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600024266P
VOYAGE
AU POLE SUD
ET DANS L'OCÉANIE.
GÉOLOGIE^ MINÉRALOGIE
BT
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
PARIS.— IMPRIMÉ PAR E. THUNOT ET G*,
Roe Raelne , M , prêt de IXMéon.
VOYAGE
AU POLE SUD
ET DANS L'OCÉANIE
SUR LES CORYETTES
L'ASTROLABE ET LA ZÉLÉE;
EXÉCUTÉ
PENDANT LES ANNÉES 1837-1838-183»-1860,
SOUS LE COMMANDEMENT
1» M. J. suMomT-viravii^,
Capîtaîne de vaiiiean ;
PUBLIÉ
sous la direction supérieure
9K M. JÂGQUINOT, GAFRAINB DB VAISSEAU, COMMAUDAIIT DE LA EÉOJm.
GÉOLOGIE, MINÉRALOGIE
BT
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE DU VOYAGE
«'après les matérlaiix reeaelllls par MIL les dilrorflens naturalistes
de l'expédition.
PAR M. J. GRANGE,
Doetenr es lelenoM et doetenr en médMlne d«t Facoltéf de Parif.
PARIS,
GIDE ET J. BAUDRY, ÉDITEURS,
RUE BONAPARTE, 5.
1834
ft^/.-ZC
^â5 . e . S>SZ
* .^'A
CHAPITRE IX.
Observations sur les phénomènes Tolcaniques et les tremblements
de terre.
ChUi.
■ * ■ • ' 7 r
' •;
V Astrolabe et la Zéléeyr'àpviy Idi première cam-
pagne au pôle sud, vinrent^ mouiller dans labaiç dé
Talcahuano (Chili), ou un séjour de quelques se-
maines répara les forces des équipages épuisés par
la navigation pénible qu'ils venaient de supporter, et
surtout par Tatteinte du scorbut qui avait frappé un
grand nombre de matelots.
Les officiers et les naturalistes profitèrent de
ce temps de repos pour étudier cette terre si re-
marquable par les phénomènes géologiques dont
elle a été le théâtre et ont ainsi recueilli sur
cette contrée un grand nombre de documents pré-
cieux sur la disposition des formations , sur les phé-
nomènes volcaniques et sur les tremblements de
XI. Géologie. 2« Partie. 1
2 VOYAGE
terre. Nous espérions donner une carte géologique
du Chili , nous avons dû y renoncer pour deux rai-
sons , la première parce que les limites données à
cet ouvrage ne nous permettaient pas d'entreprendre
un travail aussi long, et que, d'autre part, M. Gay,
qui a habité le Chili pendant de longues années , se
propose de publier une carte géologique de ce pays ;
carte qui sera infiniment plus exacte et plus parfaite
que tout ce qui peut être fait au moyen de courses
limitées et des renseignements que nous pourrions
obtenir des voyageurs qui ne font pour ainsi dire
qu'entrevoir le pays.
Nous présenterons cependant un résumé des notes
et documents que nous avons recueillis sur le déve-
loppement des phénomènes volcaniques dans le Chili,
parce que cette étude se lie d'une manière très-re-
I marquable aux études que nous aurons à faire sur
les divers groupes d'îles et sur les continents de l'O-
cé^nie.
Dans le premier volume , nous avons donné une
esquisse de la disposition des terrains dans le Chili ;
nous y renvoyons nos lecteurs , et nous commence-
rons immédiatement à étudier les phénomènes vol-
caniques dont celte terre a été le théâtre,
L'Académie ayant engagé MM. les naturalistes at-
tachés à la campagne de P Astrolabe , à s'occuper spé-
cialement des phénomènes volcaniques qui désolent
le Chili , tous les membres de l'expédition se sont
efforcés de recueillir des notes sur ce sujet, et spé-
cialement sur les tremblements déterre, ou sur
ii
AU POLE SUD. 3
leurs signes précurseurs, leur action pendant l'agi-
tation du sol , et les effets qtii en sont la suite.
M. Dumoulin , dont le nom est connu par la haute
estime que Famiral d'Urville a professée pour lui ,
et surtout par ses travaux remarquables en hydro»
graphie, avait adressé pendant Texpédition une lettre
à r Académie, dans laquelle il avait résumé les ob-
servations qu'il avait recueillies pendant son séjour
à Conception et à Yalparaiso. D'autre part , M. Hom-
bron a étudié avec un soin tout particulier les côtes
de Conception, qui ont été bouleversées par les
tremblements de terre de 1835 et 1837. Il a obtenu
aussi de différentes personnes qui habitent le pays,
et spécialement de M. Yermoulin , des détails qui
méritent d'être connus.
M. Fitzroy, commandant de l'expédition anglaise
qui se trouvait sur la côte du Chili à l'époque du
fameux tremblement de terre de 1835, a publié
dans le Journal de Géographie^ une excellente rela-
tion de cette terrible catastrophe qui détruisit Con-
ception de fond en comble. Nous avons aussi sous
les yeux un mémoire de M. Darwin, naturaliste de
l'expédition. Dans ce mémoire, le savant voyageur a
tâché de mettre en relief les rapports qui existent
entre la puissance souterraine qui est la cause des
tremblements de terre , et la puissance souterraine
[aussi) qui élève les continents , c'est-à-dire de rap-
porter à la même cause , les tremblements de terre,
^ /iwrfiaJ ùf tke royal Society of Gêography.
4 VOYAGE
les éruptions volcaniques et les soulèvements du sol,
permanents et non permanents. C'est un vaste sujet
de discussion.
Pour jeter quelque lumière sur une question aussi
difficile et aussi importante, nous avons lu avec le
plus grand soin les travaux de M. de Humboldt sur le
tremblement de terre qu'il a observé dans ses voyages
dans l'Amérique méridionale. Nous avons consulté
les travaux de M. de Buck, les œuvres de Molina, His-
taire naturelle du Chili ^ et son Compendio de ta historia
del reyno de Chili. Les observations que nous avons
recueillies par nous-même , et auprès des personnes
qui habitent le pays , présentant quelques faits nou-
veaux j nous en donnerons l'analyse , et après l'exa-
men de ces observations, et de celles que nous avons
puisées dans les ouvrages que nous avons cités et
dans quelques autres travaux publiés dans les mé-
moires des sociétés savantes; nous tracerons rapide-
ment l'histoire des tremblements de terre qui déso-
lent le Chili, les phénomènes qui les précèdent , leurs
effets sur les volcans, l'étendue de leur action, et
leur influence par rapport à l'élévation du sol.
Nous croyons devoir commencer l'étude des trem-
blements de terre qui portent si souvent la désola-
tion sur cette riche contrée , par l'énumération des
principaux tremblements de terre qui l'ont agitée
depuis l'établissement des Européens dans le pays.
1605 (25 novembre). Tremblement de terre à Arica,
la mer inonde et détruit la ville. Frézier.
AU POLE SUD. 5
1647. Santiago est détruit. Frézier.
1657. Tremblement de terre à Santiago, la ville
éprouve de grands dommages. Frézier.
1678 (17 juin). Lima est en grande partie détruite.
1682 (19 octobre). Tremblement plus violent et plus
désastreux que celui de 1678.
1692. Ce tremblement de terre fut si affreux qu'il
entraîna la confusion des propriétés, les
villes furent détruites de fond en comble,
les rivages furent inondés par la mer, Gallao
fut totalement détruite et les navires mouil-
lés dans la rade furent jetés par la violence
de la mer à une lieue au milieu des terres.
1748. Destruction de Callao , Lima souffre horrible-
ment.
1750 (24 mai). Destruction de Conception par un
grand tremblement de terre et par une inon-
dation causée par une oscillation de la mer.
Cette ville était bâtie alors au bord de la
rade.
1818. Tremblement de terre à Copiapo.
1822. Tremblement de terre qui renverse Santiago
et Valparaiso.
1828. Tremblement de terre qui fait beaucoup souf-'
frir la ville de Lima.
1829. De nouvelles oscillations du sol détruisent en
partie Valparaiso et Santiago.
1832 et 1834. Un assez grand nombre de chocs
courts et rapides, tantôt dans une direc-
tion , tantôt dans une autre.
6 VOYAGE
1835 (20 février). Destruction de Conception et de
Talcahuano, grandes pertes éprouvées à
Santiago, la direction du tremblement de
. terre était du S.-O. au N.-E.
1886 (26 avril). Tremblement de terre qui fit peu de
mal.
1886 (Il novembre). Un léger tremblement de terre
à Conception, il est suivi de pluies abon-
dantes.
1887 (7 novembre). Nouveau tremblement de terre
qui détruisit la ville de Valdivia. Sa direction
était O.-S.-O.-E.-N.-E.
Molina , dans son Histoire naturelle du Chili ,
chap. vm , attribue la fréquence des tremblements
de terre à une grande quantité de matières inflam-
mables dont le sol est rempli , mises en action par
le fluide électrique , Télaslicité de Tair et des va-
peurs contenues dans les canaux souterrains qui
communiquent y selon lui, de la mer aux volcans
des Andes.
Il affirme que Ton compte au Chili trois à quatre
tremblements de terre bien sensibles par an, et qu'ils
se manifestent par des mouvements horizontaux ou
oscillatoires. D'après ses observations les tremble-
ments de terre n'arrivent jamais à Fimproviste dans
le pays; mais ils s*y annoncent par une vibration
singulière de Tair, et comme les secousses ne se suc-
cèdent que par intervalle, les habitants ont tout le
temps nécessaire pour se sauver. Bien que pendant
AU POLE SUD. 7
de longues années cet habile observateur ait étudié
avec attention Tétat de Tatmosphère , il tf a jamais
pu reconnaître aucun phénomène qui pût faire près*
sentir un tremblement de terre, il en a vu dans
toutes les saisons, il en a senti pendant que le temps
était parfaitement serein , comme lorsqu'il faisait du
vent et qu'il pleuvait.
Lorsque nous considérons quelles sont les diffé-
rentes causes qui peuvent produire des tremblements
de terre, nous sommes portés à admettre qu'ils s'ef-
fectuent sous l'influence des causes suivantes :
i"" Par des affaissements ou des tassements pro-^
duits par le refroidissement des couches les plus
superficielles de la terre, par le refroidissement de
matières volcaniques épanchées autour des volcans
et qui en se refroidissant se tasseraient en se bri*
sant;
2" Par des courants de gaz qui seraient le résultat
de combinaisons chimiques qui se passeraient dans
les entrailles de la terre au contact de la matière
fluide, ou sous l'influence d'une haute température,
et par les éruptions volcaniques;
3* Enfin par des affaissements, qui se produisant
sur des lignes de grands cercles, feraient de nou-
veaux plissements à la surface de la terre, et produi-
raient ainsi de nouvelles lignes de soulèvements.
Les tremblements de terre s*étant toujours montrés
^ Quelques observateurs , et parmi eux M. Vermoulin , habitant
de Conception, ont cru remarquer que des pluies abondantes ac-
compagnaient ordinairement les tremblements de terre.
8 VOYAGE
entièrement indépendants des phénomènes magné-
tiques et météorologiques, ce n'est pas parmi ces
agents que nous devons chercher les causes de ces
convulsions du sol, et nous croyons que les trois es-
pèces de causes signalées plus haut peuvent donner
l'explication des phénomènes observés.
ObMrTAtSoBt tiur le tremblement de terre do •• février flSSft,
par M, Fîtsroj.
Le 20 février, à 10 heures du matin, les habitants
de Conception virent avec étonnement une grande
quantité d'oiseaux de mer passer au-dessus de la ville,
ce fait parut d'autant plus étonnant que rien n'an-
nonçait une tempête; à 11 heures environ la brise
du sud se fit sentir comme de coutume, l'atmosphère
était pure et sans nuage. Â 11 heures quarante minutes
on ressentit un choc de tremblement de terre , le
premier fut assez faible, mais ils augmentèrent pro-
gressivement , le premier choc ne fut précédé d'au-
cun bruit.
Pendant la première demi-minute plusieurs per-
sonnes restèrent dans leurs maisons, mais lorsque les
secousses devinrent plus fortes, l'alarme fut géné-
rale, on se réfugiait dans les cours, sur les places,
dans tous les lieux découverts où on pouvait être en
sûreté. Ces terribles secousses augmentèrent encore,
on pouvait à peine se tenir debout, les maisons chan-
celaient, quand tout à coup un choc épouvantable
causa une destruction universelle. En moins de six
AU POLE SUD. 9
secondes la cité fut en ruines , le bruit des maisons
qui s'écroulaient de toutes parts, le bruit souterrain
de la terre qui se déchirait avec fracas , ouvrant et
refermant tour à tour les crevasses qui se formaient,
les cris de désespoir de cette population eflfrayée , la
chaleur étouffante, une atmosphère de poussière qui
couvrait cette scène de Tobscurité la plus profonde,
la confusion, l'effroi, le désespoir des habitants, sont
autant d'éléments de cette scène terrible que Ton ne
peut décrire.
Les fatales oscillations qui détruisirent cette mal-
heureuse ville eurent lieu une minute ou deux après
le premier choc, et elles durèrent deux minutes avec
la même violence; dans ces instants personne ne
pouvait se tenir debout, les chevaux brisèrent leurs
liens pour fuir le danger, les oiseaux effrayés prirent
leur vol.
Lorsque ces oscillations eurent cessé, que le vent
eut chassé les nuages de poussière qui couvraient la
ville , on vit les malheureux habitants fouiller les
ruines pour y rechercher leurs parents ou leurs amis ,
enlever leurs effets les plus précieux , et mesurer avec
désespoir l'étendue de leur malheur.
Des chocs assez violents se firent encore sentir ce
jour-là et les suivants, la terre ne cessa de trembler
pendant trois jours.
Plusieurs heures durant la terre sembla suspendue
tant les secousses étaient nombreuses et rapides,
mais en général elles étaient assez faibles ; plusieurs
chocs furent accompagnés de bruits souterrains sem-
10 VOYAGE
blables au bruit du tonnerre dans Téloignement ou
encore à la décharge de plusieurs pièces d'artillerie.
Ces bruits venaient du Sud-Ouest et précédaient le
choc de une ou deux secondes , quelquefois le bruit
n'était suivi d'aucune oscillation.
L'opinion générale est que le mouvement était du
Sud-Ouest au Nord Est, la direction du vent de
Conception est Nord-Est, Sud-Ouest, et Nord-Ouest,
Sud-Est. Les murs qui se trouvaient nord-est , sud-
ouest, furent presque tous renversés entièrement,
ceux du côté opposé souffrirent beaucoup moins.
La cathédrale, dont les murs avaient quatre pieds
d'épaisseur, et qui étaient soutenus par de grands
arcs-boutants , souffrit encore plus que les autres
bâtiments.
Des femmes qui lavaient dans Ja rivière près de
Conception furent étonnées de voir les eaux croître
rapidement ; elles atteignaieùt à peine leurs chevilles,
et en un instant elles furent dans l'eau jusqu'aux ge-
noux , elles sentirent en même temps le premier choc.
On dit que les chiens pressentirent le danger et s'en-
fuirent de tous côtés pour éviter les maisons qui tom-
baient en ruines. 70 personnes furent tuées par la
chute des habitations, mais un bien plus grand
nombre eut des blessures ou des contusions de tout
genre.
Quelques personnes qui étaient à cheval au moment
du grand choc furent arrêtées court, d'autres roulè-
rent par terre avec leurs chevaux, d'autres furent dé-
montées. Après le premier choc les secousses furent
AU POLE SUD. tl
si fréquentes que du 20 février au 20 mars on en
compta plus de 300.
A Talcahuano le tremblement de terre fut aussi
vivement senti que dans la ville de Conception. Il eut
lieu au même instant et avec les mêmes circon-
8tai\ces ; trois maisons seulement bâties sur la roche
échappèrent à la ruine qui atteignit celles qui se trou-
vaient sur le sol sablonneux qui sépare la plage des
collines. Presque tous les habitants purent se sauver,
mais ils étaient à peine tranquillisés sur les chocs ter-
ribles qui ruinaient les habitations , que Talarme se
répandit: — la mer s'était retirée, disait-on; alors
tous s'enfuirent sur les collines les plus élevées : on
se souvenait de la ruine de Penco.
Environ une demi-heure après le choc, lorsque la
plus grande partie de la population avait déjà atteint
la hauteur et que la mer se fût retirée de telle ma-
nière que tous les vaisseaux à Tancre, même ceux qui'
se trouvaient mouillés par sept brasses de fond, furent
échoués et que tous les rochers et les bas-fonds qui
étaient dans la baie se trouvèrent à découvert, on
vit une lame énorme se frayer un chemin dans le
passage Ouest qui sépare Tile de Quiriquina du Con-
tinent. Cette immense lame passa rapidement le long
de la côte ouest de la baie de Conception , entraînant
tout ce qui était mobile à une hauteur de 30 pieds
au-dessus du niveau des plus hautes eaux , enlevant
les embarcadères comme de légers bateaux , puis se
jetant dans la ville , elle détruisit tout ce qui avait
échappé au tremblement de terre et revint ensuite
12 VOYAGE
chargée des débris qu'elle avait arrachés sur son pas-
sage.
Peu de minutes après, les vaisseaux touchèrent
encore le fond , et on vit venir une seconde lame avec
plus de bruit et d'impétuosité que la première ; mais
elle fit moins de mal, probablement parce qu'il res-
tait moins à détruire.
Après quelques minutes d'une attente effrayante ,
une troisième lame se montra entre Quinquina et
la terre , plus grande et plus terrible que les deux
premières, brisant, enlevant tous les obstacles, ba-
layant , entraînant avec une force irrésistible tout
ce qui se trouvait sur son passage ; les ravages que
causèrent les eaux furent tels que la mer était cou-
verte de débris comme après un grand naufrage. Un
instant de repos succédait , puis la terre et la mer
tremblaient de nouveau.
Pendant le reste du jour et la nuit suivante, la
terre éprouva des secousses à chaque instant , elles
furent le plus souvent accompagnées de bruits sou-
terrains. On s'explique diflScilement comment les bâ-
timents mouillés dans la rade échappèrent à la des-
truction : il y avait dans le moment du tremblement
de terre trois grands baleiniers , deux bricks , une
barque, qui étaient mouillés près de la ville, avec
quatre ou sept pieds de fond.
AU POLE SUD. 13
ISTote de M. TernioiilÎB.
Lors de mon arrivée dans cette province, tant
d'années s'étaient écoulées depuis qu'on n'avait
éprouvé de grandes convulsions de la terre , qu'on
ne faisait aucune attention aux faibles oscillations qui
se faisaient sentir de temps en temps. C'était en gé-
néral du 15 mars au 15 octobre qu'on éprouvait ces
faibles secousses, qui, toujours horizontales, se fai-
saient sentir de l'E. à l'O., ou du N.-E. au S.-O. ; ce
qui prouvait clairement que ces mouvements de la
terre étaient occasionnés par les feux volcaniques de
la Cordillère. On s'aperçut à peine du tremblement
de terre qui , en octobre 1829 , renversa une partie
de Valparaiso.
Cet état de choses dura jusqu'au 2/i octobre 1832 ^
c'est-à-dire quatre ans après mon arrivée à Concep-
tion. Ce jour-là à six heures après midi , par une belle
journée d'été , on ressentit un violent tremblement
déterre, qui faible d'abord finit par être tellement
violent, que les plus intrépides se sauvèrent dans les
rues et au milieu des cours. Le mouvement de la terre
dura à peu près trois minutes; heureusement il était
horizontal el il ne causa d'autre dégât que le lézarde-
ment de quelques murs , mais il fut assez fort pour
faire sonner les cloches toutes seules , il s'étendit dans
la direction de l'O.-S.-O. à l'E.-N.-E. A une heure du
matin on éprouva dans la même direction , une se-
cousse presque d'égale force , mais de courte durée.
14 VOYAGE
Il esttrès*facile, quand on est habitué à sentir des
tremblements de terre, de connaître leur direction ;
on s'aperçoit à peine des premiers que Ton éprouve ,
quand ils sont faibles , mais insensiblement on ap-
prend à les reconnaître à l'instant. Une autre obser-
vation que j'ai faite, c'est que dans les convulsions
de la nature, il arrive le contraire de ce qui se passe
dans les autres dangers auxquels l'homme est ex-
posé. Plus il éprouve les effets du tremblement de
terre, moins il montre de sang-froid. J'ai connu
des personnes auxquelles les secousses , même assez
fortes, ne causaient dans le commencement aucune
crainte, qui s'efTrayaîent plus tard au seul mot de
tremblement. Le même état de choses dura à peu près
toute Tannée 1833 ; les secousses se renouvelèrent à
chaque instant , et je ne crois pas être loin de la
vérité, en disant que le nombre en dépassa 150;
leur direction était invariablement la même.
Depuis le 1" janvier 1834, jusqu'au 20 février
1835 , on éprouva quelques faibles secousses ; la
seule qui inspira quelques craintes aux habitants de
la ville se fit sentir à la fin d'octobre 183&. Le 20 fé-
vrier 1835, à onze heures vingt minutes du matin,
le temps était magnifique, et le vent au S.-O.; je
me trouvais dans le corridor de ma maison, appe-
lant un de mes domestiques pour qu'il m'apportAt de
l'eau ; il sortit aussitôt de la maison , suivi de trois
autres qui criaient à la fois : tremblement! I
Je m'aperçus efiectivement que la terre trem-
blait, et comme je ne m'empressais pas de sortir,
AU POLE SUD. 15
les domestiques n'interrompaient leurs cris de misé-
ricorde, que pour me supplier au nom de Dieu de me
rendre dans la cour.
Cependant le tremblement augmentait de force;
il y avait à peu près quarante secondes qu'il avait com-
mencé, quand je me décidai à me rendre dans une
partie de la cour, où il n'y avait aucun danger à
courir. Ma démarche pour arriver à cet endroit était
celle d'un homme ivre. Je m'assis aussitôt par terre,
et je commençai à éprouver la sensation désagréable
qui précède le vomissement causé par le mal de mer,
sensation que j'éprouve toujours quand les trem-
blements sont prolongés, et dont beaucoup de per-
sonnes se plaignent aussi.
Le mouvement augmenta de force pendant une
minute et demie environ. Pendant ce temps j'ob-
serval deux rangées de peupliers d'Italie qui se trou-
vaient devant moi, et quoiqu'ils eussent à trois pieds
au-dessus du sol quinze pouces environ de diamètre,
ils se ployaient comme des roseaux, et, chose singu-
lière , dans une direction différente de celle des os-
cillations de la terre.
Alors, pendant un intervalle de trois secondes en-
viron, le tremblement sembla diminuer; mais tout à
coup il redoubla de force et devint tellement violent,
que la terre ressemblait à une mer agitée. Si je ne
m'étais pas soutenu en m'appuyant sur les mains que
je portais en arrière j'aurais été culbuté.
En sept ou huit secondes, la maison et la plupart
des édifices qui m'entouraient furent renversés ; je
16 VOYAGE
n'entendis ni leur chute, ni les hurlements des do-
mestiques qui se trouvaient auprès de nioi ; tout était
étouflfé par le bruit affreux du craquement de la
terre } bruit dont il est presque impossible de se
former une idée exacte. Je ne puis le comparer qu'à
celui que feraient dans une cour de peu d'étendue
trois cents individus battant à la fois de la grosse
caisse et du tambour, avec accompagnement de ser-
pent d'église.
Au moment où je vis tomber la maison , la terre
se fendit à mes pieds à deux endroits différents.
Deux jours auparavant, j'avais lu la relation du trem*
blement de terre qui avait englouti la ville de Fauen,
et la seule réflexion que je fis, c'est qu'il était triste
de mourir d'une manière aussi sotte.
La terre continua à être dans un état de convul-
sion, mais tous les objets qui m'entouraient dispa-
rurent à mes yeux. Je me trouvai enveloppé tout à
coup d'un nuage de poussière tellement dense, que
je ne parvenais pas à apercevoir ma main que je
portai à ma bouche. Ce nuage de poussière ne dis-
parut que quelque temps après que la terre eut cessé
de trembler; il était temps, car je crois que si j'é-
tais resté dans la même position une minute de plus,
j'aurais été suffoqué. C'est la sensation la plus désa-
gréable que j'aie éprouvée de ma vie.
La seconde secousse qui détruisit tout dura soixante*
douze secondes. Jusqu'au moment de cette secousse
le mouvement avait été horizontal, et dans la di-
rection observée dans les tremblements qu'on avait
. AU POLE SUD. 17
ressentis depuis le 2li septembre 1832» Quand la se-
cousse commença « le mouvement horizontal se fit
sentir dans tous les sens, et le mouvement vertical,
qui est le plus dangereux, étant venu le compliquer,
tout fut renversé en un instant.
Aussitôt que le nuage de poussière dans lequel je
m'étais trouvé enveloppé se fut dissipé, je vis devant
moi les domestiques de la maison , dont la frayeur
n'était pas encore passée; ils semblaient sortir du
tombeau, leur aspect était celui de cadavres qui vien-
nent de ressusciter.
La maison que j'habitais s'était aplatie ; le ma--
gasin et autres édifices étaient également en partie
renversés, tout offrait l'aspect de la ruine et de la
désolation.
Inquiet sur le sort de mes amis, je me déter-
minai à sortir ; je ne savais pas trop par où passer. A
chaque instant on ressentait de nouvelles secousses,
et passer par-dessus les ruines de la maison me
paraissait dangereux. Je préférai franchir trois ou
quatre murs à moitié tombés.
Arrivé dans la rue , le même spectacle de déso-
lation se présenta à ma vue. Presque toutes les mai-
sons étaient renversées, et les édifices publics pres-
que entièrement détruits; pour arriver à la première
maison vers laquelle je me dirigeais, il me fallut
faire des détours continuels ; les décombres des mai-
sons et des temples obstruaient entièrement les
rues, et comme quelques pans de murailles étaient
restés debout, il était à craindre que leur chute, qu'on
xr. Géologie. 3* Partie. 2
18 VOYAGE
attendait à chaque instant, n'écrasât les personnes
qui passaient par là. L'effroi se peignait sur les fi-
gures de toutes les personnes que je rencontrais :
en vain je les questionnais sur le sort de nos amis
communs , on ne me répondait pas, ou les réponses
qu'on, me faisait étaient celles de personnes en délire.
La chaleur était insupportable, et me semblait
plus forte que celle qu'on éprouva à Paris en 1825.
L'efDroi commençait à se calmer, quand tout à coup
se répandit le bruit que la plaine de Talcahuano était
inondée, et que la ville était menacée d'être sub-
mergée par les eaux de la mer et de la rivière. On vit
alors toute la population se diriger à la hâte vers les
lieux élevés qui environnent la ville, animée par
la double anxiété de voir la ville inondée et celle
de ne pouvoir se procurer les aliments les plus né-
cessaires à la vie. Ce ne fut guère que vers trois
heures que cette crainte commença à se dissiper, et
que la plupart des habitants revinrent aux lieux où
étaient auparavant leurs domiciles.
Quoique les secousses fussent continuelles beau-
coup de personnes se déterminèrent à entrer dans
les maisons qui étaient restées à moitié debout, afin
d'en retirer les objets nécessaires pour se faire un abri
pour la nuit. A chaque instant on craignait qu'une
pluie d'averse vînt augmenter la somme des mal-
heurs qu'on avait éprouvés. ( Les tremblements de
terre qui , en 1822 et 1829 , avaient renversé en
partie plusieurs villes de la province de Santiago,
avaient été suivis presque inunédiatement de pluies
AU POLE SUD. 19
abondantes) ; heureusement il n'en fut pas ainsi, le
ciel resta serein jusqu'au mardi 2/i, et la pluie ne
tomba que le lendemain 25.
Ce peu de jours suffit pour que chacun se procurât
un abri, et comme le troisième jour le marché fut
abondanmient pourvu de vivres, les habitants re-
prirent leur gaieté et leur insouciance naturelles. Un
fait suffira pour s'en convaincre. Le mauvais temps
me fit rester dans la chaumière où était logée la fa-
mille d'un de mes amis ; des voisins appartenant à
la classe des artisans, passèrent une partie de la nuit
à danser au son de la guitare, sans s'inquiéter des
oscillations de la terre qui se faisaient sentir à chaque
instant.
Le nombre des personnes qui périrent dans ce
désastre s'éleva à 81 ; la plupart de ces infortunés ap-
partenait à la classe ouvrière : il y eut 10 individus
grièvement blessés, et plus de 500 qui reçurent des
contusions plus ou moins fortes. La population de
Conception s'élevait à 7 ou 800 âmes , et si ce n'eût
été le concours de trois circonstances , de l'heure, de
la largeur des murs, et de l'étendue des cours inté-
rieures, les 5/6 de cette population qui habitaient
des maisons de briques auraient probablement péri.
Depuis lors jusqu'aujourd'hui les mouvements de la
terre n'ont pas cessé , et je crois que le nombre en a
dépassé 1200. Le 27 février 1835, depuis 7 heures du
matin jusqu'à 1 heure de la nuit, j'en ai compté 32 ,
grands et petits. J'étais légèrement indisposé ce
jour-là et je gardais le lit : comme mon matelas
20 VOYAGE
était étendu par terre , il me fut facile de les sentir.
II faut que le mouvement de la terre soit assez fort
pour qu'on le sente quand on marche.
Sans compter le tremblement de terre du 20 fé-
vrier, qui fut la cause du désastre dont nous avons
parlé , on peut diviser les autres en trois classes, se-
lon leur durée et leur intensité. Dans la première
classe je rangerai ceux du 11 septembre 1835, du
26 avril 1836 et du 7 septembre 1837. Le premier qui
fut le plus fort , eut lieu à 9 heures moins quelques
lûinutes du matin ; il dura à peu près trois minutes ;
le vent était à l'ouest ; il plut immédiatement après
les sept ou huit heures qui suivirent le tremblement :
on éprouva douze ou quinze petites secousses , il ne
renversa aucun édifice et fit seulement tomber quel-
ques tuiles. Le second eut lieu à 6 heures et demie
du soir, dura à peu près autant que le premier et fut
moins fort ; le temps était couvert , le vent à l'ouest,
mais il n'amena point de pluie. Le troisième eut lieu
à 8 heures du matin , si ma mémoire me sert bien ;
il fut le plus long de tous, sans en excepter celui du
20 février: il dura huit minutes (beaucoup de per-
sonnes prétendent qu'il ne fut pas aussi long), et dé-
truisit entièrement la ville de Valdivia, Dans ces trois
circonstances , les cloches des églises sonnèrent toutes
seules ; le bruit souterrain qui les accompagna fut
assez fort.
, Dans la deuxième classe je rangerai ceux dont la
force est moindre , ou si elle est égale à celle de la
première , ils sont tellement courts qu'ils ne laissent
AU POLE SUD. 21
point de traces. Le nombre de ces secousses s'est peut-
être élevé jusqu'à présent à 150. Je ne puis citer au-
cune date , mais elles se sont fait sentir dans toutes
les saisons , quel que fût le vent qui régnât et l'état
de l'atmosphère.
Ceux de la troisième classe, au nombre de plus de
1000, sont semblables à ceux que vous avez observés
depuis que vous êtes à Talcahuano.
Dans les premiers jours qui suivirent le tremble-
ment de terre, on observait partout des crevasses et
des fentes dans la terre ; presque toutes étaient dans
la direction de FO.-S.-O. ; ceci, joint à la direction
du bruit souterrain qui procède ou accompagne la
plupart des tremblements , ne me parait laisser au-
cun doute sur l'existence du volcan sous-marin , dont
l'explosion occasionna le désastre du 20 février. Dans
quelques circonstances ce bruit se fait entendre sans
qu'il y ai t. oscillation de la terre; le plus souvent il
la précède et ressemble toujours à un coup de canon
tiré dans le lointain ; souvent il est plus fort que
celui qu'on entend à Conception , lorsqu'on fait des
décharges à Talcahuano , quand le vent du nord
règne.
Conception et Chillan furent les deux villes du Chili
qui souffrirent le plus lors de la catastrophe du 20 fé-
vrier. Trois causes me semblent y avoir contribué:
1** la direction du mouvement de la terre ; 2** le peu
de solidité du terrain sur lequel se trouve bâtie Con-
ception ; et 3° la circonstance qu'à Chillan toutes les
maisons étaient bâties en briques cuites au soleil. A
22 VOYAGE
Conception les maisons bâties de même furent comme
aplaties; celles bâties en briques cuites au four souf-
frirent moins , quoiqu'elles fussent devenues inhabi-
tables. Il y avait peu de maisons à deux étages ; l'étage
supérieur de celles-ci fut renversé et l'étage inférieur
endommagé. Il y avait une maison à deux étages,
bâtie sur poteaux , dont on avait enlevé à peu près
le quart du toit, elle resta debout.
Talcahuano avait beaucoup souffert, mais beau-
coup moins que Conception , ce furent les invasions
de la mer qui causèrent sa destruction ; le terrain sur
lequel cette ville est bâtie est plus solide. On sentit le
mouvement de la terre depuis le désert d'Alacania
jusqu'au delà du 41* degré de latitude sud. M. Gué-
rin , capitaine du baleinier français le Jean-Jacques ,
qui se trouvait alors par un très-beau temps dans la
baie de Coillin (par AS'^de lat.), à Chiloë, ne ressentit
aucun mouvement. La ville d'Osorno soufifrit peu ,
et au nord la ville de Juan-Fernandez est la dernière
où il occasionna la chute de quelques maisons.
Le mouvement traversa l'immense chaîne des
Andes , et sans pouvoir dire avec certitude jusqu'où il
s'étendit , il est un fait qui tend à prouver que ce fut
au delà de 60 lieues dans les plaines de la république
Argentine ; à la même heure qu'on ressentit le trem-
blement , on entendit dans la petite ville de la Ponta
de San-Luiz, trois ou quatre détonations comme
celles dont j'ai parlé ; les habitants croyant que c'é-
tait le signal donné par les forts de la frontière de
l'invasion des Indiens, dépéchèrent des courriers qui
AU POLE SUD. 23
les rassurèrent bientôt. Plus tard , ils eurent con-
naissance du tremblement qui avait ravagé le Chili, et
ils attribuèrent ces détonations au bruit souterrain
de la terre. Si le mouvement de la terre s'est étendu
jusque-là, il aura été faible et inaperçu par des
personnes qui n'en n'ont pas l'habitude; alors le
bruit qu'on a entendu tendait à prouver que le son
est plus rapide que le mouvement et s'étend plus
loin.
La mer ne fit pas non plus irruption sur toute la
côte en même temps ; une énorme colonne d'eau vint,
si je puis m'exprimer ainsi , raser la terre; sa direc-
tion était de l'E. à l'O. Quand les flots avaient fait
invasion, il se formait un peu de tournoiement, la
mer se retirait, et n'allait inonder que les terrains
situés à une lieue ou une lieue et demie plus loin.
Ce qui se passa dans les baies , surtout dans celle de
Talcahuano, fut un peu différent. La mer se retira
tout à coup, laissant une grande étendue à sec;
puis on vit arriver, depuis l'île de Quiriquina, une
immense nappe d'eau , s'avançant comme une mu-
raille , qui en peu d'instants fut à la côte, où elle se
brisa et envahit avec fureur la ville dont elle ne laissa
pas une maison debout ; cette nappe d'eau faisait, en
s'avançant sur toute la longueur de la baie , un bruit
épouvantable (voir pour les détails le journal offi-
ciel du Chili , intitulé : El Araucano). Le capitaine
du port, les capitaines marchands, et surtout le ca*
pitaine Fitzroy, firent sonder les divers points de la
baie et de la côte , et trouvèrent que le fond de la
Î4 VOYAGE
baie s'était exhaussé de trois à quatre pieds, et celui
des environs de l'île Sainte-Marie de neuf à dix.
Dans les grandes marées , la petite île située en face
du fort Saint-Augustin , était entièrement couverte
par les eaux de la mer, et depuis lors elle reste tou-
jours à découvert. La rivière Tibul , située à 22 ou
23 lieues au sud, était navigable pour de petits bricks
jusqu'à 300 mètres au-dessus de son embouchure
(2 cuadros; la cuadra du Chili vaut 150 aunes vacas
espagnoles; Faune française est de AO pour 100 plus
grande que l'aune espagnole, 36 cuadros font une
lieue chilienne). Après le tremblement de terre,
elle devint guéable au même endroit , je ne sais si
depuis le terrain s'est abaissé. Dans les campagnes ,
les habitants affirmaient que partout les lits des pe-
tites rivières s'étaient élevés , et disent que la terre
s'était suspendue (sospendido). Immédiatement après
le tremblement de terre, une foule de fontaines jail-
lirent des flancs des montagnes ; elles furent bientôt
taries. Un grand nombre de vallons furent complète-
ment inondés. Un autre phénomène, qui effraya
beaucoup de monde, fut également observé. Beau-
coup de terrains contiennent des pyrites, ils ont un
aspect rouge ; au moment de la grande secousse , une
grande quantité de colonnes d'eau , ressemblant aux
jets d'eau de nos parcs s'élevèrent à des hauteurs assez
considérables. La couleur rougeâtre de l'eau les fit
prendre pour des colonnes de sang. Ceci était proba-
blement le résultat d'une compression de la terre.
L'exhaussement du fond de la mer, me paraît avoir
AU POLE SUD. 25
influé sur les courants qu'on trouve dans la nier.
C'est à ce changement que le capitaine Fitzroy a at-
tribué la perte de la corvette anglaise le Challenger,
sur la côte des Araucaniens. (Fait à vérifier ; voir la
sentence du Conseil de guerre, qui déclare inno-
cent le capitaine Seymour.)
J'ai observé l'effet que produisent les tremble-
ments dé terre sur les animaux. Quand le mouve-
ment est un peu fort, les chiens aboient et con-
tinuent à aboyer même longtemps après que le
mouvement a cessé, les chevaux dressent l'oreille,
mais ne bougent pas; seulement le 20 février, ils
couraient avec rapidité dans toutes les directions ;
ceux qui étaient attachés brisèrent leurs liens pour
fuir le danger dont ils étaient menacés.
Lors du tremblement de 1833, j'élevais un pugi
femelle {felix junca), elle semblait ne pas faire at-
tention à ce qui se passait ; quand le mouvement eut
cessé , je m'en approchai ; elle se roula aussitôt par
terre pour se faire caresser; c'était une habitude
qu'elle avait contractée. Les poules se sauvèrent au
centre des cours, évitant aussi le danger d'être écra-
sées par la chute des maisons. Les pigeons et les
perroquets s'élevaient aussitôt en l'air.
Les tremblements de terre qu'on a ressentis si
fréquemment depuis cinq ans et demi, ont-ils eu
quelque influence sur la végétation ou sur la con-
stitution de l'atmosphère? Je ne le crois pas; la ré-
colte des légumes et de la vendange étaient à faire
après le tremblement de 1835, l'une et l'autre furent
26 VOYAGE
abondantes et de bonne qualité. Toutes les récolles
et les vendanges de 1836 furent excellentes ; celles
de 1 837 et 1838 ont été mauvaises ; peut-on l'attribuer
à quelque changement occasionné par le mouvement
de la terre? Les pluies trop abondantes qui sont
tombées depuis seize mois ont causé ce mal; des
circonstances pareilles ont été observées à diverses
époques. (Fin de la note de M. Vernîoulin. )
- Les phénomènes que présentent les tremblements
de terre dans les pays que Ton peut appeler volcani-
ques et dans ceux- qui ne le sont pas sont essentielle-
ment différents.
Dans les pays volcaniques, les tremblements de
terre sont extrêmement fréquents, accompagnés de
bruits terribles, ils suivent des directions presque
constantes; les secousses sont violentes, rapides,
et enfin on observe des concordances remarquables
entre ces tremblements de terre et les éruptions vol-
caniques.
On doit donc admettre que dans les pays qui ren-
ferment des volcans en activité, ou des volcans
éteints , les tremblements de terre sont dus soit à
des tassements, et ceux-là expliqueraient ces trem-
blenients de terre que l'on ressent pour ainsi dire à
chaque instant aux pieds des volcans, qu'ils soient
en activité ou non , soit encore à des éruptions vol-
caniques qui impriment au sol des mouvements de
trépidation.
Mais nous ne devons point leur comparer les trem-
AU POLE SUD. 27
blements de terre qui ont plus d'une fois traversé
l'Europe, en la ravageant dans une très-grande
étendue.
Un fait très-remarquable et qui semble distinguer
au premier abord ces deux espèces de tremblements
de terre, sont les effets qu'elle produisent.
Les tremblements de terre opèrent des soulève-
ments, cela est aujourd'hui parfaitement établi,
mais c'est un fait pour ainsi dire exceptionnel ; il y a
peut-être trente ou quarante tremblements de terre
parfaitement sensibles au Chili, sans qu'il en résulte
le moindre exhaussement, et les soulèvements histori-
ques ont été produits par les plus terribles tremble-
ments de terre qui aient eu lieu dans ces contrées.
Nous devons donc admettre comme un fait bien
établi que dans le voisinage des volcans, les trem-
blements de terre sont très-fréquents, sont souvent
terribles, présentent des oscillations nombreuses,
rapides, et s'accompagnent d'une série de phéno-
mènes qui montrent évidemment qu'ils sont l'effet
ou la cause des éruptions volcaniques ; mais un fait
qui semble ressortir de l'étude générale des trem-
blements de terre, c'est que ceux qui ont eu lieu à
une grande distance des contrées volcaniques ont eu
un autre caractère, les bruits n'y sont pas indiqués,
où rarement, les secousses sont très-peu nombreuses,
les oscillations sont le plus souvent verticales, et se
propagent généralement sur une immense étendue.
