ccBurs Les veuves, les
orpbeliaj, tous les malheureux pouvaient compter
sur M jiM'ii'''^, '^a protection et sa charité.
L>> ises Buerres qu'il fut obligé d'entre-
prer .' les M&ures exigeaient de» ressources
c«iMi<j<3raM«^; mais il ne voulait pas charger ses
Mijots d'impdit injuste» et extraordinaires. Un jour
^'mi 4* se» ooBseîllerf lui proposiut un BMivel
mpAt : " A Dieu ne plaise, s'i'-cria le prince, q/m
l'adopte jamais votre projet. La Provideoce tajira
m'estistiT par A'aulre?< voi<^:<. Je. orains fiua les maié-
lictioaa d'une pauvrt (eoimc que toute une armée
le Maures. >
T'riilpctcur des arts et dps science», il transféra
à Salamanque l'Université de Palencia, parce que la
première de ces deux villes offrait plus de ressources;
cette Université devint l'une des plus fameuses de
toute l'Europe.
Il fonda plusieurs nouveaux évêchés, bâtit des
églises et des monastères, en enrichit d'autres d'or-
nements et de vases sacrés. U encourageait tout
progrès religieux et social. Sous son règne furent
construites les cathédrales d'0.sma, d'Orense, de
Valladolid, de Tuy, de Zamora, la eiande collégiale
de Talavera, le cloître d'Astorga, le beau pont
d'Orense, les merveilleuses cathédrales gothiques
d»^ Burgos, de Séville et de Tolède et bien d'autres
édifices, dignes monuments d'un grand siècle.
La Castille donna alors à la France et à l'Europe
l'un de ses plus illustres enfants, saint Dominique,
fondateur de l'Ordre des Fi-ères Prêcheurs.
Ferdinand, ce conquérant infatigable, qui partait
presque chaque printemps pour la croisade, put
cependant goûter avec bonheur les joies du foyer
domestique. Fils respectueux de Bérangère, époux
tendrement aimé de Béatrix, père chéri de sept
princes et de trois princesses, il se reposait, au milieu
de cette famille bénie de Dieu, des fatigues de la
guerre et dea soucis du gouvernement.
Quand la mort lui eut enlevé sa chère Béatrix,
en 1236, il épousa Jeanne de Ponthieu, princesse
française, qui fit revivre les vertus de celle qu'il
pleurait.
Lorsque son père Alphonse IX, roi de Léon, mourut
en 1229, Ferdinand lui succéda et réunit le royaume
de Léon à celui de Castille, ce qui augmenta la puis-
sance de l'Espagne chrétienne.
Une des infantes, fille du saint roi, se fil reli-
gieuse à Burgos, et reçut le voile des mains de
f'évèque d'Osma.
LB CaSVAUKB Dl) LA rOI KT D( LA. PATBiC
Saint Ferdinand ne voulait être roi que pour faire
régner Jésus-Christ, lloi des rois, et procurer le bon-
heur deses sujets. iNaturellementami de la paix, il sut
cependant être un guerrier au courage indomptable,
aussi souvent que le demajidaient la gloire de Dieu
et le bien de sa patrie. « Mon Dieu, disait-il, au
milieu de ses victoires, voua savez bien, vous, que
je ne fais pas ces conquêtes pour agrandir mes Etats,
mais seulement pour votre gloire et l'utilité de
l'Eglise. »
En 1225, la guerre éclata entre la Castille et les
Maures d'Andalousie ; le roi musulman de fiit-i^.
Aben-Mohamed, incapable de résister à l'ariiv
chrétienne, se soumet et accepte de devenir va.-:.il
da roi de Castille. L'année suivante Ferdinand
apprend que <"» roi maure a été massacré par ses
sujets révoltés; il laarche aussitôt contre eux, fait
la conquête définitive de Baèza, où il rétablit la reli-
aioa chrétienne, et enlève vingt places fortes aux
émirs de Jaen et ds Cordoue. y
En tSSi, pendant qu'il assiège et prend Ubêda,
son frère l'infant don Alonzo, à U tête de quinze
cents hommes, bat, à Xérès, l'armée ferraidable
d'Abenhut, roi de Séville, composée de sept corps,
dont chacun était plus nomi ,■■ toute l'armée
chrétienne. L'intervention . > celle victeire
est manifeste. On rapport- -jn ' i <■ ne coûta aux
chrétiens que onze morts : dix soldats et un cheva-
lier qui avait refusé do pardonner oae injun>. Dp?
prisonniers musulmans et ées eoUat* chr^^iipr^
afti «>■-■.• -ivoiT vn, pendant la bataille. l'ap'M.
sa. . patron de ITBspa^e, miinto ••m un
ch-: --. .: et armé comne ua ahevalier, j'Oi tn \,\
terreur au milieu deaeamaiBâdi U croix. - \>t>-< !
c'était là que jadis l'Espaune avait >té vaiiiriip ( .u
l'invasion musulmane. Les crimes de Rodéric
l'avaient perdue, la croix la sauvait.
Vers le même temps, le roi d'Aragon enlevait
aux musulmans les royaumes de .Majorque et de
Valence.
Un des premiers jours de février de l'an 1236,
Ferdinand se trouvait & Bénavente, près de Léon,
et allait se mettre à table quand un cavalier, arri-
vant à bride abattue, lui annonce qu'une poignée
de chevaliers espagnols vient de s'emparer par sur-
prise d'un faubourg de Cordoue : Cordoue, la vieille
capitale de l'empire musulman d'Espagne, riche et
populeuse, fastueuseroent assise sur les bords du
Guadalquivir, et peuplée de trois cent mille habi-
tants ! Le roi se lève aussitôt et vole au secours de
ses intrépides soldats. Uoe multitude de guerriers
chrétiens accourent se ranger sous les étendards de
ta croix, autour des murs de Cordoue; le siège est
mené a\ec vigueur ; la résistance des Maures est
héroïque. Maïs enfin il faut céder, et le 29 juin,
fête de saint Pierre et de saint Paul, l'armée chré-
tienne entre victorieuse dans l'ancienne capitale des
califes. 11 y avait cinq cent quatre-vingts ans que
Cordoue était tombée au pouvoir des infidèles. A la
demande du saint roi, la grande mosquée fut pu-
ritiée par Jean, évêque d'Osma, et convertie en
église sous l'invocation de Marie Mère de Dieu. Elle
devint la cathédrale de Cordoue. Plus de deux
siècles auparavant le calife Almanzor, vainqueur de
la Galice, avait fait apporter à Cordoue les cloches
de Compostelle sur les épaules des chrétiens captifs;
Ferdinand ordonna qu'elles fussent reportées i
Compostelle sur les épaules des musulmans, et il
fut fait ainsi.
Le Souverain Pontife et toute l'Europe chrétienne
applaudirent aux triomphes de l'Espagne.
Ferdinand était digne de ces victoires. Il veillait
avec soin à maintenirdans son armée la piété chré-
tienne dont lui-même donnait l'exemple. Il avait
toujours au milieu de son camp un évéque (c'était
ordinairement l'archevêque de Tolède, Rodrigue
Ximénètl, qui présidait avec pompe les cérémonies
religieuses et veillait au bien spirituel des soldats.
Sous son armure étincelante, Ferdinand avait une
cuirasse d'un autre genre : un rude cilice en forme
de croix. Il jeûnait strictement. Il passait souvent
la nuit en prières, surtout la veille d'une bataille
difficile. Il attribuait & Dieu tous, ses succès. Il por-
tait sur sa poitrine une petite statue de la Sainte
Vierge : Sotre-Dume des Victoires, et il la fixait à
l'arçon de sa selle quand il chargeait les bataillons
impétueux des Maures.
l\ r>'-i'onipen'^ait magnifiquement les chevaliers
qui s'étaient le plus distingués par leur bravoure;
mais il avait pour tous la sollicitude d'un père. On
le vit panser lui-même leurs blessures, les appeler
ses amis et ses enfants. Un jour que ses chevaliers
lui reprochaient de ne pas prendre le repos néces-
saire, ^ Je sais, répondit-il que vous dormex plus
que mol; mais si moi, qui suis votre roi et votre
père, ie ne veillais pour vous, comment pourriei-
tous dormir ? »
En \'H0, rnn fils aîné et futur successeur, le valeu-
reux phnce Alph'inse, prend possession au nom de
•on père du rovaume de Murcie, dont l'émir se
recnrinalt vassal du roi de Castille. En 1241, à
r. I ' lion de la trêve conclue avec les Maures, Fer-
dii i I r'*nAirr de nouveau en Andalousie, et sou-
met Il le Jarn.Le roi de Grenade, llcn-al-
Ahmar. i'-les murs d'Arjona, vient se jeter
aux piej? Ji. r I chrétien qui lui laisse le gouver-
nement de ses KtAts, h. condition qu'il deviendrait
l'allié «1 le vaaaaJ de la Castille.
Une seule ville importante résistait encore ouver-
tement à la puissance chrétienne en Espagne ; c'était
Séville, la perle de l'Andalousie, ville alors plus
prospère que Cordoue elle-même, ûère de ses
monuments et de ses gigantesques remparts, en-
richie par son commerce, par ses fameux jardins, les
plus beaux de l'Espagne, et par la fertile plaine
qu'arrose le Guadalquivir. Ferdinand en commença
le siège au printemps de l'an 1247. Après un an
d'effortsetde combats acharnés, la ville, incapable de
résister davantage et pressée par ta famine, capitula
et rendit ses cle^ au vainqueur. Dans son admirable
dévotion pour la Sainte Vierge, saint Ferdinand
voulut offrir à la Reine du Ciel les honneurs de
l'entrée triomphale à Séville. Une immense pro-
cession, t la fois militaire et religieuse, fut orgi
nisée. Les trompettes de bataille ouvraient i .
marche, venaient ensuite les chevaliers dont les
armes brillaient sous le soleil d'Andalousie, les
Ordres militaires avec leurs croix de pourpre et leurs
bannières, les moines avec leurs robes de bure, les
évêaues en habits pontificaux; enfin un char triom-
phal, splendidement orné, portait la statue de Marie.
Le roi suivait à pied, pleurant de joie et de bonheur.
Après lui, le reste de l'armée et le peuple.
Les Maures qui le désiraient eurent la liberté de
se retirer où ils voudraient en emportant leurs
richesses. Plus de trois cent mille émigrèrent à
Grenade ou en Afrique; ils furent remplacés par
des Espagnols. L'émir Abou-Hassan, qui avait
défendu la place, s'en alla libre; s'arrêtant sur une
colline d'où l'on aperçoit la mer et la ville, il
regarda une dernière fois Séville et dit en pleurant :
i il n'y a qu'un favori de Dieu qui ait pu avec si peu
de monde prendre une ville si forte et si peuplée.
C'était écrit/... Sans un décret du ciel, nulle puis-
sance humaine n'eût pu l'enlever aux Maures. •
Saint Louis de France félicita son cousin victo-
rieux en lui envoyant un fragment de la sainte Cou-
ronne d'épines et d'autres reliques précieuses, aui
furent placées dans la nouvelle cathédrale de Séville.
Le grand monarque espagnol voulait assurer le
repos de l'Espagne chrétienne en allant abattre la
puissance des Maures chez eux, en Afrique; mais
l'heure du repos avait sonné pour lui..\ttcint d'une
maladie mortelle, il fit une sincère confession de
toutes les fautes de sa vie. A la vue de la sainte Eucha-
ristiequ'il avait lui-même demandée, il fit un suprême
effort pour se jeter & genoux par terre et, la corde
au cou, dans l'humble attitude d'un pécheur repen-
tant, il reçut avec amour son Sauveur. Sa famille et
ses principaux chevaliers, les yeux pleins de larmes,
entouraient son lit. Appelant Alphonse son fils aîné
et successeur, il lui recommanda de respecter les
franchises et les libertés de son peuple qu'il avait
tant aimé, d'être le père de ses frères et d'honorer
la reine Jeanne de Ponthieu comme sa mère.
Il tenait le crucifix entre ses mains, et sentant la
mort qui approchait, il dit : ■• 0 mon Seigneur, vous
avez tant souffert pour moi, et moi, malheureux,
qu'ai-je fait pour l'amour de vous? Seigneur mon
Dieu, vous m'avez donné des royaumes et l'honneur
et la puissance plus que je ne méritais; à présent
je vous rends tout cela avec mon Ame, et je vous
demande pardon de mes fautes, à vous, et a tout le
peuple. • Ensuite il pria les évêques de chanter la
T< Deum, et pemlant ce cantique d'action d» griccs,
il r«mit paisiblement son Ame à Dieu, le Jeudi 30
mai I2S2.
Son tombeau miraculeai est une dea gloires de la
c.ithédrale de Séville qu'il a fait hAtir. Ce grand et
!>aint roi a élé canonité par U Pape Clément X,
en 1671.
Iap.-f«r*«4. K. PnrraaiBT, », n* rnmfim !•', fwu.
SAINTE ANGELE DE MERICI
FONDATRICE DE L'ORDRE DE SAINTE URSULE
/'/■'.' le m mai.
Portrait de la Sainte, d'après des documents contemporains.
LENFAM rHKDESTINEE
ADi;èle naquit le 2( ma» 1474, à Dezenzano,
.liocése de Vérone, à queliiues lieues de Bresci.i.
Son pieux père, noble, sinon par la naisfaucedii
moins par la vertu, lui donna une éducation chré-
tienrn/, et voulut qu'elle se lonnàl, dès sa plus
tendre enfance, à l'école des saints. Aussi, cba<|ue
soir, avant le coucher, lui lisait-il quelaues traits
de la vie des Bienheureux ou des Pères «lu désert.
Il Tallait voir alors Ansèle écoutant attentivement
tous les moindres détails, et s'exlasiant, en
quelque sorte, devant le courage héroïque du
cénobite ou du martyr.
Ell<" voulut imiter les solitaires qui avaient
tout quitté pour le Chri.<t; et, fuyant les jeux
frivoles de se» compaune», elle aimait à s'en-
fernifT dan.i une petlif chambre avec sa sn-ur
alnéc.De leurs main^enf.intinfs, elles dressèrent
un autel, et là elles ii'.-ii,ii<iil le? psaumes à
deux chœur».
L ANGE DE LA TERRE
Douée d'une rare beauté, An^èle faisait peu de
cas des mille et mille petits soins ordinaires des
jeunes lilles, qui pouvaient relever ses grdces
innocentes. In jour, comme on vantait se» che-
veux blonds, dont les boucles d'or llotlaient au
i.'rè du vent, elle en pleura de dépit; de plus, elle
(it bouillir chaque malin de l'eau mêlée de miel
pour y laver sa chevelure et lui enlever ainsi
tout éclat.
KUe faisait ses premiers pas dans le sentier de
1,1 \ertu. Mais bientôt, hélas! elle perdit succes-
sivement son père et sa mère, ses deux maîtres
dans la perfection, qui lui avaient enseigné les
ludiments de la sainteté.
Le tendre cirur d'An«<'le fut déchiré de cette
oriK'lle séparation, qui devait lui apprendre à ne
s'.ittacher qu'à Dieu; et elle prononça le grand
mot de résignation de l'Ame chrétienne : IJ"*^'
votre volonté soit faite!
L ORPBEI.I.NE
Un de ses oncles, aommc Biancosi, l'emmena
dans sa maison avec sa sœur .linée. Là encore
laltendait une épreuve bien poiananle, car une
mort subite emporta sa su'ur. Ce coup si rapide
de la main de Dieu jeta l'anxiété dans le c«ur
d'An^tèle. I:;ile aurait désiré connaître le sort
éternel de celte àme si chérc. L'n jour, se retirant
à la canif af;ne, elle aperçoit sur son chemin une
nuée resplendissante. Klle s'arrête aussitôt et,
ù bonheur! elle voit sa sœur au milieu d'un cor-
téiie innombrable d'an:;es accompagnant la Sainte
Vierge, et une voix lui dit : ■• Angéle, persévère
comme tu as commencé, alors tu seras associée
à notre félicité. »
l'eu de temps après, elle s'enfuit avec son
jeune frérc pour j'iuir dans le désert du silence
de la solitude; mais elle fut bieulôl contrainte
de retourner au foyer, car son frère, lui aussi,
mourut à l'aurore de ses jours.
Ai-'ée de Ireiie an-^, elle eut le bonheur de faire
sa Première Communion. Dès qu'elle eut goûté
la suavité de ce Pain sacré, elle résolut de s'en
nourrir très souvent, malgré tous les préjugés du
son siècle corrompu par Tliérésie.
Aussi, pour s'en rendre digne, vit-on celte
enfant (iélicate macérer son corps avec violence;
ne lui donner pour tout lieu do repos qu'une
mauvaise chaise ou une simple natte; parfois,
cependant, quelques sarments étendus sur le
sol; et pour toute nourriture, qu'un peu de pain,
de l'eau et quelques lé;.:umes. Certains lia;;io-
Kraphes nous assurent qu'elle pas.wil des semaines
cntit'res sans prendre d'autre aliment que la
manne eucharistique.
l'^HELLE MVSTéaiEUSI
Son oncle étant décédé, elle revint à Deienrano
habiter la maison paternelle, espérant y être
plus utile au procliain. Depuis longtemps, la
pensée de réprimer les désordres de la société
agitait son esprit. " Ces désordres, disait-elle,
vii-nnent de ceux de la famille; les familles
dépendent surtout de la mère, et il y a peu de
mères chrétiennes parce qu'on néglige I éduca-
tion des jeunes lilles. >' Hemontaiit ainsi ù la
source du mal, elle se ]iroposait de le déraciner
un jour.
Une fois, se promenant dans les champs avec
jilusieurs de sps compagnes, elle se retira un
peu à l'écart, selon sa coutume, pour aller prier.
M .,.. ^..,,1 ,,,, plie vil dans la voûte céleste une
l;ible à celle de Jacob, l'ne foule
... 11.- .!.■ I 1,111 . lilrte ceinte d'uii'-
fouronii' nt «ur le front uik-
pierre ["P' i i cl, y montaient deux
a deux; en m<'me temps, les anges faisaient
«•nlendre one douce musique, et une voix dit
h Auftèle : •' Pri-iid» rourni'i', lu établiras un
jour d«n« Brescia une compacnie de vierges
• ('loM.iM'M k celles que tu viens de voir, u Et la
\ i^ioii ilMp.'irut.
L UUUILITt SB CACUl.
Al
r -JT vision .i >.<>»
Ile n<< nt pas la
l'instruir" des vérités de la fol; elle alla jusqu'à
aborder l'atelier des ouvriers pour ramener à
Dieu la plupart de ces ùmes corrompues. Elle en
convertit un grand nombre par ce seul mot :
<■ Dieu est ici! ■> •
l'n jour, le démon lui apparut sous la forme
d'un ange de lumière, et lui dit : ■■ Oh! que lu es
|iieuse, ma liUo! (Juelle belle couronne tu le
prépares pour rélen.ilé! >• Mais Angèle découvrit
.lUssitiHles ruses de Satan. « Va-t-en, monstre, lui
r'''pondil-elle ; tu veux m'inspirer des sentiments
d'orgueil, mais je n'y consens pas. Je ne suis
qu'un vil instrument (|ue la grâce de Jésus-Christ
fait servir à sa gloire. Va-l-en et retourne dans
lis nbimi's annoncer la défaite et le triomphe de
mon Dieu. » Et, à l'aspect du crucilix, le démon
disparut.
LA VIË DANS LE r.VLAIS
nientrtt le bruit de sa grande sainteté se répandit
dans lîrescia. De riches sei:;neurs la prièrent de
venir habiter dans leur villa, et dissiper, par les
charmes de sa compagnie, les chagrins (pie leur
causait la mort récente d'un de leurs enfants. La
Sainte condescendit à leur demande, poussée par
un motif de charité.
Chaque jour, elle entendait plusieurs messes,
visitait quelques églises, et ne retournait au
palais qu'après avoir di'^lribué d'abondantes
auml^nes. Mie élait douce, charitable ; on ne
l'appelait que " la Sainte. ■>
SES C0NNM3SANCP.> SIR.NATIBELLES
La vierge de Urescia fui encore favorisée d'une
science surnaturelle. Ilb Urée, elle commenta les
passages épineux de la Hiblc, discuta sur divers
points de théologie morale et dof;inatique. l'ne
érudition si merveilleuse lut bientiM c(>iinue de
toute la ville. On vit accourir « la demeure
d'.\ngéle une foule de théoloi.'ieiis et de savants
avides de ses conseils.
l'n homme, étonné de ce qu'on rapportait
d'elle, voulut la consulter. • Dites-moi, lui dit-il,
par quels moyens je puis me sanciiiii-r dans le
monde. >■ La Sainte, toute confuse, répondit : Le
plu< fur titoyen </c salut, c'eut ilt Jait( rhaijue jour
(/(■ lu rie ce (ju'im viiudrnit mair fait nu tiwinrnt tic
lii mort.
l'n élève de l'I'niversité, élégamment vêtu, à
la pose superbe, aux manières recherchées, vint
un jour la consulter : >■ J'étudie, lui dit-il, dans
le dessein d'arriver A In prêtrise; et je désire
savoir si c'est biin la volonté de Dieu. — Vous
ave/, grand besoin de changer, répondit-elle,
avant d'embrasser un état qui rérl-anc la
modestie ; car vous me pamisseï f > I i
vanité. >• Le jeniie écolier, tout . ii' •
avoua «08 fautes et réfoniin an»silAl s,t condiiile.
C'est nin<i qnc Dieu faisait érUler sa i'loip# *n
son humble servante : car tl a rertU au • ■
rt aux ]ittit* /<•« rérilfn du mIuI ipt'il n en
fitiji^ et aiAT prudmt% du nù-elf.
l'avkl'ùlk ut)> ^OIT CMIt^
Klle avait cinquante ans (f.iH) quand elle
eiitrrnrit le pél. ■ ■■ ■ ">• ' " '
uio! bien ruil
r- de sa |"i'-;.i m li
■rt de Candie, elle i
Kl
FrBf
en I
• m I
•• piilra
par la présence de mon Dieu, du moins, je le
verrai des yeux de Tesprit, et ma cécité même
m'inspirera plus de recueillement. >•
C'uaud elle prit pied sur le rivage sacré, elle
a'agenouilla et baisa amoureusement la terre.
Elle parla avec tant d eraotioa des Lieux Saints
à ses compagnes qu'felle les fit toutes pleurer.
Bethléem et le Tliabor, le Cénacle et le dolgotha;
elle semtilait les avoir vus, tant ces endroits si
pleins de pieux souvenirs lui inspiraient de bons
sentiments. Il fallait l'arracher, pour ainsi dire,
de ces sanctuaires, et sur la montagne du Cal-
vaire : " Ah! s'écria-t-elle, si mes yeux me refu-
sent en ce moment la lumière, ils ne pourront
au moins me refuser des larmes ! ■■ Et elle en
laissa échapper une grande abondance.
LES FLOTS SOCMIS
Le moment vint de quitter la Palestine; ce ne
fut pas sans regrets que notre Sainte dit adieu
aux Lieux Saints. \u retour, ayant demand»-
pour la première fois à Dieu sa puérison, elle
recouvra aussit('>t la vue. Ce prodige accompli
soudainemt^nt frappa les passagers d'une très
grande admiration ; ils rendirent dès lors à
Angèle tout le respect dû à ses éminentes vertus.
Tandis que le vaisseau cinglait vers Venise,
une furieuse tempête se déchaîna tout à coup;
les vasues engloutirent les deux vaisseaux qui
précédaient celui des pèlerins; celui-ci semblait
réser»é au même sort. Mais, en dépit des cris
et des sanglots des passagers, Angèle carda sa
confianfe en Dieu, et, grùce à ses prières conti-
nues, la mer courroucée s'apaisa quelques ins-
tant» après.
LV nE.NOUll^E
A peine est-elle arrivée à Venise, qu'elle part
à la dérobée pour Brescia, après avoir refusé
fortgrai:ieusement la direction des hôpitaux que
lui offrait le Patriarche.
Semblable à l'Epouse des Cantiaues, Angèle
s'occupe de son Epoux et le jour et la nuit. Car.
après l'avoir cherché en Oritnt, elle va en Occi-
dent el court de tous c6tés à l'odeur de ses par-
fums.
L'année suivante, 1323, elle flt le pèlerinage de
Rome pour le grand jubilé. Tanais qu'elle se
rendait au tombeau des saints .\polres, un camé-
rier du pape Clément VII l'ayant tort heureuse-
ment rencontrée en chemin, la présenta au pape.
' Ma fille, lui dit celui-ci, qui était déjà instruit
de ses vertus et de ses miracles, ma lille, je veux
\..n- m- lire à la tète d'une maison de filles hos-
i it >1 • 1 s. « ■ Moi! répliqua la Sainte, moi, la
1 -^ mi-prisable de toutes! ■• Et elle expliqua
■ tant de candeur les motifs qui la rappelaient
a lirescia, que le pa[ie lui permit de prendre
congé de lui.
LR NOTAU DE LA CONGRÉiiATIO.N
\!i ■ étiit toujours craintive et indécise sur
■ 'i • 11'- devait faire pour la t'Ioire <lo Dieu.
I IIP loi-, au milieu du plus profond silence de
la nuit, elle vit un aniie aux regards menaçants,
qui lui reprocha '■'•vércment sa b-nteiir et son
hésitation. En m- me temps, s'armanl d'une
v<.r ■•• !<• i<r il luj (.11 iniligea quelques coups
1 ilp ■ .".,1 Iiipii l'ii le vi-ul ! Angèle
les rom-
l'i_ii 1 - dons une
chambre qu'une ncbe reuve voulut bien lai
donner. Les fondements de l'édifice étaient jetés,
le noyau de la Congre'gation était formé.
TR.WAUX DE LA CON'.nÉGATION NAISSANTE
Le 13 novembre la3v>, on vit cette troupe de
vierges, Angèle à leur tête, sortir de l'oratoire
comme jadis les apôtres du Cénacle après la des-
cente du Saint-Esprit, et se répandre dans tou-
les quartiers de la ville. Elles se mirent à visitei
le détenu dans sa prison, le pauvre dans son
réduit, le malade sur son lit de douleur. Elles
pénétraient dans les maisons en habits ordi-
naires, car alors le voile et la robe de la reli-
gieuse n'avaient point droit de cité.
Ce n'était tout d'abord qu'une simple associa-
ciation : les compagnes d'An::èle pouvaie:it
demeurer sous le toit paternel. Elles se consa-
craient à instruire la jeunesse, à éclairer les
filles et même les femmes ignorantes. Leur-
exemples propageaient la virginité, si làchenien!
rejetée à cette époque par Luther, enseignaient
le renoncement à ses propres intérêts, au milieu
d'un siècle égoïste.
Quand vint le moment de nommer la supé-
rieure, tous les sulTrages se réunirent sur la tète
de notre Sainte, car tout le monde savait qu'Aa-
géle était envoyée de Dieu pour une grande mis-
sion, et estiniail que personne autre qu'elle ne
pourrait sagement diriger laCongrégation encuiv
à son berceau. Quand elle eut connaissance Je
sa nomination, elle versa un torrentde pleurs.- Je
ne puis, disait-elle, d'uue voixentrecoupée par le*
sanglots, je ne puis être votre supérieure, attendu
que je dois expier à présent tous mes i<échés d'or-
gueil par une soumission plus complète à l'une
d'entre vous. ■> Mais ses tilles lurent npiniùtre-
dans leur dessein ; et Ans;ele dut recevoir le loui J
fardeau du supériorat sans jamais vouloir porte rie
litre de fondatnce." Car, disait-elle àses enfants,
vous serez placées sous une égide plus aj-suréL
que la mienne; nous prendrons le nom d'I"/»»!-
lines ou de Fillc^i rfe sainte i'rfule, de cette noble
vierge qui a daigué m'appaiaitre naguère, toui>'
rayonnante de splendeur. Je veux donc qu'elK-
soit votre patronne et lu mienne. »
LA MAIN nu D!E'
Dieu sembla alors répandre à pleines niains
ses bénédictions. L'uuvre êlait à peine coni-
mencée, et déjà l'on ne parlait qu'en termes élo-
gieux de l'humble association. \ Brescia, où
elle avait pris naissance, on la connaissait sous
le nom de Divine ou Sainte Compagnie. Les auto-
rités de la localité applaudirent aux conférences
que ces pieuses chrétiennes tenaient chaque
dimanche.
Lesûllesd'.\ncéle s"atlachérenl«urloutik former
le cœur de l'enfance aux principes de la vie chré-
tienne, et à refaire ainsi la société dont les
membres avaient été corrompus par la doctrine
luthérienne.
En peu d'années, elles prirent un Ici dévelop-
peraent.mème dans les contrées lispluslointaines,
qu'on vit vraiment que l'iruvie était selon les
vues de la Providence, et que, si l'homme plante
et arrose, Dieu donne l'accroisscmenl.
De partout on rêrlnmait les lllli's il'.Xnijêle,
c'était à qui proruremi à l'enfatire des maîtresses
aussi industrieuses dans Tari «le former.
L'ne petite ville, à quelques lieues d'.Vvifnon.
fut la prenn.r. lui t, — ,',i",i ,11 Frau'-f un
maison «Il ' irseilb.P ii i
et cinq un' , ■■ lardèrent ; i-
à appeler dans leur sein de si habiles institu-
trices. Les fondations étaient d'autant moins
difficiles que les religieuses se contentaient du
strict nécessaire sans avoir de jjouvernement
provincial; car ellps demeuraient soumises à la
juridiction des ivèques, partout où elles s'éta-
blissaient, d'après un décret de saint Charles,
archevêque de Milan.
LE GBAND JOCR
Angèle voyait donc son œuvre accomplie, et
sa petite association s'énanouir de plus en plus.
Mais, comme Moise. elle ne vit que de loin la
terre promise, car elle tomba malade au com-
mencement de janvier 15*0. Afin d'épartiner à son
corps virf-'inal la honte d'-Hie découvert mi^rae
après sa mort, elle lava elle-mt^rae ses membres
malgré son extri'me faiblesse. Uuel amour jaloux
de la virfiinité!
Avant de fermer les yeux à cette terre, elle se
démit de sf>n autorité et demanda qu'on la revt^-
tit de l'habit du Tiers-Ordre de saint François.
Puis, réunissant ses filles désolées autour ife sa
couche funèbre, elle leur donna ses dernier*
avis : « Mes filles, que la charité rèfjne parmi
vous. Vous êtes peu nombreuses, mais sache/
que le nombre fait peu, quand il n'y a pas l'union
engendrée par l'amour. »0n l'entendait répéter:
i< Oh! qui me donnera des ailes pour voler vers
mon bien-aimé? >• Elle ouvrit une dernière fois
la bouche pour prononcer le nom béni de Jésus;
et, fermant les yeux, elle rendit doucement son
àme à Uieu, le"28 janvier 1540. Angèle allait
avoir soixante-sept ans.
FÊTES DU CIEL ET DE LA TERRE
Quand l'an^'e de Hrescia eut pris son essor vers
son bien-aimé, llieu voulut consoler la terre de
la douleur qu'elle ressenl;iit en perdant Ansèle.
Une brillante «-toile apparut sur ces entrefaites;
elle demeura su>^pendue durant trois jours entiers
au-dessus de la chapelle ou reposait inanimé le
corps de la .Sainte.
I.es restes précieux d'Anséle furent exposés
pendant un mois; jamais l'on ne vil la moindre
marque de corruption sur ce corps vir;,'inal. Même
souplesse, même candeur, même sérénité; l'u-il
le plus exercé aurait pu se méprendre sur l'étal
réel de l'illustre défunte.
Il s'éleva alors une ardente discussion entre
les chanoines de la cathédrale et ceux de Saint-
Jean de Lalran, chacun voulait posséder ce riche
trésor. Ceux-ci s'attribuaient le droit d'inhumer la
vierite, car, disaient-ils, l'oratoire dont elle faisait
sa principale demeure était situé dans l'enceinte
de leur cloître; ceux-là, parce que la Sainte était
décédée dans une maison située sur la paroisse
de Sainte-Afre, placée sous leur juridiction.
Le procès juyé,. on décida que l'éfilise de Sainte-
Afre aurait l'insigne honneur de contenir les
dssemenls de celle qui embauma Hrescia du par-
fum de ses vertus.
AU DELA DE LA TOMUK
Le peuple ne tarda pas à manifester aux yeux
de tous la profonde vénération dont il entourait
la mémoire de la Sainte. 11 lit (graver sur une table
de marbre noir de pieuses inscriptions.
L'n jeune étudiant eut un jour lu hardiesse de
dire à l'un de ses condisciples : « Quelles pom-
peuses louan^'es: c'est beau sur la pierre
mais c'esttouti ' .\ussiUU une maiii le frappa
de deux coups si rudes, qu'il laissa échapper
dans l'église un formidable cri! On accourut; et
le jeune incrédule de demauder pardon à la foule
attendrie.
L'église souterraine de Sainte-Afre, oii repo-
sait la Sainte, devint bienliM un centre de pèle-
rinages. On venait de tous côtés implorer la
protection de l'illustre vierge. Clément .Mil
approuva le culte que le peuple lui rendait spon-
tanément. Quelques années plus lard \1TIH)I,
Pie \l déclara solennellement que l'on pouvait
procéder à la canonisation, l'ie VU termina
cette importante affaire le 24 mai Iso". Ce l'ut
une explosion de joie dans toute la catholicité,
surtout en France oii l'on venait de subir les tor-
tures Indicibles de la Hévolution.
PRIÈRE A SAl.NTB ANoÈLE
O Dieu, qui avei daigné vous servir de la bien-
heureuse An;.'èle pour former dans rE;;lise un
nouvel essaim de vier;.'es, donn^i-nous par son
intercession de mener une condui te anyélimie.alin
que, en échange des biens passagers de la terre
que nousaurons rejetés oour vous, nous puissions
goûter les délices éternelles du ciel. Aiusi soil-ill
Unft. -gtrani. E PiriranniT. 8. rue Fruiçoii I*'. l'arl*
SAINT SIMEON
MOIIsTE: et R.ECLUS A. TRÊVES
Fête le 1" jut.t
Saint Siméon, moine et reclus.
•W mmiÈmli IKN^ES — il SB BEND a jéRUSALEM
Siméon '•lait né à Syracuse en Sicile. Conduit h
Constanlinople dès l'âge de sept ans, il fil, sous la
direction de maîtres clirf'tiens, de rapides progrt'S
dans la connaissance des sciences divines et humaines.
Parvenu à l'adolescence, Siméon se sentit épris
du désir d'aller Tisiter les Saints-Lieux. Il abandonna
aussitôt ses bien?, sa patrie, ses parents, se reTêlit
de la sainte pauvreté dont le Sauveur a enrichi la
terre et se rendit à Jérusalem. Son désir de mener
une vie plus parfaite s'accrut surtout après qu'il eut
visité les endroits témoins de la jiassion, de la mort,
de la résurrection et de l'ascension du Sauveur. Il
résolut dés lors d'aller s'établir dans une solitude.
Mais tout jeune encore, pouvait-il se conduire seul
dans cette voie difficile de la perfection ? .Ne lui
fallait-il pas un guide silr et expérimenté?
Non loin des rives du Jourdain, vivait un saint
ermite dont les vertus ''ini.Mil connues de tous les
hal.ii.inLs de la Palestine. Smi'onalla se placer sous
la direction du saint vieillard et partager sa douce
solitude.
COMMENT SIJIEON REÇOIT LES ATERTISSEME!«T8
DE SON MAITRE
La paix et la tranquillité que le disciple trouva
auprès du maître ne devaient pas toujours durer.
Un jour que Siméon regardait les personnes qui
traversaient le fleuve, lé vieillard, illuminé *par
l'Espril-Saint et découvrant les pensées mondaines
cachées dans le cœur de son jeune disciple, lui dit
d'une voix toute paternelle : « Que te sert. 6 mon
flis, que te sert d'avoir abandonné ta patrie et tes
richesses si tu conserves dans ton cœur des désirs
mondains. Désires-tu devenir le disciple du Christ?
foule aux pieds les plaisirs et les vanités qui ne
conviennent pas à un véritable serviteur de Dieu. »
Pour guérir la blessure que ce reproche mérité venait
de faire dans le cœur du ieune homme, le saint
ermite reprit : « 0 mon fils, ne crains rien ; bientôt
tu las à livrer de grands combats, mais prends
I iiice, Dieu te soutiendra de sa prAce, et en -on
nom je te promets la victoire... Pour moi, ajor.t.i le
saint vieillard, jo ne puis supporter plus lonj;!' mps
la présence de tant de personnes, c'est pourquoi je
HSS^
vaif chercher un lieu plus retiré où je puisse me livrer
plus i-omplètement à la prière^ à4a con^em^tioil^
des choses célestes. » ^ ^ a - _ .. h
SIHÉOM ABANDONNÉ DE SOI» GUIDE STimTCIX SE HKTIKI
Al' MONASTÈRE DI' SINAI
Le disciple ne se sérail jnii'.iif 51'paré du mciltre
fi celui-ri n'avait eu soin dp c ihi r sa fuite soudaine.
Alian'ionné de son jif-re spirituel, Siim-on ne savait
plus quelle voie suivre f( de quel côté diriger ses
pas. La lecture fr.' - écrits des saints Pères
lui nt com|)rendi< \ ivre seul au milieu des
déserts et mener up.i: ml- uiiiquemenl conli;mplative,
il devait auparavant commencer à mener la vie active
dans un ninni-!' i''.
SinK'i'n rt .
Ciel, et • ■
au Mi''i
ceti' U'-'.
diacre. Il
Ile inspiration comme venant du
:i du joie, il se retira à Bethléem,
iiilc-.Marie. U resta deux ans dans
. II. aile, s'acquittant des fonctions de
il vint au monastère situé au pied du
pn^sa quelques années au service des
!: anlsous lasagedireclion d'un supérieur
. v , , à renoncer à lui-même, à se corriger
de SI? défauts, à acquiirir des vertus solides, à péné-
trer les secrets de la vie .spirituelle et à bien s'instruire
des véritables r'-gles de la perfection chrétienne.
.Alors se sentant à m^rae de voler sans témérité
.'• - - propres ailes, et toujours attiré à la vie con-
1 inj ilive, avec la permission de l'abbé du monas-
tère, ^iméon alla se .choisir une jielite grotte, non
loin de la mer Rouge. Un frère venaii chaque sein.iinc
lii j.. rt.T le pain nécessaire, tandis qu'une sourc«,
; pant du ro.-h'-r, ioumissait au solitaire une
ta I LJaire et abondante.
Au bout de deux ans passés dans ce site agréable
,1 VT MfM' Ni fiii pour la prière, Siméon, voyant le
[•'.•■ qu'attirail l'éclat de ses vertus,
I 'I eette douce retraite pour aller
leu plus caché, où séparé complètement
<i -. il pu! se livrer entièrement k l'oraison
el a la méditation des choses célestes.
TENTATION — a TBIOKPHB DBS ROSES DD oillON
Sur le sommet du mont Sinal, où Moïse vit la gloire
.1. J 1
,1..
.1,.
vah, OÙ il reçut la loi qu'il devait doimer au
luif, se trruivnil un ancien monoàlere qui
■ dfc.s nombreuses incur-
iil dan^ le pays. C'est en
"^ ■ ;iier.
;■■, Siméon
DISETTE — CROTECTION DE DIED SUR SES SERVITEURS
Vers ce même temps, une grande disette régnait
dans tout l'Orient, mais principalement en Palestine
ot CD Egypte, où l'on comptait par milliers les vic-
times que chaque jour le fléau venait frapper. Dieu,
qui protège tous ceux qui marchent dans la voie de
ses commandements, veille surtout sur ceux qui ont
.■abandonné le monde pour vivre dans l'humilité, '?.
pauvreté et l'obéissance, à l'exemple du divin Crucitii'
Jésus-Christ. Tandis que le fléau croissait de plu~
en plus, seul le monastère du Sinaï, par un miracb
de la divine Providence, n'eut pas à éprouver le?
horreurs de la famine. Comme le blé commençait à
diminuer, l'abbé, plein de confiance en la bonté du
Seigneur, rassembla tous les religieux, ses frères, et
leur dit : « Invoquons et prions constamment le
Très-Haut ; penilanl quarante ans il a nourri les
Hébreux d'un pain céleste. Peut-il Miaintcnanl laisser
dans l'indigence ses indignes serviteurs ? » Cette
espérance «lu saint abbé ne fut pas vaine : Dieu fit
multiplier si prodigieusement le blé que le grenier
do monastère, ouvert à tous ceux qui voulaient y
puiser, ne diminua pas pendant tout le temps de ii
rarnine.
SAurr inifcoN est ENvorin france — NAOFa^sûiL
Lorsque la disette eut cessé, saint Siméon reçut
de son supérieur la mission de se rendre en Ki.i!
Hichard 11, duc de Normaiidii'. faisait ei; .., .
année de grandes auinânes au monastère du Siii.n.
Les moines qui étaient allés en Fiance les reo.iii.
étant morts en chemin, saint Siiiit on fu'
faire ce voyage. Il partit donc du mon.'
disant à l'abbé les nonilireux oli.->taclc5 qu n irn.un-
Irerait et l'insuccès de sa mission.
Le vaisseau qui devait le eonduire en France
allait mettre k la voile, lorS(|u'on vint avertir le
capitaine du danger auquel il s'exin-iii ^'11 l,.v.(ii
l'ancre ce jour-la. Des pirates in..
paiaC'-. il fallait leur donner le ten., 1
e: le départ de deux ou trois 1 l
5-1 :.iiit ses remontrances à cet a>> : la
pour décider le capitaine à attendre encore quel-
ques jours. « 0 mon frère, lui dit-il, écoutez les
conseils que le Ciel vous envoie par la bouche d'un
homme ; croyei-moi, relardez de trois jours votre
départ, cl Dieu vous préservera de tout danger. Si
vous n'obéisseï pas à ma voix, vous périrez, vous el
1 !'■■.() confiant dans
1 .dre ces conseils
lll'pil f^. «'i in ^
Le londemaii.
I..r. ■,;..
dans la haute
, l't, ,-,.,,,l,Tt
ncbarnee ,
volonté
■ t ,111 t""!
l,e^
pher il
Ht Ils ai
»ur le ^
y ■
■•'i
lo.
kU il, .
u directi
.1 religieux.
• n, le Saint retourna
..al, et se plaça souf
traltrcMet des nouveaux venu'
Les armes avaient été déposées, et la paix régnait
déjà sur le vaisseau, lorsque les pirates se jettent
sur le capitaine qui les avait accueillis, lui tranchent
la tête, et font sabir le même sort à tous ses com-
pagnons d'armes.
Seul, le serviteur du Christ debout sur la poupe,
invoquait le Dieu des faibles qui se laisse toucher
par la prière humble et conûaiite. Les barbares
Élisaient alors entendre des cris sauvages contre
saintSiméon.ets'avançaientpourle frapper du glaive.
Le Saint fit à Dieu une dernière prière, et plein de
confiance en lui il se jeta à la mer. Après bien des
difficultés il parvint miraculeusement au rivage.
Délivré de ce danger, saint Siméon se rendit à
Antioche, où il reçut des chrétiens un accueil plein
de générosité. LàJ il se joignit à l'abbé Richard de
Verdun, qui revenait du pèlerinage de Terre-Sainte.
11 continua sa route avec lui jusqu'à Belgrade où le
seigneur de la ville refusa de lui livrer passage sur
son territoire, et le retint prisonnier.
Richard arriva heureusement à. Verdun. Siméon,
rendu à la liberté après bien des prières, des sup-
plications et des larmes, se rendit à Rome d'où il
passa en France avec un saint moine, nommé Cosme,
qu'il avait amené d' Antioche. Arrivés en Aquitaine,
ils furent reçu? à la cour du duc Guillaume ; et
comme les esprits étaient alors fort échauffés sur la
question de l'apostolat de saint Martial, on ne manqua
pas de leur demander leur avis à ce sujet. Les deux
religieux rendirent témoignage que le saint évêque
était regardé dans l'église d'Orient, comme l'un des
I soiiantfcj-douze disciples de Jésus-Christ.
Le moine Cosme mourut en Aquitaine, de sorte
que saint Siméon dut se diriger seul vers la Nor-
■ mandie; il arriva à Rouen en 1027. Il trouva que le
duc, dont il venait de si loin recevoir les aumônes,
était mort l'année pn^cédente. Il adressa sa requête
à son successeur, mais sa demande ne fut pas
accueillie.
Il resta quelque temps à Rouen, et engagea le
comte Jossclin à b.ilir un monastère en l'honneur de
la "Très Sainte-Trinité, sur la montagne proche de la
ville, et qui porte aujourd'hui le nom de Sainte-
Catherine, à cause des reliques de cette Sainte que
saint Siméon y donna et qu'il avait apportées du
mont Sina!.
Siméon n'ayant pu obtenir d'aumiines du duc de
Normandie, ne voulut pis retourner les mains vides
à son lointain monastère. Il alla trouver l'abbé
Richardde Verdun, et il passa de li à Trêves. L'arche-
vêque de celte ville fut si touché des mérites et de
la grande vertu de l'humble moine, qu'ayant eu la
dévotion de faire le pèlerinage de Terre-Sainte, il
voulut se faire accompagner par lui.
LA RKCLUSION DE SAUTT SlldOII
Sairit Siméon partit donc avec le prélat, mai»
revenu de ce pèferinace à Trêves, il souhaita d'y
vivre en rerlus. Iliou lui avait fait voir par révélation
une tour qui portait le nom de Porle-.'SoIre; c'est là
?|ue Siméon, sép.iré complètement du monde, voulut
inir ses jours. L'archevêque, à la tête du clergé et
acrompagné d'une foule nombreuse, Ht la cérémonie
delà réclusion le jour de la fête de saint André (I02fl) ;
c'est-à-dire qu'il l'i'nffrma dans la tour en murant
la porte, ou du moins en y apposant son sceau.
Le Saint vécut dans celte solitude d'un nouveau
gpii' lie dans un tombeau. Les raortillcalions
p;ii - il épuisait son corps étaii'nt si grandes,
qi]' -ni ne voul.irit pas voir en cela une
ini' 1 Providenof. s'<^lrinnaienl qu'il n'en
muuiul ).'..,.: .i le soupçonnaient d'être sorcier.
EPREln-ES DE SACrr SIMEON
Le diable, jaloux de voir les progrès que le saint
reclus faisait de plus en plus dans la voie de la perfec-
tion, ne le laissa pas longtemps en repos. II l'i-prouva
tout d'abord intérieurement par ses tentations et ses
suggestions perfides. Mais toujours le serviteur de
Dieu sortit vainqueur du combat. Un signe de croix
lui suffisait pour déjouer toutjs les ruses de son
ennemi.
Le diable voyant que tous ses efTorts resteraient
vains, résolut de faire une dernière tentative, et
cette fois, il excita contre saint Siméon la fureurdes
habitants de Trêves, qui s'imaginèrent que cet
étranger était un magicien qui se privait de la com-
pagnie des hommes pour avoir commerce avec le
démon, et l'on s'en prit au pauvre moine de toutes
les calamités qui arrivaient à la ville.
Sur ces entrefaites, une inondation fit à Trêves
de grands ravages. La cause de ce dé-^^astre fut.
attribuée au reclus dont Dini, disait-on, voulait punir
les crimes. Toute la population de Trêves s'ameuta,
elle se porta vers la Porte-Noiro, dans le dessein
arrêté de lapider saint Siméon. Cependant la toui-
ne put être forcée, et toute la fureur du peuple aboutit
à en casser les fenêtres à coups de pierres. Pendant
cette étrange scène, le saint vieillard priait pour ses
persécuteurs, etl'âme remplie d'unejoie toute oHeste,
il remerciait Dieu do ces épreuves qui devai ;nt le
préparer au passage à une vie meilleure. Le .Seigneur
en effet achevait de purifier son serviteur par ces
tribulations. Le peuple qui passe facilement d'une
extrémité à l'autre, montra dans la suite autant de
vénération pour le saint homme, qu'il avait fait
paraître de préventions contre lui.
MORT DE SAINT SIMÉOr;
Saint Siméon ayant eu comme un pressentiment
de la mort qui ne devait pas tarder à lui ouvrir les
portes de la vie bienheureuse, lit prévenir l'arche-
vêque de Trêves et lui demanda de ne pas se
préoccuper de ses funérailles. 11 voulut que la tour
qui lui avait ?er\'i de reirailo pendant sa vie, lui
servit aussi de tombeau. Il aimait à redire souvent
ces paroles :<■ Désormais c'est ici le lieu do mon repos;
ici, j'attendrai le jour où le Seigneur plein de gloire
et de majesté viendra juger tous les honimes. »
L'abbé Eberwind qui l'assista dans sa dernière ma-
ladie et qui a écrit sa vie, rapporte le récit suivant:
« Inconnu de tout le monde, j'étais dit-il, le dernier
de< moines; Dieu cependant me fit la grâce de jouir
des derniers entretiens du saint reclus, qui me dicta
se.s dernières volontés, me priant instamment de le
laisser enseveli dans celte retraite où il avait passé
de longues années. Alors dans la cellule du solitaire
se répandit comme une agréable od'-ur plus douce et
plus suave que celle de tous les parfums et aromates
de l'Arabie, et la bouche du Saint, qui ne s'ouvrait
que pour chanter au Seigneur des canli(pie3 de
louanges et d'actions de grâces, laissait érhapperen
ce moment suprême, des parolr-s si suaves et si su-
blimes, qu'aucune langue humaine ne peut bien les
redire. " Mais l'heure de la récompense avait sonné.
L'Ame du grand serviteur de Dieu, délivrée des liens
du corps, s'envolait vers les répions célestes et allait
recevoir la couronne promise aux vrais imitateurs
de Jésus-Christ. C'était le premier jour do «uin de
l'année 1035.
PHEiiiRn miucLR opini sdr son tombrad
Le bruit de sa mort ne se fut pas plustét répandu,
que les habitants de Trêves, revenus de leurs pré-
Tentions odieuses contre le saint ermite, n'eurent
plus qu'une voix pour louer celui qui, peu de temps
auparavant, ^'tait l'objet de leurs nialédiclions ; et
l'on s'empressa de tomoigner d'autant plus de véné-
ration pour sa vertu que l'on savait qu elle avait été
plus cruellement calomniée. Le clergé de Trêves, les
moines, le peuple entier se rendirent à sa cellule
pour honorer ses funérailles. Dieu, qui avait voulu
éprouver son serviteur pendant de longues années,
se plut alors à le justifiiT et à proclamer son inno-
cence par de nombreux miracles accomplis sur son
tombeau.
Pendant que la foule vénérait avec respect les
restes sacrés, une fuiur abondante s'échappait du
corps du Saint que la vie semblait encore animer.
L'archevêque nommé Poppon, ne sachant trop à
quelle cause attribuer ce prodigf, ordonna à ses
clercs de veiller le cercueil durant trente jours. De
plus, il leur prescrivit de réciter l'oflice en chœur
dans la cillule où reposait le cori . du vénérable
défunt. Or il arriva que l'un des clercs, vaincu par la
fatigue, se prit à dormir. Réveillé bientôt, comme par
une clameur qui venait d'en haut, il voulut re-
pren^lre la récitation de l'oflice. mais sa langue fut
muette de telle sorte qu'il ne put prononcer aucune
parole. Reconnaissant la faute qu'il venait de com-
mettre, ce clerc se prosterna devant le corps du ser-
viteur de Dieu, et demanda le pardon de sa faute.
Cet acte de repentir ne fut pas iilutùt accompli que
le muet put sans difficulté conlinuer^la prière vocale.
GCERISON D CN PAIULYTIQCI
Les trente jours maraués par l'archevêque étant
écoulés, une foule nombreuse se rendit & la cellule
du saint ermite. Parmi les assistants se trouvaient
des boiteux, des aveugles, des possédés du démon ;
et tous s'en retournaient guéris après avoir imploré
le secours et la protection de saint Siméon. Mais
parmi les guérisons les plus remarquables, il faut
signaler celle d'un pauvre homme qui, privé de
l'usage de ses jambes, avait été obligé de se faire
porter jusqu'à la Porte-.Noire. Dieu qui veut éprouver
la foi et la confiance de ceux qui l'invoquent, sembla
tout d'abord ne pas exaucer ce paralytique qui pen-
dant cinq mois se tint auprès du tombeau du Saint
ne cessant d'implorer sa protection. Le Ciel restait
toujours sourd à ses vœux. Le paralytique, désespéré,
avait formé le projet de se faire reconduire à sa
maison, lorsque la nuit qui devait précéder son
départ, une lumière plus éclatante que celle du soleil
illumina subitement le lieu où étaient les reliques;
une voix céleste se fit entendre et dit au malade :
• Lève-toi, approche du tombeau du serviteur de
Jésus-Christ. » Le paralytique se leva, et à l'instant
même il se trouva guéri.
A la vue des nombreux miracles accomplis tous
les jours sur le tombeau du saint moine, l'archevêque
de Trêves écrivit au Pape pour lui demander la
canonisation de Siméon. Llle lut prononcéd l'au lOi-,
par le pape Benoit I.\.
• > j )
Je
Itof.-yi: aiit E. IVuiuiAti, i, rue >rai.i,uis 1", !l.
SAINT POTHiN, SAINTE BLANDINE
ET LES AUTRES MARTYRS DE LYON
Fête le 2 juin.
Mort de saint Potbin dans sa prison.
LES APOTKKS nE LA FRANCS
La terre des Gaules, qui devait Htp un jour la
France, fille aini'-e de rEcli«e, a été sirmulit-re-
ment favnri'-«-e de la Providence, Ai:* le* premiers
temps du christianisme, llaborii, Nnlre-Seidiieur
lui dojiiie sps amis de Béthanie, Iji/.are, Marthe
et Madeleine. Hientiil, saint F'ierre, le premier
pape, Irai envoie sr<> premiers év<*qucs : saint
Saturnin d'Arles, saint Fmnlde Pi''ri»ueux, saint
Martial île l.iino^-es, etc. Ijs ne tardent pas à lUrc
rejoints pnr If-? disciples de saint Paul, l'aprttre
des nations, saint Crescent de Vienne, saint Paul
deNarbonne et leurs compa^nons.
Enlin, vers le milieu du ii' siècle, de nouveaux
niiosionuairei, sortis de l'école de saint Jean,
I" disciple ljien-aim<', arrivent à Lyon. Ils
venaient de Smyrne ou saint Polycarpe les avait
formés à l'apostolat.
.•^aint Polhin, dont le nom sicnifte D/'siré,
parait avoir été leur chef et fut le premier cvéque
de Lyon. l'ne chrétienté llorissanle ne tarda pas
à se formT dans l'anlique Lurjdiinum. Fiilelc à la
tradition de saint Jnan.qui avait reiti Mario pour
M'-re au pied de la Croix, saint l'ulliin établit à
Lyon celle dévotion (iliale à la Saiule Viurge si
cliere encore aujourd'hui aux Lyonnais.
Le san^' do* niailyrs vint lùentiM arroser ce
nouvi'l nilnv de la foi chn'-lii'nne, en sorte qu'il
n"a plus jamais cessé de porter des Iruits. (
l'Sr. LETTBB
L'histoire des glorieux combats soutenus par
les martyrs lyonnais et viennois, dont l'Ef^lise
célélire aujourd'hui la tvte, nous a été conservée
par une touchante IctUe que les El^'lises de l.vou
et de Vienne ^rrivirt-nt aux Ejilises d'Asie. Il est
probable 4]u'ollo fui n-digée par saint lii-iiee,
alors prèlro de Lyon, puis successeur de saint
l'othin. Le prote-ilant Scaliter lai-nii^me disait de
cett*- lettre • t. Peut-on rien lire dans le» monu-
ments de l'anliquité chrétienne qui soit plus
au;;usle et plu« dit'ne de respect ".' »
S'oii- ne pouvons mieux faire que d'en emprunter
les principaux passades. Elle comujencr ainsi :
•' Les serviteurs de Jésus-t'.liri-it qui habitent
Vi.'nne et Lyon, villes di's (iaules, aux frères
d'.Asie et de Phrysie i]ui ont la mi'me foi et qui
espèrent au mi^ine Uédenipteur, paix, friAce et
(.'Inire, de la pari de l»ieu le Père et de Jésus-
Christ Niitre-SeiLHieur.
» \m viob nce de la persécution et la ra^e des
(lenlil* contre les saints, la variété et la cruauté
des su|qilices qu'ont supportés nos bienheureux
nnrlvr*. ont été telles que nous sommes inca- '
|,,1 I. - il.- le» exprimer do vive voix ou de les
Il II 11' r par écrit. I.'iiinemi s'est jeté sur nous
avec une violen et les prélud''s île sa
fureur nou* ont , ■ -ut d'abord ce que nous
devionsatlendreiU-suiiiiistres qu'il avait instruits
à faire la t-Tierre aux serviteurs de Dieu.
» On coMimenra par nous interdire lentn^c des
maisons, de< b.iins, du forum: on nous traqua
partout, (".epen-lant. la ):rAce de Pieu nous soutint;
elle tira le* faible» à l'écart et réserva au combat,
des honimes qui, par leur cour- ' vient
{■tre connue autant de colonne» i- Me».
Ces L'éiiéreux athlètes, en étant ilon. mhus aux
mains, soulTrirenl tout» s sorte» iropprobre»; et
(l.'s pi'in'-s, qui auraient semblé i d'autr<>s
iii-ii| I 'ii.ibles, furent r^-card'Vs par eu\ comme
1. :;. T. -. il.in» le dé»ir qu''i- .v.i.i.i .1.. ".'unir
flus l(U à Jé»u«-Chri»l. .\c ri»,
ir liiir exemple, (lue le- . : ■ vie
Il II' iiiciiiie proportion avec la gloire qui doit
■ ■■ I il' r 1111 jour en non*.
Toutes les brutalité» qui accomnacnent les
énieute» populaire», lesTocifér.ilii'ii«.lesoulratfe«,
le» violence», le» emprisonnement'., le» coups de
j>i<'rre, le pilUiie, en un mol t'iut ce donl e»t
' Ib- une populace en fureur et pou»»ée par
: i.e. ses craintes ou sa haine, fut exerc''
ciiiitre le» confesseurs; mai» leur coimlance e»!
demeurée invincible. F.n«uite. tmlii'-s ,iii forum
'•■ tribun de» soldat» el 1 ' its delà
il» T'-pondirent aux qu i'"ti leur
'■'ine foule iiniii • lUie
i de foi. Après nenl
j. . .-, ,. ,.. ...i. j..-.|u'au retour du ^"tt•< ii.c'ur. ••
i^ sfxm AVOCAT DIS cnkiriBM
T)è» que T . iiveriieiir fui .irrii.'. 'ii 1<« lui
It'i uii '!•■ I
un'- liomi:
vie réglée et austère faisait l'admiration de toute
la ville. Il ne put supporter l'injustice de la
sentence qu'on (irononçait contre nous, et. dans
le premier nnmvement de son indi;;nation, il
s'écria qu'il voulait prendre la parole, pour jUs-
tilier nos frùres et prouver que les accusations
d'athéisme et de sacrilé;:e dirigées contre eux
étaient d'absurdes calomnies.
l'ne immense clameur poussée par la multi-
tude accueillit cette [iroposilion.
■' Es-tu donc chrétien, toi aussi'? " lui demanda
le gouverneur.
«' Oui, je le suis, .. répondit-il d'une voix qui
retentit dans tout le prétoire el domina les bruits
de la foule.
.\ussi tôt, le couverneur donna l'ordre de le faire
arrêter, et, dès lor», Vettiii» Hpauatus prit rang
dans la phalange des bienheureux martyrs.....
LES F«rrrs catés tohblyt
A partir de ce jour, l'épreuve commença et
une distinction bien tranchée s'établit entre les
chrétien». Ceux qui avaient été arrêtés les
premiers persévérèrent avec une constance nilmi-
rable, mais d'autres, moins préparé» ù la lutte,
manquèrent de force pour soutenir ce choc ter-
rible, l'ne douzaine environ nous donnèrent cet
afltige,int spectacle, qui eut pour effet de refroidir
l'ardeur de ceux qui, libre» encore, quoique
soumis à la surveillance In plus rit'oureuse,
n'avaient pas cessé de prodiguer leurs conso-
lations et leurs secours aux martyrs, le»- assistant
jour et nuit dans leur» cachot», tous alors, nous
étions dans de conlinucllas alarmes sur l'issue
du combat, non pas que nous fussions époinantés
par riiorn-ur des supplices, dont la perspective
était immiiK'iiie. mais nous redoutions l'apos-
tasie de quelques-un» de» nrttres.
Chaque j'oir, on eiii|'risonnait k nouveau des
chn'-liens digues de remplacer honorablement
ceux qui avaient failli dans les torture». Ilient()t,
il ne resta plus un seul de ceuv que Ton pouvait
appeler le» colonne» de l'L^^lise, i Lyon et &
Vienne, qui ne fi'il pa» arn'té.
.Kvec eux on»ai«iliiuelque»-un»deno» esclaves
encore païen», car le (.'ouTerneur avait donné
un ordte L'ènéral d'emprisonner lout ce qui se
troiivail dan» le» maison» chrélieiine». (>»
esclave», cITravé» îles lorture» qu'on intlij'ail aux
»aints ' !
impuis I
qu ilsa>
et anili'
me" •■
Sri.
H)'
en
fa" ,- - ■■ ■ •■ '■-
ration, poussèrent eux-mème» des cii» de morl.
I»es lor», on lit endur^-raux bienheureux martyrs
■b» tourmenls que nulle expre^sioa ne saurait
rendre.
l'.ir les
;uc et
l'U» font 1
■ Tîi'ln-"'
ut
i> iioill
l>osi(ions
I. ,„.i,|,.-,
iii
T01HHC.'<TS llF. hLVNDI.M, Ot SÀIICTI'* IT DE BrBtIA*
>it\ I r iii lir et f|«>>
Le fureur du peuple, d>
sclilat» se p' i la lout p.i
Il 1 !'■ Sanciu*. »ur le
.-, »ur Attalu», l'une '!•
s 1' n'Ire Kk'll»e . . iit 'i
lilanJiue
Mil. ; s:i ■
, . ) I.
l'Iu» Il nue*
'ir iiii' ;i une
qui était du nombre des martyrs, craiiïiiait que
cette enfant faible et d ''licale ne sût point rô -.ister
à la vue des siii)[iliL;es. Mais Blandine nmatra un
tel héroïsme, que ks bourreaux, qui se relayi'.rent
]>our la torturer depuis six heures du matin
lusiiu'à la nuit, finirent par s'avouer vaincus.
A leur i;rand iHonnemeut, quoique tout son corps
ne fût ([u'une plaie, et bien qu'un seul dus
supplices qui lui avaient été successiveuiont
inlli-'és fût suffisant pour lui donner la mort, la
bienheureuse vicrf,'e res|iirait encore. Elle éprou-
vait, au milieu de ses tortures, une consolation
indicible en répétant sans cesse : « Je suis chré-
tienne, il ne se passe rien de criminel dans nos
assemblées. ))
Le diacre Sanctus vit de rnéme s'épuiser sur
lui toute l'ingénieuse cruauté des persécuteurs.
Dans l'espoir d'obtenir de sa bouche un aveu
ciimprometlanl pour nous, on épuisa en sa per-
sonne toutes les ressources et tout l'art des
bourreaux. .Mais il déploya une telle fermeté
d'àrne qu'on ne put lui arracher d'autre réponse
que celle-ci : « Je suis chrétien. » Les païens
n'en purent tirer une autre parole, ce qui exas-
péra lellenn-nt le t'ouverneur et les bourreaux,
qu'après avoir inutilement essayé tous les genres
de tortures, ils ima^'inérent de luiai>pliquer, aux
points les plus semibles du corps, des lames
d'airain roupies au feu. Le Saint vit consumer sa
chair, sans mémo l'aire un mouvement. (Cepen-
dant, tou* ses membres, alTreuseinent mutilés,
tordus sur eux-mêmes, conservaient à peine la
forme humaine.
Jé-^us-cChi Ist lit alors éclater sa ploire aux yeux
des païens mêmes. Kn effet, après quelques jours
pa*«és dans la prison, les bourreaux eurent
l'idée de l'appliquer de nouveau à la torture, au
moment où l'inllammalion de ses plaies les
rendait si douloureuses qu'il ne pouvait su|iporler
même b' phn léf,'er attouchement. Mais, par un
prodiye inouï, son corps reprit soudain sa forme
première; la trace des blessures précédentes
disparut, et l'athlele se montra prêt à soutenir
victorieu-emcnt un nouveau combat.
Trompé dans son attente, l'ennemi reporta sa
rase sur <les adversaires plus faciles à vaincre.
Mu nombre de ceux qui avaient eu le malheur
de c^der à la violence des tourments, se trouvait
une femme nommée Hiblins. La faiblesse donlello
.ivait donné la preuve lit cspi'rer aux persé-
cuteurs qu'iK obtiendraient facilement d'elle
l'aveu <le« crimes et des abominations qu'on nous
reprochait, (lii l'appliqua donc à la torlure. Mais,
lomme si l'aiguillon d'une douleur (lassairére eût
réveillé sa conscience endormie. Hiblias opposa
les plus énergiques dénégations à toutes les
instances des persécuteurs.
Kllc répara ainsi couraseusemenl sa défection
préré lente et obtint l'honneur d'être réinléHréc
au nombre des marlyr'.
L'inntditf- des tourments ne découragea point
les perséciileiirs. INjetèrenl les martyrs dans un
. .irli<,( r^iroji et obscur, et leur mirent les chaînes
.iii\ l'i' 1^. fin épuisa tous les raflineineuls de
I 11 i I '■ I 111 faire de leur vie même un ititolé-
iil Mil II ' I'lu^icuis<l'<'nlre eux moururent,
|Mi l'infection du racbot; et d'autres
lenl pas de survivre à celle cruelle
MMiiiHi. iif; ■',\i\t roiBiN
Le bienheureux Polhin.évéque de Lyon, tomba
lui-même aux mains des persécuteurs". C'était un
vieillard plus que nonagénaire. A la faiblesse de
ràj,'e élait venue se joindre celle d'une doulou-
reuse maladie, en sorte qu'on fut obligé de le
porter au tribunal. Tous les magistrats, le [leiiple
entier l'escortaient au milieu des vociférations
et des clameurs.
<' (Juel est le Dieu des chrétiens ? > lui demanda
le iioiiverncur :
" \ous le connaîtrez si voas en êtes digae »,
répondit-il.
.\ ces mots sans pitié pour ses cheveux blancs,
la multitude se rue sur lui, les plus proches à
coups de pied et de poing; les plus éloignés lui
lancent tous les projectiles qui leur tombent sous
la main. Tous auraient cru corameltio un s icii-
lêge, s'ils n'eussent pas outragé l'auguste vieillard.
Après cette explosion de violences, l'olbiii,
couvert de plaies et à demi mort, fut jeté dans
un cachot où il expira deux jours après. (On
peut vénérer encore aujourd'hui, à Lyon, la
prison de saint Pothia et de sainte Blandine.)
LB SORT DES AP0ST.\T3
D'ordinaire, les apostats sont relâchés aussitôt
qu'ils ont publiquement renié leur foi. Ici, ils
furent retenus en prison avec les confesseurs et
soumis aux mêmes traitements. L'apostasie leur
fut donc complètement inutile. Pendant que les
héroïques prisonniers, qui avait généreusement
confessé la foi, n'étaient détenus que comme
chrétiens, les apostats étaient retenus dans les
chaînes comme convaincus parleur propre aveu
d'homicides et de crimes de tout ^'cnre; ih souf-
fraient doublement de l'horreur de leur so.-t.
Pour les confesseurs, la sainte joie du martyre,
l'c-pérance de la béatitude céleste et l'amour de
Jésus-Christ étaient autant de consolation'^ incon-
nues au.v apostats. Dévorés de remords, leur con-
science les tourmentait encore plus que les bour-
reaux. .\ussi, quand ils paraissaient devant le
tribunal avec leurs compa^'nons de captivité, le
peuple les reconnaissait à la tristesse et .à l'abat-
tement de leur visage; ils traînaient péniblement
leurs cbaiiieN, l'œil morne elle front baissé. Les
païens eux-nn^mes leur jetaient l'épithète de
i.lcbes et d'iiifàiiies.
M VllTïllK DE S.XMTTIS KT DK ll.ilURUS
Maturus et ."^anctus furent exposés aux bêtes
dans l'amphithéâtre, dans des jeux solennels
qu'on organisait exprés pour repaître la pnuple
du carna^'i> des chrétiens. Malgré les (oilures
auxquelles ils avaient di-j.'iéle soumis, ils suppor-
Icreiil toutes celles qu'on leur inlli:.-ea de nouveau
comme s'ils n'avaient encore rien soullerl.
Ils furent d'abord flagellés, selon la coulumo,
ensuile abandonnés à tous les caprices des
liélcs féroces et à tous ceux de la [lopulace qui,
par des vociférations tumultueuses, réclamait
a chaque instant une nouvelle insulta ou un nou-
viaii supplice. (Vesl ainsi cpi'on deniandade toutes
parU la chaise de fer. On apporta cet instrument
di- torture, et. quand il fut rougi par lu llanim ,
on y assit les martyrs. Iiie horrilde odeur de
chair brûlée se répandit dans l'aniphithédlro.
On ne put arracher à Sanctus d'aulre.s paroles
qii'- celles de son premier interrogatoire : •< Je
fiii.1 chrétien. »
Les deii\ soldat" du •'Christ, donnés on spec-
tacle au monde, fournirent à eux seuls, pendant
un jour entier, le cruel divertissement qu'on
ilemande d'ordinaire à plusieurs couples de «la-
diateurs. Après tant de tourments, ils respiraient
encore; le confecteur les acheva d'un coup
d'épée.
MARTYRE DE SAI.NTE BLANDISE, d'aTTALE, ETC. ^
Ce jour-là même, Blandine avait été suspendue
à un poteau dans l'arène, pour y être dévorée
par les bètes. Ses bras étaient étendus en l'orme
de croix; dans cette altitude, elle priait avec
ferveur. En la contemplant, les autres martyrs
retrouvaient dans leur liionlieureuse sœur une
imaye de celui qui avait été crucilié pour eu.x :
cette pensée ranimait leur courajB;e. Mais aucune
béte ne loucha l'héroïque vierge. Elle fut déta-
chée et ramenée en prison.
Cependant, le ppu[ile avait vinu-t fois demandé
Altale. Son nom était dans toutes les bouches.
Il parut avec une contenance intrépide ; on
lisait <ur son visage cette nnhle lierlé que donne
la vertu. Il lit le tour de l'.imphithéAlre, pré-
cédé d'un licteur qui portait une inscription
ainsi conçue: ■• Celui-ci est Altale, le chrétien. »
.\ sa vue, la multitude éclata en exclamatiiins
frénétiques. Cependant, le gouverneur, ayant
appris qu'Altale était citoyen rninain, le lit
reconduire en prison. Il crut devoir en référer à
César.
La réponse arriva peu après. L'empereur pres-
crivait de mettre à mort ceu.x qui persisteraient
à s'avouer chrétiens, et de renvoyer en liberté
tous les autres.
Pour donner à son jugement plus de solennité,
le gouverneur choisit un jour où, chaque année,
les marchands de toutes les provinces étranf,'éres
ont coutume de se réunir dans notre ville. Ce
concours lui parut très favorable au coup de
théâtre dont il voulait donner le spectacle au
peuple.
Son tribunal fut dressé au milieu du forum,
et les m.irtyrs furent amenés. Tous ceux qui
fur<'nt reconnus comme citoyei.s romains eurent
sur-le-champ la tète trani-lin-; U-s autres furent
ré-iervi's pour le« combats et les bétes féroces
dans l'amphithéâtre.
Ce fut alors que la plupart des apostats, récon-
cillés avec l'E^ilise. m'-iiait'Tenl un inaiinilique
triom]die à la loi i-t à la ;;loiie du Christ.
On les avait mis à part pour les inlerrouer les
derniers, parce qu'on se promettait d'avoir à les
absoudre. .Mais toirs se déclarèrent clirélien> et
persévérèreni dans leur ^jén^'-reuse confession.
l'einlant iiu'on procédait à leiirinterroj:aloire.
un nii-decin, originaire de riiryjjie, noiniiiè
.\lexniidre, depuis longtemps établi dai'8 b's
Caiiles.se tenait au pieil du tribunal pourencoii-
1 iji r les confeiscurs. Le peuple, déjà furieux de
1 I r 'tractation do« apostats, s'en prit u lui, comme
s il ci'it provoipi.' leur conversion.
n Qui es-tu'.' •• lui demanda le souferneur.
" Je suis chrétien, » répondit Alexanilre.
El sur-le-champ, il fut condamné aux bétes.
,\lialc, malt'ré son titre de citoyen romain, subil
b- m''me sort.
I • iiiiverneur, dans son ftlTertalion de popu-
iiliit offrir '•l>•^ \irtiiiies aux instincts
' Il iiniliiliid''. Le surlendemain donc,
Ab ; mirent fn-rinble dan»
l'aiii. ' rrnt sufep*«iveii|fnt l'un
cl l'aulfe i- Il ire de» tortures.
Alexandre:. hajqier une plainte;
il ne proféra pas même une parole, absorbé qu'il
était dans son union avec Dieu.
Quand Altale fut placé sur la chaise de fer
roupie et que l'odeur de sa chair consumée rem-
plissait l'arène, au point d'incommoder les spec-
tateurs, il s'écria : i. En vérité, voilà que vous
nian::e7. la chair humaine. Pour nous, jamais
nous n'avons été anthropophagie?, jamais nous
n'avons commis de crimes. »
Quelqu'un lui cria : « Dis-nous le nom de
Dieu!
— Dieu, répondit-il, ne porte pas de nom
comme un mortel. "
De toute cette phalan^ie de martyrs, RIandine
resta la dernière, avec un jeune chrélien àf;é de
quinze ans, nommé Poiilicus. Chaque jour, on
les avait amenés dans ramphilhéàlre, pour y
être témoins des supplices de leurs frères.
Enliii, le dernier jour réservé aux jeux solen-
nels, on les lit enlin prendre part au cbinbat.
Traînés en lace d'un autel de faux dieux, au milieu
de l'arène, on voulut les contraindre à sacrilier.
Ils refusèrent avec un' peste de mépris. Le peuple
éclata alors en imprécations de fureur. Sans pilié
fiour la jeunesse Je Ponticiis, ni pour le sexe de
tiandiue, on les soumit à toutes les tortures
ordinaires. De temps en temps, les bourreaux
s'interrompaient, criant à ces deux héroïques
victimes de jurer par les noms dis dieux. Ce fut
en vain. Itlandinc exhortait elle-mènie Ponlicus
à montrer à celte foule baibare ce que la foi de
Jèsus-Chrisl peut acconiplir de merveilles dans
un enfant. Le jeune chrétien résista avec un
couraye invincible, et expira dans les tortures.
Enlin, lllandine la bienheureuse, comme une
mère qui a vu triompher tous ses llls, parcourut
la dernière de tous ce champ ensan;;Iaiilé. Elle
semblait pressée d'aller rejoindre les siens; on
eût dit quelle courait à un festin nuptial.
A|>rès la ll.ivellation, l'exposition aux bétes et
le supplice de la chaise de fer, elle fut roulée
dans un lilet el jetée à un taureau furieux, qui
la lança à plusieurs reprises dans l'arène. \ji
Sainte, tout entière à la conteinplalion des
biens immortels qui allaient être so récompensp,
paraissait ne pas même sentir les tourments.
Enlin, l'èpèe du confecteur lui donna le coup de
la mort, et les païens eux-mêmes dis.iirnt que
jani.iis femme n'avait tant ni si hèioi.]uemenl
soulTerl.
INSULTES AUX RELIQUES
La ra^'o des bourreaux n'était pas encore
assouvie. Les cadavres de ceux (]iii èt.nenl niort-S
dans la jirison furent exposés sur la voie piiblimie
|iour èlie dévorés par les chiens. De» sol. I. ils le»
);ard<'ient jour et nuit pour empêcher qu'oa les
ensevelit.
On rou|>a d'abord en morceaux et on exposa
au peuple ler> re^les saiiKlaiits échaiipi > à la ilenl
des bêtes et aux tlammi-s ilu bûcher. Tous les
troni'ons, que dominaient les tête» coupées par
le k'Iaive, d'-meiinreiil plusieurs jours sans
'•pulturc, tardés par
foule venait repalti"'
«peclacic. .Après avo:
>ix jours aux outra.'
lace, |e« précieuses 1
un bûcher et c<msuin
un piquet de S'dil.iis, et la
in ■! I horrible
pendant
Kl popu-
;il placées sur
,... , ,. ,.....-„... milles. On jeta
b's irndres dans le lilioiic uliii qu'il u'eo rctiAt
pas une trace sur la terre.
\aif.-gfranl, TintHl-sm, S. rue Krinçuis I". Tarn.
SAIME CLOTILDE, REINE DE FRANCE
Fête le 3 juin.
Saiote Clotilde, réservée par Dieu à une grande mission pour le salut de la France, a
été préservée daus le massacre de sa famille et élevée au palais de l'usurpateur du trdne de
son père, le roi de Bourgogne.
Elle consacra sa jeunesse aux bonnes œuvres et la renommée de son humilité vint
aux oreilles du roi Clovis, encore païen, qui voulut l'épouser, séduit par l'éclat des vertus
chrétiennes.
Dieu permit que Clovis envoyât un ambassadeur, déguisé en mendiant, afin que la
grandeur de sa mission fut révélée à Clotilde par un des pauvres qu'elle secourait avec
bonté. Après avoir reçu le pain, l'ambassadeur mendiant demanda à lui communiquer un
secret et lui remit l'anneau de Clovis; Clotilde, considérant le pauvre comme porteur d'un
message de Dieu, lui remit son propre anneau, et bientôt Clovis, avec ce gage qui lui
donnait des droits, exigea du roi de Bourgogne qu'il laissât partir l'orpheline dfevenue sa
fiancée.
J7;
Clotilde comprit qu'elle n'avait été appelée auiii extraordinairement i partager le trône
de ce généreux païen que pour remplir une miuion. Clovis l'écouU et, non «euloment il
permit que les offices divins fussent célébrés dans sa maison, mais il accopta que son
premier-né fût baptisé.
CloUldo mettait sur la t: to de cet enfant baptisé toutes ses espérance» pour la conversion
de son peuple, lorsque Dieu, dont les desseins sont impénétrables, le laissa mourir.
La rein»> obtint aver peine que son nouvel enfant fût encore baptisé et voici qu'il tomba
malade et il mourait. Clovis, désespéré, crut reconnaître une vengeance de ses dieux ot
blasphéma le Dieu de Clotilde.
Dans rette oxtrômit^, la m/>re tombe 4 genoux prés du berceau et prie avec tant de
ferveur que Dieu envoie ses auRcs rendre la vie au petit agonisant.
Clotilde, rlctoriease, leprtsente A son pérc comme le trophée delà prière chrétienne.
Bientôt Clovis, en un grand péril, dans une bataille, à Tolbiac, d'où dépendait sa cou-
ronne, voyant tout perdu, inspiré par le ciel et soutenu par la prière de la Sainte, s'écria :
DIEU DE CLOTILDE, DONNE-MOI LA VICTOIRE; JE ME DONNERAI A TOI 1
Le Dieu de Clotilde ne fit pas attendre sa réponse, car la victoire revint aussitôt et
Clovis, fidèle à son serment, demanda le baptême à Reims, avec trois mille guerriers qui
voulurent suivre leur roi dans le chemin du salut.
Au moment dn baptême, une colombe mystérieuse apporta dans une ampoule le Saint-
Cbrème qui manquait, et l'évéque saint Rémi baptisa et sacra le roi avec l'eau et avec l'huile.
Le sacre conférait une action d'un ordre à part, dit un vieux légendaire, ne pouvait
être donné, comme les onctions des saints Ordres, qu'à un homme, ce qui excluait les
femmes du trône, mais c'est à la prière de la femme que cette ampoule est descendue.
Cîovis fut proclamé par le Pape fils aîné de l'Eglise, car tous les autres princes étaient
alors séparés de leur Mère.
Le fils aîné de l'Eglise devait recevoir par Clotildo un nouveau présent du ciel. Oa
rapporte, en effet, qu'un saint ermite que la sainte reine allait consulter dans la forêt de
Poissy, lui remit un jour une image de la Trinité : Tik'^ fleurs <W /ys li or ctnidani i lui' une /«•«(>
Iroii l'rnnchfs sur un i ici d'/izur.
Il Que cette image, dit-il, soit marquoo sur les étendards de la France. -
Et. depuis ce jour, selon la tradition, Clovis out pour étendard cette image de l'anguste
Trinité qu il laissa à ses successeurs et A la France.
Dieu de Clotilde, sauve la France I
• >ini] permit que tant de ioies et de gloires fussent expiées à la fln de la via do Clotilde
i. veuvage passe aans le chagrin, l'iliandon et la solitude. Elle en prolîta pour
'^ '■ jOurs au oâilieu des œuvres do pibte ot do charité de sa Jeunesse.
Iiop.-ffmm/. l'rnTiii^KT. 8. rue Kr»D«n» I". I'«ri»
SAINT FRANÇOIS CARACCIOLO
FONDATEUR DES CLERCS RÉGULIERS MINEURS
Fêle le 4 juin.
Portrait de saint François Caracciolo.
C'est toujours au moment où l'Eylise semhie
plus prés de succomber que le Seif,'neur fait
éclater davantage sa puissance immortelle. Le
\vi' siècle paraissait devoir l'anéantir à force de
ruines et de défections, et voilà qu'au contraire
elle étonne le monde par une vie et une fécon-
dit'' merveilleuses.
Des prodiKes de sainteté avaient déjà signalé
ce siécie qui, sur son déclin, vit briller d'un éclat
particulier le bienheureux François Caracciolo,
fondateur des Clercs Ké;.'uliers Mineurs.
I^ maison des Caraccioli était une des plus
illustres du royaume de Naples, mais son plus
beau titre de gloire est d'avoir donné à l'Eglise
un nmnd saint.
François naquit le 13 novembre I.'j63; il porta
'l'aborif le nom d'Ascanio.
CnPAKCK
PREMIERE JEl'.XESSE
l'ne fpndrf dévotion envers la .'<ainto Vierpe
f-t une «'tonnante application à rechercher toutes
le» orc.i«ions de se mortifier laissèrent prévoir
de bonne h^ure l»"» h.iiil»"» destinées de cet
'•nfani
Ascai-'np no connaissait point les amusements
frivoles si ordinaires au jeune â^'e; il trouvait
son plaisir à réciter de lon^'ues prières, et, parmi
ses dévotions, l'office de la Samte Vieri;e et le
rosaire avaient la première place.
Sa compassion pour les pauvres avait surtout
quelque chose de touchant; il trouvait mille
expédients pour arriver à multiplier ses aumi'mes,
et il fallait sans cesse veiller à réprimer les
pieux excès de charité qui le portaienl à se
retrancher même le nécessaire pour auamenter
l.i part de ses chers protégés.
(•n remarquait encore en cet enfant prédestiné
un soin jaloux de maintenir dans tout son éclat
lu beauté et la fraîcheur de l'innocence dont le
baptême avait orné son Ame. Pour mieux domi-
ner sa chair, il l'afTaiblissait par des privations
<t des exercices fatisants. Mais son amour de la
saint! vertu ne se bornait point là : il s'en faisait
l'apiUre auprès de ses petits compagnons et der
serviteurs de son père, leur en montrait la beauté
ri roprenait énerpiquement les plus légers man-
ipiemenls sur ce point.
