rte
RSS
RER
PRET AE
De
PIE
RL PS
es
ù à
RS
a
RARE)
(LOS RPAREE
FA vi RTE
NAS
Fa tac 4e
Le
jai
x
» di pat \ À
UE
re LS
CELLES
©
DR
ni
*
13, (Rate
Ÿ Ÿ
CETTE
231,
Ü
\
Lt
RSS
RU Ne
PRE TENNE
Ru
DAV
Una À
ZE
DE
Si
D PRUS
HAS
DE
ee
BTS
MS
Ki
PUR
CA OH OUET
d AN
CA
ARE
RS
ee
22
r
re
LS Pr y per
Ter
tarte
ee
re
LÉ
LE
ES
SRE
es 7
Le
ENT
GE
oR.
CSSS
SE
se
Te
Se
AA TA
LS
Aus CSORAD
Re A
=
12 D
=
pre
2,
pe
LR
Des
=
= dre get
RE
HD
À pa
QU2r
à
CRC
HO
D EUR
;
1e
4
AC
TE
ARLES
“ HARRIS
À
ER
PS
2e ;
Pre
Se
ETS
AS
AVANT ANA
GA
,
“L
1 A 4
LOL CU
rANC' AU
HE
re.
EL
1 ù
: : ui
u
#
1
"l YOU .
Û NANTES Li
k An f
7 À #
1 à ° (0e
,
| = Pt 141
CRT :
pou | r
Ü
on j!
Lu n y 1h l
Li LL
à
On — | AS
LE k
0 L
| :
d | :
| 1}
Ur
: 13 Run
mn l
Le de
V7.
b L
: 7
! TOAQIT
L
n
Fi LU
; D
0 : Le
: ,
24 LL -
. 0
(l | LE
Un Ar
Re:
JU à
m
_ L
L L
: sn,
LE L [1]
À Là LA :
on m
… . 1 +1) 0
N :
DR. " :
= CE
. s” L
: Fr. Po —
"
F] LL”
(© :
,
D:
4) à
Do ! : Ce nas
[ESS
L . 0
| :
DT
D Ce : 4
7 Le
nu L
[DS
An: Qe
Ur T :
'
tu ec Le -
LI
: l
of La :
Pa nd
LT
CIRE | : |
ñ _
LA. CE
L dè n : Ml
. »
à à !
[ , : De
| n LE
1.0 L :
De: :
. 2 |
. dast : L
D A ne
a
‘ts
4
l \e
D
L Dors
D
DE
NT 7
in LT : D
TR da
> - L Le
| n :
[E L iii
4
TI
.
ee _ À
VOYAGE
AUTOUR DU MONDE
SUR LA FRÉGATE
#:
LA VENUS
ZOOLOGIE
PARIS. — IMPRIMERIE J. CLAYE
RUE SAINT-BENOIT, 7
VOYAGE
AUTOUR DU MONDE
SUR LA FREGATE
LA VENUS
COMMANDEE
PAR ABEL DU PETIT-THOUABS
Capitaine de vaisseau, Commandeur de la Légion d’houneut
ZOOLOGIE
MAMMIFERES., OISEAUX, REPTILES ET POISSONS
231233
PARIS
GIDE ET J. BAUDRY. EDITEURS
RUE BONAPARTE. 9
1859
E, db Si 5.
MAMMIFERES.
Par M. Isibore GEOFFROY SAINT-HILAIRE.
ER EC E D——
La mammalogie, ordinairement si négligée dans les
voyages de circumnavigation, doit à l’expédilion de
la Vénus plusieurs acquisitions intéressantes. M. le
contre-amiral Du Petit-Thouars, au milieu des devoirs
et des soins mulüpliés du commandement; M. le doc-
teur Néboux , malgré ses occupations de tous les
instants comme chirurgien-major de la frégate, ont
su trouver, dans leur zèle éclairé pour la science, les
moyens d'enrichir les collections de la Fénus de di-
vers représentants mammalogiques des contrées suc—
cessivement visitées par l'expédition. L'un et l’autre
ont recueilli un assez grand nombre d'éléments et de
matériaux, précieux pour l’histoire spéciale de la pre-
mière classe du règne animal, en même temps que pour
la géographie zoologique.
Invité par M. le contre-amiral Du Petit-Thouars à
me charger du soin de mettre en œuvre ces éléments
et ces matériaux, je n'ai pas hésité à accepter ce de-
ZooLo&rr. 4
— 9 —
voir, Afin de m'en acquitter d’une manière plus digne
de l'importance de l'expédition et plus fructueuse pour
la science, j'ai cru devoir suivre de nouveau ici le plan
que je m'étais tracé dans plusieurs publications ana-
logues', et dont l'expérience m'a démontré de plus
en plus les avantages. In décrivant les espèces nou-
velles ou imparfaitement connues qui ont été rappor-
tées par la J’énus, je les rapprocherai de leurs con-
génères, soit déja connus, soit récemment découverts
et encore inédits; je considérerai les uns et les autres
sous un point de vue comparatif; et, par-la même, je
chercherai à faire nettement ressortir ce que les espè-
ces établies dans ce travail ont en elles de spécial et
de caractéristique, et ce qu'elles peuvent offrir de
neuf et d’intéressant pour la science.
Parfois même, lorsque les familles et les genres aux-
quels se rapportent ces espèces, n'auront point en—
core été étudiés d’une manière aussi complète que
permet de le faire l'état actuel de la science, je pré-
senterai aussi sur eux quelques considérations géné-
rales, et je ne croirai pas sortir de mon sujet en
donnant l'indication succincte de toutes les espèces
congénères anciennement connues où qu'il m'aura été
possible de déterminer par mes propres observations.
L'immense avantage des travaux monographiques
1 Dans les parties erpétologique et ichthyologique du grand
Ouvrage sur l'Egypte, 1827; dans la partie mammalogique de
l'Ouvrage sur la Morée, 1833 ; mais surtout dans les parties mam-
malogiques du Voyage aux Indes Orientales de Bélanger, 1830-
1851, ct du F'oyage dans l'Inde, de Victor Jacquemont.
se —
est, aujourd'hui, contesté par personne; mais peut-
être la science recevrait-elle un accroissement plus
rapide encore, si les naturalistes de chaque pays,
principalement ceux qui se trouvent placés près des
grandes collections, adoptaient lusage d’ajouter à Ja
description des espèces nouvelles qu'ils publient, le ta-
bleau des espèces anciennement décrites, dont ils ont
par eux-mêmes constaté l'existence. S'il en était ainsi,
plusieurs de celles qui restent douteuses encore, se-
raient bientôt définitivement établies dans la science;
et d’autres au contraire ne tarderaient pas à être re-
connues pour nominales ou établies seulement sur de
doubles emplois, et à être retranchées du Systema.
2: -
PREMIÈRE SECTION.
PRIMATES.
Parmi les quatre familles qui composent l'ordre des
Primates, trois, celles des Lémuridés, des Tarsidés et
des Cheiromydés, habitent exclusivement des régions
que n’a point visitées l'expédition, et je ne nr'arrêterai
pas ici sur elles. La famille des Singes compte au con-
trare des représentants plus ou moins nombreux sur
plusieurs points de l'itinéraire de la Vénus, et notam-
ment au cap de Bonne-Espérance et au Brésil. Parmi
les Singes de l'Afrique australe, je décrirai une espèce
depuis longtemps connue, mais non distinguée par les
meilleurs auteurs eux-mêmes, le Cercopithèque De-
lalande, dont j'éclaircirai et compléterai la détermi-
nation par un synopsis des espèces congénères. De
même, à l’occasion de quelques Singes du Brésil, je
cherchera à éclaircir l’histoire, encore fort embrouil-
lée, des Singes américains , à queue faiblement pre-
nante, et particulièrement à montrer que les Saïmiris,
réunis par presque tous les auteurs aux Callitriches,
constituent en réalité l’un des genres les plus dis-
üncts et les plus remarquables de la grande famille
des Singes.
PREMIERE PARTIE.
Descrivrion pu CERCOPITHÈQUE DELALANDE, Cercopi-
thecus Lalandir, Xs. Gxrorr.; Et Synopsis pu GENRE CErcorr-
THÈQUE.
$ 1. — Remarques prélinunaires sur les Singes du Cap
de Bonne-Espérance.
Tandis qu'en Amérique, les Singes, si abondam-
ment répandus dans la région centrale, disparaissent
au sud et au nord à une distance très-considérable des
extrémités de ce continent, l'Afrique, que l'équateur
coupe exactement par son milieu, et dont les extré-
milés au sud et au nord ne/dépassent les tropiques que
d’un petit nombre de degrés, possède, dans toute son
étendue,des représentants de la grande famille des
Singes. Il existe toutefois une très-grande différence
entre le nombre des espèces qui peuplent l'Afrique
centrale et le nombre de celles qui habitent les deux
extrémités de l'Afrique. Ainsi, dans l’Afrique centrale,
les contrées équatoriales, telles que la Guinée et le
Congo, ont fourni déjà et fournissent chaque jour
une mulütude d'espèces, appartenant aux sept genres
Troglodyte, Colobe, Miopithèque, Cercopithèque,
Cercocèbe où Mangabey, Théropithèque et Cynocé-
phale : vers les tropiques au contraire, plusieurs de
ces genres sont déjà sans représentants, ou ne sont
lus représentés que par un très-petit nombre d’es-
} que p
ve
pèces ; et tout-à-fait vers l'extrémité, au-delà du tren-
tième degré, nous ne trouvons plus au nord, en Bar-
barie, au sud, au cap de Bonne-Espérance, qu'un
très-petit nombre de Singes, tous dépourvus de ces
couleurs vives et de ces développements du pelage qui
rendent si remarquables presque toutes les espèces de
la région équatoriale de l'Afrique.
Au cap de Bonne-Espérance, en particulier, on ne
connait que deux espèces, un Cynocéphale et un Cer-
copithèque *.
La première est le Cynrocephalus porcarius des
auteurs, le Choak-Kama des Hottentots; espèce gé-
néralement connue sous le nom de Chacma, et que
caractérisent suffisamment sa grande taille et son pe-
lage d’un brun-verdâtre, sans crinière. Tous les voya-
geurs qui ont exploré l'Afrique australe, particulière-
ment Kolbe, dont les récits, presque toujours mêlés
de fables, ne peuvent d’ailleurs être acceptés qu'en
parüe, Sparrman, Levaillant, Thunberg*?, Delalande *,
1 Sparrman mentionne, il est vrai, dans son Voyage au Cap
de Bonne-Espérance ( traduct. de Letourneur, t. 1, p. 306), des
Singes qui sembleraient n'être ni le Cynocéphale ni le Cercopi-
thèque que nous connaissons ; car il les dit noirs comme le char-
bon, et de la grosseur à peu prés d’un chat ordinaire. Mais Sparr-
man n'avait vu ces Singes que de loin, et la courte indication
qu'il donne, n’est d'aucune valeur.
2 Sous le nom inexact de Simia sphynx. Voyez les Mém. de
l’Acad. imp. de Saint-Pétersbourg, t. HE, p. 301, 1811.
5 Les faits trés-intéressants qu'a recueillis Delalande sur le
Cynocephalus porcaruws ont été publiés , d’après les notes prises
par lui sur les lieux, par Desmoulins, dans l'article Cynocéphale
du Dictionnaire classique d'histoire naturelle, L. V, p. 257 et 260.
ee
Burchell ‘, nous ont transmis des renseignements plus
ou moins nombreux sur cette espèce qui, d’ailleurs, a
vécu plusieurs fois en Europe dans les ménageries,
dont il existe de nombreux individus dans toutes les
grandes collections, et que l’on peut considérer au-
jourd'hui comme bien déterminée et bien connue.
Il en serait de même du Cercopithèque de l'Afrique
australe, si l'on devait en croire les auteurs. ‘Tous
s'accordent à désigner comme habitant le cap de
Bonne-Espérance avec le Cyrocephalus porcarius,
l'espèce que M. Frédéric Cuvier, dans la première
édition de son ouvrage sur les Mammifères, a décrite
et établie en 1821 sous le nom de Vervet, Sinua py-
gerythra; puis décrite de nouveau, quelques années
plus tard, dans la seconde édition du même ouvrage,
sous le nom de Cercopithecus prgerythrus. Les mê-
mes indications” se trouvent, à l'égard de cette pré-
tendue espèce du Cap, dans tous les ouvrages géné-
raux sur les mammifères, tels que la Mammalogie de
M. Desmarest®, le Synopsis Mammalium de J.-B.
! Sous le nom de Cercopithecus ursinus dans plusieurs passages
de ses Travels in the interior of. southern Africa.
2? Seulement l'espèce est nommée tantôt Sénia pygerythra où
Cercopithecus pygerythrus , tantôt S. erythropyga (nom employé
par G. Cuvier, qui l’attribue à tort à Fr. Cuvier ), tantôt Cerco-
pithecus où Cercocebus pygerythræus ; où S. pygerythræa. C'est
Desmarest qui a introduit cette dernière modification, afin de rec-
tifier un nom qu'il croyait irrégulièrement formé. Il se trompait à
cet égard : on dit également EovOpoc et Epubpaos. I n'y a donc au-
cun motif pour ne pas adopter le nom le plus ancien.
5 Dans le Supplément. L'espèce n'était pas connue lorsque
M. Desmarest a fait paraître la première partie de son ouvrage.
=
Fischer, le Physical history of Man and Quadru-
mana de M. Linnæus Martin, le Manuel de Mamma-
logie et le Spectes des Mammuferes bimanes et quadru-
manes de M. Lesson, et un grand nombre d’autres.
On les trouve également reproduites dans les ou-
vrages spéciaux sur la Faune d'Afrique ou sur les
Mammifères du cap de Bonne-Espérance.
Ainsi, le docteur A. Smith, dans son Æ4frican z00-
logy ‘, place à la suite des Cercopithecus sabœus et
C. viridis (qu’il nomme génériquement Cercocebus),
le Cercocebus pygerythræus ou Red-vented Monkey;
et il ajoute : « Inhabits south Africa, and troops…
« are ofien seen in woods and thickets, at no great
€ distance from Cape Town. »
De même, dans un ouvrage plus spécial encore, et
composé avec beaucoup de soin, Enumeratio Mam-
malium Capensium”®, Smuts, selon l'exemple des
auteurs qui l’ont précédé, place à la tête des mam-
miferes de l'Afrique australe le Cercopithecus py-
gerythræus, dont il donne ainsi lhabitat : « Pegunt
Çin plagis magis sylvestribus , nec prope urbem
€ principem Promontori occurrunt. »
Si l’on ne savait avec quelle facilité une erreur une
fois introduite dans la science, y prend peu à peu
racine, et finit par y être universellement admise,
j'oserais à peine dire, après tant d’assertions positives
! Insérée dans The south African quarterly journal, t. U, Cap
de Bonne-Espérance : 1999.
? In-4. Leyde, 1832.
10 —
émanées de zoolosistes distingués et ordinairement di-
genes de toute confiance, que la patrie du Cercopithecus
prgerythrus reste aujourd’hui encore tout-à-fait in-
connue ; et même si je puis aflirmer quelque chose à
son égard, c'est que cette patrie n’est pas le cap de
Bonne-Espérance. Il est hors de toute vraisemblance
que le C. pygerythrus, S'il avait l'habitat qu'on lui
attribue, eût pu échapper aux recherches de Dela-
lande, de ses neveux et si dignes continuateurs,
MM. Verreaux, et de tant d’autres. Il est d’ailleurs à
remarquer que la presque identité du pelage du C.
prgerythrus avec celui du C. Sabæœus qui habite le
Sénégal, et celui du €. griseo-viridis, qui habite la
Nubie et le sud de l'Egypte, indique à elle seule une
analogie très-orande dans la zone d'habitat de ces
trois espèces; considération qui, au premier aspect,
semble de peu d'importance, mais qui empruntera
quelque valeur de l'examen que je vais faire tout-à-
l'heure de l'état du pelage chez le véritable Cercopithè-
que du Cap, le Cercopithèque Delalande.
Les détails dans lesquels je vais entrer feront voir
aussi que toutes les assertions inexactes que j'ai dû
rappeler plus haut, ont leur source dans la confusion
qui a été faite, d’abord par M. Fr. Cuvier, puis, à son
exemple, par les autres zoologistes, entre le C. pyrge-
rythrus et le C. Lalandü; espèce voisine, mais dis-
tincte du C. pygerythrus, et qui m'est aujourd’hui
connue par une belle série d'individus des deux sexes
et de tout âge. Je me plais, du reste, à reconnaitre
que l'erreur que je relève ici, était à peu près inévila-
= 'A# —
ble à l’époque où elle a été commise, et lorsqu'on ne
possédait encore qu'une très-faible partie des maté
riaux dont je puis aujourd’hui disposer.
S Il. — Historique et synonynue.
L'histoire et la synonymie du Cercopithèque Dela-
lande sont tellement difhciles et embrouillées, que
quelques remarques explicatives me paraissent devoir
nécessairement précéder la description de l'espèce.
Le Cercopithèque Delalande a été successivement
considéré comme spécifiquement le même que le C.
sabœus des auteurs (Simia sabæa, Lix.), comme
identique avec le C. prgerythrus de M. Fr. Cuvier,
el comme constituant une espèce distincte, principa-
lement caractérisée par la petitesse de sa taille. Ces
trois opinions sont également erronées.
Le C. pygerythrus est, en réalité, une espèce
exactement de même taille que la plupart de ses con-
génères, et se distinguant par des différences de pe-
lage et non de dimensions.
C’est Thunberg qui, ayant l’un des premiers observé
le Cercopithèque Delalande, l’a considéré? comme ne
différant pas du €. sabœus. Cette erreur était natu-
relle à une époque où l’on n'avait point encore intro-
duit, dans la détermination des espèces, cette préci-
sion, parfois un peu minutieuse, mais indispensable,
qui caractérise la zoologie actuelle. Il suffisait pres-
1 Loc. cut., 1811.
— 19 —
,
que alors que le Cercopithèque nouvellement observé
eût les formes et les proportions du €. sabæus, et le
pelage généralement verdätre, pour qu'on crût re-
connaître en lui cette espèce, si souvent désignée sous
le nom de Callitriche ou Singe-vert. Aujourd'hui il
serait superflu d’insister sur les caractères différentiels
du €. sabæus, espèce aussi commune qu'elle est fa-
cile à reconnaître, et par suite depuis longtemps et
complétement déterminée.
En rectifiant l'erreur commise par Thunberg, les
zoologistes récents en ont eux-mêmes laissé échapper
une autre. Dans les immenses collections faites dans
l'Afrique australe par Delalande, se trouvaient quel-
ques individus de l'espèce précédemment observée par
Thunberg, et avant lui par Levaillant ; mais ces indivi-
dus étaient tous fort jeunes. Lors de l’arrivée en France
des collections de Delalande, M. Fr. Cuvier crut trou-
ver dans ces jeunes Singes le premier âge d’un Cercopi-
thèque qui vivait alors à la ménagerie du Muséum, et
dont ce savant zoologiste ! a fait le type de son C.
pygerythrus. C'était une erreur, mais une erreur à la-
quelle il était alors difficile d'échapper : les aflinités
qui existent entre le C. pygerythrus et l'espèce de
Levaillant, de Thunberg et de Delalande, sont telle-
ment intimes, qu'ayant sous les yeux, d’un côté, l'état
adulte du premier sans son jeune âge , et, de l’autre,
le très-jeune âge de la seconde sans son état adulte, on
devait être porté à attribuer à de simples différences
1 Zoc. cit.
NS —
d'âge les différences que lon apercevait entre le pe-
lage de l’une et celui de l’autre. M. Frédéric Cuvier
n'’hésita donc pas à les réunir, et c’est par suite de
cette confusion, qu'il donna l'Afrique australe pour
patrie au C. pygerythrus : espèce n'ayant en réalité
pour type qu'un individu, acheté de marchands qui
ignoraient entièrement son origine , et dont la véri-
table patrie reste aujourd’hui même inconnue.
Les auteurs ont généralement suivi M. Frédéric Cu-
vier, aussi bien pour la caractéristique qu'il assigne
au C. pygerythrus, que pour la patrie qu'il lui attribue.
Il en est ainsi en particulier de Desmoulins; dans l’ar-
ücle étendu qu'il a publié en 1825 sur le genre Cer-
copithèque ou Guenon', ce zoologiste termine la
description du C. pygerythrus en disant, d’après
Fr. Cuvier, que Delalande a rapporté beaucoup d'in-
dividus de cette espèce, du Cap où elle peuple les
forêts. Mais, dans un autre passage, le même auteur,
sans s'apercevoir qu'il fait un double emploi, cite de
nouveau les Singes rapportés par Delalande, et les dé-
crit comme constituant une espèce distincte, ayant le
pelage grisätre, et seulement g à 10 pouces (environ
0",25) du bout du museau à l’origine de la queue. En
raison de cette taille prétendue naine, Desmoulins
donne à l’espèce le nom, d’ailleurs très-irrégulière-
ment formé, de Guenon naine Delalande, C. pusillus
Delalande. C’est sous ce double nom spécifique ,
formé contrairement aux règles de la nomenclature
! Dans le Dictionn. class. d'hist. natur., t. VI, p. 560 etsuiv.
12 —
linnéenne, que l’on trouve l'espèce pour la première
fois introduite dans la science * comme distincte.
La place que lui assigne l’auteur, n'est pas moins
singulière que son nom: le €. pusillus Delalande,
décrit comme ayant le pelage d’un gris-cendré, com-
pose, avec le C. ruber où Patas, dont le pelage est
rouge, et le C. latibarbatus *, dont le pelage, dit Des-
moulins, est notr à l'état adulte, et roux dans le jeune
âge, la section des Singes-verts; section dont ne font
partie, au contraire, ni le C. sabæœus ou Singe-vert des
auteurs, ni les €. cynosurus, C. griseo-viridis et C.
pygerythrus, espèces qui ont toutes le pelage vert.
Toutes ces contradictions avaient déjà fixé mon at-
tention, et j'avais acquis la certitude que Desmoulins
avait pris de très-jeunes sujets pour des adultes, lors-
que, dans divers envois, et d’abord dans la grande
1 Dans ses Reisen im südlichen Africa, dont la publication re-
monte à 1811, l'un des zoologistes les plus distingués de l’Alle-
magne, M. Lichtenstein, paraît, il est vrai, avoir désigné cette
espèce sous le nom de C. glaucus. Mais ce nom n’est accompagné
ni d’une description, ni même d’une caractéristique sommaire ; et
c’est pourquoi cette indication a été considérée comme non ave-
nue par tous les auteurs. Voici le passage tout entier de M. Lich-
tenstein (t. L, p. 507 ); passage que l’on a négligé jusqu’à présent
de citer : « In den Gebüschen durch welche dann und wann die
« Reise ging, fand man oft eine grosse Menge Affen von der lang -
« geschwänzten grünen Art, die dieser Gegend des südlichen
« Africa eigen ist. Einzelne der Colonisten besassen eine beson-
« dere Geschiklichkeit darin, diesen niedlichen Thieren behende,
«auf die Bäume nach zuklettern, und sie einzufangen.»
? Ce dernier n'est, d'ailleurs, pas un véritable Cercopithèque,
mais un Semnopithèque.
MAD =
collection rapportée du Cap par MM. Verreaux, je
trouvai le C. pusillus Delalande, avec tous les ca-
ractères du pelage que je lui connaissais, mais avec
la taille des autres espèces à pelage vert ou verdàtre.
Dès-lors il devenait évident que les jeunes Cercopi-
thèques de M. Delalande avaient été à tort rapportés
par M. Frédéric Cuvier, et d’après lui, par tous les
auteurs, M. Desmoulins excepté, au €. pygerythrus,
et qu'ils doivent être considérés, en rectifiant la dé-
termination de celui-ci, comme appartenant à une
espèce distincte, plus voisine d’ailleurs qu'aucune
autre du C. pygerythrus.
En rectüifiant la détermination de M. Desmoulins et
la place qu'il assignait à cette espèce, j'ai cru devoir
aussi rectifier, mais non abandonner, le nom qu'il lui
donnait; nom qui rappelle l’un des plus beaux voyages
zoologiques qui aient jamais été exécutés. J'ai donc
proposé, d’abord dans mes cours, puis dans l’article
Cercopitheque du Dictionnaire d'Histoire Naturelle,
de donner à l'espèce le nom de Cercopithèque Dela-
lande, €. Lalandu.
$ HT.— Description.
_ Le Cercopithèque Delalande apparüent à la section
dont le C. sabæus est le type, section que caracté-
risent un museau un peu plus allongé que chez les
€. petaurista, C. cephus et les autres espèces voisines,
des formes généralement moins sveltes que chez
celles-ci, et un pelage plus ou moins verdätre.
— 16 —
Le caractère par lequel on peut le distinguer dès le
premier aspect de ses congénères, est la teinte géné-
rale du pelage qui n’est pas vert, même sur la tête et
sur le dos, mais d’un gris-verdatre.
Cinq couleurs, dont la distribution est caractéristi-
que, se remarquent dans le pelage de cette espèce : le
gris-verdàtre, le gris-pur, le blanc sale, le noir et le
roux.
Le gris-verdâtre occupe le dessus de la tête, du cou,
du dos jusqu’à quelques centimètres de l'origine de la
queue, les épaules et les flancs. Dans toutes ces par-
ties, il existe deux sortes de poils : des poils laineux,
longs et abondants, d’un gris clair à la base, d’un
gris foncé dans le reste de leur étendue; des poils
soyeux beaucoup plus longs encore (de 3 à 5 centi-
mètres), colorés, par anneaux d'une assez grande
étendue, de noir et de jaune-verdàtre. De là résulte
une teinte générale d’un gris sale, légèrement verda-
tre, tiqueté de blanchatre.
La face externe de l'avant-bras, de la cuisse et de
la jambe, la croupe et les trois premiers quarts environ
de la queue, sont d’un gris tqueté. La longueur des
poils est moindre dans ces parties, mais leur mode de
coloration est le même; seulement les poils sont an-
nelés de noir et d’une couleur blanchatre à peine
teintée de jaune.
Le blanc sale occupe la face interne des membres ,
le dessous du corps et la partie inférieure et latérale
de la tête. De plus, il existe un assez large bandeau
de même couleur à la partie antérieure du front, im-
EN
médiatement derrière les sourcils. Ce bandeau, com-
posé de poils presque ras, se confond à ses deux extré-
mités avec le blanc de la région latérale de la tête, où
lespoils, dirigés en arrière, sont au contraire très-longs.
Le bandeau blanc frontal et les poils blancs des
parties inférieures et latérales de la tête, encadrent la
face et le menton qui sont, au contraire, noirs. Les
quatre mains et le dernier quart de la queue sont aussi
de cette dernière couleur.
Enfin , le roux forme une tache très-remarquable
autour de l'anus ; tache qui s'étend aussi sous la base
de la queue. C’est l'existence d’une tache rousse anale,
observée d’abord par M. Frédéric Cuvier, chez Le Ver-
vet , c'est ce caractère considéré par lui comme pro-
pre à ce Singe ( d’où le nom de €. pygerythrus), qui
ont entrainé ce célèbre zoologiste à confondre avec le
Vervet , l'espèce dont je viens de décrire les couleurs.
J'ai reconnu depuis que, non-seulement Îa tache anale
existe dans deux espèces d’ailleurs très-distinctes ,
mais qu’elle est représentée par quelques poils roux,
en d’autres termes, qu'elle existe aussi, mais beau-
coup plus petite et moins distincte, dans deux autres
espèces, le C. cynosurus où Malbrouck des auteurs, et
le C. rufo-vrridis.
Le màle, d'après les renseignements que j'a re-
cueillis, aurait le scrotum d’un bleu-verdätre. On sait
par les observations de M. Frédérie Cuvier, que cette
parue est verdâtre chez le €. sabæus, vert-de-cris
chez les C. griseo-viridis et €. pygerythrus, d'un
bleu lapis chez le C. cynosurus.
Loorocir. 2
== DS
Les dimensions prises, ainsi que les caractères
précédents, sur l'adulte , sont les suivantes :
m.
Longueur du bout du museau à l'origine de la queue. 0,45
Longueur de la queue. 2 Vi ON te le 0:00)
J'ai pu comparer aux individus adultes plusieurs
autres sujets de différents ages. Les différences de
pelage qu'ils m'ont présentées, sont relatives, les unes
aux mains, que jai trouvées tantôt grisatres, tantôt
noirâtres, mais non noires ; les autres à la couleur géné-
rale, aui, chez les jeunes sujets e7 bon état”, est plus
lavée de vert, et se rapproche beaucoup de la cou-
leur du Macaque ordinaire.
Cette espèce , dont j'ai déjà donné sommairement
les caractères dans le Dictionnaire universel dhis-
torre naturelle?, mais qui n'avait encore été ni décrite
en détail, ni figurée, habite exclusivement l’Afrique
australe. C’est à MM. Verreaux que l’on doit le plus
grand nombre des individus existant au Musée de
Paris : ils avaient été tués dans la vaste forêt de l'Au-
teniquoi, qu'ils habitent par bandes de vingt à trente
individus.
1 Si, au contraire, les jeunes ne sont pas en bon état, si une
partie des poils soyeux a disparu, le pelage paraît de même nuance
que chez les adultes, ou même encore plus gris, parce que les poils
laineux deviennent plus ou moins apparents.
? Article Cercopithèque. Voyez t. IE, p. 305, 1842. — Voyez
aussi un mémoire qui paraîtra prochainement dans les Archives
du Muséum d'hist. nat., 1. II, sous le ütre suivant : Description des
mammifères nouveaux de la collection du Muséum. Premier mé-
moire. Famille des Singes.
ND
$ IV. Synopsis du genre Cercopithèque.
Je ne comprends, dans ce genre, niles Mangabeys
qui, d’après divers caractères récemment observés,
ne sont pas de véritables Cercopithèques , et pour les-
quels il convient de rétablir le genre Cercocebus ; ni
le Talapoin, dont j'ai fait récemment le type d’un genre
nouveau, sous le nom de Miopithecus'; ni, à plus
forte raison, les Semnopithèques , le Nasique et les
Colobes, que personne, depuis vingt ans, ne confond
plus,avec les Cercopithèques.
Les travaux par lesquels ont été fondés ces cinq
genres, ont enlevé au groupe des Cercopithèques
près de trente espèces‘; et cependant, après toutes
1 Voyez les Comptes rendus hebdom. de l’Acad. des sciences,
t. XV,p.720et1037, et les travaux cités dans la note précédente.
2 Savoir : 1° deux Cercocèbes : 1. CERcOCEBUS FuLIGINOSUS ,
Geoff. S.-H. ; 2. C. ærmiors, Geoff. S.-H. (Sémia œthiops, L)
2° Un Miopithèque : Mioriruscnus raLapoix, Isid. Geoff. {S.
talapoin, L.)
3° Seize Semnopithèques : 1. Semnoriruecus NEMÆUS, Fr.
Cuv. (le Douc de Buffon); 2. S. LEeucorryunus, Desmar. (Cer-
cop. leucoprymnus, Otto); 3.8. Larisargarus, Isid. Geoff. (Sim.
latibarbata, Tem.); 4.58. osscurus, Reid. et Mart. ; 5. S. cucur-
LaTus, Isid. Geoff. ; 6. S. Dussuarert, Isid. Geoff.; 7. S. rxrer-
LUS, Fr. Cuv. (Sim. entellus, Dufresne); 8.8. aurarus, Desmoul.
(Cerc. auratus , Geoff. S.-H.); 9. S. crisrarus, Mart. (Sim. cris-
tata, Raffl.); 10. S. maurus, F. Cuv. (Sim. maura, Schreb.);
11. S. remoraLis, Horsf. ; 12. S. mirratus, Sal, Mull. et Schleg.
(Presbytis mitrata, Eschsch.); 13. S. nicrimanus, Isid. Geoff.;
14. S. rLavimanus, Is. Geoff.; 15. S. mrrazoruos, Fr. Cuv. (Sim.
— 90 —
ces éliminations successives , il en reste encore dans
ce genre plus de vingt, toutes habitant, soit le con-
tinent africain, soit les iles d'Afrique, telles que les îles
du Cap-Vert et Fernando-Po, soit PArabie et la Syrie,
contrées que les géographes comprennent dans l'Asie,
mais qui sont essentiellement, par leurs productions
naturelles, de véritables dépendances de l'Afrique.
En raison du nombre des espèces connues de Cer-
copithèques , et aussi de quelques différences organi-
ques assez marquées entre les premières et les der-
nières, j'ai cru devoir! diviser les Cercopithèques en
melalophos, Raf.); 16. S. rurrcunpus, Sal. Mull. et Schleg.
(Dans un travail récent, où sont décrites plusieurs de ces espèces,
la Mammalogie du Voyage de Victor Jacquemont, j'ai montré que
le S. albo-cinereus et le C. fulvo-griseus de quelques auteurs mo-
dernes sont des espèces purement nominales ; c'est pourquoi ces
deux Singes ne figurent point dans ce tableau des Semnopithe-
ques.)
4° Un Nasique : Nasazis rarvarus, Geoff. S.-H. (Stm. nasica,
S. nasalis où $. rostrata des auteurs ).
5° Enfin, veuf Colabes (dont plusieurs restent malheureusement
très-mal connus ou même douteux }) : 1. COLOBUS VELEEROSUS ,
Isid. Gcoff. (que j'avais d'abord décrit sous le nom de Semn. vel-
lerosus , et qui est devenu depuis le Seran. bicolor de M. Wes-
mael et le Col. leucomeros de M. Ogilby ; 2. C. evereza, Rupp.;
3. C. roycowos, Geoff. S.-H. (Sim. polycomos, Schreb.); 4. C.
urRsiNUS, Ogilb. ; 5. C. saraxas, Waterh.; 6. C. ruricinosus, Og,.;
7. C. rennucinosus, Geoff. S.-H. ( Sim. ferrugineu, Sh.); 8. C.
PENNANTII, Waterh. ; 9. C. venus, Van Beneden.
1 Dans un travail resté inédit, mais qui a servi de base à la ré-
daction de l’article Cercopithèque du Dictionnaire universel d'his-
totre naturelle.
ET
deux sections et en quelques petits groupes secon-
daires dont ladmission me semble très-propre à
faciliter la distinction et la détermination des espèces.
Dans le Synopsis que je vais donner des Cercopi-
thèques , j'insisterai surtout sur ceux qui, ainsi que le
Cercopithèque Delalande , appartiennent à la seconde
section. Ce sont les seuls, en effet, avec lesquels on
puisse être exposé à confondre ce dernier.
PREMIÈRE SECTION.
Cercopithèques a museau plus court et a formes plus svelles.
Ces espèces ont le naturel plus calme et plus doux que celles
de la seconde section, et se rapprochent davantage des Miopi-
thèques et des Semnopithèques.
À. — Espèces à nez velu et blanc.
Esr. 1. Le CERCOPITHÈQUE HOCHEUR, Cercopithecus
nictitans, ERXLES.
Synonymie. GUENON 4 NEZ BLANC PROÉMINENT, Buff., Suppl., VII,
SIMIA NICTITANS, puis C. nicrirans de tous les auteurs métho-
diques, Hliger excepté, qui, croyant à tort cette espèce dénuée
de callosités ischiatiques, en faisait un Lasioryea.— Hocueur,
Audeb., Singes.
Caractéristique. Pelage d’un nor trés-tiqueté de jaune pâle olivä-
tre, sur les parties supérieures et latérales de la tête (y com-
pris les pommettes ) et du corps ; d’un gris noirâtre un peu
tiqueté inférieurement : le menton blanchâtre ; les membres
et la queue noirs.
nn
Les poils du devant de la tête et des joues s'allongent et se
relèvent un peu chez les individus complétement adultes.
Habitat. La Guinée.
Esr. 2. Le C. BLANC-NEZ, C. petaurista, ERxLES.
Sy. BLaxc-xez, Allamand, Additions à l'Hist. nat. de Buffon;
Buffon, Suppl, VII. —S.reraurisra, puis C. p£raurisra des
auteurs méthodiques. — BLANG-NEZ et ASCAGNE, S. PETAURISTA
et S. ascanius, Audeb.—C. PEraurisra et C. Ascanius, Latr.,
Singes. =
Car. Pelage supérieurement d'un vert plus ou moins lavé de
roux, et tiqueté de noir; parties inférieures d’un blanc qui
est très-pur sous la gorge et sous le menton; membres, en de-
hors, et queue, en dessus, d’un gris foncé, tiqueté d’oli-
vâtre ; le dedans des membres cendré; le dessous de la queue
blanc.
Les poils du dessus de la tète sont allongés et un peu re-
dressés chez les adultes.
Hab. La Guinée.
B. — Espèces à longs poils sur les parties latérales et inférieures de la face.
Esr. 3. Le C. À LONGUE BARBE, C. pogonias, BENNETT.
Syn. C. rocoxras, Bennett, Proceedings zoo. Soc. of London,
part. I, p. 67, ann. 1833 ; Lesson, Compl. de Buffon, deuxième
édit., et Species ; Ogilb., Monkeys.; Martin, Quadrum., fig.
Car. Une très-longue barbe d’un blanc jaunâtre, couvrant toutes
les parties latérales et inférieures de la bouche, et tombant
jusque sur le col. Pelage noirâtre , tiqueté de blanc, passant
au noir sur le milieu du dos, la croupe, le dessus et l'extrémité
de la queue ; front et face externe des cuisses, jaunâtre tiqueté
de noir ; parties inférieures du corps et de la queue, et face
externe des membres, jaune roussâtre.
Hab. Fernando-Po.
C. — Espèces à queue d’un roux vif.
Esr. 4. Le C. MOUSTAC, C. cephus, Erxz.
Syn. Mousrac, Buff., XIV.— Mousraoue money, Penn. — Sin.
cEpuus, puis C. ceraus des auteurs méthodiques.
Malgré le nom spécifique qu’il porte dans tous les ouvrages,
ce Singe n’est pas le Cephus des anciens.
Car. Tour de la bouche noir, avec du blanc immédiatement au-
dessus du noir; dessus de la tête d’un vert lavé de roussätre
et tiqueté de noir ; des poils allongés formant une tache jaune
assez étendue entre les yeux et les oreilles ; dessus du corps et
face externe des membres, d’un roux légèrement verdâtre, et
tiqueté de noir ; mains, noirâtres ; corps et dessous du corps,
blancs ; face externe des membres, cendrée, de même que la
région anale; queue, près de son origine, grise en dessous,
d’un brun roux tiqueté, en dessus : le reste d’un roux vif,
plus clair en dessous et vers l’extrémité.
La tache jaune des joues est d’un jaune doré chez les adul-
tes, d’un jaune verdâtre chez les jeunes.
Hab. La Guinée.
Esr. 5. Le C. A OREILLES ROUGES, C. erythrotis, Wavern.
Syn. S.rrxrnroris, Waterh., Proceed. zoo!. Soc. of London, VI,
58, ann. 1838 ; Mart.
Car. Pelage gris, les poils étant annelés de jaune et de noir ; joues
et gorge, blanches ; bras , noirâtres ; orerlles et région anale,
rousses ; queue d’un roux vif, avec sa ligne médiane supé-
rieure et son extrémité, noirâtres.
Hab. Fernado-Po.
D. — Espèces ayant la queue de couleur variable, mais terne, et sans bande
surcilière blanche ou blanchâtre.
Ese. 6. Le C. AUX LÈVRES BLANCHES, C. TS
Is. Grorr.
Syn. C. ragrarus, Is. Geoff., art. Cercopitheque déja cité, 1842,
et Mém. sur les Singes, dans les Arch. du Mus., t. VW.
= 07 =
Car. Pelage supérieurement long, bien fourni, d'un gris foncé,
très-tiqueté de jaune pâle, olivâtre ; une tache noire sur la
face, au-dessus de la commissure des lèvres ; /e reste du tour
de la bouche, blanc ; gorge et parties inférieures, d’un blanc
sale ; les quatre mains et la face interne des membres de de-
vant, noires ; tour de l'anus et dessous de la queue dans une
assez grande étendue, d’un fauve sale; dessus de la queue
dans la même portion , varié de roux et de noir ; le reste de
cet appendice, noir.
Hab. La côte occidentale d'Afrique. (?)
Esp. 7. C. CAMPBELL, C. Campbell, Watern.
Syn. C. Caurgezut, Waterh ; loc. cit., part. VI, p.61, ann. 1838;
Mart.
Car. Pelage très-long ; de longs poils sur les joues ; poils se par-
tageant et divergeant sur le milieu du dos; parties supé-
rieures, d'un gris olivâtre, les poils étant annelés de noir et
de jaune; parties postérieures du corps et cuisses, d’un gris
ardoisé , avec de très-petits anneaux ; parties inférieures du
corps et externes des membres, blancs ; queue variée, en des-
sus, de noir et de jaune sale, en dessous, de noir et de blanc
brunâtre ; les poils de l'extrémité, plus longs et noirs.
Hab. Sierra-Leone.
Esr. 8. Le C. MARTIN, C. Martini, WATERu.
Syn. C. Martins, Wat., tbid., p. 58; Mart.
Car. Poils assez longs; partiessupérieures, grisâtres, les poils étant
annelés de noir et de blanc jaunâtre ; dessus de la tête, bras et
queue, noirâtres ; poitrine, d’un blanc sale ; abdomen et face
externe des cuisses, brunätres ; des poils d’un brun rougeâtre
à la base de la queue. (Espèce encore imparfaitement connue.)
Hab, Fernando-Po.
.
Esr. 9. Le C. TEMMINCK, C. Temminchkü, Ocire.
Syn. C. Teuminoxtt, Og., Monk., déc. 1838.
Car. Pelage, süpérieurement, d'un cendré tiqueté de blanc, avec
— 0% —
les membres noirs, le menton et la poitrine d’un blanc pur, et
le ventre cendré : la couleur de la queue n’est pas connue.
Hab. La côte de Guinée.
Observation. Cette espèce doit être considérée comme très-dou-
teuse : elle ne repose que sur un individu du Musée de Leyde,
qui est en fort mauvais état , et n'a pu même être complétement
décrit.
Ese. 10. Le C. MONOIDE, C. monoides, Is. GEorr.
Syn. C. monoïdes, Is. Geoff. article Cercopithèque, 1842, et Mé-
moire sur les Singes, avec fig.
Car. Dessus de la tête et nuque, d’un vert olivâtre, uqueté
de noir; dessus du col, longs poils sur les joues, par-
es inférieures des flancs, d’un gris tiqueté; dos et parties
supérieures des flancs, d’un roux tiqueté, légèrement verdä-
tre; épaules, face externe des bras, avant-bras, les quatre
mains, une partie des cuisses et la plus grande partie de la
queue, d’un noir pur ; devant de la poitrine et gorge, blancs ;
oreilles garnies supérieurement, à la face interne, de poils
blancs, assez longs.
E. — Espèces ayant la queue de couleur variable, mais terne, et une bande
surcilière blanche ou blanchätre.
Esr. 11. Le C. MONE,, C. mona, Erxzes.
Syx. Mowe et moxa, Buff., Hist. nat., t. XIV, et Supplém., VIL.
— S. moxa, puis C. moxa des auteurs.
Mone, Mona, Monina, Mounina (d'où dérive vraisembla-
blement Monkey), est, d’après Buffon , le nom des Guenons
dans plusieurs langues méridionales.
Car. Pelage olivâtre sur la tête, olivâtre clair sur les joues ; une
tache noire allongée de la partie supérieure de lorbite à
l'oreille , et une ligne d’un blanc verdâtre sur le devant du
front ; dos, épaules, flancs, d’un roux tiqueté de noir ; croupe
noire, à l'exception de deux taches elliptiques, blanches, pla-
cées à droite et à gauche de l'origine de la queue ; mans et
900 —
face entière des membres, noires ; parties inférieures du corps
et internes des membres , d'un blanc pur, qui, sur ceux-ci,
tranche avec le noir de la région externe ; queue variée de
jaune et de noir, avec l'extrémité noire.
Il est à remarquer que les jeunes ont le dos roux olivâtre,
et que le gris plus ou moins foncé remplace le noir sur les
membres. Par ce dernier caractère, les jeunes se rapprochent
de l'espèce précédente : mais on les reconnaîtra immédiate-
ment par la lunule frontale, d'un blanc verdâtre, par les taches
blanchâtres de la région fessière , et mieux encore par le sys-
tème de coloration des membres, sur lesquels la couleur fon-
cée des parties externes tranche nettement avec le blanc des
parties internes.
Hab. La Guinée.
Esr. 12, Le C. ROLOWAY, C. Roloway, ErxLEs.
Syn. Pazarix ou Rozoway, Allam., Addiions à lHist. natur. de
Buffon; Buff., Supplém., VII. — S. Roroway, Schreb.; J.-B.
Fisch. —C. Rozoway, Erxl.; Zimmerm.; Less., Spec.
Car. Dos brun, trés-foncé, presque notr ; tête, flancs, cuisses ,
jambes, d’un gris obscur, les poils étant terminés par une
pointe blanchâtre; ligne sur le devant du front et barbe poin-
tue, blanches ; poitrine, ventre et face externe des cuisses, de
couleur blanche , tirant sur l'orangé (quand l’animal est vi-
vant ).
Hab, La Guinée.
Observation. Cette espèce a été confondue par presque tous les
auteurs avec l'espèce suivante, sous le nom de C. Diana, qui ap-
partient en propre à celle-ci. Ces auteurs se sont appuyés, pour
réunir le C. Roloway et le C. Diana, sur l'insufisance des carac-
tères différentiels signalés par ceux qui ont admis comme dis-
ünctes les deux espèces. Les deux principaux de ces caractères
sont Ja disposition de la lunule blanche frontale, et la barbe bi-
fide ; et il est incontestable que ces caractères sont absolument
= 97 —
sans valeur. Mais la couleur très-foncée et presque noire du dos
(marron ou roux vif chez la Diane) et la couleur blanche du ventre
(noir chez la Diane) distinguent bien le Roloway.
Esr. 13. Le C. DIANE, C. Diana, L.
Syn. Exquixa des habitants de quelques parties de la Guinée. —
Exquima, C. barbatus guineensis, Marcgr. —S. Diana, Lin.,
Mém. de © Acad. de Stockholm pour 1754, avec fig. C. Draw,
Erxleb.
Observation. Un grand nombre d'auteurs ont repris le nom de
$. ou C. Diana, mais en l’appliquant en même temps à cette es-
pèce et au C. Roloway. M. Fr. Cuvier l’a appliqué, au contraire,
au C. Diana et au C. leucampyx, dont la description va suivre.
Car. Parues latérales de la face, poils du menton, lesquels for-
ment une barbe pointue et assez longue, gorge, poitrine, partie
interne et antérieure de l'épaule et du bras, d’un blanc pur;
une ligne blanche, étroite, à la partie antérieure du front ;
milieu du dos, marron; ventre, noträtre; flancs, d’un gris
foncé, tiqueté de blanc ; la queue noire, ainsi que les mem-
bres, sauf le dedans de la cuisse, qui est roux ou roussâtre,
et une ligne longitudinale jaunâtre sur sa face entière.
Le Muséum d'histoire naturelle possède deux individus de
cette espèce : l’un, nouvellement acquis, à cuisses intérieure-
ment d’un roux vif (selon la description de Linné), et à ligne
jaune sur la cuisse. Chez l’autre individu, conservé depuis
fort longtemps , cette dernière ligne est faiblement indiquée,
et le dedans de la cuisse est jaune. Cette dernière différence
serait-elle un effet de la décoloration ?
Hab. La Guinée, le Congo, Fernando-Po.
Esp. 14. Le C. A DIADÈME, C. leucampyx, Mar.
Syn. Diane, var., Fr. Cuv., Mamm., 1824. — Sim. LEucamPyYx ,
J.-B. Fisch., 1829.—G. à prapème, C. diadematus, 1s. Geof.,
Zoo!. du Voyage de Bélanger, 1830-31;Less., Spec.—C. D1-
Lornos, Ogilb., Monk., 1838.—Dianem Monkey, C. LEUCAMPYX,
Mart., 1841.
= où —
On voit par cette synonymie que M. J.-B. Fischer le premier,
puis moi peu de temps après, nous avons déterminé comme une
espèce distincte la prétendue variété de la Diane décrite par M. Fr.
Cuvier. Le nom spécifique lucampyx (mème signification que
diadematus } doit ètre préféré comme ayant l'antériorité d’une
année.
Cer. Dessus du corps et joues, d’un gris olivâtre tiqueté de noir;
une tache en forme de croissant sur le front : cette tache est
blanche , ainsi que le dessous du menton (mais non toute la
gorge et la poitrine); queue non tiquetée de blanc; le reste,
notr.
Hab. La côte occidentale d'Afrique (région encore indéterminée).
Observation. Parmi les trois espèces que l’on avait confondues
sous le nom de Diane, on voit que la première a toutes les parties
inférieures blanches, tandis que cette couleur occupe seulement
la gorge et la poitrine chez la seconde, et le menton chez la troi-
sième : celle-ci, en outre, n’a point de barbe, et la lunule frontale
est beaucoup plus grande.
SECONDE SECTION.
Cercopithèques à museau plus allongé et a formes moins svelles.
Ces espèces ont le naturel plus pétulant et plus irascible que
celles de la première section, et se rapprochent davantage des Cer-
cocèbes (Mangabeys) et des Macaques.
F. — Espèces à pelage gris verdàtre ou vert.
On a désigné plusieurs de ces espèces sous le nom commun de
Singes verts.
Esr. 15. Le C. DELALANDE, C. Lalandii, Nos.
Syn. G. Naxe, de Lalande ; C. rusizus, de Lalande, Desmoul.,
Dict. class. d'hist. nat., arücle Guenon, 1825.—C. Laranxput,
Is. Geoff., article Cercopithèque, et Mém. sur les” Singes.
Est-ce le C. glaucus, Lichtenst., loc. cit.? (simple mention ,
sans description ; CE méme sans phrase caractéristique ).
= 00 =
Car. Une bande blanche au-devant du front. Pelage long, d'un
gris légèrement olivätre sur le dos et les flancs ; parties infé-
rieures du corps et externes des membres, blanchâtres ; la face,
le menton et les quatre mains, notrs ; queue grise, avec l'extré-
mité noire; l'anus entouré de poils ras, d'un roux vif. (Voyez
plus haut, p. 15, la description détaillée.)
Hab. L'Afrique australe, spécialement la forêt de l'Auteniquoi.
Observation. Le C. Lalandi est distinct de toutes les espèces
suivantes, en ce qu'il n’est véritablement pas vert, même sur le
dos et la tête, mais d'un gris à peine teinté de vertou d'olivâtre.
Ese. 16. Le C. VERVET, C. pygerythrus, Fr. Cuv.
Syn. Venver, S. rvérnyrera, Fr. Cuv., Mamm., 1831; Desmoul.,
J.-B. Fisch.—C. Pscenvraræus, Desmar., Suppl. a la Mamm.,
1822.—Jard.—C.rryraroryGA, G.Cuv., Rér. an., deuxième
édit. (nom que G. Cuvier attribue à tort à son frère).—C. »x-
ceRyraRus, Fr. Cuv., Mamm., deuxième édit.; Geoff. S.-H.,
Cours; Less.; Ogilb.; Mart. — CERCOCEBUS PYGERYTHRÆUS ,
Smith, loc. cit.
Car. Une bande blanche au devant du front. Pelage d’un vert
jaunâtre, tiqueté de noir sur la tête, le dos, les épaules, les
flancs et le dessus de la queue; gris sur la face externe des
membres. Parties inférieures du corps et de la queue et in-
ternes des membres, blanches ; la face, le menton, les quatre
mains dans leur totalité, le bout de la queue, noirs; tour de
l'anus, d'un roux vif.
Hab. L'Afrique, région encore indéterminée. (V. plus haut, p.13)
Observation. Très-distincte de la précédente par son pelage
vert jaunâtre et non gris, cette espèce l’est de toutes Les suivantes
par la coloration du tour de l'anus, des mains, et surtout du men-
ton; dernier caractère généralement omis d’après les descriptions
antérieures. Le scrotum est vert-de-gris.
La description que je viens de donner, d’après l'individu type
de l'espèce, est fort différente de celle des auteurs les plus récents.
Parmi ceux-ci, les uns ont attribué au C. pygerythrus la plupart
50 —
des caractères du C. Lalandu, qu'ils avaient seul observé, etqu'ils
croyaient être le C. pygerythrus ; les autres ont mélangé les traits
des deux espèces , décrivant le C. pygerrthrus en partie d'après
leurs propres observations, en partie d'après M. Fr. Cuvier.
Ese. 17. Le C. MALBROUCK, C. cynosurus, Grorr. S.-H.
Syn. Six. cyxosunus, Scopoli, Delic. floræ et faun.; Schreb..
3.-B. Fisch.—Mareroucx, Buff., XIV (9; Fr. Cuv., Mam-
malogie.—C. Marerour, Latr.—C. cyxosurus, Geoff. S.-H.,
Tableau des quadrumanes ; Desmar.; Less., Complément et
Spec. ; Mart.— Cercocebus cynosurus , Jard.— Cercoc. Mal-
brouck, Less., Man. (et non Geoff. S.-H.) — C. rérnrors,
Benn., Procecd. z00l. Soc. Lond., 1833, p. 109.—C. rauxus,
Ogilb., Monkeys.
La plupart des auteurs rapportent aussi à cette espèce, mais
sans motifs suffisants, le C. pargarus PRImuS, Clusius ; Sim.
Faunus, Lin.; C. raunus, Erxleb.
Car. Une bande blanche au devant du front (plus large, mais
moins nettement caractérisée que dans les espèces précédentes
et que dans la suivante). Pelage d’un vert très-jaunâtre , ti-
queté de noir sur la tête, le dos, les épaules et les flancs ; gris
sur la face externe des membres. Parties inférieures du corps,
y compris le menton, etinternes des membres, blanches ; la face
noirâtre, avec le tour des yeux livide; mains noires ou noirâ-
tres, avec l'extrémité des doigts plus claire; queue d’un gris noi-
râtre en dessus, blanchâtre en dessous; quelques poils roux
autour de l'anus, ne formant point une tache bien circonscrite.
Hab. L'Afrique occidentale.
Observation. Cette espèce a, comme on le voit par ce qui pré-
cède , le bandeau blanc plus large, le pelage plus jaune que le
C. pygerythrus, etelle a le menton blanc ; la face est, en outre, en-
tièrement colorée; enfin, dans les mâles, le scrotum est d’un bleu
lapis, et non vert-de-gris.
Quant à la différence de coloration du pourtour de l'anus, elle
n'existe pas telle que l'a dit M. Frédéric Cuvier. Selon lui, le Ver-
— SÉ—
vet, nommé pour cette raison même C. pygerythrus, aurait seul le
pourtour de l'anus et le dessous de la base de la queue, roux ;
non-seulement ce même caractère existe, et tout aussi manifeste,
chez le C. Lalandiï, mais j'ai constaté aussi, sur un grand nom-
bre de Malbroucks l'existence de poils roux à droite et à gauche
de l'anus, et souvent aussi sous l’origine de la queue. Tantôt ces
poils forment une tache distincte, mais beaucoup moins étendue
que dans les deux espèces précédentes ; tantôt ils se perdent sous
les poils blancs un peu plus longs des parties environnantes , et
il faut quelque attention pour les découvrir. Un seul Malbrouck
ne m'en a présenté aucune trace, et encore est-ce un individu en
mauvais état, et ayant perdu une partie des poils de la région
anale.
Ese. 18. Le C. GRIVET, C. griseo-viridis, Desmar.
Syn.'Tora des Abyssins, et ABEezLan des habitants du Sennaar (d’a-
près Ruppell). — Griver, Fr. Cuv., Mamm., 1819. —C. ert-
sEo-viRipIs, Desmar., Mamm., 1820; Jard.; Mart.—Crnco-
CEBUS GRISEO-VIRIDIS , Less., Man., Jard. — Srura sunviRipis ,
Desmoul., 1825; J.-B. Fisch.— C. criseus, Fr. Cuv., Mam-
mif., deuxième édit.; Less., Compl. et Spec.; Ogilb., Monk.
Observation. Il est très-douteux que l'on doive rapporter à cette
espèce le Sim. exGyruiria de Hermann, Obs. zoo!.
Car. Une bande blanche, étroite, au devant du front; sur les
joues, de longs poils blancs dirigés en arrière. Pelage d’un
vert jaunâtre tiqueté sur la tête, le dos, les épaules et les
flancs, d’un gris pur, tiqueté de blanc, sur la face externe des
membres ; parties inférieures du corps, y compris le menton,
et de la queue, et parties internes des membres, blanches; la
queue, en dessus, d’un gris qui devient de plus en plus foncé,
et passe au noir vers l'extrémité; la face noire, avec mains
noirâtres. Point de poils roux autour de l'anus.
Le mâle a le scrotum vert-de-gris.
Hab. L'Abyssinie, la Nubie, le Kordofan, le Sennaar, l'Egypte.
Observation. D'après la description sommaire qui précède, le
_ 32 —
C. griseo-viridis, quoique très-semblable aux deux espèces précé-
dentes par l’ensemble de sa coloration, se distingue, 1° du €. py-
gerythrus, en ce qu'il n’a ni le menton et les mains dans leur tota-
lité, noirs, ni la tache rousse de l'anus ; 2° du C. cynosurus, par
les longs poils de ses joues , par l'absence complète de poils roux
à l'anus, autour duquel sont, au contraire, des poils blancs assez
longs ; par la bande blanche frontale , plus étroite et plus nette ;
et par la couleur verte du scrotum. Ces caractères de coloration
sont sans doute de peu d'importance, et peuvent paraître insufli-
sants; mais ils concordent avec des différences très-marquées
dans la forme de la tête, plus ronde et à museau plus gros chez
le C. cynosurus, pyramidale et à museau plus fin chez le C. gri-
seo-viridis. Ce dernier est aussi généralement plus svelte 1.
L'existence de poils orangés autour du serotum n’est point un
caractère constant.
Cette espèce est l'une de celles qui ont été connues des anciens.
On la trouve figurée sur plusieurs monuments egypuens.
Esr. 19. Le C. CALLITRICHE, C. sabœus, Desmar.
Sy. Vulgairement SINGE VERT OU SINGE DE SAINT JACQurES.—CaL-
Lirrioue, Buft., XIV.—S. saræa, Lin.; Schreb.; J.-B. Fisch.
—C. saræa, Erxleb., Latr.—Crncocreus sagæus, Geoff. S.-H.,
Tabl. des quadr.; Less., Man.; Jard.—C. sarxus, Desmar.,
et tous les auteurs modernes.
Car. Bande blanche, peu distincte, au devant du front: face
entièrement noire. Pelage d’un vert doré, passant au gris
sur la face externe des membres et une partie de la queue ;
celle-ci terminée par un flocon de poils jaunes. Parties inférieu-
res, blanches.
Le pelage plus vert de cette espèce , et la coloration de sa
1 On voit qu'il «est nécessaire de recourir, pour la distinction des C. cyno-
surus et griseo-viridis, et généralement de toutes les espèces de ce groupe, à
des caractères presque toujours négligés par les anciens auteurs; aussi la syno-
nymie offre-t-elle ici les plus grandes difficultés, et reste-t-elle fort obscure et
douteuse, quelque soin que l'on porte dans l'interprétation des auteurs.
queue , rendent sa distinction très-facile : c'est d'ailleurs le
plus commun de Cercopithèques.
Observation. Le mâle a le scrotum vert, entouré de poils tantôt
blancs’, tantôt jaunâtres où orangés ( mais non constamment
orangés ).
Hab. Le Sénégal et les îles du Cap-Vert.
Esr. 20. Le C. TANTALE, C. Tantalus, Ocixs.
Syn. C. Tanrazos, Ogilb., Proceed. Soc. 2001. of London, ann.
1841, p. 33.
Car. Une bande surcilière blanche. Pelage d’un vert olivâtre en
dessus, cendré sur la face externe des membres ; queue brune,
terminée par des poils jaunes ; face noirâtre, avec le tour des
yeux livide (espèce imparfaitement connue).
Esp. 21. Le C. ROUX-VERT, C. rufo-viridis, Is. Georr.
Syn. C. ruro-viripis, Îs. Geoff., article Cercopitheèque, et Més.
sur les Singes, avec fig.
Car. Une bande surcilière blanche, dont la couleur contraste avec
celle de la face, qui est entièrement noire. Pelage d’un vert oli-
vâtre sur la tête, d’un roux vert sur le corps, et d’un roux pur,
à peine tiqueté de noir, sur les flancs, depuis les membres
autérieurs jusqu'aux postérieurs. Les épaules et les cuisses ,
d'un gris verdâtre ; le reste de la face externe des membres,
gris ; les mains antérieures, d'un noir tiqueté ; les postérieu-
res, grisâtres. Les parties inférieures du corps et internes des
membres, blanches ; la queue d'un gris foncé en dessus, et
d’un gris blanchâtre en dessous.
Hab. L'Afrique occidentale (7).
G. — Espèces à pelage roux.
Esp. 22. Le C. PATAS, C. ruber, Georr. S.-H.
Syn. Vulgairement SINGE ROUGE. — PaTas À BANDEAU NOIR et P. 4
BANDEAU BLANC, Buff., XIV.—S. nugra, Lin., Gm.—S. ruras
ZooLoctr. 3
.,
et S. RurFa, Schreb. — C. nurra , Erxleb. — C. raras, Latr.
— C. rurrA, Geolff. S.-H.; et tous les auteurs modernes.
Car. Pelage roux en dessus, blanc en dessous , d’un fauve gri-
sâtre sur la partie inférieure des membres. Nez norr.
Hab. Le Sénégal.
Esr. 23. Le C. À DOS ROUGE, C. pyrrhonotus, Exe. et Eur.
Syn. Nisnas des Ethiopiens. — C. ryrrnonorus, Ehrenb.; Fer-
hand. Gesellsch. naturs. Freunde, t. 1, p: 183,1829: Hemprich
et Ehrenb., Symb. phys., 1830.
Car. Pelage roux en dessus, blanc en dessous et sur la partie in-
terne des membres, partie postérieure du dos et dessus de la
queue, d’un roux plus foncé que le reste du pelage; nez blanc.
Hab. La Nubie.
Observation. Cette espèce se distingue aussi de la précédente
par la couleur des épaules et de la face externe des bras, qui sont
roux comme le corps (et non gris ou d’un fauve grisâtre). L'une
et l’autre ont d’ailleurs, à l’état adulte, exactement la même taille;
l'assertion contraire n’a été émise que parce qu'on avait comparé
le C. pyrrhonotus parfaitement adulte à des Patas encore jeunes ?.
1 Bien que j'aie cru devoir admettre dans ce Synopsis quelques espèces en-
core fort imparfaitement connues, et même une qui reste douteuse, le C. Tem-
minckii, je laisse entièrement en dehors du cadre de ce travail une espèce dont
l'existence est parfaitement authentique, mais dont les rapports d’aflinité et la
place naturelle sont encore tout-à-fait indéterminés; je veux parler du Semno-
pithecus albogularis de M. Sykes ( Proceed. Zool. Soc. of Lond. 1850-51),
reporté depuis par cet auteur lui-même et par MM. Ogilby et Martin dans le
genre Cercopithecus, près des C. Cynosurus et C. griseo-viridis, et considéré
aussi par quelques zoologistes comme faisant le passage des Semnopithèques
aux Cercopithèques. N'ayant jamais eu occasion d'observer cette espèce, ne la
connaissant que par les descriptions des auteurs et par quelques renseignements
dus à M. Gervais, je ne puis présentement que rappeler les diverses opinions
émises à l'égard du Semn. ou C. albogularis, sans me prononcer à leur
égard.
SECONDE PARTIE”.
SUR LES SINGES AMÉRICAINS COMPOSANT LES GENRES CALLITHRICHE,
SAIMIRI er NYCTIPITI IEQ UE.
De même que les Singes de l’Ancien-Monde, ceux
de l'Amérique se divisent en deux tribus entre les-
quelles les genres et les espèces se répartissent fort
inégalement?. L'une, celle des HAPALIENS, ne com-
prend qu'un seul genre, Hapale Williger, dont les
espèces si remarquables par l'élégance de leurs formes,
par la petitesse de leur taille et par la beauté de leur pe-
lage, sont fréquemment apportées vivantes en Europe,
et dont la connaissance est dès à présent assez avancée.
A l’autre tribu, au contraire, celle des CÉBIENS,
se rapportent tous les Singes que mon père, dans son
Tableau des Quadrumanes , a compris sous les noms
d'Hélopithèques et de Géopithèques ; en d’autres
termes, les Cebus et une partie des Callithrix d'Erx-
leben : groupes qui sont aujourd’hui, le premier sur-
: Cette seconde parte à été présentée et en partie ue à l'Aca-
démie des sciences, dans sa séance du 29 mai 1843.
? Les deux tribus des Singes de l’Ancien-Monde, selon la clas-
sification que j'ai exposée dans mon mémoire déjà cité sur les
Singes, sont celle des Prriécrexs, comprenant les trois genres
Troglodytes, Pithecus et Hylobates ; et celle des Cyvoririierexs,
dans laquelle se trouvent réunis tous les autres Singes africains e!
asiatiques.
ee
tout, subdivisés en un assez grand nombre de
uenres.
Parmi ces genres, 1l en est quelques-uns que l’on
peut considérer comme déjà connus d’une manière
assez satisfaisante. Tels sont, par exemple, Les Atèles
de mon père el mes Ériodes , quoique ce dernier
groupe ne soit établi que depuis peu d'années. L'étude
de plusieurs autres genres, au contraire, loin qu'ils
aient été le sujet de travaux plus ou moins nombreux,
est entièrement à reprendre. Pour les uns, il est
vrai, tels que le genre Hurleur et surtout le genre
Sapajou, nous sommes très-riches en matériaux ;
mais la difliculié du sujet est extrême; et, pour ma
part, les études que j'ai faites sur ces Singes, m'ont
conduit presque toujours, non à résoudre les difi-
cultés que j'avais d'abord apercues , mais tout au con-
traire à apercevoir, par une étude plus attentive,
des difficultés qui n'avaient d'abord échappé. A lé-
sard d’autres genres, tels que les Callitriches et les
Nyctipithèques, les diflicultés paraissent moindres ;
mais les matériaux sont rares el parfois manquent
entièrement.
C'est de ces derniers genres, c'est, en général, des
Géopithèques de mon père que je vais nr'occuper dans
ce travail', afin de mettre à profit pour la science
1 En laissant toutefois de côté le genre Saki, Pothecia, qui n'a
que des rapports assez éloignés avec les autres genres.
J'ai traite ailleurs avec détail des Hélopithèques de mon père.
Voyez Remarques sur les caractéres généraux des Sinses améri-
cains, el description du nouveau genre Eriode, dans les Mém. du
me per
— eh
divers matériaux que les envois de divers VOyageurs ,
mes propres recherches et parfois le hasard n'ont
procurés depuis quelques années, et qui ont tri-
plé le nombre des individus dont j'avais pu disposer
jusqu'alors.
S 1. Sur le genre Callithrix d'Errleben et des
auteurs qui l'ont suivr.
On sait que Buffon divisait les Singes en cinq
groupes; trois appartenant à l’Ancien-Monde, les
Singes proprements dits, sans queue, les Zabouins à
queue courte, les Guenons à queue longue; deux
autres appartenant au Nouveau-Monde, les Sapajous,
à queue prenante , les Sagoins à queue non prenante.
Cette classification de Buffon, fort remarquable pour
l'époque où elle fut proposée, est devenue le point
de départ de tous les travaux ultérieurs sur la classi-
fication des Singes. Erxleben, en particulier, qui a
été cité souvent comme l’un des fondateurs de cette
partie de la méthode zoologique, n'a fut, dans son
Systema regni animalis', qu'adopter purement et
simplement les cinq groupes de Buffon, en substi-
tuant aux noms de Buffon, fort difficiles à introduire
Mus.,t. XVIT, 1829; Description de deux espèces nouvelles de
Singes à queue prenante, ibid. ; et article Sapajous ou Hélopi-
thèques du Dict. class. d’hist. nat., t. XN, p. 129-151. M. Lesson
m'a fait l'honneur de réimprimer en entier ce dernier travail dans
son Cosrplément de Buffon, t. AV, p. 159-225.
1 Lipsiæ, 1777.
ne
dans la nomenclature latine, les noms suivants : Sr-
mia, Papio, Cercopithecus, Cebus et Callithrix.
Les caractères qu'assigne Erxleben à ses Callithrix,
en d’autres termes, aux Sagoins de Buffon, sont au
nombre de sept. Il ne sera pas imutile de les rappeler
ici, et de présenter sur eux quelques courtes re-
marques.
Les deux premiers, tirés du nombre et de la dis-
position des incisives et des canines, et de même,
le quatrième qui consiste dans l'existence de deux
mamelles pectorales, bien loin d’appartenir en pro-
pre aux €Callithrix, sont communs à tous les sin-
ges. Ce sont donc, non de véritables caractères gé-
nériques, mais, au contraire. des caractères de
famille. Si Erxleben les a compris dans la caractéris-
üque du genre, c'est parce que cet auteur , fidèle au
plan qu'il s'était tracé, et dans lequel il n’a heureuse
ment trouvé que peu d’imitateurs, divise immédiate-
ment la classe en genres; d'où résulte pour lui la
nécessité de comprendre dans la caractéristique de
chacun de ceux-ci, avec les véritables traits génériques,
les divers caractères ordinaux et sub-ordinaux.
Le troisième des caractères d’Erxleben, est l’exis-
tence de mains aux quatre extrémités : manus in
palmus plantisque. Ce caractère n’a pas plus que les
précédents de valeur générique : il est, aussi bien
qu'eux , Commun à tous les Singes (du moins si l’on
adopte la définition que Jai donnée de la main), et
: J'appelle main, toute extrémité poureue de doigts allongés ,
méme aussi à tous les autres Primates. C’est donc un
caractère très-général, un caractère d'ordre.
Les deux derniers caractères qu'Erxleben attribue
à son genre Calliührix sont l'absence des callosités
ischiatiques (rates tectæ) et le défaut d’abajoues. Or,
ces mêmes caractères se retrouvent chez les Cebus,
et ne peuvent encore fournir les éléments d’une dis-
Hincuon générique.
