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(2%* /-^/
I
Ug UNIVERSITEITSBIBLIOTHEEK GENT
I..,, „.,,Coot^lc
^7^
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VOYAGES
B*NS
L'INTÉRIEUB DU BRÉSIL.
TROISIÈME PABTIK.
,.;. Google
Toutes les fois que l'imaife de ee nouueau monde qne Diea m'a raït
voir se repriMote déliant mes jeui , et que je côsidères la sereaifi de
l'air, la diaersilé des animaui , U wiHé des ojtieaui , U beauté des
arbres et des plantes, l'eTcelleDce des fruicls et, brief en général, les
richesses doot ceste terre du Brésil est décorée , iocoaiinët ceete eicli-
matioDdu Prophète, au Psan. 104, me vient en mémoirt :
0 Seigneur Dieu , que tes nuorcs djners
Sont menieilleui par le monde nnitier^
0 que tu as tout Tait par grand' sagesse :
Brer la terre est pleine de ta largesse.
INPIIIIin» DE H" V BOLCIAHD-HUEAtlD, HUE nt L EKHON ,
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7^^
VOYAGE
m mm
DU RIO DE S. FRANCISCO
ET DtNS LjI
PROVINCE DE GOYAZ
M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE,
■«ME FBEHIEB.
ÀRTHUS BERTRAND, LIBRAIRE-ÉDITEUR
RUE HAUTEPEDILLE , 25.
,.i Google
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PREFACE.
J'avais trop présumé de mes forces : i{uan(] je re-
vins du Brésil , elles étaient épuisées , et bientôt je
fus obligé d'interrompre mes travaux. Quinze
années environ que je leur aurais consacrées m'ont
été enlevées, à trois différentes reprises, par des
souffrances cruelles , et , par conséquent , il ne
faut pas être surpris que j'aie mis de si longs inter-
valles entre mes diverses publications.
Lorsque j'ai commencé à me rétablir de la longue
maladie à laquelle je viens d'échapper encore, je me
suis mis à rédiger la relation de mon voyage à
Goyaz. J'écartais l'idée du présent , si douloureux
pour moi, en me transportant en imagination sous le
beau ciel du Brésil, et à une époque où, avide de sa-
voir, je parcourais les déserts de cette vaste contrée,
à peu près aussi peu soucieux de l'avenir que les
Indiens eux-mêmes.
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Je publie aujourd'hui ce travail, encouragé par lea
suffrages des voyageurs de toutes les nations , en-
couragé surtout par les Brésiliens, meilleurs juges
de ce qui les regarde que les Européens, surpris trop
souvent , il faut le dire, de ne pas trouver, dans un
pays qui commence, les ressources sans nombre que
leur offre leur patrie. En redoublant , s'il est possi-
ble, de soin et d'attention pour être toujours exact
jusque dans les moindres détails, j'ai tâché de prou-
ver que je n'étais pas indigne de l'indulgence que
l'on m'a témoignée.
Lorsque je commençai mon voyage à Goyaz , je
jouissais d'un grand avantage, celui de trouver, dans
mes souvenirs, des objets de comparaison autres que
ceux, qu'auraient pu me fournir l'Allemagne et la
France , pays portés au plus haut degré de splendeur
par les efforts d'une longue suite de générations. J'a-
vais Don-seulement parcouru le littoral du Brésil ,
mais encore j'avais passé quinze mois dans la partie
la plus civilisée de la province de Hinas Geraes, ac-
cueilli avec tant de bienveillance, que je m'étais iden-
tifié avec les intérêts de ses habitants. Je me trou-
vais presque dans la position où aurait été im Hi-
neiro qui , après avoir étudié son pays, aurait voulu
connaître aussi les autres parties du Brésil. La pro-
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vince de Minas est une sorte de type en regard du-
quel je place, pour ainsi dire, chacune des provinces
que j'ai parcourues plus lard , et de ces rapproche-
ments il résulte qu'en décrivant celles-ci je com-
plète eocore mes relations précédentes.
Halbeureusement , je dois le dire, la comparaison
ne sera pas favorable à Goyaz , ce pauvre pays si
longtemps livré à une administration presque tou-
jours imprévoyante , souvent spoliatrice , et je trou-
verai plus de différence encore, quand je comparerai
la partie orientale de Minas Geraes avec la partie tout
à fait occidentale qui , en général , a été peuplée par
le rebut des eomarca$ les plus anciennes.
On sera peut-être tenté de croire que mes descrip-
tions, se rapportant à une époque déjà assez éloignée,
ne conviennent plus au temps actuel. Qu'on ne juge
point , par l'Europe , de l'intérieur de l'Amérique.
Dans les pays déserts , les choses ne changent qu'a-
vec une lenteur extrême; les éléments des grandes
améliorations y manquent; une rare population dis-
séminée sur une surface immense, à peu près livrée
à elle-même , énervée par un climat brûlant , sans
émulation, presque sans besoins, ne change rien, ne
veut et ne sait rien changer. Le botaniste Georçe
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Gardner a parcouru, en 4840, une petite partie du
désert que j'avais visité en 1818; il y a vu ce que
j'avais vu moi-même et rien de plus.
Au reste, non-seulement j'ai rattaché mes récita
aux temps antérieurs à mes voyages par l'histoire
des lieux où j'ai passé , mais encore je les ai ratta-
chés h des époques plus récentes , en citant les au-
teurs qui ont indiqué quelques faibles changements.
Cet ouvrage pourra donc être considéré comme une
sorte d'ébaudie de la monographie des contrées que
j'ai décrites.
Pendant bien longtemps encore, monté sur le
sommet des Pyreneos , on ne découvrira , dans un
espace immense, aucune trace de culture; pendant
bien longtemps, le S. Francisco sera tout au plus
effleuré par quelques légères pirogues; mais ces beaux
déserts contiennent les germes d'une grande pros-
périté; un temps viendra où des cités Ûorissanles
auront pris la place des misérables chaumières dans
lesquelles je pouvais à peine trouver un abri, et alors
les habitants jouiront d'un avantage que l'on a ra-
rement en Europe; ils sauront avec certitude, par
les écrits de quelques voyageurs , quels furent les
premiers commencements non - seulement de leurs
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'Tilles , mais t)e leurs moindres bourgades. ■ Les
voyages, a dît Chateaubriand, sont une des sources
de rhistoire (1). » Aujourd'hui nous puisons des
documents précieux pour celle de Rio de Janeiro
dans les récits naïfs du véridique Lery, qui, le pre-
mier parmi les hommes un peu instruits de notre
Dation , a visité la côte du Brésil : aucun Français ,
avant moi, n'avait parcouru Minas Geraes, Goyaz, S.
Paul, etc. ; si quelques exemplaires de mes relations
échappent au temps et à l'oubli , un jour on y trou-
vera aussi sur ces vastes provinoes , devenues [>eut-
être des empires , des renseignements qui peut-être
ne seront pas sans intérêt. On s'étonnera d'appren-
dre que, là où seront alors des villes riches et peu-
plées , il n'y eut d'abord qu'une ou deux maison-
nettes presque semblables à la hutte du sauvage ;
qu'où l'air retentira du bruit des marteaux et des
machines les plus compliquées on entendait à peine
le coassement de quelques batraciens et le chant des
oiseaux; qu'avant les nombreuses plantations de
mais, de manioc, de cannes à sucre et d'arbres frui-
tiers qui couvriront la terre, elle offrait une végéta-
tion brillante, mais inutile; à la vue des campagnes
sillonnées par des chemins de fer, peut-être même
il) Prérace du Foyagc en Amérique.
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par des véhicules plus puissants que dos locomo-
tives, on sourira en lisant qu'il fut un temps où le
voyageur s'estimait heureux , lorsque, dans sa jour-
née, il était parvenu k faire 4 à 5 lieues.
Toutes les fois que j'ai emprunté quelque chose
aux écrivains qui m'ont précédé ou suivi , je les ai
cités avec le plus grand soin, et, lorsque la connais-
sance que j'ai des lieux ne m'a pas permis d'adopter
entièrement leurs opinions , j'ai rendu compte des
motiis qui m'ont déterminé.
Un auteur brésilien a dit (1) que, par la rectifi-
cation des nombreuses erreurs qui se sont répandues
dans tes livres sur la géographie et l'etnographie du
Brésil, on r^idrait plus de services à la science
qn'en proclamant quelques vérités nouvelles. II est
impossible de ne point partager cet avis , lorsqu'on
retrouve dans des livres classiques les méprises de
l'Anglais Hawe, qui, le premier, a écrit sur le Brésil,
depuis que cette contrée a cessé d'être une colonie
soumise au Portugal. Je me suis donc imposé la pé-
nible tâche de signaler les erreurs que j'ai cru re-
connaître dans les ouvrages relatifs aux pays dont je
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donne la description, et je me suis fait un devoir de
rectifier celtes qui m'ont échappé à moi-même. Les
livres les plus parfaits ne sont point exempts de
fautes; quand des hommes aussi sincèrement amis
de la vérité que l'abbé Hanoel Ayres de CazaI ,' mon-
segnor José de Sousa Pizarro e Âraujo , le docteur
PohI , le général Raimundo José da Guaba Mattos
se sont quelquefois trompés , qui pourrait se flatter
de ne se tromper jamais 7
Des observations critiques auxquelles je me suis
livré pour remplir le but que je me proposais , il ré-
sulte que cet ouvrage se trouvera chargé d'un très-
grand nombre de notes dont la lecture mêlée à celle
du texte serait peut-être pénible quelquefois. On
îen bien, par conséquent, de lire ce dernier en lais-
sant de côté les notes, et de revenir à celles-ci après
avoir achevé chacun des chapitres dont l'ouvrage se
compose. Pour faciliter les recherches , j'ai eu soin
d'indiquer les notes critiques à la table générale
sous le titre de reaifieaiûm».
Le général Raimundo José da Gunha Mattos a fait
sentir (1 ) combien il est essentiel de conserver soi-
(I) tUncrarin.
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goeusement les noms de lieux consacrés , dans les
divers cantons, par les habitants du Brésil. Si cha-
que voyageur était en droit d'écrire à son gré ceux
des pays par lesquels il passe , il régnerait bientôt
dans la géographie une confusion inextricable. J'ai
donc fait des efforts pour n'altérer en rien la no-
menclature géographique, et j'ai donné le même
soin à l'orthographe des noms d'hommes, de
plantes ou d'animaux. Parmi les villages, les
habitations et les rivières du Brésil , il en est
une foule , je le sais , dont les noms ont été écrits
d'une manière fort différente, même par des hommes
instruits ; en pareil cas, je n'ai pris aucun parti sans
consulter les autorités les plus graves, la connais-
sance des étymologies ne m'a pas non plus été inu-
tile , j'ai cru surtout devoir prendre pour guide l'u-
sage et le bon sens.
Il serait possible que, malgré les efforts que j'ai
faits pour réunir les ouvrages pubUés sur le Brésil,
en diverses langues, plusieurs m'eussent échappé.
Malheureusement il n'existe point en France de dé-
pôt où l'on puisse se procurer les livres qui parais-
sent en Amérique, et sans l'extrême complaisance de
M. le chevalier d'Araujo Ribeiro, ministre du Bré-
sil à Paris, de M. le docteur Sigaud, médecin de
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l'empereur doD Pedro II, de M. Ferdinaûd Denis,
l'homme qui , en Europe , connaît le mieux ce qui a
été écrit sur l'Amérique portugaise , enfin de mon
jeune ami M. Pedro d'Alcautara Lisboa , attaché à la
lotion brésilienne , je n'aurais pu consulter divers
écrits fort importants imprimés à Rio de Janeiro , à
Pemambouc et à S. Paul. Qu'ils veuillent bien
agréer l'assurance de ma gratitude.
J'ai souvent eu l'occasion d'indiquer, dans cet
ouvrage , diverses quantités en poids ou en mesures
brésiliennes; mais, à côté de ces indications, on trou-
vera celle des chiffres équivalents dans notre système
métrique. Pour la réduction des valeurs numéraires,
j'ai toujours pris pour base le pair, c'est-à-dire
160 reis pour 1 franc. On peut voir, par le tableau
synoptique qu'a publié M. Horace Say dans son ex-
cellent ouvrage intitulé , Hûtoire det relations com-
merciales entre la France et le BrétU, que tel était à
peu près , à l'époque de mon voyage , le taux de l'ar-
gent brésilien.
Une lacune immense restera toujours dans la géo-
graphie botanique de l'Europe ; c'est à peine si nous
pouvons former quelques conjectures plausibles sur
la nature des plantes qu'ont remplacées nos champs
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de céréales, nos vignes et nos plantations d'oliviers.
J'ai tâché que cette lacune n'existât pas dans l'his-
toire naturelle du Brésil ; j'ai fait connaître la to-
pographie botanique des divers cantons que j'ai
visités , et , lorsqu'un jour la culture les aura en-
vahis , on n'ignorera pas ce que fut leur végétation
primitive.
J'aurais désiré faire davantage. J'avais annoncé ,
dès les premières pages de ce livre, que des' numéros
renverraient , comme dans mon Voyage sur le litto-
ral, aux descriptions des plantes caractéristiques de
chaque canton; mais la relation de voyage était
achevée; je me voyais forcé, par ma santé, de quitter
Paris et de passer l'hiver dans le midi de la France;
pour quelques descriptions de plantes, il aurait fallu
que je remisse à près d'un an la publication de cet
ouvrage : à mon âge et avec une santé délabrée , on
ne doit point attendre. La description des plantes
caractéristiques de Goyaz se trouvera, j'espère, à la
fin de l'ouvrage que j'ai commencé sur S. Paul et
Sainte-Catherine.
Un écrivain qui rendit de grands services à son
pays, mon ami M. José Feliciano Fernandes Pinhei-
ro, baran de S. Leopoldo, que tout le Brésil a re-
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gretlé, m'engageait avec instance, il y a bien peu de
mois encore , à publier la reladon du voyage que
j'ai fait dans la province de Rio Grande de S. Pedro
do Sul, proviQce.où je l'ai connu et dont il a si fi-
dèlement retracé l'histoire. Si un peu de temps m'est
accordé, je regarderai comme une sorte de devoir de
remplir ses intentions.
La protection que M. le ministre de l'instruction
publique veut bien accorder à cet ouvrage est encore
un puissant motif pour m'engager à redoubler d'ef-
forts et à continuer mes travaux. Mais je ne saurais
me le dissimuler, quelque chose qui arrive , la plus
grande partie des recherches que j'ai faites sur le Bré-
sil sera perdue, et je serais presque tenté de m' écrier
avec un écrivain célèbre, qui, lui aussi , a longtemps
vécu dans des contrées lointaines : • Heureux ceux
qui ont Bni leur voyage sans avoir quitté te port, et
qui n'ont pas, comme moi, traîné d'inutiles jours sur
la terre (1). »
Monlpellier, lOjaDTier 184».
(i) ChatMiibriaiHl,
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D,<j,i,.,.d.:, Google
VOYAGE
iDX!
RIO DE S. FRANCISCO
DANS LA PROVINCE DE GOYAZ.
CHAPITRE PREMIER.
VOYAGE DB MO AB JAKBIRO A DBA', PAR POBTO DA ESTlELtA
BT LA GKANDE EOCTB DB MIRAS GERAES.
L'avMtr B'einbirqDe sur la baie de Rio de Janeiro. — U riritre d7n*W-
mfrftn. — Le Tillagc de Porlo da Etlrella. — Détails sur )a tonte de
Mijuu. — L'égKM de Noua Smhora da Piedaàl if infcumirtm.— LTm-
bilalioD de Mamdioea.—h*. Strra da BtbrtUa.— TamtmUt.— Paàre
Correa. — SéebeTeas*. — EtéDeiira* aar l'agricultiire brésilienne. —
UOeuons SUT l'eseUrige — L'anlenr tgtoII rhtbUatiOD dllbi. -~
Pwtrait d'un muletier.
J'ai dit , dniiB Is rdatioD de nuto voy^e sur le littonl
du Brésil, qu'après m' titre embarqué À Villa da Victoria
j'hais arrivé À Rio de Jaueiro au bout de quatre jours.
Bientdt je m'occupai à foire de oouveaox préparatifs pour
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s VOYilJE AV\ SOUiCES
ftller visiter tes provinces de Goyaz, Saiot-Paul, Sainte-
Catherine et Bio Grande do Sul. Avant de parcourir la côte,
j'avais demandé au ministère portugais un passe-port qui
me permit d'étendre mes voyages jusqu'à Matogrosso ; mais
l'entrée de cette province m'avait été interdite, sami doute
par un reste de cette déûance qui avait porté, pendant si
longtemps, le gouvernement dn Portugal à éloigner les
étrangers de sa riche colonie. Au reste, quoiqu'il me fât
défendu de franchir les frontières de Goyaz, on laissait en-
core À mes recherches un champ assez vaste.
Les préparatifs 4e dmd voyage me priient ua temps con-
sidérable (1). Il faut avoir habité Bio de Janeiro à cette
époque pour se faire une idée de la lenteur avec laquelle y
travaillaient les ouvriers; la moindre bagatelle y devenait
une affaire interminable, ie surmontai enfin tous les obsta-
cles, et, le 26 jaavier 1819, je m'embarquai sur la baie de
Bio de Janeiro , pour Porto da Estrella (Port de l'Étoile),
petit village où vient aboutir la route de Minas Geraes, pro-
vince dont je devais parcourir la partie occidentale avant
d'arriver i Goyaz.
On a vu, par mes deux premières relations (S), qu'à
l'endroit appelé Encruzilhada , cette route , venant de la
capitale de Minas (Ouro Preto] , se divise en deux embran-
chements, l'un, que l'on nomme le chemin déterre (co-
mmAo da terra] , qui conduit directement  Rio de Janeiro,
(1) J'embcllai srec le plos grand toia Ira oombrenses collections que
f avais tbiniées JDBqa'alors et les liiSMÎ entre les mains de H. Haller,
ronnil géoértl de France, qui , pudantnuM MjDQran Biéall, M'aconi-
Mé Ab maïques d'amitié «t m'a nodu tons les aerviees qni ont dépendu
de li^. Qu'il reçoive ici l'eipressioo de ma recoanaissaoM.
(î) Voyage dant la province de Ko dt Janeiro, elc,,TOl, I, p. «0.
— Votant iani U di*4rM dM WamoNb , «oi. I , p. asi .
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DO RIO DE S. FBANCISCO. 3
et l'autre.qui ne s'étend pas plus loin que Porto da Estr^a,
où il faut s'embarquer pour se rendre à la capitale du Bré-
sil. Je ne couoaigsais pas encore ce dernier embraoche'
meut; c'est celui que je me proposais de suivre pour entrer
dans la province des Mines.
Après une courte navigation , j'arrivai à l'embouchure
du Rio (Tlukumirim ou da Eitrella, une des petites ri-
vières, si iKimbreuses, qui se jettent dans la baie de Rio
de Janeiro (1). On sait qu'une chaîne de montagnes s'éteDd,
parallèlement à la mer, dans une grande partie du BrésU ,
et laisse , entre elle et le rivage , un espace plus ou moins
considérable : ici l'intervalle n'est pas même de 5 lieues
portugaises. Je commençai i le parcourir en remontant le
Rio da Estrella , qui serpente, au milieu des Mangliers (â)>
(f ) Cette riTière, où pullulent d'inoombrables moustiques et d'iutres
diptèMS malfaisants, preud si source dans la chaîne maritime, et elle
a, à sou embouchure , M ï 60 pas de largeur; dans son cours, qui est
de pen d'teDdne, elle retoît lei eam An Sto da Crtu ou de SatUa
Ctiu, du CayiiabaetdaSaraeurtata; enfin un canal établit une com-
muoicalion eutre elle et le Kio do pilar { Eschw., Journ., n , G6.~Ci-
tiL, Corot.. H,li. — Pa., Vem. hUl., m, 305). Le nom defifo da
EtbrtUa est le seul , i ce qu'il m'a paru, par lequel on U désigne aujour-
d'hui dans le pajs ; cependant je dois dire que celui de Rio (T/nAumi-
rïM a été admù par Cual et son traducteur, Eeaderson ; par Eschwege,
Kaddi, Fotd, fiejânel, Spii et Uartius. Quanti Pizarro, il dit que le
mol JnAusiirini est une corrnplioD d'Anhunfmirim , et il adopte ce
denùecmot, qui, selon loi, voudrait dire , dans la langue des Indiens,
ckamp p<tU. &cbwege a déji Tait remarquer que Hawe avait , ï tort ,
•ppeU Moremim la rivière dont il s'agit : ainsi il serait inutile de s'ap-
pesantir «ar celle erreur.
(2) Arec les colrâs de Saint-Domingue et même plusieurs natura-
bslM, Anioioe-Laurent de Jussieu et Achille Richard , j'emploie ici le
nom de Mantliert comme un terme générique applicable à plusieurs
Tégétaui ligneui des plages de TAmérique équiuoxiale. Ce soiit des
Rhfxopbora Jlanf Je , des ^trfc«nnfa , des Conocnrptu.que MH. Spii
,„,A,8lc
* VOYAGE AUX SOURCES
dans un terrain marécagenx. De distaoce en distance, ceHe
rivière cAtoie de petites collines sur lesquelles on aperçoit
ordinairement une modeste habitation entoarëe de Bana-
niers. Dans )e lointain, Je voyais s'élever une portion de la
chaîne maritime, dont l'aspect varie à mesure qu'on re-
monte la rivière. Le ciel, parfaitement serein, était de
l'atur le plus éclatant ; la verdure des Hanglïent et des an-
tres arbrisseaux qui bordent le petit fleuve avait cette fraî-
cheur qu'on ne saurait s'empêcher d'admirer dans tous les
environs de Rio de Janeiro , et la vivacité de ces couleurs
brillantes formait un agréable contraste avec les teintes
vaporeuses des montagnes.
J'étais parti k midi de Rio de Janeiro ; j'arrivai à sis
heures è Porto da Estrella, où déjà la rivière a fort peu de
largeur. Ce petit village appartient à la paroisse d'Inhu-
mirim et ne possède qu'une chapelle bAtie sur une hauteur
et dédiée à Notre-Dame (1). Depuis que je voyageais dans
le Brésil , aucun lieu ne m'avait offert autant de vie et de
mouvement que Porto da Estrella. On a peine ft se recon-
et MartJDs iadiqvenl eonuiie croissant h l'embonchare dn Rio di Es-
trtUa {Reite in BraiilUn, 1 , 1Ï3). — Il paraîtrait, d'après ce qne dit Pi-
larro {Memoriat hUtor., TO, 19), qae la destruction des mangvet (le
Bhitopliora Mangle , et peat-£tre d'antres espèces de Hoogliers) , dont
l'écorce est fort aille dans le tannage , donna lien antretbis à de Tires
discussions entre les autorités ciriles et ecclésiastiqnes do Brésil. —
Tris-probablement , dans nn bot de conservation, les jésniies et l'értqae
de Rio de Janeiro s'opposcieni ï ce qu'on abattit ces arbres ; mais un àé-
txeHearlaregia)àa f di!cembre 1678 permit qu'on les canpit,saos
avoir égard ani censures de l'évèqne et des pères de la compagnie de
Jésus. Plus tard, cependant, l'administra tion civile modifia un peu ses
idées destructrices; car un alvarâ du 9Jiiillet 1760 défendit de couper
les mmguet . ï moins qu'ils n'eussent été auparavtat dépouillés de
leur écorce au profit des tanneries.
(1) Pu., Mem. hi$t., m, Ml.
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DU BIO DE S. nUHCISCO. 5
nalbï au milieu des mulets qdi partent ou qui arrivent ,
des ballots , des muletiers , des marchandises de toute es-
pèce qui encombrent ce village. Des boutiques assez bien
garnies fouroissent aui nwnbreui voyageurs ce dont ils
ont besoin (1). D'ailleurs il n'existe, autour de Porto da
Estrella, aucune habitation considérable (1819); mais on
cultive un peu de café dans ses alentours. La première
maison qui se présente est le rancho , destiné à abriter les
caravaneB; c'est un bâtiment très-long , divisé en eqièces
de cdlules par des cloisons en terre, et au devant duquel
le toit pnrfoQgé forme une vaste galerie dont les piliers
sont en briques (1819). Chaque caravane s'établit dans
une des chambreltes du rancho , y arrange son bagage et
y fait sa cuisine : là aucune espèce de commodité , pas
même une table, pas même un banc, et, lors de mon pas-
sage, on voyait le jour h travers les cloisons mal entrete-
nues (2).
Je trouvai A Porto da Estrella mes mulets , que j'y avais
AJt conduire par terre. Les serviteurs qui devaient m' ac-
compagner étaient le muletier, qui m'avait déjà suivi jus-
qu'au Rio Doce; l'Indien Firmiano, que j'ai foit connaître
(1) Selon H. Pohl (ll«((f, I, ITfl], une twnda Mriit atucbée à ïb»qne
nuiBan ; HH. Spii et Hirtins , plus eucU , se boment h dire, m psrlini
de Porto d«Eitre]lt, qu'il fl'ftTcove quelques wndat {KtUe, I, 1S6].
(3) H. J. F. Toa Weccfa , qai a pawé , quelque* anoées ipris moi , k
Porto da EalrelU, confirme ce qae je rapporte ici du moaTemeul qai j
T^ne, et ajonic que coutiDuelletnent on j construit de DOUTclles nui-
■ODS (Beitt, B , 138). Oa m'a mime assuré qne ce village avait reçu du
loaTenwnient actuel le nom de ville, et c'est effectivement celui que lui
dODue, dans son livre, le comte de SuxaniKt {Sotm., 3S9). Je n'ai pas
besoin de dire que Porto da Estrella ne porta point le nom d'aUe», que
lui ailrilme H. Walab ; c'est seulement aui villages de» Indiens que le»
Brésilieas appliquent ce mol.
D,<j,i,.,.d.:, Google
A TOTAGG AUX $OimCES
dans mes Relations précédentes ; mon domestique Prégent ,
dont la santé s'altérait chaque jonr davantage, et un autre
jeune homme, Clément Français, Antoine Laruotte, qui
devait aider Prégent dans son traTail.
Il est difficile de voir une roule plus fréqamtée que celle
de Porto da Ëstrellaè Minas, et, si elle l'était moins lors-
que j'y passai en décembre 1816 (1), c'est qu'au temps de
Ifoël , qui est , pour les Brésiliens , l'époque de la réunion
des familles, peu de muletiers se mettent en voyage. Cette
route, ouverte, il y a environ un siècle et demi , par le
guarda mi5r Garcia Bodrigues Paes (3), a surtout acquis de
l'importance depuis que l'on cultive le coton A Minas No-
vas (3) , et que l'on a commencé à exporter le café du midi
de la province des Mines; ce qui, lors de mon séjour an
Brésil, ne datait encore que d'un petit nombre d'années.
Le jour où je Rs halte au rancho de Boa Vista da Patn-
pulha, dont je parlerai bientôt, cent trente mulets s'y
étaient arrêtés, et ce raneho n'est pas un des plus consi-
dérables du canton : par là on peut se faire une idée de la
quantité prodigieuse de bétes de somme qui devaient se
trouver en marche sur la route tout entière.
Jusqu'à Encruzilhada, lieu où je quittai le grand che-
min, se succèdent, à de faibles intervalles , les fazendas,
les ranchot, les ventUu, les atdiers de maréchaux ferrants.
La multiplicité de ces établissements ne surprendra pas :
les cultivateurs doivent naturellement se rapprocher d'une
(1) voyaçe dant Ut provineei de Rio de Janeiro tt de Mina» Gt-
raet, voi. 1.
(21 Piz„ Mem. hitt., n, 105, ei Vil, secoada pirl., 3.
(SI Voyage dant let prnvinret de Rio d* Janeiro et de JWtnt» C<-
rart, vol. 11.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FIANCISCO. T
route tarès-fréquentée , près de laquelle ils peuvent trouver
fecileraent le débit da produit de leurs terres ; les hommes
qni tiennent le» vendas ont l' occasion de se défaire de leur
la^, deleurcochofa, deleur farine, et, en général, des
comestibles qui font l'objet de leur commerce; enfin les
mirédiiux ferruits peuvent être souvrat appelés à exerce
leur Indostrie, Le mais est la drarée qui se vend le plus
géeà^ment , parce qu'elle fait la nourriture des mulets
et que les caravanes n'en portait point avec elles (1).
Quelque fréquentée que soit cette route , il ne faudrait
pas que le voyageur anglais, français ou allemand s'attendit
i y trouver les ressources que lui ofi'rent, dans sa patrie ,
les ht^telleries les pins médiocres. Un établissement du
genre de dos grandes auberges n'aurait probaMement ici
aucun succès ; les bcHnmes qui parcourent ce pays sont ac-
coutumés à la frugalité et à des privations continuelles. Les
{Kovisions qui leur sont indispensables, ils les chargent sur
teors muleta, et, si les propriétaires des vmd(u les garnis-
saient moins mesquinement, peut-être auraient-ils le cha-
grin de voir une partie de leurs marchandises se perdre
dans leurs boutiques.
Ce n'est qu'à ifatM^toea (manioc], éloigné de 3 lieues
portugaises de Porto da Estrella, que l'on trouve la chaîne
(1) O* tronen daas moD TOfoçe à Jf (nu Garaei, etc. (vol. 1 , 308,
M, U, 60), l'eipliutioa détaillée des mots faiendai, rwMhot, vendat,
eaehaça, Iropa on caranDe. Je me bornerai h redire ici qo'nne fU'
stnda est nue habitabon rurale de quelque importance , que les ratt-
efeo* BODt des iMDgars destinés h servir d'abri aai voyageurs, que le
eaehaçatit le lafia dn pars, qu'on appelle wndat (tes cabarets où l'on
TPnd DOD-seulement de reBD-d»-Tie de sacre, mai» encore des comes-
lîblrs ; enfin que les ciraTanes de mulets ( Iropai ) sont diTiséei en
lots ( lofe* > de *sptbAtee, coadait» ehanm par on loucbenr { fonuior).
D,<j,i,.,.d.:, Google
s VOYAGE AUX SOURCES
maritime. Jusque-là le pays est parhilement plat.
Le chonin que l'on suit en sortant de Porto da Estrella ,
tortaeoi, mais assee large, est bordé des deux cAtés par
de grands taillis (a^oemu) qui , snr la droite , laissent , de
temps en tonps, entrevoir les montagnes, et an milieu
desquds croit on nombre infini de ces betles Hélastomées
& fleurs violettes qu'on appelle fior de guareima (1). Mal-
gré la poussière qui, lors de mon voyage, s'élevait sans
cesse sous les pieds des mulets et des voyageurs , la verdure
conservait encore une fraîcheur extrême.
A oiviron i lieue et demie de Porto da Estrella, le che-
min aboutit à une place très-grande snr laquelle s'étend un
magnifique gason. C'est là qu'à gauche, su pied d'une col-
line couverte de taillis, a été bdtie l'église paroissiale de
ffo$$a Senhora da Piedade d'Inhumirim (3). Sur la droite
sont quelques maisons, et, du m£me cAté, on a devant
soi la cbahie maritime. Ce paysage si simple ottn quelque
chose de riant et de majestueux, et, i l'époque de mon
voyage, il empruntait encore des beautés à l'aïur ivillaot
(1) SoQfi ce nom I'od comprend, comme j'ai ea occmImi de le dire
aUleors, plasleaTs «spècps qui k reuemblnt pv Vtàtfafioik de leur
lige et U graDdeor de leurs Heurs.
(S) HH. Spix et MartiuB indiquent cette église comme une simple
ehapelle {Rtite, 1 , 1^8) : miis Cu«l , Eschwege et Piurro disent eiprcs-
atment qu'elle est paroissiale , et le deroier ajonle qne ce Ait ca 1690
qa'elle fut érigée en paroisse. Peudant longtemps, le Icrritoire qnî en
dépendait s'est étendu , dn celé du nord , snr la ronle da Blinas, jnsqa'à
la faxenda de Govemo , qni e«l éloignée dn fteure Parahyba de S lieues
eoTJTon ( Escbw.), et où comotence U pcroïKe dite da Pamliiiba Vtlka.
Qooiqn'an asseï grand nombre de chapelles se fassent élerées sur ce
territoire , on finit par retonnattre qn'il était trop Tule pour one seule
panMsse.et, en ISIS, on en détacba tout ce qui se trouvait au deli de
la chalue maritime , pour en fonner nne portion de U peroisae nouvelle
^d:,;. Google
DD RIO DE S. FRANCISCO. 9
do ciel , h la rerdure alors si flitche des gazons et des tail-
lis, au calme profond qui régnait dans toute la nature.
Le jour où je quittai Porto da £strella, je fis halte à la
faxenda de Handioca, située tout à Toit au pied des mon-
tagnes. Cette faxenda, qui appartenait au consul de Russie ,
N. Lang8dorff(l), voyageur instruit et infatigable, ne peut
manquer d'être célèbre dans l'histoire naturelle du Brésil ;
car la plupart des savaDls qui étaient venus pour vi^ter cette
partie de l'Amérique, k l'époque du premier mariage de
don Pedro I", passèrent quelques jours à Handioca, et y
recueillirent beaucoup d'objets intéressants (3). Il est inqtos-
sible , eu effet , de rencontrer une localité où le naturaliste
puisse faire de plus belles récoltes. A peine s'est-on avancé
. de quelques pas vers le nord, que l 'on trouve les montagnes,
qui présentent tanlM des rodiers et tantAt des terres excel-
lentes ; on est entouré de bois, les uns encore vierges, les
40 s, Jo$é do Svmiâowro. AvidI cette dinsiim, U parmase de Noua
Seabort da Fiedade d'iahumirini coropreoBit plus de 480 Tem et plas
de a,eoo idaltes (Jf«n. M((., HI, 255 et suiv.). U serait carieni de
eonnaltre d'une manière prédge les aagmentaliooB que ce cautoo , ai
TOiliii de la capitale et de la mer, a dâ éprouTcr pendant les derniires
•DiKes, et de Ice comparer avec Im changemeuta qui ont po avoir lieu
dans l'îDtJTiear, h dea diaUac«s de U cAle ^aduées aatant que possible,
et sons des inaueiKes diTerses et bien délermiuées.
(1) M. LangsdorlT avail accompagné l'amiral KniaenaierD dons aon
Tojage aotcur da moDde : od a va , par ma prtntiire rtlalion , que
noua aoauDeaallJB ensemble jusqu'à Itajarii, dans la proTÎoce des Mines,
et , depnis , il a encore parcouru , soiu la protection de l'empereur de
Bnaaie, une partie de l'intérieur du Brésil.
(2) On trouve de« détails sur Handioca dons les écrits de PohI et de
Spii. Raddi a donné le nom de XanAUxaiM h un Oxalit que j'ai di'crii , ,
arec détail , dans le Flora Brasilia m«rtdHnH)ltf , I , p. lis.— Handioca
a él^ acheté par le gouveroemeul actuel , qui ; a établi une fabrique de
poudre (GtnDH., TToneU, Vt\).
D,<j,i,.,.d.:, Google
10 VOTAGE AUX S
autres en taillis, et de tons cMéi coulent des ruineaux qui
contribuent à rendre la Tég^Uon aussi Tariée que vigou-
reuse.
J'ai dit ailleurs (1) qu'une cttalne de m<«itagne9 se pro-
longe le long de la mer dans une partie du Brésil (Serra do
Mar), et qu'elle est couverte de bois vierges ; f ai ajouté
qu'une antre chaîne plus élevée (Serra do Espinbaco), s'a-
vançant h peu prés du nord-est de la province Saint-Pau),
s'étend presque paraHélentent è la première et ne laisse
qu'une distance de 30 A 60 lienea entre elle et la Cordillère
maritlnie ; j'ai encore ajouté que la chaîne intérieure sépare
toute la province des Mines en deux parties fort inégales,
qu'elle divise les eflux du Rio Doce de celles du S. Fran-
cisco, qu'elle va se perdre dans le nord du Brésil ; enfin
que l'espace compris entre les deux chaînes est coupé par
d'autres montagnes, et que le pays qui s'étend d'une chatoe
à l'autre est généralement couvert de bois comme la chaîne
maritime (3). C'est ce réseau de montagnes boisées que
j'allais d'abord parcourir. Je devais, me dirigeant vers le
septentrion, monter la Serra do Mar, et la descendre en-
suite, afin d'entrer dans le bassin du Parahyba ; je devais
passer cette rivière, quitter la direction du nord pour suivre
celle de l'ouest, traverser la chaîne intérieure, sortir alors
de la r^t'ondM^or^te, trouver, à l'occident de la dernière
(i) VojM mon Voyage dont Ut prooineei ieBlodt Janetro, etc.,
TOI. I, p. 08.
(3) Oa verra, par 1i Enile, qu'il J ■ nne nreplion pour 11 partie la
plDS méridionale de l'espace compris entre les deux chaînes, et que,
depnis )e rillage appelé Porto da Cofhoêira jnsqn'ï la ville de Saint-
Paul , on troare an pajs généralemeol plat on ondulé , coupé de boa-
queu de bois , de marécages et de pltur^M nalureb enlièrement dé-
D,<j,i,.,.d.:, Google
m UO m s. FRANCISCO. 11
chaîne, ta région des campot ou pays découvert , et m' y en-
foocer ponr me rendre dans la province deGoyaz, après
avoir parcouru la partie ta plus déserte de celle de Minas
Geraes.
A peioea-t-on commencé à monter la Serra do Har, qn'oD
voit te pays clienger d'aspect. La nature ne perd rien de sa
majesté, mais etle emprunte on caractère Apre et sauvage
de l'élévation des montagnes, de leurs anfractuosités , des
rocben dus qui s'y montrent au milieu des forêts, enfin de
la verdure foncée du feoillage des arbres ; elle paraîtrait
oflgjanique sans l'éclat brillant de l'azur des cieux.
La partie de la Serra do Mar au pied de laquelle est si-
tuée Mandioca s'appelle Serra da Eslreîta, nom sans doute
emprunté k une montagne du Portugal située dans la pro-
vince de Beira (1). Dans une étendne de 1 lieue et demie ,
depuis te bas de la Serra dâ EAtrella jusqu'à son sommet,
et sur une partie de ce sommet lui-même, le diemin pré-
sente une véritable rareté pour le pays (1819) : il a été
pavé, et, qui plus est, il ne t'a point été mti. Cependant,
quoique ses sinuosités aient été ménagées avec assez d'art,
il ne laisse pas d'être difBcile pour les hommes et pour les
animaai. Lorsqu'on est arrivé i une certaine hauteur, on
découvre une grande partie de la plaine diongée que l'on
a parcourue en venant de Porto da Ëstrella, et qui, cou-
verte de gazon, serpente entre des collines boisées comme
un ruban ondulé et d'un vert tendre. Parvenu au point cul-
minant, je me trouvais à 5,G07 pieds anglais [1,099°,55)
au-dessus du niveau de la mer (S) , entre les eaux qui se
jettent dans la baie de Rio de Janeiro et celles qui groeds-
(I) Tojei EscBwicE, Jfmm. von Brat., U, 71.
■i) Hcsarc empronife à »on Esfhwej».
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tS VOYAGE AUX SOURCES
sent l« ^ahyba. Alors je commençai à descendre pour me
rendre dans )a vallée où coule ce fleuve, et après avoir fait
3 lieues environ , depuis Mandioca, je m'arrêtai au roneko
de la faxenda de TamaraU (Ij , que je trouvai encombré de
muletiers et de marchandises.
Cette fazenda, située à une hauteur encore très-consi-
dérable, mais dans un enfoncement, est entourée par des
montagnes arrondies i leur sommet et couvertes de Iwis.
L'une d'elles se termine par une croupe taillée à pic où le
rocher nu et noirAlre présraile à peine , çà et là , quelques
liantes grasses; au-dessous du rocher, sur une pente très-
roide, on voit un taillis, et c'est au bas de cette pente qu'ont
été bfltis la fittenda et le rancho ; à peu de distance, sur
le bord de la route, un autre ranctut sert de supplément au
premier ; dans une vallée étroite coule un ruisseau dont le
murmure s'entend du rancho (3), et qui, sans aucun doute,
réunit ses eaux k celles du Piabanha (5) , l'un des affluents
du Parahyba ; sur une pente, on voit une vaste plantation de
mais. La hauteur des montagnes , les bois sombres qui les
(1) Piurro a écrit llamarali (If An., vol. m, 264), et Lnccock {NoUt,
375 ) itamareU. Peut-être ce dernier mot indiqne-l-il U ?ériuble i^tj-
mologie de TamaraU, qui Tieodrail des mots BOinDis Ua, pierre, et
mbaraeté, fort (Au. Rdie de Uontot*, Tm. teng. awr.), on d'aaires
mots aiulogaes empruatés i quelque dialecte Toisin du guarani. Si cette
étjinologie n'est point erronée, comme cela est misemblable, il est
dair qu'il ne fendrait pas, aTec le général Htimnodo Jo«4 da CuDba Hal-
tos , écrire Tamarati/.
{i) D'aprts ce qu'ont écrit Pizarro et M, Baimundo José da Cunfaa
HaUOs {Hem. Ii/it.. ni, 304. — Hin., I, S), il est érident que ce
ruisseau est le Rio TomaraJi on ItamaraU , qui , selon le premier de
ces écrÏTains, Tient du lefaU , pour se jeter, après un cours tfaoe lieue.
(3) Le nwn de PiofranAa est celni d'un paisgou d'eau douce. C'est à
tort que Hawe écrit Piatmnha, Loccorli Pintuno, cl Wsish Pinhwiila.
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DO RIO DE S. FBANCISCO. >3
couvrent, ce large rocher noirAtre qui domine \aiftaenda,
la vallée étroite qui se dessine au-dessous d'elle donnent
h tout c« paysage l'aspect le plus sévère.
Au delà de Tamaratl , le chemin suit, à mi~câte, les si-
nuosités de la vallée dont je viens de parler et où coule le
Piabanha. Toute la contrée présente ce caractère sauvage
qu'ont en général les pays de montagnes et de bois. BiratAt
on passe près d'une belle fasenda appdée Samambaia (i).
Un peu plus loin , la vallée , jusque-là assez étroite, s'élar-
git, et l'on voit les bords de la rivière, plantés de cognas-
siers alignés avec soin, qui, à l'époque de mon voyage,
étaient chargés de fruits mûrs : on est alors sur les terres
d'une fazenda appelée Padre Coma (S) , du nom d'un
ecclésiastique, son propriétaire. 4près les cognassiers, vien-
Dent de nombreux pêchers sur lesquels je vis également
des fruits mûrs (39 janvier). Quant à la fasenda elle-même,
elle a été bâtie dans un grand espace que les montagnes
laissent entre elles , et qui est tout à la fois sans inéga-
lités et de niveau avec le diemin (3). L'aspect de cette vallée
(1) Samambaia, on mieni eacore Çamtmbata, est le nom de !■
grande toagète qni, ta Uut de lient, s'empare des terrains autrefoit
(!) Ce n'est ni Padre Corrao, comme ont écrit Hâve, Loceoek et
SouiBMt, m Faére Corré, comme écrit Henderaon. — Dn dei voya-
genreqne je Tieiudc citer dit (Scz., Sow>., 36a)qne Padre Correa est
aojonrd'lini an village; il aura <té trompé, sans donle, par la raale
etendae de* bllimetria qu'il } a na j car H. Oardoer, qui mérite tonte
eonfiance et a passé par le mtme lien en 1840, ne lui donne encore que
le nom de fatenda (TraveU, SSÎ).
(3) Ba Cnnhi Mattos dit (Illn., 1, I0)cp]'il euaiedans la cour ((«r-
rajro ) de la faitnda de Padra Gottm un arbre lallement (ouSq , qae,
a« miliea dn jodt, il poorrait couvrir de son ombre un bataillon tout
entier. Cet arbre aurait presqoe rivalisé avec celui qui abrita la petite
année de Corlei.
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14 VOYAGE AUX SOUHCES
si bien cultivée, au milieu des montagnes âpres et sauvages
qui la bornent, a quelque cbose qui surprend et qui charme;
là, on peut voir ce que rboouae ferait dans ce pays avec plus
d'industrie et plus d'efforts. L'abbé CoiHEA, qui faisait va-
loir l'babitation dont je viens de donner une description
succincte, jouissait, à l^o de Janeiro, d'une grande r^a-
tation pour ses connaissances en agriculture, et il parait
qu'elle était justement méritée. Il avait profité de la tou-
pérature modérée de la Serra pour cultiva un grand nom-
bre de plantes d'origine caucasiqueou européenne, et l'on
m'a assuré qu'il retirait beaucoup d'ai^nt seulement des
ceillets qu'il envoyait vendre i la ville. Dans la saison où
nous éHaaa alors , il faisait partir, m'a-t-on dit, chaque se-
maine , pour Porto da Estrella , une troi^ de nuilets char-
gés de pèches, et l'on ajoutaitqu'il en vendait pour environ
10,000 cnuades. Ce fait, soit dit en passant, prouve com-
bien la ten^rature de la Serra diffère de celle de Rio de
Janeiro, car les pêchers ne donnent point de fruits dans les
jajrdinsdecetteviUe. Asiibeuresdumatin, dans la plaine,
le thermomètre de Réaumar m'avait indiqué 33° 1/â, et,
à midi , il indiquait, i Tamarati, dans la montagne, 33,' i 12
seulement.
Après avoir passé la fatenda de Padre Correa , je dttoyai
une immense plantation de ma'is. Plus loin , sur le bord
de la rivière, des nègres ^ent occupés à préparer la leire
pour y mettre des haricots qui devaient ètn récoltés en
juin. Cens que l'on plante ainsi , de manière i pouvoir faire
la cueillette dans l'hiver des tropiques, prennent le nom de
feijôet àa teca , c' est-è-dire haricot» de la sécherette.
Pendant longtemps le chemin avait suivi la rive droite
du Piabanha ; on passe cette rivière sur un pont pittores-
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FVAMCISCO. la
que, et I'od câtoie u rive gauche jiuqu'au rancho assez in-
sigDiSaat qa'on appelle Svmidouro (gouffre]. C'est là que je
Sfi halte le jo«r où j'avais quitté Tamara^.
L'habitation la plus importante de celles que je vis entre
Sumidouro ^ Boa Yista da Pampulha , où je m'arrêtai le
jour suivant, est Secret^np (secrétaire). Depuis cet endroit
jnsqu'i Boa Vista, dans l'espace de 1 lieue, je comptai en-
core 5fuatre faamtà^t, nais elles sout peu considérables.
Avant celle ^Fagwadet[i), le cfaemin commence à mon-
ter; là on voit HO ruisseau qui coule eo sens contraire du
Piabuiba, que j'avais, comme je l'ai dit, cAtoyé U vejlle,
«t , à la fazenia de Fs^iudes , la montée devient Irès-roide.
lies terres de oe cantoa sont bonnes et rendent , en maïs,
150 à 200 pour 1 ; mais l'eitrème sécheresse qu'on prou-
vait alors Aisak beaucoup de tort à cette plante. Dans l'été
de 18i6 à 1817, les pluies avaient été peu abondantes ,
elles le furent ezceasivemeot é»m iceiui de 1817 à 1818 ;
la sécheresse se faisait de aouvieau sentir de 1818 à 1819,
et, lorsque de 1819 à 1820, je traversais la province de
SaÙBt-fanJ, je Eus eitrèmeiaeift oontivrié pai l'abondance
desfluîes. Il serait tmi d'«b«erv«r si cette alteruanee sio-
gulière se renouvelle souvent ; mis ce que je puis dire ,
£'cstiqu'«Uen'»raitfNHOt été offi»1e par lea-^iés Immédia-
tement antérieurs k celui de 1816 à 1817 ; car , lorsque
j'éttts à Itabira de Mato deotro (S) , je sus par mon hdte,
M . le capitaine Pires , -que ce mÊme été était le troisième
(t) Fagoodes est vn nom d'hoiaine. 11 ne tt,at pas , coaao» Satbwtge,
éaitt Peçundei , ni Faipnulat comme le iûOwa PoU , oa Faetmda
cooimalf. Wabh.
(X) TofM BWD rouage diuu ta protlmt» 4« Biv At j«meiro, «te,
Tol. I, 360 et miT.
D,g,l,.,.d.i.COOt^lC
w voTAOË AUX soncis
où l'on eût i se plaindre de la sécheresse, et il n'est nulle-
ment k croire qu'elle ait été limitée au canton d'Itabira.
Je reviens à mon itinéraire. Le cours du Piabanha suffi*
rait pour montrer que, pendant longtemps, la roote suit un
plan qui incline vers le nord; cependant elle ne descend
pas toujours, puisqu'il existe à Fagundes, ccmune je l'ai
dit , une montée rapide , et qu'alors on voit un ruisseau
qui coule en sens contraire du Rio PitdMDha. L'habitation
de Boa Vista da Pampulha se trouve plus élevée que Su-
midouro, qui, pourtant, est- plus rapproché de 3 lieues du
sommet de la chaîne maritime , et , par conséquent , plus
éloigné de la vallée du Parahyba ; mais ensuite , d^uis
cette même habltotion jusqu'au fleuve , on descend d'une
manière sensible (1).
La seule ftaeada un peu considérable qui se trouve
entre Boa Vista da Pampulha et 6oMrno, où je Os halte ,
est celle de Cebola (oignon) (2), dont la cour, très-vaste
et entourée de nombreux bUmienls , est traversée par le
chemin.
En me rendant de Boa Vista A Govemo , je m'amnsai i
questionner quelques nègres de Benguela , que je trouvai
sur mon diemin. Ils me dirent que, dans leur pays, on
cultive la terre comme au Brésil; que l'on y coupe les bois
(1) Toid la note des binlennqDl ODtélé prise* par H. iTEe^wege,
depuis k sommet de la Serra jusque sar le bord du Paralijbe :
Sommet de la Serra 3,007 pieda anglais ou 1,0B9>,SS
Conego Seco 3,405 — 733-,80
. snmidoaro l.SOS — M9-,08
Boa ViMa di Painpalha. . . . I,ft79 — 601-, 78
Bords du Parabjba. 610 — ltt9-,86
(2) Ceet i ton queHam a«eritz<itotia,LiicMd[CatohM, WaUta.
SMoola.
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DO RIO De s. PKANCISCO. 17
et qu'on les brûle, qae c'est là l'ouvrage des hommes,
et qu'ensuite les remmes et les enrauts plantent et font
la récolte. La ressemblance des pratiques que Von suit
à Bengaela et de celles qui ont été adt^tées par les
Brésiliens ne doit cependant pas faire penser qu'en agri-
cnlture les n^^res, barbares et esclaves, aient été nécessai-
rement les maîtres des Portugais plus civilisés. Quand
ccHï-ci arriTèrent en Amérique , ils y trouvèrent leur mé-
thode actuelle de cultiver en usage parmi les Indiens, et ce
serait probablement i ceux-ci plutôt qu'aux Arricains qu'il
faudrait en faire honneur (i). Mais, lors même que les Por-
tugais n'auraient point eu sous les yeux de modèle pour
cette méthode , l'impérieuse nécessité la leur aurait sans
doute luentôt enseignée. Qu'aaraient-ils pu imaginer, en
effet, quand ils auraient voulu planter dans un bois vierge,
si ce n'^t de couper les arbres et de les brûler? Il serait
donc injuste de leur faire un reproche d'avoir commencé
de cette manière; mais ce dont on pourrait , avec raison ,
bUmer aujourd'hui leurs descendants, c'est de continuer à
brûler les forêts , lorsque tant de terrains découverts et &-
nies è labourer sont i leur disposition ; c'est de priver, sans
nécessité , ceux qui viendront après eux des ressources si
nombreuses que présentent les bois ; c'est de courir le risque
de dégarnir leurs montagnes de terre végétale et de rendre
leurs eaux moins abondantes ; c'est, enfin, de retarder les
progrés de leur propre civilisation , en se disséminant cha-
que jour davantage dans leurs vastes déserts pour y trouver
des arbres i incendier.
Les nègres de Benguela , dont j'ai parlé plus haut , me
(I) Vojei nMi) royage Han* le dùlricl dtt ùiamanU, vu., II, 271.
^d:,;. Google
18 VOYAGE AUX SODRCES
dirent qu' ils avaient été enlevés , étant encore enfants , par
une horde voisine de ta leur, lorsqu'ils étaient occupés dans
la campagne' avec leur mère. Si la traite était bien fran-
chement abolie, de pareils enlèvements n'auraient plus lieu
chez les Africains, ou dn moios ils deviendraient plus rares
vA la principale cause de guerre cesserait parmi ces peuples.
Mais, dans l'état actuel des choses , il faut , an Bré^l
éprouver le dégoût d'être servi par des esclaves , ou se ré-
signer , comme je l' ai dit ailleurs,à être soi-même à la merci
des hommes libres que l'on emploie; j'en ai fait trop sou-
vent la triste épreuve. Vers Governo, mon muletier me dé-
clara qu'il était décidé à retourner chez lui, et j'obtins avec
beaucoup de peine qu'il ne m'abandonnerait pas dans on
lieu où j'étais inconnu, mais qu'il me conduirait jusqu'à
IM (1) , où j'avais l'espérance de le remplacer. D'un autre
c6ié, k peine étais-je arrivé è Porto da Ëstretia que le pauvre
Prégent avait voulu se rembarquer pour Rio de Janeiro ,
afin d'y aller chercher une bagatelle asseï inutile, et m'avait
fait one scène qui s' était prolongée pendant plusiran jours.
Ainsi je m'étais trouvé entre deni hommes dont l'un
prétendait que j'avançasse el l'autre que je retournasse
sur mes pas. Je n'entrerai pas dans le détail de ces bacas-
series; je me contenterai de dire qu'en continuant ma route
avec les gens qui m'accompagnaient alon, je montrai plus
de persévérance peut-être que dans aucune autre circon-
stance de ma vie.
(1) Tojei moD Voyage dan* U» provincei da Rio d» Janeiro, etc..
1,28. — C'est ïlortqas Loccock a écrit I/ca, an lieu d'UM. Ou trouve
aassi Uva dans ooe DeieriplUm d« Rio dt Janeiro, qni a été imprimée
diaa les HiMoeilt* onnalM Aet votiagei, toI. IT, et où les géograpb«a
Teront biea de ne |khdI aller cbereher des reaseignemeDla.
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DU MO DE S. FRANCISCO. 19
A Encrtuilhada [1j, je quittai , pour me rendre à Ubé, la
grande route de Minas Geraes (2) ; j'entrai dans le chemin
de terre {camàiho da terra) (5), me rapprochant ainsi un
instant de mon point de départ , et , au lieu appelé Soco-
pira (4) , je pris le chemin de traverse qui devait me con-
duire A ma destination. Je parcourus les lieui que j'arais
d^ visités l'année précédente, et enfin j'arrivai k Ubé.
Ce fut ta dernière fois que je revis cette habitation , on
]" avais passé de si heureux moments et où j'avais pu me
livrer au bonheur d'observé une nature aussi brillante que
(1) Ce doit ttn ce lien que Pohl et Eschwege appellent Litea* ■■ le
^rnier dit mtme qae Lacas porte on antre nom qui loi « écbtppé. En-
tntxilhada est, tu reste, no mot générique qui désigne tout embran-
(S) Da Cnnba Haltes établit comme il suit ritinéTaire de Rio de Ja-
neiro i Gorenio :
- De Rio de Janeiro i Porto da Estrella 5 legooa.
— — Muidioca 2
— — Pidre Correa i
— — Boodui do Almeidâ. ... 11/3
— — Bu Vista da Ptmpnlhi. . S 1/3
— — Oofemo î 1/2
2(1 t/2 legoas.
Il fuit se rappeler qne les Ugoat on lienes portngaises sont de 18 au
degré.
(3) Le ehtmln de terre est celui qne l'on prend lorsqu'on va de Hinas
i Rio de Janeiro et qa'on rent ériter de s'embtrqner. (Vo7ei le royiiff*
dans let provitteet d« Kio iMJaii^ro, etc., 1, 6, et celui dans le d<(-
triet de»DiaMantt, etc., I, 281.)
(4) J'ai écrit ailleurs S^uvpira {Voyage dan* U dittriet, etc., I,
182) ; mais je crois l'orthographe que j'admets ici pins conforme i la
proDondatioD. Il parait que l'on appelle anoti ttenpira l'arbre on les ar-
bres aoiqnek le lien dont il s'agit ici a emprnnté iton nom ; car c'est ainsi
qn'ont écrit dea hommes qoi doirenl bite anlorilé. (Vojei F, Dncis,
BréHl , 60. — Gabon.. Trav., un.)
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30 VOYAGE ADX SOURCES
variée, sbds éprouver les privations par lesquelles il fallut,
plus tard , acheter si cher tes jouissances de mon voyage.
H. Joâo Rodrigues Pereira de Almeida (1] n'était point k
Ubé quand je m'y arrêtai ; mais , avant mon départ, il m'a-
vait donné , pour différentes villes , des lettres de recom-
mandation et de crédit qui me furent de la plus grande uti-
lité. Sans son appui et son amitié, je le répète ici plein de
reconnaissance, je n'aurais pas achevé mon voyage.
L'administrateur de sa belle habitation fit des démarches
ponr me procurer un muletier; il s'en présrata un qui était
assez bien recommandé, et je m'arrangeai avec lui à raison
de 7,300 reis (45 fr.) par mois. José Harianoo, c'était son
nom, avait un teint extrêmement foncé; mais, comme en
même temps ses cheveux , durs et noirs , n'étaient nulle-
.ment crépus et que son nez était aquilin , je ne doute pas
qu'un mélange de sang caucasique, nègre et américain ne
coulit dans ses veines. Cet homme possédait au plus haut
degré les bonnes et les mauvaises qualités qui caractérisent
les métis ; il avait une très-grande intelligence et une
adresse peu commune ; mais il était à la fois imprévoyant ,
léger, prodigue et vaniteux. Souvent on le voyait gai tA Jo-
vial; alors il prenait des manières enfantines , et devenait
câlin avec ses supérieurs ; il se plaisait i causer, et racon-
tait avec esprit les histoires de tous les muletiers du Brésil,
en se les atbibuant à lui-même ; il ne s'était |»obablement
guère éloigné de Saint-Paul et de S. Joao d'EI Rei , mais,
i l'entendre, il connaissait tout l'empire brésilien; il avait
voyagé dans les Campos Parexis, qui sont si peu connus, et
il y avait eu mille aventures merveilleuses ; son père, disait-
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m aïO DE s. FIURCISCO. !t
il, était un blanc fort riche, ses frères étaient des blancs, il
ni'ac«ompagnait pour son seal plaisir, ou bien encore parce
que l'infant don Pedro l'en avait prié avec instance. J'au-
rais été trop heureux , au reste , si l'on n'avait eu à lui re-
procher que sa vanité excessive ; mais, après quelques jours
de bonne humeur, sa physionomie changeait presque tout
à coup d'expression ; elle devenait sombre; il ne souriait
plus, ne disait plus rien, ou, s'il laissait échapper qod-
ques paroles, elles étaient empreintes de mécontentement
et d'aigreur ; alors il devait certainemoit beaucoup souffrir.
Sa mélancolie durait ordinairement une semaine ou deux ;
mais ensuite il reprenait sa galté et il la perdait de nou-
veau qudque tanps après. On verra plus tard combien de
désagréments m'ont causés les bizarreries de cet homme ,
et combien elles me faisaient payer cher les services fort
importants qu'il me rendait.
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VOYAGE AUX SOURCES
CHAPITRE II.
LE CBEHIM DU RIO PBBTO. — LA VILLE DE VALEHÇA ET LSS
COHOADOS.
HbbûTe do chemin da Rio Preto, Les Umchean de baafs et de pour-
ceani. — Le ftrrador. — tt port dn Panhjba. Comment la bceufe
traTenent cette rifitTe. Peinture de ses bords. Péage. — ChemiD dé-
teatoble. — Les bois vierges. — Qnelqaes faxendat. — Les Indiens
Coroados. — La Tille de Valença-, son histoire ; sod état acUiel. Ré-
OexîiHM sur la métamorphose des Tillages en Tïlles. — Le rancho Sot
Cobrat ; ou pajwge an clair de la lone. — Le Ato Btmilo.
Le chemin que j'allais parcourir pour me rendred'Ubi (1)
AS. Joâod'El Rei, et de là à Goyaz , en visitant la partie
occidentale de la province des Mines, porte le nom de ea-
mirAo do Rio Preto (chemi n du Rio Preto) , parce qu'effec-
tivement il traverse cette rivière (â). Lorsqu'on veut le
(1 ) ItioéraiTe approiimatif Û'Obi an rillage de Rio Pralo (■rraial do Rio
Pitto} ;
D'Dbà m Porto da Parabjba 3/4 legoas.
— Forqnitbi (rancbo) S
— FazeiidadeJotqiiimHarcos(IiabitatiOD). i
— As Cobras (raocho) 3
— Arraial do Rio Preto «illage) 3
13 3/4 legoas.
(2) PIds lard , an mois de février 1S2S , je passai par tm antre che-
min , qui commence an delà d'Agnassû , toat mprès de Bemfica on Pë
da SeiTi (voyei ras premier» relation, 1 , 8), et qui tombe dans le che~
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DU MO DE S. FUNCISCO. 2S
stiiTre, CD parlant de Rio de Janeiro, on prend d'abord le
eanùaho da terra (clieniin de terre),qui mène h FaoGrande.
Là eoDt deux embrancbemeals : l'un n'est que la continua-
tion du caminAo fia terra et aboutit, comme je l'ai dit, à
Eocnuilhada, dans la grande route de Villa Rica ; l'autre
est le commencement du eamtnho do Rio Prtto et passe
auprès de l'habitation d'iibà. Déjà, depuis longt^nps, ce
dernier chemin était indiqué par un sentier fréquenté uni-
quement par les piétons; on reconnut qu'il serait moins
long, pour les habitants de S. Joâo d'El Rei, que la grande
route de Villa Rica, et, lors de mon voyage, il ; avait en-
viron six ans qu'il était entièrement ouvert au public. Ce-
pendant , comme le seul avantage de gagner qudques
jours n'eût pas décidé les conducteurs des caravanes â
suivre une route qui ne leur offrait encore aucune com-
modité, on accorda une diminution sur le péage des hom-
mes et des animaux qui traversent le Parabyba an regtê-
lro(l]du chemin du Rio Preto. Ainsi les bœufs, qui payent
une pataqne (S fr.) au regùtro du Parabybuna , sur le che-
min direct de Villa Rica, ne payent ici qu'une demi-pataque ;
les mul^ charf;és, qui payent 460 reis au Parabybuna ,
min do Uo Preto, immidiatemcnt'ta-dessns de Tilenç*. lieu dont je
(Mrlerai bienlAL C'est la jonts du commerce de Rio de Juniro ijunta
doromniercio)qaiir«iibirececbeoiîii. M, poar ceUe ni»oii, oa l'ap-
pelle eaminho do eommereio, od bien encore oa lui douoe le ttom de
caminAo noco, extrada nom. On j trataillail encore, en 1819, lorsque
je sulvaii le cafnJnfto do Rio Prtto : c'est depuis celte époqoe qu'il a
m permis d'y passer, et il est assez Traiaemblable qu'alors od aura fermé
nuninho do Rio Prelo, poar ne pas mnlIipLer les lieui de péage.
(1) Od doone ce nom aux lien oà l'on acquitte les droits dus i l'ÉUt
et où l'oD demande lea pasae-porls. (Vojei le Vonaçe data Um provitwm
de Rio de Janeiro, etc.. I, 00.)
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M VOYAGE AUX SOURCES
en payent ici 80, et les hommes n'ont égatement à donner
que80reis(18i9).
Il rallait qn'oD trouvAt sur cette route de tels avantages
pour qn'elle ne restât pas déserte, car elte est tnfinnnent
plus difficile que le chemin direct de Villa Rica ; eHe n'est
point, comme ce dernier, bordée d'an grand nombre d'ha-
bitations, ievmdas, àeranchoi; les ressources y wnt en-
core moins multipliées, et le maïs, indispensable aux mu-
lets, y manque presque partout. Le caminho do IHo Preto
me montra ce que devait être la grande route de Villa Rica ,
peu de temps après la découverte de la province de Minas
Geraes. Traversant le réseau de montagnes qui s'étend de la
chaîne maritime à la chaîne intérieure (Serra doEspinbaço),
il doit nécessairement présenter de grandes in^lités, et,
comme hrégiondes (or Ai comprend toat l'espace renfermé
entre les deux chaînes , on ne sort de cette r^on , ainsi
que cela a lieu sur la route de Villa Rica , et l'on n'entre
dans la région des campos (1) qu'après avoir passé la Serra
da Mantiqueira , partie méridionale de la plus occidentale
des' deux dialnes.
Sur le chemin du Rio Preto, je rencontrai très-peu de
troupes de mulets chargés de marchandises; mais, en re-
vanche , un grand nombre de cochons et de bœufs. C'est
par ce chemin que l'on fait passer presque tous les trou-
peaux de bëtes à cornes que l'on mène à Rio de Janeiro
de la partie occidentale de la province de Minas , où l'on
(1) Ltrégion d«i forétt sVteiid t p«a près dcpais U mer jnsqn't b
chitne iDléneate (Serra do Espiobacv): l> région de* eampoi corn-
mente à l'oaest de la mtme cIuIm. Od peut Toir des déuib sur ces râ-
gioos et learg limites daps mou tiAteau dt la vigéuaum ût la pro-
vinet de Minoë Geroêt, imprimé dios les Annale» det lelenret noAt-
reltet, vol. XXIV, p. G4 et auir.
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DU RIO DE S. FRANCISCO. 23
élève beaucoup de bétail. Pour ces animaux ,- on n'a pas
besoin des commodités qu'exigent les caravanes de mulets»
et, en les conduisant par cette route, on jouît du double
avantage de payer des droits moins élevés et d'abréger te
voyage. Comme on ne pourrait embarquer les bœuË et tes
cochons sans des frais probablement très-considérables, on
leur foit prendre le cbemin de terre à Pao Grande, et ils
passent, avantd'arrîveri Rio de Janeiro, par la Serra da
Viuva , Aguassû et Iraj (1).
Les bœuft sont envoyés à la capitale [Mir des marchands
du sud-ouest de ta province des Mines , qui les achètent
dans les fazendtu. Ces marchands conGent la direction
entière d'un troupeau de bœu& et la vente de ce bétail à
des hommes qu'on appelle eapataxeg, et qui , m'a-t-ou dit,
sont très-bien payés. Le capotez a sous lui des loucfaeurs,
et chacun de ceux-ci est chargé de ta conduite de vingt
bœufs. On ne fait faire à ces animaux que 3 lieues par
jour; mais, jusqu'à leur destination, on ne les laisse point
reposer, tandis qu'on a coutume de faire marcher une jour-
néeetde laisserpattre le lendemain tes bestiauiquel'oncon-
duit du sertâo (désert] oriental de Minas à la ville de Bahia.
Les hommes qui mènent les bœub et les cochons de
la comarca (â) du Rio das Mortes à Rio de Janeiro
(1) Comme j« l'ai ditpltisluiit, je suivis, en 1822, dd diemiD{ea-
wtinhodoeimmeTcio)qni retombait, i Uf^nlé, t Agnassii, nwiaqni,
•n lien de traverser U Serra da Tinn , pasMîl par une antre partie de la
efaatne , à laquelle on a doiué U nom de Strra da Eitrada fîova , em-
pranié an cberaiD lui-mime. En 18ï2, c'était par ce dernier que pissait
ime gnnde partie des bœati et des cochons que la eomarea da Rio das
HoUcs fournit è Rio de Janeiro.
(1) Les eomarcai, comme on a pu le vcur dans mes antres relations,
ïonl les divisions de premier ordre dans plnsievs provinces.
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36 VOYAGE AUX SODBCES
se fou'., reconnaître facilement à leur tournure et à
leur costume. Il y a parmi eux autant de blancs que
de mulâtres. Comme on les accoutume de bonne heure
à de longues marches et au régime le plus frugal , Ils
sont généralement maigres, minces et asseï grands. Leur
figure est étroite et allongée; de tous les Mineiros, ce
sont fux , peut-être, qui ont le moins d'expression dans
la physionomie. Ils marchent un long bâton à la main,
les pieds et les jambes nus, et ont l'habitude de faire de
grands pas. Leur tète est couverte d'un chapeau à bord
étroit, à forme très-haute et arrondie (1819) ; ils ont une
chemise de toile de coton, dont les pans flottent par-dessus
un caleçon de la même toile ; un gilet d'une étoffe de
laine grossière complète leur costume.
Je reviens au détail de mon itinéraire. Entre Ubà et le
Parahyba, qui n'est qu'à trois quarts de lieue, j'eus encore
le plaisir d'entendre le ferrador ou araponga (casman/n-
chos nudicollis) (Ij. Le chant de cet oiseau n'est point
agréable par lui-même; mais il y a un charme inexpri-
mable dans le contraste du calme profond des forêts vier-
ges avec ces sons qui , après avoir retenti avec une force
surprenante , s'affaiblissent en se prolongeant et recom-
mencent par intervalles.
BientAt j'arrivai sur les bords du Parahyba , à l'endroit
appelé i'orfo (port) , où l'on passe le fleuve. Ce dernier peut
(t) Od ■ , je croig , écrit quelque part uruponga ; mais le mot ara-
ponga est coDMcré par le dicttoDuiire portugais de Horaes ; d'ailleurs
wn étjiDDlogie est asseï claire, comme on peut le voir dans ma teeondt
nlatitm, toI. II , 64. J'ai encore p«rl6 de Varaponfa ou ferrador daos
la même relation , vol. I , lOT, et dans la premiire , vol. 1 , 17. Le ftr-
radoT eet aujourd'hui trop bien coddu pour qu'il soit nécessaire de dire
que ce n'est point une grenouille , comme l'a cru H. Wabh.
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DD MO DB S. FRANCISCO. 37
avoir ici un peu moins de largeur que le Loiret à quelque
distance du pont d'Olivet ; il serpente entre des montagnes
peu élevées , couvertes de bois touffus , qui , en certains
endroits, ont été remplacés par des plantations de maïs.
Ses eaux coulent avec rapidité, et des roches grisâtres s'é-
lèvent çA et là au-dessus de leur surface. On ne voit , sur
les deux bords , d'autres places découvertes que celles où
l'on s'embarque quand on passe le fleuve (1819). Sur la
rive droite est une modeste vmda avec un petit rancho ;
mi la rive gauche , la maison du péage , dont le toit cou-
vert s'avance pour former une varanda (galerie) (1).
Dans le moment où j'arrivai , les deux bords du Fara-
hjba étaient couverts de bœuts ; quelques-uns se trouvaient
d^i sur te rive droite , et l'on était occupé à faire passer
les autres. Des nègres armés de grandes gaules et poussant
des cris affreux forçaient les bœufs à entrer dans le fleuve;
mais à peine ceux-ci étaient-ils dans l'eau , qu'ils (dier-
chai^t à revenir but le rivage, malgré les coups que leurs
conducteurs bisaient pleuvoir sur eux, malgré les pirogues
dont on se servait pour leur barrer le passage. Au lieu
d'avancer vers l'autre bord, ces animaux tournoyaient dans
l'eau, en se précipitant les uns sur les autres, et ce ne fut
qu'avec des peines incroyables qu'on parvint k les faire
passer tous. Les bœub qui viennent de fort loin, et qui ont
déjà rencontré quelque rivière, traversent celle-ci sans dif-
Soilté; mais il en coule toujours beaucoup pour forcer ces
animaux à passer l'eau une première fois , et alors il s'en
noie souvent.
(I) J'ai donné dans ma pretniire relation une eiplicalion dftaillM
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iS VOYAGE AUX SOURCES
Ici il n'y a point de bac; oa sa sert de pirogues con-
duites par deu\ nègres. Pendant quelque temps, le péage
avait été affermé; mais ensuite on l'a perfu directement
pour le compte du fisc, et, lors de mon voyage, il rendait
annuellement de 13 à 30,000 cruzades. La garde préposée
an registro se composait seulement d'un caporal et de trots
soldats de la garde nationale (milicia).
Ce n'était pas la première fois que je me trouvais au
Porto du Parahyba; j'avais déjà visité ce lien , lorsqu'on
1816 j'habitais la fazmda d'Ubi. Un parent de M. Joâo
Rodrigues Pereira de Almeida, qui, an jour, voulut goiïter
le plaisir de la chasse, m'engagea à l'accompagner. Nous
commençAmes par passer la rivière, et à peine fûmes-nous
dans la forêt que les chiens firent partir un cerf (veado) ;
celui>cj s'élança dans l'eau et la traversa. Nous repassâmes
de l'autre c4té du fleuve dans une pirogue; là je m'assis
sur un rocher et me mis i contempler les lieux qui m'en-
touraieut. Au Porto, le paysage est animé par la présence de
l'homme; ici la nature n'avait rien perdu de sa physiono-
mie primitive. Un détour que Tait la rivière me dérobait
la suite de son cours, et ce que j'en pouvais découvrir sem-
blait un lac allongé entouré de forêts vierges. Les eaux
baignaient le pied de» grands arbres, tandis que diverses
espèces d'oiseaux aquatiques planaient au-dessus d'elles.
Des rochers noirâtres, qui s'élevaient de leur lit, augmen-
taient la vitesse du courant , et la rapidité de la rivière
contrastait avec l'immobilité des aii>res , dont le feuillage
n'était agité par aucun vent.
A cette heureuse époque , je pouvais me livrer tout en-
tier à la contemplation des beautés de la nature. Lorsque
je revi.-; le Porto du Parahyba , il n'en était plus ainsi : les
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DO MO DE S. nuNasco. »
embarras du voyage , et surtout les chagrins que me fai-
saient éprouver ceux qui m'accompagnaient , troublaient
Mns cesse mes plus douces jouissances.
Je partis fort tard du Porto du Parahyba. Comme il n'y
I point, en cet endroit, de véritables pâturages, les mulets
sont obligés de se contenter du peu d'herbes qui crott
auprès de la maison du registro ; aussi trois des miens, mé-
contents de ce régime , avaient passé la rivière et étaient
retournés à Ubi; il fallut les y aller chercher, et cela prit
on temps considérable.
Je finis cependant par me mettre en route. Immédiate-
ment après avoir quitté le Parahyba, je me dirigeai , par
une pente roide, vers le sommet de la montagne qui Re-
lève derrière le rtgitln , et , pendant très-longtemps , je
continuai à monter. Le chemin que je suivis ce jour-là est
on des plus affreux que j'eusse vus pendant mes voyages ;
il eût certainement été impraticable après une pluie de
quelques jours. Ses deux cAtés n'ont point été dégarnis
d'arbres, comme la roule de Villa Rica; il a peu de lar-
geur, et les bois touDto qu'il traverse y donnent , à toutes
les heures du jour, un ombrage épais, qui nécessairement
doit y entretenir une fâcheuse humidité. Presque partout,
les boeufo avaient formé , par leur marche régulière , des
éminences et des fosses , qui se succédaient alternative-
ment, et ces dernières contenaient une boue épaisse dans
laquelle enfonçaient profondément les bâtes de somme.
Ce n'est pas tout encore : des troncs d'arbres renversés,
de grosses racines qui rampaient sur la terre faisaient sans
cesse trébucher les mulets ou les arrêtaient dans leur
marche.
Mais si je ne pouvais faire un pas, dans les sombres fo-
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30 VOYAQE AUX SOURCES
rets que je parcourais alors, sans trouver de nouvelles dir-
ficultés, d'un antre cAté elles m'offraient, k chaque pas,
des sujets d'admiration. Les arbres dont elles étaient for-
mées avaient tant de vigueur, ils étaient tellement garnis
de feuilles, qu'en plusieurs endroits il ne croissait au-
dessoas d'eux qu'un très-petit nombre d'arbrisseaux, oe
qui, dans ce pays, est assez rare. J'étais, à cette époque,
bien accoutumé aux bois vierges, et cependant je ne pou-
vais m traverser sans les contemi^er avec ravissement.
Quelle richesse de végétation! quelle pompel quelle ma-
jesté! que de variété dans les formes! que de beautés dans
les contrastes! Comme le feuillage, composé des Mimoses,
fait ressortir la simplicité des Palmiers! comme les ra-
meaux d'une Myrtée , couverts de petites feuilles , parais»
■eut délicats et Dexibles auprès d'un Cecropia , qui étale
quelques branches roides en forme de candélabre! Dans
quel délicieux recueillement l'on tombe au milieu du calme
profond de ces forêts, qui n'est troublé que par la vois
retentissante du ferrador ou le bruit de quelque torrent I
Parmi les arbres qui croissent dans les bois voisins du
Parahyba , je vis avec un nouvel étonnemeni celui qu'on
appelle le Cipô matador (la Liane meurtrière) (i). Il atteint
i peine la grosseur de la cuisse et est presque ^1 dans
toute sa longueur; cependant il s'élève Ji SO ou 60 pieds,
mais on ne le vott jamais isolé ; il se presse contre quelque
arbre plus gros que lui, et il l'embrasse étroitement i l'aide
de racines aériennes qui partent de sa tige et qui, simples
A leur naissance, se divisent, se subdivisent et se terminent
(1) Vojtt moii vogagt Oant let prov^uet et Ko tle Janeiro , etc.,
1,14.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 31
par un chevelu fortement collé à l'arbre voisin. Cette Liane
singulière est couronnée par un petit nombre de branches
écartées; mais celles-ci se partagent en une multitude de
rameaux délicats et pressés . qui portent des feuilles en-
tières, oblongnes- lancéolées et assez petites, autant du
moins que je pus en juger à la distance où il m'a été per-
mis de les apercevoir [\).
Après avoir fait S lieues dans les sombres forêts du
Parahyha, je m'arrêtai au lieu appelé Forqwlha (fourche).
Là se trouve une maisonnette devant laquelle est le rancho
des voyageurs , couvert de feuilles de Palmier et soutenu
par des troncs d'arbres. Ces humbles bAtiments, entourés
de palissades , sont construits sur une petite plate-forme
au-dessous de laquelle coule un ruisseau , et qui , de tous
les c6tés, est dominée par des montagnes couvertes d'é-
paisses forêts. Cependant, à travers les arbres, j'apercevais
pinsienrs vastes plantations de mats qui dépendaient de
l'habitation. Les terres me parurent bonnes, et le proprié-
taire on celui qui le représentait me dît qu'effectivement
le manioc, le riz, les haricots, la canne à sucre y réussis-
saient bien, mais que le maïs n'y rendait que 80 pour 1.
Au Porto da Parahyba , à six heures du matin , le ther-
momètre de Réanmur avait été à 20 degrés , et le lende-
main à la même heure, à Forquilha (le 7 février) , il n'était
(1) Un touriste qui parcoarait, ai IMS, l'Amënqne portn^aÎM ■
£l ( Sdz-, Souv., 278 ) que ■ ttaverseî des bois vierges était pour 1m
Brjsilieiis dd sajet d'eftroi. • Il n'est pas ï ma connaissaDce qn'ancan
antre écriraÎD ait parlé de cette ftajear, et , duia le ronrs de mes longs
TOjages, perecMUM a'en a donné derant moi le nMindre ûgne. Si les
colons répnmvent , on grand nombre d'entre eai ont été bien mal avi-
sés et doivent être bien malbeureni, car c'est dans les bras vierges
qa'ila ont Ûii leurs demeures.
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n VOYAGE «ox somcES
qu'à ilàegTési!^. Cette différence de température tenait
sans doute i celle des hauteurs , car, depuis le Parahyba,
j'avais toujours monté. En quittant Forquilha , on monte
encore , dans un espace de 1 lieue , jusqu'à une fazenda
appelée José FratKÙco, du nom de son propriétaire.
Entre Forquilha et^oagutni Mareos, habitation dont je
parlerai bientôt, les bords dn chemin , dans la plus grande
partie de son étendue , avaient été dégarnis des grands ar-
bres; en d'autres endroits , où l'on avait autrefois cultivé
la terre . il n'existait plus que des taillis. C'était , pour la
conservation du chemin , un graod avantage , sans doute ;
mais le défaut, d'ombrage rendait la chaleur si forte,
qu'ayant, une heure après la cliute du jour, tiré mon ther-
momètre de ma malle, je le trouvai à 28 degrés, tant celle-
ci avait été échaufTée par les rayons du soleil .
La fœtenda de José Francisco , dont j'ai déjà dit quel-
ques mots, possède un moulin à sucre ; mais on n'y em-
ploie le vesou qu'à faire de l'eau-de-vie, ce qui a lieu ches
tous les propriétaires peu riches, parce que cette fabrica-
tion exige moins de bras et de travail que celle du
sucre.
Ayant passé la fazenda de José Frandseo , j'allai faire
halte à celledeJoaçutmJfarcot (nom d'homme], située à
4 lieues de Forquilha; j'y demandai si l'on avait du maïs à
me vendre : on m'en refusa d'abord; mais à peine meflis-
je recommandé de Joào Rodrigues que l'on mit à ma dis-
position tout ce que je désirais. II n'est pas étonnant , au
reste, que l'on eût commencé par me faire essuyer un re-
fiis ; les propriétaires craignaient alors de se défaire de leur
maïs , parce que le manque d'eau avait fait le plus grand
tort à ce grain; j'avais vu moi-même, du c4tédeCavenca,
^d:,;. Google
DU EUO DE S. FfurfCISCO- 33
entre Eocruzilhada et Ubâ, de grandes plantations de maïs
entièrement desséchées.
Dans les terres du canton où est situé Jottquini Marcos ,
le maïs rend 1 SO pour i . Elles produisent aussi le manioc,
les haricots , la canne à sucre et les caféiers ; mais mon
hdte me dit que la gelée faisait souvent beaucoup de tort
aux derniers de ces végétaux , ce qui suffirait pour prou-
ver combien le pays est plus élevé que Rio de Janeiro.
Quant à ma récolte de plantes, j'étais bien loin de pou-
voir en être satisfait. Je n'avais jamais trouvé aussi peu
d'espèces en fleur que pendant ce voyage; mais nous étions
en février, et l'on me dit , h Forquilha , que le mois d'août
était celui oii l'on voyait fleurir le plus grand nombre
d'arbres (i).
Je traversais alors les bois oi!i le bon José Rodrignes da
Cniz , oncle de Joâo Bodrigues Peireira de Almeida, avait
naguère exercé son zèle pour le bonheur des Coroados (2) ;
et probablement même le chemin du Rio Preto n'est-il
(DAintiqaej'aieDroccasioDdeleinoQtreriillears, ilB'eDraulbiea, en
féotral, qa'oD trODve daiu les bois viorges mUat de fleurs qu'on te l'i-
D^iiie en Europe. ■ Ouu les forêts primitiTes des contre Équinoiiales,
• «i-je dit , il e«t des arbres qui Denrisseot très-rarement , parce que la
■ T#gélation , sans cesse eicitée par l'huinidité et la cbaleur, éprouve ,
• soos ces heureux climats , des repos fort rares , et qu'elle Ta se cooU-
• nvHit toujours avec nue égale rigoenr, taudis que la fleur u'est tiel-
• iement que la dernière production d'une vie qni s'épuise et va finir. "
{Morphologie végélale, 36.)
(3) II est bon d'ajouter au nom de ces Coroados celai d'aue rivière
qo) coule dans leor pajs, le Rio Bonilo , et de les appeler, comme je
l'ai hit dans ma pr#ml^« relolton , les Coroado* du Rio Bonilo. Par
ce mojen, on empêchera qn'ou ne les confonde avec les Coroados de
Hatogroseo, avec ueui de Saiot-Panl, on encore avec les Coroados du Rio
CbipoU dont s'est occupé le bon Harlière , et sur lesquels les savants
Spii et Hartins ont publié d'intéressants détails,
I. 3
^d:,;. Google
M TOTACE AUX S
autre chose qu'un élargissement de la percée qu'arait hit
faire cet homme généreux pour porter des secours i ses
chers Indiens (1). 1] y a i peine cinquante ans , eux seuls
possériaient cette contrée, où aucun blanc n'aurait eu, sans
doute, la hardiesse de se montrer; et, lors de mon voyage,
c'était'au milieu des enfants des Portugais, devenus maîtres
dn pays, qu'erraient les faibles restes de leur nation. Déjà,
entre Forquilha et Joaquim Marcos, j'avais trouvé, au pied
d'un arbre, deux Indiennes assez mal vêtues, auprès des-
quelles était un gros paquet d'écorce verte dont elles se
proposaient de tirer de l'étoupe. Avant de quitter la ^-
zenda de Joaquim Marcos , je vis passer un homme et une
femme de la même race. L'Indienne était vêtue d'une jupe
et d'une chemise de toile de coton grossière, comme le
sont, en général , dans ce pays , les femmes pauvres de la
campagne; l'Indien ne portait qu'une chemise et tenait à
la main son arc et une poignée de flèches. Celui-ci parlait
assez bien le portugais , et j'appris de lui qu'il était venu ,
étant encore enfant, du Rio da Pomba (rivière de la co-
lombe), que sa nation portait le nom d'Emwrim (2) , et
qu'il vivait , depuis un grand nombre d'années , dans les
forêts des alentours, au milieu des Coroados.
Le nom A'Aldea, donné alors (1819) à un hameau que
je rencontrai à une demi-lieue de la fazmda de Joaquim
(I) Voyei mon roj/age dan* Ut prfninett dt R(o de Janeiro , etc.,
1,43.
(!) SelOD Spii, Hartiuset Eschwege, les bords do Rio da Pomba, l'oD
des ifOiieiits du Pirahjbi, soot bthUéa par la petite natioa des CoTOpèt.
Od peut, avec quelque vraisemblance, Sonpçonoer que les Etmurim
liaient aoe sabdirisioa de cette nation : car Escbwege dit qu'uu grand
iKHnbre de Corop6s avaient quitté leur pay » pour passer dans la prO'
vince de Rio de Janeiro.
^d:,;. Google
DU tlO DE S. FRANCISCO. SA
Harcos , seraUait indiquer que f y trouverais ud grand
nombre d'Indiens (1) , car c'est ce nom que les nouveaux
possesseurs du Brésil appliquent (S) aux villages des iadi-
gènes; mais, dès l'époque démon voyage, des descendants
de Portugais étalent les seuls habitants de l'Aldea.
Avant 1800, ce hameau n'existait pas encore. Alors les
Coroados, mitftres du pays situé entre le Parahyba et le Rio
Preto , faisaient de fréquentes incursions sur le territoire
des paroisses voisines; mais, d'après les ordres de Lciz dk
Vascohcellos b Souza, Tice-roi de Rio de Janeiro, ils
forent en&n repousses, en 1789, par le capitaine Ignatio
dbSocu Wauieck. Le vice-roi eut l'idée de profiter de
cette circonstance pour civiliser ces Indiens, et il chargea
de cette commission Wameck et José Rodrigues da Cnu,
qui était connu d'eux par ses nombreux bienfaits, et dont
j'ai déjà parlé plus haut. Tout concourut à faire obtenir le
résultat désiré , qni était , dit bien sérieusement Pizarro ,
« de faire entrer tant d'infidèles dans le sein de l'Église ,
et de réunir à l'État un peuple nombreux, en t'emparatU
dei torts qtt'H occupait tans le moindre avantage pour
l'agriculture. » Un prêtre fut chargé d'instruire les pauvres
Coroados (3), et l'on fonda pour eux une aidée assez con-
(1) On Ter» loot à fbeare que U rille de Valença n'est autre chose
qne l'&ldea.
0} Ed Poriugal , cm désigne tout village par le mot aldea (fojei ma
pramiA-f relation, vol. 1, 13).
(3) Le nom de Coroadoa est le seul qni se traave dans les Vamorfot
lUtlorieiu dePiurro (vol. V, 388), et c'est aussi le senlgui soit admis
dans le pays par les Br^i liens-Portugais. 11 ne faut pas oublier «peo-
dant que ce nom est on rentable sobriquet emprunté à la langue porta-
gaiae, el, par conséquent, les tribus auxquelles on l'a appliqué devaient
rteUanent en porter d'autres. Tai appris cbei les Indiens qui Tivaient h
qnelqaes lieues de Tildes que leur nation se composait de deux peu-
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3a VOYAGE AUX SOURCES
sidérable, i laquelle od donna le nom à'Aldea de Noua
Smhora da Gîorùi de Vcdença , en l'bonnear du vice-roi
d'alors, Fehsando José oe Pobtdgal, qui était de la Ta-
mille des Valença. Mais bientôt des colons portugais vin-
rent se mêler aux Indiens, et aujourd'hui, comme je l'ai dît,
l'aldea n'est plus habité que par ces derniers (1). En 1843,
José Caetako da Silva Codtinho, évéque de Rio de Ja-
neiro, visita l'aldea de Valença ; il crut devoir en faire le
cheMieu d'une paroisse à laquelle il assigna pour limites le
Parahyba, le Rio Preto, la paroisse de S. Anna do Piraky,
et celle de la Cmceçàio da Parahyba Velha; et, au mois
d'août 1817, le roi confirma définitivement les arrange-
ments pris parl'évèque (3].
Lors de mon voyage, en 1819, l'Àldea, qui est situé
dans une petite plaine entourée de montagnes boisées , se
composait seulement d'une vingtaine de maisons , dont la
plupart n'étaient pas encore entièrement bâties et dont les
plus anciennes ne dataient guère que d'une domaine d'an-
pbdes réonies, les Tamprun* el les SararieS a {wojtx rnoo Foyof*
^n* k$ province* (te Rio (i« Janeiro, etc., toL 1,41); mais Cual et
Walsh, après Ini, ont écrit que la populatioD de l'Aide* de Valeaçi as
composait de quatre hordes : les PNrft, les Ararye, les PiMatetles
ChwneUo*. — La manière doot j'écris ici le mot SararieOet serrira k
rectifier deai fautes d'impression fort grares qui se sont introduites
dans ma prnnMre relation , h la p^e indiquée plus hanU
(1) H est clair qae l'on aindnil en erreor HH. Spiiet HarLius, lors-
qu'on leur a dit qae l'établissement d'une colonie suisse dans les euTi-
roos de Rio de Janeiro arait tait déserter ani Indiens l'Aldea de Valençi :
cette eolonie, en eflét , n'existait pas encore au conunencemeot de 1819,
époque de mon voyage, et déjk, comme je le dis ici, il n'y avait plus, à
Taleii{4i , que des descendants de PoriDgais.
(3) Les détaib historiqnes qne je donne id sur Talents sont, pour
ainsi dire, tous empruntas i Piiarro (Tojei Memoriat hittoricat ,
V, 289).
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DO BIO DE S. FBAnClSCO. 37
aéra (1). Ces maisons, écartées les unes des autres, avaient
un aspect fort misérable, et plus de la moitié était de
chétives vendas , où l'on trouvait à peine quelques bou-
teilles d'eau-de-vie de sucre. Alors l'Aldea n'avait point
encore d'église proprement dite, et le cnré était obligé de
célébrer la m^se dans une humble chapelle. Trois ans plus
tord, en 4832, je repassai par le même lieu. Dans l'inter-
valle , les terres des alentours s'étaient peuplées un peu
davantage; on comptait, dans le village, une soixantaine
de maisons et l'on était occupé à y construire une petite
église en pierre (3]. Ces augmentations n'étaient pas encore
bien considérables; cependant l'Aldea était devenu, sous
le nom pompeux de Villa de Valença, le chef-lieu d'un
termo [S], qui s'étend, comme le territoire paroissial, de-
puis le Parabyba jusqu'au Rio Preto.
On ne sera pas fliché, je pense, de trouver ce qu'a écrit,
sur les m^amorphoses des villages en villes , un homme
qui a longtemps vécu au milieu des Brésiliens , et qui était
(1) Piurro dit qu'en ISU il j avait, dans l'Aldea, 119 feai et
088 adalies, sans coinpter les Indiens, et il ajoale que, k l'^oqve
où ûitiil «Kl lirre.qni porte la date de 1820, le nombre des babi-
laols allait josqu'k 1,000. II est k croire que , par m» de ces coofaiioiis
malbenreuseinent trop communes dans les Mémorial hûtorictu, ou-
nage ponrlant si remarquable et si utile, l'auteur aura appliqué an
seul Aldea de Valence ce qu'on lui aura dit de la paraisse tout eatiîre.
(2) H. Walsh , qui passa par Valenta vers le commencement de 1829,
dil qn't cetle Époque l'église était acberée , mab que la ville ne se
composait encore que d'une soiianlaiiie de maisons, et, par conséquent,
n elle avait fait quelques progrès de ISIB à 1822, elle était ensuite restée
statMfloaîre , ce qu'il Tant attribuer mbs doute aux désavantages âe sa
situation (vojez plus bas, page 31) ].
(3) Un Urmo est le ressort d'une justice de première instance ; le chef-
lien àm termo porte le nom de villa ( vUle). ( Voyez ma première rela-
tion, 1 , 3«4.t
D,g,t,.,.d.i. Google
3» VOYAGE ADX SOOICES
employé par leur gouvernemeot. « Il a étédemode, daos
« ces dernières années, dit M. d'Ëschewege, d'ériger en
li villes les hameaux les (dus insignifiants. Mais c'est rare-
u ment le bien général qae l'on a consulté en foisant ces
« changements ; s'ils devaient profiter à un petit nombre
« d'individus, la plus grande partie des habitants avait
u presque toujours à en souffrir Quand un village de-
V vient ville, il a sa justice particulière, et à chaque jus-
tt tîce nouvelle s'attachent une quantité de gens qui vivent
tt aux dépens des citoyens. La paix de ces derniers est
u bientdt troublée par l'arrivée d'une armée d'employés
« subalternes, qui ne sauraient subsister s'ils ne trouvaient
a des ressources dans les querelles qu'ils ont le talent de
u faire naître Les hommes les plus tranquilles et les
« plus heureux qu'il y ait au Brésil sont ceux qui se sont
« fixés le plus loin possible du chef-lieu d'une justice.
li S'élëve-t-il entre eux quelque dispute? ou elle s'apaise
« amicalement , oubienonsefait jusUceàsoi-mime,
« on assassine. C'est là de la barbarie, sans doute; mais
« on n'y remédioa certainement point par la manière
K dont on rend la justice; car de cette partialité qui fait
a le caractère des juges il résulte, presque toujours , que
« c'est le plus faible, le plus pauvre qui a tort : les procès
« minent les familles , et un projet de vengeance une fois
« formé, ce n'est certainement pas la crainte de la Justice
« qui en arrête l'exécution Un vieillard de quatre-
« vingts ans , qui aimait Dieu et ses semblables, me disait
« que souvent il avait changé de domicile , et qu'il choi-
(f sissait toujours les lieux où n'avait encore pénétré au-
« cune autorité judiciaire , civile ou ecclésiastique , non
« qu'il eût commis quelque crime , mats parce qu'il avait
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DU RIO DE S. PaiNGlSGO. 30
M peur qu'on ue l'en déclarAt coupable. » {Brasilien die
New Welt. , II, 49 j. H s'en laut, sans doute , que tout ,
dans ce tableau, soit dépourvu de vérité ; mais on sent que,
lorsque la population d'un pays augmente sensiblement ,
on ne peut l'abandonner entièrement à elle-même , pour
ainsi dire , sans lois et sans règle , et que la laisser tomber
ainsi dans l'état sauvage serait pire encore que de lui faire
courir la chance d'être dirigée par des magistrats corrom-
pus, qui pourtant ne sauraient, à chaque instant, s'écarter
de ces règles et de cette discipline conservatrice de la civi-
lisation.
Quant à ce qui concerne Valença en particulier, je ne
saurais dire si la métamorphose de ce hameau en ville pou-
vait être justifiée par l'éloignement du dief-lieu de justice
d'où il dépendait autreFois, par des difficultés de commu-
nication ou quelque autre circonstance; mais, ce qu'il y a
de certain , c'est qu'on ne saurait donner pour motif de ce
changement ni l'importance de la population qui s'était
flxée sur les bords de la route, ni celle du hameau lui-
même, auquel il était véritablement ridicule d' appliqua*
le nom de ville. A.u reste , si l'on croyait nécessaire d'en
avoir une dans ce canton, il me semble que ce n'était pas
Valença qui devait le devenir; car ce lieu est éloigné des
rivières et l'un des plus tristes que j'eusse vus dans la pro-
vince de Rio de Janeiro. C'est sur les bords du Parahyba ,
dans quelque endroit où )a pente n'est pas trop rapide
qu'aurait dû être fondée la ville nouvelle; une église et
l'eiemption d'une partie des droits y auraient bientôt at-
tiré des habitante.
Après avoir fait connaître l'histoire de Valença et l'état
actuel de celle chétive ville , j'aurais 5 parler de ses an-
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40 VOYAGE AUX SOUBCCS
ciens habitants , les Coroados , si je n'avais donné ail-
leurs des détails étendus sur ces Indiens. J'ajouterai ce-
pendant que Firmiano, qui se plaisait à appeler ses oncles
les Chinois qu'on voyait alors à Rio de Janeiro , ne voulut
point reconnaître pour ses parents les Coroados du Rio
BonJto. Il j a certainement trop de différence entre ces
derniers et les Botocudos pour qu'on leur suppose une ori-
gine commune, à moins de la faire remonter à une époque
sur laquelle nous ne pourrions former que de vaines con-
jectures ; si donc les Botocudos sont issus , comine on l'a
dit, des anciens Tapuyas (1), il ne serait gaère vraisem-
blable que les Coroados du Rio Bonito en descendissent
également. Mais> si nous ne pouvons rien dire avec certi-
tude de leurs premiers commencements, nous savons du
moins ce qu'ils furent dans les temps modernes. Il parait
bien certain qu'ils eurent pour pères ces Goitacazes qui ,
chassés par les Portugais, vers 1650, des campos voisins de
l'embouchure du Parahjba (Campos dos Goitacazes) , se
dispersèrent dans les forêts de Minas et de Rio de Janeiro.
Les Goitacazes ne pouvaient conserver, dans des bois pres-
que impénétrables, les habitudes qu'ils avaient contractées
au milieu de campagnes entièrement découvertes; ils re-
noncèrent à leur longue dievelnre , et la façon dont ils la
coupèrent leur fit donner, par leurs vainqueurs, le nom de
Coroados, qui signifie couronnés (2). A présent, il ne sera
(1) Les Indiens civilisas dn litloral et les Portagsii qui nveot in int-
liea d'eux disent aujourd'hui Tapttyo*. et ont fait de ce mot on sobri-
quet injurieux, qu'ils appliquent aux indigines encore sauvages. lion
Bolocndo était pour eux un Tapvyo.
(3) Vojei mou Voyage dans le dMrici de* Dimnantt e( mt le liUo-
ToId««r«i»(MI,3et soir.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. PRANCISCO. <l
peut-être pas inutile à l'histoire des indigènes de recher-
cher si toutes les peuplades qui , de nos jours , portent ce
même nom, descendent également des anciens^ Goitacazes.
La comparaison du vocabulaire, que j'ai donné ailleurs, de
la langue des Coroados du Rio Bonito avec celui de la langue
des Coroadoa du Rio Chipotô , communiqué à d'Eschwege
par leur directeur, notre digne compatriote, Guide Tho-
mas Marlière (i), prouve que, s'il existe entre ces idiomes
des différences très-sensibles , ils ont pourtant encore assez
de ressemblance pour qu'on admette, sans hésiter, une
origine commune- Les différences s'expliquent d'ailleurs
par la facilité avec laquelle s'altèrent les langues dans les-
quelles rien n'a été écrit; les Aymorés, séparés des Ta-
pnyas, perdirent leur ancien langage et s'en formèrent un
autre (2); nos patois présentent, dans la même province,
des modificationsplusou moins nolable3;enfin nous voyons
les «ifants qui ont coutume de jouer ensemble forger sou-
vent des mots qui ne sont entendus que d'eux. Tious ne de-
vons point être surpris, par conséquent, de ce que tant de
langues diverses se sont répandues sur la surface du Brésil,
où une multitude de hordes vivaient ù peu près isolées les
unes des autres , et nous ne nous étonnerons pas davantage
que les tribus des Goitacazes , séparées depuis deux siècles,
ne parlent plus exactement la même langue. Mais c'est né-
cessairement par degrés que l'altération se fait sentir, et
puisqu'il existe encore , dans le dialecte des Coroados du
Rio Chipotô et celui des Indiens du Rio Bonito, des signes
{t)ro]iafe datu Us provlnctt de Rio diJaneiro,ete., 1, 46.— £bcb-
waci, BraMim, etc., I, 322.
(2) Vojez la citatioa que Tait H. Ferdinud EleniB d'un aDcicn maiiu-
stril , dans son etcelleol ouvrage iutituU BTétH , p. 310.
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U VOYAGE AUX SOURCES
bien évidents d'une origine commune, il devrait s'en trou-
ver aussi dans l'idiome des Coroados de la province de
Saint-Paul, s'ils descendaient également des Goitacazes,
dont la dispersion s'est faite en un seul temps; or il n'en
est pas ainsi. La comparaison du vocabulaire de Marlière
et du mien avec celui que j'ai fait de l'idiome des Coroados
des Campos de Garaptuiva, dans la province de Saint-
Paul, ne m'a pas offert un seul terme commun, eA
les deus mots les moins différents sont nhtm et inhiné,
qui signifient nez, et appartiennent, le premier aux
Indiens du Rio Bonito, le second À ceux de Saint-Paul.
D'ailleurs les traits de ces derniers sont fort agréables , si
j'en dois juger par deui femmes que je vis, en 18â0, A
Curitiba, et, au contraire, comme je l'ai dit dans ma pre-
mière relation, il n'est peut-être pas d'indigènes plus laids
que les habitants du Rio Bonito Les deux peuplades n'ont
donc de commun qu'un nom , qui n'est véritablement pas
le leur, mais qui leur a été appliqué par les Portugais, et
probablement n'indique même pas une parfaite identité
dans la manière de couper leurs cheveux , car les Coroados
de Saint-Paul se font une sorte de tonsure au sommet de
la tète , et il paraîtrait que. ceux du Rio Bonito réduisaient
autrefois leur chevelure à une calotte arrondie comme les
Botocudos (Ij. Si les premiers ne sont pas issus des anciens
Goitacazes, à plus forte raison ne doivent pas en descendre
les Coroados ou Cavaris de Matogrosso , qui vivent dans
un pays infiniment plus éloigné que Saint-Paul et Curitiba
des catnpog, jadis habités par ces mêmes Goitacazes (â),
(I) Voj/age dani Ui proviiKet de Rio de Jatuiro «I d; Mituu Ct-
rtMi.ll, MO.
lit Un «avant , qui a eiploré pcotUat huit ans l'Amérique espignolc.
^d:,;. Google
DD BIO DE S. FRANCISCO. 43
et sont, peut^^tre, une simple tribu des Bororôs (1].
Je reviens au récit de moD voyage , dont cette digres-
sion m'a peut-jitre éloigné trop longtemps.
Entre Valença et A3 Cobrat , c'était seulement par in-
tervalles que les grands bois s'étendaient sur le bord du
diemin. Presque partout ils avaient été coupés et rempla^
ces par des taillis; aussi la chaleur se faisait-elle sentir
d'une manière cruelle. On peut juger de celle qu'on avait
dû ressentir au soleil, à deux heures après midi, par l'indi-
cation de 26 degrés et doni que donnait , à quatre heures
du soir , le thermomètre de Réaumur exposé à l'ombre.
Ce jour-^à, je ne vis aucune fazenda, mais seulement
qudques maisonnettes. Il était facile de .s'apercevoir que
-l'on commençaîtà peine à cultiver les terres de ce canton,
et que la route seule y avait attiré les habitants.
Je 6s halte au rancho d'Âs Cobra» (les serpenta) (â) ,
situé è 3 lieues et demie de Valença. A. neuf heures du soir,
j'étais soos le nmeho; la lune jetait une clarté assez vive
pour qu'on put lire saos avoir besoin d'autre lumière; la
fratcbeur me paraissait d'autant plus délicieuse que , pen-
mis qoi n'a point parconm le Brteil, dit (&lf. d'Obb., Vof., I, 38) qne
le Dom de Goiumes Tient des mots goaranis gwita et caa ( voyageurs
dif boit). Sans rejeter enlièremeat cette l'tjmoJogie , je ferai observer
qn'ippeter vova0«iir« da* boii des bemmes qui hibilaient an des pays
ieaplùdicoafwtadn Brésil eftttté une singalière antiphrase. Je ferai
ebscrver encore qne tes Goilacazes, qui ne parlaient auUeineot la lingoa
ferai , portaient originairement lé nom iCtiuetaeae on Goavlacazee , et
que, par conséquent , celui de Gailacaseï doit être nn mot altéré par les
FortDfcais(LERT, Hi*t.,V édit., 45. — SODTH., Hiel., H, 66S.— Fdidi-
iiiNB Denis, Bréiil, 368).
(]) CAZ.,CoTog., ], 302.— Piz., Xem., OC, lOi.
(3) On désigne aussi ce lieu par le Domd'.4ld«a àat Cobrat, qui pour-
rait dire croire qu'autreAtis il j eut en cet endroit un aUUa d'Indiens.
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44 V0YA6E AUX SOURCES
dant toute la durée du jour , j'avais éprouvé une excessive
chaleur ; aucun vent ne se faisait sentir, et du roncho, dont
le toit était soutenu par de simples poteaux , je pouvais
contempler à mon aise le paysage qui s'offrait à ma vue.
Nous étions dans un vallon dessiné par des collines et sé-
paré du lac uniquement par le chemin; une maisonnette
entourée de Bananiers se voit presque sur le bord de l'eau ;
derrière le lac s'élève une seconde colline , dont le flanc
était, à cette époque, couvert de maïs et dont le sommet est
couronné par un bouquet de bois et quelques chaumières
éparses ; enBn , à ses deux extrémités , le vallon est borné
par d'épaisses forêts. Pendant que je contemplais ce pay-
sage, le coassonent d'une multitude de grenouilles, mfilé
au chant aigre et varié de plusieurs espèces de cigales, for-
mait un bruit confus qui n'était pas sans quelque chorme.
Pour arriver d'As Cobras an Rio Preto , on traverse tou-
jours un pays montagneux et couvert de bois vierges , et
lorsque, d'an sommet élevé, on peut découvrir une grande
étendue tie pays, on n'aperçoit absolument autre chose que
des forêts et des montagnes (1).
Après la première lieue on trouve , dans un fond , la ri-
vière appelée Rio Bomto (la jolie rivière), qui, lors de mon
voyage, n'avait pas plus de S pieds de profondeur , mais
dont le passage est très-dangereux après de longues pi uies .
Auprès de cette rivière, qui probablement est un affluent
du Rio Preto, sont quelques pauvres chaumières {2}.
Il) U eu était encore ainsi en 1823.
{SJ En parlant dn Hio B<Niito, H. Walsh s'exprime eomme il Mit :
" Les rats de ce pays aooi de l'esptce la plus sauvage ; viviat dans les
x bois, ils j acquièrent la tvTociit des antres animani de la rorét et sont
x gi^néralenent considéras comme rormidabks. Vingt nègres apparte-
D,g,l,.,.d.i.C00C^IC
DU RIO DE s. FRANCISCO. 4S
Ad ddà du Rio BoQÎto , je m'arrêtai ud instant i une
venda et n'y trouvai pas même une cuillerée de casso-
nade (1). Ce n'était pas sur cette route la seule venda qui
fât aussi misérable.
Un peu avant d'arriver au Rio Preto, on découvre , du
haut d'un morne, une vue assez belle, ijea montagnes se
retirent brusquement et laissent entre elles une gorge
large et profonde où sont quelques chaumières; le pen-
chant du morne est couvert de bois, au milieu desquels se
trouvaient alors des plantations de maïs; devant soi ,
on a une échappée du hameau de Rio Preto (ArraùU do
Rio Preto) , qui forme la limite de la province de Minas
Geraes.
■ Dint à mi propriétaire du Toi>iiit§e arueDt été presque mangés pir
• eui ; ces paarres gens s'Ëtoient couchés tellemeiil hligués et Âk-
■ maieuIsiproroDdémeDt, qn'am légion de raisaTÛlt peu prèsdéToré
■ leurs orteils «Ttot qu'ils euaseot poussé un cri ; et de tels accidents
■ sont (rès-commuiis Une piuvte racbe hit le premier objet qui se
• présenta à DOS regarda qusnd nous DODsIeTlmes Toutes ses jatubes
• afiieot été déchirées par les rata , et les chauTes-soaris eTeieut fait h
■ son cou des piqâres prolbodes d'où te sang miiselait eucore ; elle
• était li comme un eiemple de la Térocité des horribles animani qne
• nous arious eus poar compagnons pendant la nuit [flolicei ofBratil,
' D, M). ■ Je dois aTonerqoe, ni an BioBanito, ni ailleurs, je n'ai ru
aoenn de ces rats formidables , et que je n'en ai mtme jamais entendu
parler.
(1) Au Brésil, on ne fabrique point de sucre en pain (1822).
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VOYAGE AUX SOURCES
CHAPITRE lU.
EimtÉE DE LA PROVINCE DE HI5AS GERAES PAR LE RIO
PBETO. — LE VILLAGE DE CE NOH. — LA SEBBA REGRA.
Le Rio Preto. — Douane plac^ ï FfDtrée de la prof ince de Minas Gé-
rées. — Visite k des malades. — Le Tillage de Rfo Preto ; soo histoire ;
détails rar soo élat actuel. — CootinaatioD de la mïme roule. — Le
ratieho de S. CahrUl. — HerborisatiOQ dans )a Serra iïepro, —
Oiemin déserL — Tlumt de Oliveira , cbanmière. — La Serra da
Mantiqueira. — Alto da Serra, chaumière.
C'était vers le haioeau de Rio Preto que je me dirigenis ;
immédiatement avant d'y arriver, on rencontre la rivière
qui lui a donné son nom et qui est un des afDuents du Pa-
rabyba (1). T.e pont sur lequel on la passe est en iMiis et a
450 pas de longueur. Jusqu'à ce moment , j'avais voyagé
dans la province de Rio de Janeiro : sur la rive gauche du
Rio Preto , je me rdroovai dans celle de Minas Geraes. Je
ne pus sans attendrissement voir encore cette terre hospi-
talière, où j'avais déjà passé quinze mois, et où j'avais reçu
tant de marques d'intérêt et de bienveillance.
A quelques pas de l'extrémité du pont est un hangar ou-
vert de tous les cAtés et soutenu par des poteaui : c'est là
ïeregislro (douane] où l'on fait décharger les mulets qui
viennent de la province de Minas et ceux qui s'y rendent.
<1| C*z„ Corog, Bra$., I, 367.
^d:,;. Google
DD BIO DE S. PUNCISCO. 47
On Tisite les ballots qui sortent de cette province , pour
s'assarer s'ils ne contiennent ni or ni diamants; on fliit
payer les droits sur ceux qui yiennent de Rio de Janeiro et
on les visite également , afin de Toir si l'on ne fait point
entrer à Minas de faux billets de permuta (1), et si l'on ne
fimstre pas la poste de ce qui lui est dû en emportant des
lettres. Les droits se payent ici, comme à Mathias Barbosa
et à Malhada (2] , sur le poids des marchandises, sans aucan
^rd pour leur valeur intrinsèque et leur degré d'uti-
lité {5).
Les préposés au regiitro sont deux employés civils , un
administrateur qui reçoit les deniers, un commis qui tient
les écritures, et, de plus, six soldats du régiment de cava-
lerie de Minas , commandés par un fourrier et par un capo-
(1) Les billets de permuta tiaierit ceux qae l'oa doonail duis les mti-
«ODB de ebange ( caMt d« penmUa ) poor de pelitea quantités d'or en
pondre (T07ez moD Voyant datu Ut provins M dtRiode Janeiro, etc.,
I,M1).
(3) Tojei mon rofofe dans lei provineet ielHodi Janeiro , etc.,
I,go,et n,38T.
(3) Od sait que tons tes économistes ont vivement condainDé les dooa-
aa iDiérienres , et que H. Hortce Saj en avait fortement conseillé la
snppresEinn ani aatorités bréùlienoes dans son eicellent livre_intitulé ,
HUIotrê de» rttatioHi eommereiaUt entrt ta fiance tt le Brétil, Pa-
ris, 1810. L'administration a enfln compris les véritables intértts dn
pa;s ; le regitlro de Uathias Barbosa sur la grande route de Minas k
Rio de Janeiro a'eiJst« pins [Set., Souv., K$), et il n'est pas k présa-
mer ^'w ait conservé les antres. La aniqiressioa des doaanes inté-
rieures a d'autant pins d'imporlaoce poar le Brésil , qu'elles étaient nne
barrière entre les différentes provinces, et le gouvernement ne saurait
bire trop d'eRorls pour rapprocher celles-ci les unes des antres, pour
animer les habitants d'an même esprit , poor effacer jnsqa'anx moindres
traces des rivalités mesquines et dimolvantes, qui étaiHit en grande
partie le traitât de l'ancien sjrsiéme colonial et celui des entraves mise*
" a tes pins indispensables.
^d:,;. Google
ii VOYAGE AUX SOURCES
rai (1). Comme à Mathias Barbosa, c'est directemeat pour
le compte du âsc que les droits se perçoivent. Les deui
employés civils sont seuls permanents ; on change de temps
en temps les soldats et leur cheT.
Je n'éprouvai point les désagréments de la visite; j'en
rus exempté par les passe-ports que je tenais du ministre
d'ÉUt.
Je m'établis, pour y passer la nuit, sous le hangar qui
servait, comme je l'ai dit, de regiêtro, et me mis A analyser
des plantes , malgré le bruit afireux que l'on faisait autour
de moi. Mon travail fit croire que j'étais un médecin , et,
malgré mes protestations d'ignorance, le soos-ofBcier qui
commandait le poste voulut absolument me faire voir deux
de ses soldats qui étaient malades. Pour ne point paraître
manquer de complaisance , je me laissai conduire chez ces
deux hommes; je fis des ordonnances assurément très-
innocentes , et je souhaite que le ciel ait béni ma bonne
volonté.
Mes visites terminées, le commandant me mena sur une
colline d'oiî l'on découvre le hameau de Rio Preto. La ri-
vière à laquelle il doit son nom serpente dans une large
vallée bornée par une haute montagne ; elle coule avec ra-
pidité , et , quand elle ne sort pas de son lit , elle peut avoir
une soixantaine de pas. Le pont en bois qui la traverse est
d'un effet assez pittoresque. A celle de ses extrémités qui
aboutit au hameau est une croix , et , suivant la coutume ,
un tronc avec un tableau qui représente les âmes du pur-
gatoire. On a bâti le hameau sur la rive gauche du Rio
(1) Ad Brésil comme en PoTliigol , les ddid» de fonrrier (furUl), fier-
gtal {targtnto) , caporil ( eabo itaqvadra ou simpIcoMat cato ) Mat
ea UMge dans It ctvalerie comme ding l'infaDterie.
^d:,;. Google
DU 110 DE S. PRAHCISCO. 40
Preto. dans une espèce de petite plaine qui se trouve entre
la rivière et les montagnes. Il se compose presque unique-
ment d'une rue fort large, parallèle à la rivière et formée
par une cinquantaine de maisons. Celles-ci sont basses ,
étrtHtes, écartées les nnes des autres , et ont tontes un petit
jardin où les Bananiers et les Orangers sont entassés sans
ordre. Parmi les maisons de Rio Preto on compte plusieurs
vmdoi et quelques boutiques. Ce hameau possède une
église qui est une succursale; en 1819, 11 faisait partie de
la paroisse de Barbacena, ville dont il est éloigné de plus de
90 lieues, et alors aucun prêtre ne desservait son église;
mais lorsque, en 1 822; je repassai par ce même Heu, Il avait
un chapelain [capeltào) (1) ; sa succursale n'appartenait plus
i Barbacena , on l'avait réunie è une autre paroisse dont le
village, plus voisin, A'Pntipoca est le chef-lieu. Pour ce
qui regarde le civil , le Rio Preto dépend (1822) du irnno (2)
de Barbacena et de la comarea de S. Jrâo d'el Rei on Rio
das Mortes , comme aussi toute la contrée que je parcourus
jusqu'au Rio Grande,
Les commencements du hameau de Rio Prelo ne datent
que d'un petit nombre d'années , et son histoire est celle
de la plupart des villages de la province de Minas Geraes.
Ses premiers habitants furent attirés par l'or que l'on reti-
rait autrefois , assez abondamment , du lit de la rivière , et
l'on voit encore aujourd'hui, sur le bord de celle-ci , quel-
ques tas de cailloux, résidus des lavages; mais l'or s'est
(I) Sur ]i hifrarcbie cecKuBaliqiie dus la provÏDce de Hitias, on
pent coimlter mim Vojfagt dant la proehtee de Hlo de Janeiro , etc.,
I, 167.
(3) Les IfmuM sont les dinaioDB des comareaê , comme cellee-ci let
imvooa da ]m)*înces.
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su VOYAGE AUX SOUKCES
épuisé , les bras odI manqué, et les habitants du Rio Preto
ont fini par renoncer entièrement au travail dee lavages.
Actuellement ils ne vivent plus que du produit de leurs
terres, et le passage des caravanes leur en assure un débit
d'autant plus facile , qu'on est longtemps sans trouver un
village, quand on a passé par ici en venant de Rio de Ja-
neiro. Cependant les terres des environs de Rio VnHo sont
sablonneuses et peu fertiles , et si la canne y fournit de
très-beau sucre, ce n'est qu'en petite quantité.
Entre Rio Preto et S. Gabriel (1) le pays, fort boisé
et très-montagneux , est beaucoup moins cultivé que celui
ofi je voyageais depuis quelques jours, k. peine rencontre-
t-on quelques misérables chaumières (1822) ; presque par-
tout les grands arbres de la forêt s'étendent jusque sur les
bords de la route et donnent de l'ombrage; le chemin est
mauvais, le terrain sablonneux, les descentes très-roïdes.
Gomme j'avais beaucoup monté depuis le Parahyba, je ne
ressentais plus une chaleur aussi forte , et je trouvai , dans
les bois vierges, quelques plantes que je n'avais point en-
encore vues depuis le commeacement de mon nouveau
voyage. Longtemps avant qu'on arrive à S. Gabriel , le
paysage devient plus austère; alors on aperçoit la Serra
Negra [la montage noire), une des montagnes les plus
élevées parmi ces contre-forts qui s'étendent, comme je
(1) Itinéraire approumatif dn hUDeaa de Eio Prelo (Arraial do Rio
Prelo) juaqu'à la sortie des forêts :
De VArraial do Rio Preto à S. Gabriel , rancho 11/3 legoas.
— ThomédeOliveira, chaamière 3 1/2
— A)t4)da Serra, rancho 3
B legoa».
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DD R[0 DE S, FRANCISCO. SI
l'ai dit, entre la Serra do Mar et la Serra do Espinhaç«.
Le raneho de S. Gabriel, oà je fis halte, est situé
dsDs UD fond , presque au pied de la Serra I^egra et près
d'une petite rivière qui porte le même nom que loi. De
tous les ctHés, il est entouré de sombres forêts et de hantes
moota^es, dont la Serra est la plus élevée; admirable so-
litude, qui a un caractère d'austère majesté sans porter ce-
pendant l'empreinte de la tristesse.
Le nmcho dépend d'une maisonnette à c6té de laquelle
est une vmda fort mal garnie. Ainsi que la maisonnette,
il est couvert avec de longs morceaux de Palmier. On
coupe par la moitié la tige de ces arbres, on en aie la par-
tie intérieure, et l'on forme ainsi des espèces de gouttières,
qu'on arrange sur les toits comme des tuiles creuses, c'est-
à-dire de façon qu'une des gouttières présente le cAté
convexe et la gouttière voisine le cAté concave. Je remar-
' quai , en 1832 , qu'il y avait k Valença beaucoup de mai-
sons couvertes de cette manière.
Je ne voulais point passer si près delà Serra Negra (4)
sans y aller herboriser, et je commençai cette course le
lendemain du jour oîi j'étais arrivé à S. Gabriel. Bientôt
après avoir traversé la petite rivière de ce nom , j'arrivai
à un terrain composé d'un quartz blanc, grossièrement
concassé, mêlé d'une légère portion de terre végétale. Ce
terrain est semblable è celui que l'on observe dans les par-
ties les plus élevées de la montagne ; ce sont également des
arbrisseaux qui le couvrent, et, parmi eux, j'en vis déjà
que je devais retrouver beaucoup plus haut, tels qu'une
(1) Il f4iii éviter de conrondre cetu montogne arec d'autres dn mime
■MM» qni Bc tromenl eDcore dans le Brésil ; elle a'est point ia Dombre
des Serra Neira indignées dans le Corografia BraHlica de Cuti.
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Sa VOYAGE AUX SOURCES
Ericacée et la Mélastoroée (n' 53] (1). J'avais à peine mar-
ché quelques instante, que le sol devint beaucoup moins
mauvais et les grands bois se montrèrent de nouveau. Ceci
tend à prouver que la nature du terrain contribue , an
Brésil , au moins autant que les hauteurs , à produire des
différmces dans la végétation (3) ; c'est ainsi que, du cAté
de Villa da Victoria, dans des lieux qui soat ivesque de
niveau avec la mer et o&ent un mélange de saMe blanc et
de t^re noire, je retroovai quelque chose de la végétation
des montagnes élevées de la province des Mines , monta-
gnes où j'avais observé un t^rain analogue (3). Ad reste,
je dois dire que les grands bois , dont j'ai parlé toat è
l'heure, croissant dans un sol fort sablonneux, quoique
meilleur, sont \(àn d'avoir la vigueur dès forêts qui végè-
tent dans de bonnes terres.
Continuant de monter, on retrouve un terrain où le
sable, fort abondant et composé de grafos très-gros , est
mélangé d'un peu de terre gristtre, et, au milieu de toutes
lei diflérences de sol qu'on remarque dans le reste de la
montagne, c'est toujours le sable qui domine. Lorsque Ja
terre redevient très-sablonneuse , la végétation change de
nouveau, et, excepté dans de petits int^ralles, on ne voit
plus que des arbrisseaux serr^ les uns contre les autres , à
tige droite, haute d'environ 5 ^8 pieds. Parmi ces arbris-
seaux, il en est qui sont plus comBKins que d'autres; par
(I) Cca nniDéroB renTOient tut DOtca dncriptivea qni se tronveront t
la fln de chtqne volume.
(3) Il va MTsit antrement, sans aacnn dooie, si let mmlagncti da
BrMI traient une plus griadc éléralioa.
(3) Vojn mon Introduction à FhUMrt dét planUt ht phu ramar-
ipuOlet d* Brétit el tfv PnroffiKiK, page m.
^d:,;. Google
DD RIO DE S. PRANdSGO. Ï3
ex«ii{de, l'Ericacée et la Mélastomée, que j'ai déjA iodiquées
coflune croissant BU pied de la montagne, un Ca$tia (n'6],
une Composée (n» 60) ; mais, en général, on ne bwive point
sur la Serra Negra de plantes qui en caractérisent vérita-
blement la Tég^tion ; aussi eus-je le plaisir d'y fecueillir
un très-grand aombre d'espèces différentes. A peu de dis-
tance du sommet, dans un espace oà la terre est extrême-
ment mauTaise, mais qui n'est pas très-étendu, les arbris-
seaux disparaissent è leur tour, et l'on ne voit pins guère
qu'un BODB-arbrisseau , \t Lœeoùitra ctnUforwit , var. tnn-
gm (Lmoùio'a inngnii, DC.) (79), Mélastomée à Truite
sessiles et à feuilles disposées sur quatre rangs. Dans les en-
droits où la v^étation a le plus de vigueur, j'admirai une
Apocynée (67) , qui , s'entortillant autour des arbres , orne
leurs troncs et leurs rameaux de ses belles fleurs en enton-
noir, oooleur de rose et plu» grandes que celles du iVe-
ntim Oleander. Vers te sommet de la montagne, on vmt
beaucoup d'arbres à tige assez menue , tortueux , rabou-
gris , d'oà pendent diverses espèces de Lichens. J'avais
foit use si belle récolte de plantes , que le papier me man-
qua un peu arant que je fusse arrivé au sommet de la
montagne; il était déjà tard et je pris le parti de revenir.
Je parriDS cependant assez haut pour jouir d'une vue ex-
trêmement étendue ; mais je ne découvrais autre chose
que des montagnes couvertes de bois, dont les plus élevées
présentaient, à une certaine hauteur, nue zoue d'une cou-
leur moins obscure , formée par les arbrisseaux qui crois-
sent au-deseus des bois vierges.
La route passe par la Serra Negra; Cendant on peut
faire un détour pour éviter cette terrible montée , et je ne
conçois pas qu'il y ait des muletiers assez hardis pour la
^d:,;. Google
H VOYAGE àVX SODKCES
préférer. En effet, rien n'est affreux comme ce chemin; ce
n'est souvent qu'un sentier étroit qui passe sur des rochers
glissants, presque à pic, où l'on marche à ctAé d'un pro-
fond précipice (i).
Tout te monde assure qu'il y a ordinairement des jagoars
dans la âerra, mais je n'en aperçus point, ie rencontrai
deux hommes, dont l'un tenait un pistolet et l'antre un
grand couteau; c'était vraisemblablement dans l'intention
de se défendre contre les bétes sanvages qu'ils s'étaient
ainsi armés, car ils m'ftt^ent leur chapeau et me souhai-
tèrent le bonsoir avec beaucoup de politesse.
J'avais recueilli, sur la montagne, près de soixante es-
pèces de plantes; voulant les étudier, je passai un jour à
S. Gabriel.
Le lendemain, je me remis en route et pris le chemin
qui dispense de monter la Serra Negra. C'était depuis trois
ans qu'il avait été ouvert au public , et l'on me raconta
qu'on en était redevable i un riche marchand de bestiaux,
nommé Antonio Francisco de Azevedo. L'intendant de
la police, ajonta-t-on , avait promis à cet homme que , s'il
rendait le chemin praticable pour des chars à bœufis, le
bétail qu'il enverrait à Rio de Janeiro , pendant tout le
reste de sa vie , serait entièrement exempt de droits (2).
Antonio Francisco, me dît-on encore , avait travaillé à ce
chemin pendant deux ans et y avaitdéjà dépensé 18,000 cru-
sades. On ne devine pas trop ce que l'intendant de la po-
(1) Lorsque je passai par S. Gabriel , en tSfS , je montai sur la ■»«□-
UgH arec des mulets cbcrgOs. Oo avait reudu le cbenia un peu meil-
leur; niais.par ÎDtervilles, il (tait encore eitrémemeQtdifBdle.
(!) Od voit, d'après la maaière dont je rapporte ces diyere détails,
que je D'oserais lea garantir entièrement.
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DD UO DE S. FRANCISCO. Jï
lice avait i dentier dans cette affaire; malB, à cette époque,
tous les pouvoirs étaient confondus : j'ai déjà rapporté, dans
une autre de mes relations , qu'on avait pris sur les fonds
adfectés è la police l'argent nécessaire à l'établissement
d'une colonie nouvelle, celle de Vianna (1). Quoi qu'il en
soit de tout ceci , on n'avait pu, ou bien on n'avait pas su
éviter, dans le nouveau chemin, une suite de montées très-
roides et très-fatigantes.
Là, de quelque côté que se portassent mes regards, jene
voyais que des montagnes élevées, dont les flancs sont cou-
verts de grands bois et le sommet d'arbrisseaux. Partout le
terrain est sablonneux; les arbres n'ont qu'une vigueur
médiocre et offrent une teinte sombre et grisâtre; la pro-
fondeur des vallons ajoute encore à l'âpreté de ces vastes
solitudes. On m'a dit quelesbdtes sauvages, les jaguars,
les tapirs, les pécaris {poreos do mato) y sont très-com-
muns; entendant je n'aperçus aucun de ces animaux. Ce
pays jouit, à la vérité, d'un grand avantage ; mais il lui est
commun avec bien d'autres parties de la province desMines,
celui d'avoir des eaux d'une fraîcheur, d'une pureté dont
n'approchent point celles qu'on boit en Europe. Chaque
vallée sert de lit è un ruisseau oà le voyageur se désaltère
avec une sorte de volupté qui n'est connue que dans les
pays très-chauds. C'est sur le bord de deux de ces ruis-
seaux que l'on rencontre les deux seules chaumières qui se
trouvent entre S. Gabriel et le lieu où je Ûs halte. Dans ce
lien était aussi une misérable chaumière qui avait été con-
struite pendant qu'on travaillait au chemin ; elle était déjè à
moitié tombée, et le premier vent aura achevé de l'abattre.
ili Voyage dant le ttitlriel itt DfamanU, clc, II, 36.t.
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se VOYAGE AUX SODtCBS
Ls nuit fut très-froide; la triste maisoDDette oà je la
passai était ouverte de tous les côtés, et, quoiqae j'eusse
sur mon lit une lourde capote et une couv^ture de cotMi ,
j'eus betHConp de peine & me réchautTer. De notables chao-
gemeots ne tardèrent cependant point à s'opérer dans la
température. A. six heures et demie, le tbermomètre n'était
encore qu'i 13 degrés Réanmur; mais , nue demi-heure
après, il était déjà à M degrés, et bientôt la chaleur devint
insupportable partout où' il n'y avait pas d'ombre. Les
grands arbres avaient été coupés sur les deux bords dn che-
min, et le soleil dardait sur nos tètes ses rayons brûlants.
L'ensemble de notre route nous offrit des montagnes
encore plus élevées que celles de le veille , des vallées plus
larges et plus profondes, des montées encore plus pénibles.
Le chemin était tellement difScile , que nous mimes six
heures k faire 3 lieues.
La première montagne que je trouvai, après avoir quitté
TTuMn^deOtinetra [nom d'homme), le lieu on j'avais fait
balte, porte le nom de Monte Verde , et , à la Sn de la
journée, je passai la fameuse Serra da Mantiqueira, partie
méridîonBle de cette longue chaîne (Serra do Ëspinbaco,
Esdiw.](l], que l'on rencontre lorsque, après avoir passé la
U) Caul vfùl rccomm qae la Serra di Muitiqneira biTcrse réclle-
moit tonte li proTioce de» Mines ; eu il s'eiprime tinii ; ■> La Serra da
• Hauliqaeira, qai eat la plus célUtre de la province, commeoce dans la
■ partie sepleutrioiiale de celle de Saint-Paul ; formant des siouosités,
• elle B'ïtead à pen pris rers te aord-eat , jaiqDe dan* le Toiiiitage de
■ la ville de Barbacena , el de U elle se dirige do cAté du nord , peur
■ atteindre l'eilrémilé de la province : elle, change souvent de nom et ne
« conserve pas toujonrs la mèine baulear {Corografia Bratiliea, I,
H 3601 • Comme r«tte cbalne n'est réellement connue sous le nom de
Serra da Mantiqueira que dans une partie de son ^tudoe, d'EKbwrgr
r„s,i,.,.d.i. Google
DU K(0 DE s. FHANGI8C0. 97
chaîne maritime, on se dirige vers l'occident de la province
des Mines. La Serra da Hantiqueira divise les eaux du Pa-
rahyba et du Rio Doce de celles du Rio Grande , qui finit
par devenir le Rio de la Plata {!]. Je l'avais déjà traversée
CD me rendant à Villa Rica parla ronte ordinaire. Du som-
met de cette Serra , je découvris une immense étendue de
montagnes couvâtes de bois , et en particulier la Serra
Negra.
Ce jour-là, je vis sur le bord du chemin trois chaumières
et une habitation un peu plus considérable. Les terres valent
mieux, en général, que celles du pays que j'avais traversé
la veille ; sur le penchant des montagnes, le maïs rend Jus-
qu'à 200 pour 1. Jefisball£, très-faligué, sous un misé-
rable rancho , qui lient i une cabane plus misérable en-
core , et où demeuraient de pauvres mulâtres. Ce lieu porte
le nom S Alto da Serra [le haut de la montagne}. À huit
heure» et demie du soir , le thermomètre était déjà descendu
à 1 6 degrés Réaumur, et la nuit ftat encore plus froide que
la précédente.
A au, avec raiioa, dcToir im^iner nixi déDomÏDitioD qui en ÏDdkpilt !■
kagnear toat eotUre. Le nom de Serra do EtpivJuifo (moDUgM de
rtpiue dorade ) pourra paraître biurre , mais je crois qu'il faut le coa-
scirer, parce qu'il a été employé le premier, et le préfïrtr k cehii de
ckiOne enUrah , proposé par l'eieellent Béttgrapke Baibi du* m Géo-
wnvU* iuUverulh.
<l) Vojei mOD Voifagt dans U$ provinctt de Rio de Janeiro, etc., 1.
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VOYAGE AUX SOURCES
CHAPITRE IV.
LKS CAHPOS. — TABLEAD GÉNÉRAL DD CANTON DE BIO
GRANDE.
Eatrée des eampo$. Cmm de li dUKrence qui nisie entre la végétatiiMi
qui les cuBCt^rise et celle des bois vierges. Lear moaotODie. Ua ne
sODt cepeadiut pis toujours eiaclemeat les mêmes. Idée géaérale de
ceux qui s'éteodcDt depuis les forêts primili?es jusqa'h S. Joio d'EI
Rei. — Le Rio Grande: son cours gigantesque: utilité dont il peut
être pour le Brésil. — Les hibiltuts du caotoa de Hio Grande, d'abord
mineurs, puis agriculteurs. — Détails sur l'éduuition des bétes h tor-
ites : le parti qu'on tire des besiiaui ; manière de faire les fromages.
— Comment on engraisse les cochons ; le lard. — Les moaloas ; lenr
laine i le pen de soins qn'oa leur doaite ; nécessité de quelques amé-
liorations. — Produit des faxettda$ du canton de Rio Grande. —
Mœurs des cultiratenrs. Leurs femmes. Peiotare de leurs babitatMos.
Après avoir quitté (le 14 février) le pauvre raneho où
j'avais passé la nuit, je cheminai encore, pendant quelques
instants, dans une vallée profonde entourée de bois vierges.
Cependant je montais peu à peu : tout à coup l'aspect du
pays changea comme une décoration de théâtre , et je dé-
couvris une étendue immense de mornes arrondis , cou-
verts seulement d'une herbe grisâtre, et entre lesquels se
trouvent jetés qi et là des bouquets de bois d' un vert foncé.
J'entrais alors dans la région des campos. Je n'avais pas
ignoré que j'y arriverais ce jour-là; mais ce que j'avais vu.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. PRâNCISCO. »
deux ans plus tôt, sur la route de Villa Rka ne m' avait point
préparé à un changement aussi brusque. Il produisit sur
moi one vive impression de surprise et d'admiration : ces
eampos à perte de vue sont une image bien moins impar-
hite de l'immensité qne la mer, lorsqu'on y jette les yeax
d'une plage peu élevée, et cette image devenait plus frap-
pante encore au sortir des forêts primitives, où souvent
on toucherait presque de la main les objets qui bornent
rhorizon.
En quitlant les bois vierges, je pus fbire une comparaison
exacte entre la disposition des t^rains où ils végètent et
celle du sol qu'occupent les eampos , et je me confirmai
dans les idées que j'avais déji sur les causes d'une diffé-
rence si prononcée dans la végétation (1). Les forêts cou-
vrent des contrées hérissées de montagnes roides et escar-
pées, qui se garantissent les unes les autres contre la force
des vents-, et en même temps les ruisseaux, qui , entre les
monts , arrosent des vallées étroites et profondes , entre-
tiennent dans l'air one fraîcheur et une humidité conti-
nuelles. Au contraire, dans les pays de campot, les mornes
sont arrondis et s'élèvent par une pente douce; les vallées
qui séparent ceqx-ci sont larges et peu profondes , et enfin
les ruisseaux sont peu multipliés; aussi la sécheresse est-
dle très-grande dans ces régions , et les vents y règneot
en liberté, deux causes qui ne permettent pas A la végéta-
tion de devenir plus vigoureuse. Nais, si le flanc d'un
morne présente un enfoncement qui soit abrité, si quel-
que ruisseau arrose un vallon , on est sCir de trouver là un
bouquet ou une lisière de bois vierges, qui, défrichés,
il! Voffuife dani Ut prminrei âe Rio dt Janeiro, etc., Il , !3.
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00 VOYASB AUX SOURCES
prodairoat du mais et d'aulre» plantes utiles i rhomme.
La Serra da Mantiqudra , que je venais de traverser et
qui forme une portion de la Sern do E^inhaço ( Escbv.),
est, comme l'on sait, la limite des forêts et des eampo» (1).
Pendant plosieurs mois , j'allais étendre mes regards sur an
pays découvert, et le bois, connu sous le nom de Mato
Grouo , que je traversai dans la province de Goyai , arant
d'arriver i sa capitale , est bien loin d'avoir la majesté des
forêts vierges de Rio de Janeiro et de Minas Geraes. Mais , il
faut ledire, la répétition des mêmes objets a bientôt épuisé
l'adoûration , et. au milieu de ces déserts auxquels l'in-
dustrie bumaine n'a presque rien 6té de leur monotonie
primitive, le voyageur succomberait sons le poids de l'en*
nui , ^il n'était soutenu par de grands intérêts, on si , livré
à l'bistMre naturelle, il n'échai^t, par l'étude variée des
détails, k l'unifonnité de l'ensemble.
Il ne faut poiulant pas croire qu'il existe entre tous les
campo» une ressemblance parfaite; mes deux premières
(1) CeUe limite n'est cependant point parfaitement trandiëe. r«i dit
ailleurs (Jablmu de la végétation primiUvf dam la procinee de Mt-
wu G«raet , impriin^ dans les Annalet det eeieneet nAluretlet , aep-
lembre 1831) que, an midi de la prOTincedeB Hiaes, les bois dAOfdaBi
sur le Tersant occidental de la Serra do Espinhaco. Il J a plus ; toujours
au midi, vers la proriuce de Saint-Paul , j'ai trouvé un pays entièrement
baMdana l'espace de 9 lieues enriroa. an dell de la Serra da Hantiqnien,
depoia Baepeodj jnaqa'k rendrait appeU Corrtfo FMido. Plus an midi
Nioore.daiM la proviiKe m(me de S. Paul , Tenant de Gojaz, j'ai tra-
versé des bois qui commencent à I lieue du Rio Tibaya, sur un terrai»
qni ne m'a point semblé pins montneui que celui que j'avais parcouru
les jours prtoédeatg , et ces bois se sont prolongés dans nn espace d'k
pen près 14 lieoes juaqu'aui montagnes même de Jundiabj, et sont, par
coas6iuent . situés aussi au deli de ces montagnes ; or celles-ci appar-
tiennent bien co'taiaemeut k cette partie de la Serra do E^inha^oqtii
a* dirige dans la province de S. Paul , da sud-oueat vers le nord-iM.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRAHaSGO. Gl
ntotionsont sufAsamment prouvé le contraire (1). Comme
la régùm d«$ fortts se divise en plusieurs sous-régione , de
même anssi on en obtfCtye deui bien distinctes dans la ré-
gion des campos , qui , tantdt ne présente que des herbes
et des sous-arbrisseaux (taboîevos ■detecbertog) , et tantAt
^he çà et li , au milieu des pdloragea , des arbres tortueux
et rabougris (taboîeirot eobertoi). Les deui gmu-régùmi
entre lesquelles se partagent les campos n'ont peut-être
pas de limites aussi précises que celles des trois sous-régioas
dont l'ensemble compose la région des forêts , savoir, les
(1) Dn Tojagrar qoi ■ trireraé U régtMi des bois vierges en miraot
Il fnnàe roule de Rio de Jineiro à Onro PreM , et qni ensuite ■ passé
dus tes mmpoj , dtfinit ce mot de la maaière auivuite ; ■ Le oom de
tampo* déûgna uoe suite de eoUinei pnsqoe enitèrement dépouilliee
dt TéféuUoa : ce n'est que 4wis les vallées qo'oa iroDTe quelques ar-
bres et un peadeTerdnre ; oo oeToitde tous cAtés que des plolAuix
arides (Scz., Smto., STT, 278). ■ Puis , quand le même auteur veut pÙD-
dte le disUiet des DiaiiHDtt , il donne cette antre déflnitkni ; ■ tes eam~
Pùt lutt àtn-plaiM$ arides, k peine cfiarertes d'ane monise léfèr*
( ]. c. 333). ■ Des obserTalenrs tr^-b«biles, Uartiiu. Pohi , Gardncr, se
Mot occupés »fte un soin particulier de la TégélalioD de Minas Geraes,
et il n'est pas k ma Gonnaissance qu'aucDD d'eni ait rapréseuté les ranT-
pot enomedes eolUnet prei^iu ntUnmttU ttépouHUtt iÊvégébMm.
Le aanni Harliua dit , comme moi , qu'ils diStreot beaucoup entre eux,
et j'en pourrais citer dont il fait nn tableao encbantenr. Ceux que l'on
Iratene, ea sortant des bols tlerges-, pour se rtudre, par la grande
tMie, d« U capitale dn Brésil k Onro Prelo, ne saaraieiit être mieat
nuparés qn'anx pacages de plusieurs de dos boules montagnes d'Eu-
rope. Quant an district des Uiamaots, il est incontestable qne, en une
(iMk d'endroits, il serait eotièrement rebelle à la culture; mais c'est
pent>étre dans ce district qne Ton tronve la pins belle Flore pbanéro-
gmiqne de tout le Brésil méridional, et ni M. Gardner ni moi n'avons
TD , aoil dans l«a alentours de Diamantina (Tijuco) , soit dans les antres
parties de ta prtn>ince des Minea , dtt plaine» A peiitt emteerlet ifWM
^d:,;. Google
«i VOYAGE AUX SOURCES
matos vùrgen», les eatinga» et les earraicos (i). Cependant
on peut établir que les parties les plus élevées de la régùm
des campoê sont généraleinent couvertes de pâturages her-
beux, et que, dans les parties les plus basses, les pâturages
sont parsemés d'arbrisseaux. Ainsi je n'ai trouvé que des
campoi formés d'herbes et de sous-arbrisseaux dans une
immense portion de la plus haute peut-être des eomarcoi
de la provinre des Mines, celle de S. Joâo d'el Rei ; et ne
sont encore des pâturages de même nature que j'ai revus
partout, en traversant, presque au pied de la Serra do Es-
pinhaço , le pays Tort élevé qui , à l'ouest de cette même
Serra, s'étend de Caeté (2) ou Villa Nova da Rainha aux
limites du territoire de S. Joâo d'EI Bei. Au contraire, ainsi
qu'oD le verra plus tard , j'ai trouvé beaucoup de pâturages
parsemés d'arbres rabougris sur le territoire de la comarca
de Paracatû, et en 1817 j'avais constamment observé le
même genre de végétation dans les 160 lieues portugaises
que je parcourus au milieu du Sertâo, k peu près entre les
14* et 18* d^rés de latitude sud, du cAté oriental du
S. Francisco, à une distance d^à fort considérable de la
source de ce fleuve. De là il résulte que la tous-région,
plus méridionale , des ceanpos simplement herbeux cor-
respond particulièrement à celle des forêts proprement
dites [matos virgens], ou^ si l'on aime mieux, que ces
tout-régifms sont plus particulièrement situées entre les
mêmes parallèles; et que la sous-rigxon, plus s^tentrio-
(1) Tojei mon TabUa» tU la végétation primitive dant la pro-
vince <U Minât Geraei, àaoi les Annalei dei tcieneet ttatureltes,
septembre 1831, et ma première relalton^rvol. II.
(!) J'ai dit ailleurs pourquoi je doauaia la prélëreDce i cette artho-
praphe.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANasCO. 63
nale, des campos parsemés d'arbres rabougris correspond
duvaDtage à celle des carrascog et d& catin^at (1).
Ce qui précède indique assez quelle doit être, dans son
eosemble , la végétation du pays situé entra les forêts et la
Tille de S. Joào.
Arant d'arriTer à cette ville, je fis enviroo 14 lieues.
Dans cet espace s'étendent des campos à perte de vue. Les
mornes sont généralement arrondis, les vallées peu pro-
IcMides. Dans les enfoncements, l'on voit des bouqaets
de bols ; ailleurs croissent des Graminées , au milieu des-
quelles sont éparses d'autres herbes et des sous-arbris-
sesus. Les Graminées appartiennent à ud petit nombre
d'espèces ; aucune fM^e remarquable ne s'observe chez
les plantes qui croissent parmi elles; ce sont principale-
ment des Corymbifères (Juss.), dont les Qeurs sont flos-
culeuses et hermaphrodites , l'involucre embriqué , l'ai-
grette sessile , le réceptacle presque tonjoan nu ; puis
viennent des Mélastomées, ensuite quelques Rubiacées à
fruits séparables (telles que les n°* 95, 154] , et enfin les
Ca«na(17letl50).
Dans la partie la plus basse des mornes, Ia végétation
est un peu différente de celle des hauteurs ; on y voit
des arbrisseaux qui appartiennent, en général, à la fa-
mille des Composées , un Ifyptù (505), et , en très-grande
abondance, cette Graminée du genre Saccharum, qui se
fait remarquer par ses tiges dures et asseï hantes, par ses
feuilles roides et horizontales, et qu'on appelle vulgaire-
ment Aofro de reposa. Queue-de-renard (Ànalheriutn bi-
il) TaUewi de la végiUUion dan* la proofne* de Kituu Geraei,
ptr Angusto de S. H., impriiDé dons le» Àn»ale* de» gcitncet tuUu-
ritUt, Mptembre 1831.
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Af VOYAOK AUX 80DRC£S
cornet). Ces campos m'offrirent sans doute des dlffé*
rences , soit dans la disposition du terrain , soit dans
l'ensemble de la végétation; mais je me réserve de les
signaler, en présentant les détails circonstanciés de mon
itinéraire.
Le Tameux Rio Grande, dans son cours supérieur, arrose
les campagnes que je viens de faire connaître , et leur com-
munique son nom (le canton de Atio Gronde). Cette rivière
divise la eomarca de S. Joâo d'el Rei en deui parties , l'une
septentrionale et l'autre méridionale. ¥i\e prend sa source
dans la Serra da Juruoea, éloignée de S. Joâo d'environ
25 lieues du cAte du sud ; elle coule d'abord vers le nwd ,
puis vers le nord-est, puis enfin vers l'occident. A 90 lieues
environ de S. Joâo, elle reçoit le Rio das Mortes, plus loin
le Sapucaby , et plus loin encore le Rio Pardo ; elle sert de
limite aux provinces de Saint-Paul et de Goyai , et , réunie
au ParanaAi/&a , elle prend le nom de Paraimà , pour de-
venir le Paraguay, l'un des deux grands cours d'eau qui
forment le Rio de la Plata (4). Voici à peu près comment
s'expriment MM. Spix et Martius sur cette bnportante ri-
vière : « Ce n'est pas seulement vers le sud que, du voisi-
nage de S. Joâo d'K Rei , on powrait, embarqué sur le Rio
Grande, se rendre dans le Paraguay et à Buenos-Ayres ; la
navigation serait possible par les afDnenIs septentrionaux
(I) Cuu., Oorof. Brat., I, 107, 37S. — Oo utare gte&tlement,
à ce qne prétend Lticcock , qoe le Rio Grande , lorsqD'il est déjk dercDii
un OevTe considérable, disparaît et se fraye une roole soatemiiM sons
la Borhce d'une plaine immense, qui hii doit nne riche et étenaelle ver-
dure (Hotêt on Brat., 536). Personne oe m'a parlt d'une semblable
merreille; je ne IrouTe rien non plos dans les écrite de Caial, de Fi-
larro, de Spix et de Hartins , qui JDStifie raSHriion de Lnecock, et Je ne
saurais m'empicber de )a considérer comme erronée,
^d:,;. Google
DU RIO SE S. FBANCISCO. Oi
de cette rivière jusqu'à quelques lieues de Villa Boa. I^
capitaÎDe José Pinto , qui, ea 18iC, entreprit de trouver
une roate par les fleuves entre Villa Boa et Saint-Paul , a
jeté assez de lumière sur la géographie de ces contrées pour
que déjà on puisse songer à la communication iiaportante
dont il s'agit. On sait, en effet, que, si l'on s'embarque
sur le Rio dos Boit , à l'endroit appelé Annictmt , situé à
13 lieues de Villa Boa , on arrive bientôt au Paranahyba.
Quand on a fait 3 lieaessur cette rivière, on rencontre une
cataracte. De li au confluent du Paranahyba et du Rio
Grande où tous deux réunis prennent le nom de ParannA .
il n'y a qu'environ âO lieues, et, si les chutes d'eau doivent
rendre difficile la navigation du Rio Grande jusque dans les
environs de S. Joâo, disent, en finissant, MM. Spii et Mar-
tins, du moins cette navigation ne serait pas interrom-
pue (1). » Quand on songe, d'un aub% cAté, que, dès à pré-
sent, on communique, par le Rio do Tocantins, de Goyiz
avec la capitale du Paré, en s' embarquant i une très-faible
distance de Villa Boa, on s'étonne des avantages immenses
qui ont été départis aux Brésiliens pour la navigation inté-
rieure de leur pays. On serait t«ité de croire que l'auteur
de la nature, en formant ainsi lui-même des liens entre
les diverses parties de cet immense empire, a voulu indi-
quer  ceux qui l'habitent qu'ils ne doivent pas se désunir.
Voilà un point qui , situé environ par les 21° 7' 4" latitude
australe et les 47* 55' longitude, à partir du méridien de
Paris (2], est appelé à communiquer, par eau, presque sans
(I) A«iM,l, 313.— Coosultex, sur ceue MvigatioD, l'KttMra no de
HaUM, n, 193. '
(3) La poûtiOD que j'iodiqae ici, d'après l'ouvrage de Spix tl Har-
tiiu et Ice maihémattcieiu porlugaîs ciiés par d'Escbvcge, csl ceik de
1. a
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G6 VOYAGE AUX SOUHCFS
interruption , avec deux ports, Montevideo et Pnri, placés
l'un è l'embouchure du Bjo de la Plata , l'autre à celle du
Hio do Tocantins, de jdus avec Matogrosso, le Paraguay,
l'Entre Rios et les anciennes Missions de l'Uruguay! Que
sont nos mesquines rivières auprès de ces Beuves gigan-
tesques , qui parcourait tant de contrées diverses et dont
les eaux , après avoir arrosé les arbres majestueux de la
zone torride , font naître sur d'autres rives les humbles
herbes des climats tempérés I Malheureusement, il se pas-
sera sans doute bien des années avant que les Brésiliens,
pouvant aider la nature, profitent de si beaux avantages,
et que les colons des environs de S. Joâo , en particulier,
aient d'autres moyens de communication que leurs mu-
lets, actuellement les seuls navires de leurs déserts (1).
C'était de l'or que cherchaient les premiers habitants
du canton que je parcourus pour me rendre à S. Joào , et
qui , comme je l'ai dit, est arrosé par les coomienc^nents
du Rio Grande ; çà et là on voit même encore les traces de
leurs travaux. Peu à peu cependant le métal , objet de tant
de recherches, se présenta avec moins d'abondance; il de-
vint plus difficile de l'extraire du sein de la terre , et alors
on chercha dans l'agriculture, et principalement dans l'é-
ducation des bestiaux, des ressources que n'offrait plus
s. Joào d'El Rci , ville pu liqiieHe ae passe point 1« Via Grande. C'est
Ponte Xova qui est le liea juaqa'où les premiers de ces saTanis Toai ro-
monter (a navigitioa du Rio Grande : mais Ponte Kova, d'après leur carte
g<!ni!rale du Btôsi} , semblerait £lre situd h pca près sous le uiéme paral-
lèle qne S. Jolo et k environ 9 i 10 lieues portugaises de cette Tille. Je Fe-
rai remarquer que les mêmes saranls, en di'sigaant Ponte Jim», oe disent
pourtant pointqiie la navigation ne pourrait pas aller plus loin encore.
(1) Celte Ûgan orientale u'est point /trjingïre aui Hineiros ; c«r ils
se Eeirenl souvent dn mol navrgar quand ils parlent de leurs voyages.
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DU BIO DE S. PIUNCISCO- 67
l'extraction de l'or. Les eicellents pâturages des environs
da Rio Grande fournissent aujourd'hui ( 4819, 1823) la
plus grande partie des bestîaui qui se consomment dans
la capitale du Brésil, et quelques agriculteurs de ce pays
possèdent jusqu'à cinq mille bétes à cornes (1).
Bien différents de ceux des Campos dos Goitacazes (3) ,
les bestiaux du canton de Rio Grande sont , avec juste
raison, vantés pour leur force et pour leur grandeur. Ce-
pendant on est obligé de leur donner du sel , ainsi que
cda se pratique dans les parties de la province des Mines,
où il n'y a ni terrains salpêtres ni eaux minérales; ainsi
qne cela se pratique encore dans la province de Saint-Paul ,
la Colombie et l'Amérique septentrionale, depuis la ISou-
velle-Ecosse jusqu'au Mississipi {S) : tous les mois ou en-
viron , chaque bète obtient une poignée de la substance
pour laquelle elle a un goût si prononcé. Tandis que, dans
le Sertâo (désert) oriental du S. Francisco, les vachers, qui,
le plus souvent, vivent loin des yeux de leurs maîtres, sont,
en général , des hommes libres (4) , ici c'est ordinairement
à des esclaves qu'est confié le soin des bestiaux. Comme
dans toutes les parties du Brésil que j'ai parcourues, on ne
sait pas, dans le canton de Rio Grande, ce que c'est qu'une
étable ; cependant on n'abandonne pas le bétail & lui-même,
comme cela a Heu dans le Sertâo. Les cultivateurs qui ^oc-
cupent, un peu en grand, de l'éducation des bètes i cornes
divisent leurs pâturages en différentes portions , soit par des
(1) Ce n'est p«s sealemeot en 1819 que j'ai tr«Ter«é le uoton de Rio
Grand* ; je l'ai encore parcouru en 1822.
(S) Tojei mon Voyage dant U diitrict, etc., n, lt7.
(9) Toilage datu ta htatU Peruylvanie, H, 3S1-3.
(1) Vogaçe dan* la promnee de Rio de Janeiro, elc, n , 330.
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ut VOVAGE AUX SOURCES
rossés, soit A l'aide de palissades Tailes avec de gros pieux,
qui ont au moins la hauteur d'un homme. Dans un de ces
pâturages, on met les vaches k lait; un autre est pour les
veaux, un troisième pour les génisses , un autre enfin pour
les taureaux. On tient les génisses et les taureaux dans des
pAturages séparés, afin que les premières acquièrent assez
deforcepour produire des petits vigoureux, et qu'elles ne
soient pas couvertes hors de saison. Quant aux vaches k
lait, elles ont toujours dans leur pâturage un taureau, que
l'on appelle foro gnmde et que l'on pourrait comparer au
pasteur des juments du Ser(ào(1); c'est, en quelque sorte,
à lui qu'est confiée la garde du troupeau; il le défend avec
fureur contre les taureaux qui s'échappent des pâturages
étrangers, mais on prétend qu'il épargne davantage ceux
qui ont été élevés avec lui dans lii même fasenda.
Jusqu'à ce que les veaux soient assez forts pour manger
de l'herbe , on les garde , près de la fazenda , sous un han-
gar. Quant i ceux qui vont au pAturage , on les enferme
chaque soir dans un ewrral, qui est un espace de terrain
fort petit et entouré de palissades , lequel tient immédiate-
ment à l'habitation ou au retira , espèce de chalet dépen-
dant ds l'habitation elle-même (â). Le lendemain matin ,
on va chercher les vaches dans leurs pâturages, lorsqu'elles
en ont de fermés ; celles que l'on a coutume de laisser libres
se rapprochent elles-mêmes de la maison du maître. Quand
elles arrivent, les veaux ont déjà été mis dans la cour de la
fazenda. On y fait entrer successivement une quantité de
vaches qui correspond au nombre de personnes qae l'on a
(1) royatr« <latu I«i provincu de Rio de Janeiro, etc., Il, 337.
{i) J'ai d^jà donDÏ, dtiu mt premiire rebUUm, rtipYmtioa àt»
mot» rurral et retiro.
Disiti.rdrii.Goo'^lc
DO RIO DE S. FRANCISCO. . KD
pour les traire. Chaque veau reconnaît sa mère et s'approche
pour la teter. On le lie h la jambe droite de la vache , la
tète tournée vers les mamelles ; on tire le lait de trois de
ces dernières et on laisse la quatrième pour le veau. Le
soir, on réunK encore les vaches et leurs veauT , mats alors
00 laisse ceux-ci teter à leur aise; ensuite on enferme les
veaux , comme je l'ai dit , et l'on reconduit les vaches au
pâturage. Quand le propriétaire ne met point les veauT
dans un pAturage Terme, ils n'attendent pas ordinairement
qu'on aille les chercher; d'eux-mêmes ils se rendent à la
fazmda , tous les jours À la même heure. C'est un plaisir
de voir, chaque soir, ces jeunes animaux accourir, en bon-
dissant , pour revoir leur mère et prendre leur nourriture
accoutumée.
En général , dans les Mines, on ne met le feu aux cam-
pot qu'au temps de la sécheresse; mais dans le canton de
Rio Grande, en particulier, les propriétaires des grandes
fazmdas ont coutume de diviser en quatre portions les pâ-
turages destinés aux vaches â lait, et, tous les trois mois ,
on met le feu à l' une des portions , pour procurer à ces
animaux une herbe fraîche. A cet effet, un homme, à pied
ou à cheval , parcourt le pâturage qu' on veut brûler , traî-
nant derrière lui un long bambou enflammé, et ayant tou-
jours soin d'avancer dans le même sens'que le vent. Le
pâturage est bientôt consumé, et, peu de temps après , il
succède , à des herbes desséchées . un gazon fln , du plus
beau vert, qui ressemble un peu.au froment, quand il
commence à sortir de terre.
Dans les environs de Juruoca, village situé à peu près à
23 lieues de S. Joâo, vers la source du Rio Grande, un
propriétaire me disait que, d'après la division qu'on fait
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70 VOYAGE AUX SOURCES
des pâturages en différents verts [verdes) (1 ), par le moyen
dés incendies, on ne peut, dans un espace de S lieues,
nourrir plus de 6 à 700 tètes de bétail. CeU tendrait à
expliquer pourquoi j'ai eu à me plaindre de faire beau-
coup de chemin sans roir une seule béte h cornes ; cepen-
dant il est encore assez vraisemblable qu'on ne profite pas
autant qu'on le devrait de l'immense étendue qu'ont, en
général , les fazendas.
Lors de mon voyage (1819], les bœu&, dans le canton
de Rio Grande, s'achetaient 4,000 reis (25 Trancs), et ils
se revendaient 7,000 reis à Rio de Janeiro. Quant aux va-
ches, on ne s'en défait que lorsqu'elles sont trop vieilles
pour porter encore. Un propriétaire ne pourrait, sans en-
tamer son capital, vendre, chaque année, plus du dixi^e
de son troupeau. Si le bétail rend aussi peu au cultivateur,
ce n'est pas qu'ici, comme dans le sud du Brésil, on ab-
sorbe une partie de son troupeau en se nourrissant uni-
quement de la chair de ses vaches, car, dans ce pays,
les gens les plus aisés. ne mangent que des haricots, du
porc, da rii, du lait, du fromage et de la eangiea (S);
mais on fait périr un grand nombre de veaux par le régime
austère anquel on les condamne pour profiter du lait de
leur mère. Les ftaendeiros (3) riches devraient, ce me sem-
ble, faire, cfaaqiîe année, le sacrifice du lait de quelques-
(1) Uestàpeiite nécessaire de dite que, par le mot porto gaii vrr de*
qae je traduis ici litténlemeot, il fant euleodre les pleurages de diffË-
reols Ages qui rjsnlteot de; ioceodies successif* ddot j'ai parlé pins
haut.
(2) Hom qae l'on donoe au maïs ddpouiUé de ses euveloppes et sim-
plement cuit dans de l'eao. Oo désigne le mime mets sous le nom de
mofammTOf cfaei les Espagnols-Am^ricsins de la Bania Oriental.
(3^ Les faiendtirot sont Ira propriétaires de fatendat.
r„s,i,.,.d.i. Google
DU BIO DE S. FtANCISCO. 71
unes de leurs meilleures vaches pour obtenir de plus belles
génisses, et surtout des taureaux plus vigoureux , et , par
là, empêcher la dégénération de 1» race bovine.
Meilleures laitières que celles de Formigas, S. Eloi et
probablement tout le Sertâo oriental , les bonnes raches
du canton de Rio Grande donnent, comme celles des en-
virons de Villa Rica et de Sitlo do Panlista, près Tes Cam-
pes dos Goitacaies (1), quatre bouteilles de lait par jour.
Les veaux tettent jusqu'à l'âge d'un an, et, quand une va-
che n'a plus de veau, ses mamelles se dessèchent, comme
cela a lieu dans toute la province des Mines, vraisembla-
blement tout le Brésil et même dans la Colombie, singula-
rité qui parait mériter l'attention des loologistes (S).
Nourries dans des pâturages excellents, les vacbee qui ont
encore leurs veaux donnent un lait presque anssi crémeux
que celui des troupeaux de nos monti^nes d'Auvergne. On
ne met point le lait dans des pots, mais dans de petits ba-
rils cerclés en fer, et on le transvase avec des gourdes cou-
pées longitudinalemeot par la moitié. On fait , en général ,
beaucoup de fromages dans la eomarca de S. Joâo d'EI Rei ;
mais le canton de Rio Grande est celui qui en fournit le
plus, et c'est un des articles qu'il exporte. Voici de quelle
manière se font ici les fromages. Aussitôt qu'on a tiré le lait,
on y met de la présure, et il caille à l'instant; on donne la
préférence à celle de capivara (cabiais) , lorsqu'il est possible
de s'en procurer. On a des moules en bois d'environ 2 pou-
ces de haut, dont le milieu présente un espace circulaire en-
tièrement évidé, à peu près de la grandeur d'une assiette.
(I) Toïa moD PoyotftdaiM UdUWielin MomanU, etc., I,1B3:
H, 9».
l3) L.«., 1,181.
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n VOYAGE AUX SOURCES
Ces moules se placent sur une table étroite dont le plan est
incliné. On les remplit de lait caillé, que l'on a eu soin de
séparer en petits morceaux ; on presse avec la main ce
caillé ainsi égrumelé : le petit-lait s'échappe, ei il va tom-
ber dans une gamelle placée au-dessous du bout de la table
le moins élevé. A mesure que le caillé s'affaisse dans le
moule, on en remet de nouveau ; on recommence à pres-
ser, et l'on continue jusqu'à ce que le moule soit plein de
caillé bien pressuré. On couvre de sel le dessus du fro-
niage, et on le laisse ainsi jusqu'au soir; alors on le re-
tourne, et on couvre l'autre c6té de sel. Le lendemain,
"on expose le fromage à' l'air dans un endroit ombragé;
on a soin de le retourner de temps en temps , et il est Tait
avant l'espace de huit jours. Ces fromages, auxquels on ne
donne pas d'autre nom que celui de fromagei de Minas,
sont fort renommés : leur substance est compacte ; leur
couleur ressemble à celle des fromages de Gruyères, mais
elle est, je crois, d'un jaune plus prononcé ; leur savenr
est douce et agréable. Quand on veut transporter les fro-
mages à Rio de Janeiro, on les met dans des paniers {ja-
cas] carrés et aplatis , faits avec des morceaux de tiges de
bambou grossièrement tressés ; chaque panier contient cin-
quante fromages , et deux paniers font la charge d'un
mulet.
On élève , dans le canton de Rio Grande, non-seulement
un grand nombre de bètes à cornes, mais encore beaucoup
de cochons ; on engrai^e ceux-ci avec des racines d'tnAa-
me* [Calladium esculfnlum) et de earâs {Dioscorea] , et
l'on cultive en grand ces deux espèces de plantes (1). Le
(I) Ici j* dois pn'monir If lecteur rrantiis conlre nne eneur de noms
^d:,;. Google
DU RIO «E S. VDANCISCO. 7S
propriétaire du rancho du Rio das Mortes Pequertù, près
S. Joâo d'EI Reî, chez lequel, comme on le verra, je sé-
journai fort longtemps, ne paraissait point riche, et pour-
tant il avait deux champs de carat d'une certaine étendue.
Le lard forme, comme les fromages, une branche de com-
merce très-importante pour la comarca de S. Joâo d'EI
Rei. C'est aussi dans ces paniers de bambou, appelés /ocm,
qu'on le transporte à Rio de Janeiro. Deux paniers de lard
forment la charge d'un mulet, et chaque panier contient
3 arrobes de lard (44 kilog. 1 hect.) quand le mulet n'est
pas encore habitué à la charge , et 4 lorsqu'il y est déjà
accoutumé.
Les cultivateurs de ce canton et , en général , ceux de la
comarca de S. Joâo possèdent un troupeau de moutons.
là on ne fait pas comme dans les environs de Rio de Ja-
neiro, on ne laisse point perdre la laine : on tond les bre-
bis deux fois par an , au mois d'août , vers la fin des froids,
el six mois après, avant celle de la sécheresse. Les fazen-
deirosen font faire, dans leur maison, des tissus grossiers,
dont on se sert principalement pour habiller les nègres.
On l'emploie aussi pour fabriquer ces chapeaux â larges
bords, à forme basse et arrondie, dont les Mineiros ont
coutume de se couvrir la tète {chapeo de Mineiro], et qui,
s'ils sont d'une pesanteur extrême, ont pourtant l'avan-
tage de garantir de l'ardeur du soleil comme de petits pa-
rasols; les propriétaires envoient leur laine â des hommes
duu l*qiMlle il est facile à lomber et h bquelU n'oat même pas échappé
deux Ditnralialea lUemauds bien jmteiueDl célèbres ( Spix et Uartios ,
Belu, I ) ; c'est de prendre l'inhanie des Brésilieas pour les jpnoMei
d« DOS colmiies : le premiet eet le Calladium aeulnitum des boU-
oistes : les seconds soal des espaces du genre Dioicorea.
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74 VOYAflE AUX SOURCES
qui saveat faire ces chapeaui, et ils leur en payent la
ftiçon.
On croira sans doute que les cultivateurs, tirant un
grand parti de leurs moutons, donnent beaucoup de soins
à )a conservation de ces animaux ; mais il n'en est pas
ainsi. On ne les fait point garder (1), et ils sont exposés aux
ravages des chiens domestiques et à ceux de quelques bètes
sauvages, entre autres celles appelées cackorros do campo
(chien des champs, Canis campestris Neuu>., ex P. Ger-
vais). Lorsque, eo i8â2, je passai par la fazenda do Be-
tirù, habitation située à environ 17 lieues de S. Joâo et
à S du village de Jurugca, la maîtresse de la maison me dit
qu'elle avait autrefois possédé un troupeau de montons
assez considérable, et qu'elle-même, avec ses filles, fabri-
quait des tissus de difiérentes e^ces ; mais , comme on
avait fait passer tout récemment devant la fasmda un
des chemins'qui vont de S. Joâo à Rio de Janeiro, celui
appelé caminho da Part^yba Nova, et que les pauvres
moutons étaient sans pasteur, le troupeau avait été détruit
par les chiens des muletiers.
On voit , d'après tout ceci , combien il serait important
pour les colons qu'on leur fit venir d'Europe des chiens de
berger d'une bonne race, et peut-être même quelques pas-
teurs expérimentés capables d'en former d'autres et, assez
(1) H. Lnccock dit, t U vérité, qu'il ■ va, aoa loin de S. Joio d'El
Hei , plusieurs bergers dans an seul jour, et il ajoute tpi'il lui semblait
coDtriire aai lots de U nitore que des Ironpeanx blues fussent saign.'s
par des iMiDiiies noirs [yotei, 444). 11 aérait fort k désirer que les lois
de la utnre fnswnt plus soaveat , au Brésil , violées de relie manière ,
et qu'elles ne le Aueeot jamais aatrement. Je prisume que les berfern
doDl parle M. Laccock allaienl occasiODiKilenienl rhercher 1rs brekâs
daDs la campagne pour les u
^d:,;. Google
DU UO DE S. FIAMCISCO. T9
iotelligents pour sentir que, dans un pajs lussi chiad,
on ne peut pas Boivre exactement les pratiques usitées en
fiance et en Allemagne. Le gouvernement brésilien, à
l'ezemple de ceux d'Europe, devrait aussi tourner ses re-
gards vers l'amélioration des troupeaux et tirer de nos < ou-
trées des mérinos on des métis, pour essayer de les natu-
raliser dans les immenses pâturages du Brésil , qui varient
pour la qualité et dont quelques-uns , par leur élévation,
ne se trouvent point exposés h des chaleurs trop fortes. Ce
pays n'a pas, sans doute, une population assez considérable
pour qu'on songe à y établir de grandes manufactures ;
mais, puisque les cultivateurs font déjà cbez eux des tissus
'de laine, ponrquoi ne pas Ucher de les amener à fabriquer
des étoffes plus fines, et d'affranchir par là certains can-
tons d'un tribut onéreux payé i l'étranger? Il y a plus :
puisque, dans le Brésil , on n'est pas obligé de nourrir les
moutons i la crèche, puisque, par conséquent, les frais
doivent y être moins considérables qu'en Europe, pourquoi
oe pas feire des efforts pour mettre ce pays en état d'ex-
porter de la laine comme il exporte du sucre, des cuirs et
da coton?
D'après tout ce que j'ai dit plus haut, i) est facile de ju-
ger qu'il n'en est point des fasendas du canton de Rio
Grande comme de celles qui, reléguées dans les déserts
de Goyaz et même dans quelques parties éloignées de la
province des Mines, ne rapportent presque rien à leurs
propriétaires. Le voisinage de Rio de Janeiro met ce pays
et toute la comarca du Rio das Mortes dans une position
[dos favorable ; cependant, suivant un homme qui, par sa
position , pouvait savoir la vérité et qui habitait le village
de Jnruoca, les fasendâroi ne retirent pas plus de 10 pour
^d:,;. Google
76 VOYAGE AUX SOURCES
100 de leurs capitaux, sans en déduire les frais et les im-
pôts. Quelque basse qu'elle paraisse, cette évaluation est
bien loin d'être sans vraisemblance : en effet, ddus savons
déjà que le fazetideiro ne peut vendre, chaque année , que
le dixième de son troupeau de bètes à comes ; donc il se-
rait indispensable de trouver dans quelque autre branche
de revenu l'intérJït du capital que représentent les pâtu-
rages, les bâtiments de la fasenda, les esclaves et les mu-
lets. Les récoltes ne servent qu'à la nourriture de la fa-
mille ; par conséquent, il faudrait que l'intérêt dont il s'a-
git fût représenté par le produit du lard et du fromage.
MfHS, s'il est vrai , comme tout le monde l'assure, que celui
du fromage est absorbé par l'achat du sel dont on a besoin
pour le bétail, etc., il doit rester au propriétaire bien peu
de chose sur ses revenus ; car il est nécessaire qu'il rem-
place les mulets et les esclaves qu'il perd, qu'il achète des
fers et des clous pour ses bètes de somme, et, quoique l'en-
Iretien de ses bâtiments soit peu coûteux . puisqu'il trouve
chez lui le bois et qu'il fait faire les plus gros ouvrages par
ses nègres, il faut néanmoins que, de temps en temps, il
paye quelques journées de charpentier et de menuisier,
et qu'il achète des tuiles.
D'après ce qui m'a été dit (1822) à Juruoca, les bonnes
fazendas de ce pays sont portées, dans les inventaires, è la
somme de 40 à 50,000 crusades [100 à 155,000 francs). Si
l'on compare la manière dont vit en France le propriétaire
administratenrd' un fonds de terrede cette valeur avec la ma-
nière de vivre d'un fazmdeiro de lacontrée qui nous occupe,
on croira les revenus de celui-ci l>eaucoup moins considé-
rables ; mais cette fa^on de juger manquerait d'exactitude
(ISIO), pui-ique le Brésilien n'achèle presque rien qui ne
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FEANCISUI. TT
soit infloiment plus cher que c« qu'achète le Français ou
d'une qualité bien inTérienre, ce qui rerieat au même.
Bieu moÎDS polis que les fazmdeiroi (\] des environs de
Villa Rica et du Serro do Frio, ceux du canton de Rio
Grande et . en général , de la comarca de S. Joâo d'EI Rei
ressemblent assez par les manières à nos paysans aisés ou à
nos fermiers de Beauce. S'appliquent plus exclusivement
& l'agriculture que les fazendeiros propriétaires de mines,
ils travaillent avec leurs nègres, passent leur vie dans leurs
plantations et au milieu de leurs bestiaux, et leurs mœurs
doivent oécessairement emprunter quelque chose de la rus-
ticité de leurs occupations. Au contraire, les hommes qui
(1) Ce que j'ai iail sar ces (aienâtiroi diSire , je dois l'iToaer, du
porlr^t qu'a fail d'eni nn touriste qui psrtonraîl lenr pajs fa 1843
iSoi., StMtti., 280) ; mais rien doq plus dc ressemble t ce porlriit dans
roavra^ da véridiqae Gaf daer, qui est égaleiueol allé tout récemmeat de
DJamantiDi iTijoco) k Rio de Janeiro, eu passant par la cité du Serro (Villa
do Principe) et par Ouro Preto (Tilla Rica). Ce naturaliste et le savaui
lUrtiiis ont joui , pour rendre leurs descriptions euctes , d'un donhlc
arantage ; ils ont parcouru le Brésil pendant de longues aoutes et ils eu
taraient la langue. Le touriste dont je viens de parler a accompli un
TOjage gigantesque avec une rapidité véritablement merveilleuse ; il
«lait, le S décembre 1843, k Ouro Preto et en est parti le 7 ; puis il a
quitta Diamantina le 10 janvier 1843, après y tin via&i resié quelque
temps, et, comme il le dit très-bien , ce ne sonl pas les villes qu'babi-
test les fatemUiroi i entre Ouro Prelo et Diamaatina, il a passif par les
villes 4e Sabarà et de Villa do Principe ( Cidade do Serro) , il a visité un
•saei grand nombre de villages, il a recueilli des détails iotéressanla sur
trois eiploilalious de mines appartenant à des Anglais, et, parcouaùqueut,
il n'a pas eu , ce me semble , non plus un temps bien cou&idÉrable pour
ttndier les fatendtirot dans le cours de celte excursion ; il a pu , sans
doute, en voir quelques-uns pendant les donxe jours qu'il a mis pour
se rendre de Rio de Janeiro k Ouro Prelo, mais on sait que ce n'est poiut
par cenx-U qu'il faut juger les colons aisés des eomaretu d'Ouro Prelo
«t du Serro do Prio, ni même, en général, ceui des autres parties de ta
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Ta VOYAGE AUX 80UICES
s'adonnent en grand k l'extraction de l'or ne font que sur-
veiller leurs esclaves, îlslie travaillent point, ils ont plus
de loisir pour penser et pour discourir, leur éducation a été
plus soignée, et ils peuvent soigner davantage celle de lairs
enfants (1817).
Les agriculteurs du canton de Rio Grande et, m géné-
ral, de la comarea de S. Joâo ont cependant sur les mi-
neurs un grand avantage, celui de n'être pas entourés d'un
nombre aussi considérable d'esclaves. J'ai dit ailleurs (i)
que, twme moyen, les blancs, dans cette comarea, étaient
aux hommes de couleur derace pure ou mélangée comme un
est à trois : sur la paroisse de Jumoca, en particulier, dans
ses alentours, et probablement toutlecanton de Rio Grande,
les mulâtres sont peu nombreux, et, pour trois hommes li-
bres, on ne compte qu'un esclave. Dans lespaysoù l'on
élève des bestiaux, les esclaves sont en effet beaucoup moins
nécessaires que dans ceux où l'on cherche de l'or et où l'on
cultive la canne à sucre. II faut peu de bras pour soigner
des troupeaux, et moins il y a d'esclaves, moins les hommes
libres rougissent de travailler. Une grande partie des tou-
cheurs de bœufs et de cochons , qui vont de la comarea de
S. Joâo è Rio de Janeiro, sont des blancs. L'un des enfants
d'un fasmdeiro devient le conducteur de la caravane,
un autre se charge du soin des troupeaux, et un autre des
plantations. D'après ceci , il est évident que, dans celte
partie de la province des Mines, plus que dans celle où l'on
lire l'or de la terre, l'esclavage doit aller en diminuant, à
mesure que la population augmentera.
I.es femmes du canton de Rio Grande et, en général, de
(1 ] Vofiag» dant le dUlricl du DiamanU, etc., 1, 138.
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DU BIO DE S. FKANaStO. 79
la eomarea de S. Joâo se montrent un peu ptns que celles
des autres parties de la province des Mines ; cependant ,
comme cela n'est point un usage universellement reçu, et
que celles qui paraissent devant leurs hâtes ne le font
qu'en triomphant d'un préjugé, elles laissent voir souvent
une certaine audace qui a quelque diose de repoussant. Ici
comme dans le reste de la province, les maîtresses de mai-
son et leurs filles allongeaient doucement leur nez entre le
mur de la chambre où je me trouvais et la porte entre-
bâillée, afin de me voir écrire ou analyser des plantes, et, si
je me retournais brusquement, j'apercevais des portions de
figures qui se retiraient bien vite. Cent fois on m'a donné
celte petite comédie (1).
(1) M. 1« général Raimnado José di Çunlta IUUm, aTeckqnel jemc
niidle d'être g.'DéHlemcol d'accord, dit (J(in., I, 47) que, à 8 lienes
eoTiron de S. Joâo d'El Hei , * il fut rcfn chez une dame qui parut de-
. • vaat loi el lai fit voir presqne tonte M maiwa , démeutaut ainai ks
•• aMertioas de qaelqoes étrangers qoi ont prÉteodu que les Temmes
■ de Hiou ne se moDlrcot poiut k leurs Mtes. Je n'ai trouvé, ajoute le
■ même écrivain, aoe telle coutume établie nuUeparl, ou, du moins,
■ les peTBonnes les plus honorables l'ont négligée eu ma faveur. ■ C'est
pnDdpalemeot la eomarea de S. Jdïo d'El Rei qn's parcourue H. di
Canha HattoB, et , comme on Tient de le voir, les femmes ne 8'j cacbeut
pas ansai soigneusement que dans les antres parties de la province de
Uînas : d'ailleurs il ne serait point extraordinaire que le grade d'ofBcier
snpérîear dont était rerètn l'aQienr de l'Itinerario l'eAI fait excepter de
ta règle commnne. On a tu, par les relations que j'ai publiées, qae, si
quelques femmes se montrent aux étrangers, en générât elles se déro-
bent soigueusement k leurs regarda. J'ajouterai encore un fait aux di<-
lails que j'ai déjà donnés sur ce snjet. J'avais passa , on deux diSUreoip*
foi», enriron soixaale jonrs ehei un fatendeiro extrêmement honorable
qoi voulait bien m'accordcr de l'amilié el pour lequel je proftaaais av-
lant d'attachement que d'estime. Peu de temps avant que nous nous
séparasdions pour jamais, il no dit avec embarras ; Voujètessansdonie
t point derani
^d:,;. Google
su VOYAGE AUX SOURCES
D'Bprès tout ce que j'ai dit plus haut sur les habitants du
canton de Rio Grande et de la eomarm dont il fait partie,
il est évident que leurs demeures Ifazmdai) ne peuvent
être aussi soignées que celles des propriétaires des parties
aurirères de la province. Ces dernières ressemblent un peu
à nos cbâieaus, les autres à nos fermes. Décrire une des
fazendas de la comarca de S. Joao, c'est les décrire toutes,
car elles sont , en général , bAtîes sur le même modèle, tin
mur de pierres sèches, à peu prèsde la banteurd'un homme,
entoure une cour très-vaste au fond de laquelle sont ran-
gés les cases à nègres, les bâtiments d'exploitation et la
maison du oialtre. Celle-ci , construite en terre et en bois et
couverte en tuiles, présente uniquement un rez-de-chaus-
sée. La salle [sala] (1) est la première pièce que l'on trouve
en entrant , et n'a pour ameublement qu'une table, un
couple de bancs, et souvent un ou deux bois de Ml. On man-
que rarement d'attacher autour de la salle plusieurs porte-
manteaux destinés è suspendre les selles, les brides, les
TOUS : je blime l'auge qni m'oblige k les éloigner ; miii je ne pourrais
m']' Mastotire MUS onirek leur éUbliasement... Je soulageai d'un grand
poids c«t homme recomroandalile en la[ répoodaut qne j'étais loin de le
déeapprouTer, qu'on ne derait jamais benrter bnuquement les idées
reçues , qu'il fallait liissar agir le tempe , el que peu 1 peu il amËnertit
one faenreuïe rérorme. Il parait que cette époque n'est point encore
arri*é«; car M. Gardner, dont le voyage est trèa-récent, rapporte qnll
fbl reçu avec la plus aimable liospit«Lté dans une fasmtla où j'arais
été moi-même parfaitement accaeilli , mais où je n'avais point vu la
fflattresee de la maison. Devenue plus Igi^e, cette dame oe cbercba point
à échqiper aux regards du voyageur anglais; mais ses filles se eacbi-
rent, comme elle avait fait «UB-mêmedana sa jeunesse.
(1) C'est dans la mla que l'on se tient ordinairement et qne l'on reçoit
les étrangers {Vof/an* da** la proviiua A* RU> A* Janeiro, etc., 1 .
310).
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DO MO DE S. FRANCISCO. 81
chapeaux, etc. Entre la région des foriU et S. ioâo, je fis
halte à la fazenda da» Veriente» do Sardim, propriété d'An-
tonio Francisco de Azevedo, qui , comme je l'ai dit plus
haut (1], avait fait le chemin où j'avais passé pour venir de
S. Gabriel aux eampot, et dont on me vantait la richesse.
En voyant cette habitation, on ne se serait certainement pas
douté que ce fût celle d'un homme qui, m'assura-t-on, ache-
tait , chaque année, de cinq à huit mille bœufs pour les en-
voyer à la capitale. Sa maison, qu'il avait cependant fait
construire lui-même, était petite, basse et i un seul étage ;
les murs, bâtis en terre, n'avaient jamais été blanchis, et
tout l'ameublement de la salle consistait en une grande
table, deux bancs et quelques tabourets revêtus de cuir.
deai ou trois petites chambres, qui donnaient sur la salle
et que j'entrevis, n'offi*aient pas un ameublemrat plus ma-
gnifique. Cqtendant mon muletier me faisait un grand éloge
de cette maison, ce qui, certes, prouve que le luxe n'avait
pas fait de grands progrès dans cette partie de la province.
Je ne veux pas oublier de dire qu'on entre dans ia cour des
ftaendat par une de ces portes en bois qu'on appelle por-
teirai et qu'on emploie aussi pour fermer les pâturages ;
dies sont faites de deux montants et de quelques planches
transversales écartées les unes des autres ; on a soin de
donner un peu d'obliquité au poteau sur lequel elles tour-
nent, et, retombant par leur propre poids, après qu'on les
a ouvertes, elles se ferment d'elles-mêmes.
Ici je terminerai fe tableau général du canton dt Rio
Grande (â) , nom par lequel j'entends , je te répète, le pays
(1) Vojei p. M.
(3) 11 tant bien se doimer de farde de cMifoodre cette contre me la
pninoce de Bio Grande do Snl , eomue parait l'avoir fait PUarm quand
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8S . VOTASB AUX SOURCES
qa'arroseot les commencements de cette même liTJère , et
qui , par conséquent , est situé lu midi du chef-lieu de la
comarea du Rio das Mortes. Je vais entrer à présent dans
quelques détails.
il a dit que ceUe prOTiDce fonnûsuit d«s froHWgH i CinpMdMGoiU-
cues, et, comme l'oat fait aussi deevoyageiirs justeaxnt célébra, cd
attriboinl k la même proTince les bestUax qni vont à Bio de Janeiro, do
eHitoDdaRMQra(Mla(Spn«tV4iiTti]s, ReiM, I.ISÏ).
^d:,;. Google
DU MO DE S. nunasco.
CHAPITRE V.
VOTAGE DANS LE CANTON OE RIO GBANDE.
TJgéUtioD qa« l'on obwm h rentrée des eampot. — VÀTa»earia Bra-
tilientU. — lufluenM de l'tir rif des eampot snr la peso. — Passage
da Rio Grande. — La faunda de Sitiù ; ses habitants. — Les parasols
d'un usage .général. — Faxmda da» Laranjttnu. — Faunâa dot
Vertentêi do Surdim. — Srrra dot dout Irmàot. — Enrore le Rio
Grande. — Le bameaa de madré de Deot. — Faztnda dt ChaoeJ. —
iccident arrivé t Prégent. — Le Raneho do Rio dot Mortei Ptqwno;
rteeplion qa'oa ; fait k l'antcnr.
Immédiatement après être sorti des sombres forèta que
j'avais parcourues, presque depuis Rio de Janeiro (1), je
trouvai , pendant quelques instants , des arbrisseaux de 5
ou 4 pieds, parmi lesquels la Composée n* 109 est l'un des
plus abondants. Bientôt it ne croit que des sous-arbrisseaux
au milieu des Graminées, et la Mélastomée appelée Mtero-
hda isophylla, DC., se fait remarquer par les touffes arron-
(I) Itiiieraîre approximatif d'Alto da Serra * S. Joio d'Et Rei :
VAllo da Serra à Sitio (fawnda) 4 legoas.