Opendanl, Asca;:ne était arrivé à la jfnnpscp,
27«
et il ignorait encore la voie que Dieu lui rôsarvaït,
lorsqu'une terrible maladie vint lui révéler les
desseins de la miséricorde di*iiie à son éj^iard.
KPBEUVES ET VOGATIOM
premii:rks œuvrss
A TAse de vinyl-deux ans, il se vil atteint d'une
li'pre horrible qui, en peu île jours, lui ravit
forces, jeunesse et beauté. 11 coinpril alors la
vanité de ces biens tant estimés du monde et qui
passent si vite : puis, se lournant vers Dieu, il
|ura de consacrer à son service le reste de sa vie
s'il lui rendait la sauté. C'était là tout ce que
Dieu attendait de lui en l'éprouvant ainsi, et
à peine eut-il Tait ce vœu que le mal disparut
sans laisser de traces.
Le jeune .\scaj;ne reconnut la main divine à
ces marques certaines, il ne voulut point difTérer
d'un jour l'accorapliâsement de sa promesse.
.\|irés avoir institué héritiers de ses biens les
pauvres de ses domaines, il se rendit à Naples
pour y étudier la théologie.
(irAco à sa piété extraordinaire et à sa vive
intellii.'ence, le saint jeune homme futju^é digne
d'élre ordonné prêtre au bout de deux ans. Il
porta à l'autel la pureté d'un an$;e, il en descendit
inec l'ardeur d'un séraphin. Dans sa soif de se
dépenser pour son Dieu et pour le salut des
pécheurs, il se préoccupa de se donner aussitiH
aux bonnes œuvres. Il y avait alors à Naples une
confrérie, dite des Pénitents Blancs, ou l'on s'oc-
cupait de secourir et d'évangéliser les pauvres et
d'assister les criminels condamnés au «ihet: le
jeune apôtre s'y enriila. C'est dans cet humble
mais lahorieux ministère qu'.\scaf;ne consacra
les prémices de ce zèle ardent qui devait s'ac-
croître sans cesse dans son Ame et former le
cachet distinctif de toute sa vie.
.Mais ce n'était là qu'un acheminement vers
quelque chose i|ui répondit mieux aux inspira-
tions de cette Ame généreuse; et, après quelques
années d'une préparation secrète, Dieu allait
ouvrir à son ardeur apostolique des horizons
immenses.
AI'PKL MERVEILLEUX OB DIEU — VIR RELIGIIVSK
HÈbLR, BUT ET rBEMIBBS TRAVAl'X
In jour, le jeune prêtre priait dans l'oratoire
de la confrérie, quand on lui remit de la part de
don h'aliri^io Caracciolo, son parent, un billet
portant 'es mots : " .\ ilon Ascanio Caracciolo. •
C'élnit bi^n A lui qu'nn s'adressait, il ouvrit la
b'tire et vit qu'on l'invitait à se rendre chez don
■ I (ibrizin. pour se cuncerter .irec un noble Cénoi»,
nommé Adnrno, sur la fondation d'un nouvel
(ndri- reluii'UV.
Don Ascnnio, frappé île cet appel proYidontiel,
y reconnaît tout de suite la main de Ilieu et se
rend A l'instant chez son paront. Il y trouve, en
r(Tet, don Fabrizio et Adoi no, se jette a leurs pieds
et s'offre A les servir dans leur pii-ux dessein.
r.^ni-c.i, K la vue du leune fir-Hre, sont étran-
-; ils aval
de la ('
ll« !
à un
'. qui
> III' >. I .1 lit' ]'! i*.e eut
int dan* .;e|ic ern'Ur
la To|i>nt<- de llieu,
>ir uinii ri<uni».
. ut <. Il ull I t > .1 I II.. tf t^
contemp'ative et la vie active; l'une servirait
à leur propre sanctification; par l'autre, ils pro-
cureraient le salut du prochain. Ils voulaient
surtout rendre plus léconde leur action sur les
âmes en se raéna;,'eant dans la contemplai ion
un foyer toujours incandescent où ils puiseraient,
avec le feu sacré, la llamme céleste de la vérité
qu'ils communiqueraient ensuite aux autres.
Aux trois vœux ordinaires, ils en ajoutèrent
un quatrième : celui de n'accepter jamais aucune
divinité dans l'Eglise, à moins d'un ordre formel
du l'ape.
Pour (juc la pénilence'ne cessât point il'attirer
les bénédictions de Dieu sur leurs œuvres et
d'apaiser sa colère, les Frères, à tour de rôle,
devaient chaque jour, l'un jeûner au pain et à
l'eau, l'autre prendre la discipline, un troisième
porter le cilice. Les religieux devaient aussi se
relever d'heure en heure auprès du Très Saint-
Sacrement, alin que l'adoration fût perpétuelle.
C'était le cœur brûlant de don .\scanio qui avait
demandé pour son Dieu ces témoignages d'amour.
Après cette retraite préparatoire, les saints
fondateurs revinrent û Naples, où d'autres com-
pagnons s'olfrirent bientôt à eux. Lorsqu'ils se
virent au nombre de douze, ils ne voulurent
point aller plus loin avant d'avoir obtenu l'appro-
nation du Sièi-e Apostolique, .\dorno et don .\sca-
nio furent charges d'aller mettre aux jdeds du
Pape l'institution naissante.
Les deux Saints, en vrais pauvres de Jésus-
Christ, partirent pour Naples à jiied, sans aucune
ressource, mendiant sur le chemin le pain et
l'abri de chaque jour.
A. Rome, cependant, 1rs parents et les amis
des deux familles, qui y o<'<'upaicnl un rang dis-
tini;ué, préparaient aux humbles voyai'eurs une
réception en rapport avec leur naissance illustre.
.Mais les serviteurs de Dieu, prévoyant ce dessein,
firent un long détour, entrèrent dans Home par
une porte opposée et allèrent demander l'hospi-
talité à un couvent de Capucins. Ils y furent
reçus avec tous les pauvres qui se présentaient
chaque soir à la porte du mouastére. Don Asca-
nio eut pour compagnon de table et de lit un
lépreux qu'il pansa avec grand soin, nettoyant
et baisant ses plaies.
Le lendemain, les pieux pèlerins commencè-
rent la visite des sanctuaires vénérés de la Ville
Sainte alln de mettre l'u-uiri' nouvelle sous la
protection de tant de sainte illustres, qui font La
;.'loir>- du l'heurpusn Konir. Chaque jour ils
allaient rfrcevoir le pain de la <'barité à la porte
des couvents ou des hôpitaux. C'est là, uéU»
aux antres pauvres, que leui-s parents les Irou-
\erent enOn. Ceux-ci voulurent leur douuer une
lio-pitalitè du'ne de leur condition, mais ces
xrni» iinitalcur* de Jésus-Christ paovre n'en
acceptèrent que b' seul service d'être introduit!i
auprès du Souverain Pontife.
>ixte-ijuint diri::enil alors la barque Je Piarre.
Il accueillit avec bon' ' n, i i .i lui
-nrtoiil le savon et ii' .
• ■ ' :- ■ ' .l- Mll.t
U de la 'H iliail-
|ii m , II. ' !■ i 1 .1 .ivre nais' >ii ' . >'•< •• prit soin
• !•• l'en marquer forli'inent. i.a (:omiBi'«''iou char-
■ l'examiner celte affaire repou^-a unani-
nt l'idée d'approuver un nonvel ordre de
d» I i
■n m^mn temps le» règles du nouvi
|UI leur
'.'■uloir
recourir ans moyens humains, ils attendirent
palienuneiit, dans le silence et la uriore, que
Dieu manifestât lui-même sa volonté. Au bout
de deux mois de cette lutte pacilique, les cardi-
naux, contre toute prévision, examinèrent à
nouveau Tauvre condamnée, la trouvèrent excel-
lente et obtinrent du Pape une bulle qui ériseait
l'Ordre, sous le litre de Clercs Réguliers Mineurs.
Sixté-Quiiil, ancien Frère Mineur de saint Fran-
çois d Assise, avait voulu ajouter ce dernier
titre, afin de bien faire voir raffection qui unis-
sait désormais ces deux familles dans son cœur.
.Après ces heureuses uéf;ociations, les saints
fondateurs reprirent en hâte le chemin de
Naples. Ils y trouvèrent le nombre de leurs Frères
considérablement augmenté: leur modeste maison
élîiit désormais trop étroite pour rerevoir tous
ceux qui désiraient entrer dans TOrdre; ils
durent quêter un autre asile, on leur céda une
église de la ville avec un vaste bâtiment pour
résidence. Ce fut là qu'ils prononcèrent leurs
premiers voeux, en l.')89. et c'est alors qu'Asca-
(Tne changea son nom contre celui de François,
par amour pour le séraphin d'Assise.
lue fois bien établis, François et Adorno
pensèrent à se rendre en ICspaane , afin d'y
développer leur Institut : ils voulaient en cela
réaliser un vœu que leur avait exprimé le Saint-
Père, lors de son séjour à Rome.
Toujours jaloux d'imiter de plus près la pau-
vreté (les apôtres, ils firent ce long voyaire à
pied. A Madrid, cependant, il rencontrèrent une
telle opposition à la rourqu'iN durent reprendre
prompteiiient le chtiniii de l'Italie. Mais, avant
de quitter l'Espagne, Dieu voulut les consoler
des refus qu'ils y avaient essayés, en leur révé-
lant les grandes destinées de leur Ordre dans ce
pays.
ils entraient dans la ville de Valence, quand
un ermite étrani-er, en grande vénération dans
la contrite, les aborda avec respect et leur parla
du but de leur voya;;e comme s'il en eût connu
les moindres circonstances, i^ surprise des ser-
viteurs de Dieu fut ^.'rande, car ils n'avaient
encore confié à personne l'iSsue de leur mission.
Leur •'■tonnement redoubl.i quand, prenant à
part saint François, cet homme lui dit : •< (Jar-
dez-vous bien dé vous découraaer dans la poar-
suiti- i\>- votre entreprise, car sachez que votre
I '.Kii'jT' ;:ation est appe lée à faire un grand bien dans
toute l'Kspacne : elle ne tardera point à prendre
de magniliques développements, et c'est vous-
m'''inp qui en serez nommé le premier Supérieur
.■■■liérril. ..
C<,'s parole» remnlirentde consolation et d'espé-
rance les cii'urs de François et de son compa-
gnon : ils prir'-nt coni'é de l'homme de Dieu en
se recommandant à se- prières.
Sur le point de «embarquer «ur un vaisseau
qui faisait voile pour l'Italie, saint François réunit
inati-ldi'; et passairers aux pieds d'tme Madone
vénérée, dans un petit sanctuaire sur le bord de
la m^r, l'I le- exhorta à si" mettre sous la protec-
tion do Celle qui est si justement appelée l'Etoile
la mer, parce que de grands dant'ers les atlen-
<laient durant la traversée. En edet, trois jours
.iprés le départ, le vaisseau fut assailli par une
ifinp-'t" -i ii'iliile qu'il ne resta bi<'nlAt plus
nul "'p 'ir .1 • ' ipp'^r aune mort imminente. Au
milifn <l''s lim' iil.itionH C'^nérales, Français el
Adorno conservèrent «enis b' calme qu» donne
toin"iir« une conliance inébranlable en la divine
l'T' ! n<-p. lU laisaient réciter des prières, ras-
!ii II h!, encourageaient, ron«olaie!it tout le
monde : et, de fait, le navire, après avoir été
lonetemps le jouet des vents et des Ilots, aborda
heureusement à une plage inconnue et déserte.
Un attribua une protection si visible de Dieu
aux prières des saints passagers et on leur pro-
ditiua des témoiffnat'es de vénération el de
reconnaissance. Pour échapper à des démons-
trations qui les humiliaient, les pieux serviteurs
de Dieu descendirent à terre : une vaste furet
s'étendait sur le rivage, ils s'y enfoncèrent pour
prier. Vaincus par la fatii;ue, ils ne tardèrent
point à s'endormir, et. quand ils se réveillèrent,
ils s'égarèrent en voulant rei-'acner le navire.
Pendant quatre jours ils errèrent d.ins cette
forêt immense sans trouver la moindre nourri-
ture; à bout de force, ils supplièrent le ^ei::neur
de leur venir en aide : au même instant, ils aper-
çurent au pied d'un arbre une chèvre, el tout
auprès un pain noir. Us prirent le pain, frayè-
rent lelaitde la chèvre, etréconfortéspar cefru^i.il
repas, ils reprirent leur marche. Ils atteit:nirenl
bientôt la lisière de la forêt el virent la mer à
leurs pieds.
Quelques pécheurs raccommodaient leurs
filets sur la plage. Ils les interrog«;rent. Ces
hommes leur apprirent qu'ils se trouvaient dans
les Etats de Gènes : un vaisseau était iustenienl
en partance pour >'aples dans le port voisin.
Nos deux Saints demandèrent à y être reçus: on
les accueillit avec empressement, el ils arrivè-
rent à Naples beaucoup plus tôt qu'ils n'auraient
pu le faire par les voies ordinaires. Or, Franiois.
en quittant l'Espapne, avait prié le Seiiiueur de
les réunir à leurs Frères le plus vite possible, et
il a^'ait été exaucé.
KRA.NÇOIS MIS A L.V TÈTE DE l'ORDRE — NOI.VELLF.
ARDEUR DANS LB CHEMIN DE LA PERFECTION
TRAVAUX DU S.VINT — SA UORT
Jusqu'ici, l'humble François, malgré la puis-
sante influence qu'il avait exercée sur le nouvel
Institut depuis sa fondation, ne s'était considéré
que comme un simple instrument entre les
mains d'Adorno, qu'il appelait son supérieur et
son père. C'était lui cependant que Dieu avait
choisi pour être le ve'rilable père et le principal
orsanisateur de l'Ordre, Il en fut averti prcsijue
aussit<it après son retour à Naples. En celte même
année 1591, Adorno, usé par ses travaux, était
appelé prématurément à recevoir la récompense
qu il avait méritée. Sa mort plaçait François à
la tête de l'cruvre à peine née. Elu à l'unanimité
Supérieur général, il accepta cette cbarKc en
tremblant, mais bien décidé à s'y donner tout
entier.
Plus libre, en quelque sorte, de satisfaire le
zèle qui le dévorait, il multiplia ses travaux, ses
pénitences et ses oraisons. Trois fois la semaine
il jeûnait au pain et à l'eau, portait habituelle-
ment le filice, s'imposait cliaqiie jour la di>^ci-
pline et passait ses nuits en partie à étudier, en
partie aux pieds du Saint-Sacrement. Ouand le
sommeil le pressai! trop, c'était souvent sur les
marche» de l'autel qu'il prenait un repos qui ne
durait, d'ailleurs, jamais plus de trois ou (luatre
heures..
Il ne pouvait détacher son esprit de la pensive
de Jésus rruciliè: il consacrai! chaque jour un
temps considérable \ rontempler la douloureuse
passion de son bien-aim-'" Sauveur. Enfin, -'>n
amour de la pauvreté était tel qu'il r'-fii'ait on--
tainment les babil- neufs qu'on voulait lui laii<
potier; il les •■chaiiifeail eonlrc ceux déjà usés
des simple- Frères
Cependant, le désir d'>'béir aux iiileiilioiis
ruanifestées par le Souverain Ponlile. souhaitant
de Yoir le nouvel Ordre se développer en K>pa;;ne,
l'assurance, d'ailliurs, qui lui avait éU- lionnée
que c'était la volonté du Seigneur, déterminèrent
le Bienheureux à tenter une nouvelle démarche
dans ce pays. Cette fois, Philippe II accueillit avec
bienveillance les propositions du Saint, el une
maison fut fondée à Madrid sous le palrona:,'e du
cardinal yuirOi.'a.
Les débuts furent pénibles, la maison était
petite el pauvre, mais la pràce de Dieu y était
abondante ; aussi le bien opéré fut-il immense,
les pécheurs se convertissaient en foule.
Ces succès étaient trop beaux pour qu'ils ne
fussent point traversés par Quelques difficultés.
Le démon indisposa contre le nouvel établisse-
ment un puissant s eifineur qui insinua au Conseil
royal de Castille qu'après avoir été refusée une
fois, l'autorisation accordée par le cardinal tjui-
ropa était un empiétement sur les droits du
Conseil.
Cette suiîpestion diabolique fut une <=lincelle
qui alluma un incendie terrible. Le Conseil royal
ordonna de fermer immédiatement la maison et
li\a un délai de dix jours aux reli^iieux pour
quitter l'Kspafme.
Dans ces tristes conjonctures, le Saint eut
recours à ses armes favorites : la prière et la
pénitence. Il obtint du roi une prorogation de
quinze jours, puis d'un mois : cependant, le Con-
seil tint bon et déclara qu'il ferait, au besoin,
reconduire les religieux étrangers à la frontière
sur des charrettes comme des malfaiteurs.
Cette fois, personne n'osa plus intercéder. Le
Saint courut au palais royal pour se jeter lui-
même aux pieds du monarque : Notre-Sei;;neur
avait ilisposé favorablement le cœur du souve-
rain : l'autorisation fut accordée. .\u retour, comme
François était brisé de fali:.ue, un jeune homme
lui oitril son cheval el disparut après l'avoir déposé
& la porte du couvent.
Celle fondation assurée, le Saint revint en Italie.
L'année suivante, il fut réélu supérieur pour
trois ans, mais, se jugeant incapable de porter
vaillamment un si lourd fardeau, il obtint du
l'ape, à force d'instances, d'être élu pour une
année soulemenl; ce temps écoulé, la maison de
Naples s't-mpr.'ssa de le retenir encore en le
nommant raailre des novices.
A Madrid, pourtant, les haines n'étaient point
éteintes : on semail partout les calomnies les
plus infâmes contre les Clerc* .Mineurs. Le» vexa-
tion* en vinrent à un tel point que la justice s'en
émut el les auteurs furent condamnés à une
peine i;.'norainieu»e. I)aii<une affaire aussi crave,
on juL-ea la présence du Hienheureux nécessaire.
François reparut à Madrid ; sa première
démarche fui d'aller se jeter aux iiieds du roi el
lui demander la trrAre des coupables. Il se ren-
dit ensuite chei celui de se» ennemis qui se
monti i;l !• ilu» hostile aux relicieux. Cet homme
à l'ascendant d'une telle sainteté,
don au Hienheureux et en devint
.1 el le plus ardent défenseur.
- lie conversion el h-» mir.iiies opé-
l.iiiili»'ureux François, pendant ce der-
;r A Mi'lrid «nnl innombrables. f»n le
1 y lie l'amour du in, tant
immés du feu divin qui
ne I
ild.
le m
I
dev
M.
avait (■• .i
la ."«aintr \ !■ if.
•luroililé le peindra mieux. Il
I pasMnt devant une imaue de
'le la «aluer par un A\r Mari»;
or, une fois, emporté par la véhémence de son
amour, i'i éleva la voi.v pour saluer sa bonne
Mère, dans un temps ou la règle commandait le
silence. Le supérieur l'entendit el, sortant de sa
cellule : « Père, lui dit-il, vous oubliez que la
règle nous défend de parler en ce moment. »
Le Saint reçut à genoux la réprimande de son
supérieur : il resta plus d'une heure dans cette
attitude d'humilité et il fallut que le supérieur
lui envoyAl dire de se relever.
Après quelques années de séjour en Espagne,
Franc-ois revint en Italie où il acheva d'affermir
l'Ordre par l'admirable exemple de ses vertus.
Mais son n'uvre était achevée : en 1007, le
bienheureux demanda la permission de se ren-
fermer dans le silence et la retraite afin de se
préparer à bien mourir. Il supplia ses fils de lui
donner, pour y passer le reste de sa vie, un
réduit obscur el bas sous un escalier, dans la
maison de Naples. C'est là qu'on vint plus d'une
fois, de la part du pape Paul V, lui offrir la mitre
el la crosse; mais, à toutes les sollicitations qui
lui étaient faites, il répondit : >i .Ne voyez-vous
point que je n'ai plus que peu de jours a passer
sur la terre; pourquoi voulez-vous troubler ces
derniers instants? Je vois la mort venir à grands
pas, laissez-moi me préparer à bien la recevoir. ■>
Le bienheureux Père s'arracha cependant à
ses chères préoccupations pour se dévouer encore
au bien de ses enfants, l'ne fondation impor-
tante à Agnone réclamait les secours de sa
sagesse, il s'y rendit en mai ItiOS. Il voulut pro-
fiter de ce voyage pour visiter Lorette et vénérer
la sainte Maison où s'était accompli le grand
mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. Il
fiassa une nuit en prière dans ce lieu béni, appe-
ant la protection de Marie sur son Ordre. Or,
comme il priait avec ferveur, il se vil tout à
coup environné d'une grande lumière; son pre-
mier et cher compagnon, .\dorno, lui apparut
tout resplendissant de gloire et revêtu du saint
habit de l'Ordre : " Kieu-aiiné frère, lui dit-il,
Marie m'envoie vous assurer que votre prière est
exaucée, elle veut bien être elle-iiv^me la Mère el
la Protectrice de notre petite famille, et, déplus,
elle vous avertit de vous disposer à me suivre
sous peu dans la gloire. •>
Le Saint continua son voyage, mais, en arri-
vant à Agnone, il répétait sans cesse avec de vifs
transports de joie : " Voici le lieu de mon repos
pour jamais. >' Ses fils en étaient étonnés, ils ne
comprenaient point le sens de ses paroles, car
leur bienheureux Père s.- portait à merveille.
Cependant, le premier jour de juin, il se sentit
atteint d'une fièvre, légère d'abord, mais qui
devint bieiitiM assez ardente pour l'obliger k
«arder le lit. Il comprit que c'était l'heure mar-
quée par .Marie.
Il ne cessait de répéter: « 0 paradis! ô para-
dis! " Kt il se soulevait sur sa couche comme
pour s'élever vers le ciel.
La veille de la fétc du Saint-Sacremeni, fêle
qu'il avait tant aimée, il reçut avec une ferveur
aiit'éliquc le Corps de son Sauveur pour la der-
nière fois; prenant ensuite «on crucifix d'une
main, une im.'ii:e de Marie de l'autre, il |>u«4a
b'v dernières heures de sa vie ilan* uih' douce
contemplation. Kniln, ver» le »<>ir, il • rcri» :
Allons, mon Ame, allons! — El ou v.«ulez-vou«
.iller. Père".' lui ilrmaiidail-on. — Au ii"l ! au
ciel! '■ rèfiondait-il •! ■ • ■• '^■•n Ame
ardente s'etivoln ver» Ji.ilans
Il iTorl qu'il fit pour : ! . .: !■ i lum
IMIH. 11 n'avait que quarante-quatre an*.
la.p.-i"-u»(, K. l'jTitMiulo», «.rue hr.iiii;..i« !•', r»ri.
SAINT BONIFACE
APOTRE DE L'ALLEMAGNE
Fête le 5 juin.
MARTYRE DE SAINT BONIFACE
.p!2:,^::-:;.^:„f^;t',:;"L:;^ ■""'"- '" ^'-""■"^•<"' •■*-'« "--^e. repr.e„,e p.us.e„„
Ic^'aéLï. 2: uïri:»" ''"'"''" ""'"""" •■"*-"' *'>»«'e'erre r.pMre de rAI.ea,agn.. Ce ,„„t
.utri^InH ir- ""^ ''**'"" '""' ^«"''">'"«' »ou. une grande (ente et délibèrent autour du Saint. On «ail
ïro^LTaux °"""""''^''' " " """"^ "• '^«'" «'" Saint-Si^ge. a convoqué et présidé p.u.ieur. Concil"^
Enfin, au premier plan, la ,cene du martyre e.t dépeinte dan, toute son horreur. Le, meurtrier, .ont en
e vre T7 '""'T'"- '' """'''="'• '""P* * '""^'' i''"= "° •'""'" "«"-^ -«" '« Cie . Sa cro,.c "
69
Kn rannée 71S, un moine ani.lo-s;i\i>n se
préfentait à l'audience du pape Gré;^ciire II.
S'aL'en'iiiillant aux pieds du Souverain Ponlife,
l'élran^'er lirait de son manteau une lellre de
l'évéque Daniel, de Winchester, et, la remetUut
au Vicaire du Christ, il le suppliait d'écouler sa
requ(>te.
{."hiimble moine, qui, sans Hre annoncé, se
présentait avec tant de confiance devant Gré-
§nire II, portait le nom de Winfrid. Né à Kirlon,
ans le royaume de Wessex, il avait reçu, dès sa
plus tendre enfance, des marques éclatantes de
prédestination. I.e Saint avait à peine atteint Tàiie
de raison, lorsqu'à la suite d'une mission que des
moines étaient venus prêcher dans sa ville natale,
il conçut le dessein de se donner compKlemenl
à Dieu et doinhrasser la vie monastique. Le pure
de W'infriil, jugeant d'après les rè(;les de li pru-
dence humaine, traita cette généreuse déter-
mination de caprice d'enfant.et refusa de le laisser
partir pour le couvent. Mais on ne résiste pas
impuiii ment à la volonté du ciel, et une maladie
suliile, qui le mit en quelques jours aux portes
du tomheau, di'joua ces calculs trop é;;oisles. I.e
malade comprit ce terrible mais salutaire aver-
lisseinenl, et, cessant de mettre obstacle à la
vocation de son fils, il le lit entrer au monastère
d'Excester. Le petit novice, que Dieu arrachait
au motide d'une manière si extraordinaire, avait
à peinr sept ans.
NVinTiid se montra di^jne des grâces de choix
dont il avait été l'objet, et on le vit bientôt, joi-
piant l'application la plus constante à la piété
la plus vive, se livrer avec ardeur à l'étude des
lettres sacrées. Ses pro^-rès rapides allirèrenl
sur lui l'attention générale et, plus tard, le dis-
ciple, devenu maître i son tour, fut contraint
d'ac'cepler la chaire de théclocie à l'abbaye de
Nuchlel, où il venait de terminer ses l'iudes. I..a
réputation du jeune professeur ne tarda pas à se
répandre dans la (irande-Dretaf-'ne. De tous côtés,
les élèves accouraient, et les rois eux-mêmes ne
croyaient pasdéro;;erà leurdifniité,en le prenant
pour arbitre et en lui demandant des conseils.
Le monde souriait au jeune religieux qui s'était
dérobé si tdt i l'importuiiilé de ses sollicitudes.
Mais Wiiitrid, inébranlable comme au premier
jour, non seulement ne son^'eait à tirer aucun
parti (le la contlance que lui témol^naiellt les
puissants, mais encore refusait les dignités
ercléviasliques et, redoublant d'austérités, se
doiinnit plus que jamais à la prière et & la con-
tenipl.itKin. L'homme de Dieu avait, en etTel, conçu
un Kraiid dessein; tournant ses regards vers b-s
contrée* encore païennes de la Germanie, il avait
senti s'allumer en son cœur un zèle ardent pr>iir
la conversion des infidèles, et le céb-bre pro-
fe->»eur n'aspirait plus qu'à devenir l'apAlre de
rAlleiiia;.'iie.
Ses rii-ux purent enfin se réaliser. Dès l'an-
née 718, Winfrid, après avoir demandé In bi'-tié-
diclion de son «iipéripiir, quittait le mona'-tiTe de
NuclKel et ail rerht sninl WilU.
l'r-'rd qui é> is. Mm». birntiM,
!• . [,er»écuti>'ii» 111 » I. ii\ r^i li.vi ' '. ' ' i~^ureut
.1., ,
pr.l;
^ni
I
lai
mil.
a y s
.i.T
■■lit
Atlrisiè, mais non il' j ir ce
intiiccfs, le miksioniiuiir h-muI au
fie Nu'-btel nii on le reçut avec du
,r-,ii
lon(.'temp«. A la mort de
(i.fc » kT .■r;iiif In r..|#.iiir un
pél'Tin, il dit adieu à ses Frères, et quitta pour
toujours l'Ani'leterre.
liette fois, l'homme de Dieu ne dirigea pas sa
course vers les plages de la Germanie ; avant de
commencer sa seconde mission, il allait prendre
les ordres du Souverain Pontife et demander au
tombeau du prince des .\pôtres les grâces de
l'apostolat.
'l'el était le solliciteur qui se présentait devant
Gré;,'oire II. Le pape l'accueillit avec bonté et,
après s'être assuré de son dévouement, de sa
piété, de sa science, il lui conféra les pouvoirs
apostolinues.
Parti de Rome à la On de mai 719, Winfrid
traversa la Lombardie, la Bavière, la Thuringe.
Selon les instructions du Saint-Siège, il obser-
vait les contrées qu'il traversait, et, pour nous
servir d'une expression de l'hagiograplie, il était
semblable à 1 abeille qui voltige autour des
Heurs du jardin avant de se reposer sur le calice
qu'elle a choisi. Poursuivant sa marche, il vint
auprès de saint Willibrord reprendre les travaux
interrompus, et, pendant trois ans, il se sit^nala
par son zèle à déraciner les superstitions païennes,
a instruire les néophytes, k élever îles églises en
l'honneur de Jésus-Christ. Saint Willibrord, heu-
reux de trouver un apâtre di;.'ne de continuer
son œuvre, voulut conférer l'èpiscopat à son
jeune compagnon. Winfrid écoula sans mol dire
celte proposition qui erfrayail sa modestie; mais,
la nuit suivante , il se dérobait aux honneurs
qui s'obstinaient i le poursuivre et, seul, il
luenait le chemin de la Thuringe. Le fu;;itif
s'arrêta au monastère de Palaliolum. Comme il
interprétait devant la coininuiiauté le passage
i|u'on venait de lire pendant le repas, un jeune
homme de quinze ans se leva tout k coup cl
déclara qu'il voulait partager les travaux et les
Kiligiies du missionnaire. Le premier coiiipa;.-non
que Dieu envoyait k son serviteur était (le i.oe
royale, et portait le nom de Grégoire. Il devait
se montrer digne de compter au nombre des
disciples d'un Saint.
Suivi de ce compagnon, Winfrid arriva enfin en
Tliurin;.'e. La situation était déplorable. Les
chrétientés que saint Killien avait laissrt-> lloris-
santes avaient été rava;.'ées par les barbares qui
dominaient en maîtres dans celte [lailie de
l'Alleinagne. Privés de tout secours spirituel, les
chrétiens oubliaient peu à peu les promesses de
leur baptême et beaucoup d'entre eux n'hési-
taient pas à sacrifier aux idoles. Mal.:ré toutes
les diflliultés, en quelques mois, le missnuinaire
transforma le pays. Les païens quittaient leurs
huttes de branchages et accouiaient en : A'
rnlriidre ses parole*, et ceux qui avaient • :•■
baptisé», raiïermit dans la foi, renonçaient au
riilie des idcdes, et reprenaient les pratique* de
la vie cliréiieiine.
Ces magnifiques résultats ne furent pas obtenus
sans labeurs. Kn présence de la grossi.
niaiiique qui résistait obstinément as.
le missionnaire se laissait parfois aller au d. . nu-
ra.'fmeiil i-l à une morne trislesu» li.ms ce»
nioiiient* d'angoisse, il <il entier
d m» les lettres qu'il éi i do Wm-
iliesler: • C'est I b.i! ': di«ait-il,
|..rs(iu'il leur arri\ . tritU el
.!'• pénible, de chei ; r.*~ Je
I em dont l'amitié, i ; . • :
'. • I,,. .1.. ■..,.(■. .,,
la.:. ,_ _ , _ __ _
pas e«l tiuuiieur, et, reprenant le bâton de i demeurent pu infidonde*: ccllee de Winfrid
firent fructifier la femence qu'il s'efforçait de
jeter parmi ces populations délaissées, et bientôt,
des monastères s'élevaient comme par enchan-
tement au milieu des forêts de laThuringe, pen-
dant que le missionnaire, pénétrant au cœur
même de la Hesse, convertissait des milliers
d'infidèles. Une si abondante moisson imposait
de nouveaux devoirs à l'ouvrier éTanjjélique qui
prit le parti d'envoyer à Rome un délégué, afin
de rendre compte aa Pape des progrès de la
foi et de lui demander ses instructions.
Grégoire II ne se contenta pas de ce message.
Il ("onna à Winfrid l'ordre de se rendre sur-le-
champ à Rome, et il le reçut dans la basilique
vaticaue, devantj la Confession de Saint-Pierre.
Enfin, le jour de saint André, 30 novembre 723,
il conférait au missionnaire la consécration
épiscopale, lui donnait, en outre, une juridiction
sans limites sur toutes les é^rlises de la Germanie
et changeait le nom de Winfrid, qu'il avait porté
jusqu'alors, en celui de Boniface. Ce nom glo-
rieux donné par le Pape était la louange la plus
éclatante des bonnes œuvres que le missionnaire
n'avait cessé d'opérer. Dans sa sollicitude pater-
nelle, le Souverain Pontife ne voulut point le
laisser partir sans lui donner des lettres de
recommandation pour Charles Martel, dont
le nom redouté par toute l'Europe inspirait
le respect aux peuplades les plus sauvages de
la Thuringe et de la Saxe.
Charles Martel ne trahit point la confiance
que lui témoignait saint Grégoire il. 0 accueillit
l'évèque avec honneur et, dans un acte public
qu'il scella de son anneau, il enjoignit à tous les
comtes, ducs et pabtins, de respecter et de faire
respecter celui que Charles prenait sous sa sau-
vegarde. La France, en prêtant son (ippui au mis-
sionnaire, coopérait donc d'uaemauiére officielle
à révan;.'éli«alion de l'Allemagne, et saint Itoni-
face a déclaré que, sans la protection de la
Franre, il n'aurait pu réussir dans sa mission.
Mais, à celte époque, elle était chrétienne, et sa
puissance incontestée faisait trembler les Bar-
bares au delà du Khin.
L'n jour, comme le Saint prêchait dans le bourg
de Geismar, ou vint lui dire qu'il y avait aux
environs un arbie gigantesque, qui, sous le nom
de cbène de Thor, était l'objet d un culte supers-
titieux. A cette nouvelle, l'homme de Dieu se
leva et marcha vers l'idole redoutée. Les paiens
le suivin-nt, et bientôt, la population en armes
se pressa autour de la fausse divinité, prêle à
tirer une éclatante vengeance des audacieux qui
sonseaient i l'outrager. Le Saint, avec les clercs
et les quelques serviteurs qui l'accompagnaient,
se imuva entouré par la foule menaçante; il n'y
avait d'autre alternative que la fuite ou la mort.
|!oip(Trp n'hésita pa« cependant, et sur son ordre,
■■Il ;r .11 le chêne avec une cognée. Un cri de
lui ■jiii - leva aussitôt, et le peuple allait se porter
aux dernières violences, lorsque, soudain, il recula,
saisi d'épouvante. L'arbre, ployé par une forre
in visible, faisait eu tendre d'horribles craquements
et, tombant aux pieds de l'évèque, se brisait en
Miitre tronçons. A la vue de ce prodige, les
i II» s'inclinèrent avec respect devant l'homme
dont la puissance surpassait relie de leur dieu,
et lou» ilemandèrcnt le baptême. Le Christ avait
vaincu. Pour célébrer relte victoire, Hoiiiface
fit "'le^er. avec le bois de l'arbre abattu, un ora-
iniio PII l'honneur du ('rince des Apôtres .^ainl
Pi( rre prenait possession de la contrée, et bien-
tôt • Ip nombreuse» églises s'i'levaienl à côté de
la chapelle qu'on lui avait dédiée.
LES C0CrE.VTS DE MISSIONKAIRCS
Les ouvriers n'étaient pas assez nombreux eu
présence d'une si nbond.inte moisson. Boniface
adressa un appel à ses compatriotes, et, de tous
les points de la Grande-firelagne, accoururent
de nouveaux missionnaires.
La plus féconde méthode d'apostolat de ce
grand missionnaire bénédictin ■=tait de fonder
des couvents, qui devenaient des centres de
mission, d'éducation, d'exemple et dî prière; en
un mot, de vrais foyers de civilisation. C'est dans
ce but qu'il fonda la célèbre abbaye de Fulda,
qui fut pour l'Allemagne ce que le Mont Cassin
était pour l'Italie.
Les femmes elles-mêmes accoururent des
cloîtres d'Angleterre prendre leur part de tra-
vaux apostoliques. De saintes religieuses, Chuni-
gilde, Thécla, Walburge, Lioba, venaient s'établir
au milieu de ces populations encore barbares et
ces douces servantes du Christ parvenaient à
fléchir le caractère indompté des farouches Ger-
maines. Travaillant dans la prière et le silence,
elles exercèrent une grande influence sur les
peuplades à demi-sauvages au milieu desquelles
elles vivaient. Leur présence était nécessaire, à
ce moment où la civilisation germanique com-
mençait à éclore, car, selon la belle expression
de M, Ozanam, la Providence a placé des femmes
auprès de tous les berceaux.
Ces exemples ne suffisaient pas toujours à
maintenirla ferveur et la foi parmi les néophytes.
Mettant à profit le manque de prêtres et l'i^-no-
rance des nouveaux convertis, des serfs, échappés
des manoirs de leurs maîtres, n'hésitaient pas,
pour se couvrir des immunités ecclésiastiques,
à prendre l'habit et la ton>ure des clercs, et sous
ces vêtements empruntés, étalaient partout le
scandale, portaient partout la démoralisation.
Beaucoup de ces moines sans mission n'avaient
pas renoncé aux superstitions du paganisme et,
mêlant ensemble tous les dogmes et tous les
rites, ils offraient des victimes au dieu Tbor
avant de conférer le baptême. Un imposteur,
Uildebert, parcourait les campagnes en montrant
aux multitudes des lettres que Jésus-Christ lui
envoyait, disait-il, par l'entremise des an;;es,
et il ne craignait pas de distribuer ses propres
reliques, & prix d'argent. Les foules, séduites par
ces ministres du démon, qui se préseiiUiieiit à
elles comme les ministres du Christ, n'écoutaient
plus la voix de leurs pasteurs légitimes; elles
abandonnaient les églises et se livraient aux
pratiques les plus abominables, sous le masque
de la religion. U fallait à tout prix mettre un
terme à ces parodies sacrilèges, et c'est dans ce
dessein que Boniface se rendit à Rome en "3S.
Le pape Grégoire III venait de monter sur le
trône pontifical. Il accueillit avec bonté l'apôtre
de l'Allemajme, lui conféra des pouvoirs nou-
veaux à l'i/ffet d'instituer des sièg*>s épisropaux
et de mettre la dernière main à l'organisation
ecclésiastique dans ces contrées ; enfin, il le
nomma légat du Saint-Siège. Avant son départ;
il lui adjoignit un moine anglais du Mont Cassin,
qui portail le nom de Willibaud ; Willibaud devait
suivre le Saint dans toutes ses pérégrinations
apostoliques, et c'est lui qui, le premier, nous a
donné l'histoire de ses travaux.
Muni des lettres pontificales, Boniface se ren-
dit d'abord en Bavii're. Son premier soin fut de
convoquer un synode et de créera côté de l'év'-
rhi' de Pa«sau ceux de Sal/.bourg, Frei'^ing' ii «-t
Ratisbonne. La Bavière se trouva donc canoni-
queraent placée sous une juridiction n'j;ulière
et bientôt, grâce à la vigilance des pontifes, les
rangs du sacerdoce se resserrèrent, et Ton par-
vint enfin à chasser les loups ravisseurs qui, trop
longtemps, avaient abusé le troupeau en prenant
la houlette du pasteur.
SAINT BONIFACB BT LA FRANCI
Le grand missionnaire rendit le même service
& la France du Nord. De graves désordres s'étaient
glissés i la faveur des cuerres civiles et des dis-
sensions politiques, et' Charles Martel les avait
trop favorisés, lioniface, nommé par le Pape
saint Zacbarie, archevêque deMayence, légat du
Pape en Allemagne et en France, convoqua plu-
sieurs Conciles et rétablit la discipline ecclésias-
tique suivant les instructions du Souverain
Pontife.
11 était loyalement aidé dans cette grande
œuvre par les ûls de Charles Martel, Carloman et
Pépin.
C.irloman, élevé au milieu des camps, était
demeuré jusque-là, dit le chroniqueur, bien
étranger aux choses de la religion. 11 se trans-
forma sous l'action du Saint, et devint lui aussi
un apôtre. Toujours prêt à soutenir les droits de
l'Eglise, il n'usait de son pouvoir que pour faire
respecter les lois canoniques, fonder des monas-
tères et peupler l'Allemagne de missionnaires.
Dieu récompensa par des grâces signalées le
prince qui s était voué à son service. Henonçant
aux honneurs de la terre, Carloman prit l'habit
monastique, se retira au Mont Cassin, et mérita
lui aussi d'être compté au nombre des saints. La
famille bénédictine célèbre sa fête le 17 août.
Ce grand sacrifice de Carloman prépara la
grandeur terrestre de sa famille. Son départ
laissait son frère, Pépin le Bref, seul maître réel
du pouvoir. Il restait bien un roi de la famille
de Clovis, mais son autorité, purement nominale,
était nulle. La France avait nesoin d'un vaillant
déf«n^eur contre les Saxons du Nord et les Sar-
rasins du Midi; on résolut de donner à Pépin le
titre de roi. Mais on avait promis obéissance au
descendant de Clovis, devenu incapable.
Que faire? On s'adressa au souverain guide des
consciences, au Vicaire de Jésus-Christ. « Kst-il
permis, dirent les Franc», de donner le titre de
roi à celui qui en a déjà toute l'autorité? — Cela
est permis, répondit le Pape. • Et Pépin le Bref
devint roi.
Heureux les peuples qui, au lieu de se déchirer
dans les guerres civiles et les dissensions poli-
tique», prennent le Pape pour juge, pacificateur
et arbitre I
Le sarre du nouveau roi eut lieu à Soissons.
En «a qualité de légat du Saint-Sièce, Bonifacc
reçut le serment de Pépin, versa 1 huile sainte
sur sa tète et le présenta au peuple qui, par trois
fois, poussa l'acclamation: Vivat rex in xtcrnum!
La France pacifiée voyait le sacerdoce et la
royauté se donner la main et préparer par leur
union le règne de Charlemagne. L'Allemagne
évangélisée avait reçu, avec le droit canonique,
l'organisation ecclésiastique, et il n'y avait plus
à craindre de conflit de juridiction. Le Saint
avait rempli sa mission. Il pensa qu'il pouvait
reprendre ses courses apostoliques à travers les
nations infidèles.
Mais, avant d'entreprendre ce pénible voyage,
il voulut régler les affaires de son diocèse, et
celles de ses suiïragants. Il plaça sur le sièse de
.Mayence, son disciple Lui, et' dans une lettre
touchante, il supplia Pépin le Bref d'accorder sa
protection à l'immense troupeau dont il avait
été à la fois l'apôtre et le pasteur. Puis, accom-
pagné de quelques clercs, il se dirigea vers la
Frise.
Mais l'Eglise triomphante enviait ce héros de
l'Eglise militante, à qui Dieu ne réservait plus
qu'un combat.
Le S juin 755, le pavillon de l'archevêque avait
été dressé au bord de la Burda. Tout était dis-
posé pour le sacrifice et l'on attendait la mul-
titude des néophytes convoquée afin de recevoir
l'imposition des mains. Au lever du soleil, une
foule nombreuse parut à l'horiion; ce n'était
point celle que Ion attendait. Attirées par
l'espoir du pillase, les peuplades païennes ten-
taient contre l'évêque et sa suite un hardi coup
de main. Les serviteurs coururent aux armes,
mais, au premier tumulte de l'attaque, l'homme
de Dieu, entouré des clercs, soi lit de sa tente:
« Cessez ce combat, mes enfants, s'écria-t-il,
voici venue l'heure de la délivrance. Soyez forts
dans le Seigneur; il sauvera vos Ames. • Et
s'a vançant au-devant des Barbares, il se présenta
à eux comme la victime résignée. Obéissant à la
voix du pontife, les serviteurs cessent d'opposer
une résistance inutile, et, martvrs de la foi,
tombent avec leur maître sous les coups des
assassins. Les Barbares ne jouirent pas long-
temps de leur triomphe. A la première nouvelle
de l'attentat, leschrélicnsdes environs se levèrent
en armes, et se jetèrent sur li!s meurtriers qu'ils
exterminèrent. Après le combat, on retrouva le
corps de saint Boniface criblé de coups. A se*
côtes, était ouvert un livre souille de sanu, tombé
de ses mains déraillanles : il contenait l'écrit de
Un lu'ufnil ilr la tnnrt.
Il apôtre dont
, .1 Maestricht,
monastère de Fulda. La
de posséder une de ses
dévots de taiiit Boniface
euvrnt aller la vénérer i l'église collégiale do
aiiit-Quentin.
saint K
L'AI
le COI ;
Mayence, et eniin au
France a le bonheur
reliques insigvics: les
E. P(TirMU<iT,liap.-04r«iu, », rue è'ittuyoïs I", l'an
SAINT NORBERT
FONDATEUR DES PRÉMONTRÉS, ARCHEVEQUE DE MAGDEBOURG
Fête le 6 juin.
I . Norbert, né à Clèves, de la noble race des Krancs-Saliens,
fut engagé dés son jeune âge dans la eléricature Mais il
fréquentait plus la cour que leglise. Kenversé un jour par
la foudre il se convertit.
3. De retour dans sa ville natale, il .^t idmis A l'ordi-
nation, et, avant de recevoir lonction sacerdotale, il se
dépouille de ses habits mondains et se revêt d'une simple
tunique de peau.
a. Abandonnant le» vanil»'s du iiiMude. il se relire pendant
qiir-lqiip li-inp* a l'ahliaye de Stgelierg. où, «mis la conduite
du hieiilieiireux alil>é Cooon, il eludic »• vocation et s'exerce
A la vie dpiriluelle.
5. Dén!.- A i^iiiiirn-- . ipostollque dans tonte M
perfecliuii, Nmlirrl .1. ;:.:,.:. ..s bien» aux pauvres, ne
voulant d'autre héritage que le Seigneur lui-niénie.
"S^.
^ ! F
|.«ini^(lii lii.-nlipiirnix lIii|rn«i.'T"l «>Ult i«tt«ch*>
~ la mort de »r« ln>j» (in-iuK-ni c>>iiipn|;ii<>nii. il |>ar-
. .ill•^, 1<> cliilraun <'l !<•• lK)iirK«<tnt, i)Kxliaiit et
cwivi.iij»»anl \t* pirui>U'» accouru» a 6a roi».
3. Sur on* rfv^lAtlon du innrIjT Miiiil <lcr«>n. U »•• '
A ColoKnr. rt d<-»iKm' 1'' 1"™ <"' rn>'>- ■ ••"I. iifriDn-r» .1
(«.. au», IM rrliqui^ de ci- Suint. Ix-j. o.^. lucuU iscr.
ensuite transporté» i Prt-moutPé.
■n^
♦«RïlMjtVWw
n ppfwUnt
Ir cIk
i>our Ir er»<>i v
1ID<- >
1 • rt, el lui <i ""
purlcr.
l'Mm ceux qui U «ul<ruiU>
^. ' i •
9. (>)ntintiant l'cxorcice de la vie R)>osioiiqiie. Norl)erl
réconcilie les eDnemiïï, convertit le» herriii|U4% t-t travaille
ulili'iaent au :<alut <ies âmes. ]jn miracles ninlirnienl sn
paroi eli sa VOIX le^ ilruKiu» s«>rirut des coqj-. ik-s po»*«dcs.
II. Le comte Godefroy de (^appeiiherp renonce au monde
avec sa femme et son fr»TeOll>on.et. »nrè'< iMoirfoffdé trois
mi>naster»*!*.prend l'habit blanc des rn-montrrs.Ot exemple
est suivi par un grand noi]il>re de princes et seigoeors.
in Prévoyant le tort immenM que Norbert el l'Ordre des
f*r*"i -tr- - f-r- - ■" -- 1- -!'>■<- '^''i jouer tttutea
'' - III- d'un ours
lucni, , ^ .... de Norbert.
la Bftint Nnrliert obtient du pape Honorivs 11 Tappro-
Iiati'.i. ' ' ' î- ■ • qu'il se livre*
1 < . • -s. iiiio voix le
il. Pour monlrcr coiiibii'n lo nouvel Inslitiil et srs œuvres
lui -ioiil .ifcrénlileK. Dieu iiiiiltiplie les iiiiracle;! parles lunin»
«lu ri>nilaleiir. A \Viirtzlioiir(Ç. il rend la vue A une fcmjue
nveiij-le. (xiiclnnl la messe <lu jour <le IViques.
IS. Saint Norbert, r^-coneilianl lV|rlise de SnliilMauriee
apri-s un meurtre, est assailli par une émeute iln peuple de
Ma({del>our(t. Il va seul au-ilevaiit de» ^pées; mais son eorps,
invineihle enmme son couni(,-i-, n'éprouve «urune alleinte.
^Vi i
li Kir.
•on fl"
■r rf\\f ^irlt«f lui «llirr l« hiilnr *!<*•
t t iiii|ir<>« fir lui ; muït
.<■ c<»u|iablr, \r convertit
.r I'» Il Tiin
r\r] par lf*ft anirrt
m ^ I r< iiMM < !• I iiiiiM'ri
I .. I I .1
ru Juun rX|M>«é, un* lucun <il|rn<' 'I**
l-'. iMri»
SAINT ROBERT. ABBÉ DE NEWMINSTEK
Fête le 7 juin.
Premiers jours dans la solitude. — Fondation de l'abbaye de Fontaines.
On commence par bâtir la chapelle.
Robert naquit en Angleterre, au diocèse d'York,
Ters la Qn du xi* siècle. Set parents, vrais chré-
tiens, lui donnèrent de bonne heure une éducation
conforme à leur foi et trempèrent si bien son Ame,
que, par une précocité merreilieuse, il s'adonna dès
1 enfance, d'une façon à peu près eiclusive, à l'étude
«t à la prière. Ces' deux occupations devinrent ses
attraits de prédilection.
Sitôt que son intelligence eut le développement
convenable, elle savoura bien vite les profonds
enseiçnemenls de la sainte Ecriture; sa vertu s'j
fortifia graduellement et le Ot juger digne du sacer-
doce dés qu'il eut atteint l'âge de le recevoir; on
lui confia immédiatement le soin d'une paroisse.
IL DEVUNT MOINK
Mais il ne tarda pas à gémir sous le fardeau des
âmes, dont les lumières de la sainteté lui faisaient
encore mieux sentir le poids. Ses goûts solitaires
le poussaient d'ailleurs vers la vie monastique. Il
quitta donc une responsabilité qui l'elTrayait. et prit
le chemin de l'abbaye bénédictine dé Wiltebv,
située dans son diocèse, sur la cùle de la mer du
>ord.
Sa pi!~té extraordinaire fut déçue et ne trouva
oint cette communauté assez régulière pour salis-
aire ses hautes aspirations de sainteté. Robert
l
essaya du monastère de Notre-Dame d'Tork : U
encore dans l'ensemble la ferveur était languissante.
Le saint abbé Richard, qui dirigeait cette commu-
nauté, faisait tout pour la raviver et prodiguait les
exhortations pressantes, les généreux exemples : ta
parole avait peu d'écho, ses exemples peu d'imita-
teurs: lui-même s'estimait heureux de ne point
subir les entraînements contraires.
Devant cette inertie, Robert et Richard se détermi-
nent à un dernier parti : c'est de Quitter le monas>
tère et d'aller fonder ailleurs, avec la meilleure part
de la communauté qui n'hésitera pas K les suivre,
un couvent où tous pourront donner libre carrière
à leurs légitimes désirs de perfection.
Fort heureusement le bon Dieu leur ménagea une
puissante protection. Turstin, l'archevêque du comté,
non seulement bénit et encourage leurs projets, il
pousse le zèle et la bienveillance jusqu'à faire cons-
truire pour eux, de ses propres deniers, un couvent
dans la vallée de Scheldall.
Douze moines, parmi lesquels, Robert, peuplent
le nouveau monastère, qui s'appellera désormais
Abbat/e des Fontaines. Richard en est abbé. On
adopte la règle et l'habit de Citeaux et on peut
enfin courir à l'aise dans les sentiers ardus de la
perfection.
Ici le travail seul donne droit à la nourriture, la
fatigue seule le droit au repos; et encore doit-on
quitter la table sans être rassasié, et le lit avant
d'être tout à» fait reposé. Robert entre tous se dis-
tingua par son ardeur au travail, sa iVrveur dans la
prière, son ïèle apostolique, ses dures mortifications.
Il ressentit aussi sa part des persécutions suscitées
par les anciens moines de .Notre-Oame d'York
contre l'Abbave des Fontaines. Maid les souffrances
sont l'aliment' de la sainteté, et les moines fervents
qui n'en reçoivent pas du dehor?, savent s'en créer de
volontaires par leurs pénitt-mes. Hobert ne manqua
ni des unes ni des autres, au grand profit de sa
vertu, dont le parfum, apH>s avoir embaumé le mo-
nastère, te répandit lien vile «a loia.
a DBTiKTr kBti
Ranulphe de Merley, seifniear dTork, avant
voulu fonder un monastère près de la ville actuelle
de M urpelh, onze Frères de 1 Abbaye des Fontaine» y
forent appelés, et le renom de sainteté de Robert le
fit choisir pour abbé (1137). Telle est l'origine de
l'abbaye de .Newminster (nouveau monastère).
.N"tre Paint ne vit dans ta nouvelle dienité
qu'iine obligation plus stricte i la sainteté. 11 n'y
faillit point, frlce à Dieu, et redoubla ses auslé-
rit'-s. Son historien, Jean Pappravius, rapporte que
jamais il ne sortit de table si ce n'est avec un appétit
plutdt ai);uisé (^ne satisfait, et que tous le* carêmes
ilj>>ânaitau pain et à l'eau.
La jour, au sortir ilu carême, par suite sans doute
d« ses mortifications excessives, il ne put goâter
(faaciiD des mets que lui présenta le frère servant :
■ WofB Père, lui dit celui-ci, pourquoi ne mangez-
vons pasT — Peut-être, répond le Saint, que li
j'avais un peu de pain d'avoine et de beurre, j'en
pourrais mant^er. » — Le pain d'avoine était donc
une friandise pour ce bon moine; nos délicats con-
temporains, An^jlais ou Fiançais, avoueront qu'il
a'elail pas difUcile. — Le cliaiilable frère s'em-
f tresse de répondre an désir de son supérieur, liais
ai croit avoir cédé k un mouvement de gourman-
dise qu'il se reproche vivement, et veut s en punir
aussitôt. Une touche pas au mets qu'on lui présente
et le fait di'-poser & la porte, dans l'assiette qui le
contenait, pour le premier meirdiant de passage.
Mais, 6 merveille ! on voit venir, ao lieu d'un pauvre,
un beau jeune homme frais et radieux, qui emporte
le mets avec Fassiette et disparaît. Cependant on
s'étonne an monastère (fe la disparition de l'assiette
de l'abbé; mais an moment du repas on la voit sou-
d.iin suspendue dans les airs et venir se déposer
doucement devant l'abbé. L'assiette était vide :
r.îeu avait agréé le saerilicc de son ser>-itenr, et
qnr|(^iie bun anee avait porté le mets à un pauvre
inconnu, (".o miracle, nien capable d'édtfliT le
monastère, était d'ailleurs sans préjudice de la
[«•compense à recevoir dans le ciel, où Dieu doit
r<'(-iiiiir'nser même aa verre d'eaa froid* donné
pour I amour de loi.
«isnn BT afviikiioaa
Kn dehor» des r-^ernrfs de sa charp» et de ion
état, Robert récitait ur les t^O psaomef
du psautier. Un jour :••■ dam sa prière, il
•l r. ^T^fait A fhea d'atiitr le sacriflci* que sel
m . ^ i>t lui avaient ftiit de leur existence ter-
f' 1 livTP de Tie, il rn-
t- : t : ■• r.on (lance, mon
01 . ■ ■ ■ • ' :i
" ' ■ t
la communauté pour retourner au monde y périr
bientiit misérablement
Notre Saint était un jour de passage à New-Castle,
port de mer tout près de là : Il avise au milieu «l'une
foule de jeunes gens et de jeunes personnes, un
jeune homme de mine éveillée, à la fois effrontée et
aimable, qui la parcout fiévreusement comme pour
une importante affaire. L'homme de Dieu Oaire U
vieil ennemi du genre humain; tout à coup, il lai
commande : • .allons, vaniteux ! ces jeunes gtns
n'ont nul besoin de toi ; quitte-les et suis-moi. •
Terrassé par ce commandement, il obéit sans ré-
plique et suit télé ba.se, honteux comme un renard
pris au piège. Arrivés au détour d'un chemin en de-
hors de la ville, Robert lui demande : ■ Qui es-tu '? et
que faisais-tu avec ces jeunes gens? • — Tu sais
bien qui je suis et ce que je faisais. Deux familles
riches célébraient une noce en grande porape ; il y
fallait trouver mon compte : tout était près poar
que les rivaux de l'époux le missent à mort et que
les convive.i, aveuglés de colère et d'ivresse, usas-
sent de représailles, et Qssent un grand carnage :
cette querelle da famille eût dégénéré en guerre
civile. Ub I que de sang répandu! quel riche bu-
tin d'àmes pour noir* enfer I Je comptais l'annon-
cer bientôt k mon maître Satan ; tu as déjoué mon
plan, je vais rentrer bredouilla... «
Le Saint le maudit et lui commanda, au nom d*
Dieu, de s'en aller aux d<^serts, et de laisser cas
familles en paix. Le démon obéit, mais en jetant,
en guise d'adieu, une telle épouvante 1 la nNMie,
que les chevaux du cortège nuptial, tout frésiiaaati^
hennissent, pialTent et ne peuvent qu'a graad paaa
être maîtrisés par leurs cavalier*.
Une nuit. Dieu lui montra dans un songe, les
manauvres de Satan : il vit le diable assis à U porte
du chœur da la chapelle, où, malgré ses elTorts, il
n'avait pu entrer, il avait la forme d'un grosaier
paysan au long buste, monté sur de grandies jambes
dénudées et chargé sur le dos d'une botte de eiuflSHi-
nier, retenue au moyen de cordes passées sous les
aisselles, à une plaque de bois sur la poitrine. Le cou
allongé, les yeux roulants, il fait le tour du cliaur,
cherchant d'un ret,'ard anxieux lesreligiciix qui pour-
raient lui plaire davantage. Mais la ferveur des moines
redouble. Itotn-rt est là qui les aide de ses exemples
et de ses paroles ; le rôdeur infernal a beau observer,
il n'y a rien pour lui. FI s'en va furieux vers le rhtvur
de» convers, plus heureirx, cette fois, il eu voit .f\ip|-
ques-ons sommeiller et rit aux éclafs; d'autres
laissent leur imagination s'égarer a des p^-
nuisibles ou danjrrrpo^es; il applandit A en'
et en saule de joie. Il trouve eniln un jeune n- v:.-e.
présent de corps A la prière, mais dont le cir ;r -e
repaît de désirs illicites et clierch»* di'ja le moyen de
les réaliser en secrrt. • ('.eloi-lA, <M-il, c'est le
mien >•, ce diinnl. il le saisit »■"■<• ■-i fourche, lejette
dans sa hotte et se sauve h tii: •<.
Le lendemain t son réveil, I • l''-. in.inirt
pour ce Frère, le fait chercher arec dili^-'
il avait fui pendant la noft et ne ■;
revenir; on sut plus tard qu'il s'enrôla dans une
troupe do brigaixl», qa'lt rat saisi par la justice
hiiiiiaine et romlnmiié A mourir du dernier sii|i|ilice.
Plaise A Dieu qu'a c mnm<»tit suprême, le rej.enlir
(te son apo^la'ie lui i le pardon et ouvert
le c<rur de la Jivine le.
l.'ne autrt* foi-
fice, il voit tout
ji'Ier furienses vii« te .lei u oti ei > :■
(rrns bouillons d'i'runie; au milieu, un
envoie des Frères constater le sinistre; ils trouvent,
en eflet,au bout de quatrejours.à l'endroit indiqué,
des corps de naufragés jetés sur la côte, auxquels
ils donnent U. sépoUiire.
DSB:«I£aBS ÉfBEDTSS — SA. MOBT
Une dame convertie par le Saint s'était mise sous
sa direction pour jr marcher dans les hautes voies
de la perfection, à l'exemple de ces illustres matrones
romaines^ telles que Paula qui, sous la direction de
saint Jérôme, devint sainte Paale. Le démon de la
calomnie ne tarda pas à jeter de noirs soupçons sur
ces rapports de spiritualité et d'édidcation; la ca-
lomnie courut rapidement suivant l'usaçeen pareille
matière, et vint, à travers les océans, jusqu'à Clair-
vaux, aux oreilles de saint Bernard, qui était alors
la lumière et le guide de l'ordre de Citeaui. Une
étroite amitié avait jusque-là uni les deux Saints.
Robert prend le parti de venir se justifier a Clair-
vaux. Saint Bernard a révélation de l'innocence de
son ami, dont la haute sainteté lui était d'ailleurs
connue depuis longtemps; dès qu'il l'aperçoit, il
lui dit le premier et avant toute autre parole :
■ Frère Robert, tou» les bnrils dont on a voulu
ternir votre réputation sont faux. » Et, en témoi-
gnage d'estime et d'afTection, il lui remet sa cein-
ture, dont le seul attouchement opéra dans la suite
beaucoup de guérisons.
Robert dirigeait aussi la conscience d'un saint
eraule nommé Godric; ils eurent souvent de longs
et pitux entretiens, tantôt sur les communications
intimes dont Dieu ou ses anees les favorisaient,
tantôt sur les misères de notre pauvre nature, les
moyens de la guérir et de la fortifier dans le bien,
ou encore sur les précieux avantages de la protection
des saints, etc. Robert lui dit un jour inspiré d'en
haut : « Souveaez-vous de moi, mon frère, car vous
ne me verrez plus dans cette chair de ccrrrupfion. »
Or, quelques jours après, Godric, assis dans sa
cellule, voyait tout à coup deux tours lunnineuses
s'élever jusqu'au ciel : sur l'une apparaissaient trois
anses emportant dans un globe brillant l'àme du
bienheureux Robert; deux anges marchaient de
front derrière le troisième qui leur ouvrait la marche
au sommet des nues; à l'autre tour figurait une
autre sainte âme, du nom d'Edithe, reçue en même
temps dans le sein de Dieu.
Godric voit les esprits infernaux se jeter au-devant
de l'âme d« Robert qui va leur échapper déCnitive-
ment; mais les anges luttent pour lui f-.t le con-
duisentvictorieusemeut dans l'éternité bienheureuse.
C'était le 7 juin de l'an 1(59. Le pieux solitaire sur-
vécut onze ans à son saint ami.
Un muet de naissance, pour obtenir sa, guérison,
adressait beaucoup de supplications et Je larmes au
saint martyr de 1 Angleterre, Thomas Becket, mais
sans résultats apparents. Le Saint lui apparaît un
jour et lui dit : • Pars sans délai pour Newrainster,
aie confiance, Robert exaucera ta prière. » Le
muet objecte an fond de son cœur : « Qui me mon-
trera le duché d'York, qui m'indiquera le cheminT
— Celui-là même sera ton guide qui est non seule-
ment le seigneur du duché, mais le Seigneur et le
Créateur du monde. •> Il part et arrive sans erreur au
mona^stère. A peine en a-t-il louché le seuil qu'il sent
sa langue se délier et peut chanter la gloire et
la puissance de saint Robert. Notre bienheureux
guérit encore un autre muet, redressa plusieurs
boiteux, rendit la raison à. un fou. la vue à unaveu£:le ;
ces faveurs précieuses et beaucoup d'autres ren-
dirent son culte populaire et son nom respecté et
glorieux dans l'ancienne Angleterre catholique.
SAINTE POTAMIENNE, VIERGE ET MARTYRE
Fête le 7 jvUn.
R0BLR3!>I ET LIBEBri PAR JÂSOS-CHRTST
Quand Jésus-Christ env<»ya ses apdt.-es prêcher
son Ev.tnirile au monde et régénérer les homra«9
par le Biptéme, une grande partie de rhumanité
était esclave de l'autre. Dans cette fameuse répu-
blique d'Athènes, si vantée par les litti'rateurs, il y
eut telle époque ofi, sur trente mille habitants, il n'y
avait que dix mille citoyens libres, les vingt mille
autres étaient esclaves. Beaucoup de patriciens ro-
mainsavaientàleur service des centainesd'esclaves.
Les philosophes païens se demandaient sérieu-
sement si un esclave avait une Ame. Le maître
l'achetait, le vendait, le tuait même quelquefois,
en faisait ce qu'il voulait, comme si le* esclavea
eussent été une partie de son bétail.
L'Eglise de Jésus- Christ vint apprendre aux
hommes la plus vraie et la plus belle fraternité en
leur enseignant à dire ensemble, avec le Rédemp-
teur : X S'jtte Père, qui êtes auT cieux... »
Mais, si pour abolir peu k peu et sans secousse
l'esclavaee, comme l'a fait l'Eglise, Il était néces-
saire d'''<-,lairpr et d'adoucir le cœur des maîtres, il
n'était pas moins indispensable de relever le niveau
moral de» esclaves, car beaucoup vivaient dans un
tel abrutissement qu'ils n'étaient pas capables de
porteries avantages de la liberté.
L'aSCLAT» POTAVIMirB AfWAÎfCBI» PA» jésOS-CIlRIST
DgVIBMT PLDS LIBBB BT PLC3 XOBr.R 0"8 ï"iN MAITHE
PAisn
An commencement du troisième siècle, quand
l'empire romain persécutait encore l'Eglise, la jeune
Polaraienne fut un touchant exemple de ce que la
pràce de Jésus-Christ pouvait faire d'une esclave.
Née sans doute dans l'esclavage, celte jeune fille
était au service d'un païen d'Alexandrie, riche,
mais plein de vices. Potaraienne était extraordinai-
rement belle de visage, mais son âme était plus
admirable encore, car elle était vraiment chré-
tienne. Le démon espéra trouver en son maître un
instrument docile, pour perdre cette âme sainte. Ce
païen, en effet, croyant qu'il avait tout droit sur ses
esclaves, voulut exiger que Potamienne devint la
complice de ses crimes. La jeune chrétienne s'y re-
fusa avec une invincible fermeté.
Lequel des deux était le plus esclave: ce maître
servilement courbé sous le joug dégradant de ses
passions, ou Potamionne libre et vaillante dans la
majesté de sa vertu ?
Le.]uel des deux était le plus noble, de cette bit,,
ou de cet ange f
Le païen, voyant qu'il ne pouvait obtenir de Pota-
mienne rien de ce que réprouve la conscience chré-
tienne, la livra au préfet d'Alexandrie ; il promit
à ce magistrat une forte somme d'argent, s'il réus-
&i«sait à vaincre la constance de l'esclave; et si
Potamienne persistait dans ses refus, il lui deman-
dait de la livrer au dernier supplice.
Voilà donc ce macistrat entre l'innocent et le
coupable. Que va-t-il faire ? En digne païen, il prend
en main la cause du coupable contre l'innocent.
(Tel était lablme d'où il fallait que l'Eglise tirât la
société antique.) Désireux de gagner la somme pro-
mise, le préfet cherche quelque arPreux supplice,
dont la perspective pût effrayer la jeune fille. Il or-
donne de préparer une chaudière d'huile bouillante
et d'exposer auprès un grand nombre d'instruments
de tortures. Puis, appelant la jeune fille, il lui
montre tout cet appareil effroyable : <• Choisis, lui
dit-il, obéis à Ion maître ou voilà ce qui t'attend.
— A Dieu ne plaise, répond Potamienne, que je
souille mon Ame en obéissant aux ordres criminels
de mon maître. — Bourreaux, cria le magis trat
déçu et furieux, dépouillez-la de ses vêtements et
plongez-la dans l'huile bouillante. — Je vous en
conjure, par le salut de l'empereur, dit la pudique
vierge, qu'on me laisse mes vêtements; qu'on me
plonge plutôt lentement dans la chaudière pour
multiplier mes souffrances; Jésus-Christ, que vous
ignorez, me donnera la force de les supporter. »
Ce raffinement de cruauté parut ingénieux, on y
consentit; on commença donc & plonger ses pieds
dans le liquide brûlant et on l'y enfonça peu à peu,
très lentement, de manière à la cuire toute vivante.
Cette horrible supplice dura trois heures, au bout
desauelles l'innocente victime expira. — D'esclave
sur la terre, Potamienne est devenue reine & la cour
céleste.
Saint Antoine aimait à raconter ce trait d'hé-
roïsme chrétien; on pense qu'il en avait été lui-
même témoin, car il était venu à Alexandrie sou-
tenir le courage des fidèles pendant cette persécu-
tion.
SAINT MEKIADEC, EVÊQUE DE VANNES
Fête le 7 juin.
Mériadec, nom cher aux Bretons, est celui d'un
prince de la plus ancienne famille royale de Bre-
tasne. Il vivait au vii« siècle. Sa noblesse et ses.
richesses ne servirent, dès son enfance, qu'à rendre
plus admirables son humilité et sa charité. Telle
était sn bonté, que les maux du prochain le tou-
ctment davantage que les siens propres.
Saint llingueten, évéque de Vannes, l'éleva au
sacerdoce, malgré les résistances de son humilité,
qui ne se crevait pas digne d'une charge si sublime,
(juand Mériadec se vil revêtu de ce caractère sacré,
il se mit avec une nouvelle ardeur à l'œuvre de sa
sanctification; il doubla ses austérités et ses prières,
il vivait en grande sobriété et pauvreté, distribuant
aux clercs pauvres se» revenus ecclésiastiques, et
aux autres indigents le produit de ses biens patri-
moniaux. Illentôt, dans toute la Bretagne, on parla
avec ailmiration des vertus du saint prêtre. A la vue
de cette renommée qu'il n'avait jamais cherchée
Mcriadec eut peur; il craignit les pièges de l'orgueil,
et s'enfuit dans une solitude de Pontivy.
Là, seul avec Dieu, il passait toutes ses heures
dans la prière, et s'offrait lui-même au Seigneur
comme unehostievivante, immolée parla pénitence :
il n'interrompait ses jeûnes que par un peu de
pain, d'eau et de légumes; son vêtement était un
cilice, un autre cilice lui servait de lit. Mais la re-
nommée qu'il fuyait le poursuivit au désert : les
malades venaient à lui, et sa prière les guérissait.
Aussi, quand saint Hingueten eut rendu le der-
nier soupir, les habitants de Vannes vinrent
chercher le bon solitaire et l'cnin. nèrent de
force pour être sacré évêque. Sur le Irùne épiscopal,
il resta pauvre et austère comme au désert, mais
sa situation lui permit d'être plus que jamais le
père des pauvres et des orphelins et la lumière des
prêtres. Ses travoux et se» austérités le ravirent
trop tôt à son peuple bien-àimé. Il fut enseveli dans
la cathédrale, et ses miracles continuèrent à le
rendre cher aux Bretons.
Plusieurs sanctuaires sont dédiés à sa mémoire ;
les trois plus fréquentés sont : la chapelle du
chilteau de Pontivy, celle de Slivol, et une autre
dans la paroisse de Plumergat.
Iinp jérant l'tiiiiifMii, I*. rue Kr/in^fiU I", P«n«
SAINT MÉDARD
ÉVÉQUE DE NOYOX (iofl-oiS)
l'été le s jutii.
Un aigle étend ses ailes sur Médard enfant pendant un orage, et ce prodige manifeste à
un serviteur et à ses parents sa sainteté. C'était la récompense d'un acte de charité
généreux.
Vers le milieu du v siècle, dans un petit vil-
lage de Picardie, à Salency, naissaient deux
• iifanU qui devaient être la f/loire de leur patrie.
Mf^dard et (iodard. né* le ni(?me jour, consaTé'
i'v<%jue« le m<*me jour, devaient, nous dit le
martyroloHe romain, s'envoler au ciel ensemble.
Quoique leur vie ait et.' 1res étroilcment liée,
nou« parlerons surtout de -linl Médard, dont le
nom est resté fi populaire dans notre France.
FAUILLB DE SAINT HKDARO
Neclardus, père de notre Saint, était un noMe
leude franc de la cour de Cliilpéric. Il était né
dans les ténèbres du pai;anisme, mais les exeni
pies et les prières de «on épouse l'rolagia lui
tirent demander le baf)téiu''.
Devenu chrétien, .N'eclardus, bannissant tout
respect humain, résolut de mener une rie con-
U'J
foniie au caractère (|u"il veaait de recevoir.
Au'iii, toute super~tiliou fui chassée de celte
maison cbrélieniie, et les deux «poux brillèrent
autant par leur pii-tév leur miséricorde eavers
les pauvres que pur la noblesse ilo leur ranj; et
l'érlat de leur fortune. Dieu, qui régnait dans
cette familli'. y répandit si'^ plus anondanles
bénédiction' Les heureiiï paients ne laissèrent
pas une longue suite de descendants sur la terre,
mais il- turent rincoinparal'le honneur de don-
ner uix Ef^lises de Noyon et de Uouen deux
évi'ques qui ont r-,iiiiu;- li ."loin' élornelle des
saints.
pneuiÈBKs ^rooBs on héoabd
Le jeuiiP Médard fut placé sout la direction
des moines.
Le (ils du Irudo franc devint bienUM un savant
et un saint. Jrune encore, il e6t l'esprit de pio-
1 I.'i. i-omnic le prouve un trait de son adoles-
> Il dit un jour à un de ses c<indisr.iplM,
!•■ lilcutlière, qu'il aimait tout partirnlIA-
rit à cause de sa vertu : < \ ous •eret d'altord
M.^c franc: puis, à trente an», voiu mni
> vèque. ' Nous verrons plus loin comiDMrt m
î .' ,i!»,i .•■>ite prophétie.
>..r.i. Ill'.COIIPINSR P.kR DKS HIRACLES
L\ CUARITI-' DE UÉOAHD
Kcole chrétienne dit ccol''
les lerons de jes maîtres, I
pieux parents inspiraient à 1 - Uait> de
aéiiérosité qui faisaient pr' i .randeurs
futures.
I 11 jour, soa père le charaea de veillei à la
' 1" des eh'' " ' ■ ";■ -'acquittait
Ile fonc' uii ::iier-
ini liane poriam »ui ^■c!• ci'uincs une selle et
une hrid'- :
•' Pourquoi voyagei-roos ainsi, demanda l'en-
fant ■;
— Héla'! répond le guerrier, mon cheval \icnt
de loinher in^irl, et j'ai di> me charger de» har-
nais, ne >ai 11 inl comment j« pourrai me pro-
curer une autre monture.
— Au nom du Sei|.'neur, répond le Jeune ptar-
dien. prenez un do ces clievanx. i'
Le i.'uerrierhf.«ite; mais, pressé par Médard, il
se décide à nb^ir.
. Il s'était à peine éloigné qu'un eervitour rint
l'iij placer l'rnfant. Vu violent oraue venait
1 ■ ' itiT M.'il ird élAit au milieu Je la
'aux aile- ■• • ■
II- protéf
• m .• l'.llllé 'I- '- • ■ Il II \. ■
i « «on n.
pi aine
iru'iiii, retoui '
r li.'.t.- il'.ir. ..
Il-- romM-' il .1 :
que le nombii!
<tn interr<>«e
qui lui o-t
ii'-'i
loi
i'oniant qui raconte n
.iirivé, 't auvsit'.t, .ip:
lé de nouveau, ou constate que pas un
'I ne manque. « Mon lll«, lui dit alors .Nec-
' M' "'" 'iiii< l'ni . «I i von». |li«po<fi df
' !:- --I 11 . 11.- .•donlé et jiriei Dieu
■ ' ison» part à lia grâce et
I II • rern de -a mère
un m 1 qu'il psn'it avec
i ■ iii»;.
'•' lia;
[■; MI"-. I" i:i f, ■ . ,';r"- :•■ ■ ^iTii'" '!•; j'-iine
seisneur pour aller revêtir le membre souffrant
de Jésus-Christ.
Hien n'afllif.'eait tant le cœur du saint enfant
que les disputes entre cUrétiens. Pendant qu'il
était chez ses parents, il arriva que plusieurs
haliitanls de sou villa.'e se querellèreut au sujet
des bornes d'un champ. Comme les esprits
s'échaulTaient, MéJarl vint trouver les labou-
reurs. Apercevant une pierre au milieu du champ:
!• C'est ici, dit-il, que se trouve la véritable borne;
cesseï donc vos disputes, » et, en même temps,
il la louche léiièremenl du pied. 0 miracle! la
trace du pied de l'enfant re-le empreinte sur
la pierre dure et les laboureurs émerveillés se
rendent à la vérité.
Assidu à l'oraison, aux veilles, aux jeûnes,
Mèdanl avançait tous les jours dans les voies de
la sainteté, il était, nous disent les auteurs de
sa Tie, un pèlerin sur la terre; mais sa vie pure
et obéissante le faisait passer pour un habitant
du oiel.
aiU>Aao coHSACiui *u skrvicr dk iheu
4 •>-"••!-<> «rn'll avançait en Aj'e, l'enfant nr -■
Si - d attrait que pour la pi'-ti-. .Nectardus
ei i .-: . comprirent que Dieu appelait leur
flis an service de ses autels.
Médard et son frère furent placés sous la con-
duite d'Alomer, évéque de Veriiiiiinl. Kiisemble,
los deux saints reçurent la lonsme rléncale, et
!'!>>, ils furent consacrés prêtres pour
iité. Leur su!ur consacra sa viriiinit'- au
:»ei«.ueur.
ItienliM, une grande doalcurvint afflii-'er I
cirur de Médard ; Nectardus et Prolaiiia allèreni
recevoir la récompense destinée aux |>arents
chrétiens; ils lai- ' ' ' i it '
immortelle, ils
une Tieri.0 et deux -.mit- inMiiues.
SAIM MI[l.tRO INSTITCK LA ft.Xt DK LA Ri.
Médard vint exercer à Salency les pi .; .
années de son minislèn-, et co fut vers celle
époque qu'il institua cette félc -i (lopulaire,
connue sous le nom de fête de la Uo-lèri'. .K cet
elTel, il détacha de tes terres patnnioniales un
petit domaine qui porta jusqu'à la ll-vidution le
titre de llef de la no'* et i!<^nl les i.\.-îius, éva-
tocl è vinL't-cini ■ chaque
ann/» la illlr In
I " ' iiii. la pre-
ni N. reçut des
^ béné-
*i ' •• i'-'U*' . V 1 -.. t.» 1 i «;,< . Éi l'ii ' [1 11 1 1 iii 1 <
eiiti' reiiii ni une iii<liluli<>n si -alul.iire. Il es|
vr n me lo démon, re siiutc de ln«ii .■..n.iii.-
)•• Terluliif^u, a e»»nyé de I •
111' SI l'iiiiihle iiiiiliiiii'-. • 1.
dans celle cérémonie la le
Kn vérité, cVsl tenir bien i _ ■ n
lions du pieux fondateur, que défaire proiiter
|p diable de la générosité d'un Saint.
SAI>r MKDARO ET U» VOLaCR-
l.e prêtre de S.ilencr édillaK font le Vermi
.l'>i« p.ir l'e-» ■ ' ■ ':
Il inlirrux 1
. t ifide T'»'piii i:i 'Il I»- * i:i.i ' I 11: ' ii; ' I a
aiTaires de son Père céleste, il abandonna le
soin des choses terrestres pour retirer les âmes
des mains du fjianJ voleur, le d(?niin.
Dieu, cependant, veillait sur les biens de son
serviteur. Pendant une nuit d'automne, un voleur
s'introduisit dans une des vignes appartenant
à Mëdard. Il coupe autant de raisins qu'il peut
et, dès qu'il est asser, charrie', il se dispose à
partir avec le fruit de son vol.
Mais, pendant ce temps, nous rapportent les
actes de saint Médard, le gardien ngilant d'Israël
ne dormait pas, il priait pour «es amis et pour
ses ennemis, ainsi qu'il convient à un homme de
bleu. I.e voleur voulait fuir avant l'aube, mais
«es efforts furent inutiles. Toute la nuit, il ena
dans la vii'ne, ne pouvant en trouver l'issue, ni
-e débarrasser de son fardeau accusateur.
Arrélè dès le matin par les habitants, il avoua
«r» faute, et il allait subir la peine due à son
larcin lorsque Médard apparut. Kempli de l'esprit
de mansuétude et de miséricorde, le Saint répri-
manda le larron; lorsqti'il le vit repentant, il
lui donna, avec l'absolution de son vol, une
abondante provision de raisins.
Un autre voleur lui avait dérobé ses ruches;
mais, par une permission de Dieu, il fut tellement
tourmenté par les abeilles que, poussé autant
par l'aifuillon du remords que par celui des
petites bêles vol<?es, il fut contraint de venir se
jeter aux pieds de l'homme de Uieu pour deman-
der son pardon et sa délivrance.
L'ne autre fois, c'était une génisse qui avait
tenté un homme désireux du bien d'autrui. Pour
cacher son larcin, le voleur avait rempli de foin
la clochette suspendue au cou de l'animal. Mais,
rt merveille, voilà que la clochette sonne, ne cesse
de sonner, .^insi découvert, le larron est conduit
vers le Hienlieureiix c^ui lui montre la grandeur
de sa fawte et les dan:.'ers d'une vie coupable.
Après lui avoir fait promettre de changer de
conduite, il le renvoie avec une bonne aumône
et sa bénédiction.
Si Dieu défendait par des prodiges les pro-
priétés de son serviteur, celui-ci se montrait le
vaillant défenseur des droits de la Sainte Eglise.
L'année des Francs, sous la conduite de Clotaire,
après avoir pillé la forteresse, les églises et les
monastères de Noyon, s'avançaient vers Salency
avec des chariots remplis de butin. Tout à coup,
les chevaux s'arrêtèrent, et, pendant trois jours,
demeurèrent dans une immobilité complète. Les
«oldats et les chefs vinrent se jeter aux genoux
■ le saint Médard qui leur parla arec tant de force
't d'éloquence ^lu ils promirent de restituer tous
les biens qu'ils s'étaient illicitemeul appropriés.
A la parole du Saint, les chevaux purent
reprendre leur course interrompue.
tfPISCOPAT DE SAINT MIÎOARO
Le moment choisi par Dieu pour faire briller
relte belb' lumière était arrivé. Alomer, évoque
de Vermand. venait de mourir, l't, d'une voix
commune, clergé et |>euple élurent pour lui
succéder le pr^Hre de Salency.
Celui-ci, «e iu):'eant incapable de porter un tel
fardeau, refusai l^ii^'lemps. La multitude conster-
pi'c .-rlata en r'iin--fmeiils. Enlin, la volonté de
Dieu étant manilcs('-, Médard consentit à accepter
le red'iulable honneur que son humilité voulait
éloi;.'ner ot. quelque« jour* plus lard, saint Hemy
de fteim» ronsacr.iit le nouveau pontife.
!>;« temps étaient diflicile» et troublés, la
(iauic avait été dévastée par les Vandales et le»
Huns; la cité de Vermund, détruite par eux, ne
s'était pas relevée de ses ruines. Les Francs,
maîtres désormais du pays, commençaient à prê-
ter l'oreille aux doux enseignements de l'Eglise;
mais il faudra longtemps aux évêcjues et aux
moines pour faire l'éducation chrétienne de ce
peuple, à peine sorti de la larbarie et appelé
à de si grandes destinées. En attendant, Médard
dut transférer le siège de son évèché à Noyon
dont la situation et les remparts oiTraient plus
de sécurité dans cette période de guerres et de
ravages continuels.
