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Full text of "Vingt-trois ans de séjour dans le sud de l'Afrique; ou, Travaux, voyages et récits missionnaires. Traduit de l'anglais par Horace Monod"

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SUD  DE  L'AFRIQUE 


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TRAVAUX,  VOYAGES  ET  RÉCITS  HSSIOIHAIfilS, 

PAR  ROBERT  MOFFAT  , 

AGENT  DE  LA    SOCIÉTÉ   DES   MISSIONS    DE   LONDRES. 
TRADUIT  DE  L'ANGLAIS  PAR  M.  MORALE  MONOD.  PASTEIR  A  MARSEILLE. 


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PARIS 

LIBRAIRIE    DE    L.-R.   DELAY, 

2,    IlLE   TltOM  III  i 

1840 


Digitized  by  thelnternet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/vingttroisansdesOOmoff 


AYAXT-PROPOS. 


L'auteur  espère,  dans  les  pages  qui  vont  suivre, 
apporter  aux  églises  évangéliques  d'Europe  quelques 
connaissances  nouvelles  relativement  aux  pays  païens. 
On  y  trouvera  un  récit  fidèle  d'événements  qui  se  sont 
passés  sous  ses  veux,  et  bien  des  détails  qui  pourront 
servir  à  faire  connaître  les  peuplades  africaines  par  leurs 
traits  caractéristiques.  Il  ose  croire  que  cet  ouvrage  est 
propre  à  faire  avancer  l'étude  de  ce  qu'on  pourrait  ap- 
peler la  philosophie  des  missions.  Le  philosophe  et  le 
théologien  y  trouveront  peut-être  quelques  faits  nou- 
veaux pour  eux,  et  y  apprendront  a  connaître  l'humanité 
sous  des  faces  qu'ils  n'avaient  pas  encore  observées.  On 
pourra  aussi  se  convaincre,  en  le  lisant,  que,  malgré  les 
d  ingérences  accessoires,  il  v  aune  identité  fondamentale 
entre  les  résultats  de  la  dépravation  humaine,  en  Asie. 
en  Afrique  et  dans  la  Polynésie;  et  que  l'Evangile  esl  le 
remède  unique  et  infaillible  aux  souffrances  d'un  monde 
rendu  malheureux  par  l<"  péché.  On  y  trouvera  des 
exemples  frappants  de  l'empire  qu'il  a  exercé  sur  les 
caractères  les  plus  indomptables  el  les  plus  sanguinaires. 


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loisir  cl  de  réflexion  I-    soin  d'anal  \sn  .  . •<%  faits .  do  1rs 
i  ..in|  .h.  i .  i  i  d\  n  'l«'lmi.  1rs  i  ns<>i^nemenls  qo'ilf  i 
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iuleur  que  comme  un  simple  témoin  ,  m.iis  un  témoin 
inti  II  :i  |i<im   luit  «I-    Lui.-  valoir  |. -s  droits  »!<• 

millions  d'hommes  qui  périssent  sans  se*  ours,  nul  m 
sans  amis,  pour  lesquels  il  ■,  jusqu'ici,  travaillé  <i  \«"CU, 
qu'il  aime  de  la  plus  tendre  ;  *  1 1  •  -  *  lion,  el  au  milieu  • 
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VINGT-TROIS  ANS  DE  SÉJOUR 


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SUD  DE  L'AFRIQUE 


ou 


TRAVAUX,   VOYAGES  ET  RECITS  MISSIONNAIRES. 

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CHAPITRE  PREMIER. 

Considérations  générales  sur  l'Afrique.  —  Tentatives  d'exploration.  —  Origine 
probable  des  Hottentots.  —  Mode  d'accroissement  de  la  population.  —  Ori- 
gine des  Bushinen.  —  Bushmen,  Béchuanas.  — Leur  état  de  souffrance  et  de 
dégradation.  —  Comment  s'explique  la  variété  de  leurs  dialectes.  —  Tribu 
des  Tamahas.  —  Triste  aspect  du  pays  des  Bushmen.  —  (  >rigine  et  caractère 
drs  Cafres.  —  Pays  des  Bassoutos  et  des  Béchuanas.  —  Namaquois  et  Daina- 
ras.  —  Description  de  la  contrée  siérile  des  Karrous. 

Le  continent  d'Afrique,  qui,  selon  tonte  apparence,  a  vu 
naître  les  premiers  essais  de  travaux  géographiques,  n'en  est 
pas  inoins  aujourd'hui,  et  probablement  pour  longtemps  encore, 
la  partie  du  globe  la  moins  connue.  Ce  continent,  qui  fut  autre- 
lois  une  pépinière  des  lettres  et  des  sciences,  l'entrepôt  d'un 
commerce  étendu  el  le  siège  d'une  puissance  qui  disputait  à 
Rome  l'empire  du  monde;  ce  pays  qui  servit  de  berceau  à 
l'église  de  l'ancienne  alliance  et  d'asile  à  l'enfance  du  Sauveur, 
ne  laisse  pas  de  marquer  jusqu'à  ce  jour  une  immense  lacune, 
aussi  bien  sur  la  carte  du  monde,  que  dans  son  histoire.  Bien  que 
les  navires  phéniciens  en  aient  fait  le  lourdes  longtemps  avant 
l'ère  chrétienne,  si  l'on  en  croit  Hérodote,  el  que  les  premières 
découvertes  maritimes  qui  succédèrent  a  l'invention  de  la  bous- 
sole se  soient  dirigées  d«.'  ce  côté,  l'intérieur  de  ce  continent  est 
demeuré  jusqu'ici  un  mystère  impénétrable  pour  l'Européen,  et 
un  objet  d'effroi  pour  les  voyageurs  les  plus  intrépides.  Quoique 
nul  autre'  pays  n'ait  \  u  sacrifier  autant  d'hommes  à  des  voyag*  s 
de  découvertes,  et  des  hummes  chez  qui  l'inielligeuct  égalait  le 

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Le  cap  de  Bonne-Espérance  est  un  promontoire  élevé  et  mon- 
tneux,  qui  fut  découvert  par  Barthélémy  Diaz,  navigateur  por- 
tugais, et  occupé  par  les  Hollandais,  en  1652.  A  cette  époque, 
toute,  la  contrée  qu'on  appelle  aujourd'hui  la  colonie  était  habi- 
tée par  les  Hotlentots  proprement  dits,  dont  l'histoire  et  l'origine 
sont  encore  enveloppées  d'un  profond  mystère.  Ils  ne  ressemblent, 
ni  pour  le  physique,  ni  pour  la  langue,  ni  pour  les  usages,  à 
aucune  des  peuplades  cafres  qui  bornent  leurs  diverses  tribus, 
et  qui  s'étendent  depuis  la  baie  de  Péquéna,  à  l'occident,  jus- 
qu'à la  grande  rivière  des  Poissons  à  l'orient.  C'est  une  race  qui 
diffère  entièrement  de  toutes  les  autres  qui  nous  sont  connues. 
A  prendre  en  masse  les  Hotlentots,  les  Corannas  ,  les  Namaquois 
cl  les  Bushmen  ,  cette  race  n'est  point  noire,  ni  basanée,  mais 
plutôt  d'une  teinte  pâle,  quelquefois  même  si  claire,  qu'elle 
laisse  percer  sur  la  joue  uni;  nuance  rosée,  principalement  chez 
les  Bushmen.  Ils  sont  généralement  de  plus  petite  taille  que 
leurs  voisins  de  l'intérieui ■;  ils  en  diffèrent  essentiellement  par 
leur  visage  et  les  formes  de  leur  corps  :  ils  ont  le  sommet  de  la 
tète  large  et  plat,  le  menton  en  pointe,  les  pommettes  saillantes, 
le  nez  aplati  et  les  lèvres  épaisses.  Depuis  que  j'ai  eu  l'occasion 
de  voir  des  individus  chinois,  je  suis  porté  à  croire,  avec  Barron, 
que  ce  dernier  peuple  est  celui  dont  les  Hotlentots  se  rapprochent 
le  plus  par  la  couleur  de  leur  peau  et  la  conformation  de  leurs 
1 1;» ils.  J'ai  été  confirmé  dans  celle  opinion,  depuis  mon  arrivée  eu 
Angleterre,  par  la  vue  de  deux  enfants  chinois  aveugles,  que 
j'aurais  pris  pour  des  Holtenlols,  si  je  n'avais  pas  élé  averti  d'a- 
vancede  leur  origine;  et,  s'ilsavaieni  eu  l'usage  de  leurs  yeux, 
la  ressemblance  aurait  été  bien  plus  frappante  encore. 

On  sait  que  les  Holtenlots  occupent  la  parti»,'  la  plus  méridio- 
nale de  l'Afrique,  el  qu'ils  s'étendent  [dus  ou  moins  vers  le  nord; 
les  Bushmen,  qui  sont  les  plus  septentrionaux,  se  trouvent  dans 
des  contrées  habitées  par  d'autres  peuplades,  au  milieu  desquel- 
les ils  conservent  un  caractère  parfaitement  distinct  ;  et,  ce  qui  est 
bien  remarquable,  ils  n'acquièrent  pas  celte  teinte  foncée  qui  ca- 
ractérise tous  lesautres  peuples  habitants  de  la  /.nut-  torride.  Si 
les  Hotlentots  étaient,  comme  l'ont  pensé  quelques  auteurs,  des 
Bohémiens  venus  d'Egypte,  il  sciait  difficile  d'expliquer  com- 
ment, dans  le  cours  des  siècles  qu'il  leur  a  fallu  pour  parcourir 
pas  a  pas  une  étendue  de  plus  de  seize  cents  lieues,  ils  n'auraient 


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et  aux  montagnes  arides  qui  les  avaient  arrêtés,  elles  devinrent 
l'asile  et  le  domaine  des  Bushmen,  qui  sont  par  excellence  les 
enfants  du  désert. 

Tous  ces  peuples  offrent  à  peu  près  les  mêmes  caractères  physi- 
ques ;  leurs  mœurs  et  leurs  usages  sont  les  mêmes.  J'ai  vu  se  ren- 
contrer des  Hottentots  proprement  dits,  des  Corannas  et  des  Na- 
maquois,  qui  arrivaient  de  contrées  éloignées  les  unes  des  au- 
tres, et  dès  la  première  entrevue  ils  se  comprenaient  sans  diffi- 
culté. Tous  font  usage  des  mêmes  armes,  l'arc,  le  carquois  et 
les  flèches  empoisonnées  ;  armes  qui  sont  inconnues  des  autres 
peuplades,  excepté  de  celles  qui  touchent  les  Hottentots,  tels  que 
les  Batlapis,  qui  disent  avoir  adopté  ce  nouveau  mode  de  com- 
battre pour  pouvoir  leur  tenir  lêle  ainsi  qu'aux  Bushmen;  c'est 
aussi  d'eux  qu'ils  tiennent  ces  armes,  qu'ils  n'ont  pas  encore 
appris  à  fabriquer  eux-mêmes. 

Les  Bushmen  sont  la  variété  la  plus  remarquable  delà  nation 
hoilenlote.  Parmi  les  diverses  opinions  qu'on  a  émises  sur  l'ori- 
gine et  la  vraie  nature  des  Hottentots,  se  trouve  celle  de  Gibbon, 
qui  voit  en  eux  «  le  chaînon  intermédiaire  entre  la  création  in- 
telligente et  la  brute.  »  S'il  avait  connu  les  Bushmen  ,  qui  sont 
certainement  inférieurs  au  reste  des  Hottentots,  il  aurait  puisé 
chez  eux  de  nouveaux  arguments  à  l'appui  de  ce  système  bizarre 
et  depuis  longtemps  discrédité.  Quelques  auteurs  les  regardent 
comme  les  ancêtres  de  la  nation;  d'autres,  comme  une  race  en- 
tièrement distincte;  d'autres,  enfin,  comme  des  Hottentots  dé- 
pouillés de  leur  bétail  par  des  fermiers  hollandais.  Que  les  Bush- 
men soient  le  peuple  duquel  descendent  les  diverses  tribus  hot- 
lentotes,  c'est  une  supposition  incompatible  avec  les  faits  exis- 
tants; il  est  plus  invraisemblable  encore  qu'ils  soient  une  race 
distincte;  et  l'hypothèse  qui  voit  en  eux  des  Hottentots  dépouil- 
lés, est  à  mon  avis  une  opinion  inadmissible  provenant  de  ren- 
seignements incomplets.  Si  l'on  admettait  cette  hypothèse,  il  fau- 
drait admettre  aussi  que  les  Hottentots,  en  perdant  leur  bétail, 
ont  perdu  également  leur  langue  ;  car  il  est  avéré,  par  les  plus  an- 
ciens documents  qu'on  ait  pu  recueillir  à  ce  sujet,  que  les  deux 
peuples  n'ont  jamais  pu  se  comprendre  sans  interprètes;  la  lan- 
gue des  Bushmen  ayant,  déplus  que  1»;  claquement  «les  Hotten- 
tots, une  sorte  de  Croassement  guttural  qui  lui  est  propre. 

Il  est  un  autre  fait  qui  renverse  la  supposition  précédente  : 


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pour  échopper  à  cette  lâche  facile,  mais  gênante,  qui  ne  leur 
est  pourtant  imposée  que  dans  les  années  d'abondance. 

Bien  qu'en  général  ils  puissent  indiquer  à  quel  chef  ils  ap- 
partiennent, toutefois,  la  difficulté  dés  communications  et  les 
ravages  produits  par  la  guerre,  ont  procuré  à  un  grand  nombre 
d'entre  eux  une  position  isolée  et  indépendante.  Quant  aux 
autres,  il  ne  leur  est  jamais  permis  d'entretenir  du  bétail,  et  ils 
sont  en  proie  aux  caprices  et  à  la  cupidité  de  leurs  maîtres, 
toutes  les  fois  qu'ils  se  rencontrent  sur  leur  chemin.  Ils  soutien- 
nent leur  cbétive  existence  au  moyen  de  la  chasse,  des  racines  et 
des  fruits  sauvages,  des  sauterelles  qu'apporte  le  vent  du  désert 
et  de  tout  ce  qu'ils  trouvent  qui  puisse  leur  servir  d'aliment; 
quand  ils  en  ont  plus  qu'il  ne  leur  est  nécessaire,  ils  cachent  le 
surplus  dans  la  terre  pour  le  dérober  à  leurs  supérieurs,  qui  sont 
dans  l'usage  de  s'approprier  tout  ce  qui  est  à  leur  convenance. 
La  moindre  résistance  de  la  part  d'un  Balala  serait  à  l'instant 
punie  de  mort.  Dans  les  parties  de  chasse  que  leurs  maîtres  font 
entre  eux  ,  les  Balalas,  hommes  et  femmes,  sont  employés  à 
transporter  de  lourdes  charges  de  viandes  au  lieu  du  rendez-vous 
des  chasseurs;  ils  reçoivent  en  retour  les  rognures  du  festin,  et 
les  travaux  les  plus  pénibles  leur  sont  dévolus  tout  le  temps  que 
dure  l'expédition.  11  ne  leur  est  jamais  permis  de  se  vêtir  de  la 
fourrure  des  renards  ou  des  autres  animaux  qu'ils  ont  tués.  Ils 
en  mangent  la  chair  et  apportent  les  peaux  dans  les  villes,  où  ils 
reçoivent  en  échange  quelque  peu  de  tabac,  une  mauvaise  lance 
ou  un  vieux  couteau.  Ils  se  voient  forcés  d'abandonner  à  leurs 
maîtres  toutes  les  peaux  d'une  valeur  un  peu  considérable,  aussi 
bien  que  les  meilleurs  morceaux  du  gibier  ;  à  moins  qu'ils  ne  par- 
viennent à  tenir  secret  à  leur  profit  le  succès  qu'ils  ont  pu  avoir 
à  la  chasse.  Par  suite  de  la  vie  malheureuse  à  laquelle  ils  sont 
condamnés,  ils  sont  aussi  inférieurs  aux  Béchuanas  en  force  et 
en  stature,  que  le  sont  les  Bushmen  à  l'égard  des  llottentots. 

La  variété  des  dialectes  que  parlent  les  diverses  tribus  des 
Bushmeri,  même  lorsqu'elles  ne  sont  séparées  que  par  une  ri- 
vière ou  une  chaîne  de  collines,  -  dialectes  qui  sont  tous  inin- 
telligibles pour  les  Hottentots,  —  soulève  \m  nouveau  problème  à 
résoudre.  Ici  encore  le  rapprochement  avec  les  Balalas  fournit 
une  solution  facile*  Les  divers  dialectes  du  Bédiuana,  que  par- 
lent ces  derniers,  diffèrent  tellement  de  la  langue  commune, 


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taille,  et,  bien  qu'ils  ne  manquent  pas  d'intelligence,  la  vie  qu'ils 
mènent  donne  à  leurs  traits  une  teinte  de  mélancolie.  Les  mau- 
vais traitements  qu'ils  ont  à  subir,  et  leur  contact  continuel  avec 
des  animaux  dangereux,  impriment  à  leur  physionomie  un  ca- 
ractère timide,  à  leur  regard  quelque  chose  de  farouche  et  de 
soupçonneux.  On  ne  s'en  étonnera  pas  si  l'on  se  rappelle  qu'ils  ont 
constamment  à  lutter  contre  les  bêtes  sauvages,  depuis  le  lion 
qui  rugit  nuit  et  jour  à  leurs  oreilles,  jusqu'au  serpent  dont  le 
venin  mortel  les  menace  incessamment  ;  en  sorte  que  leur  vie  se 
passe  dans  un  état  d'alarme  permanent. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  des  Balalas  se  retrouve  exac- 
tement chez  les  Bushmen.  Quiconque  a  pénétré  dans  l'intérieur 
du  sud  de  l'Afrique  ne  peut  mettre  en  doute  la  parfaite  exacti- 
tude de  la  description  tracée  par  M.  Campbell,  de  ceux  qu'il  ap- 
pelle «  Bushmen-Béchuanas  »  et  qui  sont,  dit-il,  «  un  peuple  pro- 
fondément méprisé  par  toutes  les  tribus  environnantes.  »  Ce  peu- 
ple s'est  accru  d'un  grand  nombre  de  réfugiés  provenant  de  villes 
et  de  villages  autrefois  florissants,  mais  réduits  par  les  ravages 
de  la  guerre  à  la  dernière  indigence,  et  dont  les  habitants  se  sont 
vus  forcés  de  s'en  aller  au  désert  disputer  contre  les  bêtes  féroces 
une  subsistance  insuffisante.  C'est  de  ces  peuples  que  les  Tamahas, 
ou  «peuple  rouge,»  selon  la  signification  étymologique  de  leur 
nom,  tirent  leur  origine.  Du  temps  de  Molehabangue,  père  du 
chef  actuel  des  Batlapis,  ils  formaient  un  corps  considérable  qu'il 
avait  coutume  d'emmener  avec  lui  dans  les  expéditions  qu'il  fai- 
sait pour  enlever  du  bétail.  Une  fois  formés  à  ce  genre  de  guerre, 
et  doués  d'ailleurs  d'un  caractère  intrépide,  ils  enlevèrent  du  bé- 
tail pour  leur  propre  compte,  et  Molehabangue  leur  ayant  géné- 
reusement permis  de  le  garder,  ils  devinrent  une  tribu  indépen- 
dante, qui  resta  la  fidèle  alliée  des  Batlapis. 

11  est  hors  de  doute  que  cette  condition  heureuse  et  indépen- 
dante a  été,  autrefois,  celle  des  Bushmen.  Ce  qui  ne  l'est  pas 
moins,  c'est  qu'ils  augmentèrent  en  nombre  par  l'adjonction  suc- 

wive  de  Hottentots  dépouillés  par  les  Européens,  et  contraints 
d'abandonner  pour  toujours  le  pays  de-  leurs  ancêtres  ;  naturelle- 
ment portés  ;i  pourvoir  à  leurs  besoins  au  moyen  du  pillage,  il- 
apprirent  aux  Bushmen  à  se  l'aire  les  pirates  du  désert.  C'est  ce 
qui  donna  lieu  à  cette  affreuse  politique  d'extermination  que 
sanctionna,  autrefois,  le  gouvernement  de  la  colonie.  H  résulte 


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DANS    LE   SUD    DE    L,' AFRIQUE.  11 

sent  les  Hottentots.  Ils  ont  une  origine  commune  avec  les  nom- 
breuses tribus  de  Bécliuanas,  comme  le  prouve  la  ressemblance 
des  idiomes  qui  se  parlent  dans  toute  la  partie  orientale  du  con- 
tinent de  l'Afrique.  Leur  caractère  national  est  hardi  et  guerrier; 
aussi  ont-ils  su  conserver  leur  indépendance  jusqu'à  ce  jour, 
malgré  les  nombreux  combats  que  leur  a  livrés  la  colonie;  dans 
la  dernière  guerre  en  particulier,  la  plus  destructive  de  toutes, 
on  a  dépensé  sans  succès  plus  de  quatre  millions  pour  les  expul- 
ser des  montagnes  inaccessibles  qui  furent  depuis  plusieurs  siè- 
cles le  patrimoine  de  leurs  ancêtres.  Leur  pays  est  borné  au 
sud  par  l'Océan,  et  au  nord  par  une  chaîne  de  montagnes,  au 
delà  desquelles  se  trouvent  les  tribus  des  Amapondos  et  des 
Zoulas. 

Au  nord  du  pays  des  Cafres,  entre  les  monts  Winterl)erg  et  les 
branches  supérieures  de  la  rivière  Jaune,  on  rencontre  les  Bas- 
soutos,  autre  tribu  des  Bécliuanas. Du  temps  deChaka,  tyran  des 
Zoulas,  qui  les  opprima  du  côté  de  l'orient,  tandis  qu'à  l'occi- 
dent les  Bergenaars  commirent  sur  eux  (\^  cruautés  inouïes,  ce 
peuple  fut  réduit  à  une  extrême  indigence;  il  s'est  relevé  depuis* 
et  jouit  d'une  certaine  prospérité,  grâce'  à  la  fertilité  delà  contrée, 
et  surtout  aux  missions  établies  parmi  eux,  d'ahord  par  la  société 
de  Paris  et  ensuite  par  les  Wesleyens. 

Au  delà  des  Bassoutos,  au  nord  du  fleuve  Orange,  se  trouvent 
les  autres  tribus  Béchuanases,  sur  lesquelles  nous  n'avons  encore 
que  peu  de  données.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'elles  s'étendaient  au- 
trefois vers  le  sud,  bien  au  delà  de  leur  limite  actuelle,  qui  est  le 
28'  degré  de  latitude  ;  car  jusqu'au  fleuve  Orange  tous  les  lieux 
portent  des  noms  Bécliuanas;  on  trouve  même  le  lokualo1  carac- 
téristique des  Bécliuanas  sur  des  pierres  voisines  des  limites  de 
la  colonie;  mais  ces  pierres  gravées  peuvent  être  l'ouvrage  de 
bergers  enlevés  ou  échappés  à  leurs  tribus.  A  l'orient  il  n'\  a 
guère  parmi  eux  que  des  Balalas  qui  dépassent  le  23'  degré  de 
longitude.  Entre  ce  degré  et  le  19'  on  trouve  ce  que  M.  Campbell 


1  I  es  bergers  béchuanas  s'amusent  souvent  à  tracer  avec  un<>  pierre,  sur  une 
autre  pierre  plate,  une  de    1  --sin   bizarre  ou  <=e   mêlent  COi  I 

_-n<-s  courbes,    des  zig-zags,  des  cercle-;  ci  des  ovales,  re]    é<cnfant  a  peu 
ans  leur  en-iml.le  un   bout  de  câble  dont  les  brins  seraiert  enchei 
et  qui  aurait  un  pouce  de  lar_-.\  C'est  ce  qu'on  appelle nn  lokn'il<>    terme  dont 
avons  tu  rbes  qui  désignent  l'action  d'i  crire  ou  d'imprimer. 


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DANS    LE    SLI)    DF.    I." AFRIQUE.  1 

lent  comme  des  veines  dans  mille  directions  diverses  sur  cette 
surface  immense.  Quelquefois  leur  cours  est  clairement  indiqué 
par  le  vert  sombre  des  mimosas  qui  en  garnissent  les  bords.  A 
cette  seule  exception  près,  la  vue,  aussi  loin  qu'elle  peut  s'éten- 
dre, ne  rencontre  pas  un  arbre  ni  un  buisson;  nulle  pari  un  signe 
de  vie  quelconque,  rien  enfin  sur  quoi  le  regard  puisse  s'arrêter, 
si  ce  n'est  l'aridité  et  la  désolation  ». 

Celte  description,  qui  est  du  judicieux  Lichtenstein,  est  exacte 
quant  à  la  portion  du  pays  des  Rarrous  qu'il  a  pu  examiner  de- 
puis le  sommet  d'une  colline;  mais  nous  devons  ajouter  que 
même  sur  ces  collines  arides  et  dans  ces  plaines  brûlées  du  so- 
leil, on  voit  paître  des  milliers  de  brebis,  qui  tirent  leur  sub- 
sistance d'une  sorte  de  verdure  â  peine  perceptible. 

Toute  la  contré»,1  qui  s'étend  des  deux  cotés  du  fleuve  Orange, 
depuis  son  emboucbure  dans  l'Atlantique  jusqu'au  -2 Ve  degré  de 
longitude  orientale,  semble  frappée  de  la  malédiction  de  Gilboa. 
11  est  rare  qu'on  y  voie  tomber  de  la  pluie  en  quantité  un  peu 
considérable. Des  sécheresses  extrêmes  s'y  prolongent  sans  inter- 
ruption durant  plnsieursannées  de  suite.  Les  sources  y  sont  extrê- 
mement rares,  et  récemment  encore  grand  nombre  d'entre  elles 
ont  tari.  Nous  examinerons  les  causes  et  les  conséquences  de  celle 
diminution  des  pluies  à  mesure  que  nous  parcourrons  les  diverses 
contrées  que  j'ai  pu  observer  personnellement;  bien  que  mon 
objet  principal  soit  l'homme  et  ses  intérêts  éternels,  je  croirai  bien 
employé  le  temps  consacré  à  des  matières  d'un  intérêt  scien- 
tifique, lorsqu'il  me  sera  donné  de  jeter  un  nouveau  jour  sur 
quelque  point  douteux. 

V  <  etle  rapide  esquisse  des  différentes  tribus  qui  sont  l'objet 
des  travaux  missionnaires,  il  faut  ajouter,  pour  la  compléter, 
l'inspection  de  la  carte  ci-jointe,  où  l'on  s'esi  proposé  moins  de 
donner  la  topographie  générale  et  complète  du  pays  ,  que  d'in- 
diquer la  position  des  diverses  Stations  et  les  divisions  des 
tribus. 

J'ai  cru  devoir  m'arrêler  un  peu  plus  longuement  sur  les  llot- 
lenlots  el  les  Bushmen,  parce  que  les  chapitres  suivants  soni 
un  aperçu  de  l'œuvre  des  missions  élu-/  ces  peuples.  Celte  por- 
tion de  dos  travaux  est  déjà  connue  pai  les  nombreux  extraits  de 
nœ  lettres  et  de  nos  journaux ,  qui  sont  depuis  longtemps  sous 


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nota  II 


CHAPITRE  IL 


Première  mission  au  sud  de  l'Afrique.  —  Succès  de  M.  Schmidt.  —  Reprise  de 
la  mission. — Mission  chez  les  Cafres. —  Le  docteur  Vanderkemp  quitte 
la  ville  du  Cap  pour  aller  chez  les  Cafres.  —  Soupçons  des  Cafres.  —  Pro- 
fonde ignorance  des  indigènes. —  Départ  du  compagnon  d'oeuvre  de  Van- 
derkemp. —  Son  dévouement  et  son  humilité. —  Gaïkalui  demande  défaire 
tomber  de  la  pluie.  —  Son  abnégation  et  ses  dangers.  —  Inimitié  de  quelques 
colons.  —  Leurs  châtiments.  —  Abandon  de  la  mission  chez  les  Cafres. 


La  Société  des  Missions  de  Londres,  fondée  en  1795,  dirigea 
ses  premiers  efforts  vers  les  îles  de  l'océan  Pacifique.  Là,  après 
une  longue  période  de  fatigues  et  de  souffrances,  les  missionnai- 
res ont  pu  voir  enfin,  au  sein  d'une  race  barbare  et  cannibale  , 
l'Evangile  remporter  les  triomphes  les  plus  éclatants,  peut-être, 
que  l'histoire  ait  jamais  eu  à  signaler.  L'attention  de  la  Société 
se  porta  ensuite  sur  le  champ  si  vaste  et  si  important  du  sud  de 
l'Afrique,  jusqu'alors  presque  inexploité,  si  ce  n'est  par  les 
Fières-Lnis  d'Allemagne. 

La  petite  église  morave  de  Ilerrnhut  avait  envoyé  des  mission- 
naires, il  y  a  plusd'un  siècle,  d'abord  chez  les  nègres  des  lndes-Oc- 
crdenlales,  puis  sous  le  climat  glacé  du  Groenland.  Quelque  temps 
après,  au  mois  de  juillet  il'Mi,  George  Schmidt ,  animé  du  même 
zèle  qui  brûlait  dans  le  cœur  d'Kgédé,  pionnier  de  la  mission  du 
Groenland  ,  quitta  son  pays  natal  pour  s'exiler  dans  celui  des 
Iloitentots.  11  fut  le  premier  ambassadeur  du  Roi  des  rois,  qui 
parut  dans  la  vallée  de  la  Grâce  (Gnadcnthall,  '   pour  conduire 

■Cette  vallée  s'appelait  alors  Davians-Kloof,  te  vallon  des  Sitiyes. 


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DANS    LE    SJJD    DE    I.'AFBIQUE.  17 

une  des  femmes  qu'il  avaii  baptisées,  aommée  Madeleine,  qui 
paraissait  se  rappeler  assez  bien  son  ancien  maître,  bien  qu'elle  eût 

;ilurs  soixante-dix  ans.  Elle  leur  montra  un  Nouveau-Testament 
qu'il  lui  avait  donné,  et  qui  portait  le>  traces  du  fréquent  usage 
qu'on  a\ait  dû  en  faire.  Elle  l'avait  conservé  comme  une  précieuse 
relique,  et  toute  courbée  qu'elle  était  par  l'âge  et  les  infirmités  , 
elle  témoigna  beaucoup  de  joie  en  apprenant  que  Marsveldl 
et  ses  compagnons  étaient  les  frères  de  Sun  vieux  pasteur  tant 
aimé. 

Les  Hottentots,  qui  se  souvenaient  encore  de  M.  Scbmidt,  ou 
qui  avaient  entendu  parler  de  son  œuvre  de  charité,  se  ralliè- 
rent autour  de  l'étendard  relevé  par  ses  successeurs;  et,  quoique 
les  épreuves  des  missionnaires  aient  été  fréquentes  et  rudes, 
quoiqu 'ils  se  soient  vus  sou\.ml  menacés  de  pillage  et  de  meur- 
tre, leurs  travaux  furent  bénis;  les  missions  moraves  prospérè- 
rent, elles  s'étendirent  sur  plusieurs  points  de  la  colonie  et 
même  au  delà,  dans  le  pa}s  des  Tamboukis,  chez  lesquels  il> 
ont  aujourd'hui  une  station  florissante.  Quel  frappant  exemple 
de  la  miséricorde  et  de  la  fidélité  de  ce  Dieu,  qui  a  su  conserver 
la  semence  répandue  par  Scbmidt  dans  le  sol  le  plus  ingrat  et 
abandonnée  à  elle-même  pendant  si  longtemps!  Qui  pourrait  dou- 
ter après  Cela  de  la  \ élite  de  Celle  prumesse  divine  :  «  Ma  parole 
ne  retournera  point  à  moi  sans  effel  ?  > 

Le  31  mars  1T99,  le  docteur  Vanderkemp,  accompagné  de 
Il  M.  kieheier  et  Edmond-,  aborda  à  la  ville  du  Cap,  qui 
étaii  alors  une  possession  de  la  Hollande.  Vanderkemp  choisit 
poui  champ  de  travail  le  pays  desCafres;  quant  à  Kicherer, 
i--«.»cié    à   H.    Kiamer,  il    se    crut    appelé   a    évangéliser  les 

sbraeu  établis  sur  la  rivière  Zak.  Vanderkemp,  qui  était 
né  --il  Hollande,  semblait  qualifié  par  sa  longue  expérience, 
aussi  bien  quep  u  la  fei  mêlé  naturelle  de  s< >n  caractère  et  par  -  - 
talents  distingués,  pour  la  tache  herculéenne  de  s'ouvrir  un 

min  vers  le  château-fort  de  l'ennemi,  el  d'élever  l'étendard 
de  i  milieu  d'une  population  compacte  de  barban  -  I  - 

plus  puissants,  les  plus  belliqueux  et  les  plus  indépendants  de 
toutes  les  tribus  qui  avoisinenl  1 1  colonie;  <1    i    -  Cafres  indomp- 
tables qui,  in  dépit  il.-  ia  supériorité  des  moyens  de  di  s 
lion  employés  par  les  Européens,  onl  fait  respectei   leui  droit 

les  ni',  m  i.  tes  'i  les  vallées  de  leurs  • 1res,    ivo    l'en 


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DANS    LE    SUD    DE    L*AFRIQUE.  19 

de  représailles,  et  à  l'imitation  des  violences  plus  grandes  en- 
core exercées  par  les  colons.  Aussi  le  gouvernement  anglais  ne 
pouvait-il  que  garantir  la  bonne  conduite  de  ses  sujets  pour  l'ave- 
nir, à  la  condition  cpie  les  Cafres  se  comportassent  de  même. 

Ce  fut  au  milieu  de  ce  peuple  lier,  superstitieux,  dès  long- 
temps formé  à  la  guerre,  et  souvent  exaspéré  par  des  tentatives 
d'oppression,  que  Vanderkernp  planta  sa  tente.  J'ai  contemplé 
avec  un  saint  respect  l'endroit  où  il  éleva  le  drapeau  de  l'Evan- 
gile ;  c'est  là  qu'il  travailla  pendant  un  certain  temps,  aidé  d'a- 
bord de  M.  Edmonds  qui  le  quitta  bientôt  à  son  profond  regret, 
pour  se  rendre  dans  les  Indes-Orientales.  Vanderkernp  resta 
donc  seul  avec  quelques  domestiques,  nu  milieu  d'un  peuple 
naturellement  ombrageux  et  enflammé  de  jalousie  envers  tous 
les  blancs;  ces  sentiments  étaient  d'ailleurs  ravivés  fréquemment 
par  des  déserteurs  et  des  voleurs  fugitifs,  puissamment  inté- 
ressés à  entretenir  le  feu  de  la  discorde. 

Dans  des  circonstances  aussi  défavorables,  il  n'était  pas  pos- 
sible que  les  Cafres  vissent  dans  le  séjour  de  M.  Vanderkernp 
autre  chose  qu'un  moyen  d'espionnage,  ou  un  projet  concerté 
parle  peuple  auquel  il  appartenait,  pour  s'emparer  de  leur 
pays  et  de  leur  bétail.  II  n'avait  pour  le  recommander  d'autre 
lettre  de  créance  que  le  message  de  son  divin  Maître;  et  son 
extérieur  n'était  pas  de  nature  à  fasciner  l'esprit  des  sauvages 
qui  ne  savent  apprécier  que  la  puissance  et  l'éclat.  La  mise  du 
docteur  était  d'une  simplicité  extrême.  11  raconte  lui-même  qu'il 
ne  portait  habituellement  ni  chapeau,  ni  bas,  ni  souliers.  Il  lui 
avait  fallu  se  frayer  un  chemin  à  travers  des  contrée-  d<  sei  les  et 
sauvages,  où  les  déserteurs,  de  concert  avec  les  bêtes  féroces, 
lui  tendaient  (\f<  embûches  pour  le  massacrer  ;  et  quand  il  fui  ar- 
rivé devant  Gaïka,  le  souverain  du  pays,  il  était  à  la  merci  d'un 
tyran  prévenu  par  des  hommes  venus  de  la  colonie,  qui  jouissaient 
d'uni;  certaine  influence,  et  qui  le  représentaient  comme  un  espion. 

Onlui  adressa  beaucoup  de  questions  sur  le  but  qu'il  se  pro- 
posai! et  sur  ses  relations  politiques  on  lenail  surtout  à  savoir 
s'il  était  envoyé  pai  les  anglais.  I.<  docteur  répondit  à  tout  avec 
beaucoup  d'humilité;  il  fit  observer  qu'il  avait  d'ailleurs  l'auto- 
risation du  gouverneur  de  In  colonie,  qui  l'avail  recommandé  â 
'a  protection  des  autorités.  «  Mais,  continua  Gaïka,  est-ce  ton 
propre  cœur  quia  lui , spontanément  ce  projet?  i  Ct*ll<  simple 


10  VIIICT-TIOII   AKI 

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DANS    CE    SUD    DE    l' AFRIQUE.  21 

tente  agitée  par  le  vent,  s'imagina  que  ce  mouvement  était  pro- 
duit par  une  bête  féroce  que  les  missionnaires  auraient  lâchée 
pour  la  faire  dévorer;  aussi  elle  traversa  la  rivière,  s'enfuit  dans 
la  forêt  où  elle  s'égara,  et  peu  s'en  fallut  qu'elle  ne  perdît  la  vie  en 
tombant  dans  une  fosse.  J'ai  vu  souvent  moi-même  des  faits  sem- 
blables chez  d'autres  peuplades  du  sud  de  l'Afrique. 

Ainsi  placé  au  milieu  d'un  peuple  qui  tenait  pour  une  action 
méritoire  le  meurtre  d'un  blanc,  le  docteur  poursuivit  sa  course, 
semblable  à  un  navire  qui  s'élève  successivement  au-dessus  de 
chaque  vague  à  mesure  qu'elle  menace  de  l'engloutir.  La  mono- 
tonie de  tout  ce  qui  l'entourait  avait  tellement  influé  sur  l'état 
de  son  esprit ,  que  pendant  longtemps  il  observa  le  samedi 
comme  jour  de  repos.  11  regretta  profondément  le  départ  de  son 
compagnon  d'œuvre,  M.  Edmonds,  départ  dont  il  parle  dans  un 
esprit  de  charité  et  qu'il  n'attribue  pas  à  un  refroidissement  d'a- 
mour fraternel,  mais  bien  à  une  aversion  insurmontable  de  sa 
part  pour  les  Gafres,  jointe  à  un  ardent  désir  de  travailler 
parmi  les  Indous  du  Bengale. 

Après  cette  douloureuse  séparation,  qui  eut  lieu  le  1er  janvier, 
le  docteur,  laissé  seul  dans  ce  triste  séjour,  insista  en  temps  et 
hors  de  temps,  saisissant  avidement  toutes  les  occasions  d'an- 
noncer l'Evangile,  et  recueillant  jusqu'au  plus  faible  rayon  de 
lumière  qui  venait  à  briller  sur  son  sentier  abandonné.  C'était  un 
homme  remarquable  par  son  esprit  et  par  son  instruction.  11  avait 
vécu  à  la  cour;  il  avait  étudié  dans  les  Universités  de  Leyde  et 
d'Edimbourg.  11  s'était  fait  une  réputation  par  ses  connaissances 
en  littérature,  en  philosophie,  en  théologie,  en  médecine  et  dans 
l'ait  militaire.  Il  était  versé  non-seulement  dans  les  langues  an- 
ciennes, mais  dans  toutes  les  langues  modernes  de  l'Europe, 
même  celle  des  montagnards  d'Ecosse,  et  il  s'était  distingué  dans 
les  armées  de  son  souverain,  où  il  avait  obtenu  le  grade  de  capi- 
taine de  dragons.  .Malgré  ces  avantages,  pressé  par  l'amour  de 
Christ,  il  se  lit  \\nc  joie  de  renoncer  à  tous  les  honneurs  du  monde, 
pour  aller  se  mêler  à  des  sauvages,  supporter  leurs  railleries  et 
leurs  injures,  se  faire  le  serviteur  du  dernier  d'entre  eux,  prendre 

la  hache  et  la  pioche,  coucher  au  même  endroit  où  logeaient  des 
chiens,  passer  des  nuits  sur  un  lit  inondé  de  pluie,  el  sentir  le 
vent  glacé  qui  perçait  autour  de  lui  sa  fragile  demeure.  Exposé 
au\  visites  nocturnes  de  la  hyène  afiamée  qui  venait  dévorer  ses 


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!«oin  que  le  roi  ne  revît  jamais  son  présent.  Bien  plus,  Buys,  nou- 
veau Guéhazi,  fit  dire  à  Gaïka  que  la  récompense  n'était  pas  suf- 
fisante; ce  dernier  envoya  de  nouvelles  pièces  de  bétail,  et  Buys 
s'appropria  le  tout  à  l'insu  de  Vanderkemp,  qui  ne  l'apprit  que 
plus  tard. 

Il  est  impossible  de  considérer  le  caractère  que  Vanderkemp 
déploya  dans  ces  circonstances,  sans  admirer  son  dévouement  et 
sans  reconnaître  en  lui  un  des  plus  illustres  instruments  de  la 
grande  œuvre  des  missions.  Il  a  frayé  la  route  à  tous  les  travaux 
missionnaires  qui  eurent  lieu  plus  tard  dans  ce  pays,  exploité  au- 
jourd'hui par  les  sociétés  de  Londres,  de  Glasgow  et  des  métho- 
distes wesleyens.  Combien  les  privations  et  les  dangers  de  nos 
missionnaires  modernes  sont  peu  comparables  à  ceux  des  Van- 
derkemp ,  des  Kicherer,  des  Anderson,  des  Albert  qui  ont 
pénétré  les  premiers  dans  ces  régions  du  paganisme,  qui,  la 
charrue  de  l'Evangile  à  la  main,  ont  brisé  et  ensemencé  ce 
sol  ingrat!  Les  germes  qu'ils  ont  répandus  ont  pu  rester  long- 
temps cachés  dans  la  terre  ;  mais  à  la  lin  ils  ont  porté  «du  fruit  au 
sommet  des  montagnes,  qui  a  fait  du  bruit  comme  les  arbres  du 
Liban.  »  Cet  éloge  s'applique  surtout  avec  justice  à  Vanderkemp. 
Il  quitta  l'université  pour  venir  enseigner  l'alphabet  à  de  pauvres 
sauvages  demi-nus  ;  la  société  des  grands  de  la  terre  pour  celle 
des  êlres  qui  occupent  le  dernier  degré  sur  l'échelle  de  l'huma- 
nité; les  demeures  de  l'opulence  pour  la  chaumière  enfumée  des 
disgracieux  enfants  de  l'Afrique;  les  grades  militaires  pour  ap- 
prendre aux  sauvages  la  tactique  d'une  guerre  divine  sous  la  ban- 
nière du  Prince  de  la  paix;  l'étude  de  la  médecine  pour  aller 
conduire  d'autres  malades  vers  un  autre  médecin;  enfin  une  vie 
de  jouissances  et  d'honneurs  terrestres  pour  venir  au  désert  affron- 
ter des  dangers  de  tous  genres,  suscités  aussi  bien  par  ses  pro- 
pres concitoyens  que  par  les  païens  et  les  brigands.  Quiconque  .1 
étudié  l'histoire  de  nos  missions  africaines  conviendra  de  ces 
faits eldira  de  ces  premier-  missionnaires  :  Eux  ont  travaillé,  el 
nous  gommes  entrés  dans  leur  travail. 

On  ne  lira  pas  sans  intérêt  l'extrait  suivant  des  Voyages  de 
Kay  chez  les  Cafres. 

■  Les  stations  missionnaires  dans  le  pays  des  Cafres  sont  de  s  - 
ritables  bergeries,  environnées  tout  à  la  fois  par  des  esprits  ma- 
lins ei  des  bêtes  féroces  ;  el  t'»u>  les  indigènes  qui  se  rallient  au- 


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DANS    LE    SUD    DE    L'aFBIQUE.  25 

(chrétiens)  cournit  dans  sa  tente  pour  le  voler.  Souvent  il  trou- 
vait ses  coffres  brisés  et  sou  argent  enlevé,  de  sorte  qu'à  la  tiu 
il  lui  resta  à  peine  assez  de  menue  monnaie  pour  retourner  à  la 
colonie. 

»  11  paraît  que  pas  un  des  hommes  de  celte  bande  ne  mourut  de 
mort  naturelle.  Fabre,  l'un  d'eux,  fut  pendu  comme  rebelle  dons 
la  colonie.  Buys  erra  parmi  les  tribus,  pillant  et  massacrant  jus- 
qu'à ce  qu'il  fut  massacré  lui-même.  Botha  fut  tué  par  les  Cafres, 
à  l'instigation  de  son  camarade.  La  tente  de  Bezuidenhoud  fut 
incendiée  par  les  indigènes,  et  il  y  péril  dans  les  flammes.  Un  dé- 
serteur irlandais,  qui  s'était  joint  à  ces  hommes,  fut  également 
brûlé  avec  un  de  ses  enfants  pendant  son  sommeil  par  la  main 
d'une  femme  indigène  avec  laquelle  il  avait  vécu;  enlin  Lochen- 
berg  lui-même  fut,  à  la  lettre,  coupé  en  morceaux  par  Amakwabi, 
en  1829.  » 

A  la  fin  de  l'année  1800,  par  un  concours  de  circonstances 
qu'il  est  inutile  de  rappeler  ici,  Vanderkemp  se  vit  appelé  à 
quitter  le  pays  des  Cafres  pour  se  rendre  à  GraaM\eynel  où  l'at- 
tendaient les  frères  Vanderlingen  et  Read;  il  y  resta  un  temps 
assez  long  pendant  une  révolte  qui  éclata  parmi  les  fermiers.  11 
visita  une  seconde  fois  le  pays  des  Cafres;  mais  l'agitation  qui 
régnait  sur  les  frontières  l'obligea  de  revenir  à  Graaf-lleynet ,  où 
il  travailla  parmi  les  Hottentots.  Le  général  Dundas  lui  fournit 
les  moyens  de  fonder  une  station  dans  la  colonie,  «  pour  tâcher,  » 
ce  sont  les  expressions  du  gouverneur,  «d'améliorer  la  condition 
spirituelle  et  temporelle  de  ce  malheureux  peuple,  que  tous  les 
principes  d'humanité  et  de  justice  font  un  devoir  au  gouverne- 
ment de  protéger.  » 


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derniers,  repoussés  de  cette  manière,  préférèrent  se  confiner  dans 
les  bois,  au  milieu  des  bêtes  sauvages,  plutôt  que  de  retourner 
dans  leurs  tribus.  Le  général  Dundas,  qui  approuvait  les  projets 
du  docteur,  engagea  tous  ceux  qui  composaient  la  mission  à 
chercher  un  refuge  dans  la  forteresse;  il  leur  proposa  aussi, 
comme  dernière  ressource  pour  sauver  leur  vie,  de  les  transpor- 
ter au  cap  de  Bonne-Espérance,  où  ils  attendraient  des  temps  plus 
heureux  pour  reprendre  l'instruction  des  Hottentots;  mais  le 
docteur  n'y  voulut  point  consentir. 

Disons  encore,  à  l'honneur  du  général,  qu'il  éliiit  si  pénétré  du 
devoir  et  de  l'importance  de  ce  qu'on  regardait  alors  générale- 
ment comme  une  utopie,  qu'il  fit  transporter  du  fort  Frédéric  à 
la  station  six  mille  livres  de  riz,  six  tonnes  de  viande  salée,  deux 
cents  brebis,  cinquante-neuf  bœufs  de  lahourage,  onze  vaches  à 
lait,  quatre-vingt-seize  bêles  à  cornes,  trois  wagons,  un  filet  de 
pêcheurs,  un  moulin  à  blé,  deux  cribles  et  un  soufflet  de  forge. 
outre  divers  instruments  d'agriculture. 

À  peine  cet  acte  de  générosité  venait-il  d'éclaircir  l'horizon 
des  missionnaires,  qu'ils  furent  attaqués  au  milieu  de  la  nuit 
par  une  bande  de  Hottentots,  qui  leur  enlevèrent  tout  leur  bé- 
tail, après  avoir  tiré  une  cinquantaine  de  coups  de  fusil.  Lais- 
sons-les parler  eux-mêmes. 

«Tousnos  efforts  pour  en  venir  à  uneconclusion paisible  furent 
inutiles  :  ils  ne  nous  répondirent  qu'à  coups  de  fusil.  Un  de  nos 
Hottentots  les  plus  estimés,  s'étant  approché  pour  leur  porter 
des  paroles  de  conciliation  ,  reçut  une  balle  dans  la  jambe.  Nous 
espérions  d'abord  qu'ils  n'en  voulaient  qu'à  notre  bétail  ,  mais 
force  nous  fut  de  reconnaître  que  leur  intention  était  de  nous 
tuer.  Ils  dirigèrent  une  attaque  contre  nos  habitations  en  se  fai- 
sant, pour  cela,  précéder  de  notre  bétail ,  à  la  manière  des  Ca- 
fres.  La  Providence  voulut  que  le  frère;  Readeûl  déposé  quelques 
planches  récemment  sciées  dans  l'espace  qui  précédait  notre 
maison.  Ces  planches  effrayèrent  le  bétail,  qui  prit  la  fuite  sans 
vouloir  Franchir  cet  obstacle.  L'ennemi  fut  alors  à  découvert,  el 
nus  gens,  se  trouvant  dans  un  danger  extrême,  tirèrent  dans  l'ob- 
scurité, sans  pouvoir  diriger  leurs  coups;  mais  la  main  de  Dieu 
les  dirigea  pour  eux  de  telle  sorte,  qu'une  balle  blessa  le  chel 
de  la  bande  à  la  cuisse  :  l'artère  lût  coupée ,  et  en  quelques  uii- 
nutesil  perdit  la  vie  avec  son  san^';  sur  quoi  toute  la  troupe  prit 


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la  luit.' ,  abandonnant  loul  :  a  l'exception  de  «lia 

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citerons  qui  s'éi  lit  ir  prier ,  el  cm  m 

rentnotrrlMi.nl    i  lors,  laissant  I  •mues 

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fur.  nr  •  t  il  ni>  le  plua  frranri  désordre.   IK  mirent  les  aasaillnu^ 
.  h  fuite,  «i  rament  ront  loui  \v  huii  Ut  uf« 

qui  avaient  été  t         M  •     na  loujuui  li- 

l(  nra  qu'il  ■  lait  de  leur  devoii  i  leurs 

r.  I>.    plutôt   <|"''  ''*'  '•■ 

qu'il  n'él  ut  permia  a  un  rhi 

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.  elle  cTnuirul.  Hall  nos  llottei 

.i i .  .i  m  jugi  rent  autoris*  s  à  I  ira  arn 

i.lt.-    I. 

ils  nous  montrèrent  ni  qu'il»  avaient  trouvé 

un  certain  plaisii   i  combat  in     N  i   rûmes  aftlij   « 

que  notre  intention  était  de  i  ri  ir 

D  i  illeurs,  il  était  fa<  ile  d<  pr<  n  l'<  nn<  ml .   • 

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lin  il  ion    I  •     fruita  ri*  uni    p  ireill» 
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DANS    LE    SUD    DE    L'AFJtigUE.  29 

calité,  stérile  et  privée  d'eau,  n'avait  rien  de  ce  qu'il  fallait  pour 
une  ferme  missionnaire;  et  il  y  a  lieu  de  s'étonner  qu'on  ait 
persisté  à  occuper  une  station  où  les  missionnaires  et  leurs  dis- 
ciples ne  purent  que  soutenir  avec  peine  une  chétive  existence. 
Cinq  ansaprès  qu'elle  avait  été  fondée,  ilsécrivirent  aux  directeurs 
qu'ils  avaient  été  longtemps  privés  de  pain,  et  que  de  trois  ou 
quatre  mois  ils  n'espéraient  pas  pouvoir  s'en  procurer;  ils  man- 
quaient également  de  légumes  par  suite  de  l'aridité  du  sol.  On 
sent  assez  qu'un  pareil  état  de  choses  dut  être  un  obstacle  sérieux; 
néanmoins  les  témoignages  de  la  bénédiction  divine  ne  leur  man- 
quèrent pas.  Us  étaient  étonnés,  nous  disent-ils  eux-mêmes,  des 
progrès  de  leurs  disciples  pour  apprendre  à  lire  et  à  écrire, 
et  de  la  facilité  avec  laquelle  ils  acquéraient  les  notions  reli- 
gieuses, connaissant  par  expérience  l'apathie  qui  caractérise  les 
Holtentots,  leur  stupidité  et  leur  aversion  pour  toute  espèce  de 
travail  intellectuel  ou  physique. 

A  la  voix  de  Vanderkemp,  qui  plaida  chaleureusement  la  cause 
des  opprimés,  commença  une  lutte  opiniâtre,  qui  se  termina  le 
47  juillet  1828,  grâces  aux  efforts  persévérants  du  docteur  Philip, 
par  l'émancipation  des  Hotlentois.  L'histoire  enregistrera  plus 
tard,  dans  ses  annales,  toutes  les  iniquités  et  les  cruautés  qui 
signalèrent  cette  longue  lutte;  ce  seront,  à  côté  de  la  conquête 
du  Mexique  par  Cotiez,  de  la  colonisation  de  l'Amérique  et 
des  barbaries  exercées  par  nos  ancêtres  dans  les  guerres  qu'ils 
tirent  pour  reculer  leurs  frontières,  des  souvenirs  humi- 
liants, mais  instructifs,  légués  aux  générations  avenir.  L'inter- 
vention de  Vanderkemp,  dans  la  cause  de  l'humanité  souffrante, 
lui  valut  d'être  cité,  avec  M.  llead,  dans  la  ville  du  Cap,  devant 
une  commission  extraordinaire,  nommée  par  lord  Cal edon.  Cette 
citation  eut  les  résultats  les  plus  importants;  car  les  faits  ayant 
pleinement  justifié  le  docteur,  Son  excellence  désigna  des  com- 
missaires, chargés  de  \isiter  en  personne  les  districts  OÙ  des  actes 
de  violence  avaient  été  commis  et  de  faire  punir  les  coupable.-.  Ce 
fut  la  un  des  derniers  services  rendus  par  \  anderkemp  à  ce  peuple 

qui  a\ait  été  durant  onze  ans  l'objet  de  sa  sollicitude.  Il  avait  lon- 

lemps  projeté  une  mission  dans  l'île  de  Madagascar,  cl,  bien 
qu'avancé  en  à^e,  rajeuni  par  son  zèle,  il  brûlait  de  mettre  enfin 
la  main  à  celle  entreprise  pleine  de  dangers.  Mais  le  grand  Chef 
de  l'Eglise  en  avait  ordonné  autrement  ;  et  le  î  ')  décembre  1HI I , 


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DANS    LE    SL'D    DE    I.'  AFRIQUE.  31 

premier  homme  qui  défendit  publiquement  les  droits  des  Ilot- 
tentots.  Quoique  sa  sympathie  expansive laisse  voir  souvent  dans 
ses  écrits  ce  qu'on  pourrait  prendre  pour  une  certaine  incon- 
stance de  vues,  cette  disposition  provient  évidemment  du  désir 
qu'il  éprouvait  d'embrasser,  dans  ses  bienveillants  efforts,  la  race 
opprimée  tout  entière  ;  ses  yeux  erraient  d'une  extrémité  à  l'autre 
de  l'horizon  chargé  d'orages,  pour  chercher  un  port  où  ses  pro- 
tégés pussent  être  à  l'abri.  11  faisait  peu  de  cas  de  sa  propre  vie;  et 
quand  on  l'engageait  à  pourvoir  à  sa  sûreté  en  quittant  pour 
quelque  temps  les  Hottentots,  il  répondait  :«  Quand  je  saurais  que 
le  seul  moyen  de  sauver  ma  vie  est  de  les  quitter,  je  la  sacrifie- 
rais volontiers  pour  le  plus  petit  enfant  qui  soit  parmi  eux.»  Une 
pareille  résolution,  tout  en  manquant  de  prudence,  révélait  une 
grandeur  d'âme,  qui,  dans  d'autres  circonstances,  eût  été  récom- 
pensée par  l'enthousiasme  et  les  applaudissements  de  tout  un 
peuple. 

Mais  il  faut  convenir  que  les  éloges  qui  précèdent  ne  font  con- 
naître qu'une  face  du  caractère  de  cet  homme  distingué.  Il  est 
juste  d'ajouter  que  le  docteur  avait  quelque  chose  d'éminem- 
ment excentrique,  et  qu'un  grand  nombre  des  épreuves  qu'il  eut 
à  subir  ne  doivent  être  attribuées  qu'à  lui-même.  Bien  que  sa 
mission  chez  les  Cafres  fût  une  entreprise  hardie  et  jusqu'alors 
sans  exemple,  il  ne  sortit  pas  du  cercle  de  la  civilisation;  et,  saut 
le  court  espace  de  temps  pendant  lequel  Gaïka  le  retint  dans  son 
pays,  il  avait  toujours  un  asile  prêt  à  le  recevoir.  Ses  épreuves, 
sous  ce  rapport,  furent  bien  différentes  de  celles  qui  assaillirent 
les  fondateurs  des  missions  chez  les  Griquois  et  les  Namaquois, 
séparés  par  plusieurs  centaines  de  lieues  des  limites  de  la  société 
civilisée  et  de  la  protection  du  pouvoir  civil.  Dans  un  village  de 
la  colonie  où  se  trouvaient  un  grand  nombre  de  personnes  qui 
lui  étaient  dévouées,  le  docteur  affectait  d'aller  lui-même  laver 
son  linge;  et  bien  souvent,  soit  chez  lui,  soit  dans  ses  courses, 
il  ne  portail  ni  chapeau,  ni  chemise,  ni  souliers,  lui  le  patron  et 
l'avocat  de  la  civilisation.  Ce  sont  là  des  singularités  qui  ne  pou- 
vaient rien  ajouter  à  l'utilité  de  son  œuvre.  D'un  autre  côté,  S<  S 
vues  extrêmes  sur  le  sujet  de  la  prédestination  laissèrent  dans 
les  églises  d'Afrique  un  levain  <|ni  ne  put  être  extirpe  que  par  un 

travail  de  bien  des  années.  Ajoutons  encore  que  le  docteur  \  an- 

derkemp  ne  fut  pas  sans  rencontrer  de  la  sympathie  •.  il  \  eui  un 


nul  i tbn  loni  i  .      «■  »aèfi  m  m*<  ni 

lin  .m   l' il-  indoa  religieux  des  U  ■  nu.  m 

1 1 1  m  -  r .  1 1  •  - 1 1 1  •  ni  le   •>    I  qu'il  v 

r,  teropK        \  i  kemp  el  d    K  ivaillèn  m  .«  | 

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noblei  oœura  qui  i 

il  (I  llic  il.  in.  ni  un.     .  •>  viililiii  : 

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DANS    LE    SUD    DE    l/AFRIQUE.  33 

portèrent  dans  les  vallées  riantes  et  fertiles  du  pays  des  Cafres. 
Les  résultats  de  la  mission  de  Philiptown  et  de  celles  qui  s'y  rat- 
tachaient, missions  dont  les  membres  furent  pris  parmi  ceux 
de  la  colonie,  ont  prouvé  que  le  plan  de  Stockenstrom  était  bien 
conçu,  et  qu'il  fut  heureusement  exécuté.  Les  derniers  rapports 
de  la  station  de  la  rivière  du  Chat  constatent  500  membres  de  l'é- 
glise, et  912  personnes,  enfants  ou  adultes,  qui  suivaient  les  éco- 
les; leurs  contributions,  pour  le  soutien  de  la  mission,  étaient 
abondantes,  mais  pourtant  bien  inférieures  à  la  dépense  totale, 
c  imme  l'avaient  prévu  plusieurs  amis  des  missions,  d'après  l'ex- 
périence faite  à  Bélhelsdorp. 

Les  stations  de  la  colonie  continuent  de  prospérer,  bien  que 
privées  de  leurs  membres  les  plus  influents  et  les  plus  intelli- 
gents. Béthelsdorp  conserve  encore  une  certaine  importance, 
sous  les  soins  dévoués  et  modestes  de  M.  Kitchingman.  Nous 
comptons  aujourd'hui,  dans  les  limites  de  la  colonie,  seize  sta- 
tions et  environ  trente  missionnaires.  Quelle  ne  serait  pas  l'ad- 
miration de  Vanderkemp,  s'il  pouvait  revenir  contempler  la  ri- 
che moisson  recueillie  chez  ce  peuple  ignorant  et  dégradé,  auquel 
il  consacra  sa  sympathie  et  ses  efforts  ! 

Mais  revenons  au  pays  des  Cafres,  où  ce  noble  vétéran  de  Jé- 
sus-Christ a  semé  avec  larmes,  et  où  les  missionnaires  de  plu- 
sieurs sociétés  moissonnent  aujourd'hui  dans  la  joie.  Les  pre- 
miers efforts  couronnés  de  succès  furent  ceux  de  M.  Joseph 
Williams,  en  1816.  Ce  fut  au  mois  de  juillet  de  cette  année  qu'il 
alla  s'établir,  avec  sa  femme  et  son  enfant,  au  bord  de  la  rivière 
du  Chat.  Si  couri  qu'eût  été  le  séjour  de  Vanderkemp  parmi  les 
Cafres,  il  avait  laissé  derrière  lui  un  souvenir  évangélique  qui, 
longtemps  après,  devait  servir  de  préparation  à  d'autres  travaux. 
Dans  cet  intervalle,  les  amis  du  docteur  avaient  appris,  par  de 
terribles  leçons,  non  pas,  hélas!  à  admirer  les  blancs,  mais  bien 
plutôt  à  nourrir  les  soupçons  et  les  craintes  qu'ils  leur  inspi- 
raient. Néanmoins,  le  nom  de  Jankanna  (Wanderkemp)  répan- 
dait encore  comme  un  parfum  délicieux  parmi  ces  Cafres  in- 
domptés.  Ce  précieux  souvenir  avait  été  entretenu  par  des 
relations  avec  la  station  de  Béthseldorp;  et  MM.  Read  et  N\il- 
I,  uns,  dans  le  voyage  préliminaire  qu'ils  tirent  pour  reconnaître 
le  pays,  furent  salués  du  nom  de  fils  de  Jankanna. 

Le  commencement  de  celte  mission  fut   des  plus   heureux. 


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DANS    LE    SUD    DE    LAFRIQUE.  35 

ment  qui  marquât  le  lieu  de  ce  repos;  mais  Williams  en  a  laissé 
un  qui  ne  doit  point  périr,  en  allumant  chez  les  Cafres  le  flam- 
beau de  la  vérité  divine;  flambeau  que  n'ont  pu  éteindre  leurs 
sanglants  démêlés  avec  les  colons,  et  qui  plus  tard  indique  la 
route  à  ceux  qui  ont  marché  sur  sa  trace.  Tous  les  missionnaires 
auprès  des  Cafres  lui  rendent  en  effet  ce  témoignage,  et  ses  tra- 
\aux  furent  bénis  bien  au  delà  de  tout  ce  qu'il  avait  pu  attendre. 
Cet  excellent  homme  avait  gagné  à  tel  point  la  confiance  des  Ca- 
fres, que  Gaïka  lui-même,  dans  le  temps  des  discordes  politiques, 
se  hait  davantage  à  la  droiture  du  missionnaire  qu'à  aucune  des 
autorités  locales,  sans  en  excepter  le  gouverneur. 

C'est  ainsi  que  pour  la  seconde  fois  le  chandelier  fut  éloigné  du 
pays  des  Cafres;  et  la  politique  de  celte  époque  ne  permit  pas 
alors  qu'un  autre  missionaire  vînt  arroser  la  semence  déposée  par 
Williams.  En  1820  .M.  Brownlee,  missionnaire  au  service  du  gou- 
\ernement,  commença  une  mission  chez  les  Chumies.  *  11  fut 
suivi  et  secondé  par  les  missionnaires  de  la  Société  de  Glasgow; 
et  les  derniers  ouvriers ,  mais  non  les  moins  importants,  qui 
entrèrent  dans  ce  champ  de  travaux,  furent  les  Wesleyens.  Au- 
jourd'hui les  missionnaires,  parmi  les  Cafres,  composent  toute 
une  petite  armée  de  travailleurs,  et  leurs  efforts  sous  la  béné- 
diction divine  promettent  de  soumettre  ce  peuple  à  l'empire  de 
Jésus-Christ,  d'arrêter  l'esprit  de  rapine  et  de  meurtre  qui  l'a 
caractérisé  jusqu'ici,  et  de  le  sauver  de  la  ruine  qui  semblait  lu 
menacer.  Déjà  l'un  entend  retentir,  au  lieu  du  féroutcri  de  guerre, 
des  cantiques  de  paix  et  d'amour;  déjà  l'imprimerie  fait  passer 
les  oracles  de  Dieu  dans  la  langue  do  natifs.  Céléhrons  les 
triomphes  de  la  croix,  quel  qui;  soi!  le  bras  qui  l'élève,  puisque 
tous  les  propagateurs  de  l'Evangile  n'ouï  qu'un  même  but,  la 
gloire  de  Dieu  manifestée  dans  le  salut  de  l'homme. 

1   M    Brownlee  se   rattacha  bientôt  à  la  Société  des  Missions  de  Londre- 
demeuré  à  son  poste,  il  eut  Je  bonheur  de  voir  |  forts  dans  la 

Cafl  il   travailla  avec  persévérance  et  eut  beaucoup  a  souffrir,   a 

même  qu  auc  m  autre  missionnaire  eût  la  pei  Aujourd'hui 

la  v  ndresco  iq  stations  dans  la  Cafrerii  iétés 

■  le  Glasgow  six,  et  les  Wesleyens  douze. 


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VINGT-TROIS  ANS  DE  SÉJOUR    DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.     37 

s'empressa  d'encourager  ce  projet;  et,  sur  leur  demande,  il  con- 
duisit quelques-uns  des  principaux  d'entre  eux  à  la  ville  du  Cap 
pour  v  être  instruits.  Ils  y  arrivèrent  immédiatement  avant  nos 
frères,  circonstance  qui  ne  permit  pas  à  ces  derniers  de  douter 
que  Dieu  les  appelait  à  travailler  de  ce  côté.  Le  gouvernement 
les  entoura  de  toute  la  bienveillance  possible,  et  les  fermiers 
les  comblèrent  de  tout  ce  dont  ils  avaient  besoin  pour  fonder  une 
station;  quelques-uns  même  les  accompagnèrent  à  l'endroit  où 
ils  s'établirent  d'abord  et  qu'ils  appelèrent  Espérance.  C'est  là 
que  MM.  Kicherer  et  Kramer  travaillèrent  avec  un] zèle  et  une 
simplicité  dignes  des  premiers  âges  à  relever  les  plus  abru- 
tis des  êtres  humains;  et  il  fallut  la  foi  inébranlable  qu'ils 
avaient  aux  promesses  de  Dieu,  pour  ne  pas  succomber  devant 
la  seule  pensée  d'une  telle  entreprise.  À  l'époque  actuelle,  où 
la  science  des  misions  est  plus  avancée,  il  est  facile  de  voir  que 
les  circonstances  dans  lesquelles  celle-ci  fut  entreprise  lui  pré- 
sageaient une  courte  durée.  Dieu,  dans  son  infinie  sagesse,  avait 
des  vues  bien  autrement  étendues  qu'une  simple  mission  chez  les 
Bushmen. 

La  mission  de  la  risière  de  Zak  révéla  au  monde  chrétien 
l'existence  des  tribus  namaquoises,  corannases,  griquoises  et 
béchuanases,  et  conduisit  à  y  établir  des  missions.  Kicherer  fut 
généreusement  assisté  par  plusieurs  fermiers  pour  l'œuvre  qu'il 
avait  en  vue.  Bientôt  il  fut  encouragé  par  l'arrivée  à  la  station 
d'un  grand  nombre  de  Hottentots  et  de  Bastards,  sans  le  se- 
cours desquels  il  n'aurait  pas  même  pu  subsister,  comme  il  le 
reconnut  plus  lard.  Les  Bushmen,  à  peu  d'exceptions  près,  in- 
capables d'apprécier  le  but  qu'il  se  proposait,  continuèrent  à 
fatiguer  de  leurs  exigences  ceux  qui  s'attachaient  à  lui.  Plus 
d'une  fois  la  vit;  du  missionnaire  fut  menacée;  mais  ses  travaux 
infatigables,  joints  à  ceux  de  M.  Kramt  r,  furent  bénis  d'une  ma- 
nière remarquable  par  la  conversion  d'un  certain  nombre  île  Bas- 
Lards  et  de  Hottentots,  et  plusieurs  de  ces  convertis  devinrent  plus 
tard  des  colonnesde  la  mission  griquoise.  Malheureusement  on  ne 
pouvait  s'attacher  les  Bushmen  qu'an  moyen  d'une  distribution 
journalière  de  vivres  et  de  tabac,  ce  qui  contribua  sans  nul  doute 
.1  la  chute  rapide  de  la  mission.  Comme  elle  se  trouvait  dans 
une  contrée  extrêmement  stérile  et  très-rarement  visitée  par  la 
pluie,  on  ne  pouvait  se  procurer  des  provisions  que  du  dehors. 


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DANS    LF    SUD    DK    I.\\  FRIQIF.  39 

Béchuanas.  Accoutumés  à  une  vie  errante,  et  tirant  de  la  chasse 
uniquement  leur  cliétive  existence,  ils  ont  contracté  des  habi- 
tudes tout  à  fait  indignes  d'êtres  humains.  Ils  vivent  sans  profit 
pour  eux  en  conflits  perpétuels  avec  leurs  voisins  plus  puissants, 
lesquels,  identifiant  la  force  avec  le  droit,  tuent  leur  gibier,  pil- 
lent leurs  ruches,  font  main  basse  sur  leurs  sources  et  s'empa- 
rent de  leur  pays.  Tel  est  l'usage  universel  de  toutes  les   tribus 
plus  civilisées,  sans  en  excepter  les  colons.  Lichtenstein  a  beau 
demander:  «  Que  peut  perdre  un  peuple  comme  les  Bushmen, 
eux  qui  trouvent  partout  leur  domicile,  et  qui  ne  connaissent  pas 
la  valeur  de  la  terre?  »  je  réponds  :  «  Il  perd  ses  moyens  de  sub- 
sistance; »  et  que  peut  perdre  de  plus  le  plus  opulent  des  mo- 
narques? Je  me  rappelle  avoir  éprouvé  une  vive  reconnaissance 
pour  un  repas  de  larves  de  fourmis  que  me  servit  une  pauvre 
femme  Busfamane;  et  si  ce  voyageur,  ordinairement  si  judicieux, 
s'était  trouvé  comme  moi  aux  prises  avec  les  angoisses  de  la  faim, 
peut-être  eût-il  énoncé  un  jugement  différent  sur  le  tort  qu'on  porte 
à  ce  pauvre  peuple  en  lui  enlevant  ses  faibles  ressources.  Pauvre 
Bushman  !  ta  main  a  été  contre  tous,  et  la  main  de  tous  est  con- 
tre toi.  Ces  peuples  sont  depuis  de  longues  générations  comme 
des  perdrix  traquées  sur  les  montagnes  par  le  chasseur.  Privés 
des  biens  que  leur  donna  la  nature  ,  ils  sont  devenus  farouches, 
désespérés  et  indomptables.  La  faim  les  contraint  à  se  nourrir  de 
tout  ce  qu'il  est  possible  de  manger;   les  fruits  de  leurs  festins 
sont  des  oignons  d'ixia,  de  l'ail  sauvage,  des  mysembryanthe- 
rnums,  des  tiges  d'aloès,  de  la  gomme  d'acacia,  et  d'autres  végé- 
taux dont  plusieurs  sont  très-malsains  ;  ils  dévorent  a\ec  avidité 
toute  espèce  d'êtres  vivants,  sans  excepter  le  lézard  et  la  saute- 
relle. 11  n'y  a  pas  jusqu'aux  serpents  venimeux  qu'ils  ne  fassent 
griller  pour  les  manger,  ils  ont  soin  d'extraire  les  réservoirs  du 
venin  qui  communiquent  avec  les  dents  de  la  mâchoire  supé- 
rieure. Mêlée  avec  le  jus  laiteux  de  l'euphorbe  ou  de  quelque  au- 
ne- plante  vénéneuse,  cette  substance,  après  avoir  bouilli  quel- 
que temps  sur  un  feu  doux,  acquiert   la  consistance  de  la  cire  et 
sert  à  enduire  les  pointes  «le  leurs  Qècbes. 

Bien  (pie  les  indigènes  du  sud  de  l'Afrique  aient  beaucoup 
d'éloignement  pour  la  pêche ,  les  Bushmen,  qui  habitent  dan-  le 
voisinage  des  rivières,  fabriquent  nue  espèce  de  corbeilles  i"ii 
ingénieuses,  qu'ils  assujettissent  avec  des  pierres  au  milieu  du 


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DANS    LE    SUD    DE    L' AFRIQUE.  41 

provisions  soient  épuisées.  Mais  bientôt  la  voix  impérieuse  de  la 
faim  les  ramène  à  la  chasse.  Ils  franchissent  des  distances  in- 
croyables à  la  poursuite  de  l'animal  qu'ils  ont  percé  d'une  de 
leurs  flèches  ;  leur  joie  se  signale  par  les  éclais  les  plus  bruyants 
au  retour  d'une  chasse  heureuse;  et  plus  d'une  fois  ce  bonheur 
momentané,  qui  contrastait  si  fort  avec  leur  condition  réelle, 
m'a  pénétré  d'une  amère  tristesse.  La  plupart  ont  beaucoup  à 
souffrir  quand  le  temps  est  froid  et  pluvieux  ,  et  il  arrive  souvent 
alors  que  leurs  enfants  meurent  de  faim.  11  existe  aussi  parmi 
eux  une  coutume  barbare,  d'après  laquelle,  lorsqu'une  mère 
vient  à  mourir  en  laissant  un  enfant  qui  ne  peut  encore  pourvoir 
à  sa  subsistance,  celui-ci  est  enseveli  vivant  avec  le  cadavre  de  sa 
mère.  1 

Ajoutons  aux  tristes  détails  qui  précèdent  le  témoignage  de 
Rf.  Kicherer  ,  que  son  séjour  parmi  eux  a  mis  à  même  de  les  bien 
connaître.  «  Leur  genre  de  vie  est  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  misé- 
rahle  et  de  plus  dégoûtant.  Ils  se  plaisent  à  se  barbouiller  le 
corps  de  graisse  mêlée  d'ocre  ou  de  boue.  Entièrement  étrangers 
à  la  propreté,  ils  ne  se  lavent  jamais  et  laissent  accumuler  la 
crasse  sur  leur  corps  au  point  qu'elle  y  forme  de  longs  appen- 
dices. Ils  sont  tellement  paresseux  qu'ils  aiment  mieux  passer 
plusieurs  jours  sans  nourriture,  que  de  se  donner  la  peine  néces- 
saire pour  s'en  procurer.  Lorsqn'entin  le  besoin  extrême  les  force 
à  chercher  leur  proie,  ils  atteignent  et  tuent  avec  une  dextérité 
merveilleuse  les  divers  animaux  qui  abondent  dans  leur  pays; 
et  ils  égalent  presque  à  la  course  la  vitesse  du  cheval.  Ils  n'onl 
aucune  idée  du  bonheur  domestique.  Les  hommes  onl  plusieurs 
femmes;  l'affection  conjugale  est  à  peu  près  inconnue.  Ils  pren- 
nent peu  de  soin  de  leurs  enfants  et  ne  les  corrigent  presque  ja- 
mais; lorsqu'un  accès  de  fureur  les  porte  à  le  faire,  ils  les  tuent 
presque  a  force  de  mauvais  traitements.  Lorsqu'une  querelle  a 
lieu  entre  deux  époux  ou  entre  différentes  femmes  d'un  mari,  la 
partie  vaincue  l'ait  tomher  sa  vengeance  sur  l'enfant  du  vain- 
queur, qui  perd  ordinairement  la  vie.  Les  Hottentots  ne  luenl 

guère  leurs  enfants  que  dans  (les  accès  de  colère  ;  mais  les  Bush- 
inen  ûienl  la  \  ie  aux  leurs  sans  remords  et  dans  toute  sorte  d'OO 


1  .l'ai  élevé  chez  moi  un  jeui  i  qui  i  1  té  ainsi  arraché  au  af  pulcre  de 

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DANS    LE    SUD    OK    l/AFfilQUE.  43 

but  à  Toornberg,  aujourd'hui  Colesberg,  au  sud  de  la  Grande  Ri- 
vière. M.  Erasme  Smith  et  M.  Corner  s'y  rendirent  en  1814,  ei 
réunirent  autour  d'eux  environ  cinq  centsBusbmen,  qui  les  reçu- 
rent avec  empressement;  mais  leur  joie  fut  de  courte  durée.  Une 
longue  inimitié  divisait  les  fermiers  et  les  Bushmen,  et  bientôt 
ceux-ci  en  vinrent  à  soupçonner  les  missionnaires  de  vouloir  les 
livrer  entre  les  mains  de  leurs  ennemis.  El  tout  dénué  de  fonde- 
ment qu'était  ce  soupçon,  il  attiédit  pendant  un  certain  temps 
le  zèle  des  missionnaires.  Ils  s'attendaient  naturellement  que 
de  pareils  élèves  auraient  besoin  d'un  enseignement  long  et  la- 
borieux, avant  de  pouvoir  comprendre  les  doctrines  du  christia- 
nisme. Toutefois  il  n'en  fut  pas  ainsi.  La  prédication  de  l'Evan- 
gile fut  accompagnée  d'une  telle  lumière  et  d'une  telle  puis- 
sance, qu'un  grand  nombre  de  ces  barbares  crurent  à  la  Parole 
de  vie.  Une  église  chrétienne  s'éleva  dans  cet  endroit,  et  de  vastes 
jardins  s'étendirent  à  l'entour,  cultivés  par  les  propres  mains  des 
Bushmen. 

Une  autre  mission  chez  le  même  peuple  fut  fondée  à  Hephzi- 
bah,  et  semblait  promettre  un  succès  durable.  Mais  le  voisinage 
des  fermiers,  qui  obligea  les  missionnaires  à  se  mêler  de  leur 
querelle  avec  les  Bushmen  ,  lit  bientôt  évanouir  les  espérances 
de  succès.  Un  ordre,  émané  des  autorités  du  Cap,  obligea  les 
missionnaires  à  rentrer  dans  les  limites  de  la  colonie.  Ainsi  fini- 
rent les  opérations  de  la  Société  parmi  les  pauvres  Bushmen  de 
ces  stations;  et  l'on  ne  peut  que  regretter  profondément  ce  fait 
quand  on  lit  les  détails  que  le  docteur  Philip,  dans  une  lettre  au 
révérend  A.  Fauré,  donne  sur  ceux  que  l'Evangile  avail  touchés. 
Il  raconte  qu'ils  s'efforçaient  déjà  de  faire  partager  la  bénédiction 
dont  ils  jouissaient  à  leurs  malheureux  compatriotes  ;  qu'on  en- 
tendait les  enfants  chanter  les  louanges  du  vrai  Dieu,  et  qu'ils 
avaient  l'ait  des  progrès  remarquables  dans  la  lecture  de  l'Ecri- 
ture. 

La  Société  tenta  un  dernier  effort  pour  établir  une  mission 
parmi  ce  peuple  dans  le  voisinage  du  fleuve  Galédon.  Le  capilaini 
ÈLok,  dernier  chef  de  Philipolis,  offrit  généreusemenl  aux  Bush- 
men, qui  se  réunirent  en  cet  endroit,  une  ample  provision  de 
bétail.  Cette  mission,  qui  se  nomme  aujourd'hui  Bélhulle,  passa 
plus  tard  sous  la  direction  de  la  Société  de  Paris;  e1  depuis  lors 
elle  est  devenue  une  mission  de  Béchuanas,  où  la  parole  de  Dieu 


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cire  le  dimanche  à  la  maison  de  prière,  bien  qu'elle  se  trouvât  à 
plusieurs  milles  de  leurs  habitations. 

Une  des  gravures  ci-jointes  représente  trois  hommes  et  une 
femme  des  Bushmen;  l'autre  représente  un  stratagème,  à  la  fois 
simple  et  ingénieux,  par  lequel  ils  trouvent  moyen  d'approcher 
des  autruches  à  la  chasse.  Le  déguisement  se  compose  d'une 
espèce  de  selle,  dont  le  dessous  est  garni  de  plumes  d'autruche, 
de  manière  à  imiter  le  corps  de  l'oiseau,  et  d'un  cou  d'autruche 
empaillé  avec  la  tète.  Le  chasseur  commence  par  se  peindre  les 
jambes  en  blanc;  puis  il  place  sur  ses  épaules  la  selle  de  plumes, 
et  saisit  de  sa  main  droite  la  partie  inférieure  du  cou,  de  la  gau- 
che l'arc  et  les  flèches  empoisonnées.  J'en  ai  vu  qui  imitaient  si 
parfailement  l'autruche,  qu'à  quelques  toises  de  distance  il  était 
impossible  de  découvrir  la  fraude.  Cet  oiseau  humain  a  l'air  de 
brouter  le  gazon,  il  tourne  la  tête  en  regardant  décote  et  d'autre 
d'un  air  d'intelligence,  secoue  ses  plumes,  marche  et  court  alter- 
nativement, jusqu'à  ce  qu'il  arrive  à  une  portée  d'arc  du  trou- 
peau, et  quand  les  autruches  prennent  la  fuite  en  voyant  l'une 
d'elles  atteinte  d'une  flèche,  il  fuit  avec  elles.  Quelquefois  les 
autruches  mâles  donnent  la  chasse  à  ce  singulier  oiseau;  alors  il 
manœuvre  pour  les  éviter,  en  ayant  soin  qu'elles  ne  puissent  pas 
le  flairer;  car,  du  moment  qu'il  se  trouve  placé  de  manière  à 
affecter  leur  odorat,  le  charme  est  rompu.  Alors  il  ne  lui  reste 
qu'à  jeter  sa  selle  et  à  fuir  au  plus  vite  pour  éviter  un  coup 
d'aile,  qui  le  terrasserait  à  l'instant. 


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l'avait  habité  plusieurs  années.  «  Vous  y  trouverez,  me  répondît- 
il,  abondance  de  sable  et  de  pierres,  une  population  rare  et  clair- 
semée, toujours  souffrante  du  manque  d'eau,  des  plaines  et  des 
collines  brûlées,  comme  un  pain  grillé  sous  les  rayons  dévorants 
d'un  soleil  sans  nuages.  »  Je  ne  tardai  pas  à  reconnaître  par  moi  - 
même  l'exactitude  de  cette  description,  lorsque  j'entrai  dans  le 
pays.  11  est  coupé  par  la  rivière  d'Oup  et  celle  des  Poissons  avec 
leurs  affluents  sans  nombre,  si  l'on  peut  appeler  de  ce  nom  des 
lits  desséchés  et  souvent  brûlants.  Ces  torrents  sont  quelquefois 
des  années  entières  sans  couler;  alors  quand  les  eaux  stagnantes 
se  sont  liquéfiées,  les  indigènes  creusent  dans  le  lit  où  elles  séjour- 
naient des  puits,  qui  ont  quelquefois  jusqu'à  vingt  pieds  de  pro- 
fondeur, et  se  procurent  ainsi  une  eau  qui  est  ordinairement  de 
mauvaise  qualité.  Ils  descendent  dans  ces  puits  au  moyen  de 
branches  d'arbre  qu'ils  placent  dans  l'intérieur  ,  et  l'eau,  puisée 
à  force  de  bras  avec  un  vase  de  bois,  est  versée  ensuite  dans  une 
auge,  où  les  troupeaux  pantelants  viennent  élancher  imparfaite- 
ment la  soif  qui  les  dévore.  Lesorages,  qui  seuls  amènent  la  pluie, 
sont  ardemment  désirés  par  les  habitants,  et  souvent  ces  orages 
passent  sur  leurs  tètes  en  les  frappant  de  terreur  par  leur  violence, 
sans  qu'une  seule  goutte  de  pluie  vienne  rafraîchir  la  terre. 

Quand  enfin  le  ciel  épanche  ses  trésors  liquides,  ce  bienfait  ne 
.s'adresse  ordinairement  qu'à  une  portion  limitée  du  territoire, 
(elle  que  le  nuage  électrique  a  traversée  ;  aussi  le  voyageur  passr- 
t-il  brusquement  d'un  sol  où  il  ne  rencontre  pas  un  brin  d'herbe 
dans  une  région  pleine  d'une  riche  verdure  qu'un  récent  orage 
a  fait  éclore.  Les  sources  sont  rares  et  peu  abondantes,  sou- 
venl  salées,  quelquefois  chaudes;  le  terrain  qui  les  avoisine  est 
ordinairement  si  imprégné  de  salpêtre  qu'il  craque  sous  les  pieds 
comme  la  gelée  blanche,  et  que  la  végétation  y  croit  avec  une 
difficulté  extrême.  Le  sol,  généralement  dur  et  pierreux,  est  semé 
de  véritables  mers  de  sable.  Il  y  a  beaucoup  de  granil  ;  et  le  quart/. 
répandu  en  grande  abondance,  jette  un  tel  éclat  sous  les  rayons 
du  soleil,  qu'au  milieu  du  jour  on  peut  à  peine-  tenir  les  yeu\  ou- 
verts pour  reconnaître  son  chemin. 

Les  habitants  sont  une  variété  des  Hotientots,  et  offrent  tous 
les  traits  caractéristiques  de  cette  nation,  qui  comprend  les  lloi- 
tentots  proprement  dits,  le>  Gorannas,  les  Namaquois  ci  les 
Bushmen.  Les  idiomes  (h-  ces  divers  peuples ,  dont  !«•  irait  dis- 


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trop  faibles,  d'autres  trop  indomptés  pour  qu'on  pût  les  sou- 
mettre au  joug.  Les  wagons  restaient  engagés,  tantôt  dans  les 
sables,  tantôt  dans  la  vase  des  torrents.  Ils  se  virent  contraints 
de  laisser  en  arrière  une  partie  de  leurs  bœufs  ,  et  souffrirent 
cruellement  de  la  soif,  l'eau  étant  rare  et  nauséabonde.  Us  n'a- 
vaient pas  même  les  moyens  de  se  procurer  les  aliments  néces- 
saires pour  apaiser  leur  faim.  Aussi ,  bien  qu'ils  n'aient  point 
perdu  courage,  leurs  lettres,  où  ils  accusent  avec  douceur  l'incurie 
des  directeurs  de  la  mission,  font  foi  qu'ils  n'étaient  rien  moins 
qu'insensibles  à  la  détresse  de  leur  situation. 

En  approchant  du  théâtre  futur  de  leurs  travaux,  ils  sentirent 
renaître  leur  courage,  bien  que  leurs  épreuves  n'eussent  point 
diminué  ;  voici  ce  qu'ils  écrivaient  après  avoir  franchi  les  limites 
delà  colonie-.  «  Cette  contrée,  qui  s'appelle  le  pays  des  Bushmen, 
paraît entièremenlprivéed'eau  et  de  végétation.  Il  faut  souffrir  de 
la  faim  et  de  la  soif,  en  même  temps  qu'on  est  continuellement 
exposé  à  être  dévoré  par  les  bêtes  féroces  ou  massacré  par  les 
indigènes.  » 

On  aime  à  voir  demeurer  inébranlable,  au  milieu  de  toutes  ces 
privations,  leur  dévouement  aux  intérêts  immortels  des  païens. 

«  Chers  frères,  écrivent-ils  aux  directeurs,  nous  avons  eu  à 
surmonter  bien  des  difficultés  dont  il  est  impossible  de  se  faire 
une  idée,  à  moins  de  s'être  trouvé  dans  un  désert  aride.  Non-seu- 
lement nous  étions  loin  de  tous  nos  amis,  mais  nous  ne  pouvions 
réclamer  le  secours  d'aucun  être  humain.  Sans  la  ferme  convic- 
tion où  nous  étions  que  la  volonté  de  Dieu  nous  appelait  chez  les 
Namaquois,  nous  n'eussions  jamais  surmonté  de  pareilles  fati- 
gues. Nous  avons  vu  avec  peine  que  ceux-là  mêmes  qui  étaient 
naturellement  appelés  à  nous  assister,  aient  rendu  notre  voyage 
si  pénible,  faute  de  pourvoir  suffisamment  à  nos  besoins.  »  Cor- 
nélius Kok,  de  Kamiesberg,  dernier  chef  de  Philippolis,  et  son 
lils  Adam,  furent  pour  eux,  dans  leurs  épreuves,  des  aides  et  des 
consolateurs  précieux.  Ces  épreuves  se  trouvaient  décuplées  par 
le  défaut  de  ressources  pécuniaires,  au  milieu  d'un  peuple  pau- 
vre lui-même  et  porté  à  suspecter  les  intentions.  Bien  qu'un 
gouvernement  rigide  el  prévenu  leur  eût  accordé,  comme  nue 

grâce,  la  permission  de  s'exiler  au  milieu  d'une  peuplade;  sauvage 

pour  lui  enseigner  la  religion  chrétienne ,  il  leur  était  défendu 


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vents  qui  sifflent  dansles  montagnes  de  \\  ittsemberg  et  de  Win- 
terhoek,  alors  les  deux  châteaux  forts  de  la  tribu.  À  mesure  que 
les  colons  hollandais  augmentèrent  en  nombre,  et  qu'ils  eurent 
besoin  de  se  faire  de  la  place  en  s'appropriant  les  pays  qui  s'éten- 
daient au  delà  des  leurs,  les  Hottentots,  hors  d'état  de  résister  à 
cette  invasion  d'étrangers,  se  virent  obligés  de  céder  et  de  se  re- 
tirer, si  mieux  ils  n'aimaient  plier  sous  le  joug  d'une  obéissance 
passive.  Àfricaner  se  vit  de  jour  en  jour  éloigner  davantage  du 
pays  de  ses  ancêtres,  jusqu'à  ce  qu'il  tomba  sous  la  sujétion  d'un 

fermier  nommé  P 11  passa  un  certain  nombre  d'années  dans 

celte  situation  avec  les  débris  de  sa  tribu.  P...  trouva  dans  Afri- 
caner un  berger  fidèle  et  intrépide,  actif  à  défendre  comme  à 
multiplier  ses  troupeaux;  et  s'il  avait  témoigné  à  ses  sujets,  je  ne 
dis  pas  delà  reconnaissance,  mais  l'humanité  la  pins  vulgaire,  il 
eût  pu  mourir  honorablement,  et  aurait  prévenu  la  catastrophe 
dont  sa  famille  fut  victime.  Au  lieu  de  cela  il  ne  sut  qu'exaspé- 
rer, à  force  d'oppression,  un  chef  dont  l'énergie  ne  sommeillait 
qu'en  apparence,  et  qui  ne  pouvait  voir,  sans  indignation, 
son  peuple  diminué  de  plus  en  plus  ,  les  enfants  massacrés, 
les  filles  et  les  femmes  violées,  tandis  que  lui-même  était  ré- 
duit à  une  nourriture  insuffisante  et  grossière.  Il  eut  des 
preuves  incontestables  qu'on  machinait  contre  lui  et  son 
peuple  un  complot  meurtrier.  Habitués  qu'ils  étaient  à  l'usage 
des  armes  à  feu,  qu'on  leur  avait  mises  entre  les  mains  pour  re- 
prendre sur  les  brigands  du  désert  le  bétail  dérobé,  ils  ne  crai- 
gnirent pas  de  refuser  d'obéir  aux  ordres  de  leur  maître,  qui  rem- 
plissait des  fonctions  analogues  à  celles  d'un  juge  de  paix. 
Vainement  il  envoya  message  sur  message  dans  les  cabanes  où 
demeuraient  Africaner  et  les  siens  :  le  moment  était  venu  où  la 
fureur  concentrée  qui  couvait  depuis  longtemps  dans  leurs  cœurs 
allait  éclater  enfin.  Ils  avaient  témoigné  au  fermier  le  désir  d'ob- 
tenir quelque  indemnité  pour  leur  dure  servitude,  et  de  pou  voit 
se  retirer  dans  an  district  éloigné  pour  \  vivre  en  paix.  Ce  vœu, 
sèchement  rejeté,  n'avait  amené  qu'un  redoublement  de  sévérité. 
C'était  le  soir:  le  fermier,  irrite  de  voir  ses  ordres  méconnus, 
leur  enjoignit  de  se  présenter  à  la  porte  de  sa  maison.  Ce  fui 
pour  eus  un  moment  solennel;  <  i  Bi accoutumés  qu'ils  lussent  à 
•  les  scènes  de  barbarie,  ils  ne  purent  se  défendre  d'une  vive  an- 
goisse. Il  ne  leur  était  pas  en<  ore  venu  à  la  pensée  d'usui  «le  \  io- 


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avec  une  égale  fureur  sans  pouvoir  se  vaincre,  jusqu'à  ce  qu'en  tin 
l'Evangile  de  paix  leur  apprit  à  changer  «  leurs  épées  en  boyaux 
et  leurs  hallebardes  en  serpes.  » 
Le  signal  des  hostilités  avait  été  donné  par  Africaner.  Dès  qu'il 

eut  découvert  l'origine  du  complot  qui  fut  sur  le  point  de  ren- 
verser son  pouvoir,  il  se  transporta  sur  les  frontières  de  la  Colo- 
nie. Un  fermier,  nommé  Engelbert,  et  un  Hollentot  basiard,  pé- 
rirent victimes  de  sa  fureur;  leur  bétail  et  tous  leurs  biens  furent 
enlevés.  Dès  lors  il  devint  un  objet  de  terreur,  non-seulement 
pour  la  Colonie,  mais  aussi  pour  les  tribus  du  nord.  Les  indi- 
gènes voyaient  en  lui,  avec  juste  raison,  un  voisin  dangereux, 
quelque  légitimes  que  fussent  ses  titres  au  territoire  qu'il  possé- 
dait dans  leur  pays.  Ils  le  considérèrent  comme  un  ennemi  pu- 
blic, attaquèrent  et  pillèrentses  propriétés.  Africaner  ne  manqua 
pas  de  le  leur  rendre  avec  usure,  et  bientôt  son  nom  seul  devint 
un  épouvantait  qui  faisait  fuir  les  tribus  à  son  approche.  A  une 
époque  où  les  choses  avaient  bien  changé,  je  me  trouvais  un  jour 
à  côté  d'un  chef  namaquois,  au  moment  où  Africaner  s'avançait 
au  milieu  de  deux  corps  ennemis  en  les  suppliant  de  faire  la  paix. 
«  Regarde,  »  médit  ce  chef  saisi  d'admiration  en  montrant  Afri- 
caner, «  le  voilà  ce  lion  dont  le  seul  rugissement  chassait  de  leurs 
maisons  les  habitants  des  villages  les  plus  éloignés!  Moi-même, 
ajoula-t-il  en  se  frappant  la  poitrine,  j'ai  fui  devant  son  approche 
avec  mon  peuple,  avec  nos  femmes  et  nos  enfants,  vers  les  mon- 
tagnes et  les  déserts,  et  nous  préférions  passer  de  longues  nuits 
au  milieu  des  bêtes  féroces  plutôt  que  d'affronter  les  regards  de 


ce  lion  rugissant.  » 


Apres  que  le  calme  fut  rétabli  dans  la  portion  du  pays  qu'ha- 
bitait Africaner,  d'autres  districts  plus  reculés  dans  l'intérieur 
furent  ravagés  par  des  habitants  de  la  Colonie,  qui  semblaient  se 
faire  un  jeu  cruel  de  tuer  les  indigènes  à  coups  de  fusil  cl  de  piller 
leur  bétail.  Le  chef  d'un  de  Ces  districts  envoya  une  députation 
à  Africaner,  pour  le  prier  de  mettre  un  terme  aux  violences  de 
ces  maraudeurs;  il  lui  désignait  surtout  un  fermier  qui  s'était 
retranché  avec  quelques  Bustards  dans  une  soi  le  de  château  fort, 
africaner  s'empressa  d'obéir  à  cet  appel,  <i  voulant  éviter,  s'il 
était  possible,  l'effusion  du  -.mu,  ii  m-  rendit  lui-même  avec  ses 
officiers  auprès  du  fermier  et  de  sesgens  pour  les  engagei  paisi- 
blement ;i  quitter  la  contrée  <1> >n t  ils  étaient  le  fléau.  \u  moment 


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pédilion  qu'ils  projetaient.  Après  plusieurs  jours  de  marches  for- 
cées le  long  de  la  rive  septentrionale  de  l'Orange,  ils  découvri- 
rent au  moyen  d'espions  la  retraite  de  leurs  ennemis  sur  la  rive 
méridionale.  Au  milieu  de  la  nuit  ils  traversèrent  le  fleuve  à  la 
nage,  le  fusil  sur  l'épaule,  leurs  habits  et  leurs  munitions  attachés 
sur  leur  lêie.  Ils  s'avancèrent  ainsi  préparés,  et,  au  moment  où 
leurs  ennemis  dormaient  dans  une  complète  sécurité,  ils  les  ré- 
veillèrent en  faisant  tomber  mu-  leurs  huttes  fragiles  une  grêle  de 
pierres.  Quand  ceux-ci  en  sortirent,  ils  furent  accueillis  à  coups 
de  Bêches,  et  avant  qu'ils  eussent  le  temps  de  se  reconnaître  et  de 
prendre  leurs  armes,  des  décharges  de  mousqueterie  leur  prou- 
vèrent qu'ils  avaient  affaire  à  an  ennemi  place  dans  la  position  la 
plus  favorable;  aussi  se  mirent-ils  à  fuir  dans  le  plus  grand  dés- 
ordre, laissant  entre  les  mains  d'Africaner  leur  propre  bétail  avec 
celui  qu'ils  avaient  dérobé. 