Nous trouvons dans le Chili , des exemples bien re-
marquable des tremblements de terre volcaniques.
28 VOYAGE
En l'état de la science les phénomènes de soulève-
ment des terrains , les phénomènes volcaniques pro-
prement dits , et les tremblements de terre , doivent
être considérés comme des phénomènes qui peuvent
s'exercer indépendamment les uns des autres et qui
peuvent aussi quelquefois se présenter tous dans une
même convulsion de la croûte terrestre.
Pour nous former à ce sujet une opinion bien fon-
dée , nous avons eu recours aux tables dans lesquelles
on a réuni tous les cas connus de tremblement de
terre, d'irruptions volcaniques, et de soulèvements
dans la collection académique, tome VI. Nous avons
trouvé un tableau des catastrophes occasionnées par
les forces souterraines, c'est probablement le plus
complet qui existe.
En comparant les tremblements de terre, les érup-
tions volcaniques et les phénomènes de soulèvement
nous arrivons à la relation suivante , savoir :
1** Que les tremblements de terre isolés sans érup-
tion volcanique , sans soulèvement de terrain sont
les plus nombreux dans le rapport de 1000 à 1.
2° Les tremblements de terre accompagnés d'érup-
tions volcaniques sont ensuite les plus nombreux.
3° Enfin les tremblements de terre accompagnés ou
suivis de soulèvements de terrain depuis notre ère
sont au nombre de 15, au maximum 20 bien déter-
minés.
Ces chiffres nous montrent donc qu'en consultant
tous les faits connus, les tremblements de terre sont
le plus souvent indépendants des éruptions volcani-
AU POLE SUD. 29
ques etdes phénomènes de soulèvements permanents ;
et d'autre part que lorsqu'il y a une nouvelle érup-
tion volcanique il y a tremblement de terre et quel-
quefois soulèvement. Ces soulèvements sont rare-
ment permanents, aussi, il paraît que la plupart des
soulèvements cités dans le Chili n'ont persisté que
pendant un très-petit nombre d'années.
Pour les phénomènes de soulèvements , les uns sont
indépendants des phénomènes volcaniques et des
tremblements de terre, comme cela a lieu aujour-
d'hui pour les bords du golfe de Bothnie, l'écorce
terrestre n'étant point un tout homogène, mais un
ensemble de roches de diverses natures , de diverses
densités , elle est remplie de fissures , de cavernes ,
et on doit admettre que le refroidissement dans un
tout si hétérogène doit amener nécessairement des
modifications irrégulières, des secousses, des érup-
tions de matières restées liquides , peut être même
gazeuses.
Si l'écorce était au contraire d'une homogénéité
parfaite, les phénomènes du refroidissement de-
vraient se présenter avec une grande régularité, mais
il n'en est point ainsi , et il ne saurait en être ainsi
pour une couche de 10 lieues de puissance qui pré-
sente des épaisseurs variables.
Si nous supposons ainsi que les phénomènes de
tremblements de terre et de soulèvements de terrain
ont lieu par suite du refroidissement dans l'écorce
terrestre, nous comprendrons facilement comment
une éruption de gaz ou de boue ou de laves , renfer-
30 VOYAGE
mées dans les canaux souterrains soient le résultat
d'un affaissement, d'un changement d'équilibre dans
la masse, qui pourra mettre en présence des sub-
stances qui pourraient réagir les unes sur les autres
et donner lieu à des actions chimiques considérables,
provoquant des éruptions volcaniques.
De ce qu'une éruption volcanique est ordinai-
rement accompagnée de tremblement de terre, et
quelquefois de soulèvements de terrain , peut-on in-
férer, comme l'a fait M. Darwing , que ces phéno-
mènes sont les effets d'une même cause, que la
force intérieure qui soulève les continents, est la
même qui pousse les laves jusqu'au sommet des cra-r
tères et qui fait éprouver à la terre ces secousses ter-
ribles qui ruinent les villes , désolent les royaumes ,
cela peut être , çnais les faits ne nous permettent pas
de Taflirmer. Les tremblements de terre peuvent du
reste être dus, comme nous l'avons dit, à plusieurs
causes, le tassement par exemple, et c'est sans doute
à eux qu'il faut rattacher ce grand nombre de trem-
blements de terre que l'on observe dans les pays de
montagne et dans le voisinage des volcans.
D'autre part, depuis plusieurs siècles on observe
que le sol de la Suède et de la Finlande se soulève in-
sensiblement, si les phénomènes de tremblement de
terre reconnaissent les mêmes causes , ils devraient
être plus fréquents dans ce pays que partout ail-
leurs, et il n'en est rien.
Il a été fait en Amérique, par le colonel Totten,
des expériences dans le but de déterminer le coefB-
AU POLE SUD. 31
cieût de dilatation des pierres les plus communément
employées en architecture* Il a été établi que le coef-
ficient de dilatation pour le granit à grains fins était
environ le 0,000008794 de son volume pour 1* cent,
et que celui du marbre blanc était de 0,000010122 ,
et pour le grès rouge 0,000117021, D'après cette
loi, une masse de grès de 5,000 mètres d'épaisseur
élevée à une température de 100* centigrades , soulè-
verait un lit de roches placées à la surface, à une
hauteur de 58 mètres ; et si nous supposons une tem-
pérature de 1000% nous arriverons à 580 mètres, et
nous savons que la température de fusion de quelque
métaux et des terres est beaucoup plus élevée.
On voit par ces faits combien les modifications de
la température peuvent avoir d'action sur les soulè-
vementç et les affaissements du terrain. On comprend
comment l'intrusion d'une immense quantité de ma-
tières ignées, en pénétrant dans des roches stratifiées,
pourrait non-seulement la disloquer brusquement
et leur donner le relief d'une chaîne de montagnes,
mais pourrait encore amener, par l'action seule de
Taugmentation ou de la diminution de la tempéra-
ture , des différences de niveau très-considérables.
L'élévation ou l'affaissement secondaire pourraient
aussi se faire sans tremblement de terre.
La matière fluide ou visqueuse sur laquelle est
posée récorce terrestre, en continuant à se refroidir,
doit nécessairement éprouver des modifications qu'en-
traînent un changement de température; elle doit
constanunent se mettre en équilibre. Seraient-ce ces
32 VOYAGE
modifications qui causeraient les tremblements de
terre, les éruptions volcaniques, les soulèvements
de terrain? Nous ne le pensons pas, si ces change-
ments d'équilibre dans la masse fluide se faisaient
ressentir jusqu'à nous, elles présenteraient des carac-
tères de généralité, d'universalité que n'ont ni les
phénomènes volcaniques, ni les phénomènes de sou-
lèvement moderne , ni les tremblements de terre.
Il est infiniment plus logique de rapporter ce phé-
nomène au refroidissement de l'écorce elle-même,
et ici il n'y a plus qu'une action passive : cette écorce
consolidée, en se refroidissant, diminue de volume,
elle se plisse de plus en plus. En rapportant à des
changements d'équilibre dans l'écorce consolidée,
les phénomènes de tremblement de terre , nous
comprendrons parfaitement comment ils peuvent se
rencontrer sans s'accompagner de phénomènes vol-
caniques , sans s'accompagner de phénomènes de
soulèvement. On comprendra parfaitement aussi
comment des éruptions volcaniques doivent né-
cessairement amener des tremblements de terre,
d'autant plus violents , d'autant plus étendus que
les foyers volcaniques seront plus importants, et
seront situés à une plus grande profondeur. Les
laves sont formées par des matières fusibles à une
température relativement peu élevée , et qui cris-
tallisent moins facilement que les autres roches;
dans une masse qui se consolide , on peut ad-
mettre jusqu'à un certain point, qu'une partie des
substances se sont déjà solidifiées, et que dans cette
AU POLE SUD. 33
masse il y ait une foule de cavernes, de fissures d'in-
terstices , dans lesquels les matières les plus fusibles
se maintiennent liquides , à la manière des laitiers
dans les fourneaux de Tindustrie.
On sait que les changements de pression et de
température sur une masse de métaux fondus et
mêlés à des matières étrangères , font jaillir au tra-
vers des pores de la masse , une foule de jets de
substances qui sont fusibles à des températures plus
basses que les métaux avec lesquels ils sont mé-
langés , et ces matières sont rejetées au dehors par
des pressions peu énergiques.
Depuis longtemps les géologues avaient pensé que
les roches d'origine ignée variaient dans leur com-
position chimique, et avaient annoncé que l'analyse
pourrait un jour donner des moyens de connaître
Tâge relatif des matières vomies par la fissure de la
croûte solide. Nous trouvons dans l'ouvrage si remar-
quable de Dubuisson des Voisins, que ce savant
géologue avait remarqué qu'à mesure que les roches
volcaniques devenaient plus modernes, les quartz
et mica devenaient de plus en plus rares , se ren-
contraient en moindre quantité, et qu'au contraire,
le feldspath se montrait en prédominence. Dans le
travail de M. de Leriche, traduit par M. de CoUegno :
De Part (V observer en géologie, nous retrouvons cette
opinion formelle, et le savant géologue fait des
vœux pour que des travaux consciencieux soient faits
dans cette direction.
Pour nous, ne pouvant faire tous les essais et ana.
Xt, Géologie. 2* Partie. 3
34 VOYAGE
lyses chimiques sur les produits volcaniques des dif-
férents âges géologiques , nous avons dû consulter
les analyses les plus recommandables par les noms
des chimistes qui les ont faites. Or, en étudiant et
comparant les analyses des roches volcaniques,
nous sommes arrivés à considérer comme un fait
qui présente peu d'exception, que les produits vol-
caniques étaient en général d'autant plus fusibles
qu'ils étaient plus modernes.
La théorie de la chaleur centrale et les connais-
sances que nous possédons sur la différence de fusi-
bilité des métaux et des terres, rendent raison de ce
phénomène.
En effet, h mesure que la terre refroidit, sa croûte
terrestre augmente par sa couche interne , par sa
couche la plus profonde. Les composés les moins
denses et les moins fusibles se groupent, se cristal-
lisent , forment de nouvelles roches ; mais au milieu
de cet ensemble de roches qui se forment, il y a des
silicates extrêmement fusibles, ceux-là ne sauraient
se solidifier : ils restent donc liquides au milieu de ces
roches et forment des noyaux, des boyaux, des filons
de matière fluide, et alors que les roches qui les ren-
ferment se refroidissent de plus en plus et subissent
toutes les conditions de l'équilibre, ces matières
fluides incompressibles se frayent des chemins à
travers les fissures qu'occasionne le retrait général
de l'écorce solide , s'élèvent vers le niveau terrestre
à une hauteur qui doit, pour ainsi dire, corres-
pondre à la puissance de la pression.
AU POLE SUD. 35
Il nous semble que cette application de la théorie
de la chaleur terrestre et de la conflagration du
centre de la terre peut répondre et expliquer la plus
grande partie des phénomènes de dislocation qui se
passent à la surface du globe.
On comprend très-bien que toute) éruption dç
lave, de gaz produit nécessairement des osci}la-r
tiens dans le sol, oscillations qui se trouveront tou-
jours en rapport avec la violence de Téruptiou ; on
comprendra encore comment ce phénomène pourra
amener un soulèvement ou un affaissement perma-
nent ou non permanent; et aussi que toute intrusion
de matière ignée à traverser les fissures de la terre
puisse amener des tremblements de terre sans qu'il
y ait pour cela épanchement au dehors.
On doit aussi admettre dans la théorie de la cha-
leur terrestre, telle qu'elle est acceptée et professée
dans récole géologique moderne , que le refroidi^r
sèment étant contiiiu les phénomènes d'équilibre
doivent avoir lieu sans interruption et se trouver par
leur puissance en rapport avec la déperdition de
chaleur.
Si les effets de ce refroidissement, de cette contrac-
tion permanente ne se manifestent à la surface de la
terre que par des mouvements irréguliers et des pé-
riodes irrégulières dont nous ne connaissons pas les
lois, cela doit être rapporté au peu d'homogénéité de
la couche terrestre.
Cette croûte présente les mêmes phénomènes que
les substances dont on étudie Télasticité et qui pré-
36 VOYAGE
sentent des allongements par soubresauts alors que
Ton fait varier régulièrement la force qui agît sur
elles. Ainsi les états d'équilibre de la terre pendant
le refroidissement graduel ne passeraient de Tun à
Fautre que par des soubresauts brusques, donnant
lieu à des craquements et à des plissements latéraux
de la surface.
Toutes les dislocations , tous les phénomènes d'af-
faissement et de soulèvement ne peuvent en aucune
manière se rapporter au sphéroïde liquide propre-
ment dit : ce sphéroïde , à une très-petite distance
de la couche solide , doit , par sa nature de fluidité,
se trouver toujours dans un parfait état d'équilibre ,
en sorte que nous ne pouvons en aucune manière
rapporter aux modifications de cette sphère fluide
les phénomènes de convulsion que nous aperce-
vons à la surface de la terre. C'est bien au con-
traire dans la croûte terrestre, croûte hétérogène
par sa forme , par sa nature , par sa composition ,
par la disposition relative de ses parties que nous
devons trouver une explication de tous ces phéno-
mènes d'équilibre qui ont fait et font rider la sur-
face extérieure du globe. Cette théorie si simple en
elle-même, peut expliquer tous les phénomènes
d'aifaissement , de soulèvement , de tremblement de
terre , d'éruption , de laves liquides , de gaz , de
boue, etc. Il se passe, sans doute, dans l'intérieur
de la terre des réactions chimiques , il n'est pas pos-
sible, à notre avis, qu'il ne s'en passe pas, précisé-
ment parce que les matières fluides ou solides par les
AU POLE SUD. 37
fendillements qui résultent de la contraction, chan-
gent de pression , de disposition relative , et se trou-
vent en présence de l'atmosphère ou de l'eau dans des
conditions nouvelles qui doivent amener des réac-
tions chimiques. Mais jusqu'à ce jour le voile qui
cache ces réactions n'a pu être déchiré, et nous n'avons
aucune observation positive sur la série de phéno-.
mènes que les modifications d'équilibre peuvent en-
traîner dans les compositions chimiques.
En admettant que les produits volcaniques sont
des matières restées liquides au milieu de la croûte à
demi solidifiée, nous avons fait pressentir par là
que ces volcans correspondaient à des boyaux de ces
roches semi-fluides, et étaient les orifices d'éjacu-
lation de ces liquides, lorsqu'ils étaient mis en mou-
vement par des pressions. Une série de volcans peut
se former pour ainsi dire sur une longue vallée, sur
un fleuve de lave liquide, ou bien s'établir sur un lac
isolé; elle peut affecter les différentes formes qu'ils
occupent à la surface de la terre.
Mais comment expliquer les soulèvements? par
la même théorie. On peut parfaitement supposer
que dans un terrain d'aussi peu d'étendue que l'Eu-
rope, il y ait une partie de la croûte terrestre assez
homogène pour que le refroidissement , et la con-
traction se faisant régulièrement , les affaissements
et les soulèvements qui en résultent s'opèrent pen-
dant deux ou trois siècles sans révolutions, sans
troubles convulsifs de sa surface. Rien ne peut nous
faire penser que ces soulèvements lents ne puis-
38 VOYAGE
sent pas , aussi bien que des mouvements brusques
élever ou abaisser ces terres d'une manière perma-
nente. Ces soulèvements ne sauraient donc offrir
une arme contre la théorie de la chaleur centrale ,
appliquée aux phénomènes volcaniques qui se pas-
sent à la surface de la terre.
Dans les généralités sur les volcans des mers du
Sud et de l'océan Pacifique, nous donnerons une
note sur les volcans du Chili.
AU POLE SUD. 39
CHAPITRE X.
Observations sur les îles de la mer du Sud, Polynésie et Microne'sie.
Iles Juan Femandez. — Les îles de Juan Fernandez
ont été parcourues par M. Jacquînot, un de nos na-
turalistes , qui a donné dans la partie historique du
voyage une note fort intéressante sur la nature du
sol et les productions de ces tles.
Elles ont appelé particulièrement l'attention des
géologues, parce qu'étant formées de roches volcani-
ques on a supposé qu'elles étaient le centre des ac-
tions souterraines auxquelles on rapporte ces trem-
blements de terre qui ^ au Chili , semblent venir du
côté de rOcéan.
Ces lies ont environ douze milles de longueur sur
quatre de largeur, et forment des terres élevées qui
atteignent jusqu'à 1000 mètres au-dessus du niveau
de la mer.
Toutes les roches appartiennent à diverses va-
riétés de trapp et de diorite basaltique amorphes et
vésiculaires, on ne trouve dans ces roches volcani-
40 VOYAGE
ques aucun autres minéraux distincts que de Tolivine
et de la chaux métastatique. La roche basaltique s'y
présente le plus souvent en couches superposées,
quelquefois en escarpements interrompus et frac-
tionnés et sont souvent traversés par des dikes d'é-
jections plus modernes. Le basalte forme des pics
élevés dans l'île et sur quelques points prend une
disposition prismatique fort remarquable.
M. Cadleuch , qui a visité ces îles avec soin , n'y a
rencontré aucune trace de volcans actifs ; il a com-
paré les basaltes de ces îles à ceux de la Bohême,
du Rhin , du Vivarais et de Beaulieu en Provence.
" Archipel des Galapagos. — Cet archipel a été par-
couru par M. Darwin et a été de sa part l'objet
d'études importantes. Il est situé sous l'équateur, à
5 ou 600 milles de la côte occidentale d'Amérique.
Il se compose de cinq îles principales et de quelques
autres plus petites. Les grandes îles sont formées
d'une roche solide et s'élèvent à une hauteur qui varie
entre 300 et 1,200 mètres. Les cratères sont d'une
grandeur très-inégale : quelques-uns ont plusieurs
milles de circonférence ; ils sont très-nombreux : on
en compte deux mille environ, tous composés de
scories de laves et de pierre ponce. Les cratères de
l'île Chatham sont formés d'un tuf composé de cen-
dres agglutinées et d'un autre qui est assez dur pour
rayer le verre. Sur la côte orientale de l'île il y a
plusieurs petits cratères basaltiques.
L'île d'Albemarle se compose de cinq cratères
de 1000 à 1100 mètres d'élévation qui se ressemblent
AU POLE SUD. 41
entre eux. Us sont entourés de grands courants de
lave noire et compacte, qui présentent un grand
nombre de cristaux d'albite jouant le même rôle que
la leucite du Vésuve.
La pente douce et uniforme de cette lave et sa di-
vision en petits courants par les inégalités du terrain
prouvent Fextrême fluidité qu'elle avait en sortant
du cratère. James Island renferme deux cratères
ponceux. Ces cratères et les courants de lave qui en
proviennent peuvent être considérés comme le trait
caractéristique de Tarchipel des Galapagos. Ils for-
ment soit des promontoires soit des flots séparés ; ceux
qui sont plus, éloignés de la mer n'en portent pas
moins des traces de son action : M. Darwin est dis-
posé à attribuer la formation des tufs au mélange de
cendres avec Teau de la mer dans les cratères en
ignition. Uorigine et la composition du tuf ponceux,
Teau salée et les couches de sel qui occupent le fond
du cratère , rappellent les salses de l'Italie. Tous ces
cratères sont échancrés vers le sud ; l'auteur s'en
est assuré sur soixante d'entre eux. Cela tient à ce
que les vents constants soufflent du sud dans cet ar-
chipel et ont dégradé ces cratères, soit qu'ils fussent
émergés ou encore plongés dans les eaux. M. Darwin
ne doute pas que quelques-uns n'aient été totalement
enlevés.
Il n'y a aucune espèce de récifs de coraux dans les
fies Galapagos; il n'y en a pas non plus autour des
îles Cocos , de Revilla-Gigedo. Les rochers de Clip-
perton , qui ont été visités par le capitaine Belcher,
42 VOYAGE
ont une forme qui ressemble beaucoup à celle d'un
cratère de volcan. Mais ce n'est certainement point
un atoll.
Les îles de Sala , de Gomez ne sont point non plus
entourées de récifs de coraux, et sont de nature
volcanique.
Nous avons eu par les missionnaires des détails
très-précieux sur Vile de Pâques j appelé aussi Ouaihau
ou Terre de Davis. Dans cette île aride et volcanique,
on voyait autrefois des espèces de plate-formes sur
lesquelles s'élevaient des colonnes de & à 5 mètres ,
surmontées par des bustes grossièrement sculptés en
laves rouges, très-poreuses et très-légères. Ces sta-
tues ont des ressemblances avec les sculptures de
l'île Uliétéa.
L'île de Pâques a la forme d'un triangle isocèle, à
l'extrémité sud-ouest duquel on remarque le cratère
d'un volcan dont la profondeur est de 266 mètres et
la circonférence de 3,320 mètres.
L'île Pitcairn est aussi une île volcanique extrê-
mement élevée et qui ne présente pas de récifs. Dans
cette dernière île on a trouvé des débris d'anciens
moraïe avec des statues semblables à celles de l'île de
Pâques.
Les îles Marquises ne sont point entourées de ré-
cifs, comme on le voit dans l'Atlas de F Astrolabe^ et,
sous ce rapport, elles présentent un contraste remar-
quable avec les archipels si voisins des Pomotou et
des îles de la Société. Cependant leurs rivages sont
souvent entourés de masses arrondies de coraux;
AU POLE SUD. 43
et bien qu'il n'existe pas de récifs proprement dits ,
les fonds sont encombrés de coraux sous-marins sur
lesquels les embarcations touchent quelquefois. Il est
probable que ces îles seront enveloppées plus tard
d'une côte de récifs. Ces terres appartenant toutes à
des formations basaltiques s'élèvent presque perpen-
diculairement au milieu des eaux , qui ont sur ces
rivages une grande profondeur. La plus considérable
et la plus peuplée de ce groupe principal est Nouka-
Hiva. (Voir les ouvrages de M. Dumoulin sur les îles
Marquises.)
!!•■ entre lei archipelf Pomotoa et Gflbert.
Leg îles Caroline. — F Uni, formé par un groupe de
petites îles réunies par un récif et ayant un lagon
au centre, Wolstock , Penrhyn , sont des atolls. Star-
buch est probablement aussi un atoll. Malden pré-
sente une côte madréporique. Nous n'avons pas une
connaissance suffisante des îles Jarwis , Bunker,
Brook, Pescado et Humphrey. L'île du Grand-Duc-
Alexandre est un atoll. Les îles Souvaroff^ reconnues
par l'amiral Lazarelf , sont composées de cinq petits
îlots madréporiques, entourés d'un récif situé au
large à une petite distance de la côte. Ces îles for-
ment entre elles une bande circulaire ou ovale qui
ressemble à un atoll. L'île Danger est un atoll avec
trois petites îles. Les îles de Clarence, de York, de
Sydney sont des atolls ; l'île Phœnix parait un atoll
soulevé. Nous n'avons pas de renseignements suffi-
sants sur la plupart de ces îles.
U VOYAGE
Archipel des îles de la Société. — L'archipel des îles
de la Société , à Test de celui des îles basses , n'en
est séparé que par un canal fort étroit. Il présente
toutefois des caractères un peu différents, il est aussi
formé de roches volcaniques, et est entouré d'une
barre considérable ou plutôt de nombreuses barres
de récifs qui entourent les principales terres.
On a ici de beaux exemples de ces îles entourées
de toutes parts par des barres de récifs, sur la nature
et l'origine desquelles nous reviendrons plus lard.
Taîti, qui est l'île la plus considérable du groupe,
est presque entièrement entourée par un récif qui
devance le rivage d'un mille à un mille et demi , et
autour duquel on trouve le fond par 10 à 30 brasses;
plusieurs récifs considérables et submergés cour-
rent, parallèlement à la côte N.-E. de l'île dont ils
sont séparés par un espace large et profond.
Les recherches de l'expédition scientifique amé-
ricaine du capitaine Wilkes^ qui, ayant fait un assez
long séjour à Taïti , en a dressé une bonne carte
et publié une description assez détaillée, nous per-
mettront d'ajouter quelques données aux précé-
dentes. Cette île est d'origine volcanique , mais il ne
s'y manifeste aujourd'hui aucune action ignée et l'on
n'y aperçoit point de cratère bien prononcé, à moins
que le lac Waihirea ne puisse être considéré comme
un ancien centre d'éruption; elle est entourée de
récifs de coraux et des écueils de roches basaltiques
se montrent çà et là au-dessus de l'eau dans le voisi-
nage de la côte. Le mont Avrai s'élève à 2121 mètres
AU POLE SUD. 45
au-dessus de la mer, et rOrochena , qui est la plus
haute sommité de File, paraît atteindre 2584 mètres.
De ces deux points culminants les chaînes divergent
dans toutes les directions vers le littoral , elles sont
étroites, à pentes rapides, et leur ligne de faîtes est
une ligne tellement tranchante quMl est dangereux
et souvent même impossible de la parcourir.
Les roches sont des basaltes compactes ou des con-
glomérats basaltiques et des tufs. L'olivine et le py-
roxène sont fréquemment disséminés dans la pâte.
On trouve par place de la lave celluleuse, mais il n'y
a ni pumite , ni obsidienne , ni quartz , ni mica , ni
carbonate de chaux. On ne remarque aucune analogie
entre les roches du centre de l'île et celles qui , sur
beaucoup de points, s'étendent jusqu'à plusieurs
milles de la côte. Les premières sont ordinairement
compactes et colonnaires, sans apparence de strati-
fication ; les secondes , au contraire , sont des nappes
horizontales de lave scoriacées et vésiculaires. Dans
toutes on observe des contournements et des plisse-
ments bizarres très-fréquents. Des dikes nombreux
se voient non-seulement dans les montagnes , mais
encore près des côtes. Leur longueur varie considéra-
blement, toutes les roches de l'île paraissent éprouver
une décomposition rapide , et les détritus de cette
altération, mélangés à ceux des plantes de ce climat
tropical , produisent une terre végétale de la plus
grande fécondité. Par place les roches semblent avoir
conservé leurs formes aiguës pyramidales ou en pi-
nacles découpées à arêtes vives , mais elles n'en sont
46 VOYAGE
pas moins profondément altérées k Tintérieur, et il
suffit de les toucher de la main pour les faire crouler.
(D'Archiac, Hùt de ta Géologie.)
Eiméo. — Ses colines et ses montagnes pourraient
être prises pour des crénaux , des pyramides et des
tours s'élevant au-dessus les unes des autres, et leurs
flancs sont çà et là couverts d'un épais tapis de ver-
dure. La surface d'Eiméo est encore plus découpée
et plus accidentée que celle de Taîti ; les pics sont
plus isolés, et ses sites sont plus sauvages que ceux
de cette dernière île, surtout le long des côtes où les
montagnes s'élancent abruptement du sein de la mer
jusqu'à 750 mètres au-dessus de son niveau. Partout
les laves noires et celluleuses abondent à la surface
du sol.
A Eiméo le récif qui, comme une bague, entoure
cette île de toutes parts, est sur quelques points sé-
paré de la côte par un espace de deux milles et dans
d'autres touche la côte.
Cook a trouvé 20 brasses de fond dans quelques-
uns des havres formés par ce récif. M. Couthouy a
remarqué qu'à Taîti et à Eimeo , l'espace entre la
barre de récif et la côte a été presque entièrement
rempli par un banc de coraux qui entoure l'île, et qui
varie de quelques pieds à un mille de largeur. Les
lagunes forment de véritables canaux entre les co-
raux qui bordent le rivage et ceux qui sont au large.
Tapamunoa^il entourée par un récif qui s'étend à
une distance considérable du rivage. Cette île étant
petite , n'offre d'autre solution de continuité qu'un
AU POLE SUD. 47
canal étroit et suffisant à peine au passage des em-
barcations. C'est la terre la moins élevée de ce
groupe : elle ne dépasse par 500 pieds.
Un peu au nord de Tatti, les petites îles basses
de coraux de Teturoa qui ont été décrites par le Rev.
J. Williams , missionnaire , forment des atolls. Dix
de ces petites lies sont entourées par un récif général
et sont séparées les unes des autres par des lagunes.
M. Stutchbury décrit ce récif comme un écueil ex-
trêmement dangereux.
Maitea, à Test de ce groupe, est classée par Forster,
parmi les tles hautes entourées de barres de récifs.
Mais d'après les observations de Tyerman et de
Bennet {Journal of Voyage and Travels^ p. 57), c'est
un cône abrupte, s'élevant au-dessus de la mer sans
être entouré d'aucune espèce de récifs.
Les autres tles de ce groupe présentent toutes
ce même caractère de terres élevées , entourées de
récifs comme on le voit dans la carte de l'atlas de
la Coquille.
Maurua est la seule des îles du nord près de la-
quelle la mer ne présente pas de profondeur, dans
le récif, elle a à peine quatre brasses et demie.
Mais la grande largeur du récif qui s'étend à trois
milles et demi au sud de la terre (qui dans l'atlas de
la Coquille est indiquée comme s'élevant brusque-
ment au-dessus de la mer) , montre que ce récif ap-
partient tout à fait à la classe des barres du récif.
Au N.-E. de l'île Huaheine il y a un banc de sable
d'un quart de mille d'étendue , se dirigeant parallèle-
48 VOYAGE
ment à la côte et séparée de la terre par une lagune
extrêmement étendue et profonde. Ce banc de sable
s'est formé sur un banc de coraux, et était sans doute
originairement un récif de coraux vivants.
Au nord de Borabora on rencontre Tatoll de Tmbaï
(Motou-iti de l'atlas de la Coquille)^ les autres îles
sont entourées par des barres de récifs. L'Ile de
Bellinghausen ^ d'après Kotzebue, serait un atoll. 11
en est de même des îles Mo/iepa et probablement des
îles Scilly.
Pour nous résumer, l'archipel des îles de la Société
est un groupe de terres élevées appartenant à des
formations basaltiques, dans lesquelles on ne connaît
pas de cratères proprement dits. Cependant, dans
quelques-unes de ces îles, on rencontre de petits
lacs qui semblent au moins en être les vestiges.
Ces îles présentent les unes des montagnes volca-
niques isolées, Maitea; le plus grand nombre sont
entourées de barres de récifs, quelques-unes de
véritables côtes de récifs , enfin quelques atolls se
trouvent jetés entre ces îles.
Il est extrêmement probable que les officiers de
la marine française qui sont fréquemment appelés
dans ces parages, et qui quelquefois y séjournent
pendant plusieurs années, nous donneront bientôt
sur ce groupe important, des travaux d'un haut in-
térêt.
Il y a à Taïti un point appelé Piha , dans lequel
on trouve une très-belle chaussée de prismes basal-
tiques.
AU POLE SUD. 49
M. Mills, qui a habité pendant plusieurs années les
îles delà Société, a donné à M. Dubouset quelques ren-
seignements précieux sur les phénomènes physiques
qui se sont passés dans ces îles , et ils ont d'autant
plus d'intérêt qu'ils ont été observés par un homme
instruit. Il rapporte que, le 7 septembre 1823,
entre 8 et 9 heures du matin , on a ressenti dans
l'île plusieurs secousses horizontales de tremblement
de terre dans la direction de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O.,
et que postérieurement, le 7 novembre 1837, on
avait éprouvé dans ces îles une marée extraordinaire,
qui avait inondé les cultures de plusieurs villages ,
et que les secousses de tremblement de terre étaient
assez fréquentes dans touti l'archipel. Les îles qui le
composent, entièrement volcaniques, ne présentent
pas de traces de volcan en activité. Rien dans les
traditions n'indique qu'il en ait existé sur l'île Opou-
lou. Cependant les insulaires prétendent qu'il existe
au N.-O. de Samoa une île constamment en feu.
Iles Samoa. — Les îles Samoa ont été visitées tour
à tour par Kotzebue , par le Rév. J. William , mis-
sionnaire anglais, par La Peyrouse et aussi par noire
expédition ; nous avons sur ces îles des renseigne-
ments positifs et précieux.
Les îles principales de ce groupe sont Opoulou^
dans le port duquel ( Apia) P Astrolabe a passé quel-
ques jours. L'île Sevaii, l'île Tou-iou-Ila et les îles
Manoua.
Ces îles sont entourées de côtes de récifs qui ne
forment pas autour de ces îles une bande régulière ,
XI. Géologie, 'i' Partie. 4
50 VOYAGE
mais qui se montrent épars çà et li^ (consulter à cet
égard la carte de Samoa de M. ViaceDdon-Dumoulia,
Atlas du Voyage). Le port Apia est embarrassé d'une
grande quantité de récifs de coraux qui se rattachent
au rivage. Freycînet a donné une carte de l'ile ^ose,
située à Textrémité oiiest de ce groupe : ce n'est
qu'une île madréporique sur laquelle on trouve
quelques masses de rochers volcaniques. Cette îlq
est formée probablement par un banc de roches
submergé de quelques pieds , à la partie extérieure
duquel se sont établis des récifs de coraux ; ce n'§s|;
point un véritable atoll : car dans ces formes spé-
ciales d'îles madréporiques les fondations sont tou-
jours supposées à une prqfondeur plus considérable
que celle à laquelle peuvent vivre les polypiers qui
construisent ces masses.
Sevaii. — Sevaii , la plus orientale des îles Samoa ,
est aussi la plus grande du groupe. Ses côtes sont
basses et le sol s'élève graduellement jusque vers sa
partie centrale « excepté sur les points où la régula-
rité de la pente est interrompue par quelques cra-
tères éteints. Vers le milieu de l'île , upe montagne
presque toujours enveloppée de nuages paraît dé-
passer 1200 mètres de hauteur. Sa surface est prin-
cipalement composée de lave poreuse.
Manoua et Tou-taurlla. — Vile Maqoua > qui atteint
la même élévation que la précédente , offre un dôme
régulier qui s'élève d'abord au-dessus de l'Océan
comme une muraille verticale de 100 à 125 mètres
et ensuite avec des pentes assez douces. Elle paraît
AU POLE SUD. 51
être composée d'un congiomérat volcanique , et de
grands blocs de lave vésiculaire sont épars sur les ré-
cifs qui bordent le rivage. L'île de Tou-tou-Ila, dont les
côtes sont profondément découpées est d'apparence
volcanique. Son point culminant atteint 708 mètres
d'altitude. Les chaînes et les précipices de la partie
élevée ressemblent à ceux de Taïti , et souvent des
roches basaltiques se présentent à partir du rivage
sous la forme de murailles de 90 à 120 mètres. Plus
haut une riche végétation recouvre les pentes jus-
qu'au sommet des montagnes.
Opomhu. — Opoulou est à 56 milles de Tou-tou-Ila ;
sa hauteur est moyenne et ses pentes s'élèvent gra-
duellement à partir de la pïage. La chaîne , située
entre Sinuca et Siusinga , a 623 mètres de hauteur
absolue. Le lac Lanto se trouve placé au centre d'un
ancien cratère dont les bords revêtus d'une végéta-
tion magnifique soïit à 778 mètres au-dessus de la
mer. Son niveau est à 30 mètres au-dessus de ces
mêmes bords et sa profondeur est de 16 mètr. 56 cent.
Il est presque circulaire et paraît avoir un canal sou-
terrain. Le cône volcanique est plus surbaissé que la
plupart de ceux qui ont la même origine, tel que le
mottt Tofna le plus occidental de tous. Ces cônes
sont situés sur la crête centrale de Tîle. Le bord du
cratère du Tofna est fort étroit.
La muraille rocheuse qui le ferme n'a que 3 mètres
d'épaisseur et quelquefois beaucoup moins ; sa cir-
conférence est d'environ 2 milles et 1 quart et son
fond a 110 mètres au-dessous de la crête et est occupé
52 VOYAGE
dans toute son étendue par des bois touffus. La pente
intérieure est de 60% et au pied du talus est une plaine
unie dont le sol , composé de cendres et de scories ,
favorise la croissance des arbres qui ont de 30 à
35 mètres de haut, et sous lesquels s'étend un épais
tapis de gazon. Le cratère est d'ailleurs dépourvu
d'eau permanente. La plupart des ruisseaux et des
rivières de Tile ont une portion de leur cours sou-
terrain. Les roches d'Opoulou sont principalement
des variétés de laves basaltiques avec augite, feld-
spath , albite et chrysolite. Les grands courants ignés
s'observent aussi dans la partie méridionale. Ils pa-
raissent avoir coulé vers la côté dans diverses direc-
tions , et après que leur surface a été refroidie , la
portion encore liquide de l'intérieur a continué à
s'avancer laissant derrière elle des espèces de tunnels
naturels très-nombreux qui servent aujourd'hui pour
l'écoulement des eaux. L'un de ces tunnels est re-
marquable par son étendue, il a 290 mètres de long
sur une largeur moyenne de 15 mètres et une hau-
teur de 2 mètres 50 centim. A son extrémité se trouve
une flaque d'eau. Ces courants de lave sont plus fré-
quents sur le côté méridional de File que sur son côté
nord ; ils sont aussi plus étendus et atteignent jusqu'à
4 milles de long. Un grand nombre d'excavations et
de grottes se voient en outre au milieu des passes de
lave; telle est celle de Sanga, dédiée à Moso , divinité
du pays. Les cascades se rencontrent souvent dans
les parties montagneuses; l'une d'elles a 228 mètres
de hauteur et toute l'eau est dissipée en vapeur avant
AU POLE SUD, 53
d'atteindre le pied de rescarpement La région mé-
ridionale d'Opoulou, comme celle de Taïti, offre une
végétation beaucoup plus riche que sa partie nord,
parce qu'elle reçoit plus d'humidité apportée par les
vents dominants.
Jpolima. — Apolima , située entre Opoulou et
Savaii, est une forteresse naturelle qui sert de refuge
aux habitants des iles voisines poursuivis par leurs
ennemis. C'est le cratère d'un volcan éteint et tout
autour s'élèvent des (alaises perpendiculaires ex-
cepté en un point de la côte septentrionale où le bord
du cratère s'étant écroulé permet à la mer d'y entrer
par un étroit canal qu'un seul bateau peut franchir
à la fois. Le point le plus élevé de l'île n'est qu'à
141 mètres au-dessus de l'Océan.
Le récif de Beveridge, qui a du nord au sud
10 milles de longueur et 8 milles de largeur, paraît
être un atoll submergé.
L'île Savage a , d'après Forster le jeune , 40 pieds
de hauteur; elle contient une plaine basse qui était
autrefois un lagoon d'après le Rév. J. William , elle
est entourée d'une bordure de récifs semblableô à
ceux de Maugaia.
Archipel des Amis. — L'île Pylstaart paraît régu-
lièrement entourée d'une côte de récifs. Dans l'Atlas
du voyage de C Astrolabe^ on voit un banc de récif
indiqué sur la côte sud de Tile de Tonga-Tabou , et
cette plate-forme madréporique se réunit à celle qui
présente une plus grande étendue au nord de l'île.
L'origine de ce récif qui a été pris pour une barre de
64 VOYAGE
récif, a été attribuée par M. Dan^in à rélévation
récente de cette île. Les îles de Eoedgee^ de Eoua^
sont entourées de bancs de récifs qui se réunissent
& la côte. Il en est de même des îles Jnnamocka^
Komango^ Kotou, Lefouga, qui sont toutes entourées
de côtes de coraux et qui sont quelquefois liées entre
elles par des lignes de brisants.
Les îles de Tofoua et de Kao, qui forment la partie
ouest de ce groupe, ne présentent pas de récife: \t
premier est un volcan en activité.
Favao est une île madréporique , mais qui n'est
point entourée de récifs.
Les îles des Cocos sont entourées par un banc et
récifs, et Y1\t Boscaven ^ sa voisin^, ne présente au-
cune trace de formation madréporique.
Les îles Wallis sont entourées d'un anneau de ré-
cifs ; nous n'avons pas de renseignements suffisants
sur les îles Onouafouj Jl loua fou et Hunter.
Iles Fitgi ou Viti. — Nous avons nue excellente
carte de ce groupe nombreux dans l'Atlas d'Hydro-
graphie. Ces terres sont extrêmement élevées et
atteignent, dans plusieurs points, 1000 à 1200 mètres
d'élévation.
Dans le groupe des îles Laguemba et Savtt-Savu ,
le seul point des îles Viti où il y ait encore une ap-
parence de phénomène igné est Savu-Savu, mais
plusieurs autres offrent des restes de cratères comme
à l'extrémité occidentale de Cantavu. Les points cul-
minants sont ordinairement des cônes ou des aiguilles
basaltiques dont quelques-unes s'élèvent à plusieurs
AU POLE SUD. 55
centaines de mètres. Maïs aucnn courant de lave n'a
été observé , et Ton pourrait eh conclure que la date
dèf la formation de ces îles est plus ancienne que
celle des autres groupes ignés de la Polynésie. Des
conglomérats volcaniques, des tuftis, des basaltes
scoriacés coftapactes , de toutes les variétés de texture
et dé couleur comme dans tous les états de décom-
position ^ produisent un sol d'une admirable fécon-
dité.
Toutes ces îles sont sans exception entourées de
côtes de coraux, et quelques-unes d'entre elles offrent
non-seuletttent des plages madréporiques mais encore
des bancs qui entourent les côtes à une distance va-
riable. C'est la disposition que présente l'île Fanoua-
Lebùu au delà de ces plages madréporiques ; le fond
est considérable , ce qui a fait classer ce groupe, par
m. Dairwin , dans les îles à baYres de récifs.