A peine l'huile sainte avait-elle coulé sur le
front de saint .Médard que le siège de Tournai
vint à vaquer par la mort d'Eleuthère, pasteur
de cette cité et ami de notre Saint. C'était à lui
que Médard, encore jeune, avait prédit (ju'il
serait élevé à l'épiscopat. L'évéque de Noyon
voulut assister aux funérailles de son ancien
condisciple, et, dès qu'elles furent terminées,
un jeune de trois jours fut indiqué pour se
pré|>arer à l'élection nouvelle. Plusieurs noms
avaient déjà été proposés, lorsque, par une inspi-
ration subite de l'Esprit-Saint, toutes les voix
se réunirent dans une acclamation unanime :
« Médard, évéque de Noyon et de Tournai! » Le
Saint, alléguant que les canons s'opposaient
à une telle nomination, se hâta de refuser. Mais
le roi, les évèques, saint Remy et le pontife
suprême de Rome, considérant les besoins de
ces églises, ratifièrent l'élection et Médard dut
accepter ce double fardeau.
SAINT GILDARD
Pendant que Médard montait sur le siège de
Noyon, Godard ou Gildard, son frère, était sacré
comme évéque de Rouen. Avec saint Remy, saint
Médard et saint Vaast, il eut le bonheur de tra-
vailler à la conversion des Francs et à leur affer-
missement dans la foi. Poussé par des signes
manifestes de la Providence, il conféra l'onction
des pontifes à saint Le, qui n'était ài;é seulement
que de douze ans, mais qui avait la prudence et
la maturité d'un vieillard. Cildard termina son
laborieux pontificat en même temps que son
bienheureux frère et tous les deux méritèrent
par leurs vertus d'être placés sur les autels.
TRAVAUX APOSTOLIQUES DE SAINT UI^DARD
Le nouvel évéque se donna tout entier au salut
des âmes et à la ruine de la pul^^sance du démon
qui exerçait sa tyrannie sur les deux dincèses.
On ne s'aurait raconter ce que le Saint eut
à souffrir de la nart des infidèles : souvent il se
vit menacé de la mort, et condamné par des
furieux au dernier supplice ; mais, comme il était
inébranlablr au milieu de ces persécutions et
qu'il souffruilJous ces mauvais traitements avec
mil' ronslance qui ne se démentit jaimis, il
dompta enfin la dureté des infidèles et des liber-
tins et, en peu de temps, il fil lanl de conversions
et régénéra tant d'idolâtres dans les eaux du
baptême, que la contrée changea de face et qu'on
y vit reluire avec grand éclat la lumière du
christianisme.
Forlunat nous fait remarquer en sa vie qu'il
lit spirituellement tout ce que Notre-Sei»jneur
promet dans l'Evangile aux prédicateurs apo-<lo-
iiques. Saint Médard, en effroi, chassa les démons,
parla des langues nouvelles en annonçant la
vérité aux infidèles: extermina les serpent- ■ ri
préparant les chrétiens à lutter contre le-
bûches du serpent infernal; il hul tlu poison
Fans en èlre olîensé, lorsque, recevant la con-
fession des pécheurs, ii se reinplil Ju venin de
leurs crimes !-aus que la puielO <le sou iine en
fût altérée; eufin, il ;;uérit l.-s malades laul de
leurs iiialniiie> corporfllo^ ■! !•■ ■!•» Ifurs maladies
spirituelle-.
SUM JIICDARD KT SAlNft HADECONDE
i'endant que Méd.ird occupait le siè^e do
Noyou, une jeune reine de France fuyait les
délices et les danyer? de la cour. Radegonde,
c'était le nom de la fuj-'ilive, était venue se jeter
au\ fjenoux du saint évé.|ue et le suppliait de
la consacrer au Seigneur et do lui donner le
voile. Les sL-iv'iieurs francs, qui avaient envahi
la basilique, arrachèrent violemment révè<|Uo
de l'nulel 't lui enjoiijiiirei»* avec menace de
ne ! '■ T aux désirs de l'épouse de leur
roi •■>itait.
11. I ■ . ...1. la irùs bienheureuse Rade^'ondo
s'éUit reliréo dans le Sitcrnihim sacristie . Là,
ollr I oupa elle-même ses cheveux, et vint,
ii\élue d"un habit de religieuse, se prosterner
ilevant le Pontife : " Si vou<! larde;, plus lon;;-
(emps à me consacrer au ;Sei;;neur, dit-elle, si
vous craiunez plus un homme que Dieu, le bon
Pasteur vous demandera comptie de l'Ame de sa
brebis. »
Ces paroles furent prononcées avec une telle
majesté que toute l'assemblée demeura comme
interdite. Le llienheureux, voyant ses craintes
se disniper, brava les menaces des sei;:neurs
francs et consacra Radegonde à Dieu.
Avant d'aller dans le couvent de Poitiers faire
pénitence pour celte France dont elle avait été
reine, Rade^'onde déposa sur l'autel ses riihes
l«arures, son diadème, et distribua son trésor
aux pauvres.
.MORT l>R S.MNT UKOARO
I ne ;:rave maladie viut arrêter l'apAtre au
milieu de ses travaux et l'avertir que le jour
des recompensesapprochait.il était alors àNoyon.
A celle nouvelle, des milliers de fidèles vinrent
recevoir une dernière fois la bénédiction <ie
leur père. Clotaire vint incliner sa tète couron-
née sous la main bénissante de l'évéque; puis,
se penchaul ù son oreille, il lui demanda s'il
avait des ordres à donner : >■ Roi des Francs et
vous tous qui m'entourez, dit le mourant, je
vous prends à témoin ijue je veu.v être enterré
ici au milieu de mes enfants. » Le roi le supplia
de permettre que son corps fût enseveli à Sois-
sons. Médard se rendit à ce pieux désir, puis
conimença une prière. Elle devait se terminer
au ciel.
lue foule nombreuse, tant du peuple que de la
noblesse, voulut assister aux obsèipies du saint
évi'M|ue. Les habiUints de Noyon auraient bien
voulu garder au milieu d'eux les restes de leur
Père, mais le roi tint ferme et voulut ijue le
corps fût déposé à Crany, près Soissons. CJotaire,
aidé des plus nobles seif^neurs, porta le précieux
fardeau. Ce fut un vrail triomphe rehaussé par
de nombreux miiacles. Les aveugles recouvraient
lu vue, les sourds enlendaienl, les captifs voyaient
tomber leur* chaînes, en un mot, saint Slédard
contihuait à proté^'or son peuple.
(Juand on fut arrivé ù Crany, où le roi avuit
résolu d'élever une éfilise, le cercueil devint
immobile cl nulle force humaine ne put le
remuer. Aussitôt, Clotaire fit don à la nouvelle
église de la moitié du domaine et le précieux
fardeau put être Iransporlé. L'église, commencée
par Clotaire, fut achevée avec inaf,'niliceiu-e par
Ses successeui-s el on y vit jusqu'à quatre cent-
religieux v chanter jour et nuit les louan^^es de
Dieu.
I)ai;:ne saint Médard, dont le nom est cher à
tous les Kraneais, protéf.'er les familles cbré-
tieiiues, préserver 1 enfance des mauvaises doc-
trines, susciter îles saints qui viendront sanclilier
notre patrie qui fut aussi la sienne, el revoir
un cortège de moines priant Dieu el édillant les
peuples a l'ombre de son tombetiu.
liDp. -«rranl. PrnmmiT, t. me Krançoii I". Paru.
SAIXT COLOMBA, APOTRE DE L'ECOSSE
Fêle le 9 juin.
Saint Colomoa, apôtre de l'Ecosse, sacritie à Dieu sa fortune, ses goûts, sa patrie.
Colomb ou Colomba, appelé aussi Colomkille,
c'est-à-dire fondateur de cellules, était oriyiiiaire
d'Irlande, de la grande famille des O'Neil, mai-
tresse de tout le nord-ouest de l'île. Il naquit
à Gartan, dans une des réyinns les plus sauvaj^es
du comt»; .iclucl de l)nnej;all, le 1 décemlire 521.
On y montre encore la dalle sur laquelle repo-
sait sa mère quand elle le mit au monde. Qui-
conque, disent les Irlandais, passe la nuit sur
cette pierre est (,'uéri A jamais de la nostaL'ie,
qui fut. comme nous le verrons, la [ilus dure
éjireuve de notre >ainl; les Irlandais du pays,
obli^'és de s'expatrier, vont vénérer cette dalle
pour éprouTer sa saluUiire inilucnce.
Di-s sa plus tendre enfance, Colomba fut confié
au prêtre qui l'avait baptisé et qui lui donna les
premiers rudiments de l'éducation littéraire. II
fut familiarisé dès ses premières années avec les
visions célestes qui devaient tenir une si i.'rande
place dans sa vie. Son ange gardien lui appa-
raissait souvent.
Un jour, il reçut de lui l'invitation lie choisir
enlre toutes les vertus celles qu'il lui plairait
lo plus de posséder. " Je choisis, dit le jeune
adolescent, la virginité et la sagesse. .> Kt aussi-
lot il vit apparaître trois jeunes filles d'une mer-
veilleuse beauté qui se jetèrent à son cou comme
pour l'embrasser. Le pieux jeune homme fronra
les sourcils et les repoussa rudement :
•• £h quoi ! direiit-ellc«, tu ne nous recon-
n.iis pa" ? — Non, pas le moins du mon(i<\
répondit Colomba. — Noug sommes trois sniir^
que notre père te donne comme fiancées —
.Mais quel est donc votre père ? — Notre père,
17!
Kii'inii.
■ liiil. -
ff (li^
i|u un rliarpenticr. Colomba, lui, ;i s.HTifii!' le
^repli(> lie l'IilaiiJe, qui pouvait lui appartenir
•î,est Jésus-Christ, le Sauveur du monde. —
•^ertes, réplit|ua l'ad"lescent, vous ix\i-i lu un
IV-re bien iUu--tre, mais quels sont vos noms? —
Nous nous appelons Virginité, Sa^ie^se et l'ro-
j'Iiétie, et nous venons pour ne plus le quitter
et pour t'aiiner à jamais d"un incorruptible
amour. "
COLOMBA KTLtlIANT
De la maison du priMrf o;'i il avait commence
son éducation, Colomba pa>sa dans une de ces
:ji,aidi'S écoles niona-lnjucs où ne se recrutait
|i 1- -iMiIcmi-nt le ri- u,- de rK:;lise celtique, mais
on se rorm.'iieut aussi les jeunes laïques de toutes
les coniiili'>ns.
.Sa nai'S.ini'c royale lui valait, au sein de ces
éro|»s. ib- li'iini'iMS qui ne plaisaient pas tou-
jours à -I- coiiipa::nons. L'un de ceux-ci, nommé
(|ni, plu- lard se convertit et devint un
'iiiili.nail de la primauté que semblait
rr Colomba, et la lui reprocha un jour
lit . Mais, pendant ipie les deux étudiants
.1. lient, surtint un messager céleste qui
dposi devant Kiéran une tarière, un rabot et
une roirnée en lui disant : •■ Ite^arde ces ouliK et
i.ippelle-toi que c'est tout ce que tu as sacrifié
pour l'amour de Dieu, puisque ton père n'était
n rbarpi
lie de r
jiar le droit de sa naissance et la ;.'r:iudeur de
>a race. >• \ ces paroles, le débat fui clos et Kié-
ran devint le plus ^'raud ami de Colomba.
COLOUBA POÈTE KT PROPHÈTE
Colomba achevait ses études et avait déjà
reeu le dia-nuat, quand arriva au monastère où
il >e trouvait un vieux barde chrélien, nommé
Gemmain. Le jeune diacre, qui fui toute sa vie
épris de la poésie traditionnelle de sou pays,
voulut se mettre à l'école du barde et partager
ses travaux. In jour qu'ils étaient sortis tous
deux de l'i-nceinledu couvent et (ju'ils chantaient
. ) . Mil'li a une certaine dislaiii:e l'un de l'autre,
. I , ir lit .111 loin une jeune enfant [loursuivie par
un bri:.'aiiil. A la rue du ^ieux barde, ello accou-
rut de toute* ses forces vei-s lui, espérant son^
! ■ iver un- ' ' •. ' .!')rité
'iilenlil iix.
. . : > . . . ^,,.,,, ^ ,, ,.|,.,,. pnur
il I . ureiie jeune (llle.
< ' ' •■" iiifiyen Af leurs
leur la rejoi-
ns, il lui (.erra
I' 'Il 1 . cl la laïAsa morte à Icur^
i !• 1-11 il il •-'i-li>i:.'ner, iiuaiid le vieil-
ii'ird, il<;v'ile, -e tourna vrr^ (édoniba et lui dit :
- iu<qua qii iiid liirii lai'.-era-t-il impuni ce
crime qui n»ii le Y
— Ju-qu'à In . répondil lJ>lomba, el
' ■ phi-. I.iiil, (<ii .1 till<! heure même ou l'àme
I . . it.- iniM>r»iii>< in-'iiic uu ciel, l'Ame de ooa
'Il enfer. ■ Et à l'iustanl
'in I '.-lenlil
I loin la
■ 'Ce, on ms, noir*
que moino pendant la première partie de sa vie.
Il en avait l'humeur vagabonde, agitée el ardente.
LE PSAUTIER DE COLOMBA
Comme beaucoup de saints irlandais, dont l'Iiis-
t'iire a paidé le souvenir, il aiiiiail passionné-
ment à voyager. \ cette passion s'en joiijnit une
autre qui lui valut plus d'une mésuvcnlure : celle
des beaux manuscrits.
Les livres étaient alors très rares. Colomba
allait partout, en qu-He de volumes à emprunter
ou à transcrire; il essuyait souvent des refus
qu'il ressentait avec amertume. Cette passion
causa le plus ^jrand événement de sa vie, ipii le
transforma de poète va;:abondet d'énidit acharné
en missionnaire el en ap'Mre. Ce trait montre
loinmenl notre Suint, mal;;ré ses vertus et ses
miracles, se laissait earore aller parfois à la
colère vindicative de sa race.
Klant en visite chei son ancien maître, Finnian,
nbbé du monastère où il avait étudié, (.^doinba
trouva moyen de faire à la h:\te une copie clan-
destine du psautier de cet abbé, en s'eiifennanl
la niiil dans PE^jlise où le livre était déposé, el
en s'écLairanl pour ce travail nocturne d'une
lumière miraculeuse ipii s'échappait de sa main
caurhe pendant qu'il écrivait et dessinait de la
droite.
L'abbé Finnian, apprenant ce qui s'était passé,
s'indigna de ce qu'il re;:ardait comme un larcin
et réclama la copie, dès qu'elle fui lerininée, eu
se fondant sur ce qu'une copie faite suis per-
mission devait appartenir au maitre de l'a-uvre
ori;.'inalc, vu que le livre transcrit est le llls du
livre original.
Colomba, jugeant sa paternité encore plus
incontestable, refusa de se dessaisir de son
uavre. Iji cause lui portée devant le roi de toute
l'Irlande, en son p;ilaii> de Tara.
Diarinid, monarque suprême de toute nie,
élail proche parent de Colomba. Cette circons-
luiiC'- pouvait le rendre suspect de partialité en
sa faveur; cependant, il se prononça contre lui.
Son luaemeiil -e formula en un dicton rustique
qui i'i>sa en proverbe chez !■ us : " /l
r/iii<,'(riacA* sonuroM.'el.parcoi, > ''liaquc
livre la copie qui en est tirée. .. (^ol'iiil'.i prolesta
hnulement : " C'est là, dit-il, une iienlenre injuste
et Dieu me »
Sur ce* • -, un jeune prince, llls d'un
roi tribut.i uivi comme autour d'un
ineiirlre in -, étant venu se réfui-'icr
uiprés de i .....,.-. !.. i.( mettre
a mort. Al ronnut
(,l 1- .!. II. ].■ .loiit
Il ndaleur
,M ;. lu-, .-I
(.
1.
!■■
a iii>
iîiiqii'
'MJIIlll. 1.
devant te*'
{Nil
"Il client, li itii-iiac'i le rm li'uut)
iiire : .. J'irni, lui ilil-il détionrrr
u inei- prorb»i> i ■ ' '
I. riMiiinin'l" d" i
inr rapUf
... i.ilaaco de
i^dooiba «'évaiU U nuil do U oov
CHACUN HEf OIT I.A PEINE DE SA lAlTE
Parvenu dans «a province, Colnmba ne né-'liaea
rien pciur*"ul«>vtr conire le roi Uiannid le^ clans
nombreux ei puissants de ses [noclies fl anïis.
Se» elîorls luivnl couronnés de succès : la nord
et louLsl de l'Irlande prirent les armes contre
le roi «uorème. Celui-ci uiarclia au-devant d'eux,
mais il fut cora|>lélement vaincu et otili.''!' de
rentrer prei-quc !^eul à Tara. Ce succès fut attri-
bué à Cohinilia. ijui avait jeûné et prié de toutes
ses forces pour obtenir du ciel le châtiment de
l'insolence royale.
La cause de Colomba étaitjuste; mais il avait
mis trop dopiniàlreté dans la veneeance. Aussi
les évi^que*, rassemblés en synode prés de Tara,
l'exi-onimunièreiit en son absence pour avoir
fait verser le san'^' clirélieii.
Colomba voulut d'-fendre sa cause. Il se rendit
au synode qui Pavait frappé sans l'enlendi-e. Il
y trouva pour défenseur un abbé nommé Bren-
dan qui. à la vue de son illustre ami, se leva et
alla l'embrasser :
■ Comnifiii, lui dirent quelques membres du
sjmode, pouver-vous donner le baiser de paix à
un ixcomtfiunié? — Vou« feriez comme moi, leur
réphq.ia Itt'-ndan, et vous ne l'aurier jamais
eii'oininuniési vous pouviez voir ce que je vois:
une i-ii|oiitie de feu qui le précède et des an;;es
qui l'ai-compatmeiit. J? n'ose mépriser un bomme
destin" par Uieu à élre le i-uide de tout un peuple
vers la vi.> éiernelle. . tiiAce à ces paroles et à
un examen [dus allentif des événements, l'ex-
coni m imi'-al ion fut levée, à condition que Olo.-nba
s'efTori'er.iit, par la [irédicalion, de sauner au
Christ autant d'àmes pai>'nnes qu'il avait péri de
chrétiens dans la bataille.
EXH. DE COLOMBA
Depuis bien de» ann-'es, Oien appelait celte
Ame vi;;oureiise à se donner à lui s;ins réserve.
.M lis. jusqu'ici, elle avait comme oscillé entre ce
ft'^iix appel et l'Apre iin|iétuosité de sa nature.
A celte époque, Colomba songea à nne vraie
conversion.
Il erra lon;Jemps de solitude en solitude, de
monastère en inoiiast'Te,à la recherclie de saints
reli-"ieiix,iiiallrf»en fait de pénitence et de vertu
chréiieiin». Ie« inli-rro^ieant avec anxiété sur ce
'ji' il I II 'lit faire pour obtenir de Dieu le
pli' I . !o meurtre de tant de victimes.
L II -ami iii"ine qu'il lonsulla lui conseilla de
t'esilcr à jamais de l'Irlande, Maisré la blessure
r ■ ' (lie cette décision faisait à son âme,
obéit. Il s'eiiiharqua, emmenant avec
lui 1 ■ d'' «''s.di'i-iples qui n'avaient pu se
ré'ii'iier.i s.- .. .ir-r de h'iir mallre i."»*»;!'.
Il i' • -M- i , .1.. .Il-, ,.ti., , ,111 ilnl désert.
ai ; •■! tri-te r^pn'--
-•II !! ' dominé par un
qui ne sellara jamais complètement
.!• IIP : le rei-'rel de la p)itri>^ perdue.
Mai». -1 I 11' I •■ [i: ni ''lé la lri«lesse dont l'exil
inouil.i I .■ '■ I •iMinba, elle ne le détourna
pas un m a mission expiatoip'.
l'n» f'>'- avec ses cnmpa:;nons dan»
-eit,«J "Il illait raTonn"r sur la iirande-
1 n fni .-lit. tienne avpc la vio monan-
' Il craduel i pn's
■>n lin i plus
IP j'ii»- ir-ii^. !• prii* iiiiiiirii#» PI !•• iiiii. I' ci'iip
de» homme<>. .iienouillé devaat le» étranger» ipii
arrivaient à lona ou devant les relii'ieux qui reve-
naient du travail, il les déchaussait, lavait leui-s
pieds et les baisait avec respect.
Mais la charité remportait encore en lui sur
riiuinilité : aucune nécessité spirituelle ou cor-
porelle ne le trouvait indill'^rpiit.
Il était aussi dur pour lui-même que doux
envers les autres. Il passait tout le jour et une
i.'ranile partie de la nuit dans la prifre, le tra-
vail des mains et la transcription de< manuscrits,
La renommée de ses vertus lui aiiiia bientôt
de nombreux visiteurs qui venaient lui demander
conseil ou vivre sous sa direction. Le nombre de
ceux qui embrassaient la vie reliL-ieuse était si
considérable que l'étroite enceinte d'iona devint
bientôt trop restreinte pourcette foulecroissaiite.
Elle dut laisser sU'-cessivemenl échapper de s. 5
murs de nombreux essaims qui allèrentimpinnter
dans les iles voisines et sur le conlitient écos-
sais des communautés soumises à l'autorité de
Colomba.
Nnn seulement Colomba envoyait ses disciples
convertir les peuples qui entouraient son île,
maislui-méme, chaque année, quillaitsmi abbaye
pour travailler à les irastner au Clirisl. Ses efforts
ne furent [>oinl stériles: tous les habitants de
l'Ecosse du .Nord quiltoi-ent, A sa voix, les jrros-
sières superstitions de.« druides, pour embrasser
la doctrine évan^lique.
COLOUBA RETOm.VE EN IHLANDB
Mais ces missions peu lointaines ne pouvaient
absorber toute son ardeur; il allait souvent à
lowa, où le soin d'une colonie irlandaise, éi.iblie
depuis un siècle au sud de son île, venait s'ajouter
à ses anti-es labenrs. Prolltanl de ce r.éle, .\idau,
élu roi de ce petit Etat, en ;i74, voulut alTermir
sa royauté en se faisant sacrer pnr le saint abbé.
Cependant, celte colonie scotiqne était encore
soumise par une redevance annuelle aux monar-
ques irlandais. Colomba prit la résolution de
proliler d'- l'induence qu'il avait dans sa patrie
pour l'affranchir de ce tribut. En consr-queiice.il
retourna dans cette Irlande, qu'il croyait ne
jamais revoir, en compai:nie du roi qu'il venait
de sacrer, pour s'entendre avec les principaux
chefs de ce pays,
Depuisle départ de Oilomba,lesaffaires avaient
marché. Diarraid, le persécuteur du Saint, était
mort tristeini'iil dans un combat, et av;iit été
remplacé sur le tr(^lle suprême do« Irlandais par
Aidh, de la même famille qup Colomba.
.^ussilrtt qu'il apprit l'arrivée de son cousin, ce
roi convoqua on synode à Dnimceilt, où fut
acceptée, pour la colonie irlandaise, rimmiinil'
do tout tribut.
An sortir de cette assemblée. Colnniba visita
tous li^s monastères qu'il avait fond'-s jadis avant
«on exil, marquant son \oyajepar d s :.'uénson<»,
• dps préiliclinns ou des révélations niiracnleiisp,;.
Il reçut de Ions les rpli^'ieux, qni If revanlaienl
comme nn saint, l'accupil le plus empiessp.
" I 11 .jour, ilit la lé-'eiidi'.l° Saint «e troiitait aa
milien des Frères d'nn rn'-.m<.!.'re qu'il avait
l'->i,dé. lorsqu'un pauvre 1 r à l.i langue
• paissp 0} i r^specl pin- "rp. employé
aux '1 les plus viiçs, te ;:lisva dans la
l'oiile. 'liant du tTaiid abb^. 'ans être
if'pic 11. tnut ho le bord de sa robe par derri- P'-
^I^t■i l'.olomba «e retourna, et. prenant rpnfin'
l>ar le ron, se mit à l'embrasser. Les rp|i jr.M
••'pxclamérenl : •■ Ij^clier. donc cp petit iinb<'Tfl '
l'.itierice.dilColAmbn : puis, «"adrï^sani à l'en' ml
qui tremblait «Je pcnr : 'Mon fils, ouvre ta boiirhe
et montre-moi la lanL!ue. » L'écolier obéit, de
plus en plus inlimiile ; l'abbé fit le si^-ne de la
Croix sur sa lall^'ae et ajouta: c Cet enfant, qui
vous parait si int'prisable, que lle^^onlle ne le
méprise désormais! il (,'randira chaque jour en
sagesse et en mmIu, il comptera parmi les plus
(.Tands d'entre vous ; Dieu donnera à cette lan^ue
que je viens de bénir le don Je l'éloquence et de
la vraie doctrine. »
La prophétie se réalisa à la letti-e : l'enfant
devint un grand saint il un ;.'rand docteur placé
sur les autels et honoré .-ous le nom de saint
Ernan.
Colombaparcourut ainsi toute rir)ande,semant,
pour ainsi dire, li- miracles sur ses pas.
De retour à l"na, il était toujours présent à
ceux qui lui étaient chers, car il lui était donné
d'assister à leurs souffrances, malgré les dis-
tances, et de les aider de ses prières.
l'abbk d'iona
Malgré les incommodités et les faiblesses que
la ^i(■lllesse apporte avec elle, le saint abbé était
tnuiours en course. TantiSt il allait affermir les
l'ictes dans la foi, lantùt il allait en Irlande ré:;ler
les affaires de ses monastères; bientôt, accablé
de fatigue, il se sentit obligé de rester à lona.
A ce moment, les apparitions an;;éliques
devinrent plus fréquentes qu'elles n'avaient été
jusque-là. Les citoyens de la céleste |)alrie
venaient consoler et fortifier leur futur conci-
toyen. Celui-ci avait bien besoin de leur secours
pour ne pasfaiblirdans les effroyables pénitence!;
qu'il s'imposait.
Car, parvenu au terme de sa carrière, ce grand
serviteur de Dieu se consumait en veilles, en
jeune'!, en macérations. Sa vie, remplie de tant
ide uénéreu.\ combats, de tant d'épreuves. de tant
de travaux consacrés au service de Dieu et du
prochain, ne lui semblait encore ni asseï pleine
ni assez, pure. A mesure qu'il approchait du but.
il redoublait d'austéi ités. ('.haquc nuit il se pl<>n-
ccait d.ins une eau ;;lacée et y restait pendant le
temps i|u'il lallait pour réciter un psautier.
lin jour, il rencontra une pauvre femme nui
ramassait des herbes sauvages et même des
orties; il la (picstionna et apprit d'i-lle que sa
misère la réduisait à n'avoir pas d'autre nourri-
ture. Sur quoi, le *ieil abbé se reprocha amère-
ment de n'en être pas encore arrivé là : <• Voilà,
dit-il, cette pauvre femme qui trouve que sa
. misérable vie vaut la peine d'être prolongée àce
- prix! Lt nous qui prétendons mériter le ciel par
nosaustt'-rites. nous vivons dansie relâchement. •'
Henlré au monastère, il ordonna qu'on ne lui
fervll plus d'autres mets ipie les mêmes herbes
sauva;;es et ameres dont la mendiante faisait h.i
rér*-ction, et gronda son serviteur qui y avait
mêlé un peu de beurre.
[ji beauté de son Ame affranchie par tant de
mortifications des entraves du corps respleu-
dis«ait à l'extêiieur par une lumière céleste qui
le nuivait partout.
O symptôme avant-coureur de la délivranit
. iii.iniresla pendant plusieurs années avant l.i
. vie «pi'il espérait voir arriver plus iM.
reste d'etistence dont il aspirait à être
lui était disputé par l'iiioour filial de
les et par le» ard'-nte» prières d<*«
t hi ■ !■ . s par «on lèle. Ils obln •
de 11 ■ ' de leur l'ère Serait prci :
de.;
i:< . iitlnua «M travaux apodtnlique^
M.ii>, I I U X luin aOT, il voulut visiter une
dernière fois le monastère. Appuyé sur son fidèle
ministre, Diarmid. qui l'avait suivi d'Irbinde. il
se rendit au grenier du couvent pour le bénir. En
y voyant deux grands monceaux de blé provenant
de la dernière récolle, il dit : •• Je vois avec bon-
heur que ma chère famille monastique, si je dois
la quitter cette année, n'aura pas du moins à souf-
frir de la disette.
— Père bien-aimé, lui dit alors Diarmid. pour-
quoi donc nous conlrister en nous pailaut de
votre mort prochaine?
— Eh bien! répondit l'abbé, voici un petit
secret intime <]ne je le révèle, si tu veux me
jurer à «enoux de n'en rien dire à personne
avant mon départ. C'est aujourd'hui samedi, le
jour que l'Ecriture Sainte appelle le jour du sab-
liat ou du repos. Et ce sera bien véritablement
le jour de mon repos, car il sera le dernier de
ma laborieuse vie. Cette nuit même, du samedi
au dimanche, j'entrerai dans le chemin de mes
pères. Tu pleures, cher Diarmid, mais console-
loi, c'est mon Seigneur Jésus-Chrisl i|ui daigne
m'invitera le rejoindre; il m'arévèlé que ce serait
pour cette nuit. <>
Après avoir prononcé ces paroles, le vieillard
s'avança vers un monticule d'où l'on pouvait voir
toute l'Ile d'Iona et tout le monastère, et de là il
étendit les deux mains pour prononcer sur le
-aiictuaire qu'il avait élevé une bénédiction pro-
|diétique:<' <]e petit endroit, si bas et si étroit,
ilit-il, sera grandement honoré, non seulement
par les rois et par les peuples des Scots, mais
encore par les chefs étrangers et les nations bar-
bares; il sera même vénéré par les saints des
autres E;;lises. »
Colomba alla ensuite assister aux vigiles du
dimanche dans l'église; puis, rentiant dans sa
cellule, il s'y assit sur les pierres nues qui lui
servaient de lit et d'oreiller. V-'esi alors i|u'il fil
parvenir à ses frères son dernier message, qui
est son testament monastique:" Voici, rhers
enfants, ce que je vous recommande par mes
paroles ;tjue la paix et la chanté, une chanté
mutuelle et sincère, régnent touiouisentre vous!
Si vous agissez ainsi en suivant les exemples des
saints. Dieu, qui fortifie les justes, vous aidera,
et moi, qui serai auprès de lui, je I interpellerai
pour vous, et vous obtiendrez de lui. non seule-
ment toules les nécessités de la vie présente en
3uantilé sufllsanle, mais encore les réconipenses
e la vie éternelle réservées aux observateurs de
sa loi. i>
A l'heure des Matines, il se leva et courut plus
vite que tous les autres religieux à ré;;li»e, ou il
s'agenouilla devant l'autel. Diarmid le suivit ;niais,
comme l'i'jlise n'itait point encore ècl.iirée,il ne
put le rejoindre qu'en mnrchaiit à làtons, et en
s'écriant il'une toix plaintive:" Mon l'ère, on
éles-vous? .. Il le IroiiVa courbé à se« ■■■i-- 'i
soulevant sa tête vénérable, il la ]to^ i
>;enoux. Toute In comniunaulé arriva bu n
des lumières. A la vue île leur père mourant, tous
l'Ii-iiiaienl. L'abbé ouvrit les veut et promena à
■ et a b'auche un recard eiiiptenit d'iiio'joie
lie et rayonnante, l'uis.aide par Diaiiiud, il
leiQ de son mieux sa main droite pour beinr en
silence tout le cliuMir des moines . Sa inain
I ■•tombée, il rendit le ilTnicr soupir
l>?s miracles qu'il nvnii fait» («•«•luit mi rit et
•m qui suivirent sa moi i
1 loin et le lTim renl i
iiii ont f .
illii-ur», ■■
11-111' I iiii m du icraiid - j
n culte
le cii'iir
urd'hui,
' lie cela
l'iip -jtrani : PrimimiiT, *. rue Krm-;!'!! I". Piri«
SAINTE MARfxUERTTE, REINE DtCOSSE
l-'i-tc le 10 juin.
M,u„ ,.lt.lKtï.K.
Salute Marguerite, la trésorière des pauvres, et son époux le roi Malcolm III, roi d'Ecosse,
distribuant leurs aumônes.
ILU-'TBK «AIJiSANCE EX EXIL
Saini' M.ir;:iiPrile naqiiil •■ii liiJH, on llonerie.
Son pure n'était autre que !•■ (iniice Kdouard, fils
à'KJmontl, roi d'AnylPlcrre. Sa mère étnil la
prince»?*; Ai;atliP, •■u'ur de l.i reine de H(>iii:mi'.
l'oiir indiquer li» mnlif de relie union iTuii
prince dWnKlctrrri' avec une |irinres<e de llnncrie.
384
il faut dirn qu'à la iniirt d'Edmond 11, surnorainé
Cûle de f*r, Caiiul. roi de Dani-niark. usurpa
la cnoronne d" Anulelerre ft eiiv.iya au roi de
Suède les deux WU d'Edmond 11.
Dans les ile^seins de Canut. \c roi de Suède
devait faire i"Jrir.les prin.e< dôlrônés; mais
celui-ci ne voulut pas tri'iii|"T ses mains dans
leur Pan:;, et îl les fit passer secrètement à la
cour il'' Hongrie, où il» furent l'objet de l'accueil
le plii< liienveillant. Uoit-on s'en étonner ? C'était
un saint qui réyn.iit en ce pays : saint Etienne.
Après leur avair i';'moi:;ne toute «on alT.'ction,
le roi de llon^Tiv •.. uliit encore ilonner la main
de sa lille uniqu.- .i l'ainé des deux frèr»»». qui
s'appelait Edmond; il obtint en m-'m* t^mps
pour le (dus j.'uii". r.i.^nar.^ la m.iin d'Auathe,
sœur de la n^ine. - •■ Dieu Wnil pr>rfi<"u-
liereraenl celle ilerL _ ion, car de ce maria;:e
naquirent, pour l'honneur de la royanté et la
gloire i\>- l'EijIise, sainte Mar^-uerite, future reine
d'Ec.wce; Christine, qui prit le voile de» rierges.
et II' jirince Edward.
\\\Mi tmCt» DE NOBUâSB
Sainte Mai ' 'it an monde avec de mer-
\eilleuses di- ^our le bien. \ji divine
Providence l;i •l-'stinail pour être le modèle des
dames du monde, de<i épouse^ elirétiennes et des
reines les plut «««es; aus<i le Seiijneur la pré-
vint-il, des son bercenn, de ses bénédictions et de
ses «rAces.
D'un cœur JtmI et uènèreux, d'un esprit vif et
pt^nélranl, d'i;-- "-'■■-.■| facile et enclin à l'a
vertu, sainte ■ faisait présager, dès sa
plus tendre > i " ■ ni.n, ni,, ^-linlelé.
Elle était I 'illes de son
àfîe : mais c ;lé I" plus
ma^'nilique i
Elle avait i ii:.'ne, de la
bouche mèni nne. «pi il n'y a pa.s
de vice plus ij< ui il»- I oisiveté, aussi
voyail-on la petite M;iit.Mi«Tile tnu|ours sainte-
ment occup'-e. 1.» tr.ivail et l'oraison, telle»
étaient les d' - préocriinal ion» de cette
ànie innocerj ' n crenr «i divinement pr*'-
jiaré, bn'ilail d-ja le leu «l'une ardente charité
pour Jésu«-ll«>stie. pour ié-ns au tabernacle, et
sa .Mère Imm i ' ' ' . "'
lue dévnli . lit qu'atti
rer sur M ■ i- un l'^t-ulrè» bon,
de i|ui (I fut.
A CAtr ... > '■■■' ... •!•■!■ - •■■l-''.
son culte pfi !
dév'l.l.r.. r 1 •
dan I
d'éi.
ritre de* jtmivm tU Jeni%-Ckn»t.
premier soin avait été de rappeler les nobles exi-
lés, réfuj^'iés à la cour dn roi de Hontirie.
I-enrretonr fut ctHébré par des chants de f^teot
des réjouissances publiques, qui, hélas ! devaient
bient(M faire place à des chants funèbres et aux
larmes.
In nouveau deuil vint les frapper : ce fut la
mort d'Edouard III. -
Un second exil va succéder au premier.
Le prince Edrard, son neveu, aurait dû lui
succéder sur le trrtne, si le droit (l'hérédité eût
alors suffi. Mais ilèlait trop jeune, disait-on, pour
porter le sceptre, et le C" llarold -e lit élire à
sa place.
Sf.n ambition ne lui servit ^juère, car il fut tué
lamémeannéeà la bataille d'ila«tin;;s, qui donna
r.\ni;letprre à liuillaunie le Conquérant.
I.e prin.p F'I ■ w I accepta tout d'abord la domi-
nation de lu chef, mais il ne t irda pas
à s'enfuir : nt avec sa sivur .Mar;.'uerile.
Le vaisseau sur lequel ils s'embarquèrent fut
assailli par une violente tempête qui b' jeta sur
les cAtes d'Ecosse. Le malheur «emldait les pour-
suivre sans merci ; mais Dieu, qui sait toujours
arriver ù ses fins, quand il lui plail, se servait
de ces revers pour conduire jusqu'au trône la
vertueuse princesse déshéritée,
.« L4 COl'R UK M M.COLM lli
Malcolm Ml était alors roi d'Ecosse; il lit aux
nobles exilés l'accueil le plus favorable, l'.e prince
avaitentre autres 'jualilés la mémoire du cieiir. Il
se ressouvint qu'il devait s.i couronne aux secours
que la famille de sainte M.ir;;u<!rile lui avait
autrefois donné> pour reconquérir son royaume
usurpé par Macbelh. Au*si, il s'estima très heu-
reux de p.i \-r cette dette de reconnais-
sance . Il . leur protecteur et leur père,
et soutint me, ••n leur faveur, avec (iuillauine
le Conqiii'raiit, une :.'uerre terrible, pour venf.'er
la caii-f de ses deux proléaés.
Cependant .Mar:.'uerite, que ses malheurs gran-
dissaient de plu-- en plus, doniuit à la cour
l'exemide d'uin' rare vertu et d'une sainteté cou-
ra^'eu-e et forte dan- lét.ienve.
M.ilciilin connut ! < plus hante estime.
Eiiii~ I'.- ■ Il 11 iiit - . it . Mil drvoir lui
ne sur le
--anl aux
qu'aux désirs
ment, dans le
aistmeiitrextension du
Mai» Dieu, qni
cet'
un'
nousL'.iu lu.tiie .1
l'-iine encore.
lan' l'ndmirition de
' r p«r
..il un
. pur.
fa douleur il
cnii^ciiN de se*
d'- ^"11 '•lenr.
.Mali iilin lui .lu
couronner reine
l.
ctmkh- de la félicité. Il In lit
d'B<wsse en Kr^o. .Margueriti'
.ivait .i|or« vini^t-tpHtre ans.
<: keCAL'I DE Norjf-
1 e« n"c.«s furent e^lf'br*»» .^i Diiniferlin. pré*
ron
«un
VtWMt
■ - éL'Ilse»
4» oxiDiT sur le iTAo* de se» |i^re« .Sas , ilo preccnis difsuM de m mm
LES TEBTCS D UNE BEINE
La pompe et le faste de la cour ne ternirent
f)oint la pureté de son cœur, et son âme ne se
aissa pas éblnuir par l'éclat de la couronne. « La
lumière ne doit pas être mise sous le boisseau,
mais sur le cliandelier, afin quelle éclaire tous
ceux qui sont dans la maison, ■' nous dit TKvan-
gile. Dieu, en élevant sainte Marguerite sur le
trône d'Ecosse, voulait exalter sans doute l'bu-
mililé de sa servante, mais aussi illumintr bon
nombre d'àiues, assises à l'ombre de la mort, et
faire refleurir pur elle la religion dans eu pays.
SON PREUIEH APOSTOLAT
Le premier soin de Marguerite avait été d'étn-
dier le caractère de Malcolm el de ^a^uor son
affection par une grande ouverture et une dou-
ceur parfaite. Elle ne larda pas à prendre sur
lui un merveilleux ascendant, dont elle sut tirer
parti pour le bien de son peuple.
Dieu permit qu'elle rencontrât en Malcolm un
époux dont les inclinations naturelles étaient
fort semblables aux siennes. Il était, il est vrai,
de mœurs un pou rudes; mais, par son alTabilité
et sa condescendance, Marguerite parvint à se
rendre maîtresse de son esprit et de son cœur.
Malcolm écoutait avidement les conseils de la
reine qui semblait lui ouvrir un nouvel horizon,
et il les suivait en élève docile.
Convertir nn roi, c'est ronvcrtir un royaume.
Mari'uerile ne l'isnorait pas. II n'est donc pas
étonnant de voir i'Kccs'ie tout entière se ressentir
de la tran- format! on de son roi. Sous l'inlluenre
de la vertiiensp reine, la religion et la justice
rellenrirent dan*; les Etats de Malcolm. .\u reste,
celui-ci n'.ivaif pa« seulement laissé à sa sainte
épouse l'administration des affaires domestiques,
il lui avait encore conlié les rênes du gouverne-
ment. L'expérience prouva une fois de plas que
les saints ne font jamais de li mauvaise besogne,
même dans les affaires politiques.
La «ainle reine s'attira bientôt le respect et
l'affection de ses sujets. Personne n'aurait osé
prononcer en sa présence une parole honteuse
ou mf'nie lécére, et la vertu seule pouvait servir
de recommandation pour avoir accès à la mur.
C'est ain-<i que son [lalais devint une véritable
école de sainteté, où se donnaient rendez-vous
les gentilshommes les plus célèbres de l'Kcosse
et I. s rnmpai-nons d'/irmex du roi .Malcolm, pour
se fiirmei' à la pratique des vertu« avant d'aller
combattre sur les champs de bataille. La reine
y réunissait ausvi quelques jeunes lilles de^ idiis
recommandables par leur virginité, et elle leur
apprenait à broder des ornements d'églises pour
doter les chapelles pauvres de son royaume.
l'rSPRIT bB FOI nA.XIIIii RN RC.OSSE
M lis •!on léle ne s'am'ta pas à cette première
.•nii.|ii ' !.. p;||,; voulut dès I or'» réprimer les graves
al>u- ;i;i «'étaient introduits parmi les Kcossais
daii- I 1 j'r.itique de la reli^'ion.
y.u fiTi I. . oiitmirement a la coutume d^- rKirlise
■' ■ ' n'obserraii-nl pno '■niii'Tement le
me. De pln«. il« profatiMinnl par
rvi|. . |.. fppns du dimancbi- •■? des
' '•■ '.' ! l'i ' ^ iivaieni an««i introduit
' ■■ ' 1 ' ;, \,'% Snii.l. M. .1. r, Us
'I I- Ci'UX d 1.'
'' i I ■ a va i I : . , /
'1' ' lirl^ur» devoir» rel'
' ' ni''me à f'Aqiie«,
r i' '■ I "u'uant comme excuse leur état
I, .1.,' . : '. •■ I . ,
' Sainte Marguerite no connut pas de repos sur
le Irène tant qu'elle ne sentit pas Jésus-Christ
ré-ner à sa place sur ses fidèles sujets. Elle
appela donc de zélés (irèdicateurs et de doctes
prélats pour rétablir dans son royaume la foi
avec sa pureté primitive, iJéraciner le vice et
raire aimer la vertu.
I>e roi .Malcolm la seconda dans cette oeuvre.
' et Ton peut dire qu'en très peu de temps l'Ecosse
I tout entière changea de face. La simonie, l'usure,
les mariages incestueux, la superstition et plu-
sieurs autres scandales en étaient victorieusement
bannis.
L.t U£aS CHRETIIÛNNB
Tant de vertus et de si belles œuvres ne
pouvaient qu'attirer les resards de Dieu sur la
reine Marguerite et son fidèle époux. La pre-
mière bénédiction que le Seii.meur leur accorda
fut certainement la lécondité de leur union.
Comme une vigne abondante, sainte Marguerite
s'entoura de hnit magnifiques rejetons qui porte-
ront à leur tour les plus heureux fruits.
Six princes el deux princesses, tous héritiers
des vertus de la reine et de la valeur du roi.
furent, dès cette terre, leur plus belle couronne.
Mais il faut dire, pour être dans la vérité', que
sainte Mari'uerite ne ménagea pas ses efforts.
lli'S leur berceau, elle le? exhortait à la pratique
de la vertu, elle leur faisait sentir la vanité
des biens de ce monde, et leur inspirait l'horreur
du péché. Kn même temps, elle imprégnait leur
cœur de cette cbarité divine qui animait le sien
propre. Elle ne leur donnait pour maîtres que
des hommes signalés par leur piété. Et enfin,
quand ses leçons maternelles ne suffisaient pas,
elle ne croyait pas manquer à sa dignité ni
diminuer son amour pour les petits princes,
en prenant en main la verpe. 0"i pareet'viiq:i\
O'Iit filivm. disait-elle avec l'Esprit-Saint : Celui
qui épargne ta rcrge liait son /ils. (Prov. 13, 24.)
LA TRh.SOniKIlK DES PAIVRKS
j Nousavonsdéjà dit comment, dèssa plus tendre
enfance, Marguerite se distinguait par un amour
iinmeii'ie envers les pauvres, qu'elle consiilérait
dé|à comme les membres souffrants de Jésus-
I Christ.
Cet amour çranditaverelle; aussi, parmi toutes
les vertu s qui ennoblissaient son àtne. ce Ile-ci était
pent-ètre la plus agréable au Cœur du divin
Maître.
Elle eût voulu être panvre h. la plac.> de^^
pauvres, et, pour les sonlaL-er, elle n'en; ployait
pas seulement ses richesses, mais elle «e dépen-
sait elle-même. .. \ji main des pauvres, disait-elle,
est la pliLs si'ire garantie pour les tn'sors du roi.
C'est un coffre-fort que les voleurs les plus
habiles ne parviendront jamais à forcer. «
L'on devine U cénérosilé d'une reine qu'ani-
maient rie pareils «entiments. Elle si' fil plus
[MiiYre que les pauvre» eux-niême« «pii lui ten-
daient la main, car elle ne se privait pa« s^ule-
ni'iit r|n superflu, mais du nêcp^saip' pour l.'ui
■•Mier toute indi^'enre, el, tandis que ceux-ri
désiraient poiséiler ce qu'ils n'avaient pas. la
-ainte reine, au contraire, désirait donner tout
ce qu'elle possédait, «e rendant .1in»i vraimeni
pauvre d'esprit, selon le conseil de l'Evancib-
I ..rcTi]' II.' ....iliil ,\n «.lin palais, elle I l.iit
de pauvres, de reilve». .f i
, : lient sur ses pas et ven im ni
lier leur reconnaissance ou rere\' ii«es
I
JlALCuLU ET MARGUERITE AU SERVICE DES l'AL'VRKS
Avant de se mettre à table, sainte Marguerite
servait toujours de ses propres inaius neuf
petites orpiielim-s et vint;t-i|uatie vieillards. Sou-
vent aussi, elle taisait entrer dans son palais jus-
qu'à trois cents pauvres. Malcolm alors se faisait
une joie île s'associer à ses liumbles services. Le
roi it la reine leur disliiliuaienl des viandes
semMalilesàcellesdeleurlalile.etilslesservaient
à penoux, par respect pour .Notre-Seigneur qu'ils
honoraient en eux.
Tous les jours, au sortir de son oratoire, la
pieuse reine Irnuv ait dans ses appartements six
pauvres. Elle s'inclinait devant chacun d'eux et
leur lavait h s [licJs, puis les congédiait avec
une aumAne. Klle vi.-;itait fréquemment les hôpi-
taux "il elle s'estimait heureuse de remplir les
plus humbles services de charité envers les
malades. .Mais son zèle ne se bornait pas à
soula-i r les pauvres de son royaume, son cœur
atlei.iiait encore les malheureux des pays
élr.iii,L;ers, les prisonniers de ;;uerre, les captifs,
et le nombre de ceux qui leur doivent leur
délivrance est illimité.
HUMILITE DE LA SAINTE
SES DERNIERS JOURS
Mais, tandis que sa vertu la faisait admirer de
tous ceux qui pouvaient l'approcher, seule elle
semblait itmorer le bien qui était en son unie,
l-ille appelait fiéi|uemment son confesseur et le
pressait de l'avorlir sans détour de tout ce qu'il
V avait de ré|irélieiisible ilans sa vie; et comjne,'
ùson avis, iHaméiia^'eail trop, elle lui appliquait
ces paroles du Roi-I'rophéte : -(Juc te jtisic me
re/irenne et me corrige, et ipie t'Itnite du jithlieiir
(c|u'elle disait être t'iidiilalioii) ne vieitiie point
oindre ma ItHe. (l's. 140.)
Cependant, les austérités et les pénitences dont
nous avons parlé avaient considérablement nlTai-
bli les forces de sainte Marpuerite. Uéja, depuis
lon:.'temps, elle en avait contracté une douleur
d'estomac qui la faisait s.'UlTrir cruellement, sans
que pour cela elle ei'il diminué en rien le nombre
de ses exercices de piété.
Mais cette lois, elle se senUiil vaincue par la
douleur ri elle dut se résigner à liarderle lit. iiieu
lui a\ait fait connaître, piir une inspiration de sa
):rAci', que le nionient de la mort approchait.
Suinte Mar;;ueritc se jirépara avec un soin
extrême ù paiaitre devant le tribunal du Souve-
"rain Jiiye. Kl jmur ne pas être confondue à ce
tribunal san- appil, elle maiiclasou confesseur et
lit devant lui une revue f/énénile de sa vie. >• Sa
componction était si vive, écrit Thierry, qu'elle
versait des torrents de larmes à chacune de ses
accusations, et je ne pouvais m'empéchcr de
pleurer avec elle. •>
Sainte Marguerite <le»ait vi\re encore six mois.
Mais elle éUtit tellement affaiblie qu'il lui fut à
peu pré» impossible de se lever. La verlueuîH!
princ^-sse, nu milieu même de ses souffrances,
n'cxhal.i jamais une plainte.
Comme l'artiste qui donne nu marbre un der-
! iii pour parfaire son u'uvre, le
lu-ver de piiriHer celte belle
... ,. . .... ...,. ,i.|,.,,
M .1 fait jus-
qu . - .. .idiieclion.
ne I ■de sr soustraire &
1.1 ' it .'ilb'i -^«Mil) ilir SCS
soldats. Il II partit donc, sans écouter les conseils
de sa sainte épouse; mais il s'en trouva mal. car
il fut tué ]iar trahison en assiégeant la forteresse
que les .Vnglais lui avaient prise. Le prince
Edouard, son fils, l'ut également tué dans un
assaut qu'il livra à la place.
LA PKLIVRANCE ET LE DEUIL
 l'heure où ils mouraient victimes du devoir,
sainte Marpuerite était tombée dans son élat de
faiblesse accoutumé. Elle dit à ceux qui l'entou-
raient : Cl II est peut-être arrivé aujourd'hui à
l'Ecosse un immense malheur. ■> (Jualre jours
après, ses douleuis étaient moins vives. Elle se lit
conduire à son oratoire où elle entendit plusieurs
messes et reçut le Corps sacré de Notre-Seif;neur
Jésus-Christ. .Mais à peine est-elle du retoui dans
ses appartements qu'elle retombe dans une fai-
blesse plus grande qu'auparavant.
Elle demanda alors la relique ■>■: la vraie Croix
qu'elle avaif. en prande vénéialion. Elle la cou-
vrit de ses baisers et de ses larmes. ICllela pres-
sait sur son ca-ur et s'en signait fréquemment.
Mais soudain, la |>orte de son appartement
s'ouvre : c'est son fils Edpard qui revient de
l'armée." Comment vont vnire péreel volrefrèrc"?
lui demande la reine. — Ils jouissent d'une excel-
lente santé, » répond le jeune prince.
Sainte Maryuerile pousse un profrtnd soupir.
<■ Je vous en prie, mon lil.s, ne me cachez pas
la vérité : je sais ce qu'il en est! >>
Contraint d'enfoncer plus avant le ;;laive de
douleur dans l'àine de sa mère, Edward avoua la
vérité. Il raconta toutes les péripéties de la méiéu
et conimenl son père et son frère avaient été
\ictimes d'une honteuse trahison. Il y avait de
cela quatre jours. Un comprit alors les paroles de
la plorieiise malade sur le malheur <|ui venait
de frapper l'Ecosse. Comme la mort approchait
de plus en plus, elle reprit : " Seigneur Jésus-
Christ, qui, par la volonté <*ii Père et la coopéra-
tion du Saint-Esprit, aver vivifié le monde en
mourant [tour lui, délivrez-moi. >■ Ce furent ses
dernières paroles. Son Ame, alTianrhie des
entraves de la chair, prit un libre essor vers les
cieux. C'était le 16 novembre de l'an lO'.iJ.
LA CANO.MSATiON — L'.V MOT d'uISTuIRB
Sainte Marguerite fut de son vivant plus admi-
rable par ses vertus (]ue par ses miracles, mais
de nombreux prodiu-es éclatèrent à son tombeau,
el permirent a l'Efilise de lui décerner le litre
de Sainte. Elle fut canonisée en <2!>l, par
Iniiocenl IV ; i iais ce n'e-<t qu'en lù'.iil qu'Innocent
.M fixa sa fête nii 10 jutn.
Lorsque l'Ei-osse fut tombée dann l'Iiérésic, les
catholiipies enlevèrent secrètement ses reliques
avec celle» de son mari, qu'on vénér.iit aussi
comme saint. I.c roi d''^spak'iie, Philippe II, sol-
lii'ita l'honneur •!' Ijur oiTrir un refui^Ec dans
son palais de .'Escurial et fil construire une
mn;;nilique rhâjM IK pour les recevoir. Ji lisait
sur I. ' ' iitcnait : Saint Mal<utm,
roi, .•< Il'-
Mai- I iiii"iiuii' ' Ni II IV Stuart avait obtenu le
chef di. I . glorieuse reine. In moine b'nédiclin
j. iecouvra,el.poiii le sniistrair-' ■"> '■■ Miialioiis
il' - impies qui auraient pu
piiila n .\nver* en l.'i'.'î. I.e K '
l'évèijiie d'Arras fit rendre il
i!' ii"ii:ieiii - iHil'li' ~ .'i • itl.'
er. il le
m liiJl.
ihédrale
! jll' ,
lu
TeraiD, duait-il, anime et soulianl le ouura($e da« ■ les l'fic!i dt: la (.oiiipuMine de it-su*.
,'rfj'il I. r&IITIlftSii)
l.n|->
rue lUv •iiil, I
SAINT BARNABE, APOTRE
Fête le 1 1 juin.
Saint Barnabe, compagnon de saint Pau), est lapidé par les Juifs de Chypre,
près de la Synagogue.
118
it parmi >e> ancêtres .Voi>
A»rc>ii et
ni ses
- - 11 de la
it le^ fioMiitr-, $ou5 la ix>nduite de
■ is
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ffnoa de saini faut.
EAKNABE PKESEXTX ACS ATOTRES PACL CONVERTI
Ouand
!Aiiï le»r
au J 'u:
5 -aies !
re.
V • i_i.;j( iii<. tiÂjatii'ii itiï 1
r^rto.
-rtr. ♦ ^^^ ^r t.
; - . .. . ;...- le
Uiel. ce fameax doctear qni. >elon
talmudiqnes, emporta daâs ie tom-
-4e la loi.
Llllostre "-ir*^ roui: tait r'n? de mille disciples
dans s- ■ a jeane Glicien,
n^mmé - sr «t>Ti 7f-\''. =«
science
le? JMir-
qui def ^
Jé?as-C; . _e.-
U se lia a-ec éUi a uûé clro^ic jj^iue.
JO
^ ATTAdE ACX PAS OC DITDE KAim
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cette «*:i. - neur à
Jérusalem.
• I>è« |f>r«. Joseph ne «« çfpsr" p1n« 'In divin
teÛe
viff-
Son c^urace lui :
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■ .. ... .V ;.. .i „i -
homme, leune encore.
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poinî, JeiU^-CtiM^l ^. reitTvaal celle
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Paul.
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crédit de B. .i -..
e. Paul fn'. U--
■ ■ t
iicru'i «in! ij- - j'.ie> ae la ne»urrecUon.
josva tmçan m kAin raau u 3<oa m aAaxAni
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-1,
-Me, JoMpk doana V
-tacbeoient admirv.
...... .raa Ghr^WHtocn -
^rail à •»« bemnii
"^liK^t de* ' '• L—* " ' ■
et en a( '
PAUL rr aAR.NABi! a AKnornE
Cef^ndant, le» fid<'l«i, di«f»«rsfts par U per-
naro
dan-
cil m.
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jonns-là. dit «linl I.nr. de» proph' !■
•. Lan .i.- -
vil.
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•\n '•<.iiA<
_"?nt iTPC 'y.
'ilOà,
Ld BOIT13S 6CBar — AJ0TB30SE — IJUMUAIION
par les
■ re, ville
tout »iir f«*
nfirriH; m leva jmér-
ia de ce pro(ii::e, eciaia, en. orie
"ni noua sons
' ilans leur
lii
Tti 'laî. T"''TnpTrnn* 'iiz iriit ifi» a
7j APonua X miGA
la •iyna-
f'iat -ia bui:)pà'-ive;f •■uatre
■frP'i, .i'fhi:-Tnt lt»nr
mt (^i
monde
.:u.-!irb daiiiïuri'-tïo ^ai' ixboiulance
. ircoarus d'AnliO'the,
nt à s<mIeT?r la
^n.'n.l k. »^ j^i l'i
ictiC te lendemain
t" -
aiie lie'» ai-DpUytea et les
; il'» i'iîmbiir-
;iirarfr ■" ;r4 l«i-! 1,1;^:;.--
' .1*7*».» /i>.'? \p*itr**
LE LEVITE JOSEPH A L KCOLB DE li.VJlALlF.L
Saint Rariiabé *^ tait juif, de la Lritni de Li'vi. 11
c'onii>tait parmi .^e> aiictUres Moîsi'. Aaron et
Samuel.
Il reçut le jour dans l'Ile de Chypre où ses
aïeux s'étaient réfu^îiés lors de l'invasion de la
Judée par les Itomains, sous la conduite de
Pompée.
Les iriands biens qu'ils y avaient acquis, jninls
à ceux i|u'ils possédaient aux environs de Jéru-
salem, mettaient leur l'uinille parmi les plus
opulentes de ta iintion juive. Rien n'égalait
cependant le tré'^or (jue Kieii venait de conlier
à leur liarde, en leur donnant un lils qui devait
un jour porter le nom de Jésus-Christ devant
toutes les nati ins de la terre.
Il fut a|'i>! I. Joseph, c'est-à-dire arcrois.'îpwienf.
l>e l("iir' li'Uie, il montra de t;randes dispo-
sition- I "iir la science et une inclination mer-
veilleii-'- [ Kiir la vertu.
Ses parents n'épargnèrent rien pour seconder
un si beau naturel, et le jeune Jnseph fut envoyé
!' ui pour y faire ses éludes sous le
'..iinaliel, ce fameux docteur qui, selon
ir- ii.iàilions talmudiqut's, emporta dans le tom-
licau l'honneur «le la loi.
L'illustre ral'hi cuni|itail plus de mille disciples
dans son école. A leur tête, un jeune Cilicien,
nommé Saul, se di>lin:.'uail par son zèle, sa
science et la pureté de sa vie. On le voyait tous
le-; jours au temple avec Ktienne, le futur diacre,
qui devait n'-pandre le premier son sans pour
Jésus-Chri-l. Joseph était à peu prés de leur â(?e.'
Il se lia avec eux d'une étroite aniitié.
JilSEPB s'attache ACS pas 01' DIVIN lUITRB
Opendant, le Sauveur commençait h remplir
la Judée de ses prodises. Le jeune lévite eut
occasion de l'entendre pnrl<T ilans le temple, et
il fut ébranlé. Le mimcle de la piscine proba-
tique auquel il assi-tane lui laissa plus de doute,
il crut à in mi-rsion de Jé-u'-Christ. et. se jetant
' ! le Mipplia .1 ' ' • lU nombre
- Jésus 1 bonté, i.l
i'- mil 'III i.iO.. 'If SCS plu- IIIMIIO"- IIIIIS.
La joie de Jnseph fut trande; il rounit en
faire part A sa tante Mar e, mère de Jeau-.Marc.
.•\ sa parole, tonte la famille se convertit, et
cette samte maison devint l'a&ile du Sauveur à
Jérusal<-m.
• Des lors, Joseph ne se sépare plu«i dn divin
Alallre, il le suit en (Jalilée, tl Jésus-Chri~l, pour
lui t'inoiL'ner -a c.-.iiliance, le met à la tôle des
IX in'' 1 pies. Vint en-nile le terrible
■ liiiio '!• I ••! de la mort du diriii Maître,
bieultil suivi de> juieii de la itésurrection.
JOMH uçoiT DR KAiirr nnaB lb xoa de HAaxAMfi
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iiiH- ne le« fiblu-enit, ils tlon-
'!''• iwioi ...'fVir lilii,. lihrfS-
ineni
Ce 1
int/'-
ressée remplissait de consolation le cœur des
.\pi>lres. et aiu'iuenla leur affection pour Joseph,
auquel ils donnèrent le surnom de Harnabé,
c'ist-à-dire enfant de lonsolalinn. C'est sous ce
beau titi-e que le monde entier vénère le coiiipa-
giion de saint Paul.
DARNAné PRÉSENTE AUX APOTRES PAUL CONVERTI
Quand l'Eylise. animée du souffle de l'Esprit-
Saint, se fut manifestée en face de la Syna;;oi;ue,
Barnabe eut part à toutes les tribulations de ses
frères. Les Pharisiens et les Sadducéens du crand
conseil, qui trouvaient dans les institutions
mosaïques la satisfaction de tous leurs intérêts,
ne pouvaient entendre, sans un fréniisseinenlde
raye, proclamer la divinité de ce Jésus qu'ils
avaient crucifié. Le diacre Etienne n'hésita pas
à imprimer sur la face de ces hypocrites de la
léfîalilé les stismales d'une (létrissiire immor-
telle. Son courase lui mérita d'être la première
viclinie de leur fureur. La populace se rua sur
lui et l'eiitraina hors de la ville pour le lapider.
i< Les témoins, disent les .tc^'.*, déposèrent leurs
manteaux auprès d'un homme, jeune encore,
dont le nom était Saul. »
C'était l'ancien condisciple d'Etienne. Carac-
tère ardent, il s'était laissé séduire par l'aiipareiite
austérité des Pharisiens, avait einbrassé leur
secle, et était devenu un vitdent persécuteur de
rEsl'"" naissante. Il entrait à force armée dans
les maisons des tldèles, saisissait hommes et
(einmes et les traînait en pri-i>n.
Hainabé eut plusieurs conlèrences avec lui,
lui prouva d'une mauiure invincible la divinité
de Jésus-Christ et le convainquit, mais il ne le
convertit point. Jésus-Christ se réservait r«lte
conquête.
Elle eut lien -nr le chemin de Damas où SanI,
ne respirant que menaces et i .ima^'e contre tes
disciples du Seigneur, tomba lomlroyé par la
Crftce. — Désormais nous l'appellerons -aint Paul.
De retour à Jéru>alem, Paul rheriliail k se
joindre aux fr«res, mais ils le rediiilaient, ne
p( . ' ■ ' ' ' iili-
\ ' 1-,
son .11111 .1 eiil.iii 'I . iiii o ■■m ijui mi l'innt
sa demeure, .^prés avoir enterulil de s» bourbe
. ' K
rand
il prê-
le chef
lusalein.
; Kur sa
l.'lé lies
le récit des mei • " ■
senta le nouvel
de rE;;lise, cl à J...
1.^ Ciédit de Rar:
parole, Paul fut a :
frères, et l'ApAlre ib- (.enliU coiiin. i
l'exercice de sa mission dans la Vili
l'Al'L ET BAHNABK V \NT10rnr.
Cependant, le» fliléles, dispersé* par la per-
«éciitinii. s rii .illèrenl de Ion- I i
parole évnni'.-lopi»» . \iitinrhe '
dan- s(>> mo
. IllIIIO-lie- ' '.
ni 'i- -' oi . il it.lt ni I"- I' Il ' 'I
iiinma Paul; pemliiit ii
iiiiireii' '■ ■■' - ■ '' .1.1 , ,,1
Imle il le- ili»-
cM>l'« ... ... „. .a , . :_ : uoni do
itirslà, dit saint Lu.-. de« prophêl.
de Jérusalem vinrent à Antioche. L"ua deux,
nornmé Apab, inspiré par i'Esprit-Saint, se leva
et prédit qu'une srande famine désolerait bientôt
Tuuivers. Elle arriva, en edel, sous l'empereur
Claude. Tous les disriples, prévoyant les besoins
où allaient se trouv»;r les fidèles de Judée, réso-
lurent d'envoyer, chacun selon ses moyens, de
quoi les secourir, et prièrent saint Barnabe et
saint Paul de leur pnrtereux-mêraes ces aumùnes.
A leur retour, les deu.v apùlres ramenèrent
à Antioche Jean-Marc, le cousin de Barnabe. »
PREMIÈRE HISSIO.N
Les ministres du Seiirneur s'étant assemblés
afin de célébrer les Mystères, le Saint-Esprit leur
dit : « Sèpareï-raoi Paul et Barnabe pour l'œuvre
à laquelle je les ai appelés. »
Alors, après un jeûne solennel et de lonitues |
prières, ils imposèrent les mains aux deux élus,
lenr conférèrent la diynilé épiscopale, et les
abandonnèrent à la direction céleste.
Les dt-ux envoyés de l'Esprit-Saint prirent avec
eux Je.in-Marc et se rendirent à Séleucie d'où
ils s'embarquèrent pour l'ile de Chypre. Ce fut
là qu'ils commenièrerit leur apostolat; la parole
évam-'f-lique retentit dans cette île delà volupté,
ébranlant les portiques des temples de Vénus,
et renversant les immondes divinités.
Les deux apôtres prêchèrent Jésus-Christ avec
un égal succès à Salamine et à Paphos. Dans
cette ville résidait If proconsul romain, Serpius
Panlus, hommi' plein de sacesse, disent les
Livres Saints. Cjlii-i-i manda Paul et Barnabe
pour apprendre de leur bourbe la relit-'ion du
Christ. I^n ma;.'ii'ien juif, nommé Elymas, qui
se trouvait daus la maison de Paulus, cherchait
à détourner le proconsul de la foi. Rempli de
l'Esprit- Saint, Paul fixa son regard sur lui :
« Esprit de mensonge et de perfidie, fils de
Satan, ne cesseras-lu point de pervertir les voies
droites du Seigneur? Voici que la main de Dieu
est sur toi : tu seras aveui-le et. pendant un cor-
tain temps, tu ne verras plus la lumière du jour. »
A l'instant même, les yeux d'Elymas se voilè-
rent, et, témoin de ce miracle, le proconsul
embrassa la foi.
Ce fut alors que Saul, s'emparant du nom de
ce proconsul qu'il Venait d^' conquérir à Jésus-
Christ, échangea le nom juif qu'il tenait do ses
aïeux contre celui de P.iul, que portait ce pro-
consul. Celui-ci persévéra dan» la foi, et inonrut
évéque de Narbonne.
LKK APornes a pbbga
De Chypre, Paul et Barnabe se rendirent h
Perua, ville de Paraidiylie et de la à ,\ntioche
de Pisidie.
Ln jour de sabbat, ils entrèrent dans la syna-
ftopue et s'assirent au milieu des juifs. Après la
lecture de la loi et des proph.tes, les princes de
r !--• Mildèe, apercevant des Irères étrangers, les
itiMi' l'-nt a prendre la parole. Paul fit une b">lle
••xli<u talion pt Ii>- juifs en furent si satisfaits
qu'ils prii t' m I - i|"itres de revenir au prochain
...,1.1. .1 r. ,,1 .,■ ,111 ..re sur le m''me sujet.
■ liquè, toute la ville se trouva dans
il - ... ; les rabbins en conçurent une telle ,
i.il Ml- qu ils éclatèrent en blasphéqjies contre |
le ' ' iiK' di' l'aul. I
I fuse?, d'enlendre la parole de '
lu. 11. . I r les apôtres, nous allons nous
tourner »er« les Gentils.
En effet, la parole du Seigneur se répandit
comme une semeuce féconde duiis tout le pays.
De plus en plus irri''~, les juifs firent éclater
une persécution viobi.!' 'ontre Paul et Barnabe
et ils furent expulsés de ' i province. Les apôtres,
secouant sur ces obstiu'-.- in poussière de leurs
pieds. Tinrent à Icône.
Cependant, Jean-Marc comni^riraità se rebuter
des latit'ues de l'apostolat. I '■- ]■ rils continuels
quecouraientlesapùlresa litvti ',1.1 le l'ébranler,
et, quittant .■-es compasnons, il retourna auprès
de .sa mère à Jérusalem. L'absence de ce cher
disciple de saint Barnabe fut un surcroît de
peines pourle? deux apôtres qui, ne voulant être
à charee àpersonne. pourvoyaient àleurs propres
besoins par le travail de leurs mains. Ils conti-
nuèrent leur voyage; à travers l'Asie.
LE BOITEUX GCERI — APOTHEOSE — UPIOATION
Dlcone où ils faillirent être lapidés par le?
Juifs, ils allèrent porter l'Evaugileà Lystre, ville
de l.ycaonie.
I II infirme, privé dès sa naissance de i'usa<?e
des jambes, était assis à l'entrée de la ville et
écoutait la prédication de Paul. L'npôtrefixa sur
lui son regard et vit qu'il avait la foi.
>' Lève-toi, lui dit-il, liens-i.ii d- h'^ii' -ur i»s
pieds. »
Et l'infirme se leva guéri.
La foule, témoin de ce prodige, éclata en cris
d'enthousiasme.
« Des dieux sont descendus parmi nous sous
une forme humaine », difaient-ils dans leur
idiome. Ils appelaient Barnabe, Jupiter; et Paul,
Mercure, parce que c'était Paul qui avait portt-
la parole. Un prêtre de Jupiter, qui se trouvait
là, apporta des couronnes, fit amener des tau-
reaux, et voulait avec le peuple les offrir en
sacrifice aux deux divinités.
:\ re spectacle, les apôtres, déchirant leur
tnniqne, se jetèrent parmi la foule en criant :
« Amis, qu'aliez-vous taire ? nous sommes des
mortels, des hommes comme vous!
■> .Nous venons vous arracher à ces vaines
superstitions et vous convertir au Dieu vivant qui
a créé les rieiix, la terre, les mers, le monde
entier! Du haut du ciel, il rép.Tnd ses bienfaits,
dispense les jduies et les saisons fécondes et
remplit nos cœurs d'allégresse par l'abondance
dp ses dons. »
.Malgré ces exhortât ions, ils eurent beaucoup
de peine il emptclier la foule d'accomplir un
sacrilice en bnir honneur.
Cepeiidiiit, quelques juifs, accourus d'Anlioche,
de pjvidi.i ..( d'Icoiie, réussirent A soulever la
multiliiile dans un sens opposé.
Une émeute éclata, et Paul, Irnfné hors dr la
ville par la populace furieusi-, fut accablé d'une
firèle de pierres et laissé pour mort sur la place.
Les disciples vinrent chercher son corps; mais,
quand ils l'eurent entouré, Paul se leva plein de
vie et revint à Lystre, d'où il partit le lendemain
avec Bariiab'' pour Herlièe j .
Ils revinrent ensuite sur leurs pas, visitèrent
l-'s E;;|isos qu'ils avai<'iit déjà évan;:élisées, forli-
li ml i>artout le courage dos néophytes et les
•'xhorlani '■ r.pi-.'v.'ri'r.
Ils arri -i à .\ilalie, d'où ils s'embar-
quèrent 1 orner u Antioche.
Actfl det ApiUrr
PREMIER CONCILE DE JKRrPALKM — SÉPARATION DE
PAUL ET IIE BARNABE
Quelque temps oprrs leur retour, Paul el Bar-
nabe durent se rendre à Jérusalem pour assister
aupremierconcileque présida l'oracle deTE^'lise,
lapôlre Pierii^. Dans cette aiu'uste assemblée,
les deux faillis racontèrent puliliquement les
pro;;ros sur|irenants que la ibi faisait tous les
jours parmi les (ientils. Au récit de tant de mer-
veille';. Jean-Marc, cousin de saint Barnabe, se
repentit de son inconstance et de sa lilclielé. Il
protesta qu'il ne le quitterait plus et le suivit à
Antiocbe.
Là, Paul el Barnahé se séparèrent. Paul, ayant
pris Silas pour rompapnon, tourna du cùtc de
l'Asie, tandis que Barnabe, suivi de Jean-Marc,
taisait voile pour l'ile de Chypre.
Ils l'eurent bientôt conquise en prande partie
à Jésus-Cliri'it. Mais le «ùle de Barnabe était trop
grand pour être lessené dans une île; conimo
son divin Maître, il avait soif des Ames, et l'on
assure qu'il vint jusqu'en Italie ; la célèbre Eglise
de Milan se plorilie de l'avoir eu pour son pre-
mier apôtre.
M prêcha aussi l'Evanpile dans les villes d'alen-
tour, passa en E^'ypte, annonça Jésus crucilié à
l 'orgueil It'use Alexandrie, et revint en (.Chypre
pour y revoir encore une fois la ciirétienlé qu'il
y avait l'tablie. Sa joie fut grande quand il \it le
nombre des chrétiens aupmeDté. Il parcourut de
nouveau l'ile dans tous les sens, et s'arrêta eiilin
à Salamine, qui en était la capitale.
MARTYRE DE SAINT BARNABK
[I nn manquait plus à la gloire de ce grand
saint que di- cnurouuer parle muj-tyre les travaux
de son apostnlal.
Les juifs habitaient en grand nombre à Sala-
mine. Les conversions <|ue les apôtres faisaient
par leurs pré Jic'Uions, les humiliations qu'ils inlli-
geaient aux juifs dans les discussions publiques
excitèrent les haines de la synagogue qui résolut
de les mettre ii mort.
Saint Barnabe i-ut connaissance du complot;
aussitôt, il réunit les lldéles pour les prémunir
contre les faux docteurs, el, après avoir célébré
devant eux les saints Mystères, il prit la parole
el annonça au peuple assemblé les cuinbals qu'il
all<iil soutenir pour le Seigneur Jésus, el l'espé-
Ance <)u'il avait d'être bientôt martyr.
<i Je vaisscellei de mon snii:.', leur dil-ll, la foi
que je vous ai .innoncée. Ia-> Juifs m'attendent
pour me faire mourir. Tenci-vousprétsà m'iiniter
dans mon martyre, coininc vous m'aver imiti;
dans ma croyance, car la fureur de« Inups ne
s'attaque d'abord au pasteur qu'alin de pouvoir
ensuite pluf aisément dévaster le troupeau. 1^
persécution va se déchaîner sur cette Eglise si
chère il mon cœur, mais j'ose espérer la défaite
de l'enfer quand je vois l'effusion de l'Esprit-
Saint répandue sur vous dans sa plénitude. Par
la foi, vous êtes devenus des honimes nouveaux,
une création <-omplèlcment neuve : que votre
cour soit toujours le temple do l'Esprit de vie.
Deux roules s'offrent à vous : celle de la lumière
et celle des ténèbres.
)■ L'homme instruit par la révélation de Dieu
pourrait-il hésiter à suivre la voie de lumière et
à marcher dans les coinmaiidenieiits du Seipneur"?
'> La gloire attend le serviteur lidele dans le
royaume céleste, l'impie qui aura suivi l'autre
route périra avec ses œuvres. Voilà pourquoi il
y aura une résurrection el une rétribution finale.
Je vous conjure donc de persévérer dans le bien
déjà commencé. Ne vous laisse:', pas ébranler
par les tourments; si les tourments se présentent,
soyez fermes dans la foi el dans l'observation
des préceptes et vous obtiendrez une récompense
éternelle. D'ailleurs, je ne vous abandonnerai
pas; absent, je serai toujours au milieu de vous,
je vous nrolégerai du haut du ciel. »
Les chrétiens fondaient en larmes et sup-
pliaient le saint apôtre de fuir la persécution,
mais ce fut en vain.
Barnabe, loiti(ié par la présence de Notre-Sei-
gncur qu'il vient de recevoir, entre pénéieuse-
ioent dans la synagogue pour y prêcher à son
ordinaire; mais, à peine a-l-il ouvert la bouche,
que les juifs, écumant de rage, se jettent sur lui,
lui font subir les traitements les plus ignomi-
nieux, le traînent hors de la ville et le lapident
comme un blasphéinateur.
Leur fureur n'était pus encore satisfaite ; vou-
lant détruire jusqu'aux moindres vestiges du
saint martyr, ils le jetèrent sur un piaml b'^cher
pour réduire son corps en cendres. Mais les
îlammes respectèrent ces dépouilles sariées.
Lu nuit venue, Jean-Mniv, vint les enlever el
les ensevelit secrètement dans une caverne aux
environs de Salamine.
Il nous reste de saint Barnabe une magnillque
lettre aux chrétiens de son temps, dans laquelle
il expose le caractère de la loi ancienne et celui
de la nouvelle ; il montre coiniiieiit la loi de
Mojse n'était que la préparation et la ligure do
la loi de Jésus-Christ. Puis il exhorte les lldèles
à se rendre dignes, par une vie vraiment rlir-'--
llenne, du royaume éternel que Jésus-Chrisi i
ron(|uis pour eux.
Plusieurs siècles plus lard, quand on ouvrit
le tombeau «lu suint apôtre pour transporter
ses reliques à (".onslantinople, on trouva sur sa
poitrine un exemplaire de l'Evaupile de saint
Matthieu i|ue saint Barnabe avait transcrit de s|
piopre muni.
t. I'eti!ii«iit, luip.-j/^f jn/. 5. lur 1 r,»ii'.''H 1". I'\ri«
E PADOUE
MEMHON
CE DU GRAND SAINT-BERNARD
enu la lumière de l'Ordre séraphlfiue. il fut employé à
cation, et les miracles qui accompa^'tjaient sa parole la
itfédonrteen roti version* In jour, uriefeniine. placée sur
4âc de sa niai> jn, l'enlendit de la disiance d'une lieue,
qu'il parlait dans l'église. Une autre fois, nn l'entendit
vit, en uo même inglanl. prêcher dans la cliaire et
au lutrin. C'est ce que représente la gravure ci-dessus.
repaire, sur le Mont-Joux.
leul, béni di' Dieu, arandit dans une
d précoce qu'angélique, gardienne de
înce.
LF, PRKCEPTECR GEBIIAIN
•î ÉROtES DK PABIS — VOCATION
.1 eut sept ,ins, ses parents lui don-
ir précept''iirun prt^lre instrtiit et ver-
nmi^ (ierm.iiii, qui l'initia aux études,
la le l.itiii et les principes des bell('<-
docilil'" et se^ progrès furent rem.u
, à qualoni' an"!, nn l'envoya adi'v.T
ilion à Paris, iicrnard accepta par
PREMIER CONCILE DE JÉRUSALEM SÉPARATION DE
PAUL ET DE BARNABE
Quelque temps après leur retour, Paul et Bar-
nabe durent se rendre à Jérusalem pour assister
aupreniierconcileque présida l'oracle deTEfilise,
l'apôlre Pierre. Dans cette au^-usle assemblée,
les deux saints racontèrent pul>liquemenl les
progrès surinenants que la loi faisait tous les
jours parmi les Gentils. Au récit de tant de mer-
veille*, Jean-Marc, cousin de saint Harnabé. se
repentit de son inconstance et de sa lùchelé. Il
[II oiM.sla qu'il ne le quitterait plus et le suivit à
.\iitioche.
Là, Paul et Barnabe se séparèrent Paul, ayant
pris Silas pour compagnon, tourna du c6tè de
l'Asie, tandis que Barnabe', suivi de Jean-Marc,
taisait voile pour l'île de Cbypre.
Ils l'eurent bientôt conquise en prande partie
à Jésus-Christ. Mais le zèle de Harnaiié était trop
faraud pour être resserré dans une iie; comme
son divin Maître, il avait soif des Ames, et l'on
assure qu'il vint jusqu'en Italie ; la célèbre Eglise
de Milan se glorilie de l'avoir eu pour son pre-
mier apdlre.
Il prèclia aussi l'Evangile dans les villes d'alen-
tour, passa on E;.'ypte, annonça Jésus crucitié à
l'orgueilleuse Alexandrie, et revint en tlhypre
pour y revoir encore une fois la chrétienté qu'il
y avait établie. Sa joie fut grande quand il vit le
nombre des chrétiens augmenté. Il parcourut de
nouveau l'île dans tous les sens, et s'arrêta enlin
à Salamine, qui en était la capitale.
MARTYRE IIE SAINT RARNABÉ
Il ne manquait plus à la gloire de ce grand
saint que de couronner parle martyre les travaux
de son apostolat.
Les juifs habitaient en grand nombre à Sala-
mine. Les conversions <|ue les apdtres faisaient
parleurs prédications, leshumiliationsqu'ilsiiilli-
geuicnl aux juif'i dans les discussions publiques
CXI itèrent les haines de la synagogue qui résolut
de les mitttre à mort.
.Saint iJarnabé eut connaissance du complot;
aussiliU, il réunit les (idèles pour les prémunir
contre les faux docteurs, et, après avoir célébré
devant eux le< saints .Mystères, il prit la parole
et annonça au peuple assemblé les combats qu'il
allait soutenir pour le Seigneur Jésus, el l'espé-
4-ancc qu'il avait d'être bientôt martyr.
.1 Je vais sceller de mon saii;.', leur dit-il, la foi
que je vous ai annoncée. L<;s Juifs m'attendent
pour me f.iire mmirir Tenet-vouspiélsà m'imilcr
dans mon martyre, ■ oininc vous m'avez imité
daiK ma croyance, car la fureur des loups ne
s'altaquc d'abord au pasteur qu'alin de pouvoir
ensuite pius aisément dévaster le troupeau. La
persécution va se déchaîner sur cette Eglise si
chère à mon cœur, mais j'ose espérer la défaite
de l'enfer quand je vois l'effusion de l'Esprit-
Saint répandue sur vous dans sa plénitude. Par
la foi, vous êtes devenus des hommes nouveaux,
une création -complètement neuve : que votre
cieur soit toujours le temple de l'Esprit de vie.
Deux routes s'offrent à vous : celle de la lumière
et celle des ténèbres.
» L'homme instruit par la révélation de Dieu
pourrait-il hésiter à suivre la voie de lumière et
à marcher dans les coinmandements du Seigneur'.'
>^ La gloire attend le serviteur lidele dans le
royaume céleste, l'impie qui aura suivi l'autre
route i>érira avec ses œuvres. Voilà pourquoi il
y aura une résurrection et une rétribution finale,
je vous conjure donc de persévérer dans le bien
déjà commencé. .Ne vous laissez pas ébranler
par les tourments ; si les tourments se présentent,
soyez fermes dans la foi et dans l'observation
des préceptes et vous obtiendrez une récompense
éternelle. D'ailleurs, je ne vous abandonnerai
pas; absent, je serai toujours au milieu de vous,
je vous protégerai du haut du ciel. »
Les chrétiens fondaient en larmes et sup-
pliaient le saint apôtre de fuir la persécution,
mais ce fut en vain.