Il reste donc pour séparer les Callithrix, soit du
profondément divisés, très-mobiles, tres-flexibles, et par conséquent
susceptibles de saïsir entre eux et la paume les objets placés à leur
portée. Si ces objets sont légers et non fixes, l'animal peut les atti-
rer vers lui, par exemple, les porter à sa bouche, ou les mouvoir
dans toute autre direction ; s'ils sont lourds ou fixes, il peut s’ac-
crocher à eux, et s’en servir pour se mouvoir lui-même.
La définition que je viens de rappeler est très-différente de
celles que l’on trouve dans tous les traités de zoologie. On y lit,
en effet, que la main est constituée par la faculté d'opposer le
pouce aux autres doigts pour saisir les plus petites choses ( défini-
tion de Cuvier); phrase dans laquelle je vois bien plutôt la des-
cription sommaire d’une main parfaite que la définition de la
main en général. J'ai montré ailleurs (dans mon Mémoire sur les
Singes) que, par l'adoption de la définition ordinaire, on se
place dans la nécessité, ou de briser, en raison de quelques carac-
tères secondaires , l'unité de groupes véritablement naturels, ou
de placer illogiquement parmi les caractères généraux des Pri-
mates des caractères que tous les Primates ne présentent pas.
Entre ces deux inconvénients, également graves, Cuvier et pres-
que tous les auteurs ont accepté de préférence le premier ; et c’est
ainsi qu'après avoir donné de la main une définition qui n’est
applicable qu'a un tiers environ des Singes, ils n'hésitent pas à les
comprendre dans un ordre expressément caractérisé par l'exis-
tence de mains aux quatre extrémités, et nommé, pour cette raison
même, Quadrumanes.
D
reste de la famille des Singes, soit plus spécialement ,
des autres Singes américains , un seul caractère : la
queue prenante (prehensilis) chez les Cebus, n’est
pas prenante chez les Callithrix. Et lon voit que cet
unique caractère est purement négatif, et, par consé-
quent ne saurait être , fût-il parfaitement exact, d’une
grande valeur pour l'expression des rapports na-
turels.
Aussi, ne doit-on pas s'étonner que le genre Calli-
thrix renferme des espèces appartenant à deux types
génériques assez différents pour qu'aujourd'hui nous
soyons obligés de les répartir entre deux tribus
distinctes.
Sur les six espèces qu'Erxleben comprend sous le
nom générique de Callithrix, une, C. pithecta, est le
type du genre Saki, Pithecia, appartenant à la tribu
des Cébiens; et toutes les autres font partie du genre
Ouisütü, Hapale, qui compose à lui seul la tribu des
Hapaliens.
En réunissant dans le même genre des espèces que
sépare, en réalité, un assez grand intervalle, Erxle-
ben à d’ailleurs eu le mérite d'éviter une faute dans
laquelle sont tombés la plupart des zoologistes venus
après lui. Tous ses Callithrix ont bien la queue lache
el non prenante : la caractéristique cauda elongata
non prehensilis est exacte et applicable, sans excep-
Uon, à toutes les espèces qu’elle comprend , si diffé-
rentes qu'elles soient d’ailleurs par leur système den-
taire, la conformation de leurs doigts et de leurs
onoles.
EN" E
Les classificateurs qui ont succédé à Erxleben, ont,
au contraire, souvent réuni dans un même groupe ,
soit sous le nom de Sagoins, soit sous celui de Géopi-
thèques ; ils ont caractérisé en commun par lexis-
tence d’une queue longue, mais lâche et non prenante,
d'une part, des espèces chez lesquelles ce caractère
existe en effet rigoureusement, telles que les Sakis et
les Ouistius, ou les Callithrix d'Erxleben; et d’une
autre part, des espèces, telles que le Simia sciurea
des auteurs où Saïmiri de Buffon, et le Cebus Moloch
de Hoffmansegg, chez lesquelles la queue est /rble-
ment prenante. Et ce qu'il importe de remarquer, c’est
que ce sont ces dernières espèces placées, non sans rai-
son, par Erxleben à la fin des Cebus, qui se trouvent
comprises sous Le nom de Callithrix par les auteurs du
dix-neuvième siècle; par exemple, par mon père,
dont la classification, publiée sous le ütre de Tableau
des Quadrumanes \, à été très-généralement suivie ;
par M. de Humboldt dans son Tableau des Singes de
l'Amérique * ; par G. Cuvier dans la première édition
du Règne animal; par Desmarest dans la Mammalo-
gie de l'Encyclopédie; par M. Lesson dans son
Complément de Buffon, et par une foule d’autres.
Voici donc, par suite d’une véritable transposition
LLoceir.
? Inséré dans le Recueil d'observations de zoologie, p. 357.—Le
ütre de ce volume porte la date de 1811; mais le Tableau des Singes
placé à la fin du volume est évidemment postérieur d’une année
au moins à 1811, puisque l’illustre voyageur y cite le travail de
mon père publié en 1812 dans les Annales du Muséum.
2.49 =
du nom de Callithrix, deux sens fort différents
attribués à ce mot. Les Callithrix d'Erxieben sont tous,
pour les auteurs modernes, où des Pithecia, où des
Hapale ; etréciproquement , tous les Callithrix de
ceux-ci, ceux du moins qui étaient connus d'Erxleben,
étaient pour lui, non des Callithrix , mais des Cebus.
Pour achever de débrouiller cette synonymie gé -
nérique, il faut remarquer que, dès 1811, une troi-
sième acception était donnée au mot Callithrir. Pour
lliger, les Cebus de M. de Humboldt, de mon père
et des auteurs Contemporains, étaient réunis au Saï-
miri sous le nom de Callithrix, singulièrement éloi-
gné, comme on le voit, de sa signification première.
Enfin, la détermination que j'ai faite du Saïmiri de
Buffon, comme type d’un genre distinct, vient mo-
difier d’une autre manière encore, et cette fois par
restricüon, le sens du mot Callithrix, appartenant
dès-lors en propre au Cebus Moloch de Hoffmann-
segg (Callithrix Moloch, Geoff. S.-H. et Humb.),
au Call. personatus de mon père, et aux autres espè-
ces liées avec celles-ci par des rapports véritablement
intimes.
En résumant tout ce qui précède, on voit que le
genre Callithrix , tel qu'il doit être déterminé d’a-
près les travaux les plus récents, correspond :
1° À une parte du genre Cebus d'Erxleben, et nul-
lement à ses Callithrix ;
2° Au genre Callührix d'Higer, moins le Simia ca-
pucina et les autres Sapajous, d’une part, et de l’autre,
VS
moins le S. sczurea, devenu le type du genre
Saïnuris * ;
3° Au genre Callithrix de mon père et des auteurs
modernes, moins le $. sciurea.
IL est à remarquer que bien que le nom de Calli-
thrix n'ait point été appliqué d’abord aux espèces qui
le portent aujourd’hui, il leur convient parfaitement,
en raison de leur pelage long, touffu, abondant, et
parfois remarquable par la beauté de ses couleurs.
$ I.—EÆEtat de la science en ce qui concerne les
genres Saïmiri et Nyctipithèque.
M. Cuvier, dans la seconde édition du Règne ani-
mal”?, sans ériger les Saïmiris en un genre nettement
déterminé, en a fait, parmi les Sapajous, une peute
section que l’auteur, non-seulement distingue bien des
Callitriches, mais qu'il en sépare même par l’interca-
lation, d’ailleurs fort contraire aux rapports naturels,
du genre Saki ou Pithecia.
Il ne sera pas inutile de citer ici textuellement le
court passage dans lequel est nmdiquée cette première
distinction :
€ Dans les Saimiris, dit Cuvier, la queue est dé-
‘Illiger ne connaissait, et par conséquent il ne mentionne au-
cun des véritables Callithrix décrits par Hoffmansegg, par mon
père, etc.; mais toutes ces espèces ne rentrent pas moins dans le
genre Calliüthrix d'Iiger, d’après la définition qu'il en donne.
VD. 109:
or
«_ primée et cesse presque d’être prenante; la tête est
«_très-plate !; 11 y a à la cloison interorbitaire du
« squelette un espace membraneux. Nous n'en con-
«_naissons qu'un, le Saïmiri (Srmia sciurea) Buif. »
Suit une courte deseripuüon du pelage du Saïriri de
Buffon.
Dans la traduction qu'il a donnée du Regne animal,
M. Voigt *, en reproduisant le passage qui vient d’être
cité, lui a fait subir une modification qui, toute lé-
sère qu'elle est, mérite d'être mentionnée. 1j a placé le
nom de Saïinuri en Utre, avant le passage qui vient
d'être cité; et par-là, indiqué plus nettement la sépa-
ration des Saïmiris en un groupe distinct *.
C'est en n''appuyant sur diverses observations de
mon père *, que je considérai à mon tour les Saïmiris
1 Ce caractère n'est pas exact. L’aplatissement de la tête forme,
au contraire, l’un des caractères distincufs des vrais Callitriches
par rapport aux Saïmiris.
? Thicrreirh. Leipzig, 1831.
5 C’est ce qui explique comment M. Lesson , dans son Species
des Mammiferes bimanes et quadrumanes, p.155, a cité M. Voigt,
et non G. Cuvier, comme ayant le premier séparé les Saïmiris
des Callitriches.
% Voyez son Cours de l'histoire naturelle des Mammiféres, 1829,
p- 12 et suiv.— Voici ce que mon père dit du crâne du Saïmiri ;
le passage est un peu long, mais il est bon de le citer ici en entier :
«Dire en termes généraux que le crâne du Saïmiri con-
tient, toutes proportions observées, le cerveau le plus volumi-
neux, ne suflit pas à l'expression de ma pensée... Dans le jeune
sujet que voici, la boîte cérébrale forme un sphéroïde de 18 lignes
en longueur (0°,040), de 16 (0,036) dans la plus grande largeur,
et de 15 (0,034) en hauteur verticale. Je mesure de plus tout le
crâne sur sa base, que je trouve de 27 lignes (environ 0,060). Si
— 45 —
dans mes cours sur les Mammifères ‘, comme devant
constituer, non une simple section, mais un genre,
qui se distingue surtout * par l'énorme volume du cer-
veau; caractère fqu'avaient omis, malgré sa haute im-
portance, G. Cuvier et son traducteur M. Voigt.
J'ai fait voir en même temps que le genre Sai-
nuris*, ne se compose pas seulement d’une espèce,
de cette quantité 27 (0,060) vous soustrayez la longueur trouvée
du sphéroïde entier, ou le chiffre 18 (0,040), vous avez 9 (0,020),
ou le tiers, pour la profondeur palatine de la face.
« Reprenons par parties la longueur de la base, afin de con-
naître quelle est à son égard la position du trou occipital. Or,
voici ce que donnent nos mesures :
m.
Longueur en avant du trou occipital. . . . . . . . . 14 lig. (0,051)
MONCUCUNMEN ALICE Re RE - . - 9. (0,020)
Diamètre du trou occipital. . . . . . . . . . . . . . 4 (0,009)
Mot ne 27 (0,060)
« Les mêmes mesures prises sur un crâne humain donnent à
peu près les mêmes proportions. »
1 Voyez l'analyse que M. Gervais a publiée de mes lecons de
1835 sous ce tre : Résumé des Leçons de mammalogie professées
au Muséum par M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Paris, in-8. Voyez
aussi l'Érho du monde savant.
? Voici comment M. Gervais en indique, d’après moi, les carac-
tères (p. 19) : Poils ras; oreilles plus petites et plus courtes que
chez les Callitriches ; et surtout développement très-considérable
de l'encéphale, qui, proportion gardée, est peut-être plus volu-
mineux que celui de Fhomme. Les yeux sont extrêmement rap-
prochés , et la paroi interne des orbites est incomplète. Le trou
occipital estsitué au milieu de la base du crâne, disposition re-
marquable, et qui ne se trouve pas à un degré aussi élevé chez
toutes les races humaines.
Et non Saëmiri, comme on l'a imprimé par erreur. J'ai adopté
Saëmiris, à exemple des mots Zndris, Loris, etc.
_ 46 —
comme on l'avait toujours dit, mais de trois, L'une
de celles-ci venait d'être découverte par M. d'Or-
bieny, qui l’a figurée depuis. Une autre avait été rap-
portée plus anciennement par mon père, qui se l'était
procurée dans un voyage en Portugal.
Le groupe des Saïmiris a été admis, mais seulement
comme une simple section assez peu distincte, dans
l'Ostéograplhie” de M. de Blainville. Ce célèbre zoolo-
eiste décrit les Saïmiris comme de petites espèces de
Sapajous, à queue extrêmement velue et à peine pre-
nante, à tête longue et comme étirée, et offrant une
particularité remarquable; l’état incomplet de la cloi-
son interorbitaire, par absence de ce qu’on nomme
l'os planum dans l'anatomie de l’homme, ou le peu
de développement des masses latérales de l'ethmoïde.
L'auteur fait aussi remarquer que toute la tête est
comme bulbeuse par la grande minceur des os et l’état
lisse de toutes ses parties. Quant au reste du squelette,
il n'offre pas, dit M. de Blainville, de différences un
peu importantes : c’est à tort que Daubenton avait cru
à l'existence de trois vertèbres lombaires seulement;
il en existe sept, le nombre des vertèbres dorsales
était de treize.
En 15/0, M. Lesson, dans son Species des Mam-
mufères bimanes et quadrumanes *, et de même,
en 1542, dans son Tableau du Règne Animal, a
* Fasc. IT, p. 17. 1839.
"Loc.'crr.
A7 —
admis le groupe des Saïmiris, toutefois en le con-
sidérant comme un simple sous —genre parmi les
Sagoins (Saguinus de Lacépède) : sous-genre pour le-
quel l’auteur propose le nouveau nom de Pithesciu-
reus, et dans lequel il n'admet qu’une seule espèce,
le Saïmiri écureuil, Pithesciureus Saïmirr.
M. Pouchet, dans sa Zoologie classique, en 1841, à
aussi admis le genre Saïmiri, mais sans lui donner de
nom latin. Comme les auteurs précédents, il n'indique
qu'une seule espèce.
On voit que, parmi les auteurs eux-mêmes qui ont
cessé de confondre les Saïnuris avec les Callitriches,
il existe encore une très-grande discordance, soit re-
lativement à la valeur de ses caractères, soit quant au
nom qu'il convient de lui appliquer.
La science est un peu plus avancée à l'égard du
genre Nycüpithèque, dont il me reste à dire ici quel-
ques mots. On est au moins d'accord sur ses caractères,
et sur la nécessité de séparer les Nyctipithèques en un
groupe distinet. La nomenclature seule varie selon les
auteurs, et encore n’existe-t-1l à son égard que de très-
légères difficultés.
Ce genre a pour type un Singe découvert à Cassi-
quiare par M. de Humboldt, décrit par lui sous le nom
de Simia trivirgata, ei érigé, dès 1811, sous le nom
d’Aôte, en un genre qui est aujourd'hui généralement
admis. Par qui ce genre a-t-il été créé ?
Par une circonstance singulière, les auteurs eux-
mêmes qui ort accompli ce progrès, loin de le reven-
diquer pour eux-mêmes, l’attribuent à d’autres. Le
— AG —
genre Aôte, selon M. de Humboldt", appartient à mon
père et à Iliger; et au contraire, selon mon père * et
selon Iliger *, il appartient à M. de Humboldt.
Le fait est que ces trois auteurs ont contribué à l’é-
tablir. M. de Humboldt a seulement indiqué, dans son
Mémoire sur les Singes de l’'Orénoque *, une nouvelle
famille de Singes, que l'on pourrait, dit-11, désigner
par le nom d’AGtes (xwro:). Quelques mois plus tard,
!liger a introduit dans le système le nouveau genre
sous le nom d’Æotus. Enfin, en 1812, mon père en
a recüfié les caractères sur un point important.
M. de Humboldt, dans sa description, avait dit les
oreilles externes presque nulles (auriculæ fere nullæ),
et de là le nom d’Aôte; Illiger, substituant à une in-
dication inexacte une expression erronée, avait dit
auriculæ nullæ; mais mon père, en cela suivi par
M. de Humboldt dans son Tableau des Singes de
l'Amérique”, s'est tenu dans les limites de la vérité en
disant seulement les oreilles très-petites.
Le nom d'Æotus, d'abord adopté par plusieurs
zoologistes °, est depuis plusieurs années entièrement
abadonné. Deux noms nouveaux , successivement
proposés, l’un, Vycäpithecus, en 1823, l'autre Noc-
1 Loc. cit, p. 357 et 358,
? Tableau des Quadrumanes, loc. cit.
PA
4 Loc. cit., p. 306. 1811.
# Publié à la fin du volume où se trouve le travail plus baut
clé.
6 Desmarest, Mammalogie , 1820; Latreille, Familles naturelles
du règne animal, 1825; et Jardine, Monkeys, 1833.
Ad
chora, en 1824, se partagent les auteurs modernes.
Spix * est l’auteur du premier de ces noms. Il a dé-
crit sous les noms de Nycüpithecus felinus et N. vo-
ciferans, deux Singes dans lesquels, trompé par la ca-
ractéristique erronée d’Illiger, 1 n'a point reconnu
des Æotus. Aujourd'hui, il n’est pas douteux que le
prétendu nouveau genre de Spix ne soil, sous un au-
tre nom, le même que l’Æotus. M. de Humboldt nous
‘fait connaître? que mon père, dans un travail par lui
communiqué à lillustre voyageur, avait donné au
Sakis ce même nom générique Wycuipitheque. Mais
mon père n'ayant jamais publié ce nom, Spix a pu
sans inconvénient le transporter aux Æotus. Mon père
en a lui-même jugé ainsi, puisque dans son Cours sur
l'histoire naturelle des Mammiferes, 11 a admis la sub-
sütution du nom de Nyctipithecus au nom d’A4otus.
C'est M. Frédéric Cuvier qui a introduit dans la
science le nom de Nocthore, Mocthora*. Ayant eu
occasion dobserver à la ménagerie du Muséum un
Aotus vivant, el ayant constaté chez lui l'existence
des conques auditives qu'il croyait n'avoir encore été
signalées par personne, ce célèbre zoologiste a cru
devoir rejeter comme erroné, et comme propre à in-
duire en erreur, le nom d’Æotus, et il a proposé le
mot nouveau Vocthora.
En appliquant les règles de nomenclature que j'ai
Simiarum et Vespertilionum Species novæ, gx. in-fol. Munich,
1823.
2 Locsjeit., p.306 et 311.
3 Hist. nat. des Mammifères de la ménagerte, août 1824.
ZLooro&is. 4
— 50 —
cru devoir adopter et suivre invariablement depuis
quelques années", le choix à faire entre les noms pro-
posés pour le Sëmia trivirgata et ses congénères, est
exempt de toute difficulté. Le nom d’Zotus, d’une
part, comme exprimant un faux caractère , de l’au-
tre, comme tombé en désuétude, doit être écarté”.
intre les deux autres noms, Nycupithecus et Noc-
1 Voy., à la fin du mémoire déjà cité sur les Singes, les notes If,
II, IV et VIT.
Parmi ces règles, dont la stricte observation pourra seule ban-
nir de la nomenclature l'arbitraire qui y règne si déplorablement
aujourd’hui, je citerai, en les exprimant de la manière la plus
concise , celles qui sont relatives au choix des noms en général,
à cause des applications que j'ai à en faire ici, et celles qui se
présenteront par la suite presqu’à chaque page.
1. Rejeter les noms absurdes par eux-mémes, ou contradictoires
avec les faits ou les idées qu'ils sont destinés & exprimer; cax ils sont
proscrits par la logique comme causes probables d'erreur.
IL. Rejeter les noms déja employés dans une autre acception : Va
logique les proscrit également comme causes probables de con-
fusion.
HT. Considérer comme non avenus (toutefois en les citant en
synonymie) {es noms tombés en désuétude. En eflet, ces noms n’ont
réellement plus d'existence dans la science, et leur rétablissement
entraînerait tous les mêmes inconvénients que la création de mots
nouveaux.
IV. Sauf ces trois éxceptions, entre plusieurs noms proposés,
préférer invariablement le plus anciennement publié. La justice et
le respect envers les travaux antérieurs ne commandent pas seuls
cette préférence : la logique la réclame aussi. On doit choisir le
nom qui est le plus ancien, et non celui qui paraît le meilleur :
car, sauf des cas fort rares et exceptionnels, la date d'un nom est
un fait incontestable et incontesté; sa valeur peut être diverse-
ment interprétée, selon les temps, les lieux et les doctrines.
2 Règles Let III.
= —
thora, le premier doit être préféré, en raison de son
antériorité !.
$ HI. — Des caracteres et des mœurs des Nyctipi-
thèques.
Avant d'aborder l'étude comparative des caractères
des Callitriches, des Saïnuris et des Nyctipithèques, il
m'a "paru utile d’écarter, à l'avance, quelques diflicul-
tés terminologiques qui auraient pu se présenter, el
notamment de fixer la nomenclature oénérique dont
je devrai me servir. Dans une science où la nomen-
clature est si complexe et si immense, il importe de
ne pas ajouter les difficultés des mots aux difficultés
des choses.
C’est aussi afin de mettre plus de précision dans
l'exposition des caractères et plus de clarté dans tout
ce travail, que je place ici, en première ligne, le genre
Nycüpithecus, celui de tous dont la détermination
laisse le moins à désirer.
Son principal caractère, d’où dérivent les habitudes
essentiellement nocturnes des Nyctipithèques, et que
leur nom rappelle mdirectement, c’est l'énorme dé-
veloppement des globes oculaires. Les Nyctipithe-
ques, comme l'ont très-justement remarqué MM. de
Humboldt et Fréderic Cuvier, sont les Loris où mieux
encore, les Cheirogales du Nouveau Monde *.
1 Règle IV.
? Cest, du reste à- fait à tor ‘un zoologiste anglais :
SL , este, tout-a-fait & tort qu'un 700 ogiste anglais à
Re
Les yeux, qui de nuit, dit M. de Humboldt, res-
semblent à des yeux de hibou, ont, d'après les obser-
vations de M. Frédéric Cuvier, les pupilles rondes.
Les orbites, séparées par une cloison extrêmement
mince et transparente même, surtout en arrière, 77@1$
complète, sont d'une étendue considérable ‘, ainsi
qu'on en jugera par les mesures suivantes, prises chez
un Nyctipithèque et, comme termes de comparaison,
chez un Sapajou et chez l'Homme.
: NYCGTIPITHÈQUE. SAïMmI. SAJOU. Home.
Diamètre antéro-postérieur : ; - h
de la tête osseuse. . . . 0,061 0,065 0,092 0,190
Diamètre transversal au ni-
veau des trous auditifs. . 0,031 0,034 0,051 0,150
Distance entre les parois ex-
ternes des deux orbites. . 0,040 0,031 0,043 0,094
Diamètre inféro - supérieur
de l'orbite (hauteur). . : 0,019 0,015 0,022 0,032
Diamètre transversal (lar-
geur). . . + + + + 0,019 0,01/Â 0,019 0,037
Diamètre antéro-postérieur
(profondeur). . . . . 0,022 0,020 0,025 0,045
Moyenne des trois diamè-
tres orbitaires. . + . . 0,020 0,016 0,022 0,038
Rapport de cette moyenne
au diamètre antéro-posté-
f
rieur de la tête. . . . A DES EE RS LE SR
La simple comparaison de ces chiffres fait voir que
chez le Nycüpithèque, si inférieur par les dimensions
récemment proposé de placer les Nyctüipithèques parmi les Lému-
ridés.
1 Voyez la planche.
ne
générales au Sajou, les orbites ont cependant, à trois
millimètres près, la même profondeur et la même
hauteur, et, exactement, la même largeur ‘. Aussi Ja
plus grande largeur du crâne des Nyctipithèques est-
elle donnée par le diamètre transversal pris au niveau
des orbites, tandis que chez le Sajou, le crâne est
beaucoup plus large en arrière que la face ne l’est en
avant dans la région orbitaire. Les différences que l’on
trouve en comparant le crâne du Nyctipithèque à celui
de l'Homme et à celui du Saïmiri, sont analogues, mais,
à légard de l'Homme, bien plus prononcées encore.
Afin de mettre ces différences dans tout leur jour,
on peut substituer à la comparaison des divers diamè-
tres des orbites chez l'Homme, le Sajou et le Nycti-
pithèque, celle des surfaces des ouvertures de ces
mêmes orbites, ou plus exactement des sections des
cavités orbitaires au niveau de leurs ouvertures. Je
mettrai, pour chaque espèce, en regard de ces surfaces
de la section orbitaire, celle du grand trou occipital.
Nycririr. SaimMini. SAJOU. AouuE.
Surface de la section orbitaire. 2718 c454mm.c.976mm.c.s 6 /igmm.e.
Surface du grand trou occipital. 55 53 91 877
! Le crâne que j'ai pris pour type est celui d’un Vyctipithecus
Jelinus.
J'ai sous les yeux le crâne d’un autre Nyctipithèque, N. lemu-
rinus, chez lequel les orbites sont plus étendues encore que chez
le précédent, et d’une largeur absolue plus grande que chez le
Sajou. J'ai fait figurer ce crâne fort remarquable ( voy. l’atlas);
mais comme il est incomplet en arrière, j'ai préféré donner les
mesures d’après un crâne de N. felinus, qui est en parfait état de
conservation.
_ 54 —
D'où l’on voit qu'en prenant pour unité la surface
du grand trou occipital, la surface de la section orbi-
taire serait exprimée par les nombres suivants, savoir :
Pour le Nyctipithèque. - 4000 à: 06,11
Pourle Sao, sue EN 5; 09
Pour le Samir: Le SN 1,89
Pour l'Homme. . . + . . . 4 . . 4,24
Les énormes orbites que je viens de décrire, oc-
cupent presque toute l'étendue de la face. Il n'existe
qu’une très-pelite distance entre le bord inférieur de
l'orbite et l'arcade alvéolaire, et le museau est droit,
court et un peu rentrant, de sorte que la ligne faciale
qui est concave chez le Sajou, et que nous verrons
être sensiblement droite chez les Callitriches, et sur-
tout chez les Saïmiris, est ici plus où moins régulière-
ment convexe. La tête, portée sur un col court et gros,
est donc dans son ensemble très-arrondie. Ce sont ces
caractères qui ont fait dire à M. de Blainville ! que la
téte entotalité rappelle un peu celle des Felis; etecomme
la physionomie extérieure résulte nécessairement de
la conformation interne, cette analogie avec les Felis a
frappé tous ceux qui ont vu des Nyctipithèques vi-
vants *; par exemple, M. de Humboldt qui compare
leur tête à celle du Chat-tigre, et Spix qui donne à
1 Loc. cit., p. 20.
? On donne méme en quelques lieux, d'après M. de Humboldt,
au N. trivirgatus le nom de Tüi-tigre (Singe-tigre). Toutefois ,
M. de Humbotdt dit que c'est en raison de la ressemblance qui
existe entre Le cri du N. srivirgatus et celui du Jaguar.
__5S —
l’une de ces espèces Le nom de Nycapithecus félinus.
Les narimes, de forme ovalaire, sont en partie la-
térales et en partie inférieures, la cloison internasale
ayant peu de largeur. Elles n’offrent donc pas com-
plètement la disposition qui a fait désigner si souvent
l’ensemble des Singes américains sous le nom de Pla-
tyrrhimus.
Bien que la tête soit, comme on l’a vu, beaucoup
moins large en arrière qu’en avant, le cerveau est vo-
lumineux. Le crâne est, il est vrai, déprimé et très-
peu convexe supérieurement; mais la boite cérébrale
est large et elle à de l'étendue en longueur, le trou
occipital, qui est circulaire, occupant à peu près le
milieu de l’espace compris entre locciput et les con-
dyles de la machoire inférieure.
Celle-ci a ses branches montantes assez étroites su-
périeurement, mais très-dilatées inférieurement; forme
qui semble devoir être liée à un développement assez
marqué de l'appareil hyoïdien et du larynx.
Les dents offrent la même conformation que chez
les Sajous, remarque déjà faite par M. Fréd. Cuvier.
Toutefois les canines ne paraissent jamais prendre le
même accroissement que chez ceux-e1.
Les formes générales semblent lourdes chez l’ani-
mal vivant, en raison de son pelage très-long, très-
abondant, très-touffu. Mais elles sont en réalité très-
légères et très-sveltes, et, sous ce rapport encore, Pani-
mal rappelle les Loris. Comme chez ceux-ci, la région
lombaire , en particulier, est remarquablement aïlon-
gée ; elle se compose de huit vertèbres, nombre plus
196 —
considérable à ma connaissance, du moins , que chez
aucun autre Singe.
Les membres antérieurs sont de hauteur moyenne,
les postérieurs beaucoup plus developpés, ainsi qu'on
en jugera par les mesures suivantes.
mm LLER EL
Fémur. . : . o,o90 Humérus. . . . 0,070
Tibia. . . . . 0,088 Radius. . . . 0,062
Main postérieure. 0,082 Main antérieure. 0,055
La queue, qui forme à peu près la moitié de la lon-
gueur totale, est très-velue et non prenante. Aussi les
vertèbres caudales , très-allongées et très-crêles, res-
semblent-elles beaucoup à celles des Ouistitis.
Les doigts que l'animal tient presque toujours demi-
fléchis, surtont aux membres de devant, sont assez
longs. Les pouces antérieurs sont à peine opposables,
et leurs ongles sont seulement un peu plus larges que
ceux des autres doigts : ceux-ci sont repliés sur eux-
mêmes , el conformés en gouttères ; ceux des pouces
antérieurs sans être précisément en gouttière, sont
de même très-convexes : ceux des pouces postérieurs
7
sont au contraire très-aplatis.
Enfin, pour achever de faire connaître les carac-
tères génériques des Nyctipithèques, je dois mention-
ner leur petite taille, très-inférieure à celle des Sajous,
et à peu près la même que celle des Saïmiris.
Ces remarques ne sont sans doute pas suffisantes
pour faire nettement approuver les caractères des
Nycüupithèques; mais ils seront bientôt comparés aux
caractères des Saimiris et à ceux des Callitriches. On
2 MS
trouvera, en outre, les uns et les autres reproduits
sous une forme concise et méthodique dans le Synopsis
placé à la fin de ce travail.
Quant aux mœurs des Nyctipithèques, il me suflira,
en renvoyant aux ouvrages de MM. de Humboldt,
Spix et Frédéric Cuvier, de rappeler ici les faits prin-
cipaux déjà signalés par ces auteurs.
Le plus important de tous, est relatifaux habitudes
nocturnes de ces animaux. J'ai vu, ainsi que M. Fré-
déric Cuvier, le Nyctipithèque de la ménagerie, dormir
presque constamment le jour, la tête repliée sur la
poitrine : habitude qui a valu au NW. trivirgatus, sur
les bords de l'Orénoque, le nom de Mono dornulon
ou Singe dormeur. M. de Humboldt a vu un indi-
vidu qu'il a possédé pendant plus de cinq mois, s’en-
dormir assez régulièrement à neuf heures du matin,
parfois dès l'aube du jour, et ne se réveiller qu'à sept
heures du soir. La lumière, dit M. de Humboldt, l’in-
commodait beaucoup, et c’est aussi ce qu’aflirme Spix,
des Nyctipithèques du Brésil. Oculr igner, dit-l, lucem
perhorrescentes. C'est donc un fait parfaitement avéré
que la vie nocturne des Nyctipithèques, aussi actifs du-
rant la nuit, aussi ëmpétueux même, selon l’expression
de M. de Humboldt, que le sont le jour presque tous
les autres Singes, et aussi endormis le jour que ceux-
ci le sont lanuit. Il y aici, commeonle voit, un accord
parfait entre le trait le plus caratéristique de lorgani-
sation du genre N yctipithèque, l'énorme volume de ses
yeux, et le fait le plus remarquable de ses habitudes.
Ce sont ordinairement des creux ou trous d'arbres
— DB —
qu'il choisit pour gite. L'habitation sur les arbres
résultant en quelque sorte comme conséquence néces-
saire des conditions de Porganisation du Singe en gé-
néral, et Phabitation dans les trous ou cavités obscu-
res se liant avec les habitudes nocturnes, on eût pu
déduire 4 priori ce fait qui est d’aulleurs attesté par
M. de Humboldt. Au défaut de trous les Nyctipithè-
ques se logent parfois entre les grosses branches des
arbres.
Ils sont à peu près omnivores, ainsi que le sont la
plupart des petites espèces soit de Singes, soit de Lé-
muridés. Is vivent en grande partie de fruits, saisis-
sent avidement et adroitement les insectes, et chassent
parfois aux petits oiseaux. En captivité ils se mon-
trent avides de friandises, et notamment de sucreries.
M. de Humboldt assure que les Nyctipithèques ne
vivent pas en troupes comme les autres Singes, mais
deux à deux dans une véritable monogamie. M. Spix
nous représente au contraire les N yclipithèques comme
vivant en troupes.
Enfin un dernier fait avec lequel se lie manifeste-
ment la conformation remarquable de la machoire in
{érieure , signalée plus haut, c'est la force de la voix
des Nyctipithèques : leur eri nocturne, dit M. de Hum-
boldt, d’une force vraiment extraordinaire, ressem-—
ble à celui du Jaguar, d’où les noms de Mono-tigre
et de Titi-tigre que l'on donne au W. trivirgatus dans
les missions de l'Orénoque !
L'animal, d'après M. de Humboldt, a deux autres cris :
à 59 2
Spix est beaucoup moins explicite à cet égard que
M. de Humboldt; mais le nom spécifique F’ocrferans,
qu'il a donné à l’une de ces espèces, ne peut guère
laisser de doute qu'il n'ait fait des observations ana-
logues à celles de son illustre devancier.
S IV. — Des Nycupithèques décrits par les auteurs.
Avant de faire connaître les caractères de l'espèce
nouvelle pour laquelle je propose le nom de NW, lemu-
rinus, j'analyserai le diverses descriptions données
par les auteurs, et je chercherai à en faire ressortir
les traits et les caractères propres des sujets de ces des-
cripuons.
La marche que je vais suivre, n'est prescrite par
l'extrême difficulté du sujet; difficulté qui est telle que
je ne saurais encore espérer, dans l'état présent de la
science, d'arriver à des résultats complétement satis-
faisants.
A. — Miriquouina d’Azara.
Azara est Le premier qui ait, sinon indiqué, au moins
décrit, un Nyctipithèque. C'est incontestablement une
espèce de ce genre qu'il décrit sous le nom de Miri-
quouina *, et non le Saki de Buffon ou une espèce
une espèce de miaulement, et un son guttural très-désagréable
qu'il fait entendre lorsqu'il est irrité.
UT, p. 243 de la traduction francaise de Moreau de Saint-
Méry.
— 60 —
voisine, ou encore bien moins le Marikina, comme l'ont
cru Azara et tant d’autres après lui, Dans cette supposi-
tion, tant de différences se présentent entre les carac-
tères réels et la description de Buffon, qu’Azara est
obligé de relever successivement chaque trait de celle-
ci, et qu'il accuse Buffon d’avoir décrit de mémoire et
donné une planche arbitrairement faite.
Les traits caractéristiques, malheureusement un peu
insuflisants, que l’on peut extraire de la description
d’Azara, sont les suivants :
Cloison internasale peu large; caractère qui suflirait seul pour
prouver que le Miriquouina appartient au genre Nyctipithèque,
et non au groupe des Sakis, si remarquables par l'extrême écar-
tement et la forme très-allongée de leurs narines !.
Longueur totale d'environ 87 centimètres, dont 38 pour la dis-
tance du bout du museau à l’origine de la queue, et 49 pour la
longueur de celle-ci.
Parties inférieures, y compris le dessous de la tête, face interne
des membres antérieurs jusqu'aux coudes, et des postérieurs jus-
qu'aux genoux, d’une couleur cannelle qui, en dedans des fesses,
est plus rougeñtre. Parties supérieures, d’une couleur mélangée
que l'auteur ne détermine pas, mais qui est évidemment grisâtre,
les poils ayant la pointe blanche, puis une portion noire, puis
upe autre portion blanchâtre.
Joues et menton, blanchâtres ; au-dessus de chaque œil, une
tache de même couleur, peu prononcée, finissant supérieurement
en pointe; milieu du front et face, de couleur foncée.
Un passage de la description pourrait toutefois faire penser le
contraire. « L'oreille, dit le traducteur, est très-large ; dans son
point le plus élevé, elle n'égale pas la hauteur de la tête. » 1 faut
entendre que le haut de l'oreille, qui est large mais courte, n'at-
teint pas le niveau de la face supérieure du crâne.
= OC —
Poils de la queue, noirs à la pointe, et le reste de couleur tabac
d'Espagne faible , le noir occupant une portion d'autant plus
grande du poil, et se prononcant d'autant plus qu’on approche
davantage de extrémité de la queue. Les poils de la base de la
queue ayant de 2 à 3 centimètres de long; ceux de son extré-
mité, de 4 à 5.
Tel est le résumé de la description que donne
Azara de cette espèce, découverte par lui dans la
province du Choco, sur la rive occidentale du Pa-
raguay.
Presque tous les auteurs, à lexemple de mon
père", en font un Saki sous le nom de Pithecia Miri-
quouina. M. de Humboldt, dans son Tableau des
Singes de l'Amérique, lui a donné la même place
dans le système, mais sous le nom de S$ëmia Azarc.
Y ;
M. Lesson, au contraire, ayant reconnu en lui un
1 2
véritable Nyctüipithèque, l’a reporté dans le genre où
il doit rester.
B.— Douroucouli, Simia trivirgata de M. de Humboldt.
Voici le résumé de la description donnée par l’au-
teur de ce Singe , habitant, dit M. de Humboldt, les
forêts épaisses du Cassiquiare , près du village indien
de l’Esmeralda, et les environs des cataractes de May-
puras, entre le deuxième et le cinquième degré de
latitude boréale.
. Longueur totale d'environ 74 centimètres, dont 26 environ
1 Tableau des Quadrumanes.
__ 62 —
pour la distance du museau à l'anus , et 48 pour la longueur de
la queue.
Gorge, poitrine, ventre et parües internes des extrémités, d’un
jaune orange qui üre sur le brun ; parties supérieures , d'un gris
mêlé de blanc, et comme argenté; les poils de cette partie, très-
doux. Une ligne brune, longitudinale, sur le dos, depuis l'occi-
put jusqu'à la queue ; une tache blanche au-dessus de chaque
œil ; trois raies noirâtres, parallèles, sur la tête, et surtout sur le
front. Visage couvert de poils noirâtres ; nez pareillement noir,
mais avec une ligne blanche, longitudinale, sur le milieu.
Queue touffue , de même couleur que le dos, à l'exception de
son extrémité, qui est noire.
Le Singe de nuit de Buffon est le seul Singe avec
lequel M. de Humboldt ait comparé le Douroucoul,
et il n'a point eu de peine à prouver qu'il en diffère
spécifiquement. Diffère-t1l aussi du Miriquouina?
Il est impossible de rien aflirmer à cet égard, puisque
nous n'avons, comme éléments d’une comparaison
en elle-même fort difficile, que deux descriptions
concises, et dont l’une est fort peu exacte. Cependant
la diversité spécifique de l’un et de l'autre me semble
devoir être admise comme très-vraisemblable.
1° La coloration si caractéristique de la face et de
la partie antérieure de la tête, chez le S. trivrrgata,
ne se retrouve pas chez le Miviquouina. On à quelque-
fois donté, il est vrai, que la figure de M. Humboldi
qui représente trois raies étroites ou lignes noires
parallèles, soit parfaitement exacte. Mais le texte est
aussi explicite que possible ; les trois raies frontales ,
que lillustre voyageur rappelle, comme le trait le
plus caractéristique de l'espèce, par le nom de S.
— 65 —
trivirgata , sont tellement remarquables, même pour
les personnes étrangères à l'histoire naturelle, qu'elles
ont fourni l'un des noms vulgaires. Les missionnaires
de l’Orénoque appellent le Douroucouli Cara rayada,
c'est-à-dire face rayée.
2 Le S. trivirgata a encore quelques autres carac-
tères distincufs dans la raie blanche médio-nasale
décrite par M. de Humboldt, dans la coloration de sa
queue, et dans sa taille inférieure à célle du Mi-
riquouina.
3° Enfin, il importe de remarquer que ces deux
Singes viennent de régions que sépare une immense
distance. C’est entre le second et le cinquième degré
de latitude boréale que M. de Humboldt a découvert le
Douroucouli; Azara avait trouvé le Miriquouina vers
le treizième degré de latitude australe.
C. — Singe de nuit à face de chat, Nyctipithecus felinus de Spix.
Voici la caractéristique que donne SpixX pour
ce Singe trouvé par lui au Para.
Sub-barbata, mystace ad latera male disiicho ; corpore toto vil-
A, 60
loso-lanuginoso, supra olivaceo-cineraceo, subis pallidé ochraceo ;
caudd corpore multo longiore , supra radium cinerascente, subtus et
versus latera üsque ad medium rufescente, reliqua nigra; fascia ni-
gra utrinqué é malis verticem versus clongala, alia nigra frontis
tntermedia cum lateralibus confluente ; maculis duabus supra oculos
Ù l
albicantibus.
Les dimersions assignées à cette espèce par Spix sont, pour le
O ;
corps et la tête, environ 16 pouces allemands, ou, en réduisant en
à. F] j
mesures métriques, 0,376; pour la queue, 14 pouces, ou 0,340.
GA —
Comme le fait observer Spix, ce Singe diffère du Dourou-
couli par la non existence de la ligne blanche médio-nasale et par
la moindre longueur de la queue. Ce dernier caractère distingue
de mème le N. felinus du Miriquouina.
L'auteur fait seul remarquer que les poils du dessus du corps,
d'un cendré foncé superficiellement, sont roux et noirs dans leur
première portion.
La queue est presque toute noire, sa base étant seule d'un roux
grisâtre en dessus, et ferrugineuse en dessous.
Enfin, parmi les caractères distinctifs de cette espèce, il importe
d'insister sur la coloration de la tête. Il existe sur le milieu du
front une tache noire, et sur chacun des côtés de la face et du
front une ligne noire dirigée de la joue vers le haut de la tête.
Cette tache et ces deux lignes correspondent évidemment aux trois
raies qui ont fait nommer le Douroucouli S. trivtrgata; mais ici
ce n'est pas une simple raie qui existe sur la ligne médiane, c'est
une tache étendue. Spix se borne, il est vrai, à dire, dans sa carac-
téristique, qu'elle est confluente avec les raies latérales ; et les deux
descriptions qu'il donne, lune en francais, l’autre en latin, ne
sont pas non plus suflisamment explicites. Mais la figure que Spix
donne de son N. felinus, toute mauvaise qu’elle est, ne laisse au-
cun doute qu'il s'agisse ici, non d'une simple raie, mais d’une
tache étendue.
D. — Babillard brun, Nycripithecus voriferans de Spix.
Celui-ci, qui vient des forêts de Talatinga, au Bré-
sil, près des frontières de ce vaste empire du côté du
Pérou, peut, selon Spix, être amsi caractérisé :
Imberbis, corpore toto villoso-lanuginoso ; capite rufescenti-brun-
neo ; strus tenuibus è malis versus occiput ascendentibus, nigro-
brunnets ; maculà ad frontis apicem nigricante, brevi, haud con-
fluente; ali& utrinque supra oculum flavicante; caudä corpore vix
—
longiore , ad radicem usque ad parte tertiam ferruginea ; digritis
palme plantæque pedis longioribus.
Cette espèce , selon Spix , aurait à peu près les mêmes propor-
tions que le N. felinus : elle différerait done notablement, sous
ce point de vue, du Miriquouina, et aussi, quoique M. Gray la
considère comme identique avec celui-ci 1, du $. trivirgatus. Elle
est représentée comme ayant les oreilles plus courtes que le
N. felinus, dont elle diffère aussi par la couleur de la queue, d’un
roux ferrugineux dans la première moitié, noir dans la seconde.
Enfin, ce qui n’a lieu chez aucun des Nyctipithèques précédents ,
le corps est entièrement d'un brun qui, seulement, pälit sous le
ventre. Supérieurement les poils sont noirs à la racine, puis va-
riés de roux et de noir.
Les joues, les lèvres et le menton sont blancs ; une tache tri-
angulaire, jaunâtre, estau-dessus de chaque œil; une autre, semi-
circulaire et brunûtre, est en dehors de ce même organe. Le front
présente, au milieu, une petite tache d’un noir brunâtre, et, de
chaque côté , une bande étroite, presque filiforme.
E. — Douroucouli de M. Frédéric Cuvier.
Dans un Nycüpithèque qui a vécu à la ménagerie
en 1824, M. Frédéric Cuvier a cru retrouver le Dou-
roucoulr de M. de Humboldt, que personne n'avait
encore revu depuis cet illustre voyageur. Aucune
difiiculté ne s'élève en ce qui concerne la détermina-
tion générique; mais il n’en est pas de même de la
détermination spécifique.
4
. PES - -.N +
Le Douroucouli de M. Frédéric Cuvier est bien, comme le
Douroucouli de M. de Humboldt, d’un cendré argenté supérieu-
1 Ann. of nat. history de Jardine, décembre 18/2.
[Sa
ZooLocie
__ @6 —
rement,'et d'un jaune assez vif inférieurement ; mais il existe aussi
plusieurs différences notables :
1° La queue ne fait guère chez le premier que la moitié de la
longueur totale.
9° Il n'existe point de ligne foncée médio-dorsale.
30 Il existe bien trois taches noires sur le devant de la tête,
mais les latérales peuvent seules étre dites des raies, la tache cen-
trale, qui est d’une assez grande étendue , étant aussi large que
longue.
4 Le nez est entièrement noir, et les côtés de la face sont, ainsi
que le menton et une tache au-dessus de chaque œil, d’un rous-
sâtre brun clair.
5° La queue, loin d’être de même couleur que le dos, est d’un
roux ferrugineux, qui peu à peu passe au noir, le tiers terminal
environ étant de cette dernière couleur.
En présence de toutes ces différences, il y avait
au moins lieu d'examiner si le Singe décrit par M. Fré-
déric Cuvier est bien le véritable Douroucouli de M. de
Humboldt.
L'origine de l'individu de M. Fr. Cuvier, venu vivant
par la voie du commerce, est restée inconnue ; mais le
même Nyctipithèque a été envoyé de Moxos au Mu-
séum d'histoire naturelle par M. d'Orbigny, en sorte
que sa patrie est aujourd'hui déterminée. Le Dourou-
couli de M. de Humboldt vient, comme on l’a vu,
d’une région fort différente.
En comparant de même le Douroucouli de M. Fr.
Cuvier aux autres Nycüpithèques décrits, on trouve :
qu'it se rapproche beaucoup du Miriquouina par son
mode de coloration, mais qu'il a des proportions no-
tablement différentes. L'inverse a lieu à égard du
— 67 —
N. vociferans de Spix, assez semblable par es pro
portions, mais assez différent par la couleur.
Quant au NW. felinus, au contraire, la comparaison
très-minutieuse que j'ai faite entre les descriptions et
la figure de Spix, d’une part, et, de Pautre, l'individu
lui-même qu'a décrit et figuré M. Fr, Cuvier, ma
pleinement convaincu de leuridentité spécifique. Voici
quelques-unes des bases de cette détermination :
1° La coloration caractéristique de la face est la même. Il existe,
en effet , chez l'individu de M. Frédéric Cuvier, une tache noire
médio-frontale, assez étendue , noire, ayant la forme d’un tri-:
angle dont la base serait en arrière. A droite, de chaque côté de
cette tache noire, au-dessus de l'œil, est une tache jaunâtre clair;
plus en dehors, une ligne noirâtre, commencant sur la joue, re-
montant vers le haut de la tête, et venant se terminer à l'angie
postérieur de la tache médio-frontale.
L'individu envoyé de Moxos par M. d'Orbigny diffère seule-
ment en ce que les taches super-oculaires sont d’un blane sale,
un peu jaunâtre, et non d’un jaunâtre clair, différence qui est
absolument insignifiante.
2° Le pelage,'chez l'individu de la ménagerie, est d'un cendré
presque pur, un peu argenté sur les parties latérales du dos, d’un
cendré olivâtre sur le milieu. L'individu de Moxos offre de même
ces deux couleurs, mais la première seulement sur les épaules
et la face externe des membres, et la seconde sur toutes les par-
ties supérieures, sauf le devant de la tête. L'individu de Spix
ressemblait plus sous ce point de vue à ce dernier qu’à l'individu
de M. Frédéric Cuvier, peut-être parce que celui-ci était mort en
cage après une assez longue captivité.
3° Cette explication rend également compte, et ici je puis être
beaucoup plus aflirmatif, d'une différence existant entre la colo-
ration de la queue chez l'individu de Spix et chez celui de M. Fr.
Cuvier. Chez le premier, sauf quelques poils gris à la base, la
— 68 —
queue est rousse dans sa première moitié, noire dans le reste ;
chez le second, le roux passe un peu moins promptement au noir:
le dernier tiers environ est seul tout-à-fait de cette dernière cou-
leur ; mais il existe aussi, dans la partie qui précède, des poils
noirs, seulement en plus petit nombre. Le mauvais état du pelage
de la queue explique cette légère différence ; et je retrouve d'ail-
leurs, dans l'individu de M. d’Orbigny, tous les traits de la des-
cription de Spix.
4° Quant à la couleur des parties inférieures, la description de
Spix est également applicable de tout point aux deux individus
que j'ai sous les yeux.
Ces analogies, et d’autres encore, relatives, soit à di-
vers détails de coloration, soit à l'étendue des oreilles,
me mettent en droit de conclure que le Douroucouli
de M. Frédéric Cuvier n’est point le véritable Dourou-
coul, N. érivirgatus, mais le N. felinus de Spix.
C’est par conséquent aussi à celle espèce qu'il faut
rapporter les résultats des diverses observations faites
par plusieurs zoologistes francais sur le squelette du
prétendu Douroucouli de M. Fréd. Cuvier.
F. -— Résumé.
En admettant provisoirement comme espèces dis-
tinctes, ceux des Nyctipithèques, jusqu'a présent
décrits, dont l'identité spccifique ne peut pas être dé-
montrée, ce genre comprendrait donc présentement :
1° Une espèce, de l'est du Brésil, que distinguerait
surtout la non-coloration en fauve ou cannelle des par-
ties inferieures, le V. vocrferans de Spix.
2 Le N. trivirgatus, des bords de l'Orénoque,
que caractérisent, d’après l'illustre auteur qui Pa décrit,
le pelage d'un cendré argenté supérieurement, la
queue beaucoup plus longue que le corps, une ligne
blanche médio-nasale, et surtout trois raies foncées
sur la partie antérieure de la tête, enfin des oreilles
très-courtes *.
Cette espèce de Singe, aussi bien que la précédente,
ne m'est connue que par une description et une figure.
3° Le NW. félinus, du Para et de Moxos, à queue
rousse et noire, seulement un peu plus longue que le
corps, et à tache médio-frontale noire, assez étendue,
à peu près aussi large que longue.
Cette espèce m'est connue, outre la description et la
figure de Spix, par la peau et le squelette d’un imdi-
vidu, décrit par M. Fréd. Cuvier et par plusieurs
auteurs sous le nom de Vocthora, Simia où Nyctipi-
thecus trivirgatus, et par la peau d’un autre individu
envoyé de Moxos par M. d'Orbigny.
4° Le Wiriquouina, du sud du Paraguay, quiaurait
le pelage du W. felinus, mais auquel Azara attribue une
taille plus considérable et une queue plus longue.
Ce dernier, connu seulement par une description
incomplète, et non encore figuré, est une de ces espè-
ces vaguement indiquées, que l’on ne peut introduire,
1 C’est sans doute à tort qu’on a contesté ce caractère, dont
l'expression toutefois semble avoir été un peu exagérée par M. de
Humboldt. On verra plus bas que les oreilles sont, dans une par-
tie des Nyctipithèques, notablement plus courtes que M. Fréd.
Cuvier ne les à trouvées chez son Douroucouli, c’est-à-dire chez
le N. felinus.
= ft
même avec doute, dans le système, et qui doivent être
mentionnées hors rang, en attendant de nouveaux
éléments de détermination.
SV.— Descripuon d'une nouvelle espèce de Nyctpr-
theque , N. lemurinus.
J'établis cette espèce sur l'examen des peaux et des
cränes de plusieurs individus des deux sexes et de diffé-
rents âges, que le Muséum d'histoire naturelle a récem-
ment recus de Santa-Ffé de Bogota par diverses voies.
Le nom spécifique de Lemurinus que je donne à
cette espèce, est destiné à rappeler, non-seulement
les analogies générales qui existent entre les Nyctipi-
thèques et divers genres de la famille des Lémuriens,
mais aussi et surtout les caractères particuliers du pe-
lage chez le N. lemurinus. C'est le même poil, long,
touffu, laineux, qui existe chez les Lemur, et c’est
même aussi, quant aux parties supérieures la couleur la
plus fréquente dans ce genre, notamment dans les plus
communes de ses espèces. Ajoutons que c’est aussi
la même tendance à la production de variétés indivi-
duelles qui, sans apporter aucune modification im-
portante à la distribution des couleurs, changent du
moins d’une manière assez prononcée la nuance de
celles-cr.
Dans le plus grand nombre des individus, les parties
supérieures sont d'un cendré plus où moins lavé de
roux et légèrement tiqueté. Cette couleur cendrée se
=
montre plus pure sur les parties latérales du corps,
plus rousse tout-à-fait en dessus.
Les poils de cette région, longs de 5 à 4 centimètres,
ont tous leur bout noirâtre, puis une portion assez
étendue cendré-roussatre, et la pointe annelée de fauve
ou de roussatre et de noir.
La couleur cendrée des flanes s'étend sans changer
très-sensiblement de nuance, sur les côtés du col et
sur la face externe des épaules, des bras et des cuisses.
Le dessus de la tête est d’un cendré plus ou moins
lavé de roussâtre. En avant, au milieu du front, il
existe une petite tache noire ou noirâtre, placée entre
deux taches blanchàtres, plus étendues qu’elle. Le
dessous des yeux et le menton sont blancs, le nez
étant au contraire couvert de poils ras très-foncés.
Le dessous du corps et la face interne des bras et
des cuisses sont d’un jaune orangé ou roussâtre, plus
vif sous le ventre, un peu moins sous la poitrine
et en dedans des membres. Le dessous du col est seu-
lement d’un cendré pale roussatre.
Les membres sont cendrés en dehors jusqu'aux
mains; ils sont, en dedans, de la couleur de la poitrine
ou du ventre , jusqu'aux coudes ou aux genoux, puis
cendrés. Les mains sont couvertes de poils ras cen-
drés, fauves et noirs.
La queue près de sa base est, en dessous, rousse; en
dessus, d’un cendré plus où moins roussâtre qui se
confond avec la couleur du dessus du corps. Le reste
de la queue, couverte en dessus et en dessous de longs
poils à base jaunâtre et à extrémité noire, paraît tantôt
_ 79 —
d'un noir pur, tantôt d’un noir mêlé de jaune, selon
qu'on apercoit ou non la portion jaune des poils sous
la noire.
Sous la base de la queue, au milieu de la partie
rousse, des poils noirs où noirâtres, rendus secs,
roides et comme agelutinés par la présence d’une ma-
üière grasse dont ils sont fortement imprégnés, et
formant dans leur ensemble une tache étroite et allon-
gée, attestent la présence dans cette partie d’une
glande assez développée. J'ai trouvé cette disposition
chez tous les individus adultes soit mâles, soit femelles.
L’analogue de cette glande existe chez le W. felinus,
mais elle parait moins développée, et les poils qui la
couvrent, sont roux comme ceux qui les entourent.
Les oreilles sont, dans cette espèce, beaucoup plus
courtes que chez le NW. jélinus. Jetrouvela distance de la
base libre de l'oreille, au point où l’oreille a le plus
de longueur, égale à 9 millimètres seulement , tandis
que je trouve 3 millimètres de plus chez le N. felinus,
bien que ce dernier soit de plus petite taille !.
Nos individus adultes ont en effet tous de 36 à 38
centimètres d'1bout du museau à l’origine de la queue,
celle-ci ayant aussi à peu près cette même dimension.
Je ne trouve au contraire que 31 à 32 centimètres chez
les individus du W. felinus que j'ai sous les yeux.
J'ai dit au commencement de cette description que
quelques individus n'ont présenté des variétés.
| 145 » . .
1 Dans l’état frais, les oreilles seraient, sans nul doute, trou-
vées plus grandes ; mais le rapport subsisterait.
= 7
L'un d'eux est remarquable par ses couleurs, généra”
lement plus pales et plus lavées de roux. il est plutôt
fauve roussatre supérieurement que cendré roussâtre,
avec le dessous d’une couleur moins vive que chez les
autres individus, et la queue, dans la plus grande par-
üe de son étendue, d’un roux qui, même vers la fin,
ne passe pas tout-à-fait au noir. La tache et le dessin
de la partie antérieure de la tête sont les mêmes,
mais la nuance diffère également : le dessus et le des-
sous des yeux, qui sont ordinairement blanchîtres,
sont presque fauves. Cet individu est femelle, mais une
autre femelle m'a présenté les teintes ordinaires. Il
s'agit donc bien ici d’une variété individuelle, et non
d’une différence sexuelle.
Chez d'autres individus, la variété résulte de l’é-
tendue plus grande de la partie noire de l'extrémité des
poils. J'ai observé cette modification sur le dos et les
mains chez un adulte, et sur le dos chez un très-jeune
sujet, également remarquable et par l'extrême mollesse
de son pelage et par la couleur presque noire de son dos.
Ces variétés, quoique assez différentes pour la cou-
leur, sont facilement réductibles à leur espèce, en rai-
son des caractères très-constants que fournissent
l'abondance et le mode de coloration des poils, la
taille et les proportions, la distribution des couleurs,
et notamment la disposition des taches de la face et
du front.
C’est en ayant égard à ces caractères qu’on distin-
guera toujours le Â. lemurinus et ses congénères,
SaVOIr ;
ss
1° Du M. vociferans, chez lequel le corps est entiè-
rement d’un brun qui seulement pàlit sous le ventre;
2° Du N. trivirgatus, qui a la queue beaucoup plus
longue que le corps, une raie médio-nasale blanche,
et le pelage supérieurement d’un cendré argenté, avec
une ligne foncée sur le milieu du dos ;
3° Du Miriquouina, qui serait beaucoup plus grand,
et aurait la queue proportionnellement beaucoup plus
longue ;
4° Du N. félinus, qui a la tache médio-frontale beau-
coup plus étendue, le pelage généralement beaucoup
plus court, et notamment la queue beaucoup moins
touffue; chez lequel la couleur orangée où rous—
sâtre couvre inférieurement la gorge, aussi bien que
la poitrine et le ventre; enfin, chez lequel aussi les
oreilles sont plus grandes ou, plus exactement, moins
courtes que chez le W. felinus.
À l'égard de ces deux derniers Nycüpithèques, je
puis confirmer la différence réellement spécifique de
l'un et de l'autre par la comparaison de leurs cranes.
Quelque grande que soit l’'analogie de l’un et de l’au-
tre, les différences suivantes peuvent être signalées :
Le N. lemurinus a les orbites sensiblement plus
larges que hautes, et par suite proportionnellement
un peu plus larges que chez le W. felinus, qui a le dia-
mètre orbitare transversal et le diamètre inféro-supé-
rieur égaux entre eux : la différence est d’ailleurs peu
marquée.
La boîte cérébrale est, chez le N. felinus, très-sen-
siblement moins large en arrière qu'en avant ; chez le
— 7$ —
N. lemurinus, elle conserve presque en arrière la
même largeur qu’en avant. Ici encore la différence est
d’ailleurs légère, et offre elle-même une confirmation
de l'intimité des rapports qui unissent les deux espèces.
La machoire inférieure est la seule partie qui pré-
sente une diversité plus marquée. Chez le N. felinus,
la branche horizontale a les deux bords presque pa-
rallèles, la mâchoire étant de très-peu plus large au-
dessous des dernières molaires qu'au-dessous de la
canine. Chez le N. lemurinus, la mâchoire dont, par
suite, le bord inférieur est très-sinueux, est, au con-
traire , dilatée en arrière, beaucoup plus étroite en
avant. J'essaierai de rendre cette différence sensible
par quelques mesures.
Distance entre les deux bords, priseau- N°: remmus. N: reuuninus,
dessus de la seconde molaire. . . . 9 8 millim.
Distance au-dessous de la quatrième. . 9 10
Distance au-dessous de la sixième. . . 10 14
Cette inégalité, très-marquée, est un caractère telle-
ment inhérent à notre nouvelle espèce, queje la trouve
déja indiquée chez un très-jeune individu, n'ayant en-
core que les vingt-quatre dents dela première dentition.
L'espèce que je viens de décrire, habite les Andes de
la Nouvelle-Grenade, où elle parait être fort com-—
mune, à en juger par le grand nombre d'individus qui
nous sont tout à Coup parvenus par diverses voies.
Parmi les voyageurs qui ont les premiers apporté en
France le N. lemurinus , lun d'eux, M. Goudot, qui
— 76 —
l'a plusieurs fois chassé , et qui la observé avec soin ,
a bien voulu, à ma demande, rédiger sur les mœurs
de cette espèce une note, dans laquelle se trouve plu-
sieurs détails intéressants. Je ne saurais mieux faire
que de la citer ici textuellement.
«Ce petit quadrumane habite les grands bois de la
région tempérée du Quindit, dans la Nouvelle-Gre-
nade, depuis 1400 mètres, et même bien plus haut. Il
ne sort ordinairement ! qu’à la nuit tombante, vit en
petits groupes ou familles , et ne paraît pas s'éloigner
beaucoup de certains sites où il semble qu'il trouve
facilement sa nourriture. Ces animaux font entendre
presque continuellement, de nuit, lorsqu'ils vont dans
les bois, un petit cri sourd, qui se trouve assez bien
rendu par la parole douroucou, sourdement et faible-
ment prononcée, sans y ajouter lz (ainsi qu'il est
écrit par M. de Humboldt.) Ils sont très-agiles. J'en
ai vu qui venaient régulièrement chaque nuit dans
les mêmes parages se nourrir des fruits de goyaviers,
qu'ils paraissaient rechercher. Lorsqu'on leur trait un
coup de fusil, ils se retiraient, mais ne tardaient pas à
revenir. De jour, ils restent cachés, et se trouvent réu-
nis en petits groupes au sommet des arbres, non les
plus élevés, mais les plus touffus. Peut-être même les
amas de petites branches et feuilles sèches qu’on trouve
dans les lieux où ils se tiennent, y sont-ils réunis par
1 Je dis ordinairement, parce que, bien que je n’en aie jamais
trouvé de jour, un chasseur m'a rapporté le fait qu’il en avait vu
allant dans l'après-midi. {Note de M. Goudot./
7
eux. C'est dans ces sortes de nids qu'ils restent toute
la journée à dormir. On a de la peine à découvrir ces
gites, et lors même qu'on frappe contre l'arbre, ils ne
se dérangent pas : ce n’est qu’en leur tirant des coups
de fusil que je les faisais sortir de leur retraite : leurs
mouvements ne paraissaient pas alors aussi vifs que
pendant la nuit. La femelle porte, comme celle de plu-
sieurs autres quadrumanes, son peut sur le dos. Les
habitants le désignent sous le nom de Mico-dornulon.
« Bien que je n’aie pas vu ce même pelit animal dans
la Cordilière orientale, il parait hors de doute qu'il S'y
trouve. M. le docteur Roulin en a vu un individu à
Bogota, qui y avait été apporté des environs de la
Mesa (village situé à une journée de la capitale), où
ils sont aussi connus avec le nom de Micos-dormi-
lones. »
$ VI. — Des caractères et des mœurs des Saïimiris.
Les yeux sont grands encore chez les Saïmiris, com-
parés à leur développement moyen dans la famille des
Singes; mais ils sont très-inférieurs en volume à ce que
nous venons de les trouver chez les Nyctipithèques. On
a vu, par les mesures et les calculs donnés plus haut,
qu’une section de la fosse orbitairefaite au niveau deson
ouverture antérieure, s'est trouvée avoir pour surface,
chez un Saimini, environ 150 millimètres carrés, tan-
dis qu'elle en a jusqu'à 270 chez un Nyctüipithèque fort
liNoyezp. 75.
SR
peu différent par la taille. En prenant pour unité, chez
ces deux mêmes animaux, la surface du grand trou
occipital (qui était chez l’un et chez Pautre d’un peu
peu plus de 5o millimètres carrés), on trouve, et la
différence devient bien plus sensible sous cette forme,
que la surface de la section orbitaire représentée, chez
le Nyctipithèque, par le nombre 5,11, l’est seulement,
chez le Saïmiri, par Le nombre 2,85. Il est à peine né-
cessaire de faire remarquer que ce dernier nombre ne
dépasse pas de beaucoup la moitié du premier.
Une autre différence, et plus remarquable encore,
entre les Nyctipithèques et les Saïmiris, est l’état in-
complet de la cloison osseuse inter-orbitaire, irès-
mince en arrière chez les premiers, mais partout ossi-
fiée : cette cloison est, au contraire, seulement mem-—
braneuse chez les Saimiris, dans un espace de forme
elliptique, et d’une assez grande étendue, qui corres-
pond à ia place ordinairement occupée par l'os pla-
num. Il est donc une partie des orbites dans laquelle
les deux globes oculaires viennent presque au con-
tact, disposition fort analogue à celle que lon ob-
serve chez une partie des monstres que j'ai désignés
sous le nom de Cyclocéphaliens !.
Cet extrême rapprochement des globes oculaires est
encore exprimé dans le squelette par une autre dispo-
sion qui mérite d'être indiquée, la réunion et, pour
ainsi dire, la fusion, à leur partie postérieure, des re-
liefs que produit, à la base du crâne, la saillie des deux
! Histoire générale des anonralies de l'organisation, t. H.
0 —
orbites. Les trous optiques sont extrêmement rap-
prochés.
Il est fort remarquable que la perforation de la cloi-
son inter-orbitaue s'observe chez les Saïmiris, dont
les yeux sont d’un volume plus qu'ordinaire, mais non
énorme, et qu'elle n'existe pas , comme on eût pu être
porté à le supposer, chez les Nyctipithèques, à globes
oculaires si démesurément volumineux; mais, chez
ceux-ci, les orbitesse sont étendues et, pour ainsi dire,
dilatées en denors, comme le fait voir l'excès de leur
saillie sur celle des parties postérieures du crane *.
Chez les Saïmiris, au contraire, les orbites ne font pas
en dehors plus de saillie qu'à l'ordinaire, et la tête est
généralement de forme droite et allongée; elle est
comme comprimée; modification d'où résulte néces-
sairement le rapprochement en dedans, la concentra-
tion vers le plan médian de tous les organes latéraux.
L'allongement de la tête des Saïmiris résulte d’ail-
leurs, non-seulement de sa forme comprimée, mais
aussi, et surtout, du développement considérable de la
région occipitale; développement déjà signalé par mon
père *, et qui forme le trait le plus remarquable et
physiologiquement le plus important de l’organisation
des Saimiris.
On sait que, chez presque tous les Singes, et les
Nycüpithèques et les Callitriches sont eux-mêmes de
ce nombre, la base du crane se relève immédiate-
1 Voyez les mesures données plus haut, p. 52.
? Voyez plus haut, p. 44 et 45.
— 80 —
ment ou presque immédiatement en arrière du trou
ocCipital, et remonte, soit obliquement, soit même
presque verticalement, de manière à représenter bien
plutôt une face postérieure que la continuation de la
face inférieure du crane. Chez les Saïnnris, au con-
traire, Pocciprtal presque tout entier est horizontal,
et par conséquent compris dans la face inférieure du
crâne ; d'où l'existence derrière le trou occipital d’une
étendue horizontale encore considérable. Cette éten-
due est telle que, chez l'adulte, la distance comprise
entre les incisives et la partie antérieure du grand
trou occipital, n’est que sensiblement double de celle
qui sépare la partie postérieure de ce même trou de
l'extrémité postérieure de la face inférieure du crâne.
Chez les jeunes sujets, le cerveau étant plus développé
encore , et la face plus courte, le rapport entre ces
deux distances est moindre encore : selon l’âge, il est
égal à un et demi, à un et un quart et même à un.
Voici quelques mesures prises comparativement sur
deux individus, l’un adulte, l’autre jeune encore, mais
déjà presque arrivé à la taille de l'adulte *.
J'exprimerai les diverses dimensions que j'ai à indi-
quer, non par les mesures elles-mêmes telles que les
donne le compas, mais d’une manière plus facilement
comparable, en fonctions du diamètre antéro-postérieur
1 Ces deux indiviäus appartiennent à l'espèce commune, ou
selon le nom que je lui ai donné, Saëmiris sciureus.
J'ai sous les yeux une tête beaucoup plus jeune ; mais elle est
en mauvais état, et n'eût pu fournir les éléments d'une comparai-
son exacte.
_ gi —
du grand trou occipital. La longueur de ce diamètre
peut être prise pour unité, d'autant plus qu’elle est
égale, aussi bien chez l'un que chez l’autre individu, à
5 nullimètres; en sorte qu'en multipliant par 8 les
nombres ci-dessous, on obtiendra immédiatement les
longueurs absolues, exprimées en millimètres.
Diamètre antéro-postérieur du grand SaïMiRt ADUUTE. SAÏMIRT FRCNE
(TOU OCGIDIAR- EN: «+ » SD, 1 1
Longueur totale de la tête osseuse... 8,1 7,5
Largeur, au niveau du grand trou oc-
CD LT PET 4,1 4,1
Distance de la partie postérieure du
grand trou occipital à la partie pos-
térieure de la voûte palatine. . 3,9 1,9
Distance de la partie postérieure de la
voûte palatine au bord des incisives. 2,2 1,7
Longueur de la portion de la face infe-
rieure du crâne, en avant du grand
HOME PEL Li LE 5 3,6
Longueur de la portion de cette même
face, en arrière du même trou. . . 3,2 2
Distance de la partie postérieure de ce
même trou à la partie la plus reculée
de ROCARUL PEN ESC 2,5 3,1
La portion de la face inférieure du crâne que je
viens de désigner comme comprise entre le grand trou
1 Chez l'adulte, à 18 millimètres environ du grand trou occi-
pital, la paroi du crâne remonte presque tout à coup verticale-
ment. Chez le jeune, à 16 millimètres, elle commence à remonter
très-obliquement : d'où la différence qui existe entre la terminai-
son de la facz inférieure du crâne en arrière et le point le plus
reculé de l'occiput. Voyez les figures (PL ID)
Zoorocir. 6
_ ga —
occipital et l'occiput, n'est pas moins remarquable par
sa configuration que par son étendue. Il existe chez
l'homme, derrière le trou occipital, au milieu, un
creux, latéralement, deux saillies assez prononcées.