Ces diverses îles sont liées entre elles par des bancs
de récife; aussi du cap ouest de l'île FitûLebou, en
passant par tes Asana, on trouve une immense bar-
rière de récife jusqu'à la pointe Trida au nord de
Fumma-Lebou.
On trouve dans ce groupe un nombre assez grand
d^atoHs, spécialement dans les fies de l'ouest, les îles
Hetds, Bakofi, Eîhoua, Ono, les lies Korotouna,
Roukôu-Lebou , les îles du Prince Guillaume, Valan-
gala, etc.
L'île Rotumah est entourée par un récif. L'île de
rindépendance est une île madréporique sans la-
gune.
66 • VOYAGE
Les îles d'EUice sont des petits îlots formés par les
récifs d'un atoll considérable, il en est de même des
îles Peyster et Tracy. L'île Néerlandaise est une
petite île madréporique qui a un lagoon.
L'île Cocal est une île madréporique sans lagune,
et Saint- Augustin est un atoll assez étendu.
Iles Hawai. — M. Chevalier a donné un excellent
travail sur la géologie des îles Hawaï auquel nous
emprunterons une partie de l'esquisse que nous
allons reproduire.
Les îles Hawaï (voir la carte hydrographique de
M- Dumoulin) forment un groupe composé de huft
îles principales et de quelques îlots qui s'étendent de
ro.-N.-o. à rE.-S.-E.
L'île Havi^aï ou Owhihée est la plus considérable,
elle a environ 100 lieues géographiques de circonfé-
rence. Vue de la mer l'île Hawaï s'élève progressive-
ment eVrégulièrement à des hauteurs considérables.
Le Mouna-Roa, au sud, atteint une hauteur de
û,800 mètres et le Mouna-Roa a environ la même
élévation. L'île Mawi, à 8 lieues au nord d'Hawaï,
est une île montagneuse, divisée en deux parties par
un isthme étroit dans la partie méridionale. Les mon-
tagnes ont des sommets qui, d'après Kolzebue, attei-
gnent 3,300 mètres. Ces deux parties de l'île sont
formées de roches volcaniques , mais on n'y trouve
aucune trace de volcans modernes.
Les îles Tahoorowa , Ranaï , Morotoï ne présentent
rien de particulier, ce sont des îles montagneuses
appartenant aux mêmes formations dont une couléç
AU POLE SUD. 67
forme une pointe avancée dans la mer. Près de là est
une caverne remarquable, profonde de plus de
ÛOO mètres, et dans laquelle on trouve un lac d'eau
salée.
Les principales montagnes d'Hawaï sont le Mouna-
Roa , le Mouna-Raa , anciens volcans éteints, et enfin
le Mouna-Harawaï, qui est encore en activité et dont
la dernière éruption remonte à 1801 , et enfin le
Kirau-éa et le Ponahohoa.
La hauteur du Mouna-Roa est de i,833 mètres, il
est terminé par un dôme couvert de neige et présente
à l'est un cratère bien conservé au dessous du point
culminant. Il a été visité en 183/i par M. Douglas. La
mer étant très-profonde autour de celte île, nous
devons en conclure que cette chaîne a un relief con-
sidérable, pjBut-ètre de près de 7 à 8^000 mètres.
Mouna-Harawaï, situé sur la côte occidentale, a en-
viron 3,374 mètres , et de son sommet s'élèvent des
vapeurs sulfureuses. Le grand volcan de Kirau-Ea est
beaucoup mieux connu que le Mouna : c'est une
énorme solfatare de plus de 5 lieues de diamètre,
dont les parois sont disposées en étage et dont le fond
est parsemé d'un grand nombre de petits cônes.
Nous trouvons au noçd, nie de Woahoa^ la plus
riche et la plus fertile des îles Sandwich ; elle pré-
sente une grande et belle vallée protégée par deux
chaînes de montagnes parallèles et dont les sommets
ne dépassent pas en général 1,200 mètres. Au N.-O.,
les îles Atopiet Onehow, fertiles, populeuses et moins
élevées que les autres terres. Au delà de ces îles , et
58 VOYAGE
dans la même direction générale , on rencontre une
suite d*écueils peu connus qui s*étendent sur une
ligne de 700 lieues an nord des Sandwich. Ces îles,
qui représentent une série de sommets ou une chaîne
volcanique fort étendue , présentent ce fait très-
remarquable que le point où les phénomènes de sou*
lèvement paraissent avoir eu la plus grande énergie,
le point qui paratt avoit été le centre de l'action , se
trouve à une extrémité de la chaîne soulevée.
La baie Karakakoa, sur l'île Hawaï, a été étudiée
avec soin par M. Chevalier ; il y a recueilli une belle
collection de laves anciennes, de basaltes, peridotite,
de scories, de frittes volcaniques et de wackes. Il a ob-
tenu quelques échantillons de gallinace filamenteuse
que le volcan de Kîrau-Ea projette à de grandes dis-
tances et que les naturels appellent cheveux de Pelé,
déesse des volcans ; toutes les roches recueillies par
M. Chevalier, aussi bien que celles de la collection des
missionnaires, sont toutes des roches pyroxéniques.
La baie de Rairua à quelques lieues au nord a ,
dît-on , été formée par une des dernières éruptions
du Mouna-Karawaî.
Nous donnerons ici une description du grand cra-
tère de Kirau-Ea, tirée des rapports du capitaine
Chase et du capitaine Parker, qui commandaient l'un
te Charles Caroli et l'autre rOeéan.
Le 7 mai 1838 , les capitaines Chase et Parker, ac-
compagnés de plusieurs autres, quittèrent le port
dans la baie de Lord Byron de grand matin pour vi-
AU POLE SUD. 5d
sîter le célèbre volcan Rîfau-Ea. Après avoît voyagé
pendant quelques milles à travers un pays délicieux,
entrecoupé de montagnes, de vallées et entouré dé
clôtures d*arbres portant les plus riches feuillages,
ils arrivèrent à une forêt de plusieurs milles d'éten-
due , si encoinbrée d'arbrisseaux et de vignes ram-
pantes que le passage était très-difflcile. Mais bientôt
à ce sol si riche succéda un affreux désert. Ils se
trouvaient sur un grand courant de ïave de SO milles
de longueur et de 4 ou 5 de largeur. La lave était de
formation récente et présentait, dans quelques pas-
sages , une surface si glissante quMl était difficile de
marcher, et si rude dans d'autres qu'elle rendait le
passage dangereux. Quelques arbrisseaux avaient
pris racine dans la terre volcanique et les scories; de
chaque côté du couratit croissaient des fourrés de
peu d'étendue.
Nos voyageurs passèretit lat nuit danà uiié hutte de
sauvages après avoir marché tout lé Jour sur cette
immense couche de lave. Le lendemain, ils aperçu-
rent les ftiDQlées qui s'élevaient au-dessus du volcan.
Accéléranlt leur marche , ils arrivèrent bientôt à uû
lac fumant de soufre et de scorîes, ou ils recueillirent
quelques échantillons de soufre cristallisé. Le pre-
mier objet qui attira l'attention fut une grande fissure
à 150 ou 200 mètres du cratère. Elle avait 10 mètres
de large, et 150 à 200 mètres de longueur, et de
toutes parts il s'échappait constamment d'immenses
quantités de vapeur si chaude que les guides y firent
cuire des patates en peu de minutes.
60 VOYAGE
La vapeur se condensait en rencontrant l'air
froid et formait au nord, non loin de la fissure,
un bel étang qui donnait d'excellente eau ; c'est le
seul lieu où on en rencontre à plusieurs milles de
distance.
L'étang était entouré de fort beaux arbres et on
voyait jouer à sa surface de grandes troupes d'oi-
seaux sauvages.
Il était dix heures, et depuis que la caravane avait
passé le lac de soufre elle avait marché sur un lit de
lave rugueuse qui débordait sur le penchant d'un
vaste abîme d'une profondeur inappréciable. Les
voyageurs étaient alors arrivés au grand cratère du
Kirau-Ea de 8 milles de circonférence, et se trou-
vaient sur le bord d'un précipice, dont la profondeur
était de plus de 330 mètres, et qui présentait un
horrible goulTre où les éléments de la nature sem-
blaient combattre les uns contre les autres- On voyait
des masses de feu, courant et s'agilant comme les
vagues de l'Océan. Il s'échappait continuellement de
ces cônes volcaniques une lave fondue de la chaleur
la plus intense. Des sifflements, des mugissements
sortaient des profondeurs de l'afifreux abîme, et
d'épais nuages de fumée et de vapeur s'élevaient
du cratère.
Le bruit et l'aspect de cette scène étaient si solen-
nels et si frappants qu'ils étaient presque suffisants
pour faire reculer d'horreur le cœur le plus coura-
geux et lui faire abandonner le projet de descendre
au siège de l'action. Mais des hommes dont toute la
AU POLE sua 61
vie se passe sur la mer orageuse ne sont pas facile-
ment détournés de ce qu'ils ont entrepris.
Chacun des membres de la caravane , aidé d'un
bâton pour assurer sa marche , commença la péril-
leuse tentative de descendre dans un précipice abrupte
et profond, quelquefois presque perpendiculaire et
fréquemment entrecoupé d'abîmes effrayants. En
45 minutes environ ils se trouvèrent sur le sol du
grand volcan.
Ils comptèrent 26 cônes volcaniques séparés s' éle-
vant de 3 à 12 mètres; 8 seulement présentaient
des laves bouillantes. Plusieurs d'entre eux reje-
taient des cendres, des masses de la lave rouge
éteinte et de la vapeur, ils montèrent et s'appro-
chèrent si près du cratère de l'un d'eux qu'avec leurs
cannes ils touchèrent le feu liquide. On jeta dans
d'autres de grandes masses de scories, mais elles
furent instantanément lancées dans l'air.
Le cratère offrait un spectacle frappant. Il y avait
dans son sein six lacs de laves fondues, celui du
sud-ouest occupait plus d'espace que tous les autres.
En s'approchant les voyageurs reconnurent que la
surface ardente avait plus de cent mètres , et virent
de grandes vagues de feu se briser contre le bord du
lac , tandis que des colonnes de lave fondue de 20 à
23 mètres de hauteur s'élançaient dans l'air et ré-
pandaient une chaleur si vive que les voyageurs
furent obligés de se retirer immédiatement. Après
peu de minutes celte violente agitation cessa , et toute
la surface du lac fut changée en une masse de sco-
ries noires; mais le calme fut bientôt suivi 4' une
éruption plus considérable, car tandis qu'ils s'éton-
paient de ce changement, la croûte qui s'était formée
commença k se briser avec fracas, et bientôt la lave
brûlante courut sur la surface du lac, soulevant la
croûte brisée comme les morceaux de glace sur les
vagues de l'Océan,
Non loin du centre du lac il y avait une île que la
lave ne pouvait couvrir ; elle était balancée comme
un vaisseau sur une mer agitée. Les voyageurs furent
plusieurs fois témoins de tous ces phénomènes, qui
se répétèrent et toiyours avec les mêmes circon-
stances.
Ils traversèrent le fond rude et noir du cratère
qui est fréquemment divisé par de profondes fissures,
et après avoir traversé un mur de lave , ils descen*
dirent environ 13 mètres, et arrivèrent sur une
surface très-unie qui occupait un quart du fond gé-
néral du cratère. Cette position fut cependant trou-
vée insoutenable pour les pieds, car on voyait le feu
dans les nombreuses fentes qui sillonnaient le sol
à un pouce seulement de la surface. Le capitaine
Chase alluma son cigare à l'une d'elles, et, avec
leurs bâtons , ils pouvaient dans quelques endroits
percer la croûte et atteindre le feu liquide.
Le soufre abonde tout autour du volcan ; mais ici
tout ce côté du précipice, s' élevant à plus de 330 mè-
tres, présentait une masse compacte de soufre. Les
voyageurs montèrent à plusieurs pieds et détachaient
de beaux échantillons cristallisés, quand une grosse
AU POLE SUD. M
msiSGe de soufre se détacha, roula daQp u^e fraude
feute de feu, et les obligea à se retirer immédiate-
meut, car la fumée qu'elle souleva les avait presque
suffoqués.
Us avaient passé plus de cinq heures dans le cra-
tère, et auraient désiré prolonger leur eiamen» mais
les derniers rayons du soleil couchant doraieqt les
rochers, et ils durent se hâter de sortir du cratère»
Toute la surface du plateau dans lequ^l ils avaient
observé des fentes remplies de feu , paraissait comme
si des câbles de lave fondue avaient été jetés à tra-
vers. Tandis qu'ils examinaient ce splendide spec-
tacle , le plateau entier^ plus d'un quart de txiut le
cratère , fut soudainemi^nt changé en un grand lac
de feu y sa croûte et les cônes volcaniques furent
fondus et mêlés avec la masse brûlante. Ils reculè-
rent étonnés à cet aspect ^ et frémirent & la pensée
quepeu d'heures seulement s'étaient écoulées depuis
qu'ils s'étaient arrêtés sur ce brasier ardent.
Le matin suivant ils retournèrent au cratère pour
la dernière fois. Tout était dans le même état : le
nouveau lac encore ardent, les cônes volcaniques
lançaient dans l'air des pierres rouges et chaudes ,
mêlées de cendres, de scories et accompagnées d'ua
grand volume de vapeur qui sifflait avec bruit en
^'échappant ; le grand lac du sud roulait ses vagues
de feu.
La situation du Kirau-Ea est très-remarquable;
elle diffère de toutes celles que nous connaissons. Ce
n*est pas une montagne tronquée s' élevant au-dessus
64 VOYAGE
des pays environnants et visible de tous les points ;
on ne l'aperçoit que lorsque le voyageur, après avoir
traversé une plaine élevée près du pied de Mouna-
Roa , arrive à un précipice dont il regarde avec effroi
la prodigieuse immensité.
La forme générale du cratère de Kirau-Ea est ovale
oblongue. Son grand diamètre dirigé N.-E.-S.-O est
de 4864 mètres , et sa largeur moyenne de 2280 mè-
tres. Sa surface totale occupe environ i milles carrés.
La première irruption de Kirau-Ea, dont on connaisse
la date certaine, est celle de 1789. En 1823 il y en
eut une très-considérable , mais depuis lors jusqu'en
1825 il ne s'y produisit plus de changement notable ;
en 1829 M. C.-S. Stewart constata que la cavité in-
férieure , au lieu de 120 à 150 mètres de profondeur,
n'en n'avait plus que 60. Le volcan était cependant
plus calme qu'en 1825 quoique présentant encore
plusieurs lacs de lave bouillante et quelques cônes
dans une grande activité. Au mois de septembre 1832
M. J. Goodrich reconnut que des irruptions consi-
dérables avaient eu lieu et que l'aspect du cratère
était complètement changé. La lave, qui d'abord s'é-
tait élevée de manière à remplir toute la cavité in-
férieure et même avait dépassé de 15 mètres les bords
de la galerie circulaire ayant ainsi une épaisseur
d'environ 120 mètres, s'était enfoncée dans l'inté-
rieur du volcan presqu'à la même profondeur que
précédemment, en laissant comme à l'ordinaire une
vaste chaudière de lave bouillante à son extrémité
méridionale.
AU POLE SUD. 65
En 18â&, M. Douglas avait assigné au cratère
une profondeur totale de 300 mètres, et en 1838,
MM. Chase et Parker reconnurent que le fond s'était
de nouveau relevé jusqu'à la corniche circulaire. Il
y avait alors six lacs de lave bouillante et vingt-six
cônes de 10 à 30 mètres de hauteur, dont huit reje-
taient des cendres et de la lave rouge. M. de Strze-
lecki , dans la même année et M. Shepherd en 1839,
observèrent le cratère dans toute son activité. Mais
peu après le centre de cette surface tuméfiée s'af-
faissa de nouveau de 100 à 120 mètres, le fond rede-
vint calme , et sa surface noire ne présenta plus que
deux petits lacs de lave bouillonnante, seul témoin de
l'activité permanente de l'intérieur du volcan. C'est
dans cet état que le virent les naturalistes de l'ex-
pédition scientique du capitaine Wilkes. Pendant
l'éruption qui avait précédé leur arrivée et dont
nous avons signalé quelques-uns des effets les plus
remarquables , le volcan n'avait pas rejeté moins de
6,023,000,000 de pieds cubes de lave. Celle-ci mit
trente-six heures pour atteindre la mer, s'avançant
avec une vitesse d'environ 120 mètres par heure. Une
autre évaluation de la quantité de lave émise dans
cette circonstance la porte à 15,400,000,000 de pieds
cubes , volume qui représenterait un prisme mon-
tagneux triangulaire de 240 mètres de haut sur
2000 de long et 1000 de large à la base.
La lave renferme quelquefois jusqu'à la moitié de
son volume de chrysolite, substance qui s'y trouve
en grains de 1/4 à 1 pouce d'épaisseur. Le sable de
XI. Géologie. 2* Partie. " 5
66 VOYAGE
la plage produit par Téruption précédente est prin-
cipalement composé de grains de chrysolite et de
grains de lave tritmrés. La lave qu'on trouve dans le
cratère , antérieure à cette même éruption ou plus
récente, ne renferme point de chrysolite.
Depuis ce moment le cratère a commencé à se
remplir graduellement. Au mois de juillet 184i,
M. Coan vit le grand lac déborder de chaque côté et
s'étendre comme une mer de feu qui , remplissant
toute la partie méridionale du cratère , couvrit la
banquette ou plaine circulaire. Deux fentes profondes
s'ouvrirent sous celle-ci et furent aussitôt remplies
par de la lave qui s'y précipitait en formant des
cascades de feu de 15 à 20 mètres de hauteur. Le
25 juin 1846 l'activité du volcan redoubla et les flots
de lave accumulée depuis 1840 avaient relevé le fond
du cratère de 120 à 150 mètres , tellement que par
places il dépassait la banquette de 30 à 45 mètres.
Au printemps de 1849 le cratère , quoique fort élevé,
paraissait plus calme qu'il ne l'est ordinairement.
Dans cet état, les laves avaient baissé dans le grand
lac comme si l'intensité des actions volcaniques se
fiiit affaiblie.
Les trois dernières éruptions du Kirau-Ea ont eu
lieu dans un laps de dix-neuf ans ou à des intervalles
de huit à neuf ans. De 1789 à 1823 il y eut une pé-
riode de repos relatif. Si on le compare aux autres
volcans on remarquera que celui-ci ne rejette point
de ceadres ♦ que l'ébullition de la lave y est libre et
en quelque sorte permanente sur un point ou 3ur un
AU POLE SUD. 67
itttre et que cette lave est d'une extrême fluidité
au lieu d'être plus ou moins visqueuse. Les jets de
lave du grand lac Kirau-Ea n'ont que 20 mètres de
hauteur, tandis que ceux du Vésuve ou de l'Etna,
pendant une éruption , peuvent en avoir 3000 , la
nappe de matière fondue étant à une grande profon-
deur de rorifice. Quoique cette dernière différence
ne soit pas absolument en raison directe de la fluidité
relative de la lave, on peut néanmoins admettre
qu'elle en est une conséquence.
Lîle Mowee. — L'île Mowee, située au nord d'Hawaï,
en est séparée par un bras de mer de 30 milles de
large. Sa partie orientale est formée par une mon-
tagne volcanique qui s'élève perpendiculairement de ,
la mer jusqu'à la hauteur de 1865 mètres, et sa
partie occidentale par un ensemble de pics et de
chaînes que séparent de profondes vallées. Le cratère
de la montagne de l'est , appelé Haleakala (maison
du soleil) , est une gorge profonde ouverte au nord
et à l'est et formant une sorte de coude. Le fond de
cette cavité est situé à 845 mètr. 55 centim. au-
dessous du sommet du pic le plus élevé et à 635 métr.
55 centim. au-dessous de la crête qui couronne le
pourtour. L'intérieur du cratère est entièrement dé-
pourvu de végétation ; on y observe quelques hautes
collines de scories et de sable, parfois d'une teinte
rouge ocracée au sommet , avec un petit cratère au
centre. Tout prouve dans cette enceinte la présence
d'action volcanique puissante, mais aucune tradition
n'a consenré le souvenir d'une éruption,
68 VOYAGE
La roche du sommet offre comme celle de dessous
des cavités îrrégulières qui renferment des grains
de chrysolite et d'amphibole. Par places elle est com-
pacte et prend l'apparence d'un argile ou d'un schiste
argileux. Le sol du cratère dans la partie septen-
trionale dû à une énorme brisure de la montagne
est extrêmement rugueux et inégal à son origine ,
sa largeur est de 2 milles.
L'île Wohaoo a un aspect différent de celui
d'Hawaï; elle présente moins de régularité et semble
avoir subi des phénomènes de trépidations considé-
rables qui ont disloqué ces montagnes et modifié
profondément la physionomie de cette île. Elle est
formée de basaltes compactes ou cellulaires à cris-
taux de péridot , de basanites , de wakes verd&tres ,
rougeâtres ou blanchâtres, suivant que le pyroxène, le
péridot ou le feldspath dominent. Ces roches forment
deux montagnes parallèles qui protègent des vallées
populeuses et d'une fertilité admirable.
Au-dessus de la ville d'Honoloulou , il existe une
montagne volcanique fort bizarre à laquelle on a
donné le nom de Bol de punch du Diable. Plus à
l'ouest une autre colline volcanique présente un
cratère rempli d'eau salée, qui dépose une quantité
de sel suffisante pour donner lieu à une exploi-
tation.
Près du bord de la mer et tout autour de la ville,
on trouve des couches horizontales d'un conglomérat
madréporique ancien, plus ou moins altéré, at-
teignant quelquefois 12 à 15 mètres au-dessus du
AU POLE SUD. 69
niveau de la men Les parties madréporiques pré-
sentent des astrées, des agarycîes, des paronies, des
méandrines d'espèces difTérentes de celles qui for-
ment les récifs actuels. Ce dépôt fort ^rrégulier, et
qui parait avoir subi divers remaniements qui ont
détruit les rapports des masses de coraux , se perd
dans des laves qui paraissent s'être écoulées de la
montagne du Bol de punch.
M. Chevalier a fait quelques observations intéres-
santes sur les formations de coraux des îles Sandwich.
Il a levé , avec M. Darondeau , le plan de la baie de
Kearakekoua et Ta comparé avec le plus grand soin
avec celui qui se trouve dans TAtlas des Voyages du
capitaine Cook, dressé soixante ans auparavant; il
s'est convaincu que la profondeur des eaux et la forme
de la baie n'avaient point varié , et que par consé-
quent le travail des animaux madréporiques n'a pas
pour les empierrements des ports tous les inconvé-
nients que quelques voyageurs ont signalés. Sur le
rivage de cette île on ne rencontre point d'anciennes
formations de corail, et M. Chevalier attribue ce phé-
nomène aux dislocations qu'a subies l'île, ou peut-être
à son origine plus récente.
Le port d'Honorourou est formé par un vaste bas-
sin profond de 8 à 10 mètres situé en dedans du récif
qui le défend de la mer et communiquant avec elle
par un chenal sinueux mais assez profond pour per-
mettre l'entrée du port à des bâtiments d'un tonnage
élevé; il est à l'embouchure d'une petite rivière. Sur
la carte de M. Dumoulin, nous voyons des récifs in*
70 VOYAGE
diqués vers les points les plus avancés de Tile Hawai,
et ils sont indiqués dans l'Atlas de Freycinet. L'île
Mowee est entourée de côtes de récifs sur sa face
sud-ouest. Us sont indiqués sur la carte de Dumoulin
et dans les mémoires hydrographiques de Freycinet.
Morotoî, plus au nord , présente au sud un récif qui
est probablement une barre, car il est à plusieurs
milles de la côte.
L'île ^/OM présente aussi une côte de récif comme
Woahoo et Morotoï ; il n'existe pas de canal profond
entre la terre et le récif. Ils sont très-développés sur
la côte sud. Nos cartes indiquent encore un récif
semblable sur la côte ouest de l'île Onehow. Pour les
îles au nord-ouest, qui paraissent être la continuation
de la même chaîne, nous n'avons pas de renseigne-
ments suffisants. M. Bennet a signalé un atoll à la
latitude 28'»22' et à la longitude Greenwich de 178" 80',
et M. Couthouy a décrit cette île sous le nom AHU
de COcéan; mais sa position isolée et les caractères
particuliers qu'elle présente ne permettent guère de
la classer d'une manière absolue.
En résumé, les îles Sandwich paraissent avoir été
les centres d'actions volcaniques qui ont eu une
énergie plus considérable et à une époque plus mo-
derne sur les îles du sud que sur celles du nord. Les
formations madréporiques sont beaucoup plus con-
sidérables dans les îles du nord que dans celles du sud.
Dans les premières elles paraissent se rapprocher des
barres de récifs , et dans celles du sud elles sont de
véritables côtes de récifs*
AU POLE sua 71
Iles au §nà de Tarohipel dei S^ndwtoh*
Vue de Christmas est un atoll qui a été décrit par
Cook dans son troisième voyage (VII , chap. x); Té-
tenduç des îles situées sur le récif est plus considé-
rable que de coutume et la mer ne présente pas immé-
diatement autour de ces plages la profondeur qu'on
y rencontre habituellement. M. Couthouy croit que
cette île a éprouvé un soulèvement moderne. La plus
grande profondeur du lagoon est d'environ 10 pieds.
Les îles Fanning et Washington. mnX des îles basses
mais ne sont peut-être pas des atolls. Les îles de
Smith ou de Johnston sont deux petites îles défen-
dues par un récif fort dangereux sur la côte est.
Dans la carte des îles Gilbert de l'Atlas hydrogra-
phique du Voyage , on reconnaît immédiatement que
la plupart de ces îles sont des atolls parfaitement
dessinés. Il n'y a qu'une exception , l'île Chane^ qui
est une île madréporique sans lagoon , les îles Mokin
(Pett)^ Apia (Charlotte), Maraki (Mathews)^ Taratoa
(Knoy) , Apamama (Hopper) j Nanouti, Drum-^
tnondj etc., sont des atolls très-remarquables par leur
étendue.
Les îles Océan ^ Pleasant et Atlantique sont peu
connues et sont indiquées dans nos cartes comme
entourées de récifs.
La carte des îteê Marschal nous montre une série
d'atolls extrêmement bien caractérisés. Ces atolls
ont été examinés avec soin par Ghamisso (Premier
Voyage de Kotzebue, v. III, p. 179); iU 80Bt «lis-
72 VOYAGE
posés sur deux lignes parallèles qui courent du nord-
ouest au sud-est. D*un côté, les îles Radack qui pré-
sentent douze grands atolls et de l'autre les îles
Rallick qui en présentent dix. Notons surtout ce fait
remarquable que toutes les îles de ce groupe sans
exception sont des atolls.
Notre belle carte des Carolines nous montre un
grand nombre d'atolls d'une grande étendue et quel-
ques îles entourées de barrières de récifs. C'est un
des archipels les plus intéressants à étudier au point
de vue des formations madréporiques. Nous avons
recueilli des renseignements précieux dans le voyage
de Lutké et celui de la Coquille. On trouve des récifs
littoraux sur la côte nord de l'île Oualan, et ils s'éten-
dent à un mille du rivage. Cette île est peu élevée et
la mer très-profonde autour de ces rivages, et les ré-
cifs présentent cà et là quelques petites îlots recou-
verts d'arbres. Le récif est divisé par des canaux
étroits. Les îles Duperrey sont entourées aussi de
récifs littoraux. L'île Pouynipète est enveloppée de
toute part par un immense récif, et qui renferme au
nord quelques petites îles. Cette bande présente à
peine deux ou trois solutions de continuité , et tan-
tôt s'appuie sur le rivage, tantôt s'en éloigne de 1 à
3 milles.
Les îles Ngarick^SainU Augustin sont des atolls. Les
îles Mourilleuj Mamolipiafane sont des atolls d'une
étendue remarquable. Nous possédons une très-belle
carte des îles Rouk, et nous engageons vivement
à consulter cette carte de notre Atlas hydrographique.
AU POLE SUI>, 73
Ces îles sont réunies par une puissante barrière
de récifs qui forme un immense triangle dont le grand
côté, dirigé du nord au sud, a une longueur de
18 lieues (54 milles), et qui présente un circuit de
près de 54 lieues géographiques , ou 162 milles. Les
îlesMoenn, Dubloy, Bark, Tsis, Oudot, Toit, si-
tuées à l'intérieur de cette immense ceinture de bri-
sants, sont seules des terres élevées; la plupart des
autres îles situées sur les bords des récifs sont des
îles madréporiques fort basses. Les eaux à Fintérieur
de cette enceinte ont presque partout une profon-
deur régulière qui ne dépasse pas 49 mètres , et qui
est remarquablement constante entre 49 et 47, Il
faut remarquer aussi que le fond augmente en s'é-
loîgnant et des terres élevées et du récif, et qu'il est
plus considérable au milieu. M. Darwin a, avec rai-
son , comparé ce groupe à celui du Gambier dans
l'archipel Pomotou. Les îles que nous avons à men-
tionner à Touest sont presque toutes des îles basses
qui contiennent des lagoons ou en présentent des
traces. Ce sont les îles MamononitOj Ollap , Poulouot,
Namourekj Elato, etc.
A l'ouest, on trouve encore des îles élevées, en-
tourées de coraux littoraux. L'île Fets a 30 mètres
de hauteur et est entourée par un banc d'environ
150 mètres. L'île Philip est présentée dans notre
carte avec une bande de récifs.
L'île Elivi est un atoll ; Gouap une île élevée en-
tourée d'un récif qui s'étend d'un à deux milles au
large; l'île Gaulm est aussi un atoll.
74 VOYAGE
Les îles Pellew ou Batbeltouap^ gravées dans la
carte des Carolines , présentent quelques terres éle-
vées et des montagnes d'une certaine hauteur dans
nie principale ; elles sont entourées de récifs litto-
raux et d'une ceinture de brisants qui s'éloignent à
quelques milles à Test et enveloppent toutes les îles
au sud et au nord de la terre principale : ce sont des
barres de récifs.
Les Mariannes sont entourées de bandes littorales
de coraux qui s'éloignent peu des côtes et qui sont
très-bien indiquées dans les cartes de Freycinet. L'Ile
Rota est presque entièrement entourée de récife qui
ont un quart de mille de largeur. Tinian-Seypau
présente la même disposition. Les diverses îles
volcaniques que l'on trouve au nord du groupe des
Mariannes ne paraissent pas entourées de récifs. L'île
Mangs et celle de Paxaros sont indiquées avec des
barres de coraux.
L'archipel de Bonin est de formation volcanique
et est bordé de récifs modernes qui ne s'étendent pas
au loin. Toutes les petites îles au nord sont toutes
des volcans éteints ou actifs, et on a peu de renseigne-
ments sur la disposition de leurs côtes.
ÀD POLE SUD. rs
CHAPITRE XL
Esquisse de la structure géologique de TAustralie.
Océanie oentrale oa Mélanésie. — Aastralîe et Tatmanie.
Le long de la côte orientale s'élève une ligne con-
tinue de montagnes , qui s*étendent du détroit de
Bass au cap d'YorIc, dans le détroit de Torrès, à une
distance de 2&00 milles ; au delà elles se prolongent
en îles montagneuses jusque sur les côtes de la Nou-
velle-Guinée. Cette chaîne a un axe granitique flan-
qué par des roches métamorphiques et paléozoïques
au sud , ainsi que Ta décrit le Dr. Strezelecki auquel
nous empruntons la plus grande partie de ce travail.
* — Physical description ofnew South-Wales and Van
Diemen's land {de Strezelecki).
La côte présente partout des rochesschisteuses, des
porphyres et des basaltes. Au cap Upslait on trouve
du granité , et il est extrêmement développé sur la
côte nord et au loin dans Fintérieur des terres où il
76 VOYAGE
forme des montagnes de â.000 pieds de haut. Au
nord du cap Mel ville le granité disparait presque en-
tièrement, et alors de grandes masses de porphyres
feldspathiques avec des roches quartzeuses et méta-
morphysées , composent le continent et les îles. La
ligne de côte paraît obliquement coupée par une
chaîne de montagnes à axe granitique, flanquée de
porphyres et de roches métamorphiques sur la côte
sud-est. La crête de la chaîne s'étend à 70 ou
100 milles de la côte , laissant un espace considé-
rable qui est occupé par des roches stratifiées , con-
sistant en formations paléozoïques et en grès, etc.
Les mômes roches se rencontrent sur le flanc
ouest de la chaîne, dans le district du fort Philip,
où il existe des lits de houille à Port Western ; sur
la côte sud-est elles se montrent, dans le lit de Bogan,
à son embouchure dans le Darling , et sur les par-
ties supérieures de la Glenely, au sud du Murray,
elles forment les montagnes au nord et au sud des
Pyrénées, la chaîne du mont Byng, etc. La grande
masse des Grampians , qui a plus de /i.000 pieds , est
formée de grès semblables à ceux de Sydney, au sud
desquels il y a de nombreux cônes volcaniques et
d'immenses coulées de laves. Sur toutes les parties
basses de la contrée du fort Philippe au Murray , s'é-
tend une grande formation tertiaire , remplie de co-
quilles d'échinodermes et de coraux. Au cap Jervis,
au sud de l'Australie , les roches sont formées de
micaschistes, de gneiss, de phyllades, près d'Adélaïde,
de schistes chlorileux grossiers , et à Gauler-Town ,
AU POLE SUD. 77
on rencontre surtout des schistes argileux bleuâtres.
Des filons de cuivre et de plomb sont abondants dans
ces montagnes.
L'intérieur des terres paraît être formé spécia-
lement par des argiles et des grès tertiaires , qui
occupent sur la côte une étendue de 600 milles de
la baie Strealy , à Test du mont Ragged , à Touest de
la grande Bight. Autour du mont Ragged, on retrouve
des granités qui forment fréquemment les montagnes
de rouest,dont la base est cachée par les terrains ter-
tiaires. Du détroit de King George, des terres élevées
s'étendent au nord à plus de 250 milles, et consistent
spécialement en granité, en roches métamorphiques,
en gneiss. Entre ce district et la mer, il y a une plaine
basse, qui a environ 20 milles d'étendue , apparte-
nant aux roches tertiaires, qui s'étendent au nord,
jusqu'aux îles qui forment la limite ouest de la baie
Shark , et toute la côte ouest de la Colonie , de la
rivière de Sway. Le long de la côte nord-ouest de la
baie de Shark à la terre de Dampier , il y a une vaste
étendue de pays plat , à peine élevée au-dessus du
niveau de la mer , et bordée par des dunes de sable.
Entre la baie de Golliens et le golfe de Cambridge, on
voit un grand promontoire de grès stratifié semblable
à celui de Sydney. La partie la plus voisine de la côte
décrite, parles observations personnelles de Fauteur à
PortEssington, était formée de roches de grès rouges
ferrugineux horizontaux. Cette formation semble
aussi s'étendre autour de tout le golfe de Carpentarie,
aussi loin que la rivière Victoria. Les grès sont rem-
78 VOYAGE
plis de concrétions ferrugineuses qui» quelquefois «
forment sa masse entière ^ ils sont alors semblables 4
des rebuts de hauts fourneaux ou aux détritus d'un
courant de laves ; ces masses forment des promon-
toires considérables. De leur ressemblance parfaite
avec celles du fort Philip, Fauteur a conclu qu'elles
étaient du même âge. Il fait aussi remarquer le pa-
rallélisme de toutes les chaînes de montagnes de
rAustralie. Le plus grand nombre se dirige du nord-
nord-est au sud-ouest, et on n'en rencontre aucune
qui varie de plus de deux points du nord au sud. Il
dte aussi Topinion du capitaine Sturt : qu'une im-
mense plaine déserte s'étend du grand Criq de l'Aus-
tralie au golfe de Carpentarie , et il fait observer
que la plus grande étendue de contrées inconnues
est au nord-ouest , où les montagnes , entre le golfe
de Cambridge et l'archipel des Boucaniers, peuvent
s'élever k une certaine hauteur dans i'intârieun
'Roolief orîtlallinet.
Nous allons parcourir rapidement llifstoire des
roches ignées, qui forment le squelette de cette tle
si remarquable par sa richesse minéralogique.
Les roches cristallines se rapportent prhicipale-
ment aux variétés suivantes :
Granité proprement dit, porphyre granitique,
granité glandulaire, protogine, syénite, hyalomicte,
quartzite, serpentine et eurite. Sur lesquels on
trouve souvent des roches stratifiées de mici^bisteS;
de schistes siliceux et d'argilite.
AU POLE SUI). 79
Les masses minérales ci-dessus indiquées parais-
sent former la partie la plus étendue de la surface
des deux colonies. Leur limite ouest, dans F Australie,
semble s^étendre au loin dans l'intérieur du conti-
nent, à plus de 160 milles de la mer » elle n'a point
été déterminée.
Leur limite à Test est indiquée par une ligne qui
s'étend de la Nouvelle-Angleterre, lat. 28^ 30', long.
152° 20', aux pieds des sources de la rivière Hunter,
et de là se dirige à Fouest à travers les pieds des
monts Tend , Terrel, Oxley, Arthur, et le long de
la chaîne qui sépare les sources de la Munmurra.
De ce point, la continuité de la chaîne est çà et là
interrompue , et n'est indiquée que par des dépôts
accidentels. Aux sources dé la rivière Goulbourn ,
ses limites, à l'est, sont encore indiquées par une
ligne parallèle à la grande chaîne ; on peut la tracer
à travers le pic de Payan , le sommet de Blackmann,
Cullen-BuUen et la vallée de Clywd à Mont-Murruin.
En traversant les sources de la rivière Abercromby
la continuité de ces dépôts vers le sud est inter-
rompue comme par un bras de mer ; de là ces dé-
pôts se dirigent ensuite à l'est et à l'ouest ; à l'est de
la grande chaîne en passant à Arthusleigh et à Gleu-
rock , dans la direction de la rivière de Shoalhaven ,
450 milles des côtes de la mer, comme une langue
étroite déterre; à l'ouest elle s'étend sur une ligne
tortueuse vers le mont Canoblas , au loin de la base
nord et est de cette montagne.
80 VOYAGE
AernanfaM yénèrales sur les terrains de Tèpo^oe priaure.
L'examen des phénomènes produits par Téruption
des roches cristallines, montre qu'il y a eu différents
degrés d'intensité dans les forces expansives qui ont
agi durant cette éruption. Il résulte naturellement
de l'inégalité de hauteur que les roches cristallines
ont atteint dans ces circonstances un manque d'uni-
formité dans l'inclinaison des couches stratifiées, et
une difficulté pour assigner l'inclinaison générale
des roches sédimenlaires.
Ainsi , au plus haut point de l'élévation du mont
Kosciusko (2,166 mètres), les micaschistes et les
schistes argileux sont verticaux et atteignent une
hauteur de 1,070 mètres; il en est de même sur le
versant ouest entre le lac Saint-Clair et le cap des
Français (sur la terre de Van Diemen). Au delà de la
rivière de Trafalgar , où les masses granitiques ont
une élévation de 430 mètres, les schistes siliceux
sont inclinés à li5\ Sur la chaîne de Masses , entre
les rivières de Murray et Murrumbidjee , les couches
soulevées sont presque horizontales.
Les meilleures coupes des masses stratifiées (sur
la chaîne qui divise la terre de Van Diémen), entre
le lac Saint-Clair et le cap des Français, ainsi que sur
les chaînes Ëldon et Ben-Lomond, tendent à prouver
que parmi les roches stratifiées le schiste micacé
était superposé aux roches cristallines et a suivi tous
les mouvements des couches inférieures, qu'il forme
la plus ancienne partie de la croûte, et que les
AU POLE SUD. 81
schisteg siliceux et argileux qui le recouvrent sont les
plus récents dans Tordre de superposition.
Quant à la priorité sous le rapport de Tâge, parmi
ces masses cristallines, on ne peut pas la déterminer
avec certitude. Les phénomènes géologiques que
Ton observe dans la Nouvelle-Galles du Sud et dans
la terre de Van-Diemen (le val de Clwyd, Bathurst,
le mont Kosciuzko, le lac Orneo, Ben-Lomond et la
chaîne ouest) semblent prouver que la matière gra-
nitique incandescente a été la première qui ait paru
après la rupture de la croûte sous-marine ; c'est au
travers des masses granitiques que les roches de
quartz et de siénite se sont ouvert un passage , et
c'est sur les dernières roches que la serpentine, le
porphyre et la diorite ont fait leur apparition. Ainsi,
aux environs de Bathurst, les roches quartzeuses re-
couvrent le granité, et sur la chaîne Honeysuckle le
porphyre recouvre le siénite. Sur le mont Kosciuzko,
au S.-O., on voit le granité former une base de
666 mètres au-dessus du niveau de la mer , sur la-
quelle le siénite et les roches quartzeuses atteignent
l'immense élévation de 1,500 mètres. Dans la terre
de Van-Diemen le syénite repose sur le granité ,
et la diorite sur le syénite. Dans la grande chaîne ,
entre le lac Saint-Clair et le cap des Français , la
base est granitique jusqu'à une élévation de 600 mè-
tres, et sur cette base les roches quartzeuses, telles
qu'elles ont été décrites , s'élèvent par^ masses en
forme de tours jusqu'à 166 mètres au-dessus du
granité.