Barnabe, lorlilié par la présence de Notre-Sei-
gneur qu'il vient de recevoir, entre généreuse-
âiient dans la synagogue pour y prêcher à son
ordinaire; mais, à peine a-l-il ouvert la bouche,
que les juifs, écuinanl de rage, se jettent sur lui,
lui font subir les traitements les plus ignomi-
nieux, le traînent hors de la ville el le lapident
comme un blasphémateur.
Leur fureur n'était pas encore satisfaite ; vou-
lant détruire jusqu'aux moindres vestiges du
saint martyr, ils le jetèrent sur un grand Ir'icber
fiour réduire son corps en cendres. .Mais les
lammes respectèrent ces dépouilles sacrées.
La nuit venue, Jean-Marc vint les enlever el
les ensevelit secrètement dans une caverne aux
environs de Salamine.
Il nous reste de saint Barnabe une magnifique
lettre aux clirétiens de son tein|is, dans laquelle
il expose le caractère de la loi ancienne et celui
de la nouvelle; il montre comment la loi de
Moise n'était que la préparation et la ligure de
la loi de Jésus-Christ. Puis il exhorte les lldèles
à se rendre di^-nes, par une vie vraiment chré-
tienne, du royaume éternel que Jésus-Christ a
conquis pour eux.
Plusieurs siècles jdiis lard, quand on ouvrit
le tombeau du >aint apôtre pour transporter
ses reliques à (^onslanlinople, on trouva ^ur sa
poitrine un exemplaire de l'Evangile de saint
Matthieu que saint Barnabe avait transcrit de sa
piopie main.
h. l'eiiiiiLxm, lu>[).yéijnl. t. ru-- i rii....i. I- , l'n..
E PADOUE
,enu la lumière de l'Ordre Séraphlque. II fut employé à
icalion, et les miracles qui accoinpat-'naient sa parole la
nlfiîdondeen conversions. In jour, uncfemme, placée sur
isse de sa maison, l'cnlendit de la ilislance d'une lieue,
1 qu'il parlait dans l'église. Une autrefois, on l'entendit
vil, en uo même instant, prêcher dans la oliaire et
au lutrin. C'est ce que représente la gravure ci-dessus.
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•a cuoUxui'. de l'ttrijMiiit puur mwiurcr la 'bvuW 'If j
naapuwvue dv ilalile.
Vntrijno rnmmen
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r.T âOQ
s'adactii-iii g. f'iit su\ liii-n* .le la terre
sent ptus le Oéatear sont, bi\»i\ fort
i j' dialilc, i>ri-.-.M'nliiu; luul le bien Miii' va fair.' v
/«oiiaiit li'i^ari^iiii'. si'irorivsouilainOelVtranKltT. Saihi v:
sf l'ivi^l a ti'ciler riuiini.' a la Vicrfri': ii gl"'- ■ '■
rrrf/jo tuptr sidéra, la M.Tf 'li' llirii \ u-iit a -
Ji'-sus lui iliinnc -Ip iii>uvcll>'S (srftces pour fair<
Ùaaiiil nous vouloii» bien fairr, la (K'ui'io multiiiut' m - >■
Trions la SainlO Viert;e.
I f plnrimiT ^nlnlfi'' mfinrtit ^ P« t-inr, li" f tntn ')« I'
i
t
b. l'ciiIiit-NHr, lJlii>.-^
se liil-il mort que les ciifanls de faouu.-. sans y Otre
p rsonoe.sécriercnl flans les rues: l.eSainlesl mort,
I mnri: Cela fit asSoiiihlcr toute la vtllf, et l'on vil,
nt, un DDiubre incroyable d'hommes cl Je femnies
u coaivent pour honorer son saint corps. 11 y eut
Ï5 pour posséder sa gl'irieuse dépouille. Ceiiendant,
Minc-urs l'cmp.irlerenl. et il fut déposé d;ins l'église
Uarie, avec une magniQccQce extraordinaire.
haMIants de P.idnun ayan
■ir. l'on V frïin=f'*rn eP5 reli
l'.rdi
■ lOn-
> to e
. qu
lacci
. . ,.: ; : - .. jtrtlon.
I Paris.
duni 11 fit Jra LiieUts UikiIoo, Ju Uiik» ra..»»:;ii
.r-'^'i' > rrmfl» ir«*«a<.
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mtwtat
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rtsolBt 4t iiiaiii nrêre Stïra-
réACfl •■ i«^B( «laaeBHtd. et vala à
■vre «es Branefles «aasté for !■ ywr ta pré-
<ai;it f>'i''. '■! le rtiBhlo. coiilralnl par cfilc i-nére,
.1 m' ik' luorl s'il
. ■ jusir ijup le
ini. Ouitos el
m. le ii'jTicc viiii se jelt-T aux pitd- du '•aint, rendit le
:>mli'ssï soa crune et devint un tervcn; ci fidèle resligieux.
et
3
SAINT ANl
i. Salnl Ai/l ,
a i5 an> <liiii^ uiif iibl>ii>t> ut'
novici' iiuntiil li'S ri'li(]iii's lies 1-;
oouvi'au de Saïul frBin.111-.. Irni-
pass.ronl par snn (•i.iiviiit. Il
uaïUT qu'il riSolut ilVnlrer .1 ■
avoir, ouiiiiue ciix, l'uccusiuu ili
W»
r
C«-l
«■
SAIM BERNARD DE MEMHON
APOTRE DES ALPES ET FONDATEUR DE L-ROSPICE DU GRAND SAINT-BDRNARD
Fêie le 15 juin.
Saint Bernard chasse le démon de son dernier repaire, sur le Mont-Joux.
Cet h"roique bienfaiteur de l'humanité, que
\pi ï. ■ ._ \irs des Alpes invoquent avec amour
.1 r- ' nu iissance depuis bientôt mille ans, na-
quit fiu mois de juin de l'année Ct-23, au cli.iteau
dp Mentlion. bAti sur les bords du lac d'Annecy.
>on pcre, d'une des plus nobles famille^ de Sa-
Toie, fui Kicbard, h.îrf>n de Menthon.etlali.ironne
"n ro-Te, nommé BeriKdme de Puin, était petite-
lille du viillant Olivier, «■omle de r.pnève, ami et
compi-ri in d'armes d^ Charlemaime.
I.'tr-i I fut icu» sur le» fonts baptismaux par
son '>U' !•■ paternel Bernard, baron de Bcaufort,
arconjpa«n<' de la baronne, son épouse.
Leur filleul, béni de Dieu, grandit dans une
piété aussi précoce qu'angélique, gardienne de
son innocence.
LE PRKCEPTEUB
ÉCOLES DK PARIS
GERIIAI>-
— VOCVTIOX
Quand il eut sept ans, ses parents lui don-
nèrent pour préceptfurun prêtre instruit et ver-
tueux, nommé (ifrmaiii, qui l'initia aux étildc'*,
lui enseik'na le latin et les principes des belle-^-
ietlre». Sa docilité et ses procrès furent rem.u
qualités et, à quatorze ans. on l'envoya achever
son éducation à Paris. Bernard accepta par
•k'H
obéissance cette dr.r- '•'•parution, et, muni de
la bénédiction d^ iits. il farlit sous 1^
conduite de' scHi | j i.i.
Ce bon prétri'. <li^ne i tous ^iL'ards de la con-
fiance de la faiiùlle de MentlK'n, fut à Paris
lonarne son anse gardien ^i<iMe, et le jeune
baron ?.'ivoi>ien put s'y livrer durant trois ans à
l'étude de la iihilosophio et ilrs autre? arts libf
faux tout en érilant les -
L'unique recherch- ^l'
heur de consacrer 1 1 :■
tout entière, ij-
grande Ame •
Seigneur l'a]
son pri'cepl'
jours et lin'
le sacei ■
tôt sa
.'ers de cette capitale,
liens célestes, le bon-
- u ri lier à Dieu sa vie
t,i r|p |i)n? en plu» à «a
■ min par oùNnlrc-
întlii il (lé.lnra 6
iir tou-
.1 ■! 1 ' r . I iieii dans
ulait même roranioncer nussi-
•n en se liant par le va>u de
chasteté p>-r l'étuelle. Le prudent rierniain jucea
quil Irillait aUendro encore; il lui di'fendit pour
le moment an pareil mtti, mai» il consentit
volontiers à lui faire suivre en mAmn temps qu'un
cours de droit, un cour»; d- ■ . étude qui
pouvait loujonr» lui être i. •ufe.
Cette lonf-tie épreuv j .uiit la réso-
lution de llernard. Se .iis et ses com-
munions devinrcut jilii- .■ i >'ute»; il donnait
idus de temps à la prière, à la raf^ditation, à la
lecture des .Saints Livres, il multipliait ses au-
mi^nes autant que »es ressource» le lui ]«cniiet-
taient, il ne iimii ui i.i- I. . li . . Enfin, lorsque
le cours de ' < de son terme,
tiermain, pr : toutes les per-
sécutions du monde, plutôt que de s'opposer à
la volonté de Dieu et au bien de son pieux dis-
ciple,accorda ftlternard la permission tant désirée.
Peu après, ou reprit le chemin de la Savoie.
HtTOL'R A MB.NTHON
PHKP.VIkATIFS DK MAKIAUK — tV\*UlH
La joie fut immense au cL.'iteau de Mentbnn à
l'arrivée du i ' '" '"
vi>;oureux, pi
SCS manière-
Apres que!
famille, qui
loii;.'ues aiiH'
firend un jo
e brillant m
de Miol.ins
épouse sa lil
. allait réunir
■ des deux f.ii
ardeur, imi
homme '
s'élnil ■
rc-i
d'.v
hi' ii.ira 11'
proie II une .
leiisemenl leur»
el
ri'
Uter d< M
l'ah^tT- !- •
M
tnnt
llerti.ir.l!>t.i.t.. 1 1 1 r. i.i.
t. beau,
Il dans
de repos et de vie de
' i;... .i„„.w,. I 1..^
union
■ vu ux
:t avec
■ Jf-iine
qu il se sentait peu
• de ".on lils, en
1 une vive indi-
'inir la
!•• pro-
•tller >« («are moine à
Richard de Menthon n'en poursuivait pas moins
ses projets de maria^'e.
Peu de temps après, un splepdide cortèpe se
déroulait sur les bords du lac d'Annecy; on ame-
nait à Hernard sa future épouse escortée de toute
la noblesse de la contrée, au milieu des accla-
mations joyeuses des populations accourues de
toutes parts. La réception au diAteau de Menthon
fut trioiii|ihale. Reriiard parut se prêter de bonne
inàce à la fêle : tout se préparait pour la célé-
brntiin du mariaue qui devait avoir lieu le len-
demain dans la chapelle du chAteau.
Cependant, le jeune baron a\ail pins que ja-
mais présent i\ l'esprit l'enfa. 'nieTii .mi le liait.
Le matin même, son ancien : lui avait
fait parvenir cet éloquent lu n-d. n'oii-
hliei pas la proniM.'c qU$ vous avn faite a Dieu:
songez au falut rff totre âme. I,e aoir, dés qu'il
put se dérober- à l'iriustre compaftnie qui l'en-
tourait, il se retira dans sa chambre. Prosterné
la face eoritre terre : < Mon Sauveur et mon Dieu,
disait-il, hAler-vous de me ■recourir av.int tout,
je ne veux pas vous être infidèle mais venez
a mon aide en c^s ririonstances si difficiles. »
Il pria lont't.'mps, invo'|iiant tour à tour la Très
Sainte Vieriie et son patron, saint Nicolas. Tout à
coup, <!crit M. barras (T, saint Nicolas lui apparaît
dans une vision surnaturelle et lui dit : >■ Iter-
n.'ird, serviteur de Dieu, t"
élevée que les honiiein
l'archidiacre de la cati ■
ce que tu dois faire. ■ 1
lève merveilleusement ■
comment fuir? les lourdes portes du cliAteau
sont solidement fermées et barricadées suivant
l'usaee. llernard écrit un billet ainsi conçu :
'■ Très doux parents, réjouis-.e7.-vons avec moi,
je vous prie. Le Sauveur m'appelle. Ne chercher
pas à connaître le lieu de ma retraite. Je ne me
I iamiiis, la puissance et les lioniifiii - •!■
■ no sont rien pour moi, le n'.i ; n
' '. " ' . tte'lettre.i.in-.
illt que liiul le
ijpÉ.i. m ■••■ '■ r 'inj'*
et plie m I II
l'io viicatioii plus
le. Va trouver
-!■ il te dira
ur se re-
II lié. Mais
ville
I
111, dés 1p« premiers fetiT dit j^nr.
m lied (1: ■
Il u cnl'
t vide, 1.1
]• • ■ , M ••n trouve il
uiieur de Mmllion. Vw
' ::i « en accueillit la 1
loi», on entend ret.
.. ..I-....I
1
temps apros, elle alla <e
laire I
(Il //ij/oirt générale dt <
/
1 r (-1. •!... 1 1, .'.
1 . ....-..^•v ^B ui.-i|...ri-.
• riuveiit près de Grenoble où elle pissa sa vie
dans une grande réputation de sainteté.
LES CQANOLNES J)"AOSTiî -r^ SACERDOCE — APOSTOLAT
Après plusieurs jours de fatigues, notre
héroïque fugitif entrait dans la ville d'Aoste. La
première personne qn"il rencontra fut l'archi-
diacFf' de la oatliédrale, le vénérable Pierre de
la Val d'Isère.
Pierre le reçut comme un fils et fut pour lui
ce qu'avait été jusque-là le prêtre (ierniain. Les
chanoines d'Aoste, dont le vénérable archidiacre
Pierre était prévit supérieur , étaiont alors cha-
noines réguliers de saint Augustin, c'est-à-dire
de vrais relii^ieui, vivant en communauté sous
la règle du grand l'vêque d'Hippone. Bernard fut
rei'u parmi eux et devint bientôt un modèle de
toutes les vertus religieuses. Désormais tout à
llieu, il reprit avec non moins de succès que
d'ardeur ses études théologiques et paraît avoir
été ordonné pr-Hre à l'Ane d'environ trente ans.
Sa vie se partaaeait entre les exercices de la vie
claustrale et les sublimes fonctions du ministère
sacré qu'il exerçait en qualité de chanoine
d'Aoste. Ses vertus et son zèle apostolique, sur-
tout pour la prédication, faisaient l'adminilion
de tous, et quand, en %0, le prévùl Pierre de la
Val d'Isère vint à mourir, ses confrères l'élurent
à l'unanimilèpour lui succéder.
L'Iiuniililé de saint Kernard de Menthoo
s'elfrayait de cette dignité; il n'accepta que sur
les instances du nouvel évèque d'Aoste, Suilfroid,
qui le désirait vivement pour archidiacre.
D'après les saints Canons, l'archidiacre devait
être l'œil et le bras droit de l'évêque dans la
direction du cleri;i' et des fidèles et dans toute
ladminislratiiin du diocèse. Saint Bernard de
Mciithon, alors àiré de quarante-trois ans, fut à
la hauteur d'une telle charge, qui reposait d'ail-
leurs presque entièrement sur lui, à cause de la
faible santé de Suitfroid, son évèque. Nous le
voyons déployer une activité et un zèle iiicom-
I .iiibles; il se met avec ferveur sous la protec-
t iMn des saints Patrons de la contrée, fait
di\ers pelerinaups à cette intention et commence
le fécond apostolat <|ui devait durer quarante
an* et lui mérittr le glorieux surnom d'apôtre
dcs.VIpes. Les Ifinps étaient dilflcilfs, on était
■laii'- ■■•• X' siècb^ qu'on a appelé le siècle de fer.
il- - I! 1 isins, dont les bandas avides de pillage
ivai> lit «nuvent remonté le Rhc)ne et dévasté la
Savoie, le Piémont et la Suisse (de ".>00 à yîS),
venai«>ni d'étrf définitivement chassés, quand
saint Kernaril île M^ntlion inau:;urail ses nou-
v.el|ps fonctions d'archidiacre. Mais que de ruines
matérielles e' niomlp-i .•» relever, que de désor-
ilr»" cc^ troiililoH sociaux cl ces brigandases de
! ■ -ion musulmane avaient introduits dans la
■ i mœurs 1 l,e saint archidiacre s'occupe
lo 1 hord lie la réformr du clergé, qu'il s'ef-
: -i • ( 1' Hoii ex'-mpb' autant que par ses paroles
et «a M.'ilance, de rendre plus digne de sa haute
mission.
I.'ii ' 'nit alors frut n"eli:.'ée dans les
Alp' ird commeni e par foriiifr de»
rnaiii ir il ne vont cond'-r '• - ■■ ■■•ifo
qu 4 il«>» I ■lent la foi, l'inslru i
l'oii'K i-, font des corantics .-..;. .i. .s
.111 X il pourvoit d'écoles les tilles
.t I
N 'T souvent le diocèse,
«.liir M n parrouml en mission-
ii:»ir«> iMtii!^ible h' lio.rses de Novare, de
Mil m. 1. ^1 iii. d'- T-iri'iiliise et d»- (iPH^ve :
partout ses prédications renouvelaient la foi des
populations et faisaient un grand bien. Il délivra
les campagnes de Novare d'une invasion de sau-
terelles, et s'uiiissant au pi-uple dans trois jours
do prières et de jeûne, il oiilint la cessation de
la peste qui ravageait cette ville.
LE MONT-JOOX
HOSPICE DU (JtlAND .ET DC PETIT
SAINT-BERNAHD
Les voyageurs, en quittant la ville d'Aoste,
trouvaient deux routes pour franchir les Alpes,
l'une allait tomber dans la haute Tarinlaise en
passant par la Lolnmna Jovis (colonne de .lupiteri,
l'autre traversait le col terrible et élevé du
Mont-Joux imom Jovis, montagne de Jupiter,
pour conduire dans le bas Valais. Le paganisme,
chassé de presque toute l'Europe, avait trouvé
sur ces hauteurs un dernier asile.
Les Sarrasins qui, dans un but stratégique,
avaient occupé quelque temps le défilé du Mont-
Joux, avaient été forcés d'évacuer en 'tOO.
L'idole de Jupiter y était gardée alors, par un
fameux magicien de haute stature, nommé Pro-
cus. Les montagnards abusés venaient consulter
l'idole et demander des guérisous, et Procus,
caché dans la statue, rendait lui-même les
oracles avec une voix simulée. Dii.'ne ministre
du démon, qui l'aidait de sa puissance et de ses
presti:.'es, le géant magicien exerçait toutes
sortes de cruautés sur les voyageurs égarés dans
ces parages, les pillait, et parfois même, les
sacrifiait à son Jupiter. Neuf voyageurs français
arrivèrent un jour à Aoste, pleurant le dixième
d'entre eux, que Procus avait retenu, sous pré-
texte de lever sur eux la dîme. Ce n'étiiit pas la
première fois que pareil fait se produisait.
Saint Bernard résolut de détruire ce dernier
repaire du démon, et de le remplacer par un
établissement où le vrai Dieu serait désormais
glorifié par l'exercice de la priire publique et
de la charité fraternelle. Il indique à cette inten-
tion des jeûnes, des prières et une procession
solennelle, et, encouragé par une apparition de
saint Nicolas, qui lui prédit l'heureux succès de
son entreprise, il gravit le Mont-Joux, accom-
pagné des neuf pèlerins français.
Ils atti'iunenl à peine le sommet de la mon-
tagne, raconte un des anciens historiens du
Saint, qu'un nuage épais assombrit le jour, les
démons déchaînent un ouragan affreux, les
éclairs sillonnent les airs, le tonnerre ébranle
les monts, la foudre frappe de toutes parts, mais
sans blesser personne, im. neige se mêle à la
grêle. Les démons poussaient des hurleracnls si
affreux, que nous crûmes l'archidiacre et ses
conipaguons perdus. « Ne craiiine/. pa*, mes amis,
disait saint Bernard à ses compagnons, les hur-
lements de notre ennemi sont un pressentiment
de sa défaite. Nous n'avons pas à le redouter, le
Seigneur est avec nous. •> Ils arrivent près de
l'idole et la trouvent gardée par un drasmi mgi">-
sant et épouvantable, prêt a les dévorer. Saint
licmard fait le siune de la croix, jette au cou du
monstre son êtole qui se cbant'p en chaîne de
fer, sauf les deux bfiuls qu'il tient à la main.
Ses compï^eoonii oimi .«ut ilr leurs armes le dra-
i;on, qui di , ils voient, gisant
il terre, )■■ , percé des coup'
qu'ils avaient port>s.
I.id |. dn Moni-Joux renvprsijc, Bernard vn
dêlni i"iil le cnlte de Jupiter dan^ l»--
\\ye~ • i 'U verse la rohimna Jnrh, ot ji'l •'■'!-
«iiper^liiioiis et adorations de» nionta.Tiiids,
et il chasse le démon de cps ll>'ux C'/Lmi ver--
l'an 9T0. Aidé des aunn'nes du clert'é d'Aosle
et du peuple chn-tien, Bernard assura sa con-
quête en élevanl un itablissemenl de charité, sur
ce Mont-Jouz, dont les peuples reci.nnaissanls
fhanfjèrcnt depuis le nom en relui de Grand
Saint-Bernard: il en bâtit un autre à la columna
Jmis, aujourd'hui le Petit Saint-Bernard.
Obéissant, eux aussi, à i'imf'ulsion de l'amour
de Dieu et du prochain qui animait le cœur de
l'apôtre des Alpes, des liomuies dévoués et
vi;.'Oureux se joif:nirent à lui pour laider dans
snn ifuvre. Un noble et riche Anfjlais, nommé
lieuklin, enlhousiapiué de la sainteté et de la
charité de Bernard, demande à être reçu parmi
ses disciples, et ride à la communauli- nais-
sante son château d'Angleterre. Ainsi commence
cette merveilleuse hospitalité du (Irand Saint-
Bernard qui dure encore, et qui, à travers les
siècles, a servi dasile à des millions de voya-
geurs et sauvé la vie à des milliers d'entre eux,
qui auraient péri dans les neiges et les précipices.
tes BARONS DE UENTIION ET DE DEAUFORT
AU JIONT-JOUX
Cependant, la renommée du saint archidiacre
d'.\oste était prandedans les Alpes; les pèlerins
et les voyageurs, si charitablement reçus au
.Monl-Joux, ne tarissaient pas en louanites sur
l'admirable fondateur. Le baron et la baronne de
.Mentlion qui vivaient encore, et pleuraient tou-
jours leur (Ils, conçurent le projet d'aller voir
cet homme de Dieu: peut-être ses prières leur
obtiendraient-elles la firàce de retrouver Ber-
nard; dans tous le.s cas, les consolations du saint
prêtre seraient un soulafiement à leur douleur.
Ils communiquent leur projet au seiuneur d>>
Beaufort. Celui-ci, craicnant pour leur «.-rand
ilt'e les fatigues du voyage, s'offre de les suj>-
iiléer. Mais ils veulent parler eux-m<''nies à
l'homnie de Dieu, l'rolitant de la bonne saison,
ils partent, acionipagné^ du baron de Beaufort,
font un pèlerinage ù l'abbaye de Saint-Maurice
en \alai», i>u reiiciseiit les reliques des martyrs
de la légion Tliébaine, et arrivent enlln au
Mont-Joux. I.e baron tlr> Beaufort frappe à la
j>orte de l'hospice; l'archidiacre lui-m>"-nie vient
leur ouvrir. Mais les années, les travaux, les
austérités avaient altéré ses traits, ils ne le
reconnurent pas. Bernard, r|ui les reconnaît très
II. ij. le- accueille avec celte hospitalité empres-
!.• • il charitable iiiii avait <léjà émerveillé tant
de voyageurs. Il ec.oute avec une bonté pater-
nelle le récit que le baron de Menthon et îton
épouse lui font de leurs malheurs, il s'efforce de
les encourauer et de les consoler, i' Ce (ils que
vous dites si sa^e et si respeitueux, ajoutaitil.
n°n pas rédé au caprice du moment, mais bien
à l'insniration divine. Courage donc et rnndaoce,
llieii liénira votre sacrillce, et un jour votre
d'iiiliur se rlian;.'era en joie. » O'pendant, vive-
I l'iil ému, il se retire et va prier avec ferveur
a la < hapelle. BientAI, assuré par une inspira-
tion de Dieu t\w ses parents ne susciteraient
lie iliflicuités à sa voratnin, il reparaît
it eux et. se jeUiiit en leurs bras, il dit au
>)•' .■•'. Liiliit'^ ..il ~t iiiiii itni SUIS \i<lri>
>es vieux parents, heiirriix
: d il eut retrouvé Joseph,
, [S au Monl-Joux, admi-
11 llrveiius en >n»oir, le
I aron de ii< W. . u ■ l !• 1 aron de Beftu'ort vou-
lurent doter de leurs deniers l'église de Mont-
.loux. Les parents de saint Bernard rappelèrent
:'i Menthon le prêtre et moine Cermain pour les
diriger dans la piété. Le château de Menthon
semblait devenu un couvent, où ils achevèrent
saintement leursjours.tiermain termina lui-même
sa vie dans un ermitage voisin de Menthon, et
conquit l'auréole des saints.
Saint Bernard continuait son œuvre au Mont-
Joux et ses apostoliques prédications dans les
Alpes et en Italie; il passait chaque jour de lon-
gues heures en prière. Ses vêtements d'étoffe
grossière cachaient un cilice, il dormait peu;
deux ou trois planches formaient son lit. Ses
jeûnes étaient fréquents, sa nourriture se com-
posait ordinairement de pain d'orce et d'eau
bourbeuse: parfois il y joignait de l'absinthe
ou du fiel. Son humilité è^-nlait sa charité. On
montre encoreau lirand Saint-Bernard une petite
grotte où il se retirait souvent pour méditer,
prier et souffrir. En '.»!>■ ou y.tS, il lit le pèle-
rinage de Home. Le pape Grégoire \ l'accueillit
comme un (ils aimé et approuva son institut qu'il
enrichit de divers privilèges.
IIKRMKIIES A.NNJ'ES DE SAINT IIKR.NARD
Malu'ré tant de travaux et d'auslérilês, saint
Bernard de Menthon parvint à une (:rande vieil-
lesse. Toutefois, de lOOo à 1007. de nombreuses
infirmités vinrent rainer son corps usé par l'Age.
H fit une dernière fois le pèlerinage de Rome;
mais, au retour, il dut s'arrêter, malade, à .Novare.
On n'attendait plus que sa mort, iiiiand il parut
reprendre ses forces, se (it porter à réi;lis<> de
Novare et lit au peuple une exhortation sublime.
Le lendemain, muni des sacrements de l'Eglise,
et invité au ciel par saint Nicolas, il expira dou-
cement entre les bras de «es religieux accourus
de Mont-Joux à la nouvelle de sa maladie; c'était
le 28 mai lOOh, il avait quatre-vinul-cinq ans.
Depui- neuf siècles, les disciples di- saint Ber-
nard continuent à faire l'admiralion des hommes
par leur vie de prière, d'immolation et de cha-
rité. Leur demeure hospitaln-re est ]ilarée dans
une gorge à 2i:>0 mitres au-dessus du niveau de
la mer : c'est l'haliilation la plu- élevée il'Kurope,
■•I la montagne (|ui domine l'hospice a:ilOO mètres
d'altitude. Dans celle gorge rè^'iie un hiver
jiresque perpétuel ; pendant neuf mois de l'année,
la neiue couvre le sol. et renl.inl le- autres
mois, il n'est pas rare de I le avec
une bise >;lariale. (Juelqiii - i ifs, cul-
tivés ù l'abri des rochers plulul roniiiie distrac-
tion que par iilililé, est tout ce qu'y produit la
terre; il (aul aller chercher toute- les provisions
fort loin, dans les vallées habiice-, cl le boisé
brûler lui-même doil être apporté à dus de mulets
d'une distance de ilix-huit à viii;:! kilomètres.
I..es religieux y reslei.' ■ mt toute l'année,
et bravant le froid. !■ 's de ncise. les
nvalnnches ' : ' ' ' ' r '• î
chiens et a^
il* vont à la 1 ' ' 11' 1 • !.■
leni et leur offrent i.i
I euse hospitalité, qui 11- . ,.. ■ . ;.; .t-; i ' 1.
cl leur nationalité.
Avant le pi-rreinenl .lu M.iit-CcnU iH ■ -Mtn.iit
de II & l'J iHNi le non.
au Saint-Bernard: j • i
pire rit passer enviri'ii .lOinsi
Voilh f e qnr pnit riir»- l'in ■
'jiiand il a I
. .lllioliqil»-
■ liinlê
\mp. -garant, }.. CtTiracviiT, 8, ru» Krwirnii (•', p«rn
LE BIENHEUREUX CHARLES DE BLOIS
DUC DE BRETAGNE
Fête le 29 septembre.
Croquis relevé par l'auteur de cette vie, d'après un vieux dessin.
MSSANCF. DU BIENHEUREUX CHARLES
I,e xiv* siècle, sans Hre une époque féconde
en saints et en i.T,in<N linmme», a cepenilanl
doniif' .lu monde cl à I ICclise, Dueuescliii, sainte
Catherine de Sienne, -ninte Itrif/ilte, pour ne
citer que i|uclqucs nom». Il a niém<:' produit des
princes aussi remarquaMe'- par l'illuslralion de
li^iir naissance que par réminence de leur sain-
l.'l.' et l'éclat de leurs miracles. Tels furent Eliéar
.le Sahran, Louis de Toulouse, Pierre de Luxem-
liourtj et Charles de Rlois.
I.n vie de ce dernier montrera, par un exemple
fi.ip|>ant, que les sentiments d'humilité, de dmi-
< our et de condescendance mutuelle, qui sont le
propre du chrétien, et surtout du chrétien par-
243
Tait, sont pleinement compatibles, dans la jua-
lique, avec la revendication, devant les tribu-
naux ou les arrai.'> eu main, de droits, de
privilèges, de possessions, auxquels on ne pour-
rait renoncer sans léser les iiiléréts du prochain,
d'une famille, d'un peuple.
Le bienheureux Charles de Itloisnaquit en 11)18,
dans la \ille d'où il a pris le nom. Il <.ut pour
père (iuy de Chàlillon, comte de Blois et de
Charlres, et pour mcre, Marguerite de Valois,
sœur de Philippe M, roi de France.
JEt^NF.^-;E DE CHARLBS DE BLOIS
Son enfance et sa premiiTC jeunesse se passè-
rent à l'ombre du foyer domestique et furent ce
qu'elles sont d'ordinaire chez les saints. En effet,
il siKiiala cette époque de sa vie par tant de
Ir.iil-i de piété et de charité, de patience et d'hu-
niililé, qu'on put dès lors présafîer jusqu'à quel
d''f;ré élevé de sainteté parviendrait, dans la
suite, cet enfant de bénédiction.
De fait, dés l'Age de cinq ans, au lieu de passer
tout son temps à jouer et à folAtrer, comme on
fait d'ordinaiie à cet if;e, le jeune Charles con-
sacrait de longues heures h dire et à répéter un
grand nombre de fois l'Oraison dominicale et la
Salutation angéliqne, en l'honneur de la Sainte'
Trinité, des cinq plaies du Sauveur, de la Sainte
Vierge, des neuf clururs angéliques, des douze
apAtres et de toute la cour céleste.
Il y joiifnit successivement, lorsqu'il fut plus
avancé en Age, l'ofllce de la Très Sainte Vierge,
celui des morts, et beaucoup d'autres offices
votifs, alors on usa;.'o; enfin, il récita aussi le
tTaiid oflice des clercs.
Plus tard, devenu comte Je Uretagne, il no
manqua jamais de s'acquitter journellement de
cet office, ou au moins toutes les fois que ses
occupations le lui permettaient.
Son r.éle pour enlendre la sainte messe n'était
pas moindre. Uès l'Aire de dix ans, il assistai!
régulièrement à toutes les messes qui se rélé-
l)raicnt au ch&teau.
SES MOKTIFICATIO.XS ET SON ABDEUR AU TRAVAIL
l.e petit Charles d<' Klois n'avait pas moins de
sollicitude pour les veilles, les jei'^nes et lo«
autres austérités du niAme genre. Muant aux
iruvres de piété et de miséricorde, elles faisaient
«es plui chères délices. Son grand bonheur était
" priver pour le- pauvre», de les servir de
' - propres mains, et de leur laver les pieds le
J'.'Uili Saint.
t'ii ne s'étonnera pas, après r«s détails, d'ap-
preii'lre qu'une vertu ni èminente fut favorisée,
dé* 1 1^-. If .>eiie on», du don do» miracles ol
de j'.Mi -■• Il n'apporta rependant pas moins
' son aTanceiu>'nt dans les lettres
d-i
Il \'rlii
Aussi att«iguit-il un très haut degré de culture
intellectuelle, et lit-il encore, sous ce rapport,
l'admiration de ses contemporains.
IL EPOUSE JE.VN.NE DE URETAONE
Telle fut la jeunesse de Charles de Hlois, digne
prélude de la vie d'un saint. Son père et les
autres personnes qui l'entouraient s'ima^'incrent
alors qu'un jeune homme de ce caraclt-ro, ne
serait bon qu'à faire un moine ou un mission-
naire. Ils en étaient désolés, au delà de tout ce
qu'on peut imaginer.
Mais les pensées et les jugements de Dieu ne
sont pas ceux des hommes. La Providence de^^-
tinait Charles de Hlois à jouer sur la scène du
monde un rôle des plus actifs et des plus impor-
tants. <>n en eut comme l'intuition dès le mois
de juin 1837, lorsque les circonstances l'ame-
nèrent à unir son sort, par les liens du saint
mariage, avec Jeanne de Uretagne, déjà com-
tesse de Penthièvre et de Coello, cl de plus héri-
tière préso!n[>live du duché de Bretagne et du
vicomte de Limoges.
GUEIIHK liB IinKTAGNT ET MORT DE CHABI.ES DE IILOIS
Ce fut bien autre chose loi-sque, (|uatre ans
plus lard, cet héritage élaut venu à vaquer,
Charles de niois crut à bon droit qu'il devait on
revendiquer la possession. C'est que, en effet, en
vertu des us et couluines du pavs breton, les
droits de Jeanne de Peiilhièvre primaient ceux
du comte de Monlfort, propre frère du dernier
duc de Bretagne, le père de cette princesse, autre
frère du même duc, étant l'ainé et ayant transmis
k sa Mlle tous ses droits.
Ainsi avait été jugée la question lors du ma-
riage de Charles de Blois. .\insi ful-elle de nou-
veau tranchée, en l.'UI, après longue enquête et
mûre délibération, par le Parlement de Paris, la
première Cour judiciaire de tnute la France. Mais
le rival du comte de Bloi-. ne <'rai::iiit pas d'en
appeler au sort des armes, de la sentence pleine
d'éijuité du suzerain, dont il ovait !■• i.irml.'i
précédemment, sollicité l'arbitraue
t'harle» de lllois, doux et pacifiqu'- par ciiai-
lère, répugnait à la «uerre; il avait en horreur
l'ellusioii du sani;; mais les droit* iFun'- épouse,
l'avenir de ses enfants, rh»nnour de la Franco
et de la Bretagne étaient en cause et lui faisaient
un devoir de relever le gant, de ne pas refUser
l.i lutte contre jin injuste agrcMour. C'e»l c--
qu'il lit avec autant de généro-lté i|ue de n all-
iance. Alors commença cette bmgue cuorri' de
la suoi-ession de Rrelacne, qui devait «^ continuer
pendant >ingt•t^oi^ années con*éruti\es, parmi
le* succès et los revers, et se terminer llnalonicnt
par la défaite et la mort du vertueux prince,
dans le champs d'Auray (I.V>4,,
O n'est pn» ici le lieu de raconter cette guerre
.liiri» «o» déinil» |ii«ni|. ••■nb lui'iil qn'ollo fut
presque toujours marquée par des victoires du
Coté de Charles, tant qu'il eut en face de lui son
injuste compétiteur, le premier comte de Mont-
fort. Mais, à la mort de ee seigneur, les choses
changèrent sensiblement de face, et l'époux de
Jeanne de Penthiévre n'éprouva plus t;uére que
des revers. Il n'y a point lieu de s'en étonner,
car Dieu n'a point promis d'accorder toujours la
victoire au bon droit, et l'histoire n'aurait plus
de moralité s'il fallait admettre, en principe,
que dans toute lutte armée, le succès suit fata-
lement le pairti de la justice. D'ailleurs, ici, le
sort de Charles de Hlois ne fut autre que celui
des rois de France, dont il était le protégé,
comme le triomphe des Moiitfort ne faisait qu'un
avec celui de son protecteur, tdouard d'Angle-
terre, le vainqueur de Crécy.
L'adversité et l'épreuve prolongée devinrent,
en outre, le creuset où la vertu de Charles de
Blois s'e'pura. se fortifia, le rendit digne d'entrer
en possession du llieii suprême et de la vision de
Dieu. Aussi ijuand, par un secret jugement de
Dieu, il eut perdu, en même temps, la couronne
ducale et la vie dans la journée d'Auray, l'éclat
de sa vertu et la renommée ile sa sainteté, qui
auraient pu souffrir quelque atteinte aux yeux
des hommes, après un tel événement, n'en fu-
rent nullement diminués.
HONNEURS BE.NDUS AU 6IE.NHEUREUS, SES MIH.\CLB.S
Loin de là, les pieux fidèles ne lardèrent pas
à venir prier sur sa tombe, à recourir à sa média-
tion, dans tous leurs besoins de l'âme et du
corps. On doit citer, au premier rang de ceux
qui donnèrent ce bel exemple de religion, Jean
de l!>;aumanoir, l'immortel vainqueur du combat
des Trente, et plusieurs de ses compagnons
d'armes. Les anciens familiers et serviteurs du
prince s'empressèrent de marcher sur leurs
traces. Aussi obtinrent-ils du ciel, par l'entre-
mise du Bienheureux, les faveurs les plus sicna-
lées. Uientrtt le bruit de ses prodiges se répandit
de tous c(it'''S. D'autres personnes recoururent
anssi à sa médiation.
De là, l'aflluenre des fidèles que l'on vit se pres-
ser autour de la tombe deGuingamp, soit pour
r.'ndre grâce à Dieu, soit pour implorer de nou-
velles faveurs. En i:j:o, ce n'était plus seulement
la Bretagne, mais aussi le Maine, l'Anjou, je Hlai-
sois et la Touraine, qui députaient chaque an-
née vers le tombeau miraculeux une foule de
pèlerins. Ln grand nombre li'ex-voto, représen-
tant des bras, des jambes, des navires, etc..
attestaient éloquemment les guérisons instanta-
nées, les protections merveilleuses, les résurrec-
tions de mort et les autres grâces dues au mérite
du Bienheureux.
En présence d'un tel état de choses, le bien-
heureux L'rbain V, qui gouvernait alors avec tant
de sagesse et de piété l'Église de Dieu, ordonna
une enquête juridique sur la vie et les miracles
de Charles de Blois, à l'effet de procéder à sa
canonisation solennelle. Mais la mort, qui le
frappa peu après (1370), l'ayant empêché de
donner suite à l'affaire, son successeur la reprit
avec vigueur, et mena l'enquête à bonne fin.
Toutefois la sentence de canonisation fut ajournée,
en raison des circonstances graves de la politique
et de l'influence dont jouissait, à Rome et ailleurs,
le roi d'Ancleterre, adversaire déclaré de cette
canonisation. Depuis cette époque, la cause n'a
pas été reprise, et demeure toujours en suspens.
Mais le culte reliîrieux rendu à la mémoire et
aux reliques du bienheureux Charles n'a subi
aucune interruption. Il n'a plus, il est vrai, actuel-
lement le même éclat ni la même extension
qu'au xiv siècle et même au xvin' siècle, où le
diocèse de Blois, récemment créé, lui accordait
une fête double dans son calendrier particulier.
Cependant, les restes précieux du Bienheureux
ne cessent point d'être exposés à la vénération
des fidèles. L'église de Graves-les-Cuingamp les
possède; en 187+, Mgr David les a honorés d'une
nouvelle châsse artistement travaillée, et a présidé
lui-même à l'inauguration de cette châsse, au
milieu d'un grand concours de clergé et de
fidèles.
l-^.\trait de l'enquête de canonisation du bien-
heureux Charles de Blois, et d'un mémoire sur
son culte, dû au R. P. Dom Plaine, moine béné-
dictin.)
LE BIENHEUREUX JEAN DE GAND
SURN( )MMÉ L ERMITK DE SAINT-CLAUDE
AVANT JEAXXE DABC
Il y eut un temps où la France faillit périr.
Aux défaites de Crécy et de Poitiers s'était
ajouté le désastre d'Aiincourl, et les Fran<;ni-.
divisés en deux partis, les Bourguignon* r'
Armagnacs, se faisaient une guerre firiii i .
pendant que les Anglais victorieux envahissaient
le territoire de la patrie. Mais, au milieu de tant
de maux, il y avait sur le sol de France des
àines qui expiaient et priaient ; il y avait des
saints, et ceux-là devaient obtenir le salul.
Notre bienheureux Jean de Gand était de ceux-
là : c'était un -entilhorame qui avait renoncé au
monde pooi se faire moine dans l'abbaye de Saiut-
Claudc.
Après s'être formé aux vertus monastiques, il
se relira dans un ermitage du Jura, où il passait
les jours et les nuit- dans une «rande pureté
d àrae, honorant Dieu par le jeiiue, la méditation
et la prière.
Les longues calamités qui désolaient la France
remplissaient son àme de tristesse; il solTrait à
Dieu comme une victime pour le salut du peuple
tout eniiei : il suppliait le Seij-'neur de rendre .'i
la Fraii -e la paix, l'indépendance et la prospérité,
de la délivrer des ambitions, des rivalités, des
liaiiios et des trahisons qui la perdaient. Il priait
spécialement pour la réconciliation des deux
rois de France et d'Au«leterre.
In jour (ju'il était en contemplation, il fut
divinement averti do quitter son désert, et d'aller
lui-même, simple moine, supplier, au nom du
ciel, les deux rois ennemis de mettre un terme
au lléau de la euerre.
Il se rendit d'abord à Poitiers où se trouvait
en ce moment le jeune dauphin Charles Vil,
administrant les débris du royaume durant la
démence de Charles VI, son père.
1,0 prince français le reçut avec bonté, et
comme le saint moine lexhortait à rendre le
plus tùl possible la paix à son peuple :
.. Plus que tout autre, répondit Charles, je
suis afiligé des maux de la France, et je souhaite
de tout mon cueur la fin de ces guerres alTreuses;
mais que puis-je en ce moment pour forcer les
Anulaisà la paix?
— Ilieu bénira votre bonne volonté, reprit
le moine, et je vous prédis aussi que dans peu
+'années Dieu vous donnera un llls, qui vous
succédera un jour sur le trône de France, s (Ce
(ils fut Louis XI
Ue la, le bienheur(ux Jean de Cand se rendit
en Normandie, où Henri V, roi d'Angleterre, pour-
suivait ses conquêtes si fatales U la France.
Henri consentit à l'admettre en sa présence,
mais, dès que le saint homme eut commencé à
lui parler de la paix, le lier monarque, enor-
gueilli de ses victoires, le repoussa avec mépris
et ordonna qu'on le chassât de sa présence. Pen-
dant que les serviteurs s'empressaient d'exécuter
cet ordre avec force mauvais traitements, le moine,
sans s'effrayer, se retourna vers le prince
anglais :
■■ Bientôt, dit-il, Dieu vous appellera à son tri-
bunal, et il fera sentir aux Anglais le bras de sa
vengeance en les chassant du sol français. ■•
^Vers 1419.)
En elTet, Henri V mourut peu après 1422), et
l'on sait comment Jeanne d'Arc ne tarda pas k
être envoyée pour repousser les Anglais et sauver
la France.
Le pieux ermite, ayant accompli sa mission,
reprit le chemin de sa solitude du Jura. En
route, il prêchait aux populations qu'il rencon-
trait, les exhortant au salut de leur Ame et à la
conquête de la patrie célote.
Au reste, son exemple en disait plus que ses
paroles. C'était toujours le moine auf^ère de
Saint-Claude, à la fois plein d'humilité et de
douceur, jeûnant habituellement, portant un
rude cilice et une ceinture de fer, passant sou-
vent la nuit en prières.
Il tomba gravement malade eu arrivant à
Troyes,en Champagne, llecueilli dans l'hiMellerie
des Dominicains, dont il aimait à suivre les exer-
cices religieux quand il passait dans cette ville,
il reçut les derniers sacrements des mains de
Cautier, curé de Torvilliers, et, le 29 septembre
I41'.i, il rendit joyeusement son Ame à Hieu, sur
un petit lit de paille, ne regrettant rien des
choses de ce monde et heureux d'aller jouir de
son divin trésor dausieciel.
Tant que son corps restai dans l'hAlelIprie qui
venait de recevoir son dernier soupir, on \itune
colonne de lumière briller au-dessus delà maison.
Il fut enseveli dans l'.v'lisc des llorainicains;
plusieurs miracles se liront sur son tombeau, et
Louis XI, dont il avait prédit la naissance et qui
lui conservait une dévotion spéciale, fit exhumer
son corps en 1482, pour le placer dans un lieu
plus di^-ne <le lui
\mp.-g*rm»l : t. I'«titii»!«»». ». me Kr«Bi;oii I". r«ri«
SAINTE GERMAINE COUSIN
Fête le 15 juin.
L'FfOMUR VAIT Cf. QU'lL VAIT Ali YEIX DR DIEU
S il fut une vie inutile, triste, misérable Sp|on
le monde, ce fui celle de la bieiiheureu<'e (ier-
inaiiie Cousin. Une main paralysée, une santé
■iole-^lahle. aucune insinirijon, une quenouille
et une houlelle, la «arde de quelques moutonx
et enfin, la mort à 22 ans : voila tout ce qui
composa, pour le monde, la vie de Germaine!
Si Dieu ne s'était plu à manifester par des
miracles nombreux et éclatants combien cette
pauvre nile lui avait été at-réable, ignorée ou
m'prisée pendant sa vie, elle serait demeurée
ensevelie dans le plus profond niilih dés le len-
demain de sa sépulture jusqu'au jour du jiite-
nient. Et voilà que celte simple berbère a i^té
faite, pendant sa vie. la dépositaire de la ]'iiis-
sance divine; après sa mort, le refucede'» infirmes
71
et de? afilisés.et qu'aujourd'hui, elle est proposée
A toute KE;,^!?» comme -un modèle à imiter, i
c«mine nn chef-J'uuTre de la ^^T^'•e ;i admirer.
Elle naquit l'an 1579, mourut l'an 1601, et
Pie IX la mit sur les autels l'au 1867.
Elle a par conséquent vécu, et elle a été
canonisée à des époques Hères «le leur science,
de leurs ri.-liesses, de leur bien-être et de leurs
proi:r'-« matériels.
Mais entrons, autant qu'il nous sera possible,
dans le détail de cette vie qui peut bien paraître
vile aux yeux du monde, mais qui a fait les
délices de Jésus-Clirist. Il fallait que cette fidèle
servante du Clirisi fût entièrement déj;avée de
tout lien, m-^iue le plus légitime, qui eût pu
l'alLicher aux choses de la terre. Aussi, quel
dénùment depuis son berceau jusqu'à sa tombe !
Si'CFFBANCes DE L» PBTITK GERMAI^IK
A LA IIAISO.-« rATEU*(LUi
Elb^ vient au monde privée de l'intécrité de
ses membres : elle est percluse de la main droite;
elle n'a pas non plus i« bienfait de la hanté si
estimé sur la terre : elle est atteinte de scrofules :
au moment où les enfants commencent à coûter
le'boiilieur d'être ainn-s et le» plaisirs léf.'ilimes
de la famille, sa mère, .Marie Laroche, lui e«t
enlevée par la mort; la pauvre enfant était à
peine sortie du berceau!
Hieiilùt après, son père se remaria; (iermaisc
dut passer toute sa vie sous l'autorité d'une
manUre qui la détestait, la maltraitait ei la
ti-nait éloiiinée de sei frères et de ses strurs. Si,
du mi>iiis, elle «-l'il pu trouver aupréK de snu
tiere qurbjue compeiMalion à ses peiaes! Mais
.paiirenl Cousin n'avait pour sa lllle aurun>' ten-
ilr>-<se et s'iiiquii'lait fort peu de ses soutTran>'es.
I.'étable ou un coin dans la mai>on : uu taudis
de cinq pieil» de long au-de«ious d'un e«Cdlifr:
■ tuclipi'-s |>r.iiii'l>tr« de sartiit-iit pour lit. et pour
nourriture un peu de pain et d'eau : c'était bi>-n
asseï pour cell'- ••cn^fuleuse. Pendant le jour,
elle ile>'ait :;arjer un trou|»eau. c'était \k un
moyen tout siininle de la tenir éloiirni^e de la
maison et de l'uliliwr <"n m-'uie temii-. Cnmii)"
on l'encliaina kie l'Iiiu'i
que l'été, le.^ lit soulTn
ont de i>lu~ rigoureux. 1) an autre col'-, le& halii
laiits de l'ibrae ne l'éparunaient pas : on se
mor|unit de s,< > ité et de im d' totjoa.
K,i(it-il aj'O. la pau^rr- Ixirui^re, mal--
! tr.iilèi- d'un • ' ' r lUtre,
aban<loniièe avfc
un oorp» inlir ■ !>■
plaisir di- la I
ne savait pa
l'alplillirt qiK
avalent -■•' ■ -i . , ^.. . . .; ...
abè<'>-dai ai, on a tiouleier^é tout
r>-l.i : tl . J-. ou l'on prit^-nd tout
r-n,|rr .loz «aMBls, »n teuT lais*e ik'norer le
i.iir du salut.
onaAi?«i KT jfefs
Notn-.Seiuneur avait donc élnicné de l'ime de
.,. _.,.,..!.. i^m çp qy, pouvait la partJU'er «t
I- trouver en lui seul loul«ft aer
^'nsalion, qoelt n.
Sa Kràce lui fut ar
lour La rnmplit e'
i fien, rxct[.té «on
•l aU« i'aiiaait; «It* l'airasit i>t aii*
s'offrait à lui continuellement; elle l'adorait,
«Ile le serriit, elle lui pfésentail nés souCfrancej ;
elle d-'-eirail sa gloire, Vf xlenslon da sw rèsne,
et elle pleurait sur l'aveuiileiut-nl des honiiii'^'^
qui ne le servent pas ou qu> ne le servent i i-
assei.
Elle se parda bien de s'attrister de ses souf-
frances, de sa misère, ou d'en demander à Dieu
la délivrance, alors même que la puissance
divine en multipliant les miracles autour d'elle,
paraissait disposée à remplir ses désirs. Loin de
soufrer à demander ou à se procurer une santé
plus solide, elle s'imposait des fati-'ues et des
privations continuelles. Elle retranchait encore
au peu de pain qui lui était accordé pour ses
repas, et n hésitait pas à parcourir do longues
distances par des chemins malaisés pour alltr .'i
l'église.
Sa patience était inaltérable, elle n'avait i>as
d'autres réponses aux injures et aux mauvais
traitements qui l'attendaient lorsqu'elle ramenait
son troupeau à l'étable, ipie de -n taire et de se
retirer dans son petit réduit. Elle ne lèmoif,-na
jamais aucune aiareur ni aucune jalousie à se»
frères et k ses sieurs qui lui étaient préférés; l'Ile
les aimait tendreint-nt et cherchait a leur rendre
de petits services. .Ne pense/ pas qu'>lleail jamais
voulu changer le lit de sannenls sur le'|uel elle
pa.saBil toutes ses nuits : elle voulut le conserver,
alors iii-rae qu'en des temps m^-ilb-urs la liberté
lui fut donnée de reposer sur un véritable lit.
Nous avons déjà dit qu'elle ne plaisait pas au
villa^^e; l'éneryie, la constance, raclivitè, l'allé-
^Tesse qu'elle montrait au service de Uieu ne
sont pas du «oùt de cette multitude d'àmes
paresseuses, tiédes, alTadies. qui n'accordent à
Oieu que le strict nécessaire et souvent lui
refusent tout. On l'appelait la bigoti- Le monde
est toujours le même sur beaucoup de points et
sur celui-ci en particulier, (iermaiiii'. •■'inquié-
tant au«si peu que possible il-^s paroles qui sor-
taient de I ' ■: ' ■' de ses compatriotes, rem-
plissait te icicesde dévotion avec une
fidélité int-i'i .uKK'K'. L'amour e^t plus fort que
la mort, plus fort que l'enfer. Eh quoi! ce
' -"■••"I luelquespar'l-' ■"'Vinnle»qui l'aurafiil
lies pieu V
..i ... .l.ilt! qui I
s«nt«>r au saint Inln
en nlii^' 'lui l'aurai'
1 ■ ■
la lable .saiiit<
d'une sainte ne >'•
maine trouvait ses
(l"«n« \n prit-f»». dai
< auiqiK'ls la !
oècli''. lie »e I 1 -
de plus
, lorsque
ui au >aiiil Sacri-
\imé l'atlendail à
.Non, . lan saint ou
'• tifu' ir si peu. licr-
iliiques délices
^nt qui la rap-
' <|i|o|idieiine
li>ii fréquente
umott avec Jësus-
:l - sacremuits, dans '.
Chnil.
C«Ue iiBi«« atMffBÏt «Ih» Mft Ame un deL-ré
eilfordtiwilfe fit •» inMliMM n dehors dune
maiii>r'- inerwil|i-iise.
Aussitôt que l'heure du .Saint Sacriflce était
arrivée, la Hienheurctise pi-- ■-■' -i
houlett« ot sa iiuenouille. .ib.i ' i
peau à la ;;nrde du dnin l'a-' ■ '
en tonte hAle la dislance ■.
r.v'li,!- I» Smiveur, dont !<•• ' ' ! ti'
\iit< d'-« ' iiii' qne
•r» fiM pr' i"nt on il
' «ar l'aiil' 'ir
me un<- ■ I'
se> «artilfurs, A la Uanio ili- s. * •iiiieiiiis et aux
iiis nombre commis à cette époque
par lea piotestants.
Ui contiance de la Bienheureuse ne fi^t jamais
trompée. C'était une lumière surnatureile qui
lui iu-ipirait une confiance surhumaine, et cette
confi.inoe était mise au service d'un amour
héroïque. Le troupeau lut donc toujours hien
gardé, ni'''me sur la lisière de la forêt de Beau-
côjje où il fut souvint lai>?é; jamais de brebis
égarée ou volée, ni le luoiudre doiftma;:e tausé
aux champs voisins. 11 y a plus, il était floris-
sant, et il n'y en avait point au village de plus
beau ni de plus nombreux.
Ceci n'empêchait pas que Germaine fût, à la
mai^^on, sévèrement reprise de sa conduite par
celle qui la haïssait. Mais rien n'était capable
d'amoindrir en son cœur la docilité aux divines
insiiiratiou'^.
Il y a plus encore, car son esprit était conti-
nuelleiaeut absorbé en Dieu, à ce point qu'elle
oubliait tout le reste. C'est ainsi qu'on la vil
plusieurs l'ois tomber à genoux, au premier son
de VAnijeluLi, en quelque endroit qu'elle se trou-
vât, d.ins la neif;e ou dans la boue. Un jour, la
cloche se fit entendre au moment oïi elle traver-
sait le ruisseau de Pibrac : elle se mit à ;;enoux,
sans t.irder, comme $i elle se fût trouvée sur le
chemin.
Un autre jour, deux paysans s'étaient arrêtés
sur le bord de ce même ruisseau re^'ardant la
berfifrre \euir Je loin; ils avaient le sourire sur
les lèvres. C'est que Germaine ne pouvait se
rendre à ^é^lise sans traverser le ruisseau; elle
le faisait ordinairemeut à gué, mais celte fois
une longue pluie l'avait lelleinenlgonllé pendant
la nuit, qu'il était devenu infranchissable. Les
Jeux léiiioiiis se tenaient donc à quel(|ue dis-
tauce, attendant et se promettant de jouir de
son iii''.om|)te. liermaine, empressée et unique-
ment préiji-cupèe de la pensée Je son Seigneur,
arrl ve auprès du ruisseau qui roulait ses eaux
avec frar.is et impétuosité. Sans s'arrêter un seul
instant, elle y met le pied et voilà que le ilol.
se relire, et l'ait (lour l'Iiumble berbère de fibrac
ce que le Jourdain avait fait autrefois pour
l'arche ssinle et les enfants d'Israël. Les paysans
étaient là. saisis de i-rainte. hors d'eu.x-mêraes.
Us y dein>-uri;rent lonuiemps, les yeux (ixés
tantôt »nr liermaine, qui s'éloignait en toute
haie, tanti>l sur le ruiiiseau qui continuait de
couler.
Ce miracle, qui se renouvela souvent dans la
suite, et les circonstances qui raccoinpa;;i;a;ent,
indiquent clairement que Germaine était tout
entière a sou Oieu, mais aussi que ce Dieu était
tout à elle.
L'amour divin véritable est rommunicatif; Ger-
maine, qui en avait le caur entièrement rempli,
devait, p.ir consérjuent, chercher à le déverser
dans l'àme des autres. C'est ce qu'elle lit, et
je ciel put contempler cette humble bercère,
i«noraiile des sciences humaines, réunissant les
petits p.'ilr-s des alentours, pour laisser df'bopder
son caMir, leur parler de Dieu, les inviter à aimer
et à servir le bon Maître de leur mieux. Klle ne
prenait ce()pnd.Tnt aucune part à leurs jeux et se
tenait bien Imn de leurs conversations frivoles.
Sa rouversatinn était dans le ciel et sa joie avec
Dieu.
M lis admirons comment Dieu lui-même fit
écl.iier la complaisance qu'il prenait dan» les
a'iioii'- de «a (Idele servante. Celle-ci n'e'iait pas
telleineiil absorbée par ses pieuses penséesqu'elle
ne reraarqu.it les misères de» pauvres; et sa
charité, qui se signalait sous la forme de Ja
souffrance, de la prière et du zèle, se manifesta
également sous celle de l'aumône. Ce n'est pas
qu'elle eût du superllu à donner, puisqu'elle
n'avait pas même le nécessaire. Et cependant,
elle prenait sur ce peu qu'elle avait; elle don-
nait, et, chose difûcile à expliquer, elle donnait
beaucoup.
Notre-Seigneur multiplia le pain entre les
mains de sa charitable servante, comme il le
multiplia autrefois entre ses mains divines. Mais
cette explication ne vint pas à l'esprit de tout le
monde. On J'acçusa de vqler le pain à la maison
de son père. Sa marâtre ne fut pas la dernière
à concevoir de pareils soupçons. L'n jour, elle
s'aperçut ou crut s'apercevoir que Germainp
emportait dans son tablier quelques morceaux
de pain qui ne lui avaient pas été donnés. Aussi-
tôt, la voilà qui saisit vivement un bâton et se
met à la poursuite de (jerinaine. Sa fureur devant
un pareil forfait lui fait vomir toutes les injures
qui lui viennent à l'esprit. Deux habitants de
Pibrac qui la voient, touibcs de pitié pour la
pauvre fille menacée, hâtent le pas dans le des-
sein de prendre sa défense. On arrive vers la
ber^;ère, on lui fait ouvrir son talilier. Il ne ren-
fermait pas autre chose qu'un mai^nilique bou-
quet composé des plus belles Heurs et répan-
dant un parfum délicieux ; jamais les jardins >te
Pibrac n'en avaient produit de pareilles, lit, du
reste, ce n'était guère la saison des (leurs, on
était au milieu de l'hiver.
Il y avait là de quoi changer les cœurs les plus
durs. Bien des cœurs, en elle!, au récit de ce
qui s'était passé, furent touchés profondément.
Laurent Cousin prit pour sa tille des .sentiments
plus paternels, détendit qu'on la maltraitai désor-
mais, et voulut lui rendre au foyer domesliaue
la place qu'elle n'aurait jamais du perdre. L'Iiumble
bergère, qui avait été toujours beweuse d'avoir
des privations à offrir à S'olre-Seigneur, s-upplia
son père de lui laisser son lit de safmeats et
son ])etit réduit.
GEHUAINE AU PALAIS DE SON PKRR nU CIEL
Cependant, le temps de l'épreuve et de la souf-
france était écrtulé; l'heure de la délivrance et
de la jouissance allait sonner.
L'n soir, deux relinieux, surpris par la nuit,
avaient été obligés de s'arrêter dans la forêt voi-
sine pour y attendre le retour du jour. Vers le
milieu de la nuit, ils furent éveillés par des can-
tiques admirables. Leurs yeux, en s'ouvrant,
virent une lumière de plus en plus éclatante
dissiper les ténèbres. En quelques instants, elle
devint plus brillante que le soleil. b:nvironnée
de cette lumière, une troupe de vierties parut
au-dessus de la forêt. Llles se dirigeaient vers
Pibrac en chantant des cantiques ravissants. La
vision ne disparut que pour reparaître de nouveau,
un instant après. C'étaient les mêmes vierees
qui revenaient sur leurs pas. Klles entouraient
une compàô'né llôlST^Ile qui était venue se joindre
à elles et qui portait sur la tête une couronne
de Heurs nouvelles. Kn disparaissant une seconde
et dernière fois, la vision lajssa les religieux ravis
s'entretenir de ce qu'ils avaient vu et entendu.
Le lendemain matin. Laurent Omsin, ne voyant
pas paraître, comme à l'ordinaire, (iermaine, tou-
jours matinale et active, se rend sous l'escalier,
appelle, s'approche le beryère dormait ilu
Krand sommeil. Ia voix de l'Kpoux s'était fait
entendre pendant la nuit, voix pleine de doU'eur
et d'enivrements pour l'àme de la Bienheureuse;
et cette âme toute pure et toute belle, qui n'avait
pas besoin d'autre préparation à la mort que celle
de sa vie entière, •elle àine s't-tait déiacliée sans
effort et rapidement de sa dépouille mortelle,
pour aller s unir intimement et éternellement à
son Bien-Aimé.
Le lendemain, une foule niirabreuse se pressa
dans ré;rli«o df Pibrac. Le récit des deux relijjieux,
les miracles de Ijermaine, que beaucoup avaient
vus et que tout le monde avait entendu raconter,
avaient remué la population de Pibrac et des
environs.
Selon l'nsase de cette époque, elle eut son
sépulcre dans réalise. Aucun siiiiie, aucune ins-
cription n'en indiquait l'endroit; on savait seu-
lement qu'il était vis-à-vis de la chaire. U'un autre
côté, cette vie si simple, si humble, bien que
relevée par une ferveur extraordin.iire et par
des prodi:.'es nombreux, n'était confiée qu'à la
mémoiro des habitants de Pibrac. Ce souvenir,
si suave qu'il fût, s.Mnblait donc devoir s'effacer
avc'- les années. Mais il plut à Dieu de j^raver
pour toujours dans la mémoire et dans le c<pur
,[,. ses serviteurs sur la lern- une vie qui lui avait
l'-l'- si a;;réable; et voici C'immi'nt :
Il y avait quarante ans que le corps de Ger-
maine r''posait dans la terre sainte. Le fossoyeur
de Pibrac, ayant un jour à préparer une fosse
pour une parente de (iermaine.se mit au travail
a l'endroit mi'-me où on avait, quarante ans aupa-
ravant, creusé celle de la Hienlieureuse. Au pre-
mier coup de pioche, il soulève une dalle; mais
immédiatement il s'arrête et pousse un cri
il avait sous les yeux un cadavre qui paraissait
tout récent et l'instrument avait pénétré dans la
chair vive!
Des femmes, qni sVlaienf rendues à l'église
pour entendre la Sainte .Messe, accoururent; la
nouvelle se répand et un ^'raiid nombre de
témoins se trouvent rénnis en un instant. Il y
avait là un corps qui semblait avoir été caché
sous l<»< dalles la nuit précédente. On l'examine
de plus Lires : le corps était inté:;re et les membres
inta'-t^, l'épiderme était conservé, les oreilles
seule- étaient desséchées. Les lint-es et h- suaire
n'avaient subi aucune altération; les mains, qui
tenaient un petit rieriie. étaient entourées d'une
L'uirlande d'u-illcts et d'épis de seisle. ^n cons-
tata que ces épis renfermaient encore leurs ;:rains ;
et ces prains s'étaient conservés tels qu'au lemp:>
de la moisson. Une des mains était difforme et
le cou portait encore des cicatrices.
Le souvenir de (iermaine n'était pas tellement
effacé qu'il ne revînt à la mémoire de quelques-
uns des spectateurs. On parla de l'humble bergère,
puis tous les souvenirs se réveillèrent ; et tout le
monde .s'accorda bientôt à dire que Dieu avait
voulu conserver les restes de sa fidèle servante,
que ce saint corps déposé dans une fosse pro-
fonde avait <^té élevé à Heur de terre par la puis-
sance divine et que c'était là une nouvelle mer-
veille ajoutée à tant d'autres opérées du vivant
de la Bienheureuse. Le corps fut placé debout,
près de la chaire, afin que tout le monde pût
être témoin du )irodif;e; et ces restes bénis,
placés ensuite dans un reliquaire de plomb, et
transportés à la sacristie, puis jetés dans une
fosse et couverts de chaux par les révolution-
naires, exposés plus lard de nouveau dans l'église,
et de là dans une chapelle de Saint-Krancois-de-
Sales, se sont conservés jusiju'à nos joiirs dans
une intégrité parfaite, les chairs seules ayant été
consumées par la chaux vive. On vénère aujour-
d'hui ces précieuses reliques dans une chiisse
toute reluisante d'or et de lumières.
Mais, soit auprès de la chaire, soit à la sacris-
tie, soit même dans la fosse et dans la chaux où
ils ont été jetés, soit aux places d'honneur ou un
les a portés ensuite, ces restes sacrés ont tou-
jours été l'instrument de miracles nombreux et
é''latants. Les profanateurs eu\-mémes, châtiés
d'abord d'une manière évidente, ont obt.>nii leur
ituérison de la Bienheureuse. Plus de KH( mi-
racles furent attestés par des procès-verbaux ;
des pèlerina^'es se sont or;Kinisés. (Germaine a
été invoquée en faveur de Pie Vil et, plus tard,
en fiveur (!•• Pie 1\: et la double délivrance de
ces deux Souverains Pontifes a suivi de prés la
demande qni en avait été faite.
Knfin, le procès de canonisation, tenté une
première fois, puis abandonné, faute de res-
sources, n élé repris sous le potitillcat de Pie |X,
et, pour répondre à trente lettres postulatoires
d'archevêques et d'ëvéques frain-ais, l'Kpousc
de Jésus-ChrisI, la Sainte Kulise, a, par la voix
de son représentant, décerné à l'humble ber-
fière de Pibrac les plus grands honneurs qui
puissent être rendus ici-has aux serviteur- de
Dieu. Déelarée bienheureuse en INRt, (jermaine
a été canonisée solenuelluinent en iH67.
It frr»nl V.. IVriruKtiiT — impriinrrir P t-'unnvViiAi , î j» J. rnr Ha|<r<l. r»rH.
SAINT JEAN-FRANÇOIS r.ÉC.IS
DE LA COMPACIME DE JÉSUS
Fvie If 16 juin.
CARACTÈRE DB LA SAINTKTIÎ DE JEAN-FRA.NÇOIS
Parmi le» nombreux saints que la Compapnie
<lo Jésu« a doiiiu'< à ^^;î,'lise, Jean-François Ré^'is
^•^1 un des plu> illustres.
Ce grand Saint est le modèle de ceux qui veu-
lent «agner beaucoup d'Ames à Dieu. Il se sanc-
titi;i lui-m<-me, avant de sanctifier les autres; il
Cratiqua les vertus les plus héroïques. Une
umili'> profonde, une aoiiégation enlii-re de
lui-m''inc. une patience à toute épreuve, une
fermet'- qin' le« menaies de la mort ne purent
ébranler lorsiju'il s'at'issait de son devoir, un
amour de la pauvreté la plus absolue, une
pureté d'ance et un désir ardent des sntifTrances
et des humiliations : voilà comment cet ap'itre
faronna son âmp, fi devint ensuiti* entre les
main*^ de Dieu un iii«irument docile dont il se
servit pour ramener un K'rand nombre d'âmes
dan« |f rhrmin de la vertu.
Saint Krnni^ois Répi« naipiil le .31 janvier 1397
à Foni-oinerle, ilan* le dinci-se de Narhonne.
PREHIKRES ANNEES
Dès sa plus tendre enfance, notre Saint connut
les douceurs de la piété et de l'amour de Dieu.
Il descendait d'une noble famille du Lanyucdoc.
Ses parents lui inspirèrent de bonne heure le
sentiment du bien, car leur illustration venait
au moins autant de leur vertu <pie de la distinc-
tion dont ils jouissaient. Tnilc ses frères fut tué
au siéye de Villemur, dans une sortie contre les
huguenots, sa famille «"étant toujours signalée par
une ;:r.mde lidélité à la foi catholique.
A l'àiie de cinq ans, il entendit parler à sa mère
des peines de l'enfer, et en fut vivement frappé.
Il ne prenait pas de goût aux amusements des
enfants de son A».»c , il préférait les chose»
sérieuses, et ne s'occupait que d'exercices de
piété. Souvent il se renfermait dans une iba-
pelle. et là, se laissant aller aux douceurs de la
mnlemplalion, il s'oubliait dans la pr'^^'ine
de Noire-Seigneur, et y répandait des larmes
abondante».
:-.- ii;ireiit> lui ;iv:ii -nt donné un préceptour à
l'humeur brusque et cliagrine; l'eiifanl tiiiiiile et
niriJesle eul beaucoup isouffrirde celle ilireclioo,
mais il supporta -to épieuve »ans munuiirer.
bientôt, les ti-.iiiis ayant nuvert des classes à
liéiiers, il leur lut confié; sa piéié ne lit que
'e développer de plus en plus. 11 avait une tendre
dévotion pour la Sainte Vierge, et fut prompte-
ment roi-u dans une de ces pieuses associations
ériL''>s dau« les collù^es relii-'ieux, et destinées
à I li ler la Mère du Sauveur. Il avait une ^rrande
l'i'riiiance en son an;.'e :;ardien, à qui il se crut
t'Hijours redevalde d'avoir échappé à un grand
péril.
H VOCATION
Sa vocation se révéla de bonne heure, dans la
douce et s:ih!laire influence qu'il sut prendre sur
^e< compa-'iions d'études. Dans les proutiers
moment*, quelques railleurs tournaient eu ridi-
cule se- piatiques religieuses, parce iiue la con-
duite de notre Saint n'était pas en harnioniA avec
la I iir; bientôt, ils reconnurent la puissaiDce de
-,i ■. i-rtu, et loin de s"éloi;;nor de leurpieu\ com-
pa.rion, ils s'en rapprochèrent si bien, que
lianrois Hégis gagna leurs Ames. Six d'entre eux
•..• réunirent à ce nouvel ap6lre. Ils vivaient dans
une espèce de communauté, réunis dans la inénie
maison. François Mégis composa une ré:.'le écrite;
l>-s heures d'études étaient liiéfs, les conversa-
tiens inutiles interdites, on lisait un livjt; de
piété pendant lis repas, on faisait l'ev^ui^iu. d|j
conscience le soir, et le dimanche •■ "- — tumli
la Sainte (lommuiiion. C'est ain»i 'P' '"*'-
préludait aux grande-- "M' '• ~ ■\'\">^ h.
plir; car les Ames pr^
du bien h faire, et !■ : , . ..... , i n..
de Nntre-Seigneur, il leui' OaU. loivi^urv^ pitiskaltip
de travailler à la u-loire du Dii u.
Saint François Ité^iis fn
d'une maladie crave; il
rapi>rochaienl par sa patieuLU ni put x» pi
discours. -.Vyant recouvré la santé alprs qu'. ,,
pensait le iiioin^. il songea à se doilltOi- ù. I)luu,
d'une manière plus entière; il lit une relroile
pour connaître sa vocation. Il se sentit pressé
d'entrer dans la (>mpn:iiiie de Jésus.' Son con-
f. ur, le P. François Suarez,y réllécliit, et l'en-
- !.■ .1 à suivre son inspiration. Celte décision le
remplit d'une sainte joie, et il entra au noviciat
le H décembre ItilO.
IJi SUVjaAT
Dès les premi-rs jours, il se fit admirer de-s
pins fertents. Ri'-n ne vi-nunt plus Inmlder -on
,],'.»ir .l'iii.. Mi.ioi, l'oiistanti avec Nolre-.^eigneur,
il ri'iil ' pas un soûl iiislunt In pensée
d» sa , . Il s'appliqua à pratiquer tout
piiticulieremenl l'huiiiililé, la haine <te lui-
11,111 •, !•' ni'iri- 'lii in. iid''-. et \f plaisir de pro-
dcTiDreut la
11, il de .siiMr
élAil cerl«i-
1» le<i hApilAUx le*
dérer Jésus-t'.hrist lui-iii 'lue dans la personne de
ceux qui soulTrent. 11 traitait son corps très
duremest. et S8v«il user de Biéuagements et de
douceur pour les aulras; aussi ses compagnons
disaient-ils qu'il était son propre persécuteur.
Mien n'approchait de sa ferveur dans la prière;
il tombait souvent dans une espèce de ravisse-
ment qui se rellétait sur son visage; aussi com-
bien il savait communiquer au.\ àmesl'ainour de
Dieu, tant par ses paroles (jue par ses exemples.
Après deux ans de noviciat, il prononça ses
vieux. Ses supérieurs l'envoyèrent à Cahors et à
Touruou, pour faire sa rhétnrique et sa philoso-
phie. Le goût des études n'affaiblit en rien sa
piété et son yoùt pour l'oraison. Voulant se pré-
cautionner contre ce danger, il eut soin de faire
une large part aux exercices religieux, et ses
ii>klfi)ttâ qui furent biillaiiles n'en souffrirenl
jaiiiiiis. Sa lidélitè à tous ses devoirs était si par-
laitu qu'on ne trouva jamais l'occasion de lui
faire un reproche, et qu'on le surnomma l'ange
de l'écolfi.
PHEMIER AP0ST0I.AT
Pendant son séjour à Tournon, Dieu lui ins-
pira d'évangéliser les ]iauvres et les serviteurs
de la ville. Cette predicatii>n aux petits et aux
faibles convenait à sa nature humble et dévouée.
Le dimanche, il jiarcourait les villages et les
bourgs d'alentouj': il se taisait précéder d'une
clucbette; il' réunissait les enfants, leur faisait le
ouléchi6iiiu, ut; Ifiui- apprenait à aimer le Sau-
veur Jésub,
Son :juiii pour r,i|io6lolat acheva de se montrer
' .iilavo dans la sanclilication du
Il y opéra des merveilles ;
- ■ ' rinipiété y régnaient
Il ni l'iancois He^-is y
- -.,. leiiii-nts, la réi-eptioii
le l'Kucharistie. Il eut la
; ..1 i inslituer les confn'rics du
iieitC 11 était seulement Agé de vingt-
I '■si heureux et luie sainteté si pré-
(-11. ■ Kiiit fane prévoir ce que serait un
jour «» nnmd Saint ; cependant, l'heure de»
LTands travaux n''"tail pas encore venue, et se»
supérieurs jugeienl A propos de l'envoyer dans
la ville du l'uy, alln d'y enseigner le» belles-
lettres.
LKJ<rKll..NtXÏ.M
s liiil Pi.i i- lî'_i- niiiimé profe-sem. '■'li-
I 1 iiire se» .i-
il le bien i , i ut
.ec le plus ;;rnnd soin, el ne Irou-
m lyrii plus sur île profi-s«ir n\rr
avant l'heure de I i
m- ni II L'Ui-nt l'un
fn.
di
i'VM rfiuiis,.
■ ■• • ;'rr
lit
'iin-
,ini .1... .lia- . -.aiidc
lit bien qu'il MTail comi-
I i nuit 'l -' "
I II atcrlit '.: ., .-- .-i , . , '■ ".
tépoudtt : " !t* iroublcf pnx le» rnlretieu» dt • ■ '
auge avec son Dieu; je suis bieu trompé si ou ne
célèbre pas sa fête quelque jour dans TEslise.
ORDINATION
Au coniniencement de 1630, Régis eut ordre de
se préparer à la prêtrise ; un combat de Terlu
s'éleva alors dans son cœur; le zèle pour la gloire
de Dieu et le désir de sapner des âmes lui faisait
désirer cet honneur, tandis que son humilité le
remplissait d"une suinte frayeur. Bientôt ses supé-
rieurs rencouraaèrentel levèrent toutes seshési-
talions. Il se prépara à sa première messe par
le jeune, les prières et les mortifications. Ce
beau jour arriva; il célébra avec une piété qui
fit l'admiration de tous les assistants, car il fon-
dit en larmes tout le temps et paraissait plutôt
un anse qu'une pauvre créature.
La peste décimait la ville de Toulouse ; sur ses
instances, François Hégis obtint la permission
d'aller y exercer sa charité. Il se dévoua de
toutes façons, sans compter ni avec le ûéau, ni
avec sa jeunesse, espérant que 'Dieu l'attirerait
plus tôt à lui ; mais il avait encore beaucoup de
bien à faire, et son pèlerinage sur la terre devait
se prolonger.
L ne dernière année passée au noviciat, dans
laquelle les disciples de saint Ignace s'adonnent
e.\clusivemenf aux exercices de piété, accrut
encore ~a ^iulelé-
APOSTOLAT DES PAir\"BES
Il fut tiré de sa retraite par la ne'cessité d'un
voyage à Foncouverte, lieu de sa naissance. Il y
était allé pour ailaires de famille , mais les
oIjos.-; de Dieu l'occupèrent bien plus que les
iii'.'-r !- de ce monde.
Voici comment il [>assait son temps: le matin,
il faisait le catéchisme aux enfants, puis il prê-
chait, il entendait ensuite les confessions, et,
vers la nuit, il faisait une nouvelle instruction.
Dans le milieu du jour, il s'occupait de la Wsile
.1' ~ p luvres, il mendiait pour eux chez les riches.
. t .riait ensuite ses aumônes aux vieillards et
au.\ malades.
Un jour qu'il traversait les rues, portant sur
ses épaules une paillasse, il fut hué par des sol-
dats. Régis fut comblé de joie d'être assimilé à
«on iliviii Maître et de rerevoir comme lui des
injures. Ses Frères crurent devoir lui faire des
■ 1 ■ I liions sur sa conduite si éloignée de>
M 11- du monde, et qui ne pouvait être
iliiii-i qui- i>ar ceux qui comprennent la folie
■ l'- Il ■ roix : ■■ Exercez, lui dirent-ils, les œuvres
'!'■ lui-^ricorde, mais faites-le sans nous couvrir
■ I'' ' 'iiifi>Ninn et de ridicule.
I ti'' -l pas en s'humiliant, répondit Jean-
Ii •• ie*^ ministre» de l'Evangile perdent
!• re, et pourvu i}ue Dieu ne soit pas
'•' niporte I'."; jugements des boniracs ! ■>
I i-iie rh.irit'- sans borne» lui concilia
tou- le- < >i-urs et il eut la consolation de ramener
beaucoup d'Ames à Dieu.
<;.- -ui'cè» .«i consolants décidèrent ses supé-
!.■ m- .1 lui ronfler exclusivement la mission de
ri|i ■-(■•lat. Il (oininença par la ville de Mont-
I" li-i "U il lit il'" nombreuses conversions.
II avait pour l''-> pauvres une véritable préfé-
rence ; souvent il rctait dans son coiifi;«sio!inal
l'p ir ■ . ndre de nourriture, pour
• II' IIS lies malheureux, disant:
I - I- 'i- ■ju un' ip- manqucmnl pas de con-
f --• !••- pauvre», cette portion la plus aban-
1 ■ :, Il tr'.iii.<'-tn ,|.. j...||u.(;|,ri-(, df.,! .Mrp
mon partage. » En d'autres circonstances, on
['"iitendit dire : » Venez, mes chers enfants, vous
étii-s mon trésor et les délices de mon cu;ur. >• H
ne se contentait pas de leur donner de bonnes
paroles, il les secourait, comme nous l'avons
déjà vu, des aumônes qu'il recueillait.
MULTIPLICA-nON DU BLÉ
Dieu voulut le récompenser de sa charité par
un prodiire éclatant. H avait une sorte de grenier
dans lequel il mettait le blé destiné à nourrir ses
pauvres; là on savait qu'on trouvait toujours un
secours, le Saint ne refusait jamais.
Or, les temps étaient difficiles, le blé rare, les
soulTrances plus nombreuses, les besoins pKis
grands. Une pieuse femme avait le soin de sa
provision de froment, elle distribuait ses aumônes
d'après ses ordres. Un jour elle était venue avertir
le Saint qu'il ne restait plus rien, pas de blé, et
plus d'argent pour s'en procurer. Sur ces entre-
faites, une pauvre femme, accon.pagnèe de ses
enfants, vient lui demander un secours. Il appelle
son aumônière et lui ordonne de satisfaire au\
demandes de cette pauvre mère. Marguerite,
étonnée, déclare qu'elle ne peut donner ce qu'elle
n'a pas.
« Allez, dit le Saint, remplissez le sac de cette
pauvre femme. »
Nouvelle objection.
" Allez, vojis dis-je encore une fois, reprit le
Saint. TOUS l'fouverez abondamment du blé pour
elle et pour tous les autres. >.
En effet, les magasins étaient pleins, et le pro-
dige se renouvelaplusieursfois pendant la disette.
MISSIONS DANS LE mill DK LA FBANCC
PARMI LES PROTt'^TAVrs
n fut le fondateur, à Montpellier, d'une œuvre
très utile appelée Maison de refu^'e. lA. ou
recueillait les .Madeleines qui, à l'exemple de leur
sainte patronne, voulaient arroger les pieds du
Sauveur de leurs larmes, et renoncer à leurs
péchés.
La carrière du P. Réeis dura dix ans. Il l'exerea,
non seulement à .Montpellier, mai> encore dans la
Vaunase, dans le \ ivarais, dans la ville du l'uy
et dans tout le Velay.
Il séjourna trois ans dans le Vivarais et renou-
vela complètement le pays presque iMitièrement
protestant. Deux conversions fort remarquées en
entraînèrent beaucoup d'autres, ("e fui celle du
comte de la .Mothe-Hrinn qui, plus lard, l'aida
beaucoup dans ses bonnes œuvres, et d'une dame
bérétiiiue haut placée et connue pour !»on alta-
cheineut à sa relisioii.
.\près cette mission frorturn-e. saint Fmncois
Réuis se sentit le désir ardent d'aller prêcher
l'Evan^'ile dans les inissinns du (^inada, mais le
comte de la Motbe-Brion insista tellement anprès
des supérieurs du Saint, qn'il obtint une nouvelle
mission dans la petite ville du Cheylard, située
dans des montagnes couvertes dcneixe, où notre
.Saint eut beaucoup à soufl'rirdes intempéries de
la saison. Pendant les quatre dernières années
de sa vie, il travailla à la saiictillration du Velay.