Nicolas Bérend,  dont  nous  venons  de  parler,  était  un  homme 
supérieur  par  son  intelligence  en  même  temps  que  par  ses  qua- 
lités guerrières.  J'ai  souvent  voyagé  avec  lui  dans  ces  déserts; 
doué  d'une  mémoire  excellente  et  d'un  certain  talent  de  narra- 
tion, il  abrégeait  ordinairement  l'ennui  de  la  route  en  racontant 
des  faits  d'armes  qui  s'étaient  passés  du  temps  où  il  était  païen  ; 
l'un  des  principaux  était  ce  combat  avec  Africaner,  qu'il  ne  pou- 
vait se  rappeler  sans  un  soupir  de  regret. 

Il  aimait  à  raconter  le  trait  suivant,  comme  exemple  remar- 
quable d'une  intervention  de  la  providence  divine  pour  lui  sauver 
la  vie.  11  avait  engagé  un  combat  désespéré  avec  Titus  Africaner, 
qui  m'a  fait  plus  d'une  fois  le  même  récit.  Ils  s'étaient  battus 
a\ec  acharnement  pendant  plusieurs  heures,  perdant  et  re- 
prenant  tour  à  tour  un  troupeau  de  bétail;  ce  troupeau  de 
bétail  et  des  buissons  les  avaient  masqués  jusqu'alors  l'un  à 
l'autre.  Tout  à  coup  un  jour  s'élanl  fait  dans  la  mêlée  qui  les 
séparait,  ils  se  trouvèrent  en  vue  l'un  de  l'autre  et  se  couchèrent 
en  joue  simultanément  ave<  nue  égale  fureur.  Ils  seraient  infailli- 
blement tombés  tous  les  deux,  vu  leur  habileté  bien  connue  à  ma- 
nier le  fusil,  si,  .1  l'instant  où  il-  pr<  ssaient  la  détente,  une  va< 
n'était  venue  se  jeter  entre  e  i\  ei  recei  »ii  les  deux  balles  dans 
son  corps.  Titus  était  un  homme  à  attendre  en  souriant  l'approche 
d'un  lion,  assuré  qu'il  îtait  de  l'abattre  à  ses  i  i>  ds.  Souvent  il 
s'amusait  au  milieu  du   la  nuit  •>  iraverseï  ■<  la  nage,  son  fusil 


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VI. 


Etablissement  des  missionnaires  à  Warm-Bath. — Africaner  se  joint  momenta- 
nément à  la  mission.  —  Mort  d'Abraham  Albert.  —  Espérances  frustrées.  — 
.Meurtre  de  Ilans-Drayer  et  ses  suitts. — Epreuves  des  missionnaires. — Sin- 
gulière exhumation.  —  Destruction  de  Warm-Bath.  —  Mort  de  Chrétien 
Albert  et  de  sa  femme.  —  Perspective  réjouissante. 


Quelque  succinct  que  soit  le  récit  qui  précède  (car  l'histoire 
d'Àfricaner  fournirait  la  matière  d'un  volume),  on  peut  en  con- 
clure que  les  missionnaires  avaient  à  choisir  entre  deux  partis  : 
ou  bien  prendre  Africaner  lui-même  et  son  peuple  pour  le  centre 
de  leurs  travaux;  ou  bien  tixer  le  champ  de  ces  travaux  à  une 
distance  assez  grande  pour  qu'il  ne  pût  y  avoir  aucune  col- 
lision entre  la  population  qui  serait  sous  leurs  soins  et  un 
voisin  aussi  redoutable.  A  vues  humaines,  si  l'on  avait  adopté 
le  premier  plan,  on  aurait  évité  les  malheurs  qui  ne  tardè- 
rent pas  à  se  déclarer.  Par  un  concours  fatal  de  circonstances 
les  missionnaires  se  décidèrent  pour  le  second,  et  ils  se  fixèrent 
;i  Warm-Bath,  à  plus  de  cent  milles  à  l'occident  du  territoire 
d'Ali  icaner. 

L'aspect  de  cette  localité  n'avait  pourtant  rien  qui  parût  devoir 
les  séduire  .-  tes  environs  étaient  stériles,  et  la  petite  portion  du 
sol  que  la  source  chaude  arrosait  était  tellement  imprégnée  de 
sel,  que  bien  peu  de  plantes  devaient  >  croître.  Mais  l'essentiel 
pour  les  missionnaires  était  de  choisir  un  endroit  où  ils  eussent 
la  chance  de  réunir  facilement  des  auditeurs  ;  et  c'est  Ce  qu'ilsCl  U- 
rent  nouvel  à  Warm-Bath.  La  population  mêlée,  qui  se  groupa 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFKIQUE.  59 

son  tombeau  avec  sa  veuve,  qui,  en  me  le  montrant,  me  raconta 
elle-même  sa  lin  paisible,  sa  profonde  sollicitude  pour  le  trou- 
peau païen  qu'il  laissait,  et  les  recommandations  pressantes  qu'il 
lit  à  ceux  qui  l'entouraient  de  donner  leur  cœur  à  Christ. 

Aussitôt  après  cet  événement  ,  Chrétien  Albert ,  qui  avait 
poussé  son  vovage  jusqu'à  la  ville  du  Cap,  y  épousa  Mlle  Burg- 
man,  jeune  personne  de  moyens  supérieurs  et  d'une  éducation 
distinguée,  qui  brûlait  dès  longtemps  d'affronter  les  périls  du  dé- 
sert pour  annoncer  le  Sauveur  aux  malheureux  enfants  de  l'A- 
frique. Elle  partit  aussitôt  pour  Warm-Bath  avec  son  mari,  la 
veuve  et  l'enfant  d'Abraham.  Dès  son  arrivée  elle  se  mil  à  l'œu- 
vre avec  une  ardeur  infatigable,  heureuse  d'échanger  conlre 
cette  vie  de  renoncement  les  jouissances  de  toute  espèce  qui  l'en- 
touraient naguère  à  Rotterdam.  Mais  elle  vil  bientôt  ses  travaux 
interrompus  par  un  orage  terrible  qui  vint  éclater  sur  la  mission 
et  anéantir  toutes  ses  espérances. 

Africaner,  qui  ne  pouvait  pas  pénétrer  lui-même  dans  la  Co- 
lonie, où  il  était  hors  la  loi,  avait  conlié  à  un  nommé  llans- 
Drayer  un  attelage  de  trente  bœufs  pour  les  vendre  au  Cap.  Ces 
bœufs  furent  confisqués  par  un  fermier  qui  était  créancier  de 
Hans  pour  une  somme  considérable.  Hans,  en  conséquence,  re- 
vint sur  ses  pas  et  se  retira  dans  la  station  missionnaire  de  Sei- 
denfaden,  a  kamiesberg.  Quand  Africaner,  qui  avait  appris  ce 
cjui  était  arrivé,  vint  lui  demander  des  explications,  il  ne  répondit 
que  par  des  insolenees.  11  alla  jusqu'à  prendre  un  fusil  et  coucher 
en  joue  Africaner;  mais  celui-ci  le  prévint  en  le  tuant.  Ses  amis 
cherchèrent  à  le  venger,  et  ils  obtinrent  malheureusement  quel- 
ques >ecours  dans  ee  but  des  habitants  de  \\  arm-Balh.  A  ce  pre- 
mier grief  s'en  joignit  un  autre,  qui  n'avait  aucun  fondemenl 
réel.  Le  bruit  se  répandit  que  les  gens  de  Warm-Bath  avaient 
enlevé  du  bétail  d'Africaner,  et  cela  à  l'instigation  des  mission- 
naires. C'en  fui  assez  pour  enflammer  le  courroux  du  chef  bot- 
tentot,  qui  dévoua  la  mission  à  sa  vengeance. 

Dès  ce  moment  la  position  des  missionnaires  <i  île  leurs  fem- 
mes devint  des  plus  cruelles.  Ils  se  trouvaient  jetés  au  milieu 
d'une  population  faible  el  timide,  presque  entièremenl  dépour- 
vus de  moyens  de  défense  :  autour  d'eux  une  plaine  rase,  pas  une 
caverne  qui  pûl  leur  servir  d'asile,  el  sur  leurs  lêtes  un  soleil 
dévoranl  ;  soixante  lieues  d'un  désert  aride,  ci  le  Meuve  <  (range, 


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DANS    LE    SUD    DE  i/aFRIQUE.  01 

missionnaires.  Au  bout  d'un  moment,  les  sous  ayant  cessé,  il 
s'enhardit  à  faire  une  nouvelle  tentative.  Un  nouveau  mouvement 
de  ses  pieds  réveilla  la  harpe  sépulcrale,  qui  lit  résonner  à  son 
oreille  la  même  musique  douce  et  solennelle.  Alors,  sans  oser 
regarder  derrière  lui,  il  vola  au  camp  d'Africaner,  et  lui  annonça 
la  découverte  merveilleuse  qu'il  venait  de  faire.  Le  chef,  qui  ne 
craignait  ni  les  vivants,  ni  les  morts,  et  que  la  vue  d'un  fantôme 
n'aurait  pas  fait  reculer,  se  leva  en  ordonnant  à  ses  hommes  de 
le  suivre  au  cimetière.  Ils  marchèrent  l'un  après  l'autre  sur  la 
tombe  désignée,  et  chaque  mouvement  fit  sortir  de  terre  les 
mêmes  accents  de  la  plus  douce  musique.  Afrieaner  fit  aussitôt 
pratiquer  une  exhumation,  et  le  musicien  mystérieux  fut  bien- 
tôt mis  au  grand  jour.  Il  n'était  autre  que  le  piano  de  Mme  Albert, 
qu'elle  avait  apporté  avec  elle  de  Londres,  et  dont  le  pareil  n'a- 
xait jamais  été  vu  au  delà  du  fleuve  Orange.  >e  pouvant  l'em- 
porter avec  elle,  dans  une  fuite  précipitée,  elle  l'avait  fait  ense- 
velir dans  la  terre,  où  il  se  serait  conservé  intact  sans  celte 
circonstance,  vu  l'absence  complète  d'humidité.  Afrieaner,  (pic 
son  esprit  martial  ne  portait  pas  au  culte  des  muses,  permit  à  ses 
gens  de  mettre  en  pièces  l'instrument  pour  le  partager  entre  eux; 
ce  n'est  pas  sans  émotion  que  j'ai  retrouvé  plus  tard  quelques- 
uns  de  ces  débris  sonores,  poétique  souvenir  d'un  temps  déjà 
loin  de  moi  :  la  main  qui  en  tirait  autrefois  des  accords  divins 
éiait  placée  alors  dans  la  poussière  de  la  tombe. 

Lorsque  Afrieaner  quitta  Warm-Bath,  un  de  ses  gens  mit  In 
ti  ii  aux  maisons  et  aux  cabanes,  qui  ne  furent  bientôt  qu'un 
mon*  c.ni  de  cendres.  Ainsi  s'éteignit  pour  un  temps  la  lumière 
de  l.i  vériléqni  commençait  à  briller  dans  <■>•<,  régions  de  ténèbres. 

Les  missionnaires,  comme  nous  l'avons  vu,  s'étaient  rendus 
dans  la  Colonie;  la  visite  qu'ils  tirent  au  Cap  ranima  quelque 
peu  leur  courage  sans  effacer  les  traces  profondes  de  leurs  souf- 
frances; une  lettre  écrite  par  M",e  Albert  aux  directeurs,  eu  dé- 
cembre !*I  l,  ;iu  moment  de  repartir,  témoigne  qu'elle  étail  dans 
un  grand  abattement  de  corps  el  d'esprit,  ^près  un  voyage  des 
plus  pénibles  mu  ils  furent  plus  d'une  fois  en  danger  de  nu. ri,  ils 
atteignirent  Silver-Foulain,  '  résidence  de  Cornélius  knk  ,  qui 
vint  une  seconde  fois  en  aide  aux  voyageurs  épuisés  Ce  fut  là  que 

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CHAPITRE  VII. 


M.  Cdmpbell  écrit  à  Africaner.  — M.  Ebner  est  envoyé  en  mission  auprès  de  lui. 

—  Description  d'un  voyage  pour  se  rendre  au  pays  des  Xamaquois.  —  Con- 
duite du   bétail. — Contre-temps.  —  La  brebis  perdue.  — La  rivière  enflée. 

—  Départ  de  Bysondermeid.  —  Scènes  du  désert.  — Fuite  des  bœufs.  —  Ar- 
rivée de   M.    Bartlett.  —   Arrivée  h  Pella.  —  Traversée   du  fleuve  Orange. 

—  Vive  contestation. 


Le  révérend  J.  Campbell,  lors  de  son  premier  voyage  en  Afri- 
que, dont  nous  avons  déjà  parlé,  se  rendit  dans  le  pays  des  Na- 
maquois,  en  passant  par  l'intérieur  du  continent.  Dans  tous  1rs 
villages  qu'il  traversa  sur  sa  rouie,  il  trouva  répandue  In  terreur 
du  nom  d' Africaner.  En  arrivant  à  Pella,  il  écrivit  à  ce  chef  une 
lettre  de  conciliation,  que  M.  Sass  fut  chargé  de  lui  porter.  Mais 
celui-ci,  après  avoir  vainement  cherché  Africain  r  pendant  quel- 
que temps,  sévit  contraint,  par  la  faim  et  par  la  soif,  de  renon- 
cer à  son  entreprise,  et  de  remettre  sa  missive  à  un  homme  de 
conlianeebien  connu  de  celui  à  qui  elle  s'adressait.  En  revenant, 
M.  Sass  et  ses  compagnons  se  virent  au  moment  de  périr  de  soif; 
ils  trouvèrent  enfin  de  l'eau  dans  un  creux  de  rocher;  mais  ils  \ 
trouvèrent  ;m>si  le  corps  d'une  hyène  monstrueuse  qui  s'y  étai t 
noyée;  l'infection  était  horrible,  ei  quand  ils  voulurent  retirer  de 
L'eau  ce  cadavre  en  putréfacti  >n,  il  ;  tmba  en  morceaux  en  ire  leurs 

mains.  Mais  le  tourment  de  la    BOl'f  fait  tout   Surmonter  :  chose 
qu'on  aura  peine  à  Croire  en  Europe,  il--  burent  de  celte  eau,  bien 

que  les  bêtes  de  somme,  à  demi-mortes  du  même  besoin,  se  re- 
fusassent a  goûtei  ce  breuvage  empoisonné. 


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M    l  Lu.  i  .1.  \  ut  des  :  .  >l  <m  i 

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DANS    LF.  Slr       HF.    L'AFRIQUE.  ()5 

-  ara  peut-être  pas  sans  intérêt  pour  ceux  de  mes  lecteurs  qui  ne 
connaissent  pas  l'Afrique.  Le  voyageur  novice   achète  ordinai- 
rement  fort  cher  des   leçons    que   l'expérience   peut   seule  lui 
donner  dans  un  pays  où  les  moyens  de  transport  ne  ressemblent 
en  rien  à  ceux  qu'on  connaît  en  Euiope.  Le  wagon  lui  parait  à 
première  vue  un  véhicule  pesant  et  mal  construit;  mais  à  l'é- 
preuve il  reconnaîtra  bientôt  quela  forme  et  lemécanismedecettr 
voiture  sont  admirablement  calculés  pour  les  ravins  et  les  pentes 
rocheuses  qu'elle  doit  franchir.  Accoutumé  à  la  vitesse  des  che- 
vaux, sa  patience  est  mise  à  bout  parle  pas  lent  et  mesuré  des 
bœufs,  qui  ne  font  pas  une  lieue  à  l'heure,  et  qui  ne  marchent 
pas  bail  heures  par  jour.  II  esl  rebuté  par  leur  caractère  indocile, 
comme  aussi  parla  disposition  peu  élégante  de  l'attelage.  Il  ne 
trouve  pis  moins  étrange  que  les  indigènes  ne  comprennent  pas 
s«m  langage,  trop  rapide  pour  eux.  Celui-ci  l'impatiente  par  sa 
lenteur  qu'il  taxe  de  paresse;  cet  autre  prend  la  fuite  en  allé- 
geant I»-  wagon  d'une  partie  deson  bagage,  et  cela  au  moment  où 
il  se  trouve  engagé  dans  1rs  sables  ou  engravé  dans  le  lit  d'un 
torrent.  Plusieurs  de  ces  dures  leçons  me  furent  épargnées  ainsi 
qu'à  M.  kitchingman,  grâce  au  séjour  que  nous  avions  fût  chez 
des  fermiers  expérimentés  avant  de  commencer  notre  voyage; 
toutefois,  nous  n'en  eûmes  pas  moins  notre  part  d'épreuves  dans 
notre  pèlerinage  à  travers  l'Afriqnc.  Nous  trouvâmes  assez  faci- 
lement les  cochers  et  les  conducteurs  nécessaires  pour  les  wa- 
■in  et  les  I  eufs  :  '  mais  il  fallait  en  outre  un  homme  pour  con- 
duire a  l'arrière-garde  les  boni- de  rechange,  qu'on  est  obligé  de 
prendre  en  cas  d'événement,  les  brebis  <!•  slinéesà  notre  nourri- 
ture et  nos  chevaux.   Les  domestiques  étant  très-rares  à  cette 
époque,  nous  eûmes  la  plus  grande  peine  à  non-  procurer  un 
conducteur;  et  à  peine  eut-il  louché  d'avance  une  pai  lie  'le  son 

Salaire,   a  titre  d'arrhes,    qu'il    disparut,    ce   qui   non-    obligea. 

M.  Kitchingman  et  moi,  a  nous  charger  lour  à  tour  de  cette  be- 
sogne. Nous  voyagions  principalement  la  nuit,  à  cause  de  la 
»ha  leur  extrême  qu'il  faisait  alors  (c'était  au  mois  île  novembre); 
il  fallait  que  l'un  de  nous  soutint  constamment  M  "  Kitchingman, 

cpii  était  pie-  île  devenir  mère,   pour  lui  adoucir  le-  cahot-  d'une 


mande  «toux  hommes  ;  un  conducteur  pour  les  bœr.: 


- 

\">iiur  t  inégal.  I 

ie  île  conduii 

•  I  nrliiii' 

i  l'ai  irme  parmi  U  -  \  invra  l 
mettra  '-ii  fui  le  ;  le  m 

il  1 1  ligure  cl  les  j  u..  lai 

irmili. 
«l'un  v  mgliei  1  enfin,  épui.<u  i  nV  H 

■  I  rejoint  la  •  i  l  ■  l>  ilie  m  de* 

wagon,  p  nt  d'an  œil  exercé  le  bétail  de  l'arrière- 

innoocc  lu   malheureux  missionnaire  qu'il  :»   laine  perdi 
brebis  <  '•  Ium  i  -  •  :•  nd  auprès  du  feu  allumé  d<  rriére  un  balai 
ru    >nl 

-  d'un  i      lende- 

main matin  il  n 

due,   i  ;••  u  pi  u  en  n 

ipei  de  la  Mène.  M  l  fini  | 

.1   une   M  ni-     !  ■    il<  x  ml   il  un 

(In 

(OUI    I    I  11    l'IlM'-ll- 

lanii  n   d<  N 

IKHIS   étions  |ti\  lirritun 

i|ii>-  nous  u.    : 

brebis  fui 

dem  lin  m  ilin  ;  m  n* .  Il  i  .1  m-  l  i  nuit, 

proi  he  d'une  li\'  V     k 

rhii 

nous  dé  oui  rlrw  rdua  mit  n 

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DANS    LE    SUD    DE    l'aFRIQUE.  67 

nous  fut  de  retourner  lentement  à  nos  wagons.  Quand  on  nous 
vit  arriver  les  mains  vicies  au  lieu  d'apporter  le  gigot  de  mouton 
qu'on  attendait,  le  seul  compliment  dont  on  paya  nos  fatigues 
fut  que  nous  avions  été  bien  maladroits. 

'Nous  eûmes  aussi  à  subir  des  épreuves  d'un  autre  genre,  aux- 
quelles nous  ne  nous  serions  pas  attendus  dans  une  contrée  aussi 
aride.  11  était  tombé  récemment  de  la  pluie  dans  le  voisinage  de 
Kamies-Berg;  et  le  sol  se  trouvait  tellement  imprégné  d'humidité, 
(pie  souvent  les  bœufs  et  les  wagons  restaient  engagés  dans  un 
bourbier,  d'où 'l'on  ne  pouvait  les  tirer  qu'avec  une  difficulté 
extrême,  en  déchargeant  entièrement  les  voitures. 

Une  des  rivières  qui  se  trouvaient  sur  notre  chemin  était  si 
enflée  et  si  rapide,  que  Mme  Kitchingman,  n'osant  pas  la  traverser 
en  wagon  ,  préféra  se  faire  porter.  Comme  j'étais  plus  robuste 
que  M.  Kitchingman,  je  fus  naturellement  chargé  de  cette  lâche, 
que  la  surface  polie  et  glissante  des  pierres  du  fond  ne  contri- 
buait pas  à  rendre  facile;  aussi  nos  gens  se  tenaient-ils  rangés 
sur  la  rive  pendant  celle  expédition,  attendant  avec  une  maligne 
joie  le  moment  de  rire  à  nos  dépens,  quand  un  faux  pas  nous 
ferait  plonger  tous  les  deux;  ce  qui  pourtant  n'arriva  pas. 

Ce  fut  à  Bysondermeid  que  je  vis  pour  la  première  fois  une 
congrégation  chrétienne  de  natifs;  et  je  n'oublierai  jamais  l'é- 
motion que  j'éprouvai  quand  j'entendis  M.  Schmelen  s'adresser 
dans  son  style  énergique  à  la  foide  attentive  de  ses  auditeurs. 
Cette  Station  devailèlre  le  champ  des  travaux  deM.  Kitchingman; 
quant  à  M.  Schmelen,  il  devait  s'avancer  dans  l'intérieur  du  pays 
des  Namaquois. 

Je  restai  près  d'un  mois  à  Bysondermeid  avec  M.  Schmelen, 
dont  la  longue  expérience  me  procura  bien  des  renseignements 
utiles.  Quand  mes  bœufs  furent  un  peu  reposés,  je  dis  adieu  à 
mes  compagnons  de  voyage ,  M.  et  Mmc  Kitchingman,  et  je  m'en- 
fonçai  avec  un  guide  dans  un  désert  sans  chemin  tracé.  Après 
avoii  voyagé  toute  la  nuit  dans  une  mer  de  sable,  les  bœufs  s'a- 
battirent <lr  fatigue  et  nous  obligèrent  ainsi  à  nous  arrêter  avant 
d'avoir  trouvé  de  l'eau.  Le  jour  suivant  nous  nous  remimes  en 
marche,  et  quand  nous  arrivâmes  à  l'endroit  où  nous  espérions 
en  trouver,  notreattente  fut  trompée.  Comme  il  paraissait  évident 
qu'en  continuant  à  suivre  la  meme  direction  nous  péririons  de 
soir,  nous  tournâmes,  d'après  le  conseil  de  mou  guide,   vers  le 


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DANS    LE    SUD    DK    l'aFBIQDE.  69 

humain  ni  aucune  espèce  de  gibier;  seulement  dans  le  silence 
de  la  nuit,  nous  entendions  retentir  les  rugissements  des  lions 
sur  la  montagne  où  nous  allions  deux  fois  par  jour  chercher  une 
boisson  nauséabonde,  et  pourtant  accueillie  avec  reconnaissance. 
A  la  fin,  quand  nous  commencions  à  craindre  que  nos  hommes 
ne  tussent  morts  ou  égarés,  nous  les  vîmes  revenir  à  cheval  avec 
M.  Bartlett,  portant  suspendus  à  leurs  selles  force  quartiers  de 
mouton.  Je  ne  pense  pas  qu'un  gourmet  ait  jamais  contemplé 
une  table  chargée  de  mets  avec  la  moitié  du  plaisir  que  me 
causa  la  vue  de  celte  viande  récemment  tuée.  On  avait  envoyé 
chercher  des  bœufs,  qui  arrivèrent  au  bout  de  deux  jours.  M.  Bar- 
tlett, tout  habitué  qu'il  était  à  la  chaleur  du  climat ,  déclara  que 
celle  dont  nous  avions  dû  souffrir  dans  un  tel  endroit  dépassait 
tout  ce  qu'il  avait  jamais  ressenti. 

Les  nouveaux  bœufs,  fraîchement  reposés  et  accoutumés  à  la- 
bourer le  sable,  nous  eurent  bientôt  transportés  à  Pella.  Je  m'y 
arrêtai  quelques  jours,  et  j'y  trouvai  beaucoup  d'encouragement 
dans  la  bonté  vraiment  chrétienne  de  M.  et  de  Mme  Bartlett,  aussi 
bien  que  dans  les  attentions  amicales  des  païens  convertis.  Au 
moment  où  j'allais  partir,  Magermann,  l'instituteur  indigène  de 
Warm-Bath,  arriva  avec  des  bœufs  dans  l'intention  de  m'y  con- 
duire. Comme  j'insistais  pour  me  rendre  à  ma  destination,  qui 
était  le  kraal  d'  If  ricaner  où  l'on  attendait  mon  arrivée,  Mager- 
mann consenti!  enfin,  non  sans  peine,  à  me  transporter  de  l'autre 
coté  de  la  ri\ière;  mais  cet  excellent  homme,  ne  désespérant  pas 
encore  de  gagner  sa  cause,  me  conduisit  à  un  gué  vis-à-vis  duquel 
se  Humait  un  des  villages  de  son  peuple.  Le  wagon  et  les  ob- 
jets qu'il  contenait  furent  transportés  lentement  et  pièce  à  pièce 
sur  un  fragile  radeau  en  miniature,  formé  de  souches  de  saules 
attachées  ensemble  avec  des  liens  d'écorce  de  mimosa.  La  rivière 
a  dans  cet  endroit  mille  nielles  île  large,  et  le  romani  en  est 
rapide.  Ce  courant  entraînait  chaque  fois  1''  radeau  à  une  grande 
distance;  on  le  démembrait  alors,  puis  il  était  rapporté  eu  détail 
et  à  la  nage  par  plusieurs  hommes,  qui  se  chargeaient  chacun 
d'une  souche. 

Quand,  après  un  travail  de  plusieurs  jours,  tout  lui  transporté 
sur  la  rive  opposi  e,  on  prépara  pour  moi  le  dernier  radeau  -,  après 
quoi  je  fus  invité  à  >  prendre  place  et  a  me  bien  tenir.  Peu  cu- 
rieux d'un  pareil  voyage,  outre  que  je  répugnais  a  donuui  a  ces 


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CHAPITRE  VIII. 


L'auteur  arrive  au  kraal  d'Africaner.  —  Construction  eipéditive. —  Agrémeais 
d'une  maison  indigène.  —  Sujets  d'inquiétudes. — Titus  Africaner. —  Départ 
de  M.  libner.  —  Dispositions  du  peuple.  —  Nouvelles  espérances.  —  Zèie 
d'Africaner  po  jr  l'instruction.  —  Changement  favorable  de  Titus.  —  Dispute 
de  femmes.  —  Africaner  et  la  civilisation.  —  Sa  bienveillance.  —  Ses  efforts 
pacifiques.  —  Maladie  de  l'auteur.  —  David  et  Jacques  Africaner.  —  Un 
orage.  —  Mort  chrétienne. 


Ce  fut  le  2')  janvier  1818  que  j'arrivai  au  kraal  d'Africaner,  où 
je  fus  reçu  avec  bienveillance  par  M.  Ebner.  Cet  endroit,  appelé 
alors  Jérusalem,  reçut  plus  tard  le  nom  de  Vreede-Berg.  Le  frère 
d'Africaner,  qui  s'était  chargé  de  mon  wagon,  le  Conduisit  auprès 
d'un  grand  arbre  du  village,  à  quelques  centaines  de  mètres  de  la 
cabane  provisoire  qu'habitait. M  Ebner.  Gela  me  parut  de  mauvais 
augure,  mais  je  n'ignorais  pas  qu'il  est  quelquefois  plu>  sage  de 
garder  le  silence.  L«>  apparences  n'étaient  pas  aussi  encoura- 
geantes que  je  m'y  attendais;  el  Africaner  resta  quelque  temps 
-ans  venir  me  souhaiter  la  bienvenue.  Je  ne  savais  pas  qu'il  v  eût 
de  la  mésintelligence  entre  le  peuple  et  le  missionnaire,  bien  que 
j'eusse  entendu  avec  surprise  ce  dernier,  dan;,  la  Colonie,  parler 
de  ses  ouailles  comme  d'une  population  malveillante,  soupçon- 
neuse et  ii  laquelle  on  ne  pouvait  pas  >e  fier. 

Après  plus  d'une  beure  d'attente,  Africaner  parut  enfin;  et 
in'ayant  adressé  la  salutation  d'usage,  il  me  demanda  >i  j'étais  le 
missionnaire  envoyé  pai  la  So<  iélé  de  Londres.  Ha  réponse  affir- 
mative  parut  lui  •      -      un  grand  plaisir;  el  il  ajouta  que,  vu  ma 


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DANS    LE    SLD    DE    l'aFRIQCK.  73 

pour  l'existence  de  la  mission.  Cet  homme,  que  je  ne  connaissais 
pas  encore,  portait  une  haine  de  longue  date  aux  missionnaires; 
il  vint  se  poster  avec  quelques  autres  devint  l'habitation  de 
M.  Ehner,  et,  l'accablant  d'injures,  ils  lui  ordonnèrent  a\ec  les 
menaces  les  plus  violentes,  de  quitter  le  village  à  l'instant. 
Toute  la  population  contemplait  silencieusement  celte  scène  qui 
m'affectait  péniblement.  Craignant  qu'un  grand  malheur  n'ar- 
rivât, je  sollicitai  une  entrevue  avec  le  chef,  et  le  suppliai  au  nom 
de  la  foi  chrétienne  dont  il  faisait  profession  d'user  de  son  in- 
fluence pour  arrêter  la  conduite  violente  de  son  frère.  Mais  Afri- 
caner  montra  une  grande  répugnance  à  intervenir,  cl  tout  ce 
que  je  pus  obtenir  fut  la  promesse  d'empêcher  Titus  d'attaquer 
personnellement  M.  Ebner.  Je  me  rendis  alors  auprès  de  ce  der- 
nier pour  l'engager  à  ne  plus  résister  à  un  homme  furieux  qui 
en  voulait  à  sa  vie.  Je  m'adressai  à  Titus,  et  le  priai  de  remettre 
celle  affaire  à  la  décision  du  chef;  à  quoi  il  me  répondit  avec 
beaucoup  de  calme  :  «  J'espère  que  vous  n'interviendrez  pas.  » 
Je  m'assis  alors  à  la  porte  de  la  demeure  de  M.  Ebner,  sans  prendre 
une  part  active  à  la  dispute,  mais  décidé,  dans  le  cas  où  l'on  en 
viendrait  aux  voies  de  fait,  à  prendre  la  défense  de  sa  femmeel  de 
ses  enfants.  Vers  le  soir,  le  calme  s'établit  enfin,  mais  c'était  un 
calme  triste  et  sombre,  .^irioui  quand  je  \is  venir  M.  Ebner  qui 
me  pria  de  me  charger  seul  de  la  galion,  attendu  qu'il  était  lésolu 
à  ne  plus  jamais  leur  adresser  la  parole  et  a  quitter  le  pays 
pour  toujours.  Comme  je  le  soyai--  très-irri lé  contre  toute  celte 
population,  je  le  suppliai  d'attendre  et  d'examiner  la  question  a 
lêle  reposée.  Deux  jours  s'écoulèrent  ainsi,  et  Lieu  que  j'eusse 
obtenu  de  Titus  la  promesse  de  ne-  plu:-  inquiéter  M.  Ebner,  sa 
résolution  de  partir  lut  inébranlable.  Je  n'oublierai  jamais  ce 
que  j'éprouvai  quand,  mit  la  demande  de  mon  compagnon  d'œu 
vre,  j'allai  prier  ceux  d'entre  eux  qui  le  pouvaient  de  l'aider 
a  se  rendre  avec  son  wagon  et  ses  effets  a  Warm-Bath,  où 
l'invitait  a  venir  le  chef  Bondlezwarls.  '  SI.  Ebner  craignait 
une  attaque  de  la  part  de  liius  el  des  siens,  après  qu'il  aurait 
quitté  la  station,  el  le  bruit  courut  que  sans  ma  présence  celle 


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DANS    LE    SUD    !>F    L  AFRIQUE.  75 

création,  la  providence,  la  rédemption  et  sur  la  gloire  du  monde 
à  venir.  Après  avoir,  comme  l'abeille  qui  va  cueillir  du  miel  sur 
toutes  les  fleurs,  fait  sa  "provision  dans  ses  lectures  du  jour,  il 
me  répétait  textuellement  les  passages  qu'il  n'avait  pas  bien 
compris.  11  n'avait  d'autre  commentaire  que  les  explications  de 
son  maître,  et  ne  possédait  pas  de  Bible  à  références;  mais  il 
comprit  bientôt  quelle  utilité  il  y  avait  à  consulter  les  passages 
parallèles,  que  son  excellente  mémoire  lui  faisait  trouver  aisé- 
ment. Son  imagination  expansive  ne  s'en  tenait  pas  exclusive- 
ment au  Livre  de  la  Révélation  :  il  interrogeait  aussi  celui  de  la 
nature;  portant  ses  regards  tour  à  tour  sur  les  splendeurs  de  la 
voùle  céleste  et  sur  la  terre  qu'il  foulait  sous  ses  pas,  il  décou- 
vrait partout  des  manifestations  de  la  puissance  créatrice  et  de 
l'intelligence  infinie.  11  m'amusait  souvent  lorsque,  après  que 
j'avais  répondu  à  ses  questions,  en  lui  dépeignant  la  grandeur  et 
la  multitude  des  œuvres  de  Dieu,  il  finissait  par  prendre  sa  têt'' 
dans  ses  mains  en  s'écriant  :  «  J'en  ai  assez  entendu;  il  me 
semble  que  ma  tète  est  trop  étroite  pour  contenir  ces  grandes 
cboses,  et  qu'elles  \ont  la  faire  éclater.  » 

Déjà  antérieurement  à  celte  époque,  Titus,  qui  était  un  sujet  de 
chagrin  pour  son  frère  et  un  objet  de  terreur  pour  les  habitants 
de  la  station,  auxquels  il  donnait  l'exemple  de  l'impiété,  avait 
subi  dans  ses  dispositions  un  changement  remarquable.  Je  lui 
parlai  à  diverses  reprises  avec  douceur  et  affection  de  ses  in t-  - 
rets  éternels,  et  à  la  fin  j'eus  la  joie  de  le  voir  en  lier  dan.*  la  mai- 
son de  Dieu;  il  devint  pour  moi  un  ami  sur  lequel  je  pouvais 
compter,  et  [dus  d'une  fois  il  pourvut  à  mes  besoins  dans  celte 
contrée  stérile.  Lui  aussi  passait  souvent  la  nuit  à  nous  écoulei 
son  frère  ei  moi,  mais  gardant  le  silence.  Il  pensait  que  cette  con- 
duite me  ferait  plaisir;  cependant  il  évitait  de  faire  une  profession 
ouverte  de  l'Evangile.  11  avait  coutume  de  dire  que  sa  tète  était 
trop  endurcie  par  le  péché,  et  ajoutait  :  «  J'entends  bien  ce  que 
vous  dites,  et  je  crois  quelquefois  comprendre;  mais  mon  cœur 
ne  veut  pas  sentir. a  11  était  u  la  station  le  seul  homme  de  la 
classe  supérieure  qui  eut  encore  deux  femmes;  craignant  l'in- 
fluence de  son  exemple,  je  me  hasardai  peu  à  peu  a  aborder 
ce  point  < j u î  incitait  obstacle  a  -un  entier  affranchissement; 
mais  il  demeura  inébranlable,  tout  en  reconnaissant  qu'un 
homme  qui  avait  deux  femmi  s  n'était  pas  digue  d'envie  :  •  Cai . 


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DANS    LK    SUD    Î>E    L  AFRIQUE.  77 

lut  dépenser  beaucoup  de  patience  et  de  persévérance  pour  leur 
faire  entreprendre  ce  travail  d'Hercule;  mais  ils  s'en  tirèrent  en- 
tin,  et  à  leur  grand  soulagement,  car  ils  ne  faisaient  pas  difficulté 
d'avouer  qu'avant  cette  opération  ils  hébergeaient  des  hôtes  trop 
nombreux  pour  qu'ils  pussent  dormir  tranquilles.  On  peut  dire 
avec  vérité  d'Africaner,  qu'il  «  pleurait  avec  ceux  qui  pleurent  ;  ■ 
ii  était  toujours  prêt  à  tendre  une  main  secourable  à  la  veuve  et 
à  l'orphelin,  bien  que  ses  moyens  fussent  très-bornés.  Moi-même 
je  devins  dès  le  commencement  l'objet  de  sa  charité  :  s'étant 
aperçu  que  je  faisais  souvent  un  maigre  repas,  il  me  fit  présent 
de  deux  vaches  dont  le  lait  servit  plus  d'une  fois  à  m'épargnei 
les  souffrances  de  la  faim.  11  était  homme  de  paix;  et  bien  qu'il 
n'eût  pas  voulu  consentir  à  voir  tranquillement  les  marau- 
deurs piller  son  bétail  et  massacrer  ses  serviteurs ,  il  goûtait  à 
tel  point  les  principes  de  l'Evangile  de  paix,  que  son  plus  vif 
chagrin  était  d'entendre  parler  de  querelles,  soit  d'homme  à 
homme,  soit  de  village  à  village.  Lui,  qui  autrefois  se  plaisait  à 
répandre  la  discorde  et  la  guerre  parmi  les  tribus  voisines,  faisait 
maintenant  tous  les  sacrifices  possibles  pour  prévenir  des  colli- 
sion-; et  quand  il  n'aurait  eu  qu'à  lever  le  bras  pour  commander 
aux  ennemis  de  poser  les  armes,  il  aimait  mieux  recourir  à  la 
prière  et  les  supplier  de  se  réconcilier  :  «  Quel  profit  m'est-il  re- 
■  nu,  »  leur  disait-il,  «de  tous  1rs  combats  que  j'ai  livrés  et  de 
tout  le  bétail  que  j'ai  enlevé,  sinon  la  honte  et  le  remords?  •  Dès 
1'-  commencement  de  mon  séjour  dans  cette  station,  je  fus  profon- 
dément louché  de  la  sympathie  qu'il  nie  témoigna,  ainsi  que' 
d'autres  membres desa  famille,  dans  un  moment  d'épreuve.  La 
chaleur  excessive  de  ma  hutte,  jointe'  à  l'usage  exclusif  de  la 
viande  et  du  lait  dont  je  n'avais  pas  l'habitude,  me  causa  un  \  ic- 
lenl  accès  'I'-  fièi  re  bilieuse  ;  au  bout  de  deux  jours  j'avais  le  dé- 
lire. Quand  j'ouvris  les  yeux  en  revenant  à  moi,  je  vis  mon  do- 
mestique el  Africaner,  assis  devant  mon  lit,  qui  me  regardaient 
avec  des  yeux  pleins  de  tendresse  et  il'-  sympathie.  Je  me  fis  don- 
ner un  petit  paquet  qui  renfermait  dis  médecines,  et  j'en  tirai  une 
Gole  de  calomel  dont  j'avalai  quelque  peu.  Africaner  me  de- 
manda alors,  les  yeux  gonflés  de  larmes,  comment  il  faudrait 
le'enii  rrer  si  j.-  mourais.  ..  Exactement  comme  vous  enterrez  \"s 
compatriotes,  •  répondis-je  ;  et  j'ajoutai  qu'il  ne  devait  rien  crain- 
dre sj  j'étais  rappelé ,  attendu  que  j'-  laisserais  un  lémoign 


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DANS    LE    SCO    DE    L'aFIUQL'F.  79 

pression  de  joie  ineffable,  et  rne  dit  :  «  J'attends  la  venue  du  Sei- 
gneur Jésus.  »  Comme  elle  vit  que  je  parlais  à  ses  filles  encore 
incrédules  qui  pleuraient  autour  de  son  lit  :  «  Je  les  ai  fait  venir,  » 
me  dit-elle,  «  pour  qu'elles  voient  mourir  une  chrétienne;  »  et 
peu  d'heures  après  elle  fut  recueillie  dans  le  sein  de  Dieu. 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  81 

pourvue  d'une  corne  creuse  d'élan  qui  me  servit  de  tuyau.  Cet 
appareil,  aussitôt  essayé  que  terminé,  remplit  mon  but  d'une 
manière  satisfaisante;  et  je  me  vis  bientôt  entouré  de  toute  la 
population  du  village,  avide  d'assister  à  mes  opérations.  Tout  en 
recevant  leurs  louanges,  je  désirais  ardemment  les  voir  partis, 
craignant  de  leur  apprêter  à  rire  en  gâtant  le  premier  morceau 
de  fer  que  j'essaierais  de  forger.  Une  pierre  de  granit  bleu  me 
servait  d'enclume;  j'avais  à  ma  disposition  une  informe  paire  de 
tenailles,  qui  accusait  l'enfance  de  l'art ,  et  un  marteau  qui  ne 
fut  jamais  destiné  au  travail  de  la  forge.  Mon  premier  essai  ne 
fut  pas  sans  appréhension,  intimidé  que  j'étais  par  le  grand  nom- 
bre des  spectateurs.  Heureusement  qu'à  la  grande  joie  de  ces 
derniers  mes  efforts  furent  couronnés  de  succès.  Quand  j'eus 
achevé  de  réparer  le  wagon,  je  voulus  essayer  de  remettre  en  état 
les  batteries  de  nos  fusils,  qui  n'étaient  pas  moins  nécessaires  au 
succès  de  mon  voyage.  Je  réussis  également  dans  ce  dernier  tra- 
vail; mais  il  me  fallut,  faute  d'acier,  sacrifier  deux  demes  limes, 
ce  qui  était  une  perte  réelle  dans  l'isolement  où  je  me  trouvais. 
Quand  tout  fut  prêt,  nous  partîmes  accompagnés  de  trente  hom- 
mes, laissant  Jacques  à  la  tête  des  affaires  de  la  station.  J'avais 
avec  moi  Titus  Africaner  et  d'autres  frères  de  ce  dernier.  Comme 
je  m'étonnais  d'être  accompagné  d'une  société  si  nombreuse  et  si 
redoutable,  on  me  répondit  que  cela  était  nécessaire  pour  assurer 
la  sécurité  de  mon  voyage;  et  plus  tard  je  reconnus  qu'on  avait 
raison.  Je  n'ennuierai  pas  le  lecteur  des  détails  monotones  d'un 
long  voyage  à  travers  des  sables  arides  ou  des  plaines  de  pierres. 
Je  me  borne  à  mentionner  quelques-uns  des  incidents  les  plus 
remarquables. 

Nous  traversions  une  contrée  extrêmement  stérile,  sablonneuse 
el abondante  en  granit.  Il  y  avait  aussi  du  minerai  de  fer,etdeIoin 
à  loin  des  tracesde  cuivre.  Nous  trouvions  quelquefois  des  couches 
d'ardoises,  et  du  quartz  en  grande  abondance,  qui  remplissait 
de  vastes  fissures  occasionnées  par  d'anciennes  convulsions  du  sol. 
On  trouve  dans  ces  contrées  du  fer  natif  dans  un  état  de  grande 
pureté,  et  dont  l'origine  paraît  être  météorique.  Les  plaines  sont 
constamment  sablonneuses,  et  il  y  a  même  des  collines  formées 
de  sable  pur.  J'ai  trouvé  au  pied  d<-  quelques  montagnes  do 
grands  fragments  d'arbres  à  l'état  fossile.  Les  ânes  Bauvages  ei 
surtout  les  zèbres  abondaient  sur  nuiir  route  ;  il  en  étaii  de  même 


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DANS    LE    SUD    DE    i/aFRIQUE.  83 

dans  les  fentes  des  rochers,  nous  le  mangeâmes  avec  avidité, 
heureux  d'ajouter  ce  supplément  à  notre  chétive  nourriture. 
Bientôt  l'un  de  nous  se  plaignit  d'une  sensation  de  chaleur  à  la 
gorge;  d'autres  ne  tardèrent  pas  à  éprouver  la  même  douleur, 
et  finalement  tous  ceux  qui  avaient  mangé  de  ce  miel  se  senti- 
rent la  gorge  en  feu.  Un  indigène  étant  venu  sur  ces  entrefaites, 
el  voyant  nos  mains  et  nos  visages  barbouillés  de  miel,  nous  dit 
avec  le  plus  grand  calme  :  «  Vous  auriez  mieux  fait  de  ne  pas 
manger  du  miel  de  celte  vallée  ;  ne  voyez-vous  pas  cette  plante 
vénéneuse  (l'euphorbe),  des  fleurs  de  laquelle  les  abeilles  tirent 
le  poison  avec  le  miel?  »  Nous  eûmes  alors  recours  à  la  petite 
quantité  d'eau  qui  restait  dans  nos  vases  pour  attiédir  cette  ar- 
deur intolérable;  mais  l'eau  ne  faisait  qu'accroître  la  douleur. 
Nous  n'eûmes  pas  à  déplorer  de  résultats  funestes;  mais  il  fallut 
plusieurs  jours  pour  nous  débarrasser  d'une  sensation  très-pé- 
nible dans  la  tète  et  dans  la  gorge. 

Xous  rencontrions  de  temps  en  temps  sur  notre  route  un  vil- 
lage Namaquoisoù  je  ne  manquais  pas  de  m'arrêter  un  jour  ou 
deux  pour  annoncer  l'Evangile  aux  habitants.  Leur  ignorance 
était  décourageante  au  dernier  point,  et  renversait  toutes  mes 
notions  préconçues  sur  les  idées  innées  el  sur  ce  qu'on  appelle 
lumières  naturelles.  Je  trouvais  pourtant  de  loin  en  loin  quel- 
ques lueurs  d'intelligence;  mais  je  m'aperçus,  à  ma  grande  mor- 
tification, que  dite  lumière  leur  venait  des  «  hommes  à  cha- 
peaux, »  comme  ils  appelaient  les  habitants  de  la  Colonie;  ou 
bien  île  ceux  qui  parlent  de  Dieu,  »  c'est  ainsi  qu'ils  nommaient 
I  s  habitants  de  la  station  de  M.  Schmelen  à  Bélhanie.  Au  moyen 
des  \  isiieurs  qui  avaient  élé  à  N\  arm-Bath,  les  enseignements  '1.  s 
Albert  avaient  été  portés  fort  loin,  et  ils  allaient  se  perdre  gra- 
duellement dans  les  ténèbres  du  paganisme.  Il  m'a  souvent  fallu 
îles  heures  entières  de  travail  pour  arriver  à  faire  comprendre  ce 
que  ]'•  voulais  dire  ou  ce  (pie  je  désirais  savoir.  Il  serait  plus 
amusant  qu'utile  de  clonni  r  ici  le  résultat  de  mes  recherches;  et 
peut-être  ne  puis-je  mieux  tain-  que  Je  répéter  i  n  substance  une 
conversation  qui  eut  lieu  sui  c<  -  jet  entre  M.  Schmelen  el  un 
indigène.  Je  la  tire  du  journal  d<  ce  missionnaire,  qui  se  trouvait 
mieux  plaie  que  tout  autre  pour  parvenir  à  connaître  les  id 
des  Namaquois  dans  leur  état  primitif. 

Voici  comme  il  s'exprime  dans  son  journal  à  la  date  du  23  mai 


\  I       - 

l^l  .    •  J.    cl.  in  uni  n  .1  un   n m.  iquo       •   \ 

lu   p  trier    d'un  Dieu?  i  —     D 
qu'il  j    >  un  D 

«  nui  ioui  i  «lit  qu'il  n  i   un   D 
p  ir  d  mu  .m-  ».  ■  —     Q  —     • 

Bile  qui  i 

plusieurs  ces  fu- 

rrrs  dis  c.iux  min  I  n  jour,  Iqu<  ■»- 

uns  il<  »,  >  infinis  i  -litTi'hcr  de  l'e  lu  d 

riil    iu\  i  li.iiup-  .n,  ii- 

i.iii  p.i,  .,i!.-r  i  le  i'-  iu  ;  hii  quoi  elle  m-  nul  •  n 

ni'  mblc  I 

n  •  >i  i  -   |  I    I-  s  h nus 

ei  aoourii  dessus   •  —      \  i*  su  un  n  — 

Ou  ,  nous  en  avons  vu  il  \  ••  longtemps.  »  —  •    \ 
ICndu  il  a  fait  l<  —      n 

—        Qui     i    I  ni     i  .    N      . 

lui  le  soleil  '  •  —  •  N 

Fail  par  ceux  qui  sont  >ui  ;  <|u  mil  il  ■  !•  -««•■  «ml.  il  s  I 

-  n  ni' . i.  ■  ni\  ■  i  le  fbnl  <  un.  dans  un  pot,  puis  ils  le  raccomu 

■  I.  ni  el  le  font  sortit  .1.  ,  .  .  |,. 

•  il  >  M  Mil   IloS  1' •:•  r.iuli  • 

p|  n  .   .i  l.i  luii.  .  I   i  lu  m    i  dil    nu  I 
nr  poui  De  pi  US  | 

•  |u.  fois  m  il.nl.  s  .|u  ind  1 1  lune  est  t  1  l  • 

ilin  .  n  in    l'I ime  •  x 

que  <  eal  i  nomma  qui  •■  (ail  les  snira  -     v 

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n\.  i.i-I  il    i|.i-  <  I  i  ni-rl  J  »  — 

somnii  -  moi  is  .  ■  •  l  «  *  »  »  nou*  'lu 

I  :     m  .    i. -n •»    '.  -   I  l 

lui   .  —  •  Comment  le  diabli 

■  Vous  le  Ions  m»s 

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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  85 

Dans  la  vie  d'Africaner,  par  M.  Campbell,  nous  lisons  ce  qui 
suit  :  «  Quand  je  lui  demandai  quelle  idée  il  se  faisait  de  Dieu 
avant  de  connaître  le  christianisme,  il  me  répondit  qu'il  ne  pen- 
sait jamais  à  ces  choses;  qu'il  ne  songeait  absolument  qu'à  son 
bétail.  11  disait  bien  avoir  entendu  parler  d'un  Dieu  (dans  la  co- 
lonie où  il  avait  été  élevé);  mais  ses  idées  sur  ce  point  étaient 
tellement  erronées,  que  ce  nom  de  Dieu  lui  représentait  un  être 
qui  aurait  pu  se  trouver  sous  la  forme  d'un  insecte,  ou  sous  le 
couvercle  d'une  tabatière.  »  Quelle  que  fût  l'ignorance  des  Nama- 
quois,  je  ne  puis  aller  jusqu'à  dire  avec  un  voyageur,  dont  les 
observations  furent  sans  doute  superficielles,  «  qu'ils  ne  sa- 
vent pas  distinguer  les  années,  qu'ils  ignorent  jusqu'à  leur  âge, 
que  plusieurs  d'entre  eux  n'ont  point  de  nom,  et  que  peu  savent 
compter  jusqu'à  cinq.  »  J'ai  demeuré  longtemps  chez  les  Nama- 
quois,  et  je  n'y  ai  jamais  trouvé  un  homme  qui  n'eût  pas  de  nom; 
j'y  ai  entendu  bien  des  enfants  compter  au  delà  de  dix,  alors 
même  qu'ils  n'avaient  reçu  les  instructions  d'aucun  mission- 
naire. Je  sais  par  expérience  que  des  voyageurs  de  passage  peu- 
vent être  facilement  induits  en  erreur  s'ils  ne  s'entourent  de 
précautions  extrêmes.  Un  jour,  par  exemple,  j'entendis  un  voya- 
geur demander  à  son  guide  le  nom  du  dernier  endroit  où  ils 
s'étaient  arrêtés.  Le  guide,  ne  comprenant  pas  la  question,  ré- 
pondit :  «  La  reng,  »  réponse  que  le  voyageur  allait  en  toute 
simplicité  inscrire  dans  son  carnet;  sur  quoi  je  lui  appris  que  ce 
n'était  pas  là  un  nom,  et  qu'on  lui  demandait  simplement  ce 
qu'il  disait.  Des  faits  de  ce  genre  ont  souvent  conduit  à  appli- 
quer  des  noms  erronés  à  certaines  localités.  Pour  ce  qui  con- 
cerne les  connaissances  des  indigènes,  le  voyageur  peut  être 
complètement  trompé, comme  je  l'ai  été  moi-même  par  un  d'en- 
tre eux,  qui  prétendait  tenir  de  ses  pères  une  tradition  relative 
au  déluge.  J'ai  su  depuis  qu'il  l'avait  puisée  à  la  station  mission- 
naire de  M.  Schmelen. 

Pour  en  revenir  à  notre  voyage,  quand  nous  eûmes  atteint 
l'endroit  où  le  fleuve  Orange  se  divise  en  plusieurs  branches, 
nous  fûmes  arrêtés  par  les  Namaquois  sauvages,  comme  on  les 
appelle,  qui  ne  voyaient  pas  de  1><»d  <>il  le  but  de  notre  expédition, 
lia  avaient  reçu  antérieurement  (!«•>  impressions  m  défavorables 
delà  part  des  «hommes  à  chapeaux,  »  que  nous  les  trouvâmes 
décidés  à  s'opposer  ;i  notre  voyage  ou  à  fuir  B'ils  ne  pouvaient 


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CHAPITRE  X. 


Retour  à  la  station.  — Le  lion  et  la  girafe. —  Attaque  nocturne.  —  Coutume 
ha:bare.  —  la  mi  re  abandonnée.  —  Dépravation  humaine.  —  Sagacité  du 
lion.  —  Situation  affreuse. —  Souffrances  dans  le  désert .  — Mode  de  voyage. 
—  Un  homme  aux  prises  avec  un  lion.  —  (4enre  de  vie  de  l'auteur.  — Sa 
garderobe. 


En  revenant,  nous  nous  arrêtâmes  dans  un  endroit  où  s'était 
passée  une  scène  qui  tient  du  roman,  et  qui  nous  fut  racontée  par 
un  témoin  oculaire.  Près  (fane  petite  source  qu'on  me  montra,  se 
trouvait  un  arbre  épineux,  connu  sous  le  nom  d'acacia- girafe. 
C'était  un  arbuste  épais  et  raide,  d'environ  douze  pieds  debaut, 
dont  la  partie  supérieure  était  ap'atie  et  buissonneuse  Bien  des 
années  auparavant,  le  narrateur,  qui  était  alors  un  jeune  garçon, 
revenait  à  sun  village;  s'étant  arrêté  à  la  source  pour  boire,  il 
s'endormit  sur  la  rive.  Réveillé  par  les  rayons  ardents  «lu  soleil, 
il  aperçut,  à  travers  le  buisson  qui  le  cachait,  une  girafe  qui  brou- 
tait tranquillement  les  jeunes  pousses  de  l'arbre;  et  en  même 
temps  il  vit,  à  son  grand  effroi,  un  lion  qui  rampait  comme  un 
chat  à  quelques  mètres  de  lui.se  préparant  à  fondre  sur  sa  proie. 
Le  lion  resta  quelques  instants  immobile,  regardant  fixement  la 
girafe;  [mis  il  prit  son  clan,  et  d'un  bond  immense  se  précipita 
vers  la  tête  de  l'animal,  dont  le  cou  flexible  fit  aussitôt  un  mouve- 
ment de  côté;  l<  lion,  manquanl  son  but,  tomba  sur  le  dos  au 
centre  de  In  m  isse  d'épines,  tandis  que  la  girafe  bondissait  dans 
li  plaine.  Le  jeune  homme  s'empressa  de  suivre  son  exemple,  ne 
doutant  pas  que  le  lion  furieux  ne  fui  bientôt  è  terre.  Quelque 


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jusqu'à  «  .•  qu'enfin,  <  :  m; 

[•i.i  •  und      •  ivrir  le  <  i  lion,  • 

moi  i  -  >  i  « 

bn  ■  i  du  \"<  '■  i  ii  ii"  ' 

.  i.  .1  ■  .  •  i  ,  :  j  i ■  »que  m'  royable. 

B    ivenl  le  lion  p  il  i  «•  ol  i  •  ••>  «l'un 

ml  .1  ma  l'uni  ell'au 
.|.  \  mi  lui  ji.                qu'il  ati< 
1 1 1 1 1 1 1 . 1 1 1  x  tombent  ni 
|.  h  i  •  a.-  chul 
* I •  i ■  l.  barra*»  i  ,l.  «...,, | 

lu. un.  -    d 

.1   I.-  .  ..h  ,    li! 
■>  il|.    qu'l  II'  -    i\  -h.  :il  |  i    Iimii    .1  ■•«   I-    i 

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DANS    LE    SUD    DF.    l'aFRIQDE.  89 

partent  comme  des  chevaux  de  course,  la  queue  dressée  et  raide; 
et  quelquefois  plusieurs  jours  se  passent  avant  qu'on  ait  pu  les 
retrouver.  Un  ne  s'étonnera  pas  du  grand  nombre  des  lions,  si 
l'on  se  rappelle  combien  la  population  est  rare  et  disséminée  ;  à 
considérer  l'aspect  général  du  pays,  il  semble  n'être  lait  quepour 
des  bêtes  sauvages.  Les  habitants  traînent  une  existence  miséra- 
ble ,  se  transportant  de  lieu  en  lieu  pour  chercher  de  l'herbe,  des 
racines  sauvages  ou  du  gibier. 

La  vie  des  classes  les  plus  pauvres  n'est  en  quelque  sorie. 
qu'une  lutte  continuelle  contre  la  mort;  et  quand  les  vieillards, 
trop  faibles  pour  subvenir  eux-mêmes  à  leurs  besoins,  sont  deve- 
nus un  fardeau  pour  ceux  qu'ils  ont  élevés  ,  ils  sont  souvent 
abandonnés  dans  le  désert  pour  y  périr,  avec  quelques  vivres  et 
une  cruche  d'eau.  J'ai  vu  un  cercle  de  petits  pieux  fixés  en  terre, 
dans  l'intérieur  duquel  se  trouvaient  les  os,  blanchis  au  soleil  , 
d'une  mère  abandonnée  de  cette  manière.  Une  autre  lois  je  remar- 
quai un  petit  pot  de  terre  brisé,  qui  contenait  encore  une  der- 
nière goutte  d'eau.  «  Qu'est-ce  que  cela?  i  demandai-je  à  Afri- 
caner,  en  le  lui  montrant  «  C'est  du  paganisme,  »  me  répondit- 
il ,  et  il  me  décrivit  celte  coutume  parricide.  Deux  jours  après, 
une  triste  expérience  vint  confirmer  son  récit.  Un  matin  que  je 
m'étais  levé  de  bonne  heure  avec  un  de  nos  hommes,  pour  aller 
en  avant  chercher  de  l'eau  dont  nous  avions  été  privés  tout  le  jour 
précédent,  nous  découvrimes  à  une  certaine  distance  une  légère 
fumée  sortant  du  milieu  de  quelques  buissons  qui  semblaient 
border  un  ravin.  Animés  par  celle  vue  ,  nous  doublâmes  le  pas, 
savourant  à  l'avance  avec  deiiees  l'eau  que  nous  espérions  trouver, 
quelle  qu'en  put  être  la  qualité.  Quand  nousfûmesà  quelques  cen- 
taines de  mètres  de  L'endroit  designé,  nou>  nous  arrêtâmes  effiraj 
a  la  vue  de  traces  récentes  de  lions,  qui  paraissaient  empreintes 
mu  h-  sable  depuis  une  heure  au  plus.  Nousn'avions  pas  de  fusils, 
étant  trop  faiigu»^  pour  nous  en  charger,  et  nous  hésitâmes  un 
moment  >i  nous  retournerions  sur  nos  pas.  Le  wagon  étant  en- 
core loin  de  nous,  la  soif  nous  contraignit  d'aller  en  avant,  mais 

lui  avec  de  grandes  précautions  et  eu  explorant  du  regard  mil- 
les bui^-<,iis  tji),-  ni, us  laissions  sur  notre  roule.  En  arrivant  à 
l'endroit  d'où  s'élevait  la  fumée,  nous  aperçûmes  un  spectacle 
qui  déchirait  le  cœur.  G'étail  une  vieille  femme  d'un  aspect  véné- 
rable, assise,  latêtesui  &  ux  ;  sa  maigreur  extrême  la  faî- 


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DANS    LE    SL'U    DE    F.'a  FBIQOE.  91 

>uus  le  joug,  et  nous-mêmes  nous  avions  presque  le  délire. 
Voyant  qu'il  était  impossible  d'emmener  cette  pauvre  temme 
sans  courir  le  risque  de  la  voir  expirer  entre  nus  mains  dans  d<  - 
convulsions  de  frayeur,  nuus  lui  donnâmes  des  combustibles 
pour  alimenter  son  feu,  une  bonne  provision  de  \iande  sèche, 
un  peu  de  tabac,  un  couteau  et  quelques  autres  objets;  puis  nous 
la  quittâmes  en  lui  promettant  de  revenir  au  bout  de  deux  jours, 
le  soir,  espérant  qu'alors  elle  pourrait  nous  suivre;  nous  l'en- 
gagions, en  attendant,  à  entretenir  un  bon  feu  pendant  la  nuit, 
parce  que  les  lions  ne  manqueraient  pas  de  sentir  la  viande,  s'il? 
ne-  la  sentaient  pas  elle-même.  Nous  poursuivîmes  alors  noire 
chemin  ;  et  après  avoir  longé  une  chaîne  de  collines  rocheuses  . 
nous  trouvâmes  enfin  une  mare,  dans  laquelle  hommes  et  beeufs 
se  précipitèrent  à  l'envi,  bien  que  l'eau  fût  tellement  chargée  de 
vase,  que  nous  pouvions  à  peine  l'avaler. 

Quand  nous  re\inmes  ,  selon  notre  promesse,  à  l'endroit  où 
se  tenait  la  pauvre  femme,  nous  la  trouvâmes  partie  a\ec  tout 
ce  que  nous  lui  avions  laissé;  mais  nous  aperçûmes  les  mar- 
ques des  pas  de  deux  hommes  qui  paraissaient  l'avoir  em- 
portée. Plusieurs  mois  après,  j'appris  que  les  lils  de  cette 
femme,  ayant  \u  de  loin  le  wagon  s'arrêter  à  l'endroit  où  ils 
avaient  eu  la  barbarie  de  l'abandonner,  étaient  venus  ensuite 
visiter  eel  endroit,  supposant  que  les  voyageurs  avaient  trouvé 
les  restes  de  leur  mère  déjà  mutiles  par  les  bêtes  féroces.  Quand 
ils  la  virent  encore  en  vie,  entourée  de  provisions,  et  qu'ils  ap- 
prirent de  sa  bouche  l'histoire  de  la  bonté  de  l'étranger,  ils 
furent  saisis  de  crainte;  redoutant  la  vengeance  du  grand  Chef 
ii  ir  ils  me  prenaient  pour  tel),  ils  la  prirent  chez  eux  et  pour- 
vurent a  tous  ses  besoins  avec  un  soin  particulier.  J'ai  souvent 

sayé  de  raisonner  avec  les  indigènes  sur  celle  pratique  bar- 
bare; nais  ils  ne  répondaient  à  mes  reproches  qu'en  riant.  Que 
dC8  hommes  sacrifient  leurs  âmes  ou  leurs  enfants,  comme  fai- 
saient les  Carthaginois,  pour  apaiser  une  divinité  que  l'onsup- 
pose  offensée;  que  des  mères  elles-mêmes  donnent  la  moi  l  à 
leurs  enfants  de  leurs  propres  mains  dans  un  but   pareil  ,   cela 

peutencoi  meevoir.  Mais  combien  la  dépravation  de  la  na- 

ture humaine  ne  se  révèle-l-elle  pas  d'une  m  inière  épouvantable, 
quand  '>n  \.>ii  «le-*  enfants  condamner  leurs  parents  ■•  mourir  de 

t. h  m  i.u  ,i  eue  dévorés  pai  les  bètes  fé -.  <-i  cela  pai  pure  pa- 


\  in. .1-1 1    ii  ma  m   «» 

n-ssi-,  ..ii  |..,ur  -.   .1.  t..irr  .>-•  r  d<  >  .'tn»  >1< «n!   L     «.-.n  .1  nourri  IcOI 

.  util.. .  .  dont  l<  -  \<\ 

r.  -  :  xi I  I  1  m  mm  I.  >  .1  l.iul  tl.  .;il>   .  i   M 

dans  l<  .  •  1  qui  01  lu  ré  les  pm  al  lus 

douloureus  m  nmI.\. nir  ;m\  lnvuna  des  •  1.  I.i   im- 

lure  l' mi  ippreni  J'ai  vu  plu*  d'un<  nui. 

Hun',  •  | •  j  1  ;  lit  atoir  j  I  i|mi.  li.rxjM.- 

j.-  lui  ndr.iii  ilt>  ;ilinit'iils .  I.  -  ^"UlSil  .1   ; 

aussi  loi  .1  M>n  .  ni  nu .  .  1 

rendra  la  pareille  »  l'eofai  la  \n  i  liesse,  abandonnera  «m 

juin  celle  m..  1  qu'elle  meure  de  fait 

l  m  M>ii   qu  1  tour  du  fou  ntretenions  <l. 

oooduilc  dea  enfani  n  leun  parente,  l*obaerv 

qu'ils  étaient  aussi  mi-  i  I.  mis  qu.    l>  -  I  •  II-  sont  j  .  du 

Mi  1.   in         I  ipi'in  .1.  -s  1  iIi.m-,    il   cita   quelques 

Clère  'i'  •  >!•  -  loioi 

<r  \ii  iijim  .  maii  on  n'a  pu 
i.im  .1  din  .  I  <■  u. m  mirant,  par  .  sctnpli  .  qui 

[maires  qui  <i  m  ni  en  m<  nu    u  mps  des  «  I 
lés,  aéra  probablement  nom  ur  la  plupart 

■  ■    iii.l    plusieurs    I  semble   rencontrent    quelqu 

le  plus  vieux  d<    li  ir..  1       pant  \rr-  l'.|.j<  1  ■!•• 

Il  m  \   iiiae  .  undis  que  I-  -  heni  iranquillemi 

mm  il..  1 1..  .  s'il  réussit  ••">«•  «i 

Un. m.  m.  mi,  il  I  nsse  sa  >  <  (un 
l.'in.     pendant    mm    quart  d'In-u  n  ;  |Miid.mi   ■ 

autres  lions  s'approchent  -  1  se  on  m  heni  | 

1  •  1  ■  n.  1  le  1  ii  reposé,  il 

•  I ut  r  l.i  poili  mi.  •  1  l'abdoin 
les    m  \    I.  s   plus  s .   il  pu  nd  ui 

n  |  ' 

|<r.-N  qu'il   .1   fait   un  « 
le>  autn  a .  attentif-  .ii\«-m. 

|,  s  h.ins    .1  .niln  s    ....   1 

quand  un  |euiM  lion  l\  H  um    pi 

II. .11     M.   III  |.      j.   1  .  t     JllM|U'.l    H'    l| 

I  ".Mllrf     Ml     .lui.         «      -'-l     I  N 

N    1 
!  li.M^I-.M •      n  "0«* 


DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  93 

s'étaient  livrés  à  l'exercice  du  saut.  Comme  les  indigènes  sont 
très-habiles  à  reconnaître  les  manœuvres  des  animaux  par  les 
empreintes  de  leurs  pas,  ils  découvrirent  bientôt  qu'un  grand 
lion  s'était  dirigé  en  rampant  vers  une  souche  d'arbre  noirâtre, 
assez  semblable  à  une  forme  humaine;  quand  il  s'était  trouvé  à 
douze  toises  environ  de  ce  qu'il  prenait  pour  une  proie,  il  avait 
fait  un  bond  pour  la  saisir  ;  mais  il  avait  eu  la  mortification  de  la 
manquer  d'un  pied  ou  deux.  Nous  apprîmes  ensuite  par  un  Nama- 
quois,  qui  avait  été  témoin  de  cette  scène,  que  le  lion,  après  être 
allé  sentir  l'objet  dont  il  avait  compté  faire  son  repas,  était  revenu 
au  point  d'où  il  avait  commencé  son  premier  bond  ,  et  qu'il  en 
avait  fait  quatre  autres  successivement  jusqu'à  ce  qu'enfin  il 
était  parvenu  à  poser  la  patte  sur  cette  proie  imaginaire.  A  celte 
occasion  Africaner  nous  raconta  que,  se  trouvant  un  jour  avec 
un  de  ses  amis  près  de  l'extrémité  d'une  colline  où  s'élevait  une 
roche  unie  de  dix  à  douze  pieds  de  haut,  il  avait  vu  une  troupe 
de  zèbres  qui  tournaient  le  rocher;  ils  étaient  obligés  de  se  main- 
tenir dans  un  sentier  étroit  qui  bordait  un  précipice.  Ace  moment 
un  lion  s'élança  sur  ce  sentier  pour  s'emparer  du  grand  étalon, 
qui  se  trouve  toujours  à  1' arrière-garde,  chargé  de  défendre  la 
troupe  ou  de  l'avertir  du  danger.  Le  lion  manqua  son  coup,  et 
comme  le  zèbre  était  obligé  de  faire  le  tour  du  rocher,  il  comprit 
à  l'instant  que,  s'il  pouvait  sauter  sur  ce  rocher  d'un  seul  bond, 
un  autre  bond  le  porterait  sur  le  dos  de  sa  victime.  11  manqua  en- 
core son  but,  et  n'arriva  que  juste  assez  haut  pour  voir  par-dessus 
le  rocher  le  zèbre  qui  s'enfuyait  au  galop  en  battant  l'air  de  sa 
queue.  Il  essaya  alors  d'un  second  saut,  puis  d'un  troisième,  jus- 
qu'à ce  qu'il  eût  réussi.  Pendant  ce  temps  deux  autres  lions  ar- 
rivèrent, et  après  qu'ils  se  furent  entretenus  à  leur  manière  en  ru- 
gissant, le  vieux  lion  leur  fil  faire  le  tour  du  rocher,  puis  les 
ramenant  au  point  de  départ,  il  sauta  encore  une  fois  devant  eux, 
pour  leur  montrer  ce  qu'il  faudrait  faire  à  l'avenir  en  pareille 
occasion.  t  Ils  causaient  évidemment  ensemble,  »  me  disait  Afri- 
caner avec  un  sérieux  parfait;  mais  bien  que  ce  ne  fût  pas  à  \<>i\ 
fiasse,  je  ne  comprenais  pas  un  mot  de  leur  conversation;  el 
craignant  qu'il  ne  leur  prit  fantaisie  d'exercer  leur  art  à  nus  dé- 
pens, nous  nous  retirâmes  sans  bruit,  les  laissant  en  délibération. 
Le  trait  suivant  offre  un  exemple  des  dangers  terribles  aux- 
quels sont  exposés  les  voyageuis  isolés,  i  ii  homme,  qui  apparie- 


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DANS   r.E  SL'D   DE  l'afiuql'e.  95 

tomba.  Son  fusil  à  la  main,  il  sa  traîna  pourtant  jusqu'à  la  source; 
mais  quand  il  examina  ses  pieds  après  avoir  bu,  il  trouva,  comme 
il  disait  lui-même,  ses  «  orteils  grillés,  »  et  la  plante  des  pieds 
complètement  écorchée.  Il  attendit  quelques  moments  le  retour 
du  lion,  résolu  de  lui  décharger  son  fusil  dans  la  tête;  mais  l'ani- 
mal n'ayant  pas  reparu,  il  attacha  son  fusil  sur  son  dos,  et  se 
traîna  comme  il  put  sur  les  mains  et  sur  les  genoux  jusqu'au 
sentier  le  plus  voisin.  Là  ses  forces  étant  épuisées  il  ne  put 
aller  plus  loin;  heureusement  un  voyageur  vint  à  passer  qui  le 
transporta  dans  un  lieu  sur,  o  :  on  lui  prodigua  tous  les  soins  que 
réclamait  son  état.  Mais  il  perdit  les  orteils,  et  resta  estropié  pour 
le  reste  de  sa  vie. 

Les  traits  qui  précèdent,  choisis  entre  bien  d'autres  que  je 
pourrais  citer,  serviront  à  donner  une  idée  du  caractère  du  lion. 
Quant  à  la  crainte  qu'on  prétend  qu'il  éprouve  sous  le  regard  de 
l'homme,  j'en  dirai  un  mot  dans  une  autre  partie  de  cet  ouvrage, 
quand  je  parlerai  des  lions  qui  ont  goûté  la  chair  humaine,  ali- 
ment pour  lequel  ils  conservent  toujours  dans  la  suite  un  goût 
tout  particulier.  Malgré  leur  réputation  de  courage  ils  se  mon- 
trent quelquefois  insignes  polirons.  Je  me  rappelle  avoir  vu  un 
homme  qui,  rencontrant  inopinément  un  lion,  tomba  évanoui  de 
frayeur.  Le  lion  leva  la  tête  pour  regarder  par-dessus  les  huis- 
sons,  et  ne  voyant  personne  il  soupçonna  sans  doute  une  emhù- 
che,  car  il  prit  aussitôt  la  fuite  en  serrant  sa  queue  entre  sesjam- 
hes.  J'ai  vu  des  Bushmen  et  même  des  femmes  faire  lâcher  au 
lion  la  proie  qu'il  venait  de  saisir,  en  faisant  du  bruit  et  en  pous- 
sant des  cris.  Néanmoins  cet  animal  est  toujours  un  objet  de  ter- 
reur pour  les  indigènes,  surtout  la  nuir. 

Ayant  manqué  le  but  de  notre  voyage,  nous  essayâmes  de  re- 
venir par  un  chemin  plus  court  en  longeant  le  Sahara  méridio- 
nal, désert  qui  s'étend  entre  les  Namaquois  et  les  Béchuanas. 
Cette  tentative  pensa  nous  coûter  (lui-  :  nons  nous  trouvâmes  en- 
gagés dans  une  véritable  mer  de  sable,  où  nous  fûmes  sur  le  point 
d'abandonner  le  wagon.  <>n  se  dispersa  de  tous  entes  pour  cher- 
cher, de  l'eau,  mais  pendant  longtemps  ces  recherches  furent  inu- 
tile)»: nous  ne  trouvions  qu'une  espèce  «le  melon  d'eau  aussi 
amer  que  du  Gel.  Je  n'oublierai  jamais  la  consternation  qui  se 
peignait  sur  le  visage  de  tous  nos  gens;  rien  n'aurrail  pu  leur 
arracher  un   sourire.   Enfin  quelques-uns  d'entre  eux  qui  s'ê- 


VINCI  tSS    0  Ci 

Inienl  diriprs  du  Kl 

dira,  •  il  n*j  i  plus  <l '■  an 

i     tpn  -   iM.ir  l)ti  .  iiv-iin  m. ut.  ils  remplit  irs 

<  •  t*l>.t  — -  s  ri  r.  \  mi.  -m  vers  m 

I.  m  -..ii  était   r.  \.  nue  intolémbli 

lient   preaque  loui  «  ••  qu'il 

ii"       .  ii-s.  .1    li  l.-tir.  .  qu'\ 

mpar  nos  l-  irai  I  noti  ne  lit  qu'a 

h. .us  h. .us  |,|.  1 1      ml  ik. m 

le  "t.  il  fallut  us.  r  •!«•  \ 

-  il.  i  'ils   (le    |'j  il  i| lu 

liraient  lait  que  suivre  l'exemple  des  hemn  •sgens 

:  ..h  plutôt  i  .1  in- 

cellri  ii'  lus  t. .m  Ii.iImII.-s 

II.  h. -nt  que  I  -   m  -  t. ni  .  li. mil.  .•    |  'il  . 
I  II    \ 

■ 
morts  siil.ii.  m.  m  li  m. 

I      m  que  non  qui  ilur.i  s.  ni.  m.  m   « j u.l . ; 

,  n'ait  pas  eu  le  ?  ,1  s,  r  mi  .lu  n  i*  n\.  t 

sur   nu  |m»iii|  iiii|».r!.ini  ir  lin  i\.r.lui> 

..n  un   ■  uilroil 
■I   missiont 

\    m.  n   i.  i.'iir    dana   le   villa  V  i   la 

un    irisd  i 

•n    .1  i  .1.  n\ 

i  mis   il  i  us    |.  r.m.l    nombre    .1.  >i\ 

|n  ..'Ht    .1 

.  lier  de  l'herbe.  J<  '• 

une  plus  h.iM.I  rt  <l 

i 
• 
i    1 1  mi<  m 

un  i vi   m   t. mi  '  1 1    i. 

m.  s  tournées  .i  «  lu  »  «I  sur  un  I- 
qui 

II"    Ixlllf    M. Mil  I 

.  i  nt  iii..i  ;  n  m-   | 

montut      i 


dans  M'  srn  de  l'afbique.  :*7 

seul  cheval  qu'il  possédait,  et  qui  lui  était  très-précieux  pour  la 
chasse. 

Ces  tournées  missionnaires  étaient  souvent  accompagnées  du 
privations  el  aussi  de  dangers.  Après  avoir  attaché  ma  Bible  ei 
mon  livre  de  cantiques  derrière  la  selle  de  mon  cheval,  et  pris 
une  bonne  ration  d»  lait,  je  me  mettais  en  roule  avec  mon  inter- 
prète qui  montait  un  bœuf.  Nous  avions  nos  fusils;  mais  notre 
bourse  ne  contenait  qu'une  pipe,  un  peu  de  tabac  el  un  briquet. 
NouS  n'avions  pas  de  pain  ;  et  bien  que  nous  eussions  pu  prendre 
avec  nous  un  peu  de  viande  séchée,  nous  ne  le  faisions  pas,  espé- 
rant trouver  à  notre  première  station  un  enfant  de  paix.  Quand, 
après  avoir  voyagé  pendant  la  chaleur  du  jour,  nous  arrivions  le 
soir  dans  nn  village,  on  nous  donnait  ordinairement  pour  tout 
repas  une  tasse  de  lait  ;  puis  jeunes  et  vieux,  se  rassemblant  dans 
un  coin  de  Pétable  au  milieu  des  vaches,  '-coûtaient  les  exhorta- 
lions  que  je  leur  adressais  sur  leurs  intérêts  étemels.  Fen  ,  igcais 
ceux  qui  savaient  lire  à  lire  aux  autres  la  Par  île  de  Die  i,  leur 
promet  ta  ni  une  récompense  dans  le  ciel  :  car  je  n'en  avais*  point 
à  donner  sur  la  terre.  Quand  le  service  était  terminé,  je  prenais 
une  nouvelle  ration  de  lait,  et  âpre  avoir  causé  encore  quelque 
temps  avec  les  indigènes  je  m'étendais  sur  une  natte  pour  passeï 
la  nuit.  Quelquefois  une  charitable  ménagère  avait  l'attention  de 
suspendre  à  an  bâton  près  de  ma  tête  nue  tasse  de  bois  pleine  de 
lait,  pour  (nie  je-  pusseboire  pendant  la  nuit  si  j'en  avais  envie. 

I  n  matin,  après  avoir  passé  la  naît  couché  par  terre  à  la  porte 
de  li  cabane,  ou  reposait  avec  sa  femme  l'homme  le  plus  marquant 
du  village,  je  leur  dis  que  j'a\  tis  entendu  remuer  «lu  l'autre  côté 
il<-  la  haie  d'epiiH-s  a  l'abri  de  laquell  is  couché;  j'en  con- 

cluais qu'une  partie  du  bétail  devait  s'être  échappée  p<  n  lant  la 
nuit.  «Non,  »  répliqua  mon  hôte,  «j'ai  vu  la  trace  ce  matin  :  c'é- 
tait le-  lion  -,  »  et  il  ajouta  que,  quelques  nuits  auparavant,  ce  lion 
avait  franchi  la  haie  à  l'endroit  même  où  j'étais  couché,  et  qu'il  s'é- 
tait emparé  d'nne  chèvre  avec  laquelle  il  s'éiail  sauvé  par  un  autre 
i  "m  de  l'étable.  Puis  il  me  montra  des  resl<  -  de  nattes  qu'il  avait 
arrachées  de  sa  cabane  el  qu'il  :i\.iit  brûlées  pour  < ni  iy<  i  l'ani- 
mal, le  lui  demandai  comment  il  avait  pu  ivi  il  I  idée  de  me  faire 
i  >ucher  précisément  dans  cet  endroit.  Oh!  reprit-il,  •  le  lion 
n'aurait  pas  eu  l'audace  de  sauter  sut  von  ttenaïvet<  me  fit 

r,  a  in  m  que  su  remme;  el  je  mi  i  \\  pelai  al  >rs  que 

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DANS    LE    SI  L>    DE    L' AFRIQUE,  99 

trace,  et  nous  estimant  heureux  si  nous  parvenions  à  découvrir 
les  indigènes. 

Ce  qui  précède  peut  donner  une  idée  de  ce  que  sont  les  tour- 
nées des  missionnaires  dans  le  pays  des  Namaquois  ;  quelquefois 
même  le  ministre  de  l'Evangile  est  soumis  à  des  privations  plus 
grandes  encore.  Quelques  mots  sur  mon  genre  de  vie  dans  la 
station  trouveront  naturellement  ici  leur  place.  J'ai  déjà  dit 
que  je  n'avais  ni  pain  ni  légumes.  M  .  Bartlett  de  Pella  m'envova 
un  jour  un  g  te  renfermant  quelques  livres  de  sel  ;  mais,  en  l'exa- 
minant, j'\  trouvai  autant  de  sable  que  de  se!  ;  et  comme  je  m'é- 
tais déjà  habitué  à  me  passer  de  eet  assaisonnement,  je  suspendis 
le  sac  à  un  clou,  où  il  demeura  intact.  Toute  ma  nourriture  con- 
sistait en  viande  et  en  lait  ;  et  encore  je  vivais  des  semaines  en- 
tières de  l'un  de  ces  aliments  exclusivement.  Tout  allait  bien 
tant  que  j'en  avajte  un  des  deux  à  ma  disposition;  mais  quel- 
quefois ils  venaient  à  manquer  à  la  fois,  et  il  n'y  avait  point 
dans  le  village  de  boutique  où  je  pusse  en  acheter;  sans  compter 
qu'il  eût  fallu  me  faire  crédit,  car  je  ne  possédais  pas  un  sou. 

!.  Ebner,  lors  de  son  départ,  m'avait  vendu  quelques  brebis  que 
j'avais  conservées.  Mes  repas  consistaient  souvent  en  une  tasse 
de  lait  le  matin,  une  autre  à  midi,  et  une  troisième  le  soir-,  je 
prenais  ce  lait  frais,  aigri  ou  caillé  ;  car  les  .Namaquois  ne  con- 
naissent pas  l'art  de  le  préparer  comme  les  Béchuanas.  J'étais 
souvent  réduit  à  faire  de  longs  jeunes  et  ù  faire  usage  de  ce  qu'on 
appelle  la  ceinture  de  jeûne;  plus  d'une  fois,  après  le  service  du  ma- 
lin, il  m'arriva  de  prendre  mon  fusil  sur  l'épaule,  et  de  parcourir 
vainement  la  plaine  ou  la  montagne  [tour  chercher  quelqi  e  chose 
à  manger;  il  me  fallait  revenir  sanssuccès,  poser  mon  arme,  pr<  n- 
dre  la  Parole  de  vie  et  m'adresser  à  mon  troupeau.  Je  n'ai  ja- 
mais pu  m'habituera  demander,  et  souvent  j'ai  fie  mis  a  une 
nul.'  épreuve;  mais  souvent  aussi  un  ami  inconnu  a  déposé  dans 
ma  cabam  quelques  aliments  que  je  trou\  lis  avec  des  s<  n  iments 
qui  peuvent  mieux  ;e  concevoir  que  s<  décrire.  Je  n'oublierai  ja- 
mais la  bonté  de  Titus  ^fricaner,  qui,  lorsqu'il  visitai!  la  «talion, 
\enait  toujours  me  d<  mander  c<  qu'il  pouvait  taire  pour  moi  : 
je  lui  remettais  un  peu  île  poudre  et  de  plomb,  a\  •  juels   l 

allait  à  la  chasse,  ei  presque  toujours  il  me  rapportait  quelque 
chose  :  car  il  était  d'une  habileté  extraordinaire  a  tirer. 

Le  contenu  ■  !■    mi     irderobc  était  marqué  au  môme  coin  de 


I  'i      \  |KG  r-TIOIf  âMSI  Dâ*S  I.K  «CD  DE  Ci  * 

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XI. 


Voyage  dans  la  contrée  des  Griquois.  —  Le  cbef  Coranna.  —  Désagréments 
d'une  course  à  cheval.  —  Sommeil  dans  lu  sable.  —  Aspect  de  la  rivière 
Orange.  —  La  corneille  et  la  tortue. —  L'auteur  boit  de  l'eau  empoisonnée. 
—  Bonté  des  Bushmen.  —  Sérénade  dans  le  désert.  —  Une  partie  des  voya 
geurs  sYgarent.  —  L'auteur  et  son  guide  sont  poursuivis  par  un  lion. — 
Tourments  de  la  faim  et  de  la  soif.  —  L'auteur  aux  prises  avec  les  singes.  — 
Phénomène  du  mirage. —  Dernières  extrémités.  —  Arrivée  à  la  ville  des  Gri- 
quois. —  Visite  à  Lattakou. — Délivrance  providentielle. — Orage. — Nuit 
passée  dans  l'humidité.  — Ressource  inattendue.  —  Rencontre  d'un  hippo- 
potame.—  Arrivée  à  la  station. 


Après  avoir  vécu  de  cette  manière  pendant  plusieurs  mois,  non 
sans  voir  fructifier  la  semence  répandue  dans  les  cœurs,  je  ré- 
solus de  faire  une  nouvelle  tentative  pour  trouver  un  endroit 
plus  favorable  à  la  mission  ;  et  sur  la  demande  d'Africaner,  qui 
désirait  beaucoup  quitter  le  pays  des  Namaquois,  je  me  décidai 
à  visiter  celui  des  Griquois,  à  l'orient  du  désert,  pour  examiner 
une  localité  qu'on  lui  offrait  pour  lui  et  pour  son  peuple,  et  dans 
laquelle  il  pouvait  se  transporter  avec  le  plein  agrément  des 
chefs  Griquois.  Je  fus  accompagné  de  David  et  de  Simon,  les 
deux  Frères  d'Africaner,  cl  de  son  fils  Junkcr,  avec  Janlye  Yan- 
derbyle,  notre  guide  en  cbef;  nous  avions  à  notre  départ  huit 
chevaux,  tant  mauvais  que  bons.  Nous  prîmes  chacun  une  cou- 
verture de  peau  de  brebis,  comptant,  pour  notre  nourriture,  sur 
notre  <  liasse  et  sur  ce  que  pourraient  nous  donner  en  chemin  les 
Corannas. 


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DANS    LE    SÛ6    DE    L'AFRIQUE  103 

bit;  tellement  que,  lorsqu'enfin  nous  atteignîmes  l'autre  côté  de 
la  vallée,  nous  étions  en  haillons  et  tout  sanglants.  Pour  éviter 
le  cours  sinueux  de  la  rivière,  il  nous  arrivait  souvent  de  nous 
diriger  en  droite  ligne  vers  le  tournant  prochain  sans  suivre  de 
sentier  frayé.  Nous  arrivâmes  vers  un  de  ces  tournants  «à  une 
heure  fort  avancée,  et,  comme  il  faisait  très-obscur  et  que  les 
bords  étaient  escarpés,  nous  n'osâmes  pas  nous  hasarder  plus  loin, 
craignant  de  plonger  dans  l'eau  que  nous  entendions  murmurer 
sous  nos  pieds,  et  peu  curieux  de  la  société  des  hippopotames. 

Comme  nous  ne  connaissions  pas  les  lieux,  ni  où  pouvaient  se 
trouver  les  Bushmen  qui  habitaient  la  contrée,  nous  ne  fîmes 
point  de  feu  de  peur  de  nous  faire  découvrir;  d'ailleurs,  nous 
n'avions  rien  à  faire  cuire.  Il  n'y  avait  point  d'arbre  dans  cet  en- 
droit, et  nous  nous  couchâmes  entre  des  collines  de  sable  mou- 
vant. Le  vent  était  froid,  et  nous  étions  peu  couverts,  ayant 
perdu  la  moitié  de  nos  chevaux,  et  avec  eux  le  plus  grand  nombre 
de  nos  peaux  de  mouton.  Je  me  rappelai  alors  l'expédient  em- 
ployé en  pareille  circonstance  par  M.  Haensel,  missionnaire  mo- 
rave,  et,  comme  lui,  je  fis  un  trou  dans  le  sable  où  je  m'enterrai 
jusqu'au  cou.  Je  me  trouvai  bientôt  si  à  mon  aise,  que  je  fis  l'éloge 
démon  système  à  un  de  mes  compagnons,  qui  suivit  mon  exemple. 
Je  lui  dis  alors  que  le  missionnaire,  dont  je  viens  de  parler, 
s'étant  un  jour  enseveli  dans  le  sable  sur  le  bord  de  la  mer,  vit 
tout  à  coup  avec  effroi  s'approcher  de  lui  des  crabes  gigantesques, 
qui  furent  tenus  à  distance  par  son  chien  fidèle.  «  El  que  ferions- 
nous,  »  me  répondit-il,«  s'il  survenait  un  lion? — Nous  n'avons  rierl 
à  craindre,  lui  dis— je  du  plus  grand  sang  froid;  il  ne  s'amuserait 
pas  à  manger  des  têtes,  ivanl  à  -a  disposition  des  corps  entiers. 
Ces  paroles  dissipèrent  ses  craintes,  et  je  ne  me  rappelle  pas 
avoir%i  bien  dormi  de  tout  le  voyagé. 

!.'■  fleuve,  dans  le  dédale  capricieux  de  son  cours,  traversait 
quelquefois  d'immenses  précipices,  qu'on  ne  pouvait  envisage  f 
-ans  terreur;  puis  on  le  voyait  reparaître  tout  à  coup  sous 
forme  d'un  lac  transparent,  dont  le  sein  tranquille  réfléchissait 
une  multitude  de  saules  <•!  de  mimosas,  el  qu'animait  une  ride' 
variété  d'oiseaux  du  pin-  beau  plumai:'',  mais  quin'avaïeni  pas 
'liant;  c'étaieni  des  oiesel  des  canards  sauvages,  des  bé<  is- 
sines,  .1.'-  flamants  qui  paissaient  tranquillement  sou-  les  om- 
hrtgesde  la  rive,  ou  qui  se  chauffaient  au  soleil  -m-  les  dois  verts, 


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DANS    LE    SUD     DE    L'AFRIQUE,  105 

d'où  elle  tomba  encore  suivie  aussitôt  de  la  corneille.  Je  courus 
avec  un  de  mes  hommes  à  l'endroit  de  la  chute,  et  je  fis  envoler 
l'oiseau  de  dessus  la  tortue  mise  en  pièces,  dont  elle  avait  déjà 
commencé  à  faire  son  repas.  En  regardant  autour  de  moi  sur  la 
surface  plane  du  rocher,  j'aperçus  une  multitude  de  débris  qui  té- 
moignaient que  la  même  scène  se  renouvelait  depuis  de  longues 
années;  et  sur  mon  observation  que  je  n'aurais  pas  cru  la  cor- 
neille si  avisée,  mon  compagnon  me  répondit  que  les  milans 
faisaient  la  même  chose;  ce  que  j'ai  eu  souvent  l'occasion  d'ob- 
server moi-même. 

Nous  rencontrâmes  peu  d'habitants  dans  notre  voyage  le  long 
du  fleuve,  parce  que  la  plupart  d'entreeux  avaient  passé  sur  l'autre 
rive.  Nous  trouvâmes  sur  notre  route  deux  des  cabanes  de  roseaux 
de  M.  Sass,  qui,  ainsi  que  flf.  Helm,  avait  partagé  bien  des  années 
la  vie  errante  et  misérable  des  Corannas  sur  ces  bords  stériles 
du  fleuve  Orange,  que  sa  chaleur  excessive  a  fait  comparer  à  m\ 
four.  Quand  nous  avions  le  bonheur  de  rencontrer  quelque  in- 
digène qui  avait  participé  aux  enseignements  de  ces  hommes 
dévoués,  nous  nous  sentions  à  notre  aise,  et  nous  recevions  da- 
vantage que  le  simple  verre  d'eau  froide  de  l'hospitalité  ordinaire. 
Nous  trouvâmes  d'autres  hôtes  qui  non-seulement  nous  refusèrent 
à  manger  et  à  boire,  mais  qui  nous  obligèrent  à  passer  la  nu  il, 
après  une  journée  de  fatigues,  dans  des  endroits  que  les  lions  ho- 
noraient de  leurs  visites  nocturnes:  mais  la  miséricorde  divine 
nous  gardait. 

Je  fus  protégé  surtout  d'une  manière  remarquable  dans  une  oc- 
casion où  l'on  eût  pu  croire  que  ma  carrière  touchait  à  son  terme. 
Nous  étions  arrivés  au  bord  du  fleuve  de  bonne  heure  dans  l'a- 
près-midi, après  avoir  cruellement  souffert  de  la  chaleur  en 
traversant  une  plaine.  Mes  compagnons,  qui  étaient  en  avant, 
m'avaient  précédé  dans  un  village  des  Bushmen  situé  sur  une 
hauteur  à  quelque  distance  de  la  rivière.  Je  me  rendis,  conduit 
par  mon  cheval,  vers  un  petit  étang  d'eau  stagnante  que  le  fleuve 
en  se  retirant  avait  formé  sur  une  branche  desséchée  de  SOU 
cours.  Ayant  mis  pied  à  terre  je  pénétrai  jusqu'à  l'eau  en  écar- 
tant hs  buissons,  et  me  rouillant  par  terre  je  bus  abondamment. 
A  peine  fus-je  relevé  que  je  me  sentis  dans  la  bouche  un  goûl 
singulier;  examinant  alors  l'eau  plus  attentivement  et  remar- 
quant l'espèce  de  barrière  qui  l'entourait,  je  fus  tout  à  coup  frappé 


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DANS    IF.    SUD    DK    l'aFMOTJE.  107 

traitèrent  avec  beaucoup  (l'humanité,  »  pour  parler  le  langage  de 
l'Apôtre;  ils  nous  donnèrent  de  la  viande  de  zèbres  qui  étaient 
morts  pour  avoir  bu  de  la  même  eau  le  jour  précédent.  Ce  pré- 
sent nous  fut  on  ne  peut  plus  agréable;  car,  ayant  jeûné  depuis 
le  matin,  nous  étions  en  bonne  disposition  ponr  an  repas;  et  bien 
que  l'eau  empoisonnée  eût  en  partie  émoussé  mon  appétit,  je  n'en 
savourai  pas  moins  avec  plaisir  une  tranche  grillée  de  cette  chair 
noirâtre  parée  de  sa  graisse  jaune. 

Le  lendemain  matin  je  distribuai  à  ces  pauvres  gens  une  bonne 
partit-  de  notre  petite  provision  de  tabac,  présent  qu'ils  reçurent 
avec  les  démonstrations  de  joie  les  plus  extravagantes.  J'eus  le 
chagrin,  faute  d'un  interprète,  de  ne  pouvoir  presque  rien  leur 
dire  de  Celui  qui  est  venu  racheter  les  pauvres  et  l^s  petits. 

Ces  Bushmen  étaient  venus  du  désert  qui  se  trouve  au  nord  du 
fleuve,  pour  chercher  de  l'eau  ;  ils  vivaient  des  produits  de  leur 
chasse,  soit  en  faisant  tomber  le  gibier  dans  une  fosse  qui  leur 
servait  de  piège,  soit  en  le  tuant  avec  l'eau  empoisonnée.  Ils 
avaient  constamment  à  craindre  les  attaques  des  Corannas  qui 
occupaient  la  riveopposée,  et  dont  ils  ne  se  faisaient  pas  scrupule 
de  s'approprier  le  bétail  quand  ils  en  trouvaient  l'occasion.  (". 
n'était  a  leurs  yeux  qu'une  juste  représaflle,  s'imaginant,  non 
sans  raison,  qu'une  portion  de  la  surface  de  la  terri-  devait  être 
leur  propriété,  et  que  par  conséquent  d'autres  n'avaient  pas  le 
droit  de  tuer  leur  gibier,  ni  d'enlever  leur  miel. 