XI. Géologie. 1* Partie. 6
82 VOYAGE
Le fait de l'altératioD des roches stratifiées %n
contact avec les masses cristallines ayant déjà été
remarqué, il est inutile de le décrire maintenant,
bien qu'on ne puisse pas encore le rapporter à sa
véritable cause d'une manière satisfaisante. Quelque-
fois le micaschiste est composé de ces deux élé-
ments, quartz et mica, parfaitement et complète-
ment séparés , présentant une agrégation de petites
masses distinctes; d'autres fois, leur mélange est
parfait et la roche est tout à fait fissile : dans les deux
cas le micaschiste apparaît en contact avec le gra-
nité. Les roches sédimentaires arénacées présentent
quelquefois une masse fondue et homogène de quart-
zites granulaires, dans laquelle l'œil nu distingue les
grains , bien que tous les interstices soient comblés.
Des roches semblables sont quelquefois en contact
avec les porphyres, quoique d'autres fois elles soient
complètement séparées de toute espèce de roches
ignées.
L'étendue que les roches stratifiées occupent
dans ces deux coloqies est presque nulle. Elles sont
renfermées dans une petite zone, et les débris
formés par les érosions et les détériorations qu'elles
ont subies ont donné lieu à des dépôts plus mo-
dernes.
On peut dire que les masses cristallines forment
presque toute l'étendue des deux colonies. Le gra-
nité , le syénite et le quartz sont les roches les plus
communes. Les premières constituent presque entiè-
rement la partie ouest (New South Waies) de la Nou*
AU POLE SUD. 83
velle-Galles à l'entière exclusion du micaschiste et du
gneiss, et s'étendent au loin dans la Nouvelle-Hol-
lande en masses considérables et avec leurs contours
arrondis.
Dans plusieurs circonstances , ces masses ont un
caractère analogue à ceux que les mêmes roches
présentent dans TAsie centrale et dans tout le pays
qui s'étend au nord-est de la vallée de Wellington,
entre l'état de Guantewang et celui de M. Mon-
teflore, elles présentent une ressemblance si frap-
pante avec les masses granitiques trouvées dans
les environs de l'Altaï, que la description exacte
qui en a été donnée par de Humboldt peut servir
aussi à décrire celles de la Nouvelle - Galles du
Sud.
Époifoe f eoondaire.
Les roches de cette époque représentées dans la
carte ci-jointe (Atlas , carte de Van-Diemen), sont ca-
ractérisées par un groupe composé de différentes
roches cristallines et sédimentaires qui sont super-
posées à celles que nous avons déjà décrites et qui,
dans l'Australie, contiennent les premières traces de
la vie organique.
Parmi les roches non stratifiées , on trouve des
quartz, des pétrosilex, des porphyres feldspathiques
et argileux, des quartzites granulaires, des diorites
colonnaires, schisteux ou amorphe, des serpentines,
des basaltes, des trachytes, des brèches siliceuses,
des calcaires compactes , massifs ou lamelleux,
84 VOYAGK
Parmi les roches stratifiées, il y a des schistes sili-
ceux et argileux , des grauwackes , des poudingues et
des conglomérats.
Nous choisirons , pour l'étude de cette époque, les
localités les plus importantes au nord-est de la Nou-
velle-Galles du Sud.
1* Port Stephens. — On trouve sur l'étendue de
pays compris entre le port Hunter, le port Stephens
et le montWingen, des terrains secondaires; les ro-
ches sédimentaires de cette époque sont parfaitement
séparées , chaque partie détachée ayant une direc-
tion ou une inclinaison qui lui est propre. Dans cette
structure disloquée , on découvre néanmoins quel-
ques phénomènes qui peuvent indiquer leur ancienne
continuité.
Au milieu de l'espace compris entre la rivière
Karna et la Terrace Raymond , il y a un très-léger
soulèvement ou une petite chaîne de brèches sili-
ceuses et de grauwackes courant de l'est à l'ouest.
Des deux côtés de ce soulèvement le pays est couvert
d'un épais dépôt arénacé; une carrière, à i milles de
la Terrasse de Raymond , montre qu'il est composé
de deux parties distinctes , la supérieure d'un con-
glomérat, l'inférieure d'un grès employé pour bâtir,
et contenant les fossiles suivants :
Fenestella internata (Lonsdale) .
— ampla (Lonsdale).
Productus brachytœrus.
Terebratula cymbœformis (Morris).
AU POLE SUD. 85
Terebratula hastata (Morris),
Conularia levigata.
Les grès et le conglomérat sont légèrement incli-
nés vers le midi : à Raymond Ferry on trouve le con-
glomérat sur la rive gauche de Tllunter, presque au
niveau de ses eaux.
En passant à Touest de Garrington à Booral nous
trouvons une chaîne peu élevée (est et ouest) de ro-
ches argileuses gris bleuâtre, en couches fortement
inclinées , contenant un mélange de matières cal-
caires et beaucoup de restes organiques, la plupart
couchés parallèlement aux strates de la roche; ils
sont bien conservés et peuvent être rapportés à
VIchthyodorulite.
Littorina filosa (J. Sowerby).
Turritella tricincta (Morris).
Spirifer crebristria (Morris).
Un examen plus attentif montre que cette roche
est associée avec la brèche siliceuse et la grau-
wacke qui elle-même a pour base la diorite et le por-
phyre feldspathique. Dans le voisinage immédiat des
grès , il y a des conglomérats semblables à ceux de
Raymond Terrace sous le point de vue minéralo-
gîque ; Tabsence de coupes naturelles a empêché de
découvrir des fossiles.
A Booral, on trouve les trois parties du groupe;
la brèche siliceuse , les roches schisteuses bleuâtres
se montrent aussi à l'ouest de Strout; sur le bord es-
carpé de la rivière Karna , quatre formations peuvent
86 VOYAGE
être facilement tracées : la plus basse, la grauwacke;
au dessus, les roches schisteuses ; plus haut, les grès
et les conglomérats qui ont déjà été décrits.
En suivant maintenant les grès, et les porphyres
feldspathiques que nous voyons s'étendre au-dessoqs
des roches argileuses qui contiennent des ichthyodo-
rulites ; nous voyons que , près des sources de la ri-
vière Hunter, les grès et le porphyre sont associés
avec le granité appartenant à la première époque, et
une étude attentive du pays que nous avops nommé
Port Stephens nous donne la coupe suivante dans
Tordre ascendant :
Granité.
Porphyre.
Grès.
Brèche siliceuse.
En couches ( Grauwacke.
fortement /
inclinées. ( Roches argileuses avec Ichthyodorulite.
Presque ( ^^^^ ^^^^ Conularia.
horizontales. \ Conglomérats.
2° Dans les plaines de Saint-Patrick , Glendon et (a
montagne de Harper, les roches stratifiées de celte
époque reposent sur la brèche siliceuse, entre des
dikes de diorite et de basalte. Elles présentent des
calcaires compactes disloquées , contenant :
Platyschisma oculus (Morris).
— rotundatum (Morris),
Spirifer Darwinii (Morris),
AU POLE SUD. 87
Spirifer subradiatus (G. Sowerby).
Pleurotom^ria strzeleckiana (Morris).
Fenesîella inUrnata (Lonsdale).
— fossula (Lonsdale).
3* Le haut Hunter. — Ici les roches de la seconde
époque s'étendent des environs de Dart Brook dans
une direction ouest jusqu'aux plaines doGummun et
Cassilis. Vers Coyal elles semblent se bifurquer. Dans
quelques parties de cette zone, comme dans la gorge
de Dart Brook et dans celles de la partie ouest du
pic de Mac Arthur , le lit le plus inférieur est com-
posé de fragments de roche de granité, feldspath, de
micaschiste et schistes argileux : sur celui-ci sont des
schistes argileux et des grauwackes presque verti-
caux; immédiatement au-dessus se trouvent des
calcaires de deux variétés, compactes et stratifiés
dans lesquelles les traces de restes organiques sont
très-peu distinctes. Le tout est couronné par un
grand développement de poudingues et conglomé-
rats en lits légèrement inclinés.
Sur quelques points les couches décrites sont dis-
tinctement séparées de celles de la première époqqe
par des diorites d'irruption qu'on peut voir sur le
flanc méridional de la chaîne de Liverpool ; on les
trouve quelquefois appviyées CQqtre le granité et la
diorite, comme cela arrive entre Coyal et les sources
de la rivière Goulburn.
4* Aux environs est de Cullen-BuUen , on trouve
les roches de la seconde époque s'étendaqt en partie
88 VOYAGE
sur la chaîne Honeysuckle , en partie sur celle du
Wolgan , et atteignent par une langue de terre la
partie ouest du mont du roi George : elles embras-
sent aussi le mont Victoria, et une partie du val
de Clwyd. Dans cette localité , nous voyons des ro-
ches brisées , s' appuyant contre des diorites et des
basaltes des syénites, sur lesquelles reposent des
schistes argileux et compactes, des calcaires noi-
râtres dans une position verticale, qui sont eux-
mêmes couronnées par des conglomérats presque
horizontaux.
5" A l'est du lac Barrabura , dans les environs de
Glenrock et de l'anse Barber, des diorites et des
grauwackes schisteuses à grains très-fins forment le
lit inférieur du groupe que nous considérons. Entre
celui-ci et la base granitique il y a des masses adven-
tives de roches quartzeuses, porphyriques et jas-
poïdes. Les calcaires qui viennent immédiatement
après sont en contact avec les diorites ou avec des
porphyres, et passent imperceptiblement aux cal-
caires fossilifères. A Amprier et à Test de Glen-
rock, les fossiles que contiennent ces calcaires sont
peu distincts et pour la plupart légèrement indiqués
sur la surface la plus usée de la roche ; ils consis-
tent en
Amplexus arunditmceus (Lonsdale).
Crinoidal stems j etc.
6* Illavara. — Cette localité présente non-seule-
ment des roches appartenant à la seconde époque ,
AU POLE SUD. 89
mais aussi des calcaires fossilifères dont nous avons
parlé dans la description du groupe de la montagne
Harper : on trouve ces calcaires au milieu des vastes
dislocations qui peuvent se rapporter à diflFérentes
époques , ils contiennent les fossiles suivants :
Stenopora crinita (Lonsdale).
Allorisma curvatum (Morris).
Pachydomus antiquatus (Morris).
— cuneatus (Morris).
— lœvis (Morris).
— globosus (Morris).
— carinatus (Morris).
Orthonota costata (Morris).
Eurydesma cor data (Morris).
Pecten lllawarensis (Morris).
Productus brachythœrus (G. Sowerby).
Platyschisma rotundatum (Morris).
— oculus (Morris).
Pleurotomaria strzeleckiana (Morris).
— cancellata (Morris).
Terebratula hastata (Sowerby).
Bellerophon micromphalus (Morris).
Spirifer Darwinii (Morris).
— subradiatus (G. Sowerby).
Theca lanceolata (Morris).
Conularia levigata (Morris).
T A Fouest de Modbury , on voit le groupe de
cette époque reposant sur Targilite et le granité ;
90 VOYAGE
ces calcaires portent également , mais seulement
d'une manière très-peu distincte, Tempreinte fossi-
lifère.
8*" Au sud-ouest d'Arthursleigh , près du parc de
Greenwich, le calcaire est associé avec la grauwacke
qui est séparée de la lave granitique par la diorite et
la serpentine. Dans tous les cas la partie supérieure
est formée de conglomérats de diverses variétés , tous
dans une position presque horizontale; les roches
qui les composent ont été transportées de très-loin ,
et quelques-unes recouvrent encore les pays envi-
ronnants, comme cela arrive à 6 milles au S.-O.
d'Arlhursleigh et au N. de Ballangola.
9* A Touest du lac Barabura et du lac Georges,
les roches de la seconde époque s'étendent presque
dans le même ordre de superposition que celui que
nous avons décrit dans les localités dont nous avons
déjà parlé. Ainsi le calcaire se présente d'abord com-
pacte, sans fossiles, il devient graduellement fossi-
lifère , et repose soit sur des roches sédimentaires ,
grauwacke , phyllade , brèche siliceuse , soit sur le
porphyre, le diorite et le basalte, les conglomérats
qui recouvrent ce calcaire sont dans un état de
désagrégation partielle, particulièrement dans les
plaines d'Yafs ; en conséquence de cette désagréga-
tion , le calcaire est souvent à nu. Dans la vallée de
Wellington, à Molongas et Boree; il présente des faits
très-intéressants , car on trouve dans les cavernes
des brèches osseuses. Au nord de Canobolas et des
pleines d'Yafs, on rencontre quelqqes fossiles p|qs ou
AU POLE SUD. 91
moins bien conservés qui peuvent être rapportés aux
Favosites Gothlandica (Lamarck).
Crinoidal columns.
Orthocerasj et des empreintes de Trilobites
qui ont à peine un demi-pouce.
Dans la terre de Van-Diemen , les localités dans
lesquelles les roches de la seconde époque appa-
raissent, sont :
1** Les montagnes Asbestes, au sud. Les séries
les plus inférieures paraissent être ici des roches
schisteuses , micacées et argileuses , fortement incli-
nées , reposant sur des roches siliceuses , amygda-
loïdes et bréchiforraes , et au-dessous sur une roche
dioritique. On voit près de là un calcaire compacte
devenant graduellement fossilifère ; sur cette forma-
tion, se trouve un conglomérat disposé en lits
presque horizontaux.
2* Dans les montagnes du Hampshire , les roches
feldspathiques, à cassure conchoïdale avec un cli-
vage schisteux , forment la masse principale , elles
sont superposées au granité ou au porphyre feldspa-
thique, et sont recouvertes par un calcaire granu-
leux qui ne contient pas de fossiles.
3° De la baie Emn au cap Grimm , on rencontre
une suite continue de schistes siliceux et argileux ,
reposant sur plusieurs axes parallèles dans la di-
rection du nord au sud. Les axes sont composés de
roches quartzeuses granulaires, de basaltes, de dio-
rites ou de roches jaspoïdes ; les schistes sont ordî-
92 VOYAGE
nairement à grains fins , formés de matières sili-
ceuses très-fines, et sont, le plus souvent, des schistes
argileux de couleurs rouge, verte, grise, noire et
bleue. Cette couche de schistes n'est élevée que de
quelques pieds au-dessus du niveau des marées , et *
surmontée, sur quelques points, de lits horizontaux
de conglomérats.
Il"* La vallée Belvois, les étangs ^ marais circulaires
et les caves calcaires de la rivière Mersey ( Mr. Reid*s
Farm) , présentent des caractères géologiques sem-
blables dans toute retendue des terrains de la se-
conde époque. Ces trois localités ont, pour ro-
ches inférieures , une petite couche de grès ou de
quartz granulaire , des schistes argileux , dans une
position inclinée, reposant sur des roches quart-
zeuses, feldspathiques, porphyres, diorite et basalte.
Un calcaire compacte, des poudingues et des conglo-
mérats, sont associés avec les roches précédentes: les
derniers sont par couches horizontales, aucun reste
organique n*y a encore été découvert.
Le calcaire de ces trois localités est traversé par
des diorites, des basaltes, et montre par la struc-
ture des cavernes qu'il forme , et par la disposition
en entonnoir qu'aflectent ces lieux, des marques
d'afiaissement partiel.
5* Les plaines de Norfolk. — Ici les couches les
plus inférieures sont des brèches siliceuses reposant
sur une base de diorite ; sur ces premières couches
se trouvent des roches de grès argileux et de for-
mation schisteuse, dans une position inclinée. Le
AU POLE SUJ). 93
calcaire est par couches très-minces et presque ho-
rizontales ; il contient les fossiles suivants :
Stenopora Tasmaniensis (Lonsdale).
Productus brachythœrus (G. Sowerby).
Spirifer subradiatus (G. Sowerby).
Pecten limœformis (Morris).
Ce calcaire est couvert par un conglomérat en
couches horizontales , visiblement durcies par l'ac-
tion de la chaleur.
6^ Le Ben Homond, au nord-est, et le Ben Nevis au
sud , montrent ce groupe dans la succession ascen-
dante suivante. D'abord la brèche siliceuse compo-
sée de micaschiste, de schistes argileux et siliceux;
ensuite la grauwacke, puis l'argile, et enfin le calcaire
compacte sans fossiles: le tout couronné par des
masses immenses de diorites, qu'on voit mêlées aux
différentes parties du groupe de micaschiste, et s'é-
lever sur la base granitique à une hauteur de
1,666 mètres. Dans l'éruption des diorites qui a con-
stitué la crête dentiforme du Ben Nevis , la partie la
plus inférieure de la série (la brèche siliceuse et le
schiste argileux) ont été séparés et portés à une hau-
teur de 166 mètres, où on les trouve sur le col qui
unit Ben Nevis avec Ben Lomond.
7* Vallée Break-O'Day. — Une section ouest de
la tête de Saint -Patrick, qui commence avec l'axe
syénitique delà chaîne, comprend les couches sui-
vantes de la série: les roches quartzeuses granu-
laires, les grauveackes, les grès, le schiste argileux,
94 VOYÂGt
l'argile , le calcaire compacte et schisteux conleoiaut
les fossiles suivants :
Stenoptra Tasmaniensis (Lonsdale).
Fenestella ampla (Lonsdale)*
— internata (Lonsdale),
Spirifer subradiatus (fi. Sowerby).
Ce calcaire est quelquefois recouvert par un con-
glomérat. Tout le groupe, à l'exception du calcaire
et du conglomérat, se trouve dans une position très-
inclinée par la diorite qui a fait éruption entre eux
et l'axe syénitique.
8' Les sources de la rivière Nive^ dans le haut pays et
la localité de Marlboroug h , à Pestj montrent peut-être
la section la plus complète qu'on ait encore vue de
ce groupe. Ici on trouve un calcaire massif et fossi-
lifère appuyé contre un schiste argileux et siliceux
très-incliné ; sur ce calcaire , il y a des fragments de
roches argileuses sans fossiles , puis des roches mas-
sives , argileuses , arénacées et fossilifères. Celle-ci
est couronnée par un dépôt sédimentaire de vase et
de sable fin , qui atteint à une élévation de 1,710 mè-
tres. Dans cette localité on rencontre les fossiles
suivants:
Crinoidal columns.
Productus brachythœrus (G. Sowerby).
Spirifer subradiatus (G. Sowerby).
— et S. Stokesii (Kônig).
Fenestella internata (Lonsdale).
— et F. ampla (Lonsdale)»
AU POLE SUD. 9Ô
9° Marais situés à CesU — La grauwake avec un cli-
vage schisteux forme ici une base très-inclinée sur
laquelle repose un calcaire massif et compacte con-
tenant :
Pecten limœformis (Morris).
Productus brachythœrus (G. Sowerby).
Fenestella internata et atnpla (Lonsdale).
SpirifersubradiatusetS. Stokesii(G. Sowerby).
Ce calcaire est, contre Tordinaire, couvert d'un
conglomérat qui est très-modiûé. L'éruption de la
diorite qui sépare maintenant les tributaires du petit
Port-Swan, de ceux de la rivière de Tamar, ne
semble pas avoir affecté la position du calcaire.
10* Mont Dromdary, mont Wellington^ la mon-
tagne des Arbres-Gras. — Le calcaire de cette localité
est sous le double rapport minéralogique et géolo-
gique , semblable à celui des Marais de l'est et aux
sources de la rivière Nive ; il contient les fossiles
suivants :
Stenopora Tasmaniensis (Lonsdale).
— ovata (Lonsdale).
Fenestella ampla (Lonsdale).
— internata (Lonsdale).
— fossula (Lonsdale).
Productus brachytœrus (G. Sowerby).
— subquadratus (Morris).
Pecten Fittoni (Morris).
— squamuliferus (Morris).
96 VOYAGE
Spirifer subradiatus (G. Sowerby).
— Tasmaniemis (Morris).
— Stokesii (Kônîg).
— avicula (G. Sowerby).
— vespertitio (G. Sowerby),
Pachydomus globusus (Morris).
La position des deux parties fossilifères du groupe,
sur le versant est du mont Wellington , près de la
maison de M. HuU , ainsi que la position du conglo-
mérat, sur le sommet du mont Wellington, sont
dues à réruption de la diorite sur ce point , éruption
qui a séparé et soulevé les diverses parties de la
série que nous venons d'indiquer.
11« La montagne Spiring à F ouest. — Une grauwacke
fossilifère avec :
Stenopora informis (Lonsdale),
Fenestella ampla (Lonsdale),
Pachydomus gtobulosus (Morris),
Orthonota compressa (Morris),
Pterinea macr optera (Morris),
est le seul membre des roches appartenant à la se-
conde époque , qu*on trouve dans cette localité. Sa
position, relativement à la couche sous-jacente , est
dîflBcile à déterminer avec certitude à cause des dis-
locations qui s'y trouvent.
12* Le col de l'Aigle. — On trouve ici les roches
arénacées, siliceuses, schisteuses, fossilifères, qui
ont été remarquées dans le voisinage de la rivière
AU POLE SUD. 97
Nive et du mont Wellington, elles apparaissent au
niveau des basses eaux , en couche presque horizon-
tale. Celte couche est découverte par l'action de Feau
de la mer qui a désagrégé le conglomérat qui la re
couvre, et elle présente une surface fissurée très-
irrégulière.
Cette roche est caractérisée par Tabondance de
Spirifer vespertilio et Spirifer avicula.
&eiiiarqaef générales sur la féconde époque.
Les différences géologiques et minéralogiques qui
existent entre les roches sédimentaires précédem-
ment décrites, quelque grandes qu'elles paraissent,
peuvent cependant être comprises en tenant compte
de la forme de la première terre soulevée , sur la-
quelle s'est formé ultérieurement l'édifice géologique
de ces îles.
La forme de cette terre a donné lieu à des re-
mous et à des courants qui, en jugeant par ce que
nous voyons aujourd'hui dans le détroit de Bass,
peuvent avoir puissamment aidé les agents généraux,
qui effectuent le minage , la pulvérisation , la dissé-
mination des matériaux et la reconstruction des ro-
ches; ils peuvent également avoir contribué à contra-
rier ou contre-balancer leur effet. Ainsi la différence
entre deux localités résultant soit d'une différence
dans le nombre ou le caractère mînéralogique des
couches des séries , soit de l'abondance ou du petit
nombre des fossiles caractéristiques, tend seulement
XI. Géologie. 2« Partie 7
98 VOYAGE
à prouver qu'une localité a été plus favorablement
située qu'une autre pour Taccumulation des archives
géologiques.
MM. Lonsdale et Morris ont trouvé que les restes
organiques, par lesquels cette époque a été caracté-
risée , possèdent une grande analogie avec ceux de
la série palœozoïque. Cette analogie résulte des carac-
tères spécifiques des fossiles australiens , qui ont été
pleinement discutés dans l'important article que ces
deux éminents naturalistes ont fourni à la section
zoologique du volume, de M. de Strzelecki.
Pour les roches cristallines éruptives que nous
avons indiquées dans plus d'une localité , en signa-
lant leur présence dans les roches stratifiées comme
causes immédiates de leur dislocation; quelque bou-
leversés et confus que soient les groupes , leur
éruption peut néanmoins être rapportée à certaines
époques distinctes et éloignées, et peuvent être
classés chronologiquement à l'aide de plusieurs
preuves géognostiques qui sont fournies par les ro-
ches sédimentaires avec lesquelles ils sont en contact.
Ainsi l'éruption de la diorite dans la chaîne du Coyal ,
de Liverpool et de Honeysuckle ; celle des basaltes le
long de l'éperon qui est couronnée par le mont du
roi George , et l'éruption de ces deux roches dans
Westmoreland peuvent être rapportées à la période
intermédiaire, entre la formation des masses sili-
censés et alumineuses , et celle des dépôts sédimen-
taires alumineux, calcaires, fissiles non fossilifères.
Dans ces trois cas , les roches siliceuses et alumi-
AU POLE SUD. 99
neuses les plus inférieures des séries étaient dans une
position fortement inclinée , tandis que celles qui
suivent sont horizontales ou presque horizontales.
La plus importante éruption de diorite dans la
terre de Van Diemen appartient aussi à cette époque,
particulièrement celle qui a produit la division
complète, telle qu'elle existe aujourd'hui, de la
Tête de Saint-Patrick et du mont Table et celles
qui ont formé les élévations du Ben-Lomond , du
Ben-Nevys, du mont Horror, du mont Barrow,
du mont Direction et du mont George. On peut éga-
lement rapporter à cette même période, l'éperon
dloritique et basaltique qui court entre le Bluff à
l'ouest et les montagnes Asbestes, et celui qui va du
pic Saint-Yalentin au mont Gameron à l'ouest, avec
toutes ses branches latérales, qui contournent le
système d'argile schisteux entre la baie Ems et le
cap Grimm. Dans toutes ces localités de la terre de
Van Diemen , comme dans les précédentes de la Nou-
velle-Galles du Sud , les masses arénacées et alumi*
neuses les plus inférieures sont les seules qui sont
bouleversées et qui ont une pente très-inclinée.
L'éruption des porphyres et des diorites du port
Stephens doit aussi être rapportée à la période à la-
quelle le dépôt des roches schisteuses, argilo-cal-
caires, fossilifères a été terminé, et avant celle à
laquelle la formation du grès grossier avec Conulariœ
et Terabratulœ a commencé.
On peut classer comme contemporaine de cette
éruption celle des porphyres de la crique de Barber,
100 VOYAGE
ainsi que celle des porphyres, des diorites et des ba-
saltes des monts Canoblas, Borée, Molong, Narrigelle,
Wellington , et de l'ouest des plaines de l' Yass. Dans
la terre de Van Diemen , coniemporainement avec
ces éruptions, on trouve celles qui ont produit l'é-
peron qui descend du mont Table et qui est couronné
par le mont Dromedary. Nous voyons dans toutes ces
localités chaque couche des séries contenir des
schistes fossilifères très-contournés.
Immédiatement après cette période, nous pou-
vons suivre les bouleversements qui ont disloqué
une autre partie de la série particulièrement les ro-
ches arénacées fossilifères qui reposent sur le schiste
calcaire. On peut voir les effets de ce soulèvement
dans la Nouvelle-Galles du Sud, à la plaine de Saint-
Patrick et sur la montagne Harper.
La dernière éruption paraît avoir été celle qui est
intervenue entre l'époque déjà mentionnée et une
suivante caractérisée par le dépôt de charbon.
Ses traces sont visibles sur le mont Tomah, dans
la Nouvelle -Galles du Sud, et sur les monts Wel-
lington et Dry -Bluff, dans là terre de Van Diemen.
Ils montrent que toutes les formations qui appar-
tenant à la seconde époque , ont été affectés par des
troubles semblables. Dans les deux dernières loca-
lités, réruption a été d'une étendue très-limitée f de
sorte qu'au nord-ouest du mont Wellington une
partie des séries n'est pas troublée, tandis qu'au
sud-est, trois de ces parties les plus modernes sont
disloquées; et la dernière est séparée et élevée de
AU POLE SUD. 101
713 mètres au-dessus des autres. A Dry-Bluff, où
toutes les séries sont bouleversées , la partie dislo-
quée est séparée et portée à une hauteur de plus de
1,300 mètres.
TroUième époque.
L'inspection de la carte ci-jointe dans laquelle les
roches cristallines et sédimentaires sont représentées
par des colorations différentes, montrera au premier
coup d'œil de quelle manière les masses minérales ont
été ajoutées à la base originaire , et ont donné nais-
sance à des bassins particulièrement propres au dé-
veloppement des phénomènes que nous allons exa-
miner.
Trois de ces localités méritent une attention par-
ticulière. La première, dans la Nouvelle-Galles du
Sud , présente la partie marginale ouest d'un grand
bassin qui est maintenant arrosé par les tributaires
des rivières Hunter et Hawkesbury et que nous appel-
-lerons le bassin de Newcastle.
La seconde , le bassin Esk sud , dans la terre de
Van Diemen, est renfermé entre les vais d'Avoca et
Break-O'Day et le pays arrosé par les rivières Mac-
quarrie et Blackman.
La dernière, le bassin de Jérusalem , aussi dans la
terre de Van Diemen , renferme la vallée Derwent
au nord jusqu'à Hamillon et Bothwel, de même que
les vallées des rivières Richmond et Coyal , et pré-
sente, comme le bassin de la Nouvelle-Galles, ses
côtés ouest et nord sans altération; son étendue, au
102 VOYAGE
sud et à Test, a été indiquée seulement par les ca*
ractères géologiques qu'on peut observer à Tîle Maria
et à la péninsule Tasman.
Les bords des trois bassins paraissent avoir une
origine contemporaine; mais les dépôts qu'ils ren-
ferment semblent différer de dates et portent à croire
que les conditions géologiques dans lesquelles ils ont
été produits , ont été modifiées dans chaque localité
non-seulement sous le rapport du temps, mais aussi
sous celui du charbon et des autres couches qu'ils
contiennent.
Nous le montrerons brièvement en passant en
revue les phénomènes géologiques qu'on peut ob-
server dans chacune de ces localités.
Bassin de NewoasUe*
C'est du port Stephen qu'on peut le mieux exami-
ner et comprendre ce bassin.
Il s'élève entre ce point et la rivière Hunter, une
petite colline qui divise le cours de la rivière
William de celui du Karna. Cette colline est com-
posée de grès, de calcaire, de diorite et de basalte.
On trouve sur son flanc méridional un grès gros-
sier, contenant desConutariœ^ des Spiriferœ^ sous-
jacent au conglomérat; ces roches constituent la
partie supérieure de la série des couches décrites
dans la précédente époque ; elles s'étendent sur la
rive gauche de l'Hunter.
Près de Raymond Ferry , on trouve les deux for-
mations au niveau de la rivière , courant au sud.
AU POLE SUD. 103
Eu traversant THunter , et en desceDdant vers le
sud, nous arrivons sur une chaîne, est-ouest, qui
est composée de masses de grès qui diffèrent de ceut
de la rive gauche de rHunter«
Il est finement grenu et contient du mica et des
traces de fer, et se trouve en quelques points bi-
garré par zones de différentes couleurs ; sur d'autres,
il est mêlé avec de très-petites couches de charbon.
Du côté sud au lac Macquarie, les couches de charbon
sont au-dessous du grès.
Dirigeons maintenant notre course vers Test,
du dernier point indiqué au bord de la mer^ en
nous avançant vers le nord , nous arrivonè en vue
d'une roche escarpée, de 66 mètres de hauteur
sur environ 666 mètres de long , qui présente plu-
sieurs filets de charbon, arrangés en couches paral-
lèles, dont la continuité est interrompue par des
failles qui montrent la dislocation de. la couche de
charbon.
A nie de Nolby , qui s'étend entre la roche escar-
pée , dont nous venons de parler, et la terre opposée
qui forme la tête nord du port Hunter , nous trou-
vons la couche de charbon plongeant au sud , et au
même angle d'inclinaison que le grès avec les Spiri-
ferœ et les Conutariœ , descendant à Raymond Ferry.
Dans les plaines de Saint-Patrick et vers la rivière
de Wolombi, on peut observer des relations analo-
gues entre les roches de bresche siliceuse , de con-
glomérat, de schistes fossilifères, de charbon et de
grà» fin; elles confirment Tinduction que l'éperon
104 VOYAGE
de bresche siliceuse , de diorite et de basalte , entre
le port Stephen et la rivière Hunter , est une partie
du bord nord-est du bassin de Newcastle , et que la
couche de grès avec Spiriferœ et Conulariœ^ avec les
conglomérats qui les recouvrent, forment le fond de
ces dépôts de charbon.
Les filets de charbon ne sont pas accessibles dans
la roche escarpée à laquelle nous les avons rappor-
tés , mais ils peuvent être examinés dans quelques-
unes des fosses de charbon qui existent sur le côté
incliné de Télévation. Celle qui est le plus près de la
roche escarpée donne la section suivante dans Tor-
dre ascendant :
A. Charbon (le plus bas du dépôt). 1 mètr.
B. Grès vert 15 »
C. Charbon 1 •
D. Grès vert avec veines bleues. . 7 •
E. Charbon: 1 1/2 •
F. Roches argileuses et schistes avec
impressions de Sphenopteris lobi-
folia, Sphenopleris alata^ Gtos-
sopteris Browniana , Phyllotheca
australis 1/i. »
G. Charbon 1 »
H. Argile marneuse
J. Charbons
K. Conglomérats, partie supérieure
du dépôt
Outre les impressions de Phyllotheca et de Glos^
AU POLE SUD. 105
sopteris^ on a aussi découvert une empreinte de pois-
son, mais trop imparfaite pour permettre de déter-
miner ses caractères spécifiques,
A Fouest et au sud de la roche escarpée que nous
avons décrite , on voit le conglomérat K et le dépôt
de charbon s'étendre, à l'ouest, sur des masses de
grès variés micacés et finement grenus , qui s'élèvent
graduellement dans cette direction , à la hauteur de
100 mètres, et qui atteignent, sur quelques points,
une épaisseur de &60 mètres, ce qui peut être observé
dans la vallée de Grose.
La direction moyenne de ce grès sur le bord nord-
est du bassin^ est sud-est; sur le bord ouest elle est
est; du côté sud, qui est d'IUawara, cette direction
est nord-ouest ; la couche semble ainsi converger
vers le pays de Cumberland, le centre probable du
bassin.
Le grès varié se trouve dans les environs de New-
castle , dans un position parallèle aux dépôts de char-
bon , comme cela arrive aussi à Raymond Terrace,
pour les rapports des conglomérats et du grès , con-
tenant les Spiriferœ, Productœ et Conulariœ.
Basiin sad«est dans la Terre de ITai» l>ieiiieii.
Ce bassin est d'une étendue très-limitée , et pré-
sente un bord très-dentelé. Cette section va de l'est à
l'ouest , c'est-à-dire de la tête de Saint-Patrick à Ben
Lomond, il présente d'abord un axe dioritique, sur
lequel sont appuyés les grauwackes, les schistes argi-
leux et les grès , dans des positions verticales , près
106 VOYAGE
d'une roche calcaire avec Spiriferœ^ et d'un cong o-
mérat en couches horizontales ; sur le côté sud de
Ben Lomond , il y a une couche de charbon sur la-
quelle repose un conglomérat et des grès variés* Les
trois derniers membres du dépôt sont disloqués, et
élevés de 700 mètres au-dessus du bord actuel de la
couche de charbon. Dans ce bassin , les grès variés
occupent la position la plus élevée parmi les roches
sédimentaires.
Bassin de J'énualeni
En allant des marais de Test à Jérusalem nous ob*
servons une roche de calcaire contenant àesProductw
et des Spiriferœ^ ensuite un conglomérat» puis des
affleurements de charbon se dirigeant tous vers le
sud* Dans les fosses de charbon de Jérusalem, la sec-
tion artificielle présente la série suivante de couches
de charbon prise dans Tordre ascendant :
A. Charbon (le plus bas). • . • 65 centim.
B* Argile noire , avec empreintes de
Pecopteris awtralis et Zeugaphyl-
lites 2 mètr>
C. Argile grise a mètr.
D. Argile noire avec Tempreinte d'ar-
gile. . • • ' 1 mètr.
E. Argile grise â mètr.
F. Charbon 1 mètr.
G. Argile noire, avec empreintes sé-
parées d'argile B et D. • ^ • 60 centim.
AU POLE SUD. lor
H. Argile grise 60 centim.
I. Schiste argileux 30 centim.
K. Grès vert 30 centim,
L. Grès avec empreinte de Pecopteris
es 3 m. 10 c.
On peut suivre le grès L dans la direction qu'il
suit vers le sud jusqu'à Richemond, où on le trouve,
comme à Jérusalem , sur le sommet de la couche de
charbon.
On peut suivre sa trace au delà de Richemond jus-
qu'au bord de la mer à Pitt Waler et à la fosse des
charbons du port Arthur ; on le trouve encore affleu-
rant avec le charbon.
Le dépôt de charbon de ces fosses, en prenant
toutes les couches ensemble , a une épaisseur totale
de 50 mètres; ses deux couches supérieures corres-
pondent aux deux couches A et F, notées dans la
fosse de Jérusalem, comme cela arrive aussi aux
autres couches , sous le rapport de leurs empreintes
de plantes fossiles.
A rétablissement du port Arthur , plus au sud que
la fosse de charbon du même nom, on voit le grès
seul plonger au-dessous des masses d'argile qui
composent Yîle Paer^ et qui contiennent le Pachy*
damus gtobosus.
La ligne que nous venons de suivre et qui est celle
des marais de l'est, par Jérusalem et Richemond à
la pointe Paer, est rompue sur plusieurs points par la
diorite ; ce qui pourrait dérouter l'explorateur , si
108 VOYAGE
le bassin de Jérusalem ne présentait pas de nou-
velles preuves , sous le rapport de Tordre de super-
position.
Ces localités sont : les terres de M'. Parsons , non
loin de Bothwell; Jéricho, le marais de 9 milles,
r Auberge de Londres, la montagne Spring, la baie
de la Recherche, le port Sud et Tîle Maria. A la
localité de TAuberge de Londres, une section prise
dans une fosse à côté d'une station de police, on
trouve le grès de cette localité identique avec celui
de la fosse de charbon de Jérusalem; il descend
jusqu'au point où la couche avec empreinte de Pecofh-
teris australis et ZeugophyUites recouvre une couche
de charbon.
Si nous tirons une ligne de l'Auberge de Londres
à Hobart-Town, elle correspondra, pour la direction,
avec celle tirée des marais de l'est à travers Jéru-
salem, Richemond et le port Arthur, à la pointe
Paer, et elle coupera les successions de roches qui
suivent : un grès avec empreinte de Pecopteris odan-
topteroides superposé à des masses d'argile , qui se
trouvent sur le côté de la montagne Spring, et qui
contiennent le Pachydomus gtobosus.
Le grès et l'argile vont au sud- ouest. A Green-
pond et à Brighton, ces masses sont remplacées
par différents grès fins, micacés, sans empreinte
de Pecopteris. A Hobart-Town, ils sont couverts
par une roche calcaire jaune contenant des BtUines
et des Hélix.
AU POLE SUD. 109
Coupe au puits de Jérusalem, Coupe au puits de C Auberge de
Londres.
1. Charbon. 1. Charbon.
2. Schistes , avec empreinte de 2. Schistes , avec empreinte de
Pecopterîs australis et de Pecopteris austi^alis et de
Zeugophyllites, Zeugophyltites,
3. Des grès avec empreinte de 3. Des grès avec empreinte de
Pecopteris odontopteroides, Pecopteris odontopteroides.
4. Masses d'argile avec Pachy- 4. Masses d'argile avec Pachy-
domus globosus. domus gtobosus.
5. Grès variés.
6. Calcaire jaune avec Bulinus
et Hélix,
Les deux séries sont très-disloquéespar les diorites
et les basaltes , et les formations qui ont été énumé-
rées n'offrent pas de continuité : ce qui nécessite un
nouvel examen pour reconnaître leur véritable po-
sition ; de cette façon on pourrait résoudre la ques-
tion de l'âge relatif de ce charbon. Jusque-là nous
pouvons seulement admettre que le dépôt de char-
bon de Jérusalem peut être un peu antérieur à ceux
des bassins de Esk sud et de Newcastle.
Nous pouvons joindre aux dépôts des trois bassins
qui ont été décrits la couche de charbon qui a été
observée dans une petite vallée appelée la vallée
Reedy (le val de Clywd), au nord du mont York, à
Test du mont Glarence, et qui semble appartenir au
bassin de Newcastle ; cependant cette probabilité
peut être repoussée parce que les charbons recou-
vrent des masses de bitume pur, circonstance qu'on
n'a pas rencontrée ailleurs.
Les filons de charbon observés par le dernier sur-
110 VOYAGE
veillaDt général Oxley , au nord du port Stephen ,
aux sources des rivières Hastings et Mac Leay , ont
encore été constatés par Gunningham à la baie de
Moreton, ainsi que les filons de charbon au port
Western ; ce sopt les indications les plus probables
de bords de bassins semblables à celui de New*
castle.
Dans toutes ces mines de charbon, des masses de
grès variés paraissent près de la couche de charbon ;
et ce fait joint à ceux obtenus par l'examen des bas-
sins de Newcastle , de Esk sud , de Jérusalem et des
autres pays porte à conclure que les grès variés qui
sont près de Sydney , les grès variés et les calcaires
jaunes , avec Bclinus et Hblix , de HobarUToum , et
près desquels on n'a pas encore trouvé aucune autre for-
mation , constituent la formation la plus élevée dans les
séries géologiques des deux colonies.
Quatrième époque.
On trouve des séries de couches et des masses non
stratifiées composées de matériaux difiérents d'ori-
gine, d'âge, de caractère minéralogique et chimique,
dans les Nouvelles-Galles du sud, et dans la terre de
Van Diemen ; on voit çà et là des accumulations dif-
férentes, quelques-unes de sable ^ de gravier ^ de cail-
toux^ etc. , à la surface, sous la forme de gravier ou
de sable détaché, ou de matière transportée; d'au-
tres, comme les côtes soulevées, sont disposées en
couches horizontales; quelques-unes comme des
brèches osseuses ^ à Wellington, remplissent les ère*
AU POLE SUD. 111
vasses des rochers, mais la plus grande partie est en
masses confuses , et , dans un état de décomposition
partielle , elles remplissent l'intérieur ou sont appli-
quées contre les parois des vallées.
Nous allons maintenant passer en revue les formes
sous lesquelles ces différentes accumulations se pré-
sentent.
Inbitanoes minérales dètaohéef.