Chez les Saïmiris l'inverse a lieu : il existe derrière l'oc-
cipital, sur la ligne médiane, une saillie longitudinale,
et à droite et à gauche sont deux fossettes très-mar-
quées; puis, plus en arrière, l’occipital est très-renflé
dans toute son étendue transversale, Ces mdications,
que complètera d'ailleurs et qu'éclaircira l’une des
figures jointes à ce mémoire, sont suflisantes pour don-
ner une idée de ce qui a lieu chez le Saïmiri ordinaire
ou sciurin. Mais, dans une autre espèce, désignée par
moi sous le nom de Saÿmiri à dos brülé, ces divers
caractères, que j'ai fait aussi représenter dans la plan-
che , se présentent avec un singulier degré d’exagé-
ration : les fossettes que j'ai tout à l'heure mentionnées,
sont tellement profondes, et la partie postérieure de
l'occtpital est tellement saillante inférieurement, qu'il
existe entre le fond des unes et la surface de celle-ci
une différence de niveau égale à un demi-centimètre ;
nombre considérable eu égard aux proportions géné-
rales du crâne, qui n’a guère plus de 3 centimètres et
demi dans sa plus grande largeur.
Ce n’est pas seulement en arrière que le crane des
Saïmiris présente un développement remarquable : en
avant, le coronal s'élève de beaucoup au-dessus du
niveau supérieur des orbites; en d’autres termes, il
existe un véritable front.Il faut remarquer, toutefois,
que ce front est fort différent de celui de l’homme,
nn
qui est, comme chacun sail, concave au milieu, et qui
a latéralement ses maxima de saillie aux lieux dési-
gnés en anthropologie, pour cette raison même, sous le
nom de bosses frontales. Chez les Saïimiris, et il en est
de même, au reste, comme je l'ai fait vou ailleurs‘, de
tous les Singes qui ont un front, la plus grande saillie
est située sur Îa ligne médiane, et correspond par con-
séquent, non au cerveau lui même, mais à l'intervalle
compris entre les deux hémisphères, et par consé-
quent à l'insertion de la faux. À mesure que l’on s'é-
carte de la ligne médiane, du moins chez l'adulte, le
front devient à la fois moins saillant en haut et en
avant ; il se déprime et se recule, et bientôt se confond
avec la saillie que forme lextrémité supérieure du :
bourrelet assez épais dont chaque orbite est bordée en
dehors.
Encéphale.—J'avais depuis longtemps le désir d’exa-
miner l’encéphale contenu dans ce crâne si remarqua-
ble. Ce désir était devenu surtout très-vif chez moi,
depuisque, par diverses observations, dont la première
remonte à 1840, j'avais constaté l'absence des circon-
volutions et des anfractuosités cérébrales chez les Ha-
paliens, remarquables, comme les Saïmiris, toutefois à
un bien moindre degré, par le volume de leur crâne.
Devait-on penser que les Saïmiris auraient, comme les
Hapaliens , le cerveau lisse? et ces Singes, placés an
premier rang entre tous, et à côté de l'Homme lui-
même, si ce n’est au-dessus, par la masse proportion-
Voyez mon Mémoire déjà cité sur les Singes.
n
nelle de leur encéphale, devaient-ils descendre au der-
nier rang, et presque se placer au niveau des Ron-
geurs par la structure de ce même encéphale?
Déjà M. Desmoulins avait répondu aflirmativement à
cette question. Dans l'ouvrage que ce zootomiste à
publié, en commun avec M. Magendie, sur les sys-
ièmes nerveux !, on lit qu'il r’existe pas de sillons au
cerveau du Saïimiri. L'auteur fait même de l'absence
des sillons un caractère commun aux Singes améri-
cains, par opposition aux Singes de l’ancien monde,
qui tous, dit M. Desmoulins, ont le cerveau plissé.
Cette assertion est fort positive ; mais il était clair qu’elle
ne mérite aucune confiance. L'auteur mentionne, par-
mi les Singes américains chez lesquels il aurait constaté
l'état lisse du cerveau, Pune des espèces du genre
Sapajou , le Saï, Cebus capucinus. Or, à l’époque où
écrivait M. Desmoulins, les circonvolutions et les an-
fractuosités cérébrales du €. capucinus lui-même, sans
parler des observations faites sur d’autres espèces du
même genre, se trouvaient déjà figurées depuis quatre
ans par Tiedemann dans ses Zcones cerebri simia-
rum*. Il y a plus: les Sapajous sont si communément
amenés vivants dans nos pays, et les occasions de les
examiner après leur mort sont si fréquentes, que tous
les zoologistes avaient pu examiner par eux-mêmes
leur encéphale, et constater non-seuiement l'existence,
mais même le développement assez grand de ces cir-
IT, 1(1825),;-p. 276.
2 In-fol. Heidelberg, 1821.
— 85 —
convolutions niées par M. Desmoulins. Ce zootomiste
s'était donc manifestement trompé à Pégard du Saï,
et dès-lors il pouvait s'être trompé aussi à l'égard du
Saïmiri. J'ai dû d’abord? les moyens de m'en assurer à
l'obligeance de M. de Blainville, qui voulut bien faire
reüirer, à ma demande, l’encéphale d'un Saïmiri sciu-
rin, conservé dans lalcohol au Musée d'anatomie com-
parée. Bientôt après, un autre individu de la même
espèce, et tout récemment un autre encore étant morts
à Paris chez des particuliers, j'ai pu me procurer deux
autres encéphales de Saïmiris, et examiner ceux-ci
d'une manière plus complète.
Sans donner dans ce travail, purement zoologique,
des détails anatomiques que je réserve pour un mé-
moire spécial, je ferai du moins connaître la configu-
ration générale de l'encéphale des Saïmiris, Son carac-
tère Le plus remarquable est sans contredit l'extrême
développement de la partie postérieure des hémi-
sphères. Le lobe moyen du cervelet est, il est vrai,
très-développé et très-saillant en arrière ; mais lui-
même est dépassé par les hémisphères cérébraux de
près d'un centimètre : les lobes latéraux du cervelet
sont dépassés d’un centimètre et demi; ce qui est rela-
tivement considérable, l'encéphale tout entier n’ayant
qu'environ cinq centimètres et demi de long.
1 J'avais espéré d’abord trouver les éléments qui m’étaient né-
cessaires dans une note anatomique sur les viscères d’un Saïmiri,
insérée dans les Proc. of the zool. Soc. of Land., part. FT (1833),
p. 88. Mais l’auteur de ce travail, d’ailleurs intéressant, M. Mar-
‘in, ne dit rien de l’encéphale, qu’il paraît n'avoir pu examiner.
= pp —
En comparant le cerveau au erâne, on reconnait
que la saillie postérieure et inférieure que j'ai décrite
plus haut, et qui est si prononcée surtout chez le Saï-
miri à dos brûlé, correspond à la saillie postérieure
des hémisphères cérébraux, qui sont en ce lieu comme
bombés. Quant aux fosseltes, qui sont si profondes
dans l'espèce que je viens de rappeler, et que l'on re-
trouve moins prononcées, mais très-distinctes encore,
chez le Saïmiri sciurin, elles correspondent à linter-
valle compris de chaque côté, entre la face latérale du
lobe médian du cervelet, le lobe latéral de ce même or-
ane et le lobe postérieur du cerveau.
Les hémisphères cérébraux finissent en avant plus
en pointe que chez les Sajous, genre dans lequel la
coupe du cerveau représente duns son ensemble une
ellipse presque parfaite, ayant ses deux axes dans le
rapport de 3 à 2. Le rehaussement des hémisphères
en avant, chez les Saïmiris, donne au cerveau la forme
d’un ovale assez allongé plutôt que d’une ellipse.
Quant aux circonvolutions, li er existe quelques-
unes chez les Saimiris, très-supérieurs par conséquent,
sous ce rapport, aux Ouistitis, mais très-sensible-
ment inférieurs aux Sapajous. Il en est surtout ains!
des lobes antérieurs, dont la surface est lisse dans la
plus grande partie de son étendue. Les lobes posté-
rieurs n’ont, de même, que très-peu de circonvolu-
tions; mais ce dernier caractère est commun aux
Singes des trois dernières tribus. |
Caractères extérieurs et dentaires. — Telles sont,
dans leur ensemble, la conformation du crâne et celle
=
de l’encéphale chez les Saïmiris; et nul autre genre,
pas plus les Callitriches avec lesquels on les à si sou-
vent confondus, que les Nyctipithèques ou tout autre
groupe, ne partage avec eux ces caractères, notam-—
ment la perforation de la cloison osseuse inter-orbi-
taire, et l'énorme saillie postérieure, soit de l’occipi-
tal, soit des hémisphères cérébraux. Si les Singes qui
les présentent, ont été confondus avec d’autres Cé-
biens, c’est, sans nul doute, parce que ces caractè-
res, quelque remarquables, quelque importants qu'ils
soient, ne sont pas de nature à se traduire à l'exté-
rieur par des modifications très-prononcées. L’extrême
rapprochement, la presque contiguité des globes oculai-
res vers la partie moyenne et postérieure des orbites,
n’est pas facilement appréciable à l'extérieur; elle est
toutefois indiquée par l’étroitesse de l'intervalle qui
sépare les yeux en avant. Il en est à peu près de même
des caractères résultant de la conformation générale
du crâne et de l’encéphale : ils ne sont guère indi-
qués extérieurement que par la grosseur considérable
de la tête, et notamment de sa partie postérieure, par
la saillie du front, et par l'extrême brièveté de la face.
Les conditions organiques qui caractériseñt fonda-
mentalement les Saïmiris, étant de nature à n'être
que très-imparfaitemert indiqués au dehors, il im-
porte d’insister sur les caractères extérieurs qui con-
cordent avec elles, et à l'aide desquels du moins il
sera toujours facile de distinguer les Saïmiris.
Les narines fournissent, sinon à l'égard des Calli-
iiches, du moins à l'égard des Nyctipithèques , lun
— ue
de ces caractères éminemment distinctifs. Elles se pré-
sentent sous la forme d'ouvertures elliptiques placées
tout-à-fait latéralement, et séparées par un intervalle
assez grand entièrement recouvert de poils ras. Les
Saïmiris:sont donc du nombre des Singes auxquels le
nom de platyrrhinins était justement appliqué.
Les oreilles, qui, en raison du développement de
l'occiput, semblent ne pas occuper leur place ordi-
naire, sont médiocres. Elles sont de forme très-simple,
la conque représentant un demi-cercle dont le bord
supérieur se reploie sur lui-même.
Les dents, fort différentes, comme on le verra bien-
tôt, de celles des Callitriches, ressemblent à celles des
Sajous et des Nyctipithèques, mais avec quelques diffé
rences. Les principales de ces différences, à la machoire
supérieure, sont relatives à l'avant-dernière molaire,
qui a la couronne plus petite et plus simple, notamment
moins étendue d'avant en arrière que chez les Nycti-
pithéques ; et surtout aux incisives , placées, chez les
Saïmiris comme chez les Singes supérieurs de l’ancien
monde et chez l'Homme, presque exactement en ligne
droite. Chez les Nyctipithèques, la paire intermédiaire
est placée beaucoup plus en avant. A la mâchoire infé-
rieure , les incisives, et même aussi les canines , sont
pareillement placées sur une ligne droite. L’avant-der-
nière molaire, aussi longue que large, est, comme à la
mâchoire supérieure, plus petite que la dent corres-
pondante des Nyctipithèques; et, de plus, une diffé-
rence analogue, mais beaucoup plus prononcée, existe
entre la dernière molaire des Saimiris, qui est fort pe-
0042
ute et presque rudimentaire, et la dernière molaire des
Nyctipithèques. À l’une et à l’autre mâchoire, les ca-
nines sont, chez les vieux individus, saillantes, très-
épaisses à leur base, et creusées d’un sillon très-pro-
noncé, placé, pour les supérieures, à la face antérieure,
pour les inférieures, à la face interne.
Entre ces différents caractères du système dentaire,
le plus remarquable est, sans nul doute, la disposition
recüligne des incisives. Au point de vue zologique, c’est
un très-bon caractère à l'égard, soit des Nyctipithè-
ques, soit des Callitriches; et sous un point de vue
plus général, c’est un rapport fort curieux avec
l'Homme et les premiers Singes, dont les Saïm ris,
seuls entre tous les Cébiens, se trouvent reproduire en
même temps, à quelques égards, les conditions cranien-
nes et cérébrales, d'une part, de l’autre les caractères
dentaires.
Ajoutons, pour terminer ici Ce qui est relatif à l’ap-
pareil de la mastication, que la mâchoire inférieure des
Saïmiris est remarquable par la forme de la branche
montante, fort peu haute, mais très-large, et non di-
latée postérieurement. Les branches horizontales ont
un peu plus de hauteur en avant qu'en arrière. Chez
les Nyctipithèques et les Callitriches, l'inverse a lieu,
mais, chez les premiers, d’une manière peu marquée,
et, chez les seconds, d’une manière si prononcée que
la hauteur de la branche de la machoire est presque
double au-dessous de la dernière molaire de ce qu'elie
est au-dessous de la première.
Les Saïmiris ressemblent beaucoup plus aux Nycu-
— 90 —
pithèques et aux Callitriches par le corps et les mem-
bres que par la tête, etil suflit d'indiquer succinctement
des caractères qui sont loin d’être aussi remarquables
que les précédents.
Les formes sont généralement grêles, ei les mem-
bres, surtout les mains et les pieds, allongés. Les ongles
des quatre doigts externes sont en gouttière ; ceux des
pouces antérieurs sont très-pelits et à demi-conformés
en gouttière; ceux des pouces postérieurs sont aplatis.
La queue forme environ la moitié de la longueur
totale. Elle est très-faiblement prenante et entière-
ment velue chez l'adulte en parfait pelage. Chez un
très-jeune individu venant de la Nouvelle Grenade,
je trouve au contraire la queue dénudée à son extré-
mité el sur toute sa face inférieure. Chez un autre plus
avancé en âge, mais non encore adulte, je la trouve en
partie dénudée.
Le pelage qui rappelle celui de plusieurs Singes de
l'Ancien Monde, est généralement ras.
Enfin la taille est, comme chez les Nyctüipithèques,
très-inférieure aux dimensions moyennes de la famille
des Cébiens.
Maœurs.—Je m'étendrai peu, en terminant ce para-
oraphe déjà très-étendu, sur les mœurs des Saïmiris.
Le passage suivant de M. de Humboldt *, sauf un seul
point sur lequel je reviendrai, résume à peu près tout
ce que l’on sait de plus positif sur ces animaux.
« Leur physionomie est celle d'un enfant ; même
1 Loc. cit, p. D J0.
— M —
expression d’innocence; même sourire malin, même
rapidité dans le passage de la joie à la tristesse. Les
Indiens assurent que cet animal pleure comme l’homme
lorsqu'il éprouve du chagrin, et cette observation
est très-exacte. Les grands yeux du Singe se mouil-
lent de larmes à l'instant même qu'ils marquent de la
frayeur ou une vive inquiétude.
«Le Titi (Saïmiri) est dans une agitation continuelle,
mais ses mouvements sont pleins de légèreté et de
grace ; il n’est jamais irrité comme le $. œdipus ou le
S. leonina. On le voit occupé à jouer, à sauter et à
prendre des insectes, surtout des araignées qu'il pré-
fère à tous les aliments végétaux. Il a l'habitude bizarre
de regarder fixement la bouche des personnes qui par-
lent; et s’il parvient à s'asseoir sur leurs épaules, il tou-
che de ses doigts leurs dents ou leur langue... La saga-
cité de ce petit Singe est si grande, qu'un de ceux que
nous conduisimes à San Tomas de la Nueva Guayana
distinguait, parmi les différentes planches annexées au
Tableau élémentaire de l'histoire naturelle de Cuvier.
celle qui présente les formes extérieures des insectes.
Les gravures de cet ouvrage ne sont pas coloriées, et
cependant le Titi avancait sa petite main dans l'espoir
de prendre une sauterelle, une guêpe, une demoiselle,
chaque fois que nous lui présentions la XI° planche *.
! Des observations analogues ont été faites par M. Audouin à
l'égard de lOuistiti ordinaire (voyez mon article Ouistiti dans le
Dict. class. d’hist. nat.), et plus récemment par moi-même à l'é-
gard de lOuistiti à pinceau.
_ 92 —
Lorsque les Indiens tuent une femelle, au moyen
de leurs sarbacanes,.… le petit Singe reste attaché à la
mère, il tombe avec elle, et S'il n'est pas blessé par la
chute, il ne quitte plus l'épaule ou le col de l'animal
mort. La plupart des Titis que lon trouve vivants
dans les cabanes des indigènes, ont été ainsi arrachés
au cadavre de leurs mères ?. »
Un point sur lequel je regrette de ne point trouver
de renseignements dans l’intéressante relation de
M. de Humboldi, c’est l’action de la lumière sur les Saï-
miris. M. Gama de Machado, qui a longtemps possédé
et qui a observé avec soin un Saïmiri, a rempli cette la-
cune, et constaté * que l'animal fuit le jour et détourne
les yeux d’une lumiere trop vive. C'est, au reste, ce
qu'on aurait pu déduire & priori de l'examen des yeux
des Saïmiris, si inférieurs en développement à ceux des
Singes nocturnes, les Nyctipithèques, mais cependant
si remarquables encore par leur volume,
1 La tendresse extrême des mères pour leurs petits et des petits
pour leursmères chez un Singe si remarquable par le développe-
ment des lobes du cerveau, est sans nul doute un fait très-con-
forme au célèbre système de Gall; et les phrénologistes n’ont pas
pas manqué de l’invoquer comme une preuve de plus en faveur
de leur doctrine. On peut ajouter que cette tendresse réciproque
des mères pour leurs petits et des petits pour leurs mères, très-
générale dans la famille des Singes , paraît moins développée où
moins constante chez les espèces qui ont l'occiput déprimé, tels
que les Hurleurs.
% Théorie des ressemblances, in-4, 1841, p. 36.
se
$ VII. — Des espèces du genre Sainuri.
Les auteurs n'ayant pas séparé les Saïmiris des Cal-
huiches, ont dû ne donner qu’une faible attention aux
différences spécifiques qui peuvent venir modifier, chez
ces animaux, les caractères génériques communs à
tous. Aussi trouve-t-on décrits ou figurés, dans les au-
auteurs, sous le nom de Saïmiri, Sénua sciurea où Cal-
lthrix sciureus, des animaux plus ou moins différents.
Dans cette espèce prétendue unique, je trouve dès à-
présent des éléments suflisants pour distinguer et ca-
ractériser rigoureusement trois espèces, et pour en
indiquer une quatrième. Les trois premières ont pour
types :
A. Le Saimiri de la Guyane, le plus commun dans
les collections, et auquel appartiennent essentielle-
ment les noms de Sema sciurea et de Callithrix sciu-
reus. Cette première espèce sera done pour moi le
Saïmiris sciureus, nom que je rendrai en francais par
celui de Saïmini sciurin.
B. Un Saïimiri, habitant le Brésil, que mon père
s’est, le premier, procuré en Portugal, dans un voyage
fait en 1808, et qu'il a décrit comme une variété du
précédent ‘. Je lui donnerai le nom de Saimiri à dos
brûlé, Saëmiri ustus.
C. Enfin, un Saïmiri que M. d’Orbigny a découvert
il y a peu d’années et qu'il a figuré sous le nom de Calli-
! Tableau des Quadrumanes, loc. cit.
_ 94 —
thrix entomophagus. Ce Saïmiri, queles auteurs les plus
récentsont rapportécommesimple variété au Callithrix
scrureus, est bien réellement une espèce distincte, et
doitconserver lenomd'ertomophagus, quoique ce nom
exprime un fait demoeurs commun à tous les Saïmiris *,
et même, plus généralement, à tous les petits Singes.
Outre ces trois espèces pour lesquelles j'ai sous les
yeux des éléments suflisants de détermination, une
quatrième se trouve indiquée par M. de Humboldt.
On ne saurait, en effet, reconnaitre dans le Ti de
l'Oréroque de cet illustre voyageur, d’après la descrip-
tion qu'il en donne, aucune des trois espèces précé-
dentes. Je désignerai provisoirement cette quatrième
espèce sous le nom de $. lunulatus.
À. — Saïmiri sciurin, Saëmiris sciureus.
Les caractères de cette espèce, aussi répandue dans
les collections que les autres y sont rares, sont les
suivants :
Pelage d’un gris olivatre, avec le milieu du dos d’un
vert olivätre tiqueté et tirant sur le roux, les côtés de
la tête blancs ou blanchatres, les parties inférieures
d'un blane lavé de jaunâtre, le dernier: tiers ou le der-
nier quart de la queue noir, et les avant-bras, le bas des
jambes et les pieds d’un jaune roux plus ou moins vif.
L
! En effet, si ce nom est peu convenable, il n'est du moins ni
absurde, ni contradictoire ; et dès-lors il doit être admis. (Rè-
gles 1, I et IV; voyez plus haut, p. 50.)
— 95 —
Face couverte de poils ras, blancs, sauf le tour de
la bouche qui est noiratre.
Taille de l'adulte : trois décimètres et demi à quatre
décimètres du bout du museau à l’origine de la queue,
qui a environ quatre décimètres.
J'ai sous les yeux un assez grand nombre d’indivi-
dus et de crânes de cette espèce, venant, la plupart,
de la Guiane francaise, un autre du Para, un autre de
Santa-Fé-de-Bogota, les autres de parties non déter-
minées de l'Amérique méridionale.
Les principales différences de pelage que présentent
ces divers individus, sont les suivantes :
La queue est noire, tantôt dans le dernier quart
seulement, tantôt dans le dernier üers de son éten-
due. Dans la partie qui n’est pas noire, le dessus est
constamment d'une teinte plus foncée que le dessous;
mais il arrive tantôt, et ceci a lieu surtout chez les
adultes, que la différence soit peu sensible, le dessus
étant d’un cendré olivâtre peu foncé, et le dessous d’un
cendré fauve; tantôt, au contraire, et c’est ordinaire-
ment le cas des jeunes sujets, que la différence soit
très-marquée, le dessus étant d’un cendré olivätre mé-
langé de noirâtre, et Le dessous d’un fauve ou jaunâtre
sale. Jai cité plus haut un individu, le plus jeune de
tous ceux que j'ai sous les yeux, chez lequel la queue
est entièrement nue inférieurement : cette modifica-
tion, qu'il faudra voir sur d’autres individus avant de
se prononcer sur Sa nature et sa cause, doit être rap-
pelée ici.
La couleur des membres est, comme celle de la
sobre
queue, suscepluble de quelques variations. Ainsi quel
ques sujets, et particulièrement tous les jeunes, dif-
fèrent par la moindre intensité, par la teinte plus ver-
dâtre, et aussi par la distribution sur une moindre éten-
due du beau roux, souvent doré, qui orne les membres.
La face interne des cuisses et des jambes est tantôt
d'un blanchàtre teinté de jaune, ce que l’on voit sur-
tout dans le jeune âge , tantôt jaune, mais toujours,
surtout en ce qui concerne le dedans des cuisses, d’une
nuance beaucoup moins vive que celle des pieds.
Quant au dos, il m'a présenté à peine quelques
légères différences de coloration chez les individus,
d’âges et de lieux si différents, que j'ai examinés : sa
couleur générale est toujours l’'olivâtre lavé de roux,
et plus ou moins tiqueté de noir. Cette couleur résulte
du mode de coloration des poils, qui ont, après la
racine, colorée de gris noirätre, une zone d’un jaune
grisâtre, puis une zone d’un jaune roussatre, à peu
près de même nuance que les pieds, puis une zone
noire, moins étendue, immédiatement avant l'extrême
pointe, qui est jaunatre.
B. — Saïmiri à dos brûlé, Saëmiris ustus.
Cette espèce a, comme la précédente, le dessus de
la tête et les parties latérales du corps d’un gris oli-
vâtre, les parties inférieures et le dedans des membres
d'un blanc jaunatre clair, la parüe antérieure et ex-
terne des avant-bras et les quatre mains dorés, et la plus
grande partie de la face blanche, avec les lèvres noires.
— 97 —
La queue offre aussi les mêmes couleurs semblable-
ment disposées ; seulement le noir occupe à lextré-
mité une étendue un peu moindre.
La taille de cette espèce est un peu supérieure à celle
du S$. sctureus; mais les proportions paraissent être
les mêmes.
Le Saïmiri à dos brûlé est donc, en somme, fort voi-
sin du Saïmiri sciurin; mais il s’en distingue nettement
par la coloration des parties supérieures du corps. On a
va que le dos, chez le S. sciureus, est d'un vert olivà-
tre le long de la ligne médiane, mais non sur les par-
ties latérales, qui sont grisètres, comme les flancs, le
dessus de la tête et la plus grande partie des membres
et de la queue. Chez le $. ustus, le dos, aussi bien laté- |
ralement que sur la ligne médiane, est couvert de poils
colorés par zones de trois couleurs, savoir, d’un jau-
nâtre sale à la racine, d’un roux ferrugineux sur la zone
intermédiaire, assez étendue, enfin, noir à la pointe”,
cette dernière couleur étant plus prononcée sur la
partie médiane et inférieure du dos que latéralement
et antérieurement. De là résulte une coloration géné-
rale mélangée de roux et de noir, le roux dominant
en avant et sur les côtés, et le noir en arrière. Cette
coloration, dans son ensemble, rappelle celle d’une
étoffe inégalement brûlée, seulement roussie dans quel-
ques partes, et noire dans d’autres ; et de là le choix
que j'ai fait du nom spécifique d'ustus, déjà usité à
* On a vu que chez le $. sciureus les poils du dos ont une zone
noire vers la pointe, mais que celle-ci est jaunâtre.
Zoorocrr. 7
— 98 —
l'égard d’un Bradype pour désigner un caractère fort
analogue de coloration.
Les détails que je viens de donner sur la coloration
du dos chez le $. ustus, sont suffisants pour en rendre
la distinction nette et facile. Cette distinction est d’ail-
leurs confirmée par des différences ostéologiques beau-
coup plus prononcées que celles que lon pourrait s’at-
tendre à trouver entre des espèces extérieurement
aussi VOIsines |.
Le S. ustus exagère encore, en quelque sorte, les
conditions craniennes du genre Saïmiri, par la saillie
vraiment singulière de la partie postérieure de lPoccipi-
tal à la base du crâne. J'ai décrit plus haut” cette dispo-
sition, qui est telle, que la portion postérieure de loc-
ciput forme une sorte de poche ou de tambour osseux,
dans lequel l'extrémité des hémisphères semble venir
faire hernie hors de la cavité générale du crâne. J'ai
mentionné aussi les fossettes très-profondes qui, à la
face inférieure du crâne, séparent ce renflement sous-
occipital de la portion de l’occipital qui correspond au
cervelet.
Le crane du $. ustus diffère, en outre, de celui du
S. sciureus par la longueur proportionnellement * un
peu plus grande du diamètre antéro-postérieur, par
1 L'individu, rapporté de Lisbonne par mou père en 1808, sur
lequel j'ai établi cette espèce, avait dans la peau un crâne parfai-
tement entier, que j'ai fait retirer afin de l’examiner, de le décrire
et de le faire figurer.
2 Page 82.
5 La longueur absolue est de 72 millimètres au lieu de 65.
One
l'étendue plus grande et la forme plus allongée du
trou occipital, et par la plus grande longueur de l’ar-
cade zygomatique.
C. — Saïmiri entomophage, Saëmiris entomophagus.
Je me bornerai à indiquer succinctement cette es-
pèce, que M. d'Orbigny a figurée dans lune des pre-
mières livraisons de son voyage, et dont il doit donner
prochainement l'histoire détaillée. Elle présente la
même distribution de couleurs que le $.scrureus; mais,
toutes ces couleurs étant fort affaiblies, c’est un
jaune peu intense, qui remplace sur les membres an-
térieurs et sur les mains postérieures le beau jaune
roux doré du $. sciureus; et de mème, sur le corps,
un gris jaunatre pale, un peu plus vif seulement sur
le dos, remplace les couleurs que j'ai décrites dans les
espèces précédentes. La face a la même coloration;
mais la nuque, tout le dessus de la tête, et, latéra-
lement, de larges favoris, sont, chez l'adulte, noirs, et
chez le très-jeune individu, noirûtres; les poils de
cette région, d'un gris jaunâtre dans leur première
parüe, se terminent par une Zone noire assez étendue.
D. — Saïmini à lunule, Saëmiris lunulatus.
Le Tix' de l'Orénoque, de M. de Humboldt, a été
1 Dans l'Amérique méridionale, on donne ce nom, d’où dérive
Ouistiti, uon pas en propre à telle ou telle espèce, mais, en com-
mu, à tous les petits Singes. Aussi l’applique-t-on, selon les pays,
à des espèces fort différentes.
M. de Humboldt fait à son occasion des remarques très-judi-
— 100 —
généralement rapporté, et cela à l'exemple de lillustre
voyageur, au Simia sciurea de Linné, ou Saïmiri de la
Guiane. M. Lesson, dans son Species, déjà cité, paraît
être jusqu’à présent le seul qui ait fixé son attention
sur les caractères particuliers que présente le Saïmiri
de M. de Humboldi: caractères d'après lesquels M. Les-
son a, en effet, séparé ce Singe, si ce n’est comme une
espèce, au moins comme une variété distincte de
tous les autres Saïmiris connus.
Voici la caractéristique que donne M. de Humboldt.
On y remarquera, comme le trait le plus remarquable
de ce Saïmiri, l'existence de deux lunules noiràtres sur
la tête, lunules par lesquelles cette espèce se lie mani-
festement avec l'espèce précédente, sans pouvoir d’ail-
leurs être confondue avec elle.
« Simua sciurea /Cassiquiarensis/, ex aureo flaves-
cens, abdomine, humeris, brachio et femore [nec
antibrachio nec ibid) ex ferrugineo cinerascentibus…
Frons cordata. Lunulæ duc nigrescentes ubi pili
Jusco-flavescentes frontem a sincipite secernunt..….
Cauda corpore longior, haud prehensiis ‘, apice
floccosa nigra.
cieuses sur les inconvénients qu'entraine Femploi des noms tri-
viaux comme noms spécifiques.
1 1] faut entendre par ces mots (l'analogie ne permet pas d'en
douter) que la queue est très-faiblement prenante , ou, comme le
dit M. de Humboldt qui plus bas développe sa pensée, sub-pre-
hensilis.
— 101 —
E. — Singe à tête de mort, Simia morta où Caput mortuum des
auteurs.
Si l’on devait en croire les anciens auteurs, à la suite
du Simia sciurea devrait se placer une espèce fort
voisine des Saimiris par ses formes, ses proportions et
les couleurs de son pelage, mais à queue nue et écail-
leuse : cauda nuda squamosa , disent Gmelin et les
auteurs linnéens; cauda murina, dit Brisson.
Erxlében a pensé le premier que le Singe à tête
de mort n’est pas une espèce distincte, mais seulement
un fœtus de Saimiri. Cette dernière opinion a pré-
valu parmi les auteurs modernes; et quelques-uns ont
même pensé que le Snia morla avait été établi sur un
fœtus de Saïmiri, auquel on aurait mis une queue de
Didelphe.
L'examen que j'ai fait des divers éléments de la
question, m'a convaincu que le Singe décrit sous lenom
de morta est, non un fœtus, mais un jeune âge de
Saïnuri, très-vraisemblablement du Saïmiri sciurin.
Et quant à l'explication que lon a donnée de sa queue
nue et écailleuse, il n’est point nécessaire de recourir
à la supposition d’une queue de Didelphe ou de Rat,
substituée artificiellement à la queue véritable. C'est ce
dont chacun peut se convaincre facilement en remon-
tant aux sources.
Les sources sont ici l’une des figures du Thesaurus
1 Systema regnt animals, p. 53.
— 102 —
de Séba, et le texte qui se rapporte à cette figure *.
C’est, en effet, le Singe qu'il nomme Cercopithecus
americanus minor Monkje dictus, et qui est connu
aussi, remarque Séba, sous le nom de Caput mortuum;
c'est ce Singe qui a été inscrit dans le Systema naturæ
sous le nom de Simia morta.
Il est hors de doute que ce Singe n’est autre qu'un
Saimiri : la figure est passable, assez bonne même,
sauf la queue; et la description, quoique succincte, est
fort claire, ainsi qu’on peut en juger par cette descrip-
üon des couleurs de la face : f’ultus omnis pilosus
est, et albicat, ad medium usque nast et oris ambi-
tum, ubi nigrido regnat.
Quant à la queue, elle est mal représentée, mais elle
a, du moins, les proportions d’une queue de Saïmiri, et
je ne vois nullement dans la figure les écailles par les-
quelles tous les auteurs ont caractérisé le Simia morta.
Les traits croisés dans lesquels ils ont cru apercevoir
des écailles, ont la plus grande similitude avec les ha-
chures fort imparfaites employées habituellement par
plusieurs des graveurs de Séba. Au bas de la planche
qui représente le Caput mortuum, on peut voir sur
des feuilles et sur le terrain lui-même de tels traits
croisés dans lesquels ici personne ne méconnaitra de
simples hachures.
Le texte ne mentionne d’ailleurs pas plus clairement
les écailles que la figure ne les représente. L'auteur ne
dit rien de plus de la queue que ce qui suit : Cauda
LA je pl. XXXIIT, fig. 15 TENTE, P: 52,
— 105 —
longa, crassiuscula, qualis Philandrorum aut Mu-
réum majorum sy lvestrium : phrase qui, dans une des-
cripüon aussi précise, aussi vague, aussi Incorrecle ,
peut tout aussi bien désigner une queue allongée, co-
nique et nue, mais non écailleuse, qu'une queue abso-
lument comparable à celle du Rat.
Or, si la queue était nue, mais non écailleuse , elle
était telle qu’on pouvait s'attendre à la trouver chez
un Saïmiri jeune âge, soit que les poils de la queue
eussent été usés ou fussent tombés, soit que la queue,
chez de très-jeunes sujets, se trouve parfois naturelle-
ment dénudée dans son entier, et telle que je lai vue,
dans plus de la moitié de son étendue, chez un Saï-
miri sciurin, le plus jeune de tous les individus que
j'aie observés.
$ VIII. — Remarques sur les caractères du genre
Callitriche.
Le genre Callitriche, par la séparation des Saïmiris,
devient un groupe fort naturel, dont le Moloch de
Hoffmansegg et le Callitriche masqué de mon père
peuvent-être considérés comme les types. Près de ces
Singes viennent se grouper plusieurs autres espèces,
distinctes surtout par des différences dans la taille et
dans la coloration.
Après les détails dans lesquels je viens d’entrer sur
les caractères distinctifs des Nyctipithèques et des Saiï-
miris, il ne suflirait presque de renvoyer, en ce qui con-
cerne la caractéristique des vrais Callitriches, au $y70p-
sis par lequel sera terminé ce travail. Cependant une
— 104 —
comparaison succincte de ces Singes et des Saïmiris,
et surtout de leur caractères craniens, ne seront pas
inutiles, afin de faire apprécier l'énorme différence
existant entre les cranes de ces deux genres, si long-
temps confondus entre eux.
Chez les Callitriches, le crane proprement dit, com-
parativement à ce qui a lieu chez les Saïmiris, est con-
sidérablement restreint, et la face, au contraire, a pris
beaucoup de développement.
Aussi, d’une part, en avant, le front est très-déprimé,
ou plutôt, chez les adultes du moins, il n'existe pas
de front. Immédiatement au-dessus des orbites dont
les bords sont épais et en bourrelets, il existe même,
comme chez la plupart des Cynopithéciens, une dé-
pression transversale.
La forme de l’occiput et la disposition du grand
trou occipital, sont beaucoup plus différentes encore
de ce qui a lieu chez les Saïmiris. Au lieu d’être com
pris dans la face inférieure du crane, fort prolongée
même en arrière de lui, le trou occipital est plutôt
postérieur qu'inférieur, la portion basilaire de l'os oc-
cipital étant seule horizontale, et tout le reste de cet
os étant fortement relevé.
Dans la face, les orbites ont leurs ouvertures an-
térieures aussi larges que chez les Saïmiris; mais ces
ouvertures sont séparées par un espace double de ce-
lui qui existe chez les Saïmiris. La cloison osseuse inter-
orbitaire est complète, comme chez tous les Singes, les
Saïmiris exceptés.
La mâchoire inférieure présente un développement
— 105 —
très-grand, et, très-différente de celle des Saïmiris, elle
rappelle par sa forme celle des Hurleurs. Les branches
montantes sont très-hautes, et inférieurement très-di-
latées. Les branches horizontales, également très-hau-
tes en arrière, se rétrécissent en avant, en sorte que les
deux bords, loin d’être sensiblement parallèles, sont
très-obliques l'un sur l’autre.
Cette forme de la mâchoire est tellement remarqua-
ble et caractéristique à l'égard des Callitriches, qu'il im-
porte de la rendre sensible par des mesures. Afin de
rendre celles-ci comparatives, j'ai choisi, pour les pla-
cer en regard, deux cranes dont la longueur absolue est
sensiblement la même. L'un appartient au Callithrix
personatus de mon père, lPautre au Saïmiris ustus.
CALLITRICHE. SAÏMIRI.
Longueur totale du crâne. . . . . . . 0,070 0,072
Longueur de la mâchoire inférieure. . . . 0,048 0,040
Hauteur de la branche montante au niveau
ducondyle © 5e. 1. : en. “0,094 0,016
Largeur maximum de la même branche, vers
sa partie inférieure. . . . . . . . 0,024 0,018
Largeur minimum, prise à sa partie supér. 0,012 0,013
Hauteur de la branche horizontale, au-des-
sous de la première molaire. . . . : . 0,010 0,011
Hauteur au-dessous de la troisième. . . . 0,012 0,009
Hauteur au-dessous de la cinquième. . . . 0,015 8,008
Hauteur au-dessous de la sixième. . . . . 0,018 0,008
On doit s'attendre à trouver de très-grandes diffé-
rences de dentition entre des genres chez lesquels la
conformation de la mâchoire inférieure, ou mieux, des
deux mâchoires, est si différente, et même, à quelques
— 106 —
égards, si manifestement inverse. C'est, en eflet, ce qui
a lieu.
Chez les Saïniris, les molaires supérieures, ce
qui est parfaitement en rapport avec la brièveté
des mâchoires, sont larges transversalement, mais,
sauf la quatrième molaire, fort peu étendues d’a-
vant en arrière; d'où il suit que leurs couronnes re-
présentent des bandes beaucoup plus étendues dans
un sens, le sens transversal, que dans l'autre. Les
molaires supérieures des Callitriches, d’ailleurs à
tubercules beaucoup moins pointus, ont leur couronne
plus rapprochée de la forme carrée, et surtout beau-
Coup plus grande; au point qu’en comparant de nou-
veau les deux individus dont je viens de parler, je
trouve que la surface de toutes les molaires supérieures
d’un coté, chez le Saïimiri, est tout au plus égale à la
surface des trois dernières molaires chez le Callitriche.
Il existe à la mâchoire inférieure des différences tout à
fait analogues ; elles sont très-prononcées surtout à l’é-
gard des deux dernières machelères, fort petites dans
le genre Saïimini, grandes dans le genre Callitriche.
Aux deux machoires, les incisives des Callitriches
sont disposées bien plus manifestement sur une ligne
courbe que chez les Saïmiris. Immédiatement après
elles, vient de chaque côté la canine, qui est courte et
épaisse, et qui est contiguë en arrière, à la première mo-
laire comme, en avant, à la seconde incisive. Toutes les
dents, à l’une et à l’autre mâchoire, sont donc exac-
tement en série continue, et leur ensemble représente
une deni-ellipse parfaitement régulière.
— 107 —
Le système dentaire offre donc, chez les Calli-
triches, comme la forme des mâchoires, comme la con-
formation du crâne, et évidemment aussi comme celle
de l'encéphale, des conditions qu'il est impossible
d’assimiler plus longtemps à celles des Saimiris. Et
même, entre ces deux genres, dont la différence était
restée méconnue, il existe en réalité beaucoup plus
de différences qu'on n’en observe d'ordinaire entre
deux genres voisins.
On verra d’ailleurs par le Synopsis qui va suivre, et
dans lequel on trouvera à la fois le résumé et le com-
plément de tout ce travail, que la détermination ex-
térieure des Saïmiris et des Callitriches n'offre point
de diflicultés réelles. Et si ces deux genres ont été si
longtemps confondus, je ne crains pas d'aflirmer que
c’est à cause de la rareté de la plupart de leurs espè-
ces dans les collections, et, par suite, du défaut de no-
üons exactes sur leurs caractères.
SIX.—Synopsis des Saïinuris, des Callitriches et des
Nyctipitheèques.
I. SAIMIRI, SALMIRIS 1.
Synonyme.
SaimiRr, . . . . (simple section). G. Cuvier (1829); Voigt.
SaïimiRt, SaïmiRis (genre distinct)... Is. Geoff. (1835).
SAÏMIRI, PITHESCIUREUS. . . . . . . Lesson (18/40).
SAIMERTS + à ee ee -. + «+ + Pouchet (1841).
1 Etnon Saëmiri, comme on l’a imprimé par erreur.
— 108 —
Les Saïmiris, avant d’avoir été distingués généri-
quement, avaient fait successivement partie du grand
genre Sëmua Lin., puis du genre Cebus Erxl. et en
dernier lieu, du genre Callthrix, Geoff. S. Hil.
Caractéristique.
Formes légères. Membres allongés, les postérieurs
beaucoup plus longs que les antérieurs. Pouces mé-
diocrementallongés, les antérieurs à peine opposables.
—Ongles des pouces postérieursaplatis, ceux despouces
antérieurs convexes ; les autres en gouttière.—Queue
longue, assez grêle, entièrement velue (à l’état adulte),
très-faiblement prenante.
Tête très-allongée, très-volumineuse, surtout en
arrière. Occiput séparé des oreilles par une distance
assez considérable, en raison du développement con-
sidérable du crâne et de l'encéphale en arrière du grand
trou occipital. Front assez élevé au-dessus des or--
bites sur la ligne médiane, mais, latéralement, fuyant
et se confondant avec les bourrelets sus-orbitaires.
— Face très-courte.
Yeux volumineux, très-rapprochés l’un de l’autre, et
surtout en arrière où lacloison inter-orbitaire est seule-
mentmembraneuse. —Conquesauricularesmoyennes,
de forme simple. — Narines de forme allongée, laté-
rales, séparées par un large intervalle. — Pelage peu
fourni, principalement composé de poils annelés.
Incisives à la machoire supérieure, meisives et cani-
— 109 —
nes inférieurement, disposées en ligne droite. Canines
longues, carénées. Canine supérieure de chaque côté,
séparée de l’incisive externe par un intervalle qui recoit
la canine inférieure correspondante, quand les mà-
choires sont fermées. Molaires à couronne médiocre-
ment étendue, à tubercules les uns mousses, les autres
aigus, surtout ceux de la partie externe. Molaires
supérieures, disposées par rangées irrégulièrement rec-
lignes, sensiblement aussi distantes en avant qu’en
arrière. Les supérieures, surtout les fausses molaires,
transversalement allongées. La dernière molaire, de
chaque côté et à chaque machoire, très-petite.
Taille très-inférieure à la taille moyenne des
Singes.
4. S. SCIURIN, S. scrureus.
Syn.Vulgairement SINGE ÉCUREUIL, SAPAJOU AURORE
OU ORANGÉ.
SaïuiRt (nom formé du nom Galhbi Kaï-miri), Buff.
XV; Fr. Cuv. Mamm.; Gama de Mach. loc. cit. fig. —
SimiA scIUREA, Lin.; Schreb.—Cegus scrureus, Erxl.;
J.-B. Fisch.—CaLLITRICHE SAÏMIRI, CALLITHRIX SCIU-—
REUS, Geoff. S. H. Tableau des quad. et Cours; Des-
mar.; Less., Compl. de Buffon; Jardine, Monk. fig.
—SAGOIN SAÏMIRI, SAGUINUS SCIUREUS, Less., Manuel.
— SAÏMIRI ÉCUREUIL, PITHESCIUREUS SAIMIRI, Less.,
Spec. et Nouveau Tableau.
C’est un jeune Saimiri sciurin qui a été décrit sous
les noms suivants : CERCOPITHECUS AMERICANUS, MINOR,
— 110 —
Monkje dietus où CAPUT MoRTUUM, Séba. — Siura
morTA des anciens auteurs.— CEBUS CAPUT MORTUUM,
Fermin, Descr. de Surinam.
Car. Pelage d'un gris olivatre, passant à l’olivätre
sur le dos. Les avant-bras et les quatre mains, d’un
jaune roux doré.
Hab. La Guiane, la Nouvelle-Grenade et le Para.
2. S. A DOS BRULÉ, S. uslus.
Syn. Saïmirt, variété, Geoff. St.-Hil., Tabl. des
Quadrumanes ; Less., Species.
Car. Dessus de la tête et face externe des membres,
d'un gris olivätre; les parties supérieures du corps,
d'un roux vif varié de noirätre, passant au noir sur la
partie postérieure et médiane du dos. Les avant-bras
et les quatre mains, d’un jaune roux doré.
Hab. Le Brésil (d’après mon père, qui a rapporté
de Portugal le seul individu qui me soit connu).
3. S. À LUNULES, S. lunulatus.
Syn. Brrscusrscnt des Indiens des Maypures; Brrr-
TENI des Maravitains.—"T1ri DE L'ORENOQUE, SIMIA SCIU-
REA, Var., Humb., loc. cit.—Pirnesc. SAÏMIRI, var.,
Less., Species.
Car. Pelage d’un jaune doré. Deux lunules noi-
ratres sur la tête.
Hab. Les forêts de l’Orénoque.
Obs. Espèce encore imparfaitement connue.
— 11 —
4. S. ENTOMOPHAGE, $. entomophagus.
Syn. CALLITHRIX ENTOMOPHAGUS, d’Orbigny, Atlas
de son Voyage, Mamnuf., pl. 4 (non encore décrit).
—Prrugsc. SAïmiRI, var., Less., Species.
Car. Pelage d’un gris jaunâtre clair, devenant un
peu plus foncé sur le dos. Les avant-bras et les quatre
mains, jaunes. La nuque et le dessus de la tête, noirs
(état adulte) ou noirâtres (jeune äge).
Hab. Guarayos, où l’espèce a été découverte par
M. d'Orbigny.
IT. CALLITRICHE, CALLITRIX.
Synonymie.
CazrirricHe , Carrirurix, Geoff. S.-H. (1812); Desmar. ;
Less., Compl. de Buff.; Jaxd.,
et presque tous les auteurs.
SacouiN, SaGuInus 1. . . . . . Less., Manuel (1827); Species et
Nouv. tabl.
! Ce nom aurait l'antériorité d’un grand nombre d'années, s’il
était vrai, comme on l’a dit, qu'il fût, dans la classification de La-
cépède, la dénomination générique des Callitriches. Mais le genre
SAGOUIN, SaGoix (et non Saguinus) de ce célèbre zoologiste n’est
point le genre que nous appelons aujourd'hui Callitriche. IF a
pour type, non un Callitriche (aucune espèce de ce genre n’était
alors connue), mais l'Ouistiti ordinaire, Hapale jacchus, que La-
cépède désigne sous le nom de Sagouin jacchus. Voyez Tableaux
des divisions des Mammifères, in-4. Paris, an VII (1799). On
trouve ces tableaux, réimprimés en l'an IX (1801), à la fin du
troisième volume des Mémotres de l'Institut, classe des sciences.
— 112 —
Avant le travail de mon père, la plupart des Calli-
triches alors connus (et le nombre en était fort petit)
étaient placés parmi les Cebus, et non parmi les Calli-
thrix d'Erxleben.
Caractéristique.
Formes assez légères; membres allongés, les posté-
rieurs plus que les antérieurs; pouces médiocrement
allongés, les antérieurs à peineopposables. —Onglesdes
pouces postérieurs aplatis ; ceux des pouces antérieurs
concaves, les autres reployés en gouttière. — Queue
longue, grêle, entièrement velue, à peine prenante.
‘Tête petite, déprimée ; les oreilles à peu de distance
de l’occiput. — Face courte. |
Yeux volumineux, séparés lun de l’autre en avant
par un intervalle assez grand, se rapprochant davan-
tage en arrière, où ils sont, d’ailleurs, séparés (comme
à l'ordinaire , mais non comme chez les Saïmiris) par
une cloison complétement osseuse. —Conques auricu-
laires assez grandes, de forme simple.—Narines ellip-
tiques , latérales, séparées par un large mtervalle,
— Pelage très-long et très-fourni, en grande partie
composé de poils annelés.
À chaque machoire, toutes les dents contiguës les
unes aux autres; et la série continue qui résulte de
cette disposition, représentant une demi-ellipse très-
régulière. Canines courtes et épaisses. Molaires très-
larges, à tubercules presque tous mousses : les mà-
chelières supérieures presque aussi étendues, et les
— 115 —
inférieures plus étendues d’avant er arrière que dans
le sens transversal; dernière mâchelière de chaque
mâchoire bien développée.
Taille inférieure à la taille moyenne des Singes.
Le Callitriche donacophile de M. d'Orbigny, figuré
par lui dans l'Atlas de son Voyage, est la seule espèce
nouvelle que je connaisse, et elle doit être prochaine-
ment décrite avec détail par le savant voyageur qui l’a
découverte. Je dois m'abstenir d'anticiper ici sur le
travail de M. d'Orbigny ; et les matériaux nouveaux
que je possède à l'égard des autres espèces, ne sont pas
assez nombreux pour que je puisse utilement en re-
prendre ici l'histoire.
Je passe donc immédiatement au troisième des genres
dont la comparaison et l'étude font l'objet de ce travail.
III. NYCTIPITHÈQUE, N YCTIPITHECHUS.
S} nonymie.
DR Re ae ai à de Humboldt (1811).
Aorus . . . . . . . . Illig. (1814 )}; Geoff. S.-
Hil., Tabl. des Quadr.;
Desmar.
Nyompiraèque, Nycripirugous. . . . Spix (1823); Geoff. S.-H.,
Cours ; Less., Compl. de
Buff., Species et Nouv.
tabl. ; Xs. Geoff., Cours.
Noctuore, Nocrnora.. . . . . . Fréd. Cuv. (1824); .Less.,
Man. G.'Cuv., Régne
an., 2° éd.
Aoves.. . . . . . . . Jard. (1833), Montk., Sy-
nops.
Zoorocix. 8
— 114 —
Caractéristique.
Formes assez légères. Membres postérieurs beau-
coup plus longs que les antérieurs. Pouces médiocre-
ment allongés.
Tête arrondie; front très-peu développé. Face
courte, très-large.
Yeux énormes, occupant la plus grande partie de
la face, très-rapprochés l’un de l’autre, surtout en
arrière, où la cloison inter-orbitaire, partout osseuse,
est extrêmement mince.— Conques auriculaires peti-
tes. — Narines ovalaires, rapprochées l’une de l’autre,
s'ouvrant obliquement sur les côtés et au-dessous du
nez!.—Pelage long et bien fourni, en partie composé
de poils annelés.
Incisives rangées sur une ligne courbe : les laté-
rales supérieures séparées par un intervalle assez
étendu des canines, qui sont (chez les adultes ) lon-
gues et carénées. Molaires à couronne peu étendue,
à peu près aussi longues que larges, à tubercules les
uns mousses, les autres aigus; dernière molaire, à
chaque mächoire, moins développée que les précé-
dentes.
Taille très-inférieure à la taille moyenne des Singes.
i Cette disposition est assez différente de celle qu’on observe
géralement chez les Singes américains,
— 145 —
Espèces.
1. N. FEUN, N. FELINUS.
Syn. SINGE DE NUIT A FACE DE CHAT, N. FELINUS,
Spix; Geoff. St.-Hil., Cours; Less., Compl. — Dou-
ROUCOULI, NOCTHORA TRIVIRGATA, Fr. Cuv., Mamnuf.
(confondu par cet auteur et, d’après lui, par plu-
sieurs autres, avec l’une des espèces suivantes ).
Car. Pelage cendré supérieurement, d’un jaune
orangé inférieurement (y compris la gorge). Queue
rousse dans sa première moitié environ, puis noire.
Une tache médio-frontale noire, assez étendue, à peu
près aussi large que longue ; au-dessus de chaque oeil,
une tache blanchätre, et plus en dehors, deux raies
noires. Oreilles courtes.
Hab. Le Para et Mojos.
2. N. LÉMURIN, N. LEMURINUS.
Syn. Mico DoRMILON (Singe dormeur ) des habitants
de la Nouvelle-Grenade.
Espèce encore Imédite.
Car. Pelage d’un cendré lavé de roux supérieure-
ment, cendré sur les flanes et la face externe des mem-
bres, d’un jaune orangé sous le ventre et sous la poi-
trine (mais non sous le col). Queue d’un noir plus
ou moins mêlé de roux, avec la base rousse en dessous
et d’un cendré roussâtre en dessus. Une tache médio-
frontale noire, peu étendue, entre deux taches blan-
— 116 —
chatres, et plus en dehors, deux raies noires. Oreilles
trés-courtes.
Obs. Il existe dans cette espèce des variétés chez
lesquelles les couleurs présentent des nuances diffé-
rentes, mais toujours la même distribution.
Hab. La Nouvelle-Grenade.
3. N. A TROIS BANDES, À. trivirgalus.
Syr. Vulgairement, Cousi- cOUSI; SINGE DORMEUR
(Mono DoRMILON }; SINGE OÙ TITI-TIGRE; CARA RAYADA
(face rayée ) des missionnaires de l'Orénoque.—Dou-
ROUCOULI des Indiens Maravitains.
DouroucouLt, SIMIA TRIVIRGATA, Humb.— Aotus
TRIVIRGATUS, Geolf. St.-Hil., Tabl, des Quadr.; Des-
mar.—DOouROUCOULI, AOTES TRIVIRGATUS, Jard.
On vient de voir que les noms de Douroucoul,
JV. trivirgatus, ont été transportés par erreur au N.
felinus.
Car. Pelage supérieurement d’un gris argenté, avec
une ligne médio-dorsale brune, et les parties inférien-
res d’un jaune orangé. Queue de même couleur que le
dos, à l'exception de son extrémité, qui est noire.
Trois raies noirâtres parallèles sur le devant de la tête;
une tache blanche au-dessus de chaque œil. Nez noir,
avec une ligne blanche longitudinale sur le milieu.
Oreilles très-courtes.
Hab. Les forêts du Cassiquiare.
— 117 —
4. N. cRiARD, N. VOCIFERANS.
Syn. Caraï des Indiens.
N. vociFERANS, Spix ; Geoff. St.-Hil., Cours; Less.,
Compl. de Buff.
Car. Pelage généralement brun, les parties imfé-
rieures d’une nuance plus pâle que les supérieures.
Queue d’un roux ferrugineux dans la première moitié,
noire dans la seconde. Une petite tache médio-frontale,
d'un noir brunâtre, une tache triangulaire jaunatre
au-dessus de chaque œil, et plus en dehors, une bande
noirâtre très-étroite. Oreilles très-courtes.
Hab. Les forêts de Tabatinga, au Brésil, à peu de
distance des frontières du Pérou.
Obs. Cette espèce est encore très-imparfaitement
connue :.
4 Je me borne à mentionner ici pour mémoire le Miriquouina
d’Azara, qui est encore beaucoup plus imparfaitement connu,
et que l’on ne saurait introduire dans le Systema jusqu'à ce
qu'on possède sur lui des notions plus précises. Voyez l'extrait
sie) a 1 . . , °
que j'ai donné plus haut de la description d’Azara.
“
SECONDE SECTION.
CARNASSIERS.
Les espèces dont j'ai à m'occuper dans ce travail,
appartiennent toutes à cette grande famille qui pré-
sente par excellence le type des carnassiers, et qui
s'étend des Ours aux Tigres en passant des premiers à
ceux-ci, par une longue série de genres de plus en
plus carnivores, et en même temps de plus en plus
complétement digitigrades. Sans entrer ici dans la dis-
cussion de rapports dont je me suis occupé il y a quel-
ques mois dans un autre travail !, je me bornerai à
faire connaître les espèces des genres Ours, Raton,
Moufette et Lynx, qu'a rapportés l'expédition de la
Vénus.
Outre les carnassiers qui viennent d'être mention-
nés, les naturalistes de l'expédition se sont procuré à
l’île San-Lorenzo, près de Lima, un beau crâne d’O-
tarie, que M. de Blainville a figuré dans son Ostéogra-
plue *, et sur lequel il serait superflu de revenir ici.
Je diviserai cette seconde section en deux parties,
1 Voyez les articles Carnassiers et Carnivores du Dictionnaire
universel d'histoire naturelle, t. NI, p. 175 et 177 (1842).
? Atlas du septième fascicule, pl. VI.
— 120 —
l'une comprenant trois espèces, l’Ours brun, le Raton
laveur et la Moufette mésomèle, toutes trois déjà éta-
blies dans la science, et sur lesquelles il suflira de pas-
ser rapidement.
La seconde partie aura pour sujet la description
d’un Felis du groupe des Lynx, et à l’occasion de ce
Carnassier , quelques remarques sur plusieurs de ses
congénères.
— A21 —
PREMIERE PARTIE.
Descriprion De L'Ours BRUN, VARIÉTÉ DU KAMTSCHATKA, DU PRATON
LAVEUR, VARIÉTÉ MEXICAINE, ET DE LA MOUFETTE MÉSOMÈLE.
$ I. Description de l’Ours BRUN, Ursus aretos, variété
du Kamtschatka.
Cet Ours, ramené vivant par l'expédition, et existant
encore aujourd'hui à la Ménagerie du Muséum, a été
pris en septembre 1837, à l'extrémité méridionale du
Kamtschatka, près de Pétropawlowskoi, par 53 de-
grés environ de latitude et 157 de longitude. L’ani-
mal était au bord de la mer, mangeant un saumon,
lorsqu'il fut apercu et poursuivi. Il était fort jeune
alors : car sa longueur totale n’était que de 60 à 70
centimètres. À son arrivée en France, il y a précisé-
ment quatre ans, il avait déjà un mètre et demi de
long, et il a encore grandi à la ménagerie. Aujour-
d’hui sa hauteur au garrot dépasse un mètre, et sa lon-
gueur totale est de 18 décimètres : la tête seule, à
parür du milieu de l'intervalle qui sépare les deux
oreilles jusqu’au bout du museau, n'a pas moins de
4 décimètres.
Cette taille est considérable sans doute; mais ne
dépasse pas les dimensions que l’on à souvent obser-
vées, non-seulement chez des Ours de Sibérie, mais
— 199 —
aussi chez des Ours bruns d'Europe, et plus spéciale-
ment, de l'Europe septentrionale.
Le pelage est d’un brun très-foncé qui s'éclaireit un
peu sur le museau et sous la gorge, et qui, au contraire,
devient plus foncé encore, et même passe au noir sur
la parue postérieure du dos et des flancs et sur la
croupe. Les quatre membres sont de même noirs. Le
mufle est noirätre , et la muqueuse de la cavité buc-
cale est généralement d’un rose violacélivide. Les yeux
étant depuis longtemps malades (lanimal est même to-
talement aveugle), je ne puis indiquer la couleur de
l'iris.
Les poils sont longs sur le corps, et très-longs der-
rière les membres et sur le garrot, sans toutefois qu'il
existe sur celui-ci cette toufle épaisse de poils exces-
sivement longs que l’on a observée chez d’autres Ours.
Sur le devant des membres, les poils sont comparati-
vement très-courts, eLils sont peu longs sur les oreilles.
Les ongles, qui sont noirätres, semblent plus com-
primés et sont plus allongés qu’on ne les trouve d’or-
dinaire. Mais il faut faire ici la part de l'influence de
la captivité et des habitudes paresseuses de lanimal
qui, renfermé dans une cage , et passant la plus
grande partie du jour dans le repos, use fort peu les
extrémités de ses ongles.
D'après quelques renseignements qu'a bien voulu
me donner, en l'absence de M. Néboux ‘, l’un de
1 M. Néboux est reparti peu de temps après l’arrivée de la
Vénus en France pour une autre expédition lointaine , qu'il
saura, sans nul doute, faire tourner aussi au profit de la science.
— 195 —
ses collaborateurs, M le docteur Guéneau de Mussy,
l'Ours du Kamtschatka était déjà brun lorsqu'on le
prit, et non gris, comme le sont les jeunes de l'Ursus
ferox de l'Amérique du Nord, et aussi les jeunes
Ours des Pyrénées, J'ignore s’il avait de chaque côté,
sur la partie latérale du col, la bande transversale
blanchätre que chacun sait exister chez les jeunes Ours
européens, et que M. Frédéric Cuvier a retrouvée
beaucoup plus marquée et plus large chez un Ours du
Nord de l'Asie, considéré par lui, pour cette raison
même, comme appartenant à une espèce distincte, et
nommé ÜUrsus collaris. Soit que cette bande n'ait ja-
mais existé chez notre individu, soit qu’elle se soit gra-
duellement effacée, comme il arrive le plus souvent
chez les Ours d'Europe, à mesure qu'ils vieillissent,
je n’ai pu en apercevoir la moindre trace.
La description que je viens de donner et surtout la
figure, dessinée sur le vivant par M. Werner, qui fait
partie de notre Atlas *, font suflisamment connai-
tre l’Ours ramené du Kamtschatka par la Vénus.
1 Voy. la pl. IV. — Dans la planche suivante, j'ai fait repré-
senter un beau squelette de l'U. ferox des zoologistes américains,
trouvé aux environs de Monterey en Californie, et rapporté par
M. Néboux. Ce squelette a déjà été figuré par M. de Blainville
dans son Ostéographie (loc. cit. pl. ID); mais il présente trop d'in-
térêt pour que j'aie pu ne pas lui donner place dans latlas des-
tiné à représenter les principaux objets des collections de la Fé-
nus. En effet, «c'est peut-être, dit M. de Blainville , le seul
«exemple que la science possède d’un squelette d'Ours etde grand
« Carnassier parvenu à tout son développement à l'état sauvage.»
Voyez le huitième fascicule de VOstéographie.
— 124 —
Elles pourront fournir par la suite quelques éléments
pour la détermination des variétés que subit l'Ursus
arctos dans les diverses localités où 1l se trouve; va-
riétés dont on s'est haté d’ériger plusieurs en espèces
distinctes, caractérisées par quelques légères et insi-
gnifiantes différences de proportions ou par des dif-
férences de couleur moins importantes encore. Ces es-
pèces me paraissent pour le moins fort douteuses. Les
observations que j'ai faites sur les Ours de la Ménage-
rie, m'ont fourni, en eflet, de nombreuses preuves
que, non-seulement le pelage des Ours peut varier
beaucoup d’une saison à l’autre; mais qu'il présente
en outre, d’un sujet à l’autre, des diversités indivi-
duelles extrêmement marquées. Ainsi tandis que j'ai
vu, dans l’un des fossés de la Ménagerie, un Ours
conserver en toute saison la même coloration (brun
fauve clair), la plupart de nos individus ont présenté
des changements très-notables, le pelage devenant plus
foncé l'hiver : et encore n'est-ce pas d'une manière
régulière et constante. Je puis citer pour exemple un
individu qui, après avoir été brun pendant deux ou trois
années, est devenu presque aussi noir que l'U. ame-
ricanus, el surtout deux individus qui, nés jumeaux,
tous deux mâles, élevés ensemble sans jamais se quit-
ter, el parlageant constamment la même nourriture,
n’ont été semblables lun à l’autre que dans leur pre-
mière jeunesse. Cette époque passée, lun d’eux a été
tantôt d'un brun-roux clair, tantôt d'un brun médio-
crement foncé : l’autre tantôt d’un brun foncé, tan-
tôt noir et tel que l'Ours norr d'Europe est décrit par
— 195 —
les auteurs qui croient devoir admettre cette très-
douteuse espèce.
S IL.— Description du RaAToN LAVEUR, Procyon lotor,
variélé mexicaine.
On n’a connu pendant longtemps, où du moins on
n'a admis dans le Systema, que deux espèces de Ra-
tons, le Laveur, Procyon lotor, de PAmérique septen-
tronale, et le Crabier, Pr. cancrivorus, de l'Amérique
méridionale. Ces deux espèces étaient aussi distinctes
par leurs caractères zoologiques, que différentes par
leurs patries. Le genre Procyon faisait ainsi une ex-
ception tranchée à un fait général que j'ai signalé,
il y a plusieurs années, à légard des mammifères
américains, et qui, malheureusement pour les z00-
logistes nomenclateurs , n'est que trop invariable-
ment vrai, savoir : la modification graduelle, et par
nuances presque insensibles, des types génériques qui
se trouvent répandus à la fois sur une grande partie
du continent américain, et par suite l'extrême difi-
culté, pour ne pas dire plus, d'établir, dans les genres
américains, des espèces tranchées et susceptibles
d'être nettement et rigoureusement caractérisées.
C'est ainsi que, depuis tant d'années, les classificateurs
s'efforcent, sans pouvoir jamais y réussir, soit de don-
ner une détermination spécifique et satisfaisante de
divers genres américains, tels que les Sapajous, les
Hurleurs, les Coatis, les Moufettes, soit de définir
avec quelque rigueur les espèces américaines de di-
— 126 —
vers genres Cosmopolites, par exemple, parmi les car-
nassiers, l'Ocelot, le Chatietles autres Felis voisins de
ceux-ci, et parmi les ruminants, les petits Cerfs amé-
ricains. Et ici, il est à remarquer que le plus souvent
les nouvelles acquisitons de la science ne font que
rendre les déterminations plus difficiles et les ques-
tions plus obscures : preuve certaine que les zoolo-
gistes, en tout ce qui touche le grand problème de
l'espece (selon moi, encore entièrement irrésolu),
sont engagés dans une fausse voie. Ils partent d’un
principe inadmissible, la fixité de l'espèce, et de dé-
finitions, les unes inexactes, les autres vagues, hy-
pothétiques et entièrement inapplicables aux faits :
aussi n'arrivent-ils qu'à des résultats douteux, admis-
sibles seulement à titre provisoire, et devant être néces-
sairement un jour modifiés ou réformés.
C’est ainsi que, près des genres que j'ai cités plus
haut et qui font depuis si longtemps le désespoir
des zoologistes classificateurs, d’autres venant chaque
1 « En nous élevant ici après Lamarck et M. Geoffroy Saint-
« Hilaire, disions-nous dans un autre travail { article Zoologie
« de l'Encyclopédie du dix-neuvième siècle), contre la doctrine de
« la fixitéde l'espèce, nous n’ignorons pas que son abandon pourra
«et devra entraîner l'ébranlement de l'édifice zoologique tout
«entier. Mais ce danger même, dont nous sommes le premier à
« reconnaitre la gravité, ne doit pas nous retenir : détruire l'er-
« reur, alors même que nous ne savons pas encore exactement ce
« qu'il faut mettre à la place, c’est déjà faire un premier progrès.
« Pour qui veut construire un édifice nouveau, le premier soin à
« prendre, n'est-il pas de déblayer le terrain des vieux matériaux
«< qui l’encombrent? »
— 127 —
jour se placer, les découvertes des voyageurs ajou-
tent bien plus encore aux embarras qu'aux richesses
de la science. Ainsi, parmi les Singes, la détermi-
nation spécifique des Lagotriches, des Nyctipithè-
ques, semblait, il y a peu d'années encore, aussi
facile que celle des Sapajous et de Hurleurs est diffi-
cile et confuse; mais il en était ainsi, parce que les
premiers de ces Singes sont aussi rares en Europe
que les derniers y sont communs, et depuis quel-
ques années le nombre des individus existant dans
les collections, s'étant beaucoup augmenté, les diffi-
cultés de leur détermination se sont accrues précisé-
ment dans la même raison.
De même les Ratons qui semblaient, il y a peu d’an-
nées encore, aussi faciles à déterminer que le sont peu
les Coatis, commencent aujourd’hui à embarrasser les
zoologistes. M. Wagler a décrit, en 1831 *, souslenom
de P. Hernandez, une espèce mexicaine que Hernan-
dez paraît avoir anciennement indiquée ?, et qui est in-
termédiaire, par ses caractères zoologiques aussi bien
que par son habitat, au P. lotor des Etats-Unis, et au
41 Einige Mittheilungen über Thiere Mexicos, dans l'Isis, ann.
1831,p. 514.
2 Dans son Thesaurus historiæ animalium, p. 9. Voici le pas-
sage tout entier de Hernandez :
DE TEPE MAXTLATON. Genus est felis sylvestris, mustellæve ,
nam et æluro par feré est magnitudine, pilisque vestitum nigris, et
promiscuë candentibus, pulvis ejus dicitur febrientibus conferre,
rostrum est longum, auriculæ parvæ, breia crura, et cauda eisden
transversis fasciis, rigris, candidisque, quibus Tepemaxtla, ocoitu-
censis, Cujus videlur species Variare.
— 128 —
P. cancrivorus du Brésil. De même une espèce qui
habiterait les Anül les, P. brachyurus, une autre, ha-
bitant la Californie, P. Psora, ont été proposées, l’une
en 1837 par M. Wiegmann ‘, l'autre en 1842 par
M. Gray ?, en sorte que le nombre des espèces du
genre Procyon se trouverait porté de deux à cinq,
non compris le P. obscurus de M. Wiegmann ?,
dans lequel on ne saurait guère voir qu'une variété
mélanienne , et non une espèce ou variété impor—
tante de localité, telle que les précédentes.
Le Raton qui fait le sujet de ce paragraphe, vient de
Mazatlan, au nord du Mexique, el par conséquent a
été trouvé dans une localité peu distante de la patrie
du P. Hernandezù et de celle du P. Psora. I était
donc à présumer que le Raton rapporté par la Y’énus,
appartiendrait à l’une ou à l’autre de ces espèces, si tou-
tefois le P. Hernandez et le P. Psora doivent être
toutes deux admises dans le sytème. Oril n’en est rien,
à en juger selon les caractéristiques de ces deux espèces,
telles qu’elles ont été données par MM. Wiegmann et
Gray. Le Raton de la F’énus a de nombreux rapports
avec l’une et avec l’autre; mais il s’en distingue en
même temps par plusieurs caractères. Au contraire, il a
les affinités les plus intimes avec le P. otor, dont je le
1 Voyez Archiv für Naturgeschichte de Wiegmann, 1837, part.
IV. Ce mémoire a été reproduit dans les Annals of natural his-
tory de Jardine, t. À, p. 132.