Le  septième  jour,  parvenus  à  un  endroit  de  la  rivière  qu'on  ap- 
pelle Qais,  nous  résolûmes  de  nous  diriger  en  ligne  droite  vers 
Criqua-Town,  en  laissant  le  fleuve  Orange  bien  loin  à  notre 
droite.  Vins  avions  mangé  le  matin  quelque  peu  de  viande,  et 
nous  en  avions  conservé  par  précaution  de  quoi  faire  encore 
un  repas.  Verslesoir,  nous  trouvâmes  sur  notre  chemin  quel- 
ques vieilles  cabanes,  autrefois  entourées  de  plantations  de  tal 
qu'on  arrosait  avec  l'eau  de  la  rivière  voisine.  Noos  pas  -  la 

soiiée  dans  une  de  ces  cabanes  ;  mais  à  peine  ai  \  ms-nous  fini  de 
chanter  notre  cantique  du  soir,  que  les  hurlements  plaintifs  de  la 
hyène  et  les  aboiements  peu  harmonieux  du  chacal  nousannon- 

i ni  de  loin  dans  quelle  société  nous  allions  passer  la  nuit. 
Bientôt  les  ronflements  des  hippopotames  el  les  gémissements 
des  iiilionx  vinrent  figurer  dans  ceconcen  improi  isé.  kprès  .noir 
passé  une  nuit  qui  n'était  rien  moins  qu'agréable,   nous  nous 


108  VIRCT- 

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DANS    LE    SUD    DK    L'AFRIQUE.  109 

nous  arrêtions  pour  écouler.  Quand  nous  eûmes  atteint  le  dé- 
lilé  de  la  montagne,  désespérant  de  lui  échapper,  nous  résolû- 
mes de  gravir  un  roc  escarpé  du  haut  duquel  nous  pussions  le 
combattre  à  coups  de  pierre;  car  il  ne  nous  restait  que  deux 
halles.  Après  nous  être  traînés  à  grand' peine  avec  nos  montures 
jusqu'à  ce  lieu  présumé  de  refuge,  nous  le  trouvâmes  trop  inégal 
pour  qu'il  fût  possible  d'y  rester,  et  de  plus  nous  n'avions  pas  le 
plus  petit  morceau  de  pierre  à  notre  disposition.  Bientôt  la  frayeur 
de  nos  chevaux  nous  avertit  que  l'objet  de  nos  craintes  était  tout 
près  de  nous  sur  nos  derrières.  Nous  fûmes  donc  contraints  de  re- 
monter à  cheval  et  de  continuer  à  suivre  le  sentier  tracé,  dont 
nous  ne  pouvions  reconnaître  qu'avec  la  plus  grande  difficulté 
les  sinuosités  perpétuelles  à  travers  les  buissons,  le  sable  et  les 
pierres.  Autour  de  nous  s'élevaient,  comme  des  tours,  d'im- 
menses rochers  noirâtres,  et  le  silence  effrayant  de  la  nuit  n'é- 
tait interrompu  que  par  les  grognements  de  quelque  singe  soli- 
taire ou  par  les  cris  plaintifs  de  ses  petits.  Nous  n'avions  pas  fait 
beaucoup  de  chemin  quand  le  lion  fit  entendre  un  rugissement 
terrible  qui  retentit  d'écho  en  écho,  comme  si  nous  eussions  été 
dans  l'antre  même  de  notre  ennemi.  Au  moment  où  nous  sor- 
tions du  défilé  dans  lequel  nous  étions  engagés,  nous  fûmes  ré- 
jouis par  la  vue  du  croissant  de  la  lune  qui  se  levait  brillante  à 
l'orient.  Nous  remîmes  pied  à  terre,  et  nous  serions  volontiers 
restés  étendus  sur  le  sable,  épuisés  comme  nous  l'étions  par  la 
fatigue;  mais  la  soif,  jointe  au  danger  que  nous  courions  de 
fournir  au  lion  son  souper,  nous  força  de  nous  remettre  en  mar- 
che ;  car  nos  chevaux  étaient  complètement  surmenés. 

Nous  poursuivîmes  pendant  plusieurs  heures  notre  marche 
lent*.'  et  silencieuse.  Notre  langue  collée  à  notre  palais  par  la  soif 
nous  rendait  la  conversation  extrêmement  difficile.  A  la  lin  nous 
atteignîmes  un  endroit  où  se  trouve  quelquefois  une  chute  d'eau 
lorsqu'il  a  plu;  mais  il  était  trop  lard  pour  gravir  la  colline  où 
nous  aurions  pu  trouver  celle  eau  tant  désirée.  Nous  laissâmes 
aller  à  l'aventure  nos  pauvre*  chevaux  épuisés,  et,  après  avoir 
ramené  un  peu  de  salive  dans  notre  bouche  en  allumant  nos 
pipes,  nous  lunes  nos  conjectures  Bui  le  bom  de  nos  compagnons 
•  •garés.  Nous  fléchîmes  le  genou  devant  Celui  donl  la  protection 
nous  avait  gardés,  et  nous  nous  étendîmes  par  lerre,  la  tête  posée 
sin  nos  Belles  en  guise  d'oreillers.  Le  derniei  son  que  nous  ''ui<  n- 


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DANS   LK   SUD    de   i/afriçu'k.  111 

je  les  épargnai  à  mon  tour,  et  ils  purent  se  féliciter  tranquille- 
ment de  la  frayeur  qu'ils  m'avaient  causée. 

Je  vis  bientôt  paraître  Jantye  avec  les  chevaux.  Mes  regards, 
plus  expressifs  (pie  des  paroles,  lui  apprirent  qu'il  n'y  avait 
point  d'eau.  Nous  sellâmes  nos  pauvres  montures,  épuisées  de 
fatigue  au  delà  de  toute  expression,  bien  qu'elles  eussent  trouvé 
à  brouter  un  peu  d'herbe.  Nous  nous  dirigeâmes  alors  vers  un 
endroit  appelé  Witte-Water,  eu  nous  ne  pouvions  guère  espérer 
d'arriver  avant  l'après-midi,  si  même  nous  y  arrivions  jamais; 
car  il  nous  fallut  bientôt  mettre  pied  à  terre  et  traîner  pénible- 
ment nos  chevaux  sur  une  plaine  brûlante,  où  les  apparences 
trompeuses  du  mirage  nous  menaient  à  la  torture;  nous  avions 
sous  les  yeux  des  tableaux  enchanteurs  de  lacs  et  d'étangs  semés 
de  charmants  ilôts,  et  d'arbres  immenses  que  la  brise  agitait  sur 
leurs  bords.  Quelquefois  il  nous  semblait  voir  un  port  marchand 
en  pleine  acthilé,  avec  le  mouvement  des  radeaux  et  des  avirons; 
ailleurs  c'étaient  des  lacs  d'un  aspect  ravissant  qui  semblaien  i 
créés  d'hier,  et  digues  de  figurer  dans  les  points  de  vue  du  jardin 
d'Eden.  Quelquefois,  quand  mon  compagnon  était  à  quelque 
distance  en  avant  avec  les  chevaux,  ils  m'apparaissaient  comme 
souieves  de  terre  et  marchant  dans  l'air  comme  d'immenses  co- 
lonnes animées.  '  Ouand  nous  trouvions  d'anciennes  fourmi- 
lières ouvertes  par  le  pangolin,  2  nous  nous  empressions  d'y  in- 
troduire nos  tètes  pour  interposer  un  corps  opaque  entre  nos 
et  rycaux  en  délire  et  les  rayons  d'un  soleil  dévorant.  l'as  un  seul 
rocher  qui  pût  nous  procurer  un  ombrage;  rien  que  des  buissons 
dépouillés  de  leur  sève  el  desséchés  comme  s'ils  eussent  paSG 

"in  sait  qu<-  .:  produil  par  la  raréfaction  des  couches  inférieures 

l'atmosphère;  cette  raréfaction  est  produite  elle-nv*rne  par  la  chaleur  in- 
•.vons  du  sok'il  communiquent  au   sable.   Les   Béchuanas   ap- 
pellent i  Muénéné;  aussi  ai-je  rendu  par  ce  mot  le  passage  d'K- 
i  \  \ .  Ton  dos  versions  traduisent     terres  ■  he.  • 
*  Littéralement  le  mangeur  de  fourmis    (Le  ant-eater  .  Il  i  quadru- 
;  de  four:                        pangolin,  dont  toit  le  corps  est  revêtu 
ranchantes,  disp*                  tuiies,    et  qu'il  ri  mettant 
en  Loule  quand    il   craint  un  danger,    et   le   fourmilier   ou    tamanoir,   ai.i:: 
.,  à  long  museau,  termin 

une  lan.  qui  peut  s'alonger  beaucoup    et  qu'il  fait    [ 

ilai.  de 

n  de  la  saliva  vi>queu»e  dom  i  a  prei  I  ne 

Afl  .qlie    et     ei:       A  -1" 

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DANS    LE    SUD    DE    L'aFIUQUE.  113 

marche  pour  atteindre  Griqua-Town  le  même  soir.  Bien  que 
nous  nous  fussions  rempli  l'estomac  d'eau  (si  l'on  peut  appeler 
ainsi  un  pareil  breuvage),  noire  soi!'  revint  bientôt  plus  dévo- 
rante encore;  et  nos  forces  étaient  épuisées  quand  nous  attei- 
gnîmes à  une  heure  avancée  la  demeure  de  M.  Anderson. 

Je  me  présentai  à  la  porte  sans  parole,  les  yeux  hagards,  les 
membres  amaigris,  couvert  de  sueur  et  de  poussière,  et  j'obtins 
bientôt,  par  le  moyen  des  signes,  cette  langue  universelle,  un 
verre  d'eau  pour  mon  compagnon  et  pour  moi.  M.  Anderson, 
qui  ne  se  serait  pas  plus  attendu  à  me  voir  arriver  du  pays  des 
NarnaquOisquede  celui  delà  lune,  riè  pouvait  revenir  dé  son  élbn- 
nement  quand  il  apprit  qui  j'étais.  Son  excellente  compagne 
s'empressa  de  faire  du  calé  et  de  préparer  quelques  aliments, 
dont  je  n'avais  pas  goûté  depuis  (rois  jours;  je  sentis  en  les  man- 
geant toutes  les  facultés  de  mon  âme  revivre,  comme  si  je  me 
lusse  entretenu  avec  un  ange;  et  ce  bienheureux  festin  me  rendit 
la  raison  elle  sentiment  en  même  temps  que  les  forces. 

On  me  donna  pour  me  reposer  une  couche  assez  dure  qui  me 
parut  un  lit  de  plumes.  Je  priai  M.  Anderson  de  placer  à  ma  por- 
tée un  seau  d'eau;  il  refusa  prudemment  de  satisfaire  à  celte  de- 
mande, mais  il  me  laissa  un  gobelet  rempli,  d'une  grandeur 
plus  qu'ordinaire;  tel  était  l'état  de  lièvre  où  je  me  trouvais,  que 
je  le  vidai  en  entier  aussitôt  qu'il  m'eut  quitté.  Après  avoir  re- 
passé dans  mon  souvenir  avec  reconnaissance  envers  Dieu  les 
événements  de  ces  derniers  jours,  je  m'endormis,  et  le  malin  je 
tue  levai  aussi  repos»  que  si  je  n'avais  ni  vu  le  désert  ni  senti  la 
soif.  Nous  restâmes  quelques  jouis  dans  cet  endroit,  pendant  les- 
quels arrivèrent  nos  compagnons  perdus;  ainsi  que  nous  le  pen- 
sions, ils  s'étaient  dirigea  du  côté  de  la  rivière,  et  avaient  ainsi 
évité  la  torture  à  laquelle  nous  avions  pensé  succomber. 

La  société  des  frères  Vndefson  ei  Helm,  avec  leurs  compagnons 
d'œuvré,  fut  un  rafraîchissement  pour  mon  Ame.  La  présence 
(l'une  assemblée  nombreuse  et  attentive  et  le  bourdonnement 
animé  de  l'école  m'eurent  bientôt  fait  oublier  mes  fatigues;  ce 
l'ut  avec  joie  que  je  rendis  mon  témoignage  .1  l'Evangile  de  grâce 
qui  avait  été  si  béni  parmi  les  Griquois.  Désirant  visiter  un  en- 
droit appelé  Daniel's  Kui',  résidence  de  Nicolas  Bércnd,  à  dix- 
huit  lieues  an  nord  de  Griqua-Town,  ei  aussi  Lattakou,  qui  se 
trouvait  à  rlrx-hnil  lieues  plus  loin  sut  la  rivière  de  Kiiruman, 


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DANS    Llï    SUD    DE    L'AFRIQUE.  115 

sàmes  nos  chevaux  en  liberté,  et  nous  nous  assîmes  tout  trempes 
sous  un  buisson  qui  ne  pouvait  nous  servir  d'abri  ni  contre  la 
pluie  ni  contre  le  vent,  l'un  et  l'autre  si  glacés  que  nous  crai- 
gnions de  périr  de  froid.  Quand  la  violence  de  l'orage  fut  calmée, 
nous  finîmes  après  de  longues  recherches  par  découvrir  quelques 
substances  susceptibles  de  prendre  feu,  et  nous  parvînmes  à  en 
faire  avec  le  seul  morceau  d'amadou  que  la  pluie  eût  épargné; 
mais  ce  fut  en  vain  que  nous  cherchâmes  des  combustibles  pour 
entretenir  notre  feu;  nous  jetâmes  loin  de  nous  nos  vêlements 
dont  nous  ne  pouvions  supporter  le  poids  glacé,  et  nous  nous 
dispersâmes  dans  tous  les  sens  pour  trouver  quelque  chose  à 
brûler.  Nous  étions  parvenus  à  rassembler  quelques  petits  fagots, 
lorsque  nous  aperçûmes  quatre  hyènes  qui  nous  lançaient  des 
regards  courroucés  et  Semblaient  décidées  à  nous  attaquer.  Nous 
les  fîmes  reculer  quelque  peu  à  coups  de  pierres;  mais  hélas! 
la  faible  lueur  du  feu  que  nous  avions  laissé  avait  disparu,  et 
nous  ne  pouvions  retrouver  la  trace  de  nos  pas.  A  nos  cris  pour 
appeler  l'homme  que  nous  avions  charge  d'entretenir  lé  feu,  ne 
répondaient  que  les  affreux  hurlements  des  hyènes.  Pour  mettre 
le  comble  à  notre  détresse,  un  second  orage  vinl  fondre  sur  nous, 
accompagné  d'un  vent  qui  semblait  transpercer  nos  corps  presque 
nus.  Après  de  longues  recherches  nous  trouvâmes  enfin  notre 
homme  endormi  el  notre  feu  éteint.  Nous  jetâmes  de  désespoir 
les  combustibles  (pie  nous  avions  apportés,  résolus  de  braver 
sans  défense  le  froid  et  la  pluie;  et  chacun  se  laissa  tomber  sur 
la  peau  de  chèvre  qui  lui  a\ait  servi  de  selle,  avec  la  triste  pers- 
pective de  greloter  jusqu'à  ce  que  le  soleil  du  lendemain  vînt 
nous  léchaullèr.  Contre  toute  attente  nous  nous  endormîmes; 
comme  j'avais  essayé  de  creuser  la  terre  pour  arriver  jusqu'au 
see,  je  nie  trouvai  le  corps  à  moitié  enterré  dans  le  sable  humide. 
J'essaierais  en  vain  de  décrire  la  sensation  que  j'éprouvai  quand 
je  me  réveillai  au  point  du  jour,  glacé,  raidi,  pris  de  vertiges 
et  lés  Cheveux  empâtés  de  boue.  Nous  nous  traînâmes  jusqu'à  un 
étang  formé  par  la  pi  nie  pour  nous  \  laver  des  pieds  a  la  tèle; 
et  après  avoir  tordu  nos  vêlements  chargés  d'eau  nous  les  mimes 
tels  quels,  obligés  que  nous  étions  (le  poursuivie  notre  roule. 
\\ant  de  partir  nous  voulûmes  nous  procurer  la  jouissance  de 
goûter  notre  biscuit;  mais  il  se  trouva  que  la  pluie,  imbihanl  à 
la  fois  le  biscuit  ei  le  tabac  auquel  on  l'avait  iiupvudemnieut 


III  \  r    .  m 

lut-!.-,   :i\ni  t  •-<  1 1  j  1 1  |i-  t., m  .1  |*.  i  h  d'une  pâle  n  I  ml  fu- 

iii.  m»  que  nous  étions,   un  p  ireil  plal  i 

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DANS    LE    SUD    DR    L'AFRIQUE.  117 

avait  fait  feu  à  la  chasse  svir  un  hippopotame,  l'ayant  manqué  et 
n'ayani  pas  su  s'échapper  assez  vite,  eut  le  corps  littéralement 
coupé  en  deux  par  les  énormes  dents  du  monstre. 

Nous  arrivâmes  bientôt  après  dans  un  des  villages  d'Africaner; 
et  ce  fut  avec  la  plus  vive  gratitude  pour  notre  Père  céleste  que 
nous  repassâmes  dans  noire  mémoire  toutes  ses  miséricordes. 
Africaner  se  montra  très-satisfait  du  résultat  de  nos  recherches; 
mais  il  ajourna  pour  le  moment  son  projet  d'émigration.  Je  repris 
donc  mes  travaux,  malgré  une  grande  sécheresse  qui  occasionna 
une  famine  dans  la  contrée.  On  profilait  avec  empressement  des 
moyens  de  grâce,  et  la  bénédiction  du  Saint-Esprit  accompagnait 
mes  paroles,  surtout  dans  nos  assemblées  du  dimanche;  tel  était 
l'attachement  que  la  population  me  témoignait,  que  pendant  long- 
temps je  n'osai  point  parler  du  projet  quej'avais  de  faire  un  voyage 
au  Cap. 


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VINGT-TROIS  ANS  T)E  SÉJOUR  DANS    LE    StJD    DE    l'aFRiQTE.    110 

aujourd'hui  sans  autre  épée  que  la  branche  d'olivier,  sans  autre 
bouclier  que  la  paix  et  l'amour,  s'entretenant  de  Celui  qui  les 
avait  tous  domptés  sans  arme  ni  combat,  et  qui  avait  rempli  leurs 
cœurs  de  l'affection  la  plus  sincère  pour  ceux  que  naguères  ils 
haïssaient.  Je  retrouvai  là  M.  Bartlelt  et  sa  famille,  qui  nous 
comblèrent  de  bontés  ainsi  que  toute  la  station. 

>"ous  nous  entretînmes  longuement  des  moyens  de  faire  tra- 
verser sans  danger  à  Africaner  les  territoires  des  fermiers  pour 
arriver  au  Cap.  J'étais  loin  de  partager  les  craintes  que  plusieurs 
exprimaient  à  ce  sujet.  Tout  chef  de  nation  qu'était  Africaner,  il 
n'avait  à  déposer  aucun  insigne  de  royauté  pour  se  trouver  par- 
faitement déguisé.  De  deux  chemises  passables  qui  me  restaient 
je  lui  en  donnai  une;  une  paire  de  pantalons  de  cuir,  une  mau- 
vaise veste  qui  avait  vu  depuis  longtemps  ses  meilleurs  jours,  et 
un  vieux  chapeau  dont  la  couleur  indécise  flottait  entre  le  noir  et 
le  blanc,  complétaient  son  costume,  qui  du  reste  ne  le  cédait 
guère  au  mien  pour  l'élégance.  Pour  plus  de  précaution  nous 
convînmes  que  je  me  donnerais  pour  le  chef  et  qu'il  passerait 
pour  un  de  mes  sen  iteurs. 

Quelque  risible  que  puisse  paraître  ce  tableau,  la  chose  en 
(.Ile-même  était  sérieuse  et  importante;  et  souvent  j'élevais  mon 
cœur  vers  Celui  qui  tient  dans  sa  main  tous  les  cœurs  des  hommes 
pour  le  supplier  de  nous  accompagner  de  sa  présence.  Je  ferai 
observer  ici  une  fois  pour  toutes  que  les  fermiers  hollandais, 
quoi  qu'en  aient  dit  quelques  voyageurs,  sont  en  général  très- 
hospitaliers  et  d'une  grande  bonté  pour  les  étrangers.  Plusieurs 
de  ceux  qui  habitaient  près  des  frontières  de  la  colonie  me  féli- 
citèrent de  revenir  vivant,  ayant  ouï-dire  depuis  longtemps  que 
j'avais  été  massacré  par  Africaner.  On  ne  pouvait  s'étonner  assez 
que  j'eusse  échappé  à  ce  monstre  de  cruauté;  et  le  témoignage 
que  je  rendais  au  changement  complet  qui  s'était  opéré  dans  le 
caractère  d' Africaner  était  regardé  comme  l'illusion  d'un  cer- 
veau malade. 

Entre  autres  exemples,  je  citerai  ce  qui  m'arriva  chez  un 
fermier,  homme  bon  et  pieux,  bien  connu  de  moi  et  qui  m'a- 
vait reçu  avec  la  plus  grande  bienveillance  quand  je  me  ren- 
dais dans  le  pays  des  Namaquois.  Lorsque  je  lui  tendis  la  main  eu 
lui  exprimant  le  plaisir  que  j'éprouvais  à  le  revoir,  il  retira  la 
siei i  me  demanda  d'un  ton  effrayé  qui  j'étais.  Je  répon  li> 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFRIQTK.  121 

comme  un  agneau,  il  leva  les  yeux  au  ciel  et  s'écria  :  «  ODieu  ! 
quel  miracle  de  ta  puissance  !  qui  peut  résister  à  ta  grâce?  »  Ce  bon 
fermier  et  son  excellente  femme  fournirent  abondamment  à  nos 
besoins  ;  mais  nous  hâtâmes  notre  départ,  dans  La  crainte  que  le 
bruit  de  la  présence  d'Àfricaner  ne  vînt  à  se  répandre  et  ne  nous 
amenât  des  visiteurs  importuns. 

A  mon  arrivée  au  Cap,  je  iîs  demander  une  audience  au  gou- 
verneur, lord  Charles  Somerset,  qui  s'était  montré  fort  incré- 
dule relativement  à  la  conversion  d'Àfricaner.  11  me  donna  ren- 
dez-vous pour  le  lendemain,  et  reçut  alors  le  chef  hottentot  avec 
beaucoup  d'affabilité,  lui  exprimant  tout  le  plaisir  qu'il  éprou- 
vait à  voir  ainsi  changé  en  homme  de  paix  celui  qui  était  autre- 
fois le  fléau  de  ce  pays  et  la  terreur  des  colons.  Il  parut  irès- 
frappé  de  ce  résultat  des  travaux  missionnaires  dont  il  avait  quel- 
quefois mis  en  doute  l'utilité;  et  en  témoignage  de  ces  bonnes 
dispositions,  il  fit  présent  à  Africaner  d'un  excellent  wagon  delà 
valeur  de  2,000  francs. 

Peu  de  temps  avant  moi,  il  était  arrivé  au  Cap  une  députation 
de  la  Société  des  missions  de  Londres  ,  composée  du  révé- 
rend J.  Campbell  et  du  docteur  Philip,  qui  étaient  chargés  d'exa- 
miner l'état  de  nos  missions  en  Afrique;  la  visite  d'Africaner  fut 
pour  eux  l'objet  d'un  profond  intérêt.  Ce  fut  pour  M.  Campbell 
un  des  moments  les  plus  heureux  de  sa  vie,  que  celui  où  il  put 
s'entretenir  avec  un  homme  dont  le  seul  nom  le  faisait  trembler 
lors  de  son  premier  voyage  au  pays  dos  Namaquois,  et  dans  le- 
quel il  retrouvait  aujourd'hui  un  frère  bien-aimé. 

L'apparition  d'Africaner  au  Cap,  où  son  nom  et  ses  exploits 
étaient  connus  depuis  plus  de  vingt  ans,  excita  l'attention  pu- 
blique à  un  haut  degré.  Du  était  frappé  de  la  douceur  inattendue 
de  ses  manières,  aussi  bien  que  de  sa  piété  et  de  sa  connaissance 
approfondi»;  des  Ecritures.  On  regardait  avec  un  intérêt  tout 
particulier  son  Nouveau-Testament,  complètement  maculé  par 
un  long  usage.  Les  réponses  qu'il  fit  aux  questions  que  lui  adres- 
sèrent nos  amis  chrétiens  prouvèrent  le  zèle  qu'il  avait  mis  ,'t 
étudier  les  doctrines  de  l'Evangile;  ou  en  sera  d'autant  plus 
frappé,  si  l'on  se  rappelle  qu'il  n'avait  jamais  vu  de  sa  vie  un 
catéchisme,  et  qu'il  avait  puisé  toutes  ses  connaissances  Ihéolo- 
giques  dans  une  lecture  attentive  de  la  Bible,  nu  dans  les  in- 
structions Verbales  du  missionnaire. 


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DANS   LE   SUD    DE  l'aFRIQTE.  123 

pour  prendre  part  à  la  même  prière.  Tels  sont  les  fruits  de  l'E- 
vangile. 

Je  me  séparai  une  seconde  fois  d'Africaner,  non  sans  conserver 
l'espérance  de  le  revoir;  mais  ce  fut  noire  dernier  adieu  :  deux 
ans  après,  il  fut  appelé  dans  la  joie  de  son  Seigneur.  11  avait  at- 
tendu ce  moment  avec  une  entière  confiance,  assuré  que  si  sa 
demeure  terrestre  était  détruite,  il  avait  un  édifice  préparé  de 
Dieu.  Les  derniers  moments  de  sa  vie  sont  racontés  dans  une 
lettre  du  révérend  Archbell,  missionnaire  wesleyen,  au  docteur 
Philip,  à  la  date  du  14  mars  1823  : 

«  Quand  il  sentit  approcher  sa  fin,  il  fit  rassembler  tout  son  peu- 
ple, à  l'imitation  de  Josué,  et  leur  donna  des  directions  relative- 
ment à  la  conduite  qu'ils  devaient  tenir.  «Nous  ne  sommes  plus,  » 
leur  dit-il,  «  ce  que  nous  étions,  des  sauvages,  mais  des  hommes  qu  i 
font  profession  d'avoir  reçu  l'Evangile.  Agissons  donc  en  con- 
séquence. Vivez  en  paix  avec  tous  les  hommes  si  cela  est  pos- 
sible; et  si  vous  ne  le  pouvez  pas,  consultez  ceux  qui  sont  établis 
sur  vous  avant  de  vous  engager  dans  aucune  affaire.  Demeurez 
ensemble  comme  vous  avez  fait  depuis  que  je  vous  ai  connus; 
alors  vous  serez  prêts  à  recevoir  le  missionnaire,  si,  comme  j'en 
ai  l'espoir,  les  directeurs  jugent  à  propos  de  vous  en  envoyer  un. 
Conduisez-vous  envers  lui  comme  envers  un  homme  envoyé  de 
Dieu. 

»  Je  sens  que  j'aime  Dieu  et  qu'il  a  fait  beaucoup  pour  moi, 
quoique  j'en  sois  entièrement  indigne.  La  première  partie  de  ma 
vie  est  souillée  de  sang;  mais  Jésus-Christ  m'a  pardonné  et  je 
vais  au  ciel.  Oh  !  prenez  garde  de  tomber  dans  les  péchés  où  je 
vous  ai  conduits  moi-même  trop  souvent;  mais  cherchez  Dieu  et 
il  se  fera  trouver  de  vous  pour  vous  diriger.  » 

Africaner  avait  reçu  ses  premières  impressions  religieuses  sous 
le  ministère  de  Chrétien  Albert.  Depuis  cette  époque,  en  con- 
templant les  œuvres  de  Dieu  qui  l'entouraient,  il  était  souvent 
préoccupé  par  des  pensées  de  cette  nature  :  Sont-ce  là  les  œu- 
vres d'un  Etre  suprême?  Comment  son  nom  et  son  caractère 
sont- ils  ignorés  chez  les  NamaquoiSj  »•(  sa  connaissance  res- 
treinte ;i  un  si  petit  nombre  d  hommes?  ^  n-t-il  peu  de  temps 
seulement  que  cetie  connaissance  a  été  donnée  au  momie'.'  nom- 
ment se  fait-il  qu'il  ne  s'adresse  pas  à  l'humanité  par  des  mani- 
festations verbales?  —  Lui-même  avaii  volontairement  obscurci  la 


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DANS    LK    MJB    1)1     L'AFRIQUE*  125 

sa  vie  chrétienne  sa  devise  fut  toujours:  «Ainsi  a  dit  le  Sei- 
gneur.» Je  ne  l'ai  entendu  raconter  qu'une  seule  fois  le  rêve 
suivant,  qui  paraissait  lui  avoir  été  rappelé  par  la  vue  d'une  mon- 
Lagne  située  vis-à-vis  de  nous,  et  sur  le  flanc  de  laquelle  serpen- 
!  ai  t  jusqu'au  sommet  un  sentier  étroit. 

11  lui  sembla  qu'il  se  trouvait  à  la  base  d'une  montagne  escar- 
pée et  inégale,  qu'il  ne  pouvait  gravir  qu'au  moyen  d'un  sentier 
qui  longeait  un  immense  précipice.  De  l'autre  côté  du  sentier  il 
apercevait  une  vaste  fournaise  de  feu  et  de'  fumée.  Comme  il  regar- 
dait de  côté  et  d'autre  pour  fuir  un  spectacle  qui  le  faisait  trembler, 
il  \it  apparaître  quelqu'un  du  milieu  de  ces  régions  ténébreuses, 
qui  lui  cria  d'une  \<>i\  terrible  que  le  seul  moyen  d'échapper 
était  de  prendre  le  sentier  étroit.  11  essaya  de  le  gravir,  avec  les 
plus  pénibles  efforts  ;  mais  il  sentit  monter  du  précipice  une  ch.i- 
leur  plus  intense  encore  que  celle  de  la  fournaise  ardente,  i'rés  de 
succomber  sous  le  poids  de  son  agonie  physique  et  morale,  ii 
ii  ses  regards  au  delà  du  lac  de  feu,  et  aperçut  quelqu'un  qui 
se  tenait  sur  une  montagne  verdoyante  que  le  soleil  éclairait  de 
la  plus  vive  lumière.  Cet  homme  s'avança  jusqu'au  bord  du  pré- 
cipice et  lui  lit  signe  de  poursuivre  sa  route.  Se  couvrant  le  visage 
de  ses  deux  mains,  il  continua  de  monter  à  travers  la  fumée  et 
une  telle  chaleur,  qu'il  n'aurait  pas  cru  possible  à  la  nature  hu- 
maine de  la  supporter.  11  atteignit  enfin  le  sommet  tant  désiré 

ni  l'éclat  allait  toujours  en  augmentant,  et  au  moment  où  il 
n'i  adresser  la  parole  à  l'étranger,  il  se  réveilla. 

Quand  je  lui  demandai  quelle  était  l'interprétation  qu'il  donnait 
à  ce  rêve,  il  me  répondit  que  son  esprit  en  avait  été  longtemps 
tourmenté,  comme  l'eût  été  son  corps  par  la  présence  d'une  épine 
empoisonnée:  «  Je  ne  pus  y  arrêter  ma  pensée  sans  trouble,  » 
ajouta-t-il  a\ec  une  grande  simplicité,  «  que  lorsque  je  \is  dans 
I  sentier  le  chemin  étroit  qui  conduit  de  la  perdition  au  >;i lu i, 
de  l'enfer  au  ciel  ;  je  supposai  que'  l'étranger  était  le  Sauveur  dont 
j'avais  entendu  parler,  et  je  cherchai  pendant  longtemps  a  décou- 
vrir quand  et  comment  je  pourrais  gravir  ce  sentier  bruJant;  el 

a  Dieu  je  l'ai  pass  ■ ,  »  me  dit-il  avec  des  veux  mouilles  de 

lai  mes, 

L'intention  des  directeurs  était,  comme  on  l'a  vu,  d'envoyer  un 
missionnaire  à  kfricaner;  mais  comme  on  croyait  que  son  peuple 

'ail  émigrer  suivant  l'intention  première  du  chef,  cela  occa- 


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jusque-là  les  travaux  des  missions;  et  à  moins  que  le  climat  ne 
\  ienne  à  changer,  les  missions  namaquoises  continueront  à  lutter 
pour  leur  subsistance  comme  elles  ont  fait  jusqu'à  présent;  bien 
qu'elles  aient  été  fondées  et  soi.  tenues  de  la  manière  la  plus  libé- 
rale, elles  ne  peuvent  être  efficaces  qu'à  la  condition  d'être  trôs- 
dispendieuses,  et  les  ouvriers  qu'on  y  emploie  auront  toujours  à 
mener  une  vie  de  renoncement  aussi  longtemps  qu'il  faudra  faire 
venir  du  Cap  toutes  les  ressomees  dont  ils  disposent.  Là  même 
où  s'est  introduit  l'usage  des  puits  artésiens,  les  populations  se- 
ront toujours  forcées  d'avoir  une  existence  nomade  tant  que  les 
pluies  seront  aussi  rares.  C'est  !à  un  obstacle  au  succès  dont  se 
[daignent  toiio  les  missionnaires.  De  plus,  il  leur  faut  un  temps 
considérable  pour  parvenir  à  se  faire  comprendre  sans  intermé- 
diaire, à  cause  de  la  difficulté  qu'ils  éprouvent  à  se  rendre  maîtres 
de  l'idiome  de  ces  peuples;  •  et  bien  que  la  langue  hollandaise 
lende  à  le  remplacer  graduellement,  il  faudra  bien  longtemps 
encore  avant  qu'elle  puisse  devenir  d'un  usage  général. 

M.  Schmelen  a  fait  une  version  namaquoise  des  quatre  Evan- 
giles, qui  a  été  imprimée  par  la  Société  biblique  britannique  et 
étrangère.  Le  caractère  de  la  langue  doit  avoir  rendu  un  pareil 
travail  très-difficile.  Je  n'ai  pu  savoir  si  les  Wesleyens  se  propo- 
sent d'employer  l'idiome  namaquois  ou  le  hollandais  pour  con- 
tinuer leur  œuvre.  La  perle  de  la  langue  des  Hottentols  serait 
peu  regrettable;  mais  la  population  est  trop  disséminée  pour 
qu'un  pareil  résultat  puisse  arriver  de  longtemps.  Néanmoins,  le 
zèle  qui  distingue  nos  frères  \veslc\ens,  soutenu  par  le  concours 
de  nombreux  ouvriers  indigènes,  pourrait  triompher  de  ces  dif- 
ficultés, qui  seraient  de  beaucoup  diminuées  si  l'on  parvenait  à 
fonder  une  station  missionnaire  sur  le  rivage  sablonneux  et  sté- 
rile des  baies  d'Angra-Péquena  et  de  Walvisch. 

Ces  localités  ont  été  visitées  par  Schmelen,  Archbell  el  A.lexan- 
der;  mais,  dans  les  descriptions  qu'ils  nous  ont  tracées  de  toute 
celte  côie,  rien  ne  peut  encourager  un  pareil  projet.  Quelques- 
unes  d'-s  ri\  ici»  g  qui  ont  là  leur  embouchure,  el  qui  sont  le  plus 
BOuvent  à  sec,  sont  bordées  d'acacias,  dont  h-  bois  ne  peut  servir 
pour  les  constructions.  Il  y  a  aussi  des  ébéniers  clair-seines  dans 


1  S"ou«  avons  déjà  dit  que  le  trait  carai  iqiie- 

ii.'  1 1 1  tout  lia  ii  p<  (■    .le  la  langue  rotin  >:  !»•  i  ■  »  la  i  i. 


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CHAPITRE  XIII. 


Missions  chez  les  Griquois.  —  Son  origine  et  son  caractère.  — Dévouement 
des  missionnaires.  —  Progrès  dans  la  civilisation.  —  Puissance  de  la  prière. 
—  Mesure  impolitique.  —  1  lépart  de  M .  Anderson.  —  L'auteur  se  joint  à  la  mis- 
sion. —  Election  de  Waterboer.  —  Sa  soif  de  connaissances.  —  Les  Iierge- 
naars.  —  Attaque  dirigée  contre  Griqua-Town.  —  Conduite  généreuse.  — 
Influence  des  missionnaires.  —  Châtiment  providentiel.  —  Succès  de  la 
mission.  —  Jusqu'à  quel  point  le  missionnaire  doit-il  intervenir  dans  les 
affaires  civiles  ?  —  Traité  entre  les  Griquois  et  le  gouvernement  de  la  Colo- 
nie. —  Espérances  de  la  mission. 


L'hisloire  de  la  mission  chez  les  Griquois,  qui  embrasse  une 
période  de  plus  de  quarante  ans,  nous  offre  des  manifestations 
remarquables  de  la  puissance  divine  en  présence  des  difficultés 
plus  qu'ordinaires  dont  les  missionnaires  avaient  à  triompher. 
Elle  commença  en  1799  au  bordde  la  rivière  Zak,  sur  les  confins 
de  la  Colonie.  Ce  ne  fut  d'abord  qu'une  mission  chez  les  Bush- 
meu  ;  mais  bientôt  elle  comprit  dans  son  œuvre  dos  llo  tien  lots  et 
dis  Bastards.  Deux  ans  ne  s'étaient  pas  écoulés  qu'elle  étendit  ses 
travaux  aux  Corannas,  aux  Namaquois  el  aux  Bastards  du  fleuve 
Orange,  chez  lesquels  les  missionnaires  se  transportèrent  sur  l'in- 
vitation de  Bérend-Bérend.  I  n  troupeau  mélangé,  tiré  de  ces 
diverses  peuplades,  renonça,  en  1804,  à  la  vie  errante,  el  s'é- 
tablit à  Griqua-Town,  sous  les  soins  de  MM.  \nderson  el 
Cramer. 

Les  missionnaires  avaient  donc  allaite  à  des  populations  essen- 
tiellement distinctes  pour  les  mœurs,  le  langage  el  le  rang  so- 

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DANS    LK    SUD    DE    L*AFRIQUÉ.  131 

Boltentols  que  nous  avions  amenés  de  la  rivière  Zak,  nous 
mîmes  en  culture  le  terrain  qui  entourait  Riel-Fonteyn  ;  mais  il 
nous  fallut  Lien  du  temps  pour  triompher  de  l'aversion  des 
Griquois  pour  ee  genre  de  travail.  Quand  enfin  nous  eûmes  ob- 
tenu d'eux  qu'ils  essayassent  de  cultiver  la  terre,  ee  succès  fut  ac- 
compagné d'une  amélioration  frappante  dans  le  caractère  de  la 
nation.  Au  bout  de  quelques  années  on  put  voir  la  vallée  entière 
de  Griqua-Town,  depuis  la  source  jusqu'à  l'antre  du  Lion,  cou- 
verte de  blé  et  d'orge.» 

11  résulte  d'autres  rapports  de  M.  Anderson,  que  déjà,  en  1819, 
la  congrégation  se  composait  de  huit  cents  personnes  qui  rési- 
daient à  la  station  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année. 
Indépendamment  de  leur  troupeau  fixe,  ils  étaient  entourés  de 
bordes  nombreuses  de  Corannas  et  de  Busbmen,  parmi  lesquels 
ils  travaillaient. 

Si  l'on  considère  l'état  de  dégradation  morale  dans  lequel  les 
missionnaires  trouvèrent  ce  peuple,  on  ne  pourra  qu'être  frappé 
de  ces  résultats.  One  attaque,  dont  on  était  menacé  de  la  part 
d'une  bande  de  maraudeurs  Cafres,  en  1810,  fut  prévenue  évidem- 
ment par  l'effet  de  la  prière.  M.  Janlz,  le  seul  missionnaire  qui 
se  trouvât  alors  à  la  station,  Hxa  un  jour  pour  adresser  à  Dieu 
avec  l'Eglise  des  prières  spéciales  à  ce  sujet;  ils  envoyèrent  en- 
suite un  message  pacifique  aux  Cafres,  qui  se  retirèrent  aussitôt. 

La  mission  continua  de  fleurir  pendant  plusieurs  années,  jus- 
qu'à  ce  qu'un  événement  inattendu  vinl  lui  donner  un  échec 
dont  «-Ile  fut  longtemps  à  se  remettre. 

On  aurait  pu  s'attendre  que  le  gouvernement  du  Cap,  appré- 
ciant les  utiles  résultats  des  travaux  missionnaires,  les  aurait 
entourés  de  ses  encouragements  et  de  sa  protection;  mais  telle 
n'était  pas  la  politique  du  temps.  En  1814,  M.  Anderson  recul 
du  gouvernement  colonial  l'ordre  d'envoyer  au  Cap  vingt  Gri- 
quois,  |""ii  être  incorporés  dans  le  régiment  de  celte  ville. 
M.  inderson  m'a  dit  ne  s'être  jamais  trouvé,  au  milieu  de  toutes 
épreuves,  dans  une  position  si  pénible.  Il  ne  s'élonnail  que 
d'une  chose,  c'i  -i  que  la  population  ne  l'eût  pas  lapide  quand  il 
leur  lit  cette  proposition,  comme  l'j  obligeait  son  devoir.  <  om- 
ini'iii  supposer  qu'un  peuple,  qui  sortait  a  peine  de  la  bar- 
barie, et  qui  possédait  à  peine  les  moyens  de  se  défendre  lui- 
même,  enverrait    \  i 1 1 .^ i  di    -       meilleurs   hommes   poui   servir 


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DANS    LE    SUH    DE    l'aFIUQÙÊ.  133 

sauver  la  mission  d'une  ruine  entière,  il  fallait  nécessairement 
empêcher  que  les  missionnaires  ne  prissenl  parti  d'un  côté  ou  de 
l'autre  dans  des  cpierel les  de  cette  nature.  Le  but  de  mon  séjour 
à  Griqua-Town  était  de  seconder  M.  Helm  dans  l'abolition  d'un 
système  qui  avait  arraché  un  pasteur  à  son  troupeau,  et  obligé 
M.  Andersen  à  transporter  sa  sphère  d'activité  dans  les  limites  de 
la  Colonie.  La  tâche  n'était  rien  moins  que  facile,  à  cause  de  la 
désorganisation  complète  qui  existait  parmi  ce  peuple  et  du 
désordre  dont  ils  avaient  pris  l'habitude.  Leur  chef  légal,  Bérend- 
Bérend,  demeurait  à  Daniel's-Ruil,  à  cinquante  lieues  de  dis- 
tance, sans  s'occuper  des  intérêts  de  Griqua-Town,  qu'il  visitait 
très-rarement  et  où  il  refusait  même  de  nommer  un  représentant. 

Nous  donnâmes  à  entendre  aux  habitants  qu'ils  feraient  bien 
de  choisir  l'un  d'entre  eux  pour  gouverner  le  village.  Cette  idée 
fut  accueillie  avec  empressement  ;  les  anciens  du  peuple  se  réu- 
nirent, et  au  lieu  de  porter  leur  choix  sur  l'un  d'entre  eux 
comme  nous  nous  y  attendions,  ils  élirent  d'une  voix  unanime 
André  Walerboer.  Celte  élection  faisait  le  plus  grand  honneur 
au  jugement  des  Griquois;  car  l'homme  qu'ils  avaient  choisi  ne 
possédait  ni  rang  ni  richesse.  Mais  il  avait  été  élevé  sous  les  yeux 
des  missionnaires  pour  devenir  un  instituteur  indigène,  et  il  avait 
longtemps  rempli  ces  humbles  et  utiles  fonctions  à  l'école  de  la 
station,  où  il  se  trouvait  le  jour  même  où  il  fut  élu.  Nous  n'a- 
vions pris  aucune  part  à  cette  affaire,  qui  nous  causa  la  plus 
grande  satisfaction. 

Alors  commença  pour  la  mission  Griquoise  une  ère  nouvelle, 
qui  répondit  entièrement  à  nos  désirs;  et  la  demeure  du  mis- 
sionnaire, au  lieu  de  dégénérer  en  une  chambre  de  conseil  gou- 
vernemental ,  ne  fui  plus  visitée  (pie  par  ceux  qui  avaient 
à  lui  proposer  des  cas  de  conscience  ou  à  lui  parler  de  ce 
qui  avait  trait  a  la  prospérité  de  l'Cglise  de  Dieu,  .le  dois  pour- 
tant mentionner  iei  une  exception.  André,  qui  n'était  pas  pré- 
paré pour  .son  nouveau  poste,  en  sentit  bientôt  la  respon- 
sabilité. H  n'avait  pas  l'occasion  d'étudier  la  science  du  gou- 
vernement <\aws  les  livres  ( les  noms  deMinos,  de  Lycurgue  et 

de  Sol  On,  n'étaient  |  >.i->  même  Connus  de  lui  );   <'|    il   ne  possédait 

guère  que  les  premiers  principes  des  l"i>,  qu'il  avait  puisés  dans 
la  Bible,  hase  fondamentale  île  toute  législation.  Il  sentait  ce  qui 
lui  manquait,  el  avait  soif  de  connaissances  nouvelles;  mu- sa 


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DANS  le  sud  DK  i.'afiuquk.  135 

les  petits  Namaquois  et  chez  les  Corannas,  qui  occupent  les  rives 
du  fleuve  Orange,  était  seul  à  la  station  quand  les  Bergenaars, 
animés  par  le  désir  de  la  vengeance,  dirigèrent  une  attaque  contre 
elle.  Quand  ils  apprirent  qu'il  s'y  trouvait  un  missionnaire,  ils  se 
retirèrent  à  quelque  distance,  el  l'envoyèrent  demander.  Le  vé- 
nérable  Sass,  qui  avait  blanchi  au  service  du  Seigneur,  entra 
seul,  sans  autres  armes  que  celles  du  ciel,  dans  le  camp  de  ces 
bandits,  qui  ne  connaissaient  ni  foi  ni  loi.  Les  exhortations  hum- 
bles et  persuasives  qu'il  adressa  aux  meneurs  de  la  bande  cal- 
mèrent leur  rage  el  sauvèrent  les  habitants  de  la  ruine  qui  les 
menaçait.  C'est  ainsi  que  la  seule  présence  d'un  missionnaire 
devint  une  protection  pour  tout  un  peuple, 

D'autres  attaques  encore  furent  dirigées  contre  Griqua-Town; 
mais  cette  station  survécut  par  la  bénédiction  de  Dieu  et  par  les 
efforts  persévérants  de  Waterboer  pour  établir  des  principes 
d'ordre  et  de  paix.  Il  a  toujours  continué  à  prêcher  en  même 
temps  qu'il  exerçait  la  charge  de  magistrat;  el  ayant  obtenu 
plus  tard  des  secours  en  argent  de  la  part  du  gouvernement 
de  la  Colonie,  il  a  mis  les  Griquois  en  étal  de  n'avoir  rien  à 
craindre  de  leurs  ennemis. 

lue  juste  Providence  s'est  chargée  d'accomplir  ce  qu'il  ne 
pouvait  pas  faire,  et  de  punir  les  brigands  auxquels  son  gouver- 
nement avait  donné  naissance.  Quand  la  mesure  de  leurs  ini- 
quités fut  comblé^,  le  ciel  se  déclara  contre  eux  :  la  maladie 
emporta  ceux  qui  échappèrent  à  la  masse  d'arme  et  à  la  lance; 
le  petit  nombre  qui  survécurent  succombèrent  dans  la  pauvreté, 
non-seulement  aux  tourments  de  la  faim,  mais  aux  remords  de 
leur  conscience,  privés  à  leur  tour  de  ces  biens  dont  ils  avaient 
dépouillé  les  autres;  et  leurs  ossements  épars  dans  le  désert  re- 
disent aux  vivants  cette  parole  de  l'Ecriture  :  «  Celui  qui  prend 
l'epée  périra  pat  IVpée.  »  Le  doigt  de  Dieu  se  montra  si  évidem- 
ment dans  leur  punition,  eue  les  Griquois  eux-mêmes  ne  purent 
S'empocha  de-  craindre  de  se  voir  punis  à  leur  tour  pour  les 
Cruauféfl   qu'ils  axaient  commis,-,  autrefois  sur  les  P>uslinien. 

Les  troubles  dont  no  s  venons  de  parler  B'apaisèrent  en  1829, 

époque  OÙ  la  mission  commença  de  reprendre  vie  sous  lessoinfl 

de  MM.  Hughes  et  Wright;  mais  c'est  surtout  depuis  J831  qu'elle 

a   reçu  mie  impulsion  nouvelle,  et  qu'elle  étend  autour  d'elle  une 

influence  toujours  croissante.  Les  efforts  des  missionnaires  ont 


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bonne  famille,  fait  beaucoup  d'honneur  à  son  zèle  et  à  sa  capa- 
cité. 

J'ai  cru  devoir  m'étendre  quelque  peu  sur  l'origine  et  sur  l'état 
actuel  de  cette  mission  Griquoise,  qui  a  été  préservée  et  bénie 
d'une  manière  si  remarquable  pendant  quarante  ans,  tandis  que 
d'autres  stations,  et  celle  entre  autres  qui  lui  a  donné  nais- 
sance, sont  aujourd'hui  abandonnées.  Humainement  parlant,  le 
gouvernement  de  Walerbcer  est  assis  sur  une  base  trop  ferme 
pour  pouvoir  être  ébranlé  par  un  ennemi  étranger,  aussi  long- 
temps qu'il  emploiera  son  influence  à  défendre  la  cause  de  Dieu, 
et  qu'il  restera  l'allié  fidèle  de  la  Colonie  du  Cap.  Mais  il  est  de 
la  plus  grande  importance  que  les  missionnaires  renoncent  pour 
toujours  à  celte  union  fatale  et  profane  entre  leurs  travaux  reli- 
gieux et  les  fonctions  politiques.  L'Ecriture  et  l'expérience  sont 
d'accord  pour  condamner  celle  manière  d'agir.  Nous  pourrions 
citer  plusieurs  exemples  de  missionnaires  qui  ont  couru  les  plus 
grands  dangers  pour  avoir  accepté  les  fonctions  d'agents  confiden- 
tiels du  gouvernement  de  la  Colonie  auprès  des  peuplades  indi- 
gènes. Ce  n'est  pas  qu'un  missionnaire  doive  refuser  ses  con- 
seils lorsqu'ils  sont  demandés  par  le  peuple  qui  lui  est  confié  ,  ni 
qu'il  doive'  se  faire  scrupule  de  lui  servir  d'interprète  pour  .s'a- 
dresser à  uni'  puissance  étrangère,  ou  d'user  de  son  influence 
pour  apaiser  des  qu<  relies  nationales  ou  domestiques.  Moi-même 
j'arrêtai  un  jonr  le  lui-  d'un  chef  furieux  et  puissant,  qui,  sans 
mon  intervention,  allait  plonger  une  arme  meurtrière  dans  le 
sein  d'un  homme  donl  il  avait  à  se  plaindre.  Je  n'eu-  pas  fort,  et 
le  chef  lui-même  fui  de  cel  avis  :  car,  quand  le  paroxisme  de  la 
colère  lut  passé,  il  me  dit  :  ••  Alun  père,  je  le  remercie.  Le  m  - 
sionnaire  peut  faire  tout  cela  et  plus  encore  sans  compromettre 
son  caractère  ni  celui  de  l'Evangile;  mais  il  ne'  peut  prendre  au- 
cun engagement  diplomatique  sans  s'exposer  à  perdre  (oui  l< 
fruit  de  ses  travaux,  ni  -ans  mettre  en  danger  sa  propre  \  se. 

Du  reste,  de  nombreux  exemples  prouvi  m  que  les  missionnai- 
res, sans  intervenir  en  rien  dan-  la  politique,  peuvent  acquérir 
une  gr  mde  influence  sur  les  tribus  indigènes.  En  I832,  i  ntre  au- 
tre-, la  seule  influence  de  nos  missionnaire;  prévint  une  attaque 
redoutable  dont  l«  nord  de  la  Colonie  était  menacé  par  une  horde 
de  maraudeurs  Coran nas  et  Hottenlots.  Les  missionnaires  w 
leyens  ont  obtenu  des  résultats  -'m Mal. le-.  T<  Is  seront  toujours 


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CHAPITRE  IV. 


Premiers  voyages  chez  les  Béchuanas.  —  I.e  chef  Moléhabangue.  —  Edwards 
cl  K'ok.  —  Pratique  dangereuse.  —  Meurtre  de  Kok.  —  Danpers  de  la  part 
des  Busbmen.  —  La  famille  de  Berpover.  —  Meurtre  d'un  père  et  de  sa  fille. 
—  Situation  horrible.  —  Scène  déchirante.  —  Une  expédition  a  Lattakou.  — 
Massacre.  — Visites  de  Liechtenstein;  de  Cowan  et  de  Dénovan;  de  lUir- 
chell. —  Difficultés  de  la  langue.  —  Voyage  de  Campbell.  —  Envoi  de  mis- 
sionnaires à  Lattakou.  —  Entrevue  avec  le  roi.  — Kejct  des  missionnaires. — 
M .  Evans  abandonne  la  mission. 


Jusqu'ici  nous  avons  suivi  les  travaux  des  missionnaires  chez 
les  ( '.aires,  et  parmi  les  diverses  tribus  des  Holten  lots.  Nous  avons 
vu  la  puissance  de  l'Evangile  triompher  également  du  caractère 
indomptable  des  uns  et  de  l'abrutissement  des  antres.  Nous 
avons  admiré  ses  effets  civilisateurs  chez  les  hordes  errantes  des 
Corannas  et  des  Griquois,  dont  on  peut  dire  avec  un  prophète, 
«  qu'ils  sont  devenus  un  peuples  eux  qui  autrefois  n'étaient  point 
un  peuple. 

Nous  passons  aux  résultats  des  missions  parmi  une  peuplade 
qui  diffère,  à  bien  des  égards,  de  celles  que  nous  avons  décrites. 
Placés  en  dehors  de  toute  influence  étrangère  et  visant  bien  au 
delà  des  limites  de  la  civilisation,  les  Béchuanas se  faisaient  re- 
marque! par  leur  farouche  indépendance  et  leur  orgueil  national. 
Les  travaux  missionnaires  dans  ces  contrées  sont  d'une  date 
comparativement  récente;  et  bien  que  te  résultai  de  ces  travaux 
»<>it  laii  pour  encourager,  ce  n'est  rien,  hélas!  auprès  de  ce  qu'il 
reste  à  (aire;  nous  touchons  ici  à  ces  sombres  nuages  qui  couvrent 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  141 

dence  à  plusieurs  lieues  de  la  ville  de  Moléhabangue.  Us  faisaient 
le  voyage  du  Cap  quand  ils  avaient  amassé  une  quantité  suffi- 
sanle  d'ivoire  et  de  bétail  pour  en  disposer  a\ec  avantage.  Ed- 
wards s'avança  même  dans  ce  but  jusque  chez  les  Bavangkatsis, 
nation  puissante  située  au  nord  de  la  rivière  Molapo  ;  quand  il 
eut  amassé  une  somme  considérable,  après  avoir  depuis  longtemps 
abandonné  son  Dieu,  il  quitta  le  pays,  se  retira  dans  la  Colonie, 
acheta  une  ferme  et  des  esclaves,  et  est  devenu  aujourd'hui  un 
incrédule  à  cheveux  blancs.  Je  tiens  de  bonne  source  ce  que 
j'écris,  ayant  moi-même  eu  l'occasion  de  discuter  avec  lui.  Qu'est- 
ce  que  l'homme,  abandonné  à  lui-même  ! 

In  sort  bien  différent  quoique  non  moins  triste  en  son  genre 
élail  réservé  à  Kok,  quia  laissé  la  réputation  d'un  homme  pieux. 
Vn  malin  qu'il  se  rendait  aux  champs  pour  visiter  ses  troupeaux, 
deux  hommes  qui  s'étaient  cachés  sur  sa  route  le  tuèrent  à  coups 
de  fusil;  c'était  des  Bécbuanas  sujets  de  Moléhabangue,  qui  pré- 
tendaient avoir  contre  If.  Kok  quelques  griefs  relativement  au 
salaire  qui  leur  était  dû  pour  un  voyage  au  Cap.  Dès  que  le  roi 
fut  informé  île  ce  crime,  il  donna  l'ordre  à  son  tils  Mothibi  de 
s'emparer  des  meurtriers;  puis  il  envoya  chercher  la  veuve,  et  la 
pria  de  se  faire  justice  elle-même  en  employant  la  même  arme 
avec  laquelle  on  avait  lue  son  mari.  Malgré  sa  profonde  affliction, 
elle  ne  put  qu'admirer  le  zèle  que  menait  le  prince  à  punir  les 
criminels;  néanmoins  elle  lui  demanda  d'être  dispensée  de 
prendre  part  à  l'exécution,  tout  en  lui  témoignant  sa.  reconnais- 
sance pour  la  protection  et  la  sympathie  qu'elle  rencontrait.  Kok 
lut  enseveli  à  Gasigonyane,  près  de  l'endroit  où  la  source  t\c  cr 
nom  jaillit  d'une  masse  de  rochers.  Les  meurtriers  fuient  punis 
de-  mort  conformément  à  la  loi  héchuanase,  el  Moléhabangue 
était  si  jaloux  de  faire  savoir  aux  peuples  voisins  de  la  Colonie 
l'iu  lignatiou  qu'il  éprouvait  de  cette  affaire,  qu'il  envoya  des 
députés  à  Criqua-Town  pour  y  faire  connaître  ces  faits.  Hotbibi 
m'a  souvent  parle  de  cet  événement  et  de  la  part  qu'il  prit  comme 
tils  du  prince  au  châtiment  des  coupables. 

!'(  ml  mi  qu'Edwards  et  kok  étaient  dans  ce  pays,  deux  nou- 
veaux ouvi  é  i  s  \  furent  envoyés  par  la  société  des  missions  hol- 
landaises; mais  m  •  voyant  pasde  perspective  de  pouvoir  se  rendre 
utiles  dans  l'état  'le  choses  alors  existant,  ils  abandonnèrent  bien- 
tôt ie  champ  de  travail  ei  retournèrent  dans  la  Colonie.  La  rési- 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFMQCE.  [  \') 

temenis  indignes  des  Busbmen.  Le  lendemain  matin  ils  pour- 
suivirent leur  voyage  ou  plutôt  leur  fuite,  tremblants  à  la  vue 
de  tous  les  objets  qui  de  loin  avaient  quelque  ressemblance  avec 
la  forme  humaine;  car  on  apercevait  sur  les  hauteurs  les  Bush- 
men,  épiant  chaque  pas  que  faisait  celle  famille  désolée.  Ils 
passèrent  une  autre  nuit  dan?  la  plaine  :  nuit  sans  sommeil,  ex- 
cepté pour  les  enfants,  qui  n'avaient  pas  la  conscience  du  danger. 
Le  lendemain,  comme  ils  traversaient  un  fourré  d'acacias,  ils 
virent  tout  à  coup  tomber  autour  d'eux  une  grêle  de  flèche>  em- 
poisonnées, dont  quelques-unes  blessèrent  légèrement  plusieurs 
îles  enfants.  Bergover  lira  quelques  coups  de  fusil,  et  ils  prirent 
la  fuite,  mais  pour  renouveler  bientôt  leurs  attaques.  11  poursui- 
vit sa  route  de  celte  manière  avec  l'aide  de  son  lils,  poussant  en 
avant  se>  bœufs,  dont  plusieurs  tombèrent  sous  les  flèches  em- 
poisonnées. En  les  détachant  du  joug  pour  les  remplacer  par 
d'autres,  il  fui  blesse  grièvement  ainsi  que  son  tils;  néanmoins, 
le  pèle  continua  de  défendre  ses  enfants  et  ses  troupeaux.  La 
nuit  vint  encore  les  en\elopper  de  ses  voiles,  en  leur  apportant 
la  perspective  d'être  ton;-  massacrés.  Les  premiers  rayons  du 
matin  éclairèrent  la  tin  d'une  scène  faite  pour  déchirer  le  cœur 
.les  sauvages  les  plus  endurcis.  Les  Busbmen  apparurent  en  plus 
grand  nombre,  attaquant  le  wagon  de  tons  les  côtés  à  la  fois; 
tous  dirigèrent  leurs  flèches  Contre  le  seul  homme  en  état  de 
leur  résister,  et  auquel  les  mères  et  les  enfants  demandaient  en 
vain  du  secours.  Dangereusement  blessé,  il  se  rapprocha  en 
chancelant  du  wagon,  pendant  que  les  Bushrnen  se-  saisissaient 
des  bœufs  el  les  emmenaient  en  poussant  le  cri  de  victoire,  t  ne 
heure  après,  Bergovi  i  ne  respirait  plus,  et  trois  femmes  et  treize 
«•niants  restaient  privés  de  tout  secours  humain.  L'essieu  du 
wagon  était  brisé,  el  ils  apercevaient  à  quelque  distance  les 
Busbmen,  avides  de  massacrer  le  reste  de  leurs  victimes  pour 

in  parer  des  bœufs  de  trait  qui  étaient  encore  sous  le  joug.  I 
lui  un  moment  de  terreur  el  de  désespoir;  ces  mères  en  larmes, 
entourés  d'enfants  orphelins  i  t  I  l<  ssés,  ne  pouvaient  que  ci  ier  à 
Dieu  p. h  !i  prière;  el  dans  ce  moment  même  la  délivrance  la 
pins  inattendue  était  proche.  Je  ne  saurais  mieux  décrire  lu  scène 
touchante  qui  suivit,  qu'en  empruntant  le  langage  d'un  témoin 

ulaire,  le  docteur  Licbtenstein ,  dont  le  récil  concorde  exacte- 
ment avec  celui  que  je  tiens  d'une  des  veuves  qui  ont  sm  vé<  u. 


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DANS    r.F.    SUD    DE    l'aFRIQUK.  145 

roni  le  chagrin  de  reconnaître  plusieurs  de  leurs  meilleurs  bœufs 
entre  les  mains  des  maraudeurs.  On  n'eut  pas  Pair  de  s'en  aper- 
cevoir, et  l'on  accueillit  avec  de  grandes  démonstrations  de  poli- 
tesse ces  misérables,  qui,  pour  faire  croire  à  l'abondance  de  leurs 
provisions,  quoique  leurs  ressources  fussent  réellement  épuisées, 
avaient  rempli  plusieurs  sacs  de  sable.  Quand  on  jugea  leur  ap- 
pétit suffisamment  aiguisé,  on  leur  offrit  deux  bœufs  pour  leur 
repas.  L'un  de  ces  animaux,  que  l'on  avait  choisi  à  dessein  ex- 
trêmement sauvage,  prit  peur  et  s'enfuit  à  la  vue  des  étrangers, 
qui  se  mirent  aussitôt  à  sa  poursuite,  jaloux  de  s'assurer  celte 
riche  proie.  C'était  le  moment  choisi  pour  la  vengeance,  et  sur  le 
signal  d'un  chef  Béchuana  plusieurs  d'entre  eux  furent  percés  à 
coups  de  lance  par  les  indigènes.  Les  autres  se  rallièrent  et  se  re- 
tranchèrent dans  une  ëtable entourée  de  pierres;  mais  n'ayant 
presque  plus  de  munitions,  ils  firent  une  faible  résistance.  Vaine- 
ment ils  demandèrent  merci,  on  ne  leur  fil  aucun  quartier;  et 
quand  la  nuit  vint  arrêter  le  massacre,  les  Béchuanas  allumè- 
rent des  feux  de  distance  en  distance  autour  de  leurs  victimes, 
comme  c'est  leur  usage  sur  le  champ  de  bataille,  et  s'endormi- 
rent. Ceux  des  voyageurs  qui  n'étaient  pas  blessés  s'enfuirent 
à  l'aide  de  l'obscurité  et  se  dirigèrent  vers  le  sud.  Au  point  du  jour 
les  femmes  et  les  hlessés  furent  tous  égorgés;  et  ceux  qui  s'étaient 
échappés  furent  poursuivis  sans  relâche  pendant  trois  jours,  ré- 
solus qu'étaient  les  indigènes  à  les  exterminer  jusqu'au  dernier. 
Ils  réussirent  presqù'enlièrement  ;  car  un  seul  des  cinquante 
hommes  qui  composaient  l'expédition  parvint,  couvert  de  bles- 
sures, aux  cataractes  du  fleuve  Orange,  pour  y  raconter  la  catas- 
trophe qu'ils  avaient  eux-mêmes  attirée  sur  leurs  têtes;  ce  récit 
souleva  une  clameur  générale  contre  les  Béchuanas  qui  furent 
Considérés  comme  les  plus  barbares  de  tous  les  sauvages. 

Le  premier  voyageur  qui  visita  les  Batlapis   fui  Lichenstein, 
en    ISO.");    il    ;ivai(    a\ec   lui    M.    kok  qui  a\  ail  demeuré  quelque 

temps  chez  ce  peuple,  et  il  nous  donne  un  aperçu  déjà  passable- 
ment exael  de  leurs  mœurs  el  de  leur  langue.  Péndani  son  séjour, 
qui  dura  peu  ,  i!  lui  traité  avec  beaucoup  de  bienveillance  par  Mo- 
léhabangue,  qui  résidait  alors  avec  son  peuple  pus  duKuruman. 
Ces  contrées  furent  visitées  ensuite  par  le  docteur  Cowan  et 
le  capitaine  Denovan,  eu  1807.  Placés  sens  la  protection  du  gou- 
vernement anglais,  ils  avaient   une  escorte  nombreuse  et  deux 

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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  H7 

Depuis  la  fondation  de  la  mission  Griquoise  et  même  aupara- 
vant, des  tribus  Béchuanas  s'étaient  mises  en  rapport  avec  des 
habitants  de  Griqua-Town  pour  le  commerce  d'échange;  elles 
avaient  une  haute  estime  pour  la  famille  Kok,  à  cause  des  ser- 
vices importants  que  leur  avait  rendus  Cornélius  ,  le  père  de 
cette  famille,  en  arrêtant  les  incursions  des  maraudeurs  qui  se 
livraient  au  pillage  sur  leur  territoire. 

On  a  longtemps  admiré,  et  ajuste  titre,  le  récit  simple  et  fidèle 
écrit  par  feu  le  révérend  Campbell,  de  ses  voyages  dans  le  sud 
de  l'Afrique.  Envoyé  par  la  Société  des  missions  de  Londres  pour 
visiter  les  diverses  stations  missionnaires,  il  se  rendit  à  Lattakou, 
où  il  fut  accueilli  avec  bienveillance  par  les  Béchuanas  et  en 
particulier  par  Mothibi,  chef  des  Batlapis.  «Envoie-nous  des 
missionnaires,  »  lui  dit  ce  dernier,  «  et  je  serai  un  père  pour 
eux.  »  Tous  les  incidents  de  ce  voyage  furent  des  plus  encoura- 
geants pour  M.  Campbell,  et  il  y  vit  avec  joie  le  prélude  d'une 
ère  nouvelle  pour  nos  missions  d'Afrique.  Après  une  longue 
tournée  à  l'est  de  Lattakou,  il  revint  à  Griqua-Town  ,  puis  visita 
le  pays  des  TSainaquois.  Les  détails  extrêmement  intéressants 
qu'il  publia  lors  de  son  retour  en  Angleterre  produisirent  une 
vive  impression  sur  le  public  chrétien,  et  une  augmentation  con- 
sidérable dans  les  dons  pour  les  missions. 

En  -1815,  MM.  Evans  et  Hamilton  partirent  d'Angleterre  pour 
se  rendre  à  Lattakou,  où  ils  avaient  tout  espoir  d'être  bien  ac- 
cueillis après  l'appel  bienveillant  de  Mothibi. 

A  leur  arrivée  à  Griqua-Town,  ils  furent  encouragés  dans  leur 
projet  par  les  frères  de  celle  station.  Adam  Kok,  Philippolis,  Jan 
llendreck  et  d'autres  hommes  qui  avaient  de  l'influence  auprès 
des  Béchuanas,  se  décidèrent  à  les  accompagner  à  Lattakou  pour 
leur  servir  (l'interprètes.  Celte  circonstance  était  d'autant  plus 
heureuse,  que  les  Béchuanas  avaient  beaucoup  d'estime  el  de 
respect  pour  Kok,  dont  le  père  leur  avait  rendu  des  services  si- 


li'T  est  ftlocbuana.  Séchuaaa  est  un  adjectif  qui  s'applique  à  tout  ce  qui ap 
parti  en  I  fi  la  nal  ion,  pai  ticulièrement  a  la  langue. 

L'altération  des  noms  provieul  souvent  île  la  difficulté  qu'éprouvent  les 
('•trangera,  et  particulièrement  les  Hollandais,  a  se  plier  à  la  prononciation  des 
indigènes.  Ceux-ci,  par  contre,  ont  tant  de  condescendance  ■-uns  qq  rapport 
ponr  les  étrangers,   qu'ils  imitent  avec  une  précision  parfaite  leur  mauvai  e 

prononciation  pour  se  faire  mieux  comprendre  d'eux.  Leur  lang -t  douce 

et  hnrmonieusc,  pie-:. pie  loue  les  mots  se  terminant  par  une  voyelle. 


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DANS    LE    SUD    DK    l'aFHIOLK.  149 

iinit  par  dire  qu'il  s'en  tiendrait  à  la  décision  de  son  peuple;  il  les 
engagea  de  nouveau  à  se  fixer  sur  le  Kuruman  pour  trafiquer 
avec  les  Béchuanas  comme  avaient  fait  Edwards  et  Kok,  mais  en 
renonçant  entièrement  au  projet  d'enseigner  le  peuple.  Ensuite 
Mothibi  s'adressa  en  ces  termes  à  ses  sujets  :  «  Dites  voire  pensée. 
Quand  les  hommes  sont  venus  ici  pour  la  première  fois  (il  voulait 
parler  de  MM.  Campbell  et  Read),  vous  avez  gardé  le  silence; 
mais  quand  ils  sont  partis  vous  m'avez  blâmé.»  Un  grand  nombre 
de  voix  crièrent  parmi  le  peuple  :  «  11  ne  faut  pas  que  les  mis- 
sionnaires viennent  ici  !»  et  le  roi  répéta  :  «  Il  ne  faut  pas  que  les 
missionnaires  viennent  ici!  »  Le  Kuruman  étant  à  plus  de  trente 
lieues  de  Lattakou,  et  la  contrée  intermédiaire  étant  déserte,  les 
missionnaires  n'avaient  d'autre  alternative  que  de  revenir  à  Gri- 
qua-Town,  après  avoir  vu  se  changer  en  tristesse  amère  les  bril- 
lantes espérances  qu'ils  s'étaient  plu  à  entretenir  durant  leur 
voyage.  Au  lieu  de  recevoir  les  présents  de  biens  temporels 
qu'ils  s'étaient  crus  en  droit  d'attendre,  en  échange  du  trésor  de 
la  vie  éternelle  qu'ils  venaient  apporter,  ils  se  virent  entourés 
d'une  nuée  de  mendiants  importuns,  riches  et  pauvres,  qui  les 
tourmentaient  pour  obtenir  du  tabac  et  d'autres  objets;  etcomme 
s'ils  eussent  pris  à  lâche  de  montrer  qu'ils  ressemblaient  à  ceux 
qui  ont  persécuté  le  Sauveur,  ces  malheureux  suivirent  à  leur  dé- 
part les  hérauts  du  salut  qu'ils  avaient  rejelé  en  les  accompagnant 
de  leurs  moqueries  et  de  leurs  vociférations:  «  Loin  de  nous  le 
peuple  blanc!  «  diraient-ils.  Le  cœur  douloureusement  oppressé, 
nos  frères  reprirent  le  chemin  du  désert,  en  méditant  sur  les 
voies  mystérieuses  de  Celui  qui,  trop  sage  pour  jamais  errer,  a 
souvent  néanmoins  «son  chemin  dans  la  mer  et  ses  sentiers  dans 
1er  grosses  eaux.  » 

Avant  la  visite  des  missionnaires  à  Lattakou,  Buy  s,  dont  nous 
avons  déjà  parlé  à  l'article  de  la  mission  chez  les  Cafres,  s'était 
transporté  aux  environs  de  la  rivière  Jaune  et  mis  en  rapport  avec 
les  Béchuanas.  Il  s'efforça  de  leur  faire  partager  ses  principes,  qui 
étaient  hostiles  au  gouvernement  de  la  Colonie,  ei  il  réussit  à 
en  persuader  un  certain  nombre,  parmi  lesquels  se  trouvait  le 
propre  frère  de  Mothibi.  Cet  homme  était  à  Lattakou  lors  île 
l'arrivée  des  missionnaires,  ri  ce  fut  -<>n  influence  qui  les  lit  re- 
jeter. Comme  il  se  rendait  auprès  de  Buys,  sans  doute  pour  lui 
annoncer  le  succès  qu'il  avait  obtenu,  il  lui  tué  en  chemin  par  les 


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CHAPITRE  XV. 


M.  Kead  obtient  le  consentement  de  Mothibi  à  ce  que  les  missionnaires  séjour- 
nent chez  les  Béchuanas.  —  Nécessité  de  la  prudence.  —  Soupçons  des  indi- 
gènes.— Difticultés  que  les  missionnaires  éprouvent  à  gagner  leur  continuée. 
—  Expédition  malheureuse.  —  Sujet  d'encouragement  —  Ministère  de 
M.  Hamilfon. —  Le  pain  volé. —  L'auteur  se  joint  à  la  mission. —  Position  du 
missionnaire  chez  les  Béchuanas.  —  Difticultés  particulières.  —  Absence 
totale  d'idolâtrie.  —  Professions  de  foi  sans  réalité.  —  Raisonnement  d'un 
faiseur  de  pluie.  —  Gouvernement  des  Béchuanas.  —  Pitshos,  ou  parlement 
des  indigènes.  —  Coutumes  nationales.  —  Obstacles  à  l'Evangile.  —  Tra- 
vaux des  femmes.  — Caractère  des  Béchuanas. 


Malgré  ces  tristes  revers,  M.  Ilamillon,  nullement  ébranlé,  ré- 
solut de  tenter  un  autre  effort.  Sur  ces  entrefaites  M.  Uead  arriva 
à  Griqua-Town  avec  une  escorte  nombreuse  de  Ilolleniois  qu'il 
amenait  de  Bethelsdorp;  ce  qui  obligea  M.  Hamilton  à  faire  le 
voyage  de  la  Colonie  pour  y  chercher  des  provisions.  M.  llead 
continua  son  voyage,  décidé  à  se  fixer  ou  à  Lattakou  ou  sur  le 
Kuruman,  à  l'endroit  désigné  par  les  Béchuanas.  Arrivé  à  la  ville, 
M.  Ilead  crut  devoir  ne  faire  aucune  allusion  au  refus  précédent 
de  Mothibi,  niais  lui  rappeler  .simplement  ce  dont  il  était  convenu 
avec  M.  Campbell;  il  lui  dit  «  que  ce  dernier  avait  déterminé  le 
bon  peuple  qui  est  au  delà  des  grandes  eaux  a  envoyer  des  mis- 
sionnaires; qu'ils  étaient  heureux  de  la  promesse  qu'il  avait  l'aile 
de  lès  recevoir,  el  qu'ils  avaient  en  la  générosité  d'envoyer  par 
les  missionnaires  un  grand  nombre  d'Objets  destinés  à  le  rendre 
heureux  lui  el  son  peuple  :  objets  qui  se  trouvaient  encore  en 
partie  à  Griqua-Town  ou  à  Bethelsdorp,  mais  qu'on  enverrait 
chercher.  »  Celle  entrée  en  matière  produisit  l'effel   désire  sur 


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DANS    LE    SUD    DE    i/aFRIQUEi  153 

quand  elle  était  mécontente,  elle  poussait  son  mari  à  des  actes 
de  sévérité.  Sa  faveur  était  donc  d'une  grande  importance;  mais 
l'expérience  a  prouvé  qu'en  pareil  cas  le  missionnaire  ne  doit 
pas  persister  à  lutter  contre  les  difficultés  qui  entourent  une 
œuvre  fondée  sur  de  telles  bases.  11  est  très-rare  que  ce  mode 
d'évangélisation,  où  l'on  fait  dépendre  le  succès  de  la  faveur  d'un 
homme,  réussisse  auprès  des  sauvages. 

Nos  frères  n'étaient  que  depuis  peu  à  I.attakou  lorsqu'il  ar- 
riva un  événement  malheureux  en  lui-même,  mais  qui  eut  des 
conséquences  très-importantes  pour  le  succès  de  la  mission. 
Molli ibi  avait  organisé  une  expédition  considérable  contre  les 
Bakuenas  dans  le  but  d'enleverdu  bétail.  Sa  troupe,  qui  se  croyait 
invincible,  fut  repoussée  et  dispersée.  Beaucoup  d'hommes  fu- 
rent tués,  d'autres  périrent  en  tombant  dans  des  précipices;  et 
.Mothibi  lui-même  échappa  à  grand' peine  avec  une  blessure  au 
pied.  Les  femmes,  qui  avaient  perdu  récemment  une  grande 
partie  de  leur  bétail  enlevé  par  les  Bavangkelsis,  eurent  alors  à 
verser  des  larmes  bien  plus  amères  sur  la  perle  de  leurs  maris. 
Peu  après  celle  catastrophe,  Mothibi  et  la  majorité  de  sou  peuple 
se  décîdèrenl  à  se  transporter  sur  les  bords  du  kuruman;  c'était 
en  juin  1817.  Depuis  cette  époque  jusqu'à  mon  passage  en  1820, 
dans  la  tournée  que  je  fis  avec  M.  Campbell,  la  mission  continua 
sans  qu'on  obtint  de  succès  décisifs.  Le  service  publie  avait  lieu 
régulièrement,  mais  au  moyen  d'interprètes  fort  ignorants;  ce 
qui  nuisait  essentiellement  au  succès.  Malgré  cet  obstacle  cl 
bien  d'autres  encore,  les  missionnaires  faisaient  du  bien,  et  les 
indigènes  étaient  conduits  graduellement  à  voir  en  eux  des  amis, 
bien  qu'ils  ne  les  écoutassent  pas  encore  avec  l'intention  de 
s'instruire,  et  qu'il  suffît  du  moindre  incident  défavorable  pour 
réveiller  leurs  soupçons. 

Quand  V.  Campbell,  aiirès  un  voyage  des  plus  heureux,  qu'il 
poussa  jusqu'à  Kurrichane  chez  les  Bahurulsis,  a  plus  de  soixante 
lieues  au  nord  de  I.attakou,  revint  à  la  Colonie,  je  fus  appelé  a  sé- 
journer quelque  temps  à  Griqua-Town  pour  me  joindre  ensuite 
à  la  mission  du  Kuruman. 

M.  Hamillon  \  était  seul  alors,  occupé  à  lutter  contre  des  ob- 
stacles d<  divers  genres,  el  réduit  à  une  existence  des  plus  péni- 
bles. Indépendamment  de  travaux  manuels  considérables  (  car  il 
lui  avait  fallu  creuser  un  canal,  labourer  la  lei  re  el  bâtir  |,  il  s  6- 


154  v  iN'i-n  ii 

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DANS    LE   SUD    DÉ    l'aFRIQUK.  155 

sèment  plusieurs  temples  élevés  en  l'honneur  de  l'Eternel,  où  des 
multitudes  se  pressent  chaque  Dimanche  pour  écouter  l'Evangile 
de  paix  et  d'amour. 

Nous  avons  aussi  des  écoles  et  des  salles  d'asile  qui  prospè- 
rent, et  plusieurs  imprimeries  travaillent  pour  subvenir  aux  be- 
soins croissants  de  la  population.  Le  pays  des  Bassoutos,  qui  n'é- 
tait jadis  qu'un  vaste  théâtre  de  meurtre  et  de  pillage,  est  aujour- 
d'hui semé  de  stations  missionnaires  fondées  par  la  Société  de 
Pâtis  et  la  Société  wesleyenne;  en  sorte  que  toute  la  contrée  qui 
s'étend  des  limites  orientales  du  désert  jusqu'à  Port-Natal  est  oc- 
cupée par  les  missions.  Si  ces  missions  sont  soutenues  par  la  foi  et 
par  la  prière,  on  les  verra  bientôt  s'avancer  sous  les  tropiques  et 
aborder  les  nations  imbues  des  erreurs  mahométanes. 

Ce  que  nous  avons  déjà  dit  des  difficultés  qui  s'opposèrent  à 
l'établissement  et  à  l'accroissement  de  la  première  mission  chez 
les  Béchuanas,  aura  préparé  le  lecteur  à  ce  qu'il  nous  reste  à 
raconter.  La  position  du  missionnaire  chez  ce  peuple  a  quelque 
chose  de  tout  particulier,  et  ne  ressemble  en  rien  à  celle  où  il  se 
trouve  chez  tout  autre  peuple  de  la  terre.  11  ne  rencontre  point 
d'idolâtrie  pour  arrêter  ses  efforts,  et  il  n'a  pas  à  lutter  contre  les 
horreurs  qui  se  commettent  dans  les  pays  où  les  idoles  comptent 
des  milliers  d'adorateurs.  Point  d'orgies  religieuses,  point  de 
fleuve  sacré,  point  de  sacrifices  humains  ni  d'aucune  espèce. 
<l'est  en  vain  qu'il  chercherait  un  temple  ou  un  autel  ou  un  seul 
emblème  d'un  culte  quelconque.  Aucune  tradition  des  anciens 
jours  ne  vient  rappeler  à  la  génération  présente  que  leurs  ancê- 
tres aient  jamais  aimé  ou  servi  un  être  supérieur  à  l'homme.  Le 
plus  profond  silence  règne  sur  ce  sujet  solennel.  Le  démon  qui 
a  séduit  la  grande  majorité  de  la  race  humaine  par  une  variété 
innombrable  de  fausses  divinités,  est  arrivé  au  même  résultat  à 
l'égard  des  Béchuanas,  des  HottentOtS  et  des  Bushmen,  en  arra- 
chant de  leur  esprit  tout  vestige  d'impression  religieuse;  en  ne 
leur  laissant  pas  un  seul  rayon  de  lumière  pour  éclairer  leurs 
ténèbres,  pas  un  seul  chaînon  pour  se  rattacher  au  ciel'. 

Ainsi  le  missionnaire  ne  peut  pas  en  appeler  à  des  souvenirs 
religieux,  ni  à  «  un  Dieu  inconnu,  »  ni  à  aucune  idée  qui  ait  quel- 
que analogie  avec  celles  qu'il  désire  communiquer.  Il  ne  s'agit 
pas  pour  lui  de  ramènera  sa  vraie  direction  un  ruisseau  égaré 
dans  son  cours.  Comme  ces  torrents  du  déscri  qui  seperdeni  dans 


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DANS   LE  SUD  DE    l'aFIÎIQUË.  157 

Bien  qu'ils  eussent  reçu  beaucoup  d'instruction  religieuse,  ils 
ne  paraissaient  pas  avoir  jamais  réfléchi  sur  ces  choses,  et  aussi 
n'en  gardèrent-ils  aucune  trace  dans  leur  mémoire.  La  plupart 
de  ceux  qui,  dans  les  premiers  temps  de  la  mission  ,  avaient  fait 
profession  de  christianisme  pour  plaire  aux  missionnaires,  mou- 
rurent comme  ils  avaient  vécu,  dans  la  plus  profonde  ignorance. 
Voici  comment  me  parlait,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  Muna- 
meels,  ancien  ami  de  la  mission,  compagnon  de  voyage  de 
M.  Campbell,  et  l'un  des  indigènes  les  mieux  doués  pour  la  sen- 
sibilité et  l'intelligence  :  «  Ra-Marie,  •  vos  usages  peuvent  être 
bons  pour  vous,  mais  je  n'ai  jamais  éprouvé  qu'ils  remplissent 
l'estomac  (il  montrait  le  sien).  Cependant  j'aimerais  à  vivre  avec 
vous,  parce  que  vous  êtes  bons  et  que  vous  me  donneriez  des 
remèdes  quand  je  suis  malade.  J'ai  benu  être  l'oncle  de  Mo- 
thibi,  je  ne  suis  que  le  chien  du  chef,  et  il  me  faut  ramasser  les 
miettes  de  sa  Cible.  Je  suis  un  des  anciens  du  peuple,  et  quoi- 
que je  sois  encore  un  jeune  homme  (soixante-dix  ans  !  ),  mon  in- 
telligence n'est  plus  aussi  vive  qu'autrefois.  Peut-être  parvien- 
drez-vous  à  faire  adopter  vos  usages  aux  enfants.  » 

Alors  même  que  nos  usages,  comme  il  les  appelait,  n'avaient 
rien  à  leurs  \eux  de  plus  agréable  à  la  chair  et  au  sang  que  les 
leurs,  ils  admettaient  néanmoins  que  nous  étions  une  race  d'ê- 
tres supérieurs  à  eux  ;  supériorité  qu'ils  ne  pouvaient  expli- 
quer,  à  moins  de  reconnaître  l'existence  d'un  Créateur. 

Un  jour  que  je  m'étais  étendu  sur  le  sujet  de  la  création,  mes 
paroles  furent  commentées  de  la  manière  suivante  par  un  faiseur 
de  pluie  adroit  et  rusé  qui  était  l'oracle  de  son  village  :  «  Si  vous 
croyez  réellement  que  l'Etre  dont  vous  parlez  a  créé  tous  les 
hommes,  alors,  pour  être  conséquent,  vous  devez  croire  aussi 
qu'en  faisant  les  blancs  il  a  perfectionné  son  ouvrage.  H  com- 
mença par  s'essayer  la  main  sur  les  Bushmen  ;  mais  ceux-ci  ne 
lui  plurent  point,  puce  qu'ils  étaient  trop  laids  et  qu'ils  par- 
laient comme  (\>'S  grenouilles.  Ensuite  il  donna  naissance  aux 
HottentOtS,  qui  ne  le  satisfirent  pas  non  plus.  Après  quoi  il  exerça 
son  pouvoir  et  son  art  dans  la  création  des  Béchuanas,  ce  qui 
était  un  grand  progrès.  Et  enfin  il  lit  les  blancs  :  c'est  pour 
cela,  >-  ajouta-l-il  d'un    ton   de    triomphe,   «   (pie   les   blancs  sont 

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DANS    LE    SUD    DE    l'aFUIQUE.  150 

fectueux  dans  le  gouvernement  du  roi.  Je  l'ai  entendu  accuser  de 
prendre  des  femmes  pour  conseillers  et  son  épouse  pour  premier 
ministre;  en  même  temps  l'orateur  invitait  l'assemblée  à  exa- 
miner le  corps  du  roi  pour  voir  s'il  n'acquérait  pas  trop  d'embon- 
point, marque  certaine  qu'il  ne  s'inquiétait  guère  désintérêts 
de  son  peuple.  Le  roi  ouvre  ordinairement  la  séance  par  une 
courte  allocution,  et  réserve  son  éloquence  pour  la  péroraison; 
alors  il  analyse  les  discours  qui  ont  été  prononcés  par  d'autres 
orateurs,  sans  oublier  de  sé\ir  avec  les  expressions  les  plus  vio- 
lentes contre  ceux  qui  ont  exposé  les  fautes  et  qui,  selon  son 
expression,  lui  auraient  volontiers  marché  sur  le  corps.  Tout 
cela  est  pris  en  bonne  part,  et  le  cbef  hors  d'haleine  est  vive- 
ment complimenté  quand  l'assemblée  se  dissout.  Ces  assemblées 
maintiennent  suffisamment  l'équilibre  entre  le  pouvoir  des  chefs 
et  celui  du  roi  ;  mais  on  n'y  a  recours  que  dans  les  grandes  occa- 
sions, comme  lorsqu'il  s'agit  de  régler  des  différends  entre  les 
tribus,  d'entreprendre  une  expédition  de  pillage  ou  de  décider 
l'émigration  d'une  tribu. 

Mon  but  n'est  pas  ici  de  donner  une  description  complète  des 
usages  des  Béchuanas,  ce  qui  exigerait  un  volume,  qui  ne  serait 
ni  fort  édifiant  ni  fort  instructif.  Du  reste  j'aurai  occasion,  dans 
le  cours  de  cet  ouvrage,  de  revenir  quelquefois  sur  ce  sujet.  Les 
assemblées  dont  j'ai  parlé  ne  traitent  que  des  objets  généraux 
qui  intéressent  la  nation,  et  elles  ont  surtout  pour  but  de  con- 
server intactes  les  coutumes  de  leurs  ancêtres.  Elles  ne  s'occupent 
nullement  des  vols,  des  meurtres,  ni  d'une  foule  d'autres  crinn  s 
dont  le  châtiment  est  abandonné  à  la  vengeance. 

Le  Béchuana  tient  à  ses  coutumes  nationales  autant  que  l'In- 
dou  à  sa  caste.  Il  se  soumettrait  à  tout,  par  exemple,  plutôt  que 
île  renoncera  la  circoncision.  Cette  cérémonie  nationale  se  pra- 
tique entre  huil  et  quatorze  ans,  et  même  jusqu'à  l'âge  adulte; 
mais  les  enfants  qui  naissent  avant  que  leurs  parents  soient  cir- 
concis  ne  sont  point  aptes  à  hériter  du  pouvoir  royal.  La  circon- 
cision d'un  enfuit  est  pour  la  famille  une  occasion  de  fêles  rl  de 

danses  qui  «lurent  plusieurs  jouis.  Les  femmes  sont  s nises  au 

même  âge  à  une  cérémonie  analogue,  pendant  laquelle  elles  sont 
confiées  à  des  matrones  qui  les  initient  aux  devoirs  de  l<  ur  3*  \<  ; 
il  esta  remarquer  que  parmi  ces  devoirs  l'obéissance  passive 
tient  le  premier  rang, 


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DANS    LE    SLU    DE    L'AFRIQUE.  161 

de  sa  vie  dans  l'oisiveté,  tandis  qu'elle  était  forcée  de  travailler 
pour  lui  et  pour  elle  sous  les  rayons  d'un  soleil  presque  vertical, 
dans  un  climat  aride  et  dévorant.  Les  maisons,  dont  la  structure 
exige  beaucoup  d'intelligence  en  même  temps  que  de  labeur  pé- 
nible, sont  exclusivement  l'ouvrage  des  femmes  :  elles  apportent 
d'une  distance  de  plusieurs  lieues  les  poutres  les  plus  pesantes, 
et  pensent  devoir  beaucoup  de  reconnaissance  à  leurs  maris  si 
ceux-ci  veulent  bien  prendre  la  hache  et  couper  les  arbres  dans 
,  le  bois.  L'ouverture  de  l'habitation,  qui  est  placée  au  centre  du 
toit  en  forme  de  cône,  se  trouve  souvent  à  six  mètres  de  haut; 
et  n'ayant  point  d'échelle,  les  femmes  ont  une  grande  peine  à 
parvenir  à  une  pareille  hauteur;  mais  les  hommes  les  contem- 
plent avec  indifférence,  sans  songer  aux  dangers  que  courent 
leurs  femmes,  leurs  filles  ou  leurs  mères.  Ces  habitations,  bien 
qu'elles  soient  peu  solides  et  qu'elles  exigent  des  réparations  con- 
tinuelles, sont  fort  bien  adaptées  au  climat.  Elles  reçoivent  peu 
de  jour,  ce  qui  convient  très-bien  dans  un  pays  chaud  et  où  les 
mouches  remplissent  l'air;  niais  pendant  la  saison  d'hiver,  on  y 
est  très-mal  garanti  contre  le  froid. 

Me  trouvant  un  jour  auprès  de  la  femme  d'un  chef  qui  bâtissait 
une  maison  avec  quelques-unes  de  ses  compagnes,  et  qui  se  pré- 
parait à  gravir  jusqu'au  toit  au  moyen  d'une  branche,  je  fis  l'ob- 
servation qu'elles  devraient  engager  leurs  maris  à  se  charger  des 
travaux  de  ce  genre.  C'en  fut  assez  pour  provoquer  un  éclat  de 
rire  général.  La  reine  Mahuto  et  quelques  autres  s'étant  appro- 
chées pour  savoir  la  cause  de  cette  hilarité,  les  femmes  répétèrent 
mon   étrange  proposition,   qui  fut  accueillie  par  de  nouvelles 
risées.  Toutefois,  Mahuto,  qui  était  une  femme  intelligente,  re- 
connut  que  ce  plan  était  bon  en  soi,  bien  qu'impraticable,  et  que 
souvent  nos  usages  valaient  beaucoup  mieux  que  les  leurs.  Il  était 
raisonnable,  disait-elle,  que  la  femme  s'occupât  des  affaires  dô- 
mes liqin-: s  et< l.s  travaux  les  moins  pénibles;  au  lieu  que  l'homme, 
qui  se  vantait  de  la  supériorité  de  sa  force,  <\v\  rail  employer  son 
énergie  à  des  occupations  plus  laborieuses;  elle  ajouta  en  plaï- 
nlant  qu'elle  aurail  bien  désiré  que  je  donnasse  à  leurs  maris 
une  médecine  pour  leur  faire  faire  le  travail.  Pauvre  femrrielelle 
ne  savait  pas  qu'il  >  a  un  Etre  donl  la  vois  toute  puissante  a 
dit:  «  Je  mettrai  mon  esprit  au  dedans  d'eux,  ri  y  créerai  en 
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DANS    LK    SUD    DE    L'AFRIQUE.  103 

Leur  politique,  comme  celle  de  presque  tous  les  peuples  bar- 
bares, consiste  dans  la  ruse  et  la  duplicité;  et  leurs  guerres  ordi- 
naires ne  sont  que  des  incursions  faites  dans  un  but  de  pillage 
sur  le  territoire  de  leurs  voisins  moins  puissants,  presque  sans 
aucun  risque  pour  leur  propre  vie.  C'était  surtout  dans  leurs  ex- 
péditions contre  les  Bushmen  qu'ils  déployaient  toute  la  four- 
berie et  la  férocité  de  leur  caractère,  sans  y  rien  mêler  de  la 
valeur  héroïque  des  sauvages  de  l'Amérique  ou  de  la  Nouvelle- 
Zélande.  Tout  cela,  du  reste,  n'est  que  la  réalisation  de  ce  que 
l'Ecriture  nous  déclare  touchant  ceux  «  qui  marchent  selon  le 
train  du  prince  de  la  puissance  de  l'air.  »  La  description  ef- 
frayante que  nous  trouvons,  Rom.  III,  10-18,  est  la  peinture 
trop  lidèle  de  la  condition  d'un  peuple  qui  vit  sans  la  crainte  de 
Dieu.  Tous  les  missionnaires  anciens  et  modernes  en  ont  fait 
1'evpérience;  et  quiconque  se  prépare  à  prêcher  parmi  les  païens 
les  riehesses  insondables  de  Christ,  entreprend  une  guerre  où  il 
a  besoin,  pour  triompher,  de  prières  continuelles  et  d'une  acti- 
vité infatigable;  que  ce  soit  en  Afrique,  dans  les  Indes  ou  dans 
les  îles  de  la  mer  du  Sud,  ce  sont  toujours  les  forteresses  de  Sa- 
tan qu'il  s'agit  de  renverser. 


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VINGT-TROIS  ANS  DE  SÉJOUR  DANS  LÉ  SUD  DE  l'aFRIQUE.     165 

système  va  faire  à  ses  plaisirs  favoris,  et  se  révolte  contre  l'idée 
de  voir  mettre  la  hache  à  la  racine  des  jouissances  sensuelles 
sans  lesquelles  la  vie  lui  serait  un  fardeau.  C'est  un  moment 
où  la  foi  et  la  patience  du  missionnaire  sont  mises  à  une  rude 
épreuve.  Un  autre  obstacle  important  à  signaler  quand  il  s'a- 
git du  sud  de  l'Afrique,  c'est  l'absence  complète  d'idées  reli- 
gieuses dont  nous  avons  dit  un  mot  dans  le  chapitre  précédent. 
Yanderkemp,  dans  ses  relations  sur  les  Cafres,  avait  déjà  re- 
marqué que  ce  peuple  n'a  aucune  idée  de  l'existence  d'un  Dieu, 
et  que  sa  langue  n'a  pas  même  de  mot  pour  exprimer  l'idée 
delà  divinité;  le  petit  nombre  d'individus  qui  avaient  puisé 
quelques  notions  religieuses  dans  leurs  rapports  avec  les  nations 
voisines  rappelaient  Thiko,  terme  qui  est  une  corruption  de 
celui  par  lequel  les  Hollentots  désignent  Dieu,  et  qui  signifie  lit- 
téralement :  «  l'Etre  qui  fait  du  mal.  » 

J'ai  trouvé  en  effet  chez  les  Hottentots  et  chez  les  Namaquois 
le  mot  dont  parle  Yanderkemp,  et  qui  se  prononce  tour  à  tour,  sui- 
vant les  tribus,  UtCko,  Uti'kuap,  Tsu^kuap  ;  mais  dans  les  entre- 
tiens que  j'ai  eus  sur  ce  sujet  avec  les  indigènes,  je  me  suis  assuré 
qu'ils  n'entendent  point  désigner  par  là  un  Dieu  créateur  et  bien- 
faisant; ils  semblent  plutôt  avoir  en  vue  le  démon,  ou  la  mort 
elle-même.  Cet  Utïko  n'est  pour  eux  un  objet  ni  de  respect  ni 
d'amour.  C'est  à  lui  sans  doute  qu'ils  pensent  s'adresser  lorsque  , 
pendant  les  orages  terribles  qui  éclatent  dans  ces  contrées,  ils 
lancent  contre  l'éclair  leurs  flèches  empoisonnées  dans  le  but 
d'arrêter  le  fluide  destructeur. 