— Faienda das LiTaojeiras 4
— Faienda das Verteates do Sardim. . 1 1/ï
— Faienda de Chates 41/3
— Rancbo do Rio dw Hortas PeqaeM. 4
— S. Joio d'U Rei 1 1/8
IVl/Zlegoas.
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84 VOYAGE AUX. SOURCES
dtes que forment ses liges grêles et serrées cooTOles de
fleurs channanles. En avançant davantage, je rencontrai
moins de sous-arbrisseaux, je ne vis plus que des Graminées
et quelques autres herbes ; enfin, dans les endroits arides, je
trouvai seulement un gazon ras et peu fourni. D'après ceci,
on voit que le passage des bois aux pâturages simplement
herbeux ne se Tait pas absolument sans quelque transition ;
mais il y a tout de différence entre les arbres gigantesques
des forêts vierges et des arbrisseaux de 3 à 4 pieds que,
au premier abord , cette transition ne pouvait être sen-
sible.
Au milieu des mornes nus et déserts qui s'offrirait à
mes regards quand je sortis de la forêt , la chapelle de Bom
Jardîm, bâtie sur l'un d'eux, jetait un peu de variété dans
le paysage.
Dans un fond, je traversai un bouquet de bois presque
uniquement composé d'Araucaria Branliensîs [pinheiro).
Cet arbre magnifique, noble représentant de nos Plus et
de nos Sapins, croit assez abondamment dans le canton de
Rio Grande, sur !a limite des bois et des campog, entre les
31' 53' de lat. S. et les 21° 10', par une hauteur approxi-
mative de 3,500 pieds anglais (l ,066" ,450) ; on le retrouve
sur quelques-unes des plus hautes montagnes de Rio de
Janeiro ; presque à lui seul, il forme les bouquets de bois
des Campos Geraes, pays qui s'étend k peu près des 34* aux
35° 50* , et que le cours du Paranu ainsi que l'absence de
mouvements de terrain sensibles, depuis S. Paul jusqu'à
Curitiba, doivent faire considérer comme bien moins élevé
que le canton de Rio Grande ; enfin, dans la province de
Rio Grande do Sul , il descend, par les 39* 30' environ, jus-
qu'au bord de la plaine, qui n'a qu'une très-faible éléva-
^d:,;. Google
DD RIO DE S. nUNClSCO- 85
tion BD-dessus du niveau de la mer. VArattcaria Brasi-
Ketms trouve donc , indépendaniineat de tonte culture, des
conditions d' existence à peu près analogues entre les SI ' lO*
et 39* 50* environ, mais à des hauteurs fort différentes (1).
II formerait une sorte de thermomètre indiquant une tem-
pérature moyenne presque égale dans les divers lieux que
je viens d' indiquer , ou , si l 'on veut , il offrirait une échelle
où l'élévation serait compensée par une plus grande dis-
lance de l'équateur [2}. Cet arbre, un des plus pittoresques
que je connaisse, change de port à ses différents Ages. Dans
sa jeunesse, ses rameaux, comme brisés, lui donnent un
aspect bizarre , alors il n' a pas de formes arrêtées ; plus tard ,
il s'arrondit è la manière de nos pommiers; adulte, il s'é-
lance, parraitement droit , à une grande hauteur, et se ter-
mine par un corymbe de branches, espèce de plateau im-
mense et parfaitement égal, d'un vertfoncé.Acette dernière
époque, son tronc ne porte qu'au sommet des verticilies de
branches qui, courbées en manière de candélabre, et d'au-
taat plus courtes qu'elles sont plus voisines de l'extrémité
supérieure de Tarbre, élèvent toutes au même niveau une
tonffearrondie de petits rameaux feuilles. Leboisdel'jlrau-
caria Brasitiensù , blanc, marqué de veines très-rares d'un
rose vineux, est plus dur, plus lourd, plus compacte que ce-
lui de nos Pins. Ses feuilles sont beaucoup plus larges que les
leurs. Les écailles et les semences qui forment ses cônes,
(1) Vojei,poar les posiliaos et les hautents indiquées ici.CluIel
gartoot Egchwe^e.
(3} rai montré, dans VEieaUonia jfoHMtmfa, dm tcbelle da mtme
genre, niais bien plus étendae, pnisqoe, comnentaal au Rio de la Plaia,
eDe va s'élenot toajours jusque rers l'équateur (voyei ioc. de S. HtL.,
Flora DraMia meridionalit , III , 02 , on les Arehivti de botaniqve
pubiii'es par les Nius de H. 6. DeJessert, vol. Il, 1tL13).
r„s,i,.,.d.i. Google
sa VOYAGE inX SODRCBS
gros comme la tôte d'an enfant, se séparent à la maturité
et se répandent sur la terre. Les dernières, presque lon-
gues comme la moitié du doigt, rappellent la châtaigne
par leur saveur ; mais elles sont plus délicates et n'ont point
une chair farineuse. Comme nos Pins et nos Sapins, VAritu-
caria BrasilieiuU se plaît dans les terrains sablonneui , et
l'abondance de c^ arbre est, pour les colons des Campos
Geraes, l'indice des lieux les moins propres à la culture.
Si l'entrée dans les campoê avait excité mon admiration.
il n'en est pas moins vrai que moi et ceux qui m'accompa-
gnaient Qmes un b-iste essai de ce gmre de pays, dès le
premier jour que nous y voyage&mes. Le défaut d'ombrage,
le vent sec et brûlant qui régnaient sur les atomes me firent
beaucoup de mal aux nerfs et causèrent plus de mal encore
au pauvre Prégent, qui s'obstinait à ne pas se servir de
parasol. Lui et Firmiano eurent les lèvres gercées, comme
cela était déjà arrivé, en 1816, èi moi et à mes compa-
gnons, quand nous entrâmes dans les campos, du côté de
fiarbacena, et comme cela était encore arrivé à Prégent lui-
même, lorsque, quinze mois plus tard, il avait repassé par
le même lieu (1). M. Luccocltse plaint aussi d'avoir éprouvé
cette incommodité, après être sorti des forêts par une autre
route pour se rendre à S. Joào (S). C'est une sorte de tribut
que la différence d'atmosphère fait sans doute payer sou-
vent à ceux qui entrent dans les eampos, mais dont ma
propre expérience me fait croire que l'on est exempt, lors-
(1) Vojrei mon royofft daiM It* provinea dt Rio tie Janein , fie,
1, 113.
(3) ■ Le rent, n'éUot ping rsTralcbi par rioflneôee de le mer ou des
■ fordis...... dessécha toutes les particules hnmides de Dotre peau ei
• d^poailla catièrcment nos Urrte • (NoUi on BroMil , 147i.
^d:,;. Google
DO uo ns s. FUNcasco. n
qu'on Inverse la Serra do Egpinhaço dans un pays moins
élevé et où l'air doit être moins vif.
Ce jonr-là, je passai le Rio Grande, qui sert de limite
(1819) an termo de Barbacena (1), où j'avais voyagé depois
mon entrée dans la province des Mines , et ce fût alors qne
je me trouvai dans le femto dont U ville de 8. Joâo est la
capitale.
Après avoir fait 4 lieues, depuis Alto da Serra, je m'ar-
rêtai k une faxmda d'assez chétive apparence, cdlede 5tiNb,
bide dans un fond, au-dessus d'un niisseaa. Elle est en-
tourée de mornes peu élevés et arrondis ; le fond de le val-
lée (^re une lisière de bois, et l'on découvre quelques eti-
poM (â) dans des enfoncements, sur le flanc des hauteurs.
Le mattre de la maison , qui , comme tous les autres fa-
%endeirot de cette contrée, avait les manières de nos paysans
aisés, me reçut asset poliment, et fit décharger mes effets
dans une grande chambre passablanent sale, plafonnée
avec une natte et qui, pour tout ameublement, n'offrait
que deux bancs et une table. Le soir, pendant que j'écri- '
vais et que Prégent préparait des oiseaux, tous les habitants
de la maison se rangèrent autour de nous , occupés à nous
regarder ; un groupe de femmes était resté à la porte , et
tontes allongeaient le cou pour mieux nous observer. Je dis
que j'allais me coucher, je mis mon bonnet de nuit, j'dtai
ma veste, et pourtant personne ne se retira.
Comme tous les habitants du canton de Rio Grande, mon
hAte élevait des moutons et des bœufs. U portait, chez lui,
(1) Vojei mon Voyane dartt le diilriel ttet DiamonU, etc., I, ÎM.
(2) Comim je l'ai dit dins ma première relation, le» eapùet soat des
bouqvets de bow diipenOs dans les eaitipnt.
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S8 VOYAOB AUX SOURCES
un ptDtalen de toile de coton, pnr-dessos lequel était pa»ée
sa chemise, suivant l'usage des toncheurs de mulets et des
gens du commun ; d'ailleurs il n'avait sur le corps qu'un
gilet d' uoe étoffe grossière, et sur sa tête il mettait un cha-
peau de Hineiro. Les femmes de la maisou avaient pour tout
vêtement une jupe ti leur chemise, et sur leur tête elles poi^
taieut un mouchoir.
Après avoir quitté Sitio , je passai , dans un espace de
3 lieues portugaises, devant deux ou trois chaumières peu
importantes, et je laissai sur la gauche le village de Turvo,
qui est situé dans un fond. Je voyais, dans le lointain, la
Serra da Juruoea, qui s'élève beaucoup au-dessus de tous
les mornes et se trouve à 8 lieues de l'endroit où j'allais
Taire halte.
Dq>uis Sitio jusqu'à peu de distance de S. Joâo, je ne
rencontrai absolument personne dans les chemins. Je dé-
couvrais une vue d'une étendue immense , mais rien qui
arrêtAt mes r^rds ; partout des solitudes aussi monotones
qu'elles sont vastes.
Dans la saison où l'on était alors (février) , les campo$
offrent ordinairement la verdure la plus fraîche ; mais la sé-
dieresse avait été si forte cette année-là, que l'herbe était
aussi desséchée qu'elle Test communément pendant les mois
de juin et de juillet.
Quant aux bouquets de bois, ils offraient encore une
très-belle verdure, et au milieu d'eux se faisaient re-
marquer deux grands arbres en fleur d'un très-joli effet.
L'un était un Vochyna chargé de longs épis d'un jaune
doré; l'autre, que j'avais déjà vu dans tous les bois vierges,
depuisleParahyba, ét«illet7hmna5pect'oja, A.ug. S. Hil.,
Juss-, Camb-, dont les feuilles sont composées de cinq fo-
^d:,;. Google
DD UO DE S. FRinCiSCO 89
lioles, et dont les rameaux en corymbe se couvrent d'une
mullitade de fleurs roses, jaunes h la base, aussi grandesqoe
des lis.
Il est facile de se Sgurer combien le soleil était iH^lant
dans le pays découvert qiie je parcourais alon ; cependant ,
malgré mes sollicitations réitérées, Prégent s'obstinait à
ne point se servir de parasol , et, à mesure que le soleil
montait, je voyais son visage devenir rouge, ses yeux s'en-
flammer, ses traits se décomposer, l'accablement se pàn-
dre dans toute sa personne. En même temps il y avait lieu
d'être émerveillé de sa force, car, si moi-même je restais
quelques instants sans parasol , j'avais la tète en feu et les
nerfs malades. Les fwundeinu tant soit peu aisés montent
toujours à cheval avec un parasol , et, si les toucheurs de
mulets font à pied d'aussi longues routes, sans jamais avoir
antre chose qu'un chapeau, c'est qu'on les y a accoutumés
dès la plus tendre enfance.
La FoEcnda das Laranjeirat {la fazenda des orangers] ,
où je fis balte le jour que je quittai Sitio, est bâtie dans un
fond et entourée d'arbres. On y compte un nombre assez
considérable de cases à nègres ; mais la maison dn maître
est fort misérable (1819). On pla^ mes effets dans une salle
[tala] assez grande qui offrait pour tous meubles une table
et deux bancs, et dont les murs en terre n'avaient jamais
été blanchis. Le mailre de la maison n'était pas chez lui ;
cependant des nègres m'apportèrent â dîner ; d'ailleurs je
ne vis paraître personne ; j'aperçus seulement un minois
fêtnînin qui, suivant la coutume, s'avançait doucement der-
rière une porte entr' ouverte , et qui disparut aussitôt que
mes yeux eurent rencontré les siebs.
De Laranjeiras j'allai passer la nuit à la Fasetida dns
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90 VOYAOB ADX SOORCES
Vertenttt do Sardim (fatenda des sources du Sardim), qui
appajteDaît au mardiand de bœu& Antonio Francisco de
Azevedo, et dont j'ai déjà Tait la description plus haut.
Comme cette fazenda est peu éloignée de Larai^eiras ,
j'eus assez de temps pour aller herboriser sur la Serra do*
dow IrmAoi (montagne des deux frères). On donne ce nom
à deux montagnes quej'arais rues de loin pendant toute la
journée de la veille ; elles sont placées l'une à cAté de l'au-
tre; leur hauteur est à peu près la même, et toutes les deux
ont la forme d'une pyramide courte, à base très-élsrgie.
Pour s'y rendra de la Fazenda das Vertentes do Sardim, il
faut faire un détour, et l'on peut compter environ 1 lieu»
et demie de chemin. Accompagné de José Marianoo, j'allai
sur mon mulet jusqu'au bas de la Serra ; ensuite je montai
seul et k pied sur l'une des deux montagnes. Dans une
grande partie de sa hauteur, on avait élevé un mur en
pierres sèches très-bien fait. Au delà de ce mor qui, dans
cette ctMitrée, pouvait être considéré comme une chose ex-
traordinaire, j'avançai , sans suivre de chemin, au milieu
des pierres et des rochers qui couvrent la montagne. Comme
dans tous les endroits élevés et pierreux, j'y troovai un
assez grand nombre de VelUaia ( vulgairement eaïuia
d'ema, jambe d'autruche). Noos étions alors dans la saison
des pluies ; cq>endant l'eau manquait depuis si longtemps
que, quoique les VeiUtsia demandent peu d'humidité, les
feuilles de ceux que j'avais sons les yeux étaient presque
flétries ; toutes les autres plantes étaient entièrement des-
séchées, et cette course assez fatigante n'augmenta peint
ma coUectioD. Parvenu au sommet de la montagne , je dé-
couvris une immense étendue de pays, la Serra da J uruoca et
beaucoup d'autres Serras ; d'ailleurs, aucune habitation re-
^d:,;. Google
DD EUO DE S. FRANCISCO. SI
BumpiaUe, aucun villagen'arrètaieDtmeg regards. La course
que j'avais bite sur l'uoe des deux moDtagDes ne m'avait
pas assez dédommagé de ma peine, pour que j'éprouvasse
la tentation de grimper sur la seconde ; je descendis avec
assez de difficulté eu milieu des pierres, et, étanl monté sur
mon mulet, je retournai i la Fazenda das Vertentes.
De cette fazeada, je me rendis à celle de Chavei (nom
d'homme). Pour y arriver, je parcourus un pays qui offre
encore des monies arrondis couverts de Graminées et des
vallées peu profondes, dessinées par des lisière de bois,
dont la verdure, extrêmement fratcbe» contrastait alors
arec les teintes jauoltreB des pAturagea desséchés.
A 3 lieues environ de la Faienda das Vertentes do Sar-
dim, OQ trouve le Rio Grande, qui , dans cet endroit, a peu
de largeur, et dont les eaux, souillées par le lavage de l'or,
ont une teinte d'^jn rouge sale et foncé. On passe cette
rivière sur on pont en bois mal entretenu, comme tous
ceux de la province (1819), et que le défaut de gard&4bus
rend fort dangereux pour les animaux chargés. J'eus d'au-
tant plus d'inquiétude pour les micos, qu'on me fit atleu-
dre fort foDgteanps avant d'ouvrir une porte qui se tronvait
à la sortie du pont. Le péage de celui-ci est affermé, ainsi
que le sont, en général, ceux des ponts de la province de
Minas Geraes. Ici l'on paye 80 reis (50 centimes) par per-
sonne et par chaque animal ; mais mon passe-port privilé-
gié (porïarùi) m'exempta de cette petite dépense.
A pen de distance du Rio Grande, on arrive au hameau
ieHadre de Deot (mère de Dieu), qui est bâti sur une hau-
teur, et se compose tout au plus d'une douzaine de mai-
sons réunies autour d'une chapelle. Toutes, sans exception,
étaient fermées, et mon muletier, José Marianno, qui con-
;d:,i'GOOglC
n VOYAGE lUX 8
oaissait parfaitemeot ce canton , me dît que la plupart
n'avaient d'habitants que lorsque quelque prêtre venait de
S. Joâo célébrer la messe dans la petite église (1).
Après Madré de Deos, le pays, sans avoir moins d'éléva-
tion, devient plus égal, et, dans le lointain, la campagne,
couverte alors d'une berbe jaunâtre et desséchée par l'ar-
deur du soleil , ressemblait & nos plaines de Beauce , telles
qu'on les voit après la moisson.
Un peu avant d'arriver à la fazetida de Chaves, la végé-
tation éprouve quelque modification. Ce ne sont plus seu-
lement des Graminées et un petit nombre d'herbes et de
sous-arbrisseaux mêlés parmi elles qui couvrent la terre :
des arbres peu élevés, tortueux, rabougris et h écorce su-
béreuse croissent, éparsçâ et là, au milieu des Gramens, et
rappellent les taboleiros cobertos du Sertâo (3) oriental du
S. Francisco, ou, si l'on veut, nos prairies de France plan-
tées de pommiers. Les arbres dont je viens de parler sont
principalement la L^uminense (129), ci une Guttifère à
grandes feuilles glauques que j'avais souvent vue dans le
Sertâo. Ici ce n'est point une différence dans l'élévation
du terrain ni dans la forme des hauteurs qui produit celle
de la végétation; mais le sol, que j'avais trouvé, dans
tout le reste de la journée , sablonneux ou caillouteux , de-
vient beaucoup meilleur et peut produire qu^ques plantes
plus vigoureuses.
(I) L'égliM de Madré de Deos est, mIod Piurro, une des Baccnr-
sales {capella nccwial ) de la paroisse de S. Joao d'El Bei (Jfem. hUt.,
VUE, seconda pari.. 1271.
(3) Toiei laou Vouage dam le$ primincei tU Rio de Jarttiro et Wi-
n:it iieraet. vol 11.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FaiNCfSCO. M
La fazmda de Qiaves, où je fis halte, oui située, suiraot
l'usage, dans un fond sur le bord d'un ruisseau. Je fu.
étonné, en y arrivant, de le prodigieuse quantitéd' oiseaux
qui couvraient les arbres dont l'habitation était environ-
née : c'étaient des perroquets, des oiseaux de proie et beau-
coup d'autres espèces. Comme les alentours sont extrême-
ment secs, ces animaux se réunissent dans un lieu où ib
trouvent de l'eau et de l'ombrage.
Quand je me présentai à la fiaenda de Cbavea, le pro-
priétaire était absent; la maîtresse de la maison, après
s'être Tait attendre fort longtemps, parut enfin, et elle me
donna la permission de m'arrèter chez elle. An bout de
quelques instants, le couvert fut mis, et l'on nous apporta
nn plat de haricots cuits avec des herbes, un plat de riz et
de la cangica : je me retrouvais dans la terre hospitalière de
Minas Geraes.
Entre Chaves d le Rancho do Rio das Mortes Pequeno,
dans un espace de i lieues, je vis, dans des fonds, trois ou
quatre fazmdas d'une médiocre apparence. Avant d'arriver
an Rancho, je passai sur des mornes peu élevés : quelques
crêtes cependant sont effrayantes par leur peu de largeur et
la profondeur des vallées que l'on découvre au-dessous de
soi. Sur ces montagnes, le terrain est sec, aride et caillou-
teux, l'herbe courte et peu fournie; je retrouvai dans cet
endroit quelques plantes que j'avais déjÀ vues à mon pre-
mier voyage des Mines , dans des terrains analogues, telles
que les Polygala (155 et 165} et la Rubiacée (162).
Ce jour-li, Prégent s'était mieux porté; mais, en arrivant
au Rancho do Rio das Mortes Pequeno, où je m'arrêtai,
son mulet fut effrayé par la rencontre d'un de ces frères
ermites qui vont mendier et scandaliser les fidèles; le pau-
D,<j,i,.,.d.:, Google
ftl VOYAGE AUX SOURCES
vre Prégent (ùt jeté par terre et se tronva encore plus
malade cpie les joon précédents.
José Marianno était arrivé à la halte avant moi; et, lors-
que je descendis de mon mulet , il vint me dire que le maî-
tre de la maison r^ùsait de me donner une petite cham-
bre , et voulait toe laisser sous le rancho destiné A tous les
voy^eurs. Comme ce randut était ouvert de tous iea côtés et
d'une saleté affreuse, que d'ailleurs je voulais rester quel-
ques jours dans cet Midroit pour faire faire des malles à S.
Joâo d'EI Rei, j'allai trouver le propriétaire du fwiefto et le
priai d'être moins sévère ; je parlai de ma portaria, mais
inutilemeDt. Qu'ai-je k craindre de vous? me disait le bon-
homme. Rien du tout était la seule réponse que j'eusse
pu faire i cette question. Celle-ci me ramena à une idée
juste de ma position ; des politesses firent plus que la me-
nace de la portaria, et l'on finit par me donner une petite
chambre où nous étions empilés d'une mani^ Croyable.
^d:,;. Google
MI BIO DE s. FRANCISCO.
CHAPITRE VI.
sÉJons A 8. lOÀO d'bl hsi.
I« pijB niai entre le Buieho do Hio dts Mortes Peqoeoo et S. Joio d'Et
Bei. — Le cnrt de S. Joio. — Kemide contre rh;dr<^e. — Lei deu
ririères ippelées Rio du Hortes. — Le serpent mthM; 1« bonunes
qai pTéteDdeni prfserrer de la moTsore des reptiles dangeregi;r«m)
#«r«M. — Procession des cendTes. — L'élise brésilienne. — Mala-
die «TTres Prégent. — Les enHoêo». — Une aoberge. — Dn fol. —
UfleiioD sur l'esdaTage ; de qnelle maniire les aigres sont traiUs an
Brtsi]. — Décès dTtes Prégent. — Maladie de José Marianno. — H«r>
borisation dans l» Serra de S. Joào. — Maladie de Firmiano. — José
Marianno dareno empaillear. — Recbercbes inniilee ponr tronrer nu
leeadM*. — Départ da Hio das Morte* PeqottKi.
Le lend^nain du jour où J'étais arrivé au Rancho do Rio
<hs Mortes Pequeno, je me rendis à S. Joào, qui en est
^igné de \ lieue et demie. Sar la rive droite du chemin ,
on voit des eamipot qui ne diffèrent point de ceux que j'avais
putoarrutout les jours précédents ; mais, iqaelquedistance
do raaeho, la vue est bornée, k gauche, par des montagnes
appelées Serra de S. Joào, ad des rochers nus et grisâtres
w montrent de tonte part. En suivant la vallée que bornent
ces montagnes, j'arrivai i la ville de S. Joâo d'EI Rei , dont
f ai donné aOleurs une description trds-détaillée (1).
(1) Vojei mon Tonaf* dont h district da DiamanU.tte., 1,3X3.
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W T0YA6E AUX SOUICES
J'allai présenter les lettres de recommaDdation doDt j'é-
tais porteur, et je commençai par le curé, qui caïuait à
merveille et me parut bien connaître le Brésil. D avait
desservi l'église d'un village d'Indiens, et tout ce qu'il me
dit de cette race prouve qu'elle est étrangère à l'idée de
l'avenir, comme je l'avais observé moi-même. Le curé de
S. Jmo avait été à Goyaz, et fit tout ce qu'il put pour me
détourner d'entreprendre le voyage de cette province. Je
ne trouverais, me dît-il , que des compof d'une monoto-
nie fatigante où l'on est desséché par l'ardeur du soleil,
où les provbions manquent souvent, où l'on court le ris-
que de tomber dangereusement malade : ces discours in'é-
branlèrent. H me paraissait impossible que Prient sup-
portât les fatigues d'un tel voyage, et je pris la rést^ution
de ne point aller jusqu'à Villa Boa, si réellement je re-
cueillais aussi peu de plantes que le curé le prétendait.
Cet ecclésiastique m'assura que l'Aristoloche appelée Jor^
rinha{ArittohchiaMacroura, Gomes ex Mart.) était un spé-
cifique puissant contre l'bydropîsie. Il me dit , comme d'au-
tres personnes, que cette maladie était l'une des plus com-
munes dans l'intérieur du Brésil; mais il prétendait que
l'abus de l'eau-de-vie de sucre n'en était pas toujours la
cause, et assurait qu'il avait vu mourir d'hydropiaie beau-
coup de gens très-sobres. Ceux-là auront dA, sans doute,
cette maladie à un défaut de ton causé par la chaleur du
climat et la mauvaise nourriture.
De retour au rancko, j'allai le lendemain herboriser sur
les bords du Rio das Mortes Pequeno ; mais, à cause du
manque de plt^e extraordinaire dans cette saison, ils étaient
à peu près aussi secs que les campoi les plus arides. J'y
trouvai cependant une plante fort intéressante pour la gëo-
^d:,;. Google
DD MO DE S. nuNCISCO. VJ
graphie botanique , un saule assez éleré que les gens du
pays me dirent être indigène, et qui , effectivement , crois-
sait dans un lieu où l'on n'apercevait aucune trace de cul-
ture.Cetteespèce est probablement le 5a/ùc//um&QMtiana.
Deui rivières portent le triste nom de Rio das Mortes.
Celle qui le communique au Rancho a été distinguée par
l'épithète de Peqrteno, parce qu'elle est moins considérable
que l'autre ; elle se jette dans le Rio das Mortes Grande,
près la faxenda de Barra (confluent), située à quatre legoas
du rancho, et & une demie du village de Conceiçào. Quant
au Rio das Mortes Grande, il a son confluent près d'Ibitu-
runa, dans le Rio Grande. Je dois dire que, dans l'usage
habituel , les habitants du pays suppriment les épithètes
distinctives des deux rivières.
Firmiano m'accompagnait dans la promenade que je Ss
sur tes bords du Rio das Mortes Pequeno. Tout à coup je
le vois de loin reculer avec effroi, et il me crie : Voilà un
serpent trèa-méchant. Je m'approche et j'entends, au mi-
lieu des feuilles desséchées, un bruit presque semblable à
celui que feit le serpent à sonnettes en secouant sa queue.
Bientôt je vis la t£te du reptile s'élever au-dessus de l'herbe;
DODs coupons une grande gaule , mais nous ne parvenons
à tuer l'animal qu'après lui avoir donné un très-grand nom-
bre de coups. Je l'apportai i la maison , et , quoiqu'il fût
mort, sa vue Bt reculer de frayeur tous ceux qui l'aper-
çurent. Il appartenait A l'espèce qu'on appelle dans le pays
UnUû , et qu'on regarde comme extrêmement dange-
reuse (4).
(t) Ce serpent faisait paKie de l'immense collectioD qu'à mon arrivée
CD France je remis au muséom de Paria.
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98 VOYAGE AUX SOUBCES
On m'a dit qn'il y avait , dans la province de Minas ei
dans celle de S. Paul , des gens qni prétendent posséder
des secrets pour préserver de la morsure ^ea serpents les
plus dangereux, ce qu'on appelle curar. Le curé de S. Joâo
me raconta qu'un des esclaves de son père prenait impuné-
ment les serpents venimeux. Un jour, il garrotta cet homme
pour le forcer d'avouer quel moyen il employait. L'esclave
lui montra une herbe qu'il appelait herva d'undiû; il s'en
Trotta, ensuite il saisit un serpent dangereux, et il n'en ré-
sulta pour lui aucun accident. Le curé , quand ce fait ar-
riva , était Tort jeune et se trouvait dans la province de
S, Paul ; depuis il avait beaucoup voyagé, et, lorsque je le
vis, il ne se rappelait plus ce que c'était que l'hena
d'wnbû.
J'avais d'abord eu l'intention d'aller m' établir i S. Joâo
chez cet ecclésiastique ; mais je changeai d'avis, parce qu'il
n'y avait point de p&turage autour de la ville , et que j'au-
rais été obligé de diviser mes gens et mon bagage , ce qui
eût été fort incommode pour moi. Je restai donc au Rancbo
do Rio das Mortes Pequeno, d'où je pouvais faciinnent fUre
des excursions jusqu'à la ville.
Je fus curieux d' aller voir la procession que la confrérie
de S. François fait, de kun en loin, le mercredi des Cen-
dres {proeùsào dos cinzat), tant à S. Joâo que dans les
autres villes de la cotmvca. On savait qu'elle aurait lieu
cette année-là, et, dès la veille de la cérémonie, il avait
passé, par le rancho où fêtais établi, un grand nombre
d'hommes et de Tenuues à cheval qui se rendaient à
S. Joâo pour assister à la fête. Le jour même où elle eut
lieu , je rencontrai encore une foule de g^is qui allaient à
la ville. Malgré la chaleur qui était excessive , presque tous
^d:,;. Google
DU UO DE S. nuNaSCO. 99
étaient enveloppés dans des capotes d'étoffe à grand collet
telles qu'on en porterait en France dans le temps de Noël.
Ce costume, qui venait originairement du Portugal, avait
été longtemps d'un usage général dans la province des
Mines et peut-être dans beaucoup d'autres parties du Brésil ;
h l'époque de mon voyage, les Mineiros d'un certain rang
ne portaient la capote que dans leur maison , lorsqu'ils
étaient déshabillés ; mais pas un ouvrier ne sortait sans elle,
et la possession de ce vêtement était un objet d'envie pour
tous les mulAtres libres.
En arrivant â 8. }oâo , je trouvai les mes remplies de
monde. Il y avait eu une messe en musique, et il était une
heure quand le curé sortit de l'église. Il me dit qu'il ne
{rendrait aucune part à la procession, parce qu'ici, comme
dans d'autres paroisses de la province, la confrérie de
S. filvDçois prétendait se soustraire à Fautorité paatorale(l) ;
il ajouta qu'il était en guerre avec elle depuis dix ans,
qu'il avait adressé des réclamations aux autorités de Rio de
Janeiro , mais que ses adversaires étaient soutenus par des
protecteurs paissante , «t qu'on n'avait pas même daigné
IdI bire de réponse. Le curé me dit encore que la proces-
sion passerait k quatre heures devant sa maison , que nous
pourrions la voir de son halcon , et en même temps il me
{H^Dt (pie je serais témoin de choses fort ridicules , dont
il était le premier à gémir, mais contre lesquelles il a' éle-
vait en vain.
(1) Ccsl l'eiiBlcDce de ccUe confrérie el de celle de Notre -Dame -dn-
itait-Caraiel (Ordmt Ureeira d* K. S. do Cormo, Ordem Im-eetra d«
S. Francûco) qoi * fail dire k M. Wabb {NotitM , a, 134) qa'il j
mit deat caoTents k S. Jo2o d'El Bei. Od sait qu'il c'était pâs permis
«n ordres religieux de s'établir dana la proTince de Miau Gerau.
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100 VOYAGE AUX SOURCES
Vers les cinq heores , la proces^on commença à défiler
dons la rue où demeurait le curé. Elle était ouverte par
trois mulâtres vêtus de dominos gris , à peu près semblables
à ceux qu'on donne, dans nos opéras, aux génies iafernauK.
T.'un des trois portait une grande croix de bois; les deux
autres, qui lui servaient d'acolytes, tenaient chacun un long
bâton surmonté d'une lanterne. Derrière eux venait im-
médiatement un autre personnage revêtu d' un habillement
de drap jaunâtre très-serré, et sur lequel on avait bar-
bouillé en noir les os qui composent le squelette. Ce per-
sonnage représentait la mort, et, faisant des arlequinades,
il allait frapper les passants avec une faux de carton. A une
assez grande distance était un autre groupe, précédé d'un
domino gris qui portait des cendres sur un plateau , et
allait et venait comme pour en marquer les assistants. Les
personnages qui se présentaient à la suite de ce domino
étaient une femme blanche, sans masque et très-parée, et,
à cAté d'elle, un autre domino gris portant une branche
d'arbre , chargée de pommes , à laquelle on avait attaché
une figure de serpent. L'homme représentait Adam, et la
femme, qui jouait le rAle d'Eve, feignait de temps à autre de
cueillir une des pommes. Derrière eux marchaient deux en-
fants couverts de feuillage , dont l'un , qui faisait le râle
d' Abel , filait une quenouille de coton, et dont l'autre, qui
représentait Caïn , paraissait vouloir creuser la terre avec
une bêche qu'il tenait k la main. Les deux groupes que je
viens de décrire étaient suivis de treize brancards portés
par les confrères de S. François, et sur lesquels étaient des
figures en bois, de grandeur naturelle, peintes et habillées
d'étoffe. Les treize brancards allaient de file k une assez
grande distance les uns des autres. Sur l'un d'eux était
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DD BIO DE S. PaANClSCO. tUl
Jésus priant dans le jardin des Olives ; sur un autre, sainte
Madeleine et la bienheureuse Marguerite de Cortone, toutes
deux les cheveux épars et véluesd'étoffe grise; sûr un troî'
gième , S. Louis , roi de France ; sur un quatrième , le
bieDheureoi Yves, évftque de Chartres. La Vierge, dans sa
gloire , environnée de nuages et de chérubins , était portée
sur l'un des brancards; d'autres figures représentaient
S. François, recevant du pape l'approbation des statuts de
son ordre; un des groupes retraçait le miracle des stig-
mates , et, dans un autre enfin , on voyait encore S. Fran-
çois embrassé par Jésus-Christ. Cette suite de figures était
sans doute d'une excessive bizarrerie ; cependant il y avait
plus de mauvais goût dans l'ensemble que dans les détails.
Les habillements convenaient aux personnages qui en
étaient revêtus; les couleurs étaient fraîches, et je ne pus
m'emp£cher de trouver les figures assez bien sculptées , en
pensant surtout qu'elles l'avaient, été, dans le pays même,
par des hommes étrangers aux bons modèles. Ce que la
procession offrait peut-être de plus ridicule , c'étaient de
petits enfants de race blanche, qui suivaient chaque bran-
card et représentaient des anges. La soie , les broderies , la
gaze et les rubans avaient été tellement prodigués dans
leur toilette, qu'ils pouvaient à peine marcher, comme per-
dus au milieu de leur accoutrement. Une espèce de tiare,
composée de gaze et de rubans , faisait presque disparaître
leur petite tète ; ils portaient un jupon bouffant, bien roide,
déplus d'une aune de diamètre, et à leur corsage, déjili
chaîné de rubans et de gaze plissée, étaient encore attachées
nne demi-douzaine au moins de grandes ailes de gaie. A
la suite des brancards venait un groupe de musiciens qui
chantèrent un motet Jl la porte du curé. Le prêtre suivait
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IDÏ TOTAGE AUX SOURCES
aveË le saiat sacrement , et la foule Termait la marcbe. A
chaque brancard qui passait, tous les assistants faisaient
une génuflexion ; ensuite on causait sans gène avec son
voisin. On n'avait pas vu la procession des cendres depuis
quelques années, et l'on fut charmé de cette cérémonie
irrévérente, où de ridicules momeries étaient mêlées à ce
que la religion catholique présente de plus respectable.
Le curé de S. Joao connaissait bien les abus de l'Église
brésilienne; il paraisssit en gémir et désapprouvait les dif-
férents actes de simonie qui ont passé en usage dans cette
contrée. Il disait avec raison que les Brésilieas sont natu-
rellement religieux ; mais il avouait que leur religion ne
va guère au delà des sens, et que les pasteurs semblent
considérer comme un jeu l'offense et le pardon.
J'aurais voulu que le Brésil fût le sujet des conversations
que j'avais avec le curé et un jeune prêtre qui demeurait
chez lui ; mais ces messieurs me ramenaient éternellement
i notre révolution dont ils connaissaient très-bien les évé-
nements principaux, à l'empereur Napoléon, à ses géné-
raux, enfin à tout ce qui s'est passé diez nous depuis plu-
sieurs années. Notre histoire contemporaine a étési extraor-
dinaire, elle se rattache tellement aux destinées du monde
entier que , même dans les parties les plus éloignées de la
province des Mines, je trouvai des gens qui l'avaient étudiée
et qui en recherchaient curieusement tous les détails.
Le 26 février, à l'instant où j'allais partir de S. Jcûio
pour retourner au Rancbo do Rio das Mortes Pequeno, il
survint un orage, et enfin il tomba de la pluie. Ce moment
était attendu avec impatience par les agriculteurs, car la
sécheresse n'avait cessé de se faire sentir dans tout le pays
depuis le jour des Bois ; elle était (elle , que la plupart des
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DD UO DE S. PIANOSCO. 10S
flain, brûlées atusitAt qu'elles se développaient, ne pro-
duisBient point de graines. On estimait que la récolte du
maïs ne donnerait que la dixième partie de ce qu'Ole rend
ordinairement; aussi ce grain était-il d'une cherté aEhcuse.
Pendant que j'allais et venais entre le rancfut et S. JoÀo,
où j' avais eu des emplettes à faire et divers ouvrages & com-
mander, la santé du pauvre Prégent s'altérait chaque jour
davantage. Je me décidai à lui Taire prendre un Vomitif,
qui lui procura un soulagement momentané; mais bientAt
il ctmimença i me donner de vives inquiétudes. Dans ce
pays , comme ailleurs , jles gens du peuple sont insuppor-
tables pour les malades. Deux mulâtresses que mon vieil
hâte avait chez lui , et qui paraissaient Être de fort bonnes
franmes, voulaient sans cesse persuader à Prégent de man-
ger et de pr«idre des bouillons , et elles augmentaient ses
souffrances par leun importunilés.
Arrivant un jour de S. Joâo, je le trouvai plus mal. Mon
hAte, toucbé de mon inquiétude, alla chercher un pro-
priétaire du voisinage qui se mêlait de guérir les malades,
et dans lequel tout le canton avait une grande confiance.
La nécessité l'end presque médecins une foule de Hineiros,
qui sont nés avec quelque intelligence et désirent se rendre
utiles. Ils ont beaucoup observé les malades , et souvent
très-bien; ils se procurent des livres de médecine, ils les
lisent, les relisent, et cherchent i faire une heureuse ap-
plication des connaissances qu'ils y ont puisées. Si, pour
former un très-bon médecin, il faut, je suppose, vingt de-
grés, me disait le respectable ouvidor de Sabarà , M. José
Teieira (1), il n'est guère de propriétaires mineiros qui n'en
il^ J'ai fait cooDiUre dans ma leconde reUUiott (vol. I, p. 106) l« ra-
,t,.;d:,i. Google
104 VOYAGE AUX SOURCES
aient au moins cinq ou six. On donne le nom de curiato»
à tous ceux qui s'occupent ainsi de médecine sans avoir fait
d'études régulières , et en général on emploie ce mot pour
désigner les hommes qui, par goût, exercent un métier ou
cultivent un art quelconque sans en faire leur profession (1 ).
Je trouvai dans Valftrei (sons-lieutenant) José Pebeiba
D& SiLVA, le cun'ofo que m'amena mon hAte, un homme
un peu embarrassé dans ses manières, mais doux et hon-
nête ; il me parla avec beaucoup de sens de la maladie de
Prégent : il la regardait comme une fièvre maligne, et me
conseilla de continuer à donner des boissons rafraîchis-
santes et d'administrer' un second vomitif.
Prégent passa une mauvaise nuit. La mienne aussi fut
bien loin d'être bonne; je fus sans cesse sur pied pour
donner i boire à mon malade, tourmenté par l'idée de le
pMdre et livré aux pins tristes réflexions : il me semblait que
ce voyage était réprouvé par la Providence. Que d'embarras
avant de l'entreprendre et d'obstacles jusque dans les plus
petites choses ! Quelle pénible aventureque celle de Porto da
Estrellal Que de désagréments m'avait fait essuyer le cod~
docteur de mulets qui m'avait quitté & Ubé-I Que d'égards ,
que de soins, que d'attentions il m'avait fallu avoir pour
conserver la paix avec Prégent , et ce malheureux était dan-
gereusement malade! Tout ce que j'avais eu à souffrirde lui,
depuis que sa santé s'était affaiblie , ne saurait s'exprimer ;
mais il n'en est pas moins vrai qu'il m'avait rendu de très-
grands services, et qu'il possédait les ciualités les plus esti-
rtcUre hoaorible de H. Josj Teuira, qui, d^ais moo voyi^e. ftitcréé
baroD de C«eté p«r l'cmperear 0. Pedro I".
(1) L« mal curioio répond , dans noire langue , k celai i'amaltHr ;
mais il a un sens moios limité.
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DU RIO DE S. FRAHCISCO. 10»
maUes Je me levai découragé et accablé de tristesse.
Je partis pour S. Joâo, et, arrivé dans cette ville, je de-
mandai quel était le chirurgien qui avait le plus de répu-
tation; on m'indiqua le capitaine Antonio Felisberto, que
j'avais déjè eu l'occasion de voir l'année précédente, et qai
m'avait alors donné quelques renseignements utiles. D'après
mes récits, cet homme jugea, comme le curt'ojo du Rio das
Mortes Pepueno, que Prégent était atteint d'une fièvre ma-
ligne, et pensa que sa maladie avait commencé avant même
que nous fussions sortis des bois vierges. Combien cet in-
fortuné avait dû souffrir, lorsque, exposé à l'air vif et au so-
leil ardent des campos , il s'obstinait à ne point se servir de
parasol I
Deux ou trois jours plus tard (le 2 mars) , je fis trans-
porter Prégent dans une auberge de S. Joâo, afin qu'il fût
plus prés du chirurgien , et je. m'établis également à la .
ville. J'avais avec moi l'Indien firmiano; Laruotte était
resté au Rancho avec José Marianne, chargé de soigner les
mulets. L'Indien m'était peu utile à cause de son inexpé-
rience , et c'était moi qui , nuit et jour, prodiguais tous les
soins k mon pauvre malade. Il est impossible d'être pltis
mal servi que je ne l'étais dans l'auberge où je me trouvais
logé; il fallait des heures pour y obtenir même une goutte
d'eau. On m'avait instaHé au rez-de-chaussée, dans une
petite chambre assez sombre; j'y passais la journée dans
l'ennui, labistesse, l'inquiétude, et la nuit j'étais dévoré
par des myriades de moustiques.
Le lendemain de mon arrivée, sur les neuf heures du
soir, je m'étais étendu sur mon détestable grabat, lorsqu'un
petit marchand italien qui se trouvait, comme moi, dans
cette auberge entra dans ma chambre tout effrayé, en
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IM V0TA6E AUX SOOKCES
s' écriant qu'oa venait de lui voler sa malle et son argent. Je
l'engageai è aller sur-le-champ porter sa plainte à l'ou-
vidor, et c'est le parti qu'il prit. Cet homme était sorti à six
heures, après avoir fermé la porte et les volets de sa cham-
bre, qui étaitau premier étage. Eo rentrant, il avait trouvé
sa porte encore fermée; mais la fendre était ouverte, et
il n'y avait plus de malle. Le maître de la maison et les
voyageurs en conclurent que la malle avait été descendue
par la croisée, et qu'un coup de BifQet qu'on avait entendu
était le ^gnal que s'étaient donné les voleurs. Tous les
voyageurs étaient rassemblés devant la porte de l'Italien,
et chacun formait ses conjectures, lorsque enfin je décidai la
société à faire la visite de l'aubei^e. Nous descendons dans
la cour , et à peine y avons-nous fait quelques pas , que
nous entendons un grand bruit da cdté de la porte du
malheureux volé. On se confirme dans l'idée que le larcin
avait été fait par la croisée; on décide que le voleur était
resté caché dans ta chambre, et qu'il venait de s'échapper
en se précipitant dans la rue. Cependant l'ouvidor arrive;
il fait allumer des lampes de tous les cdtés, place du monde
à toutes les issues, et commence sa visile. D ne trouve rien
au rez-de-chaussée ; il monte, parcourt plusieurs chambres,
et enfin arrive à une pièce qui n'était occupée par aucun
voyageur. Il demande la clef : elle était entre les m^insdu
commis de l'aubergiste; la porte s'ouvre, et la malle se
trouve sur une table sans qu'il y manque rien. Vouvidor
continua pourtant ses recherches , mais il ne découvrit per-
sonne; il essaya toutes les clefs de la maison à la serrure
de la chambre où s'était retrouvée la malle, aucune ne l'ou-
vrait, et il envoya en prison le commis qui n'avait rien
m''glip<'< |)our nous faire prendre le change, mais qui, évi-
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DO BIO DE S. PUNOSCO. 107
, était le larron. J'ai su, depuis, que cet homme
avait ét^ reliché fort bénignement , ainsi qne le maître de
l'auberge que l'on avait considéré comme son complice.
Le lendemain du vol, j'allai Taire une visite dans la
ville : la conversation devait naturellement tomber sur ce
petit événemeat. Le maître de la maison disait beaucoup de
mal des Hineiros; il prétendait qu'il n'y avait chez eux ni
délicatesse, ni bonne foi; que les ouvriers laisaîent de
fausses clefs pour les nègres qui volaient leurs maîtres ; que
lui-même en avait fait souvent la triste épreuve ; qu'à diffé-
rentes reprises il lui avait été volé, de cette manière, plus '
de soiiante couverts d'argent , et qu'à peu près tous les
marchands de S. Joâo d'El Rei achetaient des esclaves les
objets dérobés : celui qui me parlait ainsi était un Pauliste,
et l'on sait que les hommes de son pays n'aiment point les
Mineiros (1) ; il n'est donc pas étonnant qu'il exagérât les
torts de ces derniers. Un Nîneîro qui tenait un rancho
dans la province de S. Paul , ti. avec lequel j'eus dans la
suite l'occasion de m'entreteoir, me parlait des Paulîstes à
peu près de la même manière. Quoi qu'il en soit, dans le
coure de mon premier voyage, j'avais déjà reconnu qu'une
délicatesse scrupuleuse n'était point la vertu favorite des
habitants de Minas , et on ne doit pas être surpris qu'à
S. Joâo d'El Rei, ville qui avoisine le plus Rio de Janeiro,
port de mer et capitale , il y en ait encore moins que dans
(i) Les P«nlisl«s (tarent anlreftoU rnncns it chasïéB pir les Forât-
MrtM, c*Mt'à-diTB lu étriagers ipii étaient veaas, tprig aai, dans la
pnniKC dei Hines , et dont les descendants forment , en grande partie ,
U population actuelle de «de piorince. L'Éloignement que les Hineiros
et les PaolistM ont en longtemps et ont pent^tre encore les ans pour les
■«très date de cette époqne.
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106 TOYiOE AUX SOURCES
les autres parties de la province (1), où d'ailleurs l'éduca-
tion est généralement plus soignée. On sait quels furent les
premiers habitants de la province des Mines ; on sait qu'une
nuée d'aventuriers fondît sur cette province, bientôt après
que les Paulistes l'eurent découverte (S); il serait bien dif-
ficile que les enfants n'eussent absolument rien conservé
des mœurs et du caractère de leurs pères. Le soin que pri-
rent de riches Mineiros d'envoyer leurs enfonts en Europe,
et l'établissement du séminaire de Harianna, où l'on éle-
vait la jeunesse, durent sans doute contre-balancer très-
puissamment l'Influenced'une origine malheureuse ; mais il
est une autre influence qui agit sans cesse sur les Brésiliens
de la manière la plus fflchense, celle de l'esclavage. L'exces-
sive infériorité de l'esclave le conduit naturellement aux
vices les plus bas. Je ne punis point mes nègres, quand ils
mentent ou qu'ils me volent, disait un curé de Bahia, jadis
captif chez les Africains, parce que je mentais et je volais
lorsque j'étais esclave. Pour se soustraire au châtiment,
'l'esclave s'habitue au mensonge, et il vole parce qu'il ne
possède rien , qu'il est entouré d'objets qui le tentent , et
que souvent ses besoins sont mal satisfaits; peut-être aussi
considère-t-il le vol comme un moyen de vengeance. Et
quels motifs empêcheraient l'esclave de se livrer à ses mau-
(1) Tojei ce que j'ai écrit snr la comarea da Rio dis Mortes et sa
capitale, dans mon Voyage darw ledittriet de* Diamanlt.tXe., 1, 333
(2) • DediSérenles proriaces, dilua aatear brésilien tris-estimable, se
ce répaadit dans les forêts de Minas ub pea^e nombreni, qui ae coonais-
1 sait d'antre droit que celui de la force, qai s'abandouDiii à une licence
D sans borDca, k qui tout était iadiffireut , eicepté l'or, et dont le caric-
- tire était un composé d'orgueil , d'ambitioo et d'aadace portés au der-
n uier degré. « (Piiirro, Mem. ftiX., vni, seguoda pari., 0.1
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DO RIO DE S. FRANCISCO. 109
vais penchants? Des sentiments religieux? on lui en donne
i peine; la crainte de perdre sa réputation? il n'y a pas
plus de réputation pour liii que pour le bœuf ou le cheval ;
comme eux , il est hors de la société humaine. Reste donc
la frayeur des chAtiments; mais il est quelquefois puni
pour les causes les plus légères, comment ne risquerait-il
pas de l'être pour satisfaire ses goi^ts et ses passions? Le
propriétaire d'esclaves est donc entouré d'êtres nécessaire-
ment abjects et corrompus ; c'est au milieu d'eux que ses
enfants s'élèvent , les premiers exemples que ses Sis auront
soos les yeux seront ceux du vol et de la dissimulation ;
comment ne se familiariseraient-ils pas avec ces «vices et
tant d'antres que l'esclavage traîne à sa suite (1)? Plaignons
fesclave, sans doute, mais ne plaignons guère moins le
maître qui l'emploie (3).
(1) Va jEDne BrJaitieD fort recOBunandable m* rtcontait qœ, lorsqu'il
fuit enfanl , il loi éuit sfrirMueat interdît par son père (Ttrolr lies
rapports aret les petEts nègres , mais qu'il riolait cette délïnse le plos
souTenl qu'il lui était possible. Je présuma que beaucoup d« pères fout
la miiDe défense et ae sont pas niienx obéis.
(2) L'e.clarage, on le TOit, entraîne avec lui bien des roani; mais
penl-eire en canserait-oa dsTaot^e «ucore si on émancipait brusque-
ment les esclaves, comme le demandent h grands cris des philanthropes
^'animent de bonnes intentions sans doute, mais qui ignorent entière-
BKaI ce que sont les nègres et l'Amérique. Les liens qoi retiennent l'es-
clave doivent être reUchés peu i peu ; on courrait de grands risques en
tes brisant : ce qui s'est passé an Brésil relativement h la traite tend k
confirmer ce qne je dis ici. Sons le gouTernemenI de Jean VI, on avait
filé an commerce des noirs des limites étroites et mis des droite élevés
snr ceni qa'on iinportail : alors on ne hisaït pas la contrebande , parce
qu'elle n'aurait point offert des bénéfices qui pussent contre -balancer
les risques ; les esclaves étaient ehers ; les gens pauvres n'en acbelaient
pins qu'à des crédits longs et ouéreui ; l'bonime libre se teraît pea à peu
résigné an travail , et , k mesure qu'on l'aurait vu a'j accontomer, on
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110 VOYAGE AUX SOUICES
Comme t'a très^tioi fait obAeirer H. Perdiiunid De-
aarait pu anginenter gridnellemeiit le^ droits et gèaer h triile dans U
nrfme proportion. Celle-ci a été totalement défendae lorsque tons les
Brésiliens la comidéraienl Encore comme indispensable k lenr p*j8:
partout oi) il j ■ un grand iut^rtt k faire U conlrebaade , il so^t des
contrebandiers andacieni qui courent tous les risques, et c'est ce qui
est arriva an Brésil. Taudis que les raisseani des royaumes unis croi-
senl eutre l'Afrique et l'Amérique pour empêcher la traite, et font méoie
beancoup de prises , l'argent des eopitalistes anglais la maintient (TOjet
KiDDiB, Sketehet, Il , 390), et je trahirais la vérité si je disais que jamais
un Français n'y a pris part. Les bénéfices sont tels, dit le Téridique Gard-
iwr, qu'une seule cargaison de nèfres qu'on parvient k sauver paye, h
ce qu'on assure , les dépenses de trois cha^ments et laisse Nicore on
gain cousidérable. s J'ai de bonnes raisooi pour croire, ajoute le mime
■ auteur, que, pendant les cinq ans que j'ai passés au Brésil, les impor-
cr tatioas ont presque toujours répandu aux demandes... Tout le monde
• sait à Kio de Janeiro que des cbargemenls d'esclaves sont régnlière-
> ment mis 1 terre k peu de distance de cette ville..., et, dans les diK-
■ rents voyages qne j'ai faits sur la cdte , j'ai vu Irès-fréqnemment dé-
■ cbarger des cargaisons de 3 à 300 nègres ; sonveat ausû j'ai rencon-
■ iré , dans l'intérieur des tioupes , de 20 1 100 Africains que l'on ccm-
■ dnisait h la vente Les magistrats eui-mêmes achetait souvent des
■ esclaves, et l'on n'ignore point que les hommes placés k la ttte des dia-
■ tricts où l'on débarque les noirs retoiveni nue prime pour garder le
• silence {Traveli , Ifi]. ■ Voyons donc qnel a été, pour le Brésil , k ré-
sultat de la BuppressioQ trop brusque de la traite. Une parait pas qne les
importations aient diminué ; tlUt corrttpondeM ava dtmandu (royei,
outre Gardoer, H.$iT,atal.rel.,249). Les nègres ne sont probablement
traités ni mieui, ui plus mal, et les enbnts des hommes libres conit-
' nueni nécessairement h être élevés parmi les esclaves : des changemMiti
se sont opérés cepeudauL Les lois et les traita proclamés A la fkce do
runiverssoDt violés par tout le monde, Européens et Américains: ceui
qni devraient les faire exécuter retoivent de l'argenl pour m rien voir ;
l'esprit des anciens Dibustiers s'est leaonvelé ches des hommes qui se
placent, comme eux, en dehors de la société chrétienne; les tortures
que les nègres ont souffertes, dans tous les temps, pendant la trarerséo
(UàKt., Ittiti, 11, 663) sont devenues bien plus affreuses par les moyen*
qu'on emploie pour les soustraire aux croisents (Walsi, NoL, U, 490),
el elles augmentent eocorc lorsque ceni-ci prennent quelque négrier
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DU BIO DE S. FUACISCO. 111
DIS (1), le r^me auquel les nègres sont soumis est loin
d'être le même dans les différentes parties du grésil. Je
m'empresserai de dire que, dans la province des Mines, ils
m'ont paru traités avec beaucoiq) de douceur, et il est cer-
tain que, même k Rio de Janeiro, on en use mieux è leur
égard que dans les États du sud de la tonfédération amé-
ricaine. L'écrivain consciencieui que je viens de citer,
MM. Spix et Martius, M. Gardner et même le comte de
Soiannet, qui s'est montré si peu favorable aux Brésiliens,
s'accordent & reconnaître que ceux-ci sont généralement
fort indulgents dans leurs rapports avec leurs esclaves.
Voici, en particulier, commet s'exprime celui de ces
voy^eurs qui, je crois, a séjourné le plus longtemps dans
FAmérique portugaise et a eu le plus de rapports avec ses
habitants : u Avant mon arrivée au Brésil , on m'avait fait
« croire que la condition des esclaves dans ce pays est la
a plus malheureuse que l'on puisse imaginer; mais un
« pelij nombre d'années a suffi pour me faire revenir de
<f cette erreur Jamab l'esclavage ne trouvera en moi
a un défenseur; mais je ne coDS^itlrai pas non plus à ad-
« mettre que les Brésiliens, propriétaires d'esclaves, sont
« des monstres de barbarie : c'est tout au plus si, pendant
te le long séjour que j'ai fait parmi eux , j'ai été témoin de
■ quelques actes d'une folle cruauté Ces hommes, na-
« turelleraent portés k la lenteur et à l' indolence, font peu
« d'attention à des fautes qui , chez des peuples plus actii^
« et plus ardents, seraient punies avec sévérité...; et sou-
(TOjra Mtitena BraHUentl, UI , 84) ; l'argent qa'oo pifiit légalemeat
•B Bae poar les imporlatioiifl permitca enrichit des ireiitiiricra taaa foi
Di loi et des <»pii«li8t«$ anglais.
{1} BrHHy 14!.
D,g,t,.,.d.i. Google
lit VOYAGE AUX SOURCES
« ?ent on se contente de donner quelques coups de towi
« pour de^ crimes qui , en Angleterre, eatratneraient la
« déportation ou inèrae la mort Sur la plupart des ha-
« bitations, les esclaves sont bien traités et paraissent très-
« heureux Je n'aurais jamais pu croire que les nègres
« de quelques-unes des plus importantes fussent esclaves,
« si je D'en avais été prévenu d'avance ; je voyais une
« troupe de travailleurs sortir joyeusement le matin de
a leurs maisonnettes, gui souvent sont entourées d'un
a petit jardin , se rendre à leurs occupations journalières
« et revenir te soir sans être en aucune manière harassés
« de fatigue.. .. Les dames brésiliennes m'ont paru pres-
tt que toutes pleines de bonté pour leurs esclaves , et sou-
« vent elles soignent elles-mêmes ceux qui sont maJades.»
(Gardn., Traveli, etc., 17-19.) Le même auteur con-
firme aussi ce que j'ai dit, il y a longtemps [Voyage dans
les provincet de Rio de Janeiro, etc., I, 9), du peu de re-
gret que les Africains , transportés en Amérique , donnent à
leur patrie, a Dans toutes les parties du Brésil que j'ai par-
te courues, j'ai causé, ajoute-t-il, avec des esclaves, et j'en
« ai trouvé très-peu qui fussent fïchés d'avoir été enlevés
« À leur pays ou qui désirassent y retourner. »
Je reviens à la triste auberge de S. Joâo d'El Rei et à
l'infortuné auquel je prodiguais mes soins. Livré à des agi-
tations cruelles, il retrouva, dans les secours de la religion,
le calme et les consolations dont il avait besoin. Alors,
patient et résigné, il n'était presque plus un instant sans
avoir les yeux fixés sur moi ; mais ses regards, par lesquels
il semblait m'implorer , me déchiraient. Découragé , ac-
cablé de fatigue, je renvoyai au Rio das Mortes l'Indien
Firmiano, qui semblait s'ennuyer de prendre part à tant de
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DU UO DE S. PUNCiSCO. US
soins, et je fis rester avec moi José Marianne, qui était plus
capable de me seconder. On me donnait des espérances;
mais elles ne se réalisèrent point. Le 7 de mars, ïves Fi-
gent expira, et il fut enterré avec toute'la décence possible,
dans l'église paroissiale de S. Joâo d'El Rei.
J'avais eu beaucoup à souffrir de ce jeune homme, de-
puis que sa santé et son caractère s'étaient altérés; mais il
était plein de probité et d'honneur et m'avait été extrême-
ment utile. Aucun Français n'a pénétré avant nous dans
cette province , m' avait-il dit , quand nous entrâmes à Mi-
nas; je n'y ferai rien qui ne puisse honora* notre pays, et il
avait tenu parole. Sa perte fut cruelle pour moi ; il me sem-
blait que j'étais seul dans cette immense contrée , et
qu'alors une distance infinie me séparait de la France.
Je désirais vivement compléter la collection zoologique
que Prégent avait commencée avec beaucoup d'habileté et
de soin : deux jeunes gens se présentèrent successivement
pour le remplacer; mais les renseignements que l'on me
donna sur leur cojnpte m'empêchèrent de les prendre. José
Harianno m'avait dit qu'ayant vu plusieurs Tois le pauvre
Prégent préparer des oiseaux il se sentait capable de faire
le même ouvrage, et que, si je lui donnais un tocador (tou-
cbeor) (1), il pourrait k la fois surveiller les mulets et con-
(1) Le loeodor, comme Je l'ai dit Billenrg, e« ehtagi de !■ coodnite
dn muleta , mhb l'iaspectian da ntnlelier principa) on arrteiro ; c'est
loi qai les fait arancer et qui les dirige qniud ils sont ea marche. Un
TOTOgeur, eo parlaot des préparatifs qa'il tx pour traverser la provioce
de Hims , dit qu'il faut apporter dd grand soin au cboii des guides.
■ 11 ne sodit pas . ajoute-t-il , qu'ils conaaisiieiit leit routes ; ils doiTent
encore prendre soin des cheTaux , reilier sar eni pendant la nuit , aSn
qu'ils De s'écartent pas trop du campement : un bon guide doit savoir
ferrer, saigner le^ «Diinani bleasi^, réparer les bits. > (Soi., Sow., 35S.)
I. 8
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114 VOYAGE ADX SOtIKCES
tioner ma collection. Je finis par accoter aes offres ; mais
il fallait trouver le tocodor.
Cependant j'avais quitté S. loào, et j'étais retourné au
Rancho do Rio das Mortes Pequeno. Il fallut revoir cette
chambre où le pauvrePrégent avait commencé À être alité;
ce fut encore un moment très-pénible pour moi.
Depuis longtemps José Marianno se plaignait de violets
maux de tète et ne mangeait plus; le jour même où je
quittai S. Joâo, il arriva au rancko avec la fièvre. Valfem
José Pereira da Silva, ce cwioso dont j'ai déjà parlé, décida
qu'il fallait qu'il prit l'émétique, et je le lui adminiatrai;
j'étais véritablement an désespoir d'être obligé de faire
encore une fois l'infirmier.
José Marianno fut promptement en état d'essayer se* ta-
lents pour la taxidermie ; mais je ne tardai pas k ai(»T on
1) est bien frident qu'on ■ vonln parler ici des arrieiroi , eu ce «Mt
eux qui ferrent le» iniiiMai , th,.; nais ces hommea ne sont point des
guides ; ik conduisent teura maltrea (atMM) partout oA c«ni-ci oat eane
d'aller, et , quand ils ne savent pas le dienin, Us le demandent. Excepta
quand on veut gravir qaelqoe moDlagne élevée, les guides sont aussi
peu nécessaires dans la province de Minas qn'en Snrope ; peul^itre nitei*
7 court-(Hi moins de risques de s'égarer, parée que les cbemind n*;
sont pas, k beaucoup près, aisii nullipliés. Quelque arrieiro, pour se
faire valoir aupris de son mattre , a pn lui dire qu'il veillait ses mulets
pendant la nuit; mais, quand il n'y a point de piturage fermé (patlO
feehado), on llche simplement les mulets dans la campagne, en leur
cboisisMDtunbonberbage et BU les accotant {eneattar), anCanIqnc faire
se peut , k quelque colline. Les twndoaou tavernes, les ramehot, ces han-
gars onverla h tout venant , les faxtndai et ka titiot ok le TOfagcm n-
(oil rhospttalité sont probablement g« qu'on a appelé campement; car,
même dans les parties les plus désertes de 1« province de Hinas ( ter-
(Ôo) , il est rare qu'on «oit forcé de coucher dehors , comme j'en ai fait
l'eipérience pendant deni ans de vojage dan e«tle province (On 'peat
consulter anr ces divers points les aaleiin las ]
von Eschwegc, PoU, Spiiet Marlini.)
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DU RIO DE S. nuncisco. 1»
autre malade. Firmiano m'avait accompagné dans nne des
courses qne fêlais sans cesse obligé de faire à la ville; il
avait été monHIé, et, malgré mes recommandatio'ns, il
D'avaït point changé en arrivant an Rancho; il s'était en-
rhumé, et la fièvre se déclara. J'étais vérîtablem«it abreuvé
d'amertume. Il fallut encore avoir recours au bon alftret,
qui fit son ordonnance, et au bout de quelques jours l'In-
dien se trouva mieax.
Pendant qu'il était encore malade, j'allai faire une her-
borisation dans ces montagnes pierreuses que l'on a à sa
gauche lorsqu'on va du Rancho à S. Joâo d'El Rei (Serra de
S. Joêo); j'y trouvai peu de plantes en fleur, probablement
k cause de la sécheresse qu'il avait fait pendant si long-
temps. Le sommet de la Serra présente des rochers amon-
celés, et an milieu d'eux il ne croit guère qu'une espèce
végétale, un amela d'aaa {Vellonia). Les tiges de cette
plante, qui, comme toutes celles du même genre, a un as-
pect singulier, sont hautes de 4 à 9 pieds, rabougries , tor-
tueuses, divisées ea rameaux qui ont nne grosseur égale
dans toute leur longueur et s<»it entièrement nus, si ce
n'est an sommet, où ils portent une touffe de feuilles rotdes,
linéaires, aiguës et visqueuses.
Au retour de ma promenade , je trouvai Firmiano beau-
coup mieux; maisilétait fort triste. Je ne puis plus être
gai, me dit-il , depuis que nous avons perdu notre compa-
gnon de voyage. Cette perte fut règlement bien grande
pour le pauvre Indien : Prégent l'amusait, et ne lui aurait
jamais donné que de bons exemples et d'utiles leçons. Au'
milieu des Brésiliens que je fus obl^ de prendre pour me
servir , il n'avait rim à gagner, et il perdit jusqu'à ses
grâces sauvages.
^d:,;. Google
116 VOYAGE AUX SODItCES
Le lendemain de mon herborisation dans la Serra , Fir-
miano était presque rétabli; mais il semblait que je ne
dusse plus jouir d'un seul jour de tranquillité. José Ma-
riaono faisait avec succès son apprentissage d'empailleur;
cependant il avait laissé passer deux repas sans prendre de
nourriture ; il était devenu triste, et il me dit qu'il voulait
aller chet lui chercher ses effets. Cette espèce de menace
me livrait k de nouveaux tourments; car Firmiano n'était
pas parfaitement rendu à la santé, et je n'avais pcunt en-
core de tocador.
Le bon alferes avait inutilement tâché de m'en procurer
un; il finit par me dire qu'il croyait inutile d'en chercher
plus longtemps dans les environs du Rio das Mortes. J'allai
donc h S. Joâo, et, afin d'être assuré de trouver quelque
part un homme tel qu'il m'en fallait un , je priai Vouvidcr
de me donner une lettre de recommandation pour les com-
mandants des villages où je devais passer en quittant le
Raocbo. Ce magistrat me reçut parfaitement et me remit
une lettre pour le capitào môr de Tamanduà.
J'étais plus fatigué que je ne puis le dire de tous^ les re-
lards qne j'essuyais. Mes jambes pouvaient à peine me
soutenir; on me trouvait extrêmement maigri, etjecrai*
gnais de tomber malade à mon tour , si je restais plus long-
temps dans un pays où j'avais éprouvé tant d'inquiétudes
et de chagrins , et pour leqnel je sentais A chaque instant
augmenter mon aversion. Enfin, le 18 de mars, je pris la
résolution de partir le lendemain , quelque chose qui pût
arriver. Le soir, je fis mon compte avec mes hAtes du Rio
das Mortes Pequeno; mais, à l'exception de quelques pe-
tites provisions que je les avais chargés de m' acheter, ils ne
voulurent rien me faire payer, et ce^tendantc' étaient des gens
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 117
pauvres. Nuit et jonr, ils avaient prodigué des soins à mes
malades, ils m'en avaient donné à mcH-mâme; ils avaient
blaocbi mon linge, ils n'avaient cessé de me faire de petits
cadeaux, et pendant un mois ils tétaient privés pour nous
d'une partie de leur maison. Si je n'avais pas eu à me louer
des habitants de S. Joâo d'ËI Rei (i) , du moins j'avais re-
trouvé chez ces bonnes gens l'aimable hospitalité qui
m'avait fait vouer aux Mioeiros une reconnaissance éter-
nelle.
(1) Vojei mon fog^ff dont U éitlriet 4et Diamant*, etc., vol. 1.
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,,;. Google
DD BIO DE S. F8ANC1SC0. 119
éferé, puisqu'il se trouve compris eutre les commencements
du Rio Grande et les sources des premiers affluents du
S. Francisco {4] ; d'ailleurs nous savons , par les obserra-
tions barométriques de H. d'Eschvege , que la fazenda de
VicenU, située i 4 lieues de la petite Tille de Tamanduâ,
qui se trouve sur cette route, est élevée de 2,46â p. anglais
(551 mètres) au-dessus du niveau de la mer, et que le vil-
lage de S. Joâo Batiita, situé è 5 lieues de celui d' Olivàra
où je m'arrèUi, se trouve à une hauteur de 3,36Sp. anglais
(994-, 8) (2).
Ce pays est généralement montueux et présente une al~
temalive de pâturages et de bois ; il existe même une véri-
table forêt auprès de Tamandni. L'herbe des eatnpoê n'a
point ici l'excdlente qualité de celle du canton de Rio
Grande , et ce n'est que vers la Serra da Canastra qu'on
trouve le eapim /Wdia (herbe flèche), Graminée qui carac-
térise les m^eilleurs pâturages. En divers endroits, les etun-
poi sont parsemés d'arbres tortueux- et rabougris, comme
le sont ceux que j'avais parcourus entre le nord de la pro-
vince des Mines et le Rio de S. Francisco (3).
Cest au delà de Formiga, village situé i environ 24 lieues
(1) Od *«m bienUt qoe j*ai donnt à ceUe crête le nom de Sara do
Mo Grand* e tlo s. FrtmeUco , pam qu'elle divise les eani de ces
deai rivières.
<1) Esow., Brtu. dienéut Welt, 1, £3,28. — « Ceslieai, dit aussi
■ d'Esdbvege, doiTent former le plaleiD le plas élevé nOD-Beulemeal de
* l« proriace dea HinM , mtis encore de tout le Brésil , puisqne leurs
* MOI s'éeonkfit , d'an ctté , josqa'anx dernières limites méridiouilea
■ de c«t empire , et , de l'iatre , presqOe josqa'i ses freatières seplej!-
* triondes. •
(S) Toyei mon P'oyofe dont Ici provlnrei de Rio de Janeiro , etc ,,
TOl. II.
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1» VOYAGE AUX SOURCES
de s. Joâo d'El Rei , que l'on place , de ce cdté, les limites
du Sertâo ou désert ; mais le pays commence bien plus tôt
à être peu habité. Entre la fazmda appelée Capào da$
Flores, éloignée de 6 Ugoat et demie du Rancho do Rio
das Mortes et celle du Capitào Pedro, je ne vis qu'une ha-
bitation dans un espace de S lieues et demie ; le lendemain,
je rencontrai une seule personne ; le surlendemain, je n'a-
perçus même pas un voyageur.
Il existe encore des minières en eiploitaUon dans les
terrains qui avoisinent le plus le Rancho do Rio das Mortes
Pequeno et S. Joâo d'El Rei ; mais celles des environs de
Tamandui et de Piumhy sont aujourd'hui entièrement
abandonnées. On cultive la terre , on élève des bestiaux et
l'on engraisse des cochons. A peu près depuis l'habitation
du Capitâo Pedro, située à 9 lieues du Rio das Mortes, je
vis, dans toutes les /'azendiM, un grand nombre de ces der-
niers animaux, et ce sont eux qui forment la principale
richesse des environs de Pormiga.
Il faut, dans les habitations, être continuellement en
guerre avec eux, et, en certaines circonstances, surtout,
ils sont d'une impudence très-embarrassante. Je vais dire
en deux mots quels sont les soins qu'on leur donne. On ne
tient point enfermés les femelles , les verrats et les jeunes ;
on les laisse errer en liberté autour des fazertdas ; deux
fois le jour, on leur donne du mais en épis, et, tous les deux
mois , une petite portion de sel délayé dans de l'eau ; on
examine de temps en temps s'ils n'ont point de blessures ,
et on les guérit avec du mercure dons. Quant aux pour-
ceaux châtrés que l'on veut engraisser, on les soigne davan-
tage ; on les enferme, pendant le jour, dans on cwrat, et,
pendant la nuit, on les fait entrer sous un hangar où l'on
D,g,t,.,.d.i.COOC^IC
DD RIO DE S. FEUNCLSCO. 131
étend de la paille de maïs, c'est-i-dire les enveloppes des
épis ; o» leur donne è manger trois fois le jour, ordinaire-
ment deux fois dn maïs égrené, et la troisième 4u^&â(i),
des inhames{Catadium esculentum] ou des carâs [Dioscorea
alata) (3) ; tous les quinze jours, ou leur fait boire de l'eau
salée, et, dans tes habitations où l'on fait des fromages, on
nmpiace le sel par des rations journalières de petit-lait.
La race de pourceaux la plus commune dans ce pays porte
le ooTaàeporeoacanastra (cochons malles). Cescochons sont
ordinairement noirs ; ils m'ont paru avoir les jambes plus
longues que ceux de France , le corps plus court et le dos
plus arrondi ; leurs oreilles sont redressées dans la jeu-
nesse, un peu pendantes chez les adultes. On chAtre ces
animaux, mâles et femelles, è l'Age d'un an, et il leur faut
(1) Le /UMeslIa Tariae de mats simplement nioaloe ; U farinkatit
le mais séparé de ses eoTeloppes , mis en bouillie à l'aide de la machiue
appelée manjola, pois séché dans une efaaudière peu proronde , et enfin
rédoit en une poudre grossière (tojci mon Voyage dam tet protiineet
de Rio de Janeiro, etc., 1, 13S).
(2) On a vu que , dans le canton de Rio Grande , on donue aussi aui
cochaus des irUiamei et des eardj , et qu'en particulier mou bAte du
ranchodo Rio das Mortes Pequeno trait deux cbamps de nirtit. Ici donc
je H puis être d'accord avec H. d'Eschwege , car il assure qu'on nonr-
rit les cocboDS uniquement avec du maïs , et qae la disette de ce grain
tendamne ces animaux i mourir de faim ; il raconte mtme que , ajant
conseillé k des agricultears de cultiTer la patate pour en nourrir leurs
poDrceam , ilB lai répondirent qu'ils n'iraient cerlaiaement pas se don-
ner la peine d'arracher des patates ponr les cochons, enfin il ajoute que,
lorsqu'on tient un pareil langage, il Tant abondomwr hommes et cochons
à )ear malbetirenK sort (Brat. die neue Welt, I, !T, 38). Au reste,
H. d'Eschwege éeriTait tout ceci en 1S14 , et il ne serait pas absolument
impossible que l'usage de donner des inhame* et des cardt aui ro-
chons se Ht introduit dans cette partie de la province des Mines de IHIi
à ISIS.
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IH VOYAGE AUX SODKCES
unaopoareDgraJBser. Un pourceau moyen de cette race (1)
pèse, quaod il est gras, enriron 6 arrobes (88 kil. S h.) (3).
Od envoie les cochons par troupeaux à la capitale du
Brésil, en leur faisant faire 5 lieues portugaises par jour.
Les jenoes gens qui les conduisent se payent i raison de
6,600 reis {4i f. 30 c.) pour le voyage, et il y a 80 legoat
de Rio de Janeiro au village de Formiga , qui peut Atre
considéré comme le centre des affaires dans la contrée que
je tAcbe de faire connaître. Les marchands de Formiga
achètent les pourceaut dans les fazendai des alentours, où
l'on ea élève un très-grand nombre, si peu considérables
qu'elles soient, et, si je puis croire ce qui m'a été dit,
un de ces marchands, & lui seul , en avait fait partir vingt
mille dans l'année 1818.
J'ai déjà dit que les cultivateurs de la eomarca deS. Jono
d'EI Rei soignaient moins leurs demeures que les ^izen-
deiroi des cantons aurifères. H est bien clair qu'il ne sau-
rait y avoir d'exception pour une des parties de cette eo-
marca qui s'éloignent le plus des centres de la civilisation
dans la province des Mines. L'habitation de Cachoeirinha,
située un peu en deçi de Tamanduâ , a 5 lieues portu-
(1) Dans le uoton de Rio Grande, oaéUfe, m'a-l-oadit, noeaapAcc
de cocboos qa'oa appelle porco» laté (cochooB utous); ccui-ci auraient
Ira jambes enrare plui binles que les poreoi canattra ; ils aeraieat
beancoup plus couru, plus ramaaaés ; ils auraient Is dos plus arrondi
et u'atteindraieat jamais le poids des autres : oo les châtrerait ï six ou
sept mois , et ils seraient gras k ua an. Si on leur donae la préférence
dans le canton de Rio Grande , c'est , m'a-t-on ^outé , parce qu'on y
trouve un di^bit facile du mais , et qu'il n'eu faut pas autant pour en-
fraisser les poreoi tatA que Im autres pourceaux,
(!) Selon H. d'Eschwege, les cocboos gru ne pèsent que de f k
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DU UO DE s. nUNOSGO. IIS
gaises de loag sur â de large : j'y vis un oombre considé-
rable de bètes à cornes, de pourceaux, de moutons ; le pro-
priétaire, H. le ca^tào m6r JoÀo Qciirnwo db Olitbiba,
avait vendu, cette auDée-là, i Rio de Janeiro , des cochons
pour la valeur de deux cotUoi de reit (15,000 fr.], et c'était
d'aillears un lionune poli, dont la table annonçait asses la
richesse ; cepoidant les bAtimentA qu'il occupait étaient i
peu près aussi négligés que ceux qui sont r^rvés pour les
maîtres dans toutes les autres fazendat. Ils étaient, avec
les cases è nègres, placés au fond d'une vaste cour entourée
de pieux qui avaient la grosseur de la cuisse et la hauteur
d'un hcsnme , genre de ctMure fort en usage dans ce pays.
D'une galerie {varatula) (i) ansez large dont l'extrémité
avait été réservée pour formerun petit oratoire, on passait
dans une grande pièce sans plafond, sans aucune peinture,
qui n'avait d'autre ameublement que des bancs de bois,
quelques tabourets revêtus de cuir et une énorme dame-
jeanne avec un pot en fer-blanc destiné à y puiser ; quelques
petites chambres, qui ouvraient sur cette Salle, n'étaient
pas ornées plus richement qu'elle. Priacipalement au delè
de TamanduÂ, c'est-à-dire près du Sertâo et dans ses limi-
tes, les habitations se composent de plusieurs p^ts bAtt-
ments isolés, mal construits et disposés sans ordre, au mi-
lieu desquels on distingue h peine le logement du maître.
Je citerai celle de Dona Thomaxia, située entre le village
de Fiumhy et la Serra da Canastra. Elle avait une étendue
assez considérable ; Jy vis plusieurs esclaves, des bêles à
cornes, un grand nombre de pourceaux ; et cependant,
« que sont
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1S4 VOYAGE AUX SOURCES
au milieu de plusieurs maisonnettes servant de gmoges et
de cases à n^res, la propriétaire habitait une misérable
chaumière construite saus aucun art, et où l'ou ne trouvait
d'autre ameublement qu'une table avec de cbétives bao-
celles (4).
J'ai ù peine besoin de dire que les habitants de ces fa-
zmd/u ne ressemblent point aux Mineiros des comarca» de
Sabaré, du Serro do Frio et de Villa Rica. Ce sont des
hommes grossiers et ignorants. Ils ont les marnes manières,
 peu près, que nos paysans de France; mais il ^en faut
bien qu'ils soient aussi gais et aussi actifs. Je ferai obser-
ver, de i^us , que les cultivateurs de ce pays ont le corps
extrèmonent droit, tandis que nos paysans sont , en géné-
ral, plus ou moins courbés, différence qui tient à ce que
ceux-ci travaillent sans cesse la terre , tandis que les pre-
miers se font remplacer par des nègres ou se bornent i soi-
gner leur bétail.
(1) H. da CudIm HattM, qui , ta lSi3, s'est rcada ditecleraent de Rio
de Jtneiro i Goju , a cependsat passé , comme moi , par Oliveira , Ct-
cboeiriaba, Forroiga , et a pu prendre ane idée da pays que je cherche i
faire comultre. • A pea de distance de Formiga, il fut reçu, di^il , dans
■ Due maison qui était cooatroite avec de la terre et dea marceani de
a bois qn'oD n'avait pas laime pria la peine de dégrossir. Dans la niii-
■ raille, on avait fiché un grand nombre de cornes de cerf ( veatba ) ani-
' quelles étaient snspendns divers objets : k celle-ci , une selle ; k cell»Jli,
« unfiisil;plustoin,nnchapeaa;enaiiite une corbeille, puis on tamis, et
u immédiatement après une capote. La peinture que je fais de cette mai-
• ioa, ajoute l'auteur, convient h tous les tiliot et à la plupart dea fa-
• zendat. Bien peu de personnes connaissent les commodités de la vie ;
Il elles habitent , pendant un grand nombre d'années, des propriété qui
- semblent destinées h être abandonnées k chaque quart d'heure. Les
« maisons des villages sont un peu pins soignées : mais, dans les faien-
« dut, les cornes sans riuncaui et fort courtes des cerfs du pays sont les
" l'Ious qui soutiennent les radres dont l'appartement est orné , «t ces
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DU niO DE s. FUNCISCO. 12^
Quoique ces hommes habitent on pays éloigné et désert,
on ne trouve pas chez eux cette aimable hospitalité qui est
si générale dans d'autres parties de la province des Mines.
Je citerai , pour exemple , ce qui m'arriva dans une habita-
tion tr^-importante. À mon arrivée, on fit placer mes effets
dans une petite chambre humide et obscure, remplie de
puces et de chiques ipukx penetram). Pour ne pas faire de
peine an fils de la maison, àveç lequel j'avais voyagé, je ne
me plaignis point, et j'allai travailler sons la galerie {va-
randa). On me fit la politesse de défendre à Firmiano de
mettre le chaudron au feu et l'on m'invita à dtner ; mais
on ne me donna pas de quoi satisfaire l'appétit le plus mo-
déré. José Marianno et l'Indien furent entièrement oubliés,
et seraient morts de faim s'il ne leur était resté un peu de
haricots du repas du matin. Le soir, j'attendis inutilement
qu'on m'offrirait un lit; il n'en fut pas question. Cependant
ta chambre où l'on m'avait logé était tellement embarrassé
par mes effets, tellement remplie d'insectes malfaisants, que
j'aimai mieux faire faire mon lit dehors que d'y coucher.
Ayant eu froid pendant la nuit, je me levai de fort mauvaise
humeur, bien décidé à donner une bonne leçon à mon hAte.
H se présenta et me souhaita le t>onjour ; pour tonte réponse,
je lui demandai s'il savait lire, et je le priai de jeter les yeux
sur ma portaria (passe-port royal). A mesure qu'il lisait, je
voyais sa ligure se composer et son maintien devenir respec-
tueux. « Je ne vous ai pas montré ce papier hier au soir, lui ,
« dia-je, quand il eut fini ; je croyais qu'un homme de bien
■ udrcB , te sont des Belles , des brides , des fbsils et autres objets sem-
■ bUbles. • (f(in., I, 66.) Comme od ne lue p«s des cerfs t chaque in-
Waot, je ne crois pas mentir m dîsut que le laie de leurs cornes a été
plas d'une fois remplacé par de simples m
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136 TOTAGE AUX SOURCES
« n'aTait pas besoio d'ordre pour donner un gtte passable
« au voyageur qui se présente d'une manière honnête; je
« suis bien aise de vous iiaire voir que celai que vous avei
M fait coucher à votre porte, lorsque vous avez une maison
« aussi considérable, est un eavalheiro honoré de la pro-
« tection particulière de votre roi. » Et, comme je connais-
sais les affaires de mon hôte, j'ajoutai A ces paroles une
menace qui devait lui être extrêmement sensible. Le pauvre
homme resta pétrifié; il se confondit en excuses et m'offrit
tonte sa maison. Pour unique faveur, je lui demandai de
mieux recevoir les étrangers & l'avenir , et je m'obstinai A
payer les petites provisions que j'avais faites chez lui.
Les cultivateurs passent leur vie dans les fazendas, et ne
vont au village que les jours oi!i la messe est d'obligation. En
les forçant A se réunir et A communiquer les uns avec les
autres, l'accomplissement des devoirs de paroissien les em-
pêche, peut-être plus que toute autre cause, de tomber dans
un état voisin de la vie sauvage. Il faut le dire, cependant,
l'utilité de ces voyages A la paroisse serait bien plus grande,
si le cultivateur pouvait en rapporter quelque instruction
morale et religieuse ; mais les ecclésiastiques, dans la pro-
vince des Mines, ne s'occupent point A instruire les fidè-
les (1), et, trop souvent, ils les scandalisent parleur con-
duite irrégulière.
Dans les pays très-civilisés, l'absence d'un enseignement
religieux et moral conduit A un grossier matérialisnie; dans
ceux qui ne le sont qu'imparfaitement, die mène A la su-
perstition. Ainsi les habitants de la contrée que je tAche
(I) Toyn t» que f <î écrit rar le clergé de 11 pravinet de» Mines, duH
rooa PoiKHr; daM In priMrtnets 4t Jtfo dt Janeiro, etc., ni. I , p. tffl.
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DU UO DE S. FRANCISCO. IJT
de Rure connaître ajoutent générilement foi aux sorciers
et aux loaps-ftarout , et beaucoup de gem vont jusqu'à
baiter d'hérétiques ceux qui se refusent i cette croyance. ,
Je viens de dire combien il est utile pour les cultivateurs
qu'ils aient l'occaston de se rassembler quelquefois et de
commQiiiqaer les uns arec les auties ; nuis je dois (fouler
que les avantages de leurs réunions dans les booi^ades et
les petites villes sont malheureusement compensés par les
dangers qui les y attendent. La population permanente des
villages est, en effet, ici comme dans le reste de la province
des Mines , composée, en grande partie, d'hommes oisifs et
de femmes de mauvaise vie , et sous les ranchoa des plus
humbles hameaux un lib^tinage honteux se montre quel-
quefois avec une effronterie dont on n'a pas d'exemple
dans nos villes les plus corrompues.
Compagne des mauvaises mœurs , la fainéantise est une
des principales plaies de cette contrée. Dans un espace de
60 lieues , je fis des efforts inutiles pour me procurer un
tocador, et cependant il e-xiste partout une foule d'hommes
pauvres et sans occupation I Ceux qui sont mariés plantent
sur leterrain d' autrui , et se résignent à travailler pendant
quelques jours pour vivre sans rien faire tout le reste de
l'année. Les célibataires , et c'est le plus grand nombre,
vont d'une maison dans une autre; ils vivent aux dépens
de leurs compères et de leurs commères, et s'engagent
souvent dans des parties de chasse qui durent plusieurs
mois; U faut bien qu'ils se vêtent, mais te plus léger
travail leur suffit pour monter leur garde-robe, qui se com-
pose de deux chemises et d'autant de pantalons d'une toile
de coton grossière. Outre le bonheur d'être oisifs, ils trou-
vent , dans cette vie nomade et indépendante , un antre
^d:,;. Google
1» VOYAGE AUX SOURCES
aTanta^, celui de se soustraire à toutes les diarges publi-
ques, en. particulier an service niilitaire. Dans le désert ,
l'admiaistration ne peut exercer aucune snrveillance, les
lois restent sans force , et beaucoup de gens y viennent des
autres parties de la province, soit pour échapper aux pour-
suites de la justice, soil uniquement pour jouir d'une liberté
sans bornes (1).
(1) ■ Dus OD eampo où l'on STiit formé deai petites lubilatioas,
> je TÛ , dit di Canba HatlOB {Hin., 1 , 71] , dd grand nombre d'ubres
> fruitiers qui ne pronvèrent que l'on pourrait tirer parti des pays dé-
• couverts pour la culture de ces arïtrt*. s'il rt'goait moins de paresse
• au Brésil et priDciptlemeDt dans la proriuce de Hioas Geraes Tout
■ vagabond (vadio) qui possède une guitare ■ son pain gagné sans noit
• besoin de trirailler, et tronve lAujours des gens qui veulent l'aroir
■ cheï eux. • [Itin., 1. 71.) Ceui-Ii, du moins, amusent leurs hdles : ce
sont lis mi'neslrels du disert; mais tout oodlo n'a point une guitare, il
fïnt d'abord travalUer pour pountir l'acheter. '
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DO UO DE S. FBANCESCO.
CHAPITRE VIII.
COmiENCEHENT DU TOTAGB DE S. JOÂO d'BL REl AUX
SOUKCES DU S. FBANaSCO. — LES VILLAGES DB CON-
CEIfiÂO ET D'OUVEIBA. — LA VILLE DE TAHAHDUa'.
Dépenrt dn ftancho do Rio daa Mortes Peqneno. — Sntfiee do pajs
sitné entra le Rio das Hortea Peqaeno et la (axenda de Tan^iM;
SI jfgétatioa. — La faxenda de Tmqae. CIer{|é. — Le village de Con-
etifSo. — Pajs situé eotre ce TÏIlage et la fatenda da Capw» doa
rioru. Pajs Bitaé eotre celte babitàtion et celle du CapUâo Ptdro.—
Deso-iption de cette derniire faxenda. Réception qu'on j fait k l'aa-
ttur. Culture. — Le Qaina do Catnpo [Cinchona ferruginea). in-
Bnenee de la constitotion min^ralogiqne snr la natare de la tég jialion.
RéSobODs SUT Vexploltetion des mines de fer. — PaxtHda dtu Fcr-
tmtet do Jacaré. Puces pénétiantes. — Pajs situé au deU de oellc
habitation. — Le nllage couvrira. Va ranebo. — La faxenda
de Bom Jardim. Costame des campagaards peu ais^. Un rêve. —
MoTTO de Comocfto. Fatenda da CaehoeirinHa. Son prapriéiaite ,
H. JoiTo (^DINTINO PI Oliveira. — La Tille de Tamanduà ; son his-
toire; seshabiteoU; sa population; ses rues, ses nuisons, ses égli-
se* ; maladies qui j rigaent le plus généralement. — Histeire d'un
bwnnie bien portant morda par on chien enragé. — Celle d'nn lépreui
nMtrdn d'abord par un chien enragé , pois par nu serpent h «onneltes.
J'ai dit ptoB haut que je n'avais pu trouver un tocador
dans les environs du Rio das Mortes Pequraio, et que le
principal magistrat de S. Joâom'avut donné, pour le ea-
pitao môr de la ville de Tamanduâ , une lettre où il l'invi-
tait è m'en procurer un. Le two alferet José Pereira da
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IJO VOYAGE tUX SODRCES
Silva Tonlut bien , en attendant , mettre en réquisition dd
homme qui reçût l'ordre de m'accompagner jusqu'A Ti-
manduà. Il me l'amena le 19 mars au matin , et je partis ,
après avoir pris congé de mon hAte, le vieil Anjo, de sa fille
Dona Bila et de Dona Isabel , sa compagne. Le vieil Anjo
pleurait en m' embrassant, et tous m'exprimaient leurs re-
grets. Anjo avait près de soiiante-dii ans; il était dans une
activité continuelle; il parlait, il riait, il grondait toujours,
mais il ne passait pas un instant sans donner des preuves
de la bonté de son cœur.
Ce fut cependant avec un grand plaisir que je quittai ce
Rio das Mortes, oîi j'avais éprouvé tant de diagrins et d'in-
quiétudes, et dont je ne pouvais même prononcer le nom
sans une sorte de frémissement. Au commencement do
voyage, j'étais encore plongé dans une mélancolie pro-
fonde; les idées les plus tristes m'obsédaient ; la vie me
paraissait un poids insupportable. Mais l'exercice auqud
j'étais forcé^e me livrer, le travail , la vue de nouveaux
objets m'arrachèrent k moi-même; bient6tje repris des
forces, et mon courage comm^ca à renaître (1).
(I) Itioéraire «pproiimiUTda Rancho do Rio das Hortei, près S. Joio
d'El Elei , k U rille de Tamândna ;
Dn Rancho do Rio daa Hories Peqaeao
k Ttnqae, habitation s legoas,-
Capio das Flores, habitation 3t/!
Capilâa Pedro, habitation 21/3
Faienda das Verlentes do Jararé, habitation. 3 1/1
OliTtira, village 3 1/î
Bom Jardim , habitation il/S
Cachoririoha, habitation 3
Tamandaii, ville 2
»l/3li«<Ma.
D,<j,i,.,.d.:, Google
DD HIO DE S. FBANCISCO. 131
ie SDJvia qnelqne temps le vallon où conle le Rio (las
Mortes Pequeno. A peu de distance du Rancho que je ve-
nais de quitter, je passai auprès d'une chapelle qni est du
nombre des succursales de la paroisse de S. Joâo d'El
Bei (1], et qui porte le nom de S. Àntotûo dos Mortes ;
pen après, je traversai une grande minière du genre de
celles dites de guptara [2}, et, ensuite, je montai sur un
morne élevé appelé Morro da Lagoa Verde (le morne du
lac vert).
La végétation avait été, jusque-là, celle des fonds dans
les pays découverts; j'avais vu des arbrisseaux et de petits
arbres d' nn vert très-beau, mais un peu foncé . Sur le morne
de Lagoa Verde, je retrouvai les plantes ordinaires aux cam-
pai; des Graminées, quelques autres herbes, un petit nom-
bre de sous-arbrisseaux parmi lesquels dominaient les Com-
posées.
Depuis mon entrée dans les eompot, je n'avais vn nulle
part des mornes aossi peu arrondis, des vallées aussi étroi-
tes et aussi profondes que dans le pays où je voyageai , en-
tre Lagoa Terde et la fasenda de Tanqw, dont je parlerai
bientAt ; et, par une conséquence naturelle de ce que j'ai
dit ailleurs sur la coïncidence de la végétation avec la dis-
position du soi , je troavai dans ce canton autant de bois
que de pâturages.
Du sommet de quelques mornes on découvre une im-
(1) Piz., Ment. Mit., Vm, seganda part., 126.
(3) Dans la minoration de gnpiara, od bc borne à mettre à nn la
larface anrifèrc , ea la diqMwant de manière k opérer sar place une
partie du lavage. Ce sodI des terrains iDclinés que l'on eiploite ainsi.
(Vojez mon Voj/age dant (m fn-oDincti de Rio dt Janeiro, etc., 1 , 347,
Mî.)
^d:,;. Google
132 V0YA6E AUX S
mense étendue de pays. Il existe dans les fonds des fcœn-
dai assez considérables. Les minières sont très-multipliées,
et, à l'époque de mon voyage, plusieurs d'entre elles
étaieut encore en eiploitation ; toutes appartirament au
genre de travail appelé gupiora : on les reconnaSt aisément
dans le lointain à la couleur rouge des terres que l'on a
mises inu.
La position de la fasenda de Tanqne (réservoir), où je fis
halte le jour que je quittai le bon vieil Anjo, est extrême-
ment agréable. Cette habitation a été bâtie dans une large
valléequ'arroseleRlo das Mortes Grande. Des momes pea
élevés, couverts de bois et de pâturages, dessinent la val-
lée ; un peu au-dessus de la fazenda, est un petit lac qui
fournit de l'eau à un moulin i sucre, et, du cAté iqiposé,
00 a une édiappée du Rio das Mortes.
Le propriétaire de Tanque était un prfttre. Dans ce pays,
un graod nombre d'ecclésiastiques se bornent à dire la
messe, et font d'ailleurs toute antre chose qu'exercer les
fonctions du ministère sacré. Rien n'eri si commun que les
prêtres /axend«tro« ; le meilleur apothicaire de S. Joâod'El
Rei était un ecd^iastique qui, iui-mème, préparait et ven-
dait ses drogues ; dans cette ville, è ce que me dit le curé, on
autre prêtre débitait des étoffes à l'aune. Que peut-on atten-
dre d'hommes qui professent aussi ostensiblement l'oubli
de toutes les règles? et je passe sons silence de bien plus
grands scandales.
Lorsque, après avoir passé la nuit à Tanque, nous vou-
ïtanes partir, nous cherchâmes inutilement le tocador que
m'avait procuré l'alferes José Pereira da Silva ; il avait pris
la fuite. A la vérité, cet homme me suivait en vertu d'un
ordre de son supérieur ; mais je l'avais prévenu que je le
^d:,;. Google
DD MO DE S. FRANCISCO. 13}
payerais sur te pied de 100 reis par jour (62 c], et il était,
depuis longtemps , sans occupation comme sans salaire.
Mais pourquoi ces hommes travailleraient-ils? ils trouvent
partout des gens qui les nourrissent sans rien faire. Force
nous fut de partir sans tocador.
FarreoD sur le sommet des collines qui dominent la
Tallée où est située la fasenda de Tanque, je découvris une
immense étendue de pays mootueux qui présente plus de
bob que de pâturages. Je Bs une demt-lieue, et j'arrivai
BU village [arraial] de la Conceiçào [conception] {^).
Ce village fait partie de la paroisse de S. Joâo d'EI Rei
et en est une succursale. Il doit sa fondation & l'or qu'on
trouvait autrefois dans son voisinage, principalement sur les
bords du Rio das Mortes. Les mines se sont épuisées, et les
habitants un peu riches ont été s'établir ailleurs ; ceux qu'oc
voit encore aujourd'hui à la Conceiçào sont presque tous
des hommes de couleur que le passage de quelques cara-
ranes empAche de mourir de faim , et des mulâtresses qui
trafiquent de leurs charmes. Cette histoire est celle de la
plupart des villages de la province de Minas Geraes.
Celui de la Conceiçào est bAU sur la croupe d'un morne
peu élevé. Les maisons qui le composent, au nombre de
cent CTviron, sont très-petites, basses, presque carrées,
couvertes, les unes en tuiles, les autres en chaume, pour
la plupart écartées les unes des autres. Jamais elles n'ont
dA offrir beaucoup de commodités, et aujourd'hui qu'elles
(1)11 ne AtDtpascODfoadreceTillige, âoDt lenti nom m( IVtwHt ten-
tera daCOTicefpào du fiarra, avec celui de la Coiic«itSo de Htio dentro,
situé entre Harianna et Villa do Principe (vojei mon Foj/age ilaTU les
procinceê de Mo de Janeiro, etc., 1, 31). Caial indique anssi un village
de la ConceicSo dans la province de Goirai (Cor. Brai., ) , 3iTi.
^d:,;. Google
lU TOYAOE AUX SOURCES
tombent ea ruine, elles ne préseotent plus que l'aspect de
la misère et de l'abandon.
Au milieu de ces demeures si pauvres, on est étonné de
roir une église fort grande pour le pays et très-bien entre-
tenue. L'intérieur répond an dehors; il est bien éclairé et
orné, non-seulement de dorures, mais encore de peintures
très-supérieures à celles qu'on voyait, à cette époque, dans
celles de nos églises de campagne dont on prenait le plus
de soin. Il paraît que l'on a, dans le pays, beaucoup de
dévotion à la Vierge de Conceiçâo, car il existe, dans son
église , un grand nombre de petits tableaux qui représen-
tent des guérisons opérées miraculeusemeot par son inter-
Cette église n'est pas la seule qu'on voie dans le village
de la Conceiçào. Tout chétif qu'il est, il en possède encore
une autre plus petite que la première. La manie de multi-
plier les églises a été générale dans la province des Mines,
et elle l'était même encore à l'époque de mon voyage. U
eût été plus chrétien de former des associations pour amé-
liorer le sort des nègres que l'on affranchit quand ils ne
peuvent plus ptmrvoir à leur subsistance, ou bien pour em-
pêcher que tant de jeunes gens ne deviennent des vaga-
bonds [vadioi), et tant de jeunes Qlles des prostituées.
Malgré l'état de misère où est tombé le village de la Con-
ceiçào, il jette de la variété dans le paysage, et y produit
un effet très-agréable.
A une demi-lieue de ce village, près la fasenda de Barra
(confluent), je retrouvai lé Rio das Mortes Pequeno, qui, en
cet endroit, comme je l'ai dit, se jette dans le Rio das Mor-
tes Grande.
Depuis Barra jusqu'à la faienda du Capào das Flores,
r„s,i,.,.d.i. Google
DU MO OE S. FRâHCBCO. ISA
dans une étendue d'environ 3 tieaes et demie, je oe tra-
versai plus qu'un pays généralement boiaé. Presque par-
tout , cependant, les bois primitifs ont été coupés et se troo-
vent remplacés par des capoeirat ; ils le sont même quel-
quefois par cette grande Fougère [Pterii caudata ex Mart. ,
le Çamambaia des Mîneiros) qui fait tant de mal et que je
n'avais aperçue nulle part depuis ma sortie des grandes fo-
rêts (1). Avec elle, je vis en abondance un Panicum (n° 66S)
qu'on appelle pegapega (S), parce que ses soies s'attadient
fortement aux corps qu'elles approdient, et que quelque-
fois même elles retiennent les petits oiseaux. Où croit la
grande Fougère, la terre est d'un rouge foncé, comme dans
le canton de Matro dento (5] et ailleurs, coïncidence qu'il
est bonde noter.
Je traversai une immense capoeira qui avait été brûlée
par accident, et où lee troncs noircis des arbrisseaux s'élé-
vai«it encore au milieu des grandes Fougères. Le système
d'agriculture adopté dans la province des Mines et dans
d'autres parties du Brésil rend, conune je l'ai dit ailleurs,
ces incendies très-fréquents, et c'est encore là un des in-
convénients qu'il présente.
Depuis que j'avais quitté le Rancfao do Rio das Mortes, je
rencontrais fort peu de bestiaux. On en élève beaucoup
|1) Cette fougère s'empare des terrains qni ont été mis plasienrs fois
en culture et elle lus rend iaaliles (vojei moa Voyage datu lei pro-
vittMt Ile Rio de Jawiro, etc., I, 2M].
(i; Pêf/a est la troisième persouoe du présent du verbe pegar, qni
ngnifie taUactur.
(3) Parle canton de ira(0(f«n(ro (l'intérienT des bois), j'eatends le
paya situé dans la régimi d«t foréU au delà de la tille de HatiaoDa et
oii plosieu» vill^es ont été distioBués par ce nom m^me^de Malo den-
Iro, tels que S. Migncl de Halo dentro , ttabîra de Malro dentro , etc.
^d:,;. Google
136 VOYAQK AUX SOURCES
moins dans ce canton que dans celui de Rio Grande, sans
doute parce que les p&turages n'y ont pas une su&si graode
étendue. Ils me semblèrent composés des mêmes plantes
que 1^ campos où' j'avais passé, entre les bois vierges et
S. Joâo d'El Bei, mais elles sont ici plus grandes et plus
serrées ; on m'assura que, lorsqu'on mettait le feu à ces
pâturages, l'herbe était beaucoup plus longtemps h repous-
ser que dans les environs du Rio Grande, où elle est plus
fine, et c'est lA un des obstacles qui s'opposent à la multi-
plication du bétail. Je dois dire encore que l'on ne. trouve
point ici le copitn freeha, cette tiraminée qui caractérise
les meilleurs pâturages. C'est principalement à la culture
de la canne i sucre que Ee livrent les faxendeirt» de ce
canton.
Après avoir passé la uuit à la fazmda du Ct^So dat
Flores (le bois des Qeurs] , je suivis , pendant quelque
temps , une vallée bumide, où des bouquets de bois ^ieot
jetés (à et là au milieu d'une herbe épaisse. Le soleil n'a-
vait pas encore beaucoup de force; le ciel était du plus bel
azur; les vapeurs qui s'échappaient de la vallée répan-
daient dans l'air une agréable fraîcheur; un calme déli-
cieux se répandit, pour quelques instants , dans tous mes
sens, et je jouis encore des beautés de la nature.
Nous étions au 21 de mars , et , depuis le 26 de février,
époque i laquelle la sécheresse avait cessé , il y avait eu
presque tous les jours du tonnerre et de ta pluie : les pA-
turages n'avaient plus cette teinte grisâtre qui fatiguait la
vue; presque partout les campos s'étaient parés d'une ver-
dure qui rappelait celle de nos champs de blé, peu de temps
après que le grain a levé.
Entre le Capâo des Flores et la fazenda du CapilÔo Pe-
^d:,;. Google
DD UO DE S. FUNOSCO. 137
dro , je parcourus , comme les jours précédents , un pays
montaeux, où les bois sout an moins aussi communs que
les pâturages. Ce pays coupé n'a point la triste monotonie
des immenses pâturages du Rio Grande, et cependant on a
le plaisir d'y jouir aussi d'une rue fort étendue. Il est seu-
lemoit à regr^ter que le paysage ne soit pas animé par des
habitations. La veille j'en avais moins ru que le jour pré-
cédent , et , entre le Capâo das Flores et le Capitâo Pedro ,
je n'en vis qu'une seule, celle de /jorangeiras (les orangers).
Depuis que le paya était plus boité , les sous-arbrisseanx
étaient devenus plus communs dans les pâturages, prtDci-
palement vers le bas des mornes. Là , au milieu d'une berbe
du vert le plus beau , l'on voit en grande quantité un Bau-
Unia i tiges nombreoses, de 3 à 3 pîeds , et à feuilles en-
tières f233] , nne Salicariée (363) , une Corymbifère (306) ,
VHyptiê (â33), et nue autre espèce du même genre, h
fienrs bleues et à feuilles très-odorantes (SOfi).
En me rendant à la fazmda du Capitâo Pedro , je vis
dans un pâturage un de ces quadrupèdes que l'on appelle,
dans le pays, eachorros do campa, et qui sont si redou-
tables pour les bétes à laine. José Marianne lui tira un coup
de fusil; mais son arme n'était chargée qu'avec de la cen-
drée et l'animal ne fut que blessé. Il vint à moi ; mal-
heureusement il passa trop vite pour que je pusse le bien
observer. Il me parut avoir la grosseur d'un chien qui serait
d'une taille au-dessous de la moyenne; son museau était
un peu allongé , ses oreilles petites et droites , sa queue fort
longue et horiiontale , son pelage d'un gris bleuâtre; il ne
courait pas, mais il fuyait en btHidissant avec légèreté (1).
(I) M. le proresseur Gémis pense qne cet aaioMl est le CanU ram-
ptttrit de H. le prince de Neuwied.
^d:,;. Google
1» VOYAGE AUX S
Du Capâo das Flores , je n'allai que jasqn'à la fazenda
du Capitào Pedro, qui eu est éloignée de 2 lieues et demie.
Cette fazenda , comme toutes les autres , est située dans un
fond; les bâtiments qui en dépendent sont considérables,
mais la maison du mattre a été aussi négligée que dans tou-
tes les habitations que j'avais rues depuis mon entrée dans
la comarca de S. Joâo.
Lorsque je me présentai, on m'indiqua pour logement
une écurie obscure et remplie de fumier. Je ne fis aucune
plainte, tant que mes malles ne furent point déchargées ;
mois , lorsque je fiis armé de ma portaria , je dis an mattre
de la maison que je serais désolé de l'incommoder, que ce-
pendant je le priais de vouloir bien m' accorder un gtte plus
convenable. La lecture de la portaria produisit l'effet d'un
talisman; on devint d'une politesse extrême, on fit pla-
cer mes effets sous la varanda , on me donna un lit , et
l'on empêcha Firmiano, que, depuis longtemps, j'avais
promu au grade de cuisinier, de mettre U ekattdron au
fmH).
La fazenda du Capitâo Pedro a 3 lieues d'étendne ; on y
cuiti vêle maïs, les haricots, le rÏE, et l'on y élève des bêtes
à cornes et des pourceaux. La position de cette propriété
entre S. Joâo d'EI Rei , la ville de S. José , le village d'Oli-
veira , la ville de Tamandai et le village de Formiga , as-
sure le débit detoutes les productions du sol. Année com-
mune, le maïs rend ici, dans les bonnes terres, ICO pour
1 . On cultive aussi un peu de coton dans les alentours du
Capilâo Pedro; mais les terres fortes et rouges du pays
conviennent peu à ce végétal , et on est obligé de sarder
(1> C'esl rfipKssJDD coDsacT^P pour dirf Taire ta cuisine.
D,<j,i,.,.d.:, Google
DU BIO DE S. FRANCISCO. 1S9
trois on quatre fois la terre où on le plante. C'est Ib caone
è sucre qai peratt réussir le mieux dans toute la cootrée
que j'avais parcourue depuis le Rio das Mortes.
Un peu avant d'arriver i la faxendada Capitao Pedro,
j'avais vu en abondance , sur une cdte , au milieu des pâtu-
rages, ce petit Quinquina à fleurs odorantes et à feuilles
couleur de rouille [Cincbona ferruginea, ASH.), qui crott
en si grande quantité près de Villa Rica, Itabira de Mato
dentro, etc. (1), et que je n'avais pas encore retrouvé de-
puis mon premier voyage. C'est dans les terrains ferrugi-
neni que je l'avaisobservé alors, et, quand je fus arrivé ili
la fazenda du Capitâo Pedro, j'appris qu'il y avait, auprès
de celte habitation , une mine de fer dans un morne ap-
pelé Morro do Paîmital (morne du champ planté de pal-
miers). Une coîncideDce si souvent répétée doit faire con-
(1) Sous le Dom de Remija, l'illustre de Candolle a séparé cetu pilote
da genre Ctnehana ( Prodr., Vf, 3ST] , parce que , dit-il , la déhiacence
n'est pu sEDlement Mpticide , mais qae la feaille carpellaire ne teni
pins oa moins dans «on milieu. Si, comme je l'ai montré ailleurs (Jfor'
pholotie végitaU, 714), ce faible caractère safSMit pour l'établiaMiHDt
d'un genre, il faudrait , pour peu qu'on vonlAt être conaétfooit , en faire
on du Veronica Anagallii , chei leqnel nous le troaTons «gaiement.
H. de Hnmboldt avait cratancienaemeDt qu'il necroiaeaitpasdeOiuDqiii-
Dtt daiislapaTtieorienta1ederAmériquednSad;piu9il reconnut. après
la dècdurerte des Cinckana ferrvgvnta, Remijiana et VellotH ( Rapport
Terbal fait à l'Académie des sciencM sut ud cuTrage de H. Auguste Saint-
Hilaire, intitulé Plantes «nullet det Bratilien*, daos les Annalet dtt
ieieneei d'Ortéatu, Tl, 168), qu'il en existe trois espèces au BTttÛ
i peut-être de simples variétés d'une seule espèce^ ; et , k présent , il n';
«D aurait plus t l'est de l'Amérique, parce que, avec les propriétés des
Cmchona, leurs caractères et, en particulier, leur âi<bisc«nce, les plan-
tes qoe je viens de nommer présentent, dit-on, une fente dans le milieu
de leurs valves 1 Si l'on devait admettre de tels principes, il faut convenir
qne les détails de la g^'Ographic bolsuique reposeraient su r des bases bien
peu MUdcs. Hais il } a ploa : c'est tout simplement une faute d'impres-
^d:,;. Google
IM VOYAGE AUX SOURCES
sidérer, ce me semble, la plante dont il s'agit comme
l'indication de la présence du fer; ce qui prouve que la
constitution minéralogique d'un terrain n'est pas toujours
sans influence sur la nature de la végétation.
Quoi qu'il en soit, le propriétaire de la fazmia du Ca-
pitâo Pedro avait établi chez lui un petit fourneau de forge,
où il fondait , pour l'usage de sa maison , le minerai du
Morro do Palmîtal ; mais il se plaignait de ne pouvoir faire
que de l'acier. Il paraît que, en général, le fer brut a au
Brésil beaucoup de tendance à se changer en acier. Aux
forges dePrata, oij je passai, en 1S18, on cherchait à re-
médiera cet inconvénient, en n'employant dans les four-
neaux que les plus gros morceaux de charbon, et peut-être
parviendra-t-on à y remédier dans tout ce pays , lorsque
ses habitants connaîtront mieux l'art de fondre le fer. Il y
a quelques années, le gouvernement du Brésil envoya en
France un grand nombre de jeunes gens, en leur donnant
l'ordre d'acquérir de la science; comment se fait-il qu'il
■ion on de copie qaiduDgerait ainsi DM idées aorU distribnliongéagra-
^qae des QuinqniiiaB. Eu effet, apris le passage oà je dis, du fruit dn
Ctnehona ftrrvuinea, dans mes Planttt VMulttt dti BratUietu, n* Il ,
que la eapiuU «'ouvre en dtva: vatoet par le mili'nt de la cloifcm,
passage qui indiqae le plus clairement possible DnedéhtsceaceseptJdde,
ee qui est entièrement conGrmé un pen plus loin ( page i), on lit , entre
deni parenthèses, ces mots (déhUctnet loealieitte) , qni, bien évidem-
ment, sont le résultat d'une distrarlioD ou d'une erreur de plume. Forcé
de IraraiUcr Iris-rapidement , H. de Candolle n'a sans doute vu, dans ma
deeeriplioD , que ces mots erronée . car il les répète dans la sienne en
■ne citant , et c'eat là ce qui l'a engagé k constituer le genre Remija.
M. George Bentliam a déji reconnu, avec sagacité , l'erreur dans laquelle
estlonbé l'auteur dn ProdroiRiu (joNm. M., III, 2lï), et de ses ob-
servations, ainsi que des miennes, il résulte 4(ae le genre Bemija, fonde
sur une mi'prise , ne saurait être admis par les bolaaistes.
^d:,;. Google
DD MO DE s. FHAHCISCO. Hl
n'ait pas imposé h quelques-uns d'entre eux l'obligation
d'étudier l'exploitatiOD des mines et la métallurgie? L'ad-
ministration de la province de Minas Geraes, pays où l'on
trouve à peu près tous les métaos , a entretenu deui jeu-
nes gens à Paris; on croira sans doute que l'on a fait
cette dépense pour que ces jeunes gens apprissent k tirer,
des richesses de leur patrie, le meilleur parti possible;
tel n'a point été le but de leur long voyage; ils sont ve-
nus, m'a-t-on dit, de Minas à Paris, pour apprendre à
arpenter.
Entre te Capitâo Pedro et la Fatenda das VertetUes do
Jaearé, je parcourus un pays à pei^ près semblable à celui
où j'avais voyagé la veille, mais peut-être moins boisé.
Dans toute la journée, je ne vis que trois habitations, dont
deux peu importantes, et Je ne rencontrai qu'une seule
personne : à mesure que je m'éloignais de S. Joâo d'EI
Rei, le pays devenait plus désert.
La Ffomda das Vertenteê do Jaearé (habitation des
sources du Jaearé) (1), où je Gs balte, est située, suivant la
coutume, dans un Tond, près d'un ruiseau; de tous c4tés,
die est entourée de collines couvertes de pâturages et de
bois , et elle pr^nte l'image d'une profonde solitude.
On m'avait d'abord donné, dans cette fasmda, une
chambre basse et obscure , dont je m'étais contenté; mais,
à peine y étais-je établi que, moi et mes gens, nous eûmes
les jambes et les pieds couvertâ de chiques {pulex pene-
Oratu). Je demandai nn autre local, et on me logea dans
]Avanmda; mais je n'y fus pas mieux. Tandis quej'écri-
(1) A propremeal parler, le mol wrtMfsf signifie wrfanb ,- mais il
est éTidenl que, an Btésil on , dn moins , dus quelqa«s parties do Bré-
til.M Inidomie b signification que Dons donootu à notre mot fowrcM.
^d:,;. Google
142 VOYAGE AUX SOURCES
rais, je sentais, à chaque instant, de nouvelles piqi^es,
et j'étais obligé de regarder mes pieds pour en arracher
les chiques qui cherchaient à s'y enfoncer. Nulle part je
n'en avais encore vu un si grand nombre, fl est difficile
de croire que, avec des soins et de la propreté, on ne fl^t
point parvenu à empêcher ces insectes de multiplier d'une
manière aussi effroyable.
Entre la Fazenda das Vertentes do Jacaré et le village
d'Oliveira , qui en est éloigné de 5 lieues et demie, le pays
moDtueux, coupé de hois et de pâturages, présente de
vastes solitades ; là je ne rencontrai pas un seul voyageur ,
je n'aperçus point de bestiaux , je ne vis que deui habita*
tions, l'une sur le bord du chemin et l'autre dans le loin-
tain. La veille, j'avais beaucoup monté; ce jour-là, je des-
cendis tout i coup d'une manière très-sensible. Feu après ,
je traversai , sur un pont en bois fort mauvais , comme le
sont tous ceux de ce pays, la rivière de Jacaré, qui prend
sa source è la fazenda où j'avais passé la nuit et à laquelle
elle donne son nom {Fazenda das Vertentes do Jacar^.
J'avais monté pour parvenir A la source de cette rivière,
puis j'avais descendu pour me retrouver sur ses bords.
Immédiatement avant d'arriver au village d'Oliveira, je
suivis un vallon assez agréable, d'où l'on a une échai^tée
du village et où l'on voit déjà quelques maisonnettes.
A Oliveira, je me trouvai encore une fois confondu, sous
un sale rtawho , avec des tropeirot de toutes les couleurs.
Dans tous les coins étaient des sacs de coton amoncelés, et
des bâts couchés sur le cAté les uns dans les autres. Deux
ou trois feux allumés dans ie rancho servaient à faire cuire
le souper des muletiers. Une douzaine de personnes m'en-
touraient et s'extasiaient sur la patience de José Marianno,
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FUMCISCO. 143
occupé à préparer des animaui. Les Mineiros ont une an-
tipathie remarquable pour les voyages par mer; mais, en
revanche, ils aiment à voyager par terre. La liberté dont on
jouit dans les ranchos plaît surtout aux jeunes gens ; après
une journée Tatigante , ils savourent le repos nonchalam-
ment étendus sur un cuir et occupés à jouer de la guitare
ou à raconter leurs aventures.
Oliveira ou Nos»a Senhora da Oltveira [Notre-Dame de
l'olivier), où je passai la nuit, est une des succursales de S.
José, petite ville située, commeje l'ai dit ailleurs, à 2 lieues
de S. Joâo d'El Rei (1). Ce village est du petit nombre de
ceux qui ne doivent pas leur fondation à la présence de
l'or ; il est uniquement redevable de son existence aux
avantages de sa position. En effet, plusieurs routes impor-
tantes passent par ce point ; celle qui va de Barbacena au
village de Formiga, celle du canton de Rio Grande à la
ville de Pitangui, de Rio de Janeiro et de S. Joâo d'El Rel
i Goyaz, de Villa da Campanha à Formiga, etc.
Le villi^e d'Oliveira est situé, au milieu des mornes, sur
la croupe d'une colline dont le sommet est trés-aplati . Il se
compose de deux rues dont la principale est fort large. La
plupart des maisons qui la bordent n'ont que le rezrde-
chaussée, mais elles sont assez grandes pour le pays et cou>
vertes en tuiles. En général, on a eu soin de les blanchir,
et elles ont des portes et des fenêtres peintes en jaune avec
nne bordure rose , ce qui , au milieu des murailles blan-
ches, produit un effet assez agréable (S). Une grande partie
(1) Piz., Mtm. Mil., VUI, B«gimda part., 129 — rofan* daiw U
dUtTiet da DiomanU, 1, 203.
(Z) Lm maisons d'Olivtira at sodI poiot des palais : mai ^ on voit
poQTlanl , d'après ce que je dis ici , qu'elles ne méritent pas le nom de
^d:,;. Google
U* VOYAGE AUX SOURCES
de ces maisons, et même les pins jolies, ne sont habitM
que le dimanche ; elles appartiennent k des propriétaires
qui passent leur vie dans leurs fiatndas et ne vont au vil-
lage que les jours oiî la messe est d'obligation.
Oliveira possède deux églises dont la principale a été
bâtie sur le sommet de la colline, au milieu de la grande
rue, et à égale distance des deui rangs de maisons ; elle est
assez jolie dans l'intérieur. On a employé, pour l'orner, une
pierre d'un beau vert-pomme que le minéralogiste Pohl dit
être du talc endurci (1).
On voit à Oliveira plusieurs boutiques d'étofite et de mer-
cerie qui sont très-bien garnies, des tavernes, une phar-
macie et deui auberges dont chacune a un rancho. On y
trouve aussi des tailleurs, des cordonniers, des serru-
riers, etc.
Je quitUi bientét ce village, et, jusqu'à la faxenda de
Bom Jarditn, je traversai encore un pays montueui, coupé
de bois et depAturages. Dans an espace de 3 lieues et demie,
jusqu'à BomJardim, je ne rencontrai absolumeotpersonne,
je n'aperçus point de besUaux dans les pâturages ; je ne
vis que deui chaumières et une fazenda assez importante
d'où dépendait une sucrerie.
Je fis balte à Bom Jardim (bon jardin), sous an raneho
ouvert de tous les côtés où le vent nous incommodait beau-
coup. Le maître de la maison et plusieurs autres cultiva-
teurs se réunirent autour demoi pendant que je travaillais.
battes qne leur donne )e dodear Pobl. Je ne nua pa non plus ifacccnl
tmc ce Toiageur, oi stcc d'EKhwqe, rar le nombre des nies d'OIi-
veira , car ils disent qu'il n'j en a qu'une dans ce Tillage.
(I) Portai , Kaiuel . AlUntiicke tod icb ans apfttgrâ&Mi ferbirletani
T«lk (Heite, I).
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. IIS
- Tous étaient des blancs ; mais ils ne ressemblaient guère aui
colons des comarca$ de SabarÂ, de Villa Rica , du Serro do
Frio ; par leurs manières , ils diCTéraient peu de nos paysans
français. Comme tous ceux des campagnards de cette con-
trée qui ont peu d'aisance, ils ne portaient qu'un caleçon
de coton et une chemise dont les pans flottaient par-dessus
le caleçon ; leurs jambes et leurs pieds étaient nus ; un large
chapeau rond ombrageait leur tète, et, suivant l'usage des
Hineiros, ils portaient suspendus à leur cou un rosaire qui
ne sert que d'ornement.
Auprès du raneko de Bom Jardim, où avait été placé
mon bagage, se trouvait une petite chaumière abandonnée
qui, de toute part, tombait en ruine ; ce fiit là que je Ss
mettre mon lit pour éviter le froid qui , sur le soir, était
assez vif. Malgré celte précaution, la température devint
tellement basse, pendant la nuit, qu'il me fut presque im-
possible de dormir. Je rêvai que j'étais, i Noël, au chAteau
de la louche , près Orléans , où j'ai passé les jours les plus
heureui de mon enfance (!]. Mon père et ma mère s'éton-
naient de me voir autant vieilli ; ce sont bien moins les
années qui en sont la cause que ceci , leur dis-je en mettant
la main sur ma tète ; puis, à demi éveillé, je me repentis
de n'avoir pas également porté ma main sur mon cœur ;
tl) Le chiteaa de la Tanche appartenait h H. et i M" d'Alomie ,
■Km oDcle et ma tante, qui , tous les deai . étAient adorés de knn ptjr-
HDS. Onoiqne ancien seifpieiir, M. d'Alonne était encore maire à l'épo-
qne de la terrear-, on la mit en prison ponr n'afoir pas déDOOCé nu inil-
beuTtoi éclosier qni paja de sa U\e un propos impnideat, et prewioe
liwie M commniie fbl app«Ue en témoignage ; il ue s'éleva pas contre
hii ime seole voii ; on l'acqaitta , et le peaple , qni , an milieu de ses
cruelles errears, était pourtant bien aise de trouTer des iaDoeents, le
porta ea trîMnpbe.
1. 10
^d:,;. Google
I4S VOYAGE iCX SOURCES
enfin je revins entièrement k moi-même, et je me retrou-
vai bien tristement dans mon misérable gite.
Je le quittai bientôt pour me rendre i Cachoeirintaa,
l'habitation du capitâo mâr de Tamanduà, pour lequel j'a-
vais,, comme je l'ai dit , une lettre de recommandation.
Le pays que je parcourus, avant d'arriver à celte habi-
tation, est un pays plus montagneui que celui où j'avais
voyagé les jours précédents ; les voilées y sont plus pro-
fondes, en même temps les bois s'étendent davantage, et,
en général, on ne voit guère ie-campos que tout à fait sur
le sommet des mornes. Celui de ces derniers qui domine
la petite rivière de Comacho est le plus élevé de tous ; là.
un vaste horizon s'offrit à mes regards, et je trouvai quel-
ques plantes que je n'avais point encore rencontrées de-
puis le commencement de ce voyage.
A peu de distance du Motto de Comacho [le morne de
Comacho] (1) est, dans un fond, une espèce de petit hameau
appelé Currid (enclos pour le bétail}, qui se compose d'une
demi-douzaine de maisonnettes bities auprès d'une fa-
zenda de qaelque importance. De cet endroit jusqu'à Ca-
ehoevinha [peUle cascade), il n'y a qu'une demi-lieue.
J'ai déjà donné des détails sur celte dernière habitation
dont le propriétaire, M. Joâo Quintinode Oliveira, capitào
fltér de Tamandui , m'accueillit d'une manière parfaite. Il
n'en était pas de sa table comme de son logement (v. plus
haut, p. 123). Elle était servie avec abondance, et, dans
tous les pays, elle aurait passé pour très-bonne. On mettait
devant chaque convive un carafon d'excellentvîn de Porto,
(1) Ce Dom iiendrait-il des iDote guranîs eana, wra, et eJitia, choBe
^d:,;. Google
DV MO DE S. FRANCISCO. 147
et, ce qui peut fttre cité comme une merveille, on y ajou-
tait un petit pain trèS'Savoureux. Le mattre de la maison
Eûsait les honneurs de cbes lui avec beaucoup de bonté,
sans aucune affectation, et il était bi^i secondé par son
aumAnier.
A l'instant même de mon arrivée à Cacboeirinha, j'avais
bit part à H. Jrâo Quintioo du désir que j'avais de trouver
OB tocador. Fonr m'en procurer un, il avait, sur-le-champ,
écrit i Tamandué, qui est situé à â lieues de son habitar
tion ; mais le tocador ne se présenta que le surlendemain.
Cétait un esclave pour lequel on demandait, par mois,
6,000 reis (37 f. 50 c.)- ^e payant que 7,209 reis {iS Ar.)
à José Mariauno, je ue voulus point consentir i accorder un
prix aussi élevé. Je partis donc sans tocador; mais mon
hôte me remit, pour le commandant (1) du village de For-
miga, une lettre dans laquelle il lui donnait l'ordre de me
foire accompagner jusqu'à Pîumhy par un pédestre (3).
J'avais été si bien traité dans la maison du capilâo m6r,
il avait eu pour moi tant d'égards que je ne pus le quitter
sans attendrissement. Cet homme portait sur sa figure l'em-
preinte de la bonté, et avait su se concilier l'estime de tout
son voisinage.
Avant que je prisse congé du eapitào m6r, José Marianno
était parti avec tout le reste de la caravane, et devait m'at-
(1) Les commanda*lt {eomandanta) sodI nomioés pat )«b eapUàet
mbru i kart fooctioai (18tO-182S) odI quelque ehow d'ouilosue i celles
de DM miiree ; mais il* a'ool d'ialoriU qae tar l«e homines qui ne font
pMDt partie dee giTdes nilioiulea (miliciu). (Foyo^a àtm$ \a» pro-
ttoew dgBiodi Jmutro, etc., 1 , 374.)
(!) LespniedrM, comme je l'ai dit ailleara, formeoE (181ft-1832) ane
nilice d'na ordre ioférienr.
^d:,;. Google
14S VOYAGE AUX SOURCES
tendre i 2 lieues de CBcboeirinha, daos la fazmda d'uo
Dommé Marcos. Quant à moi , je m'étais dirigé vers Ta-
maodué, accompagné de l'avocat de cette ville, du chi-
rurgien et de l'adjudant du eapitâo màr, qui étaient venus
passer deux jours à Cacboeirinba. Pendant tout le temps
que je m'étais trouvé avec ces bonnes gens, la conversation
avait presque toujours roulé sur la France ; les Mineiros ne
pouvaient pas se rassasier d'entendre parler de Napoléon
Bonaparte et de l'histoire tragique de notre révolution.
Tamandué, on j'arrivai bientôt, doit ses premiers fon-
dements à des criminels qui vinrent , il y a une centaine
d'années (écrit en 1819] , chercher un asile au milieu des
bois dont ce pays est couvert. Ces hommes ayant tué un
fourmilier dans le lieu où ils s'étaient fixés, donnèrent k ce
lieu le nom de Tamanduâ [i] qui , en portugais comme en
guarani, désigne le mangeur de fourmis (2]. On trouva de
l'or dans cet endroit ; la population du village de Tamandué
devint plus considérable, et il fut érigé en ville, en l'année
1 791 , sous le gouvernement de Luiz AirroNio Fustado db
Hbndonça, vicomte de Bauacbna, capitaine général de
la province de Minas (3).
On voit encore autour de Tamanduâ des minières consi-
dérables qui , aujourd' hui , sont entièrement abandonnées ;
elles ont fourni beaucoup d'or, mais il fut dissipé par ceui
(1) Eacnr-, Bnu. Nnu WeU, 1, ».
(3) Ant. Rdu m HoNTOTt, Tel. tuar., 953 M*. — Les BTteUwns di»-
tiii|;iunl deai eqiiees de lomanAut ; le (amandiid bantUira , qui est
le Uminoir {KyMMcophaça jubata, L.) , et le faiiumdiHi mirim , qni
esl le Umandiu des Franteia ( Kfrmecophaga têlradaeljila, L.; Jl. la-
mandHa, Cor.).
(3) Pu., HeM. Mit., TDI, segundi part., M.
^d:,;. Google
DO RIO DE S. FRANCISCO. 119
qui l'avaient recDeilli, et lears enfanU demandent actuel-
lement (1819) l'aDmAne, triste exemple des suites de la
minération et de l'imprévoyance trop naturelle aux Nj-
neiros.
Les habitants actuels de Taroandui sont des cultivatenrs
qui n'y viennent qneles dimaodies et les jours de fête,
quelques marchands, des ouvriers et des hommes pauvres
qui, profitant de l'abondance dont oh jouit dans cette con-
trée, vont manger tantAt chez l'un, tantAt chez l'autre, et
passent leur vie dans l'oisiveté.
Chef-lieu d'un ttrmo et d'une paroisse, Tamanduà est
administré par des juges ordinaires. Sa population s'élève
(1819) à environ 1,000 Ames ; celle du ressort de l'église
paroissiale, qni s'étend dans un rayon de plus de â lieues,
monte à 3,000; enfin celle de tout le termo s'élève à 24 ou
25,000 (1] , et il y a , selon Pîzarro , 30 lieues du nord au
sud, sur 16 de l'est à l'ouest (2j. Le nombre des habitants
de ce pays a beaucoup augmenté depuis que l'agriculture
et l'éducation du bétail ont pris de l'accroissement. *
Le tabac est une des plantes que l'on cultive le plus an-
tour de Tamanduà. Les environs de cette ville en exportent
une quantité assez considérable.
On compte 36 lieues de TamanduA jusqu'à Villa Rica,
34 jusqu'à S. Joào d'El Rei, 32 jusqu'à Sahara (3). Cette
(1) PiuTTO ( I. e. ) ne hit monUr la popnUtiiHi du termo de Taman-
d«i qu'à IS.TOS individus. Sairant Eschwege , celle de tonte la paroisse
s'tlerait k 3O,DO0 habitaots ; mais cet écrivaiD a bien certainement pris
la paroisse ponr le lemto. Quant je donne 3,000 âmes au ressort de la
paraisse, il est clair qu'il ue peut ttrc question que de cette dernière,
iiidépeiidamiiiuit de ses succursales.
<3) M«m.AM.,VIU,eegaadapart.,1V5.
13) Selon Caial {Corog., 1 , 379) , il ;r aurait 25 Ugoat de Villa Rica à
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ISO VOYAGE AUX SOURCES
ville, située dans un fond, est entourée de mornes asseï
élevés, couverts de bois [ j ). Ses rues n'offrent aucune régu-
larité ; elles montent et descendent et sont embarrassées par
des pierres ; ses maisons, dont quelques-unes ont une assez
jolie apparence, sont, en général , écartées les unes des au-
tres et séparées par des murs de jardin ; mais, lorsqu'on
jette les yeux sur la ville d'un point assez élevé , il résulte,
des irrégularités qu'elle présente, un effet agréable pour le
paysage. Non-seulement par la blancheur des mars de ses
maisons et la couleur des tuiles qui couvrent les toits, la
ville contraste, dans son ensemble, avec le vert sombre des
bois qu'on découvre de tous cAtés ; mais un contraste de
même genre résulte, en particulier, de la position de chaque
maison, qui semble jetée au milien d'une niasse de verdnre
formée par les Bananiers et les Orangers dont les jardins
sont remplis.
TamanduÀ possède trois églises ; S. François de Paule,
TamtiHlai, 15 de S. Joio d'Bl Rci à U même rille , et 30 de Sebarl. Pi-
urro admet les mêmes distances ponr Satiarâ et S. Joào d'El Elei ; mais
il place Villa Rica à 36 tegoal de Tamandni, et Hirianna h 56. Quoi qu'il
en soit de tonteit les autres ÉTalaatlous , il y ■ bien certainement erreoT
(laos l'noe des deruières; car Mariaima n'est, comme l'on sait,qa'ï
3 lieues de Villa Rica.
(1) On ■ dit i U, Laccock que Timandui était situé sor une h&utear
{Kolêi on firai., 482), an pied de laquelle coulait la rivière de Ltant'
bary, l'un des aniuents du S. Francisco ; et cet écrivain ajoute qat h
nom de cette rivière tend h prouver que le Llama ( lama) a tBlreToii
eiislé au Brésil. On va voir ce qu'il tînt penser de ces isserlions : Ta-
mandoi n'est pas un Tilhge ; il se trouve dans an fond et non sur une
hauteur ; il est placé, d'après la carte gi^nérale de Marlius, el h peu près
comme le dit Caial {Corog., 1 , 379), entre deut petits ruisseaux qui se-
raient les premiers commencements du Lambary; enfin ce nom, qui
n'est point Llambary, a ai peu de rapports avec le lama . que e'est tout
simplement celui d'un Irfs-petit poisson.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO, 13l
réglise paroissiale, dédiée à saint Benoit , celle du Rdftatre ,
et, en outre, deoi petites chapelles; mais aucun de ces
édifices ne mérite d'être cité.
D'après ce que me dit le chirurgien de cette ville, l'hy-
dropisie est encore la maladie dont on meurt le plus ordi-
nairement dans c« canton, et l'éléphanUasis (mor/Î!a} n'y
est pas rare.
Je ne puis m' empêcher de rapporter ici deux faits que Je
tiens du même chirurgien. Le premier s'était passé à Ta-
manduâ, et me fut raconté devant plusieurs personnes qui
neledémentirentpoÎDt.Un chien que l'on regardait comme
«iragé mordit plusieurs individus , mais tons en furent
quittes pour les douleurs que leur causa la blessure. Un
d'entre eux avait fait réciter des prières par un prêtre et
crut leur devoir sa guérisoa. Quelque temps après, il alla
voir le curé et lui raconta ce qui lui était arrivé. A votre
place, lui dit cet ecclésiastique, je ne me considérerais point
comme guéri , et , sans aucun délai , je ferais des remèdes.
L'homme se retira pénétré de terreur ; le jour même, ou le
lendemain, il eut une attaque d'hydrophobie et il mourut
de cette maladie affreuse.
Le second fait s'est passé i Caeté, où le chirui^en de
Tamonduâ était alors. Un homme atteint de la tnorfea fiit
mordu par un chien enragé ; les plus tristes symptAmes se
déclarèrent, et on enferma le malade dans une petite cham-
bre. Sa femme, étant allé lui porter de la nourriture, fiit
effrayée de l'état où il était, elle prit la fuite, et la porte
de la chambre resta ouverte. Le malade s'échappa et se mit è
courirdans la campagne ; cependant, quelques heures après,
on le vit revenir parfaitement calme, disant qu'il avait été
mordu par un serpent à sonnettes et demandant un prêtre.
D,g,t,.,.d.i. Google
1S3 VOYAGE AUX. SOURCES
D se confessa dans la pleine jouissance de sa raison. On lai
donna pour remède de l'alcali volaUl ; il fut guéri de la mor-
sure du serpent, tous les symptAmes d'hydrophobie cessè-
rent, et, peu de temps après, l'éléphantiasis avait entière-
ment disparu (1).
(1) Ctei nue opiDJOD généralement rtpuidue dans pltuieare parlies
de l'Amérique, dit H. le doclear Sigaud (voyez l'imporUnt oavrage iDti-
Inlé Ou climat et dei matadie* du Br^iil , p. 3ST et van.), qoe U mor-
sure du serpent à sonnettes guérit la Upre et ne lae point le malade.
Des faits raconli^s par plasienrs personnes décidèrent, dans ces derniers
temps , on li^preui nommé Marianuo José Hachado k se faire mordre , i
8io de Janeiro, par uo serpeot à soDoetles ; mais, ajoute le mCroe uvant ,
il SDCcomba au bout de viug(-qiia:re beares, après d'affreuses souf-
frances. Cependwit M. Sigaud croit pouvoir conclure, des sjmptAiDes
qui se manifestèrent chei l'infortuné Hachado, que l'action dn venin mo-
difie la peau d'une manière spéciale, et qu'on doit espérer les résultats
les plus heureui d'une inoculation ccuduile avec sagesse.
^d:,;. Google
MJ MO DE S, FRANCISCO.
CHAPITRE IX.
SCITB DV TOTAGB DE 9. JOÂO d'eL KEI A LA SODSCE DD
S. FRANCISCO. — LES VILLAGES DE PORHIGA ET DB
piDimT.
L'ratear séparé de m cvavaae.— L«a environs de Tamudoà. — ArriTée
k Formiga. — Les femmes privées de liberté. — Description da vil-
lage de Formigg ; rues, maisons, église, bontiqaM, commerce ; popu-
Ubm ; mauvaise répaiation des babitants ; on mearire ; femmes pa-
bliqnes. — Impossibilité d'avoir no tocador. — Le pays situé entre
Formiga et Pontt A Ua -, comparaison de sa végélatioD avec celle de la
partie orientale do 5«r(âo du S. Francisco. Époque de la OoraisOD des
plantes dans les Krtôtt de Hinos. — Fa%mda de Ponte Alla. Plantes
naaellesi eaUaiga. — Pays sitné aa deU de Ponte Allas — Famtdade
S. Miguet t Alma$. Indigo foumi par le Solaman indigoferum. —
Serra de Piumhy. Vue admirable. — Village de Piitmhy ; et; mologie
de son nom; sonbisloire, ses rues, son église; vue que l'on découvre
de la me principale ; occupation de ses habitants. — Le curé de Piumhy,
— Toujours point de loeador. — Paresse des gens pauvres. — Pays
situé au deU de Piumbj. Habitude qu'ont les bestiaux de se cacher
dans les bois pour éviter les mvlwea*. — Familles se rendant deui fois
Fan au village , sur des chars à baufs. — Fatenda de Dona Thoma-
tlo. Produit des terres ; bestiaux. — Pays situé au deU de Dona Tho-
mada. — Faservia de Joao Diat. Fer.
Après avoir dtné à Tamanduà, dans la maison du capit^
m6r, je partis accompagné de ce Marcos dont j'ai parlé
plus haut (p. 148), et chez lequel j'espérais trouver ma ca-
ravane (1).
l) llinrraire apptoiimatir de la ville de Tamanduà a la Serra da Ca-
D,<j,i,.,.d.:, Google
151 VOYAGE AUX SOURCES
Nous traversâmes d'abord les bois qui raviroonent la
ville du cAté de l'orient. Ces bois se prolongent, m'a4-on
assuré, dans un espace de plus de 20 lieues, jusqu'à Con-
gonhas do Campo (1). Il y aurait donc ici une exception k
cette espèce de loi qui veut qu'on ne voie que' des campo»
k l'ouest de la Serra do Ëspinhaço ; mats il Taut se rappeler
que le pays est extrêmement élevé et montueux; d'un
autre cAté, Congonhes do Campo, situé entre Sebari et
S. Joâo, ne se trouve pas dans les bois; et je n'en avais
traversé aucun d'une étendue un peu considérable en cA-
tofant le versant occidental de )a Serra do Espinbaço, de-
puis ta première des deux villes que je viens de citer jus-
qu'à la seconde; si donc une forêt s'étend de Tamandui
à Congonhas do Campo, du moins elle ne se rattache
pas aux forêts continues du cAté oriental de la grande
chaîne.
Quoi qu'il en soit, tes bois de Tamanduà sont bien loin
de se prolonger également dans toutes les directions; car.
nastra ;
De h ville de Tamandua
h celle de Formiga 4 I^oas.
pQDte Alla, htbiUtion 4
Faieuda de S. Migael e Aimas, habi-
""«• * 1/2
Pimnhj, village 2 1/î
Faieoda de Dodb Thomaiia , habi-
(Btion I ....... . 31^
Faieoda de Joào Diaz , habilalioD. . 3 1/2
Serra da^anïstra, moDUgoe. ... S
2S legoas.
lt) J'ai fail connaître ce village dans mon Voyage dont te dUlrirt
riet niamanit, »ol. 1 , MO.
^d:,;. Google
DO UO DE S. FUHaSCO. lU
Bfant même d'arrirer chez Msr»», dont la maison n'est
qn'è 9 lieues de Cacfaoeirinha , nous entrâmes dans des
eampoi i{ui , à peu près semblables à ceux de la partie da
Sertâo que j'avais parcourue en 1819, présentent de petits
arbres tortueui épars au milieu des Graminées. Parmi ces
arbres, je Teconnus, comme sur les taboleinx cobBrtOi{i)
du Sertâo . des Légumineuses, des Guttifères et des Qualea.
Après ces «omjHW , j'en traversai d'autres qui sont couverts
seulement d'herbes et de sous-arbriaseaux, et enfin j'anivai
k la fazenda de Marcoi , située dans un fond , comme cela
est l'usage.
Je fus très-étonoé de ne pas y trouver mes gens , qui
n'avaient eu qne 3 lieues à faire; je ne savais trop quel
parti prendre; mais enfin je me décidai à aller voir s'ils
n'avaient pas fait hidte dans quelque fanmda voisine. Je
remontai sur mon mulet, et, guidé par un des nègres de
Harcos, je me présentai inutilement dans quatre faieneUu
dilfêrentes. Après ces recherches infructueuses, je me diri-
geai une seconde fois vers la fazenda de Marcos, qui m'a -
vait offert un gtte avec beaucoup d'amabilité. Une nuit
obscure me surprit lonque j'étais encore dans le chemin;
peu k peu une profonde mélancolie s'empara de moi; de
fiinestes pressentiments vinrent se mêler aux regrets dont
j'étais consumé, et la franche galté du bon Marcos ne put
dissiper ma tristesse.
Après une nuit assex mauvaise, je repartis en suivant le
chemin du village de Formiga , où je devais me rendre , et,
Aune demi-lieue de la maison de Marcos, je trouvai mes
gens établis dans une grange qui dépendait d'une pauvre
■1^ Et non IcOtUtlrai cobhla$, tommt ■ *crit Gardner.
^d:,;. Google
156 VOYAGE AUX SOURCES
maisonnette. La fazenda de Harcos est située à quelque
distance du graud chemin; mes gens n'avaient point vu
le sentier peu frayé qui y mène, et, après avoir fait en-
viron 3 lÏMies, ils s'étaient arrêtés, comme je leur savais
donné l'ordre.
Pour arriver k Formiga , je traversai un pays montueni ,
coupé de bois et de campot. Les sous-arbrisseaux , comme
dans le canton oùj'avais voyagé les jours précédents, sont
beaucoup plus communs qu'aux environs de S. Joâo d'EI
Bel , et l'on voit, en plusieurs endroits, des arbres rabou-
gris et tortueux qui s'élèvent çà et là au milieu des Gra-
minées. Sur un de ces petits taboleiroi cobertoi , il n'y
avait guère d'autre espèce d'arbre qu'un Vochitia ra-
bougri , entièrement couvert de longues grappes redres-
sées de grandes fleurs d'un jaune d'or, autour desquelles
voltigeaient une foule d'oiseaux-mouches. Du haut de plu-
sieurs mornes élevés , je jouis d'une vue imm«ise ; je dé-
couvris la Serra de Piumhy et celle da Canastra , oà je
devais bientôt me rendre.
Arrivé à Formiga, j'allai présenter au commandant de
ce village ta lettre que le capitào môr de Tamandui m'a-
vait remise pour loi. et où il lui donnait l'ordre de me
procurer un pédestre pour m'accompagner jusqu'à Piumhy.
Le commandant me reçut fort bien et me fit des reprodies
d'être descendu à l'aubei^e.
Je trouvai réunis dans sa maison les principaux habi-
tants de Formiga , qui étaient des marchands et apparte-
naient tous à notre race. Suivant l'usage établi dans les
bourgades et les petites villes , ils portaient une veste d'in-
dienne, et, par-dessus cette veste que capote de grosse
étolTe de laine; leurs manières étaient à peu près celles
^d:,;. Google
DU BIO DE S. FRiNOSCO. 157
de nos boui^eois de campagne. On parla beaucoup de la
France, et on me demanda s'il était vrai que les femmes
y eusseat autant de liberté qu'un autre Français l'avait
assuré , en passant par ce pays quelque temps auparavant.
Je confirmai les récils de mon compatriote, et les détails
que je donnai parurent tellement étranges, qu'on des as-
tistants s'écria, en mettant ses deux mains sur «a tète:
Que Dieu noua préserve d'un pareil malheur {Deoi tto»
fnre)! Ces bonnes gens ne songeaient pas que le prison-
nier ne croit rien devoir an ge61ier qui le garde, et que l'on
est plus souvent trompé par son esclave que par l'homme
libre auquel on « accordé sa confiance.
FomUga {arraial da Formiga, le village de la fourmi]
est situé près de la petite rivière qui porte son nom (1) ,
dans une large vallée bordée de collines couvertes de pAtu-
rages et de bois. Les rues de ce village sont mal alignées,
les maisons sont écartées les unes des autres , et presque
toutes petites et mal entretenues. L'église est Mtie à l'ei-
trémité d'une assez grande place , sur une plate-forme un
peu plus élevée que le reste du village; elle n'a point de
I^afond, elle est presque nue k l'intérieur et répond par-
faitement à l'état misérable des maisons (2).
On voit à Formiga plusieurs boutiques et quelques ven-
éas assez mal garnies. Une enseigne très-apparente, sur-
montée des armes du Portugal, indiquait alors la maison
où se vendaient les indulgences de la Santa Cruiada. La
boutique la mieux fournie me parut être celle de l'apolhi-
(1) SoiviDt la carte g^D^rale d« Spii «t Uartiut, et mitant d'Each-
vcge, U petite rivière de Formiga se jette tlana le Rio Grande.
(1) D'tprte Piiarro , Fotmigt était encore , ta 1832 , une auccursale
^d:,;. Google
1S8 TOTAGB AUX 90DBCES
Caire; celui qui exerçait cette profession était encore on
prêtre, qui préparait lui-même ses remèdes, les vendait
et ne manquait pas de dire sa messe tous les jours.
Malgré l'indigence qu'annonce l'aspect du village de
Formiga, il paraît qu'il y a des gens asseï riches dans ses
environs et dans le village même. Situé à l'entrée du Serlào,
Formiga Tait un commerce considérable avec cette contrée.
Les marchands entretiennent des relations directes avec
Rio de Janeiro; ils envoient dans l'intérieur du Sertâo le
sel , le fer et les autres marchandises qu'ils tirent de la ca-
pitale, et ils reçoivent en échange des cuirs, des peaux
de cerf, du coton et des bestiaux. Les alentours de For-
miga fournissent eux-mêmes beaucoup de coton; mais ce
sont les porcs qui , comme je l'ai déjà dit , forment la prin-
cipale richesse de ce canton. On en élève un très-grand
nombre dans les moindres fazendat; les marchands les
achètent et les envoient par troupeaux è la capitale du
Brésil.
Comme ce pajs est fort commerçant et qn'll y passe
sans cesse des caravanes venant de Goyaz ou du Sertâo ,
toutes les denrées y trouvent un débit facile et ellee y
sont très-chères. Taudis que, du cAté de Villa Rica, de
Sabarà et dans beaucoup d'autres endroits, on se procure
facilement un serviteur libre (cmuirada) pour un oitaoa
et demi par mois [11 fr. 25 e.}, ici il faut donner de 3 A
6,000 reis (18 fir. 75 à 37 fi*. 60 c.); mais je croirais que
les gages élevés que l'on exige tiennent bien moins en-
core au prix des denrées qu'à l'extrême répugnance des
hommes libres pour le travail.
Les ouvriers les plus nombreux , à Formiga , sont les
maréchaux ferrants, qui en même temps sont serruriers ;
^d:,;. Google
DU BIO DE S. FRANCISCO. 159
le passage contioDel des caravanes rend leur état fort lu-
cratif.
Ce qui prouve que la population de Formiga augmente
sensiblement, c'est que, lors de mon voyage, on était oc-
cupé à y construire un grand nombre de maisons (Ij ; ce
village contenait alors un peu plus de mille individus, dont
enviroD un quart d'hommes de notre race; et cependant,
vers le milieu du siècle dernier, il n'existait pas encore.
J'ai connu im vieillard centenaire qui , le premier, vint
s'établir dans cet endroit, il y a environ soixante-dix ans
{4819} , et qui y jeta les fondements d'une chapelle. Il n'y
a point de mines aux alentours de Formiga, et c'est prin-
cipalement sa position favorable, sur une route fréquentée
eti l'enb^e d'un immense désert, qui y attire des habi-
tants, n paraît aussi que souvent des criminels , poursuivis
par la justice , sont venus se réfugier dans ce lieu reculé et
ont contribué k en augmenter la population ; ses habitants
ne jonissent point d'une bonne réputation, et, pendant
que j'étais au milieu d'eux , la Jalousie fit commettre un
meurtre ; l'assassin s'enfuit avec sa maîtresse, qui n'était
qu'une femme publique , et je ne sache pas qu'aucune me-
sure fut prise pour s'emparer du coupable.
Je n'eus point à me louer de la politesse des habitants de
Formiga. J'occupais une chambre extrêmement petite, et
j'étais continuellement entouré de curieux , qui me pri-
vaient de ia lumière du jour et m'accablaient de questions
indiscrètes. De tels rassemblements ne prouvent pas non
{dus que ces gens-là fussent très-occupés, et l'oisiveté est
(1) Ceci leadrait à eipliqnerceqnedildi Cnnlii Hatlos, qne, en 1823,
il Tit k FormigR des miisons él/giates (Hin., I , «).
^d:,;. Google
ISO VOYAGE AUX SOURCES
effectivement ub rice que d'Ëschwege reproche (1) atu
hommes qui , dans ce pays , tiennent le premier rang.
Ce vice en amène ordinairement d'autres avec lai. Dans
tous les villages de la province des Mines , dans ceux prin-
cipalement où passent des routes fréquentées, on troave un
grand nombre de femmes publiques; mais nulle part je
n'en avais vu autant qu'à Formiga. Une demi-douzaine
d'entre elles demeuraient dans l'auberge où j'étais des-
cendu, et presque toutes étaient des blanches. Ces femmes
ne faisaient de propositions à personne; mais elles allaient
et venaient dans la varanda de l'auberge , étalant aux yeux
des muletiers des charmes flétris par le libertinage (2).
Le lendemain de mon arrivée è Formiga , le comman-
dant du village me procura pour tocador un nègre libre,
avec lequel je fis marché à raison de 5,600 reis (23 fr. 50).
J'attendais cet homme le surlendemain au matin; mais
comme , à neuf heures , il n'avait point encore paru , je me
rendis à la maison où il demeurait, et j'appris qu'il s'en
était allé pendant la nuit. Les commandants de village eser-
cent uo pouvoir despotique sur leurs subordonnés, et ceux-
ci sont toujours dans la défiance , lors même que le com-
mandant traite. avec eux sans employer l'autorité. Je fis
part à celui de Formiga de ce qui était arrivé ; il me promit
de me procurer un autre individu, et, malgré mes prières,
il jura que le fugitif serait mis en prison. Le jour de mon
(1) Broi. die Neue Wetl, I. 3î.
(3) D'Eschwege dit qu'il j a , ï Formig» , un Dombre de filles de joie
plus coa^d^rable que dans les quartiers drs porta de mer oii rèfue le
plus de débordemeat. Avec raison, U utribae cette plaie au défaut d'in-
BlructMn morale et ani auDraii eumplea qne les eobnts rafoivait dei
escUTea dOs l'ige le plus tendre (f. r.\.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRAItaSCO. Ifll
départ, le commandant m'envoya encore un n^re libre;
quand j'eus Tait mes arrangements avec cet homme, il me
demanda la permission d'aller chercher son linge; il me
pria de lui avancer quelques sous, et je lui accordai tout
ce qu'il désirait. Cependant une heure, deui heures s'écou-
lèrent, et, comme le nègre n'était point revenu, je me dé-
cidai à faire charger mes mulets et à partir sans avoir per-
sonne. J'allai auparavant rendre compte bu commandant
de ce qui s'était passé, et il m'assura qu'il était impossible
qu'on l'eût ainsi trompé deui fois; il ajouta que le nègre
m'attendait certainement sur le chemin ; je partis et je ne
rencontrai personne.
Entre Formlga et Ponte Àîta (pont élevé) , où je passai
la nuit , c'est-à-dire dans un espace de 4 lieues portugaises,
je ne vis qu'une chéUve maisonnette , qui mérite A peine
qu'on en fasse mention , et la fazenda de Corrego Fundo
{ruisseau profond], qui est bfltie à moitié chemin sur le
bord d'un ruisseau. Les pâturages que je traversai sont
excellents et l'on pourrait y élever un grand nombre de
bétes k cornes; mais i peine ea aperçus-je une demi-
douzaine dans toute la journée (1). De difTérents points, je
découvris une immense étendue de pays; entre autres, la
Serra de Piumhy qui est à quelques lieues de Ponte Alta ;
mais partout ce n'était que des déserts.
Dans un espace de 3 lieues, jusqu'à Corrego Fundo, le
terrain , qui est montueux , présente tour à tour des bois ,
de simples pâturages et des eampos pars^oés d' arbres ra-
il) yojn ce qae je dis , an peu plos loin , de l'habitade qn'ont les
twstisui de se CAcber an foud des bois pcadsot cette &aisoD, afin d'ériter
^d:,;. Google
m VOYAGE AUX SOUICES
boogris ; diTersité qni produit daos le paysage nn effH très-
^n^able.
Ces espaces oà croissent ci et lA des arbres raboogris et
ceux de même nature où j'avais pasïé les jours précédents
aoDOoçaient le voisinage du Sertâo ou désert. Au deli de
Corrego Fundo, je ne revis pins, pendant tout le reste de
la journée, qu'une v^^tion analogue k celle des parties
du Désert oriental que j'avais parcourues en ISl 7 (i], c'est-
à-dire des Graminées et un petit nombre d'herbes parmi
lesquelles s'élèvent des arbres tortueux, rabougris, hauts
de 8 à 10 pieds, dont l'écorce est souvent subéreuse, dont
les feuilles sont dures et cassantes. La forme de ces arbres
rappelle si bien celle de nos pommiers, que le bon Laruotte,
qui était loin d'être un profond observateur , fut lui-même
frappé de la ressemblance. Je remarquai cependant que les
arbres étaient ici plus rapprochés que dans la partie du
Sertâo ou Désert située à l'ouest de Minas Novas, et que,
par conséquent , l'ensemble de la végétation ne représen-
tait pas aussi bien nos vergers plantés dans des prairies.
D'ailleurs, malgré l'énorme distance qu'il y a des environs
de Formiga à Bom Flm et à Contendas (4 à $ degrés), mal-
gré la différence d'élévation que doivent présenter les corn-
mencementsdu S. Francisco et une contrée où il arrive après
un si long cours, je trouvai , dans les détails de la végétation,
une ressemblance notable entre des pays si éloignés, et je
recueillis près de Ponte Alta peu de plantes que je n'eusse
pas déjà récoltées dans mon |vemier voyage. Auprès de
Chaves, fasenda du canton de Rio Grande, et auprès du
(1) TojM moD WofOqt doiu Ut proHtKM d« IMo rfe JmiMtQ., etc.,
II, 301.
^d:,;. Google
DU MO DE S. FRANCISCO. 103
Rio das Mortes Pequeno, farais vu qnelqnes pentes où des
arbres rabougris sont épars çà et là au milieu des herbes ;
mais ils appartiennent tout au plus à trois ou quatre espè-
ces, et ce sont principalement des Guttifères : ici , an con-
traire, je retrouvai la même variété que sur les taboleirot
coherlos de la partie du Sertâo comprise entre Minas No-
VBS et le S. Francisco (1). Les arbres les plus communs font
partie de la famille des Légumineuses et de celle des Gutti-
fires ; je remarquai aussi beaucoup de Qwdea, une Mal-
pighiée à grandes feuilles et à longs épis de fleurs, que j'a-
vais rapportée de mon premier voyage, des Bignonées en
arbre dont les feuilles sont composées de cinq folioles [fyi -
des Sertanejo» ou habitants da Désert).
Lors de mon passage (1" avril], la verdure de ces eampot
était d'une admirable fraîcheur ; tous les arbres portaient
des feuilles, mais peut-être y en avait-il moins en fleur que
je n'en avais vu depuis la fin de juillet jusqu'à la fin de sep-
tembre 18i7, dans la partie orientale du Sertâo. Alors, plu-
sieurs espèces qui fleurissent avant d'avoir des feuilles, telles
que Vipé, le Caraiba, le Claraiba, étaient couvertes de
fleurs ; dans le voisinage de Ponte Alta, au contraire, je ne
vis guère sur les arbres que des fruits qui n'avaient point
encore atteint leur maturité. Il paraît donc que la véritable
époque de la fleuraison des plantes du Sertâo est le com-
mencement de la saison des eaux.
Non-seulement je retrouvai , entre Corrego Fundo et
Ponte Alta, la végétation du Sertâo , mais encore je revis
un oiseau qui appartient aux taboleirot cobertos des euvi-
(I) VojM mon Voffone dant Iti proeincet de Rio de Janeiro et de
UinaiGeratt.yol.U.
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164 VOYAGE AUX SOURCES
rons de Bom Fim, Cootendas, etc. (1), le moineau ou tao-
gara à plumage rouge , appelé dans le pays cordeau (car-
dinal).
A notre arrivée à Ponte Alla, José Marianno alla deman-
der l'hospitalité h la maîtresse de la maison , et la pria de
nous permettre de placer nos effets dans le moulin à sucre
qui dépendait de son habitation. Sa demande Tut rejetée,
et on nous relégua dans une petite chambre que l'on ve-
nait de construire, où nous avions à peine la place de nous
retourner et où les chiques (bichos dopé, pulex pénétrons)
nous dévoraient. Je fus cependant forcé par la pluie de
rester deux jours entiers à Ponte Alta, et je ne partis que le
quatrième. Dans cet intervalle parut le maître de la mai-
son ; je lui Bs sur mon logement des reproches un peu
durs ; mais il me répondit avec tant de bonhomie et me fit
des offres si honnêtes que ma mauvaise humeur se dissipa
bieutAt.
J'ai dit ailleurs que les habitants de l'intérieur du Brésil,
privés de médecins, employaient pour la guérison de leurs
maladies diverses plantes qui croissent autour de leur de-
meure, et j'en ai fait connaître un assez grand nombre dans
mon livre intitulé, PlanUs usuelles des Brésiliens (2). Par-
tout où je m'arrêtais, j'avais soin de prendre des renseigne-
ments sur les espèces médicinales le plus généralement en
usage. Dans leâ environs de Ponte Alta, il n'y en a aucune
que l'on vante autant que celle qui est appelée calunga par
les colons. Ils la considèrent comme un puissant spécifique
contre les fièvres intermittentes, les indigestions, les coli-
(1) Tojei moD Vo^OQt dam le* proviTtea de Rio de Janeiro, etc.,
vpl. II.
(2) A Paris, cbM Grimbert et Dorez.
^d:,;. Google
DU i[o DE S. PBANCisco. ina
qnes, et en font aussi un grand usage dans la médecine vé-
^rinaire. C'est la racine que l'on emploie ; elle est grosse
et fort longue , sa décoction est amëre et d'un goût très-
désagréable. Plusieurs personnes de ce canton ont vendu
leur plante èi des pharmaciens de Tilla Rica et de Rio de
Janeiro, et l'on prétend ici , mais h tort , qu'elle est iden-
tique avec la e(domba de l'Inde (i). Quoi qu'il en soit, la
ealunga du canton de Ponte Alta est bien certainement
identique avec la plante que l'on connaît à Tijuco sous le
même nom. C'est à l'espèce décrite par moi sous le nom de
Simaba ferruginea (S) que M. de Martius (3) rapporte la
caltmga des Brésiliens.
Le pays que je parcourus , après avoir quitté Ponte Alta ,
offre une alternative de bois, de catnpos où l'on voit seule-
ment des Graminées et quelques autres herbes, d'autres
campos, où des arbres rabougris croissent çà et là au milieu
des Graminées , et d'autres enfin qui , intermédiaires entre
les premiers, ne présentent que des arbrisseaux et des sous-
arbrisseaux au milieu des herbes. Je ne traversai aucun des
bois que j'aperçus, mais je reconnus que tous n'étaieut
pas de simples bouquets isolés [capÔes]; il en est même.
(1) La calomba , appelée aussi eolunOo , est le Coceulm palmatut ,
BC.i,Meniipermumpalmalum, Lam.). II paratl que celte plante est ori-
ginaire de Mozambique, d'où elle a élé traasporti'e h l'tle de France et
dans l'Inde. C'est le radix eolwnbo des pharmacies qui , contenant nii
principe amer et muciligiueai, agit avec puissance et sans inconvi^nient
sar les organes digestifs, et qu'on emploie contre la faiblesse d'estomac,
la djssenlerie, les maladies bilieuses et le rboléra. La calomba t fait,
pour les Portugais , l'objet d'ua commerce fort Incralif (Kdnie, Phamt.
lioarCTiftunde, 11, 26).
(2) Flora Bratitim mûriiiionatii, I, p. 73, tab. x[v.
^:t) Ht'»*. U,790.
^d:,;. Google
IM VOYAGE AUX SODHCES
m'assurs-t-on, qui se rattachent à la forêt de Tamandai.
Presque toute la journée, j'eus devant moi là Sara de
Piumhy, qui est perpendiculaire au chemin que je suivais.
£lle ne s'élève pas à une grande hauteur ; elle présente peu
d'irrégularités , et son sommet , parfaitement égal , offre
l'image d'une longue plate-forme.
 2 lieues et demie de Ponte Alta , je passai devant la
fasenda de Capitinga (1) , bien connue dans le pays pour
son étendue et la bonté des rapaduras (â) que l'on y fa-
brique. A. l'exception d'une petite chaumière plus rappro-
chée du lieu où je Bs halte, ce fut la seule habilatioa que
je vis dans un espace de â lieues et demie portugaises.
Le bon eapitào môr de Tamanduâ m'avait donné une
* lettre de recommandation pour le commandant de Piumhy.
Sachant que ce dernier devait se trouver à Capitinga, je le
fis demander. C'était un campagnard qui avait un certain
air de bonté ; j'en fus pourtant assez mal accueilli , mais il
me donna un billet pour celui qui le remplaçait à Piumby.
Ce jour-lâ était le dimauche des Rameaux , et l'on avait
dit la messe k Capitinga. Je rencontrai beaucoup de gens
qui en revenaient et qui portaient de grandes feuilles de
palmier bénites. Ces véritables palmes, en usage dans tout
ce pays , rappellent bien mieux l'origine de la FËte que les
mesquines branches de buis ou de laurier que l'on distribue
dans nos églises (3).
(1) Des mots gnaraniscapvi, herbe, et pUiunffa.qai lent Dunvaû,
berbe de maoTeise odeur.
(2) Les rapattMrai soal des cirrés de sucre cuit iTec sod sirop , qoi
penreot avoir S i 6 pouces et sont fert «piis (tojbi num Voyagt ikau
kl provineet de Rio de Janeiro, etc., vol. 1 , 136.
l3) Les Pilmiers sont remplacés par le buis dsiiu le nord de U France,
el par te laurier dans le midi.
^d:,;. Google
M UO DE S. PUNCISCO. lOT
Je 08 halte à 5. Migvel e Alnuu (S. Michel et les Ames
du porgatoire) , (aaenda très-considérable, qui possède une
sucrerie, beauconp de dépendances, et qui, sans approcher
des habitations des comarcas de Sabaré, de Villa Rica, du
Serro do FVio (1), a cependant plus d'apparence que celles
où je m'étais arrêté jusqu'alors.
On m'avait parlé, dans plusieurs endroits, d'un indigo
supCHTbe que I'od faisait à là fasenda de S. Miguel. Je vis
des étoffes de laine teintes avec cette couleur et je les trou-
vai du pins beau bleu ronce. M'étaot fait montrer le vé-
gétal d'où cet indigo avait été extrait, je reconnus un So-
lartum [Sol. indigoferum , Âug. S. Hil. ) à tige frutescente,
& feuilles lisses, à fleurs blaochea, extrêmement conunan
dans les bois vierges, et qui se trouve surtout près de Rio
de Janeiro (2). Ou me dit qu'on en tirait le principe colo-
rant de )a même façon qu'on l'extrait des Indigofères , et
qu'on le fixait à l'aide de l'uriae. H est véritablement ex-
Iraordïnaire que la pn^riété d'une espèce aussi répandue
soit restée ignorée partout ailleurs que dans un coin re-
culé de la province de Minas. Il serait k désirer que les
habitants des parties très^loignées de l'empire du Brésil se
(1) Tojei mon rcj/ate iant Itt provincti ds Mode Janttro , etc.,
Tol lelU.
(3) M. Danal ■ bien vouln me permettre de joindre ici le description
qu'il a faite de ulte espèce pour le ProdrOffiW de M. de Cendolle : <• So-
• UNDN iHDicorEBUH (Auc. PB 5. HiL. In Her., et de Lens, Dict. de Mal.
• méd., VI , p. tl6]. Himis gUbris, leretibns, bine iode angnlatis , sdb-
■ dicbotoDiisi ToUia breviter petioUtis, feminis altéra minore, laDceo-
■ Utis, ntriDqaeacaminatis, supra glabris, nitidiuscalb, sobtus palli-
■ diorilKia; racemis gracilibus, cjmosis, anboppositifoliis, io sammi-
•■ tatibna ramonim gape approiimstis , coafertis. — S. caratenm Vn,-
• wio , FI. FI, I, ex, et SïrcoTN. ia Var.. Htrb. Brtu. — Ewl. et
• llMT.,FI.Brat.Sot.^ p, !1, n* 17, 1. 1, f. .IS-W, <•
.,, Google
IM VOYAGK AUX SOURCES
missent à cultiv»- les Indigorères doot ils pourraient expor-
ter les produits avec utilité, et en raème temps ils feraient
bien de rechercher, par des expériences comparatives, si
le Solanum indigoftrum, qui, dît-on, donne une plus belle
fécule que les Indigofères eux-mimes, n'aurait pas encore
l'avantage de moins fatiguer le sol, de fournir des résul-
tats plus considérables et d'être enfin d'une culture plus
facile.
Après avoir quitté la fazenda de S. Miguel e Aimas, je
traversai, pendant environ 1 lieue, des campos couverts
d'arbres rabougris, et j'arrivai au pied de la Serra de
Piumhy, que j'avais déjà vue dans le lointain, avant même
d'arriver à Ponte Alta. Elle est, en grande partie, couverte
de pâturages au milieu desquels des rochers nus et noi-
râtres se montrent par intervalles; dans tous les enfonce-
ments on voit des bouquets de bois. En suivant un chemin
souvent pierreux et difficile , je montai la Serra très-obli-
quement , et enfin je parvins À son sommet , où je jouis
d'une des vues les plus étendues que j'eusse jamais admi-
rées. Le pays que je venais de parcourir ne présentait, à la
vérité, qu'une immense suite de mornes couverts presque
tous de pâturages et où rien n'arrêtait mes regards; mais
celui où j'allais descendre m'offrait quelques points où mes
yeux pouvaient s'arrêter avec plaisir. Au pied de la mon-
tagne , j'apercevais une fazenda entre des bois ; plus loin ,
sur la droite, je découvrais, i l'entrée d'une plaine, le
village de Piumhy ; enfin , plus sur la droite encore et
beaucoup plus loin , je voyais à l'horizon la Serra da Ca-
nastra ( la montagne de la malle] , qui mérite assez bien ce
nom, puisqu'elle est'allongée, qu'elle parait égale et un
peu bombée à son sommet, et qu'elle est coupée verticale-
,,;. Google
DU KIO DE S. rRANClSCO. 169
ment À ses deux extrémités. J'avais fondé de grandes espé-
rances pour la botanique sur la Serra de Piumhy; elles
ftirent entièrement trompées; je n'y trouvai aucune plante
que je n'eusse déjà; j'y vis extrêmement peu de fleurs, et
je n'y observai même qu'une seule espèce qui appartint à
des pays de montagnes.
Depuis le bas de la Serra jusqu'à Piumhy, il y a environ
trois quarts de Heue/ Avant d'arriver à ce joli village, je
traversai à gué la petite rivière des Araras (aras], et au
pied du village le ruisseau de Tabuôes (grosses planches).
En arrivant à Piumhy (!}, je me présentai chez ïalfere»
(sous-lieutenant j , qui remplaçait le commandant , et je le
priai de me procurer un logement, car il passe trop peu de
monde dans ce village pour qu'on ait songé à y bàlir une
aubei^e. Valferes me conduisît à une maison où j'étais
extrêmement bien, et promit de f^ire tout ce qu'il pourrait
pour me procurer un toeador.
Le nom de Piumhy est commun au village, h une rivière
qui en est éloignée de 1 ou 2 lieues et à la Serra dont j'ai
déjà parlé plus haut. On m'assura, dans le pays, que c'était
celui d'une petite mouche fort incommode, très-commune
sur le bord de la rivière (â).
I.e petit village de Piumhy doit son origine à un rassem-
blement que l'on avait formé pour détruire une réunion de
nègres fugitifs (quilombo), qui s'étaient retirés dans la
(1) Cest h ton que d'Eschwege écrîl Finhoi , et Pohl Piuliy. PÎMrro
ditd'sbordqoe le village de FormigacEtVu(<lo>gn<! de relui de PiauAv
( Hem. hUt., vol. VUI , part, seganda , 19G) ; nuiis , quand il eiilre dans
quelques détails, il l'crit, comme moi, Piumhy (I. c, 1981.
ci) Piumhv iH' viendra ii-il pnsplaiAtdu mol guarinî .lib'Vi, hiron-
delle !
^d:,;. Google
ITO VOVAGE AUX SOURCES
Serra da Canaslra , et qui ioijuiétaieiit le petit Dombre de
cultivateurs établis daos le voisinage. Après la destruction
daquilombo, le rassemblement continua àsubuster; on
bâtit une chapelle à Piumhy; les colons dispersés s'en rap-
prochèrent, et peu A peu se forma le village. On trouva de
l'or dans les environs et l'on travailla à l' extraire ; mais
bientât on reconnut que l'on n'était point dédommagé de
ses frais' par le produit ; ou renonça entièrement an travail
des mines, elles habitants de Piumhy ne s'occupent plus
aujourd'hui que de l'agriculture. Ils passent I«ir vie dans
leurs fatendas ou lears iitiot et ne viennent au village que
le dimanche, aussi trouvai-je la plupart de leurs maisons
ferroéçs.
C'est du termo de Tamanduà que déprad Piumby. Ce
village est le cbef-lieu d'une paroisse qui comprend quatre
mille âmes [1}, dans une étendue de 23 lieues portugaises
de longueur sur i4 de large , c'est-à-dire à peu près treize
individus par lieue carrée. L'église paroissiale, dédiée à
Notre-Dame de la délivrance (Nossa Senhora do lÀvra-
merUo) (2), n'a point de succursale (1819); on compte seu-
lement dans son ressort quatre diapelles particulières
[eremidas) , dont les propriétaires ont coutume de faire
venir un prêtre pour leur dire la messe les jours de grande
fête (5).
(1) Je tiens ce chiffre da caré de Piomby , c'esl-k-diiti de U personne
qui, par U aatore de an deroirs. était le plus en état de ccnoaltre 11
vérité. PiuTTO faÎMit monter, ea 1B2!, la population de cetle paroisae
à 3,620 personnes sealement. •
(2) Piz., Mem., VID, pan. seganda, 198.
(3) C'est encore do coré de Piomhi que je tiens ce détail. Piiarro dit
|I. e. l0B)qae la paroisse de Piumh} a une succursale {eapella cunuta),
•-elle de S. Franrùro, âlutt aui soarccs de la rivière du même nom :
^d:,;. Google
DO RIO DE S. FUNOSCO. 171
Piumhy est sitaé presque à l'entrée d'une plaine ondulée
couverte de pâturages , au milieu desquels s'élèvent quel-
ques bouquets de bois. Quoiqu'A une demi-lieue de la
Serra qui porte son nom, ce village, vu des coteaux voisins,
semble être adossé à la montagne, et l'on croirait que les
bois qui l'en séparent appartiennent encore à cette der-
nière. Des collines peu élevées et arrondies bordent la
plaine où le village est bâti, et, du cAté de l'occident, on
découvre dans le lointain la Serra da Canastra.
Quoique Piumhy soit, comme je l'ai dit, le chef-lieu
d'une paroisse, on n'y compte pas plus d'une soixantaine
de maisons, dont trente environ sont couvertes en tuiles.
Elles sont disposées de manière â former une sorte d'Y très-
imparfait. Les mes qui s'étendent du cAté de la Serra vont
en pente et n'ont aucune régularité; mais celle qui ter-
mine le village du câté de la plaine occupe une plate-forme
parfaitement égale ; elle est extrêmement large, régulière
et bordée de maisons assez jolies. L'église s'élève A l'entrée
de cette rue h une égale distance des deux rangs de mai-
sons; elle est neuve et bien bâtie.
De cette même me on découvre tout â la fois la plaine
et les montagnes, et l'ensemble de cette vue a quelque
chose de riant et de majestueux , qui empmnie un charme
de plus du contraste que produit le village avec la profonde
solitude de tous les alentours. Le lendemain de mon arri-
vée à Piumhy, je sortis aussitât après m'ètre levé , pour
contempler ce paysage ; le ciel était de l'azur le plus beau ;
ce calme délicieux que l'on ne counatt point en Ëurq» re-
niais, comme le Uttc de cet aaleur porte la date de 1822, il a'est pas
absolameat impossible que ta sacciir»ale qu'il iudiqae ait éli créée de-
puis mon passage daus le pajs.
^d:,;. Google
I7S VOYAGE iUX SOURCES
gnait dana toute la nature ; j'éprouvai encore un instant
d'entfiousiasnie.
Il n'y a, k Pinmhy, que deux boutiques fort mal garnies
et quelques vendas qui ne le sont pas mieut . Les habilaols,
comme je l'ai dit, sont à peu près tous des agriculteurs.
Ils mettent à profit les terres des bois voisins (1], qui sont
propres à tous les genres de culture, et ils s'adonnent
principalement à celle des cotonniers , qui réussissent fort
bien dans ce canton. A en juger par les apparences , on
croirait aussi que les pâturages sont très-boos ; mais on as-
sure que, vers les mois de juin et de juillet, époquedela
plus grande sécheresse , il y meurt un très-grand nombre
de bestiaux , ce que les uns attribuent & la dureté de
l'herbe, les autres i la mauvaise qualité de certaines
plantes.
Pendant mon séjour à Piumhy, je reçus la visite du curé
du village. C'était un homme encore jeune, poli, et bien
élevé , décoré de l'ordre du Christ , comme l'étaient alors
tous les curés de la province des Mines. Je lui dois les ren-
seignements que j'ai donnés plus haut sur l'histoire de
Piumhy, l'étendue et la population de cette paroisse {3).
Le commandant temporaire du village, qui, comme on
l'a vu, m'avHît promis, lors de mon arrivée, de faire son
possible pour me procurer un tocador, m'amena un pedei-
tre [3] le lendemain matin, et me dit que, n'ayant pu trou-
ver personne qui voulilt me suivre volontairement , il avait
(1) Comme je l'ai sonveut rëpété , les Brésiliens ne cnltiTcot qae les
terrtias originaiTement bois^ dont ito ool eonpé et brûlé les arbres.
- (2) Voyez les notes qui précèdent.
(3) Les pedetlrei formeal uue milice inférieure composée d'hommes
de couleur ( vojei mes relalioni précédentes ',
D,<j,i,.,.d.:, Google
DU RIO DE S. FlUNaSGO. iT3
été obligé d'en donoer l'ordre à l'homme qu'il me présen-
tait ; il ajouta que cet homme m'accompagnerait jusqu'au
districtvoisîn,etquelà il serait remplacé par un autre jw-
destre. <i Personne, me dit le commandant, ne veut ici ga-
gner de l'argent, pour peu qu'il soit nécessaire de travailler
d'une manière suivie. Les fazendeiros , qui ont tous une
grande étendue de terre , laissent les pauvres en cultiver
autant qu'ils veulent; avec très-peu de travail, ces derniers
sont sârs de recueillir assez pour vivre pendant le cours
d'une année, et ils aiment mieux se reposer que de jooir
d'une aisance qu'ils devraient à quelques sueurs, n
Le soir du jour on j'avais arrêté le pedettre, je l'envoyai
chercher, mais il me fit dire qu'il ne pouvait se rendre
chez moi parce qu'il était occupé. Cette réponse était d'as-
sez mauvais augure; le lendemain matin l'homme avait
disparu. J'allai en donner avis au commandant, qui ne put
pas même me procurer un autre pédestre pour me suivre
pendant deui jours. Tous les jeunes gens avaient pris la
fiiile, lorsqu'ils avaient su qu'on voulait mettre l'un d'eux
«I réquisition , et cependant j'avais répété que je payerais
bien celui qui me suivrait même une seule journée. Je par-
tis encore une fois sans tocador.
J'ai déjà dit que Piumh; est situé à l'entrée d'une plaine.
Le pays que je traversai , dans un espace de 3 lieues et
demie, pour me rendre à la fazenda de Dona Tliomazia, où
je fis halte, est presque plat et offre des pâturages naturels
an milieu desquels de petits bois épars forment des espèces
de compartiments d'un effet très-agréable. Suivant l'épo-
que k laquelle les pâturages avaient été brûlés, ils présen-
taient une teinte différente, et, comme l'on n'en brûle
qu'une certaine quantité à la fois, on voyait, dans la cam-
^d:,;. Google
IT4 VOYAGE AUX SOURCES
pagne, toutes les ouances de verdure. Aucao aitre ne croit
dans ces camfos, fonnés, ce qui est rare dans cette contrée,
d'une herbe presque aussi haute que celle de nos prairies.
La Graminée n* 535, recherchée des besttauT, principale-
ment lorsqu'elle commence k croHre, est ici fort commune ;
elle l'est également dans les eampos du canton de Hio
Grande ; mais je l'avais à peine aperçue depuis 8. Joâo d'EI
Rei.
Je n'aperçus pas une seule tête de hétail durant toute la
journée; mais on me dit, h la fazenàa où je fis halte, que,
dans cette saison (avril), les bétes h cornes se retiraient
toujours dans les bois, et qu'on ne les voyait dans les cam-
pas que pendant la saison des pluies, parce qu'alors les bois
étaient remplis de taons (mumceu). Peut-être est-il arrivé
plus d'une fois que, lorsque je me plaignais de ne point
apercevoir de bestiaux , ils étaient ainsi cachés dans les
bois; mais il n'en est pas moins trèa-vraisemblable que
toute la partie occidentale de la province de Minas pourrait
nourrir des troupeaux infiniment plus nombreux que ceux
qui y existent (i).
Depuis Piumby jusqu'à la fazenda de Dona Thomazia,
j'eus toujours devant moi la Serra da Canastra, qui se pré-
sentait dans le lointain avec son imposante régularité.
Je n'aperçus, dans le chemin, ni maisons ni plantations;
(1) Va pwUot éa pijs qnt s'étend , ea ligne h peu près directe, de B*r-
becene an Rio de S. Friucisco, celai où se trooTcnt situés les rillages de
S. Joâo Biplisla, d'OliveiraetdeFormigt, M, da Cuolui Haltosdit (/(tn.,
1 , 71) 1 qu'on n'y élère pas U millionième partie des bétes h cornes qai
pourraient; vittc. > Ce chiffre n'est qa'nne SgaTe, sans dente; mais il
indique osseï combien, dans Topinion de l'honorable TOfagMr, on ponr-
' rait tirer parti de la contrée dont il s'agit , et combien h* habitants se
rendent coapables de paresse et d'incurie.
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DO RIO DE S. FRANCISCO. 17S
10819,60 revBDcbe, je reocootrai plusieurs chariots attelés de
trois oo quatre paires de bœufs qui , à t'occasion des tètes
de PAqoes, transportaient des familles au village. Daos le
Sertâo, où les fasendas soot souvent fort éloignées de la pa-
roisse, les bomroes seuls s'y rendent dans le courant de
l'année ; nuiis, aux deux grandes (%tes, Noël et Pâques, la
bmilie entière entreprend ce voyage ; on empile les femmes
et les enfants dans des chars à bœufs ; oo passe quelques
jours dans la maison que l'on possède au village et, ensuite,
oo revient k son habitation.
hea chariots dans lesquels on fait ces voyages sont ceux
dont se servent, pour le transport de leurs denrées, les cul-
tivateurs des parties de la comarea de S. Joao d'El Rei qui
ne sont pas très-montagneuses. Comme jeraiditaillenrs(l),
ces chariots sont semi-elliptiques et portés sur deux roues
presque pleines. De longs bitons retiennent une grande
natte qui ferme la voiture par devant comme un char de
triomphe et la laisse ouverte par derrière. On couvre ces
chariots avec des cnirs de bœufs,
La fazenda de Dona Thomazia, où je fis halte, était
ainsi appelée du nom de celle qui la possédait. Ainsi que
faidéjèeu occasion de le dire (S), cette ^smfla a une éten-
due assez considérable ; j'y vis plusieurs nègres, des bëtes
à cornes et un grand nombre de pourceaux : cependant la
maison de la i^opriétaire n'était qu'une misérable cabane
dont tout l'ameublement se composait d'une table et de
quelques bancelles. Dans le Sertâo , nne foule de ftam-
âeùros ne sont pas logés d'une manière plus magnifique.
(I) Vo)M mon rojiatt dont le dUlriet d»i DiamanU, t , U4.
{2\ ToyM, plus hmt, ck*p. Vf.
^d:,;. Google
17fi VOYAGE AVX SOURCES
Je fis ma visite dans toutes les maisonnettes qai dépen-
daient de la fazenda de Dona Thomazia , dans la grange,
dans tes cases à nègres , et , ayant reconnu qu'il était im*
possible d'y placer mes effets, je me li^eai sous un hangar
ouvert de tous les cAtés et embarrassé par les pièces d'un
chariot que l'on y construisait. Pendant que f analysais les
plantes que j'avais recueillies dans le cours de la journée,
j'étais dévoré par des insectes et obligé, à chaque instant,
de changer de place pour éviter le soleil.
Dona Thomazia et sa fille vinrent me visiter dans mon
triste gtte, et me dirent que les terres de ce canton, d'une
fort bonne qualité, étaient propres à tous les genres de cul-
ture et que le maïs y rendait, par alquein, dii à onze cbars
de vingt alqueira, c'est-à-dire 300 à ââO pour 1 (1) ; elles
ajoutèrent que ce n'était point dans les campot, mais dans
les bois, que les bestiaux trouvent les herbes qui en font
périr un si grand nombre ; ce qui est asses vraisembla-
ble, car les Rubiacées connues sous le nom i' Erras dé ralo,
que l'on r^arde comme si dangereuses pour le bétail, sont
des plantes de bois vierges ou de capoeira$ (S) .
Entre l'habitation de Dona Thomazia et celle de Joâo
Dias, oïl je fis halte, le pays, plus rapproché de la Serra da
Canastra, devient moins égal , mais il offre la même alter-
native de bouquets de bois et d'excellents pAturages on le
(1) Comme je l'ii iii aiWeuTs (Voyage dan* te dittrM dêi Diamault,
I , SM) , les propriéuirra de li partie de U comarca de S. Joio où l'on
peat Taire usage de voitures pour le trausport des deurOee comptent par
chars le produit de leurs lerres.
(ï) Telles sODt les espèces que j'ai appelées RuMa Tioxia, Piychotria
tUKCla, Palicowea Uarcgrapii (voyez qiod HiiloiTedaplanUt lei plut
remarquables da Brétil el dit Parag%Mii, 329 et soir.!.
^d:,;. Google
I^U RIO DE S. FRANCISCO- ITT
eapim freeha croit toujours avec abondance. Devant moi,
k l'horizoD, la Serra da Canastra qui se présentait avec la
même forme; un peu sur la gauche, d'autres montagnes
beaucoup moins élevées ; deux on trois misérables chau-
mières coastmites en terre et en bois où le jour pénétrait
de toute part, une seule habitation passable ; point de bes-
tiaux, aucun voyageur dans les chemins, pas la moindre
, trace de culture ; partout une vue très-étendue , mais qui
montrait combien le pays est désert : voilà , en deux mots,
le taUeau qui s'oStit i mes regards pendant toute ma
journée. Je ne pois dire cependant qu' il y e&t rien dans le
paysage qui inspir&t le tristesse : ce mélange de bois et de
pâturages d'où résultent des espèces de compartiments de
différentes nuances, les ondulations variées du terrain, les
montagnes élevées qui bordent l'horizon du cAté de l'ouest,
tout cet ensemble produit an effet trè»-agréah4e.
Depuis Piumhy, le terrain, surtout dans les fonds, avait
pris une teinte d'un rouge foncé. Là, comme dans les au-
tres parties du Désert que j'avais parcourues à l'époque de
mon premier voyage, les bords des ruisseaux sont fangeux
et ofirent, avec un grand nombre de Palmiers, des arbres
serrés les uns contre les autres, i tige assez grêle, élancée,
rameuse dès la base, mais dont les branches sont en partie
dépouillées de feuilles. Cette nuance de végétation est par-
ticulière au Sertâo.