On trouve parmi les matières transportées : gravier,
sable et fragments de roches, des oxydes, des phos-
phates, des sulfures et des arséniates de fer, desf
oxydes de titanium , des molybdates de plomb , ^es
cornalines, des opales, des agates et des agloméra-
tions de cailloux , appartenant à diverses variétés
minéralogiques. L'arrangement des dernières sub-
stances, que nous venons de nommer, leur dis-
persion sur la surface des deux colonies , le groupe-
ment de n^inéraux qui varient extrêmement dans
leur poids spécifique , leur disposition et leur forme
qui est le plus souvent elliptique et plate, portent
à croire que la surface des colonies s'est élevée
graduellement et a été pendant quelque temps ex-
posée à l'action désagrégeante d'eaux peu profondes,
avant d'arriver à son élévation actuelle au-dessus
de la mer.
Côtes soulevées.
Ces plages sont disposées, à de grands intervalles,
le long de la côte actuelle des deux colonies ; elles pré-
sentent ordinairement des couches horizontales et
112 VOYAGE
atteignent différentes hauteurs au-dessus de la mer;
quelques-unes offrent des marques d'une plus grande
antiquité que les autres. Ainsi les berges, élevées
près du lac Roi {Gipps land), sont de 17 pieds au-
dessus de la mer : ils sont composés d'une argile et
pâte calcaire durcies et rouges, contenant des Ostrea
et Anomia, qui sont d'espèce différente de celle exis-
tante ; tandis qu'on voit les berges élevées sur la côte
sud des Nouvelles-Galles du Sud, entre le cap Hittrap
et la baie de Portland, contenir V Ostrea actuelle ag-
glutinée avec une pâte graveleuse. Les côtes soulevées
qui forment l'île Verte dans le détroit de Bass's , ne
sont encore qu'une masse de coquilles pulvérisées et
s'élèvent à une hauteur de 31 mètres ; à la pointe
sud ouest des îles Flinders , ils montrent le même
caractère.
A 10 milles au sud du cap Grimaud et sur la côte
ouest de la terre de Van Diémen, on trouve, à
31 mètres au-dessus de la mer actuelle , des côtes
soulevées, semblables à ceux de Bass's Straits, et
ressemblant pour la structure , à un grès grossier et
poreux. Les couches de ces berges sont dans la zone
de l'argile ardoisière de la seconde époque, et dans le
voisinage du basalte et des conglomérés trachytiques.
Au cap Table les bords élevés contiennent :
Dentalium.
Venus.
Turritella.
Tellina avec Sponges et Coraux.
AU POLE SUD. 113
Ils reposent sur le basalte, et sont élevés de
28 mètres au-dessus de la mer.
Le caractère de ces berges soulevées, et leur pré-
sence dans des localités très-séparées , fournissent
des arguments importants aux théories qui ont été
imaginées dans les autres parties du monde, non-
seulement sur la nature des. agents qui produisent
de nouveaux reliefs à la surface de la terre, mais
aussi sur les manifestations locales et restreintes de
ces soulèvements.
Bois fossiles. — Les vallées possèdent des arbres
fossiles d'un grand intérêt ; quelques-uns , comme à
Dart Brook et au lac George, dans la Nouvelle-Galles,
se trouvent par fragments imparfaitement fossilisés ;
quelques-uns , comme dans la vallée Derwent , dans
la terre de Van Diemen , sous la forme de troncs
d'arbres parfaitement opalisés , dans les couches de
basaltes poreuses et scoriacées , et dans les conglo-
mérats trachytiques.
Il n'y a pas, à ma connaissance, de localité où Ton
trouve de plus beaux bois fossiles que dans le lieu
que nous venons de nommer et dont la structure soit
mieux conservée. Pendant que l'extérieur présente
une surface homogène et vitrée de couleurs variées,
semblable à l'écorce du pin, Tititérieur présente des
couches concentriques distinctes qui paraissent
compactes et homogènes, et qui, néanmoins, peuvent
être séparées en fibres longitudinales, qui se subdi-
visent en filaments fms comme des cheveux.
\ Xî. Géologie. 2e Parlie.
114 VOYAGE
Les blocs erratiques de la vallée de Derwent
ne sont pas moins intéressants que ses arbres fos-
siles. Les masses sont composées de colonnes de
basalte, cylindriques, quelquefois affaissées, con-
fusément liées ensemble par un détritus de cail-
loux, mêlés de blocs sphéroïdes de roches dio-
ritiaues. Toutes sont logées dans un escarpement
situé au sein de la vallée et sur la rive droite du
Derwent.
Cet escarpement appartient à la couche carboni-
fère et faisait partie d'un autre escarpement courant
à travers le lit de la rivière et servant de digue à
l'embouchure actuelle des eaux, il formait ainsi, par
sa jonction avec l'autre partie encore existante, lebord
parfait et continu d'un bassin. La violence avec la-
quelle cet endiguement fut rompu atteste aussi la
puissance d'action des eaux. La position des détritus
et la direction des axes des colonnes, dans une
position correspondante à l'inclinaison du pays, et
au niveau le plus inférieur de la vallée , prouve que
les forces perturbatrices agissaient de l'intérieur du
bassiii.
Cette opinion se trouve confirmée par Téruption
basaltique et trachytîque qui est arrivée après le
dépôt des grès variés dans la terre de Van Dîemen.
Cette irruption semble avoir eu lieu près de Rose-
Garland , qui est le centre de la vallée. Là, les arbréâ
qui se trouvaient fossilisés résistaient à Tîntensité
de la matière incandescente ) d^autres arbres plaeés
dans des circonstances moins favorables par leur
AU POLE SUD. 115
fossilisation préalable, furent consumés; mais étant
ou saturés d'eau ou encore verts, ils ont résisté en
partie aux progrès de la combustion et ont laissé
derrière eux des moules longitudinaux dans les sco-
ries basaltiques avec des cavités et des empreintes
semblables aux apparences rugueuses que la carbo-
nisation d'un arbre prend extérieurement. Dans
quelques-uns de ces moules, une seconde force îrrup-
tivc paraît avoir injecté de nouvelles laves , formant
ainsi, par ces moules des reproductions des arbres
consumés.
Cette irruption fut suivie de celle des dîorîtes
dans la partie supérieure de la vallée ; elle entraîna
par un mouvement soudain le relèvement des terres
et précipita les eaux d'un côté du bassin à l'autre ; la
barrière étant rompue par ce mouvement dans le
lieu où Ton voit rescarpement actuel , le dessèche-
ment de la vallée se trouva effectué.
Dans ce mouvement, une surface de 1,200 milles
carrés semble avoir été élevée à la hauteur de
131 mètres, et la vallée a été remplie par des cou-
rants de diorite et de basalte sortant de cinq bouches,
qui forment les lacs actuels , du haut Derwent.
JÊ^Ite sur VÛe Maria f ar la oôte est de ITan 3>!einen«
L'fle Maria est composée en grande partie de trnpp,
mais on y rencontre aussi les strates de grès qui
peuvent servir à bâtir.
116 VOYAGE
Au nord de ces îles on rencontre un rocher de
200 à 300 pieds de haut composé de calcaire gris
compacte, renfermant des huîtres et autres coquilles
très-bien conservées.
Sur la côte est , près le cap Mislaken , il y a de
nombreuses cavernes qui sont à une hauteur de
600 pieds au-dessus de la mer et de la voûte des-
quelles descendent des stalactites.
Au sud du promontoire de Wilson nous trouvons
les îles de Bass et le détroit de Banks; ces îles, comme
les vestiges d'un ancien rivage entre le promontoire
Wilson et le cap Portland, indiquent, ainsi que Font
dit quelques voyageurs, la continuité sous-marine
de la grande chaîne de la Nouvelle-Galles du Sud
et de la terre de Van Diemen. Ces îles offrent elles-
mêmes une forme semblable à celle que devait avoir
rîle de Diemen après la première éruption des ro-
ches cristallines.
A cette époque la terre de Van Diemen présentait
probablement cinq îles : la première ayant la forme
d'un triangle , comprise entre le cap Portland, Saint-
Patrick et l'embouchure de la rivière Forester ; la
seconde formant ce que Ton appelle aujourd'hui les
montagnes d'Albestes; la troisième, une petite île
formant la vallée de la rivière du lac ; la quatrième
renfermant la portion orientale des montagnes du
Hampshire et une partie du rivage nord , et la cin-
quième une île oblongue et frangée comprenant une
partie des plaines du Middlesex et comprise entre le
port Macquarie , le port Davy, le cap du sud-ouest t
AU POLE SUD. 117
le cap sud , le bord droit de la rivière Huon et le
côté ouest du lac Saint-Clair.
Le granité dans l'île de Diemen est composé de
parties égales de quartz , de feldspath et de mica. Le
quartz a un aspect vitreux ; le feldspath est rougeâtre
et le mica est constamment blanc : on en rencontre
des masses considérables dans la chaîne de TEldon ,
à Ben-Lomond et au cap des Français.
Sur les côtes occidentales de la Nouvelle-Hollande,
les récifs de coraux ont un développement considé-
rable et présentent toutes les formes , toutes les va-
riétés imaginables. Je ne saurais trop engager les
géologues qui s'occuperont de ces questions à con-
sulter attentivement la carte delà mer de corail et ils
verront dans cette carte , faite avec un soin remar-
quable, quelles immenses variétés de dispositions
affectent les formations de coraux. On y trouve sur-
tout vers le large un grand nombre d'atolls ; cepen-
dant la disposition la plus générale est sans con-
tredit celle des barres et des plages madréporiques
qui courent parallèlement à la côte, depuis la Nou-
velle-Guinée jusqu'à la baie d'Hervey; à l'ouest,
recueil d'Alert, le groupe de Farquhar, les îlots de
Tregosse, sont des atolls considérables; beaucoup
d'écueils présentent aussi cette forme d'atolls entre
le 20 et le S/i** de lat. sud.
Sur la côte nord-ouest on trouve des récifs qui .
s'étendent à une grande distance des côtes et qui
relient au continent les petites îles voisines. Les
eaux sont peu profondes dans les canaux ouverts
118 VOYAGE
dans ces plages et à Textrémité de ces récifs les
sondes indiquent peu de profondeur.
M, Darwin les range parmi les récifs littoraux. La
plus grande partie des petites îles qui se trouvent
sur ces récifs sont formées par Taccumulation des
fragments de coraux mélangés de débris de coquilles.
Ces formations sont semblables à celle du détroit de
Kings George, et sont principalement dues à l'action
du vent sur les matières arénacées. Il y a beaucoup
de petits îlots qui renferment des lagoons ; mais les
passages d'une forme à une autre sont si fréquents,
les eaux paraissent si peu profondes (30 brasses en-
viron) qu'il est difficile de savoir si Ton doit les
classer parmi les récifs littoraux ou les atolls. Plus
au sud , nous avons des atolls qui ont été reconnus
par Darwin et mentionnés par Lyell : ce sont les
écueils Rowley et Scott. Nous ne connaissons pas de
récifs au delà de 23° de lat. sud.
Xioolsiade. — Salomon. — Woavelles-Hèbrîdes
BTos velle- Oalédoniè.
Lauisittde. — D'immenses bancs de récif$ Ueot
entre elles les tles et les terres de la Loalaiadeé Gfô
terres^ont élevées et sont entourées , ou .niveau 4e
la mer , par des pl^ge^ madréponques extrêmenoieM
développées. Les récifs s'étendent à une grande disr
tance des côtes , et sur ces bords la mer est partout
très-profonde. Ces terres ont été explorées par. Deti-
trecasteaux et Bougainville, et, dans cette expé<)iUon,
par nos navires, qui ont suivi cette immense barrière
AU POLK SUD. 119
de corail , depuis Tfle Adèle à l'ouest des îles du sud-
est jusqu'au mont Astrolabe , et il est probable que
ces baucs de récifs se prolongent jusqu'au détroit de
Torrès. Il existe toutefois quelques interruptions fa-
ciles à vérifier sur les cartes et qui correspondent
aux îles Dumoulin et au cul-de-sac de l'Orangerie.
Toutes ces formations madréporiques sont rangées ,
avec juste raison , par M. Danvin , parmi les bancs
de récifs.
Je dois faire remarquer qu'on n'observe point
d'atolls autour de la Louisiade.
La Nouvelle-Irlande et les îles qui l'entourent sont
entourées de bancs de coraux, mais qui ne s'éloignent
point à de grandes distances des rivages. Sur la carte
du voyage de la Coquille, du premier et du deuxième
voyage de r Astrolabe, on ne voit ni bancs de récifs
ni atolls.
Les côtes de la Nouvelle-Bretagne sont encore
moins riches en bancs de coraux. Il en est de même
de celles des îles Schouten : cette côte nord de la
Nouvelle-Guinée offre un contraste très-remarquable
avec celle du sud.
Le groupe de V Amirauté présente des terres éle-
vées, et quelques îles basses liées entre elles par de
longues lignes de récifs ou de brisants. A l'ouest de
ce groupe, on trouve Y île Elisabeth entourée d'un
banc de récifs qui s'éloigne à environ un mille de ses
côtes I et à deiix milles plus à Test on trouve un
véritable atoll. Les îles de los Ermitanos, des Ana^
charétes, la Boudeuse et de V Échiquier, sont des
120 VOYAGE
atolls OU des îles entourées de lignes de récifs cir-
culaires d'une très-grande étendue.
L'archipel de Salomon a été parcouru par V Astro-
labe et la Zélée , depuis Tîle San Cristoval jusqu'à
rçxtrémité nord-est de l'île Bougainville.
Les formations madréporiques sont loin de pré-
senter, dans cet Archipel, le développement que
nous avons étudié dans la Louisiade. La carte des îles
Salomon, par M. Vincendon-Dumoulin (Allas hydro-
graphique ) , n'indique aucune de ces grandes bar-
rières de récifs qui défendaient les côtes sud de la
Louisiade et les côtes ouest de la Nouvelle-Hollande.
Il y a bien des récifs de coraux sur les plages actuelles,
mais elles sont très-modernes et ne présentent qu'un
développement très-limité. L'île San Cristoval a des
récifs assez remarquables à sa partie méridionale.
L'île Malayta en présente une bordure légère à sa
partie septentrionale. Dans l'île de Choiseul, F As-
trolabe a mouillé dans la baie des Mille-Vaisseaux ,
et les cartes minutieuses de cette baie et des bancs
voisins , n'indiquent que des récifs littoraux extrê-
mement peu développés. L'expédition a reconnu
ensuite la côte ouest de l'île Ysabel , la côte sud-est
de l'île Choiseul et de l'île Bougainville. Ces côtes
présentent des bandes de récifs adhérentes au ri-
vage, mais relativement peu considérables ; les îles et
la côte sud-ouest de l'île Bougainville et l'île Bouka,
d'après le capitaine Duperrey , sont plus riches en
formations madréporiques.
Au nord de Salomon , nous trouvons les neuf îles
AU POLE SUD. 121
de Carteret, les Abgarris et le banc de la Lyre, qui
paraissent être de véritables atolls.
Groupe de Santa-Cruz. — Nous avons dans le pre-
mier voyage de C Astrolabe , une belle carte de Fanù
koroy qui se présente avec une plage madréporique
et des barres de récifs extrêmement remarquables.
Tikopia, Fataka et Auouda, ne paraissent pas en
avoir. Toupoua est entouré d*une barre annulaire
de récifs qui forme une ceinture extérieure à deux
milles du rivage.
L'île de Tinakoro est un volcan actif. Nous vîmes
le piton qui domine celte île vomir une fumée rou-
geâtre.
Les îles Mendana sont, d'après Krusenstern, très-
basses , entourées et réunies par des récifs. Les îles
Duff ont été visitées par Wilson, et forment une terre
élevée enveloppée par des récifs qui s'étendent à
plus d'un mille du rivage, et les eaux, autour de ces
barres ne présentent pas une grande profondeur, 7 à
10 brasses environ.
Les îles Loyalty, qui se composent principale-
ment des trois grandes îles Britannia , Chabrol et
Haigan , reconnues dans le premier voyage de FAs^
trolabe^ par leur bande nord, ont été contournées,
au sud, dans le second voyage, et nous en avons des
cartes hydrographiques parfaites. On n'a pas abordé,
en sorte que nous ne connaissons de ces îles que
leur aspect. Elles se terminent à la mer par une fa-
laise continue de 80 à 100 mètres de hauteur. On ne
voit à l'intérieur aucun sommet, aucune colline.
122 VOYAGE
tput est d'upe uniformité complète. Elles pams^ept
d'une grande stérilité, c'est à peine si, de distance
en distance , on aperçoit sur leurs rives quelques
cocotiers , et les seuls arbres qui y paraissent abon-
dants, sont les pins de la Nouvelle-Calédonie, Toutes
les terres de ce groupe présentent les mêmes carac-
tères , et paraissent peu habitées. Il est probable q!Uc
ce sont des îlçs madréporiques , soulevées h la l^au-
teur que nous avons indiquée.
Les Nouvetles-Hébrides forment un archipel im-
portant par l'étendue et la fertilité des îles qui le
composent. Fernandez de Quiros, qui eu découvrit,
en 1606, la terre principale, lui donna le nom d'^w-
iralia del Espiritu Santo. Cent soixante-deux ans plus
tard , Bougainville y ajouta quelques îles qu'il nomma
les Grandes Cyclades^ nom choisi avec goût. Le capi-
taine Cook vint six ans après, et acheva la décou-
verte des principales îles ; il n'eut qu'à faire l'appli-
cation du principe sur les chaînes sous-marines. 11
paraît avoir atteint l'extrémité méridionale de la
chaîne ; mais au nord le capitaine Blighen en a encore
trouvé une continuation composée d'îles que proba-
blement Quiros avait vues. Le capitaine Cook a
voulu donner à l'ensemble de cet archipel le nom
ÙQ Nouvelles-Hébrides^ prétention que Fleurieu re-
pousse avec force en proposant de conserver le sou-
venir de la première découverte par la dénomination
à! Archipel du Saint-Esprit.
Le groupe le plus méridional de cet archipel est
détaché du reste de la chaîne ; il comprend cinq îles,
AU POLE SUD. 123
qui, à l'exception de celle A'Immer^ sont élevées et
sans récifs de corail. Celle de Tanna présente le phé-
nomène intéressant d'un volcaa très-actif. Forster
et Sparmann essayèrent en vain de pénétrer jusqu'à
cette montagne ignivome , qui pourtant n'est pas
une des plus élevées. Le volcan était agité de.couT
vulsions , et les cendres qu'il vomissait avec le feu
obscurcissaient l'air. La pluie qui tomba dans ce
laomçut était uu conjposé d'eau ^ de sable et de lerrei
de telle sorte qu'on pouvait l'appeler une ondée de
vase. Ces feux souterrains semblent contribuer beau-
coup à la richesse de la végétation qui distingue
cette île. Plusieurs plantes y prennent deux fois la
liauteqr qu'elles ont dcui^ les autres contrées : leurs
feuille^ son$ plus largeç et leurs parfums plus suaves.
Plusieurs terrains exhalent des vapeurs sulfureu-
ses; des sources chaudes s'en élancent. Tanna pré-
3ent^ aussi des couches d^argile mêlées de terre
alunaineuse, de blocs de craie et de tripolL Le soufre y
abopde, et l'on trouve quelques indices de cuivre.
Nouvelles-Hébrides. — Nos lecteurs verront sur
natre ç^rte hydrographique des Nouvelles-Hébrides
que ces îles nombreuses ne présentent aucune barre
de v^, aucu9 atoll > il y a cependant des plages
ma^répqriques assez importantes. Il semble que ces
Uei| soiept gorti^s tout nouvellement des eaux et que
)es coraux n'opt pas encore eu le temps de s'y établir
comme dans les groupes voisins. Toutefois sur tous
les rivages on trouve des polypiers vivants qui crois-
sent avec une grande rapidité et qui dans quelques
124 VOYAGE
siècles pourront former des récife semblables à ceux
des groupes voisins.
L'île Sandwich et Tile Mallicolo sont celles qui
présentent sur les côtes les masses madréporiques
les plus considérables. Le rocher de Mathew au sud
de ce groupe est un volcan en activité et ne paraît
pas avoir de récif.
L'île de Tanna est entourée de récifs littoraux qui
ont été indiqués par Forster. Les îles de V Aurore de
Blight et de Banks, au nord-est, ne présentent pas
de formations madréporiques étendues.
La Nouvelle 'Calédonie paraît traversée entière-
ment par une chaîne de montagnes qui s'étendent
dans toute sa longueur : elles s'élèvent graduelle-
ment, vers l'est-sud-est , à environ 5,100 pieds
au-dessus du niveau de la mer. Une cime atteint
7,200 pieds. Les principales roches sont le quartz ,
le mica , une stéatite plus ou moins dure , de l'am-
phibole vert , des grenats , de la mine de fer spécu-
laire. On a trouvé des colonnes de basalte et un
volcan en activité. Il est probable que les montagnes
de la Nouvelle-Calédonie contiennent de riches veines
métalliques.
Vîle des Pins, au sud de la Nouvelle-Calédonie,
nourrit des cyprès colonnaires de plus de 100 pieds
de hauteur. A l'orient , les îles de Loyally et de
Beaupré forment un petit archipel. Le grand récif
qui borde la Nouvelle-Calédonie à l'ouest , et qui s'é-
tend 90 à 100 lieues au nord , présente au navigateur
l'image d'une mort inévitable, dans le cas où les
AU POLE SUD. 125
vents et les courants y pousseraient son navire. De
cette île jusqu'à F Australie, la mer est semée de
bancs de corail , les uns plus étendus et plus dan-
gereux que les autres. Flinders qui a fait naufrage
sur un de ces récifs, pense que c'est sur un banc
semblable que les deux frégates de La Pérouse ont
dû périr. (Ce fut à Vanikoro qu'eut lieu ce naufrage).
A Test de cette île se trouve le petit rocher volca-
nique auquel M. Dumont-d'Urville a laissé le nom
de volcan Mathew. Voici la description qu'il en donne :
Nous approchions rapidement et nous examinions
d'un œil indécis et curieux un nuage fort épais,
stationnaire sur la cime de ce rocher isolé. Bientôt
nous ne pûmes douter qu'il ne fût le produit d'une
fumée sans cesse renouvelée. Le centre offrait
l'aspect d'un cratère à demi éboulé , et des tour-
billons de fumée s'en exhalaient sans cesse, ainsi
que des flancs de la partie occidentale qui se dessine
sous la forme d'un morne arrondi et peu élevé.
Les tourbillons transparents et bleuâtres à leur
base formaient une longue colonne d'une teinte
obscure. De grands espaces étaient entièrement
couverts de soufre ; leur teinte dorée contrastait
avec la couleur triste et sombre des pierres du
reste de l'île, qui ne paraît être qu'un amas de
scories et de laves refroidies. Ce roc enflammé n'a
pas plus de 2 milles de circuit, sa hauteur doit être
de 60 à 80 toises. C'est peut-être le plus petit des
volcans isolés que l'on connaisse sur la surface du
globe. »
126 VOYAGE
Au nord et à Test de la Nouvelle-Calédonie , se
présentent sur les deux côtes d'immenses barres de
récifs qui commencent à plusieurs milles au sud de
la pointe méridionale et se terminent à File Hmn ,
par deux atolls considérables. Sur la côte ouest, près
du havre Ballade , il y a aussi deux ou trois atolls d'une
très-grande étendue; il y a encore quelques petits
atolls entre l'Ile des Pins et la pointe du Prince-de-
Galles. L'Ile que nous venons de citer est indiquée
avec quelques écueils, mais ne présente pas les bancs
madréporiques qui entourent toutes les autres par-
ties de la Galédonie.
t
BJouvelle^Xélande.
La Nouvelle-Zélande est formée par un groupe
d'îles, dont deux sont considérables. L'île Taunit^Pùa-
Mmou, au sud, et l'île /Ara-iVa-Matri, au nord. L'île
du sud est séparée par le détroit de Foveaux , de
l'île de Stewart. Cet important groupe d^îles, décou-
vert en 1642 , par Tasman , reconnu successivement
par Surville, en 1769, par Cook, dans la même
année, a été étudié plus tard par Liddiard Nîcholas,
Richard Cruise, Dillon, Freycinet, Duperrey, Fitaf-
roy, Darwin, et enfin, par Dumoni-d'UrvîUé, dans
»es deux Voyages. Dans ces travaux, on trouve des
renseignements géographiques, ethnologiques; des
détails très-curieux sur les mœurs, mais malheureu-
sement fort peu de notes utiles pour un géologue.
Dans ce dernier voyage, F Astrolabe et la Zélée Ont
AU POLE SUD. 127
parcouru toute la côte ouest de la Nouvelle-Zélande,
et ont mouillé plusieurs fois sur les rivages de ces
terres si peu connues.
D'autre part, nous avons pu recueillir des notes
sur le travail de M. Dieffenbach, qui a publié ses
observations en 18/i6 , et celles de M. Darwin , dans
son Journal de Voyage^ que nous avons fréquemment
cité.
Ces deux îles ont à peu près la superficie de TAn
glelerre et de TÉcosse. L'île de Ika-Na-Mawi a en-
viron 180 lieues de longueur, et Tîle de Tawaï-Pou*
namou a environ 200 lieues; leur largeur varie de
10 à 60 lieues.
L'île, au nord, située entre les S5' et 42* parallèles
de latitude, est plus favorisée par la nature que la
seconde; toutes deux jouissent cependant d'un cli--
mat tempéré , que l'on a comparé à celui de Paris,
mais qui est plus humide. La température moyenne
de ces îles est d'environ 14* 7' ; en avril et décembre^
elle s'élève à 19*, et descend pendant les mois de
juin et de juillet à 12% température évidemment
plus favorable que celle de la France sous les mêmes
parallèles. Aucun des voyageurs qui a visité ces îles
pendant l'hiver, n'y a vu la neige séjourner dans
les plaines , ni la glace y prendre la moindre cousis-^
tance. Ces îles sont tourmentées par des vents extrê-
mement violents ; et, pendant neuf mois de l'année^
des vents d'ouest soufitent presque constamment dans
ces latitudes.
La structure géologique de ces terres est très-
128 VOYAGE
difficile à étudier, parce qu'elles sont défendue3 par
des forêts impénétrables, et par des buissons, ou
plutôt des champs de fougères, qui couvrent le sol
partout où les forêts ont été détruites.
Ces deux îles sont parcourues du nord-est au sud-
est par une chaîne de montagnes d'une très-grande
hauteur. Lorsqu'on suit la côte , on retrouve quel-
ques-uns des aspect qu'offrent de loin les Cordillères
du Chili. Ce sol montagneux , recouvert de forêts
magnifiques, et, d'après les voyageurs, complète-
ment impraticables, n'offre que rarement des plaines
un peu étendues ou de grandes vallées. Les princi-
paux ports , en exceptant cependant la baie des îles,
ont à peine assez de terres cultivables pour per-
mettre d'y fonder des colonies durables. L'île du
sud , Tawaï-Pounamou , présente une chaîne plus
régulière que l'île du nord , et offre peut-être des
plages plus hospitalières ; les sommets de ces mon-
tagnes sont la plupart recouvertes de neiges éter-
nelles. Des fleuves de glace s'échappent de ces cimes
neigeuses, et disparaissent derrière le rideau des
forêts qui protègent l'intérieur des terres contre
les agressions des étrangers.
La Nouvelle-Zélande est donc très-peu connue;
on n'en a visité que les rivages et les mouillages
les plus sûrs. Toutefois , d'après les recherches
qui ont été faites sur les deux côtes, on peut
affirmer que la chaîne centrale de Tawaï-Pou-
namou appartient aux roches cristallines , sur les
flancs desquelles ont été relevés des terrains anciens:
AU POLE SUD. 129
phyllades , calcaires noirs , traversés par des débris
et des filons extrêmement nombreux de roches cris-
tallines. Sur la côte ouest, il y a des terrains ter-
tiaires modernes nouvellement relevés probablement
par Faction volcanique.
Ces montagnes présentent quelques lacs inté-
rieurs indiqués par les indigènes. Le plus remarquable
est le lac Roto-Doua , situé vers le centre de Ika-
Na-Mawi , qui aurait , suivant quelques rapports ,
25 brasses de profondeur et 50 à 60 milles de circuit.
Plusieurs rivières l'alimentent , et une source d'eau
chaude se rencontre sur ses bords. La petite île
Mokoia, ayant trois milles d'étendue , s'élève dans
le milieu. Dans le canton de Waï-Mate est le lac
Maupère beaucoup plus petit , mais très-poisson-
neux.
Quant aux cours d'eau, ils sont encore très-peu
connus ; on connaît une rivière assez considérable
qui se jette dans la baie de Knowsley , détroit de
Foveaux.
Dans l'île Ika-Na-Mawi, on connaît le Shouke-
Anga, le Waï-Roa, le Waï-Tamata, le Waï-Kato et
le Waï-Pa ; ces deux derniers prennent leur source
dans l'intérieur des terres.
Il est extrêmement remarquable qu'on n'ait trouvé
dans cette île que deux espèces de mammifères, et
encore ne sont-ce que des^mammifères domestiques,
le chien et le rat. L'ordre des reptiles n'y est repré-
senté que par un petit lézard fort inoflfensif. Il est
vrai que nous ne connaissons que les rivages de ce
XI. Géologie. 2e P.irtie. 9
130 VOYAGE
pays. Les oiseaux y sont très-nombreux en individus
et en espèces, et la mer y présente toute la richesse
des mers de l'Inde,
La flore de la Nouvelle-Zélande est extrêmement
riche et présente un très-grand intérêt au point de
vue de la paléontologie. Ces lies se trouvant à nos
antipodes, il est curieux d'y examiner les différences
qu'elles présentent au point de vue de leur flore et
de leur faune. La flore a des caractères communs
avec.celle de la Nouvelle-Hollande, plus encore avec
celle de la Polynésie et a par conséquent le caractère
de la végétation tropicale ; on y trouve des palmiers
{Catypha australis)^ des fougères en arbres qui cou-
vrent une grande étendue de ce sol ; des Dracmnas en
arbre ; des forêts d'une conifére à large feuille \ l«
Dammara, des Podocarpus et un grand nombre d'es-
pèces appartenant à la famille des Myrtacées. C'est
par la même latitude une faune qui ferait admettre
en Europe, si on là trouvait à l'état fossile, une
température moyenne bien supérieure à celle de
cette contrée.
Loin de pouvoir donner l'histoire géolo^qu^ de ces
îles , nous ne pourrons reproduire ici que len rensei-
gnements épars que nous avons pu recueillit sur ces
terres.
La constitution générale du pays parait être celle-ci :
un ôtè de roches cristallines qui parcourt ces iiesdu
nord-est au sud-ouest. Dans l'Ile du nord , une châtne
tôlcàhiqué ou plutôt une série de cratères volcani-
ques paraissent avoir donné lieu au soulèvement
AU POLK SUD. 131
d'une seconde chaîne qui fait un angle assez aigu
avec la première. C'est entre ces deux grandes chaînes
que sont situés les grands lacs de l'île Ika-na-Mawi.
Sur les flancs de Taxe granitique on trouve des for-
mations de phyllade traversées par des dikes de dio-
rite. Telle est la constitution géologique à Port-
Nicholson, au détroit de la reine Charlotte et à
la baie Cloudy; dans le voisinage de ces dikes, les
schistes argileux prennent le caractère d'ardoises à
couvrir sur les bords des rivières de l'Eretongo et de
Warbo; il y a des terrasses où des plateaux horizon-
taux de 50 pieds de haut formés de blocs d'anciennes
roches trappéennes et des terrasses semblables s'ob-
servent sur les bords de la mer autour du cap Palli-
ser, à 50 à 60 pieds au-dessus du niveau de la mer.
Des anthracites sont recueillis dans le petit port de
Waugasie , sur la côte ouest de l'île Meddle , et il y a
une mince couche d'anthracite dans les grès situés
sur la côte est de l'île du nord. On rencontre des
calcaires dans le voisinage de Kansia , de Waingaroa ,
sur la côte ouest de l'île du nord, il est cristallin et
renferme des fossiles des genres Pecten , Osirea ,
TereirattUa^ Spatangus. On en trouve encore sur la
rivière de Kaypara , à la baie des Iles, et on a recueilli
des pyrites de cuivre dans la grande île Barrière. Les
cAtes sont sur plusieurs points bordés par des dé-
pôts sédimentaires modernes formés de marne avec
des fragments de bois de fougères et des tiges de
Typha^ etc.
Au nord de l'île, la côte est formée souvent de con-
132 VOYAGE
glomérats volcaniques contenant des sables ferru-
gineux magnétiques, près du cap Egmont, et des
turritelles et des coquilles d*huîtres dans le havre
de Parenga, Près de Taurauga , il est composé de tufs
désagrégés contenant des lignites et des coquilles de
Petonculus, de Pyrula et d'Amellasia.
Les petites îles de trachite, que Ton rencontre sur
la côte de Tfle nord, portent des marques de Faction
des vagues jusqu'à une hauteur de 100 pieds au-
dessus du niveau de la mer. Sur la côte ouest de cette
île il se forme des dépôts considérables de sable jetés
à la lisière des forêts par les vents d'ouest qui domi-
nent sur ces rivages.
L'intérieur de l'île du nord présente une misé-
rable végétation et la surface est de toute part cou-
verte par des productions volcaniques ordinaires,
venus du groupe central de montagnes ignivomes,
qui ont une grande élévation ; quelques-uns de ces
volcans sont éteints, d'autres sont actifs; les laves
paraissent s'être fait spécialement jour par la base
des cratères. Les plus élevés de ces cratères sont le
Tougarino, qui a 6,000 pieds d'élévation, d'après
M. Bidwell, et le mont Egmont, qui a 9,000 pieds,
d'après les observations barométriques de Dieffen-
bach. Il y a aussi plusieurs lacs qui occupent d^an-
ciens cratères. La chaîne de montagnes de l'île Meddle
est formée de roches primaires, de grès, de quarzite,
de grauwackes qui sont relevées à une hauteur de
8,000 pieds. Les principaux sommets sont couverts
de neige, d'étroites vallées séparent les divers
AU POLE SUD. 133
sommets et s*éloignent des cônes centraux. Le doc-
leur DiefiFenbach indique plusieurs localités dans les-
quelles il a observé des eaux minérales , particuliè-
rement entre la baie des Iles et Hokianga , où leur
température varie entre 121* et 154' Far, ; elles ont
un goût alcalin. Leur surface était couverte de subli-
mations sulfureuses.
Le long du Delta deWackato des sources chaudes
sortent de l'escarpement des montagnes et forment
des dépôts semblables à ceux de Flslande, de Saint-
Michel et des Açores et contiennent 75 pour 100 de
silice.
Il y a aussi une source à incrustations siliceuses
près du cap Maria. M. DiefiFenbach a examiné toutes
les traditions qui ont rapport à l'existence du Moa ou
grand oiseau de la Nouvelle Zélande , et conclut qu'il
n'a jamais été vu par aucun naturel de ces îles.
Les rivières dans lesquelles ses os ont été trouvés
coulent entre des bords qui ont 30 à 60 pieds de
haut, et comme elles changent perpétuellement de
cours, les restes du Moa peuvent avoir été détachés
des couches tertiaires fluviatiles.
L Astrolabe et la Zélée , en relevant la côte ouest
de la Nouvelle-Zélande , ont mouillé dans la baie
Otago , la baie d'Akaroa et la baie des Iles.
Quelques observations sm: ces trois mouillages et
sur la constitution géologique des terres qui les en-
tourent, complètent ce que nous avons pu recueillir
sur la Nouvelle-Zélande.
Les terres qui entourent le port Otago sont très-
134 VOYAGE
élevées, escarpées et bordées, dans quelques bd-
droits , par des dunes de sables. Sur les flancs infé-
rieurs du morne qui forme le cap de l'entrée, on voit
un village indigène; mais le village principal est h
un mille et demi derrière une pointe de roches sur
laquelle existe une pêcherie anglaise. La baie, qui est
très-profonde, s'infléchit à partir de cette pointe
vers l'est et le sud-ouest, mais cette partie est en-
combrée de bancs de sable qui entravent le pas-
sage. L'étendue de ce bras de mer est d^envîron
10 milles ; au fond est un isthme de sable irès^étroit
qui le sépare de la pleine mer; probablement à
une époque peu éloignée cette presqu'île , qui forme
une baie, était une île. Deux lignes de montagnes
qui s'éloignent à quelque distance du mouillage,
forment un abri parfaitement sûr pour les navires.
Tout l'espace qui sépare ces montagnes, et au milieu
duquel se trouve le bras de mer de la baie Otago, est
formé par des terres sablonneuses , et la roche ne
paraît à nu que sur les deux mornes que Ton ren-
contre à l'entrée de la baie , et sur quelques points
de la rive , à l'est , qui forment saillie dans le canal.
On a recueilli, dans ces diverses localités, de nom-
breux échantillons des roches suivantes:
(1 83). Phonolite gris verdâtre.
(1 84). Basanite porphyroïde gris foncé avec cristaux
de feldspath et de pyroxéne,
(185). Mimosite à grains très-fins gris foncé.
fl86). Basanite cellulaire gris bleuâtre.
AU POLE SUD. 135
(187), Scorie basaltique rouge foncée.
(188), Vacke içiparfaite brune avec céréolite verte.
(189), Gallinace smalloïde, brun rougeâtre cellulaire,
amygdalaire avec chaux carbonatée.
(190). Gallinace décomposée avec céréolite jaune.
(191). Conglomérat leucostinique lie de vin avec
fragments de basanite.
Ces roches volcaniques attestent la présence d'an-
ciens épanchements de roches plutoniques, les
montagnes voisines ne présentent pas toutefois, dans
cette localité, des dispositions cratériformes. Mais on
a déjà observé que , dans ces îles comme dans un
grand nombre d'autres lieux, les épanchements plu-
toniques s'étaient fait , pour la plus grande partie ,
par la base des montagnes volcaniques. Les traces
de soulèvement du sol se sont rencontrées dans ces
localités , mais comme c'était le premier point visité
dans ces lies, ce phénomène a été moins bien observé
que dans les lieux où on s'est arrêté ensuite.
Presqu'île de Banks , baie (TAka-Roa. — La pres-
qu'île de Banks apparaît à la mer comme une île
montagneuse, séparée de la terre par un vaste canal ;
elle ne tient en effet à l'île Tawaï-Pounamou que par
une terre basse, couverte de sables et complètement
dépouillée d'arbres. La baie d' Aka-Roa se trouve pré*-
cisément au fond d'une vaste échancrure que pré-
sente la presqu'île. L'entrée de la baie est formée ,
dans sa partie orientale, par des falaises qui s'élèvent
à 50 et 70 mètres au-dessus des eaux.
136 VOYAGE
La baie d'Aka-Roa a environ 10 ou 12 milles de
longueur sur une largeur moyenne d'un mille.
Excepté vers le fond , le brassiage y est à peu près
uniforme, et varie de 12 à 15 brasses ; ses bords sont
tellement accores que les navires peuvent, avec toute
sécurité, s'en approcher jusqu'à les toucher. La côte
environnante est montueuse et très-accidentée. Ces
montagnes sont irrégulières, et paraissent avoir subi
des mouvements considérables sous Tinfluence des
forces volcaniques qui , en soulevant ce sol , y ont
répandu de si grandes masses de roches plutoniques.
Sur cette presqu'île de Banks, nous avons retrouvé,
en partie, les roches que nous avons rencontrées à la
baie Otago, et que nous ne rappellerons point;
nous y avons recueilli des scories rougeâtres, en
partie décomposées (Catalogue, n° 192).
Il se forme , sur ces côtes , des dunes de sable fort
considérables, sous l'influence des vents d'ouest, qui
dominent dans ces contrées. On pourrait leur rap-
porter en partie l'élévation des terres basses qui pa-
raissent nouvellement émergées, car on y trouve de
nombreuses traces de coquilles vivantes répandues à
leur surface.
Cependant leur disposition et les faits de soulève-
ment que nous avons indiqués, me font admettre l'o-
pinion que ces terres ont été soulevées à une époque
peu éloignée.
La baie des Iles est devenue, depuis quelques
années, une véritable station européenne; les navires
de toutes les nations qui fréquentent ces parages
AU POLE SUD. 137
vont, en général, faire sur ce point renouveler leurs
vivres et faire de l'eau. Elle est, du reste, admirable-
ment placée, et offre aux navires toutes les ressources
qu'on peut espérer dans ces îles. La baie est très-
vaste et présente plusieurs bassins, dans lesquels les
navires peuvent mouiller sur un fond convenable.
Ce port excellent reçoit deux rivières assez puis-
santes , est entouré de terres considérables et favo-
rables à la culture , circonstances qui doivent faire
espérer que la colonie de la Nouvelle-Zélande pren-
dra dans ces lieux un développement rapide.
Les caractères généraux de la Nouvelle-Zélande
se retrouvent encore ici; ce sont, aux pieds de mon-
tagnes volcaniques aux formes abruptes, d'immenses
accumulations de sable, qui forment des dunes sur
le rivage.
Les côtes de la baie des Iles sont formées par une
roche feldspathique d'une couleur bleu grisâtre, sou-
vent décomposée, fracturée en une multitude de
points et traversée par de nombreux filons d'une ar-
gile ferrugineuse, mais ne présentant aucune trace
de stra;tiQcalion ou de clivage.
Quelques variétés de ces roches présentent une
structure éminemment cristalline; d'autres sont dans
un tel état de décomposition qu'elles forment de vé-
ritables argiles.
On trouve au delà des laves basaltiques et roches
scorifiées.
Enfin, on remarque une montagne présentant
des couches horizontales de calcaire dans les-
138 VOYAGE
quelles ou distingue quelques fragments k dispo<-
sitîon cristalline. On y observe des roches meu-
lières , des argiles ferrugineuses , et dans le lit
d'up torrent des cailloux roulés de schistes argi*
leui.