Quelques  voyageurs  ont  prétendu  que  les  Hottentots  rendent 
un  culte  à  la  manle-prie-Dieu.  petit  insecte  ainsi  nommé  à  cause 
•le  la  position  qu'il  affectionne  ordinairement.  Le  docteur  Spar- 
man,  qui  a  pu,  mieux  que  personne,  vérifier  le  fait,  dément 
cette  assertion  à  l'égard  de  la  mante,  tout  en  reconnaissant 
qu'elle  s'applique  à  un  autre  insecte  auquel  les  indigènes  se  font 
scrupule  de  faire  du  mal;  mais  il  ajoute  qu'il  n'y  a  là  rien  qui 
ressemble  à  «m  culte  religieux;  que  c'est  simplement  une  idée 
superstitieuse  comme  on  en  trouve  beaucoup  d'analogues  dans 
nos  pays. 

D'autres  ont  signalé  la  lune  comme  étant  l'objet  d'un  culte 
pour  les  Africains,  parce  qu'ils  dansenl  à  sa  lumière;  mais  ce 
n'esl  pas  là  une  preuve  de  Culte  religieux,  pas  plus  que  lorsqu'il 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  1G7 

se  voit  encore  sur  le  roc  durci  aujourd'hui,  mais  qui  alors  n'était 
que  du  sable.  Que  si,  d'après  des  recherches  plus  modernes,  les 
indigènes  de  ces  contrées  semblent  attacher  au  terme  de  Morimo 
des  idées  moins  déraisonnables  et  plus  voisines  du  vrai  caractère 
de  la  divinité,  c'est  le  résultat  de  l'influence  exercée  par  vingt- 
cinq  ans  de  travaux  missionnaires,  influence  qui  s'est  étendue  à 
plus  de  cent  lieues  de  la  sphère  immédiate  des  missions.  Avant 
l'époque  où  ils  furent  visités  par  les  messagers  du  salut,  les  Bé- 
chuanas  n'avaient  pas  d'autres  idées  religieuses  que  celles  que 
nous  venons  de  mentionner.  C'est  ainsi  que  «  leurs  cœurs  in- 
sensés ont  été  remplis  de  ténèbres;  »  et  véritablement  ce  sont  ici 
des  ténèbres  qu'on  pourrait  toucher  avec  la  main.  Un  tel  peuple 
habite  ce  que  Job  appelle  «  un  pays  de  ténèbres  et  d'ombre  de 
mort;  »  il  est  enseveli  spirituellement,  et  ne  possède  ni  connais- 
sance, ni  lumière,  ni  vie. 

Les  faiseurs  de  pluie  déploient  beaucoup  de  ruse  et  d'adresse  , 
soit  dans  leurs  rapports  avec  les  indigènes,  soit  dans  leurs  discus- 
sions avec  nous,  et  souvent  ils  s'emparent  de  nos  propres  ensei- 
gnements pour  s'en  faire  des  armes  contre  nous.  Un  jour,  par 
exemple,  que  nous  demandions  à  l'un  d'entre  eux  pourquoi  il 
rendait  un  pareil  honneur  à  cet  objet  méchant,  appelé  Morimo, 
qui  ne  sortait  de  sa  retraite  que  pour  faire  du  mal,  il  répondit 
aussitôt  :«  Ne  dites-vous  pas  que  Morimo  est  le  roi  du  ciel,  et  qu'il 
peut  seul  faire  de  la  pluie?  pourquoi  donc  ne  lui  rendrions-nous 
pas  des  honneurs?  »  Quand  la  pluie  n'arrivait  p:is  à  son  comman- 
dement, il  ne  manquait  pas  de  faire  tomber  le  blâme  sur  le  Mo- 
rimo des  missionnaires.  De  môme,  quand  la  grêle  venait  à  dé- 
truire les  récoltes,  ou  que  la  pluie  tombait  dans  la  saison  froide 
où  elle  est  nuisible,  il  chargeait  de  malédictions  les  missïon- 
naires  et  leur  Morimo.  Quand  nous  disions  aux  Bécnuanas  que 
Dieu  est  au  ciel  et  qu'il  fait  tout  ce  qu'il  lui  plaît,  ils  nous  blâ- 
maient de  If  placer  au  delà  de  leur  portée;  car  ils  considéraient 
leur  Morimo  comme  un  reptile  malfaisant.  «  Que  ne  puis-je 
l'atteindre  et  !<■  percer  de  ma  lance  !  •  s'écriait  un  chef  qui  ne 
manquai!  pas  dfe  jugement  sur  d'autres  matières. 

Comme  j'aurai  occasion  de  revenir  dans  un  d-'s  chapitres  sui- 
vantô  mu  le  métier  des  faiseurs  de  pluie,  je  ne  m'étendrai  pas 
davantage  pour  le  moment  sur  les  idées  religieuse  s  <\<^  indigènes 
du  sud  de  l'Afrique.  Je  n'ignore  pas  que  «'est  une  opinion  gène- 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  169 

personne,  c'était  une  vieille  femme,  qui  me  dit  qu'elle  avait  en- 
tendu parler  de  Morimo  dans  son  enfance;  mais  qu'on  ne  lui 
avait  pas  dit  ce  que  c'était.  A  une  question  semblable  on  ré- 
pond généralement,  même  dans  les  villes,  que  ce  sont  là  des 
choses  dont  les  vieillards  seuls  peuvent  parler;  et  comme  ils  n'ont 
pas  l'habitude  d'instruire  là-dessus  la  génération  naissante,  on 
comprend  que  même  ces  notions  si  vagues  aient  complètement 
disparu  dans  un  grand  nombre  de  localités.  Il  n'est  donc  pas 
étonnant  qu'un  chef  qui  m'avait  écouté  un  jour  attentivement, 
appuyé  sur  sa  lance,  ait  accueilli  ces  enseignements  en  me  té- 
moignant sa  surprise  par  une  exclamation  bruyante,  de  ce  qu'un 
homme  qu'il  avait  cru  sage  pût  débiter  comme  vraies  de  pareilles 
fables.  Appelant  alors  trente  de  ses  hommes  qui  étaient  à  quel- 
que distance,  il  leur  dit  en  me  montrant  :  «  Voici  Ra-Marie  qui 
me  dit  que  le  ciel  et  la  terre  ont  été  faits  par  un  commenceur  de 
toutes  choses  qu'il  appelle  Morimo.  Avez-vous  jamais  rien  en- 
tendu de  semblable?  11  dit  que  le  soleil  se  lève  et  se  couche  par  la 
puissance  de  Morimo;  que  c'est  Morimo  qui  fait  que  l'hiver  vient 
après  l'été,  que  le  vent  souffle,  que  la  pluie  tombe,  que  l'herbe 
pousse  et  que  les  arbres  donnent  des  feuilles;  en  un  mot,  » 
ajouta-t-il  en  portant  sa  main  au-dessus  de  sa  tête  et  autour  de 
lui,  «Dieu  travaille  dans  tout  ce  que  vous  voyez  ou  attendez  ! 
avez-\ous  jamais  entendu  de  telles  paroles?  »  Comme  il  les  voyait 
prêts  à  éclater  de  rire  :  «  Attendez,  »  conlinua-i-ii,  «  je  n'ai  pas 
tout  dit  :  Ra-Marie  me  dit  que  nous  avons  en  nous  des  esprits  qui 
ne  mourront  jamais;  et  que  nos  corps,  bien  que  morts  et  enter- 
rés, se  relèveront  et  vivront  de  nouveau.  Ouvrez  aujourd'hui  vos 
oreilles  ;  avez-vous  jamais  entendu  des  fables  comme  celles-là?  » 
Cette  allocution  fut  suivie  d'éclats  (h;  rire  assourdissants,  et 
quand  ils  s'apaisèrent,  le  chef  me  pria  de  ne  plus  revenir  sur  de 
pareilles  billevesées,  de  peur  qu'on  ne  me  prît  pour  un  fou  ! 

Mais  c'est  surtout  le  témoignage  de  ceux  qui  ont  passé  des 
ténèbres  a  la  merveilleuse  lumière  de  l'Evangile,  qui  nous  four- 
nit des  preuves  irrécusables  à  ce  sujet,  lai  voici  un  exemple  entre 
beaucoup  d'autres.  Je  demandai  un  jour  à  un  homme  dont  la  mé- 
moire était  aussi  Bdèle  qui-  son  jugement  était  sûr:  «  Quelles 
étaient  vos  impressions  dans  votre  étal  naturel,  avant  d'avoir 
entendu  l'Evangile?  Quelles  étaient  vos  impressions  après  avoir 
commis  des  crimes  publics  ou  secrets,  quand  vous  posiez  la  tète 


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îles  ln'li-,   ri   il. .||   |..|iit  <|fs   liufiiiii'  «.    • 


CHAPITRE  XVII. 


Insuffisance  des  œuvres  delà  création  peur  conduire  à  Dieu. — La  connais- 
sance de  Dieu  n'est  pas  innée  chez  l'homme.  —  Explication  de  Rom.  I,  "20. 
—  Opinions  des  anciens  philosophes.  —  Responsabilité  de  l'homme.  —  Céré- 
monies des  indigènes.  —  Elles  ont  pour  inventeurs  les  sorciers  et  les  fai- 
seurs de  pluie.  —  Cérémonies  désagréables.  —  Poètes  et  panégyristes.  — 
Théologie  naturelle.  —  Systèmes  et  degrés  divers  d'idolâtrie. 


D'après  les  faits  cites  dans  le  chapitre  précédent,  nous  ne  sau- 
rions partager  cette  opinion  si  générale,  que  le  livre  de  la  nature 
suffit  pour  démontrer  à  l'homme  l'existence  de  Dfeù.  Nous  ve- 
nons d'avoir  la  preuve  qu'il  existe  des  êtres  doués  de  raison,  dont 
l'esprit  ne  soupçonne  rien  au  delà  de  ce  qui  tombe  sous  leurs 
sens,  malgré  toutes  les  manifestations  que  Dieu  a  données  dans 
la  nature  de  sa  sagesse,  de  sa  puissance  et  de  sa  bonté.  11  en 
résoif e  que  toutes  les  connaissances  religieuses  qu'on  trouve 
chez  quelque  nation  que  ce  soit,  depuis  les  Grecs  si  avancés 
dans  la  civilisation,  jusqu'aux  sauvages  les  plus  barbares,  pren- 
nent leur  source  dans  une  révélation  divine,  écrite  ou  transmise 
par  la  tradition,  et  non  pas  dans  des  idées  innées  ou  acquises  na- 
turellement. Cette  manière  de  voir  est  parfaitement  d'accord 
avec  les  déclarations  de  l'Ecriture.  «  C'est  loi,  »  est-il  dit,  «qui 
enseigne  à  l'homme  la  connaissance.  •>  J'ai  lu  quelque  part  qu'il  y 
a  eu  deux  époques  dans  l'histoire  du  monde  ou  la  connaissance 
de  Dieu  était  universelle  parmi  les  hommes  :  c'était  après  la 
création,  et  du  temps  de  Noé  après  le  déluge.  A  la  première  de 
ces  deux  époques,  la  révélation  avait  été  donnée  de  Dieu  lui- 


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•  >|>ri|  qui  u'  lUf  DStnN  !  IV- 

l«>ir.-  reul  dire  simplement,  téton  l) 

livement  .i  l'homm 

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liai  les  naiioiM  •!••  la  terre,  plus  ou  moins  déêgoréeper  1*1 
nueooe  il<-  Sai  in. 

I   i  •  rilure,  bien  loin  'l'oriteégn.     que 
.i  l'cxisleno   d«<  I>  ■>  s.miI.  i.-»  .!>•   1 1 

que  la  i  de  l'unni  r*  m*  «une 

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qu'ila  ailli  ni  \  i-.*..  r  ,l  i  u  dîna 

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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  173 

montre  un  peuple  qui  ait  trouvé  l'Etre  suprême  sans  autre  se- 
cours que  ses  lumières  naturelles.  De  là  cette  apostrophe  de 
Tertullien  aux  païens  de  son  temps:  «  Quel  est  celui  de  vos  poètes 
ou  de  vos  sophistes  qui  n'ait  pas  bu  à  la  source  des  prophètes?  » 
ou,  pour  dire  la  même  chose  dans  les  termes  d'un  auteur  mo- 
derne: «  Ils  ont  dû  leurs  plus  nobles  essors  aux  ailes  que  leur  a 
fournies  l'Evangile.»  (  La  plupart  des  philosophes  de  l'antiquité, 
qui  avaient  des  avantages  bien  supérieurs  à  ceux  des  indigènes 
de  l'Afrique,  au  lieu  de  conclure  des  œuvres  de  la  création  à 
l'existence  d'un  être  suprême,  ont  soutenu  l'éternité  de  la  ma- 
tière, mettant  ainsi  l'univers  visible  à  la  place  de  la  divinité.  2 

11  nous  paraît  donc  évident  que  tous  les  restes  de  connais- 
sances religieuses  qui  se  trouvent  chez  les  peuples  païens  ne 
^ont  que  des  débris  d'une  tradition  dégénérée.  Mais  il  y  a  plus: 
nous  trouvons  même  des  peuples,  et  ce  n'est  pas  seulement  en 
Afrique,  du  milieu  desquels  ont  disparu  les  dernières  traces  de 
toute  tradition  religieuse,  qui  prouvent  par  leur  exemple  la 
vérité  de  cette  déclaration  de  l'Ecriture,  que  l'homme  naturel 
«  aime  mieux  les  ténèbres  que  la  lumière,  »  et  dont  on  peut  dire 
dans  toute  la  force  du  terme  qu'ils  ont  «  oublié  Dieu.  » 

Que  si  l'on  demande  ce  que  deviennent  dans  ce  système  la 
responsabilité  de  l'homme  et  l'obligation  pour  nous  d'annoncer 
l'Evangile  aux  païens,  nous  ne  pouvons  que  renvoyer  aux  dé- 
clarations de  l'Ecriture.  «  Celui  qui  a  connu  la  volonté  de  son 
maître  et  qui  ne  l'a  pas  faite  sera  battu  de  beaucoup  de  coups; 
mais  celui  qui  n'a  pas  connu  la  volonté  de  son  maître  et  qui  a  fait 
des  choses  dignes  de  châtiment  sera  battu  de  moins  de  coups.  »  a 


i  l.Ilis. 
L'histoire  ne  fournit  pas  d'exemple  d'une  nation  qui  ait  passé  de  l'athéisme 
ou  <1"  l'idolâtrie  à  la  connaissance  du  vrai  Dieu  sans  le  secours  d'un»   i 
tion.  Les  Américains,  les  Africaine,  les  Tartarea,  les  chinois,  uni  eu  le  temps, 
ce  semble,   de  découvrir  la  véritable  idée  de  Dieu;  et  pourtant,  après  cinq 
mille  ans  de  progrès  et  du  plein  exercice  de  leurraîson,  ils  en   sont  encore, 

il  de  religion,  au  culte  de  la  pierre,  du  bois  et  des  dé ns.  Combien 

de  milliers  d'années  faudra-t-il  ï  ces  peuples  pour  s'élever  par  1"  raisonne- 
ment u    la  connaissance  de   la  vraie  religion?  Pour  j  que  p< 
faire  la  nature  et  la  raison  relativement  aux  ci                       religieuses,  nous 
n'avons  qu'a  voir  ce  qu'elles  ont  fait  jusqu'il  présent.  Nous  ne  saurions  raisonner 
plus  solidement  que  jur  des  faits  accomplis  et  incontestable        I     n  u  ds.) 
'•  Malgré  tout  notre  respect  pour  les  ■■  ue   de  l'auteur,   p 
ace   personnelle    que  nous  ne    p< 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFRIQUE.  175 

sera  nécessaire  pour  guérir  un  léger  rhume  chez  un  chef;  tandis 
qu'un  chevreau  suffira  pour  enlever  la  fièvre  d'un  pauvre,  au- 
près duquel  on  ne  pourrait  espérer  d'obtenir  quelque  chose  de 
mieux.  Nous  pourrions  facilement  transformer  de  pareilles  céré- 
monies en  sacrifices,  si  nous  tenions  à  grossir  le  nombre  des  tra- 
ditions religieuses.  Mais  doit-on  s'étonner  que  chez  un  peuple 
pastoral,  dont  l'aliment  le  plus  succulent  est  la  viande  bouillie 
ou  grillée,  on  célèbre  tous  les  événements  de  quelque  importance 
en  tuant  du  bétail  ?  Toutes  les  fois  qu'ils  concluent  une  transac- 
tion ou  un  traité  d'alliance,  ils  tuent  quelques  pièces  de  bétail  et 
font  un  festin,  comme  autrefois  Jacob  et  Laban.  Tout  cela  n'a 
rien  que  de  naturel  ;  mais  il  est  d'autres  pratiques  qui  sont  moins 
agréables.  Quand  Sibonélo,  chef  des  Barolongs,  fil  alliance  avec 
Buys,  on  prit  la  panse  d'un  grand  bœuf  avec  son  contenu,  on  y 
pratiqua  une  ouverture  des  deux  côtés,  et  chacun  des  deux  con- 
tractants dut  y  passer  successivement  son  corps,  témoignant 
par  cette  cérémonie  qu'ils  ne  formaient  plus  désormais  qu'un 
seul  peuple.  On  trouve  chez  les  Zoulas  quelque  chose  qui 
ressemble  davantage  à  des  sacrifices,  ou  plutôt  à  des  honneurs 
rendus  aux  mânes  des  morts  :  j'aurai  l'occasion  d'en  parler  plus 
tard.  Toutefois  je  ne  me  suis  jamais  aperçu  qu'ils  leur  rendissent 
un  culte  religieux  proprement  dit.  Les  hauts  faits  des  hommes 
qui  se  sont  distingués  en  agrandissant  le  territoire  de  la  nation 
deviennent  la  matière  de  leurs  chants,  comme  en  Ecosse  ceux 
d'Ossian,  fils  de  Fingal.  Leurs  poètes  et  leurs  panégyristes,  pour 
plaire  au  monarque,  se  montent  l'imagination  jusqu'à  un  degré 
d'enthousiasme  qui  touche  au  délire,  et  attribuent  aux  person- 
nages marquants  des  perfections  et  un  pouvoir  sans  bornes.  Ce 
sont  probablement  des  usages  pareils  qui  ont  donné  lieu  à  la 
divinisation  des  héros  de  l'antiquité.  11  n'est  pas  étonnant  que 
des  hommes  ignorants  et  souvent  faibles  d'esprit  éprouveni  une 
vénération  superstitieuse  pour  les  noms  de  ceux  qui  se  son] 
distingués  par  leur  valeur,  et  qu'ils  en  viennent  peu  à  peu  à  les 
croire  au-dessus  de  l'humanité.  Pareille  chose  esl  arrivée  dans 
tmis  les  siècles,  et  c'est  ce  qui  a  défiguré  dans  leur  caractère  un 
grand  nombre  d'événements  de  l'histoire. 

Les  cérémonies  des  Béchuanas,  qu'on  sérail  tenté  de  ramener 
à  une  origine  mosaïque  ou  patriarcale,  ne  résistent  pas  à  un  exa- 
men attentif.  Quelle  qu'ait  pu  être  leur  origine,  elles  se  soul 


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DANS    LE    SL1>    DE    L'AFRIQUE.  177 

:ui  démon  pour  retenir  des  millions  d'hommes  dans  l'idolâtrie  la 
pi  us  révoltante. 

Dans  les  îles  de  la  mer  du  Sud  et  en  Amérique,  nous  trouvons 
un  second  degré  d'idolâtrie  et  des  systèmes  qui  s'écartent  encore 
plus  des  premiers  symboles  du  culte  divin.  A  mesure  que  nous 
arrivons  aux  divisions  de  la  grande  famille  humaine  qui  s'é- 
loignent davantage  du  monde  primitif,  nous  voyons  pûlir  et  s'é- 
teindre peu  à  peu  les  rayons  de  là  tradition  religieuse.  Quelquès- 
uns  de  ces  peuples  possèdent  encore  les  débris  de  la  religion  des 
anciens  âges,  sous  la  forme  de  statues  gigantesques  ou  de 
temples  en  mines  qui  ont  retenti  autrefois  des  accents  d'un  culte 
idolâtre  ;  si  vous  demandez  aux  descendants  de  ceux  qui  rem- 
plissaient ces  temples  ce  que  ces  choses  signifient,  ils  restent 
muets  comme  les  idoles  de  pierre  qu'ils  ont  sous  les  yeux.  Chez 
d'autres,  on  rencontre  encore  quelque  ombre  d'antique  reli- 
gion, au  moyen  de  laquelle  l'imagination  d'un  sorcier  inculque 
au  vulgaire  des  idées  plus  grossières  encore  que  l'absence  de 
toute  tradition.  C'est  ainsi  qu'en  descendant  l'échelle  de  la  dégra- 
dation humaine  nous  découvrirons  des  hommes  qui,  selon  l'ex- 
pression de  l'Apôtre,  «n'ont  pas  voulu  retenir  la  connaissance 
de  Dieu,  et  qui  ont  changé  la  vérité  en  mensonge»  ou  en  idole. 
Ces  idoles  ont  varié  à  l'infini  suivant  l'imagination  de  leurs 
adorateurs;  il  en  est  qui  se  contentent  de  fétiches  et  d'amulettes, 
et  d'autres  enfin  qui,  par  suit»-  de  leur  vie  nomade  et  de  leur 
isolement,  ont  perdu  tonte  idée  de  l'existence  d'un  Dieu. 

Si  nous  trouvons  dans  ccrlaincs  parties  du  monde  des  hommes 
qui,  bien  que  vivant  à  l'ombre  des  édifices  de  l'idolâtrie,  n'en 
connaissent  ni  l'usage  ni  l'origine,  que  pourrions-nous  attendre 
dus  Africains,  dont  les  ancêtres,  selon  toute  apparence,  étaient 
eux-mêmes  l'orl  peu  avancés  dans  la  civilisation  quand  ils  ont 
commencé  à  peupler  ce  vaste  continent?  Qu'on  se  représente 
quelle  longue  suite  d'années  ou  plutôt  de  siècles  il  a  fallu  pour 
que  les  populations,  s'étcndani  de  proche  en  proche  à  mesure 
qu'elles  augmentaient  en  nombre,  soient  arrivées  à  couvrir  celte 
surface  imm<  use  :  comment  s'étonner  que  les  indigènes  actuels 
n'aient  conservé  aucun  vestige  des  croyances  de  leurs  premiers 

pères?   La    religi i  la  civilisation  d<  a   hommes  dégénèrent 

bien  facilement,  surtout  lorsqu'ils  mènent  une  vie  errante, 
qui  est  essentiellement    lélavornble  .1  la  culture  du  sentiment 

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178  IS  AH*  DB  tEJOUB  DAM  LS  fOO  DE  L*4  » 

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Hottenlols. 


CHAPITRE  XVIII. 


Indifférence  des  indigènes.  —  Les  femmes  confisquent  l'eau  à  leur  profit.  — 
Epreuves  de  patience.  —  Position  de  la  femme  du  missionnaire.  —  Aspect 
de  noire  culte.  —  Vols  divers.  —  la  marmite  ensorcelée.  —  Consolations. 
—  Difficultés  delà  langue.  —  Les  interprètes. — Erreurs  inévitables.  — 
Assistance  divine.  —  Tournées  missionnaires.  —  Offres  généreuses.  —  Mis- 
sions du  Groenland.  —  Prédication  de  Paul  à  Athènes.  —  Une  femme  hot- 
tentote.  —  Son  épreuve  et  sa  repentance. 


Revenons  à  nos  travaux  parmi  les  Béchuanas,  qui  se  sont  pour- 
suivis sans  interruption  depuis  cinq  animées.  A  l'époque  dont 
je  parle,  les  indigènes  étaient  devenus  complètement  indifférents 
a  toute  espèce  d'instruction,  à  moins  qu'elle  ne  fût  accompa- 
gnée de  quelque  bienfait  temporel  qu'il  n'était  pas  toujours  en 
notre  pouvoir  de  leur  accorder.  L'extrait  suivant  d'une  lettre 
écrite  à  celte  époque  donnera  une  juste  idée  de  notre  position  : 
••  Je  m;  sais  plus  comment  annoncer  l'Evangile  dans  celle  station. 
l.<s  événements  de  chaque  jour  sont  marqués  du  même  caractère 
de  niste  monotonie,  l'oint  de  conversion,  point  de  recherche  de 
Dieu,  point  d'objection  qui  tienne  nos  facultés  en  haleine.  Partout 
l'indifférence,  la  stupidité,  l'ignorance  la  plus  grossière  des 
choses  divines  j  les  choses  terrestres,  sensuelles  et  diaboliques 
ont  seules  le  privilège  d'exciter  l'activité  des  esprits,  tandis  que 
la  grande  question  du  salut  de  l'âme  est  laissée  de  côté  comme 
ii  n  vieux  vêlement  hors  d'usage.  <>li  !  quand  l'étoile  du  matin  Be 

le\era-i-elle  sur  leur  nrur  !  Nous  prêchons,  nous  parlons,  nous 
• . 1 1 «  <  In  ïoii  -,  nous  prions,  mais  en  apparence  sans  aucune  espèce 


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dans  le  sud  de  l'aebiqde.  181 

rendirent  aussitôt  vers  l'écluse  où  se  trouvai I  la  prise  d'eau,  et 
la  détruisirent  complètement  à  coups  de  pioche,  de  manière  à 
faire  rentrer  li  rivière  dans  son  ancien  lit.  11  en  résulta  que  le 
faible  vulume  d'eau  dont  nous  jouissions  fui  réduit  de  moitié,  et 
encore  ce  reste  était-il  à  la  merci  de  ceux  qui  ne  nous  aimaient 
qu'autant  que  nous  pouvions  leur  fournir  du  tabac,  réparer  leurs 
outils  on  guérir  leurs  malades.  Mais  tout  cela,  et  bien  plus  en- 
core, n'adoucit  pas  leurs  dispositions  à  notre  égard.  Cette  cir- 
constance obligea  Hme  Molïat  à  envoyer  la  plus  grande  partie  de 
noire  linge  à  plus  de  trente  lieues  de  distance  pour  le  faire 
laver. 

La  situation  où  nous  nous  trouvions  peut  mieux  s'imaginer  que 
se  décrire;  parmi  les  milliers  de  personnes  qui  nous  entouraient, 
pas  une  n'ajoutait  foi  à  nos  paroles.  Les  services  des  indigènes, 
dont  nous  ne  pouvions  nous  passer,  étaient  pour  nous,  surtout 
pour  ma  femme,  une  source  continuelle  d'anxiété;  car  nous 
étions  à  la  merci  des  exigences  du  premier  venu,  qui  n'aurait 
pas  hésité  à  joindre  l'effet  à  la  menace.  On  jour,  par  exemple, 
Mme  Mulïal,  qui  tenait  un  enfant  dans  ses  bras,  demanda  très- 
bumblement  à  une  femme  d'avoir  la  bonté  de  quitter  notre  cui- 
sine pour  qu'elle  pût  la  fermer,  comme  c'était  l'usage,  avant 
de  Be  rendre  au  culte.  La  femme,  qui  appartenait  à  la  classe 
inférieure,  saisit  aussitôt  une  bûche  pour  la  jeter  à  la  tête  de 
M"  Mollit  ;  celle-ci,  comme  on  le  pense  bien,  s'empressa  de 
fuir  et  de  se  nndre  à  la  chapelle,  laissant  à  sa  domestique  l.i 
libre  occupation  de  la  cuisine,  où  elle  ne  manqua  pas  de  s'ap- 
proprier sans  scrupule  tout  ce  qu'elle  trouva  à  sa  convenance. 
Qu'on  juge  de  ce  qu'il  fallait  de-  patience  et  de  courage  à  la  femme 
du  missionnaire  pour  veiller  aux  devoirs  domestiques  et  aux 
soins  d'une  famille,  quand  sa  maison  était  remplie  d'hommes  et 
de  femmes  capables  de  lui  lancer  une  pierre  au  moindre  signe 
d'intervention  de  sa  part.  Lu  effet,  loua  les  indigènes,  -'Ion 
leur  bon  plaisir,  entraient  librement  dans  noue  cabane,  ou  ils 
ne  ri' us  laissaient  pas  même  la  place  de  nous  retourner,  et  ou 
ils  communiquaient  à  tout  ce  qu'ils  louchaient  la  couleur  de  la 

lisse  geâtre  qui  couvrait  Nuis  corps;  les  uns  causaient 

comme  dans  la  rue,  tandis  que  d'autres  dormaient  ou  escamo- 
taient tout  ee  qui  leur  tombait  SOUS  la  main.  Ils  tenaient  ainsi  la 
maitresse  de  la  maison  prisonnière  dans  une  atmosphère  étouffante 


1  v2  \  in,. 1-1 1  ou    »\ 

i-t  |,r<s(|ii,-  inii.l.T.il.l.  .  .  l  .j  H  n  ils  il  ni  forlir.  iK  l.n^ 

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I»Iiin  .i  t.  iiiiiiit-r  <  .i.iimii.-  n  Ire  oos  repas 

i  de  telles  immondices,   noui      tardiot  '-ni  non 

oV  l'Iusu  uts  li.  m.  s    ,  s|M  r mi  toujours  les  i    ir  partit 
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aaar.inii'  ;  •  i   !•■  plu»  m.um  ni  l  n  moins  que 

•  L  <  i  n  l.|in  h-iiiis  n-iiiLiii-ni  ;  d'autres  riai«  m  .  (faatn  i  H 
saillan  ni  ;  «l'.iiiiro  >  nliii,    qu'on    |"iiri.ii[   ip|  •  •!•  r   la   nobles* 

ut  .i   n.  itoxi  i    I.  un   parun  »  rt\  -  innecti ••>  qui 

ni. m  |>:is  de  iiniii  dans  l.i  l«.nn.    s '•  .  •  i  qu'il*  -  i  j 

faite  COUfir  SU  l   les  iKinc*  quand  il*  :  .i^i*  pr.  »  «I-    h  f«ini 

du  missionnaire   N'ayant  jama  ibituét 

il*  in.  II.  m  -ni  leur*  pieds  «ur  les  Ii.iih  *  .  l  *  n   l  i  assis  mi  n  .111 1 

l.ur  11 1<  nj.-  ordinaire,  il»*  manière  que  leurs  fp  '  '"  "'  '•  "rN 

m.  nions.  1» iiis  1  ion,  il  arrivait  >i\ 

ii.inl.iii  p  ir  h  ^  1  .t  1 1 1 1  ii. m  di  aaa  C..TU- 

1  '  n  Stl<  inl.nl  |-mr  x..|rr  !••  mnnii  ni  fax.»ra- 

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entr'oux  1  n:  . 

•  I  v  1.  1, mi  •  1 1 1  il  ne  pMtail  pal  quitter  ion  \» 
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:   a    lin     Mn.ind  p  M     ••  IttMÏton  .  noa* 

mon*  toujours  quelque  histoii 

m. n*  jamais  >ui  n'.  *i  «  ••loi  il»'  li  : 

de  li  |>  iix  .  ■  fT.-i  .L  I  1  f.  .1  .n  i\  promesse.  I  inui  t  1  •  -  r  t  *  •  I 

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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  183 

tôt  des  indigènes  affamés.  Une  nuit  ils  s'introduisirent  dans  notre 
parc  de  bétail,  tuèrent  un  de  nos  meilleurs  bœufs  de  trait,  et 
l'emportèrent  tout  entier  à  l'exception  d'une  épaule.  Nous  étions 
obligés  de  manger  beaucoup  de  viande  à  cause  de  la  grande  ra- 
reté des  légumes  et  des  céréales;  il  fallait  acheter  nos  moutons  à 
une  grande  distance  ;  et  nous  nous  estimions  heureux  si  sur  vingt 
têtes  nous  parvenions  à  en  sauver  la  moitié.  Les  indigènes  leur 
coupaient  la  queue,  leur  emportaient  les  jambes  et  souvent  le 
corps  tout  entier.  Une  de  nos  perles  les  plus  sensibles  était  celle 
de  nos  outils,  tels  que  des  bâches  ou  des  scies  :  nous  ne  pouvions 
pas  alors  les  remplacer,  n'ayant  aucune  espèce  de  relation  avec 
la  Colonie.  Quelquefois,  quand  ils  trouvaient  que  le  métal  des 
outils  ou  des  ustentiles  qu'ils  avaient  volés  ne  répondait  pas  à 
leurs  vues,  ils  nous  les  rapportaient  complètement  déformés  et 
nous  les  offraient  en  échange  de  quelque  autre  objet  plus  utile. 
>Tos  couteaux  étaient  constamment  l'objet  de  leur  convoitise; 
nos  cuillères  de  métal  étaient  soumises  par  eux  au  procédé  de 
la  fusion;  et  quand  nous  nous  en  fûmes  procuré  de  fer  battu, 
comme  ils  les  trouvèrent  moins  faciles  à  manier,  ils  les  crurent 
ensorcelées.  Souvent,  quand  nous  avions  à  travailler  loin  de  la 
maison,  n'ayant  personne  à  qui  nous  pussions  nous  confier,  nous 
étions  forcés  d'emporter  tout  le  bagage  de  nos  outils  à  l'endroit 
où  nous  allions  chercher  un  verre  d'eau,  assurés  que,  si  nous  les 
avions  laissés  derrière  nous,  ils  auraient  pris  des  ailes  avant 
notre  retour. 

Ceci  me  rappelle  un  trait  plaisant  qui  m'a  été  raconté  par  un 
indigène.  Deux  hommes  avaient  volé  une  marmite  de  fer.  Comme 
elle  venait  d'être  ôtée  de  dessus  le  feu  et  qu'elle  était  trop  chaude 
pour  pouvoir  être  maniée  commodément,  dans  leur  fuite  ils  la 
laissèrent  tomber  sur  une  pierre  où  elle  se  fendit.  »  C'est  égal,  » 
dirent-ils,  «  c'est  du  fer;  »  et  ils  emportèrent  leur  butin  dans 
l'intention  de  le  transformer  en  couteaux  et  en  lances,  si  cette 
marmite  ne  pouvait  plus  servir  pour  la  cuisine.  Au  bout  de  quel- 
que temps,  quand  ils  crurent  ce  vol  à  peu  près  oublié,  ils  ap- 
portèrent leur  prise  à  un  forgeron  indigène  qui  avait  allumé  tout 
i  xprès  une  provision  de  charbon.  Ils  achevèrent  de  mettre  en 
pièces  la  marmite  pour  qu'elle  fût  plus  facile  à  manier  avec  les 
tenailles  d'écorce  d'arbre  dont  ils  se  servent  ordinairement.  Le 
m»  vice  Vulcain,  qui  n'avait  jamais  i  h  île  Ion  te  dans  si  vie,  ayant 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFIUQUIî,.  185 

manifestations  conlraires  à  l'Evangile.  Les  Béchuanas  no  man- 
quaient pas  d'observer  ces  inconséquences;  el  ils  devenaient 
ainsi  une  pierre  d'achoppement  pour  le?  païens. 

L'acquisitionde  la  langue  des  indigènes  était  pour  nousun  objet 
de  la  plus  haute  importance.  Celte  étude  était  entourée  des  cir- 
constances les  plus  défavorables;  car  nous  manquions  à  la  fois 
du  temps  nécessaire  et  d'un  lieu  convenable  pour  nous  y  livrer, 
et  nous  n'avions  pas  un  seul  interprète  digne  de  ce  nom.  Nous 
fîmes  un  recueil  d'un  petit  nombre  de  mots  ,  que  l'ignorance  de 
notre  interprète  à  l'égard  des  deux  langues  rendait  très-incor- 
rect, et  au  moyen  de  ces  mots  avaient  lieu  toutes  nos  commu- 
nications avec  les  Béchuanas.  C'était  un  véritable  tâtonnement 
dans  les  ténèbres,  et  nous  tombions  à  chaque  instant  dans  les 
bévues  les  plus  ridicules.  Parmi  ceux  qui  grossissaient  de  temps 
à  autre  notre  petite;  provision  de  mots  et  de  phrases,  il  y  avait  de 
mauvais  plaisants  qui  prenaient  à  tâche  de  me  faire  commettre 
des  erreurs  monstrueuses;  mais',  tout  en  payant  cher  ma  crédu- 
lité, j'apprenais  toujours  quelque  chose.  Quand  j'avais  employé 
toute  la  journée  à  toute  espèce  de  travaux  manuels,  et  fait  suc- 
cessivement le  jardinier,  le  scieur  de  long,  le  forgeron,  le  potier 
déterre  ou  l'éclusier,  on  comprendra  que  je  ne  fusse  pas  en  très- 
bonne  disposition  pour  l'étude,  alors  même  que  je  trouvais  dans 
la  soirée  une  heure  de  tranquillité  à  y  consacrer.  Ajoutez  à  cela 
le  manque  d'un  interprèle  capable  et  la  faiblesse  intellectuelle 
des  indigènes  qui,  n'ayant  pas  l'habitude  des  idées  abstraites,  se 
trouvaient  complètement  dépaysés  au  bout  de  quelques  ques- 
tions. ' 

l.a  possession  de  la  langue  du  peuple  auquel  il  s'adresse  est 


1  •  Les  personnes  dont  l'intelligence  a  été  développée  [>ar  l'éducation  ne  sau- 
raient se  faire  une  idée  de  la  stupiditt'  des  sauvages  pour  tout  ce  qui  dépas3C 
les  ootions  les  plus  simples.  Leur  vie  renferme  si  peu  d'incidents,  leuru  occu- 
pations et  leurs  pensées  sont  restreintes  a  si  peu  d'objets,  que  leurs  idées 
doivent  nécessairement  être  bornées  et  peu  nombreuses.  J'ai  été  obligé  quel 
:  Dvover  Mochaulka,  mon  maître  d<-  langue  ,  I  irsqu'à  peine  il 
m'avait  indiqué  une  douzaine  de  mois;  évidemment  ce1  exercice  de  la  faculté 
de  penseï  épuisait  bientôt  les  pouvoirs  intellectuels,  el  le  rendait  inca 
d'accorder  plus  longtemps  -ou  attention  au  sujet.  Il  cessait  d'écouter,  sa  phy- 
sionomie ne  disait  plus  rien,  et  il  semblait  réduit  à  l'état  d'un  enfant  dont  la 
raison  sommeille  encore.  Il  se  plaignait  alors  que  ia  lôte  lui  faisait  mal;  et 
comme  il  ••ùt  été  inutile  de  persister,  je  le  tenais  quitte  de  sa  leçon  pour  ce 
jour-là,  »  (  Voyuges  de  Hurchell. 


VINGT-Tlrtli     k!U  <n 

i   nii|.<>ri  nid'  p«>iir  |.   m  :i- 

i-  r   | i.t r  loua   le*  rrw  i 

l  pal  lis  ileui  dn  !•  mp»,  il-  n  un 

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étioni  Boufi-niM  |i  n 

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\  ions  réellement  subsisl  M 

moyen  d«  Il  i  .  .     \  1rs  plu»  p.nil>|. 

Il  n.iiii   loujoai  -  m 
quand  même  on  i  •  un  ill  |>-  u  leur  lan. 

liT|iHl.    ipn   m-  «...il  p  i-   \.  r  |i-«i  tl<  u\ 

impria  ni    Ira   -I  •!••   l'I  • 

li. ml  ,i  un  inliipi  «m 

in-    s. .ti|    ptJ  -  ni   rnlirnl- 

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\u.  -  luxqui  II.  i  ils  i 

|u'il  \>  ni  dire,  il-  i  inn-m  - 

ilril.ii.nl  I  !••  Il   I 

\|  u-   il-   ■  n    usent   .lill-  lit    i  I '■ 

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I  npii-lli-    il  u  .ni.  n •! 
n%  ivéré  ■  t   <l-  ' 

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pouvtntait,  en  iranafoi 

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piiiipi.   , 

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DANS    LE    SUD    DE    l'aFI'.IQUE.  187 

séder  un  interprète  humble  et  dévoué,  qui  ne  répète  qu'avec  une 
sainte  frayeur  le  message  du  salut.  J'en  ai  rencontré  un  de  ce 
genre  dans  le  paysdes>~amaquois,et  il  me  semblait,  quand  je  par- 
lais, qu'une  onction  d'en  haut  reposait  sur  lui  et  sur  moi.  Mal- 
heureusement celui  que  nous  avions  chez  les  Béchuanas  était 
loin  de  lui  ressembler  :  il  avait  accompagné  M.  Campbell  à  Kur- 
rechane,  et  en  avait  ramené  une  concubine;  plus  tard  il  apostasia 
et  devint  un  ennemi  de  la  mission. 

Cette  épreuve  était  une  de  celles  auxquelles  nous  avons  l'ait 
allusion  ci-dessus;  ce  fut  pour  les  païens  une  occasion  de  se 
moquer  de  nos  impuissants  efforts.  Ils  s'étaient  déjà  vantés  que 
notre  Jésus,  dont  nous  aimions  tant  à  parler,  ne  verrait  jamais  un 
seul  converti  fléchir  le  genou  devant  lui;  cette  bravade  fut  répétée 
alors  avec  accompagnement  d'injures.  ISous  avions  grand  besoin 
de  foi  et  de  patience,  et  sans  le  secours  divin  nous  aurions  suc- 
combé dans  la  lutte.  Les  prières  que  nos  églises  d'Europe  adres- 
saient pour  nous  au  Seigneur  étaient  pourtant  exaucées,  bien  que 
ce  ne  fût  pas  de  la  manière  qu'on  l'aurait  attendu.  Les  promesses 
divines  nous  apportaient  des  consolations  inconnues  jusqu'alors; 
et  nous  apprenions  par  expérience  que  la  victoire  ne  devait  [tas 
être  obtenue  «  par  armée  ni  par  force,  mais  par  mon  Esprit,  »  dit 
l'Eternel.  Il  était  triste  sans  doute,  en  contemplant  autour  de 
nous  un  si  grand  nombre  d'êtres  immortels,  de  n'en  pas  trouver 
un  seul  qui  nous  aimât,  pas  un  qui  nous  comprît,  pas  un  qui  fit 
attention  au  jour  de  sa  Visitation  ;  et  de  les  entendre  tous  dire  au 
Tout-Puissant  du  cœur  et  des  lèvres  :  «  Relire-loi  de  nous,  nous 
ne  nous  soucions  pas  de  la  connaissance  de  !<■>  voies.  » 

Quelque  imparfaits  que  fussent  les  moyens  de  Communication 
dont  nous  pouvions  disposer,  nous  ne  cessions  pas  d'élever  la 
\<>i\  pour  proclamer  le  message  de  l'Evangile.  Nous  avions  re- 
cours! tous  les  moyens,  nous  mettions  à  profil  toutes  les  occa- 
sions pour  fixer  l'attention  des  indigènes,  et  nous  recueillions 
dans  ii"^  cœurs  comme  un  précieux  trésor  !••  moindre  symptôme 
encourageant  qui  semblait  se  peindre  sur  la  physionomie  d'un  de 
nu»  auditeurs  ;  mais,  à  notre  grand  chagrin,  nous  voyions  tou- 
jours ces  signes  Be  dissiper  comme  la  rosée  >Ui  matin.  Chaque 
Dimanche  nous  faisions  une  tournée  dans  les  villages  environ- 
nants; et  bien  souvent  après  une  marche  de  (\riw  heures  nous 
ne  trouvions  pas  une  setrie  personne  qui  voulût  écouter  les  a<- 


188  VINGT-1  i  R 

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DANS  LE  SUD   DE  L'AFRIQUE.  189 

à  Palane,  à  sept  lieues  à  l'ouest  de  Laliakou,  étaient  pour 
nous  plus  encourageantes.  Notre  œuvre  était  quelque  chose  de 
plus  nouveau  pour  ce  peuple,  et  nous  parvenions  à  y  rassem- 
bler un  auditoire  ;  quant  à  leur  grossièreté  el  à  leur  ignorance, 
on  s'en  fera  une  idée  par  l'extrait  suivant  de  mon  journal  : 
«  Je  suis  arrivé  au  village  de  Tlogo.  Le  chef  Tlogo  et  un  certain 
nombre  d'habitants  s'étant  réunis  autour  du  wagon,  je  profitai 
de  cette  occasion  pour  leur  parler  des  choses  de  Dieu.  A  peine 
eiis-je  commencé  que  la  plus  grande  partie  de  mes  auditeurs 
tournèrent  le  dos  et  disparurent.  Ayant  lait  allusion  à  ce  l'ait  à  la 
lin  de  mon  discours,  je  fus  appuyé  en  ces  termes  par  un  des  assis- 
tants, qui  avait  appris  quelques  mots  de  hollandais:  «  Les  Bé- 
chuanas  ont  la  tête  très-dure,  et  ils  ne  veulent  pas  écouler,  quoi 
que  Dieu  leur  ait  donné  tant  de  choses.  H  leur  a  donné  des  bœufs, 
des  chèvreset  des  femmes;  »  ces  dernières,  comme  on  voit,  étaient 
classées  parmi  les  animaux  miles. 

Le  missionnaire  a  besoin  d'une  patience  et  d'une  persévérance 
inépuisables;  car  bien  souvent,  quand  il  est  parvenu,  à  force  de 
bonnes  paroles  et  en  faisant  un  présent  au  chef,  à  réunir  un  au- 
ditoire, les  premiers  mois  qu'il  prononce  sont  le  signal  de  sa  dis- 
persion. Lu  jour  quelques  chefs,  qui  ne  se  faisaient  aucune  idée 
des  motifs  du  missionnaire  et  qui  désiraient  en  posséder  un,  m'a- 
menèrent une  jeune  tille  qu'ils  m'offrirent  pour  femme,  en  pré- 
sence de  M""  Moffat,  si  je  consentais  à  demeurer  avec  eux.  C'était 
là  sans  doute  à  leurs  yeux  une  grande  générosité;  et  les  pauvres 
gens  ont  dû  me  trouver  à  la  lois  insolent  et  idiot  de  ne  pas  ac- 
eepler  une  offre  si  séduisante.  Ces  louriiccs,  qui,  en  apparence, 
elaienl  sans  SUCCCS,  m;  furent  pourtant  point  perdues  pour  les 
indigènes  ni  pour  nous  :  en  môme  temps  qu'elles  les  familiari- 
saient peu  à  peu  avec  notre  œuvre,  elles  nous  préparaient  pour 

b>  épreuves  encore   plus  pénibles  qui  nous  attendaient. 

Nous   elions  obliges,   dans    nos  instructions,  de  nous  en  tenir 

,ni\  premiers  principes.  Chez  un  tel  peuple  il  fallait  dire  qui  est 
Dieu,  en  môme  temps  que  nous  racontions  ce  qu'il  .1  lait  pour  un 
monde  pécheur.  On  raconte  des  missionnaires  moraves  dans  le 
Groenland,  qu'ils  parlèrent  d'abord  à  leurs  auditeurs  de  l'exis- 
tence de  Dieu  ci  de  ses  attributs,  de  la  chute  de  l'homme  et 
des  exigences  de  la  loi  divine,  espérant  les  préparer  ainsi 
p.ii  degrés  ù  recevoir  les  vérités  plus  mystérieusi  i  d<  l'Evangile. 


190  I  IMG  i  -1  i  "i-    IM   l't     H  J 

i  g    p|  m   .in.iiiI    .  lr  mii\  i  i   t  iii-j     mn.  .-s,   il- 

l.nnt  .i  |n  <  li- i    timplemenl   Christ  crucifie  aux    pau- 

•  .i   .  nlandaifl    i  i    ussilot  IVflii  n  <  vnni-l 
|,.i.ii  i  leurs  |  ir.il.-s  «l>   l.i  iii.hu>  i.   1 1  (lu-  ii  .i|.|.  uiti    i 

i  h- m     .i  t  - 1  •  -  f.ni.  plus  il  h  h.  !•■  >    •  t  :  |>> le  personne*  en  oni 

iiimlii  «  1 1 1 .  -  m  h  -  travaux  il«>  missionnaire*  >\  ><  i.-s  dr  la 

mer  du  Sud  onl  elé  infructueux  peod:mi -■■■/•■  .hin.  «  '••si  qu'il* 
n'ouï  |i.in  |in*N4-iili   •  ii  pr-  un-  i  ■    1 1  _  1 1-      lus  •  •  -  ni    siij.-i 

qui  puisse  fi  IVspril  des  pai<-us    i  .  il.     issi-rlion  eal  (IrjMuir- 

ii.   de  t •  ••il  fondement.    I  juin n.iu\  > I •   ■  .-  hommes 

.|ni  .mi  travaillé  I  ip  plus  I  ■  •  1 1  _:  t  «  mps  qu«-  I.  *  uu.vsioiinairrs 

.lu  Groenland  sans  a  m  >u  plus  d«-  sunéa,  on  voil  <    i    ummeoi 
i|in  |i<  thème  .l<-  leur»  pn  dit  i  lail  l'amuui  de  I •  •  ■  u  mani- 

i. >i.  .1  in>  I.    Muiin.   il<    l'dirist    Si  <<s  Maxaaonnaire»,  a    • 

•  tir  du  s  "i\.  m  .i  lui  I  >  r  i\<  i   li  du  |h.|. 

hornés  .i  pn  i  lu  i  i  xi  lusiveun  ut  sur  les  au  il  mis  «I.  i»,.  u.  «  ••  qu. 
nous  avons  prine  i>  vrim  -urpri»  de  leur  in- 

i'  .  n  str,  il  u.   luit  pei  "iil. h.  r  i|u.   ;  is  premiers 

.  iïorls   | ..  >u  i    lUmnei    .iux  nul  .h-s  ni.  .s  pist.s  sur  I 

.1.  lu.  u.  il  tient  la  voi<   ul.ipi  i  Rédempteur, 

nul  h  m  aux  Juifs,  <|iii  « ••uii.iiaaaaiail 

déjà    li     m. u    In.  u  .    ils    pire  li. u   nt    .  m  lusiv.  m.  m   I 
'I        i.     .1    |i. i|. lis. u.  ut    ni    nom   ilu    N'i^ii.  ni   J  >•    qu.niil 

Paul,  lui  qui  ne  voulait  s.  i  mi  qu.  «lu 

i  lii  dans  l'ai  \  letiii'sd  ViIh  u.  s.  il  (  nu  Mi  nilr. 

il'.il».  ii  i.r.s ,-[  |,s  atinliuts  «lu   irai  H  pi'ile  m 

.   IMIll  S         I    s.    I  III. .11.     ..Il      plull.l 

•  tout  enliet  ■  établit  <  <   point  aaaeniù  I    II  drin-.nii 
aux  sloirien*  et  aux  di*eiph        i      taire  la  I  nivaelé  de  In. 

t  •  u  lem  pi  •  s.  m  mi  .  ,  lin  qui  .  tut   p  i  h 

il       lis       ,  Ml         I       I    I      pi 

il   Ht  il         HIX     Jlllls    ,   |     |..||.     .Ill\     1.1  l 

mu  >  .  i  .1.  ii  un .  .si  m  «se*  de  *e» 

lllll'lll  s  ,   .     n  llllll.   lit   I    II 

v.  ni  ion  .1.  s  .h.  n\  daut  le*    •  1 1  tin  -  humait    -    i     i  »  i 

•  si .  .  ..m u  l'a  .In  «vr«  i  ii-ii.  ww  h 

n.      |  «isini    |«mii     m 

m  s  .!       i  .  ni_il.     s,    i,.  mission 
Mille  i  n  n  i    1 1   h  I  adapte  i    - 


DANS    LE    SUD    DE    l'aFP.IQUE.  191 

tions  au  caractère  du  peuple  chez  lequel  il  travaille.  Dans  le 
Groenland,  par  exemple,  il  s'efforcera  d'abord  de  détruire  l'in- 
fluence des  Angekoks;  dans  l'Afrique  occidentale,  celle  des 
Grigris;  dans  l'Afrique  méridionale,  le  pouvoir  usurpé  des 
faiseurs  de  pluie;  et  cela  en  déclarant  que  Dieu  a  fait  le  monde 
et  toutes  les  choses  qui  y  sont,  et  qu'il  donne  à  tous  la  vie,  la 
respiration,  tout  entin.  C'est  ce  qu'il  faut  faire  surtout  chez  un 
peuple  où  l'on  ne  trouve  aucune  espèce  d'idolâtrie;  sans  jamais 
négliger,  toutefois,  de  montrer  Celui  qui  est  le  Désiré  des  nations. 

Le  mal  dont  nous  avions  le  plus  à  gémir  était  l'indifférence  des 
indigènes  :  le  plus  que  nous  pussions  obtenir  des  plus  intelligents 
d'entre  eux  était  un  froid  assentiment.  Le  Dimanche  soir  nous 
avions  un  service  en  hollandais  pour  notre  édification  particulière 
et  celle  de  quelques  Hottentots  avec  leurs  familles.  C'était  le  seul 
culte  où  nous  pussions  trouver  quelque  jouissance;  les  autres  ne 
nous  attachaient  que  par  le  sentiment  du  devoir  accompli. 

Vos  cette  époque  eut  lieu  un  événement  qui  fut  une  consolation 
dans  nos  épreuves.  Nous  avions  beaucoup  souffert  de  la  conduite 
de  Fransinna,  femme  hoitenlote  de  Béthelsdorp.   Elle  nous  en 
voulait  de  ce  que  nous  avions  renvoyé  un  jeune  Ilottentot  qui 
se  trouvait  à  notre  service,  à  cuise  de  sa  conduite  immorale.  Elle 
en  prit  occasion  d'exciter  contre  nous  le  chef  et  ses  sujets,  en 
prétendant  que  nous  avions  mis  ce  renvoi  sur  le  compte  de 
Uothibi;  et  par  ses  calomnies  et  sa  violence,  elle  mit  en  danger 
l'existence  de  la  mission.   Tout  à  coup  elle  fut  usitée  par  une 
maladie  grave  qui  la  força  de  se  mettre  au  lit.  Nous  la  visitâmes 
etnous  nous  efforçâmes  de  lui  faire  envisager  sa  conduite  sous 
son  vrai  jour.  Elle  ne  tarda  pasàêtre  convaincue  de  ses  loris  et 
à  les  confesser.  Pénétrée  de  remords  pour  le  mal  qu'elle  avait  (ail 
à  notre  cause,  elle  implora  humblement  un  pardon  qui  lui  fui 
montré  au  pied  de  la  croix.  Elle  souffrit  cruellement  pendant 
plusieurs  mois,  et  quelques  semaines  avani  sa  mon  une  de  - 
jambes,  a  partir  du  genou,  se  détacha  de  son  corps  ;  mais  tandis 
que  ses  membres  étaient  à  la  lettre  rongés  des  vers,  ellesavaii 
en  qui  elle  avait  cru.  Elle  confessa  que  depuis  quelque  temps elle 
s'était  éloignée  de  Dieu  ei  qu'elle  avait  travaillée  nuire  à  notre 
cause;  elle  nous  avoua  qu'elle  avaii  excité  son  mari  et  les  autres 
Hottentots  a  quitter  la  station,  mais  que,  pendant  qu'elle  B'enf 
;eail  de  plus  dans  celte  mauvaise  * le  Seigneur  avait  appe- 


l'IJ      \  IN'.I      I  I   "I-      O  -Il 

lin  -ur  elle.  I      l    linsl  qu'ell 

|ll\  IL  ■  "iir 

purifie  île  loul  I    !••  lu  » 

(|n.  ii  |m  h  :i>.inl  s  i  .  Il< 

ccuaqu'cili  '  ur.- 

juilti  i  les  inisaio  ajoutant  i 

■il  .m  péril  d<  ■  -   Dui  nit  loul 

illi-  n>  un  murmura 

i     i  i$|,  ell  Bail  en  ! 

.  rnpn  mi»  de  la  plui  \  ira   gralilu 
quand  vint  le  moment  du  m  dei  lutlr 

Van  II  IU  nous  m-  |miiii<  ■>   \ 

■  le    In 

i   .        iiim  qu<  I         '  omnM  .mireèc 

...  l  m  i  imm  yeui  •  i  noua  donna  quelque 

-.  i  \  itudu.  • 


CHAPITRE  XÏX. 


Influence  des  faiseurs  de  pJuie.  —  Exposition  des  cadavres.  - 
funéraires. —  Grande  sécheresse.  —  On  envoie  chercher  un  fai 
—  Il  est  accueilli  avec  enthousiasme.  —  Sa  conduite;  ses  ruse: 
la  pluie  dans  une  outre  à  battre  le  lait.  —  Arbre  frappé  de  1< 
demande  un  singe. —  Le  cœur  du  lion.  —  Grande  découverte 
tion  d'un  cadavre. —  Découragement  du  faiseur  de  pluie.  — 
accusés.  —  Condamnation  du  faiseur  de  pluie.  —  11  quitte  le  p 


Les  sorciers,  ou  faiseurs  de  pluie,  sont  l'obstacle  p 
s'oppose  aux  efforts  du  missionnaire  dans  l'intérieu 
l'Afrique.  Ennemis  déclarés  de  l'Evangile,  ils  s'opp< 
tamment  de  toutes  leurs  forces  à  sa  propagation.  C 
proprement  que  ces  peuples  sont  tenus  dans  la  servii 
tan,  et  leur  conversion  est  la  preuve  la  plus  irréci 
plus  réjouissante  de  nos  succès  au  milieu  d'eux.  Aux 


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mis  i  m  terre,  soient  M  loin  dea  habitation!  poni 

les  hyènes  el   les  N  ■»  m>u>  IVinpire  «l'un  ( 

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qu'éprouvent  universellenu  ni    l<  i    i  tir    les   cada- 

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DANS    LE   SUD    DE    L'AFRIQUE.  195 

vers  le  nord;  et  bien  qu'ils  n'aient  pas  de  boussole,  ils  parvien- 
nent, au  moyen  de  quelques  calculs,  à  trouver  avec  assez  de  pré- 
cision la  position  convenable.  Après  avoir  déposé  aux  pieds  du 
cadavre  des  fragments  de  fourmilières,  on  relire  graduellement  le 
iilet  qui  l'enveloppait;  puis  on  procède  à  l'opération  de  combler 
la  fosse,  ce  qui  prend  beaucoup  de  temps  :  la  terre  est  apportée 
avec  des  vases  de  bois,  et  deux  hommes  sont  occupés  à  la  fouler 
au  fur  et  à  mesure  autour  du  corps,  en  ayant  grand  soin  d'enlever 
jusqu'à  la  moindre  parcelle  de  racine  ou  de  caillou.  Quand  la 
terre  s'élève  à  la  hauteur  de  la  bouche,  on  jette  dans  la  fosse  une 
petite  branche  d'acacia,  et  au-dessus  de  la  tête  quelques  racines 
de  gazon;  lorsque  la  fosse  est  presque  entièrement  comblée,  on 
fixe  en  terre,  immédiatement  au-dessus  de  la  tête,  une  autre  de 
ces  racines  dont  la  partie  supérieure  dépasse  le  sol.  Ensuite 
hommes  et  femmes  ramassent  avec  leurs  mains  la  terre  autour 
de  la  fosse,  de  manière  à  former  une  petite  éminence.  On  apporte 
un  grand  baquet  d'eau  où  l'on  a  fait  infuser  des  ognons,  et  tous 
les  assistants  se  lavent  les  mains  et  les  pieds  en  criant:  «  l'ula, 
pula  »  (pluie,  pluie)!  Une  vieille  femme,  parente  du  défunt,  ap- 
porte ses  armes,  son  arc,  ses  flèches,  sa  hache  et  ses  lances,  avec 
des  semences  de  diverses  plantes  et  d'autres  objets  encore,  puis 
elle  s'adresse  au  sépulcre  en  disant:  «  Voilà  tout  ce  qui  est  à  toi.» 
On  emporte  ensuite  ces  objets  et  l'on  répand  sur  la  fosse  plu- 
sieurs vases  d'eau;  puis,  tous  se  retirent  pendant  que  les  femmes 
font  entendre  des  gémissements  barbares  et  inarticulés.  Ces  céré- 
monies varient  quelque  peu  suivant  les  localités  et  aussi  suivant 
le  rang  du  défunt.  Il  est  digne  de  remarque  qu'on  adresse  une  al- 
locution au  défunt,  et  j'ai  saisi  avec  empressement  cette  occasion 
pour  leur  faire  comprendre  que  s'ils  ne  croient  plus  à  l'immor- 
talité de  l'âme,  cet  usage  est  une  preuve  évidente  que  leurs  an- 
cêtres y  croyaient.  Mais,  à  peu  d'exceptions  près,  le  raisonnement 
est  sans  succès  sur  l'esprit  de  ces  peuples,  parce  qu'ils  ne  savent 
pas  ce   (pie  c'est  que  de  réfléchir.  Quand  nous  leur  demandions 

comment  l'influence  d'un  cadavre  pouvait  neutraliser  1rs  moyens 
employés  par  h'  sorcier  pour  obtenir  de  la  pluie,  ils  nous  répon- 
daient :  "  Le  faiseur  de  pluie  l'a  dit.  * 

Plusieurs  années  de  sécheresse  avnienl  beaucoup  nui  au 
paya,  et  les  indigènes,  ayant  tenu  conseil,  résolurent  d'en- 
voyer chercher  un  faiseur  de  pluie  rénommé  qui  appartenait  à 


\  IMCT-  i  i     i>     ^>    Dl     il 

li  l  r  il  mi  il. -s  |i  i  h.iru  i«  ;u.lc|u-  i  !i  au  m  d< 

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DANS    LE   SUD    DE    L'AFRIQUE.  197 

foule  se  précipita  pour  souhaiter  la  bienvenue  à  cet  homme 
tout  puissant  qui  rassemblait  dans  les  cieux  ses  trésors  de  pluie. 
Au  moment  où  il  entrait  dans  la  ville,  cette  foule  immense  lit  des 
sauts  et  des  cris  de  joie  à  tel  point  que  la  terre  en  résonnait;  en 
même  temps  les  éclairs  brillèrent  et  le  tonnerre  vint  mêler  à  ce 
bruit  humain  ses  roulements  majestueux.  On  vit  tomber  quelques 
gouttes  d'une  pluie  chaude  et  pesante  qui  produisirent  un  effet 
magique  sur  la  multitude  abusée.  L'imposteur  ne  trouva  pas  un 
incrédule  quand  il  s'écria  qu'il  faudrait,  cette  année-là,  placer  les 
jardins  sur  les  collines  et  non  dans  les  vallées,  parce  que  celles-ci 
seraient  inondées.  Quand  la  rumeur  fut  un  peu  calmée,  quelques 
indigènes  vinrent  dans  nos  demeures  nous  accabler  de  leurs  rail- 
leries. «  Où  est  votre  Dieu?  »  nous  demandait-on  avec  dérision. 
>ous  gardions  le  silence,  parce  que  le  méchant  était  devant  nous. 
«  Yavez-vous  pas  vu  notre  Morimo?»  continuaient-ils;  «  ne  l'a- 
vez-vous  pas  vu  jeter  au  loin  ses  flèches  de  feu  et  ouvrir  le  ciel? 
Yavez-vous  pas  entendu  sa  voix  dans  les  nuages?  Vous  parlez  de 
Jéhovah  et  de  Jésus,  que  peuvent-ils  faire?»  Jamais  de  ma  vie  je 
n'ai  senti  plus  vivement  qu'alors  l'application  de  ces  paroles  du 
psalmiste:  «  Demeurez  tranquilles,  et  connaissez  que  je  suis  Dieu  : 
je  serai  glorifié  parmi  les  païens.  »  Alors  véritablement  «  l'en- 
nemi arrivait  comme  un  torrent  débordé,  »  et  il  fallait  nous  ré- 
fugier auprès  du  Très-Haut  pour  pouvoir  «  lever  l'étendard  contre 
lui.»  Dans  notre  service  du  soir  nous  méditâmes  sur  le  psaume 
quatre-vingt-dix-septième:  «  La  nuée  et  l'obscurité  sont  autour  de 
lui,  »  etc. 

Au  milieu  de  l'enthousiasme  excité  par  le  faiseur  de  pluie, 
nous  devions  naturellement  nous  attendre  à  voir  s'épaissir  en- 
core les  ténèbres  qui  couvraient  déjà  notre  sentier.  Avant  son 
arrivée,  cet  homme  avait  eu  des  informations  précises  sur  le  ea- 
ractère  et  les  intentions  des  missionnaires;  et  son  esprit  péné- 
trant avait  compris  sans  peine  que  ces  intentions  étaient  en  oppo- 
sition déclarée  avec  les  siennes.  Les  faiseurs  de  pluie,  comme 
j'ai  eu  souvent  occasion  île  l'observer,  sont  des  hommes  au-dessus 
■  le  l'ordinaire,  et  c'est  la  conviction  de  leur  supériorité  qui  leur 
donne  un  si  grand  ascendant  sur  ces  peuples  ignorants.  Comme 
ils  sont  ordinairement  étrangers,  ils  ne  risquent  rien  à  exagérer 
prodigieusement  leurs  anciens  c\|>loiis.  Celui  qui  s'était  rendu 
aux  prières  des  Batlapis  tint  un  discours  aux  chefs  assemblés,  ei 


\    I  !l 

excita  loiif,  lemps  lumiti  iMBU 

d'une  | le  •  il  lent  m  t»ir 

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prétendus  pr<  ' 

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ms  s'il  nous  i  dlaii    il  tend  i 
\.-r i.  ,.ii  .  i  M* 

\  il.,  v  i  .  !  leur,  l 

bilué  \  .-m. h-  i  li  ii  iiur.   hum  un. 

un  i.  .i  n'.  i  ni  |  i  rf'iin<  lipnil< 

tUm  son  extérieu  mour-| 

qu'il  j'efforçai  I  vainement  d«-  H  vint  nous  r 

cl  bit  n  lui  «  n  pril     cir   nous  n'  iu rions  j  imais  pu  pn  sut 

nom    l' iller  lui  pi  »    Il  n ■<  <»nnut  i 

<|n  *  à 

I  i  dispute   l  don  m  r  ui  ni- 

i    il.-    I.nip>   .n    ». -mi  il   -ri ira    i  In 

rh.ipHle.  Il  •  \  it  m  m    bl<  • 

n il  Minbbil  .ippr..in.  i  !• 

I  .  in.  i.  n.  m  pouvoir.  Il  s*"  dis  til 

m  uni  n*  I'.  (pi m  .iion  >l<  n  f  ni  .i  un 

I    Ml     .1'.    |.|    Mil  •    Il    lllj 

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DANS    LD    SUD    DE    l'aFKIOUE.  l'.W 

bissait  pour  ses  opérations  le  moment  de  la  nouvelle  ou  de  la 
pleine  lune,  n'ignorant  pas  qu'à  ces  époques  il  y  a  souvent  un 
changement  dans  l'état  de  l'atmosphère.  Je  me  suis  souvent  de- 
mandé si  de  pareils  hommes  n'avaient  pas  la  conviction  intime 
qu'ils  se  jouaient  de  la  crédulité  du  peuple;  et  j'ai  eu  l'occasion 
de  me  convaincre  que  mes  soupçons  étaient  fondés.  Je  rencon- 
trai chez  les  Barolongs  un  faiseur  de  pluie,  qui  me  prit  en  affec- 
tion en  retour  de  quelques  services  que  je  lui  avais  rendus,  et  qui 
se  mit  avec  moi  sur  le  pied  de  l'intimité  avant  de  savoir  qui  j'é- 
tais. Quelques  remèdes  que  je  lui  avais  donnés  lui  ayant  fait  du 
hien,  il  me  regardait  comme  un  docteur  de  ses  collègues.  11  me 
dit  un  jour  en  réponse  à  quelques  observations  de  ma  part  :  «  II 
n'y  a  que  des  hommes  sages  qui  puissent  être  faiseurs  de  pluie  : 
car  il  faut  beaucoup  de  sagesse  pour  tromper  un  si  grand  nombre 
d'hommes;  vous  et  moi,  ajouta-t-il  tinement ,  nous  savons  ce 
qu'il  en  est.  »  En  même  temps,  il  me  donna  clairement  à  entendre 
que  je  ne  devais  pas  rester  dans  cet  endroit  pour  ne  pas  em- 
piéter sur  le  champ  de  ses  travaux. 

Le  faiseur  de  pluie  trouva  les  nuages  de  la  contrée  des  Batlapis 
moins  traitables  que  ceux  de  son  pays.  11  se  plaignit  que  des  en- 
nemis cachés  désobéissaient  à  ses  ordres.  Quand  on  le  pressait 
de  renouveler  ses  épreuves,  il  répondait  :  «  Vous  ne  me  donnez  à 
tuer  que  des  brebis  et  des  chèvres;  je  ne  puis  donc  faire  (pie  de 
la  pluie  de  chèvre;  donnez-moi  des  bœufs  gras,  et  je  vous  ferai 
avoir  de  la  pluie  de  bœuf.  »  Lu  jour  qu'il  dormait  profondément, 
il  tomba  une  aterse;  sur  quoi  un  des  chefs  courut  à  sa  maison 
pour  le  féliciter;  mais  à  sa  grande  stupéfaction  il  le  trouva  com- 
plètement étranger  à  ce  qui  se  passait.  «Halloo!  par  mon  père! 
je  croyais  que  lu  faisais  de  la  pluie,  »  cria  le  visiteur  au  sorcier, 
qui,  rcveillé  eu  sursaut  et  vovani  sa  femme  occupée  à  battre  <lu 
lait  dans  une  outre  pour  en  faire  un  peu  de  beurre  qu'elle  desti- 
nait à  graisser  ses  clie\eii\,  répondit  tranquillement  en  montrant 
i\n  doigt  cette  Opération  :  <<  Ne  vois-tu  pas  ma  femme  qui  l.i t»riqu< • 
la  pluie  de  tontes  ses  forces".'»  Celle  réponse  parut  enlierenien  | 

satisfaisante,  ai  la  nouvelle  courut  partout  que  le  faiseur  de  pluie 

:i\ait  tiré  l'averse  d'une  outre  a  lait.  Le  peu  d'Iininidite  répandue 

sur  le  sol  par  cette  averse  fui  bientôt  pompée  par  un  soleil  ai- 
dent, et  bien  des  semaines  se  passèrent  sans  qu'on  \ii  un  seul 
nuage-,  ou  bien  -'il  en  paraissait  quelquefois^  on  les  voyait,  a  l.i 


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[île  '  uiiMuVrablf,  il  Miflit  d'uni  «»  c/facrr 

lua  h  "    -    N    ment,  .  ii  .  r-  'i^.inl  il 

i-ir.    <  < .1 1 1 j •  i .  ;    ..   ut  m-i  lu- jiiM|ir.i  mu  prolongeai  •  !•     m  |  piodi, 
quand  la  -m .  .1  irabil 

I.   Mlll..    »     |\||i   lit    :  I   Ulllll  -    »  .>|IMt|. 

-un.    in  h-   I  i  -.m.  h.  .   _i- 1 1 1  st.nli  .  If  In  tail 

mou  rail  i  iule  dV    pliure,  ei  l  on  » 
l.i  r. .  h.  ii  lie  ck  replili  *  "u 
malheureux  qui   li  ui   m 
I-  il  >  \ ivanli  .  u  I  nnmlx  \      ml  1 1 ■  - 

iiiiniif  r  .If   j.nir  in  JOUI    !•    i     i  prtm  s  !■ 

ti  .1.    tu.  i    i .  Ilr-s  i|ui   i.  st. m  m  (m 

n'élaii  rien  moins  q  l»li  dans   un  ,  »u* 

étions  presque  émit  reuu  ut  pn\i  - 

roui  '  •  li    u  rit. ni    ni  .1-  mi<  i  poinl  le  l<    plu. 

-  •>  .\|.ii.i.  plut  oommeni  expliquer  oaUi 

l>.  i  listant  •  iii    -.  dit                 lj                                        ni   <•  t'    ir.ip|at   <l. 
la  fuutln    |«  inl.iiil   l.i  nuit,    il  <-i                  Ii    i-  ml.  m  un  iJUC  C«M 
lui                                                                     1 1  •  r  •  -   il.     l-i' 
iimiiii  I                              l<     il    *     Ml    >p|Mi| 

ina  .1  •  «u.  .1  ma  laqut  Ha  il  in  infu  -  il  lu 

détilei   pai  ortln    de  va  ni  lui  i  hitanla  dV   la  ville,  et  la» 

is|  .  -vi\.  ni.  nt    m  n  le  tèbre  qu  il 

n.  mp  m  .1  i 

.  i  lui  n  .1  encore 

v    il    .  u!    i  I 

pas    ipie    I  "ilieU 

.|,s   |.«  lu  iv    .1   .If-,   pi  s  ou   il 

qui  .1"  l<  '"i--.  il 

.1.   la  pluie  il  i  ill  m  q i  lui  |  i 

\  i,  ci  '/•<  U  i  lil  ;*u  mameuf 

...    i  i  u  le» 

,,|lll.  s  .      |  •   IIMlll    lin  |- 

|..  lu,  |  i  !   un  Miipe  •!  m-  •  .  t  ■  nt-il-  p 


DANS    LE    SL'D    DE    L  AFP.IOLK:  ^01 

pendant  son  sommeil.  Néanmoins  une  troupe  des  meilleurs  cuu- 
reurs  se  mirent  aussitôt  en  marche,  et  se  précipitèrent  vers  la 
montagne  voisine.  Les  singes  ,  stupéfaits  de  celte  attaque  dont 
ils  n'avaient  pas  encore  \u  d'exemple,  se  dispersèrent  en  sautant 
de  rocher  en  rocher  avec  les  grognements  et  les  cris  du  déses- 
poir. 

Enfin,  après  une  longue  poursuite,  et  moyennant  bien  des 
membres  blessés  ou  estropiés,  on  s'empara  d'un  jeune  singe  qui 
fut  amené  en  triomphe  à  la  ville.  Dès  que  le  maître  fourbe  aper- 
çut l'animal,  il  fit  la  grimace  la  plus  lamentable  qu'il  put  ima- 
giner, et  s'écria  :  «  Mon  cœur  est  déchiré ,  je  suis  accablé  de  cha- 
grin !  »  Puis  il  ajouta,  en  montrant  l'oreille  du  singe  qui  avait 
une  légère  égratignure,  et  sa  queue,  qui  avait  perdu  quelques 
poils  :  «  Nevousai-je  pas  dit  que  je  ne  pourrais  pas  faire  delà  pluie 
s'il  lui  manquait  un  seul  poil?  »  Quelques  jours  après,  un  autre 
sujet  lui  fut  présenté  ;  mais  il  y  trouva  encore  quelque  imperfec- 
tion vraie  ou  prétendue.  11  avait  souvent  dit  que  si  on  lui  procu- 
rait un  cœur  de  lion,  il  ferait  tomber  une  pluie  si  abondante, 
qu'elle  serait  capable  de  balayer  les  maisons  de  dessus  le  sol. 
Il  avait  découvert  que  les  nuages  avaient  besoin  d'un  remède 
violent.  Le  faiseur  de  pluie  n'ignorait  pas  la  difficulté  à  se  pro- 
curer un  pareil  objet.  Un  jour,  on  annonça  qu'un  lion  avait 
attaqué  un  des  troupeaux  de  bétail,  à  quelque  distance  de  la 
ville;  et  une  troupe  d'hommes  se  mit  en  marche,  dans  le  dou- 
ble but  de  détruire  un  ennemi  dangereux  ei  de  se  procurer  la 
clef  des  nuages.  Ordre  était  donné  de  s'emparer  du  lion  à  loin 
prix;  et  les  conséquences  de  cette  équipée  auraient  pu  être  fata- 
les, si  l'un  de  nos  hommes  n'avait  tué,  d'un  coup  de  fusil,  ce 
redoutable  adversaire.  Rien  ne  pourrait  donner  l'idée  de  leur 
enthousiasme,  quand  ils  revinrent  à  la  ville,  apportant  le  cœur 
du  lion  et  chaulant  en  chœur  l'hymne  de  la  victoire. 

Le  faiseur  de  pluie  prépara  ses  drogues,  alluma  des  feux,  et 
on  le  vit  étendre  ses  bras  décharnés  vers  les  nuages  pour  leui 
faire  signe  d'approcher;  quelquefois  il  brandissait  sa  lance  ei  les 
menaçait ,  en  cas  de  désobéissance,  de  leur  raire  sentir  sa  colère 
La  populace  abusée  croyait  tout ,  <•!  s'étonnait  <!<•  ne  pas  voii 
lomber  la  pluie.  Je  demandai  a  l'oncle  du  roi  ,  homme  expéri- 
menté et  judicieux,  comment  il  pouvait  se  faire  qu'un  si  habile 
docteur  ne  réussi!  pas.  «  Bêlas!  ■•  répondit-il  «l'un  ton  pénétré  : 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFÂÏQUÉ.  203 

loucher  un  corps  en  putréfaction,  il  déclara  qu'il  fallait  exhumer 
ce  cadavre,  le  laver  et  l'ensevelir  une  seconde  fois.  Ici  encore 
l'espoir  du  magicien  fut  trompé  :  la  cérémonie ,  toute  repous- 
sante qu'elle  dut  être,  fut  accomplie;  mais  le  ciel  resta  sans 


nuage. 


A  la  fin,  l'impatience  du  peuple  éclata,  et  ils  se  répandirent  en 
malédictions  contre  M.  Hamilton  et  moi,  comme  étant  la  cause  de 
toutes  leurs  peines.  La  cloche  que  nous  sonnions  pour  annoncer 
notre  culte  effrayait  les  nuages,  disaient-ils;  nos  prières  étaient 
également  incriminées.  «  N'est-il  pas  vrai,»  me  dit  le  chef  d'un 
air  farouche,  «  que  vous  vous  prosternez  dans  vos  maisons  et  que 
vous  parlez  à  quelque  mauvais  esprit  caché  sous  terre?  »  Nous 
fûmes  entourés  d'une  surveillance  encore  plus  étroite.  Le  faiseur 
de  pluie  semblait  éviter  de  nous  accuser  ouvertement:  il  se  sen- 
tait obligé  envers  nous,  sa  femme  ayant  éprouvé  que  mes  remè- 
des et  ma  manière  de  saigner  lui  faisaient  plus  de  bien  que  toutes 
ses  drogues.  11  nous  visitait  de  temps  en  temps  dans  notre  humble 
demeure,  et  quand  je  me  trouvais  à  la  forge  il  considérait  avec 
beaucoup  d'attention  la  manière  dont  je  travaillais  le  fer;  il  me 
témoigna  môme,  en  particulier,  le  désir  de  me  voir  habiter  chez 
son  peuple,  m'assurant  que  j'y  trouverais  du  bois  et  du  fer  en 
abondance. 

Un  jour,  il  arriva  chez  moi  avec  une  figure  décomposée  et  où 
se  peignait  l'inquiétude.  Il  m'apprit,  en  réponse  à  mes  questions, 
que  les  choses  n'allaient  pas  bien  pour  lui  :  la  voix  publique  coin- 
meneait  à  se  tourner  contre  lui.  Il  me  demanda  quelle  part  pre- 
naient les  femmes  aux  affaires  publiques  dans  mon  pays,  et  quelle 
y  était  leur  influente.  Je  répondis  que  lorsque  les  femmes  de  mon 
pays  avaient  une  occasion  de  prendre  une  part  active  aux  affai- 
res publiques,  elles  faisaient  tout  marcher  a  leur  gré,  et  j'ajoutai 
en  souriant:  «Attendez  seulement  que  lis  missionnaires  aient 
1rs  femmes  pour  eux  comme  vous  lis  avez  aujourd'hui  pour  vous, 
et  il  n'y  aura  plus  dans  le  pays  un  seul  faiseur  de  pluie.  »  ■  Puis 
temps    n';ini\er    jamais,  i   s'ecria-l-il    avec   une  Contenant 

bouleversée.  Je  répondis  que  ce  temps  arriverai!  certainement, 
parce  «pie  JéhoVah,  le  Dieu  puissant,  l'dvail  déclaré.  •  Que  faut-il 
que  je  Casse?  »  ContinUa-il  d'un  ion  chagrin  ;  «je  voudrais  «pie 
toutes  les  femmes  fussent  «les  hommes  ;  je  parviens  bien  .1  maî- 
triser les  hommes;  mais,  des  femmes,  je  n'en  puis  rien  obtenir,  » 


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les  motifs  de  h  \"  tii 
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qui  nom    |  —  ibl  ^<  r     II 

1.  in.i    ilon  et  s'en    illa  11  ist»    •  ;  un 

ii..ii»-im.  in. t  -I  m>  l  inquiétude  buu   les  *uit  du 

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DANS    LE    SUD    DE    l'aERIQUE.  205 

les  chefs  tinssent  conseil  en  plein  air  et  dans  un  lieu  accessible 
à  tous,  ce  n'était  pas  chose  facile  de  découvrir  un  secret  de  celle 
nature.  Enfin,  je  m'avisai  d'un  stratagème  qui  réussit.  Je  con- 
naissais une  femme  d'une  certaine  influence  qui  devait  être 
bien  informée.  Elle  était  souvent  souffrante,  et  comme  tous  les 
indigènes,  elle  recherchait  avidement  les  remèdes  et  les  con- 
seils que  je  pouvais  lui  donner  en  qualité  de  médecin.  Je  com- 
mençai par  gagner  sa  bienveillance  en  la  questionnant  sur  l'étal  de 
sa  santé  et  lui  témoignant  ma  sympathie;  puis,  quand  je  la  vis 
bien  disposée,  je  lui  demandai,  comme  parlant  d'un  fait  bien 
connu  :  «  Pourquoi  veut-on  tuer  le  faiseur  de  pluie?  Ce  n'est  pas 
sans  doute  pour  le  manger.  Pourquoi  ne  pas  laisser  retourner  ce 
pauvre  homme  dans  son  pays  ?  » —  «  Qui  vous  l'a  dit?  »  merépri- 
qua-t-elle  aussitôt.  Je  me  levai  alors  en  disant  :  «  C'est  tout  ce  que 
je  voulais  savoir.  »  —  «  iNe  dites  pas  que  je  vous  l'ai  dit,  »  me  cria- 
l-elle;  «autrement  on  me  tuerait.  »  Je  me  rendis  aussitôt  dans 
l'assemblée  publique,  où  trente  des  principaux  chefs  tenaient  un 
conseil  secret:  c'était  un  conseil  de  mort.  Si  je  m'étais  borné  à 
leur  demander  s'ilsavaient  réellement  l'intention  de  commettre  ce 
crime,  ils  m'auraient  regardé  avec  stupéfaction  comme  indignés 
que  j'eusse  pu  avoir  un  pareil  soupçon,  et  auraient  juré  par  tous 
leurs  ancêtres  que  jamais  pareille  idée  ne  leur  était  venue  à  l'es- 
prit. Au  lieu  de  les  questionner,  je  les  accusai  directement,  fai- 
san! ressortir  l'horreur  de  celte  action,  leur  montrant  qu'ils  ajou- 
taient péché  à  péché  et  qu'ils  offensaient  doublement  Jéhovab, 
d'abord  en  plaçant  un  homme  sur  son  trône,  et  ensuite  en  le 
tuant  parce  qu'il  ne  pouvait  accomplir  ce  qu'on  exigeait  de  lui. 
Après  quoi  je  demandai  instamment  que  sa  vie  lut  épargnée  el 
qu'on  le  laissai  retourneren  pais  dans  son  pays,  l  n  \  ieillard,  bien 
connu  de  moi,  &  leva  furieux  en  brandissant  sa  lance;  il  peignit 

le   SOI    desséché,    le    bétail   exténué,  le    peuple    expirant,   el  jui  i 

qu'il  plongerait  cette  lance  dans  le  cœui  du  faiseui  de  pluie: 
i  Qui  oserait  m'en  empêcher?  >>  ajouia-t-il.  a  Ce  sera  moi,»  répon- 
dis-je,  «  qui  t'en  empêcherai  par  mes  instances,  et  si  elles  ne  suf- 
fisent pas,  j'offre  une  rançon  pour  lui  sauver  la  vie.»  On  me  de- 
manda m  je  ne  savais  pas  qu'il  était  notre  ennemi,  et  que  s'il  n'a- 
vait tenu  qu'à  lui  nous  aurions  été  mis  a  mort  Les  indigènes  nous 
avaient  souveni  trouvés  bien  simples  et  faibles  d'esprit  de  reve- 
nir perpétuellement  à  leur  parlei  du  «  même  Jésus  ;  i  niais  voir 


.      |>»   *>  D   DI   I  CI 

un  li>. ni' 

;ui   |i  •  ^ — --» •  t   leur  inU'l 
pourtant  i -|..ir_;ii»-.  .        kl     llul.i,  .i,  i'n.iii|.i-i)«    lui-iitèiuv 

1  ir  du  pluie  .  ■  M 

i  i\niii.ini.   .     i\anl    li 
m.  i.  i ii  1  ii 1 1 •  .  et  allcnd.i  get  q«6  BOOt  M  < 

-  pas  Je  voit  lui  i  •  fui 

Viiini  tomba  du  I     llapis   la  réputation   «1  un  trop  célèbre 

•  i r  île  pluii  ;  j'aui  >i-    re|  u  r.n  •■: 

m  i  \  iaiti    aux  l  il  lui  ma>» 1         l»  •  - 

à  remarquer  qu'un  faiseur  de  pluii  un  pn 

mon  n  itun        J  nnu  un 

mu.  >  ()i  li  fureui  de  leurs  >lu|- 
ili  n.  manquent  j  imai*  t !• 
ijiii  n'ait  ir<  ni| 
commencent  par  adorer  pouj  Ici  infirment 

sMIUT. 


CHAPITRE  XX. 


L'horizon  des  missionnaires  s'assombrit.  —  Epreuves  critiques.  —  Change- 
ments de  climat.  —  Origine  de  la  rareté  des  pluies.  —  Indices  d'une  fertilité 
passée. —  Diminution  des  sources.  —  Les  vents  du  Nord.  —  Instinct  des  ani- 
maux.—  Phénomènes  atmosphériques.  —  Description  des  orages. —  Ton- 
nerre sans  nuage.  —  Idées  météorologiques  des  Béchuanas.  — L'horloge  de 
la  chapelle. 


Quelle  que  fût  notre  satisfaction  d'être  délivrés  d'un  homme  qui 
était,  comme  nous  l'apprîmes  plus  tard,  un  ennemi  actif  bien  que 
secret  de  l'influence  que  nous  cherchions  à  exercer,  l'esprit  pu- 
blic était  opposé  à  notre  séjour  dans  le  pays.  Les  choses  ne  chan- 
geaient que  pour  empirer,  et  plus  nous  avancions  dans  notre 
œuvre,  plus  notre  route  s'embarrassait.  Les  Buhsinen  avaient 
beaucoup  inquiété  les  Béchuanas  en  leur  enlevant  du  bétail  et  en 
tuant  les  hommes  charges  de  le  garder.  Gomme  nous  ne  pouvions 
approuver  un  s\slème  de  représailles  et  d'extermination  qui,  au 
lieu  de  détruire  le  mal,  ne  faisait  qu'attiser  le  feu  des  passions, 
nous  encourûmes  Je  soupçon  de  favoriser  en  secrel  les  malheu- 
reux buliMuen;  on  prétendit  que  nos  hommes  avaient  l'ordre  de 
ne  pas  tirer  sur  eux  lorsqu'ils  prenaient  part  aux  expéditions  qui 
avaient  pour  but  de  reprendre  !«■  bétail  dérobé.  Vainement  non- 
en  appelâmes  au  cpmmandemenl  de  Jésus  notre  Maine  et  notre 
Dieu  :  a  tous,  les  a i  g u inrii t>  de  ce  genre  ils  répondaient  pai  leui  - 
cria  sauvages,  •  Makahéla,  -  (pur  mensonge).  Us  reconnaissaient 
volontiers  que  nous  ne  taisions  de  mal  ;<  personne;  mais  ils  nous 


20N  \  IN.     I  !    I. 

disaient  en  m<  me  temps  que  n 

•  •il  noua  '!•  -i  i*  m    • 

pai  peurd  icher  l<  !  m»  la  1 1  aim< 

babi  la  lions  >!•    rosn  n  l  n  Juil  ml   l< 

matin. 

I ,  «nmellail  quelque  nu  fait  .  n  .  i 

pays,  "M  n.  manquai!  pas  de  nous  l'iiupulei  m  <l«  » 

1 1 1 . 1 1 . .  1 1  ■  -  I  ■  i  r  t  .  ! 

en  ■  I  ma  l  ai  lurtooi 

I*.  m).,  chei    <  'ii  i...  M  lit  un  l<   i  i 

duile  de  qu<  lqu«  -  h  >unnr>  "jm 
n..  .  il  que  n 

lea  G  riq  uois ,  a  va  n  l  d' e  n  t  re  p  r  e  nd  i  I 

DM     \  un  .m.  .  .•>  r.  j 

di    .  ■  -    njMi.  s  .    mu 

.•t    -.ml  i  .  N  I' 

,1   \y  i  jours  ■  L    il  ni  ll«v 

I     i  ni  luivanl  poun  i  d 
noui  iroui  ions  alors  \  is-a->  is  .1 
,|,    la  84-cl  "  plus  haut  point  >\>  l'impninai 

,  l  0  iii.ii  .   un   «Iflt 

I  II 

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qui  oVao- 

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DANS    LE    SUD    DE    l'àFBIQÏJE.  2l>9 

vous  -.  car  vous  ne  savez  pas  ce  que  vous  faites;  nous  avons  souf- 
fert ,  cela  est  vrai ,  et  Celui  dont  nous  sommes  les  serviteurs  nous 
a  dit,  dans  sa  Parole  :  Quand  on  vous  persécutera  dans  une  ville, 
fuyez  dans  une  autre  ;  mais,  quoique  nous  ayons  souffert,  nous 
ne  considérons  pas  encore  ces  souffrances  comme  des  persécu- 
tions. Si  l'on  veut  nous  infliger  ces  persécutions,  nous  sommes 
préparés  à  les  subir.  Si  vous  êtes  résolus  à  vous  débarrasser  de 
nous,  il  faut  que  vous  recouriez  à  des  mesures  plus  énergiques  , 
car  nos  cœurs  sont  avec  vous. Vous  pouvez  répandre  notre  sang  . 
ou  nous  brûler  dans  nos  demeures  ;  nous  savons  que  vous  ne 
toucherez  pas  à  nos  femmes  ni  à  nos  enfants.  Alors,  ceux  qui 
nous  ont  envoyés  sauront,  et  Dieu,  qui  voit  toutes  choses,  saura 
aussi  que  nous  avons  été  vraiment  persécutés.  »  A  ces  mots,  le 
chef  se  tourna  vers  ses  compagnons  ,  et  leur  dit ,  avec  un  mouve- 
ment de  tète  significatif  -.  «  11  faut  que  ces  hommes  aient  dix  vies, 
pour  être  aussi  tranquilles  à  l'idée  de  la  mort  ;  il  y  a  sans  doute 
quelque  chose  de  vrai  dans  l'immortalité.»  La  conférence  fui 
dissoute,  et  ils  nous  quittèrent  profondément  pénétrés  de  l'idée 
que  nous  n'étions  pas  faciles  à  effrayer. 

Nous  sentîmes  une  vive  reconnaissance  envers  Dieu  ,  pour  la 
manière  dont  s'était  terminée  celte  entrevue  aussi  courie  que 
solennelle.  L'accusation  élevée  contre  nous  par  le  faiseur  de  pluie 
leur  revenait  constamment  à  l'esprit;  et  ils  s'imaginaient  que 
leur  pays  serait  réduit  en  complète  désolation  par  le  séjour  de 
ces  propagateurs  d'une  doctrine  étrangère,  dont  leurs  ancêtres 
n'avaient  rien  connu.  Ils  nous  parlaient  souvent  des  pluies  abon- 
dantes des  anciens  temps,  alors  que  les  rochers  mêmes  se  pa- 
raient de  verdure,  et  que  les  collines  de  Hamhana ,  avec  les  plai- 
nes environnantes,  étaient  couvertes  de  forêts  et  d'arbre:,  im- 
menses. Ils  vantaient  le  kuruman  et  d'autres  rivières,  avec  leurs 
nombreux  affluents,  dans  lesquels  s'ébattaient  les  hippopotames  ; 
tandis  que  les  troupeaux  mugissants  enfonça ienl  jusqu'au  cou 
dans  les  hautes  herbes,  remplissant  leurs  mamelles  de  lait,  et 
mettant  la  joie  dans  tous  les  rieurs.  Vainement  nous  nous  effor- 
cions de  leur  démontrer  que  la  sécheresse  avait  commencé  bien 
longtemps  avant  l'arrivée  des  missionnaires.  Indépendamment 
des  traditions  que  leurs  ancêtres  leur  avaient  transmises  .1  ce  su- 
jet .  ils  avaient  sous  |(N  yeux  ,\,-  nombreux  témoignages  d'une 
fertilité  passée    1  ai  le  pays  abonde  en  souches  et  en  racines  d'à- 

14 


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iii.ni  «I.-   loin  !••  i    ivee  la  nacl i  k  il*  atten- 

dent1 'i-'  la  pluie.  J>  i 

prou vei  lus  plus  inli  lligents  qu'ils  étaii  ni  eux-ox 
i|i>s   rli  m  ini..-|.l  ni    ils  i 

Im.in  IS,   .1  pal  li.nli  il 

ni  un  peuple  du  niveli  ui  n^ii  nu  *  II.  s.  il*. 

des  n. 
|i    [<>ii h-    ■  i    li'    m. -m  <r.l    ni 

|..i\  »  m   .i  IV'  onomii  l 

i\.  .    il.-».  | ir.-s  .1.'  i 

m.  i.. ^  ..n  ,i  ..ii.ii  i       \  iioiaiaaeiii  i 

m.  ni  d'une  tille,  l<  u 

qui   possible  -I  un  fourré.  Ht  <  pu 

I.   .  oiupofu  ni    -ni  lis.*  ml  <m  , 

l'habitation  .1.  i  li  ique  <  '  m  offt  >  la  cfaali 

.i  un  lieu  .1.  n  iv  ni  ei  d< 

i     n    .n.  m  r  i  l.i 

«  allure .  ila  brûli  ni,  en   i  m  l<   U 

brea,  dont   i 

n.iiii     i    1m  .u  i     .  .    |.  .u 

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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  '211 

Quand  les  indigènes  viennent  à  émigrer,  ce  qui  arrive  quel- 
quefois au  bout  de  peu  d'années,  l'acacia  de  la  petite  espèce  croit 
assez  rapidement  sur  le  lieu  qu'ils  cnt  quitté;  mais  il  n'en  est  pas 
ainsi  de  l'acacia-girafe,  auquel  il  faut  un  siècle  pour  devenir  un 
arbre,  et  bien  des  siècles  pour  atteindre  les  dimensions  des  an- 
ciens arbres  du  pays.  Le  bois  de  cet  arbre,  quand  il  est  vieux,  est 
rouge  foncé,  à  gros  grain,  excessivement  pesant  et  dur  :  il  tombe 
au  fond  de  l'eau  comme  du  plomb.  J'ai  vu  dans  mes  voyages  dis 
troncs  d'une  circonférence  énorme  qui,  à  en  juger  par  le  temps 
nécessaire  à  leur  croissance,  ont  dû  germer  aussitôt  après  le  dé- 
luge, si  ce  n'est  même  à  une  époque  antérieure. 