Il commença SCS travaux vers l'an l<>36 en faisant
simplement 1<' ratérhisme dans l'^i lise du colb l:-
d.'s Jf-suites. Il ne s'adressait qu aux eiifaiil- •'
111 peuple; mais, hientiM, tout c qu'il y a\ i i'
plus distingué dans la ville accourut .'i 'i
rations de la doctrine chrétienne. C'r-
r"-liin;ii-ii' <~<iinin<' un 'liiit ^t -
'^'laient pleins d'un feu céleste qui embrasait les
ou'urs.
Il allait ensuite visiter les prison^, les hôpitaux
et lesréduits di's pauvres. D réuiii^s.iit les pauvres
plusieurs fois la semaine, en «rauJ uoinore, les
instruisait, avec une admirable tendresse, des
vérités de la foi et de leurs devoirs; il les encou-
raffeait, les consolait, enfin leur donnait une
gén-Teuse aumône qu'il avait lui-rai^me (juètée
aupri'js des riches. Il fonda un Comité de pieuses
dames pour secourir les indij^sents.
SI i HA CLES
Sesprédicalions furent toujours accompagnées
de miracles, (glorieux apana^'e de sa sainteté.
A Martlies, une femme ayant obtenu la faveur de
raccommoder son manteau, en appliqua (iuel(|ues
morceau.x sur ses enfants malades, ils furent
guéris jiniiiédiatemont.
Il e\posa plusieurs fois sa vie pour combattre
le pci'li.-cl sauverles âmes, l'n homme de qualité
cherrhait à séduire une jeune orpheline par des
présents. Franrois Hégis ne naint pas d'aller le
trouver, et de lui reprocher sa conduite. Cet
homme, transporté de colère, tire son épée pour
on frapper le Saint. Celui-ci, nullement effrayé et
découvrant sa poitrine, lui dit : n Krappei, je
mourrai content, pourvu que Dieu ne soit pas
offensé. » Il convertit ce seigneur, et la jeune flUe
fut mise dans une maison religieuse.
Trois jeunes gens des meilleures familles du
l'iiy résolurent de le tuer pour se ven;jer des'
efforts qU'' faisait le S.iint pour les tirer du péché.
Ils l'attendirent à la nuit tombante pour le frapper:
mais saint Kiamois U«'t.'is, prévenu par une
liiniii'rc iiitérieiiro, les avertit qu'il connaissait
leur projet, les enj.M«pa à revenir à Dieu, et
obtint d'eux ce qu'il di-sirait
Deux aveugles recouvrirent aussi la vue par
l'eflieacilé de ses prières. Il guérit une feraini.'
malade cju'il était allé confesser, en mettant une
médaille dans l'eau <|u'il lui lit boire, l'nc autD-
fois, une pieuse demoiselle à l'extrémité l'ayant
fait demander, il se rontentade l'exhorter à faire
un plus •^aiiit u-iage de sa santé, et l'ayant appelée
par son nom, ••Ile fut guérie iinm''-diateinent.
Dans une ville, un ri'he manhand, impie et
d'''bauehé, avide de gains et d'arfjeiil, cherchait à
entraver la mission du saint religieux.
i>lui-ci alla le trouver et, après un cordial
entretien ; ■■ Vous prodiguez vos veilles et votre
santé pour am.isser de ;.Tands biens, lui dit-il;
mais quelle sera la lin de toutes vos peines'.' |ji
inorl vous ravira en un instant le fruit de tous
vo» travaux. Kl c'est nour ces choses périssables
que vous oubliez les biens élenii'|s. ..
Toute la nuit suivante, le marchand fut agité
pat ces pensées et, le lundcniain, il se convertit
sinrèrement.
Voilà bien en abrutie <|iielqiips-un'^ des travaux
de saint François Kégis; il faudrait une étude plus
lon;.'ue pour raconter tout le bien qu'il a fait ; tant
il est vrai que les saints suivent les préceptes de
Noire-Seigneur et se présentent devant le souve-
rain Juge avec une mesure surabondante de
bonnes u-uvres et d'actions héroïques. Si cette
remarque peut s'appliquer à leurs travaux, que
dire lorsqu'on descend au détail de leur vertus ".'
Eu ItiiO, il supplia ses supérieurs de le consa-
crer exclusivement aux missions des campagnes.
VERTUS DE SAl.NT JEAN-FRANÇOIS
Saint François Régis pratiquait les austérités
les plus ri;.'oureuses. Il ne mangeait qu'une fois
le jour, jamais de viande, jamais de vin. Il portait
toujours le cilice, et prenait la discipline d'abord
trois fois la semaine, ensuite tous les jours,
jusqu'au sang.
In jour, en allant évangéliser les pauvres
habitants des montagnes, il tomba et se cassa
la jambe; il ne voulut prendre aucun soin, el le
lendemain, il était guéri. Il passait presque
toutes ses nuits prosterné dans les églises, sur
la pierre froide, et lorsqu'il ne pouvait y entrer,
il restait à la porte à genoux dans la neige. Il
eut à soulfrir toutes sortes de persécutions, il
s'en réjouissait et demandait à Dieu d'augmenter
ses souffrances, disant que c'était sa seule con-
solation.
(< Qu'y a-t-il au monde qui puisse attacher
mon cu'ur, disail-il, si ce n'est vous, ô mon
Dieu. »
DERNIÈRE MALADIE ET MORT OU SAINT
Il mourut au champ d'honneur, en mission à
Ijj Louvesc. Il prit froid, rontracta une tluxion
de poitrine et n en continua pas moins à prêcher
et à confesser; enlin, il toinb.i en défaillance, et
les médecins ju:;èrent son état désespéré.
Il reçut le Viatique et les derniers sacrements
avec uiie grande ferveur; il ne trouvait de sou-
la;;ement a se» souffrances que dans la vue du
crucillx. l,e :il décembre, il dit à son rompaiinon:
•• .\li ! mon Frère, quel bonheur, que je meurs
content, je vois Jésus el .Marie <jui daignent venir
au-devant de moi. » Puis il s'écria : «< Seigneur
Jésus, je remets mon Ame entre vos mains. »
Ce furent ses dernières paroles . C'était le
31 décembre 1040.
On le proclama Saint d'une vuiz commune;
les miracles se succédaient sur sa tombe, on
allait y prier, on était exaucé.
Il fut (■■ • l'ii ITIG el canonisé en 1TS7.
L'ni n pieuse, d"-slinée à régulariser
les uni 1. ... -iiimes, a éiè placée sou» l'invo-
cation de sailli François Héi;i».
Ce t:ranil Saint, avant rendu la sanlé i^ un
pieux magistrat, lui inspira cette bonne peu-'
el perpétua ainsi au delà du tombeau le bi' n
qu il ne cessa de faire peiidaul son pèlerina«jc
sur la terre.
luii! jjttunt, V LU tuixti 8, rue I raiHt'i» I", i'iri».
SAINT HYPACE, MOINE EN BITHYNIE
Fite 'e 1 7 juin.
Un jeune Frère offre sa vie pour la guérison d'Hypace, son supérieur.
LX COnSCL DE DIED
Ce héros b^ni des peuples naquit vers l'an 380,
près des ruines de l'antique Troie. Par une inspira-
tion d'en haut ses parents lui donnèrent au bap-
tême le nom d'Hypace, qui signifle •' consul » ; il fut
digne de ce titre; toute sa vie, consul du Christ,
il en revendiqua les droits, et lutta contre l'enfer.
Son père, chrétien fervent et magistrat célèbre,
espérait revivre "tout entier dans son fils. H s'ap-
pliquait à nourrir son àme des enseignements de la
foi et l'initiait a la science des lois civiles. Hypace
pi^nétrait facilement les beautés de l'Evangile, "et en
pratiquait les conseils, mais sa mi''moire comme
son cœur étaient rebelles aux articles du Code
romain. A dix-huit ans il ne savait guère que les
lois de l'Eglise. I.e juge irrité leva un jour la main
sur son fils, l'enfant crut que sa présence au foyer
palprnel serait une occasion de trouble et, obéissant
a un-; secrète inspiration de Dieu qui l'appelait à
une vocation plus parfaite que celle d'un magistrat
civil, il s'enfuit laissant à la Providence le soin de
diriger ses pas.
IXOBCISTK — BERGER ET CHA^^rnE
• hemin faisant, il arrive dei^ant urie église, il y
're et eniend lire ce» paroles: « Celui qui pour
l'nmour de moi aura quill-' son père, sa mérr, $es
frTft, %e* tvurs, ura récompcmé au centuple et
pi.^s/ Ura la tie t'ternelle. » Hypace voit dans ce»
mots le signe de sa vocation, la voix de la grâce
[■arl»- rl.iifpment dans «on Am"* ; plus de doute, Dieu
l'appelle a se consacrer .i lui dans la vie relicieuse.
Cne caravane se diri^>-ait vers la Thrare, il le
joint h elle, paste le Bosphore, traverse Con^lanti-
nople sans s'y arrêter, et louche au terme du
voyage. Un soir les voyageurs, épuisés de fatigue,
dressent leurs tentes sous les arbres d'une forêt ; à
peine sont-ils endormis qu'une troupe de démons,
qui hantait ces lieux, s'approche d'eux pour troubler
leur sommeil et les induire en tentation.
Mais Hypace est là, son cœur pur et virginal est
un bouclier contre les traits de I enfer ; bientôt les
anges déchus s'écrient : « En vain nous essayons de
séduire ces âmes, car le Seigneur a donné à l'une
d'elles toute puissance contre nous ". A ces clameurs,
la caravane se réveille en sursaut, et eniend les
esprits impurs regagner leurs repaires avec un
bruit sinistre : seul Hypace dort paisiblement. A
l'aube ses compagnons 1 interrogent : « .N'avez-vnuj
pas entendu cette nuit ces bruits et ces spectres ?
— Non dit le jeune homme, jamais je n'ai reposé si
paisiblement. >. Ainsi Hypace, encore dans la vie
séculière, était déjà l'effroi de Satan.
Les voyageurs auraient voulu conserver ce pro-
tecteur puissant, et le ramener en Phryijie, mais
malgré leurs larmes ils durent le laisser suivre soi
attrait pour la solitude.
Le fils du noble magistrat se mit au service d'un
f'aysan dont il gardait les troupeaux. Cette charge
ui donnait le loisir de parler cœur à cœur avec Dieu ;
la nature riante et grandiose de la Thrace, son
troupeau, image du troupeau du Christ, les paroles
et les exemples du Bon Pasteur si tendre vis-à-vi»
des âmes, tous les bienfaits qu'il en avait reçus, lui
fournissaient des m»*dilatinn9 pleines d'amour, ei
de ton cœur embrasé, les cantiques d'actions Je
f!ràce montaient jusqu'à ses lèvres. Les échos de la
montagne répétaient ses accents qu'ils ji^rtaient
jusqu'au ciel, la nature tout entière cN hrait ton
488
Seigneur avec lui et ce concert allumait uii nouveau
feu dans son àme.
Frappé de la voix harmonieuse du jeune berger,
le prêtre gardien du sanctuaire voisin résolut de se
l'attacher. « Viens avec moi, lui dit-il, je t'enseign'e-
rai le chant des psaumes, et te conduirai dans un
monastère, si la vie monastique a pour toi des
attraits. »
Ce salaire ne pouvait manquer de séduire Hypace,
il accepte aussitôt, et chaque jour la foule accourt
plus nombreuse pour l'entendre chanter. Mais il n'a
pas quitté le monde pour faire admirer sa belle voix ;
Dieu seul est l'objet de ses désirs, et il répète après
saint Augustin : • Vous m'avez fait pour vous, ô
Seigneur, l'inquiétude et l'angoisse dévoreront mon
:liue jusqu'à ce qu'elle puisse se reposer en vous. >•
PLUTOT LE BUCHER Ql'B LK HONDg
L'empereur Arcadius avait dans ses armées un
ofBcier arménien dont la noblesse et la bravoure
lui étaient si chères qu'il avait juré de ne jamais
s'en sé[)arer. Un jour cependant le valeureux Jonas
se charge d'un faisceau de bois, s'arme d'une torche
cnd-immée et se présente devant son souverain en
disant: " Ou laissez-moi aller servir Dieu, ou brùlez-
moi sur le champ de votre propre main. •
L'empereur n'avait pas prévu cette irrésistible
prière, il dut céder. Le guerrier changea l'armure
brillante contre l'austère robe du moine, se réfugia
dans les déserts de la Thrace, et y bâtit un couvent
avec les frères accourus sous son obéissance. La
renommée des vertus pratiquées dans ce monastère
arriva jusqu'au village où vivait Hypace : sa joie fut
grande. >■ Enfin, dit-il, j'ai trouvé ce que je cherchais
depuis longtemps. » Il part sans tarder, demande
humblement la grAce d être reçu parmi les frères,
et bientôt ce dernier venu put servir de modèle aux
anciens, tant étaient admirables sa modebtie, son
obt'i'isance, sa mortification.
L'abbé Jonas lui confia le soin des religieux
malades, mais le zèle de l'infirmier ne trouvant pas
à se satisfaire dans l'enceinte du cloître, il demande
et obtient la permission d'aller soulager les infirmes
des villages voisins. S'il en rencontre Quelqu'un
abandonné par les médecins, il le prend sur ses
épaules et le dépose à la porte du couvent, puis,
agenouillé comme un suppliant aux pieds du Prieur:
c l'ere, un pauvre malade n été laissé au seuil du
monastère, ne me permettez-vous pas de le recueil-
lir? • L'abbé : ourlait, et l'infirmier, heureux du
succès de sa pieuse ruse, choisissait la meilleure
cellule et le meilleur lit pour son hôte.
Quand les remèdes étaient impuissants & guérir
ses chers malades, il prenait leur main dans la
sienne, comme pour lei caresser, et y traçait secrè-
leiuent le signe de la Croix ; les infirmes, gui'ns
aussitôt, voulaient le remercier, le doigt sur les
lèvres, il leur imposait silence, et, reeardant le
ciel, il disait : ■ C'est i Dieu seul <|u'il faut rendre
gr&ces. >
•icoHPiNM o'v» ritkt
Le courrier de Constantinople apprend à notre
S'iMl qu'un procès injuste m<-t en péril les inté-
r- ' ' lie M famille. Avec la peniii».«ion de Jnn«s,
il nirt .\ la capitale et s« jette dans les bras 4e
.' ileioenl surpris et heureux de le revoir.
I it désespérait de sa cause, mais le r«li-
%: 'lie et mnoranl des ruaes du siHcle, le
d. ' conseille si bien, qu'il en assure le
?u. ■ • s.
Hypace • uiuv4 im hi*n% temporels de* siant; par
«••» pri*r«-« ■ Ationt il va procwer leur
fil'it Hetu .X les parenla dont les
Iri lils •« (oiit lUoili.'i:
Le cénooite de la Thrace trouva des disciples dans
la ville impériale; deux jeunes seigneurs, Tiinothée
et Moshion s'unirent à lui pour servir Dieu, mal-
gré son humilité il devint fondateur d'un couvent,
le premier peut-être que Constantinople vit dans
ses murs.
.Mais le séjour des villes est un obstacle à la
prière; un jour Hypace dit à ses Frères : « Le bruit
du monde m'empêche d'entendre Dieu, je vais
chercher le calme des montagnes et des déserts.
— .Nous vous suivrons partout répondent Timothée
et Moshion. >
L'humble communauté traverse le Bosphore,
aborde en Dithynie.ets'arr^te à trois milles du rivage,
a l'est de Chalcédoine, aujourd'hui Kadi-Keui. Dufin,
préfet de la capitale, avait élevé hi une église en
l'honneur des saints Apôtres, et en avait confié la
garde & des moines égyptiens pour lesquels il avait
fait bâtir un couvent. Mais une colère du peuple
obligea les moines à fuir avec leur bienfaiteur,
l'église et le monastère de Itufin tombèrent en
ruines, et tous les démons de la contrée s'y réuni-
rent. Ilypiice résolut de délivrer la maison de Dieu
de ces hôtes impures.
11 s'arme du signe de la Croix et pénètre avec ses
disciples dans le sanctuaire profané. Les anges des
ténèbres, comme des oiseaux de proie chassés de
leur repaire, s'éloignent en poussant des cris de
rage. Chaque fois que les moines se mettent en
prière ils aperçoivent un dragon de feu rôder autour
d'eux, mais forts du secours céleste, ils redoublent
de ferveur et l'ennemi est contraint de céder défi-
nitivement la place
Les vainqueurs partagèrent leur temps entre la
contemplationf le ctiant des psaumes et le travail
des mains. L'un tressait des nattes, l'autre crdisait
les crins pour en faire des cilices, le troisième cul-
tivait un petit jardin. Leur pauvreté aidée par ces
petites ressources et les aumônes des fidèles leur
permettait de secourir les pauvres.
UM Ql'KRKLLR UB HOl.MS TERMINKI HKIIEUEBHENT
Hypace, Timothée et Moshion rivalisaient d'union
avec Dieu, de péiiitenoe et d'humilité, chacun se
croyant toujours dépassé par les autres m reprochait
sa l&choté et s'inipos.iit de nouveaux elTorls. Hypace
crut que la ch.irge de supérieur, devenue difficile i
cause du nombm sans c«sse croisnant îles reliuieux,
ne lui permettait pas de prier autant que son d<>voir
le lui imposait, il voulut la remettre à Timothée
3ui refusa éner^-iquement de l'acct-pter. l>> démon
e la discorde espéra un instant que celte lutte de
modestie lui ouvrirait de nouveau le monastère
d'où la prière l'avait chassa, mats l'humble pi leur
qui trouvait son fardeau trop lourd *o suuviul d''
la Thrace où il n'avait eu aa'h obéir et jimait A
cominandT, il quitta Chalcédoine, à la faveur des
tén'-bres, pour retourner au berceau de ta vie reli-
gieuse. C.rande fut la jnie en Thracr k son amv''e.
plus (fronde encore était la Inslesse en Bithynie ; le
Père avait disparu et personne w Mvail U lieu de
sa retraite; les agneaux sans pasteur pleurai* nt «t
firiaient; Dieu eut pitié de leurs larmes •'! • vauça
eur» prières.
L'abbé Jonas, venu de Thrace 4 Constantinople,
f tomba gravement malade, et dans une vimoii il
entendit ces paroles : « l.a santé te »«ra rendue
quand lljpacc virndra près de toi, - Timothée, qui
était accouru près dtj saint leli^ieux, apprit en
même temps cette r -l l" lieu " il
son mailr*'. Il va 1 ' rt lui i
revenir, mais celui-ci relaie d<- lentriiiJrc, cl veut
fuir encore. La veux de Dieu i> t'iitit alors du ha l
des «eux. « Hypace retoiiro<- au mooasler* d>>
Hufîn, je t'ai choisi pour être la lumière des peuples
les plus reculés. » Tous adorent en silence la
volonté divine, et arrivent vers Jonas toujours
étendu sur son lit de douleurs. Le fusitif se met
en prières, prépare un peu de nourriture à son
Père bien-ainié, et celui-ci est guéri dès que ses
lèvres en ont touché.
Quelques jours plus tard, Hypace rentrait à
Chalcédoine et disait à ses moines: « Ma solitude
m'était chère parce qu'elle assurait mon salut. Main-
tenant je tremble pour vous et pour moi, je crains
que mes péchés ne vous perdent. — Père, au désert
vous ne sauviez que voire âme, répondit un Frère,
ici vo'is sauvez aussi les nôtres, vous avez double
gain : soyez donc heureux. )i Le Prieur ajouta :
■ Depuis que j'ai quitté le monde je n'ai jamais
entièrement satisfait ma faim, ni mon sommeil,
imitez-moi comme vous imiteriez le forgeron ou le
sculpteur qui voudrait tous enseigner son art. »
IL FADT CRIER AD LOUP ET LE COMBATTRE SANS MERCI
Vers l'an 430, un prêtre d'Antioche tristement
célèbre, Satorius, fut élu archevêque de Constan-
tinople. Hypace priant pour le nouveau pasteur
eut une révélation à son sujet, une voix lui dit:
« L'Archevêque sera intronisé par des laïques,
avant quatre ans il tombera dans l'hérésie, et la
ville épiscopale le chassera de son sein. » Le Père
communiqua ses craintes aux religieux, et Dieu
permit que ses paroles vinssent, comme un avertis-
sement salutaire, aux oreilles de Nestorius. L'or-
gueilleux patriarche en fut blessé, il passa à Chal-
cédoine sans daigner s'arrêter au monastère de
Rufin, et aussitôt après son sacre, il envoya dire au
Prieur : « J'ai été élu pour vingt ans, que signifient
donc les rêveries? — Si les choses n'arrivent pas
tomme je les ai annoncées, répondit Hypace, j'ai
été le jouet d'une illusion, si au contraire les évêne-
raenls justifient mes paroles, croyez que je les tiens
de Dieu même. »
Nestorius accepta la gageure. Trois ans s'étaient
à peine écoulés que le venin de l'hérésie souillait
déjà ses discours, l'impie niait l'unité de personne
en Jésus-Christ, et refusait orgueilleusement à
Marie le titre de Mère de Dieu.
Ces blasphèmes ne purent pénétrer au couvent de
Chalcédoine ; le Saint anathématisa l'hérétique, et
raya son nom des dyptiques sacrés. Eulalius, évéque
de Chalcédoine, réclama en faveur de son métropo-
litain condamné, à son avis, trop rapidement.
Hypace se contenta de répondre. « Je n'ai plus de
I apport arec Nestorius depuis qu'il s'attaque à
Jésus mon Maître et mon Koi, je ne puis insérer
son nom dans le Canon de la Messe, parce qu'un
hérésiarque n'est pas digne du titre de pasteur
rlans l'Eglise ; faites de moi ce que vous voudrez,
le suis prêt à tout loufTrir, et rien ne me fera chan-
ger de conduite. >
Peu après, le concile général d'Kphèse condamnait
l'hérélique et acclamait Marie Mtc de Duu, aux
applau<|j«-<^menl8du monde chrétien. Cet événement,
heureux pour tous les fldeles, dut l'être davantage
encore pour le moioe intrépide, qui avait refusé, dè«
le commenc^'Uient, et avec tant de courage, de tfan-
iiltermc l'erreur.
.N'^storius déposé alla expier ses crimes dans
l'exil ; quelque'* années après, de hauts personnages
demandèrent à llyjiace si l'hérésiarque obtiendrait
de nouveau le siège patriarcal ; la réponse fut
sévère. >< Si l'heure de l'Antéchrist a sonné, l'exilé
reviendra, car sa doctrine est relie de l'enfer, sinon
il ne sert jamais réinléttré dins sa dignité. Je rougis
de ceux qui pactisent encure avec lui ; la colère du
S'.'igneor s'allumera contre eux, et, s'ils ne font une
rigoureuse pénitence, leur perte est assurée. Pour
nous, gardons intacte la foi prêchée par les apôtres.
Les jeux olympiques, abolis par les empereurs
chrétiens, allaient être célébrés à Chalcédoine grâce
à la munificence impie de Léontius, riche habitant de
Constantinople. Tout était préparé; Diane avait son
autel au milieu du cirque, les fêtes devaient com-
mencer par un sacrifice en son honneur. .Mais le
consul du Christ ne peut tolérer ce réveil du paga-
nisme, il court au palais épiscopal et jure de mou-
rir dans l'amphithéâtre, plutôt que de permettre
cette infamie.
Le zèle prudent d'Eulalius redoute ces saintes
indignations; il fait dire au Saint: « Vous êtes moine,
le monde n'est rien pour vous, laissez-moi le soin
de cette affaire. — Oui ce soin regarde Votre Révé-
rence, répond Hypace, mais si elle l'oublie, je l'aver-
tis que demain j'envahirai le cirque avec mes
Frères, nous renverserons ''image de Satan de son
autel impur. » Après celte déclaration, Hypace enrôle
pour la sainte lutte' les abbés et les religieux des
monastères voisins.
Léontius trembla devant cette nouvelle armée ;
il prétexta une maladie soudaine, et les jeux n'eu-
rent pas lieu.
Saint .\lexandre, moine de l'Asie Mineure, était
venu s'établir à Constantinople même, avec une
centaine de moines qui prêchaient au peuple, et
reprenaient publiquement les grands de leurs scan-
dales. Les seigneurs irrités lancèrent leurs hommes
d'armes sur les religieux, qui furent couverts de bles-
sures et condamnés à l'exil.
Hypace reçoit les persécutés dans son couvent et
panse lui-même leursplaies. Eulalius s'effraie encore,
et menace de le chasser de Chalcédoine s'il retient
davantage les proscrits. «Les Religieux sont comme
la prunelle de l'œil divin, répond léSaint, Dieu saura
bien empêcher qu'on les arrache de mes bras. "
Les paysans nourris en grand nombre par les
aumônes du monastère s'offrirent pour en défendre
la porte, mais leur secours fut inutile. Une voix
s'éleva au milieu de la foule qui assiégeait le monas-
tère : « l'Impératrice charge les notaires publics de
prendre les noms des persécuteurs des moines ». \
ces mots la panique s'empare des assaillants, jaloux
des faveurs impériales, et les deux communautés
sont laissées au bonheur de partager le même toit.
Saint Alexandre et ses religieux fondèrent, a dix
milles de Chalcédoine, un couvent d'Ascémetesou des
moines tans sommeil. On appelait ainsi les religieux
de certains couvents qui,divisésen plusieurs chœurs,
se succédaient les uns aux autres dans l'église pour
chanter les louanges de Dieu sans interruption ni
jour ni nuit.
POOH LES AUTHES UN CŒUR DE CBAIB — POUa SOI UN CCEl'^
DE BBO^'ZE
Le plus cruel ennemi des saints c'est la chair,
aussi lui font-ils une guerre incessante sans jamais
se lasser de combattre, ni jamais désespérer de
vaincre.
Lorsqu'il sentait ses membres se révolter contre
l'esprit, Hypace s'acharnait & la lulte sans rien
pprdre de sa douceur ni de son calmr-. • Si Dieu ae
me délivre pas aujourd'hui, il me délivrera demain,
dans cinq ans, dans dix ans, disait-il, sa bonté ne
m'abandoniwra jamais. »
Cinquante jours le démon s'obstine & arracher à
ce cœur virginal un consentement à ses suggestions
impures, cinquante jours, pour dompter sa chair
trop sensible malgré lui aux caresses de l'eni.'nii,
le pénitent se refuse tout rafralcliissemenl. iii' inc
une goutte d'eau ; ses lovres desséchées éclai>i,i et
se fendent comme un sol brûlé par le soleil, et
l'athlète est toujours dispos pour le combat ; mais
ses Frère» ont averti l'Abbé : celui-ci verse un peu
de vin dans une coupe qu'il présente à l'héroïque
religieux. Hypace n'a jamais goûté de vin dans sa
vie, mais heureux d'obéir, il ajoute une nouvelle
mortification à la première en acceptant ce breuvage
répugnant pour lui. Cet acte d'humble obéissance lui
valut la victoire. Toutefois il ne voulut pas s'endormir
dans une fausse sécurité, et sachant que l'ennemi
reviendrait à la charge, il continua de combattre.
Chaque carême il fait murer la porte de sa ceN
Iule, ne se réservant qu'une étroite fenêtre pour
s'entretenir avec les moines. Ses jours et ses nuits
ne sont plus qu'une longue prière, accompagnée
d'une telle abondance de soupirs et de larmes, que
tous ceux qui l'entendent sont émus de pitié. Il ne
prend son cbétif repas : un peu de pain, d'eau et
d'herbes, qu'.ipr^s s'être imposé vingt-quatre heures
d'abstinence complète.
Le jour de Piques, H'i'pace quitte sa retraite, et
va célébrer la messe à î'éplise des saints Apôtres,
où tout le peuple accourt pour être témoin de sa
ferveur, entendre le merveilleux éclat de sa voii, et
contempler le feu divin qui rayonne autour de
son visage pendant l'accomplissement des saints
nivstùres.
Dieu, vaincu par tant d'amour, mettait en quelque
fMPte sa toute-puissance au service de la charité
.uidacieuse et prodigue de son serviteur. Polychrône,
habitant de Chalcédoine, souffrait au pied d'un
ubtre <iui ne lui laissait pas de repos; il vient se
jeleraux genoux d'ilypace et le supplie d'avoir pitié
de lui. Le thaumaturge répond : « Fais-loi extraire
l'os du pied, je prierai, et, si tu es guéri, reconnais
à ce signe que Dieu te veut dans un monastère. •
Les médecins se récrient : ■■ Si l'on extrait cet os,
la marche sera absolument impossible. » Mais Poly-
chrône a plus de confiance aux paroles du moine
qu'aux lumières des experts; Dieu, qui a façonné
.Adam d'une poignée d'argile, peut bien, à son avis,
mouvoir une jambe de chair en dehors des règles
de la médecine. Il se soumet à l'opération et il est
guéri aussitôt. Il passa le reste de sa rie au monas-
tère de Rufin.
Di>â jaloux empoisonnent la citerne du couvent,
le- Itelieieux tombent successivement malades et à
l'heure de l'office l'église est presque vide. Le cœur
du Père est afllig<'-,il prie ; trois vieillards lui appa-
raissent comme tenant conseil entre eux. S'arrétant
en un point du jardin ils disent: • C'est ici qu'il fau-
drait creuser pour trouver une fontaine » puis la
vision disparaît. Hypace saisit une pioche et court
au Heu marqué, au premier coup jaillit une eau douce
et limpide qui r.'ud la santé & tout le monastère.
Les prêtres grec? apportent un petit pain & l'autel
et, avant de commencer la mctse, lorsqu'ils ont déjà
revêtu les ornements sacrés, ils en coupent une
partie avec une lame d'or, pour la consécration,
;>iils dirisent le reste en menus morceaux pour les
d'^trlbuer au peuple : ce «ont les eulogies ou pain
b'-niU
Les eulogies d'Hypace avaient une vertu parti-
culière, rien n'était si efficace contre les maladies
ou contre les accidents.
L'n enfant dans une chute s'était meurtri la tête,
l'o-il nrraché de l'orbite pendait sur la joue déchi-
re» ; i.ii .-ipplifjue sur la blessure le paifTbénit par le
I tniile trace du mal disparaît.
•■• provisions abondent au monastère de
(t'iiiti. jnelle» M)ient insuriisanles h l'entretien
lies Helii;.- v eiix-mêmeii, les pauvret en r ■ivenl
Inujour» leur [irt l'ne fuis les celliers élaienl vides,
Ih pBce priait .i ■■ ■■■■ Inrme* le Seinnenr de lin donner
■I- quoi nourrir < i timins li-« iiidiftenls; unangelui
apparut et lui dit : « Cesse de l'attrister, jamais
aucun des tiens ne manquera du nécessaire. »
Dans une de ses visites aux monastères do Bilhynie,
le Saint et ses compagnons sont abordés par un
pauvre implorant l'aumône au nom de Jésus-Christ.
il n'y a qu'un petit pain dans la besace des vova-
geurs, ce quatrième convive est de trop. Hypace, pour
lui céder discrètement sa part au fruyal festin, feint
d'avoir oublié quelque chose au monastère voisin,
retourne quelque temps sur ses pas et ne rejoint les
voyageurs qu'après l'achèvement de leur repas.
Pendant qu'ils gravissaient le mont Olympe, asile
aimé des solitaires dont il conserve encore aujour-
d'hui le souvenir, le ciel se couvre de nuages et une
tempête s'abat sur la contrée: le Père, ému de voir
ses compagnons sous les coups de l'ouragan, mur-
mure une prière : les torrents de pluie comme
autrefois ceux du Jourdain restèrent suspendus au-
dessus de leur tête, et ils achevèrent leur route sans
être mouillés.
Les démons n'avaient pas de plus cruel ennemi
que le Saint de Chalcédoine, il les chassait du corps
de tous les possédés, et confondait les magiciens.
Les esprits impurs, mis en fuite par ses prières, pous-
saient des cris de rage : • Voleur, lui disaient-ils,
pourquoi nous arraclies-tu nos biens?» Les échos
du monastère répétaient ces clameurs et les Frères,
confiants dans la puissance de leur Père, riaient
de l'impuissance et du désespoir de Satan.
LA NAISSANCK A LA VIE QL'I NB FIKIT PAS
Hypace avait dépassé quatre-vingts ans; son corps
épuisé par les jeûnes, mais toujours beau, malgré
la vieillesse, avait la pâleur et la transparence de
l'albâtre ; son opulente chevelure de prêtre grec, et
sa longue barbe blanche couvraient de leurs Ilots
de neige sa poitrine et ses épaules. Un l'aurait dit
revêtu de la robe immaculée des élus pour entrer
dans l'éternité dont il touchait le seuil.
L'ne fois déjà, il en avait salué l'enivrante
aurore dix années auparavant; mais un novice de
dix ans, un ange, échappé de son berceau pour
venir partager la bure et le grabat des moines,
s'était jeté à genoux en s'éeriant : " Seigneur, la vie
de notre Piire est encore utile sur la (erre, prenez
la miei.ne et rendez-le à mes Frères.» L'holocauste
avait été accepté, le jeune moine penchant la tête,
comme une fleur inclinée sur sa tige, s'était endormi
pour toujours, et le vieillard avait dû revenir des
portes du ciel pour y laisser entrer son lils.
Enfin l'exil d'Hypace louche a son terme. Dieu le
lui a révélé. Le Prieur fc fait porter à l'autel et y
assemble ses Keliuleui, il leur distribue le pain des
anges, dont il s'est muni lui-même une dernière fois,
il les bénit et leur dit : " Mes fils, le temps de mon
épreuve est achevé, de grands mnliieur» vont fcuidre
sur ce pays infidèle a la foi, soyez for(s dans la lulle,
vivez pour mériter la vraie patrie. Dieu m'nppelb'.
je m en vais.» Le maître se lut, s'nppiiya «m
les bras de ses disciples, et expira. Hypace, mort
pour la terre, venait de naître au ciel.
Ses prédiction» s'accomplirent bientôt; les Hiiim
firent trembler le trône des princes de llvsaiice
devenu» hérétiques et rav«(;erent LKnipii» Lit
Turc», autres Iléaux de Dieu, vinrent n(.rc » eux.
et Conslantinople schisroatique gémit encore soin
leurjoug.
Le couvent de Rufin «»l de nouvenn tombé en
ruine», mai» l'œuvre des moine», phémi immnrlel.
renaît toujours de ses cendre»: pie^ de 1 i
iiionnslère, deux autre» ont surgi ; cumme an '
d'Hvpace on y travaille et l'on y prie |>oiir I.
de» .^nie* et le triomphe de I Kulise, Epnu
J''«u«-r,hri'(
■j/rant : PinmiiiKT, H, rue Kr«nç'>l» I", P«rn
SAINT LEONCE
ET SES COMPAGNONS, MARTYRS
Fétu h 1S i'iin.
Hypatiu» et Théodule, éclairés enfin par la lumière de la grâce, se jettent aux pieds
de saint Léonce et lui demandent pardon d'avoir persécuté les chrétiens
m SKNATBUn ROMAIN INNEMI DES CHRÉTIENS
Le monde, fatigué des excès et des folies de Néron,
semblait se reposer un moment sous le règne de
l'erapTeur Vespasien. Dieu, qui avait donné récem-
ment au peuple romain et à l'univers tout entier le
grand spectacle de la foi et du courage des martyrs,
venait de 'lérouler aux regards de l'empire étonné,
un tableau d'une effrayante vérité, celui du châti-
ment de Jérusalem. Déjà la grande Rome des Césars,
riersécutrice et tnivrie du sang des martyrs, pouvait
ire à I* triste lueur des flammes qui dévoraient la
ville déicide, l'arrêt de sa' propre condamnation,
quan'l des (lots de sang chrétien auraient, pendant
trois siiclei, inondé le» rues et les parvis de ses
temples.
Cependant, même au sein de la plus auguste
•ssemM'^e qui régit alors le monde, même au miliea
du sénat de Home, on vit surgir des sénateurs qui,
la glaive k U main, s'élançaient h. la poursuite des
chrétiens et ne craignaient pas de souiller d'un sang
innocent la toge sénatoriale.
Le sénateur Adrien fut de ce nombre. C'était un
homme cruel, à l'œil dur, au cœur altéré de sang;
jamais un sentiment de compassion ou de pitié
n'avait trouvé naissance au fond de son âme ; comme
tous les païens, il était sans affection « sine affee-
t'one», selon le mot de l'Apôtre. —Une nature aussi
farouche était loin d'aimer la religion chrétienne,
relicion d'amour et de charité. Dès qu'il entendait
parler des chrétiens, ses fureurs redoublaient contre
ceux qui, disait-il, séduisaient les foules, éloignaient
le peuple des autels et des sacrifices, et les pous-
saient à l'adoration d'un seul Dieu.
Cette vérité de l'unité de Dieu renversait tous les
calculs de la sagesse antique, et Rome, le refupc
assuré de tous les faux dieux, ou pour mieux dire,
de tous les démons de l'univers, était élranBoriicnt
étonnée à la prédication d'une vérité pourtant si
fondamentale.
DS ROMB A TKIPOU LE TRIBUX BTPATICS — H VISION
DD SOLDAT païen
Muni d'an édit impérial, Adrien ra au prétoire.
Aussitôton lui remet une compacnie de soldats sous
les ordres du tribun Hjpatius, oflicier plein de cou-
rage et d'une prande Taleur guerrière, et qui unissait
à ces Tertus d'un vrai militaire un grand esprit de
religion. Malheureusement sa religion était fausse.
Mais, de quel cdté Adritn ra-t-il diriger sa troupe?
Les soldais sont sous sa main ; un tribun à leur tête ;
ils attendent des ordres. Vers quel point d« l'empire
les lancera-t-il? Le Christ Tient à peine de paraître
et déjà lei adorateurs de sa divinité couvrent
riinivert connu dfè anciens. Le sénateur, persé-
cutr^ur des disciples de Jésus, a entendu parler d'un
soldat chrétirii du nom de Léonce qui habite Tripoli.
<• Tribun, dit-il, à llypatius, conduisez vos hommes
à Tripoli; qu on s'y empare d'un certain Léonce et
qu'on le jette dans les fers; j« tous suivrai dans
quelques jours pour venger sur cet impie la vio-
lation Ap. nos décrets sacrés et la majesté de nos
■ ■ ■ '''nsés. •
;us obéit; mais à peine avait-il franchi la
pr ducie étape que soudain il se sentit atteint des
ar'iturs de la fièvre; bientôt il lui fut impossible de
continuer sa route. On s'arrête. Les soldats, dans
l'angoisse la plus grande, porteut leur chef dans une
pauvre habitation. Pendant trois jours le tribun est
) n proie a des souffrances horribles. Quand la dou-
l'ur lui donnait quelques moments de rel&che, on
l'entendait s'écrier d'une voix entrecoupée de san-
(jlols: « Oui, les dieux sont irrités contre me-, mal-
heureux, j'ai n'égligé à mon drpnrt d'offrir une
viriime pour détourner leur indi^iiiation et apaiser
leur colère. » llypatius ne pouvait pas encore com-
prendre que ces épreuves étaient une grdce de
Dieu. Il lui fallait de nouvelles lumières pour péné-
trer la profondeur du mystère de la souffrance. Dieu
ne pouvait les refuser h une dme aussi droite.
La nuit suivante, le païen, toujours en proie aux
anl' ii> de la fièvre, se plaignait amèrement en
liji ui' 1116 de son malheureux sort. Tout k coup, un
'.'•' •. un ange, revêtu d'une longue tunique
Il résente a ses yeux : •< Tribun, lui dit-il,
M '■■■ 'i.-:i'-, re< ouvrer la santé, crie trois fois : uOieu
.!• (•'uiicc le rliri'tien, je t'en conjure, viens à mon
• '.''.'i'ur^«. • llvjjalius se trouble, ses esprits sont bou-
le\ei,,.s. mais qup faire? Cependant le regard de
l'cnTuvi'- céleste devient menaçant ; le p.iien efsoie
de répondre : • L« Dieu de Léonce... le Dieu des cbré-
tieiw... mais je suis envoyé pour m'emparer d« son
disciple et tu veux que je crie : ■ Dieu de Léonce
Tiens 4 mon secours et sauve-moi. > Finalement il
obéit et aussitôt se trouva en olcine .tante.
A peine le soleil éclairait-il la terre et déjÀ llypa-
tius avait réuni ses soldats. Leur raconter sa viMon
fut son premier soin, son récit trouva des incrédules.
Il résolut néanmoins de se rendre a Tripoli avAC un
se.i tMM,it. le i>nl <jue Dieu ei^t juf.'é digne de la
I iliue du martyre qui.ileur iosu, leur était préparé*
u t 11 cette ville.
'-■«co-rma iii*mi(i>ini
maan «ans li satoi»
l^ l'rovidemce divine avait tout ménaiiié. Dés que les
•ol ' - -'•ni sur l* h-' — ■ • >- — —'-■■•■■ ■•-
■ n '-sente fc -
il. ' ■.- t-r^
•on
re|.ir
l'i
nu , :■,.._
ils venaiant •'•mparer, les deux soldats n osent
avouer franchement le but de leur voyape : « .Nous
cherchons, répondent-ils, un certain Léonce, on U
dit docte et pieux.
> Le préfet Adrien viendra bientôt pour le conduire
à Rome; la renommée de ses hauts faits et de son
amour pour les dieux, s'est répandue jusqu'à la
grande ville, l'empereur lui-même «t le Sénat tout
entier désirent jouir de sa présence. — Je le
vois, reprend Léonce, vous êtes étrangers dans cette
ville, et vous ne connaisses pas le pays que vous tra-
versez. Venez et reposez-vous chez moi; je sais où
demeure Léonce, moi-même je vous le montrerai ;
mais il n'est pas si attaché au culte de vos faux
dieux que vous croyez; je sais qu'il t-st chrétien et
que son cœur est inébranlablement hdèle à la foi
de Jésus-Christ. • Un tel discours étonna vivement
les deux soldats. « Comment, se dirent-ils, cet
homme sait-il que Léonce est chrétien ? Serait-il
un parent ou quelque connaissance de celui que
nous cherchons? >>
Théodule, c'était le nom du compagnon d'armes du
tribun, prit la parole : • Quel est votre nom, nubla
habitant de cette ville? — Il est écrit de mon nom:
Tu fiiulerm a\ix pieds l'aspic el le basilic, et tu
dompteras le lion et U drajon. Ce lion et ea dragon
n'est autre que le préfet Adrien dont ja foulerai aux
pieds l'orgueilleuse impiété. >
Cet entretien devenait de plus en plus mystérieux.
I.e tribun hésitait. Suivrait-il plus lonjjtemps cet
étranger que le hasard, pensait-il, lui avait fait
rencontrer? Mais l'alTabilité et les bonne» :—•<■.< de
l'inconnu les retinrent. « Nous voilà, lui du i -
venus à votre demeure, h&tez-vous de n...... ^u-
vrir et de nous indiquer où est Léonce le chrétien. *
LA CONVERSION — LA SaANDI HIStaiCORDa
Après ces paroles, Léonce (car c'était lui-même)
crut que l'heure était venue de se faire connaître.
U lève les veux au ciel comme pour invoquer le
Christ avant ce grand acte; puis il regarde les sol-
dats et leur dit d'une voix ferme et assurée : • Ce
Léonce que vous cherchez, c'est moi-même, je suis
ce soldat du Christ que poursait l'impie Adrien. •
Un coup de foudre énranlant la maison jusque
dans ses fondements n'eût pa?
dats autant d'émotion qu'une
tombent à terre en s'écriant : •• .^>
Très-Haut, ayez pitié de nous et
notre crime. Délivrcz-iioiis île la K.,,u
c'en est fait, nous sommes clireticiisl »
Léonce rend grdce au Tout-Puissant et le conjure
de conserver jusqu'à la (In ces nouveaux serviteurs
de son divin Kils.
LI SAFrâKE — LE raSMiBa miracle — l'acco satios
Après les avoir instruits de» mystères de notre foi.
il répand l'eau sainte sur leur front et d
Amr, an nom du Père et du Fils et du Saii.' i
1' Mire de l'innocence et de la grlc«. Uais
f> - ! à peine l'eaii «.leré» je» ,i.t-«lle puri-
ix sol-
». Ils
1 Dieu
■ nous
kIuIos ;
fil i ,^u une I
loppe les I
du Ciel, rnve-
leur cour la
iiibrase
■ ;,t
. de la Tille. Il
venait, comoe il l'aTait promis, procéder à rarres-
tation et à l'interrogatoire du chrétien Léonce. Une
surprise plus grande l'attendait.
« Pourquoi ce tumulte, demanda-t-il ? et qui peut
souleTer ainsi une cité d'ordinaire si paisible? —
Le peuple est ameuté, lui répondit-on, contre Léonce
le chrétien.
« Il a séduit tos soldats et dans son irrémédiable
folie, il ne cesse de prêcher un Dieu que Pilate, à
l'instigation des Juifs, attacha à un gibet infâme.»
La fureur du préfet ne connaît plus de bornes.
«Qu'on arrête aussitôt, s'écrie-t-il, ces insensés, qu'on
les jette dans un noir cachot; je Teux dès demain
les assigner à mon tribunal. >
LA PRISO.I — LK COBBAT
QO'lL EST DOUX OB SOUFFBIR POUR JB8US
Rien de plus beau, rien de plus touchant que le
spectacle qu'offraient aux yeux du mondepaïen, les
martjr» enchaînés pour l'amour de Jésus-Christ. On
n*". rencontrait pas chez eux ce morne désespoir ou cet
orgueilleux dé û jeté à la mort par des malheureux qui
bientôt ront tomber tous les coups de la justice hu-
maine. Lt martyr était tranquille, une immense
paix inondait son âme, et son front serein semblait
renéter quelque chose de la douce immortalité dont
il allait bientôt jouir. La prière toujours ardente dans
son coeur et sur ses lèvres retentissait sous les
lombres routes d« sa prison et les louanges qu'il
adressait & Dieu faisaient écho aux joyeux accents
des séraphins du ciel.
Si la Proridence lui donnait de vaillants compa-
gnons de souffrance, ce n'était alors que chants
d'allégresse et d'amour ; on s'entrenait du bonheur
de la vie céleste et de la gloire que le Christ a
réservée à ceux qui ont vaillamment combattu, on
jetait un dernier adieu à la terre qu'on allait quitter
pour entrer dans le saint repos du ciel. Tels furent
Léonce et ses compagnons la nuit qui précéda leur
interrogatoire.
A l'aube du jour, le préfet, siégeant sur son tri-
bunal, fit comparaître les accusés. Il interrogea
d'abord Léonce. •■ Qui es-tu, lui dit-il, pour oser, par
tes maléfices, détourner nos soldats du service de
l'auguste empereur ? Quel est ton rang ? Quelle est
ta condition?
— Je suis soldat du Christ, reprend Léonce, je
suis enfant de la lumière qui illumine tout homme
venant en ce monde, enfant de Jésus-Christ. Hypa-
lius et Théodule ont connu l'inanité de vos dieux
de bois, de pierre ou d'airain, ils sont inébranla-
blenient unis à cette lumière divine qui t'est mani-
festée à leurs yeux. »
A ce lanj;age, le préfet bondit sur son siège.
• Qu'on le frapp>; de verges, cria-t-il; bourreaux,
saisissez vos ongles de fer; déchirez le flanc de cet
in^Hiisé, Qu'il ariprenne k respecter la majesté des
immortelsl — "Tu crois m'infliger un terrible sup-
plice, cruel Adrien, dit Léonce, mais c'est & toi-
même que tu prépares d'effroyables tortures. »
LBS PkKMIERS COtTRONMis
nuTTlK of: sai:it rtfatiu!) rr db saint thkoduli
Le préfet ordonne alors aux deux soldats d'appro-
cher : » Pourquoi, leur dit-il, abandonner les autels
qu'ont vénéré? vm pères, pourquoi mépriser les dieux
qui oui [,roiÂf.< ïosjeunes ans? Songez àvotre solde,
qu: nouveau, la honte de la terre. •
I • .ri lui réi'ondirent: " Notre âme s'est
nourri* du pain d'i nimorl,ililé, du pain descendu
du rie|, nos lèvres ont tremp"'? au calice rempli d'une
liquoiir divine. Loin de nous ces mets terrestres et
gr/ssM'rs; Dieu sfiul, Dieu seul est notre nourriture.
Tu nous parles de solde; quelle récompense peut
être comparée à la possession de la gloire céleste.
— Je le vois, dit Adrien, les folies de Léonce ont
eu prise sur vous. Ignorez-vous les décrets de l'em-
pereur ; craignez la rigueur de son courroux, -t-
Ordonne ce que tu voudras ; nous ne combattons que
pour la milice céleste. »
Ce calme en face de la mort exaspéra le préfet.
;■ Inutile, dit-il, de prolonger plus longtemps cet
interrogatoire. Frappez-les de verges et tranchez-
leur la tête. »
Les courageux confesseurs lèvent ic-s yeux au ciel
« Recevez, Seigneur, notre esprit entre vos mains. »
Telle fut leur dernière prière. Le bourreau accom-
plit son triste office. Les tètes des courageux athlètes
roulent à terre, attestant encore une fois la gloire de
Jésus crucifié qui sait si bien gagner les cœurs et
se donner des amis fidèles. Et quel roi en effet peut
se vanter d'être aimé à ce point?
NOUVEL INTBBROGATOIBB — NOUVBADX SUPPLICES
Léonce, le corps meurtri et tout couvert de 94ng,
est ramené au pied du tribunal.
« Comprends-tu maintenant, s'écrie le préfet, la
puissance de nos dieux. D'immenses honneurs te
sont réservés, choisis; préfères-tu les tourments
dans lesquels ont péri le tribun et Théodule; ne
vaut-il pas mieux pour toi siéger dans le sénat,
honoré du prince et de Rome entière?
— A Dieu ne plaise, répond Léonce; ton empe-
reur est l'exécrable ennemi du Dieu vivant. Mais,
écoute, Adrien, si tu devenais l'ami du Christ, quel
honneur, que de richesses immortelles, quelle féli-
cité sans bornes inonderaient ton imel
— Je comprends, dit le préfet, avec un exécrable
sourire, tu voudrais me faire partager Vheureitx sort
d'Hypatius et de Théodule. Que je préfère la mort à
la vie, des tourments affreux au bonheur et à la douce
paix, l'ignominie de je ne sais quel Dieu crucifié à
la splendeur et à la majesté de l'empereur: y pen-
ses-tu ? Comprends plutôt toi-même la gloire de
Jupiter, d'.\pollon, de Neptune, et ne choisis pas une
mort honteuse. — Les dieux des nations, répond
Léonce, ne sont que des démons: comment oser se
confier à eux? Ceux qui les ont faits leur deviendront
semblables. »
Le préfet Adrien n'était pas d'humeur à prolonger
plus longtemps un pareil entretien. Vaincu dans
cette lutte par le vaillant champion du Christ, il
porte le combat sur un terrain plus assuré pour lui
et où dn moins son éloquence ne sera pas en échec.
Sur son ordre, le martyr est saisi par quatre
vigoureux bourreaux. Il est frappé avec dos fouets
armés de plombs; on lui déchire les flancs avec des
crocs; les chairs cèdent sous leurs coups et ti^mbent
en lambeaux. Rien n'arrête la rage du préfet. Pen-
dant ce cruel supplice, il ordonne à un héraut de
publier la sentence de condamn.ition : « Apprenez,
peuples, disait-il, apprenez A respecter les décrets de
l'empire. Craignez les supplices qu'endure mainte-
nant Léonce le chrétien. Qu'ainsi périsse quiconque
méconnaît la puissance et la majesté de nos dieux I •
En vain, le corps do saint martyr déchiré, sem-
blait n'être plus qu'une plaie; son àme n'avait
rien perdu de sa force et de sa vigueur. «Tu peux,
disait-il au préfet, tu peux, impie Adrien, broyer
mon corps sous les coup» de tes bourreaux, mon
àme domine toujours en maltresse, et «a fei nw-le
m'est un juste garant de la victoire. Dieu me .lune
une force céleste pour souffrir; continue mes tour-
ments, ne crains pas de lasser tes dignes minislrrs. »
Puis Léonce, considérntit la gloire j'ie possé-
daient déjA |p tribun et Théodule. fil è Dieu cette
ardente prière: « Mon Seigneur Jésus, qui avez sou-
tenu To» deux serTiteurs dans la confession de Totre
nom, ne considérez pas mon indignité; donnez-moi
force et courage jusqu'à l'heure où s'ou>Tiront pour
moi les portes de l'éiernelle Jérusalem. •
Cependant le supplice se prolongea encore. Enfin
l'àme sainte de Léonce, purifiée par tant i'^ cruelles
souffrances, se dépouilla de son eoTeloppi mortelle
et s'enrôla au ciel, prendre place au milieu des
saintes phalanges, qui chantent dans l'éternité
l'Acneau immolé pour tous les hommes et publient
sa gloire dans les siècles des siècles. Amen.
SAINT LÉONCE, SURNOMMÉ L'ANCIEN, ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX
Fite le SI août.
Devenu éréque de Bordeaux, vers l'an 5Î0, saint
Léonce distribua aux pauvres tous ses biens person-
nels. 11 fit rebAtir fur un plan plus vaste la cathé-
drale devenue trop petite pour la population. Il
f résida en 541 un concile à Orléans, et mourut
an 542, au monastère de Saint-Léons, n»n loin de
Millau, au diocèse de Rhodez, après avoir donné
l'exemple de toutes les vertus d un saint pontife.
Saint Forlunat, le poète de la France mérovingienne,
lui consacra une épitaphe en vers latin» dont voici
la traduction :
• C'est sous cette pierre que reposent les cendres
du vénérable Léonce, qui porta haut la mitre pon-
tificale; son peuple, par des gémissements et des
murmures confus, nous annonce toute la grandeur
de sa perte ; l'enfant, le jeune homme, le vieillard
lui donnent à l'envi des larmes. Léonce ne le cédait
à personne sous le rapport de la naissance; la
pureté elle-même avait formé ses mœurs; on ne
chercha pas d'autres titres, et en aurait-on pu trou-
ver de plus précieux, pour l'élever K la dignité de
pontife? Plus il était distingué par son rang et par
ses vertus, plus il cherchait à s'abaisser par use
humilité profonde.
Sa seule présence mettait la discorde «n fuite.
elle cédait en frémissant; l'amour et le respect lui
livraient tous les cœurs. En le perdant, chaque âge
a perdu son défenseur. Qu'est-il besoin de le dire?
Leurs larmes nous l'apprennent avec tant d'élo-
quence. Voit-on quelqu'un parler de sa mort sans
s'attendrir ? On ne se console qu'en dressant dans
son cœur un temple à sa mémoire. Passerons-nous
sous silence l'immense charité de ce généreux pas-
teur? Il prodigua pour l'amour du Christ jusqu'à
l'héritage de ses pères?
• Le pauvre recourait i lui avec confiance, le captif
lui demandait le prix de sa rançon, et l'indigent avait
le droit de disposer de ses richesses.
•■ Ne doutons point qu'une si belle imen'aitvolé de
la terre vers les cieux. Léonce vécut moins pour lui
que pour Dieu. Il ne cessnit d'étudier et de suivre
les vues de la Providence sur ceux qui lui étaient
conflits. Le prince lui-même rendait justice à son
ini'rite ; enfin, pour tout résumer en un mot, il était
devenu l'idole de son peuple, parce que toute son
ambition était de régner sur les Ames. Il vécut puis-
sant cinq lustres et sept ans, (trente-deux ans d'épis-
copat.) et fut h la fin du jour enlevé de m monde. •
{France pontiUcalt.)
SAINT LÉONCE LE JEUNE, ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX
File le 1 1 juillet.
m Saint Léonce le jeune fut le successeur de saint
Léonce l'ancien sur le sif'ge métropolitain de Bor-
deaux. Il appartenait à une illustre famille d'Aqui-
taine, et avait vu le jour dans la ville de Saintes. Il
suivit d'abord la carrière militaire; engagé sous les
drapeaux du roi Childebert, flls de Clovis, il signala
son courage dans plusieurs expéditions contre les
Yisigoths, dans la Gaule Narbonnaise et en Espa^^ne ;
et nt voir que l'antique valeur gauloise pouvait
marcher de pair avec 1 aideur guerrière des Francs.
Il épousa ensuite une noble '.hrétienne, Placidine,
arrière-petite fille d'Avitus, l'un des derniers tnipe-
reun romains.
Ses vertus lui concihe«ent tellement l'affection de
tous les gens de bien, qu'à In mort de Léonce l'an-
-len, l'Eglise de Kordeaux jugea ce sage chrétien
plu» capable qu'aucun autre de faire revivre le»
qualités du vénéré pontife qu'on venait de perdre.
On le supplia donc de se «acnfler au bien des âmes,
d<' r'-noncer à «on repos personnel et aux douceur»
dti ' \ r domestique pour consacrer le reste de »a
vil 1 ^ rvice de Dieu et de l'Eslise.
!./ ' ncrepla aver g^n''rn<ilé; ayant obtenu le
ton»' ;: nt de sa femme, il se sépnr» d'elle; et
peri'l • de son cAI»' la pieuse Placiiliuc se
TouAi; nés œuvres, Léonce entra dans létal
trrU- . . le-jul le sacerdoce et l'épiscopat, et
prit le gou>ei: r': nt de l'Eglise de Rordeaux.
Le nouvel é^t\ ''• ji.itifia dépassa même les e»pé-
rancei des fidèles; toutes le» vertu» de son prédé-
cesseur brillèrent en lui. Il consacra la» immense»
richesses de sa famille aux bonnes œavres, spécia-
lement à la construction et à l'ornementation des
églises. Il en fit bAtir h Bordeaux une magnifique
en l'honneur de la Sainte Vierge, et ■ il la dota d un
si grand nombre de lampes, dit dans son admiration
un vieux chroniqueur, que la clarté de la nuit ne le
cédait pas à celle du jour. » Il en éleva d'autres sur
plusieurs points di> son diocèse. Il étendit aussi »a
munificence A sa ville natale; c'est ainsi qu'il fit
achever à Saintes l'église de Saint-Vivier, et rebAtir
la basilique de Saint-Eutropc. Il assista à plusieurs
conciles pour le maintien aes lois ecclésiastiques.
« Il a été le père de la patrie, le soutien a'e la
famille, le protecteur de ses amis, l'ornement du
fieuple et l'honneur de la cité, di<ait plus tard de
ui, en composant son épitaphe, le poète saint For-
tunat, son contemporain et son ami. Plein de res-
pect pour \rs temples saints, il répandait sans bruit
s>>s largesses dans le sein des pauvres, et acrueillail
!•■ pèlerin en lui distribuant de ses main^ la nour-
riture... Son esprit était nénétranl, »on cipur plein
de mansuétude et la sérénité brillait toujours sur
son visase. Et pour moi que n'étaitil pas? Je ne le
dis que le cœur oppressé de larmes. . Il apaisait les
rois, il rendait son administration douce à ses conci-
toyens, il était la joie de tant d<< peuples, hélas! un
seul jour nous a tout ravi. Il vécut heureux pendant
cinquantcMiuatre ans, et au lever de l'aurore, il
nous fut enlevé... • C'ét4it en l'nn M4.
.)'!( . i'(r-Tii(a>v. I, rut Kriuci'i» 1", Paru
SAL\T DIE, ËVÊQUE ET SOLITAIRE
Féie le 19 juin.
jmgigtangœ<g*g»w*^g<g*g^g<gfcg^g^g<g^g*g*g*g»g*gjc«mtwff<g*^^^»^^^^w^^
Saint Dié, évëque et solitaire.
(D'après un? ancienne gravure du Kalendarium Benedictinum.)
SAIST DIÉ, É^^<30E DE SBVEBS
Saint Adeodnlus (donné de Dieui ou Deodatm
(donné à Dieu , dont nous avons fait nar abré-
viation «ainl Dié, naquit au vu' siècle, d'une
illii-ir.' ririiille df Neustrip ou France occidentale.
Il .'■ nier d" -"f; rr>res par l'àfe, mais il
|... • lis par lo* .'loires si pures de sa
-iinict' , 'in lis que 1p nom de ceux-là est
t.inl • I il; 1 il. Il, la mémoire de saint Dié est
iiii:
temporelles dont Dien avait
i-au ne captivèrent point son
.-.•rtain^ hommes, oublieux de
1 -'?^
enl'urit son IhT'
ctpiir. pt aiilani
|,.„. ■ ■ ....-.- ,/ . -,,.-
a •
autim '•• • un" «'i.ri' .i n iiii n' l'i"-. -■■ni
el de lld<lit>' h conserver cl à augmenter les tré-
sors spirituels de la prAce que Dieu avait déposés
dans son àme au «amt baptême. A mesure que
pour lui les année* s'ajoutaient aux anni'es. les
vertus s'ajoutaient aux vertus, et il iirandissait
dans l'amour de Dieu et du prochain.
Aussi, quand il fut dans la force de l'Ape, le
clerL'é et le peuple de Nevers. qui venaient de
perdre leur evéque, le choisirent unanimement
pour pontife, et ce llambeau lumineux se trouva
ainsi placé sur le rliandelier pour éclairer ses
fré«-es dans le chemin du salut. C'était en Oriii.
Tout entier au bien de ses enfants spirituels, il
se dévoua avec amour à leur sanctification. Il
s orrupait aussi du bien général de lEfflise il''
' : ' " (Torts .\ ceux de ce'''-
-ainis évéques qui li i-
.,,,■„,■ i, -11. i -....■...-. r et à unir dans la reli-
fc'ion de Jésus-Cbrist les (Gaulois et les Francs et,
;i-il
suivant l'expression même d'an écrivain protes-
I ml, formment retlp l*lle patrie française,
(•oinmedpS)ll)eille>ci'nstrQi»ent leiiriiiche.)tBn
iN>7,nous voyons nuire Saint as-ii-ltr au Concile
il>> Sens, pré-iilé par Emmon arrlieve'(|ue île cette
ville; il a le linnheurde trouver ilans leile assera-
l)lée, enire niities prélat? plus particulièrement
di;.'nps de son alTection, saint Huen, évi'-ijue de
Rouen, .-^aint Faron, évéque de .Meau\, saint Eloi,
évi"-que de Noyon, saint Aniand de Maeslricht,
saint l'allade d'Auxerre, saint Lençon de Troyes.
L'Kvf.ylE MOINB II- VDSl.KS Al' Ml' Sn'xLE
Mais le temps ne devait pas tarder à venir on,
cessant d'insiruire «rs diocésains par ses paroles,
il devait leur 1 ii~si r un !.'rand exemple de déla-
chemenl, d'al>ii4^'ation, d'humilité, d'ausl^rilé et
de [)rieri\ <;éd,int à Un attrait surnaturel pour
la vie poliliire et contemplative, il renonça volon-
tairi'inent à son évéché, (It se» adieux A son clergé
et à son peuple, el les pria de se choisir un autre
pasl' iir. La douleur fUt praiide à Nevers; mais,
sans se laisser arrêter par les larmes el les prières
de ceux qui voulaient le retenir, Dfodat quitta
les honneurs et sa demeure èpiscopale, et.saivi
de quelques amis, se dirigea comme un siiB^ile
moine vers le nord ''•• ' i rrrince.
•Les voya^'eurs - i-l d'abord dans les
montagnes des Vos-' . 1 n.'enoist.danslafori^t
de Ha^'iienau, qui lonr nlîrnil une solitude propri-
au genre de vie qu'ils méditaient. Parmi les
compagnons de l'évétiae solitaire hrillaienl alors
les Irlandais saint Arlinm-f it saint Horent qui.
furent plus tard incnt élevés sur le
sièiic épiscopal de
■• Les Vosges, fci it I' ''
jusqu'alors comme nn ■
niées de lirii-aiids el d'oij
la Tliéliaide des(i,iulf « :
réfui'iaient de toui'
sa cellule, chaque
des prières s'élenàiir .
désert était I iriliaumé .
se transformait m ••"
que saint Héodat >
soient donné rend ... ; ■-...
et qu'ils aii'Ut \<t\~ ■ii\ pour ''
dans le désert nu iiil. v.n
proportions pi
Miiinense {•t:\> . ,
-él. vèrent presqu»» 5imuHnnpm»»nl emq monas-
t' ris qui formaii'iit une croix; .le t. tijuis et
(linueuses valloes, parseni^-es d'or ' ' »nii-
cliies des reliqu'-s dr» martyrs el • lures
des saints, menaii-nt de l'un & l'aulri-, comme
|os t'ih'ries d'une |iasilii|tie. .\u chevet de r<'lte
«'f.'lhe, l,\ ou se pince o^di' i
de la Vleroe. ^nlnt ilodon.
lui' ' ■ ■ ■ ■
lac
Eénitence, dans un vallon qu'il décora du nom
ildique de Val de linlilée.
Kn attendant, forcé par les habitants du voisi-
naye de s'éloi^jner de sa première solitude, notre
Saint hénit llieu de celte épreuve, et reprit lium-
Mement avec ses disciples son h;\tou de pèlerin.
Ils s'arrêtèrent d'almrd dans l'ile de Novieiituni
uu Ebersheim, iion loin de Strasiiouri;, où ils
lurent reçus comme des frères par les pieux soli-
taires qui vivaient en ce lieu. L'ancien èvèque
de .Nevers fut oblii.'é d'accepter la direction de
la communauté, heureuse de se faire coniluire
par un mailre aussi cxpéiimenté, qui n'instrui-
sait pas moins par ses exemples que par ses
paroles. La sainteté du nouvel abbé lui attira
de nombreux disciples, il fallut élever uu vaste
monastère, el telle est rorii.'ine de l'abbaye
d'Khersheim ou Ebersmunster qui ne devait pas
tarder à trouver de fiénéreux bienfaiteurs dans
la personne du roi d'.Austrasie Childéric II, el un
peu plus tard dans le père ile sainte Odile, Adlialric,
duc d'Alsace, d'abord barbare farouche et in-
dompté, puis converti i>ar sa tille el devenu un
modèle de douceur el de charité chrétienne. Kn
même temps que le monastère, s'éleva une église
en l'honneur de saint Pierre el saint Paul. Déodat
en (It la di'-dicace s(dennelle, et se félicita d'avoir
pu mener A bonne tin celle fondation monastique,
établie pour la ;;loire de llieu el le salut des âmes.
Mais ]'• voilà de nouveau entouré de la véné-
ration des homme'-, lui qui avait quitté son é»é-
cb''; pour venir chercher au désert la solitude et
l'oubli. l.aissntit donc à un religieux capable le
soin de cei' iiite comniun.iiité, il s'en va,
suivi de i| . .-.ciples, h la recherche d'une
autro retraite.
0.1 KViofr CHAKPKNTIER
-MIKT Oirl r.T CRK MmLK KAMILLC alsacib.'sne:
'" , ■■ 1 nié Itomonl, les pèlerin» de
cent le domaine d'un riche
' ■' . qui faisait alors
M ; on établissait en
.-. i. ■- ouvriers se Irou-
lisc conformation d'une
" OUI te et de l'autre
I bien des fatimies,
l'une manière con-
.1 venue « l Ascla»
ses charpeiiliers,
qui, SI près d uuo Inrèt, iiavuiont pas SU, disait-
il, taill'T une meilleure pi'Ulie.
C'étuit le moment où nos pieux moines
passaient; instruit par uu enfant de l'ennui des
constructeurs, le charitable saint Dié appelle
quelques-uns de se-^ coii)pn!.'non« et monte sur
lédilice; avec leur I surtout avec
l'aide de Dieu, il di-| ''iil la poutre
I iru qu'elle dv« m i^c, iqnr il coiilinae-Mi
nu pied de oc (rr,
il rl>ï uiMii «Taut/d'liubrMur
ii, Vi«
il'< la petite eart'-
Mille a.iiv.t lMi,isM;t! tic l.iti.-ue ilan* un liuu
nommé Arantelle. Le site était propre à rece-
voir uu mona~U-ie. et nos voyaireurs résolurent
de s'y fixer. Dôjà les murs du couvent commett-
raient à s'élever, mais les liabitaiits de la vallée,
encore rudes et prossiers, craiirnant de voir ces
étrangers se multiplier et usurper ensuite leurs
terres, se mirent à troubler par mille injures et
vexations la paix de ces charitables amis de la
solitude. Ceux-ci rédèreiit à l'oraw, et, laissant
inaclievée une demeure qui serait devenue pour
le pays une source d'aumdiies et de bienfaits,
allèrent à la recherche d'une réaion plus hospi-
talif-re. Cependant, la main de Dieu s'appesantit
sur ceux qui avaient persécuté l«s serviteurs de
Dieu ; les uns m<iurure«t prématurément, d'autres
devinrent fous, et leur race no tarda pas <à
s'éteindre.
Saint Dié et ses compagnons, après bfen des
détours dans des forces etdes vallées, s'arrôtèrent
««•fin à Vibra, prés d'(>ti-'..ille, au diocèse de
Bâle, où ils se bAtirent de nouvelles cellules. Li
bonne odeur de leur* vortus pt de leur piété, qui
rayonnait comme un parfum autour d'eux, ne
tArda pas à leur attirer la vénération desgens de
bien. L'un des principaux seii-'iieurs du pay^.
Hiinnus et sa pieuse épouse llunna, se lièrent
d'uno sainte et respectueuse amitié avec l'ancien
<'-vi'-.(iif de Nevcrs, et, crAce à ses sages conseils,
il' tir<^' t degrands progrès dans la vie chrétienne.
UifMi leur ayant donné un fils, les deux époux
prièrent le saint' évéqne do le baptiser et de
devenir ainsi le père spirituel de leur enfaut.
Cependant, la malice des hommes vint troubler
une fois de plus l'homme deUieu dans sa retraite;
de nouveau en Imlle à la jalou«je, aux insultes
et aux vexations de certains habitants, Déodat
réîohit de demander encore à la T'rovidenre un
autre asile. Hunnus le supplia de ne point s'éloi-
griT de lui, il lui offrit une portion de ses
domni'ies pour s'y établir avec ses reliiiieui,
mai- fl -odat persista dans son dessein : •• Voici
bien b-n-'lemps, dit-il, qup j'errf dans cette pro-
vince sans avoir pu trouver encore un coin de
terre assoréoù je puisse vivreen paix. Mes péchés,
sans doute, sont la cause de cette persécution.
Je viiix aller achever mes jour* dans quelque
s-,|,tih|.- ignorée. Le Dieu pour l'amour diiipiel
l'.ii .en lié ma patrie pour venir en ces contrées
~rr:i mon ffuide et mon apjini. » Le seigneur
•ils-icicn, voyant qu'il ne pouvait le retenir, l'cm-
hi.i«sa en plosrant, l)i«oilat le serra sur son
cipnr, m'''h «"« Iflrmps aux sienne*, lui dit adieu
'■< '' de la l'rovidence. Mais
(I; imti' l'inhospitalit'- de ses
'iriM ' '■ ers châtiments,
ft II iir r f reyretlabli- dif-
formité qn on a;;"'')!'' !<■ c-niri'.
I.F. VAI. Dr. GALlLtE — ORIf.lNE DE L.\ VILLE DR
SAIXT-UIK
! T' vi'iU:"-'? c'.i^ii ^iri".' <io nouveau
V- I ■, ,11. \ : I - avoir erri!
■•' • I ■ ! I _i''ns monta-
!•• \al lie dalilée, arrosn'
iilihnfh. Sur la rive méri-
11 trouva une crotte Et
il "^'v nrr'fa, rcmTHa
.ii..n-il
h
M, ;;i'!.f.
■uTM.!. ;
il a vivr
r' -'tTi* I
I I ri'ii' ■! ins \\ [Il
■I la
- fruit*
ire : et,
. boni'-
parti''
. ini'lâlion.
Dieu ne tarda pas à récompenser sa confiance.
L'ne nuit, le pieux Hunnus s'entendit interpeller
pendant son soninieil : " Pourquoi laisses-lu !e
vénérable évèque Déodat souffrir la faim dans sa
solitude, lui qui, pour l'amour de moi, a Piuhrzissé
l'exil et la pauvreté, et qui a poussé la «iélica-
tesse jusqu'à ne révéler à personne le lieu de sa
retraite pour ne pas être à charae à queluu'un.
— M.iis, Seigneur, répondit Hunnus, j'ignore où
il est mainteuaiit. — Charge tes aumônes sur
des bétfs d'^ somme, reprit la voix, et laisse ees
animaux marcher seuls, une main invisible les
conduira auprès do mon serviteur. .■
A sou réveil, Hunnus se liàte de faire connaître
à la bienheureuse llunna, son épouso, l'ordre
qu'il a reçu du ciel. Celle-ci le presse de l'ac-
complir aussitôt. On charge les montures "t on
les laisse aller; des serviteurs les suivent, mar-
chant à peu de distance après elles. Les mon-
tures, sans se détourner, vont droit au Val d>'
iialilée et s'arrêtent près de la grotte de l'évèque
solitaire, tirande fut la surprise de Déodial.
" Qui vous a appris que j'étais ici, demanda>t-il
aux serviteurs de son ami? comment avcz-vou*
su que j'avais besoin d'aumônes et comment
avez-vous pu trouver le lieu de ma retraite'.' '>
Ceux-ci s'empressèrent de lui raconter tout ce
qui venait do se passer. Déodat, bénissant le ciel,
reçut avec reconnaissance les pains qu'on lui
apportait, offrit à manyer à ses hôtes, pendant
que leurs montures paissaient elles-mêmes dan.s
la prairie, puis les renvoya porter ses remercie-
ments à leurs maîtres. Ueconiiaissant que la l'ro-
^iJence le voulait en ce lieu, il se b'itit une
cellule avec un oratoire dédié à saint Martin.
Hunnus se fit dus lors une joie de pourvoir
aux besoins du serviteur de Dieu; d autres per-
sonnes l'imitèrent, plusieurs lui offrirent de*
champs pour l'entretien «l'une comnim>auté :
quelques-uns, faisant mieux encore, prirent la
résolution de se consacrera Dieu sou* sa direi>-
linn et 11-' prièrent de les re<'evoir au nombre de
ses disciples. Le roi Childéric II, par un dipléme
royal, lui donn." en toute propriété à lui el à ses
successeurs le Val de lialilée, qu'il exempta
d'imp''its, alin que Déodat y pill fonder un
monastère el y recevoir autantde religieux qu'il
voudrait.
Saint Dié se mit à l'iruvre avec joie, heurrax
d'élever une deraenire mi Dieu serait beaucoup
aimé et servi de lonaue* auuées.
Cependant un de ses disciples av.tit fraoclii la
Me urtlii' pour survriller les ouvrirrs qni prépa-
raient de* matériaux sur la colline voisine; il ni'
retint pas le *oir auprès de son roaitri' et n'*l i
de l'autri' ci^lô de lariviénipour serpniçlln'ilul ;
à l'oiivrasi' le lendemiiin matin. Pondant qu'il
dormait, il lui fut onb^nné de la part 'l"- hn u de
construire au lieu «lèine où il se trouvait une
église en l'honneur do la Très SaiiUe Vif rjje.
Li; lendemain, le moine i-ouint averlir son
pi'ro spirituel de l'ordre du ciel : il fut aussiliM
H,".id'' iTîU' î*:iliïtri vo serait b.'*ili' *ii[ î'.mli'' ii\i'.
:r de la M
I , I ! . ,t,'l fut pl.l
OU le moino iivait récusa révèlalion. hA\r fui co«-
sa-rêe sous l'invoralinn de la Heine du rtplel des
ipniix saillis évi'qni'* de Trè>cs : Eiirher,
• !■, MnlTnu- fl VI irimin. dont «niiit llidnl('b'
1 II 1 li'iiin-ui lir ■..•nul .M.iiij .
ilyrsdcla lèai'Ui Thélminc I
11' 1 ah'inl I l'iinii *oii* le nom d"" i nu
à cause dp sa situation prés de IVudruit rù le
Itotbbacli joint «*s eaux a celles de la Meurthe.
l'amitik ue obox saints
Saint Hidulplie, dont nous venons de parler,
•jlail un ancien moine arraché à la solitude pour
aouverner r-i:li>e métropolilaine de Trêves; son
frère, sainl Krliard, évèque-niissionnaire, évan-
eélisail al ir- la Bavière. Les licus d'une étroite
et sairit<- amitié ne tanlereul pas à se former
entre le solitaire devenu évéque et l'évêque
devenu solitaire. Saint Ilidulphe siyna avec douze
autres évéques les cliarl'-s et autres privilèges
qui constituaient, au double point de vue cano-
nique et civicpie. Il nouvelle abbaye de Jointures.
Kulln, iniilaiil - ^ini l'ié, llldulpbe descendit de
son tr<\MC ai'lii l'i-icopal et vint chercher uni-
cellule île iii'iii'- non loin de son ami. Il leur ei'il
été doux 'le diaieurer ensemble, car ils s'enflam-
maienl mutuellement dans l'amour de Ilieu. De
méui. . dit l'haj-'io^'raplie, qu'un l'eu ajouté a uii
aulie liMi au:.Tnpnle la lumière d'une salle, ainsi
dans leurs entretiens s'aupmentait leur charité.
Mais Dieu les voulait tous deu.x à la tète d'une
oiiimuuauté nombreuse. Les deux saints con-
vinrent qu'ils se visiteraient une fois chaque
ann-'e, et moins pour abré;;er la roule que pour
•ie prévenir mutuellement en allant au-devant
l'un de l'aulre. \\< se lixérciit un rende/.-vou» com-
mun à peu prés à rai-chemin et ils y h.'itirent une
chapelle.
Chaque année, quand saint Hidulplie quittait
son ni'iiiaslere de .Mnyen-.Moutiers pour rendre
visite à son ami, celui-ci allait, accompa^-né de-
ses disciples, au-ilevant de lui jusqu'au rendez-
vous ordinaire; Hidulplie le prenait doucement
par la main, ils s'ai;eiiouillaient un moment pour
fifier ensemble, puis ils s'embrassaient et riva-
isaient l'un vis-à-vis de l'autre de prévenance et
de téinnii.'na;.'cs de fraternelle alTection. Saint
bié était un beau et iloux vieillard, aux traits à
la fois majestueux et pleins de bonté: il était do
haute taille, mais il marchait un peu courbé
sous le. poids de rA:;e. Saint Hidulplie était un
homme de petite stature au visaye ani.'élique,
d'une humilité profonde, grand ami de la pau-
vreté. Il étail plus jeune que son ami, mais
l'é^ialait en vertu. Dieu lui accorda une lon«ue
et verte vieillesse qui lui permit jusqu'à ses der-
niers jours de k'a;.'iier sa vie par le travail de «es
mains. Il honorait s.iint Dié comme son père
par r;\:.'e. et saint Dié l'honorait lui-même comme
»nii supérieur par la di::nité archiépisoqiale. Ils
>' ,;.iit comme deux puissantes colonnes établies
T' Il Ni>tre-Sei({iieur pour soutenir ce bel édillce
.ipirituel <{ue le vu* siècle vit s'élever dans les
\osyes. Les deux ami», après s'être entretenus
l'un avec l'autre, passaient toute la nuit suivante
à prier ensemble, et le lendemain chacun reve-
nait à son couvent.
LA SAINTS LAVANDlklie
Cependant llunnu* et son épouse continuaient
àédiller l'.VN
ils alb'rent m
'us rlirétifii-
Dieu le
pour se
-Ije hie
l'ilr.i •■■
leiix
1 V.,I
1' Pour la bienheureuse lluuna, les peuples ont
oublié sa noble descendance, ses ri. lies dona-
tions de Ligolsheini, de. Mi ttelveyer.d'l ryersliei m,
.-^on vaste et beau manoir d'Hunnaiieyer. .Mais ils
se sont souvenus de l'avoir vue se complaire à
laver les vêtements des pauvres; ils ont montré
la fontaine miraculeuse que lit jaillir saiiil Déodat,
afin que la pieuse dame n'eût point trop de
chemin à faire pour trouver une eau pure; ils
ont environné son tombeau d'hommaj-'es sécu-
laires, ils uni lidèleraent conservé son corps
intact pendant huit siècles, jusqu'à ce que
Léon X le lit relever et proclama les droits de la
bienheureuse Hunna à la canonisation; et enlin,
pour consacrer son souvenir le plus populaire,
on lui donna le nom familier de sainte Lavan-
dière. >•
La bienheureuse Hunna fut canonisée par
Léon X en 1,'i.JO. et son corps fut exposé à la
vénération publique le lii avril de la même
année. Malheureusement, quelques années après,
les restes précieux de la charitable servante des
pauvres ne trouvèrent pas jjràce devant la fureur
intolérante des protestants qui les détruisirent
en lo4<J.
LE DKPART DE SAINT DIK POUR LA VÉRITABLE PATRIE
Le temps de la récompense approchait pour le
saint fondateur : comme un voya^teur [irés du
terme de sa course, il tournait ses regards vers
le lieu de l'éteiiiel repos. Sa demeure ordinaire
était son oratoire de Saint-Martin, sa première
construction dans le Val de (ialiléc; àme contem-
plative, il aimait cette solitude dont le silence
et le recueilleiient favorisaient ses longs entre-
tiens avec son Dieu bieii-aimé. Il ne cessait
pas cependant de veiller sur ses disciples; sou-
vent, il |iassait la .Meurthe, venait visiter chacun
des frères dans son travail, s'assurait de la
marche régulière de la communauté et l'encou-
ra;;eait par ses paroles dans les voie-; de la per-
fection relii-'ieuse. Il célébrait la nie«-e chaque
jour avec une ferveur si lourbanle qu il sufllsait
de le voir pour se sentir excité à In piété.
Kniin, I ajqiel de Dieu se lit entendre, une
maladie grave vint immobiliser sur son lit le
vénérable vieillard. Ses disciples se pressaient
aulour de lui. en versant îles larmes ; ils sup-
pliaient leur père de ne point les quitter i-iicore.
.Mais lui, les consolant avec bonté, les exhorta
à rester toujours lideles à leurs régies, à se
maintenir dans la ferveur île leur sainte vocation,
et il se recommanda humblement à leurs prières.
Sur ces entrefaites, arriva saint Hidulplie. Dieu
l'avait averti en soncc de la mort imminente de
son ami, et il s'était empressé d'accourir pour
embrasser une dernière fois et assister dans se»
derniers i-oinbuts son vieux compa:.'non d'arme».
Ia venue de lancien archeviV|ue de Trêves rem-
plit de joie saint Déodat qui en reiiieiiia le Sei-
gneur avec elTusion. Il recul de se» main» a»ec
■^^
■ eur le» di
lies, c'est
. . iieT -111 la terre, •
Il direction d'un si
inenl entre "■■ '■
irituel», et »ii
. i I . i il ir ]
\'.
bon mil'
es, car il mourut jeune cl i-i
Imp. -gérant, t.. t'itirHUiit. «. rue Kran^m» I*', l'«rii
SAINT JEAN DE MATHÉRA
Ftte l» MO ;um.
/• •;'
t^."