Cette dernière observation , due à M. Darwin , me
paraît mériter une confirmation ultérieure. Dans les
nombreuiL échantillons de roches recueillis à la baie
des Iles, je ne trouve aucune trace de cette roche,
mais des peperino à ciment calcaire et des maçigno
gris verdâtre avec moules de coquilles qui pour*
raient bien avoir été confondus avec de véritables cal-
caires; toutefois , je ne fais ici que quelques réserves,
le nom et Thabileté de M. Darwin étapt une garantie
des observations qu'il publie. {Geographical Journal,
vol. XI, p. 202,205.)
Les échantillons que nous avons recueillis dans ces
localités Jipnt :
(Cat. 10S). Euritine gris verdâtre.
(i9A). Euritine gris clair altérée, offrant nu
très-grand nombre de fissures tapissées
d'hydrates de fer.
(i9&), Euritine décomposée passant à Tétat d'ar-
gile épigène, bolaîre blanc jaunâtre
avec hydrate de fer.
(196). Macigno gris verdâtre avec moules de
coquilles.
(197), Peperino polygénique avec ciment cal-
caire jamiâtre.
AU POLE SUD. 139
(198). Basalte porphyroïde gris foncé à grands
cristaux de feldspath de pyroxène et de
péridot.
(199), Basalte cellulaire porphyroïde altérée
jaunâtre contenant des cristaux de py-
roxène et de péridot décomposé.
On connaît six volcans dans la partie septentrio*
nale de la Nouvelle-Zélande , savoir : dans le canton
de Taertme, sur les bords du lac Mokoia , sur les îles
Bougue-Toto et Korca , et sur les bords du canal de la
reine Charlotte. La petite île de Pouhia-y-Wakadi
n'est qu'un volcan souvent couvert d'une fumée
blanchâtre.
Autour des côtes de la Nouvelle-Zélande on compte
un nombre de petites îles : ce sont, du sud au nord,
les îles Longue, Kackahow, Ernest, Fenoua»Ho,
Chase, Beuch et Stewart, la plus grande de toutes
et qti! offre de bons ports. Sur la côte occidentale,
l'île de Solander, les îles Pépin et Lookers-on. Au-
tour de l'île septentrionale, les îlesEntry, du Pain-
de- Sucre, Gannet, Manawa-Tawi, Moudi-Motou,
Dedi-Houa, Motou-Kawa, Panake, Tiki-Tiki, Motou-
Roa, Motou-Arohia , Motou-Doua, Motou-Kiakia ,
Motou-Inou^ le Fanal, le Navire, Motou-Tiri, Ta-
rauga , Toutourou , Shoutarou , qui est extrêmement
élevée et de nature volcanique , Raugue-Toto, Motou-
Tabou , Koura-Kia , Otota , Waï-Heka , Pouhia-y-
Wakadi, couverte de fumée; Houana-Hokeno , sté-
rile et inaccessible.
140 VOYAGE
Ces îles sont très-peu connues et ont été, la plu-
part, indiquées et relevées sous voile. Nous savons,
par leur disposition , que le plus grand nombre
d'entrés elles est volcanique.
A 225 lieues au sud-est de la Nouvelle-Zélande
s'élève l'île Campbell , formée aussi de roches pluto-
niques , et qui présente le singulier spectacle d'une
Ile couverte de verdure sans un seul arbre.
Au sud-ouest de cette île se trouve celle de Mac-
quarie , qui a 10 lieues du nord au sud et une lieue
de largeur ; elle est aussi dépourvue de bois, présente
un grand nombre de lacs et quelques sommets fort
élevés.
Les îles Phares et le groupe des Auckland paraît
être la continuation de la chaîne de la Nouvelle-Zé-
lande. L'expédition anglaise de Ross nous donnera
bientôt, je l'espère, l'histoire de ces îles^ dans les-
quelles cette expédition s'est arrêtée pendant un
temps assez long pour permettre une exploration
étendue.
AU POLE SUD. 141
CHAPITRE XII.
Halaine.
Hé de la Sonde* — Bornéo. — Oèlèbet. — Molntiaei. — PhOippinei.
Ile de la Sonde. — Cette île , nommée par les in-
digènes Andelis , et peut-être Samûtra , s'étend du
nord-ouest au sud-est Tespace de 376 lieues ; sa lar-
geur varie de 20 à 85. Une chaîne de montagnes la
traverse selon sa longueur : elle est plus voisine du
rivage occidental ; néanmoins Tune et Tautre côte
sont basses et marécageuses. La chaîne principale
est accompagnée de chaînes secondaires. Quatre
grands lacs, suspendus sur les gradins de ces chaînes,
émettent leurs eaux par des torrents rapides ou par
des cascades imposantes ; celle de Mansélar est cé-
lèbre. Le Gounong-Passaman ou le mont Ophir^ me-
suré par Robert Nairne , a 13,842 pieds anglais au-
dessus du niveau de la mer. La plus haute montagne
de rîle est le Gaunong-Kassoumbra : son élévation est
142 VOYAGE
de 2,350 loîses ; mais la plus célèbre chez les indi-
gènes est le Gounong-Bonko ou la montagne du Pain-
de-Sucre , qui , de même que les autres cimes , est
considérée comme Kramat par les indigènes , c'est-à-
dire comme un lieu sacré. Malgré les dangers que
présente une ascension Jusqu'à son sommet, des An-
glais l'effectuèrent en 1821 , et reconnurent qu'elle
a environ 3000 pieds de hauteur, et qu'elle est formée
de roches basaltiques et trapéennes, roches d'origine
ignée qui dominent à Soumâtra, surtout dans les
environs de Benkoulen. Elle est couverte de forêts
jusqu'à une assez grande hauteur.
Parmi les montagnes de File les voyageurs citent
six volcans : le Gounongber-Jpi ou montagne par
excellence, quia 12,200 pieds d'élévation ; le Gounong*
Dembo, qui en a 11,260; le Gounong-^Ayer^Ruya^ qui
en a 8,260; et le Goùnong-Tallang qui fume B«ns
ceftse, mais qui depuis longtemps n'a point eu d'é*
ruption; enfin le Gaunong-Allas dans rintérieur des
terre$* Le nombre de volcans est peut-être plu» con*
sidéral)le que celui que nous indiquons , puisqu'on
ne connaît pas l'intérieur de l'île. Les tremblements
de terre y sont très-fréquents. « Le sol est gêné*
ralement une terre grasse, rougeâtre» couvorUi
d'une couche de terre noire souvent calcinée et sté^
rile. On a trouvé dans les montagnes de la stéatite «
du granit gris et du marbre. Les trois quarts de Vûe^
particulièrement vers le sud , présentent une &rét
impraticable. Les mines d'or avaient attiré l'atteaticm
des Hollandais; mais les mineurs allemands, envoyés
AU POLE SUD. 143
à SiUida , ont jugé que le miDerai , peu abondant 4
était d^une exploitation trop difficile. Les Malais de
Pendang et de Menangkabou vendent par an 10 à
12,000 onces d'or, recueilli principalement par le
lavage. Les mines de Sipini et de Caye donnent de
Tor de 18 à 19 carats. L'intérieur renferme d'excel-
lentes mines de fer prores à la fabrication de l'acier {
celui de Menangkabou est préférable à tous eeui
de l'Europe. L'étain, ce rare minerai, est un
objet d'exportation; on le trouve principalenietit
près de Palembang, sur le rivage oriental; c'est
une continuation des riches couches de Banca.
On y trouve aussi du cuivre, de la houille ♦ du sou-
fre et du salpêtre. La petite île de Poulo-Pisang,
située au pied du mont Pougang , est presque entiè-
rement formée d'un lit de cristal de roche. Le nap-
pai parait être une sorte de roche stéatiteuse ; on
rencontre aussi du pétrole. Les côtes sont en grande
partie entourées de récifs de coraiL » (Valentyn.)
D'après des renseignements parvenus récemment
en Europe on a découvert à SoumAtra, dans le district
de Doladoulo, arrondissement du Kottas méridional^
ilne mjine de diamants qui parait devoir être abon-
dante. Elle sera exploitée pour le compte du gouver-»
nementé Les tnines d'or de Bonjol et de Kampon-
Hardi, qu'on n'exploite que depuis 1837, deviennent
de plus en plus productives, à mesure que l'on creuse
dans une direction perpendiculaire le sol alluvial qui
les constitue. On n'en tira d'abord que de l'or en pail-
lettesi mais accidentellement on y trouve des péj^tes
144 VOYAGE
qui pèsent jusqu'à mw, deux et fm* kilogrammes.
Quoique située sous la ligne, Spumâtra ne voit
que rarement le thermomètre monter au-dessus de
85° de Fahrenheit , tandis que dans le Bengale il at-
teint 101^ Les habitants des montagnes font du feu
dans les matinées. Cependant la gelée, la neige,
la grêle y paraissent inconnues. Le tonnerre et les
éclairs sont fréquents, principalement pendant la
mousson du nord-ouest. La mousson du sud-est , qui
est sèche, commence en mai et finit en septembre;
celle du nord-ouest ou pluvieuse commence en dé-
cembre et finit en mars. On a trop décrié le climat
de Soumâtra ; la côte occidentale, couverte de marais
très-étendus , a pu mériter le surnom de côte de la
peste , à cause des brouillards malsains dont elle est
assiégée. Mais beaucoup d'autres parties de l'île , et
surtout la côte orientale, oflrent des situations sa-
lubres et de nombreux exemples de longévité. .
L'île de Java , jadis siège d'un grand et floris-
sant empire indigène, centre de la puissance d'une
compagnie de commerce qui dominait sur toutes les
mers de l'Orient, mériterait une description Ijien
plus détaillée que n'en admettent les bornes de cet
ouvrage. Cette île domine, par sa position, les prin-
cipales entrées des mers qui baignent l'Asie orientale.
En grandeur elle n'égale ni Bornéo , ni même Sou-
mâtra , car elle ne s'étend en longueur, de l'ouest à
l'est, que l'espace de 245 lieues; sa largeur varie
de 30 à 50 et sa superficie peut aller à 5,700 lieues
géographiques carrées». Sa population est cependant
AU POLE SUD. 145
plus considérable et ses habitants plus industrieux ,
surtout pour ce qui concerne le commerce , les arts
et Tagriculture. Le nom deDjava est malais et dénote,
selon les uns une grande île , selon les autres une
espèce de grain qui croît ici. Les Arabes et les Persans
rappelèrent Djezyret al Maha-Radje , l'île du grand
roi.
D'après la grande carte de Valentyn , Tîle est tra-
versée de l'est à l'ouest par une chaîne de montagnes
généralement plus rapprochée de la côte méridio-
nale^ et qui, se doublant en plusieurs endroits, em-
brasse des plateaux élevés , entre autres ceux où les
provinces de Préangan et de Squrakarta sont situées.
La partie la plus occidentale présente une terrasse
inférieure. Les premières hautes montagnes com-
mencent au sud de Batavia; elles portent le nom de
Pangerangon ou les Montagnes bleues; c'est entre la
province de Tcheribon et de Sourakarta, dans la
partie la plus étroite de l'île , que s'accumulent les
plus hautes montagnes : le Gounang-Kandang , le
Tourenterga, le Tagal et le Keddo; plus à l'est, les
Deux-Frères ou Soudara-Soudara , les monts Lauvan ,
Domong ^ Djapan, le Merbabm^ le Sindoro^ le Gow-
noung-Dring ou Gounoung-Prahou et le Soumbing^
continuent la chaîne jusqu'à la pointe orientale. »
Les plus hautes montagnes ne dépassent point
15,000 pieds anglais d'élévation ; leurs flancs sont
escarpés, et leur sommet, presque aussi grand que
la base, est ordinairement terminé par un plan ho-
rizontal. Ces montagnes présentent au géologue un
XI. Géologie. '2« Partie. 10
146 VOYAGE
grand nombre de roche» , telles que des ampliilKH
lites, beaucoup de quartz, de feldspath et de raîca;
on y trouve des masses de porphyre , de Tagate , du
cristal de roche et du jaspe commun. Comme presque
tous les terrains quartzeux, elles sont peu riches en
minéraux; elles renferment cependant du soufre, du
plomb , de Tétain , du cuivre et même de l'argent ;
mais la difficulté du terrain et le peu d'abondance
du minerai en ont fait abandonner Texploitation.
On compte parmi ces montagnes A6 volcans , dont
nous ne nommerons que les plus importants. Le
Satak^ haut de 8,000 pieds et presque entièrement
composé de basalte, eut une éruption en 1761. Le
Gaunong-Gonîotir ne cessa d'être en éruption depuii
1800 jusqu'en 1807. Il en eut encore une en 1840*
Le Kiamis lance de l'eau chaude et de la boue. Le
Galong-Goung eut une terrible éruption en 1822.
VArjouna, haut de 9,986 pieds, rejette conlinuel-
^ lement de la fumée. Uldjen , dans Tune de ses der-
nières éruptions, vomit un volume d'eau si prodi-
gieux , que sur une étendue de 20 lieues, une grande
partie du pays située entre ce volcan et la mer fut
complètement inondée.
On connaît peu l'Ile de Flerès ou plutôt £iie<^, ap-
pelée aussi Mangderaîj qui s'étend à l'est de Soum-
bava sur une longueur de plus de 60 lieues et une
largeur de 20. Les Portugais y avaient établi une co-
lonie qu'ils paraissent avoir abandonnée; cependant
ils ont encore une église à Larantauka , où chaque
année des prêtres de Timor vont baptiser les enfants
AU POLE SUD. 147
des nouveaux convertis. Les Bouguis occupent la côte
méridionale de cette île , dont le reste est divisé en
plusieurs petits États indépendants ; ils en exportent
des esclaves, de l'huile de coco, de Técaille, des bois
et une canelle commune.
Au sud d*Endé est située Sandal-Bosch ou Sandana^
que les Malais nomment Poulo-Tjtnnuna j île presque
abandonnée , où Ton trouve du bois de santal , des
buflfles, des chevaux. Elle est très-escarpée dans sa
partie méridionale et paraît être indépendante.
L'île de Solor est peu étendue; son sol, monta-
gneux et stérile, n'offre que des nids d'oiseaux
et quelques bambous aux habitants, qui font un
grand commerce d'huile de baleine , d'ambre gris
et de cire. Les Hollandais y possédaient le fort Fre-
derik-Henrich; mais les Portugais regardent comme
leurs vassaux les petits princes ou radjahs qui gou-
vernent cette île. Les Soloriens passent pour d'excel-
lents navigateurs. Sobrao, longue d'environ 10 lieues,
large de 5 , et peuplée de Malais dont un grand nom-
bre ont été convertis au christianisme par les mis-
sionnaires portugais, est gouvernée par un radjah dont
la résidence est Adinara , petite ville qui donne aussi
son nom à l'île. Lomblem , un peu plus grande que la
précédente et habitée aussi par des Malais, est divi-
sée entre plusieurs radjahs qui paraissent être indé-
pendants.
Pantar ou Panter, à une douzaine de lieues au nord
de Timor, est ime île montueuse où l'on remarque
deux pitons d'origine volcanique. Un îlot situé vers
148 VOYAGE
sa pointe méridionale a reçu des navigateurs anglais
le nom d'île South; le sol en est peu élevé. Ombay
ou Mallua est assez élevée. Sur beaucoup de points ,
les côtes sont très-escarpées et n'offrent souvent aux
canots qu'un abordage difficile , sans aucun mouillage
pour les navires. Ces deux îles sont peuplées par une
tace guerrière et barbare qui passe même pour être
anthropophage.
Au sud des cinq îles que nous venons de nommer,
se trouve la grande île de Ti/wor, dontle nom, dît-on,
signifie Orient. Sa longueur est d'environ 105 lieues
et sa largeur de 20 à 25. Ses montagnes calcaires
composées jusqu'à la hauteur de 800 pieds de masses
fossilifères, se couvrent de toutes sortes d'arbres
et d'arbrisseaux ; chaque baie , chaque promontoire
présente une nouvelle vue romantique et pittoresque.
Mais l'enthousiasme des voyageurs , fatigués de l'as-
pect des côtes occidentales de la Nouvelle-Zélande,
a beaucoup exagéré le tableau de la fertilité de cette
île. Le bois de santal , la cire des abeilles sauvages
et les nids d'hirondelles salanganes , sont à peu près
les seuls objets qu'elle exporte. Cependant on y a re-
connu de beaux Eucalyptus, et une espèce de sapin
qui pourrait fournir des mâts. Le caféier y a réussi,
et les forêts de l'intérieur possèdent le cannellier, le
latanier, le cassier, le manguier, peut-être même le
giroflier. Le sol pierreux et le terrain coupé de mon-
tagnes et de ravins laissent peu d'endroits propres à
la culture du riz; et sans les bananiers, les cocotiers,
les jacquiers, les eugenia et autres arbres fruitiers.
AU POLE SUD. 149
Timor ne saurait nourrir sa médiocre population.
Les rivières charrient souvent de l'or, mais ne rou-
lent pas en général des eaux salutaires. La chaleur
et la sécheresse qui régnent depuis mai jusqu'en no-
vembre, cèdent la place à des torrents de pluies
qu'amène l'impétueux vent du nord-ouest depuis no-
vembre jusqu'en mars. L'air, l'eau, les bains, les
fruits mêmes , pris en trop grande quantité , expo-
sent le voyageur européen à des fièvres mortelles. Les
habitants souffrent beaucoup des maladies de la peau
et du scorbut. Enfin , cette île tant vantée par Péron
manque d'un port sûr et commode.
L'île Simao , au sud-est de Timor, peu fertile quoi-
que couverte d'arbres, offre un refuge aux vaisseaux
que la mousson du nord-ouest chasse de la rade de
Coupang. L'île Kambing ou Cambi, située entre Simao
et Timor, présente un phénomène physique assez
curieux; ce sont des ébuUiiions d'eau sulfureuse,
semblables aux salses d'Italie. L'île de Rotti , plus
étendue, est aussi plus fertile; elle fournit aux Hol-
landais beaucoup de riz et du jaggari ou sucre de
palmier. Selon Cook, on y faisait du sucre de canne.
Les habitants, mieux faits et plus robustes que les
Timoriens, repoussent le joug européen et la religion
chrétienne ; cependant leurs radjahs sont maintenant
vassaux des Hollandais. On les accuse de mener une
vie très licencieuse et d'avoir les goûts les plus hon-
teux. Leurs femmes sont recherchées pour les harems
de Soumatra, de Java et de Timor. Les habitants de
la petite île Dao sont tous orfèvres.
150 VOYAGE
L'archipel des Moluques porte les caractèFes les
plus évidents d'une terre bouleversée par quelque
révolution violente ; partout on y voit des îles singu-
lièrement coupées et rompues , des pics énormes qui
s'élancent tout à coup d'une mer profonde, des ro-
chers entassés à des hauteurs immenses, enfin un
grand nombre de volcans^ soit en activité, soit éteints.
Les tremblements de terre , fréquents et terribles ,
dans ces parages, en rendent la navigation périlleuse.
Ils font disparaître tous les ans des bancs Ae sable
dans ces mers, et tous les ans ils en forment de
nouveaux.
L'île deMahian renferme un volcan dont le cratère
forme une longue crevasse qui s'étend jusqu'au pied
de la montagne.
Batchian est la plus grande des Moluques propre^
ment dites ; sur les côtes comme dans la plupart des
îles del'archipel, il y a des rocs de madrépores d'une
beauté et d'une variété infinies. (Valcntyn.)
Nous empruntons la note suivante à M. Jukel sur
quelques roches tertiaires dans les îles qui s'étendent
de Java à Timor.
Derrière la ville de Coupang, dans l'île de Timor,
la terre s'élève insensiblement vers des montagnes
de 500 à 600 pieds de haut. On trouve dans les
vallées étroites qui coupent ces montagnes des
coupes très-propres à les faire connaître. Ces roches
et le rivage lui-même sont composées de formation
tertiaire très-récente qui paraît être un récif de corail
nouvellement élevé, il abonde en Astrea, Meandrina
AU POLE SUD. 161
et Porites, avec des coquilles de Strombus, de Conus^
de Nerita, dMrra, de Pecten, de Venus ^ de Lucine.
Sur un récif à 150 pieds au-dessus du niveau de la
mer, M, Juket a trouvé une Trydacna enchâssée dans
la roche, avec ses valves fermées, comme il les
avait vues souvent dans les bancs de récifs. L'épais-
seur de cette formation avait probablement plusieurs
centaines de pieds et semblait s'étendre au loin sur
toute la contrée , entourant de toute part les mon-
tagnes centrales qui sont très-élevées et probable-
ment d'origine volcanique.
L'île Samou paraît être entièrement composée de
cette roche qui forme des précipices de 200 à 300 pieds
de haut. L'île du Bois-de-Sandal présente une côte
élevée et montagneuse, et des pics qui s'élèvent à
2000 pieds au-dessus du niveau de la mer et attei-
gnent pue plus grande élévation dans l'intérieur des
terres.
Toutes les plaines de la côte sont régulièrement
stratifiées en lits horizontaux, blanches lorsqu'elles
sont nouvellement brisées , mais prennent une cou-
leur noirâtre après un temps plus ou moins long.
Les rochers et les précipices de Sumbavï^a sont
également élevés et montrent la même stratification
régulière. L'île de Lomboch s'élève graduellement
de la côte sud vers un grand cône volcanique de
, 11, /iOO pieds.
Les rochers de la côte, au sud, ont environ 200 pieds
de haut , et sont composés de roches blanches stra-
tifiées, couvertes par une grande épaisseur de roches
152 VOYAGE
brunes ou jaunâtres, en lits très-minces. L'île de
Madura est composée des mêmes strates blanchâtres
semblables à de la chaux; cette île s'élève en deux
ou trois terrasses, en plaines ondulées avec des
groupes de montagnes , en forme de table , formant
des escarpements abruptes , et s' élevant à des hau-
teurs de plus de 1000 pieds au-dessus du niveau de
la mer. Vis-à-vis le détroit de Madura, ces montagnes
continuent le long de la côte nord de Java; elles
sont toutes composées de calcaires probablement
tertiaires , et lessemblent aux formations de coraux
des barrières de récifs ayant une surface raboteuse ,
en forme de rayons de miel , blanches à l'intérieur ,
souvent cristallines; autre part, présentant une
poussière terreuse et quelquefois une structure cris-
talline.
Dans le Delta de la rivière de Kedivi , il y a quel-
ques îles offrant la même structure et les mêmes
roches ; dans l'une d'elles on trouve des nodules de
calcaires marneux grossiers, dans lesquels on voit
des coquilles bivalves de Cyclas ou de Cyrena. Le
long de la côte sud, à l'extrémité est de Java, il y a
quelques grandes formations calcaires, contenant
des fossiles qui ont été indiqués par le Dr. Horsfield,
dans sa carte géologique de Java. De toutes ces par-
ticularités, l'auteurconclut qu'une grande formation
tertiaire, entièrement récente, et n'étant, dans le fait,
rien autre chose qu'une ancienne barrière de récifs
soulevée, se développe sur les flancs de toutes les îles
volcaniques de l'extrémité est de Timor à Textrémilé
AU POLE SUD. 163
ouest de Java , et que , elle est étroite comme ces
îles, en proportion de leur hauteur, la formation
volcanique est une ligne de pitons élevés compo-
sés de matières ignées qui se sont accumulées au-
près des bouches volcaniques; elles doivent une
bonne partie de leur élévation à des soulève-
ments comparativement très -récents dans l'his-
toire de la terre , à une époque à laquelle vivaient
sans aucun doute les espèces qui l'habitent aujour-
d'hui.
Toute la côte nord-ouest de la Nouvelle -Guinée
est entourée de bancs de coraux , ils sont surtout
remarquablement développés dans la baie de Geel-
wink. Les iles à l'ouest , Waigiou , Gagy , Bautanta ,
Salanty , Missole , sont entourées de plages madrépo-
riques. L'île Aiou est un petit atoll.
La côte sud-ouest de la Nouvelle-Guinée , parcou-
rue par notre expédition , à partir de l'île du prince
Frederick, jusqu'à son extrémité, est dans de cer-
taines parties basse et marécageuse ; vers la baie Triton
et le cap Champel^ les terres sont plus élevées et pré-
sentent une végétation assez belle. Ces côtes ne sont
point couvertes des bancs de coraux que nous avons
signalés partout dans les régions équinoxiales ; nos
cartes n'en signalent aucun ; il n'y en a même pas
dans la baie Triton.
Les îles ^rroî^, Timor-Laut et Tenimber, sont en-
tourées de récifs , qui s'étendent au loin , surtout à
l'ouest. Les îles Key paraissent en être dépourvues ,
ainsi que l'indiquent nos cartes et celle de Stanley.
154 VOYACiF
Les petits groupes de Céramlaui , de Goram et de
Kefpug , sont entourées par des récifs considérables
qui s^avanceut au loin sur la mer , ce sont de véri-
tables barrières de récifs.
Les côtes de l'île Céram sont entourées de bancs de
madrépores, surtout au sud. Manipa^Boarou et le
groupe d'Amboinej présentent les mêmes caractères*
Les îles Nulla présentent un récif considérable du
côté du nord. Gilolo et Guebe sont entourées çà et
là de bancs madréporiques qui s'étendent au loin.
Les côtes des îles Batchian et le détroit de Patientia
sont défendues aussi par des récifs.
L'île de Célèbes est généralement élevée; nous
avons parcouru la partie méridionale de cette île ,
depuis l'île Salayer jusqu'à Makassar, et là, nos cartes
n'indiquent aucune barre de récif, aucun écueil,
mais en étudiant la grande carte de l'Océanie, de
M. Dumoulin , on reconnaît bientôt que les côtes est
et ouest sont encombrées d'une multitude de récifs
et d'écueils madréporiques , et spécialement la baie
de Boni et la côte sud-ouest; mais nous n'avons pas
des renseignements suffisants sur la disposition de
ces récifs.
Autour de Timor, les petites îles de Lûte, de Moa^
de Lakor^ présentent des récifs littoraux. Lvan^
Kissa, Timor sont entourées par des plages madré-
poriques considérables. Les îles Sandalwood et de
Savu sont également bordées par des coraux.
Les îles de Flores, di'Anora, de Solor sont en-
tourées de bancs de récifs qui rendent les passages
AU POLE SUD. 166
qui séparent ces îles assez dangereux; à Sapy^ à
Timor- Youg, sur la côte nord de Sumbawa, sur les
îles Bally, nous retrouvons encore ces plages madré-
poriques, qui s'établissent sur les côtes et s'avancent
à une certaine distance au large.
Les cartes excellentes de M, Horsfield nousmontrent
que toute la côte de Madura , de Java^ près Seura^
baya , est entourée de récifs de corauji. Les flots de
Japara^ de Bavian, de Lubeck, de Carimon^ava,
sont aussi accompagnés de plages madréporiques ;
les petites iles au nord de Batavia , une partie du
détroit de la Sonde est elle-même entourée de coraux
adhérents au rivage.
Uîle de Sumatra est entourée de bancs de coraux ;
sur une très-grande étendue de côtes , les îles envi*
ronnantes présentent les mêmes caractères. Ces ré-
cifs sont adhérents au rivage et sont généralement
assez étroits. Ils sont assez bien connus à File Trieste
(île basse entourée d'un immense récif à fleur
d'eau), a Pula-Dooa, Pulo-Pisang, Pulo-Mintao,
Pulih-Baniak , Pulo-Brasso; sur la côte ouest de Su-
matra, il y a des barres de récifs à une assez grande
distance du rivage ; les iles de Nicobar sont entourées
par des récifs adhérents aux côtés, il en est de même
pour les iles Andaman.
Les côtes de Malacca et de la Cochinchine sont gé*
néralement peu élevées et ne présentent pas de récifs
de coraux ; on n'en cite que dans quelques points ,
dans le détroit de Malacca , près Singapour , aux îles
Natuuas et Aiiambas, Tumbmn et Butwa, Sainte-
156 VOYAGE
Barbe , qui sont entourées de récifs qui font partie
des côtes.
Bornéo. — Au nord de Java et au sud-ouest des îles
Philippines s'étend la grande terre à laquelle les Hol-
landais donnèrent, en 1530, le nom de Bornéo et
que les naturels appellent à juste titre Katemantanj
Tana-Bessar-Kalemantan , noms qui signifient île de
Kalemantan, grande terre de Kjalemantan. C'est la
plus considérable des îles connues après la Nouvelle-
Hollande. Elle peut avoir 315 lieues de long sur
une largeur qui varie depuis 45 jusqu'à 2^5 lieues,
elle en a 200 de large sous Téquateur. Cette grande
largeur a empêché les Européens de pénétrer dans
les parties centrales; l'insalubrité de l'air les a éloi-
gnés des côtes, aussi la géographie de Bornéo est-
elle restée bien incomplète.
Tout le nord , le nord-ouest et le centre de Bornéo
sont très-montagneux ; la plus grande partie de l'an-
cien royaume propre de Bornéo est extrêmement
élevée. La montagne de Kiney-Baulu ou de Saint-
Pierre sous la lat. 6° N. est une des montagnes les
plus élevées que l'on connaisse. Le pays autour de
Sambas, Pontiana et Sukadana est assez souvent en-
trecoupé par de petites rangées de montagnes qui
interrompent l'uniformité de la plaine. Mais au sud-
ouest et plus particulièrement à l'est, près du détroit
de Macassar, les terres sont très-peu élevées. Les
côtes, dans ces derniers lieux, sont très-maréca-
geuses mais l'intérieur est sec.
Les cartes ordinaires de Bornéo , montrent que
AU POLE SUD. 167
dMnnombrables rivières arrosent cette grande île
dans toutes les directions, mais il est remarquable que
imites les principales rivières de cette île sortent d'un
grand lac situé dans le voisinage de la montagne dont
nous avons parlé sous le nom de Riney^Baulu?
La rivière de Binpar-Masing prend naissance dans
ce lac et, après avoir poursuivi son cours tortueux
pendant 1,500 milles en coupant Tîle en deux parties,
elle se rend dans la mer de Java. Entre son origine
et son embouchure il n'y a , dit-on , que 12 pieds,
et seulement 9 pieds à basse mer sur la barre. Il
y a , dit-on , sur ses bords un grand nombre de vil-
lages.
La grande rivière de Bornéo propre est certaine-
ment la plus belle de File ; c'est une rivière profonde,
navigable et très-majestueuse; elle a trois brasses de
profondeur sur la barre à marée basse. On y a construit
des bassins pour les jonques chinoises de 5 ou 600
tonneaux , et des vaisseaux de guerre de premier
rang pourraient aller loin au delà de la ville ; cette
contrée est populeuse , riche et saine , la branche
sud de cette rivière a été bien reconnue, tandis
que la branche qui vient du pays de Marut ne Test
presque pas; elle prend sa source dans là Kiney-
Baulu.
Dans l'ancien royaume de Sukadana , les princi-
pales rivières sont le Sukadana, le Hava, le Pugore,
la Ponsiana et la Sambas ; les premières communi-
quent dans l'intérieur des terres et ont leurs sources
principales dans le Kiney-Baulu. Toutes ces rivières
1Ô8 VOYAGE
sont profondes et navigables à 70 ou 80 milles de dis-
tance ; mais la plupart présentent à leur embouchure
des bas-fonds de boue qui ne permettent pas d'entrer
à des navires qui prennent plus de lA pieds d'eau à
marée haute. La troisième rivière, la plus considérable
de Bornéo est la Kinabatangan , coulant au nord de
nie et se perdant dans la mer de Solo, on la dit pro-
fonde et navigable beaucoup plus loin que le Binjar-
Masang ; elle a plusieurs bouches mais elle n'a pas
été reconnue. Les rivières de Kuran , Passis et plu-
sieurs autres , qui se rendent dans le détroit de Ma-
cassar, passent pour de belles rivières, navigables
pour des navires d'un fort tonnage , mais nous n'a-
vons aucune note précise sur ces rivières. La baie de
Sandacàn est une des plus belles du monde : on a pu-
blié une carte correcte de cette baie. Le havre de
Tambisan, près du cap Husing, vaut celui de Poulo-
Pinang, et est favorable pour la construction et le
carénage des navires ; on en possède des cartes pas-
sables. Les havres de Poulo-Laut, Punaflgùû, Maluda
et plusieurs autres offrent de bons mouillages et un
abri assuré.
Située comme Bornéo , immédiatement sous Fê-
quateur, la terre peut produire, en végétation, par
l'influence combinée de la chaleur et de l'hunâidité,
tout ce qu'il y a de plus beau et de plus brillant. Tous
les palmiers de l'Orient, la noix de coco, Taréca,
le sagon, le bambou, le cassa, le nard, le poivre,
le laurus cînnamonïus , Tacacia odorîfera , le cam-
phrier, l'ébénier, le damar, l'arbre qui produit le
AU POLE SUD. 159
sang-de-dragon , le colon, le café et la noix de cho-
colat, le giroflier, la muscade, y croissent abondam-
ment. Nos végétaux potagers y croissent , au grand
étonnement des étrangers.
On dit avoir vu un éléphant près du cap Hnsing.
On y trouve encore quelques dents de cette espèce ,
mais on dit que cet animal a disparu de Ttle.
Iln*y a, en général, ni dromadaires, ni chameaux,
ni ânes, ni chevaux, ni mulets; les premiers se trou-
vent à Sulo ; on n'y rencontre aucune des grandes
espèces félines , telles que le lion, le tigre et le léo-
pard; ni ours, ni loups, ni renards, ni même de
chacals ou de chiens ; Je n*en ai jamais vu. Les ri-
vières fourmillent d^allîgators ; les forêts de toutes
les variétés de singes, de lapins, de cerfs, de daims,
de cochons sauvages ; il y a des taureaux , des chè -
vres, des bouvillons, des cochons, et en outre,
des rats et diverses espèces de souris; il y a quel-
ques serpents sur la côte , et il y en a considéra-
blement dans l'intérieur; les rivières et les côtes
sont extrêmement poissonneuses; l'ornithologie de
Bornéo paraît peu nombreuse. Les principales mines
d'or de Bornéo sont dans le voisinage de Basambas;
il y a une montagne appelée Guning-Pandan, à envi-
ron 16 railles dans Fintérieur des terres, où trois ri-
vières prennent naissance ; l'une coule à Mompava,
une autre à Batubulat, près de tanjung-Mora, et
l'autre à Landa ; toute la surface intermédiaire entre
les rivières cî-dessus, est formée de schistes argileux
fermes et de couïeur jaunâtre , ou de quartz ferru-
160 VOYAGE
gineux , percés de temps en temps par des minerais
qui ont la consistance de la corne ; vitrés, d'une cou-
leur rouge sombre très-remarquable , et contenant
les veines d'or les plus riches , égales et même supé-
rieures à toutes celles qui existent ; il n'y a , dans
tout le royaume de Sucanana , que cinquante mines
exploitées , trente appartiennent au district de Sam-
bas; chaque mine emploie au moins 300 Chinois,
auxquels on donne trois ou quatre dollars par
mois.
Les mines sont imposées, par le rajah, de cin-
quante bankols d'or par mine et par année; en
outre une taxe de capitation de trois dollards par
tête de Chinois; il y a 30,000 Chinois dans le district
de Sambas , de sorte que se sentant assez forts pour
résister et éviter la taxe, ils livrent des combats
perpétuels; on compte, en outre, 1,200 Malais ou
Dayers.
Les mines d'or de Laurat sont situées à l'est de la
ville de Sambas, elles sont particulièrement riches
et productives. Les mines de Siminis sont à une
demi-journée de Sambas, au-dessus d'une petite
crique sur la rivière de Sambas ; au dessous de la
ville : ces mines sont abondantes. Salaco est sur la
rivière de Sambas, à 50 milles au-dessous de la ville,
et communique avec elle par une autre rivière. Là ,
ce métal se trouve plus abondamment que nulle autre
part, et 20,600 Chinois sont employés dans ce dis-
trict. Mantrado est à trois journées sur la rivière de
Montpava , et appartient à un prince malais indé-
AU POLE SUD. 161
pendant ; d'après quelques récits , la population de
ce grand district serait de près de 50,000 Dayers,
Malais et Chinois , mais peut-être serait-il plus vrai
de n'admettre que la moitié de ce nombre ; ils sont
principalement employés aux mines d'or, et à four-
nir à l'alimentation des mineurs; du reste, ces
mines ne produisent pas ce qu'elles pouraient don-
ner sous la direction des Chinois.
Mandore est à une journée de Pontiana et appar-
tient au sultan; elle passe pour une mine très-riche,
bien qu'elle ne soit exploitée que très-récemment ;
il n'y a encore que 12 exploitations de 200 hommes
chacune, mais il pourrait y en avoir davantage. On
a trouvé aussi quelques beaux affleurements de mines
de cuivre; qui n'ont pas encore été exploités, l'or
ayant été estimé comme plus productif. Le sultan
désire (et il a quelques instruments de sondage et un
mineur expérimenté) être mis en état de décider si
elles mériteraient d'être exploitées dans les circon-
stances que nous avons mentionnées.
A environ trois journées, sur la rivière de Pungol,
s'étend le district de Sungovv^, avec une population de
25,000 âmes, Dayers et Chinois, sous un prince
malais indépendant. La population est principale-
ment employée aux mines d'or, qui sont pures et abon-
dantes ; mais elles ne sont point exploitées par les
procédés chinois. Les Hollandais y attachent une
assez grande importance , pour tenir des forces à
Sungow, Environ deux journées plus loin , il y a un
autre district appelée Santau ; et a!i delà, sur la même
XI, Géologie. 2' Parlit. 1 1
162 VOYAGE
rivière , la ville de Soucatou ; ces pays sont riches en
or, et leurs habitants sont Dayers. Matan appartient
au rajas du même nom, il a le titre de rajas de
Succadana , bien quMl ait été chassé de cette place
dix-sept ans auparavant II y a 10,000 Dayers, quel-
ques Chinois et Malais ; les mines d'or sont abon«*
dantes et pieuvent devenir très-productives, aussi
bien que les mines de fer et d'étain ; mais le sultan
abandonné à l'opium , néglige ce pays qui pourrait
être un des plus riches de Bornéo.
A environ trois journées de Pontianak, on trouve
la célèbre montagne de Londa, qui, après Grolconde,
est k plus importante mine de diamants que Ton
possède dans le monde. Il y a au moins 30,000 âmes,
principalement des Dayers, employés à ces mines ou
ù Tagriculture ; elle appartient à un prince malais,
élevé à cette dignité par les Hollandais vingt-cinq ans
auparavant, à l'aide de soins du sultan de Pontianak.
On y recueille aussi une grande quantité d'or, mais
on pourrait en obtenir des quantités beaucoup plus
considérables encore sous une meilleure direction.
Il y a une très-importante mine d'or dans le nord
de Bornéo , au lieu appelé Tambassuk , situé dans
le district qui a été cédé aux Anglais par le sultan de
Sulo. Mais comme le port le plus voisin, est le
rendez-vous général des pirates sur la côte , le tra-
vail de ces nûnes a été complètement abandonnée
On dit que toute la production d'or de la province
de Succadana est annuellement d'un millimi de
dollars. Les mineurs chinois, vivants sous le despp.
AU POLE SUD. m
tisme rapace de chefs qui n'agissent sous linfluence
d^aucun principe d^honneur, de justice et de bonne
foi, cachent avec le plus grand soin les richesses
qu'ils amassent, non-seulement pour se préserver
des griffes de leurs tyrans , mais pour pouvoir trans-
porter dans leur patrie le fruit de leur industrie ,
qu'ils convertissent en or ou en diamants à Pon-
tianak ; deux ou trois cents d'entre eux quittent le
pays chaque année par les junques qui y arrivent
annuellement.
N'ayant pas eu l'occasion de visiter les mines d'or
en personne, je ne sais si les minerais fondent faci-
lement par eux-mêmes , ou si l'on emploie quelques
flux pour dégager l'or des minerais.
Mais je crois que l'attention principale des mineurs
est dirigée sur les veines les plus riches du métal
natif, et que toutes les opérations se réduisent à ré-
duire le minerai en poussière et à lui faire subir des
lavages ; tout l'or aux environs de Pontianak est en
poudre ^ bien que cependant j'en aie vu à Bornéo
propre qui avait été mis en barres. Aux environs de
Laudak, où l'on trouve les diamants, toute la contrée
est recouverte d'un strate d'argile de couleur rouge
sombre , presque de la même nuance que nos briques
brûlées, et qui donne aux rivières qui coulent sur ce
sol une couleur fort étrange. A-t-elle été formée
par des débris de roches volcaniques si riches en
éléments ferrugineux? c'est ce que je ne puis déci-
der; les tremblements de terre se font fréquemment
sentir à Pontianak et à Sambas, et il existe, dit-on,
164 VOYAGE
des volcans dans les montagnes centrales de Bornéo.
A la manière grossière dont les Dayers recherchent
les diamants, ils en rencontrent rarement d'un poids
qui dépasse trois ou quatre karats ; lorsqu'ils sont
bruts les diamants de Lauda ont une couleur blanche
ou jaunâtre , mais on n'en trouve point qui aient les
teintes noires ou fluîtes des diamants si recherchés
de Golconde; mais Lauda en produit d'un poids et
d'une valeur considérable , comme le prouvent assez
les beaux diamans que l'on trouve à Java et la quan-
tité qui est exportée annuellement à Batavia. Le roi
de Matam possède un diamant quj pèse 367 karats ,
dont la valeur, d'après l'ancienne manière de calcu-
ler (367 X 367 k. x 50 francs = 7,084,450 francs
[269,378 1. st.]). Le sultan de Pontiana prétend que
le gouvernement de Java en a offert un prix beau-
coup plus élevé. On trouve souvent des diamants de
20 à 30 karats.