Les  indigènes  sont  aussi  dans  l'usage  de  brûler,  cbaque  année, 
les  herbes  sèches,  ce  qui  détruit  souvent  des  arbres  et  des  ar- 
bustes jusque  sur  le  sommet  des  montagnes.  Les  longues  séche- 
resses dont  on  se  plaint  dans  le  sud  de  l'Afrique  peuvent  être 
attribuées  à  ce  système  d'extermination  végétale.  Suivant  l'ol>- 
servation  de  Lyell,  dans  ses  Principes  de  géologie,  la  coupe  des 
forêts  a  eu  pour  résultat  dans  beaucoup  de  pays  la  diminution 
des  pluies.  Dans  les  régions  tropicales  en  particulier,  où  l'atmo- 
sphère tient  en  suspension  une  grande  quantiléde  vapeur  aqueuse, 
mais  aussi  où  les  rayons  directs  du  soleil  ont  une  grande  puis- 
sance, tout  ce  qui  peut  servir  d'écran  entre  la  terre  et  ces  rayons 
devient  une  source  d'humidité;  et  quand  une  fois  une  cause  de  ce 
genre  a  donné  naissance  à  l'humidité  ou  au  froid,  la  vapeur  con- 
tinue à  se  condenser.  De  plus,  les  feuilles  de  toutes  les  plantes 
sont  de  véritables  alambics,  et  plusieurs  de  celles  qu'on  trouve 
dans  la  zone  torride  ont  la  propriété  de  distiller  l'eau,  ce  qui  con- 
tribue à  empêcher  le  dessèchement  du  sol.  Les  plus  intelligents 
d'entre  les  indigènes  pouvaient,  jusqu'à  un  certain  point,  com- 
prendre des  considérations  de  ce  genre,  bien  qu'ils  ne  voulussent 
pas  les  croire.  Aujourd'hui  pourtant,  quelques-uns  d'entre  eux 
commencent  à   bâtir  des  maisons  de   brique!  et   des  enclos  de 

pierres  ;  et  je  ne  désespère  pas  de  voir  un  jour  la  population  en- 
tière reconnaître  que  son  intérêt  doit  l'engager  à  favoriser  l'ac- 
croissement des  forêts,  c'est  à  la  même  cause  qu'il  faut  assigner 

la  diminution  des  sources  et  l'entière  disparition  de  plusieurs.  Oll 

a  remarqué  que  depuis  l'accident  qui  a  détruit  par  le  feu  des 
plaines  entières  d'oliviers  sauvages  près  de  Griqua-Txrwn,  il  en 

résulté  une  diminution  gradue-Ile  des  pluies  dans  Cette  région  ; 


J  I  J  X  IHCT  -T10 |S   1  » S   D E  » 

il   l'en   ttlil  n  itur-lli  iiii'til   qin    I 

meut' ni  l«-«  i  sn.  ni  .1.  - 

le  hautes  mom  ^n.  - 

NiisjMii.in. s ii.uis  r .kiix ispin 

I       .  Iiiii  il  .  ni  ni  |.    i  i  u,n  10411e    I  i  • 

lend  depuis  i,  n  Imiiii.n  ,i,    i 
I  ililude  leplenli  ion  île,  •  i  au  il  i  • 

venta  dominants,  -»n r  :  mi  i  m 

l'ouesl  i  i  du  nord-oui       1 1  (Ilfiii  fi 

ilu  n  n.  i  |  .  nd  m!  Ii  i  l.i\.  i      l.i  pluie  Ion 

celle   wison,   cl  jainaif   pai  U    veul  du  sud.   \u  printemps,  qui 
commeno  .i  la  Un  d'août,   n.    lèvent  le»  bris*»*  itu  nord 
ni.iiIII. m  journelli  menl   i\>  <  um  dix  h< 

du  ii  ii  1 1  ■  i  .m  .  oui  l"  '  du  n,.;,  ,i_ 

<  1 1 1 1 1 1  •  -  ri  mti'iih      Durant  loul  le  leinp»  q  fl«  m. 

<  .  -i- .i-.l.i.    jusqu  in   ili-   iiuvi  Nplièn*   acuil'l'- 
remplie  d'une  fun                    qui  O  '■  \*   jiim|u'.hi\  n 

ipp  in il  dut 

■lu  >l<  n.ti  K  .  n,  ,  \, 

llNSUN      ,||l|l.     f   III.     .llll.     N      .|        |,  ''  lll     .l|l|l  I.Jn       .|.     n 

hi.iiinn1,iin  ,|.     ,||.|,      ||n   m, iil  ni*  i|i.  luiN.nl   sur 

I     I       |M        ,||       l|||. 

m.  ni  n  .  i.  nd  i  apidemi  ni  un  loul  l<   <  orpi 

un.    I  m.  ueur  i'\lr< 

li  n  |„  i  n  nini  >  d'un Niiiuii..i,  n.  ut.  m 

i  i|.|.i...  ii.  «lu  \.ni  p|  qu'il  i  Ver»  la 

lin  de  la  n.,in..ii  .lu  \.  ni,  on  i 

u.  i  I  i  n  i   |i ii nu  ulet  liumidi  »  qui 

<  "iiin m  .i 

luraRca  verdi  >)  mi«  qu  n   lea   i 

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pluie .  qui   u  •  il   i 

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DANS    LE    .SUD    DK    L  AFRIQUE.  213 

bitement  d'une  course  excessivement  rapide  pour  retourner  en 
ligne  droite  aux  lieux  qu'ils  regrettaient. 

Quelques  années  avant  mon  séjour  dans  le  pays  des  Nama- 
quois ,  Africaner  perdit  de  cette  manière  la  plus  grande  partie  de 
son  bétail.  In  jour,  vers  le  soir,  un  vent  violent  se  leva  du  côté 
du  nord  :  ce  vent  sentait  l'herbe  verte,  comme  disent  les  indigè- 
nes. Le  bétail ,  qui  n'était  pas  renfermé  dans  des  enclos,  prit  la 
fuite,  après  la  tombée  de  la  nuit.  On  crut  d'abord  qu'il  s'était 
rendu  dans  les  pâturages  communaux,  suivant  son  habitude; 
mais  on  s'aperçut  bientôt  que  plusieurs  milliers  de  bestiaux 
avaient  pris  leur  course  vers  le  nord.  On  parvint  à  en  recouvrer 
un  petit  nombre;  mais  la  plupart  échappèrent  en  se  dispersant 
dans  la  contrée  desDamaras,  après  avoir  été  poursuivis  pendant 
plus  de  cent  lieues.  Le  même  instinct  dirige,  dans  leurs  migra- 
lions,  l'antilope  et  «  l'âne  sauvage,  accoutumé  au  désert,  qui 
hume  le  vent  à  son  plaisir,  »  suivant  l'expression  du  Prophète. 
Ces  vents,  qui  produisent  des  effets  remarquables,  arrivent  des 
contrées  inlertropicales,  lorsqu'il  y  est  tombé  de  la  pluie  :  l'air 
froid  qui  est  produit  par  l'humidité  se  précipite  vers  les  plaines 
du  sud,  par  suite  de  la  raréfaction  de  l'air  due  à  l'approche  du 
soleil  du  tropique  du  Capricorne.  Plus  ces  vents  sont  impétueux  , 
plus  il  y  a  de  probabilité  qu'on  aura  de  la  pluie.  Ils  sont  suivis  de 
violents  orages  qui  marchent  dans  une  direction  opposée.  Ces 
orages  sont  précédés  d'un  calme  absolu,  d'un  silence  de  mort  : 
tout  à  coup  la  tourmente  éclate  avec  une  violence  effrayante  ,  ei 
les  nuages  épanchent  par  torrents  leurs  trésors  liquides.  En  pa- 
ri il  cas,  il  y  a  presque  toujours  deux  couches  de  nuages  super- 
posés, et  qui  marchent  dans  des  directions  contraires  avec  une 
extrême  rapidité.  La  couche  supérieure  se  compose  de  masses 
énormes  semblables  à  des  montagnes,  et  dont  les  bords  sont  net- 
tement accusés-,  l'autre  est  formée  par  des  vapeurs  moins  agglo- 
mérées, plus  transparentes,  et  d'une  forme  moins  déterminée. 
Cette  marche  des  nuages  est  accompagnée  de  coups  de  tonnerre 
d'une  violence  à  faire  trembler  la  terre.  On  remarque  trois  gen- 
res d'éclairs  :  le  premier  a  lieu  d'un  nuage  à  un  autre  nuage  :  ce- 
lui— là  <•>(  ordinairement  suis  pluie.  Le  plus  redoutable  de  tons 
l'éclair  fourchu  ,  qui  s'élance  du  nuageà  la  terre.  Le  plus  fré- 
quent est  celui  que  nous  appelons  l'éclair  en  forme  de  chaîne  : 
cei  éclair  parait  s'élancer  de  terre  en  affectant  diverses  formes, 


_'l    I  \  IN-      Il  J.ll  « 

ile|Miia  la    i  ni»-  j 

•  |  •  ■  •  l<|iit|ni>   il   rr<«N«'iiil)|i-  .«  un  j>l  «I  •  m      il  <lwr>    |.ln>i. 

.  i  on  l«  voit  diMmctciDcal   M  divtv  <   m 

.  Ii.iiin-  Itn  v       ■    ni  <mi  |. -m  .  • . m | ■(.  r  |.Iun    I.    vil  . 

I -ir  minute     •  lin     ,  m  mm  rmilriin-ni»  un 

l'ini.  m  »n|.  inlru  *ati 

voit  I j.nllir  du  milieu  il  uimb  iu»m   éptine 

i  nouiff  .m-  «lui»  !«•  i  ni  I»  i  u     «  ..uiiii 

il  un   iiIt.    il>  |  ■  t        i'  »  orage* ,  la  p 

m  pal  lom  du  .'!<  ohm  i  u  ii  terre  a*.  .  iirèm 

pidili         .    i  la  iihmiiIIi  r  a  \>\u  mtondgnr . 

i  :   >..ii\.  nt    il-  »  ■  fli  i-  ili  Mrin  Hj'iU  •• 

vui'iii   pi-    i  l'  ,•  |»ni»  auaai  meurtrier*  qi.  i 

.1  ni>   i|.->  •  •.mu  .-n  plaMj  BMJMftM  ...  -     |  U  bttDMM  .    ,|ui  ..ni    |.     n,.,|- 
h.  ni  u  Ii.  i    un    .i  l*f  «    -  ••:-    I'  -    .il  !•!•  >     \     lli-u\.  ni   ,.,  .lin.. 

ni'  1 1 1  1 1  u... n  .  el  quand  u  <  uv  <|m   I  li.i- 

|.ii.  m  j..  i  i^s.  m   |.r,  s«nir  i< m, (. .  n  >    i 

l.i  I  .u  lu  ,  .  i    j  .u  mi  j.i-i'  ;  liante  u  u  I     I-    I"  ir    -I  un 

«.  ni  i  S  >in !!•••>  Iiiu*«..nl  p   ' 

<I<>uUjMm  il«  -i  II  1   MMBI  iju  ib 

-.     .1.       I   I    [>|  ..   II.    Ml  . 

nul  Min-  grande  terreur  (wirini  la  -m   |.m  i 

auliloMN  inniii.  r|Mr,lnN .  devant  I  'ejrMN .  •  i  jjmu  .lu*  Béri 
u  m  M  mi.  iu.   .m  r.niti   I.  I<  nil.  mi.iim  matin  .l'un  «la  es» 
|M.ur  ulli  i  |H'iii>  <|n.  I.i  It.i.  .u  i  ni  in.  tu.-  baa; 

ni     lut    |«mii    m..,  un    Imiiiimi  m\   r.iiiiiiiruliii' 

•  '  »  p.iridea  «lu  |ivilim  i       1  lernel  i  ni  lannn.i  I.  -  l-i- 
.  I..     .  I  -    \\l\ 

Il  i*i  mm  pMvi.Mii'  pi  «lil.    i|iii    rs\   |>ri»(>ri    j  <  •  »    I  ililii- 

\  |».iri.  i  il.  i.s  ni'liajèaea -M'i 

ira  .lu  rv  vin»  mi  '         J  u    louvenl   •<<   «ccattoe 

IMI    Min 

•  1 1 •  il  fe'y  avait  paa  tx  .  nu  aeul 

.  .i    plus  i|i    >  m  n»ii.1< 

•  .  ««i  toujours  *!•«'  i  qu< 

du  j'Mi  .  quaml   il   I 
point  Aa  renl    i  i  iploeiou  n  ml  I 

•  %».is  ,|.    I  I,    ItmiI    Ml    i-  "    t  •  t  « .    «  «   l  ""    •• 

me  car*  •  '   «I  >      m     II  \  a  auMM  <|uoMju*'"  -     éfJM  l'ai 


DANS   LE  SUD  DK    L'AFRIQUE.  215 

spère,  des  explosions  météoriques  qui  frappent  de  terreur  les 
païens;  elles  ont  lieu  ordinairement  après  des  jours  secs  et  brû- 
lants. Cependant,  je  n'ai  jamais  vu  de  Mochuana  qui  eût  entendu 
parler  de  la  chute  d'un  aérolithe.  Les  indigènes  ne  paraissent 
avoir  aucune  idée  des  causes  qui  produisent  les  phénomènes  cé- 
lestes, tels  que  les  éclipses.  Suivant  une  croyance  généralement 
répandue,  une  éclipse  de  lune  annonce  la  mort  d'un  grand  chef. 
La  position  de  certaines  étoiles,  dans  le  ciel,  leur  l'ait  connaître 
l'époque  de  l'année  où  ilsdoivent  commencer  à  travailler  la  terre. 
Cette  époque,  qu'ils  appellent  likhakoloijo  (tours  ou  révolutions), 
répond  à  notre  printemps.  Ils  nomment  la  constellation  des 
pléiades,  selemela,  mot  qu'on  pourrait  traduire  par  cultivateur 
ou  précurseur  de  l'agriculture,  parce  que,  lorsque  cette  constel- 
lation occupe  une  certaine  place  dans  le  ciel ,  c'est,  pour  eux,  le 
signal  de  commencer  à  cultiver  leurs  champs1.  Us  s'imaginent 
que  le  tonnerre  est  produit  par  un  oiseau  qu'on  voit  planer  à  une 
grande  hauteur  pendant  l'orage,  et  qui  leur  semble  faire  son  nid 
au  milieu  des  éclairs.  Je  n'ai  jamais  eu  l'occasion  d'examiner  cet 
oiseau  ,  que  je  crois  être  de  la  famille  des  vautours. 

Pour  en  revenir  à  la  mission  qui  avait  beaucoup  souffert  pen- 
dant le  séjour  du  faiseur  de  pluie,  nous  éprouvions  une  vive  gra- 
titude envers  Dieu  de  ce  quenotte  culte  n'avait  jamais  été  inter- 
dit par  une  ordonnance  publique  ;  aussi  avions-nous  toujours  du 
moins  quelques  auditeurs.  L'immense  majorité  des  indigènes 
n'avaient  jamais  mis  le  pied  dans  notre  chapelle,  les  uns  par 
obéissance  aux  menaces  de  leurs  supérieurs,  les  autres  par  suite 
d'une  crainte  superstitieuse.  A  l'époque  où  la  chapelle  fut  con.s- 
truite,  nous  avions  lixé  sur  la  muraille  une  horloge  hollandaise 
en  bois,  dans  le  but  de  régler  les  heures  du  cuite  divin.  Au-dessus 
du  cadran  se  trouvait  une  petite  boite  renfermant  deux  soldats 
lilliputiens  qui  se  montraient  en  costume  de  parade  au  moment 
ou  l'heure  sonnait.  Conrad  Buys  et  quelques  antres  avaient  per- 
suadé à  plusieurs  des  chefs  que  les  missionnaires  étaient  des  émis- 
saires du  gouvernement,  qui  ne  tarderait  pas  à  venir  sur  leurs 
traces  pour  enrôler  les  Béchuanas  comme  soldats,  imbus  de  cette 


1  <'<-t  usage,  qui  se  retrouve  chez  ]«r«-~<jii<-  toutes  les  nations  conQuefl  de  l'in- 
ti  rieur  de  l'Afriqi  de  commentai)  e  a  ce  ; 

Pourrais-tu  retenir  les  douces  influent  pléiades  prin- 

temps) '  Job  \.\\\  III,  81. 


Mil      VINGT-TROIS  AU!  OE  Kl  o<  I.B  BUD  OC  l'aMIQUI 

,  il*  ini  \iU'>  iii.ur.  •»  il.  rin.rli  iili>, 

.1  l.-  h.  h  .lu  culte  devint  ..  leuri  yeui  un  tmtht  en  kh<>lej<>.  •  m 
m  h-. m  de  l<       v  u>  fuiii'-*  >.l'l  la  I.  il- 

ii  aile  les  t.  pi  de  leui  r  un  morceau  <lu 

corjtt  j,  \  util  i.    |.  *  imlui  ii.  -   t.  ml 

qu'un  peu  d«    bo  M 

nombre  d'en  in    ■  ■>■    persistèrent  dans  leur  d6Éi  Un  fn 

pleinement  p    »u  idi  -  de  I  ■  folie  qu'il  \   n  m  i  >  imaginer  qu 

|m  hts  /■••  i-s  -<  nl|ii.-.N  .  M.ii.lrii.m  un  j..iir  l»->   prrndn 

..h  k  le  sanctuaire,   il»   n'.  n   <  •  •  1 1 1 1 1 1 1 1  •  -  r  i  - 1  ■  l  |  »a  >  i M  à 

MMJpronnei  le»  missionnaires  d'<  nduils  pardea  moiif>  ini<- 

|    .     NV.-N 


CHAPITRE   XXI. 


Premières  nouvelles  des  Mantatis.  —  L'auteur  fait  un  voyage  dans  L'intérieur. 

—  Chasse  d'un  antilope  par  des  chiens  sauvages. —  Approche  des  .Mantatis. 

—  L'auteur  revient  sur  ses  pas.  — Il  se  rend  à  Griqua-Town.  —  Assemblée 
publique  des  Béchuanas.  —  Physionomie  des  orateurs.  —  Discours  du  roi. 


Depuis  plus  d'uue  année,  il  nous  arrivait  de  temps  à  autre  des 
bruits  étranges  et  absurdes.  On  prétendait  qu'une  femme  puis- 
sante, du  nom  de  Mantatee,  s'avançait  à  la  tête  d'une  armée  invin- 
cible, aussi  nombreuse  que  les  sauterelles,  portant  de  tous  côtés 
la  désolation  et  la  mort;  qu'elle  nourrissait  eelte  armée  de  son 
propre  lait,  et  la  faisait  précéder  de  frelons  qui  la  secondaient 
dans  son  œuvre  de  destruction.  Supposant  que  ces  bruits  s<-  rap- 
portaient à  une  expédition  guerrière  de  Ghaka,  tyran  des  Zoulas, 
comme  ces  événements  se  passaient  à  une  distance  de  nous  trop 
grande  pour  (pie  notre  œuvre  pût  en  souffrir,  je  résolus  de  mettre 
à  exécution  un  projet  de  voyage  que  j'avais  formé  depuis  quel- 
ques mois.  11  s'agissait  d'une  visite'  à  Makaba,  chef  de  la  tribu 
puissante  des  Bavangketsis,  située  à  plus  de  soixante  ligues  au 
nord-est  de  Lattakou.  Plusieurs  motifs  m'engageaient  à  faire 
cette  démarche.  Les  Batlapis  et  les  tribus  voisines  vivaient  dans 
une  crainte  continuelle  de  cet  ennemi  redoutable,  el  ne  parlaient 
des  Bavangketsis  qu'avec  les  expressions  de  la  baine  la  plus 
amôre.  Il  était  à  désirer  qu'on  pût  établit  entre  les  deux  nations 


5Î1H  vis 

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DANS    LK    SUD    DE    l'aFJUQUE.  219 

dan t  quatre  jours  dans  une  contrée  aride  et  déserte,  sans  autre 
rencontre  que  celle  de  quelques  Balalas,  nous  arrivâmes  à  une 
belle  vallée  nommée  Mosite,  où  se  trouvaient  plusieurs  étangs 
et  du  gibier  en  abondance,  principalement  des  rhinocéros.  >ous 
tuâmes  à  coups  de  fusil  un  de  ces  animaux  gigantesques,  et  nous 
limes  une  halte  d'un  jour  pour  en  préparer  la  viande  en  la  cou- 
pant par  tranches  et  la  suspendant  au  soleil  pour  la  l'aire  sécher. 
i\ous  en  tuâmes  encore  deux  sur  la  prière  instante  des  pauvres 
Balalas,  qui  réussissent  bien  rarement  à  se  procurer  de  pareil 
gibier,  et  seulement  en  le  faisant  tomber  dans  un  piège. 

Pendant  notre  séjour  dans  cet  endroit,  nous  fûmes  témoins 
d'un  incident  curieux  qui  vient  à  l'appui  de  cet  ancien  adage: 
«  qu'une  moitié  du  monde  ne  sait  pas  comment  vit  l'autre  moi- 
tié. »  11  était  environ  midi,  lorsque  nous  vimes  un  magnifique 
antilope  l  passer  à  côté  du  wagon  avec  la  rapidité  d'une  flèche  et 
descendre  dans  la  vallée.  «  Ce  sont  les  chiens  sauvages,  »  s'écria 
aussitôt  l'un  des  indigènes;  et  bientôt  nous  vimes  paraître  en 
effet  toute  la  bande  de  ces  chiens  à  la  suite  de  leur  chef  qui  pour- 
suivait l'antilope.  >ous  primes  nos  fusils  pour  les  attaquer 
comme  des  bètes  féroces.  Les  pauvres  Balalas,  qui  étaient  assis 
autour  de  leurs  marmites,  se  levèrent  précipitamment ,  et  ac- 
coururent vers  nous,  nous  priant  instamment  de  ne  pas  tuer  les 
chiens  sauvages,  attendu  qu'ils  étaient  leurs  pourvoyeurs.  En 
conséquence,  nous  déposâmes  nos  fusils  et  nous  suivîmes  du  re- 
gard le  khama,  qui  ne  tarda  pas  à  être  atteint  et  saisi  par  la  jambe 
de  derrière.  11  se  retourna  pour  se  défendre,  puis  reprit  sa  course 
jusqu'à  ce  qu'il  fût  atteint  une  seconde  fois  par  le  ehien  sauvage. 
Comme  nous  avions  retardé  la  course  de  la  bande,  qui  se  com- 
posait d'une  trentaine  de  chiens,  celui  qui  avait  le  premier  at- 
taqué le  khama  regarda  derrière  lui  en  poussant  un  hurlement 
plaintif  pour  appeler  ses  compagnons  à  son  secours.  Bientôt 
tous  ensemble  tombèrent  sur  la  pauvre  bêle,  qu'ils  terrassèrent 
à  l'instant.  In  de  nos  gens  courut  aussitôt  veT8  le  lieu  du  coui- 


1  Cet  animal  était  le  khama  des  Béchuanas,  la  plus  agile  et  la  plus  bel 
toutes  les  espi  oes  d'antilopes.  Le  mile  a  eni  iron  sept  pieds  de  long  et  cinq  'le 
haut;  il  porte  de   longues  cornes  recoure  es   tri  i-rapprochéea  à  la  ba  e    la 
femelle  est  plus  petite.  La  chair  «si  bonne  ■>  manger  et  ressemble  beaucoup 
au  bœuf.  Il  y  a,  dan-,  l'intérieur  de  l'Afrique .  des  troupeau  immensi 
animaux. 


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DANS    LE    SUD    DE    L*  AFRIQUE.  221 

que  la  retraite  nous  fût  coupée,  nous  retournâmes  le  plusprom- 
ptement  possible  à  Nokaneng,  et  de  là  à  la  station.  L'alarme  se 
répandit  rapidement,  et  l'on  tint  une  assemblée  publique  dans 
laquelle  je  racontai  en  détail  tout  ce  que  j'avais  appris  touchant 
les  Mantatis  :  qu'ils  étaient  effectivement  une  armée,  nombreuse 
et  puissante,  qu'ils  avaient  détruit  beaucoup  de  villes  de  la  tribu 
des  Bakones,  massacré  une  multitude  d'hommes  et  de  femmes, 
réduit  en  cendres  Kurrechane  ,  mis  en  fuite  les  Barolongs,  et, 
pour  combler  la  mesure,  qu'on  les  disait  cannibales.  Ces  nou- 
vlles  alarmantes  répandirent  la  tristesse  sur  toutes  les  physiono- 
mies; et,  quand  j'eus  fini  de  parler,  il  se  lit  pendant  plusieurs 
minutes  un  profond  silence  Enfin  Mothibi  répondit,  au  nom  de 
l'assemblée,  qu'il  me  savait  beaucoup  de  gré  d'avoir  été  tlogo  e 
thata  (tête  dure),  et  d'avoir  effectué  mon  voyage,  attendu  que 
par  là  je  leur  avais  découvert  le  danger  qu'ils  couraient. 

Dès  lors  tous  me  comblèrent  de  bénédictions  de  ce  que  j'en 
avais  agi  à  ma  tête.  Ils  me  demandèrent  conseil;  mais  je  n'en 
avais  d'autre  à  leur  donner  que  celui  de  se  réfugier  dans  la  co- 
lonie, ou  d'appeler  les  Griquois  à  leur  secours.  Comme  les  Bé- 
ehuanas  étaient  absolument  incapables  de  résister  à  un  ennemi 
tel  que  les  Mantatis,  je  leur  proposai  d'aller  moi-même,  sans 
perdre  de  temps,  à  Griqua-Town,  et  d'y  demander  du  secours  et 
des  wagons  pour  quitter  la  station  et  mettre  à  l'abri  ce  que  nous 
pourrions  transporter  de  nos  biens.  Quelques-uns  émirent  l'avis 
de  fuir  au  désert  de  Kalagare;  mais  je  combattis  fortement  cette 
idée,  craignant  qu'un  grand  nombre  d'entre  eux  n'expirassent 
de  besoin.  Je  partis  aussitôt  avec  mon  wagon  pour  Griqua-Town, 
où  j'eus  le  plaisir  de  rencontrer,  chez  H.  Helvill,  M.  George 
Thompson,  de  la  ville  du  Cap,  qui  était  en  tournée,  et  qui  se 
rendait  à  Lattakou. 

Dès  qu'on  sut  le  but  de  ma  mission,  le  chel  Waterboer  partit 
achevai  pour  Campbell,  afin  <!<■  conférer  avec  la  population  de 
cette  ville;  on  fut  d'avis  que,  si  l'on  voulait  opposeï  quelque  ré- 
sistance à  l'ennemi,  il  (allait  le  faire  à  distance,  et  ne  pas  atten- 
dre qu'il  eûl  envahi  la  contrée.  Il-  promirent  de  se  transporter 
sans  retard  au  Kuruman  avec  une  fon  e  armée,  en  attendant  les 
délibérations  ultérieures.  le  repartis  le  lendemain  matin,  accom- 
pagné de  M.  Tl pson;  on   m'attendait  avec  la  plus  grand* 

anxiété,  bien  qu'on  n'eûl  rien  appris  de  nouveau  touchant  IVn- 


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1.1  juin  18*2:1    \  -  «lu  matin,  loul  le  ri>rps  de*  honi- 

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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  223 

On  avait  ménagé  au  centre  un  espace  assez  considérable,  dans 
lequel  les  guerriers  privilégies,  ceux  qui  avaient  tué  un  ennemi  à 
la  guerre,  se  livraient  au  chant  et  à  la  danse;  l'imagination  la 
plus  fantastique  parviendrait  difficilement  à  se  représenter  la 
violence  et  la  variété  de  leurs  mouvements,  qui  arrachaient  aux 
spectateurs  des  applaudissements  frénétiques.  Quand  ils  ont  re- 
pris leurs  places,  l'orateur  se  lève,  et  d'abord  commande  le  si- 
lence. «  Silence  ,  Batlapis  !  silence,  Barolongs  !  »  dit-il ,  en  s'a- 
dressant  successivement  à  chaque  iribu  ,  y  compris  les  blancs,  s'il 
s'en  trouve  dans  l'assemblée;  et,  chaque  fois,  on  lui  répond  par 
un  grognement.  Ensuite,  il  détarhe  de  son  bouclier  une  lance 
qu'il  darde  dans  la  direction  où  l'ennemi  doit  s'avancer;  il  accom- 
pagne ce  geste  d'une  imprécation  et  d'une  déclaration  de  guerre, 
et  jette  à  plusieurs  reprises  sa  lance  dans  cette  direction,  comme 
s'il  la  plongeait  dans  le  cœur  de  l'ennemi.  Ces  démonstrations 
sont  accueillies  avec  un  bruyant  sifflement  d'approbation.  Après 
quoi,  il  dirige  sa  lance  au  sud  et  au  sud-ouest,  vers  le  pays  des 
Buhsmen,  et  prononce  également  une  imprécation  contre  ces 
«  mangeurs  de  bœufs,  »  comme  les  appellent  les  Béchuanas. 
Quand  ce  fut  le  tour  du  roi  de  parler,  il  entra  ainsi  en  matière  : 
«  Fils  de  .Moléhabangue  '  !  les  Mantatis  sont  un  peuple  puissant 
et  victorieux;  ils  ont  triomphé  de  plusieurs  nations,  et  ils  appro- 
chent pour  nous  détruire.  Nous  avons  des  renseignements  exacts 
sur  leurs  mœurs,  leurs  actes  ,  leurs  armes  ,  et  leurs  intentions. 
Nous  ne  pouvons  pas,  seuls,  tenir  tête  aux  Mantatis;  il  s'agit  de 
délibérer  et  de  voir  comment  nous  pourrons  leur  résister;  les  cir- 
constances sont  graves.  Vous  avez  vu  à  quel  point  le  mission- 
11. lire  s'es!  intéresssé  à  votre  salut;  si  son  zèle  est  secondé  par  le 
nôtre ,  les  Mantatis  ne  pourronl  pas  avancer  plus  loin.  \  ons  voyez 
que  les  blancs  sont  nos  amis.  Vous  voyez  que  M.  Thompson,  un 


tant-  -,  comme  quelque  chose  de  sale  et  de  d  nt.  Pour  en  revenir  à  notre 

parlement,  remarquant  a  >  notre  arrivée  que  le  roi ,  qui  était  assis  au 

milieu  de  ses  guerriei  I  nu  vêtement  l«!anc  dont  non-,  ne  i  ouvions  pa 

distinguer  la  nature    mau  lorsqu'il  B'élança  dans   1  pour  faire  Bon  dis- 

reconnûmes :>  l'instant  que  le  vêtement  royal,  dans  lequel  il  se 
menl     n'était  antre  qu'âne  chemise  !  I»'""  venait-elle  et  que  de 
vint-elle  plus  tard ,  nousn  i  jamais  rien  su. 

i  i  ette  apo  tropbe,  qui  est  le  début  ordinaire  dea  discours  de  Mothibi, 
emblées  dece  genre,  '-si  un  bom  mémoire  de  son 

duquel  le  royaui  cru  en  prospérité  el  en  pu 


11  l  VMCT-TBOIfl    k»  01 

i|«s  |»|  nu  i|.  iu\  .1  I  :    v.  nu 

i  ,  il  h  .  ni  1. 1-  \t*iiii  •  in<  r     v,-s  in- 

tention! iooi  bonnei     il  n<   <  i  lim  i  .mr.  t  ml 

joui  mu    J'alli  nd>  m  ».  n.  - 

ral«  tu   1 iss,-  connaître,  j. 

p  trierai  de  mmv<  -         Moihibi  il. -r^  i 

m. m   ,!■    Mind  r>,  puis  il  l.i  «I  l  . 

l  '.!«>.  1 1 . 1  ,|.  (pluie)!  et  il  M  ri  i  imlnud'ui 

n.iI\.-  d'applaudis 

Dana  luit  .ut-    iju 

l  d'un  citant  d<  guen  rhani  •■  un.  •  n  j-iiiu.n  dea 

i<  s  dunl  i  I  irlé,  puis  on  ordonne 

<|.  nouvi  iu  un  prnfuiiil  .1  orateur,  Moshun 

pti  la  en  ces  u  N  lujourd'bui,  I  ni 

.un.  un  .pu  eai  I  ennemi  .1-  loua  les  j  Mofl  il  i\  u  appi    - 

rli.   .lu.  nnp  .1.  s  .un.  n  ■>«•»  à  sa  déni 

«  le  iird'lnii  n.  nu  n  (..us  I  •  s  qu'il  il 

u.  pouta  pat  écoutée,  i      ,      hum  !»•  rtir, i-  ei  lea  Gri« 

qunis.  t  présent,  que  devons-nous  fait       v  i  fayots,  il- 

il  teindront  ;  m  nous  combattons,  ils  nous  vaincront.  .1-  ri» 

•  uni.-  dea  lions,  il*  tuent  il,   al  m-  ItaMHM  faM  •: 

riére  eux.  •  Ici,  un  vieillard  ini  ipit  l'orateur,  en  un 

M.    .  ri.  r  plui  h  un  ,  |M.ur    qui  Bâte  ni 

K.ill.ip        •  MooIiiiiiii'  .   .  j 

u'.  t.  n  qui  iiuii.  »  <  n  pi.  -  n<  •   -t-    I  .  un.  un 

prendre  la  fuite  quand  il  '  il  i<  nu  forma 

/  nijoiir.riiui  .i  pr<  |  .i.i  ur> .  aojei  unia  <\xnmc 

un  peul  lu >uu  r«  rmea        I  I  > 

tribu  dea  \-  >  m 

I         I  i|.|»   .1    lit-  n. II.-  -      M  \ 

i\  ni  il  dil  i  il    fui  nu. n  >ui|  n  jeune  n 

i  i  >  pu 

i  venir  i<     din     lea 
Bail  ipis  ii  i  il  dil     lèi  M  in  muni 

liU   i.    M  I  n  .lis  .4 

ml  lu   vru\  que  nous    . Moulions 
.1  i  n-  ■  I  M  mpii 

Cnvon»,    i  r. Ii, >ns    |.>ni     hcotili  lirai      lltaqUOM 


DANS    LE    SUD    DE    l'aFRIQUE.  225 

l'ennemi  là  où  il  se  trouve;  si  nous  agissons  autrement,  nous 
laisserons  le  temps  de  fuir  aux  moins  courageux.  Mous  pouvons 
combattre,  fuir,  et  finir  par  être  vainqueurs;  mais  ce  résultat 
est  impossible  si  nous  attendons  que  l'ennemi  soit  près  de  notre 
ville.  »  Cette  harangue,  écoutée  par  lncba  avec  le  silence  de  la 
confusion  ,  fut  accueillie  avec  de  bruyants  applaudissements.  Un 
chef  avancé  en  âge  prit  ensuite  la  parole  en  ces  termes  :  «  Fils 
de  Moléhabangue !  vous  en  savez  maintenant  assez  pour  être 
convaincus  qu'il  est  de  votre  devoir  de  marcher  contre  les  Man- 
latis,  qui  n'ont  d'autre  but  que  de  voler  et  de  détruire.  Fils  de 
Moléhabangue!  vous  avez  agi  sagement  aujourd'hui ,  en  com- 
mençant par  délibérer,  pour  ensuite  marcher  au  combat  :  le  mis- 
sionnaire, semblable  au  soleil  levant  après  une  nuit  obscure,  a 
découvert  le  danger  que  nous  courions.  Nous  ne  devons  pas  agir 
comme  des  Béchuanas,  mais  comme  des  Makooas  (des  blancs). 
Ce  n'est  pas  ici  noire  pilsho,  mais  le  pitsho  du  missionnaire; 
c'est  pourquoi  nous  devons  agir  et  parler  comme  des  Ma  - 
kooas.  » 

Plusieurs  autres  orateurs  donnèrent  successivement  leur  avis  , 
insistant  surtout  sur  la  nécessité  d'être  unis  et  de  montrer  du 
courage  ;  après  quoi,  Mothibi  reprit  sa  place  au  centre  de  l'assem- 
blée, et  ayant  l'ail  les  contorsions  d'usage ,  ordonna  le  silence. 
Il  commença  par  relever  quelques  points  des  discours  précédents, 
puis  il  ajouta  :  «  H  esl  ('vident  que  ce  qu'il  \  a  de  mieux  à  faire 
est  de  marcher  contre  l'ennemi  pour  qu'il  n'approche  pas  davan- 
tage; que  nos  villes  ne  soient  pas  le  siège  de  la  guerre;  que  nos 
maisons  ne  soient  pas  drs  théâtres  de  meurtre  et  de  ruine.  Que 
plutôt  le  sang  de  l'ennemi  soil  répandu  par  nos  mains  loin  de  nos 
femmes  et  de  nos  enfants!  »  Se  tournant  vers  les  chefsâgés,  il 
leur  dit  :  Je  vous  entends,  mon  père  ;  je  vous  comprends  ,  mon 
père;  ces  paroles  sont  vraies,  elles  sont  bonnes  à  entendre;  il  esl 
bon  que  m  us  soyons  instruits  par  les  Viakoons;je  souhaite  du 
mal  à  ceux  qui  ne  voudroni  pas  obéir;  je  souhaite  qu'ils  soient 
mis  en  pièces.  »  S'adressa  ni  alors  aux  guerriers  :  «  Il  y  en  a  beau- 
coup parmi  vous  qui  ne  méritenl  pas  de  prendre  leur  nourriture 
dans  un  vase,  mais  bien  dans  un  pol  cassé;  songez  .1  ce  quia  été 
dit,  et  obéissez  sans  murmures.  Je  x.«>us  ordonne,  chefs  des  Balla- 
pis ,  des  Batlaros ,  des  Ba  ma  iris,  des  Barolongs  et  des  Bakotus, 
de  faire  connaître  .1  toutes  vos  tribus  Icsdélil  éra  lions  de  ce  jour; 

16 


22»>      \  i  n..  i    i  »n»  i  i  i  L*âN 

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CHAPITRE   XXII. 


Arrivée  des  (iriquois.  —  Départ  de  l'expédition.  —  Triste  spectacle.  —  Grand 
danger. —  Commencement  de  la  bataille. —  Mode  de  combattre  des  sauvages. 
—  Fuite  de  l'ennemi.  —  Les  femmes  et  les  enfants.  —  Description  des  Man- 
tatis.  —  Nouvelle  tentative  pour  sauver  les  femmes. —  Nuit  d'anxiété. — 
Nouvelles  alarmes.  —  Les  femmes  et  le  cheval  mort.  —  Cruauté  des  Bé- 
chuanas.  —  K'  llexions.  —  Mission  chez  les  Mantatis. 


Onze  jouis  s'écoulèrent  avant  que  les  secours  attendus  pussent 
arriver  de  Griqua-Town.  Dans  cet  intervalle,  la  sta lion  fut  en 
proie  à  une  vive  inquiétude;  nous  étions  occupés  à  empaqueter 
cl  à  enfouir  dans  la  terre  nos  effets  les  plus  pesants,  alin  de  n'en 
pas  être  embarrassés  si  la  Tuile  devenait  nécessaire.  Comme  le 
bruit  courait  qu'il  y  avait  des  blancs  parmi  l'armée  d'invasion, 
•  m  lui  d'avis  que  je  me  joignisse  a  l'expédition,  qui  consistait 
en  cent  cavaliers  environ  ;  on  espérait  que  je  pourrais  exercer 
quelque  influence  pour  faire  conclure  un  traité,  ayant  quelque 
connaissance  de  (a  langue  des  ennemis.  Nous  partîmes  le  jour 
suivant  9  accompagnés  de  M.  Uelvill,  agent  du  gouvernement  à 
Griqua-Town.  fVvanlde  partir,  nous  nous  réunîmes  en  assem- 
blée de  prières,  pour  implorer  le  secours  el  la  sagesse  d'en  haut, 
dont  nous  sentions  vivement  le  besoin  en  présent  e  de  l'horizon 
sombre  et  menaçant  qui  s'offrait  à  nous.  Nous  fîmes  balte  au  bord 
delà  rivière  Uatlaurin;  delà,  Waterboer  le  chef  griquois,  quel- 
ques autres  hommes  et  moi,  nous  nous  avançâmes,  .1  cheval,  à 
la  rencontre  de  l'ennemi ,  qui  était  campé  près  de  Lattakou  ,  du 


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DANS    LE    SUD    DE    L  AFRIQUE.  2â9 

petite  dislance  du  camp,  nous  mettrions  pied  à  terre  et  nous 
irions,  sans  armes,  inviter  deux  ou  trois  des  ennemis  à  venir 
s'aboucher  avec  nous.  Mais  ce  projet  fut  complètement  renversé 
par  l'événement.  Nous  n'étions  plus  cpi'à  une  centaine  de  toises 
du  but,  et  nous  allions  descendre  de  cheval ,  quand  les  sauvages 
poussèrent  un  cri  perçant  ;  à  peine  avais-je  eu  le  temps  de  crier  : 
«  Prenez  garde;  ils  se  préparent  à  nous  attaquer!  »  que  plusieurs 
centaines  d'hommes  armés  se  précipitent  avec  fureur  de  notre 
côté  en  lançant  leurs  piques  contre  nous;  à  grand'peine  pûmes- 
nous  faire  volte-face  avec  nos  chevaux  eflrayés  et  nous  enfuir  au 
galop.  Quand  nous  fûmes  hors  de  leurs  atteintes,  nous  nous  ar- 
rêlâmes,  ne  comprenant  rien  à  leur  fureur  sauvage.  Comme  il 
paraissait  impossible  de  les  amener  à  une  entrevue,  nous  nous 
retirâmes  sur  une  hauteur  qui  se  trouvait  à  quelque  distance, 
toujours  en  vue  de  l'ennemi.  Nous  y  restâmes  toute  la  journée, 
et  nous  pourvûmes  à  nos  besoins  en  tuant  deux  khoris  ou  paons 
sauvages  que  nous  fîmes  rôtir,  et  que  nous  trouvâmes  excellents. 
Nous  envoyâmes,  au  péril  de  notre  vie,  les  chevaux  à  l'étang, 
dans  le  but  d'inspirer  de  la  confiance  aux  Mantatis,  et  d'engager 
quelqu'un  d'entre  eux  à  venir  à  nous;  mais  personne  n'appro- 
cha. Au  coucher  du  soleil,  je  quittai  Waterboer  et  les  éclai- 
reurs,  et  je  revins  sur  mes  pas  pour  conférer  avec  M.  Melvill  et 
les  autres  chefs  griquois  ,  sur  les  moyens  de  décider  l'ennemi  à 
traiter  delà  paix,  et  d'empêcher,  si  possible,  les  conséquences 
terribles  d'une  bataille.  Les  Griquois  étaient  venus  sous  la  con- 
d  ni  te  de  leurs  chefs  respectifs,  Adam  Kok,  Bérend-Bérend ,  An- 
dré Waterboer  et  Cornélius  Kok;  mais  on  convint ,  d'une  voix 
unanime,  de  donner  le  commandement  à  Waterboer.  Cornélius 
insista  généreusement  pour  que  je  prisse  son  meilleur  cheval  , 
assurant  que  ma  \  if  était  bien  plus  précieuse  que  la  sienne.  Sans 
cette  circonstance,  qui  mita  ma  disposition  un  des  chevaux  les 
plus  vigoureux  de  l'expédition,  je  n'aurais  pu  faire  ce  que  je  fis , 
et  j'aurais,  selon  toute  probabilité,  perdu  la  vie. 

Après  avoir  passé  la  nuit  presque  sans  dormir,  à  cause  de  la 
rigueur  du  froid,  nous  fûmes  tous  sur  pied  le  lendemain  matin 
avant  l'aurore.  Nos  tentatives  de  la  veille  pour  nouer  des  rela- 
tions amicales  ayanl  complètement  échoué,  nous  jugeâmes  ;i 
propos  de  marcher  en  masse  contre  les  ennemis ,  espérant  les 
intimider  pai  l'aspeci  imposant   d'une  centaine  de  cavaliers,  ■  •! 


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DANS   LE  SUD  DK    l'aFRIQUE.  231 

traite  du  côté  du  nord.  A  en  juger  par  l'espace  de  terrain  qu'ils 
couvraient,  leur  nombre  devait  s'élever  à  plus  de  quarante  mille 
hommes.  Les  Griquois  les  poursuivirent  pendant  plus  de  deux 
lieues  ;  malgré  leur  succès,  ils  semblaient  frappés  de  terreur  par 
les  ennemis  qu'ils  avaient  vaincus.  À  peine  avaient-ils  quitté  le 
champ  de  bataille,  que  les  Béchuanas,  comme  des  loups  affa- 
més, vinrent  se  livrer  au  pillage,  achever  les  blessés  et  percer 
de  leurs  lances  les  femmes  et  les  enfants.  Sur  la  demande  de 
M.  Melvill  et  des  chefs  griquois,  je  n'avais  pas  quitté  le  corps 
d'armée  pendant  le  combat,  bien  que  je  n'eusse  pas  voulu  tirer 
un  coup  de  fusil.  Quand  je  vis  la  férocité  sauvage  de  ces  Béchua- 
nas, qui  massacraient  des  enfants  et  des  femmes  sans  défense 
pour  leur  arracher  quelques  misérables  ornements,  ou  seule- 
ment pour  pouvoir  se  vanter  d'avoir  tué  des  Mantatis,  je  pris 
sous  ma  protection  ces  malheureuses  créatures,  qui  essayaient 
de  fuir  dans  toutes  les  directions.  Courant  à  cheval  çà  et  là  au 
milieu  de  la  mêlée,  je  parvins  à  détourner  un  grand  nombre  de 
Béchuanas  de  leur  entreprise  barbare.  C'était  un  spectacle  dé- 
chirant de  voir  des  mères  et  des  enfans  baignés  dans  leur  sang,  et 
souvent  un  enfant  vivant  encore  entre  les  bras  d'une  mère  qui 
ne  l'était  plus.  Tous  les  âges  et  tous  les  sexes  étaient  confondus 
pêle-mêle  sur  le  sol.  Dès  que  les  Béchuanas  eurent  commencé  à 
se  retirer,  les  femmes,  voyant  qu'on  usait  de  compassion  envois 
elles,  au  lieu  de  fuir,  se  mirent  à  genoux  en  découvrant  leur 
sein  et  s'écriant  :  «  Je  suis  une  femme,  je  suis  une  femme  !  » 
Quant  aux  hommes,  il  semblait  qu'il  leur  fût  impossible  de  se 
rendre.  Je  vis  plusieurs  fois  des  hommes  blessés  attaqués  isolé- 
ment par  une  cinquantaine  de  Béchuanas,  et  jamais  ils  ne  se 
I. lissaient  prendre  que  lorsqu'ils  étaient  au  moment  d'expirer'. 
J'en  vis  plusieurs  qui  continuaient  à  combattre  de  pied  ferme, 
le  corps  percé  de  dix  à  douze  traits.  On  entendail  distinctement 
1rs  cris  des  enfants  abandonnes  par  leurs  mères  mourantes  ;  niais 

un  grand  nombre  de  femmes  paraissaient  insensibles  a  l'affreuse 

situation  OÙ  «Iles  se  trouvaient.  Dans  nies  efforts  pour  les  assis- 
ter, je  fus  plus  d'une  fois  sur  le  point  d'être  atteint  par  les  lances 
et  les  haches  d'armes  des  blessés.  Ces  hOmmeS,  qui  se  débal- 
laient contre  la  mon,  se  soulevaient  péniblement  pour  s'efforcer 
d'atteindre  de  leurs  armes  ions  ceux  de  nus  gens  qui  se  trou- 
vaient à  leur  portée  :  leur  implacable  esprit  de  vengeance  ne  les 


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DANS    LK    SUD    DE    L*AFRIQUE.  233 

la  station  ;  M.  Melvill  y  arriva  deux  jours  après  avec  les  prison- 
niers, auxquels  il  avait  prodigué  les  soins  les  plus  bienveillants. 
Nous  n'étions  pas  encore  à  l'abri  de  toute  crainte  au  sujet  de  nos 
ennemis.  Le  bruit  courait  qu'après  la  bataille  et  dans  leur  re- 
traite, les  Mantatis  avaient  pillé  trois  autres  villes,  et  qu'ils  se 
proposaient  encore  de  marcher  sur  le  Kuruman  pour  réparer 
leurs  pertes,  espérant  qu'après  le  départ  des  chevaux  et  des  fu- 
sils, ils  auraient  bon  marché  des  Béchuanas. 

A  l'arrivée  de  ces  nouvelles,  je  me  hâtai  d'envoyer  une  lettre 
à  Waterboer,  pour  lui  faire  sentir  la  nécessité  de  réunir  de  nou- 
veau ses  forces.  Nous  passâmes  la  nuit  dans  l'anxiété  la  plus  pé- 
nible, ignorant  si  l'ennemi  ne  se  trouvait  pas  dans  le  voisinage. 
La  ville,  plongée  dans  une  obscurité  profonde,  était  en  proie  à 
une  terreur  morne  et  sombre,  que  venaient  augmenter  de  temps  à 
autre  de  faux  bruits  annonçant  l'arrivée  des  Mantatis.  Le  jour 
naissant  vint  enfin  dissiper  nos  craintes. 

Comme  nous  ne  savions  pas  quand  les  Griquois  pourraient  re- 
venir, nous  jugeâmes  à  propos  d'envoyer  nos  femmes  et  nos  en- 
fants avec  deux  wagons  à  Griqua-Town,  pour  y  demeurer  jusqu'à 
ce  que  nous  eussions  retrouvé  un  peu  plus  de  calme;  ils  parti- 
rent en  effet  le  lendemain.  Le  soir  du  même  jour,  nous  vîmes 
revenir  MM.  llamillon  et  Melvill;  ils  étaient  allés  avec  un  wa- 
gon à  la  recherche  des  femmes  et  des  enfants  qui  auraient  pu 
survivre  au  désastre.  Ils  avaient  couru  de  grands  dangers,  et 
avaient  souvent  été  obligés  de  rétrograder  pour  exiler  la  ren- 
contre d'hommes  armés;  ces  malheureux  étaienl  dans  un  tel 
état  de  détresse,  que  nos  frères  en  virent  plusieurs  qui  se  nour- 
rissaient, à  la  lettre,  des  cadavres  de  leurs  compagnons.  Ils 
elaient  parvenus  cependant  à  réunir  une  trentaine  <le  femmes 
et  d'enfants  qu'ils  amenaient  au  Kuruman.  J'étais  eneore  à 
écouter  leur  récit,  lorsqu'arriva  une  lettre  de  Waterboer,  qui 
nous  annonçait  qu'il  lui  était  impossible  de  venir  à  notre  se- 
cours, ayant  appris  que  l'immense  corps  d'armée  des  Mantatis 
descendait  sur  Griqua-Town  le  long  de  la  rivière  Jaune,  ce  qui 
l'obligeait  à  se  rendre  dans  cette  ville  pour  la  défendre;  il  nous 
engageait  à  nous  y  réfugier  nous-mêmes  sans  perdre  de  temps , 
comme  dans  le  Beul  asile  où  nous  serions  en  sûreté. 

Quand  nous  Urnes  pan  aux  indigènes  de  notre  intention  à  cet 
égard,  ils  en  furent  profondément  affectés,  et  Mothibi  vint  avec 


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DANS    LK    SUD    DE    L*AFRIQtJE.  235 

mier  pillard  qui  se  présenterait  ;  mais  nous  étions  tranquilles  à 
cet  égard,  bien  assurés  qu'il  n'en  ferait  rien. 

Dans  le  récit  qui  précède,  j'ai  passé  rapidement  sur  les  scènes 
diverses  qui  se  rattachent  au  sombre  tableau  de  celte  journée. 
J'aurais  pu  facilement  entrer  à  cet  égard  dans  de  tristes  détails, 
mais  j'ai  reculé  d'horreur  devant  la  peinture  de  la  férocité  sau- 
vage dont  j'ai  été  témoin  chez  les  Mnntatis.  Les  Ballapis  et  d'au- 
tres tribus  ne  montrèrent  pas  moins  de  cruauté  et  d'esprit  de 
vengeance,  bien  qu'ils  fussent,  comparativement  à  l'armée  d'in- 
vasion, les  plus  insignes  poltrons.  On  les  voyait  achever  leur 
ennemi  blessé  à  coups  de  pierre  ou  de  massue,  en  poussant  des 
cris  de  joie  et  de  vengeance.  Les  malheureuses  femmes  n'obte- 
naient aucun  quartier,  surtout  si  elles  possédaient  quelques  or- 
nements qui  pussent  tenter  la  cupidité.  II  suffisait  que  le  vain- 
queur éprouvât  quelque  difficulté  à  détacher  un  collier  de  cuivre, 
peur  qu'aussitôt  sa  hache  d'arme,  séparant  du  tronc  la  tête  de  sa 
victime,  lui  procurât  ce  trophée  sanglant  qu'il  ramassait  avec  un 
sourire.  D'autres  couraient  après  les  jeunes  enfants  qui  s'en- 
fuyaient en  poussant  des  cris;  et,  non  contents  de  les  mutiler 
d'une  manière  atroce,  finissaient  par  leur  couper  la  tête,  qu'ils 
lançaient  au  loin  d'un  coup  de  pied. 

Les  femmes  témoignaient  la  plus  complète  indifférence  poul- 
ies scènes  horribles  qui  se  passaient  sous  leurs  yeux.  Malgré 
toutes  leurs  victoires  et  tous  les  troupeaux  de  bétail  qu'ils  avaient 
dû  s'approprier,  ces  malheureux  mouraient  de  faim.  La  route 
qu'ils  avaient  suivie,  longue  de  plus  de  cent  lieues,  était  en  quel- 
que sorte  tracée  par  des  ossements  humains.  Comme  ils  n'a- 
vaient jamais  vu  de  cavaliers,  ils  s'imaginaient  que  l'homme  et 
le  cheval  constituaient  un  seul  individu  ;  mais  cette  monstruo- 
sité ne  les  effrayait  pas,  décidés  qu'ils  étaient  à  envahir  la  Color 
nie,  où  ils  savaient  devoir  trouver  d'immenses  troupeaux  de  bre- 
bis. S'ils  étaient  parvenus  jusqu'aux  frontières  *h-  la  Colonie,  où 
ils  auraient  sans  doute  été  défaits,  le  nombre  des  morts  <'nt  été 
bien  plus  grand  encore;  car  ils  »  tissent  nécessairement  succombé 
aux  besoins  de  toutes  sortes  en  retournant  dans  leur  pays  à  tra- 
vers les  populations  exaspérées  des  tribus  qu'ils  avaient  vain- 
cues.  Les  Béchuanas  sentaient  si  bien  cela,  qu'un  grand  nombre 
d'entre  eux  désiraient  secrètement  que  les  Mania  lis  s'avanças- 


VINGT-TIOII  '    \  ■  D    Dl    I    U  M..I  » 

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U  II  .1.    Illis.  r.  s   : 

•  i  c bien  n'est  pas  •  iïratante  la  <léfj raclât i  u  ■  laquell<  m- 

\>  •   1 1  |H»rii"ii  lie  l'humanité  <(iii  habile  I  ir  de  :  \ 

Si  voyant  m  delà  de  cette  vie  qoe  I m»  m 'moment,  ilanecoo» 

ii  \Bê*  ni  de  l'i-  u  que  le  monde  ;  poui  •     -       j r •  r  l<  .  s 

li\.-s  t  i  iii  1 1 . th-IIi •*,  ils  iiit-l it-nt  aux  plu*  durs  it, 

l.risi  ni    I.»    Ihiis    l«"s    plus   sur...    .1    .irr.ii  II-  ni    l>ru(.ili-mi  ni    un 
'ir  qui  palpili  de   l'enn<  mi  qu'il*  oui  ! 

\  -m.  ni.  ut,  de  | i  faita  onli  il  i«.iir  te) 

noire  comptaaion   Quel  i  loquenl  ipoel  en  faveur  <1«  •«.  «*im. 
misaionn  i  ii  il  ii  .  -t  que  l.i  I' 

n  g  oim  de  ••  m  i  r.  -  et  d  ombre  de  m        l'         lore  ceaenm- 
bre*  i- .  1 1^.  il  u- mis  i •  :  .i  dire  qui  M 

•  ir  quitté  .!.  iimiis.  m.  m  U-  |  .\  - .  ii- 

ilrS.    I.'lllif  sr  'lu  Ulr.  I 

konea  .   i  indii  <|n<    l'aum-  s,    r.  n.lii  <  i>.  i 

l'eat  d<  celle  dernier*  tribu  qu'ils  habitaient  lortqu  ni 

iss.  s  |.  ir  I.  M  ? 

i..iis  |.  >  p.  1 1 1 . 1 .  s  paeleura,  lors  ml  perdu   leur  bétail   il 

I*   ir  r.  n  .  et  ils  se  troutent  «I  in 

i  ir  -.u  de  pilh  r  loi  lutn  i  à  leui 

p  i\s    l'opi  i    i"|    I  i    f  nui  I  li"iniii.     |.     | 

quand  on  luit  le*  Ml     itia  d  ins  I.  nrs  ne 

I .  .  plus   surpris    que  l'h  ibiludi 

u  i.  t.  i    I  i    i.  •  m    mil  .U 

\i\ii.nt     II  .  s|  mi.  r. A>  ml  .i.    |  qu'atijounl'hll 

n  iir.-  ir  i\  iill 

-    i  r  i  il»  s  (u,  n  ,|ifT.  ; .  nli  s   il. 

autrefois  leur  mai 


CHAPITRE  XXIII. 


Proposition  de  transporter  ailleurs  la  station.  —  Objections  de  la  part  des  indi- 
gènes. —  Voyage  de  l'auteur  au  Cap.  — .Surprise  des  chefs  Bécbuanas  qui 
l'accompagnaient.  —  Arrivée  de  nouveaux  missionnaires.  —  Retour  à  la  sta- 
tion. —  Tournée  chez  les  Bavangketsis.  —  Voyage  dans  le  désert.  —  Aspect 
du  pays. — Puits  naturels. —  Condition  misérable  des  Sauneys. —  Un  di- 
manche au  désert.  —  Ignorance  des  indigènes.  —  Leur  manière  de  prendre 
le  gibier.  —  Scène  au  bord  d'un  étang.  —  Tourments  de  la  soif.  —  On  trouve 
de  l'eau.  —  Arrivée  chez  les  Barolongs.  —  Enfants  à  vendre.  —  Arrivé)* 
chez  les  Bavangketsis.  —  Le  bétail  enlevé.  —  L'expédition  rencontre  un  fils 
de  Makaba.  —  Mort  du  faiseur  de  pluie.  —  Réception  à  Kuakue. 


A  la  suite  des  événements  racontés  dans  le  chapitre  précédent, 
nous  pouvions  naturellement  nous  attendre  à  un  changement  fa- 
vorable dans  l'état  de  la  mission.  .Nous  n'étions  que  depuis  peu 
île  temps  à  Griqua-Tovvn,  lorsque  toutes  les  craintes  relatives  a 
nue  invasion  étrangère  B'évanouirenl,  l'ennemi  ayant  pris  un  au- 
tre chemin  ;  nous  nous  empressâmes  en  conséquence  de  regagner 
mu'  localité  qui  nous  était  devenue  chère  à  plus  d'un  é^ard.  La 
population  paraissait  profondément  reconnaissante  de  l'intérêt 
que  leur  avaient  témoigné  les  missionnaires,  d'autanl  plus  qu'ils 
ne  pouvaient  se  dissimuler  que  ce  n'avait  pas  tic  sans  beaucoup 
de  perles  et  de  souffrances  de  notre  part.  Ils  ne  pouvaienl  que 
s'étonner  que  nous  fussions  restés  dans  le  pays,  quand  nous  au- 
rions pu  si  facilement  chercher,  avec  ce  qui  nous  appai  tenait,  un 
asile  dans  la  Colonie  ;  et  ils  ne  faisaient  pas  difficulté  de  nous  té- 
moigner l'admiration  que  leur  causait  notre  conduite. 

Depuis  longtemps  déjà  nous  déplorions  les  inconvénients  ma- 
tériels qu'offrait,  connue  station  missionnaire,  la  localité  que 
nous  occupions  ;  inconvénients  m111  paraissaienl  devoir  s'augmen- 


\  |S<     I  I. 

ii  ,  vu  la  I  '|in   BOUS   nui 

.  nt  di  toii  I  i  dimini  i  même  larii 

lout  .m        (  .  in<  ••  nous  dtt  ub  .1  | 

ai  lui  Ile,  •  | •  1 1  ,«»m.t  aux    imli^ 

da  s.    transporte!  •!  m»  uni    l  n 

i romain*  s  ui 

tleU  source  de  la  rivière,  qui  nous  parut  lu 

une  Ma  lion  missionn  que  m  u  trou  » 

ent  lieues  à  la  rond     Hais  quand  nous  en  fîmes  la  prop 
.in\  chefs,  il-  la  reji  lèrenl,  ju  il  m  m-  ti  \  au» 

<  avirons  d'arbres  ni  de  buissons  poui  lire  Irurs  maison»  •  i 

leurs  clotun  ».  Nous    ivons  rai  onié  dans  un  •  I 
queli  sont  .i  -  <l    la  population.  La  » 

.  i  r  ■  1 1 1 1  •  1 1 1  •    .in.hi    été  il»  |«'iiillfi-  >\<  »    irl>retq«i   Is  i 
.m!  noUS  ii  .n- 

|U*ils  L'  if  ni    |  ni   liK'lilr    en- 

droit  t<"i»  \rs  .\.iiit  !_•  -   n  uni»    N  iu» 

.i  I.  ni  i.  |  -  u  i  bus  de  l' in  Ici  ietll  I  OOSli  ul< 

i  lot  un  i  ai       les  pii  i  qu'ils  i  al  <!«•» 

s. .n»  l.»  \.ii\  .1  |ui  se  trouvaient  su  rieui  I 

SOU  '.  Plutôt   que   de  i  lillei  quelq 

i  ut-  m.  I  :  |i.i»»«  r  une  jour- 

in-*-  entière  .i  all<  ndt    .  I  *  - 1  .•  1 1  *  •    ,1.  > 

iT  les  I 

linuellemenl  dai  m   . 

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{li  lieu  d'uni  grandi 

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•    mine  j  n  lis  l'inli 


■ 


- 


DANS    Lt    SI  L)    DE    L'APBIQUE.  239 

tenir  des  secours  dont  nous  avions  grand  besoin,  et  aussi  pour 
rétablir  la  santé  altérée  de  M"'e  Moffat,  je  tenais  à  régler  l'affaire 
de  notre  déplacement  avant  mon  départ,  afin  de  pouvoir  m'occu- 
per  pendant  mon  séjour  au  Cap  des  préparatifs  qu'exigeait  l'ac- 
complissement de  celte  résolution.  Sur  noire  demande,  Mothibi, 
accompagné  de  trois  chefs  et  de  Péclu,  son  fils  et  son  héritier 
présomptif,  vint  examiner  avec  nous  la  localité.  Il  fut  convenu 
qu'une  étendue  de  terrain  d'environ  une  lieue,  pris  dans  la  val- 
lée à  partir  du  gué,  serait  désormais  la  propriété  de  la  Société  des 
Missions,  et  qu'à  mon  retour  du  Cap  j'apporterais  de  quoi  payer 
ce  terrain.  Ces  arrangements  terminés,  je  partis  pour  la  Colonie 
avec  ma  famille  au  mois  d'octobre  18*23,  laissant  M.  Hamiltonseul 
à  la  station.  Comme  Mothibi  désirait  que  son  fils  vît  le  pays  des  hom- 
mes blancs,  il  l'envoya  avec  nous  accompagné  de  Taisho,  l'un  des 
principaux  chefs.  L'accueil  bienveillant  qu'ils  trouvèrent  auprès 
du  gouverneur  etde  nos  amis,  et  toutes  leschoses nouvelles  qu'ils 
eurent  occasion  de  voir,  produisirent  dans  leur  esprit  une  sen- 
sation extraordinaire.  Nous  eûmes  quelque  peine  à  les  décider  à 
nous  accompagner  à  bord  d'un  des  navires  qui  se  trouvaient  en 
rade,  et  ils  ne  consentirent  à  entrer  qu'après  moi  dans  le  bateau 
qui  devait  nous  transporter.  Ouand  on  les  eut  fait  monter  sur  le 
lillac,  ils  lurent  stupéfaits  de  la  grandeur  du  vaisseau  et  de  la 
hauteur  des  mâts  ;  et  lorsqu'ils  virent  un  mousse  monter  dans  les 
haubans  et  grimper  jusqu'au  sommet  du  mal,  cet  étonnement 
alla  jusqu'à  leur  couper  la  parole.  Taisho  la  retrouva  enfin  pour 
dire  au  jeune  prince  :  «  A  ga  si  khatla  (n'est-ce  pas  un  singe)?  » 
Lorsqu'on  les  fit  entrer  dans  l'élégante  cabine  du  vaisseau,  et 
qu'ils  plongèrent  leurs  regards  à  fond  de  cale,  nous  eûmes  de  la 
peine  à  leur  persuader  que  le  vaisseau  ne  reposait  pas  sur  le  fond 
même  de  l'océan.  «  Est-ce  que  ces  maisons  d'eau  se  détèlent  eba- 
»  que  soir  comme  les  bœufs  de  nos  wagons  ?  »  nous  demandèrent- 
ils;  «  est-ce  qu'ils  broutent  sur  la  mer  pour  rester  en  vie?  »  \ 
moment,  voyant  arriver  un  vaisseau  qui  voguait  à  pleines  voi- 
les, nous  leur  demandâmes  ce  qu'ils  pensaient  de  cela.  «  ici,  nous 
h  n'avons  point  de  pensées,  •  répondirent-ils;  ■  «ions  espérons 
que  iii»n>  recommencerons  à  penser  quand  nous  serons  à  terre  ■ 
Ils  étaient  disposés  a  nu-  suivre  partout,  ainsi  «pie  M.  Thompson, 
\ieil  ami  pour  lequel  ils  conservaient  un  souvenir  affectueux; 
mais  ils  ne  se  naieni  a  personne  d'autre. 


J    I  \    I  \    N  -        I  II 

|  .          ir  in-  tïU    dfl  "  I    <|'   lut   olui   Éfl    I  ..u, 

,lu  \         ,  qui  nouaamenail  ira  ni|taRnonsd'iru\ 

MM    l.         h,  I   !\s   r  l-     ;  Il  fui  un  moment  bien  éoant 
■iprt  »  il 

Noua  iviooj  lieu  d\  i  j<  un- 

i                          i  à  li  m  imprea*                      >m 

l<  in>  i  ..n             .-s,  .-t  ,  h ucrai i  :             attira 

m.                             ml  iiiin.iH'iii  j  un  ilioa  i  liet  loa 

!'••  I  lui. ni .1  |U*iU  m .iii'ju.isM-m  il 

lenl  alli  i  uni    aille 

Ml.  i,  qui  n-    larda  |  rei   d'uni 

chi  tri»  du  <  liin.it.   recul  dei  médecin     la  OOtN 

i.-i.i  i 

rendit  U 

qui  -  uiini&lèn 

ri  M.  I  in-  m 

quelques-uni  oa  de  li  t  loloi 

me    il<     M        M     l  m    fui    améliore* .    non- 
mes    l.i    \il!.'   du    i  .m  s  il,    Mil  M        II 

•  i  i|.i.  >iiiu   pendant  il  1 1  non 

d'un  v  ,  >  .i  1 1 

III. Il     I  sJt    .     I \H.II*    I    II--  I 

i    «n,  la  |  Il 

iiiiiu  i  li-  \  >                       .    qui    •              t.  n. lu 

i>  u  Un  paranli  du  j<  une  prit                       illi  ■*•            » 

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■  lu    n  ta   canal. 

m  i  poui   le  moni' 


DANS    LE    SUD    DE    [/AFRIQUE.  241 

travaux  préliminaires;  et  en  attendant  je  crus  devoir  accomplir 
la  promesse  que  j'avais  faite  à  Makaba,  roi  des  Bavangketsis,  de 
le  visiter  dans  son  pays. 

Je  partis  le  premier  juillet,  accompagné  de  quelques  Griquois 
qui  se  proposaient  de  faire  la  chasse  aux  éléphants.  Après  un 
voyage  de  trois  jours  dans  une  plaine  sablonneuse,  parsemée  de 
souches  d'acacias,  nous  atteignîmes  le  lit  de  la  rivière  de  Mas- 
hava,  dans    lequel    il    fallut   creuser   pour   nous    procurer   do 
l'eau.  Nous  y  fûmes  rejoints  par  une  autre  bande  de  voyageurs 
qui  avaient  pour  chef  Bérend-Bérend.  Après  que  nos  bœufs,  qui 
étaient  très-nombreux,  eurent  imparfaitement  étanché  leur  soif, 
nous  poursuivîmes  notre    rouie  dans  la  direction  du  nord,  à 
travers  une  autre  plaine  de  sable,  où  de  grands  acacias  se  trou- 
vaient semés  de  loin  en  loin.  Au  coucher  du  soleil  nos  guides 
Béchuanas  firent  halte,  suivant  leur  usage,  pour  passer  la  nuit  ; 
mais  comme  l'eau  était  encore  loin  de  nous,  nos  gens  tenaient  à 
profiter  de  la  fraîcheur  de  la  nuit  pour  marcher  en  avant  à  cause 
des  bœufs.  Nos  guides  nous  assurèrent  que  nous  ne  manquerions 
pas  de  nous  égarer;  mais  la  majorité  fut  d'avis  de  suivre  ce  qui 
parut  être  la  route,  car  il  n'y  en  avait  point  de  frayée.  La  longue 
lile   des   wagons  se  mit  donc  aveuglément    à  la  remorque   <lr 
celui  qui  se  trouvait  en    tête,    tandis   que    les  guides  s'éten- 
dirent,   suivant  l'usage,    sur  leurs  brancards  et  s'endormiren! 
paisiblement.  Après  quelques  heures  d'une  marche  fatigante, 
je  reconnus  clairement  à  la  position  des  astres  que  nous  nous 
écartions  de  notre  route,  ce  qui  me  fut  confirmé  par  l'observa- 
tion de  ma  boussole;  mais  je  lis  de  vains  efforts  pour  faire  passer 
celte  persuasion  dans  l'esprit  de  mes  compagnons.  Comme  nous 
étions  arrêtés  pour  prendre  quelque  nourriture,  la  lune  quise  levait 
commença  d'éclairer  l'horizon.  «Quel  feu!  »  dit  l'un  d'entre  eux. 
«  C'est  la  lune, »  répliquai-je.  Tous  alors  s'écrièrent,  en  frappant 
du  pied,  que  la  lune  n»'  pouvait  pas  se  lever  de  ce  côté  là-du 
monde;  et  Antoine,  vieillard  vénérable  qui  avait  été  autrefois 
esclave,  me  dit  d'un  ton  respectueux:  «  Monsieur,  la  tête  vous  a 
tourné:  )>'  suis  vieux  et  je  n'ai  jamais  vu   la  lune  se  lever  à 
l'occident.  ■  «  C'csl  la  lune,  -  répétai-je  ;  mais  nul  ne  voulul  me 
croire  et  nous  reprîmes  notre  repas.  Bientôl  le  croissanl  de  la 
lune  venant  à  dominer  l'horizon  me  dispensa  d'insister  davan- 
tage sur  cel  iirlicle  ;  tous  s.-  levèrent  stupéfaits,  cl   Antoine  s'é- 

16 


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DANS    LE    SUD    DE    l'.A  FRIQLK.  2&3 

avaient  peu  de  valeur  pour  la  construction.  Nous  finies  halle  au- 
près de  deux  puiis  naturels  fort  curieux  :  ils  sont  creusés  dans  un 
schiste  ferrugineux,  et  éloignés  l'un  de  l'autre  d'environ  cent 
toises.  L'un  d'eux  a  seize  pieds  de  profondeur,  avec  quatre  pieds 
de  haut  ;  ils  sont  l'un  et  l'autre  presque  perpendiculaires,  et  leur 
diamètre  est  de  deux  pieds  et  demi.  Le  terrain  qui  environne  ces 
puits  offre  des  traces  d'un  état  antérieur  de  fusion  ,  et  ils  sem- 
hlent  avoir  servi  autrefois  de  dégagement  à  des  feux  Souterrains; 
cependant  on  ne  trouve  dans  le  voisinage  aucune  apparence  de  la  vr. 
Les  indigènes  les  plus  âgés  nous  apprirent  qu'ils  avaient  été  au- 
trefois plus  profonds;  l'eau  en  était  excellente.  Nous  tuâmes  deux 
éléphants;  ce  fut  une  bonne  aubaine  pour  les  Sauneys  ou  pauvres 
Bécbuanas,  qui  se  jetèrent  aussitôt  sur  leurs  cadavres,  et,  au 
moyen  de  leurs  lances  et  de  leurs  mauvais  couteaux,  disséquèrent 
en  moinsde  rien  ces  monstrueux  quadrupèdes.  J'ai  déjàeu  l'occa- 
sion ,  dans  le  premier  chapitre,  de  parler  de  la  condition  miséra- 
ble de  cette  population.  Je  fus  souvent  témoin,  dans  ce  voyage, 
des  exigences  impérieuses  et  lyranniques  des  habitants  des  villes 
à  leur  égard.  Un  parle  d'eux  comme  on  ferait  de  bêles  de  somme, 
et  aussi  servent-ils  à  les  remplacer.  Un  Béchuana  ayant  rencon- 
tré en  notre  présence  quelques-uns  de  ces  malheureux  qui  trans- 
portaient du  gibier  qu'ils  avaient  tué  à une  grande  distance,  et 
qu'ils  destinaient  à  la  nourriture  de  leurs  familles,  leur  ordonna 
de  le  déposer  tout  entier  dans  sa  propre  demeure.  Quand  le  gi- 
bier blessé  est  tombé  loin  des  habitations,  on  réunit  des  Sauneys, 
prinripalement  dés  femmes,  qu'on  force  à  transporter  la  viande 
à  des  distances  d'une  dixaine  de  lieues;  et  ,  pour  les  èïripêcher 
de  s'éloigner  quand  on  a  besoin  de  leurs  services  pour  le  lende- 
main, on  les  parque,  (tendant  la  nuit,  dans  un  endos  formé  de 
buissons  épineux,  absolument  eôrhrhe  des  animaux.  Souvent, 
plusieurs  dé  ces  pauvres  femmes  s'approchaient  dé  nous  quand 

nous  .lion-  campés  auprès  d'une  sourer,  surtout  quand  elles  eU- 

i  «-n i  reconnu  qu'il  j  avàil  là  un  étranger  disposé  à  prendre  l'eu i 
parti.  Les  Béchuanas  qui  nous  accompagnaient  ne  s'opposaient 
pas  à  ce  que  j'intervinsse  «m  laveur  de  ces  malheureux;  Seule- 
ment ils  se  moquaient  dé  la  bêlisé  dom  je  faisais  preuve,  en  por- 
tant mes  sympathies  stir  de  pareils  chiens,  comme  iK  l«s  appe- 
laient. Ils  demeurent  en  général  à  une  grande  distance  des  sour- 
ces .  ••!  s\  rendent  ati  plus  mm  fois  par  jour.  Comme  ils  ne  se  la- 


i  j mi  h-  ,  il* 
>i  |  I 

<  iiii.iill--  •  i  m  .tu»- 

ni'   tu 

•  i  il. .ut  une  famnx  \*  m  \ 

i 
i|u<  Iqu  '  i  r- 

Mlion  ut  intén  s  -  ml<     J.  i 

I  un  i  • 
d'inléi 

.  ii|  lu  il. 
ii\>  -  |  .  • 
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lin  I  lu- 

I 

ivail  pas  | 
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•  I * ■ |>.  ud  .;  v 

main  h-  i 

Mais 
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i   ijui    l< 
upabU      ils 

celle  manière, 

li. .11  lu.    un  li 

Ici 

| 
I 

..h  i  . 


DANS    LE    >ID    DE    i/aFF.IOUI  .  245 

lui  tendre  des  pièges  en  creusant  des  fosses.  J'.ni  vu  de  ces  fosses, 
qui  ont  seize  pieds  de  profondeur,  et  où  l'on  prend  jusqu'à  des  gi- 
rafes et  des  rhinocéros.  Quelques-unes  ont  la  forme  d'un  enton- 
noir, d'autres  celle  d'un  carré  long:  le  fond  en  est  hérissé  de 
pieux  pointus  :  ils  dispersent  au  loin  la  terre  qu'ils  en  tirent,  et 
cachent  l'ouverture  avec  desbrancheset  de  l'herbe.  Ces  fosses  ne 
sont  point  sans  danger  pour  les  chasseurs  et  les  voyageurs,  ei  sou- 
vent des  hommes  y  perdent  la  vie. 

Le  paysage  qui  nous  entourait  n'était  pas  sans  agrément  :  nous 
apercevions  un  grand  nombre  d'arbres;  'tune  forêt  s'élevait 
dans  la  plaine  qui  nous  séparai!  de  la  rivière  Molapo;  m;iis  i  - 
arbres  n'étaient  pas  assez  grands  pour  fournir  de  bons  hois  de  con- 
Stroction.  Sur  l'horizon  le  plus  éloigné,  on  apercevait  les  collines 
du  pays  des  Ravangketsis  ;  ces  collines  paraissaient  couvertes  de 
l>ois,  qui  indiquaient  une  contrée  plus  fertile.  Les  lions  abon- 
daient dans  notre  voisii  °  mais  nous  en  étions  quittes  pour 
être  effrayés  de  temps  en  temps  par  leur  rugissement.  Le  lit  du 
Molapo  s'étant  trouvé  desséché,  nous  fûmes  obligés  de  changei 
la  direction  de  notre  route.  Un  soir,  nous  atteignîmes  un  étang 
formé  par  le-,  eaux  plu\  iales,  qu'on  avait  entoure  de  fera  pour  le- 
niréloigné  le  gibier.  Ce  fui  pour  nous  une  ressource  providentielle; 
car,  à  parlirde  là,  nous  ne  devions  pas  rencontrer  d'eau  pen- 
dant deux  jours.  Quelques  indigènes  qui  vinrent  nous  voir  ayant 
reconnu  nos  dispositions  amicales ,  nous  amenèrent  tout  le  vil- 
•  t.  comme  nous  ai  ions  une  , impie  proi  ision  de  i  iande ,  ils 
se  trouvèrent ,  à  leur  grande  surprise,  richement  récompensés 
de  la  permission  qu'ils  nous  donnèrent  de  faire  boire  nuire  bétail 
à  leur  étang.  [Isavalèrenl  avec  une  extrême  avidité  le  bouillon 
qui  avait  cuit  notre  viande,  et  qui  renfermait  une  forte  por- 
tion de  bouc;  ilsse  réunirent  une  douzaine  autour  d<  la  mar- 
mite, et  comme  ils  n'avaient  pas  de  cuillère,  sans  laisser  au 
bouillon  le  Icmpsde  refroidir,  ils  ses  tien!  de  la  main  droite 
pour  en  pniseï  une  petite  quantité,  qu'ils  versaient  aussitôt  dans 
h  paume  de  la  gauche,  el  de  là  dans  leur  bouche;  après  quoi 
ila  se  léchaient  soigneusement  les  deux  main-  pour  ne  i  ien  p 
dre.  [..•  lendemain,  nous  eûmes  i  traverser  une  plaine  aride  ei 
sablonneuse,  el  il  fallut  nous  arrêtei  sans  avoir  trouvé  de  l'eau. 

Noua  nous  remîmes  en  route  le  surlendemain  de  bonne  heure; 

lait  un  triste  spectacle  que   celui  de   nos  pauvres  bêtes  tour- 


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l'alicin  li     J  lu 

«lu.    I.  buflli  quand  il  e»l  I 

denl  |  r.  squi  inévitable  ;  mai»  ils  |M*r>isièrt!iii  dans  leur  <U  s«*  ni. 

•  Ii   int  que,  puisqu'ils  m  pou»  ivoii  de  l  •  m. il  U  ui  Ul- 
I  ut  du  moins  de  1 1  •  I                I  m  "•  v 

•  i  Ii.  ni"t  ..n  \  ii 

I  !      !  «    l'Ill 

d'un  |  i  *  I  instant  l'un  île 

•  |'i  j.  I<    l' ir   Ii 

II  l  .|<  i  lie        Si  , 

m  i.  .  l'IlOWll 

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lui  sorti  il  ini|>l<  un  m  délai  loin  n. 

Mit 

di  \  mi  <  -     ,  '  i  ui'l- 


DANS    LÉ    SU)    DÉ    I.AFRIOtT.  '2\~ 

bouffées  de  tabac  délièrent  toutes  les  langues,  et  les  rendirent 
éloquentes  pour  discourir  sur  nos  infortunes  passées.  Il  faudrait 
avoir  été  témoin  d'une  pareille  scène  pour  s'en  faire  une  juste 
idée.  Nous  primes  dans  cet  endroit  un  jour  de  repos,  et  le  lende- 
main nous  atteignîmes  l'itsan,  ville  principale  des  Barolongs,  qui 
demeuraient  auparavant,  lors  de  la  visite  que  leur  fit  M.  Camp- 
bell ,  à  Kunuana  ou  Mosbeu  ,  situé  à  une  distance  de  trois  jour- 
nées vers  le  sud. 

Le  chef  principal  de  l'endroit,  nommé  Tauané,  ne  tarda  pas  à 
faire  son  apparition  entouré  d'une  multitude  bruyante;  il  nous 
salua  à  la  mode  anglaise,  en  nous  présentant  la  main  droite  et 
nous  disant  du  moins  mauvais  accent  qu'il  put  prendre  «  good 
morning.  »  A  son  exemple,  ceux  qui  l'entouraient  nous  souhai- 
tèrent tous  successivement  le  bon  jour,  bien  que  le  soleil  fût  cou- 
ché depuis  longtemps.  Le  jour  suivant  nous  eûmes  une  confé- 
rence avec  les  chefs,  dans  laquelle  nous  leur  fîmes  part  du  but 
de  mon  voyage.  Celte  ville,  qui  couvrait  un  grand  espace  de  ter- 
rain, renfermait,  tant  en  Baharutsis  qu'en  Bavangketsis,  plus  de 
20,000  habitants,  qui  s'étaient  réunis  dans  cet  endroit  après  l'in- 
vasion des  Mantatis.  Pendant  mon  voyage  au  Cap,  ils  avaient 
été  visités  par  M.  Ha  mil  ton;  ils  l'avaient  écouté  avec  une  grande 
attention,  et  comme  il  avait  beaucoup  plu  pendant  son  séjour,  ils 
le  respectaient  à  l'égal  d'un  faiseur  de  pluie;  car  la  pluie  était 
tombée  à  la  suite  des  prières  qu'il  avait  faites  sur  leur  demande. 
Us  se  montrèrent  très-empressés  à  me  rappeler  cette  circonstance; 
mais  quand  je  les  interrogeai  sur  ce  qu'il  leur  avait  appris,  je  leur 
trouvai  moins  bonne  mémoire.  Désireux  de  tirer  le  meilleur  parti 
possible  de  mou  temps,  et  surtout  du  dimanche,  je  commençai 
par  faire  un  culte  en  langue  hollandaise  pour  les  Griquois  ;  mais 
le  bruit  que  faisait  la  multitude  qui  s'était  rassemblée  m'obligea 
bientôt  de  renoncer  à  mon  entreprise.  Adora  j'essayai  de  m'adres- 
serait peuple  parle  moyen  d'un  interprète,  et  grâce  à  l'influence 
de9  chefs  j'obtins  d'être  écouté.  Je  m'entretins  avec  les  principaux 
du  but  que  se  proposeraient  les  missionnaires  s'ils  s'établisàâieni 
au  milieu  d'eux.  L'un  d'eux  me  <  1  î t  :  «  H  faut  que  \<»us  veniez 
»  pour  faire  de  la  pluie;  •  ei  un  autre  :  «  il  faut  que  \<>us  veniez 
»  pour  nous  proléger.  •  Je  leur  lis  comprendre  que  le  bul  du  mis- 
sionnaire n'était  ni  de  raire  de  la  pluie  ni  «le  les  protégi  r,  et  je 
citai  en  exemple  non.-  mission  du  Kuruman,  que  plusieurs  d'en 


2\H  \i 

h-      ■  \  Ues   multitudes  d'hommes  q 

li   malin  ,  I  i  \ill 

(i  I  i  ,  ! 

plus  |  I . 

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II. .us    ,  s    livs.  s    il.      U  -    .  t     «  I  »  ^  :i<  - 

menit,  i i  nir.-  i 

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di  |»  ries   J-  •  n« mu  . 

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ii  di  dén  iluré,  •  i  quelli  -  i  n  teraii  ni  l<  s  tristes  cm»v 

j<-  li-nr  i  ■  |  pi •  brebis  serait  !••«  ni«"»i 

quelqu  nls  leu 

1  s      l|U    ils     |-.||\ 

dernii  r  >  pourraient  r-  n 

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illei    .  Ii.  i.  I..  i    plu.»   l.xii    n 


DANS    LE    SUÎ)    DE    l\\FRIQUE.  '2X9 

quelque  danger  vient  à  les  menacer,  ils  reviennent  à  leurs  pre- 
miers maîtres  pour  implorer  leur  protection. 

Tauané  répugnai!  beaucoup  à  ce  que  j'allasse  chez  les  Bavang- 
ketsis,  assurant  qu'on  ne  visitait  pas  impunément  le  redoutable 
Makaba.  11  me  présenta  une  femme  de  ce  dernier  qui  avait  fui 
avec  ses  deux  fils;  l'un  d'eux  fut  plus  tard  tué  comme  traître, 
ainsi  qu'Absalom,  parles  guerriers  de  son  père.  Leur  mère,  qui 
avait  conçu  cette  entreprise  hardie,  était  une  fort  belle  femme  et 
d'un  aspect  imposant.  Convaincu,  d'après  les  renseignements 
qu'elle  me  donna,  que  mon  devoir  était  d'aller  plus  loin,  je  ré- 
solus de  me  séparer  de  la  troupe  qui  m'accompagnait  ;  je  ne 
doutais  pas  que  les  Griquois,  qui  étaient  venus  pour  chasser  aux 
éléphants,  ne  prissent  une  autre  direction  que  moi:  car  ils  te- 
naient pour  vrai  ce  que  tout  le  monde  racontait  de  Makaba. 
Néanmoins  tous  nos  gens  remirent  en  même  temps  leurs  bœufs 
sous  le  joug,  et  la  caravane  reprit  sa  marche  dans  la  direc- 
tion du  pays  des  Bavangketsis.  Nous  fîmes  halte  le  soir  au  bord 
d'un  grand  étang,  comptant  passer  tranquillement  notre  diman- 
che, car  nous  pensions  être  encore  fort  éloignés  des  limites  des 
Bavangketsis.  Comme  nous  avions  marché  longtemps  et  que  les 
bœufs  étaient  très-fatigués,  nous  les  abandonnâmes  à  eux-mê- 
mes sans  prendre  la  précaution  de  les  attacher  aux  wagons. 
Après  notre  service  du  soir  nous  nous  séparâmes  en  bonnes  dis- 
positions, un  peu  revenus  de  l'impression  d'effroi  produite  par 
les  histoires  des  Barolongs  sur  le  grand  homme  que  nous  «liions 
\  isiter,  cet  homme  qui,  disait-on,  nous  ferait  boire  sa  bière  dans 
des  crânes  humains.  Le  matin  nous  nous  aperçûmes  qu'une 
cinquantaine  de  nos  bœufs  avaient  pris  le  large  pendant  la  nuit; 
nous  nous  réunîmes  pour  faire  le  service,  ne  doutant  pas  île  voir 
bientôt  revenir  les  hommes  que  nous  av  ions  envoyés  à  leur  recher- 
che. Ces  hommes  reparureni  vers  midi, et  nous  apprirent  que 

notre  bétail  était  tombé  entre  les  mains  îles  bergers  de   Makaba, 

lesquels  ne  Bâchant  pas  d'où  venaient  ces  bœufs  s'en  étaient  em- 
parés et  en  avaient  tué  un.  dette  nouvelle  jeta  parmi  nos  gens  nue 
certaine  teneur,  el  déjà  plusieurs  parlaient  de  fuir  nu  plus  vite. 
Vers  le  soir  pourtant,  nous  lûmes  rassurés  par  deux  indigènes 
qui  nous  ramenèrent  six  de  nos  bœufs,  noun  apportant  en  même 
temps  la  viande  de  celui  qu'ils  avaient  tue;  ils  nous  dirent  que 
les  autres  avaient  été  envoyés  dans  différentes  directions,  mus 


MN'i-i  iou   o>  i  fi 

•l'i  iknous  -  i  loua  !  nnnd. 

d'inli  rcédei    poui  ■  r. -  de    Makaba  . 

iiian(|iiiT.u(    |»is,  ilivni-il.   (I.    I.nr  v,-  ,|u   Ufuf 

'|u"ii  m  m»-.  Nous  leur  promlnu 

1  ii  <|ui-l 

|M.iirs.u\r.-  I.-  \  f|  bOCII. 

nous  avions  encore  huit  Imi-uTs  par  wagon,  nous  reso» 

l'iMH  •  1 1 1 1  r  i  >  i  •  r    i  I       MOI    ii-'iis    ffCMi    \  •tiir    x 

noin             ntn   Maroga,  I  un  des  fils  d<    M  .1  1 1  t.  i«-  dTufi 

certain  nombre  d'hommes    II  m'offrit  du  la  il  et  me  | 
loraaetf    ■  J(           utisi  de  craint.  .i\.»ir.  i  c  m*.-  .1,-  l'injure 

OJM  MMM  VOUS    i\..iis  I  |   |<      NOUS  iUl ■ 

-iM'.lis    i|i|i-    \..||>    <||./    i|i-n    humilies    .1  \ 

rendu*  jusqu'au  derniet   J'ai  fa  :  h 

!  i  mII.   i  eux  « j •  1 1  en  onl  iu<-  un.  I 

yens     Mon   ]>■      m  leui    pardonnera    pas.  <-«r 

temps  il  roui  ilteod  <  omnn  ~    I       hemin  ■  «t 

juequ'à  la  n llli   •  i  v^mn  n')  h  un   d 

i  nj<  •■  ■  r<  1  li 1 1 1  poui  boire  dea  Ile  de  i 
<  onduit  d  à  la   in  us. .m  il  »  par  un  i 

i  i  .(le    |.|..|m  -.i  1 1«  m    lit      |i.1vs.|     |.|    IMMI    .lui-  \ 

:  .    il    •<  (Tnr  un   hti 

mais  je  |«  i lisi  i  mon  i>  lu*,  allrgu  mi 

luei  en  attend  ml  I.*  h«uu 
plus  \  i\>    |»  m.-  .  i   nous  •  mpô<  li-  rail  di 

*l  mit  h. 

1 1 1  r  •  |  1 1 1 .      i  \ .  ;  1 1 1    I  '  1 1 

.  i.  liseinelll  I  i 

«n  toiture  ni  •■  rh<  \   limr 

nous   liin.  s   li  .h.-   .1  m*  un   •  il    n  \     i\  lit    | 

i  .   .|u  | 

ii  le  .1  ins  n 
■n.  I.  •    .1  idmii  •  1 1 •  ».     I      !   i  M 

i  .•|M.us,.  .in  lalataji  oV    pluie  Bahtmtsi 
•  ■    1HW  '.    |  Il  M 

H'Iis  de  l'If,  ri-s'iliit  supposé    l<-  I  in   ; 


DANS    LE    SUD    DF.    l'aFRIQUE.  251 

faiseur  de  pluie,  il  l'avait  accusé  d'avoir  ensorcelé  son  enfant  qui 
était  malade,  après  quoi  il  l'avait  tué  de  sa  main  et  avait  donné 
sa  femme  à  son  propre  fils.  Telle  était  la  version  de  cette  femme; 
mais  la  vérité  est  que  Maroga,  un  jour  qu'il  était  assis  auprès  de 
son  père,  avait  jeté  les  yeux  sur  l'épouse  du  faiseur  de  pluie, 
qui  était  une  fort  belle  femme,  et  avait  remarqué  qu'elle  était 
beaucoup  trop  belle  pour  un  pareil  homme.  Son  mari  fut  mis  à 
mort  par  ordre  de  Makaba,  et  la  femme  passa  au  tils  de  celui- 
ci.  Elle  se  souvenait  avec  reconnaissance  de  la  bienveillance  que 
nous  lui  avions  témoignée  à  la  station,  et  me  rappela  mon  inter- 
vention en  faveur  de  feu  son  mari. 

Le  lendemain  nous  nous  étions  à  peine  remis  en  route  que 
nous  fumes  accostés  par  des  envoyés  de  Makaba,  qui  nous  dirent 
de  sa  part  qu'il  n'avait  pas  dormi  de  joie  à  cause  de  notre  arri- 
vée. Nous  passâmes  près  d'un  grand  nombre  de  femmes  qui 
travaillaient  à  leur  jardin  ;  à  notre  vue  elles  jetèrent  leur  pioche 
et  coururent  vers  les  wagons,  en  levant  les  mains  en  l'air  et 
poussant  des  cris  aigus  qui  effrayaient  les  bœufs  eux-mêmes. 
Comme  les  wagons  étaient  obligés  de  faire  le  tour  de  la  colline 
pour  arriver  à  la  ville,  nous  montâmes  à  cheval  pour  couper  par 
h-  chemin  le  plus  court;  quand  nous  atteignîmes  le  sommet  de 
cette  colline,  au  pied  de  laquelle  se  trouve  la  capitale  des  P>a- 
vangkelsis,  grande  fut  notre  surprise  à  la  vue  de  la  multitude  de 
villes  qui  étaient  disséminées  dans  les  vallées.  Notre  guide  nous 
conduisit,  à  travers  une  rue  tortueuse,  à  la  demeure  de  Makaba, 
qui  se  tenait  à  la  porte  de  l'une  de  ses  maisons  et  nous  accueillit 
avec  le  salut  d'usage.  Il  parut  à  la  lois  surpris  et  charmé  de  nous 
voir  tous  sans  armes,  et  nous  lit  observer,  en  riant  de  bon  cœur, 
qu'il  était  étonnant  que  nous  nous  fussions  aventurés  sans  armes 
dans  la  ville  d'un  scélérat  tel  que  lui,  a  en  juger  par  sa  réputation. 
Lu  quelques  minutes  une  foule  immense  se  réunit  autour  île 

nous:  les  indigènes  se  poussaient  et    monta  l'en  I   les   uns  sur  les 

autres  dans  leur  impatiente  de  voir  les  étrangers  et  leurs  che- 
vaux. Pendant  ce  temps,  Makaba  entra  dans  la  maison  ei  nous 
envoya  un  grand  pot  de  bière,  avec  des  calebasses  qui  avaient 
l.i  forme  de  cuillères  a  soupe.  Comme  nous  étions  irès-alti  rés, 
nous  fîmes  le  meilleur  accueil  à  <eiie  boisson  qui  n'était  que 
modérément  Bpi  ri  tueuse, 
En  attendant,  nos  wagons  étaient  arrives  a  la  ville,  et  Makaba 


252   VINCT-TI  I  I         Dt  OASt  LE  I 

.[   •  (primé  le  désir   qui  »~r   |  \r    h    r 

principal)  .  j  .ill  m  .  \  iiimii.i  :].  |  I.  i  ouloir  étroit  et  lorim 

que   l'on    nommait    ainsi;    le  n  »ult.it  .1  ïamea  fut  que  la 

<  Im.n,.  .i.nt  impossible,  .1  m  ndomm  i_  •  iii.miI 

.  m  Im  qui  i  iii..ur.u. ni  |.-  iu.hm.hv  .  \e  vous  inq 
<l<-  >  -  la,  •  dil  M  ikaba.  •  que  j'aie  seulemeal  le  plaisir  il 
Hi:"ns  travers  r  ma  ville  .  •  «t  l-s  wagoi  •   metti  *r- 

.  il.,  lamlis  qui-  !••  «  h.  i  »■••  |.  h  ut  detaoi  M  , 
lion  «I.   t,  ii  iin,  mitant  de  l'œil  avec  un-  h  lion  in<  \(>nma- 

l.lf  <  .s  Iniiitlf  voilure*  • } 1 1 •  emportaient  «,j  81  là  de*  OOioede 
meiaone;  de  leur  coté,  lea  boeuM  Kammee  qui  l< 

■  la  if  ni  ifllf  ii  if  ni  «•  merveilli  ■■•  »  .ii  ■•  lit-  mi.  ,  qu'il  leur  restait   i  \>< 

•    le-mpt  el    II  de  murmni  Ou. uni  nmis  filme*  .îrm 

i   l'extrémité  inférieure  de  la  tille,  iea  les  bœuf  ». 

■  t  .i  I  inelaul  nous   fume*  entoure*  de  pluau  iir*  millii  r»  -I 
n.iiiii.s  ijin  toiile*  à   I  i    t"i-    f.iivii.nl   li •  nr-s   i.I.-i  i  \.iin.iis  mit  c  i-il-- 

Mfllf    M   lliillVfllf     |Mllir    flIV.    il     .11     risulllll     1111    llllliullf    .ls»..llf.! 

t  .  ili  h.  ie  n  il  qu'à  I  eni  l.i  mut.  h.in- 

•  If  l'.inrrs-iuiili.  n.  .us  m  m.  -s  un  m  r  M.iroga  accomp  •_ 
cbefe,   ausqueli  il  ordonna,  <l<  la  pan  .1-  »'-n  |*  r.  .   <l<    n.  |«.i> 
quitter  n  ili    réprimer  a   l'instant    loue  les   lorta 

qtt*On     |x'iirr.iil    nous    lui-  ;    ils    furent    rendu»     r«  s|«.n 

loui   nbjei    qui    M    irou ferait   perdu  \  u.  lier  <lu 

■  il .  M. ik. il  m  in  m  s  .  nvov  i   une  de  •»•  s  fe  mu         •  n  mi 

<l |in"  If  "fui  if  n  qu'il    |  ua  dont 

pour  le  moment,  était  ib   n  <>-  >  u\   \er  m  mmm<  léeejui 

noui  reineiirmi  irl  un  ».  m   r.  mpli  ib  lait  crémeui    i  i    |ue 

If  lendemain  il  imiis  fournirai!  ilea  borui»  '  »i 

.ml  .  i|u  il  fallait  d  r  If  («m        N 

.1  mis  n  il     niir.   |.  irlif  il.    ut  mu  r  i.    .   I.    -  n"  ..  I  lit  •!•  »  !»•     ' 

qu'ili  appellent  I rkuka. 