^
^iifc ' -" 7" *"'^-
Bùnt Jean de Maïuer;! ressuscite an enfant dans l'église du monastère
Jean naquita Matliéra.dans la i^uille (Italiei, dans
1* second'' moitié du ii* »ifcle. Ses parents, à qui
Dieu avait donné la richesse, en récompense de leur
piété, nt- ii-eliKèrent rien pour lui inspirer de
bonne heur*.- >Jiie baine profonde du péché, et un
vif amour de Dk^u. Jean «'tait.d'une taille élécante ;
la candeur et l'innocence donnaient de nouvelles
gràc»< à la beauti- naturelle de ses trait<i. Son esprit
prpcore, son caractTP affable, sa nature tendre et
délicate le recommandaient à l'affection de tous ceux
qui avaient le bonheur de l'approcher; Dieu se plut
à le combler de tant de faveurs depuis sqn berceau,
que, dans un à({e où les enf.inls commencent a peine
k bé^avcr'le nom de leur mère, tous se» désirs le
sortaient déjà vert U selilude, le recueillement et
k prière.
tL S'INFCIT DANS UN MONASTIRB
SUN ADMIRABLE PATIENCE
Son jeune cœur était consumé par les brûlantes
llammes de l'amour divin. Chaque jour, il s'appli-
quait à bannir de son âme le? pensées terrestres, les
sentiments humains, afin que bieu seul pât la poc-
séder et recevoir son amour. Il connut oientôt que
le monde avec ses richesses, ses plaisirs mensonger^,
ses appâts séduisants, allait dev.nir le plus lerrihl"'
adversaire de son innocence. Sans hésiter un seul
iiisiant, il résolut de se soustraire au pi'nl en
quittant le siècle; mais, prévoyant une funr>st< oppn-
-iii >ii d>' la part de ses paprilsqui l'aimairiit avec
une tendresse sans bornes et trop humaine, il n'osa
leur déclarer h résolution, et s'armant de courafs.
10 1
il proQta d'un moment où toutes les personnes de
la maison étaient occupées à divers travaux, monta
sur un àne, et s enfuit a toute bride pour ••chapper
aux poursuites. C'est qu'il y a un urand péril k
prêter l'oreille aux suggestions eln monde, quand
!a voix de Dnu appelle. Il faut pr.ji;t«r de la pràce
AU momeul où le Seigneur la lionne. L'ne bonne
entreprise imprudemment retardée est souvent une
entreprise uanquée et plusieurs, après avoir eu la
faiblesse de renvoyer à plus tard, ont renvoyé pour
toujours, et s'en sont repentis quand il ny avait
plus de remède.
On comprend toutefois à quelles inquiétudes, k
quelles douleurs se» l'arents furent en proie, lors-
qu ils s'apei'ui. lit lie la disparition de leur enfant
uien-aiiné ; ii'jnuioins ils ne furent pas lonctemps
sans deviner la cause de ce départ précipité car,
plus d'une fois déjà, le jeune homme leur avait
parlé de ^es goûts pour la solitude. Kvidemment il
était allé chercher quelque retraite ou quelque
monast' re, où il fût libre de se consacrer entière-
ment à Dieu. Mais où était-il? Ils s'empressèrent
dciivover des messagers dans toutes les localités de
la province, et le (Irent longtemps chercher pour le
ramener sous le toit paternel. Ce fut inutile. Le
leune homme ne s'était pas enfui par caprice, mais
pour faire la volonté de Dieu, et Dieu protégea sa
fuite.
Pour mettre entre le monde tt lui une infran-
chissable tiarrière, le fugitif échangea en route ses
habits somptueux contre les baillons d'un malheu-
reux. Ainsi transformé, il arrive à la porte d'un
monastère situé dans le golfe de Tarente, et y
deaaiiile aumône et asile au nom de sa pauvreté.
Pour gagner son pain, il déclare qu'il est berger, et
sollicite comme une faveur de garder le troupeau
du monisleip. Son jeune ^ige, ce titre de mendiant
dont il S" i.'lonfiait intérieurement, ces haillons qui
lui duiiiiaieiil l'aspect d'un vagabond, ne lui avaient
pas mérité au premier abord la coalianc* des Reli-
gieux.
Ils exaucèrent néanmoins sa demande, mais en
le menaçant de cb&timeuts exemplaires si on avait
à se plaindre de lui. Ces menaces ne diminuèrent
pas la joie qu'il éprouva, dans sa touchante hunii-
lit*. de se voir accepté comme le dernier serviteur
Hii monastère. Tout en gardant son troupeau, il ne
cessait ite prier Dieu, le souverain Maître de toutes
choses, au milieu de cette pittoresque et solitaire
catuf agne. en face des ondes bleues de la mer et
soûl le ciel Kturé de l'Italie méridionale. Il son-
geait, dit l'hagiotiraphe, k Jacob et k David, jadis
pasteurs comme lui, et il n'aurait pas voulu chan-
ger la modeste charge qu'il remplissait au monas-
tère, pour l'amour de Jésusl'.hrist, ^vec les brillantes
fonctions d'un page au palais de l'empereur.
Les mets du monastère n'étaient, certes, ni
recherchés ni délicats, mais son ardent amour de
La ^niteiice lui inspirait le désir d'une nourriture
•incore plus grossière. Invité par les moines t s'ss-
. ■ ( k l»ur table, il refusa. «Jeux-ci. qui ne con-
t pas sa vertu, crurent >|u'il ne trouvait pas
:i>.:j liipn servie au gré de sa gourman-
i^er ce qu'ils appelaient les pré-
' d'un petit >tgabond, reçu par
ii.i .>eiit, ils ne lui donnèrent plus que <lu
, a 11 r : encx)r« le lui faisaient-ils attandrr
pir:.
I
une hnmm* >t<>iilTrail de 1* faim,
liait
uns
-1 de
elle
l . Il ' l liv an !■ ne. Jaillir enfant.
aux caresses, à l'amour de ses parents, et il se voyait
exposé maintenant au mépris de ceux auprès
de-quels il était venu s'édifier. Son cœur se laissa
dominer par ces considérations humaines et il se
mit à pleurer. Pendant qu'assis au pied d'un arbre
il donnait libre cours à ses larmes, il entendit tout
à coup une voix céleste qui lui dit : • Jean, pour-
quoi t'attrister ainsi'? (Juimportent les secours
liumains à celui que Dieu protège? .Ne crains rien,
je suis avee toi. » Ces paroles relevèrent son cou-
rage, et pénétrant jusqu'au fond de son <tme I«
consolèrent merveilleusement. Sans dévoiler aux
moines son origine, sa riche famille, et les raisons
(le sa venue parmi eux. il continua k les servir
humblement. Mais on ne tarda pas k lui donner à
entendre qu'on n'avait plus besoin de lui.
rOITI m Ctl.lBRl ST IN SICILI
Tii soutàiik dans un désut
Le jeune homme s'étant rendu au rivage voit une
barque prête à faire voile vers la Calabre; il prie le
pilote de l'accepter à son bord. Débarqué sur les
câtes de Calabre, il n'y reste pas longtemps et passe
en Sicile, où il se réfugie dans un vaste di'sert que
le pied de l'homme semblait n'avoir jamaisfoulé. Là,
il embrasse un genre de vie digne des anciens soli-
taires d'Egypte. Des herbes sauvages et des figues
ameres étaient sa seule nourriture ; ses jours,etméme
set nuits presque entières s'écoulaient dans la prière,
et quand!* besoin de sommeil devenait trop violent, au
milieu de ses longues veilles, il s'enfonçait dans l'eau
fraîche jusqu'au cou et continuait son oraison. II
fallait pourtant dormir quelque peu et, pour ne pas
se noyer dans son assoupissement forcé, il s'atta-
chait k un arbre a laids d'une corde.
EfTrayé de tant d'énergie et ds vertus, dans un
ige où les passions ont coutume de pousser avec
violence vers le mal et les plaisirs, le aénion entre-
prit contre le jeune solitaire une guerre sans
tiève. MaisJean, humble autant que courageux, sut
vaincre toutes les tentations par les armes spiri-
tuelles recommandées par.Notre-Seigneur lui-inéine:
la p.ière, la mortification, et l'amour de Dieu.
Itepuusse dans les assauts intérieurs, le démon
l'attaqua d'une manière extérieure et visible, et
voulut au moins l'épouvanter par des visions
efTr:\yantes. Mais avec 1* secours du Seigneur, Jean
entendit sans frémir les rugissements des lions, les
sifllements des serpents, les mugissements de» ia%.
reaux. et tout c« que le démon pouvait inventer pouf
le troubler. Loin de l'ébranler, ces diverses tenta-
tions affermirent <te plus en plus sa vertu. Deux ans
s'étaient passés de la sorte, quand un* voix célsst*
lui dit de revenir en Italie.
mCONNO DA.NS SA rillILLI
Cependant ses parents, chassés par la guerre-
avaient été contraints d'abaadonner leurs bieni
pour aller s'établir ailleurs Jean, qui depuis |ori|-
teiups ne s'occupait plus des bruits du moi ' -,
arriva un jour, en demandant l'auiiidn*, d.sns la
ville de Cenosa, en Italie. Le soir, il songea k
trouver un pauvre coin pour passer la nu 1 •■< Tint
frapper à la porte dulie maison in ■tip
ne fut pas sa surprise de 1» trouver i —'
parents. Dominant son énH>ti'>n et '• « ■ >
'If son c(nir. il implora humblement li .r
[>our l'amour de Dieu.
Les années i^ui s'étaient écoulée*, et os austérités
trinbles l'avaient tellement ne le
irc'innut pas; on se contenta r par
«■h-inté le petit abri .) / ' U
ni'ii. liant, et nn lui ''
cbaque soir. Je*n ac< eji» m^T. r-i..iiii.4i--iii..-. ■!
passait la journée dans la solitude, sans autre nour-
riture que des fruits saurases, et quand la nuit
ramenait les ténèbres, il revenait inconnu à la
maison paternelle.
Craiisnant Je révéler son sacret par une parole
indiscrète, il ne disait jamais rien à personne; ses
parents, du reste, le voyaient rarement. Il vécut
ainsi deux ans et demi. Cependant, sa nourrice
était là avec sa famille, et dans ce mendiant sici-
lien qui n'avait que la peau et les os, il lui sem-
blait retrouver quelques traits de son ancien petit
Jean, perdu et jamais retrouvé. Un jour, le voyant
seul, elle s'enhardit à lui dire: • N'es-tu pas J'ean,
que j'ai élevé? • Jean ne voulut pas mentir. « Oui,
c'est moi, répondit-il à voix basse, tais-toi. " Chose
admirable, et où l'on voit bien la grâce de Dieu,
cette femme, respectant la vocation de Jean, veilla
sur sa langue, et garda fidèlement c« dévorant
secret.
SCUNCt INfOSE — APOSTOLAT — îaLUB KIBATII
A cette époque, un changement merveilleux se
passadans l'àme du jeune ermite. Une nouvelle phase
de sa vie allait commencer. Dieu qui l'avait préparé
dans l'humilité, la prière et la pénitence, pour en
faire un instrument docile en sa main, allait l'em-
ployer au salut des âmes, et lui donner les dons
surnaturels nécessaires à sa mission. Il éclaira son
intelligence de lumières supérieures, et le doua
d'une éloquence si vive, si suave, si persuasive, si
savante en même temps, que les hommes les plus
instruits, qui eurent dans la suite l'occasion de l'en-
tendre, étaient forcés d'avouer que sa science ne
venait pas de la terre, mais du ciel.
Alors l'apâtre saint Pierre lui apparut et lui dit :
« Courage, mon fils, de grands combats te sont
réservés pour le service de Jéius-Christ. Va à envi-
ron un mille de Genosa ; tu y trouveras une église
dédiée sous mon nom et i moitié ruinée ; je te
charge de la rebâtir et de disposer toutes choses
pour que le service divin puisse de nouveau s'y
célébrer â la gloire de Dieu et en mon honneur, n
Jean se met aussitôt â l'œuvre; il va quêter auprès
de tous le* habitants de la contrée, les intéresse â
cette pieuse entreprise, s'impose mille courses et
mille démarches, brave les moqueries et les injures,
obtient de l'argent des unt, des matériaux et des
bétes de somme de la part des autres, le travail
volontaire de plusieurs, si bien qu'au bout de quel-
que temps, l'église de Saint-Pierre, toute renouvelée
et rebâtie, s'ouvrait aux fidèles pour le culte divin.
Cette (Buvre étonnante, accomplie par un men-
diant sans ressources, remplit d'admiration tout le
pay»; le bruit en vint iusqu'aux oreilles du comte
qui gouvernait la province. Le mendiant a dû trouver
quelque grand trésor, lui dit-on, et il le dépense,
sans que ni le propriétaire du lieu où il l'a décou-
vert, ni l'Klat en reçoivent rien. Jean fut arrêté, et
somm*^ de déclarer où il avait rencontré le prétendu
trésor, il affirma ne rien posséder et fut jet'' en pri-
son. On lui fit subir toute <sp>'ce de mauvais
traitement*. Mais un jour, un niige afiparut dans
•ion cachot et lui dit : • Que fais-lu encore ici, Jean?
Tu a* donné des preuves suffisantes de ta patience.
Sors et va où fli'-u t'enverra, nul ne t'en pourra
'•mp'-cher. » A l'insLint, ses chaînes tombent, la
porte de son cachot ■sinvre. le pnsonnier sort, tra-
verse la f'irteresse au ;i] ln-u des soldat? ft des ser-
viteurs lin c-.'tn;». ,1,- ,:tre reconnu par eux et
s'enfuit. De* <, envoyé» A la poursuite du
fugitif, le r' ■ ' et ne le reconnais"<enl pas
davanta(;e.
Cependant une autre vision frappe son Ame
d'épouvante. Il aperçoit deux démons furieux qui
emportaient une âme : " C'est l'àme d'un tel qui t'a
dénigré autant qu'il a pu, lui disent-ils: mainte-
nant. Dieu nous l'a abandonnée pour le châtier de
tout le mal qu'il a fait à toi et aux autres. » Jean
se mit à prier pour cet ennemi, mais bientôt, ayant
demandé de ses nouvelles, il apprit que cet homme
pervers était mort, au moment même où il avait vu
les démons emporter son âme.
UN MOMASTIRI IMCKNDIB — SAIITT iXAN DK MATHiHA AL'
MONT CASGAN — PRBDICATIO.N A BABI
A peine délivré de sa captivité, le serviteur de
Dieu se dirigeait vers Capoue, lorsqu'il fut inspiré
de revenir sur ses pas et d'aller au mont Lueno,
auprès de saint Guillaume de Verceil et de ses Reli-
gieux. Guillaume et ses bons moines le reçurent
avec une joie immense. Mais Jean leur dit : n Mes
Frères, un malheur vous menace ici, quittez celte
demeure et transportez-vous ailleurs. » Ces paroles
parurent étranges aux cénobites. Le couvent
était agréablement situé, commodément bâti; il leur
en avait coûté beaucoup de travail et de peine pour
le construire et le meubler; ils s'y étaient attachés,
et même plus qu'il ne conve>*ait à la perfection
monastique.
Ils doutèrent de la prophétie du saint homme et
ne déménagèrent pas. Bientôt un violent incendie
détruisait les bâtiments claustraux, et tout ce qu'il."
contenaient fut la proie des flammes.
Les moines partirent alors pour une autre mon-
tagne, appelé Serra-Cognata; l'homme de Dieu les y
accompagna et demeura avec eux pour les encou-
rager jusqu'à ce qu'ils se fussent construit des cel-
lules habitables. Aussitôt, disant adieu aux céno-
bites et à leur abbé, il vint à Bari et se mit à prê-
cher aux foules avec un zèle et une éloijnence tout
apostoliques. Beaucoup de pécheurs se convertirent
et revinrent à Dieu sincèrement, mais d autres,
jaloux de la vénération dont le Sïini, était entouré,
et obstinés dans leur orgueil, méprisèrent ses exhor-
tations; ils allèrent même l'accuser d'hérésie auprès
de l'évêque.
Jean n'eut pas de peine à se justifier. Au reste,
les miracles parlaient pour lui. La fille du chance-
lier du prince était à toute extr-'mité, le Saint la
guérit miraculeusement et, |)Our se soustraire aux
applaudissements de la foule, B'empre?se de quitter
le |iavs. Il se rend au célèbre sanctuaire de Saint-
Michel, au mont Garsan, et annonce la parole de
Dieu aux nombreux pèlerins qui s'y rendent. Une
grande sécheresse désolait alors la contrée.
Dès que la foule eut deviné la sainteté de son
nouveau missionnaire, elle le supplia d'obtenir île
Dieu la cessation du Déau. " Ce mnlheur. répondit
le prédicateur, est une punition des péchés qui se
commettent en ce pays; un de ceux qui sont atta-
chés au service de ce sanctuaire contribue pour sa
part à irriter Dieu, au lieu de l'apaiser. — Quel est-
il? cria la foule, qu'on le brûle. — Ce ne sont pas
des bûchers qu'il vous faut, répondit le moine, mais
des conversions sincères. > <'.v9 parole'» eurent le
■succès attendu et, après des conversions exem-
plaires, le Saint obtint, par linlercession de saint
Michel, la pluie désirée. Le' habitants, au comble de
la loie. voulaient à tout prix retenir le serviteur d.>
Mi<-M dans leur pavs. mais il leur déclara que le
Seigneur l'appelait ailleurs.
vision — PONDATION d'un MONAITtkl
Krhappé, non sans efforl«. k ce peuple aii<i<iel n
ivait pour «in<i dire rendu la vie, Jean vi y.ms.
lerner dans l'église de ,Samt-Mirhe| et '
lumières du ciel afin d'apprendre de q
doit diriger lei pas. A peine était-il «u |>r>«> "
qu'une femme d'une merTeilleuse beauU (sans
doute la Très Sainte Vierge), lui apparut et lui indi-
qua du doigt le lieu où il devait aller pour y b&tir
une église.
Sans tarder, Jean s* met en route avec les quel-
ques compagnons qui déjà s'étdient attachés à lui,
et arrive au lieu nommé Pulsano. Il v fonde un mo-
nastère aTec une église adjacente, et embrasse
a»ec ses six compagnons la rcf le de saint Benoit.
Six mois ne s'étaient pas encore passés, et le bruit
de l'admirable ferveur des solitaires s'était déjà
tellement répandu qu'on vit accourir au monastèie
un (.'rand nombre de personnes du siècle désireuses
d arriver à la perficlion, elles venaient se confier à
la sage direction de notre Saint.
Des enfants de nobles familles s'arrachaient aux
délices du monde, aux embrassements de leurs
parent!<, pour v«nir recevoir des mains du pieux
abbé les saintes livrées du Christ.
Pendant que le nombre de ses Religieux s'accrois-
sait, Jean oénissait en même temps la divine
Providence qui lui envoyait chaque jour d'abon-
dantes aumônes pour subvenir aux besoins du
monastère. Son humilité ne pouvait se persuader
que Dieu daignât s'occuper de lui; les marques de
l'spect et de vénération qu'on lui témoignait ne
taisaient qu'augmenter le mépris qu'il avait de sa
personne. ^
Néanmoins, plus il cherchait à s'abaisser, plus
Dieu se plaisait à l'exalter. Celui-là s'estimait heu-
reux, qui pouvait marcher là où il avait passé,
toucher ses habits, eu même le voir une fois.
U. KESSUSCITI U.N ENFANT ÉCKASK SOUS U!^ «OCUm
Un enfant de noble famille, nommé Orso, avait
pris l'habit au monastère. Un jour, quelques parents
du jeune homme vinrent à l'abbaye lui rendre visite.
Le Saint travaillait en ce moment de ses propres
mains à la construction d'un mur. Il avait désigné
quelques enfants du monastère pour ramasser des
pierres et les préparer près de lui, afin qu'il n'eût
qu'a choisir celles qui conviendraient. Tout à coup,
un énorme rocher se détache de la monla^-ne; les
enfants, avertis par le bruit, et frappés d'épouvante,
se précipitent vers le couvent. Un seul n'a pas le
temps de fuii assez tât, il est atteint par le bloc de
iiierre qui le renverse et lui passe sur l« corps en
l'écrasant sous son poids.
Les témoins de cet affreux spectacle restent un
instant muets d'effroi et d'émotion ; bientôt revenant
de 'leur stupeur, ils accourent à la victime et la
relèvent; le malheureux enfant ne donnait plus
sitfne de vie. Enfants et moines éclatent en sanKlcits.
A ce moment des étrangers arrivent sur le thiatre
de l'accident : c'étaient les parents de l'infortuné
jeune homme I A la vue du cadavre livide et ensan-
pUnté du doux et joyeux enfant qu'ils venaient voir
et embrasser, ils sont pii.-> d'une douleur folle, se
j' lient A terre, se frappent le visage, et se tournant
vers le supérieur du monastère: • Hcnds-nous, lui
cri'-rent-ils, le fils que tu nous as ravi. » Le pauvre
rieur n'était pour rien dans ce triste accident.
- irriter de leurs injustes récriminations et de
leui menaces, ils s'efforce de relever leur courn^ir et
if Uur recommander la soumission à la volonté de
Dieu. Knsuite,il fait apporter l'enfant dans l'éijlisi
de la S unir Vierge, ordonne au peuple de sortir et
se mt'l • Il pruro: • Seigneur Dieu, qui avez tout
créé d« ri'i , d.til, rendez cet enfant h la vie, el
-! i:.Ti'z le c(.ii.iri ver à votre sainte Kflise, afin que
' '-UX qui le verront glorifient la puissance de
■ om. •
\ -l'i^t tl s'approche, prend l'enfant par la main,
I' :t >c et U met «ur (rt pieds Puii il ouvre les
portes de l'église et le montre à tous, plein de vie
et de santé. En même temps, il lui commande de
reprendre son travail, et l'avertit de veiller désor-
mais avec plus de prudence sur lui-même.
Un autre jour, le vénérable abbé avait envoyé
certains Frères dans la forêt, pour abattre des
arbres destinés à la construction d'une maison.
L'ennemi de tout bien, voyant qu'ils accomplis-
saient l'ordre de leur Père avec beaucoup d'obéis-
sance et d'humilité, se présenta soudain devant
eux sous la forme d'un chef de brigands, suivi de
ses satellites, armés des pieds à la tête. A cette vue,
les Frères épouvantés s'enfuient dans toutes les
directions. Mais voici qu'ils aperçoivent leur bien-
heureux Père s'avancer dans les nirs, environné
d'une lumière éblouissante : il portait à la main une
verge avec laquelle il poursuivit les malins esprits,
et les frappa d'une manière vigoureuse, jusqu à ce
que tous s'évanouissent comme une ombre. Les
Frères, à qui la présence de leur Père avait rendu
le courage, accoururent alors vers lui, comme des
entants pleins d'amour. Il les exhorta à ne point
se tourmenter des artifices du démon, leur dit de
continuer à vivre tous le regard de Dieu, et après
leur avoir adressé quelques paroles d'édification, il
disparut à leurs veux.
Le saint abbé fonda ou releva plusieurs couvents
de religieuses où ses instructions firent fleurir la
perfection chrétienne.
MORT DS SÀIHT JEAN DE UATHikA
Le bienheureux Jean était parvenu à un tel état
de sainteté que Dieu semblait prendre plaisir i
s'entretenir familièrement avec lui. Il voulait que
tout lui vint de la part du Seigneur, et n'entrepre-
nait aucune œuvre sans avoir reçu du ciel l'as-
surance de son utilité.
Quand la mort arriva, avec son long cortège de
souffrances et de séparations cruelles. Il la vit sans
trembler: que peut en effet la mort, sur celui i]ui,
tous les jours, s'est efforcé de mourir au monde et
asnire avec ardeur aux biens éternels.
Levant les ytux au ciel, le saint mourant dit aux
démons: -Que cherchez-vous. ouvriers de l'iniquité?
Reconnaissez-vous en moi quelque chose qui vous
appartienne? Vous m'eiili3urez comme des chiens
allâmes, attendant qu'on leur jette pour pâture les
chairs d'un cadavre. Mais sachez que vous attendez en
vain : il n'y a rien en moi qui puisse devenir voire
proie. Laissez-moi donc mourir en paix. ■•
Devant ces paroles pleines de confiance dans la
toute puissante honte de Dieu, les esprits infernaux
qui venaient troubler ses derniers moments s'en-
fuirent, et le Saint vil s'approcher de lui un chœur
angélique, qui remplissait l'air de chants célestes.
Le pieux abbé, confus de tant de marques
d'amour de la part du Si-igneiir envers une misé-
rable créature, entonna le chant de sa délivra me
el de la fin de son exil. >• Dieu de miséricorde,
arrachez-moi de cette prison où, malheureux captif
des le sein de ma mère, je gémis sur les maux de
la nature humaine. Brisez ces liens qui gênent
lessor de mon âme, et m'empêchent d* voler vers
ma vérilalilc patrie. Saints anges, qui \<nn m'as-
sister dans mes derniers moment», daigner me
prf'scnter a mon Dieu comme une tioAtie vivante,
atin que je puisse le chanter et le bénir pendant
toute l'éternité des sièrirs. »
Ce furent ses dernières paroles. Courbant la télé,
il joignit les mains sur sa poitrine, et s'endormit
du snninieil de la paix peur >e réveiller daoa
le sein de Dieu, I an du salut \ 1.19, sous le pontiflcAl
d'Innocent II tl le rè^'nr d« Kefer, roi de SieiU.
\mp.-jéranl, K. l'trimwiii. H, nie Kraa<;oli I", Paru.
SAINT LOUIS DE GONZAGUE
PATRON DE LA JEUNESSE
Fête le 21 juin.
NAISSAKCK DE SAIRT LOUIS DE GONZAGUE
L'aii;.'H|jquc jpuno hommo. «aint Louis de Tion-
zaffue, qup Ip pape Benoit XIII a prn|io<<f- romme
modèle d'innorenre et de pureté et comme patron
à la jeunesse des «•rôles, eut pour père Ferdinand
de l^ionzafrue, marquis de Castit.'lion'', prince du
Saint-Empire, et pour mère, Marthe Tana San-
ten.i. tille de Tatio Santena, seigneur de Chieri,
en Piémont.
I<e d'i«ir de «c voir mère (il faire h la marquise
d'ardente» prières pour obtenir du Seigneur qu'il
lui donnât un flis. non pour être le soutien de
sa famille, mais pour servir Jésus-Christ. Ses
v(pux furent enfin exaucés. Mais celte joie mater-
nelle fut hientrtt traversée par rappréhension de
perdre, avant même de le posséder, ce fruit de
tant de désirs. I,a marquise, en effet, soulTrit de
si trrandes douleurs dans ses couches, qu'au
ju;.'ement des médecins, la mère ni l'enfant ne
pouvaient vivre
Kn cet état, elle eut recours à In Sainte Vierri
et fit vcpu, si elle et son rih échappaient au péi il,
d'aller en pèlerinai:e à N'olre-ltame de l>ir<'(lf
'■t d'y jiorter l'enfant pour le lui consacrer. Llle
n'eut pas plutôt achevé celle promesse, que
iiZ6
l'enfant vint au inonde, plein de vie, le 9 mars
de l'an 1308. |
ADMIRABLES DI-PO-ITIO.N- i)t. i.vi.i- .t.; SES
l'IŒMlkRBS ANNKES
Cette pieuse mère, regardant di's lors ce fils
comme un Jt'pi\t sacré qu'elle devait remetlre
un jiiur iui.icl à la Mère de Dieu, prit un soin
cxln'iiii- >le lui inspirer de bonne heure les sen-
tiiiieiit< de la plus 1>Mi.iro piété. L'an;,'éliiiae
(Miraiit montra bientôt li,i-in<'>me iju'il était vrai-
ment l'objet d'une aJ-'i'Uou et d'une protection
toute paiticuliére de li part de la Heine du cieî;
et les dispositions nui veilleuses jui se •' elop-
jiaient en lui de jour en jour, dép;ls^ ent de
beaucoup tout ce qu'en aurait pu espérer une
raére si verluiuse. Il était encore au berceau, et
déjà sa tendresse pour les pauvres, la corapa-^sion
(ju il téniiii-'Uiiil à la \ue de leurs misères éton-
nait tout le monde. S'en présentait-il un devant
lui, il *•• mettait aussiti)t à pleurer, et on ne pou-
vait l'apaiser uu'en taisant l'aumAue. D';s qu'il
put [Lirler. on lui apprit à prononcer les saints
noms de Jésus et de .Marie, a faire le si^'ne de la
cfiiix, ce qu'il répétait avec une joie et une fer-
veur ailmirables. Son visasse, empreint d'une
an;.'élique dimceur, respirait un tel air de piété,
que ceux qui le portaient entre leurs bra-^
croyaient t^nir un aii;.'e, à la seule vue du<piel
ils se seiitarent intérieurement animés à la vertu.
Uuand il put marcher, il commença à se ritiier
seul on secret, pour y prier Dieu avec plus de
recueillement. 11 inaugurait ainsi celte vie de
priérr (|ui ilfvait, en peu d'annéeSf l'élerer à une
si liaulr perfe.tion.
Iji (lieuse mar<|uise était ravie de voir ces
inclinations de sou lils pour la )>iété, mais le
marquis mmi pi-re eut mieux aimé lui voir de
l'ardeur pour b-y armes. Il le prit avec lui pi>ur
all'T faire à Ca^^al une revue de ses troupes,
allii qu'en se tiouv.int perp'-tuellement on con-
tact avec les mo ur-> milit^iue'*, il put prendre une
humeur yuerri' ce. l^minie l'enfant n'avait encore
qui- ciiii| ans, le mauvais exemplf des p»ns de
^■uerre fit quelque inipres-'ion sur lui. Il >'ii
ri'tint des p.ir.'le- un peu libres qu'il répétait
san< le<i comprendre, mais son uouverneur l'en
ayant repris auxMtiU, il en eut horreur, et évita
dé-ormais ceux qui les prononçaient. Ce fut bi
sa plus grande faute, qu'il pleura et dont il lit
pénitence toute sa vie.
PliniEH^ DMUI8 Ul OL'ITTBH LR MOXDIt
.\ I ' ' ' ,' ' ■ ' r.^lait le lerans
tuent épri-- il--
1' 1 .1 i.>nl <••■ :■• '
on^acrer uni
de Si
l't -Il , '|ii il 1 1~.
1! ilir aime,
lui <i''
riur
eu' ■
sa laililes»c serait trop grandi .
r. r\IT LOl'IS A LA COfR IiM Piii-
.... .1.. I. ..■,., 1,.. , I, .11,, ' .|i '
pro;irés [surprenants dansMa sainteté, l.a [uière-
l'étude lui tenaient lieu de tous leâ divertisse^
inents. Pourtriiuiipher pluf facileinent du démon,
du monde et de sa^prcuire nature, il se mit sous
la sauve;;arde de la Très Sainte Vierge, et lit
entre ses mains le vœu de virginité perpétuelle.
Cél acte héroïque lui attira tant de grâces que,
depuis, il ne ressentit plus aucun mouvemeat
contraire à la pureté. Sa délicatesse, d'ailleurs,
pour cette admirable vertu, allait jusqu'à l'excès.
Tout jeune qu'il (était, il se Ht une loi de ne
jamais regarder une femme en face, pas même
la marquise >.i mère. Jam.ais il ne permit à son
valet de chambre de l'aider à s'h.ibiller, et sa
fiudeur était si grande qu'il n'osait pas même lui
aisser voir le bout de ses pieds nu*.
Il avait onio ans lorsqu'il quitta l.i cour de Flo-
ren ••■ pour passer à celle du duc de Manloue, son
proche parent. Ce nouveau théâtre des ;;randeurs
et de l'éclat de sa maison n'éblouit point le
jeune Saint. Ce fut là qu'il résolut déliiiitivement
de quitter le monde et de céder à son frère
llodolphe son titre an inar<|j|iisut de Casti:;lione,
dont il avait déjà été iinesli par l'empereur.
L'alTaiblisseinent de sa >anlé lui servit de pré-
texte pour rentrer d iiis la maison paternelle.
D'une complexion dé|à très délicate, sa santé
>'était encore considfrabbiiient alT.iiblie, par
suite de ses pénitences excessives, et il en était
résulté un état de lougueur qui mettait ses jours
en danuer.
Ce|>endant, di retour à C,istii;lione, loin d'adou-
cir en rien la régie qu'il -^'elail impo-ée, il con-
tinua à travailler de plus en plus à sa sancti-
fication. Il s'enfermait ordinairement dans sa
chambre pour n'élre point interroiniiu dan» ses
loni.'iies oraisons. Les serviteurs du château l'ont
vu souvent prost»;rné devant son crucilix, les
bras étendus t-t dans une altitude si fervente,
que cette vue leur arrachait des larmes.
D'aiitrrs fois, il était ravi en exta-f, ses yeux
lançait di-s llainmes.son visaae, rayonnant comme
celui d'un séraphin, le faisait prendre pour un
anae du ciel.
PHEHIKIIK CUKKI.'MOK Ilï Lons, SON AMOUR POl'h l.t
SAI.VTK EL'CIUUISTII
Ce fut à cotte époque, que saint Charles
llorroiii' ' I i^".!!!! PII Chàtillon. \il pour la
premi Le ::raiid é\éque dé-
couvrit - ii'-'or- de yràce ren-
fermés dans celle .hn^ aii;:idique. I.ouis n'avait
p.'inf "nfore rei-u la "imi!'- •'.omiiiiitiion, saint
r! ■ ■ :i«. Avec
■ 1 lie iuno-
- Il |ii.u piiUi 1.1 !oi«, le»
ont pu le coinpr> i visage
.1111-, "ii's yeux renii ' trahis-
l'ardi'ur du f-'ii di -.ni son
. , ur I' ' ' iii'-i,"
tollil b
ur
>1U il ~
m
ili- «y
pri'li' n kouliiii lit l'en-
tendre sur ce sujet avant de montt^r eux-mêmes
à l'autel, pour s'exciter à la ferveur.
MOBTIFICATIPN EXTRAORDINAIRE DE SAI.NT LOUIS
DANS LE MONDE
L'étude des belles lettres à laquelle s'appliquait
alors noire Saint n'ntîaiblit point en lui l'esprit
intérieur, qu'il nourrissait par la pénitence. U
•est diflic-ile de porter plus loin la haine de soi-
niénie. Les pénitences de ce jeune prince délicat,
maladif, auraient effrayé les reli;.'ieux les plus
inorlifiés, et l'on ne vit jamais tant d'innocence
unie à tant d'austérité.
i\ n'avait encore que treize ans, et déjà, il
jeûnait trois fois la semaine; le vendredi, toute
sa nourriture consistait en une once de pain
trempé dans de l'eau, qu'il prenait à midi, le
soir il retranchait encore d'une quantité si léiière.
Son ordinaire, d'ailleurs, était si sobre que, sans
un secours particulier de Dieu, il n'eût pu sub-
sister.
A cette rigoureuse abstinence, il ajoutait la dis-
cipline jusi|u'au sanf,' : d'abord il ne la prenait
que trois fois la semaine, il la prit depuis tous
les jours, et enûn trois fois en vin:;t-quatre
heures, et à tel point qu'on trouva souvent le
plancher et les murs de sa chambre teints de son
sans. Il glissait adroitement une planche dans
son lit, et, faute de cilice, il mettait ses éperons
sous sa chemise pour en être piqué à tout
moment.
Jamais il ne se chauffa, même dans les plus
rudes hivers; au milieu de la nuit, quand tout
le monde dormait, il se levait doucement et, par
les plus itrands froids, à peine vêtu, il passait
de b'U-'ues heures en prières, jusqu'à ce que le
froid le saisissant, il tombât par terre de faiblesse.
SAINT LOUIS A LA COUR D'eSPAGNE
L'an 1581, le marquis de Gonzacue conduisit
son fils en EspaL-ne, à la suite de l'impératrice
Marie, fille de Charles-C'uint, et bientôt le jeune
Louis fut d^nné pour paue au prince Jai:ques,
nls de Philippe II. Il semblait que Dieu voulût
ainsi montrer notie Saint à la plupart des cours
de l'Europe pour faire voir que la piété est de
toutes les conditions et l'innocence de tous les
àae». En effet, mal;;ré les di.stractions qui se
rencontrent à la cour des princes, Louis ne |
riMi.Tii' lia rien ni de ses prières, ni de ses mor-
iiii. l'i .11-^, il trouva même le temps de s'appli-
quer à l'élude de la philosophie.
IL REÇOIT DU CIEL l'aSSUBANCE CIU'iL EST APPELÉ A LA
COMPAGNIE DB JÉSUS
Aprè« un an de séjour en Espagne, iné alors de
-'•i7f .III s. il ju;;eaque le moment était venud'exé-
riiter le des'-ein qu'il avait formé d'entrer daii'^
un Ordre rclidi'iix. Mais, .ommn il n'avait point
eiii-dpj. fail choix d'une cont'répation en parti-
culiiT. il mit recours à la .Sainte Vier:ie, son
refiiui- ordinaire, et, le jour rie son Assomption^
il (il une cnramiinion au collège des Jésuites de
Madrid, avec, une dévotion et une préparation
estraordinnire», afin d'apprendre ce que Dieu
d'iniii.I ill A'- lui. '•■,1 iiriére fut aus-^ilol exaucée, '
Cl' lit son.nclinn de ;.'nlre8, il !
"Il' ' an fond de son cn-ur une '
'. '< T jui lui oriiiinnait d'entrer dans la Coaipa- |
.•III !•■ Jéitus.
I.PBRUrC3 SUSCITf.R.4 A lA VOCATIOM |
l.e jeune homme réîiolut d'obéir le plu?' promp* '
tem'-nl |ios,i|,|.. -i l'avl» du rir], m-'ii^ dp rude» I
combats l'attendaient. Tout ce qu'une naissance
illustre a de plus llatteur, tout ce que la ten-
dresse d'un père a de plus séduisant, fut mis eu
œuvre, pour lui faire changer de résolution. On
le promena par les cour-; les plus brillantes de
l'Italie, on l'accabla d'allaires, on le chartjea de
néfrociations importantes et extrêmement épi-
neuses, on lui ménagea des enlrelifns avec des
personnages d'autorité qui le dissuadèrent de se
faire religieux. Tout fut inutile. Le marquis .son
père, après un refus trop dur qu'il venait de lui
faire, l'ayant surpris à genoux devant ^on crucifi.x,
mêlant son sang avec ses larmes pour obtenir
de Dieu ce que les hommes s'obstinaient à lui
refuser, se sentit si fort attendri qu'il n'.^ut pas
le courage de prolonger davantage les tourments
de son fils, et il consentit enfin à son départ. Il
voulut cependant, qu'auparavant, Louis allât à
Milan y terminer quelques affaires de famille.
Le jeune Saint ne montra que trop ses talents en
cette rencontre et peu s'en fallut que son habi-
leté ne mît un nouvel obstacle à son bonheur.
« Vous vous êtes trompé, mon fils, lui dit le
marquis à son retour de Milan, vous vous êtes
trompé, quand vous avez cru que je consentirais
à votre départ; non, cessez d'y songer; votre
prudence, vos talents indiquent assez votre place
dans le monde. » Louis, frappé d'une résolution
si inattendue, se jeta aux pieds du marquis, et
avec cet air ingénu, qui prévenait toujours en
sa faveur : n A Dieu ne plaise, mon cher père, lui
dit-il, que je ne fasse jamais rien contre vos
ordres. Je vous serai toujours très soumis. Per-
mettez-moi seulement de vous représenter que
je ne puis douter de l'appel de Jésus-Christ :
c'est donc vous opposer à la volonté de Dieu que
de m'em pêcher d'obéir. ■> Ces sages paroles
firent impression sur le cœur du marquis : il
embrasse le jeune homme en pleurant et, après
un moment de silence: ■< Mon fils, lui dit-il,
vous m'avez fait au cœur une plaie qui saignera
longtemps. Je vous aime et vous le méritez.
J'avais fondé sur vous toutes les espérances de
famille, mais enfin, puisque vous êtes si assuré
de l'appel de Dieu, je ne vous retiens plus : allez,
mon fils, allez où Dieu le veut. »
A ces paroles, quelque attendri que fût Louis,
il ne put cependant contenir sa joie, et se pros-
ternant devant son crucifix, il renouvela son
sacrifice. Ayant fait ensuite à Mantoue la cession
de son marquisat en faveurde son frère Hodolphe,
il prit con^é de ses parents et partit pour Lorette.
Dans ce vénéré sanctuaire, toute sa tendresse
fiour Marie éclata en doux transports et en
armes d'amour. Il y renouvela son viru de chas-
teté, et s'étant de nouveau consacre à la Mère de
Dieu, il partit pour Rome, où, après avoir reçu
la bénédiction du Saint-Père et visité les car-
dinaux, ses parents, il entra au noviciat de la
Compagnie de Jésus, l'année tllSo. Il n'avait point
encore dix-huit ans accomplis.
FERVBUn KT SAlTTErtf DU JEUNE SOVICK
Les proffrès surprenants que Louis lit dans
cette école du noviciat élonnirent les plus par-
fait*. On n'eut besoin que de modérer sa ferveur
et de mettre dos bornes au dè.sir qu'il avait d<'
faire pénitence. Ln plus prande laiile qu'il eut :<
se reprocher durant les deu.x aiinéi.'r de '"H
noviciat, fut d'avoir regardé, pendant l- npi,..
h- Frère assis à ses cotés. Il «tait, en «iV. i. *,
modeste que, trois mois après son aim-.
lunorail encore B«mm»'nl éluil dispos. |.- i . .
toire. Un jour, comme on l'envoyait chercher
un livre à la place du recteur, il fut obligé de
s'informer de l'endroit où il se trouvait.
Il ne sut jamais s'excuser, quelque raison
qu'il eût de le faire. Il craignit même plusieurs
fois d'avoir ressenti une joie trop sensible d'une
réprimanda qu'il avait reçue. Les exercices les
plus bas et les plus rebuiants lui causaient un
plaisir extri'me : et il se crut obligé de s'accuser
d'avoir trop satisfait sa soif d'humiliation, en
allant par la ville vêtu d'un méchant habit et
demandant l'aumi>ne.
Nul n'oublia mieux que lui son peuple et la
maison de son père. C'était lui l'aire une grande
l'eine d'avoir [Hiiir lui l'ombre de distinction :
un livre plu< richement relié, un rosaire moins
commun, deux chaises dans sa cellule blessaient
la délicatesse de son amour pour la pauvreté.
La maniuise sa mère eut beaucoup de peine à
lui faire accepter, pour orner sa cellule, deux
imai-'es en papier, l'une représentant saint Tho-
mas d'Aquin, l'autre sainte Catherine, saints
qu'il aimait d'une alTection singulière.
SON BSPRIT DE MORTIFICATIO.N 0.\NS LA VIE RELIGIEUSE
Nous avons déjà vu l'esprit de pénitence qui
avait animé le jeune nnnce dans le monde.
Devenu religieux, sa soil de soulTrir devint insa-
tiable. Il avait tellement niorlilié tous ses sens,
qu'il en avait comme pordu l'usage. Il allait
souvent dans un lieu sans pouvoir dire où il se
trouvait; au réfectoire, il ne faisait attention à
ce qu'on lui servait aue pour prendre ce qui lui
était le plus désagréaule. A ceux qui le bhUuaiont
de ses pénitences et lui en faisaient scru|)ule,
disant qu'il .«e tuait lui-même, il répondait
qu'après avoir obtenu l'autorisation de ses supé-
rii-urs, il était rassuré sur ce point. Le vrai temps
de la péuitence, disait-il encore, est celui de la
jeunesse, car alors, l'homme possède toutes ses
forces e( toute sa vigueur, et peut offrir à Dieu
des sacrifices plus énergiques et plus généreux;
d'ailleurs, si Dieu a des droits sur toute notre
vie, il aime surtout qu'on lui donne ce qui en
est comme les prémices et la (leur, c'est-à-dire
la jeunesse. Aussi déclare-t-il au moment de
mourir que s'il avait des scrupules, ce n'était pas
pour les pénitences qu'il avait faites, mais plutôt,
|>our celles qu'il avait omises.
SAINT LOUIS ANGE DE PAIX
L'amour du [irochoin le lira de la solitude
religieuse pour le conduire dans sa famille.
("était pour y apaiser un vif différend survenu
entre le marquis de Castiglione, son frère, et le
du<° de Mantoue. Arrivé à ('hiUillon, il fut reçu
comme un nii:.'e du ciel; on accourut en foule
pour contempler le Saint, comme on l'apiielait,
ot la marquise sa mère fut saisie en le revoyant
d'un sentiment de vénération qui lui (il mettre
!<•« (jenoux en terre; tant elle avait conçu une
' mil- idée de la sainteté de ce fils chéri. (Juelque
' ;-. ((lie fussent le» nrurs, cet ange de paix
)l pas pluti'it parlé à l'un et à l'autre que
les dilTérends s'èvinouirent. l'ne élmile
■ rit la pince d'une haine implacable.
iiriliatinn ine«pérée fut ret'Ardée comme
\,:, , ini'Ts miracles de l>iui«.
(> II' fiit [loiiil le seul qu'il opéra pendant son
véli.iii ! iTi 1 ''iiiiill'' Si pieu-e mère, ayant
•ilr.iindre à pr«".her
n, il le Ht n>iT tant
de fnutqa'ily rut plan de sept cent* personne» qui
se confessèrent au sortir du sermon, et le nombre
des réconciliations qui suivirent fut regardé
comme un grand miracle.
Louis était encore dans sa famille quand Dieu
lui fit connaître que l'heure approchait où il
l'appellerait à partager la gloire des élus. Il
revint aussitôt à Hovère, 1591, rempli d'une
sainte allégresse à une si agréable nouvelle.
SAINT LODIS SE PRÉPARE A SA DERNIÈRE HEURE
SA MOllT PRKCIEUSE
Toute la vie du jeune Louis n'avait été qu'une
préparation à la vie du ciel; il redoubla cepen-
dant de ferveur dans cette dernière année. Son
amour pour Dieu devint si tendre et si véhément
(^u'il ne pouvait entendre prononcer ce nom trois
f'>is saint sans qu'une altération sensible se
manifestât sur son visaye. l'n trait, une expres-
sion touchante dans la lecture que l'on faisait
pendant le repas, l'enipéchail de manger, et pro-
duisait une telle impression sur son cirur qu elle
se trahissait d'abord par des larmes. Ui vue d'un
petit agneau, d'une étoile, d'une fleur, excitait
son émotion, au-'mentait son amour. On évita
même d'employer en sa présence certains termes
plus palhétiques, pour lui épargner une impres-
sion qui pouvait nuire à sa santé.
Itevenu donc à Home, il trouva cette ville
afiliv'ée de la peste. Il importuna aussitôt ses
supérieurs pour en obtenir la faveur de se dévouer
au service des pestiférés. Mais sa charité aspi-
rait sans cesse à servir ceux (|ui étaient le plus en
danger, et il fut lui-même bientôt atteint.
(Jiiand il se sentit frappé, sa joie éclata d'abord
en doux chant d'action de grâces. Cependant, les
soins qu'il reçut le soulagèrent pour un temps:
mais il lui en resta une fièvre lente, (]ui devait
l'emporter trois mois après. Ces derniers mois
d'attente furent iiour celle Ame, avide de pos-
séder entin son Dieu, comme un long martyie
où elle se consumait chaque jour en désirs
ardents de quitter la terre pour k; ciel. Enlln,
Notre-Seigneur lui fit connaître qu'il l'appel-
lerait le jour même, el dès lors les heures s'écou-
lèrent pour lui dans de vifs transports d'amour
et de doux cantiques de reconnaissiince.
l'n peu avant de mourir, il souhaita de prendre
encore une fois la discipline, ou, ci>mme il était
trop faible, qu'un autre la lui donnât, et il supplia
le l'ère Provincial de le laisser expirer par terre.
In moment après, pronniiçant les noms bénis
de Jésus et de .Marie, son Ame s'envola joyeuse
vers le ciel. C'était vers la fin du jour de l'octave
du Très Saint-Sacrement, le 20 juin de l'an 1S91.
Il avait vingt-deux ans, et en avait passé quatre
dans la Compa;:nie de Jésus.
Trois ans aprè.<, sa pieuse mère, étant danue-
reusement malade, se sentit tout à coup inspirée,
au milieu de ses cruelles douleurs, d'invoquer
son llls pour en obtenir sn guèrison. Klle le prie,
en effet, avec ferveur, llientot, un doux sommeil
s'empare i\' ; elle voit alors venir A elle
Louis tout 1 -aiil de gloire; il s'approche
en souriant, li l.i tniicbe; et, se réveillant aus-
sitôt, elle se trouve pnrf.iitcnient guérie.
Ce fut le premier miracle ipie Dieu lit par l'in-
tercession liu liienlieiireux l^tui* npres sa mort.
Le bruit s'en répandit rapidement, on recourut
,\ lui de tous côtés; et bientôt le nombre des
prodices ribtenus fut considérable
Sn mère vivait encore lorsqu'il fut béatifié,
l'an IA2I, et elle put invoquer son cher llls sur
les autel*.
Le Ociuul y. l'KriTiia?inT. — Imp. f. Finoii'YaAi', 5 « '>, rur Ua)>rJ, l'uni.
SAINT PAULIN
ÉVEQUE DE NOLE
Fêle le li:i juin-
Saint Paulin, évêque de Noie, se livre comme esclave pour rendre la liberté
au fils d'une pauvre veuve.
l> AM.K SrR LA TERBE
Paulin naquit à Itordeaux, en 354, d'une
ancienne famille si'-natoriale renommée dans
IVmpire entier. Elle avait de grandes possessions
en Aquitaine, en Campanie, près de Noie et eu
E'iiaune.
[)<? Imnne heure, il s'adonna sous Ausone à
réliiJf 'le la rhétorique et de la poésie et y lit
d'immense» propres. Les helles qualités de son
esprit et île son co'ur s'étaient heureusement
ilévelo[ipée« pendant le cours de ses études, et
lui avaient déjà fait un ;.'rund nombre d'amis.
" '• toi qui e^ plus doux que le miel, lui écrivait
Aumône, plus < liarmanl que les grAces mêmes,
que l'Mis devraient serrer dans leur bras comme
un •■niant chéri. ■•
l'iiihn voyait s'ouviir devant lui une brillante
rarti- re. En 377, «on père mourut, et il hérita
non 'eiilement de ses biens, mais conformément
aux lois romaines, de sa dignité de sénateur.
A partir de celte époque, Paulin, en signe dis-
linctif de sa charfie, porta sur son manteau la
bande d'étolTe de pourpre.
Peu après la mort de son père, il se rendit en
Campanie pour y visiter ses possessions : parmi
ses propriétés se trouvait sa campagne de S'oie :
c'est là que Dieu l'attendait.
Depuis longtemps, le paganisme no le satisfai-
sait plus; le culte rendu aux idoles lui paraissait
une folie; cependant il restait incertain entre
les différentes religions. Il ressemblait à un
homme ballotté au sein des Ilots qu'agite une
violente tempête et jeté tantôt contre un écueil,
tantAi contre un autre.
Telles étaient ses dispositions quand il franchit
le seuil du temple de Saint-l'éJix à Noio. Mais
alors une sainte frayeur s'empara de lui i la vu-'
des miracles obtenus sur la tombe du niaii'
Il sentit que le tlliri^t saisissait le i.' '
de son Ame et commandait aux vents dé> i
Il sentit naître dans son cu-ur la foi du t.linit
Jésus, et il s'empressa de se faire inscrire au
nirabre des c:^'- ■'""l'^iies; eu même temps,
l'amour qu'il ■ "' le Saint fut «i profond
(]u'il y rebta i. ^ juà la lin île sa vie et
qu'il voulut toujours avoir avec lui l'ima^je du
bienheureux martyr. La vie de Paulin avait été
Jusqu'ici celle J'uu ange.
rALXlN CONSUL ■
f.Vl.Nf MARTIN
En T.^. Paulin, à peine ;ii;é de vingt-quatre
ans, fut créé consul; il i \ci.a cette cliarse avec
une grande modéraliou. l'tu après, il retourna
en .\qaitaine, pais se retira en Espagne, où il se
maria.
Tbérasia, npul'ule patricienne, par sa douce
it puissante in!'.i''ni e, contribua à faire |iénélrer
lie plus en plus i amour de Ditu dans le cœur de
son époux.
La Proi'.iciice le conduisit ainsi petit à petit
vers If 1 .11 léme. Le moyen principal dont elle
so servit lut de le mettre en rapport avec les
saints personnages les plus ii\llui'nts de son
époque. Le premier que Paulin \il lut saint Mar-
tin, Tillustre évéque de Tours. 1. Aquitaine et la
Touraine sont proches, et Paulin jiut \i>ir ài' ses
propres yeux les miracles qui sijjnalaient le»
(.ourses apostoliques du saint é^éque. U éprouva
lui-même les effets de la puissance du tbauma-
turi;e des lïaules.
Il souffrait extri^mement à un iril : déjà une
laie épais'-r -s'était formée et rtrouvrail la pru-
nelle. .Martin lui impo-^a les in.iins, lui frotta les
yeux avec une éponge qu'il mait trempée dans
i'buile d'une lampe, .\ussit(^t. l'ieil se trouva'
juéri et n<' lui fil plus re-^-^enlir de douleur.
I.a beauté de la perfection chrétienne com-
mençait à charmer son co-ur, mais les austérités
qu'elle impose le retenaient encore au bord du
sanctuaire et il n'osait s'approcher du sacrement
<]ai nou!> régénère.
LE Biniui! rr sa vit nnjr.iEUst
Enfin, nous apprend saint Paulin, Delphin,
évéque «le Itonleaiix, jeta l'hameçon, et. heu-
reux pécheur, il le retira des eaux profondes et
ainéres du si<*cle: P.iiiliii conserva pour Delphin
un respect pb'in de délicatesse et U amour (llial.
Pour la priiiiière foi», après son baptême, il
({oAta celte paix qu'il cherchait depuis si long-
ti'inps. .\prrs tant de teuipétes qui ra\aieiit
ballotté, ri'lclise lui avait enfin ouvert un port de
salut. Il a\ait re.ii parle bapti'nii- nne vir non-
" velle, il lui s'Miiblait qu'on avait enlevé de se<
épaules un b'Urd fardeau. Sa vie |ia«S'''i< s'ét.iit
écoulée UaiM la voiiilé, il ié'«olul du la reformer
à la lumi'-re ><uriiatiiit!lle de la foi.
Pour arriver plu« facilniimnl ;'i son but. il --e
relira <lu inoinie, quill.^ l'AquiLiine on il était
trop Connu pour mener une vie de retraite et
vint s établir sur les terre* qu'il possédait en
K((>at;ne.
Ce fui l.\ que I>i i "iilln le» vœnx ipi*il
formait depuis >-i I - i'hérasia lui donna,
h Alcal.i de Hénar<->. nithls qui fut Kipti^é -un*
le nom de Olmi'» : mai- la i'>ie de» pieux parent»
ne fut paf de lonsue dun'-e: il moiirnl au boni
.1.. liiiil )niir* l'-mlin lit enlerp»r <•«•! "iifiiit, «i lAt
aupn-s ■' 1 . deux
-lus el P.T 1 à «•
' l'il »er»ii ji'Hir lui un anjje
(,. :' 'I '- -■ -' rr-' --
non
rite ii.- ... - ;■ i ,u-
des mérites. Aussi longtemps qu'il conserva ses
t.'rauds biens, il lui sembla que, précipité au
iniliea des Ilots oraceux de la vie avec de lourds
v.'teinents, il «levait les traverser à la naf:c pour
arriver jusqu'à Dieu. Il résolut de se dépouiller.
.V peine sa résolution fut-elle connue qu'il s'éleva
contre lui de vives contradictions ; ou le délaissa,
ou l'accabla; mais rien ne put l'ébranler. Il vou-
lait vendre ce qui passe pour acheter la perle
précieuse qui demeure toujours.
U ouvrit ses greniers à ceux qui en avaient
besoin cl distribua ses immenses possessions aux
pauvres et aux mendiants. Paulin n'énarfina rieii,
pas même les biens de son épouse Tbérasia qui
se sacrifia volontiers. Quand on lui demandait
de quoi il allait vivre ; .. Lequel, selon vous,
répondait-il, est le plus dans l'abondance, de
celui qui compte sur la terre ou de celui qui
compte sur Dieu? >>
.. Quoi lie plus précieux que ce que je possède'.'
disait-il plus tard. Si je possédais le monde entier,
ce que |i posséderais vaudrait-il mleox qac le
Seigneur .lésus? «
Conr<>rniéinent à la sainteté de la vie an'il
avait embrassée, Paulin vécut avec Tliérasia dan-
la continence. Klle cessa d'être s.i lemme pour
devenir sa su-ur. Liée à lui par lu plus parfaite
union du cirur et de la volonté, elle sa.»socia
fidèlement à sa vie de perfection; bien plu-,
c'était elle qui, par son influence puissante, arail
fait arriver Paulin à ce haut dejjré de vertu.
LVTTK DE LA POlf.SIE PAIKKMI IT DE LA
l'OÉSIE CHRlb'IF.NsR
(Juand on vil Paulin et Tliérasia rompre -i
complètement arec le monde, l'empire entier
s'en émut. Partoni . dans la haute société, à Milan
et à Home, on |eta les ti.-ini- ri* • un liomiue
d'une telle famille, si di 'ni-.
parson éloquence, aban.l' " i, indi'
une maison aussi illustre, c'était one chose qu'il
n'était pas possible de supporter.
Paulin s'estimait heureux >le liéplaire à ceux
à qui Jésus-(;hrist lui-même déplail. S"» parents,
ses amis s'éloignèrent de lui. Le poète Ausotie.
qui avait formé son esprit et qui voyait en lui
le plus illustre de ses disciples, lit tous ses elTort-
pour l'arracher à sa vie solitaire. Il einpiova
tout ce que son art pouvait avoir d'atlrayaul
pour le dissuader. Paulin se servit de la même
arme, de la poésie, pour répondre, cl, p.ir la
vérité el la grandeur de- pensées, par la délica-
tesse chrétienne et la richesse du sentiment, il
l'emporta sur son niaitre. « Pourquoi, A mon
père, dit-il à .\u-one, pour(|Uoi vouloir ni"
ramener aux muses auxquelles j'ai renon
Klle ne doit pins s'ouvrir à Apollon, celle |)ii-
tnne consacrée h Jè^ns-Christ. ■• •• Tu ilevrais le
féliciter, el non te plaindre, lui dit il en'-ori', ki
ce Paulin que lu a» formé par ta s.ience el p.Ti
t»-s exemple» a changé de di»pnMri..ns -'il «'.
donné à Jé»n»-('hn»l. tout en
h Au»oiie : Jésus-Christ le d"ii
fruits qne portera un arbre (ju-' tu as culine. •■
Sou» celte Inmièr'' «i doti"-* "l »i piir« .!<• la
foi, tous les senlim' •
»n «léroiiIfTil .Tvec
ronle» le» corde- du Ciiiir le ,
!<•» plus forfp» r»*-onn''iil toin
t I» principe ib-
lion.
toute beauté et
-T3C7r:3r -.--■j:
Paulin, par sa générexise consécration au Sei-
imeur, était comme un (lalnbeau qui répandait
sa clarté dans l'KL'Iise tout entière : il réjouissait
et édifiait le monde chrétien. Saint Augustin,
saint Ami.roise, saint Martin, les pla^ prands
hommes de son temps exaltèrent à Tenvi la
grandeur de son entreiirise. Mais, de même qu'il
avait autrefois supporté avec constance les con-
tradiction? du monde, il opposa rhumilité aux
louanges qu'on lui adressait.
OaDINATIO.N IlE SlINT PAULIN
' SA KETRAITE A NOLE
Ainsi, au moment même où il renonce au monde,
il nous oflre en sa personne, à un haut degré,
l'exemple de cette vertu d'humilité, l'une des plus
belles lleurs qui composent sa couronne. Mais
le peuple de R.ircelone, où le Saint s'élait retiré,
le présenta malgré ses résistances à l'évéque
pour qu'il recul de sa main les Ordres sacrés.
Paulin dut céder, mais à la condition qu'il
demeurerait libre de se retirer où il voudrait.
Il selTrarait à la seule pensée d'être le ministn.'
de Dieu. A peine pouvait-il se retrouver lui-même
sous le poids de la haute dignité qu'il avait reçue.
Il se considérait comme un chandelier consacré
à Jésus-Christ, mais caché sous le boisseau de
l'iniquité; comme un vase d'argile dans lequel il
avait plu à Uieu de déposer son trésor.
Cependant, Paulin ne pouvait supporter plus
lonflemps d'être éloigné du martyr saint 1-élix
qui l'avait attiré à lésiis-Christ. Il résolut d'aller
revoir son tombeau et de séjourner auprès. Dès
ce moment, il consacra au culte du martyr son
intellii-ence. son c(T"ur et son corps.
Mais le jour du bonheur par excellence était
le i + janvier, où les peuples des environs venaient
en foule fêter saint Félix et lui demander des
prodiaes. Chaque année, quand revenait ce jour
béni. Paulin offrait an Saint un poème nouveau.
De même qti'au printemps les oiseaux retrouvent
leur voix, les hirondelles et les rossiffuols font
entendre leurs concerts, aiosi la fête de saint
Félix chasse l'hiver de r:"Éine du poète, réveille
en lui le printemps et met dans sa bouche des
chants nouveaux.
Paulin s'était établi à l'ombre de l'église de
saint l-élix : il vivait dans la plus grandi^ pauvreté
et, ce|iendanl Innjoiirs doux et charitable pour
ceux qui se préseutaieni et avec qui il partageait
volontiers le fruit du travail de ses mains. Mais
il ne s* contentait pas di? secourir les corps, il
sefforrait aussi de faire pénétrer sa lumière
dan-^ les Aines au moyeu de ses écrits, fl fit, en
3!>i, un poème contré le pa;.'anisme où il combat
avec l'arme de la raillerie les ridicules de l'ido-
l.Urie et l'iin-ohéreuce de In philosophie païenne.
PAULUI DOn.NE A SA OEHECRC LE NOM OE MQ.NASTivRF.
On voit, en elTel, qne. dès son arrivée, il réunit
un rertain nombre lie personnes consacrées comme
lui h la vie reli'.'ieiise. Il est à présumer qu'ils
viviiieni H'apn's iin<' p-'I" eommune. analogue
à relie qiio suivaient saint Autnistin et ses dis-
ciples,
ItjfTi 'l'ie l»» Saint, dans «on humilité, se crtn-
«id'Tit ■ i>inm'' cach"» au monde sons le boisseau
!>■ ■;•■- Il 11 I' - Ii.<'tit.\i le tbmheau de ses ver-
'u« " d.iiis tnnt l'univers. \'n
-rni lies di-iingiiés et, en parti-
cuber, les plus r.-lcbrej dortenrs de l'F:.'H»e,
eh»ri-h<Tnnl à entrer en rapport» aver Ini. >'ou»
Ir vnvmi* d'abord Pitlrelenir correspondance
avee saint Ai|jn«tin: |f firemier, il lui écrivit :
•• Je ne sui» '-nrore qu'un enfant, qni ne sait pas
parler la parole de Dieu : instruis-moi par tes ',
enseignements, car mes lèvres brûlent de se
coller à tes mamelles, d'où sort l.- lait de la foi,
de la sagesse et dt la charité. >>
L'évéque d'Hippoiie trouva la lettre de son i
aini si belle, qu'il la lut à ses moines; il lui '
re'pondit ensuite : ft J'ai lu ta lettre, il en sort
de» Ilots de lait et de miel : mes frères l'ont
également lue; ils ne sauiaient dire la bonne
odeur de Jésus-Christ qui s'en exhale. " L'amitié
des deux Saints ne fit que s'a' roître dans la
suite et on croit que c'est sur la demande de son
ami que saint Augustin aurait entrepris d'écrire
ses Con/e.ssions.
Ce fut à peu près à la même époque que com-
mença sa liaison avec saint Jérôme. Leurs r«la-
tions étaient pleines d'abandon et de slniplicité.
Saint Paulin lui envoya un jour, en présent, un
petit bonnet de laine. Voici avec anelle grâce le
solitaire de Rethléein l'en remercie : < J'ai reçu
avec bonheur, lui dit-il. le petit bonnet que lu
m'as envoyé pour réchauffer ma pauvre tête grise.
S'il est un peu étroit, l'amitié le rend élastique.
Mais la donation m est encore plus chère que
le présent. »
Du fond de l'.Vquitaine, Sulpice-Sévèrc n'avait
pas non plus oublié son vieil ami. Il lui envoya
un JHur un cilice ; Paulin répondit au présent
en lui offrant une tunique de laine : « Elle con-
vient aussi bien, disait-il, à l'innocence de Sévère
que le cilice à la pénitence de Paulin. »
Uetiré dans sa solitude, le zèle de Paulin s'em-
ploya tout entier à embellir le tombeau de son
saint protecteur. Il fit réparer l'ancienne église
et en construisit une seconde beaucoup plus
grande, qu'il orna d'inscriptions et de peintures.
l'aME de PAULIN — l-ALXIN KVKgUE
Cependant, malgré les études auxquelles il se
livrait, malgré les alTaires extérieures qui lui
prenaient une grande partie de son temps, Pau-
lin avançait dans la voie de la perfection. Il cul-
tivait son Ame " seinblable à une terre desséchée
qui a besoin d'être arrosée par les paroles et les
jiriéres des saints. « " Prie/., écrit-il encore, que
le Seii.'neur descende dans mon orur pour le
fi'-conder, afin qu'au jour, où, étant venu dans
sa vigne, il trouvera l'arbre dépourvu de fruits, il
ne l'arrache pas aussit<'it, mais que dans sa misé-
ricorde et sa longanimité, il accepte la parole
du laboureur suppliant, promettant d'arracher
par son travail des fruits au llguier stérile. • l'a
grand esprit de pénitence venait s'ajouter à ses
autres qualités pour les perfectionner.
Les larmes que saint Paulin versait au souvenir
de ses péchés étaient d'ailleurs en harmonie avec
les désastres qui visitaient le monde el l'Kglise.
Des flots de barbares s'étaient précipités sur
l'Italie. Après la prise de ftonie, Alaric «e jette
avec ses bandes chargées de butin sur la Cam-
panie, portant partout le meurtre et la désolation.
C'est à cette époque, vers KiO, qu'il faut placer
' l'élévation de saint Paulin au siét;e de Noli
Il fut un évèque selon le neur de Dieu. In pri-
vilège spécial que Dieu lui accorda, comme il
l'avait accordé à s.nint Martin, fut celui de com-
mander atLx démous.
sAinr PAi'urt jabdinirr
Les hordes bar'tares lancées sur le midi A'-
l'Italie arriveront bienl'"'! ;'i Noie, La vilb ' i'
ravapép et saint Paulin l'ait .-.ipiif. Le Sain'. '
bant alors à genoux, ndresi* à Dieu cette | i <■ .
Seijrneur, ne permelier pas que je «li- l'iur-
menlé pour l'or ou l'argent, car vous saver où
5e trouve mon trésor. » Cette parole timclia les
barbares; ils laissèrent l'évèque pleurer sur les
ruines de sa ville (iévaslée.
Cependant les (ioths, en quittant l'Italie pour
se rendre en Afrique, emmenaient captifs un
grand nomlire d'Iiabitanls. Parmi ces malheureux
se trouvait le (ils unique d'une veuve de Noie.
La mère, désolée, vint trouver saint Paulin et
lui demanda de l'argent pour racheter son fils.
Je n'ai plus rien ;'i te d.^niii'r, répondit l'évèque,
mais prends-moi moi-même pour racheter ton
fils, fais-moi esclave à sa place. •>
En entendant ce< paroles, la veuve les consi-
déra comme une injure. Mais le Saint finit par
la convaincre. Ils partirent donc pour l'Afrique.
Arrivés devant lo :;endre du roi, la veuve le pria
de lui rendre son fils. Le barbare ne lui répondit
pas. La m"re, désolée, insista." Voici un homme
qui est disposé à prendre sa place : sois bon
pour moi et rends-moi mon fils •>
Ataulph hésita. Trouvant saint Paulinde bonne
façon : <• Sais-tu un métier? lui dit-il. — ie ne
connais aucun métier, mais je puis cultiver un
jardin. »
Le prince se contenta de cette réponse; il remit
l'enfant à la veuve ravie, et envoya le nouvel
esclave à son jardin de campagne.
Cependant Àtaulph se rendait souvent à son
jardin, la conversation du jardinier le charmait,
et il s'aperçut bientiSt que c'était un homme d'une
haute sa:.'esse. Chaque jour, saint Paulin lui
apportait des fruits et des Heurs nour sa table :
puis il retournait travailler au jardin après avoir
reçu le pain dont il devait se nourrir. Longtemps
les choses se passèrent ainsi.
l'n jour qu'il causait seul avec son maître, il
lui dit : <i Som-'e à la succession au tri\ne, car
Alarir ne tardera pas à mourir. " Ataulph, étonné,
annonça au roi ce qu'il avait appris, .\laric lui
exprima le désir de voir ce nouveau prophète.
" Ce n'est pas difllcile, répondit Alaulj)h. Il
m'apporte des fruits pour mes repas: je lui ferai
dire de les servir lui-mènie et tu le verras, i.
Tout se passa ainsi. Saint Paulin vint apporter
les fruits de son jardin. Alaric frémit en le
voyant. Il raconta ensuite à snn gendre qu'il
avait vu pendant la nuit cet homme assis sur un
tribunal lui arrachant son sceiitre, et il le jiria
de lui demander qui il était.
Je suis ton serviteur, ■■ répondit saint Paulin.
Mais le barbare le pressa de questions et le
Saint finit par répondre qu'il était évéque.
Ataulph. effrayé, lui dit humblement . " l>e-
mande-moi ce que tu voudra^, afin que lu puisses
retourner dans ton pays chargé de me» présents. «
l.e Saint lui demanda tous le» prisonniers de
sa ville épiscopale. Le maître les lit chercher
dan» toute la province; il leur rendit la liberté et
les lit partir sur des vaisseaux chargés de blé,
avec i'aulin. Au bout de quelques jours, la pro-
iihétie du Saint s'accom[>lit : Alaric mourut et
ie sceptre tomba de ses mains.
r.M ACTK 01 RECO.NNAlsSAMCK Ul'l Ol'RS Dll'l'is
UUATORZK SIÈCLES
' 1 nouvelle du retour de leur évéque, les
de Noie se (lorlèrenl en foule au-devant
I" reçurent au milieu d'une jnie inrom-
; I 1 le couvrant de Heurs. Ce trinniphe
1 m«rl de *aiiit Paulin. Il dure en<'orc
le«.
Noie célèbrent avec magnifi-
cence, le 22 juin, le retour de leur saint évèqu^
et de leurs compatriotes délivrés sur sa demande.
Les différents corps de métiers se réunissent
pour élever au Saint des clochers de Heurs et de
lis. Ces pyramides de verdure sont construites
avec le plus grand art. Elles comptent plusieurs
étages et dépassent de moitié les plus haute-
inaîsons. Trente porteurs les soulèvent; des son-
neurs cachés à l'intérieur a;.'itent des clochettes
en souvenir de saint Paulin auquel on attribue
l'invention ou du moins l'iiitroduction des cloches
dans l'église, et aux balcons de chaque étaye, des
enfants, aux robes blanches et aux ailes déployées,
jettent des Heurs.
Après la messe célébrée par l'évèque, on se
fi^irme en procession pour parcourir les rues de
la ville. Les cloches ou lis Oigli) de saint
Paulin en font partie : et, sans doute, pour faire
pièce à la critique ijui ne veut pas que saint
Paulin ait été captif en Afrique, on ne manque
pas d'y figurer le vaisseau dans lequel on voit
le Saint ayant à •«es ciMés un noir africain. Le
peuple accompagne le cortège avec des cris d'al-
légresse, et acclame le Saint comme s'il avait
ramené la veille les enfants de la patrie.
C'est ainsi que l'Eglise conserve vivant, à tra-
vers les siècles, le souvenir des grandes actions.
MOBT ADMIRABLE DE SAINT l'AULI.N
De retour à Noie, saint Paulin continua de
prodiguer à son peuple et ses soins et ses fatigues,
['ne dernière fois il s'unit aux moines de Lérins
et à tous les défenseurs de la vérité pour com-
battre le pélaL:ianisme. " Il était devenu comme
un arbre qui. en vieillissant, porte des fruits de
plus en plus abondants, et qui, arrivé à son plus
grand développement, ramène ses branches vers
la terre comme pour engager les passants k
cueillir et à emporter ses fruits. » l'ne nouvelle
maladie vinls'ajouteraux souffrances nombreuses
3u'entraine la vieillesse. Le Saint fut attaqué
'une pleurésie aigue. La marche du mal lit
bientôt désespérer de la guérison. Paulin ne s'en
émut pas; depuis longtemps il désirait être
alfranchi de ses liens et réuni à Jésus -Christ.
Sentant que le moment approchait où il devait
rendre le dernier sounir, il lit disposer ce <|ui
était nécessaire pour la célébration des saint»
mystères; et pour recoinmauder son Ame à lHeu,
il "offrit le Saint Sacrifice avec les évéque» qui
étaient venus le voir. 1^ joie (|ui remplit saint
Paulin pendant la cérémonie frappa tous les
assistants.
Tout à coup, il s'écria : ■• Où sont mes frères? >•
Comme on croyait qu'il parlait des évéque»,
on lui dit : " Ils sont près de vous. »
Il reprit : ■• Non, je parle de mes frère» Janvier
et .Martin <|ui viennent de converser ovec moi et
i|ui m'ont promis de revenir bientiH. »
tjuand il eut prononcé ces parole», il étendit
les bras et commença à chanter le psaume. :
<' J'ai levé les yeux vers les montagnes d'où me
vienilra le secours. Mon secours est don* le Sei-
i/neur qui a fait le ciel et la terre. »
Le lendemain, vers le soir, l'heure de» Vêpres
• tant arrivée, il parut sortir d'un profonil som-
meil; il étendit les bras et, d'une voix lente, il
prononça ce» mots : >• ParuM lurrrirvn l'hriito
meo. J'ai allumé ma lampe poui ' t ist mon
Sauveur. • Pui» il se lut. Tous ■ i ester À
-e» ci.lés. Ver» minuit, sh ■ hani : ilenienl
.'I viA|emM)<*nt ébr-'inlép. Au m <iil, saint
r , i n iiii' .111
; ,111.- ■• lit
Inn't -géiatit, K. l'iiitu»»». .1. rue Fr»n<;ei«
LA BIENHEUREUSE MARIE D'0IGNIE5
Fite le 2d luin.
Pendant que la bieniieureuse Marie est ravie en extase, les Anges achèvent son ouvrage.
DAMR MAHIR
Nous sommes au douzième siècle, à Oi(jnic5, en
llrab.mt. Ln"^ humble cellule s'.ippuie au chevet de
I .tlise, comme un nid de colombe aux branches du
ne : c'est là que ril la solitaire connue et vénérée
tous «nus le nom de Dnm'' Marie.
Ses pieds sont nus; sur le rude cilice qui déchire
la chair, elle revêt une robe, un manteau et un voile
lus^i blanc" que la neiw, moins purs et moins blancs
toutefois que le v<»t4>menl d'innocence qui pare son
irae aux yeux de Dieu.
Lne planche pour la nuit, un escabeau pour le
iour : Toilà l'ameublement de ce palais; la reine
qui l'habile n'y demeure jamais inactire: ses doigts
lissent la laine ou tournent le fuseau avec tant d'art
et d'agilité, que trois ouvrières habiles sont incapa-
bles d'atteindre la quantité et le flni de son travail.
Le prix qu'elle en retire est le trésor des pauvres
et des lépreux dont elle apaise la faim et panse les
plaies ; du pain noir, des herbes sèches et un peu
d'eau suffisent à ses festins. Aussi les indigents
frappent en toute confiance à sa porte, ses lèvres
ont toujours un sourire pour les ambassadeurs du
ci<'l, et son dénùment un secours à leur offrir.
Les ancfls ne sont pas étrangers & c prodige :
souvent Itame Marie est arrachée par l'i-xtase au
souvenir de la terre, ses veux fer :i'^ lai.'sent
'•87
échapper des torrent? de larmes, de lonps soupirs
«oulèTent sa poitrinf oppressée : son àme est dans
le sein de Dieu ; alors les esprits célestes hâtent le
rouet et le fuseau pendant que leur sœur s'enivre
des beautés du ciel d'où elle revient toujours avec
quelque chose de la clarté, de la douceur et de la
puissance de? élus.
L'humble retraite n'est pas seulement assiégée
par les petits de la terre, les grands y viennent
aussi et iU y trourent des richesses qu'ils igno-
raient
Un seigneur de Cambrai passe un jour près
d'Oi^'nies : déjà il a admiré la Sainte, il veut la
revoir encore ; mais fon compagnon, qui ne la con-
naît pas, l'en d^Hourne en riant : « Qu'irons-nous
faire près de celte femme? Courrons-nous à ses
discours comme des enfants aux mouches et aux
papillons ? >
L'autre, doux et patient, se tait, mais il Ta saluer
la servante du Christ, fortifier son âme par le spec-
tacle de ses vertus, lui demander le secours de ses
prières. L'incrédule, resté à l'écart, trouve la con-
versation trop longue, il s'approche pouf l'inter-
rompre et continuer enfin le voyage ; à peine
aperçoit-il la solitaire que la modestie et la can-
deur de son regard, le reflet divin qui s'i'-chappe de
?nn visage le touchent malgré lui ; tout absorbé dans
les splend''urs du ciel, qu'elle célèbre avec l'ardeur
d'un séraphin, il oublie son projet.
Son ami s'adresse alors à lui : • Que faisons-nous
ici ? Te laisses-tu entraîner à la poursuite des papil-
lons comme un enfant? » Confus et retenant à
peine ses larmes, le railleur s'avoue vaincu par la
puissance et la vertu de Dieu si manifestes dans la
Sainte, et il regrette les paroles inconsidérées de
tout à l'heure.
L'auteur auquel nous empruntons ces détails,
Jacques de Vitry, plus tard évéqiie d'Acre, puis
cardinal de la sainte Eglise et légat du Pape Gré-
goire IX pour prêcher la croisade, embrassa la règle
au'tt're des Chanoines Ré(:ulicrs d'Oignies, afin de
roiilcrnpler à son aise ■ cette perle du Christ >
et ri'vélerau monde les merveilles de sa ferveur.
Obligé de la quitter pour obéir au Souverain
Pontife, il lui demanda le mouchoir avec lequel elle
essuyait ses larmes, et le savant cardinal conserva
ce souvenir comme une relique précieuse.
QL'ELXI SINSl'UtnK FILLE NOUS AVo:<sl
La solitaire d'Oignies avait vu le jour à Nivelle,
dans le diocèse de Lièg<>. Avec le titre d'enfant de
Dieu et d'héritière du ciel, le baptême apporta dans
son âme des grâces de choix : -Marie devait être par
la sainteté un modèle pour les chrétiens et une gloire
pour l'EKl'se-
Avant même d'avoir atteint l'âge de raison, elle
aimait â prolonjfer, le soir, au pied de son berceau,
la ricilation de ses prières, et comme si son som-
meil innocent fût une injure aui droits du Jésas sur
Sun cirur, et une rapine au saint amour qui la con-
sumait, elle se levait encore la nuit pour lui
'iinsarrer les pr-'"" ■— •'•• sa vie.
.<a f'Tveur au. —c l'Ane. Autant la p.irure
.' ; ' i»in util >><rl»« petites filles, autant
e ; «Ile pleure quand
Il neuve, et ses sanalet«
• .1 lorsqu OB veut la friser. Par un instinct
.(■ . il!'-- rr.rnprfn 1 1"! paroles de l'ApMre: " NI
I" lat des pierreries, ni It
I.! 'iT n" par-n( l« servante
du Cli: ' T •
Si e:i fieilx
surtout de."
d« la fervi»:
les suit du regard, comme ravie ea extase, aussi loin
qu'on peut les apercevoir; leur bure grossière, leur
tète rasée, leur maintien recueilli excitent son envie;
quand ils sont disparus, elle court, pleine de ferveur',
placer ses petits pieds dans les vestiges que leurs
pas ont laissés sur la poussière ou la neige du
chemin, nuis rentrée à la maison, elle s'efforce
d'imiter leur recueillement, leur modestie, la gra-
vité de leur démarche.
Ses parents, chrétiens plus soucieux du corps que
de l'âme, ne pouvaient supporter leur enfant; ils
riaient de son humilité, de ses prières, de ses morti-
fications et disaient en la montrant du doigt: • Vovez i
quelle singulière Olle nous avons I»
LE LIS AC MILIEU DES ipINBS
Pour l'arracher à Dieu qu'elle aimait trop, i leur
avis, les sages du siècle conseillèrent de la marier
dès qu'elle eut atteint sa ijuatorzième année.
Mille fois déjà Marie avait supplié Dieu d'accepter
l'holocauste de sa virginité, néanmoins il fallut se
soumettre & la volonté de ses parents. Mais l'in-
cendie qui dévorait son âme, loin de s'éteindre,
s'accrut de jour en jour, et embrasa ceux mêmes
qui devaient l'étouffer.
Par un exceptionnel bienfait de la Providence, le
mariage lui donna la liberté dont elle n'avait pu jouir
sous le toit paternel. Avec la permission du noble
seigneur qui lui a été donné pour époux, sa maison
devient un véritable monastère: les premières heures
de l'aurore la trouvent au travail, elle passe presque
tout le jour dans le silence et la contemplation, et
ses prières se continuent jusqu'au milieu de la nuit.
Alors elle va se reposer sur la planche raboteuse
qu'elle a secrètement placée & côté du lit nuptial.
Son mari a pitié d'elle, il l'invite doucement & la
modération, mais sa tendresse est bientôt vaincue
par la grâce que sa compagne sollicite pour lui.
Pressé par un mouvement d'en haut, il s'agenouille
un jour â son côté pendant qu'elle prie, et dit en lui
prenant la main : « Marie, tes exemples me l'ont
appris, il faut fuir les joies terrestres pour mériter
les joies divines, sois ma sœur, je serai ton frère. »
Le ciel s'ouvrit un instant a ces deux âmes qui
s'unissaient dans la pureté, et une voix murmura &
l'oreille de l'épouse : • Je bénis la chaste union que
vous venez de contracter, rien ne pourrra jamais la
rompre, après la mort vous vous relrouverei en-
semble dans l'éternité bienheureuse. «
Le lis avait germé au milieu des épines, et les
avait embaumées de son parfum céleste.
Le frère et la sœur distribuèrent leurs richesses
aux pauvres pour se consacrer entièrement au ser-
vice des lépreux. Le mépris atlaihé d'abord â Marie
retomba sur celui qu'elle avait converti, leur famille
les d ' t les repoussa tous les deux, mais ils
s'en it car Dieu les aima davantage et lus
coml'Ki 11- ^•■■i grâces.
S<>rrir les pauvres ne suffisait pas h U aoif de
soulTrir et de s'humilier qui dévorait la Sainte, elle
eut l'ambition de devenir leur égale. Un jour, elle
apparut revêtue de haillons, chn'-"-*» ■^'•'< ■»■■ ■ '
d une écuelle de terre pour rere*
elle éln:t dispoeée k ener sur U r
porte en porte, ait
chaque joui d« la l'i : . > - '
publique.
Son mari et tout cent qui rraismlent de perdre
: de Dieu de
e 1)111 avait
un si riche trésor
n-'ïter psrmi eux
■ 11 re en
lui {'A.
pourvu qu'elle consentit à ne pas s'éloigner davan-
tage de ses amis.
A oijOI SEBVENT LES ERHITES
Prier et se mortiGer fut désormais l'unique pen-
sée de la recluse ; mais Dieu ne se laissa pas
vaincre en générosité. Il révéla à sa servante les
secrets de l'avenir, et illumina son âme des reflets
de la divine sagesse ; le monde, qu'elle fuyait, vint
la trouver pour puiser dans ses conseils la lumière
et la force.