2 Dans les Anna/s déjà citées de Jardine, t. X, p. 261 (décem-
bre 4842).
8 Locis cit.
— 1925 —
considère comme une simple variété de localité, dis-
tincte surtout par le moindre développement du pe-
lage ; modification dont il est à peine utile de signaler
la concordance avec les conditions du climat du Mexi-
que, comparées à celles du climat des Etats-Unis.
La couleur générale de notre individu est le cendré
lavé de fauve et tiqueté de noir : la teinte fauve
domine sur le col, le devant du dos et les épaules; la
croupe, au contraire, tire sur le noiïratre. La face est
noire et blanche. Le noir occupe la ligne médiane de-
puis le mufle jusqu'au niveau des yeux, et les parties
latérales, dans une direcuon oblique de haut en bas et
d'avant en arrière, depuis la ligne médiane jusqu'au-
dessous de l'oreille. La bande noire oblique qui résulte
de ce système de coloration, a une largeur moyenne
de 6 centimètres : Poil s'y trouve compris, mais placé
très-près de sa limite supérieure. Les oreilles sont en-
tièrement blanches à leur face concave; elles sont de
même blanches à leur face convexe, mais avec la base
brunâtre. Derrière l'oreille, de chaque côté, une
ligne noire, médiocrement distincte, se porte d’abord
directement en arrière, pus se détourne en dedans
presque à angle droit, et vient se perdre sur la ligne
mediane vers le devant du dos.
Tous ces caractères sans aucune exceplion, et sans
aucune différence appréciable, se retrouvent chez le
Raton laveur des Etats-Unis, et la coloration géné-
rale des poils, d’abord noivs, puis d’un cendré jaunatre,
enfin noirs à la pointe, est aussi la même. Mais le pe
lage de notre Raton du Mexique est beaucoup plus
Zoovocir, 9
— 1350 —
as. Sous ce rapport, notre imdividu se rapproche du
P. cancrivorus, et c’est, au reste, ce que chacun eût
pu prévoir, en raison des circonstances climatolo-
giques de l'habitat de ces animaux. Comme le P.
lotor, notre Raton a les poils des pieds blancs; mais
ces poils sont excessivement ras, el, SOUS Ce rapport
encore, notre Raton mexicain se rapproche du P.
cancrivorus qui a, comme on le sait, le bas des mem-
bres dénudé, et chez lequel la région immédiatement
au-dessus de la partie nue, est couverte de poils très-
ras. Je dois même ajouter que chez notre individu le
dessus de la patte antérieure droite est presque en-
tièrement dénudé, et à peu près tel qu’on l'observe
chez le P. cancrivorus. Cette analogie serait assuré-
ment fort remarquable; mais la disposition dont elle
résulte est-elle naturelle à Panimal? On doit en dou-
ter, puisqu'elle n'existe que d’un coté; et il y a lieu
de supposer que lanimal ayant été préparé avec
peu de soin, les poils de la patte antérieure droite
sont tombés, comme il arrive généralement en pareil
Cas.
La queue, dont la longueur ne peut malheureuse-
ment être déterminée d'après une peau préparée, à,
sur un fond gris jaunâtre, six anneaux noirs très-dis-
tincts, y compris l'anneau terminal. Le P. lotor des
Etats-Unis n’a, le plus ordinairement, que cinq an-
neaux noirs distincts; mais souvent un sixième est
indiqué, et parfois même il est assez nettement marqué
pour que la queue doive être dite à six anneaux ; en
sorte que, d'après la coloration elle-même de la queue,
— 181 —
il y a plutôt lieu de réunir notre Raton mexicain au
P. lotor, que de l'en séparer. Quantau P. cancrivorus,
il a la queue notablement plus longue et ornée de
sept ou huit anneaux; mais ceux de la première moi-
tié de la queue sont le plus ordinairement confluents
et confus.
La taille de notre individu est un peu au-dessous
de la taille ordinaire d’un Raton laveur. En; raison
de la moindre abondance et de la moindre longueur
des poils, notre individu paraît d’ailleurs plus svelte
ou plutôt de forme moins lourde. Ses dimensions sont
comme :l suit :
Distance du museau à Porigine de la queue. . 0,55
Hauteuraux épaules. »: : 0, 1 052
LonSneunde queue: +. ns 0 0 , 30
Il reste à comparer notre individu aux espèces qui
ont été décrites dans ces derniers temps, et quelques
lignes me suffront pour cette comparaison. Aucune
dificulté de s'élève en premier lieu, ni à l'égard du
P. brachyurus, ni à l'égard du P. obscurus, en suppo-
sant qu'il doive être admis comme espèce distincte; les
noms de ces deux Ratons suflisent pour rappeler leurs
caractères distincüfs. Le. P. Hernandez est, de
même, très-distinct, s'il est vrai qu'il ait les pieds
bruns, et non blancs, ainsi qu’on l’admet dans toutes
les caractéristiques : Mariculis ac podarts fuscrs, dit
M. Wagler; pedibus fuscis, dit M. Wiegmann. Enfin,
le P. Psora est d’une autre couleur, d’après la carac-
—_ 439 —
téristique donnée par M. Gray : Fellowish brown, dit
cet auteur, and gray, grisled; face, temples, side of
neck, chest, belly and sides of body dirty yellow;
forehead, cheeks under the eyes, each side of the
throat and back of the ears dark blackish brown.
Rappelons du reste, en terminant, combien sont
fréquentes et remarquables les variétés individuelles
chez les Ratons, et particulièrement chez le P. lotor,
le mieux connu de tous. Parmi les individus que pos-
sède le Muséum, les uns offrent l'état normal, et, par
conséquent, sont gris ; d’autres, plus ou moins complé-.
tement albinos, soit jaunes ou blancs ; d'autres, affectés
au contraire de mélanisme à des degrés divers, sont
oris-brun, bruns ou noirs. En présence de toutes ces
variétés que présente le P. lotor aux Etats-Unis, et
après avoir vu qu'il existe, au Mexique, un Raton qu'il
semble impossible de séparer spécifiquement du P. lo-
tor, on est fondé à se demander si le P. Hernandez,
qui est aussi du Mexique, et le P. Psora, qui habite la
Californie, sont bien des espèces distinctes, ou si ce
ne seraient aussi que de simples variétés locales ou
individuelles. C’est une question que je ne puis d’ail-
leurs que poser, et dont la solution ne peut être ob-
tenue tant que le P. Psora ei le P. Hernandezt ves-
.teront connus seulement par l'examen extérieur d’un
ou de quelques individus.
— 155 —
$ IT. — Description de la Moufette mésomèle,
Meplitis mesomelas, Licurensr.
Dans son rapport à l’Académie des sciences, sur les
résultats zoologiques de l'expédition de la Fénus ",
M. de Blainville a signalé, comme un fait fort inté-
ressant pour la géographie, l'existence à la Californie
du genre Moufette, si commun dans l'Amérique du
Sud, et déjà connu aussi dans plusieurs parties de
l'Amérique du Nord, Ce fait a été constaté par M. Né-
boux, qui, en effet, s'est procuré en Californie, à Mon-
terey, une Moufette adulte. Examinée avec soin, cette
Moufette m'a paru très-semblable à une Moufette de la
Louisiane , que M. Lichstenstein a décrite, en 1827,
dans sa Darstellung neuer Sœugethiere*, et de nou-
veau, en 1838, dans un mémoire spécial *.
Cette Moufette de la Louisiane a recu du célèbre
zoologiste de Berlin, le nom spécifique de Mesomelas,
et est ainsi caractérisée par lui :
Plantis pilosis. Lined angustŒ medi& a rostro ad
verhicem; macul& nuchali anticè truncat&, posticè
bipartit& in vittam duplicem, per latera dorsi et cau-
dæ continuatam.
Cette caractéristique est parfaitement applicable
Comptes rendus de ? Academie des sciences, t. XI, p. 339.
? Berlin, in-fol., 1837.
5 Ucber die Gattung Mephitis, eine akademische Abhandlung.
Ce mémoire a élé publié à part (in-4, Berlin, 1838), et inséré
dans le Recueil de l'Académie de Berlin.
— iS4 —
aussi bien à notre individu qu'à celui qu'a décrit
M. Lichtenstein. Il existe toutefois, à quelques égards.
entre l'un et l’autre des différences que je dois indi-
quer ici, et qu'il m'a paru nécessaire de faire con-
naître aussi par une figure.
Les parties inférieures et latérales sont, chez notre
individu, d'un noir profond, ainsi que le milieu du
dos, dans un espace triangulaire compris entre deux
raies blanches obliques, partant de chaque côté de la
base de la queue, et venant se réunir sur la ligne mé-
diane entre les deux épaules. Sur l’occiput et la nuque
est une large tache blanche, ayant la forme d’un tri-
angle équilatéral dont la base serait en avant, et dont
le sommet viendrait en arrière se confondre avec la
ligne blanche du dos. Tout ce qui est en avant du tri-
angle blanc occipito-cervical, est noir, sauf une très-
petite ligne blanche médiane, commencant à 2 centi-
mètres de la tache blanche plus haut décrite, et finissant
à 2 centimètres du mufle. Cette petite raie, fort étroite
et tout-à-fait linéaire, n’a que 3 centimètres, encore est-
elle interrompue vers son milieu par des poils noirs.
C'est cette ligne qui correspond à la lnea angusta
media a rostro ad verticem, mentionnée par M. Lich-
tenstein comme l’un des caractères de l'espèce; mais
il est à remarquer que si elle la représente exactement
par sa direction, elle est du moins beaucoup plus
courte et plus étroite encore. Et même, comme elle
est interrompue vers son milieu, ainsi que je l'ai dit,
il y a tout lieu de présumer qu’elle disparait plus ou
moins complétement chez certains mdividus.
La queue, remarquable par la longueur considera-
ble de ses poils, est mélangée de noir et de blanc.
Sauf quelques pinceaux entièrement blancs, les poils
de cette partie sont blancs dans leur première portion,
et noirs dans la seconde. La zone blanche des poils se
montre partout à l'extérieur à travers le noir, à cause
de la divergence des poils de la queue qui même est
assez régulièrement distique sur sa face inférieure ou
postérieure. |
Les poils sont abondants et assez longs sur le corps.
Leur longueur est d'environ 4 centimètres sur la par-
Ue antérieure du dos, et de 6 etmême 7 sur la croupe
et vers la base de la queue. Quant aux poils de la
queue, ils ont près d’un décimètre de long vers l'ori-
gine et vers l'extrémité de la queue, et jusqu’à 15 cen-
üumètres dans sa région moyenne.
Les dimensions générales sont les suivantes :
Distance du museau à l’origine de la queue. . 0,42.
Hauteur aux CDARLOSS ae Sat du 2-08 10)
Longueur de la queue, non compris les poils
quel terminent À LE nn Las le «0 07% 00:
Longueur de la queue, les poils compris. . . . 0,32.
Dans son mémoire sur le genre Meplutis, M. Lich-
tenstein à exprimé le regret de n'avoir pu examiner
la dentition de la 37. mesomelas. On verra, par les
figures du crâne et des dents que j'ai jointes à la
figure de l’ensemble de l'animal, que cette espèce a
bien les caractères des véritables Mephitis, et non
ceux du groupe auquel M. Lichtenstein a donné le
2 die
nom de Thuosmus, et qui se distingue par l'existence
de trois molaires seulement à la mâchoire supérieure ”.
1 Molares supra utrinsecüs tres, dit M. Lichtenstein dans la
caractéristique de ce groupe... Rhinarium proboscideum, naribus
anticis et inferis. Auxiculæ orbiculares vix emergentes. Plantæ
latiores denudatæ. À ces caractères s’opposent les suivants, chez
les véritables Moufettes : Molares suprà utrinsecüs quatuor...
Rhinarium prominulum naribus lateralibus. Auriculæ ampliores
ovales emergentes. Plantæ angustiores seminudæ aut pilose.
— 137 —
SECONDE PARTIE *.
Descriprion pù CHAT BAI er pu CHAT ALBESCENT ; £r
REMARQUES SUR LES CARACTÈRES ET SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRA-
PHIQUE DE PLUSIEURS AUTRES CHATS.
Quel que soit le point de vue auquel on se place
pour étudier la distribution géographique des mammi-
fères à la surface du globe, soit que l'on considère
cette étude comme étant de nature à jeter quelques
lumières sur la formation des diverses parties du
monde , ainsi que le pensait Zimmerman , soit qu’on
demande aux faits qu'elle nous dévoile, des éléments
pour la solution du problème relatif à l'influence des
agents physiques sur les formes animales, on ne peut
manquer de recueillir des notions importantes, même
pour la distinction spécifique des animaux. On arrive,
en effet, par ce moyen à former des groupes compo-
sés d'individus assez semblables, et ces groupes une
fois établis, les diagnoses différentielles des espèces
4 Cette seconde partie est rédigée par M. le docteur Pucheran,
attaché aux galeries de zoologie du Muséum, et dont la colla-
boration m'est et me devient chaque jour de plus en plus
précieuse dans le soin et le classement des collections dont la
direction m'est confiée. M. Pucheran, ayant fait depuis plusieurs
mois une étude spéciale du groupe des Felis, je ne pouvais mieux
faire que de lui confier cette partie du travail. 1. G. S.-H.
— 158 —
qui en forment l’ensemble, deviennent plus faciles
à constater el à déterminer.
De lamême main qui tracait le principe dela spécialité,
soit générique, soit spécifique des animaux qui habi-
tent les latitudes australes des deux continents, Buffon
esquissait les caractères différentiels qui établissent une
ligne de démarcation si facile à saisir entre les Singes
américains et ceux qui, dans l’ancien continent, habi-
tent l'Afrique, PAsie et les archipels qui en dépendent.
En agissant ainsi, Buffon ajoutait évidemment l’exem-
ple au précepte, et faisant en quelque sorte descendre
le principe qu'il avait établi du rôle spéculatif qui sem-
blait uniquement pouvoir lui être attribué, il en faisait
l'application la plus ingénieuse à la distinction d'ani-
maux que Linné lui-même avait réunis dans son genre
Simia; prouvant, par cet exemple, que si les généra-
lisations satisfont l’esprit en lui faisant considérer les
fats d’un point de vue plus large et plus vaste, elles
ne sont pas moins utiles à la science par la manière
dont elles simplifient la solution des problèmes qui
composent son domaine.
Aussi tous les zoologistes qui ont suivi Buffon, ont-
ils généralement sanctionné, par leur approbation, les
vues de cet homme célèbre. Nous dirons même que
la distribution géographique des races humaines con-
concorde parfaitement avec les lois de distribution
géographique que Buffon a établies. C’est la même race
qui, dans les deux continents, en Asie et en Europe,
comme en Amérique, habite les latitudes boréales.
Dans les latitudes australes, au contraire, qui ne sait
— 39 —
que les peuplades de l'Amérique du sud sont diffé-
rentes de celles du sud de l'Afrique ? Qui ne sait en-
core que les nations qui peuplent l'Asie, les divers
archipels de l'Océanie et le vaste continent de la Nou-
velle-Hollande, ne sont point les mêmes que celles
qui peuplent le sud de l'Afrique et de l'Amérique ?
Mais si, d’une part, comparés aux animaux de l’an-
cien continent, les animaux américains en diffèrent
comme espèces, on ne peut s'empêcher de convenir,
d'autre part, qu'ils offrent des rapports d’ensernble
et de forme qui permettent d'établir leur parallélisme
réciproque. Ainsi, dans la famille des Singes, les Atèles
du nouveau continent correspondent aux Semnopi-
thèques de l’ancien, les Hurleurs aux Macaques; de fa-
con que les Animaux des deux mondes, comparés soit
entre eux, soit avec leurs congénères des mêmes loca-
lités, offrent des types de forme totalement analogues.
Dans les types divers de formes et de coloration
que nous offrent les espèces du genre Fels, on re-
trouve ce même parallélisme de création des deux
mondes. Ainsi, parmi les espèces unicolores à grande
taille, le Couguar, en Amérique, correspond au Lion
de l’ancien continent; dans les espèces à taille mfé-
rieure, l'Eyra et le Jaguarondi, correspondent au Fe-
lis Temminki de MM. Vigors et Horsfield, et au
Felis moormensis de M. Hodgson. Ainsi, encore dans
les deux continents, on retrouve des espèces à pelage
couvert de taches en rose; en Amérique, le Jaguar,
et dans l’ancien continent, les divers types de forme
que lon rapporte à la Panthère et au Léopard. Aussi,
— 140 —
en décrivant dans le Zoological journal, le Felis ma-
crocelis de M. Temminck, M. Horsfield n’hésita point
à dire qu'il représentait dans l’ancien continent les
Chats à taches ocellées du continent américain.
En général, comparées à leurs analogues de l’ancien
continent, les espèces du genre Felis propres au con-
tinent américain, s’en distinguent par un prolonge-
ment caudal moins allongé. Que ce fait soit vrai pour
les Chats américains à pelage simplement tacheté, ceci
ne doit pas nous surprendre; car on observe ce carac-
tère de brièveté de la queue dans la presque totalité
des espèces de l’ancien continent, que la coloration de
leur robe rapproche du Serval, telles que les Fes
javana et sumatrana de M. Horsfield , le F. rubigi-
nosa de M. Isidore Geoffroy St.-Hilaire, le Fetis
viverrinus de M. Bennett, et la plupart des individus
qu'ont décrit dans ces derniers temps MM. Gray,
Elliot *, Hodgson *, Ogilby *, Lesson , Jardine f,
et Waterhouse”, Mais on sait que le Jaguar, comparé
L Felis neglecta, Ann. of nat. hist., t. 1, 1838, p. 27. — Felis
chinensis, dans Loudor”s magazine, t. 1, 1837, p. 577.
2 Felis Wagati, Journal de Madras, n° 24.
5 Felis viverriceps, dans le Journ. of asiat. soc. of Beng., t. V,
DATE: D: 202.
4 Felis servalina , dans les Proceed. of the zool. society de Lon-
dres, 1839, p. 94.
$ Felis senegalensis, dans l'Institut, 1834.
6 Felis himalaicus, dans the natur. library, t. W, p. 230. Le
Jelis servalina du même naturaliste paraît faire exception, en
supposant que ce soit bien une espèce; car il a une queue très-
longue.
7 Felis rutilus, dans les Proceed. 1843, p. 180.
= A =
à la Panthère, se distingue par une queue plus courte ;
caractère qui, indépendamment de ceux fournis par
la forme des taches, permet de reconnaitre facilement
ces deuxe spèces. |
Nous croyons être dans le vrai, en disant qu'il en
est du Couguar, de l'Eyra et du Jaguarondi comparés
sous ce point de vue au Lion, au Felis Temminckü et
au Felis moormensis comme du Jaguar comparé à la
Panthère.
Au reste, tous ces Chats à taches ocellées qui pa-
raissent habiter presque uniquement le continent
américain, ne peuvent laisser le moindre doute à ce
sujet. S'il est vrai que le Felrs macrocelis de Suma-
tra représente, dans l’ancien monde, les Ocelots du .
nouveau , l'allongement de sa queue est un caractère
bien suffisant pour l'en distinguer avec facilité. Enfin
c'est tout au plus si, dans le Fes macroura de M. de
Wied ', on trouve une espèce qui représente à un
faible degré, par une queue un peu plus allongée que
ne le sont celles de ses congénères, les divers Chats
qui ont été décrits sous le nom de Felis pardus, Felis
leopardus, Felis 1rbis et Felis Nimr, et dont les carac-
tères distinctifs sont déterminés d’une manière si con-
fuse. Quant au Chau, aux diverses variétés d’Ocelot,
décrites par M. Griffith d’après les observations du
colonel Hamilton Smith, et dont M. Fischer a fait
des espèces, elles confirment en tout point les données
1 Nous ne parlons point du Felis elegans de M. Lesson par le
motifbien simple que nous croyons que c’est la même espèce que
le Chat de M. de Wied.
— 142 —
différentielles que nous venons de brièvement esquis-
ser. Un individu que nous possédons présentement
dans la collection de mammalogie du Muséum, ne fait
pas non plus exception sous ce rapport.
Dans ce Fes, le fond du pelage est blanchâtre, lavé
de fauve sur le front et la tête, sur le dos du cou,
sur la grande tache de l'épaule et au centre des petites
taches qui se voient sur la face externe des membres
antérieurs.
A l'angle interne de l'œil se voit une petite tache
noire, pleine, verticale et allongée, du centre de la-
quelle partent quelques soies, et immédiatement au-
dessus, séparée de la première par un intervalle blanc
fauve, s’en trouve une autre plus large, également
verücale et dont l'extrémité supérieure est dirigée en
dedans. Au-dessus de cette seconde tache, et séparée
d'elle par un intervalle également fauve, commence
une raie noire qui se dirige en arrière et, au niveau
du bord interne de l'oreille, se dirige en dedans; cette
pare transversale occupe sur le front l’espace d’un
centimètre.
Ces deux raies interceptent entre elles un espace
fauve blanchètre, occupé par des taches noires, les
unes verticalement , les autres transversalement diri-
gées : sur la portion du front, qui sépare les unes des
autres les deux taches superposées situées à l'angle
de l'œil, ce ne sont plus que des mouchetures. Disons
cependant qu'en dedans de la tache intra-oculaire la
plus antérieure se trouve , à droite et à gauche, une
tache noire allongée.
— 143 —
L'occiput est occupé par sept lignes noires, longi-
tudinalement dirigées. Les deux plus externes naissent
à gauche d’une ligne de même couleur qui commence
à quelques millimètres en avant de l'oreille, en ar-
rière de la courbe que forme pour s’infléchir en de-
dans la ligne noire qui occupe le front et dont nous
avons déjà parlé. Elle cotoie ensuite l'oreille à sa
base, pour se diviser en deux raies qui descendent
le long du cou, et se réunissent de nouveau, inter-
ceptant une tache fauve qui inférieurement, au-des-
sus de la ligne transversale de réunion des deux raies
qui la bornent, présente deux mouchetures noires.
A droite, elles naissent en haut isolément , de sorte
que la longue tache qu’elles forment est ouverte su-.
périeurement. Celle qui occupe la partie médiane est
une raie pleine, naissant plus en arrière que toutes
les autres, à 13 centimètres + de la pointe du nez;
elle s'étend sur la région médiane du dos, jusqu’à la
réunion du tiers moyen avec le tiers antérieur de
l'espace compris entre le bout du nez et l'origine de
la queue : c’est la qu’elle cesse. Quant aux deux raies
qui, toujours sur la partie supérieure du cou, sont
situées à droite et à gauche de la ligne médiane, elles
naissent plus en avant que toutes leurs congénères,
au niveau du bord antérieur de l'oreille, à 11 cen-
üimètres environ du bout du nez. Elles se dirigent
d'abord verticalement en arrière, puis en dehors et
ensuite reprennent leur direction première. A droite
et à gauche, chacune d’entre elles se divise, intercep-
tant un espace fauve et descendant le long du cou,
— 144 —
elles se séparent de nouveau, de facon que l'espace
qu’elles interceptent est ouvert inférieurement; mais,
dans un plus grand espace à droite qu'à gauche, les
deux raies venant plus au contact sur cette dernière
partie du cou.
Sur le milieu du dos, règne une série de taches
allongées, dont l'extrémité de la plus antérieure com-
mence à 47 centimètres environ de la racine de la
queue. Les deux premières sont parfaitement isolées :
les autres tendent de plus en plus à se constituer
en ligne continue, et cette fusion est d'autant plus
complète que l’on se rapproche plus de l’origine: de la
queue. Dans l'endroit où deux taches tendent à se
confondre, la ligne médiane présente un rétrécisse-
ment dû à la moins grande largeur de la tache qui
occupe cet espace. Toutes ces taches sont d'un noir
parfait : les poils qui les forment sont grisatres à leur
racine, puis brunâtres et noirs dans le reste de leur
étendue. Cà et là, on apercoit dans leur intérieur ou
dans leurs points de fusion, quelques poils à pointe
fauve; chez ces derniers, qui se présentent surtout
dans les points d'intersection des taches et qui sont
des vestiges de leur séparation, un anneau fauve se
trouve subjacent à lanneau noir de la pointe. Cet
anneau fauve varie en étendue ; il nous semble de na-
ture à faire présumer que dans les mues antérieure-
ment éprouvées par lindividu que nous décrivons, les
poils qui se trouvent noirs dans la majeure partie de
leur étendue avaient été en partie de couleur fauve,
au moins à leurs pointes.
— 145 —
Sur les côtés de cette ligne dorsale, se trouvent
deux rangées de taches, allongées dans le sens de la
longueur de l'animal, bordées de lignes noires, ouver-
tes pour la plupart et de couleur blanchatre, légère-.
ment teintes de fauve dans leur centre, les poils qui
forment la partie centrale ayant leurs pointes de cou-
leur fauve très-clair. Plus on se rapproche de la queue
et plus les taches deviennent étroites : à droite, on
voit que ces taches ont moins qu'à gauche de la ten-
dance à se dessiner en bandes.
Au-dessous de ces rangées de taches, s'en trouvent
deux autres totalement ocellées. La plus supérieure
est bordée de lignes noires ondulées, qui à son bord
postérieur ne viennent point au contact. Le centre
de cette tache, qui est de couleur blanchâtre, les
poils qui le composent étant de cette couleur dans
leurs deux üers supérieurs, le centre de cette tache
présente des mouchetures noires; à la réunion de son
tiers antérieur avec ses, deux tiers postérieurs, une
raie noire verticale la divise en deux parties. Elle
a 23 centimètres environ dans ses dimensions longitu-
dinales, du côté gauche; du côté droit, sa partie pos-
térieure n’est point encore réunie à sa partie centrale.
La tache qui lui est subjacente est de même forme,
mais plus longue, présentant plus de mouchetures,
tant à droite qu’à gauche, que celle qui lui est super-
posée. Des deux côtés du corps, elle va s’arc-bouter
en avant, sur la bordure noire qui limite supérieure-
ment les petites taches qui couvrent les épaules; en
dehors et en arrière, elle est continuée par les taches
Zoorocig 10
— 146 —
allongées et imparfaitement bordées de noir, qui cou-
vrent la face externe des cuisses et les hanches.
Au-dessous de ces deux taches s'en trouve une
troisième , ocellée comme elles, occupant environ
la moitié de l'espace qui sépare le membre anté-
rieur du membre postérieur : elle est continuée en
arrière par d’autres qui sont imparfaitement bordées
et ne communiquent point avec elle, isolées même
qu'elles sont les unes des autres.
Les épaules sont occupées par de nombreuses ta-
ches et mouchetures noires, quelquefois se convertis
sant en lignes; une rate noire les encadre en dessus et
en dessous. D’autres, de même couleur, affectant la
disposition transversale, entourent les membres anté-
rieurs et postérieurs, en dehors comme en dedans. Aux
membres antérieurs, ces taches présentent en avant un
grand nombre de poils, dont les pointes sont de cou-
leur fauve. Les pattes sont, aux deux membres, mou-
chetées de noiratre ; au membre postérieur, une tache
présentant cette coloration s'étend en arrière presque
jusqu'au jarret *.
L’abdomen présente un fond de couleur d’un blanc
très-pur : il est occupé par des taches d’un brun cho-
colat, assez larges, et offrant un grand nombre de
poils à pointes blanches. Il en est de même de la face
interne des membres.
Les joues, le menton et la gorge, sont d’un blanc
1 Les ongles sont comprimés, assez forts, de couleur nacrée, et
plus longs en avant qu’en arrière.
— 147 —
très-pur. De l’angle antérieur et externe de l'oreille,
part une ligne noire qui va en s'élargissant et, recevant
un autre trait noir qui aboutit en avant à l'angle
externe de l'œil, rejoint sa congénère sous la mà-
choire inférieure, de facon à former à l'animal un col-
lier complet. Au-dessous de ce collier se trouvent, sur
les cotés de la ligne médiane, deux traits noirs, le
premier transversalement et le second, en dehors de
celui-ci, verticalement dirigés. Enfin, en avant de
l'espace qui sépare l’un de lautre les deux membres
antérieurs, se trouvent trois autres colliers, le plus
supérieur bien complet, les deux autres formés de
taches transversalement dirigées et isolées : ils unis-
sent l’une à l’autre la grande plaque de taches qui
couvre les épaules en dehors. Les soies des mousta-
ches sont les unes en entier blanches, les autres en en-
üer brunâtres : quelques-unes sont brunätres à leurs
racines et blanches dans le reste de leur étendue. En
arrière d'elles, commence une ligne noire eflilée qui se
change, sur la joue, en une large tache de même cou-
leur, présentant dans son centre quelques poils à
pointes fauves. Les oreilles très-larges et très-amples,
offrent au dehors un liseré noir sur le bord externe de
la tache blanche qu'elles présentent dans leur centre.
La queue qui descend jusques à la plante des pieds,
présente à sa base des taches noires affectant une dis-
position transversale; mais, à partir de la réunion de
son premier avec son second tiers supérieur, ces an-
neaux deviennent plus distincts. Près de la pointe, il
en existe deux qui ont jusqu'à 3 et 4 centimètres de
— 148 —
largeur. Le fond blanc qui sépare les anneaux noirs
perd de plus en plus de sa largeur, à mesure que l’on
s'approche de la pointe qui offre quelques poils blancs
sur sa face inférieure, et supérieurement offre un an-
neau noir.
Les dimensions de cet individu monté sont les
suivantes :
Longueur du corps du bout du nez à la racine de la
queue. aa
Longueur dead 24 es aol
Distance du bout du nez à l'angle interne et antérieur
délOtellé AR Ed e... ;. mee
Distance du bout du nez à l'angle externe et antérieur
de l'OTENIES ORENREETT,..6, POE RRRE U
Distance du bout du nez à l'angle antérieur de l'œil. . . 4
Distance entre les deux oreilles. . . . . . . . . . . 7
La plus grande hauteur de l'oreille est de. 7
Sa plus grande largeur de... . . 4
Nous considérons cet individu comme étant simple-
ment une différence d'age de l'espèce que M. Frédéric
Cuvier a décrite sous le nom de Feës brasiliensis, en
juillet 1828 (LVIIL livraison), dans l'ouvrage de
mammalogie qu'il publiait avec Pun de nos grands
maitres en zoologie et en anatomie comparée, M. le
professeur Geoffroy Saint-Hilaire père. Il est bien
vrai que dans la figure pleine d'exactitude que
M. Werner a donnée de l'animal, les taches sont beau-
coup moins ocellées que dans l'individu que nous
avons décrit; mais cela provient de la circonstance sui-
vante, M. Frédéric Cuvier n’a décrit que le côté droit
— 149 —
de l'animal, et c'est aussi ce côté qu'il a fait représen-
ter. Sur le côté gauche, en eflet, les taches sont beau-
coup mieux ocellées que sur le côté droit. Tel est le
motif qui nous fait considérer ces deux Chats comme
étant la même espèce : car tous les deux se séparent
des Ocelots par le fond blanchître du pelage et du
centre des taches des flancs : tous les deux ont les
oreilles plus grandes, plus étalées, le museau moins
large que l'Ocelot.
Mais cette espèce mérite-t-elle de conserver dans
les catalogues des espèces du genre Chat, l4 dénomi-
nation de Felis brasiliensis, que lui a imposée M. Fr.
Cuvier, croyant que l'individu qu'il décrivait avait
été amené du Brésil à Cuba et de l'Ile de Cuba en
France? C'était la croyance de M. Frédéric Cuvier au
mois de juillet 1828; mais dans la seconde édition de
son ouvrage, en 1834, il recüifia cette donnée, en di-
sant que cet animal avait été amené en France de
l'Ile de Cuba, mais que l'on ignorait de quelle partie
du continent américain il y avait été apporté. Quant à
l'individu que nous avons décrit, c'était un individu
du sexe mâle, originaire de l’état d’Arkansas, dans la
Louisiane, et qui avait été donné à notre ménagerie
par M. Trudau. Rien ne nous prouve que cette espèce
habite le Brésil, et comme l'application du nom cité
plus haut entraîne à sa suite une erreur, nous croyons
légitime, jusqu'à plus ample mformé, de lui substituer
la dénomination de Chat albescent (Felis albescens ),
dénomination qui rappelle à la mémoire la teinte blan-
châtre du pelage.
__ 130 —
Mais si le continent américain, dans ses parties
australes, paraît surtout habité par les Félis à taches
ocellées, l’ancien continent à son tour, dans ses lati-
tudes correspondantes, paraît être la patrie à peu près
exclusive ‘ de ces espèces de Chats. que Pallas, sui-
vant M. de Blainville, avait désignés sous le nom de
Cato-lynx, espèces qu'isolent si naturellement leur
pelage en général touffu, et leurs oreilles uniformé-
ment colorées en dehors.
Il devient évident dès-lors que la plupart des Félis
munis de trois molaires à la machoire supérieure et
à oreilles dénuées de pinceaux de poils bien marqués,
sont surtout habitants des régions australes. C'est
l'inverse pour les Lynx, dont le séjour est réel-
lement propre aux zones boréales des deux hémi-
sphères.
C’est à cette division du genre Félis, qu'appartient
le Chat bai (Felis rufa, Guld. ), rapporté de Californie
par M. Néboux. Le pelage est long, touffu , doux au
toucher : il est sur les flancs fauve roussâtre, teint
de blanchâtre, la plupart des poils étant de cette der-
nière couleur dans leur moitié la plus externe. Sur
la ligne médiane du dos, règnent depuis l'intervalle
de séparation des épaules, des stries noires non limi-
tées, produites par la prédominance, dans cette ré-
M. Gay, auquel nos collections doivent tant de richesses,
nous ayant rapporté un Chat qui, par ses caractères extérieurs,
nous a semblé appartenir à cette section des Cato-lynx, on s’expli-
quera comment nous sommes moins aflirmatfs sur le fait de la
distribution géographique des psendo-Iynx.
sion, des poils à pointe noire. La teinte roussâtre do-
mine sur le dessus du cou', la teinte blanchâtre sur
le front où se dessinent quelques lignes horizontales
brunatres : l'extérieur des membres présente la colo-
ration fauve roussatre des flancs; elle est plus pure
sur les membres postérieurs, plus lavée de blanchâtre
sur les membres antérieurs. Les taches brunes noirà-
tres qui les couvrent sont également plus détachées en
avant qu’en arrière : elles sont surtout marquées en
dedans où le pelage est blanc. Le haut des membres
présente en dedans deux bandes transversales parfai-
tement bien tranchées et d’un noirâtre foncé. Le
dessous est blanc, marqué de taches noires. La queue
est blanche en dessous et noire en dessus à son ex-
trême pointe.
Ce Chat, qui a été tué à Monterey, avait donc revêtu
sa robe d'hiver. D'après la description que nous en
avons donnée, il est facile de voir que si les lignes noi-
res de la région dorsale sont mieux dessinées chez
les individus dans leur pelage d'été, les taches brunes
noirätres de la face externe des membres, le bout de
la queue noir en dessus et blanc à son extrême pointe,
permettent (ces caractères sont reconnaissables en
toute saison), permettent, disons-nous, de différencier
l’espèce des autres Lynx de ces régions. Ces parties
présentent donc, chez le Fels rufa, le même ca-
ractère de permanence qui est dévolu aux taches des
fesses et de la face chez certains Cerfs auxquels les
saisons font éprouver des changements de colora-
(ion.
— 152 —
Les dimensions sont les suivantes :
Du bout du nez à l'origine de la queue. . . . . . bgcent.
D ns,
Longueur du membre antérieur. . . . . . . . 18
Longueur du membre postérieur mesuré le long de
son bord postérieur. . . AS OPA PRE
De l'angle interne de l'œil au ra ARMOR NE S
Du bordinterneetantérieur de loreilleau boutdunez. 81
Les dimensions de cet individu prouvent qu'il était
jeune ; les formes propres au crane ne nous laisseront
point d'incertitude à ce sujet.
On sait que, comparé au crane du Felis boreals de
M. Temminck, le crane du Felis bai s'en disüngue par
une saillie plus grande de la crête sagittale, par un
plus large étalement du frontal, par un cadre orbi-
taire plus allongé, par des arcades zygomatiques plus
déjetées en dehors. Dans la face, les os nasaux sont
plus étalés, plus larges, et le bord, par lequel ces piè-
ces osseuses s'unissent au frontal, est plus étendu. En
outre, la ligne d’articulation des os nasaux avec le fron-
tal, au lieu de se trouver sur la même ligne horizontale
que la suture de l'articulation du frontal avec la por-
tion montante du maxillaire supérieur, cette articula-
üon se trouve au-dessus de cette dernière. Sur le crâne
de l'individu rapporté par la F’énus , les caractères
que nous venons de tracer se trouvent réunis, mais
modifiés, comme le sont les crânes de tous les jeunes
animaux, par rapport à ceux de l'adulte de lespèce à
laquelle ils appartiennent. Le crane est plus arrondiet
LS er
— 1995 —
plus aplati que chez ladulte, les sutures non encore
totalement effacées n’ont point permis aux crêtes d’in-
sertion musculaire l'obtenir le développement qui les
caractérise ; les rugosités d'insertion du musele tem-
poral ne sont même point ébauchées; la portion de la
voûte du crâne qui se trouve située derrière l’apo-
physe orbitaire du frontal, n’est guère plus comprimée
que la partie de la région temporale qui sert de point
d’attache à Îa racine transversale de l’apophyse zygo-
malique ; cette apophyse zvgomatique elle-même est
peu déjetée en dehors. Avec lPâge les formes propres à
l'adulte se dessinent et s’établissent : le crâne s’allonge
et se rétrécit, les crêtes et les rugosités osseuses se
dessinent et les caractères de l'instinct carnassier se
révèlent par le développement des organes dévolus
aux fonctions de la mastication.
TROISIÈME SECTION.
RONGEURS.
Parmi les Rongeurs rapportés par l'Expédition, trois
espèces m'ont paru pouvoir être utilement décrites et
figurées : ce sont le Néotome de la Floride, l'Ecu-
reuil à ventre roux, dans divers états de pelage, et
une espèce nouvelle à laquelle j'ai cru devoir donner
le nom du savant chirurgien auquel est dû l'individu
type, M. le docteur Néboux.
$ I. Note sur le NÉOTOME DE LA FLoribE, Neotoma
floridana, Say et Or.
On sait que le genre Néotome a été établi, en 1825",
par MM. Say et Ord, d’après un Rongeur de la Floride
de l’est, précédemment décrit par M. Ord* comme une
espèce nouvelle du genre Rat et nommé Mus flori-
danus : c'est aujourd'hui le Weotoma floridana ,
connu non-seulement en Floride, mais aussi dans plu-
1 Voyez le Journal ofthe Acad. of natural sciences of Philadel-
pluia, 1. XV, p.345.
? Bulletin de la société philomathique, an. 1818, p. 181.
— 155 —
sieurs autres parties des États-Unis, notamment dans
la région qu'arrosent le Mississipi et le Missouri.
C’est cette même espèce que M. Néboux nous a rap-
portée de la Basse-Californie, où elle se retrouve avec la
même taille, mais avec une nuance un peu plus grise.
La queueest aussi un peu plus blanche inférieurement.
Ces différences sont d’ailleurs sans importance; et
si j'ai cru devoir revenir ici sur leNéotome, c’est, d’une
part, pour constater son habitat en Californie; de
l'autre, afin de mettre à profit l’occasion qui s’offrait à
moi de donner une bonne figure coloriée du Néotome,
représenté seulement en noir par MM. Say et Ord. La
détermination spécifique des Rongeurs, et surtout des
Muridés, présente, en effet, de telles difficultés que l'on
ne doit laisser échapper aucun moyen de fixer nette-
ment leurs caractères spécifiques. Peut-être notre fi-
gure sera-t-elle consultée utilement par les zoologistes
qui chercheront à déterminer enfin d’une manière ri-
goureuse les rapports naturels et, par conséquent, la
véritable place d'un Rongeur que l’on trouve décrit,
tantôt sous le nom Weotoma Drummondiü, tantôt sous
celui de Myoxus Drummondü, et qui, en réalité, est
trop imparfaitement connu pour qu’on puisse se pro—
noncer à son égard sans le secours de nouveaux maté-
raUX.
— 136 —
$ HE. Note sur les EcurEeuiLs rapportés par l'expédition
de la Vénus, Sciurus aureogaster, Fr. Cuv., ef Sciu-
rus Nebouxi, Is. GEOFF.
On doit à l'expédition de la F’énus, et spécialement
aux recherches de M. Néboux, plusieurs Ecureuils in-
téressants, la plupart venant de la Californie, un autre
du Pérou. Les premiers se rapportent au Sczurus au-
reogaster de M. Frédéric Cuvier, bien qu'ils manquent
plus ou moins complétement du caractère que rappelle
ce nom; et l’on va voir, par les détails que je donne-
rai sur eux, combien l'on doit modifier la caractéris-
tique ordinairement assignée à l'espèce.
Quant à l'Ecureuil du Pérou, il appartient à une
espèce nouvelle à laquelle je donnerai le nom du sa-
vant et zélé médecin de la J’énus.
1. L'ÉcuREUIL À VENTRE DORÉ, Sciurus aureogaster,
Fr. Cuv.
Deux individus de cette espèce, de sexe différent,
mais fort semblables Pun à Pautre, ont vécu il y a quel-
que temps à la ménagerie du Muséum, et c'est d’après
eux que M. Frédéric Cuvier a établi l'espèce. Je ci-
terai ici textuellement une partie de l’article qu'il lui
a consacré dans son Æistoire naturelle des Mammufe-
res de la ménagerie":
1 Septembre 1829. Cet article est intitulé : £cureur! de la Cali-
fornie où à ventre doré.
«
«
=
(
— 197 —
« Cet Ecureuil nouveau paraît être propre aux ré-
gions occidentales de l'Amérique du Nord, depuis le
Mexique jusqu’en Californie. M. Desmarest a eu la
complaisance de mecommuniquer la description qu'il
avait faite au Havre d’un individu de cette espèce qui
avait été pris entre Mexico et la Vera-Cruz..…
« L'Ecureuil à ventre doré, comme l’Ecureuil de la
Caroline, a toutes les parties supérieures grises, mais
un peu plus foncées; etau lieu de n'avoir que quel-
parties des flancs d’une teinte fauve, 1/ a toutes ses
parties inférieures d'un roux orangé ou doré bril-
lant .… La queue est distique, et les oreilles ne sont
point surmontées par des pinceaux comme chez l’'E-
cureuil commun. L'iris est brun et la pupille ronde.
« Cette espèce est plus grande que l’Ecureuil de la
Caroline; la longueur de son corps, du bout du mu-
seau à l'origine de la queue, est de dix pouces. La
queue en a huit.
« Je proposerai de donner à cet Ecureuil, qui n’est
point encore entré dans les catalogues méthodiques,
le nom de aureogaster, à cause de la couleur de ses
parties inférieures. »
C’est en 1829 quela ménagerie du Muséum avait recu
de la Californie les deux individus sujets de la des-
cripüon précédente. En 1831, d’autres individus, en-
tièrement semblables, vinrent se placer près d'eux dans
les galeries du Muséum. Ceux-ci faisaient partie d’une
collection de mammifères et d'oiseaux du Mexique,
acquise à Berlin par les soins de M. le professeur Valen-
ciennes. Ils portaient sur leurs étiquettes le nom de
— 1358 —
Sciurus hypoxanthus, sous lequel M. Lichstenstein
avait provisoirement désigné l'espèce dans le Musée
de Berlin.
L’épithète spécifique d'y poxanthus est évidemment
tirée du même caractère que M. Frédéric Cuvier avait
exprimé par Le nom d’aureogaster'; et depuis MM. Fré-
déric Cuvier et Lichstenstein, tous les auteurs ont
adopté l’un ou l’autre de ces noms, et caractérisé le
Sciurus aureogaster où hypoxanthus par la couleur
rousse de ses parties inférieures.
Et cependant, il faut reconnaitre aujourd'hui que ce
caractère n’est nullement constant : le ventre est, chez
certains individus, d’un gris clair, r’offrant pas méme
la plus légère teinte de roux. Parmi les Ecureuils rap-
portés de Monterey par la Vénus, il en est un qui offre
ce caractère ; el un autre, que j'ai fait représenter sur
1 Le nom de $. kypopyrrhus, que M. Wagler ( Jsis, 1831,
p- 510), a donné à un Ecureuil du Mexique, aencorele mêmesens,
et se rapporte au même caractère. Voici la caractéristique du S.
hkypopyrrhus telle que la donne M. Wagjler :
Cauda longissima, nigra, pilis nonnullis, omnibus versus ejus
basin fuscescenti-griseo Variegalis ; capile, trunco pedibusque supra
nigris, undique fuscescenti-sive flavido-griseo irroratis; auriculis,
naso, podariis ac vibrissis atris; gastræo pedumque latere interno
ferrugineis.
Je n'ai vu chez aucun de nos S. aureogaster tous ces caractères
réunis : mais les différences sont si légères, et les Ecureuils,
comme cet article même va en fournir de nouvelles preuves,
sont d’ailleurs sujets à tant de variétés, que l'existence au Mexi-
que de deux espèces aussi voisines que le seraient le Sc. aureo-
gaster où Sc. hypoxanthus, et le Sc. hypopyrrhus, doit sembler
pour le moins bien douteuse.
— 159 —
la même planche, à même le ventre aussi blanc qu'un
Ecureuil de la Caroline. Mais celui-ci, chez lequel la
nuque et la croupe sont rousses, a le dos et les mem-
bres d’un gris très-clair, et est évidemment revêtu d’un
pelage anomal * : il présente à notre observation un cas
d’albinisme partiel, fort remarquable sans doute, mais
dont on ne peut tirer aucune conséquence relative aux
caractères de l'espèce. C’est donc à l'examen du pre-
mier individu que je dois spécialement m'attacher.
Celui-ci, qui parait male”, est généralement gris en
dessus ; mais le gris n’est pas pur, les poils, noirs à
leur base, blancs à leur pointe, ayant une zone inter-
médiaire rousse qui se montre un peu au dehors, et
jette sur l’ensemble du pelage unelégère nuancerousse.
Sur la croupe et la nuque le roux devient même domi-
nant. Le dessus de la tête et des pattes est d’un roux
tiqueté de blanc; et le tour de la bouche et tout le
dessous sont d'un gris très-clair ou blanc-grisatre. Les
oreilles n’ont que des poils très-ras et sont grisatres. La
queue, dont la base est rousse, est en-dessus d’un noir
fortement nuancé de blanc, les poils ayant leur extré-
mité blanche sur une assez grande étendue. En des-
1 Les poils ont sensiblement la même longueur dans les parties
qui ont conservé leur couleur normale et dans celles qui sont at-
teintes d’albinisme. Parmi les autres Ecureuils albinos que pos-
sède le Muséum, se trouve un Ecureuil d'Hudson chez lequel
une partie du pelage n’est pas moins anomale par sa brièveté que
par sa blancheur. J'ai mentionné déjà ce cas remarquable dans
mon Histoire générale des anomalies, t. T, p. 312.
2 L'état imparfait de la région sexuelle m'oblige de n’exprimer
ici avec quelque doute.
— 4160 —
sous, la queue, qui est distique, montre très-distinc-
tément, et pour ainsi dire disposées par bandes longi-
tudinales, les trois couleurs que présente chaque poil
en parüculier, le roux, le noir, le blanc. Ainsi, la pre-
mière partie des poils forme, de chaque côté, le long
de la ligne médiane, une bande rousse, limitée en de-
hors par une bande noire, en dehors de laquelle les
extrémités des poils forment une bande blanche, d’ail-
leurs moins étendue et plus confuse.
Les grandes dents antérieures sont d’un jaune orangé
en avant, blanches latéralement. Les moustaches sont
noires.
La longueur de lindividu que je viens de décrire
est d'un peu moins de trois décimètres, non compris
la queue, qui a environ deux décimètres et demi.
En comparant cette description à celle de M. Fré-
déric Cuvier ou à l’un des individus qui nous sont ve-
nus en 1829 et en 1831 de la Californie et du Mexique,
on reconnaitra immédiatement de nombreuses et re-
marquables analogies avec ceux-ci, mais aussi de no-
tables différences. L'Ecureuil de la Fénus, en même
temps qu'ilmanque inférieurement de la couleur rousse
qui serait Caractéristique pour l'espèce selon les au-
a teurs, plus de roux sur les.parties supérieures; et
cela, non-seulement sur la croupe et la nuque où le
roux domine, mais même sur le dos, où les poils ont
une zone rousse dont d’autres individus ont à peine
un vestige. L'Ecureuil de la F’énus ne devrait-il donc
pas être considéré comme une espèce voisine, mais dis-
üncte du Sciurus aureogaster où hypoxanthus ?
— 161 —
Sije n'avais comme éléments de détermination que
les individus dont j'ai fait mention jusqu'à présent,
l'hypothèse de deux espèces fort voisines, l’une à ven-
tre roux, l’autre à ventre gris-clair, serait fort sou—
tenable. Mais j'ai sous les yeux plusieurs individus
dont l'examen démontre d’une manière certaine la va-
riabilité de la coloration des parties inférieures, qui
sont tantôt rousses, tantôt d’un gris clair, et tantôt va-
riées en des proportions diverses de roux et de gris ‘.
Le premier individu à ventre varié que j’aie vu, est
une femelle donnée, en 1836, au Muséum de Paris par
celui de Lyon. Cet Ecureuil, dont la nuque et la croupe
(celle-ci sur une très-grande étendue) sont roussâtres,
a le ventre coloré de roux et de gris clair selon une
disposition très-remarquable. Le devant de la poitrine
est entièrement d’un roux beaucoup plus pâle que
chez les individus de M. Frédéric Cuvier; mais, sur la
partie postérieure de la poitrine et sur le ventre, le
roux forme trois bandes longitudinales, deux latérales
s'étendant de chaque côté, comme chez l'Ecureuil de
la Caroline, de l'insertion du membre antérieur à celle
1 Il est peu de genres dans lesquels les espèces soient, plus que
chez les Ecureuils, sujettes à des variations indivividuelles. Tout
le monde connaît les belles variétés que présentent le Sciurus
vulgaris dans le nord de l'Europe et de l’Asie, et les Sc, cine-
reus et Sc. capistratus dans le nord de l'Amérique. Un autre
exemple non moins remarquable est celui d'un Écureuil de l'A-
mérique méridionale que j'ai décrit, pour cette raison même,
sous le nom de Sc. variabilis. Voyez Notice sur plusieurs espèces
nouvelles du genre Ecureuil, dans mes Études zoo/ogiques où
dans le Wcgasin de Zoologie; année 1832.
Zooroeir. 11
— 162 —
du membre postérieur, et l’autre, médiane. Entre
celle-ci et chacune des bandes latérales, est une bande
plus large d’un gris clair : c'est dans cette bande grise
que sont comprises les mamelles.
Chez un autre individu, également femelle, je
trouve une disposition analogue, avec des nuances
différentes. Presque toute la potrine et même une par-
tie du dessous du col, sont d’un roux très-vif qui se
prolonge en perdant peu à peu de sa vivacité, en trois
bandes, l'une médio-ventrale, les autres latérales. La
queue, chez cet individu, est fortement nuancée de
roux.
J'ai le regret de ne pouvoir faire connaître de quelle
localité viennent les deux individus précédents. Celui
dont il me reste à parler, et qui est assurément le plus
remarquable de tous, vient du Mexique. Celui-ci, fe-
melle comme les précédents, a la nuque et la croupe
plutôt teintées de roux, que véritablement rousses, et
il offre en dessous une disposition très-curieuse. Toutes
les parties inférieures sont d’un roux vif, sauf huit ta-
ches circulaires grises, ayant un peu moins de 2 cen-
ümètres de diamètre, et dont chacune a, non à son
centre, mais vers sa partie antérieure, Pun des huit
mamelons. Entre la première et la seconde tache
de chaque côté, on remarque quelques poils gris
qui, à droite surtout, lient manifestement ces taches
l’une à l'autre, et tendent à rappeler la disposition en
bandes que nous ont présentée les deux individus qui
viennent d’être décrits. Cette disposition existe même
déjà assez distinciement en arrière : la troisième et la
— 165 —
quatrième lache sont, en effet, réunies par des poils
oris beaucoup plus nombreux , et tellement, qu’à ne
considérer que le bas-ventre, il existe entre cet indi-
vidu et le précédent une ressemblance presque com-
plète. Au contraire, la seconde et la troisième tache
de chaque coté, sont parfaitement isolées.
J'ai fait représenter ! cet individu fort remarquable
par, la coloration de ses parties inférieures, ainsi que
son crâne. Îl importe de noter, à cause d’un caractère
qui sera tout-a-l'heure mentionné à l'égard d'une
autre espèce, que la dentition de cette espèce est celle
que l’on trouve ordinairement chez les Ecureuils. Il
existe quatre machelières de chaque côté et à chaque
mâchoire, et de plus, supérieurement, en avant de la
première machelière , une fausse molaire. Celle-ci est
d’ailleurs tellement petite et si étroitement serrée
contre les premières machelières, qu'on la prendrait
pour un simple tubercule de celle-ci.
2. L'Écureuis De Nésoux, Sciurus Nebouxt, Is. Geoff.
Je dédie cette espèce à M. le docteur Néboux, qui
l’a découverte, et aux recherches duquel sont dus
aussi la plupart des Mammifères et des Oiseaux de la
Vénus.
C’est au Pérou, à Payta, que M. Néboux s'est pro-
1 Dans la planche XI. — On pourra comparer cet individu à
deux autres variétés de la même espèce ( l’une auomale par aibi-
nisme partiel), représentées dans la planche X.
— 164 —
curé l'individu, malheureusement unique, dont je vais
donner la description.
Sa taille est un peu moindre que celle de l'espèce
précédente : elle est de 27 centimètres, du bout du
museau à l’origine de la queue, et celle-ci a de
même près de 3 décimètres.
La couleur générale du pelage est le gris. Cette
couleur, plus ou moins modifiée, est en effet celle de
l'animal entier, moins les oreilles, les moustaches et
les quatre pattes qui sont noires, et une tache blanche,
composée de poils beaucoup plus longs que les autres,
et située sur le col, à peu de distance de la base des
oreilles.
Le gris est d'une nuance pure et qui rappelle la
couleur du Capistrate, sur la plus grande partie du
dos et sur la face externe des membres antérieurs;
mais il passe au noir tiqueté sur la tête, et au fauve
sur la partie postérieure du dos, la croupe et les fa-
ces extérieure et postérieure des membres, ainsi
que sur la base de la queue. Dans la portion qui est
d'un gris pur, les poils sont noirs avec leur extrémité;
dans la portion roussatre, ils sont de même noirs,
mais avec l'extrémité fauve.
Les parties mférieures du corps et les parties in-
ternes des membres, ainsi que le tour de la bouche,
sont d’un gris clair légèrement teinté de jaune. Les
poils des côtés du ventre ont les deux mêmes couleurs
que les poils du dos, mais sont beaucoup plus courts.
Les poils plus courts qui couvrent le milieu du ventre
et de la poitrine, présentent aussi les deux mêmes
— 165 —
couleurs; mais avec cette différence que le blanc ou
le fauve occupe la plus srande partie de leur étendue.
La queue, ronde et non distique, est, sauf sa base
dont la couleur a été plus haut indiquée, d’un gris
blanchätre, les poils étant noirs dans leur première
portion, puis blancs vers leur extrémité. De plus,
parmi eux, sont entremêlés quelques poils entière-
ment blancs.
Les grandes dents antérieures! sont d’un jaune
orangé antérieurement, et blanches dans le reste de
leur étendue. Ce sont, comme on le voit, les mêmes
couleurs que chez le Sc. aureogaster (et chez la plu-
part des Ecureuils); mais ce ne sont pas exactement
les mêmes formes. Ces dents, chez le $. Nebouxu,
sont sensiblement plus petites, plus serrées l’une con-
tre l’autre, notamment à leur sortie des alvéoles, et
dirigées parallèlement, tandis qu'elles sont obliques
l’une sur l’autre chez le Sc. aureogaster. Toutes ces
dispositions sont en rapport avec la forme, un peu
plus rétrécie, du museau chez le $. Nebouxixr.
Enfin, il est entre ces deux espèces, relativement
au système dentaire, une autre différence très-digne
1 Je me sers ici à dessein de ce terme vague, et qui, tiré seule-
ment de la position des grandes dents des Rongeurs , n'implique
aucune détermination. En eflet, ce n’est pas le lieu d'examiner si
les grandes dents antérieures doivent être considérées, selon leur
détermination ordinaire, comme des incisives, ou, selon la déter-
mination de mon père, comme des canines. Voyez le Mémoire que
mon père a publié sur cette difficile question de zoologie, dans
les Hémotrres de l Académie des sciences, t. XI.
— 166 —
d'être notée. Notre imdividu n'a pas le moindre ves-
tige de la petite fausse-molaire que j'ai décrite chez le
$c. aureogaster, et que l’on trouve presque toujours
chez les Ecureuils : la place à laquelle on l'observe
ordinairement, est occupée, chez le Sc. Nebouxi, par
une racine de la première mâchelière; racine très-
considérable, en grande partie apparente au dehors
de l’alvéole, et se portant directement en avant.
Au lieu de la formule dentaire que l’on trouve chez
le Sc. aureogaster, et qui est aussi celle de presque
tous les Sciuridés ‘, savoir :
2(R+m+4M))
+ DR + 4 M) 2?
la formule dentaire du Sc. Nebouzxt est donc, comme
on vient de le voir,
En y comprenant méme très-vraisemblablement quelques-
uns des Écureuils que le docteur Bachman a décrits comme ayant
seulement quatre molaires à chaque mâchoire. (Voyez les Procce-
dings ofthe zool. socteiy, an. 1838, p. 85, et les Annals of natural
history, 4839, t. HT, p. 275.) D’après l’analogie extérieure, j'o-
serais affirmer que ces espèces sont dans le même cas que le Sc.
aureogaster, c'est-à-dire que la fausse molaire est excessivement
petite, difficile même à apercevoir, et d’ailleurs vraisemblablement
caduque.
* Dans cette formule j'ai désigné par M les grandes molaires
ou mâchelières, par » les petites molaires, et par R les grandes
dents antérieures caractéristiques de l'ordre des rongeurs.
Voyez sur ces nouvelles formules dentaires le mémoire que
j'ai recemment publié dans les Archives du Muséum d'Histoire na-
turelle sous le titre de : Descriplion des mammifères nouveaux ot
tmparfaitement connus de la collection du Muséum.
— 167 —
&(R+4M ) = 20
Qant à sa caractéristique, on peut la donner ainsi :
, ve . , } CR
Pelage d’un gris tiqueté, passant au fauve posté-
rieurement ; les oreilles et les quatre pattes noires.
Queue ronde, à poils noirs et blancs, paraissant grisà-
tre dans son ensemble.
1 Il est à peine utile de faire remarquer que la formule
4(R+4M)=20
est ici pour
2(R+M . _.—
+2 (R4+M)
Il y a ici une abréviation , ou pour mieux dire, une simplifi-
cation résultant de la similitude des dents des deux mâchoires.
sl
#
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE °°.
Le Cercorirnëque Deraranne, Cercopithecus Lalandu, Isid.
GeorFROY=ST.-HiLaïRE.
[Au tiers de la grandeur naturelle.]
PLANCHE II.
Crânes et cerveaux de Sarmiris, comparés à un crâne de Car-
LITRICHE et à un cerveau d'Oursrirr.
[Toutes les figures de cette planche sont de grandeur naturelle.]
Fig. 1. Crâne et mâchoire inférieure du CALLITRICHE À MASQUE
Noir , Callithrix personatus , Gvorr. Sr.-Hir., vus de
profil.
Fig. 2. Dents supérieures du même Singe, vues par ia cou-
ronne.
Fig. 3. Mâchoire et dents inférieures du même animal, vus par
dessus.
Fig. 4. Crâne et mâchoire inférieure du SAIMIRI A DOS BRULÉ ,
S'aïmiris ustus, Is. Grorr. Sr.-Hi.
Fig. 5. Le même crâne, vu par dessous.
Fig. 6. Le même, vu par dessus.
Fig. 7. Crâne du Sarmirx scruRIN , Saimiris sciureus, Is. Grorr.
ST.-Hic., coupe verticale.
Fig. 8. Crâne d’un autre individu de la même espèce, vu par la
face inférieure.
ne
Eug. 9
Fo,
Fig. 4
Fig. 1
— 170 —
, Crâne d'un jeune sujet de la même espèce, vu de
profil.
o. Cerveau d’un autre SammiR1 SCIURIN, vu par la base.
1. Le même cerveau, vu par la face supérieure.
2. Cerveau d’un Ovisriri onviNAIRE , Hapale jacchus, vu
par la face supérieure.
PLANCHE III.
Tête et crâne du NyxortPiTnÈQue LÉmuRIN, Nyctipithecus lemu-
TINUS ,
Fio. 1.
es
CE
D
Fra
mt
LE
Si
Fig. 9.
>
$
or
Is. Grorr. Sr.-Hic., et crâne du N. rÉuN, N. felinus, Srix.
[Toutes les figures de cette planche sont de grandeur naturelle.]
Face du NycTIPITHÈQUE LÉMURIN, chez un individu de
couleur ordinaire.
. Face d’un autre individu de même espèce, chez lequel le
pelage offre une teinte rousse très-prononcée.
. Crâne d'un individu adulte de cette espèce, vu de
profil.
. Le méme crâne, vu par dessous.
Le même, vu par dessus.
. Contours du même crâne, et spécialement des orbites, vus
de face.
. Crâne d’un jeune individu de la même espèce, vu de
profil .
. Le même crâne, vu par dessous.
Le même, vu par dessus.
Fig. 10. Crâne du Nyorrrruèque FÉLIN, adulte, vu de profil.
Fig. 11. Le même crâne, vu en dessous.
Fig. 12. Le même, vu en dessus.
Fig. 13. Contours du même crâne, et spécialement des orbites,
vus de face.
PLANCHE IV.
L'ours BRUN, Ursus arctos, LiNNÉ, variété du Kamtschatka.
[Au septième de la grandeur naturelle.]
— A7 —
PLANCHE V.
Squelette de l'Ours rerriLe, Ursus ferox, Levvis et Cranxe.
[Au cinquième de la grandeur naturelle.]
Le sternum n'ayant pas été trouvé avec le reste du squelette,
n'a pu être représenté.
PLANCHE VI.
Le Raron LAvEuR, Procyon lotor, Srorr, variété mexicaine.
[Au tiers de la grandeur naturelle.]
PLANCHE VIT.
La MourertE MÉSOMÈLE, Mephitis mesomelas, LicuTENsTEIN.
[Aux trois-cinquièmes de la grandeur naturelle.]
A. Son crâne, vu en dessus.
B. Le même, vu en dessous.
C. Le même et les dents, vus de profil.
D. La mâchoire inférieure et ses dents, vues par la
couronne.
[ Les figures A, B, C, D sont de grandeur naturelle. ]
PLANCHE VII.
Le Cnar azBesceNr, Felis albescens, PUuCHERAN.
{ Au tiers de la grandeur naturelle. ]
PLANCHE IX.
Le Cuar Bat, Felis rufa, Guzpensræpr.
| La figure 4 est au tiers de sa grandeur naturelle; les figures 2, 5 et 4 sont de
grandeur naturelle. |
Fig. 1. Individu, en pelage d'hiver, venant de Californie.
Fig. 2. Crâne du même individu, vu par dessus.
Fig. 3. Même crâne, vu par dessous.
Fig. 4. Crâne d’un autre individu plus âgé, vu de profil.
— 173 —
PLANCHE X.
L'EcuREUIL 4 VENTRE DORÉ, Sciurus aureogaster, Fr. Cuvrer ;
variétés.
[Aux deux tiers de la grandeur naturelle.]
L'un des deux individus figurés dans cette planche est une
variété par albinisme partiel.
L'autre individu offre un exemple des variations normales du
pelage dans cette espèce. Le ventre est gris, et non roux, comme
dans les individus jusqu’à présent décrits ou figurés.
PLANCHE XI.
L'EcureuiL À VENTRE DonÉ, Sciurus aureogaster, Fr. Cuvier;
variétés.
[Figure 1 aux deux tiers de la grandeur naturelle; figures 2 et 5 de grandeur
naturelle; figure 4 grossie. |
Fig. 1. Individu femelle, à ventre roux, avec le tour des t6-
tines d’un gris blanchâtre. Il offre ainsi réunies dans la
région abdominale la couleur grise observée chez l'in-
dividu précédent, et la couleur rousse, regardée par les
auteurs comme caractéristique de l'espèce.
Fig. 2. Le crâne, vu en dessus.
Fig. 3. Le crâne, vu de côté.
Fig. 4. Les dents de la mâchoire supérieure.
PLANCHE XII.
L'Ecvreuiz pe Népoux, Scrurus Nebouxit, Is. Georr. Sr.-Hi.
{L'individu entier, aux deux tiers de la grandeur naturelle; les figures À, B, C
de grandeur naturelle ; D grossie. ]
A. Son crâne, vu par dessus.
B et C. Le même et les dents, vus de profil.
D. Les dents, vues par la couronne.
— 175 —
PLANCHE XIIT.
Le NéoTomE DE LA FLorine, Neotoma Floridana, Or» et Say.
{ L'individu entier de grandeur naturelle ; les figures A, b, € de grandeur natu-
relle, B et G grossies.]
A. Mâchoires et dents, vues de profil, de grandeur na-
turelle.
B, #. Dents de la mâchoire supérieure.
C, c. Dents de la mâchoire inférieure.
Les unes et les autres vues par la couronne.
INDEX
DS ESPÈCES DÉCRITES OU INDIQUÉES ET DES NOMS GÉNÉRIQUES ET
SPÉCIFIQUES CITÉS DANS CE TRAVAIL.
AOTE, AoTUS (syn. de NYCTIPITHÈQUE, N YcC-
TIPITHECUS). . 48-49, 113
AOoTESs (pour AOTUS). . . 115
CALLITRICHE, CALLITHRIX. 103-107, 111-
415
CaLLiTarix d'Erxleben.. . . . . . 35-45
Cegus d'Erxleben.. . . . . . 35, 41, 42
CERCOGÈBE, CERCOCEBUS. . . . . . . 6
CDINODSAE ELE ESS AN 19
CETURDINOSUSS 2 5 5 2 EN re 19
CERCOPITHÈQUE, CERCOPITHECUS.. 6, 19-54
C. blane-nez, C. petaurista. . . . . 22
C. Callitriche, C. sabœus.. 32
€. Campbell, C. Campbelli. 24
C. Delalande, €. Lalandii.. . 11-18, 28
; à diadême, C. leucampyx.. . . . 27
3. Diane, C. Diana. . . . . 97
; à dos rouge, C!. An 35
C. Grivet, C. giseo-viridis. . . . . . 51
C. Hocheur, C. nictilans. . + AOL
C. aux lèvres blanches, C. labiatus.. 95
C. à longue barbe, C. pogonias…. 29
C. Malbrouck, C. cynosurus.. . . 50
C. Martin, C. Martini... . . . . . . 24
C. Mone, C. Mona. . 25
€. Monoïde, C. monoïdes.…. . 25
C. Moustac, C. cephus.. . . . . . . 25
C. à oreilles rouges, C. erythro-
HER LE ss : 25
C. Patas, C. ruber.… RSS
GC. Roloway, C. Roloway.. . . . . . 26
€. roux-vert, C. rufo-viridis.. . . . 535
mr me
29
24
G. tantale, C. fantalus. Fe
C. Temminck, C. Temminckii. . . .
C. vervet, C. pygerythrus. . . 8-11,
CHAT, FELIS. . . . . . .. . 137-155
C. albescent, F. Diconss 149-149
29
C. bai, F. rufa. > + + .. 149-159
COLOBE, GOLOBUS.. . . . . . . . . . 6
C. ferruginosus…. . . . .. , 20
Ce JUUTINOSUS... NN 20
C. Guereza. : . . à, : . . . 20
C. Pennantii. - 20
C. polycomos. . . ........ 20
C: Satanas.… . . . . à... . 20
CUTSMUS Se RE re 20
C. vellerosus.. . . . ... . . . . . . 20
C. verus. . . . . … . .. CU ERS AO)
CYNOCÉPHALE, CYNOCEPHALUS.. .. . . 6
C. Chacma, C. porcarius.. .. . .. 7
Ecureuil de Néboux, Sciurus Ne-
bouxii RATE te ac io
E. à ventre doré, S. rene 15
HAPALE, HAPALE.. . . . . .. 35, 40
MANGABEY. Voy. CERCOCÈRE.