CHAPITRE  XXIV. 


Les  indigènes  et  la  boussole.  —  Visite  de  Makaba  aux  wagons.  —  Description 
delà  ville.  —  Caractère  de  Makaba.  —  Hardiesse  des  hyènes. —  Conversa- 
tion avec  Makaba.  —  Tentative  d'enseignement  religieux.  —  Etonnement 
causé  chez  Makaba  parla  doctrine  de  la  résurrection. —  Rébellion  de  Tsu- 
fiane;  sa  mort;  alarme  sans  fondement  ;  départ  précipité. —  Dernière  entre- 
vue avec  Makaba.  -  Ketour  chez  les  Barolongs.  —  Projet  d'attaque  sur  la 
ville  de  Pitsana.  —  Evasion  d'un  prisonnier  ;  son  récit.  —  Situation  critiqut.-. 
—  Attaque  des  wagons.  —  Bataille.  —  Scène  du  paganisme.  —  Conduite 
chrétienne. —  Explosion.  —  Intervention  divine.  —  Affaire  de  la  station. — 
Alarme  nocturne. —  Réflexions. 


Dès  le  lendemain  malin,  et  longtemps  avant  que  nous  fussions 
levés,  nous  étions  environnés  d'une  foule  immense,  tellement 
que  nous  avions  de  la  peine  à  passer  d'un  wagon  à  l'autre.  Etant 
monté  sur  la  colline  pour  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  contrée  envi- 
ronnante, je  fus  suivi  par  un  grand  nombre  d'hommes  qui  exa- 
minaient avec  le  plus  profond  etonnement  ma  boussole,  ^ima- 
ginant qu'un  pareil  instrument  ne  pouvait  appartenir  qu'à  un 
sorcier. 

\  ers  dix  heures  du  matin,  Makaba  parut  avec  sa  suite  et  s'assit 
visé  vis  de  mon  wagon.  La  foule  bruyante  recula  a  une  distance 
respectueuse,  el  il  se  lit  un  profond  silence.  Il  nous  parla  en  ces 
termes  :  «  Mes  amis,  je  suis  parfaitement  heureux  ;  mou  cœur  esi 
plus  blanc  que  le  lait,  parce  que  vous  êtes  venus  me  voir,  au- 
jourd'hui je  suis  un  grand  bomme.  <)n  va  dire  désormais  :  Makaba 
i  (ail  un  traité  ■^>~^  les  blancs,  Je  sais  que  tous  lis  hommes  di- 
Bent  du  mal  de  moi.  Ils  cherchent  à  me  nuire.  C'esl  parce  qu'on 
ne  peul  pas  me  vaincre  qu'on  me  bait.  Si  l'on  me  rail  du  mal,  \<- 
puis  le  rendre  an  double.  C'esl  comme  lorsque  des  enfants  se 


\  in..  r-TBOM     o»    Cl     M  lOl't 

ni;    I      plut  :  pi'  •     |'  n    'I'"»    injui.s   a  •  ■    <|ui    lui 

manque  du                                N           i  "  \<-nu  i-   wéi  ii  rai 

M                                                 mme  disent  I.     !  ipis,  m 

\  pOUI   \ 

n\,  .  I  ;  (ii<  r  d<  » 

,  ilomnies  de  i  I  •  fui    suivi   «l'un   long 

entretien  Mir  I'.i  it  «lu  :  lui  Pi  1rs  11  i 

vraiment  éloquent  Mil  ijei,  lorsqu'il  iH  OOanmeni   il 

ivail  fait  périr  les  enoemia  pai  en  les  faisant  ton 

.1  iiis  des  embusi  idi  s    l  lend  ml  ma  I"  ai  nenr»  ui  dam 
lion  du  champ  de  balailli      •   I  >,  i-l-il,  •  blanchiatei 

soleil   les  oc  ■!  mil  qui  couvraient  nos  eoINne» 

sont  fondi 
lancesinoan  tuasi,  •  ijoula-t-il  d'un»  voii        Steni 

•    u.  iil  h  ;  : .  Makal  '     >i 

\  i   multitude,    .|iii 

,11  lih  i,  ipplaudis»  m<  m>  '  i^  Je  lui  dit 

li    bUl  'I  -lui    dVt  il'lir     i\.  r   lui    lit  s   r 

lié,  et  que,   poui  •  imenU  i  i 

drail  demeun  ravi  i  quoi  il  répondit    •  J  qu  .<  i 

rail  "ii  ne  h  -«ut  l<  in  qui  ai  pan  k 

K  <i  i  ii  mi  u  .1.  Ku.iikii.    j      lis  que  Moi    itMi'opnoaei 

jet,  i  ipeui  de  i  m  qu« 

Il    m   i«Mir.i     « 1 1 1 .     I 
i.  m    I.  mentit  .i  m  i  i 

hi\  hommes  qui  •  ■    ■!■         n»  un  pus.  m  .1 

•  i  de  bouton»,    i\<    qtirli|tn><  imqiirl* 

I  u    un   «  l'i|  I  |imn    I i..nii  i  OOtl ni  il  <l 

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DANS    LE   SUD    DE    L'AFRIQUE.  255 

dans  le  cours  de  la  journée,  du  blé  bouilli,  de  la  soupe  et  de  la 
bière.  Je  visitai  la  ville,  qui  est  très-grande,  mais  sans  pouvoir 
évaluer  le  nombre  de  ses  habitants;  à  en  juger  par  l'étendue  de 
terrain  qu'elle  occupe,  la  population  doit  en  être  très-considé- 
rable. Chacune  des  femmes  de  Makaba  ,  et  elles  étaient  nom- 
breuses, possédait  un  élablissement  séparé  qui  se  composait  de 
trois  ou  quatre  maisons,  d'un  grenier  à  blé  et  d'un  magasin  gé- 
néral. Elles  avaient  aussi  un  grand  nombre  de  jarres  pour  mettre 
le  blé.  Ces  jarres  ont  de  huit  à  douze  pieds  de  diamètre  et  autant 
de  hauteur.  Les  maisons  de  ces  femmes,  sans  être  plus  grandes 
que  celles  des  Batlapis,  étaient  beaucoup  mieux  construites  sous 
le  rapport  du  goût  et  de  la  commodité.  L'exactitude  avec  laquelle 
on  était  parvenu,  sans  autre  secours  que  celui  de  l'œil,  à  tracer 
des  cercles  et  à  tirer  des  lignes  perpendiculaires,  était  vraiment 
surprenante.  Leurs  cours  et  leurs  rez-de-chaussée  étaient  très-pro- 
pres et  parfaitement  nivelés.  Il  n'est  pas  une  servante  en  Angle- 
terre qui  tienne  ses  ustensiles  plus  propres  que  les  leurs.  A  cet 
égard,  les  Bavangkelsis  présentent  un  contraste  frappant  avec  les 
Batlapis.  .Makaba  faisait  souvent  allusion  aux  mœurs  grossières 
de  ses  voisins  du  sud;  il  me  demandait  d'un  air  de  triomphe  si 
j'avais  jamais  vu  les  Batlapis  laver  une  lasse  de  bois,  ou  s'ils 
m'avaient  jamais  offert  des  aliments  qui  ne  renfermassent  pas 
des  fragments  de  mouches,  et  cela  sur  un  plat  qui  n'avait  subi 
d'antre  nettoyage  que  celui  de  la  langue  d'un  chien. 

Le  lieu  des  assemblées  publiques  est  une  place  circulaire  de 
cent  soixante-dix  pieds  de  diamètre,  entourée  de  pieux  de  huit 
pieds  de  haut,  arrondis  à  la  hache  et  fixés  en  terre  aussi  près 
que  possible  les  uns  des  autres.  Derrière  ces  pieux  se  trouve 
le  parc  de  gros  bétail,  qui  peut  contenir  plusieurs  milliers  de 
bœufs;  il  y  aussi  de  vastes  bergeries.  Dans  la  matinée,  Makaba 
s'occupait  ordinairement  à  coudre  ensemble  des  peaux  pour 
en  faire  des  manteaux;  dans  l'après-midi,  il  n'était  pas  rare  de 
le  iiou\er  ivre  par  l'effet  d'une  bière  très-forte  qu'on  fabriquait 
pour  son  usage  particulier.  Il  paraissait  âgé,  bien  que  sa  mèri 
vécût  encore.  Robuste  et  de  belle  taille,  il  présentait  l'aspeci 
d'un  Hottentol;  sa  physionomie  indiquait  la  ruse,  et  sa  conver- 
sation montrait  un  homme  versé  dans  la  politique  «les  tribus 
africaines.  Il  ne  craignait  le  ressentiment  d'aucune  des  tribus  qui 
l'environnaient;  ni.ii^  \\  redoutai)  les  Makoas,  c'est-à-dire  les 


- 

M. m.      i  i  itinii.  m  ■ 

nation  populeuse  habitant  l<*  riord-4-M  de  son   |<         v  1rs 

i,   r.inirij  ar 

l<  <n  ^  m  h.  i    li  nr  imluslrie  .   et  I 

11.11  .     •  |  1 1  I     |.   It     l|SN«lll     I 

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I  i  latilutli  .  mais  j-    in<   trouvais  I 

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i    n nu h 

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I  I  I,  ihitudi  I.  i   il  r 

la  ville,  emp  riant  I  qu'elli  »  m 

Mil  Ml\  .     il 

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I  ni    ni  illi. 

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■ 
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DANS    LE    SUD    DE    l' AFRIQUE.  2.77 

de  ces  malheureuses  créatures  qui  doivent  être  ainsi  dévorées 
dnns  le  cours  d'une  année. 

Le  pays  des  Bavangketsis  est  inégal  et  même  montueux  du 
côlé  du  nord  et  de  l'orient.  Le  sol  est  en  général  d'une  nature 
riche,  mais  l'eau  est  rare,  et  des  travaux  d'irrigation  seraient 
indispensables  pour  y  cultiver  des  végétaux  el  des  céréales 
d'Europe.  Les  parties  situées  au  nord  et  à  l'orient  sont  bien  ar- 
rosées, très-fertiles  el  abondamment  peuplées.  Les  montagnes, 
couvertes  jusqu'au  sommet  de  beaux  arbres  et  de  grands  ar- 
bustes, donnent  au  pays  un  aspect  pittoresque  et  grandiose.  Je 
profilai  d'une  autre  occasion  qui  se  présenta  pour  parler  à  Ma- 
kaba  du  projet  de  lui  envoyer  un  missionnaire;  et  toujours  il 
parut  accueillir  cette  idée  avec  grand  plaisir.  Je  lui  dis  aussi 
qu'on  enverrait  probablement  un  missionnaires  chez  les  Bahu- 
rutsis  ;  sur  quoi  il  lit  l'observation  qu'il  était  à  désirer  qu'il  se 
trouvât  de  ces  hommes  de  paix  chez  toutes  les  nations,  pour 
maintenir  entre  elles  des  rapports  d'amitié.  II  me  montra  un  bou- 
quet de  perles  qui  lui  avait  été  envoyé,  disait-il,  de  chez  les  Ba- 
burutsis  par  un  de  mes  amis  i  Campbell).  «Je  suppose,  »  ajouta- 
t-il,  i  qu'ils  l'auront  effrayé  par  leurs  histoires  à  mon  sujet,  en  me 
représentant  comme  le  roi  des  scélérats.  J'espère  pourtant  qu'il 
n'aura  pas  ajouté  loi  au  témoignage  de  mes  ennemis.  Ce  n'est 
pas  a  eux  qu'il  faut  s'en  rapporter  pour  juger  mon  véritable 
caractère.  » 

J'avais  essayé  déjà  dans  plusieurs  occasions  de  m'entretenir 

avec  le  rui  et  son  peuple  des    Choses  de  Dieu,    niais  tOUJOUrS  avec 

pende  succès;  il  semblait  qu'il  n'entendait  pas  un  mot  dece 
que  je  disais.  Souvent,  quand  je  m'effon  ais  <\r  fixer  son  attention 
en  lui  signalant  quelque  particularité  frappante  dans  les  œuvres 
de  Dieu  ou  dans  la  \  ie  du  Sauveur,  il  m'interrompait  en  m'adres- 
sant  une  question  qui  n'avait  aucune  espèce  de  rapport  avec  le 
sujei  traité,  -le  désirais  ardemment  obtenir  de  lui  d'être  écouté 
le  jour  du  dimanche,  et  je  résolus  de  lui  faire  une  visite  officielle 
dans  (•«•  but.  -le  nie  sentais  malheureux  a  l'idée  de  quitter  ce  roi 
sansluiavoir  parlé  dece  quiesl  l'uniquebutdu  missionnaire. 
Le  dimanche  matin  de  lionne  heure  nous  tînmes  notre  réunion 
de  prières;  mais  la  foule  el  le  tumulte  étaient  tels  qu'il  nous  fut 
impossibli  de  célébrer  un  service  régulier;  plus  nous  leur  de- 
mandions du  calme,  plu-  ils  devenaient  bruyants.  Dans  l 'après- 

17 


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DANS    LE   Sll)    DK    l'aFRIOUR.  259 

inouïes  ?»  Et  s'adressant  en  particulier  à  un  liomme  dont  l'aspect 
indiquait  qu'il  avait  vu  passer  bien  des  années,  et  qu'il  était  un 
personnage  de  première  distinction  :  «  Avez-vous  jamais  entendu 
des  nouvelles  aussi  étranges  que  celle-ci?  »  —  «  :Non,  »  répondit 
le  sage  ;  «  je  m'imaginais  posséder  toute  la  science  du  pays  ;  car 
j'ai  entendu  les  récits  de  beaucoup  de  générations.  Je  suis  assis 
à  la  place  des  anciens,  mais  ma  science  est  confondue  par  les 
paroles  de  sa  bouche.  Il  faut  qu'il  ait  vécu  longtemps  avant  la 
période  où  nous  sommes  nés.  »  Alors  Makaba,  se  tournant  de  mon 
côté  et  posant  la  main  sur  ma  poitrine,  médit  :  «  Mon  père,  je 
t'aime  beaucoup.  Ta  visite  et  ta  présence  ont  rendu  mon  cœur 
blanc  comme  le  lait.  Les  paroles  de  ta  bouche  sont  aussi  douces 
que  le  miel.  Mais  la  parole  d'une  résurrection  est  trop  grande 
pour  être  entendue.  Je  ne  veux  plus  entendre  parler  d'une  résur- 
rection des  morts  !  Les  morts  ne  peuvent  pas  ressusciter  !  Les 
morts  ne  doivent  pas  ressusciter  !  » — «  Pourquoi,  »  lui  demanda i- 
je,  «un  si  grand  homme  refuserait-il  l'instruction  ou  se  détourne- 
rait-il de  la  sagesse?  Dites-moi,  mon  ami,  pourquoi  je  ne  dois 
pas  parler  d'une  résurrection  ?  »  Alors  étendant  son  bras  nu,  ce 
bras  si  puissant  dans  les  batailles,  et  faisant  le  mouvement  de 
lancer  un  javelot,  il  répondit  :  «  J'ai  tué  des  milliers  d'hommes, 
et  ces  hommes  revivront-ils?...  »  C'était  la  première  fois  que  la 
lumière  d'une  révélation  divine  se  faisait  jour  dans  son  intelli- 
gence, et  jamais  encore  sa  conscience  ne  l'avait  accusé,  jamais 
elle  ne  lui  avait  reproché  un  seul  des  actes  de  pillage  et  de 
meurtri'  qui  avaient  marqué  sa  longue  carrière. 

Cette  conversation  fut  écoutée  des  assistants  dans  un  profond 
silence,  jusqu'à  ce  que  l'un  d'eux,  dont  l'aspect  indiquait  un 
homme  de  guei re,  \  prit  part  en  ces  termes  :  «  J'ai  tué  beaucoup 
d'hommes,  mais  je  n'ai  jamais  vu  cette  partie  immortelle  dont  tu 
parles.  ■ — «Parce  qu'elle  est  invisible,  »  répondis-je;  el  je  lui 
citai  bien  des  choses  invisibles  dont  il  n'avait  jamais  mis  en  don  te 
l'existence.  Makaba,  après  avoir  déclaré  de  nouveau  que  ses 
oreilles  n'avaiem  jamais  rien  entende  de  semblable  quoiqu'il  fût 
avancé  en  âge,  me  tii  comprendre  qu'il  en  avait  assez  entendu. 

I  es  indigènes  témoignaient  un  vif  intérêt  quand  je  leur  expli- 
quais l'usage  de  récriture  et  des  livres;  mais  ils  paraissaient 
éprouver  une  crainte  superstitieuse  de  les  toucher. 

Dans  les  entretiens  que  j'eus  avec  oe  monarque,  <L >n i  l'empire 


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DANS    LE    St'l)    DH    l\\FRIOUR.  259 

inouïes?»  Et  s'adressant  en  particulier  à  mi  homme  dont  l'aspect 
indiquait  qu'il  avait  vu  passer  bien  des  années,  et  qu'il  était  un 
personnage  de  première  distinction  :  «  Avez-vous  jamais  entendu 
des  nouvelles  aussi  étranges  que  celle-ci?  »  — «  TNon,  »  répondit 
le  sage  ;  «  je  m'imaginais  posséder  toute  la  science  du  pays  ;  car 
j'ai  entendu  les  récits  de  beaucoup  de  générations.  Je  suis  assis 
à  la  place  des  anciens,  mais  ma  science  est  confondue  par  les 
paroles  de  sa  bouche.  Il  faut  qu'il  ait  vécu  longtemps  avant  la 
période  où  nous  sommes  nés.  »  Alors  Makaba,  se  tournant  de  mon 
côté  et  posant  la  main  sur  ma  poitrine,  médit  :  «  Mon  père,  je 
t'aime  beaucoup.  Ta  visite  et  ta  présence  ont  rendu  mon  cœur 
blanc  comme  le  lait.  Les  paroles  de  ta  bouche  sont  aussi  douces 
que  le  miel.  Mais  la  parole  d'une  résurrection  est  trop  grande 
pour  être  entendue.  Je  ne  veux  plus  entendre  parler  d'une  résur- 
rection des  morts  !  Les  morts  ne  peuvent  pas  ressusciter  !  Les 
morts  ne  doivent  pas  ressusciter  !  » — «  Pourquoi,  »  lui  demandai- 
je,  «un  si  grand  homme  refuserait-il  l'instruction  ou  se  détourne- 
rait-il de  la  sagesse?  Dites-moi,  mon  ami,  pourquoi  je  ne  dois 
pas  parler  d'une  résurrection  ?  »  Alors  étendant  son  bras  nu,  ce 
bras  si  puissant  dans  les  batailles,  et  faisant  le  mouvement  de 
lancer  un  javelot,  il  répondit  :  «  J'ai  tué  des  milliers  d'hommes, 
et  ces  hommes  revivront-ils  ?...  »  C'était  la  première  fois  que  la 
lumière  d'une  révélation  divine  se  faisait  jour  dans  son  intelli- 
gence, et  jamais  encore  sa  conscience  ne  l'avait  accusé,  jamais 
elle  ne  lui  avait  reproché  un  seul  des  actes  de  pillage  et  de 
meurtre  qui  avaient  marqué  sa  longue  carrière. 

Dette  conversation  fut  écoutée  des  assistants  dans  un  profond 
silence,  jusqu'à  ce  qlie  l'un  d'eux,  dont  l'aspect  indiquait  un 
homme  de  guerre,  \  prit  part  en  ces  termes  :  «  J'ai  tué  beaucoup 
d'hommes,  mais  je  n'ai  jamais  vu  cette  partie  Immortelle  dont  tu 
parles.  »  —  «  l'arec  qu'elle  est  invisible,»  répondis-je;  et  je  lui 
citai  bien  des  choses  invisibles  dont  il  n'avait  jamais  mis  en  doute 
l'existence.  Makaba,  après  avoir  déclaré  de  nouveau  que  ses 
oreilles  n'avaient  jamais  rien  en  tend  a  de  semblable  quoiqu'il  fût 
avancé  en  âge,  me  lit  comprendre  qu'il  en  avait  assez  entendu. 

I  es  indigènes  témoignaient  an  \  il  intérêt  quand  je  leur  expli- 
quais l'usage  de  l'éoritute  61  «les  livres;  mais  ils  paraissaient 
éprouver  une  crainte  superstitieuse  de  les  toucher. 

Dans  les  entretiens  que  j'eus  avec  oe  monarque,  dont  l'empire 


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DANS    LE    SUD    DE    LAFRIQUE.  261 

demain  malin,  avant  le  réveil  des  Bavangketsis,  les  bœufs  furent 
amenés  sous  le  joug  et  tout  se  mit  en  mouvement  pour  le  départ. 
Les  indigènes,  voyant  que  nous  nous  disposions  à  partir,  nous 
environnèrent  par  milliers,  avec  des  bœufs  et  d'autres  objets  à 
vendre.  Il  leur  était  facile  d'apercevoir  nos  alarmes  et  nos  pré- 
paratifs de  défense.  Un  parti  de  cavaliers  armés  marchait  devant 
nous  pour  reconnaître  le  ravin  que  nous  avions  à  traverser,  car 
on  prétendait  qu'une  troupe  de  soldats  s'y  trouvait  cachée. 
Etrange  manière  de  prendre  congé  d'un  roi  et  d'un  peuple  qui 
nous  avaient  témoigné  tant  de  bienveillance! 

Autant  aurait-il  valu  essayer  d'arrêter  le  vent  que  d'apaiser 
cette  terreur  panique.  Un  chef  indigène,  ayant  témoigné  à  un  de 
nos  hommes  sa  surprise  au  sujet  d'un  pareil  départ,  reçut  une 
réponse  insolent»},  accompagnée  d'un  geste  plus  insolent  encore, 
qui  parut  le  mettre  en  fureur.  Alors  je  commençai  à  craindre, 
non  pas  que  les  bruits  qui  couraient  fussent  fondés,  mais  que  cet 
acte  pût  donner  lieu  à  quelque  chose  de  sérieux;  et  je  sentais 
irop  qu'il  aurait  été  insensé  de  prétendre  résister  avec  nos  faibles 
forées  à  plusieurs  milliers  de  guerriers  sauvages.  Comme  je  ne 
pouvais  parvenir  à  retenir  nos  gens,  je  restai  en  arrière,  m'en- 
l retenant  de  mou  mieux  avec  les  principaux  chefs,  qui  se  pres- 
saienl  autour  de  moi,  avides  d'apprendre  la  cause  de  notre  fuite. 
Quand  les  wagons  furent  presque  hors  de  vue,  ils  me  permirent 
de  les  suivre,  après  avoir  exigé  de  moi  la  promesse  de  revenir  si 
je  ii"  pouvais  empêcher  l'expédition.  Les  wagons  s'arrêtèrent  à  une 
petite  source  appelée  Mabubichu,  à  une  demi-lieue  de  la  ville,  <•( 
cela  parce  que  quelques-uns  des  bœufs  se  trouvaient  égarés.  Des 
messagers  envoyés  par  Makaba  vinrent  se  plaindre  de  ce  brusque 
départ  ;  mais  personne  ne  voulu  1  se  hasardera  retourner  à  la 
ville,  et  comme  les  bœufs  ne  se  retrouvaient  pas,  on  passa  encore 
une  nuit  dans  l'anxiété  et  la  terreur. 

Le  lendemain  matin  je  déclarai  à  nies  compagnons  que  j'étais 
résolu  à  retourner  auprès  de  tfakaba,  pour  détruire,  s'il  était 
possible,  la  mauvaise  impression  causée  par  leurs  craintes  chi- 
mériques. Ton-  s'opposèrenl  à  mon  dessein,  et  quelques-uns 
parlaient  même  d'employer  la  force  pont-  m'empêcher  de  courir 
a  la  mon,  comme  | ,  disaient.  Cependant  je  les  quittai  pour  me 
diriger  du  côté  de  la  \ille,  et  avant  d'\  être  arrivé  je  fus  rejoint 
par  trois  des  nôtres  qui  me  suivirent  en  silence.  Nous  trouvai™  s 


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DANS    LE    SUD    DE    i/AFKIQUE.  ^63 

terreur:  ils  tombèrent  tous  la  face  contre  terre,  s'imaginant  avoir 
reçu  le  coup  niurtel.  Dès  que  je  fus  descendu  de  cheval,  Makaba 
déboutonna  mon  habit  pour  voir  les  «  petits  brigands,  »  comme 
il  les  appelait,  et  il  s'écria  :  «Quel  bonheur  que  vous  autres 
blancs  vous  soyez  les  amis  de  toutes  les  autres  nations!  car  qui 
pourrait  vous  résister?»  Puis  il  ajouta  en  mettant  sa  main  sur 
mon  épaule  :  «Je  vois  bien  à  présent  que  lu  n'avais  pas  peur,  sans 
quoi  lu  aurais  eu  tes  pistolets  ce  matin.  »  Après  avoir  passé  deux 
heures  ensemble ,  nous  nous  séparâmes,  entièrement  satisfaits 
de  part  et  d'autre. 

Deux  de  nos  gens,  Ivarse  et  Hendrick,  restèrent  en  arrière  avec 
leurs  wagons  pour  chasser  l'éléphant;  quant  à  Bérend-Bérend 
et  sa  troupe,  comme  ils  avaient  déjà  acheté  une  provision  d'ivoire 
«■lu-/,  les  Bavangketsis  ,  ils  se  décidèrent  à  revenir  directement 
avec  moi.  Le  jour  suivant,  nous  vîmes  arriver  trois  messagers 
envoyés  par  Tauane;  ils  venaient  demander  aux  Griquois  de 
perler  secours  le  plus  tôt  possible  aux  Barolongs,  qui  étaient  au 
moment  d'être  aitaqués  par  les  Manlatis.  Comme  nous  ne  pou- 
vions éviter,  faute  d'eau,  de  traverser  le  territoire  des  Barolongs, 
ce  que  nos  gens  eussent  fait  volontiers  pour  éviter  une  collision 
avec  des  guerriers  aussi  redoutables,  nous  précipitâmes  notre 
marche. 

Quand  nous  arrivâmes  à  la  ville,  le  lendemain  de  bonne 
heure  ,  elle  était  dans  un  tel  état  de  confusion  ,  que  nous  la 
crûmes  déjà  entre  les  mains  de  l'ennemi.  Nous  y  trouvâmes  Se- 
bonello,  chef  barolong,  sous  la  protection  duquel  nos  frères 
wesleyens,  MM.  Bodgson  et  Broadbent,  avaient  exercé  leur  mi- 
nistère sur  la  rivière  Jaune,  et  quiavaii  été  expulsé  de  son  ter- 
ritoire  par  1rs  Mantalis.  Le  tumulte  s'étant  un  peu  calmé 
quand  on  se  fut  aperçu  que  l'ennemi  n'était  pas  aussi  près  qu'on 
le- disait,  les  chefs  barolongs,  accompagnés  d'un  millier  d'hom- 
mes armes,  vinrent  se  poster  devant  les  wagons,  et  firent  tous 
leurs  efforts  pour  engager  les  Griquois  a  s'unir  à  eux  afin  de  re- 
pousser lea  maraudeurs.  Emus  par  leurs  pressantes  sollicitations, 

nous  les  engageâmes  a  nous  suivre  au  Kuruinan  ;  mais  ils  ne 
voulurent  pas  y  consentir,   par  suite  d'une    vieilli;    inimitié  qui 

exiatail  entre  eux  ri  les  Batlapis.  Nous  attendîmes  pendant  un 

jour   dans  l'espoir  de   voir  arriver    Ceux   de   nos   gens  que    nous 

avions  laissés  <n  arrière,  et  que  nous  avions  envoyé  prévenir  du 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  265 

menaçant.  Evidemment,  ils  répugnaient  à  s'éloigner,  preuve 
qu'ils  avaient  projeté  une  attaque  nocturne.  Nous  atteignîmes 
l'un  deux,  que  nous  entourâmes  aussitôt,  dans  le  but  de  lui 
apprendre  qui  nous  étions  et  que  nous  ne  voulions  pas  leur 
l'aire  de  mal.  Il  tenait  son  bouclier  et  sa  hache  d'arme  de  la 
main  gauche,  et  de  la  droite  un  javelot  qu'il  paraissait  prêt  à 
lancer.  Jamais,  je  l'avoue,  je  n'ai  rien  vu  d'aussi  effrayant  que  la 
physionomie  de  cet  homme;  et  j'en  conclus  intérieurement  que 
si  le  reste  de  sa  tribu  lui  ressemblait,  tout  espoir  était  perdu 
pour  les  Barolongs.  11  avait  le  corps  vernissé  de  graisse  et  de 
charbon;  une  vaste  cocarde  de  plumes  noires  d'autruche  parait 
sa  tête;  ses  yeux  étincelaient  de  rage  ;  et  sa  bouche  ouverte,  qui 
découvrait  une  double  rangée  de  dents  d'une  éclatante  blan- 
cheur, vomissait  contre  nous  les  injures  et  les  menaces  les  plus 
terribles.  In  de  nos  gens,  pour  l'effrayer,  tira  au-dessus  de  sa 
tète  un  coup  de  fusil  qui  le  fit  tomber;  mais  comme  on  se  pré- 
cipitait pour  s'emparer  de  lui,  il  se  retrouva  aussitôt  sur  ses 
pieds  et  nous  til  reculer  en  désordre;  s'il  n'avait  été  retenu  par 
la  crainte  de  perdre  sa  lance,  nul  doute  qu'il  n'en  eût  porté  à 
l'un  de  nous  un  coup  mortel.  Arrêtés  dans  notre  tentative  par 
l'obscurité  croissante,  nous  laissâmes  aller  cet  homme,  et  nous 
nous  dirigeâmes  du  côté  des  wagons,  dont  nous  étions  à  deux 
lieues.  Bientôt  nous  nous  trouvâmes,  non  sans  terreur,  envelop- 
pas de  nouveau  par  les  ennemis  que  nous  pensions  avoir  fuis,  et 
qui  s'étaient  seulement  cachés  dans  les  buissons.  Ce  fût  un  mo- 
ment critique  :  heureusement  que  nos  gens  comprirent  admira- 
blement leur  devoir,  et  qu'au  lieu  défaire  feu  sur  l'ennemi,  ils 
se  contentèrent  de  les  effrayer  par  quelques  coups  de  fusil  tirés 
par  terre  devant  la  tète  des  chevaux  ;  après  quoi  nous  nous  fîmes 
jour  au  galop  du  côté  oii  l'ennemi  paraissait  le  plus  faible;  mais 
ils  nous  poursuivirent  d'une  nuée  de  javelots,  et  si  un  cheval 
était  tombé,  et;  qui  aurait  pu  facilement  arriver  dans  l'obscurité, 
au  milieu  des  buissons  et  des  pierres,  il  aurait  été  à  l'instant  cou- 
vert de  leurs  lances  ainsi  que  son  cavalier.  En  approchant  des 
wagons,  nous  entendîmes  un  bruit  de  mousqueterie  qui  nous 
apprit  que  nus  compagnons  avaient  été  attaqués  de  leur  côté.  En 
effet,  un  gros  de  maraudeurs,  sortant  «les  roseaux  de  la  rivière  <»u 
ils  étaient  en  embuscade,  s'étaient  précipités  sur  les  wagons  et 
avaient  forcé  nos  gens  à  les  abandonner.  Après  avoir  frappé  nos 


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DANS    LE    SLD    DE    l'àFRIQUE.  267 

pour  les  effrayer  et  pour  les  décider  à  opérer  leur  retraite  au  plus 
\ite. 

Pendant  ce  temps,  Bérend  ,  son  frère  Nicolas,  les  conducteurs 
île  wagons  et  moi,  nous  attendions,  dans  l'anxiété  la  plus  vive, 
à  quelque  dislance  de  la  ville,  le  résultat  de  la  bataille.  Nous 
pûmes  voir  un  triste  échantillon  du  paganisme  dans  la  personne 
des  hommes  qui  étaient  restés  pour  garder  la  ville.  Lorsqu'ils 
eurent  lieu  de  craindre  une  défaite,  ils  s'enfuirent  de  leur  côté 
avec  leurs  aimes,  laissant  les  femmes  se  sauver  comme  elles  le 
pourraient  avec  des  fardeaux  énormes  et  leurs  petits  enfants  sur 
le  dos.  Quand  nous  vîmes  que  l'on  évacuait  la  ville,  nous  ren- 
voyâmes aussi  nos  wagons  ;  je  restai  seul  avec  Nicolas  pour  at- 
tendre l'issue  du  combat  et  savoir  ce  qu'étaient  devenus  nos 
hommes,  dont  le  sort  nous  inquiétait  au  dernier  point.  Dès  que 
nous  fûmes  assurés  qu'ils  étaient  sauvés  et  que  l'ennemi  avait 
lui,  je  courus  à  cheval  pour  apprendre  à  la  multitude  lerritiée 
que  le  danger  était  passé.  C'était  un  triste  spectacle  de  voir, 
tout  le  long  du  chemin  par  lequel  ils  avaient  fui,  jetés  pèle-mèle 
des  ustensiles,  des  manteaux,  des  vivres,  et  un  grand  nombre  de 
petits  enfants  abandonnés  par  leurs  inères  effrayées,  qui  s'i- 
maginaient que  tout  était  perdu.  Elles  refusèrent  de  me  croire 
quand  je  leur  assurai  que  l'ennemi  avait  pris  la  fuite;  elles  ne 
répondirent  à  mes  instances  qu'en  courant  plus  vite,  et  il  me  fal- 
lut presque  employer  la  force  pour  obtenir  qu'elles  revinssent 
sur  leurs  pas  et  qu'elles  ne  laissassent  pas  leurs  nourrissons 
mourir  de  froid  ou  servir  de  proie  aux  hyènes.  Il  est  vrai  qu'en- 
suite ces  pauvres  créatures  me  remercièrent  avec  des  larmes  de 
reconnaissance  de  la  violence  que  je  leur  avais  faite  pour  les 
obliger  à  sauver  leurs  enfants. 

l'eu  à  peu  les  habitants  de  la  ville  se  réunirent  autour  de  nos 
wagons  auprès  de  la  rivière;  au  milieu  de  la  joie  générale  d'a- 
voir échappé  au  danger,  il  y  avait  aussi  des  cœurs  brisés  par  la 
douleur;  rien  ne  saurait  être  plus  déchirant  que  l'arrivée  de  Se- 
bonello,  surtout  lorsqu'il  s'écria  :  *  l>e  loue  me,  .unis  je  reste 
seul  !  i  Le  soir,  nous  1 1 1 1 1 1 1< !S  une  réunion  dans  laquelle  nous 
passâmes  en  revue  les  miséricordes  dont  nous  avions  été  l'objet, 
et  nous  rendîmes  à  Dieu  de  ferventes  actions  de  -races  pour  ses 
délivrances  Tauane,  Gootse,  Sebonello,  ainsi  que  d'au  très  chefs, 

ipprochèreni  de  lierend  et  le  remercièrent  de  la  manière  la 


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CHAPITRE  XXV. 


Etai  des  esprits. —  Guerre  civile.  —  Présomption  de  Mothibi.  —  Conférence 
avec  ce  chef.  —  Attaque  des  maraudeurs.  —  Abandon  de  la  station.  —  Agi- 
tation générale.  —  Mort  du  jeune  prince  Péclu.  —  Epidémie.  —  Superstition 
barbare.  —  Nouvelles  attaques.  —  Maladie  de  M.  Hughes.  —  Perspective 
décourageante. —  Conduite  déloyale. —  Chef  dévoré  par  un  lion. —  Non 
velles  alarmes.  —  Description  du  fléau  des  sauterelles.  —  Les  veaux  volés. 
—  Conversion  remarquable. 


Après  mon  retour,  M.  Fin  m  il  ton  conlinun  ses  travail*  à  In  nou- 
velle stntion  ,  aidé  par  M.  Huches,  qui  était  arrivé  récemment 
de  Griqua-Tovra ;  quant  à  moi,  je  restai  à  l'ancienne  station  , 
pour  continuer  à  célébrer  le  service  divin  chez  les  Béchuanns. 
L'attaque  des  Griquois  rebelles  contre  les  Batlnros  fut,  poirrces 
derniers,  le  prélude  d'une  longue  série  d'épreuves  qui  furent 
sur  le  point  d'amener  In  ruine  de  la  mission.  L'esprit  public  était 
dans  un  étal  de  fermentation  continuelle,  et  la  métinnce  régnait 
entre  les  diverses  tribus.  La  fréquentntion  du  service  divin  était 
on  ne  peut  plus  irrégulière;  Mothibi  expliquait  cela  en  disant 
que  lorsqu'ils  étaient  attaqués  par  un  ennemi  venant  de  l'inté- 
rieur, cl  qui  n'avait  ni  chevaux  ni  fusils,  il  leur  restait  quelque 
chance  d'échapper  au  sort  qui  les  menaçait  ;  mais  que,  lorsqu'ils 
étaient  attaqués  parles  Griquois  et  les  Coran  nas,  qui  possédaient 
ces  moyens  de  destruction  par  suite  de  leurs  relations  avec  les 
blancs,  les  cœurs  des  Béchuanas  ne  pouvaient  penser  à  rien,  si- 
ion  aux  calamités  qui  les  attendaient. 


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dans   LE  MD   DI-:  l'ai-t.iql'k.  273 

(reprendre  une  guerre  civile.  Mothibi  répondit  d'un  ton  mépri- 
sant que  les  Griquois,  qui  avaient  reçu  les  enseignements  de 
l'Evangile,  étaient  bien  engagés  dans  la  guerre;  que  lescbefs  des 
brigands  qui  les  menaçaient  étaient  des  Griquois;  que  les  Batla- 
ros  étaient  ses  sujets,  et  qu'ils  méprisaient  ses  menaces  dans  l'es- 
poir que  les  missionnaires  le  détourneraient  de  prendre  des  me- 
sures sévères,  mais  qu'il  était  décidé  à  leur  faire  sentir  qu'il  ne 
dépendait  que  de  lui-même.  Après  quelques  observations  a  mères 
sur  notre  conduite,  sur  ce  que  nous  n'avions  pas  commencé  par 
régénérer  les  Griquois,  et  pariiculièrementJacquesCloeteetKlass 
Drayer,  les  chefs  des  maraudeurs,  qui  avaient  autrefois  fait  pro- 
fession de  l'Evangile,  il  se  retira  furieux. 

Le  lendemain  malin,  il  revint  avec  quelques  chefs;  et  comme 
il  avait  eu  le  temps  de  réfléchir  sur  le  conseil  que  nous  lui  avions 
donné,  il  se  montra  aussi  conciliant  que  possible,  et  me  pria  de 
l'accompagner  auprès  des  Ballaros  pour  tâcher  de  prévenir  la  ba- 
taille. Je  m'engageai  à  le  faire  à  condition  qu'il  me  laisserait  d'a- 
bord transférer  ma  famille  auprès  des  frères  à  la  nouvelle  station, 
ce  qui  prendrait  deux  ou  trois  jours.  Je  lui  recommandai  aussi 
d'envoyer  chez,  les  Ballaros  une  simple  ambassade  et  non  pas  une 
force  année,  car  je  connaissais  trop  le  caractère  des  Béchuanas 
pour  croire  qu'ils  pussent  agir  de  manière  à  regagner  l'affection 
des  Ballaros  justement  offensés;  et  je  ne  doutais  pas  que  ces  der- 
niers, pour  seconder  leur  vengeance,  ne  demandassent  du  secours 
aux  hordes  cachées  dans  les  montagnes. 

M;ii>  l'expédition,  avide  de  butin,  partit  le  lendemain  sans  at- 
tendre Mothibi.  Il  en  résulta  le  pillage  des  villes  et  des  villages 
•  1rs  Batlaros,  qui  prirent  la  fuite  à  l'approche  de  leurs  ennemis. 
Je  transportai  ma  famille;»  la  nouvelle  station,  dont  l'habitation 
provisoire  se  trouvait  prête.  Deux  jours  après  je  revins  à  la  ville 
îrVec  M.  Ha  mil  ton  pour  chercher  quelques  objets  dont  nous  avions 
besoin-,  et  comme  les  bruils  les  plus  alarmants  couraient  dans  le 
pays,  Mothibi  \ini  avec  quelques-uns  de  ses  gens  passer  la  soirée 
avec  nous  dans  notre  ancienne  maison  de  roseaux;  nous  nous 
assîmes  par  lerre  autour  du  feu,  n'ayant  ni  table,  ni  chaises,  l  ne 
conversation  animée  s'engagea  sur  les  causes  des  malheurs  qui 
nous  menaçaientel  sur  les  meilleurs  moyens  à  employer  pour  les 
conjurer.  Mothibi  affirma  de  nouveau,  du  même  ion  d'irritation, 
que  les  chefs  des  maraudeurs  étaient  des  Griquois,  nos  .unis  et 

18 


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mains  des  femmes  pour  arracher  plus  facilement  les  anneaux 
qu'elles  portaient  aux  bras.  De  plus  quelques  prisonniers  échap- 
pés de  leurs  mains  nous  assuraient  que,  selon  toute  probabilité, 
ils  attaqueraient  la  station  dans  l'espoir  d'y  trouver  des  muni- 
tons.  Après  beaucoup  de  délibérations  et  de  prières,  nous  déci- 
dâmes que  M.  Hughes  et  moi  avec  nos  familles  nous  partirions  le 
lendemain  matin,  en  emportant  nos  meubles  les  plus  nécessai- 
res; que  M.  Hamilton,  qui  n'avait  pas  de  famille,  resterait  avec 
un  homme  et  deux  chevaux,  jusqu'à  ce  que  nous  pussions  en- 
voyer  à  son  secours  depuis  Daniel's-Kuil. 

Le  dimanche  ne  fut  point  pour  nous  un  jour  de  repos;  mais, 
bien  que  nous  eussions  pendu  nos  harpes  aux  saules,  il  nous  fut 
donné  de  lutter  avec  Dieu  par  la  prière  en  faveur  de  ces  pauvres 
Bécbaanas,  qui  semblaient  abandonnés  à  un  esprit  de  vertige,  et 
que  nous  voyions  dispersés  par  milliers  sur  la  face  du  désert,  me- 
nacés de  la  mort  et  souffrant  tous  les  tourments  de  la  faim.  Beau- 
eoup  de  femmes,  que  la  fatigue  avait  privées  de  l'usage  de  leurs 
jambes  et  dont  quelques-unes  étaient  près  du  terme  de  leur  gros- 
si 196,  avaient  cherché  un  asile  dans  nos  habitations;  d'autres 
;iv;iient  succombé  de  lassitude  et  d'épuisement.  C'était  un  spec- 
tacle déchirant  que  ces  créatures  infortunées  auxquelles  nous  ne 
pouvions  porter  presque  aucun  secours. 

Au  bout  de  einq  jours,  passés  dans  la  tristesse,  nous  arrivâmes 
à  Griqua-Town  ;  nous  y  fûmes  accueillis  de  la  manière  la  plus 
cordiale  par  H.  Sass,  qui  avait  préparé  des  logements  pour  nous 
recevoir.  Pendant  ce  temps  M.  Hamilton  fut  rejoint  par  un  déta- 
chement que  Iiérend  lui  envoya  de  Daniel's-kuil,  et  qui  resta 
auprès  de  lui  une  quinzaine  de  jours.  Les  alarmes  de  la  popula- 
tion s'étant  calmées,  M.  Hamilton  nous  envoya  dire  que  tout 
était  tranquille,  et  que  les  Béehuanas  attendaient  impatiemment 
notre  retour.  Malgré  ce  caftme  temporaire,  l'avenir  ne  paraissait 
rien  moins  que  rassurant,  et  comme,  dans  le  cas  d'une  seconde 
attaque,  nous  ne  pouvions  espérer  du  secours  du  côté  des  Gri- 
quois,  nous  jugeâmes  plus  prudent  de  ne  pas  rapporter  à  la 
station  lis  objets  que  nous  avions  mis  en  sûreté,  l  m'  commotion 

aérale  Agitait  les  tribus  de  l'intérieur  ;  elles  inoridaient  h'  p a\  a 

de  Btng,  et  semblaient    ne   pouvoir  subsister  qu'en  se  détruisant 

les  unes  les  autres.  Les  redoutables  Bavangketsis,  invincibles  jus-J 
qu  à  ce  moment,  avaient  été  dispersés  par  des  forces  combinées, 


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DANS    LE    SUD    DE    L  AFRIQUE.  'li  / 

bon,  dans  sa  sagesse,  de  nous  enlever  cet  espoir,  pour  que  nous 
apprissions  à  ne  pus  nous  appuyer  sur  un  bras  de  chair.  Il  mou- 
rut d'une  maladie  épidémique  appelée  kuatsi,  qui  se  manifeste 
sous  la  forme  d'un  furoncle,  et  qui  emporte  beaucoup  de  bes- 
tiaux ;  comme  les  indigènes,  pour  rien  au  monde,  ne  voudraient 
consentir  à  ne  pas  manger  la  viande  de  ceux  qui  ont  succombé, 
ils  sont  souvent  attaqués  de  ce  fléau.  Si  la  tumeur  se  trouve  voi- 
sine d'un^  partie  vitale,  comme  ce  fut  le  cas  pour  Péclu,  elle  est 
ordinairement  mortelle;  elle  l'est  toujours  lorsqu'elle  est  interne 
et  que  la  suppuration  ne  se  fait  pas  à  l'extérieur.  La  viande  des 
chèvres  mortes  de  cette  maladie  est  particulièrement  nuisible,  et 
i  .ii  connu  des  personnes  qui  ont  été  emportées  en  cinq  jours 
après  en  avoir  mangé.  Il  se  produit  sur  tout  le  corps  une  enflure 
considérable,  accompagnée  d'un  engourdissement  général;  mais 
les  douleurs  ne  sont  pas  vives.  J'en  parle  par  expérience,  ayant 
eu  moi-même  une  de  ces  pustules  au-dessus  du  sourcil  droit  ;  ma 
constitution  en  fut  fortement  ébranlée,  et  ma  guérison  n'était  rien 
moins  que  certaine.  Des  observations  longtemps  répétées  m'ont 
appris  qu'il  est  utile  en  cas  pareil  de  faire  prendre  des  médica- 
ment apéritifs,  de  cautériser  la  pustule,  et  de  provoquer  un 
écoulement,  soit  au  moyen  d'un  cataplasme,  soit  en  y  appliquant 
Je  1er,  soit  en  la  faisant  sucer;  il  est  aussi  d'une  grande  impor- 
tance que  le  malade  ne  s'expose  pas  au  froid. 

Pour  celte  maladie,  comme  pour  toutes  les  autres,  lorsqu'un 
indigène  de- distinction  en  meurt,  on  cherche  avidement  la  cause 
ii>-  celte  mort,  non  dans  la  nature  du  mal,  mais  dans  l'influence 
d'une  personne  étrangère  qui  ^'est  trouvée  en  inimitié  avec  la 
victime,  ou  qui,  de  quelque  autre  manière,  a  donné  heu  de  la 
soupçonner.  C'était  une  croyance  généralement  répandue  parmi 
I  -  Béchuanaa  que  les  hommes  étaient  faits  pour  vivre  toujours, 
el  que  l.i  mort  était  toujours  le  résultat  d'un  accident,  ou  du 
défaut  de  nourriture,  ou  de  la  malignité  et  de  la  sorcellerie.  La 
moi  i  des  pauvres  produit  peu  d'impression,  el  ne  donne  pas  lieu 
a  de  pareils  soupçons;  mais  plus  d'une  fois  l'on  a  égorgé  de  sang- 
Froid  les  domestiques  d'un  riche,  uniquement  parce  qu'on  les 
soupçonnai)  d'être  pour  quelque  chose  dans  la  maladie  de  leur 
ire.    I  ii    jour    que     j'allais   \  i -^i l» -r    un   Chel    malade,    un  de^ 

hommes  qui  le  soigna  ienl  vint  me  dire  d'un  air  radieux  qu'il  ne 
larderail  pas  .<  guérir,  attendu  qu'on  venail  di    mettre  à  mon 


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UjIhm.i.  in  i.  du  i  •  .  qui 

l'iu.s    ii  l.iin-  que  li  il    lit   00(11 

Pi  i  lu  le  qu'ils  «Imihii  r    I. 

temps  d«  imr  .  In  /  I-      l ■  M  <  li- 

luivin  ni.   mi  iliou  >!•    I-  - 

une  l.i   jui  i>|irmli  in       il.  -  lli  .In  loi  ilu   la- 

it..n,  .i.  s  ,  \,  n.  n..  ma 
meut  il  m»  l> ■-  r  i  ijourd  liui 

m-  lu-«.-i  n  .  -.  nniiii-  .i    |ilu>  •!•    nul  i 
lions  missinuii  i  ' 

tint  qu'il  ;i|i|H.rt.'  .iiix  sauvage»  niiliteace  •> 

I'  n     i  i  ■  >.\  i  I  mu  pas  i  pu  tso  ignorent 

li     l.s    | > I  II.  V  ;nl     I    III- 

Iln-IM  i     (J|      |    I    \    ,n.   »  I  •  -    iljli»    •  HT»    il 

uvelei    li  jurisprudci 

in,i,s  il  uni   Uirluru   -inv.i-i  «I.  «  irrèU  .ige»*c 

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I    i  n i> >i  i  <|.<  T,  ,  !u  lu;  |>.  .n r  ».  »  j.  il.  ut»  i*l  se»  ami»  h   suj.-l  d 

•  1. mit  in   |iml.>inl<   •  - 1  .« i 

•  t.  enseveli,  la  m  liaon  qu'il  •>  lit  1 1 1 1  >i  i  ■ 

qu'il  j\.iil   Ii  •-•  |  n  •  n  té»,  i  l  Ions  li  »  nliji  In  auxqu 

souvent  i    ' 

n.  .n  m  \  .  \ n.  n  i»  .l 'n  Mimreul  ^<i,i  i.\.  • 

mi-  1 1 1  Mil. .  i.- 1  iiiii  ém 

m  de   la  qui)         \  u  m  lu 

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iiimilji.nl  i  nns|  imnx  ni    x         II 


DAHS    LE    SUD    DE   LA  II'.  IULE.  '270 

Nous  continuâmes  a  célébrer  notre  culte  public,  et  quand  les  in- 
digènes ne  voulaient  pas  venir  à  nous,  nous  allions  à  eux. 

Vers  cette  époque  un  autre  corps  d'armée  considérable,  parti 
du  fleuve  Orange,  et  muni  de  chevaux  et  de  fusils,  dirigea  une 
attaque  contre  les  tribu?  situés  à  l'ouest  de  notre  station,  et  com- 
mit d'horribles  cruautés.  La  population  consternée  s'enfuit  une 
seconde  fois,  et  à  la  prière  de  Mothibi  nous  dépêchâmes  on  messa- 
ger à  (Jiiqua-Tovsn  pour  demander  du  secours;  mais  il  ne  fut  pas 
au  pouvoir  de  Waterboer  de  nous  en  accorder,  quelle  que  tût  sa 
bonne  volonté.  Comme  nous  avions  beaucoup  souffert  lors  de  la 
dernière  fuite,  soitdans  nos  biens,  suit  dans  notre  santé,  et  comme 
nous  n'as  ions  plus  confiance  à  la  vieille  histoire  inventée  par  les 
indigènes,  qui  nous  affirmaient  toujours  que  les  ennemis  nous 
attaqueraient,  nous  résolûmes  de  rester  à  notre  poste.  Nous 
fûmes  encouragés  dans  ce  projet  par  l'arrivée  de  M.  Hughes,  ac- 
compagné d'un  maçon  nommé  Milieu  et  de  quelques  Hottentots 
de  Betheisdorp.  Nous  barricadâmes  les  parois  de  roseaux  de  la 
maison  de  M.  Hamilton  avec  des  caisses  et  des  sacs,  atin  qu'en 

-  d'attaque  noos  fussions  garantis  jusqu'à  un  certain  point  des 
coups  de  fusil  ;  mais  au  bout  de  quelques  jours  d'alarme  nous 
vîmes  l'ennemi  s'éloigner,  content  d'emporter  un  riche  butin  en 
bestiaux.  Les  indigènes  s'étaient  rassemblés  autour  de  nos  habi- 
tations provisoires;  mais  comme  les  incursions  dévastatrices  qui 
partaient  du  fleuve  Orange  et  des  montagnes  Longues  ne  parais- 
saient pas  être  a  leur  terme,  ils  finirent  par  se  décider  à  aban- 
donnei  la  station.  Gomme  les  Bushmen  leur  avaient  pris  beau- 
coup de  bétail,  ils  paraissaient  pencher  pour  quitter  le  Kuruman. 
L'arrivée  de  six  hommes  a\<-<-  leurs  familles,  dans  de  pareilles 
circonstances,  rendit  notre  situation  excessivement  critique,  de- 
|m,iii\u>  comme  nous  l'étions  de  provisions  de  bouche,  et  dans 
un  pays  où  l'on  il--  trouvait  rien  a  acheter.  Nous  avions  un  chas- 
seur qui  passait  Bon  temps  a  poursuivre  do  gibier,  et  nous  nous 
emparions  avidement  de  tous  les  objets,  mimés  ou  inanimés,  qui 
pouvaient  bien  ou  m. il  servir  à  apaiser  la  faim.  Nous  tenions 
beaucoup  a  conduire  jusqu'au  bout  le  plan  que  nous  aviou- 

rmé  de  nous  bâtir  des  habitations,  --t  d'amener  au  moyen  d'un 
i  m  il  l'eau  de  h  rivière,  qui  était  alimentée  par  Tune  des  pins 
belles  sources  du  sud  de  l'Afrique.  C'était  là  un  travail  considé- 
rable, et  qu'il  nous  fallait  poursuivre  au  milieu  des circonstam  i  - 


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I  'inlu'lil     II  m    1.  nul  | 


DANS    LE    SUD    DE    l' AFRIQUE  281 

espoir;  niais  sa  constitution  en  conserva  un  tel  ébranlement  qu'il 
ne  recouvra  entièrement  ses  forces  que  lorsque  la  santé  de 
Mme  Hughes  l'obligea  de  faire  un  voyage  à  la  cote  ;  il  passa  en- 
suite en  1827  à  la  mission  Griquoise,  où  il  a  travaillé  depuis 
avec  succès. 

Il  me  serait  difficile  de  raconter  toutes  les  vicissitudes  que  nous 
eûmes  à  éprouver  pendant  l'enfance  de  cette  nouvelle  station. 
Plusieurs  de  nos  aides  nouvellement  arrivés,  qui  n'étaient  pas 
sous  l'influence  delà  foi  chrétienne,  ne  se  pliaient  qu'en  mur- 
murant aux  privations  que  nous  avions  appris  à  endurer  patiem- 
ment. Des  brigands  armés  faisaient  d^s  incursions  sur  notre 
terrain,  menaçant  de  tout  détruire.  Nous  étions  forcés  de  nous 
livrer  journellement  à  toute  espèce  de  travaux,  la  plupart  très- 
pénibles,  sous  un  soleil  brûlant  et  dans  un  climat  aride  où  la 
plu ie  n'était  tombée  qu'une  seule  fois  dans  le  cours  des  douze 
derniers  mois.  Au  milieu  de  ions  ces  travaux  manuels  il  fallait 
encore  apprendre  la  langue  des  indigènes,  ce  qui  était  d'autant 
plus  dillicile  que  celle-  langue  n'était  pas  écrite.  Après  avoir  pré- 
paré  à  force  de  travail  un  alphabet,  un  catéchisme  et  une  tra- 
duction de  quelques  parties  des  Ecritures,  nous  les  envoyâmes 
au  Cap  en  1825,  pour  les  faire  imprimer;  mais,  comme  pour 
combler  la  mesure  de  nos  peines,  un  malentendu  les  6 1  expé- 
dier en  Angleterre,  et  ce  ne  fut  qu'au  bout  d'un  lemps  très-long 
(pie  nous  pûmes  les  faire  renvoyer  à  la  station. 

La  fureur  de  la  guerre  et  du  pillage  s'était  étendue  comme  une 
contagion  à  toutes  les  tribus,  je  dirais  presque  à  toutes  les  villes 
>l>-  la  contrée.  Les  Ballapis,  qui,  par  suite  de  la  proximité  ou  ils 
étaient  de  notre  station,  avaient  moins  souffert  que  toutes  b's  au- 
tres tribus,  loin  de  se  montrer  reconnaissants  de  celle  circons- 
tance, autorisèrent  l'un  d'entre  eux,  le  frère  du  roi,  à  aller  attaquei 
avec  un  corps  de  troupe  les  postes  les  plus  éloigne-  d<  s  Bavang- 
ketsis.  Ils  s'avancèrent  jusqu'au  pays  des  Barolongs,  où  ils  trou- 
vèrent le  chef  Gonlse  qui  les  accueillit  et  les  béberg  i  généreu- 
sement, étant  parent  de  la  famille  royale  des  Ballapis.  Gontse 
qui  était  un  homme  d'un  caractère  doux  et  d'un  jugement  sain, 
_  i  .i  renoncei  à  une  entreprise  téméraire  qui  ne  pouvait 
avoir  pour  résultat  que  leur  ruine.  Le  chel  persuadé  par  ces  rai- 
sons résolut  de  revenir  sur  »-^  pas;  mais  ayant  attendu  le  moment 
ai  le  bétail  d<   i  eux  qui  les  avaient  reçus   i\>  <  tant  d  bospil  dite 


2N2  \in  «\<    i 

ir..'i\  m  ho<  i  de  la  villf,  il  «ut  1 1  l.'uii.  .  ,  i 

i  MinriP-  »••«.  •_••  un  .i\.innl 

■  h  fuite  '  •  n\  qui  étaient  charge*  «I  rde*     II»  revinrent  -t  m* 

I»;  voisinage  de  lii  station  i  «  »  1 1 1  honteux    -u. . .  « 

n..iin  nous  !>■  In«-  <pi'  -         l        h.  I 

il«  celle  bande  d<  ^1  <  >t lu l»i  à  < 

.<u.  i    MM    aaaembk-e  publique  |«-ur  mieux  t  (>a  en- 

lll|H  es    .1.-    le  .ii-    i|.~»  .  «.pi  ••Ui'illll     li 

n.l.  s  .m  >uj«-i  «If  i  e  qui  -t %  .ut  eu  lieu;  mais  il*  n'apprirent  r 
autre  <  hôte  ai  non  qu  étions  tn-        i  n  nu  i  * 

il  «lu  .i  l'.iNsfiniil ,•«•  que  muiIs  li<>ntmes 

.m  monde  qui   ne  volassent  pas  du  I-  i  lil  ;  api  en  quoi  il  <l-  «  lar.i 
que   bn'ii  l"in  il.  •>«■  I.iinmt  iniiinjder  pai  eux,  il  leur  montrerait 
mi->i  bien  qu'aux  irihu*  enxiroiinantflj  que 
jusque-là  molala     p.mxrr    .   il    «.i-r.m  •  !•  ■  v 

•  \ •  •  i r    ainsi    i  I  pariii  a\«  i    un  i*v  i 

I  n.    i|  i.  s>midi,  .  ml  dans  !  il  prit 

m.. m. i  i  .  ii.  \  .1  ri  donna  l'ordn  rJomestiqui 

suivra  Ml  un  autre  <  he\  >i    >         m  mail    l  •  m  ;r. 

uit   li    plufl  r  ipide,  il  la    nuit    .  I  ml  il  dlSp  IM  le» 

mouvcmenii  du  terrain    el  le  domestique  revint  aaal  M  rend. 
\..iis    I  .    lendemain,  l< •  qui-hpii*»  romp  mil 

■  MM.   I  >  .Il -snn  malin-  ipi'il-   ■  nii.nl   bien  1 01 

.t.      \ |M .  -   !.     -  i  icea  U 

un  •  ndroil  .pu  ..  ,  i,|m   |  n 

I  |. n  M---. ut  qui    h  passer  l.i 

le  nuit,  il*  trouvèrent  lèche»  il    un-  pu  !•••«  Imns  n  • 

e  in<  lou<  h.  .  tandis  que  I  I n 

i>n    •.••*.   h.ilnlv  i  ni.      il  n.    r.  - 

lui  que  I'  '  ml 

.pli     miii  il  .  i.  .   i  .  \nr  lui 

i  .in.  lira  sa  l»'li  u  qu'il  ;«  r.ir .  en  la  p 

l  int    nui    lui     S'il  I  i  *««e.    il  pi' 

l'aur.ui  protégé  •  • s  l v  •  >  q«n  l  ni'. ut  i  ut  pins  proai| 

ineni  -!•  ■■  ou\i  n     1  •  et   i  •  I 

un  il  qu'il    n.ul    >.iilu    | 

un  it    lr.»p    fr.ipp 

i  Hiil.i| 

•  I  \  ni- m-.'  .lis  in.    .  in  u*  il  irnl  le   -i'-  •  t- 


DANS    LK    SUD    DE    l'aFMQUE.  '2$'-5 

forcèrent  de  s'étourdir  en  chassant  de  leur  souvenir  ce  qui  venait 
de  se  passer. 

Une  grande  agitation  régnait  toujours  dans  toute  la  contrée. 
De  nombeuses  expéditions  guerrières  parties  du  sud  l'alignaient 
incessamment  les  indigènes  et  les  contraignaient  à  mener  une 
vie  errante.  Quelques-QHS  de  nos  aides  Hottentots  nous  abandon- 
nèrent au  milieu  de  nos  travaux,  effrayés  par  les  bruits  alar- 
mants qui  parvenaient  jusqu'à  nous;  nous  eûmes  même  la  dou- 
leur de  nous  voir  abandonnés  par  un  homme  qui  avait  paru  em- 
brasser de  cœur  la  foi  chrétienne.  Dans  cet  abandon  nous  eûmes 
lieu  d'observer  l'accomplissement  de  cette  précieuse  promesse  : 
«  ta  Force  durera  autant  que  les  jours.  »  Nous  trouvâmes  un  se- 
cours inattendu  chez  quelques  Béchuanas  pauvres  qui  avaient 
appris  le  maniement  des  wagons  et  d'autres  choses  utiles. 

Après  plusieurs  années  de  sécheresse,  nous  avions  été  visités, 
au  commencement  de  l'année  18*2(3,  par  des  pluies  abondantes, 
et  la  terre  s'était  rapidement  couverte  de  verdure;  mais  nos 
espérances  furent  bientôt  anéanties  par  des  armées  de  sauterelles 
qui  infestaient  toute  l'étendue  delà  contrée  et  dévoraient  toutees- 
|>èce  de  végétation.  Elles  n'avaient  paru  dans  le  pays  que  depuis 
vingt  ans,  mais  depuis  lors  elles  ne  l'ont  jamais  entièrement 
quitté.  On  les  voyait  passer  comme  un  immense  nuage  qui  mon- 
tait depuis  la  terre  jusqu'à  une  grande  hauteur;  elles  produi- 
saient avec  leurs  ailes  un  bruit  considérable.  Elles  vont  toujours 
à  peu  près  dans  la  direction  du  vent;  celles  qui  sont  devant  des- 
cendent pour  dévorer  tout  ce  qui  se  trouve' à  leur  portée,  el  elles 
passent  à  l'arrière-garde  à  mesure  (pie  le  nuage  avance.  «  Klles 
n'ont  point  de  roi  et  toutefois  elles  vont  toutes  par  bandes  » 
(Prov.  \\\,  1~ i.  Le  BOir  elle-  jonchent  la  terre  eu  masses  confu- 
ses  pour  passer  la  nuit;  entassées  les  unes  sur  les  autres  à  la  pro- 
fondeur de  plusieurs  pouces,  elles  courbent  les  arbrisseaux  muis 
le  poids  de  leur  multitude.  Le  matin,  quand  h.'  soleil  commence 
a  réchauffer  l'atmosphère,  elles  prennent  leur  vol,  laissant  une 
vaste  étendue  de  terrain  Bans  une  trace  de  verdure;  elles  vont 
jusqu'à  dépouiller  les,  arbrisseaux  de  leur  écorce.  Toutes  les  fois 
qu'elles  font  halte  pour  la  nuit  ou  qu'elles  descendent  sur  la 
terre  pendant  le  jour,  elles  sont  dévorées  en  grand  nombre  pai 
les  serpents,  les  lézards  et  les  grenouilles,  ainsi  que  par  toute 

pèce  de  gibier  ;  lorsqu'elles  traversent  l>  \  airs  elles  deviennent 


_'  M  V  MG1  *  <  -    i  ■ 

1 1  proie  des  mil  m  i«»m  -.  uiul  «i 

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i  -  <  i 

loule  i  i  i-  •  'li-  d< 

mais  .1  il  heures.  I 

m   le  i"u*  I 

Il  un  II.      I  •       iml  ni.  ni  il 

prendi  icile   de  '  lire  p  ml  ml  l.i  nuii.  •  i 

m   p  uni  [ 

lui  I  i  1.  ni   in  il  1 1 

p  mii  lus  |-'i  t«-r  loi  kjn'ile  i  tin  m  ilin 

millio  i 

I  l\.'    s.||\ 

I'  h  ;  penls.  •  m  pr<  Un 

ineni  dans  une  _i  iode  inarniil 
■pn  i  qu'on  dra  »aii< 

» '  i-  m  mime  l<  -nr  i  m. 

.  i  lus  .hIi-n,  ■  |  qu  !  il  h, s  m,  .  :  it  «le  s* 

lui.,  on  loi  in  i  -H  proviai  mpleni< 

1 1-  -•  i r  le  |>l  nul        i 

in. h.  .i  -    .  ■>  d'un  |m  h  de  m  1  quand  ili  ei 

■  .h  bien  ils  l<  i  pili  ni  dans  un  moi 

■  il    l|U<  ... 
d'un  peu  dV.in,  m 

m. I    le  -  i  .11.  s  s. .ni 

1)1   | I  t   lOUl  |  ir||> 

P     IN        III).  (H.  ,l|     , 

'i nié  I  •  |" 

I 

Ils  .ni  mu 

.1     II    III  -      ,l|.    s 

tu  \-  nom  '!<•  l. 

■ 

utile  ph  i--  d«    l<  m   .1.  \.  I"|>|»  m.  m  • 

m.  .  I  I.  ■•  III, ou  I 


DANS    LE    SLI)    DÉ    l'aPRIQUE.  •JS.") 

Elles  ne  sortent  du  sable  où  sont  déposés  leurs  œufs  que  lorsqu'il 
est  tombé  de  la  pluie,  qui  fait  pousser  de  l'herbe  pour  la  nouvelle 
génération.  Dans  leur  marche,  que  rien  ne  peut  détourner,  elles 
semblent  un  ruisseau  rouge  foncé  qui  a  souvent  une  demi-lieue 
de  largeur,  et  par  suite  de  leur  sautillement  continuel  la  pous- 
sière semble  animée.  Un  torrent  large  et  rapide  pourrait  seul  les 
arrêter,  et  cela  seulement  en  les  noyant;  car,  si  l'une  d'elles 
parvient  sur  la  rive  opposée,  elle  conservera  sa  direction  primi- 
tive. Un  petit  ruisseau  n'y  peut  rien,  car  elles  nagent  parfaite- 
ment. Une  ligne  de  feu  ne  les  arrête  pas:  elles  sautent  au  milieu 
des  flammes  jusqu'à  ce  qu'elles  soient  éteintes,  et  les  suivantes 
passent  sur  les  cadavres  des  victimes.  Les  murailles  et  les  mai- 
sons ne  sont  pas  un  obstacle  pour  elles,  elles  grimpent  jusque 
par-dessus  les  cheminées,  toujours  poussées  en  avant  par  un 
instinct  invincible.  Toutes  les  puissances  de  la  terre,  depuis  le 
roi  des  animaux  jusqu'à  une  armée  rangée  en  ordre  de  bataille, 
ne  sont  rien  auprès  de  ces  faibles  insectes.  Sur  toute  l'étendue 
du  chemin  qu'ils  ont  suivi  on  n'aperçoit  pas  une  feuille,  pas  une 
apparence  de  verdure.  Les  habitants  d'un  village  pâlissent  d'effroi 
quand  ils  apprennent  que  les  sauterelles  marchent  en  droite 
ligne  vers  leurs  jardins.  Quand  la  contrée  est  peu  étendue  et  bor- 
née par  la  mer,  le  fléau  est  bientôt  passé,  les  vents  emportent 
le  nuage  sur  la  plaine  liquide  où  il  s'abat  pour  ne  plus  se  relever. 
C'est  ainsi  qu'on  ne  voit  presque  jamais  revenir  les  armées  im- 
menses qui  passent  au  sud  et  à  l'orient  ;  mais  le  nord  verse  con- 
tinuellement de  nouvelles  recrues.  Tous  les  efforts  humains  pour 
diminuer  ces  multitudes  seraient  aussi  infructueux  que  si  l'on 
voulait  avec  uni;  pompe  épuiser  l'océan. 

Néanmoins  nous  ne  pûmes  qu'être  reconnaissants  de  celle 
Visitation  dans  les  circonstances  où  nous  nous  trouvions;  car  les 
indigènes  ayanl  perdu  la  plus  grande  partie  de  leur  bétail,  ei 
leurs  jardins  étanl  presque  tous  détruits,  des  centaines  de  famil- 
les seraient  mortes  de  faim  sans  les  sauterelles,  il  n'était  pas 
étonnant  que  cette  population  affamer  se  jetât  sur  les  provisions 
si  insuffisantes  que  nous  nous  procurions  à  grand'peine  et  de 
fort  loin.  Si  nous  avions  le  malheur  de  perdu-  de  vue  un  moment 

nos  bœufs  OU  nos  veaux,  on  les  dérobait  immédiatement.  I  n  jour 

deux  hommes  descendus  des  montagnes  se  jetèrent  sur  celui  qui 
avaii  la  garde  de  notre  bétail,  le  tuèrent  el  prirent  la  fuite  avec 


\  IV 

un  UBU(    l^m-lipu-   Iriiip-    iprèi  Imiis  nog  \  .,|, 

il<*u\    'I >   hidiiii  nt    .1    I ■  >if     i.     •  t    il* 

irou%<  n  l  ma  les  ruines  d'un 

\  qui  f  l'A  irn.s   imprimée*  »> 

conduisirent  .1  nu  .  ndroil  où  ils 

lient  deux 

>»  •  iii|"'i» 1 

pied  foi  me.  Il  eùl  ile  •>  noi  boi a  de  l<  1  lui 

isil  .  in  us  ils  voul  lienl  .1  iomI  prix,  p  lasubb  . 

I<  -  mi'  n-  1  i  11  \  u  d'une  lutte  dan- 

.  l'un  des  voleurs  i>i  il  I  1  fui  le,  et  ils 
le  l' lutrt    qu  >l>  noui  ni.  IK 

partie  de  la  viandi  .  «pu.  bien  que  pr 

m.  m,  tut  pi. ni  noua  un    iliin.iii  «I ■»  1  m  li 

pr<  mu  1 .    i'">  qui  ^  .1  nh  le  pa)  e  .1. 

\.  m  inim  un  v  ~>n*.   il 

'.111.  ni   ilfl  v.  1  \.  ni  .1  .  nu.  |<  nu   I  «  |  n   il< 

Lut  que  fournil  la  va<  hé,  mail  on  I 

.HIV     \  "\ 

n. .if .  prisonni   1   n.m  u 
blail  ibruli  par  1 1   faim  .  il  loui  li  ni  hideusement  •  ; 

r.u>s  ni  homme  a  >  oui  nu  il 

|  .'il  lit  .1  no* 

fçnomenl  <l  .us  l.-  | 

m  II.  1 

-   -I   ril    ;  •■•mi    lui    iu  .t.  pati 

lequel  un  il<  il.    lu 

nver  s'il  tenait  à  m  vu     N 
jeune  boom  d'un  fusil,  il  .  un  1 

' 

(    Ipll.l      .1    .lis       I. 

mille  1 1  » 

ifln  1 

Mil  .  .1  un  *| 

pi'il  n 
•  h  i|  ,  pu  lui  .  Il  limi 

<  nU| 

| 


DANS    LE    SUD    DK    L'AFRIQUE.  287 

nous  l'avions  laissé  échapper  sans  autre  châtiment  que  quelques 
coups  de  sangle,  que  nous  devions  être  des  gens  d'un  fort  bon  na- 
turel,ce  qui  le  décida  à  reparaître  à  lastation.  Peu  de  temps  après 
il  fut  employé  parmi  nos  ouvriers  et  embrassa  l'Evangile,  dont 
il  a  fait  depuis  lors  une  profession  sincère  :  cet  homme  est  aujour- 
d'hui un  modèle  d'intelligence,  d'industrie  et  de  charité. 


<  Il  M'IIIJI      \\\l 


. 


\     :  n  li  lui  i|.    1  "  . i . : , •  .    1^ _'•• .   I  .  :  i  :  .|.    I isvinl  | 

<  ilin.     il   lui  .1.  cioV  q  -  un  n  l 

l>i.  s  ,|.   I  i  i  ,  ,  M  i  •  r  1 1 1  <  i|)  il.  m.  ni  .1  mis 

i.  m  la ii  •  | > 1 1  m'a*  ni  ■  if  j  iinpoaaibl 

Itn  h  1 1  t  •  -  !  •  ■  < 

\.  li.  .i  ition   M   II  i  reill  m,  il'un  •■ 

II.  Mil-'     II.  H. 

p     ll.l   Mil    II. 

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...ii.i  i 

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qui  n'avait   i 
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■uprJM  •!  un  k  '<   '* 

nili  ii 
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.1.   roii  s 


DANS    LE    SU)    DE    L'AFRIQUE.  ^(S9 

sàmes  paître  et  boire  en  liberté  nos  bœufs  épuisés  de  fatigue; 
mais  comme  nous  ignorions  dans  quelle  société  nous  pouvions 
être  appelés  à  passer  la  nuit,  nous  eûmes  soin  d'examiner  à  la 
lueur  d'une  torcbe  les  bords  de  l'étang  ;  cet  examen  nous  lit  dé- 
couvrir à  notre  grande  terreur  un  grand  nombre  de  traees  de  lion. 
Aussitôt  nous  réunîmes  les  bœufs,  qui  furent  attachés  au  wagon 
le  plus  solidement  possible;  leur  aspect  avait  déjà  quelque  chose 
d'égaré  qui  semblait  indiquer  qu'ils  avaient  pressenti  l'approche  du 
danger.  Les  deux  Barolongs  avaient  avec  eux  une  jeune  vache  que 
je  leur  recommandai  d'attacher  également  ;  mais  ils  répliquèrent 
avec  humeur  qu'elle  avait  trop  de  bon  sens  pour  quitter  le  wagon 
et  les  bœufs,  quand  bien  même  elle  sentirait  un  lion.  Après  avoir 
soupe  comme  à  l'ordinaire,  nous  finies  la  prière  et  chantâmes  le 
cantique  du  soir.  II  y  avait  quelques  minutes  à  peine  que  j'étais 
rentré  dans  le  wagon  pour  y  passer  la  nuit,  lorsque  nous  enten- 
dîmes tous  les  bœufs  trépigner  de  frayeur.  Un  lion  venait  desa'sir  la 
vache  tout  près  d'eux  :  il  la  traîna  à  la  dislance  d'une  trentaine  de 
toises,  et  nous  l'entendîmes  distinctement  briser  les  os  de  la  génisse 
qui  poussait  les  mugissements  les  plus  lamentables.  Je  pris  mon 
fusil,  et  comme  il  faisait  trop  obscur  pour  qu'on  pût  apercevoir 
les  objets,  je  fis  feu  à  diverses  reprises  dans  la  direction  où  j'avais 
entendu  le  bruit.  Le  lion  répondit  par  des  rugissements  terribles, 
et  s'avança  en  même  temps  du  côlédu  wagon,  à  la  grande  frayeur 
des  bœufs.  Les  deux  lîarolongs  prirent  des  tisons  qu'ils  lancèrent 
contre  lui  afin  de  me  procurer  la  clarté  nécessaire  pour  le  mettre 
en  joue.  Mais  la  vue  de  la  flamme  doubla  la  fureur  de  l'animal. 
nui  s'élança  aussitôt  sur  eux;  à  peine  eus-je  le  temps  de  changer 
la  direction  de  mon  fusil  el  de  tirer  entre  eux  et  le  lion.  Par  une 
direction  providentielle  la  balle  vint  frapper  le  sol  précisément 
au-dessous  de  sa  tête,  ei  cette  circonstance  le  lit  rétrograder,  ru- 
gissani  toujours  d'une  manière  enrayante.  Nous  fûmes  tous  d'ac- 
cord que  h-  meilleur  parti  à  prendre  était  de  le  laisser  tranquille 
s'il  ne  nous  inquiétait  plus. 

Comme  nous  n'avions  qu'une  très-petite  provision  de  bois  pour 
entretenir  h-  feu,  nous  nous  écartâmes  un  peu  de  l'étang  dans 
deux  directions  différentes  pour  en  chercher  parmi  les  buissons. 
I-  n'étais  pas  encore  loin  lorsque  j'aperçus  entre  moi  et  l'horizon 
quatre  animaux  dont  l'attention  paraissait  avoir  été  éveillée  pai 
le  bruit  que  j'  ivais  fait  en  brisant  des  branches  sèches  En  y  i<  — 

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DANS    LE    SI  I)    DE    L'AFRIQUE.  2'M 

leler  nos  bœufs  el  de  quitter  un  endroit  hante  par  quelque  chose 
de  pire  que  les  esprits.  Quand  nous  racontâmes  notre  histoire 
aux  indigènes,  ils  ne  témoignèrent  aucune  surprise,  el  se  bor- 
nèrent à  regretter  que  le  lion  eût  fait  un  pareil  festin,  tandis 
qu'eux  mouraient  de  faim.  C'étaient,  dans  toute  la  force  du 
terme,  de  pauvres  gens,  comme  l'indique  ieui  nom  de  Balai  a  ; 
n'ayant  encore  jamais  vu  ni  entendu  de  missionnaire,  ils  of- 
fraient un  triste  exemple  de  l'ignorance  el  de  la  dépravation  hu- 
maines. Je  m'entretins  longtemps  avec  eux  pour  tâcher  de  les 
convaincre  que  nous  sommes  appelés  à  quelque  chose  de  mieux 
<pie  de  manger  et  de  boire;  mais  tout  ce  que  je  pus  leur  dire 
resta  pour  eux  inintelligible,  et  ne  fil  que  les  amuser  :  ils  expri- 
mèrent leur  étonnement  qu'un  khosi  (roi),  comme  ils  m'appe- 
laient, put  dire  de  pareilles  absurdités. 

Après  avoir  quitté  ce  village,  nous  voyageâmes  pendant  deux 
jours  à  travers  un  pays  plat,  dans  la  direction  du  nord-esl;  nous 
passâmes  plusieurs  lits  de  rivière  desséchés,  où  l'un  aurait  dit 
qu'i!  n'avait  pas  coulé  d'eau  depuis  mille  ans  ,  et  nous  nous  arrê- 
tâmes a  Choaing,  village  de  Bogachu,  jeune  chef  barolong  très- 
intelligent,  dont  j'axais  déjà  eu  l'occasion  de  faire  la  connais- 
sance. J'\  passai  plusieurs  semaines,  ainsi  qu'à  Seiabeng,  vil- 
lage situé  sept  lieues  plus  loin  ,  où  résidaient  nu  grand  nombre 
île  Barolongs  et  de  Batlaros  ;  le  but  de  mon  séjour  était  d'étudier 
la  langue.  Ce  séjour,  du  reste,  n'avait  rien  (pie  de  fort  peu 
agréable,  obligé  que  j'étais  de  mener  une-  vie  demi-sauvage,  en- 
touré d'amas  incroyables  d'ordures  dé  toute  espèce.  Sétabeug 
n'était  pas  une  ville  proprement  dite  ;  ce  n'était  qu'un  séjour 
pro>  isoire  dans  lequel  les  Batlapis  avaient  cherché  un  asile  con- 
tre 1rs  attaques  des  maraudeurs.  Cette  circonstance  ajoutait  en- 
core aux  habitudes   de    saleté  qui  sont  toujours  le  résultat  de  la 

vie  nomade.  Comme  mon  but  était  de  passer  le  plus  de  temps 
possible  dans  la  société  des  indigènes,  je  me  trouvais  nécessaire- 
ment exposé  lorsque  j'étais  assis  avec  eux  dans  leurs  enclos,  à 
.l.s  myriades  de  visiteurs  de  l'espèce  la  plus  incommode,  qui  m; 
nie  laissaient  de  repos  ni  nuit  m  jour.  Les  indigènes  me  lémoi- 
n. dent  beaucoup  de  bienveillance;  mais  )■■  les  faisais  constam- 
ment rire  à  nies  dépens  par  mes  Fautes  de  langage.  Jamais  il 
n'arrivait  a  l'un  d'eux  de  corriger  nus  bévues  Mih  m'âvoir  pre- 
mi  renient  imite  dune  manier <  qui  faisait  éclutei  de  rire  toul< 


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DANS    LK    StT)    OF.    L  AFRIQUF. 


293 


raient  dans  mon  encrier  011  qui  s'amassaient  autour  de  la  pointe 
de  ma  plume  ;  elles  la  poursuivaient  jusque  sur  le  papier,  et  bu- 
\ aient  l'encre  à  mesure  qu'elle  coulait.  La  nuit  ne  m'apportait 
point  de  répit  :  dès  que  j'allumais  ma  chandelle,  des  insectes 
innombrables  bourdonnaient  à  l'entour  et  ne  tardaient  pas  à  l'é- 
teindre. Quand  il  m'arrivait  de  chasser,  pour  subvenir  à  mes  be- 
soins et  à  ceux  de  mes  gens,  j'étais  toujours  suivi  par  une  troupe 
d'indigènes;  dès  que  j'avais  tué  un  rhinocéros,  on  faisait  un 
grand  feu  pour  faire  rôtir  la  bête,  et  tous  taillaient  et  déchiraient 
.1  qui  mieux  mieux  cet  énorme  gibier,  qui  était  bientôt  parfaite- 
ment disséqué.  Os  opérations  étaient  accompagnées  des  démons" 
nations  de  joie  les  plus  extravagantes  ;  à  entendre  un  pareil  tu- 
multe, on  eût  dit  que  le  feu  était  à  la  ville.  Un  jour  que  j'avais 
abattu  un  rhinocéros  ,  les  indigènes  se  précipitèrent  dessus 
comme  à  l'ordinaire,  en  poussant  des  cris  de  joie.  J'eus  beau 
leur  crier  qu'il  n'était  pas  mort,  douze  lances  se  plongèrent  à  la 
lois  dans  les  flancs  de  l'animal  furieux  qui  bondit  aussitôt  sur  ses 
|)ieds,  et,  labourant  le  sol  de  ses  cornes,  les  lit  fuir  de  tous  côtés 
saisis  de  terreur.  Ces  animaux  sont  très-communs  dans  cette  par- 
lie  de  l'Afrique  ;  ils  ne  vivent  pas  en  troupe,  et  il  est  rare  qu'on  en 
rencontre  plus  de  quatre  ou  cinq  à  la  fois.  L'homme  est  le  seul  en- 
nemi qu'ils  redoutent;  et  ils  cessent  de  le  craindre  lorsqu'ils  sont 
blessés  et  poursuivis.  Ils  font  fuir  le  lion  comme  un  chat;  la 
plus  grande  espèce,  qu'on  appelle  Mohohu,  lue  jusqu'à  l'élé- 
phant, eu  lui  crevant  les  lianes  avec  sa  corne.  11  y  en  a  quatre 
espèces  différentes  qu'on  m'a  souvent  désignées  en  me  les  mon- 
trant toutes  à  l.i  fois  :  le  mohohu,  le  kheitlua,  et  le  borila  ou  ken- 
engyane;  j'ai  oublié  le  nom  de  la  quatrième.  Cette  troisième 
espèce,  bien  qu'elle  soit  la  plus  petite  et  que  ses  cornes  soient  les 
plus  courtes,  esi  la  plus  redoutable,  et  est  la  dernière  à  quitter 
les  régions  babines. 

I  n  jour  que  je  n'avais  1  ien  ;i  manger,  désirant  éviter  une  jour- 
née de  fatigue  à  In  recherche  du  gibier,  je  me  rendis,  vers  le 
soir,  accompagné  de  deux  hommes,  au  bord  de  l'étang  où  l'on 
venait  puiser  de  l'eau  pour  les  besoins  de  la  ville.  Nous  convîn- 
mes de  non-  blottir  dans  un  enfoncement  de  terrain  près  de  la 
ïOUrce,  et  de  tirer  sur  le  premier  animal  qui  se  trouverait  à  notre 
portée.   Il    faisait   demî-clair  de  lune  et  la  nuit  était  froide,  bien 

qu'il  eût  but  chaud  pendant  le  jour  Nous  attendîmes  avec  anxiété 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFIUQUE.  295 

sous  le  gouvernement  des  chefs  Molala,  Mochuara  et  Goutsé,  je 

vis  un  exemple  de  vitesse  à  la  course  vraiment  prodigieuse. 
Deux  girafes,  égarées  loin  de  leur  domicile  accoutumé,  s'étaient 
avancées  à  travers  les  acacias  jusqu'à  une  petite  distance  du  vil- 
lage. Quand  elles  reconnurent  les  habitations  des  hommes,  elles 
firent  volte  face  et  prirent  la  fuite  dans  la  direction  opposée;  quel- 
ques  jeunes  gens  se  mirent  aussitôt  à  leur  poursuite,  et,  chose 
qu'on  aura  peine  croire,  ils  réussirent  à  les  atteindre  et  à  en  tuer 
une.  C'est  là  au  reste  un  événement  extrêmement  rare;  lés  che- 
vaux mêmes  ne  parviennent  pas  toujours  à  atteindre  la  girafe. 
Pendant  le  séjour  que  je  lis  chez  les  Barolongs  de  cette  région, 
je  n'obtenais  qu'avec  peine  d'être  écoulé  quand  je  voulais  leur 
parler  de  leurs  intérêts  éternels.  Molala  était  corripïè terrien! 
païen,  ei  ses  richesses  aussi  bien  que  son  influence  étaient  le 
fruit  de  l'intrigue  et  de  la  rapine.  Je  ne  tardai  pas  à  me  Convain- 
cre que  les  Barolongs  sont  encore  bien  au-dessous  des  Batlapis 
pour  l'ignorance,  la  dépravation  et  la  brutalité.  Un  voyageur 
judicieux  (l),  qui  a  séjourné  pendant  quelque  temps  parmi  ces 
peuplades,  signale,  comme  le  trait  le  plus  odieux  dans  leurs 
mœurs,  l'indifférence  parfaite  avec  laquelle  ils  envisagent  le 
meurtre.  Il  nous  apprend  que  ce  crime,  eût-il  été  commis  sans 
provocation  et  accompagné  de  la  trahison  la  plus  odieuse,  n'en- 
traîne aucun  châtiment  ni  aucun  désnonneur  pour  le  meur- 
trier, et   ne   lui   laisse  d'autre   inquiétude  que  la  crainte  de  la 


vengeance. 


Pendant  mou  séjour  à  Kongké  je  fus  témoin  d'un  événe- 
ment qui  confirma  pour  moi  celle  assertion  de  Burchell.  Un 
homme  qui  avait  une  dispute  avec  sa  femme  pour  un  objet 
insignifiant,  saisit  sa  lance  dans  un  accès  de  fureur  et  l'étendil 
sans  vie  à  ses  pieds.  Personne  rie  s'inquiéta  de  cette  action,  et  le 
meurtrier  se  retira  la  tête  haute,  après  avoir  fait  traîner  dehors 
le  cadavre  pour  qu'il  servît  de  pâture  aux  hyènes.  Quand  je  m'ef- 
forçais de  faire  sentir  aux  chefs  la  gravité  épouvantable  de  pareils 
crimes,  ils  me  répondaient  par  des  rires  immodérés  en  rriè  voyaril 
éprouver  tant  d'horreur  pour  le  meurtre  d'une  femme  par  son 

mari 

l'ai  trouvé  chez  tous  1rs  Béchuanas  «pie  j'ai  visites  l'usage  bar- 

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KuruiiKiH  pendant  mon  géjoui    i 

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h   (fohoi  i  «I-    l  i    \  ill>-   j'i  lu 

envo)  i il  ch  iquo  j-.ur  Ici  mt in  uni 

ii  ch  irgé  d'allui  ru    Um 

>  '.  •■  unii,  .  i  l<    m  illi.  ni.  n\  lui  -m               f  «ii»  lion  qui 

von.  (  te  pourri  '  « 

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DANS    IE    SUD    DF.    I,' AFRIQUE.  207 

un  tas  de  charbon.  «  Je  ne  suis  pas  forgeron,  »  me  dit-il,  "je  tra- 
vaille en  cuivre;  »  et  il  me  montra  effectivement  quelques  orne- 
ments de  cuivre  qu'il  avait  fabriqués,  tels  que  boucles  d'oreilles, 
bracelets,  etc.  Je  lui  dis  que  je  ne  demandais  autre  chose  que  de 
l'air  et  du  feu.  11  s'assit  entre  ses  deux  peaux  de  chèvres  et  se  mil 
à  souffler  de  son  mieux.  Au  lieu  de  faire  usage  de  ses  tenailles 
d'écorce  d'arbre  j'allai  chercher  les  miennes.  Quand  il  les  vit,  il 
les  contempla  quelque  temps  muet  d'admiration  :  il  les  tournait 
dans  tous  les  sens,  n'ayant  jamais  rien  vu  d'aussi  ingénieux;  il  les 
pressait  sur  sa  poitrine  en  m'adressanf  un  regard  expressif  qu'il 
«'•tait  facile  de  traduire  par  ces  mots:  «  veux-tu  me  les  donner?» 
Quand  mon  travail  fut  terminé,  il  alla  chercher  dans  sa  cabane 
une  plaque  de  fur  et  me  demanda  d'y  percer  une  série  de  trous 
de  diverses  grandeurs,  qui  lui  serviraient  à  fabriquer  du  til  de 
fer  et  de  laiton.  Ayant  reconnu  que  son  fer  était  trop  doux  pour 
percer  cette  plaque  qui  avait  un  demi-pouce  d'épaisseur,  je  sa- 
crifiai  la  plus  vieille  de'  mes  limes  pour  fabriquer  un  poinçon, 
que  je  fus  obligé  de  réparer  bien  «les  f"is.  Après  un  long  et  péni- 
nible  travail  je  parvins  à  pratiquer  une  vingtaine  de  trous,  dont 
le  diamètre  variait  depuis  l'épaisseur  d'un  lil  ordinaire  jusqu'à 
deux  lignes  environ.  Dès  que  l'ouvrage  fut  terminé,  mon  homme 

n  empara  en  poussant  des  cris  d'admiration,  et  sautant  comme 
un  antilope  par-dessus  la  clôture  de  sa  maison,  ii  parcourut  tout 
le  village  en  dansant  comme  un  fou,  faisant  admirera  tous  son 
trésor,  et  leur  demandant  s'ils  axaient  jamais  rien  vu  de  pareil. 
I.'-  lendemain  je  lui  dis  que'  puisque  nous  étions  confrères  dans 
le  métier,  il  devait  me  faire  connaître  en  entier  son  procédé  pour 
fondre  lecuivre  et  fabriquer  du  lil  de  laiton  ou  de  fer.  Il  m'initia 
effectivement  a  ii'iivvs  secrets;  et  je  ne  les  tais  ici  que  parla 
crainte  de  fatiguer  le  lecteur.  Il  fabriqua  devant  moi  du  lil  de 
laiton,  fort  inférieur,  comme  on  doit  s')  attendre,  ;>  celui  qui  su 
i  dt  en  Europe.  Toutefois  ces  forgerons  indigènes  sont  très- 
adroits  dans  la  fabrication  d'ornements  de  cuivre  et  de  1er. 

Quand  j'eus  ainsi  gagné  les  bonnes  grâces  de  ce  pauvre  vieux 
en  lui  rendant  service,  j'attirai  son  attention  sui  le  pouvoir  de 
la  science;  je  lui  expliquai  le  mécanisme  du  s  mfflel  •■!  d'autres 
instrumi  uts,  qui  rendent  le  travail  plus  soigné  en  même  temps 
que  plu>  rapide  i  i  plus  facile.  Il  écouta  tout  cel  ■  ivec  une  pro- 
fonde attention;    mais   quand  je  VOUlufl  BDOrder   le.  sujets   reli- 


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DANS    LE    SUD    DK    I.'aFRIOK  .  290 

et  leur  village  détruit.  Sébégue  me  quitta  en  me  disant  :  «  Con- 
fie-toi en  moi  comme  tu  t'es  confié  en  mon  père.  » 

Après  un  séjour  de  dix  semaines  chez  ce  peuple,  qui  me  té- 
moigna beaucoup  de  bienveillance,  je  fis  mes  préparatifs  de  re- 
tour ;  je  les  réunis  tous  une  dernière  fois ,  le  jour  du  dimanche  , 
et  leur  adressai  un  discours  d'adieu  sur  l'importance  de  recevoir 
l'Evangile.  J'arrivai  chez  moi  après  un  voyage  pénible,  le  cœur 
rempli  de  reconnaissance  envers  Dieu,  pour  les  jouissances 
qu'il  m'avait  procurées  et  les  progrès  que  j'avais  faits  dans  la 
langue  des  indigènes  pendant  cette  période  d'existence  demi- 
sauvage.  Il  était  difficile,  à  cette  époque,  de  transporter  des  let- 
tres dans  cette  contrée ,  par  suite  de  l'inimitié  permanente  qui 
existait  entre  les  diverses  tribus.  Les  messagers  qu'on  envoyait 
couraient  les  plus  grands  dangers,  et  par  là  même  il  était  difficile 
d'en  trouver,  bien  qu'ils  fussent  en  sûreté  dès  qu'on  savait  qu'ils 
nous  appartenaient.  Les  idées  superstitieuses  des  indigènes 
étaient  encore  un  obstacle  :  plus  d'une  fois,  en  remettant  une 
lettreà  un  messager,  j'ai  eu  de  la  peine  à  le  convaincre  qu'elle 
ne  lui  parlerait  pas  en  route;  celte  superstition  m'a  coûté  une 
portion  de  mon  journal  et  une  lettre  adressée  à  madame  Moiïat, 
qui  ont  été  jetées  en  toute  par  suite  de  cette  crainte  insensée. 

Celte  visite  aux  Barolongs  fut  pour  moi  l'occasion  d'une  déli- 
vrance providentielle  remarquable:  j'éiais  à  peine  de  retour  à 
la  station,  lorsque  nous  apprîmes  qu'un  parti  de  maraudeurs, 
venu  de  la  partie  septentrionale  du  fleuve  Orange,  était  tombé 
sur  cette  tribu  au  milieu  dé  laquelle  j'avais  vécu  pins  de  deux 
moi-,  et  l'avait  dispersée  dans  le  désert  de  Ralagare,  après  avoir 
enlevé  presque  tout  son  bétail.1 

1  l  a  gravure  ci-jointe  représente  le  lékuka,  ou  sac  k  lait  des  Réchuanas, 
nous  avons  déjà,  en  l'occasion  He  parler;  on  le  fabrique  avec  une  peau  île  bo 
ou  <]<■  q  ai  donne,  dit-on ,  au  lait  un  meilleur    fumet.   Les  indigènes  le 

remplissent  de  lait  frais,  que  1 1  chaleur  ne  tarde  pas  a  faire  aiprir.  Quand  on  a 
tait  écouler  le  petit  lait,   au  moyen  du  goulot  qui  se  trouve  dans  la  partie  rai 

re,  i!  reste  dans  !..  v,-ise  un  caillé  aigre  tri  >ùt,   trt»s  - 

qui  se  conserve  longtemps.  Ces  sacs  ne  durent  que  peu  de  temps,  surtout  m 
l'on  en  fait  usage  pour  l'eau  I  facile,  quand  <>n  1rs  a  \  us,  de  coinpren- 

«t  dit  dans  l'Ecriture  des  vieilles  outres  dans  '■■  es  il  ne  con- 

mettre  du  vin  nouveau. 