Il y a, dit-on, à Manpava une très-riche mine de
cuivre^ mais par le manque de bras, d'un bon gou-
vernement et de savants minéralogistes, on n'en a
pu obtenir que très-peu de chose jusqu'à présent. A
Pulo-Bemgoroug, près Bornéo propre, on trouve
des minerais de fer magnétique très-abondants.
A environ un degré au nord de Sambas , il y a un
pays appelé Sarawak , appartenant au radjah de
Bornéo propre : c'est un district riche en étaîn , en
veines aussi abondantes que celles de Banca^ mais
elles ont été négligées pendant plusieurs années; elles
furent en partie exploitées avant que les dernières ne
AU POLE SUD. 165
fussent découvertes , au commencement du dernier
siècle. La tyrannie du gouvernement, le manque de
bras et le voisinage de riches et abondantes mines
d'or a causé leur abandon.
Dans le district de Matare , il y a une très-riche
mine de fer qui donne le métal pur sans aucun mé-
lange de minerai , et qui est égal en qualité aux meil-
leurs fers de la Suède ; ils en forment des masses que
l'on exporte. Les mines d'or du voisinage emploient
presque tous les bras. A Maday, sur la côte nord-est
de Bornéo, dans la province de Maugidara, il y a une
très-riche mine d'or.
Passir et Kotty , dans le détroit de Macassar , produit
des quantités considérables d'or. La rivière de Ben-
januashig roule de l'or et des diamants; je n'ai pu
obtenir toutefois des renseignements précis sur ce
sujet , je ne donne que le fait général.
Il existe plusieurs belles espèces de cristaux trou-
vés à Kimanys et à Solo ; on les appelle eaux de dia-
mants. Pour donner une grande action aux mines
dans le royaume de Succadana, dit le sultan de Pon-
tianak , et pour fournir à la nourriture pour les
ouvriers mineurs il faudrait employer au moins un
million de Chinois.
Auprès de cette grande chaîne qui s'étend du cap
Tusuig, en passant par les îles Tawee-Tawee et par
Solo, jusqu'à Basilan, il y a un vaste et abondant
banc d'huîtres perlières (mères perles). Elles sont ap-
pelées par les indigènes tipi. Il y a aussi un banc
très-étendu d'huîtres de Ceylan, appelées par les
166 VOYAGE
Ualais kojpes^ Le banc priocipal de ces dernières co-
quilles se trouve k la baie Malada. Les perles de Solo
ont eu de temps immémorial la plus grande réputa-
tion et la plus grande valeur. Pigafetta, le compa-^
gnon de Magellan ^ dit avoir vu , en 1520, deux perles
de Sulo dans la possession du radjah de Bornéo, qui
étaient aussi grosses que deux œufs. On en trouve
annuellement d'assez belles et d'un poids assez con-
sidérable. La pêche est faite en partie par les Malais
et en partie par les Chinois ; ils cachent le plus soi-
gneusement qu'ils peuvent les perles d'un certain
volume , parce que celles qui atteignent un poids un
peu élevé appartiennent au sultan. « Les petits gou-
lets, dit Dalrymple (dans son travail sur la mer de
Solo), près deTawee-Tawee, sont les plus riches et les
plus importantes pêcheries du monde. » Nous n'a-
vons pas eu Toccasion d'étudier les bancs prèsManar
et Tulacôryn , aussi bien que les bancs de la mer de
Solo ; mais les premiers ne sont pas aussi éten-
dus, et n'égalent ni en quantité, ni en richesse, ni
en taille les huîtres perlières de Solo. Leurs perles
ne peuvent être en aucune manière comparées à
celles de cette île. Les Anglais, pour pouvoir pêcher
annuellement H jours à la pêcherie d'huîtres de
Geylan , payent une somme très-considérable. Dans
cette partie de Bornéo, qui appartient aux Anglais,
on pourra obtenir une immense source de revenus de
ce fonds si riche en le ménageant convenablement.
Les Malais, à Borpéo, possèdent l'art de tailler,
de polir et 4e sertir les diamants. Ils excellent à faire
AU POLE SUD. 167
les ouvrages en fils d'oi' et d'argent. On fabrique de
la poudre à canon à Pontianak ; à Bornéo propre on
fait de Tairaîn pour les canons. Des masses de cuivre
sont retirées de leurs mines» Ils savent fabriquer et
réparer les kriss et les armes. Leurs charpentiers
excellent à bâtir et à réparer les proues et à élever des
huttes; leur industrie la plus perfectionnée consiste
à recueillir des nids d'oiseaux et de la cire ; à couper
des roseaux et du bois de marine ; à découvrir dans
les pêcheries les perles et le tripang, ils font de bons
marins pour le commerce et la piraterie ; la culture du
sol et les industries de comestibles sont souvent aban-
données à l'infatigable industrie des Chinois. Pour
l'exercice de toute occupation utile, les arts mécani-
ques, les sciences et le travail des mines, ces sauvages
indolents sont nécessairement obligés de recourir à
la civilisation et à l'industrie supérieure des Chinois.
Samarahaud. — La rivière de Samarahaud coule
dans un banc de boue argileuse; c'est un dépôt
alluvial.
Les Diaks, comme on le sait, sont fameux pour
leurs manufactures de cuivre ; la forge est ici de la
plus simple construction et formée par deux arbres
creux, chacun d'environ 7 pieds de hauteur, placé
perpendiculairement dans le sol, à côté l'un de
l'autre , deux tubes de bambou placés à l'extrémité
inférieure de ces arbres, vont aboutir dans un foyer
de charbon de terre, un homme perché sur les arbres,
pompe avec deux pistons (dont les soupapes sont faites
^vec des plumes de coq) qui, étant élevés et abaissés
168 VOYAGE
alternativement , donnent un courant d'air constant.
Les montagnes de Sarawack renferment des mines
d'or très-abondantes , et de très-bonnes qualités ; il
y a aussi de l'étain; le minerai d'antimoine y est
assez abondant , et on y trouve quelquefois des dia-
mants. Ces renseignements nous ont été donnés par
un Chinois intelligent et fort capable de rendre
compte de cette industrie.
En remontant les plaines de Sarawack , de Moro-
laba , on eut des renseignements sur les productions
minérales du pays, l'or, l'étain , le cuivre probable-
ment, l'antimoine et l'argile blanche pour les pipes.
On a trouvé des pierres ponces dans l'île de
Célèbes. Les montagnes de ces îles sont, en général»
arrondies et plates à leur base, et ne présentent point
à leurs sommets des forêts de chênes ou des pins
élevés comme dans d'autres pays.
A la baie Tierro, la pointe sud présente un récif
de corail de près d'un quart de mille d'étendue qui
ferme aussi la partie sud de la baie ; au delà du récif
l'eau est très-profonde ; la côte ouest est entourée de
coraux et le fond est considérable ; la partie centrale de
la baie est très-profonde, et à 100 mètres de là, nous
ne trouvâmes pas le fond à 50 brasses. Cette partie
du pays présente un très-grand intérêt pour la géo-
logie ; les montagnes qui entourent la baie sont d'une
petite élévation , et à 80 ou 100 pieds au-dessus du
niveau de la mer , on trouve de larges masses de co-
raux soulevées.
Balunrueh est une des îles principales près Magna-
AU POLE SUD. 169
rabunbang, elle est escarpée et a 400 à 500 pieds ;
à la pointe nord, il y a un récif de corail , qui s'étend
à 2 milles au sud-ouest ; à Tangle de cette île , il y a
également un récif, à un demi-mille , et les côtes
sont , tout autour , entourées de coraux en dehors
desquels la mer est très-profonde.
L'îlot de Liang-Liang, Ganallo et Balantampeh;
la première et troisième ont toutes deux des eaux
douces ; les récifs touchent à la côte dans toutes ces
îles, il y a aussi quelques récifs et écueils isolés.
Il y a du charbon dans la pointe nord-est de l'île
de Labuan; elle a 50 pieds de haut, 2i milles de cir-
conférence, elle ofiFre des bois de charpente, de l'eau
de source , et des ruisseaux qui restent rarement à
sec, mais l'eau ne manque jamais ; c'est un bon
amarrage bien protégé du côté du nord-est, mais
pas très-étendu; le climat est favorable à la santé,
comme à Bornéo ; la plage sablonneuse , le sol est
excellent et donne les plus beaux produits.
Province de Sarawack sur la côte de Bornéo propre. —
Sur le rivage et prés de l'embouchure des fleuves,
les terres sont en plaines et boisées; un peu plus
loin, le paysage est coupé par quelques collines
isolées, et par une ligne de montagnes de 3,000 pieds.
Ce sol est extrêmement riche, le plus riche du
monde. Il se compose d'une argile jaunâtre, de
terres d'alluvion de diverses sortes.
. Les minerais sont extrêmement abondants : on y
trouve le diamant, l'or, l'étain, le fer et l'antimoine.
Les diamants et l'or sont la source du commerce d'un
170 VOYAGE
grand nombre de Chinois; 3,000 au moins de ces
derniers font le commerce de l'or.
Le produit des mines d'or de Sambass est, dit-on,
d'au moins un demi-million sterling , et les Chinois
les plus habiles pensent que cette province de Sara-
wack est encore plus riche. Les montagnes n'ont pas
encore été visitées par un homme savant.
L'existence d'un bassin de charbon a été tracée de
nie de Laboan aux îles de Kayn-Arang, nom qui
signifie la grande île de charbon; à l'Ile de Chermin,
et de là à la terre ferme, à une distance de 30 milles.
Par rapport au charbon de Laboan lui-même, on ne
sait rien, excepté le fait seul de l'existence de ce
minerai. Mais le charbon des deux îles a été essayé
par l'analyse et l'essai dans la navigation à vapeur,
il est supérieur à tout le charbon que l'Inde a fourni
jusqu'à présent, et est égal aux meilleures qualités
d'Angleterre. La présence de houillères considérables
permettrait, si on les exploitait convenablement,
de changer la route que l'on prend aujourd'hui de
Hongkong à Londres et de faire une grande écono-
mie de temps.
Ainsi il serait possible d'aller de Hongkong à Lon-
dres en 57 jours en suivant les principaux ports,
savoir : Hongkong, Singapore, Malacca, Ceylan, —
et en faisant sur le trajet, que suit aujourd'hui la
Compagnie orientale péninsulaire , les relâches d'u-
sage pour le service. Nous indiquerons dans le ta-
bleau suivant les calculs sur lesquels on se fonde
pour faire ce trajet en 59 jours.
AU POLE SUD.
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172 VOYAGE
La principale chaîne de montagnes se dirige du
nord au sud et s'approche très-près de la côte orien-
tale ; les Hollandais lui donnent le nom de Monts
Cristallins , à cause des nombreux cristaux qu'on y
trouve. Un des principaux sommets s'appelle, chez
les indigènes, Kenibalou ou Mont-Saint-Pierre, il a
10,000 pieds d'élévation. Une seconde chaîne va de
l'est à l'ouest , et donne naissance à la plus grande
partie des rivières. Un ou deux volcans et des trem-
blements de terre ont souvent bouleversé cette île.
Les côtes, sur une largeur de 5 à 20 lieues, n'of-
frent que des terrains marécageux et en partie noyés
et mouvants. On n'y peut avancer qu'en naviguant
sur les fleuves qui y forment un grand nombre de
branches et de canaux.
Le Happouas, qui traverse presque les trois quarts
de l'île , de l'est à l'ouest , est le fleuve le plus consi-
dérable. Le Bandjir-Massing et le Reyang ou Rayoung
prennent leur source dans les montagnes qui se
trouvent au sud du lac Danao-Malayou et coulent
ensuite du nord au sud. Le Varouni^ appelé aussi
Bornéo , prend sa source dans la chaîne principale ,
se dirige du sud au nord-ouest , et se jette dans l'O-
céan, après avoir reçu un grand nombre de rivières;
à la distance de 20 milles de la mer , il est navigable
pour des navires de 300 tonneaux. On remarque
encore que Kinabatangan ^ qui est plus longtemps
navigable que le Bandjir-Massing, et se jette dans
la mer des Philippines. Le Kouran^ le Passir^ le
Ko(tf\ et plusieurs autres, dans la partie orientale,
AU POLE SUD. 173
peuvent porter de petits vaisseaux ; ils prennent leur
source dans la chaîne des montagnes situées au nord-
ouest du territoire de Bandjir-Massing. Dans la partie
occidenlale» se trouvent cinq grandes rivières navi-
gables» ce sont : la Pontianak^ la Sambas^ la Lava^
la Pogoro et la Succadana; leurs embouchures ob-
struées par des bancs de sable, ne permettent l'entrée
qu'aux petits navires.
Le IdiC Kini'Ballou, dans la partie septentrionale,
est le plus considérable de l'Océanie, son diamètre
est de 12 à 15 lieues ; la profondeur de ses eaux blan-
châtres varie de 4 à 7 brasses. Comme il renferme
plusieurs petites îles, les Hollandais lui donnent quel-
quefois le nom de mer. Le Danas-Malayou couvre,
au centre de Bornéo , un espace de 8 lieues de lon-
gueur sur 4 de largeur; la profondeur de ses eaux
varie de 16 à 18 pieds. Comme dans le Kini-Ballou ,
on y remarque plusieurs petites îles et un très-grand
nombre d'espèces de poissons.
Le fer, Tétain, le cuivre se trouvent dans plusieurs
montagnes; les districts de Sadang et de Saravah
produisent l'antimoine; ce minéral ne s'y trouve pas
comme dans les mines de l'Europe, mais il est par
couches entassées, les unes sur les autres, comme
les pierres dans les carrières. L'or abonde dans l'île,
mais il n'est pas caché au fond des entrailles de la
terre: on le trouve à une petite profondeur; les
mines les plus abondantes sont celles de Trado , de
Mandour, de Landak, à'Ambauwang, de Bornéo et
de Bandjir-Massing. Le3 diamants se trouvent dans
114 VOYAGE
des terrains meubles à peu de distance de la surface;
les plus fins sont ceux de Landak , exploités par les
Dayaks. Le radja de Matan possède un des plus gros
diamants connus; brut, il pèse 367 carats, et taillé
il en pèserait 184. Les Malais attribuent à cette pré-
cieuse pierre la vertu de guérir toutes les maladies:
heureux les malades qui peuvent boire de Teau dans
laquelle elle a été trempée.
Le royaume de Moumpavaest^rrosé de Test à l'ouest
par la rivière de Soungui-Raïah , sur laquelle se
trouve un port du même nom, principalement fré-
quenté par les Chinois.
Le royaume de Pontianak, au sud du précédent, est
arrosé par la grande rivière qui lui a donné son nom.
11 fournit beaucoup de poudre d'or.
Le royaume de Landak^ à Test du précédent, est
arrosé par la rivière du même nom ; il s'étend dans
riniérieur de l'île , on n'en connaît que la partie
occidentale. Sa ville principale paraît être Landak,
aux environs de laquelle on trouve les diamants dont
nous avons déjà parlé.
La côte est de Bornéo est très-basse , marécageuse
et ne présente pas de récifs ; elle a été parcourue par
l'expédition de t Astrolabe^ et la carte de cette côte,
faite sur une grande échelle , n'indique aucune for-
mation de corail. Il existe, dans le détroit, quelques
îles basses dont la nature est très -peu connue. Au
sud, les îles de Nousa-Séras, Nousa-Comba, Hen and
Chickens , sont des îles basses entourées de récifs
considérables et irréguliers.
AU POLE SUD. 175
La côte sud présente quelques lambeaux de récifs
madréporiques , mais ils n'occupent pas une grande
surface. La côte à Toujoug-Api est entourée d'un
banc peu considérable de madrépores. Toute la côte
nord-est et nord ne présente aucune de ces forma-
tions. Au nord, les îles de la mer de Chine, Balabac
et Palawan, sont enveloppées de récifs considé-
rables, surtout à l'ouest, où ils s'étendent à plusieurs
milles du rivage.
Les îles, au sud de Mindanao, présentent aussi des
côtés défendus pïir des bancs adhérents de coraux
qui s'éloignent souvent à de grandes distances du ri-
vage, mais dans l'intérieur des récifs et sur leur bord
extérieur , les eaux sont peu profondes.
Philippines. — Au nord de Bornéo , nous aperce-
vons le grand archipel des îles Philippines, décou-
vertes en 1521 , par Magellan, qui leur donna le
nom d'archipel de Saint-Lazare. Cependant les Por-
tugais paraissent , dès l'année 1511 , avoir connu
l'île de Luçon. Les Espagnols, qui s'y établirent dé-
ûnitivement en 1560, n'imposèrent proprement qu'à
l'archipel septentrional le nom de leur monarque,
Philippe.
La partie centrale est souvent désignée à part sous
le nom ^îles Bissayes.
Les chaînes de montagnes qui traversent ces îles
dans tous les sens semblent se perdre dans les nues :
aucune n'a été mesurée, Elles sont remplies de vol-
cans qui répandent souvent l'épouvante et la mort.
En 1641 , l'éruption simultanée de trois cratères à
176 VOYAGE
Luçon et à Mindanao s'annonça par un bruit qui fut
entendu des côtes de la Cochînchine; en 1754 , dans
nie Luçon, celle du Taal fut précédée d'un trem-
blement de terre qui détruisit entièrement la ville
du même nom. On remarque aussi celui d'Arringtiay,
et celui de Mayan , dans l'île de Luçon , qui présente
la figure d'un pain de sucre; il jette habituellement
de la fumée , quelquefois des flammes et des sables
volcaniques. En 1814, une de ces éruptions détruisit
la ville d'Albay. Près des volcans de l'île Mindoro et
de l'île Sanguy, le soufre se montre en masses iné-
puisables.
On trouve dans les îles Philippines des mines d'or,
d'argent , de mercure, de fer, de cuivre et de plomb,
on pense même que Luçon présente des terrains
d'alluvion platinifères. Il y a de beaux gisements de
marbre , de talc et dé salpêtre. Toutes ces substances
sont généralement peu exploitées, parce que les ha-
bitants se contentent de recueillir par le lavage des
terres, les métaux les plus précieux , principalement
l'or.
Le terrain des îles Philippines est non-seulement
coupé par d'innombrables torrents , de grandes ri-
vières et par beaucoup de détroits , comme tous les
archipels montagneux, mais il offre encore le phé-
nomène particulier d'un grand nombre de marais,
de tourbières, de lacs et de sources d'eaux thermales*
On y trouve peu de terres fermes.
Dans les sécheresses, ce sol bourbeux et spongieux
se gerce de toutes parts. Les tremblements de terre
AU POLE SUD. 177
y causent les ravages les plus épouvantables. Les
pluies les plus violentes inondent ces îles. Les oura-
gans y sont fréquents. Ceux que Ton ressent à Manille
ne sont rien en comparaison de ceux que Ton éprouve
près de la côte de Cagayan.
On trouve ici à peu près la môme variété de
saisons que celle que Ton remarque sur les côtes de
Goromandel et de Malabar, variété qui vient de la
même cause , car la principale chaîne de montagnes
court du nord au sud comme les Ghattes.
Dans Touest, les pluies régnent pendant les mois
de juin, juillet, août et une partie de septembre :
c'est le temps des vents d'ouest et de sud. Ces
vents soulèvent les mers en fureur ; les terres sont
submergées et les campagnes changées en grands
lacs. Dans la partie de Test et du nord on a alors le
beau temps. Mais pendant le mois d'octobre et les
mois suivants les vents du nord soufflent le long de
ces côtes avec la même furie, accompagnés de la
même abondance de pluie ; les mêmes débordements
s'ensuivent, de sorte que quand le temps est sec
dans un canton on a de la pluie dans l'autre.
Luçon, la plus grande des îles Philippines, est
coupée par deux golfes ; celui de Cavité ou de Manille
à l'ouest et celui de Lampon à l'est. Une grande partie
du terrain que ces deux golfes resserrent est occupée
par le grand lac nommé Bay, qui se décharge dans
le golfe de Cavité. Les rivières les plus considérables
sont : le Tagayo ou Cagayan , qui coule droit au nord ;
l'Ana et le Passig, qui va de l'ouest à l'est en traver-
XI. Géologie. 2* Partie. 12
178 VOYAGE
sant le lac Bay. L'île produit de l'or, du cuivre et du
fer; rexploitation de ce dernier est abandonnée^ Tor
est recueilli en paillettes. On exporte encore divers
bois de construction et de mâture , des cordages faits
avec les filaments d'iin palmier; du sucre, dU coton;
des rotins ou rotangs, de la cire, des gommes et
des résines.
Depuis 1751, époque de sa fondation i tette ville
a beaucop soufiFert des tremblements de terre si
communs dans les Philippines; les plus terribles sont
ceux de 1635, 1796, 1824. Le premier renversa un
grand nombre d'édifices et fit périr 3000 individus}
les deux derniers ont aussi porté les coups les plus
terribles à sa prospérité.
Archipel des Philippines. — Nous n'avoûs pas de
carte à grande échelle des îles Philippines; nous
n'avons que des études faites sur diverses parties de
la côte par différents navigateurs. Ces terres parais-
sent cependant entourées de récifs de coraux , qui
s'éloignent des côtes à quelques distances, lùais qui
ne sont point cependant de véritables barres de récifs.
Cunning, qui s'est occupé avec tant de succès de l'his-
toire naturelle des îles Philippines , a rencontré sur
un grand nombre de points des plages de coraux.
On peut dire que, généralement, les îles Philippines
sont entourés de coraux qui appartiennent à la classé
des récifs littoraux.
Les îles volcaniques de Bashée sont, elles aussi,
entourées de plages raadréporiques.
Célèbeè. — Les minéraux de l'île de Célèbes pa-
AU POLE SUD. ly»
raîsseiit mériter la plus grande attention. La partie
méridionale en est dépourvue, mais la péninsule
septentrionale i depuis l'isthme jusqu'au delà dii
district de Boulan , est remplie de mines d'or ; dabs
le district d'Arikahoulou , non loin de l'établisse-
medt lioUandais de Gotontalo , elles dôilnent de Tôt
à 21 carats ; celui des autres est à 18, Le minerai
se trouve en nids à quelques brasses de profondeur t
il est accompagné de cuivre. Quelques montagfaes
donnent de beaux minerais de fer. Les mines 'de
Totok fournissent, par an, 200 réaux, ou ôncw
d'or, à la Hollande; les naturels en exploitent ausii
près de Kema. Tous ces lieux sont excessivement
malsains; et, comme cela doit être, le peuple y est
misérable. On trouve encore, dans cette île, des
diamants, des mines de cuivre, d'étain et de sel.
Au nord-est, dans le territoire de Mongondo et de
Manado, des terrains remplis d'une immense quan-
tité de soufre sont bouleversés par de fréquents
tremblements de terre.
Les principales montagnes de Célèbes sont le mont
Lampo-Batan, qui a 1200 toises d'élévation au-dessus
du niveau de l'Océan. Près Mandada sont le Mont
Klobat, qui a la forme d'un cône fort régulier; deux
pitons moins considérables, que l'on appelle les Deux-
Sœurs , et à quelques milles plus loin , on remarque
une montagne plus évasée au sommet, et sur la-
quelle on aperçoit, du côté de l'est, une immense
cavité à bords aigus , déchirés et dénudés , qui an-
noncent le cratère d'un ancien volcan. Ce mont
180 VOYAGE
peut avoir environ 500 toises d'élévation. Les
plantes ne dépassent point les deux tiers de sa hau-
teur, tandis qu'elles s'avancent bien plus haut sur le
Klobat, qui a une hauteur presque double. Près de
là est le Gounoung-Empong (Mont des Esprits),
élevé de 3500 pieds ; il n'est qu'un contre-fort du
Lokong^ qui renferme des cratères dont quelques-uns
fument encore.
La constitution géologique de cette île montagneuse
offre généralement un trachyte ou basalte en décom-
position, recouvert d'une couche de terre végétale
dont l'épaisseur s'élève quelquefois à 15 à 20 pieds.
On y trouve des fragments d'obsidienne noire, un
peu poreuse , qui parait fort ancienne.
AU POLE SUD. 181
CHAPITRE XIII.
Études sur les formations madréporiques.
Avant de terminer Thistoire des archipels et des
terres de FOcéanie, nous donnerons quelques détails
sur les formations madréporiques modernes que nous
avons signalées sur la plupart des rivages auxquels
nous avons abordé , et qui forment de petites îles qui
depuis longtemps ont fixé Tattention des voyageurs
et des naturalistes. Nous espérions donner à cette
étude des formations madréporiques tous les déve-
loppements que mérite cette importante question ;
mais malheureusement la grande extension que nous
avons donnée à la première partie de notre travail
nous a mis dans la nécessité , pour rester dans le ca-
dre qui nous est fixé, de ne donner qu'un résumé
succinct des travaux qui ont été faits sur les récifs de
coraux des mers équinoxiales.
L'histoire de ces formations si curieuses doit être
étudiée à plusieurs points de vue :
i* Sous le rapport des limites géographiques dans
1»2 VOYAGE
lesquelles on rencontre les coraux qui forment des
récifs.
2* Au point de vue zoologique proprement dit,
quelles sont les espèces de zoophytes qui se ren-
contrent dans les récifs, leur proportion relative,
leur disposition et leur importance dans ces construc-
tions diverses , la durée et la condition de leur exis-
tence, la rapidité de leur développement, la profon-
deur à laquelle il$ pevfY^Rt Y^vriB , q'est-f^-dire leur
histoire physiologique aussi complète que possible.
S* L'étude des formes que présentent les récifs
et celle des causes qui paraissent les avoir dé-
terminées; la généralisation de ces faits et leur
application aux phénomènes doqt nous sommes les
témoins.
Tels sont les divers points de vue sous lesquels on
devrait étudier cette importante question ; malbeu^
censément nous sommes bien loin aujourd'hui d'a-
voir tous les éléments pour une solution , môme ap-
proximative.
L'étude zoologique des zoophytes e^l Mn d^ôtre
aussi avancée que celle des autres parties du règne
animal , et les conditions dans lesquelles ils se dé-
veloppent rendent leur travail physiologique très-
difficile à analyser.
Quant à leur étude géologique , elle était extrê-
mement peu avancée avant M. Darwin , qui a publié
un travail fort remarquable sur ces formations, mais
qui a apporté dans cette étude des spéculations théo-
riques fort séduisantes sans doute, mais qui ont be-
AU POLE SUD. 183
soin d'être vérifiées et déterminées par des observa-
tions et des expériences très-nombreuses.
Dans ce travail , nous désirons surtout indiquer le
point de départ et le but que Ton s'efforce d'attein-
dre , afin de mettre les officiers et les naturalistes qui
parcourent ces mers à même de faire des observa-
tions qui seraient éminemment utiles au progrès de
la science.
Ces animaux , qui jouent un si grand rôle dans
l'histoire géologique de la terre, appartiennent à la
classe des Zoanthères et à celle des Polypiaires cal-
caires de M. de Blaînville, qui se subdivisent en
genres qui ont un nombre assez considérable d'es-
pèces : ce sont les Fongies^ polypier formé d'une
grande quantité de lames rayonnées partant d'un
seul centre, que l'on rencontre dans les mers de
rinde ; ks Caryophyllies , à polypier conique simple
ou à peine agrégé, offrant des loges cylindrico-co-
niques garnies de lames rayonnantes striées en de-
hors, très-communes dans les mers de l'Inde; les
MéandrineSf polypier subglobuleux à loges for-
mant des vallons sinueux garnis de lames trans*
verses subparallèles ; animaux disposés en longues
séries tortueuses, très-communs; les Monticulaires ^
polypier encroûtant , polymorphe , offrant à sa sur-
face des mamelons ou monticules formés de la-
melles; animaux inconnus; les AstréeSy polypier
plat, hémisphérique ou globuleux, à cellules offrant
des lamelles radiaîres stelliformes ; polypes courts ,
cylindroïdes; ils sont très -communs dans la mer
184 VOYAGE
Rouge; les Madrépores^ polypier arborescent ou fla-
belliforme à loges saillantes. C'est à ce genre très-
nombreux qu'appartiennent la plupart des espèces
qui forment les nombreux récifs de la mer du Sud et
de rinde.
Parmi les Polypiaires nous citerons la famille des
Milléporés, dont les espèces vivantes sont peu répan-
dues; celle des Tubiliporés; la famille des Myriapo-
rés, plus répandlis, et dont on trouve de nombreuses
espèces dans la Méditerranée ; les NuUipores, les Ré-
tépores et les Cellariés.
Les espèces les plus communes sont la Meandrina
labyrinthica, FAstrea dipsacea, le Caryophillia fasti-
giata , le Madrepora muricata et le Pontes clavaria.
C'est dans les mers de l'Inde , entre les tropiques ,
que se développent spécialement les Zoanthaires et
les Polypiaires crétacés; ils dépassent rarement de
deux ou trois degrés les zones intertropicales, et la
température moyenne qui parait nécessaire à leur
développement est d'environ 19 à 20^ La distribution
géographique des formations madréporiques est liée
d'une manière remarquable à ces conditions de tem-
pérature moyenne. Ainsi on ne trouve pas de poly-
piers aux îles Gallapagos^ bien qu'elles soient si-
tuées dans le voisinage de l'équateur, et on en trouve
au contraire de fort bien développés aux îles Ber-
mudes, sous le 33* de latitude, /i. à S"* au delà des
limites ordinaires des coraux.
Les anomalies que les Gallapagos et les Bermudes
présentent se rapportent à l'influence des courants
AU POLE SUD. 186
qui équilibrent la température des mers ; pour les
Gallapagos, aux courants sud de la côte de T Amérique
méridionale, dont les eaux froides abaissent la tem-
pérature de rOcéan, près des Gallapagos, à 15%50
pendant plusieurs mois; tandis qu'à 20'' plus à
Fouest , les eaux s'élèvent à 28 et 29*. On trouve des
courants extratropicaux comme ceux qui passent par
les Gallapagos sur les côtes ouest des deux conti-
nents , au nord et au sud de Téquateur.
Des courants intratropicaux se rencontrent aussi
sur la côte est. Sous Pinfluence de ces courants , la
zone des coraux se trouve limitée sur la côte ouest
et s'étend au contraire sur la côte est. En Amérique
les coraux s'étendent à l'est jusqu'au 12% et sur la
côte ouest jusqu'au 16* au milieu de l'Océan; elle
atteint le 56* et environ le 60^* sur la côte est de
l'Asie et de la Nouvelle-Hollande.
Il résulte de là le fait très-remarquable que la
zone de corail est de 50 degrés plus étendue sur la
côte est que sur la côte ouest de nos continents.
Ces polypiers se développent surtout dans les mers
où l'on rencontre des archipels nombreux et des
terres étendues ; c'est surtout dans la mer du corail
que ces formations présentent le plus haut degré de
développement.
On s'accorde généralement aujourd'hui sur le
fait qu il ne se forme pas de polypiers à une pro-
fondeur qui dépasse 200 mètres. Des espèces diffé-
rentes habitent les diverses zones de profondeur, et
sur le même récif on observe aussi que les espèces
186 VOYAGE
out des ^tatioDs spéciales, les unes vivant et prospé-
rant au milieu des brisants , d-autres au contraire
vivant à Tabri dans des eaux plus tranquilles.
tes récifs fqrraés par les polypiers vivants sont
ordinairement à 2 ou 3 mètres au-dessous de^
plus hautes eaux , et aussitôt que les eaux ne recou-
vrent plus les récifs les animaux périssent. Us for-
ment des bancs de plusieurs mètres d'épaisseur et
offrent une surface assez régulière.
Sous le point de vue de la rapidité avec laquelle
les polypiers forment les récifs, il existe des opinions
contradictoires. Forster, en revenant du voyage au-
toqr du monde qu'il fit avec le capitaine Cook, publia
que les formations madréporiques se développaient
avec nue très-grande rapidité et qu'elles étaient ap-
pelées à modifier la surface des mers du Sud. Pérou
admit la même opinion et soutint que ces petits ani-
maux pouvaient élever des édifices du fond de la mer
jusqu'à sa surface.
Le savant Ehremberg , par ses nombreuses obser-
vations dans la mer Rouge, a montré que les forma-
tions madréporiques croissaient avec une lenteur
extrême et que les traditions historiques ne don-
naient aucune preuve qui pût faire admettre Tacr
croissement rapide que l'on supposait aux pqlypi^rs,
et que les bancs de coraux croissaient à peine de
quelques millimètres par an. UM. Quoy et Gaimard
avaient cru reconnaître que les polypiers qui for-
ment les récifs ne croissent pas, en général, à des
profondeurs considérables , et qu'elles se dév^oppent
AU POLE SUD. 187
surtout entre la surface et une profondeur de 5 à
10 brasses environ (25 à 50 pieds). Les observations
d'Ehremberg dans la mer Rouge et celles de Darwin
ont démontré qu^elles peuvent se développer à une
profondeur de 150 à 200 pieds. M. de Blainville, se
fondant sur l'observation que les polypiers rameux
croissent à une plus grande profondeur que les zoan-
Ihaires calcaires, s'est demandé si ces zoanthaires,
qui vivent à de petites profondeurs, n'auraient pas pu
s'établir sur des masses de polypiers branchus qui
se seraient solidifiés par des amas de sable cimentés
par des matières calcarifères qui se déposent et se
fixent entre leurs branches, et lorsque ces masses se-
raient arrivées à une hauteur suflisante, elles seraient
devenues le siège des formations des zoanthaires.
MM. Quoy et Gaymard n'ont jamais rencontré
d*astrées, qui sont les espèces les plus répandues
dans l'Océanie à une profondeur qui dépasse 10 mè-
tres. Le millepora alcicornis s'étendrait de la surface
à 24 mètres et les genres madrépore et sériatopore
jusqu'à ftO mètres ; le Sideropora scabra {Pontes sca-
6raLam.) vit à 34 mètres. Des masses considérables
de Méandrines ont été ramenées de 82 mètres sur les
bancs de Bahama, et M. Couthoy en cite jusqu'à
40 mètres de profondeur. Une Caryophyllie a été re-
tirée de 160 mètres de profondeur par 3â* lat, sud ;
c'est le seul genre de polypier lamellifère qui s'étende
loin, au delà des tropiques. Dans les eaux profondes
de la Terre-de-Feu on en a rencontré par le 60* lat.
sud.
188 VOYAGE
Dans le tableau que donne M. Darwin , et où sont
indiquées les profondeurs auxquelles ont été re-
cueillis, sous diverses latitudes, les polypiers que
l'on ne peut pas supposer former des récifs solides,
on voit que les Cellaires atteignent 880 mètres de
profondeur, les Gorgones 320, le Corail 200 , les Ré-
tépores 80 à 200, les Eschares 60, les Millepores 188
et 60, les Cellepores 80.
Voici du reste, d'après les sondages qui ont été
faits dans diverses parties de l'Océanie pendant le
cours de l'expédition , les profondeurs auxquelles on
a trouvé les principales espèces.
Sur les côtes de l'île Maurice, on a reconnu que le
bord du récif est formé de Madrepora corymbosa et
pocillifera qui descendent jusqu'à 16 et 30 mètres
avec deux espèces d'astrées, et à la partie inférieure
se trouve le banc de Sériatopores , voisin du S. subu-
lata. A &0 mètres on a trouvé des fragments de ma-
drépores et peut-être ce M. pocillifera qui couvrait
ainsi depuis la surface jusqu'à cette profondeur;
entre &0 et 66 mètres , le fond était de sable , et la
sonde portait l'empreinte de grandes caryophyllies.
A 160 mètres au large , on ne trouvait plus qu'un
fond de sable calcaire et de débris de coquilles. D'a-
près ces sondages de l'île Maurice , les bancs de
coraux ne se formeraient qu'à une profondeur qui
ne dépasse pas hQ mètres.
Ehremberg ne cite pas de polypiers à une profon-
deur de plus de 12 mètres. Moresby prétend au
contraire qu'ils peuvent atteindre des profondeurs de
AU POLE SUD. 189
50inètxes,les sertulaîresSO, lestubuliporesl88. Ainsi
tous ces genres vivent à de plus grandes profondeurs
que ceux qui forment les récifs, et les conditions de
lumière et de chaleur nécessaires à leur existence .
sont comprises dans des limites beaucoup plus éten-
dues et plus variées.
Les coraux ne peuvent vivre et se développer
qu'au-dessous du niveau des marées les plus basses ;
aussitôt qu'une circonstance quelconque les expose
librement à Faction de Tair ou au soleil, ils périssent
avec une extrême rapidité.
Le passage des eaux , provenant des terres et en-
traînant les moindres quantités d'humus, paraît tout
à fait contraire au développement des polypiers. Ils
se nourrissent évidemment des matières organiques
ou organisées qui leur viennent du large; aussi c'est
sur le bord du récif, là où la lame brise avec le plus
de violence , que le récif se développe avec la plus
grande vigueur. Aussitôt que la lame ne peut plus
les atteindre , ils périssent, la matière organique qui
les constitue disparaît rapidement , et le squelette
calcaire sous les influences atmosphériques, sous
l'influence de la lame qui tend à le désagréger et à
le détruire , se réduit en une poudre blanche , for-
mant des plages d'une grande blancheur, semblable
à de la boue calcaire.
Pour nous résumer, les polypiers qui forment les
îles de coraux se divisent en deux classes ; les uns
vivent à des profondeurs peu considérables, forment
spécialement les grandes masses de récifs que nous
190 VOYAGE
rencontiODS dans les mers du Sad ; les autres qttë
nous avons énumérés, vivant à une plus grande
profondeur, paraissent pour ainsi dire créer les fon-
dations sur lesquelles s'élèveront les immenses con-
structions des Astrées et des Porîtes, etc.
Les polypiers s'accroissent avec une lenteur ex-
trême, ne peuvent vivre que sous l'eau, à des pro-
fondeurs qui varient avec les diverses espèces;
lorsqu'ils forment de grandes masses, les parties
extérieures seules vivent et se développent, les par-
ties intérieures meurent, et leur squelette , lorsqu'il
n'est plus protégé par la végétation des rameaux
vivants , se désagrège avec une assez grande vitesse
et forme des boues calcaires blanches.
Les polypiers paraissent avoir peu de tendance à
se développer sur le sable ; cependant on trouve des
polypiers à branche dans toutes les lagunes et sur
un fond de coquilles brisées.
Nous avons maintenant à donner la description
des formes principales auxquelles on peut rapporte^
les divers récifs de coraux.
On les a divisés en trois grandes classes : 1" celui
des atolls ou lagons ; 2** celui des bancs de récifi
(bârriet reefs) ; 3° enfin celui des côtes de récifs ou
récifs littoraux (fringing reefs).
Nous allons résumer en peu de mots les principaux
caractères de ces trois classes de récift , qui ont été,
de la part de M. Darwin et de quelques autres natti-
ralistes , le sujet de recherches fort importantes
1'' classe atolls. On trouve dans la mer Pacifique
AU t>OLÈ SUD. l9l
des archipels considérables , les Poitiotou; lés Cfirô-
lines, ijui présentent un nombre considérable de
petites îles qui paraissent ëtitièrertiëtlt forttiées pat
les masses calcaires des polypiers. Ces récifô , ces
ihasses de cotfeiilx affectent une fortaé générale tfrès-
rëmarqbable. Ce sont des anneaux de coraux mbttsi
ayant line hauteur de quelques tnèttes àù-dessus dti
niveau de la nier et recouverts d*un peu de terre vé-
gétale , sur laquelle s'est établie la belle végétation
des tropiques.
Ces bandes arquées de polypiers renferment datià
letii' contour intérieur une lagune, fc'est-à-dire tme
espèce de lac intérieur, de petite Méditerranée qui
présente en général un espace circulaire ou ovalairë;
et qui communiqué avec la mer par un oU pluâifetirs
canaux plus ou moins profonds.
Ces petits îlots, qui affectent ordinaireltiënt Ici
forme de portion d'arc d'une grande circonférèricé ,
sont entourés de rédfs formés de t)ôlypiers vivants.
11 est três-difficile d'atteitldre la limite extérieure de
ces récifs; elle est presque eUtièremetit composée de
Pùrites vivants qui fôt-ment deë masses irrégulière-
ment arrondies comme les Astréës, hiaîs plus griandà
de 4 à 8 pieds en largeur et un peu ndbiûs eu ëpëis-
seur. Ces masses sont séparées les unes des àutrèà
par des canaux étroits et sintleux, qui le plUs soti-
vent coupent là ligne du récif à angle droit. Sur Vi
masse la plus éloignée qu'on peut attçiudrè , et suf*
laquelle la mer brise avec vidleùce, même pat iin
temps calme et à marée basse , les polypiers , dans
102 VOYAGE
leurs cellules les plus élevées, sont généralement
tous morts; mais à 3 ou & pieds plus bas, on
trouve les polypiers vivants et formant une bor-
dure avancée autour de la surface supérieure , com-
posée d'animaux morts. Le corail, arrêté dans son
développement en haut, s'étend latéralement, et de
là la plus grande partie des masses, et spécialement
celles qui sont situées du côté des terres, ont les
sommets morts sur de vastes étendues ; plus loin , du
côté de la mer, toute la surface convexe des poly-
piers se développe activement.