MioPITHÈQUE, MIOPITHECUS. . . . . . G
M. talapoin. . : .… . : - : . . 19
MoureTre mésomèle, Mephitis me-
somelas. . - 155
NasiQUE, NaASaLiIsS. 19
N. larvatus. 20
— 176 —
NEOTOME DE LA FLORIDE, Neotoma
HOTTES Ce “10
Nocruore, NocrHora (syn. de NycrTi-
PITHÈQUE, NYCTIPITHECUS).. . . 49, 115
NYCTIPITHÈQUE, NYCTIPITHECUS. #7 - d9,
113-114
N. criard, NN. vociferans.. . . . 64, 117
N. félin, N. felinus. . . . . 63, 67, 115
N. lémurin, N.lemurinus.. . . T0, 115
N. Miriquouina. . . . . . . . . 59, 117
N. à trois bandes, N. trivirgatus. 61,
65, 116
Ours brun, Ursus arctos, var. . . . 121
O. terrible, U. ferox.. . . . . . . . 193
Prraesciureus (syn. de SAïMIRIS). . . 47
RATON, PROCYON. . . . . . . . 495, 132
R. laveur, P. lotor, var. . . . . . . 128
SAGOUIN, SAGUINUS Où SAGOUIN (sens
AIVETS) ee. 51, 41, 111;
SAÏMIRI, SAÏMIRIS.. . . . . 43-47, 71-99,
407, 109
S. à dos brûlé, S. ustus. 93, 96-99, 110
S. entomophage, S. entomophagus.. 95,
99, 111
S. à lunules, S. lunuiatus. 94, 99, 110
S. sciurin, S. sciureus. . 93, 94-96, 109
S. à tête de mort, Simia morta (es-
pèce à retrancher). 401-105
SAKI, PITHECIA. . 40
Site le re, 0 + ©, + he
SEMNOPITHÈQUE, SEMNOPITHECUS. . . . 19
S. albo-cinereus (espèce nominale)... 20
D. QUIEUS EE Ne scene) 49
D. CTIS IIS ER 0e eu oi ie 4 16)
SCUCUIEUS RER 0 see 19
S. Dussumiert.. . eo. 19
DAENIEUUS. 2e es: se ee 19
S:ÉMOTANS. ee. 49
S'IGUbArNBAUS ne à 19
SH DUMOMUS SL 08 ve eme 19
S. fulvo-griseus (espèce nominale). 20
S. leucoprymnus. . . . . . . . .. 19
SNS RE ER en le = Ce 49
S. melalophos. . . . . . . . : . . . 49
SA TUITOIUS M en ue 19
SITEMIEUS: eee se + - A1
S.TMAQTÜIMANUS 0. 0 + este. 19
S\ODSCUMUS. a eus À solar eue 19
S. rubicundus.. . - . . . .. . . à 20
THÉROPITHÈQUE, THEROPITHECUS.. . . 6
TROGLODYTE, TROGLODYTES.. . . . . 6
OISEAUX,
Par MM. FL. PRÉVOST er O0. DES MURS.
’
Les Oiseaux de l'expédition de {a Vénus composent la
plus riche partie des récoltes scientifiques faites par les
Officiers naturalistes de cette frégate. C’est pour les Ver-
tébrés ce qu'ils ont rapporté en plus grand nombre;
c'est aussi ce dont ils ont rapporté le plus de nouveau-
tés. Douze espèces composent, en effet, leur part de
découvertes en Ornithologie. Or, si l’on se rend compte
des dillicultés qui viennent accabler les officiers d’un
navire, lorsqu’à l’accomplissement de leurs devoirs et
de leurs obligations du bord, ils veulent joindre le tribut
de leur zèle pour la science, on comprendra qu’ils n’ar-
rivent que péniblement à réunir en quantité suflisante
les matériaux nécessaires aux progrès d’une science
aussi multiple que l’histoire naturelle, et l'on doit leur
savoir d'autant plus de gré des efforts qu'ils font à cet
sgard , que c’est pour ceux un surcroit purement gratuit
de peines et de fatigues dont ils ne trouvent le faible
Où1sEAUx. 19
— 178 —
prix que dans la publication des résultats de leurs tra-
vaux. Aussi nous estimons-nous heureux d’avoir été
désignés par les Ofliciers de la Vénus, et notamment par
M. le docteur Néboux, son chirurgien-major, pour être
leurs interprètes et les divulgateurs de leurs découvertes
et de leurs observations Ornithologiques.
Si importantes que paraissent cependant ces décou-
vertes et ces observations, on conçoit qu'elles ne sont
pas assez complètes pour nous permettre une œuvre
d'ensemble, ou des développements aussi étendus que
nous l’eussions désiré. il faut à de semblables travaux
des séries d'individus d’un même genre, souvent même
de la même espèce, et c’est ici ce qui nous manque,
par le fait même des circonstances au milieu desquelles
s’est effectuée l'expédition, de la brièveté de ses sta-
tions et de la rapidité de son parcours. Une circon-
stance entre autres est venue diminuer une partie de
l'intérêt qui devait s'attacher aux résultats de cette
expédition. La portion la plus riche de ses découvertes
et de ses récoltes scientifiques est celle relative à la
Haute-Californie et aux Gallapagos : or, le malheur a
voulu que la Vénus commençàt à parcourir ces parages
si curieux et si riches au point de vue Ornithologique,
au moment même où le navire anglais le Beagle venait
de les explorer et les quittait. Il s’en est suivi que notre
travail, éprouvant les mêmes retards relatifs, sans parler
de ceux dus aux événements politiques survenus en
France, n’a pu venir qu'en second ordre; c’est ce
qui nous a rendus si sobres dans la représentation des
figures. Nous espérons néanmoins qu'il ressortira des
— 179 —
notes de MM. Néboux et Fillieu (ce dernier commis de
la Marine à bord de la Vénus) jointes à nos descriptions,
un intérêt qui justifie suffisamment l’empressement du
Ministère de la Marine à en faciliter la publication. Cet
empressement , du reste, qui n’est que l’expression de
l'hommage que rend le Gouvernement à la science, et
l’accomplissement d’un devoir bien entendu de sa part
envers ceux qui la cultivent, a déjà trouvé sa justifica-
tion dans le concours si dévoué aux encouragements
et aux progrès scientifiques donné par un des membres
les plus distingués de l’Institut, M. Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire à M. le contre-amiral Dupetit-Thouars,
chef de l'expédition de la Vénus , pour la mise en œuvre
des matériaux relatifs à la partie Mammalogique de ce
voyage. h
Sans avoir la prétention d’attemdre l'élévation de
vues et d’appréciations du Savant Académicien , nous
suivrons , à peu de chose près , la ligne tracée par lui
pour ces sortes de publications dans de précédents tra-
vaux : c’est notre devoir comme disciples de l’illustre
Professeur ; c’est de plus la condition indispensable
à l'unité d'ensemble et à l'harmonie de ce livre en
tant qu'ouvrage d'histoire naturelle: c’est du reste
ce que nous avons déjà fait dans d’autres publica-
tions *.
Nous ne nous bornerons donc pas à la simple des-
1 Voyage en Abyssinie , du lieutenant de marine Th. Lefebvre
(partie Zoologique ).— Aistoire politique et naturelle du Chili;
par M. CL Gay (partie Ornithologique ).
— 150 —
cription des espèces figurées dans les dix planches qui
composent l’atlas Ornithologique de la Fénus. Nous x
joindrons , en dehors de ces descriptions et des considé-
rations auxquelles elles pourront donner lieu de notre
part, la reproduction de quelques détails sur d'autres
espèces déjà publiées soit par M. le docteur Néboux ,
soit par M. Léclancher, son aide, toutes provenant de
la même expédition. C'est, nous le pensons, le seul
moyen de rendre plus utile en le complétant, un tra-
vail tel que le nôtre, purement scientifique ; nous nous
faisons même un devoir d'ajouter que ces excursions
que nous croirons devoir faire en dehors des notes spé-
ciales à nos 10 planches d'Oiseaux, nous ne nous les
permettrons que d'accord avec M. Néboux, et de son
autorisation expresse : ce zélé Naturaliste nous avant
témoigné l'intention de faire taire toute autre considé-
ration de prérogative, de droits ou d’amour-propre, en
présence d’un service à rendre à la science.
Enfin, nous compléterons autant que possible notre
travail par lindication de quelques espèces bien con-
nues, mais dont lhabitat à été constaté par le docteur
Néboux en dehors de la circonscription géographique
qui leur était jusqu’à présent assignée , surtout en lati-
tude septentrionale.
— 181 —
CARACARA VULGAIRE.
Polyborus Brasiliensis, Swains.
———— vulgaris, Vieill., Gal. des Ois., pl. 7; Spix, Av. Bras..
tom. 1°, tab.'12,
Falco cheriway, Jacq.
V'ultur plancus, Lath.
Falco Brasiliensis, Gm.
—— Tharus, Mol,
Jusqu’à ce jour, ce Falconidé ne s’est encore commu-
nément trouvé que dans l'Amérique méridionale, à la-
quelle on le considère comme exclusivement propre : ce
ce qui n’a pas empêché qu'on ne lv ait rencontré sur
les deux côtes de ce continent, à l’est, depuis le Brésil,
à l’ouest , depuis le Chili jasqu’à la pointe la plus aus-
trale, fa Terre-de-Feu et le Cap Horn; en remontant
vers le nord, M. Gould avec les voyageurs naturalistes
du Beagle ne les fait pas remonter au delà de la pointe
extrème de la Floride, c’est-à-dire, à environ 25 de-
grés de latitude septentrionale, car c’est à peine si à
cette latitude on avait constaté sa présence dans l’Amé-
rique septentrionale.
M. le docteur Néboux l’a rencontré à Monterey,
(Haute-Californie) , d’où il en a rapporté plusieurs
exemplaires ; en sorte que lhabitat de cet oiseau
se trouve reculé par le fait au nord, de près de
10 degrés.
—
PROCNÉ MODESTE.
Procne modesta (Gould.), Zool. Beagl., p. 39, pl. 5.
Hirundo concolor (Gould.), Proc. zool. Soc., 1839.
modesta ( Néboux) , Rev. z00l., oct. 1840, p. 291.
Cuar. spec, Pr. (Mas.) nitidè cœærulescenti-nigra (Gould ).
Loc. cit.
Le docteur Néboux à rapporté de cette espèce la fe-
melle dont la couleur générale est d’un gris-brun ; elle
est plus petite que le male; longueur totale, 44 centi-
mètres.
Habit. L'île Saint-Charles des Gallapagos.
NOTICE
SUR LE
GENRE HÉMIGNATHE (Hemignathus , Lichtenstein) ,
(1837).
Heterorhynchus ( La Fresnaye), 1839.
La perfection de toutes méthodes naturelles , c’est de
se montrer rationnelles et logiques. Ce qui s'oppose en
général, et ce qui s’opposera toujours à cette perfec-
tion, est l'impossibilité de fixer une limite aux deux
extrêmes de chaque division qu’on y introduit ; impos-
sibilité telle que de logiques et rationnelles qu’elles de-
vraient paraitre, elles semblent d'ordinaire, sinon
suivre une marche contraire au raisonnement, du
moins arriver à un résultat presque diamétralement op-
posé à celui qu’elles laissent entrevoir.
Ainsi, parfois on y remarque, mais bien rarement,
un ensemble des plus satisfaisants de caractères orga-
niques chez les individus composant une série Zoolo-
gique : plus souvent, au lieu de cet ensemble, on y voit
des rapprochements en quelque sorte monstrueux quant
à l’apparence de ces caractères. Mais alors les vides et
les intervalles si brusquement franchis se trouvent com-
blés par des caractères tirés d’un autre ordre d'idées où
ces rapprochements d'aspect si hétérogène trouvent leur
— 15h —
raison (dlêtre; c’est-à-dire que, forcé que l'on est de
concilier le classement par indication d'organes avec le
classement par Indication de mœurs où d'habitudes, on
en est réduit à emprunter à lun ce qui manque à l’autre,
et réciproquement ; d'où 1} suit que les méthodes, en
voulant tout à la fois parler aux sens, c’est-à-dire à la
vue et à l’esprit, ou mieux encore, à la raison , ne sa-
üisfont jamais complétement celle-là qu'aux dépens de
celle-ci; de là, leur mobilité; de là également leur dé-
faut d'unité de diagnoses génériques, et leur peu d’ap-
plicabilité spéciale aux genres qu’elles veulent caracté-
riser; la plupart de ces caractères pouvant plus ou
moins s'appliquer à une infinité d’autres genres. En
sorte qu’en définitive les méthodes jusqu’à présent ont
plus aidé, dans une certaine mesure, à la mémoire de
ceux qui s'occupent d'histoire naturelle, qu’elles n’ont
simplifié ou fait progresser la science. Peut-être , après
tout, la faute en est-elle à l'absence; chez les métho-
distes, de toute idée philosophique, sans laquelle il ne
peut jamais y avoir de classification passable. Nous
nous empressons toutefois ici de faire exception, nous
ne dirons pas au blàme, car ce n'est qu'une opinion
personnelle, mais au regret que nous exprimons à ce
sujet, en faveur d’une nouvelle méthode introduite
dans la sience par notre savant maître et ami M. Isidore
Geoffroy Saint-Hilaire. Nous voulons parler du parallé-
lisme appliqué à la classification naturelle, méthode in-
spirée par une idée philosophique dont le développe-
ment et l’application permettent d'espérer les progrès
les plus sérieux.
— 185 —
Ces réflexions nous sont suggérées par l’'Hémignathe
que nous figurons. Cet oiseau est sans contredit le plus
curieux de l’expédition de la Vénus; par l’ensemble de
ses formes et de son port, il est bien évident qu’il rap-
pelle au premier aspect les formes et le port des Souï-
mangas (Nectarinia) : aussi le docteur Néboux l’indiqua-
t-il pour tel dans les notes de son voyage, comme dans
la note insérée par lui (Revue zoologique, 1840,
page 289).
En eflet, à part la forme si anormale de sa mandi-
bule inférieure, le développement de la mandibule su-
périeure et l’are de cercle décrit n’offrent rien de beau-
coup plus extraordinaire que chez d’autres espèces de
Souimangas, notamment le Cynniris (Nectarinia) ænea
de Vieillot, figuré par Levaillant, Ois. d’Afr. pl. 297:
car la corde de cet arc de cercle n’excède celle du Cin-
nyris œnea que d’un 1/2 centimètre, notre oiseau me-
surant 3 centimètres, et ce dernier 2 centimètres 1/2, en
mesurant la corde depuis les narines jusqu’à la pointe,
et le Drepanis coccinea inférieur à celui-ci de 3 milli-
mètres.
Pourtant en examinant la forme de la mandibule in-
férieure si peu proportionnée à la supérieure, la forme
des tarses et le développement des pennes , on ne peut
s'empêcher d'y saisir des différences comparatives no-
tables.
C’est cet examen qui porta M. de La Fresnaye, dans
le Magasin de zoologie, 1839, à faire de cette sorte
d’Oiseaux un sous-genre auquel il donna le nom d’He-
terorhynchus, oubliant que le genre Hemignathus avait
— 186 —
été déja précédemment créé en 1838 par Lichtenstein,
et que son espèce, qui est aussi la nôtre, avait été dé-
crite par ce naturaliste qui en avait fait le type du
genre.
Voici, à ce sujet, comment s’exprimait l'honorable
M. de La Fresnaye :
ÿY
« La forme toute anormale du bec de cet Oiseau
semble autoriser, au premier abord, la formation
d’un genre nouveau ; mais en comparant ses pattes,
ses ailes , sa queue et même la grande courbure de
son bec avec ces mêmes parties chez l Æéorotaire ves-
tiaire, habitant les iles Sandwich comme lui, on est
frappé de leur grande analogie, et la différence seule
du bec, quoique assez marquée, ne nous a paru in-
diquer qu’une distinction sous-générique entre eux. »
Puis 1! en établissait les caractères en ces termes :
« Bec allongé, très-arqué, formant exactement un
quart de cercle; mandibule supérieure un peu élargie
à sa base, et retombant sur l’inférieure , puis rétrécie
subitement et très-comprimée, creusée intérieure-
ment jusqu'à moitié seulement de sa longueur , et de
là jusqu’à la pointe, cylindrique , très-mince et très-
pointue ; la mandibule inférieure beaucoup plus
courte et plus épaisse qu’elle , et n’atteignant que la
moitié de sa longueur, creusée dans toute sa lon-
gueur , comme de coutume, et recourbée comme la
supérieure; pieds robustes, tarses, doigts et ongles
allongés , le pouce et son ongle très-forts ; ailes cour-
tes, à rémiges subobtuses ; queue terminée carré-
ment. »
— 187 —
M. de La Fresnaye était donc dans le vrai en cher-
chant à séparer son nouvel Oiseau de l'Héorotaire écar-
late, Mellithrepus vestiarius (Vieillot), Certhia coccinea
(Gmel.), et en faisant un sous-genre. Suivant nous,
néanmoins il n’osait pas assez, car ses caractères sont
assez tranchés et assez distincts de ceux de ce dernier
pour en faire la base, non pas d’un sous-genre, mais
d’un véritable genre.
C’est effectivement de la sorte que l'avait envisagé
Lichtenstein, lorsqu'il éleva ce nouvel Oiseau au rang
de genre sans cependant en assigner les caractères au-
trement que par la composition d’un nom générique
qui en indique au moins le principal. Afin de compléter
l’ensemble de ces caractères , nous allons les rendre ici
tels que nous les saisissons :
Le bec est excessivement allongé et arqué, non dans
le sens du prolongement de la ligne frontale, mais en se
relevant brusquement à partir de sa base , le sommet de
l'arc de cercle dépassant ainsi le niveau du front : la man-
dibule inférieure atteint à peine la moitié de la mandi-
bule supérieure qui est d’abord dilatée dans son pre-
mier quart, ensuite comprimée et se termine en alène
arrondie et fine comme une aiguille: les pieds sont forts;
l’'ongle du pouce est plus développé que les autres ; la
queue est très-courte; la base du bec est garnie de quel-
ques poils noirs. |
Pour se rendre compte des différences organiques
qui apparaissent entre l’Hemignathus lucidus et GCerthia
{Drepanis) vestiaria Où coccinea, il suflit de les com-
parer.
— 188 —
Le Vestiaria offre pour caracteres les suivants : Bec
plus Jong que la tête, épais , tres-recourbé, pointu , à
arête arrondie, à bords lisses ; la corde de l'arc de
cercle dessiné par sa courbure mesurant 22 millimètres ;
les deux mandibules paralièles et s'accompagnant jusqu’à
la pointe, par conséquent d’égale longueur; narines
ovalaires , basales, recouvertes par une pellicule ; ailes
peu obtuses : la deuxième et la troisième rémiges d’é-
gale longueur; la premiere la plus courte. Tarses,
minces, gréles , Scuteilés, terminés par trois doigts far-
bles, l’externe soudé à sa base dans presque toute la
longueur de la première phalange, pouce avec son
ongle dépassant à peine ja moitié de la longueur du tarse.
Maintenant, nous le demandons : quel ensemble de
rapports peut-l exister entre un Oiseau à mandibules
égales , à bec dont la courbure offre une corde de
22 millimétres de longueur, à tarses minces et grêles,
à ongles faibles , à pouce égal à peine à la moitié de la
longueur du tarse ;
Et un oiseau à mandibules mégales, linférieure n’at-
teignant qu'à moitié de la supérieure , celle-ci formant
un arc de cercle de 30 millimètres; à pieds et ongles
robustes , à pouce égal à la longueur du tarse ?
Avec une distance telle et une pareille différence entre
ces deux termes , nous comprenons bien le rapproche-
ment, par transition, d’un genre à un autre, mais nous
ne comprenons pas le rapprochement d'espèce à espèce,
ou pour mieux dire la confusion des deux espèces dans
un méme genre.
C’est pourtant ce qu'a fait M. G. R. Gray, qui, dans
— 159 —
Gener. of Birds, juin 1847, a compris ces deux espèces
si exclusives l’une de l’autre, dans son genre Drepanis ;
et en cela nous estimons qu'il n’a été ni dans la vérité ni
dans la logique de la méthode naturelle.
Non pas que nous prétendions avoir quoi que ce soit
à redire à la composition du genre Drepanis, en tant
que coupe géographique ; mais comme division géné-
rique nous ne nous expliquons point pourquoi par
exemple le Cinnyris ænea n’y figurerait pas aussi bien
que Certhia vestiaria, et réciproquement pourquoi ce
dernier s’éloignerait du genre Nectarinia plutôt que le
premier dont le bec est même encore un peu plus long
et tout aussi courbé.
Quoi qu'il en soit, ce qui résulte de ces réflexions ,
c’est que c’est à bon droit que Lichtenstein a constitué son
genre Hemignathus. I est même remarquable que le type
de ce genre soit l'espèce publiée et figurée par M. de
La Fresnaye sous le nom d'Heterorhynchus olivaceus , et
par nous sous celui d’ÆZemignathus , d’après un individu
de l’expédition de la Vénus, mais à laquelle son fonda-
teur avait donné déja le nom de Zucidus, par opposi-
tion sans doute à l’Hemignathus obscurus (Certhia obscura
de Latham).
Il est bien vrai que M. de La Fresnaye avait été pré-
venu par Natterer « que cet Oiseau , ainsi qu'il le dit lui-
» même, avait été déjà décrit en Allemagne et en Russie
» SOUS un nom générique nouveau, et qu'il en existait
» même deux espèces différentes, mais l’une et l’autre
» à couleur olivâtre et jaunûtre comme celle rapportée
» par la Vénus. »
— 190 —
Mais, induit en erreur par une note de M. Léclan-
cher, il crut devoir révoquer en doute ce témoignage.
«M. Léclancher, à propos de cet Oiseau, me mande,
» continue M. de La Fresnaye : L'Héorotaire à mandibu-
» les inégales est plus commun que le Vestiaire, car les
» enfants en apportaient un plus grand nombre pour vendre;
» je n’en ai pas vu de rouges comme le Vestiaire, j'en ai
» seulement écorché qui avaient quelques plumes rouges
» sur le dos, ce qui me faisait croire qu'ils devenaient rouges
» avec l’âge. L'espèce toute rouge , le Vestiaire, que j'ai
» vue au pic Parry, s'accrochait aux branches en sautant
» plutôt comme les Mésanges que comme notre petit Grim-
» pereau , et ne se collait point sur leur surface comme les
» Pics et les Grimpereaux. »
Or, il nous est démontré que l'observation de M. Lé-
clancher exacte peut-être en fait, a donné lieu de sa part
à une induction complétement erronée, car aucun des
individus rapportés par le docteur Néboux, et aucun
de ceux qu’il a eu occasion d'observer sur les lieux n’a
présenté le moindre vestige de rouge ou de rougeûtre;
et nous craignons que M. Léclancher n’ait confondu
dans sa remarque ou dans ses souvenirs le jeune
Vestiaria avec l’'Hemi. lucidus, le premier, à cette
époque ayant la plus grande analogie de coloration jau-
nâtre et olivätre avec ce dernier : Ainsi les jeunes mâles
du f’estiaria, avant de prendre le plumage brillant de
l’adulte, sont d’un jaune olivätre avec des points ou des
écaillures noirätres sur chaque plume de la tête et de la
gorge; et dans leur plumage de transition le fond jau-
nâtre est parfois strié de fines plumes rouges d’autant
— 191 —
plus remarquables dans leur éclat qu'elles sont plus
clatrsemées.
Nous pouvons donc aflirmer au moins quant à notre
espèce, qui est la même que celle observée par M. Lé-
clancher, qu’elle ne devient jamais rouge dans l’état
adulte ; et nous n’hésitons pas à croire que si l’hono-
rable M. de La Fresnaye eut été instruit de la connais-
sance qu'avait eue avant lui Lichtenstein, de ce genre,
puisqu'il en est le fondateur, il eut donné pleine créance
à l’avis oflicieux de Natterer qui, comme on le sait, ne
se trompait guère en Ormithologie, d'autant mieux qu’en
eflet Lichtenstein en fondant son genre ", le composait
de deux espèces, à savoir : 4° H. obscurus (Certhia ob-
scura de Lath.), qui sans offrir la même disproportion
dans la longueur des deux mandibules, a cependant
celle inférieure notablement plus courte que la supé-
rieure ; 2° H. lucidus mäle, adulte et jeune.
Ce genre se compose donc encore aujourd’hui,
comme à l'époque à laquelle le créa Lichtenstein,
en 4837, de deux espèces :
4° Hemignathus obscurus (Licht.), Abhandl. akad. der
Wiss., zu Berlin, 1839, p. 449, tab. 5, fig. 1;
Certhia obscura, (Lath.).
Drepanis — (G. B. Gray.), Gen. of B., 1847.
2° Hemignathus lucidus (Lichtenstein , 1837) ;
Heterorhynchus olivaceus (de La Fresnaye), Mag. de
zool., 1839, Ois., pl. 10;
! Abhandl. akad, der Wiss. zu Berlin, 1859, p. 451, tab. 5,
fig. 1, 2, 3 (mémoire lu en juin 1837).
40 —
Vestiaria heterorhynchus (Lesson) ;
Drepanis lucida (G. R. Gray.), Gen. of B., 1847;
flemignathus olivaceus (Fior. Prév.), Voy. de la Vénus,
Oïs.; pl. 1;
Drepanis olivacea (G. R. Gray), Gen. of B., 1847;
Car c’est par erreur du graveur que le nom spécifique
d'Olivaceus a été mis au bas de notre planche 1" de
l'Hemignathus, avec l'indication de Lichtenstein pour au-
teur, notre indication ne se rapportant qu'à la dénomi-
nation générique.
Cette réflexion est d'autant plus importante à faire
ici que lerreur dont il s’agit a déjà trompé M. G. R.
Gray qui, dans son Genera of B., a reproduit la désigna-
tion fautive de notre planche en conservant sous le nom
Drepanis olivacea, une espèce dont ne s’est jamais
occupé Lichtenstein, par cette seule raison qu’elle
n'existe pas, et ne repose que sur cette erreur chalco-
graphique.
PLANCHE LI. — Fic. 4 er 2.
HÉMIGNATHE BRILLANT.
Hemignathus lucidus (Lichtenstein), Abhandl. akad. der Wiss.
zu Berlin, 1839, p. 451, tab. 5, fig. 2,
5, lu en juin 1837.
Heterorhynchus oüivaceus (de La Fresnaye), Mag. de zool., 1859,
Ois., pl. 10.
Vestiaria heterorhynchus ( Lesson ).
Drepanis lucida (G. B. Gray), Gen. of B., 1845.
Hemignathus olivaceus (Flor. Prévost), #oy. de la #énus,
pl. 1, Ois.
Drepanis olivacea (G.R. Gray), Gen. of B., 1845.
SPEC, CHAR. Âem. suprä olivaceus, capite dilutits ; superciliis
— 193 —
et corpore infero lucide flavis, pectore ferè junquillaceo : striga
olivaced à commissurd usque ad aures transeunte
Notre but, en publiant cette figure, avait été, non
pas de la donner comme nouvelle, mais de la donner
plus parfaite que celle de Lichtenstem, et de grandeur
naturelle.
Description. Tout le dessus du corps d'un olivätre
foncé, plus clair sur le sommet de la tête; le front,
les sourcils, à partir des narines, les joues, la gorge,
le devant du cou et la poitrine sont d’un jaune vif,
presque jonquille sur ces deux dernières parties ; une
large bande d’un olivâtre tournant au noir vers l’'o-
reille, part de la commissure du bec, recouvre le lo-
rum , et va se terminer au méat auditif, faisant ressortir
plus vivement le jaune de la bande sourcilière ; les pe-
tites couvertures alaires sont d’un olive verdâtre ; les
rémiges secondaires bordées de la même temte; les
rémiges primaires et les grandes couvertures bordées
de jaunàtre. Bec et pieds couleur de corne bleuâtre,
Mâle adulte.
La femelle est d’un olivâtre obseur et presque fuligi-
neux en dessus, et en dessous d’un brun clair presque
couleur de biche; elle n’a de jaune qu'aux sourcils,
aux joues et à la gorge; toutes les plumes des ailes et
de la queue sont bordées de verdätre.
Lonoueur totale, & 4 44. .. 15 centimètres.
— AU Des Vire 2 00
— qui LATS es 1 ils Le onO
Habit. Mes Sandwich.
O1SEAUX. 13
— 194 —
PLANCHE II.—Fic. 4 ET 2.
OISEAU MOUCHE DE COSTA.
Ornysmia Costæ (3. Bourcier), Rev. z00l., 1839, octobre,
p. 294; Ann. des sc. phys., etc., de Lyon,
1840, p. 229.
Mellisuga Costæ (G. B. Gray), Gen. of B., 1848.
Cnar. spec. O. nuchà et corpore superiore lateribusque metallicè
viridissimis ; vertice fronte genisque ac qulà, plumulis squa-
mosis indutis purpurescenti-cϾruleis ; illis ex latere colli pro-
longatis et lanceolatis, ex œneo, granatinoque splendentibus ;
maculâ post-ocularinigro-cærulescente line albà trans-notatà ;
alterd maculà mystacaliformi ex commissuris ad aures descen-
dente, concolore; qutture, pectore, crissoque albis ; abdomine
albo-cinerascente viridi-nigro squamulato ; tectricibus caudæ
inferioribus albis viridi extenso squamulatis ; rectricibus ex-
ternis tribus albo apice fasciatis.
La description de cet Oiseau-Mouche, faite dans la
Revue zoologique de 1839 (octobre), page 294, par
M. J. Bourcier , qui l’a nommé et dédié à M. Costa, di-
recteur du Musée de Naples, l’a été sur un jeune mâle
des individus envoyés par M. le docteur Néboux. Mais un
envoi postérieur en renfermait un individu beaucoup
plus adulte et en plumage parfait. C’est celui que nous
figurons dans notre planche 2, et dont nous allons don-
ner une description qui viendra compléter la première.
Description. Mâle adulte. Bec allongé, mince, droit ;
tout le dessus du corps vert brillant à reflets métalliques ;
couvertures supérieures alaires et caudales de même
couleur , celles-ci de forme élargie et allongée ; dessus
de la tête, joues et devant du cou recouverts de plumes
— 195 —
squammeuses d’un reflet bleu-d’acier bruni. Mais ces
plumes, tout en conservant à la base leur forme d’é-
cailles sur les deux dernières de ces parties, se prolon-
gent des deux côtés du cou en façon de jabot ou de
cravate de la forme la plus gracieuse; elles atteignent
alors une dimension qui, pour les plus longues, va
jusqu’à À centimètre; leur ton général d’acier bruni,
en cetétat, emprunte à la lumière une couleur de grenat
clair ou rosé sur les barbules de l’un de leurs côtés, et
une couleur de noir-bleuàtre velouté sur les autres bar-
bules ; la tige de ces plumes se dessine en blanc formant
entre ces deux teintes une strie très-apparente. Une
tache post-oculaire d’un noir bleuâtre qui s'élève un
peu sur la partie externe du soureil se trouve partagée
en deux par une étroite ligne blanche partant de l’angle
externe de l’œil et s'étendant jusqu'au méat auditif; une
autre tache, en forme de moustache du même ton noir-
bleuàtre, part de la commissure du bec et encadre toute
la partie inférieure de la joue. Estomac et poitrine, ainsi
que la région anale, blanc pur, ventre blanc-grisâtre,
moyennement écaillé de vert sombre; flancs du même
vert brillant que le dessus du corps; couvertures cau-
dales inférieures blanches largement écaillées de vert,
bec et pattes noirs.
Les ailes, plus longues que la queue et falciformes, sont
d’un ton noirätre ; queue triangulaire , avec les deux
premières rectrices très-étroites, arrondies et recourbées
intérieurement vers l’extrémité qui est, ainsi que celle
de la troisième rémige, bordé: d’une tache blanche à
la pointe.
— 196 —
Longueur totale. . , , . . . . . . . #5 millimètres.
— du EDS RS RS 16
— de la queut., +. 7. 20
Ailes dépassant la queue de. , .. . 9
Jeune mäle. Nous reproduirons pour cet àge la des-
cription donnée par M. I. Bourcier : « Dessus du corps
» à légers reflets vert brillant , poitrine blanche, flancs
» et abdomen garnis de quelques plumes aussi d’un vert
» brillant, couvertures de la queue larges et longues,
» d’un vert métallique ; calotte, joues et devant du cou
» recouverts de plumes écailleuses d’un reflet de bleu
» d'acier bruni. »
Femelle. La femelle manque de tous les ornements
du mâle. Elle a le dessus de la tête et le derrière du cou
d'un gris brunâtre avec quelques plumes éparses d’un
vert plus ou moins doré ou olivatre; le dessus du corps
du même vert que le mâle ; les couvertures supérieures
alaires d’un vert à reflets dorés ; les trois rectrices ex-
ternes bordées de blanc à leur extrémité; le menton et
la joue d’un blanc ocracé; une tache grisätre post-
oculaire; la poitrine grisätre, et l'abdomen blan-
châtre.
M. le docteur Néboux a trouvé cette espèce avec ses
différents àges dans les environs de Monterey, Nouvelle
ou haute Californie.
Cet Oiseau-Mouche, que M. Bourcier fait entrer dans
les Lucifers de Lesson, a les plus grands rapports d’or-
nementation avec les Ornata, Strumaria , Petasophor« ,
Vieilloui, etc. C’est un des plus remarquables de l'Expé-
dition.
— 197 —
TAICHAS VOILE.
Trichas velatus, G.-B. Gray, Gen., 1848.
Sylvia velata, Vieill., Ois. Am. sep. , vol. 2, p. 74, d'Orb,
et Lafr., Mag. de zool., 1836, p. 20.
— canicapilla, Pr. Max.
T'anagra -- Swains., LU, orn., pl. 174.
Trichas — id.
Trouvé à Maldonado par les naturalistes du Beagle,
à Monterey, Haute-Californie, par le docteur Néboux.
MNIOTILTE A SOURCILS.
Mniotilta superciliosa, J.-B. Gray, Gen.
Sylvia — Bodd., PI. enl., 686, fig. 1.
Motacilla pensilis, Gm. Vieill. , Ois. Am. sept. , pl. 72.
— flavicollis, Gm.
Sylvia pensilis, Ch. Bonap.
Trouvé à Monterey.
MNIOTILTE D'ÉTÉ.
Mniotilta æstiva, J.-B. Gray.
Motacilla Canadensis, Bodd.
Sylvia citrinella, Will., Am. orn., pl. 15, fig. 6; Vieill.,
Ois. Am. sept. , pl. 95.
— æsliva, Gm., Gab. Buff., pl. enl. 58, fig. 1-2.
Sylvicola æstiva, Swains.
Motacilla albicollis, Gm., Briss. orn., t. 5, tab. 26, fig 5.
Sylvia Childreni, Audub., pl. 55.
Rhimanphus citrinus, Rafin.
De passage dans tout le Continent Américain, émigre
en hiver vers les Tropiques, de la Pensylvanie, où elle est
— 195 —
commune , d’après les observations de M. Ch. Bonaparte
et de Richard et Swainson.
Trouvée aux Gallapagos par M. Néboux.
FAUVETTE DE WILSON.
Erythaca Wilsonii, Swains.
S'ialia — id.
Motacilla sialis, Linn. Wils., Am, or., pl. 5, fig. 5.
Ænanthe — Vieill.
Saxicola — Ch. Bonap.
Se rencontre jusqu’à l’est des montagnes Rocheuses
d'après Richard et Swainson; trouvée à Monterey,
Haute-Californie , limite extrême de son habitation occi-
dentale, par le docteur Néboux.
PLANCHE IL.
GRALLARIE SQUAMMIGÈRE.
Grallaria squammigera (F1. Prévost et O. des Murs).
Car. srec. Gral. Suprà olivascente schistacea unicolor,
plumis fusco vix conspicuè marginatis ; subtüs lateribusque
colli et loris ochracea, plumis totis ante apicem maculà
squamæformi nigrà notatis; quiture et collo antico albis aut
pallidè ochraceis utrinque vittà nigrà limbatis. Tibüs grises-
centibus, pedibus pallidè rubro-brunners (de La Fresnaye, Rev.
zool.,novembre 1842, p. 333).
Description. Cette nouvelle espèce de Grallarie, re-
marquable par sa taille de beaucoup plus forte que celle
des Grallaria rex et imperator, a la coloration générale
de tous ses congénères.
— 199 —
Elle a le sommet de la tête, la nuque et le derrière du
cou gris de fer légèrement écaillé de noirâtre ; les
épaules, le dos, le manteau, les scapulaires et le crou-
pion brun-olivâtre ; les grandes couvertures lisérées fi-
nement de fauve à leur extrémité; les rémiges et les
rectrices couleur de terre d’ombre beaucoup plus pale
sur leur tranche extérieure; le front, les lorums, les
parties latérales du cou, l'estomac , la poitrine et le
ventre d’un joli fauve-jaunatre écaillé régulièrement de
brun-noirätre sur chaque plume ; les couvertures infé-
rieures de la queue fauves, sans taches; le menton , la
gorge et le devant du cou blancs, ce blanc encadré de
deux traits noirs partant de chaque côté du menton;
bec couleur de corne; pieds d’un brun-rougeàtre. (Mâle
adulte.)
La femelle ne diffère du mâle que par l’absence de
blanc à la gorge.
Longueur"totale, ms 25 centimètres.
— des tarses. "7: 06
Habit. Santa-Fé de Bogota en Colombie.
PLANCHE IV.
GRALLARIE DE GUATEMALA.
Grallaria Guatemalensis (Flor. Prévost et O. des Murs).
Cuar. srEc. G. suprà brunnea; sublüs rufescens; pectoris
maculis aliquot semi-collaribus nigris (de La Fresnaye, Rev.
zool., 1842, p. 334).
Il existe une telle affinité de couleur entre cette espèce
et la précédente, que nous avons hésité longtemps à
— 200 —
les différencier l’une de l'autre, pensant que la plus
petite pourrait bien n'être que le jeune de la plus grande.
Mais un examen approfondi nous a bientôt convaincus
que si rapprochée et si uniforme, en quelque sorte,
qu'en était la Pülose, elles devaient constituer deux
espèces bien distinctes, rien, dans celle-ci, n’indiquant
trace du moindre caractère propre au jeune âge.
En voici au surplus la description. Description : Tête
et derrière du cou gris de fer, chaque plume cerclée
régulièrement de noir; dos, manteau et couvertures
alaires brun olivatre écaillé légèment de noir ; rémiges
secondaires brunes; rémiges primaires et rectrices
rousses; paupières blanchâtres; tout le dessous du
corps, depuis le menton jusqu'aux couvertures infé-
rieures de la queue d’un fauve roussâtre, les plumes
de la gorge offrant quelques traits écailleux noirâtres.
Longueur totale. . . . . . . . . . 16 centimètres.
= des tarses, , . . . . . . 05
Habit. Guatémala.
CYANOCORAX DE SAN-BLAS.
Cyanocorax San-Blasianus (3.-B. Gray.); Gen. of B., 1845.
Pica San-Blasiana (de La Fresnaye), Rev. zool., 1840, p. 323,
Mag. de zool., 1842, Ois., pl. 28.
Cnar. srec. C. Suprà ultramarino-cœrulescenti, subtüs ni-
grescenti-indigotino, crista frontali nigrâ, singulis plumis
apice revoluto cϾruleis, collo capiteque nigris, rostro albo ni-
groque semi-partito, pedibus nigris.
Cet Oiseau, qui fait partie des belles espèces du
Voyage de la Vénus, a été décrit ainsi dans la Rev.
— 201 —
zool. d’octob. 1840 , pag. 290, par le docteur Néboux ,
qui lui a donné le nom de Geai de San-Blas :
« Bec blanc mêlé de noir. Huppe noire; les extré-
» mités des plumes ayant une teinte bleue. Tête et cou
» noirs. Manteau bleu, ventre noir nuancé d’indigo.
» Ailes d’un bleu plus clair que le manteau en dessus
» et grises en dessous. Queue bleu de Prusse. Tarses
» NOITS.
» Longueur totale. . . . . . 25 centimètres. »
Habit. San-Blas (Mexique). M. Léclancher en a rap-
porté des individus d’Acapuleo. «Elle y vit, dit-il,
» (dans ses notes publiées Rev. zool. nov. 1840, page
» 323) en troupes, et j'aurais pu en tuer cinquante
» dans un jour, au moyen d’un Pic blessé que je faisais
» crier et qui, par ses cris, les attirait en grand nom-
» bre ainsi qu'une foule d'oiseaux , tels que Pics,
» Perruches , etc. »
La figure en fut publiée sur un individu provenant de
l'Expédition de la Vénus, dans le Magas. de z0ol. 1842,
pl. 28, par M. de La Fresnaye qui l’accompagna de la
description et des observations suivantes :
« Cet oiseau, d’après la forme de son bec, appar-
» tient plutôt au groupe des Corvus, que l’on est
» convenu de désigner par le nom de Pie, qu’à celui
» des Geais proprement dits à bec plus faible. Son bec
» est même si grand, à proportion de sa taille assez
» petite, qu'on serait tenté, d’après ce Caractère,
» comme aussi l'habitude de vivre en bandes , observée
» par M. Léclancher, de le ranger avec les Corneilles ,
» si la brièveté de ses ailes ne s’y opposait.
— 202 —
» De la taille de la Pie geng de Temminck, pl. col. 469,
son bec est plus allongé au moins d’un quart, la tran-
A4
T
NA
LA
che supérieure entre assez avant entre les plumes du
» front, la courbure en est prolongée et n’est pas plus
» sensible à l'extrémité que dans le reste de la lon-
» gueur ; il parait avoir été d’un blanc bleuàtre avec la
» base et la pointe couleur de plomb. La tête, le cou en
» entier, ainsi que tout le dessous, sont d’un noir pro-
» fond ; de la base du bec s'élève un faisceau de plumes
» étroites en partie décomposées , formant une huppe
» frontale recourbée en avant à son extrémité, haute de
» 10 lignes; elle est noire dans notre individu, et légè-
» rement terminée de bleu dans celui décrit par M. Né-
» boux dans la Revue zoologique ; toutes les plumes du
» sommet de la tête sont également terminées de bleu
» sombre. Le dos en entier, le croupion et les scapu-
» laires sont d’un bleu d’outremer, la queue est d’un
» beau bleu de Prusse plus foncé, elle est de longueur
» moyenne etsimplemeni arrondie. Les ailes sont courtes,
s'étendant à peine au tiers de sa longueur et sont d’un
A
Le
» bleu vert de mer. Les couvertures inférieures de la
» queue sont nuancées du même bleu qu’elle. Les pattes
» paraissent plombées.
» Longueur du bec, depuis son ouverture, À centi-
» mètres. »
— 203 —
CYANOCORAX DE BEECHEY.
Cyanocorax Beecheii (G.-B. Gray), Gen. of B., mars 1845.
Pica Beecheii (Nig.), Zool. journ., t. 4, p. 353, Zool. of
Beechey's voy., pl. 22, p. 6.
Corvus (pica) Beecheù (Eyd. et Gerv.), Mag. de zool., 1837,
Ois., pl. 20.
L’individu décrit primitivement par Vigors avait été
rapporté par l’Expédition de Beechey de l’île de Mont-
réal. Le nôtre, comme celui de M. Botta, figuré par
MM. Eydoux et Gervais, provient de la Californie. C’est
à Monterey que M. Néboux l’a pris.
CASSE-NOIX.
MNucifraga caryocatactes, Briss.
Corvus —— Linn., PI. enl. 50.
Nucifraga guttata, Vieill., Gal., pl. 150.
Considéré pendant longtemps comme particulier à
l'Europe, s’est retrouvé constamment depuis au Japon
et au Kamtschaka. Le docteur Néboux en a rapporté
de cette dernière localité plusieurs individus qui ne dif-
fèrent aucunement de ceux d'Europe.
ÉTOURNEAU MILITAIRE.
Sturnella militaris, Vieill.
Sturnus — Gmel., PI, ent. 113.
Cet Oiseau , considéré jusqu'à ce moment comme ap-
partenant exclusivement au Continent Méridional de
l'Amérique , n'avait jamais été supposé devoir faire
d’excursions vers le Continent Septentrional ; la Science
— 20h —
du moins ne l'avait pas encore constaté. Les Naturalistes
du Beagle ont seulement reconnu dernièrement sa trace
sur la côte orientale du Détroit de Magellan et des îles
Malouines.
C'est un fait assez curieux que la présence de cette
espèce essentiellement méridionale en Californie d’où
elle a été rapportée de Monterey par le docteur Néboux,
car cet Oiseau ne figure pas sur la table de Richard et
Swainson, des Oiseaux sédentaires ou de passage aux
États-Unis.
BEC-CROISÉ LEUCOPTÈRE.
Loxia leucoptera, Gmel. Vieill., Gal., pl. 52.
— falcirostra, Lath.
Curvirostra leucoptera, Wils., Am. or., pl. 31, fig. 3.
Pihiopsistacus Americanus.
Curvirostra leucoptera, Daud.
Commun dans toute l'Amérique du Nord. Rapporté
de Monterey par le docteur Néboux.
CACTORNIS GRIMPEUR.
Cactorms scandens (Gould.), Proc. zool. soc., 1857, Zool. of
the Beagle, p. 104, pl. 42.
C. ... intense fuliginosa, crisso albo ; rostro et pedibus ni-
grescenti-brunneis.
Fæm. — Corpore superiore, gutture pectoreque intensè brunneis,
singulis plumis pallidiore marginatis ; abdomine crissoque
cinereis, stramineo tinctis; rostro pallidè fusco; pedibus nigres-
cenh-fuscis (Gould., loc. cit.).
Cet Oiseau , nommé par le docteur Néboux Tisserin
des Gallapagos dans la Rev. 10ol. d'octobre 1840,
— 905 —
page 291 , y a été décrit ainsi par lui d’après un individu
qu'il a rapporté :
« Corps en général brun-noiràtre , chaque plume est
» légèrement bordée de blanc, surtout sous le ventre ,
» et en avançant vers la région anale; mandibule supé-
» rieure à arête arrondie, très-pointue et noire; mandli-
» bule inférieure jaunâtre, la mandibule supérieure dé-
» passant l’inférieure de deux millimètres environ.
» Longueur totale. . . . . . .
» — de la queue. . . . 04 centimètres.
D _— du bec . . . . . . 18 millimètres.
» Habit. Ye St-Charles (Archipel des Gailapagos). »
Cet individu est un jeune màle prêt à prendre la livrée
d’adulte , ainsi que l'indique le brun foncé de sa couleur
générale , et surtout la couleur de son bec, qui est déjà
celle du màle adulte. Celui-ci est entièrement d’un noir
intense avec les rémiges primaires brunâtres et la région
anale d’un blanc cendré.
Dans la Revue zoologique du mois de novembre de
la même année 1840, page 323, M. de La Fresnaye, à
qui M. Léclancher avait communiqué un autre mdividu
de cette espèce, publia à son sujet les observations sui-
vantes que nous croyons devoir citer tout entières parce
qu’elles expriment et résument aussi bien et mieux que
nous ne le pourrions faire ce que nous avions à dire sur
cet Oiseau.
« Nous avons, dit notre Ornithologiste, quelque
» doute que l’Oiscau décrit sous ce nom par M. Néboux
» soit réellement un Tisserin , et nous serions plutôt
» porté à croire, d’après la description de son plumage
— 206 —
» brun-noirâtre avec chaque plume bordée de blanc,
» d’après la brièveté de sa queue longue seulement
» de # centimètres, chez un Conirostre à bec long de
» 48 millimètres, qu'il doit faire partie de ce nouveau
» groupe de Granivores marcheurs, recueillis aux Gal-
» lapagos par les naturalistes anglais du Beagle, que
» M. Gould a désignés et décrits sous le nom de Geo-
» Spiza dans les Proceedings 1837, pag. 5 et 49, ei for-
» mant douze espèces différentes, remarquables toutes
» par une forme courte et ramassée, par une queue fort
» courte, par des ailes obtuses et arrondies, par des
» pieds d’Oiseaux marcheurs, à ongles peu arqués, par
» un plumage noir ou noiràtre chez les mäles, moins
» obscur chez les femelles, dont les plumes sont bor-
» dées de cendré ou de roussâtre, ou d’olivâtre, et par
» l'habitude de se tenir en grandes bandes à terre, où
» ils se nourrissent de graines de graminées dont il y a
de
T
ample récolte dans ces îles. M. Darwin, le naturaliste
Ne
ST
de l'expédition, ajoute qu’ils sont si peu farouches
» qu'on n’a pas besoin de fusil pour s’en procurer. Ils
» sont encore remarquables en ce que les douze espèces
» décrites par M. Gould, et dont cinq sont déjà figurées
» dans le Beagle’s Voyage, tout en réunissant les carac-
ŸY
tères communs indiqués ci-dessus , différent entre
» elles par la forme du bec présentant chez quelques-
» unes l’énormité d’un bec de Coccothraustes le plus vo-
» lumineux , et se dégradant jusqu’à celle d’un Pinson
NA
S
ou d'un Ignicolor, en se comprimant et s’allongeant
)
ZT
chez quelques autres, ce qui le fait alors ressembler à
>
LA
un bec de Tisserin ou plutôt d’Euplectes.
»
»
SA
LA
O0 —
» Nous avons dans les Oiseaux de M. Léclancher
une femelle appartenant à ce groupe et à la petite di-
vision à bec long et comprimé, désignée par M. Gould
sous le nom de Cactornis. M. Léclancher me dit à pro-
pos de cet oiseau : I! vient des Gallapagos ; j'y en ai tué
un autre à plus gros bec, mais je ne sais ce qu'il est de-
venu. Presque toujours à terre, ils sont si peu farouches
qu'on en a tué plusieurs à coups de baguettes de fusil.
Les espèces de ce genre qui étaient à bord ont été re-
mises par MM. Néboux et Filleux au Muséum.
» À ces divers détails qui m'ont fait soupçonner que
le Tisserin décrit par M. Néboux était un de ces Géo-
Spizas, j'ajouterai quelques considérations d’Ornitho-
logie géographique.
» Les Gallapagos, peu éloignés du Continent Améri-
Cain, n’ont encore fourni, tant aux explorateurs du
Beagle qu’à ceux de la Vénus, qu'une Ornithologie tout
américaine quant aux genres; des Moqueurs, des
Gobe-Mouches rubins , des Effrayes , et enfin ce nouveau
groupe de Geo-Spiza, et on n’y a trouvé aucun genre
particulier à l'Ancien Continent. La présence du genre
Tisserin, dont on ne connait aucune espèce améri-
caine dans ces îles, serait donc un fait tout nouveau
et qui ne serait pas sans importance. Nous invitons
donc M. Néboux à comparer l’Oiseau qu'il décrit
comme Tisserin , avec les descriptions des différentes
espèces de Géo-Spizas de M. Gould , tant dans les Pro-
ceedings, 1837, que dans le Beagle’s Voyage, où cmq
sont figurées, et à vouloir bien publier de nouveau le
résultat de ses recherches qui sera loin d’être indiffé-
— 208 —
» rent pour la science et pour l’Ornithologie géogra-
» phique.
» Quoique les auteurs anglais regardent ce groupe de
» Géo-Spiza comme particulier aux Gallapagos, nous
» avons la conviction que le Continent Américain doit
» renfermer quelques espèces analogues au milieu de
» ses nombreux Conirostres , et nous croyons déjà entre-
» voir quelque analogie de couleur et de forme de bec,
» entre Île sous-genre Cactornis et l'Oiseau connu sous
» le nom de Pêre-Noir de la Martinique. »
GEOSPIZA FULIGINEUX.
Geospiza fuliginosa (Gould.), Zool. Beagl., p. 101.
Cnar. spec, G. ( Mas) intense nigro-fuliginosa, tegminibus cau-
dæ inferioribus apice, remigibus rectricibusque lateraliter al-
bido-marginatis, rostro ingro, pedibus nigris.
L'individu dont M. Gould a fait le type de cette espèce
n'était pas adulte, ainsi qu'on peut en juger d’après la
diagnose suivante qu'il en a donnée :
G. (mas) intense fuliginosa, crisso albo, rostro fusco, pedi-
bus nigrescentifuscis.
Un individu se rapportant évidemment à la même
espèce, rapporté par la Vénus et donné au Muséum de
Paris par M. Filleux, diffère de celui décrit par M. Gould,
en ce que tout le corps est, non pas fuligimeux, mais
d’un noir assez intense, mais à reflets brunètres; la
région anale est du même ton que le reste du corps;
seulement les couvertures inférieures de la queue sont
finement cerclées de gris blanchâtre; la même teinte
— 00 —
borde les rémiges et ces rectrices; les primaires sont
brunàtres , et le bec et les pattes sont d’un noir pur.
Le dessous de la queue est grisätre, rubané transversa-
lement et d’une manière assez régulière de stries d’une
teinte plus foncée.
C’est sous ce rapport que nous avons cru devoir
refaire, en la complétant, la diagnose latine du natu-
raliste anglais.
Voici celle qu'il a donnée de la femelle que nous ne
connaissons pas.
Fœmina : sunmmo corpore, alis, caudäque intensè fuscis ;
singulis plumis cinerascenti-ferrugineo marginatis ; cor-
pore infra cinereo ; Sinqulis plumis medium versus obscu-
rioribus ; rostro brunneo ; pedibus nigrescenti -brunneis.
Dimensions de notre individu :
Eongueur totale.. . . . . . Re US
_— dtbec Le 0 0 o14 1m
— de la queue. : . . . 03 005
— du +arsé. - : 0
Hautenr du bec. . - - .. . :. 013
Habit. Les Gallapagos.
GUIRACA CENDRÉ.
Guiraca cinerea (de La Fresnaye), Mag. de zool., 1845, Ois.,
pl. 50.
Camarhynchus cineraceus (G.-B. Gray), juin 1844.
Cnar. sec. G. — Suprà dilutè cinerea; fronte basique rostri
nigris, subis cinereo-albida, qutture et collo anteriore albis,
rostro flavo, pedibus tantüm flavidis.
Ce Gros-Bec, que l'expédition de la Vénus doit re-
vendiquer au nombre de ses découvertes, a été décrit
O1SEAUX. 14
—
sur un individu à lui communiqué par M. Léclancher,
par M. de La Fresnaye qui en a publié la figure dans le
Mag. de Zool. 1843, ois., pl. 30, en en faisant l’objet
de l’article suivant que nous nous bornerons à repro-
duire :
Ÿÿ
»
»
» Swainson, dit l’habile Ornithologiste, désigna par
le nom générique de Guiraca, qu’il changea ensuite en
celui de Coccoborus , une partie des Gros-becs d’'Amé-
rique. Les espèces types sont : le Gros-bec bleu des
États-Unis, le Gros-bec azulam du Brésil et le Gros-bec
rose-gorge , qui, réellement, different assez de notre
Coccothraustes d'Europe pour avoir autorisé cette sé-
) paralion.
» Notre nouvelle espèce américaine, rapportée des
iles Gallapagos par M. Léclancher, alors chirurgien de
la Vénus, offre, dans la forme de son bec et de ses
pattes, des modifications assez distinctes du genre
Guiraca pour qu’on puisse l’en séparer à son tour, au
moins comme sous-genre, surtout si, à ces Caractères
différentiels , il s’en joint aussi quelqu'un dans les ha-
bitudes. Ce bec, effectivement aussi élevé que celui
des Guiracas , en diffère en ce qu'il est très-arqué en
dessus et beaucoup plus comprimé; et ne peut guëre
être comparé, parmi les espèces américaines, qu’à
celui du Père noir (Fringilla noctis), espèce toute
noire, qui a le devant du cou et des yeux roux-can-
nelle, tandis que les pattes, très-robustes, à ongles
courts, mais larges et fortement courbés, n’ont guère
d’analogues parmi les Gros-becs américains, mais
bien chez le genre Psittacin des Sandwich. On peut
— 21 —
» dire, enfin, que notre nouvelle espèce est un Gros-bec
» Guiraca à bec de Pére-noir et à pattes de Psittacin.
» Il se rencontre déjà, dans la famille Tanagridée d'A.
» mérique, quelques espèces à pattes remarquablement
» fortes, comme chez notre oisesu, et à bec aussi com-
» primé quoique moins élevé, ce sont, 1° l’Esclave des
» palmiers (Vieil. Gal., pl. 146); le Tanagra rubriqularis
» ou rubricollis (Spix, pl. #6), dont Swainson a fait
» son genre Lamprotes, etle Tanagra ruficollis (Licht.),
» Tangara hirondelle (Lesson., Tr.) dont cet auteur fait
» son genre Cypsnagra, et Swainson celui de Leucopygia.
» Il est certain que, si ces trois oiseaux présentent, dans
» leurs habitudes comme dans la grosseur de leurs
» pattes, quelques caractères particuliers qui en seraient
» la conséquence et différeraient de ceux des autres
» Tanagridées, leur formation en genres distincts de ce-
» lui de Tachyphone, auquel ils semblaient appartenir,
» serait fondée, de même que celle de notre Gros-bec à
» bec comprimé et à pattes de Psittacin le serait aussi,
» si les mêmes différences de mœurs avaient lieu entre
» lui et les autres Guiracas d'Amérique. Je proposerais
» alors, pour nom de genre, dont il deviendrait le type,
» celui de Piezorhina (bec comprimé).
» Le Guiraca cinerea, de la grosseur, à peu près, du
» Gros-bec bleu des États-Unis, a la queue beaucoup
» plus courte et presque carrée, les ailes plus longues
» et s'étendant jusqu'au delà de la moitié de celle-ci;
» les tarses , les doigts et les ongles tres-robustes et d’un
» blanc jaunätre; le bec élevé, très-arqué en dessus,
» comprimé, avec les narines petites, rondes, percées
— 212 —
» à égale distance de sa partie supérieure, et de sa
» commissure, cette commissure très-sinueuse à sa base
» et à son extrémité ; il est partout d’un jaune assez vif.
» Tout le dessus de l’oiseau est d’un cendré peu foncé.
» Le front et le tour du bec, excepté en dessous, sont
A
» noirätres. La gorge et le devant du cou sont blancs.
» Tout le dessous est d’un cendré blanchätre, avec les
» flancs un peu plus foncés , l'abdomen et l’anus pres-
» que blancs. Les rémiges et les rectrices sont gris-ar-
» doise, finement bordées de blanc-grisatre.
» Longueur totale, 15 centimètres.
» Cette espèce a été tuée aux îles Gallapagos. »
PLANCHE V.— Fic. 1.
TANGARA À NUQUE ROUSSE.
Tanagra (Calliste) rufivertex (F1. Prévost et O. des Murs ),
Cuanr. spec. Tan. capite nigro, singulis plumis apice violaceo
nitentibus, verticis exceptis apice rufis; corpore toto cobalto
cærulescenti; pallio malachite virescenti cobalto squamulato;
remigibus rectricibusque nigris margine concoloribus; crisso
fulvo-albido; rostro et pedibus nigris.
Ce Tangara, sinon par la similitude des tons au
moins par l’exacte et semblable distribution de ses cou-
leurs sur fond bleu, rappelle un peu le Procnopis atro-
cϾrulea(Thchud.), Consp. av. n. 128, et Faun. Per. Vog.
Taf. 13, fig. 2; sauf la distinction générique, et à
l'exception que chez celui-ci, c’est le bleu-noirâtre qui
domine, tandis que, chez notre Oiseau, c’est le bleu-
clair mat ou cobalt, tournant parfois au malachite.
Descripüon : Tête et base du bec noires , les plumes de
— 213 —
la base du front, de la nuque et du derrière du cou ter-
minées d'indigo tournant au violet brillant; celles du
sommet de la tête terminées de roux ; du reste en entier
d’un bleu-cobalt mat et sans reflet; toutes les plumes du
croupion et du dessous du corps ciliées et décomposées ;
les autres au contraire squameuses et bien distinctes ;
manteau vert malachite, chaque plume lserée fine-
ment de cobalt; rémiges et rectrices noires, les pre-
mieres jusqu'aux deux tiers de leur longueur, les der-
nières dans toute leur étendue largement liserées sur leur
tranche extérieure de cette dernière couleur; les rémiges
secondaires entièrement noires dans leur page interne,
bleu-cobalt dans celle externe, croupion et cuisses d’un
fauve léger : bec et pieds noirs.
Longueur totale. 0%, 14 1 14 1/2 centimètres.
Habit. Guatemala.
PLANCHE V.— Fic. 2.
TANGARA LABRADOR.
Tanagra Labradorides ( Boissonneau ), Rev. zool. 1840, p. 67.
Caliste ————— (J. R. Gray).
Car. spec. Tan. suprà viridi-aurato, lumine Labradorensis
lapidis splendenti; rostri basi, capite summo, colloque su-
perno, ac scapularibus, remigibus, rectricibusque nigris;
illis cœruleo virescenti tenuissimé marginatis; flexurà alarum
cœæruleä; legminibus minoribus splendidè viridibus; crisso
cruribusque auratè rufis.
Nous nous bornerons à transcrire ici la description
donnée de cet Oisean par celui qui le premier la fait
connaître dans la Revue zoologique de 1840, page 67.
« Cette jolie espèce, dit M. Boissonneau, à tout le
= th —
» corps dessus et dessous d’un vert doré à reflets bleus
» et or qui rappellent tout à fait les reflets de la pierrè
» de Labrador ou Feldspath chatoyant. Le devant des
» yeux, le bord du front, ainsi que le menton sont
» noirs. Une large bande de cette couleur part du vertex
» etse prolonge en arrière sur toute la partie supérieure
» du cou. Les ailes et la queue sont noires avec leurs
» pennes finement bordées de vert. Le poignet de laile
» est d’un bleu passant au vert brillant sur toutes les
» petites couvertures. Les couvertures inférieures de
» l'aile sont d’un blanc légèrement ocracé, ainsi que le
» milieu de l'abdomen qui prend une teinte d’ocre plus
» prononcée vers l'anus, sur les couvertures inférieures
» dela queueetsur les jambes. Bec noir; pattes brunâtres.
» Longueur totale, 143 centimètres. »
Habit. Santa-Fé de Bogota.
PASSERINE DE LÉCLANCHER.
Passerina (Spiza) Leclancheri (de La Fresnaye), Rev. zool.,
1840, p. 260; Mag. de zool., 1841, Ois., pl 22.
Callisie Leclancherii (G. R. Gray), Gen., juillet 1844.
Cran. srec. Pass. suprà cœrulea capite dorsoque olivascentibus ;
subtüs junquillacea , pectore aurantiaco ; alis et caudà nigres-
centibus, viridi cœrulescenti marginals; rostro corneo, pe-
dibus plumbeis.
Nous reproduirons encore pour cette espèce, dont
deux individus ont été rapportés par la Vénus, la des-
cription détaillée qu’en a publiée le premier M. de La
Fresnaye, dans la Rev. zool. 1840, page 260.
« Cette charmante petite espèce, dit:1l, au plumage
s lé plué suave , doit être classée dans les Passérinés de
— 25 —
» Vieillot, ou Spiza , Bonaparte, et dans le petit groupe
»ÿ que ce savant a désigné par le nom de Spizas-Tanagras,
» et qui renferme, outre les espèces nommées le Pape
» et le Ministre, les Spiza amæna et versicolor de cet Au-
» teur. La nôtre est donc la cinquième espèce de ce
» petit groupe de transition des Fringilles aux Tangaras,
» genre qu'il rappelle non-seulement par l’agréable va-
» riété de la coloration , mais aussi par l’échancrure du
» bec, qui se remarque chez quelques espèces, telles
v que le Spiza amæna et notre espèce nouvelle.
» Celle-ci, de la taille à peu près de la Passerie Pape,
» a le dessus de la tête olive, tout le dessus du corps,
» les joues, les côtés du cou et les couvertures des ailes
» d’un joli bleu de cicl mêlé d'olive sur le milieu du dos
» et sur la nuque. Les ailes et la queue sont noirätres,
» mais toutes les pennes sont bordées de bleu verdàtre.
» Tout le dessous est du plus beau jaune jonquille, pre-
» nant sur la poitrine une nuance orangée très-vive,
» puis se dégradant insensiblement en jaune-serin vers
» l'abdomen. Les lorums et le tour des yeux sont jaunes.
» Le bec est couleur de corne avec la mandibule supé-
» rieure légèrement échancrée. Les pieds sont plombés.
» Habit, Tuée près d'Acapulco, au Mexique.
» Deux seuls individus de cette jolie espèce ont été
» rapportés par la Vénus, dont untué par M. Léclancher.
» Cet Oiseau se tient habituellement dans des brous-
» sailles épineuses ressemblant à notre épine noire, et
» où ilest très-difficile de l’apercevoir. On trouve aussi
» sur le tronc du même arbuste un beau Bulime blanc
» zébré de violet.
— 216 —
» L'habitation de cet Oiseau, dans les buissons four :
» rés et dans les vallées, comme chez les Passerines
» Pape et Ministre, est une conformité de mœurs bien
» remarquable entre ces trois espèces, et qui, malgré
» leurs rapports de coloration, les éloigne des Tangaras
» qui se tiennent habituellement à découvert et se per-
» chent sur le sommet des arbres des forêts. »
PLANCHE VI.
BRUANT A DOUBLE CROISSANT,
cmberiza biareuata (F1, Prévost et O. des Murs).
Fringilla — (FL. Prévost et O. des Murs), Atlas, pl. 6.
Arremon biarcuatus (J.-B. Gray), Gener. 1849, Append.
Car. Srec. E, — Suprà fuliginosé brunnea parumper olivas-
cens , fronte, genisque nigris, regione periophthalmicà albà
rufo circumecincltà, vertice et collo posteriore rufis : subtus
alba , lateraliter cinerascens, crisso ochraceo, remigibus rec-
tricibusque orunneo-nigrescentibus, primis cinereo marginatis,
rostro nigro, pedibus brunneis.
Ce Fringille, désigné sur notre planche VI sous le
nom génér'que de Moineau, est un véritable Bruant.
Ainsi la commissure des deux mandibules, au lieu de
ne former qu'une ligne plus ou moins courbe ou inflé-
chie, forme une ligne brisée à angle obtus vers son
ouverture ; de plus la mandibule supérieure porte cette
protubérance interne si caractéristique chez les vrais
Bruants. Toutefois les caractères des pattes différent un
peu de ceux assigrés à ce genre : elles sont ici très-
fortes, les ongles sont également forts et très-arqués ,
ongle méme du pouce est de la longueur de ce doigt
— 217 —
et très-arqué. Par ce dernier caractère 1l se rapproche-
rait des Plectrophanes, à part la courbure de l’ongle.
On peut même dire que , n’était la forme du bec, qui
est celle si spéciale aux Bruants, ce serait un de ces
Tangaras à couleur sombre, dans le genre du Tanagra
ruficoilis de Spix, Av. Bras., 2? vol., tab. 53, f. 3, ayant
le plus grand rapport avec celle des Bruants.
Description. Celui-ci a le milieu du front et le bas de
la joue noirs; une tache superciliaire partant des na-
rines , la région periophthalmique, le menton, les bords
inférieurs de la joue, la gorge, le cou et le milieu de
l'abdomen blancs ; le dessus de la tête, la nuque et le
haut postérieur du cou d’un roux-marron, Ce roux en-
cadrant la région periophthalmique et se continuant
jusqu’au méat auditif; le bas postérieur et les côtés du
cou, ainsi que ceux de la poitrine, sont d’un gris-
cendré ; le dessus du corps et de la queue d’un brun
enfumé légèrement olivâtre; l'anus et les couvertures
caudales inférieures d’une teinte ocracée; les rémiges
et les rectrices d’un brun-noirâtre, les premieres fine-
ment bordées en grisàtre; les grandes couvertures
alaires bordées de roussâtre ; la queue est arrondie, le
bec noir, les tarses sont bruns,
Longueur totale, . . . . . . . . . 16 centimètres.
e de la queue. . . 7 1/2
— Qu IUTSee 2 - . . m0)
Hab. L'individu que nous avons figuré, sur un exem-
plaire dont le bec était incomplet, a été rapporté de la
Californie par le docteur Neboux; celui qui a servi à
notre description vient de Guatémala.
= —
SUR LE GENRE PTILONOPÉE,
ET LA DIVISION A Y INTRODUIRE.
On sait que le genre Ptilonopus , créé par Swainson
(Zool. Journal, vol. 1, p. #73, ann. 1824-1825), a été
adopté par tous les Ornithologistes, et respecté par
M.G.-R. Gray, qui l’a conservé dans son Genera of Birds.
Or, ce genre a été destiné par son auteur à renfermer
les Colombidés offrant pour tous caractères des ailes
médiocres, à première rémige tres-brève, la plus
courte , et tellement échancrée intérieurement qu’elle en
devient courbe et presque falciforme ; à becs grêles et à
tarses presque entièrement emplumés. Il le caractérisait
en effet dans les termes suivants :
Alæ mediocres, remiqum primä apicem versüs contractà,
tertid quartäque longissimis ;
Rostrum gracile ;
Tarsi plumosi.
Et il donnait pour type de ce genre ce qu'il considé-
rait comme une simple variété, nommée par lui Varietas
Regina, du Ptilonopus purpuratus, Columba purpurata ,
de Gmelin et Latham, c’est-à-dire du Kurukuru de
Temminck, la plus anciennement connue de toutes les
espèces de ce genre.
A prendre dans les termes de Ta Caractéristique de
Swainson , nul doute que son genre Ptilonopus, tel que
l’a composé M. G.-R. Gray, ne soit rigoureusement
exact. Mais on remarquera que parmi les espèces qui
— 219 —
y figurent, il en est qui possèdent seules un caractère
unique et des plus tranchés dans la conformation de
leurs plumes pectorales, caractère véritablement suffi-
sant pour en constituer un genre à part.
Nous pensons donc que le genre Ptilonopus deman-
derait, pour plus d’exactitude et de clarté, à être di-
visé en deux parties.
La première comprendrait les vrais Pülonopes, tels
que les a définis l’ornithologiste anglais , et conserverait
son nom générique de Ptilonopus.
Et il conviendrait de composer la deuxième des es-
pèces qui, aux caractères assignés aux Ptilonopes,
joindraient ce caractère si singulier que présente no-
tamment le Kurukuru, Columba purpurata, dans la pti-
lose de sa région pectorale; nous voulons parler de la
forme des plumes de cette partie, qui présentent toutes
l'aspect de plumes dont le rachis serait coupé à peu de
distance de sa pointe, qui se trouverait ainsi dépassée
par la longueur des barbules de droite et de gauche, et
ne figurerait plus alors qu'un V renversé À, dont l’ex-
trémité subsistante du rachis serait le sommet. Il est
même remarquable que le nombre de ces espèces ne
laisse pas que d’être considérable, et comprend près de
la moitié de celles rangées jusqu’à présent dans le genre
Ptilonopus , toutes espèces appartenant exclusivement
aux archipels de là mer du Sad. Cette seconde partie
prendrait pour nom générique celui de Kurukuru , im-
posé par M. Temminck à celles des espèces les plns
anciennement connues qu'il ait figurées le premier, et
sérait caractérisée ainsi :
— 220 —
GENRE KURUKURU.
Plumes du cou et de la poitrine roides, et échancrées à
leur extrémité qui est bifide ;
Ailes médiocres, la première rémige très: brève , et fal-
ciforme la plus courte , les troisième et quatrième les
plus longues ;
Bec grêle ;
Tarses à demi ou presque entièrement emplumés.
Genus KURUKURU.
Plumæ colli pectorisque rigidæ apice bifidæ vel furcatæ ;
Alæ mediocres , remigum primä apicem versùs contractà ,
tertià quartäque longissimis ;
Rostrum gracile ;
Tarsi plumosi.