A une demi-lieue de la fazenda de JToào Diat, je traversai
un ee^pâo {i ) dont la verdure était d'une fraîcheur qui éga-
lait au moins celle des boudes environs de Rio de Janeiro.
(1 } Les capSti soot , corame oa sait , dn bowpwta d< boia qui s'éU-
mut, daiw les fonda, m milien deseampoi.
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IT8 TOYAOE AOX SOURCES,
Après ce eapào, je passai la petite rivière qui porto le nom
de Aifretrôo dos Cabrestoi (torrent des licous), et j'arrirai
âla^asettda de JoâoDiaB(DOm d'homme), qui fut le terme
dn voyage de la journée.
On voyait , dans cette fasmda, une cour immense bordée
de grands pieux , beaucoup de petites chaumières oà cou-
chaient les nègres, où l'on serrait la récdlte, etc., mais on .
cherchait inutilement la maison du mettre ; il demeurait loS-
mème dans une misérable cabane qui ne différait pas des
antres. Je ne ba point mal nça, mais tout ce qu'on pot
faire pour moi fut de me placer dans one petite forge où le
vent pénétrait de tons les cAtés, et où moi et mes gens n'dr
vioos pas la place de noua retourner.
Je teni remarquer que, tandis qu'il y a partout des mi-
nes de fer immenses dans la province de Minai Geraee, ce-
lui que l'on travaillait à la fàxmda de Joâo Dias vaiait de
Rio de Janeiro, qoi est éloigné de ce pays de plus de
400 lieues : cela tient peut-être à ce que l'on préférait le
fer étranger comme plus malléable, ou à ce que les &bri-
cants de fer de la province avaient trop négligé de s'aasurer
des débouchés ; peut-Mre aussi le bon propiiétaire de la
fœunda de Joâo Dias s'imaginait-il travailler le fer étran-
ger, lorsquetoutboanement il «nployaitoelni de aoa pro-
pre pays.
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DU RIO DB S. nuncisco
CHAPITRE X.
LA 8EBRA DA CANASTKA ET LA CASCADB APPELÉE CACUOBIRA
DA CASCA D'AITTA, SOCHCE DC KIO SE S. PRANCISCO.
A qnelh dutue da moaUgnes m ntuche la 5n-ra da Caitattr». —
L'anlMir part «rM José HtriannD poor U Tisiter. — Pajs siioé aa deik
de Joio Dias.— ChanniiiTes. Béponse du propriétaire d« l'une d'elles.
— Le cAlë oriealal â« la moalagoe. — Défilé eotre le côté méridional
et k Serra Oo Rio Granda. — Descr^oa dn c4lé méridional. —
U CMcatle appelée Caehoeira da Ca«ca tTAnla, origioe da Hio de
S. Francisco. — La dMamièrs ds F4lUbgrlo ; réceplioo qu'il fait i
l'antear; portrait de cet homme. — L'aaieur «e rend au pied de la
cascade. Descripiioa de cette dernière. — L'auteur se met en roule
pour retroBTer it cararaoe. — Chànnaifavs Toisiiica de la Caclmalra da
Catca d'AoU. Faibles ressources des faibitants de ces chaumières.
Leurs plaintes. Éloignement de l'église paroissiale ; dilGcnlté des eu-
terremoits. — Pays ntné an delà de Joio Dias. Chars charges de den-
rées. — numAi do Gtraldo, — L'sntear psn ane Fitmiano pour
moDler sur la Serra da Ganaatra. — Le flanc de U montagne ; char-
mante cascade. Sommet on chapadJo. Éleadne. -- L'auteur se met en
route pour Arat^ ; il touroe la Serra da Canastra. Cascade. — La m-
■«nda 4te NoMel AnUmio SiiiSei. — La oMcade apptdée Coehotira
io KoUm. Dm autre cascade. — Pajs situi entre Maiwel Anlooio Si-
môee et la faienda de Paiol Quffimado.
Enm'éloignaDtduRio daa Mortes Peqaeno, je m'éUis,
comme on l'a vn, dirigé k peu près vers l'ouest-quart-oord-
oDest, sulrant toujours une croupe élevée d'oà naissent, du
cAté du nord , les premiers affluents du S. Francisco, et, du
^d:,;. Google
180 TOTACE AUX SOURCES
c6té du sud , ceux do Rio Grande (4). Cest cette croupe qui
borne, au midi , le vaste bassin du S. Francisco et de ses af-
Oueols, basgio formé, à l'est, par la Serra do Espinbaço, et,
à l'ouest, par une autre chaîne dont j'ai parlé ailleurs (2).
Cette dernière divise, en partie, les eaux du nord du Brésil
de celles du sud ; elle forme une portion de l'immense sy^
tème de montagnes que d'Eschwege a nonuné Serra da$
Vwrtmta, et a été appelé par moi , comme Je l'expliquerai
bientAt , Serra do S. Francisco « da Paranahyba.
Déjè, avant d'arriver k Formiga, j'avais aperçu, A l'hori-
zon, la Serra da Canastra. Cette montagne, qui , semblable k
un immense coffre, présente, dans le lointain, sa masse
imposante , parait alors isolée , mais il n'en est réellement
pas ainsi. Elle fait partie de la Serra das Tertentes, c'est-à-
dire, comme on l'a vu tout k l'beiu^, de ce plateau élevé
ou cette chaîne qui, da cAté de l'ouest, borde le bassin du
S. Francisco.
Plus tard, j'aurai occasion de parler de cette mtoe chaîne ;
ici je m'occuperai uniquement de la Serra da Canastra.
Depuis longtemps je savais confusément qu'il existait
dans cette montagne ou dans son voisinage une cascade fort
remarquable, mais personne n'avait pu me donner, i cet
égard, aucun renseignement bien précis. Voulant visiter la
cascade , je laissai à la fazenda de Joâo Dias Finnieno et
Lamotte avec tout mon bagage et n'emmenai (9 avril)
avec moi que José Marianno. Je partis persuadé que j'avais
<1) Jeo'u point va la Serra Negra qni, selon Caial iCorog Bra*., 1,
ST4 , 381}, «ëpare , dans Due grande étendue , la eimarea de Stbar;'i de
celle da Rio das Mortes ; mais il est éTident qu'elle fait partie da pla-
teau dont il s'agit ici , qae pent-tire elle le comiuence du câté de l'est.
(3) Vo^oe dam I<( proottteet de Mo dt Janeiro, etc., I, 09.
^d:,;. Google
DU UO DE S. FIANOSCO. 181
à peine 5 lleaea à faire pour arriver A la cascade et qu'elle
tombait des moDlagoes voisines de Is Serra.
A mesure que nous nous éloignions de la fiaenda de
Joâo Diaa, le pays devenait plus montagneux, offrant tou'-
jonn des bois dans les fonds et des pAtarages sur les hau-
teurs.
C^iaidant nous avions déjà fait beaucoup plus deS lieues,
et nous n'avions pas encore aperçu de maisons , quoiqu'on
nous en eût annoncé plusieurs : aucun voyageur; point de
bestiaux ; une belle solitude, mais une solitude profonde.
A notre grande satisfaction , nous rencontrâmes enfin
une négresse à qui nous demandâmes le diemin, et j'ap-
pris, avec autant de surprise que de plaisir, que nous ne
nous étions pas égarés un seul instant. José Marianno sa-
vait saisir le moindre indice, il en tirait les conclusions les
plus justes, et possédait l'art de se conduire avec sûreté dans
un pays où un autre se serait égaré mille fois. Nous sûmes
par la négresse que , quoique nous eussions fait beaucoup
de chemin, nous étions encore bien loin de la cascade.
Alors noua avions déjà passé plusieurs ruisseaux d'une
limpidité que rien n'égale, entre autres ceux appelés Bi-
beirâo da Prala [torrent d'ai^nt] , RUteirÔo da Capim-
vara (torrent du capybara], et , dans le reste de la journée,
nous en travers-Ames encore d'autres, qui tous se joignent
au Rio de S. Francisco.
A mesure que nous avanciom , nous découvrions mieux
la Serra da Canastra. Vu de plus près, son sommet cesse de
présenter la même régularité; cependant il est bien loin
d'crffrir aucune de ces anfractuosités que l'on observe com-
munément dans les grandes chaînes de montagnes.
Nous avions feit environ 4 lieues, quand nous aperçûmes
■v, Google
183 TOTIOB AUX MDMES
les premi^«9 choumièree, mais elles étafeot db pea éloi-
gnées du chemin. Plus loin, nous en rhnes une sur le bord
inèiDe de la route ; nous nous y arrâUmes un Instant, et l'on
nous dit , comme la négresse â laquelle nous nons étions
adressés en premier lieu, que nous étions encore A une
très-grande distance de la cascade.
Je demandai an propriétaire de ta chaumière CMunent
il pouvait vivre dans une telle solitude. Je n'aime pas le
bruit, me rendit-il; mais je ne suis pas seul, puisque
j'ai aveo moi ma femme et mes enfants, et, excepté le sel ,
ma terre produit avec abondance tout ce dont j'at besoin.
Jusqu'alors nous avions toujours en devant nous le cété
oriental de la montagne. Ce cété oBre une pente phis ou
moins rapide ; cm y voit des pàtarages, et presque nulle
part il ne me parut inaccessible. A. mesure qu'on se rap-
proche de la montagne, les maisoas deviennent moins m-
rea ; nous vîmes aussi quelques idautations de maïs et quel-
ques bétes à Gcuves.
Cependant noua nous étions dirigés un pea vers le midi ,
et hientût nous airivAmes à l'ertr&nité sud du cAté orien-
tal de la montagne. Là est uue espèee de défilé qui sépare
le cAié méridional de la Serra da Canastra d'uneautre Serra
appelée Serra do Ria Grande. Celle-ci, beaucoup moias
haute, beaaconp moins régulière que l'autre, se dirige À
peu près de l'ouest vers le sud-est, et se rattadie à d'autres
montagnes plus orientales qui font partie de la eofRorea du
Rio das Mortes. 11 paraîtrait aussi , d'après ce qui m'a été
rapporté, que la Serra da Canastra et celte du Hio Grande
se joindraient à l' extrémité occidentale de Fespèce de dé61é
qu'elles laissent entre elles. Quoiqu'il en soit, si, comme
je le proposerai bientAt, on convient de donner un nom
■V, Google
DO BU) Dfi s. FUmaSCO. ' 183
généra) au diviseur des «lax do Paranahyba et du S. Fran-
cisco, celai de Serra do S. Franeiico e da Paranahyba,
il faadrait dire que l'extrémité de cette Serra est formée
par la Serra da Canastrs, car le Rio de S. Francisco natt du
càté austral de cette dernière.
Dans le de&lé dont j'ai parié plus haut, nous nous bou-
vions fort rapprochés de cette montage. Le son sommet
est parfaitement ^1 ; ses flancs , dans une grande partie
de sa hauteur, offrent des rochers sillonnés, exactement
taillés A pic et inaccessibles, au-dessous desquels des bois
et dee pitnrages naturels s'étendent, par une pente assez
doQce, josqu'à la partie la plus basse d'une vallée profonde
oncooledéjiileRiodeS. Francisco. Les rochers, quoiqu'ils
se présentent comme une sorte de muraille presque ver-
ticale, sont loin cependant d'être entièrement nos; cà et
]k il sont couverts d'un gazon très^n qui ne laisse aperce-
voir leur Goolenr grisâtre que par intervalles. Ilulle part je
n'avais va one verdure anssi belle et aussi fraîche que celle
des pàtorages qui, amme je l'ai dit, s'étendent au-des-
loos des rochers A ;mc , et les tdntes plus foncées des bois
voisins ne lui étaient point inférieures en beauté.
Ayant traversé an bois dont la végétation était d'une
Iralcbenr extrême, nous arrivâmes à une chaumière et nous
demandâmes la maison de Felisbebto , cultivateur, que
nous savions demeurer fort près de la cascade. Lui-même
était présent et nous répondit qu'il allait nous servir de
guide.
Noos nous enfonçâmes dans un bois, et bienbM nous
conunNtçftmes à entendre le bruit de la cascade. D'après
des renseigneraents que l'on m'avait donnés qudques in<
stanis auparavant, je savais alors qu'elle tombait du c6té
D,<j,i,.,.d.:, Google
IBI TOTAGB AUX SODRCES
méridional de Is Serra da Canastra. Tout à coup j'en aper-
çus le sommet, et bientôt je la découvris tout entière, aa-
tant, du moins, qu'on peut la découvrir ds lieu où nous
étions. Ce spectacle nous arracha, à José Harianno et à
moi, un cri d'admiration. A l'endroit où l'ean tombe, tes
rochers & pic de la moatagne s'abairaeot un peu À leur
somm^ et laissent voir une crevasse large et profonde qui,
formant un zig zag, nous parut se prolonger dans les deux
tiers de leur hauteur. Du point, encore très-éleré, où ^ar-
rête la crevasse, s'^ncbe majestueusement une belle nappe
d'eau dont le vt^ume est plus considérable d'un c6té que
de l'autre. Le terrain qui s'étend incliné au-dessous de la
cascade est fort inégal ; un mamelon, couvert d'un gaz(»i
verdoyant , cacbe la partie inférieure de la nappe d'eau, et,
sur le c6té droit, descend vers elle un bois d'une teinte
sombre. Telle est le source du Rio de S. Francisco.
La vue dont j'ai tAché de donner une idée est aussi celle
que l'on a de la maison de Felisb^lo. Le soir, on clair de
lune superbe me permettait de distinguer tons les objets,
et la cascade semblait illnmÎDée par le feu qui consumait
un pAturage voisin.
Felisberto nous accueillit à merveille. Il habitait une
humble chaumière dépourvue de toute espèce de commo-
dité. Du lait et des haricots cuits dans de l'eau firent no-
tre souper; pour lit , on me donna un matelas de paille
de maïs, sans draps; mais tout cela était ofi'ert de bon
cœur.
La maison de Felisberto est située snr le bord d'une
route qui conduit aux parties les plus reculées du désert
et au village de Detemhogue , célèbre dans le pays par
la fécondité des terres qui l'environnent. Cette route so-
■.vGooiîlc
DU UO DB S. raiNdSCO. 185
litaire suit, entre les deax Serras (1), le défllé qai .les
divise et qui peut avoir, m'a-t-on dit, 4 lieues de Iod-
gneur.
Mon bâte m'avait <^ert de me conduire le leDdemain
BQ matÏD RU pied de la cascade qui porte le nom de Ca-
choeira da Catca d'Anla(^; mais quelques occupations
l'en empêchèrent , et il me donna ponr gnide son beao-
père, Maroel Lopes, qui demeurait à une demi-liene de
chez lui. Avant de prendre congé de Felistterto , je voulus
lui foire accepter quelque aident ; cela ne fat pas possible .
Pendant que j'étais resté chez lui , cet bonme m'avait mon-
tré une bonté, une tranquillité d'âme, une résignation aui
volontés da ciel, une patience è supporter la pauvreté que
l'on ne trouve guère que loin des villes. Felisberlo, s'il vit
encore, a sans doute oublié l'étranger qui vint de si loin
loi demanda* un abri ; moi , je crob le voir encore assis
sur DD banc de bois, dans une cbambre obscure et sans
meaMes; je croîs l'entendre me raconter avec calme les
vexations dont il avait été l'objet : les exemples d'honnêteté
et de vertus ne sont pas assex communs pour qu'on puisse
les oublier.
Sur les onze heures du matin, nous partîmes, José Ma-
nanno et moi , de la maison de L(q>es pour nous rendre, à
la cascade. Après avoir traversé un bois touffu, en suivant
on petit sentier peu fnjé et embarrassé par des Bambous,
(1) La Serra da Canastra et h Serra do Rio Graode (rojet pieu haut ,
p. 185).
(3) Caehottra Bignifie caicade. Cofca ifAiHa {twnt de tapir) est le
■mhh que l'on donne aa Drimy* Granalentit , parce qo'oo prétend que
r'est le tapir (ania) qai ■ fait découvrir les propriétés eicellcutes de
Técorce de eei arbre ( voïei mes Ptantei HtuelUt dei BTé$llif!n*).
,,;. Google
186 TOYAQE AUX SOURCES
□0U8 BiTifâmes sur le'bord da Rio de S. Fraocigoo, qai, en
cet endroit, est èi environ une demi-lieue de m source et
pent avoir vingt â trente pas de largeur. Seseaui, d'une
limpidité et d'une fraîcheur extrêmes, ont peu de proton-
denr et laissent voir jusqu'au mcùndre caillou du lit où
elles coulent. Je me déchaussai pour passer la rivière , et ,
comme elle est embarrassée par des pierres extrêmement
glissantes, ce ne (ut point sans quelque peine que je par-
vins sur l'autre rive. Là nous tronv&mes un ttois encore
plus difficile que le premier, et Manoel Lopes, qui me pré-
cédait, était oUigé, à chaque pas, de couper les Bambous
et les tuani^MS d'arbres qui gênaient notre maFdie. Bientôt
nous passâmes une seconde fob le Rio de S. Francisco , et ,
après avoir traversé un pâturage naturel , nous trouvAnes
les bords de la rivière tellement obstrués par des bran-
chages, qu'il DouB fallut marcher dans son lit. Jusqu'au
pied de la cascade, il est ronpli de grosses pierres glissan-
tes, qui taotAt sont couvertes par l'eau, tantét s'éléveot
au-dessus de sa surfece, et il m'e&t été impossiUe d'à-
' vancer, si je n'avais été ooothiudlement aidé par Nanod
Lopes et José Marianno. Enfin , après une marche extrê-
mement pénible, nous parvînmes au pied de la Cachoeira
da CasCB d'Anta, que nous.découvrions déjà depois Imig-
temps.
Cbei Feltsberto, j'en étais k plus d'un quart de lieue et
je ne la découvrais qu'imparfoitement. Je vais la peindre
telle qu'elle s' oQrit à mes regards, lorsque j'en fus aussi
rapproché qu'il est possible. Au-dessus d'elle on voit,c<Hnme
je l'ai dit, une large crevasse; à l'endroit où elle tombe,
les rochers forment une concavité peu sensible. De la mai-
llon de Felisberlo , la cascade m'avait paru n'avoir que le
■v, Google
un MO DB S. FIANOâCO. tST
tiers de la hantear des rochers ; nprè» l'avoir examinée de
différents points, je crois ponvolr dire avec pins de certi-
tnde qu'dle en a les deux tiers. Je ne l'ai point mesurée ;
mais, d'après l'estimatioii probablement très^pproxims-
tive de H. d'Esdiwege, die aarait plus de 667 pieds an-
glais (30^,23) (t). Elle ne se précipite point avec rapidité,
mais elle présente une belle nappe d'ean blanche et éco-
mense qni s'épanche lentement et qui semble Formée par
de largea flocons de neige. Ses eaux sont reçues dans un
bassin demi-circolaire, bordé de pierres entassées sans or-
dre; et de là, par une pente asœx rmde, elles s'écoalent
poar former ce Rio de S. Francisco qui a près de 700 lienes
de cours et reçoit une foule d'autres rivières.
En tombant , les eaux de la Cacboeira da Casca d'Anta
font un ÏHnit que' l'on entend d'usés l<Hn , et en m£me
temps elles produisent an bronillard extrêmement fin, que
l'air, agité par lenr chute, porte h une assez grande
distance.
Des deux cMéa de la cascade, les rochers humides, quoi-
que taillés presque k pic , sont converts d'an gazon fin et
assez vert , qui ne laisse voir qne par intervalles leur cou-
leur noirAtre. Au-dessoas des rochers, le terrain s'étend
en pente josqu'Â la rivière : dans la partie la plus rappro-
chée de la cascade , il n'oflVe que des arbrisseaux; mais,
quelques pas pins loin, il est déjÀ couvert d'épaisses forêts,
où l'on voit nue foule de Palnùers h la tige élancée et me-
une'. La verdure de toutes les plantes est d'une fraîcheur
(1} D'EK^nnce pense, cooiim je Fat dit , que ta rocher 1 pic a phu ite
1,000 pieds ( Brof. ttie Ne%e Welt , 1 , 102). Si l'on retraoche le liera de
ce nombre pour la partie de la moDl^sne supérieure à la cascade , il est
clair qnc l'on inra STiT pieds.
,,;. Google
18S VOYtOB AUX SODKCES
extrême , qu'entretient sans cesse le voisinage des eaux.
Vis-è-vis de la cascade, l'horiion est borné par des mon-
tagnes couronnées de rochers qui appartiennent A la Serra
do Rio Grande.
Pour sentir combien cet ensemble est ravissant , qu'on
tÂcbe de se représenta la réunion de tout ce qui charme
dans la nature ; le plus beau ciel , des rochers élevés , une
cascade majestueuse, les eaux les plus limpides, la verdure
la plus firalcbe, enfin des bois vierges qui préseatent toutes
les formes de la végétation des tropiques.
Après nous être éloignés de la Cachoeira da Casca d'Anta,
nous retonrnAmes à la maison de Manoel Lopes , qui avait
été d'une bonté et d'une complaisance extrêmes pendant
tout le temps qu'il m'avait seni de guide , et qui ne se
montra pas moins désintéressé que son beau-frère Felia-
berto.
Ayant partagé avec Lopes son dtné de bananes et de ha-
ricots noirs, je montai sur mon mulet, et, pour n'avoir pas
autant de chemin à faire le lendemain , je me rapprochai
deâ lieues de l'habitation de Joâo Dias, oît, comme je l'ai
dit, j'avais laissé mes gens et mon bagage.
Je couchai dans une de ces maisonnettes que l'on ren-
contre avant d'arriver à la Serra da Canastra, et dont j'ai
déjà parlé. La moindre cfaaumière de Sologne offre plus
de commodités que ces misérables demeures. Elles sont
construites grossièrement avec des bAtons croisés et de le
terre glaise qui se détache de tous les côtés ; une herbe
menue , arrachée avec la terre qui environne ses racines,
forme leur couverture. L'intérieur est divisé, par des cloi-
sons , en petits réduits obscurs qui n'offrent d'autre ameu-
blement qu'une couple de bancelles et quelques-uns de ces
D,<j,i,.,.d.:, Google
DD WO DE S. ntANOSCO. 18»
lits rustiques que j'ai décrits ailleurs (f ) ; i ta muraille
pendent des hardes et une selle.
Ce qu'il y a d'assez extraordinaire, c'est que des bommes
blancs habitent ces pauvres cabanes. Il est assez vraisem-
blable que les premiers qui se sont établis dans ces lieux
écartés étaient quelques coupables poursuivis par la rigueur
des lois. Leurs enfants , élevés dans la solitude , auront
mieux valu qu'eux; l'occasion et Iç commerce des hommes
développent le germe des passions, il périt s'il reste sans
alimait.
Les habitants peu nombreux des environs de la Serra da
Canastra , qui paraissent avoir les uns avec les autres des
Keos de parenté , cultivent la terre de leurs mains; mais
leurs denrées n'ont aucun débonché.
Les bestiaux qu'ils élèvent peuvent seuls leur procurer
un peu d'argent, et encore sont-ils obligés de Taire des
avances considérables pour le sel, qui est ici d'une cherté
exorbitante. Des marchands de bétail viennent jusque
dans ces lieux écartés et font leurs achats chez les proprié-
taires. On se plaint encore, dans ce canton, des berbes vé-
néneuses qui , dit-on , nuisent aux bétes h cornes ; cepen-
dant il est permis de regarder cette assertion comme une
conjecture fumée pour expliquer la mort presque subite
(1) C«s Ula s'appellent giraot. Toici commeDi on les rorme : on eo-
foDce dans la terre, lopria de la maraiUe, qnatre pieni qne l'on dispose,
en carrilong, comme les qoeDonillM de nos lits, et, sDr chaqoe paire
de pieux les plus rapprocha, on Sie, arec^nne écorce tenace et fleiiblc,
■n moreean de bois Irustersal ; snr les deai morceani de b(ris trins-
veruai, on rangt des perches, que l'on coiiTre d'une natte on d'an cuir
écni , et c'est U que l'on dort , adossé contre le mnr et enreloppé dans
■me coaTOiinre ou une capote ( Tojei mou Voyagt daiu le* province*
de Rfo dt Jamin, 1 , 3M }.
^d:,;. Google
IW VOYAOE AUX SOURCES
des bestiaux , car persoDoe ne peut montrer ces herbes dont
il est tant question.
Ud sujet de plainte mieun fondé , c'est la manière dont
les daimeù-oi (receveurs de la ^Jne) veulent que l'on
paye l'impAt, reftuant les deorées et exigeant du oiuné-
raire. Il faut convenir qu'il est difficile de donner de l'ar- -
gent lorsqu'on ne peut presque rien vendre (1).
Tout le cAté oriental de la Serra da Cana^ra d^poid
de la paroisse de Piumby; mais, comme il y a environ
a lieues portugaises jusqu'à l'église , les fenuies ne fcnt
presque jamais ce voyage , et les hommes le font k peine
une fois daDS l'année. A. la vérité, un prêtre vient qu^œ-
fois dire la messe dans une petite chapelle qui est i une
couple de lieues de la ftuenda de Joao Dias (S) , et les habi-
tants profitent de l'occasion pour se confesser et blre bap-
tiser leurs enfants; mais cette occasion est extrèmemoit
rare.
Comme les Brésilirai tienoeot beaucoup k èixe înhnmés
dans les élises , et que le curé de Piumhy ne permettait
point qu'on enterrAt àan» la chapelle dont j'ai parlé tout &
l'heure, on transportait les corps à dos d'homme de laS^ra
jusqu'au village, et, pour me servir de l'eipreagico do cul-
tivateur chei lequel j'avais couché à 2 lieues de la cascade ,
les porteurs arrivaient presque dans le même état que celui
qu'ils portaient en terre.
(1) J'ai d^l dit ullgan <« qu'étaient , i cette éfotiàt, le* dUimtirM
eteomliieooa «vait i m plaindre iTeni. Je rnieni nu m Mjel.dai»
celte troitUnu relation , aa chapitre inlilolé Tablta» ti»éral 4» (a
piwtnet dt Coytu.
(3) C'est probafalemeDt cette chapelle qni formerait la anccarsale qoe
Pizarro appelle eapella curoda de S. frmtcitco, et dont j'ai ditqwl-
quu mots dans le chapitre pr^cédeal.
^d:,;. Google
DD RIO DE S. FRAKCISCO. 191
Je retournai k la fasenda de i oâo Ding psr le chemin que
]" avais d^& saiW. Od croira peut-être que, dans ces lieux
déserts, je dus trouver beaucoup de quadrupèdes; je n'en
aperças pas un seul ; mais cela n 'est point surprenant , perce
que les habitants du Sertâo passent la moitié de leur vie i
dwsser et s'étendent très-loin de chei eux.
Après avoir quitté la fraenda de Joâo Dias pour me ren-
dre k Arax [1] , je traTemi des pitnrages dont l'herbe ,
composée en grande partie de la Graminée n* 535 , est
[wesque aussi "haute et aussi serrée que le foin de nos
prairies.
En passant par ces pâturages, je rencontrai une snite de
durs qui, attelés de trois et quatre paires de bœufs, étaient
dtai^és de lard et conduits par des blancs. Je demandai d'oà
ih venaient, et j'appris qu'ils étaient partis, Il y avait denze
jours, du village d'Araxé , et qu'on les conduisait à S. Jmo
d'EI R^, où ils deralmt arriver an bout d'un moiH. Les
frais d'an \si voyage sont pen eonridéraMes, parce que les
conducteurs ranportent avec eux ce qui est nécessaire poor
leur noorritore et même le maïs destiné ponr les bœu6.
Ifalgré cela , il fout que les denrées trouvent bien pen d'a-
il) IVatnbe apfNiiiiutif ds la FiiMiéi ta Mo Km m vfllie«
d'inu:
De la Fuenda de Joao Diia h U Fanoda do
Oeraldo, habitatirai S 1|2 legoM.
301/211
Paiol ODaimada, habitalioD
■etiro da Jabvtlcabeira , cbalais. .
■étira de Iris os Mimtea , ehallis..
Paripitinf*, hiUlotioii
Arasa, TiUagc
^d:,;. Google
192 TOTiGE AUX. SOOaCES
cheteurs dans ce pays et y soient & bien bon marché pour
qu'il y ait quelque avantage à leur Gsire fiûre un si long
voyage.
A environ une demi-lieue de la faxenda de Joâo Dias, je
traversai , au milieu d'un capâo , le Rio de S. Francisco,
qui , en cet endroit , peut avoir 20 pieds de largeur, et dont
les eaux limpides coulent sur un lit de pierres et de cail-
loux. Comme il n'était pas tombé d'eau depuis qudques
temps, cette rivière était guéable; mais, après des pluies
UD peu longues , elle cesse de l'être , et il n'y a aucun pont
pour la passer.
Entre 3oào Dias et la Faxenda do Genddo , on je fis
halte, j'aperçus dans le lointain deax ou trois faxenda*
assez considérables pour le pays ; mais je dois dire que, pres-
que partout, ma vue, que rien n'arrêtait, pouvait em-
brasser un horizon immense.
Je ne revis la Serra da Canastni qu'après avoir fait ploa
d'une lieoe. De ce cêté, celui de l'est, elle ne présente,
comme on l'a vu , aucun de ces accideots si ordinaires dans
les pays de montagnes; mais, par sa niasse et son éléva-
tion , elle répand de la variété dans le paysage. La verdore
des bois et des campo» était alors si fratche , le ciel , dans le
voisinage de la niontagne, avait une teinte si douce, que
je ne pouvais , sans plaisir, jeter les yeux sur cette vaste et
tranquille solitude.
A peu de distance de la Fatenda do Geraldo , je passai
devant la chapelle de S. Roque (S. Roch), où an prêtre
rient quelquefois dire la messe aux habitants du pays. Elle
est isolée, située sur une hauteur, construite en bois
et en terre, sans aucun crépi et dans l'état le plus mi-
sérable. Tout auprès , on a bâti une maisonnette et un nm-
^d:,;. Google
DU RIO DE S. nUNCISCO. t»
G^, pour receroirceui qui viennent y entendre la messe.
La Fazenda do Geraldo est assez considérable. On y voit
une vaste cour., des curraeg {endos pour le bétail) fort
grands, une grange qui nel'est guère moins, des cases à
nègres; mais, comme ailleurs, la maison du maître est
petite et très-mal entretenue. On me plaça dans un rancho
fermé, où j'étais parfoilement libre et i l'abri du vent et
du froid.
Voulant monter sur la Serra da Canastra , je laissai, à la
Fazenda do Geraldo, Laruotte et mon muletier, et je partis
accompagné de l'Indien Firmiano.
A environ une demi-iîeue de la fazenda , nous conmiea-
càines à monter. J'ai déjà dit que -le côté oriental de la
Serra fonbe une pente douce et offre des pâturages dans
les parties élevées, des bois dans les enfoncements. En
suivant un chemin difficile et pierreux , nous traversâmes
un bois d'une extrême fraîcheur qu'arrose un ruisseau lim-
pide, et nous arrivâmes à de vastes campos, où tout récem-
ment on avait mis le feu. Cette portion de la Serra , noircie
et dépouillée de verdure, avait assez l'aspect de certains
terrains volcaniques de nos montagnes d'Auvergne. Le feu
n'était pas encore éteint; je voyais une flamme rouge et
paillante s'étendre rapidement dans les gazons et des
lourbillons de fumée s'élever lentement vers le ciel.
Arrivés à la moitié environ de la hauteur de ta mon-
tagne, nous laissâmes sur notre droite une fort jolie cas-
cade, n s'en faut qu'elle ait la majesté de la Cachoeira da
Casca d'Anta, mais elle produit dans le paysage un effet
très-agréable. Elle peut avoir 50 à 40 pieds, et tombe du
haut d'un rocher grisâtre et i pic, couronné par d'énor-
mes touffes de lichens d'un blanc verdâtre. Quelques petits
^d:,;. Google
IM VOYAGE «DX SOURCES
arbres, qui ont pODseé dans les fentes du rocher, cachent
en partie les eaux de la cascade, qui s'écoulent dans un
rayln profond , dont les cAtés sont revêtus du gazon le phH
vert.
Continuant à monter, nous laissâmes, à droite et à gan-
che, tantAt des pâturages, et tantAt des bois au milieu des-
quels un Vochyna se foisait remarquer par une immense
quantité de fleurs dorées, disposées en longues grappes.
Au bout d'une couple d'heures, nous airivAmes an som-
met de la montagne.
Lorsqu'on découvre, de Plumhy, la Serra da Canastra,
elle semble avoir sa plus grande longueur dn midi au nord,
mais il n'en est réellement pas ainsi ; elle n'a , dans cette
direction, qu'A peu près cinq îegooê, tandis qu'elle en a
beaucoup plus de dix d'orient en occident. Son cAté orien-
tal, celui qui se présente quand on vient de Pinrahy, est è
peu près d'une hautear égale, mais elle va «i s^ inclinant de
l'està l'ouest. A son sommet, elle oflRre, dans toute sa lon-
gueur , un vaste plateau inégal que les habitants dn pays
appeneotChapadôo, mot qui est un augmentatirdecAâptufa,
et ne signifie pas autre chose que grand plateau (1 ]. De là je
découvris la plus vaste étendue de pays qui peut-être se tùt
offerte k mes regards depuis que f existais : d'un cAté la
Serra de Piumhy bomaitrhorizon ; ailleurs ma vue n'était
limitée que par sa propre faiblesse, mais aucun village,
ancunebabitation.ancun point remarquable se Axaient RMs
(1) Oa cn^nit, d'après l'eicelleota urU de HH. Spii et Hartius, que
la Serra da Caoutra s'étand depuis U SgvTtt Neçra (de Sabiri) jusqu'au
divigeiir des eaoi de 5. Fraucisco et du Parauahyba ; mai» ce que j'ai dit
de cettr montagne prouve suffi^aII]meDt qu'elle commence ce gréai di-
«Ueur et que, tout eotière. elle cq fait partie.
^d:,;. Google
ou RIO DE S. ntANOSCO. 195
regards; piutout ud terrain simplement ondulé et un mé-
langé de pâturages naturels et de bouqnets de boù; je n'a-
percevais pas même le village de Piamhy, sans doute caché
par quelque moroe.
Le Ckapadao est entièrement inculte et inhabité ; il n'a
même pas encore de maître (i819) , mais les propriétaires
des fuMndas situées au-dessous de la montagne envoient
k«rs bestiaui paître dans les parties les plus voisines de
leurs babitatioBS. Dans les mois de juin et de juillet, il gèle
habituellement sur le sommet de la Serra ; cependant les
bétes i cornes n'en descendent point à cette époque, tan-
dis qn'dies n'y veulent pas rester durant la saison des pluies,
parce qu'il y tcmbe plus d'eau que partout ailleurg.
Le plateau est b-av»^ par un chemin très-battu qui est
la continuation de celui que j'avais suivi, et qui a deux em-
branchements, dont l'un conduit au village de Desemboque
et l'autre jt celui de Fronça dont je parlerai ailleurs. Je vis,
en plusieurs endroits, les traces des feux qu'avaient allumés
les caravanes ; les voyageurs trouvent de l'eau dans la mon-
tagne, Doais ils y chercheraient vainement un abri.
Les parties les plus élevées du plateau, du moins celles
que j'ai vues, ne présentent guère que des pierres amonce-
lées au milieu desquelles croissent abondamment plusieurs
espèces de Canela i'Ema { Velhsia) et la Composée d" 37â.
Les parties les plus basses sont couvertes de pAturages où
l'herbe est plus ou moins haute, plus ou moins épaisse,
suivant que la terre végétale se bïiuve mêlée avec le sable
dans nue proportion plus ou moins considérable. Si quelque
filet d'eau s'échappe sur un terrain en pente, la végétation
y est plus fraîche et plus vigoureuse, et même, en certain:*
endroits , il eiiste des bouquets de bois.
r„s,i,.,x,.i. Google
IM VOYAGE itUX SOURCES
Depuis la Serra Tfcgra, je n'avais vu nulle part une aussi
grande variété de plantes que dans la Serra da Canastra. La
fomille qui y domine est celle des Composées. Plusieurs
Eriocmilon y croissent aussi en grande abondance, et là ils
trouvent, comme dans les montagnes élevées de la Serra do
Espinhaço, ce genre de terrain qu'ils préfèrent, un mélange
de sable blanc et de terre végétale noire. La Gentianée
n'575, la Convolvulacée n'STO, les Scrophularinée» n^SSl
et 577, sont aussi très-communes dans lea pâturages du
plateau de la Serra da Canastra. Quant aux Mélastomées,
si communes dans d'autres montagnes, je n'en trouvai que
six espèces. D'ailleurs , en très-peu de temps , je recueillis
cinquante espèces de plantes que je n'avais pas encore trou-
vées dans ce voyage, et dont plusieurs m'étaient entière-
ment inconnues.
En descendant de la Serra , je jouis dâicieusement des
beautés de la campagne. Le temps était frais, et des nuages
blanchâtres parcouraient légèrement un ciel d'un bleu ten-
dre, un peu plus brillant que cdui du nord de la France
pendant les beaux jours de l'automne. Cette continuelle
alternative de bois et de pâturages, la diversité de teintes
qui en résultait , le contraste de la plaine et de la montagne
produisaient un effet charmant.
Dans toute ma journée , je n'aperçus d'autre mammifère
qu'un singe. Comme je l'ai déjà dit. les habitants du Sertae
(désert] sont tous d'ardents chasseurs et détruisent les ani-
maux dont la peau peut être un objet de commerce; je ne
passais pas devant une habitation sans y voir une quantité
considérable de grands chiens courants.
Lorsque j'étais à la Pazenda do Geraido, ceux du pro-
priétaire tuèrent un jeune (apir. Je don^^erai ici quelques
.;. Google
DD BIO DE S. FBAMCfSCO. lOT
détails sur son pelage pour cootriboer à compléta ce que
dit l'exact d'Azzara (4) des petits de cette espèce. Le jeune
individu de la Fazeoda do Geraido avait le ventre entière-
ment Ubdc, le dos et les câtés d'un gris foncé couleur de
cendre qui devenait plus pâle dans le voisinage du ven-
tre et était coupé de lignes blanches longitudinales. De
chaque calé du milieu du dos, trois de ces lignes s'éten-
daient dans toute la longueur du corps ; chacune d'elles
avait environ i centimètre de largeur, et les bandes grises
qui atternairat avec les blanches étaient larges d'environ
5 centimètres et tachetées de points blancs. Outre les six
bandes blanches dont je viens de parler , on en voyait , sur
les côtés, plusieurs antres incomplètes.
Pendant mon séjour à la Fazenda do Geraido , José
Marianno chassa et prépara des oiseaux. Il était déjà fort
habile dans cet art, et, quoique je n'eusse pas de tocador,
la taxidermie ne paraissait rien prendre sur le soin des
mulets.
Le chemin que je suivis en quittant la Fazenda do Ge-
raido et qui mène au village d'Àraxâ , où j'allais bientôt
arriver, est parallèle è la Serra da Canastra et s'en éloigne
peu. Le flanc de cette énorme montagne continue i n'offrir
ancone anflractnosité remarquable, et, presque partout, il
est revêtu d'une verdure très-fratche. Je longeai (l'abord
tout le côté oriental, mais j'atteignis son extrémité un peu
avant d'arriver è la fazenda de Manoel AMonio Simôes, où
je fis halte, et alors je tournai parallèlement au côté sep-
tentrional.
Je n'avais bit qu'une demi-lieue environ, è partir de la
(I) Euai mr te* qMadntpide* du Paraguay, I, 2.
^d:,;. Google
198 VAÏAGE ftUX SOUfCES
Faaends do Geraido, quand je vis, à qnelqDe disUace, une
Mie cascade tomber du haut de l« montagae, en s'épu-
chant sur des rochers grisitres et à pic. Le sommet de ces
rochers est couronflé par des bois, et quelques arbres oDt
poussé (À et là entre les fentes des pierra. Mais une
cascade empruate une partie de sa beau^ du cootrasle que
forme le mouvemeat des eaux iTec l'iaHwbilité des objeti
enviroaoaRts ; quand ou k làt de iota, elle paraît aussi ôq-
mobile qu'eus , et ne s'en distingne que par une diffëreooe
de couleur; ce c'est {dus qu'un tableau sans vie.
Le pays que je parcouma entre la f>uenda do Geraido et
celle de Manoel Antonio Simdes est mootueux et offire en-
core nue alternative de bois et de pâturages de la |riu8 beUe
Vfvdure. Les fleurs étaient peu aoAbreuses ; oepeadant
un des pâturages que je traversai en ofiireit de charmantes,
luie Mimose élégaate (q° 41 1 ], use belle Gentianée À fleurs
Ueues{n''206), et une Malpighiée à fleurs roses (d" 117).
La fazenda de Manoel Antonio Simôes me parut avoir été
considérable, mais elle avait suivi le sort du vieillard dé-
croît  qui elle appartenait ; tous les bâtiments qui en dé-
paidaient tombaient en raine.
On m'avait indiqué, pour y placer mes effets et m'y lo-
ger, une des petites oiaisonnettes dont se composent, es
général , les fcaendai de ce pays désert ; mais je la trouvai
si sale, ù peu comaiode, que j'en demandai une autre, en
traitant le pauvre vieillard un peu cavalièrement. 11 n'avait
réelleoieat rien de mieux à m' offrir : la maisonnette fut ba-
layée, et je m'y établis; mais je craignais beaucoup pow la
nuit la visite des pourceaux, car la maison n'avait point
de porte, et ses murailles étaient simplement formées de
grands pieux mal rapprochés. Non vieil Mte m'invita à par-
^d:,;. Google
m BfO DE fi. FUNCi&CO. IM
tager «oo dîner, etJetAcliai d'expier ma preoùère impcdi-
tesse par tonte .SMte d'égards.
U est difficile d'imaginer une posiliiHl plus «gréable que
ccUe de la fatnda de Manod Antooio Simdes. Elle est si-
tuée dam UD food, sur le bord d'uD misseau limpide, et
«Rtourée par des oollioe» peu ^e¥ée8 couFertes de pAhva-
ges. Vers le midi , l'horizoa est borné par ta Serra da Ca-
nastra, qui n'est guère qu'à ua quart de lieue de l'habito-
lîoD eH d'où l'on voit tonber deux cascades peu éloignées
l'ODederatUre.
La ptuB considéraUe est plus rapprochée du cAté oriea-
tal de la Serra et porte le nom 4e Cwhoeira do Rollim. A
l'endroit où elle twnbe, la montagne présente, dans stm
flanc, UD eafoncement dont la îorme raj^Ue, d'une ma-r
nière impai^le, celle d'un bémicyde. L'eau ne se préei-
pite point de la cime même de la montagne; celle-ci, qni
est couronnée par un bouquet de bois, B'iacline d'abord en
Tormaot une pente douce couvole de gazon ; puis , tout à
coup, elle n'offre plus que des rocfaers bus et i pic, et c'est
dans ta partie la plus enfoncée de ces rochers que s'épan-
che une belle nappe d'eau plus blanche que la neige. On ne
voit cependant pas l'eau tomber jusqu'au pied de la monta-
gne ; elle semble s'arrêter vers le milieu de celle-ci , sur un
second plan de rochers plus avancé, et là elle s'écoule dans
une crevasse profonde cachée par des arbres. Dans la sai-
son des pluies, la u^pe d'eau devient, ditH)ii, très-coosi-
dérablé, et fait un bruit que l'on entend de fort loin. 4u-
deseous du second plan de rochers dont j'ai parlé tout à
l'heure, la montagne ne présente plus qu'une pente très-
douoe où s'écoule, surun lit de pierres et de sable, la rivière
de S. AiUotûo, que forment les eaux de la cascade et dont
,,;. Google
300 VOTAOE AUX SOUMCES
les bords sont dessinés par une lisière de bois. A droite et i
gauctie de la cascade, le flanc nseï escarpé de la moDt^^ne
est coarert de gazons au mîlien desquels des rochers nus
se montrent (À et là. Telle est l'idée qae je pris de la Ca-
choeira do Rollim, non-seulement en la Toyant de la mai-
son de Manoel Antonio SimOes, mais encore en m'en rsp-
procbant autant qu'il me Ait possible dans le court espace
de temps dont je pouvais disposer.
Quant à la seconde cascade, je la ris seulement de la
maison de Manoel Antonio Simôes. A l'endroit oà die
tombe, le flanc de la montagne présente, dans une hauteur
«sseï considérable, une pente qui n'a aucune roideuret
offre des gazons. Au milieu de ces derniers, on voit une
crevasse profonde, d'où s'échappent deux filets d'eau qui,
après 3* être écoulés sur des rochers k pic , forment aussi un
ruisseau. Celui-ci , comme le Rio de S. Antonio , doit se
réunir au S. Francisco ou k l'un de ses affluents.
Après avoir quitté la {axmàa de Manoel Antonio Simôee ,
je passai le Rio de S. Antonio, et, pendant plusieurs lieues,
je marchai parallèlement i celui des côtés de la Serra qui
est à peu près tourné vers te nord , traversant la chaîne
dans sa largeur et me dirigeant vers Araxé.
Le cAté septentrional de la Serra da Canastra n'est pas,
A beaucoup près, taillé à pic comme celui du midi , d'où
s'échappe la Cachoeira da Casca d'Anta; cependant il est
plus escarpé que le cAté qui regarde à peu près l'orient ; il
l'est même asseï pour paraître de loin presque vertical et
contribuer à donner à la montagne cette forme de coffre
qui lui a valu son nom.
Tant que je pus apercevoir la Serra da Canastra , je jouis
d'une fort belle vue. Sur la droite, je découvrais une vaste
D,<j,i,.,.d.:, Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. Wt
éteodue de pâturages, et j' avais à gauche le Serra du haut
de laquelle tombent quatre cascades.
J'avais commencé à monter, n'étant qu'à peu de dMance
de la faxetida de Manoel Antonio Simôes, et je continnai i
parcourir un pays très-montagneux, oà l'on trouve des
mines de fer et qui offre de vastes pAturages parsemés de
quelques bouquets.de bois. Ce jour-li, }e fis 5 Ugoat, et
je n'aperçus pas une seule maisonnette, quoique souTent
une immense étendue de terrain s'offrtt à mes regards ; je
ne vis non plus la moindre trace de culture ; je ne rencon-
trai pas QD seul voyageur ; de loin en loin , je découvrais
seulement quelques bétes à cornes au milieu de pâturages
qui me semblaient pouvoir en nourrir une quantité in-
nombrable. Dans un espace de 4 legoai, à partir de la
fazmàa de Manoel Antonio Sim5es , je ne trouvai pas une
seule goutte d'eau, ce qui est étonnant pour cette con-
trée, où ordinairement on rencontre sans cesse des ruis-
seaux.
Depuis le canton de Rio Grande , je n'avais pas vu de
p&turages aussi bons que ceux des environs de la Serra da
Canastra : partout c'est la Graminée n* 355 qui j domine,
â, comme je l'ai dit, elle engraisse beaucoup les bestiaux,
qui en sont très-friands. Entre Antonio SimOes et Paiol
Qumnado, dans les parties les moins élevées, où, de temps
à autre , on brûle les pAturages, je trouvai ceux-ci de la
plus belle verdure; sur les sommets , au contraire , où il
parsJt que l'on met le feu très-rarement, l'herbe avait la
même hauteur et la même teinte que celle de nos prairies,
quinze jours avant qu'on la coupe. Des plantes autres que
les Graminées ne sont pas fort communes dans ces campo»;
je n'en vis presque point en fleur, et, malgré la longueur
^dr^i'Googlc
m» VOYAOB tUK SOUBCES
du voyage, ma réotrite entre Manod Antonio SimOes et
Paiol Queimado fut presque nulle.
A pea de dntaDce de la premiàre de ces ftumdat, f a-
vaifl tnrrené d'immeiues eamfo» qae l'on avait brAlés il y
avsit pea de }ours. Dans les parties de la ^woriiice des
Mines que j'araja parcourues jiuqu'alors, on met le feu au
pâturages vers la fin du temps de la séeberease , fi. c'est
uniquement quelques parties réservées dans le canton de
Rio Grande, pour les vaches à lait, que l'on iocendieà
d'autres époques. Ici , au cmtraire , où , dit-on , l' herbe ne
sèche jamais entièrement, on met le feu aux pAturages ïn-
difKremment dans toutes les saisons; mais les cnltivatean
croient devoir ne le ftire que lorsque la lune est dans son
décours.
Dans la Serra da Canastra et cbee Geraldo , f avais été
fort tourmenté par ces petites moaches noirea appelées
6ernuA«idM(1], qui, «près avoir piqué, laissent sur la
peau une marque rouge; mais nulle part je n'en avais vu
une aussi grande quantité que dans les i^tarages nouvel-
lement incendiés dont j'ai parlé tout à l'beuFe. Ces in-
sectes me couvraient le visage et les mains, et j'étais obligé,
pour les écarter, d'jivoir flans cesse recours k mon mou-
choir.
Il y avait huit heures que j'étais parti de la fasmda de
Manod Antonio Sindes , lorsqoe j'arrivai à celle de Paioi
Qy^mada (grange brûlée), où je fis halte. J'avais Eait,
comme je viens de le dit« , 5 Ugatu, et, dans ce pays, c'est
une très-AHie joamée pour des voyageurs qoi ont une
(1) J'ai parlé des borrofbudoi dans mou Voyage dans le» pi-ovinrei
UeRiode }a7ieiri>,eic.,l,yi.Ti.Pohl,qw («sa ir^-bien Hgnn^, trs
nomme Himulinm pertinar [KHtt, I).
^dDi Google
DO BIO DB S. FBAHOESOO. KM
loQgne route à parcourir et marcheot avec des mulets
châtiés de bagage.
Je ne saurais dire bien po^Tement quel point forme la
limite de la cofRorca de S. Joâod'EI Rei(l}; mais il est
vraisemblable que je la IraiM^ dans cette journée, ou que
je l'avais passée la veille, lorsque j" avais commencé à suivre
le cdté septentrional de la Serra da Canastra, pour traverser
la cwdilière dont oette montagne lait partie , et que j' »f-
pelle Serra do S. Franeùeo t da Paranahyba. De la eo-
marca de S. Joâo', je passai dans celle de Paracatà et sur
le territoire de la justice {jvlgado) d'Ârax&, qui eu dépend
ai^ourd'ltui (1849).
(1) DeceqaeiUfftéchwegtiBrat.rtewWell, I. tM), oopeutseu-
lemeDt coodare qne la limite est itas la cordilièTe mfime , et Caul
iCorog. Braz., I, S82) se cont«Dl« d'iadlquet celle-ci comine la limile.
^d:,;. Google
TOTAOE kVX SOORCES
CHAPITRE XI:
COUP S'OEIL GÉNÉRAL SCS LA COHABCA DE PARACATÉ (1).
Limites et ét«Ddne de la eomarca de Parautù. — St popnlation. — Idée
génénle des chaînes de montagoea qu'on traverse pour se rendre de
Rio de Janeiro daos la eomarca de Paracatù. — Da dhisenr des eani
do S. Francisco et da Rio ParauabjbA. — La Serra da* VerlenUt de
Ton Eschwege. — Description exacte due k l'abbé Caial. ^ La Srrra
dot VerttnUi de Balbi. ^ Système de Domenclatnre pour les moDla-
gnea du Brésil. — Idée générale de la Serra do S. Francitco e da
ParatMhyba. -— Rivières de la eomarca de Paracatù. — Villes et vil-
lages de celte eomarca. — Caractère de ses habitants. — Leurs de-
meares. — Leurs orcnpationa. — Fertilité de leurs terres. — Hanioc.
— Le eapita gordura ; ses limites; sa patrie. — Les biles k cornes.
— Les montODS. — Surface da pajs. — Sa végétatian. — Sécheresse :
disette. — DitDcnltés et ennuis des voyages dans ce pajs. — Éléments
de prospérité que renferme la eomarca de Paracatù.
La eomarca de Paracatù a été longtemps comprise dans
celle de Sabari et en était la partie la plus occidentele ;
maison l'en sépara par un décret [alvarâ] da 17 juin
1815 (â), et un autre décret du 4 avril 1810 réunit à la
noiivelle eomarca les justices [julgadot] d'AraxA et de De-
(1) Poar bien comprendre lei premières pages de ce chapitre, il est bon
d'avoir soos les revx une carte générale du Brésil , par eiemplc , celle
de Brué.
i3) Cette date est empruntée i Caial iCnrog., 1 , 3021.
^d:,;. Google
DU Rro DE s. FRANCISCO. 305
semboque, qui jusqu'alors avaient appartenu à la-prorincc
de Goyaz.
Cette- comarca est formée de deux parties : l'une au
nord, plus orientale, l'autre au midi, plus occidentale, qui,
comme deux cases de même couleur dans un échiquier,
se touchent par un de leurs angles; et la cbatne que j'ap-
pelle Serra do S. Francùco e àa Paranah^ba est la ligne
qui borne la partie la plus orientale du càtë de l'ouest , tan-
dis qu'elle borne Ea partie la plus oncideutale du cAté de
l'est. Si l'on veut indiquer d'une manière plus précise les
limites de la cojtiarca de Faracatù, on dira qu'au sud le Rio
Grande coule entre elle et la province de S. Paul ; qu' au nord
elle est bornée par iafCarwihanha (1), qui, lors de noon
voyage , la séparait de la province de Femambouc ; qu'à
l'ouest le grand diviseur des eaux du S. Francisco et du
Tocantins (S] , le Rio S. Marcos et le Paranahyba la sépa-
rent de Goyaz (3); enfin que ses limites orientales sont le
Rio de S. Francisco , XAhaité, XAbaité do Std et la partie
la plus méridionale de la Serra das Vertentes (Eschw. ] ,
partie que je nomme, comme on va le voir. Serra do
S. Francisco e da Paranahyba.
Cette immense subdivisiond' une immense province com-
41) J'ai dit ailleQrs que l'oD avait Écrit Caryntianha et Carinhanlta.
On inmve anssi dans Caial Carinhenha et Carynheitha , et c'Mt ce
dernier inot qu'a admis Gardner. Dans le pays , j'ai enteadu prononcer
CanmAanha, comme a rassi écrit Fiurro.
(3) Ce diTiaenr est celui qne j'appelle , comne od le verra ptos bas ,
Serra do s. Franciteo t do ToeatUin».
(3) Ce qne je dis ici snr les limitte occidentales de la eomareu de Pa-
raeatù doit servir i rwtifler celles qae j'ai indiqni^es aiUeara, aur la foi
de PiiUTo, ponr Minas G«raet et Gof ai ( Vofiage doM lei provineti lie
Kio d« Janeiro, etc., 1 , 74).
^d:,;. Google
XM TOYAOB AUX SOOECES
prend plusdeSdegréa de laUtude,et,8mTaiitd'Eschwege(4],
5,888 îegotu carrées, sur lesquelles, d'après iemënie au-
teur, ilexistait, en 1831, une population de21,772ha'
bitants, ce qui ne fait pas même six individus par lieue
carrée {8}.
J'ai dit aillours (3) qu'une chaîne de montagnes qu'on
doit appeler Serra do Mot se prolonge, le long de la ma,
dans une grande partie du Brésil; qu'une autre chaîne ,
presque parallèle à la première, mais plus élevée, la Serra
do Espinhaço ( Esdiw . ] , s' avance à peu près du nord-est de
la province de S. Paul , ne laissant guère qu'une distance
de 30 à 60 lieues entre elle et la cordillère maritime;
qu'elle divise les eaux du Rio Doce et du S. Francisco, et
va se perdre dans le nord du Brésil ; qu'à l'ouest de celle-
ci, le terrain s'abaisse peu à peu jusqu'au Rio de S. Fran-
cisco, nudsque, toujours dans la direction de l'occidaat ,
le Bol s'élève, pour la deuxième fois , jusqu'à une chaîne
qui sépare les eaux du même fleave de celles du Parana-
byba (4). C'est cette demi^ chaîne qui , du câté de l'est,
(1) B%iU.FéTuuaeK.Qioç.,Ti-m.VI.
<3) SniTODt VD Ublean envoyé aa gouvernemeal par Vowoidor <te St-
bara , et cité par PiiSTro et par le detembargador A. R. Veloso de Oli-
Teira [ /innatt Flumininê ) , la populatiOD de la romarea de Paracatâ
annil monU, ta 1818, à 59,053 habitants. Q eal difficile de wtoit lequel
des deni chifhM , m diffireota l'an de ranire, est k plus «uct : u qa'il
y a de sAr, e'esi qne j'ai rencontré bien peu de aïoode daiu ce pajs.
(3) Tojei moQ Vo^iage 4ant le» prooiMcf de Rio dt Janeiro , e(c^
1,89.
(4i En faisant conoattre pour la {vemière foia cette disposition d'une
partie dn sol bi^ilien. j'ai éeril, «iKima a fait rtcemmoat le célibre
g^oftapbe Balbi, que le diviMur d'eaux dool je parle ici s'étendait entre
les afllnents da S. Francisco et ceui dn Parauni : il eût él^ pins eiaet
d'indiquer le Paranahjba, ainsi que je le bis k présent, car le Paraoai «si
^d:,;. Google
DU UO DE 9. FUNCISCO. SOT
sépare la comarea de Paracatù de celle du Rio das Mortes
ou de S. Joào d'Kl Rei , comme c'est elle qui , du c4té de
roccideot , la sépare de la provioce de Goyaz [1} ; et, par
cooséqueDt, elle est, ainsi qu'on l'a vu, entre les deux
parties de la comarec, l'une au uord-est et l'autre au sud-
oaest, ce que serait la ligne fornaée par deus cases d' échi-
quier se touchant seulement par un de leurs angles. Cette
chaîne se continue vers le sud, puisqu'il n'y a, entre la
Serra da Canastra , qui en fait partie . et les moDlagnes de -
la Serra do Rio Grande , qu'un déâléde très-peu d'étendue
(voir le chapitre précédent); elle donne passage au Rio
Grande, fournit quelques petits afBuenta à ce dernier, et,
prenant le nom de Serra de Mug^f^vastu, elle s'avance
dans la province de S. Paul , où elle parait former une
sorte de nœud avec la partie de la Serra do Ëspinhaço , ap^
pelée Serra da Maotiqueira (2]. Du c6té opposé, elle se pro-
longe, vers le septentrion , jusqu'aux limites de la province
de Piauhy, bornant toujours le bassin du S. Francisco ;
mais si, à l'est, elle ne cesse de donner des afOuents à ce
fleuve, à l'ouest elle n'en envoie au Paranahyba que dans
sa partie méridionale, et, plus au nord, c'est a» Rio do
Tocantins qu'elle fournit de» eaux.
Considérée s^emeot comme dîvisenr des eaux dn
S. Pranosco et du Paranahyba, il est bien clair qu'elle ne
fonnj par la r^anian dn ParaDah]>bsetdulUo Grande, el aucim aftliieat
venant de U chaîne doni il s'agit ue se jette immédiatement dans le Pa-
ranai (wjta Cie-, Corog., 1 , 205 , et U earle géufrale de MH. Spii et
Marliiu). J'avais aussi donné le nom d« plateau an diviseur des eaui dn
5. Franciseo et du Parmalij'ba; celui de chaîne ou de tordllière eât été
plus rouveuablc.
(1) Ciï., Corog., l, 318.
,•>} Bra*. noie WeU , 1 , 50. — Voj'ei aussi la carie de Braé.
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206 VOYAGE AVX SOURCES
s' étend pas au delà des sources de ces deux rivières, dont la
première coule vers le nord et la seconde vers le sud , ou ,
si l'on aime mieux, elle sera limitée par deus autres divi-
seurs d'eaui qui lui sont à peu près perpendiculaires : l'un
qui , partant, au sud, du versant oriental , va, comme je l'ai
dit, r^oindre la Serra do Espinhaço, et fournit tout à la
fois des affluents au Rio Grande et les premiers affluents du
S. Francisco dont il borne le bassin ; l'autre qui , i l'extré-
mité Dord, se rattache au versant occidental ti d'où nais-
sent, du cdté du septentrion, les sources du Rio do Tocan-
tios et, au midi, celles du ^orum&d. Eo un mot, la dialne
ou plulAt la portion de chaîne qui divise les eaux du S. Fran-
cisco de celles du Rio Paranahyba peut être représentée par
le corps d'un Z entre les deux lignes transversales qui te
bornent, et qui représenteraient, si je puis m'expri'mer
ainsi, l'une, la tète du bassin du S. Francisco, l'autre celle
du bassin du Tocantins.
Dans un morceau du pins haut intérêt où il fait parfaite-
ment connaître la surface du Brésil , d'Eschwege indique
une Serra das VertenUt [1) qui formerait une vaste cour-
bure et diviserait les eaux du nord de celles du sud, com-
prenant la Serra da Canasba, les Pyreoeos et les montagnes
du Xingù ei du Cuyabâ. Le , malheureusement, se borne
la description du savant écrivain, qui ne dit, d'ailleurs, ni
où finit ni où commence cette Serra das Vertentes ; et peut-
être même la seule induction doit nous faire croire qu'il
considère les Montes Pyreneos comme en faisant partie. Si
la Serra das Vertentes se compose tout à )a fois des Montes
Pyreneos et de la Serra da Canastra, elle changerait de di-
(1) BratiUen die New WeU.l,tGt.
^d:,;. Google
DC RIO DE S. FRANCISCO. 309
rection dans son étendue , elle formerait , comme dit l'au-
teur all^nand, une vaste courbure, et comprendrait en
mime temps des tètes de bassin et des limites latérales ; or
on peut demander ce que serait , dans ce cas , le prolonge-
meotdu diviseur des eaux duS. Francisco et du Paranahyba.
prolongement qui, dans une étendue immense, suit la même
direction qae ce diviseur, qui continue à limiter le bassin
du S. Francisco et è envoyer des affluents à ce fleuve, tout
en fournissant des eaux, de son revers opposé, au Rio do
Tocantins; il faudrait sans doute le considérer comme un
simple chaînon de la Serra das Vertentes, mais une suite
de monts et de hauteurs limitant le même bassin et s'éten-
dant parallèlement à une de ses rives , sans déviation au-
cune, doit certainement être considérée comme une chatoe
unique; le chaînon, au contraire, serait la croupe qui,
partant des Pyreneos continus rax-mèmes, avec d'autres
monts plus occidentaux, forme un angle avec la chatue vé-
ritable, ne la prolonge point dans une m^e direction, s'ar-
rête à elle et ne forme la limite latérale du bassin d'aucun
fleuve (1).
Casai , bien moins savant que le colonel allemand, mais
dont l'exactitude et les longues recherches méritent la plus
grande estime, ne distingue point, à la vérité, les deux
fl) s H. Lniz Antonio da Silva e Sousa [ilemoria etlalira da provin-
tia dt Goyaz , 183! ) parait proresscr une opinion analogue k celle de
H [TEMbwege , di Caaha Matlos partage eulièremeot la mienne. El re-
garde comme otie seale chaîne , qu'il appelle Serra Gérai , les moo-
UgofS qoi commencent an midi de la Serra da Canastra, arrivent an
Registro dOB Arrependidos et se conlinnent jusque dans la province de
Piauhj ; puis il recoDuatt que la chaîne k laquelle appartiennent les Hou-
les P;reueos , tout en abouli&ganl à la Serra Gérai , forme pourlanl un
autre ajstèmt {llintrario, etc., II v
1. Il
^d:,;. Google
210 TOYâGE AUX SOURCES
parties de la chatoe ; celle qni, plus méridionsle, envoie
des eaux au Rio Paranahyba, et l'autre qui, au nord, en
Iburpit an Tocantîns; mais, d'ailleurs, il reconnaît parfai-
tement que cette dulne, quoique changeant souvent de
nom, est réellement une, qu'elle se dirige du sud ao OOTd,
séparant tioyaz de Minas et de Feroambouc, (4 qu'elle est
seulement interrompue par des défilés (boguêirÔei} {i).
Le vague qui règne dans la description de la Serra das
Vertentesesttel que M. Martius paraîtrait croire (3], comme
j'avais d'abord fait moi-même, qu'Eschwege limite cette
Serra au diviseur des eaux du S. Francisco et du Rio Para-
nahyba, tandis que l'exeeUent géographe Baibi, damnant
une idée de l'ensemUe des croupes qui séparent toutes les
eaux du nord de celles du midi . étend' la Serra das Ver-
tentes depuis Ja frontière de la provioce de Ceari jusqu'i
l'extrémité méridionale de celle de Matogrosso, et ne parle
des Serras Negra, da Canastra, da Harcella et dos Cristaes
que comme d'un chatuon d' une vaste chaîne (5).
Dans un tableau rapide, il est philosophique, sans doute,
de faire voir d'un coup d'œil et nème d'indiquer par un
seul nom rensemble des montagnes qui , se prolongeant
(1) Corografla, I, 319. — M. F. Denis, kqni l'on doit les rechercliei
l«s plus coDscienciensea SUT l'histoire du Erfeilel boo ttBlictnel.s con-
saeréle nom ie pirt àt la g^raphie bTétiUtniu, quej'«rai*crapoa-
Tolr doDDCT k l'abbé Nanoel ijres dt Cusl. J'ii vu «Dg»i kk griad
plâUliqne, k Rio de Janeiro, on rend toute joctice à l'aalear de II Co-
rografia BraiiUea, qu'un long séjonr eu Amérique et la oatun de
ses uavaui peuvent faire complar parmi les anieun l»Mlieos {Miit.
Brat., »2).
(2) ««ife, D.
(3) Airégi tU Géographit. — Je n'ai pu malbeoreiiHinetit cmisuUcr
qne la première édition de re bel onrrage.
^d:,;. Google
DU UO DB S. FRANCISCO. Sit
en demi-cercle de l'est vers l'oaest, embrasse la moitié de
l'Amérique dn Sud ; nuis, pour peu que l'on veuille des-
cendre dans quelques détails, il faudra des noms particu-
liers, surtout lorsqu'il s'agira des chaînons et des contre-
forts, et il est clair qu'on ne présent^ait réellem^it riea
à l'esprit, si, en parlant du diviseur des eaux du S. Fran-
cisco et dn Paranahyba , du Xiagà et du Paraguay, on di-
sait également que l'on a traversé la Serra das Vertentes.
Les habitants du pays ont nommé isolément les montagnes
qu'ils avaient à parcourir , chacun dans leur district, et le
géograpâe comme le voyageur, pour éviter tonte confu-
sion, doit conserver ces dénomi nations religieusement, sans
en restreindre et sans en étendre la signiBcation. Mais, si
un seul nom ne suffit point pour tous les diviseurs d'eaux
réunis, les notas restreints h chaque élévation particulière
détruisent toutes les idées d'ensemble. Je croirais donc
qu'outre le nom, en quelque sorte générique, de Serra das
Vertentes que l'on peut admettre, si l'on veut, dans le sens
qœlni attache H. Balhi, il est bon d'en donner un k cha-
que diviseur de deux ^nds fleuves.
On sent que de telles dénominations, pour être adopta
par les habitants du pays, ne doivent rien leur rappeler qui
soit étranger au pays même, et je crois qu'on ne saurait en
proposer de plus méthodiques que celles qui présenteraient
pour chaque diviseur la réunion des noms des fleuves dont
il sépare les eaux , à peu près comme le nom de plusieurs
de DOS départements se composede celui de deux des rivières
qui y coulent. Mais , pour former les noms de nos départe-
ments, oit aurait pu souvent choisir d'antres rivières que
celles que l'on a préférées, tandis qu'il n'y a rien -d'arbi-
traire dans les dénominations que je propose, et une con-
^d:,i. Google
«2 VOYAGE AUX SOURCES
naissance exacte de la géographie brésilienne les ferait né-
cessairement composer par tout le monde de la même ma-
nière. Ainsi cette chaîne qui, comprenant la Serra He^gn
(de Sahara], ^'étend à peu près, de l'est à l'ouest, de la Serra
do Ëspinbaço à la Serra da Canastra et forme la tète du
bassin du S. Francisco, serait la 5erra(io 5. Franaseaedo
Rio Grande ; j'appellerai Serra do S. Franàico e da Pa-
ranakyba (1) le diviseur qui s'étend de cette première
chatne, ou, si l'on reut, des sources du S Francisco à la
ligne des sources du Conanbâ; je donnerai le nom de Serra
do S. Fnotcisco e do Tocantini au prolongement plus sep-
tentrional de ce même diviseur, d'où s'échappent tout à la
fois les premiers afQuents du Tocantins et de nouveaui af-
fluents pour le S. Francisco; la chaîne qui, venant de
Matogrosso, se dirige d'occident en orirat, comprend les
Montes Pyreneos, fournit les premières eaux du Tocan-
tins (2) et du Conimbâ, forme la tète du bassin de cha-
cune de ces deux rivières , sera la Serra do Corumbâ e do
Tocantins; enfin la Serra do Espinhaço (Eschw.) compr»i-
dra, dans la seule province de Minas, au midi, la Serra
do S. Francisco e do Rio Doce, et, plus au nord, la Serra
do S. Francisco e da Jiquitinkonha, etc.
(I) Cual et piMTKi onl jcrii O Paranahyba; nuis j'ti passé deni
rois cette riviire, el je trouve, dans mes notes, les endroits où je l'ai tra-
versée indiqués , l'ua par le nom de PotIù da Faranahyba , et l'aatre
par celui de Porto Real da Paranahyba. Au reste, les luèmes auteurs
ont écrit O Parahyba, et, dana le pajs, on dit bien certaiocment Pro-
vineia da Parahyba , Diilrilo da Parahyba Xova , S. Joào da Para-
hyba, Porto daParaAybd. — Jeilois dire inssi que, sur les lieui, J'ai
euMadu proDOOcer Parnaltyba, k pei| prés comme a écril H. Gardoer.
(!) On Mit que le Rio do Tocantins porte d'abord le nom de Rio dot
Aima».
^d:,;. Google
BU RIO DE S. FRANCISCO. 313
Ces noms, je l'avoue, ont rinconvéaient d'être longs,
parce que ceux dont ils se composent ne sont point mono-
syllabiques , comme les noms d'un grand nombre de nos
filières ; mais des noms composés et d'une grande lon-
gueur sont bien loin d'être étrangers à la géographie bré-
silienne, ainsi qu'on en a pu voir des exemples dans cette
relation et les deux précédentes (1).
Je reviens à la Serra do Francisco e da Paranahyba, dont
la digression à la<|uelle je viens de me livrer m'a peut-être
éloigné trop longtemps.
Au nord de la Serra da Canastra, qui forme le commen-
cement de cette grande chaîne , je traversai celle-ci dans sa
largeur , pour me rendre au village d'Àraxé , qui est situé
au-dessous de son versant occidental ; pendant une quin-
zaine de jours je suivis ce versant; je ne remontai sur le
sommet de la chaîne que pour y faire environ 5 legoas, et*
ensuite je descendis le versant oriental , que je cAtoyai jus-
qu'à Paracatù ; je ne puis donc indiquer la suite bien exacte
des montagnes qui forment l'ensemble de la chaîne. Je dirai
cependant qu'elle se prolonge à peu près dans un espace de
5 degrés et demi , changeant sans cesse de nom , et que ses
sommets les plus élevés se trouvent dans sa partie la plus
méridionale. Après la Serra da Canastra , dans la direction
du sud au nord, viennent successivement, selon d'Eschwege,
\esSerrasdo Vruhî, da Marcello, d'Indaiâeid' Abatte {i).
(1) Ë\. : Rio Grande de s. Pedro do Sul , s. Miguel eAlma», Caiat
Altaï de Mata dentro , S. Antonio dot Montée Ctarot , etc.
(3) D'Esohwege dit qae la portion de cbaloe formée de ces dnq iuod-
lagoes se dirige vers la rive gauche du S. Princisco, le traverae en for-
niaai la chuie de Pirapord, et va se raltacher, dans les Hius Novas, i lo
Serra do Espiobato {Brae. Seue Welt, 1 , 50). Od poorrail cniire, d'aprta
,,;. Google
Jll TOTASE ADK SODICBS
Au delà de ce point, aucun auteur ne me donne de rensei-
gnements certains, et, comme je ne suis monté sur le som-
met de la chaîne qu'à 5 lieues et demie du passage du Para-
nabyba, c'est-à-dire à une distance qui ne peut guère être
moins de 1 degré de la Serra d'Âbaité (1], je ne saurais
rien dire de cet intervalle (2). Parvenu au somm^ de la
chaîne, je me trouvai sur un vaste plateau appelé encore
Chapadâo (grand plateau) (3), et qui, si je dois croire ce
ceU , qae la Serra do S- Francisco e da Paraaihjbt ne s'ttend point, aa
Dord , ping loin que l'Abailé ; mais il ne saurait en être ainsi , et c«
(in'Eacliwcge Ini-mème dit ailleurs pronre que telle n'a point «té sa
ftaete : ta direction qa'd attribue h la cbatue an deli de la Serra d'Abaité
est sans donle celle de quelque contre-fort oriental. D'après le même
tcriviiu, OQ appliquerait le nom de Mata da Corda à la chaîne partielle
formée par les cinq Serras ; mais Caial dit eipressément (Coroç., 1 , 38!)
que ce nom est celui d'un boii qui a'éiin entre les deux AbaiU , et le
nom de Mata ( boia ) rend cette opinion plus que plausible.
(1 ) Vojei la carte générale de HM. Spii et Hartius.
(1) La carie giénérale de HH, Spii et Marlins indique, bous le nom de
Serra do* CrUlaet , une portion de la Serra do S. Francisco e da Para-
uakjba plus méridionale que Paracatti, et un passage de Caial (Corof .,
1, 382) lendratL réellement ï (kire croire que telle est la position de la
Serra âoi CrUlaet ; mais , s'il n'existe pas deni montagnes de ce nom ,
il j a certainement ici nne erreur. Oo me parla, dans le paf s, d'une Serra
dos Crislaes qa< je ne visitai point, parce que Je savais qu'elle av«it M
parcoume par le docteur Pohl : or, par la relation fort ioiéreasanle do
Tojagequ'j fit ce savant (RefM, seS), on peut voir que la â«rra doa
Critlaei , où il a été , se trouve sitnée h l'onest , hors de la Serra do
S. Francisco edaParanafaibai que. ponr j arriver, Pohl fut obligé de
passer le Rio de S. Harcoset d'entrer dans la province dcGoyai; que,
arrivé i la Serra dos Cristaes, il n'était qu'i peu de dislance de 5. Luxia
de Goyoi; , et qu'eo&i cette montagne ne peut être qn'un nntre-fort ou
nne portion d'un contre-fort du diviseur des eaui du Paranahjba et du
Totanlins. Ce que je dis ici est, an reste, confirmé par Hatlos (/(■, U , 1B5).
(3) Od a TU que le plaleau qui termine If Serra da Canastra porte
aussi le nom de ekapadào. Ce mot e« en quelque sorte géoériqne et dé-
^d:,;. Google
MJ RIO DE s. FRANCISCO. SI 5
qui m'a été dit, a presque 6 Ugoai de longueur et & de lar-
geur, uns aucune discontinuité. Après le Ghapn^diio vient
la Serra dos Pildes; mais ce fut là que je descendis pour
côtoyer le versant oriental et me rendre k ParacatA. k en-
viroD 9 lieues de cette ville, je montai sur un autre grand
plateau , qui est encore la continuation de la Serra do
S. Francisco et da Paranahytw; et, après avoir, pour la
bx)i»ème fois , traversé cette chidne dans la partie qui porte
le nom de Clu^iada de S. Marcos, j'arrivai, du cdté occi~
dental, au Regtttro dot Arr^pmdidot, limite de la comarea
de Paracatiî et de la province de Goyaz. Ce qui caractérise
d'une manière particulière la Serra do S. Francisco et da
Paranahyba , c'est cette suite de plateaux qui la terminent
et qui lui donnent quelque rapport avec les Alpes de la
Scaudinavie (1).
Les deux versants de cette Serra et ses cootre-forta four-
nissent UD grand nombre de rivières , parmi lesquellea on
en compte de diamantioes , telles que l'Indaià et l'Abaîté ,
et dont la plupart arrosent la wmarca de Paracatû. Mais
ce ne sont pas les seules rivières fournies par la Serra do
S. Francisco e da Paranahyba et par ses contre-forts qui
coulent dans la comarca de Paracatû; au nord du chef-
(1) Le plalUQ de S. HarceB se prolonge jmqn'an viUage d« Coaros,
tm U Serri éo Viuuâaco e do Tocaotins, et U il se confood probable-
Duaitavec celai que H. Usrlios {Reiu, 11) eppeUe Chapada doê Cowroë,
SB, du moins, ce dernier doit se présenter après lui d«iis l« directioo da
Dord. Ce fnt aussi va platean que IrooTi H. Oardoer in Bommet de la
raéine Serra , lorsqu'il U traversa entre les villages de S. Pedro et de
N. S. da AbbadiB pour se rendie de Go; ai k flinas ; par conséqnent , il
est fort Traisemblalile que la Serra do S. Fraocitco e do Tocutiu, qui ,
en rfalité , n'est que la continuation de la Serra do S. Francisco e da Pa-
ranabjlM, est, i son sommet, aussi pUte qu'elle.
^d:,;. Google
SIS VOYAGE AUX SOUHCES
lien, cette comarca est traversée par d'autres affluents du
S. Francisco, qui naissent de la continuation de la même
chatue.
Si l'on excepte Paracatû , il n'existait , lors de mon
voyage, aucune ville dans toute la comarca. Quatre vil-
lages étaient des chefs-lieux de justice [juîgados) , savoir,
Salgado, dont j'ai parlé ailleurs (1), S. Homâo, situé sur
les bords du S . Francisco (S] , Araiâ et Desemboque, à l'onest
de la chaîne ; mais il faut que les autres bourgs ou hameaux,
qui n'avaient pas le même titre que ceux-là , fussent bien
peu importants, pnisqne, aurapportde M. d'Eschwege ,
Desemboque ne comprenait, en 4816, qu'une soixantaine
de maisons. Dans un espace d'à peu près 70 hgoas ( au
moins 85 lieues communes de France] , depuis l'extrémité
nord de la Serra da Canastra jusqu'à Paracatû , je ne tra-
versai d'autres villages qu'Araxà,où l'on comptait, en 1816,
soixante-quinze maisons (3) , et Patrocinio , où , i l'époque
de mon voyage , il n'en existait qu'une quarantaine ; je
trouvai à peine un chétif hameau dans une étendue de
23 îegoas, entre Paracotû et la frontière de la province de
Goyaz; enfin, lorsque, à mon retour de cette proTÎoce.jefis
(1) Voyage dant le* provinee» de Rio de Janeiro, etc., li, 407-
(!) L. c, tiS. -~ Depuia mon voyage , S. Rumio, comme Anià , a été
érigé eoTiUe (Gàrdmeii, Travel* ,ii3); mais il ne parait pas qae son
nOUTeau litre ait influé en riea snr sa prospérité, car Pizarro fUsait
monter sapopalatioD, ta IB!!, i 1,300 iudividns, et, d'apris Gardner,
OD n'en comptait qne 1 ,000 en IMO. Ce qai prouve , an reste , combien
les choses changent pen dans les pays diserts , ainsi que j'ai eu occasion
de le dire ailleurs , c'est que les détails donnés par le naturaliste anglais
semblent être un simple commeutaire de ce qu'écrivait l'abbé Manoel
Ajres de Catal ea IBIT.
(31 EscRW.. Brai. .\«ie Well , I, fiO.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. nunCISCO. 117
«Dcore plus de 30 iegoas dans la eomarea de Paracatû pour
me rendre à S. Paul , je ne vis que quelques pauvres aldeat
d'Indiens civilisés. La comarca de Paracatà n'est donc autre
chose qu'un immense désert.
Je n'ai point visité toute cette partie de la cotiuirea com-
prise entre le S. Francisco et la chaîne qui , du cMé de
l'ouest, fournit les affluents de ce fleuve; mais il est na*
turel de croire que ce désert est encore moins civilisé que
celui que j'avais parcouru sur la rive droite du S. Francisco,
puisqu'il est plus éloigné du pays que l'on peut consi-
dérer comme le centre de la civilisation dans la pro-
vince des Mines. Paracatû, qui compte déjà une existence
assez ancienne , qui fut jadis riche et florissant, doit ren-
fermer une population plus intelligente et plus policée que
celle des déserts environnants. Mais je crois pouvoir dire
que la population du pays que je traversai pour arriver à
cette ville est le rebut de la province des Mines. Les com-
meocemenls du district d'A.raxi datent de nos jours, et l'on
sait que ce bourg fut p^iplé non-seulement par des culti-
vateurs dont les terres commençaient à s'épuiser et d'autres
qui n'en possédaient point encore, mais par des débiteurs
insolvables et des criminels qui cherchaient à se dérober i
de justes châtiments. Lors de la réunion dujtdgado d'A-
rasà à la province des Mines , d'Eschwege , qui avait été
chargé par l'administration de faire un rapport sur cette
contrée, s'aperçut, étant à Patrocînio, que les habitants
s'éloignaient de lui , et il sut bientôt que ce canton reculé
était devenu l'asile d'hommes qui , ayant commis des crimes
ou devant de l'argent au trésor royal , avaient fui de Minas.
Pour retremper une telle population, il eût fallu pou-
voir l'instruire et l'attacher au travail ; mais de qui les ba-
D,<j,i,.,.d.:, Google
318 VOYAGE AUX
brtanU de ces déserts recevraient-iU quelques leçons de
morale d de religioD, on mËme l'inatrudion la plus élé-
m«ilaire?et pourquoi tniTailleraieDt-ils, quand leurs be-
soins si peu nombreux sont satisfaits? Dans ces contrées,
l'jsol^nent détruit l'émulation ; la cbaleur du climat invite
à l'oisiTcté , on n'eiove plus sou intelligence, on ne pense
plus, et l'on tombe dans une sorte d'hébétement grossier.
Un grand nombre de txufÙM (oisifs) parcourent le canton
d'Araii et désolent les propriétaires eo volant leurs bes-
tiaux (1). DaoBces déserta, les hommes établis vivent éloi-
gnés les Uns des autres; ils ne connaisseot point la société,
ils ne connaissent que la famille : les vadios ne connaissent
ni l'une ni l'autre. On peut les comparer à ces {riantes pa-
rasites qui, étrangères au sol, épuisent les végétaux Qtiles
dont ils tirent leur substance et ne prodoiseat que de
mauvais fruits.
S'il y a quelque remède à l'espèce d'abrutissement dans
lequel est tombé le peuple de ce pays, c'est naturellemoit
du clergé qu'il semblerait qu'on est en droit de l'att^dre.
Quand on songe c^ndant qu'il n'existequ'ane demi-don '
eaine de paroisses dans toute la eomarea de Paracatû , on
doit sentir que les pasteurs, lors même qu'ils seraient ani-
més d'un véritable zèle , trouveraient de grands obstacles
dans l'extrême dissémination des habitants , si peu nom-
breux, de cette vaste contrée. Mais on sait combien, en gé-
néral, le clogé brésilien fait peu pour l'instruction du
peuple qui lui est con6é, et il y a encore moins i espérer
(I) H. Gtrdnw dit aosN qne tontes les canTines qui arriTeotà S. Bo-
mâo ont à se plaindre des vote de cfaevini, eilrémement et
M cmUob (Trav., 418).
■V, Google
DD BIO DE S. FRANCISCO. SI»
des ecclésiastiques de la eomarea de Paracatù que de ceux
des pays voisina. Cette comorea, en ^et, ne dépend pas de
révèché de Marianne (1819-22); die appartieot â celui de
Femambouc, dont le chef-lieu est éloigné de 450 à 600 h-
goas, et, par conséquent, aucune surveillance ne saurait
être exercée but le clergé de cette partie dn Brésil (1). Les
prêtres peuvent impunément suivre les exemples des laïques
qui les entourent, et leur conduite ne saurait manquer de
réagir ensuite sur ces derniers. La division des évècbés du
Brésil sersithje le répète, indispensable; mais où trouve-
rait-on des sujets assez vertueux, assez éclairés pour occu-
per les sièges épiscopaux , et en même temps assee coura-
geux pour s'opposer aux abus et assez prudents pour éviter
les écueils qu'ils rencontreraient à chaque pas?
Lorsque je parcourais la partie orientale de la province
des Mines, charmé de l'hospitalité de ses habitants (3), de
(1) Taici ramBeut t'eiprime, à ee *iijet, HooMgnor Piiam , prêtre
siiieèrHiient MtlioliqiM, anqnel oa doit aa irarwl igimeiwe •nr les ^li-
M* da Brésil et la géographie de cMte coolrée : ■ De l'éDOTine distance
• qn'il T a de Paracitù 4 Feroambooc , il tiaaUe que les charge* ecclé-
• siastiqncs les pins imporUDIes tombent entre les mains de stijets ÎBi'
« béciles et sans conscience, qni ne sayeot mtew pas qoels sont leurs
■ devoirs, et trop souvent ces bonunes devienneot la canse principale de
■ la raioe des églises et même de celle de ^ cluMe publique, aon-sen)e-
■ menl parce qu'ils sont igooranls et sans eipénenee, mais CDCore paiee
( qu'ils vivent loin d« l'ail vigikiit de leurs évèqoes. » {Mem. hUtori-
etM, vm.parun, 317.}
(2) M. Gardner, qni êuit ao BrMI de 1886 h lUl , fait an três-gmnd
éloge de l'bospitalité des Brésiliens en général ; cependant il ajoute qae
celle des habiianie de Minas n'est pins ce qu'elle était h l'époqne de mon
voyage, et il en accuse les relations fréquentes que les Hineiros ont eues
crée les Européens, prindpalemeni avec l«s CMnpagaies anglaise* (Tro-
cwl>, 468). Par conséquent, gràeai leon conpatrïDtes , Hawe, Loccock
et Walsh ne seraient plus aujourd'hui refus dans les Mines comme ils le
D,<j,i,.,.d.:, Google
320 VOYAGE AUX SOURCES
leur politesse, de leur intelligence, je m'étais bientdl iden-
tifié avec leurs intérêts et leurs besoins ; ils étaient pour moi
des amis , presque des compatriotes. Dans les déserts de
Paracatù , je redevins un étranger. Depuis Arasé jusqu'A
une faible distance du chef-lieu de la comarca , dans uii
espace de 48 legoat, je ne trouvai, je crois, qu'une
forent il ; a pea d'ian^es , et c'est ainsi qae se vérifient les paroles que
j'écrivais en 1830 ; ■ Souvent le voyageur hoonéle a porté la peine des
torts de ceax qui l'ont précéda. • 11 est fort ji craindre aussi que les Fran-
çais ne lioient pas accueillis avec une eilrème bienveillance par ceni des
Brésiliens qui auront lu un article de M. de Cbavaignes, inséré dans \t
Revne de« deux moniei et reproduit dans l'ouvrage intitulé Somenirt,
p. 260 : 1 Tai eu pins d'une fois à maudire, dit l'auteur, l'hospitalité
' que ce peuple accorde si gcoéreusement Vous devei vous soumel-
I tre i des Tormolités cérémonieuses toujours déplaisantes; vous devei
• causer ou écouler quand vous voudrici dormir Accablé de qnes-
II tions sur le but de votre voyage, sur l'opinion que vous avei do Bré-
' sil , il vous faut parler cette langue portugaise si dure et si guttu '
« raie. « Ces phrases ont eicir^ à Rio de Janeiro les réclamations les plus
vives ( Minena Bratilieme, TIt }. Les Brésilieiis peuvent répondre
que, dans tous les pays du monde, l'étranger bonnSte se Ait un devoir
de se gêner pour celui qui veut bien l'accueillir, et en même temps
ils peuvent me citer comme un exemple des égards et des soins que Ton
prodigne h celui qui , voyageant chez eux , tombe réellement malade. Ils
peuvent dire que, partout ei dans tous les temps, depuis celui d'Homère
jusqu'i nos jours , on a questionné l'bomme qui vient de loin , et que
1 nos ancêtres les Gaulois se tenaient sur les grands chemins pour de-
> mander aui voyageurs ce qui se passait dans leur pays (HiNica.,
« Uiêt., I , chap. I). • Quant aux reproches faits à leur langue, les Bré-
siliens s'en convoieront facilement ; car il pirelt que l'auteur, lorsqu'il a
écrit , l'avait i peu près oubliée : h plupart des mota qu'il cite comme
portugais ou sont espagnols, ou n'appartiennent k aucun langage; ainsi
*i«rraipour««To), ciudad [four eidwit), de la (yonr da), gobema-
dor (pour pooernodor} sont espagnols, et on cbercherait inatilement,
dans quelque dictionnaire que ce fi^I, eoreoval (pour corcotnifo), ar-
Toail ( pour arraial) , alquiere ( pour atgueire) , rachoiera ( pour ea-
ehoeira), ealrrei (foar eaàrat), etc.
D,<j,i,.,.d.:, Google
DU RIO DB S. FRANCISCO. »1
personne avec laquelle je pus m'entretenir quelques in-
stants.
D'après tout ce qui précède , je n'ai pas besoin de dire
que les grossiers habitants du désert qui s'étend de la
Serra da Canastra à Paracatû , et probablement ceux de la
pins grande partie de la comarca , ne connaissent aucune
de ces commodités auxquelles nous attachons tant de prix,
et ne font même aucun effort pour embellir leurs demeu-
res. Ils occupent des chaumières petites et obscures , et,
lors même qu'une fœtenda a quelque peu d'importance, la
maison du propriétaire ne se distingue pas des cases de ses
Degrés. Le désordre caractérise ces misérables demeures,
toutes construites en terre. Il ne s'y trouve point de meu-
bles, et le peu d'effets qu'on y aperçoit gtt dispersé à
droite et à gaadie. Pour ne pas laisser tout ce qu'on pos-
sède par terre ou sur les gtraoa , on ne connaît d'autre
ressource que d'enfoncer dans les murs des morceaux de
bois auxquels on suspend sa selle, ses éperons et de mau-
vaises hardes.
A l'endroit appelé Sapé, situé è 10 lieues de Paracatû ,
je trouvai deux ou trois maisonnettes écartées les unes des
autres. L'une d'elles, qui n'avait point de porte, se compo-
sait de deux petites pièces propres et bien balayées ; comme
elle était sans habitants , je m'y établis , et je trouvai que
depuis longtemps je n'avais été aussi bien nulle part. Qu'on
juge par là des autres gîtes que j'avais occupés.
Le costume des gens de ce pays n'est pas plus magni-
fique que leurs habitations ; mais , pour être juste , il faut
dire que, si leurs vêtements sont souvent déchirés, ils sont
du Dtoins presque toujours propres.
Qu'on ne s'imagine pas que toute cette population soit
^d:,;. Google
SSS VOTAGE AUX SODICES
composée d'hommes de coulear. A la vérité, sur la route
deS.Paul A Goyaz, je traversai des âU«<u d'Indiens métis
dépendants du territoire d'Ar&ié ; mais la plus grande par-
tie des habitants de ce julgado sont des blancs. Arrivé prés
de Paracatû, je tronvai enfin un propriétaire dont la mai-
son ^it mieux soignée que tant d'autres et avec leqoel
je pus causer : ce qui est asseï remarquable, cet homme était
un'mulitre.
k Paracatû mÊme, on exploite encore quelques minières.
D'ailleun, dans la partie de la comarea que j*ai parcourue
entre la Serra da Canastra et la frontière de Goyat , tout le
monde se livre & la culture des terres et surtout k l'éduca-
tion des bestiaux. Les habitants du territoire qui s'étend de
la province de Goyaz h celle de S. Paul, c'est-&-dire entre
le Paranahyba et le Rio Grande , sont aussi des agricol-
teura.
Depuis Araxè jusqifau Paranahyba, dans nu espace de
3S legooi, les terres de moyenne qnatité rendent en maïs
SOO pour 1 , et ont , par conséquent , uqe grande faillite.
Les environs mêmes de Paracatû sont propres à tous les
genres de culture. Enfin entre Goyaz et S. Paul , sur la
route qui mène i cette dernière province,on trouve des ter-
rains d'un très-bon ra{q)ort. Ceci doit suffire pour foire voir
combien cette contrée , aujourd'hui si déserte , pourrait
nourrir d'habitants, et combien elle a été favorisée par I»
nature.
Au nord du Pariinahyba, on commence k planter du ma-
nioc, ce qui tend à prouver que le pays est déjà plus chaud
et moins élevé ; car celte plante , commune dans la partie
duSertâo que j'avais parcourue en 1817, ne se voit point
dans les contrées hautes et tempérées. Le même végétal se
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DP UO »E S. FRAHCfSCO. • 133
cultive avec avaDtage aux environs de Paracatà, et il eo est
|Rt>bablemeat aÎDsi dans toute la partie de la eomarea qui
s'étend au delà de cette ville.
U ne parait point qu'à l'ouest de la Serra do S. Fran-
cisco e da Paranahyba, du moins jusque Ters la hauteur de
Paracatii, ou, plus exactement encore, vers le 17* degré de
latitude sud , la grande Fougère [Pterit caudata, ex Mart. )
et le Capim gordura {Melinù minuUflora, Palis ; — Trii-
ttgi* gbuinosa, Nées ; — Capim melado , i Rio de Janeiro )
s'emparent , cwnme dans la partie orientale de Minas , des
terrains qui ont été quatre i cinq foii en culture (1). Hais
i peine me trouvai-je sur le versant oriental de la Serra '
que je iXKamençai à revoir la dernière de ces plantes , le
(1) ■ Lorsque, à l'orient de li Sem do Eqùnhico, on ■ fait, doDsim
• terrain , an petit nombre de récoltes, on j Toit nattre nne très-grande
t (bngère dn gtart Pleri*. Doe firaminée Tisqnetise , grislire et Tétide ,
■ a^eUe Capte gordura on kerbe à la graiwa. anecède hienlAt i cette
■ cr7pl«gaiiie oa croît en même temps qu'elle, lion presque tonte*
I les autres plantes disparaissent avec rapidité et l'agricullenr, ne
■ ponrant plas espérer Toir natlre de aonTeanx arbres sur son terrain,
I dit que eaM-d «1 fwrdv lOM retour {Vogaçi Auta lea provfncM
* iâ hio de iantiro, etc., I, 191}. > J'ai dit, en parlant du Capim
fordwra, que le XT 40' degré de latit. S. formait sa limite seplen-
nais cela ne doit s'entendre que dn pajs dont Je parlais alors,
lé k Test de ta Serra do Eaplabaço, t peu prêt tena
t méridiene que Villa Bica, Tilla do Principe et les paja dr-
conToisios. Od verra, pins tard , que j'ai retronvé cette mtme firarajo^e,
entre le 16* et le lï' degré (Eschw., Pii.), dans la province de Gof ai , en
me rendant de Santa Lnzia k Villa Boa. M. Gardner dit qu'il l'a obaeirée i
[tlnÉmn degrés, an nord dn 17*, leraqi^il tivent ta cfaaine des monta-
gMB qui •éyareni G»;u de Ittaa et de nroanboac ; il lyoute que, dans
eea ceibéea, alla n* cntt qa'auptte des maiaons ; il lui parait évident
qa'elk ; a été transportée par le* caravanes, et il pense qu'elle ne tar-
dera p«* i se r^paadre davantage (rrowU , *n).
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334 VOYAGE AUX SOURCES
Capim gordura. Elle o'est point indigène dans ce pays (1);
les habitants disent qu'elle vient des colonies espagnoles et
qu'elle a d'abord été cultivée comme fourrage. Aux envi-
rons de Paracatâ , [dus au nord et probablement en beau-
coup d'autres endroits , elle n'envahit les terres que lors-
qu'on ne les laisse point reposer assez , ou lorsque le feu y
prend par accident, ce qui malheureusement u'est pas rare.
Dans le canton de Tapera, à peu près & 10 Ugotu de Para-
catâ, le (7(i|>tni (gordura s'élève quelquefois, m'a4-on as-
suré, è la hauteur d'un homme; ses tiges Eaibles, couchées
les unes sur les autres, forment des lits épais, et, lorsqu'on
' y met le feu , elles fournissent , comme les capoeiras , assez
de cendres pour fumer la terre , que l'on peut ensemencer
ensuite. Je n'ai pas besoin de dire que , dans ce cas , la
Graminée dont il s'agit, ordinairement si nuisible à l'agri-
culture, ne présente plus aucun inconvénient.
n est assez remarquable que, tandis que le Capim gor-
dwra, malheureusemeot si commun à l'est de la Serra do
Espinhaço, ne dépasse pas beaucoup le versant occidental
de cette cbaine , il se soit , au contraire , répandu à l'orient
de l'autre chaîne qui limite le bassin du S. Francisco, et
qu'il ne se trouve plus à l'occident de la partie méridionale
de cette dernière. Ici il est bon de se rappeler que, à l'est
de la Serra do Eepinha^, s'étendent de vastes forêts, ^ que,
à l'ouest , plus loin même que la Serra do S. Francisco e da
Paranahyba, il n'eiiste que des eampot. AJnsi le Capim
(\) Vo^ei t» que j'ai dit , duB moa Vofiagt a» dittriet du Dia-
manU.etc., 1,22U, sur les diverses opinions qa'oo a, eu d'autres en-
droits, TelaiiremeDt à !■ patrie de cette plante H. Garduer isure, ainsi
qoe moi (rrotwlt, 477) , que les agricullenrs brésiliens ne la conaidè-
reat point comme iadigène, et tout ce qa'il njonle (end h le eoofirmer.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. SU
gordura se trouve dans des régions végétales fort différen-
tes, celles des forêts et des eampos, et, ensuite, oo ne le
voit qae dans certaines parties d'one même région, ce qui
tend à prouver, de plos en pins, que des circonstances for-
tuites ont introduit cette plante è Minas Geraes.
Les pAtorages natoreb qui couvrent une si immense poi^
tioQ de la eomarea de Paracatû le rendent aussi bvorable à
l'éducation des bétes k cornes qu'elle l'est i l'agriculture.
La nécessité de donner du sel au bétail doit, il est vrai,
diminuer les bénéfices d'un grand nombre de cultivateurs,
mais cette nécessité n'est point générale. Comme dans la
partie orientale du Sertâo (1), il existe, auprès de Paracatû,
des terrains salpêtres qui remplacent le sel pour les bêtes à
cornes, et il peut être également remplacé, dans plusieurs
cantons, tels qu'Araxé , Patrocinio, les environs de Farinha
Podre, par des eaux minérales que les animaux savourent
avec délices.
Outre les bestiaux, il y a, dans les fazmdas voisines
d'Araxéi, et encore ailleurs, des troupeaux de moutons.
Avant l'arrivée du roi Jean VI au Brésil , on ne songeait
point, dans ce canton, à élever des bètes à laine ; mais le
go6t des Européens pour la chair de ces animaux et le prix
élevé auquel on les payait encouragèrent les cultivateurs à
en former des troupeaux. Eux-mêmes ne mangent point
leurs moutons, et , en général , ils témoignent de l'horreur
pour cette viande (â); mais, du c6té d'Araxé et peut-être
dans d'autres parties de la comarca, les propriétaires fa-
(I) rodage dant Ut provinre» de Rio de Janeiro, etc., 1,318.
tï) Dq 4iilciir ingliù a pi^ieoda qnc les Brésiliens ne mangeaient
pa* la chair des moalcoB , parce qae l'agntAu est an syinbole pour les
chrétiens ( LcGcocB , Hôte* on BraiilV Je n'ai ri«D eateadu dire qai
1. 15
^d:,;. Google
HK TOYAW AUX SOORCES
briquent dans lean maisoDB des tissus de laiu ^rosaiers.
Entre la Serra da Canastraet Araxi, à l'ouest de Ia grande
chaîne, le pays est montagneux ; j'eus même i tiSTerso-
une petite chaîne qu'on appelle Serra do Àraxâ, et qui ne
peut être qu'un conb'e-fort de U grande Serra do S. Fran-
cisco e da Paranahyba. Ayant quitté Araià, je traversai en-
core d'autres petites chaînes, cetlei qu'on nranme Semu
do Saiitre, do Dourado et da Ftgueireda; mais, eo géné-
ral , le terrain est ondulé, quelqueEots plat , et les collines,
arrondies et très-larges à leur sommet , s'inclinent par une
pente insenàble. Après avoir passé du c6té ori^tal de la
Serra do S. Francisco et da Paranahyba, je fis plusieurs
lieues dans une |daine. Au delà de Paracatû, k peu de dis-
tance de cette ville , je me retrouvai encore dans un pays
plat; mais je ne tardai pas à monter sur le plateau qui ter-
mine la Serra do S. Francisco e da Paranahyba , et c'est en-
suite que j'arrivai à Goyaz.
A son sommet et sur l'un de ses versants, celui qui est
tourné vers le village d'Araié, la Serra du même nom pré-
sente des arbres tortueux et rabougris : d'ailleurs, dans un
espace d'environ 12i iSieyooa, depuis la Serra da Canastra
jusqu'à la rivièrede&u«braiitisol,je ne découvris, dans la
campagne, que d'immenses pâturages entremêlés de bou-
qu^ de bois. Au delà de Cackoàrinha, lieu situé un peu
plus loin qu' Ara jé, je commençai à trouver pins de vari^.
Ce sont encore, il est vrai , des pâturages et des bouquets de
bois ; mais tantM les premiers sont simplement eonposés
justifiât cette aaMrtMU : «e qu'il ; ■ de Mitaio, c'eM <fM la ebair dei
■nouions est, dus les pirtieicluadaa du Btésil, înAniinail moins Imiom
qn'ea Europe.
^d:,;. Google
DO RIO DE S. FRANCISCO. SST
de Gramens, d'autres herbes et de quelques sous-arbris-
seaux , taotit ils ùttrent des arbres rabougris, épars ci et là
au milieu des herbes. Cette alternative assez singulière tient
éridemment aux différences du sol, car, lorsque celui-ci
[vend une couleur rouge, il donne toujours naissance à des
arbres épars, tortueux et rabougris, et, plus la teinte de la
terre est foncée, plus ces arbres sont nombreux. Après avoir
passé le Paranahyba et traversé le diviseur des eaux de cette
rivière et du S. Francisco, je me trouvai, comme je l'ai dit,
dans une plaine , et là je ne vis plus sur mon chemin que
des eampos parsemés d'arbres rabougris; mais, parvenu au
somm^ d'un morne élevé, voisin de la ville de Paracatù, «t
qui lui a emprunté son nom. Serra de Paracatù, je recon-
nus qu'il y avait encore dans cette plaine des pâturages
simplement herbeux mêlés parmi les autres; enfin, au delè
de Paracatù, j'observai encore la même alternative.
Ce pays diffère donc , dans l'ensemble de sa végétation ,
de la partie du Sertâo que j'avais parcourue en 1817; car je
n'avais guère vu, àl'orientduS. Francisco, que des camj»»
parsemés d'arbres rabougris (1). Au reste, on sait que les
pdtnrages simplement herbeux appartiennent aux cantons
les plus élevés delà région deseampos; il est à croire qu'ici,
quand je commençai à apercevoir des arbres épars au milieu
d'une partie des pâturages, le pays n'était déjà plus aussi
haut, et, vraisemblablement, si j'étais descendu vers le Rio
de S. Francisco et que Je me tusse porté davantage du c4té
du nord, j'aurais trouvé des arbres dans tous les pâturages.
n y a aussi , dans les phénomènes de la végétation , une
'1| Toy« nuHt FofOtTR 4ant In provinet* de n(o de Janeiro , etc..
^d:,;. Google
ÏS8 VOYAGE AUX SOURCES
différence fort remarquable entre ce pays et le Sertâo orien-
tal du S. Francisco (1). Oo sait que, pendant la sécheresse,
les bois de ce désert se dépooillent entièrement de leurs
feuilles (2). D'après les rensei^ements qui m'ont été don-
nés, il n'en est pas ainsi dans la comarca de Paracatû, de-
puis l'endroit où j'y entrai jusqu'au village de Patrocinio ;
car, dans cet espace, quelques arbres seulement, tels que
VIpé (Bignonée) et les Gameîeiros (espèce de figuier), per-
dent, diaque année, tout leur feuillage. Je sais aussi que,
sur le Cbapadâo , les bouquets de bois ne se montrent ja-
mais entièrement dépouillés. Quant au reste de la comarca,
je n'en pourrais rien dire sous ce rapport. J'ai montré que
la sécheresse était la seule cause de la chute des feuilles dans
les catingas de Hinas I4ovas et celles du Sertâo oriental ; si
donc, dans la partie de la comarca de Paracatiî , dont je
viens de parier , les arbres conservent leur feuillage , cela
doit tenir è ce que cette contrée, plus élevée, est aussi moins
sèche.
Au reste , s'il y a , pour la végétation , quelques diffé-
rences entre le Sertào oriental et la porUon de la comarca
de Paracatâ que j'ai parcourue depuis la Serra da Canastra
jusqu'à Goyaz, les ressemblances sont bien plus sensibles.
Nous avons, dans les deux pays , des campos qui , parsemés
d'arbres rabougris , présentent le même aspect. Les ruis-
seaux sont ici, comme dans le Sertâo oriental, bordés d'une
étroite lisière d'arbres serrés, grêles, élancés, souvent ra-
(1) Je D'ai pas beaoia de dire que je veni sevleiDeiit ptrier ici de la
partie qne j'ai parcoarne en 1817.
O) Tofei tDon Voyage daru lei provineet de Bio dt Janeiro, etc.,
II , 132, cl moa Tat>ltau de la vigtiaiion de la province de Mina*
Seratt, publié dau les Annalei de* tdencei naturellei, 1" série.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. fbaucisco. s»
meax dès la base et en partie dépouillés de feailles. Avant
d'arriver À Patrocinio, je vis, pendant plusieurs jours, dans
les parties les plus basses des campos , des espaces assez
considérables d'un terrain spongieqi et noirAtre, où crois-
sent, an milieu d'épaisses Graminées, la Geotianée (484) ,
des Xyrii et des ErioeauUm ; le désert que j'avais par-
cooru, lors de mon premier voyage, m'avait offert des
marais du même genre.
Les détails de la végétation m'offrirent entre les deux
. contrées encore plus de rapports. J'avais pu raisonnable-
ment espérer de foire une riche moisson de plantes , en
m' éloignant peu d'une chaîne qui donne naissance à deux
des plus grands fleuves de l'Amérique, et surtout en la tra-
versant ; mais je fus désagréablement trompé dans mon at-
tente. La plupart des plantes que je voyais autour de moi
étaient celles que j'avais déjà observées , il y avait environ
deux ans , près du Rio de S. Francisco , dans une contrée
pourtant beaucoup plus septentrionale, et sans doute beau-
coup moins élevée. Parmi les arbres rabougris des campos,
je retrouvai à peu près les mêmes Légumineuses, les mêmes
Salicariées , des Bignonées à Oeurs jaunes , les mêmes
Apocynées, des Vodiysiées, et, enfare autres, le Saîvertia
eomallanodora, Aug. S. Hil., aux fleurs tout, è la fois si
parfumées, si bizarres ^t si belles , et enfin cette espèce
connue sous le nom de Otàna dû campa ou ele Mendanha ,
dont récorce remplace le Quioa du Pérou, et que j'ai, avec
étonnement, reconnue pour être un 5(rychno* (5frycAmu
p$eadùquina, Aug. S. Hil.} (i).
La saison pendant laquelle je traversai la conutrea de Pa-
(1) Vojei mon ouvrage inlitulé Plante* umUn det BratUieiu, I.
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S30 TOYifiE AUJE 8
racatû était d'ailteurs peu favorable à la récolte des plantes;
elles avaioDt déjÀ perdu leurs fleurs , et les fruits a'étsirat
poJDt encore mûrs.
La sécheresse qu'il avait fait, cette année-là, contribuait
encore à rendre les fleurs plus rares. L'herbe était, au com-
mencement de mai , vers Patrocinio, presque aussi sèche
que celle des compos du Sertâo oriental l'est ordinairement
en août et en septembre, et la campagne avait une teinte
jaune ou grisAtre qui affligeait les regards.
Le défeut de pluie avait occasionné une disette générale.
Le maïs , qui , dans ces contrées , remplace l' avoine , man-
qua souvent à mes mulets. Souvent aussi j'eus beaucoup de
peine à renouveler mes [avisions de brine et de haricots ;
je fus privé de rii pendant pias de trois semaines, et ces
comestibles formaient ma seule nourriture.
Ce voyage fût aussi pénible qu'il était peu fructoens
pour la science. Au milieu de ces eampos, où il n'y a point
d'ombrage, la chaleur éUit excessive, et, à la fin d'une
journée ennuyeuse et fatigante, je ne trouvais qu'une nour-
riture grossière, de l'eau pour boisson, un gtte détestable
et des hâtes ignorants et stupides.
Cependant, malgré les tristes détails que je viens de dou-
ner sur mon voyage dans ïacomarcade Paracatû, il n'en
est pas moins vrai que cette comarca renferme tous les
éléments de la richesse et de la prospérité. Non-seulement
on y trouve de l'or et des diamants [1], mais encore du
fer et de l'étain (2]. Diverses plantes y offrent à l'homme
(i) H selrooTe desdiamaDts, selon Pîzarro, dans les Rio* da Praia
do Sono, Abailé, S. Antonio. Andaia, Preto.
m Pu., Htm. hUt., Vni, Begaoda parle, 114.
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DU RIO DE 3. FRANOSGO. 331
des remèdes salutaires, tels que le Qaina do campo (Stryeh-
not pieudoquina, A\ig. S. Hil.), que j'ai déjà cité. Les
terres sont fertiles , et d* immenses pâturages peuvent nour-
rir de nombreux troupeaux. En plusieurs endroits, des
eanx minérales dispensent l'agriculteur de donner au bé-
tail le sel , denrée si cbère i l'intérieur; et ces eaux pour-
raient être utilement emidoyées pour la gnérison de plu-
sieurs des maladies qui affligent notre espèce. Enfin les
campagnes sont arrosées par une foule de ruisseaux et de
rivières ; elles le sont par le Parsnahyba , l'un des com-
mencements du Rie de la Plata, et le S. Francisco, l'uo des
plus grands fleoves de l'Amérique, qoi , par la suite, au-
ront la plus grande importance pour l'exportation des
produits du sol. Lorsqu'une population plus nombreuse se
sera répandue dans ce pa^, aiqonrd'bni si désert, lorsqu'à
l'aide de communications pins fréquentes quelques lumiè-
res y auront pénétré, il ne saurait manquer de devenir flo-
rissant.
D,g,t,.,.d.i. Google
VOTtOE AUX SOURCES
CHAPITRE XII.
auxa' et ses eaux uin6bales.
Fatenda de Patol Quttmado ; aoa raneho.— fUtiro da JàbtUieabaira.
Les propriéUires des udIods TOisioa d'Araià sont-ils richM? — Une
cascade. — Pijs situé an delà dn Kctiro da Jabalieobeira. — RtUro
de Triu-oi-MmUi. Riceplion qu'on j Aut k l'utear. — Serra do
Araxû. — Fatmda de Ptripittnga. — Ania. Histoire de ce rQUge.
SoD administration civile el ecclésiasiiqne. Son nom. Sa sitoation. Ses
maisons; «a place publique. Ses églises: réfleiion sar leur multipli-
cilé. Ses habitants; leurs nueiirs. ComneTce de bestiani. Cnllare des
eDTiroDS. Ëdncalioa des bêles h cornes. — Visite «ni eaai minériles.
De quelle manière on j traite le bétail. Goût des animaat ponr ces
eani. Précautions qu'il faudrait prendre. — l'auteur obtient nu to-
cador. — De quelle manière lea lidèles se placeul k l'église ; le cos-
tume qu'ils j portent.
Après m'ètre éloigné, comme je l'ai dit, de la Serra da
Canastra, je parvins, à la fin d'une longue journée de voyage
(16 avril), à la /às«nda de Patol QuWmafJo [grange brûlée).
Aussitôt que le propriétaire me vit venir de loin avec ma
caravane, il fit balayer un petit raneho, ouvert de tous les
cAtés, qui était en dehors de sod habitation, et l'on n'avait
pas encore achevé ce travail lorsque nous arrivâmes. Je fus
fort sensible A l'attention que l'on voulait bien avoir pour
moi et à la politesse mielleuse avec laquelle on m'accueillit;
mais i) parait que le raneho que l'on m'avait donné pour
- gîte n'était pas autre chose que la demeure ordinaire des
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DU UO DE S. nuNClSCO. 3S3
cochons. Toute la nuit , il fallut faire la guerre à ces ani-
manx , qui venaient ronger nos bats et réclamer leur do-
micile , et aucun de nous ne put fermer l'oeil , k cause de
l'effroyable cpiantité de puces qu'ils avaient laissées dans
le riaicho.
Le lendemain , nous parUroes très-tard. Le peu de som-
meil dont nous avions Joui et l'extrême chaleur qu'il fai-
sait avaient mis tout le monde de mauvaise humeur, et
nous traversAmes tristement un pays fort montueus , cou-
vert encore dé pâturages entremêlés de bouquets de bois.
Ces pâturages, comme ceux que j'avais parcourus précé-
demment, se composent en grande partie de Graminées,
principalement de celles n° 335, et le petit nombre d'es-
pèces qui croissent au milieu de ces plantes appartiennent
surtout à la famille des Composées et au genre Vemoma.
Une végétation anak^e caractérise en général les eampos
simplement herbeux.
La belle Gentianéen' 100 est fort commune sur un morne
très-éievé qui se trouve à un quart de lieue du Retira da Ja-
butictUteira (1),où je fis halte.
Ce retiro ou chalet dépendait de l'immense fazenda de
Quebra anzol. Il se composait d'une grange et d'une mi-
sérable chaumière où le vent pénétrait de tous les cdiés ,
et qui n'avait d'autres meubles que quelques-uns de ces
lits rustiques dont j' ai déjÀ parlé. C'était là cependant qu'un
des fils du propriétaire de la fazenda de Quebra anzol de-
meurait ordinairement avec sa femme, et cette fazenda
n'avait pas moins de 9 legoa* de longueur.
(1) JabtUieabetra est le nom valgtir« du Myrtnt eauUflora, Hart..
atbn qni , comme je l'ai dit ailleurs , foaniit l'un des meilleurs fraib
dn Brtsil m^ridionil.
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23t VOTAGE ADX SOURCES
Ici se présente natureUeroent une qoestîôn. Ces hommes
sont-ils réellement dans l'indigence, ou oot-ils de la ri-
chesse arec toutes les apparences et tes habitudes de la pau-
vreté? Eicepté le sel et quelques n^res qui leur rappor-
tent un intérêt raisonnable, ils n'ont , pour ainsi dire, rien
à acheter, et, d'un autre cAté, ils rendent certain«nent
beaucoup de bestiaux, puisque, après le canton de Bio
Grande, cette partie de Minas Geiaes est celle qai en four-
nit le plus à la capitale du Brésil. Il semble donc que les
fazendeiros de ce pays devraient avoir beaucoup d'ai^ent,
et pourtant la manie de thésauriser ne s'accorde guère avec
le caractère généralement impréroyaiit des Brésiliens de
l'intérieur. Il est extrêmement vraisemblable que ces bom-
mes , dont les établissements sont tout nooreaux , ont com-
mencé sans avances', qu'ils ont acheté leurs esclaves et ce
qui semble leur propriété à crédit, peut-être même eu payant
des intérêts fort usuraires, et que, par conséquent, ils
Kont pauvres, puisqu'ils ne powèdent qu'imparfaitement
ce qui parait leur appartenir (i).
Quoi qu'il en soit, je ne paie m' empêcher de raconter
ici un tBit doDl fti été lémoÎD. Dans nae àe» fasendat du
julgado d'Arsti, José Marianoo présenta au maître de la
maison des bagatelles qn'tl avait è vendre. Celui-ci trouva
tout extrêmement joli , mata il se récria sur sa naisère; &
l'entendre, il n'aurait pas en untrmtffn. Cependant je vis
autour de sa maison tant de moatons , de pourceaux et de
bétes à cornes, queje n'eus point, je l'avoBerai, la tenta-
tion de lui faire l'anmtoe, et, so moment où j'allais par-
(1) H. d'Esc)nr^« umre. « tSlO, qw le prii d'oa uèfcre DOurMn,
acbeln 150,000 ma, s'élcnit , •prèi ipHtre ws de crédit , i 11 mxbum
de 280,000 (Arai., [, II).
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. NSi
tir, un marchaDd de bestiaux qai se trouvait là me dit qu'il
venait d'acheter dans cette propriété cinquante bœufs à
4,800 reis (30 fr.}.
Je reviens au Retiro da Jabaticabeira. Il est situé dans
un Tond , «itre des mornes couverts d'une herbe rase ; et ,
ân-desaous de la cbaumière, coule un ruisseau dont les
bords sont garnis d'une lisière d'arbres et d'arbrisseaux
touffus entremêlés de Palmiers. A une petite distance du
retiro, le ruisseau se précipite du haut d'un rocher en for-
mant une cascade charmante. Ici l'eau ne tombe point ver-
ticalement, mais elle s'écoule par bonds sur une masse de
rodters trèa-irrégnlière qui descend obliquement. A droite
et i gandte de ta cascade, qui peut avoir ^à 60 pieds de
hauteur, sont des arbres, des arbrisseaux, des Fougères et
d'autres végétaux. Je récoltai quelques plantes auprès de
cette jolie chute d'eau , mais je fus accueilli par des nuées
de moucherons qui me couvraient les mains et la figure,
lorsque j'étais un instant sans agiter mon mouchoir.
Au delJt de Jabuticabeira , le pays est élevé et monta-
gneux. Sur les hauteurs, je trouvai le terrain mêlé de sa-
ble et de pierres ; la végétation était moins vigoureuse que
dans les fonds, les Graminées moins serrées et moins touf-
Ries. Parmi les plantes peu nombreuses qui croissent au
milieu d'elles, les plus communes sont le Snàthia n° 436,
la Campanulacée 457 et l'Amarantacée 438 qui caractéri-
sent tes eampos pi«'reux ou caillouteux.
Toqjours une vue très-étendue, mais qui n'offre absolu-
nent que d'immenses pâturages, et, dans les fonds, des
bouquets de bois. Une profonde solitude, presque point de
bestiaux, pas une seule cbaumière, quelque loin que les rc-
Kards puissent s'étendre ; personne dans les chemins.
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236 VOYACE ADX SOURCES
Depuis Jabuticabeira , j'avois fait 3 lieues dans ce pays
désert, lorsque je m'arrêtai au Retira de Trai-os-MonUt
[le chalet d'au delà des monts] , qui dépend d'une fasenda
assez considérable. Là je trouvai encore quelques chau-
mières dispersées, et auprès était une manjola [i) avec une
grange dont les murs étaient remplacés, comme c^ a sou*
vent lieu dans ce pays, par de longs bâtons très-rapprodiés
les uns des autres et retenus en haut et en bas par d'autres
bâtons transversaux.
Lorsqne j'arrivai , je demandai à une négresse où je pour-
rais passer la nuit ; elle me répondit qu'il n'y avait de place
nulle part. Le maître de la maison était absent; j'allai, sans
cérémonie, parler à sa femme, malgré l'indiscrétion qu'il
y a, dans ce pays, à faire une telle démarche. Dans une
chaumière construite comme la grange dont j'ai parlé tout
à l'heure, mais plus petite, je trouvai deux femmes jolies et
assez bien mises, et je les priai de me donner un abri. Avec
un air encore plus impoli et plus dédaigneux qu'embarrassé,
l'une d'elles m'envoya à la manjola ; mais, comme il aurait
autant valu me dire de coucher dehors, je lis connaître qui
j'étais, je réclamai un gtte dans la grange, et j'allai le pren-
dre presque avant qu'on me l'eût accordé.
Il parait que la maltresse de la maison n'était à ice reltro
qu'en passant et pour faire les honneurs d'une partie de
chasse. Peu de temps après arrivèrent les chasseurs pour
lesquels la grange avait iÀé réservée. C'étaient des proprié-
(1) L« manjola tet U nMchine, eilrêmcmait «iiiiplt, i l'aide de )i-
quelle od comnHDce la préparation de la farine de msis dent en uu-
poDdre les aliments et qa'oo «(^le /iirtRAa. On donne le nom de /Mn
k la farine propremeol dite , résultat de l'action du tdouIjd sur le mats
{Vn^t^ tlatu Itt provinret de Rio de Janeiro, etc., 1, lOGct 23&v
^d:,;. Google
DD MO DE S, FRANCISCO. 23T
taires aisés du voisinage et tous des blancs, car on en voit
dans ce canton beaucoup plus que de mulâtres. Je leur
trouvai A peu près les manières qu'avaient, à mon départ
de France, les petits bourgeois de campagne de nos dépar-
tements.
Après avoir quitté le reftr» dont je viens de parler , je
commençai à monter la Serra do Araxé. Je découvrais de
tous cMés une vue fort étendue, mais elle n'offrait encore
que des pâturages parsemés de capBes, A mesure que je
m'élevais, le terrain deveuait plus sablonneux, et je voyais
cà et là des espaces assez considérables couverts de pierres.
La Serra do Arasa, qui a plusieurs lieues de longueur, n'a
pas une hauteur considérable ; cependant je fus longtemps
avant d'arriver à son sommet , parce qu'il me fallut, aup^
ravant, monter et descendre plusieurs fois. Ce sommet
offie une plate-forme où le terrain est pierreux et sablon-
Deni ; il y crott çà et là des arbres tortueux et rabougris,
et j'y retrouvai quelques-unes des plantes que j'avais déjà
recueillies dans la Serra da Canastra, telles que la Radiée
n' S80, la Gentianée d* 37fi, et, dans les endroits pier-
reux, la Composée frutescente n* 372.
Du cAté qni regarde le village d'Araxâ, la montagne est
très-escarpée. Son flanc, couvert de rochers, présente en-
core, par intervalles, d^ arbres tortueux : ce sont principa-
lement te Kieîmeyera specioêa, Aug. S. Hîl., Juss., Camb.
(vulgairement Malva do Campo] , qui alors était chargé de
belles fleurs roses et couleur de chair; quelques individus
du Voehysia n° 356 , et la Composée n" 372. Certains en-
droits sont presque uniquement couverts d'une espèce du
beau genre Vellosia [Canela dema) , dont les tiges, grosses
comme le bras et presque toujours simples, n'ont pas plus
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338 TOTAGE ADX SOURCES
de 1 pied k 1 pied et demi de haut «t se tenninent par nn
bouquet de feuilles.
Ou descend la montagne par un chemin pierreux, eitr6-
roement difficile, et , lorsqu'on est an bas , on se trouve dans
une plaine ondulée où l'on revoit encore des plturages et
des bouquets de bois. Sur la gauche est une petite forêt qui
surpasse tous les capHet en étendue. C'est là que se trou-
vent les eaux minérales et fangeuses que les habitants de ce
caotOD font boire à leurs bestiaux pour remplacer le sel.
A peu de distance de la Serra do Àraxâ , je fis halte à la
fazenda de Peripitinga (1) qui , comme celles de tout ce
pays , n'offrait que des maisonnettes éparees au milieu
desquelles il était difficile de distinguer l'habitation du
maître.
Celui-ci était du nombre des chasseurs quej'avais vus au
Retiro de Tras-os-Montes. Je l'avais trouvé plus poli que
les autres, et je ne fus pas étonné d'apprendre qu'il était né
et avaK été élevé dans la comarca de Sabaré. Il me logea
dans sa grange, mais en me faisant beaucoup d'excuses de
ne pas avoir un meilleur gîte à m' offrir; et, pendant tout le
temps que je restai chez lui , sa complaisance ne se dé-
mentit pas un seul instant.
Quoique nous fussions dans l'automne des tropiques, j'é-
prouvai, en quittant Peripitinga, une chaleur très-forte ;
depuis longtemps même je n'en avais ressenti nne sei&bla-
ble, ce qui vient sans doute de ce que le pays n'est plus
aussi élevé. Cependant, quand nous traversions quelque
bouquet de bois arrosé par un ruisseau, comme le sont tous
(1) PeripUinga ïient pent-élre des mou guaranis pirt , jone , el pi-
Htnga, qui sent mayvaù. — M. d'Eschwrfie s écrit Ptrepetinga.
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DD 110 DE S. FIANCISCO. Z3>
ceiu de ce pays , nous éprouvions une fraîcheur délicieuse.
Au delà de PeripitiDga , le terrain qui s'étend au pied de
l« Serra do Araxà présente encore quelques inégalités ;
mais, À un quart de lieue du village , ou ae découvre plus
qu'une belle plaine couverte de pAturages et bordée par des .
copies.
C'est dans cette plaine , sur une pente peu sensible ,
qu'est situé le village d'Araxâ{arraial do Araxâ). Avant d'y
arriver, on voit (â et là quelques jolies cbaumières entou-
rées d'Orangers et de Bananiers. L'aspect du village, dont
toutes les maisons , lors de mon voyage , étaient encore
nouvelles, la verdure des pâturages, les bouquets de bois
dont ils sont parsemés, la beauté ravissante du ciel, cet air
de gaîté qu'ont si souvent les pays de plaine, tout cela for-
mait UB ensemble charmant.
J'avais une lettre du captlao mor de Tamandu pour le
juge ordinaire [Juiz ordittario) d' Araxà. J'envoyai José
Harianno eo avant, pour la remettre à son adresse. Le jag^
habitait la campagne ; mais la personne qui gardait sa mai-
son dit à mon muletier que nous pouvions nous y établir.
Pendant que l'on déchargeait lea malles . le juge arriva.
Cétait un bon et joyeux campagnard , qui me reçut fort
bien. Je le priai de me jvocarer un tocador, un muld, une
paire de malle» , et il m'assura que je o'aurais pas de peine
à être servi. Depuis S. Joâo d'ËI Rei , de semblables pro-
messes m' avaient été faites partout, et sans doute de bonne
foi; maison a déjà vu de quelle manière elles s'étaient réa-
lisées.
La découverte du pays où est actu^ement Araxâ et celle
des eaux minérales qui existent dans son voisine^ sont
^d:,;. Google
}M VOYAGE AUX SOURCES
dues & des nègres fugitifs, venus de Minas Geraes poar se
cacher dans ce désert. Un vieillard qui s'était établi k
Àraxé , il y avait environ trente ans, k l'époque de mon
voyage (1819), me dit qu'il n'y avait trouvé qu'une pauvre
chaumière. Bientôt on répandit, dans toute la province des
Mines, que ce pays était d' uoe extrême fertilité, qu'il oBtait
une immense étendue de terrain sans propriétaire , qu'on
y trouvait de vastes pâturages , et qu'on pouvait y élever
de nombreux bestiaux, sans faire la dépense de leur donner
du sel. Des criminels poursuivis par la justice, des débiteurs
Insolvables, des cultivateurs dont les terres ne produisaient
plus avec la même abondance, d'autres qui n'en possédaient
point encore , accoururent en foule. On vit des familles se
réunir, pour traverser avec plus de sûreté un pays sans ha-
bitants et arriver jusqu'ici. Cependant ceux de ces hommes
qui avaient l'habitude du crime s'y livrèrent avec plus de
hardiesse encore, quand ils se virent éloignés de toute es-
• pèce de surveillaoce , et, à l'époque où la nouvelle colonie
commença à se former, les meurtres y forent très-fréquents.
Lor? de mon voyage , les premiers habitants étaient morts
pour la plupart ; des communications beaucoup moins dif-
ficiles , un accroissement très-considérable de population
avaient diminuéles chances d'impunité; mais, si les mœurs
se sont adoucies peu i peu, elles sont restées extrêmement
Quoique les premiers qui s'établirent dans ce pays vins-
sent de Minas Geraes, ils reconnurent l'autorité du gouver-
nement de Goyaz. De cette manière, ceux des colons qui
étaient poursuivis par la justice se trouvaient avoir changé
' de province et rendaient leur châtiment plus difRcile; et,
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 341
d'an sdtre daté, les agricirfteurs pouvaient obtenir des iu-
inart(M(l] de 5 lieues, telles qu'on les donne dans la pro-
TincedeGoyai; tandis que, dès lors , on n'en accordait
plus que de 1 Utne dans ceUe de Minas Geraes. Le gouver-
nement reconnut Araxâ comme appartenant à Goyat ; on
fit de ce village le chef-lieu d'une paroisse , et, vers 1811 ,
on l'érigea mjulgado ou cheMien de justice, en y créant
des juges ordinaires.
Cependant les habitants hounétes ne tardèrent pas à sen-
tir les inconvénients qu'il y avait à dépendre d'une pro-
vince dont les magistrats étaient à environ 140 lieues
d'eux; ils réclamèrent la réunion de leur pays à la province
des Mines, et elle fut effectuée par une ordonnance {al-
oard] du 4 avril 1816 (2).
Araii fait actuellement partie de la comarea de Para-
catû, et dépend entièrement de la province des Minea pour
ce qui concerne le militaire et pour l'administration civile.
Mais, comme la province de Goyaz est très-pauvre et que
les dépenses des provinces , en général , sont uniquement
prises sur leurs revenus, on a conservé à celle de Goyaz
les impAts qui se lèvent dans les deux jvlgadoi contigus
d'Araxi et de Desemboque (1819).
(1) La unnarta est h quantité de terre que doiuie TvlmiiustratiOD
■ai particaliers qui en denacdenL
(S) D'EbcIiw^ ncoDte qae , ven cette époque , il Rit clurgé û'xme
minjc» dans ce dîMriet, et que urtainea personnes, afin de Ntiafkire
de petites amUtiona et des riTalitts de iMurgade , itchtnnt de le déci-
der, par des piéseots, à oser de son influence ponr tiire ériger Anvt en
Tille , soBS le nom de Villa Viçota ; DMia d'Kschvege rejeta les pré-
sents et jnges, dit-il, qae des mililairea valaient mieui pour maiuieoir
l'ordre dans le pays qae les sappAts de la jnetice (Brat. Netu Welt ,
I, 51). — Araim a réelleineat été érigé en ville par on décret dn 13 ociO'
brelBSl.
I. 18
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S43 VOTAGE AUX SOUKCES
La paroisse dont Araxà est le chef-lieu comprrad ^eat
succursales, Patrocinio et S. Pedro d'Àlcaotara (1). Sur
36 lieues de longueur, elle ne contenait pas, en 4819,
plus de 4,000 individus. La plus grande partie des habitants
de cette paroisse sont des blancs , ce qui ne doit pas sur-
prendre , puisqu'elle est voisine de U eonuo-ca de S. Jom
d'El Rei , oà les blancs sont plus nombreui que dans les
autres comarcas.
Il est fort vraisemblable que le nom d' Araxà a été donné
i ce pays par ces Paulistes (habitants de S. Paul) avepta-
reux, qui jadis parcoururent l'intérieur du Brésil avec tant
d'audace, et qu'il vient des mots guaranis ara echà, chose
qui regarde le jour (2). Je dois dire cependant que les ha-
bitants du pays expliquent ce nom d'une manière fort dif-
férente, et, toute ridicule que me parait être leur esplica-
tioo, je vais la rapporter ici. Comme je l'ai dit, ce caol(m
fut découvert par des nègres qui vinrent s'y réfugier de dif-
férentes parties de la province des Mines. Ces hommes, de-
venus audacieux, sortirent de leur désert et allèrent inquié-
ter les fazendeiros les moins éloignés; mais tm envoya
contre eux des soldats qui en prirent le plus grand nowère.
On s'était imaginé qu'il y avait, dans le pays où ils s'étaient
r^rés, un ruisseau très-riche en or, et, comme ils répon-
daient k toutes les questions qu'on leur faisait à cet égard :
Ha dt se achtv (on le trouvera} , on fut frappé de c«s pa-
roles répétées sans cesse et m^ prononcées, et le nom
d'Àraxé en est, dit-on , resté au pays.
(1) PfZ., Mtm. hUt., T, 343.
(!) Je mis rcdgvable de cetl« étjmologîe , comme de brsucoup d'«
très , k na Espagool-AméricaiD fort versé dans U langue guarini.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 2<3
Araxi est situé à l'eitrémité d'un vaste pâturage , dans
une plaine où rhorizon se trouve borné en partie par des
bois et en partie par la Serra de Monte Alto , qui n'est
qu'une continuation de celle à'Anxk et se termine par une
plate-forme. Ce village s'étend, par une pente peu sensi-
ble, jusque sur les bords d'un ruisseau très-étroit, de
l'autre cAté duquel sont des collines couvertes de' bois et
de pAturages.
En 1816, on ne comptait h Arasé que 75 maisons (1).
Tontes sont p^iles, et, lors de mon voyage, il n'y en avait
que deux qui ne fussont point bornées 'au simple rez-de-
chaussée.' Ces maisons sont couvertes avec des tuiles dont
la coolear est très-pàle , et bAties en terre et en bois on
avec des adobes (2}. Tontes ont un très-petit enclos formé
par des murs fort bas et en terre.
On voit à Araiâ une place allongée , très-large et régu-
lière ; mais les maisons qui ne donnent point sur cette place
sont dispersées çà et là, presque sans ordre (1819) (3).
L'église est bâtie vers l'extrémité la plus élevée de la
place , et, conformément à l'usage général , elle est placée
à une égale distance des deux rangs de maisons. Tout ré-
cemment (1819), on a aussi commencé à construire deux
chapelles ; mais on eût beaucoup mieui Tait de rebâtir
relise paroissiale, qui est fort petite et tombe en ruine.
(1) Ce cbiSrt est emprunté t d'EscbTege (voju Brat. Stve WtU,
I. M).
(2) Les adobei sont des parallélipipèdes de Uire glaise sécbJs an so-
leil et qui penveot avoir eariron 1 pied et 1/3 de long sur i pouces
tépaîasnat {rodage dam U'i province* de Rio ds Janeiro, etc., 1,119).
(S) Ici je De suis point d'aceord avec d'Escbwege qni dit que l'oo voit
des mes droites I Araiâ.
^d:,;. Google
34t VOYAGE AUX SOURCES
La multiplicité des églises et des oratoires dans les villes et
les villages de la province des Mines n'est dne, comme j'ai
déjè eu occasion de le dire, qu'à la vanité des confréries.
Chacune veut avoir son église particulière et fait des ef-
forts pour qu'elle l'emporte sur celles des confréries ri-
vales (1819).
Pendant les jours ouvrables, la plupart des maisons d'A-
raiâ restent fermées; leurs propriétaires n'y viennent que
le dimanche, pour entendre la messe, et passent le reste
du temps dans leurs plantations. Ceux qui habitent le vil-
lage toute la semaine sont des ouvriers , dont quelques-uns
ne manquent pas d'habileté, des hommes sans état , quel-
ques marchands et des femmes publiques. Ce que je dis
ici, on peut à peu près l'appliquer i tous les villages de la
province des Mines.
Comme dans le reste de cette province , le nomluv des
femmes publiques est ici très-considérable (1). Chaque oisif
(vadîo) a une maîtresse avec laquelle il partage le fruit de
ses petites escroqueries , et qui , à son tour , foit vivre son
amant du produit de quelques galanteries passagères. On
assure cependant qu'il y a ici beaucoup de gens mariés;
mais on y respecte peu la fidélité conjugale.
Il s'en faut bien que les habitants d'Aiaxi aient cette po-
litesse qui distingue ceux de la partie orientale de Minas
Geraes. Leurs manières sont, en général, grossières et dé-
daigneuses. On entrait dans la maison où j'étais logé sans
(1 ) QDoiqae 1« liste , publiée ptr Hattos , de* mistres trop récU<s qt»
ces cr^alares Tépoodeiit loloar d'elle* dans Im tilUgw dn Sertio ne dé-
passe pae trois lignes , je ne pourrais la Iradnire eo ft'aocais sans hire
naître nu eiteBsirdégoâl.
^d:,;. Google
DU RIO DE 5. FRANCISCO. tii
saluer, sans proférer une parole; on me regardait travail-
ler, et l'OD s'en allait comme on était venu. Je dois dire
cependant que J'ai trouvé à Araxi deux ou trois personnes
bonnfttes et complaisantes , et je mettrai à leur tête l'ecclé-
siastique qui enseignait les enfants.
1^ habitants d'AraxÀ ne se sont point encore avi8és[1819)
de faire eux-mêmes le commerce des bestiaux , branche
presque unique d'exportation que leur pays fournisse. Ce *
sont les marchands de la comarca de S. Joâo d'El Rei qui
proRtent seuls des bénéfices de ce commerce. Ils vont dans
tes fasendat, ils y achètent le bétail , et, à Vépoqoe de mon
voyage, ils payaient les bœufs 4,800 reis (30 f^.]-
Comme partout ailleurs, on ne plante ici que dans les
capôet; les campoi sont entièrement réservés pour les trou-
peaux. Ce pays convient également à tous les genres de
culture; mais, quoiqu'il soit réellement très-productif, on
exagère beaucoup sa fertilité dans le reste des Mines. Les
terres moyennes, plantées eh mats, rendent 300 pour 1 ;
mais, excepté le coton, les produits de laculture ne sauraient
avoir aucun débouché, À cause de la distance qu'il y a de
cette contrée aux villes et villages un peu considérables.
On ne peut guère, non plus, faire marcher des pourceaux
vivants d'ici k Rio de Janeiro , et le sel est trop cher pour
qu'il y ait de l'avantage i y envoyer du lard.
Les b^es à cornes forment donc la richesse de ce pays.
Gommeje l'ai déj dit, les pAturages sont excellents, et les
eaux minérales qui se trouvent dans le voisinage d'AraxÀ
dispensent le cultivateur de donner du sel à ses bestiaux.
La multiplication des bètes à cornes est telle que celui qui
ne voudrait point augmenter son troupeau et qui, par
exemple, poMéderait cent bètes pourrait, chaque année.
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■Ue VOTAGE iCX SODSCES
en vendre cinquante. Cependant les cotons se plaignent
beaucoup de plusieurs causes qui mettent obstacle à l'ac-
croissement de leurs troupeaux, la morsure des serpents,
la vase épaisse qui borde la plupart des ruisseaux et d'où les
animaux ne peuvent plus se retirer lorsqu'ils y enfoncent,
surtout enfin ces morts subîtes qui ont lieu principalement
dans la saison de la sécheresse et que l'on attribue à des
herbes vénéneuses. Les fazendàros disent aussi que beau-
coup de bestiaux leur sont volés par ces hommes oisifs et
sans état [vadios] , si nombreux dans le pajs et qui en sont
la plaie.
Comme ce district ne compte qu'un p^t nombre d'ha-
bitants, et que les hommes libres y ont autant de peine
qu'ailleurs à se décider à travailler, la main-d'œuvre y est
fort chère, malgré l'abondance et le bas prix ordinaire des
vivres. Les cultivateurs son.t donc dans l'impossibilité d'en-
clore leurs p&turages et de les diviser, comme cela se pra-
tique dans le canton de Rio Grande. 11 en résulte que les
bestiaux ne peuvent recevoir les mêmes soins que dans ce
canton, et qu'il s'en perd un grand Dombre. Enfin, quand
le troupeau d'un cultivateur, revenant des eaux minérales,
passe sur leS terres d'un autre cultivateur, il arrive souvent
qu'il s' y mêle quelques-uns des bestiaux de ce dernier, et ,
malgré la marque qui les distingue, ils ne reviennent pas
toujours À leur véritable propriétaire [i).
(1) Ant reiùeigoeineotB qne je donne ici sur In bestiiai do untoo
d'Arati , j'ajauterai quelques délails qui ae tronveol dans le Braiilien
die Neue Well de H. d'Rschwcgc. Cet l'crivaia dit que les Taches d'Arai^'t
metleot bas depuis le mois d'août jusqu'au mois de janvier; qu'elles
ne donnent qu'on lait maigre et peu Bboodanl; qu'on chltre les jeunes
laureaui h deux sus «t qu'on vead les bœuffi à quatre.
^d:,;. Google
DU 110 DE S. PUnCISCO. »7
Les faundâa ont nne étendue immense; il n'est pas rare
d'ea voir de 8 à 10 lieues de longueur. Cependant les cul-
tivateurs, qui, pour la plupart, ne font que commencer
leur établissement, ont en général peu d'aisance; on en
compte à peine un oii deux qui possèdent mille bétes à cor-
nes, et celui qui a huit h dix esclaves passe déjà pour
riche.
le ne pouvait* guère séjourner à Araxé sans aller voir les
eaux mincies auxquelles ce pays est, en grande partie,
redevable de sa population . Je partis de très-bonne heure ;
le froid se faisait sentir assez vivement. Je passai d'abord
par un pAturage composé seulement de Graminées et d'au-
tres herbes, et ensuite j'en traversai un second où des ar-
bres rabougris croissent (à et là. Quelques-uns commen-
çaient i perdre leun feuilles (25 avril) ; l'espèce de Pachira
que l'on trouve ordinairement sur les taboleiros cobertos
tSt qD'<Hi appelle Paineira do eampo {Pachira mturginata,
Aug. S. Hil., Juss-, Camb.) avait déjà presque entièrement
perdu les siennes.
A l'extrémité du pâturage dont je viens de parler, j'en-
trai dans un bois assez épais. Enfin, après avoir fait, depuis
AraxA, environ i lieue et demie, par un chemin très-battu,
j'arrivai au lieu oà sont les eaux minérales et auquel on
donne, dans le pays, le nom de barreiro (glaislère).
Dans une partie du bois où les arbres serrés et touffus
donnent un ombrage épais, on volt un espace d'environ 5
ou 600 pas de circonférence qui est entouré d'un mur d'ap-
pui, et n'offre qu'une boue noire et compacte. Cest au mi-
lieu de cette boue, dans cinq ou six endroits différents, que
s'échappent les sources d'eau minérale.
Elles sont claires , d'une couleur roi^eàtre, et elles ont
^d:,;. Google
3W WYkGB AUX S0URCB3
uD goût amer qui, en même temps, rappelle celui des
œufs g&tés. L'iodication de ce petit nombre de caractères
montre assez qu' elles sont sulfureuses , et , par conséquent ,
elles pourraient être employées pour la gaérison de toutes
les maladies dans lesquelles on conseille des eaux de cette
nature, et, en particulier, des maladies cutanées, si com-
munes au Brésil (1).
Le barreiro est une propriété publique. De 10 lieues à la
ronde, les foiendeiroi y amènent , tous les nois, leurs
bétes à cornes, et chacun a son jour indiqué par le juge.
On fait entrer les bestiaux le soir dans l'endos, on les ;
laisse la nnit ; ils boivent tout à leur aise, et on les fait sor-
tir le lendemain. Les bétes très-maigres refusent quelque-
fois de boire l'eau du barreiro, mais on la lear foit avaler
de force. Souvent plusieurs faxmdeiro» confondent leurs
troupeaux et les font entrer ensemble dans l'enclos. Une des
principales occupations des cultivateure, dans les pays de
campos, est de réunir, chaque mois, leurs bestiaux : ils
tnontent à cheval, galopent dans les pâturages, souventpen-
dant plusieurs jours , et amènent le troupeau à la fazenda,
soit pour lui donner du sel , soit , comme dans les uivirons
d'Araxà et de Salitre ou Patrocinio, pour les mener aux
eaux minérales.
Tous les animaux ont un goût extraordinaire pour ces
eaux désagréables. Jamais je n'avais vu une aussi grande
quantité d'oiseaux que dans cet endroit. Des nuées de per-
roquets et de colombes volaient sur les arbres voisins, en
(1) Vojeice qaeje dis, dansle dupitresniTiat, deaeâni minérales
lie Stlilra , qni paraisMnt avoir Im pin* grands rapporU avK cdlea
^d:,;. Google
DU UO I>B s. nuMcisco. sw
bisant entendre ud ramage confus et étourdissant, et ve-
naient en foule se poser sur la fange du Ixareiro. Les chas-
seurs ge mettent en embuscade derrière les arbres , et d'un
seul coup de fusil ils tuent souvent un grand nombre d'oi-
seaux. Autrefois il venait aussi, d'ans ce lieu, beaucoup de
ceth, de pécaris et d'autres quadrupèdes; mais on leur a
&it la guerre avec tant d'acharnement, qu'aujourd'hui il
n'en parait presque plus.
n est une précaution que l'on néglige et qui cependant
serait , je crois , nà^essaire ponr entretenir toujours, dans
le bmrevro, la m£me abondance d'eau; ce serait de le faire
nettoyer. Les nombreux bestiaux qui s'y promènent sans
cesse, délayant la terre dans l'eau, forment ainsi une boue
épaisse , et les anciens du pays prétendent qu'ils ont déjà
bouché quelques'souFces (1).
Je passai quelques jours k Araxà, et je n'y fds point
trompé dans rïies espérances comme i Piumhy et Formiga.
Non-seulement je pus acheter un mulet et des malles, mais
encore, à mon départ, j'emmenai avec moi un tocador.
C'était un jeune homme bhinc auquel je donnais 3,000 reis
(18 fir. 75 c.) par mois. II s'appelait Marcellino. Ses traits
étaient agréables; il avait une figure ouverte, et je ne lui
vis jamais un instant d'humeur. Si on lui avait donné quel-
ques principes, peut-être mftme s'il eût été seul avec moi,
Prégent ou Laruotte, il eût fait un excellent serviteur. Mar-
cellino avait une fort jolie roix, et, plus d'une fois, ses
chants diarmèrent mes ennuis au milieu des déserts.
Je passai un dimanche à AiAk et je vis les fidèles ras-
Ci] D'BKhvege dît qa'il eiùte dus le roîgiiiafe des caax u
de fer qui ponmit Un MilM* (SrOt. Nnu WeU, 1 , 67, 68).
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150 YOYAOE AUX SOUR<XS
semblés daas l' église. Là comme ailleurs les femmes étaient
accroupies dans la nef, et les hommes plus rapprochiés de
l'autel. Telle est la puissance de la coutume que, malgré la
chaleur qu'il faisait, les hommes elles femmes étaient tons
également «iveloppés dans de grandes capotes d'^ffe de
laine.
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DU UO DE S. FUNCISGO.
CHAPITRE XIII.
VOYAGB DAAAXA A PABACATtI
CaekoeiriKha. — La rifitrt de <2w«6ra-atMoI. — C«ap d'tell général
snr le paya Bitné au delà da Onebra-iuiol. — La fiaewla it Fran-
eiteo JoU de Maioi. — Serra do Salitre. — Eaux minérales de 5a-
lUre. — Pâturages. — Faxenda de Damaio. — Prodnils du pajs. —
Village de Patroeinio. Chiques. — Fazetida do Arrxtda. — Serra do
Dmarado. — Fazenda do liandro. — Les habitations de ce pays si-
tuées faTOrablemenl. — Sources miuérales de la Serra Negra. — Pijs
BJiné au delà de Leaadro. ~ Hamein de Campo Alegre. — Letort(|r.
— Pajs situé au delà de Campo Alegre. — Le Rio Paranahyba. Une
belle soirée. — Mogvem. — L'auteur monte snr le sommet de ta Serra
do S. Francisco e da PaTaothjba. Le ChapadOo. — La Serra et le Si-
ttOitot PHôet. Ifanioc. — L'auteur descend la Serra du cAté de l'orient.
— Fatenda do Cvardamùr.— Sapi. Feinlare de la ïégétation.
Fazenda de Joào Gomei. Soa propriétaire. — Le poste de 5anla lia-
bel. — Histoire d'un coDlrebandier. — Serra de Paracatû. — L'an-
tenr airire à la ville du mtme nom.
Je quittai Araxâ pour me rendre h Paracatû (1). Le pre-
mier jour, je ne lis que 2 lieues et demie et je m'arrêtai à
une maisonnette appelée Cackoeirinha (petite cascade).
On m'y logea sous un appentis très-étroit, qui était ouvert
par devant, et des animaux de toute espèce vinrent, pendant
la nuit, troubler mon sommeil . Le froid contribua beaucoup
|l) Itinéraire approiimaiif d'Araiàà Paracati'i :
D,g,t,.,.d.i. Google
3SS VOYAGB AUX SOURCES
aussi à m' empêcher de dormir ; nous y étions d'autant plus
sensibles, moi et mes gens, que nous passions les journées
dans des eampoi où il n'y a pas le moindre ombrage et où
la chaleur est excessive.
Le jour suivant , je fis 4 lieues et n'aperças qu'une fa-
senda et quelques misérables cabanes rapprochées les unes
des autres. Je fus étonné de voir , dans ces dernières , une
douzaine de jeunes filles couvertes de haillons, quoique
blanches et extrêmement jolies.
Le terme de cette journée fiit la rivière de Quebra-araol
(brise-hameçon ) (1). qui prend sa source à la fazenda du
D'Artii k Cachoeiriohi, maisonnelM S 1/3 kgoas.
— bonis da Quebra-uiiol 4
— Francisco José de Hatos , habitatîoa. 3 l/I
— Datuaso, habitation S
— Palrocinio , village Z 1/3
— Arrada, habiUtÛHi 3
— Leandro, habiUtïOD 1
— Campo Alegre , liamefla 31^
— bords An Paranahjrba. 0
— Hoqaem, eo plein air 3
— Silio dos Pifôes, chaamitre S
— Gnardi mdr, habitation 3
— Sapi , maiBonnelte 3
— Joào Gomei, habitation 3
— Gnarda de S. Isabel, poale militaiTe. a
— Paracali'i, ville 1
Daos son utile Itinerariù , U. da Cunba Haltos indique avec détail la
distance de Patrocinio au Paraoab jba. Hons différons ea qaelquee points i
moia je crois qoe , de longtemps , on ne saura, avec nue eaiière terlitude,
qui de nous a raison, et il serait possible qua nous nous fosaiona un
peu trompés tous les deux.
(1) C«st k tort que Caul a écrit Qutbra-anioti { Corof., 1 , 350 ) cl
Escfawege Qtubre ansol.
^driiGooglc^
DD a.0 DE S. FHANCISCO. US
même nom , d'où d^nd le Retire da Jabuticabeira , et se
jette dans le Rio da» Velkai (1). Ici le Quebra-aoïol peut
aroir la laideur de dos rivières de troisième ou de qua-
trième ordre , et ses rives préseuteat ,' de droite et de gau-
che, une étroite lisière de bois.
Nous trouvimes sur le bord de l'eau une pirogae, dont
nous nous servîmes pour passer de l'autre c6té. Ik sont
quelques chaumières et une misérable vmda, qui dépen-
daient du même propriétaire. On me donna l'ho^italité
dans le meilleur local ; c'était une chambre tellement pe-
tite que mes malles pouvaient à peine y tenir, ^ dont
l'entrée n'était point fermée. Cette fois encore, le froid me
priva du sommeil.
Le paya que je parcourus au delà du Quebra-aniol est
ondulé, comme celui que favais traversé les deui jours
précédents, et il offre également une alternative de vastes
pâturages et de bouquets de bois.
A partir d'Arasé , on a évité de faire passer le chemin
par des bois , pour ne point se donner la peine de faire des
percées , et de là il résulte que le voyageur reste toujours
exposé à l'ardeur du soleil des tropiques.
Dans un espace de 3 lieues et danie, du Quebra-aniol à
la faxenda de Francisco José de JUatot, je ne vis aucune
maison , je ne rencontrai personne dans le ch«nin , j'aper-
çus k peine une demi -douraine de bètes à cornes au milieu
des pAtorages. .
Lorsque, dans les mois d'ao&t et de septembre 4847, je
parcourais la partie du Sertâo qui s'étendà l'est du S. Frao-
(Ij Ce Mo Au Velluu n grossir le Paruuhjba et oe doit point élra
confDiMla >Tee no ■aire ftio doa Velhu, beiaconp pliu coiuia , qui est
■n des prineipinx affluents do S. Praocisco , dn cÂlé de l'orJeot
^d:,;. Google
2M VOYAOE AUX SOURCES
cisco, vers )e nord de la proviace des Mines, les bois et les
eampos étaicDt dépouillés de verdure, et rien ne me récréait
la vue. Il n'en fut pas de même ici ; les ondulations variées
du terrain, ces bois d'un vert foncé qui offrent des compar-
timents de différentes formes au milieu des pAturages, les
diverses nuances de verdure que présentent les cim^o» sui-
vant l'époque à laquelle on y a mis le feu, l'alternative des
pAturages simplement herbeai et de ceux où croissent çà et
là des arbres rabougris , tout cela produit un très-be) en-
sonble. Dans les endroits un peu élevés, on a l'image de
l'immensité , et d'une immensité sans monotonie.
En quittant le Porto do Quebra-anzol, c'est ainsi qu'on
appelle le lieu où l'on passe cette rivière, je traversai d'a-
bord un pAturage uniquement composé d'herbes, puis un
immense taboleiro coberto, et en&n un second pâturage ,
qui me conduisit jusqu'à la fasenda de Francisco José de
Matos, où je fis halte.
J'ai dit ailleurs (1) que l'on appelait taboleiroâ eobertos
les collines on des arbres rabougris croissent çà et là au
milieu des herbes, et taboleiros âeseohertot celles qui don-
nent uniquement naissance A des plantes herbacées et à
des sous-arbrisseaux. Entre Cachoeirïnha et la fasenda de
Frandso) José de Hstos,' je trouvai les U^leiroi eobertos
UD peu moins verts que ceux de Fonniga , mais aucun arbre
n'y avait encore perdu ses feuilles (96-27 avril). Ici, comme
ailleurs , les arbres des taboUirot sont tortueux et rabou-
gris; Ils ont 8 à 1S pieds de hauteur, une écorce qui ordi-
naimnent se rapproche de celle du liège et souvent des
^d:,;. Google
DtF RIO DE S. FRANCISCO, Ki
Swianm dores et cassantes. Panni eux , iMi|trouvai9 tou-
jours avec ationdance une Malpîghiée à gr?lmes feuilles co-
tooneuses, des Qualea, des Bignonées et des Légumineuses.
Sur les taboleiroi qui s'étendent au de)A des deux rives
du Quebra-anzol , je vis aussi beaucoup d'individus du
Q' 457 bi», dont le feuillage rappelle si bien nos peupliers,
et UD graod oombre de Vochysia n° 356 , dont les belles
grappes de fleurs jaunes attirent une prodigieuse quantité
d'oiseaux-mouohes. £d quelques endroits, ces arbres sont
plus rapprochés; dans d'autres , ils le sont moins : il y a
même des p&turages qui offrent une nuance entre les tabih
leirotcoberloseldescobartos, car on y voit quelques arbres
rabougris, mais seulemnat de loin en loin. Les arbrisseaux
et les sous-arbrisseaux qui croissent au milieu des herbes ,
entre les arbres des taboîeiro» eoberto», sont plus nombreux
que ceux qui naissent sur les taboUiros deseobertot. Comme
les plus commons, on peut cltM* des Casna, des Malpi-
gfaiées et l'Eupborbiacée n' 479.
La fazenda de Francisco José de Matos (nom d'homme),
où je Gs hait* apr^ m'étre éloigné du Quebra-anzol , est
située sur le bord d'un ruisseau, entre des collines asseï
élevées. Quoique cette fazenda ne soit pas des moins con-
sidérables, elle oeprésaite, comme twt d'antres , qn'un
anus de maisoiuettea di^oaées sans ordre et parmi 1m-
' quelles on distingue à peine l'habitation du maître. On me
logea encore dans une oahane sans fmMrft, dont l'enlréo
ne fermait point; mais, du moins, elle était assez propre.
A peu de distance de Francisco José de MatOs se trouve
une petite ciuiae de montagnes qui porte le nom de Serra
do Salitre, et ne peut être qu'un contre-fort de la Serra do
Francisco e da Faranahyba. Ces montagnes sont pierreiTses,
i^iÇooglc
VOYAGE AUX SOURCES
OD voit de loifrffi loin quelques arbres rabougris, priDCipa*
\aneat\e Kielnuyera tpteiota, ASH,, J.,Caiiib.; quant aux
Graminées, ce sont le C(^m fnxa, le n* 32S et an p^t
nombre d'autres espèces. Du haut de la Serra, on déconvre
ane vue extrêmement étendue, qui offre encore d" immenses
pâturages et des bouquets de bois dispersés çà et là. Si cette
petite chaîne porte le nom de Serra do Salitre , ce n'est
point qu'on y trouve du salpêtre; mais on a imaginé de
l'appeler ainsi , parce qu'il existe dans son voisinage des
eaux minérales qne l'on a crues sans doute imprégnées de
cette substance,.et qui, comme celle d'Araxà, peuvent rem-
placer le sel pour les bétes à cornes.
Après avoir traversé la Serra do Salitre , j'aperçus de
grands bois, au miliai desquels je vis une multitude de
beaux arbres qui étaient couverts de fleurs roses et pro-
duisaient un effet charmant entre les masses de verdure
dont ils étaient environnés (probablement des Ch&ritia
tpeciosa).
Cest dans les bois dont je viens de parler et qui , dît-on,
peuvent avoir 6 Ugoai de longueur que sont les eaux mi-
nérales dites do Salitre. Comme celles d'Araxé, elles appar-
tiennent au public; mais on assure qu'elles sont plus abon-
dantes. On ajoute que les sources sont entourées de murs ,
que l'eau est conduite dans des anges oà les bestiaux la
boivent, A qu'ils ne peuvent, en aucune manière, boucher .
les sources comme h Araxi (4).
(t) J'ai avancé ùlUnra {rouagt iant le dUMct dei DUaimnlM, etc.,
n, 2TT) que le père Leandro do Sacraroento iTiit fail l'analyse deseani
d'Araiâ : ce BoDt celles de Salitre qa'a analfsécs ce saTaot religieni.
Eachwege dit que ces demitrea lui parareot plus rortcs que cellea
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. tST
Dans toufl les pAturages que je vis le jour où je traversai
la Serra do Salitre (29 avril) , l'herbe, aussi mûre que celle
de nos prés lorsqu'on les fauche, avait une teinte grisâtre
qui fiitiguait la vue. On n'y mettait pas le feu, me dit-on ,
parce que la sécberesse durait cette année-là depnis très-
longtemps et que l'herbe n'aurait point repoussé. Au reste,
oo n'a pas, dans ce canton, d'époque fixe pour briller les
pâturages ; ce sont les besoins du bétail qui , à cet éganl ,
servent de règle au cultivateur.
La fazmda de Dmnato (nom d'homme) , où je fis halte,
au deli des montagnes de Salitre, a peut^tre moins d'ap-
paraice que celle où j'avais passé la nuit précédente ; mais
d'An» ; qa'niM odmr de mafte se répand dans lenr roisioage ; qu'elles
ootnngoAlde pooiri, d'abord on peu «alItaTeoi, ensuite {Mqnut,eaSii
■mer, etqne, loraqn'on les emploie pour se laver les mains, ellet le*
rendent glissantes comme quand on fait usage du savon. Une quantité
de 50 ttrres d'ean de Salitre qu'Eschirefte Bt éraporer lui procura un
peu plus d'une demi'lirre d'un sel amer et on peu piqoant, ec c'est ce
sel dont l'analyse , faite par le père Leandro, a été publiée dans le Bra-
tilien die New WeU{\, Ti). Eachwege pense , d'après cette analysée!
ce qu'il a lui-mEme observé sur les lieui, que les eaui minérales de
Salitre peuvent être conseillées contre les maladies du foie ; que le sel
qu'on en relire serait utile dans diverses fabrications, et qne l'on ferait
«ne spécnlatien eicellrale en l'eitrajant par l'évaporatioa solaire, pour
l'Mvojer dans les parties du Serlào qui ne possèdent point de bebedott-
Toi ( sonrcee d'eani minérales ), et où le sel commun se paye 6,000 reis
<37 fr. 90 c.) le sac de 66 livres. Après avoir pris connaissance de l'ana-
lyse du père Leandro, M. Balard, chimiste cdèbre, membre de l'In-
stitut , m'a dit qne la eompONtion des eani de Salitre lui paraissait évi-
demment analogne t celle des eiui sulfureuses d'Enropej qne le sel
qn'oD pouvait en eilraire serait utilement employé dans plusieurs pro-
cédés industriels , notamment le blanchissage ; qu'il pouvait être donné
au bétail , mais qne , pour l'homme , il ne remplacerait point le sel ma-
rin. J'ai à peine besoin d'ajouter que ces eaui devraient être conseillées
pour la goérison des m
^d:,;. Google
tu VOYAGE AUX SOURCES
ses MtiinenU sont disposés arec un peo plus d'ordre. Le
propriétaire me parut être un excellent homme , supérieur
À tous tes fasendeirot que j'aTais rus def)nis ud certain
tempe.
n me dit que le» terres de son pays convïeoBent i tons
les genres de cultures. Au bout de cinq ans, tes eapeetntt
sont déjà en état d'être coupés (i); \e eapim gordvra {Me-
IwM mmuUfiora) ne s'empare point des terrains que l'on
a mis en culture , et le bois repousse après chaque récotte
D' ici on commence déjA à envoyer les productions du sol è
Faracatù, éloigné d'environ 40 lieuea; le coton seul s'ex-
pédie pour Rio de Janeiro. Jusqu'à Barbacene {2} , on fiut
ordînairementToyager cette dernière denrée sur des chars
à bœufs , qui portent âO arrobes , et à Barbaceoa ob charge
sur des mulets. La location d'un char, du village de IVitro-
cinio à Barbaceoa, était de ii oitavas [iO& fr.], è r époque
de moD voyage. Le coton , dans les derniers temps , avait
valu 600 reis (3 fr. 75 c), sans être dépotdllé de se» se-
mences. Ici encore ce sont les bestiaux qui font la princi-
(1) Od Torafenr ■ terilqa'wi liiiuit repsaw U torre [xmtaBl nagl
aiu, mot à'j jeter de nwivdles Bemence» (Scz., Saw., saS). U eM ia-
contestabk qae, dane le rauvais syatème de coltue adopté d«u le
Brteil Iropiul , on De norait teuter eni terres wi trop kwg repos
(EacKw., ara4.,I)imeii,pMirpMTair les liiaierniigt «m eus rien
rapporter, U fendrait qve les BrégUieos en eostent cocMe ptu qu'ils
o'eo pMsident. Dam les parties de la pmince des Hiaes qoi aivoiaiDeat
■a capitale, «p«oii|w d'ontiosire , au kaot dp ciiM}, aiiomi^leus, les
beis icapoeirmt) qui om remplacé lee farèls liei^ei. Quiod ili ont
povsaé pendant TÎigl au, ces bois, alors iW^^B oa^oa-àn, «al ^«a-
qne aeqûia U * igveor des fmtts primitifts.
(S) Vojei mon Yogatt don* le* pnminee» de Rio d« Janeiro, etc.,
HT. — H. BaUii,daDSaoDeicelleoleG^O0raykwtiMitMr*eJle. ajcrit
I ; j'ai déjk rele*é cette errMK, qui ap^rtint i Hawe.
^d:,;. Google
DU BfO DE S. FaiNCISCO. 290
pale richesse du cultivateur. Des marctuDds viranent les
acheter chez les propriétaires , et ils enlèveot mâme les
moutons , qu'ils payent de 2 i 3 paUuat (4 à 6 fr. ).
Au delà de Damaso , je trouvai encore des tid>oleiro$ eo-
herto$ et âescob«rto», d'autres miites, et en&n des bouquets
de bois dans les enfonc^nents. Je traversai aussi un petit
espace de terrain, dont la végétation me rappela, pour l'as-
pect, les aaratcoB ou forêts naines de Minas Novas [1) ; des
individus serrés et nombreux du Bavhmia (SIO bû], à tiges
étalées , à rameani ordinairement disposés sur deui rangs,
formaient un fourré de 5 à 5 pieds, au milieu duquel ii\e-
vaient (à et li des arbres de moyenne grandeur.
Entre Damaso et Patrocinio , je rencontrai une caravane
asseï considérable , qui venait de Goyaz et allait à Rio de
Jandro. Elle appartenait à un homme qui faisait ce voyage
une fois chaque année, et employait cinq mois pour aller
et autant pour revenir. Il prenait à Rio de Janeiro les mar-
chandises destinées pour les négociants de Goyaz, et faisait
payer 32,000 reis (200 fr.) la charge d'un mulet. Mais,
quand il r^uroait de Goyaz à la capitale, il emportait
pour son compte de la toile de coton et du coton en laine,
parce qu'avec des frais aussi considérables les marchands
de Goyaz croyaient ne pouvoir trouver aucun avantage k
exporter les denrées de leur pays (2).
A 2 lieues et demie de Damuo , je fis halte à Patrocinio
(arrwa/ do Patrocinio ou Nosia SetAora do Patroeiaio). Ce
(I) T«7<* mM royofw dam Um provineêt dâModt Janeiro , etc.,
n,».
(3) VojSî M qoe j« dis , SDT les traneports de Goju t Rio de Juteira,
<n chipitre de cet oavrage intitoli , Cantmtnetment d» vot/açe de la
eiUde Gngtu à S. PoNl. — Le Moto Grotio, île.
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«tO VOYAGE iVX SOLFBCES
petit TJllage (1) , ordinairement appelé Salitre, doit son ori-
gine aux eaui minérales qui, comme je l'ai dit, se troU'
vent dans ses environs ; il n'avait pas , lors de mon voyage,
plus d'une douiaine d'années d'existence, et, d'après le
nombre de maisons indiquées en 4816 par d'Eschw^e, il
aurait doublé dans l'espace de trois ans. H est situé sur la
croupe arrondie d'une colline dont les lianes sont couverts
de pAturages, et qui est dominée par d'autres collines un
peu plus levées. En 1819, on y comptait une quarantaine
de maisons très-petites, bAties en terre et en bois, cou-
vertes en toiles et sans crépi. Ces maisons, disposées sur
deux rangs , forment une place allongée au milieu de la-
quelle est une petite chapelle construite, comme les mai-
sons elles-mêmes, en bois et en terre. Patrocinio est une
succursale d'Araià et a un desservant. Comme partout ail-
leurs, les maisons qui composât ce village appartiennent
à des fazendârot qui n'y viennent que le dimanche (2).
Ceux des habitants de Patrocinio qui y restent habituelle-
ment sont quelques ouvriers, deux ou trois petits mar-
chands , des oisife [vadios] et des femmes publiques.
José Marianno était arrivé an village avant moi, et, d'après
mes ordres, il était allé demander un gite au desservant;
mais la maison de cet ecclésiastique s'était trouvée si petite
qu'il n'avait pu nous recevoir. Une autre maison que l'on
venait de finir et qui n'était pas encore habitée fut indiquée
à José Marianno par le commandant , et ce fut là que je
(1) H. Pohl doDiM k Patrocinio le litre de TÎUe. A l'époqnc où il
voyageait (1818), Paracatn seul portait ce titre dans loal« la eomarea.
C'est aussi k tort que le même «utear a écrit Padroeinio, trompé sans
doute par la pronoudatioa de sod pays.
(2) M, Gardner a retrouvé 1« m^roe usage dam le nord du Brésil.
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DU RIO DE S. PUHCISCO. »!
trouvai meseff^. Lorsque j'arrivai au village, José Na->
riauDO se btta de me préveuir que cette maisou était rem-
plie de chiques (fri'cfcw do p^; je n'y restai qu'un instant,
et j'eus les pieds couverts de ces insectes. Moi et mes gens
nous primes le parti de nous établir dehors ; pendant que
nous travaillions, tous les habitants nous entourèrent,
et je les trouvai beaucoup plus grossiers encore que ceux
d'Araxà (1). Pour la première fois, depuis Rio de Janeiro,
je passai la nuit à la belle étoile, et il est à remarquer
que ce fut dans un village.
On a va que je m'étais éloigné de la grande route de Rio
de Janriro à Goyaz, pour aller voir la source du S. Fran-
cisco. J'étais rentré dans cette route avant même d'arriver
A Patrocinio, et pourtant, dans un espace de 3 legoat, entre
ce village et la Fwtenda do Arrv4a, je ne rencontrai qu'une
seule personne et je ne vis aucune habitation.
Partout l'herbe était presque aussi desséchée que celle
du Sertào de Bom Fim et Contendas, dans les mois d'août
et de septembre (2) ; cependant je vis un grand nombre
d'individus du Voeh^sia n" 503 dont les grappes verticales
et extrêmement nombreuses avaient souvent plus de 2 pieds
de longueur.
> Pendant celte journée, Lamotte m'avait paru triste, mais
je l'avais inutilement questionné pour en savoir la cause.
Quand nous fAmes arrivés à la Faxenda do Arrvda{uom
d'bomme) [3] , où je fls halte , José Marianno lui visita les
(1) Vojei ce qae j'ai dit plus liaut, page 243, snr lei luiUUnb
d'Aru».
(3) Vofu moii rotFagt doM fe( prottincM de Rio de Jaittiro, etc.. 11.
(3) C'est am doate cette faftnda qoi a éU dtsignce par Pohl soub
le iiom impropre de Faxenda d'Arrudo Vetho,
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■Ml TOViâE AUX SOURCES
pieds et en tira Une cinquantaine de chiques. Ces animaux,
comme je î' ai dit ailleurs, se trouvent principalement dans
les maisoni inhabité et qu'on ne nettoie pas.
La saison des antres insectes était passée depuis long-
tonps ; je ne troanis qu'un petit nombre d'espèces & ailes
nues.
La Fazenda do Arrada dont je viens de parler est située
an pied d'une petite chaîne de montagnes fort peu élevée
qui commence , m'a-t-on dit , vers le village de Patrocinio
et qu'on appelle 5erra do Dourado (i). Dans fespace de
(1) Pohl et tadrwt%t s'ioeordenl h àin qu'élit l'étend de l'est k
l'ooest. Le premier l't[^lle Serra iPOwiula, et le secoad Serra 4ot
Doiratloi. Le Dom indiqué par Pohl est évidemmeat ineuct ; c«r le mot
irovrada n'Appartient pas i la langue portagaise. — Pohl n'a pas tout
TU Mie doate, et qai poorrait tMl veirT mais il raconte arec sinpli-
cité et bonhomie ce qui a 6té bod attention , et i] mérite beaacoBii de
confiance. S'il lui a échappé quelques légères erreurs, cela lient, en
grande partie , k ce qu'il ne possédait qn'imparraitemeut la langue pM*-
tugaise. four bien coaualtre le pa;^ où I'od voyage , U est essentiel de
comfireDdrt ses hobitauts, et c'est certiioement parce que Haire et Lue-
cocli ne possédaient pas cet avantage qu'ils se sont trompés tant de fols.
On a ta blessé, h Rio de Jaueiro, de la manière dont H. Jacques Arago ■
parlé du Brésil ; maïs cet écrÎTaïn appartient k une tout autre calé-
gorie qne les deui Anglais dont je viens de citer les noms. U n'a certai-
nement pas eu la préteutian de faire faire des progrès k queiqae branche
qne ce soit de la géographie ou de l'histoire natarelle : homme de beau-
coup d'esprit , il aura simplement Tonlu amuser ses lecteurs i il a de-
vancé l'époque d«s ttnpreaiom de wj/age. Qutat k feu Jaquemont, dont
on s'est éjalemeut plaint au Brésil, on peutjusqu'k un certain point le
justifier ; ce n'est pas lui qui a publié son rojage. S'il avait en le bon-
heur de revoir sa patrie , il aurait senti , mûri par les années et par la
réflexion, que, dans un livre publié aui frais dek contiibnablee et mu
kl avtpicn du miniitre de Fitutrvelion publigtte, il ne pouvait,
sous la plus grive ioconveoance , publier des morceani empreinU d'un
athéisme grossier ; il aurait senti q«e, s'il est permis de peiDdre un pêjg
huit fois plus grand que la France, déparier de sa capitale, de sa ma-
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DO BIO n; s. FRUfdSCO. S6S
f liene envinHi, je la cMoyai & uoe eertaJne distance; je
m'en rapprochai ensuite, et, après avoir passé an rulnean
assez profond qai porte le Dom Douradmho [i], je com-
mençai à monter. Au bout de quelqaes instants, nous
eûmes traversé la Serra dans toute sa lai^ar. Elle est trop
peu élevée pom- offrir nne végétation fort différente de
celle de la \Aa.ine ; aussi n'y trouvai-^ pas une espèce que
je Dépossédasse d^à.
Dt^is la Serra do Donrado jusqu'au hameau de Catnpo
AUgre, le pays est mootuenx. Des endroits les plus élevés,
qui sont caillouteux, on découvre une vue immense et toti-
joors une tdtemative de bois, de taboleirot a^tertoi et de
taboieiroi detcoberta», mais, d'ailleurs, on n'aperçoit au-
cune habitation; dans toute la journée, je ne vis qu'une
chaumière qui est située prés du Douradinho. L'aspect de
la campa^e était d'une tristesse extrême; partout l'herbe
était desséchée et avait une tdnte grisfltre qui affligeait les
regards. Un très-petit nombre de plantes étaient en fleur ; je
me contenterai de citer la fiignonée n" 506, qui croit abon-
damment sur plusieurs tabolein» deacobertos.
A4 lieues d'Arrnda,jeQsbahe à une pauvre chaumière
k laquelle on prétend donner le nom de fazmda, Fasmda
do Letmdro (nom d'homme). Un oè^, qui était à ta porte
de cette cbaumière, me permit de foire décharger mes
me, de MD ciboUge, deson «HDmerce, desMflnMCM, daebftf deeon
gooTeTnenieiit , dea rappciis des provineo avec la métropole , du sorc
des esckrei , dea dÎTersee classes de la ■octété, de k lUiUire des dâtaU
parlemeolaires ce n'est pas apris noc ralàche de dooie joan.
(1) H. d« Gonba HaUM «crit, peuUtre arec raisOD, RiMrw» do*
Oimradinho* ; il parle aoBsi da Rio doi Bowailot.
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364 VOYAGE AOX SOURCES
effets dans une petite chambre. Sa maîtresse seule était à
la maison et elle ne parut point [1].
Les fazendat de ce canton sont assez favorablement si-
tuées ; elles trouvait un débit facile de leurs produits k Pa-
racatà, oà l'on peut arriver en dix jours avec des chars A
bœub , et elles ont pour leurs bestiaux des eaux minérales.
A 6 legoas de Leandro, il en existe des sources de même
nature que celles d'Araié et de Salître, dans une petite
chaîne de mfmtagnes appelée Serra Negra (3). Ces sources
appartiaineut également au public, et l'eau y est reçue
dans des auges où le bétail va la boire.
Au delà de Leandro, le terrain, dans l'espace de f lieue,
est presque plat. Plus loin, je passai près d'une chaumière
que l'on décore du nom de Fazenda do» Mituu, et j'en-
trai de nouveau dans un pays montueux. Le chemin y est
très-beau et suit presque toujours les parties les plus élevées.
Là on jouit d'une rue fort étendue; mais on ne découvre
encore que de vastes solitudes. La verdure n'avait de flral-
cheurque dans les pâturages incendiés depuis peu de temps,
et ceux-là étalent extrêmement rares.
Comme le feu consume avec une très-grande rapidité
l'herbe des pâturages, il ne brûle point le tronc des arbres
dispersés sur les taboleiros cobertoa et ne foit que les noir-
(I) Toicî DD ciemple que donne d'Escbvege d«s prfcanUoas qn« pron-
nent les Temmes de ce paje ponr ae poiol se faire roir. Ce savant ofUcier
Alt reta dans qdb habitation da cantoo de Patrociniv par nne femme
dont le mari «tait absent, et ipii lui dinna le moulin pour gtte. On lai
fit h souper ; mais, comme la mattrease de la maison ne voulait point se
montrer, elle se glissait aree sa Bile derrière le maulin et faisait «otrer
les plats par on trou (Brtu., 1, 80),
(3) On a TU que, dans la praviitce de Minas, il eiiste plusieurs mon-
tagnea de ee nom.
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DU UO OE S. FRANCISCO. 26»
cir. Il dessèche les feuilles, mais bientAt elles sont rempla-
cées par d'antres.
A 5 lieues et demie de Leandro, je m'arrêtai à une espèce
de petit hameau composé de quelques pauvres chaumières
épaises çk et là. Auprès de ces cabanes on construisait, h
l'époque de mon voyage, une petite chapelle, et l'on pré^
teodait en faire une succursale de la paroisse d'Aiaxè (1).
Lorsque je passai parCanqM> Alegre (champ joyeux), c'est
le nom du hameau , il s'y trouvait un prêtre que les habi-
tants avaient fait venir de Paracatù , tH cette circonslaDce
avait attiré un grand nombre de cultivateurs.
Le lendemain, la messe fVit célébrée dans la chapelle en-
core inachevée. Un toit couvert en tuiles s'élevait déjji an-
dessus de quelques poteaux. Des feuilles de palmier rem-
plaçaient les murailles; d'autres feuilles jetées sur la terre
tenaient lieu de plancher. H me semblait être au temps
oii le christianisme jeta ses premiers foDdem«its en Amé-
rique.
J'étais logé à Campo Al^;re sons un toit qui s'étendait
entre deux chaumières. L'espace qu'il recouvrait était ou-
vert sur le devant et sur le derrière ; du côté de la cour, il
était fermé par de longs bAtons. Toute la journée, des
femmes passèrent le nez entre ces bâtons pour examiner
ce que nous foisions ; les hommes venaient causer, personne
(1) Eu 1824, 1« btmeaa àe Cimpo Alegre aviil déji été décoré du
nom à'arraial , et m petite chapelle , didiée k Sainte- Anne , était dere-
nue, coDum on l'avait désiré, nue snceareale de Téglise paroissiale
d'Aras*. Le noarel arrafai m composait alors d'âne quarantaiiM de
maïMBs et portait le nom de Sonia ><nna do Ptmio Afegrt, auquel on
■nbstitaait, dans l'asage ordinaire, le sobriqoet de Carabandella , dû
k rhabitode qa'sTait an propriétaire dn voisinage de parler d'im esprit
malhi appelé de ce noin (Hattos, lUn., I, 89).
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2116 VOYAGE AUX SODBCES
ne traTailMt , et la conTersation de ees braves gens offrait
si peu d'intérêt qu'ils eussent aussi bien fait de garder le
silence.
Je pro6tai de mon séjour à Cantpo Âlegre pour aller her-
boriser. Je côtoyai un raisseau bordé, coDune le sont tous
ceux de ce pays, d'une lisière étroite d'arbres grêles et
serrés, mais je retrouvai les plantes que m'avaient offertes,
en 181 7, des localités semblables au milieu du déswt orien-
tal du S. Francisco : le n" 566 dans les parties boisées ; les
Gentianées 531, S24, 577 dans les terrains marécageux et
couverts d'herbes qui s'étendent, comme cela a lieu ordi-
nairement, derrière la lisière des bois.
Ce fiit ici que, pour la première fois depuis le commen-
cement de ce voyage, j'eus le plaisir de revoir te bority
(MauriHa vifàfera , Mart.), Palmier i la fois si élégant et si
utile (1), ce qui indiquait, si je ne me bï)mpe, que le pays
on je me bwivaifl alors est moins élevé et plus chaud que
celui où je venais de voyager.
J'ajouterai que mes gras tuèrent à Cainpo Âlegre deux
oiseaux que je ne connaissais point encore, et jusqu'alors
Prégent et ensuite José Harianno n'en avaient préparé
aucune espèce qui ne fit partie de ma collection du voyage
de 1817.
Au delà de Campo Alegre , je parcourus , pendant une
(1) \ajia mon foyatK (toM (m protNitcM d« Mo 4e Janeiro, etc..
U , 313. — Comme je l'ii déjt dit ( 1. c), i'«*ais écrit, dans mes notes,
tmriU, brthogiiphe qu'oot làaçtée HM. Muliaa, OudDO' et Kidder;
c'est DDiqnement ponr me cooroTiner h celle d'an écrivaiii da ptjB,
l'tbbt Fiiarro, que j'ki , pent-étre k tort, imprimé tortty. Oq pnmooee
comme s'il ; iriit, en frantab, bouriU; ma» on sait que , dans la Un-
fae portugaise, le son de Ta se cODfood bien souvent arec celai de l'ti.
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DD BIO M S. PHAHCISCO. M7
cou|rie de Méats, un pays presque plat. Je traversai en-
suite une petite chaîne de montagnes arides et caillouteu-
ses , qui porte le nom de Serra da Figtmreda ( nom de
femme) , et qui , comme les Serras do Araxà , do Salitre ,
do Dourado , doit être un contre-fort de la grande Serra do
S. FrMicisco e da Paranahyba. Enfin, jugqu'i ce dernier
fleuve, je ne vis plus qu'un terrain montueux.
La campagne avait toujours une teinte grisâtre qui affli-
geait les regards; la chaleur était excessive, et, h mesure
que nous marchions , il s'élevait une poussière rougettre
qui nous desséchait le gosier et salissait nos vêtements. Au-
cune maison , aucune trace de culture , point de bestiaux
du» les pâturages , aucun voyageur dans les chemins ,
presque point de fleurs, point de changement notable dans
lav^étation; toujours les plantés que j'avais recueillies
dans le désert oriental du S. li^ancisco. fêtais désolé de
tsire pour si peu de chose un voyage si fatigant , et pres-
que tenté de ne point aller jusqu'il Villa Boa.
Après avoir fait 6 îego<u depuis Campo Alegre , j'arrivai
enfin sur la rive gauche du Paranahyba [S mai). Là il peut
avoir la largeur de nos rivières de troisième ou quatrième
ordre; son cours est très-lent; une lisière de bois épais le
borde des deux cAtés, et quelques chaumières sont éparses
sur sa rive droite. Nous le passâmes dans une étroite pi-
rogue, et je m'établis sons un rancko ouvert de toute part,
situé sur le bord même de la rivière. Le Paranahyba est ,
dit-on, fort abondant en poissons. Les espèces qu'on y
pêche sont appelées, dans le pays, dourado, p*rdfAa (1),
(1) HoB yo\/age dan* Ut provitteet A* Mo di Janeiro, tte.. U , 39S,
fohtîent du dét«îlB snr le dangereni poisson appelé pirânlia. D'api^
M. Spii , je l'aviiB rapporté au Mglttet macrnpomtM , Cuv.; mais il est
D,<j,i,.,.d.:, Google
368 VOYASE AUX SOUiCES
ewmatâa , paeû , pttraetmjtAa ( peut-être mieux pyracan-
juba), Êuntby [l) , jahû , lu6arâo (3), pton^wira, pioti,
mandy , traira et tambtiré.
Il y avait encore une heure de jour lorsque j'arrivai au
Paranabyba; je me misa mon travail. Un soleil brûlant me
dévorait; des nuées de moucherons me couvraient la t£te
et les mains; chaque mulet qui passait l'eau faisait voler
autour de moi des tourbillons de poussière; j'étais an sup-
plice. Avec la nuit, tout changea; alors le lune éclairait les
objets dont j'étais entouré; une fraîcheur délicieuse avait
remplacé l'ardeur do sol«l ; un calme profond régnait dans
toute la nature; à peine entendait-on le bruit de quelques
petites cigales, et la voix agréable de Harcellino ajoutait
an charme de plus à ceux de la soirée.
An delà du Paranabyba (3) , je traversai un pays plat ,
borné de tous côtés par de petites montagnes. Toujours des
érident qoe eeUe détcniûiiatiOD n'est pu eucte et que \t pfrdnha est b
Serratalm* Piraya de Cnrier, puisque u savant a fait sa descriptioD
da Serraiatme Piraj/a d'après □□ indirida que j'ai lUoi-inËme eniejé
do Brésil (TOjex Mem. Mtu., Y, 368, 89),
(1) H. Gardner préfère éeriit im-ibim. J'ai dit ailleurs (1. e.) com-
biea OD est embarrassé pour l'orthographe des noms brésiliens de lieai ,
d'aDimaui et de plaDies, et quelles raisons me fout adopter la manière
d'écrire de l'abbé Piurro.
(3) Le nom de tMarào est celai d'un poisson de mer ; il a été irans-
porl4! par les Hineiros k du poisson d'eau dooM.
(3) Très-peu de temps après monvojage, le goaTeroeurde Gojai,
Manoel Igaicio de Sompsio , qui succéda k Fernando Delgado , dont je
parlerai par la suite , fit ouvrir un chemin plbs court que celui qne j'ai
pareoara, mai» beaucoup moins iuléressant pour robeerralear ; ce dw-
min, qui porte le nom de Pieaaa do Correio dg Gofox ( percée do ooar-
rier de Oojai ], éuit dèjk transiULbte eu 1S33 , puisque ce tut celui que
suivit alors H. le général Raimundo José da Cauha Mattos ( lUtttraho,
1 , 93).
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DD RIO DE S. FRANCISCO. M9
eamipo» et des boaqaeU de bois , toujours la naème séche-
resse , toujours aussi peu de plantes en (leur.
Je passai devant trois fazendas composées chacune de
quelques misérables chaumières ; mais, voulant gagner du
temps, je pris le parti de ne ra'arréter à aucune de ce»
maisonnettes et de coudier à la belle étoile.
Je fis halte dans on bois , sur le bord d'un ruisseau lim-
pide , an lieu appelé Moqaem {{). Comme les caravanes ont
coutume de s'arrêter en cet endroit, la place où mes malles
(tarent déchargées était assez bien nettoyée. Mes gens sus-
pendirent à de grandes lianes une partie du menu bagage ;
ils dressèrent pour moi un petit toit qu'ils rouvrirent avec
des cuirs, pnis ils s'étendirent auprès du feu qu'ils avaient
allumé. Tandis que j'écrivais mon journal , les rayons de
la lune pénétraient à travers les branches d'arbres qui s'é-
tendaient en voûte au-dessus de nos tètes; un profond si-
lence régnait autour de moi et n'était troublé que par le
chant de quelques cigales.