Quelques espèces paraissent destinées à supporter
un peu plus longtemps Texposition à Pair et au
soleil.
Nous trouvons ainsi les Millepora complanata. Ce
MiUepora {Palmipora de Blain ville) , aussi bien que
le M. alcicornis, possède la propriété de rubéfier la
peau là où elle est mince et délicate, Comme à la face
et au bras ; il croit en plaques verticales et épaisses,
se coupant entre elles à angles variés , et formant
une masse excessivement forte en forme de rayons
de miel, qui affecte généralement une forme circu-
laire dont la partie extérieure est seule douée de vie.
Entre ces plaques et dans les crevasses produites
dans le récif, croissent en abondance une multitude
de zoophytes à branches ; mais à la partie extérieure
du récif on ne trouve que des Porites et des Millé-
pores, qui paraissent seuls destinés à lutter avec les
lames d'une mer constamment agitée.
La lagune intérieure est habitée par des espèces
AU POLE SUD. 193
dîflFérentes, généralement par des coraux fragiles et à
branches grêles; toutefois, on y trouve quelques va-
riétés de Porites.
Lorsque Ton veut étudier les formes des atolls
au moyen des indications que peuvent donner les
sondes, on se sert en général de plombs en forme de
cloches que Ton garnit avec une préparation de suif
placée dans la concavité du plomb; cette préparation
peut fixer les parties meubles , et par conséquent les
ramener à la surface. Si au contraire la sonde tombe
sur des roches ou des coraux, elle en rapporte des
impressions qui permettent de reconnaître si le
fond est de roche ou de coraux vivants. A mesure
qij'on s'éloigne du rivage , la profondeur augmente
en général dans un espace de 200 à 300 mètres , et
atteint de 25 à 30 brasses. De 12 brasses à 25 le fond
est excessivement inégal, et semble formé de grandes
masses de coraux vivants semblables à ceux de la
bordure. Au delà, la partie la plus extérieure des ré-
cifs présente en général trois espèces de NuUipores
de forme et de couleurs variées. Cette partie de l'a-
toll est des plus intéressantes à étudier. On y voit une
espèce qui ressemble à un lichen de couleur blanche
rosée. Une deuxième espèce se développe en houppes
pierreuses, de couleur semblable. La troisième, qui
se compose de petites branches très-fines et droites ,
ressemble à de la mousse; elle est colorée de nuances
pourpres admirables.
La bordure extérieure du récif paraît être formée
sur une étendue d'une vingtaine de mètres par ces
XI. Géologie. V Partie. 13
194 VOYAGE
NuUipores qui vivent un peu au-dessus de Pétale
des autres polypiers, mais qui cependant B'ao*
quièrent un développement complet qm lo#squ*U0
restent submergés ou tout au »K>ins oonstoMn^ent
mouillés par les lames qui se brisent sur le réeif.
Dans les cavités du récif on seneontre très^ffé-^
quemment le Pocillipora verrucoM qui est en tMiflbd
courtes et sinueuses ou en branches , lorsquHl est
vivant il est d'une belle couleur roug« pâle*
La barrière que forment les NuUipores est ptu^
élevée que le reste du récif de trois pieds environ ; la
mer brise sur ces masses de polypiers, arrache une
certaine quantité de débris qui sont transpwtés et
accumulés dans les petites cavités sinueuses du réeif
et qui tendent à en remplir de plus en plus les vides
à mesure qu'on se rapproche des Ilots, il se forint
aussi entre la barrière extérieure et les îlots une es*
pèce de plancher de madrépores semblaMe à un
plancher formé par des dalles et qui a environ 100 à
120 mètres de largeur, il est parsemé de larges fv^t%^
ments de coraux arrachés pendant les tempêtes et
n'est découvert qu'à marée basse.
Les îlots qui se forment sur le récif parais^Bt du»
à l'accumulation d'un grand nombre de fragments
rejetés du sein des eaux et réunis en masse par Pao«
tion des violentes tempêtes. Leur largeur ordinaire
est d'environ 1000 à 1500 mètres et leur lon^iear
est extrêmement variable. L'examen des masses ma^
dréporiques qui forment ces Ilots montre qu'elles
appartiennent spécialement aux espèces qui vivent
AU fK)LË SUD. 10»
stir la limite extérieure du récif} k i^artie la plin
élevée de ces flots, sans tenir compte de8 masses d#
sable ou des dunes qui ferment souvent des entassdi^
ments considérables, est d'environ 6 à 10 pieds au*
dessus de la limite supérieure des marées moyennes^
A partir du front de la falaise formée au-dessus dp
récif, la surface de Fllot s'abaisse doueenaent jusque
dans la lagune. Les petites vagues du lac intérieur
rejetent sur ces bords, du sable et des fragments de
coraux à branches grêles qui croissent dans Finté^^
rieur du lagon.
Les îlots qui sont sous le vent sont généralemen|
plus larges que les îlots voisins , mais les atterrisse**
ments sont à une très^petite hauteur au-dessus des
eaux de la lagune.
Au pied des falaises de Tllot on rencontre souvent
une bordure de fragments de coraux un peu plus élevés
que le plancher madréporique que nous avoni décrit
et qui paraissent avoir été poussés jusque-^là par les
vagues qui n'ont pas eu assez de force pour les trans-^
porter au-dessus de la falaise ou qui les ont brisé»
et cimentés ensemble au moyen des sables calcaires
dont elles les ont enveloppés.
La masse cimentée est généralement trèshblanche,
mais quelques parties sont cependant colorétes en
rouge par des matières ferrugineuses ; elle est très-*
dure et sonore sous le marteau ; elle est obscurément
divisée par des coupures. Sa composition intérieur^
mérite de fixer notre attention; elle consiste en
fragments des coraux qui croissent sur la ligne exté«
196 VOYAGE
rieure, quelques-uns entièrement , d'autres en par-
tie arrondis, quelques-uns très-petits et d*autres de
2 à â pieds et au delà, et des masses de conglomé-
*rat plus anciens, brisés, transportés et recimentés;
ou il est formé de sable calcaire, entièrement com-
posé de parties arrondies , généralement réunies en-
semble, de fragments de coquilles de coraux, d*épines
d'ÉcAinides ou d'autres corps organisés ; des roches
de cette dernière espèce se montrent sur diverses
côtes où il n'y a pas de récif de coraux.
La structure du corail dans les conglomérats est
généralement très-obscurcie par l'infiltration de la
matière calcaire , et j'ai rassemblé une série très-
intéressante, en commençant par les fragments de
corail non altéré, et en finissant avec les autres, où
il a été impossible de découvrir à l'œil nu aucune
trace de structure organique j dans quelques échan-
tillons il m'a été impossible, même avec, l'aide d'une
bonne lentille, et en les mouillant, de distinguer les
limites du corail altéré et du calcaire spathique , et
même plusieurs des blocs de corail vivants jetés sur
la côte avaient leurs parties centrales altérées et in-
filtrées.
Il me reste maintenant à décrire les lagunes, elles
sont généralement peu profondes , surtout dans les
atolls d'une étendue considérable ; la partie sous le
vent est presque remplie de bancs de sable et de
champs de coraux vivants et morts. Il y a des es-
paces considérables dont la profondeur est de â ou
k brasses , et de petits bassins qui ont 8 à 10 brasses
AU POLE SUD. *^ 197
de fond. Probablement la moitié de cette surface
consiste en sédiments et la moitié en coraux. Ceux
qui composent les récifs de la lagune ont un as-
pect complètement différent de ceux qui habitent la
limite extérieure. Ils sont très-nombreux en espèces et
la plupart sont à branches grêles. Les Méandrines vi-
vent cependant dans la lagune et de grandes masses
arrondies de ce corail se rencontrent fréquemment
éparpillés , séparés 5ur le fond. Les autres espèces
les plus communes sont trois espèces très-voisines
de vrais Madrépores , a branches grêles , la SeriatOr-
pova subulata, deux espèces de Parités^ avec des
branches cylindriques , une d'elles forme des masses
circulaires avec des branches extérieures très-déli-
cates, et enfin une espèce semblable à une Eooplanaria^
croit en feuilles minces et légères , surtout dans les
bassins les plus profonds de la lagune. Les récifs sur
lesquels ces espèces croissent sont de forme très-
irrégulière, sont remplis de cavités, et ne forment
pas une surface solide semblable à celle qui entoure
le lagoon.
Le sédiment des parties les plus profondes de la
lagune, lorsqu'il est humide, paraît formé de chaux;
mais lorsqu'il est sec , il ressemble tout à fait à du
sable très-fin. De larges bancs de semblable matière
i Ce Porite a le même aspect que le P. davarûl,mais les branches
en sont peu renflées à leurs extrémités. LorsqiiMIs vivent ils sont
d^une couleur jaune , mais lorsqu'ils ont été lavés dans Teau douce
et laissés à sec , une substance noire glaireuse est -rejetée de toute
leur surface, si bien qu*on dirait que l'échantillon a été plongé dans
l'encre.
198 VOYAGE
(l)oue) molle, et peut-être encore plus fine, se ren-
contrent sur la côte sous le vent des lagunes, et sup-
portent des touffes de fucus qui servent à la nourri-
ture des tortues.
Cette boue, quoique colorée (salie) par la raa*
tière végétale, paraît, par sa solution complète dans
les acides, être entièrement de nature calcaire. J*al
vu dans le Muséum de la Société de géologie une sem-
blable substance , mais peut-être plus remarquable ;
elle avait été apportée par le lieutenant Nelson des
récifs des îles Bermudes. Lorsqu'elle fut montrée à
quelques géologues expérimentés , elle fut prise par
eux pour de la véritable chaux. Sur le côté extérieur
du récif, une grande quantité de sédiment peut être
formée par l'action du ressac sur les fragments rou-
lés de corail ; mais dans les eaux calmes de la lagune,
cette action est.d'une très-petite importance. « Therè
are, howevèr, other and unexpected agents at work
hère, large shoals of two species of scarus, one inha-
biting the surf outside the lagoon, and the other the
lagoon, subsîstentirely, as I wasassuredby Mr. Lyérk,
b^ broMtfîng on thé living polypiers, » Il y à toute-
fois ici d'autres agents à l'ouvragé, et dès agents
/iéaltendnB : de nombreux troupeaux de deux es-
|)è'cfes de scarus , l'une habitant les récifs extérieurs ,
rautre la lagune, se nourrissent en broutant les
sommités des polypiers vivants. M. Darwin a ouvert
plusieurs de ces poissons , qui étaient nombreux et
d'un beau volume , et il a trouvé leurs intestins dis-
tendus par pliisieurs morceaux dô corail finement
AU POLE SUD. t»
broyé. Le docteur Ailan de Forres, qui possédait les
moyens d't)bservatîon les plus favorables, nous a ap-
l)rîs dans une lettre que les Holothuries (de la famille
ftes Radiés) isubsistent de corail vivant , et la singu-
lière structure de l'os dans rextrémîté antérieure de
leur ebrps paraît ter taihement bien adaptée à cette
fidulrriture; Le nombre des espèces d'Holothuries et
des inditiduô qui vivent sur ce corail vi\^ant est ex-
trêmetnent grand, et plusieurs navires sont annuel-
lement frétés dettipangs, espèce bien confaue de ce
genre, et que Von va porter en Chine. La quantité
de tonil annuellement consumé et réduit en pous-
sière très-fine par ces divers animaux, et probable-
itieiit parCdUtrës espèces, doit être Immense. Ces
feits fioht aussi d'une grande importance èous un
tmvte point de vtie.
Quant ft râccroissemeht de surflace des atolls, lors-
q»Hls be sont point bduleverfeés, on pfeut croire qu'ils
emtitiUerom à augmenter d'étendue ; mais comme
ces îlots ne peuvebt être élevés que par les sé-
dimehts qui protiennetlt dé l'usure et dès débris
de ©owril et qu'ils ue peuvëht résister au ressac
loÀsq^Ml brise en roulant sur uil vaste espace, leur
aiserolbseiîieât m làtgeur dépend du développement
extérieur du récif, et celui-ci peut être limité par la
t$r«A>nâetir deë eOtes sdUs-marïneâ. Du rapide ac-
erdiësemeut des coraut dans la lagune et dans le
canal par laq^lle elle cdmmunique à la mer, et du
nombre des agents ({Ui réduisent ces coraux en sédi-
ment , on devrait penser que les lagunes doivent né-
200 VOYAGE
cessaîrement se remplir. Une partie de ces sédiments
sont, il est vrai, transportée au large, les sondages
faits à Tembouchure des lagunes montrent, en effet,
que des débris de coraux ont été déposés dans cette
partie.
Nous savons si peu de chose sur les habitations
des différentes espèces de coraux qui forment les
récifs des lagunes, que nous n'avons pas de raison
de supposer que toute leur surface croîtrait plus ra-
pidement que ceux de la plage. Ils tendent cepen-
dant à remplir la lagune, mais dans une proportion
qui devient de plus en plus petite, tant les polypiers
sont sujets à des influences destructives, telles que
l'impureté des eaux ou le manque d'aliments. Ainsi,
M. Liesk a observé que dans quelques années, des
pluies extrêmement abondantes tuaient presque tout
le poisson contenu dans la lagune, et probablement
la même cause pouvait nuire aux coraux. Il faut
aussi se rappeler que les récifs ne peuvent s'élever
au-dessus du niveau des plus basses marées ; ainsi
la conversion définitive de la lagune en terre ferme
peut être due à Taccumulation des sédiments ; mais
au milieu des eaux pures de TOcéan et loin des
grandes terres, ce développement doit être extrême-
ment lent.
L'état de la végétation et les traditions indiquent
que dans quelques parties de TOcéanie ces atolls se
sont élevés, qu'autre part ils se sont affaissés.
Nous venons d'étudier les atolls ou lagons; il nous
reste à fairo connaître la structure des barres de ré-
AU POLE SUD. 201
cifs {barrier reefs, récifs en barrière), forme extrê-
mement répandue dans les mers de l'Inde, et dont
la côte nord de l'Australie nous ofifre l'exemple le
plus remarquable, La Nouvelle-Calédonie présente
aussi ces barres de récifs, si dangereuses pour la
navigation. Autour de l'île Vanikoro, nous trou-
vons une barre de récifs qui entoure Tile de tous
côtés, en laissant autour d'elle un canal qui a une
assez grande profondeur. On trouvera dans l'Atlas
du premier voyage de t* Astrolabe une excellente carte
de cette île, et qui donnera une idée très-exacte
de ces barres de coraux. Le récif qui entoure l'île
de Vanikoro s'étend à une distance de deux à trois
milles du rivage, et la profondeur du canal, entre
l'île et le récif, varie entre 70 et 90 mètres. Si on
fait dans son esprit abstraction de l'île, on aura
un véritable atoll.
Otaïti offre l'aspect d'une terre montagneuse en-
vironnée de toutes parts par une barre de récifs qui
forme autour de l'île une sorte d'anneau séparé de
la terre par un canal de largeur variable.
Les bancs de récifs les plus considérables sont, sans
aucun doute, ceux qui s'étendent le long de la côte nord
de l'Australie, sur une longueur de près de 360 lieues.
Ce récif est séparé de la terre par un bras de mer qui
a une largeur qui varie entre 20 et 70 milles , et la
profondeur de mer qui l'entoure est d'environ 10 à
20 brasses; dans un point elle atteint cependant une
profondeur de ftO à 60 brasses. Quant aux espèces
qui composent ces diverses variétés de récifs , elles
202 VOYAGE
sont très -vraisemblablement les mêmes; c'est du
moins ce que confirment les travaux qui ont été faits
sur cette importante question. Il serait du reste assez
extraordinaire qu'il en fût autrement, car, comme
nous le verrons plus loin, il y a un assez grand
nombre de groupes ou d'archipels dans lesquels on
trouve réunies toutes les formes de récifs , bancs et
côtes de récifs.
Les canaux qui séparent ainsi les îles, et les récifs
qui les entourent à une distance plus ou moins con-
sidérable, présentent tous les caractères des la-
gunes; elles ont des profondeurs très-variables; sont
habitées par des coraux à branches délicates et d'es-
pèces complètement distinctes de celles que Ton ren-
contre sur le bord du récif, ce qui ne peut nous
étonner, puisque ainsi que nous l'avons dit, chacune
de ses espèces a des conditions d'existence propres
et limitées. Plusieurs bancs de récifs contiennent
dans leur intérieur un certain nombre de petites
îles, et présentent elles-mêmes de petits îlots ma-
dréporîques que l'on voit spécialement au vent de
ces îles ou sur les angles extérieurs que présen-
tent les récifs. Généralement la partie qui est sous
le vent est à plusieurs brasses au-dessous des eaux;
les îles Gambîer présentent spécialement cette struc-
ture. On voit souvent aussi des bancs de récifs morts
et recouverts d'une couche de sable ; on en a des
exemples dans quelques parties de Tahiti et de Hua-
heine ; les brèches que présentent ces récifs sont plus
fréquemment sous le vent qu'au vent des îles. Kru-
AU POLE SUD. SOS
sensiern a observé que dans les îles de la Société , la
plupart des passages qui permettaient de pénétrer
dans la ceinture des coraux se trouvaient sous le
vent. Les passages présentent en général le même
fond que la aone concentrique qui entoure Fîle ,
et se trouvent presque constamment vis-à-vis les
grandes vallées.
On se demandera peut-être comment il se fait que
ces zones ne se remplissent pas bientôt, soit des dé-
bris de coraux poussés par la tempête , soit encore
par l'accroissement des coraux qui vivent dans la
lagune. Ces raisons sont les mêmes que pour les
lagunes. Dans ces deux cas, nous trouvons une pe-
tite quantité d'eau entourée de côtes fort étendues ,
relativement à leur surface. Les eaux de ces bassins
sont fréquemment troublées par le clapotement des
vagues, par les lames qui viennent soulever le limon
du rivage, par les eaux qui proviennent des terres
et qui eqtraînent toujours des sédiments ; il parait
même que les averses si fréquentes dans ces climats
sont encore une cause de destruction de ces coraux.
Si, dans les circonstances les plus favorables, Tac-
croîssement des coraux à l'extérieur des récifs est si
lent qu'on a peine à le mesurer, on doit admettre
qu'il est encore moins sensible dans les lagunes et
dans les canaux , où les circonstances sont certaine-
ment moins favorables à leur développement. Lorsque
les masses madréporiques atteignent à une certaine
hauteur au-dessous de la surface^ les êtres qui les ani-
mentmeurent ou sont remplacés par dés espèces dont
204 VOYAGE
le développement est moins rapide ; bientôt ces es-
pèces meurent à leur tour, et dès lors le récif rentre
dans la condition de tous les cadavres, il se décom-
pose. Les matières calcaires se désagrègent, les eaux
pluviales, et sans doute Teau de mer peuvent en dis-
soudre une certaine partie , et des masses entières
de récifs forment bientôt au fond des eaux des cou-
ches de roches moins élevées, qui deviennent de
plus en plus compactes et se rapprochent de plus en
plus de rétat cristallin.
Les caractères propres aux bancs de récifs , aux
ceintures de récifs sont donc, à de très-petites
exceptions près , ceux des atolls eux-mêmes. Si vous
enlevez Tîle ou les petites îles qui la renferment, c'est
un atoll d'une grande dimension avec ses petits îlots
couverts de bouquets de cocotiers.
Il nous reste à décrire les côtes de récifs, c'est-à-
dire les. récifs qui sont adhérents aux rivages , qui
n'en sont point séparés par des lagunes, par des
canaux qui les séparent des terres. Ainsi les ca-
ractères spécifiques de cette classe de récifs sont de
ne pas présenter de lagunes ou de canaux , et de for-
mer des couches qui s'étendent à peu près parallè-
lement au fond.
Les récifs qui entourent l'île Maurice offrent un
excellent exemple de cette classe; ils s'étendent
sans interruption autour de cette île , à l'exception
d'un très-petit nombre de points où l'on n'en trouve
pas , soit que les côtes soient trop abruptes, comme
cela est probable par l'aspect des montagnes qui
AU POLE SUD. 205
forment le rivage, et alors les coraux n'avaient pas
de base pour s'établir, soit pour d'autres causes qui
nous sont inconnues; les barres de récifs présentent
aussi les mêmes phénomènes, bien qu'elles soient
moins étroitement liées aux côtes. A l'ouest de l'île
Maurice, le récif s'étend à 1/2 mille de la côte ; mais
dans les autres parties de l'île , elle a souvent 2 et
même â milles de largeur. Gomme dans ce dernier
cas, la côte descend avec une pente très-douce dans
le sein des eaux, que les sondes indiquent que le fond
de mer présente la même inclinaison, on n'a pas de
raison pour supposer que la base du récif, formée
par la prolongation des strates de l'île , se fasse dans
des profondeurs où les polypes ne se trouveraient plus
dans les conditions favorables à leur accroissement.
Il est très-possible que ces récifs se soient établis sur
des dépôts détritiques formés par les débris des
coraux arrachés aux récifs par la tempête , et qui ,
en s' accumulant pendant une longue série d'années,
ont permis à des coraux vivants de fonder leurs
édifices.
La partie extérieure du récif à l'ouest et sous le
vent, est généralement un peu plus élevée qu'au-
tre part, et elle est formée de larges masses de co-
raux qui appartiennent aux genres madreporay qui
forment un lit qui présente une légère inclinaison
vers la mer.
Entre le bord extérieur du récif et le rivage, il y a
un espace uni recouvert d'une légère couche de
sable et de quelques touflfes de coraux vivants, et
206 VOYAGE
dans quelques parties cet espace présente une si
petite quantité d'eau & marée basse qu*il devient
guéable. Dans d'autres parties, il est assez profond
et offre un canal sûr et tranquille pour les em*
barcations. Souvent le récif exposé à Faction des
vents et d'un ressac très-violent , a une surface re-
marquablement unie, légèrement inclinée vers la
terre , à peine immergée à marée basse, et sa struc-
ture est alors semblable à celles des barres et des
atolls.
Vis-à-vis chaque ruisseau , chaque petite rivière ,
le récif présente des canaux de largeur variable,
ménle lorsque ce sont des courants torrentiels qui
sont à sec pendant une partie de Tannée. Sur ces
récifs , il se forme souvent de petits îlots par Taction
des vagues comme sur les barres et sur les atolls. Le
sable et les sédiments qui sont mis en mouvement
parles eaux sur les rivages et dans les ruisseaux , ap-
portent de tels obstacles au développement des co'^
raux, qu'ils s'établissent toujours à une petite dis-^
tance de la côte dont ils sont séparés par une espèce
de fossé, et ils ne se dévelof^ent rapidement que Sur
la limite extérieure du récif.
Les courants d'eau qui vont se perdre dans la mer,
changeant souvent leurs cours , amènent çà et là la
destruction des coraux vivants; souvent il se forme
des bancs dans leur lit , et alors ils se répandent
latéralement sur de grandes surfaces, et peuvent
ainsi éloigner ou détruire des bancs de coraux. On
comprend que des actions semblables se présentant
AU POLE SUD. 207
à des époques éloignées , pourraient occasionner des
dispositions bizarres et irrégulières dans les récifs.
ï)ans rile Maurice, on observe un soulèvement
d'une côte de récif qui présente un fossé que nous
avons indiqué , et qui a été remarqué par plusieurs
observateurs. Cette couche qui est relevée à envi-
ron 80 pieds au-dessus du niveau de la mer, a une
surface parfaitement unie, formée par des couches
d'astrées et de madrépores étroitement agrégés.
Un grand nombre d'îles sont entourées de récifs
semblables à ceux de l'île Maurice; mais sur les
côtes qui ont une pente rapide , les récifs sont beau-
coup plus étroits et les limites de leur extension dé-
pendent essentiellement de l'inclinaison des côtes :
relation qui n'existe jamais pour les barres de ré-
cifs. Les côtes de récifs sur les terres escarpées ont
à peine 50 à 100 mètres de large, elles présentent
une surface unie et compacte, sont presque dé-
couvertes à marée basse, n'ont pas de fossé qui
les séparent des terres comme les récifs qui s'é-
tendent à une grande distance des côtes. Us sont
souvent couverts des fragments de coraux arrachés
et transportés par les vagues. Aux îles Watees,
Mauty et Elisabeth , le récif est fort étroit, et la mer
autour de ces îles a une grande profondeur.
Ces côtes ou ces bordures de récifs entourent les
rivages des îles , et les continents sur la côte orien-
tale de l'Afrique; ils occupent un espace considé-
rable, dans une étendue de ÛO milles environ , sa
largeur atteint une largeur de i à 2 milles; le fond
208 VOYAGE
de mer à la limite du récif n'ayant pas plos de 10
à 1/t brasses. Ces faits n'ont rien d'étonnant, ces
formations présentent tous les caractères que nous
avons indiqués.
De toutes ces observations, il faut conclure que
les dimensions et la structure des côtes de récifs
dépend entièrement de l'inclinaison du fond , et de
la profondeur à laquelle les polypiers peuvent se
développer. Aussi lorsque la mer est peu profonde ,
comme dans le golfe Persique et dans quelques
parlées de l'Archipel indien, les récifs ne s'attachent
pas seulement aux côtes , mais couvrent des surfaces
séparées et irrégulières souvent fort considérables.
Ces récifs prennent quelquefois la forme des atolls ,
leurs bords s'élèvent par le vigoureux .développe-
ment des polypiers qui les habitent. Il se forme des
îlots sur les points les plus favorables, mais on peut
toujours les distinguer par leur forme qui est moins
définie et par le peu de profondeur de leur lagune;
mais on comprend qu'il est un grand nombre de cas
où la distinction sera fort diflacile entre les barrières
de récifs et les côtes madréporiques, et entre les
barres et les atolls.
CATALOGUE DES ROCHES
RBCUBILUBS
PAR M. Ul Br. HOMBROIf ,
Gbirargien-major de YÂtirolabe^
PENDANT LB VOYAGE BXÉGUTB SOUS LES ORDRES DU CONTRE- AMIE AL
DUMONT-D^URYILLE,
Beaxîème partie.
CHILI.
N» d'ordre.
41*. Granité à gros grains, gris clair. Conception.
42. Granité à gros grains y jaunâtre friable. Id,
43. Grauwacke à grains fins, gris verdâtre avec des veines de quartz.
Baie de Saint-Yincent.
44. Euritine phylladifère , tabulaire. Id.
45. Talcite quartzifère , gris fonce. Id.
46. Talcite phylladiforme , gris foncé. Id.
47. Leucostite , porphyrique, gris jaunâtre. Id.
48. Basalte uniforme ^ gris noirâtre, variolaire. Id.
49. Molasse verdâtre, à grains fins. Id.
50. Molasse se délitant en boules. Id.
51. Molasse endurcie avec cardium , cyclades, lymnées, etc. Id.
52. Molasse endurcie, verdâtre, à grains fins, creusée par Faction
de Peau. Id.
53. Galet de gneiss leptinoïde , à grains très-fins. Id.
54. Galet de syénite grise, à grains fins. Id.
55. Galets de quartz. Id.
56. Galet de calcaire compacte gris. Id.
57. Sable polygénique quartz , péridot , basanite gris foncé. Id.
58. Argile limoneuse, arénifère, jaunâtre. Id.
ILE DE JUAN FERNANDEZ.
59. Pépérite jaune rougeâtre friable.
60. Pépérite jaune.
61 . Pépérino à grains fins, jaune , passant an tufa.
XÛ Géologie. 2« Partie. 1 4
210 VOYAGE
N« d'ordre.
62. BaMBite pMrpbjri^piei giit bleuâlie^ «fie cviilpn|i: 4e feldfptth
blanc.
63. Basanite cellulaire gris jannâtr^k
64. Péridotite cellulaire gris clair.
ILES MA^QUIS^
65. Péridotite compacte gris rougeâtre à grains fini» IMngmr^^.
66. Péridotite cellulaire gris bleuâtre. ïd,
67. Péridotite altérée gris clair. Id.
68. "Wacke gris jaunâtre , ferrugineuse. Id.
69. Wacke friable. Id.
70. Pépérino à gros grains , rouge clair. MoukabiTa.
71. Phonolite compacte porphyrique gris foncé. Id.
72. Obsidienne smalloïdtt» noirew Id.
73. Trachyte porphyrique, gris rougeâtre. Id.
74. Téphrine gris rougeâtre. Id«
75. Basanite cellulaire , brun. Id.
76. Péridotite cellulaire brune. Id.
ILES DWTAÏTI.
77. Péridotite gris noirâtre, porphyroïdci k grands çriftâiUc 4*
péridot. Tû'ti.
78. Wacke de péridotite jaunâtre. Id.
79. Basanite gris bleuâtre avec mésotype. Samoa.
80. Gallinace smalloîde noire avec péridot td.
81. Péridotite Cellulaire gris noirâtre. Id.
82. Wacke cellulaire brune, endurcie avec carbonate de cliaiiz. Id.
83. Basanite? porphyrique brun. Id.
84. Calcaire madréporique , caTemenz , jannAtre. VaYioi|«
85. Tufa à gros grains , gris jaunâtre. Id.
86. Basanite porphyrique avec cristaux de feldspatti blanc, |d.
ILES Tin.
87. Leucostite fritiforme grise.
88. Basanite porphyroïde noirâtre avec crist^iup de p^nrozèlM.
89. Basanite gris rougeâtre, offrant de noinbreqseB cnYitëe teplMifi
d'un enduit siliceux bleuâtre.
90. "Wacke gris rougeâtre à ciment sM^ithlque. Titi.
91. Wacke gris bleuâtre à grains moyens.
92. Pépérino à grains fins gris bleuâtre.'
93. Péridotite? altérée rouge.
AU POLE SUD. 211
N* d'ordre.
SàLQliûIf.
94. Serpentine vert fimcé arec cristaiix de diallage métalloïde.
Saint-George.
95. Serpentine grid verdâtre se décomposant. Id.
9Bi Serpentine décompoeée rert clair, fHable avec amianthè. Id.
97. Serpentine tombant en désagrégation rougeâtre. Id.
98. Serpentine décomposée jaunâtre avec reines d'asbeste. Id.
99. Hydrate de fier compacte brim. Id.
ILES GAROUmS.
100. Basanite porpbyroïde noir avec cristaux de pyrozène et de
péridot.
ILES MARIANNES.
101. Trass endurci gris jaunâtre. Guabam.
10?. Calcaire trassifére rose et rert avec des veines de calcaire spa-
tbiqué. Id.
103. Calcaire trassifére avec fragments de wacke amygdalaire. Id.
104. lYacke amygdalaire rose, contenant des sphéroïdes siliceux ,
colorés en vert » en fragments dans le n° 102. Id.
105. "Wacke imparfaite brun grisâtre. Id.
106. "Wacke amygdalaire gris verdâtre avec calcaire et scolézite. Id.
107. Wacke friable jaune rougeâtre. Id.
108. Magnésite blanche avec silex. Id.
109. Silex ménilite gris verdâtre. M.
MINDANAO.
110. Conglomérat caverneux à gros fragments de lave pyroxénique
cimenté par du calcaire compacte madréporique et co-
quîllier.
111. Pépérino à gros grains gris verdâtre, contenant de très-grai
fragments de basanite.
MOLUQUES.
113. Gallinace imparfaite gris foncé , porphyrique avec cristaux de
feldspath blanc. Temate.
113. Pépérino contenant des gros fragments de basanite avec cris-
taux de pyroxène. Id.
114. Scorie basanitique rouge. Id.
115. Terre végétale. Id.
212 VOYAGE
N* d'oràre.
116. Métozite? jaunâtre à grains tré»43iui. Amboine.
117. Trachyte gris clair avec crbtanz de feldspath blanc. Id.
118. Trachyte gris jaunâtre altéré , passant à la téphrine. Id.
119. Rétinite gris verdâtre. Id.
120. Calcaire madréporique caverneux, concrétionné, blanc jaunâ-
tre. Id.
121. Calcaire tuberculaire. Id.
122. Calcaire grossier, friable, blanc jaunâtre, formé en grande
partie de petites coquilles multiloculaires. Id.
123. Argile arénifère , jaunâtre. Id.
124. Argile rouge. Id.
125. Sable quartzeuz fin gris clair. Id.
126. Conglomérat tephrinique à petits fragments blanc jaunâtre et
friable. Banda.
127. Scorie basanitique. Id.
128. Gallinace stratiforme gris foncé avec cristaux de feldspath
blanc , recouverte d'efiElorescences sulfureuses. Id.
129. Leucostite altérée par Faction des vapeurs acides blanches avec
soufre cristallisé et concrétions siliceuses. Id.
130. Soufre sublimé compacte avec soufre cristallisé. Id.
131. Soufre orangé cristallisé et aciculaire. Id.
132. Gallinace lapillaire noire avec cinérite. Id.
133. Fragment roulé de quartz blanc. Id.
NOUVELLE-HOLLANDE.
134. Grès argiloferrugineux , tubulaire et caverneux rouge jaunâtre.
Raffle Baie.
135. Grès lie de vin jaune et blanc. Id.
1 36. Sable polygénique jaunâtre , principalement formé de quartz
de débris de coquilles et de limonite. Id.
137. Psammite à grains fins rougeâtre et ferrugineux. Baie d'Es-
sington.
138. Grès quartzeux à grains fins, cimenté par du peroxyde de fer
violet. Id.
1 39. Calcaire madréporique blanc jaunâtre. Id.
140. Calcaire grossier friable blanc jaunâtre. Baie de Wama.
141. Calcaire carié. Id.
142. Calcaire avec grande hi^tre allongée. Id.
}43. Calcaire avec peignes. Id.
144. Calcaire avec moule. Id.
145. Calcaire avec oursin. Id.
1 16. Madrépore vivant coloré en bleu par une matière organique. Id.
AU POLE SUD. 218
N» d'ordre.
NOUVELLE-GUINÉE.
147. Calcaire compacte , siliceux , gris jaunâtre avec des veines de
calcaire apathique blanc. Baie des Tritons.
PRESQU'ILE DE MALAGA.
1 48. Schiste ar^lenz, arénifère, gris verdâtre avec quelques indices
de débris végétaux fossiles. Sincapoor.
149. Métaxite à grains fins jaune rougeâtre. Id.
150. Métaxite gris clair. Id.
151. Argile compacte gris clair. Id.
152. Argile schistoïde rougeâtre.' Id.
153. Argile friable. Id.
154. Hjfdrate de fer gèodique et testacé brun rougeâtre. Id.
BORNÉO.
155. Pétrosilex gris verdâtre avec des veines d'épidote.
AMBOUANGAN.
156. Quartz compacte gris jaunâtre.
157. Quartz compacte blanc.
158. Porphyre pétrosiliceux. Ambouangan.
159. Porphyre dioritique gris verdâtre. Id.
160. Porphyre pétrosiliceux gris jaunâtre. Id.
161. Basanite gris foncé à gros grains. Id.
162. "Wacke imparfaite brune. Id.
163. Wacke imparfaite gris bleuâtre avec infiltrations siliceuses. Id,
164. Calcédoine laiteuse. Id.
165. Pépérino à gros grains rougeâtre avec calcaire. Id.
POULO LAUT.
166. Psammite tabulaire jaune rougeâtre à grains très fins avec em-
preintes végétales.
167. Psammite brun rougeâtre, contenant des rognons de car-
bonate de fer.
168. Lignite compacte luisant avec succin brun nohrâtre.
169. Euritine rougeâtre ferrifère en rognons enveloppés d'hydrate
de fer avec empreintes végétales.
1 70. Euritine rougeâtre avec succin. Poulo Laut.
171. Hydrate de fer gèodique cloisonné ou testacé brun, Id.
m VOTAGE
No d'ordre.
ISUII4TftA.
172. jjffblefi^gris foim A baM date titai^, d^péridol al «U frag-
ments 49 ^^nillM.
TàN DIEMEH.
|73. Ifiétfixite ^ grws giu jfuinâlre. ftobarl 'fumi.
174. Métaxite à grains tm-fioa jainU^e.
175. Calcaire siliceux gris ç)|ir ^r^c {NTMfQ^Bta» âte.
176. Argile arénifère rouge et jaune.
TERRE D'ADÉLIf; <p6ut ^v&TUh).
177. Gneiss à gros grains rougeâtre , feldspatlf rouge et mica t>rim.
178. Gneiss leptînôlTde à grains fins presque compacte gris verdâtre
avec mica bronzé.
ILES àJaCMJLàXB.
1 79. Basanite porphyrique ^s fo^cé i^y^ cristaux de feldspath et
de pyroxène.
180. Basalte compacte gris avec qiieii|nii| erif^az 4e fioldi^MUti.
181. Basalte avec péridot.
182. Ulmine enveloppant 4/M| j^tk» de bois pea aliëp^.
NOUy£ULS-7ÉI41S0K.
183. Phonolite gris verdâtre. Baie Otago.
184. Basanite porphyrique gris foncé avec cristaux de feldspath et
depyroxëné. Ici.
185. Mimosite à grains très-fins gris foncé. Id.
186. Basanite cellulaire gris bleuâtre. Id.
187. Scorie basani tique rouge foncé. Id.
1B8. Wacke imparfaite brune avec céreoUte verte.
189. a^iyi)#ce «I7fa|)pi4^ pT^f^ f0^e^||^, fiflXMm^ vmmMfi9$
avec chaux carbonatée. Id.
190. GaHinace4jéconfposée.^veçcéré(^ jfj^e. |4*
191. Conglomérat leucostinique lie de vin avec |jr|f|]|f9tl lie basa-
nite. Ï4*
192. Scprie rou^f f^ par^^ 4écogipq8ff . fre^tlf 4« Bilriai.
193. Enritine gris verdâtre. Baie des U^.
194. Euritine gris clair altérée offrant un tipèthi^f^nà nombre 4#
fissures tapi^e^ d'hydrate de fer. 14*
AU POLE SUD. * 215
195. Euritine décomposée, passant à Pétat d^argile épigène, bolaire
blanc jaunâtre avec hydrate de fer. Id.
196. Macigno gris verdâtre avec moules de coquilles. Id.
197. Pépérino polygénique à ciment calcaire jaunâtre. Id.
198. Basalte porphyroïde gris foncé à grands cristaux de feldspath,
de pyroxène et de péridot. Id.
199. Basalte cellulaire, porphyroïde, altérée, jaunâtre, contenant
des cristaux de pyroxène et de péridot décomposé. Id.
DÉTBOIT DE TORRËS.
200. Granité à gros grains rougeâtre.
201. Phonolite altéré blanc jaunâtre passant à la téphrine.
202. Ponce gris jaunâtre.
203. Pépérino polygénique à gros grains jaunâtre.
204. Basalte porphyroïde avec cristaux de pyroxène et de péridot
en partie décomposé.
204 bis, Leucostite porphyrique gris noirâtre.
TIMOR.
205. Calcaire arénifère blanc jaunâtre avec des veines de calcaire
spathique. Coupang.
206. Calcaire madréporique blanc jaunâtre caverneux. Id.
EAUX DOUCES ET DE MER.
207. Eau douce d*un torrent des îles. Ile Auckland.
208. Eau d'une source de Saint-George. Hé Salomon.
209. Eau de mer. Détroit de Bahama.
210. Eau de mer. Prise en vue des îles Basses.
211. Eau de mer. Près de la côte est de Sumatra.
FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE DU CATALOGUE.
TABLE
DES planches' DE L^ ATLAS.
PI. 1. Volcan Bridgeman (1838).
Volcan de Santa-Graz.
Plan de Ftle Déception.
PI. 2. Ile Déception.
Ile Juan Fernandez.
PI. 3. Ile Rose (entourée de récifs).
nés Motouriki et Balaou (entourées de récifs).
PL li. Coquilles fossiles des terrains crétacés du Chili ^ déter-
minées par M. Alcide d'Orbigny.
PI. 5. Coquilles fossiles des terrains crétacés du Chili , déter-
minées par M. Alcide d'Orbigny.
PL 6. Coquilles fossiles des terrains crétacés, déterminées par
M. Alcide d'Orbigny.
PL 7. Coquilles fossiles des terrains crétacés ^ déterminées par
M. Alcide d'Orbigny.
PL 8. Coquilles fossiles des terrains crétacés^ déterminées par
M. Alcide d'Orbigny.
PL 9. Coquilles fossiles de la Nouvelle-Hollande, déterminées
par M. Alcide d'Orbigny.
218 VOYAGE AU POLE SUD.
Carte 1. Carte géologique de la partie sud de la Nouvelle-
Hollande et de la terre de Yan-Diemen.
Carte 2. Carte géologique de la Patagonie et de la terre de
Feu.
Carte 3. Carte géologique de TOcéanie.
Carte U. Carte des diverses espèces de f édlk de POoéànie.
-*»i**»*l?i^'"^*F-
TABLE DES MATIÈRES.
Chàp. IX. Observations sur les phénomènes volcaniques
et les tremblements de terre 1
— X. Observations sur les îles de la mer du Sud ,
Polynésie et Micronésie 39
— XI. Esquisse de la structure géologique de l'Aus-
tralie 75
Océanie centrale ou Mélanésie, — Australie
et Tasmanie^ etc 75
— XII. Malaisie 141
Iles de la Sonde. — Bornéo. -*- Célèbes. —
Moluques. — Philippines 141
— XIII. Études sur les formations madréporiques. . . 181
Deuxième partie du Catalogue des roches recueillies par
le docteur Hombron 209
Table des planches de l'Atlas 217
FIN DE LA TABLE.
Parii. — Imprimé par £. Tidnot et C% me Raciae , S6,
♦;■