»  il  \rm;i   wvin 


\..u.-    horiion    <  •  immi 
il'inilip 
li  \  il|<       I  ili    I<  u  N 

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.  1.  •  1 1  -  ■    -    fli    (I  .     Iiolls    <  •  'II)  I  II 

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VINGT-TROIS  ANS  DE  SÉJOUfi   DANS  LE  SUD  DE  l'aFRIQDE.    301 

Town,  se  proposaient   de  marcher  sur  le  Kuruman   pour  faire 
main   basse  sur  tout  ce  que  nous  possédions  et  détruire  la  sta- 
lion  ;  nos  vies  mêmes  courraient  le  plus  grand  danger  si  nous 
ne  prenions  le  parti  de  nous  éloigner  au  plus  tôt.  Comme  nous 
étions  las  de  toujours  fuir,  et  qu'une  expérience  plusieurs  fois 
lépétée  nous  avait  appris  que  souvent  ces  alertes  étaient  sans 
fondement,  nous  hésitâmes  quelque  temps  à  déférer  à  cet  aver- 
tissement; mais  un  second  message  plus  pressant,  accompagne 
d'un  exprès  de  Walerboer,  nous  obligea  en  quelque  sorte  à  par- 
tir, quelle  que  fût  notre  répugnance  à  cet  égard.  D'ailleurs  les  in- 
digènes étaient  frappés  d'une  terreur  panique,  et  nous  auraient 
tous  abandonnés  m  nous  fussions  restés.  Ce  fut  avec  un  découra- 
gement inexprimable  que  nous  emballâmes  dans  nos  wagons  nos 
objets  les  plus  précieux,  et  (pie  nous  partîmes  au  commence- 
ment de  septembre,  laissant   quelques   personnes  de  contiance 
pour  prendre  soin  de  la  station  et  du  reste  de  nos  biens.  11  me 
semble  voir  encore  les  Béchuanas  au   désespoir,  abandonnant 
leurs  villes  et  les  livrant  aux  flammes,  suivant  leur  usage,  pour 
indiquer  qu'ils  ne  reviendraient  jamais  dans  un  endroit  où  ils 
ne  pouvaient  plus  dormir  tranquilles.    Après  un  triste  et  pé- 
nîble  voyage  de   cinq  jours,    nous  arrivâmes  à  Griqua-Town. 
Dès  (pie  nous  eûmes  pris  des  informations  exactes  sur  l'état  des 
choses,  nous  \imes  clairement  que  nous  avions  eu  tort  de  partir, 
et  (pie  les  craintes  de  nos  amis  étaient  sans  fondement;  et  tout 
noire  désir  fut  de  retourner  à  notre  poste.  Nous  avions  d'autant 
plus  de  regret  de  l'avoir  quitté  que  notre  bétail  mourait  faute 
de  fourrage,  et  que  nous  manquions  de   moyens  de  subsistance 
pour  nous-mêmes.  M.  Hamil  ton,  qui,  n'ayant  pas  de  famille,  pou- 
vait  voyager   plus  facilement,    ne   larda  pas  à  repartir  pour  le 
kuruman;  H.  et  M'"  "Hughes  le  suivirent  bientôt;  et  je  revins  le 
dernier,  accompagné  de  M.   Miles,  surintendant  de  la  Société, 
récemment  arrive  à  Griqua-Town. 

Le  plaisir  que  nous  éprouvions  à  nous  retrouver  à 'notre  poste 
ne  fut  pas  sans  mélange  de  tristesse.  La  moitié  de  nos  bœufs  et 
presque  toutes  nos  vaches  avaient  succombé;  nous  n'avions  pas 
les  moyens  d'en  acheter  d'autres,  et  ce  qui  était  le  plus  fâcheux, 
presque  tout  notre  monde  était  parti.  Des  monceaux  de  cendres 

avaient  remplace    les   habitations  occupées   naguère    encore   p;u 

d<  -  milliers  de  personnes;  nous  ne  pouvions  pas  nous  pardonnei 


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J t •  ; 1 1 1  karse,  Griquois  d'un  caractère  paisible  et  qui  n'appar- 
ienait  à  aucun  parti,  ayant  appris  que  son  parent  Jean  Bluuni 
-  proposait  de  nous  attaquer,  quitta  une  ferme  qu'il  possé- 
dait dans  le  pavs  des  Bushmen  et  vint  habiter  notre  station, 
dans  le  double  but  d'y  faire  élever  ses  entants  et  d'engager  les 
Uiooms,  >'ils  venaient,  à  renoncer  à  leur  entreprise.  >ous  fûmes 
profondément  reconnaissants  de  ce  secours  absolument  inat- 
tendu, et  nous  espérions  que  son  arrivée  suffirait  pour  détourner 

•  maraudeurs  de  nous  attaquer. 

A  cette  époque  le  nombre  des  habitants  de  la  station  était  de 
cinquante  familles,  venues  de  sept  tribus  ditïérentes,  qui  avaient 
cherché  auprès  de  nous  un  a>ile  après  avoir  été  dépossédées  de 
leur  domicile.  La  pauvreté  leur  avait  inspiré  le  goût  du  travail, 
«  t  i!>  furent  pour  nous  des  auxiliaires  très-utiles.  La  maison  de 
'•I.  Hughes  se  trouvant  san>  emploi  (11,  nous  en  lunes  une  cha- 
pelle et  nous  y  plaçâmes  notre  humble  chaire.  Le  lendemain, 
quand  j>  montais  pour  la  première  l'ois,  je  trouvai  un  de  ces 
s  ipents  venimeux  appelés  Cobra  de  capello,  ce  qui  parut  à  plu- 
sieurs un  funeste  prés  ige.  Deux  écoles,  l'une  du  jour,  l'autre 
du  soir  ,  comptèrent  bientôt  chacune  quarante  élèves  ,  el 
nous  eûmes  la  joie  d'entendre  plusieurs  de  nos  élèves  prier  eux- 
nes.  !.'•  culte  public  était  passablement  suivi,  et  le  chant  des 
cantiques  dans  la  langue  des  indigènes  fut  une  innovation  très- 
(  ivorablement  accueillie  par  ces  derniers  ;  cependant  nous  n'a- 
percevions  encore  aucune  impression  produite  sur  les  cœurs  par 
!  i  prédication  de  l'Evangile. 

I  ne  de  nos  maisons  missionnaires  était  terminée,  l'autre  s'éle- 
vait déjà  jusqu'aux  toits;  mais  connue  nos  amis  d'Europe  com- 
mençaient à  déscspérei  de  notre  succès,  non?  hésitions  à  nous 
•  ugager  dans  de  nouvelles  dépenses.  On  nous  avait  l'ait  entendre 
d'une  manière  non  officielle  qu'on  songeait  a  abandonner  la  mi>- 
-ion  ;  mais  nos  cœurs  étaient  désormais  enchaînés  à  ce  pays  et  à 
.  e  peuple  ;  et,  nous  eût-on  relire  toutes  nos  ressources,  nous  au- 
rions compté  *ur  l'intervention  divine  pour  nous  aider.  Celui 
dans  ces  circonstances  que  M.  11  imillon,  mon  ancien  compagnon 
d'oeuvre,  jugea  nécessaire,  après  ses  longs  travaux,  de  tain- un 


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prirent  la  fuite  en  même  temps,  et  tons,  abandonnant  leur  ba- 
gage, coururent  du  côté  des  montagnes;  plusieurs  furent  tués 
dans  la  plaine,  et  pas  un  n'aurait  échappé  sans  l'humanité  de 
nos  gens,  cpii  renoncèrent  d'eux-mêmes  à  les  poursuivre.  Cinq 
hommes  furent  faits  prisonniers  et  emmenés  dans  ma  maison, 
où  on  les  laissa  en  liberté.  Nous  sûmes  plus  tard  que  l'ennemi 
était  décidé  non-seulemeni  à  nous  piller,  mais  à  tout  massacrer 
cl  à  mettre  le  feu  à  la  station.  Ayant  appris  que  ces  misérables, 
dans  leur  expédition,  axaient  égorgé  tous  les  indigènes  qui  leur 
étaient  tombés  entre  les  mains,  je  demandai  aux  prisonniers  s'ils 
pouvaient  voir  sans  horreur  massacrer  ainsi  des  femmes  et  des 
enfants  innocents,  qui  n'avaient  rien  pour  tenter  la  cupidité  de 
leurs  meurtriers,  et  qui  leur  avaient  fourni  avec  empressement 
du  bois  et  de  l'eau.  Un  de  ces  hommes,  après  être  resté  quel- 
ques minutes  à  réfléchir  profondément,  nu;  lit  une  réponse  que 
je  n'oublierai  jamais  :  «  Mynheer,  le  cœur  de  l'homme  est  une 
chose  étrange;  il  n'y  a  rien  qu'il  ne  puisse' fil  ire.  L'habitude  fait 
du  meurtre  même  un  amusement.  •>  —  Ces  hommes  furent  plus 
tard  renvoyés  chez  leurs  amis;  ils  étaient  évidemment  impres- 
sionnés par  la  bienveillance  qu'on  leur  avait  témoignée,  et  nous 
pûmeâ  espérer  que  notre  conduite  exercerait  sur  eux  une  in- 
fluence  salutaire.  Quelque  temps  après,  comme  nous  nous  atten- 
dions à  des  tentatives  de  vengeance  de  la  part  des  Corannas, 
nous  apprîmes  que  leur  chef  avait  réprimandé  sévèrement  les 
membres  de  l'expédition  pour  avoir  osé  attaquer  une  station  mis- 
sionnaire, ajouta  ni  que  les  résultats  axaient  été  tels  qu'on  devait 
attendre. 

l'eu  de  temps  après  cette  affaire,  plusieurs  des  chefs  inférieurs 
des  Ballapis  retournèrent  au  Kuruman.  Vers  la  même  époque, 
des  habitants  de  villages  éloignés,  qui  avaient  cherché  un  asile 

a  la  station,  commencèrent  ;i  comprendre  le  véritable  caractère, 
du  missionnaire,  ei  à  écouter  l'Evangile  de  salul  qui  leur  étàil 
prêche  dans  leur  langue,  quoique  d'une  manière   imparfaite;  il 

était  bien  réjouissant,  dans  ces  temps  de  troubles  et  d'agitations, 
de  voir  notre  auditoire  augmenter  et  l'attention  des  indigènes  se 

Hier  peu  à  peu  SUr  ('•  que  nous  leur  annoncions.  J'avais  com- 
mence déjà,  depuis  quelque  temps,  dans  la  matinée  du  diman- 
che, a  faire  un  catéchisme  pour  les  enfants  et  pour  |,..s  adultes 
-m  lés  premier-  principes  'le  l'Evangile;  je  leur  expliquais  un 

•2i» 


>  IN..1  -   I   I 

ipiurc  qui    j.    lisais  d  m:   un 
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manière  inattendue,  j- 

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s  infurui  *  du  ilangi-i   «|u.   i 
m  iiiin  ne  i"i.  ut   plus  qu  à  deux   I 
dû  un  s-nous  celli    in 
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furent  (aile   pi  isonnii  r»  pai  i 

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]JA>>    LE    SUD    DK    l.'-iHilOl  I  .  307 

compacte  ou  ;>e  mêlaient  confusément  les  chevaux  et  les  piétons, 
-l'avais  recommandé  instamment  à  tous  nos  gens  de  ne  pas  tirer 
un  coup  de  fusil,  et  de  laisser  nos  adversaires  épuiser  leurs  muni- 
lions  sur  les  remparts  naturels  qui  nous  protégeaient.  Quand  ils 
lurent  arrivés  à  portée  de  fusil,  ils  se  détournèrent  du  coté  de  la 
rivière,  où  ils  tirent  main-basse  sur  quelques  tètes  de  bétail  qui 
appartenaient  aux  indigènes,  et  sur  les  brebis  de  M.  Hamilton. 
mjus  pûmes  alors  compter  leurs  forces,  qui  consistaient  en  qua- 
rante fusils,  neuf  chevaux  et  environ  quatre-vingt-dix  hommes, 
parmi  lesquels  se  trouvaient  un  certain  nombre  de  Griquois 
bien  équipés. 

Après  une  heure  de  délibération  ils  nous  envoyèrent  un  parle- 
mentaire porteur  d'un  étendard  :  c'était  une  guenille  pendue  au 
bout  d'un  bâton.  lJour  empêcher  qu'il  n'aperçût  la  faiblesse  de 
nos  moyens  de  défense,  j'allai  à  sa  rencontre  aune  certaine  dis- 
tance. 11  avoua  sans  diflicullé  qu'ils  avaient  l'intention  de  nous 
attaquer  dans  un  but  de  vengeance  ;  il  ajouta  que  Jantye  Goeman, 
l'un  des  principaux  hommes  de  l'expédition  quoiqu'il  n'en  fût  pas 
le  chef,  demandait  une  entrevue  préliminaire  avec  moi  dans  leur 
camp.  4e  refusai  d'aller  dans  le  camp,  unis  je  consentis  à  une  en- 
trevueà  moitié  chemin,  s'il  était  sans  armes.  Après  une  nouvelle 
lélibéralion  cette  proposition  fut  agréée,  et  Goeman  s'avança 
accompagné  de  deux  hommes  porteurs  de  sinistres  ligures.  Je 
l'axais  connu  à  Griqua-Town,  dont  l'église  a\ait  été  obligée 
de  le  rejeter  de  son  sein.  Il  s'approcha  de  moi  son  chapeau 
rabattu  >ur  les  yeux,  et  me  tendit  la  main  sans  me  regarder  eu 
lare.  •  Jantye,  lui  dis-je,  moulre-moi  ton  visage;  lu  as  raison  de 
rougir  de  le  montrer  à  ton  ancien  ami  dans  de  pareilles  circon- 
ijanj  es,  au  milieu  de  misérables  résolus  de  détruire  une  station 
missionnaire.  »  -•  Je  suis  muet  ç}e  honte,  ■  répondit-il  ;  et  il  fabri- 
qua une  excuse  pour  expliquer  comment  il  se  trouvait  joint  à  une 
pareille  société,  ajoutant  qu'il  me  défendrait  lui-même  plutôt 
que  de  souffrir  qu'on  levât  le  bras  contre  moi.  Il  m'apprit  alors 
qu'il  \  avait  parmi  eux  plusieurs  Birgenaars  qui  étaient  des  hom- 
ipables  de  tout,  mais  que  l'expédition  était  commandée  par 
un  noiuiie'  Paul,  chei  de  1 1  tribu  Corannase  des  Karos-hebbers 
il  me  lit  enti  mire  qu'il  était  indispensable  que  y  le  \  isse  pour  ai- 
n\era  un  an  angi  ment,  «ai  lui  Jantye  n'avait  pas  le  pouvoir  de 
traiter.  Il  émit  évidemment  embarrassé,  el  ses  traits  témoignaient 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFRIQUE.  309 

moi  l'entreprise  de  détruire  la  mission.  Je  lui  rappelai  l'époque 
où  j'avais  été  son  hôte,  et  où  j'avais  reposéà  la  porte  de  sa  cabane. 
Il  répondit  que  sa  résolution  était  immuable,  parce  que  les  gens 
de  Mothibi  avaient  attaqué  autrefois  une  expédition  organisée 
par  lui  pour  piller  les  Barolongs;  en  conséquence  il  voulait  se 
venger  sur  les  sujets  de  Mothibi  qui  se  trouvaient  dans  lastaiion. 
«  J'aurai  leur  bétail  et  leur  sang,  »  ajouta-t-il  les  yeux  pétillants 
de  rage.  Néanmoins  cet  homme  n'était  pas,  comme  la  plupart  de 
ses  compatriotes,  incapable  de  raisonner  ;  de  plus,  il  m'avait  au- 
trefois écoulé  avec  plaisir,  et  le  long  espace  de  temps  qui  s'était 
écoule  depuis  n'avait  pas  effaré  chez  lui  les  impressions  laissées 
par  sou  maître.  Parlant  alors  avec  beaucoup  de  solennité,  je  lui 
demandai  si  les  ossements  dont  il  avait  converties  plaines  des 
Barolongs  et  du  Kalagare,  les  hommes  que  sa  massueet  sa  lance 
avaient  précipités  dans  l'éternité  depuis  son  départ,  et  le  sang  in- 
nocent dont  il  avail  inondé  le  désert  peu  de  jours  auparavant,  si 
tout  cela  ne  suffisait  pas  pour  apaiser  sa  soif  de  vengeance,  ou 
plutôt  pour  le  faire  trembler  devant  le  jugement  de  Dieu,  qu'un 
pareil  train  de  vie  ne  manquerait  pas  d'attirer  sur  lui  et  sur  les 
siens-,  jugement  qui  avait  déjà  commencé  par  le  châtiment  des 
tribus  du  fleuve  t 'range.  Après  avoir  parlé  pendant  quelque  temps 
sur  ce  ton,  je  le  priai  de  rappeler  àsa  mémoire  la  visile  qu'il  m'a- 
vail  faite  lorsque  je  demeurais  avec  Africaner,  et  je  le  pressai  de 
comparer  la  disposition  d'esprit  où  il  se  trouvait  alors  avec  sa 
disposition  actuelle.  \  peine  eus-je  prononcé  ces  paroles,  qu'il 
donna  Tordre  de  ramener  le  bétail  qu'on  nous  avait  enlevé;  il 
ajouta  qu'il  ne  ferait  pas  un  pas  de  p  us  et  qu'il  allait  retourner 
dans  son  pays  par  le  même  chemin.  Je  lui  demandai  dans  la  suite 
de  notre  entrelien  pourquoi  il  était  si  décidé  à  ne  pas  me  voir  : 
.le  ne  pouvais  pas  oublier  la  honte  que  tu  m'avais  témoignée 
uis  le  pays  des  Namaquois,  »  me  répondit-il.  Tant  il  est  vrai  que 
l'amoui  esi  loul  puissant,  mèiiie  auprès  des  plus  barbares  entre 

les  SaUVagl 

Les  affaires  étant  ainsi  ai  rangées,  les  chefs  ennemis  reçurent  la 
permission  de  venii  suis  armes  dans  ma  maison;  mais  nous  ne 
laissâmes  approcher  personne  des  retranchements,  de  peur  qu'ils 
ne  découvrissent  la  faiblesse  réelle  que  cachait  notre  déploiement 
apparent  de  force;  car  ils  s'imaginaient,  d'après  le  grand  nombre 
d'indigènes  qu'ils  apercevaient  à  la  station, que  nous  n'avions  rien 


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DANS    LE    SUD    DE    l'aFJUQCE.  311 

hordes  de  bandilsqui,  depuis  cinq  ans,  avaient  semé  dans  le  pays 
la  dévastation  et  la  mort.  Tous  ces  brigands  périrent  les  uns  après 
les  autres,  victimes  des  Bushmen,  de  la  peste  et  de  la  famine. 

Ces  jugements  du  Très-Haut  ne  laissèrent  pas  de  produire  des 
impressions  salutaires  sur  beaucoup  d'autres.  La  main  de  Dieu 
s'était  déployée  d'une  manière  si  évidente,  que  les  Béchuunas, 
tout  alliées  qu'ils  étaient,  furent  profondément  frappés  de  la  vé- 
rité d'une  Providence  divine;  doctrine  dont  ils  s'étaient  moqués 
jusqu'alors.  Ils  avaient  sous  les  yeux  des  preuves  parlantes  que 
le  triomphe  des  méchants  est  de  courte  durée,  et  que  «  l'Eternel 
dissipe  les  nations  qui  ne  demandent  que  la  guerre.  »  Le  fameux 
apostat  Cloete,  chef  de  l'expédition  qui  avait  ravagé  les  tribus  du 
Kuruman,  fut  dépouillé  par  ses  compagnons  de  crime,  et  se  réfu- 
gia auprès  de  Berend,  réduit  à  la  mendicité.  11  vint  au  Kuruman 
dars  cet  état.  On  aurait  pu  s'attendre  que  les  Béchuanas,  chez 
les]uels  il  avait  joué  le  rôle  du  génie  de  la  destruction,  se  se- 
raient vengés  de  lui,  ou  tout  au  moins  l'auraient  injurié.  11  n'en 
fui  rien  :  tout  païens  qu'ils  fussent  encore,  ils  regardèrent  avec 
compassion  ce  corps  épuisé  et  ce  visage  amaigri  ;  lui  trouvant 
l'air  hagard,  et  le  voyant  tressaillir  à  chaque  instant,  comme  si 
l'atmosphère  qu'il  respirait  eût  été  remplie  de  spectres  ou  d'ar- 
mes mortelles,  ils  lui  présentèrent  de  la  nourriture,  et  se  retirè- 
rent en  disant  :  «  0  chueroe  ki  poitsego,  »  il  est  pris  de  terreurs. 
Il  mourut  peu  de  temps  après,  en  proie  à  la  honte  et  aux  re- 
mords. 


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VINGT-TROIS  ANS  DE  SÉJOUR  DANS  LE  SUD  DE  L'AFRIQUE.     313 

famille,  c'était  le  lot  de  la  femme  de  pleurer  et  de  se  lamenter; 
celui  de  l'homme  était  de  rester  assis  dans  un  sombre  silence, 
souvent  pour  méditer  des  projets  de  vengeance  et  de  meurtre. 
Mais  à  présent  l'Evangile  avait  fondu  ces  cœurs  de  pierre  ;  et  nous 
vîmes  pleurer  des  yeux  que  n'avait  jamais  mouillés  une  larme. 
Quels  qu'eussent  été  nos  désirs  et  nos  prières,  nous  fûmes  sur- 
pris par  ce  changement  inouï.  Nous  étions  depuis  si  longtemps 
habitués  à  l'indifférence,  que  nous  n'étions  pas  préparés  à  con- 
templer de  pareilles  scènes;  à  la  lettre,  elles  oppressaient  nos 
cœurs  de  joie.  Notre  petite  chapelle  temporaire  devint  un 
Bokim  (1),  un  lieu  consacré  par  les  pleurs;  la  sympathie  des  lar- 
mes se  propageait  rapidement  d'un  cœur  à  l'autre,  tellement 
qu'on  voyait  pleurer  jusqu'à  des  enfants. 

Quelques  mois  avant  ce  changement,  Aaron  Joseph,  esclave 
fugitif  qui  avait  acheté  sa  liberté,  avait  quitté  sa  ferme  pour  venir 
résider  à  la  station  ;  son  but  était  de  pourvoir  à  l'éducation  de  ses 
enfants  et  en  même  temps  d'apprendre  lui-même  à  lire  et  à 
écrire.  Lui  aussi  fut  réveillé  à  salut,  et  après  avoir  acquis  une 
connaissance  suffisante  de  la  vérité,  il  fut  baptisé  avec  ses  trois 
<  infants,  le  même  jour  que  le  nôtre.  Ce  fut  une  scène  profondé- 
ment émouvante.  Malgré  tous  nos  efforts  pour  maintenir  l'ordre 
dans  la  chapelle  encombrée  par  la  foule,  l'émotion  générale  était 
si  forte  qu'il  y  eut  beaucoup  de  pleurs  et  une  assez  grande  confu- 
sion ;  mais  on  sentait  profondément  la  présence  de  Dieu.  Cetti 
circonstance  donna  nue  impulsion  nouvelle  à  l'œuvre  commencée 
dans  les  cœurs  des  indigènes  ;  tellement  (pie  les  accents  qu'on  en- 
tendait le  plus  souvent  dans  le  village  étaient  ceux  du  chant  et 
lie  la  prière.  Ceux  qui  étaient  travaillés  dans  leur  âme  tenaient 
des  réunions  de  prière  de-  maison  en  maison,  el  lorsqu'il  ne  se 
trouvait  personne  en  élat  de  prier,  ils  chantaient  tous  ensemble 
jusque  fort  avant  dans  la  soirée  ;  le  matin  avant  h-  point  du  jour 
ils  se  réunissaient  encore  dans  quelque  maison  pour  le  même 
objet,  avant  de  se  rendre  au  travail. 

Non-  fûmes  encouragés  par  des  résultats  d'une  autre  nature. 
Aaron  et  deux  autres  hommes  vinrent  nous  offrir  de  se  charger 
du  travail  et  de  la  dépense  nécessaires  à  la  construction  d'une 

maison    d'école,    qui  pourrait  Servir  de   lieu  de   Clllte  jusqu'à  ce 
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DANS    LF    SUD    Dfi    l'aFRIQTJE.  315 

mes  reçurent  de  la  scène  dont  ils  furent  témoins  une  impression 
d'autant  plus  salutaire  Qu'ils s'èlaiérit  laissés  aller  depuis  quelque 
temps  à  la  tiédeur;  ils  lurent  émus  à  jalousie  en  voyant  les 
Béchuanas  se  presser  pour  entrer  dans  l'Église  de  Christ,  tandis 
qu'eux-mêmes  s'en  excluaient  par  leur  indifférence. 

Il  y  avait  aussi  d'autres  assistants  venus  de  divers  points  de 
l'intérieur  du  pays  dans  un  but  de  commerce.  Le  lieu  du  culte 
était  encombré,  et  cette  cérémonie  excitait  un  intérêt  d'autant 
plus  vif,  qu'un  service  en  langue  béchuânase  était  une  nouveauté 
pour  un  ^rand  nombre  des  assistants.  Après  l'a  prédication  d'un 
■non  sur  Jean  I,  29,  une  allocution  spéciale  l'ut  adressée  ans 
candidats;  et  quand  ils  eurent  répondu  à  un  certain  nombre  de 
questions,  ils  reçurent  le  baptême  avec  cinq  de  leurs  enfants. 
EtacheJ ,  épouse  d'Aaron.eu  faisait  partie-,  M.  Hamilton  lui 
adressa  la  parole  en  hollandais,  langue  qui  lui  était  plus  fami- 
lière; les  autres  étaient  Béchuanas.  Le  soir  nous  nous  réunîmes 
encore  pour  prendre  la  Cène;  '  nous  étions  au  nombre  de  douze. 
y  compris  un  Griquois.  Ce  fol  un  rhbmenl  béni  el  bien  doux  pour 
nos  Ornes;  nos  impressions  étaient  telles  que  la  plume  tenterait 
vainement  de  les  décrire.  Nous  étions  comme  ceux  qui  son- 
ii  voyant  l'accomplisse  ment  de  la  promesse  que  nous 
avions  Si  longtemps  attendue:  «  Celui  qui  porte  la  semence  en 
pleurant  pour  la  mettre  en  terre,  reviendra  avec  chant  de 
triomphe  quand  il  portera  ses  gerbes.  »  ÈHe  était  venue  enfin 
cette  heure  tant  désirée,  où  nous  devions  voir  anc  église  formée 
an  seîn  de  ce  peuple  qui  s'était  vanté  que  ni  .lésus,  ni  ses  servi- 
teur-*, ne  verraient  jamais  un  Béchuana  lui  rendre  homma- 

\  tvions  toujours  été  persuadés  que  lorsqu'une  fois  l'Es- 
prit aurait  ùi»'-  versé  d'en  haut,  et  que  quelques  indigènes  auraient 
fait  publiquement  profession  de  l'Evarigilè,  cet  exemple  serai! 
îUivi  p ai  un  grand  nombre;  mais  nos  espérances  à  cet  égard  ont 

é  abondamment  dépassées  par  l'événement,  aujourd'hui  cette 

n'apprendra  pas  sans  intérêt  que  deux  jours  avant  nous  avions  reçu,  de 
la  par;  do   M.  (.  -  pour  la  communion;    Mme   Moffat   les   a 

d'us  années  aupam\ nul .         ré]  -ffre  que  lui  avait  faite 

su  anif.  de  lui  envover^c  qui  pourrait  I  T'Sisir.   ! 

choisit  ce  cadeau  dans  la  fo.  iraient   un  jo  r 

I  le  fût  alors  notre  horizon.  ••:,  pur  acidence  re- 

marqua ;  lus  d'une  annéf  en  chemin    irr 

■  au  moment  |  -  nota  en  v.  un. 

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DANS    LE    SCI)    DE    L  AFRIQUE.  317 

f|ui  ont  appris  aux  blancs  une  si  grande  sagesse?  est-ce  en  effet 
ce  Mahukua  moleino  (bonne  nouvelle)qui  a  renouvelé  la  nation, 
et  qui  vous  a  appris  à  vous  vêtir,  vous  auprès  de  qui  nous  som- 
mes comme  le  gibier  du  désert  ?  » 

Bien  que  les  Béchuanas  ne  fussent  pas  des  sauvages  dans  toute 
îa  force  du  terme,  leur  costume  n'était  rien  moins  que  gra- 
cieux et  confortable,  comme  un  peut  le  voir  par  l'esquisse  ci- 
jointe,  prise  sur  les  lieux  par  un  artiste  qui  accompagnait 
l'expédiliondu  docteur  Smith.  Quand  il  fait  chaud,  ils  se  débar- 
rassent du  manteau  qui  constitue  tout  leur  vêtement.  Dans  le 
dessin  ils  paraissent  moins  disgracieux  qu'ils  ne  le  sont  en  réalité, 
parce  qu'on  n'y  aperçoit  pas  plusieurs  accessoires,  tels  que  la 
graisse,  l'ocre  rouge,  etc.,  qui  sont  fort  dégoûtants  et  qui  ex- 
halent une  odeur  fétide.  Les  enfants,  comme  on  le  voit  par  ce 
dessin,  sont  portés  dans  un  sac  de  peau  sur  le  dos  nu  de  la  mère, 
contre  laquelle  ils  sont  serrés  assez  étroitement.  Quand  il  faut  les 
changer  de  position,  ils  sont  souvent  trempés  de  sueur  ;  il  suffit 
alors  qu'ils  soient  exposés  à  un  air  un  peu  froid  pour  qu'ils  con- 
tractent facilement  une  pulmonie.  Dès  qu'un  enfant  est  né,  on 
lui  rase  la  tète,  en  laissant  seulement  une  petite  mèche  de  che- 
veux sur  le  crâne  qui  n'a  pas  encore  la  consistance  osseuse;  et  à 
peine  a-l-il  quelques  semaines  qu'on  voit  déjà  pendante,  par  des- 
9U8  la  peau  qui  lui  sert  de  berceau,  sa  petite  tête  luisante  de 
^rai^e  et  exposée  aux  rayons  d'un  soleil  presque  vertical  ;  mai- 
gre cela  les  coups  de  soleil  sont  assez  rares,  soit  chez  les  enfants, 
soit  chez  les  adultes.  Pour  atténuer  l'effet  de  ces  rayons  ardents, 
qui  fondent  souvent  les  masses  d'ocre  et  de  graisse  dont  ils  se 
chargent  la  tête  et  les  font  couler  eu  ruisseaux  le  long  de  leurs 
membres ,  ils  portent  habituellement  un  parasol  fabriqué  a\<i 
des  plumes  noires  d'autruche  ;  quelquefois  ils  les  remplacent  par 
une  simple  branche  d'arbre.  Les  guerriers  tiennent  souvent  dans 
h   même  but  leurs  boucliers  au-dessus  de  leur  tête. 

Tout  incommode  que  fût  l'habillement  des  Béchuanas,  ils  \ 
tenaient,  comme  noua  l'avons  dit,  avec  une  obstination  inouïe. 
Néanmoins  non-  attendions  naturellement  de  nos  nouveaux  dis- 
ciples un  changement  extérieur  en  rapport  a\ce  leur  profession 
'l<-  l'Evangile;  ei  noire  attente  ne  fut  pas  trompée.  Ceux  qui 
furent  baptisés  s'étaient  proeuré  pour  celte  occasion  des  vête- 
ments décents  avec  l'aide  de  M"1"  Hoffat,  qui  fut  obligée  decédei 


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DANS   LE   SL'D    DE  L'AFRIQUE.  310 

paganisme.  Nous  lûmes  souvent  amusés  par  les  progrès  successifs 
qui  eurent  lieu  à  cet  égard  dans  les  années  suivantes.  Ainsi  tel 
homme  était  affublé  d'une  veste  qui  n'avait  qu'une  manche,  parce 
que  l'autre  n'était  pas  terminée  ou  qu'il  manquait  d'étoffe  pour 
la  taire.  Tel  autre  avait  une  veste  de  cuir  avec  des  manches  de 
différentes  couleurs.  On  rencontrait  des  rohes  de  toutes  les  cou- 
leurs comme  celle  de  Joseph,  et  des  vêlements  d'une  coupe  si 
fantastique  qu'ils  auraient  déridé  les  fronts  les  plus  sérieux.  Rien 
de  plus  plaisant  que  les  directions  qu'on  venait  demander  à 
Mme  Molfat  pour  la  confection  des  vêlements  ;  et  ce  n'était  pas  seu- 
lement aux  femmes  qu'elle  avait  affaire.  Comme  on  voyait  que 
les  soins  de  ce  genre  lui  étaient  confiés,  on  s'imaginait  qu'elle 
devait  être  passée  maîtresse  dans  tous  les  arts  de  la  vie  civilisée. 
L'un  lui  apportait  des  peaux  préparées  pour  qu'elle  y  coupât  un 
habit;  l'autre  voulait  une  veste,  celui-ci  demandait  un  patron 
de  pantalon,  celui-là  lui  présentait  son  vêlement  cousu  sensdessus 
dessous,  et  lui  demaudaitgravement  pourquoi  il  allait  mal.  Quel- 
que puérils  que  puissent  paraître  ces  détails,  ces  essais  informes 
de  civilisation  élaienlle  prélude  d'un  changement  immense;  c'é- 
tait le  commencement  d'une  ère  nouvelle  qui  devait  mettre  un 
terme  aux  habitudes  repoussantes  établies  gai  une  longue  suite 
de  générations,  et  ouvrir  au  commerce  anglais  de  nombreux  dé- 
bouchés, qui,  sans  l'Evangile,  fussent  toujours  restés  fermés. 
Noire  auditoire  élail  maintenant  d'une  variété  extrême  :  il  com- 
prenait depuis  le  sauvage  barbouillé  de  graisse  jusqu'au  néophyte 
propre  et  bien  vêtu. 

Le  même  esprit  de  civilisation  s'étendit  à  tous  les  détails  dr 
l'économie  domestique.  Jadis  un  coffre,  une  chaise,  une  chan- 
delle, une  table  étaient  choses  inconnues  pour  les  indigènes;  ils 
n'v  vov  aient  que  des  accessoires  superflus  appartenant  à  des  êtres 
d'une  espèce  différente  de  la  leur.  Tout  en  reconnaissant  la  su- 
périorité industrielle  de  ceux  qui  savaient  fabriquer  ers  inutilités, 
ils  doutaient  de  noire  bon  sens  a  nous  voir  prendre  tant  de  peine 
pour  de  pareils  objets.  Ils  nous  trouvaient  surtout  extravagants 
de  brûler  la  graisM-  sous  forme  de  chandelles,  au  lieu  île  nous  eu 
frotter  le  corps  OU  de  nous  eu  remplir  l'estomac  \vant  ce  temps, 
après  qu'ils  avaient  trait  leurs  vaches,  ils  se  reliraient  dans  leuis 
maisons  ou  dans  leurs  cours,  OÙ  ils  restaient  stupidement  assis  a 
terre,  devant   un  feu  demi-eteint,  ayant  à  peine  la  clarté  neces- 


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h  ans  t.t:  srn  or  l'afriqûr.  321 

santé,  les  exhortant  à  croire  les  paroles  de  Jéhovah  et  à  chercher 
ieur  refuge  auprès  de  Jésus,  le  seul  Sauveur.  «  Je  vais  mourir  !  » 
C'était  quelque  chose  de  hien  extraordinaire  qu'un  pareil  lan- 
gage sortant  des  lèvres  d'un  Béchuana.  Ouelques-uns  des  assis- 
tants écoutaient  avec  stupéfaction,  d'autres  pleuraient.  »  Ne 
pleurez  pas,  »  dit-elle,  «  de  ce  que  je  vais  vous  quitter,  mais 
pleurez  sur  vos  péchés  et  pleurez  sur  vos  âmes.  Pour  moi,  tout 
va  bien  :  ne  croyez  pas  que  je  doive  mourir  comme  une  bête ,  ou 
que  je  doive  dormir  à  jamais  dans  le  sépulcre;  non,  non  !  Jésus 
est  mort  pour  mes  péchés  ;  il  a  promis  de  me  sauver  ;  je  m'en  vais 
pour  être  auprès  de  lui.  »  Peu  de  moments  après  avoir  rendu  ce 
beau  témoignage,  cette  femme,  qui,  quelques  mois  auparavant, 
ainsi  qu'elle  le  disait  elle-même,  était  aussi  ignorante  qu'une 
bêle  brute,  quitta  ce  monde  avec  la  pleine  assurance  d'une  vie 
éternelle  au  delà  du  tombeau. 


24 


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VINGT-TROIS  ANS   1)1.  SK.HM  I;  DANS  II.  SUh   11  F  [^AFRIQUE.    323 

siteurs  s'empressèrent  de  tenir  compte  de  nos  observations  rela- 
tivement à  la  décence  et  à  la  propreté.  On  leur  témoigna  tontes 
sortes  d'égards;  ils  les  reçurent  avec  une  politesse  naturelle  que 
nous  n'avions  jamais  trouvée  chez  les  Béchuanas,  et  qui  nous 
montra  que  la  vraie  politesse  n'est  pas  renfermée  exclusivement 
dans  le  cercle  étroit  de  la  civilisation;  évidemment  nos  visiteurs 
appartenaient  à  la  noblesse  de  leur  nation.  Nous  nous  empressâ- 
mes de  leur  montrer  tout  ce  qui  pouvait  exciter  leur  intérêt  : 
nos  maisons,  les  murs  de  nos  étables  et  de  nos  jardins,  la  forge, 
le  canal  qui  nous  amenait  un  large  courant  d'eau  détourné  du  lit 
de  la  rivière  ,  tout  cela  les  remplit  d'étonnement  et  d'admiration; 
ils  témoignaient  celte  admiration  ,  non  point  par  des  gestes  dé- 
sordonnés à  la  manière  îles  gens  du  peuple,  mais  par  un  respect 
sérieux  et  plein  de  dignité.  «  Vous  êtes  des  hommes,  et  nous  ne 
sommes  que  des  enfants  ,  »  dit  l'un  d'eux;  «  il  faut,  »  ajouta  l'au- 
tre, «  que  Mossélékatsi  soit  informé  de  tout  ceci.  «  Etant  entrés 
d;ms  notre  maison ,  comme  leurs  regards  se  portaient  avec  éton- 
nement  sur  cet  ameublement  si  étrange  pour  eux,  l'un  d'eux 
aperçut  un  petit  miroir  qu'il  contempla  avec  admiration.  Mn,e  Mof- 
fat  lui  en  présenta  un  beaucoup  plus  grand  :  il  regarda  attenti- 
vement sa  propre  ligure  qui  s'y  trouvait  réfléchie;  et  comme 
il  ne  s'était  jamais  vu  ainsi  lui-même,  il  s'imagina  que  ce  qu'il 
apercevait  était  un  de  ses  gens  placés  de  l'autre  côlé  de  la  glace  ; 
il  passa  brusquement  sa  main  derrière,  en  lui  disant  de  s'en  al- 
ler; mais  apercevant  encore  la  même  image,  il  retourna  la 
glace  avec  précaution,  et  ne  voyant  plus  rien,  il  la  rendit  à 
Mn"  Mofl'at  d'un  air  tout  pensif,  en  disant  qu'il  ne  pouvait  pas 
s'y  lier. 

lîien  ne  parut  les  frapper  autant  (jiie  notre  culte  public.  Ils 
virent  des  hommes  comme  eux  se  réunir  avec  toutes  les  formes 
de  la  bienséance  <-t  du  respect  des  mères  qui;  apprenaient  la 
tranquillité  à  leurs  enfants,  ou  qui  s»;  re tiraient  précipitam- 
ment s'ils  faisaient  do  bruit,  et  les  enfants  pi  us  âgés  qui  restaient 
assis  en  gardant  un  profond  silence.  Quand  le  missionnaire  monta 
en  chaire,  ils  entendirent  le  chant  d'un  cantique;  ei  bien  que 
leur  ignorance  de  la  langue  béchuanaso  ne  leur  permit  pas  de 
comprendre  les  paroles  du  germon,  ils  comprirent  qu'elles 
avaient  pour  objet  quelque  chose  <\<-  très-sérieux.  Accoutumés 
qu'ils  étaient,  depuis  leur  enfance,  à  voir  toutes  les  réunions 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  325 

cet  Evangile  qui  a  répandu  tant  de  bénédictions  dans  son  pays. 
Après  avoir  quitté  Lattakou,  nous  traversâmes  plus  rapidement 
qu'à  l'ordinaire,  avec  nus  wagons  vicies,  les  plaines  des  Barolongs, 
dans  lesquelles  le  voyageur,  comme  le  marin  au  milieu  de  l'O- 
céan, ne  voit  d'autres  bornes  que  l'horizon  à  l'étendue  qui  l'en- 
vironne. De  loin  à  loin,  l'œil  rencontre  quelques  souches  de 
mimosas;  quelquefois  aussi  de  hautes  herbes  qui  ondulent  au 
souffle  de  la  brise  comme  des  champs  de  blé  ;  au  milieu  de  ces 
herbes  habitent  différentes  sortes  de  gibiers,  et  le  roi  des  forêts 
y  promène  paisiblement  ses  loisirs.  De  temps  en  temps  nous 
étions  accostés  par  les  misérables  habitants  de  ces  solitudes,  qui 
ne  vivent  que  de  racines  et  des  produits  de  leur  chasse;  ils  ve- 
naient nous  demander  un  peu  de  tabac,  et  quelquefois  ils  pas- 
saient la  nuit  asec  nous.  C'étaient  des  gens  qui  vivaient  en  quel- 
que sorte  familièrement  avec  les  lions,  et  qui  connaissaient 
parfaitement  toutes  leurs  habitudes.  Lu  soir,  au  moment  où  nous 
allions  nous  coucher,  un  lion  passa  près  de  nous  en  poussant  un 
rugissement  dont  le  bruit  se  perdit  peu  à  peu  dans  la  plaine,  et 
auquel  un  autre  cri  semblable  répondit  dans  l'éloignement.  >ious 
tunes  remarquer  ce  cri  aux  Balalas,  et  nous  leur  demandâmes 
s'ils  pensaient  qu'il  y  eût  du  danger.  Après  avoir  prête  l'oreille 
un  moment,  comme  à  une  voix  qui  leur  était  familière,  ils  ré- 
pondirent :  «  .Non,  il  n'y  a  rien  a  craindre  :  le  lion  a  mangé,  et  il 
va  dormir.  »  Ils  ne  se  trompaient  pas,  et  nous  dormîmes  aussi. 
Ouandje  leur  demandai,  le  lendemain  malin,  à  quoi  ils  recon- 
naissaient que  les  lions  allaient  dormir  :  «  Nous  vivons  avec 
eux,  »  me  répondirent-ils;  «  ce  sont  nos  compagnons.  » 

\<>u>  Gmes  halte  dans  l'après-midi  au  bord  de  la  rivière  Sitla- 
gole,  a  soixante  lieues  du  kuruman  ,  et  nous  laissâmes  paître 
nos  bœufs  sur  une  érainence  qui  se  trouvait  vis-à-vis  de  nous  a 
un  peu  plus  d'une  portée  de  fusil  des  wagons.  Nous  venions  a 
peine  de  nous  arrêter  ei  uous  n'avions  pas  encore  détaché  nos 
fusils,  quand  nous  fûmes  surpris  par  deux  lions  qui  débouchè- 
rent tout  à  coup  d'un  fourré  voisin.  Le  plus  âgé,  qui  était  d'une 
taille  énorme,  s'élança  sur  l'un  de  nos  meilleurs  bœufs  et  le  tua 
en  un  dm  d'oeil  en  brisant  avec  ses  dents  monstrueuses  les  \n- 
lèbres  du  cou.  Son  jeune  compagnon  resta  couche  a  quelque 
distance,  tandis  que  l'autre  léchait  sa  proie  en  tournant  la  tète 
de  temps  en  temps  du  côté  des  autres  bœufs  qui  avaient  pris  la 


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DANS    LE    SI  1)    DE    L'AFRIQUE.  327 

La  contrée  que  nous  avions  à  traverser  était  toute  différente 
de  celle  que  nous  quittions;  elle  était  montagneuse  et  boisée  ; 
les  vallées  étaient  parées  d'arbres  verts  et  coupées  de  nombreux 
ruisseaux  d'une  eau  excellente,  dont  le  cours  sinueux  aboutissait 
à  l'océan  Indien.  Les  deux  premières  journées  du  voyage  me 
procurèrent  un  plaisir  extrême,  et  me  rappelèrent  souvent  les 
vallons  d'Ecosse.  Comme  nous  étions  dans  une  saison  de  pluie, 
la  campagne  avait  beaucoup  de  fraîcbeur;  les  arbres  dont  les 
plaines  étaient  semées  portaient  la  plus  riche  verdure.  Mais  ces 
rochers  et  ces  vallées  si  pittoresques  retentissaient  souvent  des 
rugissements  du  lion.  Ce  pays  avait  autrefois  une  population 
nombreuse.  On  apercevait,  sur  le  penchant  des  collines  et  des 
montagnes,  des  ruines  de  villes  jadis  puissantes  et  peuplées.  Les 
invasions  dévastatrices  des  Mania  tis  et  des  Mélébélès  avaient 
laissé  aux  bêtes  sauvages  la  libre  possession  de  ces  fertiles  val- 
lées. Le  lion,  qui  avait  goûté  de  la  chair  humaine,  s'y  promenait 
en  liberté,  en  effrayant  le  voyageur  de  ses  rugissements  répétés 
par  les  échos  d'alentour.  >'ous  fûmes  gardés  miraculeusement 
pendant  les  nuits,  bien  que  notre  sommeil  fût  souvent  troublé 
par  ces  cris  terribles.  Souvent  il  nous  fallait  prendre  nos  fusils 
et  marcher  devant  le  wagon  pour  repousser  un  buffle  ou  un  rhi- 
nocéros qui  débouchait  (oui  à  coup  d'un  fourré,  à  la  grande  ter- 
reur de  nos  boeufs  ;  ces  derniers  partaient  quelquefois  comme  des 
chevaux  de  course,  et  il  en  résultait  la  rupture  de  l'attelage  ou 
de  quelque  partie  du  wagon.  Comme  il  n'y  avait  point  de  chemin 
tracé,  nous  étions  souvent  obligés  de  faire  de  longs  circuits  pour 
nous  frayer  urie  mute  à  travers  de  profonds  ravins  ;  et  plus  d'une 
luis  il  fallut  ouvrir  notre  pasSage  a  coups  de  pioche  et  de  hache. 
Quand  nous  bivouaquions  pour  la  nuit,  nous  choisissions  autant 
(pie  possible  une  plaine,  alin  d'être  mieux  placés  pour  nous  dé- 
fendre; et,  lorsque  nous  avions  du  bois  à  notre  disposition,  nous 
établissions  plusieurs  feux  autour  du  wagon  ;  mais,  quand  il  tom- 
bait de  la  pluie,  noire  situation  devenait  réellement  critique';  et 
tout  notre  désir  alors  était  qu'il  plût  si  fort,  que  les  lions  ne  fus- 
sent pas  tentés  île  quitter  leur  repaire. 

après  un  voyage  de  plus  de  trente  lieues,  nous  atteignîmes, 
cinq  jours  après  avoir  quitte  Moséga,  les  premiers  établissements 
des  Métébélès,  el  nous  lunes  halte  auprès  d'un  ruisseau  fort  joli. 
Mon   attention   se  porta   sur  mi  arbre  gigantesque  qui  s'élevait  a 


\  |M.  I  i  A 

nui  •  'I  un  ravin  I 

\  rœr  à  ii 

qui  m  h. M  ii<  m  ipp  h 

j-   in'i  n  .i||ii .  ■•  h  h,  .  i  j.   i.  <  ..ii 

I'Iiim. m  ^  l.iimil-  -  I 

i  n   .1  "i  -n   .1  I  .mil-  di  i  enlaidi 

Iroui ,  el  j  v   i  nnptai  ,   .i  mon 

i  li.ilni  iii..i 
m.  I  j       id  j.    iii^  ..i 

trouvait  .i  in  nie  pied*  du  iol, 
\  ii  «i  autre  •iim-iiiili-iiii m  qui 
uoe  l  idi  ■  .  une  i  uillère  el  uu 
i    mou  j-  n  ivaiai  i<  u  nuu 

lournei  en<  "i c  aux  w  i„  >n»,  -•  i  . 

mit-  de  m  i  poaition,  j<  déni  nid  m  |- m    - 

I.  11(111*-  l|UI   ■>•     U  n.ul     i>m>.-   .1    1  I    !  I 

\   i  ouai  util  .i\.  <    >  ni|.i.  I,    cl  n. 

hou  du  ni'  m.   mi  luit  en  |  > 

arriver*  ni  des  lnitir*  \uimih-n  .  n 
i  lu-  |".ur  voii   l«  irangci .  tjui  li  m  "lit  lit  I 
m.  u.  ri  .!•  ailé  qu'il  irouvail  Im-u. 

lit.     )■    \  isii.ii  i  mmiiIi    il  i  fi 

•  lu  >  | ir in*  i|..il'  -    I  i  .     i   ;  i  -  eal  in  ►*•! 
i  kt  <  •  >■  1 1  m  i  •  - 1 1  < 

•  bel  oblong,  qui  •  en»  irou  -  [>t  i  \       i 

i 
l'i  nu  li.  s  ri  .1  h-  rU-s  enlr  i 

in  ,  -i    •!'■   bauleui    un  peu   mon 
i  I.   .  si  |  .il  n»; 

l.llll  -  - 

|l|l|M>   III  s     \  lll.l^l   »    .lolll 

•  pieux  .i  Mîpl  "'i  huit 

.  .ni. 

II. .11.   Il  \  .lu    <  Il 

1 1  s  in  n-    us  .    h»nl 
l.s    habitant*     loi»  i 

l.llll'.    lit      "       |«I\N  'JU    il* 

M        s-,     |,    k    ||.M,  ■      I.      |l«      * 

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DANS    LE    SUD    DE    L  AFlil^LE.  -i'29 

mode» d'architecture  pour  se  mettre  à  l'abri  des  lions  qui  abon- 
dent dans  la  contrée.  Pendant  le  jour,  les  familles  descendaient 
;ui  pied  de  l'arbre  dont  j'ai  parlé,  pour  préparer  leurs  aliments. 
(Juand  le  nombre  des  hôtes  d'une  cabane  venait  à  augmenter, 
ils  soutenaient  avec  des  pieux  la  brandie  ainsi  surchargée; 
et  quand  le  poids  se  trouvait  allégé,  ils  enlevaient  ces  pieux  pour 
en  faire  du  combustible.  Un  peut  voir  ci-jointe  une  vue,  prise 
sur  les  lieux,  de  cet  arbre  qui  est  une  espèce  de  figuier. 

De  retour  auprès  des  wagons,  je  vis  approcher  quelques  guer- 
riers Métébelès,  qui  se  prosternèrent  de  loin  en  apercevant  Lm- 
bate  et  son  compagnon,  jusqu'à  ce  qu'ils  leur  eussent  l'ait  signe 
de  s'approcher  ;  alors  ils  s'adressèrent  aux  ambassadeurs  dans  les 
termes  les  plus  obséquieux,  ce  qui  prouva  que  nous  nous  ne  nous 
étions  pas  trompés  en  jugeant  ceux-ci  des  personnages  de  dis- 
tinction. Etant  arrivé  aux  frontières  des  domaines  de  Mossé- 
lékatsi,  je  parlai  de  nouveau  de  retourner  chez  moi,  puisque 
j'avais  rempli  mon  engagement.  Les  deux  chefs  se  levèrent  alors, 
et  Lmbate,  après  avoir  tenu  ses  regards  fixés  par  terre  pendant 
quelque  temps,  comme  plonge  dans  de  profondes  réflexions,  mit 
sa  main  droite  sur  mon  épaule,  la  gauche  sur  sa  poitrine,  et  me 
parla  en  ces  termes  :  «  Mon  père,  lu  as  été  notre  protecteur,  nous 
sommes  désormais  à  loi.  Tu  nous  aimes  ,  et  lu  voudrais  nous 
quitter?  Là  bas,  »  ajouia-t-il  en  montrant  les  montagnes  bleues 
<|ui  encadraient  l'horizon,  «  demeure  le  grand  Mossélékatsi  ;  cl 
comment  oserions-nous  paraître  en  sa  présence  si  tu  n'étais  pas 
avec  nous"?  Si  lu  nous  aimes  encore,  sauve-nous;  car,  quand 
nous  aurons  raconté  ce  qui  nous  est  arrive,  il  nous  demandera 
pourquoi  nous  l'avons  affligé  par  notre  conduite,  de  manière  a 
L'engager  à  repartir;  el  le  jour  même,  avant  (pie  le  soleil  soit 
couche,  il  aura  ordonné  notre  mort.  Regarde-moi,  ainsi  (pie  mon 
compagnon  ,  et  dis-nous  si  lu  peux  décider  en  effel  que  tu  ne 
viendras  pas;  car  alors  il  nous  vaut  mieux  mourir  a  présent 
même  en  présence  de  notre  peuple.  »  A  tous  mes  raisonnements 

ils  n'opposèrent  que  le  Silence  ;  mais  leurs  yeux  parlaient  un  lan- 
gage auquel  je  n'eus  pas  le  courage  de  résister.  «  As-iu  peur?  » 
me  dit  l'un  d'eux  :  je  répondis  que  non.  «  Alors,  •  dit  l  mbate, 

•  il  dépend  de  loi  de  nous  .sauver  la  vie,  ci  de  préserver  du  deuil 

im^  femmes  el  nos  enfants.  »  Je  ne  crus  pas  devoir  lutter  plus 
longtemps  contre  l'émotion  qui  s'emparait  de  moi  el  «pu  avail 


\  IM.  I  <    « 

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OANS    LE    SUD    DE    LAFItlQUE.  331 

bre.  La  construction  des  murs  de  pierre  doit  avoir  coûté  des  tra- 
vaux immenses  ;  car  tous  les  matériaux  en  ont  dû  être  transportés 
à  dos  d'homme,  ou  plutôt  de  femme,  et  les  carrières  d'où  l'on  a 
pu  les  tirer  sont  à  des  distances  considérables.  Les  collines  voi- 
sines offraient  des  exemples  semblables  des  prodiges  que  peut 
accomplir  une  volonté  persévérante,  presque  entièrement  privée 
des  ressources  de  l'art. 

Je  me  promenai  longtemps  tout  pensif  au  milieu  de  ces  scènes 
de  désolation,  reportant  mes  pensées  sur  le  temps  où  ces  habita- 
tions, aujourd'hui  en  ruines,  étaient  pleines  de  bruit,  de  vie  et 
d'activité.  De  temps  en  temps  je  rencontrais  au  milieu  des  dé- 
combres un  crâne  humain,  historien  muet  mais  éloquent  des 
malheurs  passés.  Ces  ruines  ont  aujourd'hui  pour  habitants  des 
reptiles  et  des  bètes  sauvages.  Elles  sont  semées  de  vastes  ber- 
geries occupées  par  le  bétail  des  Métébélès,  auteurs  de  cette  dé- 
solation. Comme  j'avais  des  Métébélès  avec  moi,  il  me  fut  très- 
difficile  de  recueillir  des  renseignements  auprès  des  quelques 
naturels  que  nous  rencontrions  sur  notre  chemin.  Ces  derniers 
tremblaient  devant  leurs  nobles  maîtres,  qui  les  gouvernaient 
avec  une  verge  de  fer.  Je  compris  bientôt  que  les  usurpateurs  te- 
naient à  me  laisser  dans  l'ignorance  au  sujet  des  dévastations  qui 
frappaient  partout  nos  regards;  ils  tâchaient  toujours  d'être  pré- 
sents lorsque  j'abordais  quelque  aborigène  ;  néanmoins,  comme 
j'entendais  leur  langue,  je  trouvai  quelques  occasions  de  leur 
parler.  Parmi  les  serviteurs  qui  avaient  accompagné  les  deux  am- 
bassadeurs au  Kurunian,  se  trouvait  un  prisonnier  Mantalis.  Il  ai- 
mait, ainsi  que  ses  compagnons,  à  parler  avec  moi  le  séchuana, 
leur  langui;  maternelle.  H  avait  été  fait  prisonnier  par  Mosséle- 
Latsi,  avec  plusieurs  centaines  d'autres  Mantalis,  après  la  défaite 
de  celle  tribu  an  vieux  Latlaknu.  Cet  homme,  doué  d'une  stature 
imposante  el  d'une  force'  athlétique,  avait  un  esprit  délié  et  ob- 
servateur ;  son  âme;  naturellement  liére  et  généreuse  se  révoltait 
contre  la  tyrannie  de  ses  nouveaux  maîtres.  Il  était  ne  dans  la  cou- 
iree  quêtions  traversions,  etil  me  racontait  volontiers,  quand  l'oc- 
casion S'en  présentait,  l'hisloire  de  la  ruine  île  sa  patrie:  le 
pillage  des  bestiaux  et  des  propriétés,  le  massacre  des  habitants 

ei  l'incendie  des  villes.  Les  expéditions  deChaka,ce  monarque  des 
Zoulas,  de  sanguinaire  mémoire,  avaient  déjà  fait  d'affreux  rava- 
ges; mais  ceux-là  n'étaient  rien  encore  auprès  de  la  destruction 


\\1  >  IM.  .  -  I  t        l«       \ 

définitive  de»  li  ibua  U  >•>   «m  l 

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.lr.nl--  une  vasie  elen  uiu<>».  j<-  i 

m. m. I. ii  ce  qu'étaient  devenu*  le»  habitants  le.  I 

leva,  profondément  einu,  cl  t-tt-mlaui  la  i 

des  i  uinea,  .1  mu  dil         Mui-ui  v  !  ■  | 

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suspendrai  leura  i  ma  i   -In        N  -ice  eai  m. 

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ili  leui  ni  nos  ennema» 

iinsi  qu'ils  chanl.neut  <  la  danaa 

qu  |  i  iU  ,.|.«  i.  m.  m  -  .  i.  un  q 

.  Inil.  I  .    l.rml  .1.    ||  lll   <  Il  ii  in»  Il  n. m.  •  I 

remplit  h  ui  ou  ni    Ils  tirent  des  ntttfi 

luiiM't' tir»  villes  incrn<li«-«-v  Il  -  mu  m.' 

pèteda  .  .  Ii.  i  du  i-  (ail 

I,  \,  i   .ii •>  ii.  .  ut  ili  - 

m,  qu'ils  t . *  —  — -  m  (..ni  pri  »    .  i  qu 

Melcli  li> mu  i<  m    I  unes  ei        '  m 


DANS   LE   SUD    DE   l'aPRIQTJE.  333 

comme  pour  chnsser  Pnntilope.  Le  bruit  de  l'assaut  était  comme 
relui  du  tonnerre,  et  leurs  lances  comme  une  forêt  agitée  par  un 
orage  d'automne.  Les  Métébélès,  semblables  à  des  lions,  poussè- 
rent le  cri  de  mort,  et  tombèrent  sur  leurs  victimes.  C'était  un 
cri  de  victoire;  d'affreux  gémissements  y  répondirent.  Quel- 
ques moments  suffirent  pour  coucher  à  terre  des  centaines  de 
guerriers.  Us  frappèrent  sur  leurs  boucliers  en  signe  de  triom- 
phe. Notre  peuple  s'enfuit  avec  le  bétail  au  sommet  de  cette 
montagne.  Les  Métébélès  entrèrent  dans  notre  ville  avec  des 
rugissements  de  lions;  ils  pillèrent  et  incendièrent  les  mai- 
sons, percèrent  les  femmes  de  leurs  lances,  et  jetèrent  les  en- 
fants dans  les  flammes.  Le  soleil  se  coucha.  Les  vainqueurs 
s'élancèrent  de  la  plaine  fumante  et  coururent  à  la  colline,  lis 
égorgèrent  le  bétail;  ils  dansèrent  et  chantèrent  jusqu'à  l'aube 
du  jour;  ils  montèrent  sur  la  colline;  et  tuèrent  jusqu'à  ce  que 
leurs  mains  tombassent  de  fatigue,  n  Se  baissant  alors  vers  le  sol, 
l'orateur  prit  dans  la  paume  de  sa  main  un  peu  de  poussière  ; 
d'un  souffle  il  la  fit  voler  au  loin,  et  il  ajouta  en  montrant  sa 
main  vide:  «  Voilà  tout  ce  qui  reste  du  grand  chef  du  bétail 
bleu.  »  Cette  éloquence  pittoresque  et  naïve  produisit  sur  moi 
une  impression  que  je  tenterais  en  vain  de  décrire  ;  je  profitai  du 
premier  moment  favorable  pour  transcrire  ce  discours,  dont  je 
n'ai  donné  ci-dessus  qu'un  abrégé.  J'appris  plus  tard  par  d'autres 
indigènes  que  ce  n'était  point  un  chant  fabuleux,  mais  bien  un 
récit  véridique  de  la  catastrophe.  Nous  fûmes  retenus  plusieurs 
jours  dans  cet  endroit  par  des  orages  épouvantables,  qui  sem- 
blaient faire  trembler  les  montagnes;  en  môme  temps  il  descen- 
dait des  hauteurs  voisines  de  véritables  déluges.  Le  sol,  qui  était 
noirâtre,  et  naturellement  fort  gras,  devint  tellement  visqueux 
par  l'effet  de  l'eau  dont  il  était  saturé,  que  ni  les  hommes  ni  les 
bœufs  ne  pouvaient  avancer.  Les  roues  de  nos  wagons  ne  for- 
maient plus  qu'une  masse  d'argile,  et  les  pieds  des  bœufs  adhé- 
raient tellement  au  sol,  qu'il  devenait  impossible  de  les  faire 
bouger.  Au  reste  on  venait  souvent  des  villages  éloignés  nous  ap- 
porter d'abondantes  provisions  de  lait  et  de  blé;  ces  objets 
étaient  transportés  sur  la  tète  «les  femmes  esclaves  appartenant 
aux  tribus  Béchuanases  soumises  par  1rs  Métébélès. 

Le  mauvais  temps  et  les  incommodités  de  tout  genre  qui  nous 

entouraient  firent  nain»!  de  tristes  pressentiments  dans  l'esprit 


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loin  du  m   il; 

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DANS    LE    SUD    DE    l' AFRIQUE.  335 

moi  nous  montâmes  à  cheval  avec  deux  de  nos  gens  pour  suivre 
le  chemin  direct.  En  arrivant  au  bord  de  la  rivière  nous  y  trou- 
vâmes des  baigneurs  qui  s'enfuirent  avec  des  marques  de  la  plus 
vive  frayeur  en  voyant  des  cavaliers.  Nous  marchâmes  tout  droit 
vers  la  ville,  et  pénétrant  au  centre  d'un  grand  enclos  qui  pouvait 
contenir  au  moins  10,000  tètes  de  bétail ,  nous  reconnûmes  avec 
stupéfaction  que  cet  enclos  était  bordé  de  huit  cents  guerriers, 
sans  compter  deux  cents  autres  qui  étaient  cachés  comme  en 
embuscade  des  deux  côtés  de  l'entrée.  On  nous  fit  signe  de  mettre 
pied  à  terre,  ce  que.  nous  fîmes  aussitôt,  gardant  à  la  main  la 
bride  de  nos  chevaux.  Alors  les  guerriers  qui  étaient  à  la  porte 
se  précipitèrent  dans  l'enclos  en  poussant  des  cris  sauvages  et 
en  balançant  leurs  grands  boucliers,  ce  qui  effraya  beaucoup  nos 
chevaux.  Puis  ilsse  joignirent  au  cercle  armé  qui  nous  entourait, 
et  se  formèrent  en  rang  avec  autant  de  précision  que  s'ils  eussent 
appris  les  règles  de  la  lactique  européenne.  Nous  nous  trouvâmes 
alors  environnés  d'un  nombre  immense  de  guerriers,  dont  chacun 
avait  les  reins  entourés  d'un  caleçon  de  peau  de  singe,  les  bras 
et  les  jambes  urnes  de  queues  île  bœufs,  la  tète  surmontée  d'un 
panache  de  plumes,  et  dont  les  vastes  boucliers  atteignaient  leurs 
menions. 

Bien  que  nous  fussions  au  centre  d'une  ville,  le  silence  était 
aussi  profond  qu'à  l'heure  de  minuit,  et  tous  ces  hommes  étaient 
immobiles  comme  des  statues.  On  ne  voyait  remuer  que  des 
yeux,  et  nous  pouvions  admirer  une  riche  collection  de  dents 
d'une  éclatante  blancheur.  Après  quelques  minutes  de  ce  silence 
de  mort,  qu'interrompait  seulement  le  bruit  de  la  respiration  de 
nos  chevaux,  le  chanl  de  guerre  éclata  soudain.  Ce  chant  ne 
manquait  pas  d'harmonie,  et  les  pieds  qui  battaient  la  mesure 
eo  cadence  produisaient  un  bruit  semblable  au  roulement  du 
tonnerre;  mais  il  >  avait  dans  cette  musique  des  parties  qui  sem- 
blaient laites  pour  l<s  régions  infernales,  surtout  quand  lesguer- 
riers  imitaient  les  gémissements  des  mourants  sur  le  champ  de 
bataille  et  les  cris  de  joie  des  vainqueurs.  Il  se  lit  ensuite  un  nou- 
veau silence,  et  nous  nous  demandions  avec  anxiété  où  l'on  en 
voulait  venir,  lorsque  I»'  monarque  sortit  de  derrière  les  rangs, 
suivi  d'un  certain  nombre  d'hommes  qui  portaient  des  paniers 
et  des  vases  remplis  d'aliments.  Il  s'avança  vers  nous,  et  comme 
il  s'était  rail  instruire  de  notre  inoilr  de  salutation,  il  nous  donna 


\   IN.     I 
.1    cIl.'HUtl    m  1 1  :  llll.    loi  I 

\       i  c| il  m. us  monir  i  les  nlin 

■,i.  u  .  ■  \ 

p  irnrenl    dans   l-  I-  if.  in*n  i?ni  ;   i 

II. luit     | 

de  la  ^  ille,  il  roului  non  r  lui-n 

bol  'l     m  "' 

* | ■  t •  -    l.iuiili  i r 1 1 •       -1  ivs  t*st    il-  - 

t.. m  liU  Ta  dormiras  où  lu  voudrai      l*uand  arriwrvni  « 
ioni  Ni"n\  inlea,     oommr  il  appelai!  !<•«<  w 

.m  lea  eontempl  <    it«    um  turpri 

|,r I •  1 . -  .  j.     vi)l    CCI    li.Hiiiii.-.    la    l *  r  r  •  1 1  r    •!•     tant   ilf*  rnilll 

ciller  Iiii-mi.ii  terreur,  doul  ml 

lui.  s   \  iv  ni  I  '  I  OR   (  ni  «lil'l--   l->   DUMlfîi    ii 

■ 
m  un  .1  lin  ml   I    i  indiqm 

Il  i  nnsidèi  i  '  >  voilure  In 
mue*,  el  quand  on  lui  >lu  mml  i •>•  ■  •  -  •!• 

•  I  m-  I  i  •  ompo^ilion  de  <  h  iq 

i  »  i  nul  il  ..h   lool  n  i  m  i  il-,  il  i  us.  ni  point 

.1    M     (k  m  II  iili-nl    1 1    I 

q nlour  ni  Ira  i  inlea  de  l  < 

.|  i  ...t  inlnr.      I  <|'i.     s  ,    m. 

Il  i.  ii.lu  b  ip  plu«  Mvanl  q 

prit  alors  <  «  ni  un  ri 
■  t ■  t  —  I   uni  «  i  ■•«»  liai 

i,.T     lis    -  Ml  .   i  ;  1 1  I  ■  -     |. .111.1' 

-lit  lienlil  Ri  d«S  nuvrii  I  ■  »i 

qu'il  doi 
n   ii  reprit  i 

■I   un    .  \  M 

llll     t.   .    M      IMT   ilis     l|.|.| 

loujouri  i' 

1  .    i|.  Min  X| 

i 
i  M 

l.-ur  |*.u.  ''■  pluin»  s  .|..ti|  I. -ii r 

ils  ..m  nrdin  i 
dont  1 1  lus 


f)A\<    fi      SUfl    l>K    I.   VFRIOI'F..  3-t/ 

leur  aspeci  quelque  chose  de  très-imposant.  Ils  ont  pour  armes 
un  bouclier,  une  courte  lance  et  une  massue  fabriquée  avec  du 
bois  dur  ou  avec  une  corne  de  rhinocéros.  Ils  lancent  cette  mas- 
sue avec  une  telle  précision  qu'ils  s'en  servent  pour  tuer  des  ani- 
maux très-petits,  tels  que  l'antilope.  Leur  javelot  n'est  pas 
destiné  à  être  lancé,  mais  à  combattre  de  près;  et  c'est  une  des 
circonstances  qui  donnent  tant  de  supériorité  aux  Métébélès  sur 
!es  tribus  accoutumées  à  lancer  de  loin  des  javelines  légères. 
Vaincre  ou  mourir  est  la  devise  des  Métébélès;  si  l'un  d'eux  re- 
vienl  sans  son  bouclier  ou  sa  lance,  il  est  immédiatement  mis  à 
mort  sur  un  signe  du  souverain.  Leur  costume  de  guerre,  qu'ils 
ne  portent  que  dans  les  grandes  occasions,  est  ce  qui  les  fait  paraî- 
tre le  plus  à  leur  avantage;  en  temps  ordinaire  ils  sont  complè- 
tement nus,  ainsi  que  les  Cafres.  Il  est  rare  qu'ils  fassent  usage 
de  la  hache  d'arme  qu'on  voit  dans  la  main  du  guerrier  Béehua- 
na  :  ils  ne  s'en  servent  que  lorsqu'ils  ont  épuisé  leurs  lances,  ou 
qu'ils  massacrent  un  ennemi  vaincu.  Les  boucliers  des  deux 
nations,  fabriqués  avec  la  partie  la  plus  épaisse  de  la  peau  du 
bœuf,  diffèrent  beaucoup  pour  la  forme  et  pour  la  grandeur, 
comme  on  peut  le  voir  dans  la  gravure.  Celui  des  Bnssoutos  est 
encore  plus  petit  que  celui  des  Béchuanas,  et  il  semble  n'être  des- 
tiné qu'à  couvrir  la  main  gauche  qui  tient  les  javelots. 

Mossélék;itsi  ne  manqua  pas  de  nous  approvisionner  abondam- 
ment de  viande  et  de  lait,  et  d'une  sorte  de  bière  légère  faite  avec 
du  blé  indigène.  11  paraissait  très-désireux  de  nous  plaire,  et  de 
si'  montrer  lui  et  son  peuple  sous  le  jour  le  plus  favorable.  Tous 
les  habitants  et  les  guerriers  des  villes  voisines  reçurent  l'ordre 
de  m'  rassembler  autour  de  la  capitale,  et  le  lendemain  on  donna 
un  bal  public  en  l'honneur  des  étrangers.  On  avait  choisi  pour  ce 
but  une  plaine  unie  qui  touchait  la  ville;  Mossélékalsi  s'y  plaça 
au  centre  d'un  cercle  immense  de  soldats;  il  y  avait  aussi  un 
grand  nombre  de  femmes,  qui  mêlèrent  au  concert  leurs  voix 
aiguës  el  leurs  battements  de  mains.  Trente  dames,  qui  apparte- 
naient m  harem  du  monarque,  portant  chacune  .le  longues  ba- 
guettes blanches,  exécutèrent  des  marches  el  des  contremarches 
dont  la  mesure  était  marquée  par  le  chant;  leurs  corps  luisants 
et  richement  ^r,iis>.s  .(.lient  trop  massifs  pourse  prêter  aux  mou- 
vements agiles  qui  étaient  exécutés  par  les  dames  elles  demoi- 
selles 'l'un  nu-  inférieur.  Les  soldats  chantèrent  leur  chant  de 

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CHAPITRE  XXX. 


Prolongation  de  séjour  chez  Mossélékatsi. —  Sa  reconnissance.  — Une  veillée 
de  samedi. —  Jugement  d'un  criminel.  Héroïsme  sauvage.  —  Tyrannie 
de  Mossélékatsi. —  Son  histoire. —  Son  caractère.  —  Affliction  d'un  père. 
efforts  pour  racheter  son  fils.  Amour  maternel.  —  Question  de  Mos- 
sélékatsi. —  Sa  passion  pour  la  guerre.  —  Action  atroce.  —  Cuisine  des 
Uétébélès.  —  Horreurs  de  la  guerre.  —  Retour  de  l'auteur. 


J'eus  beau  représenter  à  Sa  Majesté  sauvage  que  je  n'étais  pas 
dans  l'intention,  en  partant  de  chez  moi,  d'aller  si  loin,  et  qu'il 
nie  fallait  abréger  ma  visite  pour  mettre  un  terme  aux  inquiétu- 
des de  mes  amis  du  Kuruman,  il  trouva  moyen,  à  force  d'artifices, 
de  me  retenir  dix  jours.  Pendant  ce  temps  j'eus  avec  lui  des  en- 
trevues fréquentes;  mais  j'étais  mal  placé  pour  apprendre  à  con- 
naître son  vrai  caractère;  car  personne  t\.\ns  ses  domaines  n'au- 
rait osé  parler  de  lui  autrement  que  pour  le  représenter  comme  le 
meilleure!  le  plus  noble  des  êtres,  l'idéal  de  tout  ce  qu'il  y  a  d'ai- 
mable, de  juste  et  de  bon  ;  à  les  entendre,  sa  puissance  allait  jus- 
qu'à transporter  des  montagnes  ;  son  sourire  était  la  vie,  et   un 
simple  signe  de  sa  désapprobation  portait  avec  lui  la  terreur  et  la 
mort.  Je  fus  pourtant  à  même  de  recueillir  quelques  informations 
sur  son  compte  par  le  moyen  des  hommes  qui  avaient  accompagné 
nbassadeurs  au  Kuruman,  et  qui  avaient  reçu  la  permission 
de  rester  auprèsdu  wagon;  on  leur  avaitadjoint  d'autres  individus, 
chargés  en  apparence  de  nous  servir,  m  lis  en  réalité  <lc  surveil- 
lei  nos  démarches  et  de  prendre  connaissance  de  toutes  les  com- 
munications qui  pourraient  s'établir  entre  moi  cl  les  indigènes. 
Du  reste  ils  étaient  on  ne  peui  plus  obéissants  ;i  l'expression  de 


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L>A.\s    LE    SUD    Dl     I."  U  Kb.'!  E.  341 

pressions  el  attisèrent  encore  l'orgueil  qui  brûlait  incessamment 
dans  son  cœur,  en  assurant  que  c'était  la  renommée  de  son  nom 
qui  lui  u\ail  valu  les  hommages  des  nations  éloignées.  Je  lus  sen- 
sible à  ce  témoignage  de  sa  reconnaissance,  et  je  lui  annonçai  en 
retour  que  jetais  porteur  auprès  de  lui  de  bonnes  nouvelles; 
c'était  la  nouvelle  de  l'amour  de  Dieu.  11  parut  d'abord  m'écoutei 
avec  attention, mais  bientôt  la  distraction  se  peignit  sur  son  visa- 
ge, et  ses  yeux  se  fixèrent  a vec  une  satisfaction  ineffable  sur  les 
riches  troupeaux  de  bétail  qui  marchaient  dans  ce  moment  vers 
la  ville;  c'était  là  un  sujet  infiniment  plus  propre  à  le  captiver 
cpie  celui  de  notre  conversation. 

Unsi  finit  la  soirée  du  samedi  :  Sa  Majesté,  indiquant  par  un 
salut  poli  qu'elle  en  avait  assez  entendu  pour  le  moment,  se  leva 
au  milieu  des  cris  d'admiration  de  son  cortège,  el  alla  chercliei 
une  société  et  des  conversations  plus  analogues  à  ses  goûts. 
Umbate  et  deux  de  ses  amis,  dont  il  désirait  me  faire  faire  la  con- 
naissance, restèrent  avec  moi  jusqu'à  une  heure  très-avancée  dans 
la  nuit.  L'un  de  ces  derniers  paraissait  être  un  homme  d'une  in- 
telligence supérieure  et  il  m'adressa  des  questions  remarquables 
sur  les  sujets  dont  j'avais  parle  au  roi.  Eloignés  comme  nous  l'é- 
tions de  la  danse  el  des  cliants  guerriers  qui  faisaient  retentir  les 
échos  des  Collines  environnantes,  le  calme  et  la  sérénité  de  la 
nuit  inspirèrent  de  la  confiance  à  ces  chefs,  et  ils  s'épanchèrent 
avec  moi  plus  qu'ils  ne  l'avaient  encore  lait  ;  néanmoins  ils  par- 
laient à  voix  basse,  comme  s'ils  avaient  peur  que  leui  roi  ne  les 
entendit.  Umbate  répéta  à  son  ami  ce  qu'il  m'avait  entendu  din 
en  chemin  des  choses  d  Dieu.  Bien  qu'ds  missent  dans  leurs  ob- 
servatious  une  circonspection  extrême,  évidemment  ils  n'étaient 
pas  insensibles  à  la  rigueur  du  despotisme  qui  pesait  sur  eux. 
Plus  d'uni'  fois  déjà  j'avais  été  frappé  i\<-  la  ligure  ouverte  el  no- 
ble d'un  grand  nombre  de  ces  guerriers,  que  n'ont  pu  abrutir  l'i- 
gnorance et  la  superstition,  ai  écraseï  le  sceptre  de  fer  d'un  mo. 
uarque  adonné  au  sang;  mais  qui  ue  connaissent  pas,  hélas! 

autre  joie  que  celle  de  vaincre  ou  de  mourir  a  la  suite  de  leui 
souverain.  Le  lendemain  matin  fui  marqué  par  un  triste  exemple 

prétendu  héroïsme  qui  préfère  la  mort  au  déshonneur,  t 
lait  un  joui  de  lête  ;  ou  av. m  tué  beaucoup  de  bétail,  et  tous  le- 
urs se  réjouissaient  dm»  la  perspective  de  se  livrer  à  tous  le* 
excès  qui  font  la  joie  du  sauvaf     Un  seul   hommi    n<    partageait 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  343 

moi  mourir  de  la  mort  des  guerriers,  je  ne  puis  pas  vivre  avec  les 
pauvres.  »  Puis  montrant  les  ornements  qui  paraient  sa  tète,  mar- 
ques distinclives  de  sa  dignité,  il  ajouta:  «  Comment  pourrais-je 
\  ivre  parmi  les  chiens  du  roi,  et  déshonorer  ces  symboles  de  gloire 
que  j'ai  conquis  avec  la  lance  et  le  bouclier?  Non,  je  ne  puis  pas 
vivre!  fais-moi  mourir,  6  Pézoolu  !  »  Sa  demande  lui  fut  accor- 
dée, et  on  lui  attacha  les  mains  au-dessus  de  la  tète.  Mes  efforts 
pour  lui  sauver  la  vie  étaient  désormais  impuissants.  Il  avait 
dédaigné  sa  grâce  aux  conditions  qu'on  lui  offrait,  préférant 
mourir  avec  les  honneurs  qu'il  avait  gagnés  à  la  pointe  de  sa 
lance,  à  l'exil  et  à  la  pauvreté  parmi  les  enfants  du  désert.  Deux 
hommes  se  placèrent  à  ses  côtés  et  l'emmenèrent.  Je  le  suivis 
de>  yeux  jusqu'au  sommet  d'un  roc  escarpé  d'où  on  le  précipita 
dans  la  rivière  profonde  qui  coulait  au  pied,  et  où  il  devint  im- 
médiatement la  proie  des  crocodiles,  accoutumés  à  de  pareils 
repas.  C'était  un  dimanche  matin  que  se  passait  cette  scène, 
triste  échantillon  de  l'état  moral  du  monde  païen.  Cet  héroïque 
paies  ne  connaissait  rien  au  delà  du  tombeau,  il  était  sans  Dieu  et 
sans  espérance.  Sans  doute  il  ne  sera  pas  condamné  aussi  sévè- 
rement que  ceux  que  nous  voyons  de  nos  jours  ,  environnés  de  la 
lumière  de  l'Evangile,  se  précipiter  eux-mêmes  volontairement 
dans  l'éternité.  L'histoire  exalte  le  patriotisme  des  Grecs  et  des 
Romains,  et  cette  grandeur  d'âme  (pu  leur  faisait  sacrifier  leur 
vie  pour  le  bien  public  OU  pour  le  fantôme  de  la  gloire  humaine; 
si  c'est  là  de  la  vertu,  il  y  a  parmi  les  enfants  de  l'Afrique  des 
hommes  qui  ne  le  cèdent  en  rien  aux  plus  illustres  d'entre  les 
Romains.  Ce  monarque  des  Hétébélès  n'aurait  eu  qu'à  demander 
-  guerriers:  «  Qui  d'entre  vous  veul  sacrifier  ss  rie  pour  le 
salul  de  son  pays?  •  pour  voir  aussitôt  les  chefs  les  plus  renom- 
mer ge  précipiter  d'eux-mêmes  contre  les  lances  de  l'ennemi. 

l.a  conduite  de  Mossélékatsi  dans  cette  occasion  produisit  une 
profonde  imprt  «mu  parmi  ses  sujets  :  plusieurs  d'entre  eux  me 
considéraient  comme  nu  être  extraordinaire,  puisque  j'avais  pu 
exercer  une  telle  influence  sur  cet  homme  plus  indomptable  à 
leurs  yeui  que  l«-  monarque  des  forêts.  Son  gouvernement, 
autant  (pie  j'en  ai  pa  juger,  fiait  dirige  pai  le  plus  tyran- 
nique  despotisme.  Les  personnes  ei  les  biens  de  tes  sujets 
étaient  également  la  propriété  du  nu.  Sa  parole  faisait  loi,  ei 
un  signe  de  >.i  main  faisait  trembh  r  ses  <  hefc  les  plu-  redoutés. 


144  VIHGT- 

Nul  ne  i  i  un  jugement  <|m  lui 

nul  n'aurai!  ipiuion 

i      (qu'ils  obtenait  m  l.i  1 i\«  née,  il* 

tient  n-  r^  lui  .  n  ramp  mi  ei 
litres  booorifiquefl    11  lui  arrivait  <  m  <l«->  iiKiagem 

•  ipédiés  il<-|iui-  I-  «>  ntaiion»  |,  s  |  |,. 
i  ■  s  h. -i 1 1 n i<  ■<  il-  |"i-  n<  m  .1  n 

puis   ih    t'approi  li. in  m  •  i  m  .1 

trente  mèlri  i  de   1 1   |- 1  bonne  bon 

|>l  ii-ii   .1  ,r  un  iU-  v- 

I  II.  |s  ,       1..IIJ..III-       |.|.    I  lAci  llli  i  l>  lin 

appoi  lail  ii  nouvelle  que  de*  li<  uni  i  hi|h  : 

u\  .   m  us  nul  n   i  BOOM  I 

événement  -  m>  pn  --m-  u  mpa  li  lèleel  lea  pato 

l'animal  qui  avaii  ,u.i    ni\  |h»>m *m.i  ribli 

i  i\.il 
Bien  qu'en  '•»'     d'une  tyi  inm< 

miji  i->  . lu^-.  m   \\ 

toulei  I-  i  mai  que    du  dévoui  un  m  l<  plus  i 

qu'il  clail  u  qu'il   dormait,    il  était  i*nl 

de  courtisans  :  n. m   i">iumr>,  iluni  l'unique  oon 

il. ut  ilr  sauii-r  <  i  il-  n   - 1  |  i. 

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tantôt  m' lini  .i  li  i. 

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•  ul.iii"ti  qu'ili  en  d<  itt  lligiblea  même  poui   li 

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miiv  .ml'  i  '  BOolu  '  v  '  « | < ■  *  i 

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DANS    LE    sUD    DE    l' AFRIQUE-  345 

et  vous,  plaines  verdoyantes,  écoulezla  voix  du  tilsde  Machobane, 
le  roi  du  ciel  !  »  Ce  n'est  là  qu'un  faible  échantillon  des  litre» 
sonores  dont  on  étourdit  incessamment  les  oreilles  de  ce  mortel 
orgueilleux,  comme  pour  lui  faire  croire  qu'il  est  en  effet  tout 
puissant;  néanmoins,  malgré  toute  sa  jactance,  il  n'a  pu  cacher 
la  crainte  que  lui  inspirait  Dingaan,  successeur  du  sanguinaire 
Chaka,  dont  il  avait  secoué  le  joug  de  fer. 

Quelques  mots  sur  l'origine  de  ce  chef  célèbre  ne  seront  pas 
ici  hors  de  propos.  Il  était  jeune  encore  lorsque  son  père,  chef 
d'une  tribu  indépendante,  fut  attaqué  et  vaincu  par  une  autre 
iribu  plus  puissante.  11  chercha  un  refuge  auprès  de  Chaka,  qui 
avait  fait  redouter  son  nom  par  ses  féroces  exploits.  Mossélékatsi 
dut  à  son  caractère  intrépide  d'être  placé  à  la  tète  d'une  expédi- 
tion de  maraudeurs,  qui  fit  des  ravages  affreux  parmi  les  tribusdu 
nord;  mais  au  lieu  de  remettre  tidèlement  entre  les  mains  de  son 
maure  la  totalité  du  butin,  il  se  lit  lui-même  sapait.  Chaka  l'ayant 
appris  résolut  d'exterminer  l'auteur  de  ce  détournement  auda- 
eieux.  Mossélékatsi  s'était  préparé  d'avance  à  la  fuite  :  après  un 
combat  à  outrance  avec  les  guerriers  de  Chaka,  il  réussit  à  s'échap- 
per, et  tomba  comme  un  fléau  destructeur  sur  les  tribus  riches  et 
populeuses  qui  oecupaienl  le  nord.  -Nous avons  déjà  parlédeses  ra- 
vages parmi  les  Bakones  ;  mais  ce  n'était  là  qu'un  faible  aperçu 
de  la  terreur  et  de  la  désolation  qu'il  sema  jusqu'aux  dernières 
limites  des  pays  conquis  par  Chaka.  Depuis  l'époque  de  sa  révolte 
jusqu'à  celle  où  j'appris  à  le  connaître,  et  encore  longtemps 
après,  l'histoire  de  Mosselekalsi  n'est  autre  chose  qu'un  long  ca- 
talogue de  crimes.  Il  n'y  avait  pas  un  seul  endroit  habité,  sur 
une  vaste  étendue  de  pays,  où  il  n'eût  laissé  des  marques  de  sa 
exterminatrice.  Son  expérience  des  hommes  et  sa  linesse 
naturelle  assurèrent  sa  domination  sur  ses  sujets,  et  ie  tirent 
adorer  de  ses  c;iplifs  tremblants  comme  un  souverain  invincible, 
fous  ceux  qui  résistaient,  et  qui  ne  voulaient  pas  consentir  ;i  lé- 
cher lu  poudre  de  ses  pieds  comme  des  chiens,  étaient  impitoya- 
blement massacrés,  il  formait  les  jeunes  gens  qu'il  faisait  prison- 
niers aux  règles  de  sa  propre  lactique,  en  sorte  que  la  plus  grande 
partie  de  son  armée  se  composai!  d'étrangers;  mais  ses  chefs  ei 
«i  noblesse  se  glorifiaient  de  descendre  de  la  dynastiedes  Zoulas. 
Il  avait  poussé  Be «expéditions  guerrières  jusque  sous  le  tropique  . 
mais  l.t  d  avait  rencontré  des  rivaux  di^nt>>  de  lui ,  une  foisenln 


<\l»  VIKCT-TBOlS     0>    Dl     II 

autres,  de  qu'il 

qu'ui  ,  •  i •  1 1  fui. m    ■ 

qu'ils    n'étaient   p  \  iinqu<  urs     I' 

auprès  de  lui,  i 

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li  >   formes  d<    la  s  mmission  la  plu< 
appui  contre  un«  irihu  plus  rl<  |ui  Irui 

\\  i  . -i.nl  d'uur  ' 

si-/   rrplrl  ;    il    ;i»nl,   quand  il    VOul  iflabtlih 

ilans  1rs  m  inii-r»-».  S:i  \ni\  «I  indiquait  pas 

fol  |  luji  II  'iiinT  t 

qu'il  en  fut  ainsi  pour  un  homnir  «pu  faiviii  -i  j- 

\  l>-  lit'  lll  ll)|i  s 

•      ipii  (irrrrili-  m-  |m-ih  tlnnnei  qu'un* 

"^  i  Mu  ili-    I.  (     i  Ih'Iiiii  m  I  j   h 

■  nln  h-  !  misi  .|."il 

-■■il  «  n  ur  M-in!  solumrnl  i  i  U  mii 

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dans  l'un  idenl  que  je  <  lis  i  iconi 
rinotion  lendn  donl  l'objri  rtail  hors  de  ! 

J  ii  déjà  .lit  que  Mokatla,  rhrl         I   ihanilsi 
•  •   .mpri  si!-     V  in>  li    ilisir  il 

mli-riniili.m.    la  p  r.  - 

ili.lll.    .    I'  II  Mil      I  "(Ml    !■ .Ml:  I    IIM 

homme  dont  I 

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quel  MSI  lil  il  .  .  Im- 

I 


DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  347 

quelques  rangs  de  perles  avec  des  parures  de  fabrique  indigène, 
objets  précieux  pour  lui,  mais  sur  lesquels  le  chef  hautain  dai- 
gna à  peine  jeter  les  yeux.  Alors  le  père  lira  en  soupirant  de 
dessous  les  haillons  de  peau  qui  lui  servaient  de  lit  un  petit  sac 
sali  par  un  long  usage  et  renfermant  encore  quelques  rangs  de 
vieilles  perles,  qu'il  plaça  auprès  des  premières  :  celles-là  étaient 
empruntées.  Le  chef  renouvela  son  regard  dédaigneux.  Alors  il 
détacha  de  ses  bras  deux  vieux  anneaux  de  cuivre,  et  des  bagues 
du  même  métal  qui  pendaient  à  ses  oreilles.  Le  chef  répondit  à 
l'angoisse  qui  se  peignait  dans  ses  regards  par  un  froncement  de 
sourcils  et  un  mouvement  décolère.  Alors  le  malheureux  père 
détacba  de  son  cou  l'unique  rang  de  perles  qu'il  possédât  encore, 
et  qu'il  portait  évidemment  depuis  bien  des  années;  il  y  ajouta 
un  vieux  couteau  à  demi  usé,  et  offrit  le  tout  pour  la  rançon  pro- 
posée. C'était  tout  ce  dont  il  pouvait  disposer;  et  je  n'oublierai 
jamais   l'expression  de  ses  yeux,  qui,  bien  qu'ils  ne  versassent 
pas  une  larme,  par  suite  des  habitudes  nationales,  exprimaient 
la  plus  poignante  angoisse  qui  lût  jamais.  Il   ne  parvint  pas  à 
produire  la  plus  légère  impression  sur  le  chef  orgueilleux,  qui  Se 
mita  parler  de  choses  et  d'autres  avec  ceux  qui  l'entouraient, 
complètement  indifférent   au   douloureux  spectacle  qu'il  avait 
sous  les  yeux.   Il  linil  par  se  lever;  et  un  des  assistants  l'ayant 
engagé  à  prendre  pitié  de  ce  vieillard  qui  avait  fait  une  marche 
de  cent  lieues  et  qui  avait  apporté  tout  son  petit  avoir  pour  ache- 
ter ses  propres  enfants,  il  répondit  en   ricanant  (pie  l'un  d'eus 
«■tait  mort  (h;  froid  l'hiver  précédent,  et  que  ce  qu'offrait  le  père 
en  échange  de  l'autre  ne  valait  pas  la  peine  d'être  regardé. —  «  le 
veux  des  bœufs,  »  ajouta-t-il.  ".le  n'ai  pas  seulement  une  chè- 
vre. »   répondit  le  père.  I  n  soupir,  plus  douloureux  encore  que 
les  précédents,  s'échappa  de  sa  poitrine  :  trouver  un  de  ses  enfants 
mort,  et  ne  pas  pouvoir  seulement  revoir  le  second!  Le  chef  s'é- 
loîgna,  laissant  le  pauvre  homme  assis  par  terre,  la  tète  appuyée 
sur  sa  main,  les  regards  fixés  Sur  le  sol,  étranger  à  tout  ce  qui 
l'entourait,  absorbe  uniquement  dans  la  pensé»  de  ce  lils  qui  lui 
restait  encore,  qui  lui  devenait  doublement  cher  par  la  perte  de 
-"m  frère,  et  qu'il  n'était  pas  en  son  pouvoir  de  recouvrer.  Ouund 
i!  ramassa  son   manteau    pour  se  retirer,    <>u   lui  dit  de  ma  part 
d'avoir  bon  courage,  et  que  je  ferais  mes  elforts  pour  lui  rendie 
son  fils.  Il  tressailli)  .1  cette  nouvelle,  jeta  sou  manteau  û  mes 


143  \  I  N  . .  1  \  N  s     I .  I       M 

Is,   •  i  me  ;  I  mi  de  nouveau  ataii 

•  l'r<  ii  I  m" ii  |-  r.  ,  •   m.  dit-il,  i     pâlie  <!•  ■  — 

Garde- le  pour  toi-ri  épondis-je.  il  btin  la  nui» 

île  son  bienfaiteur   en  i  partit  vu  disant    ■  AiifJiM 

nko,  •  i  J'.iur.n  tlu  i. 

i  i  joui  luivant  ji  trouvai  um  uoca&ion 

i  .iii lift  UonJ 

priél  lire  du  j.  un.  le  veuif  dm  U 

s  -  ui|  reaaa  de  I  i  ayant  reçu  plu»i<  ur>  li\  i 

pria,  il  envoya  à  l'instant  même  un  messager  <i 
<|ui  n-  iniuN.iii  .1  u  .  .  t  qui  .n i  i         len- 

demain. 

I  on  d«"  l'.-ii.-  ititnii       M  i|.j.r-^  htonj  .1  un. 

des  collines  qui  en  l  celte  ville,  nous  >lmcs  loul 

litre  >ni  le  somme!  uneformi  humaine,  qui  se  mil  •« 
.h.  .  n  <  ..m  .mi  .lu  . ..•■■  J  II. .  qu< 

nions  M.    lis  tii  tomber  la  lèn   1 1  pn  un.  i      i 
ducteur  .lu  wagon,  qui  était  assise  mot 
i ii.ii  .  •  C'est  une  f<  inme!  elle  court  |»'ur  échapper  .i  un  lion 

n  uni  mi         I         ut ,   t-ii  i  II.  i.    I.i   n  (ils  n 

irouvi  .  I  II.   avail  I-    malin   un  ni»'.  »!<•  ijuclquei  lioiunx  • 

qui  avaient  iil-  <  1 1 

i  ll<-  était  montée  sui   la 
i  irut  vera  moi  Itoi -  >l  i>  il.  iue,  foll»  >■ 

.1.-  mu  ter  i  pour  l<  ui| 

ii-  1rs  r-> m  tuvitôl  elle  s'empara  d<  m.  -  m  .m s. 

w  il  il.-   h  iis.rs  .1    il.    I.irin.  s  .  ,  ||.     n. 

parole,  m. n* .  II.     ,        laitdi  juie. Son lil> >'.ippi 

-  I    .  Ilr   l<     s.  M   i    i|. m 

Dans  lea    >    |ui  nia  <  ntn  lions  <pi.   j  .  M  .* 

h.  ssi  un.    multitude  de  q  i  : 

.m.    qui    ivail  poui  >  «I  inMi n 

\«ril«s  .|i\ii)is,  ri. ni  |h.  ,r  lui  un  profond  nu  II  inr  .1.  manda 

m  j>   pouva  s  i  m,    ,|.    I.i  nluii    J.   I. 