Quant aux espèces qui nous paraissent devoir entrer
dans la composition de ce genre, nous nous réservons
de les indiquer après que nous aurons passé en revue
les individus, à notre connaissance, qui doivent être
considérés comme appartenant réellement au Ptiloncpus
( Columba) purpuratus, et ceux qui en ont été ou doivent
en être entièrement distingués.
Ainsi, de tout temps, depuis Gmelim et Latham,
jusqu’à ces dernières années, il est constant que l’on a
confondu et que l’on confond encore avec le vrai
PL. purpuratus, et comme variétés de cette espèce, des
individus dont on à, avec raison, fait depuis des es-
— 201
pèces distinctes, parce qu’elles en diffèrent essentielle-
ment, et que les observations successives des voya-
geurs , de même que les études des Ornithologistes ont
démontré jusqu’à l'évidence la raison de ces différences.
Ces variétés sont en effet si nombreuses que ce ne
pouvait être qu’à force de temps et d'observation qu’on
devait espérer arriver à les débrouiller. Aussi est-ce
avec quelque apparence de raison que Lesson a pu dire,
à l’époque où il décrivit sa Col. Kurukuru, variété Taï-
tensis (Voy. de la Coquille, 1 vol., p. 297, ann. 1824),
que : «Cette Col. Kurukuru, qui se trouve dans toutes
» les îles de la Malaisie et de l'Océanie, depuis les Mol-
» luques, les Philippines et les Mariannes, jusqu'aux
» Sandwich et aux iles de la Société et qui, en tout
» lieu, identique par l’ensemble de ses formes et les
» masses de couleur de son plumage , offre partout des
» nuances si variées, qu'elles ont déjà cent fois torturé
» les naturalistes systématiques, aux définitions précises
» desquels elle semble vouloir échapper. »
il est vrai que vingt-cinq ans après, c’est-à-dire en
4847, instruit par l'expérience et par les progrès de
l'Ornithologie, auxquels il avait donné lui-même un si
puissant Concours , il exprimait une opinion différente
et plus exacte, à l’occasion de la description de son
Ptil. Emiliæ, qu'il reconnaissait être le même que notre
Kurukuru Dupetit-Thouarsii, et plus conforme à la vé-
rité, en disant, à propos du groupe des Ptilonopes
auquel il rapportait cette Colombe, que « comme chaque
» archipel a des variétés constantes , force est de les
» décrire comme espèces distinctes. »
— 22 —
C’est pour bien faire sentir l'importance de ces dis-
tinctions que nous avons entrepris le travail qui suit,
et pour vulgariser le résultat des travaux de nos prédé-
cesseurs, tels que MM. Swainson et Gould, toujours
excellents par leurs résultats, mais manquant en gé-
néral de cet esprit d'analyse qui, en établissant une
distinction entre deux termes de comparaison, fournit
les moyens de contrôle indispensables à tout observa-
teur, pour bien saisir la raison des rapports ou des dif-
férences qui presque toujours précèdent et devraient
accompagner l'établissement et la création d’espèces
nouvelles en histoire naturelle.
Cela posé, nous allons, si ingrat que soit le travail
dont nous parlons , puisqu'il ne doit consister en grande
partie qu'en citations et en descriptions , nous allons
passer en revue les diverses descriptions données du
PE. purpuratus, comme type du nouveau genre Kurukuru
que nous proposons d'établir, et indiquer les espèces
qui doivent entrer dans ce genre.
KURUKURU A COURONNE POURPRÉE.
Kurukuru purpuratus, O. Desmurs et Flor, Prévot.
Columba purpurata , Loth., Gmel.
Ptilonopus purpuralus, Swains.
Columba viridissima , Tunn.
Srec. Cnar. X, viridis, sublüs in cinereum vergens, fronte et
verlicis parle purpureis, crisso flavo, remigibus viridi ni-
grescentibus, remiges primores prœler duas primas, margine
[lavæ, rectrices æquales, subovalæ, margine anteriori virides,
fascia interruptà grised notatæ.
Comme toutes les espèces exotiques anciennement
connues, le Kurukuru à couronne pourprée, quant à
son véritable type, a fini par être confondu avec ses
variétés congénéres plus ou moins réelles, à tel point
que chaque auteur ayant eu son type parüculier, il de-
vient assez difficile de se fixer sur la variété, ou soi-
disant telle, qui doit définitivement être prise pour le
type de l'espèce.
_ C'est ce que prouvent les Diagnoses latines de Latham,
de Gmelin , et de M. Temminck lui-même, qui, toutes
concordantes entre elles, sont inapplicables à la figure
que cet Ornithologiste a le premier donnée de son Kuru-
kuru, Columba purpurata.
La diagnose de Latham porte :
Col. viridis, pileo coccineo, cristo flava; capite collo pec-
toreque cinereo-albis. (Ind. ornith., p. 269, n° 17.)
Celle de Gmelin :
Col. viridis, subtus in cinereum vergens, fronte et verticis
parte purpureis, crisso flavo, remigibus nigris. (Linn.,
n° 64.) |
Celle de M. Temminck :
Col. viridis, fronte purpurascenti, capite colloque cinereo-
albis, cristo flavo, apice caudæ virescente; remigibus
nigris : rostrum nigrum, apice albo; pedes nigri.
(Hist. natur. des Pigeons, in-8, 1813, t. I”, p. 474.)
M. Temminck fait suivre cette diagnose de celle d’une
variété , ou prétendue telle, conçue en ces termes :
Var. Fronte pileoque minüs saturatiore et in quibusdam
vertex absque ullä rubedine, capite colloque cinereo-
"oh —
virescens , crislo aurantio ; rostrum nigrum : pedes ru-
bicundi ;
dont plus tard il fit une espèce distincte, ainsi qu'on
le verra bientôt.
C’est en effet au K. purpuratus , le plus anciennement
connu , que l’on a rapporté comme variété tous les in-
dividus , si nombreux aux îles Marquises, dans les diffé-
rents archipels de la mer du Sud ou de l'Océanie, et
même dans la Nouvelle-Hollande, qui empruntaient
quelque chose de leur coloration si brillante et si diver-
sement nuancée au plumage de cette espèce, dont on
en faisait alors comme le type.
Ainsi l’on voit dans Lathiam, dont les premières pu-
blications de M. Temminck ne sont que la reproduction
presque textuelle :
Var. Fronte pileoque minüs saturatis ; quibusdam vertex
absque rubedine.
Dans Gmelin :
Frons et vertex varius concolor, aut flavä lined circum-
scriplus, caput collumque ex cinereo virescentia.
Il en est résulté qu'une fois les variétés de l'espèce
admises à l'infini, chacun a pris pour type celle qui lui
convenait le mieux , sans s'occuper de mettre d'accord
avec sa propre description détaillée la Diagnose Lin-
néenne qu'il en donnait.
Latham a pris pour type de l'espèce et de sa descrip-
tion, conforme en cela à sa diagnose, la variété dont
la calotte pourprée est privée d’un cercle jaune, et dont
le ventre, à l'exception de la région anale, est vert; ne
— 225 —
considérant que comme variété les individus d'Otahiti
et de Tonga-Tabou dont la calotte pourprée est en-
tourée de jaune.
Et voici comme il la décrit :
« Le bec est aux trois quarts d’un blanc jaunâtre ;
» l'iris d’un jaune pâle; le front est couronné de pour-
» pre; la tête, le cou et tout le dessous du corps sont
» d’un vert pale tournant au cendré ; les couvertures
» inférieures de la queue et la région anale sont jaunes;
» le dessus du corps est d’un joli vert à reflets; les ré-
» miges sont noires, les deux externes extérieurement,
» les autres bordées de vert; les secondaires sont fran-
» gées extérieurement de jaune; la queue à 3 pouces
» de longueur ; les rectrices, d’un noir verdàtre, sont
» vertes extérieurement ; lorsque la queue est étendue
» on voit une barre verdätre vers la pointe, mais cette
» couleur, en lexaminant bien, n’occupe que la page
» intérieure de chaque penne, en sorte que cette bande,
» au lieu d’être continue , est réellement interrompue ;
» les pieds sont d’un beau rouge ou d’un noir brunâtre;
» les ongles sont noirs. »
M. Temminck, au contraire, prend pour type et
comme variété la plus constante, selon lui, les indi-
vidus dont la calotte est encadrée de jaune, et il accom-
pagne la figure qu’il en donne, planche XXXIV de ses
Pigeons , de la description suivante :
« Nous figurons dans la planche XXXIV de l'édition
» en grand format, le Kurukuru mâle tel qu’on le trouve
» habituellement. C’est dans cet état que nous avons eu
» occasion d’en examiner plus de vingt individus ve-
=
O1SEAUXx. 15
MA
Y
ŸY
Y S ÿ
È-2
= 0
nant d'Otahiti; nous en avons encore trouvé deux au
Muséum de Paris, rapportés par les naturalistes qui
accompagnérent le capitaine Baudin dans son voyage
de découvertes aux terres australes,
» Cette premiere variété, qui nous paraît la plus
constante , a tout le haut de la tête d’un beau rouge
rose ; cette couleur est entourée, dans les individus
adultes , par une bande jaune. L’occiput, le cou et la
poitrine sont d’un gris cendré, nuancé de légères
teintes verdätres, plus sombres cependant sur la
partie postérieure du cou. Toutes les parties supé-
rieures du corps sont d’un beau vert lustré marqué
de taches vertes, plus foncées sur les grandes couver-
tures des ailes les plus proches du corps; les couver-
tures moyennes sont frangées de jaune, les rémiges
sont noires intérieurement et vertes sur les barbes ex-
térieures ; la deuxième penne de l'aile est terminée
en pointe. Les barbes extérieures de toutes les pennes
caudales sont vertes, mais les barbes intérieures sont
noirtres; l'extrémité de toutes les pennes est d’un
blanc nuancé de vert; le ventre a plusieurs nuances
de jaune et d’orangé ; l’abdomen et les couvertures
inférieures de la queue sont jaunes; les tarses sont à
moitié emplumés ; le reste, ainsi que les doigts, sont
couverts d’écailles noires; l’origine du bec est de
cette couleur, mais la pointe est blanchâtre ; les yeux
sont d’un jaune pàle. »
Ce qui résulte de ces deux descriptions, c’est qu’elles
concernent véritablement deux individus différents,
deux variétés distinctes ; et avant de décider si elles se
— 9227 —
rapportent à la même espèce, il s’agit de comparer
chacune d’elles avec la diagnose la plus ancienne du
C. purpurata.
Or ilest évident, d’après les citations que nous en
avons faites en commençant, que la description de
Latham est la plus exactement conforme à sa diagnose,
qui, comme type, doit avoir la préférence et la priorité.
Il n’est pas moins évident que M. Temminck a repro-
duit textuellement la même diagnose que Latham et
Gmelin, sans s’occuper de mettre d'accord avec elle la
description qu’il a prétendu donner de la même es-
pèce, car sa diagnose et sa description sont en contra-
diction manifeste.
D'où la conséquence que le type du K. purpuratus
est bien réellement, à l'heure qu'il est, la variété qui a
servi à la description de Latham, la description de
M. Temminck concernant certamement une autre es-
pèce, que nous croyons devoir se rapprocher de
l'Ewingii de Gould, ou Roseicapilla de Lesson.
Ceci nous est même clairement démontré par la des-
cription que cet ornithologiste a faite d’une variété à
laquelle il a cru plus tard pouvoir imposer le nom de
Viridissima , et que nous considérons comme identique,
malgré l'absence de toute bordure jaunâtre aux rémiges
et aux couvertures alaires, avec la variété typique dé
crite par Latham, dont elle serait, selon nous, la fe-
melle, car tous les autres caractères de ptilose sont
exactement les mêmes que ceux signalés par l’auteur
anglais pour sa C. purpurata.
Quant à cette variété ou espèce prétendue C. viridis-
— 998 —
sima, constatons que M. Temminck, qui avait reçu son
individu de Timor, a fait un rapprochement et une ci-
tation des plus inexacts en la considérant comme la
même que celle que Latham dit être propre aux îles
de Tonga-Tabou et d'Ulieta.
Voici en effet comment il s'exprime (Hist. des Pigeons,
t. [®, in-8°, 1813, p. 283) :
« Une variété que Latham dit être propre aux îles de
» Tonga-Tabou et d’Ulieta, mais qui se retrouve aussi
» à Timor, diffère de la précédente (c’est-à-dire de celle
» que Temminck venait de décrire comme type de son
» Kurukuru, €. purpurata), en ce que le front et le
» sinciput sont d’un violet pourpré très-foncé, sans être
» entouré d’une bande jaune ; le vert de toutes les parties
» supérieures est plus foncé et bleuâtre ; les couvertures
» ne sont pas frangées de jaune ; le ventre, ainsi que
» l'abdomen , est vert; enfin les pieds sont d'un brun
» rougeàtre, et le bec est entierement noir. Les natura-
» listes français qui firent partie de l’expédition com-
» mandée par le capitaine Baudin , ont trouvé cette der-
» nière variété du Kurukuru dans l’île de Timor. »
Et immédiatement il fait figurer cette variété comme
jeune de son Kurukuru , dans la planche XXXV de ses
Pigeons.
Puis plus tard, et en 1824, dans un article relatif à
sa Columba diademata, pl. col. 254, il en résume de
nouveau en ces termes les caractères principaux, en
élévant cette variété, ou jeune àge du Kurukuru pour-
pré, au rang d'espèce, sous la dénomination de C. viri-
dissima :
20
« Nous possédons les sujets de la Colombe viridissime
» de Tonga, dont les caractères les plus marquants
» sont : 4° un plumage teinté généralement de diffé-
» rentes nuances vertes ; 2° point de couleur jaune ou
» orange au ventre, qui porte un ceinturon vert très-
» foncé; 3° point de bordures jaunes aux ailes, ni de
» jaune au menton ; et 4° tout le plumage plus soyeux,
» et l’échancrure aux plumes de la poitrine à peine mar-
» quée. »
Or Latham (Gen. Syn., t. Il, 1783, p. 626) se borne
à dire :
« Les individus d’Otahiti ont la calotte d’un pourpre
» très-faible ; ceux d'Uliaeta et des autres iles voisines
» l'ont plus foncée; quant à ceux de Tonga-Tabou, ils
» ont le sommet de la tête d’un pourpre excessivement
» vif et encadré de jaune; le bec est noirâtre; l'iris
» jaune; la région anale orangée, et les pattes sont d’un
» rouge foncé. »
Comme on le voit, il n’y a pas la moindre concor-
dance entre le texte de l’auteur anglais et la citation de
l'ornithologiste hollandais.
Quoi qu'il en soit, le rapprochement de la descrip-
tion donnée de cette variété par M. Temminck, de la
description donnée par Latham de sa C. purpurata,
suffit, ce nous semble, pour démontrer que les deux des-
criptions ont rapport à une seule et même espèce.
Une description du C. purpurata, qui est à reporter
également à une autre espèce, est celle donnée par
Lesson (Traité d'orn., p. 472) :
« Tête purpurine, bordée de jaune; ailes et dos
— 9230 —
» verts, ponctués de bleu; queue vert bleu, bordée de
» jaune ; 2orge jaune; thorax grisjaune; ceinture jaune ;
» milieu du ventre vineux; ventre orangé; couvertures
» inférieures jaunes; queue brune en-dessous. »
Citer cette description, c’est réfuter suflisamment
l'assimilation que cet auteur en a voulu faire au C. pur-
purata.
Un individu exactement conforme à la description
donnée par Latham du GC. purpurata, existe au Muséum
d'histoire naturelle de Paris, où il a été rapporté par
Quoy et Gaimard de Pexpédition de lAstrolabe. I pro-
vient de Tonga-Tabou, et ne diffère de cette description
que par une large tache d’un vert noirâtre à reflets
d’indigo existant au bas de l'estomac, ce qui le rap-
proche beaucoup sous ce rapport du Viridissima de
Temminck.
Nous rappellerons en terminant qu’un caractère 1m-
portant que le Kurukuru pourpré partage avec quel-
ques-uns de ses congénères, est celui de la forme des
ailes, déjà indiqué en ces termes par M. Temminck :
« Dans l’espèce du Kurukuru, les grandes pennes
» alaires vont en diminuant de longueur jusqu’à l’exté-
» rieure, qui est la plus courte de toutes : celle-ci est
» terminée en pointe.»
Ce qui donne à ces ailes une configuration arrondie
ou obtuse, tandis que d’autres espèces les ont d’une
forme presque aiguë.
Notre but, en insistant sur ces détails à l’occasion de
cette espèce, qui devient pour nous non-seulement le
type du genre Kurukuru, mais le type spécifique du
En.
vrai Kurukuru pourpré (Columba purpurata), a été de
mettre les ornithologistes en garde contre la confusion
introduite depuis longtemps par les auteurs dans ce
groupe, et de bien les fixer sur les caractères de cette
espèce typique.
Dans une note du voyage de l’Uranie , page 34, Quoy
et Gaimard nous apprennent que cette espèce est très-
commune dans l’île de Guam ; qu'ils en avaient tué un
grand nombre, qu’ils en ont même possédé «longtemps
» un couple mâle et femelle pris sur le nid, dont les
» individus ne différaient pas le moins du monde l’un
» de l’autre, tant pour la couleur que pour la grosseur.
» Les Mariannais, ajoutent-ils, la nomment Toto, et
» les Papous Manobo. Elle fait sa principale nourriture
» du fruit rouge d’une orange épineuse ( Limonia trifo-
» liata) qu’elle transporte partout, et contribue par ce
» moyen à multiplier d’une manière fort incommode. »
KURUKURU POUKIOBOU.
Kurukuru superbus, O. des Murs et FL. Prévost.
Ptilonopus — J.-B. Gray.
Columba superba ; Term.
Srec. cuar. À, Viridis, capite purpureo, cervice subrubicundà,
collo cano, alæ spuriæ cingulo cœruleæ, maculis ovatis ex
cϾrulescente nigris in tectricibus alarum, abdomine et tec-
tricibus sub caudû albis. — Rostrum nigrum ; orbitæ pedesque
rubri (Temm., Hist. des Pig.,t. 1*, Ind., p. 474).
C’est à M. Temminck que l’on doit la première des-
cription de cette belle espèce de Colombe (Hist. des
Pig., tome I, in-8, 1813, p. 277, Pig., pl. 33).
— 232 —
Si l’on s’en rapportait à ce qu'en dit l'honorable
Ornithologiste, cette Colombe, d’après les caractères de
Ptilose sur lequel nous avons établi notre genre Kuru-
kuru, n'y devrait pas figurer.
Cet auteur, en effet, dans la comparaison qu'il fait
du C. purpurata et du C. superba (p. 281), et dans les
caractères différentiels qu’il indique, insiste particulie-
rement sur celui-ci :
« Toutes les plumes du Kurukuru, dit-il, ainsi que
» des variétés de ce Pigeon, sont échancrées du bout,
» tandis que celles du Poukiobou, étant sans échancrure,
» sont arrondies. »
Nous signalons ici une erreur manifeste. Il suflit
d'examiner attentivement ces plumes chez le A. su-
perbus, pour se convaincre qu’elles sont également
échancrées et bifides à leurs pointes : seulement les
barbules de droite et de gauche, au lieu d’être rigides
et de finir en pointe des deux côtés, sont molles comme
toutes les autres et légerement arrondies. Le doute à
cet égard n’est donc plus permis, car le fait est
exact.
Quant aux rémiges, au lieu d’être arrondies et éta-
gées, comme chez le K. purpuratus, elles ont une
forme presque aiguë, les premières étant les plus
longues , ainsi que le dit fort justement M. Temminck.
Nous ferons remarquer que dès sa publication son
auteur n’entra dans les plus minutieux détails à son
sujet que dans la crainte qu’elle ne fût considérée
comme une simple variété de sexe ou d'âge du K. pur-
puralus.
ep —
En voici la description , telle qu'il Pa donnée pour le
mâle adulte :
»
}
DA
)
LA
)
-
)
LA
»
»
»
)
_
)
»)
)
»)
)
»
»
»
)
« Une calotte d’un violet éclatant couvre la tête ;
l’occiput et les joues sont d’un vert tendre ; la nuque
est colorée de brun rougeàtre; le manteau, le dos,
les grandes et les moyennes couvertures des ailes,
sont d’un vert brillant nuancé de quelques teintes
olivacées ; sur les grandes et sur quelques-unes des
moyennes couvertures se dessine, vers leur extré-
mité, une tache ovoiïde de couleur bleu noirûtre ;
le poignet de l’aile porte une espèce d’épaulette d’un
bleu légèrement violacé ; les pennes secondaires des
ailes sont noires sur les barbes intérieures, et d’un
vert foncé en dehors; toutes ces pennes, ainsi que
leurs couvertures, se trouvent bordées de jaune :
les rémiges sont noirätres , bordées de jaune blan-
châtre ; la queue, qui est composée de seize pennes,
est d’un vert olivacé à son origine, d’un beau vert foncé
au centre, et terminée de blanc nuancé de vert; les
trois pennes latérales de chaque côté sont noires ; les
autres ont leurs barbes intérieures de cette couleur ;
le dessous de la queue est gris, et terminé de blanc.
Diverses nuances de gris cendré et de violet tendre
sont répandues sur le devant du cou; l’origine de
toutes les plumes de cette partie est colorée de violet,
tandis que leur extrémité est grise. Un large croissant
d’un bleu foncé ceint la poitrine ; le ventre et l’ab-
domen sont blancs; les flancs sont verts, marqués de
taches blanches; les couvertures inférieures de la
queue, blanches depuis leur origine, ont sur leurs
— 23h —
» barbes intérieures des taches oblongues vertes; les
» yeux , placés dans un cercle dénué de plumes, sont
» rouges ; le bec est couleur de corne, et les pieds sont
» rougeatres.
» Longueur totale, 9 pouces 1/2.
» Habit, Otahiti. »
Cette espèce, dont il n'existait qu'un seul individu
lorsque M. Temminck le décrivit, qui était encore im-
connue à Lesson lorsqu'il composa son Traité d'Ornitho-
logie en 1831, puisqu'il ne l'y mentionne que dans une
note, page #72, est devenue depuis assez commune
pour être suflisamment connue et distincte du K,
purpuratus, avec lequel il n’est plus possible de la
confondre.
Pour ce qui est de l'individu décrit dans le deuxième
volume des Pigeons, p. TT, et figuré par madame Knipp,
pl. 42, comme femelle du K. superbus, d'après les ren-
seignements mêmes de M. Temminck, nous croyons,
après un mür examen, que cet individu doit constituer
une espèce à part dont nous allons donner la descrip-
tion.
KURUKURU DE TEMMINCK.
Kurukuru Temminckii, O. des Murs et FI. Prévost,
Columba superba , fæœmina , FI. Prévost et Knipp., Pig., t. IX,
p- 77; pl. 42.
Ptilonopus superbus, J.-B. Gray.
SrEc. cHar. X. viridis; suprà auratè; tectricibus alarum cœ-
ruled maculà notatis; quiture ex cinereo-grisescenti; pectore
cærulescente viridi; abdomine flavidè albo; lateribus viridi
— 235 —
aurals; rectricibus viridibus, apice cinereis ; rostrum cϾru
lescens , oculi rubri, pedes fuscè rubidi.
Voici comment s’exprimait celui d’entre nous qui dé-
crivit cette espèce comme femelle du K. superbus dans
le &euxième volume des Pigeons :
« Nous avons eu un double motif pour faire connaître
» la femelle de cette espèce : c’est d’abord qu’elle diffère
» beaucoup du màle, et ensuite c’est que malgré cette
» différence, et quoiqu’elle conserve jusqu’à un certain
» point, par Comparaison avec celui-ci, lun des plus
» brillants, il est vrai, et des plus richement coloriés
» des Oiseaux du genre qui nous occupe, cette simpli-
» cité relative de coloration, caractère habituel des
» femelles, est elle-même encore assez brillante pour
LA
» qu'il doive infailliblement arriver quon la considère
» comme le mâle d’une autre espèce, si on la voyait
» seule et si l’on n’était point averti.
» Cette femelle n’était pas connue lorsque M. Tem-
» minck a publié la figure et la description du màle
» dans le premier volume de cet ouvrage. Depuis il Pa
» reçue de plusieurs localités, et a bien voulu nous
» mettre à même de la figurer en nous en envoyant
» deux individus, l’un des Célèbes , l’autre de Ternate,
» dans les Moluques, qu’il considère tous deux comme des
» femelles, quoiqu'il existe entre eux quelques différences.
» Ces différences tiennent-elles à l’âge ou à la localité,
» ou bien l’un de ces individus ne serait-il pas un jeune,
» comme nous sommes disposé à le penser? C'est ce
» que, faute de renseignements, il nous est impos-
» sible d'examiner, et nous ne pouvons, quant à présent ,
—_ 236 —
» qu'admettre la détermination qui «à été établie et
» adoptée. »
Nous avons en effet toujours douté, dès le principe,
de cette identité d'espèce entre les deux individus. Une
étude plus attentive que nous avons faite depuis n’a eu
pour résultat que de nous confirmer davantage dans
nos doutes primitifs. Ce qui nous détermine aujourd’hui
à cette spécification nouvelle et distincte , c’est l’obser-
valion que nous avons constamment faite, observation
confirmée par tous les voyageurs, que dans le groupe
de Pigeons composant le grand genre Prilonopus de
SwWalnson, Jamais la femelle ne diffère autrement du
mâle que par des teintes moins brillantes dans les cou-
leurs, qui sont presque toujours les mêmes chez les
deux sexes.
C'est, au surplus, ce que M. Temminck lui-même a
déjà reconnu à l’occasion des K, diadematus où xantho-
gaster et purpuratus , dans le texte explicatif du n° 254
de ses planches coloriées, où il dit :
«La Colombe diadema et le Kurukuru forment en
» effet deux espèces ou races distinctes dont nous
» connaissons maintenant les deux sexes, et que nous
» savons très-positivement qu'il n'existe point de différence
» marquée de livrée ; les mâles, chez les deux espèces,
» portent seulement des couleurs plus vives que les
» femelles. »
Nous regrettons bien certainement, pour asseoir
notre conviction d'une manière encore plus solide, de
n'avoir pas en n0s mains les éléments de comparaison
que possède le célèbre Ornithologiste hollandais ; mais,
= 997 —
en l'absence de ces matériaux, nous croyons que les
deux exemplaires qu'il a envoyés sont suffisants pour
appuyer notre Opinion.
En attendant , nous allons reproduire la description
qui en accompagnait la figure.
« Cette espèce a le dos, le dessus des ailes et de la
» queue d’un beau vert brillant à reflets dorés ; sur le
» milieu de la partie visible de chacune des plumes des
» couvertures des ailes, on distingue une tache, en
» forme de goutte, d’un bleu foncé, ce qui donne à
» cette partie un aspect très-remarquable. La gorge est
» d’un gris cendré qui prend une teinte d’un vert bleuâtre
» en descendant vers la poitrine. Celle-ci est entièrement
» couverte, jusqu'à sa partie inférieure, de plumes
» échancrées de cette même couleur. Le ventre est d’un
» blanc jaunâtre , et les flancs sont du même vert que le
» dos. La queue est d’un vert foncé , et les taches qui en
» terminent les pennes sont grises à leur extrémité et
» n'ont point.de blanc. Les veux sont rouges, le bec est
» d’un gris bleuàtre et les pieds sont d’un rouge terne, »
La longueur totale est de 10 pouces.
Un caractère entre autres bien suffisant pour distin-
guer spécifiquement ce Kurukuru du Superbus, est la
forme des plumes pectorales, dont l’échancrure pro-
noncée attire l'attention au premier aspect, de même
que chez le Purpuratus, le Xanthogaster et le Dupetit-
Thouarsii, etc., tandis que le chez Superbus il faut y
regarder de très-près pour bien saisir ce caractere, les
barbules qui dépassent le rachis dans cette espèce s’ar-
rondissant au lieu de finir eu pointe.
ve —
KURUKURU A DIADÈME.
Kurukuru xanthogaster ( Wagler ), O. des Murs et F1. Prévost.
Columba xanthogastra , Wagl.
——— purpurata,Temm., pl. col. 254,
——— diademata, Temm., pl. col. 254, texte.
Ptilonopus flavigaster , Swains.
———— æanthogaster, G. R. Gray.
Srrc. cHar. À. supr@ viridis, subtüs junquillaceus; capite,
collo pectoreque flavide albis ; vertice à commissuré usque ad
summum capitis lineä flavä circumcincto; scapularibus in
medio cœruleis; secundariis et tegminibus flavo marginatis ;
gutture flavo, lateribus cruribusque virescentibus.
On sait qu’à l’époque où M. Temminck fit paraitre le
n° 254 de ses planches coloriées, il y donna la figure de
ce Kurukuru sous le nom de Kurukuru femelle (Columba
purpurata, Lath.), tant on était alors porté à référer à
une seule et même espèce tout ce qui, de près ou de
loin, présentait le même ensemble de couleur ou de ré-
partition de teintes.
Il fallut, pour relever presque immédiatement cette
erreur, que Quoy et Gaimard fussent de retour de leur
si riche exploration de l'Uranie, et s’occupassent fort
heureusement de la publication des découvertes de leur
voyage. C’est en ces termes qu’ils le firent (foyage au-
tour du monde de VUranie, p. 34, note 2) :
«Dans l'ouvrage qui fait suite aux Oiseaux de
» Buffon, par M. Temminck (43° liv., pl. 254), ce
» naturaliste fait figurer une Colombe qu'il regarde
» comme la femeile de lespèce Kurukuru. Elle a le
» dessus de la tête cendrée, avec une bande jaune au-
— 239 —
» dessus de lœil. Si c’est une femelle, nous ne pensons
» pas qu'elle doive appartenir à cette espèce. Ces Oi-
» seaux sont très-communs dans l’île de Guam; nous
» en avons tué un très-grand nombre; nous avons
» même possédé assez longtemps un couple mâle et fe-
» melle, pris sur le nid, dont les individus ne diffé-
» raient pas le moins du monde lun de lautre, tant
» pour la couleur que pour la grosseur, et tous ces
» Oiseaux avaient l’élégante calotte purpurime qui la
» distingue, Voilà bien certainement ce qui existe dans
» cette Île; peut-être ailleurs la femelle présente-t-elle
» quelque différence. »
C'est alors que M. Temminck s’empressa de faire la
rectification suivante :
« Induit en erreur par des données inexactes, nous
» avons publié le portrait de cetie nouvelle espèce sous
»le nom de ÆXurukuru femelle (Columba purpurata ,
» Lath.); l’ensemble des formes ferait en effet présumer
» que notre Oiseau, figuré planche 254, est la femelle
» de cette espèce. Des renseignements obtenus depuis,
» ainsi que l’examen de plusieurs sujets des deux sexes,
» et le doute émis par MM. Quoy et Gaimard , au sujet
» de cette identité présumée, nous mettent à même de
» revenir sur cet article, vu que la Colombe diadème et
» le Kurukuru forment en effet deux espèces ou races
» distinctes, dont nous connaissons maintenant les deux
» sexes, et que nous savons très-positivement qu'il
» n'existe point de différence marquée de livrée, les
» mâles, chez les deux espèces, portant seulement des
» teintes plus vives que les femelles. »
— 20 —
En voici maintenant la description :
Dessus de la tête, depuis la commissure du bec jus-
qu'au sommet du vertex, d’un blanc mat d’un aspect
cendré , encadré par une ligne jaune-serin partant de
la commissure, passant en forme de sourcil au-dessus
de l’œil, et allant en s’élargissant au vertex. Le menton
et la gorge sont du même jaune-serin. Nuque, côtés
de la tête et du cou, et poitrine, d’un blanc légère-
ment jaunàtre : cet aspect jaunâtre à la poitrine tient à
la forme échancrée des plumes de cette partie, dont la
base étant jaunâtre sert comme de fond à la couleur
blanche des barbules échancrées, qui viennent s’y dé-
tacher d’une manière assez tranchée. Dos et manteau
verts : cette couleur est aussi celle des petites couver-
tures des ailes ; moyennes couvertures vertes largement
bordées de jaune ; grandes couvertures d’un bleu foncé
également bordées de jaune; rémiges primaires d’un
vert bleuätre foncé sur leur page externe , qui est fine-
ment lisérée de blanchâtre , vertes sur leur page in-
terne; ventre, dans toute son étendue, d’un beau
jaune jonquille ; flancs et tarses d’un vert nuancé;
queue d’un vert foncé, terminée par une large bande
d’un vert clair variant du grisâtre au blanchâtre; yeux
rouges ; bec blanc à la pointe; doigts noirs.
Longueur totale de . . . . , . , . 20 à 21 centimètres.
Habit. L'ile Banda.
— 2 —
KURURKURU DUPETIT-THOUARS.
Columba Dupetit- Thouarsii (Néboux), Rev. zool., 1840, p. 289;
Poy. au pôle Sud, pl. 29, fig. 1.
Ptilonopus leucocephalus ( Gray), Birds. Brit. mus., v11, p. 2.
Columba kurukuru purpureo-leucocephalus (Hombr. et Jacq.),
Ann. sc. nalur., 1841.
ee ee
Ptilonopus —— (G. R. Gray).
—— ÆEmiliæ (Lesson), Ech. rnond. sav., 1845, p. 871.
Kurukuru Dupetit- Thouersii (Néboux ), FL Prévost et O. des
Murs.
Caar. sec. Phil. suprà viridi-olivaceus; capite albo , strià au-
rantiacà cinclo; quiture flavo ; collo et loris cinereo-virescen-
tibus ; peclore medio aurantiaco ; abdomine et crisso pallide .
flavis: remigibus primariis in primd dimidià parte à stipite
nigris, in ullimä, ad apicem intense viridibus, albo flavido
striclè, secundariis eodem viride latiùs flavo, marginaus ;
tegminibus majoribus viride splendidè cœrulescenti notatis;
rectricibus lœtè metallicèque viridibus, flavo pallescentibus
ad apicem.
Description. Le docteur Néboux à donné de cet Oi-
seau, dans la Revue zoologique de 1840, page 289, la
description succincte suivante :
Mâle adulte. « Calotte d’un blanc pur entourée d’un
» liséré orange ; dos vert olive; ventre d’un beau jaune
» orange; région anale Jaune serin; ales : première
» penne très-rétrécie dans son tiers postérieur, la qua-
» trième est la plus longue ; rémiges secondaires et cou-
» vertures supérieures à reflet vert doré métallique,
» bordées de jaune et présentant une tache bleue au
» centre ; queue légèrement fourchue; rectrices d’une
» couleur verte à reflet métallique, puis d’un blanc jau.
O1sEAUx, 16
— 99 —
» nâtre à leurs extrémités ; tarses rouge orangé ; ongles
» noirs; bec noir à la base, blanc à l'extrémité; iris
» rouge. »
Habit. L'ile Christine, l’une des Marquises.
Les indigènes l’appellent Koukou.
Nous allons compléter ces caractères principaux par
les détails de ptilose qui suivent :
Tout le dessus de la tête, depuis les narines , d’un
blanc mat entouré d’un cercle étroit de couleur orange;
gorge jaune pale; cou et lorums d’un cendré verdàtre
mat; tout le dessus du corps d’un vert légèrement oli-
vâtre; rémiges primaires noires dans leur moitié in-
terne, d’un vert foncé dans le surplus, finement lisérées
extérieurement d’un filet blanc jaunâtre ; rémiges secon-
daires également vertes, lisérées plus largement d’un
jaune serm; les grandes couvertures présentent vers
leur pointe une large tache angulaire d’un vert tour-
nant au plus beau bleu foncé ; quelques traces de cette
dernière couleur se retrouvent clairsemées sur les pe-
tites couvertures; milieu de l'estomac jaune orange,
tournant au Carmin violacé au centre et quelquefois au
minium, d’après un bel individu rapporté au Muséum
d'histoire naturelle de Paris par M. Mercier, attaché au
jardin botanique; abdomen et couvertures inférieures
de la queue Jaune serin; rectrices d’un beau vert dans
les deux premiers tiers de leur longueur, à reflet mé-
tallique jaune päle dans le surplus jusqu’à la pointe,
qui devient presque blanche ; queue légèrement échan-
crée; la première rémige, un peu plus courte que la
seconde, est échancrée profondément sur les deux
— 2h3 —
bords et réduite à une espèce de ruban, ce qui est un
des caracteres des vrais Ptilonopes.
Longueur totale, . . . . .. . . «+ 25 1/2 centimètres,
C’est le même Oiseau qui, depuis la publication que
le docteur Néboux en à faite dans la Revue zoologique
de 1840, a été décrit par M. J.-E. Gray (dans Birds in
the Brit. Mus., IT, p. 2), sous le nom de Ptilonopus
leucocephalus, et par Lesson (Écho du monde savant,
1845, p. 871) sous celui de Ptilonopus Emiliæ, réformé
dans ses Suites à Buffon, 1847, page 209.
C’est encore le même Oiseau que MM. Hombron et
Jacquinot (dans les Annales des sciences naturelles, 1841,
zoologie, p. 316) ont décrit de la manière suivante,
et sous une dénomination si en dehors des règles lin-
néennes !:
« Colombe kurukuru leucocéphale.
» Columba kurukuru purpuro-leucocephalis.
» Variété de la Colombe kurukuru femelle. Cette Co-
» lombe leucocéphale (à tête blanche) est une jolie va-
» riété de la Colombe kurukuru femelle représentée par
» Temminck ".
» Tête blanche, entourée d’une auréole jaune d’or ;
» cou vert grisätre; dos, tectrices, vert à reflets jau-
» nâtres ; de chaque côté trois tectrices scapulaires ma-
» culées dans leur centre de bleu azur, entouré de vert
» semblable à la teinte générale du dos; rémiges vert
! Temminck n’a jamais donné la figure de la femelle du Ku-
rukuru, mais ce qu'il en considère seulement comme une "Hbnis
variété qui se voit à sa pl. 55.
— 2h —
» Vif, taché de bleu azur, lequel est bordé de vert jau:
» nâtre en arrière et de jaune en avant; queue verte à
» reflet bleu, traversée d’une bande jaune à son extré-
» milé.
» Menton, gorge , jaunes; joues gris verdètre ; cou
» et plastron grivelés de jaune verdâtre et de gris ver-
» dâtre; poitrine et ventre roux rose; croupion et tec-
» trices caudales jaunes; cuisses jaune verdàtre; flancs
» verdàtres; tectrices alaires inférieures grises, salies
» çà et là de jaune verdâtre; rémiges gris ardoise.
» Pieds roses ; bec noir, blanc à son extrémité anté-
» rieure; iris jaune.
» Taille 33° centimètres. Habit, Nuhiva. »
C’est enfin le même Oiseau que ces voyageurs, mieux
renseignés, ont figuré dans la zoologie de leur Voyage
au pôle Sud, Ois., pl. 29, fig. 4, sous son véritable nom
de Colombe Dupetit-Thouars. Il est probable qu’ils re-
viendront sur cette erreur lorsqu'ils publieront le texte
à l'appui de leur riche atlas.
Ces quatre descriptions, toutes concordantes, font
suflisamment connaître le plumage du màle adulte de
cette espèce.
Les caractères d'organisation et de coloration sont,
on le voit, tous ceux assignés au genre Ptilonopus , si
judicieusement créé par Swainson : c’est la même forme
de bec, de queue et de tarses légèrement emplumés à
leur naissance; c’est de plus la même distribution gé-
1 C'est 23 qu'il faut lire; c'est certainement une erreur du
typographe.
me
uérale de couleur si remarquable, surtout par cette
plaque occipitale presque toujours encadrée et comme
isolée du reste de la coloration; c’est enfin la même na-
ture de plumes à la région pectorale, toutes étant tron-
quées bifides et d’un aspect rigide.
Nous ajouterons que notre Colombe compose, avec
le Pr. purpuratus (SWains.), Pr taïtensis, Lesson
(G.-R. Gray), Pt. œanthogaster (G.-R. Gray) ou dia-
demata (Temm.), un petit groupe offrant les rapports
d'ensemble les plus complets, et remarquable avant tout
par la forme si exceptionnellement acuminée des plumes
de la poitrine. Nous ne pouvions donc hésiter à classer
notre espèce dans le nouveau genre Kurukuru.
Maintenant on conviendra qu'il est difficile de ne pas
apercevoir les rapports les plus intimes entre cette
Colombe et la Colombe diadema de Temminck, Ptilo-
nopus æanthogaster (G.-R. Gray), pl. col. 254, rapports
tels que ce n’est qu'après un long et minutieux examen
que nous nous sommes décidés à en faire une espèce
distincte, que le docteur Néboux à dédiée à M. Pa-
miral Dupetit-Thouars, commandant de l'expédition.
Ainsi, ce que le Pt. xanthogaster a de plus remar-
quable , parmi ses congénères à plaque occipitale si vi-
vement colorée , c’est d’avoir la sienne d’un blanc mat
pur, et d'autant mieux indiquée qu’elle se trouve cir-
conscrite par une bande étroite, d’un jaune serin, par-
tant des narines, passant au-dessus de l'œil, en forme
de soureil, et allant, en s’élargissant, contourner cette
plaque blanche par-dessus la nuque, où elle forme
vraiment diadème.
— 2h6 —
Or cette plaque est la même dans notre espèce; elle
est également encadrée d’un cercle jaunâtre partant du
même point et décrivant la même ligne que dans le
Pt. xanthogaster : seulement ce cercle est dans tout son
parcours très-étroit, d’un jaune faiblement orangé,
moins apparent néanmoins que dans cette dernière , le
fond de couleur sur lequel il se dessine chez elle étant
d’un blanc presque pur, tandis que, chez la nôtre, ce
fond est d’un cendré verdätre mat et terne, presque
comme chez les Trerons ; la gorge est également jaune,
mais d’un jaune soufre; enfin les taches bleues des
grandes couvertures et leur liséré jaune sont les mêmes.
Mais ce qui l'en distingue complétement, à part la
couleur cendrée du cou et de la poitrine, e’est d’abord
une tache du même blanc que le dessus de la tête, en
forme de moustache, placée au-dessous de la mandi-
bule inférieure, et encadrant ainsi à sa base la tache
gulaire jaune; ensuite le ton olivâtre de tout le dessus
du corps, qui est d’un vert gai chez l'autre; puis l’ab-
sence de cette teinte jaune vif uniforme qui colore tout
le ventre et les flancs du P4 xanthogaster, cette teinte
étant remplacée chez notre Oiseau par un jaune sale un
peu verdätre, etau milieu du ventre par une large tache
rouge orangé passant au Carmin violacé dans le centre ;
ensuite une bande blanc jaunâtre de pres de 2 centimè-
tres de largeur, qui termine chacune des rectrices à la
pointe, au lieu que cette partie ne se distingue, chez
le Pr. æanthogaster, que par une teinte d’un vert plus
clair que le reste de la queue; et enfin la couleur des
tarses, d’un gris noirâtre chez celle-ci, d’un rouge
— 97 —
orange chez celle-là, sans parler de la taille, plus grande
chez notre Oiseau de 3 centimètres au moins.
KURUKURU DE SAMOA.
Kurukuru Samoensis, O. des Murs et F1. Prévost.
Ptilonopus —— J. Verreaux , mss.
Püilonope de Marie, Hombr. et Jacq., f’oy. au pôle Sud, atlas,
Oïs., pl. 29, fig. 5.
Colombe de Vincendon , \
Columba kurukuru superba, fæmina, Ann. sc. as ibid.
t. XVI, 1841, p. 516,
SrEC. CHAR. À. flavus; fronte, vertice, scapulo humerali et
tectricibus subcaudalibus ex roseo vinaceis, pileo flavo cir-
cumcinclo ; reliquo capitis et collo albis levissimé flavidis ;
pectore rosaceo , albo striolato ; collo post-infero rufo ; pri-
mariis viridi splendentibus; secundariis, tectricibus majoribus
et rectricibus ex cinereo albis; illis fascid apicali viridibus ;
rostrum, orbilæ pedesque cærulei.
La première description et la premiere figure de cette
remarquable espèce ont été données par MM. Hombron
et Jacquinot, chirurgiens de la Zélée. Mais quoique
récemment découverte, cette espèce est une de celles
dont l’élucidation nous paraît avoir le plus d'impor-
tance, par suite de la confusion qui règne dans sa dé-
nomination scientifique, confusion que le temps ne fe-
rait qu’accroitre.
Ainsi dans les Annales des sciences naturelles, 2° série,
t. XVI, 1841, p. 316, on lit l’article suivant, commu-
niqué à l’Académie des sciences de Paris par ces deux
VOYageurs :
«Colombe Kurukuru de Vincendon (Columba kuru-
» kuru superba), fœmina.
— 2h85 —
» En dessus, tête pourpre, tendant un peu vers Île
» roux, entourée d’un cercle Jaune peu marqué; cou
» blanc, traversé d’une bande jaune d’or à sa base;
» ceinturon pourpre, étendu d’une épaule à l’autre ;
» dos, tectrices alaires et caudales, rectrices grises ;
» la circonférence des plumes seulement encadrée de
» jaune d'or un peu verdâtre; mais, au milieu du dos
» et sur les tectrices caudales supérieures , la totalité de
» la surface des plumes revêt cette teinte brillante d’or
» nuancé légèrement de verdàtre. Les rémiges sont vert
» éclatant aussi varié d'éclat que l'incidence de la lu-
» mière est variable; chacune d'elles sont denticulées
» en avant de jaune paille. Une bande vert brillant tra-
» verse la queue vers son extrémité libre.
» En-dessous : menton, gorge, cou, blancs ; plumes
» du plastron grivelées de rose et de blanc : ce joli
» plastron se détache sur un fond orangé, qui orne le
» milieu de la poitrine ; le ventre est blanc, un peu mêlé
» de jaunâtre; les tectrices caudales inférieures sont
» presque roses; les pennes sont grises.
» fris blanchätre ; pieds et bec gris verdtre.
» Taille 33 centimètres (c’est 23 qu'il faut lire).
» Habit. Les iles Viti. Notre spécimen provient de
» Balaan. »
Et d’abord, pourquoi lui donner en français un nom
spécifique nouveau, alors qu'on reconnaît dans la même
ligne que l'individu pourrait n'être qu'une femelle du
C. superba, et qu'on ajoute entre parenthèses Columba
kurukuru superba, fæmina.
Cette contradiction valait au moins la peme d'une ex-
— 249 —
plication dans le cours de la note, et on ne Fy trouve
pas.
Ce n'est pas tout : l’'exemplaire ainsi décrit est figuré
par les mêmes voyageurs dans l’atlas de leur Voyage au
pôle Sud, pl. 29 des Ois., fig. 2: on va sans doute lui
donner au bas de la planche l’un des deux noms insérés
dans la note lue à l'Académie des sciences? Nullement.
C’est un troisième nom qu'on lui donne, el ce nom est
Ptilonope de Marie.
Et pas un mot d'observation pour aider à débrouiller
ce chaos!
En présence d’une confusion semblable, qu'il ne nous
était pas possible de ne point signaler, nous n’avons vu
d'autre moyen d’en sortir, quant à la dénomination
scientifique à donner à cette espèce magnifique et en-
core bien rare, que de lui imposer celui de Samoensis,
que nous avons trouvé dans les notes manuscrites si
précieuses de F. Verreaux, qui a rapporté au Muséum
d'histoire naturelle de Paris deux exemplaires de la
même espèce, dont ün parfaitement adulte, qu'il a eu
vivant, et d’une fraicheur de plumage extraordinaire.
Voici la description fort exacte qu'il en a faite dans
ces notes, et que nous reproduisons textuellement :
« Calotte d'un beau rose vineux très-brillant, légère-
» nent bordée de jaune pâle ; tout le reste de la tête et
» du cou d'un blanc mat légèrement teint de jaune,
» c'est-à-dire que le centre de chacune des plumes est
» de cette derniére couleur; une tache d’un jaune rous-
» sètre sur le bas du derriere du cou, suivie d’une large
» bande transversale du même rose vineux que sur le
— 250 —
» sommet de la tête, mais cette bande s'étend jusque
» sur les petites couvertures des ailes ; le reste des par-
» ties supérieures est d’un jaune olivâtre qui devient
» plus foncé sur le croupion et les couvertures supé-
» rieures de la queue : cette même couleur est aussi ré-
» pandue sur les ailes et s’y trouve mélangée de gris ;
» toutes les rémiges sont d’un vert brillant , excepté les
» plus rapprochées du corps, qui sont grises, frangées
» de jaune olivâtre. » (Toutes les rectrices sont grises et
portent à leur extrémité une large bande du même vert
que celui des rémiges : cette bande n'existe que sur le
côté externe des six rectrices latérales, et à 1 centi-
mètre de leur pointe; les médianes n’en portent pas
l'apparence et sont entièrement d’un gris pâle ou blan-
châtre. ) « Sur le devant du cou se trouvent des plumes
» échancrées vers leurs pointes , d’un rose le plus beau
» sur une partie de leur longueur, mais blanchâtres
» vers leurs pointes. » (En sorte que le cou et la poi-
trine paraissent grivelés de rose et de blanc.) «Au-
» dessus de ces plumes se trouve une tache roussâtre ,
» mais en relevant ces plumes il est facile de voir le
» rose qui en colore le centre : tout ie reste des parties
» inférieures est d’un jaune päle, excepté les couver-
» tures inférieures, qui sont encore du même rose vi-
» neux que la tête. L'œil se trouve entouré d’une cou-
» leur bleuâtre, et cette dernière couleur existe sur les
» pattes et la moitié du bec, dont l'extrémité est oli-
» vâtre; celui-ci est très-court et légèrement vouté; les
» ongles sont bruns; l'iris est blanc cerelé de rouge
» pale.
— 251 —
» Longueur totale 7 pouces; de laile fermée 4° 4! ;
» de la queue 2° 05".
» La première rémige se trouve échancrée et exces-
» sivement rétrécie vers son extrémité d'environ 4°. »
Les tarses sont emplumés dans les trois quarts de
leur longueur.
Trouvée à lile Samoa , l’une des Navigateurs.
KURUKURU DE TAÏITI.
Kurukuru Taïlensis, O. des Murs et FL Prévost,
Ptilonopus — —, GR. Gray.
Columba kurukuru, var. Taïtensis ( Lesson), Foy. de la Co-
quille, 1° vol., p. 297.
Cuan. srec. Ptil, fronte ac pileo pallidè roseis, line flavä cir-
cumscriplis: collo, corporeque inferiori cinereis, viridi pal-
lidé tinctis ; qulà pectoreque pallescentibus ; corpore superiori
viridi-auralo ; caudà apice albido fasciatà.
Les ornithologistes sont généralement d'accord au-
jourd’hui pour considérer comme espèce distincte du
Ptilonopus purpuratus (Swains.) ou Kurukuru, celle dé-
crite par Lesson comme Columba kurukuru , Var. Taïten-
is, et dont il a donné la description suivante dans le
Voyage de la Coquille ,t. K*, p. 297 :
La Kurukuru d'Otahiti, dit-il, a la taille un peu plus
» forte que la variété de Timor dont elle se rapproche
» le plus. La calotte purpurime qui revêt le sommet de
» la tête est d’un rose très-pâle, que circonserit une raie
» assez large d’un jaune peu intense. Le cou en entier,
» jusqu'aux épaules , et tout le dessous du corps sont
«
—
ee
+) 4
Le
» d'un gris cendré uniforme, teinté de verdàtre plus
» foncé sur la poitrine. Le menton, la gorge et le devant
» du cou sont blanchätres. La région anale et les cou-
» vertures inférieures de la queue sont d’un jaune vif.
» Le manteau , le dos, le croupion et les ailes sont d’un
—
» vert doré avec des teintes rousses. Les rémiges sont
» brunes en dedans. La queue est régulièrement recti-
» ligne; chaque rectrice est d’un vert métallique en
ve
rw bé
» dehors, brune en dedans et terminée par une lar
» raie blanchätre bordée &e brunâtre. Le bec est plombé
» et blanc à l’extrémité : il est recouvert dans l’état de
» vie par deux petites caroncules orangées qui surmon-
» tent les narines. Les tarses à moitié emplumés sont
» de couleur orangée. »
C’est avec juste raison que le docteur Néboux a dé-
crit sous le nom de Colombe de Taïti, dans la Rev. zool.,
octobre 1840, p. 289, un individu qu'il ne consi-
dérait que comme une variété de celui décrit par
Lesson.
« Celleque nous avons rapportée, dit-il, diffère sur-
» tout de celle de M. Lesson en ce que la calotte est
» violette, les tarses noirs, et en ce que la zone blan-
» châtre qui se remarque à la queue n’occupe pas pré-
» cisément extrémité des rectrices : dans notre indi-
» vidu, cette zone se trouve à un centimètre de l’ex-
» trémité. »
Un individu exactement semblable à ce dernier avait
déjà été rapporté à Paris par l'expédition de lAstrolabe
en 1829 : il provenait de Tonga-Tabou.
Longueur totale, . . . , . . . . 22 1/2 centimètres.
= JT —
KURUKURU DE NÉBOUX.
Kurukuru Nebouxii (FI. Prévost et O. des Murs).
Cuan. sec. Pl. capte, collo, corporequeinferiori cinereo leviter
flavo-virescenti ; naribus et qulà albidis; fronte verticeque cine-
reo-lilaceis; pallio et alarum tegminibus œre virescentibus ;
majoribus primarisque lœtè et metallicè viridibus ; his late,
lis strictè flaro pallidè marginatis ; crisso flavo; rectricibus
apice exlerno fiavo pallidè fimbrialis, interno cinereo fasciatis.
Caudà furcatà; rostro albo ; pedibus ac digitis nigris.
Malgré les rapports assez intimes qui paraissent au
premier aspect exister entre cette Colombe et le Pr, Taï-
tensis de Lesson , nous n'avons pas hésité à la considérer
comme constituant une espèce nouvelle parmi les Ptilo-
nopes.
En voicila description : Tout le dessus de la tête à par-
ür de la naissance du bec jusqu'au sommet de la nuque
est l’un cendré lilas tres-clair ; la gorge et les narines
sont d’un blanc fort légèrement lavé de jaunâtre, les côtés
de la tête et du cou, le derrière de celui-ci jusqu'aux
épaules, et tout le dessous du corps sont d'une teinte
grise légèrement zonée de vert jaunâtre; les plumes de
l'estomac ont la forme lancéolée qui se remarque chez
les Pt. purpuratus, Taïtensis et Dupetit-Thouarsiü, et
se dessinent en gris sur le fond plus ou moins verdàtre
ou jaunàtre que forme la première moitié de chacune de
ces plumes de cette dernière couleur ; le dos, les petites
etles moyennes couvertures supérieures des ailes de
même que celles de la queue sont d’un vert uniforme,
légèrement olivàtres à reflets de bronze ; les grandes
— 25h —
couvertures, de même couleur, sont bordées extérieure-
ment de jaune, les rémiges secondaires et primaires,
d’un beau vert foncé à reflets métalliques, sont égale-
ment bordées, mais très-finement, sur leur tranche ex-
térieure, d’un jaune blanchâtre, et sont noires sur leur
page interne; la région anale est jaune jonquille ; les rec-
trices, du même vert que les rémiges primaires, ont le
reflet bronzé des plumes du dos, etelles portent toutes,
à l'exception des deux médianes, sur la partie de leur
tranche externe la plus rapprochée de la pointe, un fin
liséré de jaune de 1 centimètre d’étendue, et dans toute
la largeur de leur page interne, à partir du rachis, une
bande gris cendré qui ne s'aperçoit que lorsque la queue
est étendue. Le bec est d’un blanc d'argent; les tarses
et les ongles sont noirs.
Longueur totale. . 4.5.) . . 24 centimètres,
—- de queue cé nos 7 —
Elle vient de Taïti, d’où elle a été rapportée par
M. Filleux, qui en a fait hommage au Muséum d'histoire
naturelle de Paris.
Sans doute la forme des plumes de la poitrine, l’en-
semble semi-grisàtre et verdàtre de la coloration, cette
teinte rosacée qui apparaît au sommet de la tête, pour-
raient donner l’idée que cet individu ne serait peut-être
bien qu’un jeune ou une variété du Pr. Taïtensis, décrit
par Lesson.
Mais tout doute à cet égard doit tomber devant les
différences caractéristiques qui séparent notre exem-
plaire de ce dernier; voici en effet sur quoi reposent
ces différences organiques, qui sufliraient à la rigueur
— 955 —
non-seulement pour la faire séparer spécifiquement de
celui-ci, mais encore pour la distinguer génériquement
des vrais Ptilinopes.
La partie cornée du bec, d’une couleur blanchâtre ,
est plus renflée ; les tarses sont emplumés à peine au-
dessous du genou ; la première rémige , de très-peu de
chose plus courte que la deuxième (d’un demi-centi-
mètre), ne porte pas d’échancrure bien sensible, et
offre presque la forme habituelle des autres ; les ailes
sont, du reste, proportionnellement plus longues que
dans les Kurukurus : chez ces derniers, elles arrivent
à # centimètres 1/2 de l'extrémité de la queue; chez
notre Colombe elles s’en rapprochent de 2 centimètres
seulement; par la même raison, les grandes couver-
tures qui, chez les Kurukurus, ne sont éloignées, à
leur pointe, de l'extrémité des rémiges primaires que
de 2 centimêtres 1/2, le sont ici de # centime-
tres; enfin, la queue est positivement échanchrée,
les deux rectrices latérales étant les plus allongées,
et les deux médianes les plus courtes, même pliée,
c'est-à-dire à l’état de repos : ce qui établit entre
elles une différence sans doute peu sensible à la me-
sure, puisqu'elle est de 6 millimètres, mais frappante
pour l'œil le moins exercé, qui ne saurait sy
tromper.
Nous avons retrouvé dans la riche collection du
Muséum de Paris un individu exactement semblable au
nôtre provenant également de Taïti, et qui en avait été
rapporté par l’'Expédition de la Zélée.
Nota. C’est par erreur typographique que notre
CDN —
planche VI, qui contient la figure du Kurukuru Nebouxiü,
porte le nom de Columba Dupetit-Thouarsii.
KURUKURU DE SWAINSON.
Kurukuru Swainsonti, O des Murs et FL Prévost.
Ptilonopus purpuralus, var. Regina, Swains., Zool. j. 1, p. 475,
1829.
Columba purpurata, Temm., pl. col. 254; Jard. et Selby, JL
orn., vol. IT, pl. 70.
Ptilonopus Swainsoni, Gould., Pr. z. S., 1842, p. 18.
Nec Columba roseicapilla, Lesson, Trait. d'orn., p. 47°.
SPEc. cuar. À. fronte et vertice splendidè, coccineis. hoc colore
lineä angustà flavà nisi apud frontem cincto : peclore sordidé
viridi, singulis plumis ad apicem bifidis, more jurculæ , cujus
apices maculà triangulari argenteo-cinereä notantur ; abdo-
mine medio aurantiaco (cum maculà medià lætè violaceà );
caudæ apicè laté flavissimo ( Gould, loc. cit. ).
Cette espece vient à l'appui de ce que nous avons déjà
dit de la confusion à laquelle ont donné lieu les rapports
d'ensemble existant entre les différentes espèces de
Kurukurus, tous remarquables par leur caiotte presque
toujours purpurine, confusion qui à fait pendant long-
temps rapporter à cette derniere tous les individus re-
connus depuis pour especes bien distinctes. Ainsi, il a
fallu pres de vingt ans pour arriver à la véritable spécifi-
cation du Swainsonii. Tenminck, à la même époque, la
considérait comme C. purpurata, dans la note rectifica-
tive de la description de son Diadema (xanthogoster ),
pl. col. 264, où il s'exprime ainsi :
« Cette race constante, qui à pour patrie les îles Cé-
» lebes et Banda, diffère du vrai Kurukurn (C. purpurata)
» de la Nouvelle-Hollande, et qu'on retrouve aussi à
» Timor et à Guam. »
Lorsque Swainson fit connaitre cette espèce ( Zool.
Journal, vol. 1, p. 473, 1824-25), il ne la décrivit que
comme une belle variété de €. purpurata, à laquelle il
donna le nom distinctif de Regina , avec la diagnose sui-
vante :
Pt. viridis; vertice purpureo roseo margine semi-lunari
aureo; fascià latä abdominali aurantiacä ; tegminibus
inferioribus flavis ; pennis colli rigidis apice furcatis. »
Quelques années après, MM. Jardine et Selby, restant
dans les mêmes errements, en donnèrent la figure et la
description, sous le nom de C. purpurata (Ill. orn.,
vol. 2, pl. 70), avec laquelle ils l’identifièrent complé-
tement, confondant avec elle les prétendues variétés des
Célèbes, d’Uliéta et de Tonga-Tabou, citées par Latham,
et même celle de Timor.
Quant à la Colombe des Mariannes, décrite par Lesson
(Traité d'ornit., p. #72) sous le nom de Columba rosei-
capilla , nous croyons que c’est à tort qu'il l'a rapportée
à la var. Regina de Swainson , dont elle nous paraît tout
à fait distincte, ainsi que nous l’expliquerons tout à
lheure , surtout par la forme arrondie de ses ailes : elle
se rapprocherait plutôt du Pt, Ewingii, Gould, dont
nous parlerons bientôt.
Voici la description exacte du À. Swainsonii, d’après
un bel individu du Muséum.
Front et occiput, à partir des narines, d’un violet car-
miné pur encadré, à partir de la dernière moitié du
sourcil, par une fine raie ou bordure d’un jaune serim
OISEAUX, 15
“
— 258 —
vif; une tache blanche , partant de la commissure du
bec, occupant le lorum et s’amincissant à la naissance
du sourcil, complète sur le devant l'encadrement de
cette plaque violette; nuque et derrière du cou d’un
cendré verdàätre presque cendré bleu ; côtés du cou d’un
gris de perle ; menton et gorge blancs se fondant sur les
bords dans le gris des côtés du cou ; toutes les plumes
garnissant l’estomac et la poitrine sont vertes dans leur
première moitié à partir de la base, et gris perle dans
l’autre moitié vers la pointe : ce gris perle, d'autant plus
remarquable et se détachant d'autant mieux sur le fond
verdâtre, que chacune de ces plumes est matte et sans
reflets , et porte cette échancrure si caractéristique dans
la ptilose de cette partie chez le K. purpuratus, et dont
M. Temminck a donné la structure en détail : dos, man-
teau, scapulaires et croupion d’un beau vert; petites
couvertures des ailes d’un vert bleuâtre finement bor-
dées de jaunätre; cette bordure un peu plus large aux
moyennes couvertures qui sont de même couleur ; gran-
des couvertures de même couleur, se terminant par un
large miroir bleu, encadré largement de vert et le tout
frangé à la pointe d’une bande jaune beaucoup plus
large extérieurement ; les rémiges secondaires, du même
vert que les autres plumes, sont finement entourées de
jaunâtre; il en est de même des rémiges primaires;
mais celles-ci terminent en noir le côté externe de
leur pointe qui est verte, et ont leur page interne de
même couleur ; abdomen d’une belle teinte orange fon-
cée ; le centre de cette région portant à sa partie supé-
rieure une large tache du même violet carminé que la
— 259 —
plaque occipitale ; cette couleur orange se dégradant en
jaune serm vers le bas de l'abdomen ; plumes des cuisses
et des tarses vertes, les premières largement terminées
de jaune serin ; région anale et couvertures inférieures
de la queue du même ton orangé que l’abdomen ; rec-
trices vertes dans leur page externe, d’un noir cendré
dans leur page interne : ces deux couleurs séparées vers
le bas par une nuance bleue, semblable à celle des
moyennes couvertures , et terminées à la pointe par une
large bande d’un beau Jaune serin ; couvertures supé-
rieures de la queue finement terminées de jaunâtre.
longueur totale. ; 6 21. 24 centimètres 1/2.
Cette espèce parait ne se trouver qu’en Australie, où
elle habiterait exclusivement, principalement dans la
Nouvelle-Galles du Sud ; c’est de la Rivière-Clarence et
de Morton-Bay que M. Gould l'a presque toujours reçue.
KURUKURU DES MARIANNES.
Kurukuru roseicapilla, O. des Murs et FL. Prévost.
Columba roseicapilla , Lesson , Traité d’Ornith., p. 472.
Ptilonopus purpuratus, var. Regina , id.
P. Swainsontu , G. R. Gray.
P. Evingü, Gould, Zool. Soc., 1842.
Columba purpurata, Temm., Pig., pl. 54?
Srec. car. À. fronte el vertice roseus, hoc colore lineâ flavä
nisi ad frontem cincto; peclore virescenti-cinereo plumis
bifidis, et ad apicem pallidè cinereis; fascià infrà pectorali
pallidè sulphureä, abdomine medio saturaté aurantiaco, cum
lunulà centrali helvo-cæruled; caudæ rectricibus ad apicem
flavis, non sine tincturà viridi præsertim in rectricibus duo -
bus intermediis notandä (Gould, Proc. zoo. soc., 1842, p. 18*
M. Gould a, sous le nom de Ptilonopus Ewingii, donné
— 260 —
la diagnose dans Proc. zool. soc. 1842, p. 18, et la
figure dans Birds of Austr., d’une Kurukuru dont il
donne la description suivante :
« Front et dessus de la tête roses, cette couleur entourée
au sommet du vertex par une ligne jaune; cou et poi-
trine d’un cendré verdätre à plumes échancrées, dont
les pointes d’un cendré blanchätre se détachent et res-
sortent sur le fond cendré verdâtre formé par la base
de chacune de ces plumes ; bas de l’estomac d’un jaune
soufre; ventre d’un jaune orange avec une tache mé-
diane d’un violet bleuàtre; queue verte terminée par
une bande apicale jaune légèrement teintée de verdâtre,
surtout à l’extrémité des rectrices médianes où le jaune
s'aperçoit à peine. »
En rapprochant cette description de celles données
par Lesson (Traité d’ornithologie, p. #72, l'une sous le
nom de Colombe des Mariannes, Columba rosei-capilla ,
l'autre sous le nom de Colombe kurukuru, Columba
purpurata , il est dificile de ne pas y trouver une con-
cordance frappante.
Voici la première de ces descriptions :
« Calotte pourpre vif, cerclée de jaune päle ; ailes et
» dos verts, avec des taches bleues ; gorge blanchâtre ;
» joues grises ; thorax et devant du cou gris roux ; mi-
» lieu du ventre rose vineux ; ventre et couvertures in-
» férieures orangé ; queue blanche en dessous, »
Nous pensons, ainsi que nous l'avons déjà dit au
sujet du À. Swainsonii, que cette identification est erro-
née en tout point, d’abord sous le rapport de la localité ,
car cet individu vient des Mariannes, tandis que le
— 261 —
Swainsoni ne se trouve nulle part en dehors de la Nou-
velle-Hollande ; ensuite sous le rapport de la coloration,
qui offre de notables différences ; et enfin sous le rap-
port de l'organisme, les ailes de cette espèce étant
presque arrondies et rentrant daus la forme et la dimen-
sion de celles du Purpuratus, sans parler de la taille
bien moindre.
Nous donnons, au surplus, la description dé-
taillée faite sur le même individu qui a servi de type
à Lesson, et qui fait partie de la riche collection
du Muséum d'histoire naturelle de Paris, auquel il
a été rapporté par Quoy et Gaimard, chirurgiens de
l’Astrolabe, commandée par le capitaine Freycinet,
en 1829:
Calotte lilas foncé , encadrée d’une bande jaune blan-
châtre formant sourcil au-dessus de Pœil; quelques
plumes de même couleur que la calotte se remarquent
à la base de la mandibule inférieure ; nuque, joues et
bas de la partie antérieure du cou, ainsi que l’estomac,
d’un gris mat se détachant sur un fond vert - brunàtre
qui forme la base de chacune des plumes pectorales ;
une bande d’un violet noirâtre au bas de l'estomac ; tout
le reste du ventre et région anale d’un jaune orangé ;
flancs et tarses vert olive; dessus du corps vert à reflets
bronzés foncés ; fines bordures jaunes aux rémiges pri-
maires et secondaires ; moyennes couvertures avec un
œil ou miroir central d’un beau vert émeraude d'autant
plus remarquable, que le vert qui l'entoure est olivâtre
et à reflets bronzés très-intenses; queue à large bande
apicale, de deux centimètres de hauteur, d’un blanc
— 262 —
grisätre sale, beaucoup plus clair sur les barbes internes
de chacune des rectrices.
Longueur totale, . . . . . . . «<- . 20 centimètres.
Les différences de coloration qui se remarquent entre
cette espèce et celle de Swainson sont faciles à saisir,
les couleurs en général en étant plus sombres et beau-
coup moins vives que celles de cette dernière espèce que
Lesson n’avait pas vue en nature et qui lui a fait défaut
comme terme de comparaison. Le Swainsonii se rappro-
cherait davantage du Clementinæ; mais outre que la
partie antérieure du corps en est moins jaunâtre, 1] y a
entre eux une différence constante dans la forme et la
longueur relative des ailes, suffisante pour les distinguer
l’une de l’autre, celles de notre espèce étant plus courtes
de deux centimètres et demie.
Voici maintenant la description donnée par Lesson
sous le nom de Colombe kurukuru , Colomba purpurata,
et que nous transerivons 1C1 :
« Tête purpurine, bordée de jaune ; ailes et dos verts,
» ponctués de bleu; queue vert bleu , bordée de jaune ;
» gorge jaune; thorax gris jaune; ceinture jaune; mi-
» lieu du ventre vineux; ventre orangé; couvertures
» inférieures jaunes. Queue brune en dessous. De Timor,
» par Maugé. »
Il en est de même d’un autre individu provenant de
la même localité, rapporté par le même voyageur de
l'expédition aux terres australes du cap Baudin, qui se
trouve aussi dans les galeries du Muséum d'histoire na-
turelle de Paris. En voici la description que nous don-
— 263 —
nons , parce qu'elle présente quelques différences , et in-
dique seulement une variété :
Plaque occipitale lilas, plus foncé sur les bords , en-
cadrée d’une fine raie à peine sensible, jaunâtre ; tête, .
cou, haut du dos, estomac et partie supérieure du ventre
d’un joli gris clair ; gorge blanche; dos et scapulaires
d’un vert olive à reflets bronzés ; moyennes couvertures
à reflets bleuâtres ; grandes couvertures et rémiges pri-
maires , frangées largement à l’intérieur de reflets bron-
zés très-marqués, et qui donnent à ces plumes un aspect
de brun rougeûtre; les rectrices de même couleur avec
une bande apicale blanc jaunâtre ; une tache d’un noir
violacé occupe le milieu de l'abdomen dont le bas est
olivâtre ; région anale jaune jonquille tournant au mi-
nium à l'extrémité des plumes.