Là je me trouvais au pied de la longue Serra do S. Fran-
cisco da Paratlahyba. Presque anssitAt après avoir quitté
Moquem , je commentai à monter, et, ayant suivi une
pente douce d'environ une demi-liéue, j'arrivai au sommet
de la Serra. Ce sommet présente un vaste plateau qu'on
appelle encore CAopadâo (grand plateau], et qui, comme
on l'a vu plus haut (p. 314] , a presque 6 hgwu de lon-
gueur, et, m'a-t-on dit, K de large.
Il est couv^ de pttnrages naturels , dont les uns sont
(I) Ce qom M retionve dans d'antres parties du Brésil ; il j a t Goyai
na Rio Uoqwm et un petit Tillage appelé de la même nmière { Caz.,
Corog., \ , 336, 346). Le mot moqUMn siguiAe ftoucan, et mofwfor,
bouraner.
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no VOYAGE AUX S
composés d'berbes et les autres d'berbes et d'arbres rabou-
gris. Dans les endroits un peu bas, on aperçoit des bonqu^
de bois, et là, pour la seconde fois depuis le commence-
raent de ce voyage, je revis le Palmier du désMl. , l'utile
bority {Mauritia vimfera, Mart.}, aux larges feuilles f»
éventail.
A l'entrée duChapadâo, le sol d' offre qu'un sable blanc
et fin, mélangé d''une faible portion de terre végétale, et
j'7 trouvai un assez grand nombre de plantés intéressantes,
comme cela m'était toujours arrivé dans des terrains sem-
blables. Là je vis une espèce de Velîozia [coMÎa d'£ma), à
feuilles radicales ; la Composée n" 547, que j'avais déjà ré-
coltée, comme plusieurs autres du même genre et d'un
genre voisin, dans des localités pareilles; enfin les petites
Melastomées o" 549 et KKO. Bient6t le terrain changn de
nature; il redevint roageAtre, comme il l'est ordinairement
sur les taboleiros coberUtt , et , dans son ensemble, la végé-
talion ne différa plus de celle des tampoi que j'avais par-
coums les jours précédents.
. En plusieurs radroits du Chapadâo, on découvre une vue
fort étendue. D'ailleurs , depuis le point où je commençai
jk voyager sur ce plateau jusqu'au lieu appelé Sitio des Pi-
lôes, éloigné de Moquem de !S legoas, on ne trouve aucune
maison. L'eau est rare; cependant U existe quelques petites
sources dans les enfooçements.
Pressé par la soif, je m'af^roctuu de l'une d'dies et j'y
trouvai deux jeunes mulâtres qui mangeaient de la farine
délayée dans l'eau de la fontaine, mets frugal qu'on ap-
pelle yacuba. Ils m' engagerait k manger avec eux , accom-
pagnant leur offre de cette aimable politesse si commune
chez les habitants de la partie orientale de Minas, mais
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DU RIO BE 6. FRANOSCO. 3Tt
si rare parmi ceux des déserte que je parcourais alors.
Je fis halte au Siiio dos PUôes , misérable chaumière
dont l'eutrée n'était pas même fermée, qui n'avait poiot
de f^kètre, et où l'on ne voyait d'autres meuUes que des
girao* ou lits rustiques. J'étais logé dans la principale
pièce, et je n'avais pas même assez de place pour pouvoir
me retourner. Cependant c'était au propriétaire de cette
chétive demeure qu'appartenait le Chapadâo. D aurait pu
en tîrar parti pour élever des bestiaux; mais la di«té du
sd ne le lui permettait pas. C'est ici que l'on commence à
cattivH' le manioc, ami des contrées chaudes. Le maïs, qui,
du cAté d'Araxé, rend 300 pour 1 dans les terres moyennes
(voir plus haut, p. â4S), ne produit plus que iSO sur le
Chapadâo.
La contiaiiation de ce plateau porte le nom de Snra dot
PHÔeg (montagnes des pîl<Hia)(l). Au ddà du «^ da
néme nom (Sitio doi Pilâes), je marchai encore, pen-
dant raviroD Uois quHts d'heure, tonjours snr le même
plateau , Mtsnite je commençai à descendre , et, après avoir
bit unedemi-iieue, j'arrivai daua la plaine. Alors j'avais
traversé la Serra do S. Francisco e da Parsnahyha; je me
trouvais au bas du versant oriental de cette chaîne, et je
continoai i le longer jusqu'au del de Paracatù.
La pente qui conduit du Chapadâo h la pUine est asses
douce; le terrain y est pierreux et présente des Vdloxia ,
ainsi qne la Composée S47 ; d'ailleurs je ne trouvai dans
ces lieux aucune espèce qne je n'eusse pas déji récoltée, et
je n'y vis presque point de Qeurs. En descendant du Oia-
{i)Ct n'ett ai Serra Spitoe»$, tùSerra dr Spiloens, tommt V» itth
H. Pohl {IMte, 1, 344-S).
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373 VOYAGE AUX SOURCES
padâo, on jouit d'une vue fort étendue et assez agréable.
De grands bois, qui étaient encore d'une verdute très*
bdie, bordent le plateau; au delà sont des pAturagés, et
l'horizon est borné por de petites montagnes. Le cbemiu
que je suivis, étant arrivé dans la plaine, est parallèle à la
grande chaîne. Il traverse des pAturages couverts d'arbres
rabougris , d'autant plus nombreux et plus serrés que la
terre prend une couleur plus rouge.
Ladialeur, ce jour-là (Dmai), pouvait à peine se sup-
porter, le temps étant lourd et couvert, et cependant il ne
tomba que quelques gouttes d'eau. A la vérité, nous n'é-
tions point dans la saison des pluies; mais il eût été bieni
désirer qu'il survint quelque averse; car la sécheresse ex-
cessive excitait les plaintes de tous les cultivateurs. La ré-
colte du riz et celle du maïs avaient été presque nulles , et
les denrées étaient exceeiûvement chères.
Après avoir fait 3 lienra depuis le Sitio dos Pildee, je
m'arrètel à une fasenda qui portait le nom de Guarda
mSr. Si on l'appelait ainsi , ce n'est pas qu'elle appartint
alors à un guardamàr; mais sonpremierpropriéteire l'avait
été , et la plupart des faxendas conservent le nom de celui
qui en a jeté les fondements. Quoi qu'il en soit, je vis ici
plusieurs nègres , et le possesseur actuel paraissait avoir
quelque aisance. Cependant sa maison n'éteit encore qu'une
chaumière mal arrangée ; car, il faut le dire, le désordre
caractérise toutes les habitations qu'on rencontre disper-
sées dans ces déserts.
On me logea dans une grande pièce où était placée la
manjola,^, pendant que j'écrivais, on faisait, près de moi,
de la farine de maïs ( farinka ). Le bruit criard de la mon-
jola m'étourdissait ; j'étais aveuglé par la fumée du four-
^d:,;. Google
DU RIO DE 5. FRARCISCO. 373
DMU, et il GallaJt , de plos, que je Base la guerre aux chiens
qui venaient ronger le cuir de mes malles.
On jouit, dans ce canton, d'un grand avantage. kS tegotu
de Gnarda m6r , il y a , dans la Serra , des eaux minérales
qui , comme celles d'Araxi , de Salitre , de la Serra Megra,
remplacent le sel pour les bétes à cornes.
An delè de Guarda m6r, le chemin traverse un pay»
très-plat et se {ffolonge parallèlemeat h la continuation du
Chapadào, ou, si l'on aime mieux, de la Serra do S. Fran-
cisco e da Paranahyba , que l'on doit naturellement avoir à
sa gauche.
Dans un espace considérable, où le chemin est fort lai^.
les arbres assez élevés se touchaient presque tous par l'ex-
trémité de leurs branches , et entre eux croissait un nom-
bre considérable d'arbrisseaux et de sous- arbrisseaux , en-
semble qui produisait un effet très-agréable. D'ailleurs les
arbres rabougris qoi dominent dans les campas me parurent
appartenir tonjoars aux mêmes espèces.
Après une marche de 3 legoat, à partir de Guarda mér,
je as halte à Sapé, lieu ainsi appdé à caase de la Graminée
du même nom qui crott dans son voisinage ( StMcharum
Sapé, Aug. S. Hil. ). Dans le même endroit , je revis en
grande abondance le coptm gordura , dont l'odeur rési-
neuse remplissait l'air , et que je n'avais pas rencoD^ i
l'occident de la Serra do S. Francisco e da Paranahyba.
An delà de Sapé le pays est encore plat. J'avais , k ma
gauche, la continuation des montagnes de PilSes, qui,
peu à peu , vont en diminuant d'élévation , et à ma droite
s'étendaient d'autres petites montagnes.
Le chemin est toujours fort beau et traverse , en serpen-
tant, des pAturages ou , suivant la nature du terrain , les
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ST4 VOYAGE mx SOURCES
arbres et les aièrisseaux sont plus ou moins nointH«ux.
Quoique alors il D'y en eût presque point en fleur et que
leur forme générale soit la même, puisqa'à peu pràs tous
sont tortueux et rabougris , cependant ils varient tant dans
les détails que leur ensemble produit un effet charmant,
surtout lorsqu'ils sont b^e-rapprochés les uns des autres.
A e(Aé de la Légumineuse d° 575, dont les feuilles , fine-
ment déroupées, atteigneot jusqu'à 3 pieds de longueur,
sont des Malpighiées et des Âpocynées qui ont les leurs
parfaitement entités , larges , roides et cassantes. De pe-
tits Palmiers contrastent, par la simplicité de leurs Cormes,
avec les rameaux si divisés des arbres voisins , et l'oo voit
une Apocynée confondre son feuillage lisse e!t luisant avec
les feuilles cotoniieuaes et blanchâtres d'une Malpi^lacée.
Lm sous-arbrisseaux qui croissent sous ces différents arbres
ne sont pas moins variés qu'eux. De petites Malpighiées
aux feuilles sim{des se méleot i des Caisia qui ont les leurs
finement découpées, et les folioles extrêmement rappro-
chées de ces dernières plantes contrastent aussi avec le
feuillage également découpé , mais extrêmement lâche , de
ta Signonée a' 306- De distance à autre, on voit i droite
et à gauche du chemin des endroits bas (t marécageux , où
l'herbe, très-^isse, est d'un vert asseï gai : U point d'ar-
bces tortueux variés pour le feuillage , absolumeot aucun
contraste; le seul bority se montre dans la partie la plus
humide de.cea espèces de vallées, lantAt isolé, taoiAt par
petits groupe»; les j^inea individus n'oSorent qu'une touffe
de feuilles en éventail , qui sortent de terre portées sur de
longs pétioles , les autres s'élèvent comme des colonnes
surmontées d'un panache saperhe.
A 3 lieues de Sapé , je reçus l' hospitalité dans - une /à-
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DD MO DE S. nuNOSCO. m
amda qui porte le nom de Joào Gomei. Elle appartenait k
un mulâtre , et cependant elle avait un peu plus d'appa-
rence que celles où j'avais fait lialte depuis AraxA ; on pou-
vait du moins distinguer la mais(m du mahre des cabanes
de ses nègres. Je Tus aussi beaucoup plus content de la
conversation et des manières du mulâtre que de celles de
tant de blancs chez lesquels je m'étais arrêté depuis un
mms (V- p- 98S). Alors je me rapprochais de Paracatù; le
propriétaire de la fasmda de Joâo Gomes appartenait i une
population plus ancienne; les campagnards que j'avais vus
précédemment étaient la lie des diverses eomarcat de la
province de Minas Geraes.
Les eampot qne je traversai, après avoir quitté Joâo Go-
mes, ont un aspect riant , et offraient encore une très-
belle verdure ; cependant, il faut l'avouer, quelque jolis
que soient les eampoi d'arbres rabougris , on finit par être
fatigué de ne jamais voir autre chose. D'ailleurs, dans les
S mortelles lieues que je fis entre Joâo Gomes et le poste
militaire de Santa Isabel , je n'eus pas le plaisir de re-
cueillir une plante que je ne possédasse point encore ; je
passai même des demi-heures entières sans apercevoir une
fleur.
Depuis trois jours, le toonerre se faisait entendre , il '
tombait de l'eau tons les jours, et cependant la chaleur
était encore insupportable. J'étais néanmoins bien heureux
que le temps se fiitt mis i la pluie, car, auparavant, la tem-
p^ture s'élevait toujours davantage.
Entre Joâo Gomes et le poste militaire de Santa Isabel ,
je passai plusieurs petites rivière qui prennent leur source
dans la Serra do S. Francisco e da Paranahyba et vont se
jeter, par des intermédiaires, dans le S. Francisco, savoir:
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978 VOYtâE AUX SOURCES
le Riberào (torrenl), tEseuro Grande , VEaeuro Pequeao
et enfia le Santa Itabel. Lea eaux de ce dernier et de l'Es-
euro Grande sont sujettes é donner des fièvres intennit-
tenteSt ce qui vient sans doute de ce que leurs bords sont
marécageux.
, Aufvès du Santa Isabel a été Mlle la maisonDette où
l'on a établi un poste de militaires du régiment de cavalerie
de Villa Rica : c'est li que je fis balte. Je montrai mes pa-
piers au caporal qui commandait le poste , et j'en fus très-
bien accueilli.
te poste ne se composait que de deux soldats tirés d'un
détachement de neuf hommes cantonnés à Paracatû. Ces
militaires étaient chargés de faire la visite de tous les bal-
lots venant de Goyaz, afin de s'assurer s'ils ne contenaient
pas des diamants et de l'or en poudre. Ils devaient empê-
cher aussi qn'on ne passât des piasb^ d'Espagne, sans un
coin aux armes de Portugal, que le gouvernement, par
une frande indigne, faisait mettre sur ces moanaies, lea
portant , après cette formalité , de 780 reis ( 4 fr. 88 c. ) i
leur valeur réelle, à une valeur fictive de 960 reis (6 îi.).
Le poste de Santa Isabel avait encore une autre destina-
tion : on ; faisait payer un droit de 378 reis (3 fr. â4c.]
' par arrobe, sur toutes les marchandises qui étaient sorties
de Goyaz pour être vendues à Minas Geraes. Je n'ai pas
besoin de faire sentir combien il est absurde d'exiger des
droits sur les productions d'une province lorsqu'elles pas-
sent dans une autre ; combien, surtout, il est absurde de
mettre des droits de sortie d'un pays comme Goyaz , qui ,
dans son éloignement seul, trouve déjà tant d'obstacles à
l'exportation de ses produits.
Ce fut à Santa Isabel que j'appris la fin des aventures
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 277
d'un contrebandier français qui m'avait inspiré quelque
intérêt par la force de sa volonté et sa persévérance. Pour
ne pas courir le risque de compromettre cet bomme , je
n'avais rien écrit, dans mon journal, de ce qui le concer-
nait; je vais ici raconter son histoire aussi fidèlement que
me le permettra ma mémoire. Lorsque, au retour de mon
voyage dans le district des Diamants, je repassai par Villa
do Principe, le curé de cette ville, M. Francisco Rodrigues
Rtbeiro de Avellar , me demanda si je voulais recevoir la
visite d'un de mes compatriotes, qui alors se trouvait dans
le pays. 11 y avait un an environ que, à l'exception de mon
domestique, je n'avais aperçu aucun Français; j'acceptai
avec plaisir l'offre de l'excellent curé. Bientôt je vis paraî-
tre, dans ma chambre, un bomme vêtu d'une redingote
grise. Agé d'une trentaine d'années, mince et très-grand ,
dont la tète était ronde, la figure rouge et commune. Nous
nous mimes à causer. Cet homme, qui vivait au milieu d'é-
trangers dont il fallait qu'il se défiât dans tons les instants,
fnt ravi sans doute de trouver un compatriote avec lequel
il pouvait enfin parler sa langue , s'entretenir de son pays,
de ses intérêts et de son avenir; bientAt il se laissa all^ à
tout l'aÉNindon de la confiance et il me raconta son histoire.
Hélait né, jecrois, à Rodea et y exerçait la profession de
boucher, lorsque la destruction du gouvernement impérial
l'entraîna à faire de mauvaises affaires. A cette époque, le
voyage de l'Anglais Mowe dans l'intérieur du Brésil lui
tombe entre les mains , et dès lors il ne rêve plus que dia-
mants et richesses. Persuadé qu'il peut faire fortune au
Brésil par la contrebande des diamants, il part pour Mar-
seille et de là il se rend k Lisbonne ; mais c'était k Rio de
Janeiro qu'il voulait arriver, il va trouver le consul de
^d:,;. Google
278 VOYAGE AUX SODKGES
France à Lisboone, tâche de l'intéresser, et ïe supplie de
lui indiquer les moyens de passer au Brésil. Le cousu) l'a-
dresse k ipt ot&ciet portugais qui allait s'embarquer pour
Rio de Janeiro sur on bâtiment de guerre. L'ofBeier avait
besoin d'un domestique ; il prend le Français , ne lui pro-
mettant d'autre salaire que son passage; c'était la seule
chose que celui-ci désirât. Jamais, me disait-il, homme
n'avait été mieux servi que cet ofBcier; j'allais au devant
de ses désirs, je les devinais dam ses regards. Le bâtiment
arrive heureusement au Brésil. L'oiQder, sensible aux at-
tentions de son domestique, lui dit alors que, quoiqu'il lui
eût seulement promis le passage , il serait charmé de faire
quelque chose pour lui. On assure , lui répondit le Fran-
çais, qu'il y a UQ peu d'argent â gagner dans le pays des
Mines; je serais bien reconnaissant, si vous pouviei me (aire
avoir un passe-port pour cette province. L'officier' conoais-
sait l'intendant général de la police ; il sollicite le pasee-port
et l'obtient. Mon Français part pour Villa Rica; Il s'y
lie avec un contrebandier anglais établi dans le pays,
travaille qn^que temps avec lui, puis il le quitte et le
rend dans le Serro do Frio. Là il parvient à se faire ini-
tier dans tous les mystères de la contrebande des diamants,
fait connaissance avec les nègres qui volaient ces précieuses
pierres, et pénètre dans le district dont l'entrée était si sé-
vèrement défendue. Les chemins secrets pratiqués dans
les lieux les plus difficiles par les anciens j/anmpeù'Of (1)
lai deviennent bientôt familiers, et, lorsque je le vis, il
(1) Les oarinipeiro$ t^UEcnl des hommes areotureat qui , réttais en
troupes , ftigtieut li contrebande des diamants et se réfugiaient dan»
kî mODlagnes les plus escarpe (Voyage daiu U ditlrM de» Dia-
iMmit, etc., 1, 21).
^d:,;. Google
DU UO BE S. FUNCISCO. 2T»
avait déji commencé è gagoer quelque u^ent. Quand cet
homme eut achevé son récit, je tâchai de le détourner du
métier aventureux auquel il se livrait; je lui en représentai
tous les dangers , et lui répétai que , si on voulait faire un
exemple, ceserait certainement lui, étranger, sans amis,
sans protecteurs , que l'on sacrifierait- Mais les diamants
pouvaient l'enrichir; il était décidé à courir tous les risques
pour parvenir au hut qu'il avait poursuivi jusqu'alors, et
mes représentations flirent inutiles, ie le décidai coudant
i écrire à sa famille, à laquelle il s'était promis de oe don-
ner de ses nouvelles que lorsqu'il aurait fait fortune , et il .
convint qu'il m'apporterait sa lettre le lendemain, pour
que je la fisse passer à Bodez. Mais cet homme se repentit
sans doute de la confiance qu'il m'avait montrée; il ne re-
.vint point, et je fus plus d'un an sans entendre parlar de
lui. Enfin, lorsque j'étais an poste de Sauta Isabel , te ca-
poral me dit que, quelque temps auparavant, il avait arrêté
UD de mes compatriotes dans le district des Diamants ; je
lui fis des questions sur cet homme, et, aux détails qu'il me
donna , je ne pus douter que ce ne fât le contrebandier de
Bodez, Le caporal sortait lui-même en cachette du district
des diamants, par des chemins détournés, lorsqu'il aperçut
un homme qui se glissât le long des rochers. Vêtu en bour-
geois et se trouvant avec une femme -, il De fit rien pour
prendre cet homme ; mais , de retour à son poste , il rendit
compte à ses camarades de ce qu'il avait vu. Les soldats se
mirent en embuscade et ils arrêtèrent le contrebandier,
qu'ils reconnurent pour un Français; cependant celui-ci
les pria avec tant d'instance de le laisser aller qu'ils y con-
sentirent. Cette leçon ne le guérit pourtant pas de son in-
concevable opiniAIreté. Il fut bientêt dénoncé comme étant
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UO TOYASE AUX SODICES
caché dans tine des maisons de l'un des services (1) du
district des Diamants. On cerne la maison pendant la nuit,
il s'échappe ; on le poursuit , il s'écliappe nne seconde fois ,
et il en fat quitte pour la perte de sa bourse, que les soldats
se partagèrent et qu'il avait laissa tomber, sans doute pour
occuper ceux qui le poursuivaient et pour gagner du temps.
Le caporal ajouta à son récit que cet homme s'était retiré
dans les environs de Sabari, et je ne sais ce qu'il sera de-
venu. Il est fAcheux qu'une si singulière persévérance n'eût
pas un plus noble but.
Peu après avoir quitté le poste de Santa Isabel , je com-
mençai A monter sur un mdme élevé qu'on nomnie Serra
de Paracatu. Sur le flanc de ce morne et sur son sommet ,
on jouit d'une vue extrêmement étendue. J'y découvrais
toute la plaine que f avais traversée les jours précédents,
tA au delà les montagnes qui la bornent. Les bouquets de
bois, les pAturages composés seulement de Graminées et
ceux où s'élèvent de petits arbres forment, lorsqu'on les
voit de loin, des compartiments variés d'un ^et très-
agréable. En descendant la montagne on aperçoit, à peu de
distance, la ville de Paracatu, située sur la droite, au pied
de quelques collines.
J'étais porteur d'une lettre de recommandation pour le
targento môr Alexandre Pbreira b Castro. On m'avait
dit qu'il était i sa maison de campagne dont on m'avait
mal indiqué le chemin ; mais , après avoir erré longtemps
au milieu des pâturages, j'arrivai è l'entrée de Paracatà.
(1) On appelle ttrvie«$ {âerviçoi) lu lieui où, poar extraire des dit-
utnis, ou a élabLi une troupe ((ropa) , nom que l'on douie à une rén-
oioD d'eiiclaKa dirigés par de» emplojéa libres ( royale dont le diilTiet
det Dtanutnlt, elc, 1 , 89).
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DU RIO DS S. FtUHCISCO. 181
Li quelqu'un m' apprit que le targento môr se trouvait i
la ville ou i UD lavage d'or qu'il possédait dans le voisi-
nage. J'envoyai José Marianne pour s'en assurer. Le tar-
gmto môr n'était point A la ville ; mon messager alla le
chercher à son lavage , et je passai deui heures exposé aa
soleil le plus ardent, sans pouvoir trouver le moindre om-
brage. Rarement je fus aussi fatigué que ce jour-l&.
^d:,;. Google
T0TA6B AUX SOOtCBS
CHAPITRE XIV.
Histoire de Piricitô. — Par qui cette TJlle est ■njonrd'fani peuplée. —
Son administratioD civile. Le sonveraÎD mal obéi par les magiab'ata.
— Population de Paracatù et de la paroisse dont cette ville eat le chef-
lien. — Sitaatioude Piracatn. — Les misseani qui l'entourent. Rues:
Duisoos ; jardins. — Place pabliqne. — FontaÏDH. — EgliMA. — HAlel
de Tille. — Tavemes ; boutiques ; commerce. — Eiploitation des mi'
nés. — Hessonrces de k ville de Paracttn. — Guitare des terne. —
Bélail.— EipoTlatiofks." DiteUe.— Portrait du tùrgtnio mdr Auur-
pu PnunBn ■ Cisno.
Les Faulistes qui allaient i la découverte de nouvelles
terres ne traversaient jamais un ruisseau sans éprouver le
sable de son lit pour s'assurer qu'il ne contenait pas de l'or.
Ceux qui découvrirent Goyaz furent conduits par le hasard
au lieu où est aujourd'hui situé Paracatù ; ils trouvèrent de
Tor en abondance dans le niisseau qui porte le nom de
Corrego Rico et consignèrent ce fait dans leur itiné-
raire (1).
Longtemps après, cet itinéraire tomba entre les mains de
José Rodrigues Froes, qui appartenait à une famille recom-
mandable de S. Paul. Il part seul avec deux esclaves noirs,
(1) On raconte même qne , pour mieui faire recoDualtre l'endroit dé-
signa , ils jr avaient rcuni deni Palmiers avec udc chaîne.
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DU RIO DE S. FRANCISCO. 383
traverse des contrées encore inhabitées, et, en 1744, il
arrive enfin au lieu qu'il cherchait avec tant de courage et
d'ardeur,
Ayant trouvé certains poissons d'un goût agréable dans le
Corrego Rico, il imagina de donner au pays qu'il venait de
découvrir le nom de Pyra-catu (bon poisson] , qu'il em-
prunta à la langue des Indiens de la c6te {Imgoa gerat},
fidèle À l'usage généralement adopté par les anciens Pau-
listes. Les travaux des mineurs ont détruit les poissons qui
vivaient dans le Corrego Rico ; le nom de Pyracatû s'est
altéré et l'on en a fait Paracatà. Cependant quelques per-
sonnes qui ne sont point étrangères à l'histoire du pays con-
servent encore le nom primitif (1).
Les succès de José Rodrigues Froes surpassèrent ses espé-
rances, n retira du Corrego Rico une quantité d'or considé-
rable, et il alla porter i Sabaré le fruit de ses travaux. Il fut
nommé gttarda môr (2) et on lui accorda la data de prété-
wace[^ttadeprefereneia] [5),qu'il est d'usage de concéder
à ceux qui découvrent des mines. Froes retourna à Para-
catû avec un grand nombre d'hommes qui voulaient parta-
ger les trésors des mines nouvelles; beaucoup) de gens vin-
rent également de Goyaz : enfin la réputation des richesses
du pays fut bientâl telle , que plusieurs Portugais européens
traversèrent le désert pour se fixer à Paracatû.
Dans les commencements on tirait, sans aucune peine,
(1) Le cachet de U posie porte mt me le nom dePJr[imlii(tS)9).
(1) U ottartttt mor est un magistrat cbargé de h dùtribuiiOD des ler-
tnua auriftres [Voyage daiu Ui province* de Rio de Janeiro, etc.,
I,!3B).
(3) Od entead par dala l'ûlcadue de lerraÎD aurifère que le g%Mrda
mor peut douuer a chicun.
...d:,;. Google
384 VOYAGE AUX SOURCES
une grande qnantité d'or du Corrego Rico et de quelques
ruisseaui voisius, les Corregos de S. Domingot, de S. An-
tonio et de Santa Rita. Les mineurs de Paracatû achetè-
rent un grand nombre d'esclaves (1]> et en peu de temps
s'éleva une ville nouvelle.
Alors on taisait venir & grands frais les vins et les autres
marchandises d'Europe è travers le désert ; on dépensait
des sommes considérables pour les fStes d'église ; on eut
des musiciens; on eut un petit théâtre, et les nègres eux-
mêmes, dans leurs réjouissances , répandaient, dît-on, de
la poudre d'or sur la chevelure de leurs meilleures dan-
seuses (S).
Cependant toute cette opulence ne pouvait être de lon-
gue durée. Chacun jouissait de ses richesses, personne ne
fonda une fortune durable. La plupart des premiers colons,
qui étaient des célibataires, ne songeaient point à l'avenir,
et les gens mariés, entraînés par l'exemple des autres, se
montrèrent aussi imprévoyants.
Les mines des environs de Paracatû sont loin d'Être épui-
sées, mais peu à peu elles sont devenues d'une exploita-
tion plus difficile. L'amour et la reconnaissance ont fait
affï^ncbir un grand nombre d'esclaves [3] ; les autres sont
morts, et ils n'ont pu ^re remplacés. A peineaujoard'hui
(1) Le ftmeut Felisberto Cddeira Braut , qni , soas l'administration
de Gomes Frejre, fat le traisiènie fermier des diamants da Brésil, H
qar , accusé de malTerutions, Ait mis en prison A Lisbonne , où il mou-
rat, était, selon Sonthej [Hiit., Œ, 634], un ricbe mineur de Paracatn.
(!) Vojez l'introduction k mon Hiiloire da planlei tel plut remor-
quaiUi du Bréiil et du Paraouai/.
(3) Ceci BafBrail ponr prouver que I'od a indnil en erreur H. Jaujucs
Ar^o, lorsqu'on loi a dit que les Brésiliens D'aDraDchissaicnt point lenrs
Digrra,
...d:,;, Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 385
(1819) compte-on à Paracatii deux ou tn^s persoDoes qui
s'occupent en graod de l'extraction de l'or; la population
de cette ville a singulièremeot diminué, et l'on n'y voit plus
qu'un très-petit nombre de blancs qui généralement sont
peu riches, et auxquels le climat et l'oisiveté ont fait per-
dre cet esprit entreprenant dont leurs pères furent animés. -
Il existe à Paracatu beaucoup de mulâtres; mais ce
sont les nègres libres et créoles qui forment aujourd'hui
la majeure partie de la population de cette ville. Leurs
femmes filent du coton pour faire de grossiers tissus ; quel-
ques hommes ont des métiers, le plus grand nombre va de
temps en temps cherdier un peu de pondre d'or dans les
ruisseaux voisins. Presque tous vivent dans une extrême
pauvreté; mais ils ne trouvent point que ce soit adieter trop
cher le bonheur de passer la plus grande partie de leur
temps à ne rien faire. On peut croire aisément que des
hommes sans occupation et sans principes sont enclins à
plus d'une sorte de vice. Le vol , qui naît de l'oisiveté et qui
la favorise, est un de ceux que l'on reproche le plus aux
nègres de Paracatu ; très-souvent ils enlèvent des bestiaux
aox cultivateurs du voisinage.
Pendant longtemps Paracatu ât partie de la eomarca de
Sahara. Ce fut d'abord un simple village, puis un chef-lieu
de justice [julgadit] , et enfin un décret du 30 octobre 1 798
en fit une ville sous le nom de Villa de Paraealû do Prin^
e^ (1). Dans l'espace d'environ dix-huit ans, Paracatà
resta le chef-lieu d'un termo administré par un jmz de fora;
mais, le 17 mars 1815 (â), on érigea ce lermo en chef-lieu
(1) Ce nom de Paraealû âo Principe n'esl emplojiS que pour li>i
•clés publics; dansruuge bibitael, oa dîl simplement Puracalii.
(3^ Cette date et la précfdente sont empruntées h Piurro.
^d:,;. Google
ISA TOTAGE AUX SOURCES
de cotruarca, et, comme je l'ai déjà dît, par un décret du
i avril i816, on réunit à la nouvelle comarca les justices
d'Araxâ et de Desentboque. Il fut décidé aussi que Para-
cetû, ayant un ouvidor, n'aurait plus de jiàz de fora,
mais seulement deux juges ordinaires {juises ordùtarÙM]
' et nn juge des orphelins (jutz dos orfhos).
A l'époque de mon voyage, il y avait déjà nn certain
temps que le nouvel ouvidor de Paracatû était nommé;
mais il n'avait pas encore songé à quitter le lieu de sa rési-
dence. C'était alors un usage général dans le Brésil que les
administrateurs ne se rendissent à leur poste que fort long-
temps après leur nomination. On a vu des capitaines géné-
raux rester plusieurs années à Bio de Janeiro, avant de
partir pour leurs gouvernements, paraître à la cour, et
marchander avec le roi sur le pris de leurs services futurs.
On connaissait toute la faiblesse du prince et on en pro-
fitait.
Quoique détaché de Sabarà, Paracatâ continuait, lors de
mon voyage, i en dépendre pour ce qui concerne la fonte
de l'or (1). A la vérit^, Voumdor de cette dernière ville est
aussi intendant de l'or; mais le métal extrait de tout le
territoire de Paracatij devait être fondu k Sabarft. Il y avait,
dans le chef-lieu de la comarca nouvelle, deux maisons
{casât depremuta) où l'on échangeait l'or en pondre contre
des hineis (bilhetet de permuta), et, tous les trois mois , on
foisait i l'intendance de For (ùOendenda d'ouro) de Sabari
(1) Si, de 1833 h 1S29, OD n'a poiol cnk' k Piracatii d'él
pour la fonte de l'or [eaia da fundiçào) , M. Walsh s'est trompe quaad
il a dit que, ï la dernière de cesi':poque^, il en existait, b Minas, dans
chaque cher-lieu de mmarra (Solet, II, ISS).
^d:,;. Google
DU RIO m s. FRANCISCO. SST
la remise de celai qui arait été réuni daos les maisons de
change (1).
Quant au spirituel, Paracatû est le dief-lieu d'une pa-
roisse qui , autrefois , s'étendait jusqu'à Salgado (S), et qui
a été réduite successivement, â mesure que le Sertâo s'est
poiplé davantage. Aujourd'hui (1819), elle a 30 lieues dans
sa plus grande longuenr et environ 16 de largeur; mais,
daos cet immense territoire, elle ne comprend qu'une popn-
laition de 7,000 Ames, dont 3.000 dans Paracatû et un
rayon d'environ i lieue. Ce qui prouve, au reste, combien
cette ville a perdu et son importance, depuis que ses mi-
nes ont commencé à s'épuiser, c'est que, suivant Fizarro, .
on y comptait 13,000 habitants en 1766, et alors sa popu-
lation n'était déjà plus aussi considérable qu'elle l'avait été
dans l'origine (3).
Paracatû est situé aux limites d'une jdaine, sur la par-
tie la plus bassed'un vaste plateau qui counume un morne
pen élevé et qui s'étend par une pente presque insensible.
Ce morne est entouré de quatre ruisseaux, et se rattache ,
par une aorte d'isthme, à la montagne appelée Morro da
Cna dot Almat ( montagne de la cnux des dmes du pnr-
^toire) , dont il n'e^ réellement que la coutinuatbn , car
il en suit eiactement la pente.
Trois des ruisseaux d*Bt je ywa& de parler firennent leor
soorce dans le Merro da Ctue das Aimas , savoir : le Cor-
(1) Mon Yo^age tUm* Ui prmineei de Rio de Jantiro, etc. ( 1 , 338
et laiT.), contient des renseigDements sar les raiat de permiUa, les
bilhtUi depemtula, et tout ce qui a rapport k U circulitiou et i la
fonte de l'or.
l3) On trouvera des détails sur Salgado daus mou Voyage darit J«*
provineei de Rio de Janeiro, etc., 11 , 4U7.
l3) Jfm. Awl., VIU, aegunda part., 213.
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188 VOYAGE AUX SOURCES
rego Rico (ruisseau riche) (1), le Corrego dos Maeaeo§
(ruisseau des singes] et celui de S. ïhmingot. Le Corr^
Rico , dont j'ai ié^ii parlé , doit bod nom À la grande quan-
tité d'or que les premiers mineurs tirèrent de son lit > et
fait à loi seul le tour d'environ la moitié du Morne sur le-
quel est bflti Paracatû; le Corrego dos Macacos Iwigne un
des cAtés du morne et se réunit bientât au Corrego Rico ;
celui de S. Domingos ne touche, pour ainsi dire, le morne
que par un point [^); enfin le Corrego Pobre, autrement
dit Corrego Superbo on do Mmitw Dûdto (ruissoin pauvre,
ruisseau superbe, ruisseau de l'enfant-diable), complète
cette espèce de ceinture. Les trois premiers de ces ruis-
seaux, et principalement le Corrego Rico, ont été le tbëitre
des travaui des mineurs , et leurs bords , bouleversés de
toutes tes manières , laissent voir k découvert une terre
d'un rouge foncé. Le Corrego Pobre fournissait beaucoup
moins d'or que les autres, d'où lui vient son nom. Celui de
Superbo, qu'il porte également, lui a été donné parce que,
dans le temps des pluies, il devient très-considérable. Voici
enfin l'origine du nom de Merâno Dit^m, qu'il a reçu en-
core : Dans les commencements de Paracatû, il s'éleva une
très-grande rivalité entre les jeunes gens qui habitaient le
bas de la ville, près de l'église de Ste. Anne, et ceux qui de-
meuraient dans le haut , auprès de celle du Rosaire. Les uns
et les autres allaient se baigner, les soirs, dans le Corr^
Pobre, qui devenait le théâtre de leurs querelles, et c'est
( l) En écriTiDi le mot emrtQO, j'ai lonjonr* suivi U véritable ortho-
graphe portugaise; mais, k Paracatn comme dana le reste de la pro-
vince des Mines, od proooace mrgo.
(3) La source du Corrego de S. Domingo appelée OCio* iTAgua (sDOr-
ces) fournit l'eau qne l'oo boit ordioairetneut t Paracats.
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DU MO DE S. FRANCISCO. 289
là ce qui a fait appeler ce ruisseau Corr^o do Henino
Diabo (ruisseau de l'eofïiDtrdiable).
La ville de Paracatû n'occupe qu'une trè^petite partie
du plateau sur lequel elle a été bAtie , et s'élève immédia-
tement au-dessus du Corr^o Pobre. Sa forme est allongée ;
ses rues principales suivent la pente presque insensible du
morne. Située sous un beau ciel , dans un pays découvert ,
à l'extrémité d'une plaine qui est bornée par de petites
montagnes, Paracatû ne pouvait manquer d'avoir un air
de gaité étranger à toutes les villes de la partie ori«itale
de Minas Geraes, et sa positiqn ai»|uîcrt pluB de charme
encore aux yeux du voyageur par l'ennui qu'il a éprouvé
si longtemps avant d'arriver i cette espèce d'oasis.
Les principales rues de Paracatû sont larges, assez régu-
lières et pavées : les maisons qui les bordent n'ont, pour
la plupart, que le rez-de-chaussée; elles sont basses, pe-
tites , bâties avec des adobei , mais blanchies et couvertes
en tuiles. Toutes ont des jalousies qui s'avancent un peu
obliquement dans la rue, en manière de botte, s'ouvrent
de bas en haut , et sont formées de bâtons croisés et fort
rapprochés. Un grand nombre de maisons sont aujourd'hui
désertes et nul entretenues Celles qui sont bAties sur le
cMé de la ville, au bord du Corrego Rico , sont habitées par
des nègres créoles; elles sont très-petites , sans crépi et
n'annoncent qu'une extrême indigence.
J'ai dit que, dans toutes les villes et villages de la pro-
vince des Mines, chaque maison a un petit enclos (qumtal)
où sont plantés principalement des Bananiers et des Oran-
gers. Ces enclos sont plus nombreux peut-être À Paracatû
qu'ailleurs, et les groupes d'arbres qui les remplissent pro-
duisent un effet très-aj^éable, lorsqu'on découvre la ville
^d:,;. Google
3W TOYA«E AUX SOURCES
da haut des mornes voîhÎds : d'ailleure, À quelques excep-
tions près, on ne voit dans les Jardins de Paracatû, comme
dans la plupart de ceux des autres villes, que des arbres
fruitiers entassés sans eocun ordre ; mais , quand l'indo-
lence des habitants ne s'opposerait pas à ce qu'ils soignas-
sent davantage leurs jardins, ils trouveraient , dans la rveté
de l'eau et les ravages des fourmis, de grands obstacles à
la culture des légomes et des fleurs.
Il n'y a à Paracatd qu'une place publique, dont la forme
est à peu près celle d'un triangle et qui tennfne une des
rues prinupales appeléa la Rue droUe (rua ^reita].
Cest i rextrémité de o^te place qu'est bttie l'église de
Ste. Anne, la jdus ancienne de Paracati. Outre cette église,
qui déjè tombe eo raine, il y en a encore quatre autres ,
toutes construites en terre. L'église paroissiale , dédiée Ji
S. Antoine, est ornée avec goCit; on dé^rerait seulement
qu'elle fbt plus éclairée. Après cette dernière , celle du
Rotario, qui a été bâtie aox frais des esclaves, est la plus
grande et la mieui ornée.
Deui fontaines fournissent de l'eau aux habitants de Pa-
racatiï ; mais elles sont sans aucun ornem^it.
La cota da ctmara ( l'Mtel de ville} est une petite mai-
son carrée , à un étage , et dont le ret-de-cliaussée sert de
prison, suivent la coutume de la province.
On voit à Faracatà un aisra grand nombre de tavernes et
plusieurs boutiques assec bien garnies. Peu de marchands
commercent directanent avec Rio de Janeir» ; la ^upart
font venir de S. loâo d'El Rei les articles dont ils ont be-
soin, et envoient , eo édiange, des cuirs écrns et du coton.
Ilaétëun temps oà, à l'aide d'une sébile [balea), en
retirait, d'un seul coup, jusqu'à une demi-livre d'or du
D,s,i,.,.d.i. Google
DU MO DE S. FRANCISCO. »1
Corrego Rico (1} , et aajourd'hui les mines de Paracatû sont
encore très-riches. A la vérité , lors de mon passage , ce
niisBean ne fournissait pas bdk faitcaâoret (3) plus de 1
ou 3 nntoru (46 14/16 cent.) de poudre d'or dans tonte
une journée, parce que la saison avait été extrêmement
sèche; mais, quand des pluies très-abondantes ont entraîné
beaucoup de sable avec elles , ces hommes font souvent des
journées de 1,300 reis [7 fr. 50 c. ] et davantage. Cepen-
dant le manque d'esclaves et de capitaux ne permet pas
qu'on se livre actuellement à des travaux très-coosïdéra-
bles, et une autre cause, la rareté des eaux, y met encore
obstacle. Lorsque les premiers mineurs vinrent s'établir
. dans ce pays , tous les ruisseaux étaient bordés de bois ; ils
ont été coupés, et l'eau est devenue beaucoup moins abon-
dante. Tel est , en Amérique comme en Europe , le résultat
des déboisements.
Panni les trois ou quatre persounes qui , lors de mon
voyage , s'occupaient en grand de la recherche de l'or dans
les environs de Paracatû , je dois citer mon excellent h<Ue ,
le gargmto môr Alexandre Pereira e Castro. H venait d'ou-
vrir une mine au-dessus de la ville, dans un terrain dont
la superficie avait déjà été efBenrée par les anciens mi-
neurs. A une profondeur de 50 palmoi {1 \ mètres), il avait
trouvé un eatcalho (3) fort riche, et il en avait retiré on
<1) Ptz., irmt. fkf({., vni,put.s(«Bad«,314.
(2) Les faiicaHore* sont des bommes bop paarres poar se livret k
de grands travaux et qnî vont chercher no peu d'or dans le Mbie des
rîTières on dans le résida des larages. Tojei mon royojr* dont Iti pro-
vlncet dt RU) ie Jatttiro, etc., I, 35T.
(3) Le» mineuTS désigoeat par ce mot nn mélio^e de cailloux et de
sable qni reurerme des parcelles d'or {Yonage datu Im province* âc
Mo da Janeiro, <ic., I, S45).
^d:,;. Google
3» VOTAQB AUX SOURCES
or à â5 carats , de la plus belle couleur, tandis que celui
qu'on trouve dans Je lit des ruisseaux n'est guère qu'à
i9 carats. En général, on observe dans ce pays, et peut-
être en est-il de même dans toute la province , on observe,
dis-je , que l'or est à .un titre d'autant plus élevé qu'il a été
recueilli h une plus grande profondeur. Le targento môr
avait creusé des réservoirs pour conserver les eaux plu-
viales , et de petits canaux pour conduire celles-ci à sa
mine, et il est à croire qu'il aura obtenu quelque succès.
Cependant , il faut le dire , ces efforts isolés ne sauraient
amener de bien grands résultats. On ne tirera véritable-
ment parti des mines de Paracatû qu'en formant des socié-
té qui réimîsHent des fonds assez considérables pour sub-
venir aux dépenses préliminaires. Mais, comme les fortunes
sont actuellement ici très -médiocres , de telles sociétés sont
peut-être impossibles : d'ailleurs rapathie,ledéraut d'ordre,
une méQance trop souvent justifiée n'ont pas permis, jus-
qu'à ce jour (i819), que l'esprit d'associalion pénétrAt
dans tes mœurs des Brésiliens; d'un autre ctftè , peut-être
5erait-ce un malheur pour le pays que des étrangers y son-
geassent, car ils ne manqueraient pas d'emporter dans leur
patrie le fruit de leurs travaux.
Le revenu des mines ira sans doute toujours en dimi-
nuant; mais la ville de Paraeatû trouvera une ressource
dans les avantages que lui procure son titre de chef-lien de
comarea; elle en trouvera surtout dans les produits de ses
alentours et la vente du bétail que nourrissent ses pâtu-
rages.
Les terres des environs de Paracatâ sont propres à tous
les (çenres de culture. La canne à sucre , le maïs, le riz,
les haricots , le manioc y réussissent également bien.
^d:,;. Google
DV RIO DE S. FRAItaSCO. ïM
Comme dans les autres parties de la province des Mines,
on ensemence deui Fois de suite les terrains vierges; il
faut , après cela , laisser reposer le sol pendant cinq ans ,
afin que les taillis prennent assez de force pour pouvoir
être brAlés , et , cinq ans plus tard , on les recoupe pour
les brAler encore. Lorsqu'on a soin de donner aux terres
un repos de cette durée, le capimgordura[Melinùminu-
tiflora) ne s'en empare point; mais, quand on les affaiblit
en ne mettant pas un aussi long intervalle entre deux an-
nées de culture, l'ambitieuse Graminée ne tarde point i
se montrer.
Autour de Paracatû, on est obligé sans doute de donner
du sel anx bestiaux ; mais , comme il s'y trouve , h ce qu'il
parait, des terres un peu salpètrées , la distribution ne se
fait que de trois en trois mois. C'est le sel ile Pilao Ar-
cado (1) que l'on emploie â cet ^et, celui qu'on appelle
tal da terra (sel du pays). Le sel venant de l'Océan serait
trop cher, et il n'y en avait même point à Paracatû, A l'é-
poque de mon passage. Plus près du S. Francisco, il n'est
pas nécessaire de faire I9 même dépense; les terres salpè-
trées y sont communes comme à l'est de ce fleuve (3) ; le
bétail s'en repaît avec avidité , et elles suppléent au sd.
Aux environs de Paracatû , on n'incendie les pflturages
que vers les mois de juin , juillet et août, c'est-à-dire dans
(1) Ce Bel est celai qoe fonnnsseiit , k eoviroD 130 Ugoat de Salgido,
ks d«ai cdlés da S. Francisco (Foyoffe data le» prooincu de Rio de
Janeiro, etc., n , 412). 11 prend le nom de sel de Pilâo Arcado , ptrce
qa'oD le recneille box eu* irons de la Tille de ce nom , dans la prOTince
de Perniiubonc. Si je u me trompe , i Piracatù et d'anlreâ parties do
Minas , on dit, par corruption . Pilôee Arcado*.
Ci) Vojei mon Voyage dam la province de Rio de Janeiro, eit.,
U,3)7.
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2M TOYAGE AUX SOURCES
la saison de la sécherease, et le feu n'y prend pas lors-
qu'on le met avant cette époque. Cependant les propriétaires
qui veulent avoir plus tôt de l'herbe fraîche pour leurs va-
ches k lait gardent une certaine étendue de pAturages, sans
y mettre le tmi , pendant toute une année, et ils peuvent
les brûler l'année suivante, dès les mois d'avril et de nui.
C'estpeuqu'unpajssoitfertile, si, comme le midi de la pro-
vince de Goyaz, il a'a aucun moyen d'exporter ses denrées.
Il n'en est pasainsi deParacatù. Cette ville n'est éloignée que
de 8 legoas du Porto de Béserra, où la rivière, également
appelée Paramtû, est navigable. Cette rivière, qui, m'a-
t-on dit, prend sa source à 14 legoas 9e la ville de Para-
catù, dans ]& Serra do Carrapato[l], se réunit au S. Fran-
cisco, et, comme je l'ai dit ailleurs, les bords de ce grand
fleuve sont, au delà du Salgado, d'une stérilité extr£me(2).
Depuis que les habitants des environs deParacatù s'occupent
davantage de leurs terres, ceux des rives du S. Francisco
viennent , dans ce pays , chercher du maïs , des haricots ,
du sucre et de l'eau-de-vie, et apportent en échange le sel
de Pilào Arcado. Pendant que j'étais à Paracatù, il s'y trou-
vait des marchands de Caytelé [5] , qui tâchaient de ras-
sembler des vivres pour les faire passer dans leur pays.
(1) Caul dit {Corog. Brai., l,3M) qae les priacipales sources da
Psracatv sont le Rio Esearo et )e Rio dt Prita.
{2) Vonaçe doKM Ut provinett de Rio tlt Janeiro, etc.. Il , 413.
(3) CajUU ou Villa not» do Principe et one rille de U cowtarea
de Jaeobina, dus U protiaee de Bahia (Cu-, Coroç. Brtu., Il , 137).
CeUe TJlle , dit too H irtins , ofllre 1« mfioie cliout et la même Tégitatim
que HiuasMoTtS; aussi, depuis nne trtataiae d'anuia, s'j esl-oo li*ré
eo sraod h la culture du cvtoanier. Il jr a 1 Caf lel6 des marcbaiids qid ,
diaque »Da(-e , envoient i Bahia une quantité de cotoa roroiaiil la cbiiBC
de mille mulets . et c« lieu est deveaa le plus ricte du Sertào de Bahit
\lieiM, 11, MT).
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DO UO DE S. PUHdSCO. 395
Mais cette anaée-lè était peu faforable pour des achats
de ce genre ; car la sécheresse qn'il avait foit, comme on l'a
vu , peDdant les mois où il pleut ordiDairement , avait oc-
casionné une disette générale. Cétait surtout dans la ville
de Paracatû que la famine se faisait sentir. Pendant quel-
que temps, les denrées avaient été taxées par le juge ; mais,
«Hnme personne n'apportait plus rien, ainsi qu'il devait
être Ihcile de le prévoir , la taxe avait été levée. Aussitôt
qu'il arrivait un chariot chargé de v,irres , chacun se préci-
pitait pour avoir sa part, et le magistrat était obligé de dé-
terminer ce que chaque maison devait acheter. Sans lui et
sans le targmto môr, je serais parti de Paracatû sans au-
cune provision.
Pendant le séjour que je fis dans cette ville, je fus com-
blé de politesses par le sargmlo màr, Alexandre Pereira e
Castro, qui m'avait abandonné sa maison pour aller s'éta-
blir dans le voisinage et me rendît mille petits services.
Il était impossible de voir un hiHnme meilleur ; il était
actif, quoiqu'il ne fi^t plus jeune , toujours gai, toujours
prêt h obliger, toujours disposé ii excuser les autres et à
embrasser le parti de la modération. Il aimait soo pays
par-dessus toutes choses et croyait que, dans le monde en-
tier, il n'y avait rien au-dessus de Paracatû. Ce qu'il aimait
cependant plus encore que sa patrie, c'étaient ses mines,
mais bien moins à cause de l'aient qu'il en tirait que
parce qu'il avait eu la gloire de les ouvrir et d'y faire des
ouvrages assez bien entendus.
...d:,;, Google
VOYAGE AUX SOURCES
CHAPITRE XV.
VOYAGE DE PARACATÛ A LA FRONTIÈKB DS GOYAZ.
Vae doD[ on jouit en quittant Paractiù. — Le Morro da Onu dat Ai-
mai. — La Serra dot Uonjolot ; cours de plusiears TÎviires. — Ha-
muu de Ktmjolot. — Un unaL Réanltat tlcbem de la eapUaUon
poar les pajs auriRres. — Fatenda de HoinAo. — Faxttida de Ta-
pera. — L'auteur remonte sur le tomniel de h Serra do S. Francisco
e da ParaD h)ba. — Deacriplion générale du plateau sur lequel il
Tojrage pendant plusieurs jours. — Fa*en4a de Softradtnho. Sa pro-
priétaire. — Marais. Plantes qui semblent s'attadier aai pas de
riiomiDe. — Cavetra ; une nnit passive dehors. — L'aulear entre dans
la pronnce de Ooju.
Pour me rendre de Paracatù au Regùtro dot Arrepea-
didos, limite de la province de Goyaz, je pouvais choisir
entre deux chemins. Le plus nouveau est bordé de quel-
ques habitations, maïs, comme il traverse des marais, on
n'y voyage commodément que dans le temps de la séche-
resse. Je passai par le plus ancien, ignorant peut-Mre, au
moment de mon départ, qu'il y en eftt un autre (1).
En quittant Paracatù (22 mai) , je traversai la ville dans
toute sa longueur, accompagné par mon excellent hAte et
par un mulâtre esclave qu' il voulut absolument me donner
II) Itinéraire approiintalir de la ville de Paracatù aui Arrepeudido^,
frontière de la province de Gojrai :
,,;. Google
DU MO DE S. FRAttaSCO. 19T
pour les premiers jours de mon voyage. Nous suivîmes le
platesu sur lequel la ville est bâtie, jusqu'à cette espèce
d'isthme qui joint ce plateau au Morro da Cnu das Ai-
mas (1). Là nous nous arrêtâmes quelques instants à une
maisonnette qui dépendait des mines du largento m6r, et
d'où l'on d^Mtnvre une très-belle vue. D'un cMé, tin do-
mine Paracalû dont les maisons et les églises semblent dis-
persées BU milieu de groiqies d'Orangers et de Bananiers.
Dans une vallée profonde coule le ruisseau de S. Domin-
gos, bordé de deux lisières d'une belle verdure qui décri-
vent de gracieuses sinuosités ; et, sur la rive droite da ruis-
seau, on voit la petite chapelle de S. Domingos, près de
laquelle sont des maisonnettes entourées d'Orangers. D'un
autre cAté , enfin, on découvre le Moito da Crut das Aimas
dont la surface est toute couverte des éclats de pierre déta-
chés par les anciens mineurs, et au milieu desquels crois-
sait quelques plantes éparses, principalement des Goya-
viers et des Mélastomées.
Le Morro da Cruz das Aimas présente un plateau qui
peut avoir 1 lieue de circonférence. C'est de li que les an-
ciens mineurs ont tiré le plus d'or. Je fus étonné de reten-
due de leurs travaux ; il n'est pas, dans cet endroit, 1 poufce
de terrain qui n'ait été remué ; de tous les cAtés, on voit
De Parautù k Hoojolos , bamean 3 l/3kgou.
— Hwnbo, petite habibition 3 1/2
— Taper* , babilatiou 3
— Faieoda do Sobradinbo 1 1^
— Cateira , bord d'uD Tuisaeau en pUa
air «
— Arrapendidos, douaH. - . - S
2i l/3legiMS.
il) Voyez le chapitre prtci.'dent.
^d:,;. Google
sue VOYAGE AUX SOURCES
des excavations, des monceaux de pierres, des réservoirs
creusés pour recueillir les eaux pluviales, des canaux des-
tinés à faciliter leur écoulement; partout l'Image du bou-
leversement et de l'aridité. Au milieu de cette espèce de
chaos se voient cependant un asset grand nombre de mai-
sonnettes bflties en pierre et habitées par des nègres créoles
qui passent leur vie à ramasser un peu de poudre d'or,
soit dans les ruisseaux voisins, pendant la sèdieresse, soit
sur le plateau, dans la saison des pluies.
Après avoir descendu le Morro da Cnu das Aimas, je par-
courus, jusqu'à Monjoios, un pays montagneux, couvert
d'arbres rabougris dispersés parmi des Graminées. Lestv-
rains jadis en culture sent couverts de capm gordura.
Avant d'arriver è Monjoios, le lieu oii je fis halte, je tra-
veisai une partie de la Serra du même nom [Serra doi
Mor^olot (1), vers l'endroit où le Corrego de Santa Rita
prend sa source, c'est-à-dire à environ 1 Ueue et dnnie de
Paracatû. Les Corregos de S. Domingos et de S. Antonio,
dont j'ai parlé plus haut , se jettent dans le Santa Rita , et
ce dernier réunit ses eaux A cdles du At&nrôo de S. Pedro,
qui commence sur la Serra do S. Francisco e da Parana-
byba, près le lieu appelé Tf^Kra. Le S. Ffdro se jette dans
le Rio daPrata (rivière d'argent) ; celui-ci dans le Rio Prtto
[rivière noire], navigable pour les pirogues; et enfin ce der-
nier dans le Paracatà.
Monjoios, le Heu oà je fis halte, est une espèce de petit
hameau composé de quelques maisonnettes éparses dans un
fond, sur le bord d'un misseau, et habité par des nègres
créoles et libres.
P l.cs M onj oins sont une tribu de oègru âftjcaios.
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DO RIO DE S. FRANCISCO. . . 2H
Le jour suivant, entre ModjoIos et McAnho, je auivîsune
plaine étroite et allongée, bordée d'un c6té par la Serra
dos Moojolos, et de l'autre par celle de Capitmga, qui
toutes deux ont peu d'élévation. À 1 lieue de Mointio, le
terrain devient plus iaégal.
De loin je vis , dans la Serra de Capitinga [1], l'endroit
on commence un canal qui , t^rès avoir parcouru un pspace
d'environ 6 legoai, portait autrefois de l'eau À une des
mines des environs de Paracatû. Ce canal avait été ouvert,
dans le courant du siècle dernier, par une société de mi-
neurs qui ne put en retirer aucun avantage. Comptant sur
de grands soccès, elle avait fait des avances considérables,
mus la loi de ta capitation [capitaçào] fut rendue avant
qu'elle eût uHnmeocé h rentrer dans ses fonds. Cette loi
exigeait que l'on payât annuellement 5 oitoKos d'or (3) par
esclave ; la société, déjà obérée, ne put résistera une charge
aussi énonoe ; ses esclaves furent saisis pour le compte du
fisc {fazettda reatj, et elle se sépara sans avoir obtenu aucun
résultat. Il j avait longtemps, lors de mon voyage, que la
capitation avait été su{^rimée ; mais il parall que, pendant
(1) Dam le chapitre iotilnlé, SuiU du eoyage aux lourets dn
S. Franeiico, etc., j'ai parlé d'une faienda aussi appelée Capitinga,
et j'ai donné rétjriuologie de m Dom.
(S) La Taleor intriosèqne d'un oUaim d'or est 1,500 rais. DédnctMQ
hite de 300 reis qae l'oD retient, dans les inteadances el les maisons
d'échange {eaioê de permuta), poar le cinquième ou impAt du quiat
(fNintO) dA au fisc, il reste 1,100 reis: aussi compte -t-on (année 1819
k IS22), dans la protiocedea Mines, par oUaooa de 1,M0 reis. Comme
je crois, pour des raisoiia qu'il serait trop long e( asset inutile de dé-
duire, <|De, dans le pajerneul de la capitation, l'oitava s'évaluait sur le
pied de 1,500 reis, l'iuipAt perfu annuellement sur rhaquc nj-gre s'éle-
vait à la somme Morbitaote de 7,500 reis on 46 fr. B7c.
^d:,;. Google
am * VOYAGE AUX SODBCES
le peu d'années qu'on l'a maintenue, elle a porté un coup
f\ine8te aux pays aurifères.
Dans le courant dé la même journée, je traversai trois
ruîsseaui bordés, à droite et k gauche, d' une lisière de bois,
et, près de chacun d'eux, je vis une maisonnette : ce fu-
rent les seules que j'aperçus ce jour-lè.
Moioho (moulin], où je passai ta nuit, est une petite /à-
zenda qui appartenait au taryento mâr Alexandre Pereira
e Castro et où l'on m'établît sous le toit qui couvrait la
manjola.
Avant d'arriver à Paracatù , j'avais éprouvé une chaleur
très-forte. Pendant que je restai dans cette ville, et le pre-
mier jour de mon voyage, il avait fait encore fort chaud
dans le milieu de la journée» mais les soirées étaient déli-
cieuses. La nuit que je passai k Moinho fut froide, ce qui
tenait sans doute non-seulement à ce que je m'étais rap-
proché de la grande chaîne , mais encore k ce qae je me
trouvais alors dans un fond, sur le bord d'un ruisseau.
Après avoir quitté Moinho, je traversai la plaine dont j'ai
parlé plus haut, et ayant monté la Serra dos Monjolos, qui
n'est qu'un des contre-forts de la grande chaîne, je suivis,
jusqu'à Tapera (maison ruinée), un plateau interrompu seu-
lement par quelques inégalités.
A 2 lieues de Moinho, je passai près de la Faxenda do
Carapina {faxenda du charpentier), plus considérable que
celles que je voyais depuis longtemps. Elle est située sur le
bord du ift6erào(ie5.Pedroquej'avais déjà traversée peu
de distance de Moinho.
Je fis halte k la ftamda de Tapera , où je fus parTaitement
reçu et où l'on m'indiqua les noms et les propriétés de plu ■
sieurs espèces de plantes dont on fait usage dans le pays.
^d:,;. Google
DD RIO DE S. FRAnCiSCO. 301
Les terres de ce cunton sont bonnes et rendent de dis
à tieize chars de maïs par alqueire ; elles mot également
très-fBV(H«bles à la culture du manioc et de la canne À
sucre.
A Tapera, je me trouvais pour la seconde fois sur le pla-
teau qui couronne la Serra do S. Francisco e da Parana-
hyba, et je le suivis dans un espace d'environ i6 legoas,
jusque vers le Begislro dos Arrependidos. D'après ce que
j'ai dit plus haut, il est évident que le plateau de la Serra
dos Monjolos vient se confondre avec celui de la grande
chaîne, et je ne saurais même préciser le point où la sépa-
rallpn s'opère.
Je vais jeter sur ce dernier un coup d'œit général, puis
je continuerai le récit de mon voyage.
Il peut avoir environ 6 ïegooâ de largeur. Dans les lieux
les moins élevés, on y voit des bouquets de bois; allleuni
ce sont des pâturages composés seulement de Graminées ,
et d'autres où, au milieu des herbes, se montrent çk et 1&
des arbres rabougris d'autant plus rapprochés et plus vi-
goureux que le tefrain prend une teinte plus rouge(l). Quel-
ques fonds sont marécageux et couverts d'une herbe épaisse
au milieu de laquelle s'élèvent de petits bouquets d'arbres
'serrés, d'un vert foncé, à tige grèle et rameuse dès la base;
ces marais deviennent probablement des espèces de lacs
dODB la saison des pluies et portent dans le pays le nom de
lagoas.
D'après les renseignements que j'ai pris, les bois du pla-
teau, comme aussi 'ceux des environs de Paracatû, ne se dé-
pouillent point entièrement de leurs feuilles, ainsi que cela
1,1) Tojuplus haul.
^d:,;. Google
301 TOYAGE AUX SOURCES
a lieu dans les eatmgat de Miaas Novas et celles des bords
du S. Francisco.
Le plateau produit le maïs , les haricots et le rii ; mais la
température y est trop fratcbe pour le coton et la canne h
sucre. Du cAté de Tapera , les terres sont assez bonnes , et
l'on peut même cultirer c^les dont le capân gordura s'est
emparé ; mais il n'en est pas ainsi 'du reste du plateau : A
peine y a-tH)n ensemencé un champ une ou deux fois , que
le eapim gordura le couvre entièrement, et il ne s'élève
pas assez ponr qu'on puisse le brûler et planter dans ses
cendres.
Sur le plateau, on est obligé de donner du sel aut bes-
tiaux; mais, du càté de l'est, à peu de distance de la
chaîne , il y a déjà assez de terres salpètrées pour remplacer
cette substance.
Depuis Tapera jusqu'à SobradùAo, je vis quelques petites
chaumières ; mais , après cette dernière fazenda , dans un
espace de 4 4 Ugoas, je ne rencontrai qu' une chétive cabane,
el cependant ce chemin est un de ceux qui vont de Minas h
Goyaz. En plnsieurs endroits , on décofivre une vue fort
étendue, mais on n'aperçoit aucune habitatioa ni aucune
trace de culture.
On m'avait dit que je trouverais , sur ce plateau désert,
un grand nombre de bètes sauvages , mais je n'en vis au-
cune; je vis également peu d'oiseaux. Depuis longtMnps
la saison des insectes était passée (4); je ne trouvais que
quelques espèces à ailes nues, des punaises, un petit nom-
bre de papillons ti de souter^les. Je n'étais pas beaucoup
(1) Le lempe des pluiM est , dons la partie du Brésil située eoire les
'OiHaiies. celle où l'oo tronrc le rlos d'insectes.
^d:,;. Google
DU 110 DE S. FRANCISCO. SOS
pins heureux pour les {daotes; il n'y en avait alors presque
point eu fleur.
Le cbemÎD , sur le plateau , n'a souvent que la largeur
d'un Bottier; mais il est parfaitement égal.
Je rais à présent entra* dans quelques détails.
Entre Tapera «t Sobradinho , qui en est éloigné de
4 lieues et demie , -quelques mouveinents de terrains em-
pêchent, presque toujours, de jouir, sar la droite, d'une
vue étendue; mais, à gauclie, oo découvre une {riaine im-
mense.
Ce fat entre les mêmes fazertdas, à l'endroit appelé La-
goa Torta ( te lac tortu) , dans un de ces fonds marécageui
décrits |rius haut , que je vis les petites cbanmières dont j'ai
d^ parlé. D'ailleurs une solitude profonde; quelque loin
que la vue puisse s'étendre, on ne découvre ni habitation
ni cnltnre, et je ne rencontrai personne dans le chemin.
Firmiano et José Marianne prétendirent avoir aperçu l'un
QD ema (l'autruche d'Amérique ou nandn, rhea ameneana),
l'autre un dut sauvage ; mais je ne vis aucun de ces ani-
nanx.
La fasenda de Scdiradinho (petite maison & un étage] ,
oà je fis halte , le jour que je quittai Tapera , est située sur
le bord d'tm petit bois arrosé par on niiss«in d'une eau
limpide. Lorsque fj demandai l'hospitalité, une femme
Manche, jeune encore et assez jolie, se présenta , et me
permit de très-bonne grAce de passer la nnit chee elle. Au
lieu de prendre la fuite, comme font les femmes de ce pays
à la vue d'un étranger, die causa avec moi et me fit beau-
coupde politesses. Elle me parut très-contente de son sort
et me raconta avec indignation qu'un voyageur lui avait
parlé avec horreur du désert qu'elle habitait. Cette femme
^d:,;. Google
301 VOYAGE AUX SOURCES
n'allait jamais à Paracatû, isème à l'époque des grandes
(%tes ; elle ne connaissait dans le inonde que sa maison et
son ménage, comment aurait-elle pu ne pas les aimer?
Elle et le propriétaire de Tapera avaient même la vanité de
prétendre que ce pays n'appartenait pas au Sertào; le dé-
sert , disaient-ils , ne commence qu'au delà de certaines
n)ontagnes qui se trouvent entre cette contrée et te S. Fran-
cisco.
La nuit qne je passai à Sobradinbo fiit trës-Troide ; le len-
demain, vers les dix ou onze heures du matin, le soleil était
brûlant ; mais pendant tout le reste de la journée nous
eûmes de la fratcbeur.
Au delà de Sobradinbo, dans un endroit où les arbres
rabougris étaient plus serrés qu'ailleurs, je revis ces bam-
bous nains qne f avais tant de fois observés dans le cours de
mon premier voyage; je les avais déjà retrouvés entre le
Paranabyba et le lien appelé Moquem.
Après avoir passé une petite chaumière , celle de Cy-
priano , la seule que j'aperçus dans toute la journée , je vis
deux de ces marais dont j' ai déjà parlé ; le premi^' s'appelle
Lagoa doi Poreo* (lac des cochons), et le second Lagoa
ii(>rmoM(lebeaulac} (Ij.
Lorsque Faracatû était plus peuplée et cette route moins
solitaire, on voyait une maison sur le bord de chacun de
ces marais. Elles ont été abandonnées à cause de la rareté
des terrains couverts de bois et susceptibles de culture, et,
lors de mon passage, il en existait à peine quelques lég»?
débris. C'est la nature qui avait pris soin de conserver ici
(I) Je n'M pas besoio de dire qu'il ne faut pu confondre ce marais
avec le Lagna Formata, d'où le Rio MaraDhto lire soo origine (vojei
Caiu, Corog., I, SU).
^d:,;. Google
DD BIO DE 5. FKANCISCO. Sff,
ks traces les |dus duraldes de la présence de l'honime. Où
étneat ceshd)itations, je retrouvais les plantes qui sem-
blent suivre notre espèce; des Orangers et des Bananiers
{^raient encore leurs fruits au voyageur, et le Cucurbita
lagenaria (gourde] serpentait au milieu des Graminées
sauvages.
Après avoir fait 6 legoa» depuis Sobradinho , je m'arrè-
lai , pour y passer la nuit , dans un petit bois, sur le bord
d'un ruisseau, au lien appelé Caceira (crâne). Il y avait eu
une maison dans cet endroit; mais, À l'époque de mon
voyage, elle était complètement détruite. Mes gens formè-
rent un abri avec des bAlons enfoncés dans la terre el les
cuirs destinés à recouvrir la charge de mes mulets. Sous
cette espèce de toit furent placés mes malles et mon lit , et
mes domestiques s'étendirent par terre sur des cuirs au-
tour d'un grand feu. J'écrivais mon journal i la lumière
d'une bougie ; la nature était ensevelie dans tioe obscurité
profonde ; le plus grand calme régnait autour de moi; je
n'entendais que le murmure du ruisseau et le coassement
de quelques petites espèces de batraciens.
A â lieues de Caveira est un fond marécageux où des
.bouquets de bois serrés et des boritys (Mauritia mmfera,
Mart.} s'élèvent au milieu d'une herbe épaisse. Là se trouve
une petite source d'eau limpide qui a fait donner à ce lieu
le nom d'OIAo d'agiM (source). On appelle Chapada de
S. Mareoê (plateau de S. Marc) (1) la partie du plateau où
(1) Va TojtgeoT ijai ■ parlé des ehapadat de MiDU Fiovas les in-
dique aussi tris-bieo eomme tWA des plaleaui (Sde., Sowo., 343) ; mais
je di»s prévenir les ornithologistes qu'ils cbercheruent Tiinemeut , snr
MS chapadoM, un oiseau appeli! coupy. Ces deux syllabes peignent, par
l'otlhographcftantaisc, la pronODciation du mot iitpim, que les BrM-
I. SU
^d:,;. Google
306 V0YA6E AUX SOURCES
Qatt cette petite Toataioe, parce qu'elle est ud des commen-
cements du Bîo de S. Msrcoa, qui s'écoule sur le venait
occidental de la Serra do S. Francisco e da Paraoshyba et
va se réunir bu dernier de ces fleuves.
Après avoir fait environ 5 Ugoai depuis Gaveira, je des-
cendis le plateau [1] par une pente d'où j'apercevais déji la
maison du Registre doi ^rr«pmdùio« (douane des repen-
tants}. Arrivé dans un fond, je passai sur un pont en bob
le Rio dot Arrependidûs , qui divise la province des Mines
de celle de Goyaz , et j'arrivai au regittro.
tiens ont emprunté à la langue des Indiens et qui désigne les termts en
fonrniia hlaucbes. Lm pToimineDMs nu terre, colleta contre le tronc de*
■rbrea , san» itre des nids d'oiwaut, comme l't cru le vojagear cité,
sont bien réellement des b«bit«tioDS de ciq^im. (h»D<l l'arbre est d'une
grosseur notable, U proéminence, ainsi que l'a dit le même écrivain, est
simplement appUqnée contie un cAlé dn Irone ; elle Ait le tonr de cehiî-ei
lonqv'il n'a qu'une circonférence médiocre. Les ibormis arnreni k lenr
habitation par dd chemin couvert qui commence an pied de l'arbn; ea
chemin n'a guère qu'un pouce de large sur quelques pouces de bautear,
et la Toflle dont il est abrité est constniiie en terre , comme l'habitation
dle-mËDte.
(1) Un Gullivatenr dn pajs avec lequel je fis route sur la Chapada de
S. Harcos m'assura que ce plateau oc se termine point A la descente des
Arrependidos , mais qu'il se continue jusqu'au village de Cotiro*, situé k
12 lègoat de celte descente, et peutr^tre même beaucoup pins Iran. D'an
antre cAié, H. Uartins dit ( Reitt, Il . 570) , d'après des retueignemenia
pris anprb des habitants de 1* province de Gojai, que le plateau de
Couros ( Chapada dot Cowoi ) s'étend au loin *ers le nord ; donc on
peut considérer comme un fwt à pen pris certain qu'il n'eiisle absolu-
ment ancuoe interruption entre la Serra do S. Francisco e da Paraoa-
bjba et celle du S. Francisco e do Tocantins. Ceci achève de montrer
combien il serait étrange de faire, comme te propose Escbwege, une
seule cbalne de la Serra do S. Francisco e da Paranahjba et de la Serra
da Corumbà e do Tocantina, tandis que la Serra do S. Francisco e do
Tocantins, parhitement continue arec la première, n'en seraitqu'nne
swle de contre-fort ou passerait inaperçue (voyei le «
chap. XI).
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 307
Au point OÙ je descendis le plateau , j'étais à l'ertrémité
septentrionale de la Serra do S. Francisco e da Faranahyba,
que j'avais suivie dans toute sa longueur. Au bas de la
chaîne je me retrouvai pour la seconde fois daos le bassin
du Faranahyba auquel appartient le Rio dos Arrependidos
qui , probablement , se jette dans le S. Bartholomçn.
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308 VOYAGE AUX SOURCES
CHAPITRE XVI.
TABLBAD GÉNÉRAL DE LA PROVINCE DE flOTAZ (1).
S I. Autonv.
Idée géoénle de rhialoire de Goju. — Harob. Coki» déMnrre ce
pif s. — U est déeoDTert nne Mcoade foie per Bimtiolokiii Bomo
Di SUiV*. Slratagèroe employé pu cet ireaUirier.— Le aecood Bimo,
son fils, tAcbe de retrovTeT le pays des Indiens Geyû: son eipédiiion
réunit nul ; il retourne k S. Paul. — Il pert uoe wcmide fois et recon-
■wlt le lien où l'était arrêté son pire. — Les Indiens Gojài entièrement
détrailB. — Une fonle d'aveotarien fondent tni le pays de Gojaz. —
t^rté dea denrées. — La nouvelle colonie livrée k Ions les crinwi. —
Le paye de Gof ai érigé en capilaiiterie. — L'ordre rétabli par l'eiéoi-
lioii.des riglemeots rigoareut du marquis de Pombal. — Décadence.
ComparaiMn da rerena des mines d'or pendvit plnsieora années. —
tiui actuel.
Des mines d'or découvertes par quelques hommes auda-
cieux et entreprenants ; un essaim d'aventuriers se précipi-
tant sur des richesses annoncées avec l'exagération de l'es-
pérance et de la cupidité ; une société qui se forme an mi-
lieu de tous les crimes, qui s'accoutume h un peu d'ordre
sous les rigueurs du despotisme militaire et dont les mœurs
ne tardent pas à être adoucies par un climat br&Iant et une
(1) Comme ce chapitre est fort éteoda , je crois devoir le diviser en
plusieurs paragraphes.
^d:,;. Google
DU UO DE S. FBANCISCO. 300
molle oisiveté ; quelques instants de ^lendeur et de pro-
digalité; une triste décadence et des ruines : telle est, en
deux mots, l'histoire de la prorince de Goyas; tdie est à
peu près celle de tous les pays aurifères.
Les anciens Paulistes se répandaient dans l'intérieur du
Brésil pour faire la chasse aux indigènes. Ceus-ci, réduits
en esclarage , formaient une des richesses des habitants de
S. Paul, et plus d'une maison puissante possédait, dans
cette rille, jusqu'à six cents Indiens (1). Un Faulîste qui s'é-
tait ainsi enfonce dans les déserts pour y faire des esclaves,
Manosl Corkea, pénétra, avant l'année 1670, jusqu'à une
rivière appelée Rio dos Araet {%), dans le pays, qui forme
«ojourd'hai la province de Goyaz, et il revint dans sa patrie
avec de l'or et des Indiens enchaînés. Correa, en mourant,
laissa l'itinéraire d^ contrées qu'il avait parcourues; mais
son ignorance était telle qu'il fut impossible de profiter de
ses manuscrits.
Vers l'année d680, un autre Pauliste, Baktbolohed
BcBNO DA SiLTA, arriva au lieu où est actuellement situé
Villa Boa , et qui , alors , était occupé par les pacifiques
Indiens de la nation gotA. Les parcelles d'or dont s'or-
naient les femmes de ces sauvages trahirent la richesse du
pays. Pouren soumettre les habitants, Bueno eut recours au
stratagème, en apparence, le plus puéril ; il alluma un vase
plein d'eau-de-vie devant les Indiens étonnés, et les me-
naça de briller de la même façon eux et leurs rivières s'ils
osaient lui résister. Les Indiens se soumirent, et Bueno,
après avoir laissé quelques plantations dans leur pays, re-
(I) La loi Qe permeUait de reudrc csriarea que l«s iadigène!) faits pri-
soooiers dans une guerre li'gLtime : mais relie loi ^lait stns ers»- i'liid?p.
(t) Les Araet ou Ararfi Hairnt tino peuplade indii-iiiir.
^d:,;. Google
310 VOYAGE MX SOETRCES
vint i s. Paul avec de l'or et an si grand nombre de capUb
que l'on aurait pu en peupler une rille.'Les coupables ruses
auxquelles cet bomme aventureux dut de tels succès Itd
firent donner par les Goyis le nom d'AnHANUDESA qui si-
gnifie vieux diable (1), nom que ses descendants ont con-
sfflvé jusqu'à nos jours.
L'ardeur avec laquelle les Faulistes se précipitèrent dans
la province de Miuas Geraes leur fit oublier pendant long-
temps les parties plus occidentales du désert. Cependant la
découverte des mines de Cuyi^â rappela celles de Goyaz.
et HoDHiGO Cesak de Mknezes, gouvernenrde S. Paul,
excita $es, administrés à retourner dans ce pays, exaltant
leur imagination et leur offrant l'appAt lointain des plus
belles récompenses.
Lorsqu'il avait pénétré cbez les Indiens Goyàs, Bueno
était accompagné d'un Gis, âgé de 12 ans, du même nom
que lui . Cet enfant avait vieilli , mais il n'avait point perdu
le souvenir du voyage de son père, et il alla offrir ses ser-
vices à Menezes : celui-ci les accepta; il fournit des secours
à Bueno et lui promit que , si son entreprise réussissait , il
aurait pour récompense le péage de plusieurs rivières.
(1) CeU U dn moins ce que diseot les bistoriew dn Dom d'^tiAan-
Overa ; mais il n'est nallemcQt vrtiseiDblable que I«b Gojte parlassent
le gaanoi, et le mot Anltançuera appartient bien cerUinemeot Ji cette
langue. Le sobriquet qui est resté aui descendants de Bueno lui avait
sans doute été donné par des Indiens de la cAte ou par les Piulistea eai-
mimes, qui, comme oa sait, parlaieul la tingoa gérai, dialecte du
guarani. Anhang, en guarani. signiSe Ime, démon (Roit m Hontoti,
Tei. Unt- guar.) ; j'ai euiendu un Indien dn Paragu*} se eerrii du mot
anhangiu , en parlant du cauchemar on d'un étouffemenl ; enfin ra est
une eipression qui indique la ressemblance ( 1. c). Anbangnera, au lieu
de cinix diable, signifierait donc Ctiiomme *«wiJilabU ou tMUMOit eipril
qHi produit U canthemar.
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DU UO DE 8. FRANCISGO. 311
A la Hd de l'aonée 4791, le second Bueno part de
S. Pan] avec son gendre, JoÂo Leite da Sn.vk Hoktiz,
emmenant deox religieux et une mite nombrease. Après
avoir longtemps erré, ces hommes aventureux dépassèrent
le bnt qu'ils voulaient atteindre et rencontrèrent une rivière
assez lai^ qui re^t d'eux le nom de Rio do» PUôei qu'eHe
porte encore aujourd'hui (!]. Comme cette rivière coule sur
un sable aurifère, Leite t^oigna le désir de se Bxer snr ses
bords ; mais Bueno s'y opposa, assarant que ce n'était point
li le véritable pays de la nation goyi, ^ l'on en serait
venu aux mains sans les efforts des deux eccté^astiques qui
accompagnaient la troupe.
S'étant remis en route, on passa, sans le savoir, an lieu
que l'on ch«t;hait, et l'on arriva sur le bord d'une autre
rivière qu'on nomma Rio da Pêrdi^o (rivière de la perte},
pour rappeler sans doute le malheur qu'on avait eu de s'être
égaré au milieu des déserts. Cependant l'or que nos aven-
turiers découvrirent bieutât dans un bras de rivière qu'ils
nommèrent Rû) Rico St naître parmi eux de nouvelles
disputes. (^ n'a pu retrouver, avec une entière certitude,
ce Rio Rico ; mais il est indiqué dans de vieux itinérairos
comme renf^mant les plus grandes richesses. Bueno vou-
lut s'arrêter en cet endroit, mais Leite s'y opposa k son
tour, piqué d'avoir été forcé de céder i son beau-père snr
les bords du Rio dos Pilôes. On prit les armes, et le sang
aurait coulé si les deux prêtres ne fussent interv^us pour
la seconde fois.
Obligé de renoncer h son proj^ d'établissement, Bueno
se remit en marche, cherchant toujours les plantations que
(1) Je dois dire qne Cual pcDH que ce sont deui riviirca difeenUa.
^d:,;. Google
313 VOYAGE ADX SOUICES
son père avait faites dans le pays des Goyàs. Enfln, après
avoir surmonté des dilBeitttés sans nombre , la troupe arriva
sur leb<vdduitù>Partmnan(1] et alla même Jusqu'à l'en-
droit où est aujourd'hui le village de S. Felis ; mais les forces
et le courage de ces aventuriers étaient épuisés. Dans leur
désespoir, ils refiisérent d'entendre la voix de leurs dtt^
et ils se séparèrent. Les uns, ayant construit des radeaux,
s'raibarquèrent sur le Rio do IVicantins, et étant arrivés
au Pari, ils furent mis en prison ; d'antres tombèrent
entre les mains des Indiens, et Bueno, presque senl , rentra
A S. Paul au bout de trois années, honteux et fuyant les
regards du gonvernear.
Mais celui-ci savait ce qu'on pouvait attendre de la con-
stance et de l'intrépidité de Bueno; il le décida k entre-
prendre un second voyage et lui accorda les secours néces-
saires. Notre Pauliste se mit eo marche l'année 17S8, Agé
alors de 55 ans, et traversa encore une fois des déserts où
il n'y avait point de chemins et où de nombreux torrents
s'opposaient sans cesse k ses progrès. Enfin, après plusieurs
mois de courses et de fatigues incroyables , il trouva dans
on défilé les restes d'un mors de cheval et d'autres débris
que des Européens pouvaient seuls y avoir laissés. Il prit
la résolution de s'arrêter en cet endroit et envoya k la dé-
couverte quelques hommes qui , ayant rencontré deux vieil-
lards de la nation goyâ, les conduisirent k leur chef.
Celuî-cî demanda è ces Indiens s'ils connaissaient le lieu où
(1) Par UDe de cm coofiuiotu nulbmteiisemMii ti commnnea dius
son prédeni oavrage, Piarro ipm{Mem., IX, 14S)c«Ua riTiire, l'iin
des irOuBDis du TouBtiDS, poor le Parannà, ri*ière foriaée de li rra-
niondn PiruialiilM et dn Kio Grande, et dont les MUi, unies k Mlies
du PtragniT, abonLJHeut «n Rio de U PU
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. S13
des blancs aTaient séjoarné autrerois ; les deux sauvages
répondirent i Bueno qu'il en était tout près : ils lui firent
foire environ Hegoaa, etrheureniPauliste reconnut enfin
Tendroit où, dans son enfance, il s'était arrêté avec son
père. C'est ik que l'on voit aujourd'hui le village de Per-
reiro, situé A i lieue de Villa Boa.
Bueno retourna dans sa patrie arec 8,000 oittmas d'or
(75,000 fr.}, et annonça qu'il avait enfin retrouvé le riche
territoire habité par la nation goyi. Le gouverneur de
S. Paul le chargea d'administrer ce pays en qualité de ea-
pitào môr régente ; il lui confia le soin de distribuer des «m-
mariat [i) aux nouveaux colons, et renouvela ses anciennes
promesses. £n même temps on envoya des troapes h Goyaz
pour assurer les droits dus sur l'or au trésor royal et éta-
blir des péages sur les rivières.
Le nouveau eapitào m6r, de retour dans cette contrée ,
chercha, par de bons traitements, à se concilier les Indiens
et è les empêcher de porter le trouble au milieu de la colo-
nie naissante. Mais ceux-ci sentant bien que tdt ou tard on
les réduirait en esclavage, ou qu'on tes chasserait de leur
pays, firent tons leurs efforts pour éloigner les nouveaux
venus. La guerre, ayant commencé, fut fotale aux indi-
gènes. Les malheureux Goyàs finirent par être obligés d'a-
bandonner entièrement le pays dont ils étaient les maîtres
légitimes ; ils disparurent peu k peu , et aujourd'hui il ne
reste plus d'eux que leur nom.
Cependant la renommée ifs richesses de Goyaz y attira
bientêt'un nombre prodigieux d'aventuriers, et l'on fonda
les villages de Barra, Santa Cruz, Meiaponte, Crixi, Nativi-
^d:,;. Google
311 VOYAGE AUX SOUBCES
dade, etc. Alors on tirait sans peine des quantités d'or coa*
sidérables des rivières et des ruisseaux, mais on ne songeait
point A cultiver la terre. Il fallait que les vivres vinssent de
S. Paul i travers le désert, et il n'en arrivait point assez
pour la population qui déjà couvrait le pays. Les douées
les plus communes se vendaient à des prix exorbitants.
Pour 1 aîquev-e de maïs, on obtenait 6 ou 7 oitava* d'w
(54 fr. 32 c. ou 65 fr. 59 c] ; pour 1 alqtuve de farine de
manioc, 10 oitavas, â de I livre de sucre , et l'on alla jus-
qu'à donner 80 oitamu pour un cochon , et pour une vache
â livres d'or (1).
£n même temps qu'une population nombreuse s'était,
conune par magie, rendue dans le pays de Goyai, les vi-
ces les plus affreux s'y étaient précipités avec elle. Des
nuées de criminels avaient trouvé dans ces déserts des ri-
chesses avec l'impunité, et, au milieu d'une société nais-
sante, où aucune police n'existait encore, ils pouvaient sans
crainte continuer dtt se livrer à tous les débordements. En
vain les magistrats eussent élevé la voix pour réprimer de
tels désordres ; aussi corrompus que ceux qu'ils auraient dâ
punir, ils en étaient méprisés. Des rixes se renouvelaient
sans cesse; aucun homme n'osait rencontrer un autre
homme sans porter des armes , et on ne les quittait nième
pas pour se présenter dans les églises.
Alors Goyai faisait partie de la province de S. Paul. Le
gouvernement sentit enBn que l'autorité des capitaines gé-
néraux de cette province se trouvait paralysée par l'éioigne-
(1) ValguHre de Rio de jAneiro éqaivAat , selon Frejciaet, à 40 ij-
trefl : It lÎTre A 4 bectogrammeti S décAgrAmines. ~~ Aujourd'hui Val-
ÇHeireie Goyu est pluB fou que cfluide Miois, qui lui-même l'esl
plus (|uc celui de !■ eapilalc.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FUNCISCO. 819
ment où ils étaient de leurs administrés, et Goyaz devint
une capitainerie. Son premier gouvwneur, D. Habcos de
NoRONHA, COUTE DOS ÀBcos, S'y in^la le 8 de novem-
bre 1749, et il en fiia les limiter. Il fit quelque bien, sans
doute, mais l'esécution des ordres rigoureux du marquis
de Pombal put seule tirer la province de Goyai de l'état
affreux d'anarcbîe où elle était plongée, et la crainte des
chAtiments, il est afDigeaat de le dire, opéra un change-
ment que ni les lois de la morale ni l'intérêt bien entendu
de tous n'avaient pu produire depuis tant d'années (1).
Cependant l'époque de la décadence et de la misère allait
bientAt suivre celle de la richesse et de la prodigalité.
D. Marcos de Noronha avait fondé deux hôtels destinés à
lafontedel'or (c(U(ud«/undtj^]; l'un, pour la partie mé-
ridionale de la province, à Villa Boa la capitale, et l'autre,
pour la partie septentrionale, dans le village de S. Felis.
Le produit de l'impôt du quint perçu dans ces deux ^•
blissements ne saurait nousdonner une idée exacte desquan-
titésd'orqu'à successivement fournies la province de Goyaz ;
car, dans un pays aussi désert et anssi vaste , une grande
partie du revenu des minières échappait facilement aux
droits. Mais, en comparant les résultats de l'impAt à diffé-
rentes époques, nous pourrons du moins savoir, à peu près,
combien, dans on temps fort court, l'extraction de l'or a
diminué d'importance. En 1755, le quint rendit, à Villa
Boa , 169,080 oitams (1 ,268,100 fr.) (3) , et. en 1 7S5, il
(1) Ldiz AHtONio D4 SiL*i I Socsi , Memoria lobre o deteobri-
mento, etc., da CapUania de Gonai-— Cii., Corog. Brax., I.— Sodth., -
llUt., m, 30a,eic. — Pu., If«m. kUL.lX, Ht.— M*bt., ReUe, U,
586. — Luu d'Auncoubt, Htm., 9*. — Pobl, Beite, l , 325.
(3) Ici jecalcnlt !■ valeur de l'ntfaM snrie pied de 1,300 reis, pircC
^d:,;. Google
3IG VOVAât AUX. SOURCKS
rendit 59,569 oi'lai-M (440,767 tr.) à S. Felis; en I80ri, il
n'en produisit plus que 5,300 (34,790 fr.] à S. Pelis, cl,
en 1807, 12,308 (92,3iO fr.) k Villa Boa (1); enfin, en
1819, on ne tira en tout guère plus de 56 marcs d'or.
Lors de mon voyage, les minières étaient épuisées ou ne
pouvaient dre exploitées qu'avec un grand nombre de bras,
et l'éloignement de la cAte, qui rend les exportations très-
coftteoses et presque impossibles, ne permettait pas aux
habitants de Goyaz de trouver auïsi facilement que les Mi-
neiros une autre source de richesse dans la culture des
terres. Ne pouvant payer l'impAt^ ils abandonnaient leurs
habitations, se retiraient dans les déserts, et ils y perdaient
jusqu'aux éléments de la civilisation ; les idées religieuses,
l'habitude de former des liens légitimes, la connaissance de
la monnaie et l'usage du sel. Un pa)*» plus grand que la
France s'épuisait en faveur de quelques employés indolents,
et les environs mêmes de Villa Boa , cette capitale naguère
si riche et si florissante, n'offraient plus que des ruines sans
souvenirs (S).
qiM, h l'ïfoqne dont il s'agit, elle aveil iti Eiée ■ ce uni par D. Huns
de Norouha, comle dos Arcos (Piz., item., IX, 161).
il) South., IIUI. Bra^., IIl, 837.
yl) yojti Vlnlroduclion qui prfcède Vlliiloirt dei planle* Ui pltu
remarqùnbUi du Brésil el d« Paraguay, p. xxxiv.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 317
5(11. Etemfut; limite»; mrfaff.
Ëteuduc de b prtiviuce de Goj^u. — LJniit«s de cetle province.— Lt Rgure
qu'elle représcDlc. — Son élévation. — La Serra do Corambn et do
Torant'DS. — Surrace du paj« qui s'i'iead au nord de cetle ehitne.
La Serra do S. FriDcisco e do TocaoUns.
I.a province de Goyaz est l'une des plus considérables de
l'empire brésilien; elle en forme le centre et est étoif^néc
de S et 300 legoas des ports de mer (1). PobI dit (3] qu'elle
s'étend de 5" î* lat. sud jusqu'à as*, et de 40" 3' longit.
jusqu'à 51*, et qu'elle a 4,260 milles allemands de cir-
conférence ; mais, comme le voisinage des Indiens ennemis
n'a pu permettre de fixer partout des limites certaines, je
me garderai bien d'indiquer ces chifiï^ comme parfaite-
ment exacts (ô).
Au nord , la province de Goyaz est séparée du Pari par
une ligne imaginaire qui s'étendrait depuis le conOuent du
Tocantins et de VAragvaya jusqu'à la Serra do S. Fran-
cisco e do Tocantins ; elle a pour limite orientale cette même
Serra et celle do S. Francisco e da Paranahyba qui la sé-
pare, celle-ci de Minas Geraes, celle-là de la même pro-
(11 Pu-, j;ew.,IX,l53.
et) Poil. Rtite, 316. ^
(.3) Ce qui prouve combien il faut s'en di'flcr, c'est qnc Caul , i|tri ost
à peu près d'accord rvpc l^ohl tMT l'/lcndue eu latitude de la protioce
de Gojai , ne lai dDyie pourlaot (Coron., 1 , 319) qa'enviran !U0 legoat
de longueur, ■■i:d[s que Piiarro dit qu'elle a 331 Irgoai du uord an
midi , cl ïlli du l'csl à l'ouest. ScbalTer lui attribue 11,032 milles carri'H
Réograpbiqura \ Brai.. 12ri] : da Cunba Mallos, |)robab)emeiil beaucoup
inirui initlruil, l'ialac sa surface de '2rl à !j,<IUU livurs rarr.'cs portu-
)cai»cs.
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318 VOYAGE AUX S
vince et, en outre, de Pemambouc, de Piauby et de Ma-
raDbâo; au midi, elle est bornée par le Paranahyba et le
Rio Grande, au delà desquels on trouve une petite partie
de la province de Minas et celle de S. Paul ; enfin, du cAté
de l'ouest, elle est séparée de la province de Matogrosso
par l'Àraguaya, qui , à l'endroit où le traverse le chemin de
Villa Boa à Cuyabà, porte aussi le nom de Rio Grande.
Beaucoup moins large de l'est à l'ouest qu'elle n'est lon-
gue du nord au sud, fort irrégulière, rétrécie ii s^ deux
extrémités, changeant bruâquemeut de direction et s^ avan-
çant vers l'occident un peu au-dessous de ses limites mài-
dionales, la province de Goyaz présente k peu près la forme
d'une botte à l'écuyère.
Ce pays doit nécessairement être fort élevé, du moins
dans une partie de son étendue, puisqu' il donne naissance ,
d'un côté, à l'Àraguaya et au Tocantins, et, d'un autre
cMé, aux affluents les plus septentrionaux du Paranahyba ;
or l'on sait que les deux premiers de ces Deuves parcou-
rent un espace immense en coulant vers le nord, et que
le Paranahyba, qui, au contraire, se dirige vers le sud,
contribue i former le Rio de la Plata.
ConformémentàlaoomenclBturequej'aiétablie(chap.XI,
p. 313], la chaîne qui divise ces eaux s'appellera Serra do
Cortanbâ e do Tocantint; elle se rattache & l'extrémité
de la Serra do S. Francisco e da Paranahyba, vers le lieu
appelé Os Àrrependidos, où la route de Mioas pénètre dans
la province de Goyaz; elle forme un angle |vec cette Swra,
se dirige vers l'ouest, s'abaisse en inclinant vers le snd, et
forme la limite méridionale du bassin de l'Araguaya et du
Tocantins, comme aussi la limite septentrionale de celui
du Corumbâ. Il ne faut pas croire que cette chaîne pré-
^d:,;. Google
MJ WO DE s. FRAHCISCO. 319
aeate une suite de pics gigantesques comme la Serrs da
Caraça, l'Itacolnmi, la Serra do Pspagayo, dans la pro-
vince de Minas; elle forme plutôt, avec ses dépendances et
jies contre-forts , une sorte de large réseau de petites moQ-
tagnes et de vastes plateaux séparés par des vallées où cou-
lent des ruisseaui et des rivières. Les Montes Pyreneos et la
Serra Dourada , que l'on elle comme les deux sommets les
plus élevés, sont bien loin d'être de hautes montagnes. On
peut dire, cependant, que la partie méridionale de la pro-
vince de Goyaz, celle où j'ai voyagé et qui se trouve au sud
de la Serra do Conunbi e do Tocantins, est généralement
montueuse.
Je n'ai point parcouru leterritoirequi s'étend au nord de
la même chaîne, et est double jk peu près de la partie méri-
dionale ; mais on sait que, quoique la Serra do Conimbà e
do Tocantins y jette des contre-forts {i ), il est générale-
ment assez égal , et que le diviseur des eaux du Tocantins
et de l'Araguaya, fleuves qui finissent par se réunir, n'est
guère qu'une croupe peu sensible. Sur la grande cbalne
qui , après avoir séparé la province de Goyaz de Minas Ge-
raes, se prolonge, au nord, pour séparer cette province de
Maranhâo, de Piauhy, de Fernambouc, je ne me suirpas
avanié au delà de l'extrémité septentrionale de la Serra do
S. Francisco e da Paranahyba ; s'il faut en croire CazaI (S) ,
la Serra do S. Francisco e do Tocantins qui continue cette
dernière est plus élevée qu'elle, pierreuse et dépourvue de
verdure.
(I) Ldiz Antonio da Sii.v* e Soi;si, Memoria etIalUtira da pniviti-
riadeGo^ax.
0) C(V09., l.^lli.
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VOYAGE AUX SOURCES
S in. Végétation,
La partie scptpotnonilc de la prorintp de Gojii plus aride n plas df-
coavenc que la piriie mi<ridiODale. — Cette deraitre bien arrosée. —
Elle prt^sente une illemalive de bois et de eampol. — Les campM
semblables à ceux du di'scri oriental du S. Francisco. — Vo Vellotia
remarquable dans le» plus i<lcv^s. — Description de* bois. — Marais;
le borily.
D'après ce que j'ai dit plus haut , il est facile de con(%-
voir que la portion de la province de Goyai qui s'étend
au nord de la Serra do Conimbé e do Tocantins doit £tre
moins arrosée, plus aride, plus découverte que la partie
méridionale.
Celle-ci , qui a l'avautage de posséder des eaui aussi
abondantes et aussi bonnes que le centre de la province de
Minas, présente une alternative de bouquets de bois et de
campoi, les uns uniquement couverts de plantes herba-
cées {Ud)olnro$ descohertos) , les autres parsemés d'arbres
tortueux et rabougris, À écorce subéreose, aux feailles sou-
vent dures et cassantes {taboleiros cobertoa]. L'aspect de ces
derniers campoê est celui des pâturages de même nature
que j'avais traversés, en 1817, dans le désert oriental da
S. Francisco (1), et qui se retrouvent dans la comarca de
Peracatû ; les plantes ligneuses éparses au milieu des her-
bes appartiennent aux mêmes espèces, è Goyaz et k Minas.
Quelques-uns des campos les plus élevés de la première de
(1) Tojei raon TabUau géographique de la végélalim primiUM
daM( la provinre de Ulnai f.eran (SouvelUt annaUt 4a v^^^fa,
IH).
^d:,;. Google
DU UO OK S. nuKOSGO. »1
ces deux prodoces diffèreat cepoodant beaucoup de cens
de Minas par la présence d'une Monocotylédfme ligoeuae,
haute de plusimira pieds, extràmemeot pittoresque, qui tan-
tAt se montre seule an milieu des Graminées et des autres
bwbes , et tantôt se m61e aux arbres tortueux et rabougris.
C'est UQ Vellotia qui , entièrement couvert d'écaillés , se bi-
furque plusieurs fois; dout la tige, excesEÎvement roide, est
partout d'une égale grosseur; dont les rameaux* aussi roides
que la tige, se terminent par une touffe lâche de feuillet
linéaires et pendantes; dont les fleurs d'un bien pAld, aussi
grandes que nos lis , sortent du milieu des touffes de feuilles
qui semblent les protéger.
Les bois ne sont point également répartis entre les di-
vers cantons que j'ai parcourus. Dans la partie la plus orien-
tale, celle qui avoislne Santa Luiia, S. Antonio dos Hon-
tes Claros, etc., et est très-élevée, ils sont bien moins com-
muns que dans le pays de Minas; la partie occidentale et
beaucoup plus basse, que l'on traverse av^nt d'arriver au
Rio Qaro, ei) se rapprochant de la frontière de la province
de Matogrosso, est au contraire fort boisée. C'est surtout
dans les fonds, sur le bord des rivières» la pente des mornes,
dans les terrains meubles que l'on trouve des bois. Chaque
bouquet {capSo) [1] a généralement peu d'étendue; mais il
existe, entre Meiaponte et Villa Bob, une forêt appdée
Jfoto Groaso (le grand bois), qui a 9 legoas de l'est à
l'ouest et dont les limites, du cAté du nord et du cdté du
sud, ne sont pas encore bien connues {2}.
(t) Le mot eapào, conuH je l'ai dit aiUeara, t pour it^mologie un
mot iodien qui Bignifie ife.
(S) Selon Ciul , le Heto Orouo s'étendrait , dmi m plus f reade lon-
gueur, du fiio du &lmu juaqa'eu centre du paje des Co}<pciB [Çorog.,
I. 21
^d:,;. Google
m VOYAGE AUX SOURCES
Les bois que j'ai traversés daos la province d* Goyac, sans
perdre entièrement lenrs feailles. pendant la sécheresse,
comme ieicatingai de Minas NoTa8[1 }, ne ressemblent point
aui forêts vierges de Rio de Janeiro ni même i celles de
Minas Geraes , et n'en ont nullemeat la majesté ; cependant
on peut aussi y admiru' de très-beanx arbres. Ceux-ci , il est
vrai, sont écartés les uns des autres, mais les ioterralles
qu'ils laissent entre eux sont remplis par de grands arbriS'
seaux qui se pressent, confondent leurs branches et sous
■ lesquels on trouve de la fraîcheur et un ombrage délideux.
Ici de petits bambous aux tiges grêles et légères, ailleurs
diverses sortes de Palmiers jettent de la variété dans le»
masses de verdure qui les entourent; souvent de grandes
lianes enlacent tontes ces plantes, et sans cesse le voyageur
est récréé par des accidents de végétation, des différences
de forme et de feuillage anxquds l'Européen n'est point
accoutumé (2).
I, 31»). PUirro dit d'oDe maoièfe ffaénk (Jf«m. kUt., Ot, 115) qoc
Mlle forêt est citrEmenient étendoi du ebU du nord , et qn'on ne lai
eonnatt pas de fin du cAté du midi. Je crois «voir ouï dire qu'elle se rat-
tache i celles de l'Amérique espagnole. Si ces diterses ossertioiis ont
quelque chose de Tiai , je n'aorais pas dû dotmer, cornue je l'ai but
{Aperçu (fun voyagé dan$ FinUrievr du Ar^ril, daoa les ir^moirM
du Ihuéum a'hUloire naturelle, roi. [X], 0 lieues an Malo Grwso, daw
•a plus grande longueur.
(1) roinif ff dant U$ provituet Oe Mo d» Janeiro et de Uintu Ge-
rut, 11,08.
(2) On voit , d'après tout ce qui précède, qu'on a trompé l'abbé Catal
lorsqn'oD lui a «Muré que presque toute la surface de Goju i^iait coa-
verte de ealingat ( Corog., 1 , 319). Je dois d'autant plus relever cette
erreur qu'elle a été répétée pat les écrivains qai sont venus après l'esli-
mable auteur de la CoroffraHa BraUiica. Je suis bien loin de dire qu'il
n'y a ai vérllablee cattueiu, ni carrtuqugiiioê dans la raite prorioce de
Goyai : mais il D'en ciiste pas dan* la partie que j'ai visita.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 323
Lors même que l'berbe des eampos esl enUèremeot des-
séchée pir l'ardeur du soleil, on trouve toujours, dans les
fonds niaréci^eux, Is plus belle verdure et souvent qudques
flenrs. Là, aussi bien que dans les marais du Sertâo de
Minas, s'élève majestueusement l'élégant 6or% (Mattrilia
vimfera, Hart.) dont l'imposante immobilité est si bien ea
harmonie avec le calme du désert (4).
S IV. Climat; $alitbrité.
L'umée purugée ea deux saisons. — £ut de l'atmosphère dn 37 mii (i
i septembre. — Les miUdieB les pins commiuies.
Comme dans l'intérieur de la province des Mines, l'an-
née se partage & Goyai en deux saisons parfaitement dis-
tinctes; celle des pluies qui commence en septembre, celle
de la sécheresse qui commence en avril.
J'ai passé un peu plus de trois mois à parcourir le midi
de cette province, depuis le 27 de mai jusqu'au 5 de sep-
tembre ; dans tout cet intervalle , il ne tomba pas une seule
goutte d'eau; le thermomètre marquait, généralement, i
5 heures du soir, de 20 à 26 degrés R., et, au lever du so-
leil, il variait de 3 degrés à il degrés et demi A peu prés
jusqu'au 32 dumoisd'aoi^t, le ciel resta sans nuages et du
plus bel azur; la sécheresse était extrême, l'herbe des
champs était brûlée ; dans le cours de la journée , une cha-
leur excessive se faisait sentir , mais , sur le soir , une brise
délicieuse venait rafraîchir l'atmosphère. Vers le iO du
(I) J'ai décrit ce beau Palmier dans ma premiirfrêkUiim'yoX. II,
^d:,;. Google
3M V0TA6B AUX SODRGES
mois 4*11061, lorsque j'étais encore prèi du village de Mela-
ponte (par 1S* SO"), la brise commença à se faire sentir
pendant toute la durée dn jour , et l'oo m'assura , dana le
pays, que le même vmt soulRait, ehaqoe année, àpeuprès
depuis la fin de juillet jusqu'à la saison des pluies. Le 3S dn
mois d'août, tandis que jeparconrais les environs du vil-
lage de Santa Gniz, situé par 17* M', le ciel perdit te bril-
lant éclat que j'avais admiré tant de fois; alors il offrait
& peu près ces teintes qu'il a en France au commencement
d'une belle matinée d'automne; k la vérité, on ne voyait
point de nuages, mais l'atmosphère était chargée de va-
peurs qui dérobaient la vue des objets éloignés : si, vers
midi , le temps s'écleircissait un peu, bientAt se formait un
nouveau brouillard, et, depuis quatre heures jusqu'à la fin
du jour, le disque du soleil , d'un rouge foncé, pouvait tstn
regardé fixement. Suivent les habitants du pays, ce chan-
gement atmosphérique devait être considéré comme le pré-
curseur des pluies ; cependant elles ne commencèrent
qu'an mois plus tard, lorsque je n'étais plus dans la pro-
vince de Goyaz.
Les maladies les plus communes dans la partie méri-
dionale de cette province sont la syphilis, l'hydropisie et
l'espèce d'éléphantîasis que les Brésiliens appellent tnor^
fea (1). Cependant, malgré les longues et excessives séche-
resses dont j'ai parlé et les interminables pluies qui leur
succèdent pour faire place à d'autres sécheresses , ce pays
ne saurait être considéré comme insalubre, et il te devien-
dra moins encore lorsque par des travaux on aura assaini
'les lieux marécageux.
<l) Tojci mon Vofoge «latu le* proMnen d* aïo d* Jmuir», «le.,
voi. 1.185. Mil, 370.
.;. Google
Ml UO DE s. FUNCISCO.
S V. PoptiIolMMt.
DifBeollés d'avoir des reoMigiiemgDts eiacte sar )■ popaUiîoD de Goju.
— Chiflres indiquas par divers écrivains ; celui qgi a été commnniqaé
k Tantcar. — Résultats de ces chiffre». — Canses qui s'oppoairent,
pendant on certain temps, t nu aoeToisMment de pc^mlation. — Les
choses reprennent lenr conra Daturel. — Comparaison du chiffre de la
population de Goyai avec celui de la population de Minas , d'Espirito
Santo, eteosnlte de la France. — Moins d'augmoitatioD dans le i>om-
bre des blancs qne dans crini de* noirs et des malltres libres. — Om
nombre des esclaves. — Kapport numérique des deux sexes. — Non-
bre des Indiens. — Renonvellement de la chasse aux indigènes.
On D'est poiat d'accord sur la popalation qui s'est ré-
pandue sur le territoire de cette raste provioce , et l'on sent,
en effet, combien un recengemeot exact serait difficile i
faire dans un pays aussi désert et aussi peu civilisé. Quel- .
ques écrivains ont compris les Indiens dans le chiffre qu'ils
ont pnblié ; mais c'est seulement au hasard qu'on a pu in-
diquer le nombre des indigènes, car une partie d'entre eux
n'est point soumise à l'autorité brésilienne.
Suivant Luiz Antonio da Sîlva e Sousa, la population de
la province de Goyaz s'élevait, en 1804, h 30,13S indivi-
dus, dont 7,275 blancs, H,4i7 nègres esclaves et 7,868
négresses également privées de la liberté. Le journal bré-
silien O patnota admet, pour les années 1808 et 1809,
50,365 individos sur lesquels il compte 6,930 blancs et
20,037 esclaves (I). A peine quelques années plus tard,
(1) Pou, Rtim^illt. — L'mtMiT aMeaaBd, à quelques lignes de
l'eodroit où il cite le chiffre de 50,at», iodiqm H,S60 ; mtis il est évi-
dent que ce dernier nombre est erroné, car ce n'est pas celui qui résulta
^d:,;. Google
3a« VOTiOE AUX SODSGES
Fizarro, s' appuyant sur des documents ofBciels, bisail
monter la population de GoyazÀ53,4ââ Ames (1). En 181 9,
lorsque j'étais dans le pays , on la portait h 80,000 indivi-
dus sur lesquels il y avait, disait-on, environ 8,000 blancs
et 27,000 esclaves. Enfin, d'après le projet de constitution
proposé le50 ao(kt 1823, le major Schsffer l'indique comme
8* élevant à ISO.OOOâmes (3).
Si tous ces chiffres étaient également exacts, la popula-
tion de Goyaz. qui n'aurait augmenté que de 250 indivi-
dus de 1804 à 1809, se serait accrue à peu près des 4 sep-
tièmes de 1809 è 1819, et ensuite de près de moitié, de
1819 à 1823 : de tels accroissements sont évidemment im-
possibles ; donc on peut soupçonner, d'un cAté, que, en
1804 et 1809, la crainte du rétablissement de la capita-
tion aura fait faire aux propriétaires recensés des déclara-
tions inférieures à la vérité ; d'un autre cAté, il faut néces-
sairement croire que le nombre indiqué par ScbœfTer a été
singulièrement grossi, soif par des motifs politiques, sott
par une vanité puérile ; enfin il est vraisemblable que,
dans l'évaluation qui m'a été communiquée , lors de mon
de l'additioD des somiDes partielles doDt on le forme : d'ailleurs c'est
sur 50,363 et doq sur 54,500 que le mtme écriTiio éublit )a comparû-
MD qa'il fait des chiiTres da Palriola arec ceux des étais de L. A. da
Silva e Sousa pour 1804. 11 y a encore pins de négligence dans l'indica-
tion dn nombre de feni empraaté aai deux auteurs ; ainsi tl D'est per-
sonne qui ne seule que, poar 50,135 iodividas, il ne ponrait j avoir
Sl.STO maisons. Les détails des étaU empruntés par Pohl k L. A. da Silva
e Sonsa et an Palriola sont aussi trop peu pn'cis pour que j'aie pu en
hire usage.
(1) Mem. hitt,, IX, 182. On voit, par cette citation eiacte, qu'au a in-
duit H. Hartias eu erreur, quand ou loi a dll que Piiarro Taisait mouler
i 37,250 Imea la population de Gojai.
(3) Brtu.. î»5.
^d:,;. Google
ou MO BE S. FIANCaSCO. 3ST
voyage, on a porté beaucoup trop haut le nombre des es-
claves, peut-^tre pour ue pas tomber dans le défaut des
évaluations plus anciennes qui , sans doute, étaient Uop
faibles.
Un état de population dont je n'ai pas encore parlé et qui
semble mériter plus de confiance que tous les autres, parce
qu'il est plus conforme à la nature des choses, est celui qu'a
publié, pour l'année 1824, M. da Cuaha Mattos, ancien
gouverneiumilitaire de ta province (<)iovemadord(W omku];
je le traduis ici d'autant plus volontiers qu'il se rapporte
A une époque extrêmement rapprochée de celle de mon
voyage , et que , de 1819 à 1834 , il est impossible qu'il y
ait eu aucun changement notable.
^driiGooglc
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Il II :
5-
1^
(1) Le (eite originil , qai porte portoat hommt et nutthtreê (bommcs,
femnies), m'iTait fait croire un inatant que les eohiDts D'éUiont pas coid-
}tria dans cet état de popalation ; mais j'ai été détrompé par mw titre ainsi
coDïu : £m o anno de 1824 exiiHàa ot Fogot t Àlona* ipM m wpiMi.
Il est «Tidenl, c« me semble, que le mot .lliiuu (imes)oompc«iid twu
les iDdividos de Dolre espèce, qoels qoe soient lear seie et leur ûgt.
^d:,;. Google
DU UO Dfe S. nURGISCO. sw
Le Dombre total Indiqué Uà n'offre pas une augmenta-
tioD de beaacoup plus de 1 cinquième sur le chiffre de
l'aDiiéelSOé; malfl Pdhl était ri loin de croire à un accrois-
sèment dans la population de Goysz, qu'il cite le deml^
chiRîre comme s'élant encore reproduit en 1819 (1). U est
incontestable qa'il y eut un moment où la population de
la prorioce qui noua occupe dut nécessairement subir- une
diminution soisïble, celui où les minières commencèrent k
s'épuiser. Une foule de blancs, des Européens surtout,
étaient venus dans le pa^s ponr s'y enrichir ; ils se retirè-
rent aussitôt qu'ils ne purent remplir ce but, et ne Rirent
pirint remplacés ; d'autres furent. surpris par la mort avant
d'avoir pu retourner dans leur patrie, mais, conservant tou-
jours l'espérance de la revoir, ils n'avaient point formé
d'établissement fixe, ne s'étaient pas mariés et ne laissèrent
personne après eux. La diminution fut plus sensible encore
parmi les noirs. Vers le milieu du siècle dernier, il y eut i
Goyaz jusqu'à 54,800 esclaves employés k l'extraction de
l'or (â) ; mais on ne disait point venir de négresses dans la
même proportion , parce que le service des mines ne con-
vient pas aux femmes ; les hommes mouraient donc . pour
ta plupart, sans postérité, et souvait après avoir hAté la fin
de leur existence par nu libertinage énervant. Lorsque en-
(1) IMte, I, SI7, B7S.
(2) Oa coniutt m chiffre pu le maiiUiit de l'impM ippelf eapUaUon
{eapilaçào) dont j'ai parlé ailleurs , et qui ■ été supprimé il j a déjà
loBftcsipa (Toyei Mur., Heiie, U , WT). SnhuitH. daCiuiht Kaitoa, il y
annit eu jadia ptaa de ceal nilk taàmm emplojéa i J'eipMttfloii Am
iiiiiiiiM9de807u(/Kii., n,SlS); inaiaM itunbTeeat tellement eon»<
dérable qn'îl est «sncile de le oomidénr autrenwDt que coiame me
aorte 4e Bffnre deetinM k Mre reaaortir twite IlmporUnee des aoeiens
trarani des misears gojaiiais.
^d:,;. Google
380 VOYAGE AUX SOUBCES
suite arriva l'époque de la décadence etde la misère, on
ne Gt presque plus d'acbate, et les états de Luii Antonio
daSilvae Sousa, cités plus haut, montrent qae,j^aas l'es-
pace d'uD demi-siècle, le nombre des esclaves du sexe mas-
culin avait diminué des deux tiers.
Cependant il s'était formé une population permanente
composée de blancs que diverses circonstances avaient atta-
cltés au pays, et d'un nombre bien plus considérable de
métis qui n'avaient jamais pu songer h en sortir; les émi-
grations eurent un terme et les choses prirent à peu près
leur cours naturel. Si l'habitude du concubinage, que les
premiers colons avaient fait passer dans les mœurs, nuit
aux pn^rès de la population, ils sont , d'un autre cdté, fa-
vorisés par un climat généralement salubre et par la fécon-
dité des femmes, qui ne peut pas être, à tioyaz, moins
grande que dans les Mines. Sur la vaste paroisse de Santa
Luzia , on ne comptait annuellement , à l'époque de mon
voyi^e, que quarante décès sur cent et tant de naissan-
ces (1). Toutes les parties de la province de Goyaz ne parti-
cipent pas, sans doute, aux avantages dont jouissait la pa-
roisse de Santa Luzia, celui d'une incontestable salubrité,
celui plus grand encore d'6tre dirigée par un pasteur ver-
tueux dont les discours et les exemples excitaient les colons
au travail et qui faisait tous ses efforts pour les amener k
ne contracter que des unions légitimes ; entendant il serait
(I) Je criMB ^M le* chiffre* indiqute ici mirilcat umU« la ceufitncr
qne l'oa peut Accorder aui éUU da popaUtiM faits m Brésil , et paul-
ttre eu mériteot-iU ploa qne U plupart d'cnin mi-, mais je dois ^ouut
que M . d'Eacbwege donne de uMmiums raiaoos pMr faire peuer que .
dans IX» étata, le oombre daa dicèa rwte gtaéralenaot au-daa>ons de U
^d:,;. Google
DU RIO DE S. nUNClSGO. S31
absolument impossible d''admettre que, h l'époque même
où S. Luzia éprouvait dans sa population ud accroissement
aussi notable, il y eût diminution dans celle de toutes les
autres.
Quoi qu'il en soit, malgré l'extrême incertitude où nous
sommes relativement au nombre exact des habitants de la
province de Goyaz, il est clair que, proportion gardée, cette
province est infiniment moins peu)dée que les provinces de
Minas Geraes et d'Espirîto Santo, qui pourtant le sont si
peu par rapport à l'Europe (1); il est clair encore que , sur
une surface qui d' est certainement pas moindre que cel le de
la France, il n'y avait pas, en i819 , la quatre cent vingt-
cinquième partie de la population de notre pays , ou bien,
si l'on aime mieux, dans une étendue où, terme moyen, il
y a, en France , 425 individus , il y en aurait à peine eu un
seul i Goyai. Je base cette comparaison sur le chiffre cer-
tainement très-eiagéré de 80,000 qui m'a été communi-
qué, comme je l'ai dit, dans le cours de mon voyage; que
serait-ce si je l'établissais sur celui de Gi.^iS, indiqué
par da Cunha Mattosl
Les détails de l'état de population publié par cet auteur,
quoiqu' ils ne soient point parfaitement complets, pourront
cependant nous fournir quelques réenltats assez importants.
1' Le nombre des blancs ne formait, en 1824, que le
sixième environ de la population totale de la province de
Goyaz , tandis que , dans celle des Mines , il y avait , vers la
même époque, presque un quart de blancs, différence qui
(1) Tojez, poDr la popalttîon de Minas Gcraeô et d'Espirilo Saoto, ce
que j'ii ^rit dus le rodage âatu l€t proofncef de Rio de Janeiro, etc.,
vol. 1 , 80, et dus le Vof/age dam le dittrirt de$ BUananlt, toI. I , itu.
^d:,;. Google
U< TOYAOE UJX SOmCES
s'eiiplfqufl par la facilité de communicatloiu de NiiMS avec
la odte et l'éloigoetnent beaucoup moindre de ce dernier
pays.
2* La comparaison des chiffres admis parMattos avec ceui
des années 1804 et 1809 montrerait qne les progrès de la
population se sont fait beauconp moins sentir parmi tes
blancs qne cbes les noirs ti, les mulâtres libres , ce qui ten-
drait i prouver , comme tout me porte i le croire , que le
climat de l'Amérique tropicale convient mieui aax hmnmes
de coolenr qa'à la race caucasique.
3* Le chiffre des esclaves pour 1834, comparé avec celui
de 1609, indiquerait une diminution qui n'irait pas k moins
de la moitié ; mais cette diminution n'a rien qui doive sur-
prendre. Il y avait Aé^k longtemps, à l'époque de mon
voyage, qu'on n'amenait plus, comme autrefois, des con-
vois de nègres africains dans la province de Goyez ; il ne
pouvait même plus en venir, car il aurait fallu que, après
avoir payé ces hommes au comptant, à Bahia ou à Rio de
Janeiro, les négociants les revendissent à des termes trèa-
éloignés et s'exposassent i ne jamais rentrer dans leurs
fonds. Si , par hasard , il arrivait k Goyai quelques nègres
de la céte d'Afrique, c'étaient des individus isolés, achetés
par des personnes que leurs «foires avaient attirées k Rio de
Janeiro. Il n'y avait plos guère, dans le pays, que des
esclaves créoles, noirs ou mulAtres, nés pour la plupart
d'anions passagères et illégitimes. Jusqu'alors, les Brési-
liens, en général , avaient malheureosement peu songé k
marier leurs esclaves, et conunent y auraient pensé les
Goyanais qui, eux-mêmes, vivaient dans le concubinage I
Si les chiffres publiés par da Cunha Maltos, pour 1834,
nous ont fourni quelques données utiles, ils m'en laissent
^d:,;. Google
DU BIO DE 9. mUfCISCO. 333
dérirerd'aatresencore : ainsi iisne aous apprennent rien sur
le rapport numérique des dens seses aui différents Ages de
la vie. Je Bais cependant que, à l'époque de mon voyage, le
nombre des jeunes gens était infinint^t moindre sur la pa-
roisse de Santa Luzia, k Villa Boa et dans tous les villages
du midi de la province, que cdui des jeunes 6lles, ce que
confirme, eu reste, le tableau spécial que PohI a donné pour
l'année 1812 de la population de Santa Lozia (Reise,
I, seo).
La province de Gojat était une de celles où, à l'époque
de mon voyage, il y avait encore le plus d'Indiens ; la popu-
lation portugaise qui s'était jetée sur cette province n'avait
jamais été assez forte pourles faire disparaître tous. A grands
frais, on en avait réuni un certain nombre dans des aideat;
les autres vivaient entièrement sauvages dans les bois et les
lieux les plus déserts. D'après les lois portugaises, tous de-
vaient être libres comme les blancs eux-mêmes ; mais, de-
puis peu d'années, ud décret barbare, rendu sous le mi-
nistère da comte de Linhares, avait fhit renouveler à Goyaz
les anciennes chasses aux Indiens. Ce décret permettait de
réduire en esclavage, pour dix ans, ceux de ces infortunés
qui seraient pris les armes k la main. On prétendit alors
que tous ceux qu'on saisissait étalent armés, et réellement
ces honmies le sont presque toujours, parce que leurs armes
seules assurent l^r subsistance. De oe qu'on pouvait les
rendre esclaves, on avait concln que l'on pouvait les ven-
dre, et U s'était établi un commerce d'Indiens entre la pro-
vincedeGoyazet celle du Paré. Fbbhando DsLâAoo Fbbise
DC CAsriLHO, qui gouvernait tioyaz à l'^Mqne de mon
voyage, s'était entendu avec le gouverneur du Para, afin
d'arrêter, autant qu'il était possible, ce commerce égale-
^d:,;. Google
334 VOYAGE AUX SOURCES
mentïMlieus et illégal. Il avait aussi écrit au ministère pour
l'eogagerA rappuler le décret du comte de Liohares; mais
le gouvernement central s'iaquiétait peu des Indiens de
fîoyax et n'avait fait aucune réponse (1).
5 VI. Administration générale.
La prorince de Goju diTisfe ta deni tomareat.— CapiUinM géoénu ;
leiir aotorité. — Le goBTememeDt central étranger t ce qui M pasait
dans les proTiDces. Ud exemple de «m ignorance.
Pendant longtemps, la province de Goyaz n'eut tout en-
tière qu'un owidor, et, par conséquent, ne forma qu'une
comarca qui comprenait plusieurs justices [julgaâog) (8).
(1) Je n'ai pas cru devoir citer dans ce paragraphe les chj&es beau-
coup trop vagues indiqués par Antonio Rodrignei Veloso de Oliveira,
dans les AtMoti Fhàminenêet, pour la population de Goju, et , par une
raison semblable , je n'ai &il non plus aucune mention de ceux qui ont
été admis par notre saranl marin, M. de Prejcinet (Vouait dt rvranU).
Dans un livre imprimé en 1845 {Sketehei ofreiidtnee in Bratil, I,
350), M. Eidder porte k 97,592 individus la population de Gojai. Si ce
chibe était eiact pour 1M9, et que celui que j'ai indiqué pour 1819 le
nt également , il en résulterait qu'il y a eu, pendant un quart de siicle,
une augmeatelion de près d'un qnart dans la popnlatiwi de cette pro-
vince : mais H. Kidder ne dit pas ï quelle année se rapporte son indica-
tion: il ajoute même, et sans doute arec beaucoup de raison, que le*
rapports ministériels et pronneiani n'ont d'autres rondements que des
coDJectures et les états vagues de ceriaines paroisses.
(!) Avant le révolution qui a changé le gouvernement du Brésil , cM
empire était partagé en prorioces de premier rang on capitaineries (ea-
|ttM»i(U) M en provinces de second ordre (provfncfo*). LespremièMs
se divisaient, pour la plupart, en eonareat, où résidait nn OHeidor,
magistratquiétailà laroisjngeetadmiDistrateor. Les frmiof étaient les
divisiwu des eotnarrat. Les julga4ot représentaient ces divisions dans
^d:,;. Google
On sentit enân qu'un homme seul était incapable de main-
tenir le bon ordre dans un pays aussi ¥aste, de rendre k
tous les habitants le jastice en seconde instance, et de sur-
reiiler les juges ordinaires qui, choisis parmi les colons
eux-iuèmes et participant à leurs vices, étaient souvrat les
premiers à violer les lois. Le gouvernement rendit donc ,
en 1809, un décret par lequel la province Tut divisée en
deux eomarcas : celle du sud [eomarca do ml) , qui com-
prend (1819} les six justice? de Villa Boa, Crixâ, Ptlar,
Meiaponte, SarUa Luzia et Santa Cruz ; celle du nord (eo-
marca do norte) , formée des huit justices de Porto Real ,
Nalividade, Conceiçao, Arraîas, S. Felit, Caimkante,
Flores et Trahiras (1 ) . Le chef-iieu de la première est Villa
Boa, capitale de toute la province : celui de la seconde était
originairanent S. Jmo da» duag Barrât, sntué au confluent
de l'Aragnaya et du Tocantins ; mais, comme les barques
arrivaient difficilement jusqu'à cet endroit, il (ut décrété,
en 1814, qu'une ville nouvelle serait fondée au lieu appelé
S. Joào da Palma, et qu'elle deviendrait la résidence de
Vomiidor de la comarea.
La principale autorité de la province ou, pour parler
d'une manière plus exacte, la capitainerie de Goyax était,
comme à Minas, i 8. Paul et ailleurs, le gouverneur ou
capitaine général [capitao gênerai).
Sous le système colonial , les capitaines généraux jouis-
les pays les moins peuplés et o'aTaieDl jimais, ponr magistrats, que des
Juge* ordinairei (juitei ordinarioi) , ilas par le peuple, tandis qu'il
poavaii j avoir k la ttu d'an termo ou ud jitix de fora, Dommé et jMjé
parle roi, oaieaxjitiwet or dinariitiivoj ex Voyage daiu lei province»
de Rio de Janeiro, etc., I, 359et soiv.: Il, fOS).
(t) Ed 1832, les choses D'avaieut pas encere duDg^ : pluBUrd,la pto-
rinco de Goyai a été divisée en 4 eomarcai.
^d:,;. Google
sas voTiM ADx soimces
saient île l'autorité la plas absolue ; ma», lonqneJean VI eut
fixé sa cour à Rio d« Janeiro, leor despotisme codouI ei^
des bornes L'opprimé pouvait aller se Jeter aux pieds de sod
souverain, et les gouverneurs a'auraieot plus ϑ entre-
prendre rien de très-important sans en rérérer aux mi-
nistres. Mais il arrivait trop souvent, ou qvttm ne leur ré-
pondait pas, soit par ignorance, soit par une noDchalance
coupable, ou qu'on leur donnait des ordres qui n'étaient
point en hannooie arec les besoins du pays et set res-
sources.
Un des plus grands malheurs qn'^mtuvèrent les Bré^
liens, après l'arrivée de ledr roi au milieu feux, fut d'Atre
gouvernés par des hommes qui ne connaissaimt nuJIemmt
l'Amérique. Parmi les ministres qu'eut Jean VI, k Rio de
Janeiro, il se trouva des hommes éclairés, nuis c'^ait en
Portugal qu'il» s'étaient formés aux affaires ; ils n'avaient
vu du Brésil que la capitale, et ils voulurent appliquer des
idées qui ne convenaient qu'A l'Europe à un pays qui dif-
fère entièrement de l'Europe. Us se trompèrent Clément
sur les personnes et sur les choses : ils crurent le pays riche
et il est pauvre ; ils crurent ses habitants stupides, et ils
sont intelligents et susceptibles de tout apprendre.
Pendant mon séjour i Villa Boa, le capitaine général de
Goyaz me cita un exemple très-récent de l'ignorance des
ministres. Les (rfflces publics, t^ que ceux de greffiers des
oundora, de tabellions, etc., se mettaient, è Goyaz comme
i Minas (1), tous les trois ans, à l'enchère, et, eu cas de
voyage ou de maladie, les titulaires étaient remplacés par
des adjudants {adjudaatêt) qui, pendant longtemps, n'en-
(1) Vonaçe dant lu provi»eâê é* Rio d« Jmn»iro, etc., 1 , 301.
,;;. Google
DU MO DE S. FRANCISCO. S3T
rent besoin que de la confirmation du capitaine général
pour exenm leur emploi. Tout nouvellement, le ministère
avait prétendu changer cet état de choses, et 11 avait fait
rendre un décret portant qu'à l'avenir le choix des adju-
dants serait directement confirmé par le roi. Ce décret avait,
sans doute, pour but de centraliser davantage le pouvoir et
de diminuer l'autorité des capitaines généraux; mais on
n'avait nullement songé i la distance qu'il y a de la capi-
tale à Goyaz ou À Matogrosso. Il est évident que la confir-
niation royale sers souvent arrivée dans ces provinces, long-
temps après que l'office pour lequel on l'avait demandée
sera retourné à son titulaire, et que, dans l'intervalle, une
foule de gens auront pu mourir, privées des moyens de
foire leur testament.
S Vn. Fmancei.
ComineDt est tompos^e radniDîstntion des fliuDces. — Des diverses
sortes d'tmpdts. — ChiOrrs qui montrent avec quelle rapiditi' la pro-
rince de Gojsz i perdn m première splendeur. — Recettes cl dépenses
^gAlement arriérées. — Goyu obligé d'abandonner k Matogrosso une
partie de ses revenus. — Différence entre la compani^on des prodoils
du quint pendant plasienrs années et celle des revenas des droits
d'entrée. Les droits d'entrée indiquent ï pen près la valeur des îm-
porlalions; le quint n'indiqne point le véritable résultat da produit
des minières. Hôtels pour la foute de l'or. Contrebande. Erreur dans
laquelle était tombé le gonvemenr Fernando Delgado.
Les finances de la province de Goyaz sont (1819), comme
celles de Minas, de S. Paul, etc., administrées par une
junte du trésor royal [junta da fazmda real) dont la com-
.;. Google
33B TOTAGE AUX SODItCES
position a été souvent modifiée [i] et dont le gouveroeur
est le président. On ne compte pas moins de onze à doaze
employés chargés, sous son inspectioD, de mettre les écri-
tures en r^le; et cependant, è l'époque de mon voyage,
la tenue des livres était fort arriérée.
Je vais indiquer les divers impAts que les labilaDts
avaient à payer en 1819 (2). C'étaient
i" Un droit sur les marchandises qui entrent dans la pro-
vince (cfUroda*);
2° La dtme des productions du sol (dizimo»), qui , par un
arrangement conclu jadis entre le clergé et le gouverne-
ment, avait passé entre les mains de ce dernier [S);
3* Le passage des rivières affermé par l'adminirtraticH)
[passagent dot rios) ;
4* La ferme des offices (arranataçao dos offUsios) ;
5° Un droit sur la vente de la viande fraîche [carwt
verdei);
6° Droits de vente sur les immeubles [décimai, êelloi e
siza*];
7* Le quint [quinio) , c'est-i-dire le cinquième que l'on
prélève sur l'or en poudre avant de le mettre en lingot (4);
8* Un droit desUné au payement des instituteurs [eci-
lectai);
(f } Il M têul pu B'^touner, par conBéqnent , que Quai porte le nom-
bre des membres de cetie jonu h cinq , et que PohI eo compte m\. —
H. da Cnnha Mittosditqiie, lajunbt da faimila ajant été supprimée,
OD cHi, de 1826 à 1836, nn iospecteur de U trésorerie (tfupvctor da
Ihetouraria) (/Un., U, 339).
(2) POBL, Retie, I.
(3) To;ei moa 7o%ag« dan* U* ftrwitteet de Itiodt Janeiro, etc.,
I, 169; II. 250.
(4) royale dant Iti protHneei de Rio de Janeiro, etc., i , 338.
^d:,;. Google
DU no DE s. PBANCISCO. ug
9* 13d droit mis sur les boutiques au profit de la banque
de Rio de JtDNro.
Qoelq^ues chifires empruntés au docteur PoM (1) mon-
treront avec quelle promptitude ce pays, si riche pendant
qnelqaes aunées , a perdu sa splendeur première, k mesure
que l'or est devenu moins commun ou plus difBcile k
extraire. Avant 1758, les entrées produisaient, tous les
trois ans, 8 arrobes d'or; de 1763 à 1765, elles rendirent
40,400,000reia{252,500f.);del765à 1774, 96,760,762
reis (604,754 t. 70 c.) ; de 1774 à 178â, 26,529,000 reis
(165,806 f. 25 c); de 1783 à 1788, 22,624,000 reis
(141 ,400 f.) ; enfin , dans ces derniers temps , elles n'ont
plus produit que 14,000,000 de reis (87,300 f.}.
Je tiens du greCBer de la junte du trésor royal {e$crnâo
da juHta da faxenda reall que les dépenses de la province
s'élevaient, annuellement, à plus de 50 contoi de reis
(512,500 f.) Ce magistrat convenait que le trésor était fort
endetté, et il ajoutait qu'un grand nombre de créances ne
seraient jamais payées. Il disait aussi que la recette n'était
pas moins arriérée que la d^nse, ce qui prouve combien
il y avait peu d'argent dans le pays ; et cependant cette pro-
vince, si pauvre, était obligée d'abandonner une partie de
ses revenus à celle de Matogrosso, qui la limite, et ^it en-
core plus panvre qu'elle (2).
Commeonradéjàvu(p. 315], la comparaison des produits
(1) R«ùt,[. 3b*.
\iy Ce hit en I7M que l'on coiomciKa ï obliger li pn)*iiice de Gofu
de pajer i celle de Hatogroaeo nue aubreiitiDii, qui Ait d'abord de
513 mares d'or pris snr TimpAt da quint. Eo ITT9, on rédnJBil cette tob-
Tcaiion k 300 aitrcs : pniB , ea 1761 , an j ajouta 30 amM de rel*. Ed
lîSA, l'augmentatioD fntsnpprimëe, et od en TcTiutani; 300 oMm;
^d:,;. Google
340 VOYAGE AUX SOURCES
du quint, de 1 740 h i830, nous fournit, aussi bien que celle
des revenus des droits d'entréependant le mènie temps, une
preuve frappante de la rapidité avec laquelle la province de
Goyaz est tombée en décadence. Mais ici se présente une
différence sensible. Le chiflire du produit des entrées indi-
que réellement la quantité de marchandises que le pays a
reçue h telle ou telle époque, parce que ces marchandises,
qui , ayant un volume plus ou moins considérable , ne peu-
vent arriver qu'à dos de mulets et par caravanes, ne sup-
porteraient pas les frais qu'il faudrait faire pour les intro-
duire en contrebande ; mais, comme on va le voir, il n'en
est pas de même de la poudre d'or.
Lorsque sous le gouvernement de D. Marcos de Noronha,
comte dos Arcos, la capitation fiit aboHe et remplacée par
le quint, on fonda, enl750[1], deux hôtels pour la fonte
de l'or {casas de fundiçao], l'un, dit du sud {do *ul), k Villa
Boa, l'autre, du nord (do twrte), àS. Pelis. Ce dernier,
après avoir été d'abord transporté A Cavalcante, fut sup-
primé en 1807, à cause des dépenses qu'il nécessitait, et,
depuis cette époque, il n'y en eut pfus qu'un, celui de Villa
Boa (2). Comme la province de Goyaz est immense et ne sau-
rait être gardée que sur un très-petit nombre de points , il
est évidemment très-facile d' y faire la contrebande de l' or en
poudre, et il n'y a qu'un scrupule de conscience qui puisse
mais, comme le quoi arail tlni par ne plus produire celle quantité d'or,
on pril le parti, après l'arrÏTée du roi au Brésil, d'appliquer aui dé-
penses de Malogrosso le montant des droite perçus, à Gojai, sur les
biene immeubles (dactntaa, Hflo* e <<(a«) (Pib., Mem.hitl., DE, 136).
(1) Pli., Mem. hUt., W , 336.
(2) J'ai donné ailleurs de très-longs détails sur la manière dont on
fond l'or dans les cotoa dt {tmdiçao (vof « moh fo^Oft dont U» pr»-
vi»ea de Rio lie Janeiro , «te., I).
^d:,;. Google
DU RIO DB S. FRANCISCO. Ml
encore engaf^er quelque personnes k se soumettre à l'im-
pAt. Depuis la suppression de l'établissement qu'il avait
formé pour la fonte À S. Pdis, le gouvernement a été pres-
que entièrement frustré du quint de l'or fourni par les mi-
nières de la Comarca do Korte. Les mineurs de celte co-
marca sont, en effet, escités à Eaire la contrebande, non-
seulement par les bénéfices qu'elle leur procure, mais en-
core par la crainte des frais et des lenteurs qu'entraînerait
le long voyage de chez eux  Villa Boa.
En i818 ou 1849, le fisc reçut de la Comarca do Norte
de l'argent monnayé, et non de l'or en poudre, en payement
de la dtme et des autres impAts : le gouverneur Fernando Del-
gado en conclut que cette province faisait un commerce con-
sidérable avec le Paré, province limitrophe et maritime où,
jusqu'alor8,lesGoyanaisavaient pénétré difficilement; mais
des personnes bien instruites assuraient que cet argent était
tout simplement le résultat des échanges frauduleux que
les habitants du nord faisaient de leur or en poudre avec
les négociants de Bahia [Ij.
(1) Je M sais en quel eut sont aajoiird'hiii les Goaacea de Goju;
■nais, pendant les premitrea années qui baifitent celle où je voyageais
dans ce pays , elles se dâtériorèrenl encore. En ISS-t , les revenus ne
s'ùlevËreol qu'ï 31,(KK),[>00 reis. tandis qoe tes dispenses moatèreoL ■
53,080,333. Pour couvrir le déCcit , on imagina de A-apper une quantité
énorme de monnaie de cuivre , k laquelle on donna une valeur imagi-
aaire fort exagérée. • L'homme le plus ignorant, dit da Cunlia Mattos,
aurait compris qu'il i^tail d'une mauvaise administration de répandre
toute cette monnaie ; mais on n'avait pas d'autre mojen de faire face
aux dépenses [Itin., II , 31T) » C'est une bien triste ndcessil^ que celle
de recourir k un remède qui , en défluitivc, augmente encore le mal. Le
gouvernement de Gojaz a toujours stcriiiË l'avenir au pr^seul ; mais, en
agiMaot liusi , on Ruil par n'avoir plus rien a sacrifier.
^d:,;. Google
VOYAGE ACX SOURCES
S VIII. Résultats de ta dtme.
Les produite do qatnt et ks revenas de la dîme ont dimioiié dins !■
même proportion. — La dtme , impAt trte-onér«ai. — On U perçoit
en valeurs métalItiiQeB. — Les décimaleurs rainent les colons. —
Ccai-ci,eiproprirs, AticDtdans les déserLi et perdent juaqa'ani ju-
ments de la civiliMiioa. ^ Ce que fait le fisc dans les caotont où per-
sonne ne veut aflèrmer la dlme. — La culture restreinte p«r cet impAt.
Si l'on ne savait quelle est la positioD géographique de
Goyaz et combien les transports sont difficiles dans l'inté-
rieur de rAmérique, on pourrait s'imaginer que les Goya-
nais, ne tirant plus rien de leurs minières, ont dirigé tous
leurs efforts vers l'agriculture, et que les revenus de la
dlme ont augmenté à mesure que ceui du quint allaient
en diminuant. Mais il n'en a pas été ainsi ; les produits de
l'un et de l'autre impdt se sont amoindris à peu près dans
la même proportion. La dtme, qui a fait tant de mal à la
province de Minas [1], a été bien plus funeste encore à r^lle
de Goyaz. Dans un pays oîi les produits de la terre trou-
vent un débit facile, le dixième du revenu serait un impAt
léger ; mais cette province n'a, pour ainsi dire, aucun
Gommerce, ses exportations sont insignifiantes, et en beau-
coup d'endroits il serait impossible de rien vendre.
Si le gouvernement percevait les dîmes en nature, cet
impAt n'aurait aucun inconvénient; mais> comme il ne
pourrait rien faire du maïs ou du manioc qu'on lui livre-
rait, ît exige des valeurs métalliques; et comment en four-
(1) V«jeziDon Voyage dani te* provinctt dt Bio d» Janeiro, Me.,
l,3tU;ll,44».
^d:,;. Google
DU RIO l>£ S. FIUNCIS€0. 343
Diraient des hommes qui ne peuvent se défaire de leur^
deurées?
La dime, levée en argent, serait déjà, pour la plupart des
Goyanaia, une charge exorbitante; elle devient tout à fait
ruineuse par le mode de perception qui , comme on va le
voir, permet k celui qui reçoit l' impAt de l' élever à peii près
i sa guise.
Comme dans les Mines, la dlme s'afierme ici tous les trois
ans. Le décinuteur [dizimeiro) , au commencement de ces
trois années, se présente (1819), avec un expert, chez le
colon ; il estime le revenu de la terre beaucoup au-dessus
de sa valeur véritable, et il exige du cultivateur qu'il signe
l'engagement de payer, pendant trois ans, le dixième de la
somme évaluée. A la vérité, la loi donne au propriétaire le
droit de choisir un homme qui fasse l'évaluation des pro-
duits du sol conjointement avec celui qui a la confiance du
décimateur ; mais cdui-ci est presque. toujours un homme
riche, soutenu par de nombreux amis ; il se présente chez
le cultivateur qui vit dans l'isolement et la pauvreté, loin
de la ville ou des villages , qui n'a aucune connaissance des
affaires, aucun protecteur, aucun appui. La seule vue du
décimateur répand l'épouvante dans la famille, et, dans la
crainte de plus grands maux, on se soumet à toutes s»
exigences; on gagne ainsi un peu de temps. Cependant lu
triste époijue des payements arrive; le propriétaire, n'ayant
rien vendu, ne saurait satisfaire son créancier; on saisit le
peu qu'il possède, et il quitte sa maison, qui bientôt tombe
en ruines (1).
(1) José de Almeicb de Vasconcellos de Sovenl e Ccrrtlha, qui prit
le gouveraemeat de Gojw eo 1773, s'était déjà tu forc^, dit Piiarro, de
réprimer les «iolences iuoulrâ dta diiimeiroi , qui ne teDdeient » rien
^d:,;. Google
344 VOYAGE AUX SOURCES
Les halHtaDte de cetle contrée n'ont même pas la res-
source qui s'offre toujours aux Mioeiros mécontents de leur
sort, cdle de changer de place, avec l'espoir d'un avenir
meilleur. Ces derniers, moius pauvres, sont en état de sup-
porter les frais d'un déplacement, et, en allant plus loin ,
ils trouvent des terres neuves dont ils peuvent vendre les
produits. Ceux qui se sont retirés à Minas Novas s'enri-
ctiissent par la culture du coton. Les colons d'Araii et de
Desemboque (v. plus haut, p. 345} vendent leurs bestiaux i
des marchands qui viennent les chercher jusque chez eux ;
enfin les planteurs de Pomba transportent facilement leurs
denrées jusqu'à Rio de Janeiro. Il n'en est pas de m£me
des cultivateurs goyanais; en revenant sur leurs pas, ils
trouveraient les meilleurs points déjà occupés; en allant
plus loin, ils empireraient leur sort, puisqu'ils auraient en-
core plus de peine à placer leurs denrées. Ne communi-
quant point les uns avec les autres, éloignés des chefe-lieux
de paroisse où ils pourraient s'entretenir encore dans quel-
ques idées de morale et de religion, s'abandonnent de plus
en plus à cette apathie à laquelle les invite la chaleur du
climat, vivant de leur chasse, d'un peu de laitage, à peine
vêtus, se livrant à l'inceste faute de trouver d'autres femmes
que celles qui les entourent, les malheureux campagnarde
goyanais finiront par apprendre à se passer même de ce
strict nécessaire dont la recherche rattache encore les
hommes à la vie civilisée, et, à l'état de choses actuel ne
inoùis qa'i miner la provioce. Didg uu mémoire soumis à la Becrt;tai-
rerie d'ÉUt, le detembargador AnUiuia Luti de Souu Leal mODlra,
ajoute le même lUlear, que la dccadeuce de Goju ^tait due ani eicès
et à 11 cupidité des décJDialeurs et des autres fermiers de l'impAt qui ,
daug re pajs comme dans les autres prorinces, s'enrichisseni rapide-
ment am dCpcu» du peuple et eicilcut les plus justes plainteb.
^d:,;. Google
DO RIO DE S. FIANCISGO. H»
s'améliore pas (1819), cette population, issuedes Portugais,
tombera nécessairement dans une barbarie à peu près sem-
blable & celle des Indiens eux-mêmes.
U y a , en beaucoup d'endroits, si peu d'argent i espérer
des colons que personne ne se présente pour affermer la
dîme et les autres impAts. Dans ce cas , la junte du trésor
royal {junta da fazettda real ) les bit recouvrer par des
administrateurs qui Tont ce service sans aucune rétribution.
Ainsi il ne serait pas absolument impossible qu'après avoir
accablé le cultivateur de vexations, après avoir détruit plus
d'habitations que n'eût fait une armée ennemie , le fisc fbt
entièrement obligé de renoncer â prélever l'impdt.
Outre les maux dont j'ai tout à l'heure esquissé le ta-
bleau , la nécessité de payer la dhne en valeurs métalliques
entraîne encore avec elle un inconvénient excessivement
grave, celui de restreindre la culture, que l'on devrait en-
courager comme le seul moyen de sauver ce pays. Le colon
est certain qu'on exigera la dtme de toutes ses récoltes;
mais il s'en faut qu'il le soit également de vendre tout ce
qu'il peut recueillir : il se borne donc à cultiver autant
qu'il est strictement nécessaire pour sa famille et un débit
bien assuré. Il résulte de laque, si, par hasard, un étran-
ger se présente dans le pays, il a souvent de la peine à se
procurer, même à des prix élevés , les denrées les plus né-
cessaires à la vie, et que, dans une mauvaise année comme
celle où je voyageais, l'agriculteur, qui n'a songé qu'à ses
besoins ordinaires et ne possède point d'argent, est réduit
à endurer la faim ; et cela se passe dans une contrée où par-
tout il y a des terres excellentes et sans maître, qui nour-
rirait saas peine 20 millions d'habitants et n'en contient
que 60 À 80,000!
^d:,;. Google
VOYAGE AUX SOURCE:»
§ IX. Clergé; instruction pttblique.
Le bien que pourrait faire le clergé goitoais — Boa exemple donné par
Jolo Teiicira Alvarei, curédeSaota Luiia.— Leseccléuisiiques KOfs-
nais , seuls hommes de la province qal possUent qaelqaea connns-
MQcet,d'ailleiineDdeboriiileUHileslesrègle*. — Eisioire deTËflite
de Goju. — Ëcoles.
En rappelant les colons autour des villages, en les in-
stmisant de leurs devoirs, en ranimantdanslears âmes des
sentiments religieux qui ne sont qu'assoupis, en les enga-
geant à contracter des unions légitimes et à fiiir l'oisiveté,
en leur enseignant des procédés de culture moins bar-
bares que ceux qu'ils suivent, en leur montrant que cer-
taines denrées peuvent être exportées de leur pays avecquel-
que avantage, le clergé goyanais parviendrait à a^iblir la
fBcheuse influence d'une administration ignorante et dé-
vastatrice. Telle était la conduite que tenait , lors de mon
voyage, le pasteur respectable (1) d'une des paroisses, beau-
coup trop étendues, dont se compose la province de Goyaz ;
mais, malheureusement, son exemple n'était suivi peut-
être par aucun de ses confrères.
Il Je vais signaler, ai-je dit ailleurs , des abus dont le
n chrétien aura à gémir; mais il est une idée élevée qui
« doit lui servir de consolation. Comment ne serait-il pas
« soutenu par un pouvoir supérieur le vaisseau qui , na-
« viguant sur une mer orageuse, sous la conduite de pi-
(fi M. Joâo Teiirira Alvarei, coré de SanU Luila, doat je parlerai
rlu:, lard.
^d:,;. Google
DD RIO DE S. FRANCISCO. U^
« lotes Diligents ou malhabiles , résiste pourtant aux
« plus affreuses tempêtes? Les torts des mioistres de la
« religion n'appartiennent point à elle, et il est utile de
« (aire connaître ce qui est, parce que la publicité oblige
a le coupable à rougir, et qu'elle excite l'homme de bien
« à chercher un remède aux abus. »
Les ecclésiastiques sont, il est vrai, les seuls hommes
de cette province qui possèdent quelques connaissances ;
d'ailleurs on jfeut dire qu'ils vivent en dehors de toutes les
règles, négligeant l'instruction des fidèles, s' abandonnant
& l'oisiveté ou disant le commerce, pratiquant la simonie,
donnant l'exemple du concubinage; enfin ne connaissant
guère d'autre devoir que celui de dire une messe basse tous
les dinunches et de confesser les fidèles au temps de Pâ-
ques, moyennant la rétribution de 300 reis (1 fi*. 87 c.)
qu'on leur accorde ici comme à Minas (1).
Les prêtres qui , les premiers , vinrent h Goyaz n'avaient
sous les yeux que des vices; il était difficile qu'ils ne cé-
dassent pas au torrent du mauvais exemple, éloignés qu'ils
étaient de leurs supérieurs et n'ayant sur la terre personne
pour les guider et les reprendre. La discipline^ déjà si négli-
gée dans tout le r^te du Brésil , le fut entièrement à Goyaz,
et le clergé finit , en quelque sorte, par oublier qu'il appar-
tenait à la communion chrétienne.
Pendant de longues années, le territoire de la province
de Goyaz dépendit des évéchés de Rio de Janeiro et du
Paré, c'est-à-dire que les évèques n'auraient pu arliver
dans ce pays qu'après plusieurs mois d'un voyage extré-
H) Vojezie cbapilre VllI, iutitaU De la reUgion et du eUrgé , dans
aiuu Voyage dant le* prortnrM rfe Rio de Janeim, ete., vol. [.
^d:,;. Google
348 VOYAGE AUX SOURCES
mement pénible i travers les déserts, ou, pour parler d'une
manière plus exacte, Goyaz était sans évéque. En 174€, la
partie du pays qui dépendait de l'évèctié de Rio de Janeiro,
et, plus lard, la province tout entière, fut érigée en pré-
lature ; mais le premier prélat ne fut nommé qu'en 1 783 (1).
Depuis cette époque jusqu'en 1832, Goyaz n'avait en-
core vu aucun de ses prélats ; tous, par la fatalité la plus
étrange, étaient morts ou avant de partir pour leur rési-
dence ou pédant le voyage , et le dernier nommé languis-
sait, malade, à Rio de Janeiro (3).
A l'époque où la province de Goyaz était encore dans un
(1) Les préUts de Goju ne devaical porter que la soDtaae noire : il
leur était interdit de conférer le ucrement de l'ordre; nuis, d'uUenra,
ils pouvaient exercer tontes ks nitrea fonctions épiscopcles. On peut
voir le teite même de la bulle de cn^aiion dans les Memoriai hUloiHcat
dePiiarro. vol. OL.iiS.
(2) Voici comment s'exprime, sut le clergii de Gojaz, monsegnor Pî-
nrro, qui «tait revètn des digoitée ecclésiastiques les plus imporUDlas
et qui se montre toujours catholique aussi zélé que siocère : • Comme
a le territoire qui forme aujourd'hui la prélature de Gojai était jadis
< réparti entre l'évfché de Rio de Janeiro, doot le chef-lien eo est élot-
■ gné de 3t3 Itgoaa, et celui dn Part distant de 380, il est aisé de croire
■ que le clergé de celte prélature observait peu la discipline, qu'il n'élQ-
•> diail point la morale , et qne , vivant dans uo pajs où o'étaienl jamais
■ venDs sej premiers pasteurs et où , par conséquent , il jouissait d'une
9 libertii eolière, il était loin d'avoir conservé des mcenrs irréprochables.
■ Les prËtres de Gojai sont ignorants, le peuple l'est bien davantage
<c encore ; et de 11 vieul que toutes sortes d'abus se soal introduits dans
0 ce pays , qu'on j est imbu d'absurdes pn'jng es , que l'on s'y livre au
> sacrilège et k la superstition, euBn que les lois de l'Ëglise et celles de
■ l'Ëtat j sont violées sans aucune retenue ( Jlem. hiU., IX, 3581. • —
J'ajouterai ici , pour compléter l'histoire de l'Église de Gojai , qu'une
bulle de Léon Xlt , approuvée par l'assemblée légiidative du Bn'sil, le
3 de novembre (837. a élevé la prélature de Gojaz au rang des cvécbés
^d:,;. Google
DU KO DE S. PRAHCISCO. 31»
état prospère , on n'avait pas négKgé l'instruction de la
jeunesse : on avait créé à Villa Boa une chaire de philoso-
ptiie et de morale, une de rhétorique, une troisième de
grammaire latine; enfin on y avait placé un maître d'en-
seignement primaire. Vers le commencement de ce siècle,
le comte de Palma , gouverneur de la province, eut l'idée
de faire des économies ; il comprit dans sa réforme plu-
sieurs des professeurs, et , à l'époque àë mon voyage, il n' y
avait plus, pour toute la province, qu'un professeur de
grammaire à Meiaponte, un autre k Villa Boa, et un maî-
tre d'école dans cliacun des principaux villages (1 ).
§ X. Forces militairet.
Garde nationale. Compagnie d« dragons. Peûetlreê, — Solde det dra-
gons. A quoi on les emploie. Confiance méritée que l'on a en eux. — A
quoi on emploie les ptietlm. Leur solde. .
A Goyaz comme dans les autres provinces du Brésil , la
garde nationale ou milice (nti/i'cùt) a été régulièrement or-
ganisée (2) ; d'ailleurs une seule compagnie de dragons de
(1) Poil, Reite, 1 , 3ST.— H. Kidder, qui éUit an BrésU en 1830, dit,
d'qiris les rapports des pn^udents de la province de Gojai ( Skatektt ,
II , 339), qae le nombre des écoles primaires a'élère, dans celte prorince,
à 60 poDT les garçons , 3 poar les filles , et qu'il j eiiste 5 k 6 écoles
d'un ordre plos élevé. — An moment de lirrer ce chapitre à rimpression,
je lis, dans le rapport dn ministre de l'iatérienr de l'empire du Bn>sil
k l'assemblée législaUTe de 1646, qa'alors les écoles primaires de la pro-
vince de Go;ai (taieol rtéqnentées par 1 ,137 garçons et \W Biles, et que
les trois proresseors de latin établis dani la province avaient ensemble
SI élèves. (Tojei le chapitre de ce livre ioUtolé,. La cité de Coikm.)
(t) On trouvera . sur la milice, des di'tails fort étendus dans mou
^d:,;. Google
350 VOYAGE AUX SOURCES
70 hommes , non compris les officiers, et une de pédestres
de 80 hommes, composent toute la force militaire de cettL>
vaste province (iSlQ).
Cest l'administration qui fournit aux dr^ons leurs che-
vaux et leur équipement : elle les <^lige de pourvoir à leur
nourriture ; mais elle lear accorde une solde de 6 vintmt
d'or par jour ( i fr. 40 c. ) . leur donne de la brine et
nourrit leurs chevaux. Pour qu'ils puissent entretenir et
renouveler leurs uniformes, on retient , chaque jour, 3 twi-
lent (AS centimes) sur leur solde, et tous les deux ans on
leur remet le montant des retenues accumulées.
Une partie de ces hommes reste à .Villa Boa, la capitale ;
les autres sont détachés dans les différents postes dissémi-
nés sur la frontière de la province. C'est aux soldats du ré-
giment de dragons qu'il appartient de maintenir le bon
ordre, d'empêcher la contrebande, de faire payer les droits
d'entrée; enfin ce sont eux qui transportent à la capitale
les sommes reçues , pour les impositions , dam les diverses
parties de la province.
Voaage dont let provintu dt Bio de Janeiro , ete., I,3TS; n, 132,
145. — D'après c« qui a été dit au doctear Pohl, la milice d« Go^ax
s'élevait, ea 181B, t 10,300 hommes, j compris 2,160 ordenançat ,
milice inférieure composée de maUlreB, et 900 henriques , autre milice
composée de oégrea libres. H est éridect que ce chiffre, comme le re-
marque le même écriTain, n'est point eu harmonie net c«lw qu'il •
adopté pour la population générale : il le serait dsTaDlage avec celui que
j'ai admis comme approiimalif (Toyei le chapitre préeédcnt]. — J'ajou-
terai que , par une loi du ISaoût ISai.lenoDTMu gonTemement a dé-
truit les milieUu et les ordtnattçai , pour les réorganiser sons le nom
de gnarda nacional; mais cette loi, dit H. le général José Inacio
Abren e Lima, a été tellement altérée par une infinité de décrets éma-
nés tant de l'aDtcrité centrale que des administrations prorinciaies ,
qu'on ferait an gros Tolnme des modilcations qu'elle a snbiës (Sfwo^ff m
da hUloTia da araiil , 356, imprimé en 1845).
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FHAItaSCO. Mi
Un dragon chargé de valeurs très-considérables traverse,
sOQveot seul, une grande étendue de pays, et il est sans
exemple qu'aucun ait jamais été attaqué par des voleurs
ou ait abusé de la confiance qu'on avait mise en lui. Ces
soldats, presque tous blancs, appartiennent, en général, Â
des familles qui possèdent quelque chose ; quoique aussi in-
rérieurs à ceux du régiment de Minas (1 ] que Goyaz l'est à
cette dernière province, ils sont beaucoup plus considérés
que nos soldats européens ou ceux de Rio de Janeiro, et ils
méritent effectivement de l'être davantage. Et cependant la
solde de ces hommes si recommandables et si utiles était,
lors de mon voyage, arriérée de plusieurs années, tandis
que des employés oisifs s'enrichissaient aux dépens et du
trésor royal et des infortunés cultivateurs I
Quant aux pedtsiret [piétons) qui complètent la force mi-
litaire de Goyaz, ce sont des hommes de couleur marchant
à pied et formant une troupe d'un ordre inférieur. On les
répartit avec les dragons dans les différents postes ; ils veil-
lent, avec eux, au maintien de la tranquillité publique et
sont chargés de porter les ordres de l'administration. Ils
reçoivent pour solde 3 vintens d' or par jour ( 69 centimes ) ,
et, de plus, on leur donne de la farine; mais ils sont tenus
de pourvoir à leur entretien et à leur nourriture (2).
\t) Vojei mMi FoyiKr* dant Ut produeei de Rio dt Jatuiro , etc.,
1,380.
(2) Oepnis la révoluiiou qoi i assuré l'indépendanee da firdsil, l'or-
gaaigtlion des foittu mibuirea de Goju 4 subi diTerset modifications.
£n 1825 , U troope de ligne M composait d'aoe compagnie de cavalerie
de 83 bommw et d'une d'iofïulerie de 80. Ces troupea et la milice étaient
soDs les ordres d'mi gODTernenr militaire (govcrnador dru armât) qui
avait deoi aides de camp ; l'emplojd qn'on appelait Mcrétaire militaire
( tecretario mtUlar ) était , à oe qu'il paraît , chargé de la partie adini-
^d:,;. Google
VOYAGE AUX SOURCES
$ XI. Extraction de for.
Modes d'eilrtction totrefois «n OMge k Q^jax. — Mode adael. Joiirii<«
du mineur. — On ne doit pis renoncer à eiploiter les minières. — Il
hudroil l«s coDcéder k des compagnies. — Obstacles qui s'oppose-
raient k la formation de wUefl-ci. — HojeDS d'eo triompher.
Après avoir parlé des principales branches de l'adminis-
tration dans la province de Goyaz, je dirai quelque chose
des ressources qui lui restent encore, l'extraction de l'or et
la culture des terres.
Il paratt que, tnënie à l'époque où le sol prodiguait aui
mineurs goyanais, peu soucieux de l'avenir, des richesses
presque fabuleuses, ils n'exploitèrent presque aucune mine
à ciel ouvert [talho aberlo], et encore moins par galeries
[mineraçJio de mina). Ils ne connaissaient guère que l'ex-
ploitation du lit des rivières ou de leurs bords {lavrat de
veyo de rio), et celle des terrains en pente qui s'étendent
du pied des montagnes vers les cours d'eau (lavra» de gu-
piara) [1); mais, si leurs modes d'extraction étaient peu va-
riés, du moins pouvaient-ils, employant des troupes con-
sidérables de nègres, combiner lès travaux de ces hommes
nistraliTe. De 183A ï 1836, ces diverses places rorenl sapprimées ; on oe
conserra pas même celle de chirargien militaire, et les forces de la pro-
fince furent réduites k presque rien ( ot CtiNHi HiTTOS , lUn., U, 3IT,
330). 163 horames ne pouraient ni défendre U proTince, ni même j maiih
tenir la police : ea les liceneiiat , on aura retranebé nue dépense k pea
près inutile.
(1) Toyaz ce que j'ai dit sur le IraTail des mines d'or <fu Irftil ,
l'ovale dam le» priminret de Mo d« Janeiro, etc., I , Ml.
^d:,;. Google
dc RIO ne s. pRAnasco. sss
d'QDe manière régulière. Actuellement (1819) il n'en sau-
rait être ainsi.
Les habitants les phis aisés de la capitale elle-même ne
possèdent qu'nn petit nombre de nègres ; quand ils les em-
ploient à l'extraction de l'or, c'est toujours isolément , et ■
probablement il en est ainsi dans toute la partie méridio-
nale de la province (1). Un particulier de Villa Boa euTOîe
son nègre chercher de l'or dans le lit du Rio Vermelho, qui
frarerse la ville ; l'esclave est obligé d'apporter k son mat-
in 900 reis (5 Tr. 63 c.) à la fin de ta semaine : tout ce
qu'il retire de plus est A lui , et il est obligé de se nourrir.
Mais on sent qn'il peut y avoir des temps où l'extraction
devient impossible ou moins fiructueuse : Pizarro n'estime
la semaine du nègre mineur, terme moyen, qu'à 600 reis
(3 fir. 7K c), dont il faut encore déduire la nourriture et
les autres dépenses indispensables, et il est à ma connais-
sance que les hommes qui vont chercher de l'or dans le
ruisseau de S. Luzia, au village du même nora, ne font pas
des journées de plus de 4 vintens [93 12/16 centimes) dans
la saison des pluies, et de 1 seul vintem (23 7/16 centimes)
dans celle de la sécheresse. Tel est le triste état où se trouve
réduit , dans la province de Goyaz , le travail , jadis si pro-
ductif, de l'extraction de l'or.
On a demandées! ce ne serait pas un avantage, pogr le
pays, de renoncer entièrement à ce genre de travail. I.'or
est une richesse; par conséquent, il y aurait de l'extrava-
(1) 1 l'fpoque de moi) lojage , il fallait pourtant excepter les mines
■ du village d'AiMiewu, qui étaient exploitées , depuis plusieurs année» ,
par une compagnie, et qui , après avoir d'abord fbarni dV'uormes quaa-
lilés d'u, commençaient i rendre beaucoup moins. Anoicnns est situé k
II lêgooê de Villa Boa.
^d:,;. Google
354 VÛYAfiE AUX SOUKCES
gance & vouloir le laiits^r i jamais enfioui dasa li| terre : il
faudrait donc seulement remédier aui incoDvéniiinta artuels
■ de l'eitractioD. Ils résultent de l'igiioraBce des mineurs,
qui , dana l'opération du lavage, laissent échan^ une
grande quantité d'or; de Irar pauvreté, qui pe Iqut permet
pas d'entreprendre des travaux considérables ; de leur cu-
pidité, qui leur fait souvent tout sacrifier i des espérances
chimériques; en&i de la facilité avec laquelle ils dépensent
des valeurs qu'ils devraient cousidéter cpmqie up fonda et
non comme un revenu (l).
Le gouvernement n'est pas assez riche pour exploitqr les
mines d'or à son propre compte; il doit donc les abaodoa-
tier aux particuliers. Pour obvier aux iscouvénleats que
j'ai exposés toutà l'beure, il n'y aurait pas d'autre moyen,
ce me semble, que d'établir des compagnies sous l'inspee-
Uon d'hommes choisis par le gouvernement, et de défendre
entièrement l'extraction de l'or aux particuliers isolés. L^
compagnies réunissant des capitaux considérables papr-
raient entreprendre des travaux importants. Il est impossi-
ble de forcer une multitude d'hommes isolés à suivre Ips
règles de l'art ; on peut y obliger des compagnies. Un par-
ticulier confiera quelques fonds à une société ; mais il ne
risquera jamais sa fortune tout entière dans des opér«tipDS
qu'il ne peut diriger lui-même : ainsi personne ne se rui-
nerait plus dans l'exploitation des minières. Comme, en-
fin, les compagnies ne payent leurs dividendes qu'à des
époques éloignées, le mineur serait moins tenté de man-
ger ses fonds en détail. A la vérité , le gouvernement a
(I) Pour de plus grands diiuils sur cette (Ichcuse erreur, Yoyci n
Voyage dan* les province» de Rio de Janeiro, elc., I , ISW.
^d:,;. Google
DC RIO SE s. FRAHCISCO. 3U
adppté (1817)> pour la province de Hiqas, un pUn d'ex-
f^itatioii par compagnies, et il paraît qu'il s'est (Iréseaté
peu d'«ctiiMinaires ; puis il n'en pouvait être autrement ,
puisque, d'ailleurs, ob laiese, i Hiqas, chacun libre de
trjivailler comme bon lai sentble. Cette liberté ne pourrait
être enlevée aux habitants de Minas sans violer le droit sa-
cré fie propriété; car plusieurs d'entre eux exploitent des
' terrains aurifères qu'ils ont achetés comme tels, et où i|s
aalt comm^icé des travaux dMit l'intatTuption causerait
leur ruine. Maip il n'en est pas de même de la province de
Goyai : DO n'y cherche de )'or qae dans le (itdes riviènBs;
chacun travaille oîi bon lui semble, et le gouvememeat
peut considérer les terrains aurifères comme lui apparte-
nant encore.
Les plus grands obstacles que l'on rencontrerait dans
rétablissement et la consolidation des copipagnies seraient
l'antipathie des Brésiliens pour les associations, le despo-
tisme des autorités locales ,. la difficulté de mettre i la tète -
des travaiix des honupes véritablement éclairés. Il est bîea
évident que l'on ne pourrait tout d'un coup trionfpher de
ces cbaltacles ; il faudrait s'y préparer de loIllgu^^lain, et,
pour y parvepir, il serait indispensable de Cfées uo^ école
de mmeurs. A une certai|ie époque, le ginfveiTiefneDt du
Brésil a fait venir, à grands frais, des artistes européens
pour établir à Aio de Janeiro une école de pâture, de
gravure, etc.; ils n'ont pas eu un seul ^ève. Plus récem-
ment , il a envoyé en France une nuée de jeunes gens , en
leur disant vaguement : Instruisez-vous ; ils se sont amu-
sés. Le Maraobâo a payé, à Paris, la pension d'un agricul-
teur; Minas, de deux arpenteurs, etc. Toutes ces dépenses
n'ont abouti i i-ien ou k bien peu de chose, parce qu'elles
^d:,;. Google
3K rOYAGE AVX SOURCES
étaient mal combinées ou n'avaient qu'un but ridicale : en
' formant, à l'aide de professeurs européens, une école de
mineurs , soit dans une des provinces aurifères , soit à Paris
ou en Allemagne, en mettant les places au concours et ca-
semant les jeunes mineurs comme le sont les élèves de no-
tre école polytechnique, on serait bientôt amplement dé-
dommagé des frais que l' on aurait été forcé de faire. BientAt
on aurait des bommes capables d'exploiter régulièrement
les minières les plus difficiles; leur savoir et leur intelli-
gence imposeraient aux autorités locales; inspirant de la
confiance aui capitalistes, ils rendraient plus facile l'éta-
blissement des compagnies qu'ils seraient chargés de diri-
ger on de surveiller, et de nouvelles sources de richesses
s'ouvriraient pour la province de Goyas, aujourd'hui si
pauvre et si malheureuse.
Cette province ne restera pas toujours inconnue comme
elle l'est aujourd'hui, et, si le gouvernement ne prend*
quelques mesures pour assurer aux nationanx la possession
de leurs richesses, des étrangers viendront les exploiter ; ils
amèneront avec eux des machines et des esclaves, ^ les
Goyanais , tristes témoins des succès d'autrui , verront leur
or sortir de chez eux pour aller, à Londres, augmenter la
fortune de quelques capitalistes (1).
(1) On s«it ce qni est armé k Minas Qence poar plnaienre des prin-
cipales mines da puj».
^d:,;. Google
DU UO DE S. PUNGISCO.
S Xri. CuUwe des terres.
Le ajUioH <r*gricullare «doplé k Goju el celai tpii l'a iU k Midu, etc.
— Fertilité da terrain. — Les plaotts qu'on j caltive. Bétail , che-
raai, moatons, pontceaai. — Denrées qni ne peaTent ttre eiportées
et troarent k peine quelque déUi daiM le paj* mtoM. — CeDes que
I'mi peut eiporler. Le sni^e, le tabac, le bU, le eotuD. — Plantes
dont les prodaits représentent, sons no petit. volome, des valears con-
sidérables etqui seraient cnllivéesavecavanlage. Le tbé, l'indigotier, le
mArier, la TJgne. — Augmentation taiHt da nombre des bètes k cor-
nes , des tlieraoi , des paurceani , des brebis. — KojCDi que h gon-
vememenl detrail prendre ponr enconrager l'agricultare, favoriser U
multiplication des Iroapeaui et décider les colons à renoncer k leurs
habitudes destractricee. — nécessité de conserver les bois. — Encou-
ragements qu'il flmdrait accorder à l'e^tloltation des mineB de Ter.
Recherchons à présent qud parti les habitants de Goyai
ou , pour mieux dire , ceux de la comarca du sud , la seule
que j'aie parcourue , peuvent tirer de la culture de leurs
terres.
Le système d'agriculture en usage à Goyaz est celui qui ,
malheureosemeot, a été adopté dans presque tout le Brésil.
On brûle les bois ^ on sème dans leurs cendres ; après
quelques récoltes, on laisse repousser de nouveaux bois,
que l'on coupe à leur tour; on continue ainsi jusqu'à ce
que la terre ne produise plus que des herbes, et alors on
l'abandonne (1). I2i , comme dans les environs de Villa do
Principe (2) , le eaptm gordura [Melinit minuii/lora) fiait
« ) Vojes, sor l'agrienltare des Brésiliens, mon Voi/ag» dtnu le* pro-
vineeê de Mo de Janeiro, etc., f , IVl.
{3) L. c, 1, lOf.
r„s,i,.,.d.i. Google
par s'emparer des terraios qui ont été longtemps en cul-
ture, et il en chasse entièremeat les autres végétaux.
n est bien évident que toutes les terres d'une province
aussi grande qne Cioyaz ne sauraient être d'une égale fé-
condité ; mais , sans parler de la amtarca du nord , où je
n'ai point voyagé, il est incontestable que, dans celle da
midi , il existe des terrain> d'une qudilé excdleote : je
puis citer pour exemple ceux du Mato Grosso, oà le maïs
rapporte 200 pour 1 , et les haricots de 40 à SO'. Suivant
les localités, cette même cotnarea produit, arec plus ou
moins d'abondance, le maïs, le manioc, le rii , le sucre, le
TWton, le café (i), le tabac, les haricots et d'autres légumes.
Le froment réussit très-bien dans les endroits élevés, tels
que 5an(aiMua. La Vigne, comme à Sabcrà et ailleun (â),
produit deux fois l'année, lorsqu'on a soin de la couper
après la première cueillette qui se fait en février. Enfin les
pâturages naturels , qui couvrent une immense partie de la
province, peuvent nourrir d'innombrables troupeaux de
bètes à cornes, de moutons, de chevaux, et certains can-
tons montagneux sont très-favorables à l'éducation des
pourceaux.
Mais, pour qu'un pays soit véritablement riche, il ne
lui EufBt pas d'être fertile; il faut encore qu'il puisse of-
frir des objets d'échange pour obtenir ce qu'il ne possède
pas. La distance énorme de Goyaz aux grandes villes et aux
ports de mer ne permet point aux colons d'exporter des
(1] La culture du ciréier, dios k province de Goyu, est très-nou-
velle (1819) : il } réussit à merveille et produit des graing d'nu très-boa
BoAt.
[îi Voyage dans te* prwi«et$ de Bio dt Jantiro, ete.— Poyagi
<fant le dltlricl iet MamanU, etc.
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W KO DE S. FRANCBCO. 330
prodniU qnl, soUs on votame considérable, ont une fafMe
valeur; il y aplus, le maïs oq le mBsioc.le rii, les haricots, le
café ne sanraient tronver de débit dans le pa^ même , car fh
Groiueat à peu près partout ; les Goyanais , étant générale^
mentdeB agricbltctorg, peuvent tous tés rëcueiOlrégàlement,
et il o'etiste Cbéz eux d'autre ville que la capitale, dont
la popirfitim ne 8' élevé pas an delà de 9 è 10,000 Ames ;
il est donc évident qde , h pArt même les considérations qui
. nalBseirt dH mode abtii^ de péroaroir la dbne, chacun ne
doit guère cultiver les div»ses plantes que je tiens d'énu-
mérer, plue qu'il n'tet nécessAire-Bux besoins de sA funille.
La culture de la canhié i sucre promet plus d'avantages,
cat- des hommes encore un peu als^ peuvent seuls <y livrer;
pAr conséquent, ils trouvent , dans le pays même, le déUt
de leur sucre et de leur tafia [eaehaça], et, d'ailleurs, ces
produits sortent aUasl de la province, caries habitants de
Santa Luzia les éehangent è S. Rumâo, dans la province de
Min» (f ) , contre le Bel-de Pilâo Arcado, nécessaire pour te
bétail . Le tabac, qui ne réussit bien que dans certaines loca-
lités, Meiaponte, par exemple, peot aussi être cultivé avec
quelque pr<^t. A Santa Luzia et à Meiaponte, lieux fort éle-
vés dont le climat n' est pas extrêmement chaud, on recueille
du blé avec lequel on fait, h Villa Boa, du pain excellent;
jusqu'ici c^te culture ne paraît pas avoir eu beaucoup d'im>-
(1) Comine je l'ti dit aiUenn IVottoft ému 1m prfloAKM dt itfo.eta.,
U,428), le vlllase de S. Ramâo est Bîtaé sur U rive gauche da S. Fran-
cisco. Des barques et des pirogues chargées de sel remoatent le fleuve
depoia ks saliMS de Baliia et de Femstoboac jusqu'il S. Bami« , et des
caravanes y preuneat cette dentée ponr la répandre dm» les provinces
de Minas et de ùojaz. S. Luia est le village de ceUr dernière province
le plus voisin de celui de S. Humia , et , par coiist'f|nejtt , le mieui placù
pour hire quelque cominerce avec ses habitants.
D,<j,i,.,.d.:, Google
3«0 TOYAfiE AUX SOCOCBS
portance, mais il est TratsemblaUe qae , si les habibuits s'y
lÎTraieat davantage, ils trouveraieot Gacilement des débou-
chés à Paracatù et eur les bords du Rio S. Francisco, où
rextréme chaleur ne permet guère de semer le fromeot.
Jusque vers 1811 , on cultiva à peine assez de coton pour
subvenir aux besoins du pays ; mais, â cette époque, on
commença à faire quelques eiportations : les mul^iers
chargés par les oégociants de Goyai d'aller prendre des
marchandises à Bio de Janeiro furent d'abord les seuls qui,
pour ne pas voyager à vide, emportaient de la province,
pour leur propre compte, de la (oîle de coton et du coton
en laine. Cependant les cotons de l'intérieur du Brésil ne
tardèrent pas à être recherchés par les Européens ; on re-
connut que cdui de Meiaponte, de Corombé, et probable-
ment d'autres cantons, était d'une qualité eiceltente ; le
commandant de Meiaponte, Joaqeih àlves de Oliveiha,
en fit avec succès des envois à Bahia et à Rio de Janeiro;
son exemple fiit suivi par d' autres personnes, et , si les ex-
portations ont pu continuer, quelque aisance n'aura pas
tardé à se répandre dans cette partie de la eomarca du sud.
Le peu que je viens de dire montre que l'habitant de
Goyaz ne doit pas désespérer de sa positim , quand même
il se bornerait à ses cultures accoutumées. Et pourquoi ne
chercherait-il pas à sortir de sa routine? pourquoi ne de-
manderait-il pas à la terre des produits qui, nouveaux
pour le pays, représentent, sous un petit volume, des valeurs
plus importantes encore que le taba'*, le sucre et le coton?
Le thé a réussi à Bio de Janeiro ; il se plairait sans doute
dans les cantons élevés de la province de Goyaz, et, si la
manière de cultiver cette plante n'était pas susceptible
d'6tre modifiée et mise en rapport avec la faible popula-
^d:,;. Google
DQ MO DE S. nuNCtSCO. 361
tion de la province , on tronverait dans l'indigo une res-
source du même genre, bien pins certaine encore. L'indi-
gotier crott natureltement k Goyaz et pourrait être avan-
tageusement cultivé, comme il l'a été jadis, dans d'autres
parties du Brésil (1). Il est vraisemblable que, dans les can-
tons montagnenx, tels que Santa Luzia, Cùnmbâ, S. An-
tonio dos Monte» Claroi et tout le voisinage des monts ap-
pelés Pyreneo», on parviendrait à cultiver le mûrier et
qu'on y élèverait des vers h soie. Rio de Janeiro expédie i
Villa Boa des vins d'Europe, et probablement la province
de Goyaz pourrait en recueillir sur son propre sot et les
expédier à la capitale (3) : quelques personnes ont essayé
de faire du vin avec le raisin délicieux du t«mps de la sé-
cheresse et du vinaigre avec celui des [rfuies; elles ont ob-
tenu d'assez heureux succès, et il est A croire que l'on réus-
sira mieux encore lorsqu'on aura acquis plus d'expérience
dans cette fabrication, et qne, plantant davantage, on tra^
vaillera en grand. La vigne, il est vrai , trouve un ennemi
redoutable dans la grande fourmi, qui, fort commune, dé-
(1) Vers le milien do siècle dernier, U fabrieatioa de l'iadifo, lan-
risée par le vice-roi , marquis de Lavradio , eut ua grand succès daii> la
prevince de Rio de Janeiro, principalement le voisinage da cap Frloi
mais il parait qoe les ralsificatiooB des plantcars dégoàlèrent de rindigo
du Brésil les négociants étrangers [Vofiag» dant U ditiriei det Dia-
manif ,I,3S5), et l'on fut obligé de renonceri la caltnre de l'indi-
golîer.
(3) Dae forte chaleur ne nuit point k la Tigne ; mais , dans les lieux
où, comme i Hio de JaDeiro, une température tris-élerée est accompa-
gnée d'une grande humidité, le raisin n'atteint point une parfaite matu-
rité. Telle est la eau» de la supériorité remarquable dn raiiin de la
téekgreue ( «m <ta mto ) , daits les provinces de l'intrriitur, sur t'elui
qu'on remeillc t l'époqite des pluies.
,,;. Google
302 VOTASB AUX SODKBS
pouilk) en peu d'instants les treilleg de leurs feuilles (4) :
mais' chaque genre de culture » ses enoenus ; il faut que
l'agriculteur ait assez de courage pour lutter contre eux tit
qu'irtâcbed'en triomidier.
La comarca du nord, qui possède d'immeDsés pâturages
et est plus rqiprochée de la cAte que celle du sud, Aùt, cha-
que ftaoée, partir pour Behia des troupeaux considérables
de Mtes à cornes. Celle du and, quoique moins avastageu-
seinent située, enroie aussi des bestiaux hors de la pro-
Tince, eL pourrait probabletnmt en fournir davantage,- si .
elle profitait mieux de ses riches herbages. A la vérité,
lorsque j'étais au nord de la comarca du sud, sur la pa-
roisse de Santa Lu»a, où il existe de vastes pAtnrages na-
turels, les habitants se plaignaient de ne pouvoir se dé>
faire de leur bétail qu'en le conduisant à Bentbidiy ou i
Formiga, éloignés d'environ iSO et 146 legoat (2) et,
par conséquent > de ne retirer que des bénéfices insigni-
fianb. Mais, comme je l'ai dit ailleurs, les marchands de
S. Joâo d'Ël Rei vont, chaque année, k Araxé, acheter les
bestiaux des colons; d'un autre cAté, pendant que je voya-
geais entre Bom Fim et Santa Crus, les village les plus
méridionaux de la province de Goyat, je rencontrai des
howmes d'Araiâ qui parcouraient le pays, en échangeant
diverses marchandises contre des bètes à cornes qu'ils de-
vaient .emmener chez eux pour les engraisser dans leurs pâ-
ti) Alla eéphaloUâ, Fab-, on peuL4ire qa«lqiiM vpieea loiûttt.
lojti mon Vofog» ttmu U dbfriel d*« BiamanU, elc. Il , 160.
(S) Ne m'éUnl pu rendu direciement de Formiga i S. Lniia , je ne
puis iDdiquer qne d'une Muuère trie-ipproiitiMlh'e ]■ diitauce d'un de
ces village! k l'aDirc. Da Conha Halles, qBi a passé par Formiga H |Mr
Dambohy, dit qu'il y a rntre ces deui «ndroita IS leçeat et demie.
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W UO DB 9. ntANOSGO. 3»
toi^tes, jnsqn'i ce qve leots voJH») TînsBCait 1« 7 cberdwr.
Pourquoi les deux villages qoe je viens de citer, B<mb Fin et
Saota Crue, qui ne peuvent pas être à t)eattcoup {dus de 41 ^
56 legoas de Santa Luzia et 18 et 26 de Meiapoute, nedevieo-
draient-ils pas des lieux d'entrepAt pour le bétail du nord
de la comarea? Pourquoi le gouvernement ne chercherait-
il pas à y établir des espèces de foires? pourquoi eofin ne
se formerait-il pas entre S. Joàod'El Bel, d'un cMé, Santa
Luzia, Meiapoate, etc., de l'antre, une Sorte d'échelle dont
ÂraxÂ, Bom Fim ou Santa Cnu seraient les échelons, et
au moyen de laquelle les cultivateurs s'argueraient des
voyages excessivement longs, tandis qpe le bétail aurait
des points de repos qui l'empêcheraient de maigrir et de
perdre de sa valeur?
Les pourceaux, dont le lard est, pour les Brésîlieiis, ce
que sont chez nous le beurre ou l'huile, peuvent être éle-
vés avec succès dans les parties hautes de la comarea du
sud. Tout cette comarea serait probaUonent fevorable à
l'élève des chevaux ; enfin, dans lee cantons les plus mon-
tagneux, les biebis multiplient focileraent et n'exigent,
pour ainsi dire, aucun soin; leur laine est, à la vérité,
commune, mais elle peut servir k fabriquer des chapeaux
et des couvertures dont on obtiendrait faoilemrat le dé-
bit, non-seulement dans l'iat^ieut de la province, mais à
Paracatû et sur les bords du Rio de S. Francisco (1).
Mais de simples conseils, des exhwtations, peut-être
même quelques bons exemples ne sufBront probablement
jamais pour arracher les cullivateurs goyanais à la pro-
(1) Od rerra plus Urd qne le caré de Santa Luzia D'avait aucune
peine à se deftire des thapeaui de lainp qui se rabriquaieul daos sa
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3M yOT48e AUX SOtmCES
fonde apatbîe où ilit sont plongés. Il faudrait que l'admi-
nistration, qui a tant contribué i4es amener à ce triste
état, les «idAt à en sortir, en les stimulaot par un puissant
intérêt; il faudrait qu'elle sAt faire quelques sacriHces mo-
mentanés, pour en retirer de grands avantages dans l'a-
venir. Tout culUvateor qui eicporterait une certaine quan-
tité de colon,- qui élèverait un certain nombre de bètes à
contes, de cochons, de chevaux, qui cultiverait une étendue
de terre déterminée, en indigo, en thé, en froment, qui
fierait du vin ou du vinaigre, qui élèverait des vers à
soie, etc., devrait être esempt d'une partie ou de la tota-
lité de la dtme. ettifwur que les pauvres profitassent de ce
règlement comme les riches, pour que l'amélioration de-
vint générale, il faudrait que la portion de terre ense-
mencée en froment, par exemple, fût proportionnée au
nombre de bras qu'aurait à sa disposition chaque père de
. famille.
n ne sufBrait pas d'encourager les cultures les plus pro-
fitables, il serait an moins aussi important d'attaquer le
système destructeur qu'ont adopté, pour l'exploitatton de
leurs terres, les colons goyanais, comme ceux de S. Paul,
de Minas, etc., triste système qui ne permet pas de planter
ailleurs que dans les bois, et qui amène la prompte destruc-
tion des plus belles forêts. Sur la paroisse de Santa Luiia,
où jamais les bois n'ont été fort communs , une population
excessivement faible suffisait, lors de mon voyage, pour
les rendre, chaque jour, plus rares. Le curé de cette paroisse
avait déjà montré aux cultivateurs le parti que l'on peut
tirer de la charrue : que le gouvernement récompense ceu\
qui, dans toute la province, suivront cet exemple; alors
on utilisera mieux les eampos et les terrains dont le e^àn
^d:,;. Google
, DV UO DE S. FRANCISCO. SU
gordura s'est eniparé, et l'on conservera les bois pour la
constructioa , la mentiisefie , les besoins des ménages.