.m    l.i  |'  i 

i  ir  s'inl 

n.. li.  .    K   | 

■  |Mirn  |.s  indigènes.  |».ir  ..I  • 

invisibi 


DANS   LE   SUD    DE    L,' AFRIQUE.  349 

il  ne  pouvait  concevoir  que  je  n'eusse  jamais  vu  mon  roi,  et  que 
je  ne  pusse  pas  décrire  ses  richesses,  en  énumérant  ses  troupeaux 
de  bœufs  et  de  brebis.  Je  tâchai  de  lui  expliquer  le  caractère  du 
gouvernement  britannique,  l'étendue  de  notre  commerce,  et  le 
bien  que  faisait  notre  nation  en  envoyant  l'Evangile  du  salul  à 
celles  qui  ne  connaissent  pas  Dieu  ;  j'ajoutai  que  notre  roi  avait 
aussi  des  docteurs  qui  lui  apprenaient  à  servir  le  Dieu  qui  est 
seul  le  Roi  des  rois,  et  le  Roi  des  cieux.  «  Votre  roi  est-il  comme 
moi?  »  demanda-t-il.  Je  ne  pus  malheureusement  pas  lui  faire 
une  réponse  satisfaisante.  Quand  je  lui  décrivis  les  heureux 
effets  de  la  paix,  l'industrie  et  la  prospérité  des  habitants  de  ma 
pairie,  le  grand  nombre  de  bœufs  et  de  brebis  qu'on  tuait  chaque 
jour  dans  les  grandes  villes,  sa  passion  dominante  reparut  tout 
à  coup  par  cette  exclamation  :  «  Ta  nation  doit  être  terrible  à  la 
guerre!  dis  à  ton  roi  que  je  le  prie'de  me  laisser  vivre  en  paix.  » 

Le  lendemain  il  revint  me  voir  accompagné  d'un  certain  nom- 
bre de  ses  guerriers,  qui  s'arrêtèrent  à  quelque  distance.  11  en- 
gagea la  conversation  en  ces  termes  :  «  Je  suis  le  roi,  mais  tu  es 
Machobane,  et  je  suis  venu  m'asseoir  à  tes  pieds  pour  recevoir 
instruction.  »  Le  moment  était  bien  choisi,  car  je  venais  préci- 
sément de  méditer  sur  les  misères  de  l'état  sauvage.  Je  parlai 
longtemps  sur  la  chute  de  l'homme  et  sur  sa  rédemption.  «  Pour- 
quoi, »  me  demanda-t-il,  «  désires-tu  si  fort  que  je  renonce  en- 
tièrement à  la  guerre  et  que  je  ne  tue  plus  des  hommes?  »  — 
<  Regarde,  •  lui  répondis-je,  «  les  ossements  humains  épars  dans 
tes  domaines.  Ils  parlent  un  langage  solennel,  et  je  les  entends 
dire:  Quiconque  aura  répandu  le  sang  de  l'homme,  son  sang  sera 
aussi  répandu  par  l'homme.  »  C'était  la  une  parole  dure  à  en- 
tendre pour  les  oreilles  d'un  pareil  meurtrier.  <«  Tu  dis,  »  ajouta- 
i-il,  '<  (pie  les  morts  ressusciteront?  •>  Mes  développements  à  ce 
sujet  le  firent  tressaillir,  et  il  m'interrompit  brusquement  en 
m'assura nt  qu'il  n'irait  plus  à  la  guerre.  Comme  nous  parlions 
encore,  nous  vîmes  avancer  une  troupe  de  soldats  qui  se  proster- 
nèrent de  loin  denier.'  leurs  boucliers,  jusqu'à  ce  qu'il  leur  eut 
fait  signe  d'avancer.  Leur  chef  lui  adressa  ensuite  la  parole  avec 
tontes  les  formes  de  la  plus  1 ble  supplication.  N  oici  quelle  était 

la  substance  de  leur  prière  :  <•  Permets-nous,  6  roi  des  cieux, 
de  gagner  de  mm  ve;in\  boucliers  ;  «  en  d'autres  termes  :  «  Perimls- 
nous d'attaquer  d'autres  villes  éloignées,  pour  acquérir  de  nouvel- 


$  .  me  r-Titou   tau 

dépouilles  -  i  ui  ••■  nouvelle  •  i 

|m.  h   . .  -    boinm<  i    imbilieux .  I<  |ue    li 

aussitôt  en  me  disant     •  lu  vois  que  «  Ml  mon  \-    , 
pousse  .1  lui. 
I    :niii<-  il  me  prodiguait  les  titres  bouoritiqu 

iiir.   n    \  lll-ll.    • 

je  mon  ;  — 

qui  m  khi  un  lils  i  ■    le  iii  ru 

i  ir,  - 1 1 1  »  - 1  qui   l<  -  nobb  s  «j'ii  I  ■  nl<  J.    lui  r. 

qui .  povi  la  omrni 

\r.nt  un  itr.-  un  terme  ••  un  i  i  li  inr  nui 

1    plusieUI  8    nul!. 

Cbl  :i\.iiln  (  -.s   siij  i\  .    ils 

l  ouvaieul  li  en  i  Sel  i\  d'un  i  ir.m. 

las  '  ils  n'usait  ni  p  i  ml  lui  le  plu* 

m  i  plus  qu'il 

>  ..in  li.  s  .i.ii.  ni  ; 

\.  ni  le  sol  s  .n  i .  i-v.i  1 1  de  "-m  lu  I      I  de  dix  roinu 

versa tiou ,  j<  ;  mes  genoux  un  niant, 

Ull  d'une  s  i.  n. n.,  s,  q 

1       uni.'  n 

unes  des  femim  s  qui  i  umpu*  m  m  le  li  a- 

i  ml  .1.   ni-    m. .m  l  li| 

paru  ii 

Mllf  d'un 

d'un  espril  supérieur,  ••!  >\  (.un  I.i  lil 

i.  | 

Lin        I  m  Util  li    |.i   n   • 

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I    .    i      i  •:  nu  <|.  s  nioliil. 

nh  qui 
de   Lui-  \ 

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ni  moins  >li\ 

i  .  |  |  x        M 

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MMllhlail  •  r.  -  .1  un  I    . 


DANS    LE    SUD    DK    LAFRIQUE.  351 

dans  lequel  nageaient  des  saucisses  de  suif.  Tout  en  me  décla- 
rant sensible  ù  l'honneur  qu'on  voulait  me  faire,  je  priai  qu'on 
\oulùt  bien  m'excuser  de  ne  pas  loucher  à  ce  mets  par  excellence 
dont  j'étais  indigne,  attendu  que  je  ne  mangeais  jamais  de  sang, 
quand  je  pouvais  avoir  autre  chose.  Ce  refus  causa  une  satisfac- 
tion visible  à  ceux  qui  m'entouraient,  et  on  m'envoya  aussitôt  à 
la  place  une  poitrine  de  bœuf  tout  entière,  très-bien  cuite  à  l'é- 
tuvée.  Comme  il  n'est  pas  permis  de  renvoyer  rien  de  ce  qui  est 
offert  par  le  roi,  les  porteurs  de  ce  présent  appétissant  et  les  au- 
tres témoins  de  cette  scène  n'eurent  pas  plutôt  appris  qu'ils 
pouvaient  en  disposer,  qu'ils  se  jetèrent  dessus,  puisant  le  sang 
à  pleines  mains,  avec  le  bruit  qu'auraient  pu  faire  une  douzaine 
de  chiens  affamés  autour  d'une  auge  bien  garnie. 

Dans  tous  les  rapports  que  j'eus  avec  ce  barbare  poli  et  recon- 
naissant, je  fus  l'objet  de  toutes  sortes  d'égards  et  des  attentions 
les  plus  bienveillantes.  Comme  je  devais  traverser  à  mon  retour 
un  pays  abondamment  peuplé  de  lions,  il  me  donna  une  escorte 
de  soldats  pour  me  protéger;  je  les  nourrissais  avec  les  présents 
sans  nombre  que  je  devais  à  sa  munilicence.  Plus  d'une  fois, 
quand  je  traversais  un  village,  on  m'apporta,  par  son  ordre,  plus 
de  cinquante  plais  différents.  C'était  une  chose  curieuse  à  obser- 
ver que  la  passion  des  gens  de  mon  escorte  pour  la  viande.  Quand 
je  leur  donnais  une  cuisse  ou  une  jambe  de  bœuf,  ils  s'empres- 
saient  d'allumer  un  feu  au  milieu  duquel  ils  jetaient  cet  énorme 
quartier  de  viande,  qa'ils  retournaient  de  temps  en  temps  avec 
un  long  bâton.  Lorsqu'elle  était  rôtie  ou  brûlée  à  la  profondeur 
de  quelques  pouces,  on  la  retirait  du  feu,  et  dès  qu'elle  était  assez 
refroidie  [jour  qu'on  pût  \  mettre  la  main,  il>  se  plaçaient  en 
cercle,  accroupis  sur  leurs  talons,  autour  de  l'objet  de  leur  con- 
voitise; après  quoi,  soulevant  cette  masse  pesante  à  la  hauteur 
de  leur  bouche,  chacun  tour  à  tour  en  déchirait  un  morceau, 
proportionné  à  la  force  de  ses  mâchoires  et  à  In  solidité  de  s,es 
dents.  Quand  ils  avaient  pénétré  jusqu'aux  parties  qui  n'élaieoi 
pas  encore  cuites,  ils  remettaient  la  viande  au  feu,  pour  recom- 
mencer le  même  manège ,  jusqu'à  ce  que  l'os  fût  complètement 
dépouillé.  Jene  les  ai  jamais  \u-  manger  de  la  viande  crue. 

\n\  faits  qui  précèdent  ,  pris  dans  mon  journal  parmi  nu 
grand  nombre  d'autres  semblables  <>u  plu--  repoussants  encore, 
je   n'ajouterai    plus  qu'un   seul   de    ces    tableaux  des  mœurs 


N<.T-n  •  r 

•r   I  i  "»vmp  iti 
.  .  1  h  es.  Je  veux  |  VI • 

.  t  M  induite  env<  r-  ;•  -  pr  Leur  I 

plemeat  d'enb  \-  r  til  :  il  ne  faut  : 

• 
■  if  de  'I  minai  l  l 

ville,  ill  ulsenl  • 

1 1 1  i  s  •  ■  i r    I  •  s     !  :  •    Il 

Qu  h  .  u\  qui  "ii  mon  in  r  d 

Lui  patrie,  ill  sont  r- 
r.inis,  à  1 1  plus  lAVeuse  <\>  ■>  i 
d*  herbe  »••■  lie  mil 
ji-iii.  les  j-  nu. •»   iill.-v 

pouilli  s  de  la  »ill 
ii  ilnt  itiooi  de  leui  v 

dit  ion  isolée,  •  »n    ibandonne  u'ih 

meurent  <li  Daim  •  u  qu'ils 

ns,  I.  n  ! 
deur  de  I  »  pi    "■  qu'   ii  li  ur  .1  |.i  ■ 
quittent  en  pli  in  jo  n  leui 

Je  «   irn  |j»i  ,  •  i    m.    u. 

-ur  I  :  v  \  ienm  ni  r .  .  1  imer  Ici 

de  <  ii  m  iiiim  m       S 

r    ijii.- 
m  1111-  .une 

el  I- 

I.     f.  u     I  »    .  I.r.    i.  n-    .1   I 

moui   divin.  \  un   m  ■  il1 

qu'il    i  .  1 1  i r  le  puhliei  ju  —  «I-    I 

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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  353 

réveil ,  il  m'invita  poliment  à  me  coucher  à  son  côlé  ;  mais  je  le 
priai  d'excuser  mon  refus,  préférant  jouir  du  spectacle  que  m'of- 
frait le  paysage.  Nous  passâmes  encore  deux  jours  ensemble,  et 
je  l'engageai,  avec  de  nouvelles  instances,  à  renoncera  la  guerre, 
lui  promettant  qu'on  lui  enverrait  un  jour  des  missionnaires  , 
comme  il  paraissait  le  désirer.  11  se  fit  donner  mon  télescope, 
afin,  disait-il,  de  voir  de  l'autre  côlé  de  la  vallée,  et  de  surveil- 
ler les  mouvements  deDiugann,  ce  roi  desZoulas  qu'il  craignait 
avec  juste  raison.  Je  pris  enfin  congé  de  lui ,  sans  emporter  l'es- 
poir que  l'Evangile  pût  réussir  chez  les  Métébélès,  à  moins 
qu'une  révolution  ne  détrônât  ce  monarque  qui  prétendait  aux 
hommages  qui  ne  sont  dus  qu'à  Dieu.  Au  moment  de  le  quitter, 
je  lui  dis  qu'il  était  du  devoir  d'un  père  sage  d'instruire  son  lils, 
et  que,  puisqu'il  m'appelait  Machobane,  je  croyais  devoir  l'aver- 
tir encore  que,  s'il  ne  renonçait  pas  à  la  guerre,  et  s'il  ne  met- 
tait pas  un  terme  aux  cruautés  que  ses  nobles  commettaient  sur 
les  aborigènes,  il  devait  s'attendre  que  le  Dieu  éternel  serait  ir- 
rité contre  lui,  que  sa  puissance  ne  tarderait  pas  à  être  brisée, 
et  que  les  ossements  de  ses  guerriers  se  mêleraient  à  ceux  qu'ils 
avaient  semés  eux-mêmes  dans  ses  domaines.  A  cette  exhortation 
solennelle,  il  ne  répondit  que  ces  mots  :  «  Prie  ton  Dieu  de  me 
garder  contre  la  puisance  de  Dingaan.  »  Après  avoir  tra\ersé 
encore  la  contrée  que  j'ai  déjà  décrite,  j'arrivai  sain  et  sauf  au 
Kuruman,  dont  j'avais  été  absent  deux  mois;  j'y  trouvai  ma  fa- 
mille en  bonne  santé,  ainsi  que  M. Hamilton,  et  heureux  des  béné- 
dictions que  Dieu  continuait  à  répandre  sur  nos  travaux. 


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VINGT-TROIS  ANS  DE  SÉJOUII  DANS  LE  SUD  DE  L'AFRIQUE.     3Ô."> 

l'eau  prendrait  un  jour  ou  l'autre  ce  chemin.  La  charrue,  la  herse, 
la  bêche  et  la  pioche  n'étaient  plus,  à  leurs  veux ,  des  accessoires 
superflus  appartenant  à  uoc  caste  à  part,  mais  bien  les  auxiliai- 
res indispensables  de  toute  existence  confortable.  Tel  homme 
qui  naguère  aurait  rougi  de  se  livrer  à  des  occupations  de  ce 
genre,  s'estimait  heureux  maintenant  d'être  en  étal  d'acheter 
une  bêche. 

Les  progrès  spirituels  de  la  station  marchaient  de  pair  avec 
ces  améliorations  extérieures.  La  maison  de  Dieu  continuait  à  se 
remplir;  et  bien  que  l'excitation  extraordinaire  que  nous  avions 
observée  au  commencement  de  1329  fût  calmée,  les  lumières  se 
propageaient,  les  esprits  devenaient  de  plus  en  plus  sérieux,  et 
nos  travaux  recevaient  de  nombreux  encouragements. 

Dès  que  notre  seconde  maison  de  mission,  qui  devait  être  occu- 
pée par  M.  Hamilton,  fut  terminée,  nous  jetâmes  les  fondements 
d'un  temple.  Il  fut  commencé  en  1830,  sous  la  direction  de 
M.  Milieu,  architecte,  qui  consacra  volontairement  à  celle  con- 
struction les  loisirs  que  lui  laissaient  ses  voyages  de  commerce 
dans  l'intérieur.  Toutefois,  par  suite  des  difficultés  que  nous 
éprouvions  à  nous  procurer  des  bois  de  construction  ,  cet  édilice 
ne  put  être  terminé  que  plusieurs  années  après,  en  183!).  La 
chapelle  et  les  maisons  de  missionnaires  sont  construites  en 
pierres  calcaires  de  couleur  bleuâtre;  les  toitures  sont  en  paille 
et  en  roseaux.  On  dislingue  facilement  la  chapelle  entre  les  deux 
maisons  des  missionnaires.  La  station  possède  également  une 
école,  une  forge,  et  un  magasin  occupé  par  un  marchand.  Les 
arbres  touffus  qui  ornent  le  devant  sont  une  espèce  de  saule 
originaire  des  rives  du  fleuve  Orange;  un  canal  de  cinq  pieds 
de  large  et  de  deux  pieds  de  profondeur  arrose  le  pied  de  ers 
arbres,  au  delà  desquels  se  trouvent  des  jardins.  On  multiplia 
beaucoup  les  canaux,  non-seulement  dans  un  bul  d'arrosage, 
mais  aussi  pour  dessécher  la  vallée  et  la  rendre  cultivable;  ei 
les  propriétaires  de  jardins  établirent  un  intendant  indigène  pour 
prendre  soin  de  ers  canaux. 

Vers  celle  époque,  ayant  terminé  la  traduction  de  l'Evangile 
selon  s.iint  Luc,  je  lis  un  voyage  avec  ma  famille  à  la  ville  du 
Cap  pour  la  faire  imprimer,  Ivanl  mon  dépari  j'annonçai  l'in- 
tention où  j'étais  de  recueillir  des  souscriptions  parmi  nos  ;miis 
de  la  Colonie  pour  aider  à  l'érection  de  la  chapelle.  Dès  que  l'on 


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en  fui  il  r  ind  nombre  «lin  -  vinrent 

.•m.  ni 
i  mi.     I  ■  -  un 
.  Il  \ r.  s.  d'autres    poui 

•  ni  fui  r.    |.  ir:  -I  plus 

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lippolu  ûm<  -  l .  j  i  M.  M  M. 

M       B  lillie,  mi  mbn  -  i<  lé,  qi 

mission  !>•  i  hu  Mil    I 

Paris,  qui  devaient  aussi  travailler  dan*  l'iniéri  \ 

comme  nous  l'étions  .1  1  qu<  Iqu 

du  monde,  cette  rencontre  fui  pour  nos  âmes  un  | 

Iii^n.  m.  nt.    L'an  1  out 

une  répons*    >li\  ine    >  bi 

u.  ni  \.  1    I.  Kurumai 
de  joie,   isa  1  l-  - 

tribus  l-.i  lui  1' 

le   novembre    l^ 
\  llle  'lu   <   i|>.  I  '  >ri  i\  .   trouva 

in  .1'. 'ni  m. . ,  qu'il  f.illm.l.  mandi  1 
s  ion  de  1  m  '  mon  ■  ■  11  «  nui  l  uc  1  l'in 

u 

I  1  plus  l  Nous  ni  m 

mais  j'  •  u  ••'»  m-  u  mi  moi-même  I  1  m  un 

\|  I        !    A 

\         imprii 

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uni-  rude  iravi  \ 

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quelque  temps      1 

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DANS    LK    SUD    DK    L'AFRIQUE.  .'357 

qu'un  recueil  de  cantiques,  plus  une  presse  et  des  caractères 
d'imprimerie  a\ec  de  l'encreeldu  papier;  nous  avions  obtenu  aussi 
des  souscriptions  libérales  de  nos  amis  de  la  Colonie  pour  aider 
à  la  construction  de  la  chapelle.  Les  connaissances  de  M.  Ed- 
wards dans  l'an  du  charpentier  ei  de  l'architecte  en  faisaient 
un  aide  lrès-précieu\  dans  un  pareil  moment;  grâce  à  lui  nous 
pûmes  construire  la  plus  grande  chapelle  missionnaire  qui  se  trou- 
vedansle  sud  de  l'Afrique,  ouvrage  qui  exigeait  l'emploi  de  toutes 
les  forces  musculaires  dont  nous  pouvions  disposer,  vu  l'absence 
complète  de  machines.  Cette  époque  marqua  p  ur  la  mission  le 
commencement  d'une  ère  nouvelle.  La  presse  fui  bientôt  appelée 
à  fonctionner,  et  nous  imprimâmes  des  livres  de  lecture  et  des 
catéchismes  pour  l'école.  Bien  que  plusieurs  des  indigènes  eus- 
sent  entendu  parler  de  la  manière  dont  les  livres  s'impriment, 
rien  ne  peut  donner  l'idée  de  leur  surprise  quand  ils  virent  une 
feuille  blanche,  après  avoir  disparu  un  moment,  revenir  au  jour 
couverte  de  lettres.  Cette  presse  fut  pour  la  cause  de  l'Evangile 
un  auxiliaire  d'une  grande  importance. 

Nous  trouvâmes,  à  notre  grande  joie,  à  notre  retour  après  une 
année  d'absence,  M.  Ha  ni  il  ton  en  lionne  santé  et  la  station  tou- 
jours prospère.  Nos  deux  frères  de  France  avaient  beaucoup 
souffert  de  maladie,  mais  ils  étaient  en  convalescence.  M.  Rol- 
land avait  fait  une  tournée'  chez  les  Baharulsis  pour  examiner 
les  chances  qu'offrait  dans  ce  pays  nue'  station  missionnaire;  il 
en  revint  avec  des  espérances  très  encourageantes,  et  l'on  com- 
mença  bientôt  les  préparatifs  d'un  établissemeni  à  Hoséga. 

Parmi  les  trésors  que  n  ius  avions  rapportés  de  la  Colonie  se 
trouvait  une  caisse  d'étoffes,  destin»  es  aux  indigènes  qui  avaient 
à  cœur  de  s'habiller  à  l'européenne.  Rien  ne  pouvait  être  plus 
à  propos  qu'un  pareil  présent  pour  un  peuple  qui  commençait 
à  peine  à  sortir  de  la  bail», nie.  Ceux  qui  manquaient  de  uie- 
menls  en  reçurent  et  bien  des  cœurs  furent  remplis  de  joie. 
Grâce  à  c»>  m  itériaux  <\<-  travail  qui  lui  avaient  manqué  jusqu'a- 
lors, 'lme  Moffat,  aidée  efficacement  par  M  '  E  Iwards  et  Bail  lie, 
put  établii  sur  une  plus  grande  échelle  l'école  de  couture,  qui 
contribua  beaucoup  au  développement  et  au  bien-être  des  indi- 
gènes. L'ac<  roissement  de  notre  auditoire  nous  obligea  d'ajouter 
une  aile  à  notre  chapelle,  el  plusieurs  nouveaux  membre»  fu- 
I-  ut  reçus  dans  l'Eglise. 


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DANS    LE    SUD    Dl      L'AFRIQUE.  359 

à  délivrer  les  Bakones,  il  retourna  dans  son  pays  pour  y  être 
accueilli  par  les  larmes  des  veuves  et  des  orphelins.  A  celle 
même  époque  où  la  partie  méridionale  du  pays  .i.-^  ftfétébélès 
était  le  théâtre  >\  -  :  rrd  un  corps  nombreux  d'indigènes  de 
notre  station  se  trouvait  em  !_■■  pour  une  expédition  de  cl  ass 
dans  le  cœur  d<  s  d  >m  lii  es  de  Mossélékatsi  :  ils  auraient  été  in- 
faillibb  meni  massacrés,  s'ils  n'eussent  été  protégés  par  cette 
circonstance  qu'ils  venaient  du  kuruman. 

Six  mois  environ  après      -  événements,  nos  s  de  France 

partirent  pour  Moséga;  il^  creusèrent  un  canal,  construisirent 
une  maison  et  plantèrent  des  jardins,  avec  la  :  rspective encou- 
rageante de  faire  flotter  ledrapeau  de  l'Evangile  chez  les  Baharul- 
-i-.  Mais  l'extension  rapide  des  conquêtes  de  Mossélékatsi,  les 
prétentions  tyranniquesdesesambass  id  >urs  vis  à  vis  de  Mokatla, 
chef  des  Baharutsis,  et  la  duplicité  de  ce  dernier,  qui  ,  il  tant  1.' 
dire,  n'avait  (pie  trop  il-:  raison  de  craindre  son  terrible  voisin, 
tout  cela  obligea  bien  loi  les  missionnaires  à  se  retirer.  Plus  tard 
les  Baharutsis  abandonnèrent  leur  pays,  qui  fut  envahi  par  les 
Métébélès,  ei  nos  frères  s'établirent  a  Holito.  Comme  cet  en- 
droit se  trouvait  compris  dans  la  sphère  de  nos  travaux,  ils 
éprouvaient  quelque  s<  rupule  -  établir,  comme  nou^  1.-  leur 
avions  proposé  ;  mais  .1-  \  furent  fortement  engagés  par  le  doc- 
teur Philipp,  qui  venait  d'arriver,  et  depuis  lors  nous  avons 
travaillé  les  uns  à  coi.- des  autres,  dans  une  harmonie  parfaite 
de  \  ues  ei  de  sentiments. 

M.  Philipp  jugea  aussi  à  pro|  -  transférer  M.  Baillie  à 
Tsantsabane,  où  s'étaient  rassemblés  un  grand  nombre  de  Bé- 
chuanas.  Pendani  le  séjour  que  le  d  cteur  lit  parmi  nous,  nous 
choisîmes  cinq  de  nos  candidats  pour  les  recevoir  dans  l'église  par 
le  baptême.  C'étaient,  poui  la  plupart,  des  étrangers,  qui,  par 
suite  des  guerres  de  l'intéri<  ur,  avaient  été  conduits  providen- 
tiellement au  Kuruman  j  trouver  l'Evangile  et  le  saltil;  ils 
parlaient  avec  un»  reconnaissance  vivement  sentie  de  l'amour 
divin  qui  avail  ainsi  dirigé  leurs  pas.  Parmi  eux  se  trouvait  Ma- 
monyatsi,  qm  mourut  quelques  années  après  dans  I  i  foi.  Cet  lit 
une  captive  Métébèle;  qui  m  avail  accompagné  à  mon  retour  d'un 
de  mes  voj  iges  dans  l'intéticiir;  elle  él  ni  restée  quelque  temps 
au  service  de  M" ■■  Moffat,  el  elle  avait  montré  dès  les  commen- 

raents  beaucoup  d'aptitude  à  apprendre,  et  de  vivacité d'intel- 


3fiO  \i\.  i 

1 1     min  le 
,  •  i       lui    un.    ||  Mr.-    livanle   qui 

r .  _•  1 1  •         I   II    jMiir  ,    .  h   .  lit 

loul  en  I  h  in-  -  i  •  ni 

lui  dis  j  .  •  quelli  von  i 

il    rliiMl.-  H.  .     \  . 

bien    •  —     x  voire  bell  -  —      N 

m  i  propre  mi  re,  ma  inèi 

\  le  .l.iiii  i  .1    h  .  un  li! 

|.ris.ni  mi     i  i  mu  I 

l.irn.  M  i  in.  t.    i..    i  i  .11. 

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Uni        I  I 

m. m  ronl*ili  -  m-  *".r  i 
.  .  i  -  .t.  lire  I  iraoui  q  I 

i  »era  i  pire  une  |>i  i<  i 

pai  i  Ma  mère,  me  nu 

l    Ile  vieil  li  pui  - 

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le  pi  en 
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i 

Dieu  -Sauveur.   I 
i        li«    -.riir    il.     -  s    l<«\  i 
ni'  i 

\  u.-  époqui  v 

<|  mi  li  .|,  s  m  I...  ii.  s  iim    i' 

il. mi  ..h  fui  h»  i_.  .1  h  \ 

il'tiiii'    •  \tn me    lilililr    |>  "ir    l'inMf 

\.ll.  s    l'tllll 

i  ii  iqui    ».  lli    fi   iill<    M  mi|  ■ 

j.un.  s  i  I 

\ m.  repae  ni  •  .,•  il- in-  ni  mi  ihm  ir  i\ 

ii  .1  m.  i ■ 

\  {née  fureni  r. .  n«    I . 

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•  uni  .|i\«cieni|'l'  - 
IDi      |  ■    l.  i  iiiiik 


DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  S6\ 

sa  carrière  depuis  que  j'ai  quitté  l'Afrique.  Elle  était  aveugle, 
mais  les  yeux  de  son  intelligence  étaient  éclairés  de  la  lumière 
d'en  haut.  Depuis  sa  réception  dans  l'église  jusqu'à  sa  mort,  qui 
eut  lieu  sept  ans  après,  elle  honora  constamment  l'Evangile  par 
ses  paroles  et  par  ses  œuvres.  Les  infirmités  de  l'âge  l'empêchaient 
de  suivre  le  culte  public  aussi  régulièrement  qu'elle  l'aurait  dé- 
siré. Deux  ou  trois  mois  avant  sa  mort,  elle  se  vit  forcée  de  garder 
sa  chambre;  mais  elle  parlait  de  l'Evangile  avec  tant  d'animation 
à  ceux  qui  venaient  la  voir,  que  M.  Edwards  était  obligé  de  rete- 
nir son  zèle  de  peur  qu'elle  n'épuisât  ses  forces.  Voici  comment 
ce  missionnaire  raconte  ses  derniers  moments  : 

«  Quelques  jours  avant  sa  mort  elle  désira  qu'on  réunît  auprès 
d'elle  ses  enfants,  désirant  leur  parler  avant  de  les  quitter.  «  Mes 
enfants,  »  leur  dit-elle  quand  elle  se  fut  assurée  qu'ils  étaient 
tous  autour  de  son  lit,  «  je  ne  veux  pas  vous  laisser  ignorer  que 
je  vais  me  séparer  de  vous;  mais  il  ne  faut  pas  vous  afQigcr  pour 
cela.  Ne  murmurez  pas  à  la  pensée  de  mon  départ.  Le  Seigneur 
m'a  longtemps  épargnée  ;  il  a  pris  soin  de  moi  pendant  Lien  des 
années,  et  il  a  toujours  été  miséricordieux  envers  moi;  je  n'ai 
manqué  d'aucun  bien.  Je  connais  Celui  à  qui  j'ai  remis  le  salut 
de  mon  âme.  Mon  espérance  repose  sur  Jésus-Christ,  qui  est  mort 
pour  mes  péchés,  et  qui  vit  pour  intercéder  en  ma  faveur.  Je  vais 
bientôt  mourir  et  entrer  dans  mon  repos;  mais  mon  désir  est 
que  vous  fassiez  attention  à  mes  dernières  instructions.  Mes  en- 
fants, soyez  fermes  dans  votre  loi  en  Christ.  Confiez-vous  en  lui, 
aimez-le  et  ne  \<ui-  laissez  pas  détourner  de  lui  par  le  monde; 
quand  même  on  se  moqut  rail  de  vous  et  qu'on  \ous  persé- 
cuterail .  retenez  énergiquemenl  la  Parole  de  Dieu,  et  persévérez 
toujours  dans  la  prière.  Voici  ma  dernière  parole  :  Etudiez-vous 
à  vivre  en  paix.  Fuyez  les  disputes.  Recherchez  la  paix  avec  tous, 
et  principalement  entre  vous.  Aimez-vous  les  uns  les  autres; 
consolez-vous  les  uns  les  autres;  secourez- vous  mutuellement 
et  prenez  soin  les  uns  des  autre-  selon  le  Seigneur.  »  Après  ces 
dernières  recommandations  à  ses  enfants,  «Ile  parla  peu.  Quel- 
ques heures  ;i\;mt  si  mort,  entendant  auprès  de  son  lit  la  voix 
d'un  membre  de  notre  église  qui  se  trouvait  toujours  au  chevet 
de-  malades,  elle  lui  dit:  «Je  te  reconnais,  Mogaini,  mon  frère 
dans  le  Seigneur.  Je  m'en  vais,  mais  lu  restes.  Suis  lulele  a  la 
Parole  de  Dieu.    >e    le  détourne  pas  de  ses   voies.  El  dis  de  ma 


\  I 

ri  i  la  i.  m  me,  m  i  ma  l<   v 

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mi- 1.  h  ion  in  ni  M-  qn       ^ 

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I  >ll    I   I    \  <  -N    1 1 1    s,,ii\ 

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l  ni_'.    lu  p  i.  inisinc,    ivail  •  le  cnl  »n  un  • 

-•Il  mu.  m    .iii|.|.\  i      i\.  I«'s   j.t  I 

\  n  n         ^n  , .,,,,.  N ,,  il|.xv(-  l  i  i  .inl  lit  l'ol 

.1.  s  jeunes  femmes,  qui  1 1  ■ 

intiquc    I  lli  se  plais  lil  .•  I> ta  insiruii  les 

Us   l_.    «     .1 

II  n  le  depuis  I  ips  i  la  fui  til. 
.il   l'ttl              '    i  .  I. 

ce  i.i   i  iis.ni  suppôt  1er.  Klli    h 
i  h  i|.  Ile,  •  i  •  .ii  aux  mi!.  *  .i  bl  >n  i 

ir.i  dans  1 1  <  li  ipelle  pour  chen  li<  >  un  <  ni 
i.  si.  i  ipielipi«">  min  Le  P  uih  ml  I  i 

indi    li  i\-  m   il<  s    isms|  mis  qui 
envers  que  qu'un  des  intentions  malveillant) 
h  inquillemeni  l  >  l' irol» 

|.|u.  s  joui  m  II*  viril  • 

.1'  M 

ni  le*  tk  II  l 

lion    i  nuits 

iiillei  m  .n  lit.  pour  lui   p 
i    i  joui  qu  •  H    i  mil  i  «I 

-l.u\  m  iris  qu  L'Ile  r    «il  ni    M 

.  1 1  ml      «  J.    n-    pull  |'»s  \  i\ 

■  J.<  I  \  île  P 

m  us   elle   m'inlerrumi 

I  PI.       L       s    ,  I 

v  \u>'  ns 
,l  n.  .     i   .  rnipi  lu  k    i  •  us,    !• 

I 
n  i  \  |«ssê   l'in- 

<M  .  nlin   l.i   gr.i  -   f«  mim  .  .|iii  na- 


DANS    LK    SUD    DE    l'aFRIQUE.  -VS-i 

guère  persécutait  et  maudissait  tout  ce  qui  portait  le  nom  de 
chrétien;  celte  femme  qui  avait  à  peine  la  forme  humaine,  tant 
elle  était  défigurée  par  la  couche  de  graisse  et  d'ordures  qui  cou- 
vrait ses  traits,  nous  la  vîmes  assise  aux  pieds  de  Jésus,  décem- 
ment vêtue,  et  adorant  les  richesses  de  la  grâce  divine  envers  une 
aussi  misérable  pécheresse.  Je  lui  disais  un  jour,  qu'à  en  juger 
par  son  assiduité  à  fréquenter  le  culte,  elle  semblait,  comme  le 
Psalmisle,  désirer  d'habiter  la  maison  de  l'Eternel  pour  toujours. 
Elle  répondit  :  Je  suis  vieille  pour  le  monde,  mais  je  ne  suis  en- 
core qu'une  enfant  à  l'école  de  Christ.  »  Elle  conserva  sa  fer- 
veur d'esprit  ;  la  pensée  de  l'amour  divin  absorbait  tellement  ses 
facultés,  que,  lorsqu'elle  se  trouvait  malade,  il  était  difficile 
d'obtenir  d'elle  des  renseignements  sur  la  nature  de  son  mal.  Un 
jour  que  je  recueillais  des  souscriptions  pour  la  Société  des  Mis- 
sions, elle  vint  me  présenter  pour  sa  pite  une  citrouille;  ma 
femme  lui  ayant  dit  qu'elle  pouvait  la  garder  et  qu'on  inscrirait 
son  nom  pour  une  petite  somme,  son  cœur  sembla  se  fondre  au 
dedans  d'elle,  et  elle  dit:  «Qui  a  contracté  envers  le  Sauveur 
une  dette  aussi  grande  que  la  mienne?  ce  que  j'apporte  est-il  trop 
peu  de  chose?  J'irai  en  emprunter  une  autre.  »  C'était  là  vérita- 
blement la  pile  de  la  veuve;  et  sans  nul  doute  elle  obtint  la  ré- 
compense de  la  veuve. 

Parmi  les  nombreux  exemples  de  la  puissance  de  la  grâce  di- 
vine, un  des  plus  happants  dont  les  missionnaire-  puissent  être 
témoins,  est  le  triomphe  de  l'Evangile  sur  la  polygamie.  C'est  la 
pierre  de  touche  la  plus  décisive  pour  éprouver  les  dispositions 
du  sauvage.  Quand  nous  voyons  un  homme,  par  un  motif  de 
conscience,  se  séparer  d'une  femme  favorite  ou  de  plusieurs, 
pourrions-nous  douter  de  sa  sincérité?  pourrions  nous  demander 
une  preuve  de  la  réalité  do  son  changement?  Parmi  les  païens 
convertis  à  Griqua-Town,  se  trouvait  un  nommé  Mosutu,qui 
avait  dix  femmes,  et  qui  en  répudia  neuf  par  obéissance  aux  prin- 
cipes de  l'Evangile.  L'opinion  unanime  des  missionnaires  est 
qu'en  pareil  cas  l'épouse   la  plus  ancienne  doit  être   considérée 

comme  réponse  légitime,  a  moins  qu'elle  ne  renonce  volontai- 
rement a  son  droit,  comme  cela  s'esi  vu  quelquefois. 
Nous  visitions  régulièremi  ut  1rs  villages  de  Hamhana  ,  situés 

;i  deux  lieues  et  demie  île  la  sl;ition,el  renfermant  un  millier  d'ha- 
bitants; ces  efforts  d'évangélisalion ,  restes  longtemps  infruc- 


lueux,   furent  enfin 

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DANS    LE    SUD    DE    L*AFRIQTJE.  365 

femme,  une  dispensation  miséricordieuse  de  cette  Providence 
qui  compte  les  oiseaux  du  ciel  et  les  cheveux  de  notre  tête.  Des 
épreuves  domestiques  ayant  obligé  M.  Edwards  à  se  rendre  dans 
la  Colonie,  je  fus,  en  son  absence  ,  surchargé  de  travail ,  et  le 
docteur  me  trouva  en  proie  à  un  violent  accès  de  fièvre  in  lermil- 
lente;  je  dus  le  recouvrement  de  la  santé  à  son  art,  aidé  de  la 
bénédiction  divine.  Plus  tard,  pendant  que  l'expédition  explo- 
rait le  désert  de  Kalagari,  Mmc  Moffai,  qui  venait  de  donner  le  jour 
à  un  fils,  se  trouva  malade  tout  à  coup,  et  se  vit  bientôt  aux  portes 
du  tombeau.  Le  docteur,  l'ayant  appris,  revint  aussitôt  pour  lui 
donner  ses  soins.  Nous  n'oublierons  jamais  la  tendre  sympathie 
et  le  dévouement  infatigable  dont  il  lit  preuvedans  celte  doulou- 
reuse occasion  ;  au  milieu  des  travaux  difficiles  et  nombreux  dans 
lesquels  il  se  trouvait  engagé  comme  chef  de  l'expédition,  il 
veilla  pendant  plusieurs  nuits  consécutives  auprès  du  lit  de  souf- 
france de  ma  chère  compagne  (que  nous  pensions  alors  être  son 
lit  de  mort),  et  il  ne  la  quitta  que  lorsqu'il  la  vit  hors  de  danger. 

Le  fléau  du  kuatsi  régnait  alors  à  la  station,  et  le  docteur 
se  rendit  cher  à  tout  notre  peuple  par  ses  bienveillants  efforts 
pour  le  combattre.  Cette  circonstance,  jointe  à  une  maladie  qui 
attaqua  ses  bœufs,  le  retint  au  Kuruman  plus  longtemps  qu'il 
n'avait  compté;  mais  ce  retard  tourna  au  profil  du  but  de  l'ex- 
pédition, en  lui  fournissant  l'occasion  d'augmenter  ses  collec- 
tions. Nous  avions  entretenu  une  correspondance  régulière  avec 
Mossélékatsi  ,  qui  ne  varia  jamais  dans  la  confiance  qu'il  avait 
mise  en  moi  depuis  sa  première  visite.  Il  fil  inviter  l'expédition 
à  venir  explorer  ses  domaines;  et  le  docteur,  pensant  que  ma 
présence  pourrait  faciliter  l'accomplissement  de  ses  projets,  un; 
pria  instamment  île  l'accompagner.  Mm'  Moffai  se  trouva  en  état 
de  se  lever  précisément  le  jour  de;  notre  départ  pour  nous  dire 
adieu;  notre  absence  devait  durer  au  moins  trois  mois.  Quel- 
ques jours  avant,  M.  et  M""  Edwards  étaient  revenus  de  la  Colo- 
nie avec  leur  famille. 

Apres  ce  que  j'ai  «lit  plus  haut,  il  serait  superflu  de  décrire 
notre  voyage  au  travers  du  pays  des  Bakones.  Vrrivésau  Molapo, 
nous  fûmes  abordés  par  un    officier  de   Mossélékatsi ,  nommé 

Kalepi  ;  il  nous  ((induisit  a    Moséga   qui  appartenait  alors  au  Mé- 

tébélès,  et  ou  nous  reçûmes  l'accueil  le  plus  bienveillant.  Apre-, 
avoir  passé  le  Marikua,  nous  arrivâmes  a  la  résidence  du  monar- 


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DANS    LE    SUD    DE    I.'aFRIOUE.  367 

plutôt  pour  objet  de  rnppeler  ses  actions  héroïques  que  d'implo- 
rer son  secours.  H  exprimait  aussi  le  désir,  ou  plutôt  la  volonté, 
employant  pour  cela  les  expressions  les  plus  énergiques,  que  nul 
accident  ne  m'arrivâl  en  route,  et  que  je  retournasse  chez  mes 
amis  avec  un  cœur  aussi  blanc  que  l'était  le  sien  par  l'effet  de 
ma  visite.  Après  qu'il  se  fut  livré  à  une  allocution  fort  longue, 
on  laissa  retourner  avec  le  troupeau  le  bœuf  qui  était  resté  quel- 
que temps  en  sa  présence.  D'après  tout  ce  que  j'ai  pu  comprendre 
à  celte  affaire  et  en  général  aux  usages  superstitieux  des  Mélébé- 
iès,  je  ne  [mis  [»as  voir  dans  ces  usages  une  idolâtrie,  ni  l'adora- 
tion d'un  être  quelconque,  mais  simplement  des  cérémonies 
inventées  par  les  sorciers,  ou  peut-être  des  débris  d'un  culte 
oublié.  M.Casalis,  missionnaire  français,  exprime  la  même  opi- 
nion à  l'égard  des  Bassoutos,  chez  lesquels  on  trouve  des  usages 
semblables.  •<  Les  Bassoutos,  dit-il,  parlent  d'un  Morimo,  consul- 
tent des  faiseurs  de  pluie  et  d'amulettes,  immolent  des  victime-, 
-ans  paraître  attacher  à  ces  actions  la  moindre  idée  religieuse. 
»  Nous  avons  appris  cela  de  nos  pères,  mais  nous  n'en  savons  pas 
la  raison-.  »  telle  est  leur  réponse  aux  questions  qu'on  leur  adresse 
à  ce  sujet,  i 

Nous  arrivâmes  un  jour,  vers  le  spir,  à  un  endroit  appelé  kur- 
recbane,  plus  connu  sous  le  nom  de  Chuenyane;  c'est  une  belle 
montagne  située  dans  une  contrée  pittoresque  et  richement  ar- 
rosée; il  v  ;i  au-si  une  ville  du  même  nom,  mais  nous  n'allâmes 
pas  jusque-là.  I.e  nombre  de-  lions  qui  rôdaient  autour  de  nous 
était  effrayant;  mou  vieux  cheval,  h;  seul  (pie  je  possédasse,  s'é- 
tani  écarte  des  wagons,  je  priai  Mossélékalsi  d'envoyer  quelques 
hommes  pour  le  chercher,  attendu  qu'il  ne  pouvait  manquer 
d'être  dévoré  pendant  la  nuit.  Il  donna  aussitôt  des  ordres  en 
conséquence  ;  et  ces  hommes,  ayant  appris  que  le  cheval  s'appelait 
Mu-,  se  mirent  aussitôt  .1  crier  ce  nom  de  tous  les  côtés.  Foret  - 
bientôt  de  battre  eu  retraite  devant  les  lions,  ils  revinrent  me 
dire  que  Mars  s'était  égaré  très-loin  ou  qu'il  s'était  endormi, 
puisqu'il  ne  leur  avait  pas  répondu  !  -le  perdis  tout  espoir  de  le 
retrouver;  mais  Mossélékalsi  m'envoya  dire  pour  me  rassurer  que 
Morimo  ne  manquerait  pas  d'a\oir  soin  du  cheval  de  son  servi- 
teur, l.e  lendemain  matin  le  cheval  s.'  retrouva,  bien  «pie  nous 

eussions  entendu  les  lions  rugir  pendant   toute  la  mnl  dans  toutes 

les  directions. 


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DANS    LE    SI  l)    DE    L'AFRIQUE.  369 

versions  n'avaient  pas  été  détruites  par  ses  guerriers,  mais  uni- 
quement par  le  cours  de>  siècles;  et  dans  cette  circonstance  il 
avait  raison.  Quand  nous  arrivâmes  au  bassin  de  Hoséga,  où,  sur 
trente  villages  occupés  par  les  Métébélès,  ils  en  ont  laissé  six  aux 
Babarutsis,  qui  ne  paraissent  pas  y  être  maltraités,  il  s'empressa 
de  me  signaler  ce  fait  comme  une  preuve  de  la  douceur  de  sa  do- 
mination. 

M.  Smith  et  son  expédition  étant  de  retour,  je  me  rendis  à 
T» ilane,  où  je  passai  une  journée  des  plus  intéressantes  avec  le 
docteur;  après  quoi  je  revins  à  Moséga  pour  faire  mes  préparatifs 
de  départ,  tandis  que  l'expédition  poursuivait  sa  roule  vers  le 
tropique.  Avant  reçu  du  Kuruman  des  lettres  qui  renfermaient 
li  proposition,  faite  par  la  société  américaine,  de  commencer 
une  mission  chez  les  Métébélès,  je  soumis  ce  projet  à  Mossélé- 
katsi  qui  l'accueillit  avec  empressement.  Après  être  convenu  avec 
lui  des  premières  mesures  à  prendre,  je  revins  au  Kuruman,  pé- 
nétré plus  que  jamais  de  la  miséricorde  divine  qui  ne  cessait  de 
nous  environner.  Tout  continuait  à  prospérer  à  la  station. 

Les  pays  que  j'ai  visités  dans  ces  deux  derniers  voyages  sont 
les  plus  beaux  que  j'aie  \  us  dans  le  sud  de  l'Afrique  ;  et  ils  pour- 
raient aisémenl  nourrir  une  population  nombreuse,  comme 
c'était  évidemment  le  cas  autrefois.  Le  sol  est  d'une  fertilité 
extrême,  et  il  abonde  en  minéraux  utiles.  On  trouve  du  minerai 
de  fer  répandu  a  la  surface  des  collines,  et  plusieurs  de  celles-ci 
paraissent  en  être  entièrement  composées.  Les  indigènes  savent 
réduire  ce  minerai  par  des  procédés  fort  simples,  et  ils  en  tirent 
un  fer  d'une  excellente  qualité.  J'ai  vu  de  petites  collines  tout 
m  pierres  d'aimant;  j'ai  reconnu  dans  chaque  fragment  que  j'en 
détachais  un  pôle-nord  et  un  pôle-sud.  Les  mines  de  cuivre  sont 
également  abondantes,  «'i,  d'après  les  échantillons  que  j'en  ai  vus, 
elles  rendraient  cinquante  pour  cent.  Le  pays  des  Bakones  fournit 
aussi  de  l'étain  de  qualité  supérieure;  les  indigènes  appellent  ce 
métal  moruru.  Le  pays  des  Bamanguatos,  à  l'est  <lu  grand  lac, 
a  du  bois  de  construction  ;  mai-  l'eau  >  '-si  rare.  Les  régions  voi- 
sines du  lac  sont  réputées  de  la  plus  grande  fertilité. 


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négociant,  nommé  M.  Hume,  qui  visitait  souvent  la  station; 
son  absence  dura  sept  mois. 

Au  commencement  de  1836,  nos  frères  américains,  HM.  Lin- 
dley,  Venableseï  Wilson,  vinrent  s'établira  Uoséga;  ils  y  jurent 
attaqués  tous  ensemble,  à  l'exception  de  M.  Wilson,  par  une 
fièvre  dont  M""'  Wilson  mourut;  et  bientôt  ils  virent  leurs  espé- 
rances renversées  de  la  manière  la  plus  inattendue  par  l'incur- 
sion de  quelques  fermiers  mal  disposés  qui  s'étaient  établis  sur 
la  rivière  Jaune.  Ces  hommes,  qui  avaient  à  se  plaindre  de  3Ios- 
sélékalsi,  envahirent  le  territoire  de  Moséga,  massacrèrent  le 
petit  nombre  de  Métébélès  qui  s'y  Humaient,  tirent  main 
basse  sur  le  bétail,  et  se  retirèrent  précipitamment  vers  la 
rivière  Jaune,  emmenant  avec  eux  les  missionnaires  amé- 
ricains. Ces  derniers  se  trouvaient  tellement  affaiblis  par  la 
maladie,  qu'ils  étaient  à  peine  en  état  de  réfléchir  au  parti  qu'ils 
avaient  à  prendre;  ils  se  résignèrent  à  abandonner  ceux  de 
leurs  biens  qui  ne  furent  pas  confisqués  par  les  fermiers.  C'est 
ainsi  que  la  mission  de  Moséga  lut  arrêtée  une  seconde  fois. 

Mosséiékatsi  apprit  dans  celte  occasion  que  ses  boucliers  n'é- 
taient pas  en  étal  de  résister  aux  balles  des  fermiers,  et  qu'il 
avait  à  redouter  d'autres  ennemis  que  ers  tribus  sauvages  dont  il 

,it  triomphé  jusqu'alors  avec  tant  de  facilité.  Dans  ma  <ler- 
nière  conversation  avec  lui,  je  lui  signalai  les  dangers  qu'aurait 
pour  lui  une  rupture  avec  les  fermiers;et  comme  il  n'avait  pas 
encore  entendu  parler  de  Waterboer  et  de  son  peuple,  je  pro- 
litai  de  l'occasion  pour  lui  dire  qu'il  n'avait  rien  à  en  craindre, 
el  que  je  pouvais  les  lui  recommander  en  toute  confiance.  Il  me 
répondit,  en  secouant  la  tète  d'un  air  significatif,  qu'il  ne  se  fierait 
à  personne  qui  oe  serait  pas  muni  d'une  recommandation  du 
kuruman.  Il  resta  fidèle  à  cette  promesse ,  el  traita  avec  bien- 
veillance deui  Me  nos  gens  qui  avaient  accompagné  les  frères 
américains,  el  qui,  lors  de  l'attaque  des  fermiers,  avaient 
échappé  aux  balles  en»  ca  hant  dans  les  roseaux  d'un  ruisseau 

voisin. 

I.a  puissance  «le  Mossélékalsi  avait  atteint  son  apogée,  i  t  devait 
désormais  décroître.  Bientôt  après  l'attaque  des  fermiers,  une 
expédition  nombreuse  envoyée  pai  Dingaan  foudil  sur  ses  do*- 
mainesdu  côté  «le  l'orient,  tailla  en  pièces  un  grand  nombre  de 
-  -  hommes,  et  enleva  beaux  mp  de  bétail.  i.ct  ab  é  pai  ■  !  \s  fort 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  373 

raient  mission  de  prêcher.  11  ne  suffît  pas  que  le  cœur  de  ces 
agents  soit  pénétré  de  l'amour  de  Christ  :  il  faut  de  plus  que  ce 
soient  des  hommes  prudents,  intelligents  et  en  état  de  lire  avec 
facilité;  et  plus  leur  intelligence  sera  cultivée,  plus  leurs  efforts 
seront  efficaces. 

Ayant  reçu  des  appels  réitérés  de  la  part  des  habitants  de  dif- 
férentes villes  situées  sur  la  rivière  Jaune  et  sur  le  Kolong,  je 
quittai  la  station  vers  la  fin  de  1836,  pour  répondre  à  ces  invita- 
tions. En  remontant  la  rivière  Kolong,  je  trouvai  dans  plusieurs 
endroits  des  réunions  nombreuses  de  lecteurs  assidus;  et  il  me 
fut  impossible  de  répondre  à  toutes  les  demandes  d'alphabets  et 
de  livres  de  lecture.  Je  visitai  aussi  Musis,  un  des  postes  avancés 
de  Griqua-Town ,  et  je  fus  abondamment  réjoui  à  la  vue  des  pro- 
grès qu'avaient  faits  les  Ballapis,  grâce  aux  effors,  bénis  de  Dieu, 
des  frères  Wright  et  Hughes.  À  Taung,  où  réside  Mahura,  frère 
de  Molibi,  et  où  se  trouve  une  population  de  près  de  vingt  mille 
âmes,  je  prêchai  à  des  auditoires  considérables.  Comme  on  savait 
que  j'avais  fait  quelques  cures, on  m'amena  un  grand  nombre  de 
malades;  et  entre  autres  une  jeune  femme  qui,  pour  s'être  trop 
exposée  à  l'ardeur  du  soleil ,  avait  l'esprit  légèrement  dérangé. 
Je  remarquai  avec  une  vive  satisfaction  que  les  indigènes  témoi- 
gnaient beaucoup  df  sympathie  pour  cette  pauvre  créature 
Comme  je  n'ignorais  pas  que  pour  les  maladies  de  ce  genre  ils 
sont  généralement  dans  l'usage  de  jeter  le  patient  dans  un  trou 
et  de  le  couvrit  de  pierres,  ou  bien  de  l'attacher  à  un  arbre,  ]>- 
demandai  à  un  des  assistants  pourquoi  on  n'avait  pas  ainsi  traité 
cett<  femme.  «  Nous  avons  entendu  la  Parole  de  Dieu  au  Kuru- 
ni. m.  d  m.-  répondit-il.  '  l.a  ville  où  je  me  trouvais  étail  poui  lanl 
toute'  païenne,  personne  encore  n'j  faisait  profession  de  l'Évan- 
gile, bien  que  la  plupart  des  habitants  l'eussent  entendu  prêcher 

1  Jamais   Us  indigènes   n'ont  soupçonna   les   !  8  vouloir  leur 

faire  du  mal  en  leur  administrant  des  remède  ,  Il    ont  une  vérita  i"<> 

pour  les  médecines  et  pour  la  saignée,  s'imaginanl  que  toutes  les  maladies  ont 
leur  siège  dan  J'en  ai  connu  qui,  après  que  j  i  I  la  liga- 

tm  i  ..nier  leu  ■  qu'ils  '"il, 

ba  ■       Ique  ii.n.  e  que  pu  tre  une  potion,   ils 

l'a  me  dose 

d'à     i  fo     la.  Un  jo  il  un  homme,  qui  di  i  loin  de  « -ti •  ■  z  moi,   m 

i  fe  :  me  |  o  m  chercher  une  m  prendre.  Je  préparai  une 

potion  .m,  !-.•  que  je  remis  i  la  femme,  en  lui  recommand  int  de  la  donne] 
d.  cou  ber  du  soleil,  l'autre  fc  minuit.  Elle  fit  la  grimace  et 


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DANS    I.F.   SUD    DE    l'afrïque.  375 

moi.  »  Evidemment  il  ne  s'élait  proposé  d'autre  but  que  celui  de 
satisfaire  sa  curiosité;  je  sus  plus  tard  qu'il  avait  rencontré  près 
de  la  ri\ière  Jaune  un  missionnaire  wesleyen,  qui  lui  avait  pro- 
bablement donné  l'idée  de  visiter  Motitoel  le  Kuruman. 

Quelque  temps  après  il  renouvela  sa  visite,  accompagné  d'une 
suite  nombreuse,  qui  comprenait  son  frère,  ses  femmes  et  d'au- 
tres parents.  A  notre  surprise  inexprimable,  nous  découvrîmes 
qu'il  n'était  p;is  loin  du  royaume  de  Dieu,  et  qu'il  luttait  avec 
■■inxiété  pour  y  entrer.  Toutes  les  puissances  de  son  âme  sem- 
blaient absorbées  dans  la  contemplation  de  l'amour  de  Dieu.  11  ne 
pouvait  ouvrir  la  bouche  sans  qu'aussitôt  ses  larmes  coulassent; 
ses  expériences  étaient  simples,  et  ses  affections  ardentes.  In- 
terrogé sur  la  (;misc  de  son  chagrin,  il  répondit  :  «  Quand  je  vins 
vous  voir  pour  la  première  fois,  je  n'avais  qu'un  seul  cœur;  mais 
maintenant  je  suis  venu  avec  deux  cœurs.  Je  ne  puis  pas  reposer; 
mes  yeux  ne  peuvent  pas  dormira  cause  des  grandes  choses  que 
vous  m'avez  dites  lors  de  ma  première  visite.  »  Evidemment  une 
bénédiction  toute  spéciale  avait  accompagné  la  semence  répan- 
due à  cette  époque,  bien  que  nous  nous  fussions  bornés  à  exposer 
les  éléments  delà  doctrine  chrétienne.  Il  parait  que,  pendant  son 
voyage  solitaire  à  travers  les  plaines  désertes  qui  séparaient  la 
station  de  son  pa\-,  il  sY-iail  senti  profondément  intéressé  parle 
sujet  dont  nous  lui  avions  parlé.  A  son  arrivée  chez  les  siens,  il  se 
mit  à  leur  enseigner  tout  ce  qu'il  avait  entendu  ,  en  faisant  tous 
ses  efforts  pour  toucher  leurs  cœurs;  et  il  n'avait  pas  travaillé  en 
vain.  Son  frère,  homme  d'une  intelligence  supérieure,  était  évi- 
demment porté  vers  l'Evangile;  leurs  femmes  et  d'autres  per- 
sonnes de  sa  suite  en  étaient  venues  au  point  de  demander:  a  Que 
faut-il  faire  pour  être  sauvé?  ••  Leurs  lumières  étaient  encore 
très-imparfaites,  mais  ils  croyaienl  à  l'existence  d'un  Etre  divin  et 
à  l'envoi  de  son  Fils  au  inonde  pour  sauver  les  pécheurs.  Profon- 
dément intéressés  par  ces  premières  vérités,  ils  désiraient  ar- 
demment une  instruction  plus  étendue.  Ce  fut  pour  nous  une 
tâche  délicieuse  de  faire  pénétrer  la  lumière  du  ciel  dans  ces 
âmes  simples  et  avides,  et  de  les  conduire  à  l'Agneau  de  Dieu. 
Leur  vie  était  sérieuse  et  édifiante,  et  ils  se  montraient  infatiga- 
bles à  p  rôti  ter  de  t<>u>  les  nu. yens  d'instruction.  Il<  restèrent 
l(in -temps  et  il  fallut  user  d'une  sorte  de  violence  pour  les  déci- 
dei  ;i  repartir.  Leur  dévotion  et  leur  zèle  offraient  un  bel  exemple 


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DANS    LE    SUD    DE    l' A  F  RI  QUE.  377 

devant  lewagon  ;  dès  qu'on  s'aperçut  que  j'avais  les  yeux  ouverts, 
plusieurs  messagers  partirent  dans  différentes  directions  pour 
aller  annoncer  partout  mon  apparition.  Tout  le  village  fut  bien- 
tôt autour  de  moi  ;  j'avoue  que  je  me  sentais  plus  disposé  à  pren- 
dre une  tasse  de  café  qu'à  prêcher  un  sermon  :  car  je  me  ressen- 
tais encore  des  fatigues  de  la  veille.  Je  pris  mon  Nouveau-Testa- 
ment et  mon  livre  de  cantiques;  je  chantai  un  cantique  avec  mes 
compagnons  de  voyage,  puis  je  lus  un  chapitre  et  je  fis  la  prière; 
après  quoi,  prenant  pour  texte,  «  Dieu  a  tant  aimé  le  monde,  etc.;» 
je  leur  parlai  pendant  une  heure  environ.  Un  profond  silence  et 
un  ordre  parfait  régnaient  dans  l'assemblée.  Celte  scène  (  qu'on 
peut  voir  très-bien  représentée,  dans  la  vignette  du  frontispice) 
se  passait  au  centre  du  village,  composé  de  maisons  les  unes 
béchuanases,  les  autres  corannases,  et  de  parcs  de  bétail.  Quel- 
ques-uns de  ces  enclos  étaient  occupés  par  des  brebis  et  par  des 
chèvres,  tandis  que  d'autres  troupeaux  rôdaient  en  liberté  autour 
de  nous.  Pendant  le  service  un  groupe  d'indigènes  arrivèrent  au 
village,  montés  sur  des  bœufs.  Quelques  étrangers  s'approchèrent 
avec  des  lances  et  des  boucliers  ;  mais  h  un  signe  qu'on  leur  fit  ils 
s'empressèrent  de  déposer  leurs  armes.  Les  chiens  indigènes  ne 
comprenaient  rien  à  cet  individu  étrange  qu'ils  apercevaient  eu 
tête  du  wagon,  pérorant  la  foule  attentive,  et  de  temps  à  autre  i's 
rompaient  le  silence  en  aboyant  ,  ce  qui  ne  manquait  pas  de  leur 
attirer  un  châtiment  immédiat.  Deux  servantes,  qui  avaient  atta- 
ché à  des  poteaux  les  vaches  qu'elles  conduisaient,  restèrent  de- 
bout tout  le  temps,  tenant  à  la  main  leurs  vases  à  traire  le  lait, 
comme  si  elles  eussent  craint  de  perdre  uni;  seule  parole.  L'at- 
tention de  mon  auditoire  dépassai!  tout  ce  dont  j'avais  été  té- 
moin jusqu'alors  ,  et  plusieurs  physionomies  témoignaient  d'un 
intérêt  extrême.  Le  plus  grand  nombre  de  mesauditeurs  étaieni 
Béchuanas,  et  presque  tous  les  Corannas  comprenaient  cette 
langue. 

Vprès  le  service,  j'allai  à  la  rivière  voisine  prendre  un  bain 
pour  me  rafraîchir;  j'espérais  à  mon  retour  trouver  quelque 
chose  qui  ressemblai  à  un  déjeûner;  mais  par  suite  de  je  ne 
sais  quel  malentendu  on[n'avait  pas  mis  d'eau  sur  le  feu.  La  popu- 
lation se  rassembla  ii  denouveau.et  l'on  me  demandait  encore  de 
prêcher.  Comme  j<-  demandai  une  demi-heure  de  répil  pour  me 
restaurer,  la  femme  du  chef  courut  ou  plutôt  vola  à  sa  maison,  el 


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dans  r.r  <rn  de  l'Afrique.  379 

caractère  tout  particulier  de  solennité:  l'attention  la  pins  pro- 
Ibnde  accueillit  toutes  mes  paroles,  qui  roulaient  sur  l'impor- 
tance de  la  religion,  démontrée  par  des  exemples  pris  dans 
l'Ecriture.  Après  le  service  ils  restèrent  longtemps  autour  du 
d,  m'adressani  une  foule  de  questions  et  répétant  entre 
eux  à  satiété  tout  ce  qu'ils  avaient  entendu.  Hosheo  eut  la  bonté 
de  m'offrir  une  brebis  pour  moi  et  pour  mes  gens,  et  les  femmes 
eurent  soin  de  ne  pas  me  laisser  manquer  de  lait.  J'avais  parlé 
pendant  toute  la  journée,  presqu  ■  sans  interruption,  et  je  me  fé- 
licitai de  pouvoir  enfin  me  livrerai!  repos,  fort  tard,  et  entendant 
toujours  autour  du  wagon  le  murmure  confus  des  voix, 

La  journée  dn  lendemain,  qui  était  un  lundi,  ne  fui  pas  moins 
laborieuse.  La  violence  du  vent  m'ayant  empêché  de  faire  un 
service  public  le  matin,  je  fus  prié  de  tenir  des  réunions  par- 
ticulières dans  les  maisons,  el  d'apprendre  à  lire  aux  indigènes. 
Ils  ne  doutaient  pas  que  ce  ne  lut  une  fort  belle  chose  d'être 
en  état  de  lire  les  même-  livres  qui'  moi,  «-t  .«.'imaginaient  qui 
art  pouvait  s'acquérir  par  un  simple  effort  de  la  volonté,  ou  bien 
au  moyen  de  quelque  charme  secret  dont  ils  m'attribuaient  1 

ssession.  J--  m'adressai  par  l'intermédiaire  d'un  interprète  à 
•  eux  qui  ne  comprenaient  que  l'idiome  coranna.  Je  croyais  être 
au  bout  de  ma  tûchequand  j'eus  terminé  un  sei  l  ÎCC  du  soir,  qui  fut 
écoulé,  comme  les  précédents,  avec  un  profond  intérêt  :  ma 
ne  nv  tint  pas  quitte  m  ais<  ment.  Tous  voulaient  absolument 
apprendre  a  lire  a  l'heure  même  el  sur  les  lieux.  Je  tirai  de  mes 

_  .  s  quelques  livres  d'alphabet  et  les  remis  aux  jeunes  gens 
qui  m'avaient  accompagné;  chacun  d'eux  se  vil  a  l'instani  en- 
touré d'un  nombre  considérable  de  disciples,  tous  avides  d'ap- 
prendre. Plusieurs  en  étaient  réduits  a  se  contenter  de  répéta  r  i 
haute  voix  h-  nom  des  lettres,  qui  n'étaient  pas  issez  grandes 
pour  être  vues  de  tout  le  cercle,  à  la  seule  clarté  de  la  lune.  Pen- 
dant qu'on  se  livrait  a  ce  bruyant  exercice,  quelques-uns  des 
principaux  du  village,  qui  avaient  engaj  une  conversation  c\°' 
moi,  se  mirent  en  tête  de  s'essayer,  comme  les  autres,  dans  ce 
nouvel  .ut.  il  était  déjà  tard,  el  j<-  commençais  a  plier  sous  i 
double  fatigue  du  corps  et  de  l'esprit;  mais  tout  ce  que  je  pus 
dire  fut  inutile;  il  fallut  m'exécutei  >-i  leur  apprendre  a  lu.-.  J.' 
me  remisa  chercher  et  finis  par  trouver,  dans  nn  las  de  mauvais 
papiers,   un  grand  alphabet  en  feuilles,    dont  un  coin  et  deua 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  381 

les  coins  du  village.  Les  filles  en  trayant  leurs  vaches,  et  les  gar- 
çons en  soignant  leurs  veaux  répétaient  leur  alphabet  à  qui  mieux 
mieux. 

Avant  de  partir  je  réunis  le  peuple  encore  une  fois  pour  leur 
donner  quelques  directions  générales  sur  ce  qu'ils  avaient 
à  faire  dans  leur  position  isolée  pour  proliter  de  ce  qu'ils  avaient 
entendu  ;  je  les  engageai,  s'il  leur  était  impossible  de  se  transpor- 
ter en  masse  dans  le  voisinage  d'une  station  missionnaire,  à  ve- 
nir du  moins  l'aire  de  fréquentes  visites  au  Kurutnan  et  à  Molilo; 
je  terminai  en  insistant  sur  l'importance  qu'il  y  avait  pour  tous 
d'apprendre  à  lire,  et  pour  les  Corannas  d'apprendre  le  séchuana. 
Sur  ces  entrefaites  je  reçus  un  message  des  habitants  d'un  village 
coranna  fort  éloigné,  qui  me  demandaient  d'aller  passer  quel- 
ques jours  avec  eux,  pour  faire  des  livres  dans  leur  langue 
comme  j'en  avais  fait  en  séchuana.  Ils  s'imaginaient  que  pour 
réduire  à  l'état  de  langue  éerite  leur  système  de  claquements, 
et  pour  faire  des  livres  dans  cette  langue,  il  suffirait  d'un  travail 
de  peu  de  jours.  Celte  circonstance  me  fournit  une  nouvelle 
occasion  de  presser  les  Corannas,  qui  se  trouvaient  en  contact 
avec  les  Béchuanas,  d'étudier  la  langue  de  ces  derniers. 

Quand  j'eus  donné  toutes  les  instructions  nécessaires,  je  partis 
enfin.  Toute  la  population  du  village  m'accompagna  jusqu'à  une 
dislance  considérable,  et  après  m'avoir  dit  adieu  on  suivit  encore 
des  yeux  mon  wagon  jusqu'à  ce  qu'il  se  trouvât  caché  par  un  dé- 
tour du  chemin.  Je  profitai  de  ce  voyage  solitaire  pour  réfléchir  sm 
ce  qui  venait  de  se  passer.  .Mon  cœur  débordait  de  reconnaissance 
envers  Dieu  pour  ce  qu'il  m'avait  donné  de  voir  pendant  ces  trois 
jours. Je  sentais  qu'un  bien  réel  avait  été  accompli,  et  je  contem- 
plais avec  une  douée  émotion  ces  premiers  pas  que  faisaient  des 
âmes  immortelles  en  dehors  des  ténèbres  épaisses  qui  les  avaient 
enveloppées  jusqu'alors. 

Mosheu  et  son  peuple  firent  les  progrès  les  plus  réjouissants 
•fuis  la  voie  de  l'Evangile.  Avides  de  profiler  des  instructions  <f's 
missionnaires,  ils  renouvellent  à  grands  frais  de  fréquents  voyages 
au  Kuruman.  C'était  un  spectacle  intéressant  que  celui  de  qua- 
rante à  cinquante  individus,  hommes,  femmes  et  enfants,  qui 
traversaient  la  plaine  pour  venir  nous  voir,  tous  montes  mu  des 
bœufs,  ei  amenant  avec  eux  des  vaches  <i  lait  afin  de  ne  pas  nous 
èlre  à  charge.  Leui  unique  but  étant  de  [{'instruire  ,  ils  restaient 


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DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.  383 

qu'ils  voulaient  :  «  Votre  bétail,  »  répondirent-ils;  «.  et  la  moin- 
dre résistance  serait  au  péril  de  vos  vies.  » — a  Voici  mon  bétail,» 
répliqua  !e  chef,  puis  il  alla  reprendre  sa  place  à  la  réunion  de 
prières.  On  chanta  un  cantique,  on  lut  un  chapitre,  et  ensuite 
tous  se  mirent  à  genoux  pour  prier  Dieu  qui  pouvait  seul  les  sau- 
ver dans  leur  détresse.  Les  bandits  ne  purent  supporter  ce 
spectacle  touchant  et  solennel  :  ils  s'empressèrent  de  s'éloigner 
sans  toucher  à  un  seul  objet  qui  appartint  au  peuple. 

Dans  les  années  1837  et  183s,  une  riche  bénédiction  fut  répan- 
due sur  les  travaux  de  la  mission  béchuanase.  Lu  grand  nombre 
de  Béchuanas  furent  ajoutés  à  l'église,  soit  à  Griqua-Town,  soit 
au  Kuruman.  Grâce  aux  soins  zélés  de  M.  Edwards,  le  nombre 
des  lecteurs  augmenta  dans  la  même  proportion;  el  l'école  en- 
fantine, dirigée  par  Mme  Edwards  avec  l'aide  d'une  jeune  tille 
indigène,  donna  les  résultats  les  plus  satisfaisants.  Le  peuple  lit 
des  progrès  rapides  dans  la  civilisation  ;  plusieurs  achetèrent  des 
wagons  et  formèrent  leurs  bœufs  aux  rudes  travaux  qui  avaient 
été  jusqu'alors  le  partage  des  femmes.  L'usage  de  s'habiller  à 
l'européenne  devint  si  général  qu'on  sentit  le  besoin  de  la  pré- 
sence d'un  marchand  à  la  station,  pour  se  procurer,  par  son 
moyen,  les  articles  des  fabriques  anglaises.  Nous  engageâmes 
.M.  Hume,  en  qui  nous  avions  toute  confiance,  et  qui  avait  l'ha- 
bitude du  commerce  avec  les  indigènes,  à  se  lixer  à  la  station 
pour  cet  objet.  Il  s'y  construisit  lui-même  uni-  maison,  et  le  suc- 
cès de  cette  mesure  dépassa  nos  espérances.  M.  Hume  nous  avait 
déjà  rendu  de  grands  services  en  aidant  M.  Milieu  dans  la  con- 
struction de  la  chapelle.  Ce  lieu  de  culte  fut  inaugure  en  novem- 
bre 1838.  Ce  fut  une  cérémonie  bien  intéressante  pour  tous  ceux 
qui  en  turent  témoins,  mais  surtout  pour  les  missionnaires  et  pour 
l'église  qu'ils  avaient  rassemblée  d'entre  les  païens.  Près  de  neuf 
cents  personnes  entrèrent  dans  l'enceinte  de  ces  murailles  désor- 
mais consacrées  au  service  de  Jéhovah.  1  u  profond  sentiment 
de  la  présence  di\  ine  accompagna  ces  solennités,  auxquelles  prit 
pari  M.Lemue  de  Motilo. Le  dimanche  qui  suivit  le  jour  de  l'inau- 
guration, cent  cinquante  membres  de  l'église  célébrèrent  ensem- 
ble la  commémoration  de  l'amour  du  Sauveur;  de  ce  Sauveur  qui 
les  avait  rachetés  pat  son  sang,  et  qui  les  avait  pris  dans  plu- 
sieurs tribus  différentes,  quelques-unes  fort  éloignées,  pour  les 

amener  an  lieu  de  la  grâce  el   le--  faire  participer  au  festin  Sacré. 


V I MGT-TIOM     o-    Dl     iUOll 
(  H  gl  nul  DOinbl 

a  inlêrieuremi  m  l< 

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DANS    LE    SL'D    DE    l'aFRIQUE.  385 

recevant  avec  bienveillance ,  sont  opposés  à  l'introduction  du 
christianisme  parmi  leurs  sujets;  tandis  qu'au  contraire  les  chefs 
des  tribus  plus  éloignées  témoignent  un  vif  désir  d'avoir  des 
missionnaires,  soit  pour  leurs  sujets,  soit  pour  eux-mêmes.  11  est 
pourtant  facile  de  rendre  compte  de  celte  différence.  Les  derniers 
chefs,  ignorant  les  sévères  exigences  de  la  Parole  de  Dieu,  ne 
voient  que  les  bienfaits  temporels  apportés  par  l'Evangile  à  ceux 
qui  le  reçoivent;  tandis  que  ceux  qui  résident  plus  près  des 
chrétiens,  et  qui  se  sont  trouvés  en  contact  avec  eux,  compren- 
nent que  pour  embrasser  l'Evangile  il  faudrait  dire  adieu  à  leurs 
coutumes  païennes  et  à  leurs  péchés  favoris.  l 


1  M.  Edwards,  accompagné  d'un  des  plus  jeunes  missionnaires,  a  fait  récem- 
ment une  tournée  dans  l'intérieur  pour  jeter  les  fondements  d'une  mission 
parmi  les  tribus  Bakones. 


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VINGT-TROIS  ANS  DE  SÉJOUR  DANS    LE    SUD    DE    L'AFRIQUE.    387 

était  pour  les  Béchuanas  qui  résident  au-delà  du  Kurumau;  mais 
ils  ne  purent  que  \"ir  dans  cette  circonstance  un  appel  d'en  haut 
auquel  ils  étaient  tenus  d'obéir.  Le  pays  qu'habitait  Moshesh, 
ensanglanté  par  les  excursions  des  Bergcnaars,  était  resté  pres- 
fpie  entièrement  étranger  aux  Européens.  Les  frères  arrivèrent 
«mi  juillet  1833 auprès  de  Moshesh,  qui  les  accueillit  de  la  ma- 
nière la  plus  amicale  et  les  aida  à  choisir,  pour  la  station,  une 
localité  convenable,  qu'ils  appelèrent  Morija. 

Cette  mission  importante  fut  commencée  par  les  soins  de 
MM.  Casalis,  Arboussel  et  Gosseliiî,  dont  l'influence  s'étend 
aujourd'hui  sur  douze  mille  âmes  au  moins.  Le  culte  public  est 
suivi  régulièrement  et  le  sabbat  exactement  observé  par  ceux  des 
indigènes  qui  font  profession  de  christianisme.  Les  travaux  infa- 
tigables de  ces  hommes  excellents  ont  été  abondamment  bénis, 
et  leurs  mains  ont  été  fortifiées  par  l'accession  d'autres  ouvriers 
envoyés  par  la  même  Société.  Us  ont  traduit  plusieurs  portions 
du  volume  sacré  dans  la  langue  i\r>  indigènes.  L'influence  exercée 
par  Moshesh  sur  ses  sujets  a  été  pour  les  travaux  de  nos  frères 
un  auxiliaire  d'une  grande  efficace.  C'est  un  homme  doué  de 
beaucoup  de  moyens  naturels,  comme  on  en  peut  juger  par 
l'extrait  suivant  d'un  discours  que  lui  a  entendu  prononcer 
RI.  Backhouse. 

«  Nous  dites  que  vous  ne  pouvez  pas  croire  ce  que  vous 

ne  comprenez  pas?  Voyez  un  œuf!  si  on  le  casse,  il  n'en  sort 
qu'une  substance  jaune  et  aqueuse*,  mais  pince/  l'œuf  SOUS  l'aile 
d'un  oiseau,  et  il  en  sortira  une  créature  vivante.  Qui  peut  com- 
prendre eel.r.'  Qui  a  jamais  expliqué  comment  la  chaleur  de  la 
poule  produil  le  poulet  ( 1 . 1 1 1 s  l'œuf?  C'est  là  pour  nous  une  chose 
absolument  incompréhensible,  el  pourtant  nous  ne  pouvons  nie* 
le  fait,  faisons  comme  la  poule.  Plaçons  ces  vérités  dans  DOS 
cœurs  comme  la  poule  place  1rs  œufs  bous  ses  ailes  ;  couvons-les, 
prenons  les  mômes  peines  que  l'oiseau,  el  quelque  chose  de  nou- 
veau en  sortira.  •> 

Le  fils  de  Moshesh  est  converti  ainsi  que  plusieurs  de  ses  sujets. 
Kn  1840  les  missionnaires  a  va  ieni  un  grand  nombre  de  candidats, 
ei  ils  écrivaient  que  l'influence  du  christianisme  avait  déjà  pro- 
duit une  amélioration  sensible  dans  le  caractère  el  dans  le 
mœurs  des  indigènes.  Nous  ne  devons  pas  non  plus  oublier  do 
mentionner  les  succès  remarquables  qui  oui  couronné  les  ira- 


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DANS    LE    SUD    DE    F.'éFRIQUE.  389 

rapine,  d'esclavage,  de  sang  el  de  meurtres!  Nulle  pari  sur  la 
surface  delà  tern'  un  ne  trouverai!  une  misère  à  comparer  à  !i 
tienne!  Tes  ciels  onl  été  obscurcis  par  la  fumée  des  \iiles  en 
flammes!  les  riants  pa  -  _  -,  tes  bosquets  gracieux  sont  deve- 
nus des  repaires  de  lions!  tes  déserts  brûlants  ont  été  arrosés 
avec  les  larmes  des  mères  auxquelles  on  enlève  leurs  infants  '.  i  l 
-     ■  renvoient  les  cris  de  l'orphelin  et  la  plainte  de  la 


veuve  ! 


N'importe:  il  y  a  encore  de  l'espérance  pour  l'Afrique.  Le  cri 
de  ses  douleurs  a  réveillé  la  sympathie  des  chrétiens  d'Europe. 
Pour  guérir  ses  plaies  saignantes,  on  a  fait  d'immenses  sacrifices 
en  argent, el  de  plusgrands  encore  en  talents*  ten  \  ies  d'hommes  ; 
mais  ces  premiei  s  -  ici  ifices  sont-ils  suffisants,  et  notre  dette  esi- 
elle  payée?  Irons-nous,  sur  de  légers  sujets  de  découragement, 
abandonner  le  généreux  projet  d'accomplir  le  salut  de  l'Afrique? 
Dieu  nous  en  garde  '■  D'ailleurs  les  sacrifices  qui  ont  eu  lieu  n'ont 
pi-  été  stériles.  Nous  avons  appris  à  mieux  connaître  la  tris  e 
condition  il.-  l'Afrique,  el  nous  sentons  mieux  qu'à  l'Evangile 
seul  il  appartient  de  dissiper  la  masse  des  ténèbres  qui  pèse  sur 
son  sein.  Il  faut  que  ces  régions  encore  inconnues  soient  i  »plo- 
par  les  messag  rs  de  nos  églises,  el  que  les  ruisseaux  du 
fleuve  d<-  vie  arrosent  ces  vastes  déserts.  La  \'-iitt-  de  Die 
l'arme  toute  puissante  qui  d  >ii  chasser  des  côtes  de  l'Afrique  le 
démon  d.-  l'escl  i\  i  je,  '•!  mettr  •  dans  la  bouche  de  ses  noirs  en- 
fants le  cantique  nouveau  de  la  rédemption. 

On  esi  généralement  d'accord  aujourd'hui  que  pour  civiliser 
l'Afrique  il  faut  premièremenl  l'ét  ingéliser.  Il  ne  sera  pas  hors 
de  propos  de  i  ei  à  ce  sujet  un  court  extrait  de  l'excellent  ou- 
B  ixton  sur  l'esclai  ige  des  noirs  el  les  moyens  d'j  porter 
remède.  Ce  philanthrope  chrétien  travaille  depuis  de  longues 
année>,  par  lous  les  moyens  qui  sont  en  lui,  à  déi  iciner,  » 
comme  il  s'exprime,  «  cel  arbre  immense  <'t  maudit,  dont 
l'ombre-  abrite  depuis  tant  de  siècles  les  lamentations,  le  deuil  el 
la  misère.  •  —  «  ^u  point  de  vue  national  -t  i.li_i.-u\,  ■•  c.»n- 
tinue-l-il,  «ledevoii  ne  saurait  être  douteux  :  n  »us  sommes  dépo- 
sitaires du  christiania c'est-à-dire  d'une  foi  pureel  sainte  qui 

nous  prêche  une  bienveillana  universelle  ;  et  cependant,  non- 
seulement  nous  avons  négligé,  comme  nation,  *\>'  (aire  du  bien  .1 
l'Afrique,  mais  nous  lui  avons  fait  souffrir  un  mal  positil  et 


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DANS    LE    SUD    DE    I.'.\  Fi'.lOl  K.  391 

d'hui  par  la  puissance  Je  l'Evangile,  sont  tout  prêts  à  s'en  aller 
proclamer  la  nouvelle  du  salut  au  milieu  de  leurs  Frères,  encore 
emprisonnes  dans  les  chaînes  du  péclié.  D'après  ce  qui  a  déjà  tu 
lieu,  nuiis  somme>  fondés  à  attendre  d'immenses  résultats  de  la 
>imple  distribution  des  Ecritures,  accompagnée  de  l'action  des 
aides  indigènes.  Alors  que  dous  n'avions  encore  dans  la  langue 
des  Béchuanas  cpie  l'Evangile  de  saint  Luc  et  la  première  édition 
des  Leçons  bibliques.  M.  Bughes  m'écrivait  les  lignes  suivantes 
qui  m'ont  paru  frappantes  de  justesse  et  de  vérité  : 

«L'œuvre  de  Dieu  est  ici  en  progrès,  ijuand  je  considère  ce 
qui  a  déjà  été  accompli  par  les  moyens  si  faibles  (à  nos  yen* 
dont  nous  pouvons  disposer,  je  ne  puis  que  m'écrier  :  Ou'est-ce 
que  l'Eternel  a  fait  ?  l'epée  de  .'Esprit  est  maniée  par  des  mains 
inhabiles,  mais  c'est  véritablement  une  épée  à  deux  tranchants. 
Evidemment  les  victoires  qu'elie  a  remportées  ici  ne  sont  pas 
dues  à  la  main  qui  en  lait  usage,  mais  uniquement  à  sa  propre 
puissance.  Ici  Jésus  et  les  apôtres  prêchent  sans  qu'aucune  inlii- 
mite  humaine-  vienne  s'interposer  entre  eux  et  les  cœurs  de  leurs 
auditeurs.  Les  grands  principes  fondamentaux  de  la  Société' 
biblique  se  réalisent  sous  dos  veux  :  la  simple  lecture,  la  simple 
élude  de  la  Bible  convertit  le  monde.  L'œuvre  du  missionnaire 
est  de  faire  accepter  ■•(  de  faire  lire  le  volume'  sacré,  pour  en- 
suite le  laisser  parler  lui-.u  •  .1  •.  La  simplicité  extrême  des 
moyens  qui  produisent  des  ie>:iltats  si  merveilleux  donne  à 
noti  •  œuvre  nu  les  caractères  essentiels  des  œuvres  de  Dieu.  .V 
lui  seul  m  soit  toute  la  gloire  !  » 

On  comprendra  l'importance  de  posséder  l'Ecriture  traduite 
dans  la  langue-  des  indigènes,  si  l'on  considère  les  villes  et  les 
hameaux  disséminés  dans  tes  pi  unes  de  l'intérieur  de  l'Afrique, 
et  qui  parlent  tous  la  même  langue,  sauf  de  légères  variations, 
jusqu'au  delà  de  l'équateur.  Quand  les  indigènes  savent  lire,  ii^ 
ont  entre  les  mains  non-seulement  le  moyen  de  sortir  de  leur 
ignorance  naturelle,  nais  celui  de  conserver  le  tl  imbeau  de  1 1 
vie  éternelle  toujours  allumé  au  milieu  des  ténèbres  qui  pour- 
raient les  environner  encore  Dans  le  cours  d'un  des  premiers 
voyagea  que  i'-  fis  dans  l'intérieur  ave*  quelques  compagnons, 
nous  arrivâmes  a  un  village  païen  situé  sur  les  bonis  du  fleuve 
<  trange,  entre  le  p  »ys  des  Namaquois  •■!  celui  des  Griquois.  Nous 
avions  marché  longtemps  '•(  non-,  souffrions  tout  ensemble  de  la 


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Uni  ii  m,    («irl.inl 

d<     et  deux  mains  qui  restaient  libre*  m  de  mot i 

i  <  ni   i  n.  .lu  i  u 

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M    II   lui  lorsqu'elli 

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■  i.t.     bibliqu  I  I   iim  n\  <|u.      )•■ 


DANS    LE    SUD    DE    l' AFRIQUE.  393 

décrire  quels  farent  nos  sentiments  en  rencontrant  cette  ser- 
vante du  Seigneur,  et  en  mêlant  nos  prières  aux  siennes  devant 
le  trône  de  notre  Père  céleste.  Gloire  son    a  Dii:l  dans  les 

LIEUX  TRÈS-HAUTS,  PAIX  SUR  LA  TERRE,  BONNE  VOLONTÉ  ENVERS 
LES    HOMMES  ! 


FIN. 


TABLE  DES  MATIERES. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Considérations  générale:  sur  l'Afrique.  — Ten-atives  d'exploration.  — Origine 
probable  des  Hottentots.  —  Mode  d'accroissement  de  la  population.  —  Ori- 
gine des  Bushmen.  —  Busbmen,  Béchuanas.  — Leur  état  de  souffrance  et  de 
dégradation.  —  Comment  s'explique  la  variété  de  leurs  dialectes.  —  Tribu 
de-  Tamahas.  —  Triste  aspect  du  pays  des  Bushmen.  —  Origine  et  cara 
des  Cafres.  —  Pays  des  Bassoutos  et  des  Béchuanas.  —  Namaquois  et  Da- 
maras.  —  Description  de  la  contrée  stérile  des  Karrous.   .     .     .     Page         1 

CHAPITRE  II. 

Première  mission  au  sud  de  l'Afrique.  — Succès  de  M.  Schmidt.  —  Reprise  de 
la  mission.  —  Mission  chez  les  Cafre*.  —  Le  docteur  Vanderkctnp  quitte 
la  ville  du  Cap  pour  aller  chez  les  Cafres. — Soupçons  des  Cafres.  —  Pro- 
fondf  ignorance  des  indigènes.  —  Départ  du  compagnon  d'oeuvre  de  Van 
derkemp.  —  Son  dévouement  et  son  humilité.  —  Oa.ka  lai  demande  de  faire 
tomber  de  la  pluie. — Son  ab'     -  et  ses  dangers. —  Inimitié  de  quelques 

colons.  —  leurs  châtiments.  —  Abandon  de  la  mission  chez  les  Cafres.       1"> 

CHAPITRE  III. 

Commencement  de  la  mission  de  Vanderkemp  chez  les  Hottentots.  —  l'ont  s 
du  gouverneur.  —  Attaque  de  la  station.  —  Epreuves.  —  l.es  missionnaires 
se  r  au  fort  Fr-'déric.  —  I  I  irp.  —  v  ICC  s  des  efforts  de  Van- 
derkemp. —  Sa  mort,  son  caraeti  rr.  —  Incident  remarquable.  —  Mission  de 
la  rivière  du  Chat.  —  Reprise  de  la  mission  chez  les  Cafres.  —  Scsne  tou- 
chante. —  Mort  de  Williams. —  Brownlee  reprend  définitivement  la  mission. 
—  Effets  de  l'Evangile 

CHAPITRE  I\. 

bushmen  demandent  des  instituteurs.  —  M.  Kicherer  se  rend  a  la  r  i  v  i  • Ire 
Zak.  —  Dif6c  iltés  et  >a<  ri  .1  ibéralité  des  fermiers.  —  abandon  de  la 
mission.  —  Condition  des  Bi.  —  Opinion  de  <tein. —  Hessour- 

shmen.  —  Usages  barbares. — <  ruauté  les  par   ■ 
vers  leurs  enfant     —  Q  .olités  aimables  des  Bushmen.  —  Reprise  de  la  mis- 
sion à  Foornberg  et  ailleurs. —  Envoi  démissionna  •   —Dé 
tails  affligeants  donnas  par  M.  Faur. —  1;                                       ez  les  Bush- 
men,—                                       rea. — Cl            ix  «utruches    .    .     .      36 

CHAPITRE  \ . 

Situation  géograpl  maquois. — v  iphie. —  Cara 

ibitants.  — Influi  -sur  eut  par  les  étrangers.  — 

l'rr.a'.  ■■  -  endurées   par  les  premiers  missionnaires.  — Cornélius  Kok. — 

travaux.  —   I' 
ancêtres  et  son  bi  toire.  —  Oppression. —  '                   — Africaner  se  reM 
inge.  —  Oui  rre  i                              -   "  ■ 
r  — Son  bétail  pillé  et  rep ri    —  Nicolas  Berend 16 


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TABLE    DES    MATIÈRES.  397 


CHAPITRE  XI 1. 

Voyage  au  Cap.  —  Puissance  de  l'Evangile.  —  Position   critique  d'Africaner. 

—  Scène  plaisante-.  —  Incrédulité  d'un  fermier.  —  Visite  d'Africaner  au 
Gouverneur.  — Sensation  qu'il  produit.  —  L'auteur  est  attaché  à  la  mission 
chez  les  Béchuanas.  —  Voyage  d'Africaner  à  Lattakou.  — Sa  mort.  — Ses 
prenait  res  expériences  chrétiennes.  —  Son  rêve.  —  Abandon  de  la  mission. 

—  Elle  est  reprise  par  les  Wesleyens.  —  Difficultés  attachées  aux  missions 
danslesud  de  l'Afrique 118 

CHAPITRE  Xlll. 

.Missions  chez  les  Griquois.  —  Son  origine  et  son  caractère.  —  Dévouement 
des  missionnaires.  —  Progrès  dans  la  civilisation.  —  Puissance  de  la  prière. 

—  Mesure  impolitique.  —  Départ  de  M.  Anderson.  —  L'auteur  se  joint  à  la 
mission.  —  Election  de  Waterboer.  —  Sa  soif  de  connaissances.  —  Les  Ber- 
genaars.  — Attaque  dirigée  contre  Griqua-Town.  — Conduite  généreuse.  — 
Influence  des  missionnaires.  —  Châtiment  providentiel.  —  Succès  de  la  mis- 
sion. —  Jusqu'à  quel  point  le  missionnaire  doit-il  intervenir  dans  les  affaires 
civiles? —  Traité  entre  les  Griquois  et  le  gouvernement  de  la  Colonie.  — 
Espérances  de  la  mission 129 

CHAPITRE  XIV. 

Premiers  voyages  chez  les  Béchuanas. —  Le  chef  Molébabangue.  —  Edwards 
et  Kok.  —  Pratique  dangereuse.  —  Meurtre  d  ;  Kok.  —  Dangers  de  la  part 
des  Busbmen.  —  La  famille  de  Bergover.  —  Meurtre  d'un  père  et  de  sa  fille. 

—  Situation  horrible.  —  Se  ne  déchirante.  —  Une  expédition  à  Lattakou.  — 
Massacre. — Visites  de  Lichtenstein  ;  de  Covvan  et  de  Dénovan;  de  Bur- 
chell.  —  Difficultés  de  la  langue.  —  Voyage  de  Campbell.  —  Envoi  de  mis- 
sionnaires à  Lattakou.  —  Entrevue  avec  le  roi.  —  Rejet  des  missionnaires. — 
M.  Evans  abandonne  la  mission 139 

CHAPITRE  XV. 

M.  Kead  obtient  le  consentement  de  Motbibi  à  ce  que  les  missionnaires  séjour- 
nent chez  les  Béchuanas.  —  Nécessité  de  la  prudence.  —  Soupçons  des  indi- 
gènes.— Difficultés  que  les  missionnaires  éprouvent  à  gagner  leur  confiance. 

—  Expédition  malheureuse.  —  Sujet  d'encouragement.  —  Ministère  de 
M.  llamilton. —  Le  pain  volé.  —  L'auteur  se  joint  a  la  mission. —  Position  du 
missionnaire  chez  les  Béchuanas.  —  Difficultés  particuli  res.  —  Absence 
totale  d'idolâtrie.  —  Professions  de  foi  sans  réalité.  —  Raisonnement  d'un 
faiseur  de  pluie.  —  Couvernement  des  Béchuanas.  —  Pitshos,  ou  parlement 
des  indigènes.  — Coutumes  nationales.  — obstacles  à  l'Evangile. — Travaux 
■  le- femmes.  — Caractère  des  Béchuanas loi 

CHAPITRE  XVI. 

Difficultés  attachées  aux  commencement*  d'une  mission.  —  Athéisme  des  I  i 

1res  el  des  Ilot  te  n  tôt-.  —  La  mante  prie  Dieu.  —  Prétendu  culte  delà  lune. 

—  liorimo  des  Béchuanas. — Traditions  sbsurdes.  —  Sag                   i  iseurs  de 
pluie.  —  Opinion  fau              théologien  .  —  Ignorance  déplorable.  — L  ■ 
dulité d'un  chef.  — Témoignage  d'un  indigène  converti 164 


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TABLE    DES    MATIÈRES.  309 

l'accompagnaient. — Arrivée  de  nouveaux  missionnaires. — Retour  à  la  sta- 
tion.— Tournée  chez  les  Bavangketsis.  —  Voyage  dans  le  désert.  —  Aspect 
du  pays. —  Puits  naturels.  — Condition  misérable  des  Sauneys. —  Un  di- 
manche au  désert.  —  Ignorance  des  indigènes. —  Leur  mani're  de  prendre 
le  gibier. —  Scène  au  bord  d'un  étang. — Tourments  de  la  soif. —  Op  trouve 
de  l'eau.  —  Arrivée  chez  les  Barolongs.  —  Enfants  à  vendre.  —  Arrivée 
chez  les  Bavangketsis. —  Le  bétail  enlevé.  —  L'expédition  rencontre  un  fils 
de  Makaba  — Mort  du  faiseur  de  pluie. — Réception  à  Kuakue.     .     .     -2o7 

CHAPITRE  XXIV. 

Les  indigènes  et  la  boussole. — Visite  de  Makaba  aux  wagons. — Description 
de  la  ville.  —  Caractère  de  Makaba.  —  Hardiesse  des  hyènes. —  Conversa- 
tion avec  Makaba.  — Tentative  d'enseignement  religieux.  —  Etonnement 
causé  chez  Makaba  par  la  doctrine  de  la  résurrection.  —  Rébellion  de  T=  .- 
sane;  sa  mort;  alarme  sans  fondement;  départ  précipité.  —  Derni-re  entre- 
vu» avec  Makaba. — Retour  chez  les  Barolongs.  —  Projet  d'attaque  sur  la 
ville  de  Pitsana.  —  Evasion  d'un  prisonnier  ;   son  récit.  — Situation  critique. 

—  Attaque  des  wagons.  —  Bataille.  —  Scène  du  paganisme.  —  Conduite 
chrétienne.  —  Explosion.  —  Intervention  divine.  —  Affaire  de  la  station.  — 
Alarme  nocturne.  —  Réflexions.     .     .  253 

CHAPITRE  XXV. 

Etat  des  esprits.  —  Guerre  civile.  — Présomption  de  Mothibi.  —  Conférence 
avec  ce  chef. —  Attaque  des  maraudeurs.  —  Abandon  de  la  station. — Agi- 
tation générale. —  Vort  du  jeune  prince  Péclu. —  Ejidémie. —  Superstition 
barbare.  —  Nouvelles  attaques.  — Maladie  de  M.  Hughes.  —  Perspective 
décourageante.  —  Conduite  déloyale. —  Chef  dévoré  par  un  lion. —  Nou- 
velles alarmes. —  Description  du  fléau  des  sauterelles. —  Les  veaux  volés. 

—  Conversion  remarquable 271 

CHAPITRE  XX M. 

Voyage  chez  les  Parolor.c-i. —  !'n:revue  avec  des  lions  ;  danger  imminent. — 
Le  repa-  du  lion. —  Arrivée  a  ^hoaing.  —  Genre  de  vie  du  missionnaire. — 
Rhinocéros. — Chasse  nocturne.  —  Vites<e  à  la  course. — Dépravation  des 
indigènes.  — Usage  barbare. —  L'atelier  du  forgeron, —  Une  visite  de  roi. — 
Retour  à  la   station 

CHAPITRE  XWlI. 

Espérarces  et  encouragements.  —  Nouvelles  inquiétantes. —  Séjour  h  Oriqua- 
Town. —  Hetour  à  la  station.  — Visite  du  révérend  Richard  Miles.  —  i  ir- 
constances  encouiageanti.-s. —  Nouvelle  attaque. —  Les  ennemis  sont  repous- 
—  Les  prisonniers.  —  Encore  une  horde  de  bandits.  —  Trêves  et  pour- 
parlers avec  l'ennemi. —  Arrivée  de  M.  H  Madame  Archbell.  — Pouvoir 
de  la  conscience.  —  Massacre.  —  Jugements  de  Dien.     ......     300 

t  HM'lTl.l     \W  III. 

sagement  inattendu  en  bien.  —  1  ''Aaron  Joseph. —  H-  ureoz  fruits 

■le  la  foi. — Baptême  de    six  candidat      Ré     xions  à  ce  sujet.  —  Puissance 
ilisatrice  de  l'Evangile.  — Costume  des  indigènes.       Ecole  de  couture. 
—  Modes  nouvelles.—  Fabrication   de  chandelles.  —  Expériences cbrétieo- 
des  indir  —  Mort  d'une  femme  indigène  convertie.  i 


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DT      Moffat,  Robert 

731  Vingt-trois  ans  de  séjour 

M7L4         dans  le  sud  de  L'Afrique 


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