Longueur totale. . . . : . . . . . . 20 centimètres 1/2.
Enfin, nous n’hésitons pas à rapporter à la même
espèce la variété sur laquelle à été faite la planche des
Pigeons, 34, de M. Temminck, sous le nom de Colombe
kurukuru, Colomba purpurata, Lath. (dont nous l’avons
séparée dans notre article sur cette espèce), et dont il
donne la description que nous avons reproduite p. 225.
Nous croyons qu'examinant trop légèrement l’exem-
plaire qu’il a eu entre les mains à cette époque, il aura
négligé de constater la présence de la tache violacée
qui se retrouve sur le roseicapilla où Ewingii, comme
sur le Swainsonii et le Clementinæ.
Resterait donc la question d'habitat, car s’il était
prouvé que lEwingii ne se trouve nulle part ailleurs
— 264 —
qu'en Australie, où l'a observé M. Gould qui lui assigne
le Port-Essington, notre assimilation serait sans valeur ;
mais alors encore le roseicapilla de Lesson n’en devrait-1l
pas moins être conservé comme espèce distincte.
KURUKURU DE CLÉMENTINE.
Kurukuru Clementinæ, O. des Murs et FI. Prévost.
Ptinolope de Clémentine, Hombr. et Jacq., pl. 29, fig. 3, Foy.
au pôle Sud.
Srec. car. X. viridis; pileo hyanthino-purpurescenti, line
flava strictè circumscripto; capite, collo pectoreque anterioribus
cinereo-albidis, posterioribus flavidis; tegminibus alarum
flavo marginatis ; scapularibus speculo pulvurescente-violaceo
notatis ; rectricibus flavo, margine virescenti, apice fasciats ;
lateribus olivescentibus; pectore inferiore fascià violace no-
tato ; abdomine medio longitudinaliter castaneo-rubido ; crisso
flavo.
C'est à MM. Hombron et Jacquinot, chirurgiens de
la Zélée, que l’on doit la première figure de cette es-
pèce dont plusieurs mdividus étaient depuis longtemps
au Muséum d'histoire naturelle de Paris : c’est le n° 3
de la pl. 29 de l'Atlas de leur Voyage au pôle Sud, sur
laquelle elle porte le nom que ces voyageurs lui ont
donné, et que nous lui conservons , de Clémentine, en
souvenir d’illustres infortunes. Quoiqu'ils n’en aient
publié aucune diagnose soit latine, soit française , nous
y suppléerons par la description suivante :
Calotte d’un pourpre violet, dépassant l'angle externe
de l'œil d’un demi-centimètre, encadrée à son bord d’une
étroite bande orangée se perdant dans la nuance vio-
lette ; tête, cou, estomac et poitrine d’un gris blanchâtre
? pl ? © ?
plus pèle et presque blanc au menton et à la base de la
0 —
mandibule inférieure, jaunàtre sur la nuque et le der-
rière du cou; plumes de lestomac échancrées , leur
échancrure laissant voir pour fond la temte jaunâtre de
la première moitié de la plume que chacune d’elles re-
couvre, en sorte que leurs pointes gris pale se dessi-
nent assez nettement sur ce ton jaune ; dos et petites
couvertures alaires d’un vert à reflet légèrement bronzé
ou olivätre, les moyennes et les grandes couvertures
d’un beau vert métallique finement frangé de jaune ; les
trois ou quatre plus rapprochées du corps portant sur
le côté extrème de leur page interne, à découvert, une
jolie tache ou miroir d’un violet bleuâtre d'aspect pul-
vérulent; rectrices et rémiges d’un vert foncé mé-
tallique ; les secondaires noirâtres intérieurement, les
primaires extérieurement, les rectrices terminées à leur
pointe par une large bande jaune légèrement fran-
gée de verdàtre ; flancs vert olive ; le gris de l'estomac
terminé , au sommet de l'abdomen, par une tache ou
plastron d’un violet noirâtre, reproduisant parfois chez
quelques individus , et d’une manière à peine sensible,
des reflets qui rappellent le ton pourpré de la calotte;
le milieu de l'abdomen dans toute sa longueur, à parüur
de cette tache, d’un rouge marron se nuançant avec le
jaune serin qui termine la dernière moitié des couver-
tures fémorales , et qui teint la région anale, ce même
jaune se terminant en orangé foncé et presque rouge de
saturne, sur les couvertures inférieures de la queue:
les rémiges, comme les rectrices, d’un beau gris de fer
en dessous ; la bande jaune apicale de ces dernières pa-
raissant blanche frangée de jaunatre à chacune d'elles :
— 266 —
bec noir à sa base, d’un blanc verdätre à sa pointe;
pattes d’un brun orangé.
Quelques individus ont l’estomac plus gris, d’autres
plus jaunàtre.
La longueur totale des Late est de, . . 22 centimètres.
Celle des seconds, de.. . . . . .. a
Les ailes, assez aiguës, arrivent à 3 centimètres de l’extré-
mité de Ja queue.
KURUKURU DE MERCIER.
Kurukuru Mercier , O. des Murs et F1, Prévost.
SPEC, CHAR. À. viridis; capile à naribus usque ad nucham infe-
ram purpureo-violaceis , absque line circulari; maculà com-
missurali latà concolore; corpore reliquo anteriore cinereo-
virescenti; dorso viridi-olivescente; legminibus alarum et
majoribus tectricibus , illis cœruleis, flavo marginatis; re-
migus viridi-nigrescentibus; thorace abdomine olivescenti-
flavis ; abdomine inferiore crissoque flavo-junquillaceis; caudà
basi grised, medio viridi, reliquà grisescenti, apice flavo
fasciatä. Rostrum basi nigrum apice corneo ; pedibus rubris.
Cette jolie espèce, qui fait aujourd'hui partie de la col-
lection du Muséum d'histoire naturelle de Paris, y a été
apportée en 1848, sous le nom de Colombe Kurukuru à
calotte pourpre, par M. Mercier, auquel nous la dédions,
attaché au Jardin botanique ; en voici la description :
Tout le dessus de la tête, depuis les narines jusqu’au
bas de la nuque, d’un carmin vif violacé, bordant la
paupière supérieure et occupant la moitié de la surface
du lorum , sans aucun encadrement ni ligne circulaire
semblable à celle des autres Kurukurus. Unelarge tache de
même couleur se trouve à la base de la mandibule infé-
rieure, et y occupe un espace d’un centimètre en hauteur ;
— 067 —
tout le reste supérieur du corps, depuis les joues
jusqu’à l'estomac, d’un gris légèrement verdâtre, plus
pale et presque blanchâtre sur les Joues, plus verdätre
sur les épaules, légèrement jaunâtre à la gorge ; toutes
les plumes pectorales échancrées et grises dans la pre-
mière moitié de leur longueur ; elles se dessinent donc en
points ou stries d’un blanc jaunâtre sur un fond gris,
au rebours du Swainsonii, dont les stries se dessinent en
gris sur un fond vert; dos et couvertures alaires d’un
joli vert olivâtre , bordé de jaunâtre sur ces dernières ;
les moyennes et grandes couvertures les plus rappro-
chées du corps ornées d’un beau miroir bleu encadré
d’une frange jaune serin ; rémiges primaires noires, se-
condaires d’un vert foncé sur leur page extérieure et
noires sur l’autre ; estomac et ventre d’un jaune olivâtre,
les barbules de chacune des plumes de ces parties se
terminant à leur extrémité de jaune; région anale ef
couvertures inférieures de la queue jaune jonquille ;
queue légèrement arrondie; les rectrices grises à leur
base dans le premier tiers de leur longueur, d’un vert
foncé vers le milieu, d’un gris sale dans le dernier tiers
jusqu’à leur pointe qui est frangée de jaune ; tarses em-
plumés dans presque toute leur longueur; bec noir à sa
base, couleur de corne olivâtre à la pointe; pattes rouges.
Ponsueurtatale. ss 2e: Déc 29 centimètres.
Ailes arrivant à 1 centimètre 1/2 de l'extrémité de la
queue et de forme aigue.
Habit. Tes Marquises, Noukiva, où l'individu unique
a été tué par M. Mercier, dans la vallée de Mohana, sur
un figuier dont cet oiseau mangeait la graine.
— 268 —
Notre genre Kurukuru se composerait done , quant à
présent, des espèces suivantes :
10 Kurukuru purpuratus, O. des Murs et F1. Prévost.
5°
6°
Columba purpurata, Lath.
C. viridissima , Temm., Pig., pl. 35.
Ptilonopus purpuratus , Swains.
Kurukuru superbus, O. des Murs et FI. Prév.
Columba superba, Temm., Piq., pl. 33.
Ptilonopus superbus, G.-R. Gray.
Kurukuru Temmainckii, O. des Murs et FL Prévost.
Columba superba, fæmina, FL Prévost et Knipp, Pig.
t. Ip: 77 ph 40.
Ptilonopus superbus , G.-R. Gray.
Kurukuru xanthogaster , ©. des Murs et FL Prév.
Columba xanthogastra, Wagl.
C. purpurata, Temm., pl. col. 254.
C. diademata , ibid., texte.
Ptilonopus flavigaster, Swains.
P. xanthogaster, G.-R. Gray.
Kurukuru Dupelit- Thouarsii, O. des Murs et FI. Prév.
Columba ————————, Néboux, f’oy.au pôle Sud,
pLa0, EE |
C. kurukuru purpureo-leucocephalus, Hombr. et Jac-
quinot.
Ptilonopus leucocephalus, G.-R. Gray.
P. Emiliæ, Lesson.
P. purpureo-leucocephalus , G.-R. Gray.
Kurukuru Samoensis, O. des Murs et FI, Prev.
Ptilonopus ———— ,J. Verreaux , mss.
Colombe de Vincendon, Hombr. et Jacq., Ann. sc.
Columba kurukuru superba , nat., 1841.
Ptilonope de Marie, id., Foy. au pôle Sud, pl. 29, fig. 2.
Kurukuru Taïtensis, O. des Murs et FL. Prév.
Columba kurukuru, var. Taïtensis, Less.
Pälonopus Taïtensis, G.-R. Gray.
— 1200 —
S° Kurukuru Nebouru, O. des Murs et F1. Prév., 7'oy. de la
Vénus, pl. 5.
9° Æ. Swainsonü , O. des Murs et FI Prév.
Ptilonopus purpuratus , var. Regina, Swains.
Columba purpurata, Temm., pl. col. 254, Jard. et Selb.,
Ill. orn., vol. IT, pl. 70.
Ptilonopus Siwainsont, Gould., Pr. zool. Soc., 1842, p.18.
Nec Columba roseicapilla, Less.
10° Xurukuru roseicapillus, O. des Murs et FI. Prév.
Columba roscicapilla, Lesson.
C. purpurala , id., Temm., Pig., pl. 54?
Ptilonopus purpuratus , var. Regina, Lesson.
P. Ewingü, Gould.
11° Kurukuru Clementinæ, O. des Murs et FI. Prév.
Ptilonope de Clémentine, Homb. et Jacq.
120 Kurukuru Mercier, O. des Murs et F1. Prév.
15° Kurukuru roseicollis, O. des Murs et F1. Prév.
Columba —— , Wagl.
C. porphyrea, Teram., pl. col. 106.
Ptilonopus erythrocephalus, Swains.; Knipp et Prév.,
Pig., pl. 4.
P. roseicollis, G.-R. Gray.
Dont les plumes pectorales sont également échan-
crées, mais dont les barbules latérales du rachis s’ar-
rondissent à leur extrémité au lieu de s’allonger en
pointes.
— 270 —
PLANCHE VIII.
COLOMBI-GALLINE DES GALLAPAGOS.
Columbi-Gallina Gallapagoensis (Néboux), Rev. zool., 1840,
pag. 290.
Zenaïda Gallapagoensis ( Gould), Zoo!. of the Beagle, pi. 46,
pag. 115.
Cnar. spec. Zen. corpore toto suprà rufo-cinerascente et pa-
rumper vinaceo; collo imo lateralique viridi-aurato purpu-
reoque metallicè splendente; qutture et pectore vinaceis ; remi-
gibus primaruüs nigris albo anguste marginatis ; secundariis
externê cinereis; lectricibus minoribus in margine externo
speculo nigro notatis ; illo intüs albo cincto; mediis in primd
parte externe nigris, secundà albis, ultimä concoloribus; ma-
joribus omninè nigris, in medio albo striatis, apice rufis; alulà
nigrà; regione periophthalmicà nigrà ; auribus albis, strià
nigrà infrà cincthis; qulà nigro tenuissimè squamatà; 4 rec-
tricibus lateralibus paginä externà cinereis, albo marginatis,
nigro propé apicem laté fasciatis ; mediis apice cinereis : rostro
nigro-cinerascente, pedibus carneis.
Cette espèce de Colombidé a déjà été figurée par
M. Gould, dans la zoologie du voyage du Beagle, pl. 46,
et décrite par lui page 145 ; mais outre que le docteur
Néboux l'avait déjà nommée et décrite en 1840 , dans
la Revue zoologique, page 290, celui des individus rap-
portés par celui-ci que nous figurons est d’un àge plus
adulte et d’un plumage plus parfait que celui du natu-
raliste anglais. Cette différence d'âge, peut-être même
de sexe, en amenant une dans la livrée, il ne sera
pas sans intérêt de comparer l’un et l’autre exem-
plaires.
— 2 —
Description. Nous reproduisons les caractères princi-
paux de cette espèce d’après la note insérée par le doc-
teur Néboux dans la Revue 20ologique :
« Bec noir, eflilé, assez long. Au-dessous de l'orbite,
» on remarque deux lignes noires qui partent de cha-
» cune des mandibules et vont se terminer à l'oreille
» qu’elles embrassent dans l'intervalle qui les sépare :
» là les plumes sont blanchâtres. Toute la partie supé-
» rieure du corps est d’un gris roux. Au niveau des
» ailes et à la base du cou seulement cette couleur prend
» un aspect métallique à reflet pourpre ou vert doré.
» La gorge, blanchâtre sous la mandibule, passe au vi-
» neux. Poitrine vineuse. Ventre, anus et dessous des
» ailes gris cendré. Rémiges primaires noires, lisérées
» de blanc. Couvertures moyennes blanches sur le bord
» externe. Rectrices de la même couleur que le corps ;
» elles présentent une zone d’un beau noir à 2 cen-
» timètres de leur terminaison. Tarses rouges , ongles
» NOITS. »
Nous ajouterons, pour compléter cette description
succincte, que les petitescouvertures alaires, de la même
couleur que le dessus du corps, portent sur chacune
de leurs plumes, au bord et tout le long de leur page
externe, une grande tache noire formant la moitié d’une
écaille, encadrée à sa base et le long de son bord inté-
rieur d’un liséré blanc; que les couvertures moyennes
ont la même page noire à sa naissance jusqu’au tiers de
sa longueur, blanche dans le deuxième tiers et rous-
sätre dans sa dernière partie; que les couvertures dor-
sales sont noires dans la plus grande partie de leur sur-
@
face; que ce noir est encadré de roussâtre et divisé
dans toute Ja longueur de la partie rachidienne qui les
traverse par une ligne blanche s’élargissant à Ja base ;
enfin que les rémiges secondaires sont grises extérieu-
rement ; que les quatre rectrices latérales , de la même
couleur, sont finement lisérées de blanc, et que les cou-
vertures supérieures de la queue présentent un faux
reflet métallique verdätre.
Longueur totale, , Lx 4,07 . 21 centimètres.
de Ia queue... 5 00
= DOS HAPBONeS Sls . eu 2
Voici maintenant la diagnose donnée de l’individu du
Beagle par M. Gould :
(CZ. vertice, cervice, dorso caudæque tegminibus obscure
» fuscis vinaceo tinctis; dorso nigro-quttato ; alarum
» tegminibus fuscis, plumä singul& pallidè vinaceo-fusco
» terminatà, pogonit utriusque margine ; macul& oblongä
» magnû nigr@, line& alb& separatä ; remigibus primariis
» et secundariis nigrescenti-fuscis, cinerascenti-albo an-
» qustè marginatis ; caudä fuscescenti cinereo ad apicem
» fascià lat irregulari nigrä; loris lineäque augustä suprà
» et infrà oculari nigris pallidè fusco mixtis; qulä pecto-
» reque vinaceis, colli lateribus œærato tinctis; crisso,
» caudæque tegminibus inferioribus cinerascentibus ; rostro
» nigro, pedibus rufescenti-aurantiacis. »
Il suit, on le voit, de rapprocher les deux descrip-
tions comme les deux figures pour juger des différences
qu’elles présentent.
Ainsi, la plus notable de ces différences réside dans
l'absence presque complète, chez l'individu du Beagle,
er.
de la large tache noire du lorum dont on entrevoit à peine
la trace dans un trait noir finement tiré de la base de la
mandibule inférieure à l'angle externe de l'œil, dans
l'absence de l’oreillon blanc, et de la ligne noire qui
l’encadre à sa partie inférieure , remplacée 11 par une
tache brune ; ensuite les rémiges secondaires, d’an beau
gris cendré chez notre individu, sont d’un brun noirâtre
chez celui du Beagle; enfin les rémiges et les rectrices
qui, chez celui-ci, sont à peine bordées de brunâtre ou
de gris obscur, sont, chez l’autre, bordées dans toute
leur longueur d’un blanc bien prononcé.
Toutes ces différences, sans parler du ton général
beaucoup plus sombre et plus foncé chez l’individu du
Beagle que chez celui de {a Vénus, prouvent surabon-
damment que ce dernier représente bien un mâle adulte
tel que se sont trouvés tous ceux rapportés par lexpé-
dition que nous avons eu occasion d'observer, et que le
premier représente tout au plus une femelle adulte de la
même espece.
M. de La Fresnaye, dans la Rev. z00l. 1840, pag. 322,
dii, au sujet d’un individu de sa collection qu’il a com-
paré avec trois individus de la Vénus : « F’ai remarqué
» entre eux une différence de taille tout à fait notable,
» ce qui semble indiquer deux races de la même espèce
» plutôt qu’une différence de sexe, le plumage étant ab-
» solument coloré de même chez les quatre individus,
—
» et paraissant un plumage adulte, quoique deux d’entre
» eux soient presque d'un tiers plus forts que les
NA
» deux autres. » Cette remarque, exacte en elle-même,
n'avait pas échappé au docteur Néboux, et nous ne
O1sEAUx. 18
9
pouvons que la confirmer. Au reste, cette différence de
taille, de même que les différences de coloration que
nous venons de signaler entre lindividu du Beagle et
celui de la Vénus, n’ont rien de plus extraordinaires et
sont relativement les mêmes que celles qui s’observent
fréquemment dans la Columba Fitzroy, dont on a long-
temps formé deux espèces sous le nom de C. Denisca
(Temm.), pl. col. 502, et €. Araucana (Less.), Voy. de
la Coquille : car nous croyons que c’est à tort que
M. G.-R. Gray persiste encore, dans son Genera of
Birds, à maintenir la première de ces dénominations
isolée spécifiquement des deux dernières, toutes les
trois, selon nous, se rapportant à une seule et même
espèce.
Quant à la comparaison que fait M. de La Fresnaye
de notre espèce avec C. Montana (Linn.) qui est la même
que €. Martinica (Temm.), elle repose sur une donnée
plus spécieuse que réelle; car si, par le fond principal
de sa coloration, elle rappelle effectivement un peu ce
type américain, elle s’en éloigne considérablement par
la forme de son bec eflilé, qui l’a fait placer par M. Gould
dans le genre Zenaïda de M. Ch. Bonaparte, adopté de-
puis par M. Gray.
C’est dans l’île Saint-Charles de l'archipel de Gallapagos
que le docteur Néboux a découvert les individus par lui
rapportés. Ses observations sur ces oiseaux étant les
mêmes que celles communiquées à M. de La Fresnaye
par M. Léclancher, nous les rapporterons telles qu’elles
ont été publiées dans la Revue zoologique de 840, p. 322:
« Ces trois Colombes brunes de Gallapagos, dit:1l, vivent
— 275 —
» à lerre, et sont si peu sauvages que les déportés de
» Guayaquil qui habitent les Gallapagos les tuent au
» moyen d’une perche, et en assez grand nombre pour
» les vendre par paquets comme des Alouettes, et à
» assez bas prix. » Elles se rencontrent dans toutes les
parties rocheuses de Archipel.
PLUVIER DE WILSON.
Charadrius Hilsoni, Ch. Bonap., Suppl. à His, LU IX,
pl. 75, fig. 5.
F4
Trouvé à Monterey (Haute-Californie).
HÉRON DE LA LOUISIANE.
Ardea Ludoviciana, Gm., pl. enl. 908 , 909 ; 915.
Descend au midi jusqu'a Cayenne, St.-Thomas, Porto-
Rico, et dans presque toutes les Antilles. Trouvé par le
docteur Néboux aux Gallapagos, d’où on ne Pavait pas
encore rapporté.
CANARD DE LA CAROLINE.
Aix Sponsa, Boié.
ANQS ——— , Gm., pl. enl. 950, 981.
Dendronessa ———, Rich. et Swains,
Indiqué par Richard et Swainson, comme émigrant
en hiver aux États-Unis et peut-être au Mexique ;
trouvé à Monterey par le docteur Néboux qui l'en a
rapporté.
PLANCHE IX.
NODDI CENDRE.
Stolida cinerea (Néboux ), Rev. zvol., oct. 1840, p. 291.
Anous cinereus (FI. Prévost et O. des Murs).
CHar, spEC, An. Corpore cinereo ; suprà fuscius infrà dilutius ;
capile et fronte sericeis albescentibus ; maculä oculari albà ;
remigibus nigrescentibus; tegminibus brunneis; caudä fur-
catà : rostro ac pedibus nigris ; palmis flavescentibus.
Voici la description que le docteur Néboux a donnée
de cet Oiseau dans la Rev. zool. d’oct. 1840 , p. 291.
» Sterne cendré. (Sous-genre Noddi) : Bec noir, grêle.
» [ris noir; paupières noires. Tête et front gris blan-
» châtre, ayant l'aspect satiné. Col et dos cendré foncé.
» Gorge, ventre et dessous des ailes bruns. Queue
» passablement fourchue, de la même couleur que le
» manteau ; la seconde penne est la plus longue. Tarses
» très-longs et noirs : membranes interdigitales Jau-
» nâtres.
» Longueur totale, 24 centimètres.
» Habit. Pris à la mer dans l’océan Pacifique (hémi-
» sphère boréal). »
Ce Noddi a les plus grands rapports de coloration
dans l’ensemble avec le Noddi (Anous) Melanogenys, fi-
guré par G.-R. Gray dans son Gen. of B. en juin 4846,
pl. 182. Comme celui-ci, il a une teinte générale cen-
drée plus ou moins claire à la tête et au-dessous, plus
ou moins foncée en dessus; comme chez lui aussi, les
plumes de la tête et du front prennent un aspect soyeux.
— 271 —
Mais il en diflére d’abord, organiquement, par une
taille moindre , le Melanogenys ayant près de # centi-
mètres de plus; par un bec beaucoup plus en rapport
avec celui des vrais Sternes, et n’ayant pas trace de
l’inflexion si prononcée chez ce dernier ; par l'échancrure
très-prononcée de sa queue, et sous le rapport de la pti-
lose par un gris plus franc et par conséquent moins
noir ; par l'absence de cette dernière couleur aux joues ;
par une tache d’un bleu pur qu'il porte à l'angle imterne
de l’œil, à la hauteur du sourcil, et par la coloration
des petites plumes garnissant le bord des paupières ,
qui en font un cercle, encadrant l'œil, noir dans la
partie interne et blanche dans l’autre ; en outre par la
coloration des palmures, qui sont noires chez le Mela-
nogenys.
Notre espèce fait la onzième du genre.
PLANCHE X.
MOUETTE A QUEUE FOURCHUE.
Larus furcatus (Néboux), Rev. z00!. 1840, p. 290.
Cuar. spec. L. supra cineraceus , capite colloque fuliginosé ni-
grescentibus ; subtüs albus ; strigà postoculari et basi frontali
albis ; palpebris aurantiis; tarsis palmisque rubris.
Le docteur Néboux a donné dans la Rev. z0ol., oc-
tobre 1840, p. 290, la description suivante de cette belle
espèce de Mouette :
« Tête et la presque totalité du cou gris brun. Deux
» petites taches blanches arrondies embrassent symé-
» triquement l'extrémité postérieure de la mandibule
— 278 —
» supérieure. Manteau blanc gris. Poitrme, ventre,
» région anale, dessous des ailes blancs. Ailes plus
» longues que la queue de # centimètres. Rémiges pri-
» maires noires sur le bord externe et le bord interne.
» Couvertures moyennes blanches; les supérieures ar-
» doisées et bordées de blanc. Queue tres-fourchue et
» blanche. Les deux rectrices plus longues qu’elles ne
» le sont d'habitude dans ce genre d’Oiseau. Bec très-
» arqué, noir à sa base et blanc à lextrémité. Iris
» rouges. Paupières orangées. Tarses et palmes rouges.
» Ongles noirs. »
Longueur totale.. . . . . . . . . Go centimètres.
{abit. Prise dans la rade de Monterey (Haute-Calr-
fornie).
Malgré la grande difliculté que l’on éprouve généra-
lement à distinguer spécifiquement les nombreux indi-
vidus qui composent le genre Larus, à cause des grandes
analogies et aussi des fréquentes variations qu'ils pré-
sentent dans leur coloration, notre espèce se sépare à
première vue de ses congénères par la couleur orangée
de ses paupières et la couleur rouge de ses tarses et de
ses palmures , surtout par le miroir blanc mat qui orne
la partie supérieure du bec où basale du front, quoique
le rouge des pattes soit commun à plus d’une espèce,
entre autres aux ZLar-Hæmatorlynchus de King et Bo-
napartei de Richard et de Swainson. Nous ne parlons pas
de la tache blanche formant demi-cercle à la paupière
inférieure , parce que cette tache se retrouve tantôt en
bas, comme ici dans le Zarus Franklinii (Rich. et Sw.),
— 279 —
tantôt en haut, comme dans le L. Bonapartei. Les deux
autres caractères les plus saillants et les plus remarqua-
bles chez notre espèce sont la forme arquée du bec qui
rappelle un peu cependant celui du L. modestus de
Tschudi, et la forme profondément fourchue de la queue
qui ne se retrouve que chez les vraies Sternes.
PÉLICAN BRUN.
Pelecanus fuscus, Gm., pl. enl. 957.
P. Carolinensis, Gm.
Commun anx Antilles ; trouvé sur la côte occidentale
de l'Amérique méridionale , au Pérou; observé sur la
même côte de l’Amérique septentrionale par le docteur
Néboux , qui l’a rapporté de Monterey.
INDEX
DES ESPECES DÉCRITES OU INDIQUÉES ET DES NOMS GÉNÉRIQUES
ET SPÉCIFIQUES CITÉS DANS CE TRAVAIL.
Pages. Pages.
ATX-SpONSA 5. es 5 275 | Columba superba.. . . . . 231, 268
ANGS ——. na 0 de: 0 . 275 | Colombe à diadème, . . . . . .. 239
Anous cinereus. , : . . . .« . .. 276 | Columba diademata. . . . 238, 268
A. melanogenys.. . . . . .. . 276 | C. superba, fœmina. . . . 234,268
Ardea Ludoviciana. . . ... . . 275 | €. æanthogastra. . . . . . 238, 268
Arremon biarcuatus. . . ... 216 | €. Dupetit-Thouarsii. . . 2h1, 268
Colombe kurukuru leucocéphale. 243
Bec-croisé leucoptère. . . . . . . 204 | Columba kurukuru purpureo-
Bruant à double croissant. . . . 216 leucocephalus.. . . . . . 241, 268
Colombe de Vincendon. . . 247, 268
Cactornis grimpeur. . . . . . . + 204 | Columba kurukuru superba. . 247,
Giiscandens. . 5: ...7 -0f 268
Camarhynchus cineraceus. . . 209 | Colombe de Taïti . . . . . . . . 259
Calliste rufivertex.. . . . . .. 212 | Columba kurukuru, var. T'ahi-
C'abradorides 1.116."
CLeclancherit Ms MN
Canard de la Caroline. . . . . . .
Caracara vulgaire. . . . . . . . .
Casse-noix.. .
Certhia coccinea.. . . . .
CHODSCUTAS . 2. -
Charadrius Wilsonii.. . . . . . . 275
CinnyTIS ENCAN LENS IMAST
COCCODonuss. se. ME ee. 1210
Goccothraustes… ...:. 1.1. 206
Colombe kurukuru, . ....,..
Columba kurukuru. . . . . . . 221
C. purpurata. . 218, 219, 222, 238,
256, 259, 268
Colombe viridissime,, . . . . . . 229
Columba viridissima. 222, 227, 268
OisEaux.
Drepanis coccinea.. . . .
lensis.. : . 201, 208
C. roseicapilla. . . . 256, 259, 269
CoNTOSEICOUISS. RE ER 1260
Cporpiyreas SEE 060
Colembi-galline des Gallapagos. 270
Columbi-gallina Gallapagoensis, , 270
Corvus caryocalactes . ... . 203
CNBRECRE LC 203
Curvirostra leucoptera. . . . . 204
Crucirostra leucoptera. . . . .
Cyanocorax de San-Blas. , .
G. San-Blasianus. . . . . . . .
GC: ‘de Beechey.. .
Cypsnagra.. . .
.
es
. 275
185, 187
Dendronessa sponsa. . + . .
Pages.
Drepanis lucida.. . . . . .. . 192
DA OPSCUTE ER - : = es sf 191
D OUDACER ER 0e tee +102
Emberiza biarcuata. . . . . . . . 216
Erythaca Wilsonii. . . . . 1208
Esclave des palmiers... . . . .« . . 211
Étourneau militaire. . . + . « . . 203
ÉUDICCIES sr se eus 206
Falco cheriway. . . . . . . . . 181
HÉPDrasiniensis. +... 181
HÉRTIRONUSEAS SEE eme 181
Fauvette de Wilson ...... . 198
Fringilla biarcuata.. . .... 216
HÉNNOGLIS Os nm ces se « :.. JU
Geai de San-Blas. . . . . . . . . 201
Gé Sn eue dl. 206, 207
Géospiza fuligineux. . .. . . . . 208
Geospiza fuliginosa.. . . .. . 208
Grallarie squammigère. . . . . . 198
Grallaria squammigera. . . . . 198
GT TT ere et dt ce LUE
Gr. imperator. . : . .. . 198
Grallarie de Guatémala. . . . . . 199
Grallaria Guatemalensis. . . . . . 199
Gros-bec azulam du Brésil 210
Gros-bec bleu des États-Unis. . . 210
Guiraca cendré, 1 nn 209
Ga CINErE - - : ces 209, 211
Hémignathe. +... 183
Hemignathus.. .. 183, 185, 189
Hémignathe brillant. . . . . . . . 192
Hemignathus lucidus. 187, 190, 191,
192
H. obscurus. . . . . . .. 189, 191
FH, olivaceus.. . + «+ +. : 192
Héorotaire vestiaire. . . . . . . . 186
HT: écarlate... 0 187
Héron de la Louisiane. . . . . . 275
Heterorhynchus. . . + . . . . . . 183
Heterorhynchus olivaceus. 189,191,
192
Hirundo concolor,. . . . . . . 182
H. modesta.. . . ., . .. . . . 182
— 252 —
Pages.
KuUruKUE 4... 5 219, 220
K. à couronne pourprée, « . . . 222
K. purpuratus. . . . . « . 222, 268
K. Poukiobou . . . .... oO
RS 'SUPErDUS Le - . - 231, 268
Ke a diadème 1... 238
K. xanthogaster . . . . . . 238, 268
K. Dupetit-Thouars . . . .. . lil
K. Dupetit-Thouarsii . . . 241, 268
KAUCISAMOA 4e ee. ci. ce 247
K. Samoensis. . ..... 247, 268
Re de Tale es. eee 251
K:-Taitensi8. : - 7... . 251, 268
Ke NEDOUX ee E- - - . 253
K. Nebouxii. .. .., . . 253, 269
KcderSwamson. 256
K. Swainsonii . . . . . . . 256, 269
K. des Mariannes . ....... 259
K. roseicapillas ....,.. 259, 269
K. de Clémentine . ....... 264
K. Clementinæ. .,. . . . . 264, 269
K. de Mercier . . . . . . . . . + 266
Re Merciérile et ene ie 266, 269
K. de Temminck. . . . . . . . . 234
Æ. Temminckii.. . . . . . 23h, 268
Éamprotés 1... 000. 211
Larus Bonapartei. . . .. 278, 279
Le Franchlins re 278
TÉSTULLOLUSIe CRE AT
L, hœmatorhynchus.. . .. -- 278
Li MOdESLUS. NS NE 000279
ÉeéucOpybia =, +. Re li
ÉOxia leucoptéra 7. 204
EsNfalcirostra. ne... 204
HUCIIPRSA AR ER eee + - + 106
Mellithreptus vestiarius. . . . 187
Mellisuga Costæ. ... . ... 194
MITISTE ER 0 le Let . 216
Mhniotilte à sourcils. . . . . . . . 197
Mniotilta superciliosa. . . . . . + 197
Mniotilleid'été:1.. 0. 197
Mniotilta æstiva. . . . . . . . . . 197
Motacilla pensilis . . . . .. . 197
M. flavicollis. . ..... - 197
— 983
Pages.
Motacilla sialis. . . . . . . .. 198
M. canadensis . . . + . TO
M. albicollis.. -.. 0 197
Mouette à queue fourchue. . . . 277
IVectarinia œnea . . . . . . .. 185
Nectatinides à e.. ee... 185
Noddi cendré: -. 7 «: . 276
IVoddi melanogenys. . . . . .. 276
Nucifraga caryocatactes . . . . . 203
IN. guttata - . . .. . 203
COEnanthe sialis. . . . . .. . + 198
Oiseau-mouche de Costa. . . . . 194
Ornysmia Costæ.. . . . . . . .. 194
O. ornalas . : . ... 196
O. strumaria. . ...... 196
O. petasophora. . . . . .. .. 196
O. Wieilloti. - ." : 2. . 106
Passerines . . . . . . . 214, 216
Passerine de Léclancher. . . . . 214
Passerina Leclancherii. . . . . . 214
Passérine Pape. -. - 210
Pélican Drun. . «. =... . 279
Pelecanus fuscus. , . . . . . .. 279
Pelecanus Carolinensis.. . . . 279
Pére-noir. - . -. + . + -.- .. + 208
Pica san Blasiana. . . . . . . 200
P. Beecheii. . .. . ., . .. . 203
Pie Gens... +. 202
Piezorhina. . . . . ... -. : -. - 211
Pitiosittacus Americanus. : ; 204
Plectrophanes.. . ,.. . . . . + 217
Pluvier de Wilson, . . . . . . . 275
Polyborus Brasiliensis.. . . . . . 181
PAUUIGArIS M... 181
Procnopis atro-cærulea. . . . . 212
Procnémodeste. . . . . . . . + + 182
Procne modesta. . . . . . . . . . 182
PSILLACINS 2 +. 5 se. : 210
Ptilonope. -. ... . . 210
Ptilonopus. . .. . . . , + - + + 218
Ptilonopus Emiliæ. . . . 2h11, 268
P. xanthogaster.. . . . . 238,
P., purpuratus . . . 218, 222,
Pages
Ptilonopus T'aitensis. . . 251, 268
P. leucocephalus . . . . . 241, 268
P. superbus. . 231, 234, 268
P. flavigaster. . . . . . . 238, 268
P.purpureo-leucocephalus. 241, 265
P. samoensis. . . . . . . 247, 268
Ptilonope de Marie. . . . . 247, 26$
Ptilonopus S'wainsonii.. 256, 259,
269
P. Ewingii. - : . + : =. 259, 269
P. purpuratus, var. Regina. 259,
269
P. superbus,var. Regina. 218, 256
Ptilonope de Clémentine. . 264, 269
Ptilonopus erythrocephalus. . 269
PATOSCACOUS. ne: 269
Rhimanphus citrinus. . . . . . 197
S'axicola sialis. . . . . . . . . 198
S'ialia Wilsonii. . . . . . .. . 198
SOUI-IMANT AS re ie re 140
SDIZAS eee Le ete iz ls
Spiza amæna. . .. ... +. + 215
Spizas Tanagras . . . . . . . . . 215
Spiza versicolor . . .. . , . . 215
Ÿ. Leclancherii. . . . . . . .. 214
Sterne cendrée. . . . . . . . .« . 276
Stolida cinerea. . . . . - . .. 276
Sturnella militaris. . . . . + . . 203
SEUTNUS ———— .... ... . 203
Sylvia æstiva. . . . , +... . 197
S. canicapilla . . - . . . 107
S. childreni. . . . . .. ae 00
S. citrinella. . . - : . . . . .. 197
19 DENSILS.... à : = se + LOT
$. superciliosa . . . .. re 197
D UBIQI. +0 sa ses + 0 107
Sylvicola. . ., .,.... +. 197
Tachyphone …. ,--... 211
Tanagra canicapilla. . . . .. 197
T. Labradorides . . . . . . . . . 213
MH rufivertex. .. . . =... 212
T. rubrigularis. . . . . . . . . 211
T, rubricollis., . . . . . . . + . 211
T. ruficollis. . . . . . . . 211, 217
— 28h —
Pages. Pages
Fanagridés. 04 2414 TE CAMCAnUIan ARC 197
Tangara à nuque rousse. . . . . 212
T. Labrador. . ......... 213 | Festiaria... ....... 188, 190
Tr Hirondelle . .rn 211 | F’estiaria heterorhynchus . . . 192
Tisserin des Gallapagos. . . . . 204 | J’ultur plancus. . . . . . . .. 181
MMICHaS YONNE ner 197
M VEIdilS. - - le mur 197 | Zenaïda Gallapagoensis. . . . 270
s
REPTILES
PAR
M. DUMÉRIL.
Les Reptiles que nous allons faire connaître sont en
petit nombre : ils appartiennent à un genre de Sauriens
dont la plupart des espèces n’ont été observées qu’au
Chili; ce sont celles que les auteurs de lErpétologie gé-
nérale ont désignées sous le nom de Proctotrètes .
Ces petits Lézards appartiennent à la grande famille
des Iguanes dont le corps est revêtu de lames cornées,
placées en recouvrement les unes sur les autres, à la ma-
nière des tuiles. Ces écailles sont distribuées en quin-
conce et non par bandes ou en verticilles circulaires, et
celles qui recouvrent le ventre sont arrondies ét non
en plaques carrées.
Le dessus de leur tête est protégé par un grand
nombre de plaques symétriques , mais disposées de di-
* Duméril et Bibron, t. IV, p. 266, pour indiquer les pores
ou les trous qui se trouvent au-devant du cloaque. De rpwxroc,
podex , et de rpatès, perforatus.
REPTILES. 20
— 986 —
verses manières dans leur arrangement. Les veux soni
constamment garnis de paupières mobiles revêtues de
fines granulations ; leurs dents petites , légèrement com-
primées, sont implantées dans une rainure pratiquée
sur les bords de l’une et de l’autre mâchoire; leurs ra-
cines cachées sont adhérentes aux os et par leur côté
externe. Elles ne sont pas creuses et se trouvent rangées
dans un sillon qui leur forme un alvéole commun. Outre
ces dents latérales, il y en a d’autres plus petites qui
garnissent la région moyenne du palais.
Leur langue est molle, charnue, couverte de papilles
veloutées ; elles ne peut pas rentrer dans une sorte de
gaine ou de fourreau comme celle des Varans avec les-
quels on pourrait les confondre, parce qu’ils n’ont pas,
non plus, de crête dorsale; cependant 1ls n’acquièrent
jamais d'aussi grandes dimensions.
Ces espèces, comme toutes celles de la Famille des
Eunotes dans laquelle on les a placées, différent surtout
de nos Lézards, parce qu’elles ont des écailles qui re-
couvrent la partie inférieure de leur ventre et non des
plaques carrées, disposées par bandes transversales et
régulières, mais placées en recouvrement les unes sur
les autres en quinconce comme les tuiles de nos toits,
D'ailleurs le plus souvent les écailles du dos et des flancs
sont allongées, pointues à leur extrémité libre; elles
sont surmontées d’une arête saillante qui règne sur toute
leur longueur; celles qui recouvrent les régions infé-
rieures du cou, du ventre et même souvent du dessous
de la queue, sont lisses et arrondies. Aucune des espèces
de ce genre ne porte, le long du bord imterne des
— 287 —
cuisses, la série de pores ou de petits orifices glanduleux
qui se voient dans les vrais Lézards.
A ces caractères généraux on pourrait en joindre
plusieurs autres pour les faire distinguer des espèces qui
sont également rangées dans la même familledes Iguanes.
Ainsi ils différent d'un grand nombre par la conforma-
tion, déjà indiquée, des écailles carénées du dessus
de leur corps; les bords de leurs doigts et de leurs
orteils ne sont pas élargis ou dilatés comme ceux des
Anolis. Même, par une sorte d’anomalie ou d'exception
dans cette famille, la partie moyenne de leur dos ne
porte pas de crête ou de ligne saillante, produite
par une série de très-grandes écailles cornées et.
flexibles.
Leur queue, arrondie et conique, n’est pas garnie d’é-
pines à la base; elle n’est pas destinée à s’enrouler ou
à se courber en dessous, comme celle des Urostrophes ;
leur gorge ne forme pas un repli de la peau simulant une
sorte de fanon ou de goître, et leur cou, quoique présen-
tant le plus souvent des lignes saillantes longitudinales
au delà du conduit auditif, n'offre pas ce pli transversal
qui s’observe au devant des épaules et au fond duquel
on distingue de petites granulations dans quelques
genres VOISINS.
Toutes ces particularités, que nous avons cru néces-
saire de rappeler, ont servi à distinguer ce genre des
Proctotrètes de la race très-nombreuse des Iguaniens,
famille dont toutes les espèces paraissent habiter les
contrées les plus chaudes des deux Amériques.
Ainsi, en résumé, les espèces que nous devons faire
ER
connaitre appartiennent au genre Proctotrète et peuvent
être ainsi caractérisées :
Leur corps est allongé, cylindrique , légerement dé-
primé, couvert d'écailles entuilées; à doigts distincts ,
onguiculés, COnIques; sans pores aux cuisses; sans crête
ou ligne saillante au milieu du dos ; à queue sans épines
à la base, dont le dos est garni d’écailles carénées ; sans
fanon ou goître , ni pli transversal au cou au devant des
épaules.
C’est un genre peu nombreux dans lequel on n’a en-
core inscrit que dix espèces, la plupart originaires du
Chili, parmi lesquelles sont rangées celles dont la des-
cription va suivre et qui sont figurées dans cet ouvrage.
Comme ces espèces sont petites, qu’elles sont orga-
nisées de manière à exercer des mouvements prompts
et faciles; que leur bouche est étroite, garnie de dents
tranchantes et que leur palais est muni de petits cro-
chets, tout porte à croire que la principale nourriture
de ces Sauriens consiste en insectes qu'il doivent saisir
et poursuivre avec une grande agilité.
PLANCHE 1.— Fi. 1 et 2.
PROCTOTRÈTE DU CHILL
Proctotretus Chilensis.
Cette espèce diffère de toutes celles qui ont été jus-
qu'ici rapportées au même genre parce qu'elle n'offre
pas de différence dans les écailles qui recouvrent les
— 289 —
parties latérales du cou ou dans l’espace compris entre
la tête et les épaules. On ne voit d'autre enfoncement
que celui qui correspond au trou auditif, au fond duquel
on distingue la membrane du tympan et cet orifice est
bordé à son pourtour de petites écailles plates, comme
festonnées.
Les lames cornées minces, à reflet brillant, qui re-
couvrent le dos et les flancs et même tout le pourtour de
la queue , surtout à la base, sont allongées, pointues et
surmontées d’une forte carène saillante sur toute leur
longueur, de sorte que leurs séries forment des lignes
saillantes qui paraissent se continuer et produire ainsi
entre les écailles de véritables sillons longitudinaux.
Les figures qui représentent deux des principales va- |
riétés de ce Saurien sont très-exactes, et quoique ce
Reptile ait été le sujet des descriptions de plusieurs au-
teurs, nous croyons que les dessins soignés qui ont été
exécutés sur les objets mêmes, en parfait état de con-
servation, seront fort utiles pour la science.
C'est d’après plusieurs individus semblables que les
auteurs de l’Erpétologie générale avaient fait connaître
l’histoire de cette espèce ". On trouve là les citations
qu'ils ont faites de l'ouvrage de MM. Lesson et Garnot
dans la partie zoologique du voyage de la coquille pu-
blié en 1819, où ce Saurien se trouve décrit ou figuré
sous le nom de Galéote, genre dont il diffère essentielle-
ment, parce qu'il n’a pas de grande crête dorsale, éten-
due depuis l’anus jusqu’à la queue. On voit aussi que ce
Reptile a été observé et décrit par M. Wiegmann sous
* Tome IV, page 260.
_ 990 —
le nom de Tropidurus dans le tome X VII des Curieux de
la nature, publié en 1835. Ce nom de genre ne pouvait
en effet convenir qu’à cette seule espèce à cause des ca-
rènes ou des lignes saillantes qui se prolongent sur la
plus grande partie de la queue.
Les Planches parfaitement coloriées nous dispensent
de les décrire. On vera que c’est principalement par la
distribution des taches que ces deux individus diffèrent
entre eux, car la forme et la disposition de leurs écailles
sont absolument sembables. L’arrangement des plaques
qui recouvrent le dessus de la tête se trouve indiqué
par la figure (1, 2.b), Les grandes écailles de la base
de la queue vue en dessous avec la plaque qui recouvre
le cloaque, font voir les deux pores qui ne s’observent,
à ce qui parait, que dans les mâles. Ce sont ces pores
qui ont fait donner aux espèces de ce genre le nom de
Proctotrète.
Beaucoup d'individus recueillis au Chili par MM. Gay
et d'Orbigny sont déposés dans les collections du mu-
seum d'histoire naturelle de Paris.
PLANCHE IL. — Fi. 1.
PROCTOTRETE INTERMÉDIAIRE.
Proctotretus intermedius.
Ce petit Saurien offre en effet beaucoup de rapports,
par sa configuration générale, avec celui qui se trouve
représenté sur la même planche où il est désigné sous
— 001
le nom de Ventre bleu ; mais il offre deux raies longitu -
dinales jaunes ou blanches bien distinctes et parallèles
de chaque côté du tronc. La bande inférieure plus étroite
se termine à l’origine de la cuisse; la supérieure, un
peu plus large, surtout au milieu, naissant à peu près
à la même distance près de l’œil, se prolonge sur
la queue au delà du quart de sa longueur vers la
base.
Comme on a eu soin de bien représenter la distri-
bution des plaques qui recouvrent le sommet de la tête
(1 b), on peut remarquer que leur arrangement est tout
à fait inverse de celui qui est reproduit pour l'espèce à
Ventre bleu (PI. IT, fig. 2.b). Ici le disque antérieur est
produit par cinq plaques qui touchent une grande écaille
centrale à cinq pans dont l’intérieur se trouve excessi-
vement petit, relativement aux quatre autres; puis vient
un écusson impair, allongé, qui rejoint en arrière un
second disque ou cercle formé de six grandes plaques
rangées également autour d’une autre plus grande qui
se trouve ainsi impaire et centrale.
La figure (4.d) fait connaître la disposition remar-
quable du prolongement de la peau du ventre au-dessus
du cloaque dont il forme la lèvre antérieure. C'était pro-
bablement chez un individu màle, puisqu'on y voit in-
diqués les pores qui sont ici au nombre de cinq, ce qui
semble caractériser le sexe de l'individu, dont la collec-
tion du Muséum possède en effet un exemplaire qui est
sans doute celui qui a servi de modèle au peintre. Car
il n’est pas décrit dans le volume quatrième de l'Erpé-
tologie générale publié en 1837.
099$
PLANCHE IL — Fic. 2.
PROCTOTRÈTE VENTREBLEU.
Proctotretus cyanogaster.
… Ce petit Lézard, quoique n'ayant pas de pli transver-
sal au cou en avant des épaules, offre cependant laté-
ralement des espaces longitudinaux couverts de petits
tubercules granulés qui commencent immédiatement en
arrière des trous auditifs. Cette disposition se remarque
dans la plupart des espèces différentes de celle du Chili,
dont la peau du cou est recouverte de grandes écailles
semblables entre elles.
Celui-ci est facile à distinguer, d’abord par la couleur
bleue qui tient toute la région inférieure de la gorge,
du ventre et de la queue. Le dessus du tronc est d’un
brun verdàtre à reflets brillants et un peu métalliques ou
nacrés. Les flancs portent deux bandes longitudinales
Jaunes qui, naissant derrière lorbite, se prolongent
jusque sur le premier quart de la queue. Cette partie du
corps est deux fois plus longue que le reste du tronc;
elle se termine insensiblement en pointe, et, dans Îles
trois quarts de son étendue, elle est fortement colorée
d’une teinte rouge briquetée, et comme cuivreuse ou
métallique.
La figure (2.a) indique la disposition des plaques
labiales, les granulations fines qui recouvrent l’une et
l’autre paupières, ainsi que les plis collaires longitu-
dinaux.
__ 993 —
Le dessin inscrit sous le n° 2.b montre les plaques qui
revêtent le dessus de la tête. On voit qu'elles sont autre-
ment distribuées et configurées que celles dont nous
avons indiqué l’arrangement dans lespèce qui porte le
nom d’intermédiare. Il y a ici six plaques formant une
sorte de cercle ; toutes sont rangées autour d’un axe
commun, mais sans écaille centrale. À la suite, on
trouve un écusson impair, allongé, rétréci en arrière et
beaucoup plus large en avant.
La figure (2.d) est destinée principalement à faire
voir comment la partie interne des cuisses est finement
chagrinée ou recouverte de petits tubercules tout à fait
différents des écailles entuilées et des granulations qui
se retrouvent en outre sur les bord du cloaque.
Il paraît que les individus qui appartiennent à cette
espèce ne prennent jamais une grande taille. Nous avons
vu plusieurs mdividus rapportés du Chili par M. Gay ; ils
étaient à peu près de la taille de nos Lézards des Sou-
ches. La couleur bleue s’est parfaitement conservée dans
l'alcool.
PLANCHE EL. — Fic. 1.
PROCTOTRÈTE A TACHES NOIRES.
Proctotretus nigro maculatus.
Le nom spécifique donné à ce Saurien par M. Wieg-
mann s’appliquait au même animal ; mais il était pour
lui un Tropidure à gorge lisse (Leiolæmus); car sa
description, insérée dans le travail que nous avons cité
— 294 —
précédemment, ce nom paraît devoir convenir à l’indi-
vidu qui se trouve ici représenté.
Sa couleur est d’un brun roussâtre en dessus, avec
deux bandes longitudinales plus pèles, parsemé de
taches noires irrégulières qui sont surtout remarquables
sur l’occiput. Une raie noire borde le cou au-dessus de
l'épaule, et s'étend, avec de légères interruptions, jusqu’à
l'origine des cuisses. Le dessous du corps est d’un gris
pèle et sans taches.
Ce qui distingue principalement cette espèce, ce sont
des granulations qui occupent tout le dessous et le bord
interne des cuisses, ainsi que la lèvre postérieure du
bord du cloaque, comme l’indiquent les figures (4.d
Étee)
On voit les plaques syncipitales figurées (1 b); elles
sont tout autrement disposées que dans les autres es-
pèces. Il v a quatre écussons impairs. Deux petits qui
se touchent en avant et sont encadrés par huit autres
plaques disposées par paires, dont les postérieures sont
les plus étendues. Vient ensuite un grand écusson régu-
lier et plus large en haut. Le quatrième impaire
a huit pans, dont les deux intérieures sont les plus
petits.
Les trous auditifs (4.a) sont bordés et précédés de
quatre grandes écailles dentelées et suivies de granu-
lations limitées entre deux replis saillants et écailleux de
la peau du cou.
La queue est longue : elle dépasse de moitié l'étendue
du tronc. Très-grosse à la base, elle diminue insensi-
blement pour se terminer en pointe aiguë.
= DONS
Les pattes postérieures sont du double plus longues
que les antérieures; car, dirigées en avant du côté de l’é-
paule, les doigts dépasseraient de beaucoup cette région ;
tandis que les membres de devant, étendus le long du
ventre, atteignent à peine le commencement de ja cuisse.
On peut voir, dans la collection Erpétologique du
Muséum de Paris, plusieurs individus appartenant à
cette même espèce : ce sont ceux qui ont été recueillis à
Coquimbo par le savant botaniste M. Gaudichaud.
PLANCHE IE. — Fic. 2.
PROCTOTRÈETE DE WIEGMANN.
Proctotretus IF iecgmanni.
Ce Saurien est d’une taille très-ramassée, sa queue
étant fort courte, ayant au plus la moitié de la longueur
du reste du tronc quiest, en outre, assez large dans la
région moyenne.
Le dessus du corps est d’un gris foncé avec des
bandes longitudinales blanchätres. Entre ces deux raies
dorsales on voit une double série de lunules noires con-
caves en arrière et cernant des taches blanches. D’autres
lunules semblables, mais plus petites, forment aussi, de
chaque côté des flancs, deux séries de taches réguliè-
rement espacées et de même étendue. Le dessous du
corps est blanc dans toutes ses régions.
L'un des caractères qui est très-propre à faire distin-
guer cette espece, c’est que le bord de la lèvre supé-
— 296 —
rieure, recouvert comme à l'ordinaire de grandes pla-
ques, se trouve surmonté de trois rangées ou bandes
d’autres écailles comprises sous la grande plaque sous-
orbitaire. C’est ce que représente la figure (2.a) qui est
considérablement grossie pour faire voir, de côté, toute
la partie antérieure du tronc.
La figure (2.e) est destinée aussi à indiquer une par-
ticularité de cette espèce dont le dessous de la cuisse
offre, parmi de petites granulations, un amas de plus
gros tubercules disposés régulièrement en un quin-
conce formé de quatre bandes.
Comme la région inférieure vers l’origine du cloaque
représentée par la figure (2.4) est celle d’un mâle, on y
voit six grands pores à la suite des grandes écailles
entuilées, tandis que le pourtour de l’orifice ne porte
que de fines granulations.
Il y a également au Muséum de Paris plusieurs indi-
vidus de cette espèce qui ont été rapportés du Chili par
MM. les voyageurs Gay et d'Orbigny.
ICHTHYOLOGIE
PAR
M. A. VALENCIENNES.
L'amiral qui a fait, dans la campagne de {a Vénus, de
très-belles collections zoologiques, n’a rapporté qu'un
petit nombre de poissons préparés pendant la relâche
aux îles Galapagos. Cet essai d’études Ichthyologiques
a été très-heureux , parce qu’il complète ce que les zoo-
logistes anglais ont déjà commencé sur l’Ichthyologie de
cet archipel pendant l'expédition du Beagle. M. Darwin
y a réuni plusieurs espèces différentes des nôtres. Elles
ont été décrites par M. Jenyns avec le talent que lon
pouvaient attendre de cet habile Ichthyologiste, et la
plupart ont été figurées. En comparant les espèces
mentionnées par cet auteur avec celles que je publie,
on peut conclure que la Faune ichthvologique des
Galapagos est composée d'espèces qui lui sont par-
ticulières, mais qui rappellent plus par leurs affinités
les espèces américaines de Atlantique que celles de la
mer des Indes.
ICHTHYOLOGIE. 20,
— 295 —
GENRE SERRAN.
On sait que le genre des Serrans est l’un des plus
nombreux de la classe des poissons : 1l appartient à la
famille des Percoïdes à une seule dorsale, et 1l peut en
être donné comme le type le plus caractérisé.
Il est réduit aux espèces qui ont une seule nageoire
sur le dos parce que la portion épineuse est unie à la
partie soutenue par des rayons articulés et branchus.
Ces Percoïdes ont des épines à l’opercule, des dentelures
au préopercule, des dents en carde assez fortes avec
quelques crochets saillants aux deux màchoires, aux
palatins et sur le chevron du vomer.
L’archipel, encore peu exploré des Galapagos, a
fourni à l'expédition de l'amiral Dupetit-Thouars deux
Serrans nouveaux, dont l’un, voisin du Serranus scriba,
a des couleurs vertes et rouges qui sont plus communes
chez les Labres que dans le genre que je vais décrire.
Les naturalistes du Beagle " ont trouvé des Serrans
aux Galapagos. Celui que je vais décrire sous le nom de
S. Psittacinus est plus voisin du Serranus labriformis, de
M. Jenyns, p. 8, pl. 3, que de son Serranus olfax, ejusd.,
ib., p. 9, pl. #. Ces deux espèces sont plus voisines du
Mérou que de nos Perca scriba de la Méditerranée. Il n’en
est pas de même de ceux que j'ai fait figurer. Les miens
différent des deux espèces du zoologiste anglais.
M. Darwin a donné ces poissons comme étant assez
‘ The Zoology of the Voyage of H. M. S. Beagle, by Ch.
Darwin. Fishes, by Rev. Leon. Jenvns.
— 9299 —
communs sur les côtes de larchipel; je n’ai aucune
observation sur ceux que je fais connaitre.
M. Jenyns a décrit dans le voyage du Beagle, pag. 3,
pl. 2, un Serranus albo-maculatus qui a les derniers rayons
de la dorsale très-abaissés comparativement au troi-
sième. Il a aussi chservé l'absence de dents canines; les
deux màächoires ont les dents en velours. Je doute que
ce poisson appartienne au genre des Serrans. M. Jenyns
semble croire qu’il a plus d’affinité avec nos Centro-
pristes. En joignant au caractère de la première dorsale
celui de la forme allongée du museau, de la dentition et
des épines de l’opercule et du préopercule, je crois
que ce poisson est plutôt intermédiaire entre le genre
des Centropristes et celui des Grystes. |
PLANCHE LE — Fic. 1.
LE SERRAN PSITTACIN.
Serranus Psittacinus, Val.
Il semble que chaque archipel, chaque mer montrera
de nouvelles espèces de Serrans, tant cette forme est
abondante dans toutes les eaux du globe. Celui-e1 appar-
tient à la division du Serranus scriba, c’est-à-dire que ses
mächoires ne sont pas recouvertes de petites écailles.
Il a la forme ronde et allongée des Serrans des côtes
du Brésil, tels que le Serranus irradians : sa hauteur
est le cinquième de la longueur totale; sa tête en est
plus que le tiers, elle est allongée comme le corps. L’œæil
est de grandeur médiocre et rond; son diamètre est
contenu près de cinq fois dans la longueur de la tête. Le
préopercule est arrondi et très-finement dentelé, l'oper-
cule a ses trois épines. La mâchoire inférieure dépasse la
supérieure. La pectorale est elliptique, ses rayons mi-
toyens étant plus longs que les latéraux. La dorsale a ses
épines courtes ; la caudale est tronquée, un peu concave.
D. 10/1923 À: 03/75 0: 17 Das):
Le bord des écailles est âpre, de médiocre gran-
deur ; 1! y en a plus de cinquante rangées entre les hu-
mérus et la nageoire de la queue.
La couleur générale du corps et des nageoires est un
vert assez brillant, le dessus de la tête, le dos, les côtés
de la queue, sont rouges. Les deux taches de la queue, et
les six autres placées sur les côtés inférieurs du ventre et
dela queue ont le centre noir, ce qui donne à ces taches
l'apparence de grands ocelles brillants. L’œil est jaune.
Le poisson a 0*,21 de long.
PLANCHE IL. — Fic. 1.
LE SERRAN COLON.
Serranus colonus, Val.
Ce poisson d'un genre si nombreux et si varié en
espèces, est un de ceux qui se rapprochent beaucoup
des Serrans, appelés par les habitants de nos Antilles
le Colon, et que nous avons désigné dans notre Ichthyo-
logie ‘ sous la dénomination de Serranus creolus. Il en a
les formes générales, et si le ton des couleurs n’est pas
le même, leur distribution est tout à fait semblable.
1 Cuv., Val., Mist. nat. Poiss , t IT, page 265.
— 301 —
La forme du corps est un ovale très-allongé. Le profil
du dos est cependant un peu plus soutenu que celui du
ventre. La hauteur est quatre fois et près de deux tiers
dans la longueur totale. La tête est courte, le museau est
assez obtus. Les dentelures du préopercule arrondi sont
fines, les épines de l’opercule sont aplaties.
L’œil est assez grand; car le diamètre de l’orbite me-
sure le tiers de la longueur de la tête, qui est elle-même
comprise quatre fois dans celle du tronc. La bouche est
de grandeur moyenne, les branches des mâchoires sont
nues et sans écailles. Il y à quatre dents coniques diri-
gées horizontalement en avant et au centre de l’arc su-
périeur, et en arrière quatre crochets un peu plus forts.
que les autres dents en carde. Je vois aussi quatre ca-
nines à la symphyse de la mandibule. Les dents pala-
tines sont sur une bande très-étroite, au contraire celles
du chevron du vomer forment un petit groupe assez
large.
La dorsale est longue , arrondie en arrière; l’anale
est plus haute que la portion molle de la dorsale; la
caudale est très-profondément fourchue, car les lobes
ne sont que deux fois et un tiers dans la longueur du
tronc, ou, ce qui revient au même, trois fois et un tiers
dans la longueur totale. Les pectorales sont longues et
pointues, les ventrales sont un peu plus courtes que les
autres nageoires paires.
Bros A 5)10: 0. 17:40. 19; V.1/5:
Les écailles sont petites, finement ciiées ; J'en compte
cent vingt rangées entre l’ouie et la caudale, et quel-
IcaTnxoLOoGiE. 21
— 302 —
ques-unes s'avancent sur le haut de chaque lobe de
la nageoire de la queue. Il y en a aussi sur la base de
la pectorale. Celles de lopercule sont semblables à
celles du corps, mais celles du préopercule sont plus
petites.
Tout le corps de ce poisson est d’un beau jaune de
chrome, devenant plus foncé sur le dos, qui prend des
teintes un peu vertes. On compte une trentame de
raies obliques sur chaque flanc.
La ligne latérale est tracée parallelement au dos par
le tiers de la hauteur. Elle est formée d’une suite de
petits traits noirâtres où rembrunis qui répondent aux
tubulures de ses pores eflérents.
L’exemplaire que j'ai décrit est long de 0°,218.
La ressemblance que je Jui ai trouvé avec le Serran
créole m'a fait imaginer le nom de Serranus colonus.
GENRE DIACOPE.
Le genre des Diacopes est une de ces heureuses créa-
tions de M. Cuvier. Il est un de ceux que l’on peut
donner comme exemple, pour montrer que l’étude des
différences, même les plus légères en apparence, sert
souvent à rapprocher les êtres selon leur plus grand
degré de ressemblance ; c’est ce qui conduit à établir
de bonnes familles naturelles.
La dentition des Diacopes est celle des Serrans, des
Plectropomes, et des Mésoprions; mais l’échancrure
du préopercule pour recevoir le tubercule articulaire de
— 303 —
l’interopercule, caractérise ce groupe générique. Îl se
compose d'espèces qui ne sont connues jusqu'à présent
que dans le grand Océan Indien. Presque toutes les
Diacopes sont rouges , et les raies dont le corps est orné
sont jaunes et dorées ; l'espèce dont il va être question
est remarquable par sa couleur verte.
M. Darwin n’a pas trouvé cette espèce ni aucune
autre de ce genre.
PLANCHE I.— Fic. 2.
LA DIACOPE VERTE.
Diacope viridis, Val.
La Diacope que M. de Fréminville vient de donner au
Muséum, offre une variation de couleur tres-notable
dans un genre aussi naturel que celui des Serrans
et des Diacopes, dont le fond de la couleur, et sur-
tout des dernières, est toujours du rouge plus ou
moins vermillonné ou carminé. Dans cette espèce,
le fond est vert et les raies se détachent par une
nuance plus foucée; ces couleurs exceptionnelles sont
rares dans un genre naturel. Nous voyons, au con-
traire , les couleurs des genres naturels offrir de la con-
stance, soit dans les teintes soit dans les distributions.
Ainsi, presque tous les carnassiers de la famille des
Félis ont du fauve et une tâche sur l'oreille; le vert, le
rouge sont les couleurs les plus constantes chez les Per-
roquets ; les moustaches rouges des pics mâles et beau-
coup d’autres exemples encore viendraient à l'appui de
— 304 —
cette proposition. Nous retrouvons toutefois dans la
Diacope que nous allons faire connaître une distribu-
tion de couleurs semblable à celle de plusieurs autres
espèces de ce genre, puisque le corps est rayé longitu-
dinalement. Un naturaliste qui s’en tiendrait à l'examen
rapide de la disposition des couleurs d’un individu dé-
coloré, le prendrait pour la Diacope à huit raies ( Pia-
cope octo-lineata *) .
Cette nouvelle espèce a la tête assez longue, elle est
comprise trois fois et un tüers dans la longueur totale;
la hauteur du corps y est contenue quatre fois et demie.
L’œil est grand et le cerele de l'orbite touche presque à
la ligne du profil. Le plus long diamètre de l'œil est le
longitudinal, et il est du quart de la longueur de la tête.
Il est éloigné du bout du museau d’une fois et demie le
diamètre. Les quatre canines antérieures de l’intermaxil-
laire sont assez fortes; les dents latérales sont fai-
bles à la mächoire inférieure, les latérales sont plus
grandes que celles de devant. L’échancrure du préoper-
cule et le tubercule du sous-opercule qui s’y articulent
sont trés prononcés. Les dentelures du bord montant
de l’angle arrondi de l'os sont très-manifestes. L'oper-
cule est anguleux, mais sans épines. Les premiers
rayons épineux sont assez longs, les mous n’ont
guère que la moitié de ceux-ci; la caudale est
échancrée.
Das, À 9/03 0 1732193 V5.
Les écailles sont lisses et peu larges ; j'en compte plus
1 Cuv., Val, Hist. nat. Poiss., t. II, p. 418.
— 305 —
de cinquante rangées entre l’ouïe et la caudale. La hgne
latérale est un peu marquée, à peine visible; la couleur
générale est verdâtre, devenant plus foncée sur le dos,
et ayant le long des flancs, de chaque côté, quatre raies
longitudinales droites, vert-foncé; les nageoires sont
verdâtres.
La longueur de l'individu est de 0,265. Cette Dia-
cope est peut-être rare aux Galapagos, puisqu'elle à
échappé aux recherches de M. Darwin.
LES SMECTIQUES.
Smecticus, Nob.
Nous avons séparé des Grammistes, Percoïdes à
dents en velours et à deux dorsales, les Savonniers qui
ont une seule nageoire étendue sur le dos. Cette na-
geoire est remarquable par le petit nombre de rayons
épineux qui la soutiennent. L'absence d’épines à
l’anale, si rares dans les poissons osseux, constituent
les caractères génériques des denx seules espèces
connues de l'Atlantique.
L’Archipel des Galapagos a donné un nouveau genre
que l’on pourrait facilement confondre avec les Savon-
niers, si On m'attachait pas assez d'importance au
nombre des rayons épineux de la dorsale et à l’absence
des épines de l’anale.
En effet, le poisson que j'ai sous les yeux a des
dents en velours, des épines à l'angle du préoper-
eule et à l’opercule, caractères qui conviennent aux
Ryptüicus et aux Grammistes. Mais ces derniers on
— 306 —
deux dorsales; par conséquent le poisson, dont il
va être parlé avec détail, ne peut être de ce genre.
Sa forme générale, la brièveté de sa dorsale couchée
sur le dos, la forme de l’anale, la dentition l’appelle-
raient auprès des Rypticus ; mais ceux-ci n’ont que trois
rayons à la dorsale et en manquent à l’anale, tandis
que la nouvelle espèce en a dix à la dorsale et deux à
l'anale. Je n'avais pas cru d’abord, à cause de cette
différence dans les rayons des deux nageoires verti-
cales , faire un genre de notre nouveau poisson, parce
que tout le reste du poisson me paraissait le placer
avec les Savonniers de l'Atlantique. Aussi c’est sous ce
nom générique qu'il a paru dans Patlas, pl. I, fig. 2;
mais en l'étudiant avec plus de soin, je trouve dans
ces formes , d’un poisson de l’Atlantique, plusieurs ca-
ractères empruntés aux Grammistes du grand Océan
Indien. Il a, comme eux, deux épines à l’anale et une
dorsale soutenue par plusieurs rayons épineux ; mais
il n’a, comme les Savonniers, qu’une seule dorsale.
C'est donc un assemblage des caractères des deux
genres. L'importance de ces caractères m'a déterminé
à considérer cette nouvelle espèce comme un genre
nouveau, et elle servira à fixer d’une maniere plus
étroite et plus philosophique les caractères des Ryp-
ticus, qui rentrent dans les formes générales des
Percoïdes à une seule dorsale et à dents en ve-
lours.
Le nom de Smecricus que je donne à ce nouveau
genre rappelle les aflinités des Savonniers avec l’espèce
que je vais décrire sous le nom suivant :
— 307 —
PLANCHE IL. — Fic. 2.
SMECTIQUE AUX DEUX COULEURS.
Smecticus bicolor, Val.
(Ryplicus bicolor, pl. I, fig. 2.)
Cette espèce a le corps allongé. La ligne du profil
est assez soutenue sur la nuque, puis elle s’abaisse et
se rend assez droit à la queue, celle du ventre est plus
horizontale. La hauteur est à peu de chose près le cin-
quième de la longueur totale; la queue n’a pas tout à
fait moitié de la hauteur prise à la nuque.
La tête est trois fois et quatre cinquièmes dans Ja
longueur totale ; le préopereule est arrondi, et le Himbe
est armé vers le haut d’une épine plate, triangulaire,
assez forte. L’opercule a deux pointes plates et plus
petites que la précédente ; œil est éloigné du bout du
museau d’une fois son diamètre, lequel est le cinquième
de la longueur de la tête.
La bouche est peu fendue ; les dents sont égales et en
cardes fines, sur une bande étroite aux deux mâächoires,
aux palatins et sur le chevron du vomer; la langue est
libre, étroite, pointue et lisse.
La dorsale s'élève à peu près au tiers de la longueur ;
assez au delà de l'insertion de la pectorale ; elle a dix
rayons épineux, assez bas, et dont les trois premiers
sont cependant un peu plus haut que les suivants; la
dorsale, l’anale, la caudale et les pectorales sont ar-
rondis , les ventrales sont petites.