On a encore un motif bien puissant pour ne point les
détruire : la province de Goyaz possède des mines de fer;
it faut ménager soigneusement le seul combustible h l'aide
duquel on puisse les exploiter. Actuellement on cherche-
rait en vain une seule forge dans toute la eomarca du sud
(1819) ; il ne s'y consomme pas un clou, pas un fer de
cheval qui ne soit venu, it dos de mulet , de Rio de Janeiro,
après plusieurs mois de voyage, à travers lès déserts. Mais
il est Impossible qu'un tel état de choses ne change pas :
l'homme dissipe souvent sens prévoyance les trésors qui luf
ont été prodigués ; il n'est pas dans sa nature de les dédai-
gner toujours. L'expérience a montré que les hauts four-
neaux ne conviennent point i l'intérieur du Brésil ; mais,
avec les plus faibles capitaux , on pourrait établir h Goyaz
des fourneaux à la catalane. C'est ici que l'intervention du
gouvernement serait encore d'un grand secours; qu'il pro-
mcMe des avantages pécuniaires ou simplement des décora-
tions h ceux qui , les premiers , feront construire des usines
pour fondre le fer, si peu importantes qu'elles soient (1), et
bientôt la province se vetn affranchie d'un tribut que,
pauvre comme elle est , elle paye pourtant , chaque année ,
aux fabricants européens (1819) (2).
(1) Pliiaienrs pUnienn d« Hioat out fitit construire dani lenn mai-
Mwfl de petits foanwini oà ils m (bndent le Ter que pour lent auge
{Jotagt âOM Ut provinMi (te Rio de Janeiro, etc., 1 , 290).
(S] D'apris ce qn'i écrit H. da Cunba Hatioe pour l'année 1SS3 k
1816 , et ce qu'a vu pins récemmeot H. Qardner ( IBM) dam ane partie
de ta comarea du nord , il est évident qne l'igHcaltnre est bien loin
d'anrir fait des progrès dans Ii prorioee de Gofai depuis qne j'en sni*.
sorti. Les choses a'onl point change; l'apathii des cuitiralenra est lou-
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TOTAGE ACX SOOICES
S XTII. Valeurs représmtatxvet.
Comme la proTinc* de Goyai n'esporte qu'une très-fai-
ble quantité de marchandises, elle ae re^it point de oumé-
laire , et la seule valeur représentative qui y circule est la
poudre d'or [1]. Uya'si peu de monnaie dans ce pays que,
parmi les gens du commun, personne ne sait compter par
reis, comme on fait en Portugal et dans le reste du Brésil ;
tous comptent par vmtmu d'ouro, oitavtu, dtmi-oiiamu,
quarts (fottava, erusadat d'ouro, patacat d'(mro,dani'pth
tacas (2), qui sont les poids employés dans le pesage de l'or.
L'emploi de la poudre d'or, comme monnaie, fi un io-
coovénient immense , c'est que tout le monde peut la fal-
sifier en un instant, même les nègres, môme les plas pe-
tits enfanta ; aQssi a-t-on dit que, pour faire de l'argent , il
sufGt, à Goyaz, de gratter la muraille (batla rocpor a
parede).
Tentée d'abord par la mauvaise foi des acheteurs , la M-
joars 1» rnCoM , et il ne partit pu que le gonveraeiiieiit provhidil.iK-
cnpé if ibord k se constituer et probablement ensuite A di>joiier des ia-
ti^es loaJDurs renaissantes , ait pu beancoup songer aai grands inté-
rêts du pays. Les éléments d'une immense prospérité existent , et il est
bien rare qu'on trésor reste toujours enfoui ; ne désespérons pas de
l'arenir.
(1) La dreuktioH de l'or en pondre Ait ausni adMiise auteefois das
la province de Minas ; mais , à l'irrirée da roi Jean Tl au Irtsil , o|t b
prohiba eotiiramHil ( voyei mon roffMçe datti le$ provAUM de Rio de
JoMtro, etc., I, Ml).
(3) Le vMem d'or équiranl , coEame j'ai déjk en ocaasi«i da le dire ,
à 3T i reis (33 ^ centimes) ; roibM» k 1,100 reis (T fr. tlOc.}. h d«^-
pataque d'or k 300 reis , la ervade d'or k T50 reis.
^d:,;. Google
DD RIO DE S. FHANClSrO. 30T
sifloalion a été ravoriaée peu à pai par la rivalité qui existe
entre les marchands et la nécessité où ils sont de vendre.
L'or qur circule anjourd'hui {iM9) dans la capitale de la
proTiDce est tellement mêlé de sable, de poussière et de ce
fer en poudre au milieu daquel on le trouve dans les mis-
seaui (emuriî), que sa couleur semble noirâtre et qu'il
perd, i la fonte, de IS A âS pour 100. L'administration
du fisc {faxmda real) n'a pas peu contribué À encourager
l'tltération par son exem^e; car, tandis qu'elle n'adnet
dans ses coffires (18i9) que de l'or parfaitement pur, il
n'en wrt que de l'or altéré : il parait certain que cette in-
digne friponnerie appartenait uniquement è l'on des ém-
isés; mais, quel qu'en fflt l'autenr, elle devait nécessai-
ranent avoir l'influence la |rfus fâcheuse sur la prospérité
du commerce et la morale publique. Quoi qu'il en soît, i
mesure que l'altération augmente, les marchands propor-
tionnent leurs prix à la perte , et , lors de mon voyage , tous
accordaient une remise de 12 pour 100 pour le plus petit
objet, lorsqu'on le payait en numéraire. Quand tes valeurs
qui circulent sont arrivées au même degré d'altération, il
est bien clair qu'il n'y a plus de bénéfice pour personne ;
donc celle-ci fera toujours des progrès, jusqu'à ce qu'enfin
la grandeur du mal oblige à y apporter le seul remède con-
v^fable peut-^, qi^ ser^i^ la d^eQse absolue d^ rec^
voir l'or «1 ppudre coipme monnaie colorante. Il est évi-
4{iot qifçiJntiQductioQ ^ billets, qi^'on poorffùt, çoame
A Minas (1), se procurer en échange de très-petites quan-
tité de poudre d'or, aurtft beaucoup moins d'inconvé-
nients que la circulation de cette dernière; car il serait im-
(1^ Foyapt dam Ui .proeititei de Rio de Jantiro, etc.,'. Ml<
^d:,;. Google
368 VOYlflK.AUX SOURCES
posnblede folsiRer ces billets avec autant île facilité que
l'or en poudre. L'idtératioii n'a pas été toat à Gut aussi sen>
sible dans la campagne ou les villages qa'h Villa Boa, parce
que peu de peraonues ont à y recevoir quelque choiie du
lise, que les marchands y stHit moins nombreux, qu'il y a
entre eux moins de concurrence et qu'ils peuvent être plus
difDciles sur les valeurs qu'on leur apporte.
Mais, pour faire rejeter l'admission de l'or en pondre
comme monnaie courante, on trouverait , indépendamment
de l'altération , des motifs bien suffisants dans le facilité
avec laquelle il se perd, dans la nécessité d'avoir tonjoars
avec soi des balances, la fraude que l'on peut faire sur le«
poids, le t^nps que l'on consume dans ropération du pe-
sage; enfin le préjudice notable qui résulte, pour le payeur,
de la division d'une quantité quelconque de poudre d'or en
quantités plus petites (1).
$ XIV. Moyeru de commumcatûm.
|4 province de Goju traversée par des routes. — Les quatre princi-
pales. — NaTigaiioo iniMenre. — Celle da sud. — Celle du nonl.
La distance énorme de la province de Goyai aux ports
de mer est, sans doute, la principale source de ses mi-
sères ; mais , du moins , on a ouvert des routes qni permet-
tent anx habitants de ne pas rester sans communications
(1) A l'époque de mou voyage, ralUniion des valeurs représenta-
lives ^ptrttoait k tout le iDoode : em (kisant frapper, comoie Je lu
dit ( page 341) , une éDorme quantité de DHHiiiaie de cuivre d'une valeur
nagérée , le gouvememenl proriucUl ê pris h son coinpi
de cette «lliTBtioti.
^d:,;. Google
DD 110 DE S. nuNCISCO- 369
avec la cAte et de péDétrer dans les parties les plos recalées
de i'ÎDtérieur. Sans parler d'une foule de chemins de moin-
dre importaace, il part (1819) de Villa Boa quatre roates
principales : l'une, que j'ai déjà Tait connaître et qui, se
dirigeant rers l'est, puis vers le sud, conduit à Faracatû,
et de là dans toutes les parties de Minas et k Rio de Ja-
neiro; la seconde, qui s'étend vers l'ouest et va k la pro-
vince de MatogroBso; la troisième, par laquelle on se rend
à S. Paul, dans la direction du sud-sad-est; la quatrième
enfin, qui mène à tous les villages de la comarta du nord.
Ces routes, comme la plupart de celles du Brésil, ont été
tracées sans aucun arl , et ensuite è peu près abandonnées
aux caprices des saisons et aux pieds des mulets ; cepen-
dant, telles qu'elles sont, elles paraissent suffire aox be-
soins actuels de la province.
Mais la nature elle-même semble avoir ménagé à la
province de Goyaz des moyens de commanicalion qui
n'attendent qu'une population plus nombreuse pour faire
Deurir son commerce et pour lui permettre d'envoyer ses
produits aui deni extrémités du Brésil. La Serra da Pare-
nahyba e do Tocantins, divisant les eaax du nord de celles
du sud, e^t le point intermédiaire entre deux des naviga-
tions intérieures les plus gigantesques qu'il y ait au monde.
S'emtMrquant sur le Rio dos Boit , au village d'Atmicuns ,
situé k 12 Itgoas environ ouest-sùd-ouest de la capitale, se
dirigeant vers le sud et passant successivranent sur le Rio
TwTO, sur le Paranahyba (1) et sur le Paranné, on finira par
(1) H. Rumiuido Joe£ da Cnntu Hatlos, h qui l'on doit, sur cette oi-
TigatioD, dwdétiiladnplaBluatiDt«rêi(/flii., n, 191), pensa qnele
CornaU, a^OTttot , daM M Téanioa STec le Paranahjba, aaTolnme
dVan plus considérable que ce dernier, doit conserver son nom jusqu'ï
^d:,;. Google
3TU VOYAGE AUX SOURCES
arriver au Rio de la Plata , ou bien , remontant le Tieté , on
parviendra jusque vers la capitale de la province de S. Paul.
Cette navigation est , sans doute , extrèmem^t difficile au-
jourd'hui, à cause des catadupes que l'on rencontre, de la
rapidité de oertains courants, des hostilités que les Indiens
exercent contre les blancs; mais, vers 1816, des botnmes
d'un courage remarquable, JoÂo Caetano da Silta et
José Pinto da Fonseca, ont déjà su triompher de ces ob-
stacles, et le premier est parvenu, par le Tieté, jusqu'à la
paroisse de Persicaba, dans la province de S. Paul (1). Les
indigènes disparaîtront de ces contrées, actuellement'^
ce qu'il se conroode arec le Rio Grande. Des qoestions de ce genre oot
déjï ^1^ , si je De me trompe , igltées par les géographes ; il me Bcmble
que c'est k l'uMge qu'il appartient de les trancher.
(1) Ce que raconte daCunhiHatiosde cette expédition serrîra à édiir-
circe qu'ont Écrit sar José Pinlo MH. Spiiet Hartius (a«j«e, I, 313). ])
ne faut pis croire, an reste, que cet bomme et son cbef, Joào Caetano
da Silva, soient les premiers qui aient tent< de se rendre t S. Paul par
les riTÎères. Dè« l'unée 1808, ajoute Matlos, Estanisitoda SUreiraGut-
tieres s'embarqna sut le Rio dos Bois , avec le projet de remonter le
Tieté. BicQtAt il Tut abandonné par quatre de ses hommes qoi ne purent
supporter les fatigues du voyage. Entraîné par la violence des courants,
il se précipita , pendant la nuit , an milieu de la famense caladope de
Guaira, et sa pirogue (ùt mise en pièces. Alors it coostruiait un radeau;
mais celui-ci , emporté par les eaux rapides du Paraunù , alla se briser
contre un rocber, et quatre hommes de l'expédition se nojèreut. Esta-
ni^ao et les deux compagnons qui lui restaient se réfugièrent daoi les
forêts désertes qui couvrent la rive gauche du Par*iui>< , et, n'ayant au-
cun mojen de pécber ni de chasser, ils se nourrirent pendant Iingtempa
d'herbe, de racines et de quelques fruits sauvages. La santé d'Eistanislao
ne put résister i tant de misères ; se laissant aller au désespoir, il s'as-
sit an pied d'un arbre et fut abandonné presque mourant par ses com-
pagnaoB. Après avoir enduré d'incroyables souA'anccs et traversé des
déserts oà aucun homme n'avait pénétré avant eux , ces hommes arrivè-
rent enfin k Curitiba, vers reilrémîté snd de la province de S. Paul. Va
d'eux s'était marié dans la ville de Jondiabj et vivait encore ea iS17.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 3T1
sauvages, comme ils ont disparu ailleurs (1), et l'art finira
par aplanir les difficultés qu'oppose la nature. Au reste , si
cette navigation ne peut être encore utilisée, celle du nord
est déjà praticable depuis un certain nombre d'années, et,
lorsqu'on a de la persévérance, qu'on sait braver les ftti-
gues et le danger, on peut, en s' embarquant h Porto do
Rio Grande, situé à 37 legoas de Villa Boa , arriver, dans
toutes les saisons, à la cité du Paré, après un voyage d'en-
viron 420 legoas sur l'Araguaya et le Tocantins (2). On
pourrait même, dans le temps des pluies, commencer sa
navigation sur le Rio Vermeibo, è une demi-lieue de la
capitale de la province.
' (1) Dans M pérQlease MvigatioQ, dit Hatlos (1. c], s Joio CacUno
Il da Silva trarem, sans tronver la pins ch^tivc cabane, une étendue
■ de 106 legocu et demie, snr une terre t(ae possédait autrefois la nom-
< breoae nation des Cojapiis ; tout avait été détroit, an nùlieQ dn siècle
■ dernier, par les aTenluriers Joie de Godoj et Antenio Pins de Campos
■ Bdcdo. Qa'anrail dit Las Casas s'il eAl, à cette époque, traversé la
• partie méridionale de la province de GojazT Ea égard 1 la dilérMKe
■ dn DMobre d'hommes cIki les deui peuples, les massMrea par tes-
• quels se signalèrent les Espagnob dans les Iles d'Haïti et de Cuba , au
u Mexique et au Pérou , ne furent rien , si an les compare avec la bou-
•I cberie générale que firent des Indiens- Goyapés dans les déserls de
■ Goyai, les Godoj et lesBueuo, «a cnids dévtstatenre pènlistes. •
(2] Ce chiffre, emprunté k da Cunba Uattos, est bien inférieur à celui
qu'on tronTCdang Piiarro, et qui ne s'élève pas è moins de 730 legoai.
Je croîs qu'en ceci on doit accorder pins de confiance au premier de ces
auteurs , qui a été dans le pajs même et parait avoir mis tous ses soins
t connaître la térilé. 11 est fort i regretter que mon ami U. Burcbell ,
qui s'est rendu , par les rivières , de la cité de Gof ai au Pari, n'ait point
publié la relation de son vojage -, ce qu'il a écrit sur le cap de Boune-
Espérance est une garantie de la science et de l'intérêt qu'il aurait su j
répandre. Espérons beaucoup de H. de Caslelnau , qui a aussi navigué
sur les Oeures de Goju et dont tout Paris coimall déjk les ii
coUectioos.
^d:,;. Google
372 VOYAGE AUX SOURCES
$ XV. Maun.
Le* hommes de l'iotérieiir oée itsc d'benreoaes dûpositioiw, edub ia£'
gaiement fnoruéa par lee ârcoDstuMC*. — Le* Gojaaait moin poli*
et moins hospitaliers qbe les Mineiros. — Leur iDlelligaxe. — Lear
ignorance en matière de religioD. — Ce que Mot , chei em , les eo-
ÂdIs , les jeuMB geos et les bomnies thîu. — Le «tncobinage'eitrt-
mement coaunuo ; qndles en sont les causes. — Les Immiims qoalitts
dn Goyanaii. — Les causes des meurtres. — LeTolfMtnire. — Hdjh»
de réformer les mœurs des habilaoïs de Gotsi. — Voiu de l'aotenr.
J'ai tiché de donner ane idée de la province de Goyaz,
de ses misères et de ses ressources; j'ai même déjà indiqué
quelques-ans des traits da caractère de ses habitants ; f en
ajouterai ici quelques autrra encore, afin de rendre ce ta-
bleau moins incomplet.
Les hommes de l'intérieur naissent généralement avec
des dispositions heureuses ; mais les circonstances ne les
ont pas égalemoit favorisés.
La province de Minas Geraes est placée à peu près sous
les mêmes influences que celle de Goyaz, et elle a com-
mencé comme elle ; mais, si les prraniers Mineiros furent
des hommes grossiers comme les premiers Goyanais, les
richesses qu'ils acquirent et qu'ils conservèrent assez long-
tempe leur procurèrent les moyens de donner de l'éduca-
tion à leurs enfants : poi k peu la politesse s'est commu-
niquée aux hommes les moins riches , et elle est devenue
presque générale. La province de Goyaz n'a point passé
par les mêmes périodes } une décadence complète y a suc-
cédé brusquement à l'époque de la richesse et de la splen-
deur; l'excessive chaleur du climat a fait perdre aui babi-
,., Google
DU MO DE S. FBANaSGO. S73
tante leur rnâesse primitive : on ne peut pas dire même
qu'ils soient grossiers , mais, & l'eiceplîon des fazendeiro»
aisés, qui sont peu nombreux, ils n'ont acquis aucune po-
litesse. Le dernier Hineiro sait causer, et le fait souvent
avec esprit et amabilité : les colons goyaaais gardent un
silence atupide ; ils ont un air d'indolence, une sorte de
niaiserie qui les fait reconnaître sans aucune peine. A Mi-
nas, j'étais accueilli partout avec hospitalité; les hommes
les plus pauvres semblaient me voir avec plaisir et m'enga-
geaient à partager leur repas : è tioyai, on m'indiquait
nondialammeot le triste réduit qui devait m'abriter, et,
excepté ceux à qui j'étais recommandé, personne ne m'of-
frait la moindre chose.
Malgré tout ce qui précède, il ne faudrait point s'ima-
giner que ces hommes sont dépourvus d'intelligence. On
trouve à Villa Boa des ouvriers extrêmement habiles qui
imitent avec une grande perfection ce qu'on leur montre,
et qui pourtant n'ont point eu de maîtres. Mais , comme
j'ai d^'à eu occasion de le dire, les Goyanais n'oot , eu géné-
ral, aucune occasion de cultiver leurs facultés intellectuelles
et leur aptitude pour l'industrie; ils vivent isolés, dans
l'indigence, et, si quelque chose doit étonner, c'est qne
plusieurs d'entre eux ne soient pas tombés dans on état
plus voisin encore de celui des sauvages.
Je crois que les Goyanais, cMnme les Mineiros, devien-
draient'facilement religieux, si on les instruisait des vérités
du christianisme et qu'on leur fit goûter ses înefiâbles con-
solations; mais ils restent sans gnide, on les laisse croupir
dans une honteuse ignorance, et ils remplacent la religion
par des superstitions absurdes. Comme la plupart des autres
Brésiliens de l'intérieur, ils croient aux sorciers, aux rêve-
^d:,;. Google
374 VOYAGE AUX SODKCES
Dants, aux loups-garoas, aux démons fkmîliers dont ils ra-
content mille extravagances; ils portent au cou des amu-
lettes et des préservatirs, et , quand ils sont malades, ils ont
recoars à des remèdes sympathiques et A des paroles.
Élevés dans cette absence presque totale de sentiments
religieux , alwndonnés, pour ainsi dire, à leurs instincts ou
n'ayant sous les yeux que de mauvais exemples, les enfants
se livrent , dès l'âge le plus tendre, à des plaisirs énervants ;
on ne les voit point jouer entre eut, ils sont sans gatté
comme sans innocence (!]. La jeunesse est plus triste en-
core et ne connaît que des jouissances impures ; enfin la
plupart des hommes faits ont en partage l'engourdissement,
l'ennui, le goClt de l' eau-de-vie de sucre.
On verra, par la suite, combien les unions légitimes sont
rares dans la capitale de la province : on se marie un peu
davantage dans les campagnes ; cependant le concubinage
y est aussi très-commun. Il ne fout pas s'en prendre seu-
lement au goût du libertinage et à l'entraînement du mau-
vais exemple ; beaucoup de gens se trouvent réellement dans
l'impossibilité absolue de se marier. En effet, on ne peut
contracter d'alliance légitime sans l'approbation du vigario
da vara (3), qui ne l'accorde qu'au prix de 10, 15 et même
18 oitavaa (75 fr., ~ 112 fr. 50, — 135 fr.). La plupart
des cultivateurs, dont l'indigence est extrême, ne peuvent
payer une somme aussi forte et passent leur vie dans le
désordre. C'est ainsi que des membres du clergé> qui , s'ils
(1) Ce portrait coDTÎeut raaUKUTeaseiiMDt k bien d'attirés enfiDt*
brésiliens qu'à udi de Gojai.
(!) J'ai fait coonaltre ailleurs les fooctions fort étranges da magistrat
ecciésia» tique appeli vigario da vara (vojei mon Voyage dont Ut
province* de Bio de Jatteiro, eic., I, lïH).
^d:,;. Google
DO 110 DE S. FaANCISCO. 375
étaient vraiment chrétiens, devraient encourager les unions
légitimes, y mettent des obstacles par leur cupidité.
Au milieu des défauts qu'il doit à de fâcheuses circon-
stances et à une administration coupable, le peuple de
Goyaz m'a paru bon et montre habituellement des mœurs
douces. A la vérité, des passions exaltées, la jalousie, le dé-
sir de la vengeance, le portent assez facilement au meurtre;
mais il n'est peut-être jamais arrivé que l'on ait assassiné
quelqu'un dans le but de le dépouiller.
Dans ce pays, comme à Minas, on ne paye point ses
dettes; il s'en faut qu'une parfaite délicatesse préside tou-
jours aux transactions, et l'habitude de faire la contrebande
de l'or ou des diamants, celle de falsifier l'or en poudre
doivent nécessairement encore entretenir la mauvaitte foi.
Hais il est sans exemple qu'on soit jamais entré dans une
maison pour la pîller.et cependant il y en a qui relent, piHir
ainsi dire, toujours ouvertes ; on ne dévalise point les voya-
geurs sur les chemins, et mille fois mes effets ont été en-
tourés de gens de toutes les classes sans que jamais la moin-
dre chose ait été détournée.
Il en est des Goyanais comme de leur sol : presque partout
il ne donne naissance aujourd'hui qu'à des plantes stériles;
la culture et quelques soius intelligents suffiraient pour lui
faire produire d'abondantes récoltes. L'administration a
conduit i une véritable dégradation les malheureux colons
de la province de Goyaz ; î) est temps qu'elle fasse des efforts
pour les rendre à la dignité d'hommes et de chrétiens;
d'heureux germes existent encore chez eux, il ne faut que
les féconder. J'ai montré combien il serait facile de faire
fleurir l'agriculture dans ce pays et d'en tirer des produits
qui puissent être exportés avec avantage ; que l'on fasse
^d:,;. Google
3TD VOYAGE AUX SODUCES
quelques efforts pour atteindre ce bnt ^ que l'on change en-
tièrement le mode de percevoir l'impAt, enfin que le colon
ait uo grand intérètàcultiver, il sortira de l'apathie oà l'a
plongé l'extrême difficulté, je dirai presque, l'Impossibilité
d'améliorer son sort. A mesure que l'agriculture commen-
cera A fleurir et que l'on recueillera des produits suscepti-
bles d'être exportés , la nécessité d'admettre l'or en poudre
comme monnaie deviendra moindre, on pourra en restrein-
dre, puis en défendre entiër^nent la circulation ; alors la fol-
sillcation des valeurs représentatives ne sera plus une habi-
tude universelle, et peu & peu la bonne foi pourra renaître.
Que les unions légitimes soient honorées, que l'on admette
seulementdes hommes mariés dans les emploispubUcs, qu'on
supprime l'impôt aussi immoral qu'exorbitant prélevé sur
les mariages par le vigario da vara , le concubinage devien-
dra moins commun , la population augmentera (4), et elle ne
sera plus embarrassée de cette fonle d'enfants qui , dès l'in-
stant de leur naissance, n'ont sous les yeux que de mauvais
exemples, qu'un caprice de leur père peut plonger dans la
misère, qui ne connaissent ni les liens de la famille ni ceux
de la société , et qui , dans un pays où tant de ressources
existent, passent leur vie à mendier. Il serait nécessaire en-
core de diviser les paroisses, de mettre un terme à la simo-
□ie, d'exiger des pasteurs qu'ils fissent des instructioDS tous
les dimandies et qu'ils catéchisassent les enfants; mais, il est
triste de le dire, il y a bien peu à espérer du clergé goyanais
(I) La coDtmence publique wt DthireUeiiieiit joîate 1 U propaBatioD
de l'espèce Qm pourrait se Uire contra le c^lilMtqn'a formé le libcr-
tJDige, celui où les deai Mies... fuient dm union qni doit les rcftdra
meilleurs, pour rÎTre dans celle qui les raud toujours pires ( Hontis-
ODiiD , Eapril du loi* , liv. XXm , chap. u et xxi] T
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FEUnciSCO- 3TT
pour la régéoéretiOD du peuple qu'il devrait être jaloux de
tirer de son abrutissement. J'ai été témoin de l'heureuse
influence qu'exerça sur les habitants de Goyaz un prêtre
étranger (1) qui, en lenr donnant d'utiles conseils sur la
manière de cultiver leurs terres, les édifia, quelques in-
stants, par ses sages exhortations et par l'exemple de ses
vertus. Qu'on repousse des préjugés absurdes de nationa-
lité et des préjugés philosophiques qui, aujourd'hui mépri-
sés en Europe, mais nouveaux chex les Brésiliens, passent
encore parmi eux pour de la force d'esprit (2) ; qne l'on
fasse venir à Goyaz quelques ecclésiastiques étrangers, afin
de rappeler ce peuple à lui-même et de le rendre à la dignité
d'hommes; qu'on renouvelle de temps en temps ces mis-
sionnaires, pour qu'ils ne se laissentpoint amollir par la cha-
(1) Le F. Josepb, dont je parlerai bienlAt.
(2) Daasan ouvrage imprimé en 1845, U. Kidder. après aToir dit qu'il
se fait soarcDt, i Rio de Janeiro, des ventes de livres, gémit de ce qne
les tente âéUittes , c'est ainsi qa'it s'exprime , des prétendas philoso-
phes français se trouvent toujours en grand nombre dans ces biblioibè-
qnes et ne manquent jamais d'obtenir des acheteurs. On envoie dans les
colonies les modes de l'an passé , et elles j sont prises ponr celles dn
jonri c'est ainsi que les écrivains frantais de l'antre siècle eicitenl
anjonrd'hui , dans les villes dn Brésil, cet enthousiasme qu'ils ins-
pirirenl, de leur vivant, k nne génération licencieuse dont ils cares-
saient l'immortalité. Les bahitanis de l'Amérique du Sud ne savent
point encore que, chez nous, croyants et incrédules ont réduit k lear
véritable valenr les livres des sopbiates contemporains de Lonis XV ; il»
ne savent pas qne la science moderue a fait justice de tonte celte érudi-
tion de mauvais aloi , qui fiil jadis un moyen facile de succès et dont on
se servait comme d'une arme pour attaquer ce qu'il j a de pins respec-
table. Au reste; de nobles pages, qne j'ai lues avec bonheur dans l'eicel '
lent recueil intitulé Mirterva Braiitime (Rio de Janeiro, IIJ43-15),
prouvent sninsamment que, parmi les Brésiliens, des esprits élevés
it la vérité tont entière et savent dignement lui rendre hom-
I. U
D,g,l,.,.d.i. Google
STB VOYAGE AUX SOOIICES D0 KO DE S. RUNaSCO.
leur duclimatetentraloer par les mauvais exemples; qa'oD
établisse an séminaire pour former les jeunes prêtres à la
science et au< bonnes moeurs (1 ) ; enfin que l'on conBe les
enfants à ces hommes dévoués qui, depuis qu'un génie puis-
sant les rappela sur le sol de la France, ont rendu tant de
services au fils du pauvre, l'on verra le pmple goyanais se
relever, acquérir des vertus et prendre place dans la société
civilisée Et moi, si j'apprenais que ma foible voixa pu
être entendue, que qiielques-uns des conseils que je donne
ici avec timidité ont porté leur fruit , je ne regrett«ais plus
d'avoir passé dans des déserts, au milieu de privations tou-
jours renaissantes, loin de ma famille et de ma patrie, les
plus beaux jours de mon existence ; je ne pleurerais plus la
perte de ma santé ; je pourrais médire : J'ai payé la d^te de
l'hospitalité, et mon passage sur la terre n'a pas été inutile.
(I) Je traiterai ailleurs ce point important, sur lequel a déjt bean-
mnp ÏDsistt! Monierthor Piurro dans son précieni ouvrage. — An mn-
meut de livrer ce qai précède i l'iropressioD, je lis, dans le rapport fait 11
rassemblée législaliTe géni^rale du Brésil , le 7 mai lSf6, par le ministre
de la justice, H. José Joaquim Torres, les paroles suivantes, que je suis
benreai de pouvoir encore ajouter ici ;<>... LcmaDqned'ecclésiasUqnes
■ doaés des qualités nécessaires pour remplir leur ministère sacré est,
■ k mes jeui, la principale source du mal ; poni j remédier, il me parait
■ Gouvcnable d'établir des séminaires dol^ de fonds suffisants, où puis-
■ sent £tre élevés, dès leur jeune tge, ceux qui veulent se consacrer au
■ sacerdoce. Je ue puis m'empécher d'insister sur ce point et de le re-
• commander k toute votre attentiou(j4nnuario, 1846, 133). • Je vois
avec grand plaisir, dans le même rapport, que le gonvemeniMit brési-
lien a appelé de Rome 33 missionnaires pour les répandre «n diverses
provinces. Celle de Goyai n'est malbeuteusement pas comprise dans le
nombre.
PIN DU TOME PREMIER.
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TABLE DES CHAPITRES
DANS LE TOME PREMIER.
CHAPITRE PftEHIKR. ,
Tojage de Rio de Janeiro k Obi 1
CHAPITRE 0.
Le cbemio do Rio Prelo. — La fille de Tal«nca el les Corocdos. . H
CHAPITRE m.
Enlrte de la pronDce de Hinw Geraes |iat le Rio Prêta. — Le tU-
lage de ce nom. — La Sern Hegra 46
CHAPITRE IV.
Les csmpos. — TeUean général da eantoa de Rio teande 58
CHAPITRE T.
Voyage dans le eanloD de Rio Grande Sri
CHAPITRE Ti.
Séjour t S. Joie d'ElRei K
CHAPITRE TH.
Tableau géninl du pafs éleré et disert compris eatre S. Joao d'El
Rei et la Serra da Canaatra IIH
CHAPITRE vm.
CommeDceineot dn vo;ige de S. Joio d'BI Rei ani aonrces da
S. Fraacisw. — Les tillages de Conceicio et d'CHinira. — La
Tille de Tamandaà 1Ï9
CHAPITRE K,
.Snilc dn tojage de S. Joto d'El Rei i la sonrce da S. Franrisco. —
Les rillages de Forraiga el de Piumbj l'in
,.;. Google
TABLE DES f;HiPlT8ES.
CHAPITRE X.
f.ii Serra da Cinastri el la casait appelée Cachoeira da Ctsta
d'Anla , sunree du Rio de S. Fraocisco 1T9
CHAPITRE XI.
Coup d'œil général sur la ïomar;» de Paracalù 304
CHAPITRE XU.
Ariiâ cl ses eaux miui^ralesi 3)3
CHAPITRE XIII.
Voyage d'Anii a Paracatii 3S1
CHAPITRE XIT.
Paracalù 28Î
CHAPITRE XV.
Voyage de Paracalù i la froutière de Gojai î9G
CHAPITRE XTI.
T^lean général de la province de Go|u.
! 1". Hisloire 308
li II. Étendue ; limiles ; earface 317
S m. Vi'gélation 3»
t IV. Climat; salubriU! 333
i V, Populalion 33S
i VI. AdministratioD générale 3:<4
! Vil. Finances 337
S VUI. Résultats de k dlme 312
i IX. Clergé; iustractioD publique 34$
jl X. Forces militaires 349
i XI. EilracUon de l'or 35!
5 XII. Culture des terres 357
jj XII. Valeurs représemativcs 36li
i XIV. Mojeas de cominnnicalion 3U8
j XV. Hffiurs 373
FIX DE U TABl.ii DBS CHAPITRE» DU TOUS PBEVI&B.
^d:,;. Google
VOYAGES
L'INTÉRIEUR OV BRÉSIL.
TROISIÈME PARTIE.
,.;. Google
Tontes les fois que l'image de ce nomieMi monde ipie Dwn m'a bii
Toir se repréMDte denaol mea jevi , et que je cOaidèreB la aereniié de
l'air, la diuersitédes animaui, la variété des ojseani, U beauté des
arbres et des plantes , l'eiceileDce des fruicis et , brief ea général , les
richesses dont ceste terre du Brésil est décorée , inccnliiiet teste etrla-
matioado Prophète, au Psau, 104, me Tienl eo mémoire ;
O Seigiwiir Diea , que tes œnores diuer*
Sont merueilleDi par le monde uniaers!
O que tu as tout Tût par grand' sagesse !
Kref la terre est pleine de ta largesse.
{tni.Hitt., 3'édit.,lM.)
^d:,;. Google
VOYAGE
AUX Min
nu RIO DE s. FRANCISCO
PROVINCE DE GOYAZ
M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE,
«•m: 8B€0]Sd.
P.ft3lIS,
ARTHU8 BERTRAND, LIBRAIRE-ÉDITEUR
RUK HADTEFËDiLLE , 25.
' 18*8
,.i Google
,.;. Google
VOYAGE
m somœ
DD
RIO DE S. FRANCISCO
rr
DANS LA PROVINCE DE GOYAZ.
CHAPITRE XVII.
COHHENCEHENT DU VOYAGE DJUfS LA' PKOVIIIGE D8
OOYAZ. — LK VILLAGE DB SANTA LDZIA,
L'utMT ptaw sur li Serra do Cominbk e do Tocamiiis. — Rtriitro
itot Arrtptndidot. PergoDoel do regittro. Si deatiDitioD. La wlde
dea militaires da posU eilrémcment airiérte. CirconsUace qoi prooTe
GVmbieD peu Vaa yojtgt dans ce paja. — Platean de 9 Ugoa$. —
T^pa. — Fatenda do Rtaeho Frio. — Le miMcau da mime nom. —
Korro do Altcrim. — SUiodtGarapa. Moutons i tiasui de laine. —
— Arrivée an rillage de Santa Lutia. — Pètes célébrées h roeusion
de la Peotecdte. — De quelle manière les femmes marchent dan^ les
mes. — Portrait de H. Jolo Tnuiu Altibiz , cnré de Santa Lniia.
— ^lendoe de la paroitie dont ce village est le chef-lien. — Position
de Santa Luiia. Place publique. Églises. Rues; maisons. — Histoire de
cCTillage; abandon dea mines; l'agricatture, ressonrce des babitaots;
triste éttl du pays. — S. Joào Evangelitta , maison de campagne dn
curé de S. Lbiû. Détails sar des essais de cnlHire. Projet dn proprié-
taire.
J'bî dit que, après avoir suivi k peu près depuis Para-
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X V0TA6E AUX SODRCK
catû un plateau qui couronne la Serra do 8. Frandaco e da
Paranabyba, j'en étais descendu pour me rendre au Régi»-
tro dos Arrependidos , sur la limite de Minas et de Goyaz.
En entrant dans une nouvelle prorince, j'allais aussi ftaser
sur un autre diriseur d'eau , la Serra do Gorumbé e do
Tocantins, que déjà J'at bit connaître (p. SI 8], et qui fome
un angle avec la Serra do S. Francisco e da Paranahyba.
La maison du regittro, située à peu près à la jonction
des deux chaînes, est assez grande et n'a qu'un étage; elle
se compose, i la manière bréeilienbd, d'un bAtimênt prin-
cipal et de deui ailes fort courtes, entre lesquelles est une
sorte de galerie [varanda), que couvre le toit prolongé du
corps de logis (f ). Devant cette maison , on voit un raacho
fort vaste et ouvert de tous les citét , comme ceux de la
route de Rio de Janeiro i Minas ; c'est là que les voyageurs
et les caravanes trouvent ud abri.
Le pereonoel du ngittro se cwnpose uniqoement (1819)
d'un commandant, qui est alftre» (sous-lieutenant), et d'un
soldat, appartenant tous les deux à la compagnie de dra-
gons , d'un pédestre {v. p. 549] et d'un employé civil {fiel).
Ceux qui viennent de Rio de Janeiro avec des manjun-
dises prennent un passe-debout au Registro de Mattaias
Barbosa (2) et le présentent ici; on pèse les ballots pour
savoir si rien n'en a été distrait, et les droits s'acquittent
à Villa Boa ou tout autre endroit de la inroTiDce. Pour s'as-
surer si les voyageurs qui sortent de Goyax n'eitoportent pas
des diamants et de l'or en poudre , on les visite également
(1) Vonag* 4ant U$ prooineeê ê» Bio dt Janeiro, «te., I, 90.
(2) Le regiilro de Hathiu BarboM est le bureau de douine plut
Bur l« chemia de Rio de Janeiro k tiitua , snr la limite des deai pro-
TiiMw(ray«0«(tatM tei provineénU Hlo de Janeiro, ttc, 1, 111).
^d:,;. Google
VO UO DE S. FRinCISCO. S
an Regiitro dos Arrependidos ; formalité bleii absurde,
pnfsque les contrebaadierB y échapperaient en faisant quel-
qoes pu à droite oa i gauche du bureau de douanes. Les
marchandises qui , venant originairement de Rio de Ja-
neiro , ont eu d'abord la destination de Minas , et qui , par
quelque drconsta»c%, sont ensuite envoyées de cette pro-
vince h Goyai, payent les droits au Registro dos Arrepea-
dldoB, comme si elles ne les avaient pas déjà payés à ren-
trée de Minas.
En arrivant au Registro , je présentai mon passe-port au
commandant. Il ne visita point mes malles ; mais, lorsqu'il
aurait pu m'offrir une place dans sa varanda, il me laissa
aller bomblement sous le rancho des voyageurs, où je fbs
dévoré par les puces pénétrantes.
Le lendemain, au matin , il me remit une lettre pour le
gouverneur de la province, et me pria d'appuyer la de-
mande qu'il lui faisait. Il y avait trois ans que ce vieillard,
son soldat et son pédestre n'avalent reçu de solde, et il sup-
pliait le général de ne pas laisser mourir de faim lui et ses
camarades.
Avant mon départ [28 mai], il inscrivit mon nom sur
son registre; J'y jetai les yeux et je vis que, depuis le i9 de
février, 11 n'était entré personne dans la province de Goyai,
et cependant cette route est celle qui conduit ici de Rio de
Janeiro etd' une grande partie de la province de M)nas(181 9).
Après avoir quitta le Registro dos Arrependidos , je com-
mençai k voyager dans la Serra do Corumbâ e do Tocan-
tins , suivant à peu près la direction de l'est , pour me ren-
dre , par les villages de S. Lama et MeiaponU , i Villa Boa,
la capitale de la province (1).
{It Itm^Ttire ■pproiintatif du Registro dos Arrependidos lu village
^d:,;. Google
4 VOYAGE ADX SOURCES
Ayant monté un instant, je me trouvai sur un [dateau
immense, désert, généralement égal, couvert t«ntAt de pA-
lurages naturels parsemés d'arbres rabougris, tantAt seu-
lement de Graminées, de quelques autres h^bes et de sous-
arbrisseaui. Parmi les arbres , je signalerai seulement le
SoUmum h fruits gros comme une pomme de calville , que
l'on appelle frula de lobo [SoUumm lyeocarpum, Aug. de
S. Hil.], et plusieurs Apocynées , entre autres celle qu'on
emploie dans le pays comme purgatif, sous le nom de ta'-
6orn« {Pîumiera drastica, Mart.). Tous les végéUui, alors
desséchés par l'ardeur du soleil, avaient une teinte jaune on
pisâtre qui attristait les regards ; les fleurs avaient disparu,
et l'aspect du pays rappelait celui de laBeauce, quelque
temps après qu'on a fait la moisson. L'élégant et majestueux
bority, qui s'élève dans les fonds marécageux, détruisait
seul l'illusion. Tout le monde s'accorde à dire qu'il y a sur
ce plateau un grand nombre de bëtes fauves, mais qu'à
cette époque de l'année elles se cachent dans les fonds, où
l'herbe est encore fraîche. Les oiseaux étaient, lors de mon
voyage, également fort rares sur le plateau , car mes gens ,
qui chassèrent toute une journée, n'en tuèrent que trois.
Je fis 9 îegoas en deux jours sur cette immense plaine;
mais je ne saurais dire si ce fiit dans sa plas grande lon-
gueur que je la parcourus.
de Santa Lniia :
Du Registro dos Arrepcodidos h Ttipi, cbnunièrc 4 legou.
Pucndado Biacho Frio.lia-
bittlion S
Sitiode Girapa, maisoDDeUM. i
Santa Luiia, village 4
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 5
A la fin du premier jour de mon voyage , je m'arrêtai à
UD sitio appelé Taipa [pisé] ou Sîtio Novo, bâti dans un
fond marécageux , sur le bord d'une lisière de bois que tra-
verse un ruisseau. Ce titio, habité par deux ou trois fa-
milles , se compose de quelques chaumières construites en
terre grise et couvertes, les unes en chaume, les autres avec
des feuilles de bority (1819). Aucune n'a de fenêtre; les
portes qui en ferment l'entrée , légères et sans la moindre
soUdité, ressemblent è nos jalousies, et sont faites avec des
pétioles de feuilles de bority, placés verticalement, rappro-
chés les uns des autres et attachés avec des lianes.
Fatigué par plusieurs longues marches, je passai un jour
à Taipa pour me reposer et mettre de l'ordre dans mescol-
lections. Il s'en fallait pourtant que j'y fusse à mon aise. Je
partageais avec deux caravanes un rancho ouvert de tous
les cAtés, et, pendant que je changeais mes plantes de pa-
pier, j'étais singuliéronent incommodé par un vent très-
fcvt qui, depuis plusieurs jours, régnait dans ce pays élevé.
Ce fut le jour suivant que je descendis le plateau. Lors-
qu'on y a fait près de K legoas, le terrain commence à s'in-
cliner; mais, un peu auparavant, il devient caillouteux et
d'un rouge obscur : des arbres rabougris , très-différents
les uns des autres par leur feuillage , se rapprochent, con-
fondent leurs branches, et le chemin parfaitement uni, qui
serpente au milieu d'eux, ressenfble è une allée de jardin
anglais. Du plateau on descend, par une pente caillouteuse
et assez roide , dans un pays plus bas , mais pourtant mon-
tueux, et bientAt on arrive à une fazenda agréablement si-
tuée au-dessus du Riacho Frio, ruisseau bordé de bois : ce
fut là que je fis halte.
Im Fazenda do Rtacko Frio {fazenda du ruisseau froid)
r„s,i,.,.d.i. Google
« VOr&fiE AUX s
est assez coasidérabte pour le pays; entendant la nmisoii
du maître, couverte eo chaume, diffère à peine de celle des
esclaves. C'étaient alors de jeunes personnes et un très-
jeune homme qui la possédaient en commun. Mon mule-
tier, José Marianno, vendit aux dames quelques bagatdles ;
mais, conformément à l'usage établi parmi les femmes hon-
nêtes, elles ne parurent point. Le frère servait d'intermé-
diaire ; il portait les marchandises pour les faire voir, rap-
portait celles dont on ne voulait pas, et répétait les propo-
sitions des achetenses. Nous n'étions encore qu'à 9 tegoas
de la ft-ontière, et d^à José Marianno fut payé en partie
avec de la poudre d'or {vol. I, 366).
Le Riacho Frio prend sa source à peu de distance de le
fazmda du même nom, et se jette dans le Rio de S. Bartho-
lomeu , que je passai k environ 1 lieue de cette fasenda. Le
S. Bartholomeu , peu large et guéable au temps de la sé-
cheresse , ne peut étr« travosé qu'avec dea pirognes dans
la saison des pluies , et souve&t alors ses eaux causent des
fièvres intermittentes, probablement parce qi^'ayant beau-
coiip gro^i elles entraînent avec dles les eaux stagnantes
de quelques marais.
Un peu au delà de cette rivière est un petit poste mill>
taire où jadis on percevait des droits sur les chevaux ei les
bëtes à cornes qui entraient dans la province. On payait
l,â00reis(8 fr, 37 c.) pour chaque bœuf; mais cet impât
exorbitant , eu égacd i la pauvreté du pays, a été supprimé»
et, lors de mon voyage, le poste n'avait plus d'autre utilité
que de servir d'asile k un vieux soldat qui comptait quarante
ans de services.
Un peu plus loin, je montai sur un morne élevé, aride et
caillouteux, qui porte le nom de MorrodoAleanm (le morne
^d:,;. Google
DD tl« BB S. HtAHOSaO. 7
du romarin). Le pays que l'on découvre de bdd sommet est
montueux, sens Habitaots, sans culture, et alors toute la
campagne était desséchée par l'ardeur du so)^.
Commeje voulais, ce jour-lè. veille du 1" de juin, celé-
tH«r, avec mapetitecaravane, l'anniversaire de mon arrivée
au Brésil , je ne fis que 3 lieues. Je m'arrêtai au SiUù de
Garapa (1), qui se compose d'une réunion de chétires mai-
sonnettes. Le propriétaire était allé an village de Santa
Luzia pour les f%tes de la Pentecdte; mais je Aïs très-lnen
reçu par sa femme. Qoand il arriva, il trouva toute sa
cbambre occupée par mes effets , et cependant il me fit nn
fort bon accueil. Comme les propriétaires de Riacho Frio,
cet homine possédait un petit tronpeau de moutons ; mais
c'était uniquement pour en avoir la laine, car ici on ne
mange point la i^ir de ces animaus. Je vis chei mes hAtes
des couvertures qui avaient été faites avec cette laine , et je
les trouvai assez flnes.
Quant à la petite Eète que î Avais voulu célébrer, quelques
poulets ci du pundi en firent tous les frais ; je n' avais point
alors à me plaindre de mes gens ; ils paraissaient contents,
il n'eo fallait pas davantage pour me rendre aussi heureux
que je pouvais l'èb^.
Au delà de Garapa, je montai sur un petit morne ; en-
suite le chemin fut toujours parfaitement plat , quoique de
(1) Le mot garapa désigne anjourd'hai la jas de la canne k autre;
mais il est cerlaiDement indieD, et il parait qae les indigèiMS l'appli-
qnaieiit jadis aai boissons douces qa'ils faisaient avec du miel. Toici,
en ellét, comment s'eiprime Ranloi Barm dans soa Vof/age av Bri-
(II, tfadoil par Horean en IMT : • Les plus gaillards des Tapuies fu-
rent cbercber du miel saarage et des fruits, dont ils firent un breuvage
qu'on iwmme de la giappe. > (Vojrei mcm UUIçirt de» pUinlei iet plus
TemarqmHei,etic., 1, 1B0.>
,,;. Google
8 VOrA«E AVX SOUICBS
droilp et de gauche je visse de petites montagnes. La végé-
tation était tonjours la même, le pays également désert, les
campagnes également incultes. Je passai pluslears ruis-
seaux tardés d'une lisière très-étroite de bois qui conser-
vaient une agréable verdure; ailleurs tout était sec, et il
n'y avait qu'un petit nombre de plantes qui eussent encore
des Qeurs. Enfin, après une journée fort longue et fort en-
nuyeuse, j'aperçus Santa Ltaia de Goym , village (1) vers
lequel je me dirigeais.
J'avais une lettre de recommandation pour le curé ; je la
lui envoyai d'avance par José Harianno, qui bientAt revint
' me dire que l'on me préparait la meilleure réception. On
achevait de célébrer à Santa Luzia les f%tes de la PentecAte.
Tous les cultivateurs des alentours étaient réunis au village,
et, au moment où j'arrivai sur la place publique, des exer-
cices de chevaux [eavalhada] allaient avoir lieu. Le curé,
M . JoÂo Teixbiba Alvarez, vint au-devant de moi , et me
fit un excellent accueil. Sa maison, située sur la place,
était pleine d'hommes qui attendaient que les courses com-
mençassent. On servit du café et des confitures, et l'on se
mit aux fenêtres. BientAt arrivèrent une douzaine de dames ;
on les fit passer dans le salon [sala] qui , Ji l'instant même,
fut évacué par les honmies, et ceux-ci restèrent tous dans
un petit vestibule. Cependant les courses de chevaux ne tar-
dèrent pas à commencer. On avait tracé sur la place, avec
de la terre blanche, un grand carré autour duquel étaient
rangés les spectateurs debout ou assis sur des baucs. Les
cavaliers portaient l'uniforme de la garde nationale [miVt-
(I) Poil (ileiK, [, 3TS) donoe è SaaU Loiia le titre de petite ville.
Ce n'était certainement qn'nn village ( arratal ) lonqn'il y passa : c'en
était encore an en 1833, mais on en a fait nne ville de 1832 à 1836.
D,<j,i,.,.d.:, Google
DU RIO DE S. PtUNcnCO. 9
eû) ; ils STuient un casque de carton sur la t£te, et étaient
montés sur des chevaux ornés de rubaos; ils se bornèrent
à parcourir la place en différents sens, et, dans le même
temps, des hommes également à cheval, masqués et d^pii-
sés de miHe mnnières , faisaient des farces à peu près sem-
blables à celles de nos paillasses. Pendant ce spectacle assez
monotone, je causais avec le curé, et je ne tardai pas k
reconnaître qu'il réanissaK de l'instruction à beaucoup
d'amabilité. Quand les exerdces furent finis, cbacDD se re-
tira, et les dames rentrèrent chet ^les. Sons une circon-
stance extnu>rdinaîre, des Brésiliennes de l'intérieur ne se-
raient certainement pas sorties de jour pour aller ailleurs
qu'à l'église. A peu près comme celles de Minas (1), ces
femmes s'avançaient aussi lentement qu'il était possible ,
enveloppées dans leurs longues capotes d'étoffe de laine ,
an chapeau de feub« sur la tète, toujours à la file, jamais
deni ensemble, roîdes comme des piquets , levant k peine
les pieds, no regardant ni à droite ni à gauche, et répon-
dant tout au plus par un signe de tète bien léger aux saints
qu'on leut faisait.
Le lendemain, le curé tat très-occupé ; il confessa une
foule de cultivateurs qui appartenaient à sa paroisse , mais
qui demeuraient à plusieurs journées da village. Ces hom-
mes n'y venaient qu'une fois l'année, et, pour se confesser
et foire leurs pâques, ils proRtaientde l'occasion des fêtes
de la Pentecôte, qui se célèbrent, dans le Brésil , par des
réjouissantes et avec beaucoup de solennité. J'aurais pu me
remettre en route presque aussitôt après mon arrivée ; mais
depuis si longtemps j'étais privé du plaisir de causer avec
■ Il Vayatt ditni Ut provinret de Mo de Janeiro, ett., t, 133.
Dy Google
10 rorA« AUX souMZS
un bomrae iasbuit, que je me décidai i prolonger moa sé-
jour è Santa Ltuia pour jouir de la société du curé. M. Joâo
Teiieira Alvarez entendait le latin, le françab, l'italien et
l'espagnol ; il connaisuit la plupart de nos boas autenn
du siècle de Louis 7CIV et possédait une bibliothèque choi-
sie de plusieurs centaines de rtriumes, ce qui , dans ce pays,
était une grande rareté. Non-seulement il avait des con-
Daissaoces, il était bon et aimable, mais il offrait, dans le
cler^ brésilien, une exception remarquable; il était pé-
néb^ du véritable esprit de ses devoirs. Il avait coutume
de Taire des prânes tous les dimanches; il s'attachait sur-
tout h inspirer à ses paroissleos l'amour du travail et usait
de tonte son influence pour les déterminer k abanddimer
leurs pratiques ncieuses d'agriculture. Un missionnaire
capucin, dont je parlerai plus tard, avait passé quelque
temps avant moi par Santa Lnxia. Le curé l'avait retenu
trois mois chez lui ; il lui avait fait faire une misaioD et
l'avait engagé à prêcher surtout contre l'oisiveté. Le mis-
sionnaire était entré dans les vues du pasteur; il avait été
extrêmement goûté des habitants du pays, et leur avait
donné plusieurs idées utiles sur la culture des terres et quel-
ques arts indispensables. Les travaux apostoliquesdeH . Joâo
Teixeira Alvarei ne restaient point sans fruit , car il y avait ,
assurait-on, plus d'union et de bonne foi à Santa Luzia que
dans les autres parties de la province de Goyaz ; les mœurs
y étaient meilleures et le concubinage moins ordinaire (1).
(1) L« géoéral dâ Cnatw HattoB dit qoe, lorsqu'il Ti«iu S. Luiit ea
IS33, pour y passer uoe revue, il eu trouva les babilants beaucoup plut
civilisa qne lente la popnUlioo qu'il avait vue depuis Barbacens, et il
•Uribne h leur eicelleni pasteur cette heureuse différence. Ce deraier
lui rommuniqua, ajonte-i-il, un trts-boa mémoife sur 11 justire de
^d:,;. Google
DU RIO DE S. mncasco. ti
La psroîsM doDt Santa Liizia de Goyai (i) (arraiiU tU
Santa lMiia)ea le cheF-lieu- comprend (1819} une popu-
lation de 3 à 4,000 Ames dissémio^ sur une surface de
50 legoas de longueur et 30 dans la plus grande largeur (3).
De cette paroisse dépendent deux succursales, S. Antonio
dot Monte! CUtros , dont je parlerai bientAt , et Notta Se-
nhora da Ahhadia, au village de Couroi (3).
Tré»-agréableinent situé sur le penchant d'un coteau,
au-dessus d'un vallon asseï large, Santa Luiia s'étend pa-
rallèlement i la rive droite d'un ruisseau appelé f^orr»;*
de Santa Luxia [4], qui ooule au fond du vallon. Dans sa
largeur, ce village est divisé, en deux parties inégales, par
un autre ruisseau, qui, beaucoup OKiins considérable que
le premier, le grossit de ses eaui.
Ettrémenient étroit, la viUage de Santa Loua s'tiarglt
pourtant vers le milieu de sa longueur. Là se trouve une
place presque carrée, où a été bfltie l'égliae paroissiale,
assez grande, isolée comme le sont, en général, les édi-
S. LndtdMN., 1, IM; 0,159). Il n'est pu i ma eomiaiasance qne cet
écrit ajt éU puUié.
(1) Le nom de Santa Uuia se retrooTe dans plusienn pirtùs dn
firéail. Je n'ai pas besoin de dire qu'il ne fknt pas, avec an toarisl« Tran-
çais, écrire Sa»-L*eia (Snz., Smm., 3T3).
(2) Uiii Aoiooio da SUva e Soom dit qme le district de S. Lniia sst
borné, au leraat, par le Julgado de S. Bomio, qni dépend de Hinaa;
an coachani , par celui de Meiaptmte ; au midi , par la justice de SlDta
Cniz, éloigné de 10 fe^ooidn chef-liea du district; au nord, endn, par
celle de TraUras , distante de 34 Itgoai , égalemenl k partir du TÎUage
de S. Lozia {Mm. uUx(., 36).
i3] Ce village, fort miBérable, a été blti sur le plat«aa qni lermine le
rommencemeat de la Serra do S. Francisco e do Tocantins.
^4) PohI ne parle que d'an ruisseau el lui donne le nom de Rio Vtr-
i„siiirr.d,i. Google
It VOYAGE AUX SOURCES
flces religieux dans ce pays et à Minas, passablemenl ornée
à l'intérieur, mais sans plafond. Outre l'église paroissiale
(Santa Rita), il en existe encore une è chacune des deux
eitrémités du village. L'une , celle de Noêta Serthora do
Roiario (ISotre-Dame du Rosaire], avait été construite par
les nègres, dans le temps où l'on trouvait de l'or en abon-
dance aux alentours du village ; at^jourd'hui que le nom-
bre des noirs a beaucoup diminué et que tous ceux qui
restent encore, libres ou esclaves, passent leur vie dans
l'indigence, leur église tombe en ruines. La seconde église
avait été commencée peu de temps avant mon passage, et
on la continuait malgré la pauvreté extrême  laquelle
^ient réduits les habitants de Santa Luria (1); tant les
Brésiliens de l'intérieur sont entichés (1819) de la manie
de construire des temples inutiles, manie qui, de l'aveu
même des prêtres éclairés, n'a d'autre fondement qu'une
vanité puérile.
Il ne Enut pas juger des villages du Brésil par les nôtres,
qui, en général, n'offrent qu'une triste réunion de chau-
mières et des rues fangeuses. La plupart des villages de Mi-
nas et de Goyaz, qui doivent leur origine à des mines d'or,
ont dA être charmants dans le temps de leur splendeur, et
Santa Luiia a certainement été l'un des plus agréables : ses
rues sont fort larges et assez régulières; ses maisons, au
nombre d'environ trois cents , sont , à la vérité , construites
en bois et en terre, et plus petites, plus basses que celles
des villages que j'avais traversés jusqu'alors; mais toutes
sont couvertes eu tuiles, crépies avec cette terre blanche
qu'on nomme tabalinga dans l'intérieur du Brésil , et quel-
n LllcDViaiipiscDcoreai'hevi-eeB ISUiNat., /(in., I, IWiK
^d:,;. Google
DU RIO DE 5. FRANCISCO. 13
ques-unes ont à leurs fenêtres des carreaux faits avec du
talc au»si transparent que le verre (1).
Des mioeurs de Paracatù fureot, À ce qu'il parait, les
premiers qui vinrent s'établir (1746) i Santa Lazia (2); ils
y trouvèrent en abondance de l'or d'nne très-belle couleur
an titre de 23 carats et même davautege : bientât il se forma,
dans cet endroit, une réunion considérable d'habitants, et
le village de Santa Luzia devint (1 7K7j non-seulement le
chef-lieu d'une paroisse, mais celui d'une des justices [^tii-
gados) de la eomarca du ^d. Les travaux des premiers co-
lons sont suffisamment attestés par les terrains bouleversés
qu'on voit sur le bord des deux ruisseaux et tout autour du
village. Cependant il arriva ici la même chose que dans une
foule d'autres lieux. D'abord on tira de la terre toot l'or que
l'on pouvait extraire sans pdoe ; mais les mineurs dissi-
paient sans prévoyance le résultat de leurs recherches, et
lorsqne des travaux plus considérables devinrent néces-
saires, lorsque l'on commença k éprouver le besoin d'ësu
et de machines, les fonds et les esclaves manquèrent i la
fois : un grand nombre d'habitants s'éloignèrent, et leurs
maisons aujourd'hui désertes tombent en raines. A l'épo-
que de mon voyage, il n'y avait pas à Santa Luzia une saite
personne qui s'occupét en grand du travail des mines, et
c'est i peine si quatre & cinq nègres créoles allaient encore
chercher des paillettes d'or dans les ruisseaux. Ces hommes
en ramassent , au temps des pluies , pour environ 4 vintens
(93 3/4 cent.) par jour; mais, pendant la sécheresse, ils
11) Ce Ulc M trouve Mir la paroisse de S. JiM , l'nne de celles de la
(3) PiuTTo et Pohl s'aecordeol k iudiqaer le Dommé iitooio Bmtno
de Aievedo comme le Toodateur de Santa Liuia.
D,g,t,.,.d.i. Google
U VOYAQE AUX SOURCES
ont quelquefois de la peine à en réunir pour 4 otntem
(25 7/16 cent.)- Aujourd'hui, k l'exception d'un petit
nombre d'ouvriers et de marchands, tous les habitante
de Santa Luzia cultivent la terre et ne viennent au village
que ies dimanches et les jours de K(e ; aussi , pendant la
semaine, ne voit-on personne dans les maisons ni dans les
rues. La découverte dés mines d'or a eu l'inconvénient de
jeter, loin des cAtes et de la capitale, une population con-
sidérable qui , maintenant que les mines sont épuisées ou
ne poniraient plus être exploitées sans des avances consi-
dérables, tombe dans la plus grande Indigence (1).
Comme Santa Luzia est situé dans un pays élevé, ses
alentours sont favorables nou-seulement aux divers genres
de culture usités cbes les Brésiliens de l'intérieur, mais en-
core à celle des plantes d'origine cancasique, telles que le
froment (â) et surtout les cognassiers. Hais il serait inutile
que les colons plantassent du mais , des haricots , du riz
plus qu'il ne faut pour nourrir leur famille ; car, excepté
pendant les années de disette, comme celle oîi je voyageais
dans le pays, ces denrées ne peuvent trouver aucun ache-
teur. Les principaux articles qu'exporteat les habitants de
Santa Luzia sont des peaux de bétes sauvages, quelques
(1) ■ Suta LniM Ti eo déeliuiit, dit Hattog (/Hn., 1, 166], depuis qve
I le* cararaueg ont ttasé àt jwsaer pir ht rttiUro* doB Arrcpeodidaa
■ et de S. MarcM > (poarprmdre lacbenuDappeUPicadidoCorreïo de
Ooju ). Ce village était t«mb« dans la pins tmia décadence bien loiig-
leinpa avant qa'on eût aoogi h tain le noanan chemin ; mais «es misèrea
doivent avoir augmenté encore, s'il est possible, k présent que les cata'
vanes Qc le traversent plus.
(!) H. Pobl dit que l'on ne cultive pas le froment i S. Laiia ; il aura
pndMblemeot maotif, k Tiila Boa, dn pain bit avec dn Ué recueilli sur
le lerriloire de cette paroiMe.
^d:,;. Google
DU UO DE S. FIANCISCO. IS
cuirs, et surtout des conBtures de coings excelleDtes qui
vont jusqu'à Kio de JaQeiro. C'est l'éducatioD du bétail qui
fait actueUeoieDt la ressource la plus sAre des cultivateurs
de Santa Luzia, et ils n'eu t^tireot pas nou plus de grands
avantages, ooD-seulemeat parce qu'ib ne peuvent se dis-
penser de donner du sel A leurs t>ëte8 A come« s'ils veulent
les conserver (f), mais bien plus encore paixe qu'ils sont
trop éloignés des marctiands pour que ceux-ci viennent les
leur acheter. Ils les conduisent à Bambuhy et k Formiga (â)
où, si loin de leur pays, ils sont forcés de vendre aux prix
qui leur sont offerts » et il est facile de Sentir que de tels
voyages ne peuvent être entrepris que par les propriétaires
qui jouissent encwe de quelque aisance.
A la vérîté , la terre fournit abondamment tout ce qui est
nécessaireàlaiourritureAiigaledescultivateurs; ils se vêtent
habituellement avec Ibs tissus grossiers de coton et de laine
qui se fabriquent dans leurs maisons ; le sel mètne leur coAte
peu de chose, parce qu'ils l'échangent à S. Rumâo contre
le sucre et le tafia de leur pays ; ils ne connaissent aucune
de ces commodités qui, pour nous, sont devenues des be-
soins, et leurs maisons, mdme les plus soignées, n'offrent
guère d'autres meubles que des benca de bois et des ta-
bourets couverts avec un cuir. Cqiendant, quoiqn'fl y ait
des mines de fer dâoi leur voisinage , ils achètent tout ce^
lai dont ils ont besoin; il n'est aucun homme qui ne
(1) Cest c« qu'on est également obligé de Ttiit k Minas, k moins que
le terrain ne soit ulpêlré (yoja mes deux Relalioni de vojage déjk
pablitea).
(3) Comme on l'a ru ta ebapitre intitaté, SMê du voyopt à la
toitree d* S. Franeiico. — Le» villages de Formiga et de Piwtthjf,
Formiga est sitôt dans le Urmû de Tamandui , province de Blioas Ge-
raM. Bambnhf eit peo éloigtié de Formiga.
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16 VOYAGE AUX SOURCES
veuHle avoir un vét«neiit propre pour les Jours de ftte, au-
cune femme qui ne désire porter une robe d'indienne, un
collier, des pendants d'oreilles, an mouchoir de mousse-
line , une capote de laine, un chapeau de feutre, et la vente
de ces objets , qui sont ici à des prix exorbitants , suffit
pour tirer du pays le peu d'or et de numéraire qui y circule
encore. Déjà il n'y a plus i Santa Luzia qu'un très-petit
nombre de boutiques mal garnies; tout s'achète à crédit.
Les journaliers ont la plus grande peine à se faire payer,
quoique leur salaire ne soit que de 600 reis [3 f. 75 c.) par
semaine; et des nègres créoles me disaient qu'ils aimaient
mieux recueillir dans le ruisseau de Santa Luzia un seul
vintem d'or (0 f. 33 i /2) par jour que de se louer pour 4 vin-
têtu (94 cent-) chez les cultivateurs, qui s'acquittent en
denrées dont il est impossible de se défure. Certains colons
sont tombés dans use si grande indigence, qu'ils restent
des mois entiu^ sans pouvoir saler leurs aliments, et, quand
le curé fait sa tournée pour la confession pascale, il arrive
souvent que toutes les femmes d'une même famille se pré-
sentent l'une après l'autre vêtues du même habillement.
La paresse a beaucoup contribué à faire tomber dans la
misère les cultivateurs de cette contrée; mais la misère qui
les abrutit et les décourage doit nécessairement, à son tour,
augmenter leur apathie : celle-ci est arrivée, chez plusieurs
d'entre eux, à un tel degré, que, pouvant disposer A peu
près de toute la terre qui leur convient, ils n'en cultivent
pas même assez pour leurs besoins. J'ai tracé la peinture
fidèle des maux de ce pays; dans le chapitre précédent,
j'ai indiqué ies remèdes qui m'oht paru les moins ineffi-
caces : puisse ma faible voix être entendue et l'administra-
tion s'occuper enfin, avec quelque bienveillance, d'un
^d:,;. Google
DO IIO.DKS. FUKCISCO. 17
peupledontelIeneseinb]es'£tresouTenue,jUBqu'ici(1819),
que ponr le pressurer!
Quand je voulus partir de Santa Luzia , pour me rendre
au village de Meiaponte, et de là à Villa Boa, le bon curé
ne dit qu'il pouvait y avoir environ 6 Je^otu d; demie da
chef-lieu de sa paroisse i la balte la plus voisine, et, comme
cette marche eût été extrêmement longue pour un seul
jour, il me décida k me rapprocher de i lieue et demie, en
allant coucher à sa maison de campagne (1).
Depuis la ville de S. Joâo del Rei, je n'avais vu que des
fasendas presque toutes mal tenues ou des itftof plus mi-
sà^les encore ; la ckaeara (3) de S. Joâo Evangelista était
véritablement une maison de campagne. Située sur une
pente douce, au milieu d'un eompo, elle se composait d'un
bétiment commode et d'un vaste jardin arrosé par un ruis-
seau. Ce jardin contenait principalement une plantation de
cotonniers, une autre de bananiers, un petit champ de can-
nes i sucre et des caféiers qui, contre l'usage du pays,
éiaïeot alignés avec une parfaite régularité. J'y vis aussi des
(1) Itinéraire approiimatif da Tillage de Saoïa Luzia t celui de Heia-
P0Dt«:
De S. Lniia à S. Joào EraDgeliaU, maison de campagne. 1 1/! legoa.
— PODle ilta, habitalion 5
— S. AdIooio dos Hontes Claros , village. . . 3 1/S
— Fazenda dos Hacacoa, habitalioa 3
— Lige , ta plein air, sdt le bord d'un niis-
— Cornmbà , village 3
— HeiapoDte, village 3
(3) Le mot etuwara indiqaait, chef les Indiens, leurs mesquines
plantati«i> , et , par une sii^^ère eiteodon , les Portugais-Brdsilieu
l'ont trinspoTté aui maisona de campagne les pins éléganles.
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18 VOTieR ADX SOORCBS
cognassiers, des pommes de terre qai réossiasaient fort
bien et des melons presque aussi bons que ceux de France.
A l'aide du Traité de la euUure des terret de Dnharoel, le
curé avait Tait foire une charme dont il se servait pour cul-
tiver des terres dont s'était emparé le capim gordura. les
colons du voisinage avaient tous prétendu que la canne h
sucre neviendrait point dans l'endroit découvert où il l'avait
plantée ; mais sa terre avait été préparée avec la charrue,
il y avait fait mettre an peu de fumier, et la canne était de-
venue superbe. Le curé avait aussi fait faire un joug diffé-
rent de ceux du pays et des herses ; eoBn il élevait des bétes
à cornes, et avec la laine d'un troupeau de moutons assez
considérable on fabriquait, dans sa maison , des chapeaux
dont il trouvait un facile débit (i).
Sa femille, qu'il soutenait, était fort nombreuse : outre
sa mère, il avait encore chez lui des sœurs, plusieurs niè-
ces, un frère estropié, et sa maison de campagne était un
a^le qu'il voulait leur laisser; mais son plan avait encore
une utilité plus générale. Ainsi que j'ai déjà eu occasion de
le dire , le nombre des jeunes gens est, dans ce canton,
beaucoup moindre que celui des jeunes filles , et celles-ci
(1) Si l'on paavait décider les mendianls valides (TOfei le chapitK
■niTaot) et les Tifabonds (txutiot) h iraTtiller, le cintoa de SaoU Lniia
serait très-propre k l'établissement de quelques fabriques ; car, dans les
années coininnnes, les vivres ; sont i des prix tTès-modiqaes, ce qui (M
la cnoséqneoce Décessaire dn peu de rapports qu'entretient ce pays avec
les antres contrées, de la Terlilité du sol et de la rareté de l'argent. La
farine, le ni, le ricin s'y vendent (1819) eOO reis (3 fr. 75) l'alqaeire , et
l'alqueire de ce pays eat d'un tiers plus grand que celui de Hlnas , qni
lui-mime est pins grand que celui de Rio de Janeiro ; le mais se paye
3M reia (1 fr. 87) l'alqniere, le sucre 1,MW reis (B fr. 37) l'ambc
(Ukilog. 7 heciog.), le lard l.BOO rets (11 fr. 23) l'arrobe, la viaadelrat-
cbe 600 reia <3 fr. 73), la sècbe l.SOO reis (9 fr. 37).
^d:,;. Google
DO UP DE S. FURCISCO. 19
se trouvent eiposées & toos les dangers de la misère et de la
séduction. M. Joâo Teixeira avait le projet de hire de sa
chaeara one maison de retraite non-seulement pour ses
nièces et ses sœurs , mais encore pour les jeunes personnes
bien nées qui voudraient se joindre à elles. On devait y
mener une vie commune en suivant une règle fixe, mais
sans prononcer aucun vœu ; les exercices devaient être très-
variés et le travail en Taire la base principale.
n y a d^& longtemps que mon ami le docteur PdU a
payé un juste tribut d'éloges au curé de Santa Luiia. J'au-
rais été heureux de m'nnir plus tAt à lui ; de triâtes circon-
stances ne me l'ont pas permis. Si ces feuilles peuvent tom-
ber entre les mains de M. Joâo Teixeira Alvarez, il verra que
les deux étrangers qu'il a reçus sous son toit ont conservé
le souvenir de ses vertns, et que les hommes honnêtes de
toutes les nations, unis par les liens d'une douce fraternité,
savent se comprendre, s'estima- et ^aimn*. Si la Provi-
dence a enlevé ce digne pasteur à son troupeau , que nos
louanges, après des motifs pins élevés, excitent ses cou-
frères et ses successenrs i suivre son exemple I
^d:,;. Google
VOYAGE AVX SOURCES
CHAPITRE XVni.
s. Airroino dos iioirTBS claros. — lb viixaoe du
COHIJHBÂ. — LKS HONTES PYBENE08. — LK VILLAGE
DE HEIAFOHTB.
le payB situé sa d«1i de S. Joio EtiDgeHsia. — Les gwùitada*. Gnie
de U OoraiMn Utire des pUuloi qui j croisseot. — Faximla de Ponte
illla. ~ Pays situé ta delà de cetle fasmda. Va r«llo«<a fort remtr-
quble. — Morro do Tifoo. — Le village de S. Antonio doê Monte»
Clarot. Sa chapelle. Son nniqae maiscm. — Pays ritné au deU de
S. Antonio.— jHMrôo do* Maeacoi. PaorreU. La manière dont s'ac-
quitta on acbetenr. — PajB simé an deU de Hacacoa. L« PaUniCT ap-
pelé andaid. TégéUtioD. — Une halle en plein air. — Longnenr des
lienes. — Le village de CorvmbA. Ti»ite de deui ecdésiastjqaes. —
Eieurslon aux Montât Pyrentot. Oœrîftiou détaillée de ces menta'
gaes. — L'aoteor s'égare. H Terient ï Conimbi. — Pafs aitné mtr*
CoromU et le village de Meiap<mte.— Ce village. Tiaîle au commao'
daot, puis an curé. Situation de Heiaponte. La paroisse dont U est le
chef-lien. Ses maisons : ses mes ; se* églises. Tae que l'on déconnc
de la place publique. Écoles. Hospice des frères du tiers ordre de
S. Frantois. Salubrité. — Bîsicire du village de Meiaponte. — Les ha-
bitants actuels, ponr la plnpart agriculteurs. Le tabac et le lard objets
d'eipluilation. Culture dn cotonnier. Raisins eicellenU. — Mendicité.
— Chaleur eiccasive. — l'abbé Lniz Gonu&i db CiMiaco Fuc».
Entre la chacara de S. Joâo Evangelista et la fazenda de
Ponte Alta, qui en est éloignée de 5 legoaa. et où je fis
halte, je traversai, comme entre Garapa et Santa Liuia
(v. le chapitre précédent), un pays parfaitement plat, ayant.
^d:,;. Google
DU 110 DE S. FUNCISCO. 31
A droite et k gauche, de petites montagnes. Celles-ci sont
des contre-forts des Montes Clarot, dont je parlerai bien-
tôt, comme ces deroiers sont eux-mèmea des contre-forts
des Monta Pyreneoa [i] ; ou , pour mieux dire , dans ces
hauteurs plus ou moins reijaarqnables , on ne doit voir qae
des portions du grand diviseur des eaux du nord et du sud,
la Serra do Gorumbâ et do Tocantins.
A l'exception d'une maisonnette qui me parut désale, je
Devis, dans toute ma journée, aucune habitation, je ne
rencontrai aucun voyageur, je n'aperçus aucune trace de
culture, ni même une seule bète à cornes. Le pays offre' tou-
jours la mtoke alternative de campos, à peu près unique-
ment couverts d'herbes , et d'autres catnpoj où , au milieu
des Graminées, s'élèvent des arbres rabougris et tortueux
(taboleiros eoberUu, taboUiroi deteobertog). Depuis long-
temps je ne voyais plus le coptm frecha, cdte Graminée
qui caractérise les gros piturages du midi de la province de
Minas; cependant ceux du canton que je parcourais alors
sont aussi très-bons, et, malgré la sécheresse qu'il faisait
depuis si longtemps , l'herbe y conservait une assez belle
verdure. Les fleurs étaient toujours aussi rares; cependant
j'en trouvai un assez grand nombre dans une qveimada,
nom que l'on donne, comme je l'ai dit ailleurs (3), aux pi-
turages récemment incendiés.
À peine l'herbe d'un campo naturel a-t-elle été brûlée ,
qu'au milieu des cendres noires dont la terre est couverte
il parait ci et li des plantes naines, souvent velues, dont les
feailles sont sessiles et mal développées, et qui bienlAt
(1) Poil, Acite, [, ZSS.
{2) Vojiaçe dam lei provinrei àc Rif) de Jantiro, t
D,<j,i,.,.d.:, Google
tt VOYAOB ADX SOOICES
donnent des fleurs. Pendant longtemps, j'ai cru que ces
plantes étaient des espèces distinctes , particulières aux
queimadat, comme d'autres appartiennent excltisirement
aux taillis qui remplacent les forêts vierges ; mais un
examen attentif m'a convaimiu que ces prétendues espèces
ne sont que deB individus avortés d'espèces naturellement
beaucoup plus grandes et destinées À fleurir dans une saison
différente. Pendant la sécheresse, époque de l'incendie des
campos , la végétation de la plupart des plantes qui les
composent est, en quelque sorte, suspendue, et cellesH:i
a'oRÏ'ent que des tiges languissantes ou desséchées. Cepen-
dant il doit arriver ici la même chose que dans nos climala;
durant cet intervalle de repos, les racines doivent se forti-
fier et se remplir de sucs destinés à alimenter des pousses
nouvelles, comme on en voit un exemple frappant cbet la
Colchique et chez nos Orchidées. Dans les queimadeu, l'in-
cendie des tiges anciennes détermine le développement des
germes; mais, comme les nouvelles pousses paraissent
avant le temps , et que les réservoirs de sacs destinés à les
nourrir ne sont pas encore' snfBsamment remplis , les
feuilles se développent mal ; le passage de celles-ci i la
Qeur se fait rapidement , et cette dernière met bientM un
terme i l'accroissement de la tige [i). Comme je l'ai déjà
fkit ailleurs, fengagerai les botanistes qui décrivent les
plantes du Brésil d'après des herbiers à faire des efforts
pour rapprocher des véritables espèces les avortons singu-
liers que produisent les ipieimadas , et à ne pas céder A ta
(1) Voju moo Introduction d {Hiiloire dei pUmla let pbu rrawr-
gttabtei du Brétil et du Paraguay, et mou Tableau géographique de
la végélation primitive dan* la prooinfe de Minai Geratt (NameltM
amnaUi det vofoget, 1837).
^d:,;. Google
DO UO DE S. nUNCISCO. t3
puMIe vanité de les indiquer avec des noms nouvuui
comme espèces distinctes (!].
La faxenda de Ponte Alla (pont élevé] (3) où je Ss halte,
ainsi qu'on l'a vu tout i l'heure, estsituéesur le bord d'un
niissean qui porte le même nom qu'elle : comme tant d'au-
très habitations, elle tombait alors en ruine.
Le pays que je parcourus, après l'avoir quittée, est
encore désert; mais il cesse d'être plat et devient mon-
tueai : ce sont tà. (3) les Montes Claros (montagnes dairee),
dont j'ai déjà dit quelques mots.
Ce fut dans ces lieux élevés que, pour la première fois,
je vis, parmi les plantes, des campoi cobertoi et des campo»
detcoberlos, cette monocotylédone arborescente si pitto-
resque, si caractéristique dont j'ai parlé dans le tableau
général de la province, ce singulier ViAloùa qui se bifurque
plusieurs fois, et dont les rameaux, revêtus d'écaillés , se
terminent par une belle fleur que [H-otége une touffe de
foiilles linéaires, courbées comme les branches des saules
pleureurs et agitées par le plus léger vent.
Du haut d'un morne assez élevé qu'on nomme Jforro do
7î^âo{le morne du tison), j'aperçus, dans le lointain, les
deux pics qui couronnent les Montes Pyraieos. Sur le même
mome , j' aperçus aussi la i^pelle de S. Antonio dot Moa-
tet Claros, qui en est éloignée d'environ un quart de lieue ;
et, après avoir passé un ruisseau qui porte le même nom
que cette chapelle , je fis halte h une maison qui en est peu
éloignée.
Le Rio de S. Anlonù^do» Montes Claros, qui prend sa
(1) Voyage dam le* province* de Rio de Janeiro, etc.. 1 . 2TT,
lat Ce n'est poioi Ponte Alto, comme a écrit le docteur Polil.
i3) Po». Btiit, I.
^d:,;. Google
M rOTAGB AUX SOimCES
8oarc« i 8 legoas de la chapelle et se jette dans le Conmbà,
arrose des terrains aurifères. Autrefois on tira beaucoup
d'or des environs de S. Antonio (1) ; mais, foute de bru,
les lavages ont été abandonnés, et le village de S. Antonio
doi Monte* Claroi se trouve réduit aqjoQrd'haî i l'expres-
sion la plus simple, à la chapelle et la maison dont j'ai parié
tout i l'heure (2).
Cette chapelle est fort petite, et pourtant elle est une des
trois succursales qui dépendent de rimmense paroisse dont
le village de Santa Luzia est le ch^-lieu. Le curé y venait
dire la messe deux fois dans l'année, i l'époque de la fSte
du patron, et lorsqu'il faisait sa tournée pour confesser ses
Le propriétaire de la maison où je fis halte , et qui con-
stitae tout le village, avait autrefois une boutique; mais
il avait été obligé de renoncer à son commerce, parce
que personne ne le payait, et, lors de mon voyage, il w
bornait à vendre aux caravanes le maïs dont elles avalait
besoin.
An delà de S . A ntonio dos Hontes Clan» , je continuai i
traverser un pays montueux , inculte et désert, où des li-
sières de bois fort étroites bordent les ruisseaux, et où le
même Vellotia se montre encore dans les deux sortes de
pAturages naturels qui se partagent la campagne.
<1) PiuTTo dit (jrm., IX, 213), d'apTès les habîUnts de ce caoloa.
<tiie l'on troare des ptrcelles d'or dans les ealraille» de tons les animiai
qui ; ODt été Dourria. Si 1« (ïiteslTrai, il Tant supposer qu'il eiiste dira
la psfs des terains tont k )a Tais solptlr^a et annftrea; car l'or ne peat
passer dans les liges et les Tciiilles des plantes , et l'on sait que le béui)
inu^e avec délice la terre imprégnée de salpêtre.
(i) s. AdIodio u'a pas plus que S. Lona (I81B) le tilre de TiUe dont
l'honore le docteur Pohl.
^d:,;. Google
DO BIO DE S. nUHCSCO. »
Sar plusiears montes assez élevés, j'eus le plaisir d'ad-
mirer une vue fort étendue , principalement but celai qui
porte le nom de Morro da Pedra Branea, parce qu'il est
couvert de fragments de pierres blanches.
Après avwr descendu ce morne, je passai bientôt un ruis-
seau qui porte le nom de Bibeirâo da Âtitmha {torrent du
petit tapir) (i), sur le bord duquel je vis quelques misé-
rables chaumières qui tombaient en ruine.
A environ 1 liaue de cet endroit, je fis balte près d'nn
autre ruisseau appelé Rtbeirào dos Macaeot [ torrent des
sioges), qui prend sa source à 5 lieues de là, plus ou moins,
et est on des affluents du Rio CorumbA. Ici, comme au Ri-
beirâo du petit tapir, il yavait quelques chaumières eu ruine
que l'on décorait du nom de Fasenda dos Macacot, et dont
aujourd'hui il n'existe probablement plus de vestige. José
Marianno ofiHt ses marchandises au maître de la maison ;
mais on lui répondit qu'on n'avait pas d* aident : la i^upart
des habitants de la paroisse de Santa Lnzia auraient pu ,
avec vérité, faire la même réponse.
Le propriétaire de Macacos fut , du moins, plus discret
que celui d'une autre maison où je fis halte dans ce voyage.
Ce dernier m'avait offert ses poules, du papier, son déjd^-
oer; il voulut absolument m'accompagner une partie du
chemin : il me faisait toute sorte d'offres , il devait m' en-
voyer des plantes , des peaux de serpent, je ne sais quoi
encore . Tant de politesses m 'avaient d' abord étonné ; mais
elles cessèrent de me, surprendre, quand je sus que cet
homme avait eu l'adresse de se faire vendre quelques mar-
chandises à crédit par José Marianne. Ayant aussi peu
(1) ■>■ Cuulu Hatlos écrilM((N.,1, l«S) RUMtrào diu Antinba».
^d:,;. Google
» VOYAGE AUX SWICES
d'agent que le reste de ses compatriotes, il avait cherché à
s'acquitter en complJineDts; nous n'enteadlines plus parlef
de lui, ni de ses plantes, ni de ses peaux de serpent.
Nous étions alors au mois de juin et dans nn pays fort
élevé; la nuit que nous passâmes à Macacos fut extrême-
ment froide, et, à six heures du piatin, le thermomètre
n'indiquait encore que & d^rés 1/2 R.
Au deli de Macacos, le pays continue k être montueax,
désert, sans bestiaux et sans culture.
A. environ 1 lieue de cette chétive faxmda, je vis qaà-
ques cliaumières à demi ruinées sur le bord d'un ruisseau,
qui porte le nom de Biimrào da PotUe Âîta (torrent du
pont élevé) ; ensuite, pendant toute la journée, je n'aperçus
pas le plus léger vestige du travail de l'homme.
Depuis \n frontière jusqu'ici, les bouquets de bois (ca-
pôei] avaient été beaucoup plus rares dans les eampoê qu'ils
ne le sont dans ceux de la province des Mines; au delà de
Macacos, ils deviennratpluscommons, probablement parce
que les enfoncements où ils ont coutume de croître sont plus
nombreux, plus profonds, mieux abrités ^ plus humides.
J'eus le plaisir de retrouver, dans ces bois, le palmier élé-
gant appelé atidttiâ , que j'avais d^à vu en commencaot
mes voyages et que j'ai décrit ailleurs (i); ce palmier dont
la tige, en grande partie couverte d'écaillés, sonble s'évaser
de la base au sommet, dont les longues feuilles ailées, vertes
d'un cAté, blancbAtres de l'autre, se recourbent comme un
immense plumet, et, ne présentant qu'un de leurs bords à
l'épaisseur du tronc, vacillent au moindre veut; dont les
cocos, gros comme des pommes, pendent en longs r^imes.
(1) Vouagedan* U$ prwineu <U Rio de Janeiro, tU., i , IM.
^d:,;. Google
DU BIO DE S. FRANCISCO. J7
accompagnés d'une spathe qui r^semble à une nacelle.
Ailleurs que dans les bois, la végétatioD oOre toujours la
même alternative, et dans an très-grand nombre de cam-
pât se montre encore le VelUma artioresœnt que j'ai si-
gnalé déjà comme caractérisant ces lieux élevés. TantAt il
occupe à loi seul des espaces considérables ; tantAt quelques
arbres rabougris poussent de loin en loin , au milieu des
tiges de cette singulière monocotylédone; ailleuni, les ar-
bres raboogris ne luiiaissentplus qu'une faible place ; c'est
cette plante qui, comme je l'ai déjà dit, établit la plus
grande différence entre les campas de ce canton et ceux de
la province des Mines. D'ailleurs, on retroave ici les mêmes
Qualea qu'à Minas , le Vockysia a' 502 , la Gentianée
n* 206, si commune dans tous les mmpot, VHyptis ti° 1S7,
la Composée 453, le Liseron si connu comme purgatif,
sons le nom de velame, le pequi (Caryoear bratHietuù,
Ang. deS. Hil.,Juss., Camb.)(l},le tani&oriI,qu'onai^lle
ici vmAoltco do campo, le barba Umào, l'Aurantiacée?
n" 632, le pacari [Lafomtia Pacari, Ang. de S. Hil.),
l' Acanthée n" 612, le qyina do campo [Stryehnot ptettdo-
guitta, Aug. de S. Hil., PI. tu.), etc.
A peu de distance de Mecacos. je passai une petite rivière
qui coule parfaitement limpide sur nu lit de sable, et qu'on
aj^lle pour cette raison ittbetrOo dat Areat (torrent des
sables); c'est cette rivière, l'un des afDaentsduCorumbâ,
qui sépare la paroisse de Santa Luzia de celle de Meiaponte.
(1) J'écris ici le nom Tulgiire de ce petit «bre ramme il l'a iii ,
d'après mes notée, dans le Flora araïUfiK meridionatii ; mais je ne
sais trop si, d'après la manière dont on le prononce , il oe serait pas
mieui d'^rrire pf7«j. C'est reTtaioement le nidne arbre qui: rtzal a in-
diqué sons leooiudc Pi^ihà (Cfyr., I, III).
^d:,;. Google
» VOTIGE AUX SOtntCES
11 est vraisemblable que le Ribeirâo des Areas et les trois
ruisseaux que j'avais passés auparavant grossissent au
temps des pluies d'une manière très-seosible , et c'est là ce
qui , sans doute, leur a fait appliquer le nom de torrent [ri-
beirSo) (1).
Comme il n'existe pas une seule chaumière dans un es-
pace de 6 à 7 legooi, depuis le Ribeirâo da Ponte Alta, dont
j'ai d^À dit deux mots, jusqu'au village de Conunb&, je pris
le parti, après une marche de 4 legoag, de faire halte dans
uD bois, sur le bord d'un ruisseau, au lieu appelé Loge
( pierre mince}. Mes malles furent placées dans une espèce
de salle couverte de gazon et entourée de grands arbres;
le temps était si beau , que nous ne fîmes pas même de ba-
raques pour nous garantir pendant la nuit.
On ne compte que 3 legoag de Lage au village de Co-
rnmbâ, oà je fis halte; mais, si j'en juge par le temps que
je mis k les parcourir, il doit y avoir bien davantage. En
général, les lieues de ce pays sont d'une longueur extrême,
comme cela arrive toujours pour les mesures de distance
dans les contrées désertes, où l'on est accoutumé à parcou-
rir des espaces considérables pour la plus petite affaire.
Entre Lage et Corumhâ, le pays ne change point, si ce
n'est que l'ou voit sur le flanc des mornes un assez grand
nombredebouqu^debois. Nulle part on n'aperçoitun pied
de maïs, de riz ou de coton , et les alentours du village de
(1) PohI, qui a travcTté ce caoUn^dang la mIsoii descaai. ditposi-
lîTemenl (RtUe, I , S8(} que sonvent le Ribeirâo daa Areos grossit tout k
coup de telle façon, qu'il deTient impossible de le passer. D'ailleurs 1m
tMHns de Hio de Areat et Hio Areat , que le même anletlr demie i U
rivière dont il s'agit , soot évidemment erronés , car la langue portugaiae
repousse leur composition.
^d:,;. Google
DD MO tu S. FRANCISCO. 19
Corambà ne paraissent pas moins incultes que les lieai les
plus éloignés de tonte habitation. Le cheiDÏn est si peu fré-
quenté, que, sur le bord des ruisseaux, le capimgordura
en a fait presque entièrement disparaitre la trace.
Avant d'arriver k Corumbà, j'envoyai José Marianno
demander un g!te au desserrant, qui lui indiqua une mai-
son inhabitée , comme il y en a tant dans tous les villages
qui ont été peuplés par des mineurs. J'avais à peine pris le
tbé, que je reçus la visite du curé de Meiaponte et d'un
autre ecclésiastique qni étaient venus se promener i Co-
rumbé. Comme tous les habitants du pays, ces messieurs
se plaignaient amèrement de la falsification de l'or, de la
dhne et de l'abandon dans lequel le gouvernement laissait
cette malheureuse province.
Le peUt village de CorumbA a la forme d'un triangle et
est situé sur le penchant d'uue colline, au-dessus de la ri-
vière qui lui donne son nom. Ses mes sont larges, ses mai-
sons petites et extrêmement basses.
Des mineurs s'étaient fixés dans cet endroit pour exploi-
ter les bords aurifères du CorumbA. Après leur mort et
celle de leurs esclaves, le travail des mines, devenu pro-
bablement plus difficile, Ait entièrement abandonné, et les
habitants du village tombèrent dans l'indigence. La plupart
de ceux d'aujourd'hui sont des ouvriers qui travaillent pour
les cultivateurs du voisinage, et ordinairement ne sont
payés qu'en denrées. Les femmes filent du coton, et, pour
salaire, ne reçoivent non plus que les produits du sol. Co-
rumbfi jouit cependant d'un très-grand avantage ; on estime
beaucoup le tabac de ses alentours, qui sont fort élevas , et
on le porte dans plusieurs des villages de la province.
Corumbé est une succursale [capella) qui dépend de la
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30 T0TA6E ADX SOURCES
paroisse de Meiapcmte, dont, le chef-lieu eo est éloigné de
5 legoas. Ici je donne i ce chétif village son nom en quel
que sorte légal; mais, dans le pays, on ne le connaît qoe
BOUS celui de Cailla, et l'on réserve le nom SArraial pour
le village de Meiapoote.
Le Rio Conimb& est ici très-près de sa source, et on poit
le passer k gué ; mais il devient bientôt une des rivières les
pins considérables de la province, et, après avoir coulé du
nord au sud-ouest, il va se réunir au Paranahyba.
J'ai déjà dit que du Morro do Tiçâo j'avais aper^ les
deux sommets des Montes Pyreneos (1], montagnes qui for-
ment la partie la plus élevée de la Serra do Conunbà e do
Tocantins, et où naissent plusieurs rivières importantes ,
entre autres le Corumbà et les premiers affluents du gigan-
tesque Tocantins. Depuis le Morro do Ticâo, je m'étais tou-
jours rapprodié de ces montagnes; àCorombâ, je n'en étais
plus qu'à 2 legoOB : je voulus y aller herboriser. Je pris
dans le village un n^re pour me servir de guide, et je me
mis en route accompagné de Marcellino, mon tocaâor.
Le pays que nous traversâmes jusqu'aux Pyreneos est
montueux et ne diffère point , pour la végétation , de celui
que j'avais parcouru les jours précédents.
(I) Je Bnia ici l'orthographe de Uns écriTains dnit raolorit^ est fiKt
respectable , Caul , HirtiiiB et Hitlos ; mais je crois qn'il Mrait mieai
d'écrire Piriiuoi, comme Fiiano, on Ptrintoi, comme Lnii Antonio da
Silra e Sonai; parce qae c'eat ainsi qa'oa prouMice dans le pays, et que le
Toyagear doit snrtont consnlter l*astge qoand il indique des noms qoi,
jnsqa'i lui , avaient été ftirt pea 6^ts on ne l'avaient pMnl éié eneon.
Eat-îl bien vraiseniUalile, d'aiUenn, qoe lea ancienfl Panbatea, qai anient
lont an pliu qnelqne légère idée de U géographie dn Portagal , «ifol
réellement *ouId appliquer le nom At Pyri^n^f k des moDtagiKai da
pai'Sde GojaiTll est évident que, dans tous les cas, on ne doit point,
avec TM , écrire P^rtnatot.
^d:,;. Google
DD RIO DE 9. FRAZIOSCO. 31
Kous fîmes environ S legoM, et, après avoir passé plu-
sieurs ruisseaux , nous parvînmes au pied de ces mon-
tagnes.
Il ne fant pas se les représenter telles que ces pics majes-
tueux si communs dans quelques parties de l'Europe , oi
jnème i'Itacolumi, le Pepagaio ou la Serra da Caraça; elles
sont fort élevées, sans doute, mais elles doivent une partie
- de leur hauteur au pays, déjà très-élevé Ini-méme, oà elles
sont situées, et, depuis leur base jusqu'à leur sommet, leur
élévation est réellement peu considérable.
Vues de leur pied , lorsqu'on vient de Commbi , elles
présentent deux terrasses qui s'élèvent l'une au-dessus de
l'autre , et dont la supérieure semble soutenue par des ro-
chers. I4ons montâmes sur la première, où, dans un terrain
sablonneux tSt uniquement couvert d'herbes , je recueillis
qudques plantes intéressantes. Bientât nous revîmes les
deux sommets que j'avais déjà aperçus sur le Morro do Ti-
^, et qui, dquis quelque temps, avaient cessé de se mon-
trer. Nous traversâmes des pâturages naturels , où le ter-
rain est tantât sablonneux et tantôt d'une qualité très-
bonne ; dans quelques endroits élevés, des arbres rabougris
se montrent au milieu des roches, et le majestueux bority,
fidèle à sa localité favorite, orne encore ici les fonds maré-
cageux.
Biratàt nous passâmes le {Lio Corumbà , qui , en cet en-
droit , a fort pea de largeur, et nous trouvâmes sur ses
bords quelques restes d'une maison; celle-ci avait appar-
tenu à OD mineur qui employait ses esclaves à chercher de
l'or dans le lit de la rivière, mais on avait fini par l'aban-
donner. Autour des ruines de celte maison, croissait en
abondance le capim gordura, que l'on peut mettre au rang
^d:,;. Google
n yOTA^ AUX SOURCES
de ces plantes qai s'attachent aux pas de l'homme ; entre
Macacos et Lage, je l'avais vu sar le bord des ruisseaux,
partout où s'arrêtent les voyageurs.
Après avoir passé le Corumbé, nous trouvâmes un petit
ruisseau qui s'y jette ei qu'on appelle Coeâ. Son lit était
embarrassé par des amas de cailloux, triste reste du travail
des premiers chercheurs d'or.
Mon guide m'avertit que les earrapatos étaient extrê-
mement communs dans cet endroit et m'engagea à mon-
ter à cheval afin de les éviter. Malgré cette précaution, mon
pantalon fut couvert en un instant de ces odieux insectes;
mais je m'en débarrassai bienUVt en donnairi de petits
coups sur mes vêtements avec une baguette couverte de
feuilles (1). Probablement on avait fait pattre jadis, dansctf
endroit, des mulets ou des chevaux, car c'est principale-
ment dans les lieux où vivent ces animaux et dans le voi-
sinage des habitations que se trouvent les earrapatoi.
De l'autre cdté du GocÂ, nous trouvâmes une pauvre
(I) C'est le moyen qae j'ai indiqué lorsqoe, pour k première fois, j'ii
parlé des earrapatot, dont la piqûre est, comme je l'ai dit, eitrème-
ment donlonreoM {Voyage dam let prooineet de Rio de Janeiro, etc.,
1,323;U, 396, 450).
J'ai ajonlé qne les earrapaloi {irand^t et les earrapatot mtttdoi dee
Brésiliens me paraissaient ne former qu'une espèce dans deni étals dif-
férents. Pohl a indiqué deui Borles de earrapalot , Ixiodei ameriea-
mu et Ixiodet eollar : la première eorrespondrait-elle ani earrapatoi
grandet , et la seconde aai mftulot , on ; aurait-il réellement deui es-
pèceti distinctes comprenant chacune des irrandet et des m<tido«, c'est-
k-dire des individus qne leur ége rend différents surtoni par la gron-
deurl C'est ce qu'on apprendra difficiiemeat peut-être par les coUee-
tions ; des obsemtenrs sédentaires édaircirant sans doute un jour ce
point d'iiisioire naturelle. Qnoi qu'il en soit, H. Gardner, bon obserra-
tenr, pense qu'il n'y a, comme je l'ai icrit moi-mtme, qu'une espèce de
rorrapotof {TraneU, 393).
^d:,;. Google
DO UO DE 5. nUNasCO. 3.1
ciiBainière, et je m'y arrêtai aflo d'av<dr, le Imdeiiiaio ,
tout le temps nécessaire pour monter jusqu'au point le pins
élevé de la montagne ; cette chaumière était habitée par un
vieux nègre libre, qui y vivait seul et allait chercher, pour
subsister, un peu de poudre d'or dans le ruisseau voisin. « Il
y a , me disait-il , d'excellentes terres dans la montagne ;
pinsieors campas seraient même favorables à la culture du
manioc, mais je oe suis plus assez Jeune pour me mettre i
bédier la terre. » Sa cbétive demeure annonçait une extrême
misère.
Mon guide m'avait quitté lorsque nous étions arrivés
chez le vieux nègre, mais il m'avait promis de revenir le
lendemain ; il arriva effectivement après s'être fait long-
temps attendre, et nous nous remîmes en marche. Bientôt,
cependant, je m'aperçus que cet homme ne connaissait pas
la partie de la montagne où nous étions , et nous fOmes
obligés de nous diriger vers les sommets les plus élevés,
sans suivre de route certaine.
Pendant longtemps, nous côtoyâmes le ruisseau de CocA,
dont les bords ont été autrefois fouillés par les mineurs et
offrent partout des moDceaut de cailloux , résidu des la-
vages.
A l'exception de quelques sommets couverts de rochers
anguleux qui semblent brisés artiâciellement et sont en-
tassés sans ordre, toute la partie des Montes Pyreneos que
je parcourus offre un terrain assez égal. On voit tantAt des
pâturages sablonneux où ne croissent que des herbes, tantôt
des bouquets de bois , et dans les fonds, qui sont toujours
marécageux, Yéléf^uthorùy.
Enfin nous parvînmes au pied des pics les plus élevés ; il
y en a deux principaux, ceux que j'avais déjà aperçus du
^d:,;. Google
34 VOTAOE ADX SOUICCS
Morro do Tiçâo. Presque éganx en hauteur, ils présentent
chacuD un cdne dont l'arête est fort oblique, et sont en-
tièrement couTerts de pierres et de rochers anguleux jetés
sans ordre , et entre lesquels croissent un grand nombre
d'arbrisseaux et d'arbres rabougris. Il me fallnt environ un
qoart d'heure pour parvenir au sommet de l'un des deux:
U une immense étendue de pays désert et inenite s'offrit i
mes r^ards; mais malheureusement le nègre chargé de
me guider était trop ignorant pour me dire le nom des
montagnes que f apercevais et des points les plus remar-
quables. Des rochers de peu de largeur terminent ce pic, et
au milieu d'eux s'élèvent des taneia d!Etna{ FeUomii)iidemi
desséchés et couverts de lichens.
Dans toute cette excursion, je ne recudllis qu'un petit
nombre de plantes que je n'eusse point encore, ^ je ne vis
aucun oiseau, si j'en excepte deux très-grands qui planaient
au-dessus des rochers, comme pour tAcher de découvrir
leur proie.
Après être descendus de la montagne (1) , nous nous
mîmes en route et parcourûmes, pour retourner k Conunbé,
un terrain asseï égal . Au milieu des herbes qui le couvrent,
croît en abondance une Mimosée(n''715}, dont la tige, un
peu farineuse et d'un roux blanchAtre , est haute de 4 à
5 pieds, et dont les rameaux nombreux, diargés de fleurs
roses, forment une tète hémisphérique.
(1) D'après tout <x que j« viens de dire car )es Meutes PfreiKos, oa
voit qae Fod ■ rempIdeOMUt troiapé le doctettr PaU ^lôd on loi ■
persuade qne des forêts vierges readiioit ces moulafoes inaccessibles ;
je sois sûr aueti que, si le géaéral da Canlia Mattos avait eu occasioo de
les gravir, il a'anriit pas écrit {Ilin., 1, 170) qu'une vëgéiatioii nujtA-
toeuse aVKvp jns^'t leur sommet.
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DU RIO DE S. Funasco. 3-j
Occupé à chercher des plaoteç, je ne m'apercevais pa
que Dous nous écartioDs de la direction du village. Cepen-
dant, comme le jour commençait k baisser, je m'avisai de
demander â mon guide i quelle dislance nous étions de
G)ruiQbi. Probablement k 3 legoas, me répondit-il ; mais
nous allons bientôt trouver nue maison. Je ne pns m'empé-
cher de faire à cet homme quelques reproches, car il était
évident qu'il nous avait égarés. Nous continuâmes à mar-
cher, et bientôt nous aperçûmes Is petite habitation qui
m'avait été annoncée. Une négresse se présenta à la porte,
et, n'ayant nulle envie de nous recevoir, elle m'assura qu'il
n'y avait que 1 lieue de là jusqu'au village. Honteux de
s'être trompé de chemin, le guide, avec cette inconsis-
tance qui est le partage des hommes de sa couleur, se ré-
tracta aussitôt de ce qu'il m'avait dit d'abord, et se mit k
appuyer la négresse; une discussion s'engagea entre nous,
mais j'y mis bientôt Bn en disant au nègre : Je veux bien
qu'il n'y ait que 1 lieue d'ici à Corumbà; mais, pour faire
1 lieue, il ne faut pas plus de deux heures ; je consens à me
mettre en route, et, si dans deux heures nous ne sommes
pas arrivés, je vous préviens que je ne vous donnerai pas la
moindre clwse. Mon homme se rétracta alors une seconde
fois; il convint qu'il pouvait bien y avoir plus de 1 lieue
jusqu'au village , et je me décidai à ne pas aller plus loin.
La négresse, que je priai de me laisser coucher dans la
maison, me répondit que sou maître ne l'avait pas autorisée
à accorder cette permission. Eh bien , je vais la prendre ,
repartis-je, et j'entrai sans cérémonie. He um bomem mem-
dfuto (c'est un envoyé du gouvernement], s'écria le nègre;
ces paroles, suivant l'usage, produisirent un effet magique,
on ne fit plus une seule objection.
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3S VOYAGE AUX SOUBCES
Le lendemain maliD, nous nous reiotmes en route, et,
au bout de quelques instants, nous découvrîmes Meiaponte;
ce qui prouva que j'étais fort loin de Commbé, puisqu'il ;
a, comme je l'ai dit, 3 îegoat de distance du premier de ces
villages au second, et, par conséquent, favais très-bien
fait, la veille, de oe pas me mettre en route à l'approche de
la nuit. Noustravergflmes un pays montagneus, et, descen-
dant toujours, nous arrivâmes à Cocumbi.
Entre ce village et celui de Meiaponte, je marchai ton-
jours parallèlement aux Montes Pyreneos que j'avais à ma
droite. Le pays est encore montagneux, mais plus boisé que
celui où j'avais voyagé avant d'arriver à Corumbi. Au mi-
lieu des pierres qui couvrent le sol, il n'offrait alors qu'une
berbe desséchée, et nulle part on ne voyait une fleur; dans
les bouquets de bois , beaucoup d'arbres avaient conservé
leur feuillage, mais d'autres avaient presque entièrement
perdu le leur; la terre était surtout jonchée des folioles
délicates des Mimoses.
Je marchai pendant quelque temps sur un plateau qui
termine un morne élevé ; c'est là que la route de Babia se
réunit à celle de Minas et de Rio de Janeiro que je venais
de suivre. La descente du morne est pavée, ce qui, dans ce
pays, est une véritable merveille. Toute la journée nous
avions descendu; la chaleur, surtout au bas du morne dont
je viens de parler, fut plus forte que les jours précédents.
Avant d'arriver à Meiaponte , j'envoyai José Marianno
chez le curé du village, pour le prier de me procurer une
maison inhabitée où je pusse m'établir; le curé lui en in-
diqua une qui était fort commode , et j'en pris possession.
A jKÀne installé, j'allai présenter mon passe-port royal
[portaria] au commandant du village, dont j'aurai occasion
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 37
de parier plus tard. Il habitait une très-jolie maison et me
reçut dans un salon bien meilblé, d'une propreté ettrëme.
Les murs étaient peints à hauteur d'appui, blanchis ensuite
jusqu'au plafond et ornés de gravures; une petite glace,
qudques tables , des chaises bien rangées composaient
l'amenhlement de cette pièce.
J'allai ensuite faire mes remerctments au curé et trou-
vai sa maison aussi jolie et aussi bien meublée que celle du
commaadant : ce qui surtout la rendait remarquaUe, c'était
une propreté véritablement hollandaise. En général, c'est
U une des qualités qui distinguent les Brésiliens; quelque
pauvres qu'ils soient , leurs diaumières ne sont presque ja-
mais sales, et, s'ils ne possèdent que deux chemises, celle
qu'ils portent est toujours blanche.
Le charmant vijiage de Meiaponte est tout à la fois le
chef-lieu d'une justice et txAxû d'une paroisse (1). Situé par
les IS* 30' lat. S., dans un pays très-sain, au point de jonc-
tion des routes de Rio de Janeiro, de Bahia, de Matogrosso
et de S. Paul, éloigné de Villa Boa tout au plus de 27 le-
goas, entouré des terres les plus fertiles, ce village ne pou-
vait manquer d'être un des moins malheureui de la pro-
vince, et il en est le plus peuplé.
La paroisse tout entière de Meiaponte a environ 53 Uqqos
du nord au sud, et 30 de l'est à l'ouest; et, quoique moins
(I) Le*iUagede HNoponle ■ été érigé en vUle par une loi dulOd«
jaiUel 1833 (Mittos , /((n., II , 33T ). — inii d'Alinconn dit que , cii
173T, ou avait eu l'idée d'ea Taire te chef'Iien de la proriace {M«m., S5) ;
mais je croie qu'il se trompe sur le nom du go arerneur auquel ilaUribne
«« projet, ffaoi qu'il ta soit , il est incoalestablo que , sous une foule de
ri^ports , HeiapoDle méritait mieui que Villa Boa de devenir la capitale
dg pays de Gojaz.
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38 VOYAGE AUX SOUROES
étendue que celle de Saota Liuia, elle est pourtant beeu-
. coup plus peuplée, puisqu'on y compte 7,000 commu-
niants; elle comprend (1819) deux succursales {ct^ellai),
celle de Corambi , dont j'ai déjà parlé, et celle du Corrego
de Jaraguâ, que je ferai bientAt conoattre. '
On a bâti le village de Meiaponte dans une espèce de
petite plaine entourée de montagnes et couverte de bois peu
élevés; il s'étend , par une pente très-douce, sur la rive
gauche du Rio das Aimas, et fait face à la continuation des
Montes Pyreneos. liak peu près la forme d'un carré. On
y compte trois cents et quelques maisons qui sont très-pro-
pres, Migneusement blanchies, couvertes en tuiles et assez
hautes pour le pays ; chacune, comme cela a lieu dans tous
les villages de l'intérieur, possède un jardin ou plutât une
sorte de coor {quintat}, où l'on voit des bananiers, des oran-
gers, des caféiers plantés sans aucun ordre. Les rues sont
larges, parfaitement droites et pavées sur les cdtés. Cinq
^lises (1), parmi lesquelles on en compte trois principales,
contribuent k l'ornement du village. L'église paroissiale,
dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire, est asseï grande et
s'élève sur une place carrée; ses mun, construits en pisé,
ont 12 palmes (9 pieds] d'épaisseur (3] et portent sur des
fondements en pierre; k l'intérieur, elle est passablement
ornée, mais elle n'a pas de plafond.
De la place où est située l'église paroissiale, on découvre
(1) Ed 1S13, daCnobi Hattofl en comptait ^aJeflieot cinq (ftfn., I,
ISl). Suiviat Laii AnUmie da SîIti e Soqm, il y en inrait cd nae de
plos CD 1833 (Km. Ml., 2T).
(1) Dfl Silva e Sousa les iodiqiie (Mmh. «tlat., TT) comme étant épais
sesieneot de T pilmea. Je ae saorais Are avec assoraïKe lequel des
deui chiffres esl le plus euct.
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DU RIO DE S. FKAMCISCO. 30
la voe la plus agréable peuUAtreqaeJ' eusse admirée depuis
que je vorageais dans l'iatérieur du Brésil. Cette place
présente nn plan iocliné; au-dessous d'elle, sont des jar-
dins où se présentent des groupes de caféiers » d'orangers ,
de bananiers aui larges feuilles; une église qui s'élève un
peu plus loin contraste, par la blancheur de ses murs, avec
le vert foncé de ces différents végétaux; à droite sont des
jardins et des maisons au delà desquels la vue s'arrête sur
Qoe autre ^Hse; sur la gaache, on aperçoit un pont à
demi miné avec one petite portion du Rio das Aimas qui
conle entre des arbres ; de l'autre cAté de la rivière, se voit
une petite église entourée de taillis ; au delà de ces det-
nkrs, sont des arbres rabougris qui se confondent aver.
eux ; enfin, à environ 1 demi-^oa du village, l'iiorizon se
trouve borné, an nord , par la chaîne pen élevée qui con-
tinue les Hontes Pyreneos, et an milieu de laqn^le on dis-
tingue le sommet arrondi appelé Frota, plus élevé que les
sommets voisins (1).
Tandis que dans les autres villages on trouve tout au plus
un maltred' école, Nmpontea(lM9)un professeurde gram-
maire latine payé par le gouvernement; mate je doute fort
qu'il ait un grand nombre d'élèves et que son eoseigne-
meot amène des résultats bien utiles.
Comme à Tijuco, dans le district des Diamants (â), il
exi^ k Meiaponte nn hospice de frères du tiers ordre de
(1) Je n'ai pas boamo de dire qae cea monugnee appartieDneat tou-
jonrs k U Serra do Gominbii e do TocvitioB. — Le Horra do Froti , sai-
Tant da Siln e Soum ( Mtm. eit., 18 ) , comprendrait plnsieure petites
neatagoes ; il s'étendrait dans la direction de l'occident et aurait 3 Ugoaf
deleofoear.
i2l Voffage doM te éfttriet àei Diamant», etc., i , <i.
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40 VOyiOB AUX s
s. François, diargés de recneillir les anmAQes des fidèles
pour l'entretien du S. Sépulcre. Lora de mon voyage, cet
hospice ne comptait qu'un seul frère. Les sommes qu'il
réunissait étaient d^iosées par lui , dans le pays même,
entre les mains d'un syndic {iarticulier, et celui-ci les en-
voyait à Rio de Janeiro, aa syndic général , qui , comme
lui , était an laïque. 11 est bien difficile de croire que , pas-
sant par tant de mains, ces aumânes arrivassent dans leur
Intégrité de Meiapoute à Jérusalem.
Comme je l'ai dit, le climat de Meiaponte parait fort
sain (i ). A l'époque des grandes chaleurs, tous les habitants,
hommes et femmes , se baignent sans cesse dans le Rio du
Aimas , ce qui contribue i les entretenir dans une bonne
santé. La maladie la plus commune parmi eux est l'hydro-
pisie ; l'espèce d'éléphantiasis apppeléemor^ n'est pas non
plus très-rare dans ce pays.
Le lieu où est aujourd'hui situé le vill^e de Meiaponte
fut découvert, en 1731 , par un nommé Mamokl Rodbi-
6IIES Thohab (â). Les premiers qui s'y Rtèreot furent des
•:hercheurs d'or qui voulaient exploiter les bords du Rio
das Aimas. Cependant, comme le village qu'ils bétirent
se trouve placé à la jonction des principales routes de la
province et qu'il y passait autrefois un grand nombre de
(1) Da SiWa e Sousa dit,(H«m. »(.. 14) qne le vuA d'est 7 eonrBe cou-
stammeat de4 heuns da malin ï 11 henrei, depuis le mois de inii ju»-
qa'an mois de septembre.
(!) Piiarro raconte qne, dans l'origine, on avait jetti sur la rivière un
poot formé de deui pièces de boia, que l'ooe des deoi tut emporta par
les eani , qa'alOTS oa m cootenta de celle qui restait , et que , pour cette
raison, on donna au village le oom de MeiaponU (moitii: de pont)
(Mem., IX, 313). Da Cunha Hallos contredit celte histoire et prrieitd que
MeiapoDie doit son non * une pierre qui se troan , anprto da village .
^d:,;. Google
DD BIO DE S. nUNCISCO. 41
caravanes, ses habitants , sârs de vendre avantageusement
les produits du sol , renoncèrent bientôt à leurs lavages
dont on ne voit aujourd'hui que de faibles traces, et ils fu-
rent , à ce qu'il paraît, les premiers de tonte la capitainerie
qai eurent la gloire de s'occuper de la culture des terres.
Les bois, communs dans les environs du village, favorisèrent
le travail des agriculteurs ; ces taillis, dont j'ai parlé un peu
plos haut , étaient jadis de grands bois que l'on mit en cul-
ture, et des capoiem, actuellement abandonnés, ont rem-
placé les haricots et le mais des anciens colons.
Encore aujourd'hui, la plupart des habitants de Heia-
ponte sont des agriculteurs , et, comme ils ne viennent au
village que le dimanche, les maisons restent désertes pen-
dant le reste de la semaine. Les terres de la paroisse de
Heiaponte sont propres a tous les genres de culture, même
à celle du froment; mais c'est principalement à l'élève des
pourceaux et à la culture du tabac que se livrent les colons
de ce pays, et ils envoient leur tabac en corde et leur
lard, non-seulement à Villa Boa, mais encore dans {dn-
«enrs villages du nord de la province.
Comme j'ai déjA eu occasion de le dire, le coton de ce
pays est d'une très-belle qualité. Un homme seul peut cul-
tiver, en cotonniers, l'étendue de terre que l'on ensemen-
covit avec 1 alqueire de maïs. Dans ce pays, les cotonniers
dans le Rio de Heiaponte el représente la moitié d'âne ircbe [Itin., I .
153). Suivant Loii d'iliucourt, Bartholomen Bueno, ne ponrant pasier
t gaé un torrent profond , 6t jeter un pont sur une pierre plate et fort
grande, qui s'avançait jusqu'au milien des eiu), et de U le nom de
Heiaponle qn'on donna au torrent, el ensuite au village que l'on eon-
Btmisii tout auprès (Mtm., 8!). Je ne pnis dire laquelle de ces Iroia ver-
siDos est la rénUUe , ni mèrae s'il ; eo a «ne d'entre elle* <pii mérite
toute confiance.
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a VOYAGE AUX SOVtCëS
donoent des graines dè« la preiqière année, et il aufflt que
l'on sarcle une Toîa tous les ans la terre où ils végètent.
Pendant cinq années, on n'enlève à ces arbrisseaux au>
ciine de leurs branches; mais, au bout de ce temps, (m a
soin de les couper un peu au-dessous du pied , et l'on re-
tniDcbe une partie des rejeta. Après cinq ans, on coupe les
secondes tiges, et. traités tonjours de la même manière, les
cotonniers peuvent donner une longue suite de récoltes (I).
Un alqueire planté en cotonniers rend 400 arrobes de
coton avec les semences, et Varrobe, dépouillée de ses gtai-
aes, produit 8 livres net.
Il est trè^-vraisemblable que les environs de Meiaponte
pourraient aussi fournir uo vin excellent, car, pendant
mon séjour dans ce village, je mangeai des raisins déli-
deui que le curé m'avait envoyés en présent; ils apparte-
naient k la variété que les Portugais appellent um ferrai.
J'ai à peine besoin de dire qu'ici comme à Minas, et pro-
bablement dans tout le Brésil, c'est en berceau que l'on
fait venir la vigne.
Quoique chacun puisse trouver dans les environs de M^-
poote plus de terre qu'il n'en saurait cultiver, qu'il y ait
, partout des ruisseaux aurifères où il est facile de recueillir
un peu d'or,que les bras soient rares et que, par conséquent,
tout homme valide puisse eq)érer trouver du travail, an
moins pour sa nourriture, on ne saurait faire un pas dans
(1^ Je dois les renseignEnteDtB que je doBne id smr la caltore da e*-
tonnier dans les environs de Hnaponle k aa de* meiUears agrîcnlMn
du Brésil , M. Joiqaim Alves de Olireira. Dans dim dent relatioiu déjà
' paUiées , on troaTera des dtuilG tori «tendus aur la caltnre de ce prê-
dent arbrisseau à Minas nom et dans plasienre antres endroits, (foja
la table dn Vofoçt danâ Ut pnvincéi de Rio de JomHto, etc., et ceik
du Vfiyaçe dam le dittriel des DiamanU, etc.)
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DD UO PB $. nuNClSCO. fS
Meiaponte sans reacontrer des mendiaots. Plusienrs d'entre
enx, atta<inég de l'éléphantiasia, méritent sans doute d'être
secounu; les antres sont des enftnts naturels qui pourraient
traraîller. Des propriétaires aisés de Heiaponte se plai-
gnaient devant moi du nombre prodigienz de mendiants
que l'on voit errer dans leur rillage. La plupart de ces
hmnmes, disaient-ils, sont en état de gagner leur vie en
se rendant utiles; mais, comme ils demandent l'aumAne
pùtir ratnour de Dieu (por amor de Deos) , il est impos-
sible de leur rehiser, et c'est ainsi que se fortifie chez eux
l'habitude de la paresse. Il y a dans ce sentimeat, sans
doute, quelque chose de touchant , et il ne mériterait que
des éloges, s'il avait seulement pour objet ces infortunés
qo'nne maladie hideuse éloigne de leurs semblables; mais
comment les excellentes gens qui causaient en ma pré-
sence de toutes ces choses, poavafent-ils s'imaginer qu'en-
courager le vice , c'était donner à Dieu une marqoe de leur
amour?
J'ai dit que j'avais beaucoup descendu avant d'arriver k
Meiaponte. Pendant que j'étais dans ce village, la chaleur
fut extrêmement forte, et j'éprouvai des maux de ner^,
augmentés encore par la faim que je souffris pendant mes
différentes promenades. L'excessive chaleur agît probable-
ment aussi sur mes gens, car ils étaient d'une humeur in-
suj^rtable.
Avant de quitter le village (le 17 juin], j'allai faire mes
adieux au curé et au jeune prêtre Lniz Gonzaga de Ca-
HAiGO FLBDBr (1), que j'avais déjà vu avec lui à Corumbé.
(1) On lui doit un pelîl itinériire de Porto Rea) k Carolina, inséré
dicLi l'ourrage de Nallos, inlilulé Itintrario (II, 2iS'.
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44 VOTAGB AUX SPUICES
Pendant mon séjour à Heiaponte , tous les deux m'aviient
comMé de politesse ; ils étaient venus me voir fort sou-
vent, et nous avions beaucoup causé. Louis Gonugue était
d'origine française, comme l'indiquait son nom de famille.
Il n'ignorait point quels sont les devoirs de son état, et, en
général , je le trouvai fort instruit; il connaissait nos Imhis
auteurs français, lisait beaucoup une de nos histoires ecclé-
siastiques et avait quelque idée de la langue anglaise. Le
curé, qui était en même temps vigario da vara (1) , ne
s'était réservé que le dernier de ces emplois; il avait par-
tagé le soin de conduire ses ouailles entre le desservant
[eapellâo] de Corumbé, celui du Corrego de Jaragu&> enfin
Luin Gonzaga, qui était chargé de Heîaponte, et chacun des
trois vicaires lui payait une certaine redevance. Cet arran-
gement n'était probablement pas fort régulier; mais, pour
ce qui concerne la religion, le Brésil, en général, et la pro-
vince de Goyaz , en particulier, sont hors de toutes les
règles.
(1) Voyei ce que j'ai dit de ccUe charge dau ma première relatioa de
vojage.
^d:,;. Google
DU MO I» S. nuNasco.
CHAPITRE XIX.
LES VILLAGES DE JASAQDA , D OUHO PINO , DE FEBHEl&O.
Pajs titné an deU de Heiaponte. — Foienda 4e S. AtUotiio. Dispnle
■TK le proprîéUire. L'intérfear des musons interdit ani élruigers.
— Temps où TOyagent les caravanes. ~ Pajs sitoé au delt de S. in-
tooio. Grands bois. — LeCi>rrefiod«Jarad>ud, viUage. Sa position. Son
histoire. Ses mines. Guitare des terres environnantM. Maladies. Fait
médical intéressant. — Serra de Jarauvà ,- sa TégétatioD. — Portrait
ia desaerrant de Jar^ini. Les mnUire*. — Politeaae des habitants de
rinlérienr envers les étrangers. — ^lise de Jarsgni. Singalier ns^e
des femmes. Bon goût et habileté des Gojanais. — Le HoJo Grouo.
— Pa;s moins désert ani approches de la capitale de la prorince. —
Baneio da Goyabtirv. — Rencontre d'ane caraTaoe. — Sanelto da$
Artat. Set habitants. — Désagréments qne le muletier de l'anteor lui
bit éprouver. Lea muletiers brésiliens. Eonni qne l'on éprouve k être
toujours avec les mêmes personnes dans les voyages. ~ Silio da
Loge. Le missionnaire capndn. Les voleurs ne sont point k craindre.
— OhligeuK« des Bréeiliëns de l'intérieuT. — Mandmga. La fEl« de
S. Jean. — Le Rio Vrvhu. — Le village d'Ouro Fino, Son rancho. Sa
position. Sa pauvreté. — Mauvais chemins. — PcMtoÀUo. — Le village
de Ferreiro. — RecommandationB du cokoel Fbihcisco Luti.
Pour me rendre de Heiaponte (1) à S. Antonio, où je fis
halte, je suiyîs une vallée assez lai^e , bordée par deux
chaînes de montagnes peu élevées. La plus septentrionale
n'est que la continnation des Pyreneos et prend le nom de
StrradtS.AiOonia. Des sons-arbrisseaux et des arbres ra-
(1) Itinéraire approiimatirde Heiapaatcl TillaBoa :
^d:,;. Google
M TOYAOB ADX aOUBÇBS
bougris croissent assez rapprochés les uns des autres au mi-
lieu des pâturages qui couvrent la vallée et les moDtagnes,
et appartien neot encore à ces mêmes espèces, que je retron-
vais dans tous les campo4. Partout l'herbe était desséchée;
je n'apercevais aucune fleur. Je traversai pendant la journée
plusieurs ruisseaux bordés d'une étroite lisière de bois; U,
je jouissais d'une fraîcheur délicieuse, mais, ailleurs, la
chaleur se faisait assez fortement sentir.
La fazenda de S. Antonio où je fis halte, comme je viens
de le dire, était autrefois très-importante. Dans ce temps-
là , on tirait de l'or de la Serra du même nom ; mais la
mine s'est épuisée, on a cessé d'entretenir les bâtiments de
l'habitation, et presque tous ne sont aujourd'hui que des
ruines. C'estcependanlàpeine ai cetétablissementapatté
è la troisième génération : tels sont les tristes résultats de la
recherche de l'or et de la prodigalité des mineurs. Étant à
MeiapoDte, j'avais vil, de l'autre câté du Bio das Âlmas, une
maison qui produit un effet fort agréable dans le paysage
et paraissait avoir été très-jolîe autrefois ; elle avait été bâtie
par un hMnme puissamment riche, qui possédait un grand
nombre d'aeclaves : c'était un mineur; ses filles, lors de
mon voyage, ne vivaient que d'aumAnes.
h s. Antonio , fiuen<U 3 Icgoas.
Jmtgnà.Yilljg» 3 Ifl
tejïbeira , rucbo s
RaDcho du Ams, rateatU 3
Sitio da Ltge , diiumière , 9
Mandinga, petite habitalkn 3
Onro Fioo, rillàge 4
Ponso NoTO, TiDcbo it/t
vaia Boa H/i
97 1/llegoM.
^d:,;. Google
DU MO DE 8. FUNOnCO. 47
Jmé MarisDDO , qai m'arait précédé , avait demandé
rhospitalité à la porte de TkaMUtion de S, Antonio, et une
négresse lui avait indiqué un petit bAtimeot qui n'était
point occupé. Qnand j'arrivai , je troavai c^ bomme de
fort mauTaise humeur, parce que, disait-il, on vonlait nons
It^er dans un endroit rempli de puces et de cliiqnes [bidMM
de fi, puUx penetraas). J'étais si malheureni quand je
Toyais le mécontentement peint sur la flgnre de ceax qni
m'accompagnaieat , que j'allai demander un meilleur gîte.
Une mulâtresse rae soutint qu'on n'en avait pas d'autre à
me donner, et, poussé par José Marianno, je commençais
i m'édiauffer, lorsque arriva le maître dé l'habitation. Sa
bonhcKnie me désarma ; il fit balayer la maisonnette que
l'on nous avait offerte , et j'en pris possession.
Au milieu de la petite dispute que nous avions eue
d'abord, ce brave homme s'était écrié : On me tuerait plutAt
que de toucher du pied la chambre bsbilée par mes Slles)
Dans cette province , où tant de femmes se prostituent , un
pè% de famille honnête doit naturellement teair ce lan-
gage , puisque l'usage exige qu'une personne dn sexe qui
veut se respecter reste à l'écart et n'ait aucune communi-
cation avec les honunes.
Je demandai à nvm hôte si , cette année^i , il avait passé
beauoMip de grandes caravanes venant de Rio de Jaseiro,
de Bafaia ou de S. Paul; il me répondit qu'il n'en avait
encore vu wcune, et que, en général, elles n'arrivent
guère qu'après la S.-Jean : elles ne sauraient atteindre
plus tôt le terme de leur voyage, car elles ne peuvent rai-
sonnablement se mettre en route avant la fin de la saison
des pluies.
Jusqu'au Rio das Aimas, que l'on retrouve à environ
^d:,;. Google
48 VOTIOE AUX SODICES
1 lieue de S. Antonio, je suivis la rallée où j'avais voyagé
la Yeille et qui souvent devùot asseï étroite ; mais , au ddà
du Rio das Aimas , je ne fis plus de moutagnes que sur la
gauche. Jadis il existait un pont sur cette rivière; mais ,
comme il est tombé, on suit actudlemeot une antre route;
alors, cependant, la sécheresse était si grande, que la rivière
était guéable , et je ne fus point obligé de me détourner :
on voit qu'il eo est ici comme à Minas, on l'on construit
des ponts, mais où on ne les répare point (1).
Entre le Rio das Aimas et le Corrego de Jaragui, c'est-
i-dire dans un espace de 3 legoat et demie, de courts inter-
valles offrent encore des arbres rabougris ; partout ailleurs
on ne voit que de grands bois. La végétation de ces der-
niers est beaucoup moins vigoureuse que celle des tarèla
primitives de Minas et de Rio de Janeiro ; cependant j'y re-
trouvai plusieurs beaux arbres : les lianes n'y sont point
rares , mais elles ne produisent aucun de ces grands effets
que j'avais admirés tant de fois dans ie voisinage de la ca-
pitale du Brésil ; les bambous, qui croissent ici parmi les
autres végétaux, ne s'élancent point, comme ceux du litto-
ral, k une hauteur prodigieuse pour former d'élé^ntes ar-
cades, leurs tiges restent grêles et ont peu d'élévation. Les
seules plantes en fleur que j'aperçus au milieu de ces bois
étalait des Acantbées, famille qni, dans ce pays, appartient
presque exclusivement aux (ortHa.
Après avcHr traversé le ruisseau appelé Corrego de Jara-
guâ, j'arrivai au village du même nom [arraial do Corrego
4eJaraguà]{^).
(1) Celai doot il s'agit ici , qaoiqiie fart oécusùre, n'était point «KOre
ttpué eu 18!3 (HiTTOs. /Un., 1 , 150).
(31 11 M ftal pu écrira, ■vec PoU, Cargo do Jarnfvd , et encore
^d:,;. Google
DU UO DE S. FRANCISCO. 4»
J'avais ravoyé José Marianoo en avant, avec deux l^res
de recommandation que l'on m'avait données pour le des-
servant ilu village (capellâo}; celni-ci m'accueillit parfai-
tement bien, me i<^^ dans ane maison fort commode, me
fit apporter de l'ean et du bois par ses esdaves, et m'engagea
i souper avec lui.
Corrego de Jaraguà, on simplement JamgvA, comme
l'on dit habituellement dans le pays , est une succursale
[eapella filial] de Meiaponte, comprenant dans son ressort
environ 2,000 Ames. Ce village, situé dans une vaste plaine
couverte de bois, est entouré de montagnes plus ou moins
hautes, dont les pins rapprochées s'élèvent presque à pic et
produisent un bel effet dans le paysage. JaraguA me parut
presque aussi grand que Meiaponte; mais ses mes sont
moins régulières , ses maisons moins grandes (1) et moins
jolies, et l'on n'y voit que deux églises.
Des nègres qui allaient chercher quelques parcelles d'or
dans les ruisseaux découvrirent, en 1 736 (3), le pays oà est
aujourd'hui situé Jaraguâ. Les richesses que l'on trouva en
cet endroit ne tardèrent pas à y attirer des habitants , et
bientAt un village se forma oti , peu de temps auparavant .
on ne voyait qu'un désert.
Ici les minières ne sont pas entièrement épuisées (1 819) ;
moins Corrego da Jarag^ioy, ivet Luii d'AliucogrL. Lu ddius de Car-
reço dt Jeraguà et Jaguara qn'oD Iroare duu le PJuto brcuiUentU de
TOn Escbvege wnt anasi peu eucU qae les prtcédeoU. — Girdiier io-
dique , dios le nord du Brésil , un tien ippelé égileneal Jarofi'iKi. —
Ce mot, eu gurooi , sigoiOe eau qui murmure
(1) ta 1823, elles étaient, mIod da Cuaba HKlos , m nombre de 300
(IHm., 1,147;.
(S) Cette dite est celle qu'idioet Pinrro : da Cuahi HaUos et d'Alin-
conrt iadiqueot l'année 1T?IT.
11. 4
^d:,;. Google
M VOYAGE AUX SOURCES
on compte une quamntaine de persoaneB, libres ou esdives,
qui travaillent encore à l'eitraction de l'or, et le village est
beaucoup moios désert qoe celui de Heiaponte. L'agricul-
ture occupe aussi plusieurs des habitants de Jaraguâ ; quel-
ques-uns d'entre eux s'8iq)liquent spécialement k éleva"
des bestiaui , et il existe , dans les environt de ce village ,
plnsîem^ guo^ries de trente à quarante esclaves, dont les
IHiMlnits se vendent principalement dans la capitale' de la
province (1).
La mdadie la plus commune k Jaraguà, coibbk ji Meia-
ponte, est l 'hydropiate ; la morfta n' y est pas non plus fort
rare. En 1795, il y avait eu dans ce village une épidémie
dont le Bouvenïr ne s'était point encore effacé k l'époque de
mon voyage , et que l'on altrlbnail aux réservoirs d'eau
très-nombreux qu'avaient faits les mineurs. U paral^it,
d'après ce que dit le docteur PobI [â] , que , dans la saison
des pluies , l'eau du ruisseau , souillée sans doute par le
travail des lavages, n'est presque plus potable, ce qui doit
nécessairement nuire k la santé des habitants.
. Ici je consignerai un Tait médical qui paraîtra sons doute
fort remarquable. Lorsque je me trouvais à JaraguA , il y
avait, dans ce village, une femme blanche qui, quoique
atteinte de le mor|^, l'une des maladies les plus hideuses
qui existent , était devenue enceinte , et elle avait mis au
monde un enfant blanc parfaitement sain.
[1) Di Cnnba HiUos peose que l'onverlare da nonTMD cbeniiii ippel^,
comme je l'ai dit, Picada do Coireio de Goju fera perdre ■□ TilUge de
Jaragnà quelque chose de Taisancc dont il a joui peudtot longtemps ,
mais que , les muletiers n'j apportant plus leurs ticm , il fagnera sons
le rapport de la moralité. Ce lillage i été érigé ta ville par un décret du
10 de juillet 1833 (/tfn., T, 149 : n , 337).
<3) Ueite. 1,393.
^d:,;. Google
DU RIO DB 8. FRANOSCO. M
ip pit^tai de mon séjour h Jaragui pour aller herboriser
sur une montage taillée presque à pic , qui est fort rap-
prochée du village , et qu'on appelle iSerra de Jaraguâ :
cette montagne a peu d'élévation et se termine par un pla-
teau étroit et allongé, fort pierreux, mais assez égal. t«
végétation y est i peu près la même que dans tous les cam-
poa parsemés d'arbres rabougris; cependant j'y trouvai un
grand nombre d'individus d'une espèce d'acajou {Àncuiar-
dium cvrateliifolium,Xag. deS.Hil.){l) que je ne me rap-
pdeis pas d'avoir vue jusqu'alors. Le fruit de ce petit arbre
est d'uD goftt agréable; il devient mûr à l'époqoe des pluies,
et attire alors sur la montagne beaucoup de geis pauvres
qui 7 trouvent aussi une grande quantité de bacaparis ,
Sqiotée h fruit également comestible.
Pendant le temps que je passai k Jaraguâ, le chapelain
ou desservant (eapêllÔo) voulut quejeprisse mes repas chez
lui ; il eut pour moi mille attentions et me combla de poli-
tesdea. J'avais déjA entendu parler de lui k Rio de Janeiro,
où l'on connaissait son goût pour les mathématiques; il
avait fait ses études dans cette ville, et, outre sa science fa-
vorite, il f avait appris un peu de grec et de philosophie;
il enteodait «issi le frantats, et avait dans sa bibliothèque
quelques-uns de nos livres. En géuéral , les personnes de
l'intérieur qui , à l'époque de mon voyage , n'étaient pas
sans iostrucUon, l'avaient puisée dans les ouvrages frao-
vaîs, et la plupart ne parlaient de notre nation qu'avec en-
thousiasme; il n'eu était pas ainsi à Rio de Janeiro, où l'on
savait mieux ce qui s'était passé en Europe depuis viugt-cinq
^d:,;. Google
as VOYAGE AUX SOURCES
ans , et où plusieurs de nos compatriotes , misérables aven-
turiers , avaient achevé de débiiire ce qui restait encore de
notre antique réputation.
Quoi qu'il en soit, les personnes de ce pays qni ont fait
quelques études, comme le chapelain de Jaragui , les né-
gligent bientôt, parce qu'elles sont en nombre infiniment
petit. Qu'un homme instruit soit jeté dans un des villages
de la province de Goyaz, il ne trouvera personne avec qui
il puisse s'entretenir de ses goûts et de ses occupations &-
vorites ; s'il rencontre des difficultés, personne ne pourra
l'aider à les surmonter, et jamais l'émulation ne soutiendra
son courage; il se dégoûtera peu à peu des études qui fuî-
saient son bonheur; il les abandonnera enlièrement, et
finira par mener une vie aussi végétative que tous ceux qui
l'entourent.
Le chapelain de Jaragué était un mulAtre : j'ai déjà fait
l'éloge de sa politesse; mais elle avait quelque diose
d'humble qui tenait à cet état d'infériorité dans lequel la
société brésilienne retient les hommes de sang mélangé
(18i9), et qu'ils n'oublient guère quand ils sont avec des
blancs. Cette infériorité n'existe réellement pHS, si l'on
jwend pour objet de comparaison l'intelligence des uns et
des autres; peut-être même pourrait-on assurer que les
mulâtres ont plus de vivacité dans l'esprit et de facilité pour
apprendre que les hommes de pure race caucasique ; mais
ils participent à tonte l'inconsistance de la race africaine,
et. Bis ou petit-fils d'esclaves, ils ont des sentiments moins
élevés que les blancs, sur lesquels pourtant ne réagissent
que trop les vices de l'esclavage.
Le chapelain de Jaraguâ ne fut pas la seule personne no-
table que je vis dans ce lieu; je reçus la visite d'un autre
^d:,;. Google
DO RIO DE S. PUNCISCO. 53
ecclésiastique qui , avant lui , avait été desservaot, et celle
de l'ancien commandant du village. Dans ce pays, comme
à Minas, on va complimenter l'étranger qui arrive, et lui
se contente de rendre les visites qui lui ont été taites.
Avant de quitter Jaraguà, j'entendis la messe dans l'é-
glise principale que je trouvai jolie et ornée avec goAt. Sui-
vant l'usage, les femmes étaient accroupies dans la nef,
toutes enveloppées dans des capotes de laine avec un fichu
simplement posé sur la tête. Je remarquai que, après avoir
pris leurs places, plusieurs d'entre elles Ataient leurs pan-
toufles et restaient les pieds nus. 74'étant probablement
pas accoutumées à porter des chaussures dans l'intérieur
de leurs maisons , elles se hâtaient de s'en débarrasser.
Ce n'est pas seulement l'église de Jaraguâ qui témoigne
en faveur du goât et de l'habileté des Goyanais. J'avais vu ,
à S. Luzia et à Meiaponte, des meubles et de l'argenterie qui
avaient été faits dans le pays et étaient bien travaillés. Plu-
sieurs tableaux de fleurs, qui n'auraient point été désavoués
par nos bons dessinateurs d'histoire naturelle, ornaient le
salon dn curé de Meiaponte, et étaient dus à un homme qui
n'était jamais sorti de Villa Boa.
Après avoir quitté Jaraguâ, je traversai un terrain de
peu d'étendue , parsemé d'arbres rabougris , et ensuite j'en-
trai dans de grands bois. C'était le fameux Mato Grosso
(bois épais) dont j'ai déjà eu occasion de parler au Tableau
génial de la province, et que la roule parcourt de l'est Â
l'ouest, dans un espace de 9 Ugoas. Pendant les sis pre-
mières, ces bois me parurent i peu près semblables à ceux
que j'avais vus avant d'arriver à Jaraguâ ; les grands arbris-
seaux y sont plus communs et plus serrés que dans les forêts
vierges proprement dites , et l'on dirait un immense taillis
^d:,;. Google
M VOYAGE AUX SOUICES
déjà Agé, au milieu duquel on aurait laissé ud grand nom-
bre de baliveaux. Des Àcaatbées et une couple d'Amaran-
tacées furent à peu près les seules herbes que je trouvai en
fleur en parcourant les six premières lieues du Hato Grosso.
La deruière partie de ce bois offre une végétation beaucoup
plus belle que la première; là des arbres, la plupart vigou-
reux, assez rapprochés les uns des autres, sont liés entre eux
par un épais fourré d'arbrisseaux et de lianes, et, en certains
endroits, des bambous fort différents de ceux que j'avais vus
au-dessus de Jaragué, à tiges plus grandes et moins grêles ,
forment d'épais berceaux. Au milieu du Mato (ïrosso, il
existe de grandes clairières où croît uniquement du capim
gordura, Graminée qu'à cause de son odeur fétide on
Domme ici capim catmgueiroon simplement caJinjfu«ù-o(l] :
ces lacunes étaient autrefois couvertes de bois ; od mit le ter-
rain en culture, et le capim gordwai fini par s'en emparer.
Malgré la sécheresse , la verdure du Hato Grosso était en-
core extrêmement fraîche (20 juin), et des feuilles nombreu-
ses couvraient la plupart des arbres, bien différents, en cela,
de ceux des catingai de Minas .\ovas (S) qui , i la même épo-
que de l'année, sont presque ausù nus que tes forêts de
l'Europeaucœurdel'biver.Jesuispersuadéque, lorsqu'on '
(1) Dn mot ealingtt, omiituu odenr. edie, ea particulier, qui rtoilte
de U (ruispiratioiii.
(!) Les catingai soDt des fortls qui perdeol Imrt reuilles duqne
umée et tant moins vigonreuRes qne lei bob riergH propremeui dits
(*o}ei moo Voyage dant la pmiticti lU Rio de Jaméiro, elc, U,
M, 101, et moaTableangéonTaphUiveiU lavégélationprimitiw, etc.,
d4ns les Nouvelle* Annalet det Voyagei, vol. UI). Pris dans ce sens, le
mot eatinga n'eppartinit pas k la langue portngaise : il tm àémi des
deni mots ùidieas caa , Unta, boia blanc ( Foirafe dant I* itùlrici 4*»
IMamaHU, etc., U,36(t).
^d:,;. Google
DQ HO K 6. FIAHOSOO. Si
étildieni wee ■ttentioD les arbres du Mato Grosso, od en
tronToii fort peu qui croissent également dan» les bois voi-
sins de la ca^tale du Brésil. Je n'en trouvai que deui
espèces qui fussent en fleur, et on lea chercherait inutile-
inent au aaliea des forêts primitires du littoral : le pre-
mier, le Matomba ou Mutombo {Guamtma ulmifoUa , A.ng.
de S. Uil.)(l), dontlefhilt, quoique ligoeui, idsse échap-
per un suc qui rappelle le goût de la Sgne grasae ; le se-
cond, le dtichâ {Stercuha chichâ, Aug. de S. Hil.), dont
les semences sont trèfl-bonnes à manger, et que l'on ferait
bien d'introduire dans les jardins de la cAte.
Je reviens aux détails de mon vofage.
SientAt , après avoir quitté Jartgué, je commençai à m'a-
percevoir que je m'af^rochais de la capitale de la iffovince.
Le pays devient beaacoup moins désert; je rencontrai {rio-
neurs personnes dans le chemin , et je passai devant trois
maisonnettes habitées, dont nne avait dn raneho ou han-
gar destiné pour les voyageurs et ouvert de tous les cAtés,
eoomie ceux de la route de Rio de Janeiro k Minas.
De la maison où Je fis halte dépendait également un
raneho {Rancko da Goyidteira, le raneho dn goyavier), sous
lequel je m'établis.
Le jour suivant, je trouvai heureusement de l'ombrage
dans le Mato Grosso ; partout où le soleil dardait ses rayons
la chaleur était excessive et ^ssait sur mes nerfs de la
oiaDtère la p\aa pénible (3). Les nuits, au contraire, étaient
(1) Flora Bratiliœ m«riiiio»atit, I, IH; — Btmie ii« ta Flore dn
Brétil miriiHonal , par Ang. de S. Hilaîre et Ch. Nindiii , dias les An-
naUt dn teieneti naturelle» , iaHhi IMl.
(S) A eofilieira, le thariiiomttre indiquait, à 3 tfaree aprts midi,
!f degrfs R««amar, et IS dcgréa k 6 beure» du soir.
^d:,;. Google
3S TOTAOE AUX SOUICES
(oiqours ftatches et la rosée d'une eiUéme aboodance.
Au delà de Goyabeira, je rencontrai une grande cara-
vane; ce n'était que la seconde depuis Formiga, ce qui
prouve combien , dans ce pays, le commerce a peu d'ac-
tivité. Celle-ci était partie de S. Paul; elle avait fait le
voyage de Cuyabi ; de là elle était venue à Goyaz pour se
renike à Bahia, mais ie propriétaire, ayant appris que les
pâturages du sertâo (désert] de Bahia étaient entièrement
desséchés et n'offriraient aucune nourriture à ses mulets,
avait pris le parti de retourner à S. Paul. Des voyages
aussi gigantesques étonnent l'imagination, quand on songe
que les marches sont tout au plus de 3 à 4 lieues, que l'on
est souvent obligé de séjourner en plein air ou sous un
triste nmcho, qu'il faut se condamner aux plus rudes pri-
vations et presque toujours traverser des déserts.
L'habitation oii je Rs halte, à 3 legoat deGoyatieîra,
porte le nom de Rancho dat Areat {le rancAo des sables).
et me parut considérable, à en juger non par le logement
du maître, mais par les terres en culture que je vis dans les
alentours et le grand nombre de bestiaux qui erraient au-
près de la maison.
Je m'établis sous un rancho très-grand et bien entretenu
qui dépendait de œtte habitation. Il était entouré d'énor-
mes pieux serrés les uns contre les autres, qui, à la vé-
rité, ne s'élevaient pas jusqu'au toit, mais qui, du moins,
garantissairat de la voracité des pourceaux les etTets (dacés
sous le hangar.
A peine mes malles furent-elles déchargées, que les gens
de la maison entrèrent dans le rancho pour admirer les
marchandises de José Harianno, et je fyis tout étonné de
voir une troupe de femmes bu nombre des curieux. Toutes,
D,<j,i,.,.d.:, Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. SU
blsDcfaes et nml&tresses, avaient une assez mauvaise tour-
nure ; elles arrivèrent sans faire le moindre compliment,
et s'en allèrent de même. Les hommes n'étaient pas beau-
coup pins polis ; ils avaient un air niais et des manières
rustiques. En général, cepeodant, je trouvais, je dois le
dire, beaucoup plus de bonté et de politesse chez les habi-
tants de la province de Goyai que dans toute la partie occi-
dentale de celle de Minas, si différente du voisinage de
Tijuco et de Villa Kiea (Dlamantina, Ouro Preto).
Avant mon départ du rancho das Areas, il fallut se que-
reller avec José Marianno, ce qui était déji arrivé plusieurs
fois. Cet bomme, si partit dans les commencements du
voyage, s'abandonnait à l'excessive biiarrerie de son carac-
tère; il savait que je ne pouvais le remplacer, et quoique
je le payasse plus cher que n'aurait fait aucun Brésilien,
qu'il fât traité avec les plus grands égards, il me manquait
sans cesse et devenait insupportable. Il avait une adresse
r»narquable, beaucoup d'intelligence, et je pouvais causer
quelques instants avec lui , ce qui , au milieu des déserts
monotones que je parcourais seul , était à mes yeux d'un
très-grand prix. J'avais <odçu de l'affection pour lui, il
m'était pénible d'y renoncer. Mais peut-être est-il impos-
sible de trouver un muletier brésilien qui s'attache à son
maître. Ces hommes, toujonrs ou presque toujours des mé-
tis, ont à peu près toute l'inconsistance des nègres et des
Indiens; ils sont sans principes, la plupart sans famille;
accoutumés è une vie nomade, ils ne peuvent s'assujettir A
la dépendance que pour un court espace de temps, et il
fout nécessairement qu'ils cliangent, lors même qu'ils sont
presque s&rs d'être plus mal. D'ailleurs, durant les longs
voyages des caravanes, l'inférieur se trouve, dans tous les
^d:,;. Google
H VOYAGE AUX SOURCES
iastaotsde Mvie, bous les yeux de sod supérieur, et l'hooune
aime taot la diversité, que , en géoéra), il se dégofltte d'Âtre
cootinuellement svec la même personne, surtout lorsque
la présence de cette dernière lui rappelle des devoirs dont
il voudrait s'affrancbir. U est rare que, dans un voyage de
long cours, les psssagwï ne se querellent pas sans cesse,
■oit entre eus , soit avec leur cfq>itaine; et une femme cé-
lèbre (1 ) disait que , pour guérir deoi amants de leur pas-
sion, il faudrait les faire voyager en litière.
Quoi qu'il en soit, les tracasseries que j'essuyais dans
mon iolérienr, et dont rien ne voiait me distraire, ren-
daient insupportable ce voyage déji si ennuyeux par Ini-
méme, et qui était, è cause de la sécherewe, si peu froc-
tuenxpoor l'histoire natorelle.
Ajffès avoir quitté le Rancbo das Areas, je fis encore 3 lê-
0D<u dans le Mato Grosso, et tout àcoup j'entrai dans on
etm^ parsemé d'arbres rabougris, changement qui se fait
brusquement, sans intermédiaire, conune celui d'une dé-
coration de théAtre ; et cependant il ne me parut pas qu'il
y eût la moindre différeace ni duts la nature ni dans l'élé-
vation du sol.
Je passai la nuit dans une petite chaumière appdée le
Sitio da Loge (le litio de la pierre mince] , qui était habitée
pv d«s femmes seules. La maîtresse de !a maison ne se
cacha poiut i mon arrivée ; elle me regut très-bien et causa
beaucoup avec moi. Elle avait vu le missionnaire capoci*
dont j'ai déjà parlé, il lui avait donné des instructioDs et
des conseils, et elle paraissait enchantée de son lèle â de sa
charité.
(I) M"" deSévigné.
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DD UO DE S. nUHCISCO. S9
Les femmes qui habitaient Lage n'étaient point dans l'in-
digeoce; la principale d'entre elles portait même des bi-
joux d'or, et cependant sa maison n'avait pas même de
porte. Dans ce pays, comme on l'a déjà vu, la bonne foi ne
préside pas toujours aux b'ansactiong, mais il est sans
exemple qu'on entre dans une maison pour y prendre quel-
que chose (4819).
Au deiè de Lage le pays ett plat; on continue à parcourir
des eampos parsemés d'arbres rabougris, mais des lisières
de bcHs bordent tous les ruisseanx. La sécheresse était toa-
Jours extrême et les plantes sans fleurs.
Comme on m'avait prévenu qu'en suivant la grande
route je serais obligé de passer le Rio Unihià sur un pont
qui était sur le point de tomber, je me décidai k prendre
un ch^nin de traverse pour aller gagner un ^utre pont. La
nultresse d'une petKe habitation m'ofijrit très-poliment de
me donner son fils pour me guider ; j'acceptai sa proposl-
tiaa, et, sans ce jeune homme, je me serois probablement
égaré. II est à remarquer que , dans l' intérieur du BrésU ,
oà l'en voit peu d'étrangers et où l'on est naturellement
bon et obligeant, cas petits services se rendent sans aucune
eqiérance de rétribution.
À 3 letfofu de Lage, je Gs balte à l'habitation de Man-
àinga (sorcellerie] (1 }, à peu près aussi chétive que le sont
ordinairement celles de ce pays.
Ce soir-là (35 juin), on y célébrait une grande f%te, celle
de S, Jean. Chaque année, les cultivateurs du voisinage ti-
rent au sort pour savoir chez qui se fera la fête; c'était le
tour de nxm hâte. Ou commença par planter un grand mAt
\ i\ ht mot maHtJinga est arricain.
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fl» VOYAGE AUX S
surmonté d'un petit drapeau sur lequel étaK l'image du
saint. La cour de l'habitation Ait illumioée ; on fit un grand
feu, et on tira des coups de pistolet en criant : Vive S. Jeunl
Pendant ce temps, un joueur de guitare [viola] chantait du
nei et de la gorge des tnoditJuu (1) bien niaises sur un ton
lamentable, en s' accompagnant de son instrument. En gé-
néral , c'est, comme je viens de le dire, que les gens du
peuple diantent les ntodinluu ; les paroles en sont beaucoup
trop gaies, et si l'on n'entendait que l'air, on croirait que
c'est celui d'une complainte. Bientôt cependant commen-
cèrent les batuques, ces danses obscènes que les habitants
du Brésil ont empruntées aux Africains; ils ne furent dan-
sés d'abord que par des hommes : presque tous étaient des
blancs; ils n'auraient pas voulu aller chercher de l'eau ou
du bois comme leurs n^res, et ils ne croyaient point
s'abaisser en imitant les ridicules et barbares contorsions
de ces derniers. Les Brésiliens doivent bien quelque indul-
gence â leurs esclaves, auxquels ils se sont mêlés si souvent,
qui peut-être ont contribué à leur enseigner le système
d'agriculture qu'ils suivent, la manière de tirer for des
ruisseaux , et qui , de plus , furent leurs maîtres à danser.
Après les batu^tet . mes bAtes , sans aucune transition ,
s'agenouillèrent devant un de ces petits oratoires portatifs
que l'on voit dans toutes les maisons , et chantèrent la
prière du soir. Cet acte de dévotion dura fort longtemps;
quand il fut terminé , on se mît à table et l'on porta des
santés.Tontelanuit, on chanta et l'on dansa des frotuçtte*;
les femmes finirent par s'en mêler, et le lendemain, au mo-
ment où je partis , on dansait encore. C'est ainsi que fiit
11) Le« niodr'nhof sont des chiusoniiettes ptrticulières •□ Brésil.
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m MO DE s. FUNCISCO. SI
Châtrée à Mandioga la fête de S. Jean , et partout ailleurij
on la célébra de la même manière. Devant la porte de la
plupart des sitios, (m voit le grand arbre desséché qui a été
planté le jour de cette fËte, et qui porte i son extrémité un
petit drapeau Uanc sur lequel un saint est représenté.
BientM, après avoir quitté Mandinga, je passai sur un
pont en bois le Rio Uruhû. Cette rivière, que l'on regarde,
dans le pays, comme l'origine du Tocantins, et qui en forme
réellement la branche la plus méridionale et, par consé-
quent , la plus éloignée de l'emboudiure, n'est encore, en
cet endroit, qu'un faible ruisseau ; elle prend sa source dans
la Sara Dowada, dont je parlerai plus tard , et, après un
cours d'environ 30 legooâf elle perd son nom en se réunis-
sant au Rio das Aimas (i).
An ddà de l'Cruhà, je continuai, pendant Icngtemps, à
parcourir des eampoi dont la végétation est toujours la
même, et enfin j'entrai dans un bois très-épais, qui res-
semble h nos taillis de douze k quinze ans, tant les arbres
y ont peu de hauteur. Avant d'arriver à ce bois, on voit seu-
tonoit de petites montagnes dans le lointain ; mais, quand
on est sorti du bois, tout le pays devient noontueux, le che-
min est alors couvert de pierres , et, immédiatement ^piès
avair passé le ruisseau qui porte le nom de Rio Vermdho
(Ifl rivière rouge) (9), on arrive au village d'Oitro /!no (or
fia).
J'y Bs lulle sons un roneho <»ivert , où étaient déjà éta-
blis d'autres voyageurs. On voyait dispersés çà et li des
malles, des cuirs écrus, des bAts et tout l'attiraîl des mu-
(1) CuiL, Corog., 1,333.
(3) Yojet ce que jt dis gar cctu rivière dans k chapitre HiTUt.
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63 TOTAGB AUX SODtCBS
lets; des hamacs araiait été guipendm aox poteaux qui sou-
tenaient le rancAo; les muletiers étaient accroupis autour
du feu qui avait serri à faire cuire leurs haricots.
Onro Fino est situé sur une hauteur aD-deseus du Rio
Termelho , et fait face aux petites montagnes appelées
Morro âo Sot (morne du Soleil) , que l'on Toit de Tantre
cAté du ruisseau. Ce village, qui n'a jamais été bien consi-
dér^le, doit son origine i l'or que l'on tirait autrefois du
Rio Termelho , et son nom à la belle qualité de cet or (1).
Comme aujourd'hui il n'existe des mines que dans les
mornes voisins , et que, foute d'eau , on ne peut les exploi-
ter (2), Ouro Fino n'oBre plus qu'une triste décadence.
Toutes les maisons sont à demi minéfls; plusienn d'entre
elles restent sans habitants, et l'église qai dépend de la pa-
roisse de Villa Boa n'est pas en meilleur état que les mai-
soDS eiles-m^es. Le peu de personnes que l'on compte
encore dans ce pauvre village (3) vivent d'un petit com-
merce de pourceaux et dn maigre produit de quelques mi-
sérables tavernes.
Le lendemain dn jour on je couchai k Ouro Fino , Je ne
fis que 1 lieue et demie, afin de pouvoir envoyer José Ma-
rianno à Villa Boa, avec une lettre de recommandation qui
m'avait été donnée , pour un eoloml de milice , par son pa-
rent, le curé die S. Joâo d'EI Rei. Je m'arrêtai à l'endrott
appelé Potiêo Xovo [la halte neuve] , sous un mauvais ron-
eho qui dépendiit d'une maison presque détruite, habitée
par de pauvres nègres.
(1) F»., Mem. ktil., IX, »1.
(S) L. c.
(3) Oan FiM n'a janm ea le ti
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DO RIO DE S. PRARCtSCO. 03
Eotre Ouro Fino et Poaso Noto, la ronte, qni trarerse des
bois, est en très-mauTais état, et doit devenir totalement
impraticable dans la saison des pluies. On ne répare point
les chemins; fis doivent être nécessairement moins bons
dans le voisinage des villes , parce que là ils sont ploa fré-
quentés.
Etant arrivés de très-bonne heure è Ponso Noto, je pro-
fitai du temps qui me restait pour faire une longue herbo-
risation; et, cootinuant à suivre le chemin de Villa Boa,
j'arrivai i an petit faameau qui se compose d'une chapelle
et de quelques maisons i demi ruinées .
Ce hameau porte le nom de Ferreiro (serrurier) (1), et
est célèbre dans l'histoire de Goyax, parce que les Paulistes
qui découvrirent le pays formèrent en cet endroit leur pre-
mier établissement. Les colons qui s'y étaient d'abord fixés
se retirèrent bientôt pour aller cbercber fortune ailleurs;
un serrurier, compagnon de ces aventuriers, ne voulut
point suivre leur exemple, et on donna au village le nom
de sa profession (SJ.
José Marianno arriva de Villa Boa enchanté de l'accueil
que lui avaitfait le colonel Francisco Leite, auquel j'étais
recommandé. Le colonel l'avait chargé de me dire qu'il ne
fallait pas que j'arrivasse h la ville avant le lendemain au
soir, parce qu'il voulait avoir le temps de me chercher une
maison; il avait ajouté que je devais descendre au palais du
(1) Da Cnnlui Hallos dit que les TillagM d'Ouro Fino et de Ferreiro
ODt perdo leur importance depnia qae les carivines passent p«r le che-
min appelé Picada do CoTreio de Gojai ( Itin., H , 87). Ils aTuent certes
bien pen de cho.e h perdra.
(ï) Je mit ici la TersioD de Caial de préférence k celle de Piiarro,
qui , snr ce point , n'est pas parbitemeat d'accord arec lai-mene.
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M VOYAGE àVX SOUBGES
général et accepter toutes leftofftestfuecelui-cipoorraitnie
fiiire.
Je suivis eiactement les prescriptions du colonel Leite,
et partis (36 juin) fort tard de Fouso Novo pour me rendre
i Villa Boa.
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DD UO PB S. nUNCISGO.
CHAPITRE XX.
VUXA BOA OU U CITÉ DE GOTAZ.
Biatoin de Filla Èoa. — BJeavinUges et agr^meais de m positioa. —
Le Rio Tcnnelbo la trarer^ e ; pools. — ÉglUes. — Kua ;^uiKiiiB. —
Plafes pabUqucs, — Palais da goovcnicur.— HdUl des finances (cota
da etmtaâoria). — HAtel de ville. — BAUl poar la TOate de For. —
Popalation. — HaUdies ; gottre. Atoence de «MOara nMicani. — Oc-
capatiooB des habiUoU de Tilla Boa. — BontiqDes. — Onniers. —
Nonrritare. — Aacnne ressource poar la KteHÛ. — Mariages rang.
Qaelle eo est la canse. Hanraia eiemples donnés an penple par eeni
qui dcTraient le guider et IVclurar. — Les femmes de Gojai. — Goût
pour le lafla. — Hangae de délicatesse. — Va dtaer an palais. — Des-
cription de l'int^rienr de cet édifice. — Portrait et histoire du capi-
taine général Firiundo Delcim) FBCrai ni CiSTiLio. — Portrait de
Riiammo HoniTO HTicnrrao. DescripliOD de sa maison. — Le P. Jo>
Bartholomea Bueno, qui déconvrit la province de Goyoz,
jeta aussi les premiers fondementa de sa capitale. Après
avoir quitté le lieu appelé Ferreiro , il bitit une maison sur
)e bord du Rio Vermelbo , et celle-ci devint le noyau d'un
village auquel on donna le nom de Santa Anna. Les auto-
rités du pays établirent leur résidence daas cet endroit ,
qai bientM acquît une grande importance, et Santa Anna
t^t érigé en ville par une ordonnance royale de Tévrier
4756. Alors le pays ne formait point encore une province
séparée; le gouverneur de S. Paul, de qui il dépendait.
11. i
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00 VOYAGE AUX SOOKCES
D. Luu DB Mascakbnbas, coktb de Sabzedas, ne mil
l'ordumance & eiécution qu'au mois de juillet 1739, et il
doDoa à la nouvelle ville le nom de Villa Boa de Goyaz, en
mémorre de Bueno , gui en avait été le Tmidatear (1). Un
décret, rendu par le roi Jfeao VI, le t8 septembre 1S18 ^),
éleva au rang de àié (c^ade) la capitale de la province;
mais, au Ueu de l'appeler Ctdaàe Boa , ce qui eût été natu-
rel, on lui donna le nom de Cidade de Goyat , qui a
rextr£me inconvénient d'être la répétition de celui de tout
le pays, et semble imaginé pour faire oublier un homme
dont l'intrépide persévérance avait ajouté k la monarchie
portugaise une province plus grande que la France et
qu'on avait laÎMé miHirir dans l' iodigenoe (3).
(1) eu., Cor., 1,393. — Pis,, ifem. Mit, a,lU«lMii*. — PoB,
««fM, 1,333.
(1) J'emprunte cette dite à Piurro, oéceasuremeot lujeai iiwtaBit
que )e docliar Pobl. et qui, d'aillenn, met, lUas md iodieatÛKi, me
précision plus grude.
(3) Barlholomen Baeuo, qui STUt pouÉ4é d'imnenaes ncbemtm, M
sut poiDt le» cODserrer, et ibandoDii* mime k sod B1* les direrp piaf*
qni lui iTuent étt accordés pour u récompense. Qnuid il fat derena
panire , le gwiTenieiir de S. Paul vint t md «ecoors et lui donna 1 ar-
robe d'or sur le trésor rojal ; am ce don ne fol puinl conflmi par le
roi , et , pour pouvoir rendre ce qu'il ayait retn , Bueno fat Migé de
meUreàreucoa sa maison, ses eeclaTea et les bijoux de sa femme (.POSL,
JMm, 1 , SSai .— M. le général Baimmido José da Cunha Hattos raconte
qse, au paasage dn lUo Corumbi , pris le villap de Santa Crai, Il ftit
reta, eu 1833, par les arrière^til»-eDraats de Bactbolomea Bneno, dam
jeunes personnes dont il fait an grand éloge, et nu jenite boauue de
17 ans qui n'avait poîat reçu d'éducation, mais se comportait honnête-
ment , wiw oublier son origine. Cett« fkanllle habitait une pauvre mai-
BomMtte mal menblée et était à pen près réduite k l'indigence, c Qoelle
■ nit madoateut.dit Hattos, eu TOjoot le prince de la noblesse go^a*
« naise forcé de se livrer i des traTaui manuels, et ses amrs condam-
■ nées k teatei les priralions— Tel est le sort des descendanls dn invid
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DU UO DE & FIAHOSCO. 07
La présence de l'or avait pu seule détenniner la fonda-
tion de Villa Boa; car cette ville, située (1] par ,16* 40'
lat. S. , à 300 legoas de la cAte, dans un caotoo stérile, loin
de toutes les rivières aujourd'hui narigaUes, communique
difficilement avec les autres parties de l'empire brésilien :
elle n'a pas même l'avantage d'une grande salubrité , et on
l'abandooDerait bientôt si elle n'était la résidence de tontes
les edministretHUs de ta province.
Elle a été bAlie dans une sorte d'entonnoir et est en-
tourée, de tous les cAtés, par des mornes de hauteur iné-
gale qui font partie de la Serra do Corumb e do Tocan-
■ ButholomeaBiisiiOfditiabaiigiUM, qoi, le premier, décoonitGvju,
• l'un des plus illostres eveoluriers de la piovince de S. Peul i Tel est
■ le sort des (rrière-pelits-flls da second BarUtolomeii Bneno, cet homme
■ etilbre qui , aprto ■toit eooqab et penpU le mênie prorinee, pos-
■ eéda, qnelqaes instaole, des monceanx d'or (/(tm., 1, 114). > Deux
ans plus Urd , HitLos repaast par le mtme endroit, et il j*U encore U
hmille des Bneiio : le président de la proTince, pour les empêcher de
moarir de ftitn , leur «rut fait donner h recette dn péage da Corumbi,
dent le produit aiait entitreraent apparteon à leur père (I. o., n, 70)1
n n'est personoe qui, apris tTOii la ce qui précMe, m s'écrie, avec
moi , qa'il est de l'honaenr, de la dignité du gouTernement de Go jai de
M pas permettre qne tout Toysfenr qni entre dans le paja ait sons les
Tmi un si triste eiample de l'iastabUilé des cboacs d'ici-bas et anrtmt
de l'ingratitude des hommes. Espérons qn« quelque pertoaae bieateii-
laute fera coooattre à S. H. l'empereur du Brésil la situation déplorable
où H tTOQTent les Anhangnera, rejetons d'une hmille qui a ajouté i
Fempire qu'il gourerne une prorinee aussi « aste que riUem^ne.
(1) Citle position a été déterminée par 1m PP. Dioga Soares et Do-
minfos Cbapaci , jésnltet et matfaémtlieiens habiles qui araient été ehar^
gés, par le roi Jean T, de lerer la carte dn BréMi ( Pu., Htm., IX, lU).
C'est Traisemblablemenl i eu qu'est due la déleratinaliiHi du positions
indiquées par Piiairo , Esdtwege et «aires , ou au taaiot d'une partie
d'entre elles. — Esclnege écrit, pour TilU Boa, 16* 19' : il ; aura sans
doute m une bute de «
dePiiarro.
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«8 VOYAGE iUX SODRCES
tins. Sa position n'a cependant rien de triste. Les mornes
dont ette est environnée ont peu d'élévation -, ils sont cou-
verts de bots qui conservent toujours une belle verdure et
qui, ayant peu de vignenr, ne sauraient donner au paysage
l'aspect sévère des pays de forêts vierges ; enfin , m&ne au
mois de juin, la couleur du ciel, moins belle ailleurs, avait
encore ici le pins brillant éclat. Vers le sud , les cdlines
sont assez basses et laissent voir à l'horizon la Serra Dou-
rada, dont le sommet, pour ainsi dire nivelé, et les flancs
nus et grisâtres produisent dans le paysage un effet |Htto-
resque.
La cité de Goyaz a une forme allongée et est divisée, en
deux parties presque égales , par la petite rivière appdée
Rio Venneibo, qui, après avoir pris sa source dans les
montagnes voisines du village d'Ouro Fino, coule de l'est
à l'ouest et va se jeter dans l'Araguaya {i). Trois ponts en
bois et à une seule arche établissent une communication
entre les deux parties de la ville.
Il y a dans Villa Boa un grand nombre d'églises (9) ; mais
elles sont petites, et aucune d'elles n'a d'ornements à l'ex-
térieur. L'église paroissiale , la seule où je sois entré , est
consacrée à Ste. Anne (Santa Atma) ; die n'a point de pla-
fond, mais le mattre-autel et quelques autres que l'on voit,
en outre, de chaque c^té de la nef, sont enrichis de dorures
(1) J« n'ai pri8 dus le piTs ■nenn* note Mt le ecnra da lio Trr-
melbo , et j'emprante au doH^tir Pohl ce qae je dis ici de cette Tnrtèrc.
Piiarro ne la oomme mtine pas.
(S) Ed I81B , Laiz d'Alincaarl en complaît huit. Da Slrt e Soosa ta
admet le même nombre en 1833, saroir .* Santa Anna , qui , i cette ^po-
qne, arait le titre de eaihjdrile et dont je parlerai tout i rbeare; Rou-
rio, Boa Horla, Canna, S. Pranciwo de Pauka, Senboradalbbadia, Se-
ubora di Lapa et S. Barbira , qni nons occnpere un peu plas tard.
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et ornés avec assez de goût. A un demi-quart de lieue de
Villa Boa, du cAté du nord, s'élève, sur le sommet d'une
colline, une petite chapelle dédiée à sainte Barbe (Santa
Barbara); de là on découvre la ville, les campagnes envi-
ronnantes, et plus loin la Serra Doursda : un chemin large
et bien battu conduit à cet endroit et forme, pour les habi-
tants, une sqrte de promenade.
Les rues de la cité de tioyaz , larges et en général assez
droites, sont presque toutes pavées ; mais elles le sont mal.
On compte dans cette ville environ 900 maisons (1) bâties
en terre et en bois, assez élevées pour le pays, mais petites,
tontes blanchies sur le devant et couvertes en toiles; plu-
sieurs d'entre elles ont un étage, outre le rez-de-chaussée,
et qudqueft-unes des fenêtres garnies de carreaux faits avec
du talc ; la plupart sont bien entretenues , et je trouvai
celles des principaui habitants passablement meublées et
d'une propreté eitréme. Il n'en est pas de Villa Boa comme
de la capitale de la province des Mines, où l'on voit des rues
entières presque abandonnées [2) ; on a cessé ici, beaucoup
[dus promptement qu'à Villa Rica, de s'occuper de la re-
cherche de l'or, et le nombre des maisons s'est trouvé en
rapport avec celui des «nployés civils et militaires, des
marchands et des ouvriers que ces employés nécessitent.
Il existe à Villa Boa deui places assez considérables qui
(1) Pohl en indiqoe 700 , Luti d'Alincoart quelques-unes de plus , Pi-
urro 690 oa on pen plus de 730. Selon le généT»! Raimundo Soai da
CuiiKa Hatlos , U j ea avait 740 en 1813. Le mime auteur ajoute que la
popalalioD d« la citj de Goju s'ékrait , à la mèiM époque, 14,000 Imes;
niai« je ne paia m'empJcher de considérer ce chtSre comme étant îaté-
rieur h la Téritj.
Il) Voyei mon Vojfagt àatu (m pTminees de Rio île Janeiro et de
MiHtuGeraet.l, 134t.
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7t VOYAGE AUX SOmCES
Mit la forme d'an triaDgIe irrégolier. nosienn édifices pn-
Mlca, le palais du gonTernenr, l'hAtel des finances {casa da
eontadoria), celui de la fonte de l'or [cota âa fundiçao),
l'église parolBsiale, une autre église beaucoup moins im-
portante, ornent la première de ces deux places que I'mi
appelle terreiro do paço. La seconde, qui est la plus grande,
est située à l'une des extrémités de la rille. L'bAtel de ville
{eoBa da camara) et la caserne donnent sur cette place, yers
le milieu de laquelle s'élève une fontaine. Celle-ci me parut
Atre d'une architecture pins qne médiocre, mais, du moins,
elle n'otfire rien de ridicnle.
Lorsque je parle des édifices publics de ce pays, il ne
faut pas se représenter des bâtiments immenses comme
ceux que l'on voit en Europe : Ici tout est petit, tout est
mesquin, sans élégance et mCme, dit-on , sans solidité (1).
Quuit & la grandeur, le palais du capitaine général fait
pént-Mre exception, surtout pour le pays ; d'ailleurs il n'a
que le rez-de-chaussée et est sans ornemenls extérieurs.
Gomme il se trouve un peu élevé au-dessus du sol, on
monte, pour y arriver, un perron mesquin de quelques
marches; mais, auparavant, on passe par un portail qni
s'avance sur la place de la manière la plus disgracieuse et
qui sert de corps de garde.
Outre le rez-de-cbaussée, l'bAtel des finances a encore
UD étage. Les employés sont réunis dans une salle allongée
où se trouvent deux rangs de bureaux placés vis-Jk-vis l'un
de l'autre, et à l'une des extrémités de la salle est un bu-
reau plus élevé oà travaille l'employé principal ; disposition
qui me rappela , de la manière la plus exacte , celle de la
m VnjM CiztL, CoTog. Brat.. I, 334.
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I>D 110 M 8. PftAHOnCO. 71
plupirt des classes de nos collèges, h» salle où s'assemble
la juDte du trésor royal {junta da fazenda reoTj est ornée
de bateaib et de rideaax de damas ronge. Cest là qoe l'on
pèse Yor qai entre dans les cfdFres, comme celui qui en
sort; mais les balances consacrées à cet usage sont habi-
tnellement cachées par des rideaux de même étoffe que le
reste de l'ameublement.
L'tiMel de Tille et celui de la fonte de l'or ont aussi un
étage. Comme c'est la coutume dans toutes les villes de
fiDtérieur, le rez-de-chaussée du premier de ces bAtimenta
a été rtservé pour la prison.
Sous le portail de la caserne se voient denx petites pièces
de canon (1), ce qui, à la distance où Goyai est delà cMe,
et avec l'extrême difficulté des transpOTts, peut être con*
sidéré comme une merveille.
Les nègres et les molAtres forment la majeure partie de
la population de Goyai (S). Cette ville, bâtie dans un fond,
oîi l'air ne circule point comme sur tes montagnes et dans
la plaine, où les eaux paraissent peu salubres, où la cha-
leur est souvent excessive pendant la sécheresse, où l'humi-
dité doit être très-graode dt^s la saison des ptaita, ne sau-
rait être favorable aux hommes de notre race-; aussi les
blancs de Villa Boa sont-ils bien loin d'offrir dans leurs
(1) C'ot «au diwie U ce qn« Ctul appeUa on petit fort.
(2) ■ ReUtÎTenMnt au nombre des nigraa et des moUtrsi , je toIs ici
• beneoap de jeraonnes bUochc*. ■ lUiBiniMlo Joaé di Cunbt HiUas
imrtit cette phrue le jour mËme de aoa irriTéc dus U capitale de la
pnmnca de Go;ai , le 15 jnia 1B33 ( Itin., l , 136]. 11 était rerttn de la
plaa haate dignité ; les blaoca durent naturellemeat se raisembler au-
tour délai; pent-ètn même airint'il des localités Totsiaes ponisatis'
taire knr curiosité ou pour lui faire boonenr. Par la suite , il se sera
Q qu'ils M sont pas aosri oombreni qu'il l'aTail cm d'abord.
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TS V0TA6B AUX SODRCES
pereounes les caractères de la santé, de la Tfgueur et de
ractivité{1).
Les différentes sortes d'hydropisie, et principolemeot
l'hydropisie de poitrioe, sont les maladies qui enlèvent à
Goyaz le plus grand nombre de personnes. Presque tous les
habitants de cette ville et ceux des environs oat un gottie,
et souvent cette difformité, devenue énorme, empècbe de
parler ceiu qui en sont affligée.
A l'époque de mon voyage, il n'y avait à Villa Boa au-
cun médecin ; il ne s'y trouvait d'autre chirurgien que ce-
lui de la compagnie de dragons, qui réunissait, assurait-on,
i une nonchalance extrême l'ignorance la plus complète.
Les marchands d'étoffes et de quincaillerie vendaient quel-
ques remèdes qu'ils recevaient de Rio de Janeiro, mais
personne n'avait la moindre idée de pharmacie. Le capi-
taine général avait fait au gouvernement central des re-
présentations sur l'absence totale de secours médicaux,
elles n'avaient point été écoutées ; l'administration de Rio
de Janeiro était alors i peu près aussi insouciante qu'on
l'était à Goyaz (â).
La nourriture des habitants de Villa Boa est celle de tous
les Brésiliens de l'intérieur; la farine de maïs ou de manioc
(1) Pohi dit qne les blancs de la dtd de Goju sont d'nnecooatltotMD
délicate , Uodig qne Ie« nègres et les malltres sont fort robasics {Beûe,
1, aas). Cette obMTVitiOD contriboerait k confirmer te que j'ai insÎDné
aiUeura {Voyage dan* Iw provincei OtRiùie iOMiro, etc., l], que U
rsM eaaeasiqae leod k a'iltérer dans l'Aménqae du Snd et la rac« •(H-
caine t s'; perfeelioiiiier.
(S) ■ En 1831, dit H. le docteur Slgaod [Dti Climat , etc., H6), Goyat
et Matogrosso étaient encore sang médecins : le président d« Gojai ré-
clanu.i celte époqne.aapria du gODTeraenr central , et la sodéléde
médecine de Rio de Janeiro appnya cette juste di
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DU UO W.S. FUSdSCO. 73
ra karmt le fondement (1). Cependant on peut ici se pro-
curer quelques doucears que l'on ne trouverait pati dans
les fazettda»; je citerai, en particulier, d'excellent paie
que l'on fait avec de la farine de froment qui vient de Santa
Lntia, de Meiaponte et de Cavalcante, village plus septen-
trional que Villa Boa, mais qui est probablement plus élevé
et dont les environs sont, dit-on, très-favorables à la cul-
ture du blé.
Les emplois publics occupent, autant du moins que l'on
s'occupe dans ce pays, une bonne partie des habitante de
Goyaz. D'autres sont des marchands, quelques-uns vivent
du produit de leurs terres; un petit nombre de personnes,
comme je l'ai dit dans le Tableau général de la province,
emploient encore leurs nègres à chercher isolément un peu
d'or dans le Rio Vermelho.
Il eiiste à Villa Boa (4819] un assez grand nombre de
boutiques fort bien garnies où, comme dans toutes celles
(1) Hon Voyage tlant Ut prooineet de Bio de Janeiro et de MUmu
Geraet a fut coDniltre net déUîl l'ihmeiiUtioD prindpakmeDl régi-
Ule des hibiuntt de la partie aad da firfeil liopical. Va tonriste qai a
parcouru la proviacé des Mines du midi an Dord dit que les BrisUieus
mangent de la viande talée ordinairement {iltdê (Suzih., Soam., 306).
Je présume qu'il aura voalu parler de la naude sèche (carn< wnt) que
Rio Graude do Sul expédie sot le litioral du Br^îl et qu'on lui aura Ber-
ne dans quelque Hnda de la proTince de Rio de Janeiro. 11 n'est pu k
■ni connaissance que Spii et Hartius, Pobl et Oardoer se soient plaints
qu'on leur ait fait manger de la viande fétide, et je ne me rappelle pas
qn'ï Uiois et à Goju personne m'en ait présenté de semblable. • Les
Toiaseurs, dit H. Sigaud, qui parcourent le pajs en s'aTTtlanL... dans
les vendat ne lardent pas k TOir qne tont j manque ; mais ils revien-
nent de leur premier jugement lorsqu'ils ont reçu l'hospiialiié dans les
faiendat Hawe, Spii et Harlins, iug. de S. H., Kostcr peuvent attes-
ter ia Térité de ce que je dis ici (Ou f limai , 03). ■
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T4 VOTASB AUX SOOKBS
de l'intérieur, on troure rénnis la mercerie, la qulncall'
lerie et tous tes genres d'étoffes. C'eit à Rio de Janeiro que
se foaniissent la plupart des marchands de cette ville; ib
D'envoient que de l'or en échange des objets qu'ils reçoi-
vent. Le nombre des tavernes {vendat) est également id
très-considérable; il s'; débite une quantité prodigieuse
d'eau-de-»ie de sucre {eachapa) (i).
On trouve dans Goyaz des ouvriers très-babiles et qui,
' pourtant, ne sont pas sortis de leur pays. Us n'imaginent
point, il est vrai, mais ils imitent avec une facilité extrême
et mettent beaucoup de fini dans leurs oavrages. Comme k
Minas, U est fort commun qu'un ouvrier ait à la fois plu-
sieurs métiers. J'ai vu le même homme raccommoder les
montres, faire de la bougie, des fusils, des crayons, etc. (2).
Goyaz n'offre absolument aucune ressource pour la so-
ciété ; chacun y vit dans son intérieur et ne communique,
pour ainsi dire, avec personne.
Ptulle part peut-être il n'y a aussi peu de gens mariés
que dans cette ville (1819). Jusqu'au dernier ouvrier, il
(1) Da Siha e Soom dit «jne, en 1SS3, il j iT«il, k Oofu, H boni!-
qaes de mutluDdises «èdiet et IM cabarets. Hittos arrinit à peina
dans cette ville quand il a ^crit (/tfn., 1 , 130) qu'il 7 TOjait pea de ca-
barets et peu de boutiques ; i) aura certaiDemeat recoQDU plus tard qu'A
en existait nu iwmbre bien suffisant pour une popnlatioD qn'il ae fidt
monter qu'A 4,000 Iraes. Saruue populatioD de 4S,SB4 iDdindos, la ville
ifOrl^aas n'a, eo 1B4T, que 104 cabarets : la âli de Ooyu est , par md-
sJquent, sous ce rapport, dix fois micai partagée. Je m'abstiendrai de
ftire nue ccmparaisea semblsble pour l'iiisrrnctioD publique.
(3) Je ne suis point id d'accord avec H. Pohl , qui parle des ouvrieis
de G07U atec nn mépris qu'ils ae méritent certainement pas. Je n'ai pas
remarqDé non plus que les marcbandises qu'on rend dans celte ville
fassent pins maaTaiaee que dans tout le reste dn BrésS : camme partent ,
il j en iTait sans doute de manfaises et de bonnes.
D,g,t,.,.d.i. Google
DD RIO DE S. FRAKCISGO. IS
n'est persoDne qui n'ait une maltresse; on l'entretient
dans sa propre maison, on élève autour de soi les enfants
qui naissent de ces unions illégitimes, dont on rougit aussi
peu que d'au lien sacré, et, si par hasard quelqu'un se ma-
rie, il devient aussitAt l'objet du ridicule. Ce relâchement
dans les mœurs date du temps où le pays fut découvert.
Si les aventuriers qui , tes premiers, s'enfoncèrent dans ces
déserts avaient avec eus quelques femmes, c'étaient des
négresses avec lesquelles leur orgueil ne leur permettait
pas de s'unir par le mariage; la même raison les empêcha
d'épouser des femmes indigènes : ils ii' eurent que des con-
cubines. Dans l'origine, il dut en être de même de la pro-
vince des Mines ; mais comme elle est moins éloignée des
cAtes, qu'elle s'est peuplée davantage, que sa splendeurn'a
pas été aussi éphémère, les femmes honnétesdurent y arriver
en plus grand nombre. Aujourd'hui même qu'il y a par-
tout, dans celle de Goyaz, des établissements fiies, quelle
femme ne serait pas effrayée par la distance des ports de
mer ii ce pays central et par les fatigues d'un voyage de
plusieurs mois i travers des déserts où l'on manque sou-
vent des choses les plus nécessaires? Les descendants des
premiers colons goyanais ont d6 nécessairement marcher
sur les traces de leurs pères ; le libertinage est devenu une
coutume, et le peuple est continuellement encouragé h s'y
livrer par l'exemple de ceux qui le gouvernent.
n est rare que les employés qui se résignent à s'enfoncer
aussi loin dans l'intérieur soient mariés. Ils arrivent dans
un pays où le concubinage public est général ; ils trouvent
commode de se conformer à l'usage, et , en le suivant, ils
l'autorisent. Parmi les capitaines généraux qui gouver-
nèrent la province de Goyaz jnsqn'en 18â0, i) n'y en eut
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TS VOYAGE AUX SOURCES
pas un seul qui fut marié, et tous eurent des maîtresses avec
lesquelles ils vivaient publiquement. L'arrivée d'un géné-
ral à Villa Boa répandait la terreur parmi les hommes et
mettait en eSen'eacence l'ambition de toutes les femmes.