Un prêtre de Liège, plein de science et de sainteté,
fut Lommé successivement à deux bénéfices, en
récompense de ses mérites, et il les avait acceptés
tous les deux. Le remords cependant troubla son
âme, il exposa sa conduite à la Sainte qui se mit
en prières et répondit : < J'ai vu un homme revêtu
d'abord d'un manteau blanc marcber rapidement
et joyeusement vers son but ; il se couvrit ensuite
d'un manteau noir, et, accablé sous ce poids, il ne
put continuer sa route. »
Le chanoine comprit et se contenta d'une seule
prébende.
Liègeavait été dévastée par une horde de rebelles ;
on tremblait aussi à Villembroc ; mais la recluse
sécha toutes les larmes: « Consolez-vous, dit-elle,
le Seigneur vous épargnera » et l'événement justi-
fia ses paroles.
Près de Villembroc vivait une jeune solitaire :
Marie résolut d'être sa mère ; chaque jour elle
priait pour cette enfant d'adoption ; elle apprenait
du Seignour les épreuves et les tentations qui lui
étaient préparées, et la disposait à s'y soumettre
religieusement pour la gloire de Dieu et le salut de
son âme. « Helvide, lui faisait-elle dire, aujour-
d'hui l'ennemi te dressera tel piège ; » l'ennemi dé-
voilé était vaincu avant même d'avoir livré bataille.
Une autre fois, c'était ce message: « Demain, Bésèle,
ton amie, le sera enlevée; Dieu veut aussi te priver
des consolations de ton père spirituel », l'enfant
offrait d'avance les prémices de son sacrifice, et priait
à son tour pour sa mère adoptive.
Les deux solitaires de Villembroc étaient deux
astres s'enrichissant mutuellement de leurs rayons,
deux encensoirs mêlant leurs parfums pour mieux
les élever vers le ciel; leur parole éclairait le monde
et leurs pénitences le défendaient contre les châti-
ments mérités par ses crimes.
CN BRMÉOE SOCVEBAIN CO.NTRB LES TENTATIONS
Le poids du corps est un obstacle à la contempla-
tion, la chair accable l'esprit et le trouble par les
caprices de l'imagination; Marie sait trouver une
arme dans l'obstacle même; son corps aide et favo-
rise les élans de son cœur.
Sa prière préférée est la prière enseiKnée par le
S^int-E«prit : le psautier. Elle le récite debout,
mais après cbaqne psaume elle s'agenouille et redit
la SaliiUtion de l'Ange en l'honneur de la Vierge,
puis Irnii" rents coup» de discipline gi'néreusement
appliqii's entretiennent et excitent sa ferveur, aux
trois dorniers elle concentre tout»'» ses forces, et le
sang jaillit .'i flots de ses épaules labourées par les
fouets arm'-s de fer.
Cette longue oraison, où l'esprit et le corps ont
tour h tour leur part pour se reposer et s'emnraser
mutuellement, dure de» jours, des nuit» et quelque-
foin den mois entnrs, sans que le démon ou le monde
puissent interrompre, nar leurs images impures, le
double holocauste de la viclimc qui immole à la
foif «a chair et son Ame sur l'autel de la prière. I
Apr^s ces efforts héroïques, la solitairejouil de la
pré'enre deg sainte, de M.trie, de Jéfus lui-même. '
I ■■ lil 'rna.lf n'a pn^ <[•< voiles pour elle, les '
mystères que l'Eglise célèbre dans ses fêtes s'accom-
plissent réellement dans son humble cellule, et les
merveilles de la grâce, opérées par les sacrements,
sont sensibles à ses yeux.
Un jour elle assiste au baptême d'un enfant : le
démon lui apparaît successivîment terrifia, vaincu,
et chassé par les exorcismes, et le Saint-Esprit des-
cend visiblement sous la forme d'une blanche
colombe dans l'âme purifiée.
A l'élévation c'est Jésus, expirant comme au Cal-
vaire, qu'elle voit dans l'hostie. 1,'î prêtre qui porte
le viatique et l'huile sainte aux mounnts disparaît
à ses regards; à sa place le Sauvei;'- lui-même,
entouré de ses apôtres, se donne au moribond et
oint ses membres; à ce contact divin le corps du
malade se revêt tout entier d'une clarti^ iV-leste,
aurore de l'immortelle clarté des corps glorieux dans
le Chel. Ces faveurs sont le prix de son ardente et
invincible foi. Bienheureux ceux qui croient.
HARIB CanCIFIE SA CHAIR ET CBOISrT POOB ALLEK AU CIEL
UNE ROUTE CCI NE PASSE POINT PAR LE PURGATOIRE
L'homme ne vit pas seulement de pain, lejei'iiie
aussi doit être son aliment pour la double sanlé
de l'âme et du corps.
Depuis son enfance, Marie s'était interdit l'usage
de la viande et du vin : dans une de ses maladies,
les médecins la contraignant d'en goûter, elle conçut
une telle horreur de cette prétendue iâeheté, qu'elle
s'arma d'un couteau, coupa des lambeaux de sa
chair, et les enterra joyeusement, heureuse d'avoir
pris sa revanche sur l'ennemi.
A Villembroc elle attend le coucher du soleil
pour toucher à son modique repas, souvent même
elle l'oublie et passe, non sans miracle, trente ou
quarante jours sans interrompre son jeilne. Après
ces longues privations, son estomac resserré ne peut
recevoir le pain noir et dur qu'elle a choisi pour sa
nourriture, et ses repas deviennent un supplice plus
terrible encore que son abstinence.
Un jour qu'elle s'efforçait de prendre cet aliment
si horrible, que les chiens eux-mêmes l'auraient
refusé, dit le cardinal de Vitry, le démon lui apparut
et lui dit : >< Gourmande, ta gloutonnerie t'étouffera. »
Il espérait, par celte insulte, la porter à un excès de
jeûne qui aurait terminé par une faute celle vie
insupportable pour l'enfer. Mais la Sainte devina sa
ruse, et mangea de grand appétit malgré ses dou-
leurs; Satan déjoué disparut, et Marie alla prendre
quelques instants de repos sur les sarments qui lui
servaient de lit.
« Voilà, dit le zélé prélat auquel nous empruntons
ce récit, la vie de celle qui ne souilla jamais ton
âme d'un seul péché mortel. Malheur à vous mon-
dains! Vous passez de longues heures de la nuit et
du jour sur des lits moelleux, et nourrissez votre
volupté à des tables chargées do Heurs et richement
servies; vous préparez une demeure où la corruption
sera votre couche, les vers du tombeau le pain de
votre chair, et les flammes éternelles l'aliment de
votre âme. Si vous ne pouvez suivre la solitaire
d'Oignies dans l'héroisme de ses vertus, imitez-la
au moins, en vous privant de tout plaisir illégitime.
Marie, dans son amour pour la croix, trouva une
mortification plus cruelle pour les filles d'Eve,
et peut-être même pour ses fils, que le jeûne, les [*
veille», elles disciplines : le silence.
Pendant des mois entiers, elle est muett« pour le
monde et ne prononce que ces paroles : » Je v(>ux
recevoir le corps de mon Dieu », puis quand J.>»u»
e.it descendu dans sa poitrine, la terre n'en^l • pliu
pour elle, son âme e»l toute entière fixée 'T hieu.Ses
amis respectent son recueillement, son .ince gardien
l'avertit de l'arrivr^e des visiteur» importuns, ot elle
fuit dans la forêt voisine, afin que ses lèvres restent
fTruées comme un tombeau et que son cœur
n'entende et n'entretienne que son Epoui divin.
Ce sacriQce si pur et si généreux plut tellement k
Dieu qu'un jour il dit à Marie : « Courage ma bien-
aimée, ton silence ta mérité de chanter les célestes
cantiques; tj passeras de la terre aux joies du ciel
sons connaître les douleurs dii purgatoire. »
l'ÉTEHÎIKL VAlNCt;
Satan baissait Marie : il rôdait autour de sa cel-
lule comme le loup autour de la bergerie, et dès
que les anges l'avaient quittée, il y entrait à son
tour. Un jour que la Sainte se reposait sur sa rude
couche, il parut la menace à la bouche : « Dors,
maudite, pour ta perte, l'enfer attend avec impa-
tience le monienl lie te faire expier ton travail, tes
jeûnes, ton silence et tes longues prières. « La
solitaire n-- put s'empêcher de rire de celte rage
impuissante ; elle flt le signe de la croix, et Lucifer
s'enfuit.
L'ne jeune religieuse Cistercienne, après avoir
été rédilication de toute sa communauté, fut assail-
lie di' tentations d'incrédulité et de blasphèmes si
terribles, qu'elle devint KelTroi de ses Sœurs. La
sainte solitaire, par ses austérités surhumaines et
«es prières, obtint de Dieu la parfaite conversion de
cette malheureuse et le pouvoir de reléguer en enfer
le démon qui l'obsédait.
LES I.NOIGENTS DK l'aCTTHE VIE
L'n jour Marie est en' prière dans sa cellule, un
océan de feu l'entoure soudain, et des mains sup-
pliantes se lèvent vers elle au-dessus de l'ablme
embrasé, comme des mains de naufragés implorant
secours. Effrayée, elle court chercher un refuge à
l'église.
Le lendemain la vision reparaît; la solitaire veut
fuir encore mais, celte fois, les mains s'attachent à
ses vêtements et la retiennent; elle peut cependant
s'arracher à celte horrible étreinte, et vient au pied
du tabernacle supplier son Epoux divin de lui
révéler le mystère de cette apparition. Jésus lui
répondit: <■ Marie, les dmes de mes élus retenues
dans le purgatoire réclament tes prières, sauve-les
pour l'amour de moi. »
Dès tors un fleuve bienfaisant d'oraisons et de
pénitences partit de la cellule d'Oignies pour aller
rafraîchir les membres de l'Eglise foufTrante.
Dieu même permet k ceux qui ont particulièrement
besc.'ïi de Marie de venir implorer son aide .C'est
une pauvre mondaine qu'elle voit livrée succes-
sivement A toutes les tortures de la flamme et des
frimas pour expier son amour trop vif des plaisirs
même légilinies et sa torpeur dans le bien ; ou une
pieuse veuve, dont lei deux filles sont religieuses
••I qui soufTre cruellement pour de léKères fraudes
. Ile a laissé commettre dans sa maison sans pro-
' r. La solitaire prie et sollicite les prières des
les 4 celte intention : les dmes qui se sont
:iimandéps & elle viennent la remercier dès que
>c9 satisfactions ont obtenu leur déliTrance.
en DCBLUSTI bARS L ADTBE IIONOt
h'
.1- le Viltembroc résolurent de ter-
■ ' II' dans une de ce» Uches el
• où deux aMa»nins cachent leur
n de duel : l'un d'eux fut tué.
'. ■ '•• I'" •' I ..^•. I -pi.
■\1' IU1:- a-
• ■■• Min... .. ,_ , .1-
e«t mtudit po«r i eumtU. >
Lk DERNIÈRE ÉTAPE
La solitaire avait passé vingt ans à Villembroc,
mais ses vertus et ses miracles y attiraient les
foules, elle résolut de chercher un asile plus caché ;
liieu lui montra le lieu de son repos déQnitif:
c'était Oignies. Déjà elle connaissait cette humble
bourgade, chaque année un pieux pèlerinage l'y
amenait à l'autel de Notre-Dame qu'elle aimait
comme sa mère. Plusieurs fois les bûcherons sur-
pris avaient vu passer une vision merveilleuse. La
recluse, plus blanche que les colombes du bois, se
rendait au sanctuaire béni, elle chantait des can-
tiques ; des anges, blancs comme elle, mêlaient leurs
voix à la sienne, et, quand l'orace troublait l'azur
du ciel, la reine des anges étendait son manteau
au-dessus de la sainte pèlerine, pour la défendre de
la pluie.
.Marie se mil donc en route ; saint Nicolas, patron
d'Oiçnies, vint la saluer et l'introduire dans
l'église :« C'est laque je mourrai, dit la Sainte, mon
tombeau sera placé devant l'autel de Notre-Dame.»
Elle vécut deux ans dans son humble retraite ;
Jésus lui apparaissait sous la forme d'un petit enfant,
d'un agneau, ou d'un pasteur conduisant les agneaux
i leurs pâturages ; au moment de la passion il lui
cachait ses plaies, car l'épouse n'aurait pu supporter
sans mourir la vue des douleurs de l'Epoux. Enfin
le Sauveur annonça à sa servante la fin prochaine de
son exil. La solitaire se prépara à la mort par un
redoublement de prières el de jeûnes, sachant qu'elle
quitterait la terre un lundi, elle passait ce jour dans
une abstinence complète.
Lne horrible maladie s'empara de notre Sainte.
Les remèdes ol la nourriture augmentaient ses souf-
frances, seule la sainte Hostie apportait la joie dans
son Imc et un peu de repos à son corps. Après qua-
rante-cinq jours de torture, elle répondait aux larmes
de comp!.ssion arrachées par ses douleurs : • Je
voudrais encore être au commencement de mon mar-
tyre afin de l'endurer plus longtemps pour Jésus. »
l'uthnk des fiançailles
Au milieu de la nuit, dit l'Evangile, retentit une
clameur : Voici l'Epoux qui approche, accourei à sa
rencontre ; el les vierges sages qui l'ont attendu
entrent en fête avec Lui.
Marie entendit aussi les chœurs loyeux oui annon-
çaient l'Epoux . Les Saints vinrent la consoler sur son
fit de douleurs. Itavie, la mourante chanta d'une
voix si douce et si harmonieuse que voix humaine
ne pourrait l'imiter sur la terre; elle chanta la Tri-
nité, source de toute splendeur, le Christ, gloire du
ciel et salut des hommes, les anges et les saints,
étoiles brillantes des palais de Dieu, elle chanta
l'Egli.'e que trois familles nouvelles devaient enri-
chir : les Auuustins jusque-là fleurs du désert, dont
le parfum allail embaumer les villes, les fils de
saint Dominique et de snint François; elle pria pour
ceux qui l'entouraient, el ses prières et ses chants,
commencés à l'aurore du samedi duraient encore nu
crt'puscule, sans que sa voix en par '
prêtre de l'église d Oignies en était vi .
pour la recluse qu'il craignait d« voir p.iMcr p^ur
folle parmi le peuple. Mais ses craint»» »• Hissipi-rent
i]uand, le lendemain, la foule ' 'ta autour
il*- la cellule de Marie, priant a ' mviant
sa joie céleste. Le lundi m '. > j luil à son
tour; à sa vue, la Sainte ti- uitlant, mais
elli- flt le signe de la croix >u ii>-.im> ■■ Au nom de
J^'us je t'ordonne de fuir, lèpre et corruption. •
l.r- '■•■ 1 :<.
D'*, Marie continua ses cantiques,
àc "f lut sur la 1-1 ri- rll.- . uniurncail
le cantique étemel.
^r' ,int . i'ariTMiL.'^iiT , h . ri
t I", p,
SAINT JEAN-BAPTISTE
PRÉCURSEUR DU MESSIE, PROPHETE ET MARTYR
Fête de sa naissance le 2i juin. — FHe de um warDjre le 2.9 nniit.
(I Préparez les chemins pour le Seigneur. »
(Tableau de Doici, d'aprt^s une gravure ayant appartenu à Pie IX.,
IL FUT 0:« HOHUF. ENVOT* DE DIKU, QUI S'APPELAIT JEAN
In jnnr qup J<^u<.-Christ prêchait aux multi-
tudes, il dit eu pirlant «If Jean : Oii'i'fcs-i ou»
allés voir dam le il.^fri.' In roseau agite par le
r.enl.' c'pst-A-dirc un homme faible, «ans carac-
tère, qui Innrne à tout vent d'opinions . Mali
enroie. qu'flf>-rom alUa voir.' l'n tiomwf r-Vii mol-
Umeni' Voii'. ^nrcz r/iic i '.<< dans le-. })nlai'i def
roii qu'on trouve cewr qui portent de riches habits
el qui virent dans les plaisirs. Qu'iUes-vous allés
voir? l'n prnphile'.' < lui, je vous le dis, et plus qu'un
prophHe. Car c'est de lui qu'il a iHé écrit : ToiVi
que j'envoie mon ange devant ta face, afin qu'il pré-
pare ton chemin dnant toi. En vérité, je mus le
di.f, entre les fils des femmes, il n'en a point paru de
plus qrand que Jeanltaptiste.tS. Mattli., xr,7, etc.)
Oud éloRe! Kt dans quelle bouche 1 sur les
'M
Wjvrf^s de la Vérité inéuie, sur les lèvres du Fils -.
Je Dieu!
Saint Jean-Hapliste occupe dans niistoire de
riiumaiiité uiu- place unique Pl incoiiiparabla, il
est un trait il'union entre deux momie*, il résume
en lui tout l'Ancien Teslanniii >i prépare le Nou-
veau. Montrant le Messie proiiiis déjà présent au
milieu de son peuple, il ferme la succession des
pro|>liites et il ouvre la mission des apôtres.
«' Prophète, apôtre, ilocieur, solitaire, vier;:e,
martyr, il est plus qtir tout cela, dit le cardinal
(le la Luzerne, par.-- .ju'il est tout cela en même
temps. Il réunit tous les litres de sainteté et,
rassemblant datis lui seul tout ce qui constitue
les ditTcrenle* liasses des saints, il forme au
milieu d > uv une classe particulière. »
Par un l'rivilcL'e unique entre les prophètes,
il a eu I inniieur d'être lui-même prophétisé,
plus •ie -cpt siècles avant sa naissance.
Kt pourquoi un précurseur à Jésus-r.lirisf?
Parce que la di;:nitè du Fils de Uieu réclamait
cet honneur et la faiblesse des hommes cette
condescendance.
LKS PARKiraS DE S.VIN-T JK*J<-B/IPTISTK
Il y avait en Israël deux familles nobles entre
toutes, la famille royale de llavid, d'où devait
naître le .Messie, et la famille sacerdotale d'.\aron,
dont le s.iii>rdoce ligurait. annonçait et préparait
le vrai et iiniqu'- sacerdoce de Jésus-t^hrist. Marii',
Mère de Jésus, était de la race de hnvid; Zacharie
et son l'pouse Elisabeth, parents du saint Précur-
seur, étaient de la race d'.Varon. Kn outre, Eli-
sabelli, lille d'une strur de sainte Anne, mère
de Marii-, se trouvait être la cousine i'ermaine de
la Tr<-s Sainte \ ierse. Elle était toutefois lipan-
coup plus ,\^ée qoe Marie. Klisabcth et /.achorie
avaient uih' autre noblesse, nolilesse eii-ellent"'
et pi'rsonnelle, celle île la sainteté : n Tons les
dcu.x étaient jHsJ« devant Dieu, dit Tévani-éliste
saint l.u<-, marriiant nas reproche dans tous les
comniartiirroentsetleawtlonnances du Seigneur. »
Mais, tn-t'-sse immaiye pour Ifs deux époux.
•' ils n'av.iient point de fils » et, humainement,
ne pouvaient plus ea eifiérer, ce - lonsi-
déré connue unoppnthreet une m :i cbec
les Hébreux. I>ir- ' mettait ai; ^-'i
ver et peifeci ir vertu.
que saint Jeaii-i-oi-.i-'^' ' ■■
Samuel, comme Marie «M
Joules les créatures, iU _.. . i.i
'grâce et de la prière plus encore que de la nature.
AI'I'VHITIOX DC L'AaCHillIbK blBIlIKL
Les deoi-tmdants d'Aaron avaient M divi>fs
par havid en cJaaoes on familles qui ae saccé-
daient h tour de rAle poor exercer leur nirniulfre
dans le temple de iérosalem. 7j\ arte-
nait à la clas'c d'Ahia, c'était l.i Le
temple n'était inne les syna^ok-ues •■
|"Omme nos , l'e-l-i-dire un v,T.te
'litie ou la fiiulc ïc l'Uiiit ilans une imnieuse
11- on nif. Ficnrei-vous d abord une va»te plact^
d une encPin'e e| •' 1
1 viT-es. Knlrei sur
iir d'à
' I^UX !W*i
lin -m '''Il
^11 J
promeut dit. Ce dernier édilice est très élevé,
on y arrive par de nombreuses marches; il est
divisé en deux parties, le Sm'iif et le ."s(n'ii( (/,■•!
.s'<iin/«. Le Kraud-prètre seul, une fois Fan, peut
entrer dans le Saint des sainte. Dans le Siiinl on
voit l'autel des parfums, petite table en bois de
sétim, couverte de lames d'or.
Chaque matin, à ;• heures, et chaque soir, à
:i heures, l'un des prêtres de semaine, désignés
par le sort, entrait dans le Sainl et faisait brûler
une poi;;néc d'encens sur l'autel des parfums;
puis il sortait et, du haut des de^;rês du saintuaire,
il bénissait le peuple réuni dans les partis :
'■ Que le Seipneur, disait-il en croisant les mains,
te bénisse et te conserve; que le Sei;.'neur te
découvre son visase et ait pitié de toi; (lue le
SeiLTieur tourne vers toi son visa;;e et te donne
la paix. » Triple invocation qui s'adreaf^ait mysté-
rieusement à la Sainte Trinité.
" t»r, raconte révanpéli«ie, lorsque /acharie
remplissait devant Dieu les Innctioiis du sacer-
doce, s^on le ran;; de sa classe, il arriva qu'il
lui échut par le sort, suivant la coutnine observée
entre les prêtre-, d'entrer dans le temple du Sei-
gneur pour y offrir l'encens. Kl toute la inulti-
tiule était dehors, priant, à l'Iienre de l'encens.
Kt uji an£;e lui apparut debout, a droite de l'autel
des parfacrs. A cette vue, /.irlmiio se troubla et
fut saisi de crainte. Mais l'aime lui dit : ■• Ne
craiuue/. point, 7.acharie. parce que votre prière
a été exaucée, et Hlisabelli \-.(re épouse {) vous
donnera un lils que vous noiuineret Jean inom
qoi vent dire ffràre de lUiii . Il '^era pour vous
un sujet de joie cl de ravissement, et à ••a nais-
sance beaucoup se réjouiront, (^ar il sera urand
devant le Seifuenr, il ne boira point de vin, ni
d'aucune liqueur enivrante, il sera rempli de
l'Esprit Saint dès le sein de sa mère. Il conver-
tira un LTsnd nombre d'enfants d'Ism' I au Sei-
enenr leur Uien ; il marchera devant sa face dans
l'espnt de la vertu d'Elie, alln qu'il unisse les
cu-urs des pères k ceux des (ils (c'est-à-dire
apprenne aux juifs d'alors à imiter la foi de leurs
pères les patriarches anciens . qu'il ramène les
étmdiéiiiiiBMt» à la I' ° s, pour
— A «fnoi
voBt me dites,
vieux et ma iéailBe ^^t ■
rnn:;e répoa^wwr n
qui me tiaaa 4c»ani
pour voMifarfar et von-
"* ' qui >
_ __ aarlrr pun- ,;ii.
■es p*rn|n«. rjui s jrf.iiDi'
• Ô ■ I" peuple
C^dntii. , lieUieiM •
>f yle > Knfin il m-i i
1 I .11 1-e que
car je suis
■ - . Alors
i.abriel,
envoyé
ett<' heureuse
niiiit et ne
i:^ u'uvei pas cru à
.1 ont en leur temps. »
nn.ii.l.iit £ai-|iarie et
■ ! Il lemp dans le
■r 1.1 bénédic-
.1 parler, et ils
compriimt <|all arait eu un-. vi->imi dans le
temple. Ouaiil a lui. il leui fus il des sifrnrs,
et il resta iiiilel. /jiiharie était ibMenu «ounl
et muet, sonrd pour avmr cnteiiilii la mu
T - II- croire k son — -
mUel pour
1 du par des ot
■ uaiiii le» jour» de -■ ■.
riilllpll-. /nrllirii leiiill k ■
' ■ furent
. Insle,
Itlsain' l'iiiii" .i.-iii .p ini.i 1. .■
Il .litis
« accr
11
iaiiin ,. — . ; u
A
alM aarfar
ooanvai
firrrioct d* l'a»-
•lu Noavaau Ta*-
deux lieues de Jérnsalera, située sur un plateau
incliné, au bas d'une montagne et au-dessus
d'une riante vallée. Peu après, Kli«abeth eut la
certitude de donner le jour à un lils. et tout
entière à la reconnaissance qu'elle devait à Dieu,
elle se retira dans une petite maison de cam-
pagne, située sur les collines voisines.
LA VISITATION
NAJ3SA.NCE DE JEA^-BAPTI-TE
Six mois après, l'anse (iabriel apparaissait à
riiurable et inrnmparable Vierge de Nazareth, il
anLonçait à Marie sa maternité virginale et
divine.' et ajoutait en témoimaire de ses paroles :
•< Voilà qu'Klisabeth, votre cousine, a elle-même
conçu un lil« dan? sa vieillesse, et c'est le sixième
mois de celle qni était appelée stérile, parce que
rien n'est impossible à Dieu. ■• .^insi. Jean
semblait déjà remplir son r<Me de précnrsenr:
mais cette hme d'élite eémissait encinre captive
SOU3 les ruines du péctié oriiiinel ; une inspira-
tion intérieure apprend à Marie que la risite de
la Mère de Dieu sera le salut de Jean, non moins
que la joie d'Elisabeth.
."■arie «élève donc et «e met en route. Quatre
on ciii'j j"Urs de marche séparent .\a7.areth des
monti-Tifs de Judée où demeure sa cousine, mais
la charit'- semble lui dtmner des ailes; elle
Toyai* rapidement, dit révan::;éliste, et salue
Enisab'>th. I.a Mèrt- de Dieu pr»''vieiit la mère de
Jean; Jésus prévient son précurseur; Jésus parle
par la bouche de Marie, et sa voix, pén-'trant
jusqu'à ITirae du fils d'Elisabeth, celui-ci se
réveille à la vie de la prâce, il a reconnu son
Sauveur, il tressaille dans le sein de sa mère.
L"T;spri'-Saint qui illumine l'ùme du lils rejail-
lissant sur la raere, Elisabeth s'écrie d'une trrande
voix (comme si elle parlait au nom de tous les
siècles k venir) : " Vous êtes bénie entre toutes
les femmes et le fruit de vos entrailles e"ït béni.
Et d'où me vient ce bonheur que la Mère de mon
Sauveur vienne me visiter Vous >^tes heureuse,
vous qui avcT. cru que les choses qui vous ont
été dite- de la part du S<>iL'iiear s'accompliraient. "
Mais Manc, r''ponssant la lou^n.-e qui s'adresse
à elle pour reporter à Dieu toute ^.'loire. s'écrie :
.Von (inie ijtoriff le Seif/ncur et tait entendre,
pour la premi- re fois en ce lieu solitaire, les
sublimes accents da Matirrifical. répété depuis
par tous les si'-cles en souvenir d'elle. Si cette
première rencontre fut si merveilleuse pour l'àme
du Précurseur, combien de çrAc^s durent .icoom-
pa^mer le séjour de Marie auprès d'Elisabeth
pendant environ troi» mois?
f>nsnd le temps fut arrivé, Elisabeth mit au
;u lils: les parents et les voisins, qui
lit la vertueuse mère, apprirent avec joie
' ' • ' Tiir avait n«é envers
■nt. suivant l'usase,
■ I II- Mil donnaient le nom
par *on pi're. « Il n'en sera
■ -..;'pth, mais il s'appellera Jean. «
" Il n'y a personne dans votre
■ iprii (-.■ nom. . Et ils demandaient
'lient il voulait qu'on le
isTiil donner cf qu'il faut
• ir écnr< . l^i ^ ses mots: Jean csf son nom.
■ ' ' n'^i'-Tt d T= i^tants; une r''''v*|ntiriii nviit
■ le nom •'
II''. M.iis H
■ . ; 1 i ,1 I- foi et d' .(U il
u I,' .il m, il. limite d 'Tne '
1 I '^jint d"? pr<i(h'«- illiitniii» .ri
;ir.:.i|p «e d''li', le lu. .m .mli ^iif du
'iiilil •!'■ sn.i litres in'piiè"» : ft. m «i-w /■ -n- |
gneiir Dieu d'hraél, parée qu'il a vLsilê et radielé
fun peuple El toi, j.ctit enfant, lu <>ras appelé
le prophète du Très-Haut . car tu marchera^ devant
sa face pour préparer ses roifS, etc.
Les miracles s'ajoutaient donc aux miracles
autour du berceau de l'eni.int; ceux qui demeu-
raient dans les lieux voisins furent saisis d'une
crainte respectueuse, l.e bruit de ces merveilb-s
se répandit sur toutes les montoiines de Judée,
tous ceux qui les entendirent ra -onter les con-
servèrent dans leur cœur, et ils disaient: « Que
|iensez-vous que sera an jour cet enfant, car la
maiu du Sei^-neur i tait avec lui? »
Marie assistait-elle à ces joyeux événements?
Quelques-uns pensent qu'elle était déjà retournée
à Nazareth, mais saint .\rabroise et beaucoup
d'autres croient qu'elle ne quitta la maison ,i.>
Zacbarie qu'après la naissance de Jean. Nous
aimons à nous représenter le petit saint Jean,
toujours précurseur, précédant Jésus dans les
bras de Marie !
SAlîTT JEAW .KV BKSEBT
Bientôt, le cruel Hérode, usurpateur du trOnede
[tavid, apprend la naissance du Messie, il craint
pour son autorité, il envoie des satellites massa-
crer tous les petits enfants do Hethléem et des
environs; Jésus, emporté en Egypte par Joseph
et Marie, échappe à la mort. Mais que devint le
jeune saint Jean, né. comme nous l'avons dit, aux
environs de lîelhléern? Voici ce que racontent
d'anciennes traditions : Elisabeth senfuit dans
la montagne portant dans ses bras maternels
son cher trésor, mais les bourreaux d'Hnrode
parcouraient le pays; voilà nue bande qui
approche, Elisabeth va être découverte, elle ne
sait plus on se cacher : tout h coup. If rocher qui
est devant elle s'entr'ouvre, lui fait une place et
se referme sur elle; les bourreaux passent et
s'éloignent : Jean-Baptiste était sauvé. ifJn peut
voir encore dan« l'éslise de ëaint-Jean-iii-.Mou-
tana un fragment de ce rocher avec l'empreinte
des membres de l'enfant.) — Pendant ce temps,
Zacharie remplissait à Jérusalem ses fonctions
sacerdotales : ,. ou est caché ton fils? lui deman-
dait-on. — Parle Dieu dont je suis prêtre. r''pon-
dit-il,je ne sais ouest mon lils. .. Et en vérité, il
ne le savait pas. Hérode, furieux, le lit m.assacrer
entre le teiiipl>> et l'autel, et la trace de sou sans
resta indélébile sur le pavé. Elisabeth mourut à
«on tour dans le désert montieneux, une qua-
rantaine de jours après, et les anijes prirent soin
du petit orphi-lin. dmit la vie tout entière devait
être si semblable à la leur.
Jusqu'à l'i'içe de trente ans, saint Jean vécut
dans les d<^erts. loin de tout ce qui pouvait
ternir l'incomparable pureté dt> son innocenc<e;
la prière, l'adoration, la louancc de Dieu, la con-
f'-mplation des in-andeurs ilivwies. voila l'occu-
pation de cet anse de la tprre l.e li<'u le plu»
habituel dé son séjour était une crotte taillrie
dans le roc. que le pcb'rin peut visiter encore,
l.'tns une valléi- solitàim. étroite et profonde, non
loin de l'ancienne .\in-Karim, la ville n.it.ilc du
-aint Précurseur N'on dcpl lise à l'imai-iiialion
• les peintres, siinl Je.in-B.ipliste n'allait point à
demi couvert d'une peau de mouton iiii(> sorte
de robe ou tonique tissée, en poil .m
scrrée.iulouriles reinsparuneceinliii u r ' .
t"l ''tait son vêtement, tuiiiqu>- rude et par
^'^rit-tble cilice et inslnmi'-nt de per- ' 'le
nce. Du miel sauv.ite. de.» su '
~a nourriture, nous dit l'év II
ju.uil le désert, lui refusait ces m.ii-i i - .tiiinrutt.
oa raconte qu"il y puppléait par les fruits vul-
^'aires du caroubier. Venait-il ([uelquefois au
temple de Jérusalem? C'est possible, mais saint
Luc ne nous l'apprend point.
JBAN PBÊCIIB AUX FOIXES ET BAPTISE
LK FILS DE DELL-
Enfin les temps sont venus. Jésus, caché à
Naiareth, va bientôt se manifester au monde;
Jean a trente ans, c'e^t l'à^je qu'on exi^e des
aocleurs en Israil pour leur accorder le
àioit d'expliquer au peuple les Livres Saints;
Dieu l'envoie annoncer aux liouiines la grande
nouvelle qu'ils it;noreiit et préparer les voies à
Jésus-Christ. Joaii commence à prêcher dans les
inuuta;:nes d>' Judée, non loin du lieu de sa
retraite, et bientût il vient faire entendre sa
parole sur les rives du Jourdain. Anrés quatre
cents ans de silence, la voix des prophètes se fait
de nouveau entendre en Isra<l: toute la Pales-
tine s'émeut, les multitudes s'ébranlent et afiluent
vers le Jourdain, on admire la sainteté du Pré-
ourseur, son austérité extraordinaire; les mer-
veilles qui ont jadis siu'nalé sa naissance
reviennent sans doute à la mémoire de plusieurs.
Faites yénitenrc, dit le nouvel Elie, car le
royaume des eieux approche; le royaume des
rieux, et non un empire judaïque terrestre
comme le révent vos ima;;inations orgueilleuses
et vuL'aires. Le péché a fermé le ciel, le Messie
apporte la rémission des péchés, mais à ceux
qui mériteront de la recevoir par le repentir et
la pénitenre. Jean donne à tous les conseils qui
leur conviennent, aux firands et aux petits, aux
pharisiens ••t aux sadducéens, aux publicains et
aux soldats. Ileaucoup se repentent de leurs
péché» et, comme témoi:;na(ie de ce repentir,
reçoivent de Jean le baptême de la pénitence
dans les eaux du Jourdain. Kntin, Jean parait un
personiiai.'e tellement surhumain, qu'un se
demande si peut-i»lre il ne serait pas le Christ.
Ine députation de prêtres et de lévites vient de
Jérusalem l'interroyer. ■' Je ne suis pas le Christ,
répond Jean. Je suis la voix de celui i|ui l'rie dans
le désert : Préparez le» chemins du Sei^^neur,
ainsi que l'a prédit Isaie Moi je baptise dans
l'eau, mais il en est un qui a paru au iiiili<'U de
vous et que vous ne connaisse/ pas; c'est lui qui
doit baptiser dans rKspril-Saiiit et dans le feu
c'est-à-dire dans la pri\ce saiictiliante et la cha-
rité). Il viendra ai>rés moi, mais il est avant moi
et je ne suis pas digue de délier les cordons de sa
chaussure. »
In jour, voici un homme de Narareth qui
arrive à son tour et d<'iiiande à Jean >le le bap-
tiser. Jean a reconnu sou Maître : cet homme ust
Jésus; l'i^me du Précurseur tressaille de joie et
de bonheur : " C'est mui qui dois être baptisé
par vous, lui dit-il. et c'est vous ijui venei à,
moi! — Laissez faire maintenant, dit le .Sauveur,
il nous faut accomplir ainsi toul<- justice. •• Jésus
!'-si end dans l'nnde, il reçoit le baptême de la
• iiilenre. (> n'e-t pas l'eau qui sanclillc Jé'ius,
- ' ■•:■■ ■ tii'lide l'eau, et désormais le
le baptême de Jésus-Christ
' est institué. Le Fils de l>icu
lU, les cieui «enlr'ouvrenl, la
- -■ ;. ^ -Ail entendre ; CV/ui-ci e$l won
l'Ordret religieux ont tdopt^ l'uMge
['■ siijiiurd'liui. «n Orient, <lei tribut
' t p«r qui la ■tulcrelle eti mil* au nunibr* det
Fils bien-aime en yui j'ai mis toutes mes complai-
sances. Le Saint-tsprit descend sous forme de
colombe et repose sur Jésus. — Journée de bon-
heur et de ^'loire pour Jean, qui mérite désormais
le surnom de Baptiste ■^baptiseur\, car il a baptisé
le Fils bien-aimé de Dieu.
MARTYRE DE SAINT JEAN-DAPIISTE
Un autre jour, Jean-Haptiste voit encore Jésus
venir à lui : " Voici r.\«neau de Dieu, s'écrie-t-il,
voici celui qui efface le péché du monde. ■> Deux
de ses disciples l'entendent et suivent Jésus:
c'étaient .\ndré, frère aîné de saint Pierre, et
Jean, le futur évan^éliste, ima^e vivante de Jeau-
Itaptiste lui-même.
liieulot le divin .Maître commence ses prédi-
cations et ses miracles sans nombre. Les foules
accourent autour de lui. Quelques disciples de
Jean s'en afiliyent, mais le Précurseur surabonde
de joie : '• .Ne vous avais-je pas dit que je n'étais
pas le Christ, mais que je le précédais. Il faut
qu'il croisse et que moi je diminue. ■>
llérode r.\iicien, le bourreau des Innocents,
était mort depuis loii;:temps, mais son lils llérode
le Tétrarque était souverain de la Calilée. Prince
débauche, il avait enlevé à son frère Philippe
sa femme llériodade, pour l'épouser lui-même.
Saint Jean-Haptiste, dont les persécutions des
I pharisiens n'avaient pu vaincre le rourafie et
I l'apostolique franchise, osa également dire la
vérité à llérode : •■ Il ne l'est pas permis, lui
répétait-il, d'avoir la femme de ton frère. ■«
I llérode lit enfermer le saint Précurseur dans la
forteresse de Macheroiita, au delà de la mer
Morte, l'outi^fois, il le craignait et l'estimait, et
même lui demandait conseil sur beaucoup de
choses. Ilérodiade, nouvelle Jézabel, n'en était
que plus furieuse contre le nouvel Klie. ,^u jour
anniversaire de sa naissance, llérode oITre un
urand festin aux principaux personiiaces de ses
Etats, la lille d'Ilérodiade vient danser devant
les convives, elle plait au prince : « Ik-mandemoi
tout ce que tu voudras, dit-il, fût-ce la moitié de
mon royaume. ■> La danseuse court prendre
conseil auprès de sa mère, elle revient liienl<\t :
" Je veux, dit-elle, que vous me doiiniei à l'ins-
tant, ici, dans ce bassin, la tête de Jeaii-Kaplistu. >>
llérode est attristé, mais, par respi-ct humain, il
n'ose manquer à sa promesse devant ses invités,
un yarde est envoyé dan- la nri-on, coupe la
tête de Jean, l'apporte dans un plat à la danseuse,
et celle-ci la donne à sa mère. Quelle atrocité
dans un festin! .\ cette nouvelle, les disciples de
Jean vinrent et ensevelirent le corps du martyr
de la chasteté.
i,e culte de saint Jean-Uapliste a toujours tenu
une ;;raiido place dans rKi:li»e; on obtient de
nombreuses prAces par l'intercession du saint
l'réciirseur; les feux de joie allumés en l'hon-
neur lie sa naissance sont un auti| ' ' iM
usaiie, pourvu qu'on en écarte toiii
tonte superstition; saint Jean-Hapli
honneurs spéciaux dans une niultili.
depuis Sniiit-Jeiiii-de-|jitran. la oui.. .le
llonie et du inunde, jusi|u'au sanctuaire do
Heaurepaire, qui attire l.-s |i.-lcrin> du Nord; il
est le patron iliin iioinbr<' iinnien'p <l>- contrée»,
(le iill.'v diinli.-, icM,. ii\. ,lr . ..r, « ,1e métiers,
,!• \ miens pos-
, . irlniue pré-
cieuse entre toutes.
Cf. HiiiiiirriU <i(iiiitJtan-Bapii%teettUumcull*,
par M labliê Pardinc.rbei llour);uel-€ala4,3ti,rtte
Smiil-Sulpi' ''. Paris 1
iiut'.-yrrunj. V.. t'* iiihb^hi , n. ruv è-i^tp,!*!! i' , l"»ri«
SAINTE FEBRONIE
Fête le êâ juin.
Sar l'ordre de Sélénus, sainte Fébronie est étendue sur un chevalet. Un brasier a été
allumé sous ses entrailles et les bourreaux la frappent à coups de verges.
li'2
LE MONASTÈRE DE SIBAPOLIS
Au commencement da règue de Dioclétien,
alors que ce i)riiice laissait encore à l'Eglise une
paix relative, llorî>sait, à Siba|'oIi>, sous la
direction de sainte Bryénis, une communauté de
vieryes chrétiennes. Au nonibro des cin-juanle
religieuses qui s'étaient retir-es dans ce monas-
tère se trouvait uue jeune liUe de dix-huit ans.
comblée tout à la fois de- .luns de la (;ràce et de
la nature. Elle se nommait Fébronie.
Consacrée au Sei;;neurdés rà;;e le plus tendre,
l'enfant, à l'abri des soufllcs empoisonués du
monde, avait fait de rapides pro^^rés dans la »o»e
de la perfection. A son entrée au monastère, elle
avait appris à épeler les premières lettres de
lalpli . la Bible, et ce livre, qui était lou-
jour^ outre ses mains, était devenu
pour elle un siijel de raédilations constantes. Le
lèle i]uelle dépb>yait puur l'élude des sciences
! < s n'avait pas tardé à attirer sur elle des
_: - extraordinaires. Aussi, mai^iré son jeune
i'U'-. tébruiiie avait-elle été chari'ée d'' \
le texte sacré à la communauté qui se i
tr.us les vendredis, pour entendre un p.i--,i;.e u--
l'Ecriture. La Sainte s'acquittait de celte fonction
avec tant de bonheur, que l'on voyait d'illustres
matn>ne<. encore païennes, sulliriter la faveur
de recueillir de ses levres la doctrine du salai.
Cependant, le charme même qu'exerçait la
Sainte, et l'aflliieii '■ .lu'.ilii: li- i.t autour d'elle
ses leçoos da ' - '*>> la mettaiii
en cootael av<>< - . > sa vertu à de
terribles ^preoïes. l'our se pi 'munir contre ce
d.iiii:er, Fébroaje, sur le conseil de Bryénis, sou
>\ -vw, eut recours à la mortilicntinn la plus
..1. !-;re. \a lieu de pr^n-lrp son repas loua les
suiis a»ec les aui
rompait le jeune
su:i;
SuUi>
pour ^
Li
.elt.
remj
l'ani
(|ue
preii'i
nation de
se lai'-er
. la jeune vier:;e ne
les deux jours, et
<l un peu de pain et d'un
:ai lui servait de lit ne
i; -111 de pénitence, et bien
,L celle couche trop moelleuse
'■•-<• nue.
mettait la Sainte d.in-.
■ n, d'étii'i.' ■I" liii.rn
l'ureur. I
illt lie- .1
-ur-
iii^ri-
bideux. l'antiime-
eilr.i iT ( ,ir I-
exécuter 1 édit impérial daus toute sa riiiueur.
Lysimaque avait promis à sa mère, convertie
dans les dernières années de sa vie, de ne jamais
tremper ses mains dans le saii;^ des chrétien-;
mais l'ordre de César était formel, et il n'osa pas
encourir la colère de Diocletieii.
Il partit doue pour la province d'Asie, accom-
pa^mé de Sélèuus, son tuteur, homme cupide et
farouche, qui se lit un devoir de traquer les dis-
ciples du Christ avec un acharnement san- é;:al.
Sélénus connaissait de répulalion le inonas-
lère de Bryénis, et il avait entendu parler de la
beauté et de la science de Kébronie. Poussé par
une pensée criminelle, il marcha droit sur Siba-
polis.
A la nouTelle de son arrivée, la terreur se
répand dans U cité ; laïques, clercs, moioes,
s'enfuient précipitamment, et l'évèque lui-même,
n'i ilTrouterroraj^e,croil devoir chercher
ui. Il de la ville inho?pitaliere qu'avait
abaiiu'im e son troupeau.
Au iiniieu de ce désarroi général, Bryénis,
laisser intimider par les dan;;ers (]ui
uni de fondre sur sa communauté,
....ul de soutenir le coarase chancelant de ses
Sœurs. Mais l'épreuve était trop forte et l'ub-
besse, ne voulant pas e\p<i,er ses compa;uies à
desdan^rers plus;:rand- eiicivre, peniiit à chacune
d'elles de cuercber uu refu;:e ou elle p\>arrail.
Cependant, elle ne voulut pas suivre le* auties
relipeusi-s daus leur fuite, et elle demeura au
monastère avec Thomais, la soas-prieore, et av ec
Sœur Fébronie.
FiBROMR EST .«RRAOUC A SON kULM SJkCMÈ
A peine S<'-Iénas avait-il fiit son entrée dans
la ville, qu'il envoya au monastère une troupe
de soldats avec l'ordre d'.. ! ;.' :. "i.-
buual <ainle Fébronie. I i -
consul, obéissant à la ■ - '■
donnée, brisèrent à c 'i
,.,,,, ..I ... -.ii>irenL >.<. u ■.. i_. .. .... ....niil
ui. iii eu. En vain Itryéni* et Thomais
er.-.., .....elles de d.f. i..i i .• r.iif.ii.l ,iiii lelll
était coiilii-e, on les 1 - -
ne purent même nbl' '• • -
a leur tille spirituelle dans le temble combat
qui lui allait être livré.
Voyant que tou< ses efforts demeuraient inu-
tiles, l'abbesse, sous le coup il'im»- in-pirntii>n
divine, se tourna vers 1 - et lui
,i(lre-Hn s(»« d^rtior^* r^r.
I ;
divillir I.i
plus terri.
T..U
ince-
■.c pour .-urmuiiUr les
'I •
ai.
-iiii 1
ton
t'
ilX le-.
. le COU-
:r T
11'- ^'.tinu 1.1 iii. "i"iiii» I t^ii ij II 1 un lijM - III' I
cumbaU
r.rraoi cé'>
L'empereur Uiocléljen ava
cl.i ■liiu> ' n [i.iii. M ii«. r.i
«•ypwoiti!
de
»•, tiomni'
. nlitr.- Il-
T '■ Vrtble.
, .!.• IVM-
,. lit .iv^r Irll-
ilr , et ;
l'eiidaiil qu' , . ;
la jeune lllle. r,clle-ci niircli
inal.'iê les soulfrancs que lui "•
'. " douloureuse qui avait bn.'<é ke» l'urc^»
;ues.
V viEUci luarTK* — srrrucEs ArniEi.x
COl-«AGg BT VICTOial
>^ê|/-nii« Klleiidnil A «on tribun.il l'nc foule
. . ; ■' ;. • ite
kî âuup^ou- ;... [iL-Aitlil ^ui lui, ' u la, -iiii i I .■ Il' . !■ Ml m.- I ■■, n ■ u
chaîne, une émotion subite sagna les cœurs les
plus iuililVérents, et de toutes parts éclatèrent les
pleura et les sauglols.
Sélénus, impassible, fit cesser le tumulte et
donna l'ordre à Lysimaque, qui siégeait à sa
droite, de commencer l'iiilerrogaloire.
« Jeune lille, dit celui-ci , es-tu libre ou
esclave ?
— Je suis esclave,, répondit Fébronie.
— De qui ?
— Du Christ.
— Quel est ton nom ?
— Quoique indigne de porter ce titre, je suis
obi-étienne.
— Ton nom, te dis-je?
— Je vous ai déjà répondu; je suis chrétienne.
Si vous désirez en savoir davanlape, nia mère
in".nppelail Fébronie. »
Séifiius, se levant alors, se tourna vers la
jeune lille.
u l.es dieux me sont témoins, dit-il, que je
m'étais proposé de ne point t'adresser la parole,
telk-ment ton crime me remplit d'indi^'nation.
Cependant, je veux avoir pitié de toi et te donner
les conseil^ que me suffsére une cbmence inté-
ressé'- à ton salut. Jr; possède, au nom de mon
neveu Ly>imaque, de lir.mdes richesses. Si tu
consens à adorer les dnu>i immortels, je te jure
liar ces mêmes dieux de te mettre en possession
de tous ces biens en te donnant la main de
Lysimaque. Tu siéiieras à mes côtés, tu jouiras
des faveurs de l'empereur, et ton sort sera envié
de tous. »
Mais Fébronie, se redressant avec la majesté
d'une vienip outrau'ée :
•< J"ai déjà contracté, ô jupe, une alliance
immortelle avec un époux immortel qui me donne
pour dot les (gloires du Paradis. Comment donc
ion«eiitirais-je à lui manquer de foi pour accep-
ter un époux mortel? Hien qu'en entendant une
telle proposition, je sens mon àrae se soulever
d'horreur. N'espère donc pas me uai'ner par les
proineiscs, ni me lléchir par les tourments.
— Tu braves les supplices! s'écrie le juse irrité;
je vais châtier ta présomption. Qu'on étende sur
le chevalet cette méchante femme, qu'on apporte
un brasier sous ses entrailles; licteurs, apprête/,
vos verues ! >•
Le sanK ruisselle bientôt sous les coups des
bourreaux, tandis qu'un fou ardent, activé par
les (lots d'huile qu'on y répandait sans cesse,
dévoi-e les chairs de la martyre. Les assistants,
saisis d'horreur à ce spectacle, ne peuvent con-
tenir leurs larmes, l'n cri s'échappe de toutes
les poitrines : « Assez, assez, juye miséricor-
dieux, épar(.'nez cette jeune Qlle! •>
S>-lénus, exaspéré, loin de se rendre aux
prières de toute cette multitude, ordonne defrap-
p'-r [dus fort. Ilientrtt la chair de la patiente com-
iir'ir e ;'i voler en lamlieaux, c'est alors seulement
qil' ■ '-^e le supplice.
iju- le semble, Fébronie, du commencement
do la lutte? » dit avec ironie le june qui croyait
déjà triompher de la constance de la martyre.
A ces mol-^Ja vierue tressaillit! et, se soulevant
jiar un suprême effort, elle répondit d'une voix
a qui rinai;.'natiori donnait la force de parler :
■ Tu ne m'as pa> vaincue ! Je me ris de tes tour-
ment» ! »
Sélénus bondit do rase : " Suspendez-la à un
uibel, cria-t-il aux suidais; déchirez ses flancs
avec des oncles de fer. approchez des torches
pour brûler ses entrailles et calciner jusqu'à ses
os. i>
Los bourreaux obéirent et, s'armant de leurs
instruments de supplice et de torches enllam-
mées, ils s'acharnèrent sur ce corps déjà exténué
par le supplii-o précédent.
L,i foule ne put soutenir ce spectacle, la pitié
pour la victime se chaniiea en fureur contre le
jui'e. L'ne immense clameur retentit de tous les
côtés de In place : « Fassent les dieux que tu
sois dévoré loi-même pur le feu ! »
Sélénus, comme tous les tyrans, était lâche.
Effrayé par ces menaces de mort dirigées contre
sa personne, il fit suspendre le supplice.
Il reprit l'interrogatoire; mais la martyre
n'avait plus la force de parler. L'n liourreau
s'approcha pour lui couper la langue; troublé
par les cris de la foule, il se mit à lui arracher
les dents. Il en avait brisé dix-sept lorsque le
juae a[>pela un médecin pour panser les plaies
de la martyre. Ce n'''lait qu'une trêve; le com-
bat allait recommencer avec un acharnement
plus odieux encore.
Des que sa victime eut repris quelque force :
" Veux-tu maintenant obéir? demanda le pro-
consul ; veux-tu sacrifier aux dieux ?
— Je vous demande de hàler l'heureux moment
où, délivrée de ce corpsterrestre, mon àme pourra
s'envoler à la rencontre de sou céleste Epoux »,
murmura Fébronie.
Sélénus, au paroxysme de la fureur, soumet sa
victime au douloureux supplice qui avait naj^uère
immortalisé le couraije de sainte Agathe, et sur
ses deux plaies sanglantes, il fait appliquer des
torches enllammées.
Oppressée pai- la douleur, la vierge poussa un
grand cri, leva les yeux vers le ciel et d'une
voix mourante : •< Seigneur, mon Dieu, voyez
mes souffrances et recevez mon âme entre vos
mains ! »
Ne pouvant supporter plus longtemps ce spec-
tacle, un grand nombre d'assistants s'enfuirent
du prétoire en disant: <■ Anatbème à César et à
ses dieux! »
l'ne noble dame, du nom dr lliéra, qui avait
assisté plusieurs fois aux instructions de Fébro-
nie, se leva, et, dune voix que l'iniiignatiou fai-
fait vibrer, adressa au proconsul les reproches
les plus sanglants.
Sélénus, hors de lui, donna l'ordre de saisir
l'importune. Il allait lui faire subir le dernier
supplice; mais, troublé par l'attitude menaçante
de la foule que ce nouveau crime pouvait exas-
pérer, il recula devant cette mesure extrême. Il
lit donc remettre la prisonnière en liberté; sa
rage n'était pu«; cependant assouvie, et, comme
fiour se venger de cet échec, il ordonna aux
icteurs de rompre les pieds et les mains de
Fébronie.
Lysimaque, contraint d'assister à cette scène
sanglante, se rappelait le serment qu'il avait
prêté au lit de mort de sa mère. Fii proie aux
remords les plu.< cuisants, il ne cherchait que
l'occasion de s'éloigner.
.1 11 est l'heure du repos, dit-il à son oncle,
sortons.
— Non. reprit le juge, je ne sortirai pas d'ici
que je n aie arraché fa vie à cotte misérable! »
Fébronie respirait encore. Sélénus lui fit tran-
cher la léle.
CHATIMENT DE Slîl.lf.NCS
HONNKCBS HKMirS .*IIX HKSTES DE FéRROMF
Lysimaque, rentré dans le palais, ne voulut
prendre aucun aliment; mais, se retirant dans
sa chambre, il donna un libre cour' à se- ^anulols
et à ses i;éinissenients. Sélénus, en proie aux
plus puissants remords, ne put contenir long-
temps son trouble et son aptalion ;comrae frappé
par une main invisible, il se leva soudain et,
jetant un regard de défi vers le ciel, il se préci-
pita contre lîiie colonne et se bri-a la tète.
Accouru au bruit, Lysima^^ue se trouva en pré-
sence du cadavre de son oiule. A la vue de ce
spectacle, il sécria: " 11 est urand, le Dieu des
chrétiens ! lîéni soit le Dieu de Fébronie I II a
veneé le sant: innocent ! »
On se précipita al■1r^ r.u prf^toire où gisaient
les meniores épars de la vieriie martyre. Lysi-
niaque les fit recueillir avec respect, ainsi que
1,1 terre qui avait l'U son sang, et on transporta
res reliques au m'^nastère. Les soldats, le glaive
nu à la main, pouvaient à peine repousser ceux
qui s'approchaient pour dérober quelqu'un de
ces précieux restes.
Bryéiiis recueillit le corps mutilé de sa fille
spiritu.'lie qui avait si heureusement vaincu le
démon. On lava les membres ensanslantés, et
on le déposa dans un ina^niiique cercueil donné
par Lysimaque lui-même. Pendant plusieurs
|.-iurs, l'oratoire du monastère fut envahi par un
nombre prodigieux de personnes païennes aussi
tiien que chrétiennes qui venaient rendre leurs
homma:;es à la couraf:euse vierpe._ I.'air était
embaumé des parfums que l'on brûlait en son
honneur.
CONVERSIONS ÉCLATANTES
Auprès du vénérable cercueil, de nombreux
miracles s'opérèrent sur les corps et princi-
palement sur les âmes. Lysimaque était allé
rejoindre son cousin et fidèle ami l'rimus :
■' Pour moi, lui dit-il, dés aujourd'hui je
renonce à la relii-ion de mes pères et à toutes
mes richesses, et je me donne au Christ.
— Je veux vous imiter, répondit Primus, je
dis adieu à Dioclétien et à ses divinités. »
Obéissant alors à la f.Tàce, les deux nouveaux
convertis vinrent recevoir le baptême auprès des
restes de la martyre; ils embrassèrent ensuite la
vie religieuse sous la conduite de l'abbé ou archi-
mandrite Marcellus. Plusieurs soldats et une
foule immense, à leur exemple, se lireat réjié-
nérer dans le Christ.
Les vierges timides qui avaient fui la persécu-
tion rentrèrent dans leur monastère, et rendirent
leurs hommages à leur jeune Sœur qui leur avait
donné un si bel exemple.
FéBRONIE NE VEL'T POINT QUfTreR LE MONASTÈRE
ÏÊME APRES SA UORT
Cependant, le petit oratoire du monastère parais-
sait trop étroit et trop pauvre pour conserver le
corps précieux.
1. évêque de Sibapolis jeta les fondements d'une
vaste et riche église, qu'il mit six ans à cons-
truire. Il en célébra la dédicace avec une pompe
extraordinaire et voulut y transporter les saintes
reliques.
Mais, au momentoii lesèvéques convoqués pour
cette cérémonie approchaient les mains du sacré
dépôt, le tonnerre retentit dans les airs avec un
tel fracas que l'assemblée demeura frappée
d'épouvante, l'ne seconde tentative fut suivie
d'un tremblement de terre.
.Mors, les prélats dirent à la vénérable abbesse :
« 11 est manifeste que la bienhtureuse Fébronie
ne veut pas abandonner cet asile; prenez vous-
même un des membres séparés du corps et dai-
gnez nous le remettre, nous serons satisfaits
avec cette précieuse dépouille. >■
Bryénis voulut prendre une main, mais son
bras fut paralysé soudain. •< Ne t'irrite pas contre
la mère, ma lille Fébronie, s'écria-t-elle. >■ Elle
remit la main bénie à sa place, et son bras reprit
la vie.
Klle essaya ensuite de prendre une des dents
3 n'avait brisées le bourreau, elle y réussit sans
ifficulté.
L'évéque, ayant reçu celle précieuse relique
dans un coffret d'or, alla, plein d'allégresse, et
précédé du peuple chantant des psaumes, la
déposer dans l'église qu'il avait construite.
uni. K. PiTiTHCiiiT, », rue Krjnrili I" Paru.
SAINTS JEAN ET PAUL, MARTYRS
Fête le 26 juin.
Martyre des saints Jean et Paul.
2tl
Apre- trois siècle? de «souffrances et tl'an;.'oisses,
l'Eiriisi' du Clirist allait enfin sortir de? cata-
combes et celui qui devait bieiitil lui permettre
de briller à la face du roond.-. • oustantiii, que
],., ■' ' rorlnmerotit " Grand », était déjà né
€■' ; dans les daules.
-. .- cette époque que Dieu fit voirie jour
à Jean et à Paul. Les Lr.i-.nl. ~ persécutions finis-
saient avec la vicloii. ,!■■ Constantin et cepen-
dant nos deux Sain'- devaient rendre à la vérité
le tûmi>i::ii IL''- lu ■ ii- ^ous le règne de l'apostat
couroii
\ n< ut la ploire de donnera
l'i . <»n croit (.'énéralement que
1.' du Sénat. Leur mère était
11. Ui'ieune. La fauiille do no'< deux
' donc un ran;; élevé dans la
i: : et elle possédait, de plus,
• I r.iui. a p>'ino sortis de l'école, s'enrù-
' ilan< l'armée. On y remarqua bienliU leur
ir de la discipline et leur valeur.
' ■ -I tout ce que nous savons de la Jeunesse
• l'Ut saint» frères. Térentien, capitaine des
- ;i le- de Julien l'.Xpostal, à (jui nous devons la
r. ■ ' ■!■ i-iir l'iiriyre, ne nous dit rien sur
I l's. Ce récit d'un conteni-
I -- _^iro de la plupart des faits
qu'il raconte, nous servira désormais de guide.
JE.»N ET PAUL
D.^.NS LA MAISO.N DE LA PRINCESSE CONSTAXCB
inlin venait de remporter
. i\ence: il avait vaincu par
I .Il d< lu Crui.v. 11 semblait heureux alors,
.; . ,,' hieii perniil qu'» «a fille, la princesse
I '.le.
ir lone-
it'lhll ' tl*- i l III 1111 'T--
le ciel et demanda s..
l'intercession de la 1
:iis.
..I.liiil .-.. >iit'<.tl.. ,l..iiini
li.l ,1.
au
1 1 1 ■; Il ■ o use
>> et plus
u, elle
Christ,
de lui
iir. elle
I d.i ViduUtiels i>a
'ion.
mer une mai-
de vie, des
r pieté rendirent
les parties orientales de l'Empire cl, rava.;eant
toute la Thrace, mirent Constantin dans la plus
f;iande perideiité pour la conservation de Con--
taiiliiiople qu'il faisait bâtir en ce moment, alin
de pouvoir laisser la souveraineté de Home aux
vicaires de Jé'us-Christ.
Ne pouvant conduire lui-même les troupes qui
devaient refouler ces barbare», il offrit la cliame
de lieutenant impérial à (iallicaii. que ses vic-
toires sur les Perses venaient de iiioiilrer coiuiii'
le général le plus expérim'Mité cl le plus lira\.
de l'Empire, liallican était païen, il avait déj.i
été consul, et ses grandes qualités le faisaient
aspirer aux premières places.
Voyant qu'on ne pouvait se passer de lui en
celte fâcheuse occurrence, il accepta l'ofTie .1
Coii'stantin, à la condition toutefois, s'il revcnai'
vainqueur, que l'empereur lui accorderait la
main de sa UUe Constance avec le consulat pour
dot.
Constantin n'ignorait pas le vœu de la prin-
cesse, il savait aussi qu'elle mourrait pour l'époux
qu'elle s'était choisi, pluttltquc d'en accepter uii
autre.
l.a demande de ror;:ueilleux païen le jeta don
dans le plus f.-rand cinliarras. Constance l'ayani
appris, alla d'abord se jeter aux pieds d-- s'i.
Epoux céleste, et après une fervente prière, viui
trouver son père et lui dit :
Il Si je n'étais as*^urée, mmi 'li-ii- ur il m'?.-
que hieu ne m'abaiidoniiei >
.son que Je serais inquiète à '
et fort en peine au sujet de l.i promesse (|u oi
veut exiyer de vous. Mais, si'ire de mou Sauveur i !
Epoux, cesser de vous aflliuer et me promette.-
comme épouse à Gallican : dites-lui que s'il
triomphe je serai le prix de sa victoire.
)i Mais permette/., qu'à mon tour, je pose mes
conditions : (.allican laissera aui ' i
3u'au jour des noces les deux
onnées sa première épouse; il pi' mira avii- lui
Jean et Paul, alin que. par eux. il puisse me
connaître, et que, de mon ccMé, je m initie par
ses filles h ses habitudes et à sa manière de
vivre. •'
Joyeux de cette ouverture, Constantin ■'"em-
pressa de répondre à Gallicai
conditions de sa fille. Elle-
i-i 11
I -
enipres»!'
Knoii» il
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premièfi
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les M, > Ile ii;
de SI 11 lU' u 'I, levant se»
lui dein.inda ardemment li
lui di*ait-<*lle, qui m'avez (luérie il'
la
tmii en m w
ilPllln, «> CIlCI-l. Il «MU», nii'li
rial, non senleineiit furent chrétiennes, mais
encore, renoniant aux vanités du monde, vou-
lurent iiiiii»»r L'exemple de la princesse et consa-
cnrent leur chasteté au Seipneur. Et dès lors
elles joii;naient leurs prières à celles de leur
maîtresse pour la conversion de leur père.
UATAUJ.B DE PHILIPPOPOLIS
Cependant Gallican s'avançait avec ses léf;ions
contre les barburPs. Sa pensée le reportait sou-
vent à Kome, on il se voyait déjà revêtu de la
ponrpre consulaire et pendre de l'empereur. 11
reccontra les ennemis prés de l'hilipfiopolis.
Les dispositions pour le combat étaient bien
prises, les soldats, exaltés par les assurances
du sénéral. promettaient le succès. Mars avait
vu ciinier en son honneur de nombreuses héca-
tombes; (iallican était certain de la virtoire.
Mais les Scythes étaient nombreux et ils étaient
braves; ils résistèrent au choc furieux des
Rimains et les attaquèrent à leur tour avec tant
de vigueur que, malf^ré les sacrifices continuels
offerts nu dieu de la frnerre sur une colline voi-
sine, les soldats ne songèrent plus qu'à fuir.
Jean et Paul étaient à coté de (iallican et le
défendaient contre les coups de l'ennemi, mais
surtout contre le désespoir qui commençait à
envahir son Ame.
fjuaiid ils virent les Romains tourner le dos et
toute espérance hnmaine s'évanouir, ils lui
adre«sèreiit la parole : " Mars t'abandonne, lui
dirent-ils, nu plutAt il n'a jamais pu te servir
parce qii il n'est pas Dieu, l'romets au nom du
citi de croire en lui et d'embrasser la foi chré-
tienne, et ce Dieu, le seul vrai, te donnera la
victoire. >>
A peine cette promesse solennelle était-elle
sortie du fond de son cœur, (iallican vit à ses
C(>lé> un jeune homme de haute stature et por-
tant une croix sur ses épaules, qui lui dit :
'• l'i -i; |s ton Klaive et suis-moi. »
■ lltiommeje le suivais, racontait-il lui-même
qni'lques jours plus tard à Constantin, je ma vis
entouré de tous ciités de soldats armés (|ui
m'cncnuraeeaient avec ces paroles : •< Nous te prê-
tons notre secours, entre dans le camp ennemi,
et. l'ëpêe au poing, ne t'arrête qu'à la lente du
roi. .1
>• J'y arrivai enfin, gr;\çe aux coups qu'ils frap-
paient autour de moi, et le roi, prosterné à mes
pied», Uf songea qu'à me demander la vie, se sou-
mettant à toutes les conditions. Touché de pitié,
jo l'a ■■ lirdai à lui et à tous ses soldats.
(;'<--t ain«i que la Thrace s'est vue délivrée
(' ir ma main avec le secours du Christ de tous
!■ • Si\|lie>; barbares, c'est ainsi que vous avez
un i^euple de plus qui vous payera le tribut. ->
KKTOl'R A *.out
J'^an et Paul venaient de faire remporter à
leur maître une grande virtoire sur les barbares,
mais rrlle qu'ils lui avaient donnée sur le démon
était f'Iiis urandc encore.
• lalli .m reforma son armée; il y reçut les
dAsfTifiit :i]i voiilnrent se faire chrétiens, tan-
dis f|uii iix qui ne voulaient pas aban-
drinn-'r l leur» faux dieux, et reprit la
roi:< ■ .\o Rome.
I • iM|.<>renr, le Sénat, la noblesse, tout le
peii[>le enfin vinrHUt au-devant de lui.
Mai», avant d'enlmn dans la ville, il alla se
pt. ii-rnor «ur le tombeau des saints Aprttres et
f' hi' c ler le Dieu des rlirc'tietis de ses succès.
' 'miIim. qui ra\ail mi avant •■on rb''|)ail
sacrifier au Capitole, s'étonna de cette pieuse
démarche et voulut en savoir la cause.
(iallican lui raconta alors ce que nous savoBS
déjà, puis il ajouta : ' Pour avoir la victoire, je
me suis fait chrétien et je veux l'être parfaite-
ment. C'est pourquoi j'ai renoncé à un nouveau
mariage; je vous prie donc de m'accorder que je
puisse librement me donner au ('hrist. »
A -ces mots, Constantin se jita à son cou et lui
raconta que ^es filles étaient chrétiennes comme
hii, et vierges du Seigneur; puis il l'emmena au
palais. Hélène, mère de l'empereur, la princesse
Constance, Attique et Artéœice, les filles du vain-
queur, se portèrent à sa rencontre pleurant de
joie et louant l'Auteur de si grandes merveilles.
Constantin ne permit pasà Gallican do renoncer
tout à coup aux honneurs que lui méritait si
victoire. Mais, après un an de consulat dont le
nouveau chrétien profita pour élargir ses esclaves
au nombre de MOOO, après avoir distribué la
plus grande partie de ses biens aux pauvres,
il put se retirer du monde suivant son désir et
s'adonner à la prière et aux bonnes (cuvres.
Il alla se fixer à Ostie et y exerça pendant
longtemps la plus héroïque charité. Chassé de
cette ville sous Julien l'Apostat, il se rendit à
Alexandrie, et c'est là qu'il y trouva, pour prix
de sa vertu, la couronne du martyre.
Mais laissons Gallican pour revenir à ceux qui
avaient été les inspirateurs de sa conversion.
NOUVKLLKS F.WEURS
Revenus à Rome avec l'armée, Jean et Paul
reprirent leurs anciennes fonctions dans la maison
de Constance. La princesse qui, après Dieu, leur
devait de pouvoir vivre dans la virginité, les
combla de faveurs. Elevés à des honneurs que
bien d'autres enviaient, ils ne connaissaient de
bonheur plus grand que celui d'aller visiter les
pauvres et les malades, leur porter des secours
et les servir de leurs propres mains.
Jouissant auprès de l'empereur d'un crédit
sans égal, ils l'employaient au bien' de ceux que
la naissance ou les revers de la fortune avaient
jetés dans l'indigence. Rome entière les bénis-
sait; les pauvres surtout les vénéraient non seu-
lement comme des protecteurs, mais comme
des pères.
Le grand Constantin était mort, les enfants de
ce prince conservèrent à Jean et à Paul la faveur
que leur avait accordée le père, et ils purent
même garder leurs emplois après la mort de la
princesse Constance.
DISGRACE VOLONTAIRE — PRKMlflRF, \VnASS\'
nE Jt'LIBN
Mais quand Julien eut abaniionn.- \i- «;iiri-^l,
quand, monté sur le tr'^ne de Constantin, il voulut
faire la gi''\.t; aux chrétiens, nos deux Saints
quitter^ ..i la cour et les honneurs qui auraient
j pu les y retenir, et s'adonnèrent entièrement
aux oeuvres de miséricorde.
L'apostat n'ignorait pas la vertu des deux
frères, aussi avait-il jure leur perte. Il dissimula
cependant ijuejque temps, de peur de «oulevir
lie? plaintes trop lé^-itimes de la part du penpbv
Mais, ayant afipris le bien qu'ils faisaient paru '
les chrétiens persécutas à l'aide des riches
que leur avait laissées Constantin, il leur en»
im ofiiiier chargé de les inviter à venir remplir
auiT'- de lui leurs anciennes fonclinn».
Les deux saints frères répondîrpni à Julien :
" Tant que Constantin et ses enfants ont orné
je Ir'ilie dé leurs M r lus et "-e sniil i.'b>r ilié> d'èlrc
le? serviteur? du Christ, nous k-s avons ?ervis.
» Allant au pied des autels, ces prince? savaient
y déposer leur couronne, inclinant leur front
àans la poussière, adorer celui par qui régnent
les rois. Mais quand le monde n'a jdus été digne
d'avoir de tels maîtres, et d< s que tu as étalé
sur le trône la honte de ^apo^lasie, nous avons
renoncé à tous les honneur? d une cour sacrilège ."
NOUVELLES PROPOSITIO.N^ ET NOUVEAUX REFUS
Julien leur envoya un nouveau message pour
les attirer auprès de lui : « Kt moi aussi, leur
disait-il, j'avais obtenu la cléricature dans l'Eglise
et, si j'eusse voulu, j'y serais au premier rang,
mais considérant l'mutilité de ces honneurs, qui
ne peuvent donner la richesse, j'ai mieux aimé
la politique et la ^'uerre, et j'ai offert des sacri-
flces aux dieux qui m'ont mis à la main le sceptre
du monde.
u Vous donc, nourris à la cour depuis votre
jeunesse, venez vous asseoir à mes côtés et occu-
11 r les plus hautes dignités dans mon palais. Si
vous rejetez mes offres, je me croirai forcé d'agir
lie façon à n'être plus méprisé. »
Jean et Paul répondirent : <■ Nous ne te faisons
pas l'injure de te préférer un homme: au-dessus
de loi, nous mettons le seul Seif;ueur qui a créé
le ciel et la terre, la mi^r et tout ce qu'ils renfer-
ment; nous refusons ton amitié, homme mortel,
pour ne pas encourir l'Inimitié du Dieu immortel.
.. Sache donc que nous ne viendrons jamais
l'honorer ni te servir, et que nous n'entrerons
jamais dans ton palais. ■<
Julien, furieux, leur donna dix jours pour réflé-
chir et prendre une décision délinitive, assurant
que s'ils ne revenaient de leur entêtement, il
saurait punir leur résistance.
Les courageux serviteurs de Jésus-Chrisl répon-
dirent à l'apostat : « Fais comme si ces dix jours
étaient déjà écoulés et aciomplis dès aujourd'hui
ce dont lu nous menaces. )■
Lorsque Térentien, ministre et interprète de
reni|ierour durant toute cette affaire, lui eut répété
ces nobles paroles, Julien s'écria : « Pensent-ils
que les chri'ti..'ns vont les honorer comme des
martyrs".'" et, après ces mots, il se leva furieux.
.1 lis reviendront au palais dans dix jours, ou
je les traiterai en ennemis de l'Etat. »
nER-NlèBB TENTATIVE
Les deux saints frères ayant ainsi la r.rlitudi'
qu'après dix jours le Selt:ni-ur leur donnerait la
réi'Miiipense après laqU'-ll«-' ils soupiraient depuis
lnnt;t.-Mips, prolllèrent de l'intervalle (|ue leur
1 u-~ail le tyran. Le» chrétiens, répomlant à leur
.ippel, vinrent les voir dans leur maison, et les
n. hesses dus deux serviteurs du Christ passèrent
dans les mains des plus pauvre».
Le» dix jours se pa-.'-èrent ainsi, partagés
entre la prière et la distribution de leur immense
f .ri III].-. Le onzièmejour, leur maison fut entourée
. et Térentien arriva lui-même avec
< l'heure du repas du soir.
Il Ira dans leur chambie et les trouva pros-
(lev.Tiit l'imuftc du Christ.
• l<'ur prière, il leur dit : ■■ Mon
iro Jiilii'n in'i'iivoic une dernière
( ■ ; •■ pas de venir
IX dieux dans
1 •i.iii» •-. ulcmenl devant
r que je vous apporte;
vous conserverez, à ce prix, vos biens, l'honneur
et la vie. «
Jean et Paul répondirent à ces paroles qui
étaient comme la sentence de leur mort : » Si
Julien est ton maître, glorifie-toi de le servir;
pour nous, nous n'avons pas d'autre maître qu'un
seul Dieu en trois personnes, l'ère. Fils et Saint-
Esprit, c'est lui que ton maître n'a pas craint de
renier. Et parce que Dieu l'a rejeté de devant sa
face, il voudrait entraîner les autres dans l'abîme,
mais nous ne le suivrons pas dans la perdition,
nous n'adorerons pas la statue qu'il nous envoie,
nous n'imiterons pas son apostasie. »
MARTYRE DES DKUX FRÈRES
Ayantenlendu cette profession de foi, Térentien
vit bien qu'il ne pourrait ébranler le courage des
deux frères, et il s'apprèlaàexécuter lesordres de
Julien. A la troisième lieure de lanuit, il les lit déca-
piter en sa présence et dans leur propre maison.
Et tandis que leur Ame allait jouir de la vue
du Dieu qu'ils n'avaient pas voulu abandonner,
Térentien faisait descendre leurs corps saints
dans la partie basse de la maison. Par son ordre,
les soldats y avait creusé une fosse profonde. Ce
fut là que, pour le dérober à la vénération des
lidéles, on cacha ce précieux trésor.
Le lendemain, le capitaine des viardes de Julien
faisait courir parmi le peuple le brull que les
deux frères, ayant désobéi aux volontés de
l'empereur, avaient été bannis loin de la ville
sans qu'on pût savoir le lieu de leur exil. .Mais
qui pi-ut tromper Dieu et s'échapper de ses mains.'
Ln an, jour pour jour, après le martyre des
deux saints, Julien l'Àposlal tombait frap|iè d'une
llèciie lancée par une main inconnue pendant la
guerre qu'il faisait aux Perses, et laissait l'Empire
a un empereur vraiment chrétien, Jovinien.
LES RELIQUES RÉVÉLÉES PAR LE DÉMON — MIRACLES
Le riche trésor des reliques saintes ne oouvait
rester longtemps caché; Dieu força le démon à
les découvrir lui-même et à leur rendre gloire.
Dans la niai-ion des martyrs, les possédés
publiaient en hurlant que les Saints étaient là et
qu'ils les touniK-nlaicnt.
En conséquence, ou chercha leurs sépultures
et dès qu'on les eut trouve'es, le peuple aoourut
de toute part, pour olitenir par leur intercessiou
les grâces qu'if désirait.
Tèrenlien, exécuteur du crime qui avait donné
à Jean et à j'aul la palme de la victoire, avait un
llls possédé du dèliiun.
Le malheureux père vint se prosterner aux
pieds des martyrs et demanda la délivrain'c de
son t-nfant. Les bienheureux frères entendirent
la demande de leur bourreau et lui accordèreul
ce au'll désirait.
.\lors ce pairn endurci, aue la constance de no»
Saints n'avait pa» terrasse, demanda pardon, se
convertit et voulut écrire la relation de leur
martyre pour réparer ses loris et témoigner --i
reconnaissance.
Le» reliques des deux frères furent ploi-.
dan» la magnifique éflise iju'on 1 '
ceiuent de la maison mi ils a-
qui est aujourd'hui l'e^'lisc de >.iiii' J' u, i-i de
Saint-l'aul, à Home, titre cardinalice illuslré par
Huronlu'-.
Leur mémoire devint bientôt illustre Jan» tout
le monde, et l'I^lise inȎra leurs nomi dan* 1"
Canon de la rocstc.
\ut[' -y^ranl, K l'rriTiir^i'i s, ni' l^t»ii'"i" I" l'.»r
SAINTS JEAN ET PAUL, MARTYRS
Fête le 26 juin.
Martyr© des saints Jean ot Paul.
:^i
Après trois siècles de souffrances cl d'angoisses,
l'Eviise du Christ allait enfin s.irlir des cata-
combes et celui qui devait bioul"! lui permettre
de lirill'''- Il fi.-e du niondf. lionstunliii. que
les ~i. limeront ■ Grand », était déjà né
et s'ilU J.ius les i.;nile';.
r.'ost vers cette épnqu'' lue llieu fit voir le jour
à Jean et à Paul. l.r< -i.r.ide< persécutions finis-
saient avec la vlcion ,!>■ Constantin et cepen-
dant nos deux '«aiiii- devaient rendre à la vérité
le ti.-moiçna£.'t' <lusnng sous le règne de l'apostat
l 'luronuf , Juli'ii.
lue mt^nie im^re eut la gloire de donner à
rE:;li«e Jerm et Paul. On croit généralement que
leur père !'ai-:iil partie du Sénat. Leur mère était
fiU'^-i 'if I T'e patricienne. La famille de nos deu.v
- ■ciipait donc un rann élevé dans la
■ lie l'Kmpirc et elle possédait, de plus,
udes rii'hesses.
! et l'iul, u |>eine sortis de l'école, s'ennS-
I 'lan« l'armée. On y remaraua bient<it leur
:r de la disci|dine et leur valeur.
' -l tout ce ijne nous savons de la jeunesse
I - l'UT '^aints frères. Térentien, capitaine des
i.s ,\c Julipu l'Apostat, à «jui nous devcns la
1 ' (Ml de leur martyre, ne nous dit rien sur
! l'reniiéies années. Ce récit d'un contem-
■ ru. témoin oculaire tie la plupart des faits
1 i-onte. nous servira désormais de guide.
JEA.N ET P.^L'L
ii\>- LA Mvir-O.N DE LA TBINCESSE CONSTANCE
I '••nipTeur Constantin venait de remporter
•'.•■ sur Maxence: il avait vaincu par
I la i>oix. Il M'Mildait heureux alors,
;: ! Ii'i |ii'imil que sa llllc, la princesse
' II. Il; ■. ' illriiite d'un ulcère borrible.
l'avoir long-
' l.irerent son
•■. n'ayant aucun
I ili's liomm>'s, se
' .1 .i- !■: ■ .. 1 . i. .i<.-in>.ii.l,i sa ::uérison au
I ', par l'intercession de la bienheureuse
i; ■ r 0 Agnès.
~ foi lui obtint ce qu'elle deman<lait et plus
!'•. car. I.iiclii'.- .!■• l;i :.i 'i •• Ai- Dieu, elle
' !iit de . Christ.
I 'i' illa t: I de lui
i iir, elle
I 'n vci-u.
lué
sa
lier nnn mni-
Jes parties orientales de l'Empire et, rava,::eaut
toute la Thrace, mirent Constantin dans là |dus
^.-rande perplexité pour la conservation de Cons-
taiilinople (ju'il faisait b;\tir en ce moment, alin
de pouvoir laisser la souveraineté de Home aux
vicaires de .lé'^us-Christ.
Ne pouvant conduire liii-méme les troupes qui
devaient refouler ces barbares, il offrit la cliarw
de lieutenant impérial à (iallican, que ses vic-
toires sur les Perses venaient de montrer comme
le yénéral le plus expérimenté et le plus brave
de l'Empire, (iailican élait païen, il avait déjà
été consul, et ses grandes qualités le faisaient
aspirer aux premières places.
Voyant qu'on ne pouvait <e passer de lui en
cette fAcheuse occurrence, il accepta l'offre il.
• '.oiistantin, à la condition toutefois, s'il revenait
vainqueur, que l'empereur lui accorderait la
main de sa (llle Constance avec le consulat poui
dot.
Constantin n'isnorail pas le vœu de la prin-
cesse, il savait aussi qu'elle mourrait pour l'époux
qu'elle s'était choisi, plutùt-quc d'en accepter un
autre.
1^ de'mandc de l'orgueilleux païen le jeta donc
dans le plus granil embarras. Constance l'ayant
appris, alla d'abord se jeter aux pieds de son
Epoux céleste, et après une fervente prière, vint
trouver son nérc et lui dit :
'• Si je n'étais assurée, mon sei^-neur et père,
que Ilieu ne m'abandonnera pas, c'est avec rai-
son que je serais inquiète à cause do votre douleur
et fort en peine au suji-t de la promesse ((u'on
veut exiyor do vous. Mais, sure de mon Sauveur et
Epoux, cessez de vou* aftli^'or et me promette;,
comme épouse à ilallican : dites-lui que s'il
triomphe je serai le prix de sa victoire.
)• Mais permette?., qu'à mon tour, je pose mes
conditions : dallican laissera auprèn de moi jus-
qu'au jour des ni ' l'iix lilles que lu: a
données sa premi' ••; il prendra avec lui
Jean et Paul, afin qui'. i>.ir eux, il |)uiase me
connaître, et que, de mon coté, je m initie par
à ses habitudes et d sa manière de
ses tilles
vivre. .■
pr<
Coll
eni'
gn
ii|\i-rlMri' l''nti..t.i lit in
: Jean et Paul (te\inrenl conij .i-
dii lient, n ih' imp.'riTl, tan.li-
qu'.Xtlique et Artémic.
tance la place des deii
première» dames de la cuur.
iil
UCNSVF.nSIOK RT Vtmj DE VIRiiLMTE
I Dès qno Constance vit am«-Qr dans son palaii
II'- lui
Paul étaient alors & son
- ' ' -:• ::■ • ■ re»
.r- la I
ir.iciiiiii'iii ni" :;.i^iiti i is iiii'
1... I- ... ..M.. ....'.,..