B760-10/2vs, Aa /haislC: 195 P. a93 V.-1/5,
— 308 —
Les écailles sont très-petites , j'en compte cent vingt
rangées au moins entre l’ouie et la caudale.
La ligne latérale remonte en se courbant vers le dos,
puis elle s’infléchit lentement , de manière à se terminer
par le milieu de la hauteur de la queue, tandis qu'elle
s’est maintenue sur le tronc par le cinquième ou le quart
de la hauteur.
Ce poisson est d’un beau rouge vermillon, marbré
plus clair , avec toutes les nageoires noires.
L'exemplaire qui est déposé dans les collections na-
tonales du Muséum est long de 0®,230.
GENRE CIRRHITE.
Le genre des Cirrhites ne se compose jusqu’à présent
que d’un petit nombre d'espèces, presque toutes remar-
quables par la vivacité de leur couleur, mais les individus
restent dans de petites dimensions. Le Girrhite que je vais
faire connaître, sans être encore très-grand, atteint à la
taille d’une Carpe ordinaire. Pour ceux qui s’en tien-
draient sans aucun examen à la diagnose du genre
Cirrhite, je ne m’étonnerais pas de voir placer le pois-
son que je vais décrire dans un genre distinct des Cir-
rhites. Ceux-ci ont, entre autres caracteres, le bord
montant du préopereule dentelé; or, sur lPindividu que
j'ai sous les yeux, je ne puis apercevoir aucune dente-
lure le long du bord de cet os. Mais 1l faut faire atten-
tion que l'individu dont il s’agit a le double au moins
de grandeur des autres Cirrhites connus , etil faut alors
se rappeler que dans beaucoup de Percoïdes , et no-
300
tamment parmi les Serrans, nous voyons les dentelures
s'évanouir avec l’âge du poisson. Notons aussi que
dans le Cirrhites pantherinus" , les dentelures sont d’une
finesse excessive, et qu’on ne les aperçoit qu'à l’aide
d’une forte loupe. L'exception ou l’absence de dente-
lures au préopercule doit devenir un caractere peu im-
portant quand nous trouvons que ce poisson offre tous
les autres Caractères du genre auquel nous le rappor-
tons. Nous observons, en première ligne, les rayons
simples de la pectorale , et les dents vomériennes ; puis
la disposition des dents des màchoires, et l’ensemble
du facies ne peuvent laisser aucun doute.
PLANCHE IIL.— Fic. 1.
CIRRHITE RIVULÉ.
Cirrhites rivulatus. Val.
La nouvelle espèce de Cirrhites que je vais décrire est
la plus grande et une des plus ornées dans ce genre.
Son corps épais est assez élevé à la nuque et au
devant de la dorsale; puis il diminue assez prompte-
ment de hauteur, de façon que celle du tronçon de la
queue derrière la dorsale n’est plus que du tiers de
celle du tronc à la région des pectorales. Cette hauteur
est comprise trois fois et cinq sixièmes dans la longueur
totale. Celle de la tête égale la hauteur du tronc. Le
front est creusé en une sorte de gouttière entre les deux
veux. Une crête bifurquée arrête cette gouttière , et forme
1 Cuv., Val., Hist. nat. Poiss., & IIT, p. 70.
— 310 —
une coulisse dans laquelle jouent les pédicules des
intermaxillaires : l’œil est placé très-haut sur la joue;
son orbite entame fortement la ligne du profil. Son
diamètre fait le quart de la hauteur, et plus du sixième
de la longueur de la tête. Il est éloigné du bout du mu-
seau de deux fois la longueur de son diametre.
A peu de distance de l'œil sont les deux ouvertures
de la narine. La postérieure est petite et rapprochée du
cercle de l'orbite; la premiere, plus en avant, est munie
d’une forte caroncule charnue. Le sous-orbitaire, étroit
et oblong, est entièrement caché sous une peau épaisse.
Le préopercule a le bord arrondi en demi-cercle , et re-
couvert aussi sur tout le limbe par un cuir très-épais.
Le reste de la joue a de tres-petites écailles. L’oper-
cule à une pointe plate et mousse, son bord membra-
neux est large et anguleux. Le sous-opercule est petit,
et l’interopercule est grand et nu. La gueule est large et
bien fendue. La mâchoire supérieure à quatre fortes ca-
nines, puis un rang de dents coniques le long du bord,
et derrière, une bande de dents en velours. A l’inférieure
on trouve un groupe de dents en velours, et une petite
canine sur le rang externe ; puis sur les côtés deux ca-
nines plus grosses, ensuite une quatrième grande, forte
et conique, suivie d’une plus courte, et de plusieurs
plus petites dans l’angle. Le groupe de dents vomé-
riennes est tres-sensible. La dorsale antérieure est basse,
soutenue par de fortes épines; une échancrure bien
prononcée la sépare de la seconde qui est beaucoup
plus haute. La caudale est coupée carrément ; l’anale
est longue et étroite. La pectorale grande à ses rayons
— 311 —
branchus plus longs que les simples. On en compte sept
de ces derniers. De très-petites écailles montent sur
la membrane des nageoires impaires, principalement
sur la dorsale.
D'ioius À 3163 Can: P9-6 5 V. 1/5:
Le tronc est recouvert d’écailles solides, et beaucoup
plus grosses que celles du préopercule. Elles sont très-
finement striées et chagrinées. J'en trouve environ
quarante-cinq entre l’ouïe et la caudale. La ligne laté-
rale est droite et par le tiers de la hauteur.
Ce poisson a le corps vert-olive plus ou moins foncé.
Sur ce fond on voit des taches plus claires, bordées d’o-
live foncé, et liserées de beau bleu de cobalt. Ces mar-
brures et les rivulations qui les bordent forment cinq
grandes et larges bandes sur le tronc. Quatre bandes
olive rembruni, et liserées de bleu de cobalt traver-
sent les joues , une sur le sous-orbitaire , deux sur le
préopercule , et la quatrième à l’angle de l’opercule.
Deux autres taches oblongues entourées d’une ellipse
bleue, sont à la base de la pectorale; les nageoires
olivâtres ont des rivulations bleues. Elles forment sur
la caudale une sorte de réseau hexagonal qui doit
être fort agréable à voir pendant la vie de ce beau
poisson.
La longueur de l'individu donné au Muséum d’his-
toire naturelle, par M. de Fréminville, est de 0",445.
Je ne vois pas de Cirrhite cité dans le travail de
M. Jenyns. Est-ce une preuve que ce poisson soit rare
aux Galapagos ?
— 312 —
GENRE SCORPENE.
La famille des Percoïdes à joues cuirassées par le
sous-orbitaire articulé avec le préopercule, a donné,
dans les mers des Galapagos, plusieurs espèces inté-
ressantes pour lIchthyologie. M. Darwin y a trouvé
un Prionote nouveau, que M. Jenyns a fait connaître
sous le nom de Prionotus Miles.
Le genre des Scorpènes, limité par M. Cuvier aux es-
pèces qui ont la tête grosse armée d’épines, et dont la
dentition se développe sur les maxillaires , les palatins
et le chevron du vomer, a aussi fourni au même natu-
raliste une espèce qui a pris rang, en Ichthyologie, sous
le nom de Scorpæna histrio. Elle est différente de celle
que j'ai à décrire.
Les Scorpènes sont propres aux mers équatoriales ou
à celles qui baignent les parties chaudes des zones
tempérées : nous avons démontré dans notre [chthyo-
logie que les poissons des mers du nord de l’Europe
rangés, avant nous, parmi les Scorpènes appartiennent
à des genres différents. Une seule des Scorpènes d'Eu-
rope, le Scorpæna Porcus se montre à de rares inter-
vales dans la Manche. L’Atlantique européen, et le
grand bassin de cet Océan , compris entre l’Afrique et
l'Amérique, en nourrit moitié moins d'espèces que la
mer de l'Inde. Puisque les espèces sont plus communes
dans le grand Océan Indien , 1l n’est pas surprenant que
M. Darwin et M. l'amiral Dupetit-Thouars aient donné
l’occasion d’en faire connaître aux Ichthyologistesde nou-
— 313 —
veiles, pendant la relàche qu’ils ont faite aux Galapagos.
A cause des couleurs rouges dont les côtés de la tête
sont colorés , ce qui rend les joues du poisson comme
fardées , je propose de désigner cette nouvelle espèce.
PLANCHE II. — Fic. 2.
LA SCORPÈNE FARDÉE.
Scorpæna fucata, Val.
Cette Scorpène rappelle par ses marbrures et par ses
écailles notre Scorpæna scrofa de la Méditerranée : mais
elle n’a pas comme elle le corps couvert de lambeaux
cutanés. Elle a les crêtes des joues et de la tête plus pro-
noncées. Le tronc, gros ettrapu, est à peu près rond à la
région pectorale, car le diamètre transversal mesure les
six septièmes de la hauteur, l'épaisseur de la queue est
encore moitié de la hauteur. La tête est grosse et longue
comme dans toutes les espèces de ce genre; la lon-
gueur est à peu de chose près le tiers du corps entier.
Les yeux sont gros et saillants. Le diamètre est com-
pris trois fois et quatre cinquièmes dans la longueur de
la tête. L'intervalle qui les sépare est égale à la moitié
du diamètre. Il est profondément creusé à cause de la
hauteur des crêtes surcillières. Chacune porte en avant
une trés-forte épine, en arrière deux très-courtes. Une
petite carène frontale peu saillante s’avance jusqu’au
delà de la narine, et elle est armée d’une forte épine.
Derrière les épines postérieures de la crête de l'orbite,
on voit une épine mastoïdienne réunie à celle du côté
opposé par une crête transversale, et au delà il existe
— 31h —
deux autres épines dont la dernière est la plus forte ;
elles sont réunies par une crête transversale occipitale
concave , et moins élevée que celle qui précède. Je vois
derrière l'œil deux petites épines comprimées , tran-
chantes, mais peu élevées, dont la plus grosse est au-
dessus de l'articulation du préopercule ; puis je compte
deux épines oblongues sur le suscapulaire, et enfin une
épine termine le haut du scapulaire. L’intervalle entre
toutes ces petites épines est semé de granulations os-
seuses quelquefois hérissées.
Le préopercule arrondi porte trois fortes épines à
son angle , et deux sous le limbe horizontal.
La crête du premier sous-orbitaire qui traverse et
cuirasse la joue, se rend à l’épine supérieure ; le bord
inférieur du sous-orbitaire est armé de quatre épines.
L’opercule a deux fortes carènes divergentes et ter-
minées chacune par une pointe aiguë qui dépasse le bord
de l'os. Les dents des mâchoires sont en velours assez
rare; celles des palatins et des chevrons du vomer
sont en cardes ; ces dernières sont un peu plus fortes.
La dorsale avance vers l’occiput de manière que le
quatrième rayon épineux correspond à l’angle de l’oper-
cule. La portion molle n’occupe en iongueur que la
moitié de la portion épineuse. Les rayons épineux de
l’anale sont très-forts; la caudale est tronquée. La pec-
torale dépasse un peu le tiers de la longueur du tronc.
Les ventrales sont petites.
B. 7; D. 12/10; A. 3/5; C. 15; P. 19, dont 9 simples; V. 1/5.
Les écailles sont assez grandes et lisses : l'en compte
LE ? J
— 315 —
quarante-deux rangées entre l’ouïe et la caudale. La
ligne latérale est presque droite.
Le fond général de la couleur est un vert d’eau
plus clair sous le ventre , et plus vif et plus foncé sur la
tête ; les joues sont colorées d’un beau rouge marbré
plus foncé sur le préopercule et sur les crêtes. Les taches
du dos et des flancs sont lie de vin. La dorsale a le
fond vert, un peu citrin, avec des taches lie de vin
claires : le bord de la portion molle est rosé. La cau-
dale a la base verte, et le bord libre rosé assez vif; je
vois trois rangées de points rouges sur la base de la
pectorale qui est verte avec le bord rosé.
L’anale et les ventrales vertes n’ont aucunes taches.
La longueur de l'individu est de 0,225. |
GENRE MYRIPRISTIS.
Parmi les Percoïdes nous avons signalé un certain
nombre de poissons qui ont plus de cinq rayons aux ven-
trales. Il est assez curieux de voir comment la nature offre
tout d’un coup une déviation à un nombre aussi géné
ralement adopté par elle pour presque tous les Acanthop-
térygiens. On aurait pu croire à l’établissement d’une loi
qui n'aurait pas manqué d’être soutenue par une com-
paraison naturelle. On considère les nageoires paires,
comme les représentants des quatre membres des ver-
tébrés. Les pectorales correspondent aux membres an-
térieurs , et les ventrales aux postérieurs. Trouver dans
la généralité des espèces cinq rayons articulés aux na-
geoires ventrales , donnait lieu de croire que ce nombre
— 6 —
variable pour les pectorales rappelait au moins celui
des doigts des membres du plus grand nombre des ver-
tébrés ; mais une exception se présente dans les Holo-
centres, les Myripristis, les Bervx, dont le nombre est
souvent de sept, et dépasse quelquefois pour attemdre
à celui de dix.
Les Mvripristis sont, à l'exception d’un seul, origi-
naires du grand Océan. L’Atlantique en nourrit un
connu dans les Antilles sous le nom de FRÈRE JACQUESs ;
c'est notre Myripristis Jacobus.
Celui des Galapagos a beaucoup de rapport avec cette
espèce; je lui trouve un caractère saillant et distinctif
dans ses mâchoires lisses ; c’est ce qui me le fait ap-
peler :
PLANCHE IV. — Fic. 1.
LE MYRIPRISTIS AUX MACHOIRES LISSES
ou MYRIPRISTIS LEIGNATHE
Myripristis Leignathos.
Ce Myripristis est également voisin de celui qui a été
trouvé au port Praslin de ia Nouvelle-Irlande, et que
nous avons nommé M. Parvidens, à cause de la peti-
tesse de ses dents. Celui dont nous nous occupons a les
dents au moins aussi petites, et il offre comme lui, le
caractère de manquer de dentelures à l’angle du maxil-
laire ; mais il à l’intervalle entre les yeux plus étroit,
œil plus grand, et les nombres un peu différents.
Ce poisson a, comme la plupart de ses congénères, le
corps en ovale régulier, jusqu’à la naissance du tronçon
— 817 —
de la queue. La hauteur fait près du üers de fa Jon:
gueur totale. L’épaisseur n’est guère que moitié de la
hauteur.
La tête est courte , sa longueur est comprise trois fois
et trois quarts dans la longueur totale. L’œil est grand ;
cependant son diamètre est un peu moindre de la
moitié de la longueur de la tête. L’orbite n’entame pas
la ligne du profil, mais 1l la touche.
L'intervalle entre les deux veux égale ie quart de la
longueur de la tête. Les deux ouvertures de la narine
sont petites, rapprochées l’une de l’autre et de l'orbite,
la postérieure a une fente oblongue plus grande que
l’antérieure. Les palmures du crâne sont peu profon-
dément ciselées, et précédées de deux arêtes di-
vergentes entre les veux. Sur le devant du crène est
une échancrure pour recevoir les pédicules des inter-
maxillaires. Le sous-orbitaire est étroit, et a ses deux
bords faiblement dentelées. Le préopercule, l’opercule,
et l’interopercule sont aussi finement dentelés; le bord
du sous-opercule est lisse , et n’a aucune dentelure ni
épine.
L'intermaxillaire a le bord étroit, le maxillaire a
quelques stries très-fines , son angle est arrondi , il n’a
aucune épine ni dentelure. L’os de Pépaule est éga-
lement lisse. La dorsale à des rayons grêles, dont le
second , double du premier, est compris deux fois et
demie dans la hauteur du tronc mesuré sous lui: les
rayons commencent à diminuer à parür du cinquième ;
le dernier est très-petit, et presque entièrement caché
dans la rainure de la dorsale, Le premier rayon de à
ICHTHYOLOGIE, 29
— 318 —
seconde dorsale est une épine assez forte; cette na-
geoire est assez nettement séparée de la précédente. La
caudale est peu échancrée ; les épines de lPanale sont
courtes,
Dita 1hies À 48 Gr 62 abs Years
Les écailles ont le bord strié et même dentelé, j'en
compte trente-huit rangées entre l’ouïe et le caudale.
La ligne latérale suit parallèlement à la courbure par le
quart supérieur de la hauteur.
La couleur est un beau rouge vermillon à reflets
dorés, qui rendent le poisson très-brillant.
La longueur de l'individu que je décris est de 0",165.
DU GENRE DOYDIAODON.
La famille des Sciénoïdes est représentée aux Gala-
pagos par des espèces dont nous ne connaissons en-
core qu'un très-petit nombre. M. Jenyns n’en a eu que
trois à faire connaître, et la collection de l'amiral
n’en fournit pas une seule. De ces trois espèces, l’une
vient augmenter un genre qui compte déjà beaucoup
d'espèces, celui des Pristipomes. Mon savant collègue
l'a nommé Pristipoma cantharinum, parce que ses teintes
rappellent celles du Cantharus griseus de la Manche; les
formes de ce Pristipome sont celles des espèces de l’Atlan-
tique, et principalement du Pristipoina rubrum, à cause
du peu de force du second rayon épineux de l'anale. I
a cependant le museau un peu plus arrondi.
Un second Sciénoïde, le Latilus princeps, augmente
— 319 —
ce genre peu nombreux, dont nous avons décrit trois es-
pèeces, Lac. argentatus ", Lat. doliatus* et Lat. chrysops? ;
car je ne parle pas ici de mon Latilus jugularis qui offre
une légère différence avec celles-ci.
Je trouve encore dans le travail de M. Jenyns une
intéressante découverte due à M. Darwin, dont le z00-
logiste du Beagle a fait le genre Prionodes. Il faut toute
la juste confiance que l’on doit ajouter aux travaux de
mon célèbre confrère, pour ne pas être plus étonné de
la nouvelle combinaison de caractères zoologiques que
la nature a faite dans ce poisson. On pourrait dire, si
l’on osaits’exprimer ainsi, que le Prionode estun Serran
auquel la nature a enlevé les dents du palais. Les cou-
leurs de la seule espèce vue par M. Jenyns sont égale-
ment très-semblables à celles de nos Serrans communs.
Je n'ai trouvé aucune de ces espèces intéressantes,
mais les naturalistes de la Vénus ont eu le bonheur de
prendre deux autres poissons de la famille des Squam-
mipennes dont M. Darwin ne me parait avoir trouvé
aucun représentant. L'un d’eux constitue dans lesSquam-
mipennes un genre nouveau des plus remarquables qui
vient s'ajouter à la petite tribu des Squammipennes à
dents tranchantes. Celles de l'espèce sur laquelle nous
établissons ie genre Doypixopox sont différentes des
dents des Piméleptères et des Diptérodons, et à cause
de leur grand nombre et de leur finesse, ‘elles fixent
les rapports qui lient les deux genres Piméleptères et
Cuv., Val, fist. nat. Poiss., t. V, pag. 569 et 571.
* Eorumdem, ibid., t. IX. Supplément au
pag. 496.
volume V,
400 —
Diptérodons de la grande famille des Squammipernes.
Les deux genres nommés plus haut me paraissent y
représenter les Perches, les Bars , les Apogons et autres
genres qui forment la première famille des Percoïdes à
deux dorsales ; je crois donc que la tribu dénommée
d’après les dents dans notre Histoire des Poissons,
tt VII, p. 25%, serait caractérisée plus philosophi-
quement par le nom de Squammipennes à deux dor-
sales. Elle deviendrait sous ce nom le groupe parallele
à notre Perche et aux espèces voisines. Le genre
Doydixodon devient le Hen qui unit cette tribu à celle
des autres Squammipennes à une seule dorsale; car
la nageoire dorsale du poisson, dont il va être traité
dans cet article, est unique, mais les derniers rayons
beaucoup plus bas que ceux qui les précèdent, laissent
aisément croire à la présence de deux nageoires. Ce-
pendant on acquiert bientôt la preuve de leur connexité
et de leur continuité en enlevant les écailles étendues
depuis le troisième rayon jusquesur la fin de la nageoire.
Toutes les autres nageoires sont écailleuses, à la ma-
nière des Chætodons, des Holacanthes et de tous les au-
tres groupes génériques de la famille. Il n'y a done
aucun doute possible, par lexamen de ce caractère,
sur la place à assigner à notre nouveau genre.
Les dents, quoique différentes, sont cependant faites
d’aprèsle plan de celui des Pimélepteres, mais en mar-
chant vers la figure des dents des Chætodons. Elles
sont en effet implantées sur plusieurs rangs. Elles pa-
raissent d'autant plus longues sur le poisson desséché,
que l'on en voit toute la racine, à cause du retrait des
“ie
parties molles de la lèvre sur laquelle elies sont évidem-
ment mobiles. Cette racine forme un talon dirigé
presque à angle droit sous la couronne , comme dans
le Piméleptère, mais elle est rejetée ou reculée en ar-
rire ; la dent est done un peu coudée. La couronne est
en forme de cuilleron. Les germes se développent au
fond d’une gouttière de l’os. Ces dents très-nombreuses
descendent après leur croissance , et sont prises par la
lèvre avec laquelle elles restent mobiles; mais comme
elles sont chassées par la succession incessante des nou-
veaux germes, elles finissent par se souder sur plusieurs
rangs sur le corps de los en dedans et hors de la lèvre,
et elles font ainsi une seconde rangée interne que le
retrait des parties molles rend encore plus sensible.
L'étude de cette curieuse dentition fournit une nou-
velle preuve de ce que J'ai souvent vu dans lhistoire de
l’Ichthyologie. La nature, dans sa force créatrice, si
puissante et si active, trouve toujours le moyen, en em-
ployant les mêmes éléments dans des conditions ana-
logues , d'arriver à un résultat qui paraît tres-différent.
Si l'os de la mâchoire ne contenait pas le germe des dents
dans cette rainure, si la lèvre qui recouvre l'os ne venait
pas les prendre, mais laissait ces germes adhérer sur la
face extérieure de l'os; nous aurions dans cette famille
une mâchoire de Scare ou de Tétrodon. La nature à em-
ployé le mode de formation et de succession des dents de
ces derniers, en conservant au produit le caractère des
dents longues, grêles, serrées les unes contre les autres
de la famille des Squammipennes. Ces études détaillées
des différences établies par la nature font comprendre
parfaitement la structure des mâchoires des Scares ou des
Fétrodons tels que Cuvier l’a expliquée.
Je n’ai pu compter que cinq rayons à la membrane
branchiostége, les Piméleptères en ont sept, dont quatre
seules sont faciles à trouver ; 1l faut pour observer les
autres une dissection attentive. Jai cru que les Diptéro-
dons n’en ont que six ; on ne doit pas s'étonner que ce
nombre vienne à varier dans un autre genre. Mais comme
je n’ai examiné qu'un exemplaire desséché , il ne serait
pas impossible que des naturalistes plus heureusement
placés que moi ne trouvassent un nombre plus grand de
rayons sur un individu conservé dans l'alcool, et sur
lequel on pourrait compter les rayons à laide du
scalpel.
Il résulte donc de ces observations que les Doydixo-
dons sont des Squammipennes à une seule dorsale forte-
ment échancrée et comme divisée au devant de la portion
molle ; que les dents mobiles sur les lèvres, et implantées
sur plusieurs rangs, ont la couronne dilatée, arrondie
en dehors et creusée en cuilleron en arrière ; le palais
est lisse et les opercules n’ont ni épines ni dente-
lures.
La membrane branchiostége est soutenue par cinq
rayons.
Je ne connais encore qu’une seule espèce de ce genre
remarquable, que je me fais un plaisir de dédier à
M. de Fremimville, oflicier de marine fort instruit, qui a
rendu de grands services aux sciences naturelles sous
la direction scientifique qu'il a reçue de M. Alexandre
Brongniart et aux soins éclairés duquel les collec-
re 99
uüuons du Muséum d'histoire naturelle sont redevables
des produits ichthyologiques de l'expédition de la
Vénus.
LE DOYDIXODON DE FREMINVILLE.
Doydixodon Freminvillu , Val., Poiss. Fénus, pl. 5.
La régularité du profil, la grosseur et la largeur de la
tête, rappelle la forme générale de nos Carpes , en même
temps que la forme horizontale de la bouche, l’épais-
seur des lèvres et des mâchoires et leur mouvement
rattacheraient cette singulière espèce au groupe des
Muges.
Ce poisson à des formes trapues. La hauteur du
tronc est trois fois et un tiers dans la longueur totale;
l’épaisseur mesure les deux tiers de la hauteur; la
tête est courte et large, le museau très-gros et obtus:
l’échancrure de l’occiput, marquée par le sinus rentrant
de l’attache des muscles du dos, atteint au moins au
milieu de l'œil; l'intervalle qui sépare les deux yeux
égale deux fois et demi leur diamètre. I n’y a que
deux diamètres au devant de l'œil, et encore cela dé-
pend-il de l’épaisseur de la lèvre. L’orbite est tout à
fait sur le haut de la joue; le diametre de l'orbite est
trois fois et un tiers dans la longueur de la tête; le sous-
orbitaire, caché sous une peau tres-épaisse, estau devant,
mais peu au dessous l'œil; son bord postérieur est
échancré en arrière ; le préopercule, légèrement courbé,
est haut et étroit; le limbe et la joue sont entièrement
couverts d’écailles, tandis que les trois autres pieces de
mn
l'appareil operculaire en sont totalement dépourvues ;
elles n’ont ni épines ni dentelures; les lèvres sont
d’une épaisseur remarquable, ainsi que les intermaxil-
jaires ct la mâchoire inférieure. Les premiers ont une
branche montante assez prononcée pour rendre la bouche
un peu protraclile, los lui-même est creux, et contient
dans sa racine, recouverte par lalèvre, les germes nom-
breux des dents très-singulières de ce poisson. Il ne
n'est pas diflicile d'en compter sept à huit rangées. Les
dents mobiles dans l’épaisseur de la lèvre descendent au
fur et à mesure qu'elles sont poussées par les rangées
supérieures, et alors elles se soudent avec le corps
aplati et élargi de lintermaxillaire. Cet os est formé
d’une jame arquée, étroite à l'angle de la bouche, mon-
tant en s’élargissant de manière à présenter une plaque
triangulaire , dont le bord interne se courbe pour com-
piéter Paxe dentaire en se réunissant à l’intermaxillaire
opposé. Le bord externe de los se porte en arrière et
forme une voûte à parois minces pour constituer la rai-
nure où sont les germes dont j'ai parlé plus haut, et
être recouvert par les lèvres épaisses qui sertissent les
premières rangées de dents mobiles, avant qu’elles ne
descendent se souder sur le corps de l’intermaxillaire.
Le maxillaire mince est aplati en lames cachées derrière
la lèvre, sous le bord hbre du sous-orbitaire, mais il se
plie en se contournant sur lui-même en formant une large
palette que lPon voit à l'angle de la bouche le long des
branches de la mâchoire inférieure. Celles-ci sont faites
comme l'intermaxillaire, c’est-à-dire que leur branche
s'élargit en avant el en dedans en une palette triangu-
— 325 —
laire qui vient se poser sur la plaque supérieure de l’in-
termaxillaire quand la bouche est fermée. Elle porte de
‘oème les dents fixées à l'os, mais en dehors l'os se
creuse en une large gouttière recouverte par une lèvre
épaisse garnie de dents. La description de ces différents
os et leur mouvement prouvent que j'ai eu raison de
les comparer à ceux de la bouche des Muges; ils en dif-
fèrent cependant beaucoup par la dentition. Le palais est
lisse et sans dents; l’ethmoïde forme à l'extrémité au
devant du chevron du vomer deux grosses éminences
boursouflées; les palatins sont élargis en deux lames
latérales et presque verticales.
Les dents ont une forme très-particulière. Portée sur
uu très-long talon, la couronne ressemble à un petit
cuilleron , pl. 5-C., redressé et faisant un angle avec la
tige radicale. Elles sont serrées par lignes obliques va-
riant de six à quatre même à deux seulement près de
l’angleexterne; ces dents gencivales sont suivies d’autres
semblables, maïs beaucoup plus petites, qui sont fixes
sur le corps de los. Sur les côtés de chaque màchoire, il
n'y à qu'un seul rang de petites dents de même forme ;
la dessiccation et le retrait de la lèvre paraissent dis-
tribuer ces dents sur deux rangées distinctes, ainsi que
cela est représenté pl. 5, A-B.
La dorsale épineuse est beaucoup plus basse que la
portion molle, ce qui peut faire croire à deux dorsales;
als comme les écailles remontent sur la base de la
partie postérieure, on retrouve ici ce que présente un
grand nombre de Squammipennes. Le premier ravon
répond au second tiers de la pectorale; ces espèces
— 326 —
sont courtes et fortes. L’angle de parties molles est ar-
rondi, le postérieur est aigu, la caudale et l’anale sont
échancrées ; la pectorale , pointue à son extrémité, a le
bord inférieur arrondi.
B.93:D.12/20: À. 3/19: G'25; P° 285.10.
Je compte de quarante à quarante-cinq rangées
d’écailles entre l’ouie et la caudale ; elles sont épaisses,
solides, plus hautes que larges, à surface sculptée ou
ciselée; elles diminuent à mesure qu’elles s’avancent sur
les nageoires, etsur la nuque et les scapulaires; celles des
préopercules sont aussi très-petites; le reste de la tête
en est tout à fait dépourvu.
La couleur est un vert rembruni et presque noirâtre
sur le dos et le sommet de la tête. Les nageoires et sur-
tout les portions épineuses de la dorsale sont claires.
La longueur de l'individu est de 0,430.
GENRE HOLACANTHE.
Le second Squammipenne rapporté par la Vénus ap-
partient à un genre bien déterminé par Lacépède, mais
il est d’une espèce nouvelle, que M. Darwin n'a pas
trouvée.
Le genre des Holacanthes, représenté dans PAtlan-
tique par deux espèces seulement (Ho. ciliaris et Hol.
tricolor, Lac.) , est nombreux dans tout le grand Océan
indien. L'espèce nouvelle que j'ai à faire connaitre res-
semble le plus par la distribution des couleurs au Chæ-
todon asfur de Forskal, originaire de la mer Rouge.
— 327 —
Elle en diffère par les teintes des couleurs et par un
caractère plus important. Le préopercule du Hol.
asfur n'a pas de dentelures sensibles ; elles sont au
contraire très-prononcées le long du bord montant du
préopercule de notre poisson.
Comme le mot asfur, que les Arabes de Lohaja donnent
à cet Holacanthe, signifie Moineau , j'ai voulu rappeler,
par l’épithète de l'espèce nouvelle, son aflinité avec
l’'Holacanthe de la mer Rouge.
PLANCHE VE.
L'HOLACANTHE MOINEAU.
Holacanthus passer, Val,
Cette espèce nouvelle d’'Holacanthe est, comme Je
viens de le dire, voisine de lHolacanthus asfur du
Forskal.
Son corps est comprimé, et le profil du tronc en
ovale régulier assez allongé. La hauteur est deux fois
et demie dans la longueur totale ; la tête est courte, le
museau fait une courte saillie. La bouche est petite, peu
fendue, ses dents longues et fines sont serrées les unes
contre les autres. L’œil est au haut de la joue. Il est
écarté de l’autre d’une fois le diamètre qui mesure un
peu du tiers de la longueur de la tête ; celle-ci est com-
prise cinq fois dans la longueur totale du corps. Le
sous-orbitaire, aussi haut que l'ail est large, porte quatre
épines courtes, mais fortes sur le bord libre. Le pré-
opercule à son bord oblique fortement dentelé, IF donne
— 328 —
de son angle un long et grand aiguillon strié qui atteint
jusqu’à la pectorale, et au-devant de lui il y a sur le
bord horizontal une épine courte et forte. L’interoper-
cule porte trois fortes pointes aiguës ; les deux autres
os cachés sous les écailles n’ont aucunes épines ni den-
telures.
La dorsale est étendue tout le long du dos, en partie
cachée à partir du troisième rayon sous les écailles
nombreuses qui la revêtent. L’angle de la portion molle
se prolonge en un lobe pointu, tres-aigu, ce qui rend, à
cause de la briéveté de l'angle postérieur, le bord de
cette nageoire très-fortement échancré. L'anale ressem-
ble à la dorsale, mais elle est plus courte ; la caudale est
tronquée , la pectorale secondaire arrondie en dessous,
les ventrales sont un peu plus longues.
B..75 D. 14/18, À SN8:Ca7s p.178 V, al5.
Ce poisson est couvert d’écailles épaisses, solides, et
très-profondément striées, ce qui rend sa surface très-
rude. Je compte soixante-quinze à quatre-vingts rangées
d'écailles entre l’ouïe et la caudale qui est comme les
autres nageoires, et toute la tête couverte d’écailles
semblables à celles du corps, mais beaucoup plus pe-
üites. La ligne latérale suit la courbure du dos par le
quart de la hauteur.
La couleur est un brun uniforme traversé par
une large bandelette argentée descendant sur le tronc
à la hauteur de la sixième épine dorsale. La partie
épineuse de cette nagcoire, la caudale, les pectorales
et les ventrales, sont d’un jaune soufre. La dorsale
— 329 —
et l’anale sont bordées d’un trait jaune liséré de
brun.
La longueur de l’exemplaire est de 0°,265.
DU GENRE DAURADE.
Le Sparoïde que j'ai à faire connaître dans cet article
pourraient tout aussi bien être placés parmi les Pagres
que dans le genre des Chrysophrys. C’est une de ces
espèces intermédiaires difficiles à placer, parce qu’elles
ont des caractères qui tiennent de plusieurs groupes.
Ce Sparoïde a en effet, comme les Pagres, des dents
molaires sur deux rangs; comme les Pagels, des dents
en cardes assez fines derriere les incisives, et il a, comme
les Daurades, des molaires rondes ou ovales, à cou-
ronne tellement large, que j'ai trouvé dans le dévelop-
pement de ce caractère un trait plus saillant des Chrv-
sophrys que de tout autre genre.
Je concevrais cependant que des naturalistes vinssent
critiquer la place que j'ai assignée à ce poisson; ce-
pendant je vois avec plaisir que je trouve le même sen-
timent dans M. Jenyns. M. Darwin a rapporté cette
même Daurade. Elle est décrite est figurée, dans la zoo-
logie du Beagle*, sous le nom que je m'empresse ici
d'adopter, afin de ne pas augmenter la liste des
synonymes, déjà trop nombreux. M. Jenyns n'a eu,
comme moi, que cette seule espèce de la famille des
Sparoïdes.
1 Jenyns, Fish. of Beagle, pag. 56, pl. 12.
— 330 —
PLANCHE IV. — Fc. 2.
LA DAURADE CYANOPTÈRE.
Chrysophrys Taurina, Jen. ?.
Ce poisson a le prolil de nos Spares à museau tron:
qué, la courbe du dos arquée et très-soutenue vers la
nuque, la ligne du ventre presque droite.
La hauteur est comprise trois fois et quatre cinquièmes
dans la longueur totale. La tête, à peu près aussi courte
qu'elle est haute, est aussi comprise quatre fois et un
tiers dans la longueur totale. L’œil est grand sur le haut
de la joue. Le sous-orbitaire forme sur le devant de la
joue un large trapèze recouvert par une peau adipeuse.
Le préopereule est étroit et couvert de cinq à six rangées
d'écailles. Tout lopercule, le sous-opercule et linter-
opercule sont cuirassés par de fortes écailles semblables
à celles du tronc. Les deux premiers de ces os sont
confondus sous les écailles qui les cachent. Il y a trois
rangées de dents molaires à la machoire d'en haut, les
dernières du rang interne sont rondes et les plus
grandes. La mâchoire inférieure n’en a que deux ran-
gées. Le devant de la bouche a quelques dents coni-
ques, et derrière elles des dents en carde. Le palais est
entièrement lisse. La dorsale répond à peu pres au tiers
de la pectorale : elle est basse. La caudale est fourchue,
à lobes larges, et celui d’en bas est moins pointu que
1 Indiqué sur la planche de notre atlas Chrysophrys cyanop-
era, Val,
— 9331 —
le supérieur, La pectorale est longue et aiguë; elle
se termine à peu près sous le onzième rayon épi-
neux.
Den D is Ans Phi sv 25:
Les écailles sont grandes, osseuses et lisses. Il y en a
cmquante le long de la ligne latérale, et quelques-unes
sur la base de la caudale.
La ligne latérale est marquée par une série de petites
tubulures ; elle s’infléchit vers la queue. La couleur est
jaune pâle, avec du rougeàtre sur le devant de la face.
Les nageoires sont bleuûtres.
La longueur de notre exemplaire est de 0",360.
GENRE CARANYX.
Le genre des Caranx est un des plus nombreux, non-
seulement de la famille des Scombercoïdes, mais de la
classe entière des poissons.
L'espèce nouvelle que j'ai à décrire appartient à cette
tribu, qui à une seule fausse nageoire libre derrière la
dorsale et l’anale. Elle a, comme tous ces Caranx, les
formes allongées, la côte longue, et larmure latérale
de la queue cuirassée par de petts boucliers qui ne se
montrent qu’au delà de la moitié du tronc. Les pecto-
rales sont plus longues que celles des autres. Ces formes
donnent à ce poisson une assez grande ressemblance
avec nos Maquereaux, et que j'ai signalée en nommant
cette espèce,
_— 499 =
PLANCHE VIE — Fic. 1.
LE CARANX SCOMBRIN.
Caranx scombrinus, Val,
Le Caranx que j'ai à faire connaitre ici ressemble
beaucoup à notre Maquereau commun par la forme ar-
rondie de son corps par la grandeur et la longueur de sa
tête ; mais il tient des Caranx par la petitesse de sa bouche
et par les boucliers latéraux de la queue. I doit prendre
place à côté des espèces qui ont une petite pinnule
libre dessus et dessous la queue, C’est donc pres des
Caranx Alexandrinus, C. tela et autres espèces voisines
qu’il faut le placer.
Le corps est rond, fusiforme. Sa hauteur est moindre
que le sixième de la longueur totale; celle de la tête y
est comprise quatre fois et quelque chose. L'œil est
grand , éloigné du bout du museau d’une fois son dia-
mètre, et contenu trois fois et un tiers dans la lon-
gueur de Ja tête. Le sous-orbitaire est caverneux, les
dents sont en velours ras. La première dorsale trian-
gulaire touche à la seconde, qui est longue et basse vers
la fin. L’anale a la même forme; la caudale est bilobée
ou peu profondément fourchue. La pinnule libre, su-
périeure ou inférieure, est élargie en palettes égales.
Dr ns À abs C0 js tBr 237 VS.
«
Tout le corps est couvert de petites écailles très-
i . 7 Ar .
N. B. Que le dessinateur à oublié la neuvième et les petits
rayons des nageoires.
=
minces. Je compte Jusqu'à quarante-deux petits bou-
cliers, à parür de ceux de l’extrémité de la queue où
ils sont encore visibies.
La ligne latérale n’a qu'une bien faible courbure.
La pectorale en faux atteint à la fin de la dorsale.
Le dos est vert foncé, devenant argenté sous le ventre.
Les pectorales et les ventrales sont plus foncées que les
autres nageoires, qui sont transparentes avec une légère
teinte verdàtre.
L'exemplaire a 0°,400 de long.
Cette espèce manque à lIchthyologie du Beagle, qui
n’a d’ailleurs aucun autre Scombéroïde.
GENRE PRIONURE.
La famille des Teuthies se compose, comme on le
sait, de trois groupes distincts : celui des Ampha-
canthes caractérisé par les deux épines de chaque
ventrale, celui des Acanthures qui ont de chaque côté
de la queue un aiguillon mobile que le poisson peut
redresser à volonté, et celui des Nasons dont la queue
porte des boucliers osseux fixes, immobiles et sur
lesquels il y a une carène relevée et tranchante.
La peau de tous ces poissons est dénuée d’écailles,
même quand elle est chargée d’àpretés plus où moins
rudes au toucher.
Les dents, disposées sur un seul rang, sont lisses,
coniques où quelquefois crénelées , et leurs caracteres
se combinent avec ceux que je viens de rappeler. Tai
établi des genres faciles à reconnaitre dans cette famille,
ICHTHYOLOGIE, 29
— 334 —
Les Nasons et leurs congénères sont tous originaires
du grand Océan indien; je n’en connais encore aucune
espèce dans PAtlantique.
Le Prionure que j'ai à faire connaitre a l’aspect des
poissons de ce genre, et comme J'ai publié un Nason
à trois boucliers, j'avais d’abord cru que le Teuthie à
trois écussons, originaire des Galapagos, devait être
placé près du Nason à trois boucliers d’Amboime, déjà
connu de Valenty et de Renard. Mais en étudiant cette
nouvelle espèce avec plus de soin pour la décrire, je
n'ai pas tardé à reconnaître que les dents avec leur
couronne dentelée plaçaient cette nouvelle espèce par-
mi les Prionures, et non pas parmi les Nasons qui ont
leurs dents coniques et sans dentelures.
Elle prend alors un nouveau caractère d'intérêt,
car elle ajoute une troisème espèce à un genre fondé
sur une première due aux recherches de Péron.
Elle confirme la justesse de nos vues, lorsque nous
avons établi le genre des Prionures. Nous voyons ce
genre répandu dans tout le grand Océan, depuis la
Nouvelle-Hollande jusqu'aux côtes du Japon, et en
dernier lieu sur ce petit archipel des Galapagos rap-
proché du continent américain.
Cette famille des Teuthies doit être signalée aux re-
cherches des voyageurs; elle est presque exclusive-
ment confinée dans les mers de l'Océan indien; ear à
l'exception de quelques espèces d’Acanthures, et en
très-petit nombre, du grand bassin de l'Atlantique,
toutes les autres si nombreuses viennent du grand
Océan. Depuis la publication de la monographie de cette
— 339 —
faille, donnée dans la grande histoire des poissons,
les collections nationales et étrangères se sont accrues
d’un assez bon nombre d’espèces nouvelles.
PLANCHE VIE. — Fic. 2.
LE PRIONURE A LARGE RAÏIE.
Prionurus laticlavius , Val. *.
Nous avons à ajouter aux Prionures déja connus
celui-ci, qui n’a pas de cornes avancées sur le front,
ni même de tubérosité au devant des yeux. |
Le profil, un peu soutenu et convexe entre les yeux,
descend par une concavité profonde vers le museau qui
fait une petite saillie par suite du rétrécissement de la
face sur le devant des yeux. Au-dessus de ces organes
la ligne monte par une courbe régulière pour former,
avec la courbure un peu moins forte du ventre, l’ellipse
du corps. La queue sort de cet ellipse. La hauteur fait le
tiers de la longueur totale, jusqu’au centre du bord
concave de la caudale. Le tronçon de la queue est très-
étroit, car sa hauteur ne fait que le cinquième de celle
du tronc. La longueur de la tête égale le cinquième de
la longueur totale du corps. L’œil est placé haut et en
arrière sur la joue, éloigné du bout du museau de trois
fois la longueur de son diamètre, et de la ligne du profil
de moitié de ce diamètre. On ne voit rien de son orbitaire
? A tort sur la pl. VII : Vaseus laticlavius.
—— 336 —
au devant de l’œil; il est entièrement caché par la peau,
Le bord du préopercule se dessine par une ligne oblique
assez haute; son angle est arrondi, et le bord inférieur
est légèrement concave; l’opercule est faiblement strié
et étroit, car il est deux fois plus haut que large, et sa
largeur égale le diamètre de l’œil. La bouche est peu fen-
due ; le maxillaire est presque en entier recouvert par la
peau qui entoure le sous-orhitaire et les côtés de la joue.
L’intermaxillaire a peu de mobilité; il porte huit dents,
ce qui en fait seize à la mâchoire supérieure. Elles sont
élargies, comprimées, tranchantes, à émail ciselé, et
à bord dentelé ou festonné de quatre à cinq dentelures
mousses et arrondies, et seulement sur le tranchant
de la couronne et du côté externe ou postérieur. Le
bord interne est lisse et sans aucune dentelure, La mà-
choire inférieure a seize ou dix-huit dents comprimées et
dont la couronne seule a le bord festonné. Le suscapu-
laire et l’huméral sontstriés, le cubital l'est également sur
les bords de sa plaque qui est triangulaire, et chagrinée
dans le milieu. La pectorale est obtuse et épaisse; elle
est comprise cinq fois et demie dans la longueur totale.
Les ventrales ne sont pas très-longues; leur épine est
forte et à peu près de moitié de la longueur du
rayon.
La dorsale commence en arrière de l’aplomb de
l'insertion de la pectorale; elle a huit rayons épineux,
dont le premier est très-court. Les autres restent assez
bas, car la hauteur de la nageoïre ne mesure que le
cinquième de la hauteur du corps. L'anale n’est pas
plus élevée et de même forme; elle commence sous les
— 331 —
premiers rayons mous de la dorsale. La caudale a les
iobes arrondis, obtus, non prolongés en pointe ; le bord
est concave.
D.-8/28:. A 3/55;s C7 EMI EN. 00.
Le corps n’a pas d’écailles, mais une sorte de cuir
hérissé de petites aspérités très-fines. De chaque côté
de la queue, il v a trois boucliers osseux. La couleur est
jaune, avec une large bande brune ou bistre étendue sur
le côté. La tête est un peu plus foncée que le dos. La
dorsale et l’anale ont les rayons Jaunes et la membrane
roussätre ; la caudale et la pectorale ont plus de jaune.
L'individu qui a fait le sujet de cette description a
0®,390 de longueur.
GENRE LABRE.
Les Labroïdes sont, comme on le sait, abondants et
presque également répandus dans toutes les mers, de-
puis les deux pôles jusqu’à l'équateur. Les naturalistes
explorateurs de l'archipel des Galapagos ne nous en
ont fait connaître que peu d'espèces. Je n’en vois qu’une
seule décrite dans l'excellente publication des Poissons
du Beagle. Elle appartient au genre des Cossyphes.
L’amiral Dupetit-Thouars a été plus heureux dans les
recherches qu'il a fait faire. La petite collection que je
fais connaître en avait deux. L’une d'elles est aussi un
Cossyphe.
L'autre est du genre Labre, réduit aux caracteres
que je lui ai assignés. Elle est nouvelle et doit prendre
— 338 —
place à côté du Labrus scrofa de l'Atlantique. J’indique
cette affinité en la nommant :
PLANCHE VII. — Fic. 1.
LE LABRE SANGLIER.
Labrus aper, Val.
Ce grand et beau Labre a la plus grande ressemblance
avec le Labrus Scrofu, découvert dans le grand bassin de
l'Atlantique, depuis les Canaries et Madère, jusqu'aux îles
du cap Vert. La disposition des dents et la distribution
des couleurs montrent le voisinage de ces espèces.
Ce poisson a le port et la forme régulière de nos
Labres. Le profil est un peu soutenu sur le front jus-
qu’à la nuque. La longueur comprend trois fois et un
quart la hauteur. La tête est un peu plus courte que la
hauteur du tronc. L’œil est éloigné du bout du museau
de deux fois le diamètre. Le sous-orbitaire est large et
caché sous une peau épaisse. Le préopercule a le bord
vertical lisse, sans dentelures ; l’angle et le bord infé-
rieur arrondi. Les dents de l'extrémité et de l’angle de
la mâchoire sont saillantes et comme des défenses; le
reste de l'os porte des dents coniques égales, et le
côté interne est couvert de petites granulations.
La dorsale et l’anale sont prolongées en pointes ai-
guës ; la caudale est peu échancrée à quelques rayons
externes prolongés en un lobe court; la pectorale est
large et triangulaire.
pri Dituo us A: 9/65 Cas ass Nr
-50e
Les écailles sont de grandeur médiocre, j’en compte
soixante-deux rangées entre l’ouïe et la caudale. Celle
de lopercule sont semblables à celles du tronc, celles
du préopercule sont beaucoup plus petites ; il y en a
dix rangées sur un espace qui en contiendrait à peine
six de celles du tronc.
La couleur générale est un rouge brique plus ou
moins vif, avec quelques rayures longitudinales qui se
montrent par reflets. Une large tache jaune est sur
chaque flanc au-dessus de la pectorale. Toutes les na-
geoires sont bleuâtres, la dorsale a une tache noire sur
les quatre premiers rayons épineux, comme cela se
trouve sur plusieurs autres Labres, et notamment sur le
Labrus scrof«.
La ligne latérale n’est pas interrompue
La longueur de l’individu est de 0,430.
DES COSSYPHES.
Ce genre n’est jusqu’à présent représenté dans lAt-
lantique que par une seule espèce signalée déjà par
Margrave, mais dont les caractères et les synonymies
avaient été si mal établis que j'ai eu beaucoup de peine
à fixer la place de ce curieux Labroïde. Aujourd’hui
que ce genre et ses espèces sont caractérisées et
limitées, il m'a été facile d'ajouter à celle qui sont
connues le nouveau Cossyphe que je vais décrire.
Il a les formes du Cossyphe du Brésil, et en gé-
néral de ces mers américaines; mais 1} rappelle par la
disposition des couleurs nos espèces indiennes.
— 3h40 —
Je me conforme au désir qui m'a été exprimé par
M. de Freminville, donateur de cette précieuse collec-
tion au Muséum, et dédiant cette belle en nouvelle
espèce de Cossyphe à M. L'Éclancher.
J'ai dit plus haut que M. Jenyns avait publié un nou-
veau Cossyphe ; il la nommé Cossyphus Darwini, en le
dédiant au zoologiste habile et distingué par ses belles
observations sur les Coraux et les Zoophytes du grand
Océan indien, comme je le fais pour Poflicier du service
de santé de l'expédition qui a formé cette collection.
PLANCHE VITE — Fic. 2.
LE COSSYPHE DE L'ÉCLANCHER.
Cossyphus Eclancheri, Val.
Ce brillant poisson a l'aspect des autres Cossyphes ;
des écailles recouvrent la base de la dorsale, la portion
molle de cette nageoire, l’anale et les ventrales prolon-
gées en pointes aiguës; de grandes écailles sur les
opercules et font aisément reconnaitre ce poisson. La
longueur de la tête égale à la hauteur du corps fait
le quart de la longueur totale. Le front est assez sou-
tenu entre les yeux, le museau est aigu; lœil de
grandeur médiocre à un diametre qui ne fait que le
sixième de la longueur de la tête, et a une fois ce
diamètre au-dessous de la ligne du profil. Le préoper-
cule est couvert de petites écailles , mais celles de
l'opercule ressemblent presque à celles du corps par
leur grandeur.
La pectorale est large et insérée sous l’aplomb de
l’angle de lopercule. Le premier rayon de la dorsale est
un peu plus reculé; sa hauteur égale les deux tiers de
la dernière épine , et n’est pas le tiers du rayon le plus
long de la dorsale. La caudale a le bord coupé carré-
ment, et ses angles arrondis n’ont aucun espace de
prolongement. Les ventrales égalent en longueur près
des quatre cinquièmes de la hauteur correspondante du
tronc.
D; 19/105"44,5/1a5 C0 1258. 183 V.' 1/6:
Les écailles sont minces et assez grandes, j'en trouve
trente-deux rangées entre l’ouïe et la caudale. La ligne
latérale est tracée parallèlement au dos par une suite de
tubaclures, sous l'extrémité postérieure se redresse un
peu vers la dorsale. Tout le corps est peint d’un beau
rouge vermillon, avec de grandes maculatures noires ,
étendues sur les six premiers rayons de la dorsale, et
descendant sur le dos, puis couvrant toute la base
de la dorsale et le dos de la queue sans atteindre la cau-
dale. Ces taches noires remontent sur toute la portion
molle de la dorsale en laissant sur les deux bords un
liséré rouge vif.
Ce poisson est grand comme nos Tourds ordinaires
(Labrus Turdus, Nob.). Il a 0*,439 de longueur.
GENRE TURBOT.
Passer, Cuv.
Le nom de Rhombus , sous lequel M. Cuvier à établi,
avec raison, la coupe générique des Turbots de la fa-
= —
mille des Pleuronectes avait été déjà employé par Lace-
pède pour un poisson voisin des Stromatées, et que
Linné a fait connaître sous le nom de Chætodon Alepi-
dotus. I le tenait de Garden. En faisant la monographie
de ce genre (Hist. nat. Poissons, tome IX, p. #00),
j'ai dit que je reprenais les dénominations consacrées
par Lacépède, et que M. Cuvier avait eu tort de ne pas
accepter dans le Règne animal. N'ayant pas reconnu le
genre établi par Lacépède, 1l n’en avait pas moins bien
recherché et déterminé le poisson de Garden, et croyant
qu'il fallait en faire un genre distinct, M. Cuvier le
désigna par un nom nouveau, celui de Peprilus. Lors-
qu'il en vint à parler, dans la famille des Pleuronectes,
du genre des Turbots, il trouva la grande espèce de nos
mers , désignée par Linné sous le nom de Pl. Rhombus.
C’est bien , en effet, le Rhombus des naturalistes grecs
et latins; il faut cependant remarquer qu'Athénée et
Naurate, cité par le premier de ces deux savants ont
confondu le Péuéos d’Aristote avec le y#:72, qui est plus
spécialement notre Barbue. Faisant avec raison un genre
de ces Pleuroncetes à dorsale avancée jusque vers le bord
de la mâchoire supérieure, l’auteur du Règne animal
désigna sa nouvelle coupe générique par l’épithète que
Linné avait empruntée aux anciens. Mais si M. Cuvier
avait d’abord cherché à reconnaitre le genre désigné
par Lacépède, sous le nom de Rhombus, 11 n'aurait
pas employé, quoiqu’à regret sans doute, cette déno-
mination pour le nouveau genre de la famille des Pleu-
ronectes. Jusqu'au travail que J'ai donné sur la famille
des Stromatées, les Ichthvolosaistes ont admis le nom
— 3h38 —
de RaomBus pour désigner le genre de Pleuronectes
établi par Cuvier. J'avoue qu'après avoir reconnu le
genre de Lacépede qui était resté presque ignoré,
tandis que celui de Cuvier avait été accepté; j'ai
eu beaucoup de peine à me déterminer à rétablir les
noms suivant leur chronologie. Je sentais bien, et
je sens encore que ce changement de nom va faire
une petite perturbation dans la nomenclature; et la
langue des zoologistes et surtout celle des Ichthyo-
logistes est déjà assez surchargée de noms inutiles, fai-
sant double emploi où confusion , pour ne pas y ajouter
encore en voulant rectifier. D'un autre côté, J'ai cru
qu’il était de toute justice, surtout dans un ouvrage,
comme celui auquel M. Cuvier m'a fat consacrer
une partie de ma vie, en recherches littéraires et sy-
nonymiques, la dénomination qu’un homme aussi
illustre que Lacépède avait donnée à un genre par-
faitement établi. Ce grand zoologiste s’est servi du
nom de Pserrus employé déjà dans les manuscrits
de Commerson pour un genre bien déterminé de la
famille des Squamipennes. Je n'aurais pas hésité à
donner au genre des Turbots le nom latin tiré de la
dénomination de la Barbue. Maïs je ne pouvais pas
le faire. Jai pris alors dans les noms latins imposés
aux Pleuronectes un de ceux que nos prédécesseurs
n'avaient encore employé; celui de Passer, l’un des
plus connus, et que par lequel tant d'auteurs ont
désigné les Pleuronectes, m'a paru convenable. Quand
j'aurai publié , soit en entier, soit par extrait, la Mo-
nographie des Pleuronectes dans la seconde série de
— 3h —
l'Histoire des Poissons, j'espère établir définitivement
cette nouvelle dénomination, et qu’elle sera acceptée
par les zoologistes.
D'ailleurs je ne serais pas éloigné de croire que le
poisson que je décris ici sous le nom de Passer Mar-
chionessarum ne constituera avec le PI. Podas, et quel-
ques espèces voisines, un genre distinct du Turbot et de
la Barbue des mers d'Europe; mais ces coupes ne peu-
vent être faites qu’à la suite d’un examen détaillé et cri-
tique de toutes les espèces de cette grande famille, et
ce n’est pas ici le lieu d'établir cette discussion.
PLANCHE IX.
LE TURBOT DES ILES MARQUISES.
Passer Marchionessarum . Val.
L'espèce nouvelle dun grand Océan à de la ressem-
blance avec les espèces de l'Atlantique, et même avec
le Pleuronectes Podas de la Méditerrannée. Elle tient
cette aflinité du grand écartement des yeux de la saillie
des crêtes surcilières et de l’épine relevée qui termine
la maxillaire.
Ce Turbot à le corps allongé; la largeur des flancs
fait le tiers de la longueur totale. La tête y est com-
prise quatre fois et trois quarts. Le profil est un peu
sinueux entre les deux yeux ; l’œil gauche est inférieur,
répond à l’angle supérieur de la bouche, le droit ou
le supérieur est éloigné du premier de deux fois le
diametre ; à lintervalle un peu creux qui les sépare est
— 3h>5 —
lisse , le préopercule à son bord vertical droit , l’autre
descend très-obliquement vers l'angle de la mâchoire ;
il est tout couvert d’écailles comme les autres pièces de
l'appareil operculaire. Les dents sont en cardes très-
fines. Il y en a aussi sur le chevron du vomer. Outre la
grande espèce du maxillaire, il y en a une seconde
plus courte et cannelée le long de l'os. La dorsale est
étendue depuis le devant de l'œil jusqu'auprès de la
queue. L’anale commence à l’aplomb de lépaule, la
caudale est arrondie. La pectorale gauche est longue ,
et les trois premiers rayons sont prolongés en filaments
déliés ; leur longueur entière portée sur le corps v
est égale à la hauteur du tronc, ou est comprise trois
fois et trois quarts dans la longueur totale.
La longueur de la pectorale droite est du tiers de la
gauche.
B:95 D'00; À 703 CG 10,P-. 412 V6;
Il y a environ cent rangées de petites écailles le long
des flancs ; elles sont toutes marquées de stries concen-
triques et grenues. La ligne latérale est fortement cour-
bée à son origine au-dessus de l'insertion de la pecto-
rale , elle se rend ensuite droite à la queue par le mi-
lieu du corps.
La couleur est brune du côté gauche, et blanche de
l'autre côté.
Ce poisson m'a élé indiqué comme provenant des
îles Marquises , il est long de 0".400. Il serait le seul
de cette collection qui fût étranger aux Galapagos.
— 340 —
GENRE MURENE.
M. Darwin a trouvé aux Galapagos un Gobiésoce
que les navigateurs sur {a Vénus n’y ont pas observé. Ce
poisson, décrit par M. Jenyns, est devenu le Gobiesox
pæcilophthalmus. Je cite cette jolie espèce pour compléter
ici la revue des Poissons déjà connus de Parchipel.
La famille des Anguilliformes a fourni au contraire
des espèces aux deux expéditions. Elles appartiennent
toutes deux au genre Murène.
Les Ichthyologistes ont tous senti la nécessité de sub-
diviser le grand genre Muræna de Linné. Déjà Thunberg,
sous le nom de Muræna, Bloch, sous celui de Gymno-
thorax , Lacépède, sous celui de Murænophis , ont réuni
les espèces sans pectorales, pour les séparer des An-
guilles qui ont les nageoires thoraciques plus où moins
développés. L'on trouvera dans l'analyse de la famille
des Anguilliformes que j'ai raison d'employer une ex-
pression douteuse sur la valeur du caractère fourni
par la présence ou l’absence de la pectorale; car ces
nageoires diminuent par degrés insensibles. L'étude des
dents fournira des caractères bien plus positifs; elle
démontrera que les premières modifications apportées
par l’auteur du Règne animal au genre Muræna de Linné,
n'étaient que l’ébauche d’un travail plus considérable,
qui doit être précédé de la description et de la dissec-
tion des nombreuses espèces de cette familie très-nom-
breuse et répandue dans toutes les mers.
M. Darwin a pris à l’île Chatam et à l’île Charles les
“+
— 347 —
deux exemplaires du Murænophis nommé par M. Jenyns
Murænophis lentiginosa. N n’en a pas publié de figure.
La description que j'ai comparée à mon poisson ne lui
convient pas assez pour que je le regarde comme de la
même espece.
Celle que je décris 1c1 appartient au groupe des
Murænophis, dont la gueule est armée de dents poin-
tues et tranchantes sur un seul rang, et qui ont les na-
geoires impaires assez élevées pour en énumérer faci-
lement le nombre des rayons. Il me paraît probable
qu’elle restera dans le genre qui sera plus spécialement
désigné par le nom générique sous lequel je vais la
faire connaître.
PLANCHE X. — Fic. 1.
LA MURÈNE MARBRÉE.
Murenophis marmoreus, Val.
Cette Murène élégante par ses couleurs, appartient à
cette division des espèces à dents triangulaires, poin-
tues, tranchantes sur les côtés, sans dentelures ni cro-
chets. Le vomer en porte aussi une série longitudinale ;
mais les palatins sont lisses. Les yeux sont au milieu de
la longneur de la fente de la gueule, l'occiput est peu
soutenu, les narines antérieures sont tubuleuses , l’ou-
verture postérieure est une fente longitudinale sous
l'œil. [n’y a comme dans les espèces de ce genre au-
cunes nageoires paires, le nombre des rayons des trois
— 348 —
autres réunis, et de quatre cents et quelques, car j'en
compte
D. 164; À. 1273 C. 12.
Tout le corps est marbré de brun sur un fond jaune.
Longueur 0°,530.
GENRE TÉTRODON.
Deux espèces du genre Tétrodon ont été observées
aux Galapagos. L'une à été rapportée par M. l’amiral
Dupetit-Thouars ; mais l’exemplaire, en assez mauvais
état, n'a pu être figuré; et Je n’en aurais pas même
parlé, si M. de Freminville n'avait joint à l'envoi de
cette collection le dessin de cette espèce. Il m'a servi à
reconnaître le Tetrodon angusticeps de M. Jenyns.
La seconde ne m'est connue que par la description du
Beagle : c’est le Tetrodon annulatus. C'est une des
espèces dont la peau est couverte de fines épines.
LE TÉTRODON A TÊTE ÉTROITE.
letrodon angusticeps, Jenyns, loy. du Beagle, pl. 28.
Celui-ci est du petit nombre des Tétrodons à peau
lisse et sans épines. Sous ce rapport, elle tient plus des
Tétrodons de l'Atlantique que de ceux de la mer des
Indes.
La tête est oblongue et étroite. Les veux sont très-
rapprochés; l'intervalle qui les sépare égale leur dia-
méêtre. Le dos est droit, le ventre assez renflé, et
animal peut se gonfler beaucoup. La dorsale est pe-
— 349 —
tite et répond à l'anale, qui est aussi étroite. La caudale
est coupée carrément. La ligne latérale est infléchie sur
le corps et rameuse sur la tête; une branche fait une
grande anse sur la narine; deux autres vont, en tra-
vers , se perdre sur la nuque et sur le commencement
du dos, sous la première de celle-ci, un rameau des-
cend sur la joue.
Le dessin, coloré par M. de Freminville, peint le dos
en brun, ainsi qu’une large bande qui court sur le bas
des côtés. Une autre bande de couleur jaune sépare le
brun du dos de celui des côtés. Tout le dessous du
corps est également jaune, ainsi que les dorsales,
l’anale et les pectorales. La caudale est brune. Une
tachefoncée, presque noire, est à la base de la pectorale.
M. Jenyns indique des teintes un peu différentes.
Suivant ce zoologiste, le dos serait verdâtre, un peu
rembruni ; la base de la pectorale et la dorsale seraient
noires. N’a-t-il pas dit, par inadvertance , dorsale pour
caudale? D'ailleurs M. Jenyns reconnait queles couleurs
du poisson ont été altérés par l’action de l'alcool.
Malgré ces légères différences, je ne doute pas de
l'identité spécifique des poissons recueillis par M. Darwin,
sur le Beagle, et par M. L'Éclancher, sur la Vénus.
GENRE CESTRACION.
Le genre des CEsrracions est encore une des excel-
lentes créations de Cuvier. Elle a fixé la place d’un Squale
des mers de la Nouvelle-Hollande, qui paraissait tout à
fait étranger dans cette grande famille, à cause de la
IcarnYOLOGiE. 2/4
— 350 —
singularité de sa dentition. Les caracteres et les formes
de ses dents sont, en effet, tellement différentes de
celles des autres Squales, que l’on ne peut hésiter
sur la fixité que donne létude de ces dents. Elle a
un autre avantage, c’est de faire connaître d’une ma-
nière plus précise les rapports des Hybodes et autres
Squalides connus par leurs dents fossiles et communes
dans la période crayeuse.
PLANCHE X. — Fic. 2.
LE CESTRACION PANTHÉRIN.
Cestracion pantherinus, Val.
Ce poisson de la famille des Squales a le port d’une
Roussette : le dessus de la tête est plus creux , mais
il l'est beaucoup moins que celui du Cestracion
Phillipi, qui habite les eaux de la Nouvelle-flollande.
Ce peu de profondeur de la gouttière occipitale dépend
du peu de redressement des arcades sureilières.
La première dorsale l’éléve au tiers du corps , et la
seconde au milieu de l’intervalle entre l’épme de cette
première dorsale et la caudale. Les espèces sont grosses,
un peu renflées, et n'atieignent qu’à moitié de la hau-
teur de la nageoire. L’angle de ces nageoires est ar-
rondi, la membrane est trapézoïdale. L’anale est étroite
et arrondie. La caudale a le lobe supérieur tronqué,
large et à angles mousses; le lobe inférieur est triangu-
laire.
La pectorale est insérée au milieu de l'espace entre
— 351 —
le bout du museau et la ventrale , et ceiles-ci sont aux
deux cinquièémes du corps. Ces nageoires paires sont
assez larges , à bords arrondis.
La troisième des cinq fentes branchiales est à l'angle
de la pectorale ; je vois sous l'œil un petit avant.
La bouche n’est pas trés-large, elle porte en avant
cinq à six rangs de petites dents aiguës, ayant à la base
deux petits talons épineux, puis viennent sur les côtés
des màchoires six rangées de molaires arrondies et ca-
rénées sur le milieu.
Toute la peau est couverte d’aspérités mousses à
l'extrémité du museau , sur les nageoires et même
sur le palais; mais sur le tronc et au delà, ce sont
des tubercules à trois pointes aiguës, les deux laté-
rales comme de petits talons, et implantées en quin-
conces serrés, elc.
La couleur est un gris roussâtre, avec de grosses
taches noires arrondies éparses sur les corps et sur les
nageoires.
L'individu est un mäle, ses appendices sexuels sont
gros, Coniques mousses , et dépassant la ventrale ; ils
sont presque aussi longs qu'elle.
La longueur est de 0",475.
TABLE DES MATIÈRES
MAMMIFÈRES.
Pages
Intronnchon........7.,.. D I LT TT i
Première section. — Primates..................... Ron: . 5
Deuxième section. — Carnassiers.................... ce 119
Troisième section. — Rongeurs ........... se Sn . 154
Explication des planches de Mammifères ................... RS 169
Index des espèces de Mammifères décrites ou indiquées, et des
noms génériques et spécifiques cités. ........... Ne nee 175
OISEAUX.
Introduction ....... ARARE RS te ARE . A7
Index des espèces d'Oiseaux décrites ou indiquées, et des noms
génériques et.SpéCIques CLÉS. =... ..............0. 281
REPTILES.
INOTOUCHON EE Se ere ee CR MAR te cd . 285
Proctotrèête du Chili................ PL 4, fig. 1 et 2.......... 288
= intermédiaire. .... ‘.. Pl: 2,19 1-00... 290
— ventre bleu.......... ... PJ. 9, fig. 2........ ou 292
—— A taches noires. ......... Pl. 9, (ge 1.0.7: 293
— de Wiegmann........ Pl. 3, fig. 2. 295
11 TABLE DES MATIERES.
ICHTHYOLOGIE.
IATOQUCTOR se se 6 he coueon de 297
GENRE NDERRAN ASE eme secs esse Re. -ecc re
LérSernran PELTACINREERE ee PIONEER 7... 299
LeSerran COl0n.......:.- +... PI OP AUIP MERS 2: 300
GENRE DMCOFE...-. 2..........- store esse smile scie.
LaiaCOnEVeNC re. ne.-. 7. Ai I it. CEE SCENE 303
ES SMECTAUES............ feet Sete CO CARRE
SMectique AUxeUx CONlEUTS...- Pl 2 MER. 307
GENRE ACGIRREUTE. + ste do cites se nectess eee ce e desc cs ce 308
CInTHITÉTIVNIEr.. +... AE A Re mure les Se ee. 309
GENRE SCORPÈNE....... MP RN Su De LT HP ARTE 3412
La Scorpène fardée................ PIS AE Pre re 313
GENRE MYRIPRISTIS................ Re Mu e 315
Le Myripristis aux maächoires lisses,
ou Myripristis Leignathe....... - HD Or lever ce 316
(ENRE DOMDIXODON, 262... Sn
Le Doydixodon de Freminville..... PI. 5....... RO 393
GENRE HOLAGANTHE eee encore PP te ss ee ..
L'Holacanthe moineau............ Pl 0Ri rer ee. Der
GENRE DAURADE es... ce Te 329
BaPDiDradeNOYANOPIÈrE. - e COPIN Eee De 330
GENREUGDARANX eee... TO CN DE sn ler eee <
LeCaranx SCOMbTN....-.-.:....0. PL.
GENRE MPRIONURE.--- eee Mrs SR OS eco
Le Prionure à large raïe...... ere DT MT RE rene
GENRE LABRE. .....,..... RO TUE
Le Labre sanglier... .... Te PL 18, Hg: M. te.... 338
DES ACOSSVBHES En caen lae se eemenccces ere b eu oo e 339
Le Cossyphe de l’Éclancher......... PAS AD... 1e 340
GENRE DURBOM 5... D A A TR 341
TABLE DES MATIÈRES.
Le Turbot des Iles Marquises......
GENRE MURÈNE. ........,......
LarMurenemmarbrée 2...
GENRE TÉTRODON.............0.0.
Le Tétrodon à tête étroite...
GENRE CESTRACION.. esse
Le Cestracion panthérin.........
FIN
PROS Eee ee rer
2... (Pltl0 net PES
DE LA TABLE DES MATIÈRES.
FARIS. — IMPRIMERIE J.
CLAYE. RUE SAINT-BENOIT,
PIAO Aie
=
d,
..
pee
SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES
Il QUIL
3 9088 01348 7434