On savait que bientât il choisirait une maîtresse, et, jusqu'à
ce qu'il eût jeté le gant , chacun tremblait pour la sienne.
Hais les magistrats et les employés de Yilla Boa ne sont
pas les seuls dont l'inconduite semble justifier celle du
peuple. Des hommes dont la vie devrait être une protesta-
tion incessante contre des dérèglements tout à la fois con-
traires aux lois de la religion et de la morale, aux progrès
de la civilisation, au maintien de la famille et de la société,
les prêtres eux-mêmes, par leurs coupables déportements,
autorisent les désordres des fidèles qui leur ont été confiés.
Leurs concubines demeurent avec eux ; des enfants crois-
sent sous les yeux du père et de la mère, et souvent (1849),
je dois le dire la rougeur sur le front , le prêtre , quand il
se rend è l'église, est accompagné par sa maîtresse. Si ces
abus déplorables n'ont pas entièrement di^ru au moment
où j'écris, puisse la publicité que je leur donne attirer l'at-
tention de ceux qui sont appelés à en connaître, et les
exciter a faire rentrer dans les voies du christianisme et
d'une véritable civilisation un peuple qui, lors de mon
voyage, tendait, chaque jour, à s'en éloigner davantage (1).
(1) Nous MTODs, par le Hemoria ettalittica de Lau Antonio da Siln
e SonM, quel élajt encore , en 1B3!, le triste éUt de rénseigtieiUCQt du»
la capitale de la province de Goru. • Les arts libérani, dît cet écrirain,
* sont actnellenient peu cultiTés dans le ressort de la justice de cetk
' ville, et il en est de mtme des scie'D<:eB pour l'eiueigneDieQt desquelles
<• le conseil général a cependant proposé la création de plusieurs chaires.
« Il n'eiisle actuellement à Gojax qu'un professenr de grammaire latine,
- une école laocaslrienQe et quelques écoles privées où l'on sait Tas-
D,g,t,.,.d.i. Google
OD BIO DE S. rRANCESCO. TT
Pendant le jour on ne rencontre que des hommes dans
les niea de Goyaz; mais, aussitôt que la nuit vient, des
femmes de toutes les couleurs sortent de leurs maisons et
se répandent dans la ville. Elles se promènent ordinaire-
ment plusieurs ensemble, très-rarement avec des hommes.
Tout tenr corps est enveloppé dans de longues capotes de
lajoe; leur tête est couverte d'un mouchoir ou d'un cha-
peau de feub-e : ici encore, elles vont à la suite les unes
deS'Autres; elles se traînent plutAt qu'elles ne' marchent,
ne remuent ni la tète, ni les hrts, et semblent des ombres
qui se glissent dans le silence de la nuit. Les unes sortent
pour leurs affaires, d'autres pour rendre des visites, le plus
grand nombre va i la recherche des bonnes fortunes.
L'œil noir et brillant des femmes de Goyaz trahit les pas-
sions qui les dominent; mais leurs traits n'ont aucune dé-
licatesse, leurs mouvements n'ont aucune grflce , leur voix
■ deoDC m^lhcHle. Des pirticDliera ont voulu donner gratuitem«at des
■ Icfoufl de géométrie, d'ariihmétiqne, de français et de mDsiqae ; mais
■ ila oat CD peu d'élèves ■ Par ce passage , tiré d'un écrit qai a od ea-
ractire k p«a près oniciel , on peut jagcr de l'état de l'inatroction daoa
les parties recalées de U province. Gardaer dit d'an des villages du nord
oA il passa eo 1840, qae Fécole n'était nnllemrat snjvie et qu'on était
privé de livres. Je aoe rappelle, k ce sujet , que, aae utnivint , tm ISlfi, due
la province de Minas Geraea , je passai plusieurs jours chei nu tris-boD
homme , qui tenait tout k la rois nne twnda et one école. Cet bonime ne
quittait guire son comptoir ; mais , comme la petite pièce oà étaient les
enhole restai! ouverte, il poavut les eateodre et vmr ce qu'ils Usaienl.
Ceui-ci n'avaient aucun livre ; ils s'eiertiient sar une baille de papier,
éternellement la même, oà Ton avait écrit k U main les tristes doléances
tUD panne prisonnier. Ils passaient leur vie k lire et k relire tout hiul
ta lettre dn captif, on, pont mienidirc, ib devaient la réciter; car,
aivés tant d'années , je n'en ai point encore oublié la dernière phrase :
Hunea wrei mai» o arraiat de 5. BarOiobm4it ( je ne verrai jdns ja-
mais le village d« S. Barthélemj ] '.
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78 ' VOYAGE AUX SOOSCES
est sans douceur. Coiuine elles ne reçoivent poiot d'éduca-
tion, lebr entretien est entièrement dépourvu de cbannes ;
elles se montrent embarrassées, stupides et sont descendues
à n'être à peu près que les femelles des hommes (1819).
Il est facile de concevoir que ceux-ci, étrangers aux
douceurs de la société , menant une vie oisive entre de*
femmes sans principes et sans la plus légère instruction,
doivent être peu délicats dans tous leurs goûts; aussi celui
du tafia (eaehaça) est-i) général chez les hnbitants de Villa
Boa. Enervés par le libertinage, fatigués de leur noncha-
lance, ils trouvent dans Feau-de-vie un stimulant qui, ponr
quelques instants, les arrache à leur apathie et les empêche
de sentir la monotonie de leur existence.
Il ne faut pas croire cependant que le goût de ces hommes
pour le tafia les conduise fréquemment h l'ivresse. Je dois
m'empresser dédire à la louange non-seulement des Goya-
nais, mais encore des habitants du Brésil en général , que
je ne me rappelle pas d'avoir vu, dans le cours de mes longs
voyages, un seul homme qui fût ivre, et celte obswatiao
H trouve confirmée par un voyageur moderne entièrement
digne de foi. Voici, en effet, de quelle manière s'exprime
M. George Gardner (1) : « En venant du Brésil, je débar-
quai un dimanche matin à Liverpool , et dans ce seul jour
je vis pins d'ivrognes, an milieu des rues de cette ville, que
je n'en avais aperçu, parmi les Brésiliens, blancs ou De-
grés, pendant toute la durée de mon fëjonr dans leur pays,
qui fut de cinq années. »
En tout pays, les petites villes sont jalouses des grandes,
où l'on ne songe point à dlee. Personne, iVillaBoa,ne
(1) TrawJf.eW.
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M MO BE s. FURCNCO. n
me perla de Santa Lueù et de Meisponte, et dans ces deux
villages tout l« monde se récrie contre la mauTaise Toi des
habitants de Villa Boa. La province des Mines inspire i
celle de Goyan une semblable jalousie. Les Mineiros ont
à peine l'air de goupçooner l'existence de Go;ac, et les
Goyanais ne cessent de déclamer contre les Mineiros. Ils
convienoeiit que ceui-ci ont beaucoup d'intelligence, ils
leur accordent plus d'activité qu'ils n'en ont euxHotmes
[tout est relatif dan» ee monde] ; mais ils les accusent de
manquer de délicatesse. Ce reproche est, an reste, si géné-
ral, d'une ville à l'autre, d'une province à une autre pro*
vince, qu'on senît ]H%sque tenté de croire que tons le mé-
ritent. Quant an pays de Goyat, en particulier, le défiiut de
bonne foi y est le résultat nécessaire de l'altération conti-
nuelle des valeurs représentatives et de l'habitude de faire
lacontrebande; et, comme la falsification de l'or en poudre
est, ainsi que Je l'ai Ait aa Tableau général de la provinct,
pins fMqiientu à Villa Boa que dans les villages, il est clair
que les habitants de Meiaponte et de Santa Luzia ont quel-
que droit de faire & ceux de la capitale les reproches qu'ils
leur adressent (1).
(1) Cens qnî nront In la duUon d« Piurro , que j'ai inséra an Ta-
Umh fAirfpaJ Ht la fmvtnM, Tcrront qm je snta loin de me permettre,
du* tiMt ce qui préqUe, quelque eu§éntf«Mi. V«ici encore de quelle ma-
Diin s'eifnme Luîi d'AlîDcenrt : ■ Le* Myaiuia sont pen iDduslrieai ;
■ mais m D* MDt pas )«■ mojK» naWnls (fAi leur manqneDl ; ils se lais-
■ sent domincTiMT ta parease et se lirrent, San* attcUDfVefD, aux plaisirs
■ deaaRit(Jf«M., 9S). > Aprte arrar tlit, dans plusienre endroits de son
Une, un lablaan hîdeai des kaUtanta du pa ja qui s'étend; en droite lipie,
de BartMceoa k la frontière de Ootu, Hattos ajeule ce qui suit en parlant
da la populatian de cette dinMre prorfam : ■ Ca sont les tutmes mœnra,
« la inhiie paresae, la mStae indt^oKe , d« maisons et des jardina ansri
• peu Boignta, nue agricaltare iftalenwnt presque nulle, la mtineten-
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M TOTAQE AUX SOUICES
Lorsque j'arrivai i Vilia Boa , je desceDdis su palais et je
préseolai an gonveroeor, M. Fesnando Delgado Pheue
DE Castilho, mes pesse-poris et les lettres de recommanda-
tion que j'avais pour lui. J'en fus parfaitement aocueilli ; il
m'engagea beaucoup i dloer tous les jours chez )ui , pen-
dant le temps que je resterais k Villa Boa, et me fit toutes
les offres possibles de service. Du palais je me rendis chez
le colonel Francisco Lrite, qui me reçut très-bien et me fit
conduire à ta maison qu'il me destinait.
Le lendemain, d'après l'invitation que m'avait foile le
gouverneur, je me rendis en palais à l'heure du dîner.
Après avoir traversé le portail dont j'ai parié plus haut et
qui sert de corps de garde , je montai le perron et j'entrai
dans un vestibule que le corps de garde prive de lumière
et où se tient une sentinelle. Une porte, fermée, suivant
l'ancien usage, par une pièce de drap vert aux armes de
Portugal > ouvre sur une antichambre entourée de bancs de
bois à grands dossiers. J'y trouvai réunies les principales
■ dresse, les mimes complais«Dces pour les Tagabondsjoaenn de gniure
■ (Itin., 1 , 13S]. D Cet intenr se montre, k U Térilé, pins iudolgeat poor
la cité de Goju eD.ptrtJculier; maïs ou doit sentir que sa position lui
imposait quelque rfeerre. Quant an Aoctenr PoU , quoiqu'il u'eiitrt pas
datw beaucoup de détails , il n'est gutre moins êévkn que Piami. Ou
peut même )ui repi^cber de dereoir iigusie quand li s'exprime *■■■
qu'il soit : ■ C'est une dis parlicalaritéa de ce pays que k» habitanli
• s'empressent autour de l'étranger et loi témoignent de l'amitié . ala
• de s'assurer de loi et de lui Elire pajer le* moindres wrTicw de la
« maniiTe la plu* bonteuae ( A«iM , 1 , 364). • PohI a pu rencontiv, h
Gojat , des homioes de cette taempe, UHnme il s'en trouve dans ton* les
pays ; niais je ne me rappelle pas que rien de semblable me soil arrivé
pendant les sii ans que j'ai mis à parcoDrir le Brésil ; j'ai irouvé presque
partout rboepitalitt k plus aimaUe cootme la plus généreuse, et je
crois qu'il o'j a rien dans le caractère des Brésiliens en général qui
justifie l'accusation que l'auteur autrichien porte contre les Gofauii.
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DU MO DK S. FRANCISCO. 81
autorités du pays, et bientAt parut te capitaine général. La
première chose qu'il fit, après avoir salué tout le monde,
fut de me présenter deui eufaots de sept à huit ans, un
garçon et une fille, en me disant : Ce sont deui petits
Goyanais, des enfonts de la nature; mais Sa Majesté a
eu la bonté de les reconnaître pour tes miens et de les lé-
gitimer (!]. On vint annoncer que le dîner était sur la table.
Nous passâmes, par une galerie fort large, dans un grand
salon assez triste, mais bien meublé. Le dtner avait été
servi dans une salle un peu obscure et d'une grandeur mé-
diocre. L^ mets étaient abondants et bien préparés; de
le porcelaine et de fwt belle ai^enterie brillaient sur la
table. Il était impossible de ne pas être émerveillé de ce
laie, en pensent que rien ne vient k Villa Boa qu'à dos de
mulets et que nous étions i 300 lieues de la cAte.
On voyait sur la table plusieurs carafes de vin ; te gou-
verneur m'en donna un verre pour que je busse à la santé
de notreamicommun, JoâoRodriguesPereira deÂlmeida,
qui m'avait donné une lettre pour lui (âj; mais personne
n'y goûta que nous deux. Fendant mon séjour à Villa Boa,
le vin reparut tous les jours sur la table, mais il était là à
peu près pour la montre; le gouverneur s'en versait, je
crois, un petit verre ; je ne buvais que de l'eau. Le vin est ici
extrêmement cher ; on n'en vend pas à moins de i .SOO reis
(9 f. 37 c.) la bouteille, et, lors de mon voyage, les ca-
(1) Onsailqn'aalr^is.eaFnLce, lalégitimatioQdeseiiruiUiHtd-
Teb ■ppirlccMÎt également am roii.
(3) J'ai fait connaître H. Joio Rodrignez Pereira de Almeida dans plu-
«etin parties de mes ouTrafea, et en parlicalier au commeDcemeat de
raoD Voyage dont Im pnntneei àt Rio de Janeiro, etc.
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M TOYAOE AUX SODICES
ravanes qui devaient en apporter n'étaient point encore
arrivées.
Dans le premier dtner que je fi» aa palais, une assiette de
superbes raisins muscats oe fut, comme le via, qu'un objti
d'envie pour la plupart des convives; jehuphu favwi8é,et
je les trouvai excellents, tjuoiqae la vigoe produise id de
b^-bons fruits et que les essais qui ont été tentés pour
faire du vin aient été assez heureux, on plat de raisin est
encore un objet de luxe , tant il y a dans ce pays de n^li-
geace et de paresse.
Le surlendemain de moa arrivée , le capitaine général
me montra tout l'intérienr du palais, nom pompeux qui
n'est guère mérité par le bâtiment qui le porte. Les appar-
tements en sont vastes, mais tristes et obscurs. L'anmble-
ment a été fait dans le pays mAme. Un petit janfin , assez
n^ligé, dépend du palais. <fo en a pavé les allées, comme
le sont, en général, cdies de tons les jaidios un peu soignés
de ce pays, ce qui leur donne un air guindé et les rend
extrêmement tristes. Un Jet d'eau ornait autrefois le jardin
du palais; mais les tuyaux étaient en bois, ils n'ont pas
tardé à pourrir et on ne les a pas renouvelés.
Fernando Delgado, qui gouvernait Goyaz à l'époque de
mon voyage, y était arrivé le 36 novembre 1809. C'était
un homme froid ; il avait de l'eqtrit, quelque instruction,
un ton exc^lent , une parfaite intégrité, et connaissait le
monde. Il désirait sincèrement faire le bien; mais il avait
trouvé partout la résistance passive la plus décourageante,
résultat de l'apathiç des habitants et de rinspudance.du
gouvernement central. Voyant, dès le moment de son ar-
rivée, que la province de Goyaz ne trouvait presque plus de
ressources dans l'exploitation de ses mines, il sentit qu'il
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DU RIO BE S. nunasGO. ss
fallait diriger les eflbrta des habitants vers l'agricullnre et
le commerce ; il tAcha donc d'ouTrir des débouchés mn pro-
duits de leurs terres, et s'attacha à faciliter la navigation de
l'An^uaya et du Tocaotios. Il fnt parfaitement secondé par
l'outndor de la Comarca do Norte JoAQmH TasToino Ss-
6UBAD0, et d'heureux succès couronnèrent les tentatives
de ce magistrat; mais, pour donner qudques suites à
d'aussi grandeft entreprises, il aurait fallu plus de persévé-
rance et d'activité que n'en ont aujourd'hui les Goyanais ,
et les glorieux efforts de Fernando Delgado sont, en défi'
nitive, restés juaqn'i ce joOr (1819-1833] à peu près sans
résultat (1).
Dans un des dfaiers que je fis au pairis, un jeune magis-
trat, nouvellement arrivé, témoigna sa surprise de l'étran-
geté des mœurs du pays, et fit observer qu'il était incon-
cevable que les habitants de Villa Boa , ayant leurs maî-
tresses dans leurs maisons et vivant avec elles comme si
à\e» étaient leurs femmes, ne les épousassent pas. Voulez-
vous , s'écria le gouverneur en montrant son fils et sa fille ,
quef épouse la mère de ces enfeuts, la flile d'un charpeiV'
tierl Ces pindes, qui mûreot fin à la conversation , iodi-
qutieot d^i les sentiments qui amenèrent la déplorable fin
de finfovtnné Fernando Detgadoi n quitta son gouverne-
ment, au mois d'aolU 1890, pour retourner en Portugal, et
partitds Villa Boa avec se» enteits et sa maîtresse. Arrivé
à Rio de Janeiro , celle-ci lui déclara qu'elle consentirait
à le suivre en Europe, mais comme sa femme et non comme
sa concubine. Fernando Delgado,. anqu^ des souffrances
étaient; dft-oo, uneparfoHe lucidité d'esprit, ne put sup-
(1) PIB., Mem. kUt., Dt, ns. — Pcwt, flfÎM, 1. 35Ï et sniv.
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81 VOYAGE AUX SOURCES
porter )'nltennalivi! où il se Iroavait d'épooser la fille du
charpentier oa de la laissa- au Brésil et mit fin à sa propre
existence (1).
J'étais à peine arrivé à Villa Boa , que je refus la visite
des principaux fcBctionnaires publics. Je leur trouvai des
manières très-honnétes ; tous étaient bien mis et avec une
propreté extr^e.
Celui d'entre eux qui me fit le plusd'avancesfbtRAiiitniDo
NoiTATo Htacintuo , greffier de la junte du trésor royal
{etcrivào da junta da fazenda reàl). Dès le surleademain
de mon arrivée , il m'envoya chercher pour déjeuner avec
lui, et il me dit qu'il voulait que je prisse mes repas dans
sa maison, toutes les fois que je ne mangerais point au
palais. Raimundo était né en Europe; il avait voyagé, avait
eu des aventures et se plaisait à les conter (3). H aimait
ses aises et possédait i Goyaz une maison charmante qu'il
avait hit bètir et qui réunissait à une très-grande propreté
toutes les commodités des maisons européennes. Ce qu'il
y a de remarquable , c'est que ses meubles et son argen-
terie avaient été faits à Villa Boa. A la vérité, il en avait
donné les dessins, mais l'exécution montrait combien les
' ouvriers goyanais ont naturellement d'Iiabileté et d'intel-
ligence. Lui seul les avait formés, et sous sa direction ils
avaient appris à exécuter une foule d'ouvrages qui, à ta
même époque, étaient inconnus à Minas. RAimundo me
(1) Le 81s de FertUDdo Delgado est mort , à Paris , tTJ»-jeniie «wore,
■tUclté à 11 légjlioD brésilieniM.
[2) Aprte la réTolatioo qui a pour jamais aifité le Bréfil du Portn-
gal, RaimuDdo Nonaio HjacÎDtbD fat nommt membre du gonrememeot
proTiBoiredeGo;az;ilest mort de 183S à 1836 (Hiv , ilfM.. 1, 13S:
n,33«].
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DU HO DE S. FRANCISCO. 85
montra, entre autres choses, une litière qu'il avait fait
Taire à Villa Boa, et qui offrait toutes les petiteff recherches
de nos voitures de voyage les mieux soignées (l).
Qnand j'arrivai i Villa Boa , j'y trouvai le missionnaire
italien dont j'ai parlé. Il appartenait , comme je l'ai dit , h
l'ordre des Capucins, et avait été envoyé par le gouverne-
ment portugais à Albuquerqtie, dans ta province de Mato-
grosso, pour diriger un aldea d'Indiens. Villa Boa se trou-
vait sur sa route ; il y avait séjourné, retenu parles instances
du peuple et celles du capitaine général , et avait excité on
enthousiasme extraordinaire. On venait se confesser à lui
de 15 i 30 lieues à la ronde; lee batuquet avaient ceasé;
l'église paroissiale était entièrement pleine lorsqu'il prë-
(1) U paraîtrait que , depaia celle épocp» , les ouvriers de Go jai a'oai
plus tronré personne pour les diriger ; car voici , selon H. Kiddcr, com-
ment s'eiprime le ministre de l'empire dans son rapport de l'aDDéelMl :
■ U est i peim possible de démovrir, h Gojai , quelques persooues qni
■ possMeot ou peu d'babilelé dans les arls mécaniqoes , eu égard , sur-
• tout, ani besoins de cette rasie contrée. Huit ouvriers frautais se diri-
■ geaieut récemment vers Hatogrosso : lorsqu'ils passèrent par Go^ai ,
■ le goavememeul provincial décida (rois d'entre eux, un charpentier, un
• menuisier, un forgeron . à rester dans l( pajs , el cet événement parai
■ asseï important pour être ofGdellenieDt relaie dans le message adressé,
• par le président, k U plus prochaine assemblée provinciale... >—Luii
Antonio da Silva c Sousa dit que , en 1832 , ou comptail , dans la cité de
Gof ai , 14 serrariers avec 6 apprentis , 27 charpentiers et quelques éM-
vM,15cordonnier8avecTapprentis,Sorfévres,4chandroni)iers, 10 po-
tiers, et il ajoute qae ce qui nnit singulièrement aui progrès des ou-
vriers, c'est que tous veulent travailler poor leur propre compte anssitAt
qu'ils savent quelque petite chose (Jfem. eilat., 11). On remédierait faci-
lement 1 ce grave inconvénient en obligeant les apprentis k passer des
traités avec leurs maîtres, et en créant , pour faire respecter les engage-
ments réciproques, un tribunal d'hommes notables, qui, comme nos
prud'hODimes, régleraient les aOaires saus pouvoir ciiger aucune rétci-
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VOYMB AUX SODKES
cbalt; on lai amenaft les enGuita malades pour qu'A les
béott, et, quand il passait dans les rues, on s'emprenait
autour de lui pour baiser ses maios et ses habita. L'amoar
de la nouveauté avait certainement sa part dans cet enthou-
Biasme; cependant elle n'en était pojnt l'unique cause.
Je mangeais tous les jours au palais avec le. père Joaeph ;
ce n'était ai un homme instruit ni un homnie d'esprit,
mats, ce qui vaut mieux , il était régulier, charitable,
' plein de douceur et de patience , gai, d'un caractère égal ,
fit, comme le peuple ne trouvait malheureusement que des
vices dans les prêtres qu'il avait tous les joura sous les
yeux, il n'avait pu voir, sans noe admiration profonde, un
homme véritablemoit chrétien. Tdie est l'impression que
durent produire sur les païens les exemples des premien
Qdèles.
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DU MO DB s. FBANGISCO.
CHAPITRE XXI.
LES INDIENS COTAPÔS.
Départ de Tilla Boa. — Pajs «tné an delà de celte ville. — Halle en
{Mil air an Uen appelé At Areai. Carrapalot. — Pays titui an deit
d'Asinas. Do Palmier t hoilleaMiéTealatl. — Gur^lho. — La5«rra
DotÊrada. Anore do PnfMl. — Pa;s sitnd «n dell de Qnrgnlho. —
Àldea de S. Joté. — Soa histoire. — DeecriptioD de cet aldea. — Régime
anqnel soal soninis les Indteoa Co;ap6a. — Comparaison de ce régfme
avec celnl qne sniTaieiit les jésailes poor les Indiens de la côte. —
Vitite ani Cojapas doua leurs planlalioiii. ~ Leurs maisaDi. -- Levra
danses. — Leurs ooms, — Lear langne. Voeabalaire. — Lear carac-
Ure. — Triïte avenir de l' Aldea de S, José. — Maladies des Cojapos.
— Leur Inatmctioa religieuse. Observation sur les deroirs de leor
taré. —Lear indaatrle dons l'état HOTOge et dans l'état demi-elTilisé.
— Comment ils foDt les corbeilles qa'iU nomment JunmtM. — Ceqoi,
chezeni, remplace les lits. — Les femmes chargées de porteries far*
deaai. — Commeat ellea (bnt caire la viande. — Boisson forte. —
OsagnanmB lors des décis, des noitsances et des mariages. — tas
dn lotiro. — Visite i Don Dimuda.
Pendant le temps que je passai à Villa Boa , tcms les
habitants me comblèrent d'honnêtetés, et mon séjour dans
cette ville fut très-agréable. Je déjeunais et je soupais chez
Raimundo, et je dînais chez le capitaine général. L'arran-
gement des objets d'histoire naturelle que j'avais déjà re-
cneillîs, la conversation, les devoirs qu'il fallait que je
rendisse remplissaient la plus grande partie de mes in-
stants.
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88 VOYAGE kUX. SODBCES
Je partis le 3 de juillet avec le projet de monter sur la
Serra Dourada, de visiter l'Aldea de S. José, habité par des
Indiens de la nation des Coyapôs, enfin d'aller, vers l'ouest,
jusqu'au Rio Claro, où l'on trouve des diamants, et même
jusqu'à la frontière de la province de Matogrosso, si je
pouvais espérer quelque fruit de ce voyage.
Après être sorU de la ville, je montai un peu et traversai
une certaine étendue de terrain couvert d'arbrisseaux qui,
rameux dès la base et rapprodiés les uns des autres, me
rappelèrent les carrascos de Minas Novas (1). Les liges,
cependant , étaient plus grosses, les rameaux plus tortueux,
les feuilles plus grandes, et un examen nn peu attentif me
St reconnaître, dans ces arbrisseaux, la plupart des arbres
des eampos ordinaires , qui doivent, sans doute, cet état de
«légénération non-seuiemont à la nature du sol pierreux et
sablonneux , mais bien plus encore à ce qu'ils ont été cent
fois coupés par les nègres de la ville et à ce que les jeunes
pousses sont souvent consumées par le feu lorsqu'on brIUe
les pAturages ; ce seraient, en quelque sorte, des t»illis de
ces arbres nains dont les can^os sont parsemés. Ce qui
prouve évidemment que la nature du sol n'a pas seule in-
flué sur la dégénération de ces arbres, c'est que, à quel-
que distance de la ville, je retrouvai toutes les formes
de la végétation ordinaire des eampos, quoique le terrain
fût peut-être encore plus sablonneux et plus pierreux. le
(I) Oa appelle carratcot des espèces de forfts niioes composte
d'irbrùficau de 3 on 4 pieds, dont les tiges et les nmeani sont grêla,
et qai sont, en géacnl, rapprocha les uns des autres (TOjei non
Voyage dant let provincei de Bio de Janeiro el de Uinat Ceraei, U,
21, el mon Toltleau de la végétation primitive dant ta province de
Hintu Ceraei, dans les NouvelUt Annalet de» voyagei, 183TJ.
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DU nrO DE s. FRAnOSCO. 8«
vis qndques eqtècea que je ne connaiBsais pas, et je ne
doute point que, dans nne autre saison, je n'eusse fait une
abondante récotte.
Depuis la ville jusqu'à l'endroit où je fis halte, dans un
espace de 1 lieue environ, le pays est montoeux, «i j'eus
presque toujours devant moi l'eitrémité de la Serra Don-
rada, montagne éloignée d'environ 5 lieues de la cité de
Goyaz, du cAté du sud. Cette Serra, qui, comme je Tai
déjà dit , sonble nivelée i son sommet et dont le flanc pré-
sente des rochers nus et à pic, communique un caractère
de grandeur i ces solitudes sauvages et stériles. Ainsi qu'on
l'a déjà vu, elle Eut partie de la Serra do Corumbà et do
Tocantins, qui, au delà de Villa Boa, s'avance vers le sud,
pour ensuite se prolonger plus ou moins directement vers
le sud-ouest (1).
Je ne vis dans cette courte marche absolument aucune
maison, ce qu'explique facilement la mauvaise qualité du
(1) Da Siha e Soau , Pohl et HaUos disenl qae U portion de li Serra
do Conunbfl e do ToMnUns , k Itqnelle on donne , dans le pajs , le Dom
de Serra Dowada , s'étend jnsqu'i la province de Halogrouo , et je ne
trouve rien dans mes notes qui contredise cette opinion; cependant il
cet clair qne Caul , qni possédait tontes les anciennes traditions, plaçait
entre la Serra Donrada et le Rio Clara d'abord la Serra Eicatvaàa, pais
la Serra de Santa Martha , qne , plus récemment , on a cru retrourer
dans les déserts desCoyapds. — Selon Pizarro {Mem., IX, 330], la Serra
Donrada couperait tout le terrlteire de Goyaz , elle s'étendrait jusqu'à
HatogrosM, et les Pjreneos ne seraient qne cette même Serra Donrada.
L'aatenrdes Memoria* a évidemment eu l'idée d'une cbalne contintie
depuis la frontière de Minas jusqu'à celle de Hatogrosso ; mais il a en le
tort d'appliquer k tonte cette chaîne un nom que les habitants ne don<
oent qu'ft une de ses parties les ptns élevées , ce qui peut devenir une
source de confusion. La nomenclature qne j'ai Ctablie (cbap. XI) remt'die
unt k fait h cet inconvénient , en établissant des noms génériques pour
les chaînes continues et cotiservaui siiigneusemcnt ù leurs diverses por-
liooB les noms que doaoeni k celles-ci les babitatitâ du pays.
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M VOTAGE AUX SOUBCES
terrain : c'est tout ao ^m si l'on rencontre quetqnes rares
hatntants dans les cantons les plus fertttes.
J'étais parti fort tard de la ville ; je ne fls, comme je
viens de le dire, que 3 iieoet environ, et je m'arrêtai sur
le bord d'sD ruisBeau, dans nne espèce de salle formée par
des arbres louQias. Ce llea porte le nom A'Àê Areat (les
sables), qn'll emprunte au missean qui l'arrose (Comgo
dai AreoM],
Depnis qndque tempe, les carrapatoi devenaient hisop-
portables : aimi qu'on l'a vu, j'en avais défi été assailli
dans les Montes Pjreneos ; à Mandinga , ils étaient eices-
sfrement multiplia ; h Aicas , il n'y avait peat-étre pas on
brin d'berbe qui n'en At couvert.
Au Mh d'As Areas, le sol continue h offrir un mélange
de pierres et de sables; des groupes d'arbres tortueux et
rabougris sont dispersés çà et là ; les Vellona (vulgairement
can^d'ema), amis des lieux élevés et des terrains sté-
riles, se montrent en asseï grande abondance. Juiqu'almv,
je n'avais trouvé d'autre espèce de Palmier h feuilles digl-
tées que le bority; en deçà et au delà d'As Areas, j'en vis
une seconde espèce (n" 763], que je ne crois pas avoir ren-
contrée depuis.
La veille, j'avais commencé à tourner l'extrémité de la
Serra Dourada ; au delà d' Areas, je marchai , dans une par-
tie du chemin, i peu près parallèlement au côté méridîwMl
de ces montagnes.
Après avoir fait 1 lieue, j'arrivai à une maison qui alors
tombait en mine, mais qui avait dû être fort jidie. Elle
était entre les mains du fisc [fasenda reaî), et, comme on
l'a vu , il laisse détruire ici et h Minas toutes les propriétés
dont il s'empare.
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DD BIO DE S. FRANOSCO. ftl
Depuis cette maisoa josqu'au lieu où je fis halte, dsos
l'espace de 1 lieue, le cbemiD est très-beau et bordé de
campoi d'art»«s rabougris. I^un c6té, on découvre uoe
vaste plaÎDe ; du câté opposé , le commencemeDt de la Serra
Dourada. Après avoir traversé un ruisseau limpide, j'arrivai
à une maison assez grande et fort commode, appelée Gur-
gulho [i), qui a eu le sort de celle dont j'ai parlé tout à
l'heure; la fasendareal l'a ausi laissée tomber en ruine.
Je n'avais fait qae 3 legoat quand j'arrivai à Gui^lho ;
mais je ne voulus pas aller plus loin , pour être , le lende-
mais, très-rapprocbé de la Serra Dourada (2) (la monta-
gne dorée), oà je voulais foire une excursion.
Je pris avec moi José Marianoo. Afrès avoir traverséquel-
qoes qwimadas et des campot, où les arbres rabougris sont
très-éloignés les luis des autres, comme cela arrive toujours
daos les mauvais terrains, nous attacbflmee nos mulets sur
te bord d'un ruiseau et nous commentâmes à monter : si
nous n'avions foit plusieurs pauses , il ne nous aurait pro-
boUanent pas fallu plus d'une demi-heure pour arriver an
sommet de la Serra. Elle n'offre aucune anfractuosité re-
marquable; mais, dans la partie peu considérable oii je la
parcourus , je la trouvai couverte de grosses pierres entas-
sées, entre lesquelles croisemt des arbres rabougris. Comme
le terrain est sans eau et , ainsi que je viens de le dire, ex-
trêmement pierreux, la plupart des plantes étaient dessé-
(1) Les miiMura twésilims dônaeiit le aoin de gurfullto ■□! dfbrie
it roche encore ugnlevi an Miilien dcaqMb on troore Voi duu les ex-
^oiUlMM de miaiènt dUet lom-M 4« riipiara (Poyiipvdau tetpro-
tOneet d» Rio 4» Jtuteito et Û9 Mina» Gtratt , t , SSi).
(3) Pobl écrit S«rraifO«ra(fa; nuroda n'rst pu ud mot portugais;
dtmraio est le participe du verbe tfouror.
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91 VOYAGE AUX SOUflCES
chées, et je n'en trouvai qu'un petit nombre en fleur.
Pamni les arbres rabougris que l'on voit au milieu des
pierres amoncelées , il en est un qui doit être dté , celui
qu'on nomme, dans le pays, Arvore do Papel (arbre au
papier], parce que son écorce, parfaitement blanche, se
compose de plosîeurs couches séparables et fort minces [i],
qui ont la consistance du papier de la Chine ; il s'élève i
peu près de K à 8 pieds ; sa tige est tortueuse, ses rameaux,
qui le sont également, commencent k peu de distance de
la base du tronc ; ils ont une position presque verticale et
se terminent par un grand nombre de ramnies courts et
menus. A l'époque de mon voyage, cet arbre était malheo-
reusement dépouillé de ses feuilles, et je ne pus savoir è
quel genre il appartient ; mais , plus tard , malgré la difll-
culté des communications, M. l'obbé Luie ArrroNio pa
SiLVA E SonsA (2), l'auteucde l'écrit intitulé, Memoriasobrt
0 descobrimento , etc., de Goyaz, m'en fit parvenir h Rio
de Janeiro un échantillon en fleur. Je reconntis que V Ar-
vore do Papel est une Mélastomée, et, depuis, il a été dé-
crit par le docteur PohI , sous le nom de Latùmdra Papij-
nu (3). Je n'ai trouvé cet arbre remarquable que dans la
SerraDourada,etH.Pohl ditaussiqu'ilnel'apasvnailleurs.
Parvenu au sommet de la montagne, je découvris une
étendue considérable de pays; je distinguais très-bien Villa
(1) PohI, qui éuit in moi> de mars sur la Serra Donrada, parati
croire que le seul épiderme est séparable. Sa mémoire l'aura mal servi ,
on bien la séparalioD oe se Ml pas , dans le temps oà la plante est «i
pleine végétation , comme dans celui de la sécheresse.
(2) Je n'écris point Souro comme PohI et Hatios, parce qne l'autenr
lui-même a signé dn nom de Scmta son écrit intitulé Memoria ttU-
liêtiea,
{3} lieiie, I, 39T.
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DD BIO DE S. FRANCISCO. M
Boa, qui semUe une oasis ou mitiea d'un désert, et , beau-
coup plus loin , je reconoos tes deux sommets des Montes
Pyreneos.
A la hauteur de la Fazenda da Cotteeifào, dont je par-
lerai tout i l'heure, il existe, m'a-t-on dit, dans la Serre
Dourada , une galerie creusée par un des capitaines géné-
raux de (lOyaz , qui en tira de l'or pour une valeur de
80,000 crozades. Tout le inonde s'accorde à dire que le
précieux métal abonde dans ces montagnes ; mais le man-
que de capitaux, de bras et probablement d'eau ne per-
met pas qu'on puisse l'extraire.
Dès le bas de la montagne, nous avions commencé à
être tourmentés par une espèce d'abeille noire, extrême-
ment petite, dont l'odeur est celle de l'ambre, et qui se
plaisait dans dos cheveux , se posait sur nos visages , entrait
dans nos yeux , pénétrait dans nos oreilles ; au sommet de
la montagne, l'air était rempli de ces insectes : ils devin-
rent tellement insupportables et je trouvais si peu de plan-
tes que je pris le parti de retourner à Gurgulho.
Le lendemain, je marchai toute la journée parallèle-
ment à la Serra Dourada.
K 1 lieue de Gui^Iho , je passai devant une fazenda
considérable, celle de la Cùnceiçao (conception], qui ap-
partenait au curé de l'Âldea de S. José : c'était la première
maison habitée que je voyais depuis que j'avais quitté la
capitale de la province , et cependant j'avais fait S legoat.
Entre la Conceiçâo et l'aldea, le pays est montueui et
boisé. Lea arbres avaient encore toute leur verdure , ce qui
prouve qu'ils la conservent toujours; car, dans la saison oîi
l'on était alors, ils auraient dû en être entièrement dépouil-
lés, s'ils eussent été desUnés i la perdre. Dans des espaces
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t4 -TOTASB ADX SODACEB
conHidérablos, les bois ont Aé brûlés, le n^wt gordurs a
pris leur place, et il ne reste plus des arbres qai jadis ma-
brageaient la terre que quelques troncs noircis et à demi
coDiumés.
Avant d'arriver k l'Aldea de S. José , on le découvre de
loin, et, fatigué d'une triste monotonie, on jouit avec dé-
lices de l'effi^ channant qoe produisent, dans le paysage,
des bâtiments réguliers coatrastant avec l'aspect sauvage
des déserts qni les environnent.
Cet aldea, occupé par des Indiens Cayapôi ob, comme
l'on dit généralement dans le pays, Coyapés, n'était pmnt
origiaairement destiné k des hommes de cette nation.
Dès les premiers moments de la découverte de Goyaz, les
aventuriers qui se répandirent dans ce pays exercèrent snr
les indigèiMs les plus efihtyables cruautés , et ceui-ci se
vengèrent plus d'une fois par des représailles non moins
horriblea. Le gouTernement pMrtngais, presque toujours
généreux envers les Indiens, les prit sons ta [votection ; il
ordonna qu'il» fussent traités avec douceur, que les jésuites
fussent appelés pour les rendre chrétiens et les civiliser,
qu'on n'épargnât aucune dépense et que l'on fît une en-
quête contre teun bourreaux. Il y a loin de Lisbcmne k
Goyai : ce» mesures bienfelsantes restèrent sans résultat.
Quelques aldeai furent cependant fondés à grands frais,
et, entre autres, ceux de Douro et de Formiga (4749),
près le village éag Alnuu, dans la partie sqttoiMorule
de la province. D'abord on confia la direction de ces deux
aidées aux jésuites, qui bientM exercèrent sur les Aeroéa (1 )
(1) Ce D'est ceHaiaement ni Coro&t ni AUiea do Dwo , comme écrit
H. Gardoer. Je dois dire ccpendiot que l'orthographe du dernier de c«
non» est «elle qa'a adopUe Heth».
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DO RIO DE s. PatH|:i8C0. K>
qu'on y avait réunis uae tr^-graode influence. Mois, cinq
ans plus tard , on plaça une garnison de soldats chez ces
Indiens; ceux-ci se révoltèrent et la plupart furent mas--
sacrés (1 ).
Sous le capitaine général José ob âlmbida, barok de
MossAMEDES (3) , vers 1773 ou 1774, ils se révoltèrent en-
core ; on exécuta les chefs, on transplanta dans le voisiuage
ii) Seloo le docteur PohI , ce Eertient lua jésuites qui iDraient poussé
les lodieus k la révolle. J'ai montré ailleurs (Vof/age dartt U dùlrfrl
dM DiamattU et mr le lilloral du BréiU , vol. II ) que le goUTerne-
meut des pères de la compagnie de Jésus était le seul qai (Ut compatible
avec le caractère de ces bommes-eufaDts, et que ce gonveraemeDt eii-
feait DécesMifpiueat que I«8 blancs Auseat éloignés des aident , ce
qui, d'ailleurs, était conforoM ani lois dn roi Pedro n. Les jésuites
préposés aai aidées de Donro et de Formiga durent douo voir avec
donUnr arriver chez eui des hommes qui allaient détraire leur ou-
vrage ; ils dnreal prémuoir les Acroàs contre les mauvais exemples des
soldais, et les Indiens, traita, sans doute, par eeni-d arec cette
tjrannie que les iTenturiers gojaoois eier^aieut alors coatre le«r race,
u'aaront pn supporter an joag qui contrastait avec la.donceur d* leurs
premiers maîtres. Hais il était bien évident qu'une poignée d'Indiens
ne remporterait pas sar la puissance portugaise, et qae leur révolte
amènenit leur destfaetion et l'eipuhion des jésuites eni-mèmes. Pré-
tendis queceui-cî fureat In insligtlMirs directs de celte révolte, c'est
lef accnaer d'une stupidité grossie , et jnsqu'i présent on pe leur a
guère bit nu semblaUe reproche. Soalhef, qni paratt avoir puisé ses
renseiguemeiits dans le journal intitulé Patrlola, n'a pas rapporté d'une
mani^ tnto-MtÎBbisante les faits qni précèdent ; mais il finît par s'é-
crier : ■ [4 ccudllitt dc& Inditos , dans celte cbconstance , n'avait rien
■ quedf bianD«liiretiODnniDaM|uapMde l'attribuer aux mochinatfons
■ des jéqnife>(MM.,Ul,aW)t > Cm rsligiem ont été chassés de l'ftldea
& Douro : a/mt alkne voir ce qu'il tal aujonrd^tanl. 9es habitants , dR
H. Gatdner qai l'a nsité en 1839, bout h peki près abandonAés k eut-
mèmes, stiu pwlsor depais dix aât, sans mattfe d'école, h peine abriiÀ
par des maiaon^iivii tomfcfQt eu nliM, ae nourrissant du produit de leur
chasse et des huits qu'ils troovent dans le dèsot , n'ayant que quelqnes
mauvaises armes pour HdéfeadiwacaitK l«s sauvages {Traitelt, éh. IX).
(!) Son nom tout entier était José h Alhdji be Viscongulos bb
SOHIBU I ClRVlLIO, BIHON DE HOMÀtmOS.
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M VOTAGE AUX SODRCES
de la capitale les autres prisonniers, et on leur donua une
aidée qai avait été construite en 175S (1), è 5 lieues de
Villa Boa. C'était celle de S. Joté de Mouameât* ou,
comme l'on dit simplement dans le pays, S. José, nom em-
prunté an capitaÏDe général (2).
Lee Acroâs ne tardèrent pas à s'éteindre ou i se disper-
ser, et, vers 1781 , ils furent remplacés par des Javaes A
des Caraj&s [3) que l'on fit venir de ÏAldea da Nùva Bàra,
situé dans le nord de la province, et qui bientôt disparu-
rent à leur tour.
Pendant que ces événements se succédaient, d'autres se
passaient ailleun. ^
A peine la province de Goyaz avait-elle été découverte,
que la guerre avait commencé entre les aventuriers pau-
listes et les Indiens Coyap6s qui errent au sud-ouest de la
province dans de vastes solitudes ^core presque inconnues.
Des deux cAtés cdte guerre se luisait avec une égale
cruauté. Les Coyap6s tombaient i l'improviste sur les c«-
(1) Caul et Piurro iDdiqaent U date de ITU. Je donna fd edie qin
m'a été commoiiiqaée daos le pajs mtine et qui ■ été adopta pir le
docteur Pohl. — Oa ittribne U fondation de l'aJdea i ioat de AlnMkU:
mtie oa la date de 1TS9 est emmie, on ce m fdt pas loi qui Util S. JOié,
car il ne gouvernail pas Gojazeo ITU.
(!) L'Aldea de S. José n'a point, i la T^riit, d'article spécial dan
l'Dtile tHecionario gtographieo do Bnull ; nuis i) ; est indiqué phi-
Bteors Tois , sons )e nom de Mo$tamtttn (vd. I , pag. SBB, 518 ; n , ST4).
Ce nom , ainsi isolé , n'était certainement point en usage k l'époqae di
séjour du doelenr Pohl et dn mien dans l'aUea des Cofapôs : on ne le
l»nT< pas noD plus dans les écrits de Cazal , de Pinrro, de Hattos et de
L. A. da SilvB e Sonsa : il anra peulnétre été conMcié par quelque décret
proviDcial poslérienri 1832, celui de 1833 , par eiemple , qni ■ créé le
nouTUU district de Jangnâ.
<3) J'écris ce nom tel qu'on le prononce dans le pajs. Ciial désigne
ansai cette mime peuplade sous le nom de Carajoê ; mais on troHi«
Caro/ot dans les Jfmnoriiw de Piiarro.
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DU RIO DE S. FRANCISCO. 9T
ravanes qui se rendaient à S. Paul o.u qui venaient de cette
ville, et ils forcèrent les Portugais d'abandonner plusieurs
établissements formés par ceux-ci dans la partie septen-
trionale de la province du même nom. Les hostilités du-
raient encore en 1780, lorsqu'un simple soldat appelé
Luiz , qui avait déjà fait partie de plusieurs expéditions
contre les Indiens, entreprit, sous la protection du capi-
taine général, Luiz da Cuhiia. Menezes, de réduire les
Coyapàs qui passaient pour indomptables. Accompagné
seulement de cinquante Portugais et de trois Indiens, il se
mit en marche, le iS février 1780, et s' enfonça dans les dé-
serts des CoyapÔB. Pendant plusieurs mois, ces hardis aven-
turiers ne vécurent que de leur chasse et de miel sauvage ;
ils allaient, avec des signes d'amitié, au-devant de tous les
Goyapés qu'ils rencontraient, s'entretenaient avec eui à
l'aide des trois interprètes, ne leur témoignaient que de la
bienveillance, leur faisaient des présents et finirent par dé-
cider un certain nombre d'entre eux i les accompagner
jusqu'à Villa Boa , pour faire connaissance avec le grand
eapitame, nom que les Indiens donnent au chef qui com-
mande à tous les autres (1). Une troupe d'environ qua-
(I) Lorsque j'étais k Rio de JuKÎro, an retour de mon Tojagei Miuu,
j'allai , aite Firmiuio, k Copocabana, k quelque distance de la fille. Nous
nKatimes sur une colline : le ciel était d'an bleu d'uar adOiirable;
devant Doua, iwua découvrions la haute mer; derrière nous s'éleraient
de majestueuses (brêts ; de tooa cAléa , lea monremenls de terrain les
plus piltOTcsques. Je n'avais jamais rien ru de pins beau ; l'Indien eipri-
mailaoa admiratioaparnne joie enfantine. Plein d'enthousiasme, je pro-
fitai de ce moment pour lui parler de Dieu. Le lendemain, je lui deman-
dai s'il se rappelait ce que je lui avais dit i Copocabani. Il se mit alors
i (aire l'énumération de ce que le Créitenr ■ Tait pour les hommes, et U
termina par cette eiclimation : O.hêum rapuào muilo grandi I
II. T
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08 VOYAGE ADX SODRCES
ranle individus, coihposée d'un vieilianl, de six guerria^,
de femmes et d'enfants, arrivs & la capitale de la province
avec te soldat Luiz et fat reçue avec toute la maguiâcence
qu'il fat possible de déployer : on fit des (%tes , on tira le
canon , on cfaanta an Te Deum et Ton baptisa les enhnts.
Levieillard, enchanté de cet accueil, déclara qu'il ne retour-
nerait plus dans ses forêts ; il resta à Goyat avec les enlïnts
et les femmes, et renvoya les sii guerriers en leur recom-
mandant de revenir , après six lunes , avec une troupe pins
considérable. Au mois de mai 17^1 , dent cent trènte-sept
Coyapôs firent lenr entrée h Villa Boa sous la conduite de
deux caciques et ne furent pas reçus moins bien que ks
premiers. Le capitaine général fit construire pour tous ces
Indiens, àH lieues de lli capitale, une nouvelle aidée qu'il
appela aldm Maria, du nom de Doiïa Mabia I, reine de
Portugal, et Fon y installa une population de 600 Ck>yB-
p6s. Il ne parait pas que, depuis cette heureuse époque, les
caravanes aient jamais été attaquées par les Indiens sur la
route de S. Paul (1).
Cependant, depuis que les Javaes et les Car^jis s'étaient
éteints, l'Aldea de S. José était resté vacant. Comme H est
un peu moins éloigné de la capitale que l'Aldea Maria, on
crut vraisemblablement qu'il serait plus économique d'a-
bandonner ce dernier village, et, presque de nos Jours,
on a transplanté les Coyap^ i S. José, malgré l'attache-
(t) PitaTTo ■ TippoTlé ta temps présent de trts-aDciens mémoires,
lorsqu'il I écrit {Mem., DL , 33S] que, tous les 4ds, les Cojapds commet-
(«Dt des hostilités coulre les liabitAUts dé Saatj Cmi et «lendeat leurs
Tarages jusqu'à S. Luiia. Il est asseï vraisemblable que , sur cette der-
oière paroisse , ua grand nombre de colons n'ont jamaïa eoteudu parler
des Cojapàs.
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DU KIO DE s. FRANCISCO. IHI
meot qu'ils avaient pour lears preiuières demeures (1).
Ce village, situé sur le sommet d'une colline, est dominé
parla Serra Uourada et environné pardes mornes qui ne sont
guère plus élevé» que la colline elle-même ; les bAtiments
qui te composent sont disposés autour d'uoe vasie cour de
145 pas de long sur il 2 de large et présentent un ensemble
4f une roulante parfaite. L'église, édifice simple et d'un bon
go&t , occupe le milieu d'un des petits cAtés de ce carré long.
A chacun des angles du carré est un pavillon à un étage ;
les autres bAtiments n'ont que le rez-de-chaussée. Ces der-
niers servent en partie de demeure aux soldats cbai^ de
la conduite des Coyapés; le général y a aussi un logemrait
très-agréable , et derrière ce logement est un jardin assez
grand, arrosé par un ruisseau que l'on a détourné pour le
service de Valdea; enfin une autre portion est employée
comme magasin, et l'on y dépose la récolte des plantations
communes. Le reste des bàtimenU, originairement réservé
pour les Indiens, est aujourd'hui (1819) en partie vacant et
en partie occupé par une cinquantaine d'agregados dont
je parierai tout à l'heure.
Accoutumés, dans les forêts, i coucher sous des huttes
oii l'on ne peut entrer sans se baisser, les Indiens trouve-
rait beaucoup trop froides les maisons assez élevées et cou-
vertes en tuiles où on avait voulu les Ic^er, et eux-mêmes
en coDStniisirfflit d'autres beaucoup plus basses, à quelques
pas de Valdea. Le toit de ces dernières est couvert en
(1) tQjDt Ut écrits de Hanoel Ajrw de Caial , de piurro et de Pobl.
— Ibtioa , daoi le peu qu'il dit des Cojipùs , n'est point d'accord Itcc
les frares antoriUs qne je die ici : maie il ne prétendait point écrire
rMiUire de fiO|aii il arait pour bat d'en tracer l'flfti^air«, et,<?ebot,
il l'a parbitement rempli.
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ion VOYAGE AUX SOURCES
chaume; la carcasse est faite k la manière des maisons
des Portugais-Brésiliens , avec des perches verticales en-
Toncées dans la terre et de longs bambous attachés trans-
versalement à ces perches è l'aide d'écorces fleiibles; mais,
tandis que les Portugais ont contume de remplir, avec
de la terre glaise battue , les intervalles qui restent vides
entre ces bâtons croisés , les Coyapôs se sont contentés d'y
passer des Teuilles de Palmier, comme le pratiquent d'au-
tres Indiens qui ont cherché à imiter les constructions eu-
ropéennes. Les chaumières que les Coyap6s ont bâties près
de \'<Udea ne sont qu'au nombre de huit à dix; c'est Jt
1 lieue de S. José, dans leurs plantations, que se trouve la
plus grande partie de leurs demeures.
Les agregados {i] qui ont pris leur place dans les bâti-
ments de i'aldea sont des mulAtres pauvres auxquels le
gouverneur a permis de s'établir parmi les Indiens ; ils
■trouvent A S. José non-seulement un logement qui ne iem
coûte rien, mais encore des vivres à bon marché, et ils
peuvent faire des plantations sur les terres des Coyapt^s.
Le régime auquel ceux-ci ont été soumis par les Portu-
gais a été modifié plusieurs fois; je vais le faire connaître
tel qu'il était à l'époque de mon voyage.
Le gouvernement général de I'aldea est confié è un co-
lonel qui réside à Villa Boa et qui est directeur de tous les
aldeai de la province. Les Coyapds sont, k S. José, sonsh
conduite immédiate d'un détachement militaire qui se com-
pose d'un caporal ayant le titre de commandant, d'un
simple dragon, tous les deux de la compagnie de Villa Boa,
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DU UO DE S. FIAHCISCO. 101
et de quinze pedutra, dont deux sont des officiers infé-
rieurs. Parmi les simples pedestrei se trouvent un serrurier
et un cliarpentler ; le premier chargé de réparer les outils
des Coyapôs, ie second d'entretenir les bâtiments de Valdea.
Le caporal commandant a Je pouvoir de cMtier les Indiens
en mettant les hommes au tnmeo (i) et en donnant des të-
rales aux femmes et aux enfants. Les Coyapôs travaillent la
terre en commun pendant cinq jours de la semaine, sous
rinspectiondesjMdMtrei/ondépose la récoltedes plantations
communes dans les magasins de Vaidea, et ensuite elle est
répartie, par le caporal commandant, entre les familles in-
diennes, suivant les besoins de chacune. L'excéda«t est
vendu , soit à la ville , soit aux pedMtre* , qui sont obligés
de se nourrir à leurs frais, et, avec l'argent qui résulte de
cette vente, le directeur général achète dn sel , du tabac,
de la toile de coton, des instruments de fer qu'il envoie au
caporal commaudant pour les distribuer aux Indiens. Il y
a dans l'aidta un moulin i eau qui fait mouvoir à la fois
une meule destinée à moudre le maïs, une machine à dé-
pouiller le coton de ses semences et enfin vingt-quatre f\i-
seaus; une mulAtresse reçoit, chaque année, 50,000>rGis
(1) Toici de qaeUe mamère j'ai fkil cMiiultre aillanrs (Voyage itont
U$ provinett de RUkU Janeiro , etc., 11 , 42) cet instrameDl de sup-
plice : ' Entre quatre pieux sont placées, l'ane sur l'autre, hariiontal«-
ment et de champ, deux graades plaaches eitrémement épaisses et d'uD
poids énorme. Chaque planche présente , dans nn de ses bords , des ea-
tailles demi-circDlaires , faites de manière qoe les entaillea de l'oDe ré-
pondent k celles de l'autre et forment uu rond parfait. Lorsqu'on veut
punir un homme , on lève la planche supérieure ; le coupable passe ses
jambes dans deui des entailles de la planche inférieure , et sur celle-ci
on laisse tomber la première. Si la faute a été grave, l'est le cou que l'on
fait mettre ainsi entre deui planches. »
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103 V0TA81 ADX 8001CES
(312 f. SO c.) pour eoseigner buz fenuiies coyapAs à Wer <t
à faire de la toite de coton , et le résultat de leurs trannz
appartient à la communauté comme les produits de la terre. ■
Les deui jours de la semaine dont les Indiens peuvent dis-
poser soat le dimanche et le lundi; ils les emploient à
chasser ou i soigner de petites plantations particulières
d'igiiames((7(U(uiium ewulentum)et de patates (Conm/mi^
Batata$).
La forme de gonremement que je viens de faire con-
oattre a été calquée sur celle qu'avaient adoptée les jé>
suites (1) , et il faut avouer qu'elle convient aux Indiens
qui, manquant totalement de prévoyance, sont incapaMes
de se gouverner eux-mêmes. Mais les meillenres règles ae
suffisent pas; il faut encore des hommes capables de les
faire observer, ei il n'est certainement personne qui ne
sente qu'il est absurde de prétendre obtenir avec des sol-
dats le même résultat qu'avec des misatonnaîres. Les jé-
«lites étairat vans par les deux mobiles qui font faire les
plus grandes choses, la religion et l'honneur: ils auraient
réussi, quand même ils eussent choisi, pour le» Indieiis,nne
forme de gouvernement plus imparfaite. Nais que peot-on
attendre d'hommes comme les pédestres, qui , tirés de la
dernière classe de la société et tous mulâtres, sont accou-
tumés au mépris, qui ne sauraient même tire excités par la
crainte, puisqu'ils vivent éloignés de leurs supérieurs , et
qui , mal payés , n'ont d'autre but que de tirer parti des
Coyapds pour leurs propres intérêts. Ceux-ci sont méeoo-
(1) Tof ei ce que j'ai écrit bu demiime Tolnme de mon Voj/age dani
UditlrMdet Diamant* et iw lelittoralduBréfil, reialÎTcmeat mi
M6ts d« la câu et k )■ condiiite des pères de !■ Minpagnie de Jttoi
eavers les [udietu.
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DU UO DB S. FIANCiSCÔ. 103
toits, ils fuient dans las bois ; od va à leur poursuite, ou les
reprend et ils fuient encore. Un seul religieui de la com-
pagnie de Jésus conduisait souvent plusieurs milliers d'In-
diens, et avec dix-sept soldats on a de la peine à retenir
deux cents Coyapàs réunis sans utilité pour l'Etat et sans
une grande utilité pour eux-mtoies.
L' écrit intitulé, Memoria sobre o detcobrmenio da caipi-
tania de Goyas [A ), prouve que le gouvernement portugais
a dépensé des sommes énormes pour les aldeas de cette
province : celui de S. José co4la i lui seul 67,346,066 reis
(430,912 fr.) pour frais de construction et d'établiss«neat.
Cela &it voir que r«n a eu de bonnes intentions ; mais l'on
a )vis de mauvais moyens, et, parmi les dépenses qui ont
été faites , il en est dont l'inutilité frappe dès le premier
instant. Pourquoi , par exemple , une maison de plaisance
pour les gouverneurs de la capitainerie dans l'Âldea de
S. José et dans l'Aldeà Maria? Pourquoi, dans des aidecu
d'Indiens, cette foule de bitiments qui ne devaient jamais
être balHtés par des Indiens? Des chaumières disposées avec
régularité, comme dans l'Aldea de S. Pedro et la Villa dos
Reis Magos (3), ensseot produit, dans le paysage, un effet
aussi agréable que les maisons couvertes en tuiles de
S. José; elles auraient coftté beaocoup moins d'argent; les
Indiens, bien dirigés, auraient pu les construire eux-mêmes,
comme faisaient ceux que gouvernèrent autrefois les jé-
suites, et ils n'auraient eu aucune peine à les habiter.
(1) Je parlerai plus lard de ce mémoire et de bod tuteur, l'ibbé Luii
Antonio <U Silva e Soqh , que j'ai Aé\l âtt.
(1) Voiei niDa Voyage 4an$ U dMrict de» Diantant* el tw U lil-
toratduBràil,a,lt\iBi.
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(M TOTAGE ADX SOURCES
J'avais apporté k S. José une lettre da colond , direc-
teur (général des Indiens , pour le caporal qni commandait
dans Valdea. Je trouvai un homme d'un certain âge, tout
écloppé, dont le costume ne rappelait en rien l'état mili-
taire , mais dont la figure était assez agréable et les ma-
nières honnêtes. A mon arrivée , il me donna un logement
fort propre et me fit voir tout i'aldea. Je Ini exprimai le
désir d'aller visiter les Indiens dans leurs plantations ; il me
témoigna beaucoup de regrets de ne pouvoir m'y accom-
pagner et me fit conduire par le soldat qui lui servait de
second.
Après avoir fait f lieue en traversant presque toujours
des bois peu élevés et peu vigoureui, nous arrivAmes h une
petite éminence qui fait face k la Serra Dourada, et sur la-
quelle croissent ç et \h des arbres rabougris : c'est là qne
les Coyap6s ont construit leurs maisons. Elles sont disper-
sées entre les arbres, couvertes en chaume, petites, basses,
et bAties, comme celles de I'aldea, avec des perches enfon-
cées dans la terre, des bambous qui, attachés horizontale-
ment, se croisent avec ces perches , et des feuilles de pal-
mier qui remplissent les intervalles; elles n'ont point de
fenêtres : feutrée est fort étroite et se ferme avec des
feuilles de palmier. Dans l'intérieur, on voit quelques
pierres qui servent de foyer, des corbeilles d'une forme
particulière appelées /iMuntif, et quelquefois des j^Vooi qui
ont à peine la largeur du corps : tel est l'unique amaible-
ment de ces chaumières.
Après les avoir visitées, nous nous rendîmes aux planta-
tions. Nous vîmes d'abord plusieurs femmes qui, sous l'in-
speclion de deux ou trois pede»tres, détachaient des épis de
maïs de leurs tiges. Nous allions passer dans la pièce dp
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DV mO DE s. FRANCISCO. 109
terre où travaillaient les hommes, lorsque nous les aper-
çâines venant vers nous. On les avait appelés poar les faire
danser devant moi. Zlous retournâmes donc, le dragon et
moi, au lieu où sont les babitaUons; les Indi«is y arri-
vèrent quelques instants après nous, et bieutât la danse
commença.
Les hommes dansèrent seuls, parce qu'on n'avait pas
songé i appeler les femmes. Ils formèrent un rond, mais
sans se donner la main , et se mirent à chanter. Leurs airs
sont d'une monotonie extrême, mats ils n'ont rien de bar-
bare et d'effrayant comme ceux des Botocudos (i). Ils chan-
tèrent d'abord très-lentement et ne faisaient alors que
battre la mesure avec leurs pieds sans changer de place. Peu
à peu le chant s'anima et les danseurs se mirent à tourner,
toujours dans te même sens , indiquant parfaitement la
mesure , mais sans aucune vivacité , !e jarret un peu plié ,
le corps courbé en avant et sautillant à peine. Il y avait
déjà longtemps que le cercle tournait ainsi, et je commen-
tais k être fatigué d'une telle uniformité, lorsque commença
la daùse de Vurubtï, le vautour appelé par tes naturalistes
Vultur aura.
Un des danseurs se plaça au milieu du cercle, et, con-
tiBuant toujours i faire les mêmes pas, il se baissa, et, avec
les trois doigts d'une main qu'il tenait réunis, il donnait
des coups répétés sur la terre ; ensuite il se redressa i demi,
et, se mettant devant les autres danseurs, il faisait des con-
torsions et feignait de vouloir les frapper de ses doigts qu'il
tenait toujours rapprochés, prétendant ainsi imiter l'action
de l'urubu, qui déchire les viandes mortes.
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Il» VOYACB AUX SOUECES
CepeDdaat on corameoca à GboDter ua autre air, et la
danse de l'once succéda à celle de l'urubu. Le mtoie don-
seur se plaça encore au milieu du rood et se mit à dauser,
le dos courbé, les deux bras étendus avec roideur vers la
terre, les doigts écartés et à demi plies comme dee griffes.
Après avoir fait plusieurs tours dans cette position , fxA
homme sortit du cercle ; se tenant toujours courbé, il se
mît à courir après un enfoat, le cbargea sur son dos, rentra
dans le rond et continua à danser : il avait imité le jaguar
cherchant sa proie, s'en emparant et l'emportant dans son
repaire.
Pendant tout ce temps-lÀ , ces bonnes gens avaient un
air de contentement et de gaité qu'on ne voit jamais cbex
les tristes Goyanais.
Les Portugais ont donné, je ne sais pourquoi, ie nom de
Co^rapôs ou Cayapâs i ces Indiens. D'après ce qui m'a été
dit, il pwatt que ceux d'entre eux qui vivent encore dans
les bois, n'ayant dans leur voisinage aucune autre peuplade
indienne, u'uit point de nom de nation , maie qu'ils se ser-
vent du mot panariâ pour se distingua, comme race, des
nègres et des blancs : d'où il faut conclure, ce me semble,
que ce mot est postérieur à la découverte très-récente du
pays, et qu'avant cette époque les Coyapés se croyaient pro-
bablement seuls dans l'univers.
On retrouve chee ces Indiens tous les Uaits caractéris-
tiques de la race américaine : une grosse tète enfoncée
dans les épaules, des cheveux plats, noirs, rudes et touffus,
une poitrine large, une peau bistrée, des jambes fluettes;
comme nation, ils se distinguent , particulièrement, par la
rondeur de leur tète , par leur Ggure ouverte et spirituelle,
par leur haute stature , par le peu de divergence de leurs
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DU UO DE S. FUnOSCO. tffl
feux et la teinte foncée de leur peau (1) : les Coyapàs sont
de beaux Indiens (S).
Parmi ceux de S. Joeé , Je vis quelques enfants nés de
femmes de leur nation mariées «vec des mulitres. Leurs
yeux étaient moins longs et moins étroits que ceux des
Coyapôs; ils n'avaient ni la grosse tête ni la large poitrine
de ces derniers, mais ils se distinguaient entièrement des
mulâtres par leurs cheveux qui n'étaient nullement crépus,
sans être cependant noirs et durs comme ceux des véri-
tables indigènes.
J'ai dit ailleurs qu'il y a dans la prononciation des lan-
gues IndieDues des caractères qui appartiennent à toute le
race indigène et qui peuvent contribuer i la faire distin-
guer [3]. Comme les diverses nations indienoes que j'avais
vues jusqu'alors, les Coyapés parlent du gosier et la bouche
presque fermée (4). D'ailleurs, leur langue ne parait pas
avoir de rapports avec les idiomes des peuplades que j'avais
visitées jusqu'alors. J'en transcris ici plusieurs mots que
j'écrivis sous la dictée d'un Coyapé très-intelligent qui sa-
(1) Dms mes deni preDiièrcs rtlatioiu , j'ai snccessiTemeDt tracé le
portrait de* Ceroadea, de* UsUlls, des Hacvala, des Botacodos, des la-
(lieus ciTilisi^s de S. Pedro , et j'ai comparé la phjBiODomie àea iaiàri-
cains indigènes arec celle des Mongols. — Je ferai remarquer, en pas-
saot, qae, « I'od vent se ccaforiDer i la pronoDciation actneltement
usitée dans le pajs, on ne doit pas écrire Hocuanli, eorame ont fkit les
saranis Spii , Harttas et d'Orbignj, ai Penhanu , mais PanhontM on
bien Pinhamii.
(3) H. PohI trooTC les hommes laids et les femmes fort laides. Les
Cojapos élaieat les premiers Indiens qn'il voyait ; il les comparait arec
{3} FotfNI* ^fu l* dittricl de$ Diamanti il nir le llUoral, II. 30.
(4) La mémoire du doclenr PobI l'a cerlaioement mal servi quand il
a dit le «
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m VOYAGE ADX SOWCES
vait fort bien le portugais et faisait partie de la compagnie
des pédestres. Suivant mon usage, après avoir écrit ces
mots, je les Ins è celui qui me les avait dictés, afin de savoir
s'il les entendait, et si, par conséquent, je ne m'étab pcnnt
trompé :
Dieu, puhancâ.
Soleil , imputi.
Lune, puturuà.
Étoiles, amtiti.
Terre, cupa.
L'w, dans ce mot, pirticipe de U proDoadattiHi i'iou ftaotui.
Homme,
ttnpwim.
Femme,
intitra.
EDbnt à la mamelle.
nhotuuâra.
Garçon,
.p™<»f.
Fille,
Un blanc,
caeatéta.
tapanho.
tapatihocua.
Cn Indien,
panariâ.
Tête,
Vr M proQonca U boaebe fermée et participe du a» de tl.
Cheveux, t^tiùn.
Yeux, inl6.
Nez, chacari.
Bouche, cKapé.
Dents, chuâ.
Oreilles, ehiccré.
Cou, impudé.
Poitrine, ehucâto.
Ventre, itû.
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DU IIO DE S. FRANOSCO.
Bns,
ipd.
Mains,
chùria.
Cnixe,
icria.
Jambes,
iU,
Pied,
ipad.
Morceau de bois ,
por<.
LV participe dnai
«del'I.
Fmille,
parachô.
FIroH,
potto.
Choral,
ipiitmM.
Tapir,
ierite.
Cerf,
m,6.
Oiseau,
itckune.
Plumes,
impantsa.
Chique (Pulex pénétrons] ,
pM.
Are,
itse.
Flèche,
tngoM.
L'< M fait k peine
enteedn
Eau,
tlMi.
Rivière,
jrapli.
VioDde,
jibo.
Poisson,
Ufo.
BOD,
impéimparé.
Mi,
intompéipâré.
Laid,
intomarea.
Blanc,
maeécâ.
Hoir,
cota.
Rouge,
Petit,
ipânré.
An ton Umg.
Je danse.
^d:,;. Google
110 T0TA6I IDX 80UMXS
Comme pour les divers vocabulaires (i) que l'on trou-
vera dans mes deux relations précédentes, je me conforme
ici à l'orthographe portugaise, qui généralement est beau-
coup plus d'accord que la nAtre avec la manière dont on
prononce , qui admet uoe accentuation prosodique (9] ci
peut indiquer des voyelles nasales.
Il est impossible de tirer des conchisiona générales du
court vocabulaire que je viens de donner ; cependant je poil
croire que la langue des Co]fBp6s admet une certaine simi-
litede dans des mots qui représentent des choses oa des
<lj J'ai pnbbi wccewiTemeiil, (Uni dmo rofog» dattâ le* provUtem
(1« Rio d« Janeiro H de JflntM Geraet, ni) petit Tocabaltire de la lan-
gue des Coroados (I, 46), de celle des HaUlis (I, 4STj, de* H
(id.), dea HacDiiiatn, 47), dM ■oiocndoa {U, 114),
(n,313). HoD rtfyapa dani U dUMet det DiamanU et ew le UUoral
(fu Bréeil présente (Il , 393), pour oa certain Dombre de mots, les dlBï-
KDces qui eiisteat entre le dialecte acioel de S. Pedro dos Indîoa, cehri
deVilIanovadeilmeidaeila linçoa ferai, uM^tlt»jé»atte^Vém-
Tirent dans lenr dictionnaire , onnage wmpoaé probablancnl dans le
(S) L'h se prODOBce oh ; nh, gn ; l'acceDt tombe généralement sur la
pAaaltième ajUabe , k moins ^e le signe ' n'indique nne on plorieiin
gjUabes accentates ; quand l'actMit est indiqué svr la lettre o , elle ae
prononce ccMume dans notre mot or,- \'e accentné a le ion de notre /;
<m final eat an i très-nûal; ôo un ON également fort nasal. — Pour
aToir Tonln snirre l'ortbograplw allemande, H. Pobl, dans son TocalM-
laire, a été forcé de coTODetlrvphiaienrs erreurs; ainsi, ne trooTantpai^
dan* sa langue, de lettre qvicorrespaode anodes Portugais et des Fratt-
cais.ilaécritnuhoHrf poar «(ifoit4,«l, M poonni peindre le son da
nA portugais on jn frûfais, il a admis tajMMfo pour ta|Nmfto. Je ne
puis m'emptcher de croire, d'alllears, que, fan te d'avoir en me «n-
naissanee snlEsante de la langne portugaise, il ne lui soit échappé qwl-
qnes méprises. Si , par exemple, ilpé Tent dire nn fcomme bbtne, il n'est
guère naisemblable qn'ttp^.prt , éridemmant un composé iTilpé, st-
gniBe on e»fant en général.
^d:,;. Google
DD RH) DE S. PRAIfCISCO. 111
qualités othunt qaelqae analogie. Ainsi impéimpâré vent
dire bon; ùtivmpeipâré, joli; impuaria signifie homme, et
^>ronhiarùi, fille; ckicria, matns, icria, cuisse.
Tons les PortugBis-Brésillens s'accordent à dire que les
Coyapôs ont un caractère fort doux (1). Ces Indiens, il est
vrai, se qaerellent quelquefois les uns avec les autres , âiais
ce n'est jamais qu'à cause des femmes. Le seul tort qiielear
reprochent les Portugais est cette propension qn'ils ont è
^enfuir dans leurs forêts : or on sent que ce reproche tombe
sur les Portugais eux-mêmes; si les Goyapàs n'avaient pas
à se plaindre de leur condition présente , ils ne retourne-
raient pas k leur ancienne manière de vivre, dont ils sentent
bien les graves InconTéntents. Ces Indiens sont, d'ailleurs,
comme tons les aubres, insouciants et entièment dépourvus
de préToyance. Four faire la récolle des légumes qu'ils cul-
tivent dans leurs plantations particulières, ils en attendent
rarement la maturité parfaite ; ils ne songent point an len-
demain, n'amassent jamais, ne vivent que dans le présent
et sont souverainement heureux quand ils peuvent satls-
(1) Un homme fort Hêtitigaé , qae je vis ï Vbi en 1816 cl qui veuit
de Ooju , «vait amené avec lai deux CojapiSs doot il avait flùt m» de-
■ntetiqoei. Cea Indiens parlaient portugais ei n'étaient guère moina ciri-
lisés que les malitres d'une classe inférieure. L'nn d'eui avait une saga-
ellé étomilDte peur tetttni'rtt les liommes et les Mtea de sommé égarés
dans les forêts : il ne lai fallut, poar le gnider, qae les restes d'une
fénilte broutée par un mulet on ane herbe courbée par les pied» d'an
IwwB. Cw deoi Gofapàe oa vobIdtcM point Toir les Ceroadoe, encore
sauvages, qai m traoTaient k Ubi w nène temps qa'«M ( l*«||Bffa daM
Im prmtneaê d4 Rto d* Jaiuiro, etc., l, 37 et soît.) , soit h musc de
l'éleignameat i|k les diTcnes penpUdcs eut sonTsnt les nues pour les
antres, soit plutAt parce qne la vue d'nn sauvage est , favr l'tndiea «irt-
liai , H sujet d'buniliatton , lui j-appetant l'éUt oà il a été toi-mêne ,
celai, dn moins, où étaient ses ancttres.
^d:,;. Google
113 TOÏAGE AUX SOURCES
faire \eaT goAt pour la viande , poor l'eau-de-vie et le
Ubac (1).
Les Coyap6s possèdent donc aussi peu que les antres In-
diens les qualités nécessaires pour vivre au milieu de notre
àvilisation toute fondée sur l'idée de l'avenir : il leur ba-
drait des tuteurs bienfaisants , comme ceux qui firent fleu-
rir les aldeas de la cAle et les réductions du Paraguay ; ces
tuteurs, on les a pour jamais enlevés aux Indiens, et bientAt
il ne restera plus rien des anciennes peuplades indigènes
qui couvraient jadis la terre du Brésil (3). Dans ce même lim
qu'habitaient les Coyapôs, lorg de mon voyage, avaient
vécu, comme on le sait déjà, d'antres Indiens , les Acroas,
puis les Carajâs et les Javaes; cinquante ans ont suffi pour
les faire disparaître tous ,et en trente années les Coyap6fi
eux-mêmes ont été réduits i deux cents de six cents qu'ils
étaient d'abord. De nouvelles immigrations d'individus en-
tièrement sauvages, si elles ont eu lieu, ce qui n'est pas
absolument impossible , comme on le verra tout k ï heure ,
auront pu prolonger l'existence de l'Aldea de S. José; mais
elles auront accéléré l'anéantissement de la peuplade en-
tière, et bientôt le voyageur qui cherchera cet aldea ne
trouvera pins qne des ruines et la continuation d'un désert.
Les Portugais ont communiqué les maladies vénériennes
aux Coyap6s, et, comme ceux-ci n'ont aucun moyen de s'en
(1) Uidooerar, qoi.eaiiiiwoDniit, «tt.efagflHCorvoa.awqiH-
bté nitorelle, Hnd 1 prouver que )m croanUs npiocMn à Iran «Kt-
ITM n'tloiait que dM représailles. Si , dte l'origiiie , on s'éuic condiril
arec teê uavageB eomiiie le fit depok le MiUit Lait , oa «trait certii-
wiMWil driona des rteohaU icaïUaUei.
{X) Tojet ce que fai éoit aw Ih iodieiie Stm nesdeai prwiilni
r„s,i,.,x,.i.CoOc^lc
DU RIO DE S. nUHCiSCO. 113
^érir, il paratt qu'elles contribuent beaucoup à les dé-
truire. Ces hommes -enfhnts, n'ayant point de guide,
se livrent à toas leurs caprices et h&tent fort souvent
la 8n de leur existence : presque tous furent, il y a
quelques années, attaqués de la rougeole; au milieu de la
fièvre, ils allaient se baigner dans l'eau Aroide, et il en
périt plus de quatre-vingts. D'ailleurs, je n'en ai pas vu un
seul qui «ût un goitre, difformité qui défigure tous lesjw-
liestres, leurs surveillants, et qui, comme on l'a vu, est
presque générale à Ville Boa.
D'après les renseignements que J'ai pris , il parait que
non-seulement les Coyapés encore sauvages n'ont point de
culte, mais encore qu'ils n'ont aucune idée de la Divinité.
Pour dire Dieu, ceux deVàldea se servent, il est vrai, du
mot pukanca, qui n'est certainement emprunté ni du por-
tugais ni de la lingoa gérai (1 ) parlée jadis parles Portugaîs-
Paulistes; mais le terme par lequel ils désignent le cheval
n'a aucun rapport non plus avec le mot portugais coeallo
' ou le mot de la lingoa g«ral, caharâ, et cependant ils ne
connaissent cet animal que depuis l'arrivée des Portugais
dans leur pays [S). A l'exception d'un petit nombre de vieil-
lards auxquels on n'a pu apprendre les prières les plus
1,1) La liniroa çeral était celle des Indiens de U tAlt. Les jésnitea «D
tvoieot compost la grammaire el le dictioaaaire, et elle avait ité adop-
tée par les Paaiisles qni viraieDt au milieu des indigèoes. La lingoa gé-
rai et le gnaraai des réductions du Paragnaj sont des dialectes do même
idiome (voyez diod Voyage datu le ditlrtet dot Diamattli et ntr le lit-
loraldiàBrMt.U, 11).
(3) Araot la découverte , les Co^apos n'avaient également vu ancuu
jtrricain ; mais ils o'ont pas totgi de terme pour désigner na atpe : leur
mot lapanho vient évidemment de tapanhûna, qui. dans la lingoa
gérai, signifie noir.
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114 TOlTAGE AUX SODRCES
courtes et qudqnes réponses du catéchisme, tons tes In-
diens de l'aldea ont reçu le baptême : ils se marient derant
leur curé (1), et quelqaes-uns même vont à coufesse. On
peot croire cependant qne les idées qu'ils ont da chriUia-
oisme sont bien superflcidles , car le curé de Valdea se
contentait (1819) d'y aller dire la tnesse Ions les dimanches
et passait le reste du temps à sa sucrerfe de la ConceftÂo,
située À S lejoof de S. José, onioriledeS. /ndro, qui est
beaucoup plus éloignée encore. Personne, dans le pays, ne
trouvait cette conduite condamnable, parce que perMBne
ne s'imagine qo'un curé ait d'autres devoirs k rem|riir que
'd<e dire une messe basse chaque dimanche et de confeBRr
-ceux qni se présentent. Et cependant, qn'dte était belle la
missiota da curé de Y-aldeal il pouvait PâOdre'cbrétletis ces
hommes-enfants si donx et si dociles , les protéger contre
leur propre imprévoyance et contre les vwatioos 4e leors
surveillants, prolonger leur existence par de bons consens,
lés civiliser autant qu'ils sont susceptibles de l'être, deve-
nir ponr eux une seconde providence : il bisait du sucre I
Ceux des Coyap6s qiâ vivent encore dans les bol& sont
Mumis k un cacique fénéni qui a sous lui jdosieurs ca-
pitaines : dans Valdea, les Portugais ont donné les tHres
de colonel, de capitaine, d'alferet (sous-lieutenant) aux in-
dividus les plus considérés de leurs compatriotes. C'est no
moyen fort ioDOcent et peu coûteux d'exciter Témulation
de ces Indiens.
(1) Jnsqo'en 1B33 iochiuvciaeiit, l'Aldu de S. José « formé nitt f*-
roisK qui dépendail du district de la cité de Goju (Da Siln e Soosi,
Mem. ettat; 3); mais, en 1833, od l'a compris dus le district de k
Dontelle ville d« Jaragui ( MiLun et Lofes m Hoom, Diee. Brat., i ,
517).
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DU 110 DE s. FRANCISCO. lia
Les Coya^ de S. José ont appris des Portugais & con-
struire des DuiisofHi, i cultiver la teire, h Gler le coton, etc. ;
mais ceux de la méoie nation qui vivent encore au milieu
des bois ae connaissent 4'n(tTe industrie que celle de faire
des arcs, des flèches et l'espècse de panier qu'ils appellent
jiêeuim (1), dont l'mage, oonimeon l'a vu, s'est conservé
dans l'aMaa.
On fait ces jueunus en preuaut deus feuilles de bority
(Mauritia viitiftra) ; on iÏTise en lanières étroites les fo-
lioles qui les composent et forment l'éventail; on tresse les
lanières d'une feuille avec celles d'uoe autre feuille, eA il en
résulte une sorte de corbeille elliptique ouverte sur les
cAtés, i laquelle on ajoute pour anse one longue tresse
flexible faite également de bority. Pour se servir de ces
corbeilles, on y introduit une natte mince et elliptique
roulée -en cylindre; quand celle-ci est presque pleine, on
y passe une seconde natte roulée comme la première, et,
de cette bçon , on peut élever ces espèces de paniers jus-
qu'à la hauteur de i pieds et même davantage. Los
nattes dont je viens de parler goat laites diacune avec une
feuîUe de fron'fy dont les folioles, également partagées en
lanières étroites et tressées les unes avec les autres, sont
Dénués par l'extrémîté du pétiole qui forme un des bouts
de la natte.
Les Coyapés se couchent sur des ^00* quand ils en ont,
DBaig plus souvent ils dorment étendus par terre et sans
oreillers sur les nattes minces et extrëatement étroites dont
je viens de décrire la fabrication .
(1) Ja «mis qnc le do«lear PoU w trMnpe qund il arpelk ces pu-
■Hcn piapa. «
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Ilfi VOYAGE AUX SOURCES
Chez ces Indiens, comme chez toutes les peuplades que
j'avab visitées jusqu'alors, ce sont les femmes qui trans-
portent les fardeaux. J'ai vu sur le dos de ces pauvres
créatures d'énormes faisceaux de bois ou desyticuntw pleins
de mandubis (Arachiê hypogea] qui descendaient jusqu'au
milieu de leurs jambes , et étaient simplement retenus par
l'anse, passée comme un bandeau sur le sommet de leur
tète.
C'est de la même manière que ces femmes portent leurs
enfants lorsqu'elles vont au travail et qu'elles veulent con-
server le libre usage de leurs bras. L'enfant est assis sur
une liane retenue par le front de sa mère ; il a les jambes
appuyées sur les hanches de celle-ci, et il se cramponne k
ses épaules avec les mains.
Tant qu'il y a quelqu'un dans la chaumière des Coya-
p6s, on y conserve du feu, et les hommes comme les femmes
sont ordinairement accroupis tout autour.
Ce n'est cependant point dans l'intérieur de la maison
que l'on fait cuire la viande. Les femmes, qui sont char-
gées de ce soin, creusent des trous dans le terre; elles met-
tent des pierres au fond, et par-dessus elles allument du
feu qu'elles retirent lorsque les pierres sont rouges. Alors
elles arrangent sur celles-ci les morceaux de viande qu'elles
veulent faire cuire; puis vient un lit de feuilles, et de la
terre achève de remplir le trou. De cette manière, la viande
cuit inégalement ; mais j'ai ouï dire i des Portugais qu'elle
avait on fort bon goût [i).
(1) CeUe miDïère de faire cuire la viande était eo nsage chei [es pin»
•DcieoDes peuplades bri<silieiiiies , les Tupinambw et les Tipajaa, et
die se Kironve daos les lies de la mer du Snd (Fekmnind Denis, Bri-
tH. 18}. •
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DU RIO DE S. PHANCISCO. 117
Les Coyapôs faisaient autrefois une boisson forte avec
des piments; coais ils y ont presque entièrement renoncé
dcpais qu'ils connaissent le tafla [cackaça].
Dans l'état de demi-civilisation où ils sont actuellement,
ces Indiens ont conservé plusieurs de leurs anciens usages.
Ainsi, lorsqu'il meurt parmi eus quelqu'un de considéré,
ils se font eux-mêmes des blessures à la poitrine avec de
petites flèches , ou bien ils se donnent de grands coups sur
la tHe, pour en faire sortir le sang.
S'il leur naît un enfant, ils ne se contentent point du
nom de baptême portugais ; un des anciens de la peuplade
&i donne encore un autre au nouveau-né , et c'est ordinai-
rement celui de quelque animal.
Les mariages se célèbrent par un grand repas et par des
danses pendant lesquelles la mariée tient une corde atta-
chée à la t£te de l'époux ; usage emblématique qui n'a be-
soin d'aucune explication.
Devant presque toutes les maisons des Coyap6s, je vis des
morceaux de gros troncs d'arbres , de 2 à 3 pieds de lon-
gueur, qui, évidés aux deux bouts dans leur milieu, se ter-
minent, à chaque extrémité, par un bord épais, long de
2à3 pouces. Ces morceaux de bois, appelés (oi(ro(1},
servent à leur jeu favori. Un Indien prend l'énorme mor-
ceau de bois par les deux bouts, le charge sur ses épaules
et se met à courir de toutes ses forces ; un second Indien
court après le premier, et, quand il l'a attrapé, il lui enlève
le morceau de bois, le place à son tour sur son dos , sans
interrompre sa course, la continue tant qu'il n'est pas rem-
(I) Ce mot, en portugais, siguiBeoj
(ksCoi'apôs, Ui, comme on voit, an
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ll« VOYAGE *EX SOUICES
placé par nn troiaième, et ainsi de suite jusqu'à ce qne l'on
arrive à un but désigné {!). C'est au temps de Pftques que
ces Indiens se livrent principalement k leurs réjouifiBances.
Avant de quitter S. José, j'allai rendre visite, avec le
caporal coaimandant, à la personne de tout l'ridea poot la-
quelle les Cofap4^ avaient le phu de considératitm : c'était
une femme de lem nation, que l'on appelût Dova Da-
MUNA, petite-fille d'un cacique et veuve d'un sergent de
pedeslrei auquel le gouvernement de Valdea avait été confié
pendant longtemps. Dona Damiana parlait assez bien le
portugais ; elle était polie et avait un air gai , ouvert et spi-
rituel. Elle me cooBnna ce qui m'avait déjà été dit par
d'autres Coyap6s, que ceux de la peuplade qui vivent dans
l'état sauvage n'ont aucune idée de Dieu (2).
Dona Damiana avait formé le deeeeàn d'allercbercber dans
les bois ceux des Coyapôs de l'aldea qui avaient pris la fuite,
et d' amener en même temps un grand nombre de ses coift-
{!) Lei «Dciens Tapujru ivaieal on jeu k pen près senbUble. > Du
<■ usage forl remBrqusble , dit M. FerdioaDiI Denis, diatioguail ce peu-
« pie des aulres habitants du Brésil. Lorsqne les devins iTaient ordonné
ce de changer le liea du rampenetil, on mèine lorsque les jeui coma-
■ créa Mmmençaieiit aprfis le repas du soir, des JeDDes gens se saiiia-
■ aaient d'une poalre pesante et la portaient, en courant avec une pro-
• digiense rapidité , jnsqu'i ce que la fatigue les obligeit à déposer ce
> hrdean eotre les mains d'an autre guerrier. La victoire apparltoail
• i celui qui avait fourni la plu» longue carrier* {Bréiil, 7). ■ Nou
avons déjà tu que les Coyapds font cuire la viaode de la raème manière
que les anciens Tapuyas. De cette ressemblance dans quelques usages,
il serait pourtant , ce me semble, téméraire de conclure que les Coyapôa
dcecendeot nécessaire ment des Taperas. On trouve des coulumea qai
ont entre elles beaucoup d'analogie chei des peuples qui certainement
n'ont en aucun rapport les uns avec les autres.
(S) Ce serait dooe à tort qu'au a prétendu qv'ils atloraieat le saleil et
la tune, et snrtoat qu'ils sacriiîaieni des*ictinre bumaines.
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DD UO m 8. PUNGISCO. 119
patriotes encore sauvages. Elle avait obtenu du capitaine
général la permission de s'absenter pour trois mois et elle
comptait bientôt partir. Je lui témoignai quelques doutes
sur la réussite de ses projets : Ils me respectent trop , me
répondit-elle, pour ne pas faire ce que je leur ordonnerai.
D'après ce que me dit cette femme, elle entreprenait ce
voyage dans la persuasion que ses compatriotes seraient
plus beureui dans Valdea qu'au milieu de leurs forêts. Les
notions de christianisme que les Coyapés reçoivent chei
les Portugais , toutes faibles qu'elles sont , les élèvent réel-
louent beaucoup au-dessus de leurs compatriotes encore
sauvages dont l'existence est purement animale; ces der-
niers sont plus libres pent-étre, mais les autres goûtent
quelques-unes des douceurs de la civilisation , leur nourri-
ture est assurée et ils ne sont point exposés à toutes les in-
tanpéries des saisons. Avec des hommes tels que ceux qui
civilisèrent les Indiens de la cAte, les Goyapôs de S. José
eussent été parfaitement heureux.
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VOYAGE AUX SODRCES
CHAPITRE XXII.
L OB BT LES DIAMANTS DU BIO CLABO.
Départ de S. José, — La Fatenda iTEl Rei. Ses bestiani. Sa destiDalion.
— Un lodien ehavatUê. — Idée g£n£rale du paj's qui s'étend df la
Foienda d'El Rei au Rio doi PUèti. — Halte en plein air h Tapera. -
L'Aldea Maria. — Halle eo plein air sot le bord do Rio Fartwa.
Carmpafoi. Tfails froides, — Halteeu plein air iPorcoJforto. — Jour-
née enDDjeuse. La Torri deBtAel. Campo* ineendiés. — Halte sur le
bord dn Rio àoi Pilàe». — Détails sur cette mière. Dissertation sur
le minhoMO des Goyanaîs. — Le bamean dot Pilseê. Il est situé sur
le Rio Claro. Ses moisoDg ; son église- Son histoire et celle de l'ei-
ploitatiOD des diamants du Rio Claro. — Les habitants uniquement
occupés de la recherche de l'or et des diamanls. — âTautages qu'ils
annieiit k cnltiTer la terre. — Bijoui d'or des femmes. — Cbercfaenr»
nomades d'or et de diamants. — Les trois manlËres d'eiiraire lea dia-
mants et l'or du Rio Claro. — Les etclama clei diamqnU. — Le déta-
chement de militaires cantonnés au hamun dos PilSés. Combien il est
facile an c<Hitrebandiers et ani criminela de se soustraire à leurs
recherches. — Hou petit diamant. — Détails snr le Rio Claro. Insectes
malfaisants. — Tentatives inutiles pour former one collection de
Après avoir pris congé de Dona Damiana (le 8 juillet] , je
me mis en route avec ma petite caravane et un pédestre que
le caporal commandant me donna pour guide. Je voulais
me rendre au vîlluge de PilÔeg, situé sur la route de Villn
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DU RIO DE S. nUHCISCO. t!l
Boa i Hatogrosso, et de là au Rio Claro, riche en or et en
diamants (1).
Dans an espace (te S legoaa nous trouvâmes des bois peu
élevés, marcbant toujours parallèlement à la continuation
de la Serra Dourada , et nous anivAmes à la Faienda d' El
Rei (ferme royale), où je passai la nuit.
Cette /(U«nda appartient au roi, ainsi que son nom l'in-
dique, et elle est située sur les terres de Valdea. On n'y voit
d'autres bâtiments que deui maisonnettes; mais, comme
00 se borse à y élever des bestiaux et que, dans les contrées
tropicales, des étables seraient plus nuisibles qu'utiles, on
n'a besoin ici que d'un logement pour les hommes anx-
(1) Itinéraire approximatif de l'Aldea de 5. José an TJIlage d« PilSes :
De l'AJdea de 5. ioai à )a Faieuda d'il Rei X lefoas.
— Tapera, lien désert sans habitalicD 3
— Bords du Rio Fartara, lieu désert sans ha-
bitation 3 l/S
— Porco Morlo , lieu désert saas habitation. . b
— Bords du Bio dgs PilSes, en plein air. ... 31/3
— Arraial dos Pilites, village 1
30 lesoas.
L. A. da Silva e Sonsa avait ittdiqoé la distance de la cité de Gojoi an
fillagede PilSes comnieétaDi de IStcflouJ,' MatiDg(f(in.,n, 130) admet
reiaclitnde de et chiffre ponr le chemin qni passe par S. José ; mais ,
quand il arrive aux détails , il compte 31 Ugoai : S de la cité de Gojai
h S. José, e de S. José k l'Aldea Maria, 7 de l'Aldea Maria i l'Arraial dos
PiliSes. Il m'est impossible d'admettre qu'il j ait 8 l«|rO(U de Gojai à
S. José, par Areas. Gnrgniho et Cooceifâo : je suis d'accord avec l'esti-
mable autenr de r/lin«rario sur la distaoce de S. José à l'Aldea Maria;
mais Dons diffërous de moitié pour celle de l'AJdea Maria ao village de
PilBes ou, si l'on veut, da Rio Claro. Eiisie-l-il no chemin plus court
et également abandonnét Mattos, qni ne parait pas avoir visité ce can-
ton, aoiait-il été indnit en erreur par les renseignements qu'il a reçus T
C'est ce que je dc saurais d^idcr.
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m TOYAOH AttX sauMXS
quek sont coulés Pa garde et le soin du troapeau : c'étajeat,
lors de mon passage, deux pedatrei et un Indien de la peu-
plade des ChavanUi qui bibite le nord de la provioce de
Goyaz. Oo conptait , k cette époque, 400 bâtes à cornes
sur les terrée de la Fazenda d'EI Rei. Les pâturages de cette
ferme sont excellents , les bestiaux y multiplient beaucoup,
et l'on n'est point obligé de leur donner du sel , parce qu'il
existe dans le pays comme dans le Sertâo de Minas (1) des
terrains salpMrés.
Quand le gouverneur de la province pasaaK quelques
jours parmi les Indiens de ïaiàta, ce qu'il faisait quelque-
fois, la Fazenda d'EI Rei lui fournissait le bétail nécessaire
pour sa consommation. De temps en temps, on envoyait
aussi im bœuf aux Coyapôs; mais, comme ces Indiens ont
pour la viande la même passion que toutes les peuplades
de leur race, ils se plaignaient beaucoup de ce qu'on leur
économisait ce mets favori.
Si tous les Cbavanl«s tessembleat à celui qui soignait les
troupeaux de la Faienda d'EI Rei, cette nation doit être
plus belle encore que celle des Coyapés. Ce jeune boaune
était grand, sa tête n'était pas extrêmement grosse; il avait
de beaux yeux, une figure oaverte et agréable (3). Duis
il) Vo^foçe dont lei proçimeei de Ato de Jaunira et Hmhw Ctrau,
U, 317.
(» Db amnl •n^el o> doit d'imotoBes rtebcrebce »ar ane |mNn
de l'Aménquii asiMgnsIe, nais qai ■ HOleineDt ralàché qadqoM imluM
à Hts de Jiaeiro et a'a pu vur qu'an ImUcd appartefleat an Brésil (11,
b'Obb., VofOfe, m, 349), a été «atralat, par »oa Mjet. à cUuer lec
tndieèaes de ce tuIb empire, et, aprta les BToir rangée toui wxrf k
litre de race tn-tuilio-onaraniennê . il divise eeiU tu» en deux u-
lions, fmaront et boloeudo, OEieadaiit par le mot Moltow (ohIb rtfimwii
(Thiimmei qui parlenl hhe taitgvt émanant duiu umrta »
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DU UO DB S. FBAIICISCO. lU
leur langue, tes Chavantes ne penYent se faire comprendre
des Coyap6s ; mais ib entendent , m' a-t-on dît , plusieurs
autres nations qui, comme eus, habitent le nord de la pro-
TÎnce.
J'aî tâché de résoudre le problème de l'origine des
(L'fiomtRe amérieain , 1 , V ; n , 349). Les Bolocados , d'an cA(é , et , de
l'antre, Im Gaarinii arw lei Indiem de la cAie, ewi qoe j'ti appelés la
totu-ract tt9i {ranagt dant iMproofnM«d«R{o de Janeiro, etc., D),
Torment ce rUi Dément deai groopes distincts et bien trancbés; nuis,
ensniie , je ne vois plus de classificatiOD possible. D'après U déOaiiion
dtéephw htot, DMiR pourrons mettre enscoible lesMilaiis, les H*ca-
nig el les HKhaeul<:i , qui , évidemxienl , pirlepi des dialectes d'sne
même langue ; mais nous aerona obligea de séparer d'eai les Uonochds
et les Coroados , et cependant , selon les traditions des Malal s , toutes
ces peuplades ont une origine commone : les MalaKs , les Macunis et les
HaehaeHlie, «gui vont ensemble, apparlieDd raient ausei pea aui Gnarani*
qu'aux Botocudos , et il en sérail de mime des Coroados , des MonochoS
et des Coyapùs, également diatincld entre eui (vo^ei les vocabulaires
qae j'ai doonés dans nwa Voyage àant te* provittcei de mo de Joi-
Mtro. «te., ( . M, «7 . U , 47. IH , SIS , et mon Voyage imr le littoral
d/itBTitH, U, 293). Si, à présent, mus prMniu pour ba^e delaelassi-
fiMtion les carMlèias eitéritucs, il est incoDlMtoUe que nuua trouve-
rw deux «oUoim biea distiucles dans les ftatocudoe el les Indiens de la
cAte : ï la rigueur, nous pouvons rapporter k cea derniers les UsUii, les
Hacunfs, lesUacbacnliaimaisnouanedevonspas, j* crois, en rapprocbei
les C4)fwdeq, Barques d^uue empreinte particuli^ de laideur, et eueore
aaoins fcrotts-sous d'eui du BoWx.'Kdaa. Peeannoe n'aurait certaineaMot
au l'idée de prendre pour un Belecnde on peur u» Gnarani ee Panbimc
que j'ai w k PasMOb» el qoi rtMenblsit laM k naa pajaBos français,
et il m'est tout aussi impossible de conlbodre avec ces deni nations le*
Coyapos et ce beau Chavante dont Je *ieas de parler. Le savant«utenr
que j'ai eité plus haut s'est vu forctï , je le répète , de faire mirer dans
sa classification générale des peuplades qa'il ne connaissait pas : s'il
avait parcouru le Brésil comme l'Autériqae espagnole, il aurait recounn
qae la classification qu'il admet ^ur s» race hTmilio-gvia'rmttiewiu est
loin de comprendre taules les peuplades du Brésil : il aurait reconnu
que , si les caractères qu'il atlribue à celte rare entière conviennent ad-
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114 VOYAGE AUX SOURCES
idiomes de l'Amérique (1) ; ces hommes-enfants disparais-
seot devant notre race prévoyante et usurpatrice, et bien-
tôt il ne restera de leurs langues que des vocabulaires tou-
jours incomplets, presque toujours très-inexacts.
De la Fazeada d'£l Rei jusqu'à l'endroit où nous rejoi-
gnîmes la route de Villa Boa à la province de Matogrosso, il
faut compter environ 16 à 47 legoas. Nous mimes quatre
jours dans ce voyage : quelques personnes le faisaient sans
doute, lorsque VAldea Maria, dont je parlerai bientfit,
était encore habité; mais, à l'époque de mon passage, qui
que ce fût n'avait t>esoin de traverser ce canton. Depuis que
l'avais quitté Rio de Janeiro, je n'avais pas vu un pays
aussi désert; si l'on excepte les ruines de l'Àldea Maria,
je ne découvris, pendant ces quatre jours, aucun vestige
d'habitation, je n'aperçus aucune créature humaine (3). En
mirablemeot bien mii Goaranis de la proTinee de MissSes, ils soat loia
de s'tppliipier anasi eiactement aai antres peuplades , ce que proaTcat
les descriptions ^cialea que j'ai doDoées de plunenrs d'entre elles et
cette seule pbrase , par laquelle Gardneriadique comment, dans l'Aldea
do Donro (et uon Doro), oa peut disliofaer les Téritables lodiensde»
lioiDiiiea de sang mélangé : <■ Il U verj easr to Teeognize tbe pare ladiaa
b; Ms reddUh coloor, long atraighl bair, high cheek bonei and the
peculiar obbqaitjofhisejes {Traveli, 316). ■ Déji Lerj avait dit de ses
TououpinambaoulU , babiUnts de la cAte qni se rapprochaient tant des
véritables Gnaratus, « n'eatans pas autrement noirs, ils sont senleroent
basanéi, comme vous diriei les Espagnob ou Proaençaoi (f/i«l., V édi-
tion, 95). "
(1) Chap. U du 1"' volame de cet oorrige.
(2) Mallos dit (Jltn-, Il , 13T) qce la roate de GotU an RIg Claro, par
S. José , a cessé d'être fréquentée noa-sealement i cause de l'abandoa
de l'Aldea Maria , nuia parce que les pltnniges n'y sont pas aossi bons
que SOT l'autre roate , et que l'on a peur d'Aire attaqué par les Indins
Cejapda du village de 5. José : personne, i l'époque de mon voy^e, nr
parabsait avoir une semblable crainte.
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DD RIO DE S. FRANCISCO. 125
certains endroits, les traces du sentier que nous suivions
avaient presque entièrement disparu ; dam d'autres, il était
extrêmement pierreux et embarrassé par des troncs d'ar-
bres, des branchages, des lianes qui fermaient le passage;
ailleurs il devenait d'une roideur extrême, et il nous sem-
blait que nous allions nous précipiter au fond d'un ravin
obscur. Le pays est quelquefois égal , plus souvent il est
montueux. En général , il présente de grands bois ; de
temps en temps, on y voit aussi des campas parsemés d'ar-
bres rabougris ; la sécheresse continuait i> être excessive ;
je ne trouvais aucune plante en fleur. Des myriades d'in-
sectes malfaisants de toutes les espèces ne nous laissaient
pas un seul instant de repos. Quand le soir approchait, nous
faisions halte sur le bord de quelque ruisseau, et nous cou-
chions en plein air. Pendant le jour, la chaleur avait sou-
vent été insupportable; la nuit, j'étais transi de froid, et
souvent je soupirais en vain après un peu de sommeil.
Querques détails achèveront de faire connaître ces dé-
serts.
Le jour où je quittai la Fazenda d'EI Rei, je continuai è
marcher parallèlement à la continuation de la Serra Don-
rada; cependant le pays que je parcourus est assez égal. Il
offre un mélange de forêts et de campos où dominent les
premières; mais ce sont des pâturages que le chemin tra-
verse presque toujours. II semblerait que les eampos d'un
pays généralement boisé doivent offrir plus d'arbres que
ceux des contrées où il existe peu de bois ; mais il n'en est
pas ainsi dans ce canton ; les arbres des pâturages y sont ,
au contraire, je ne sais par quelle cause, fort éloignés les
uns des autres.
Après avoir fait 3 legoas, nous nous arrêtâmes, pour y
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U6 V0YA6K AOX SOWCBS
passer là nuit , dam un eampo, sur le bord d'uae petite ri-
vière, au lieu agspelé Tapera [maiaoa rainée). Hes effets
furent {4acés sous des borityt; mais , comme oes Palmiers
donnent peu d'ombrage et que le soleil était encore exces-
sivement ardent, ttes gens tne firent OM petite baraque
avec des bâtons et les cuin destinés à recouvrir la chai^
des mulets.
Pendant toute la noit, te froid fut etoessivement vif «t
m'empêcha de dormir; le lendemain, comme cela était d^
arrivé la veille , la chaleur ocmimeOça vers dii heures da
matin et devint bîentAt insupportable. Cette Blt«niative de
froid et de obaud agissait fortement sur mes nerfs et tea-
dait jt diminuer mes forces. Ce jour-là, nous continuâmes
à avoir à notre gaaobe le prolongemeat de la &erra Douradi,
qui n'a kî qu'une 'hauteur peu considérable. Q««ique le
pays soit toujours ti^-boisé , le chemin traverse , presque
sans interruption, des eampos dont les teintes grisâtres
attrit^aient dos regards.
A une demi-lieue de l'endroit où nous Hmes halte, nons
passAnes par VAldea Maria, qui, comme je l'ai dit, fut au-
trefois habité par les Coyapés, et qui , alors entièreoMat
abandonné, servait de repaire aux chanves-sonru et aux
insectes maHaisaHls (4). Les bâtiments qu'on y voyait en-
core, la maison du gouverneur, la caserne et te ma^saà
étaient graiuls et d'un joli aspect, mais disposés sans an-
eone sytaétoie. C'était 'dvrière ces édifices qu'avaknt été
(t) Selon HaUos (/lin., □, 139), l'Aldea IfarU aurait éU foodËipcMiT d»
iDdieos Coyapus qu'on j aurait eavojés da village de S. José. D'après Us
aatoritésles plus graves, c'est, au cootraite, de l'Aldea Maria, wmiiie
on l'a TU plus haut [page 99) , que les Coj«pùs ont élé mmpmU» i
S. José poor floccMer am Jartes et aai Carajis, qui s'riuient (Uipan^
^d:,;. Google
Mj MO DE 'S. nacaco. \rt
construites l«s chautnières des Indiens. Ces bomises visi-
tent souvent leurs anciennes âtmenres (i) ; its n'y pensent
pont sans chagrin , et je ne pus m' empêcher de partager
leurs regrets. Si l'Aldea Maria n'a pas la régularité de
S. José, il est sitsé plus agréablenient, et le Serra Dourada,
assez éloignée, Jette de la variété dons le paysage, sais
masquer la vue (ï).
Nous avions Mt S legùo» et demie qaand note mtmes
pied À terre sur le bord de Rio Fm-tura (rivière ab«B-
dance), que nous avions passé «vent d'arriver à S. José,
mais qoi o'eA là qu'un raissean et forme déjà ici une pe-
tite rivière. T^ous nous dtaMtnteB dons une espèce de saHe
formée par des arbres toufita, rt j'aarais trouvé ce lien fort
agréable si nous n'eussions été Aèvorés par d' innombrables
earrapatat îet forcés de nous vifiter le oorps è chatfue rai-
irate, ce qai me liisait perdre an temps considérabte.
La nuit fut encore extrèmement-froide, et, quoique mon
lit eût été placé Mprèe du feu, je restai trèe-Iongtemps sans
poUYoir fermer l'oeil. Dans cette saison-, la Tosée est fort
abondante; à la fin de la nuit, les feuilles des arbres sont
presque aussi mouillées -que s'il était tonri>é de ta pluie, et,
qoand je me levais, ma couverture était presque buhiectée.
(3) Lieithnble -MleartaHùliin «ta OmIm JtottosdJtdKn., B, UO)
« qa'ih'MjBte eOMTe dAu ce lieu (Ncete lugar aioda hoje periot-
<< œce, etc.) une fasenda qui appartient k la itatiOD , et où l'oa élève
■ du MUn. Cetftsbliasttnedt, jjdute le iMbfe VcriVïin, Wtdotiileiles
■ MaOces q«'à mo •dmioMnlenT et mix penDOMt qu'il est biaa aiu
• d'obliger. ■ Il est évident qu'il est ici question de la Faieada d'£l Rei ,
gai , après le changement de gouTcniement , sera deTenne dm propriété
DktioDtle i mais cette ftuttula n'est point Bitaée an lieu ai était l'Aldea
Harii , elle l'en * 3 letoarM demie de eatle aidée et 2 de S. Joaé.
^d:,;. Google
138 T0TA6B AUX SOUICBS
Le pays que je parcourus au delà du Bio Fartura, dans
une longue journée de 5 legoas, est rnootagneui, couvert
de forêts, et n'offre que de très-petits iatervalles, parsonés
seulement d'arbres rabougris. Les bois, comme tous ceui
que j'avais vus jusqu'alors dans cette province, sont loin
d'avoir la majesté des forêts vierges de Rio de Janeiro oo
même de Hinas ; néanmoins, dans les endroits bas et hu-
mides. Ils se font aussi remarquer par leur vigueur, et par-
tout ils présentent un épais fourré d'arbrisseaux qui don-
nent beaucoup d'ombrage et de fraîcheur.
Tfous fîmes halte au lieu appelé Porco Morto (cochon
mort], sur le bord d'un très-petit ruisseau, dans une val-
lée profonde et fort étroite, entourée de montagnes cou-
vertes de forêts. De grands arbres formaient au-dessus de
nos têtes une voûte épaisse : cette solitude semblait séparée
du reste de l'univers ; cependant il était impossible de jouir
de la beauté de ce lieu , à cause des milliers d'insectes de
toute espèce qui nous y dévoraient. De petites abeilles
noires entraient dans nos yeux et nos oreilles ; des borra-
ckwioi (i) nous piquaient le visage et les mains ; nous ne
pouvions foire un pas sans être couverts de earraptuos de
toutes les grandeurs-, enfln nous n'étions pas mêroeexenqtls
de moustiques et de puces pénétrantes.
Mes gens, au commenc«nent de la nuit, jetèrent dam
notre (ea le tronc tout entier d' un gros arbre mort ; mon lit
fiit dressé tout auprès ; fêtais gelé d'un c6té, je brûlais de
l'autre et ne pouvais dormir. Tout k coup, des cris frayants
frappent mes oreilles : a onça, a oaça (le jaguar, le jaguar)!
Je me jette en bas de mon lit et me dirige du c6té où ces
(1) rai décrit cet insecte du»
^d:,;. Google
Dv Hio M S. nuncisco. isg
clameurs, venaient de se Taire entendre. C'était le bon La-
ruottequi les avait poussées. Qu'avez-vous, mon ainî?m'é-
criai-je. Ahl monsieur, me rendit-il , je rêvais que l'once
me mangeait. Pendant la journée, nos mulets avaient sou-
vent donné tous les signes de la terreur, et mes gens avaient
6ni par voir sur le sable les traces d'un jaguar. 1) n'avait
été question que du jaguar dans ma petite caravane, et
l'imagination effrayée du pauvre Laniotte lui avait montré,
pendant son sommeil, ce féroce animal occupé à déchirer
ses membres.
La journée suivante fut peut-être la plus ennuyeuse de
tout mon voyage. Nous traversAmes d'abord des bois où
nous avions de l'ombre et de la fraîcheur; mais, ensuite,
nous entrâmes dans des eompot où la chaleur était insup-
portable. Quelquefois le chemin est montueux, plus sou-
vent il est égal ; presqne toujours il suit une vallée fort
large ou, pour mieux dire, une plaine allongée, bordée de
montagnes couvertes de bois. Celles de la droite sont les
plus élevées: en qu^ques endroits, elles s'élancent presque
è pic; là, par conséquent, elles doivent être fort sèches :
aussi les arbres qui y croissent étaient-ils, lors de mon
voyage, presque entièrement dépouillés de leurs feuilles.
Le sommet de ces montagnes est , en général , assez égal ;
néanmoins, en deui endroits différents, elles sont couron-
nées par des éminences qui ressemblent à un château fort
accompagné de ses tourelles et ajoutent A l'austérité du
paysage : c'est peut-être à l'une de ces montagnes que les
premiers aventuriers coureurs de déserts (sertanislas) don-
nèrent le nom de Tour de Babel (Torre de Babel j (4). Dans
(I) ce Sous le goaverneineDl d'Antonio FurUdo de Hcadonta, eo ITTO
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13U TOTAOE ACX SODHCBS
piusiears fonds marécageux, je retrouvai l'immobile ^ ma-
jestueui bority, qui s'harmonise si bien avec le calme du
désert. Partout les campoi avaient été récemment bridés et
les moucherons y étaient insupportables ; ils se jetaient
dans mes yeux , pénétraient dans mes oreilles. »e coo-
vraient le visage et les mains, et, pour m'en débarrasser,
j'étais obligé d'agiter sans cesse mon raoucb<^r. Je m poa-
vais deviner qui avait pris la peine de briller ces pâturages
sans maître et éloignés de toute hésitation ; mais, ^ug
tard , on me donna l'explicaUon de cette espèce d'énigme.
Une femme qui habitatt tes environs du Rio Orande, limite
de la province de Matogrosso, et possédait no tronpean
nombreux de bètes à cornes, était alors sur le point de
quitter sa demeure pour aller s'établir an village d'Annî-
cuns. et, d'avance, elle avait envoyé mettre le feu aux pâ-
turages qui avoisinent la roate, afln que ses bestiaux y
« ou 1771, dit Ptiarro (JInn. hUl.. TH. 164],
■ SMres BdUiIm sortit de Jaragnn itm nue Jinada d'aï
■ guidé pir QD itinértire que lui irait iaaùt UrlMno d« Qnito, ru
■ des campagQOOS de Bartholonea Baeno , il se mit i ptrcoarir de
« Tistes Toriu et des eampoi. Parmi les derniers , BulhSes m troora
■ nn qui attira particulière me ut sou atteotion : an miliea était tm
■ montagne formée de pierres qui «eiobUieiii avoir été amnféea aree
• art el h laqaelle les plus anciens terlaniitoM avaient donné le imhb
X de Torre de Babel. Après de longs traviai et beauconp de fotignes,
s nosaventoriersarriTèreat k unmisseaa rJcbeenpaîIletlesd'OT;iiiav,
• ayant reconno qu« ce canton fu'uit (Ariie da ptfsoù les alMamli
« dn Bio Clara prennent leur source, el qu'il était compris dans les
■ limite!! des terres diamaatioes interdites aui chercheurs d'or, ils *e
■ retirèrent. > Pour parrenir an Rio Claro, BuIhSes et ses Merloitt$lat,
partant de Jaragn^î , avaient Ml probablement le mfine dieailn qae
moi ; ce Tut iTaut d'arriver au Rio Cliro qu'ils Tirent U Toar de Babel :
ain^i il est asseï vraisemblable que celle oionlagne rsl une de celles
dont je parle ici.
^d:,;. Google
DU 110 DE 5. FRANOSGO. ISI
trouvassent, à leur passage, nue meilleure nourriture.
Noos «Tions fait 5 Ugoaa et demie, c'était une journée
iDtennînable, kmque enfin le bruit altematiTement sourd
et criard de la manjola nous avertit du voisinage d'une
habitation, et bientôt qoub arrivâmes auprès de quelque^
misérableschaumièraB. J'y demandai l'hospitalité, matsoo
me la refusa en me disant qu'il n'y avait de place nulle
part, que la grange, seul endroit que l'on pût m'offrîr,
était remplie de puces pénétrantes, et que je serais beau-
coup mieux sur le bord de la rivière. La petitesse de ces
chenmièrea me fit croire que l'on ne m'avait pas trompé ;
cependant ce ne Ait point sans humeur que je me résignai
à coucher encore une fois à la belle étoile.
Nous passâmes h gué le Rio dos PilOes et nous nous éta-
Utmes sur la rive gauche , sous de grands arbres qui , ordi-
nairement, servent d'abri aux caravanes; alors nous eo-
trioDS dans le véritable chemin de Villa Boa k la province
de Mat(^;ros80
Le Rio dos PilÔes prend sa source dans les environs d'An-
nicuns, coule du sud au nord (1) et se jette dans le Rio
Qaro. Pendant la sécheresse, il a fort peu de largeur ; mais,
<l) Ce qoe je dis ici d« la sonrte et dn coars du Rio dos Pilles est
emprunté m dActear Pohl (Reitt, I, 430); mais je dois ajouter que
Lirii iDlMilo di Silva « Souse iMure que cette rivière prend naissance
rnr le plateau appelé Ettreilo el qu'elle se dirige vers l'est {iiem. ett.,
T). Je ne préleiMU pas décider entre ces deux auteurs; eepeudant je
MraU porté h noire qu'il j a quelque erreur dans l'iodication dn der-
nier. Luiz d'Aliucourl , Uilliet et Lopes de Moura TaDt naître le Rio dos
PilOes dans la Serra I>ODrada(jr«m.t>f(i0., lli. — Diee. Bra*., H, 303).
— J'ai dit aiUeuT\'<TOl. 1, 311) que cette rifière avait ilt dïcouferte par
le weand Bueno feodant m première eipéditioa , mais que, selon l'eiact
Cuti, la Rio doa Pil5ea de Bmdo n'était pat la riri^ k laquelle ou
donne aujourd'hui m noni.
^d:,;. Google
132 VOYAGE AUX SODRCES
dans le temps des pluies, il ai^meote d'une manière sen-
sible , et alors ou ne peut le passer que dans des pinces.
Od assure que cette rivière n'est guère moins riche en or
et en diamants que le Rio Garo Ini-mtoie, dont je par<
lerai bientôt ; mais , pour profiler de ces tréson, il faudrait
des travaui considérables, incompatibles avec la pauvreté
des habitants du pays.
Luiz Antonio da Silva e Sousa dit (1), en parlant du lac
du Padre Aranda, situé dans la province de Goyaz, qu'il
est habité par des minhocôtt (2}, et il ajoute que ces mons-
tres, c'est ainsi qu'il s'exprime, ont souvent entraîné au
fond de l'eau, on ils se tiennent ordinaireroeot, des die-
vaux et des bètes k cornes ; Pizarro répète è peu près la
même chose (3) et indique le lac Feia, qui appartient égale-
ment è Goyaz, comme servant aussi d'habitation aux mm-
hocoei (4). J'avais déjà entendu parler plusieurs fois de ces
animaux et je les regardais encore comme fabuleux, lorsque
ces disparitions de chevaux , de mulets et Je bestiaux aux
passages des rivières me furent attestées par tant de gens,
qu'il me parutàpeu près impossiblede les révoqueren doute.
Lorsque j'étais au Rio dos PilÔes, on me parla aussi beau-
coup des minhoeôes; on me dit qu'il en existait dans cette
rivière et que, Jl l'époque des grandes eaux, ils avaient
souvent emporté des chevaux et des mulets pendant que
. (i) Kemoria te^e o deieobrintenlo, etc., da rapitatHa de Cofoi,
(Uns le Palriota, 1614.
(2) Plunel de minhocîlo.
(3) Mm. hUt., LX.
It) U lac FeU est situé dons la DODTelle eomarca \h Pdna et imt
le VMsincge da TilUge de ConroB (MiLurr et Lopis N Moou, Biee.
«rw., 1,363). " f
■^d:,;. Google
DD MO DE S. FRANCISCO. 133
ceui-ci passaient la rivière à la nage. Le mot mtnftocâo
est un augmentatif de celui de minhoca, qui , en portugais,
signifie wr déterre, et, en ^et, on prétend que le mons-
tre dont il s'agit ressemble absolument à ces vers, avec la
différence qa'il a une boudie visible; ou ajoute qu'il est
noir, conrt, d'une grosseur énorme; qu'il ne s'élève point
i la surface de l'eau, mais qu'il fait disparattre les bestiaui
en les saisissant par-dessous le ventre. Lorsque, vingt jours
environ après avoir quitté la rivière et le village de PilJies,
je séjournai , comme on le verra , chez le commandant de
Meiaponte, M. Joaquih Alvbs de OuvmKA, l'un des
hommes les plus recommandablesque j'aie jamais rencon-
trés, je le questionnai sur les mifAocoéê; il me confirma ce
qui m'avait déjà été ^it , me cita plusieurs exemples récents
de malheurs causés par ces monstres, et m'assura en même
temps, d'après le rapport de quelques pécheurs, qae le
tninAorâo, malgré sa forme très-arrondie , était un vérita-
ble poisson pourvu de nageoires. J'avais d'abord pensé que
le tmnhoeào pouvait être le Gymnote» Carapa qui , suivant
Pohl (1), se trouve dans le Bio Vermelbo; mais il parait,
d'après cet auteur, que ce dernier poisson porte dans le pays
le nom de ferma termi, et d'ailleurs tes effets produits par
les Gymnotes ou anguilles électriques, bien connus, toujours
selon Pohl , des mulâtres et des nègres du pays qui les ont
souvent éprouvés, n'ont rien de commun avec ce qu'on
raconte do minhoeào. M. le professeur Gervais , à qui j'ai
communiqué mes doutes, a porté mon attention sur la des-
cription que P. L. Bi8chofi'adonnéeduZ^'(ioJirm[2};et,
(I) KtUe, I, 360.— Vojexaussi.sar lel«nnalfrmiou(«rm«tenn«,
G*M>Nra, Travelt, SU.
(!) ÀnnaUt dit $ei»*rtinalwretlei, 3< série, vol. XIV, 116.
^d:,;. Google
1*4 VOYAOB AUX SODKCES
en réalité , le peu que nous savona du mmAoeSe coïncide
assez bien avec ce que l'on dit de l'animal rare et singulier
découvert par M. Hatterer. Ce naturaliste a trouvé son i>-
pidonren dans des eaux stagnantes près du Rio da Madein
et de l'Amazone; on indique le mùiftocôo non-seuleoianl
dans des rivières , mais encore dans des lacs. Il 7 a mdi
doute bien loin du lac Feia aux deux localités indiquées par
le voyageur autrichien; mais on sait que les chaleurs sont
excessives è Goyaz. La Serra do Corumbà e do Tocantim,
qui traverse cette province, est un des diviseurs les plus re-
marquables des eanx gigaDtesqnca du nord du Brésil et de
celles du midi : te Rio dos Pilôes appartient aux premières
comme le Rio da Hadeira. Le Lepidotirm paradêxa de
H. Natterer a absolument la Tonne d'njjr ver somme le mw-
hoéào. Tous les deux ont des nageoires ; mais il n'est point
étonnant qu'on ne les ait pas toujours reconnues dans le
minhocào , si , comme chez le L^pidonrm , elles sont dans
l'animal du Rio dos Pildes réduites i de simples rudiments.
« Les dents du LepidoiireH, ditBiscboff, sont irès-propret
« à saisir et i déchirer une proie, et, i en juger d'après leur
« structure et d'après les muscles de leurs mAchoires, elles
« doivent être mues avec une force considérable. » Ces ca-
ractères s'accordent d'nne manière merveiUeose avec ceux
qu'il faut nécessairement admettre dans le minhoeào, puis-
qu'il saisit fortement de très-gros animaux et les entraloe
pour les dévorer. Il est donc vraisemblable que le mtnJMKÔo
est une puissante espèce de Lepidimrm, et l'on pourra, si
cette conjecture se changeait en certitude, appeler Le^4o~
«ûvnffltnAocào l'animal du lacFeiaetduRiodosPilôes.Les
zoologistes qui parcourront ces contrées lointaines feront
bien de séjourner sur les bords du lac Feia, du lac du Padre
^d:,;. Google
DU SH) DE a. FUNOSCO. 135
Aranda OU duRiodosPiI6ea,pour arriver i une cooDaixsaiice
parfaite de la vérité, pour savoir d'une manière précise ce
qu'est ibmmhoeâo, ou si, malgré le témoignage de tant de
geo9 , même des hommes les plus éclairés, son existence
doit être, ce qui est peu vraisemblable, rejetée parmi les
fables (1).
Au bord du Rio dos Pilôes, moa lit avait été fait près du
feu; cependant j'éprouvai encore, toute la nuit, un froid
très-vif qui m'eropèc^a de dormir.
Du Rio dm Pitôes au village du même nom (Arrmal dos
Piloei) (2), il n'y a que 1 lieue. Le chemin qui y conduit
traverse ub large eanpo parsemé d'arbres rabougris et en-
caissé entre deux rangées de collines.
(t) H. legéDérdRaimaDdo JosédaCaaballaUMDecniitpoiat, pour
le préaeal , c'eet liasi qu'il s'etprime, ï l'eiigtence dea minhoetei ; ce-
pCDdant il tKOat que plosieurs persoiuies lai oot affirmé qne ce n'Ëtoieal
point des animaui imaginaires ; i) ajoute mtoie qa'uD soldat lui a dit en
■TOIT TU on dans le Rio Grande , i la fVvatière de Hatogroaeo , «I lui en
n bit U deseriplion. Selon ce militaire, le mintute&o anrail qm h>n-
gueor prodigieuse, mais serait aosceptible de se coottacleri «a peau
serait lisse , sa bouche fort petite et garnie d'une eaptce de barbe ( Ili~
ntrario, U ).
(2) Od poDTrait écrire Rio dfw Pihiem et ^rratal dot Pilomt, wtûe
Doa Rio Pilomt, Arrayal Pilûent, comme a hit le docteur Pohl. — Je
De me «oaTiens point d'avoir enlenda appeler le village dool il s'agit ici
■DtTementqa'^rrafaldoj Pileei, et c'est anssi te seul nom qu'admette
L. A. di SlTa e Sonia dans son Mtmoria tibUiitUta. h dois dire cepen-
dant qu'on ne trouve qn'Jrraiol do Bio Clara dans le mémoire de Lnii
d'Aliuconn (Mtm.'viat-, 119), et qo'on lit l'un et l'autre nom dans l'/li-
luraHo de Mattos. On sentira que de cette application de deui noms
différents m mtme lien il peut résulter facilement des erreurs ; ainsi ,
dans nn livre absolument indispensable k ceui qui veulent connaître U
géographie générale du Brésil , le Mcclonario o^ograpltico hiilorieo s
dMcrtpMw d»Br«(il , ou a consioré deoi articles sa village sitné entre
l«liodos riBes^ )»RioClaro; te premier (U, 3ISK80hb le nom de
PiUet i le second («M), sons c«iDi de Mo Clara.
D,g,l,.,.d.i. Google
13fi TOTIGE lEJX SODBCES
En arrivant au village, ou plulAt au hameau de Pildcs,
je présentai au commandant du poste qui y était cantonné
une lettre que le gouverneur m'avait donnée pour lui; il
me reçut fort bien et me procura une petite maison asseï
commode. Aprèa avoir couché quatre jours de suite i la
belle étoile, gdant de froid et dévoré par les insectes,
je trouvais bien doux de pouvoir enfin dormir sous un
toit.
Le hameau de PilOes se compose d'une vingtaine de mai-
sons aussi misérables , pour la plupart , que celles des
Coyap6s (1). Toutes ont été bities sur les deux cAtés du
chemin qui mène i Matogrosso, et, comme elles sont fort
écartées les unes des autres, elles occupent, dans la direction
de l'est k l'ouest, une étendue assez considérable. Immé-
diatement au-dessous du village, coule le Rio Claro, rivière
d'une largeur médiocre qui ne pouvait recevoir un nom
plus convenable que le sien (la rivière claire], car ses eaux,
d'une limpidité sans égale, laissent distinguer (juillet) tous
les cailloux et les grains de sable dont est formé son lit. On
avait commencé è construire k Pildes une église assez
grande; mais elle n'a pas été continuée, et l'on n'a , pour
célébrer la messe dans le hameau , qu'une très-petite cha-
pelle sous l'invocation de Notre-Seigneur bon Jésus [Senhor
Bomjetut), qui n'est pas non plus entièrement achevée et
dépend de ta paroisse de Villa Boa.
Il parait que, presque à l'époque de la découverte de
Goyaz , on reconnut déjà qu'il existait des diamants dans
le Rio dos Pil6es et le Rio Claro. Lorsque, en 1749 , les
(1) B-J-di Canhi MaUoacfl indique 43 {llin.,ll, 99); mais ioi-
mtme D'arait pu iU aar les lieni , et il ne dil point k quelle »nat« m
rapporte ce chiffre : ce serait probahlement t I82S.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANaSCO. 131
Trèrés Joaquim et Felisberto Caldeira Brant prirent la ferme
des diamants de Tijuco dans la province de Minas Geraes (1),
on leur imposa la condition de fournir un service [lemiço
diamantino) de deni cents nègres (2) pour exploiter les
deux rivières diamantines de la province de Goyaz ; 401ieues
de terrain furent réservées aux fermiers dans le district de
Pîldes, et un village se foima sous le nom de Bom Pim, sur
les bords du Bîo Claro. Malheureusement les résultats ne
répondirent point aux espérances que les fermiers avaient
conçues; ils se retirèrent bientôt (3), et le village de Bom
Flmfiit détruit par les Coyapés (4). Cependant une étendue
de 40 lieues continua i être interdite aux mineurs; on la
(1) C'est k celle Taniille qu'appartenait le Taineut marqais de Bartu-
tea*, dont j'ai parlé dans le Pr^cK kUInrique det révohaiont du Bré-
«tl (TOjei inOD Voyage dam te diitricl det D\amatU$, etc., U, 378).
(!) Oo appelle services {ttrviçot) les endroits oà l'on eitriit des dia-
iiMDls et où l'on a plicé nne troupe de nègres paar faire ce travail
(tfopa) (vojei mon Voyage dant U ditlrtet dei IHamanlt , etc., I, 9).
(3) D'après tout ce qu'eu sait, il est bien évident qna l'administralioD
dea frères Caldeira Brant oe dura pas cloquante ans, c'est-i-dire jtis-
qa'en 1799, comme paraîtraient le croire les anteurs de l'ouvrage imi'
neaimeat utUe, intitula oiccionario geograpkico do Bratil (article Pi-
l6e$). Il se passa no temps coDsidérable entre la retraite des Termiers
mineurs et l'époque où la permission Tut donnée à tous (ISOI) de cher-
cher de l'or dans le Rio Claro, et c'est dans cet intervalle qu'eut lien la
destruction de Bom Fim par les Cojapus , comme auni l'espèce de dé-
couverte que Francisco Soares de DulbSes fit , en 1T73 , des terres dii-
maDlines du Rio Claro, déjà connues depuis longtemps (voyez pins haut,
p. 130 ). Ju reste , les deux auteurs du Ditciortario confirment eux-
mêmes tout ce que je dis ici dans leur article intitulé Rio Clan.
(i) Je n'ai pn découvrir ai ee village était situé sur l'emplacemeol «ù
se iTOove aujourd'hui celui de Pilôes. Quoi qu'il en soit , i) fïut se don-
oer de garde de confondre le village de Bom Fim , dont il est ici ques-
tioD , avec celui dn ni^me nom , dont je parlerai bienUtt , et par lequel
oo passe pour se rendre de Gojrai i S. Paul.
^d:,;. Google
138 VOYAGE AUX SOURCES
garda avec autant de soin qae peuvent l'être des déserts (1),
et alors il n'y avait à PilOes que )e détachement militaire
chai^ d' empêcher que les défenses du gouvernanent ne
Tuasenl violées. Les habitants de Goyai se plaignirent long-
temps de ce que, sans utilité pour personne, on les privait,
eux si pauvres, des ressources que leur avait accordées La
nature; on Bt enfin droit à leurs réclametions, et en 1801,
sous l'administration de JoÂo Manoel dk Mbitezbs, le gou-
vernement permit à tous de chercher de l'or et des dïa-
OMDts dans le Rio Claro ; nuis, en même temps, il ordonna
que ces derniers fussent portés i la caisse du trésor royal
ifazeada real], où l'on devait en payer la valeur d'après un
certain tarif. Comme la réputation des trésors o'u Rio Claro
avait été fort exagérée , une foule de gens accoururent sur
les bords de cette rivière , persuadés qu'ils allaient y ftire
une fortune rapide; mais , voyant leurs espérances trom-
pées, ils se ^étirèrent au village d'Annicuns, où, dans l'in-
tervalle. on avait découvert des mines fort riches, et ac-
tneNement (1819) on compte à peine au hameau de laides
une itopulation sédentaire de 200 individus [2],
(1) Ldu Ant«iuo u SiLTi ■ SoDU , Mtmoria Kkr» o éeteabri'
menlo. etc. — Piiauio, Mnmtiriat kMorieat, etc. — Pobl, Btit», ele.
— Esisw., Pbtto Bratilieiuit, etc.
(2) • L'Arruel do Rio Ckro , aa^goi oa don&e «hw k nom d'Ans*!
• de PUSm, dit Hiito* (ilfM., II, m), fct foodi en l'uDta ITM^
• MUS le DOBi d'Arrsiel do Seuhor Jesns ds Bom Fim ; H fnt détruit pir
I oa ordre du roi de 1749 , et réMiOé pir un lutre ordra de 1T89. > Ce
{MBsige wmble «'aceordw fort imI evec les récits des griTee hisioriea*
que j'ai ciléa loat t l'bean ; oepeudMl on pest, jniqv'i on cerlAÎn point,
les concilier. Conune «o vivait qn'il «liste des diunant» dans le lu
Clua, quelques ■venloriers durent , dès les premiers tenpi, t'Uàb^
•ur ses bords : ce eereit lA celle première raiidalioD dont pvle HaUO* et
dout il flie IVpoqae k 1T4G. Ces hommes farMt ntanMiremeal sipnl-
^d:,;. Google
DU MO DE S. FKAMOSCO. ISS
I) est très-vrai, cepeadant, que te Kio Claro, les rivières
qai s'y jettent ^ les terraÎDS les plus proches sont abon-
diatsenor; mais, pour eitraire celui qui se trouve enfoui
dans la terre, il faudrait faire venir de l'eau de fort loin et
entr^rendre des travaux qui surpassent les forcesd' hommes
pauvres^ ignorants et isolés qui n'ont à leur dispositioo que
leurs bw- C'est presque uniquenoent dans le Rio Qaro
qu'ils peuvent se livrer à des redierches qui les dédomma-
gent de leurs peines; et, pour cela, ils sont obligés d'at-
tendre le temps de la sécheresse. Avant cette époque, ils
font, en travaillant beaucoup, des journées de 160 à
300 reis; mais, dans les mois de juillet, d'août et septem-
bre, les journées vont jusqu'à 1,300 et 1,500 reis (1 tr.,
i tr. 87—7 fr. 50, 9 fr. 37) (1). '
Ainsi qu'on l'a déjà vu, le précieux métal n'est pas la
seule richesse du Kio Claro : cette rivière (ournit, chaque
année, des diamants d'une très-belle eau et d'un poids
considérable. Comme les premiers, qui , conformément à la
ses qniDd on aObrma les terres du district ani Caldeiri Braot : ce se-
rait !■ doBtnictiOD da 1749. Enfin , lorsqu'il fsi permis k tont le monde
â'eiploiler k district prÎTilégié , 90 ajonta saos donte qnelqacs maisons
à celles qui élsient occupées par les soldats du poste : ce serait la n!i^dî-
BcatioD du Tillage. Au reste , je le répète , Mattos o'a pas touIu traiter
rkisbûre de la prorince de Go;r*i< '"^^ senleDKDt aa topographie, et,
MO» ce rapport, i) mérite la plus grande estime.
(1) Hatlos dit (riin., il, 99) , d'après les reoseignements qui lui ont
fté commaDiqués, que • le Tillage de PilSes reste presque tonjour.1 saus
> kabitauta , mais qu'il est trèft-fréquenlé à l'époque où il y ■ le moins
■ d'etu dans le lio Claro, le Cojapd et la PilSes. ■ PoU, qui était,
eu février 18)8, au village de PilSes, ne le troura nullement désert, et
Lniï d'Alincoart, qui j passa dans la même anoée, s'eiprime comme il
soit : • Dans les mois autres que ceux de ta sf cheresse , les heUtanls
se lirreot k l'oisiTeté [Mem. tobre a viag.. etc., lïO). •
^toi,.,.d.:, Google
UO TOTAOE KVX SOURCES
loi , nirenl portés' au coffre de la fasenda real , n'ont jamais
été payés faute (l'argent, il y a longtempsque l'on n'en porte
plus- Les travailleurs qui en trouvent les vendent i des mar-
chands de Villa Boa, et plus souvent encore aux c&rsvanes
qui se rendent de Matogrosso & la ville de Bahia et ont
nécessairement l'habitade de ce commerce, parce que la
province de Matt^roaso fonmit aussi beaucoup de diamants.
L'administration ferme les yeux sur la contrebande (1819],
et le gouverneur lui-même semblait vouloir ignorer qu'il
y eCkt des trésors dans le Rio Claro. Tout ce qu'on paraît
demander aux contrebandiers, c'est un peu de prudence.
L'extraction de l'or est entièrement permise; mais, en
cherchant de l'or, les travailleurs trouvent des diamants :
il serait par trop absurde, comme le fait observer le docteur
Pobl, d'exiger qu'ils les rejetassent dans la rivière [i).
Les habitants du hameau dos Pilôes, tous mulAtres et
nègres libres (2), ne cultivent point la terre; comme les
premiers aventuriers paulist^ qui arrivèrent à Goyax, ils
ne songent qu'aux diamants et à l'or. Les vivres que l'on
consomme dans ce hameau viennent de Villa Boa et sont
communément apportés par des marchands de cette ville,
qui les revendent avec un bénéfice de plus de 100 pour 1.
Dans la saison des pluies , oîi les chemins sont impratica-
bles, on ne trouve ici rien à acheter (5]. Si, comme les ha-
bitants de Meiaponte en donnèrent l'exemple à l'époque de
la découverte , quelques-uns de ceux de Pilôes se livraient k
l'agriculture, non-seulement ils rendraient leur existence
nwins précaire, mais encore ils assureraient leur fortune ea
II) Pou,, IMm, i,<21.
m L. c.
(3> POHL, RtiU, 438.
^d:,;. Google
DU MO DE S. FRANasCO. 141
vendant des denrées aus caravanes qui, en deçà et au delà
du village, ne troavent que des déserts. Mais la culture des
terres ne convient point à ces bommes , non moins impré-
voyants que les Indiens enz-mèmes ; ils vivent au jour le
jour, jouissent de la vie et se reposent quand leur rivière
loir a donné un peu d'or; ils lai en redemandent lorsqu'ils
n'ont plus rien , n'amassent jamais et , au milieu de leurs
trésors, restent toujours misérables. Souvent pour un mou-
choir, une bouteille de tafla , la moindre bagatelle qui loi
fera envie, un chercheur de diamants abandonne une pierre
d'une valeur considérable : en plongeant ma sébile [batea\
dans la rivière, disent ces hommes insouciants, je puis re-
trouver demain ce que j'ai perdu aujourd'hui (1).
Dans tous les pays qui fournissent de l'or, les femmes
les moins riches portent des colliers et des pendants d'o-
reilles fort pesants faits avec ce métal. Je fus frappé surtout
de la quantité d'or qu'avaient sur elles, au hameau de
Pildes, des malheureuses dont l'accoutrement annonçait
une extrême indigence. Les travailleurs, qui souvent, pour
une bouteille de tafla , donnent on diamant précieux , ne
peuvent refuser de l'or k leurs femmes ou & leurs maîtres-
ses. Cest le seul capital que l'on tienne en réserve. Lors-
qu'on a besoin d' aident, on ne vend point ses bijoux, on
les brise, et il est assez ordinaire de trouver, an milieu de
l'or en poudre qui circule dans le commerce, de petits mor-
ceaux de ce métal qui ont été travaillés.
Les habitants de PiiÔes ne profîteDl point seuls des ri-
(1) Do décret du I" juillet IBSSiJUbliDDe école primaire an village
de PiBes on , » Von aime mieux, du Rio Claro ( Htu.. et Lop. MooB.,
Diee. BrvM; n, 401). Si celte ëeok peal éUe eonUée t un maître ii]é et
rcligicDi, elle produira cerlaioeinfDl quelque bien.
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tiS VOYAGE AUX SODIGES
chesBis dn Rio Qaro. A.u temps de la sécheresse, pendant
les mois de juillet , aoât et septembre, des hommes de Meia-
ponte, de Villa Boa, ^., viennent s'établir è qudqoes
lieues du village sur le bord de la rivière; ils apportent avec
eui les vivres qui lear sont nécessaires et coostrulsent des
baraques pour y dormir i c'est bien moina l'or qullesaltire
que l'espérance de trouver des (Marnants. Parmi les hcumnes
qui exf^itent les sables da Rio Claro , 0 « est même qui ,
pins ambitieux que les autres et ne voulant pas perdre un
temps court et précieux, dédaignent entièrement l'or. Pen-
dant que j'étais i PilÔes, je vis arriver une troupe de ces
travailleurs omnades; ils ne restèrent poiot au village, mus
s'empressèrent d'aller s'établir à 8 lieues plus loin , ^^rèt le
confluent de la rivière. D'autres avaient formé le projet de
suivre celle-ci jusqu'à sa source, que l'on ne coanafasait
point encore (1819). Ces honmies emportaient arec ait
quelques provisions; mais, comme elles ne pouvaimt leiu'
suffire pour tout le temps qu'ils comptairat passer dans le
pays, ils se proposaient de recourir à leur chaase. Le ha-
meau de PilÔes m'offrit ainsi l'intage de ce que dut toe
l'intérieur du Brésil, lorsque l'on commença iy découvrir
des mines d'or (1j.
Ilyatrois manières différeotesd' extraire l'or du RioQaro.
CeUe dite de eanea consiste A faire tomber uo filet d'eau,
tiré de la rivière, dans le conduit ouvert appelé eanea «h
l'on a rassemblé le eaêealho (3), et à ronner cdui-ei en le
(I) TojM [DOB Inlroduclion à Phitloire dê$ plantef bt ptai fV-
margwAUt du Brétil tt du FaraçMay.
{2} Sous ce nom , les mioeura dé«igi»Dt, camine je l'ai dit •ilku»,
QD mélaage de caillODi et de wble qui nâferme dn ptrcellçi d'w m
des diemanL-.
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DO MO DE S. PRAltClSCO. )fS
rsmeiiant sans cesse fers l'endroit où l'eau tombe : l'or s«
rassemble au-dessous de la chute d'eau; les parties ter-
reuses délayées s'écoulent, et les dittmants restent parmE
les cailloux, au milieu desquels ob les distingue facilement.
Ce mode d'eitraction est A peu près celui qui est généra-
lement en usage à Minas dons les grands lavages [lavrat]
d'or et dans ceux de diamants (1),
D'autres personnes se contentent de faire ce qu'on appdic
un euyaeâ; c'est une espèce de trapèze fort étroit, d'en-
viron 9 palmes de longneùr snr 3 pieds de haut, que Ton
forme sur le bord de la rivière avec des morceaux de bois,
de fofon que le c6té le plus étroit du trapète , qu'on laisse
OBvert, soit le plus voisin de l'eau et lu! soit parallèle. On
remplit le cuyaeà de easealho, on ; jette ensuite de l'eau
qu'on prend dans la rivière ; on remue le easealho avec les
mains, en \e repoussant vers la base du trapèce ; l'eau, char-
gée de parties terreuses, s'écoule par le côté ouvert du tre-
pète , et l'on continue la même opération, jusqu'à ce que le
«oMoIAo ait été bien lavé.
La troisième manière, dite de bûtêa (2), se rédflàt à pren-
dre le sable de la rivière et à le laver sur place dans la sé-
bile (btUea)' qui a servi à le puiser. Ce mode est le même
qn'erai^oieat généralement ces hommes appelés faÙK»-
demt q«i voftt isûMnient laver te sable dm niift^efliAx {S).
GeA dans les «ndroiti les pitts profomls et sons les r»-
(I) T«j«t MOU Foyaffe éaiu tet jn-otHnetÊ (M iHa d» MiMïra èi dt
tiwu GmMt , I , M7, el mea Totagi dOM Ht dmrict du Oiamantê
et tw te HO&rttl dv BrHil , I , «8.
(S) Ce n'est point potM, comne oot écrit les snuta vorigeura PeU
et Iterttns. Il se IMt p« ihd plM , me le premier d'entre eai a av«c
■aire, écrira ecumlhào.
(.1) Voyage daru U* fromnrei dt Mo dt Janeiro, etc., I, t39.
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144 VOYAGE AUX SOURCES
chers qui , peDdant la sécheresse, se montrent au-dessus de
l'eau, que l'on trouve le plus de diamants. Les hommes qui
se contentent du mode d'extraction Je plus facile, celui de
batea, vont, généralement, puiser le catcalho dans ces
trous. Le chercheur de diamants un peu eiipérimenté de-
vine la présence de cette précieuse pierre à celle de certains
cailloux qui l'accompagnent ordinairement et que l'on ap-
pelle etcUnes dei diamants (têcravoâ dot dianumlei],
goutus d'eau (piagot dagoa) (1).
Si quelque police peut être maintenue parmi les cher-
cheurs de diamants, les uns sédentaires, les autres étran-
gers, appartenant & des populatioas différentes, ce n'est
qu'à l'aide du détachement cantonné, comme je l'ai dit,
au hameau de PilÔes. Ce détachement se compose de quatre
pedettru et d'un commandant qui est adjudant de la com-
pagnie de dragons (4819). Ces militaires sont chargés de
visiter les passe-ports, d'aller à la poursuite des déserteurs
et des criminels qui cherchent i s'enfuir dans la province
de Matogrosso, eoBn d'empêcher que des marchands, ai
se rendant de Goyaz à cette dernière province, n'empor-
tent plus d'or en poudre qu'il n'est nécessaire pour la con-
sommation de leur voyage. Voici dans quel but avait été
prise cette dernière mesure. L'or en poudre a cours à Mato-
grosso [i 81 9) aussi bien qu'à Goyaz et semblerait pouvoir être
transporté sans inconvénient d'une province dans l'antre;
(1) Cm dodu h m'onl poiDt été donnés sur les lin» ; je les emprante
an doctenr Fohl, ipâ rapporte les «tcracoi àoi diomanle* an MoMi-
(etwteifi (suiTSDt y. OeUfosBe , la wiHi compacte de la limoaiie de
BendaDi oa da ferotïdé hidraUd'Haii}), élit dit que lespiMfMff Q^oa
sont des morceau <le quarii. Le même suleur ajoute que ces pierres
sont regardées, dans lepajs, comme la matrice des diamsiits et dt I'm
(()mM,l,4!l].
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J
DU RrO DE S. nuNClSGO. HS
cepeDdant, comme chaque capitainerie prélève ses dé-
penses sur ses revenus, le gouverneur deGoyaz, Fernando
Delgado, avait restreint l'exportation de l'or par cette fron-
tière (1), aSn que le quint fût plus considérable dans son
gouvernement. Mais les localités rendaient sa défense en-
tièrement illusoire , car le Rio Claro , qui est guéable sur
tons les points, dans le temps de sa géclieresse, n'est gardé
que sur un seul , et , lorsqn'un marchand voulait se rendre
è Matogrosso avec une quantité d'or plus considérable qu'il
ne lui était permis, il passait par la route tracée et envoyait
□n de ses gens un peu plus haut ou un peu plus bas, avec
la somme qui devait passer en contrebande. Les criminels
qui cherchent à se soustraire à la justice, en fuyant d'une
provincedansune autre, rencontrent aussi peu dedifGcultés.
A la vérité, le Bio Grande, qui se trouve à environ â5 Ie>
goas de Pilôes et sert de limites aux provinces de Goyai et
de Matogrosso, n'oit jamais guéable; mais les fugitifs con-
struisent des radeaux avec des morceaux de bois secs ou
des tiges de bority, et ils passent la rivière au-dessus ou au-
dessous du grand chemin , à l'entrée duquel est cantonné,
du c6té de Matogrosso, un détachement de soldats qui dé-
pend de cette dernière province.
Pendant que j'étais au hameau de Ptlôes, on vint m'offrir
quelques diamants ; mais je ne crus point que , prot^ par
le gouvernement brésilien , je dusse me permettre ce qu'il
avait déclaré illicite. Cette délicatesse avait peut être quel-
que mérite, car je suis sûr que, dans le pays, personne
n'aurait voulu y croire. Au reste, je ne puis pas non plus
(1) Comme ou Ft to, roren poudre ne peut, «n aacnDe maniiTe,
ptuer dua les prOTioces, où il ne circule point comme momuie.
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lis VOYAGE AUX SOUICES
me vanta: d'avoir été entièrement exempt du péché de
contrebande. Un pauvre enfont de six à sept ans, fwt ipal
vêtu , entra un joar dans ma chambre et me dit bien tùm-
dement : Mfmsieur, voulez-vous m'acheter mon petit dia-
mant? — Et combien vaut-il , ton petit diamant? — Quatre
«ùttms (93 cent.), me répondit l'enfant. Je lui donnai les
i vintmt et il me remit une toute petite étincelle. Au reste,
cet essai de contrebande me réussit assez mal ; je mis le
diamant dans mon portefeuille, et quelques instants après
il était perdu.
On voulut v^dre k Joaé Marianoo, pour 40,000 reis
(250 fr.), UD diamant du poids d'une demi-pataque (9 dé-
cigrammes), qu'il me dit être d'nne très-belle eau.
Comme on l'a déjà tu , Je Rio Claro dont j'ai tant parlé
dans ce chapitre n'est point encore parfaitement connu
(1819) ; on ignore & peu près quelles sont ses sources (1).
Cette rivière coule à peu près du sud-est au nord-ouest ;
elle reçoit dans son lit les eaux de plusieurs afDuents , en-
tre autres du Bio Fartura (2) et du Rio dos Pilôes, et, après
un cours qui n'est pas d'une étendue très-couaidérable,
elle se réunit au Rio Grande. Dans le temps de la sécheresse,
le Rio Claro est guéable au-dessous du hameau de Pilâet
et probablement dans une très-grande partie de m lon-
(1) Pobl dit qu'il commeace dans l« Serra dot Coyapùi ; mais celle
Serra dos Cayap'^'s est également h peu près incoiiaue. Plus rjceramcnt,
MaUoe a ^crit (flfN,, II, 13S) qn'il naissait des montagnes appelées a«-
jonrd'hui Serra dai OftriJMf , doat il parait qn'oa saii rawi Ibrt pea de
chose. HH. Hllliet et Lopes de Houra placent aa toarce dons la 5«rrii
de Santa Martha (Diee. Brax., 1 , 276;, snr laquelle il règne égaleoml
bien des iocertitndes , mais qai, pour Hitioa, serait la mtmeqaela
Serra da« DiTia5œ.
(3> Uzu.,Coror-, 1, 31S-
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 14T
guenr; mais, k l'époque des pluies et même quelque temps
après, i) augmente, devient rapide, très-profond, et on ne
le traverge plus qu'avec des pirogues. Alors le passage n'est
point libre, il est affermé pour le compte du fisc ( fazenda
real]. Le Rio Grande, dans leqoel se jette le Rio Ctaro, est
un fleuve gigantesque qui divise la province de Goyaz de
celle de Matogrosso, et a presque autant de longueur que
la première de ces provinces. Il paraîtrait qu'à son origine
OD l'appelle ^to Bonilo (la rivière jolie) ; après avoir reçu
les eaui da ilw Coyoptf et du Ko dox Barreiros (la rivière
des glaïsières) (4), il prend le nom de Rio Grande, le quitte
ensuite pour celui i'Araguaya (2), et, grossi par les eaux
d'un grand nombre de rnisseanx et de rivières, il se réanit
au Tocaotins.
(I) Ces détails sont empraol^s i Cuti ( Corog., I , SSS ). MM. Uilliel
de S. llpbome el Cieiano Lop«s de Hoara se montrent d'accord arec ce
gtegraphe k l'article Bonilo de lear dictionnaire , avec cette difKrence
qu'ils pliceut le Rio dos Barreiroe plus pris d« la sowrce du Boaito qne
laHioCojapn {Diee. Brai., 1, ISG): moi», lorsqu'ils parlent de l'Ara-
gnaja ( 1. c, 70), ils dirent ■ que ce dernier doit soa origine an AiMro
Caiapéi , qui ult dana la Sena aussi appelée Catapo* , et qn'il prend
le non d'^roftuiya lorsque, groeei par les caut du Bonito et du Barrei-
ros, il derient uarigalile. ° De tout ceci , il résulte claireoMBl que le Rio
Grande de Gojaiou, si l'aoTeat, l'iraguaia, est formé, ksoo orifioe,
par les RÎm Bonilo, Cojapd, Barreiros : mais qu'on ne sait pas bieo daita
quel ordre ces rivières sont placées. Cette incertitude, au reete, n'a rieo
qui doive surprendre; car les pajs oit elles coulent ne sont encore ha-
bités que par dee Indiens sauvage».
(1) On peut, sans ioconvéoient, adopter le nom à'Araguav au lien
A'Aratvajia ; maie il fkut bien se donner de garde, comme l'a déji dit
k savant tilbi (Géotraphit vnivn-Klle) , d'écrire Vraguajf ou Vm-
gvay, ainsi qn'on l'a hit cent fois : YVmipiay est ii rivière qui , rénm'e
an Porofitaïf, forme le RU) <te ta Plata. Il faut tlcber aussi de ne pas
confondre le Bio Grande, conuBencement de l'Aragnaja, avec cette foule
..d%i.Googlc
148 VOYAOB UIX. SOURCES
J'avais souvent eu à me plaiodre des iosectes niaUai-
ssDts; mais, nulle part, ils ne m'avaient fait souffrir autant
qu'au Rio Claro. J'étais allé me baigner dans celte rivière :
tant que le soleil resta assez haut , je fus peu tourmenté;
mais, auBsitàt que le jour commença A baisser, des myriades
de borraehudos me mirent le corps en feu. Je m'étais
éloigné de mes habits et ne me possédais plus lorsque j'ar-
rivai au lieu où je les avais laissés.
Je désirais faire une collection de poissons dans la pro-
vince de Goyaz, et l'on m'avait dit à Villa Boa qu'aucune
rivière n'en contient autant que le Rio Claro. Au moment
de mon arrivée au hameau de Fildes, je témoignai au com-
mandant le désir d'en réunir le plus qu'il me serait possible.
Il mit aussitôt des pécheurs en campagne ; mais, comme
aucun ne reparut et que je ne trouvais presque aucune
plante dans les environs du hameau , je me décidai & n'y
pas prolonger mon séjour.
de Aio Grandi qu'on troDTe dins les diTereea proriDces dti Brésil, M
■nrloat »m celui qai prend m warce duu II amarea de S. Jmo d'il
Sei el Bnit ptr porter ses mu ï la PUu. Piurro ■ prooTé , pu A'é-
traneti quiproqaae , combien il est à regretter que le mêmeiniii wlfU
«ppliqné k des rîTières si difiërenlM (to;m ITmt. kut., IX , 53). L'u-
Mlleat H. Wirden i lassi été iodoil , par une ressemblance de ihibs,
k confondre une riritre de Minas Iftffas avec la pTOTÎDoe de Pianh;.
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DO UO DE s. FIANCISGO.
CHAPITRE XXIII.
■BTOna A VILLA BOA.
L'aaicnr reUrama k Villi Bm par U route dinde. — PirmiaDO rendu
malade par du miel aanvage. — Aperçu giaéral du rojage do Hio doa
PitSes k Villa Boa. — Comment ou recoanatt les lieux où s'arrtteut
lea caravanes qnand il a'j a point d'habitaiioD. — Hiiio en pleiu air i
jramiMircw. — Pays situé entre Mamoeiros et le raneho de Guarâa
ffldr. Les traces d'un jaguar. — Le raneho de Guarda mdr. — Pajs
situé an doit de ce raneho. Singulière végétaiioa, — Halte en plein
air dans du lien très-pittoresque. — Conversation arec Pirmiano bot
sou grand pou. — Faienda île Jacû. — Paya Toisiu de Villa Bot
tout k Aul désert; pourquoi. — Vne dont on jouit anprès de celte
ville. — L'auteur y arrive. — Le gouverneur de la province feint de
ne pas croire k la contrebande des diamants du Rio Clara. — Visite an
missionnaire. On veut le retenir k Gojai malgré lui. — L'abbé Lou
Antohio u Siivâ e Sousi.-- Manière de blanchir la cire indigène. Le
comte m Babu.— Température. — Tableau de l'incendie des campa*.
J'avais commencé le voyage du Rio Glaro avec l'inten
tioD de le contiauer jusqu'au Rio Grande, qui , comme je
l'ai dit, Foime la limite des provinces de Gojaz et de Mato-
grosso; mais, comme il eût fallu, pour aller et revenir, tra-
verser eucore, pendant une quinzaine de jours, des eam-
pot entièrement déserts, où je ne pouvais rien espérer'de
plus que dans ceui que j'avais déjà parcourus, je renonçai
entièrement à ma première résolution. Je quittai doDC
(15 juillet 181!>) te hameau de PilÔes pour retourner à Villa
^d:,;. Google
ISO VOYtQE AUX SOOKCES
Boa; mais, au lieu de repasser par S. José, je pris la ronle
directe que je ne connaissais point encore , celle que sui-
vent les caravanes qui se rendent de Matogrosso à Goyai [1).
Comme, avant le départ, on avait été très-longtemps saos
pouvoir découvrir Icb mulets, Finniano, suivant sa cou-
tume, était allé chercher du miel sauvage dans les campo$.
Il avait trouvé dans la terre on nid d'abeilles noires , et il
était revenu à la maison avec un grand vase rempli de miel
(I) lliD^rùre approiimitif du buoMa de PilSes t Villa Boa , par la
Toute de Matogrosso ;
Dn hameau de PilSes au Rio dos Pilites i kgw.
— — k Marnooeiras, eu pleio air 3
— — Gnarda mor, raudio A
— — Doua Aaloaia 4
— — Jacù, habitalioD *
— — Cité de Goyai i
31 legcMS.
HaUos, qni a étudié avec tant de lèle et de saccès la topograpUe de
Oo;ai, a Nigneustmeiil comparé pluuenrs itinéraires roacoscriti, de
Villa Boa an Rio Claro, et a tronré entre eni des diSéreuces uoiables. 11
ne fanl pas s'en étonner; car la présence de l'homnie peut seule tmener
la conbaissince parhite des disianees et filer les noms des liaui. Qat ,
dans UD pajs habité , le voyageur se trompe sur celui d'noe ville on
d'une ririire, il tronrera bieolAt quelqu'un qui le fera revenir de soa
erreur ; mais , s'il parcourt an pays désert et qu'il retienne mal ou con-
fonde les DOms qui lui auront été indiqués d'avdoce, il persistera néces-
uirement daos ses méprises et en fera commeltre d'autres à ccni qui
viendront après lui. Je trouve Boa VUla, Manwngiriu, qni peai-étre
serait pluUt Mamoeiroi, et Guarda môr dans l'itinéraire de Laii d'Alin-
Conrl(Jfa»i.fiiaD.,14!})et dans celui d'Ant, Selto de Brilo, copié par HaUos
(II., Il, H); mais je n'j li^pointJcKÛ, qni fait également partie du mien.
U est donc vraisemlilable qu'an delà de Guarda mur j'aurai pris quelque
cbemio de traverse : car, si une faxenda habitée et aussi importante que
Jacù se fùl trouvée sur la route des hommes que je viens de citer el qui
n'ont pas omis le plus petit missean, ils n'aoraient pas manqné de l'in-
^d:,;. Google
DD UO DE S. FRANCISCO. ISl
d'uD goût aigre et détestable. Il paraît qu'il en avait beau-
coup mangé ; î! éprouva des vomissements, et, quand nous
arrivAmes au Rio dos Pilôes, qui , comme on l'a déjà vh ,
traverse la route , il était pile et dans l'impossibilité d'aller
plus loin. Nous nous arrètAmes donc pour la seconde fois
sar le bord de la rivière de Pildes, et quelques tasses de thé
eurent bienlAt guéri le malade.
Du Rio dos Pilôes à Villa Boa , il faut compter 20 h-
gotu; je ne mis pas moins de cinq jours pour faire ce
voyage, dont je donnerai d'abord un aperçu général. Le
pays, toujours montueux, offre tantôt des bois et tantôt
des campot : les premiers ont plus d'étendue du côté de Pi-
Ides; vers Villa Boa, où le sol est fort pierreux, ce sont, au
contraire, les eampog qui dominent. Dans ces derniers, les
arbres sont plus élevés et disposés moins régulièrement que
dans ceux des pays plats ; tantôt ils sont fort rapprochés , et
tantôt ils laissent entre enx une distance considérable; au
milieu d'eux croit un petit Palmier, dont la tige, couverte
d'écaillés épaisses, se termine par un panache de feuilles, du
centre desquelles un bourgeon s'élance comme une (lèche
aiguë, à la hauteur de 5 à 6 pieds (1) ; d'aUleurs, je re-
connus dans ces campox la plupart des arbres que j'étais
accoutumé à voir dans des localités semblables, des Qua-
iea, le Rotala n° 820, le pao d'arco, les mêmes Malpi-
ghiacées, etc. À l'époque de mon voyage, la plupart de ces
arbres n'avaient que deâ feuilles jaunes et desséchées ; quel-
ques-uns , entièrement dépouillés de leur feuillage, tels
que le elaraiba et le pao d'arco, étaient cependant cou-
(1) les habitants do piys ippetleDi « Palmier maeauba. Vojez a
que j'en dis daiiï le cliapilre suivaiil
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1» TOTAGE iVX SOORCES
verts de fleurs ; les paineirax do campo ( Paehira mar-
ginata) étaient déjà en fruit et n'avaient pas encore de
feuilles. La verdure des bois était, au contraire, fort belle,
et en quelques endroits ils ont ane vigueur remarquable;
un nombre considérable d'arbrisseaui forment, ealre les
arbres , un fourré épais . et souvent de grandes lianes en-
lacent ces différents végétaus : ces bois sont encore em-
bellis par une foule de Palmiers de différentes espèces ,
mais qui malheureusement n'avaient, lors de mon voyage,
ni fleurs ni fruits. Au milieu des eampos, la chaleur était
insuf^rtable ; dans les bois, je trouvais de l'ombrage, et
une foule de ruisseaux limpides y entretenaient la plus
agréable fraîcheur. Le chemin, très-pierreux, souvent em-
barrassé par des branchages et des troncs renversés, n'est ,
dans la forêt, qu'un sentier fort étroit, et doit être impra-
ticable lorsque les pluies ont délayé la terre et que les
nombreux ruisseaux sont devenus des torrents [1]; et, ce-
pendant, c'est le seul par lequel la province de Matogrosso
r^nununique, par terre, avec les autres provinces; et si,
en partant des environs de Porto Felis, dans la capitainerie
(1) H. le docteur Poh) a en le coange eitrime de faire ce rojage in
mois de février; niais lui et ses gens reviDrent ITiUi Boa arec lafi^Tre.
De telles (kligaes aaroni probableineat coatribné k abréger l'eiialeiKC
d« cet eicelleot bamme. Des persopiies que des circoostaoces tmmiAa
ont placées dus la position la plus heureaae, sans qu'elles aient eu lie-
soiû de se donner aucune peine , ont dit cependant qne les naturalistes
voyageurs étaient assez dédommagés par le plaisir qu'ils araieDt goAté!
a Hessiears les délicats, dit naïvement le bon Lery..., roalei-voos JVU
< embarquer pour vivre de telle façon T Comme ie ne vous le conseille
• pas! Aussi vous vondrai9~ie bien prier qne, qnanil ou parle de la
■ mer, et surlont de tels vojiges , vous deOérissiei un peu et lais-
• sissJM discourir ceni qui en eodurans tels trauani ont été è la pra-
« tique des choses. > (Ilitl., 3* édil., 34.1
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DO RIO DE S. PUMCISCO. 1S3
de S. Paul , on peut arriver à Matogrosso par les rivières ,
il est très-peu de gens qui aient assez de persévérance et
de courage pour tenter ane navigation aussi difficile. Tou-
tes les terres que j'avais traversées depuis la Fazenda d'EI
Rei jusqu'au Rio dos Pilôes sont sans propriétaires ; le pays
qui s'étend de cette rivière à l'habitation de Jaeû, située à
5 legooi de Villa Boa, n'a pas non plus de maître (1819),
et pourtant il se trouve, dans ce long espace de 15 legoas,
des terrains qui , couverts de bois et d'une qualité excel-
lente, pourraient être cultivés avec facilité et avec avan-
tage. Entre Jacû et le chef-lieu de la province , je vis deut
maisons à demi ruinées ; mais, entre le Rio dos Pildes et
Jacû, il n'en existe aucune (1819), et, quoique marchant
sur une des routes les plus importantes du Brésil , je fus
obligé de coucher dehors quatre nuits de suite. J'étais as-
sailli par des nuées d'insectes malfaisants qui , surtout aux
haltes , pendant que je travaillais, ne me laissaient aucun
repos , par des botraehudos , des moustiques , des carra-
patos, par les gros taons appelés mutueas, et deux ou trois
espèces d'abeilles qui me couvraient le visage et les mains,
et entraient dans mes yeux et dans mes oreilles : ces in-
sectes ne se montraient cependant pas tous ensemble; à
peine le soleil était-il levé, que les mittucas venaient nous
tourmenter; vers le soir, ils faisaient place aux abeilles,
aux moustiques et aux borraekudos ; aussitôt que le soleil
était couché , on n'apercevait ni un borrachudo , ni une
seule abeille, mais alors restaient les moustiques et les
carrafatoê. Le premier jour, je rencontrai un homme qui
se rendait au Rio Claro ; le second , je ne vis absolument
personne; le troisième, je fus croisé par un jeune officier
qui avait été envoyé à Villa Rica, dans la province de Mi-
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154 TOTAOE iUX SOURCES
ma, par le gouverneur de Matogroaso, et qoi retoornait i
sa résidence habituette. Je n'aperçus aucune cararaue, et,
ce qui prouve combien les rapp(Hls de Hatt^rosso et de
Goyaz sont peu multipliés, c'est que, depuis Meiaponte, je
n'avais encore rencontré que celle dont j'ai déjà parié , et
il n'en arriva aucune pendant que j'étais à Villa Boa {!}.
Je vais i présent entrer dans quelqaes détails.
Au delà da Rio dos Pildes, dans un espace de 3 tegoa»,
je ■ traversai tantât des canvpos et tantAt des b(Hi ; mais je
ne trouvai aucune plante en fteur.
Je reconDus l'endroit appelé Boa Vista (belle vue} ponr
un de ceux où les caravanes ont coutume de faire halte :
ces lieui sont assex indiqués par la trace des feux qu'on y
a faits et par les grands bâtons, plantés en terre, qoi ont
servi à attacher les mulets. C'est toujours sur le bord des
ruisseaux et ordinairement sous des arbres touffus que l'on
foit halte , et , en plusieurs endroits , je retronvai des ba-
raques de feuilles de palmier qu'avaient laissées des voya-
geurs.
Comme Boa Vista n'est qu'A 2 legoa» du Rio dos PilOea,
j'allai jusqu'à un autre pou«o : c'est ainsi que l'on appdie
<1) MUlos dit que, sur U route de Pildea t U cité de Gojaz, on canrt
le risque d'ttre ilUqué par les Cojapôs de S. José, qui se dégniseat eo
saavt^. Ceci se serait passé en l'année 182& on i peu prèsj mais , ni'
Tant le même écriraio , il oe m trooTait plus , k la même époque , que
liO Indiens dans le village de S. José; or, sur ce Donlire, il ne ponTait
guère j avoir que 30 hommes capables de faire de pareilles eipëditîoDS,
et il me semble que ces 30 hommes pouvaient bien facilement être coa-
icnus par leurs sorveillaDts. Il est doue vraisemblable que le récit de
Matlos n'est qu'une fable inveDlïe, dam le pafs, en haîua des Cojap<«.
Lors de mon vojage dons la province d'Espirilo Sanlo , on y prétendait
aussi que les Indiens, amis des Portugais k Minas, se présentaient comme
ennemis sur le Uiioral (f 0}ei ma $ttimde re^atit»^^.
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DD RIO DE S. FRANCISCO. ISÏ
les lieux oà Von a coutume de s'arrêter. Celai de Mamo-
neirat, où je Os halte (1) , offre au voyageur une espèce de
salle ombragée par des arbres touBùs qui s'élèvent sur le
bord d'un ruisseau.
J'ai dit que le cheiniD de l'Aldea de S. José au Rio dos
PilOes parcourt, depuis Porco Morto, une plaine ellongée,
bordée de deux rangées de montagnes ; entre Mamoneiras
et le rancho de Guarda m6r, où je fis halte, la route se
prolonge à mi-c6te sur l'une de ces rangées de montagnes,
et je reconnus cette éminence qui , comme on l'a vu,
s'élève , semblable à une forteresse , sur les monts opposés
i ceux où je marchais. Pas la plus chétive cabane, point de
bestiaux, pas un chasseur, et cependant on. ne peut pas
dire que ces déserta aient rien d'affreux : le ciel de ce pays
pourrait tout embellir. Puis, d'ailleurs, dans les bois, le
voyageur est récréé sans cesse par des accidents singoliers
de végétation ou des différences merveilleuses de forme et
de feuillage; dans les endroits découverts, le terrain bas et
humide est ordinairement parsemé de boritya qui majes-
tueusement s'élèvent à des hauteurs plus ou moins gran-
des ; enfin les montagnes voisines , dont les flancs offrent
ou des bois ou des rochers à pic, modifient à chaque mo-
ment l'aspect du paysage.
J'avais souvent été surpris de rencontra aussi pen de
mammifères dans les vastes solitudes que je parcourais ;
mais, quelques jours avant mon arrivée à Guarda m6r,
mes gens virent plusieurs cerfs ; ils tnèrent un singe dont
nous mangeâmes la chair, que je trouvai fort bon ne; enfin,
pendant une grande partie de la nuit que nous passâmes &
(Il Penl-«tre plutftt, corome je l'ii déjà dit, Mamoeiriit ou Mamoeira».
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156 VOYAGE AUX SOURCES
Mamoneiras, dous entendimes les hurlemeoU du guari
(Canis campeslrù, iNeu*. ei Gervais). Avant d'arriver k
cette dernière balte, mes mulets faisaient difficulté d'avan-
cer; ils flairaient à droite, à gauche, et paraissaient inquiète
et effrayés. Mes gens m'assurèrent que ces signes de frajeur
indiquaient qu'un Jaguar [Feïis Onça] nous avait précédés;
ils ne s'étaient point trompés, car, le lendemain, avant
d'arriver à Guarda màr, nous reconnûmes sur le sable les
traces du féroce animal.
Nous troavéroes à Guarda môr un petit raacho couvert
de feuilles de Palmier, qui avait été construit pour rece-
voir un personnage très-distingué, Joâo Cablos Adgusto
d'Oyenuausen, lorsque, peu de temps auparavant, il avait
quitté le gouvernement de la province de Matogrosso pour
prendre celui de S. Paul, où je le vis plus tard. C'était une
bonne fortune que de pouvoir coucher sous ce hangar, qui ,
pourtant , était ouvert de tous cAtés , et où les insectes fu-
rent encore très-importuns.
Le lendemain, nous ne traversâmes plus autant de bois,
et dans les campos la chaleur était insupportable ; nous
avions à notre droite la Serra Dourada, qui souvent produit
un fort bel effet dans le paysage.
Ce jour-là , je passai encore plusieurs ruisseaiit de l'eaa
la plus limpide. En général , j'avais trouvé jusqu'alors,
dans la province de Goyaz , des eaux aussi abondantes et
aussi bonnes que dans celle de Minas.
Au milieu d'un des bois que je parcourus , j'observai un
effet de végétation assez singulier. Dans ces bois croit abon-
damment on Palmier dent la tige, grosse, fort courte et
chargée de la base des feuilles anciennes, se l«-mine par
une superbe touffe de longues feuilles ailées et d'un beau
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DV KIO DE S. FRANCISCO. l&T
vert : je vis nn art>re qui , après avoir fait trois ou quatre
tours de spire autour d'un de ces Palmiers , devenait par-
ftitement droit et élevait assez haut sa tige grMe, divisée,
au sommet, en rameaux nombreux.
A 4 legoas de Gaarda tafir, nous Rmes halte dans un
endroit qui probablement n'avait point encore reçu de
nom, et que j'appelle Pouto de Dona AtUonia (4). Nous
plaçâmes nos effets sur le penchant d'une colline, sous des
arbres toaffus ; au bas de la colline coulait un ruisseau
d'eau limpide, et au delà s'étendait une vaste plaine cou-
verte de bois ; près de nous un groupe de borùyt s'élevait
(I) Ce nom éUit celni de m» «onir, Anloinette de Sdfert, Dée de 5. Hi-
liire, doDt od m'avait iDuoncé la perte an mODKiit où j'étais parti de Rio
de Janeiro. Madame de Salvert réDuiwait ani plus hautes vertus nue
galle douce, une parfaite égalité d'hamenr, no esprit caltivé, la mé-
moire lapliuheaTeiue; quoique fort jeune, elle ae répandait p«a, elle
faisait le bonheur de ceux qui l'entouraicot et était adorée des paysaos
de £00 village : j'avais contribué k Mm éducation ; jamais au Trtre ne fut
aimé plus tMidrement que je ae l'étais par elle Sans les oceupatioi»
toujours reaaissanleti qui m'arraehaieal k moi-m£me, je n'aurais pu ré-
sister à ma douleur. J'avais ardemment désiré de passer le reste de mes
jours auprès de ma saur; quand je sus qu'elle m'avait été enlevée, je
ne formai plus de désirs , je n'eus plus d'espérance ; la vie avait perdu
tons ses cbannes pour moi. Dans mon voyage k Htuas, ma sceur était
Bans ceSM présente i mon esprit; k chaque événement qui m'arrivait. Je
me réjouissais de pouvoir le lui raconter nu jonr ; je oe vivais que par
elle et pour elle : quand je l'eus perdue, il me sembla que j'étais seul au
monde ; le présent était triste et Taligaat , l'avenir m'elh'afait ; je redou-
tais de retoornercn FraDct,OÙ je ne devais plus la retrouver. ... S j'avais
pu construire nn hangar pour les caravanes an lien que je décris ici et
que j'appelle Powo de Doua Anlo»ia , ce nom eût été adopté par les
habitants du pajs; il restera perdn dans ces (touilles ; cependant je ne
pense point . ïids quelque douceur, que, si jamais un voyageur qui les
aara parcourues l'arrtte dans le même lien , le nom de Dona Antonio
se présentera peut-être à son se
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IW VOYAGE ADX SOURCES
majestueusement au-dessus d'un pAturage humide, et tout
le paysage était dominé par la Serra Dourada que couroone
une masse de rochers à pic, dont le sommet présente uoe
espèce de plate-forme : c'était une magnifique solitude.
Dans ce vojsge, je demandai un jour au Botocudo Fir-
miano pourquoi il était alors si gai, tandis qu'il avait été
presque toujours triste lorsque doqs parcourions le litto-
ral. C'est, me dît-il, parce que, pendant le voyage du Rio
Doce, mon grand pou était resté à Rio de Janeiro, et il
m'a accompagné dans celui ci. — Qu'est-ce que ton grand
pou? — C'est un pou grog comme un rat, qui me suit paiv
tout; mais je ne le vois que pendant la nuit, lorsque je
dors, et encore est-il souvent plusieurs nuits sans se mon-
trer. Quand il veut causer avec moi , il s'attache à mes che-
veux et me parle à l'oreille. — Que te dit-il? — Il me dit
ce que je dois faire et me gronde quand je le mérite. Pn
exemple, il me Eaisait souvent des reproches à Rio de Ja-
neiro, lorsque je cassais tant de plats et tant d'assiettes. —
Ta-t-il quelquefois parlé de moi? — Fort souvent , rt il m'a
dit que vous étiez très-bon. — Tous les hommes de ta na-
tion ont-ils, comme loi, un grand pou? — Quelques-UDs
en ont on, d'autres n'en ont pas. Mon père n'en t point,
mais ma tante en a un. Cette conversation, que j'eus le
soin d'écrire, prouve que, si les Botocudoa n'ont aucune
idée de Dieu , ils ont au ntoiiu quelque idée de* es-
ptiUd).
(1) S'il n'est permis de contiDuer dhs travatu , je donnerai aillenn ,
arec ^elqne détail , U Sa de l'histoire de Firmiano. Je dirai aenleiDWl
ici que, vonUat rendre bommage à la liberté dM Indiens , j'alAù k te
jeniK homme, avant mon départ poar l'Europe, on de s'embarquer me
moi , on de relonmer dans son pafs. Il préféra oe deraier ^rti , el ji
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DU UO DE 5. FRANCISCO. IM)
Après avoir quitté la belle solitude que j'si décrite tout à
l'heure , nous parcouri^mes encore des boi» et des amtpos.
£dGd des traces de bestiaux nous annoncèrent que nous
nous rapprochions des habitations, et effectivement nous
arrivâmes à une fazenda, celle de Jae^, où nous fAmes
trés-bîen reçus. On nous établit dans uo grand bâtiment où
se faisait la farine de manioc. C'était un gîte peu magnifi-
que, mais je me trouvais heureux de pouvoir travailler sans
être dévoré par les insectes , ni brûlé par le soleil , et de
penser que je ne serais pas obligé de m'enfumer pendant la
Duit, pour ne pas geler de froid.
Entre la fazmda de Jacù et Villa Boa , dans on espace de
K Ugoat, nous traversâmes presque toujours des campoa
où la chaleur ne pouvait se supporter. Ce jour-là, et surtout
la veiUe , nous vîmes plusieurs de ces fonds marécageux où
croit le bority, asile de deux magnifiques espèces d'fu-as,
ceux dont le plumage est entièrement bleu et ceux qui ont
le manteau bleu et le ventre jaune {Ptittaeus hyacinthinus
et P. Anawata] (1).
ehargeti le bon Laniotte de raccompagner. Le Botoeodo lombi malade
k fanlriiai. dans le Sertia, cbei mm digne ami le curé Antonio Nogodra
Dnarte. La mUod des pluies approchait ; H. Nogneira conseilla à La-
moU« de ^rlir, et Ini promit de renvoyer le Bolocndo dans son paya,
le n'aTaisploasDleoda parler de celui-ci, lorsqae j'ai appris, par les -
Semmirt de H. le comlt de Swanaet, qu'il ^Uil mort de U rovg;eole
an nilien de u peapUda. Si cet OQTrage parrient duis le Sertio comme
ma prfmUre relatUm , H. Kogueira Oiurle muta que j'ai éié aussi
itracbd que rscomuissant de U marque d'anitij qa'il a bien tduIii me
donner tu renpliswnt fldèUmiaal sa promesw.
(1} J'ai iéji iit tiUenn qae ces deux espèces d'aras rivent au milieu
dae iorUft et en mtnueat les (raitsj j'ai aussi fait connaître l'erreur
MOgnli^dans laquelle sont tambés l'illustre Harcgraff et, depuis loi,
tons loe natnralisles, relatiTcmast an nom de ces oiaeaui <,VoifaBe ttan*
lêt proottua dt Rio lit Janeiro tt de Uituu Geraet, M , .176).
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t60 VOYAGE AUX SOURCES
Parmi les arbres rabougris des campos, il en est dont les
rsmutes sont très-épais, peu nombreux et obtus. Je remar-
quai , dans ce voyage, qu'il n'existait point de bourgeons k
l'aisselle des feuilles de ces ramules, et que ceux-ci se con-
tinuaient senlement par des boui^eons terminaux. Le petit
nombre de ces ramules et l'épaisseur de leur écorce, pres-
que semblable à du liège, rendent l'exactitude de cette
observation très-vraisemblable ; pour plus de certitude,
cependant, les botanistes qui parcourront ces campot fe-
ront bien de la vérifier (4).
Entre la faxenda de Jacâ et la cité de Goyaz, nous ne
vtmes , comme je l'ai dit, que deux maisons, et elles tom-
baient en ruine. Partout, en Europe, le voisinage des
villes est annoncé par des habitations plus nombreuses, par
des cultures mieui soignées ; et il en est de même des villes
de la cAte du Brésil qui ont été fondées , dans tel ou tel
lieu, parce que la position était favorable au commerce on
k l'agriculture. Dans les pays aurifères, les villages et les
villes ont été bâtis là où l'on trouvait le plus d'or; on n's
été déterminé que par cette cousidération, et, sous d'autres
rapports, le local choisi s'est trouvé souvent, comme i
(1) Celi est (TautaDt pins esseotîd que d'aalres obserntïooa m'oal
coDdnit k Écrire ce qui suit : ■ Si le bourfcon db m dériloppe pas Um-
■ janre. peut-ttre au moins en eiiste-i-il toujours aue lég^ ébauche ;
• j'ai , da moias , retrouvé cette ébanche toutes les fois que je l'ai cber-
• cMe avec quelque aiteotiou. Les Gramioées qui naissent sous les tni-
■ piquea , doutes d'une grande énergie vitale , sont le plus souvent ra-
• meugesi celles de nos climats, grêles et débiles, sont presque tonjouit
■ simples ; mais il n'en est pas moins vrai que , k l'aisseUe de la feniUe
■ des plus humbles de ces plantes, comme, par exemple, du Poaan-
■ ntta , j'ai toujours apercn un bourgeon, auquel il n'eût (kllu, poar se
■ développer, qu'on pan plus de vigueur (JVorpItolof « végétait, tn\ ■
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DU MO DE S. FRANCISCO. ISt
Villa Rica [Cidade d'Ouro Preto] et k Villa Boa, le plus
déravorable possible. Le système d'agriculture adopté par
les Brésiliens ne leur permet pas de cultiver d'autres ter-
rains que ceux qui sont boisés ; par conséquent, les eampos
voisins de Villa Boa, près la route de Matogrosso, ont dû
rester déserts.
Il ne faudrait pas s'imaginer, cependant, que, même dans
l'état actuel des choses , on ne puisse tirer absolument au-
cun parti des euvironn de cette ville. Il s'y trouve des ter-
rains salpêtres, très-favorables, par conséquent, à l'éduca-
tion du bétail ; et , si , dans le petit nombre d'habitations qui
etistent, on donne de loin en loin un peu de sel aui bètes
i cornes, c'est pour qu'elles apprennent à connaître la mai-
son de leur maître.
Des collines les plus rapprochées de cette ville, on la dé-
couvre tout entière : on voit qu'elle a, dans son eosraible,
une forme allongée,- qu'elle est située dans un fond et
adossée À des montagnes ; enfin que , du cAté opposé i ces
dernières, jusqu'à la Serra Dourada , le terrain est inégal ,
mais beaucoup moins élevé.
Avant mon départ de la cité de Goyai, j'avais prié le co-
lonel Francisco Leite, dont j'ai déjà parlé, de me garder la
maison où j'avais demeuré à mon premier passage. Je n'eus
donc, pourm'iostaller, aucun de ces embarras que j'éprou-
vais toutes les fois que j'arrivais dans nne ville.
Presque aussitôt après être descendu de cheval, j'allai
voir Baimundo Nonato Hyacinthe, qui fiit pour moi aussi
aimable qu'à mon premier passage.
De chez lui, je me rendis chez le gouverneur, et je fus
égalanent bien reçu. Ce dernier avait l'air de ne pas croire
à la contrebande des diamants du Rio Qaro, probablement
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lat T0TA6E AUX SOUKCES
parce qu'il sealait qu'il serait absurde de la puDir;oD con-
çoit, au reste, que je pouvais  peine me pennettre de
glisser sur un sujet aussi délicat. H. Fernando Ddgado pré-
tendait aussi qu'il était Taux que les cherdienrs A'or du Rio
Claro fissent des journées de 13 à 1 ,500 reis ( 7 f. SO c. —
9 f. 37], et il croyait le prouver en ajoutant que tous sont
extrêmement pauvres. Il les jugeait comme s'ils eussent été
des Européens, et ne savait pas queces hommes imprévoyants
dépensent leur argent aussilAt qu'ils le gagnent; que, par
conséquent , ils n'ont rien quand la mauvaise saison arrive.
Lorsque je sortis du palais, il fusait déjà nuit; c'^t
l'heure à laquelle des femmes de toutes les couleurs se ré-
pandaient dans la ville; j'allai voir le missionnaire, et je
trouvai sa chambre remplie de pauvres mares qui venaient
lui faire bénir leurs enfants malades. Dans les oxnmeDoe-
ments, me dit-il , je trouvais ces viûtes nocturnes peu con-
formes à la bienséance, mais le gonveroear m'a anoré qat
personne n'y trouverait i redire; il a même «jouté que, si je
refusais de recevoir les femmes à la nuit, aucune ne viea-
drait chez moi et que, par conséquent, je les priverais
d'une const^tioD que la charité ne fait un devoir de leur
accorder.
Le père Joseph devait quitter la ville huit jours {dus tard.
La veille, nous sortions ensemble du palais, lorsque nom
vbnes la place entoorée de moiule ; bientAt l'on s'empresM
autour du missionnaire, et je m'échappai avant que la foule
m'e&t fermé le passage. Je sus plus tard que le peuple et
le corps municipal {camara} voulaient absolument garder le
p^e Joseph ; mais il leur avait répondu que, ayant foit vœu
d't^issance, il ne ponvait, sans manquer i ses devoirs les
[dus sacrés et se rendre indigne de leur estime, se dis-
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DU RIO DE S. FBAHCISCO. l&t
peDser de se rendre à sa destination. On gagna encore un
jour oa deux en ca^nt ses mulets.
Lorsque que j'étais à Villa Boa , je fis connaissance avec
l'abbé Luiz ÂNToino da Sa. va e Sotisa [4) qui, en atten-
dant l'arrivée du prélat nommé , gouvernait le diocèse de
Goyaz avec le titre de vicaire général. C'était un homme
poli et modeste auquel sont. dus les prraniers reos^gne-
ments que l'on possède sur rhi8toii:e et la statistique de
Goyaz. Il me prêta le mBDUicrit de son important travail
intitulé, Memoria sobre o descobritnaito, populaçàù, go-
vemo et cousat moit notaveU da Capitania de Goyaz , tra-
vail qui , sans le consentement de l'auteur, avait déjà paru
à Rio de Janeiro, dans le journal brésilien O Palriota
(1814). Cazal a eu le même manuscrit aitre les mains, il
Kl a profité et n'a point cité l'auteur; Pizarro ne l'a pas
cité davantage, mais Pohl s'est empressé de lui rendre toute
justice. En rédigeant cette relation de voyage , je u'ai mal-
heureusement sous les yeiu qu'une petite partie de l' extrait
que j'ai fait du mémoire de H. Luiz Antonio da Silva e
Sonsa, mais je crois que c'est à lui qu'il faut rradre la plu-
part des dtations relatives à l'histoire et à la statistique
de Goyaz, que j'ai empruntées i Pizarro et an docteur
Pohl {2).