I' leur accorda des lors la plus
OOWT»« âTTtOOB ET AatiMlCE ) ' ,, ,, p^, J g„„ . ,^„,,, ^„|,
i-He époque, le» Scythe» lltenl int.iMitu sur . plicuU u.>, l)iool<M, let lllle> ,lu li..iilcii int iiiip.'
rial, non seulement furent chrétiennes, mais
encore, renonçant aux vanités du monde, vou-
hirent imiter lexemple de la princesse et consa-
crérpiit leur chaoteté au Seisneur. Et dès lors
ell-'s joignaient leurs prières ù celles do leur
martress« pour la conversion de leur père.
BiTAlLI^ DE PHILIPPOPOUS
Cependant Tiallican s'avançait arec ses légions
contre le« barhares. Sa pensée le reportait sou-
vent à Kome, ou il se voyait déjà revêtu de la
povirpre consulaire et gendre de l'empereur. 11
rencontra les ennemis prés de (•hilippnpolis.
Les disposition^ pour le combat étaient bien
prises, b-s soldats, exaltés par les assurances
dn iî'^n'^ral. promettaient le succès, Mars avait
vu ■■, ,iler en son honneur de nombreuses héca-
t'nihes; •iallican était certain de la victoire.
Mais les Scythes étaient nombreux et ils étaient
braves: ils résistèrent au choc furieux des
Humains et les attaquèrent à leur tour avec tant
de vigueur (pie, malfiré les sacrifices continuels
offerts au dieu de la iiuerre sur une colline voi-
sine. l«s sold.its ne songèrent pins qu'à fuir.
Jean fi l'aul étaient à c(Ué de (Iallican et le
détendaient contre les coups de l'ennemi, mais
surtout contre le désespoir qui commençait ù
envalriT son ;lme.
(juaii't ils virent les Homains tourner le dos et
toute p^pér.ince humaine s'évanouir, ils lui
ndr,-s, HMit la parole : ■< Mars t'abandonne, lui
.l;r' n: -, OU plutiM il n'a jamais pu te servir
p.n.c qii il n'est pas Dieu, l'romets au nom du
n»>l de croire en lui et d'embrasser la foi chré-
tienne, et ce Dieu, le seul vrai, te donnera la
victoire. »
A peine cette promesse solennelle était-elle
sortie du fond de son cu-ur, (iallican vit à ses
cotés un jeune homme de haute stalure et por-
tant une croi.x sur ses épaules, qui lui dit :
« l*rr'n<ls ton «laive et suis-moi. »
' Klromuie je lo suivais, racontait-il lui-même
quelques jours plus lard à Constantin, je ms vis
cntuur"^ de tous cdtés de soldats armés qui
m'cnroiiraseaientaveo ces paroles : " Nous te pro-
tons notre secours, entre dans le camp ennemi,
et. l'épée au peine, ne t'arrête qu'à la tente du
roi. '•
.1 J'y arrivai enfin, grâce aux coups qu'ils frap-
p.iifiil autour de moi, et le roi, prosterné à mes
pied», ne soncea qu'à me demander la vie, scsou-
mf-ttani .'i toutes les conditions. Toiuhé de pitié,
.]'■ I .i' 'iidai à lui et à tous ses soldats.
■ (Vct ain-'i que la Thrnce s'est vue délivrée
['.ir ma main avec le secours du Christ de tous
1(»< Scythes barbares, c'est ainsi que vous avez
an peuple de plus qui vous payera le tribut. >>
RRTOUR A HOME
J. in et Paul venaient de faire remporter à
leui miitre une praiide victoire sur les barbares,
m li- ■ . ''■• iii'ils lui avaient donnée sur le démon
iicore.
Il son armée; il y reçut les
voulurent se faire chrélitns, tan-
hI i-i-ux qui ne voulaient pas aban-
ib-niM-r l« lullo de leur» faux dieux, et rcpril la
mni" de Romf.
I . riin<>reur, le sétial, la noblesse, tuut le
pfM|'li- enfin Tinrent au-devant de lui.
M ■ . iranl d'entrer d.ins la villo. il .illJi «e
I I !■ I iiir «.ur le tonibi au de» saints ApiMres et
r'ii ••! le Dieu de« rlir^liens de ses succès,
I M-iuitin, qui l'avait vu avant son départ
sacrifier au Capilole, s'étonna de cette pieuse
démarche et voulut en savoir la ciuse.
(iallican lui raconta alors ce que nous savons
déjà, puis il ajouta : - Pour avoir la victoire, je
me suis fait chrétien et je veux l'être parfaite-
ment. C'est pourquoi j'ai renoncé à un nouveau
mariage; je vous prie donc de m'accorder que je
puisse librement me donner au (Christ. »
A ces mots, Onstantin se jeta à son cou et lui
raconta que ses filles étaient chrétiennes comme
lui, et vierges du Seifineur; puis il l'emmena au
palais. Hélt-ne, mère de l'empereur, la princesse
Constance, Attique et .\rtémice,les filles du vain-
queur, se portèrent à sa rencontre pleurant de
joie et louant l'Auteur de .si {i-randes merveilles.
Constantin ne permit pas à Gallican de reiionrer
tout à coup aux honneurs que lui méritait si
victoire. Mais, après un an de consulat dont b^
nouveau chrétien profita iiour élar;,'ir ses esclaves
au nombre de bOOO, après avoir distribué la
plus grande partie de ses biens au.x pauvres,
il put se retirer du monde suivant son désir et
. s'adonner à la prière et aux bonnes œuvres.
I II alla se fixer à Ostie et v exerça pendant
longtemps la plus héroïque charité. Chassé de
cette ville sous Julien l'Apostat, il se rendit à
j .\lexandrie, et c'est là qu'il y trouva, pour prix
j de sa vertu, la couronne du martyre.
j Mais laissons (.allican pour revenir à ceux qui
I avaient été les inspirateurs de sa conversion.
I NOUVELLKS F.WBCnS
\ Revenus à Rome avec l'armée, Jean et Paul
repri rent leurs anciennes fonctions dans la maison
de Constance. La princesse qui, après Dieu, leur
I devait de pouvoir vivre dans la virf-'inité, les
I combla de faveurs. Elevés à des honneurs que
bien d'autres enviaient, ils ne connaissaient de
bonheur plus grand que celui d'aller visiter les
pauvres et les malades, leur porter des secours
et les servir de leurs propres mains.
• Jouissant auprès de l'empereur d'un crédit
sans éyal, ils l'employaient nu bien de ceux que
la naissance ou les revers de la fortune avaient
jetés dans l'indigence. Rome entière les bénis-
sait; les pauvres surtout les vénéraient non seu-
lement comme des protecteurs, mais comme
des pères.
Le grand Constantin était mort, les enfants de
ce prince conservèrent à Jean et à Paul la faveur
que leur avait accordée le père, et ils purent
même garder leurs emplois après la mort de la
princesse Constance.
DISGRACE VOLONTAIRE — PREUlÈRB AliBA3SAJ>E
DE JULIE.N
Mais quand Julien eut abandonné le Christ,
quand, monté sur le trrtne de Constantin, il voulut,
faire la l'Iv .e aux chrétiens, nos deux ,Sninls
iiuitlér''..i la cour et les honneurs qui auraient
pu b's y retenir, et s'adonnèrent entièrement
aux II uvres de miséricorde.
L'apostat n"if;norait pas la vertu de« di-ux
frères, aussi avait-il jure leur perte. 11 dissimula
•■ependant quelque temps, de peur de souIcm. i
ib- fl liiites trop léiritimes de la part du peupi'
^' it appris le bien qu'ils faisaient pni'
I us pcrsécutf's à l'aide des rirb''-
qui; leur avait laissées (Constantin, il leur ■ n i
un oflicicr charpè de li-s inviter à venir i- ni] lit
aujirès de lui leurs aiii iennes fonrtlonf
Les deux saints fri res répondimii i Julien :
" Tant que C/Oustanlin et ses oufaiits ont orné
\o lr<'>ne de leur» vertus et se sont glorifiés d être
les serviteurs du Christ, nons les avons servis.
» Allant au pied des autels, ces princes savaient
V déposer leur couronne, inclinant leur front
ians la pousr-ière, adorer celui par qui régnent
les rois. Mais quand le monde n'a plus été digne
d'avoir de tels maîtres, et di? que lu as étalé
sur le trône la honte de lapo-lasie, nous avons
renoncé à tous les honneurs J une cour sacrilège.»
NOUVELLES PROPOSITIO.NS ET NOUVX\UX HXFITS
Julien leur envoya un nouveau message pour
les attirer auprès de lui : « Et moi aussi, leur
disait-il, j'avais obtenu la cléricature dans l'Eglise
et. si j'eusse voulu, j'y serais au nremic-r rang,
mais considérant l'inutilité de ces honneurs, qui
ne peuvent d nner la richesse, j'ai mieux aimé
la politique et la guerre, et j'ai offert des sacri-
fices aux dieux qui m'ont mis à la main le sceptre
du m<'nJe.
.. \ ous donc, nourris à la cour depuis votre
jeunesse, venei vous asseoir à mes côtés et occu-
I'f>r les plus hautes dignités dans mon palais. Si
M. us rejetez mes offres, je me croirai forcé d'agir
.le façon à n'être plus méprisé. »
Jean et Paul répondirent : <• Nous ne te faisons
pas l'injure de te préférer un homme : au-dessus
de toi, nous mettons le seul Seigneur nui a créé
le ciel et la terre, la mor et tout ce qu'ils renfer-
ment; nous refusons ton amitié, homme mortel,
pour ne pas encourir l'inimitié du Dieu immortel.
" Sache donc que nous ne viendrons jamais
t'honorer ni te servir, et que nous n'entrerons
jamais dans ton palais. »
Julien, furieux, leur donna dix jours pour réllé-
cliir et prendre une décision détinilive, assurant
que s'ils ne revenaient de leur entêtement, il
saurait punir leur résistance.
Les courageux serviteurs de Jésus-Christ répon-
dirent à l'apostat : <• Fais comme si ces dix jours
étaient delà écoulé" et accomplis dés aujourd'hui
ce d'iil lu nous menaces. »
Lorsque Térentien. ministre et interprète de
l'empereur durant toute cotte affaire, lui eut répété
ces nobles paroles, Julien s'écria : " Pensent -ils
que les cliréti'n» vont les honorer comme des
martvrs'? .. et, après ces mois, il se leva furieux.
.■ Ils reviendront au palais dans dix jours, ou
je les traiterai en ennemis de l'Etat. »
OERMIÈRE TC^TATIVS
Les deux saints frères ayant ainsi la certitude
i]u'après dix joii ' ' .neur leur donnerait la
réc-oinpense app ils soupiraient dcnuis
l.ii.t.iups, proiii.i-m .1- l'intervalle que leur
1 n-- ut le ivran. Les chrétiens, répomlant à leur
PI' L Murênl les voir dans leur maison, et les
•. tr --es de» deux serMleurs du Christ passèrent
: m-, le» mains des plu- pau>re».
Le» dix jour» se pa-»éreul ainsi, partagés
' 'l'r-' Il pri-'r<' <! Li distribution de leur immense
|, ur, leur maison futentourée
1 iticn arriva lui-même avec
! •-• du repas du Kiir.
'. tir rli.inibre et les trouva pro»-
t'
t.
I c Julien
I tf v<>u«
UicUlc slalU',- ;■: Juiner 'iiiej
Ifiir dit : " Mon
iine dernière
|..T. dl- xellir
! IDI
int
u" .iji'ile;
vous conserverei, à ce prix, vos biens, l'honneur
et la vie. "
Jean et Paul répondirent à ces paroles qui
étaient comme la sentence de leur mort : « Si
Julien est ton maître, glorilie-toi de le servir;
pour nous, nous n'avons pas d'autre maître qu'un
seul Dieu en trois personnes. Père, Fils et Saint-
Esprit, c'est lui que ton maître n'a pas craint de
renier. Et parce i|ue Dieu l'a rejeté de devant sa
face, il voudrait entraîner les autres dans l'abîme,
mais nous ne le suivrons pas dans la perdition,
nous n'adorerons pas la statue qu'il nous envoie,
nous n'imiterons pas son apostasie. »
MABTYRF. DES DEl'I FRÈRES
Ayanlentendu celte profession de foi, Térentien
vit bien qu'il ne pourrait ébranler le courage des
deux frères, et il s'apprêta à exécuter les ordres de
Julien. A la troisième neure de la nuit, il les lit déca-
piter en sa présence et dans leur propre maison.
Et taudis que leur Ame allait jouir de la vue
du Dieu (ju'ils n'avaient pas voulu abandonner,
Térentien faisait Ilescendre leurs corps saints
dans la partie basse de la maison. Par son ordre,
les soldats y avait creusé une fosse profonde. Ce
fut là que, pour le dérober à la véuéralion des
lidèles, on cacha ce jirécieux trésor.
Le lendemain, le capitaine des gardes de Julien
faisait courir parmi le peuple le bruit que les
deux frères, ayant désobéi aux volontés de
l'empereur, avaient été bannis loin de la ville
sans qu'on put savoir le lieu de leur exil. Mais
qui peut tromper Dieu et s'échapper de ses mains .'
In an, jour pour jour, après le martyre de»
deux saints, Julien l'Apostat tombait frappé d'une
lléche lancée par une main inconnue pendant la
guerre qu'il faisait aux Perses, et laissait l'Empire
a un empereur vraiment chrétien, Joviuien.
LES RKLlOl-'ES RÈVÉLiBS PAR LE oiMOU — MIRACLE-
Le riche trésor des reliques saintes ne pouvait
rester longtemps caché; Dieu fona le démon à
les découvrir lui-même et à leur renilre ;<loire.
Dans la maison des martyrs, les possédés
puliliaient en hurlant que les Saints étaient là et
qu'ils les tounnentaient.
En conséquence, ou chercha !■ .'' ;
et dès qu'on les eut trouvées, le
de toute part, pour obtenir par leur iuiei..e-Mou
les «r.kes qu'il désirait.
Térenlieii, exécuteur du rriine qui a<ail donné
à Jean et à Paul la palme de la victoire, avait un
(ils possédé du démon.
!>; malheureux père vint se prosterner aux
pied> des marlvrs et demanda la déli,i;iji. e ,!.•
son enfant. Les bienheureux frères ■
la demande de leur bourreau et lui a i>'
ce qu'il désirait.
.Vlors ce pairn endurci, aue la constance de nos
Saints n'avait pas terras^/, demanda pardon, se
convertit et voulut écrire U relation de leur
martyre pour réparer ses torts et témoigner -a
reconnaissance.
l.e» relique» de» deux frère-
dans la ma^-nilique é-lise iiu'on 1
cernent de la inai«on ou il» avi i'-. ''i
qui est aujourd'hui 1 ét'lisc de ^ el de
Saint-Paul, à Home, titre cardinalne m mire par
K.ironiu».
Leur mémoire devint bientôt illustre dans tout
le monde, ri ILcIise inséra leur- noms Jant le
Canon de la mc»»e.
linp.-#*roin, fc. l'itimmiT I, m» Kr«nron I". I'«nt
SAINT ÉMILIEN
ÉVÊQUE DE NANTES, HÉROS ET MARTYR
FMe le S7 Juin.
J -^
Kmilien entraîne les Bretons au secours de la Franc* •nrahl*
par les Sarrasins barbares et infidèles.
1 mTAnoH
An Mmmtnetment da tiii* siècle, la France
faillit périr, el arec elle la civilisalion de l'Europe
occidentale, en tombant sous le joug barbare de«
irrtaleun de Mahomet. Après aT»ir conquis l'Espa-
fnr, les Sarrasins mniulmaDS franchirent les Pyré-
nées l'an 719, au nombre de plus de trois cent
mille hommes ; mais >jr.-lre à la protection de Tanôlre
laint Pierre 'Il ils furent Taincus prés de Toulouse
par un prince français de la race de CIotis, Eudes,
>S, Veir Darru. flut. d* l'EfiiM, tom* lYL
duc d'Aquitaine, flis de sainte Odette. Les ^arraslna
ne renoncèrent pas à leur projet de conquérir la
France ; obligés de repasser en Espagne, ils sa prépa-
rèrent pendant douze ans k une inrasion formidable;
leurs armées furent grossies par un nombre immeos»
de musulmans d'Asie et d'Afrique. ■ Au printemps d»
l'année ~T2, une multitude qu'on ne saurait guère
éraluer, dit M. Darras, à moins d'un million d'àmea,
se mil fn mouTement sous les ordres d'Abdéiame,
émir de Cordoue, el se dincea Ters la France par
quatre chemins, par la Mtdilerranée d'une part et
par l'Océan de l'autre, par ItonceTaiix et par
Dayonne. Se croyant assurés de la nctoirt, les mu-
i4l
«ulmans tenaient suivis de leur» familles, poux
s'installer en France à la place des habitants mas-
sacres ou réduits en servitude.
• C» fut une inondation deferetdefeu dontlequa-
■ Iruple courant se réunit en une seule masse dans le
territoire compris entre les Pvri-nics, le llhcine,
l'Océan aquilaniqueet la Méditerriin.e, depuis Bor-
deaux jusqu'à Marseille. Lesvillr^du li.-arn, Olérnn,
Auch, Ail, Dai, Baronne, furfi.: ~.n-cagéfs ou livrées
auitlammes. LesSarrasinsIai- .itntsur leurpass;i-e
une longue traînée de san-'. Un compte un jçrind
nombte d» m»rtjrrs que !• gUire enToya au ciel :
au diocèse du Poy en Ni.v, saint Théofred Isaint
Chaffrej, abbédu moni-; m aeCarni^ry; à Marseille,
dans le couTont de Saint-SauTeur, l'abbesse sainte
Eusébie et qu»ranie religieuses ses compagnes qui
se défigurèrent le visage et se coupèrent le nez pour
se fouslraire aux outrages des musulmans. Les
Sarrasins lua.-- icnjrent ces héroiques vierges : elles
furent snenées toutes ensemble dans une fosse
, omni 1 sur laquelle on éleva une chapelle. Le
mo- ; de Lérins, sous la conduite de saint
Porrh:.ire U, compUil alors plus de cinq cents
moines: ils furent massacrés par les hordes d Ab-
d^rame Quatre religieux seulement échappèrent
comme par miracl- i cette boucherie ; ils revinrent
après le départ des mécréanU inaugurer de nouveau
la vie monastique sur les tombes Je leurs frères.
Saint Pardoux, abbé du monastère de Gaéret, reçut
aussi la couronne du martyre (l) ». ,^.■^^. _„
Pendant qu« de nombreuse, bande», conduites par
des chefs div.r., pillaient et dévastaient toutes le»
campagnes, le fio» de l'invasion ".«l'V"/" hC
, ouranla principaux : lun. remontant le Rhône,
envahUUProv.n.-,!* n^upl.iné. le ^70^\^»^\
pénétra jusqu'en ' . «prèi »'Oir saccag*
Avignon, Vivierv >.*nt.«, I.>ûn, Micon
ChàU-sur-^ ';,*^'ln
'•'il-^P»"-^»"" ./.J«ux
personne, eœpo.lail d^^'^nl la mu- ue Itoideaux,
T mettait toot A fou «l * •«'««• ♦«■»♦•»' ' *«■">*« ""
Lrd'A ■ ' ■ M Dordogne. mon-
diaifp.', '*««. et«»7.hait
surPoilieiJoo fue livrait an» ,,,.inm« U haailique
de Saint-IIilair».
FATRIOTIIIBK 0» ÏAlirT éMlt.ir< IT nF< »RKTOMS
A Itr."'*'"" "*' '"'• 'l*»»»!"» 'i ''• !"'!"il
menaça
les pro'
d'Austrj
n'él*ili
La vil 'e» »v.nl
saint et •*<;»'•, pi
l'amour
et la COI.
plu» con»laiile et p!"» drni.. -
• an» broton q'ii rcilait dsnsse^. veines. Lot i-vf^que
aailEn, 1. . u' .'. , !■ , -'.beau.
•lit son "«'•
. 1 '-ur;
. par
qui l«l
lani
. duc
I All<>magne,
isseur».
»liii^ P'>ur pontife un
in ér thhnU- et de foi;
son e«pur
juf rendre
te l'arJeur naturf-lle du
[
Seigneur. Pois, une foi» revêtus de cette armure
ri-ligieu9e, 6 soldats du Christ, prenez vos meilleures
aiiiK-3 de guerre, vos armes de fer les mieux forgt^es,
les mieux trempées, pour renverser et brover ces
ennemis misérables, qui semblables à des' chien»
furieux dévorent les chrétiens nos frères. Nous pou-
vons succomber dans la lutte, mais c'est le cas de
dire avecJu'la-» Macchabée: Mieux vat;t mourir cou-
rageusement les armes à la main, que de voir le
désastre de notre patrie, la profanation des choses
saintes, l'opprobre du peuple de Dieu et de la loi
que nous a donnée le Seigneur. »
Transportés hors d'eux-mêmes par ce discours
laconique, véritable modèle de harangue militaire
et sacerdotale, les .Nantais répondirent par ce cri
unanime : « Seigneur, vénérable et bon Pasteur,
ordonnez, commandez, et partout où vous irez, nous
vous suivrons. ••
L'Evéque ne perd nas un instant, il voit dans cet
élan l'expression delà volonté divine, il reconnaît
qu'un souffle de l'Esprit-Sainl agitant toutes ce»
poitrines chrétiennes leur communique l'ardeur du
sacriQce et du dévouement; sans délibérer davan-
tage, il fixe le jour du départ et le lieu du rendez-
vous. • Ici même, dit-il, nons nous retrouverons;
de cette cathédrale, du pied de cet autel, nous par-
tirons tous ; et j'aurai l honneur de marcher k la
tétc des soldats de Jésus-Christ! » Un nouveau fré-
missement d'enthousiasme accueillit ces paroles et
chacun courut aux préparatifs du départ.
Dans un pareil péril, alors qu'il s'agissait du
salut des &mes, non moins que de celui de la patrie,
alors que la France allait cesser d'être chrétienne
pour devenir musulmane, en présence d'ennemis
qui massacraient les populations en masse, ne nous
étonnons pas de voir un évéque prendre, à défaut
d'aatres, le commandement d'une expédition mili-
taire et devenir le chef d'une croisade, mais admi-
rons plutôt son dévouement catholique et françai-^.
Au jour fixé, la cathédrai" '' N^tile» se remplit
4e gaeriier», accouru» de inls de la pni-
vince, di- tout's '•"• ru.s i! i. évéqje, reveli;
de ses ornr aux. moula à l'autel et
offrit le Saii. , ur la France, pour les
Bretons, pour tous ses compagnons d'armes dont il
était le compatriote par le »ang, le p*re par la grâce,
le chef par le dévouement. Il demanda aa Dieu des
fort» de donner nz familles la r^sicrnatinn. aux
soldats, la ff rce et le courage ; i i
par la dniiie Victime du Ca!>
bénir le sacrifice de ceux uui .
la mort pour la défense de la (v
freies. Le fut un beau
tude de vaillants »,"
»r:.
I"
« Mes enfants, dit-il, remercions le
Dieu du ciel -' ^' '• '■•r'- n^ir . .m-*»!..
bienf.iileur.
sa grài e a
de vouloir I
p.ir nous * .
Je o<' '">. mes enfants, i ■■ >'-
Di.'.Ti' uire» dit S'ign'ur > i
, vous »!
- f^f. r
ne dr U canai^e du
1 1 D* nm. BUi. f/ ..'.::« dt rtffi**, tom» XVtl
rf*;TVir^ ir< vniâni* ar »« ini
li ^a v« L.:>
m.
LA M.VBCHK DEi BREVES — SAINT EBBO
Après de telles paroles, il ne restait plus qu'à par-
tir (1). La sainte pîalanpe se met en marche. Les gé-
missements et les sanglots de la foule, les larmes des
mères, des neuves et des orphelins qui se pressent
sur leur passage, répondant aux adieux de» soldats,
mais rien n'ébranle la fermeté de ces volontaires
de la foi. Us ont, dit l'Uistorien, l'espérance pour
flambeau, les sacrements pour nourriture, et leur
évéque pour chef, lis marchent jour et nuit, au-
devant d»" l'ennemi redoutable qu'ils vont combattre.
Qui sait? les Sarrasins sont peut-être sur le point
de prendre quelque nouvelle ville; les atteindre une
journée plus tôt sera sans doute le salut d'une po-
pulation entière.
En arrivant à Paris, ils apprennent qu'une armée
de Sarrasins assiège la vil.e de Sens. Us redoublent
d'ardeur pour arriver à temps. Gloire à ces braves;
ils n'auront pas à s'en repentir. Sens soutenait
encore avec énergie l'assaut des infidèles. Cette ville
avait alors pour évéque saint Ebbo, un digne émule
de saint Eniilien. D'abord comte et homme de guerre,
Ebbc avait ensuite renoncé aui honneurs du monde
pour se faire moine au monastère de Saint-Pierre-le-
Vif. C'est là qu'on était allé le chercher pour le faire
malgré lui évéque de Sens. 11 était depuis plusieurs
années l'exemple, la lumière, le père et le pasteur
bi«n-aimé de son peuple, quand les hordes sarrasines
vinrent mettre le siège devant sa ville épiscopale.
• Gorgé de sang et de rapines, l'ennemi parut
devant la cité sénonaise, raconte l'haeiographe de
saint Ebbo; il entoura la ville de ses logions, plaça
aui portes des sentinelles vigilantes et ferma toutes
les ifsnes. Des engins de guerre, batistes, pierriers,
catapulter, battaient les remparts. Cependant les
eit«yen.= munissaient les points faibles, élevaient des
tours de défense et lançaient des traits enflammés
pour brûler les machines de l'ennemi. Lafureurdes
assiégeants, doublée par l'énergie de la résistance,
Tf connut bientôt plus de bornes. Cette race barbare
imagina un expédient époavantable. De toutes parts
l>-s arbres du pays furent coupés et quand le bois
eut été amoncelé comme une montagne circulaire
sur toute l'enceinte de la ville, on y mit le feu. 1^
flamme s'éleva bientôt triomphante; les citoyens
consternés vinrent trouver l'evéque. L'homme de
Dieu était ar - ' les yeux baignés de larmes.
D'une voix • ■ •'. de sanglots, il suppliait le
Seigneur Jésii--i.iii j^i en faveur du peuple dont il
lui avait confié le soin. Sa prière terminée, il se
releva, et désormais sûr de la protecUon céleste, il
bénit la fouie. • Les gros bataillons ne font pas la
victoire, s'écrii-t-)l, une poignf'e de soldats conduits
pir le Seigneur suffira à nous sauver. Suivez-moi. »
Se dirigeant alors vers l'une des portes qu'il fil
ouvrir, il se pn'npita avec les guerriers, à travers
la fumée et les (laiiime?, pour se jeter sur l'ennemi.
T''rn'iin de celle héroïque .lorlie, le resie de la popu-
lalifi'i «'abandonnait au désespoir, mais l'homme de
Dif I '' ■ Tg^ons ne doutèrent pas un instant
du SU' 5 a rimprovi«te dans leurs campe-
ments, le.- t'ai tiares s'enruirent en désordre ; la pani-
que fut tell"* qu'IL^ tournèrent leurs armes les uns
' -, ils lombérent
■ cfldavres (2). »
j, fille victoire fut
d' ine def Brelons, qui
Cu,ii^'i-iit it:> 1(1 1' - Il I lU'iiiri cii Qiftme tcoips ffue IB'
— ion» lif ••
fêm II
1 M. l'abb* DinM. Mgr Ga*rn.
n. BIT Mut Pie
- l Èglut. Ion* XVB,
assiégés tentaient la vigoureuse sortie commandée
par saint Ebbo. D'autres placent un peu plus tard
la délivrance de Sens (1 1. Il estcertain do moins que
l'héroïque légion dts volontaires de saint Emilicn,
conlinuant sa marche a travers la Bourgocne. vol4
au secours d'Autun assitt^ré par une multitude de
Sarrasins sous les ordres d'un chef que le chroni-
queur appelle Eustralégus. A la nouvelle de leur
approche, le clief musulman envoie un corps de
troupes pour leur barrer Je pafs;.i:s et empêcher leur
jonction avec les défenseurs d Viiinn. Les Bretons
Voient s avancer les bandes rausul/i .sries. ils fondent
sur elles avec impétuosité, les i.i.i .i.i en pièces
dans les champs de Saint-Forgeot, et si-cindes par
une sortie des assié«és, ils entrent trir.tupiialement
dans .\ulun, où les liabitanls les reçoivent oomm«
des sauveurs envoyés du ciel.
LS CHAHP DD SACRIFICI
Après un légitime repos, les Bretons se concertent
avec les E^uene (Aotunoisi pour la délivrance de la
ville. On df'cide d'attaquer l'ennemi dans ses campe-
ments. La direction générale des troupes est confiée
à saint E^iuilien. L'évoque réunit tous les guerriers
dans la cathédrale d'Autun, il rend grâce à. Dieu
des succès obtenus, il exhorte EJuens et Bretons à
faire bravement leur devoir, promettant la palme
de la vicLoire ou celle du martyre. Il rappelle le
souvenir de saint Symphorien, etcomme la mère de
ce jeune martyr d'Autun, montre la couronne
préparée dans les cieux. L'armée chrétienne sort de
la ville et se divise en trois corps : au centre saint
Eniilien et ses Bretons, à droite et k gauche les
Eduens. Elle attaque vaillamment les barUirt-s, fran-
chit la vallée sans s'arrêter, force le camp des infidèle»
sur le plateau de Saint-Pierre-l'Etrier, porte partout
le désordre et la mort. Les ennemis lâchent pied de
toutes parts et s'enfuient péle-méle dans la direction
de Chàlon jusque dans les gorges de la Creuse-
d'Auxy.
Le général musulman ne réussit à rallier ses
troupes que trois lieu''s plus loin, dans la plaine de
Saint-Jean-de-Luze. Il se préparait à une vigoureuse
résistance quand il voit la petite armée chrétienne
fondre de nouveau sur lui. Bientôt les lignes musul-
manes commencent à plier, une seconde victoire des
chrétiens va compléter la première. Mais voici que
de l'extrémité du champ de bataille un cavalier
accourt bnde abattue: •' Seigneur, dit-il à saint
Emilien, hâtez-vous, les infidèles fondent sur nous
de toutes parts I » Un corps de six mille cavaliers
sarrasins, comn\andés par Nymphéus. après avoir
ruiné Chàlon, arrivait dans la plaine de Luze.
• Braves guerriers, dit F^milien a ses compagnons,
je vous félicite de voire vaillance. Mais l'houre est
venue où la force n'est rien, Dieu seul peut noof
donner la victoire». Traçant < ■■ •' '»■ signe de la
croix: «Seigneur, ajoul/!-t-il. luon àme
entre vos mains. >■ Piil": il ^- i mileu des
Bietonsà l'attaque d' :• Courage,
mes enfants, criail i! , . u'.. .. Or le
chef sarrasin ^ -, dune i! une
stature extraoi faisait <i. ,;s un
carnage épo;ivan(al<le el C/ouvrail le sel de sang et
de ri'lBvr'^s. Eîeili", -«aisi .le douleur et d'une
la vue du ma.<^ ' -^
r «ement )>ur I" f
etdi.i 'I
il est I s
et perce de niill'^ coups. Il toml'c, les cliie: ':..i sa
(1) D«rra«, ibid.
pressent pour le saoTer : • Bretons, leur dit l'Evêque
mourant, combattez jusqu'à la mort. La mort pour
nous, c'est la rie éternelle. Vous êtes les «oldats de
l'Eglise et de la foi : là-haot, aTec le Christ, est
notre victoire et notre récompense. >- Ce furent ses
dernières paroles, le capitaine sarrasin s'étant relevé
de sa chute, blessé et furieux, se lit jour à travers
les combattants et, d'un coup de cimeterre, trancha
la tète de l'évêque martyr.
Les anpes invisibles recueillirent cette âme hé-
roïque, digne d'entrer dans la gloire éternelle
escortée de leurs phalances victorieuses. La plupart
de «e? compagnons d'armes furent immolés autour
de lui ; holocauste d'expiation pour la France,
victimes innocent.^- et généreuses dont le sang, en
abreuvant la plaine de Saint-Jtan-de-Luze, criait
vers Dieu miséricorde et pardon pour la patrie. Ce
cri ne devait pas tarder k être exaucé.
LA FIUNCI SADVKI
Les barbares vainqueurs revinrent contre Autun,
emportèrent la ville d'assaut, livrèrent les édifices
aux flammes et égorgèrent la plupart des habitants.
Ce fut leur dernier triomphe, l'n prince, qui sera
le grand-pere de Charlemagne, Charles, duc d'Ans-
Irasie revenait d'Allemagne victorieux après avoir
réuni sous ses drapeaux tous les guerriers qu'il put
recruter, depuis la Loire jusqu'aux rivages de la mer
•lu Nord. Kudes d'Aquitaine était avec lui. Le prince
raërovingien,aprèsses désastres, étaitaccouru auprès
de Charles pour le conjurer d'activer ses préparatifs,
l'harles avait fait bénir son épée au sanctuaire de
.Saint Michel, au mont Tumba (mont Saint-Michel;.
Une vingtaine d'années, auparavant, le prince des
armées célestes, prenant la France sous sa protec-
tion, avait, dans une apjiarition à saint Aubert,
évéque d'Avranche» , demandé au saint évéque
de lui consacrer cette montagne. De nombreux
miracles rendaient célèbre le sanctuaire bdti & celle
époque sur le mont Tumba.
Obligées de fuir devant la redoutable armée des
Francs, les légions musulmanes, qui avaient mas-
sacré saint Emilien et ses Bretons, se replièrent
vers l'ouest, pour faire leur jonction avec la grande
armée d'.'Vbdérame, leur général en chef.
Au mois d'octobre de l'année 732, après huit
jours de combats partiels, se livra entre Tours et
Poitiers une terrible bataille, lune des plue meui-
Iriéres dont notre histoire nationale ait gardé le
j'iuvenir. C'est là que Charles d'Austrasie conquit
ion glorieux surnom de Martel, parce que, dit le
chrr.ii |iieur, " comme le murleau brise et dompte
t>j« l-.- métaux, ainsi il avait écrasé les barbares
f nv ihi»s''urs de la France. >• Un nombre immense
(ie --arr.Kins restèrent sur le champ de bataille;
Abdérame leur --hef fut parmi les morts, le reste
i'enfuit en toute hAte ver» le» Pyrénées. La France
et la chrétienté étaient sauvée».
On avait vu les musulmans sur les rives de la
Loire, de la 'îaronne et du Fth6ne ; cinq siècles plus
tard on verra les Français sur les rives du Jourdain,
dr iTirr.tit" ot (lu >'il. k la voix d'un pape français,
11, les chrétiens d'Europe,
ndri» <-\\fj. eux, iront au sé-
né», ils iront déli-
iiiveur ressuscité ;
.iiii et ^allll Louis reprendront
Mnrl"!. Enfin, dan» notre aiècle,
' " des Maures et de la
inrra sous la domina-
.11 11 .' pour que la France
.analioo de Jésus-Christ,
i lis de Ltien.
1'
n'
COUI * (
i. -
TrT '
Ll COLTI Cl SAINT EUIUKN
.Mais revenons à saint Emilien. Quand les infidè-
les eurent quitté le champ de bataille o^ notre héros
avait conquis, par sa mort, la victoire dont il jouit
encore au ciel, les chrétiens du pays recueillirent
pieusement les restes de l'évêque martyr et les en-
sevelirent en ce lieu. Plus tard, on éleva sur son
tombeau un oratoire où s'accomplirent de nombreux
miracles. .\u xi' siècle, le saint corps fut levé de
terre, et placé avec honneur derrière le mallre-
autel de l'église paroissiale. Saint-Jean-de-Luze
changea son nom en celui de Saint-Emilien (et par
corruption Saint-Emiland, qu'il porte encore au- .
jourd hui). La Bourgogne reconnaissante n'a pas
cessé, à travers les siècles, de vénérer la mémoire
de son héroïque défenseur d'autrefois, devenu un
de ses protecteurs au ciel. Le village de Saint-
Emilien a eu le bonheur de conserver ju^^qn'à ce
jour les reliques de son saint patron. La fête, qui
attire de nombreux pèlerins, se célèbre le dimanche
dans l'octave de saint Jean-Baptiste. — Au territuire
de Tanlay, non loin de Tonnerre, s'élève une cha-
pelle (rebâtie par le marquis de Tanlay) en l'honneur
du saint évéque de Nantes; en ce lieu, dit une tradi-
tion, saint Emilien allant de Sens k. Autun rem-
porta une victoire sur les infidèles.
En 1859, la ville de Nantes eut la joie bien légi-
time d'obtenir quelques fragments des reliques de
saint Emilien ; à cette occasion furent célébrée» de»
fêtes religieuses iplendides au milieu d'un concourt
immense de fidèles. Plusieurs évéques y assistaient.
Le grand évéque de Poitiers, .Mgr Pie, invité a pro-
noncerle panégyrique de saint Emilien, fltentendre
un des plus beaux discours qui soient tombés de
ses lèvres si éloquentes et si doctes. — Dans la pre-
mière partie il retrac* la foi et le courage du saint
prélat, dans la seconde, s'inspirant du texte de l'ho-
mélie d'Emilien à ses volontaire» : que lUre rdjni
arrive, il parle en terme» admirables de la royauté
de Jésus-Christ. En voici quelques phrases :
LB ROI
u Jésus-Christ est roi, nos très chers Frères; il
est Roi, non seulement du ciel, mais encore de la
terre, et il lui appartient il'exercer une véritable et
suprême royauté sur les sociétés humaines : c'est un
point incontestable de la doctrine chrétienne. Ce
point, il est utile et nécessaire de le rappeler en ce
siècle. On veut bien de Jésus-Christ sauveur, de
Jésus-Christ rédempteur, c'est-à-dire sacrificateur
et sanctificateur; mais de Jéius-Chrisl roi, on s'en
épouvante; on y soupçonne quelque empiétement,
Quelque usurpation de puissance, quelque confusion
attributions et de compétence.
. Jésus-Christ est roi ; il n'est pas un des prophètes,
pas un desivangélisteseldesapAlresquine lui a>«'ire
sa qualité et ses attributions de roi. Jésus est en. tp
au berceau ctdèja les .Maces cherchent le roi desJulf^,
VU ett qui natus at rrx Jufiaorum? Jésus est à U
veille de mourir: Pilate lui demande : Vous étei donc
roi : Ergo rtx tt tu? Vous l'avez dit, répond iésu*.
> Elle date de loin, met Frères, et elle monte haut
cette universelle royauté du Sauvenr. En tant que
Dieu, Jésut-Christ était roi de toute éternité; par
conséquent, en entrant dan» le monde, il apportait
avec lui déjà la royauté. Mai»ce i ' .^-Christ,
en tant qu'nomme, a conquit m » la sueur
de son front, au prix de tout »<>n '.i . i.e Christ,
dit tainl Paul, est mort et il est rr^vi^cllé à ceiu
On d'acquérir l'empire sur le» mort» et »or let
vivants : In hoc ( kriilui mnrtum ni tl rnurrtmxt,
ut et pitrtuorum et i irerwm deminrtur. •
lis;, j4rant K PinTu.N>i, 1, m* Tru^t^it 1". P^ria.
1
r r r
SAI.NT IRENEE, EVEQUE DE LTUX ET MARTYR
FM^. le 2f< jnnt.
Martyre de saint Irénée.
îHP.»i?is A l'kcole df. saint polycaupr
I eiifjint qui iittail pas le moins assidu ni le moins
I allonlif à srs leçons: il s appelait \n'-uro.
Par- ' -itidi(eurs qni recueillaient les pieax | En Kramlissant. Ir'-n'H" ne penli' l'-
en»' de saint l'rilyrarpe, le disciple de | souvenir de ses premières annéi^
rA|i 'Ti". • rnar'piaii un 'ont ji'un'' l'i-.oir .l'un l'I m?!lie. ei. lonii'i . i.
•j'.y
ri'viujiMit f'iicore avec une prntunile i iiiotinn
dans une lettre qu'il écrivait à un de ses anus :
'■ Mnii cherFlorinu-i, lui disail-il.je vous vis en
Asie-Mineure, je n'étais alor< qu'un enfant. Vous
viiiez dans la demeure de P^dvcarpe: il vous
donnait le spectacle de ses grandes et liérnï(]ues
actions. Tunles les circonst.mcps de cette période
de ma vie, la plusreculée punrtanl.sesontgravées
dans ma mémoire beaucuip mieux que les évé-
nements plus récents. Je pourrais marquer du
di'it't le lieu où le hienlieureux l'olycarpe s'as-
••eyait pour s'entrelitiir avec ses disciples ; je
iTcàs voir encore sa déniarche, son air vénérable,
les trait-, de son visafje qui relleUienl si hien la
pureté de sa vie. Il me semlde I entendre, quand
il parlait h l'issenildée; il racontait en quelle
douce intiniilé il avait vécu avec Jean et avec les
autres qui avaient vu le Seii;neur. Il citait leurs
paroles l't tout ce qu'ils lui avaient appris du
divin .M, litre, de ses miracles et de sa doctrine.
Avec quelle ardeur je recueillais ces traditions
aui-'uste-, dont il plut à la lionté divine d'ouvrir
pourmoile trésor. Je les ri.vais,non surun parche-
min qui s'efTace, mais au plus profond de mon
cii'ur, et je les repasse conlinm llement dans mon
e'^prit. " Il aimait aussi à iiiterro;.'er les vieillards
iiui avaii-^nl eu le bonheur d'approcher cl d'en-
tendre les ap6trc<; il leur demandait des détails
sur tout ce qu'ils avaient vu et appris, et ces
récils se pravaienl dans son cœur non moins que
lesenseiiniemenlsdePolycarpe.Ou peuldoncdire
avec rai-on que saint Ii-énée fut de»liiié par le
Seiyneiir à lier les temps des aprtlre^ au siècle
qui devait les suivre, et .liarL''- de transmettre
aux .li'o- poslérieui-s le* traditions apostoliques.
Saint INdycarpp, léraoio de la sagesse et de la
piét.- du jeune homme. n'atten<lit pas qu'il eût
alli-iiil r.\i;e ordinaire, et il conf.ra à In-née le»
•-.iiiil-iirilresjusqu'audiacnnat, liénéedevinlalors
II- liras droit de l'évéque de Siiivrne,el il remplit
a Vf.- un'' prudence et un lele au-des-^us de tout
ilo-'i- les nombreux et difficiles devoirs qui
incoiiilialent aux diacres d.iiis la primitive Ki:lise:
assist«-r les ministres de l'autel au Saint Sacrilice,
veiller à l'ordre des cérémonies, exhorter le
p'iipic à la prière, distribuer le Corps et le Sanu
de Jé»us-i;hrisl, recueillir lesauniAnes des lldelcs
et les distribuer ensuite aux pauvre», aux orphe-
lins, aux veuvi's, aux luUrnies et surtout aux
saints coiife'-seuis de la foi retenus dans les fers,
telles étaient le> multiples occupations du cou-
r.:$eux diacre.
miyiM DANS LBS Girtn
Sninl Polyrarpe, qui couvemait IT^elise de
Smyrne en Orient, «mt-r.issail aussi l'Occident
dfifi'- s.iii amour n(>o»U>liqiie ; mais, de toutes le»
T' .'i"ii- du Ourhant, il y en avait une qui avait
un»* l'I " ♦' ïin \ lit- n' ** lî.'ifis t.r>fi riiiir P<dv. .irp6
aimaii aiit
il.UlII' _ ' l<<-
li II l't <Im u sollicitude, il delachn de «on eiilou-
' '-■• uiif pieu«e rolunlr de mi»»ionnaires qu il
I à la conquMi> •pinluelle il« notr« nKtn#:
ni l'olhin, Ifllée . Ilriii.li.' il .1 iiiilres
. non moin« diunesili- leur noble mi*sioa.
Il, .-n rnmpnifiiK- d Irénée, se lUa h l.yim
ou li i-ropnl. I.e» deux aprt-
tre« fil !» labeur» : In semence
il>- la r leurs main» dan»
c" «ni ' 1 de» (taule», pro-
diii»il 'iiif i:. 1, 1 . m .l'on. M.ii» le vent de
■'••preuve ne lard/» pi» A »iiu(i|ri <ur la chréUenlé
naissante; la peiseiulioii . éteinte depuis .pi. I-
ques aunées, se ralluma avec plus de violence
'lue jamais. I.e>i prisons reKoraerent de lid. I.-.
le san:,' coula à torcfuts, il y eut à Lyon tout un
peuple de martyrs. Saint Potliin lui-méine, vinl-
lard plus .|up noiiayéiiaire, fut massacré par la
foule idolAtie. Iri-uée échappa cependant, on ne
sait comment, à la ra^e des persécuteurs.
LE VESSACRR DES MARTYRS
ï^n m''me ti'mps que l'hérésie vint asfraver le
péril de la inallioureuse E;;lise de Lyon, du fond
de leur cachot où ils étaient retenu», i|uaranle-
huit conles^ieurs de la foi résolurent dans cette
extrémité de r.'<idresseraupape Klcutliére,coiniiie
au pi-re commun de la chrétienté, alin de lui
demander, à propos d'-s erreurs qui venaient de
s'élever parmi eux, ce qu'ils avaieul a croire et à
praliiiuer.
Pour transmettre leur message au chef suprême
des fidèles, ils choisirent le prêtre le plus dis-
tingué de rK:;lise lyonnaise; celui, par conséquent,
dont la présence eût élé le plus nécessaire durant
cette affreuse tourmente qui avait emporlt déjà
Pothin, lour :.'uide et leur pilote. Ce prilre était
Irénée. .Mais la prudence la plus mer\eilleu<-e
avait dicté ce choix aux confesseurs <le Jésus-
(;iirist, car s'ils privaient leur tt'lise de la pré-
sence d'un vaillant défen-eur, c'était pour que le
pape leur rendit, en la persunne d*lréiiée, un
second et di;.Me évéque.
Celui-ci refusad abord cette roissinn : s'éloigner
de Lyon, n'était-ce point abandonner l'espoir si
cher à son Ame de trouver le martyre avec ses
frères? Mais les saints confesseurs exi:.'erent &
tout prix ce sacrifice, et, apn-s une vive résis-
tance, Irénée dul entin se n-ndreà leurs proies.
En conséquence, il prit le chemin de la \ille
éternelle, porteur d'une lettre pour le Souverain
Pontife, qui Unissait par ces mots ilocieiix :
• Celle épttre vous sera remise par noln- fnre et
collègue In'nèe. qui a cédé à nos instan.es en
acceptant ce message. .Nous vous safiplions de
l'accueillir rouiine un afxUre zélé du le-lnment
de Jésus-Christ et nous vous le reoonuBandoiis à
ce titre. .■
I.i- vo'U des confesseurs s'accomplit, car Irénée,
pendant son séjour à Home, recul la consi'cralion
episropale de la m liii d'Hleulln-re. Le pape lui
remit ét-alemenl uni- réponsi- adressée à loiitrs
les I ' ,■ t.ii.nt pour lafoi du •'.lirist
dni .n.iir heureusement con-
clu i<-s ail.iirt-s .jiii ,1, -■ -■ tivé son vovt.i-.
Irénée se mit à rechei ■ mnieiil !• . ••
monie», coutume» et li.,.. o- que les pnn. is
des ap<>lreR : saint Pierre et saint Paul, avaient
enseignées k rii::li>c llomaine et qui, d- puis, -'y
étaient conservée» avec fldflil''- Son de»sriii <''lail
de les implanter ensuite dans l'Kglise l> onnaise.
.\près une air "dans ces travaux, il revint
dans les Ua . ■ «ir sur le siei^e èpiscopal
d'où le» ««t. lient arraché le vénéraide
Poihin pour i- . . i au Inbonal paiwi.
i.r TRAITA conthk le» iuUi^ib-s
Irénée reprit alor« avec une ardeur nouvelle
révangéli«ai|,>ii du pny»qiie|es. ,,1
contlé. Il lultn d'abord conlrr -
gailloi»es, contre le .1 ' I''
loul son poovoir à ■'■
rieuse que le» barde» ■ »• , . ■. i -m i,..- ■.. uv
au moyen de leur» chants p .piiliirrs.
Un autre ennemi f^e présenta devant lui, c'était
l'hérésie des (inostiquesqui venaild être importée
sur les rives du Kbdne. Iiénée lalt^iqua de front,
et composa pour défendre la vérité uti traité en
cinq livres, écrit en erec, qu'il adressa à un
r-vt'que d Orient, son ami. Il s'fxprimf, au com-
men'"ement de ret ou^Tape, en termes qui nous
révèlent 'on humilité profonde : " J'haltile. dit-il,
chei les Celles, et, la plupart du temps, ne parle
d'aulre langue que leur barharejdiome. N'atten-
de/, doni- de raoi ni l'art du beau laiitiaRe que je
n'ai point appris, ni le talent de l'écrivain, tii les
^.T.ices du style que j ignore et ne reclienhe pas.
(7est en inuie simplicité, vérité, rianeté même,
qiiej'ai écrit cet ouvraee, vous priant de l'accueil-
lir avec les sentiments de charité qui me l'ont
fait entreprendre. »
Néanmoins, la modestie du saint évéque n'a pas
empêché toute l'antiquité chrétienne de rendre
.justice à sa profonde érudition et même aux
charmes et à l'airrément de son style.
Ce qui frappe surtout dans ce traité, c'est la
clarté avec laquelle il parle dufirincipat suprême
et du ma;.'istire infaillible du Souverain Pontife.
Aussi, en présence d'un témoiiinage si éclatant
de la croyance des premiers siècles à ce do:,'me,
un profe'-seur protestant s'écria : " Si les livres
d'Irén-'e sont authentiques, il faut tous nous faire
catholiques romains. »
LA P.AQCE
Au temps de saint Irénée, une prave question
divisa les (ideles du monde catholique : quelques
Enlises d <.irieiit et plusieurs firands personiiaf.'es
voulaient qu'on célébrAt la l'été de Pâques au
qualoriieme jour de la lune de mars, c'esl-à-dire
au jour même où le Sauveur la célébra suivant
I ancienne loi etHcoufume persistante desjuifs;
(le l'autre c^lé. le pape saint Victor commandait
qu'on la célébrât le premier dimanche qui suivait
«e jour ou .N'olre-Seiyneur était ressuscité, aliii
de se conformer à l'enseignement de saint Pierre
sur ce point et non à l'usage judaïque.
Cette coniroverse s'écbaufla tellement que
saint Victor fut sur le point d'excommunier tous
ceux qui étaient d'un avis contraire au sien.
Néanmoins, saint Irénée intervint et supplia le
pape de modérer son juste zèle, lui représent.mt
dou'emeiit i|u'au lieu de retrancher tout a lait de
I t:;lise îles mt-mbres indociles, il serait olus à
firopos de les tjuérir par la douceur du traitement.
II écrivit alors aux évêques dissidents pour les
prier il'obéir au Pa-iteur souverain du monde, et
de se soumettre à la décision de l'Eali^e Momaine,
la iTîer»* et maiiresse de toutes les autres Epli*es.
Son icle fut récompensé : il réussit a llcciiir le
pape, à ranger le» rebelles sous son obéissance,
et la tradition apostolique, l'usat'e de l'Eulise
Humaine triomphèrent de toutes les attaques.
PROPAGATION DK LA FOI
Ije Z'ie d'Irénée ne se bornait point à son
l.gljse. Apiés avoir défendu la foi contre les
hérétiques, et formé à la vertu et à la science le
cl.TL'"'- d,. «on diocèse, il voulut (iropaKer la
r<'li::ion du (,hri-t dan» les Caules par lui-même
el par les h"niiiiee apostoliques qu'il ''Uvoya de
.l'île et d'aulie, tel" que le» sainK Ferréol et
K'-rnilion, à Benançon; le saint prêlre Félix et
|p« diacres Fortunat et Achilb'e, à Valence. Lyon
a iniiiour» été un centre d'apostolat, et nous
voyoïi" «aint Irénée y commencer l'ouvre des
.Wiv<i',rn flinvr/rri-f; il form.llt. en eff.I.des di»-
I ciples, qui, avec le titre d'évégues des nations,
! ahdiinl preiher et d-'fendre l'Evangile dans
toutes les parties du monde. Eusébe de Césaiée
nous parle de ces missionnaires comme des
hommes admirables, qui. imitant le ïèle de leurs
mailles, élevaient l'éililice de la religion là où
les ap<Mres en avaient jeté les fondements; ils
répandaient par toute la terre la semence de la
divine parole, fai'^ant connaître aux infidèles le
nom de Jésus-Ctiri^t. et leur expliquant sa sainte
loi.yuaiul c>>s hommes apostoliauos avaient soli-
, dément établi la foi chrétienne aiii-; un pays, ils
y laissaient des pasteurs stables pour y cimtinuer
le bien commencé, puis, ils s'en aliaimi dans
d'autres contrées poursuivre le cours de leurs
conquêtes spirituelles. Dieu accompagnait leurs
pas, sa LTdce di\ine les fortifiait et le Saint-
E-iprit opérait, par leur moyen, et en faveur de
leur luinisiére, des miracles nombreux et éda-
taiils. Aussi les conversions étaient innombrables.
Cependant, le teiniis était venu où Irénée devait
sceller de son sang cette foi pour laquelle il lut-
tait si vaillamment: ce fut sous la persécution de
Septime Sévère.
l'avertissement céleste
Cet empereur, informé que la pieuse cité de
Lyon, sous l'inlluence du bienheureux Irénée,
s'opposait au culte de ses dieux, lait choix des
gladiateurs les plus cruels et leur ordonne d'en-
ceindre la ville de toutes parts en leur disant :
" Fermez les portes, entourez les demeures, et
que quiconque refusera de sacrifier à nos dieux
soit immolé par le ;.'laive vengeur. »
Mais la bonté du Christ députa un ange au bien-
heureux Irénée pour l'avertir du danger qu'il cou-
rait. Vers le milieu d'une nuit que le saint pon-
tife passait en prières avec Zacharie, l'un de ses
prêtres, tout à coup l'ange du Sei^-neur lui appa-
raît tout brillant de luini<re et lui lient ce dis-
cours : <• Très fidèle soldat du chef de la blanche
milice, le Seigneur t'appelle au royaume céleste
avec ton peuple, par le triomphe du martyre.
Confirme donc tes fceres. afin que leur fraternité
soit intrépide; le meurtrier approche, et l'heure
est arrivée pour eux du glorieux combat du mar-
tyre pour le Christ qu'ils aiment dans toute
l'intégrité de la foi; qu'ils ne redoutent point
les menaces de l'antique ennemi, ni celui qui
tue îe corps, mais ne peut tuer l'àme. Une heure
suffira à leurs tourments, mais une lui te pro-
longée t'est réservée; ton triomphe en sera plus
glorieux. .Ne néglige rien pour soustraire a la
mort ton prêtre Zacharie; c'est lui qui doit te
succéder et ralîermir les frères dans le t^hrist. »
A ces mots, le bienheureux Irénée répondit :
« Seigneur Jésus-Christ, lumière éternelle, splen-
deur de la justice, source et principe de piété,
je vous rends L'ràces d'avoir daigné me réjouir
el me consoler par le ministère de votre ange.
Donnez à ce peuple, qui est le v(\lre, la constance
qui empêchera iju'iurun ne défaille dans la con-
fession de votre nom; soutenus par votre force,
qu'ils obliennent dan» un noble triomphe le prix
annoncé par vos saintes promesses, et qu'ils
trouvent, en mourant, la gloire do l'immortalité. •■
Apres celle prière. Irénée s'occupa à forlifler ses
frères daus le Christ.
LEMARtrnt
Alors se fit la distribution dep bii'ns attt
pauvres. I.e plus ardent désir du martyre embras-
s.iil les cu'urs. Les jours et les nuits étaient con-
sair.js à la prit re et aux divins entretiens, dans
l'attente de l'heure que le Christ avait si^'nalée.
Le cruel César, après avoir investi la ville par
ses soldats, déclara que celui qui favoriserait la
fuite ou |p salut d'un cliréti''n .encourrait la sen-
tence portée contre eux. Tous étaient donc immolés
rà et là. sans distinction de sexe, d'Ace et de con-
dition. Bien plus, on les voyait, prompts et joyeux,
livrer leur vie pour la lih^rlé de leur foi et tomber
•-0US le glaive dont la fureur sévissait dans toute
la ville. IJes ruisseaux d'un san^' précieii.T rou-
laient sur les plai-e^ publiques, et allaient rougir,
en s'y mêlant, b'-^ Ilots de la Saône et du Khrtne.
Le César ii^r^écuteur donna ordre de faire
comparaître le bienheureux Irénf'e en sa pré-
sence. Mallii'urousement, le livfe de sa passion
qui rapp'^rtait l'interrosatoire et les toyrments
qui- la rase du tyran fit subir au saint évéque ne
nous a pas été conservé.
.\prés qu'il eut consommé l'invincible combat
de son martyre, le saint prêtre Zacharie enleva
son corps pendant la nuit et le renferma dans
une crypte secrète. Ce qui augmenta encore sa
«loire, c'est que la plus grande partie de son
peuple l'ut martyr avec lui : en effet, une ancienne
inscription qu'on voit à Lyon, à l'entrée de son
église, porte le nombre de ces héros de la foi à
dix-neuf mille hommes, sans compter les femmes
et les enfants.
Les reliques du disciple de saint Pothin et de
saint Polycarpe furent conservées à Lyon dans
une chapelle souterraine de l'église dite de Sainl-
Irénée, sur la montagne de Kourvières jusqu'à l'an
I5t)â, époque où les huguenots, profanant celte
auguste tombe, les dispersèrent. Le crAne, jeté
sur la voie publique par ces misérables, fut
recueili par des mains pieuses qui le déposèrent
dans l'éiilise primatiale de Saint-Jean, où on le
vénère encore.
■..'•'..&
'''■ . 1^ ■*'
I
Le feianl . I_ l'iiiint»"
îripriin- r.r 1"
r.i' liivard. |'«rl<, \ lllv
SAINT PIERRE
SUR LEQUEL JÉSUS A BATI SON ÉGLISE
Fête le 29 juin.
U vie de Saint Pierre, prince des Apôtres, est présentée ici en gravures avec les admirables
fresques de Canioni qui ornent les nouveUes loges vaticaoes; cette vie fait d ailleurs, pour le texte,
l'objet d'un autre fascicule.
LA VOCATION DE SAINT PIEBRS
Le Sauveur avait commencé sa vie publique,
et un jour que la foule, avid»? d'entendre sa parole,
le pressait sur les bords du lac de Génésareth,
il vit deux bateaux de pècbe arrêtés près du
riva^ïe.
Le Sauveur entre dans une de ces barques qui
filait celle de Simon ; le pria de s'éloigner un
jeu de terre, et »"as«eyant magistralement, il
pT'Vha la foule de cette petite barque qui avait
nti' !, "iiication.puisqu'ellerepréseDtait
. I . : . ■■ par Pierre.
I. >r i|ii II cul cessé de parler, il dit à Simon:
" Vo;;ue en pleine m^r, et là jette tes filets. »
A quoi Siiii"!! répondit: ■■ Bien que nous nous
soyons fati.'iK's toute la nuit sans rien prendre,
sur votre parole, je jetterai à nouveau mon Tilet. »
Saint Pierre ne sav.iit pas quelle sij^nincatioii
immense pour le monde avait la mission que le
Sauveur lui donnait: " Va dans le monde qui est
lu haute mer. et pé. lie en mon nom •>
Et, ayant jeté les Blets, ils prirent, sur la
barque de Pierre, une quantité si considérable
de poissons que le poids rompait le fliet; ils
appelèrent alors leurs compagnons de l'autre
barque pour qu'ils vinssent à leur aide.
Ceux-ci approchèrent, et ils emplirent les deux
barques tellement qu'elles semblaient sur le
point de submerger. Ce que voyant Simon-
Pierre, il tomba aux genoux de Jésus, ■ écriant:
" Kloignei-vous de moi, Seif;neur, car je 'uis un
homme pécheur. >• Et tous étaient saisis d'une
profonde admiration à cause de la pèche mer
veilleuse qu'ils avaient faite, j compris Jenn et
Jacques, les compagnons de Simon, et Jésu'- lit
à Pierre: « Ne crains pas; à partir de ce rooment,
tu seras pécheur d'hommes. » Ils quittèrent toutes
choses et le suivirent.
Telle fut la première vocation d« Pierr* et la
preiniire pi'rhe mlra'"uleii«e.
125
JAim*, à SsUlaÀiii.nii.
(on .i^ouitt, <!-< ~
lui nrà» (le lui Piorre,
'^ t'Ms, |ji-n'ianl
> I " ^iti««ui' aiillu .
1 Levei-vuus «t venet ; celui qui doit me livrar eti
,iroi-he. » — Le imiiia e;>l louji'iir» livré 4 Satan
à l'heure oà \a» a|]<'<U'eH, appesaulis, >'«adatiBeQt.
9»fr. -Mt l'wfci ■■— ; •». — «»• *» ■ '
fi«rf *P*« '••chée, frappa le •«•rvitcur
4a gran<l-pr*tre Malcbai et lai coupe loreiUe
MoM» !• 1«» ••^•aob*, ai util >i u'::Arti:
lArciile. — l-« «lai»', paf ■>» 'i"''"' ''
p«r«U4«ion qui *t fait par roreilli", n-i •• ^-
One seryante: « Tu étais un «le ceux qui sni-
raient Jésus? — Je ne sais ce qu« tu veux dire.»
Dne autre affirme de même. Pierre: « Je ne con-
nais pas cet homme. — TuesGaliléen; ta pronon-
ciation te trahit; je t'ai vu au jardin. » Pierre avec
serment : « Je n'ai jamais connu cet homme. »
l^ coq chanta; le Christ pa"a pI jet» anrfaard
lur Pierre qui <e souriat do la parole; • Arant
que le coq chante deux fois, ta me nieras trois
fni">. » H »<»rtil el plenn ■UDt^rpini'iit. A»ar<i 4r
donner à l'Apdtrt les clé» rfti pailon, le Sauveur
roulait le mettre au rang des pénitents.
ressuscité: « Enfants, avei-vous pris dii
? — Non. — Eh bien ! jelei à droite, vous
Terei. » Ils n'avaient pas la force de
retirer le niel rein pli. « C'est le Maître », dit Jean
à Pierre. A cette parole, Pierre »e jette à leau
et court à Jésus.
r
■ ...I,, ,.!,,. ,i,,^rriii. I Tout ce que tu lierai sur la terre nere '<* •'*•>•
.i«- le riol. et tout ce que tu délierai Mrs «l^iié
' ■'. i dan» le eiri. <
Imp ir-'fiU : y. r»ifiT«ii»ii». t», rur Kr»'
SAINT PAUL
APOTRE ET DOCTEUR DES NATIONS
Paul, d'abord
appelé Saul, né à
Tarse, en iglicie,
d'une famil'. juive
de la tribu de
Benjamin, instruit
dans les Ecritures,
àme ardente et
noble, mais pha-
risien exalté et
persécuteur achar-
né de l'Eglise nais-
sante à Jérusalem,
fut , comme on
le sait, conTerti
subitement par un
prand miracle sur
le chemin de
Damas où il se
rendait pour faire
jeter en prison les
disciples de Jésus-
Christ (1).
Baptisé par saint
Ananias, premier
évèque de Damas,
instruit de tout
l'ensemble de la
doctrine catholi-
que et des plus
sublimes mystères
par Jésus- Christ
lui-même, élevé
dans de merveil-
leuses extases jus-
qu'à entrcToir les
splendeurs ineffa-
bles du ciel et de
la gloire divine,
devenu un apôtre
incomparable, et
spécialement en-
voyé de Dieu pour
la conversion des
Gentils, Saulsemit
à prêcher Jésus-
Christ avec un
immense amour
des Ames et un
indomptable cou-
rage au milieu de
toutes les diffl-
Fête le 29 et le 30 juin.
Saint Paul pour punir le maeicien Elymas
lai •DDonce que la main de Dieu s'est appesantie sur
et qu'il sera de suite aveugle.
cultes, de tous les obstacles, de toutes les souffrances
et de toutes les persécutions.
Obli;; • de s'enfuir de Damas, puis de Jérusalem
pour éch.ipper aux Juifs qui, ne pouvant réfuter sa
doctrine, veulent le faire mourir, il revient à Tarse,
sa patrie. Mais il ne larde pas à y être rejoint par
son ancien condisciple saint Barnabe; celui-ci, en-
voyé par les api'ares à l'église d'Antioche, ne pou-
vant plus suffire 1 sa tâche à cause de la multipli-
cation des fidèles, venait chercher un coopérateur
digne de cette mission. Il amena Paul à Aniinche.
Celle Eglise était de plus en plus florissante, l'Es-
(t) Voir la Notice
' Janvier, d» 3«I.
•tir la converiion dt lainl Paul,
prit-Saint y mul-
tipliait ses grâces,
"lie avait des pro-
f'h^Hes et des doc-
teurs, et les dis-
ciples du Christ
devenant par leur
nombre une por-
tionimportante de
la 'cité, le peuple
commença à les
désigner sous le
nom de Chrétien<
à cause de Jésus-
Christ qu'ils ado-
raient, nom glo-
rieux qui leur est
resté depuis à tra-
vers tous les siè-
cles.
PREMIERE UISSIO.N
DE SAINT PAUL —
LE UAGICIEN DE
PAPHOS — SAINT
PAUL DE NARBON-
NE — PORTRAIT DE
SAINT PAUL
Un jour que le
clergé etleslidèles
d'Antioche, réunis
dans le jeûne et
la prière, offraient
le Saint Sacrifice.
l'Esprit-Saint fit
entendre sa vo-
lonté : « Séparez-
moi Paul et Bar-
nabe pour l'œuvre
a laquelleje les ai
appelés. » Alors,
après un jeûne et
des prières spé-
ciales, les chefs de
l'Eglise imposè-
rent les mains aux
deux élus et les
abandonnèrent à
la direction cé-
leste.
Les deux apôtres s'embarquèrent â Séleucie pour
l'Ile de Chypre, qu'ils parcoururent toute entière en
annonçant la parole de Difu. Dans la ville de Pa-
phos, le proconsul (gouverneur) Sergius Pautus,
homme plein de sagesse et d'une illustre famille
romaine, voulut les entendre. Mais pendant l'au-
dience, un faux nrophcle juif, le magicien Elymas.
se tenait à c<lté du proconsul cherchant à le détour-
ner de la foi. Paul, rempli de l'Eprit-Saint, fixa sur le
mafiicien un regard sévère et lui dit : « Homn;" de
mensonge et d'erreur, fils de Satan, cnn<'i,ii de
toute jusiicp, quand ces-ieras-tu de corn upre les
voies droites du Seicneurl Et maintenant voni .|ii.^
la main de Dieu est a]>pe-^àr<tie sur loi, tu ^' r i-
aveugle et pendant un certain temps tu ne venas
àao
plus la lumière du jour. » A l'instant iin-me les
yeux d'Elyma> s'obscurcirent et «>■ vfiliuent de
if'nt'bres ; se ti niiniit de tous €('<■ • -linit une
main qui le pi idAi, A \u rve ■dt ■ -, li- pro-
consul, I ' " ! ,(ion pour Kl d 'Lirino du Sei-
gneur, Il 1.
N' ■^r 1. ' ;;lr de saint Pnnl,
i. I. .1 aux iir.indi'urs
1 . 1 ' 1 l,.-..! ..1
! ■ ; i
1 l'iiii'- il(>? plus illustres conquMe* di'
1 :\
- i|iii devait sauver tant d'ai
■ il::
Il de ce moment que saint .
CI'^M- Uf 1
"-aul pour le df'sidner dosnri.
?OUS 1<- :
l'aul, soit en souvenir de .
,;■{■■)■'
,1.. V,.. ^,|.|,._|>;jlj|,|<; ..fljl [,,., ■. ,j.i.
Cl' :■'
. .! Il .<.).. ).! .onime memlu' i- -l'ii
>ll
1.1 l.inidlc l'aula soit que l'aul sent
l.i
du iimt Saul.
1
• ■ • .1' 1 . .]iii a
iii.
.. re :
a .1
;■! *^i>-'.."lil» et
(«ni
1 sur Uii-mi-me
Ot .
* "'■■itié de sa
vil
.1 iiialo-
di^
.- it la peau
tin'
iix d'une df>u-
cei!i
. Il- •-f.iir.-ils
iii :
iihn, la 1' -■■ it
lui.
.. T'I '■«1 i que
I;( i
:re.
W
■j"" en ronti-
iiii
!■■ qu'en a
II..
. - . duus !<■»
Tivrvr - .Tirs »rr «ENTIls — icoNim — SAlUTt
TH»:i:i.K
Il (ir If continent asiatique., les deni
. ,1 :. r>...-/.n .-..i,;!..!.. .1, 1. T'-'.IiiI.t.il..
et les héritiers des promesses divines, puis appelant
tous les peuples au bercail de Jésus-Christ Ôicu el
Sauveur de tous les lionimos.
Obligés de céder à l'enK-nte, ies deux apiMres
viennent à Iconium, et y convertissent beaucoup de
Juifs et do Gentils. Parmi ces nouveaux disciples de
saint l'anl, se trouvait une âme délite, c'était une
jeune lille de dix-liuit ans, d'une rare distinction il
' '""■ i— T'Ius riches familles de la ville, elle s'ap-
.1. C'est sainte Thècle. si célèbre dans
-i,-, l..~ il, I I L'iise et si chère -■ !•' '■'• ' ■
lin brillant m;;
: la preinitTi
iirnients et la >
lit 11 - iiir-""- T
.1 la toi l'iireiienne i
'•s, elle résista noi.
!.. irlure et fut jetée aii\ I
i .. -'it: mais les lions viuît
Is et respe.-li-rejit son corjis virginal; h
; 1 i • . ému de ce spectacle, exigea qite la jeune
tieinine lut mise en liberté. Klie v. ' i.i-
encore et niourut a l'àce de quaire-v i'' -
avoir donné l'exemple de toutes les >• ii.i-.
LTsrais — PAIX BT BAa>Aiu rnis Pota du nnrcx,
Wt BNSrlTE LAPIDKS D)llllt: IIKS MALFAITCV^B*
Ce{>eiidant les converàoMs se roulti|iliaient h
Ironiom, l'enfer s'en eBr;iya : la populin-e ameut/-e
aocahie les apiMres d'injures et (es chn«^e .t coups
yle pierre. Paul et TtamaiM'- arment .
conmeDcent a l'iéeher. ^arini ]••<
aperçoit un pain
sanie et qui n'a
avei' bonheur bi vei ii . i
rompant lui dit 'i et tien-
tes l'ieiK! " .\u-^u •! Il -iiuta '
X celte vn* la foule éclate en
» De> dieux '■■•■' 'I"- dus \..- .
forme liuni.i ■ iil-iN daii
U.'.'..,n:..|. I . I:nll. 1,
il p.-! i'- :iaij\ nu iiM 1.11
lui.
! - I--' • ••
ri 11 I) \ a ne :«uilii illl ( il
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J<SlJ^~l,lll.'*l, IU.IIt.1'
lions. Clu» tard, il>
■ i- - ,■■
li.ir la* Il
contrées, pour y constituer déûnitivenient les Eglises
et y établir des éTêques et des prêtres.
Après avoir traversé de nouveau les provinces de
Pisidie et de Pamphylie, îaint Pau! et saint Barnabe
revinrent dans la prande Antiocbe. Le? fidèles
apprirent avec une grande joie les merveilles qu'il
avait plu à Dieu d'accomplir par le minislère des
deux prédicateurs. Mais cette Eglise était alor? trou-
blée par des Pharisiens mal convertis du judaïsme,
qui voulaient im-
poser aux Gentils,
devenus chrétiens,
la ci: concision et
toute la loi de
Moise comme uih-
chose obligatoire
pour le salut. Paul
et Barnabe en a|-
peltent à l'autoriic
de saint Pierre et
deMMttres Apôtres,
ert le concile de
Jérusalem rend la
paix aux âmes
droites [>ar l'afrir-
mation de la vraie
doctrine.
DCCXIEME M9SI0W
Dt SAINT PAUL
SAIWT PAUL K.N
BOMOPE — LA
PROPBBTCSSE OR
SATAU
Saint Paul et
saint Barnabe se
séparent pour re-
prendre leurs
courses apostoli-
ques. Quelque*
temps après leur
retour de Jérusa-
lem , saint Bar-
nabe accompiit"''"
de Jean-.Marc -oi.
cousin, s'embar-
que de nouveau
pour nie de Chy-
pre. Saint Paul,
suivi de Silat. v ,
viBiler les chr'
Il entés qu'il avai;
ff.nd'<;3 en Asii
Mineure. A Lys
tre?, où il ava,
étp lapidé, il s'aii
joint comme cr^u-
pagDon un jeune
chrétien d'une
grande vprtu nom-
mé Tini''ih''<>. qui
sera d>' armais l'un de »e«
meilleur.' di-riples. A Tr-
rejoindre. I A; 'ire des G'
en Bil'nv
Pien-f. 'i
permit jm.- . ,. • i ni i i hu'"]
nanl apporter la bonn^ nouvelle. Dnns une vision,
un W ■ I . .«^ I .. i ... suppliant ; <■ Passez
en ' ii'7-nou5. »
^ .. . ,. ... avec ses compagnon»
et parcourt la Mac/rloine. Pans la ville de Philrppcs,
une marchande de pourpre, nomro<'e Lydia, se con-
vertit la première, et donne l'hospitalité aux messa-
gers du Christ. Beaucoup reçoivent le 'baptême. II y
avait à Philippes une esclave possédée du démon;
beaucoup venaient la consulter comme une prophé-
tosse, ce qui était uce source de grands revenus
pour ses maîtres. Chaque fois qu'elle voyait pasaer
les apcMres, elle les poursuivait, et le démon se
trouvait forcé de dire par sa bouche. " Voici les sjr-
vitpurs du Dieu Très-Haut, qui vous a pporlent la
vérité ! » Enfin, Paul fatigue de cette insistance
démoniaque, se
retourna un jour
.1 dit à Salan :
< .'t te commande
au 11 >ni de Jésus-
Saint Paul déchire ses Têtemonts à la vue d'an prdtre
d« Jupiter qui T«ut offrir des taureaux et des coaroanei
dans le temple
■plnr.
:i'
chers et de ses
:il Luc vint le
lit entrer alors
par saint
'. nn If lui
1 u' -,iil niainle-
esclave ayant per-
du son esprit de
divination, perdit
aussi la clientèle
qu'elle abusait.
Grande fureurchez
ses rsallres, que
son industrie ^a-
taniqae enrichis-
sait, ilss'em ,~>arent
ilePauletdcSilai,
ics traîner t au
tribunal des ma-
^.'istrats, lei accu-
sent de semer une
doctrine perverse,
de conspirer con-
tre l'empereur au
prolit d'un nou-
veau roi nommé
Jésus ; la populace
se rue sur les
prisonniers, et ar-
rache des lam-
beaux de leurs
vêtements; il: sont
flagellés par ordre
des magistrats et
jetés dan» un ca-
chot.
Les pieds pris
dans des entraves
qui les tiennent
violemment écar-
tés , chargés de
chaînes, étendus
sans pouvoir re-
muer sur le pavé
froid et humide de
la prison, Paul et
Silas recitaient en-
semble des psau-
mes. Vers le mi-
lieu de la nuit, un
tremblement de terre ébranle tout l'édifice, les Uent
descai ' ' -fntd'eux -mêmes, et toutes les portes
s'ouvr et r,roy,iTit que les prisonnier» dont
il répfiii'i !<i)r ya tétc se sont échappés, le geOlirr
veut se percer de son épée. « Ne te fais aucun mnl,
1(11 crie saint Paul, nous sommes tous ici. • Alor^ le
goAlier. prennnt une lumière, vient se jeter aux piedi
de? api'Jres, il e.'^t instruit dans la foi chréliinuo, il
conduit les apôtres dans sa demeure, et reçoit le
bapti^me avec toute sa famille. Bientôt les magis-
trats, apprenant que Paul est citoyen n luain, crai-
gnent pour eux-mêmes, car la loi romaine défendait
de flageller la» citoyen* romains, et il» viennent
rf ndre la liberté aux deux captifs avec beaucoup de
respect.
«AINT PAUL à. ATHENES ET A COMNTHK
Saint Paul, continuant ses prf^dications, fonde une
chrétienté dans la viUe popule«>e de Thessalomque,
«•arrête ensuite à Béroé et arrive enfin dans Athènes,
la capiUMe des arts, des scu-uces, et de la philoso-
phie dans le inonde païen, ^-n dme apostolique ne
peut s empêcher de fn^mir en vovanl cette grande
cité qu se croit sape, toute livrée à [erreur .1
prêche à tout le monde, dispute avec les i-hilosophes,
et annonce avec ;isMirance le Dieu qu Athènes if.-nore
en présence de l.Vr.opage, Tassenib ée la pus sa-
vante de toute la Grèce. Les uns repondent à ses
parole» par .U- railleries, dautres lui disent dedai-
tneuseniiml qu'ils lentendronl là-dessus une autre
fois niai<= quelques-uns embrassèrent la foi; entre
«ulres le satanl Dcnvs, membre de lAréopage, qui
devii t sous linnuence de la grâce 1 une des âmes
les plus belles et le» plus sublimes oui furent
jamais. Il fut dahord premier évoque d Athènes,
puis de Paris, où il couronna sa rie par le martyre.
D'Athènes, l'Apôtre arrive dans la riche et vo up-
tueuse Corinthe; il T reste près de deux ans, loge
chez le juif converti Aquila, travaillant avec lui a
fabriquer des tentes, alin de n'être à charge a per-
sonne, et que nul ne put croire qu il prêchait
l'EvaiiEile pour s'enrichir; tant éUit grande sa
délicatesse vis-à-vis des âmes. Il eut beaucoup de
dinicultês à Corinthe, de la part des Juifs et de la
part des Grecs, il fut même traîné une fois au tri-
bunal du proconsul Gallion, frère de Sénèque le
philosophe. Mais Notre-Seigneur le soutenait : <■ Il
v a dans cette ville un peuple nombreux qui m ap-
partient .. lui disait-il; en effet, il réussit a con-
vertir beaucoup d'àmes. Enfin, après v avoir écrit
ses deux êpltre» aux Thessaloniciens, il repassa en
Asie-Mineure, en Syrie, à Jérusalem et revint &
Antiocbe.
TÏOlSllMl III8»I0H DE »AINT PAUL — itBÈ»»
L'INDLSTRI«L OtMÉTHlUS
L'infatigable messager de la vérité ne demeura
pas longtemps à Antioche, nous le retrouvons bien-
tôt évangelisant les provinces supérieures de 1 Asie-
Mineure, puis il vient se fixer pendant près de trois
ans dans la grande ville d'Ephcse, l'un des pnnci-
MUX centres du paganisme en Asie. Il y endura
^«ucoup de sounrance» et physiques et moral«s ;
il reçut de mauvaises nouvelles de 1 Eglise de
Corintlie, qui se divisait conUe elle-même; ses
deux épures aux i:onnl biens y ramenèrent la paix;
il écrivit aussi, vers cette épouue, aux Itomains et
aux Galates. La prédication à Ephêse rencontre de
grands ohsUrles, saint Paul est jeté un jour aux
Céte» de lauiihilheatre, mai» Dieu vient à son aide
,.., ,1,. i,,,iui..iii miracles, il suffisait de faire
' : s les vêtements de l'Apôtre, et
,L guérii. Aussi, les convertions
SI Doaibreuscs, que l'industriel
i-(Traya ; il construisait de petits
.ice, du célèbre temple de Diane,
i-ait un grand commerce, l^rai-
- elles
s'en
soulu t .
aumlfleui ouïutr», u» jo^ii-uiii.
il lu
ville en criant : • La grande Diane d'Ephèse l la
grande Diane d'Ephèse! » Une foule immense les
suit; pendant deux heures, le tribunal retentit de
ce même cri. Comme il arrive souvent dans les
émeutes populaires, plusieurs parmi la fouie ne
savaient même pas de quoi il s'agissait, et n'en
criaient que plus fort. Enfin, les magistrats réus-
sissent à rétablir l'ordre.
Saint Paul visite de nouveau toute la Grèee, spé-
cialement Corinthe, retourne en Asie, fait de tou-
chants adieux au clergé d'Ephèse & Milet, laisse
saint Timothée évêque d'Ephèse, et revient à Jéru-
salem, n'ignorant pas que de grands maux l'y
attendent. En effet, les Juifs veulent l'y massacrer,
les soldats romains lui sauvent la vie en l'arrachant
aux mains des meurtriers, il reste captif deux ans,
en appelle au tribunal de César (l'empereur romain)
arrive à Home après un naufrage dans la Méditer-
ranée, reste encore deux ans enchaîné dans une
hôtellerie à un soldat qui le garde. Mai» sa parole
n'est point enchaînée, il fait de nombreuses conver-
sions à Home, jusque dans le palais de Néron. 11
écrit diverses épltres magnifiques aux chrétiens
qu'il a évangélisés. Hendu à la liberté, il prêche
en Espagne, repasse en Orient, revient à Rome où
Néron persécute les chrétiens. U est emprisonné de
nouveau et termine son apostolat par un glorieux
martyre, le même jour que saint Pierre. Les deux
apôtres, ce» deux illustres compagnons d arme»,
ces deux fondateurs de Rome chrétienne, s'em-
bra'sent sur le chemin du supplice en se donnant
rendez-vous au ciel. Saint Paul a la tête tranchée
pendant que saint Pierre est crucifié. — Deux splen-
dides basiliques s'élevèrent plus tard sur leurs tom-
beaux : Saint-Paul, hors le» murs, et Sainl-Pierre.
au Vatican. ... ..
Saint Jean Chrysostôme entre dans des transport»
d'enthousiasme toutes les fois qu'il parle du graiid
Apôtre. Uuel grand homme en effet a plu» honoré
l'humanité, quel personnage vanté par les historiens
et les poètes profanes atteint même de loin la
grandeur morale de saint Paul! Quelle àme fut
plu» noble, plus généreuse, plus énereique et en
même temps plus douce, plu» compali-sante. plus
humble, plus aimante. Um a tant souffert pour le
salut des âmes et la gloire de Dieu : longtemps
avant sa mort, il pouvait déjà écrire aux Corin-
thiens : .. A cinq fois différentes, j'ai reçu de» Juifs
trente-neuf coups de fouets, trois fois j ai été battu
de verges, lapidé une fois, jai fait naufrage trois
fois, j'ai été un jour et une nuit au fond do la mer.
Ft que de dangers dans me» voyages, péril» sur les
neuve», péril» des voleur», péril» de la part de»
Juif», péril» de la part des païens, péril» dan» le»
ville», péril» dans le» déserts, pénis sur la mer,
périls de la part des faux frères; que de travaux et
de fatigues; des veille» fiéqueule», la faim, la »oif,
les jeûnes réiterts, le froid et la nudité. Ajoutez ^
ces fatigue» extérieures le souci moral de toute» let
Egli»e». » . . , . j
Vraiment, il avait bien le droit de dire plu» tard .
., J'ai combattu le bon coni' ' ' ..-"i-. ma
cour»c, j'ai gardé la foi. J'ai' ""'
de justice qur • ' --^ ' ' "•'"
»eul. mai» a i '' ,"
Cette dme u , .. ,- ''' >*
terre ■■ J>'sui \ il en moi », »U mainleuanl «n Jé»4U
dans U ciel & jamais.
liLi. gérant J»»nv«i»T, », rue Krançoii I". Paru
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