Poidant moD séjour dans la dté de Goyaz on vint en-
(1) J'écris consUunmenl Souta, «( oon Sotua , pirce que c'est aUui
que lui'^Dème a signé l'écril intilnlé Mtmoria eiUUirtiea, etc.
(3) En I83S, H. l'abbé Lnii Aolonio da Siln e Sonsa a eature publié
an petit éciii pleiii de liitt et qoe j'ai sonveot en l'occasion de dler dans
cd onviage ; cal écrit est intitalé , Mewmriâ ttlaUttiea da Provineia
de 601KU ilMâid» peUM Julpfldw « na foma do ElmeKo etwiad»
ptia Stertiaria do Imperio, eu.
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in4 VOYAGE AUX SOURCES
core m' offrir des diamants du Rio Claro. Je les trouvai «fane
eau très-belle; peut-être même étaient-ils supérieurs i
ceux de Tijuco(l), mais si un sentiment de délicatesse ne
m'eût p&s empêché, comme je l'ai dit, de prendre part k
la contrebande de ces précieuses pierres, il est bien clair
que c'est sur les lieux mêmes que j'aurais fait mes achats,
et non i Villa Boa, où je n'aurais pu les recevoir que de
la seconde ou de la troisième main.
Le couTK DA Barca , ministre du roi Jean VI [S) , avait
fait faire beaucoup d'expériences pour blanchir la cire in-
digène et aucune n'avait eu de succès Je vis dans la cité
de Goyaz un ouvrier qui ta blanchissait très-bien et dont
tout le secret consistait à la faire fondre, à l'écumer, la di-
viser par petits morceaux et l'eiposer su soleil. Il répétait
cette opération jusqu'à seize fois, ce qui prenait deux Ji
trois mois , et au bout de ce temps la cire était presque
aussi blanche que celle de nos abeilles domestiques. Je fis
usage de bougies faites avec cette cire et j'en fus content;
néanmoins je trouvai que leur lumière était beaucoup phis
rougeque celle des excellentes bougiesque l'on vendait alors
à Rio de Janeiro, qu'elle donnait beaucoup plus de fumée e(
fondait plus facilement ; je dois ajouter que la cire indigène.
(1) Voyez mOD Voyage dai^i te diilricl det Biamanlt , etc., I , t H
(2) A mon arriTée â Rio de Janeiro , je las parbilemetil ■ccveilli pu
le comte ài Birci. C'était un bomme do mérite dont les maaièm étMol
eilrèmement distinguées, et qui s'exprimait en français avec noe grands
^lOgBDce. 11 (^tait arrJTi^ aa Brésil avec le roi : lorsqu'il parrint an ininia-
lère , il arait m al heureuse ment aiteial qd ège asseï afaocé , il ne jonis-
swt plus d'une bonne liante , et il n'avait peu eu le temps d'apprendre I
ronnattre le pays qu'il devait adminislirr.
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IHI UO DE S. FBAtfClSCO. I6i
quoique purifiée, conservait un goût amer. Il me serait
impossible de dire à quelles abeilles appartenait la cire de
Goyaz(l], mais je présume qu'elle n'était pas due à une es-
pèce unique. Quant à celle qu'à cette époque on employait
dans tout le Brésil , elle venait d' Afrique ; les bougies faites
avec cette dernière étaient mai moulées et avaient une con-
leur jaunfltre, mais elles offraient une extrême dureté et
elles ne coulaient point, lors même que je travaillais dehors
ou sous des ranchos ouverts.
Lorsque je passai pour la seconde fois à Villa Boa [du 30
au 27 juillet), les matinées étaient encore fraicbes et les
soirées délicieuses, mais, dans le milieu du jour, la cha-
leur devenait insupportable. Cette température si élevée
n'avait, au reste, rien d'étonnant, car les mornes dont la
ville est entourée arrêtent les vents qui pourraient rafraî-
chir l'air et ils reflètent les rayons du soleil.
On commençait alors à mettre le feu aux campas voisins
(1) IJ est didicile de croire que les abeilles de la partie mt'ridioualu
4e GojBz ne scieut pas, du inoios pour la plapart, le» nièincs que celtes
du Sertie de Miuas {Voyage dati* la province» de Rio de Janeiro
et Jlinat Gcraet, H, 371 et suiv.). M. Garduer, qui, eu se reudant de
Pianhy aui Miucs, a passé par le uord-est de la proviDCC de Gojai. dit
que les abeilles sauvages j soal eitrèmemeut cominuues , et il indique,
par leurs noms vulgaires, dii-huit espèces de ces animaux, dont ta plu-
part appartieuueal , dit-il, au genre Mellipona, 111 i g. Parmi les noms
qu'il elle, cinq seulement , à la vitAi, se reiroiiveat dans la liste que j'ai
doooée des abeilles du Serlio orieulal de Minas : mais la partie de Gojaf
traversée par M. Gardner est beaucoup plus :eptcQlrionale que celle du
Sertie de Uinas où j'ai voyagù ; la vi'gi'tatioti u'y c^t pa^ la oiâine,
comme le prouvent les ccbautillous de piaules qu'a «uvojés en Europe le
oaloralisle anglais , et il n'est pas impossible, d'ailleurs, que, dans des
lieux aussi iloigois les uns des autres, les mêmes iuscetcs portent des
uoins difli'reuis ^Gihon., Traveli, S'^j.
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lU TOTAGE ADX SODRCBS
de Is cité de Goyai. Comme j'ai déjà ea occasion de le dire,
la flamme qni consume l'herbe des pâturages a une cod-
leur rougeâtre et s'étend, pom* l'ordinaire, en lignes que
l'on voit serpenter de direrses manièrea, laissant entre
elles de petites interruptions déterminées par la distance
d'une touffe d'herbe k une autre touffe. Les nHHves qni
enTÏronnent la ville m'trfnrirent un soir un spectacle ma-
gnifique ; ils semblaient illuminés par des rangées de lam-
pions déposés en différents sens ; quelqnes parties res-
taient encore dana une obscurité proronde, d'autres étaient
éclairées par aoe vive lumière qui se reflétait sur la ville.
Le lendemain f tout changea dès que le jour parut : une
ftamée rougeAtre remplissait l'atmosphère, le ciel avait
pa'da son brillant éclat et Ton respirait un air étouffant.
Jusqu'alors on n'avait encore mis le feu qu'à une trèï-
petite partie des eampos; mais tout le monde assure que,
lorsqu'il y en a nne plus grande étendue d'enflammés, la
chaleur, déjà si forte à Tilla Boa, ne peut plus se supporter.
Je fus forcé de rester huit jours dans cette ville pour y
faire faire différents ouvrages. Pendant tout ce tonpa,
comme k mon premier voyage, je dtnai chee le gouvemenr,
Jesoupai et je déjeunai chez Raimundo, toujours comblé
par eui de politesses et de marques d'égards (1).
(1) A Unit ee qne j'ti dit de U cité de Qtrjtx dus ce diipitre et dait
le vingtième , j'ajouterai qu'elle est ■njoard'hDi U résidence de FéTèqM
du diocèse, comme elle devait être aatrefoia celle des prélats ; qne Tm-
sembli'e législatire prorinciale, composée de vingt membres, y lient us
sessions: que celle de 1835 a décrété des fonds poar j établir an b6^-
tal; que la comarca, aujourd'hui fort restreiate, doDt elle est le dief'
lieu, porte le nom de Comarca de Coyai ; enfin que cette eomarca coat-
prend , outre le district propre de la cité , les andens villages de Criii .
Pilar , Meiaponte et Jaragni , qui ont été érigés en villes a jsut dncmie
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DU RIO DE S. niANC[SCO. 167
lenrdiatrictdtai.. et Lop. ra Hom., DUc. Brai., 1, 4M, 407), mais
qui , t ce chiagemeDt, ne se sont prabablunent pas beaucoup «richij.
— Ja dois faire otMarrer qne la Tille do Jaragui oe m Iroare pas au
nombre de ceUes qne lOf. HUUet et Lopea de Hoara indiquent, k l'ar-
UdeGoyaide leurdietionDure, omme faisant partie de la eomarea
dont la capitale de la prarince est le cfaef-liea ; cependant je n'hésite
pu à la citer arec les aaires , parce que , dans l'article Jaragvâ iDiee.,
1, SïT), ees messieurs disent positiremeol que ce lieu appartient k la
coMoroa de G«Tti.
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VOYAGE AUX SOURCES
CHAPITRE XXIV.
COHHBMCBHENT DD VOYAGE DE LA CITÉ DE GOTAZ A S. PADL.
— LE HATO GKOSSO. — UNE HABITATION MODÈLE. — LE
VILLAGE DE BOH PIM.
Tablua général du rodage de Gof ai h S. Paul. — L'aatenr prend , pour
H rendre de Villa Boi k Heiaponte , noe int» roule qiM celle qu'il
iviit diyt suivie. — Pays situé an deU d'As *re»S. — Sitio do* Co-
queiroi. Le Palmier macauba. — Paj^s situé au delk de Coqueiro*.
Franco, — Peintura gioéraie du Hil« Grosso. — Manjoltnito. — Ai
Caoeirai. Températura. — Les féics de la Penlecdie, — Lagoa Grande.
Sécheresse. — Siiio de Gontalo Marqvei. — Une troupe de bohé-
miens. — La fatenda de H. Joiqdih Altes oï Ouviist. Portrait da
propriétaire. Descriptioa de sa maison. Comment il conduisait ses oé-
gres. La sucrerie. Les machines k séparer le coton de ses semences.
Celle k râper le manioc. Excellent mode de culture- Débit des prodojls
dn soi. Exportation du coton. L'idée d'une monnaie provinciale entiè-
rement absurde. L'auteur quitte la fasendu de Joaquim Alves. — Idée
générale du pajs situé entre Heiaponte et le village de Bom Fim. —
SilUt dai Fumai. Négociation arec la maîtresse de la maison. Si
grange. — Pays situé au deU de Furoas. — SUio da Fcrquilha.
Ostentation d'argenterie. -'Pays situé an deU de Forquilha. — Fa-
tenda dai AnUu. Marchands d'Araxi. Le missionnaire. — Pays situé
au delà de la Faieoda daa Antas. — Changement de température. — Le
hameau de Pyracanjuba.— Pays situé plus loin.— Le village de Bom
Fim. Sa position. Ses rues; sa place: son église: se$ maiaoos. Ses
minières. Culture des terres. Débit Tacile des produite du sol. Pous-
sière ronge. — La Rte de Notre-Dame de l'AUtaye.
Je partis de Villa Boa avec l'ÏDlention d'aller à S. Paul
et de visiter ensuite les parties les plus méridionales du
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m MO DE s. FRANCISCO. IG»
Brésil, ta capitale de la province de tioyaz est située ,
coname je l'ai dit, par 16* W (i), et S. Paul l'est par
âS' 33' 30" (2) de latJt. sud et 331' 25' de longit. , i comp-
ter du premier méridien de l'Ile de Fer : or il peut y avoir
approximativemeot 1 degré et demi, de l'oaest vers l'est,
entre le méridien de la première de ces deux villes et celui
de la seconde; par conséquent, pour me rendre de l'une à
l'aatre, je dus me diriger vers le sud, en inclinant ducâté
de l'orient. Je mis trois mois à faire ce voyage, me détour-
nant presque uniquement pour aller, du villagedefiotnfïm,
visiter les eaux thermales appelées Caldas Novat et Caldas
Vtlhai. Je ne puis pas compta* moins de 242 Ugoas (3) pour
ce voyage, y compris le détour dont je viens de parler ; je
m'arrêtai vingt-trois jours et cheminai soiiante-dii , ce qui
fait, terme moyen, un peu plus de 3 Ugoas et demie par
jour, marche ordinaire des mulets chargés. Il me fallut
trente-deux jours, en y comprenant la petite course de Cal-
das, pour sortir de la province de Goyaz. En quittant cette
dernière, j'entrai dans la province de Minas Geraes, sur le
territoire de laquelle je voyageai pendant douze jours, et
enfin j'arrivai à celle de S. Paul. Je traversai, dans la pro-
vince de Goyaz, les trois villages de Meiaponte, de Bom Fim
et de Santa Cruz (4) ; dans celle de Minas, les quatre aideas
d'as Pedras, da Estiva, de Boa Vista, de Santa Anna, et
(I) Vojet le clupitre iotilulé Villa Boa ou ta cité de Goga*.
(S) S«loD d'aatr«s, 24' 30' ou 23* 5'.
<3) Lnii d'Aliuconrt corapM 31! Ugoai par h rooie directt (Jf^tn.
viaç., lia).
(4) Comme oa l'a iiik vu, Heiapoale n été hoDoré du nom de ville par
une loi proTinciole du 10 juillet 1332, et , comme on te verra plus tard ,
SuilaCruzraiiâparUDelaidelS3), etDom Pim par une autre de ltt30
.MiLL. et.LopBS DB Movni, Dice. Bras.).
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1» TOYAGB AUX SODftCES
le village de Farinha Podrt; enfio, dans la province de
S. Paul , les trois villi^es de Fronça , Ctua Branca ti
Mogiguaçu (1), puis les trois villes de Mogimirim, de
S. Carlos et de Jundiahy. La route a été tracée p«i de
temps «près la découverte de Goyaz (auDée 1736) (3), et,
par conséquent, elle date déjà de plus d'un siècle ; auni
est-on sAr de trouver un abri à la fin de chaque marche :
cependant, insqu'i la ville de M<^, les campagnes sont
désertes, sans culture, et. à la fin d'une journée fatigante,
je n'avais pas, comme à Minas, la cotw^tion de pouvoir
m' entretenir avec un hdte bospitalier; car les colons chei
lesquels on fait halte sont, pour la plupart, des hommes
grossiers que le passage des caravanes met en défiance con-
tre les voyageurs. Jusqu'au mois d'octobre, époque à la-
quelle j'entrai dans la province de S. Paul, la sécheresse
tôt excessive ; je passai souvent des jours entiers sans aper-
cevoir plus de deux ou trois fleurs , appartenant à des es-
pèces communes ; les coléoptères avaient disparu , les d-
seaux devenaient rares ; j'étais dévoré par des nuées d'in-
sectes malfaisants, et, forcé quelquefois de séjourner sur
les bords d'une rivière malsaine, tdleque le Rio Grande.
Au mois d'octobre, les pluies commencèrent & tomber, les
pftturoges i reverdir et i se couvrir de fleurs (3); mais
olors je me rapprochais du tropique, et la végétation n'é'
(1) PraBetestdsmiu ancTille, mu la Dom de ViUaFraneadolwtpt-
rador, pir no décret de l'issemblé* tégialative proriacUle de $. P««l de
1889 : anjoiinrhiii Cim Br«Bca est amsi ane viUe (Miu. et Lopr m
HocBi, IUcc. Braf.) ; MogigniçQ «tapire eaccre «pris le mène bw-
heuT.
^2) \ojtt le'TOjage de MH. Spii et Hertiiis (toI. 1 ) , onf rige n pkù
de MieDce et où les confeoinees sont si biea rwpectéet.
(3) Vojettuna Aperçu awnw)tafe^nërinUn«itt4uBr«til,4aÊ*
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DU RIO DE S. nunasco. iti
tait plus aussi variée qbe celle de Mimb Geraes. Jfe n'af
pas besoin de dire que, dans une étendue de pins de
7 degrés, passant des régicms équiuoiiales à un pays situé
hors des tropiques , je dus trouver de grandes différences
dans les détails de la végétation. Pendant très-longtemps,
□éanmoins, son ensemble ne m'en offrit auciHte : c'é-
taient toujours des bonqnets de bois et des eâmpos par-
semés d'arbres Rabougris ; mais , parmi ces derniers , se
montrent d^à, sur le territoire de Minas, d'autres campos
seulement composés d'herbes. BientAt je passai la limite
des boritys; le eapim frecha reparut pour caractériser de
gras pttnrages ; je inis par ne voir dans oes derniers abso-
lument aucun arbre, et enfin, à une distance peu considé-
rable de la ville de S. Paul , je rentrai dans la régùm des
foritt : la Flore des aertÔet du S. Francisco et du midi de
Goyaz avait Eait place à une autre Flore.
J'ai dit, au chapitre intitulé. Le village de Contmbâ, les
Monte» Pyreneos, etc., que la route de S. Paul traterse
Heiaponte; par conséquent, j'étais obligé de passer une
seconde fois par ce village pour aller plus loin. Mais le che-
min que j'avais suivi de Heiaponte h TîHa Boa n'est pas le
seul qui mène de l'un de ces lieux à l'autre ; il en existe
encore un moins firéquenté : ce fut celui que je choisis à
mon retour, afin de voir on canton que je ne connaissais
point encore (1).
Il était déjà fort tard quand mes préparatifii furent ache-
vés ; cependant je ne voulus point remetb% au lendemain
les Mémotreê du jftwAmi, vol. IX, et Vlnlrodtielion de mon onrrage
intitulé HUtoiré dé* plantei let plut remargaablet, etc.
(1) Itioéraire (pproiimalir de Villi Boa ■ HeîiponU par le chemin ]r.
iMiDi fréquenté :
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I7ï VOYAGE AUX SOURCES
mon départ de Villa Boa, pour qu'on n'eût pas une seconde
fois l'embarras d'aller fort loin chercher les mulets. Je
pris d'abord la route que j'avais suivie pour me rendre i
S. José et au Rio Claro, et j'arrivai, par un beau clair de
lune, au lieu appelé As Areas, où je couchai encore ea
pleia air.
Après avoir fait environ 3 lej/oof depuis Villa Boa, je quit-
tai , h. Gurgulho, le chemin de TAIdea de 8. José, et , ayant
doublé l'extrémité de la Serra Dourada opposée à la ville, je
traversai , dans une direction différente, une vaste plaine.
Là s'offrit A mes regards une agréable alternative de bou-
quets de bois, de cantpo< parsemés d'arbres rabougris et
d'autres camfot où, ce qui est fort rare dans ce pays, il ne
croît que des herbes ; je laissais derrière moi la Serra Dou-
rada, et, vers ma droite, je découvrais les collines qui boi^
nent ta plaine.
J'avais fait 3 lieues depuis Areas lorsque j'arrivai sur
les bords de la rivière Urohû, que j'ai déji fait connaître
(p. 61] ; je la traversai sur un poot en bois fort mal enU^
tenu, comme le sont tous ceux de l'intérieur du Brésil.
A peu de distance de ce pont, je rencontrai une cara-
vane qui se rendait de S. Paul à Matogrosso ; elle était com-
Da U ciU de Gojaz k Are*», eu pleia ■ir 1 legot.
— Sitio dos Coquetros, petite babitalioa. . . 31/2
— Hiodiaga, petite habititioa 4
— HâDJoliDha, chaumière 3
— As Civeiras, chaumiire 1
— Lagoa Grande, maisoa 3 1/!
— Sitio de GoDsalo Marques 3
— Fueuda de Joaquim Alvea, habilatioii. . . S
— MeiapODtf, village. . . . .' 1
Ti tecoa».
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DU WO DE S. FRANCISCO. 17a
posée de pins de cent malets chaînés de diverses mar-
chandises. C'était la première qui , cette année-là , vttit di-
rectement de la Tille de S. Paul : on était alors au S8 de
juillet.
Tous les campos que je traversai avaient été brâlés ré-
cemment ; le feu avait desséché les feuilles des arbres; une
cendre noire couvrait la terre et, encepté dans les bou-
quets de bois, on n'apercevait pas la moindre rerdure :
cependant le ciel est , dans cette contrée, d'un azur si écla-
tant , la lumière du soleil est si brillante, que la navire
semblait encore belle malgré sa nudité.
Ce jour-là , nous fîmes balte an Sitio do$ Coqueirog (la
chaumière des cocotiers), situé sur le bord d'un raisseau,
au milieu d'une' multitude de Palmiers. Ces derniers ne
différent point de ceux que j'avais déjà vus dans les bois
voisins du Rio dos Pilôes, et dont j'ai déjà parlé au chapi-
tre précédent. Comme je l'ai dit, on les nomme, dans le
pays, macauba : ma description prouve qu'ils ressemblent
beaucoup à une espèce du même nom qui croît dans le
Sertâo du S. Francisco , VAerocomia scïeroearpa , de Mar-
tius (1); cependant je ne saurais croire que les deux arbres
soient identiques.
Au delà du Sitio dos Coqueiros, je traversai un pays
plat qui, jusqu'au lieu appelé Fronça (France), présente
un vaste pâturage parsemé d'arbres rabougris, maîsoà,
plus loin, s'élèvent quelques bouquets de bois. La chaleur
était excessive, et, dans les cmnpos qui n'avaient pas en-
core été inceodiés, on ne voyait qu'une herbe entièrement
desséchée, d'une couleur grisâtre.
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174 VOYAGE AUX SODICES
Je De sais si Fraoça peut esfétei la destinée brillante
que non uMn semble ennoocer; mais, lors de oion voyage,
ce n'était encore qu'une réunioa de qudques diaumièns.
Nous y demandâmes le chemin , on nous l'enseigna mal ;
nous nous égarâmes et fCunes fort étonnés d'amver k Mn-
diuga, cette chaumière où enviriMi un mois plus tAt j'avais
vu célébrer la ffile de S. Jean (1). J'y couchai encore une
fois.
Le lendemain , je rentrai dans la route qne j'avais quit-
tée. Après avoir foît environ 3 îegoat, parcourant un pays
très-plat, où le chemin est superbe, comme il l'avait été
, la veille , j'arrivai au Mato Grosso que j'ai déjà fait goudbI-
tre (3). Jusque-li j'avais traversé des eampot parsemés d'ar-
bres rabougris. Uo peu avant la forèt, les arbres du etanpo
sont un peu plus élevés et plus rapprodiés les uns des an-
tres ; cependant la transition d'un genre de végétation i
l'autre est ici presque aussi brusque que vers le ^tïo de
Lage, autrement de Dona Maria (3).
Je marchai dans le Mato Grosso pendant cinq jours, eo
y cMnprenant celui où j'y entrai, et f y fis 1S Ugooê et
demie. Le chemin , si beau Auparavant, devint, daos cette
forêt, extrêmement diEBcile; ce n'était plus qu'un sentier
étroit, sans cesse embarrassé par des branchages vX des
tntncs renversés. Toute la partie de la forêt que je parooB-
nis dans ce second voyage présente une végétation beau-
coup moins vigoureuse que celle du voisinage de Loge. Dn
reste, les terres du Mato Grosso ressemblent, en betnooop
(1) Tofei le chipitrc iDtitnlé, u» eMa§ti it Jarat*à. tO^rt
Fino, d« Ftrrtiro.
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DU MO DE S. FRANCISCO. 175
(fendroite , à celles qai, dans les Minas ï(ovb8, produisent
DD coton d'une qualité si fine (1); elles sont meubles, très-
fevorables à la caltnro, et, comme je l'ai dit ailleurs, le
maïs y rend 300 pour 1 ; les haricots de 40 à 50. Il parait
qu'on a comm«icé depuis longtemps & faire des planta-
tions dans cette forêt ; car, en plusieurs endroits , on voit
de grands espaces, oniquement couverts de eapim gor-
dwra, plante qui, comme on sait, est l' indice certain d'an-
ciens défrichements. Il s'est établi an milieu du Mato Grosso
an grand nombre de colons qui vendent leurs denrées jk
Villa Boa, mats qui, ayant sang doute commencé sans pos-
séder la moindre chose et n'étant aucunement favorisés par
l'administration, restent extrêmement pauvres. Le troi-
sième jour de mon voyage dans ces bois, je passai , an lieu
appelé Potwo Alto on PouMoi (batte élevée), devant nne
maison qui méritait ce nom ; mais, jusqu'alors. Je n'avais
TU qu'une demi-doozaine de chaumières qui , pins miséra-
Mes que les cabanes des Coyap6s, n'avaient pour murailles
que de longs bAtous rapprochés les uns des autres, entre
lesquels devaient nécessairenient pénétrer le vent et la
ploie. Lors de mon voyage, une partie des arbres de la forêt
avaient presque entièrement perdu leurs feuilles, et, ex-
cqité, je crois, quatre espèces d'Acauthées et la Composée
^pelée vnlgairement assa peiae branoo, toutes les plantes
étaient sans fleurs ; les tiges du eapim gwdura étaient
complétHnent desséchées, et , comme l'air oe circule point
dans les endroits découverts et tout entourés de bois oà
croît cette plante , on y ressentait nne chalenr insupporta-
(1) Vo^te daiu Ut provtneei de Rio de Janeiro et de Minât Ge-
riM*, II, 106.
r„s,i,.,.d.i. Google
ITfi TOYAOE AUX SOURCES
ble. La terre était restée si longtemps sans être humectée,
que les pourceaux et les bêtes h comes ne marchaient point
autour des habitations sans faire voler des tourbillons de
poussière : partout on se plaignait de manquer d'eau ; plu-
sieurs niisseaux étaient à sec, et dans beaucoup deodroits
on ne pouvait faire mouvoir la tnanjola pour avoir de la
farine.
De Mandinga, j'allai coudierà ManjolàAo, l'ane de ces
chaumières dont j'ai parlé tout à l'heure. Le propriétaire
de cette misérable demeure ne portait que des haillons ;
mais il fut pour moi d'une politesse extrême.
La chaumière i'As Caveiras, où je devais faire halte, à
4 legoas de Manjolinbo, n'avait également que des percbei
pour murailles, et elle était si petite, que tout mon bagage
n'aurait pu y tenir : il fallut donc me résigner à coucher
encore une fois dehors, la nuit fut extrêmement froide,
la rosée fort abondante, et, quoique j'eusse fait placer
mon lit auprès du feu , il me fut presque impossible de
dormir. Au lever du soleil, le thermomètre n'indiquait
que ■+■ 5° Réaamur; mais presque aussitAt nous, éprouvâ-
mes une chaleur excessive, ^, à 5 heures après midi, nous
avions encore ■+■ 26".
Nous étant remis en marche, nous passâmes devant l'ha-
bitation de Pousoal ou Pouso Alto , dont j' ai d^à parlé, et
près de laquelle une grande étendue de terrain couvert de
capitn gordura indiquait de très-anciennes cultures. Cette
habitation appartenait sans doute k un homme aisé, car il
me 6t servir de l'eau, que j'avais demandée A sa porte, dans
un de ces grands gobelets d'argent attachés k une cbaloe
de même métal , qui sont un objet de luxe dans l'intériMir
du Brésil.
r„siiirrx,.i. Google
DO RIO DE S. nunCISCO. ITT
Ce jour-là , je rencontrai dans la forêt une troupe de
gens i cheval, conduisant des mulets cbargés de provi-
sions ; parmi eux , l'un portait un drapeau, un autre triait
an violon , un troisième un tambour. Ayant demandé ce
que tout cela signifiait, j'appris que c'était une fblia, mot
dont je vais donner l'explication.
J'ai déjà eu occasion de dire ailleurs que la fête de la Pen-
tecôte se célèbre dans tout le Brésil avec beaucoup de zèle et
des cérémonies bizarres (1). On tire au sort, à la fin de cha-
que fête, pour savoir qui fera les principaux frais de celle de
l'année suivante, et celai qui est élu porte le nom A'Empe-
reur [Itnperadùr]. Four pouvoir célébrer la fftte avec plus de
pompe et rendre plus splendide le banquetqui en est la suite
indispensable, l'Empereur va recueillir des ofiirandes dans
tout le pays, on bien il choisit quelqu'un pour le remjda-
cer. Mais il n'est jamais seul quand il fait cette quête ; il a
avec lui des musiciens et des chanteurs, et, lorsque la
troupe arrive à quelque habitation, elle fait sa demande en
diantant des cantiques où se trouvent toujours mêlées les
louanges du St.-Esprit. Les chant^irs et les musiciens sont
ordinairement payés par l'Empereur; mais très-souvent
aussi ce sont des hommes qui accomplissent un voeu, et,
lors même qu'ils reçoivent une rétribution, elle est toujours
fort modique, parce qu'il n'est personne qui ne croie faire
une œuvre très-méritoire en servant ainsi l'Esprit-Saiot.
Ces quêtes durent quelquefois plusieurs mois, et c'est aux
troupes d'hommes chargés de les faire que l'on donne le
nom de foUa. Comme chaque paroisse, chaque succursale
D,<j,i,.,.d.:, Google
ITS TOT AGI AUX SOCBCES
est bien aise d'atUrer beaucoup de monde, Ië fèt6 ne se
célèbre pas le même jour partout : aiasi It faiia que je
reocoBtrai dans le Mato Grosso appnrtenait à la petite ehs-
peDe de Cwralùtho, près de Villa Bol , dont la fête ne de-
vait se faire que le IS du moû d'aoAt.
An ddà du Pousoa), je passai le ruisseau de Lagamba
(petit lac), qui sépare la paroilse et la justice de ViUt Boa
de la juridiclion de HeiMpoote. Je recooDOs, dans le lon-
taln , la Stats de Jaragu , qoe f ai déjà folt connalUv.
Tout près du ruisseaude Lagoinba , je fis balle , tu lien
appelé iLo^oa Grtmde (grand lac)« diez un serrurier qui me
permit de placer mes efiUs dans sou atelier. Auiffàs de la
maison est le lac auqud die doit son non) mais alors on
n'y voyait pas une senle goutte d'eau, tant les pluies, cette
année-là, araieot été peu abondantes.
À 5 legoa» et demie de Lagoa Grande, je fia bulté i it
chaumière âppdée Sitiv 4o Gonmlo Marquêt (non
d'homBK).
Le lendemain, je commentai k apercermr, dans le loin-
tain, les montagnes Totslnes 6e Melkponte. Je conlinuali
toujours h tiarconrir le Mato Grauof maisi sur une cMe
aride st péerreose , je ne tb plus que des «rbre» nbougris
dispersée au milieu des herbes, absolument ooMikedns
les plus vastes GaMfi». Cette sorte de véf^tion indicpie
toujours des terrains moins bons, i^os secs ou phn exposés
À l'action des venti.
Au delà de Gonaalo Marques, je Vis dans la forêt pta-
sieurs troupes d'hommes qui , dès le pr«oaier moment, me
parurent appartenir è une autre sous-race qne les descen-
dants des Portugais. Tous avaient les cheveux longs, tan-
dis que les Brésiliens portent des cheveux coupés; leur
^d:,;. Google
De HIO B£ s. nUNCISGO. 1?9
figure était plus roede qac celle d« ces demins, et leurs
yeux plus grands; leur teint était basané, sans eRnr cette
DuaBce de jaune qui se fait remerciueT ch^ les mulâtres. Je
leur adressai la parole; ils me répondirent avec un accent
traînant et nasillard, me débitant des phrases d'une poli-
tesse senrile, qui ne sont point en usage ches les Putugais :
c'étaient des bohémiens. QuMtiue le gouvernement ait
rendu des ordonnances contre les hommes de cette caste [i],
il y eo a encore beaucoup qui errent par troupes dans l'in-
térieur du Brésil, volant, par où ils passeot, des cocIkms
et des poules ; choxhant i faire des échanges, principale-
ment de chevaux et de mulets, et trompant cenx qui traitent
avec eux. Quand il leur naît on enfiint , ils invitent un cul-
tivateur aisé à 6tre parrain et ne manquent pas de tirer de
lui quelque aident; ils vont ensuite, plus loin, foire la
même invitation k un antre colon , et répètent le bapttoe
autant de fois qu'ils trouvent des parrains généreux. Quel-
ques-uns, cependant, ont formé des établissements dnra-
Ues et cultivent la tene. Il en était ainsi de ceux que je reu-
contrai dans le Mato Grosso; il y avùt déjà plusieurs aunées
qu'ils s'étaient fixés dans ce canton ; le commandant de
Heiaponte, de qui ils détendaient, m'assura, plus tard,
(1) ■ Pir nue biufrerie iaconcevable , dU H. d« Frejcinet, le gon-
vernemeul portagiis tolère cctie peste publique {Voyage, Uranit, hii-
loriqve, I, iVt). • L'administritioD fran^iw oe repoasse pu Don pins
kt bobémiMiB; or, defraisbien deaManfcs, iteoeiisle, k MontpeUier,
un ceitUB nombie , et il «si difficile de deviner ce qu'il ; ■ de biiure
dans cette lolérince. Oa doit fure des efforts pour incorporer ces boni-
mes dsns ta société chrétienne et les punir quand ils violent les lois;
miii, puisqu'ils «ist»t, M tmt bien qa'ib Mient quelle part, el
pourquoi ne les soulTrirail-VD pas eonuoe on sonffre les Jaifsl
^d:,;. Google
180 TOTAOE AUX «ODBCIS
qa'ils se conduisaient bien , qu'ils remplissaient leurs de-
voirs de chrétiens , mais que, malgré ses défenses , ils reve-
naient encore de temps en temps à leur goût pour les
échanges.
A 5 legotfs de Gonsalo Marques, je fis hall« i la fazenâa
du commandant de Meiaponte, M. Joaquih Alves db Oli-
vEiBA, ponr lequel le gouverneur de la province m'avait
donné une lettre de recommandation, et dont il m'avait fait
un grand él(^e. Je ftis parfaitement reçu de lui , et Je pas-
sai quelques jours dons son habitation.
M. Joaqnim Alves de OliVeira était Vartisan de sa fortune
et en possédait une considérable. Il avait été élevé par un
jésuite, et il parait qu'il avait puisé à cette école cet esprit
d'ordre et de discrétion qui le distinguait si essentiellement
parmi ses compatriotes. Il fit d'abord le commerce; mais.
comme il avait plus de goût pour l'agriculture, il finit par
renoncer presque entièrement aux affïiires mercantiles :
cependant il se livrait encore à des spéculations commer-
ciales qaand il en espérait un bénéflce [de quelque impor-
tance; ainsi, lors de mon voyage, il venait d'envojer son
gendre h Cuyabé, avec une caravane très-considérable,
chargée de diverses marchandises. Mais le commandant de
Meiaponte ne parlait jamais de ses affaires à qui que ce filt ,
et personne ne savait s'il avait gagné ou perdu dans ses
entreprises. De tous les Brésiliens que j'ai connus, c'est
peut-être celui duquel j'ai trouvé le plus de haine pour l'oi-
siveté : j'accorde À mes hAtes, me disait-il en riant , trois
jours de repos ; mais, au bout de ce temps, je me décharge
sur eui d'une partie de la surveillance de ma maison. La
conversatton de Joaquim Alves annonçait un grand amour
pour la justice et de la religion sans petitesse ; c'était un
^d:,;. Google
DD RIO DE S. FKARCISCO. ISl
e de beaucoup de sens, d'une simplicité parfaite et
d'uoe bonté extrême.
La faunàa de Joaqnim Alves, créée par son pnH>r>é-
laire, d' avait d'autre oom que le sien (1); c'était bien cer-
tainement le )das bel établissement qui existât dans toute
la partie de Goyaz que j'ai parcourue. Il y régnait une pro-
preté et un ordre que je n'ai vus nulle part. La maison du
maître n'avait. que le rez-de-chaussée; on n'y voyait rien
de magnifique, mais elle était très-vaste et parfaitement
entretenue. Une longue varaitda (2) s'étendait devant les
bâtiments et procurait, à tous les instants du jour, de l'om-
bre et un air libre. La sucrerie, qui tenait à la maison du
maitre, était disposée de manière que, de la salle À manger,
ùa pût voir ce qui se faisait dans le bâtiment où étaient les
chaudi^es , et de la varanda , ce qui se passait dans le
moulin à sucre. Cette dernière donnait sur une cour carrée.
Une suite de pièces, la sellerie, l'atelier du cordonnier, ce-
lui du serrurier, l'endroit où l'on mettait tout ce qui est
nécessaire aux mulets, enfin les écuries prolongeaient les
bâtiments du maître et donnant, comme ces derniers, sur
la cour, rormai,ent un de ses câtés. Un autre cAté était
t<ycmé par les cases des nègres mariés, séparées les unes des
autres par des murs, mais placées sous un même toit qui
était couvert en tuiles. Des murs en pisé fermaient la cour
des deux autres cAtés.
Toute cette maison avait été, dans l'origine, si parfaite-
ment montée, que le maître n'avait , pour ainsi dire, plus
(1) Hittot appelle cette belle hibititioD Engenho (sucrerie^ de S. Jotx-
q*im ; elle aura Mue donte reta ce nom postérieurement h l'époque de
mon vojage.
i2) J'ai décrit ailleurs ces espèces de galeries ouveites sur le deviiut.
r„s,i,.,.d.i. Google
18S VOYA«E AUX SOURCES >
besoin de donner aucao«rdre : diacun savait ce qu'il avait
à faire et se rangeait de lui-même à la place qu'il devnt
occuper. Tour se fUre comprendre, le commaBdant de
Heiapont« pouvait se cetflenter -de 'dire nue seule parole
ou m£me de faire Tia geste. Aa milieu de cent esclaiTee, on
n'aitendait pas un seul cri ; on oe Toyait point de ces
hommes empressée qui vont, qui viennent, «t dont les
mouvements, sons l'apparence de l'activité, n'iadiquenl
réefleiAent qoe l'embarras de savoir à quoi s'occuper ; par-
tout le silence, l'ordre et une sorte de tranquillîté en har-
monie avec celle qui règne dans la natare sous ces beHreoi
dimals. On auraitdit qu'un génie invisible gouvernait cette
maison; le maître restait tranquillement assis sous sa va-
ranâa , mais il était aisé de voir que rien ne liïi écbappaK,
et qu'un coup d'œil rapide lui suffisait pour tout aper-
cevoir.
La r^e que s'était Taite Joaqnîm Alves dans la condolle
de ses esclaves était de les nomrir abondamment, de les
Iiabiller d'une mani^ convenable, d'avoir le plus grand
soin d'eus qnand ils étaient malades et de ne jamais le»t
laisser oisib. Tous les ans, il en mariait quelques-uns ; les
mères n'allaient travailler dans les plantetiom que quand
les enfants pouvaient se passer d'elles, et alOTs ils étaient
confiés à une seule femme qui prenait soin de tous. Une
sage précaution avait été prise pour prévenir, autant qne
possible, les jriousies, le désordre et les rixes; c'était d'é-
loigner beaucoup les cases des nègres célibataires de celles
des tiommes mariés.
La journée du dimanche appartenait aux esclaves; it
leur était défendu d'aller chercher de l'or, mais on leur
donnait des terres qu'ils pouvaient cuKirer à leur profit.
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DP KUt DE s. PRUfCISCO. ISS
Joaquin) Aivee «vait établi, éaas sa profwe inaisoD, une
vmia où ses nègres trouvueat les difféE^ts objets qui sont
ordinaireineiit àa goût des Africaios, ot c'était le cotoo qni
servait de moDuaie ; par ce Doofen , il éloignait de ces
hommes la teutt^ioa du vol ; il les excitait au traTail en
teuf damnant w grand «Btéritt à cuttiver, il les attachait au
pays et i leur oiallxe, et e» même temps il ao^neptait'
les produits de sa terre.
Pendairt que j'étais. dtes le commandant 4e Usiapoote,
je visitai les différentes parties de sou ^bUsaement; re-
table à porc, les granges, le moulin à farine, l'endroit où
l'«B lApait les racines 4e manioc, celui où était placée la
macbiae 4eBUaée i e^rer le.cotoii de ses graines, la fila-
ture, etc. , et partout je trouw un ordre et une propreté
remarquables. Les fourneaux de la sucrerie n'avaiest polot
Éijk constnuts d'après les principes de la science medwne,
«Mis oïD les chauffait par le .dehors, ce qui rend moiDS pé-
JDJUe, pour las travailleurs, l'opération de la ouUe. Un
tambour borûoatal que l'eau mettait en mouvement faisait
toweer d«UK de ces petites macbÎDes appdées diKoroça-
doTH, qui servent à séparer Je coton de ses aemenoes (1).
Cétait légalement l'eau qui faisait mouvoir k macbiae è
r^ter Je mastioc dojit je vais doiuier la description. Le bâ-
timent où était pjaoée la rJipe .s'élevait s«r des poteaux; au-
4easouBdesoD plaoober, entre les poteaux, l'eau, apportée
par un conduit incJÏDé , frappait une roue borixcuitaie et
lafusaitMnvneriJ'vedela roue Uaversalt le plancher de
(1) Vo]^ 1« dcMiiptioa <k ces petites rnseliiiies et des tambours dont
je parie ici , dtna mon yçnage datu Ut provincei île Bio de Janeiro ri
Ile Minai Ctraet. io\ l.we.ll,»!.
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184 VOYAGE AUX SODHCES
la pièce supérieure et s'y élevait jusqu'à hauteur d'appui ;
à son extrémité était Siée uae autre roue borizoutale doat
le bord était revêtu d'une râpe en fer-blaoc ; l'axe et la se-
conde roue étaient encaissés entre des planches qui for-,
niaient un prisme quadrangulaire, dont chaque cMé oflirait
une échancrure répondant À la ripe; quand la roue tour-
nait, quatre personnes à la Tois présentaient des racine» de
manioc à la r&pe, et, comme elles les appuyaient dans les
échancrures des {^anches du prisme, learg bras ue pou-
vaient les foire vaciller, et l'action de la machine n'était
jamais interrompue.
Le commandant de Meiaponte avait renoncé, pour une
partie de ses plantations, à la manière barbare de cultiver
la terre qu'ont généralement adoptée les Brésiliens; il bï-
sait usage de la charrue et fumait son terrain avec de la
bagasse (1) : par ce moyen, il n'était point obligé d'incen-
dier, chaque année, de nouveaux bois ; il replantait la canne
dans la même terre et conservait ses plantations près de sa
maison, ce qui rendait sa surveillance plus facile et écono-
misait le temps de ses esclaves. Il vendait i Meiaponte et i
Villa Boa son sucre et son eau-de-vie ; mais il cultivait le
coton pour en foire des envois à Rio de Janeiro et k Bahia.
C'est lui qui, le premier, avait donné, comme je l'ai déji
dit , l'utile exemple de ces exportations , et cet exemple
avait été suivi par plusieurs autres colons. Lors de mon
voyage , il avait le projet d'étendre encore davantage la cul-
ture du cotonnier sur son habitation, et il voulait 'établir,
dans le village même de Meiaponte, une machine pour sé-
(1) La bagatse est [■ ciDoet sucre qai ■ passé cnlr« IneflindresM
dont la jas a été eiprimé.
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DO RIO DE S. FRANCISCO. 189
parer le cotoo de ses graioes, ainsi qu'une filature où il
comptait employer les femmes et les eafants sans ouvrage.
Déponilié de ses semences, le coton du pays, dont la qua-
lité est fort bdle, s'achetait alors, sur les lieux, 5,000 reia
(f 8fr. 75 c.} l'arrobe (1) ; le transport de Meiapocte k BahlB
éUitde 1,800 reis (11 rr.âKc.)pararrobe,oude3,000reis
(13 fr. 50 c.) jusqu'à Rio de Janeiro (2}, et il y avait un
bénéfice si assuré à foire des eorois à ces prix, que Joa-
quîm Alves avait offert sans bésitatiou k tous les cultivateurs
du pays de leur prendre leur coton k raison de 5,000 reis.
En signalant une denrée que l'on pouvait exporter avec
avantage, le commandant de Meiapoute faisait entrer ses
compatriotes dans use voie nouvelle; il montrait ce qu'il
fallait faire pour arracher son malheureux pays à l'état de
miaè^ ou l'a plongé l'extraction de l'or mal dirigée. Tan-
dis qu'il agissait, plusieurs de ses concitoyens soutenaient
qu'il n'y avait de salut, pour la province, que dans la réa-
lisation d'une idée absurde émise par Luiz Antonio da Silra
e Sousa (3) : pour arrêter la décadence qui , chaque jour,
foisait des progrès, il fallait, disaient-ils, empêcher l'or de
(1) L'uTobe de Rio de Janeiro, selon l'évalnitiOD de H de Frejcinet
et de M. Verdier, raut 14 kilog. T4M0.
(J) Si JMqaîm Aires troavut i eipédierkde si baspiii, c'est qa'il
n'j arftit lucaue deaunde de chargeioeiit de Qoju pour Rio de JaDciro ;
le prin de Rio de Janeiro h Goyu était bien plus élevé, comme ou peal le
voir au chapitre de cet ouvrage intitulé , Voyage iTAriLxà à ParacatA
(vol. I, S59J. L'augmentalioa de la quautilé de coton i eipédier aura Tait
sans doute hausser les tttis de traosport ; mais ils D'auTout pu dépasser
certaines limites, parce qu'alors il n'j aurait pas en d'eiporutions pos'
siblea, et que les nnletiers eut-m£mes Claieni fortement inl^ress^a k ce
qu'elles coatinnasseot.'
l3] llernoria toàre o dttrobrimtnUi, etc., da rapilania de Gnyas.
^d:,;. Google
sortir dy pays, eD créant une taoBniie proviaciale. « Haïs,
pouvait-on leur r^wndre, n cette stonasie o'eit point iwe
valeur métallique, ou n'est paséchuigeableii voloatâ caatre
une valeur jnétallique, il o'eit ^8 de puHHBce humÙDe
qui puisse (ui «iMiaer quel^pie crédit. Si , au ctwtraîre, la
moonwe est de oaivre, d'or ou d'argent, elle sortira de
votre province, malgré les ptusrigour^isea défeoBCs, coaune
IW en poudre ea sert tous les jours; mais bh delà ie vos
limites on la prendra setdement pour sa T«le«r intriMè'
que , et les négocianta 4t rotre pays Tesdueot leurs mar-
chanéiiesà des prix ^lU lesdédonmageroetdelapMlell].
L'or altéré qui circirie à Goyaz peut déji 6tre ^oosid^
comme une sorte de monnaie prorJDCùle, puisqu'il ne peut
«voir cours ailleurs, et, quand le commerçaat l'eiporte, il
est obligé de le réduire i sa véritable valeur en le oettoymt,
pois il proportionne ses pris k la diminution qu'il a
éprouvée. »
Après tant de Journées aussi eMiuyeuses que fatigantes,
passées au milieu de84éeerts, j'étais heoreux de me truner
dans une maison qui réunissait toutes Les commodités qoe
, le pays peut offrir, où je jouissais d'une entière liberté, et
dont le propriétaire, homme éclairé, était pour moi plein
de bienveillance. Le temps que >e passai cbez Joaqiùip
Alves fut-empioyé tFàs-Btil«ment. Mes geae fireut une sd-
pertte cfaasse sur les bords d'un petH lac voisin de l'iMbita-
tion ; moi , je rédigeai une partie des renseignements que
(I) Cest c« qai ■ dA oéetsMircneM arrivef ponr la ntonoaic de tm-
vre que le gonrcraeineot proviDoiil « Hiirodaiu dana l« p«;i de fiofv,
et k laquelle aa a donné une valear liclive (voj«i le cbap^re iDiilvIé,
l'aNtoH générât de la provlnn àt Got/as.Yoi. I, 341).
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 18T
j'avais pris sur plusieurs sujets, et j'en puisai de nouveaux
dans la conversation de mon bâte (1).
Je quittai la Faienda de Joaquîm Aires plein de recon-
naissaoce pour l'exceHent accueil qae m'avait fiiït le pro-
priétaire, et me dirigeai vers Meiaponte, Soigné d'environ
.1 lieue.
Je parcourus, jusqn'an village, un pays montueux par-
semé d'ai1>res rabougris, et ne revis plus le Mato Grosso.
A partir de Meiaponte, je rentrai dans le véritable che-
min de Goyaz à S. Paul. Le premier village où je passai est
celui de BomPim, sitoé à 16 1ego<a de Meiaponte. Dans tont
cet espace, le cbemin est gupert»; le pays, d'abord monta-
gneui, finit pas devenir simplement ondulé. La campagne
nlhe toujours une alternative de bois et de cmvpos parsemés
d'arbres rabongris , les mtoies qui croissent dans le Sertâo
de Minas. Amesurequela saison avançait, la sécheresse'deve-
nait plus grande et la rue des campos était d'une tristesse
mort^le. Dans ceux que l'on avait nouvellement inoendiés
(quemadas), on n'apercevait sur la terre qu'une cendre
noire, et les feuilles qui restaient aux arbres étaient complè-
tement desséchées ; partout où on n'avait pas encore mis le
feu, l'herbe avait une couleur grise, et les arbres épars su
milieu d'elle, ou étaient entièrement -dépouillés, ou n'a-
vaient plus qu'un feuillage jaunissant.
(I) tapais U révolution qui a chaagé la bwia Brésil , Joiquim Al-
ves de Oliveira ■ été uommé député ï l'asseinbMe légisUtivc génértie du
Brésil ; mois il n'a point accepté est bouueur. Non-sealement cet bomme
généreux a formé uoe pbarmarie pour ks pauvres de aou district, mais
encore il a doté la rille de Meiaponte d'une bibliothèque publique et d'une
imprimerie. U lui avait été prédit qu'on se servirait de cette deruière con-
tre lui-même, et , effectivement , on n'a pas tardé h chercher i le noircir
dans un libelle plein de ciloronice tMtTTOS, Itin., 1, 129, 151; 11,341^.
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ISa VOïAGE AUX SOURCES
J'aurais vaineinent cherché i découvrir quelque trace de
culture; ici comme ailleurs, c'est dans les fonds que l'on
a coutume de planter, et les seules queimadas m'aDDon-
çaientle voisinage de» habitations (1).
A 3 legoat de Meiaponte, je fis halte au Sitùt dat Funuu
(la chaumière des cavernes] , qui se composait de quelques
petits bfltiments épars et à demi ruinés, construits dans nu
fond.
Avant que j'arrivasse, la maîtresse de la maison, dont le
mari était absent, avait voulu donner à mes gens une cham-
bre fort petite et d'une saleté extrême. Ils avaient demandé
qu'on leur permit de s'installer dans la grange; cette lé-
gère faveur ne leur avait pas été accordée. A mon arri-
vée, je réitérai la même demande; mais, si j'obtins ce que
je sollicitais , ce fut seulement après bien des prières et des
pourparlers. Je ne vis cependant point celle à qui j'avais
affaire; elle envoyait sa négresse me porter ses réponses,
mais je l'entendais jeter les hauts cris au fond de sa maiscn,
et, à chaque fois que l'esclave paraissait, elle ne manquait
pas de me dire que sa maîtresse voulait que je susse qu'elle
était bien légitimement mariée et méritait toute sorte d'é-
(1) llin^raiTe «pproiimatiT de Heiaponte an village de Bom Fim :
De Ueiaponle au Sitia dis Faroas, maisODaetles 3 legoas.
— Sitio di Forquilha, maisonoette. ... 41/3
— Faienda dasAnUi, babiUtiim 3
— Pyracanjnbt, hameau 4 1/t
— Bom Fini, village 3
"Is iegoti.
HaltoB n'éTilue qu'k 17 Uçoa* la disUoce de Heiipoate à Bora t'iat,
et i.uii d'Aliucourt ne la porte qu'à 15 Ce UerDier chiffre esi , eaiu ib
CUD doate, ioeiact ; car il j a cerUinement plus de 1 lieue de Heiapnole
à Furnas, ftd'AlincouTtn'eD admet qu'une (Mehi. Viag., 111).
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DU UO DE S. FRANCISCO. 189
gards. Cette recommandation, tant de Tois répétée, indi-
quait assez ce que sont les mœurs de ce pays ; il Taut que le
mariage y soit bien rare, puisqu'on s'en fait ainsi un titre
d'honneur.
Quoi qu'il en soit, la faveur de coucher dans la grange ne
Diëritait assurément pas qu'on ta fît valoir autant, car nous
y étions horriblement mal. A chaque pas que nous faisions,
les épis de maïs , répandus sur la terre , roulaient sous nos
pieds et amenaient quelque chute ; tes malles qui nous ser-
vaient, à toutes les haltes , de tables et de sièges étaient si
mal assurées, que nous ne pouvions nous asseoir dessus, et,
si quelque objet nous échappait des mains, il fallait perdre
an temps infini à le chercher au milieu du maïs.
En quittant le Sitîo das Fumas, nous traversâmes un
trais, et, montant toujours, nous finîmes par nous trou-
ver sur un plateau élevé, couvert d'herbes et d'arbres ra-
bougris. Dans cet endroit, une vue d'une immense éten-
due s'offrit à nos regards : nous distinguions, d'un cdté, la
Serra Dourada,et,de l'autre, les Montes Pyreneos avec leurs
pointes pyramidales. Ce plateau se continue, dans un espace
de 2 îegoas et demie, jusqu'au Sitio dos Abrantes.
Là est une vallée couverte de bois où coule le Rio Capi-
ixirfty (riwè-e des Cabiais) (4), sur le bord duquel je vis une
sucrerie assez considérable pour le pays. Le Rio Capivarhy
est un des affluents de la rive droite du Rio Corumbâ dont
j'ai déjà parlé (3).
(1) Il ciisl« des rivières du même nom dans 1» proTinces de Rio
Gnode.deS. Paul, d« Sainte-Catherine . de Minas Geraes, etc., ceqni
proave que les cabiais étaienl jadis trèa-cammana dans le Brésil. Ou
peut écrire aussi Capibarky.
(S) NH. Hilliel et Lopes de Houra disent que les voyageurs traver-
se! r^iGoOglc
190 TOYiUÎE AUX SOUKGCS
Un peu BTBDt d'arriver aux Àbrantes, je me trompai de
chemin; mais beureusemeet j'aperçus ud tKHsme (pii me
remit, avec une extrême coD^issoce, dai» la vérttable
route. Durant toute cette Journée, qui fiit de 4 Ugotu ist
demie, je ne rencontrai pas d'autre personne, et cependant
je suivais le dtemin le plus fréquenté de la province de
Gojai.
Ce jour-là nous flmee halte i une maison qui , o^ime
toutes celles de ce pays, était en asseï mauvais état , d qui
portait le nom de Sitio da ForquUha (pedte habïtatioa de
la fourche). Cette maison, près de laquelle je retrouvai le
Rio Capivarhy, appartenait k des femmes blanches; die ne
se cachèrent point i notre aq>ect et furent beaucoup plus
polies que celle de Fumas.
Peu de temps après moi arrivèrent à Forquilha deux
propriétaires aisés de Heiaponte qui se readaient à Btm
Fim pour assister k une fête qu'os était sur le point d'y cé-
lébrer. Suivant l'usage généralement adopté par les gens
riches, ils étaient luîvis d'un négrillon qai, k cheval comme
eux, portait k son cou ud grand gobelet d'argent suspendu
â une chaîne de même métal; leurs éperons étaient d'ar-
gent i des bandes d'argent serraient les retreussis de leurs
bottes^ des plaques d' aident gamissaieut les brides de lean
chevaux ; enfin un grand couteau à manche d'argent ^it
enfoncé dans une de leurs bottes. Cette ostentation d'ar-
genterie est générale, et, laplnpart du temps, les gens qui
étalent tout ce luxe, quand ils font une visite k cheval ou
vont en voyage, n'ont pas un seul meuble dans leur maison.
KDtle Rio Cipivarli]' dans des pirogues (Dire, 1, i38). Ce sera potf-
#Ue dans il saitou des pluieii.
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DU MO M. 9. FUNCISCO. IM
Au delàde Forquilba, dam quelque» endroits oà I» terre
était moins ronge qu'ailleurs, ks.péturages ne se compo-
ïaientqued'berbesetdesoUB-arbrisdeaux, ce qui, à Goyaz
est une véritable rareté. Dans uu e^iace de 7 à S lego€u, de-
puis Forquilba jusqu'ao hameau de Pjfractmjuba, dont je
parlerai tout à l'beure, la campagne, brâlée par l'ardeor du
soleil , avait à peu prè» l'aspect que présente le Gatidais
vers la mi-octobre, lorsque toutes les récoltes ont été faites
et que la mauvaise saison a|>procbe.
A 5 kgoat de Forquilba, je fis halte à la F<amda dot
ArUas (des tapirs), située au-dessus de le rivière du même
nom (Rio dm Anta») , encore un des afSuents du Rio Co-
ruœbi. Cette feamda était une sucrerie qui me parut en
fort mauvais état, maisd'où4épendait un raneAo très-pro-
pre et fort grand , sous lequel nous nous étaUtnles.
Comme celui d'Areas, dont j'ai parlé dans un des cha-
pitres précédents (1), ce raneho était entouré de gros pieux
de la hauteur d'un homme, n\û formaient une espèce de
muraille et |Ȏservaietit les voyageurs de la visite fort
importune des chiens et des poutcceux.
Ce fut sous ce hangar que je trouvai ces marchands
d'AraxÀ dont j'ai déjà eu occasion de dire quelques mots
ailleors (3}. Ces hommes parcouraient les fcatnda» avec des
couvertures, du plomb pour la clusse et d'antres obj^
qu'ils échangeaient contra des Mtek i CorAes. Us devaient
emmener ces beetiaui, les laisser engifaitser dans les excel-
lents pâturages de leur pays, et ensuite les vendre aux mar-
chands de la comorca de 8. Joào d'EI Hei qui , comme on
(1) Voiei le chapitre inlitolé , Lt village de Jaraguâ ; celui ^Ouro
Fino , cttiU de Ferrtiro ; vol. U , M.
\,$) Chspiirc îDtilnlé, T<auau génital dt la provine* : t'A. 1, 303.
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IH TOTAGE AUX SOOICES
l'a d^i vu (Ij, se tniDsportent, tous les ans, dans le can-
ton d'Ârai6 pour y acheter du bétail.
Le propriétaire de la Fazenda d'Antas me parla beaucoup
du missionnaire capucin qui faisait alors le sujet de toutes
les conversations. Quelques ecclésiastiques s'étaient vive-
ment élevés contre l'em^ffvssement que le peuple meltait à
suivre le P. Jose{^ , à se confesser à lui , à écouter ses ex-
hortations. Il est très-vrai que les prêtres du pays, quand il
leur arrivait de monter en chaire, prêchaient la même doc-
trine que lui , mais il s'en fallait qu'ils eussent la même
conduite. La comparaison avait fait faire de ce digne reli*
gieux un prophète et un saiut opérant des miracles. On as-
surait qu'il avait prédit qu'il pleuvrait dans le courant dn
mois d'août, et il me fut impossible de persuader k mon
hôte que je connaissais assez le missionnaire, avec lequel
j'avais passé plusieurs jours, pour être bien assuré qu'il
n'avait pas tenu ce langage.
Après avoir quitté la Fazenda das Antas, je vis quelques
comjMM où la terre, d'un gris jaunâtre, ne produit que des
arbres peu nombreui qui appartiennent aut espèces ordi-
naires et atteignent à peine la moitié de leur hauteur accou-
tumée, d^à pourtant fort peu considérable.
Je fus bien plus surpris d'apercevoir des bouquets de
bois sar quelques hauteurs, car on n'en trouve ordinaire-
ment que dans les fonds. Mais, si, en général, il existe, dans
le Brésil, une coïncidence entre la natnre dn sol, l'expo-
sition des lieux, les mouvements de terrain et telle ou telle
sorte de végétation, on rencontre pourtant des exceptions
dont il est impossible de se rendre cfunpte (2).
(I) Vojci le chipitre intitulé, Araxi »t ttt eaux mln^alet.
(S] Voyez ce que j'ai écrit h ce Bajet dus mon Vojfoçe dan* Uâ pro-
^d:,;. Google
M MO DE S. FRANCISCO. VU
Entre la Fazeoda das Antas et P^aeanjviba, dans on es-
pace de A Itgoas et demie , je passai devant n'oe petite su-
crerie dont le moulin n'était pas même abrité par un toit;
mais je ne vis aucune autre habitation durant toute la
journée.
Depuis trois jours, c'est-à-dire depuis le iO du mois
d'août, la température avait i^angé d'une manière éton-
nante; l'air était rafraîchi par une brise continuelle, et il
semblait que le soleil eût perdu de sa force. On m'assura,
dans le pays , que le vent se fait sentir régulièrement, cha-
que année, vers la fin de juillet et dure jusqu'aux pluies,
qui commencent en septembre.
Pyraeanjvba (1), dont j'ai d^à parlé, et où je fis halte le
jour de mon départ d'Antas , est une espèce de petit ha-
meau qui se compose de quelques chaumières éparses elt
«tuées sur le bord d'un ruisseau, dans une vallée couverte
de bois. Le mattre de la maison où je m'arrêtai me reçut
fort bien et me Bt présent d'une. jatte de lait.
A 1 lieue de Pyracanjuba , je passai le Rio de Jurvba-
tuba (2) , qui sert de limite à la paroisse, ainsi qu'A la jus-
tice {julgado) de Meiaponte, et au delà duquel commence
la juridiction de Santa Cruz.
Tandis que, dn dtté d'Antas , te terrain, d'un gris jau-
nâtre, ne produit plus que des arbres nains fort peu nom-
breux, et que, dans un espace de 2 legoat, au delà de Pyra-
vinfM <le Rio dt Janeiro tt Uina* Geratt, et moa Tt^Uau de ta vigé-
tatio» primitive dont lu province de Ulnat Geraei.
(1) Poar Paraedjvba, qui, en gaDraai, sisnifie téU taehelé* de
Jaune.
(3) Ce uoDt viriitdts mois goaraDis jj/nta et fiba, léumoa de Pal-
miers.
II. 13
^d:,;. Google
194 VOYAGE AUX SOURCES
canjuba, une régélation semblable se retrouve dans un sol
mêlé de sable et de petites pierres, les term, d'uD rooge
foncé, que l'on comiaeDce à voir à 1 lieue du village de
Bom Fim, donnent naissance à des arbres qui , quoique ap-
partenant encore aux espèces communes, 'sont Irès-rap-
prochés les uns des autres, ce qui fait prendre aux campoi
un aspect qu'ils n'ont pas ordinairement.
Quelque temps avant d'arriver à Bom Vim, où je fis batte,
on descend par une pente douce et l'on arrive i la petite
rivière appelée Rio Vemulho (rivière rouge), qui coule au-
dessous dn village. -^^
Bom Fim, dont la fondation remontée Fann^ 1774(1),
est nne succursale de la paroisse de Santa Cmz et dépend
de la justice [jvlgado) du même lieu (3). Sons le rapport de
la position, ce village est du petit nombre de ceux qui ont
été bien servis par la présence de l'or. Il a été bAti A l'extré-
mité d'une plaine qui se termine au Rio Verroellio, et qni est
un peu moins ^evée que te pays que Ton a parcouru en ve>
nant de Melaponte ; une lisi^ede bois se prolongeant sor les
bords du Rio Vermelho en dessine les sinuosités; les campa-
gnes environnantes n'offrent que des ondulations, elles sont
riantes et agréablement coupées de bois tA de pâturages (3).
(l)Piz., Jf«m., IX,216.
(3) i Un décret de rassemblée géoérale du 29 itHI 183S ■ érigé ai
■ paroissiale l'église ift Bom Fim et a détaché le territoire qni ea dé-
•■ |KDd de celui de .la fille de Santa Crui Par nne loi prorinciale de
■ 183S, Bom^im a été hoDorédu titre derille Le district qui ea
■ dépead est borné par les misaeaox de Paasa-qaalra, Peiie, Pjracao-
■ jniiaet les ririéresd'ADtasct CoTanibti(lliLLBreiLopUDillDinu,
■ Diecionario do BraM, 1, iU). ■
(3) D'Eschirege place ( Plulo Brai., fiS ) anprèa de Bom Fim la iietitc
riTiire de HeiapoDle et le Uea où tat coiistrvit, par Boeno, le pont qui
donna ion nom i cette ririire ; nais la carte da mime éerirain mIGi
^d:,;. Google
DO MO DE S. FRANCISCO. I»
IXaiUenrs le village de Bom Fim est peu considérable.
U se compose de quelques rues assez courtes et d'une
place triangulaire è une des extrémités de laquelle est l'é-
glise dédiée à Notre Seigneur Jésus du bon dessein (Nosso
Senhor Bom Jetm de Bom Fàn) (1). Cette église est fort
petite (S), mais, à l'époque de mon voyage, on en construi-
sait une seconde. Les maisons qui bordent les nies sont éga-
lement petites, mais assez bien entretenues ; elles sont écar-
tées les unes des autres, et toutes ont un quintal [espèce de'
cour) planté principalement de Bananiers et de Papayers.
Une étendue de terrain très-considérable, creusé à la
{wofondeur d'environ 2 mètres et demi à 3 mètres, sillonné,
bouleversé de tontes les manières, annonce assez, lorsqu'on
arrive â Bom Fim , quelles furent les occupations des pre-
miers qni s'établirent dans ce pays. On a jadis tiré beau-
coup d'or des minières qu'on voit de tous les cdtés ; mais
aujourd'hui elles sont à peu près abandonnées : la plupart
drâ habitants de Bom Fim sont devenus des cultirateurs.
Quelques-uns, cependant, envoient leurs esclaves cher-
cher de l'or; mais ce travail se fait isolément et sans mé-
thode, comme i la cité de Goyas. Chaque nè^ mineur
pour montrer qae c'est bien réelleroeni , muudm je l'ai dit , dans le TOisi-
nage de la ville ictnelli de Heiaponle qoe uak le raisseau dont il a'igil,
et Doo pris de le nouvelle ville de Bom Fim.
{1) Pu., Mm., IX, 2U.
(3) ■ CoBOH l'égliae de Bom Fim se trouvait enlièremeut niin^ et
■ que lea revenus mntiicipaiii étaieut iosafGuDt» pour couvrir les dé-
> peoses nécessaires à sa reconstraction, uo décret de rassemblée pro-
•r vindale de 1830 ordonna que les réparations ftuBeni faites ani frais
■ de la province ( HiLL. et Lop. m Moun., Dtee. Brat^ 1, 151). ■ Ce
fait De prouve point que le titre de ville ait beancooi» ajouté à la pros-
périté de iom Fim.
^d:,;. Google
19b ruYAGE AVX SOUIXES
prend des terres dans les endroits où l'<»i sait qoe le méta^
précieux se trouve encore ; il les amoncelle sur les bords du
Rio Vernaelho, il les lave et, à la fio de chaque semaine,
il est obligé de porter à sou maître 900 & 1 ,000 reîs (3 ïr.
6â c. à 6 Tr. 25], se nourrissant, comme il peut, sur Fexcé-
dant qu'il est toujours censé recueillir.
Quant aux agriculteurs, ils trouvent le débit de leurs
denrées à Heiaponte, à la cité de Goyaz et dans le village
même, où passent nécessairement les caravanes qui se
rendent de S. Paul i Goyaz et à Matogrosso. Non-seulement
Bom Fim. mais tout le pays que je parcourais alors est,
par sa position sur une roule assez fréquentée, beaucoup
moins malheureux que la contrée qui s'étend depuis la
Trontière de Minas jusqu'au village de Corambà (1). Les ha-
bitations, sans annoncer l'opulence, sont en meilleur état
que du cAté d'Arrependidos (â) et de Santa Lutta; entre
Meiaponte et Bom Ftm (3), je comptai quatre sucreries, et
on m'assura qu'il y en avait trente dans tout le julgado de
(1) Tojei le chapitre intilalé, Commeneement chi voyage dont la
provîntt de Goyiu. — Le village de S. Luxia.
(ï) Les auteurs de l'utile Dicrionario geograpkiro placent le Rcfis-
tro doj Arrepeadidos dans la province de Minas Gerafs. Lors de mOD
voyage, il appartenait bien cerlaioement k celle de Goyu, et il paraîtrait,
par lea écrits de Matloa et de Luii Aoiouki da Silva e Sousa , que , jus-
qu'cu 1836. rien n'avait illé change à cet(''gard. Les mêmes auteurs don-
DCDt h jtrrependidos le oom de povoafSn icodroit peuplé, hameau, rll-
lage]. De mon temps , il n'y avait k Arrependidos que le regUtro, et je
■n'Étonnerais <iu'il ne fût formé un village dans ce lien désert, btsqu'oo
abaDdonoait Conros et S. Lnzia, situéa dans soa voisinage.
\3) J'ai Toit sentir aillenrs combien présente d'inconvénients la fré-
qnenic répéiitiou des mtnies noms dans les dilKrenlea parties du Brésil.
Caque dit Piiarro de l'ancien village de BomFim, jadis sitné sur le
|)ord du Rio CUro et aujourd'hui détrail , m'avait d'abord paru devoir
^d:,;. Google
DU MO DE S. FRAHCISCO. tffT
Meiaponle, ce qui suppose des esclaves et , par consc^iiiiuitt ,
fiaelqDeaisaoce. Indépendamment des avantages que leur
procure la position de leur village, les colons de Bom- Fim
en trouvent encore un très-grand dans la nature de leurs
terres; tout leur pays en offre de salpêtrées, et, par con-
séquent, ils n'ont point à faire la dépense considérable d'à-
di^r do ati pour le donner au bétail.
J'ai déjà parlé de la couleur très-rouge des terrains qui
avoistnent Bom Fim ; ceux où a été bAti le village ont abso-
lument la même teinte, et de là résulte, pour les habitants,
un inconvénient assez grave qui , au reste, comme j'ai déjà
eu occasion de le dire ailleurs* se reproduit dans d'autres
parties du Brésil. Au temps de la sécheresse, la terre se ré-
duit en une poussière trèi-fine qui salit le linge et les ha-
bits, et, par les pluies, elle forme une boue tenace peut-
être encore plus salissante.
Eo arrivant h Bom Fim, j'envoyai José Marianno remet-
Ire une lettre de recommandation du gouverneur de la pro-
vince au commandant du village, qui était en même temps
juge ordinaire (/uts ordmario) de tout \ejulgado de S. Cruz.
Ce dernier dit à José que. comme il y avait alors à Bom
Fim un grand concours d'étrangers h l'occasion d'une fétc
qu'on devait bientM célébrer, il aurait beaucoup de peine
à me trouver une maison, et je me décidai à me loger sous
être ippliqué ï la ville BctDclle de £0M Ftni, près Sonia Crus, et j'iu-
rais peut-être persiste daus moa errear si je n'avais moî-aième visilt',
les deui endroits. On ne doit donc pas s'i'tonner de la retrouver daiL»
UD livre qui n'embrasse pas nue proviace unique , mais le Brésil tout
euiier, le Diceionario do Bra»ii. Une di^uvette de diamaais dans un
ruisseau voisin de Bom Fini , et la di'frusc ik clicrclirr de l'or dons le
ptjs, Taite en 1749, sont des Taitsqui apparlieniiciil rerlaiurmenl k t'hiï-
loire du villag* de Bom V'm, pr^s le Hi" C.lnrn.
...d:,;, Google
IM TOTiOE AUX SOOSCES
un raacho fort commode qui se trouvait & l'entrée du vil-
lage, et oà j'avais l'agrément d'être seul et psifaitement
libre.
Le commaudant vint me voir peu d'instants après mon
arrivée et me fît beaucoup d'ofiïes de services. BientAt
après, il Tut suivi du curé de Meiaponte et du jeane prêtre
Luiz Gonzage Fieury, qui étaient venus pour assister h la
fSte de Notre-Dame de l'AldMye (NotsaSenkora da Abba-
dia), que l'on fait tous les ans, avec beaucoup de soiennilé,
à Bom Fim et & Trahiras, village de la eomarca du nord.
Celte EËte a pour objet de rappeler un miracle opéré par
l'intercession de la Vierge, dans je ne sais quelle abbaye
de France ; mais , ce qui est assez singulier, c'est que, tm-
dis qu'on la c^èbre avec beaucoup de pompe dans des vil-
lages fort reculés du Brésil , il n'en soit nullemnit question
parmi les catholiques de France, pays où, dit-on, a eu lieu
le prodige. Quoi qu'il en »oit , un grand nombre de per-
sonnes se rendant i Bom Fim de S. Luzia , de Meiaponte
et de beaucoup plus loin ; mais c'est bien moins la dévo-
tion qui attire ce concours de monde que le désir d'assister
aux réjouissances qui accompagnent toujours la ffite (1) ;
en effet, on la célèbre non-seulement par une messe en
musique et un sermon, mais par des fusées, des pétards,
un opéra et le simulacre d'un tournoi , divertissonents pro-
fanes que l'on mêle à la solennité religieuse, comme cela
a lieu pour la f£te de la Peotecdte. Les acteurs du tournoi
et de l'opéra sont ordinairement les gens les plus aisés du
voisinage ; le tournoi ne manque presque jamais de re-
présenter quelque histoire du vieui roman de Charlemagne
(1) Ou pourrtil ta dire loui taUiil de nos Htei <le village.
^d:,;. Google
DU RIO DE s. FRANOSCO. IM
et des douze pairs de France, qui est encore fort goûté des
Brésiliens de l'intérieur.
Si, pour voir la fôte de Bom Fim, il n'avait fallu rester
qu'un jour dans ce village, j'aurais peut-être fait ce sacri-
fice; mais je ne pus me résigner à perdre an temps plus
considérable. Je croîs, au reste, qu'on ne fat pas fort affligé
de mon départ ; je soupçonnai certaine personne de crain-
dre que je ne fusse un peu surpris de quelques inconve-
aances qu'on n'était pas fïdié de se permettre et dont on
avait le sentiment, ce qui était déjà beaucoup.
Le soir du jour de mon arrivée k Bom Fim, j'allai rai-
dre visite au commandant du village; j'entendis, chez lui ,
les musiciens qui devaient jouer dans l'opéra que l'on se
proposait de rqtrésenter, et cette fois encore j'admirai le
goût naturel des Brésiliens pour la musique.
^d:,;. Google
VOYAGE AUX SOURCES
CHAPITRE XXV.
LES KAnZ TBEB1UJ.BS DITES CALDAS NOVAS , CALDAS VE-
LHAS, CALDAS DB PTEAPITINGA.
. Uée gteérale da TOfigs d« Bom Fim mi Coldoi, — SMo do Pari,
Eteniple de longévité. Réïaltat des croisements de U nce bUoche
STec U race nègre. — Tableau de l'iaceadie des eampot. ~ Silio de
Joaquim Diai. Haisons rarement isolées. — Silio de Gregorio Nv-
nw. Oa TieilUrd; ks boauDcs d'autrefois et ceux d'aajanTd'hul. —
Lea arbres qui fleurissent avant d'avoir des fenilles. — Silio de Fram-
eiteo Àlvet. HbIsods n'maoDïoat que la misère. Costume des hibi-
lanls. — Pafs situé au deU de Fraucisco Alves. lusecies, oiswui,
nuuomiftres. — Sapeial, — Arrivée aux Caldai «mat. Bonne réccp-
tioD. — EicuraiOD aui Caldai Yelhat. La Serra dut Caldat. Le Ri-
beirâo d'Agoa Quenlt. Les trois principales sources d'eau mioérale.
Histoire des Caldas Velhas. La Yéritable source du RibeirSo d'Agoa
Queute. L'anlcar monte sur la Serra das Caldas; description de son
sommet. — Description des Caldat ffovat. Le Corrego dot Caldat.
Chaleur. Terraios aarifères. — Caldat de P}/rapUinga. — Départ
des Caldu. — La fête de la S.-Louis.— Arrivée k âatUa Cnu.
£n quittant le village de Bom Fim, je me détournai de
la route de 5. Paul pour aller visiter des eaux minérales
dont OD vantait beaucoup l'efBcacité, surtout dans les ma-
ladies de la peau, et que l'on connaît sous les noms de
Catàa* Velka* et Caldas Novas (1).
(1) ttini'rairc approtimatir du village de Bom Fîm aux Caldas Novat :
^d:,;. Google
DU UO JIE S. FRANCISCO. SOI
Marchant avec toute ma caravane, je fus obligé de met-
tre six jours à faire les 22 legoas et demie qu'il faut compter
de Bom Fim aux Caldas Novas. Grâce aux voyages que le
gouverneur avait faits plusieurs fois à ces mui, je trouvai
le cb^niu superbe et très-large. Le pays , presque désert
(1819), est quelquefois plat ou ondulé, plus souvent moQ-
tueux et s'élève graduellement. Tantôt on fait plusieurs
legoas sans voir autre chose que des eampos parsemés d'ar-
bres rabougris ; tantAt la campagne présente une alterna-
tive de bois et de campos qui, dans le voisinage des Cal-
das, sont souvent couverts uniquement de Graminées et
de sous-arbrisseaux. Dans des espaces considérables, je re-
trouvai ce beau VelloHa que j'avais déjà observé entre Ar-
rependidos et le village de Santa Lnzia, et qui caractérise
les lieux élevés'(l). Comme ailleurs, la sécheresse était ex-
cessive : point de Deurs, point d'oiseaux, point d'insectes,
si ce n'est les espèces malfaisantes qui venaient nous assail-
lir par myriades; aucune trace de culture, point de voya-
geurs dans le chemin, une monotonie sans égale, une soli-
tude profonde; rien qui pût me distraire un instant de
mon ennui.
La première maison que nous vimes en sortant de fiom
Fim en est éloignée de 5 legoas; elle porte le nom de Sitto
De Bom Fim tn Sitio do Pari 3 legou.
— Silio de Joaqnim Dits. ... 3
— Sitio de Gregorio naoes. . . ' 4 1/2
— Sitio de Francisco AItbs. . . 3
— Stptsol *
— GeldnNoru 3
Sl/ïlc
\l) Voyci le rhapitre
^d:,;. Google
un VOYAGE AUX SODRCES
do Pari (1) et est agréablement située auprès du Rio doi
Bois (la ririère des bœol^}, qui, m'a-t-on dit, se jette
dans le CommbA : ce fut là que nous rtines halte. Cette
maison était originairement un rancho que le gouverneur
de la prorinoe avait fait construire auprès d'une chau-
mière ruinée , pour s'7 abriter dans ses voyages. Les habi-
tants de la dtaamière firent du rancho une maison et s'y
établirent.
Le cb^ de la femille était un vieillard centenaire qui
avait conservé tonte son intelligence, et , comme le pays est
parfaitement sain, je ne serais point étonné qu'il offrit d'an-
tres exemples d'une telle longévité (2).
Parmi les nombreux habitants du Sitio do Pari, tous
frères ou cousins, il y en avait de parftitement blancs,
avec de» cheveux blonds et des joues couleur de rose; d'au-
tres dont le teint jaunâtre et les cheveux crépus trahis-
saient nne origine africaine. Malgré le peu de sympathie
qui, en général, existe entre les blancs et les mulâtres,
ces mélanges ne sont pas fort rares dans les familles pau-
vres, qui ne peuvent être très-délicates dans leurs alliances.
Souvent aussi , des familles où le sang a été mélangé rede-
viennent blanches par de nouveaux croisements ; ainsi un
des habitants de Pari était évidemment quarteron ; il avait
épousé une blanche ; les cheveux de son fils étaient lisses
(1) Les paris Mat des eofiDsi prcadre le poiasou, que j'ii décrits au
!■ Tolnme de mon Voyage diau Itt provitteti dt Rio d« Janeiro <( d'
MHuu Gerae*.
(2) Lorsque, eo 1816, H. d'Esehwege visita l« village de Desemboqoc,
qui jasqo'alors avait appartena k la proviace de Goju et n'Clait com-
posé que de Boiiante-cioqmaisoDS, on lai présenta deux vieUlards bien
portaaisri pleios de vigueur, dont l'un avait iOB ans et l'aulra 115.
^d:,;. Google
DD tio DE S. nunasco. ns
et d'uD beau blond. De tant de croïsements divers il rémile
que souvent il est difficile de décider si un homme est réel-
lement blanc ou s'il doit être rangé parmi les métis.
Avant que j'arrivasse au Sitio do Pari, l'atmophère était
cliargée de vapeurs rougeàtres qui me pvnrent Atre le ré-
sultat du brûlement des campot du voisinage. Ceux que nous
parcourûmes le lendemain venaient éfidemmentde subir
l'action du feu ; nous marchâmes longtemps sang voir autre
cbose que des cendres noirâtres et des arbre* dépouillés de
verdure ; enfin oons atteignîmes l'incendie qui avançait
devant nous. Une flamme rouge et petilluite, poussée par
le vent, s'étendait avec rapidité sur une longue ligne, et des
tourbillonsde fumées'élevaientdans l'air. Des nuéesd* hiron-
delles et un assez grand nombre d'oiseaux de proie volaient
au milieu de la fumée, tantAt s' abaissant avec une extrême
vitesse, tantôt s'élevant par des balancenients répétés, s'é-
loignant quelquefois et reparaissant bientôt. Mes gens me
dirent qu'il en est ainsi toutes les fois que l'on met le feu
aux campa»; que les oiseaux de proie se rassemUent pour
déT<M«r les perdize» et les eadornas (1) poorsuivies par l'in-
ceodie, tandis que les hirondelles cherchent à saisir les
moucherons et les autres insectes qui s'élèvent de la terre
a6n d'éviter la flamme.
Dans toute la Journée, nous ne traversâmes que deux
(!) Pohl rapporte la perdit des Brésiliens aa linatmu rufeteent et
leur codornis ta Jinomui brnfpei. Je ocapcoEine que la eadoma est
idenliqae «Tec la eodomU. Si la colloction (Taiseeni qw j'avais formée
iTec UDt de peine n'avait pas été dispersée et que les étiqiiettea eiuMnt
été conservées, od aurait penl4lre en les majens de résoudre cette qnes-
tiou. Je n'ii pas. besoin de dire que les noms de pcrdix et eodomit ont
iU transportés par les Portugais i des espèces américaines difKrenles
de celles qui 1rs portent en Europe.
^d:,;. Google
VOYAGE ADX SOUBCES
X , le Rio Preto (la ririère noire) et le Passa qtta-
Uv (passe-quatre). Cette partie du Brésil est, comme Mi-
nas, si bien arrosée, que voir uniquement deux ruisseaai
dam un jour de marche est une espèce de rareté (1). Je fis
balte à Qoe petite cbaumière nouvellement construite,
blancbie en dedans et en dehors, et d'une eitréme pro-
preté; cette chaumière, appelée Silio de Jotufutm Dias,
probablement du nom de son propriétaire , est située à
quelques pas du Posta quatro, qui est bordé d'une lisière
de bois et se jette dans le Rio do Peixe (S) [la rivière du
poisson), l'uD des afTluents de la rive droite de 0)rumb8.
Devant la maison est un lai^e espace de teirain découvert ,
qui s'étend par une pente douce; au delà sont des bou-
quets de bois , et , de tous les cètés , s'élèvent des mornes
d'une hauteur inégale.
La chaumière de Joaquim Dias n'était point isolée; près
d'elle, il f en avait encore deui autres. Dans les lieux peu
habités, il est rare qu'une maison ne soit pas accompagnée
de qu^ques autres. Le premier qui s'établit est bien aise
d'avoir des voisms; il décide des compères [3), des amis,
des parents à se fîicer près de lui , et le pauvre, de son cèté,
cherche à se rapprocher de celui dont l' indigence est moin-
dre que la sienne.
Ayant quitté le Sitio de Joaquim Dias, nous montâmes
et desc^dimes quelques mornes élevés et pierreux, et, de
(1) Od peni voir, par nOD Voyagé dant ht provlneet de Rio de Ja-
ntiroetd» Minas Geratt, toi. H, que le SeriSi de Minas prSenlc de
trictca eiccpUoiu.
(3) U «i3t« (Uns h sealc prevUtce de Gojaz plnsJears rtnèr» du coDi
de Rio do Peire, qni M retrouve t Hitogrosso, h ^inas, à S. Paul , eW.
(3) J'ai mollir- ailleuTS fOBibJrn sont puissants, dans l'iiilrrlour du
Br^il. les liens du romp'/rage.
D,<j,i,.,.d.:, Google
DU KIO DE S. FBANOSCO. J05
là, nous passAmes sur un plateau parfbilement uni, qui se
continue dans un espace d'au moins â Ugoas et demie , au
delà duquel le paya devieot nwios égal.
Le propriétaire du SiHo de Gregorio Nvneg (nom
d'homme), où je passai la nait après la journée la plus
monotone et la plus ennuyeuse, était an vieillard octt^-
naire qui jouissait de toutes ses focultés. Fils de l'un des
premiers Paulistes qui étaient venus chercher de l'or dans
lii province de Goyaz, il avait ru commencer les étatriisse-
ments les plus anciens. Il y avait vingt-quatre ans , lors de
mon voyage, qu'il s'était fixé dans la chaumière qu'il hahi-
tait alors ; en y entrant, il planta devant sa grange deux
figuiers sauvages [gamelUirat), et d^à, d^uis un grand
nomhre d'années, il pouvait Jouir de leur ombrage. Les
hommes d'aujourd'hui ne ressemblent plus à ceux d'aub«-
fois, me disait ce vieillard, et, pour ce pays, il avait rai-
son. Les habitants actuels de la province de Goyaz, amollis
par la chaleur et par l'oisiveté, ne se montrent guère les
descendants de ces intrépides Paulistes qui traversaient
des déserts encore inconnus, s'exposaient k toutes les foti-
gues et à toutes les privations, bravaient tous les dangers et
semUaient, par leur courage, au-dessus des autres hommes.
Au delà du Sitio .de Gregorio IVunes , le pays , qui est
montueux , m'offrit tour à tour, non-seulement des bou-
quets de bois et des eampoi parsemés d'arbres rabmigrls ,
mais encore d'autres eamfot entièrement découverts , et
d'autres enfin où , comme dans le voisin^e d'Antaa et de
Pyracanjuba (1) , les arbres restent tout à fait nains et sont
fort éloignés les uns des autres.
(1| Voïci le rbipitre pttet'deot.
^d:,;. Google
JOS TOTAGS lUX SODECES
Au milieu de deux ou trois bouquets de bois que je (ra-
versai , je vis qndques plantes ligueuses qui , après avoir
perdu leur feuillage , se convraiait de Beurs avant d'avoir
des feuilles nouvelles; c'étaient des Bîgnosées , une Mal-
pighiée et le Sebastiào de Ârruda (Pkyioealtfmna florida,
Pohl ) , dont le bois est cooleor de rose [ 1 ). Parmi ces
arbres croît avec abondance le mutombo ( Gtumtma tihû-
folia, Aug. St.-Hil.} , qui , après être resté quelque tanpi
dépouillé de verdure, (dirait alors (17 août), tout à la fois,
des fleurs et des feuilles naissantes, et en même temps était
chargé de fruits mûrs, dernier résultat de la pousse précé-
dente. Ce n'est pas la chute des pluies qui détermine, ches
tous ces végétaux ligneux , le renouvellement de la v^éti-
lion , car il ne tombe point d'eau dans la saison où nous
éti(Hisalors;<ily avait i^nsieurs mois qu'il n'en était tombé,
et les vieillards eux-mêmes ne se rappelaient pas d'avoir
vu une aussi grande aécbereasé que celle de 1819 eu par-
ticulier; ce n'est pas non plus , du moins pour toutes les
eq)èce8 , le retour de la plus grande chaleur, puisque les
pameira$ do eampo [Padùra mm'ymata) et le earaiba
avaient fleuri dés les mms de juin et de juillet , après avoir
perdu leors feuilles. C^iendant il n'y a pas de végétation
sans quelque humidité; il fout donc croire que les ari>res
dont il s'agit sont de nature À pouvoir se contenter, pour
le développement de leurs bourgeons i fleurs , du -pea de
socs qu'ils puisent encore dans le sol , aidés par la rosée
des nuits toujours extrêmement abondante. Ces bourgeons,
d'ailleurs , n'ont pas besoin de secours »xu»i puissants que
(t) Ane. S. Hii.., Flora Bra$ilia mtriilimMlit, m , 140.
^d:,;. Google
ou MO DE S. FRAKC1SC0. WT
les autres , puisqu'il n'en résulte que des organe» altérés
portés par des aies extrêmement raccourcis {{).
Cette époque de moa voyage fat certainemeot une des
plus heureuses. D^uis le Rio dos Pilôes , je n'avais pas eu
le plus léger reproche i foire à mes gens ; je jouissais d'une
santé parfaite , et m'accoutnmais de plus en plus aux fa-
^ues et aux privations de chaque jour. J'étais presque fft-
ché de songer que ce genre de vie devait bientAt avoir un
terme. La paix et la liberté dont je jouis dans ces dé-
serts , me disais-je , feront certainement un jour l'objet de
mesregr^; si je vois des hommes , ce n'est que pour peu
d'instants, ils me montrent seulaneot leur beau cété ,
et je me sentais presque épouvanté à l'idée de me retrou-
ver au milieu d'une société où l'on est si près les uns des
autres que , quelque chose qu'on fasse , il fout sans cesse se
heurter, où les passions sont parvenues à leur dernier de-
gré d'exaltation et où l'on semble être sans cesse ea pré-
sence pour se chercher des torts et pour se nuire.
Après avoir fait 4 legoa» , k partir du Sitio de Gregorio
Nunes , je m'arréfoi h. l'endroit appelé Sitio de Frandaco
Alvei (nom d'homme). On y voyait un moulin à sucre dé-
couvert:, comme le sont ordinairement ceux des colons peu
riches , et une douzaine de maisonnettes éparses (à et là.
L'une était habitée par le principal propriétaire, \es autres
par des nègres et des agrtgadot; mais toutes paraissaient
égalimient misérables, et il était impottible de distinguer
celle du maître. Le costume des babitanb de ces chétives
(I) VDja U tb^rie que j'ai développée dus d
tlorpholofit végétait .
^d:,;. Google
908 TOYiOB AUX SODftCBS
demeures répondait parfaitement à l'indigence qu'elles an-
nonçaient. I« mieux habillé d'entre eox n'avait qu'an ca-
leçon de coton et une chemise de même étoffe passée par-
dessus le caleçon, manière de se vêtir qui est celle des plus
pauvres habitants de l'intérieur du Brésil.
Le Sitio de Francisco Âlves n'est qu'A 2 îagoat de Santa
Crut , et , pour se rendre de Bom Fim à ce village , plu-
sieurs personnes préfèrent le chemin que j'avais aiivi i la
route directe, qui, dit-on, est très-pierreuse.
Depuis Francisco Àlves jusqu'aux eaux thermales , dans
an espace de 9 legoai , le pays , lors de mon voyage , était
encore entièrement inhabité.
Pendant les 4 ou 5 premières lieues , je vis un asseï
grand nombre de ces fonds marécageux, où croit le bority,
et dont j'ai eu occasion de parler plusieurs fbis. Il y avait,
dans ces marais , des nuées d'insectes malfaisants , et , en
général , nous fûmes cmellanent tourmentés par ces ani-
maux entre le Sitio de Francisco Alves et l'endroit où nous
fîmes balte. C'étaient, dans le courant du jour, des 5or-
raehudos et des abeilles odorantes de plusieurs e^ièces ;
vers le soir, des moustiques les remplaçaient. Les insectes
sont toujours beaucoup plus nombreux dans les cantons
encore inhabités qu'ils ne le sont ailleurs; je (vésume que
l'incendie souvent répété des bois et des pAturages contri-
bue A les détruire. En revanche , on trouve extrêmement
peu d'oiseaux dans tes déserts et beaucoup auprès des habi-
tations, où ils sont attirés, ceux de proie, par ta présence des
volailles , les autres par les fleurs et par les fruits des oran-
gers, parles plantations de riz et de maïs, parles semences
qui s' échappent des granges. C'est dons les désertsque l'on
voit le plus de bètes fauves ; au delà de Francisco Alves ,
^d:,;. Google
pu RIO DE S, FRANCISCO. SM
mes gens apercarent quelques cerf^ et les traces d'un
jagiuir.
Je dus ani voyages que Fernando Delgado avait faits
aux Caldas de ne point coucher en plein air. En l'honneur
du capitaine général , on avait élevé un rancho couvert de
feuilles de palmier, sur le bord d'un ruisseau; ce fut le
que je fis halte. Cet endroit porte le nom de Sapetal , qui
signifie lieu où crott le sapé, graminée qu'on emploie pour
remplacer le chaume (Saccharum Sapé, Aug. de St.-Hfl.) .
Au delà de Sapesal , nous apercevions devant nous , i
l'horizon , la Serra dos Caldas [ montagne des eaux ther-
males), dont le sommet, qui semble tronqué, est parfaite-
ment égal dans toute sa longueur. Nous nous trompâmes
de chemin ; mais nous fftmes bien servis par le hasard, car
il nous conduisit au ruisseau sur le bord duquel se trou-
vent les eaux minérales dites Caldas Novas [les nouveaux
bains ).
J'avais une lettre de recommandation du ca|HtaJne géné-
ral pour le propriétaire d'une petite fazenda {Fazenda das
Caldas) située h quelques pas des eaux thermales. Cet
homme n'était pas chez lui quand j'arrivai : sa femme me
plaça dans une pièce qui faisait partie d'un bAtiment où
logeait le général quand il venait prendre les eaux; cette
pièce était fort petite , et , lorsque le maître de la maison
rentra , il me fit beaucoup d'excuses de ce qu'on ne m'a-
vait pas mieux hébergé [i]. Nous convînmes que j'irais le
lendemain an lieu appelé Caldas Velhas { les vieux bains ] ,
(1) J'ai eu le tort d< m pu m'informer sur I«b lieni du nom de cet
eicellent homme ; miis, comme il itait cncarB jfane k l'époque de mon
TO}age et qae H. le doctear Faine dit (Anatfti ûtt taux thermales ût
CaUas Notas, p. 1) que M. le lieutcaaat Coeibo, propriétaire, en 1M3,
II. ' H
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310 VOYAGE AUX SOURCES -
OÙ sont des eaux chaudes plus ancienDemeot découvertes
qae les Caldas Novas. On devait me dooner ud guide, et je
me proposais d'emmeoer José MariaDuo seul avec uo mu-
let de charge.
Au moment de partir, José Marianno prit de l'humenr.
et ce fut Marcellino qui m'accompagna. Quand je m'arrê-
tais quelque part pour y faire un séjour, chacun était em-
barrassé de se personne. C'était un genre de vie souveau
qu'on allait mener; on serait moins libre, peut-être même
aurait-on à se plaindre des gens chez lesquels on était refu;
on s'ennuyait, on s'attristait, on devenait mécontent.
Le propriétaire de la Faxenda das Caldas , plein d'atten-
tions pour moi , voulait absolument me guid« dans la
course que lallais faire; mais j'eugeai qu'il restât cbei
lui, et il me donna son frère.
La Serra das Caldas n'est pas à plus de trois quarts de
lieue portugaise de la fasmda; elle n'a qu'une élévatioD
médiocre , et, de loin , elle se présente sous la forme d'un
prisme trapézoïdal et allongé , parùitament égal à st»
SMnmet. Mous nous avançâmes vers cette montagne en
suivant un sentier peu fréquenté, et, parvenus presque an
pied , nous changeâmes de direction : alors le sentier de-
vint pierreux et souvent très -difficile. Nous doubUme»
l'un des deux certes les plus étrobs de la nwntagoe , et ,
pendant quelque temps, nous cheminâmes parallèlement k
l'un des grands cAtés. Ce dernier, beaucoup plus irréguiier
qne le Qanc qui lui est opposé , oSïe tour à tour des en-
d« U FuMtda dos C«U« , éUit fib de tUnialw CmUm igû , ta 1T77. lit
U décourerte dee, noanllM eaui t)KriiMle« , il a* bien éndnt que ce
fut le lieuitUDt qui n'accocillit net tant de MenTeilUBce.
^d:,;. Google
DD BIO DE S. nUIfClSCO. 111
foncements profonds et des saillies jipic; l'uutre , au con*
traire , s'étend par une pente asseï douce et ne présente
aucune anfractuosité; on y voit seulement des ravins par
lesquels s'écoutent les eaux ^ qui le sillonnent en serpen-
tant.
Dans cette excursion, nous traversâmes presque toujours
des tampot desséchés , comme tons l'étaient alors , mais
où cependant je reconnus quelques plantes des lieux éle-
vés , particultèrement la Myrtée n" 881 *'.
Enfin, après avoir fait environ 3 legoa», nous entrâmes
dans UB bois , et bientôt nous arrivâmes sur le bord d'une
rivière asset large, mais peu prcrfbnde, qui roule avec ra-
pidité, sur un lit très^ierrenx , des eaux dont la limpidité
surpasse tout ce qu'on pourrait imaginer. Je descendis de
cbeval, pour me désaltérer, et fds très-surpris de trouver les
eaax de la rivïÀre tati chaudes. « Cert ici , me dit mon
guide, leiIti«irâo d'AgoaQumte (torrent d'eau chaude);
il est fourni par les sources des Caldas Telhas , dont nous
Botmnes actuellement tout près, et, dans aucune saison. Il
n'augmente ni ne diminue d'une manière sensible. » Je
m'empressai de le mesurer , et lui trouvai 34 pas de large
sur 9 palmes et demie de profondeur (environ 44 centi-
mètres); ses eaux, dans lesquelles je plongeai !e thermo-
mètre de Réaumur, le firent monter à 28* ( 90 du mois
d'aoât).
Après avoir passé la rivière, nous continuâmes à mar-
cher dtois le bois , et nous arrivâmes , au bout de quelques
minutes , à l'^odroit oà sont les bains. Là nous retrou-
vâmes la rivière, qui n'avait plus que 2 ou 5 pas de largeur.
D'un cMé, les bois s'étendent jusque sur ses bords ; l'autre
rive présente un espace étroit , convert de tapm gordura,
^d:,;. Google
2t3 VOYAGE AUX SOURCES
BU delà duquel la monlagoe s'élève presque à pic. Daos ce
lieu sombre et sauvage, de l'aspect le plus romantique, se
voyaient deux cabaues de feuilles de palmier conslniites
pour les baigneurs. Du même cAté sont les trois sources
d'eaux thermales qui avaient été élargies et creusées pour
qu'on pût s'y baigner. On avait donné une forme orale à
la plus élevée , qui est très-voisine des deux cabanes dont
je viens de parler, et, pour l'abriter, on avait construit au-
dessus d'elle un petit toit de feuilles de palmier.
Cette source, qui , à cette époque de l'année, fournit le
commencement du Ribeirâo d'Agoa Queute, porte le nom
de Poço da Gamelleira (le puits de l'arbre aux gamelles ,
espèce de âguier ). Elle est d'une extrême limpidité ei
fournit, en bouillonnant avec lenteur, une très-grande
quantité d'eau. Le tbennomètre de Réaumur y montai
30°; ses eaux n'ont absolument aucun goût; elles font
mousser le savon et oc noircissent point l'argent. J'en bus
une très-grande quantité avant de manger et en man-
geant; je ne les avais pas laissées refroidir, et cependant je
n'en fus point incommodé comme on l'est ordineirement
lorsqu'on boit de l'eau chaude, ie m'y baignai et y restai
fort longtemps sans éprouver non plus la moindre incom-
modité; pendant que j'étais dans l'eau , une multitude de
petits poissons nageaient autour de moi avec une vivacité
extrême. La deuiième source , appelée Poço do lÂmoan
[le puits de l'endroit vaseux], naît a quelques paa de l'au-
tre, sur le bord de la rivière, et réunit ses eaux k celles
de celte dernière; comme le Popo da GamelUù^, elle
fit monter le thermomètre i 30° Réaumur. Plus chaude
que les deux précédentes, la troisième, qu'on nomme
i'ofo do Gmeral (le puits du général], le porta à 31*.
^d:,;. Google
DD RIO DE S. FRAHCISCO. 313
Mon guide m'assura que, outre ces trois sources, il y en
avait plus de cent autres , tant sur le bord de la rivière
que dans son lit , depuis son origine jusqu'à Tendroit
oà le chemin la traverse. J'aurais été bien aise de les
compter moi-mém^; mais cela ne me fut pas possible,
parce que , au delà du Poço do General , les bois , d'une
épaisseur extrême, ne permettent plus d'avancer ; au reste,
la largeur de la rivière, à l'endroit peu éloigné de la soiirce
où je l'avais passée, et la chaleur de ses eaui, me semblent
prouver que mon guide ne s'écartait point de la vérité.
U y a très-longtemps que les eaux thermales appelées
Caldas Velhas ont été découvertes. Le fameus Aoha&guera
(Bartholomeu Bueno) passa, dit-on , le Ribeîrâo d'Agoa
Quente, lorsqu'il pénétra dans le pays de Goyaz, et le che-
min, aujourd'hui abandonné, qu'on ouvrit sur ses traces,
traversait cette rivière un peu au-dessous de l'endroit où
on lapasse actuell«nent (1849) pour se rendre aux bains.
. Il y a douze ou quinze ans (1819), il y avait encore, dans
le voisinage des Caldas Velhas, un sitio dont j'ai vu te pro-
priétaire , mais aujourd'hui il n'en existe plus aucun ves-
tige , et la découverte des eaux plus chaudes et moins éloi-
gnées dites Caldas Novas a fait entièrement abandonner les
anciennes sources. Comme aux Caldas Novas , on leur at-
tribue , dans le pays , la propriété de gnérir les maladies
cutanées , surtout les douleurs rhumatismales et celles qui
proviennent des afTections vénériennes , et l'on assure que
TsisTÂo DA CuimA Menrzks, qui gouverna Goyaz de 1785
k 1800, y recouvra une vigueur nouvelle [1].
Dans les temps de sécheresse, le Ribcirâo d'Agoa
ill Pk., Slem.hitl.,\Ji.
^d:,;. Google
tu VOYAGE AUX SOURCES
Qn«ite commence , comme je L'ai dit , au Poço da Gaad-
leira ; mats ce n'est point U sa véritable somx». Cette der-
nière se trouve dans la montagne , à un demi-quart de
lieue des bains , et , comme ses eaux s(Hit entièrement
froides, celles de la rivière , mitigées par elles , deviennent
un peu moins chaudes i l'époque des pluies. Après un
cours d'enviroQ 3 legms , le Bibeirâo d'Agoa Quente se
jette dans Le Pyracanjuba (nom d'un poisson), qui se réunit
au CorumbA (1). Jusqu'à son cottAnent , il conserve , dans
toutes les saisons , une ctialeur sensible (3) . et ccfendant il
est souvent remonté , m'assura mon guide , par de très-
grands poissons.
Comme ma visite aux Caldas Veltias m'avait pris beau-
coup de temps , je ne pus retourner le jour même aux
Caldas Novas. Mon guide craignait que, dans l'endroit ex-
trèoonnent sauvage où se trouvent les eaux thermales et à
près delà montagne, nous n'eussions, peadant la nuit, la
visite de quelque jaguar, et il voulait que nous relouma»-
sioQs sur nos pas pour aller coucher au milieu du tsanip9
le plus voisin. Hais alors je me portais bien , j'étais
plein d'ardeur, je ne croyais pas au danger ; j'insistai pour
passer la nuit dans une des deux cabanes voisines des bains;
nous attadtAmes nos molets près de nous , au milieu du
eapûn gordwa, et il ae nous arriva rien de fâcheux. Pea-
dant la nuit, la chaleur fut extrême, et, au lever du soleil,
le thermomètre indiquait IS*.
En retournant aux Caldas Novas , nous suivîmes le che-
H) El DOD CwTombà.
{2) Od TOil que Piiarro se Irorape qoand il dit {Hem., IX, 3If) que It
Ribeitio d'Agoa QaeoU ne cooserve sa cfaalcar que dans «ne pelilc par-
^d:,;. Google
DO RIO DE S. FRilfCISCO. 215
min qae nous «vions pris pour nous rendre aux anciens
batns ; mais je ne roulus pas m'éloigner de la Serra sans y
aller herfoorfser.
Nous montAmes par celui des deui grands cAt^ de la
montagne qui est le moins escarpé et ne tOmes obligés de ■
descendre de nos mulets qu'un peu au-dessous du sommet.
Dans toute sa hauteur, ce cAté ne présente, comme je l'ai
dit , aucune anfractuosité ; il est aride et pierreux : les
plantes y étaient , À l'époque de mon voyage , entièrement
desséchées ; mais , au milieu d'elles , les ravins par les-
quels les eaux s'écoulent , au temps dé rhiremage , se
dessinaient en IwDdes ondulées d'nne assez belle verdure.
Le plateau qui termine la montagne peut avoir, me dit
mon guide, environ 5 legoas de longueur sur i de lai^e;
il est très-égal et rouvert d'arbres rabougris qui appartien-
aeot aux mêmes espèces que ceux de tous les eampot : on
Y trouve en grande abondance le mangabeira , petit arbre
dont les fruits devenus mous , comme ceux du néflier ou
du cormier, sont d'un goût agréable, et dont le suc laiteux
fournit , d'après les expériences de l'abbé Vellozo , d'excel-
lent caoutcbcKic (1). Dans quelques parties nn peu basses',
le terrain est humide et marécageux (3] , et le majestaeax
(1) U existe deui espèces de tnangabeirtu qui ont entre elles les plus
grands nppotts, ouis qui poortânl doîyeut 6tre distiogaées par les bo-
tanistes, TBancorn fa ipeeiota, Gomes, qnl croti dans plasicurs par-
ties du Brfsil tropical, et l'Haneornia pubeiceru , Nfes et Harlius, k
(Imre an peu plus grandes , qu'on n'a trouvé jasqo'k présent que dans
la prorioee de Goyai.
(2) Il est très-possible que, dans la saison des plaies, ces endroits bas
et marécageni soient couverts d'eau, et c'est là ce qui aura Tait dire qu'il
etistait un on plusieurs lacs au somuel de la montagne (d* SIlva e
.Sousi, ilein. Gou-; — MiLL. elMotn.. Dirr., 1,20r.
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Sl« VOYAGE AUX SOURCES
bority y crott au milieu d'une herbe épaisse ; cependant ,
ni I& ni ailleurs, je ne trouvai aucune plante en fleur. Nous
reconnûmes sur ce plateau les traces de plusieurs cerfs et
d'autres animaux, et mon guide me dit que les bétes sau-
vages, chassées seulement par son frère, y étaient fort com-
munes (1).
À mon arrivée aux Caldas Novas, je trouvai tous mes
effets installés dans la chambre qu'occupait le gouvem^ir
de Goyaz quand il prenait les eaux. Mon hâte, toujoius
complaisant et attentif, avait fait ce petit déménag^nent
pendant mon absence.
Ce fiit Mabtuiho Coblho qui, en 1777, découvrit les
bains d'eaux thennales dits Caldas Nonas (S) ; mais, pen-
dant une longue suite d'années , ils restèrent tellement
ioconntis, que Cazal, qui écrivait en 1817, et Pizarroen
182â, ne font mention que des Caldas Yelhas , et ce fut
seulement après les voyages qu'y Bt le capitaine général
Fernando Delgado, que quelques personnes commencerait
A les fréquenter.
(1) Caul aUribne , eomme moi , k la Serra dos Calda* nne (brme cat-
ttt ; mais il semble croire que ses cdtés soot f gani , et il i^onte qu'il*
mt A legoat (Cotoq, Brat., I, 301). Luii Antonio da Silra e Soosa w
dit riea de la loognevr da plalcan ; mais il Ini donne, ainsi qoe nn
guide, 1 Ugoa eu largeur.
(2) FiivHE, Anal., 1. — Après avoir rapporté ces faits, M. Faim
ajoute qoe Martinho Coelho fut, pendant son séjour k Caldas Noras,
inquiété par les iocursions des Co]>ap<is et des CbaTauies ; mais je ne
puis m'empéL'her de considérer les traditions d'après lesquelles il parle
de ces attaques comme n'étant pas parfaitement euctes en ce qui coa-
ceme les derniers de ces Indiens. Eu effet, comme on l'a vu au cha-
pitre un , p. 132, les Cbarantes habîteut le nord de la province, et c'est
iiur 1rs terres do village de Pilar qu'ils eiertaieat leurs ravages < Cii.,
Coroff., I : — P»., Mem., IX , 197, 339).
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DO UO DE s. FBAKdSCO. aiT
Les Doaveaai baiDs d'enu thermale, diti Caldas Novas,
sont situés dans un vallon étroit sur le bord d'un ruisseau
d'eau froide qui descend de la moutagne. Tant sur le bord
du ruisseau que dans son lit se trouvent un assez grand
nombre de sources d'eau chaude ; mais, jusqu'à l'époque
de mon voyage , on n'en avait encore arrangé que quatre.
On en avait fait des espèces de baignoires de \' à l'.M de
profondeur, et par-dessus on avait élevé , comme aux Cal-
das Velhas, un petit toit de feuilles de palmier; c'était &
mon hAte qu'était dû ce travail. La source appelée Poço
Quente [le puits chaud] fit monter le thermomètre de Réau-
mur i 35° ; celle qu'on nomme Poço d'Agoa Moma (puits
d'eau tiède], à 3V; le Poço do Meto (puits du milieu],
à 33', et le Poço da Pedra (puits de ia pierre), à 32°
(SI août). Les eaui de ces sources, refroidies ou chaudes,
n'ont absolument aucun goût et m'ont paru très-légères;
comme cd\es des Caîdag Veîhas , elles font mousser le sa-
von et ne noircissent point l'argent. Elles jouissent, dans
la province deGoyaz, d'une très-grande réputation pour
les maladies cutanées et toutes sortes de douleurs (4). Lors
<1) H. Faivre , dans iOD méinoire fort remarquable sur U morfea et
les Caldas Novas, «mflrme entièrement ce qne je dis de ces eani ; car il
les a troVTéea o limpide^, uns couleur, mds odeur ni saveur apprécia-
bl» {Anal., 8). ■ L'analyse, ajoute-t-il, donoe, en rrsuinf, de l'aiote,
trais addes, le chloriqae, le carbonique, le Biliciqae, et, etifiu, de la po'
lasse , de la sonde , des traces de cbanx , de la magnésie et des (races
d'alnmioe. ■ Emploiées contre la morfea , elles n'ont , dit-il encore ,
déterminé aucun effet curaiif.....; prises iaUrieuremerit, leur action sur
l'économie doit être très-faible ; mais , appliquées en bains , elles seront
nu excitant de la peau Aidées de la température, elles guériront les
rhumatismes chroniques et certains ulcères. » J'ai communiqué le faible
résultat de mes observatioas sur les eaui de Caldas ttovas et l'eitrait du
méoMiredeM. ïaivre, publié par M. Sigaod (Du climat, 50S\ i H. Pou-
^d:,;. Google
Ïl8 VOrâGB AUX SODRCES
de mon voyage , une douzaine de malades prenaient des
bains aux Caldas Nôvas ; tous étalent des hommes pauvres
de Meiaponte, de S. Lnzia, de Bom Fim; mais on y avait
TU quelquefois des malades de Matogrosso, et m£me un de
Rio de Janeiro. Quelques cabanes de feuilles de palmier
serraient d'habitation aux baigneurs [i].
Le ruisseau près duquel se trouvent les bains porte le
nom de Corrego dos Calda». Quoique les sources d'eau
chaude se réoniSBent A lui , et que quelques-unes même
sortent de son lit, elles ne sont pas assez abondantes poor
échauffer la masse de ses eaux. Après un cours de 1 liene,
ce ruisseau se jette dans la rivière de Pyrapitinga (nom d'un
lin , [HofesMiir i l'école de phirinieie de Montpellier, qae ses études
rendent on jage perfkilement compëtenl. Après nn eumea attentif, il
lut a para qne les eau dont il l'agit De dUBranI réelleoMiit dei eau
ordinairea que par l'éltratioB de la températarg, et il croit qu'il tiU ie*
rangtr parmi les eam ttaermalcs simples. J'ai fait plus : j'ai conunn-
oiqné rvul^se mtme de M. Fairre k H. Felou», saraol chimiste, mmi-
br« de rinsUtu de Fraace , qoi l'a tromée parfidtemeirt eoafbnue am
rè|jea de la aeience tt partage enltèruMBt l'optoiOB d* H. Poazin. U «t
donc rrÙKmblable qne , ponr la ggérisao des maladies catanées , on
tirerait on meilleur parti des eaui sulfureuses d'Araii, de Salitre, de la
Serra Negra de Paracat'i, de Farinha Podre que de celles des Caldas
ITofas et Telhas ; il est i croire, rnfln, qu'on ferait bien aussi de leur
préfïrer tes eaux de Rio Psrdo , dont je dirai quelque chose ailleore et
qai se trourent h l lieue de la roule de Goju , dans le dis^ci de Casa
Branca. province de S. Paul.
(1) D'aprts le mémoire de M. Faivre, cité plus haut, il j arait ni
Caldas noras, en 1M3, un tilUge temporaire d'une doquaniaine de mai-
sons. On sali avec quelle promptitude les lieux où se tronveot des soar-
tet d'ean minérale changent de hce lorsqu'elles prennent de la rogne.
Vers 1811 ou 1813 , Il u'ciistail , aux baJas du Hout-d'Or, qne des ca-
banes en btÀB; tout j était sauvage : quelques aunées plus lard , on y
Tojait des promenades et de beani hôtels. En IS19, moo ami le docteur
rallemant, sa famille et moi, irouTàmes n peine k nous loger tu Ter-
^d:,;. Google
DU UO DE 5. FUHGISCO. 91!)
poisson] (1], qui est encore ud des aCBuanta du Conimbâ.
Comme me l'avait annoncé le gouveroeor de la pro-
vince (3), qui avait séjmirRéaurCaldas, je trouvai la chaleur
extrêmement forte pendant tout le temps que j'y restai.
Le 20 août, le thermomètre de Réaumur iodÂQHait, i Caldas
NovBs, 10* au lever du soleil ; le SI , à la même heure, fl
s'éleva, comme je l'ai dit, à IS" aux Caldas Velbas.
Les terratosqui avoisioent les baiits soit tous uuifires,
et la principale occupation du propriétaire de la Faieada
das Caldas était de faire chercher de l'or par les quatre i
cinq esclaves qu'il possédait (3).
JequitUilesbainspourniereDdreBuvillBgcdeS.Cnu(4),
obligé, comme je l'ai dit, de suivre jusqu'à Francisco Alvet
le chemin que je connaissais déjà. J'envoyai ma caravane
en avant, et, accompagné de mon h6te, je me détournai un
peu de la route pour aller visiter une sourca d'oau ther-
male qui se trouve dans un bois près de la rivière de Pyra-
pitiuga, dont elle prend le nom [Caldas de Pyn^linga).
■Kl, OÙ cependant il n'j avait que uoos; depuis s'y sont élevéa, comme
par magie, d'inuneiiacs ^lablUsemenlt. Je ne tais donc point étonoé que,
■ulfTé l'extrtBO lentear a**: laquelle s'opèrent de hjblw dungeiMoM
dan* les conirfes désertes , les Coldu aient éprouvé quelques améliora-
tions ; je ne serais pas étooné non plus que le pajs qui s'étend de ces
boius k Bom Fim et k SanU Crni fût moins inhabité , et que ce dernier
TÎlIafe eût pris an peu de Tie ; je ne serais pas étomé, enfin, que quel-
ques noms eussent été changés depuis l'épaqae de mon TOjage : nous
aTODS va les bains d'Arles devenir les baios d'Amélie, et le Saut iTAn-
«Utal, qui an est voisin, \i Saut 4» CatUllant.
(1) Pyra, poisson i pUfunga, qui «eut maarais, indion.
(3) 11 est asaei Traiaemblable que ce fat dans la oaiaoD de la sé^-
luae qne H. Fernando Delgado aUa aui Caldas , et peut4tre s'y Inmn-
tril, comme moi, an mois d'août.
(3) U en était encore ainsi en 1M3 (Fàivu, Anal.).
(1) Itinéraire approtinulif des Caldas k Sauta Crui :
^d:,;. Google
330 T0TA6E AUX SOURCES
Celle-ci, beaucoup plus cbaude que toutes c^les que j'avai*
vues aux Caldos Telhas et Novas, fit monter le thermo-
mètre à 39° Réaumur ; d'ailleurs,' rien, dans son voisinage,
n'attira mon attention (1).
ie pris enfin congé de mon hâte, qui, pendant mon sé-
jour aux Caldas, avait été, pour moi , plein d'égards, et
j'allai rqoiodre mes gens (2).
Ce jour-là était la veille de la Saint-Louis ; c'était alors la
Ate de la France , je voulus la célébrer avec mes gens an
milieu du désert. La vie que je menais au Brésil, malgré
les fatigues et les privations dont elle était accompagnée,
me plaisait chaque jour davantage et, comme je l'ai dit,
je ne pensais point sans qnelque effroi à mon retour en
France; mais la France est ma patrie; c'est là qu'étaient
réunis tous les objets de mes affections, je devais la revoir
on jour ; comment aurais-je pu ne pas m'intéresser plus
vivement i sou bonheur que je ne m'intéressais au mien
pn^re? En arrivant à Sapesal, je donnai la pièce à chacun
de mes gens : à la chute du jour, ils mirent le feu aux
campoê qui bordent les deux cdtés du ruisseau, près diH
quel avait été construit le roncho. En peu d'instAnts, une
De Ctlàat NoTu k Sapesal i legoaa.
— Sitio do Francisco Alves. . . - 4
— Santa Crat, village S 14
Il 1/2 legoas.
(I) Il paraît, d'après ce qne dit H. Fairre, que la source dont je puie
id n'est pas la seale qai se troDTe près de Pyrapitinga (.Anal.).
(S) H. Faivre rapporte qne le boa lieutenant Coelho ne prend pas la
moindre chose au^ malades qai Tiennent s'établir sar son terrain , pris
des soarces d'eau thermale. En Europe , on leur mesareraii la place an
millimtire, el chaque milliniètre aurait son prii. On voit combieii 1m
BrMIiens sont encore éktignés de notre dvilisalioii arancée.
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DU UO DE S. FRANCISCO. »l
flamme brillante s'étendit en ligne droite dans les deux
campos; chaque tooffe d'herbe semblait être un vase en-
flammé, et nous eûmes le spectacle d'une illumination
vagabonde plus belle cent fois que toutes celles qu'on pré-
pare dans les villes avec tant d'art et de symétrie. J'avais
emporté avec moi, de Rio de Janeiro, un petit baril d'eau-
de-rie de Portugal ; depuis longtemps j'en gardais, avec
soin, une petite portion pour célébrer cette fSte. Le punch ,
excita la gatté. Narcellino joua de la guitare en chantant
des modt'flAof, accompagné par José Marianno. Laruotte
les fit valser tous les deux , et la soirée se tennina par les
quatre coins et la main chaude , jeux que mes Brésiliens
ne connaissaient point encore et qui parurent les amuser
beaucoup. Cet instant de joie fut de courte durée ; d'insup-
portables ennuis, des contrariétés sans nombre, des fatigues
que rien ne compensait allaient bientàt lui succéder.
De Sapesal, je me rendis au Sitio de Francisco Alves, et,
le lendemain , je partis pour S. Cruz qui n'en est qu'A
Kn sortant du litio, je traversai le Rio do Peixe dont j'ai
déjà parlé. Cette rivière était alors extrêmement basse ,
d'une très-grande limpidité, et pouvait avoir enriron la lar-
geur d'une de nos rivières de quatrième ordre (25 août).
On m'assura qu'on trouvait beaucoup d'or dans son lit,
tant au-dessus qu'au-dessous de Francisco Aires, mais qu'il
n'y en avait point en face de cette petite habitation; ce
qui pouvait tenir à la nature ou plutAt à la forme des
cailloux qui , en cet endroit, constituent sans doute le fond
de la rivière.
A environ 4 lieue 1/2 portugaise de Francisco Âlves, le
pays devient plus montueux et en même temps plus boisé.
^d:,;. Google
VOTAGE AUX 500IGES
e cela arrive toujours. Noos eotrimei dons les bois
et Boua traveraénes deux miaaesax doot les bords, exploités
autrefois par des miimirs, préseoteot de tous cAtés des
ornas de cailloux, résidus de leurs langes. BientM aprte,
DOus arrivAmes à S. Crus.
J'arais une lettre de recommandation pour le commaii-
daut du village ; je le découvris après beaucoup de recher-
chée inutiles, et il m'installa dans une maison fort grande
et très-commode, mais qui, n'étant pas habitée depuis fort
longtemps, était devenue le r^Mîre des puces et des cM-
ques [pul<tr jimelniiu).
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DU RIO DE S. FRAHCISCO.
CHAPITRE XXVI.
LB VILLAGE DE SANTA CBUZ. — UMB BOtTTE Tlts-
PÉNIBLE.
■itloiTe do ?ilUg« de Sanla Cnu de Coyiu. Ses habiums actnela. S«
misère. Sa posiiion/ Ses minières. Sm rues ; ses maisons \ sei églim.
Limites de la jnstiee dont Santa Cnti est le cbef-Iiea ; population. —
Stfio ffom. — P*;* silnè entre cette habitalioa et le Mo Canmiad.—
Cette mière. — Doe caravane. — SiMo iU Pttiro 4la Roejui. Des mal-
les et nn malet. ~- Tableau géniral du pajg situé eatre le Conunbà et
le PariHbjba. ~ SUio da Potte. Émigrés geralUku. — État de l'at-
mosphère.— LeBropodo Vari$itauy; son raiteho. — Le5iHo do V»-
riittÊM. Cbtlear. ioeommodiite. — . Du journée lrè«-fattgante. —
SUio do BjMrào. Halle désagriable. Feriaité. Difficulté de placer
les produite de la terre. — Insectes malfaisants. — José Harianoo. —
SUio do RiaeXo. Lee habitants de ee pajs prirés d'instroction et de
■ecoora religieai:. — Faxtnda de* Catadot. — Incndie dans tue
fiiTèt.
Le Tlltage de S. Crus de Goyax (Sainte Croix de Goytu),
ou simplement Santa Crus, situé par 17*,K4' latît. nid,
est iiB des plo9 aocwiis étaUiiseiDeDts de la prorince (1).
(1) Piiarra racoqte (JTfn., IX, Slfl) qne le nommé HaDoel Dits dt
SUti, traversant le désert ponr se rendre h Cnjibi, découvrit, vers l'an-
née 1720, les terrains anrifïres où a été bâti le village de Sanla Cnu, et
qo'U j éleva une croii avec celle inscription : F(w U roi de PorivgaU
Ô ajoale que le roi d'Espagne se plaigm'l de c«(te prise de possession,
mais <iu'on ne tint nnl compte de sa réclamation, et qne SMva fnl it-
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314 TOTAGE AUX SOURCES
On a tiré beaucoup d'or des terrains qui l'entourent; i) a
été habité par des hommes qui possédaient un asseï grand
nombre d'esclaves; il a en son moment de splendeor;
mais il a fini par éprouver le même sort que tous les autres
établissements dus à des mînenrs. L'or a été dissipé; les
esclaves sont morts; S. Cnu est tombé dans un état de
décadence qui surpasse (1819) celle de tous les antres vil-
lages que j'avais visités jusqu'alors (1). et le mineur qui,
lors de mon voyage, passait pour le plus riche du canton,
ne travaillait qu'avec trois esclaves. La route de tioyazà
S. Paul a passé, pendant longtemps, i>ar Santa Cmz, et
alors les caravanes y laissaient un peu d'argent ; mais cette
faible ressource a encore été enlevée à ce village; car an-
jonrd'hui , en sortant de Bom Fim, on prend un Douveaa
chemin qui abrège de 4 legoat.
La plupart des habitants de S. Ctuz sont aujourd'hui
(1819) de pauvres cultivateurs, qui n'y viennent que le
dimancbe. Extrêmement faible, la population permanente
coinpeiué pir son goureraeineiit. Je tnU loin de nier ces flÙU ; cepca-
dut, je dds ravancr, je m'eipliqae difBcilement comment le roi iTE*-
p«gae put bc plaindre de h pUnUliOD de ceUe croix (Uns nu déeertsi
éloigné de «es paetteàaoa, on même comment il pnt en être iustrait,
(I) Malgré l'éUt de décadence et de misère dans leqnel il est tombé,
le village de SanU Crnz a été érigé en ville par l'assemblée provînciak
de 1B3S et est devenn le cb^-Uea d'une des eomarau de la proviriee de
Gojai (HiLL. et LOP. Di Houa., Dlec. Brax., H, 488). 11 est ineoalM-
table que, vonlant former âne comarea cotre celle de Gojai et la fttn-
lière méridioDile de la province, on ae ponvait mieni hire qne de cboi-
sir Santa Cmt pour en être le chef-liea ; mais , accoulvmé, comme jt
Tétais, à ne voir pour capitales des comarctu que des villes d'une impor-
tance notable, telles que Sabarn, Villa do Principe, S. Joio d'El Id,
Hjtû, etc., je ne puis me faire k l'idée de la métamorphose du panne
village de Santa Crni en cbef-lieu de eomarea.
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• DU RIO BE S. FRANCLSCO- 3»
de ce villf^e se compose d'un très-petit nombre d'ouvriers,
de femmes de mauvaise vie, de deux ou trois cabaretiers,
enfin de quelques molAtres et n^res libres qui passent la
plus grande partie de leur vie à ne rien faire. Ce sont ces
derniers qui vont encore è la recherdie de l'or. Lorsque
)a sécheresse a mis à découvert une partie du lit du Rio
Corumbi, du Rio do Peiie et de quelques autres ruisseaux
voisins, ces hommes lavent le sable et les cailloux dans
les endroits où les eaux ont déposé la poudre d'or. Ils font
souvent de très-bonnes journées; mais, quand Ils se voient
ricbes de quelques vintms, ils interrompent leurs travaux,
boivent le ta6a (cachapa) et savourent l'oisiveté à cAté de
leurs maîtresses.
Quoique Sanla Cruz soit le chef-lieu d'une justice {jul-
gado) et d'une paroisse, ce village est si pauvre qu'on y
cher«berait vainement une boutique, et qu'on ne trouve
guère que du taBa dans les deux ou trois misérables vendas
qu'on y voit encore (1). J'avais absolument besoin de clous
pour ferrer mes mulets ; il n'y avait qu' un serrurier dans le
village, et n'ayant ni fer ni charbon , il était allé à la cam-
pagne. Les colons des alentours qui n'ont pas l'espérance
de vendre leurs denrées, et payent la dlme d'après l'éten-
due de leurs plantations, cultivent uniquement pour nour-
rir leurs familles (2) et se procurer, par échange, du sel et
du fer; ils n'envoient presque rien au village, et les objets
de première nécessité y manquent presque entièrement; il
U) Ainsi que je l'ai dit ailleurs, ou a couiumc de vendre dais les
vetutat Doa-seulcmeDt du taGa, inai« encore divers comestibles.
(2j Vo]ei, plus haut, le cha{jittc ioliluli', Tableau général de laf.ro-
vinet de Goyas, paragraphe MtuUalt de la dlme. '
a. 15
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}H VOYAGE AUX SOURCES
me fallnt des protections pour obtenir une quarte (quarta)
de maïs (1).
Sant« Cniz est entooré de bois et bkH sur une plate-
fonoe allongée, un peu au-dessus d'un tràs-petït misseau
qui porte le nom de Corrego Vermeiho (ruisseau ronge).
Ud esiwce de terrain de quelques centaines de pas s'étend ,
par une p«ite insensible, entre le village et le ruisseau.
Comme ce terrain contenait autrefois beaucoup d'or, il a
été retourné de toutes les mani^^ par les mineurs, et,
après avoir été couvert de bois, il o'oflireplus aqourd'bui
que des broussailles. Au delà du Corrego VermeDio s' lèvent
des mornes boisés et assez roides qui dominent le vil-
lage (2).
Celui-ci se compose de deux mes larges et assez Ineo
alignées qui s'étendent parallèlement au ruisseau. Les mai-
sons qui les bordent sont très-petitee , en mauvais état, et
un grand nombre d'entre eiieft sont aujourd'hui abandon-
nées ; on voit que toutes ont jadis été Mandiies , mais le
crépi est presque entièrement tombé. On compte deux
églises A Santa Cnu, l'égliae paroissiale dédiée à Notre-
Dame de la Conc^>tion (Noua SmKora da Coaetiçèo) et
(1 ) Li qvarla de Rio de Janeiro équÎTant i 1 décalitre , celle de Goju
CM plus forU.
(S) Je ne me suis mallieiireustmeiit pas (Ut indiquer le oom dt ce*
momesi c'eatf»iKmb1ablemeDtlelf(>rrodoCI«n«nle,oACualelPiM
assurent qu'il eiiste des mines tris-richefi, qne le manque d'ean empfckc
d'exploiter. • La province de Gojtt, dit d'Eschwege, est, de tout le Sri- '
■ sil , une des pins ricbes en or ; ses maatagoes n'ont point encore Hé
■ ToDillées ; c'est tout au plus si , en quelques ondroits, oo a gratta kar
n suthce Onud la population sera plus considérable et que les
■ Brésiliens sauront eiploiter lenrs nûties d'une manière régoUèit,
0 on eu tirera des aTanUBes qu'où ne se pnNmrerait pas aujourdlim
( sans faire d'immenses sacrifices (Plvlo Brat., 78], ■
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. 337
une petite chapelle demi-ruiuée consacrée à Notre-Dame
du Rosaire.
La justice {jvlgado) et la paroisse, dont Sauta Crut est
le chef-lieu, s'étendent, dans une longueur d'environ
40 Ugoas, du nord au midi, depuis le Hio Jurubatuba
jusqu'au Paranahyba, frontière de la province; il n'y a
point encore de limites Qies du c&té de l'ouest , où est
un immense pays encore inhabité et inconnu (1]. On ne
compte (1819), dans toute la paroisse de Santa Crui, que
3,000 Ames, en y comprenant les esclaves, et l'élise pa-
roissiale n'a d'autre succursale que cdie de Bom Fim (â).
(1) L'abbé Luîi Antonio da SjIts e Sonsa, d'tccord avec moi sur l'étea-
dae de U justice de SauU Crnz da septentrion an midi , ajoate ( Item,
mal., 39-39) qu'elle ■ 60 legoat et m^iiie davantage dîna u plaa graixle
longueur. Suiranl le même écrÎTiin, il j avait, en 1833, sur ce terri-
toire, à pea près anssi grand qne le Portugal, sans les AlgarTeg,S16plan-
latioas (ropat), dont 19 sncreries, 387 métiers i faire divers tissns de
laine et de colon , IS potiers, 32 tuiliers, 33 taillenrt, 34 cordonniers,
33 charpentiers, 3 nenuiaiers, 10 selliers, 3 matons, 16 serruriers, 8 or-
fèvres, 13 boatiqnes et 31 cabarets. On sera mus doute étonné de trou-
ver dans cette liste quatre fois plnâ d'orfèvres que de maçons : les fem-
ines des cnltivatenrs portent toutes quelques bijoni d'or, et l'on lait ai-
sément soi-mènie ou i l'aide de ses esclaves les murs en terre de sa
maison et les chétifs meubles qu'elle renferme. Depuis 1833, le terri-
toire de Santa Cnu n'a plus la même étendoe , puisqu'on en a séparé,
coaum ou l'a vu, celui de la nouvelle ville de Bom Fim ; par consé-
quent, il 7 aurait beaucoup à retrancher de l'état statistique fourni
par Luit Antonio da Silva e Sonsa , et il ne faut pas croire qu'il j ait eu
compensation dans un état plus prospère : tes choses n'ont malhenreu-
semeot pas beaucoup changé ; en 1844 , le collège électoral de Sauta
Ctdi ne comptait encore que 14 membres (Hiii. rr Lop. ut Houn.,
Diee. Brax., II, 487).
(3) Postérieurement i mon voyage, on a qjoatè k cette succursale
celle de Madrt dt Dtot (Hère de Dieu), dans le village de Calalào (Luik
mSiltâ s Sooii, Mtm. «êL, 10), dont je dirai quelques mots pin tard.
En 183! , on a , CMnme je l'ai dit , détaché de la paroisse de Saoïa Cnt
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«e VOYAGE AUX SOURCES
Quoique, dans ce voyage, mes récoltes de plantes fassent
loin d'être considérables, mes malles s'étaient peu à peir
remplies, et il m'en fallait de nouvelles avec un mulet pour
les porter. Le commandant de Santa Croz se donna ionti-
lement beaucoup de peine poiir me procurer ces objets; je
fus obligé de partir sans qu'il eût rien découvert ; mais il
m'indiqua un propriétaire qui demeurait dans le roistnage
du Corumbà, et qui, dïsait-il, pourrait me vendre le muM
et les malles.
Au delà de Santa Crnz (1), je parcourus un pays passa-
blement boisé ; à une lieue dn village, je passai devant une
sucrerie assez belle qui appartenait au commandant ; je
me détournai de la route pour éviter un mauvais gtte, et
j'allai coucher au Sttio Novo, habitation qui paraissait avoir
eu jadis de l'importance, mais dont les bAtiments à demi
Ta snccnrsale de Bom Fin : ainsi cette paroisse sertit encore resUe
arec une seale succursale ; mais il paraîtrait qa'actuelleineDl elle o'eo a
plus da tout, car MM. Hilliet et Lopea de Hoara doaaent i Catalào le
titre de paroisse [frfguesia).
(1} Itinéraire appraiimatif da village de Santa Cmi au Bio Pora-
nahjba :
lieSanlaCnu au Sitio NoTO, babitalion. . . .* 2']/3 legoas-
— Siiio de Pedro da Rocha, chaumitre. . 4
— Silio da Possc, chaumière 3
— Sitio do Brsfo do Vcrissimo, maison-
■>«le 1 1/ï
— Silio do Verissimo, maisonnette, ... i\/2
— Sitio do Hibeirào, maisouneile h
— Silio do Riacbo, chaumière 4
— Porlo Real da Paranahyba 4
91 \fl legoas.
On T«it, par le court itinéraire de Lati d'Alincourt, qu'il n'a pas pMat
par Sanu Cru et ipi'il a suivi nn autre cbenin qne moi.
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DU BIO 6E S. FRANCISCO. 21»
ruinés étaient alors, pour la plupart, uoiquement habités
par des chauves-souris.
Le lendemain, en voulant regagner la route, je m'égarai,
et Ûs â legoat de plus qu'il ne fallait. Pendant cette fati-
gante journée de 6 legooê, je ne remarquai aucun change-
ment dans l'aspect du pays ni dans sa végétation. Après
avoir fait !2 legoat, j'arrivai au Sitio do Brejo (la maison-
aeUe du marais), qui se composait de deux ou trois misé^
râbles chaumières dont les murs , construits , suivant la
coutume, avec des bitons croisés, n'avaient pas même été
enduits de terre. A quelque distance de là , je trouvai un
autre silio qui n'était pas beaucoup plus magnifique que
le premier, et enfin j'arrivai au Rio Corumbé, sur le bord
duquel on voyait une sucrerie -qui ne me parut pas en
meilleur état que les deux silios.
Le t>>ruDAà que j'avais déjà vu au village du même
nom (1) prend sa source près des Hontes Pyreneos, dans
un lieu qui , m'a-t-on dit , porte le nom de Curral; et,
après avoir retu les eaux d'un grand nombre de rivières et
de ruisseaux, il se jette, comme on l'a vu, dans le Paraoa-
hyba. A l'endroit où on le traverse , il pouvait avoir, lors
de mon voyage , environ la même largeur que le Loir^ ,
quelques centaines de pas au-dessus .du pont d'Olivet, et il
doit être beaucoup plus large au temps des pluies. Au-des-
sus et au-dessous de ce même endroit , son lit est embar-
rassé par de grosses pierres qui, pendant la sécheresse, pa-
raissent au-dessus des eaux , mais que celles-ci doivent
recouvrir dans une autre saison. Sur ses deux bords s'élè-
(1) Vojei le chapitre iolilulé , S. AnlOHio éot Monlei Ctarai. -
village de Contmbd, cU.
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130 VOYAGE AUX SOURCES
vent de grands arbres dont la verdure Irès-fratche , que
l'humidité entretenait sans cesse , reposa , pour quelques
instants, ma vue fatiguée par les teintes grisâtres des coin-
pM. Le CorumbA était une des rivière» dont le péage avait
été concédé , pour la dorée de trois vies , à la Manille de
Bartholomeu Baeno, et, à l'époque de mon voyage, la
troisième vie n'était pas encore éteinte (1). Je montrai mon
passfriwrt royal au jeune homme chargé de recevoir le
péage , et , après quelques difBcultés , il me dispenu de
paya*, comme on avait fait partout ailleurs. On- passe dans
des pirogues les hommes et les marchandises, et l'on tient
à la longe les chevaux et les mulets , que l'on force de tra-
verser la rivière à la nage. Chaque personne paye 40 reis;
les animaux chaînés , ISO reis ; ceui qui ne le sont pas, 80
(Ofr.25, Ofr. 75,0fr. 50).
A peu de distance du Corumbi , j'avais déjà rencontré
une caravane très-considérable qui se rendait i Cuyabi;
une seconde attendait, sur le bord de le rivière, que nous
eussions passé, afin d'avoir son tour. Je me mis à causer avec
le marchand h qui elle appartenait; i) me dit qu'elle se
composait de soiianle bétes de somme , et que, en outre, il
emmenait une dontaine de négritlons de la cAte d'Afrique.
Il venait de S. Paul et allait à Cuyabi. U s'attendait à toe
obligé de vendre A de longs termes presque toutes ses mar-
(I) Comme ou l'a vu au diapitre XIV du premier TOlnme de cet oa-
vr*ge , l'honneur d'avoir d^touvert la prorince de Gojai ipparlient bi^
réellemenl anx étax Buena ; maia il n'en est pas nHii» vrai fne Hanoe!
Correa j avait pénétré «vaut eai. D'Escbwege n'est poiot d'accord avec
les bistorieiu quand il place {PltUo.Bra*iliett*(t, 54) l'eipiditioD ia
premier Baeno ivaDt celle de Muoel Correa, ei qa'il iirfiqae relle^i.
qui remODlc à 16T0, comme étant de IT19.
^d:,;. Google
DO UO DE S. niANClSGO. »1
cbaDdises, et il ne croyait pas pouvoir retourner à S. Paul
avant deux ans. Des affaires de ce genre sont fort lucra-
tites, sans doute ; mais , si elles procurent de grands béné-
fices, Ils sont, certes, achetés bien cher. Les Faalistesqui
font c«s interminables voyages à travers les déserts oift dâ
nécessairein«)t consener quelque chose de l'esprit aven-
tureux et de la persévérance de leurs ancéb«s.
Après avoir passé le Corumbà , je fis encore 1 lieue pour
me rendre an Sitio de Pedro da Rocha [nom d'homme), on
l'on avait & vendre des malles et un mulet. J'avais si bien
appris, par ma propre expérience , à profiter de l'occasion,
dans ce pays où manquent les choses les plus nécessaires à
la vie , que , craignant de ne point trouvn* de malles Jus-
qu'à Mogimirim , la première ville de la province de
S. Paul, j'achetai celles que l'on m'offrait, quoiqu'elles fus-
sent fort chères , et , par là , je me vis fbrcé d'acheter nn
mulet qui ne l'était pas moins.
Du Corumbi an Paraaahyba , on ne peut pas compter
moins de 95 legotu. Dans cet espace, le pays, tantAt mon-
tueux, tantôt simplement ondulé, continue i présenter une
alternative de bois et de campox , les proniers dans les
fonds, les seconds snr les hauteurs et sor les cAtes. Le ter-
rain devient très-souvent pierreux on sablonneux , et alors
les arbres des can^os ont moins de vigueur et se montrent
pins écartés les uns des autres : d'ailleurs ce sont toujours à
peu près les mêmes espèces. Aus^ loin que la vue peut
s'étendre , on ne découvre aucune trace de culture , on ne
voit point de bestiaux dans les pAturages ; partout une pro-
fonde solitude, la monotonie la plus faUgante. Dans ce pays,
il n'existe aucune/iisenda(1819); mais, àquelqnes lieues de
distance les uns des autres, on trouve, sur le bord de la route.
^d:,;. Google
333 VOYAGE AUX SOUBCES
demisérablesjùtMtoajoDrsaccompagiiésd'uDrancho ouvert
de tous le» c6tés. Les propriétaires font construire ces ban-
gars auprès de leurs draneures pour attirer les caravanes et
pour pouvoir débiter leur maïs; mais , cette anoée-Iè , on
ne trouvait de grain nulle part , parce qu'on ne plante ab-
solument que pûur obtenir la quantité qu'on est assuré de
vendre, et la sécheresse svait dérangé toutes les plaisions.
En voyant l'indolence et l'ennui qui se peignent sur la
figure des campagnards voisins de la route, il est difficile
de se défendre d'un sentiment de mépris. Ces hommes
SMit d'une pauvreté extrême et ne font rien pour en sortir.
Ainsi on voit partont d' excellents pâturages , presque par-
tout il existe des terrains salpêtres qui dispenseraient les
propriétaires de donner dn sel au bétail , et c'est i peine
s'ils possèdent deux ou trois vscbes pour avoir un peu de
lait. Leur costume consiste , comme celui des plus pauvres
^lineiros, en un caleçon de grosse toile de coton et une
chemise de la même toile passée par-dessus le caleçon en
manière de blouse ; les plus riches d'entre eux y ajoutent
un gilet d'élolïe de laine.
Le jour où je quittai le Silio de Pedro da Bocha , je tas
extrêmement fatigué par le mouvement de paupières que
je faisais sans cesse pour empêcher les petites abeilles et
les botrachudot de se précipiter dans mes yeux ; j'en fus
principalement lounnenté sur le bord d'un petit ruisseau
marécageux où j'allai herboriser; si je cessais un instant
d'agiter mon mouchoir devant ma figure , elle était aussi-
tôt couverte de ces insectes malfaisants.
A 1 lieue de Pedro da Bocha , je passai devant le Silio
doPalmital ( inaisounellc du lieu planté de Palmiers), qui
se composait de quelques chaumières et d'un raucho; en-
^d:,;. Google
DD RIO DE 5. FRANCISCO. 133
suite je ne vis plus d'habitation jnsqu'jt l'endroit où je fis
halle, le Sùm da Passe (maisonnette de la prise de posses-
sion ].
Là il n'y avait qu'une misérable chaumière à demi dé-
couverte qu'habitait le propriétaire , et une autre presque
détruite dont oo avait fait une espèce de rancko. La séche-
resse était alors si grande , que , auprès de ce triste abri ,
nous enfoncions dans la poussière , et , à chaque instant ,
des cochons et des chevaux en faisaient voler des tourbil-
lons autour de nous.
I^ Silio da Posse était occupé par un homme de Minas
Geraes qui s'y était fixé tout récemment. J'avais déjà ren-
contré beaucoup de Geraîistas (1] nouvellement établis
dans la province de Goyaz. Ces hommes prétendaient qu'ils
avaient quitté leur pays parce que toutes les terres y étaient
prises; la vérité est que, en émigrant , ils avaient cherché
à se soustraire aux poursuites de la justice ou à celles de
leurs créanciers.
Dans la journée qui suivit celle où nous couchâmes à
Posse , nous ne vîmes , jusqu'à la halte , d'autre habita-
tion qu'une pauvre chaumière accompagnée d'un rancho.
D'un morne ossez élevé , nous découvrîmes une vue im-
mense; mais les vapeurs dont le ciel était chargé ïious
empêchaient de bien distinguer les objets.
Comme je l'ai dit ailleurs (2j , le ciel , depuis le ââ du
mois d'août , avait perdu son brillant éclat ; un brouillard
blanchâtre Atait à l'atmosphère toute sa transparence , et ,
(1) Nom qu'en beaucoup d'eudraits ou douoe aui habilauia de la
prurincc de Minai Geraes.
l'J) VojM le chapitre iuiitulé, Tableau général ilc ia province de
r^iyn: , paragraphe Ctimal , lalubrilé.
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334 TOYAOE AUX SOURCES
dins raprès-midî , on pouvait regarder Siement le disque
du soleil sans être incommodé. Le 50 , jour où je quittai
Posse, le tonnerre se fit entendre, et noua vîmes des éclairs;
mais la pluie ne tomba point; nous étions loin encore de
l'époque où elle- devait commencer.
Nous fîmes halle i un sitù> composé de quelques maison-
nettes éparses MUes presque sur les bords d'une petite ri-
vière qui porte le omu de Braço do Verûtimo. Cette ri-
vière a été ainsi appdée parée qu'elle se jette dans le Rio
Verianmo (1); elle prend sa source à environ 8 legoai de
cette petite habitation, à un endroit appelé, m'a-t-on dit,
Imbiruçu, et n'a pas un cours de plus de 13 à 13 hgoat;
elle passe pour très-poissonneuse; mais, jusqa'i présent
(1819) , on n'a point encore trouvé d'or dans son lit.
Une caravane qui se rendait de S. Paul à CuyebA se
trouvait avec moi au Braço do Verissimo; c'était la troi-
sième que je rencontrais depuis Maaponte. On m'avait
abandonné une petite chambre dont le devant , entière-
ment ouvert, servait de rancho. Les sacs de cuir {broa-
eat) (â] qui renfermaient les marchandises de la caravane
(1) J'écris ce mot de U mime miiûire qae Cuti et Luiz d'Aliocoart,
et comme od le pionoace dîna le pays ; je crois qu'il ue faut pas admet-
tre l'orthographe de Piiarro , qui a écrit Virittinw.
(2)
E por gmpos apidhoadoa ,
Em sen ceoiro cstào arreios ,
Sacos, couros e brMeai.
Fileiras de eslacu toscas
Ko lerreiro em fremte se alfam,
Em que estào presas as bestas
Sicudiudo seus boniaes.
Bachbml Teixe»! ( iD Minerva Brat., 59t),
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DU niO DE s. FRiNClSCO. 135
étaient entassés avec ordre entre les longs Mtons destinés
è attacher les mulets. Notre Feu avait été ailutné è peu de
distance; celui de ia caravane était auprès, et les nègres
accroupis rormaîent un cercle tout autour , tandis que leurs
maîtres s'étendaient dans des hamacs qu'ils avaient fait
attacher en plein air aux pieux dont était formé le pafc lu
bétail [curral).
La chétive habitation où je Qs halte le lendemain porte
le nom de Sitio do Veristimo , porce qu'elle est bâtie sur le
bord du Rio Veriasimo. Cette petite rivière, qui se jette
dans le Corumbé , était alors presque à sec ; mais elle de-
vient fort large dans la saison des pluies.
Quoique les vapeurs dont l'atmosphère était rwnplie di-
minuassent beaucoup l'ardeur du soleil , l'air était alors
plus chaud qu'il n'avait été depuis la mi-mars, et, vers
trois heures après midi , le thermomètre indiquait généra-
lement de 25 à 26° Réaumur : aussi, quand nous aj-rivions,
tout le monde était harassé, et, lorsque nous aurions eu si
grand besoin d'un abri qui pût nous garantir, uous ne
trouvions qu'un misérablej-ancAo ouvert de tous les cAtés,
où nous étions obligés d'entasser nos effets dans la pous-
sière, taudis que les mulets et les pourceaux en faisaient
\o\ex des nuages autour de nous.
Après avoir couché au Sitio do Yerissimo, nous nous re-
mîmes en route. Nous avions fait 5 Ugoas , et il y avait
déjà plus de sept heures que nous mardiions , par une af-
freuse chaleur, lorsque nous arrivâmes au 5ifto do Ribetrâo
[la petite habitation du torrent), oiî nous devions faire halte
et qui est situé tout auprès d'un ruisseau, ie mourais de
faim; j'avais les nerfs dans un état d'irritation très-pénible;
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2S6 VOYAGE AUX SODftCES
je me sentais incapable d'aller plus loin. Cependant, comme
il eiii été impossible de placer mes effela dans les maison-
nettes en ruine dont se composait le Sîtio do Rîbeirëo ,
José Marienno voulait absolument me faire faire 3 legoOM
de plus et devint fort impertinent , ce qu'il était toujours
apràs une journée fatigante; j'insistai pour que nous res-
tassions àRibeirào en nous logeant n'importe où, et nous
nous plaçâmes sur les bords du ruisseau , dans un endroit
où il D'y avait pas même le plus petit ombrage. Le pro-
priétaire du sùio me témoigna beaucoup de r^p^ts de ne
pouvoir m' offrir un meilleur gîte , et , dès le premier in-
stant, je crus reconnaître à ses maaières honnêtes qu'il
n'appartenait pas à la province de Goyai; je ne me trom-
pais point, c'était un Mineiro.
Presque partout où j'avais passé ce jour-là et les précé-
dents , le sol est pierreux et de mauvaise qualité; cepen-
dant il existe , dans les fonds , des terres excellentes , et
tous les colons s'accordaient à dire que le maïs y rend or-
dinairement 240 pour 1 . C'est à Paracatù que les cultiva-
teurs de ce canton trouvent le débit le plus assuré de leurs
récoltes; mais cette ville est éloignée de 50 legoa$; il ne
faut pas moins de douze jours pour s'y rendre avec des
chars à bœufs , seul moyen de transport , et très-souvent ,
après un si long voyage , le colon a beaucoup de peine à
vendre ses denrées.
Au delà de Ribeirâo , nous fûmes , pendant toute la
journée , horriblement tourmentés par les abeilles , les
borracliudos, les moustiques, et une eï^pècc de mouche ex-
trêmement petite dont la piqûre , qui ne laisse point de
traces , brûle comme une bluetle de feu ; c'était , je crois.
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DU RTO DE S. FRANCISCO. 137
c^le que , dans les environs de Rio de Janeiro , on appelle
mWTom (I).
Le défaut d'eau se faisait sentJr d'une manière déses-
pérante. Le rîet était toujours chargé de vapeurs, et, mal-
gré cela, il régtiait une chaleur sèche qui faisait un mal
affreux. Sous ces tristes influences, José Marianno devenait
insupportable par son humeur et son impertinence. Je
A' avais jamais cessé d'être plein d'attentions pour lui ; mais
il était absolument impossible de deviner ce qui le mécon-
tentait, ou, pour mieux dire, il soulTrait et était mécontent
de lui-même. Le besoin indispensable que .j'avais de cet
homme au milieu des déserts que je parcourais , et où il
m'eût été absolument impossible de trouver un autre mu-
letier, me faisait supporter ses caprices avec une patience
inaltérable; mais j'avais peu de mérite , car le seul motif
de cette patience était une nécessité impérieuse. L'homme
qui habite les villes fait peu d'attention à la mauvaise hu-
meur de son domestique, parce qu'il a mille moyens de s'y
(1) Je ne crois pas qu'il faille écrire mn'oK*. — Lorsque, en 1816, je
séjournai à tibà pour la première fois, j'j f\is borriblemeDl tourmenté
par UD diptère d'uuc peljt«sse extrême, dont je ne sus pas le nom et qui,
vraisemblablement , n'était antre qne le mtruim. Voici ce que j'écrivais
alors : ■ Les monchea, eiirèmemeut petites, dont il s'agit ne pénètrent
■ pas dans les habitations -, mais , pour peu qu'on reste an instant dans
■ nn endroit humide sans faire de mouvement, on est bientôt assailli
• par des nuées de ces insectes , dont la piqdre brûlante se fait encore
■ sentir longtemps ayris qu'on Va éprouvée. Le jour de mon arrivée
■ ici , je m'a&sis, sur le bord de la rivière , pour décrire une plante de
■ la fïmille des Violacées , et aussitôt une multitade de ces petits ani-
■ maux Tint me mettre en fén. Je m'obstinai k ne point changer de place
•< avant d'art^ terminé ma descriptioD.; mais je puis dire que je souffris
•> on véritable martyre. La suenr tombait de mon visage comme si
■ j'eusse Ait nn violent eiercice : ma respiration était précipitée ; je
• quittai la place pins fatigué qu'après une longue coarsc. >>
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Z3S VOYAGE ADX SOURCES
soustraire; mais c'est un véritable supplice d'avoir sous les
yeux , dans tous les instants de sa vie , nu visage triste el
refrogné, et d'entendre sans cesse des paroles dures , kvs-
qu'on n'en adresse que de douces et d'honnfttes.
À 4 legoas de Kibeirâo , nous flmes halte au Sitio do
Riaeho ( la maisonnette du misseBa } , composé de trois ou
quatre dieumières qui appartenaient h des propriétaiFes
ditrérents. Le plus recommandable d'entre eux me reçut
chez lui avec beaucoup de bonne. vc^onté et m'abandonna
la principale pièce de sa maison. Je passai un jour i Riaeho
pour laisser reposer mes mulets , et j'employai ce temps i
herboriser et & mettre de l'ordre dans mes malles . qui
étaient pour moi un musée, une bibliothèque et un ménage
ambulants.
he canton où je me trouvais alors n'était pas éloigné de
nioios de Si! legom de Santa Cruz; cependant il dépendait
de cette paroisse , et , jusqu'au Paraoahyba , qoi forme la
limite méridionale de cette dernière, comme celle de toute
la province , il n'existait absolument aucune succursale.
Autrefois le curé de Santa Cruz faisait , chaque année , le
voyage du Paranahyba pour confesser les habitants du
voisinage; mais il avait fini par se lasser de s'éloigner au-
tant de chez lui, et le curé deV Aldea de Santa Anrut, qai,
dans les premiers temps , l'avait remplacé , s'était éloigné
depuis deux ans (1). Le curé de Santa Cruz avait bien autre
chose à faire qu'à songer i ses paroissiens; il s'occupait de
commerce , passait pour s'y entendre parfaitement , et ,
lorsque je lui avais fait ma visite , il m'avait entretenu de
wn négoce comme d'une chose toute naturelle. Cet homme
(1) Vojei le cbapitrc suivant.
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DU UO DE S. rSAHdSCO. 139
se conformait aux habitudes de son pays et n'était pas {dus
coupable que tant d'autres; il serait injuste d'adresser,
pour des faits semblables , des reproches k tel ou tel indi-
vidu en particulier ; ce sont les mœurs générales qu' il Eau-
drait ticber de réformer. Quoi qu'il en soit , les habitants
dece canton (1840) ne vont jamais à la messe; ils ne re-
çoivent point les sacrements quand ils sont malades; ils
sont privés de toute espèce d'instmctimi religieuse et mo-
rale, et, s'ils ont conservé quelques idées de christianisme,
ce ne peut être que par des traditions de famille que le
temps aura certainement obscurcies (!]. La niaiserie et le
peu de politesse de ces Infortunés ne doivent done pas
snrprendre. S'ils communiquent de loin en loin avec
quelques hommes, ce qui n'a lieu qu'au temps de la sèche-
resse , ce sont ordinairement les conducteurs des cara-
vanes , leurs n^res et leurs grossiers serviteurs [ eamara-
dai); rien ne réveille leur intelligence, rien ne ranime
leurs sentiments moraux, rien, pour ainsi dire, ne les relie
i la société humaine.
Au delà de Riacho , les terres sont très-bonnes , les bou-
quets de hois ( capôe» ) très-multipliés , et , i peu près à '
i lieue duParaoahyba.'on entre dans une espèce de forêt
qui s'étend jusqu'à la rivière présentant partout une végé-
tation très-vigoureuse.
Beaucoup plus près de Riacho , je passai devant la Fa-
senda dos Casados { les mariés ) , d'où dépend un moulin à
sucre. Autour de cette habitation sont groupées plusieurs
maisons A'agregados qui donnent à ce lieu l'apparence
(1) 11 eat I^cn «Tfdent qne Téut de cbosM qae je peins ici a dA diui-
ger, MHS pluaienra n^orts, depais qn'on a conttruit one église i Ct-
lolio on dins ms environs, et qnt ce rillsge ■ iU irifi ta paroisse.
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240 VOYAGE AUX SOURCES
d'un petit hameau. Je n'ai pas besoin de dire qne celle dn
principal propriétaire diffère è peine des autres: elle dif-
fère même fort peu des cases des nègres esclaves : et
genre d'i^gaiité , général dans cette partie de la provuce,
ne prouve autre chose qu'une égaie grossièreté de mœun.
Ijfs caravanes trouvent aux Casados les provisions dont
elles ont besoin; mais un débit aussi faible n'aurait pu
suffi À l'importance de cette fazenda : le propriétaire «i-
voyait au village d'Araiâ son sucre , son tafia et ses aulm
denrées À dos de mnlet ; ce voyage ne demandait pas moins
de douze jours (1).
Les Casados sont situés à 1 lieue seulement du Riacbci
et jusqu'au Paranahyba, c'est-à-dire dans un espace de
3 îegoat, je trouvai encore une habitation de lieue en liw.
La fertilité du sol et le voisinage de la rivière , sur le b«d
de laquelle s'arrêtent souvent les caravanes, auront engage
un certain nombre de cultivateurs à se fixer dans ce caoUii.
Au milieu du bois qui bi»^e le Paranahyba et dont j'ii
parié tout à l'heure, on avait coupé les arbres, dansua»
(1) Luiid'AliocourldJI (.U^m. >'ia0., 71] que, de 18tS à 1S3.1, li/o-
lenda de Casados éprouva une augmenlalioD srnslbU, ptnt qae \rs Bb
et leslillfsdu propriéUJre, aVIaat mûries, aviieat construit leurs dt-
menKS auprès de celle de leur rieui pèreclvÎTateat eu tr^bonoe ioltl-
ligeuce- Daas le mCme ÎDierralle de temps, ajoute cet auteur, la popoli-
IJOD des campagDcs voisines de la route sï'tail acerue coDsidprableiocDl^
des immigralioDS de Mioeiros. — C'est h A lieues de Casados qu'eal si<w
le Tillage de Catalio doot J'ai di^Jt parlé [roiei note 3, p. 220). En 18»^,
il D*f avail eucore en cet endroil que quelques colons j ea 18S3, Irs ha-
bitants du TDisinagc étaienl di<jk nombreui et avaient bl(i une cbapdlt
(d'Aunc, Htm., 73)1 plus tard, Calalâo est devcoaune snccatsikdc
SaDtaCn», et il paraîtrait, comme je l'ai déjà dit, qu'on a 6iu paria
fwre «ne pnoisse. Il ne fkat pas s'imaginer cependant que ces cbmp-
mentswienldas Ji une augmen talion véritable de population; ils K le
sont qu'à des déplaremeuts.
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DU RIO DE S. FBINCISCO. 311
pace de qa^nes hectares, pour y fiaîre une plantation.
Suivant l'usage, on avait mis le ïeu aux troues abattus, et
i) s'était communiqué dans la for£t. Je vis des arbres gigan-
tesques, brûlés par le pied, tomber avec fracas et briser,
dans leur chute, ceux que le feu n'avait pas encore atteints.
Ainsi, pour quelques làqueire» de maïs, on risque, ftiute
de précautions, de perdre une forêt tout entière; et le
temps n'est pas certainement éloigné où les Brésiliens se
plaindront de n'avoir pas de bois (1).
Je ne tardai pas h arriver sur les bords du Paranabjba,
et bientAt je quittai pour jamau la province de Goyaz.
Lorsque j'étais à Ub6 , en 1816, le propriétaire de cette
belle habitation, M. Joâo Rodrigues Pereira de Almeida,
< 1 > Hgm dia chegtri , incolR iosano ,
Que 0 suor de lea Blho a estrada baohe,
Qat arqnejaDdo, caosido, em loofos diat
Em tIo basque hum esWo, que lerante
O herdido casai cnrrado em niiDi 1
Hnm dia cbegarâ que a peso d'onro
Compre o moiMTcha do mu raslo iniperio
B os lemplw do Senhor o pinbo ioToqaem
Para o allar amparar das tempesladesl
HlNOU. DE iBADJO PoRTO-iLUni.
J« Me snû tlevé , d y a déjà longteoips (Toyei mon royane doni U*
frooinea <h Itiodt Janeiro <l de Miitai Geraei) , contre la destmc-
tion intempevliTe des Tortls ; mais, il Ikut bien le dire, ce n'est pas aeu-
lemmt an Brtsiliois qa'oa doit faire on rq>raclK de uégliger la eoo-
serratHMi des bois -, ce tort grare nt le rtanltat de l'imprivoiaiMe et de
l'égoisme, et ptrioat il se trouve des boromes égttIsUs et impréTojanla.
Hilgré de Hges ordoaoaiMFS , malgré les eihorlalious mille fois r^-
II. lô
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HS VOTAGB AUX SOORCBS
reçoi la visite d'un colonel qui venait de Goyat, oà i) avait
occupé un poste éinîoent, et se roidait k Rio de Janeiro.
C'était un honune grave, instruit, plein de sens, dont les
manières étaient cdles de la meilleure compagnie, qui avait
voyagé, possédait plnalears langues et parlait admirable-
ment le flvn^aii. Nous passâmes ensemble une diitioe de
jours ; U me parla beaucoup de la province qu'il venait de
quitter, et j'eus soin d'écrirelerésultatdenosconversatioos.
Le séjour de cet officier parmi les Goyanais remontait
probablement anx premières années de notre siècle : eu
transcrivant ses récits dans cet ouvrage, je rendrai un peo
moins incomplète l'ébaucbe que j'ai tâché de tracer d'une
monographie de la province de Goyai; ils montreroal
combien sont anciennes les misères de cette province ,
comblra on s'en occupait peu au temps du système ccia-
nial, et combien il est à désirer qu'une administration
sage et intelligente fasse sortir enfin les habitants de leur
apathie et les excite è féconder, par le travail, les germes
de prospérité qu'une nature bienfaisante a semés antonr
d'enx.
« La population de Goyaz, me disait le colonel *",
« monte à peine à 50,000 âmes, y compris les Degrés;
« Villa Boa,qui en est la capitale, n'a pas plus de 3,000 ha-
« bitants. Les terres de ce pays sont excellentes et prodni-
« sent en abondance du sucre, du café, du coton; mais.
lé«dn agronomes, n»lgril«a malbenra qn'anèoeot ha d<iioii^Mals
irc^ mnltiplite , on cootiDae , en Fruce, h tmeher d«s forèto qn'il tm-
tirait respecter. Dei eolUnes , B«gaèr« contertes de piu , n'offrent ptas
■gjonrd'lnii , dene les P^Tinét» , «JM dea loaSes d'bM'bes tevtite ke
unes det entres , et h peine quelques brimMiUes j reptriiaMal'eUee .
qu'elles sont inasitAt irracliées.
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DU UO DK S. FRANCISCO. 313
; on ne peut exporter aucune denrée, les babi-
tt tanta ne cnUivent qa'autunt qu'il est Indïspensoble pour
« ponrrmr à leurs besoins. Us n'exercent non plus aucune
a industrie et , en échange des objets fabriqués qu'on leur
a apporte à dos de mulcAs, ils ne peuvent donner que de
« l'or.
a L'espérance d'en trouTer a seule déterminé des hom-
«c mes aventnrenix à s'enfoncer aussi avant dans l'intérlair
n des terres , laissant derrière eux de vastes contrées dé-
« séries et incnltes. La faible population du Brésil s'est
« disséminée sur une surface immense, tandis que, si l'on
« s'était écarté do littoral à mesure seulement que les ter-
n res eussmt manqué, ce royaume serait incontestaMe-
a ment devenu ricbe et florissant. Étendue dans une
« grande quantité d'eau, la liqueur la plus forte se bit
« k peine sentir.
« Les anciens cbereheurs d'or étaient généralement des
« hommes sans fortune, et ils n'ont pas toujours été dé-
« dommages de leur peine. Souvent oo fait encore à Goyaz
« des dépenses considérables dans l'espérance de trouver
« des richesses, et souvent aussi il arrive que, api^ bien
« des recherches, on n'est pas ^os avancé ((u'auparàvant.
a Ce sont les noirs que l'on empliûe A ce genre de ^-
« vail. Un nègre coûte, à Gojai, 300,000 reis (1 ,â50 li-.);
« mais très-peu de gens sont en ^at de fournir cette
« SDitime au comptant : on achète resclave è crédit ; pen-
u dant qu'on s'occupe k le former, les intérêts de l'argent
« conrent, et, lorsqu'il faut payer le capital, le nègre
« n'a encore presque rien rapporté; on vend une par-
« tie de ce qu'on possède, et chaque jour on devient plus
a pauvre.
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i** VOrAGE AUX SOURCES
« Une des cames qui contribuent sartout à l'appau-'
« vrîssement de cette capitainerie est le m^ris qu'on y
K fait des liens de la famille. Les mariages y sont rares et
« tournés en ridicule, c£ qui dérive, sans doute, de l'im-
« moralité des plus anciens colons. Les blancs virent dans
« le désordre avec les femmes de couleur et les Indiennes;
« ils s'intéressent peu aux enfants qui naissent de ces
« unions momentanées et négligent d'augmenter une for-
« tune qu'ils doivent laisser k des collatéraux. Leurs mat-
« tresses, sachant qu'elles ne peuvent compter sur on
a long attachement, se bAtent de mettre i profit fascen-
« dant qu'elles exercent sur enx et achèvent de les ruiner.
K D'un autre cAté, le sang s'altère chaque jour davan-
tt tage. et déjà l'on ne trouve plus, dans la capitainn'ie,
a assez de blancs pour remplir les emplois publics.
u Les enfants nés d'unions illégitimes et passagères ne
u reçoivent aucune éducation ; ils prennent de bonne heure
« l'habitude du vice, croupissent dans l'ignorance, ne con-
« naissent ni famille, ni patrie, et refusent de travailler,
« sous pr^exte que le sang des blancs coule dans leurs
<( veines.
0 n serait essentiel que le gouvernement encourageât
a les mariages par des exemptions d'impôts et dégoûtât
« du célibat par une augmentation de charges.
« La capitainerie de Goyai est traversée par de grandes
M rivières, et la principale d'entre elles, le Tocantins, est
« par elle-même d'une navigation facile. Pour donner un
« déboudié aux denrées du pays, il suffirait de faire cob-
« strnire des barques, d'établir* de distance k autre, sur
K les bords du fleuve, des espèces de magasins où l'on
« pût trouver des vivres, et de placer, dans le voisinage.
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ou MO DE S. FRANCISCO. !4S
« des postes militaires. Le gourernement a senti les avan-
« tages de ce plan, et depuis longtemps il a engagé les
(t habitants de Goyaz i se cotiter pour rendre le fleuve
« navigable; mais ils sont si pauvres, qu'aucnn action-'
« naire ne s'est présenté (1). »
A quelques nuances près, ce triste tableau diffère à peine
de celui que j'ai tracé moi-même avec détail. Ainsi, de-
puis un grtind nombre d'années, l'état de la province de
Goyaz était déjà à peu près le même qu'en 1819, et les.
écrits de Hattos et de Gardoer tendent à prouver que, de-
puis, il ne s'est pas amélioré. On a introduit quelques ré-
formes, on a fait quelque bien de détail ; mais il n'est pas
è ma connaissance qu'aucune mesure imputante ait été
prise pour rétablir les finances, faire fleurir l'agriculture
et le commerce, donner aux habitants du pays un peu
(l'énergie , exciter leur émulation et épurer leurs mœnrs.
Les éléments d'une grande prospérité sont là, je le répète ;
espérons quelque chose du bon sens de notre espèce, espé-
rons davantage encore du temps ^ 4e I9 Providence (2).
(1) Prabablement sons le gouvememeut de Frauciaco d'Assii Hisu-
renhas, comte de Palma.
{!) « La proviDce de Goyaz aurait été , dit d%schvege (PHUo Bra-
■ tUietui», 69), udb des plas prodactiTes et àes plus OaHuaDtes du
x Brésil, ai md admiaislration n'aTiit presqae tonjoars été confiée U
■ des hommea peu délicats et malhabiles. Sous i'ancien gonvememeiit,
« chaque employé ne soDgeail qu'i sod iotértt particatier, et trop aon-
• TCDt il en est encore ainsi depuis que le pays est goninis k une aasem-
■ blée proTiikciale. > — A Fernaudo Delgado , qaî rut ceriaÏDemeai na
homme de bien , succéda HimOil IcniIcio de Sakpaio, anquel on a Tait
ÀK teproehes tellement graves ( ScBiarmi, Brai.), qu'il est imposaible
de H pas les regarder comme calomoteai. Après la revolniion qui
donna au Brésil une cniiéTC iodépendaDce, Sampaio fut obligé de quitter
son gouveroement , et l'on institua uue junte aiminUlraUve ; bieutM
^d:,;. Google
310 VOYAGE «UX SOURCES
celle-ci Gt place k une mm yat*, dile jirotrfwlre, deat les membres
foretit nommiïs par le prince régeat D. Pedro 1"^ et eaBn , depvi» 1824,
l'admiaistratiOD de Gojti i toajoars dii confiée, comme celle des autres
proTÙKes de l'empire, h dd prtndent et un secréiaire assistés d'uD «m-
aeil provincial ( Hill. et Lop. di Hodb., Diee. Brai., 1 , 401). — U eU
évident, d'aprtsce qacdit Hattos [ItVnerario, 1), que, At» rorigine, le
|^uT«TiGmeQt provincial fut fortement entravé par des menées sourdes
et par des commérages. L'intrigue est de tons les paja, mais Burlont de
ceux où l'on connaît peu le travail ; c'est l'occapatiM des fawnmts «i-
BÎDi : aussi semble-1-elIe avoir établi son empire parmi les- Brésiliens. —
Le manque d'hommes capables a dû être aussi un grand obstacle il'éta-.
bUssement d'nn gouvernement sage et ri!galier dans la province de
Cojai. Les habiianlB de ce pajs, je le réptte encore, sont bira loin d'eue
dépourvus d'intelligence; mais cette qualité ne suffit pas pour faire an
bon administrateur ; l'in^lruclion n'est pas moins essentielle, et ce n'est
pas sons le système colonial que les Goyanais pouvaient en acqucrir
clKi eni. Un des nembrea de la première jnnte était un ecclésiastiqu
qni Hiaugeait souvent cbei le gonvernenr tt loi serrait de joneL Cet
bomme me parlait un jonr d'une transaction qui me pamt peu licite : mois,
monsieur l'abbé, Inidis-je, ce serait une 'simonie; non, me répondil-îl,
vwu allez vair, et il me récita en taiio la série des emptebemenis diri-
maula du mariage.— Depuis eetle époque, les choses ont malbeurense-
mcni peu changé. J'ai fait conoatlre ce qu'était, en 1833, l'enseignement
dans le pays de Coyaz ; il parait que , plus récemment , je dois le dire à
la louange du gonveToement provincial, il a été établi k Tilla Boa nue
chaire de philosophie, outre celle de latin, et que, de plus, on enseigne
la géométrie et le français (Hill. et Lop. HouBi Diee., I, 106). Hais
une insiTuction aussi élémentaire ne suffit pas pour fomer des sojels
capables, et, d'ailleurs, il est permis de croire que ce ne sont pas les
maîtres les plus habiles du Brésil qui vwt se filer è Gojai , puisqu'on
a de la peine à trouver des hommes qui veuillent s'enfoncer dans noe
province aussi reculée pour occuper des fonctions probablement beau-
coup mieui rétribnées que celles de maître de français ou de géomârie
(voyex le rapport fait ï l'assemblée législative générale de l'empire pour
l'année \.>U&). D'un autre cAté, peo lie Goyanais sont assez riches pour
envoyer leurs enfants à 2 on 300 iegoat de ches eui, à l'école de droit
de S. Paul ou k celles de la capitale du Brésil, et il faut convenir que
tes parents doivent aussi répngnerè mettre outre eui et leursenfants Qoe
élendue si immense de déserts. D'api^ le rapport fait par le minisue
d'État du Bréal , Joaquim Harcellino de Brito , à l'assemblée générrie
^d:,;. Google
DO RIO DE S. mxasco.
t k l'école de droit d'Olindi , 2 id collège de Pedro Segondo de Elio de
Janeiro. De tout ceci et d«a détails qac j'ai doaoés dans le coon de cet
«UTrage, il but ccDdure que, » , depuis la déconrerte de Oof u jusqu'à
DOS jsors, les direrscs administraliaiis qpi se sont saecédt daos cette
proviDce «Di soDTent en les torts Us plus grives, si oa a pu les accoser
de ntgligeiMe, d'impiritie et même de malversalioii , il ttut ponrUnt
reeoauttre qoe les bomiDes les plos habiles, lea plus déaireni de hire
le Uen rtacoatraroiil des obstacles, sinon inaurmontablee , an moins
fort dilScUes h vaincre , dans l'éloignemeot de la province d« Qoju , sa
pofralatMD si bible , rcicessîTe dissémination de ses habitants , lear
eitrèoie psnrnlé et rindoleoce k laqoalle les porte U cbalenr do climat.
,.;. Google
VOYAGE jtUX SOURCES
CHAPITRE XXVII.
EKCOBK LA PSOVINCB DSS MINES. — LES 1NDIKK5 UKHS
DU PARANAHVBA.
Le ParanaAiFba, limite de U province de Goju. ~ DéUuls snr cetie ri-
vière.— On la passe an Porjo Reat lia Paraitah}fita. Soldats minci'
TOe. — District privilégié concédé ani Indiens métis. — Insectes mal-
fiisuils. — ÀUea da Riodai Pedro*. Sa posilioa. Ses maisons. Por-
trait des IndicDS qui l'habitent; leor capitaine; lear histoire; leur»
privilèges. Tous sont cultivateara: débit des produite de lenrs terres.
Ils sont privés de seconre spiritaels et de tout mojen d'instructioo.
Leur langue; vocabulaire comparatif de cette langue, de la lùtgoa
ftral et du dialecte de S. Pedro dos Indiog ; orthi^rapbe , prononcia-
tion ; réfleiions sur les alti^rationg qu'a subies la Ungoa gérai. — ilf-
dea da Etiiva. Sa posilioa. Sou histoire. Détails sur ses habilaïUB.
— Insectes inalfusanis innombrables sur les bords du Rio da EtUva,
— Aldea de PitarrSo abandonné. — AUta da Boa YUta. Ses habi-
tanis. Une ftte. Réfleiioas sur la manière dont les hommes de noire
race se conduisent envers les Indieoa. — Bonheur des Indiens mélb
du ParanahjbA. — Utilité da mélange des races. Les résultats de ces
mélanges. — Pourquoi l'anthropologie est encore une science ri eb-
Autrefois, la province de Goyaz s'éteadait i 34 ou
35 lieues portugaises de sa limite actuelle, c'est-è-dire
jusqu'au Rio Grande; mais, comme le territoire qui se
trouve compris entre cette rivière et le Paranahyba fait par-
tie de la justice {julgado) de Desemboque (1), il suivit le
(1) Le village de Desemboque, situé sur la rive gauche du Rio dai
^d:,;. Google
DU MO DE S. FEUNCI6CO. UE>
sftrt de cette justice et de celle d'AraxA, lorsque, au mois
d'avril 1816, on les réunit toutes les deux à la province de
Minas [1} : alors le Paranahyba devint la limite méridio-
nale de celle de Goyaz.
Le Paranahyba prend sa source dans la eomarca de Pa-
racatâ (3), au versant occidental de la chaîne qui divise ses
eaux de celles du S. Francisco (Serra do S. Francisco e da
Paranahyba). Ses principaui affluents sont le Rio das Te-
Ibas, le S. Marcos et le Corumb&, et , quoique les deux der-
niers viennent de beaucoup plus loin que lui , ils perdent
leur nom en réunissant leurs eaux aux siennes. De grosses
pierres s'élèvent du lit de cette rivière comme de celui du
Paranahyba (3] et empèchetit malheureusement qu'elle ne
soit navigable. Je ne sache pas qu'on y ait trouvé de l'or,
mais elle passe pour être très-poissonneuse ; cependant il
Telbas, doit sa fbndatioa k des Mineiros «t est plus ancieD qn'iraiJ. Il
parait que aes haUlanta, tïToriafe par ta fertilité fort renommée des
terres enrironDuitos , joniisent d'une certaine aisance. D'Eschwege dit
(0r(U., 1, 99)que, enlSie, on ne Mmptait encore, k Deaemboqne, que
65 maisDDa, et qu'il j avait iSl faxmda* dtiis tout \tj*l^a4o, dont la
population s'élevait approumativemenl i 3,94S individuE, sur ane sar-
tvx d'eoriron SOO tegoat carrées.— On est étonné qae Piiarro, qui écri-
vait en 1S3S, ait encore placé Dtsemboqae dans ta province de Goyai et
ne parle que dans nite note, et encore occasionnellement, de U rénnimi
de ce village à Minas. — Desemboqne a été érigé en Tille et comprend,
avec son district , disent Millet et Lopes de Hoora (Mec, 3SS; , nne po-
pulation de 3,000 ftme« , qui Ure de grands avantage* de la coltore des
terres. Le MaU on Conf onAot ( llex Paraguarimgù , Ang. de S. Hi-
laire, et nan,commeona écrit, PdroiruavrMti) est, Content les mé-
ines anlears. très-commno tnpris de Desemboque.
il) Voyez le chapitre intitulé, Lt village ^Araxù, etc.
(3] Poil, Relu, I, 312.
t;i) rnnagedant te aittriet du Diammlt et $wr U lilUtral du Bri-
«il, I, lus.
^d:,;. Google
3M TOT AGE AUX SOUICES
est à remarquer que , si le poisson ; mord bien à l'hame-
çon, c'est uniquement au temps des pluies, ce qui, au reste,
a également lieu dans toutes les rivi^es de ce pays (1).
Comme on l'a vu. j'avais déjà passé le Paraudif ba eu me
rendant d'Araxé i Goyaz. A l'endroit où oa le travraae pour
se rendre de cette province à S. Paul , et que l'on nomme
Porto Seal da Paranal^ba, on est beaucoup moins près
de sa source, et c'est déjà une grande rivière ; mais l'ex-
cessive sécheresse qui régnait à l'époque de mon voyage
l'avait réduit au tiers de sa largeur ordinaire. Ses deux
rives ont peu d'élévation au-dessus du niveau de Tean;
mais elles sont assez escarpées et couvertes l'une et l'autre
de bois d'une végétation assex vigoureuse. On passe cette
(I) DtDS uu LvK dont ne peaveot se passer ceui qui Teulent coaiud-
ire l'easemble de !■ féographie du Brésil, le Diedonario geofpra-
phico, etc., les anlenrs ool cra devoir changer le Dom de PartuibjlM en
ParatMiva (U, 3S9), parce que, disent-ils, cette riTiâre « été appelée tout
k It fois ParahOa, ParatMfcyba, et mime Parana. Ani deox eodrods
où je l'ai iraverséc, je l'ai euteDdu oomitier Pamahyba, qui est éndEia-
meai une corruption de ParanoAyba, et, comme ce dernier mot a été
adopté, avec la «eole variante de l'i k l'y, par des hommes qui font m-
Urité, HRQaclAjresdeCaial,PIi^TO, Eschwege, PohleiHattos, il m'a
semblé qae je devais le conserver : d'aiUenrs les auteurs du Dieeionario
<n ont eai'^nimea donné l'eiemple à leor article Ci>r«Mbd.— Ces géopa-
phes ajoutent que • le Paiaoaiva n&tt dans les montagnes qui se trouvent
• m sud du ruisseau (HMro) TocanlinB , afflneat du Rio Haranhâo.» Je
n'ai point visité U «ource du Paranabjba ; mais je crois devoir préférer
lavenionde PohI, citée plus haut, parce qu'elle est précise et cm-
foiine à tout ce que je sais de la rivière dont il s'agit. Luii d'Aliacauri
est pins précis eocore que Poh) , car il dit positivement <iue le Sio Pa-
ranahjba ■ s« source la plus élo^oée au nord de la Serra da Harcella,
près de celle du Rio Pieto (Jlem. riaç., 70) ; mais je n'ose pas admetUe
celle indication sur la seule autorité de ce vojageur. — Le mot Pura-
naàyba vient du guaraDi pararayba, qui signifia rivUre allant tejtitr
dana «ne ptUU tn«r.
^d:,;. Google
DD KO DE S. FRAHCISGO. Ul
rivière sar uoe espèce de bac Tait avec deux pirogues atta-
chées ensemble et sur lesquelles on a ^bli un plandier;
le péage est reçu par deux soldats du régiment de Minas,
détachés d'un poste cantonné plus loin, au bord du Rio das
Velbas : ces hommes occupent une petite maison bAtie sur
la rive gauche du Paranahyba [i8i9}.
L'un d'eui était ea .tournée; je fus reçu par l'antre avec
cette politesse qui distingue les Mineiros, et ea particulier
les soldats du régiment de cette province. Il voulut absolu-
ment me faire partager son souper, et nous parlâmes beau-
coup de son pays, que je ne pouvais me rappeler sans un sen-
timent profond de reconnaissance. Les soldats du régimoit
de Minas sont , comme je l'ai dit ailleurs, des hommes choi-
sis qui appartiennent À des familles honnêtes, ont été bien
élevés et méritent la considération -qu'on a pour eux.
Le pays que j'allais traverser avant d'entrer dans la pro-
vince de S. Paul, et qui se trouve compris entre le Rio Pa-
ranahyt>a ei le Rio Grande, a près de 30 legoat d»loD-
gueur. Il forme un district privilégié de 5 legoas de large,
qui a été concédé, comme ou le verra tout à l'heure, aui
descendants de plasieuni peuplades indiennes et comprend
des terres très-fertiles.
Après m'ètre rerais en route (1), je câtoyai la rivière
(1) UÎDénire approiiiuaiif du Porto Real da Pataoahvba h ta FutDda
das Fumas :
Da Porlo Keal h l'ildca do Rio das Fedras. ... 2 legoas.
— Aldea da Estîva 2
— Aldea da Boa Vista 4
— Faieuda das Faraas, ttabitation. 1 1/3
9 1^ legoas.
Je àm dire que Luii d'ALncourl compte i l/I Ifffotu d'Eslin à Soa
^d:,;. Google
s» VOYAGE AUX SODKCES
pendant qoelques instants, traversant les bois qui la bor-
dent. En générai, tont le pays qui s'étend dans l'espaee de
2 legoaa, du Paranahyba à l'AJdea do Rio das Pedrss, est
boisé en même tanps que montueux.
Depuis Santa Cruz, nous étions martyrs des insectes.
Quand nous eûmes passé la rivière , les abeilles ne nous
tourmentèrent plus ; mais , ce qui était bien pis , nous
fAmes dévorés par des moustiques et des naées de borra-
chudos. Si nous étions un instant sans agiter qnrique
chose devant notre visage, il était Ëus«t6t couvert de ces
derniers insectes. Leur piqûre cause des enflures et des
démangeaisons cuisantes; mais ces moucbes n'ont heureo-
sement pas les mêmes habitudes que les moustiques, qui
piquent au moment où elles se mettent sur la peau ; elles,
au contraire, s'y promènent longtemps avant de piquer, et
on a le plus souvent le temps de les chasser.
L'Aldea do Rio da» Pedras, où je Bs halte, après avoir
fait 2 legoas, h partir du Paranahyba , a été bâti dans un
pays boisé, sur le penchant d'une colline , qui s'étend , par
une pente douce , jusqu'à un petit ruisseau dont le nom
est le même que celui de l'ald^i {Rio das Pedras, le ruis-
seau des pierres]. Ce dernier se compose d'une trentaine de
maisons dispersées çà et là. La plupart d'entre elles, cou-
vertes en chaume, ne difTèrent point de celles des Portu-
gais-Brésiliens, et si quelques-unes ont été construites et
couvertes avec des feuilles de palmier, comme les cabanes
des Coyapâs (1], elles sont beaucoup plus grandes et plus
élevées que ces dernières.
VisiteiSdnPtniMhrbikEalividrMi. nof., 113); enfin que Jowtain
4a Coalt Gtviào ( îd HiTriM, lUnerario) ta «mple fl d'Euiva k Fumât.
(I) Vojei le ciMpHre intitolé, Ui Indien» CcpyopM.
^d:,;. Google
DU RIO DE 8. rBANCISCO. SU
A l'eicepUon d'un ou deux individus, je ne vis point
dans i'aldea du Rio das Pedras d'Indiens de race pure. A
peu près tous doivent leor origine à un mélange de )a race
(unéricaine avec celle des nègres [1]. Leur peau, beau-
coup plus foncée que celle des Indiens , est d'un bistre
presque noir; ils ont les épaules et la poitrine larges, le
cou gros, fort court et le plus souvent augmenté d'un
énorme goitre ; leurs jambes ne sont point fluettes comme
celles des Indiens; leur tète est très-grosse et anguleuse;
leur nez est démesurément élargi ; leurs yeux sont allongés.
mais moins divergents que ceux des Indiens de race pure ;
leurs lèvres ne sont pas aussi grosses que celles des nègres ;
ils ont de la barbe; leurs cheveux, qu'ils laissent croître,
soDt très-touffus , fort durs et cependant crépus. Tels sont
les traits généraux de ces métis; mais on observe parmi
eux des différences individuelles fort remarquables : ainsi
je vis deux ou trois enfants qui , quoique presque noirs ,
avaient les cheveux entièrement lisses. Quoi qu'il en soit,
(1) Ces mitia fuient autrefois désignés pir le nom de cariboeat
(Uauccr»», Hiit. nat. Brat., iSS). Je b'»\ entendii proaoacer ce mot
DHlIepart; cependant il piraltnit qu'il ne s'est pas eatièrement perdu,
car Caul dit qne, des blancs et des nègres mêlés avec les Paretis, sont
iasns les matnalMeoi et les evriboctu qni forment le DO^aa de la popa-
totion de Ca jabt. Blarcgraff applique aasai le nom de eaboeUt an mtme
■néluige, et tont récemment George Gardner, TOjagenr très.distingué, l'a
pris dans le mïme sens (Travett , 22 ) i mais je dms dire qae les mots
eaboctoi et eabaeo» m'ont tonjonrs paru pris dans un manviia sens
pear détigner loat individu qui qtptrtient h la raw indienne ; ainsi on
appelait mon Botocade an caboeo, et il était bien certaiaemcnt de race
américaine sans aacun méUage. Ce sont, sans doute, les earUtoeat qne
H. le comte de Suianet indique sons le nom de mnlllree indiens ( Stm-
vtnirt, 230); mais ces mots me semblent impliquer contradiction :
des mnllires indiens ne seraient pas des mntltres.
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3M VOTiGE AUX SOURCES
il est incontesUUe que les habitants de I'oUm se rappro-
chent moins des nègres que des Américains indigènes, et
i^estcommelndiensqii'ilssontconsidérésdang tout le pays.
Il est aisé déjuger, d'après le portrait fidèle qae je viens de
tracer, que ces hommes ont une extrême laideur, et leurs
ftmmes ne sont pœ plus jolies qu'eux ; cependant ils ont
tous un air de douceur qui fait bientôt oublier ce qne leor
physionomie offre d'abord de repoussant. Je causal avec
plorïenrs d'entre eux et leor trouvai {rfâs de sens et de
raison que n'en montrent communément les Indiens de
race pure, qui ne sont que des enfants spirituels. Je (iis
surtout trèt'Content du capitaine de Valdm [1] ; il resta
longtemps avec moi , et répondit à touteâ mes questions avec
beaucoup de politesse et de complaisance.
D'après les renseipiementa qui m'ont été donnés par
lui et par d'autres Indiens, voici quelle a été l'origine de
l'oldea du Rio daa Pedras : A l'époque où les Paulistes for-
mèrent, dans la province de Goyat, leurs premiers étaMis-
sements, les Coyap6s, exaspérés sans doute par la cniauté
de quelques-uns d'entre eux, se mirait, comme je l'ai déj^
dit, à infester la route de S. Paul à Villa Boa et jetèrent
F^uvante dans les caravanes. Antonio Pires, qui avait
réduit plusieurs nations indiennes dans le pays de Cuyabâ
et qui était connu par son intrépidité, fut invité i donner
des secours à ta colonie naissante. Déjà avancé en Age, il
ne put se mettre lui-même à la tète de l'expédîtioa ; mais,
k sa fdace, il envoya son Sis, le colonel Antonio Pnss m
(1) Je ne me sais malbenreiuemeiit pu inlbnué dn dddi du m digne
lodieii; mais il paraît éiident qu'il «tait d^jk i la i«ie de Valdea lareqa'r
païaa d'EKhwoge en 181A, et, par eonséqnenl, il devait s'appeler La»-
voiAO.
^d:,;. Google
m RIO DE s. PUIfCMCO. 355
CAiiPOS,aTec une troupe d'Indiens de plusieurs nations dif-
férentea, principalemeot des Bororôs et des Pareils (1). Les
GoyopAs furent Taiucos et traités avec une affreuse barba-
rie (2j ; la route devint parfaitement libre , et , pour la ga-
rantir plus sArement de nouvelles attaques , on donna à
Antonio Pires, pour lai et poiir sa troupe, le territoire qui
s'étend du Rio Paraoahyba au Rio Grande, avec la largeur
de i lieue 1/3 portugaise de chaque c6té de la route. Ce
fut le local où est-anjourd'hui l'Aldea do Rio das Pedras que
Pires choisit pour s'y fixer. Le village fut construit, vers
1741, aux dépens du trésor royal {fazmda real] , et Pires
y ent une maison. Avant cette époque, les Jésuites avaient
déjÀ formé un aldea, composé d'Indiens de ta cAte, à l'en-
droit appelé S. Anna ; ils voulnrent s'immiscer dans le goa-
vememeot de Valdea d'Antonio Pires; celni-ci s'opposa
à leurs entreprises, mais, pour les satisfaire, il leur sou-
mit quelques Indiens du nord de Goyai, qui forent réunis
k Vaidea de S. Anna. Cependant, après avoir jeté les fon-
dements de sa petite colonie. Pires retourna i Cuyabi et en
ramena avec lui les femmes et les enfants de ses Indiens.
D paraH qu'il possédait beaucoup de nègres , et dans ce
temps-là les Brésiliens n'étaient point en usage de marier
leurs esclaves. Ceux d'Antonio Pires durent naturellement
(1) Od a aassi écrit ParesU , Pariiiê , Pareeù et Pariey$ ; je con-
forme mon orthogTiphe h la Itrononciition nsitfe dans le pa}s (en fran-
tii«, Pirechis). Il parait qae les Pareils formaient ooe des plus belles
Mtioiis da par» de Cnjabâ, mais qa'aujonnl'hui ils soDt à pea près
détroits, si mime ils ne le sont enlièreineut. Les Borords, dirisés en
plDaiears tribus, rataient plas puissants que les autres IndieuB et en
mtme temps pluaTaciles h civiliser {(Uz., Cor., I, 303; — Pu., Jf«m.,
n, 104).
(2) Pool, RdM, 1,349. '
^d:,;. Google
156 VOYAGE AUX SOURCES
rechercher les seules femmes avec lesquelles ils pinaent
avoir quelques rapports, et la population actuelle de Val-
dea prouve suESsammeo t qu' ils ne Turent pas mal reçus (1 ).
Le mélange, une fois commencé, dut se continuer avec plus
de facilité encore entre des n^res créoles et des filles d'A-
fricains et d'Indiennes; et des mariages remplacèrent les
premières unions qui n'avaient été que passagères. Aujour-
d'hui même (1819), il n'est pas très-rare de voir des crédes
libres ou des mulâtres venir chercher des femmes dans l'ai-
dta, où le mariage les fait jouir, comme sur la c6te (â), des
privilèges des Indiens que je ferai bientât.conna!tre. Avant
ta réunion des justices d'Araii ei de Desemboque à la pro-
vince de Minas, l'Aldea das Pedras faisait, comme on sait ,
partie de la province de tioyaz ; ses liabitauts tureat souvent
appelés par les généraux de cette province pour aller eaïa-
battre des nations qui n'étaient point encore soumises, et
l'on n'eut jamais qu'à se louer de leur valeur et de leur
fidélité (ô). Cependant le gouvernement de Goyai rec<unul
(I) Leslnditmies, en gftiént, ont m foftt irte-rif ponr ks ntgrtt.
J'ai déjk signala ce fait ailleurs (vojci moa Votiaçe dam Ut proviMW
de RU) it Janeiro «(de Jffmn Cn-(U(, 11,49).
(t) Vorei le ToL II dn Topant dan* U dUlrUt 4a DUuimnU et nu
U miorat du Bréiil.
(3) C« récit et ce que je dirai plus lard de l'origine des atdiat voi-
SIM de «lui da Rio das Vtàtts D'est pas parraitemeut conlornw a«i
indicatioDS succiacles domifee par Caul , Piiarro et Pohl ; mais il tliit
difBcile h ces teniûas de MTi»r euclemeot la véiUé, tandis qae les Id-
diens qui m'ont communiqué les renseigaerneuls consigna ici les te-
naient des enrants mêmes des plus anciens liabitants : d'ailleurs Pohl
n'est pas entiêremenl d'accord avec Coul et Piurro, et ce dernier ne
restpas non pins avec lui-mEme, car tantdiil place k premier fublts-
sementdes Boror/s kune demi'lieuedn Rio das Velhas, et tanldt, ce
qui est bien ceTtunement nne erreur, sur le* bords dn Rio Grande
^d:,;. Google
nu RIO DE s. FRANCISCO, 557
mol leurs services ; ils Turent confiés h des directeurs mé-
chants et oppresseurs, et comme aucun prôtre ne voulait,
A ce qu'il parstt, passer so vie au milieu d'eux, ces pauvres
néophytes, dît l'abbé Pizarro, qui avaient embrassé la reli-
gion caUiolique sans la connaître, n'eurent d'autre pasteur
qu'un homme qu'on avait contraint de prendre cette chaire
et qui, loin de pouvoir les édifier, aurait été capable de
corrompre mille fois, par ses mauvais exemples, les hom-
mes les plus vertueux (1). Ce n'est pas tout encore : en
4809(2), on eut la barbare idée de transporter une grande
partie de la population du Rio das Pedras, h plusieurs cen-
taines de lieues, sous un climat brûlant, dans le lieu ap-
pelé Nova Beira, où l'on voulait établir un poste militaire
{pretidio). Les infortunés que l'on avait ainsi enlevés à
leurs familles et à leur patrie périrent tous misérablement,
et, lors de mon voyage, il ne restait plus dans l'alfa
(Tojw Caz., Corog., 1, 3M.— Pu,, Jfnn., IX, IM, SM. — Poil,
Mte, I, 141).
(1) Mctu. hiïl.. IX, 104.— EscBwKCï, Brai.,l, S2.
(3) Je ne pais m'cmptcher de cousidi^rcr comme loul à fait erroot'c
l'indiulion de 1796, donnée par Eschwegc. Quant k celle de 1811, qu'on
trouve dans Gazai et dans Piiarro, elle est probablement pins eiacle qae
le chilTre de 1S09, indiqué plus haut et admis par les ludions, qnt, sa-
chant nul coropicr, ponvatcnlbe tromper plus aisément sur les dalcsqac
mrles Riils. Leur InnsmJ|jration se rattache étidcmment aui plans de
nayigaiim dont s'occupèrent également Fernando Delgado et sou prédf-
cessenr, le comte de Palma (Francisco de Assiz Hascarcnhas]; mais le
premier entra dans son gouvernement en uovembre 18(n, et il n'est pas
lri»-vraisemblableqae, sar le point de se retirer de 6oyaz , il ait donna
l'ordre d'éloigner tes Indiens de leur pays, ut que FenuDdo Delgado
ail commandé cette mesure h l'instant même de sou arriti^e. Ces deux
gouverneurs Tarent des hommes de bien ; mais ils ne pouvaient connaître
l'immense contrée qu'ils avaient h gouverner : personne n'aurait su les
guider, et ils durent nécessairement commettre des erreurs.
^d:,;. Google
K» TOTAGE ADX SOUICES
que dii-huit mteages. Ud évéDemeot aussi triste sTtit dû
natureUement inspirer de la défiance aux Bororôs : torsqoe,
en 1816, d'Escbewege ftit envoyé dans le pays pour fiier
les limites de Goyaz et de Minas Gérées, les pauvres !«•
dieDB s'imaginèrent qu'on allait les réduire en esclavage;
mais le colcmel allemand, les ayant rassurés, leur donna une
petite fôte qui se passa joyeusranent, et, Iwsqu'il partit,
tous les iiabitants du village lui témoignèrent lenr recoo-
connaissance de la manière la plus toncbante (i).
L'oMm du Rio das Pedras passa, avec les justices de De-
semboque et d'Araxà, sons l'administration de la pronnce
de Minas Geraes, et voici à quel régime il était soumit è
l'époque de mon voyage.
Les Indiens métis avaient à leur léte on capitaine et dei
officiers subalternes choies parmi eui, et ceux-ci étaient
subordonnés au commandant du Rio das Velbas, directeur
général des différents aldeai situés entre cette rivière e( le
Paranahyba. Tous les habitants du village étaient exan}its
de la dîme ; mais , en cas de besoin , ils devaient servir
d'auxiliaires au détachement militaire du Rio das Velbu-
Jusqu'en 18t9, leur service tétait borné à passer le bK
d'un bord du Paranahyba k l'autre bord. Chacun était
aj^é à son tour par le capitaine de Yaidea et faisait nn
mois de service. La rétribution n'était que de 1,500 reis
(9 fr. 37 e.) pour le mois tout entier ; mais eile était payée
avec exactitude.
Les terres des Indiens étaient inaliénables comme celks
des indigènes du littoral (2); cependant les Portngais-Bré-
(1) BratiUm die noie WtU. 1,8»..
(Z) Y»]» aiou royof « itou le 4Utrkt dw IHoaraïUi titurUUt-
(oraldtiSrAit.ll.
^d:,;. Google
ÙV RIO DE S. FRANCISCO. 259
silKBS pouvaient s'y établir à titre à'agregados , avec le
consnrteiBenl ries vériUMes pn^iétiires ratifié par les
supérieurs^ et non-seulement H ne ^eat était pas permis de
vendre le fonds , mais encore , lorsqu'ils venaient A se re-
tirer, ils étaiest obligés d'abandonner leurs constructions
(betufeitoria) comme un dédommagement pour le tort que,
dans le système d'agriculture brésilien, ils avaient fait aux
terres par la cnitare. Jusqu'en iS19, le nombre des ajrre-
§ados portngats était resté très-petit, parce qu'on trouvait
dass le voisinage de faldea des terres aussi bonnes que
celles qui en dépendaient et h des conditions beaucoup
plus avantageuses.
Tons les Indiens métis du Rio das Pedras étaient agri-
csHeurs. Chacun d'eux feisait sa plantation séparément;
nnie le capitaine était tenu de ehfltier les paresseux, et, de
temps en temps, le directeur, commandant du Rio das
Vdlws, envoyait un militaire pour visiter les plantations.
t^wtme I'oMm était sitné sur le bord de ht route,'les habi-
tants troovaient un débitasse! facile de leurs denrées, et, ce
qm proave qu'ils ciritivaient et qu'ils vendaient, c'est que,
ett général, ils étalent tnen vAtus.
Il n'y avait point parmi eux de gens de métier; on ne
voyait non plus dans l'aldea ni venda ni boutique. Les ha-
bitants achetaient des conducteurs de caravanes {tropeitvt)
les objets dont ils avaient besoin , ou bien ils faisaient des
échangea avec les propriétaires du voisinage en fournissant
du fil de coton filé par leurs femmes et des peaux de
cerfs.
Les Indiens du Rio das Pedras dépendaient de la paroisse
de Santa Anma, où, comme je le dirai bientôt, était aussi
un tdtka. On a vn que , dans l'origine , on avait donné à
^d:,;. Google
IflO VOYAGE AUX SODBCES
ces pauvres gens un prêtre scandaleux pour les diriger; à
l'époque de mon voyage , ils n'avaienl plus de pasteur. La
province de Goyaz était si pauvre , que, en lui Atant l'ad-
ministration du pays , on avait cru devoir lui en laisser les
revenus; des difGcultés s'étaient élevées entre cette pro-
vince et celle de Minas pour le payement du curé de Santa
Anna : celui-ci s'était retiré , et , depuis deux ans , les In-
diens des aidées étaient entièrement privés de secours qri-
rituels et de toute espèce d'instruction. P«30nne, daos
Xaldea du Rio das Pedras, ne savait lire, et il me parut
que l'on n'y comptait pas l'argent avec une grande
facilité.
I.es Indiens métis du Rio das Pedras n'avaient OHisavé
aucune des coutumes de leurs ancêtres et vivaient abscriu-
ment comme les Brésiliens; cependant , lorsqu'ils conver-
saient entre eux , ils cessaient de parler portugais , et , ce
qui est assez remarquable , l'idiome dont ils se serraïoit
était, sauf quelques légères différences, la lingoa gérai des
Indiens de la cAte. Il n'est pas vraisemblable que cette
langue fât celle des Bororôs et des Pareils , et le capital
de ïaldea me dit qu'effectivement ceux-ci en avaient une
antre; mais les anciens Faulistes parlaient tous la lingoa
gérai; ils savaient prier dans cette langue , et les Indiens
d'Antonio Pires avaient id nécessairement l'apprendre
avec lui et arec ses esclaves.
Je vais donner ici un court vocabulaire de l'idiome poilé
dans l'Aldea do Rio das Pedras et les deux aldeat voisins .
ceux da Estiva et de Boa Vista , en mettant en regard les
mots de cet idiome avec ceux de la lingoa gertU telle qu'on
la trouve dans le dictionnaire des Jésuites , et , de plos ,
ceux du dialecte de cette dernière en usage diei les In-
^d:,;. Google
m RIO BE s. FRANCISCO.
diens de la sous-race tupi, habitants de l'Aldca de S. Pedro,
daas la province de Rio de Janeiro (1).
Buucn
MCnONHÂlBI
DUUCTB
rauiçiis.
de riidM
des
de
doRiodaBPetlru.
JfeDiI«a.
S. Pedro.
Dieu.
. Tupana.
Tupan.
Soleil.
Araçu.
tune.
Jaçu.
Jacy.
Jacy.
Étoiles.
Jaçntata.
Jacitata.
Jacitata.
Terre.
Uubu.
Homme.
Apùha.
Apyaha.
Apuava.
Femme.
Cunbâ.
Cunbâ.
Cunhà.
Enraot à
la
mamelle
. Pllaugeté.
Mytauga.
Pytang..
Gai^n.
Curumim.
Fille.
Cunhatemhi.
FUIe igée.
Cunhabuçn.
Tète.
Nhacanga.
Acanga.
Khacanga.
Cheveux.
Java.
Ab'a.
Jaia.
ïeui.
Teça.
Ceça.
Ceça.
Ha.
Inchim.
Tim.
Itcbl.
Bouche.
Jum.
Juru.
Jura.
Dents.
Hanba.
Oieilles.
Namby.
Namby.
Namby.
ti)U.
Jaura.
AJuni.
Jajiura.
Poitrine.
Putchia.
Ventre.
Chnhé.
Cuisse.
Juua.
(I) Voyei moQ Voyant daiit le liittricl lU* Oîamanlt el )ur le lU-
toral dH Br<fiH , U, S, 79^i.
^d:,;. Google
3G2
voYieE mx soincES
Jamb«.
Ituman.
Cetjma.
Celuno.
PicJ.
Ipuranga.
ÏJ-
IporoBsava
Bras.
Joa.
Jyba.
Juva.
Mains.
Ipo.
Po.
Ipo.
Morceau
de
bois.
Vira.
Feuille.
Urarova.
Fruit.
Ua.
Clieval.
Cavani.
i:aliarù.
Ca»arn.
Mulet.
Cavarù tupichi.
Tapir.
Tapiraté.
(M.
Çnaçu.
Petit oiseau. Ura naînim.
Chique.
TuDga.
Tumbyra.
Tonga.
Rivière.
Vacn.
Eau.
Ug-
Kg.
ïg.
Viande.
ÇxkS.
Poisson.
Pyrà.
Pyrâ.
Pyrâ.
Bon.
btii.
CMi.
Maurois.
lalié.
Joli.
Ponnlieté.
Laid.
ïejayeté.
Rouge.
Pyrangaçu.
Pyrauga.
Pyrao.
Blanc.
Manotclii.
Morotinga.
Morolchiia
Noir.
Ondigua.
Uuia.
Sun.
Petit.
Merim clii
quêté.
Merim.
Merim.
Grand.
Trucetè.
Turuçu.
TupicliavB.
Pour l'orthographe des mois qui prccèdent, j'ai suivi
celle qui a élè adoptée par les Jésuites ou , si l'on veut .
^d:,;. Google
DU MO DE S. FRANCISCO. Kï
celle de la langue portugaise, en me conrormant aax prin-
cipes énoncés k la suite da Tocabulaire de l'idiome des
CoyapAs (1). J'ajouterai que , dans les mots Jaçu et Jaçu-
tata, la prononciation du p se rapproche du (h anglais;
que l'A est généralement aspirée; que Yr participe du soo
de ri; que la prononciation du eh allemand se retrourc
dans chtàtéf tA celle du g allonand dans «g; que le mot
Mm se prononce très-sourdement; que le son des mots
cAuA^et iuka est paiement sourd , et qu'ils sont fort dir-
ficiles k représenter par dés lettres; enfin qne l'on glisse
légèrement sur le b dans mtmfrt vi sur l'a dans onàiqua.
Je n'ai pas besoin de dire que la lai^e des aldeas est très-
gutturale et se parle la bonche presque fermée : ce mode de
prononciation est, comme on l'a vu ailleurs, un des carac-
tères de la race américaine.
La plupart des mots qui précèdent sont tels ou i peu
près tels qu'on les lit dans le dictionnaire de la Ivngoti
gérai feit par les Jésuites [3] , et dans mon vocabulaire du
dialecte de S. Pedro dos Indios. Ce vocabulaire ne con-
tient malheureuBonent que quelques mots , et le dic-
tionnaire de la lingoa gérai est lui-même assez abrégé;
cependant on peut conjecturer que nhandinhara , chue ,
uira, urarùva, iahé et ondigua, qui ne se trouvent ni dans
l'un ni dam l'autre, font partie de la langue des Bororâs ou ~
de celle des Pareils; le capitaine de l'aldea du Rio das Pe-
dras me l'assura, en particulier, du mot nAandtttAara,
Dieu, si différent du mot lupan des Guaranis et des Indiens
(1) Vo^ti 1c ciupilrc XXI intitulf, £« Indiens Coyapot.
l2) Dittionario porluipui e bratiUano.
D,g,l,.,.d.i.COOt^lC
3G1 VOYAGE AUX SOURCES
de lii càte, qui appartiennent égalciDCnt à la sous-rarc
tupi (1), les [ndiot mausot de Vasconcellos.
Je crois avoir fait remartiuer ailleurs combien il est ei-
traordinairc que la langue lupi [Ungoa gérai) ou ses diOîé-
rctits dialectes fiissent'parlt^ dans une immense étendue
de cAte, puis qu'avec des modifications cette langue s'é-
tcodit, sous le nom de guarani, dans les missions de l' Uni-
guoy, et enfin jusqu'au fond du haut Paraguay (2). Si l'on
ne savait de quelle monière elle s'est introduite dans les
aldeas du Rio dss Velhas , on serait étonné de la retrouver
jetée , pour ainsi dire , comme une espèce d'oasis i une
trâs-grande distance, soit du littoral, soit du pays des
Missions ; et ce qui , au premier abord , peut surprendre
aussi , c'est qu'il y ait bien plus de dlETérence entre le
dialecte des aldeas et la langue du dictionoaire des Jé-
suites qu'entre ce mfïme dialecte et celui que l'on parle
à une énorme dislance du Uio das Yclhas, dans l'Aldea
de S. Pedro dos luJios. Mais il faut se rappeler que le
diclionoairc de la Ungoa gérai a été composé dans le
U) Il ne faut pas anblier que le nom de tupi n'élût yédleanenl Mlai
d'aucune nation, niais ua sobriquet i^jurieui par lequel les Indiens
sauvages, Tapnjas, disiguaiccil ceux de la càlc [Voyage dan* It ditlricl
de* Diamant* et fUr 1« IMoral da Brésil, II, 2K). Par le mot («pi.
Ici Tapu jas préleodaîeul uns doute ridiculiser les adorateurs de iHpoii,
c'eat-à-dirc, selon Vasconcetlos, de VtixceUenfe terrifiante.
{2) Hcrvas ditqu'îl n'y a pas plus de dilTurencE cotre le lupI et le gna-
rani qu'entre le portugais et le castillan. Depuis le temps où il vivait,
les deui dialectes indiens auront peut-itrc (prouvé de grands cbange-
meiils; mais, à l'aide du portugais, on peut, aans aucune |)cinc, <aa-
verscr avec les Espagnols , comme j'cu ai Tait moi-niénie l'i'prcute pen-
dant plusieurs mois; et les dcui Guaranis que j'avais ciniucui-s avec
moi des uiissiuiui de rUrugua)- a Rio de Janeiro ne poutaieul pas com-
prendre un seul mol Un iirp..
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRAMOSCO. 36}
xvi° siècle , et, si le temps modifle les langues que d'im-
mortels écrits sembleraient avoir fixées «ans retour, à plus
forte roisoD doit7i] s'opérer de grands changements dans
les idiomes qui ne sont que parlés (1). Ceux qui s'introdui-
sirent peu à peu dans la lingoa geràl de la cAte étaient né-
cessairement colportés par les Paulistes et surtout par les
Jésuites partout où elle se parlait , et de là cette ressem-
blance beaucoup plus grande que j'ai fait remarquer entre
le dialecte du Rio das Velhas et celui de S. Pedro dos In-
dios qu'entre ces derniers et la langue du dictionnaire, en
arrière de deux siècles.
Après avoir qnilté le Rio das Pedras , je fis S lieues por-
tugaises et m'arrêtai à un autre aldea, celui qu'on nomme
Aldea da Esliva. Ce dernier se compose seulement d'un
Toneho, ouvert de tous les cdtés, destiné aux voyageurs, et
d'une quinzaine de maisons construites sans ordre autour
d'une place allongée. Depuis longtemps , je n'avais rien vu
d'aussi joli que la position de ce hameau. Le terrain sur
lequel il a été bâti s'étend , par nue pente insensible , au-
dessus d'une petite' rivière appelée également Rio da Et-
li'va,etsur les deux bords de cette dernière est un p&turage
humide qui , après en avoir dessiné toutes les sinuosités ,
se perd avec elle dans le lointain. La sécheresse excessive
qu'il fusait depuis plusieurs mois avait permis de mettre le
feu h ce pAturage; déjà il s'était couvert d'une herbe nou-
velle, et il présentait un large ruban ondulé du vert le plus
tendre, contrastante la fois avec les teintes grisâtres des
campot voisins et le vert foncé d'une lisière étroite d'arbres
et d'arbrisseaux qui bordent la rivière.
(Il Vuy«i le rbopiirc -WU de «1 ouv»g<^ iotitulf, L'or d lei dia-
^d:,;. Google
SW VOYAGE iUX S
L'Aides da Estiva doit son origine i cdlai das Pedras.
On avait détaché ane partie des habitants de ce deraier
village pour en former un autre au lien sppdlé Pùarrào et
procurer aux voyageurs une halte de plus. Les nouveaux
colons ne furent pas contents de leurs terres; l'Aldea de
Pisarrâo , quoique «tué* sur le bord de la route , à une
journée ou 4 legoas du Rio das Pedras , flit bientAt «ban-
donné; une partie de ses habitants se r^ira i Estiva , où
l'on compte aujourd'hui (1849) once ménages, et l'antrel
l'endroit appelé Boa Vista, dont je parferai bientM.
Le capitaine de l'Aldea da &tiva la'aTtK reçu dans sa
maison ; vers le soir, les habitante du vBlage s'y rassem-
blant en revenant de leurs plantations, et je pns les obser-
ver h mon aise. Comme ceux de l'Aldea das Pedras , tous
sont des métis issus de nègres et d'Indi^ines ; ils n'ont pas
une plus jolie figure que Jears voisins ; mais j'avais rare-
ment vu des hommes plus grands et qui annonçassent plus
de vigueur. Je leur trouvai la même douceur, )a même poli-
tesse, le même jt^emenl qu'aux métis du Rio das Pedras.
Ik vivent de la même manière , parlent aussi la lingoa ge-
nd , cultivent également la terre et montrent asses , par
lears vêtements, qu'ils ne sont anilement dans l'indigence.
Pendant qse j'étais au milieu d'eus , arriva un cultivateur
du voisinage avec quelques mulets chargés de saucisses, de
cochon salé, detaOa, denipadunM(l), et il trouva fincSe-
(I) Les rapadurat, dont j'ai eu décision de parler ptasienrs rob,
«ont dei espiees de t^lcUee carrées et fisses de sucre cail net atm
sirop (Voyage dant le$ provitue* de Rio de Janeiro, etc., I ). Ce n'cal
pu aDiqoemeDt au Brésil qu'on fabrique des rapadnrai ; od en Tiii
éftalemeni chez les PéruvicDs, qui le* DDtnmGDt rofpaiftirai {Vonage om
Pértm, Il , ao6).
^d:,;. Google
DU MO DE S. FKANCI9C0. M7
ment à se défaire de ses denrées , soit ea les vendant, soit
CD les échangeant oHitre du fil de cotoD ou des peau de
cerb.
Sur le soir, j'allai herboriser sur les bords du Rio da Es-
tiva. Pendant toute la journée , j'avais été fort tourmenté
par les borradmdot; mais , auprès des eaux et dans les
marais , ils devinrent tout à Ciît insupportables. Quand je
rentrai à la maison , j'avais les oiains enflées , et, qnoique
je ne fosse pas resté plus d'une demi-heure deiwrs, j'éU^
tellemeat fatigué des mouvements que j'avais hib poor
me débarrasser de taut d'ennemis , j'avais les nerfe telle-
ment irrités par leurs pi({(kre9 caisaates, fus je posvais A
peine respirer ; j'étais comme un homme ivre.
Entre Estiva et l'AIdea de Boa Vista, dans un e^ce de
4 Ugotu , je traverui un pays plat ou ondulé , et toujours
des eampoi brûlés par l'ardeur du soleil.
A 9 Ifjrotud'Estiva, je passai par VAldeadePûarrào (4) :
■ il se composait de quelques maisons, d'une petite chapeUe
et d'us roÊÊcho bdtî dans on fond , sur le bord d'un mis-
seau qui porte le m£me nom que Valàea ; mais toot était
désert. Lorsque les hâtants , soiis du lUo das Pedras , se
retirèreat, comme je l'ai dit, les uns à Esliva, les autres i
Boa Vista, qnelqBes^ns resterait, à la vérité, dans le pays;
mais ccux-ii même renoncèrent à loir aidêa et aUèreat
s'établir dans le voisinage.
Après être sortis de Fisarrâo , noua enMmes dans use
grande plaine sablonneuse dont la v^tation se compose
uniquementd' une herbe peu élevée. Au d^ de cette plaine,
it) Esi:hw^e » écrit t ton Biiarrao ■■ A ne faut pu naa plue Ë*iive
{Brat., I , SA). — Eo «doplaDl Piiarrùo, je ne conrormc à U proDOO'
l'ialiou usitée; pent-fire vaudrail-il micui Piiiariûo.
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3M VOYAGE AUX SOURCES
le («rruD devient plus rouge, par conséquent meitlenr, et
les afbres raboagris repanirent dans les campoj.
Le lieu où je Gs balte est encore une petite aidée , cdk
de Boa Vùta (belle vue) (1} qui, comme je l'ai déjà dit,
doit son origine à une partie des métis que l'on avait tirés
du Rio das Pedras, pour peupler le Pisarrâo. Situé h i U-
goat d'Estiva, le village de Boa Vista se compose de huit ou
dix chaumières bities dans un fond, au bord d'un ruis-
seau très-rapide. On n'y comptait, en 1819, que huit me-
nées; mais j'y vis no très-grand nombre de jeunes gens
et d'enfants. Je ne dois pas oublier de dire que les femmes
du Rio das Pedras ne sont pas moins fécondes qne celles
de Boa Vista, et, comme les jmnes gens se marient aus-
sitôt qu'ils sont en Age , il est i croire que le vide laisse
dans la population des aidées par la transmigraticm du 7(ova
Beira aura bientôt été comblé.
Les Indiens métis de Boa Vista ne sont pas d'aussi beaux
Sommes que ceux de l'Aldea da Estiva, et me parurent
moins civilisés. Aussitôt que l'on eut déchargé mes malles,
le rancho du village, sous lequel je m'étais établi, se ran-
plit de femmes qui m«idiaient très-effrontément des col-
iiers et des bracelets, tandis que, au contraire, celles d'Es-
tiva et du Rio das Pedras restent dans leurs maisons,
comme les Portugaises-Brésiliennes. La cause de la diffé-
rence qui existe dans les formes extérieures des habitants
de ces aidées échappa à mes moyens d'observation; quant
aux différences que je remarquai entre les mueur> des ans
et des autres, elles teuaicnt très-probablement à ce qne
D ccDt ciutroitsdif-
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO. sm
Boa Vista n'avait pas l'avantage d'être dirigé par un homme
de beaucoop de sens , comme chacun des deux autres vil-
lages.
Les Indiens de Boa Vista m'offrirent toutes les denrées
du pays, ce qui prouve qu'ils ne négligent point la culture
de lenrs terres. Ils doivent trouver assez facilement le débit
de leurs récoltes, car, chei eux, comme à Estiva et au Rio
das Fedras, il existe un ranch» pour les voyi^eurs, et la
roate traverse également leur village.
J'étais arrivé Jt Boa Vista un jour de f%te. Un des habi-
tants venait d'achever de couper les bois qui , après avoir
été brûlés, devaient feire place à ses plantations. Chaque
caltivateur, k son tour, invite ses voisins à l'aider dans ce
genre de travail, et ensuite il les convie à un repas dans
lequel on boit beaucoup de taHa et qui se termine par
des batuques. Les Indiens de Boa Vista dansèrent tonte
la nuit, en s' accompagnant de battements de mains et de
chants qui les réjouissaient sans donte, mais qui pouvaient
paraître à des oreilles européennes plutdt dignes d'un en-
terrement que d'une réjouissance. « Les habitants primi-
tif de l'Amérique, dit Eschwege (1), en parlant des In-
diens d'Estiva, saisissent toutes les occasions de se divertir,
tandis que les nouveaux venus, Européens, s'abandonnent
à la tristesse, oppriment ces pauvres gens de toutes les ma-
nières et leur envient le peu de joie qu'il leur est permis de
goûter. » Amollis, énervés par la chaleur des contrées tro-
picales , les hommes de race caucasique tombent dans la
nonchalance et pwdent leur galté. Quant à l'oppression
dont ils se rendent trop souvent coupables envers les In-
^1) Brai., I.M.
^d:,;. Google
270 VOYAGE tUX SOURCES
(lieDS, c'est la force substituée au droit; c'est ce que nous
offre partout et dans tous les temps l'histoire de notre es-
pèce ; on profite de la faiblesse de riuflrme et du vieillard,
et, si la loi n'avait entouré de protection la Ibrtune de l'or-
(rikHin, il ne larderait pas à être dépouillé.
Cc8 réflexions, au re^, ne sont point apjdicables aui
Indiens des trois ddéea du Rio das Velfaas (1819). U est i
rtgretter sans doute que, sous le rappMt religieux et m»-
rai, ils fussent, pour ainsi dire, abandoaaés à eux-Bénies,
coDune le sont {dus ou mojna tous les indigèBes du Brétil ;
mais, d'ailleurs, je n'ai point vu d'hommes de cdte race
qui fusKQt plus heureux qu'ils ne l'éttïeat alors. G'âaKi
peioe ai qudques Portugais étaient venns s'établir parvi
eux ; poaoflae ne les vexait, persoane ne troublait leur re-
pos; ils ne payaient pas mÊme la dîme. Ils avaleat peu de
beaoùis, point de tentatioDs. Leurs terres étaiest excel-
lâtes, et un léger travail suffisait pour assurer leur s«b-
aistaDce; avec le coton qu'ils avaient Fecoeilii, ils bbrf-
qnaient dans leurs musoBS la toite dont ils se couvraient;
eax-mémes faisaient aussi leur poterie; le sel et le fer
étaient les seuls objets qu'ils étaient forcés d'acheter, et,
pcMir se tes procurer, ils retiraieut de la vente de leurs du-
rées [rtos d'argent qu'il ne leur était nécessaire d'eu pos-
séder. Ils vivaient dans une paix profonde et ^aî«at unis
eBtre eux, comme le sent généryement les Indiens ; con-
oaiisant les avantages les plus réels de la civUisatitHi , àa
tm ignoraient les maux ; ils étaîMit étrangtss au luxe, i la
«uftditéfà l'ambilMia, et k cette prévoyance qui poursuit les
htwmes de noU« race et empoisonne le présent pour un
avenir incertain. Hélas ! tant de bonheur, comme on le
verra, devait probablement avoir bientét un terme.
^d:,;. Google
DU RIO DE S. PBANCI3C0. 2T1
Ce ipe Je viens de raconter des divers métis voisins du Rio
dtsVelhM prouve qqe, si j'oi engagé, il y a déjà longtemps,
l'administralion brésilienne à encourager de tout son pou-
voir les sUiances légitimes des Indiennes avec des Africains,
je ne me suis point permis de le faire sans de valables nto-
tifô. J'ai pu dire, oo le voit, que par ces mariages on ob-
tiendrait une race mixte qui, moins défectueuse que la race
américaine proprement dite, serait plus capable que cette
dernière de résister k la supériorité des blancs, qui serait
moins en désaccord avec notre état de civilisation, et s'a-
matgamerait peu à peu avec la population actuelle. Par ce
moyen seul, je le répète, on empêchera que les bibles
reste» des nations iadiennes ne soioot entièrement perdus
pour le pays dont elles étaient jadis aujtresses et qui a un
si grand besoin d'iKHiunes (1).
L'exemiile des métis du Faranahyba achèverait de mon-
trer, si cela était nécessaire, que, chez les hommes comme
chez le8anlmaui,le»raoe6,eD se croisant, se perfection-
nent. Il ^en faut que le métis l'emporte constamment sur
les deux races dont il est issu; mais il est toujours supé-
rieur à l'une d'elles , et il paraîtrait qu'il l'est â toutes les
deux quand dles sont ^alraaent d'un ordre inférieur. Si
les mulAtres ont toute l' inconsistance de la race africaÎBe ,
Us se distinguent d'dle, hommes et femiMB , par de plus
belles formes , et surtout par une Qnesse d'esprit et uw
fadiilé è apprendre qui sont A peine l'apanage des blancs.
Les Hamalucos (3} , bien inf^ieurs ni intelUgeoce aux
(1) rovfv* dant Ui prmitteet dt Sio de Janeiro et dt Minai Ge-
fOM.H.Ol, 331.
(S) Voyez c« qae j'ai dil des Mamaluco» dans mon Voyage fw le lU-
loraldHBrMt.tt, IB.— Vojei «qsbi Fkrdimind Dutis, Bréiil, 4S, cl
^d:,;. Google
173 VOYACK AUX SODSCES
hommes de race cancasique, l'emportent sur les Indiens
par les qunlilés extérieures : souvent les femmes sont
charmantes , les hommes sont bien faits , et l'histoire in
Brésil atteste asseï la force de ces derniers , leur intrépi-
dité , leur audace et la supériorité qu'ils eurent toujours
sur leurs ancêtres maternels. Descendants de nègres el
d'Indiennes, les Curibocas, comme on vient de le voir, s'é-
lèvent annilessus desdeui races dont ils sont issus, parleur
consistance, leur bon sens et leur aptitude A une civilisntron
plus grande que celle dont leurs parents sont susceptibles.
Si l'on pouvait étudier d'une manière comparative les
mulâtres nés des négresses si intelligentes et si belles de
la CAte d'or,, et cenx qui descendent des femmes stupides
du Congo ou de Bengnela, il est vraisemblable qu'on trou-
verait quelques différences; mais on ne saurait les décou-
vrir BU premier coup d'œil. II n'en est pas de même des
Curibocas : non-seulement j'observai parmi eux des diffé-
rences individuelles très-remarquables, mais les cheveut,
toujours crépus chez les muléitres, sont quelquefois lisses
chez des Curibocas, aussi noirs que leurs frères. M. A.d'Or-
bignya aussi observé [l]que le-mélange desdeus races ne
produit pas toujours des changements également sensibles.
Les cheveux des enfants des n^res et des femmes guara-
nis sont , suivant le même auteur, tanUH crépus , tanlAt
fresque plats , et tandis que , chez les mêmes métis , le nez
looles Tes hjsioirce du BrMI. — Je n'ai pis besoin d'ajoaur qof In iis-
cendints des oègreB et des Indiennes ne s'appellent pviotcobrM, tMiiiiM
l'a cm no vojageur français ( Sde., Som., tZi). Les eiOras, et non ca-
brée , Honl les enrants des négresses et des mnlltres on des imiUiresM
et des ntgrCH.
(1) Vhommt amérieaiti, I, IM.
^d':,;. Google
DU MO DE S. FlUnCISCO. »S
offre à peine un léger oplatissement , celui des habitants
du Paranabytta est, comme on l'a vu, démesurément large;
les uns et les autres sont plus Indiens que nègres ; mais
le mélange a embelli les Guaranis et il a enlaidi les Bo-
ror6s.
Notons ces faits singuliers; mais attendons, pour cher-
cher à les expliquer, que nous en ayons encore. d'autres
du même urdre. Si l'anthropologie est encore si (Aiecnre,
c'est peut-être parce qu'on a beaucoup trop raiecnné sur
celte science et trop peu observé.
^d:,;. Google
VOYAGE AUX SOUBCES
CHAPITRE XXVIII.
LA CASCARE DB FDBNAS. -^ LB BIO BAS VBLDAS KT L'ALDBA
DE SANTA AHKA. -^ LE VILLAGE DB PABINHA PODBB. —
PAMA«B DU BIO OBANDB.
Fattnda dai Fuma»; liMsude qui l'a voisine.— InsecUs mairiisinls.—
PoQBsièTe roage.—^Lc Rio àat VeUtat. — Le df Urhemeiit cantonné «nr le
bord de celte rivière.— Droits de doaaoe. — Ordre dooDé au fommiD-
dant du ditacheroeul de quitter le pars; canséqneoces de cet ordre.—
On petit Ijnn.- Aldea de Sanla AtinO; sa position; ses maisons; son
histoire. — Portrait des vieilles ludJeiiDes. — Apathie des IndieDS. —
Don* Kuji Bos>. Dîffleulii qu'a l'auteur poar obtenir qaetqaa
mots de la laoene des Chicriabis. Vocabulaire de cette laugae. Elle est
éminemment systématique. Cn certain mode de pronoocialioD carac-
térise la race américaine. — Description d'un paysage. — Pwsage du
Rio das Velhas. — Pajs sitoé au delï de celle rivière. — SiUo da Ro-
einha. — Changements de domicile. ■~ Idées religieuses de Harcel-
litto. — Balle eu plein air sur le bord de VVberawi Verdaàtlra. Du
vieillard. — Due caravane. Goiii des Brésiliens pour le commerte. —
Journées eitrèmement chandes succédant h des anits hoides. — Te-
juco. Inconvénient de« ranehoi. — Lanho$o. — Aspect du pays situé
an deU de ce lieu. -- Le tilbge de Farinha Pùdrt. Sa position. Ses
maisons. Son église. Son histoire. Les terres de ses alentours lrès-&-
vorables i la culture et ani troapeauK. Son avenir. — José Harianno
malade. — L'auteur souffre beaucoup de la piqAre des chiques. — Les
cultivateurs de Farinha Podre. — Pajs situé au deU de ce village. —
Cuorda da Poste. Moyens eu raiifs, — Pays charmant situé an delà de
Posse. — Le Bio Grande. Ses bords. Leur insalubrité. Comment ou le
passe. — L'autear entre dans la province de S. Paul.
De l'Aldea de Boa Vista, je me rendis à la Fazmda das
Furnas (l'habitation des grottes), la seule depuis Casados
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DC RIO DE & FRANCISCO. 375
qui eût quelque importance (1). On y voysit-un très-grand
rancho; elle possédait un moulin à sucre, et là se fiibri-
qnait tont le taâa {eat^iaça) qui se dAitidt dans les envi -
rons» priocïpalemeDt dans les aldeas.
La sucrerie de Furaas est située au-dessus dune vdiée
profonde où coule le ruisseau qui porte son nom (Bibeirào
das Fumai ] et qui est un des afSnents du Ddo das Ve-
thas (3) ; elle n'est qu'à 1 lieue et demie portugaise de Boa
Vista ; mais je n'avais pas voulu faire une marche plits lon-
gue, pour avoir le temps de visiter une cascade dont on
parlait beaucoup et qui tombe à quelques centaines de pas
de rbabitatioQ.
Je pris avec moi José Marianno, et, traversant des bois
touO^s, embarrassés d'épines, nous descendhnes dans le
vallon. Parvenus au pied des mornes entre lesquels conte
le Ribeirâo das Pumas , nous (teies obligés de marcher
dans son lit , afin d'éviter répais fourré qni couvre ses deux
rives. Il avait fellu que je me déchaussasse; mais, peu ac-
contnmé A aller pieds nus, j'avançais sur les pierres glis-
santes et anguleuses du ruisseau avec d'autant plss de peine
(t) ItioéniraapproiiiDatirdeUFtieDdâdtsFDnMBaii Rio Grwde :
De II Fuenda du Farnia an
Registro do Rio das Velhas, dDuane '. 3 legoas.
Siiio da Rocinha, marâonDMU 1
llberava Verdadeira, rhaaraière 3
Tejnco , batrilatioD S
LanboM, aldn presque abandmDf 3
Fanoha Podre, village .1
Gnarda da Posse, poste milKatre 4
Rio Grande , rirîère 3
SSIcgoaâ.
t3) Cxziki.Corfiçrafia, I, 334.
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ne VOYAGE AUX 90UACES
que les puces pésétrantes m' ivncnt bms les doigts des pieds
eii trè»-nuniTaîs état. Après ue mardbe de quelques rai-
' nutes, nous «rrivAmes cependant au pied de ta cascade.
Là est une espèce de sdle formée, d'en tèté, par des
rochers è pic qui s'éteudeot en héaicycle, et, de l'antre,
par des bois serrés et touflte. An fond de rhénucyde, en
tirant un peu vers la gauche, le rnissean se précipite avec
rapidité d'une hauteur de SO braçat (44 m^res) (1), «n
prodaisant un bruit qui s'entend de très-knn. Ses eaux,
dftoB leur chute, fonneut une bdle nsppe blendie et écu-
neuse, et, eo outre, trois jeU latéraux motos coasidén-
bles ; elles sont reçues dans un bassin presque circolaire,
et de lA elles s'écoulent rapidement sur un lit pierreui,
encussées entre des mûmes presque A pic et couverts de
bois.
Le bassta circulaire o« tombent les eaux de la cascade
est eotouré d'un g«zon épais formé de mousses, de fougères
et de Graminées, dont la voduce est esaa cesse eetreteBue
par la rosée fine et abondante qui s'édu^pe de la cascade.
Des Begomias d'un rose tendfe , une petite espèce de Lo-
bélie à longue corolle d'un rouge orangé, un Getneria aux
fleurs brillantes et cramoisies fleorissent ci et lA an milieu
(1> N'ar«it point mesoré ceUe ci
le chiffre qne j'iodiqae (Cor., 350. -
Mnlement 50 pieds , et , comnH il m acmii du pied ughis , fai ^t
devenv Due mesure brésilimoe, ce Mrait sraleinait lS",3Sft. n esi
fort possible qoe ce nombre soii trop Tiible ; atait , d'un latra tAti , je
serais teaté de croire ipi'il y ■ qnelqae eiagéntion daiwcefaii i|a'adDMl-
tent Ctial c( Pliarro. An reste , les trois aaieura q» je viens de citer
coDHcrent Ji pcioe quelques lignes ï la jolie cascade de Fumas , el les
dmi derniers , qui n'avaient pas eu occasiou de la visiter, en parlrni ,
coiniDe on le verra bienlM, d'une mtmirc asset pen cuel«.
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DO RIO D£ S. nUnOSCO. ZTT
de ces gazoDB. Les arbres qui s'élèvent {dus loin foraieut,
comme je l'ai dit, un <^pais rourré d'uae rardare qui me
diarma d'autant plus que partout ailleun les végétaux
ligneux étaient à demi dépouillés de leurs reailles et que
les pAturages, desséchés par l'ardeur du soleil, n'ofiraient
fdus qu'uoe couleur grisAtre.
Derrière la cascade, les rochers, dans le tiaiB de leur
hauteur, à partir du sommet, sont nus, entièr^nent à pic
et laissent apercevoir leur couleur noirAtre à travers la
nappe argentée qui tombe avec fracas. Au tiers de leur
hauteur, ils se creusent pour fonncr une gnAte irrégu-
lière et peu profonde, tapissée de fougères ; plus bas en-
fin, ils sont encore nus et noirâtres comne au stmimet. La
blancheur éclatante des eaui de la cascade et cette zone
■rrégulière de verdore qu'on découvre derrière elle, entre
des rochtffs noirs, iHwluisent l'effet le plus agréable et le
plus pittoresque (Ij.
Les rocfaers noirs fst i pic de la cascade s'étendent à sa
gauche, et là, au-dessous d'eux, le terrain s'incline en for-
mant une pente rapide. À l'endroit où celle-ci commence
est une rangée d'arbrisseaui "erres les uns contre les an-
tres, qui cachent la base des rochers, et du milieu de ces
arbrisseaux s'^àvent quelques Palmiers dont la tige, aussi
(1) Cml dit que des ojseani de diTeracs esptees conslrniscat leurs
Dids dans les cavilét da rocher et f Kveat leurs petits htrdiment et k la
vos de Knit le axnde , lulgré te fracM (|IH fait t« catcade ep m ftM-
piUnt. Jl n'en ai pw apertv un seul, et je d«ale que l'abondante rnsde
qui tombe mus cesse dans la grotte permette i aucoo animal de l'iubi-
ler. Ou voit, par ma descrîptiOB, que Piiarro s'est également trompé
qnand il assure que l'eau disparaît imm^diatemeot après m chute, poor
se fcuKHtlrer à quelle distance.
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3^9 VOYASe AUX SOURCES
grêle que celle des Bambous, se teimine par un panache
élëgant de feuilles recourbées.
Nous sortîmes de l'espèce de salle où tombe la cascade,
en grimpant, à droite, au milieu des arbres qui couvrent
le terrain et en nous accrochant à leurs branches. Ce ne
fut pas sans beaucoup de peine que nous parvînmes è l'en-
droit où le torrent se précipite.
Tant que nous étions restés au pied de la cascade, nous
n'avions été tonnnaités par aucun insecte ; mais , & peine
rentrés au raaeho, neus flknes entourés d'une nuée de
borrachudos.
Pour pouvoir rester en place et écrire, Il me fallait plus
de conrage peut-Mre que pour supporter une douleur vive.
Pendant longtemps , nous n'avions pas eu & nous plaindre
. des puces pénétrantes; mais, depuis Santa Cniz, nous en
étions assaillis presque partout où nous nous arrêtions :
personne, dans ce pays, ne se donne la peine de balayer
son raneho, et ces insectes, comme on sait, pullulent dans
la poussière. •
La route descend dans le valloii oà coule le Ribeirâo das
JFuraas, et, en parlant de la faxmda, j'eus encore le plaisir
d'admirer la cascade.
Au deli de Furnas , comme entre Boa Vista et cette su-
crerie, la terre est d'un rouge foncé, et, & mesure que
nous avancions, nous faisions voler des tourbillons de pons-
»ère qui saUssaient tous dos vêtements. La sécheresse
continuait i être excessive, et, k l'exception des gabi-
r6ba$ (1) et de quelques autres Myrtées, toutes les plantes
des campos étaient sans [leurs (9 septembre).
it) Toutes Ifs pplites tsptcta de ptidium k baies anondwii porleol
^d:,;. Google
DV aïO DE s. FRAKOSGO. 370
K 2 legoat de Furnas, nous passâmes par VAtdea de
Santa Anna. Ayant fait encore environ 1 lieue, nous en-
irimes dans un bois assez épais, et, après- être descendus
pendant quelques mioutes, pous arrivAmes au Rio dos
Velkoi et an bnreau de douane placé sur ses bords {Re^
giitro do A^ dai ViUuu). Cette ritière, qu'il Gaut bieya se
garder de confondre avec une autre du même nom, l'un
des affluents du S. Francisco, prend sa source au versant
occidental de la Serra do S. Francisco et da Pjiranahyba,
dans le Totainage de Deaemboque, et se jette dans le Para^
nahyba (1).
A l'endroit on y aboutît ia ronte de Goyaz, die peut
avoir, dans les grandes eaux, la même laideur que le Loj-
ret quelques centaines de pas au-dessus du pont d'Olivet , et
on la voit serpenter et fnir entre deux coteaux couverts de
b(^. Lorsque j'arrivai sur ses bords, de longs banes de ror
cbers plats et raboteux s'élevaient auntesuis de ses eaux et
en augmentaient la rapidité. Sur la rive droite était an
petit bâtiment qui servait de logement aux militai res-dii
poste (quartel) ; on voyait autour quelques maisonnettes ,
et jUaa loin, devant l'endroit où l'on s'embarque (porto),
se tronrait un rancho destiné pour les caravanes. De l'au-
tre càté de la rivière, on avait anssi cMistruit un raneho,
et çà et là s'élevaient quelques petites maisons, parmi les-
quelles on distinguait à peine celle de l'employé civil ifiel).
le Dom de gabirôtiai, el l'on appelle arofoi celtes doDt le tnût a la Tonne
d'oM poire.
(1) Ldû d'ilincooii place sa source dans la Serra di Canastra [3lem.
Viag., 67), Millict et Lop«s de Moura daos les Serras da Fiadabiba et
da Uirceria {Diee.,\i,(fli). La Serra da Piodahiba serait , sans doule ,
une portion de la Serra do S, Francisco e da Paranaliiba.
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380 VOYâGE AUX SOWCGS
Lor«iiie l'trriva) , le commendsnt du détachement, qoi
avait le gnule d'alfereê (sons^ieutcnant), était de l'antre
ctAà de la rivière. J'allai le trouva*; je lui présentai nu
porlaria et le priai de me donner la permÎBsion de faire
décharger mes eSeti au qitartel. Il me l'aceorda de la meil-
leure grftce du monde , «î j'eus enfin le bonheur de l<^Dr
dans une mÏHm, do passer queti|ue8 instants sans être
tourmenté par les borraeiiuiht et les autres insectes.
T^ détachement oantoBné an Rio daa Velhas se cMipo-
!«ait de dii-sept soldats du régiment de Htn«; mais 11 n'en
restait guère que sit i huit sur le bord de cette rivière : les
imtrcs étaient répartis entre les différenls postes des juî-
yadoi d'AraxA et de Descmboque, tels que le raraaafairba,
le Rio draDde, etc. Ceus du Rio das Velhas étaient cbwgét
de visiter les passe-ports des voyageurs, de Rassurer à les
caravanes venant de Goyai n'emportaient poiat avec àks
de I'otou des diamants, et, en coj de besoin, de prêter
main-forte h l'employé civil [^l]. Ce deraier recevait le
péage qui s'élevait à 75 reis (4ti centimes) par personne et
10U reis (1 ftvnc} par cheval ou mulet. C'était aussi lui
qui devait toucher les droits dus sur les marchandises qui
allaient de S. PanI à Goyaz ; mais, pour ftvuriser les négo-
ciants qui sont si longtemps sens vendre, on leur permettait
de laisser entre les mains du fiel une obligation du mon-
tant de la somme dont ils étaient redevables ; ils s'acquit-
taient entre les mains de l'administrateur du lieu oti ils
avaient vendu; ils prenaient un reçu, et, quand ils repas-
saient par le regislro pour retourner à S. Paul , ils présen-
taient ce reçu et reprenaient leur obligation. On ne faisait
payer au Rio dus Velhas que les marclkanJs dans lesquels
on avait peu de ronftance.
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DU MO DE S. FUNOSCO. Ml
Avant U réuniOD d«s justices d' Araxé et de Oeeemboque
à la proviBce de HisM, le pa;s deGoyax s'étendait, comme
on sait, ja9qR'au Aio Grande, qui BujeHrd'hui sépare la
première de ces provinces de celle de S. Paul. Ce fut donc
sur le bord du Rio Grande que, dans l'origine, fiit placé
le bureau des douanes ; mais, à cette ^Mxpte, les enviroBs
de ce Seuve étaient pestilentiels ei sans habitants, A, i
re\oq>tion d'un soi) , tous les suldats qu'on y avait can-
tonnés mounir^t. Pour cette raison , on transptNta k
douane sur les bofds du Rio das Velhas; cep«klant, comme
ceux du Rio Graoée éUient , lors de mon voyage , nuHus
déserts et motos mabau« qu'autrefois, iJ paraiesait qu'on
avait envie de rétablir les ctwses dans leur état primitif-
11 y avait à peine quelques mioutes que j'étais lu Quor-
lel lorsque le comroandani reçut l' ordre de partir avec ma
détachement pour Villa Rica (Ouro Preto] , et de remettre
le poste k des aeHàÊti de la garde nationale (mtficÙBMM) qui
dovaieot venir de Paracatû. Un de ces derniers était d^
arrivé et rvait annoncé les autres. Le conunandaoi fut dés-
osp^ de ce cbaagem^t^ qui n'avnt d'autre bloque de
(aire portictper sa troupe & je ne sais quels esœices. Les
militaires du régiment de Minas, aiosi détachés i de gran-
des distances, ne sont ordinairement diangés qu'an bout
de quelques années (iSlif) ; ils Torment des eq>ècee d'éta-
blissonents, et, quand on les remplace, ils oèdeat k leurs
sucoesKun leurs provisions et les objets qui rnmpnaainnt
leur ménaf^. Se flant sur cette coutume, le commandant
du Rio das Velhas avait oppelé auprès de lui st fandlle, qui
était fiirt nombreuse, et, après avoir formé une plantation,
il venait d'en récolter les produits ; il trouvait dur d'être
forcé de faife, avant le tempo, tes frais d'un voyage de plus
^d:,;. Google
18S VOYAGB AUX SOURCES
de 100 legoas et de tout abandonner sans pouvoir tite in-
demnisé par son successeur, car il allait être remplacé par .
des gardes nationaax qui , au bout de trois mois, devaient
eui-mtoies l'èlre par d'autres.
Ce n'était point sans quelque raison que cet ofScier était
mécontent; mais les pauvres gens qui allaient prmdre su
plaee avaient, en réalité, bîoi plus de motib pour se plain-
dre. Tous, en effet, étaient des hommes mariés, gens de
métier ou agriculteurs, qui avaient à peine de quoi vivre
dans leur maison , et pourtant , sans leur accorda aucune
ind«noité de voyage, aucune solde, quoique ce soit pour
leur nourriture, on les obligeait de pasau* trois mois h plus
de 40 legoas de cbec eux et de faire un service auquel ih
n'étaient nullemeirt accoutumés! Ces paavres gens seront
certainement morts de bim, s'ils n'ont pas volé on si les
colons du voisinage ne sont pas vaius à leur secours. Ce-
pendant la soumission des Brésiliens aux ordres supérieurs
était telle h cette ^)oque, qu'aucun des gardes nationaux
qui avaient été désignés par leurs chefe n'aura manqué,
j'en suis bien sâr, de se rendre i son poste.
- Mats quelle triste influence aura eue sur les Indiens ce
diangemeat fMientt Ils devaient naturellement trouver
des protecteurs dans les militaires dti régiment de Minas,
gens bien élevés, pleins de raison, accoutumés à la dis-
cipline, étrangers au pays. Les miliciens, au contraire,
hommes grossiers, ignorants, imbus de préjugés , comme
le sont, en g^éral, les colons de la eomarcaie Paracatû,
et, de plus, dépendants, par leur triste position, des culti-
vateurs du pays , auront nécessairement soutenu ces der-
niers contre les habitants des aldeas.
Dans les pays déserts où la police devient impossible,
^d:,;. Google
DU mO BE s. FRANCISCO. 3(13
OÙ les lots n'ont presque plus d'actioR , certaios bommes,
par leur audace, leur inlelligence ou leur fortune, pren-
nent sur leurs voisins un grand ascendant et deviennent de
véritables tyrans. Lorsque d'£schwege arriva, en 1816,
dans les aldeas, un de ces petits souverains, dont les mires
avaient souvent plus de valeur que ceux du gouverneur
lai-nièroe, sonmit au colonel allemand un plan qui ne ten-
dait ridn moins qu'à chasser peu è peu les Indiens de leur
district, a&n qu'on pût partager leurs terres entre les Por-
tugais. D'Eschw^e repoussa avec indignation le projet
qu'on lui communiquait, et assura l'auteur qu'il ferait tout
ce qui dépendrait de lui pour en empêcher l'exécution.
Mais le départ des militaires de Minas laissait le champ li-
bre à ce personnage, et, en ISSl, les Indiens de la partie
du district privilégié, située entre le Rio das Velhas et le
RioGraude, adressèrent une requête à l'administration pour
se plaindre de ce que les Portugais, à la tète desquels était
l'homme dont je viens de parier tout à l'heure , les chas-
saient de leurs terres (i).
Conmie, en arrivant au Rio das Velhas , je n'avais fait
que passer par l'Aldea de S. Anna, j'y r^urnai le len-
demain.
' Cet aldea a été biti dans les campos, sur une colline au
bas de laquelle coule un ruisseau dont les eaux vont se
réunir an Rio das Velhas ; il se compose d'une trentaine
de maisons très-petites, presque carrées et couvertes en
(t) firofiUefi die Neue Well, 1 , 04.— Je ne Bcnis pas Tort élngnéde
frareqneroDiToaveriit, dans les villages de Fraoce, plus d'un maire
■}aM quriqae reBsemMancD avec ks petits ijrua des contrées disertes
du Brésil.
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3« VOYAGE AOX SOURCES
cbaome. Les unes sont dispersées sans aucna ordre «r la
colline; les antres bordent nne place carrée dont l'iui des
cAtés est formé par l'église, qui est trè»-peti(e (4 ). Les mors
dei maisons sont construits avec de la terre d'un rouge
ronce ; mais celui du devant est revêtu d'un crépi fett avec
une autre terre d'uo gris l'oncé.
Les traditions uniformes des Indieos-Bororàs attribuait
aux jésuites la première fondation de l'Aldea de Santa
Anna (3), rt, suivant les mêmes traditions , ce village fut
origiDairemrat habité par des Indiens de la cAte. A oeux-d
Antonio Hres de Campos réunit, comme on l'a vu {dos
haut, quelques Indiens Carajàa et Tapirapés , habitants des
bords de l'Araguaya, au ncffd de la profiaix (5). Cette po-
(1) ki Je De nia paiiH d'aceerd avac H. d'Eednrasa , ur il k dit
■SMigmde.
(2) Il est impossible qne cette tradition ne Mit pu Adèle. Si, en
eOet, les jésaites n'iTiictit pu hibit^ le pays, conineDt ka paarra
Indiens da Pwuubjbi , ai ignorante , si Mrngen à m qni m pmhU
dana le monde, anraient-ils pu aaroir qn'il artil etatâ des jésnilcs*
comment se seraient-ils a?is^ d'imaginer nne Table qui leur était éti-
demment plus nnisible qn'ntHe , pnisqn'eHe tendait k leur Aler toste
ecpèce de droilc snr l'ildea da Santa Anna.
(3) C'est E»cbvrege qui donne ces noms (itrtu., 1, 83), et bien certaine-
ment il les tenait des Tadiens - car il a imprimé aon journal ;el qu'il Ta
fcrit sur les lieui , ei il est évident qu'il n'a hit aneune racberdie biS'
torique, Ici , par conséquent , je tront encore nue preure de la lArHé
des badttiooo da pajs; car lîe» babitants n'auraient certainement pas
connu l'exisieuce des Carajàs el des Tapirapés, s= ceni-ci n'étaient Tenus
parmi eui, 11 ne Tant pas, sans doute, adopter les u-adiiions sans eiameni
mais II f a des cas où elles méfileni certainement pins do coufianee qng
des récils écrits lÉgèremrai ou atrec partialité. L'histoire de l'itKoM'
deueia (rCfolte) de Hinas, qec j'ai tracée d'après les traditions don Ni-,
nciroa les plut cclairés, doit , je crois, éttc considérée comme étant plu
digne de foi < Fomw e ilaM les procintei de Rio à* Jantire , elc, I ,
202) que celle qu'a imprimOc Sonlbe)' en consultant des pièces oS-
^d:,;. Google
DIT 110 DE S. PtUNOSCO. 3U
pulation mélangée mourut , se dispersa on se fon£t parmi
les descendants des Boror6s, et, en 1775, od if ."emplaça
par un cntain noiid>re de Cfaicriabés, nation qni vivait
dans les déserts de Parannân et s'était étendue jostfae sar
les rives do S. Francisco , dans la partie septentrionale de
Min«(1).
Lorsque j'arrivai è Yaldea , les hommes étaient tons dans
leurs plantations ; je n'y vis que der femnes. La plupart
me parurent de race américaine pure on presque pure.
Elles ne portaient rien sur leur tète ; tout leur TÊtement
consistait en une jupe el une chemise de coton fort sale :
la chenise manquait même à plusieurs d'estre elle». Ces
femmes sont trè»<fécondes ; mais au tris-graiid nombre
d'enfants meurent probablement bote de soins.
Rien m'est hideux, à mon «vis, comme une ladienne
qaî t passé le temps de la jeunesse. Qu'on se figure un cou
cielles fiianiin par In jogcs Ae» malheiirani qui Itarent coudcmii^
dus rsUe eircoiwUBct.— J« doit faire dMarrer, «Ad d'ériier UiaU era-
ftuioii , qna, ta iodiqnanl la patrie de ces deni tribiis , Eschirege « écnt
Uragnaj pour iragua^a.
(1) On a rn ailleiirs qoe les aTcaturien paalisUs qoi , nu pen arani
1712, H rtpandireot sm les borda dn Bio de S. Ynadaim, an^laMos en
■D-déaaons da Capio do Cleto, k «nrinm 11 Ugoat dn villaga de Cod-
teodaa , dans la province de Minas, j trouvèrent des Indiens qui appar.
lenaient k I* nation des CMcrlabàs on Xicriabis (vojei mon TOyagt
àatu Ut provfMW dit tHa de Jantiro et Mtntu Geraei , H , 3W). Pi-
larro tt Caial éerivtol Chtcrialws ; je ne mis si ce Don a été usilé aniia-
fois qoeiqae part, nuis an milien de ce peuple iDi-nième on dit CAf-
eriabàt, et c'est ce mïme nom qni me fut donné, sur tes bords du
S. FraiMisco, par rneetlent capitaine Cleto, dont les trtdillMiB de fïmille
reBontaient i nn siècle, Eschvcge, qui a visita cobibc ibm l'Aldea de
Santa Anna, n'adopte pa6 non plus le mot Cbacriabaa , et , s'il ('rrit :ïi-
ffrioAd*, cela tient, sans doulc, à ce qu'il était préoccupé de Terrenrqu'il
avail coinniise plus uKienncnKiit , en admettant ûiyac pour Ccp|mu.
^d:,;. Google
IM VOTAGE AUX S
très-court, une énorme tête, un net épaté, une grande
bouche, des joues creuses dont la pommette est très-proé-
minente t un tehit enfumé , enfin use forêt de cheveux
noirs et durs qui , presque hérissés au-dessus du front , re-
tombent en longues mèches sur le derrière et les cAtés de
la tète , et l'on aura à peine une idée de la laideur de res
pauvres créatures, laidenr que ne déguise aucune appa-
rence de parure.
Beaucoup moins mélangés que les habitants du Rio das
Pedras, ceux de Santa Anna ont, à ce qu'il paratt, con-
servé tout le caractère des Indiens. On a, me disait le cran-
mandant, beaucoup de peine & les faire travailler, et sou-
vent leur ^thie les réduit à souffrir de la faim. La cul-
ture des terres est un travail de prévoyance, et les Indiens
n'en ont point ; leurs dispositions naturelles, qui les por-
tent à vivre au jour le jour, presque comme les aDimanif
en font nécessairement des chasseurs ou des pécheurs.
L'a langue des CbicrîabAs ne se parle déjà plus dans le
villagede Santa Anna; cependant, lors de mon voyage, die
était encore sue de quelques-uns de ses habitants. Le com-
mandant du Rio das Velhas, auquel je témoignai le désir
d'avoir quelques mots de cette langue, me dit que je ne
pouvais mieux faire que de m'adresser, ponr cela, i une
femme appelée Dona Maria Bosa, qui surpassait en intel-
ligence tous ceux de sa nation. Lorsque j'arrivai à Valdea,
un blanc qui y demeurait depuis trois mois m'offtit de me
conduire chez cette femme : c'était un de ces vagabonds
(vadios) qui , pleins de jeunesse et de force , passent leur
temps dans l'oisiveté et vivent aux dépens des antres. Dans
une chaumière qui n'avait pas d'autres meubles que quel-
ques bancs de bois, mais qui, d'ailleurs, était d'une pro-
^d:,;. Google
DU RIO DE S. FRANCISCO- UT
prêté extrême, je trouvai une Indienne d'une quarantaine
. d'années , encore fraîche , pleine d'embonpoint et de santé,
(fui DIait du coton. Bien différente des autres femmes de
.VoUm, Dona Maria Rosa était vêtue très-proprement; elle
portait une jnpe d'indienne, ^ ses cheveux étaient enve-
loiq>é8 dans un mouchoir de madras. Elle me reçut avec
beaucoup de politesse ; mais, pendant longtemps, elle s'ob-
stina à soutenir qu'elle avait entièrement oublié sa langue.
Cela n'est pas possible, lui dis-je; car vous l'avez parlée, il
n'y a pas encore trois ans, devant le lieutenant-colonel
d'Eschwege. — Dans ce temps-là , je me rappelais encore
quelques mots i mais, aujourd'hui.j'ai tout oublié. Comment
savez-vous, d'ailleurs, que j'ai parlé me langue devant le
lieutenant-colonel? — Parce qu'il l'a raconté à plusieurs per-
sonnes. — Voyex comme mon nom court le monde, et, s'il
arrive quelques malheurs à l' aldea, c'est moi que lesaubres
Indiens en accns^vnt. Pourquoi voulez-vous donc absolu-
ment connaître ma langue? — Cest uniquement par curio-
sité ; c'est par le motif qui vous a portée vous-mémeà me faire
des questions sur différentes choses que vous ignoriez en-
core. — Ce sont là de ces raisons par lesquelles les blancs
trempent les pauvres gens comme nous. Je sais la vérité.
I3n de mes compères, qui était hier au poste, m'a dit qu'on
y avait beaucoup parlé de moi et que l'on voulait s'asmrer
si je parlais encore la langue, pour ensuite m'emmener
bien loin ; mais je ne sais rien et ne dirai rien. — Voyant
qoe tontes mes peines étaient inutiles, je montrai un col-
lier de fausses p«les et je promis de le donner si l'on con-
sentait à parler. Le collier fut trouvé charmant, et jo vis
qu'on en avait la plus grande envie. On se défendit cepen-
dant encore pendant quelques minutes , et ensuite on me
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H8 VOYAGE AUX SOURCES
denMnda è nté parkv en perticnlier. Nous sorUnet 8«r la
place, et Dont« Maria Rosa me dit qu'elle voulait Inen m' ap7
prendre quelque» mots de s» langue, mais i condition que
ce ne serait pas devant le PMtngais-BrMIien qoi n'avait
conduit et que personne n'en sMrait rien. Etant rentnî
dans la diaunière, je fls tnicore quelqufei inMaoces pour la
fonne et je ttaie par dtre que, psieqa'ovr ne voulait pas
avoir pour mo) !a moindre complaisance, j'allais m'en aller
et que j'emporterais mon cdlier. Débarrassé ds Portugais
par cette petite supercherie, je retournai chex Dona Maria
Rosa , qui me témoigna encore les mêmes inquiétudes et
Ib mène déflance. — Mais, hii dis-je, si vous avex qoeiquc
chose à craindre, ce n'est pas de moi , qui suis encore plii»
étranger ici que vous-mèsK. Ma proDoncistion, mes traits,
la conlear de mes cheveux voua montrest asseï que je ne suis
point portugais : que païs-je voua hin dans un pays qui
n'est pas k inlen ef où je n*«i aucune autorité 'f Dona Maria
Rosa se décid» enfin à parl^; mais toBjount A conditioB
que je n'en dirais rien à penonne, et , lorsque quelque au-
tre Indienne s'approchaii de la cbanmière, elle s'interrom-
pait, afin, inf répétait-eHe, que, s'il arrivait qndque mal-
heur à Valdea, ses compatriotes ne l'en ocranssent paàit.
Cette petite scène, que je rapporte ici avec la {Ans grande
fidélité, prouve combien les pauvres Indiens se méient
des Portugais, et il Tout coBvenlr que tout ce qui s'est pas»
dbpnis trois siècles montre qu'ils sont.loin d'avoir tort.
Aux vocabulaires indiens que j'ai inaérés dans mes dîM-
rentes relations, j'ajouterai encore ici celui de la tangœ
des ChicriaMs :
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DU RIO DE 5. FBANaSCO.
Soleil,
ilaerà.
Lune,
va.
Étoiles,
uaitmttri.
Terre,,
tiea.
Eau,
ku.
(!.•«
participe un peu de
l'eu fraQîaU.)
Homme,
amU.
(fo
final trte-wnrd.)
Femme,
piam.
Enfant,
àmU.
Fille,
debà.
Gardon,
Homme Uanc,
Nègre,
Indien,
oiprtdé.
Tête,
dacran.
(An
, 4uu ce mot et les entres , a nn 8(
entre «
1 et au frençaÎB.)
Cheveux,
dajahi.
Yeux,
datoman.
Nez,
daicri.
Bouche,
d<Mam.
Oreilles,
iatpoeri.
Poitrine,
iarM.
Ventre,
dodu.
Bras,
dupa.
Pied,
dofri.
Hains,
dojifcra.
Cheval,
tmjari.
Cerf,
t6.
(0 très-wiTept.)
Tapir,
euU.,
{Otrès-sonrd.)
80D Hord iotermédiiire
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3M TOTAGE ADX SOURCES
Chique,
cracuti.
PoijsoD,
bpt.
Flome,
tidar^.
Yiande,
pormhi.
{PrwwBCiB comme s'il y «wt, en ttut^
Arbre.
odi.
(PTiHMiicar« comme
r^rermé français.)
FetUDe,
Af».
Frail,
docran.
Écorce d'arbre.
o<M<.
(EfCnnéetOMlong.)
Grand.
miMifU.
Peut,
i&Mi.
Joli,
dupMe.
Bouge,
mpredi.
Après avoir écrit ces mots soas la dictée de Dona Maria
Rosa, je les lus tous devant elle, en la priant de m'indiquer
ce qu'ils voulaientdire en portugais, et, comme elle m'en
donna la signification telle que je l'avais d'abord écrite, je
ne puis avoir aucun doute sur leur exactitude (1).
(I) M. d'EBChwegeaiiHéré,duiskSr(»ilfro(l(ett«u« ifeU.nnpcUt
ivcÛMiUire qoî lui a itt égalemeiit commaiûqné ptr Doua Haila Bom.
Les diKrtDCM qoi m inniTetit eotre le sieD et le mien ne sont a partit
qn'ep|MTcotesetproTienDeatcerUdjHiDen(dekiir«ioociMMDaIleiiiiBdg.
Ainsi H. d'Eschwege (xiitiAlpoori et itAiitrl, an lien 4e dal^MTl
et doticrf , craignant, sans doate, de tomber dana la fante qu'il anit Mit
en écrÎTaot Coilaeaxet et Coyax poor Goitacaies et Gojat ; s'il rend fu
ang les tons que j'eiprime par ait, c'est qne les AUemands n'ont pas
d'autre moyen ponr peindre la prtMionciation de notre an ; enfin, eonuM
Pohl , il emploie les lettres tek quand il vent eiprimer on m» «m"Mi"i'
an j Arancais on portugais , parte que ce dernier son ne se retronre pat
dan» la langne allemande, etc. Le mot atomong, qne d'Esdiwege initi-
qne ponr imifre, dilRreMJignlièranent, ilestrrai, deda4tKqae fad-
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m 110 DE s. FRAKCISCO. Ml
Comme pour tous les autres vocobulnlres que j'ai pu-
bliés Jusqu'à présent, je me sers tci de l'orthographe por-
tugaise, plus simple que la nôtre, plus conforme à la pro-
nonciation et qui peint mieux certains sons appartenant
aui dialectes indiens, tels que les voyelles nasales repré-
sentées, en portugais, par im, um, ào, etc. (1).
La langue des Chicriabis, comme celle des CoyapAs et
toutes les autres langues indiennes , se prononce de la
gorge, la bouche presque fermée et sans remuer sensible-
ment les lèvres. Il est fort remarquable que tant d'idiomes,
absolum«)t différents les uns des autres, se prononcent
tous, sinon dans les détails, au moins dans leur ensemble,
d'une manière uniforme. Une foule de circonstances peu-
vent avoir déterminé les différences qui existent entre les
langues des diverses peuplades indigènes, et, si ces mêmes
circonstances n'ont point également influé sur ïa pronon-
ciation de ces langues , c'est sans doute que celle-ci est,
chez la race indienne, le résultat de quelques nuances dans
la structure des organes de la voix, comme d'autres nuan-
ces caractérisent d'une manière générale la physionomie
de tonte cette race.
On ne peut juger une langue par une quarantaine de
mots; cependant le petit nombre de ceux de Tidiome chi-
criabé.que j'ai transcrits plus haut semblerait prouver qu'il
e^ éminemment systématique. £n effet, les expressions
qui représentent des idées de même ordre commencent ou
mets, comme i'AnhocMiû diffire ie itapuH; m«is r^preim qne j'ai
hite et que j'ai rapportée plu haat oe me permet guère de croire qie
j'ai camroiB qiHt<iae erreur.
(1) Toyei ce qnc j'ai dii k re sojtl au rhapiircXXI ialitnli-, Lt$ lu-
diMi Coupât.
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tin VOTAGE AUX SOURCES
finissent de la même manière. Les mots aieuté et ot-
tnoaplé, «)ui indiquent la grandeur, commencent par ai et
se terminent par té; ceui qui qualiflent la beauté et la lai-
deur finissent par dé; les mots qui r^résentent les parties
du corps commencent tous par da {i). Les syllabes orad
sont tout à la fois les premières du terme dont on se sert
pour désigner l'homme blaoc et de celui qui désigne le nè-
gre; la syllabe dé se trouve à la fin du mot odé, arbre, et
revient dans tous les mots qui expriment les diverses par-
lies d'tin arbre. Le mot «attemurt , étoile, est évidemment
on composé d'ua, luoe; la syllabe ku revient A la fin des
deux mets kupttdeu et ukui qui, dans le vocabulaire de
d'Escbwege, désignent de grands animaux, le premier un
bceuf, le second an jaguar; enfin les mots amiotiché el
noUché du même vocabalaire (ivobablement pour amiotjé
et notjé), qui fibisseat également par ouehéon plutàt otjë,
s'appliquent i.deux végétaux comestibles, le premier à la
banane, le second au maïs.
Il était presque nuit lorsque, après avoir quitté Dona
Maria Rosa, j'arrivai à la douane. J'allai me promener sur
le bori du Rio das Veihas. Je pouvais encore découvrir le
(1) M. d'Escbwege écrit ces mou par un d atcc UM apostrophe sairie
d'aoe tnajnscalc , par eietnple iPApra , âASpogti , et, par coos^bcM,
il eat clair qu'il a considéré comne un article la lettre iaitiale.; nuis ,
dans ce cas, la singularité que je signale eiisterait toujonrs, pnû-
que alors les mots qui désignent les diverses parties du corps coouiieQ-
ceraieut tous par a. On dira peul-Ctre que c'est la sjllabe da lont cfi-
tière qui doit être l'article; alors je demanderai comment il se faitqvc
Dona Blaria Rosa ait dicté avec l'article les seuls mots qui eipriment les
parties dn corps, el qu'elle l'ait uégLgé pour tous les antres; eomneot
il se fait , eoflu , qu'elle ait reproduit ciactcmeut la mime anomalie en
dictant à d'Escbwege, et, trois ans plus tard, ai me dictant i moi-
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DO RIO DB S. ntiHClSCO. »3
payMge que j'ai décrit plus haut ; le temps était couvert ,
un calme parfait i^nait dans la oatnre , et j'eus le plaisir
d'entendre encore une fois cette voix confuse du désert
qui ne résonne que dans les bois vierges et sur le bord des
grandes rivières. L'eau mugissait avec monotonie en s'é-
chappant entre les tiancs de rochers; i ce bruit de nom-
breuses cigales mêlaient leurs chants aigus , plusieurs es-
pèces de batraciens faisaient entendre à la fois leurs divers '
coassements, et, au milieu de ces sms variés et confon-
dus, des engoulevents [caprimuiguê) laissaient distinguer
bien clairement les syllabes atriangou, qui leur ont valu le
nom qu'ils portent dans le pays (eoriangû).
Ayant passé un jour au Rio das Velhos, je voulus me
remettre en route ; mais il fallait d'abord traverser cette
rivière ; les hommes la passent dans d'étroites pirogues, et
l'on force les chevaux et les mulets de se mettre à la nage.
Cette ennuyeuse opération me prit un temps considérable,
et, ce jour-là, je ne pus faire que 1 lieue portugaise.
Je traversai d'abord l'étroite lisière de bois qui borde le
Rio das Velhas, puis j'entrai dans des eampo$ où le ter-
rain, d'abord montueux, finît par n'être plus qu'ondulé.
Tout ce canton n'est pas fort éloigné de deux villages im-
portants, Arai et Desemboque; les pâturages y sont ex-
cellents, et l'on assure que, à 5 legoa» du lieu où je fis
halte , il existe des eaux minérales semblables k celles
d'Araxi (1). On ne doit donc pas s'étonner que les Portu-
gais et le petit tyran dont j'ai parlé enviassent ce coin de
terre aux Indiens ; mais on a le cœur serré quand on songe
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»1 VOYAGE AVX SOURCES
qu'on ne veut pas mAmc laisser quelques lieues à ces hom-
mes qui furent, il y a si peu de temps encore, les maîtres
de l'Amérique entière.
Pour la première fois depuis piiuieurs mois, il était
tomtté un peu de pluie la veille de mon départ du rej^ûlro
(12 septembre] ; aussi , pendant la lieue que je fis au delà
de cet endroit, je fus beaucoup moins incommodé de la
poussière que je ne l'avais été les jours précédents.
Je fis balle à une peUte maison que l'on appelle Sitio
da Boeinha et qui est située dans un fond , au-dessus d'un
nusaMu du même nom (Ribeirào da RocinJta, le torrent
de la petite plantation] (1). Ce ruisseau prend sa source,
m'a-t-on dit, k peu de distance du titio et se jette, auprès
de la douane, dans le Rio das Velbas. Aui environs du
titio , on le voit iMnber successivement sur plusieurs plans
de rochers; il forme ainsi une très-joiie cascade qui peut
avoir, par approximation, de 30 à 35 pieds ; ensuite il fuit,
entre des bois, dans un ravin étroit et assez profond.
José Marianno était arrivé avant moi à Rocinha ; on lui
avait permis de s'installer dans la grange, et je Iroovai
mes malles et mes effets placés sur des épis de maïs , où le
moindre mouvement les faisait remuer. Je ne fus pas
(i) Ce DOm, comme OD peut le voirdtna tahpremiirt Ttlotiak {l,tlt
et auiv.). est celui de pln&ieura des babilatioos, vendat ouratKbotde
U gruderoale de Rio de Janeiro k Minas (Aoci'nAadaJVrBTd.AocinAa
de SimÙo Ptretra, Rocinba de QueiTOx.tlc.), et il o'est pas éloonant
qufl se soit multiplié, car nu grand nombre d'élablissements ont é&
DtcetBaircmeDt comnencar par une petite plaqialion. Ud rojagenr dm>-
dcrae a retrouvé (Sczanaet, Souv.) le corn de Bociuba k Minas Novas,
près la Serra do Gram llogol , sur laqnelle aucun voyageur u'avail, si
je ue me trompe, donné do détails avant lui ; mais, au lieu de Boetnka,
il a écrit AocinAia, mot qui a'appariienl pas h la langue jiortagaise.
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DU RIO DE S. FBAKCISÛO. 305
aussi mal )(^é ; le propriétaire du iitio, qui était fort hon-
nête, laissa mettre mon lit dans sa maison.
Cet bomme, établi peu de temps auparavant dans les
environs du village de Bora I^lm , était venu, je ne sais à
que) litre, se fixer parmi les Indiens ; il trouvait, me dit-i) ,
plus avaDtageux d'habiter ce canton , où le débit des den-
rées est plus facile qu'A Bom Fim, le sel moins cher et les
pâturages excellents. Il avait eu raison, sans doute, de
quitter son premier domicile; mais, dans l'intérieur, il
n'est pas un très-grand nombre de cultivateurs, surtout
parmi les pauvres, qui, pour un motif quelconque, n'aient
transporté leur éteblissanent, an moins une fois, d'un en-
droit dans un autre, et souvent à des distances considéra-
bles. Cette inconstance n'est point particulière aux Brési-
liens ; tous les hommes sont mécontents de leur sort , et, si '
ailleurs on ne change point de place comme au Brésil , c'est
qu'on ne peut pas changer, parce que tontes les places
sont prises (1).
A peine étaia-je arrivé au Sitio da Rocinha, que la pluie
commença à tomber; elle continua le lendemain, et je ne
pus partir. Nous n'entrlmes réellement dans l'hivernage
qu'une dizaine de jours plus tard ; mais ces pluies étaient
le premier signal du réveil de la nature : les oiseaux et les
(1) C'est peal-élre d» c«s cMngwnentf de doiqicdk, 4éjh iodiqiits dans
mi prentiire ntalion, que vent parler du Tojtgenr fraotus loTsqoe ,
dans un passage de son lirre éont on s'est beaucoup plaint t Kio de Ja-
iieiio, il senible cbotlwr à faire croire que les BfiMiros mènent nne vie
nomade, i pen près semblable è celle des BédomoB oa des Tartares (jrf-
Mcrva, lus, TI8. — Sur., Soihi., 180). H. d'Bschw^e, en gteéral eiM-
memeolsévère ponr les BrMIiena, l'est oicore ftu, tat ee point (Brof.,
I , 11, 50), foe le voragtor Crancais.
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3M VOYAGE AUX SOUBCES
ntammirères allaieot quitter tes fonds où ils se tenaient ca-
chés et se répandre dans toute la campagne; des insectes
brillants devaient bientAt oraw les forêts ; les campot gri-
sâtres et desséchés allaient reverdir, les arbres échanger
quelques feuilles rares et jaunâtres contre une parure nou-
velle; j'allais revoir des fleurs. Mais ce voyage devenait si
pénible, il était accompagné de tant de tracasseries, que
je restai presque insensible à la certitude du changement
qui était sur le point de s'opérer, l'avais cruellement sonf-
fert de la sécheresse; je devais souffrir encore davantage
des pluies qui augmentent la dilBculté des voyages.
Pendant la journée que je passai au Sitio da Rocinha,
mes gens profitèrent , pour chasser, de quelques inXa-
valles de beau temps, et trouvèrent beaucoup de perdrix
et une grande variété de petits oiseaux. Mon tocador Mar-
c^Uno avait d^à parcouru tout ce pays ; il faisait alors
partie d'une folia (i) qui avait quêté pendant huit mois
pour une fête du S. Esprit. Il me raconta que lui et ses
compagnons avaient passé un jour i l'Aldea de Santa Anna
pour faire blanchir leur linge, qu'un soldat du poste avait
voulu les arrêta" sous prétexte qu'ils étaient des voleurs,
mais qu'il s'était noyé deux jours après. Le divin Esprit-
Saint , ajouta très-judicieusement Marcellino , est un saint
qui ne pardonne pas. Ces paroles sufBraient pour montrer
combien est étrange l'idée que les hommes d'une classe
Inférieure se font de la religion catholique, et combien il
serait nécessaire qu'on leur donnât quelque instruction (2).
(1) Voyei h chapitre XXIV intitulé, Commtnetnuitt dit tM|nffe da
la au de Coyoz à S. Paul. — Le Uato Grotto, Uc.
(I) PonoiuM, CD ftuux, ne tiendrait le même langage qna le bon
Haicelliao. Mais, quoiqu'on ; répande rinslroclioi) avec aaïaat de lèle
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DO UO DE S. FRANCISCO. 307
Le pays compris eatre Rocinba et la halte voisine est
plat et découvert. En le traversant, je fus frappé du pro-
grès que les petites pluies des trois jours précédents avaient
fait faire à la végétation ; la plupart des arbres disséminéft
dans les eampot commençaient déjà i se couvrir de feuilles.
Les insectes malfaisants furent, ce jour-li , beaucoup
moins incommodes que les jours qui avaient précédé ;
mais, depuis quelque temps, les chiques m'avaient mis les
pieds en fort mauvais état, et je ne marchais qu'avec beau-
coup de peine.
Nous nous arrétimes sur le Imrd du ruisseau d' fJberaca
Verdadàra (1) qui se jette dans le Rio das Telhas. Il y
avait, dans cet endroit, une petite chaumttre ; mais, comme
le vieillard qui l'occupait était atteint d'une maladie .conta-
gieuse, je me décidai à coucher dehors.
La nuit du 15 au 1 4 septembre fut extrêmement froide
et la rosée très-abondante. Au lever du soleil , j'étais transi ;
mais, quelques heures après, la chaleur devint d'autant
plus insupportable que je ne trouvais pas le moindre om-
brage. Il fallut cependant passer la journée entière dans
que de d£siiil£ ressemant, il j eiiate une fouk de gens qui , uoiqaeaieDt
orcnpés, depuis lear plus (endre enraoce, ï Mtisfaire leurs beM>iQset
leurs jouisuaces maKrielles, ne coaotisseDt.eD r^aliti, pts beaucoap
mieux Icar rel[gion que le locador brtailleu.
Il) Je couronne ici mon ortbogripbe t celle qui ■ éU idopl^e par C«-
ul et i la prouoaciatioQ usitve dans te pays. D'Eschwege et Piiarro écri-
TRUl Vberaba ,- mais ou sait qu'on a soureut coufoodu , dans les noms
propres, le b avec le o ; aiusi oa a ('erit capfbara, et j'ai toujours en-
tendu prononter rapivara. — Au lieu d'Uberava Verdadeira et Falta ,
IIM. Hilliet et Lopes de Monra ont adopté Vberaca rerdadtiro, Cbe-
rava Falio. J'ai vru devoir écrire Verdadeira el Falta arec tous les
autres auteurs, parce que cette ortbogrifAe rend eiarlemeul U prouou-
ciation des bibitants du pajs.
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39B VOYAGE IDX SODICES
cet endroit, parce que mes mulets areieat pris la faite et
qu'on ne put )es découvrir que vers le soir.
Je causai beaucoup avec le vieil habitant de la chau-
mière. On ne voyait chex lui qne des gourdes qui lui ser-
vaient de vases, quelques pots, «t une petite provision de
maïs destinée à être vendue aux voyageurs ; cependant ce
vieillard paraissait content. Je n'aime pas le bruit, me di-
aalt-il; perscmne netroaMe mon rqios, et je salsoequi se
passe dans te monde par les caravanes qui s'arrêtent ici.
Cet homme, il faut le dire, avait sous les yenz bien pea
d'objets d'envie ; car il y a une foule de maisons, dans tout
ce pays, qui ne sont pas plus riches que la sienne. Il était
accoutumé h la s4Hade, et peut-Mre attendons^nons notre
journal, dont une fête nous a privés pendant un jour, avec
plus d'impatience qu'il n'en éprouvait lorsque, après une
interruption de six mois, il attendait les premières cara-
vanes.
L'époque af^rocbait où le mauvais temps allait les em-
pêcher de marcher; mais, pendant que j'étais i Uboivi,
il en arriva une qni était trés-considérable. Qle apparte-
nait è un cadet de la compagnie des dragons de Goyaz, qui
ta conduisait lui-même. Le goût des Brésiliens de l'inté-
rieur pour le commerce et surtout pour le brocaotage est
général ; ils ignorent qu'une profession , très-boi\orable
sans doute lorsqu'elle est exercée avec intelligence et pro-
bité, n'est pourtant pas compatible avec d'autres dont le
but est entièrement différent (1 ] : è Goyaz, en particulier,
(1) Ntgnère oa avait, en France, poar loata eea chows, un MBliiiiMt
eiqais de délicaletse. Ce qui m piHe cbei nom depni* six od sqtt aM
prouve qac , «ons cf npfolt, non* toauBcntoiu k nous ropprockw
beaucoup des GojaMis.
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DO RIO DE S. FUHCISCO. t»
OD est tout k la fois prêtre et marchand, militaire et mar-
uhand, et l'on ne gonpconne point qn'il puisse y avoir en
cela quelque inconvenance.
La nuit du 14 au 15 fiit eno»^ plus froide que )a
précédente, et, quoique mes gens m'eussent construit
une petite baraque , il me fut presque impossible de
dormir. Q était fort tard lorsque l'on trouva mes mulete;
il y avait alors trois ou quatre heures que j'étais exposé à
un soleil brûlant, et, lorsque nous partîmes, je souffrais
déjà beaucoup des nerfs. Tout le reste de la journée fut
trés-pénible ; la chaleur était excessive; l'ardeur du soleil
augmentait mon mal de pied ; je souffrais également beau-
coup de la main gauche, ou une chique mal extraite avait
prodoit une petite plaie ; enfin la mauvaise humeur de José
Marianno ajoutait encore k ces nusères.
Entre Uherava et Ttjtàeo, dans un espace de & Ugoas,
nous traversâmes la plaine la plus égale que j'eusse encore
vue depuis que j'étais au Brésil : la terre y est un peu sa-
bloDDeuse , et presque partout il n'y croU qu'une herbe
peu fournie.
La petite fasmda de Tijueo [i], où nous fîmes halle, est
Mme, dans un fond, sur le bord d'un ruisseau. Auprès de
(1 ) Ce Dom, comme je l'u dit ailleurs , dirire ia mot l^iiea ( bow) ,
qui apptnient k la itnfoa gtral. D'Eschwega et Piurra se sont doôc
rapprocbés de l'orthographe primitiTe quand ils oot écrit TiJtKai mais
ce n'est pas aÎDsi qa'oo proDOoce dans le pajs et qu'a écrit Cazal. L'étjt-
ntologie a réellement été cooserv^e daos le Dom d'âne montagne Toialne
de Rio de Janeiro; elle s'est altérée dans l'un de ceux d'ao de* deui
ruisseaai qui couleut à S. Joâo d'U Rei et dans l'ancien nom du chef-
lien du district des diamants (aujourd'hui Cidade Diamiotina). J'ai à
peine besoin de dire qu'il ne faal pas , arec un moderne (Sue., Souv ,
33!>, rurire Fe^ucco.
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300 VOYAGE AUX SOCtCES
cette habitation se trouvait un raneko, où nous nous éta-
blîmes, mais qui était déjà presque entièrement occupe
par une caravane allant de S. Paul à Cuyabi. Cet usage
de se placer aiosi sous un hangar sans rien dire au mattre
de la maison et de partir eosnite,, souvent sans l'avoir vu,
a r inconvénient de priver de renseignements utiles le voya-
geur qui cherche à s'instruire, et de le laisser i la fatigante
société des camaradai (nom que l'on donne aux hommes
d'uoe classe tout à fait inférieure, qu'on loue pour fiiire,
dans les voyages, le service des malels ou tout autre service).
Mon mal de doigt m'empêcha de dormir toute la nuit,
et j'étais horriblement fatigué lorsque nous partîmes. Je
cheminais tristement, souffrant des nerfs, du pied, de la
main et maudissant les voyages, lorsque José Marianno me
rejoignit et me déclara fort brusquement qu'il ne voulait
plus chasser ni préparer les oiseaux, et qu'il me quitterait
aussitôt que nous serions arrivés à S. Paul. J'ai en horreur
les changements de visage; je ne pouvais oublier que cet
homme avait été parfait pendant qndques mois; enBn je
savais que, dans tout le Brésil, je ne trouverais peut-être
personne qui me lût aussi utile pour l'histoire naturelle et
qui , en même temps, soignAt aussi parfaitement une troupe
de douze mulets. Après de longs pourparlers, je le déter-
minai en&n à rester avec moi et j'augmentai la rétribution.
déjà très-consid^ble, que je lui avais accordée jusqu'a-
lors ; je prenais le meilleur moyen pour le rendre plus exi-
geant et plus maussade.
Au delà de Tijuco, le terrain n'est point égal comme au*
paravant (1 ) ; il devient même très-montueui, et partout it
\l) Caul , diiis k livre duquel on Iroure Ua( de choKs, parlcdc h
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DD RIO DE S. FRANCISCO. »l
«st aemé de pierres ; les hautenrs et le flanc des morneii
présentent des pAturages où s'élèvent çjt et là de petits ar-
bres ; les vallées sont couvertes <)e bon ; dans les fonds
marécageux , on voit des borityi s'élever au milieu d'une
herbe épaisse.
TVons Rroes halte au lieu appdé Lanhaso (nom d'homme),
où, ditron (1), il existait autreroisnne aidée. Je n'y vis qu'un
Ttmcho et deux misérables chaumières habitées par des In-
diens descendant des Bororés; mais ces bonnes gens me
dirent qu'ils avaient des parents établis dans le voisi-
nage.
Au delà de Lanhoso, le pays redevient plat et présente
d'excellents pâturages presque entièrement découverts, par-
semés de bouquets de bois. L'ensemble de ce pays rappelle
l'aspect de la Beauce telle qu'elle se présente après la mois-
son; les pâturages où l'on n'a pas encore mis le feu res-
SCTiblent aux guérets couverts de chaume, les eapôat aux
peUts bois appelés remises , les queimadas aux pousses nou-
velles des prairies artificielles. On peut, avec plus de rai-
son encore, comparer ce canton aux campot découverts
du Bio Grande (comarea du Rio das Mortes) [2), et je re-
trouvai ici , pour la première fois depuis la Sam da Ca-
pUine Tort remarquable de lUberna (Corof., I, 3S1); nuit on voit
qu'elle ne s'étend pu, comme il le dit, de VVberava Vtrdadeira à
VVberava FaUa , antre ruisseau dont je dirai quelque chose tout h
(1) Caiil, Coroffra/toBroi,,!. — Pie., Ifem. hù(.,IX,932.— L'ori-
gine que le père de la gtegraphie brëailietnie attribue à VAldea 4o La-
nhoto ne s'accorde oollemeat avec les iTidltions UDirorraes et très-rj-
ceulM des Indiens, que j'ai reproduites dans le chapitre précédent.
(2) Tojei le chapitre IV de cet ouTrage intitulé, Lei eampoi. — Ta-
bleau général du eanUm de Rio Grande.
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au TDTAW Um SOUKCES
DBStra, le eapûn /îrcko qui fonne, en gmade partie, les
excellents pflturag^s des eavlrons de S. Joâo d'EI Rei.
Le mtijestueux borihf s'élève encore dans les fonds ma-
récageux; mais j'approchais de sa limite méridionale.
A peu de distance du village de Farinha Podrt (la fa-
rine pourrie], où je Ss halte, je passai une petite rivière
appelée Ubtrma Falia, qui cesse d'être guéable dons la
saison des plaies et se jette dans le Rio Grande.
Farinha Podre est situé, au milieu des eempos, dans un
large vallon qti'arrose un très-petit ruisseau. Ce village se
compose d'ane trentaine de maisons éparses çà et là des
deux cAtéa du ruisseau; toutes, sans exception, sont nou-
vellement bAties (i 819) ; quelques-unes même, lors de mon
voyage, n'étaient pas encore achevées ; plusieurs sont gran-
des pour le pays et construites arec soin.
L'église de Farinha Podre est extrêmement petite, basse,
sans ornements , comme furent, sans doute, les premien
oratoires des Portugais qui découvrirent le Brésil. A l'épo-
que de mon voyage, elle n'était encore desservie que par
un chapelain et dépendait de la paroisse de Deaemboque,
qui est éloignée de âO legoax; mais les habitants du pays
tAchaient d'obtenir du gouvernement central qu'il érigeât
leur village en chef-lieu de paroisse (1).
Ce village fut fondé, par des MIneiros, vers l'année 181S.
S'avançant toujours du cAté de l'ouest, quelques chasseurs
de Minas Geraes arrivèrent dans ce canton , oij ils trouvè-
(1) CeUe fiTcor leur • ilé accorda depuis. — Il tiot bien se doa-
DtT de garde de conToodre )■ paToiiee de Farinha Podre arec celle de la
nouvelle ville d'Ubenra , comme oo pounait j itre indaii par no pu-
sage de Piiarro. Quoique voisines, elles sont bien distinctes rnne de
l'antre.
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DV MO OB S. PfUHCISCO. 3ttt
rent des pAlur^es excellents, des sources d'eaux tniné-
rales, qui, comme celle d'Araxé, pouvaient dispenser le
oultivatear de donner du sel à ses bestiaux ; enfin des ea-
pàtt nombreux et d'une étendue considérable, on la terre
annoDçait une grande fertilité. La renommée de ce canttm
se répandit bientôt dans les comarcat de S. Joeo f El Bei
et de Villa Rica (Onro Preto); des hnnmes qui, cMome
disent les Mineiros, ne trouvaient plus aseei de terre cher
eux ou dont les tores étaient épuisées par le mauvais sys^
tème d'agriculture généralement en isage, prirent des te»-
mariai dans ce pays : on bAtit une chapelle près du ruis-
seau, et le village se forma.
Farinha Podre est situé, disent les habitants, à plus
d'iuie demi-lieue portugaise de la véritable route de Goyu
À S. PanI, et, par conséquent, hors des limites du terri-
toire des Indiens ; mais , depuis la fondation de ce village,
l'aDCien chemin a été tout à fait abandonné par les cara-
vanes, et actaellement elles passent par le village même ,
où elles trouvent plus de facilité pour renouveler leurs pro-
visions.
Les p&tnrages des environs' de Farinha Podre sont telle-
ment bons, que, malgré l'excessive sécheresse qu'il foisalt
encore lorsque j'étais dans ce village, les gueimadas étaient
couvertes d'une herbe abondante et du v«t le plus ten<
dre. Les colons du pays ont su mettre è profit cet immense
avantage ; l'éducation des bétes & laine, des pourceaux et
surtout du gros bétail forme leur principale occupation ,
et plusieurs d'entre eux possèdent déjà SOO et jusqu'à
1,000 bfitesi cornes (1819). Des marchands de Formiga,
village dont ils ne sont pas extrêmement éloignés, viuinent
leur acheter leurs élèves et les envoient ensuite & la capi-
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3M VOYAGE AGX SOUHCBS
taie du BiMI (1). Les terres de Farinha Podre sont ausri
très-favorables k la calture du maïs, de la canne à sucre,
des haricots, du colon ; mais, de ces divers prodnits, le
dernier est le seul qui , à.caaae de la distance consïdérri>ie
qu'il y a encore d'ici aux grandes villes et k la mer, sort on
objet d'exportation (S). Lorsque le pays ne sera plus aussi
désert, les habitants d'antres cantons moins favorisés vien-
dront s'y pourvoir des denrées qui aujourd'hui trouvent
peu de débit, et l'on peut croire que l'heureuse Enlilité
des alentours de Farinha Podre lui assure, dans l'avenir,
des destinées brillantes (3).
Lorsque j'arrivai dans ce village, je présentai mes pa-
piers à un capitaine de milice qui remplaçait le comman-
dant et qui m'installa dans une maison k demi bâtie :
elle était ouverte de tous les cAtés et k peu près aussi in-
commode qu'un raneho; mais, du moins, nous avions
l'avantage de ne point y être incommodés par les puces
pénétrantes.
(1) VoycE le chapitre XU intitulé, Le villag» itÀTaxé, etc.
(3) Il paraîtrait , d'aprto le nppcri hit i l'assemblée générale de»
députés dn Brtail , au mois de mai 1S4T, par le miDUtre d'Étal Jûaqnin
llarMllîiio de Brita ( Beloforio da repartiçao doi iie§oeioë do Impi-
rio, 3), que la culture de la rigne a été essajée dana le vusûHge de Fa-
rinlu Podre.
(3) Depuis que j'ai écrit ce qui précède , je lis le passage suivant ihn»
nue noie du mémoire de Liue d'Alinconrt : • C'est na plaisir de roir
« combien ce rillage s'est accru de 1818 k 18S3. La population de b
1 paroisse entière s'élève i 2,000 individus en Ige de se eonresaer : on
• fait, i Farinha Podre, un eommeree considérable; on j forme dea
■ mes; les maisoDS sont en bien plus gTMd nombre et {Moque toatm
■ conrertei en tuiles ; les tUioa et les fiuttidai se mnltiplteol dans k
■ voisinage ; une fonle de familles sont veoues de Ninas s'établir ■*—»
>■ ce canton (Jtnn. rtag., 631. • On ne doit voir ici qu'an dépUMmenl
de population ; mais rette fois, du moins, on a bien choisi.
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DU RIO DE 5. FRANCISCO. )0S
A peÎDe étions-Dous h Farinba Podre, que José Marianne
se plaîgDit d'un violent mal de tàte ; sa langue était char-
gée ; il ent de la Serre et du délire. Je n'avais aucune con
naissance médicale ; mais, depuis le commencement de mes
voyages, j'avais observé que, dans des cas analogues, un
vomitif |Ht)duisait un heureux effet. Mon malade en prit
un et se trouva soulagé.
Je sonnais cet homme comme bien peu de domestiques
soignent leurs maîtres et ne recevais de lai que des mar-
ques de mauvaise humeur. D'un antre cAté, mes pieds gué- .
rissaient mal et je fus trois jours sans pouvoir sortir. La
chaleur, qui était excessive, me faisait beaucoup souffrir,
^ mon imagination mesurait avec effroi la distance que
j'avais encore k parcourir avant d'arriver à S. Paul. Je pé-
rissais d'ennui ; Fariuha Podre ne m'<^rait aucune res-
source non-seulement pour la société , mais encore pour
les besoins les plus ordinaires de la vie : on y aurait inuti-
lement cherché un cordonnier ou un tailleur.
« Je me trouvai un jour de dimanche dans ce village ; le
commandant vint i la messe, et sa maison se remplit des
cultivateurs tes plus aisés du voisinage. Je leur trouvai des
manières beaucoup moins honnêtes qu'aux fazendeirot des
alentours de Villa Rica ; c'étaient À peu près celles qu'a-
vaient, & la même époque, nos bourgeois de campagne ou,
si l'on veut, les cultivateurs d'Araxâ, de Kormiga, d'Oli-
veira (1). Cette dernière ressemblance n'avait, au reste,
rien d'extracHtIinaire ; car c'était principalement de ces
lieux qu'étaient venus les colons des environs de Farinha
Podre.
(1) ToïCi les ehap. ni el Tin dn premier Tolumeikret oiiTrage.
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aoe VOYAGE AUX SOURCES
HarcdliDO me quitta dans ce TUlage , me doonaot pour
toute raison qu'il ne vonlait pas aller plus loin et m'aronant
qu'il n'avait pas le moindre sujet de le plaindre de moi.
J'accusais de son déport l'inconstance naturelle anx eama-
radas; mais j'appris, par la suite, que l'état de sa santé lui
en avait Tait une nécessité. La si^esse n'est pas ce qui dis-
tingue cette classe d'hommes.
Il y avait quatre jours que j'étais à Farinha Fodre lors-
que José Harianno , qui s'ennuyait autant que moi , vou-
lut absolument partir, quoiqu'il ne fUt pas encore entière-
ment rétabli.
Dans un espace de 4 legoa$ de Farinha Podre i Guaria
da Potée, où je fis halte, je ne rencontrai absolomeat per-
sonne et n'aperçus qu'une pauvre chaumière habitée par
des Indiens. Le pays est ondulé, et, quoique la terre soit
d'mt rouge foncé, la végétation, contre l'ordinaire, se mon-
tre fort maigre. La poussière, par sa couleur, salît horri-
blement le linge et les habits. Les borraehudoi conti-
nuaient À être très-incommodes.
Le pequi [ Caryocar hTOtHimnt, ASH., Juss., Camb. }
oott dans presque tous les caiapoê que je parcourais de-
puis longtemps ; mais, nulle part , je ne l'avais trouvé en
grande abondance : entre Farinha Podre et Guarda da
Posse, il devient très-commun; en revanche, on n'a^ier-
coit plus de Qualea. Je me rapprochais des contrées mé-
ridionales; la végétation c(»nmençait è offrir quelques dif-
férences.
Gvarda da Poue (la garde de la iHisedepossessitHi) (1),
(l) Il ne Tint pu ronTowlre c« lica arec le Silio ia Pou» dont fu
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DU RIO DE S. FAANCISCO. 307 '
OÙ je m'arrêtai , comme on vient de le voir, est un poste
militaire. J'ai déjà dit qne la douane (regùtro) avait été
placée au Rio das Velhas, parce' que le Rio Grande, vérita-
ble limite de la province de Minas, est eitrèmement insa-
lubre ; cependant, comme il y a encore entre ces deux ri-
vières une distance trës-considérable (17 îegoas), on avait
établi à Posse une garde qui Veillait à ce que la contre-
bande ne se fît pas dans l'intervalle. On y donnait aux né-
gociants na état {gwa) des marchandises avec lesquelles ils
passaient de la province de S. PanI dans celle de Minas,
et ils étaient obligés de le fvésenter plus loin , «Bn qu'il
Kit bien constaté qu'ils n'avaient rien venda d^ms Posse
jusqu'au Rio das Velhas.
Le poste se composait d'un cadet et de denx soldats dé-
tachés de la garde du Rio das Velhas : ces militaires me
reçurent parfaitement et me logèrent aussi bien que le
peimettait l'extrême petitesse du local.
Le jour de mon arrivée à Posse, le temps était couvert ;
le lendemain (35 septembre], il tomba de la pluie, et je ne
pus n» remettre en route.
J'ai déjà dit que les Brésiliens de l'intérieur, lorsqu'ils
sont malades , ont souvent recours à des paroles et à des
remèdes sympathiques . Je vais en donner un exemple. Pen-
dant que nous étions à Fosse, José Marianno se plaignît
d'avoir mal aux dents ; voici le remède qu'on employa pour
le guérir. On demande au malade : Qu'est-ce qui vous bit
mal? n répond : La tète, la main, la dent, suivant la par-
tie qui est affectée. — Eh bien, elle ne vous fera plus de
parlé plus hinl Et qai se troure ji qaelques lieaes dn village d« Santt
Crui-
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308 VOTAGE AUX SOURCES
mal ; et ion écrit un À majascule. On répète la même
question ; le malade Tait la même réponse : on réplique
de la même manière, et l'on écrit un R majuscule après
avoir coupé l'A d'un trait (A). En continuant toujours ainsi,
on trace successivement les lettres ARTEFA , et l'on re-
commence jusqu'à ce que le malade dise qu'il ne souffre
plus. Au bout d'un certain temps, José Marianno le dit
par politesse , mais son mal ne diminua point (4). Je ne
serais cependant pas étonné que^ dans certains cas, quel-
ques malades eussent été guéris, au moins momentané-
ment, par le pouvoir de l'imagination.
Il y avait k Posse un nombre prodigieux de puces péné-
trantes (cbiques, biehos do f^, et, comme j'avais appris i
mes dépens combien il peut résulter de mal de leurs pi-
qûres, fêtais sans cesse occupé à visiter mes pieds, afin
d'en arracberces insectes avant qu'ils s'y enfonçassent tout
à fait. Mes pieds étaient alors presque guéris ; mais j'avais
l'indei de la main gauche en fort mauvais état : une chi-
que s'était enfoncée entre l'ongle et la chair; on n'en avait
tiré que la moitié, et il s' était formé un mal blanc tout au-
tour de l'ongle. A Posse, on me tira avec beaucoup de
peine une autre chique de l'index de la main droite, ti je
(I) M. Gardoer raconte qu'on faiendetro de li Serra dos Orgios, près
de Rio 4e Jaoeiio, prétendait goérirles hommes et les tnimani<)esiMr'
garts TeDimenses , en leur faisant avaler cinq petits morceani de pa^er
TOaiés comme des pilules , sur chacun desquels était écrit no des mota
magiqnes bien conons, Salor, Arepo, Tenel, Opéra, Rolat {TrawU,
S3). On peut assurer, sans coarir le risque de se tromper, que les ser-
pents dont la morsare arail été gaérie par ce moyen n'appartenaient pas
k des espèces bien dangerenses. An reste , il n'est pas nécessaire d'allv
fP Unitiunt pour trouver des exemples de pareilles superstilions; il
surSt de parcourir les Tillagcs de France.
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IHI BIO DE s. FRANCISCO. 309
voyais l'instant où j'allais Mre privé de pouvoir écrire. Tous
les désagréments se réuDissaieut pour rendre ce voyage in-
supportable : souvent je manquais des clioses les plus né*
cessaires&la vie; je ne trouvais point de plantes; rien ne
venait me distraire; je sucoHnbais sous le poids de l'ennui.
Le jour de mon départ de Fosse (24 septembre), je fus
pourtant moins malheoreux ; je traversai un charmant pays,
ce qui ne m'était pas arrivé d^ois bien longtemps.
Après avoir quitté le poste, j'entrai dans un campo où la
terre est très-btmne et d'un ronge foncé. Là se trouvent la
plupart des arbres qui caractérisent les taboleiro» mbertoi;
mais ils ont une vigueur inaccoutumée ; ils sont plus éle-
vés qu'aiUenrs, plus droits , moins écartés les uns des au-
tres, et entre eux croissent de nombreux sous-arbrisseaux.
Les pluies qui étaient déjà tombées, quoique peu considé-
râmes, avaient agi sur la végétation de la plupart de ces
arbres, et alors ils commençaient & se couvrir de feuilles
nouvelles et d'un vert tendre : parmi eux , il était impossi-
ble de ne pas distingner le tocopà^ , légumineuse k feuilles
aUées, dont les Qeurs, d'une couleur de chair chermante,
sont disposées en longues panîcules. Au milieu de ce joli
amtpo, le chemin, toujours parfaitement uni et assez large,
décrit d'agréables sinuosités; le voyageur européen croirait
presque qu'il parcourt un jardin anglais où l'on se serait
plu à rassembler une foule d'arbres contrastant entre eux
par leur forme et leur feuillage.
Quand on a fait 1 lieue, le pays change d'aspect. Tou-
jours parfaitement uni , il offre un agréable mélange de
pâturages, de petits bouquets de bois épars çà et lÀ et très-
multipliés ; enfin de terrains marécageux au milieu des-
quels croissent des borUyi {Mattritia viniftra, Mart.).
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310 T0YA6B AUX SOOICES
BientAt on parvient aa Rio Grande; nuis les bois qni
couvrent ses bords ne le laissent apercevoir qae par échap-
pée. A. cette époque, celle qui précède immédiatement la
saison des pluies, cette rivière pouvait avoir la même lar-
geur que la Seine, k Paris, devant le jardin des plantes ; ses
eaux coulaient avec majesté, et des hérons blancs comme
la neige se promenaient avec lenteur sur les bancs de sablç
qui s'élevaient de son lit. Quoiqu'on soit arrivé sur le
bord du Rio Grande , on est encore loin de l'endroit ou on
le passe. D'abord, on traverse pendant quelque temps nn
t^rain marécageux et couvert d'herbes qui s'étend, paral-
lèle au fleuve, entre deux lisières de bois, dont l'une bwde
ses eaux. Le chemin partage ensuite cette dernière, et le
voyageur mardie sous un berceau de verdure, où, de temps
en temps, il aperçoit le fleuve à. travers le feuillage des ar-
bres. Les oiseaux, si rares dans les eatnpos, sont ici Tort
communs ; des colombes, des perroquets et une foule de
petites espèces voltigent entre les branches, en faisant en-
tendre leur ramage ; le fiira olho , peu timide, ne change
pas même de place à l'approdte du voyageur, tendis que
les oiseaux-mouches passent et r^Kissenl avec rapidité ,
comme s'ils étaient emportés par le vent.
On suit ce joli chemin dans un espace d'environ 1 lieœ
portugaise , et l'on airive à l'endroit oà l'on s'embarque
pour ta-averser ie fleuve. Là est un raneho {1819) couvât
en tuiles, ce qui est fort extraordinaire dans ce pays où les
toits des hangars destinés au voyageur le sont ordinaire-
ment avec du chaume ou des feuilles de palmier. Les hom-
mes traversent la rivière dans une pirogue ; on la fait pas-
ser aux animaux et aux marchandises sur une sorte de
plancherquî recouvredeuxpirogues réunies. Le RioGrande
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DU RIO DE S. FRANOSCO. SU
était encore une des rivières dont le péage avait été con-
cédé, pour trois vies, à la famille de Bartboiomeu Bueno
Anbanguera, ou, comme l'on, dit à tort dans le pays , An-
hangueta, en récompense de la découverte de Goyaz.
J'ai déjà parlé de l'insalubrité du Rio Grande. Les ter-
rains marécageux qui le bordent sont entièrement couverts
d'eau p«idant la saison des ploies ; ils se dessècbent en-
suite peu à peu, et vers les mois d'avril, mai et juin, il
s'en exhale des vapeurs pestilentielles qui causent des fiè-
vres malignes et des fièvres intermittentes. L'homme qui
recevait le péage pour la famille Anbanguera et habitait
une petite maison sar la rive gauche du fleuve me dit qu'il
était établi dans ce pays depuis quinze ans et avait été ma-
lade dix fois : cette année-là, en particulier, toutes les per-
sonnes de sa maison l'avaient été, et elles avaient encore
un air languissant et le teint b^jaune. Il s'est cq)eudont
opéré quelque amélioration depuis l'époque de ta décou-
verte : alors on mourait au bout de peu de temps; aujour-
d'hui on ne meurt plus , mais on est malade et on languit.
Le pajs deviendra de moins en moins malsain k mesure
qu'on y introduira quelque culture et qu'on le dégarnira
des bois qui le couvrent , ainsi que cda est d^à arrivé pour
Je Rio das Velbas, ï'un des affluents du S. Francisco.
Je traversai la rivière le jour même où j 'arrivai sur ses bords
(34 septembre). De l'autre cAté, je n'étais plus sur le terri-
toire privilégié des Indiens (1), ni même dans la province
de Minas Geraes ; j'avais passé dans celle de S. Paul.
(1) On ttaart.iuiBhliyteûed'Eaàïwtge (.Brtu. âiineve WtU,l,
03, S4), deux Ubieini rclalib i la popuUtion des Indiens da district
privil^f if : l'on qui fut (ommaniqu^ k l'anlenr tn 1816 et ne comprend
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313 VOTAGE AOX SOURCES
que les habiuiilfl dn cwlon siiaé tain le Pvanahjbt et t« Rio das T«-
Ihas ; l'iatm qui embrosM iwu le» habJUnls da district el fut enrojt à
l'admiiiistritioD , par les ladieus eai-mimes, ea 1821. Comme j'ai cm
recmnaltre daos le premier des indices d'ineuctitade, je me coDlenleni
de copier ici le «ecoad :
Perauahjbe. . . .
S. Domingoe.. . .
Rio du Pedras. .
Estin
Famu 14 9 11 3i
S. Anna 84 90 88 Ml
Rio des Telhis 7 ï 6 »
Sodnlu 3 3 ï 11
DbMare 3 S 3 8
Tijnco 8 8 7 33
Laoboso 5 S 17 30
Oberava FatBt. Il 15 38 6B
toldas. S 7 11 33
Poue 1 3 4 8
Espinhis 5 9 2t 35
Rio GraDde 3 3 4 10
257 157 357 STI
Oo pourrait croire, d'après no passage de l'fifif atro (f wn Quadro et-
UUiitUo da Protineia dt S. Paulo. — S. Pauto 1839, que le district
priTilégié des Indiens a ét^, depuis qnelqoes années, réuni ane seconde
(bis k Gojai ; car il y est dit ■ qae le disirict de la ville de Franca, ap-
parlMunt ï S. Paul , conflue avec celai d'Uberara , qui fait partie de ta
proTince de Gojaz, et qae le Rio Grande sert de limite h cette dernière
prorince. ■ Les aotears du BiccUmario geographico do Brasil, qui
ODt conduit l'histoire très-abrégée de Goju jusqu'en 1842, disent anssi
que l'Aldea de S. Anna ippartieai k ce pajs ; mais , comme ils ajanlent
en même temps qne le Paranahj'ba sert de limite k Gojai, et que le
Pisarrio appartient t Hioas Geraes, il ert permis de regarder la ques-
tion comme dontente. La riunloi) indiqnic par l'EMoyo semblera penl-
^d:,;. Google
DU MO DB S. FRMOSCO. 313
ttn fort uturella, si l'on m cenaalte que la carte; duh je m sea-
nia m'eiiipécber de la regarder comme no TériUbk malbenr, à cause
de l>loiguement où se tronrent le Rio das Pedrai, S. Anna, etc., dn
cheF-liea de Goyei, le grand nooibre d'aHhires dont le gouveruemenC de
celte immeiue prorince est Décessai rement accablé , le pen de forces et
de Tereniu doDt il dispose et le triste état diDS lequel MS BuaDces.
sans doute , l'obligeot de laii»ar les villages des Indiens. (Vojei ce que
dit le véridiqne Gtrduer de l'abandoQ où languit l'Aldea do Poara,
TroMlf, p. 315-320.)
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DO aïO DE s. rRAUCISCO.
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III :
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TABLE DES CHAPITRES
DANS LE TOME SECOND.
CHAPITIIE XVU.
Coromeocemeiil du voyage daos la proTÏoce de Goju. — Le rïllage de
Santa Luiia 1
CHiPITKE XYUl.
S. ADtonio dos HoDtes Claros. — Le village de CommU. — Les
Hontes Pjreueos. — Le village de HciapoDle 30
CHAPITBE XIX.
Les villages de Jmgat, d'Oaro Fioo, de Ferreini k
CHAPITRE XX.
Tilli Bm on la cilé de Go;u 6i
CHAPITRE XXI.
Les Indiens CoyapiSs 87
CHAPITRE Xxn.
L'or «t les diamiDts da Rio CUto 130
CBAPinE xxni.
Heiour à Tillt Boa 149
CHAPITRE XXIT.
Commencement da voyage de la dté de Goyai à S. Paul.— Le Halo
Grosso.— Une habitation modèle.— Le village de BoDiFim. ... 168
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TABLE DES CHAPITRES. S19
CHAPITRE XXT.
Les caui thermales dites Caldas Notob, Cildis TeUus, Caldas
de Pjnpitiaga 300
CHAPITRE XXTI.
Le village de Santa Cnu. — Une roale très-pénilik 223
CHAPITRE XXTH.
Encore la proTinee des Mines.— Les Indiens métis dn ParuiabylMi. 348
CHAPITRE XXVIII.
La cascade de Farnas.— Le Rio das Velbaa et l'Aldea de Santa Anna.
—Le village de Farinba Podre.— Passage du Rio Grande 374
t DB LA TABLE DBS CBAPtTRBB DU TOHB SECORD,
^d:,;. Google
^d:,;. Google
TABLE DES MATIÈRES.
Afe*UI«i,n, S),i3s, i&o, ifis, I6S, 30S, 332, ne,
AMWitiMe*, famille de plintea, II, 4B.
Abimm, natiOQ iodiiniDe, U, B4-96, 113.
AdH>lnls«imti«n, I, 334-337, 364.
AsreK»d*B , hommes qui s'établissent sur le lerrain d'aulrui ,
n, »s, 100.
AldMsa* villages dindieoa, I, 883; II, 94, 96, 103.
A]«i«M. r. Yalbsc*-
AMeA THaurtMf village constrail pour les lodiens ^jipta. II,
n, 131, 134, 136.
Alexandre FevelMt e Caatr* ( la targ^Ho mâr ), tai-
neur de Paracaiû, 1, 380, 39i.
AUmentatlM* II, 13.
AU^radvn 4le« ««leuin reprëaentotfreaj I, S4t,
8ee-3es;n, 7s.
Alto d» Serra, cabane, I, 67, 87.
I, famille de plantes, I, 335.
, I, 80, ST, 89, 133, 338 ; II, 15, 69, 104.
nUaaM eurattUlfaliMai» espèce d'Acajou, II, 51.
4 espèce de Palmier, n, 36.
JkmguXUem éleetoHiHe», II, i33.
ilMfcTiiifi-rrfi, suTDoni de Bartbolomeu Bueno d> Silva, le père,
I, >10.
Aaaicww, village, I, 369 ; U, t3S.
Aa«M« ( /"azanda doi ), habilatioD, H, IBI.
Aa*hr«ip«lasle, U, 318.
AntABi* l>ue»> de AMevede, foadaieur de Sanb Luiia
deGoyaz,n, IS.
AntaMl* ]f*cHHv» 9umKt9, curé de Couteodas dans te
Sertâo de Hinas, n, t&».
^d:,;. Google
331 TABLE DES HlTfEilES.
AmiMKl* FnuMto»* <le AsevMl* , marchuid de béuil ,
1,54,81,90.
Antenl* Pires de "^ — itt- Mumnm, aTentnrier destnic-
leur delà nation des Coyapôs, I, 3Ti;II, 3S4, 3B4.
ApacTiiëes, famille de plantes, I, bs^ iH.
Jkrm»t espèces de perroquets ( Ainonu kyoeâtiAmiu et ^ro-
raiHui},n, 15».
. F. PBroimi.
tf oiseau, 1, 14, Sft.
HUI«tf»l«, Corifère, I, S4.
Arsxfc, village en 1B|9, m^urdlnri ville, I, }ef,2i3, :i8, 217,
IlB.ïaa, «5,136, 38», 84*, 3«î, W3; n, 191.
d i-fiari ( ^1 ) , nom d'une halte près la cité de Goyaz, Tl, M.
Arraiwa, Tillageea igi9, aujourd'iiui tHIe, 1,336.
jbrrepeiMlldaa ( RegUtro dot ), douane , I , Z) 5, 301 ; TI, ï,
3il9ff.
Arruém ( Fazenda do ), habitation, I, 3«i .
mtnrmwm 4* PsV«l ( LtuioHii'a f<^sm }, espicc <fe Bfélïs-
tomée , II, SI.
ri, Sapolée à Tniits comestibles, U, 51.
I, I, 304; II, 48.
ige, I, )63; U, 15.
»T>« TImO», ar^ «te la famille des lÀ^mimmiu, U, ».
ltarJM(U comte «»], II, 184.
B«rn», village, I, 313.
■aarthvlmaeH Buen» die flUva r pire* atmiMiir .^ éi'
couvrit Goyaz apris Haaoel Correa, I, 309; II, Mft.
Barthrtvmeu BiieiM ds HUv», fils, celui qui i^Mta le
pays de Goyaz aui domaines du PorUigal, 1, 810; U, M^T.
■wùuBda», gfiàn de l.éguniineuses, 1, I59<
BesmUlk, genre de plantes, II, 2TS. .
Bé««U,I, 31, 3S,11,67-Tt, 174,284,345, 3M,H8,a«*)U,
15,131,181,191.
W^w *• 9* ( cH"M,piiUK wmmmirmmm J. !,»$■, B,
378, 397, 399, 308.
D,g,t,.,.d.i. Google
tABLE DBS HATIÈHES. 32I
I, famille de piaules, I, 36&, 2G3, îTi.
BU^Ats* de Pennut», pipieMoaoDniie , I, 41,
B«a Vlmtm , halte sur la routé de Villa Boa au Rio Cliro , H
150, 154.
tfm Tlata (Mdeada], village d'Indicas métis , H, leo,
3SS,263-ST1.
B«» Ttate <■■ FMHpiilhB, babiUUon dans la province dé
Rio de Janeiro , I, 6. i&.
B«kéBileiiB,n, ITB.
Bo^ rUm, village de la pravlDce de Goyaz près Sanla Cntz, ville
depuis 1836,1, 383; II, 137, IGO, IBT, 191-109,127.
B»wMt FIhi, village autrefois situé auprès du Rio dos Piliîes el
qui, aujourd'hui, n'existe [l'us, It, 13T, 196.
B*BB JwrdlH, babiUlioD, f, 144.
B»rltr (Mauritiamnifera), Palmier, I, îee, !70, ST4j30ôi
II, 4, SI, lia, 126, 155, 159, ITI, 301, 309.
■•roré* , oatioa iadieune, II, 256.
■•"••fciMl»» { SimuUum perlinaa! ) , insectes maibistutg, I,
203; n, lis, U8, 153, !08, 282, 236, 2G2, 267, ITS.
~ ~ , Dation iudieiine, II, 106, 132-134.
■ , n, 164.
, rivière, II, 334.
Breja [ SiHo do ] , chaumières, Ii; 229.
~ Mil , voyageur anglais, I, 3T 1 .
»(7<qlfl,),I,T,33;II, T8.
Uni, C«elMetr» <•■ VuvnMi, etc. r. C«waiw.
CMliMtelBbJi, babiialion près Tamandui dans la eomareait
S. Jo'o d'El Rei, 1, 123, I4e.
C— fc— IriMlMi. maisoDoelte près Arixii , dans la coMsrmrde
Paraulli, T, 3Si.
^d:,;. Google
32t TABLE DBS MATIERES.
C»uli*ii* «■• — — p», mammifère ctnussker ( C<mU eam-
pMfHi, Neuw. es Gerv.)) I. ]37iII, i68.
CmMélw, I, a&S.
Cid«Ml(Fasmda( dfu],ll, 309.
Cal^bM MvTSa, eaui tbermilM, n, 309-330.
CïmUm Telkaa, eaui Ibermales, II, 309.
C^Iunc», plaote mëdicinale, 1, 164.
CMMpMi«l«»éeB, famille de piaules, I, 2U.
fanip» AleC) village, 1, 3fl3-2ST.
raipaa . pays découvert, T, SS-G3, se, S8, ii9, 13G, i&&, 114-
339, 233,354,304; II, 88, 135, l&l, 161, 171, 113, 193, 310.
C»nel»4'MBK. f. Vellosu.
C»Baekmere,I, SSSi ir, i8.
CbhIb ewtapcBtrla. T. Cachorro do campo.
C!R«utel>*iie, II, :i&.
.CapAc ( Ci^Sm ) , bouquets de bois épais dans les pâlurages ,
I,8T.
C^pS* da* Flore* , habitaiioQ, I, 136.
CMp«t»x [ conducleur de bétail ), 1 , 35.
Capluk ratlacuelro. F. Cai'Ih GOBOLnA.
C^l^liift (•rduFK ( JUelinii mittutifiora ) , Gniiniate, I, 333-
I1&, 373, 39S, 398, 303, 351, 385; II, 39, 31, 51, 176.
OpiHi Fre^a», Gramioée, I, ii9, 136, 358; II, ni, 303.
C»p<talBea séiténti» , ancieu nom des gouverneurs de pro-
TillC«, I, 335; II, 78.
C»pHXa Peilr* , babilatioD, 1, 137.
C^ltKtlvn ( CApltofS* ), impôt, 1, 190, 339, 340.
CapUlMSB, habitation, I, lee.
CMnabniulelIn. F. Cahpo Albcrb.
a, Dation indienne, II, 98, fis, ii3, 138.
[ Fastnia do J, liabitation, I, 300.
CmrmmtDiQtcoreaa.es bounisias, I, T3, 131.
CmrrnnokK. F. Tbopa.
CmirKkmwmm ou CMrVbmmmm. F. Métis dr Nëgrbs kt d'Jk-
DIEBSKS.
Cwrra»e*«, forêts n^iines, I, 3&9; II, 88.
D,g,l,.,.d.i. Google
TABLE >ES MATIÉIES. 3»
DM'y«M ■■'■■lllwala ( Tulgaireineiit pe^ad), arbre,
II, Ï7.
Owmp«to>, ÏDseclu malfaisants dugenre Ixoia, II, 31, 90,
137, 138, 1&3.
■ ( Faxmda ioi ), hibilation, II, 339.
le flWidIfS*. ^. HOTBM POUR LA FOUTB DB l'oH.
le) celle dile Cachobih* da Casca u'Ant», I, iSfr-iss ;
— uae anire dans la Serra da Canastra, i93 ; — une autre qu'on
veil à une demi-lîeiie de la Fizenda do Geraido , I9S;— celle dite
CiVCHOBiiiA DO HoLLiM, 199;— une autre qu'où voit de la Fazenda
da HaBoel Antouio SiinSes, loO ; — celle du Retiro da Jabutica-
beira, !3&; — celle dite CAenosmA das Fubnas, II, 315; — celle
du Riburio da Hociufaa, 394.
itHdlertlIa. f. Arapokca.
, genre de Légumineuses, 1, 366.
, voyageur français, I, 371.
village, n, 33», 339.
village en 1810, ville depuis I83l , 1, 3as, 34<i;
n,T3.
OKVRlhadwi. F. Exkhcicbs de chbvaox.
CmvKirm, nom de lieu entre Paracaiu et la frontière de Gnyaz ,
I, S0&.
daTfilw (ji*), chaumière dans le Mato Grosso de Goya/ ,
U, ne.
VmtlmimM, forêts qui perdent leurs feuilles chaque annéL', 1, 313;
U, U.
C^ypéri. F. Covu^.
C»7«e«é, ville,!, !M.
■ ( maisons de campagne ], JI, n.
. V. Chicriabas.
■,I, 43,89,367; II, 13, 40, 135, 153, iSO, 15», lOS,
186, 173, 175, 170, 114, 119, 13S, 331.
OluuiK«Hi«Bta de deaaiclle , II, 395.
Chnpnde *mm Ceuvea . plaleau, I, 306.
Bêle 8. Haureee, plaleau, I, li5, 305.
, grand plateau ; celui qui termine la Serra da Canas-
— celui qui termine une autre portion de la Serra do
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3» TABLE 'DES tUTtiKS
S. FraociMoe da Ptraïubyba, pcèSik^MinsKdew deniarJlM*^,
21 t, 269.
CAKraÀJtaBiifii,!, n&, i»i.
Cbtvc* , habimion, I, 01,03, 1S3.
OukViuitoB, Dation iiidienoe, II, 123, 34t.
OteBalna, I, 369; — celui du Go3iiiE»OEi[D4MiwtOiiw CnwMr»-
cio ) , 3t ; — de Rio os jAHsino k Hikas Geimbs ,-»«4.i — idu
RioPbETO, 12, J&, 29, 30;— -de 8. GABnHLaïU'GuiPOfi, M;—
de terre [ cau.vho da tbrka J , 3 , ) 9 , S3 j ~ de f Aj.dk* db S.
JosB iuBjoClaro, II, 135j — du Rio m>E'PjlSbs il AiiLLà Boa,
tài; — celui de Villa Boa k 6. Paul, .iSfriili; — .«Uns le Hat»
Ghosso, 1T4.
ChevMix, I, 36*, 363.
- f', Stbrcuua Chicha.
. , nalioD iadjeane , H, 3S6-£01.
I, F. BiCHOS DO p£.
Ciiieli*!!» CemmlBM» , et^e de qoiDquim, I, iitl. '
Clpé nuttMhr(li)uiemeurtri£fe],'I, 30.
C»re,U, 164.
Cl»r«llM, DoiD vulgaire d'un arbre des Oanipoa,'H,a&i,
ClMaU«a*lan ««• IndAow, II, 133.
Clercé,!, i:6, 133,318, >48; II, 44, 114, l»2, 330.
, I, HZ ; U, 40.
I (jtl),B(BKko,J, 43.
CTocbVB», I, 34, 73, 130, l&S, a6S,«3,«64;II, U.
C««lh«[lelieuteDaalJ,propriëUiredelaFaiendadasCaldu^lT>09.
CoBMvcwa , divisions des proviDces, I, 334.
CaHMtrc» «le Nsrte, divisioD de U proriDeede'ûayw, I,
33â, 341, 862, 366, 360.
CTvmareA de P^racatii, dlvisisD de la pnwiMB'lkiiinÉs
Geraea, I, 304-331.
Ceoukrc» do Sul, division delà provioeeidmGiojvz, I, âSS,
3&7, 363, 363, 366.
Cïeauurc» de S. Jofte 4'El &aâ,JiviiiMiideia^nniBce
de Hinas Geraes, I, Ti, 73, TS, tî, 16, 19, 122, au, 116,30S,
201, 343.
M««, I, 14T.
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TABLE DES MATIÉBES. 3X1
C —ijfgiilw pour l'eiptetuiion dw m'a»» tf or, I, !92, 36* au.
C— ip— é— , runille de plantes, 1, 131, I70, 31 1 ; U, Jl .
C:*neeifa», village pris S. Joao d'EI Ilei, 1, 113.
C<*iicelfS« ( province deGojazJ, village bd 1S19, aujourd'hui
ville, I, 335,
CsncelfS» ( Fiamda da )\, babiution près Villa Boi ,11, »8,
lU.
, I, 310, 341 i n, T», ItO, I4&, Ufl, 16!, 161.
Mina, lieu voisin de Rio de Janeiro. If, 07.
■ ( Sitio doi ), patîle habiUttion, II, ^73.
a, Initiens, I, 33, tO-42 ; II, 123.
C)*v*««(rabbëJ, cultivateur, I, H.
C*pr«sa 4m ilrrwa, iiiinnii, II, 30.
C^rreca <bM CiRMaa, ruisseait, II, 2}.s.
Clives* 4e J»ras<u>> villi^ eu 1»1B , «ille defuiU 1841 ,
n, 38, 48-63, 114, I6S, 167.
fjorresa éImi Haraaaa , ruisseau, I, 288.
Crânes* 4a HeMta* Illafca. ^i Goaiuco Pm«>
■a, ruisseau, I, 288.
, ruisseau, I, ISS, 388, 281.
, ruisseau, II, 11.
Correca 4e 8. A>taaila, ruisseau, 1, 281, 3S8.
Vaa, ruisseau, I, 284, 288, 397.
, I, 384, 398.
Carrée* 8«perlw. f. Coiuibgo Pobhe.
Can-^K»' TenvMUha , misseia, U, XH.
, 'VilUge, I, leo, Ml ; II, 28.
1,1, 87,98, 145, I6«, 3il,Z&«;IJ, t«e, S33.
Calan, I, lU, US, 380, 384 ; U, 42, 183, 184.
CWHXM, v)Uage,I, 106; II, il, IIS.
C*raSi*«,Mli<w iadieiiDe,I, 3ll;IJ, e7-li9, 122, <2S, I24,
13«, 137, 164, >U.
CrUÂ, TÎlUge, I, 313, 336; 11, 166.
,U, 271.
a, I, 18, 367, 364, 366; II, 184.
€jUwÈmmmm , bommes qui , pv goAt , «serceot m» mt^kr ou ci(db-
vmtuD arl sus en faire leur profession,!, 104.
...d:,;, Google
TABLE DES HtTIÉHES.
, eaclos pour le b^il, I, us, iio.
, hameiu, r. Me.
■■■iw ( Ftamda ie ), babiuiion, I, 2G7.
ItaiHiiMi [!>■■■ ]. rniiiTTiri rnj i|i^. II, lis.
Wmtm, âendua de terrain aurirtrcque ilistribue le Guirdi Uôr,
I, aia.
ll<'iitMi«HiMi« f^. Diziminos.
»»—ifc»<W, Tillage en iBie, nQonrd'bui ville, I, 184, lis,
241, 344; II, 149.
, f. Sbitao.
,1,101, 164.
:, lis, ISO; n, las-Me, \t\.
e,I,13B, 341-t4&,>S4.
, I, 195.
Btotrtot prlvUé^é 4m InAena, II, lâi-srs.
~ , dédnuteurs, 1, 190, 143.
«l», babitalion, I, ils, ns.
t [Aldea iJoJ, village d'Indiens, II, 94, 95, |34.
• { C«Bip««nte *m ), I, 349.
I, Ml; — celles d'AiiAU, 1, MS, 24T-
14g;n, 118; — celloi deSiUTU, I, ibB-jn, liB-.— celles de
USuraHegha db Paracatd, I, 164; II, 118; — cellesqui
iToiainent l'habiution de Guauda H6«, près Pakacatti, 1, 1T3 ;
— celles des Caldas Novas etTELHiis,II, I09-:iS; — celles de
Farihha Pitorb, II, 118, M3; — celtes de Rio Pardo, dans Li
proTÎnce de S. Paul, II, 1 1 8 ; — celles qui se trouvent k 3 lieues
de HoctKHA, près le Hio bas Telhas, roule de Goyu, SVS.
:, celui qui préside la (Me de ta PenlecMe, II, 1 1T.
Dorode lieu, 1, 1, 19,13.
!, 1.348; 11, T8, 140.
r«ii«i«ai. T, 108-111.
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TABLK DES lUTIEBBS. 3»
I, n, io.
Mte* (esclaves des diamaots), cailloux
qui accompagnent les diamants dans le Rio Claro, n, 144.
IDfMnnlrtn» da mv«lMa 6Mttlerc«i Goyanais qni
s'embarqua sur les rivières pour pénétrer dans la prorince de
8. Paul, 1, 370.
BaMva (jiUea 4a), village d'Indiens m éli», n, 169, 36(>-3S7,
âtyaavloslei celte de Tamarati, I, i3;— de Capitikca, lee;
i. ^dePKRinTISCA, 138; — d'ÀRAXa, 341; — dePABACATc, 3t3;
— d'AMIANGUBIlA, 110 ; — de CAPAO, 331 ; — de CARAPA, II, 7 ;
— decHACARA, 17 ; — de Heiapohtb, 40; — de Jaracda, 49;
— de cATiRfiA, sorte de bob, 64; de Capivarhv, iB9;— 'dePA-
RABAHTBA, 3&0; — de TiJOCO, 389.
Eiq^la»rfcl— é »■ , ramille de plantes, 1, 355.
Bmevcftces de «lacmMx {caoalhada»), II, 8.
BztowcMMi 4erM>*T, SGt-l&6.
k, sorte defarine dont on saupoudre les aliuMots, 1, tji.
dre, village, 1, 33& ; II, ITO, S03-3M.
a ou habitation, 1, 7, 75, 80, 133.
AweBd» 4*el K«l, ferme royale, il, 131, 137.
FasMndetrsB, propriétaires d'habiutlooa, I, TO, 78, T6, 70, 77 ,
ST, 89, 131, 173, 17(i, 314.
F«U«ber>«, cultivateor, i, tS3.
FeBUHeSfl, 78, lS7;n, e, O, 47, ai, 77, 1)«, 141,368,386.
Fer,1, 140, 178, 310,386 ;!!, 15.
FgiUMJ» DelsMl* Frelre 4« GasMIba, I, 333, 34 1 ;
11, 80-84, t45, lei.
Fcmrfor. K Arapohca.
Ferreliro, village, I, 313;!!, 83.
VcmIUcb ((^ule des), 1, 138, 301 ; II, 38, i75, lOO.
pê*M, I, lee, 176 ; — celle de la S. Jbah, II, 5S-S1 ; — celle de
la PsirrECOTB, U, 177 ; — ceUe de Nossa Senhora da Abbauii,
198 ; —celle de la S. Louis, 330.
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TABLE DES HATIÂIBS.
1,1, 33T-34I.
Fleura qui paraissent avant lee reuillas, II, tôi, 206.
XlvrcM, village en iSJ8v»1}<»'h''<1mù viUe, (« t36.
nmrmlmom,l, laa.
V»lta, r^uDiOD d'hommes qui quêtent pour la fête de la PentecAle,
U,il7, 2Bfl.
1,1, 3t&-S&f.
M, I, 30, 3} ; II, 48, 63, 128.
F»railS« ( Jldea ia J, village «rindieuH , II, S4, Si.
VanMlc», village,!, 119, 121, i&7, 362; II, J&.
Far^HlllHB ( Silio da }, fxtiLe babiiatit» dans la prot'iace de
Goyai, II, tSO.
FomulUu», habitation (dana la proviiice de Rio de Janeim}, 1, 3i.
F*iacArc«, I, 136.
FoutmI», I3 2H, 383.
Fnuif», nom de lieu près la cité de Goyw, II, i 73.
Fraaelac* Alwmm ( Sitio de ), maisonnettes, H, 301, 331.
WrmmHmwm J«ié <le TTf»f ( faxenda de ) , babitMioo ,
I, 2Sà.
Franc*— Jbettm, colonel à la cité de Go;az, U, es, Mi.
Fnuwlaai» g«ww BiOMc*, aveBtumr^^oMft, li, «a«.
187.
1,1,11.
I,3M,M4;II,]t, 41, 1S.
4e lab«. f. SoLAKDii LicocutniK.
ftrine de maïs simplement moulue, J, 121 .
m ( Sflio iat ), chaumière, n, ise.
m (Faxenda dat), balnlaDon, II, 216.
«.
1. f^. PsiniVM.
( SiHo de ), maisoimettee, U, T.
I, fotniUe de plantes, I, 331, 231 , 368 ; il, 27.
I, 33, 1S&.
{Faxenia io), babitsiion, I, I03, 193.
f^. MlNBlROS.
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TABLE DES UTliRES. 33t
dMiaorto, geoie de pluotca, II, nu.
Ciiw, liU,TU8tiquu, I, ma-, H, 104, II&.
«•UscMie*, lodiens gtuvoges, 1, 4(M3.
ClMUre, 11,73, lis.
<a«wl» MAr^He* ISilio de), cbaumière, U, ITS.
Cl«7&, lUlion iDdienM, I, 309, 810-313.
CivTAxfprovinixde),!, 3as,24l,30S-37B;lI, 1-211, MS, 313.
fil«yjiK (la cild dej. r . Villa £oa.
Vramlnée*, bmille de planleâ, I, 333, 33&.
Oresvrl» Hummi {Silio de), cbaumiËre, II, 20^.
Suantula, oalioa indienne, II, 123.
k Bf ér, babilalion près la ville de Paracatù, 1, 171.
ir, balte sur U route de Villa Boa an Rio Glaro, II ,
160, lâ&, IGH.
StwArda» Hwr, nugUlnit.cbiCKÉ (te <la UûliibuiiQD des teciaiw
aurifères, I, 383.
CteaMto.dBPa«ae, poslemitiUic^,l^, 307.
ViiMBia^iB ulmIfellM, Aug. de S. II., planle du grou|te des
BuLlaéri6e8, II, 56, 106.
Ciu^natfe*. babililiOD, II, Oi.
■ C»Kpa. y, A^(;UJLLLS ÉLSCTIVIUUE:>.
t. F. HalIGABElRA.
I, I, M.
Herv» d'IIniMt, pUnle gui prëserre, dil-on, de la morsure
des serpents, I, fts.
Histoire de la ville de Valshça, I, 34-8T ; — du village de Rio
Prkto, 48 ; — de la ville de Tamakdua, 14s ; — du village de
FonHiGa, 169 ; — de Piuhuy, i89; — de la ville d'ÂRAXA, sai-
lli: — de la province de GoYAZ, 308-316^11, a4Si — de Sauta
LuziA m GovAZ, aojourd'bui ville, II, i i ; — du village de Co-
HUMBa , 39 ; — de Heiapoktb, 40 ; — de JasACDA , aujourd'bui
ville, 49 ; — du village iI'Olro Fjno, 63 j — du village de Fer-
HBiHO, 63 ; — de la Cité de Govaz, S6 ; — des Ihdibns covai><)K
et de I'Aldba de S. Josfi be Hossambobs, 94;— du village de
^d:,;. Google
iU TABLE DES MATIÈRES.
PilSes, 136; — de BnH Fni, aiqaurd'bui ville, n, r94; — dfs
Calsis Vblka8, 118; — desCAiiiAS Noïas, îie;^deS»«T*
Grdz, aujourd'hui ville, ISS; — de I'Alde» do Rio das Pedras,
364-IbS ; — de I'Aldka da Estiva , 288 ; — de I'Auiba DE Pl-
SAMIAO, 388, 367.
» du tiers ordre de S. François, II, *0.
lé, 1,46, 93, HT, 125, 18S, IlBïU, 80.
« pour la fonte de l'or (eatai de ftmditào}, I, ais, t40.
[,96, 151, 3It;n, 40, SO, 73.
>, 1,161.
Wj^ttm, geure de Labiées, U, 31.
I, I, 318 ; n, 8.
¥f8l» <e S*UBft WwnMch, capiUbe, 1, 35.
ImpréTvjHBce, n, m, i4i, laa.
■ ■■■lia», n, 16S, ITI, 203; — des forSTs,
daa IIEIa«i, rérotle h Minas, II, 384.
1,1,96,309,313,333; II, 94-119, 122-134, I62-Î13,
381-382, 183.
>, 1, 167, 381, SSt.
Me, Caladium eiculentum des botauisles, 1,13, lii.
u»H<é, II, 311.
pae, II, 348.
e de Rio de Janeiro k Govemo, I, 18.
d'Ubà au village de Rio Pr«io, 31.
du Rio Prelo k la sortie des forêts, 5o.
d'Alto da Serra àS. Jnio d'EI Rei, 83.
du Rancho do Rio das Mortes Pequeno i Tamandua,
130.
deTimanduià laSorradaCaontra, i53.
de Jolo Dias ]i Araxt, 191.
d'Araxi h Paracatû, 151.
deParacatâau Rc^stro dos Arrependidas, 3»7.
du RegisU'o dos Arrepeodidos i Saaia Luzia , II, 4.
de Santi Luzia de Goyai i Hàaponte, il.
,,;. Google
TABLE DBS IUTIÉU8.
de Meùponte I Vilii Boa, te.
de l'AldM de S. José ati village de PilSn, 131.
dubameiudePilSeskVillaBoi, 150.
de V3I> Boa à Heiaponle par le chemin le mi
fréquenlé, I73.
de HeiapoDie au rillagedeBomnin, IS8.
du village de BoiD Fîm auSitio do Pari, 301.
des Caidu à Santa Cniz, 320.
de Sania Cruz au Rio Pannabyba, 338.
du Paranahyba i la Fazenda das Fumas, 351.
de la FazeiHla das Fumas an Rio Grande, 375.
, II, 18.
JTiMM, sorle de panier, I, 72, 7S.
Jacù, hibiUlion, II, 150, 1&3, 159.
Jnciib», farine délayée dans de l'eau, 1, 370.
jM^uement, vt>yag''.urrranQais,I,iS3.
JHPscuii. f . Conneco de Jaracda.
SmrwmKm, nation indienne, n, 90, S8, 1 11, 116.
Jé«ul(CS, II, 94, 95, 103, 103.113,113,356, 184.
«•â* IHa«, habiuiion, 1. 1T7, 190.
'•S* fÏMetaBS dA HllvR , Goyanais qui desceodit )tar les
riTièras jusque dans la promce de S. Paul, 1, 370, 37 1 .
Smêm CïnpiMi Awgwf J'Oj eafcwM e ■ , goiiTenwur de
Matogroaso , pnIsdeS. Paul, n, 158.
J«ft» CtoMMi {Fasenda dé), babiUtion, 1, 3T6.
^mëm IieHe te H1t« Horlls , un des premiers avenlu •
riers qui déoonTrireol Goyai, 1, 1 1 1 .
J«S« TIIbtI 4e n[«K«aeB, capitaine général de Gojaz,
n, lis.
JaCa KadrlgwM IP«r«tna de AlMaeMe , négoetant ,
1,30; n, SI.
J>eC« ^(ûtatlae de mvelni , capiiio môr de Ja ville do
Ttmandii*, I, lis, 148.
J«fte Vexclvm Alrapea, curé de Santa Lnxia, I, 130, Mt;
n, 8-10, 17-19.
^d:,;. Google
3M TABLE IffiS RTATIÉltBS.
JlM^iitHi Alvea de Ollvelra, commandant de Mdspooie,
I, 360; n, 133, iso-iaT.
^amtpalnk Atwem (Fazenda de), babJtation, II, ISO-IBT.
^MmulmlHaa {Sitio de), chimniëre, Tt, 104.
^•«qulnt MftFB«« (babitatioD], I, 33.
J««4wlm Thetonio Hmgmrmdu, omMor de la Corurci
doNorte à Goyaz, II, 83i
S»mé de AlnneMa de- fmmmtmtmUmm de S«licr*l e
CMTvalha, iMraii de RIvwMunedes , capitaine génâral
de Goyaz, II, 95, os.
^amt Fminrtsce [hibitalion;, I, 3?.
Suaé Maartenno, miilelier, I, 30, lia, 116, 1*1; H, 51,171,
300, 30G.
^••é Perelnt d« Bllvn, propriëlaire, I, 104, 114, 139.
J*aé Plni* d« F«mscc«, Goyanaia qui descendit par les
rivières jusque dans la province de S. Pïul, I, STO.
^••é B*drls«ieH da Cnu, I, 33, 35.
^•■é RadrlcHea Frwm , Pauliste qd fotfdi Paracalù, I,
381.
Jwieph (le père), mistioDintre cipuein, H, lo, u, S6, t6}, 103.
Jiaeunù, sorte de corbeille, U, 104, tlS, lie.
■Viurtftees ( Julgado») , dlvisfoiu des provfncefl, T, 334.
piMie eimi&Tt, 1, 331, 3&e.
I..
(volgainmeM paeari), atbn d« 1* n
dnSiHearMM, U, 37.
Imge ( SiHo da ), babitation, II, sa.
!«■«, Min dff Ksiis 1, 3fr, n*.
I, lacB,I, SOI.
»Fel», lac, II, 131, ra>4.
m, marais, I, )04.
Ib,Im, U,n>.
,, lac, II, 131.
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TABLE DES HATliRES. 3S)
p«*a, miraie, 1, 304. ■
I, lieii mircca^ux, I, W3.
, ri, 301.
M, I, 41 ; H, 107 , HW-MS, twnt.
Itfuwqjelnw (Faxenda doi), biUCMioii', T, «9.
I«rdl, r, 41, 73.
e (Antoine), serviteur de l'auieur, I, 6.
k [Fazenda io), habitatioD, I, 363.
Iiécuittlaeiiaoi, faroillede plantes, I, 355,174.
liCpMMrtrvM, espèee de poisson. II, lis, 184.
Ii1bb«« s«ml,laogne dû Indiens de la cûte.H, ii3, !6i-365.
UBharM (le comte de}, ininislre du Brésil , I, 333.
Iilsca«M, plante, II, 17.
I4»belto, genre de plantes, n, 376.
iMmméwUé, U, 3W.
Iiueevek, voyageur aof^iis, 1, 163.
IiwIb, NMat qui imèw let^ktyapdBilWie lïpririTec les GoTanais,
n, B7, m.
Iiirita aii*«wlB ém MiVM • B«hu» (L'abAéj-, écrinia goû-
tais, II, 93, les.
bris dft VwêbIêê^ MmoÊmmm, eapîMm général db Dr pn>-
Tïnce de Goyaz, n, il.
n, 43.
iMâm «<
taiae général de ta province de S. Paul, n, M.
■ {Fautida dêi), dntMtiitwi, U, 15.
t, espèce de palmier, II, i&i, ITS.
I, peupMb iwNemK', R, ri3^.
B fc séparer le coton de ses graines, II, 1 S3 : — i rjper le
manioc, isi.
I, peuplade indienne, II, lOf, 133.
Ire 4e Veee) Nmteau, t, Of .
to, I, T.
^d:,;. Google
TABLE DES HATIEKES.
«, 1, 89, 121, 311 ; II, S, 100, 104.
la, peuplade indienne, II, I13.
M, famille de pliDle>,I,3GG, 314; n, l&i, »•.
I, tnétiE de bUncB el d'Indienncf, n, ITi.
. V. H&WlIElHAfl.
1^ balte Gur la route de Villa Boa an Rio Claro, II,
1&0, 1GG.
«, babitatioD,n, U, IT4.
I, faabiiatioD, 1, 7,8.
t, pidil arbre de la famille des ApocjméM, n , lis.
BlKHKlIer, 1, 8.
III»nl«c, I, 313,111.
Bb^lala, macbine i l'aide de laquelle on commeDce la prépa«-
tioD de la farinhi, 1, 136.
Hafl|]«Uiih«, chaumifa«, dans le Mata Grosso de Goyai , B,
176.
nj>Ba«l A«t«Hto SHmSm {FoMmia da), habitaiioa,
r, 197-100.
k, celui qui découvrit Goyai, I, aos; □, 310.
, cultivateur, I, 1S5.
Haa*cl B«drliFuea Ttisauir, celui qui découTrit le ban
où est situé HeiapoDle, II, 40.
, Mrviieur de l'auteur, 1, 149, 168.
■ (Ftae»da de), babitilion, I, ■&&.
ir de Gofiz, I, sis, 340.
Maaw (Dona) , feninie de la nation dea Clûcriabàs, II,
186.
, I, S7t;II, T4, 117, 189,344, 311.
dha, celui qui découvrit les Cddas Hovaa, fl,
110,316.
Ma** CIrsMW, forêt voisine de Villa Boa, I, SU, 3M; II, U-
&6, 114-180.
M»«T— — , province, I, lil, »9} 11,1*0, 144, 147, lU,
I&4.
Mafiwlw ou Wlmtmmahm. F. Giia«»a uuuroux.
lUem. V. BoRirr.
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TABLE DES MATIÉIES. 337
RlKwe, voyageur angliis, I, !63.
HMeclBB, I, 103; II, 72.
llei«p«»tg, vilUge en 1 81 9, ville depuis IS8S,I,I1I, 816,349,
3&9, 163; II, 1 1,37, SO, 16-44, 49, 73, 7S, 166, 169, 178, 193, 196.
Tn^lmmtmmtiémm, famille de plaoles, t, 370, 397.
SeUnts itMMtlflim. F. Capim cokocia.
MCBMMltB, II, 43.
Ké«l» de aiulâtrMi t4 d'ImUeiuie», I, JO ; II, 107 ;
— DG BËGRBS KT k'IrDIBIIUS, 2&3, 370, 371.
Htol, U, ISO.
BlIUee imiHeia), garde nationale, 1, 349.
WUrnêmmécMy plantes, II, 34.
Mina» [Fastnda dat), habilalton, I, 364.
SIliiMa CI«rM«i, province, I, S, 48-807 i II, i, 9, il, 48, 63,
74, 75, 348-313.
Ifliw STsTM, pirlie de la province de Minas Geraes, 1, 314.
BItai«lv««, babitanlB de la province de MinaaGeraes,!, 103, I07,
117, 134, 143, 145, 148, 319, 3I«, 344, 371, 873; II, 79, 333,
286, 351, 395.
niMMam, I, 77 ; II, 13, 48.
, animal d'une existence douteuse, II, I3t-i 35.
ta, I, 120,131, 148,131,316.
i, iniectes malfaisanti, n, 337.
lÊmêkm'hmm, chWMniieUes, n, 60.
naeimi, I, 1T, 114, 317-313, 871-ST8; U, 15, 16, 74-79, 83,
Itt-)I8,140, 141, 161, 189, 190,283,338,340.
ITlrtMfc». petite habitation, I, 300.
1I«^«1««, hameau, I, 19B.
I, peuplade indienne, U, 113.
I, montagnes, II, 3 1 , 13.
■•■«•• PyreBeva, I, 301, 309,313,319, 3ei;n, !tt, 13,
30-34, 45.
ns^pacHB, lieu dësert, 1, 169, 304.
]n«i4le«>, sorte de lËpre,!, i&i, 153; n, 40, 5o, 3i7.
n, pelite montagne, II, 6.
, morne, 1, 140.
Mmrrm Aa CTnaa 4*m AImhm, montagne, I, ïS7.
^d:,;. Google
Table des matières.
, moalagne, II, 19.
Il, petite montigne terrugioeuse, I, i J9,i 49.
atorr* *m P»dr« ■>«m— , pelile moDUgne, II, is.
ni«rv« d* ■*■, petilea moaUgnes, II, 8).
•, pelUe montagne, II, I3, ao.
I. f. S. J0S6 DB HOSSAMBDBS.
m, I, 3; II, lis, I&3, 33«, 153.
Mmnfmm, 1, 73, 3t5, 163; II, s.
Mmjeam de tmmummmUmiOmm, I, 8W-37I.
)«,II,5Î,7Ï, 107,ÏOÏ,I7l,ni.
', II, ST.
I, I, 36 J.
HTi^éMi, fimille de pbotes, II, Il 1, 2TB.
la, espèce de laons, D, ■ U.
Hattrldade, village eu is 19, aujourd'hui ville, t, 313, 33â.
HècrMt, I, 16, IS, lOS-li:,3S&, 339;n, n, 182.
Hr«BM, n, 30, in.
Heu» Senhsra *» Piedatde «InhuBUrliMi, 1, 1
Wmvrwmtimm» tMmmmmmétrl^iiamm, U, 3i4.
•ncea pMHiM, I, »6.
Mil* J'if . nom de liea, I, S0B.
Mlv«lMoaHMM«8«iAM«db»Mlvalm, liUife, I,
119, lt3.
•r, 1,49, 66, 13S, MB, 330, !Bt,3S0, ÎST, StD, SI 1,313, 31&,
Sie, 339-341 , 366-368 ; U , 6 , 13 , 34, 39 , 31-33, 40, tC, 74,
I8B-Ub, 186, 1»&, aie, 330.
9mwwimm,U,l*,M.
F. Lafoehhi Pacâki.
t HUNTStaHM*» Bombacâe, ï, 3ii ; II, its, lOO.
^d:,;. Google
TABLE DES MATIÈRES. 339
tfbabiUtJon, I, i3.
ammpm. y. Pachira NARCiNAit.
P»l«l 9uelMMtd«, babiUtioi], I, SOI, 31!.
ridiMler% I, fil, 335, :t4; II, :s, 9o, isi^ i&e, 111.
I, peuplade indieDoe, n, 107, 123.
»d'»rMSDom vulgaire d'une Bignonée, II, tsi.
mtmtû. Tille, I, 3B1-19&, 397, 100, 301, 360.
■exi*, Dation indienne, II, 3 5&.
■1 {SiHo do), petite babiuiion, II, 30i.
», village en 1SI9 , I, lie, HT , 336, 333-330, 343,
248, 359, 2eJ.
P«ull«««% babilanls de la province de Saint-Paul, I, 107,382,
tlO; 11,306.
Péage du Rio Grande, I, si; — du Corunibi, II, 230; — du
Rio daa Velhae, 280.
P«4bMB (Jldta do Rio dot ), village dlndiens iDélis , II, 1G9,
353-265, ïflS, 370,313.
Pedcatran» troupe d'un ordre inférieur, I, 350, 351.
Pe4r«<l»B«Hu» (Alto de), petite habitai ion, II, 2si.
Peq[1ll. V. ClRTOCAH dbasiliensis.
P«rlplMaB«( babiiation, I, 238.
PhywJyMMt flArMa, plante de la rimtlte des Silicariées,
n, 306.
nôadii d» Carrela de «^«B, chemin, I, 268; n, M.
PUS* Areaaa, ville, I, 303, s&s.
niar, village en 1S13, ville depuis issi, I, 335; II, 3(6.
nUea( Jrrmal dot ), village de la province de Goyaz, II,
115-148.
rUémi (Sitia dot), chaumière, I, 370.
nrunitm{Serra»alme Piraya], poisson,!, ï6S.
Piraiiarik, chute d'eau, I, 313.
■: f. AHADCARIA BRASILIBKSIS.
• (^bb a d«), village d'Indiens métis, II, 366, 167.
Plaaaahr, village, I, leo.
Plulea, I, 15, 334 ; II, 193, 295.
PlauHdnm draMira, plante apocynée, II, 4.
Prtd, voyageur autrichien, I, 361; tl, I9, 153.
^d:,;. Google
340 TABLE DES MATIÈRES.
PatMani, 1, 1B7; II, MB.
roifcal [le loarquis de), miniElre dePorliigal,!, siS.
FMmne* de terre, II, I8.
P»Bt*, I, 48.
Ptmte Altm, baliiiaino près le village de Formigt, I, leî-iee.
P*Bte AltM, baliiiaiioD près Saoïa Liuia de Goyai, II, 33.
PepulMtton, t, 149, no, 349, m , 315-334 ; II, 11, 38, 4»,
ae, 313.
Psrco n«rt*i lieu désert dans la provioce de Goyai, pris l' Ai-
des Maria. II, 138.
Parto de Beaerra, 1, 294.
Part» *» EatrellM, village, I, 3, 4.
Port* Félix, ville de la province de Salat-Panl, II, !&!.
Port* d» Plkndirb», I, 36, 3B, 31.
Porto *o Quebr»-Auol, I, !54.
Porto Beat, village ea iBts, ville depuis 1831, 1,316.
Porto meol «o Poranmiirbo, II, 3&o.
Poase {Sitio da), chaumière, II, 338.
Pouao, nom qu'on donne aux haltes, n, 1 &4 .
Poiioo Alto, babiialioD, II, 1T&, iT6.
Pauoo de Don» AntoBlo* halte sur la roule de Villa Bm
au Rio Claro, II, l&T.
PouMO }f ovo, nom de lieu, II, 63.
Poiaao Alesre. f. Cihfo Alëgre.
kl. F. PoDso Alto.
Bt(YvesJ, serviteur de l'auteur, 1, 6, 99, l03-ia&, 113,
113.
Prlxdeadenréoo,!, 314) II, ts.
, I, 98-101.
■ terre*, I, i&, 3i, 83, so, i«, i3S, ne, 3»,
34ii, 371,301, 3&Bin, ITS, 33S.
Propreté, 11,37, eo.
PoldlMHB, genre de la famille des Hyrlées, II, 373.
Pjmkconjuba, espèce de hameau, II, |93.
~ ««Oa. f. HOHTES PïRBHEOS.
^d:,;. Google
TABLE DES MATIERES. 341
9-
^■uden, genre de plantes de la ramille des vochysifes, I, 2&& ;
U,37, 151.
9uebn»-Aiual, babilatioo, I, ïS3.
I, pâturages ràïemmeDl incendiés, II, !i, I3Q, iB^,
''. GUCUONÀ FKItBUGINI^A.
Timpâldu), T,3I3,33B, 310, Ït3.
MadléMi, plantes composées, 1, 137.
■lui— umJ« S*iwt» Wlfm»tiÊthm, greffier de la junie du
trésor royal.II, 84, 37, i6i.
Bandis, hangar poin- les voyagenrs, I, s, 7, 143', II, ISl, 134,
300, 3(0.
■«n^ha AiB Armam, habilalioD, II, 66.
M«Beh* d> C>*7iih«lr», habitation, n, 55.
■«■eh* 4* B|« Am III*rt«s Peqiien* , tntritalinn ,
I, 93.
tdurMi, tablettes de sucre cuit avec son sirop, II, 186.
■éftitettoui, 1,3, 5, 8, 13, 15, 18,
38,31, 3S, 37, 41, 44,61, 71, 74,77, 70,81,00,413,111.130,
144, 140, 160, 104, lOa, 11!, 113, 114, 210, 335, 356, :5B, 100,
36S,!84, 388,305,311, 3:3,315, 369,370; II. Il, 14, 33, 34,
38, 30, 34,49, 63,67, 71,73, 7 4,80, 88,01, 03, 04, 95, 9B, OB,
99, 107, 110, 115, lis, m, 113, 113, 114, 1», HT, 135, 136.
137, ISS, 130, 143, 140, 147, 164, 188, 188, ISO, 194, I9G, 197,
114,316, 316, IIS, 130,149, 150, 353, 356,367, 107, 170,177,
384, 386, 390, 393, 394, 306, 309, 30O, 301, 301.
■écl*ai das rnf¥ri. 1, 1 1 , 34, 6B, 137.
Bévton «M r»r«««, I, lO, 34.
BcBlatrsjdauane, 1, 33, 3B, 48i II, 307.
WUmmè*eu «raqMlliUiué», 11, 307.
Rettra, espèce de chalet, 1, 68*
Retira A» aafentlMdbèln», dtilel, I, 333, 135.
■dira «• TrMh«s-nan<c«> cbalet, 1, 138.
^d:,;. Google
34! TABLE DES HATIVES.
■ilicfc» {Sitio do), chaïuDières, II, !38.
Mlneho Frio, ruisseau. II, S.
o Frl* (Fazenda do), babiuiion, II, &, T.
>, rivière, I, îTS.
BIbetrft* [Sitio do), maisoDueltes, IT, :3S.
Blbelrt* d'AcsM 9u«Mte, rivière, n, 31 1, ïl3.
KlbelrS» d» Antlnlu», lorrent. II, 15.
Klhdi^to d«a ArMM, torrent, II, 37, !S.
■Ibel><* do« C»brestos, I, iTB.
B dwi FiurauM, ruisseau, II, !7&.
»e»<i, totrenl, II, 35.
mibelrS* da Paaite Altn, II, 38, 38.
BlbelrS* de S. r«lr», 1, 38S, 300.
■Ibelrito mm c:MplMBT«m, I, 181 ■
Blb«lrS« «■ Pntta, I, 181 .
mibelrft* dta ■oelmfeit, ruisseau, II, I»4.
Kl» Almtté, I, 205, 316.
Bl« Almlté «• Sul, I, 306.
1U« du AlBUW, I, 31!; n, 3S-«D, 4B, 61.
Kl« dMi Aa«aa,II, isi.
Bln.Ar»su»7W, 1,817,318, 31», saS, 311; II, M, 83, ItT.
Blo d«« B«rrelr«B, II, itT.
WUm daa B«Ui, I, 369.
m* ov*TwAr» n, 189.
Kl» CaruMhanluh I, 30S.
iUo CnApa, rivière, II, 130, 131, ISB-Ug.
» {Jrraial do), f. PilSes (.^rrotol do*).
, I, 208, 313, 81S; II, 36, 37, 30,219.
Kl« Co7»pÔ, II, HT.
Klsltvec, I,30e.
Kl* Eaeur* Pequcn», 1 , 176.
Blo E«mrtt Grwode, I ,- 37fi.
Blo dK EatlTK, II, 385.
lUo d» Gatrell», riviËre, I, 1,3.
Klo FMrtura, II, U7, M6.
KlsSrsnde, rivière delà pro*iDce de MitusGeraes, I, tu, ht,
01,305, 207,308, 311, 318 ; II, 381, 30T, 310.
^d:,;. Google
TABLE DES HATIËBES. 343
Bla Snuade (canton dej, province de Minas Geraes , comarea
de S. Joio (fEl Rei, I, Bi-a, 234.
Biv Srande, nom qae porte dans ses commencements l'Art'
giuyi, 1, 318(11, ite, HT.
Ki» Indalft, 1, 215.
mis dlulnmlrlm. K Rio dâ ësthklla.
Bto d« Ja«»ré» I, Ul.
Blo JnrabatHbM, II, tes.
Kl* «le ]!I«l«pMi««, n, 4 ) .
IU« d«B ]II«rtMi CInmAe, I, ST.
Rio d«sS*r««iP«quea«,1, 86, 07, 134, 163.
Kl« PMr«c»ta, I, 304.
iu«PMp»iciMr,ii, UT.
Bi« PMMhrb», I, le, 13-1&.
Kl«PwrMMlirb*,I,S0&-3ll, !!3,131, 231, 367, 313, 31t.
ses; n, 30,349.
I, 64, 309.
,1, 3t3.
'•,n,204.
, II, 35!.
Rie dMB PMinui. F. Aldu do Rio das Pemis.
>, U, 3D4, 331.
>, 1,311.
»fc«nlW)I, 13, 13.
■ PUftea,!, 31i;n, 131, 134.
I» Ptakt», I, 84, 313, 370) n, I4T.
• (Jrraiàl do), Tillage, I, 4&, 4B-50.
RI* Pr«t«» 1, 3SS.
RI* 9ueA>nk-Aiiz«l, I, 336, 3G3.
RI* RICtt, 1,311.
Ris «le 8a«t« laahel , I , iTe.
RIa de 8. A«t*»l«, I, 199, 200.
Rio de 8. Antonio do« Honte* dar**, XI, 23.
Rio de 9. Rwrttoloineu, I, 307 ; n, 6.
Rio «le 8. Franchteo, I, IBO-I8T, 193, 20S-313, 3:t, 33],
375, 3S4, 304, 360.
Rio de S. Marcoa, I, 30b, 314, 306.
^d:,;. Google
m TABLE DES MATIÈRES.
RisTIcté, i^;;3io.
Blv <• TvcmiUbb, I, :di-310, llï, 113,311, StS, SIS, J3&,
171; n, 10,61,83, 14T.
Ble Turr*, I, 309.
m* Aw TellHM, on des affluenis da Rio Grande , I, >S3 ; II,
2T», aoT.
Ml* dwi TeUkwB, un des alRuenls du S. Frawtieo, II, 81 1 .
■UvVcrlBBlniSfniSai, S3&.
■ia VcnuéUtUf rivière qui passe i la cité de Goyaz, I, 3S3 .
S1i;II,61,6&,e3,U3.
Bl» T«rai«lfea, rivièni qui passe au-dessous du village de Bonr
Fim,II, ist.
RI* VbeniTa TmIs», II , 303.
Bto Ilbei«Ta Verdadelr», II, 3VT.
Kl* Vmliûi, II, 59, 61,173.
■Us VniKuay, II, M7.
K {SiHo da), petile maisoq, II, 391.
» fl>a«r d« Mmmeamm, gouverneur de S. Pauf,
1,310.
»— ée, n, 58, 137.
Bvtala, genre de plaiHM, U, 15).
1, ville, I, 3S6, 386.
é. f. SkPi.
flaUx HumbcUtlaBB, Saule, I, 9T.
flMluhrlttf, 1,834; U. 40.
tmivmrt (ÉLiÈÈmlnmttK de), steur de l'auteur, II, ibT.
■■Bta *— ™j ancien nom de la cilé de Gofas, n, 65.
Muat* Anms ( Aldta de ), vilbge d'Indiens , n , 169 , 3$& .
383-393, 813.
Bwnte 1tmt*mr»t chapelle. II, 68.
SMBt» Cirua 4e GoyitB, village en 1819, ville depuis 1836, 1,
311,135, 363, 363; II, 11, 169, 193,333,338.
BMita iMtbel, poste militaire, I, 375-280.
~ e Oejas, village en 1819, aujourd'hui villt.
^d:,;. Google
TABLB DES MATlteBS. M»
f, III, S33, 135, 358, lei, S6S, B63, 364; II, 8-16, 2&, 17, 18,
73,79,166.
fcipgBri, halte, II, 309.
S. Aatanli» (Fazmda de), bi^iiUtioii, U, «fl.
S. Ant*Bto «•■ ]IE*Bt«i Ctmrmmf vilbge, I, S3l, Ml t '
11,11,».
B. Vdls, Tjllage eu ISI9, aujourd'hui ville, I, siï, li&, 336,340.
>• '•*• daa «luw Bamw, ville, I, sss.
9. Joâ* EnacellM» (C&»c«ro de]^ maison de cam-
pagne, n, iT-19.
S. «•>• dn pMlm^ Tille, I, S36.
8. Jsftad'El Bel, *ille, I, 9â-iiS, 190, iflS.
>• '«MIHlm {Bnjftnho de], F. Joaqvim Al?bs {F<amia de)
>• Jsaé <e M««— lea— , o/dca (riodieiis coyapAs, II, gt-
119, 111, lie.
■t Chrfm«l, roMAo, I, 50.
I, habliaiion, 1, 107.
• d'AIcKntwrm, village, I, !t:.
1, village en iBig, attiourd'hui ville, I, 3ie, 3lS, 3&ff;
n, 11, 16.
i. Mmqimm, chapelle, I, t».
tafié iSacchanm Sapé), &-aminée, I, a78.
tapé, nom de lieu, I, in».
t famille de plantes, IT, Si.
I. y. PlITSOCU.TIIai FLORlDt.
, I, t&, 31, BB, lOJ, 138, 330, 39Sj II , &S, 11&,
n«, 181,301,233, 378.
■el^I, 131,335,393, S03; II, 15, 133, 161.
Serpenta, I, 9B.
• «'Ataité, 1.313, 3U.
» «• AnuA, I, 338, !3T, 167.
k Am CWIdau, II, 109, !I0, 115.
» I, lis, IIB, IBB, lSO-180, 101, 193,
197, 189-101,307, 308,310, 311,3)3.
, 1, 199.
, I, tst.
^d:,;. Google
TABLE DBS HATltelS.
!■ l'aCMBttM*, I, 313, 3W, 318,
818,330, 369; n, S, 31,30,68,89, 134.
•cm» *mm f^ijwpêmt II, H6.
Sevra d«« Crlataea, I. lio, su.
■erra *mm Mrtaè— , H, 148.
Snv«D«ur«da, I, SIB; U, 6i, 68, 6l»,8».9S,»B, HT, ISS,
tss.
Serra da Saurais, I, 236, les, 28i.
■erra «mi *»mi IgM»— , I, 90.
Bem» d* Faplwhwy, T, lO, 34, se, 6o, 87, I64, 180, 1»,
30e, 308, 313, 334.
^I, Î3e, 167.
, 1,313.
Sem» de J«r»cwft, n, fil.
■erra Ai Maatlquelra, I, ôe, 60, 307.
■<j|i» da Blar, cfaalne marilime, I, lO, 306.
Serra d« SlareeUs, I, 3iO, 313.
■erra doc IHai^olM, I, !9S, 301.
Serra de naate Alla, I, 343.
■erra de nustcua^u, I, 30T.
■eiia Jffesra, montagne de la comarca de S. Jo3o d'El Rei, I, &0.
■eira Hesra, monUgne de la comirca de Sabùrl, I 210, 311.
■erva de ParacaCù, I, 337, 280.
■erra do« PUftea, I, 31S, 211.
■erra de PlimUty, I, ise, loe, iSB.
Serra da Kla Brande, I, I83i 188,307. . ,
Serra daSalItre, 1,238, 255,267.
■erra de Banta Hartha, II, I4e.
■erra de S. Antaala^ n, 45.
mvrrm de 8. «aStf, 1, 95, 1 16.
SeFrada8.Fraael«eoeda<llqultliiltaillia,I, 111.
Serra do 8. Frandeea edoBloDsee, 1, 111.
■erra de S. Fraael*eaedaRlaerande,1, 119,112.
■evradaS. FraBdaea e da Paranahyfea» 1, tso,
305, 313-316, 233, 314, 328, 267, 169, 271 , 373, 175, SOI, 306,
<0T 311,318; 11,3.
^d:,;. Google
TABLE DES MATIÈRES. MT
tmtmmMmmt I, li!, «M,
311, 319.
Sen«dnaV«rtMites, 1,180, 205, SOS, 311.
Sem> *m llnabù, I, lis.
Btwtêm ou Désert, I, iio, lis, |3B , l&e, iss, iM, 1I6 , 17T,
lt)l,ise,337-:i0, 3Se, IST,301, 330; n, 133,104.
S«rrtv*f lieu où , pour extraire dea diamants , od a Aabli mw
troupe de nègres, I, tBO.
SMN^ArlMi , quantité de terraa que donne radministralion au
particuliera qui en dâniodenl,!, m.
Mttim, babiiitioD dau le canton de Hio Grande,.!, S7.
81U* BIsT*, GiiaumiËrea pria la douane des Arrependidos.
f. Taipa.
Sm» SImmt habitation près S. Cruz de Goyai, n, 128. .
8aMUbl«( genre de plantes, I, 33&.
ttofcwMllMh», bablUlion, 1 , 803,
••«•pliWf nom vulgaire d'une plante lëguniDeuse, It, 30».
HalaaaiaaM ladil|:riiBruaa, plante indigorère, 1, 101.
Halwiaa» IjiianwipiaMi , Solanée, II, i.
■ vésétalM,!, Si.
■ (Tulgairement fwiwi do camfo),
plante de U Tamille des Apocynées, II, 11.
MemaUa <a>i>fc», grand irta-e k wmeaces comeslibles, U, U.
SiBCrerle, n, 133.
8n>uuihi.3ii;ii, 111.
T.
Tafcsc, I, 359;n,18,41.
TaUcMB fénérml «la ••■«•■ deBtoSrandto, I, 0»-
83;— DD PATS ËLEVi ET DÉSERT COHPIIIB EITRB 5. JOAO B'El REI
BTL&SEHBADACANASTnA, llS-lJa;— DE LA COURCA DB PAKA-
CATU, 104, 131 ; — DE LA PROVIKCB DS GOVlt , 808-S1S ; — DE
LA ROUTE DO VILLAGE DE P1l9eS A VlLLA BOA, II , 151-164 ; —
DU TOYAGR DE GOYAZ A S. PaDL , IBS- 171 ; —DO PATS SITUS
EKTRS Bon FlH ET LES GaLOAS, 101 ;— DO PAYS SITUfi ENTRE
LE CORDmi BT LE PaRANAHTBA, 131.
Taafta. f . Cacuaça.
m, chaumière, n, i.
^d:,;. Google
su TABLE bBS MITIÉRES.
TiHHiBdiiâ, *ille, I, ne, ub.
TanuuwH, habitaiioD, I, il.
TniftTll, artire de li famille des Ugnmiimises, II, 11.
I, bibiUtioc, 1, 133.
t, hibilatioD dus 1> comarca de Paracalu, près la frontière
de Goyaz, 1, 134, aoo, t03, 204.
T>pBg»T Km déserl près l'Aldea Hiria, dans la prOTioee de Goyaz,
U, 138.
Tapir, I, 1S6.
Temui TtiKMMi. y. Aiguilles tLBCTiuQiKs.
l^nvlBS MapëtTM, I, 316,393, 301, 334; U, 113, ISl,
191,333,
Tkéfl, 800, 304.
I. y. Plukiera DRASnCt.
• {Wfxum&a At), petite habiUlkm» H, 300.
1,1, 13,14,1»; n, 1, 15.
r (toucbeur de mulets w de bœufs), I, T, 1 13.
T«I*B,I, 61.
Bidbel, II, 13&.
, Tiltageeo 1818, Tille depuis isii, I, 335; II, il.
Tnrite dca aèsr»«, 1, 18.
R(canTatiederauleU),I,7, 95»;n, 4l,&e, (71,330,334,
genre de chltîment, II, lOi.
VMk, haliitation, I, is.
IJfecnava», vilk nouvelle, II, soi.
Vmitii, serpeDi, I, 97.
, ville (autrement (ild«a), I, 34-39.
T«lnu« rep>é—aii»ltTwsi, I, 364-36B.
~ ~ w, oisifs, vagabonds, 1, 117, 140,118,144,346, 160.
^d:,;. Google
TABLE DES MATlÈftBS. M»
TaMwda (galerie), 1, 36 ; U, 2.
TAcétftttMi, 1 , 62, 59, 83, I3t, 101, ITT, Il&-3:9, 13S, !3fi,
J&1,359, 370, 374, SOI, 310-3131 H, 31,36, 17, SS, l&l, 170,
176,191, 194,308.
TstaaM. F. LiSB&OH.
TellMil» lamela ffema), genre de pilotes monocolylédoDes,
1,90, 116, 18G, 3t7,lTO, 371, Ail ; II, 13, 14,90,101.
Ten^M, e8]>6ce de cabaret, I, T.
TeM«, I, 8e;n, 40, 193.
TerlMlMs [A'(io do^ petite bibitation, II, 136.
Terà«*l«>I, 361,364.
VerMaaith 1, 333.
é {Fazaida dot), hibiiation, 1, 1 4 1 .
1 [ Fazmda dat ) , habitation , I, 31,
90.
VlcarlsdaTBm, dignitaire ecdésiBRlitjue, 1,314, ST6; II, 44.
TlpM, 1,868, 861, 364in, 41, 83.
TUtoB**) ciqiitale de la proTÎnce de Goyaz, I, 316, 316, t8S,
386, 849, S&8, 368, 369; II, 66-86, 160-167, 178.
VUtaCM, n, 13.
T, 37; 11,78.
. f . TjUUORIL.
Vi«lto% Q, 6S.
T— fcwllrfgft Je 1» iMgiiC J«# CT»»é», n, 108; —
DBS IiDUHS mns m l'Aldu do Rio bas Pbdras, 36 1 ; — du
Chickuus, 189.
T*chTMl», genre de plantes, 1, 137, 366, 361 ; II, 3T.
T«I,I, 106, 118,386.
riN DE LA TABLE DES NATIÉEtES.
^d:,;. Google
D,<j,i,.,.d.:, Google
ERRATA.
Pa^ 6, ligne 39 (note 3), ou lieu de seconda, Usez m^dûi.
Page 3S, ligne 1 1, ou lieu de Conceçaio, liiez Coiueiçao.
Page 3 T, ligne 6, ou lieu de de trouver ce qu'a écril, liêez de
trouver ici ce qu'a écrit.
Page 89, ligne 10, ou lieu de conservatrice, Utes conservatrices.
I^ge ta, ligne iL, au Heu de les, lisex des.
Page llB, ligne 3 (noie ij, ou lieu de Serra do Rio Grande e do S.
Francisco, liiez Serra do S. Francisco e do Rio tirande.
Page 136, ligne i», au lieude Hatro dento, litez Mato deniro.
Page 149, ligne 16, au lieu de il y a, Htes il a.
P^e IB&, ligoe 7, ou lieu de beau-père, lia «2 beau-frère.
Page i9&, ligne n, ou lieu de Fronça, litez Franco.
Page206, ligne 3 (noie 1), ou Ueu de Flumituet, liiez Flumi-
nefuea.
Page 373, ligne 10, ou lieu de étant, liiez éiait.
Page 106, ligne 13 (note i), ou Itew dt da Corumbi, (iiet do Co-
nimbi.
Page 113, ligne 6 (note i}, on Ji«H de Rio de la Pla, Uiex Rio de la
PlaU.
Pa^e 311, ligne 1 , au lieu de de communicaiions , liiez des com-
munications.
Page 336, ligne 33, ou tieu de plus exacte, la capitainerie, liiez plus
exacte, de la capitainerie.
Page 369, ligne 30, au lieu de Serra da Paranabyba e do TocaiH
UnB, litex Serra do Commbi e do TocanHas.
V0LUK8 U.
Page 3, ligne e, ou It«(<t« (p. 31SJ, Itaez (vol. I, p. 31B}.
Id. ligne 30, ou iteu de [y. p. 34Sj^ liaei (f . vol. I, p. S4Sj.
Page 1 1 , ligne 1 (note 3J, ou lieu de qui termine , Hies qui cou- .
Page 34, ligne 9, <lu heu de trois, (iaea deux.
Page 137, ligne 9, au Ueu de bord de Rio Fartura, UteM bord du
Rio Fartura.
Page M3, ligne 13, ou lieu de d'exlraire l'or du Rio CUro , Uiez
d'extrure l'or et les diamanis du Rio Claro.
Page Mb, ligne 7, ou lieude dans le temps de sa sécheresse, liiez
dans le temps de la sécheresse.
Page l&S, ligne 10, au lieu de Porto Felis, liiez Porto Feliz.
Page I9S, ligne 19, ou lieu de Rio de Jurubutuba, liiez Rio Juru-
tuiuba.
D,g,l,.,.d.i.COOt^lC
^d:,;. Google
^d:,;. Google
^d:,;. Google
i„,,i,„x,.,,Cot"wlc
^d:,;. Google